This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's books discoverable online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover.
Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the
publisher to a library and finally to y ou.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying.
We also ask that y ou:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
any where in the world. Copyright infringement liability can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web
at |http : //books . google . corn/
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
À propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse ] ht tp : //books .google . corn
BULLETIN
Archéologique, Historique et Artistique
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
Digitized by
Google
Digitized by
Google
BULLETIN
ARCHÉOLOGIQUE
HISTORiaUE ET ARTISTIQUE
DB
LA JOCIETE ARCHEOLOGIQUE
DE TARN-&,-GARONNEj V^A..<y^^3C^^JULÎl^<^u^
Fondée en 1866
RECONNUE DUTIinÉ PUBLIQUE LE 13 AOUT 1884
TOME XXXVI — ANNÉE 1908
(i Tli'>aiSii'C)
MÔNTAÛBAN
IMP. Et LITH. FORESTIÉ, RUE DE LA RÉPUBLIQUE, 23
1908
Digitized by
Google
Digitized by
Google
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE TA RN-ET- GARONNE
Membres fondateurs survivants (1866)
MM.
Henry Calhiat.
De Coustou-Goysbvox.
M.
Feroand Pottier.
Membres du bureau
MM.
Chanoine F. Pottier, I. %f, Pré-
sident.
De Mbric de Bellefon, Vice-
président.
Conictl J'ndminitlralîon
Marcel Sémézies.
Paul FONTANIÉ.
Comte DE Gironde.
Léopold Mathbt.
MM.
Éd. Forestié, îji, Secret, gén,
Auguste BuscoN, îjt, Secret.
Jean Bourdbau, Trésorier.
^eclion des Bcaux-Hrlt
Comle DE Gironde, président.
^ection de fRusique
Chanoine CoNTENSOU,préstû?<rn/.
^ection de PÇofograpÇie
Léopold Mathet, président.
Pierre Lespinasse, i), bibliothécaire.
Membres honoraires -nés
MM.
Le Ministre de Tlnstruction publ.
Le Général de division.
Le Préfet du département.
MM.
Mgr rÉvèque de Montauban.
Le Maire de Montauban.
L'Inspecteur d'académie.
Membres honoraires
BoDiNîER, sénateur.
Carsalade du Pont (Mgr de), ||,
évêque de Perpignan.
Chatellier (du), ^, correspon-
dant de rinstitnt : Quimper.
Delisle (L.), C. ^, L ^, mem-
bre de l'Institut : Paris.
Douais (Mgr), O, évêque de
Beauvais.
Gaillemin (R. R. dom Sympho-
rien), abbé de Grandseive,
H;iutecombe.
Lasteyrie (comte Robert de),
^, m, membre de Tlnstitut.
Lefevre-Pontalis (Eugène), I.
^>, secrétaire du Comité des
Sociétés savantes.
Forgemol de Bosquénard, sé-
nateur.
Maybury (William C), ^, ancien
maire de Détroit (Michigan).
Marie-Xavier (R. R. Dom). abbé
de Fontfroide.
Digitized by
Google
LISTE DES MEMBRES
Membres titulaires
Résidant à Moniauhan.
Aladx, notaire.
Alibert (docteur), II, médecin en chef de l'Hospice.
Bardon (Adrien), *, capitaine au 10® dragons.
Baron (le docteur), 10» IJragons.
Barthe, ^, chef de bataillon en retraite.
Bastoul, directeur au Grand Séminaire.
Bazelaire (de), capitaine au 10« dragons.
Bellerive (de), ^, capitaine au 11« de ligne.
Bellerive (G. de), maire de THonor-de-Cos.
Bermond d'Auriac (Comte de), ^, commandant au 10« dragons.
Berthon, ^, capitaine au 17- escadron du train.
BoRDERiE, notaire.
Bouïs (Achille), conservateur du Musée de Montauban.
BoDïssET (Félix), ii^, artiste peintre.
Bourdeau (Jean) : Villebourbon.
BOUYSSOD, chanoine, curé-doyon de Monlech.
BuscoN (Auguste), ^Jt, avocat.
Cabanes (Louis), I. 0, peintre d'histoire.
Oaillemer, *, colonel en retraite.
Calhiat (H.), IJ, chanoine titulaire, missionnaire apostolique.
Caubère (Charles), directeur de la Bancjue.
CÉLARiÉ (Gastoni, <|, professeur de dessin.
Chatinières (aboé), professeur à TEcole Saint-Tlféodard.
CoLiGNY (comte Guy de), lieutenant au 10* dragons.
Chaulbt, archilecle du département.
Olaverie (Louis).
Contejssou (A.), chanoine hon., maître de chap. de la Cathédrale.
Coste, O. *, C. t^, I. y, médecin principal en retraite.
Cougoureux (Jules), docteur-médecin.
Coustou-Coysevox (Gabriel de), O. fjt, ancien sous-préfet.
Cruzy-Marcillac (baron Gaston de), ancien Conseiller général.
Dagrand (Pol), ancien président du conseil d'arrondissement.
Daïsse (Jacques), avoué.
Dantin (Aristide), O. ^, capitaine de frégate de réserve.
Dalqtjié (Marcellin), Montauban et Lauzerte.
Daux (abbé Camille), missionnaire apostolique.
Delbreil (comte Henri), C. tji, ancien sénateur.
Delbru, chanoine honoraire, curé de Saint-Jacques.
Delmas-Debia (Edmond), ancien sous-préfet.
Delpey (Antoine), avocat.
Desnous, ^, chef de bataillon au 132« territorial, Montauban.
DoNNADiFU (Dieudonné), U, avocat.
Dubois-Godin (G ), président de la Caisse d'épargne.
DuFArR (Léon), receveur de l'Enregistrement en retraite.
EscuDiÉ (François), substitut.
Facrk (Alphonse), A. 1§, artiste-peintre.
Faurê (Ernest), notaire.
Digitized by
Google
DB LA SOCIÉTÉ 7
FOREL (Henri), 0. ^, lieutenant-colonel de Tarmée territoriale.
FoRESTiÉ (Ed), tjî, corr. du minist. des Beaux-Arts, laur. de Tlnst.
FoRESTiÉ (Georges), licencié ès-lettres.
FouRNiER (Henri), avoué.
France (Henry de).
Gardarens de Boisse (Jules de), juge au Tribunal civil.
GxrjAC (Gabriel de), lieutenant au 10« dragons.
GiBERT, cban. bon., chancelier de l'évêché de Montauban.
GiBERT (Emile), architecte.
GiNHOux (Paul), ^, capitaine au 11« d'infanterie.
Gironde (comte Léopold de), ancien conseiller général.
Granès (ae), avoué honoraire.
HÉBRARD, lieutenant au !!• d'Infanterie
Imbert (Léonce), avocat, archiviste du département.
KoNNE, G. ^ (général).
Lacger (baron Jean de), ^, chef de bataillon au 20« d'infanterie.
La DE (Bernard).
Lapierre (Louis), avocat.
Laroche (Eugène), avoué.
Larrieu (Biaise), notaire.
Laurencin-Beai FORT (comle de), lieutenant au 10« dragons.
Lavh RY (Victor), contrôleur des Contributions directes.
Lespinasse (Pierre), ^>, juge suppliant au Tribunal civil.
Lespine, directeur de la Société générale.
Marre (Henri), tï, professeur de dessin.
Marcel, capitaine au 10« dragons.
Masson (Henri), docteur en droit.
Masson (Paul), libraire.
Mathet (Léopold), chimiste.
Mauquié (Louis), ancien notaire.
Maurou, L y, architecte de la ville.
Maury, greffier en chef du Tribunal civil.
MÊRic DE Bellefon (Aloys de), avocat, ancien magistrat.
MÉRiG, ^, ofHcier de marine en retraite.
MiLHAr (abbé), professeur à TEcole Saint-Théodard.
MoissENET, ^, ingénieur en chef.
MoMMAYOD (Anatole), avocat.
MoNRiBOT, docteur- médecin.
MORETTE, chanoine, Directeur de renseignement catholiiiuo.
Naulet (Adalberl), Montauban.
NÉGRiÉ (Auguste), pharmacien.
Olivier (Germain), architecte diplômé '
PoTTiER (Fernand), L Mi chan., arcliiprêtre do la Cathédrale, vic^
gén., hon., corresp. du Minist. de Tlnstr. publ. et des Beaux-
Arts, insp. de la Soc. franc. d'Archéol.
Prax (René), notaire.
Habastens (Paul), avocat.
Raynadd, lieutenant de cavalerie démissionnaire.
Ressayre (Gaétan).
RÉVEILLADD, ^, Capitaine d'infanterie en retraite.
Rivières (baron Edmond de), inspect. divis. de la Soc. fr. d'Arch.
Rous (Germain), maire de Fenayrols.
RozAT DE MAiSDREs, ^, Capitaine, off. d'ord. du général de caval.
Digitized by
Google
8 LISTE DES MEMBRES
RUELLR (de la), ^, colonel du 10« Dragons.
Saint-Yves, C*, explorateur.
Sanchoi.le (K.), avocat.
Saint-Félix (J. de Cassaigneau de).
ScoRBiAC (baron Bruno de), avocat.
ScouBiAC (abbé Henri de), docteur en théologie.
ScoRBiAC (comte Guichard de), avocat.
SÊMÉziEs (Marcel), avocat.
SÉVERAc (baron Jean de), ancien conseiller général, avocat.
SiBiEN, ^, commandant en retraite.
SouLEiL (Maurice).
SouLiÉ (E), II, vicaire-général honoraire, chanoine.
Stoumpff, chanoine, directeur au Grand Séminaire.
Tampé, ^, lieutenant-colonel au 10* dragons.
Teissié-Solier (Pierre), avocat, maire de Finhan.
Thomas, (F.-X.), maître de chapelle et compositeur de musique.
ToNNAC-Vii.LENEUvE (de), 0. ^. chef d'escadron en retraite.
Tréf ind-d'Avancourt (Comte Paris de), capitaine au 10' Dragons,
Treillard, directeur de la succursale du Crédit Lyonnais.
Wallon (Jules), 0. ^, général de cavalerie.
Vedeaux, C. ^, général : Montauriol.
Vkrnhes, curé de Saint-Martial-Montauban.
Vezins (comte Elle de Levezou de).
Vlalette-d'Aignan, ^, capitaine de cavalerie.
Vincent (Louis), ingénieur, direct, de la Compagnie d'Électricité.
Villeneuve (comte de), lieutenant au 10* dragons.
Vitteaut (Léon), caissier do la Bancjue de France
ViviB DE RÉGIE (René de).
ViviB DE RÉGIE (Roger de), avocat.
Résidant hors de Montauban,
Ablanc DE Labouyssb (Charles d') : chat, de Blauzac, par Vazerac.
Alrig (Georges), avocat : Castelsarrasin.
Anglas, curé de Montricoux.
Arnal (Pierre), anc. député, château de Montesquieu, par Moissac.
AuziLUs DE LA ToDR (Roger d*) : Castelsagrat.
Ayral (Louis), avocat à la Cour d'appel : Paris; Saint- Nicolas.
Bach, curé de Saint-Julien, par Montpezat.
Barthb (Germain), curé-doyen de Villebrumier.
Bastik (Eugène), peintre et sculpteur : Castelsarrasin.
Beal'fort (comte de) : Castelsarrasin.
Belbèze (général), C. ^ : Moissac,
Belbèze (Raymond), docteur-médecin : Saint-Nicolas. ^
BRRiNoriBR, docteur-médecin : Grisolles.
BoÉ, ducteur-médecia : Ta^telsarrasin.
Boistel (Léo), peintre d'histoire : Dieupentale.
Digitized by
Google
DE LA soatrt
Boscus (Louis): Gaussade.
BouïssET (Firmia), ^s^, artiste peintre : Paris.
BouziNAC (Théophile), receveur de TEnregistreraent : Toulouse.
BuzENAC (Auguste), curé de Gastanède : Gaussade.
Gabadê, docteur-médecin : Valence.
Cambon, y, conseiller gi^néral el maire d(î Monrlar.
Garrere de Maynard (Paul) : chat de Bailard, par Grenade. Paris.
Gatsigras (Georges) : M-irseille.
Gayrou (Joseph), receveur de TEnregistremPut : Moissac.
Ghalret du Rieu, anc. cons. gén. : chat, de Grancs, par Réalville.
Clavel (Élie), artiste-peintre : Montech.
Gonstans (docteur Adrien) : Saint-Autonin.
GoNSTANS, docteur-médecin : Lafrançaise.
GosTE (Arthur de) : château d'Andas, par Gastelsagrat.
Grog (Gabriel), notaire : Gaussade.
CuRZAY (baron de), château du Mesnil, par Monlech.
Danglade, cipilaine de cavalerio, château de Sjiuvelerrc, par Lombez.
Destarag, ^, capitaine au train des équipages, Paris.
D'Elbrbil (Pierre) : château de Fonneuve.
Dbpbyre (Etienne), conseiller général : Montpezat.
DoMiNGON. Escatalens.
DuGUÊ (Joseph) : Moissac.
BscARD (François), t^i, bibl. du prince H. Bonaparte : Paris.
Fontanié (Paul), docteur en droit: Oaslelsarrasin.
FoNTENiLLEs (de), ïjï, %f : château des Auriols, Varennes.
FoRESTiÉ (Bernard) : Aucamville, par Verdun.
Galabeht (Firmin), curé doyen de Monclar.
Qarread (Maurice), avocat : Castelsarrasin et Langon.
Granié (Léonce), O, avocat : Gaussade.
Greling (Fernand de), chat, de Laraothe-Bardigues et Marseille.
Grèzr (Auguste), ||, Valence-d'Agen.
Jamme (Louis), notaire à Caumont.
Laborde (Antonin), anc. cons. général : Beaumont.
Laborie (abbé), curé de Saint-Georges : Puylaroque.
Lafitte (Paul), docteur en médecine : Verdun.
Laffont (l'abbé), Toulouse.
Lafon-Boutary (Jean df ), avocat, Montech.
Lagausib (Pierre de), château de Fonlongue, Gaussade.
La Hitte (vicomte Maurice de) : Montech.
Linon, G. ^. docteur-médecin principal en retraite, Montpezat.
Lassrrre (Albert) : Sainl-Ular et Saint-Nicolas.
L\sskrre (Maurice), ancien député, maire de Saint-Nicolas.
Lastig Saint Jal (comte H. de) : Saint-Antonin et Toulouse.
Latreille (Robert), ^, notaire, anc. maire de Lafran;^aise.
LuRY (Augustin), ancien vicaire général : Paris.
Mailly, capitaine d'infant(M'ie, Bordeaux.
Marigny (Jean de) : conseiller gc^néral de Villebrumier.
Marveille (de) : chà'eau de Mauvers, par Verdun.
Mauquie (docteur) : Mon*gaillard.
Maury (R.), curé de Finhan.
Mentqub (Robert de) : château de Lisle et Paris.
Minoret (René), aucien ofBcier : château de Roujos, près Beaumont.
MispouLET, H, membre de l'Institut : Montpezat et Paris-Passy.
Digitized by
Google
10 LISTE DES MEMBRES
MoMMÉJA (Jules), I. %f : Agen.
MONBRisoN (Etienne de) : château de Saint-Roch, par Auvillar.
MoNBRisON (Jacques de), ^, conseiller général, maire d'Auvillar.
Montratier-Parazols (Cw p. de) : ch. de la Baronnie, p. Lafrançaise.
NoNORGUES (Jean), notaire à Septfonds.
OuLÈs, curé de Saint-Maurice, par Lafrançaise.
Panât (marquis de) : Arcamville et Toulouse.
PÉCHARMAN (Paul), auc. Conseiller d'arrondissement : Molières.
PÉRiGNON (comle de), capilaine, château de Finhan.
PuY DE GoYNE (Max du) : Gastelsarrasin et Villeneuve.
QuiLHOT (Aubin), curé-doyen de Montpezat.
Rambert, curé de Réalville.
RÊBOUis, I. Il, arch. paléog. : Paris, 75, r. Pascal.
RuBLE (M<n« la baronne de) : château de Ruble et Paris.
Saint-Martin (Charles de) : Verdun.
Saint- Vincent (baron Louis de), château de Boutary, Moutech.
SouBiES (Albert), ^, I. M, ïJî : Beauraont-de-Lomagne ; Paris.
SouBiES (Jacques), docteur en médecine : Beaumont et Paris.
Taillefek, curé de Cazillac, par Lauzerte.
Tholosany (de) : château de Laroque, par Bruniquel.
Traversay (vicomte de Sansac de) : Castelsar^^osin et Agen.
Trubert (Etienne), anc. député : château de Castels, par Valence.
Trutat (Eugène), ^, I.||, corresp, du minist. : Bosgayrai et Foix.
Vassal de la Barde (marquis de), 0. ^, colonel, ^'aint-Antonin.
Vaissière (Victor), ^, anc. direct, des Postes, Sainl-Antonin.
Vassilières (Paul) : Gastelsarrasin.
Valmary, pharmacien : Lafrançaise.
Vesins (comte Auguste de) : château de Caylus.
Villèle (Comle Xavier de), cliâlcau de Merville et Montbeton, Tou-
louse, rue Saint-Jacques, 8.
Membres colrespondanta.
Albe (Ed.), Il, chanoine honoraire : Cahors.
Amade (Albert d'), O. ^, G. C. ^, général de di\ision.
AuoÉ, ^, 0. îjî, Qj capi-aine en retraite, Paris.
AuRiONiAC, architecte diocésain : Lavaur.
Baccalerie, curé de Villeneuve-les-Bouloc (Haute-Garonne).
Balandier, ^, ingénieur en chef des ponts et chaussées : Béziers.
Batiffol (Pierre), recteur de Tlustitut catholique, prélat de 8. S.
Baudon de Mony, de TÉcole des Chartes : Paris.
Bfaughesne (marquis de) : Le Mans.
Beaudemoulin, ^, colonel de cavalerie.
Beaurepaire (Charles dft), ^, archiv., corr. de l'Institut : Rouen.
Bellegarde (de), ^, colonel ; château de Boussère, par Port-Sainte-
Marie.
Belleud (Eugène do Saint-Jean de) : Castelnau de Montratier (Lot).
Berc (Emmanuel de), docteur en droit : Clermout-Ferrand.
BÊoriN, (J.-M,), chanoine de Fréjus.
Bessêrie, Théodore : Lavaur.
Digitized by
Google
DE LA SOCIÉTÉ 41
Bethunb (baron), prélat de Sa Sainteté : Bruges.
Bertier (Marquis de) château de Pinsaguel.
BiAiSy bibliothécaire : Angoulème.
BoissARiE, avocat : Paris.
BoNNAY, architecte et inspecteur des monuments hisloriq. : Brive.
Borde (La), 0. ^, conseiller à la Cour de cassation.
BosBŒUF (l'abbé), président de la Société archéologique : Tours.
BouET (Max), avocat, Saigon (Indo-Chine).
BouGLON (baron de^ : Toulouse.
Bouïc (Albert), ancien magistrat : Aiguillon (L.-ot-G.)
Bouzinag de la Bastide, conser. des Hypoth. : Villefranche (Rhône).
Boutelou (Emmanuel), O. tjj, directeur des Beaux-Arts : Séville.
BOYER (Germain), docteur en droit : Béziers.
BoYSSON (Jean de), avocat : Sarlat.
BoYssoN (Jehan de), capitaine de cavalerie : Tarbes.
BoYs<îON (Richard de), G. tjj : Cénac iDordogne).
Braqdehaye, I. Il, membre de la Société archéologique de Bordeaux.
Bry, président du Comité archéologique, Noyon.
Brusson, ^, Villerau'*.
Brodquié (l'abbé), professeur : Toulouse.
Caballero Infantes, O. ^, de l'Académie de Séville.
Cabié (Edmond), y, de l'Ecole des Chartes : Roqueserrière (H«-G«).
Cabrol,- ancien directeur des Postes : Villefranche.
Cailcat (Léon), Castillon-sur-Dordogne (Gironde).
Caminel (de Bonafous de), 0. *, colonel en retraite, château de
Charry (Lot).
Capella (Arthur de) : Puylaurens (Tarn).
Cartailhac (Emile), ^, C. î^, 1. 1|, correspondant de Tlnstitut :
Toulouse.
Castellane (de). ^, capitaine au 57** d'infanterie : Libourne.
Oazaubon (de), ^, médccia-m'jor : Périgueux.
Cazauran, chanoine honoraire, archiprètre de Mirande.
CÉLESTE, if, bibliothécaire: Bordeaux.
CÉZERAC, vicaire général, pré.sident de la Société historique de
Gascogne : Auch.
Chairou (François), caissier de la Banque de France, Troyes.
Chamaison (Jules), ancien percepteur, Gronade-sur-Garonne
Charvillat, docteur-médecin : Clermont-Ferrand.
Chavanon, I. <>, archiviste honoraire, 23, rue de Varounes, Paris.
Ohergé (Maurice de), Ncvers.
Ghesneau, '^^ ingénieur en clief, professeur à TEcole des Mines,
Paris.
Chevalifk (Ulysse), ^, L y, chan. hon., cor. de Tlnstit. : Romans.
Chevalier (Georges), ^, commandant au 114® d'Infanterie, Saint-
Maixent.
Clerval, chanoine : Chartres.
Cloqubt (Louis), professeur d'archéologie à l'Université de Gand.
Colin (R. P.), directeur de l'observatoire : Tananarive.
CoNDAMiNAS. sous-imeudant, Gap.
Connu, *, directeur des Postes en retraite : Pau.
Contreras (Raphaël), 0. îJj, directeur de l'Alharabra : Grenade.
Croix (le R. P. CamiUede la), *, memb. du Comité du M. : Poitiers.
Crollalanza (Goffredi), 0. ^, secret, de l'Acad. héraldique : Bari.
Digitized by
Google
42 LISTE DES MBMBRSS
CuNY, Albert, architecte : Nancy.
Daussargues (A.), ^, Q, agent-voyer en chef ea ret. : Montpellier.
Daymard (docteur), *, médecin militaire: Paris.
Delà VAL (Fernand), ^, commandant du génie : Grenoble.
DiEui.AFOY (M""« Jane), ^, I. y, : Paris, rue Chardin, 1?.
DiEULAFOY (Marcel), 0.^,1. y, memb. de Tlnst., ing. en chef: Paris.
DuBARRY DE Lassalle, architecte : Agen.
Dubois, ^, lieutenant-colonel au 142« de ligne : Lodève.
DuBOR (Georges de), I. y, attaché à la Bibliothèque nationale :
Paris.
DuBOURG (dom), bénédictin : Baron ville, par Benuraing, Belgique.
DroGAN (Jaraes-B.)i ^, esq., San Francisco (Californie)
DupRK (Louis) : Poitiers.
Durand (Georges). *, archiviste de la Somme : Amiens.
Durand, président de la Société archéologique de Chartres.
DuRiEU (comte Paul), I. y, O. t^, conserv. Musée du Louvre ; Paris.
Elias, O. '^. colonel en retraite : Toulouse.
Enlart, L y, O. ï^i, direcleur du Musée du TrocadcVo : Paris.
Evans, O.tji, anc. président de la Société des antiquaires : Londres.
EsQUiEu (Louis), membre de la Société des Études du Lot.
Fabre (Prosper), directeur du Crédit Foncier : Carcassonne.
FAKfjY (Louis de), ^ : Angers.
FaurÉ, ^, ingénieur en clief : Piivas.
Favé (abbé) : Quimper.
Fayolle (marquis de), présidonl de la Société arcliéol. : Périgueux.
Ferluc (de), ^, colonel de cavalerie, ChàlonVsnr-Marne.
Ferreira, ^, C. ^, >t«, capitaine, aide de camp de S. M. le Roi
de Portugal Porto.
Florent (Gonzague), chanoine, curé de Conques (Aveyron).
Fontenilles (de La Roche, marquis de) : Paris.
FONTANiÉ (R. P.), missionnaire : Madagascar.
Fourgade (Pierre), ^, colonel de cavalerie.
FouKGOux (Jehan), docteur en droit, Paris.
FouRNiER, 0. ^, général.
Frère, 0. ^ colonel en relrailo, Poslel (Aude).
Froment (dom), bénédictin : Saint- Wandrille (Seine-Inférieure).
Gandilhon, y, archiviste du département du Cher: Bourges.
Gastebois (Louis de), anc. officier d'artillerie : Lourdes.
Oautier-Descottfs, notaire, secr. de la Com. arch. : Arles.
Gestoso y Perez, 0. îjî, professeur k PAcadémie des arts : Séville.
Graillot (Henri), I p, prof, à la Facullé des Lettres : Toulouse.
Griolet, 0. ^, intendant : Nice.
Guiral (Klie), ^, ingénieur en chef du déparlement : Montpellier,
GuiGNARD, de Butteville : Am' oise.
Guignard, président de la Société du Vendômois.
GUYON, inspecteur-chef des bâtiments. Montréal, Canada.
Hautpoul (comte d), t^, ^>, château de Serres, par Naious.
Hautschamps (colonel baron Des), O. ^ : château de Griffoul
(Dordogne).
Hébert (docteur\ L p, président de la Société académique.
HÈBRARD lE Saint-Sulpice (M»« d') : Paris, a^cuuc Bosqucl, 14.
Jkanroy (A), L y, prof, à la Fac. des let. : Toulouse.
Laboulbbne, Qj conseiller à la Cour d'appel : Agen.
Digitized by
Google
ùB u âociÉTi 13
LàHONDÈs (Se), président de la Société archéol. du Midi : Toulouse.
L.\LANDE (P.), y, membre de la Société française d'archéol. : Brive.
Lamperez y Bomea, professeur d*archéologie, Madrid.
Lapal'ZE (H.), 0. ^, I. y, Conservateur du Petit-Palais : Paris.
Lassalle (Xavier de), publiciste : A^en.
Lassl's (baron Bertrand de) : Montrejeau (château de) (H.-G.).
Latil (dom Augustin de), ^U', bénédictin au Mont-Cassin (Italie).
Lauzun (Philippe), I. y. Valence-su r-Baïse (Gers).
Laval, ^, docteur médecin-major de l'« classe : Avignon.
Lavaur de Sainte-Fortunadb (v»« de), ^, G. tjï, ministre plénipot.
Legrand (Maurice), (Franc-Nohain), homme de lettres : Paris.
Leenhardt, I. p, ancien professeur : Montpellier.
LÊvÈQUE, dir. de la suce, de la Banque de France : Saint-Quentin.
LiSLB(Henri-Goqueiinde), rec. princ. des cont. ind.: Uhàlon-s/-Saôn*.
Loches, capitaine au 10« dragons : Reims.
LORENOB (Emile), ^, Q^ sous-intendanl militaire, Toulouse.
Louis, directeur des chemins de fer de Médina à Salamanque.
Maire (Albert), y, bibliothécaire de l'Université : Paris.
Maîsonobe (Abel), ^, sous-préfet.
Majorel, h., curé-archi prêtre de Villefranche (Aveyron).
Malartk', {comte Gabriel de Maures de) : Paris, rue Vanneau, 55.
Marbot, chanoine honoraire, membre do PAcadémie : Aix.
Marquez (R. Dom), doyen du Chapitre, Burgos.
Maubert, ^, Senlis, professeur de musique.
MÉNEVAL (baron de), ^, 0. iji, ;Jt, diplomate : Versailles.
Mensignac (de), || : Bordeaux.
MÉRIMÉE (Henri), professeur agrégé.
Merlet, L y, archiviste, de la Société archéologique de Chartres.
MiLLERET (Henri de), Grenade-sur-Garonne,
MoNTAZEL, vétérinaire de cavalerie, Senlis.
MoNTMARiN (colonel comte de), * : Versailles.
MoREL, U, i^î chanoine honoraire, curé de Chevrière (Oise).
MouLENQ (François), (||, président à la cour d'appel : Aix.
MuLLER, L y, chan. hon., aumôn. de l'hosp. de Chantilly.
NicoLAÏ (Alexandre), I. i>, avocat : Bordeaux.
Parfouru, L ^, archiviste départemental : Rennes.
Pasquier, I. vS>, archiv. du départ, de la Haute-Garonne : Toulouse.
Peillard, ^, lieutenant-colonel à Tétat- major : Besançon.
PÉLissiÊ, curé de Castelnau-de-Montmirail.
PÉRON, C. ^, intendant militaire en retraite : Auxerre.
Pigache-Sainte-Marie (de), ^ , major du 10« d'infanterie : Auxonne.
PiGANEAU (E), ly» : Saint-Emilion et Bordeaux.
PoNViANNB DE JouvE (André), Léon (Espagne).
PoRTAL, i>, archiviste : Albi. .
PouGENs (Edmond), receveur des finances honoraire : Toulouse.
PoDiLLOT, I. y, insp. d'Acad. : Melun.
QuÉviLLON (Fernand), 0. ^, L y, général, gouverneur de Maubeuge.
Ramkl (Fernand de), ^, ^, avoc. au Conseil d'État, député : Paris.
Raynal, chanoine : Toulouse.
RiCHEMOND (de), y, archiviste du département : La Rochelle.
RiGAUD, ^, commandant, chef du génie en retraite, Toulouse.
Rivières (baron J. de) : Toulouse, rue Vélane.
Roques (Fernand), 0. *, chef de bataillon en retraite : Toulon.
Digitized by
Google
H LtSTfi DES IIEMBBBS
RoMESTiN, II, architecte: Toulouse.
RoscHACH (E.)» *» secret, gén. de TAcad. des Sciences : Toulouse.
Rossignol (Élie), ^ : Mon tans ^Tarn).
RuMEAD (B.), I. i?, directeur d'école en retraite : Toulouse.
Rupin (Ernest), ^, I. y, Brive.
Saint-Bon (le comte Gustave de) : Marseille.
Saint-Paul (Anthyme),y : Paris. 6, rue des Chartreux.
Sarrête (Jean), curé : Torreillcs (Pyrénées-Orientales).
ScHALL (Jules), chan. bon. : Paris.
SçoRBiAC (Etienne de), C. ^, avocat : Toulouse, et Barbes (Gers).
SÊRKS, *^, lieutenant de vaisseau.
SiMONATY (P. André), O. ^ : Constanlinople.
SiNOHËR : Le Mans.
SoiL, directeur du musée : Tournay (Belgique).
SoLANCiER (Raoul-Giral de\ Céret (Pyrénées-Orientales).
Souvestre, 0. ^, général de division.
Tachard (docteur Elie), 0. ^ : Toulouse.
Taffanel de la Jonquière (vicomte de), O. ^, colonel : cliâieau
do Guilalcns (Tarn).
Tbissier, médecin militaire.
Teyssier (colonel), 0. *, présid. de la Société des Sciences : Albi.
Tholin, ^, I. y, archiviste : Concarneau (Finistère).
TiERNY (Paul), y, archiviste.
ToiZAUD, président de la Société archéologique d'Angoulème.
Traversât (Guy de), capitaine de cavalerie, Versailles.
Triger (Robert), Q, prés, de la Société archéologique du Maine.
Trilles (D^), médecin-major : Castres.
Vassal, capitaine.
Véran, I. y, architecte, présid. de la Commis, archéol. : Arles.
ViGUiÉ, conseiller d'arrondissement : Penne (Tarn).
ViLLARET (de), ^, >|î, colonel, commandani le 88® de ligne, Aucli.
Viré (Armand), ^, I. y, attaché au Muséum, Paris.
ViviÈs (Paul de), château de Taiiriac, par Salvagnac (Tarn).
^-Mj^
Digitized by
Google
bli LA SOCtRiE 13
COMPOSITION DES DIVERSES SECTIONS
Section de Photographie.
MM. Eugène Trutat, président honoraire; L. Mathet, président;
de Méric de Bellefoa, vice-président; abbé Milhau, secrétaire.
Membres : MM. l'abbé Anglas, l'abbé Barthe, coramaadaQt
Bartho, E.Bastié, Bastoul, de Bazelaire,de Berraond, Bouïs, Callhiat,
Cartailhac, Chatiaièrei, Glavel, L. Claverie, docteur Co^te, k, de
Costes, capitame Danglade, I). Donoadieu, A. Fauré, E. Fauré,
de Fontenilles, Ed. Forestié, Georges Forestié, H. de France,
Gibert, Granié, abbé Laborie, de Lacger, Lade, Lauzun, Leenhardt,
Mailly, Marcel, abbé Milhau, Méric de B(?Ilefon, chanoine Morette,
Mauquié, A. Négrié, G. Olivier, abbé Quilhot, Rabastens, abbé
Rambert, Ressayre, Rozat de Mandres, de Séverac, Sibien, cha-
noine Stoumpff, B. de Scorbiac, G. de Scorbiac, docteur Tachard,
Valmary, Général Vedeaux, Vincent, Viré.
Section de Musique.
MM. Albert Soubies, présid, honor. ; chanoine A. Contensou,
président; F.-X. Thomas, vice-président; Sancholle, secî^étaire.
Mkmbrks : MM. Abadio, Arnoul, de Bazelaire, Bouïc, Bourdeau,
Gaston Célarié, Daïsse, A. Fauré, Edouard Forestié, G. Forestié,
Oinhoux, L. de Gironde, Haein, chef de musique, de Lacger,
V. Lavitry, Maury, abbé Maury, de .Milleret, Miilot, R. Prax,
Ressayre, Rougé, Rozat de Mandres, Duluc, chanoine Stoumpff,
Victor Vaissières, général Wallon,
Section des Beaux-Arts.
MM. le comte de Gironde, président : Sémézies, secrétaire.
Membres : MM. d'Ablanc, Bastié, le général Belbèze, comman-
dant de Bermond, Boé, Boistel, Boscus, Bouïs, F.-F. Bouisset,
F. Bouisset, Bourdeau, Buscon, Cabannes, chanoine Calhiat,
Clavel, de Costes, Delbreil, Delpey, A. Fauré, L. Faure, colonel
Forel, Ed. Forestié, H. de France, Fournier, Gibert, général Konne,
d'Aignan, abbé Laborie, Lespinasse, Marre, Maurou, Moissenet,
E. de Monbrison, Olivier, chanoine Pottier, René de Vivie, Rigaud,
Rozat de Mandres, de Tonnac de Villeneuve, de Saint-Félix, de
Séverac, commandant Sibien, Bruno de Scorbiac, Vaissières^ R. de
Vezins, Vialelles-d'Aignan.
Digitized by
Google
Digitized by
Google
LA
Création du Tarn-et-Garonne
EIsT 1808
ET LES POÉSIES DE CIRCONSTANCE
PAR
M. EDOUARD FORESTIÉ
Lauréat de l'Institut
Secrétaire général de la Société
L'Assemblée Constituante, en djvisant la France en 86 dépar-
tements, avait obéi à un sentiment général qui portait les
Français intellectuels d'alors à une unité de lois et d'organi-
sation administrative pour faire cesser les différences considéra-
bles existant alors entre les coutumes des diverses provinces.
Ce but, les législateurs, députés par les baillages, et surtout
les nombreux procureurs et avocats dont se composait le Tiers-
Etat, voulurent l'atteindre par la nouvelle division par dépar-
tements.
Ce n'est pas ici le lieu d'examiner si la mesure bonne et dé-
sirable en principe fut comprise comme elle eût dû l'être par-
tout et si en respectant mieux les anciennes divisions terri-
toriales, et en les adaptant au système nouveau, on n'eût
pas réalisé un progrès plus grand que celui qui a été obtenu.
La question est de nouveau soulevée après plus d'un siècle
d'expérience. Laissons donc les économistes la traiter et restons
1908 2
Digitized by
Google
2 LA CRÉATION DU TAftN-ET-ÔARONNE
dans le domaine exclusif de Thistoire et de rarchéologie, en
nous occupant seulement des événements qui ont précédé et
suivi la création du département de Tarn-et-Garonne le der-
nier né de tous les autres, celui qu'on a appelé le Benjamin,
peut-être aussi parce que c'est le plus petit et parce qu'il a
montré plus que les autres le défaut de la généralisation du
système adopté en 1789.
Nous ne ferons ensuite qu'effleurer les causes politiques qui
ont empêché, en 1789, Montauban deconserver le rang qu'elle
occupait dans le Midi. Ces causes sont multiples, mais une des
principales était que certains voulaient faire payer à notre ville
sa soumission trop officielle aux volontés royales après un de-
n\\ siècle d'opposition irréductible. Louis XIII avait doté Mon-
tauban de trop d'institutions importantes, augmentées par ses
successeurs: Sénéchal, Présidial, Bureau des finances, Cour
Souveraine des Aides, et avait ainsi peuplé la ville de familles
que les autochtones ne voyaient pas de trop bon œil occuper le
haut du pavé. Il fallait rabattre son orgueil : c'est là le secret
de sa déchéance qui ne fut heureusement que d'une vingtaine
d'années.
Dans la division adoptée, et surtout dans la préparat^ion du
travail définitif, des intérêts et des influences diverses furent
constamment en jeu, et l'on put voir le Représentant du bail-
liage de Montauban défendre ardemment sa ville natale, tandis
qu'on voyait, ligués contre ses intérêts, tous les autres députés
des bailliages voisins.
Il faut dire aussi que ces derniers étaient admirablement se-
condés par la situation particulière de Montauban; ville créée
seulement au XI I* siècle, dans un lieu qui était l'extrême fron-
tière du Quercy, et qui, par conséquent, se trouvait à cheval sur
deux provinces, à tel point que lorsqu'on en fit le chef-lieu d'une
Généralité et le siège d'une Intendance, on lui assigna un terri-
toire qui allait des Quatre Vallées, du Comminges et du Nebou-
zan aux environs de Millau, séjxîré en deux fragments que seul
le chef-lieu reliait administrativement. Ce fait rendait difficile,
il faut le reconnaître, aux créateurs des nouvelles divisions la
constitution d'un groupement homogène autour d'une ville à
Digitized by
Google
LA CREATION DO TAJ^N-ET-GARONNK 3
laquelle manquait cette force si puissante d'être le chef lieu d'u-
ne province.
A la fin de novembre 1789 Poncet Delpech, député de Mon-
tauban, ancien avocat à la Cour des Aides, jurisconsulte éme-
rite qui avait joué un certain rôle dans des affaires retentissain-
tes (i), Poncet Delpech écrivait aux officiers municipaux de
Montauban, au Comité patriotique et au Comité de correspon-
dance de la ville qu'il était à craindre que dans la division de la
France en départements, Montauban, se trouvant sur la lisière
de la province du Quercy ne fût sacrifié à Cahors qui en était le
centre naturel, et que cette .dernière ville ne remp>ortât, l'inten-
tion rmanifeste de l'Assemblée étant de rapprocher les villes et
les cantons de chaque division d'un centre commun.
Il annonçait qu'il avait cependant vivement combattu ce pro-
jet et qu'il avait ardemment défendu Montauban. Pour lui don-
ner le titre de chef-lieu, il proposait de prendre dans le Langue-
doc, la Gascogne et une partie du Quercy, jusqu'à Caylus et
Caussade, le territoire qui fut plus tard donné au Tarn-et-Ga-
ronne (2).
I>e Conseil général de la commune comprit la gravité de la
situation et la nécessite de faire appuyer les revendications
de Poncet en envoyant une adresse à l'Assemblée Nationale
approuvant les propositions du député de Montauban.
Le 5 décembre nouvelle lettre de Poncet à ses concitoyens
insistant sur la nécessité d'agir au plus vite:
« Il est inouï, Messieurs, écrivait Poncet, que dans un mo-
ment où on va s'occuper définitivement de l'établisseimjent du
département, vous négligiez de répH>ndre aux lettres que je n'ai
cessé de vous écrire sur cet objet impH>rtant.
« Vous ne considérez donc pas que le sort de Montauban
(i) Le procès d'une jeune fille protestante mariée à un officier catho-
lique, le vicomte de Bombelles, procès où il prépara les mémoires de
Robert Lindet et qui amena Louis XVI à rendre l'état-civil aux
protestants.
(2) Voir la coirespondance échangée entre Poncet Delpech et ses
commettants dans le Journal National de Tépoque.
Digitized by
Google
4 LA CREATION DU TARX-ET-GARONNE
tient à ces rép>onses que j'attends de vous? Quelques multi-
ples que puissent être vos occupations, il n'en est pas qui doi-
ve vous intéresser plus que celle-ci. Songez que je suis seul
pour défendre notre patrie, que j'ai à lutter contre l'esprit
dominant de l'Assemblée qui repousse, avec une sorte d'indi-
gnation, tout ce qu'elle appelle l'esprit de province et à plus
forte ra,ison l'esprit de ville, qui entend que tous les intérêts
particuliers s'anéaintissent devant le grand intérêt de la na-
tion, qui s'est fait un système de diminuer la grande impor-
tance des villes florissantes pour en favoriser les villes en sous-
ordre... »
Nous citons textuellement cette lettre et nous soulignons la
dernière phrase qui est d'autant plus grave que son auteur n'est
pas suspect à l'égard du nouveau régime: Poncet donna tête
baissée dans les idées nouvelles et fit l'éloge de Lepelletier et de
Marat dans la chaire de la Cathédrale à une fête de la Raison,
mais nous avons surtout eu pour but^ en faisant cette citation,
de prouver la vérité de ce que nous avançons plus haut.
Poncet Delpech éta,it avant tout Montaibanais et il se multi-
plia pour faire réussir son projet, voyant chaque jour les mem-
bres du comité d'organisation, leur remettant mémoires sur
mémoires; et d'autre part pressant constamment les officiers
municipaux « se plaignant, de leur inconcevable silence dans
la cause d'une patrie que, disait-il, nous devons tous chérir et
dont l'état prospère est en péril. »
Son collègue de Moissac, Gouges-Cartou avait consenti, seul
parmi là députation de la Région, à la jonction de ce district au
département que l'on réclamait ; à la fin Raby de Saint Médard
était arrivé de la même conclusfion p)our l'arrondissement de
Castelsarrasin qu'il représentait. Mais les députés du Toulou-
sain éUiient formellement opposants.
On alla alors dans le sens des commissions jusqu'à proposer
que le chef lieu serait alternativement Toulouse et Montauban,
solution hybride qui ne pouva,it contenter personne.
Au milieu de décembre enfin l'administration municipale
montalbanaise s'était décidée à envoyer à Paris Doumerc et
Combes-Dounous ; mais Toulouse et Cahors se remuèrent al-
Digitized by
Google
LA CREATION DU TAR\-ET-GARONNE 5
léguant toutes sortes de raisons, même les plus fausses, pour
évincer Montauban. N'alla^-t-on pas jusqu'à prétendre que no-
tre ville était souvent un foyer de maladies épidémiques ?
Combes-Dounous et Doumerc remirent à Rabawd-Saint-
Etienne un acte conservatoire d»isant que Montauban ne cesse-
rait de réclamer dans tous les temps l'acte de justice qu'elle
sollicitait.
Mais, malgré tout leur dévouement, ils devaient mal plaider
leur cause. Poncet écrit à ce sujet à ses concitoyens: <( J'ap-
prends aujourd'hui que la mésintelligence s'établit parmi
vous. Est-ce dans un moment où tous les concitoyens ne doivent
avoir qu'un même esprit, qu'une égale tendresse vers le bien
commun que vous voulez vous dévier? Songez que dans ce
moment surtout il s'agit de s'oublier soi-même pour ne voir
que la patrie qui est menacée de perdre son importance et les
avantages précieux que j'ai désiré si vivement lui conserver.
Nos voisins de Cahors se transportent dans les principales villes
de notre sénéchaussée, pour les engager à se désunir de Mon-
tauban ; déjà la ville de Caussade s'est laissée surprendre ; celle
de Caylus est probablement dans le même cas. Et comment
voulez-vous que nous puissions arriver à avoir un département,
si les cantons qui auraient pu le former s'y refusent. Au nom de
vos intérêts les plus chers travaillez de concert à empêcher ces
séparations qui ruinent nos projets.... )>
II est inutile d'insister sur ces mesqu^ines divisions qui eurent
le résultat que l'on attendait.
En janvier 1790 Poncet revient à la charge; il écrit qu'il dé-
sespère d'obtenir gain de cause et que, faute de mieux, il s'est
rangé à la solution du rattachement de Montauban à Toulouse,
lequel il faut l'avouer était encore plus dangereux.
« Il a fallu prendre, dit-il, un parti extrême, mais impérieuse-
ment devenu nécessaire. Malgré le délai fatal qui nous a été
prescrit, et qui expire absolument lundi, nous avons fait des
tentatives pour éloigner de quelques heures la décision du Co-
mité. Que n'êtes-vous ici, Messieurs, pour juger la réalité des
obstacles et des difficultés sans nombre qui empêchent de les
surmonter? »
Digitized by
Google
6 LA. CREATION DU TARN-ET-GARONNE
Le 12 janvier la municipalité se décide à une nouvelle démar-
che pour repousser toutes les combinaisons même et surtout cel-
le de Toulouse: elle disait que: « Montauban dominait 50 vil-
les et 330 bourgs, villages et communautés soit plus de 300.000
âmes sans y comprendre celles de Montauban qui a plus de
25.000 âmes. L'octroi est plus fort que celui des principales vil-
les du Quercy réunies; le commerce s*élève à plus de 20 mil-
lions. »
Il était déjà trop tard pour réussir, d'ailleurs le député de
Toulouse, Viguier vint réclamer contre le rattachement de
Montauban à la capitale du Quercy, prétendant qu'elle était
rattachée à la capitale de Languedoc. .
Lavalette-Parizot, le comte de Tanes, le duc de Biron, l'é-
vêque Nicolaï, Lachèze, Faydel, l'abbé Ayrolle, l'abbé Martel,
le médecin Durand, tous les députés du haut Quercy eurent plus
d'influence; un suprême effort de Poncet obtint que: la ville
de Montauban demeurerait provisoirement réunie au Quercy
avec la faculté de se réunir au dépajtement de Toulouse après
la formation des assemblées administratives. »
L^ne lettre fut soumise au comité de Constitution dans laquel-
le il était dit que (( Montauban parviendrait aisément avec sa
supériorité et sa grande influence à s'approprier un jour des
établissements qui leur sont dévolus. »
Le département du Lot fut fondé et Montauban tomba au
rang de District le 21 février 1790; « cette décision, dit un tle
nos confrères (i) mécontenta Montauban, où naquit dès lors un
fort parti contre-révolutionnaire, qu'excita plus vivement enco-
re la constitution civile du clergé. » C'est là un des prodromes
de la journée du 10 mai 1790. Cahors et Montauban restèrent ri-
vales et souvent ennemies. On peut même affirmer que Montau-
ban sembla mettre son plaisir à contrecarrer Cahors. Bientôt
elle devint Jacobine avec* son représentant Jean Bon Saint-An-
dré . Cahors fut accusé de fédéralisme. Il restait en réalité modé-
ré (2) »
(i) M. B. Paumes, dans un excellent article publié dans la Petite
Gironde.
(2) Ibid.
Digitized by
Google
LA CRÉATION DU TAR\-ET-GARONNE 7
Le mal était fait; Montauban, déchu de son ancienne splen-
deur, perdant le plus clair des éléments de sa prospérité: la
cour des Aides, le bureau des finances et TEvéché, pour tomber
au rang de sous-préfecture, rongeait son frein avec dépit, sai-
sissant toutes les occasions de réaliser ses désirs. -
Lorsque Jean-Bon-Saint-André fut tout puissant on es«\ya
de remettre la question sur le tapis. Il fut même question en co-
mité de salut public de remanier la Division territoriale et de
donner le titre de chef-lieu à Montauban avec C;aylus, Grisolles
Moissac et Montpezat pour districts.
Mais en Tan V, Montauban étant revenu aux royalistes, le$
projets furent enterrés: pendant ce temps l'antagonisme était
à son apogée entre les deux villes. Entre temps Poncet qui avait
été rendu à la vie civile après la Constituante fut nommé profes-
seur de législation à l'Ecole centrale du département du Lot à
Cahors et le 17 ventôse il y commença son cours. Sanglante
ironie, professer dans la ville contre laquelle on a s,i longtemp^s
bataillé! On juge que Taccueil fut plutôt froid, Poncet dans
ses notes personnelles nous a. laissé l'impression qu'il en eut
dans ces huit vers :
Triste Cahors, vieille masure,
Où Ton grelotte au milieu de Tété,
Où Ton ne voit d'autre beauté,
Que des horreurs de la nature,
Ah ! si l'impérieuse loi
Qui m'arracha des lieux qui m'ont vu naître
Peut se lasser de tourmenter mon être,
Mon plus grand bien sera de m'éloigner de toi.
Aussi n'y fit-il qu'un séjour de quelques mois, jusqu'aux va-
cances et s'empressa-t-il de se faire nommer au trjbunal de
Montauban.
Pendant le Consulat et dès le commencement de l'Empire,
des Montalbnnais continuèrent leurs démarches : mais les
cadurqiens ne négligèrent rien pour les rendre vaines : Cadeaux
de truffes et de gibier aux grands dignitaires et à l'Empereur
Digitized by
Google
8 LA CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE
lui-même, intrigues auprès des généraux comme Bessières et
Murât enfants du Lot ; ils employèrent tous les moyens pour
empêcher leurs voisins d'aboutir.
En juin 1806 une députation de Montauban fut présentée à
remi>ereur à Saint Cloud (i). M. Jean Saint-Geniès aîné, mai-
re, et M. Chaulet cadet furent reçus par NapK)léon, auquel ils
firent part des aspirations de leurs concitoyens. L'empereur
s'intéressc'i à leur requête et promit de s'arrêter dans notre ville,
s'il allait dans le Midi. Cette nouvelle fit renaître l'espérance
chez les Montalbanais. Pendant deux ans ils multiplièrent les
démarches et M. Vialètes d'Aignan s'employa de tout son cré-
dit pour fa,ire aboutir ce projet.
A la fin de 1807 on apprit que l'empereur s'acheminerait vers
le midi. L'espoir prit corps; on espérait que Napoléon passe-
rait par Montauban. Cambacérès, prince archi-chancelier de
l'empire, qui se rendait à Bordeaux, doit traverser Montauban
le 16 novembre 1807. Celte nouvelle fait de nouveau luire l'es-
]x>ir chez les Montalbanais ; le m<i,ire, le sous-préfet, organisent
un corps de volontaires à cheval parmi les jeunes gens de la
ville et une compagnie d'élite à pied pour former la garde
d'honneur de son altesse. Hn quelques jours les cavaliers furent
armés et équipés en uniforme de drap bleu, parements, collets
revers et pantalons chamois: Il y avait deux escadrons de 100
hommes commandés par un colonel, un lieutenant-colonel en
second, un major, deux chefs d'escadron, le capitaine et les au-
tres officiers ou sous-officiers néix^ssaires. L<i garde d'honneur
à pied avait six St'ipeurs, 60 grenadiers tous pères de famille
et la plupart anciens militaires.
Un membre du conseil municipal fut dépêché à Toulouse et
précéda le prince qui arriva le 16 à i heure.
Le matin, 4 pièces d'artillerie furent m.ises en batterie sur le
plateau par 60 canonniers en uniforme.
A 10 heures, le maire et les adjoints, dans un c<'irosse, allè-
rent au devant du prince, précédés de la gendarmerie et d'un
des escadrons de la garde d'honneur, et suivis du second esca-
(i) Cf. Paumes, loc. cit.
Digitized by
Google
LA CRÉATION DU TARN-ET-GAROXNE 9
dron et de la musique. Un superbe carosse fut offert au prince
au nom de la ville.
Le Préfet, le Secrétaire général et le Sous-Préfet se portè-
rent en carosse, précédés d'un corps de réserve avec sa musique,
jusqu'au bout du faubourg Toulousain où un arc de triomphe
de 14 mètres et demie de haut avait été élevé. 11 était composé
de trois portiques ; huit colonnes d'ordre corinthien en faisaient
le plus bel ornement. L'aigle impérial domin^^it le tout. Sur
les côtés, il y avait deux inscriptions emblématiques: <( Thémis
sur les autels a placé son image » et c( Il vivra dans nos cœurs
ainsi que dans l'histoire. )> Ingres le père en avait composé la
maquette.
A Bressols, le maire et les adjoints haranguèrent le prince
qui monta dans son carosse. Son arrivée en ville fut saluée par
une salve de 2 1 coups de canon : le cortège traversa la ville au
milieu d'une population enthouî^iaste et le prince fut conduit
à la Sous-Préfecture où il reçut les autorités.
Un dîner lui fut offert à l'hôtel de ville dans la grande salle
magnifiquement décorée. Il y avait 80 convives.
M*, de Molières, colonel de la garde d'honneur, offrit à l'ar-
chichancelier l'étendard de ce corps qui forma une voûte
d'acier avec ses épées, au-dessous de laquelle passa Camba-
cérès en quittant l'hôtel de ville, pour se rendre à Bordeaux
par Mpissac.
La pluie empêcha les illuminations du .soir, mais la journée
se termina par un grand bal à la salle de spectacle.
Cette visite était le prélude et pour ainsi dire une sorte de
répétition de la visite impériale. Cambacérès était venu tâter
le terrain. En janvier 1808, M. Vialètes de MortarieUj maire,
réunit le conseil pour lui faire part de son espoir de la venue
de l'empereur et de ses projets qui furent accueillis avec en-
thousiasme. On vota aussitôt une somme de 8.000 fr. pour les
premiers frais et l'organisation définitive de la garde d'hon-
neur. Aussitôt sur l'initiative du Duc de la Force, ancien lieu-
tenant colonel de carabiniers, rentré de l'émigration depuis
peu de temps, le corps de volontaires se recruta vite parmi
les jeunes gens de la bourgeoisie montalbanaise. Il y eut bien-
Digitized by
Google
XO LA CREATION DU TARN-ET- GARONNE
tôt une compagnie de cavalerie et deux d'infanterie. Le45 offi-
ciers étaient d'anciens militaires. Toute cette jeunesse s'habilla
à ses frais, la ville n'eut à fournir que l'équipement, l'arme-
ment, les tambours et les trompettes; Un corps de musique fut
constitué.
Il y avait 54 cavaliers, un tambour major, 4 sapeurs, 41 gre-
nadiers, 37 chasseyrs, 21 canonniers et 37 musiciens.
Les cavaliers avaient une housse de drap bleu bordée de ga-
lons d'argent avec crépine de soie ponceau ; ils portaient les
bottes à la Souwaroff, leur guidon était de velours amaranthe
bordé d'une crépine d'argent.
L'infanterie portait l'habit bleu ; les parements, les revers et
le collet amaranthe, les lx>utons et boutonnières d'argent, le
pantalon blanc ; les pompons et les épaulettes étaient bordés
d'argent.
Le drapeau de l'infanterie était en soie avec un a^igle brodé
d'or.
On se prépara plusieurs mois à l'avance à la réception du
souverain. Le conseil municipal, stimulé par M. Vialètes de
Mortarieu, se tenait presque constamment en permanence;
prenant délibération sur délibérations, parant à tout avec une
activité fébrile en apprenant la nouvelle que l'empereur va
arriver dans le midi. Tout est prêt pK)ur le recev'^oir, mais en-
core viendra-t-il ? Telle est la question que se posent les Mon-
talbanais.
M. Vialètes de Mortarieu réunit de nouveau son conseil mu-
nicipal, lui -fit part de ses projets, de ses démarches et, d'un
commun accord, on approuva non seulement tou tce qui avait
été f^it mais encore on prit les dernières mesures nécessaires
pour recevoir dignement l'Empereur.
On vota encore une somme importante: 8.000 fr. et tous les
préparatifs furent faits.
La porte du pont qui venait d'être restaurée, fut ornée d'un
aigle immense aux ailes déployées dominant le monument dont
les frontons étaient splendidement décorés. Une inscription —
Digitized by
Google
LX CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE I I
qui, par parenthèse, fut longuement discutée — portait simple-
ment ces mots: A Napoléon (i).
Un autre arc de triomphe fut élevé à l'extrémité du
faubourg Toulousain, rappelant par ses lignes générales Tare
de Titus, et large de 15 mètres 50 sur 16 mètres de haut, orné
de 4 colonnes d'ordre corinthien et des statues de la Victoire
et de la Paix. Au fronton on lisait :
NAPOLEONE MAGNO
Sur un des côtés on lisait:
Hispaniarum legislatori, restauratori
Rayonna redeunti, Mpntem Albanum transeunti ;
et
Hoc signum lœtitiœ, et amorLs posuere, Montalbanenses,
Die 28 mensis julii, anno 1808.
L'arc était formé de trophées, les statues de 3 mètres 40 en
plâtre étaient l'œuvre d'Ingres le père, l'architecture était de
M. Couderc, ingénieur de la ville.
Toutes les maisons étaient pavoisées et ornées de guirlandes
de feuillage.
Le préfet du Lot fut avisé officiellement que LL. MM. L et
R. arriveraient de Toulouse dans la nuit du 29 juillet, venant de
Bayonne. M. de Mortarieu se rendit à Toulouse pour inviter
officiellement au nom de la cité le couple impér.iaJ. M*, de Scor-
biac, premier adjoint, dès qu'il eut la confirmation de la nou-
velle la communiqua au conseil municipal et à la population : à
9 heures la ville s'illumina spontanément ; partout on ne voyait
que transparents portant Timage de Napoléon ou des aigles.
M. de Champagny, ministre des relations extérieures et Mgr de
Pradt, archevêque de M^ilines, grand Aumônier étaient arrivés
(i) M. Vialètes de Mortarieu, très intelligent et connaissant l'esprit
de la population, écrivait au préfet : « Faut-il mettre sur le marbre, en
lettres d*or : A Napoléon, ou à Napoléon k Grand; je crois que le RiOt
Grand serait inutile (25 mai 1808). »
Digitized by
Google
12 LA CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE
à 4 heures et logés à la mairie qui avait été meublée magnifi-
quement a,insi que la sous-intendance. Mgr Maret, secrétaire
d'Etat arriva à minuit.
Enfin à i heure, une estafette parut précédant leurs majestés:
la foule immense qui s'était portée à l'extrémité du faubourg
jusqu'à Parages était dans une joie délirante. Napoléon entra
à Bressols à i h. 1/2. Le Préfet, le sous-Préfet, le maire de
Montauban et ses adjoints, avec le conseil municipal, en habit
à la Française, l'épée au côté, chapeau à plumet noir, la garde
d'honneur à cheval, et la gendarmerie l'attendaient et lui firent
escorte.
A l'entrée de la ville la musique et la garde d'honneur à pied
reçurent leurs majestés à l'extrémité du faubourg Toulousain
pendant que le canon tonnait au plateau des Carmes, et que
toutes les cloches des églises sonnaient à la volée.
La voiture impériale contenait leurs majestés; le maréchal
Duroc, maréchal du palais, et le prince de Neufchâtel suivaient
dans une autre. Aux portières caracolaient le duc de la Force,
et M. de Xansouty, grand chambellan.
Fatiguées, leurs majestés n'ava,ient pu écouter les harangues
du maire ni recevoir les clefs dans un bassin d'argent. Elles
avaient hâte de regagner leurs lits. La traversée de la ville se
fit donc rapidement au milieu des acclamations de la popula-
tion.
Le lendemain nic'itin, de très lx)nne heure, l'empereur sortit
à cheval accompagné du prince vice-Connétable, du Maréchal
Duroc, du chambellan de Xansouty et du Duc de la Force.
Il parcourut le faubourg Lacapelle, monta dans le petit che-
min qui va de Saint-Michel à Beau-î>oleil et redescendit vers
l'esplanade du faubourg du Moustier. Là sans) dalculer le
danger il se précipita dans la pente du ravin qui aboutit au
Tescou, le franchit, suivit le petit chemin qui mène au Tarn,
traversa Sapiac et prenant le chemin dit des Butées arriva au
quai Montmurat pour rentrer en ville; alla à la place Natio-
nale, suivit la rue d'Auriol, la rue Saint-Louis qu'on dénomma
aussitôt la rue Napoléon et rentra par la promenade à l'Inten-
dance située dans la rue du Moustier aujourd'hui maison Oli-
vier.
Digitized by
Google
LA CREATION DU TAR^T-GARONNE i3
A neuf heures il donna audience aux autorités; inutile de re-
produire les discours qui sont consignés tout au long dans le
procès-verbal officiel ; c'est là que se plaça l'épisode de la veuve
Labruyère qui fit présenter, par le maréchal Duroc, au souve-
rain le fusil de son fils.
A la suite de ces réceptions l'empereur monta en voiture et
partit par la route de Castelsarrasin ; il fut accompagné jus-
qu'au Touron.
Là, en réponse à la harangue de M. de Scorbiac, il dit : « Je
suis satisfait de l'amour que m'ont témoigné mes fidèles sujets
de ma bonne ville de Montauban. J'ai vu avec peine les pertes
quelle a éprouvées. Je la rétablira^ dans ses droits. Vous pouvez
la regarder comme chef-lieu de département et je la mettrai au
rang des principales villes de mon royaume. »
Inutile de dire que cette promesse impériale était attendue
avec grande impatience par nos concitoyens et qu'elle causa
une joie considérable dans toute la cité dès qu'elle fut rendue
publique.
Le conseil municipal réun,i aussitôt délégua M. Vialètes de
Mortarieu, maire, de Scorbiac, adjoint. Château, Rîgal, Gar-
risson, Rous aîné, du Moulinet de Granès, Duc Lachapelle,
pour porter une adresse de remerciements à sa Majesté; (ces
députés partirent les 25 août pour Paris.) Le soir la ville fut
illuminée et l'on dansa fort avant dans la nuit.
L'empereur avait fait cadeau à M. Vialètes de Mortarieu
d'une boîte en or entourée de brillants à son chiffre et à M. le
duc de la Force, commandant de la garde d'honneur, de son
chiffre enrichi de diamants : par décret du 20 août il nomma- le
Préfet du Lot, Bailiy, officier de la Légion d'honneur, et che-
valiers MM. de Caumont La Force, Vialètes de Mortarieu et
Duchêne, ingénieur en chef du Lot.
On raconte, -- mais ceci touche à la légende, — que l'empe-
reur, ayant voulu se rendre compte de l'étendue du nouveau
département dont on sollicitait si ardemment la création, aurait
fait apporter une carte de France et que le libraire Rethoré au-
rait apporté la plus belle de sa boutique, et l'empereur prenant
des ciseaux aurait découpé ainsi le périmètre du Tarn-et-
Garonne.
Digitized by
Google
14 LA CREATION DU TARN-ET-GARONNE
Ce récit est peut-être vrai au fond, mais il est certain que ce
n'est pas le 29 juillet seulement que la création du département
fut décidée ainsi, elle était déjà préparée depuis près de six
mois, et la visite de TEmpereur ne fit que consacrer définitive-
ment un projet élaboré dans les bureaux du Ministère et pré-
paré de longue main par les démarches de M. Vialètes de Mor-
tarieu et des personnages influents de Montauban.
Nous devons ajouter, que le décret déterminant la circons-
cription du nouveau département est du 2 septembre et le séna-
tus consulte du 2 novembre: le département était placé dans la
quatrième série; la ville de Montauban était du nombre des
bonnes villes dont les maires devaient assister au couronne-
ment de TEmvpereur ; et le nombre des députés au corps législa-
tif était de 2 pour la nouvelle circonscription.
Le 15 novembre la municipalité, en reconnaissance de l'im-
mense bienfait accordé par T Empereur, décida l'érection de
son buste en bronze qui fut inauguré solennellement, le 4 dé-
cembre devant les autorités assemblées et la garde d'honneur
sous les armes. L'œuvre était due au sculpteur Chaudet et était
placée sur un piédestal en marbre de Sartos et de Sarancolin
portant cette simple dédicace :
A s, M. l'empereur ET ROI, SA BONNE VILLE DE MONTAUBAN
21 SEPTEMBRE I808 (l)
Cet événement la,is5;a de profonds souvenirs dans l'esprit de
la génération contemporaine, mais peu de documents sont res-
(i) Nous ne savons ce qu'est devenu ce buste et son socle. C'est grand
dommage qu'il se soit perdu car Antoine Denis Chaudet, son auteur, a
occupé un très bon rang dans la sculpture française. Outre un superbe
Belisaire et un admirable groupe de Paul et Virginie, Chaudet fit de
Napoléon une belle statue qui fut placée au Corps Législatif. Il est
regrettable que ce bronze n'ait pas été sauvé d'une destruction que nous
estimons certaine, à moins que cet article ne vienne à le faire retrouver
quelque part. Il avait été envoyé par ordre de l'Empereur le ii septem-
bre (Lettre de Vivant- Denon, membre de l'Institut, directeur général du
Musée Napoléon, au maire de Montauban) et il arriva le 5 novembre.
Digitized by
Google
LA CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE |5
tés soit dans les archives municipales sqit dans les gazettes du
temps (i) ; mais les poètes ne manquèrent pas de se donner li-
bre carrière pour vanter les bienfaits du créateur du Départe-
ment.
L'Abbé Aillaud, un de nos concitoyens, qui forma nendant
longues années la jeunesse montalbanaise et qui était profes-
seur d'éloquence à l'école communale de notre ville, composa
une ode pindarique en l'honneur de Napoléon i".
Nous ne citerons que le début de cette poésie :
Célébrons tous le bienfaiteur du monde,
Qui com-ne un Dieu, nous tirant du chaos,
A devant lui chassé la nuit profonde
Qui ressemblait à l'ombre des tombeaux.
Et le dernier quatra,in :
Montalbanais, offrez sur vos rivages
Tous vos lauriers à d'illustres exploits;
Offrez vos vœux au modèle des sages,
Et votre encens au modèle des rois.
La Société des sciences et belles-lettres de Montauban mit
au Concours en 1810 une ode sur les bienfaits qui ont signalé
le passage de S. M. l'empereur et roi dans la ville de Montau-
ban en 1808.
Parrni les pièces envoyées, la Société couronna, dans sa
séance du 16 mai 1812, l'œuvre d'un poète, resté assez incon-
nu, nommé B. B. Maison, et qui fut imprimée à Paris, chez
Laurens et dédiée à son oncle qui devait lui-même cultiver les
muses
Toi qui dans l'art des vers enhardis mes talents,
De mes travaux reçois l'hommage.
(i) Il y avait à cela une raison : c'est qu'il n'y avait alors que le
Journal du Lot et que ses rédacteurs ne voyaient pas de bon œil le
démembrement de ce département.
Digitized by
Google
\6 LX CRÉATION DU TARN-ET-GAftONNE
De cette œuvre, d'ailleurs médiocre, nous ne citerons que
quelques vers:
Montauban, dépouillé de toute sa grandeur,
Déplorait dès longtemps son antique splendeur.
Ces temples, ces palais qu'ont habité nos princes,
Abandonnés, déserts, périssaient dans Poubli.
Et ces routes, jadis Torgueil de nos provinces.
N'offraient aux voyageurs qu'un sol mal affermi.
De ses arts autrefois cent villes tributaires
Entretenait le cours de ses destins prospères.
Tributaire à son tour de ces mêmes cités,
Ses citoyens ont fui ses murs inhabités,
Ses ateliers muets languissent solitaires.
Tout s'éteint, tout périt dans un morne repos;
Et le Tarn qui, jadis, enrichissait nos pères,
Cherche en vain sur ses bords nos hardis matelots.
Nos vœux sont accomplis, Napoléon prononce
Et c'est par des bienfaits que ce héros s^annonce. .
Puis l'auteur fait parler le héros
. . .Sauvons cette antique cité,
Rendons-lui son éclat et sa prospérité,
Qu'ici, de mes décrets zélé dépositaire,
Le magistrat commande à mes heureux sujets.
Qu'en ce palais, des lois jadis le sanctuaire,
Thémis prononce encore et dicte ses arrêtf.
Il énumère les avantages procurés au département et ter-
mine
Ainsi Napoléon, par son vaste génie.
Change tout, donne à tout une nouvelle vie. Etc., etc.
L'œuvre est absolument médiocre et manque de souffle. Elle
n'a d'autre intérêt pour nous que les notes explicatives; dates
Digitized by
Google
LA CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE I7
des décrets, notamment celui de la création de Tévêché qui est
du 29 novembre 1808; de la faculté de théologie du 6 sep-
tembre 1808; de TAveyron navigable du 29 juillet 1808, etc.
Arrivons maintenant à la muse populaire. Personne ne con-
teste aujourd'hui l'intérêt que présentent les poésies de cir-
constance dans notre langue du peuple soit en vers, soit en
prose, soit même par tradition orale: le folk-lore, à défaut
d'autre, y gagne toujours quelque observation précieuse. Quel-
quefois même on y trouve, pejinte sur le vif par une voix aussi
véridique que naïve, des événements dont la mémoire eût été
oubliée ou dont les détails auraient échappé aux annalistes.
C'est ainsi qu'à propos du passage de Napoléon à Montau-
ban nous avons une poésie écrite en vers patois par un con-
tempK>rain de l'événement, récit anecdotique et pittoresque
tout empreint d'enthousiasme et qui a dû être écrit sur le mo-
ment même. Quelques courtes observations sont) îdi néoes-
s<\ires avant de le publier. ^
Il y a quelques années, dix ans environ, un fin*lettré, dont la
mort prématurée a causé dans le clergé montalbanais et parmi
ses amis un deuil cruel, M. l'abbé Lagarrigue nous donna une
pièce de vers sur le passage de Napoléon à Montauban en 1808,
et provenant des papiers de l'abbé Marcellin, le prédicateur
Motalbanais dont le nom est bien connu et qui était luji-mê-
me un poète délicat à ses heures. Je me proposais de oublier
cette pièce à l'époque de la célébration du centenaire de la cré-
ation du Département lorsqu'il y a quelques mois M. le Prési-
dent de la Société Archéologique me confia un manuscrit qu'il
possédait depuis longtemps et qui lui avait été donné par le
Colonel Puig alors en garnison à Montauban.
Ce manuscrit portait le même titre que celui de M. l'abbé
Marcellin, et dans une note il était dit qu'il parvenait d'une co-
pie faite sur un cahier trouvé à Montauban. Il était en vers
patois également.
Je coUationnai aussiitôt les deux manuscrits et j'arrivai bien-
tôt à cette constatation que le second devait être le premier
en date car il présentait des différences notables provenant d'u-
ne expurgation quelque peu savante; les négligences en
1908 3
Digitized by
Google
l8 LA CRÉATION DO TaRN-ET-GARONNE
avaient disparu dans l'autre, en un mot, celui de Tabbé Marcel-
lin était une 2" édition revue corrigée et... diminuée.
Entre les deux le choix était difficile. Si d'un côté le premier
jet avait quelques faiblesses, le second présentait des suppres-
sions qui paraissent dues soit à un ennem,i du régime, soit à un
aristarque bien scrupuleux. A mon point de vue, me plaçant
dans le seul intérêt historique, j'ai préféré la première forme
mais j'ai profité de la seconde pour corriger les vers défec-
tueux. C'est donc une édition ne varietur que je donnerai c,i-
après.
Maintenant, il s'agissait de savoir quel était l'auteur du poè-
me bon ou nmuvais, car ce nom servirait à donner à l'œuvre
toute sa valeur historique. Le manuscrit de l'abbé Marcellin
ne porte que des initiales B. C. M. le second nous donne tout
au long la personnalité du ix)ète: c'est Jean-Baptiste Cons-
tans-Manas.
Celui-ci était né à Monta ubaa en 1775 d'une vieille famille
montalbanaise, venue au XVP siècle de Cahors où elle occu-
pait des fonctions judiciaires. Elle avg^it embrassé avec ardeur
la cause de la Réforme, Jean Baptiste était avocat à Montau-
ban et comme tous ses cotemporains d'alors, formés à VA-
thénée de la Jeunesse par l'abbé Aiilaud, il charmait ses loi-
sirs par la littérature.
J. B. Constans Manas mourut à Montauban le 28 mai 1848
à l'âge de 73 ans; il était fils de Jean-Baptiste Constans et de
Marie Delon; il habitait rue du Greffe et était l'oncle de M.
Léon Constans et le cousin de Augustin Constans-Tournier
qui resta longtemps l'honneur du barreau de Montauban.
Revenant maintenant à son poème, on constatera qu'il pré-
sente un intérêt local tout particulier car il pejint une époque et
un événement sur lequel un siècle a passé et dont nous le répé-
tons, les détails sont peu connus.
Le début est naturellement adéquat à l'époque où il a été
écrit. C'est un mélange de romantique et de mythologie, aussi
est-il à peu près supprimé dans le manuscrit Marcellin. Nous
avons rétabli le coup de patte donné par l'auteur à la ville de
Cahors, jalouse de voir le plus beau joyau détaché de sa couron-
Digitized by
Google
Î.A CRÉATION DU TARN-ET-GARONNE IQ
ne, et qui peint les sentiments de l'époque. Il en est de même de
l'épisode cependant typique et très amusant de Duroc et des
« bigarrés », c'ast-à-dire des musiciens de la garde d'honneur
qui, vêtus de costumes bleus et jaunes, furent narquoisement
surnommés « lous Cardis » les chardonnerets, pai' le peuple
de Montauban.
Une autre suppression, qui ne s'explique pas, c'est celle de
l'épisode du royaliste Poutrou fuyant la cérémonie et se ren-
contrant inopinément avec Napoléon. Il est probablement vrai
quo|ique nous doutions que jamais un Montalbanais put avoir
eu un seul instant la pensée que lui attribue le poète et que dé-
ment son intervention premjlère.
Il y avait sans doute quelque raison à gazer quelque peu l'é^
pisode de la rue Malcousinat; toujours est-il que dans le ma-
nuscrit Marcellin il est fort atténué. Personnellement nous
nous souvenons avoir entendu parler de ce détail par un té-
moin oculaire. A cette épKXjue la batellerie du Tarn occupait
un grand nombre de marins, quji étaient allés boire chez la pim^
parèlo (la marguerite) surnom d'une femme de la famille Es-
card, qui s'est perpétuée dans cette auberge jusqu'à ces derniè-
res années et que Conslans nomme Pampette. Lorsque l'empe-
reur i>assa dans la rue, les marins trouvèrent pla,isant de mêler
dans leurs vivats: la boute,ille, le cheval, l'empereur et tout le
monde. La nuance fut, paraît-il, cormprise par Napjoléon qui eut
le bon esprit d'en rire : (( Rien n'échappe à l'Empereur, dit-il. »
L'épisode de la veuve I^abruyère est historique aînsî que le
prouvent et la trad,ition et les renseignements que nous possé-
dons à cet égard.
Marguerite Labruyère, paysanne en service à Carnus parois-
se du Fau, chez M*"* Sartre-Bagel, présenta à l'Empereur un
fusil d'honneur gagné par son fils, lequel, parti conscrit, avait
comme beaucoup de jeunes gens de cette épKXjue, quitté avec la
plus vive peine le toit paternel, mais qui une fo)is incorporé
avait vaillamment fait son devoir. Jean Labruyère était né à
Montauban en 1770 ; il entra dans la 1 1* demi-brigade, fut nom-
mé sergent à la 5*. Au mois de brumaire an IV, à Carcavello, il
s'exposa à la mort pour sauver son capitaine; on le vit souvent
Digitized by
Google
20 LA CREATION DU TARN-ET-GARONNE
avec simplicité se priver du nécessaire pour soulager ses cama-
rades. A l'affaire de la Carona^ sur Rivoli (thermidor an IV)
sous Murât, il fit mettre bas les armes, lui et deux carabiniers, à
plus de 80 Hongrois et ce jour là entra le premier dans les re-
tranchenuents de l'ennemi, s'y battit longtemps et seul y fit plu-
sieurs prisonn^iers, il était alors à la 11" légère; dans le même
mois sous le général Dallemagne, à Borghetta, il passa le pre-
mier le pont de Valeygio malgré une grêle de balles et la mi-
traille autrichienne; à la bataille de Saint-Georges près Man-
toue, sous Masséna, il s'empara seul d'un canon; en germinal
an V dans le Tyrol, à Lambarda, il passa seul la rivière, surprit
et combattit deux Autrichiens, les désarma et les ramena pri-
sonniers avec leurs chevaux ; quelques jours après, à Brixeu, il
livra S'^mI un combat à quelques Tyroliens et fut gravement
blessé. Xom.mé caporal de grenadiers en l'an VII au passage de
l'Adige près Rivoli, à la bataille de Vérone il fait des prodiges
de valeur ; à la retraite d'Alexandrie il est félicité pair Gardanne ;
à l'assaut de Segrello il monte le premier, et fut fait sergent sur
le champ de bataille de la Trébia, pour avoir sabré plusieurs
Russes et désarmé 6 ou 8 et les avoir ramené prisonniers sous
le feu des deux armées. En Vendémiaire an VIII nouvelle bles-
sure gagnée en sabrant des artilleurs autrichiens.
Le 24 nivôse an IV à Hohenlinden il fit plusieurs prisonniers.
Le premier consul lui acx:orda un des premiers fusils d'hon-
neur. Il venait d'arriver à Florence avec son régiment lorsqu'il
fut tué dans un duel.
Les détails ci-dessus sont absolument authentiques et re-
produisent les états de service de Jean Labruyère, qui, comme
on le voit, fut un brave soldat. Napoléon récompensa sa mère
par une pension de 300 francs dont il lui remit le premier quar-
tier.
L'épisode de la présentation à l'empereur des notables com-
merçants de la ville, supprimé dans la copie Marcellin, est
pourtant intéressant et donne certaine^s précisions.
Quand à l'épisode de l'Etrangère il ne m'a point été possible
de préciser quelle était cette personnalité.
La fin du poème est comme le commencement: de l'amplifi-
Digitized by
Google
LA CRCATION DU TARN-ET-GARONNE
21
catîon littéraire. Supprimée en partie dans la 2* copie j'ai cru
devoir la maintenir pour laisser au poème toute sa contexture
primitive. La copie expurgée est peut-être plus littéraire, mais
celle que je publie ci-après est bien plus nature et peint plus
exactement Tétat d'âme des contemporains d'un événement qui
a eu les honneurs d'une commémoration solennelle dans les fê-
tes du centenaire.
Digitized by
Google
Napoleoun a Mountalba
(1808)
PAR
J.-B. CONSTANS-MANAS
A Vabbé Marcellin.
ENVOI
Etnboyi à Vamtc de la rimo^
Al Bourdalou deljoun^ en Franso sans égal!
Un picfiou tros de moun trabal;
Se lou troubabo so que cal,
Per él s^abalis ranounimo,
Autromen, m^apeli... un tal.
Muso, qu'uno es toun encartado?
Rebeillo te per clarom'în canta
La tant fructuouso arribado
De l'Anperur dins Mountalba.
Oh ! pel sigur s'en parlara !
M'enjaouti, sarè pla pus fièro.
Muso, saben bé pla que n'es pas afougado
Per espeli tan bel trabal,
Que toun lati es argnous, y manquo so que cal,
Que d'empey pla lountems, d'esprit es abeouzado,
Et lou sujet es naout, trop naout per ta pourtado.
Mes pourtant, s'agis d'un renoum
Quant s'agis de talo noubelo,
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOUNTAÎ.B\ 3 3
Quand s'agis de Napoleoun,
Uno muso, mémo sans noum,
Pourrio pla se randre immourtèlo,
Et sans se cruza la cerbèlo,
En diguen so que s'es passât,
Sio pla, sio mal aremousat,
Quant et coussi s'es apariado
Aquelo tant belo joumado.
Eren a mitât de Tannado,
De milo houeyt cent amaï houeyt,
Mes de juilhet lou bint et houelt;
Sio de cor, sio de poulitico,
Per ne complaire â la suplico (i)
Que Mountalba dempey lountems
Y abio facho sans coumplimen,
— Boun cor n'a cap de retourico. —
Napoleoun s'es arrestat
Dins sa triste sous-prêfecturo
Que, per moyos! fasio pietat
Sans aquelo bouno abanturo,
Librado a cinq ou siès pelats,
Toutis paoures coumo de rats...
Amay per Cahors mal lecats.
Enfin à méjo netch apares la boueturo
Que porto lou bounhur proumes à Mountalba.
Pel sigur es la desirado.
Touto la bilo s'es cambiado
Al barri Toulousenc, per ount dibio passa;
Aqui, d'impey très jouns, nou y a que cants et danso,
Mes déjà TEmperur occupo Tlntendanso,
Que digus nou Ta bist ni pouscut saluda.
La musico fabourizado
Se trobo soulo descapado
Dins la cour et bouldrio jouga.
Per fa baie soun art, déjà cadun se pico;
(i) Allusion à la démarche de M. de Mortarieu. — E. F.
Digitized by
Google
^4 NAFOLRÔUN A MOUNIALBA
A l*entour de lour chef, se souu agrumelats,
Quand Duroc apares : « Que soun qu'es bigarrats? * (i)
S'a dis en boun francès... Sul cop lou chef replico :
« De la gardo d'aounou sen lou cors de mnsico. »
€ L'Emperur alassat a besoun de repaous,
« Que sortoun ! » dis Duroc, et sans aoutres prepaous,
Toutis mougnets, sans bruts, gagnoun lour retirado.
Uno netz de juillet es toujoun leou pasado,
Amay, al gran despiech del trop hurous Titoun,
Al gran despiech tabé de la filho del joun,
De cale ta mati se trouba rebeillado,
Sacrifica à sas amours
Per se teni débarbouillado,
La porto toujoun azurado
D'ount sort Phébus per fa soun cours
Et d'un cop d'el donna la bido
A touto la terro agrupido,
Mai de l'albo seca lous plours.
Las campanos sounou malinos ;
Napoleoun derebeilhat,
Tout fresq, tout escarabilhat,
A déjà mes sas bottos finos,
Et sur soun chabal encrancat,
Bol coumensa sa passejado
Per joui de la matinado
E proufita d'aquel bel joun.
Acos aro qu'on pot beire Napoleoun ;
Oh ! se besio tout pie, sans uno malbeillenso,
Que nou se pot laissa dins l'oumbro del silenço,
Digudo à nostris grenadiès
Que coumando Moussu Mouleto (2).
Al poste del Palays, plassadis lous prumiès,
Armats de pe en cap, fusil et bayouneto,
Diourioun esse alignats, per miliou saluda
L'Emperur, al moumen que lou beyran passa,
(i) C'est l'épisode racontée plus haut des Bigarrés ou Cardis, — E. F,
(2) M. Molette de Morangiès, ancien officier, — E. F.
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOtNTALBA 25
Et, coumo de troupiès, lour armo présentado.
Mais acos pas atal que fan nostris souldats
Improubisats.
(Bertat es que maï d'un n'abio pas bist d'armado
Qu'as embirous de Mountalba).
Coussi que fès per Tempacha,
Mouleto n'a mentit : soun à la débandade,
Y ban toutis dessus, coumo per l'estoulTa.
L'Emperur, estounat d'aquelo sscampissado,
Nou sap qu'en creyre, qu'en pensa...
Qu'un début! E malgrat soun sang frech, «oun couratge,
Lous fusils attracats à rasis soun bisatge,
E sans poude s'en despetra;
Enquero mens se boulega,
A la bountat de Diou, soun amo s'abandouno.
Mes Duroc, qu^es aqui, Duroc que res estouno,
A jujat bistomen, d'aquelo sotto action
La part que y prenio lou foc d'admiratiou.
Se facho d'un constat et de Taoutre perdouno :
B'a tout repasimat d'un mot, et l'Emperur,
Sans abê mal, et counten pel sigur,
Part... soun chabal laugé que passo l'iroundèlo,
Sieguit d'uno escorto noubelo.
L'a nepourtat d'un traït à la Croux Sent-Miquel. (i)
D'aqui n^a déjà bist la bilo touto en bel,
Mes de sus aoutris punts la beira pla pus belo.
Al cap del barri del Moustié,
Drets et drets l'ancien Senienari (2),
Nostre bezitur temerari
Saouto Tescou coumo'n crabic.
Car jamaï cap d'home à chabal
(i) Il y avait jadis dans l'avenue Saint-Michel, dans la propriété Joly,
une croix qui marquait l'emplacement de l'ancienne église Saint-Michel,
détruite pendant les guerres de religion. — E. F.
(2) Le Grand Séminaire, fondé par saint Vincent-de-Paul, était, avant
la Révolution, au bout du Faubourg du Moustier, dans la partie voisine
de l'ancien couvent des Dames Noires. — E. F.
Digitized by
Google
20 NAPOLEOUN A MOUxNTALBA
Per aquel coupo-col n'abio passât atal. (i)
Atabe, pla d'abans que soun escorte arribo,
Del Tarn, pla tout soulet se trobo sus la ribo ;
Maï n'aourio pla lou tems de Tabe trabessat,
Tant soun esprit tout afissat
Bouldrio pressa lou pas per dintra dins la mino !
Quant uno ma de Diou lou tenguet arrestat!
Car un home, que sonl camino,
Lou bejen trasteja, dis à Napouleoun :
« Ârrestas bous Moussu ! y a'aqui trop de bouilloun,
« Bous perdrias... » Quai creirio qu'uno talo pensado
Siosques ta francomen fourmado
Dins Tesprit de Poutrou, ennemie passiounat
De l'Emperur. Exprès, el s'ero acaminat
Per fugi touto la journado,
Per pas entendre un soûl bibat
Per Napoleoun... € lou grand fat! »
Tabe, sigur, sans reUiOrds et sanscrentc,
Se Poutrou Pabio counescut,
Napoleoun ero f...icut.
Qu'un malhur!... Diou boulguet espragna TIlo Sento
Et rtii proucura lou bounhur
Que n'atendio pas pel sigur,
De beire passa TEmperur.
De Tarn sourtic un troupelas de Doumaysélos
Qu'apelon Nymphos Immourtelos
Per tout besiadomeht randre à sa Majestat
L^aounou que y dibio lou Diou de la Ribiero.
Amay s'es dit d'empey que, tout pico plantât
Sus sa caoiiquillo mariniero,
(i) Entraîné par Tenvie de connaître la ville dans tous ses détails,
l'Empereur se dirigea vers la rivière du Tarn en se précipitant pour
ainsi dire dans le gouffre de la rivière du Tescou, au bout du Faubourg
du Moustier. A cette époque, Thomme â pied avait peine à y descendre.
L'Empereur aurait voulu traverser le Tarn, mais sur Tavis du danger
qu'on lui fit connaître, il tourna bride dans Sapiac et rentra dans la
ville après avoir suivi le chemin a de las Buttïos » par lu porte du quai
Montmurat. — E. F.
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOUNTALBA 27
Neptuho, Tagachen, bababo de gaytat.
L'Ëmperur, dintrat dins la bilo,
Per la porto de Montmurat (i)
Souris de se beire arrestat
Cado pas per lou pople en pilo
Que crido : < Bibo TEmperur !
« Bibo sa fenno Josephino,
€ Toutis dous fan nostre bounhur ! *
Tout'al may pol bira Tesquino.
Al pas ne marcho soun chabal,
De plasé lou bel animal
De soun mestre coumpren la joyo;
De la nostro tabe toutis eren la proyo :
Lou mero, sous adjouens et las outouritats,
La coumpagno d'aounou per un duc coumandado (2)
Sans oublida lous bigarrats. (3)
L^oubrié de tout estât, remplit de la pensado
De fa a TEmperur tant belo réception,
Car per élis, aouey, es tant que lou Boun Diou.
O toutis sur lour pe, dins touto la semano
N'abiou pas perdut un moumen.
Tout ero fresq agradomen
Per la bilo rafistoulado :
Clouquiès, carrieros, carreyrous,
Catats de charmillos de flous;
Ero^uno bilo endimenjado ;
Lous bouyès an fugit Parado ;
Lous bilages besis : Sent-Antouni, Caoussado,
Lafranceso, Meouzac, Picocos, Mirabel,
Rialbilo, Mountpezat, Mouricoux, Bourniquel,
(i) En parcourant la rue Montmurat au pas du cheval. Napoléon fut
ravi de Taccueil qu'il recevait d'une population immense ainsi que par
la décoration de toutes les maisons garnies de fleurs, de feuillages et
d'inscriptions. — E. F.
(2) Le duc de la Force.
(3) Bigarrats, bigarrés fut le nom que donna le maréchal Duroc aux
musiciens de la garde urbaine qui devaient être, en effet, singulièrement
chamarrés. J.-M. C. M.
Digitized by
Google
28 NAPOLEOUN A MOUNTALBA
Bioulo, Mouncla, Mountech, Âlbias, Ne^ropelisso,
Bressols, Ragnès, Lou FaoU, Courbariou, Sent-Urcisso,
Nibelo, Sans-Souci, tout ero désertât.
Tabé, coumo toujoun cal dire la bertat,
Oh! tout ero poulit, car, de fet, que pot estre
Estalbiat pel plase quant de nous aous en mestre?
Napoleoun se trouben arribat
Dabant Minôs Tapouticayre, (i)
Bé de Negrou, lou grand frascayre,
Ne sourissio de se beyre arrestat
P'raquelo bando de Pampeto
Que sourtio de chez la Janneto (2)
Amb'el goubelet à la ma,
Toutis saoutan^ toutis quirda
€ Bibo lou boun jus de la treilho!
€ Bibo TEmperur, la boutelho !
€ A la santat del blanc chabal
€ £ bibo toutis, à bel tal ! »
Dins lours transports, nostris trinquaires
S'abrassou toutis coumo frayres,
Galopou groussi lou troupel.
Al mets de la plasso impérialo ;
Aqui la festo es natiounalo,
Aqui se beï so de pus bel.
L'Emperur jujo d'un cop d'el
Lou plazé, la rejouissenço
Que y procuro sa presenço,
Del pople lou gaoujous bounhur.
Oh ! re n'escapo à TEmperur !
De sul cantou d'Anglas, uno fenno sieguido
Fer la foulo, pares, armado d'un fusil.
(i) Rue Malcousinat, où se trouvait Tofficine de Minos, pharmacien,
prédécesseur de M. Prax, aujourd'hui étude Prax, notaire. — E. F*.
(2) La Janeto ou la Pimparelo, aubergiste chez qui se réunissaient les
marins de la batçllerie du Tarn alors florissante. — E. F.
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOUNTALUA 29
Efans, bous troubles pas, couneyssen Margarido,
Bourdiero al Ff:ou, fenixo aberido ;
Es un fusil d'aounou qu'a pla gagnât soun fil.
Dins lous rambouls d'uno batailho
Napoleoun Tabio dounat.
Lou presento à sa majestat. (i)
Entretan que cadun ne railho,
Que fa bel e bou sa bersiou
Sur aquelo gloriouso actiou,
L'Emperur, del guerrié ne questiouno la mayre :
4r En y dounan la crouts, abio la permission
< De béni prendre halé al couffin de soun payre ;
« Desempey qu'a partit, n'ey plus bist moun éfan !
4 Per yo, brabe moussu, n'es un diagrin pla gran ;
« Nostre Jean ero ma ressourço.
f Helas moun Diou ! l'ey perdut per toujoun ! »
A lues mots an trumit Tel Je Napoleoun.
Mougne, sul cop repren sa courso,
-Mes entre dintran à Poustal,
S'atendio pas, la Margarido,
D'y trouba Tescrits que y bal
Cent escuts per an per la bido.
L'Emperur sap ploura sous brabes defensous.
Qu'un rey moustrec jamay un cor pus pietadous !
Histouriens aberits bostro plumo sabento
De l'unibers entier a countat la tourmento,
A trassat de César, d'Alexandre lou Grand,
D'Annibal, de Pompé, de Pyrrhus, Gengis Khan,
De Charles Quint, d'Henric, lou sabe, lou couratge.
Aouey bostre pincel nou sario qu'un maynatge
Per pintra l'home sans parel,
Cap n'a balgut soun det menel.
Bou per sous ennemies, amo belo, sublimo,
Grand per sous assassins, pertout grand, mes, ma rîmo.
(I) Voir ci dessus les détails sur Marguerite Labruyère et son fils.
Digitized by
Google
3o NAPOLEOUN A MOUNTALBA
Que pot toun bantadis ? Planji toun pessomen!
Que pot fa pel soulel un tros de bers... de terro?
Digo nous doun tout soulomen
Lou be qu^a Mountalba y a balgut un moumen
Lou séjour tan precious del mestre de la terro!
Lous bieillards qu^an perdut lours efans à la guerro
Y trobou lour soulajomen;
Lous joubes de trabal, t jutis Tagradomen
De beyre lour citât ta lountems mespresado,
Dins uno minuto cambiado
De bilatge tout nut en bel départoment.
Aro que me trobi lançado,
Aro que souy enfaoufilado
Dins lou cor de las receptious,
Pouden jutga l'acul gracious
De TEmperur a las Deputacious
Que Mountalba — Ton pot ba dire
Sans que digus trobe a redire —
N'abio remous d'homes de tout estât,
D*homes de cor, d'aounou, de probitat.
Cadun a l'Emperur countabo
Toutis sous afas impourtuns;
A soun tour jamay s'alassabo
D'apazima lours pessomens.
La boues dels negoucians n'ero pas la derniero
Albouy, Dubois^ Malroux, Sirac,
Fournier, Brassac, Calhassou, Merignac,
Couneyssou toutis l'empourtenço
Que pot balé lour élouquenso
Al coumerce de Mountalba.
L'Emperur, que sentio soun cor pataqueja,
Arresto lours discours : c Bounis Mountalbanéses,
« Souy countent de Tamour que m'abes témoignât
« A moun tour bous randrey hurouses
« O poudes y counta. » A dits, es arrestat!
Aques mots fan coumo l'esclayre,
Cado Mountalbanès y recouneïs un payre.
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOUNTALBA 3l
Un payre coumoul de bountat.
Âques mots fan dins lour aoureillo
Coumo lou gru dins la couteillo
Que Diou fa naïsse, fa béni
Per nou sta may per nous nouyri.
Mes nou podi preca sa ta bello pensado,
La secto de Calbin, ta lountems afachado,
Y gagno uno Facultat. (i)
Lous catoulics lour Âbescat (2)
Desempey quinze ans abeouzat,
Sans ne treboula la fiertat
Del duc de la Forso, del mero,
N'an pas perdut lour tems d^abé acounpagnat
Lou gran Napoleoun de carriero en carriero
Car se dis que Sa Maj estât,
Touto rizento, touto fiero,
Entre dintran lour a plantât
Uno crouts à la boutouniero,
Sans counta ço que s'es pas dits.
Se saoura pus tard pes escrits
Et se beyra sans maldisenço.
Nostres messius proufitaran
Maï que digus de sa presenço,
Lours pichous fils s^en sentiran,
Et jusquos al darnier, de clouquado en clouquado,
Pouyran, à sa bountat, ouflFri la remerciado.
Aro, muso, t'esperaïan
Se boulios pla prendre halenado
Per nous counta lou fet charman,
La noubelo de TEstrangero
Arrestado ayci per misero ;
M'es abis que de toun récit
Aysso n'es pas so mens poulit.
(i) Création de la Faculté de Théologie protestante. — J.-B. C. M.
(2) Rétablissement du diocèse. — J.-B. C. M.
Digitized by
Google
32 NAPOLEOUN A MOUNTALBA
L'Emperur, may sa grande armado,
Pes quatres cantons redoutado,
An recebut de tens en tens
Calquo pichouno graoupignado,
De trahisos et de tourmens,
De mal de cap, de pessomens;
Helas! que non fa pas la guerro?
De souldats de Napoleoun,
Troupo coumoulo de renoum,
Se troubo facho prisouniero
Et mezo à Testroup dins un fort.
Lou coumandant, home sans cor,
Sio maysantiso, sio bengenso,
Lou lâché ! médito la mort
De nostris guerries sans défenso;
Dious boulguet qu'un ange del cel
Parés aquel mal d'un cop d'el.
Que nou pot l'amour quand nous charmo !
Lou tiran lou pus dur per soun foc se desarmo *,
Soun pouder es unibersel.
L'aoutou d'aquel trophée noubel.
L'ange que ne salbec la bido
A nostre millié de souldats,
Per uno foun d'adbersitat.
Que netch et joun Tan perseguido,
Aprep cinq ans, touto traoupido
De paurieretat, de malhur,
Se trobo as pès de l'Emperur.
Taleou bisto es recounescudo,
May pel fier Duroc recebudo
Ambe respet et distinction.
Napoleoun^ dins sa joyo atengudo,
Festo la noubelo bengudo
Amb'un poutet, milo francs de pension (i)
(i) Il serait facile, ce nous semble, de retrouver le nom de Théroïne
de cette épisode dans la liste des pensions accordées par TEmpereur.
L'auteur ne le connaissait pas, mais il dit dans une note que tout est
vrai dans son récit auquel il n'a lait que donner la forme littéraire.
L'accueil fait à cette dame par l'Empereur est parfaitement authentique.
Digitized by
Google
NAPOLEOUN A MOUNTALBA 33
Dire tout so que fec dins aquelo joumado
Per nous aous ta rété pasado ;
Tant de plasé cambiat en mal :
S'en rampliyo'un grand journal,
May lou seguirioy en detal
Se noun eri pas trop chagrino.
O Goudouli, adujo de toun art
La paouro muso, ta besino !
Malopesto, lou se, quêta leou paresquet
Poulit joun de juillet que ta leou finisquet,
Qu'un grand bounhur toun buf abaliguet,
Malgrat lous saluts, las courbetos,
Del duc et de Moussu Bialetos (i)
Re n'arresto Sa Majestat
Dins sous proujets toujoun rigido.
L'ordre de parti n'es donnât;
La plasso Trimoun es garnido, (2)
Boituros, chabals, poustillous,
Gardo d'aounou, pople curions,
Musico, tambours et fanfaros,
Tout aqui se trobo apilat,
Es partit, cinq ouros sounados,
Lou clic clac del fouet a jougat,
Las rodos bruUoun lou pabat —
Car nostro impérialo bisito
Nou bol ana qu'ai pichou pas
Tout lou barri de Gassaras.
Et per graciouzetat darniero
Nous saludo per la pourtièro,
Coumo que dis : « Amies, adissias ! adissias ! >
Per tout Mountalbanès, bounhur s'es abalit,
L'on n'entend plus qu'un mot : c Es partit ! es partit ! »
(i) Le duc de la Force et M. Vialetes de Mortarieu firent tous leurs
efforts pour retenir rempereur plus longtemps. — J.-B. C. M.
(2) La place actuelle de la Préfecture, dénommée place Trémond, du
nom du dernier intendant de Montauban. — E. K.
1908 4
Digitized by LriOOQlC
34 NAPOLEOUN A MOUIsrTALBA »^
Es partit, souy touto enjaourido;
Moun esprit tout carobirat,
Tal qu'un sounje besi passât
Lou pus poulit joun de ma bido,
Et tal qu'un coursier engarrat,
Memomen me trobo engarrado.
Se qu'ero tant gay ! tant poulit !
Lou clatis d'aquelo journado
Coumo lou lions s'es abatit.
Nou se bey plus qu'un grand brumatge
E de plours sur cado bisatge.
So que godi gagna de bou,
L'esperi en tu, brabe lectou,
S'as agut prou cor, prou couratge,
De sieyre monn tros de trabal
Sans abe fats cap de badal^
Pla sigur m'en saourépas mal.
Me trobi pas mignardejado
Per cap de sorre d'Apoulloun;
Me creiré prou recoumpensado
D'abe gagnât pitchou renoum
En te canten : Napoleoun !
Digitized by
Google
• f • *' .
(:
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON
Peint par lui-même, au Musée de Montauban
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON
PAS
M. Pierre LESPINASSE
Membre de la Société
I
Au commencement de Tannée 1842, un jeune homme accom-
pagné de son père se présentait à Tatelier d'Ingres et deman-
dait à être admis au nombre de ses élèves. Ce jeune homme
venait tout drQÎt de Montauban. Il se nommait Armand Cam-
boffi et éfeit parent du maître. Ingres, souvent absent par
suite de grands travaux qu'il exécutait alors aux environs de
Paris l'adressa à Paul Delaroche.
Henri-Joseph-Armand Cambon étatit né à Montauban le 22
février 1819. Dès son plus jeune âge il avait manifesté une vé-
ritable passion pour le dessin. Il s'emparait de tous les dossiers
de l'étude de son père qui était notaire et y griffonnait des figu-
res de sa composition. Chose bien rare, son père l'encouragea
dans son {penchant, mais il voulut le mettre à même de pouvoir
suivre une autre carrière au cas où il ne parviendrait pas par la
pciinture à une notoriété suffisamment établie. En 1830, le jeune
Armand entrait au collège de Montauban et son père exigea
constamment qu'il apportât dans ses études classiques une assi-
duité satisfaisante ; mais sa tâche de collégien accomplie, il pou-
vait s'adonner tout à son aise à la pratique du dessin et de la
Digitized by
Google
36 ARMANI) CAMHON
peinture. II en avait appris les éléments d'un peintre nommé
Combes (i). Une fois sorti du collège, Armand Cambon avait
fait ses études de droit tout en courant à la recherche du paysa-
ge à dessiiner ou à peindre. Après l'obtention du diplôme de
licencié en droit, il était conduit à Paris par son père ^ui le pré-
sentait à Mme de Saint- Yon dont le mari, le général de Saint-
Yon, devenait peu après ministre de la guerre. Mme de Saint-
Yon fit au jeune homme le plus charmant des accueils et lui fut
toujours d'un précieux secours.
Ingres étant revenu à Paris en 1843, Armand Cambon fré-
quenta en ami l'atelier de son parent qui l'eut toujours en très
haute estime et l'aima comme un de ses meilleurs élèves. Cepen-
dant, il n'abandonna pas l'atelier Delaroche même lorsqu'il
fréquenta, par à coups, l'atelier Picot.
Cajinbon se lia avec Gérome, Millet, Yvon, Hamon, les Flan-
drin, Nazon, montalbanais comme lui, Toulmouche, Harpi-
gnies. Il ne tarda pas à les surprendre par sa virtuosié. Aussi,
lorsque Cambon se présenta au concours p>our le prix de Rome,
tous escomptaient-ils sa réusi^ite. Le désappointement fut géné-
ral à la nouvelle de son échec. Découragé, il ne se représenta
pas. Il avait été grisé des éloges que lui prodiguaient son maî-
tre et ses condisciples, la confiance qu'il avait en lui s'en était
accrue et il avait bien vite pris sa facilité pour du génie. Cette
facilité était une promesse de grand talent, mais comme tous les
artistes exceptionnellement doués, Cambon était paresseux.
Sa confiance en lui aida sa paresse. Tandis que ses camarades
s'opiniâtraient à la poursuite de leur vision, il se contentait de
produire des œuvres pleines de charme, agréables et gracieuses,
ma^is auxquelles manquèrent plus d'wne fois cette profondeur
et cette vérité d'aspect qu'ont les œuvres longuement travaillées.
(i) Combes, né à Montaubanen 17R6, mort dans la même ville en 1875.
Il était peintre, dessinateur et excellent graveur en médailles. Il a laissé
une très belle effigie de Napoléon 1"", ainsi qu'une excellente copie du
portrait de M. de Mortarieu, par Ingres. Il a fait de nombreux élèves.
M. Bernard de Gironde a commencé à peindre sous sa direction. En
i83o, il professait à la Mairie un cours gratuit, dans la grande salle
actuelle du Musée, qui était alors organisée en école de dessin avec des
modèles en plâtre.
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON Sy
II s'amusait à des tours de force, à des difficultés qui devaient
étonner ses am,is et faire dire à Yvon : <( Ah ! Cambon, si j'a-
vais votre talentj! » A celles-là seulement, il donnait sans
compter ses journées et son application.
Cambon parut à presque tous les Salons depuis 1846011 il ex-
posait : La poésie de Gloire et la Poésie d'amour, jusqu'en 1884,
année qui précéda celle de sa mort. II montra, pêle-mêle, des
portraits, des Scènes tirées de la Bible, de la Fable antique ou de
l'Arioste, et, enfin, des petites scènes anecdotiques : Femme ja-
louse, le Billet, Trop tard, V Armoire, Oui ou non dans une
heure. Il avait cet électisme indifférent des paresseux qui ne se
passionnent pas pour un genre.
En 1847, il subit un échec. Il est refusé au Salon. Il avait
écrit à son père « Je ne suis ni assez mauvais ni assez bon pour
n'être pas admis. » Ses camarades estimaient son envoi et M.
Delécluze dans un article du journal des Débats en annonçant
plusieurs toiles qui devaient figurer à l'exposition de peinture
avait signalé le tableau de Cambon. Auss^i son refus d'admis-
sion fut-il une surprise désagréable.
Le jeune homme se consola vite en allant passer les mois
d'été à Barbîzon et une partie du mois de novembre au châ-
teau de Dampierre, où Ingres travaillait à restaurer des pein-
tures.
L'année suivante, après la Révolution, une composition de
la République est mise au concours. Près de 400 esquisses sont
présentées. Vingt d'entre-elles sont choisies pour être exécu-
tées en '^rand. Celle de Cambon est du nombre. Il en est aver-
ti dans les termes suivants:
RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Ministère de l'Intérieur^ Direction des Beaux-Arts
(i*»" Bureau)
Paris, le 17 juin 1848.
i Tîtoyen, l'esquisse peinte de la République Française
que vous avez envoyée au concours ouvert à l'Ecole Nationale
des Ikîiuix arts et qui portait le n° 304 a été choisie par le jury
institué pour le jugement de ce concours, pour être exécutée en
grand, 2 mètres de proportion.
Digitized by
Google
38 ARMAND CAMBON
« Cette nouvelle figure devra être disposée sans être enca-
drée à l'Ecole des Beaux^rts, avant le 15 septembre. Une som-
me de 500 francs vous sera allouée pour prix de ce travail. Sa-
lut et fraternité,
« Le Directeur des Beaux-Arts.
Charles Blanc. »
Cambon se met à l'œuvre; malheureusement il modifie un
peu l'ordonnance de sa composition, il peint vite et sa toile
ne sera classée que la sixième.
Il ne se décourage pas, et, en 1849, il expose son propre
portrait. C'est déjà une oeuvre décisive, il est en pleine posses-
sion de ses moyens. Il s^est représenté jusqu'à mi-jambes, sim-
plement vêtu, la tête presque de face; l'attitude est naturelle,
modeste, la figure tranquille et grave... Il ne fera jamais mieux.
Cette toile p<'iraîtra de nouveau en public à rExp)osîtion de 1855
et Ingres écrira à Cambon: <( J'ai vu aux Tuileries votre vi-
.(( vaut portrait et je lui en ai fait un gros compliment. »
Vers cette époque, l'Etat lui achète un Christ au jardin des
Oliviers pour l'église de Saint-Etienne-de-Tulmont, près Mon-
tauban (i).
En 1852, Cambon expose deux tqiles, dont l'une « Le Christ
servi par les anges, soulève l'enthousiasme de Théophile Gau-
tier.
« Une très remarquable toile de M. A. Cambon, dit-il, que
nous nous empressons de signaler ici se cachait à tous les yeux
dans nous ne savons quel recoin obscur d'une de ces salles per-
dues où le public ne va jamais ; elle représente le Christ servi
par les anges, sur la montagne, après le jeûne et la tentation.
Ce moment n'est pas celui que les pe;intres choisissent habituel-
lement ; ils prennent celui où le diable déroule sous les yeux du
Sauveur la carte des royaumes de ce monde. C'est une idée in-
génieuse d'avoir représenté la fin et non le commencement de
l'épreuve. I^ démon, vaincu, s'enfuit en rugissant à travers
les rochers, et le Christ, pâle, amaigri par cette mystérieuse abs-
(i) Ce tableau est entré, par voie d'échange, au Musée de Montauban
Digitized by
Google
LES SAINTS ANGES
dans l'Eglise Si-Eustache à Paris
Digitized by
Google
y ,
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON Sg
tinence de quarante jours que les chrétiens imitent et consa-
crent autant qu'il est donné à la faiblesse humaine, par les jeû-
nes et les mortifications du carême, est tombé sur une pierre,
épuisé de son triomphe, et dans un état de prostration com-
plète.
(( Le Christ, émacîé, spiritualîsé jusqu'à l'évanouissement
de la matière, est peint avec une çuavité délicate et une onction
religieuse digne d'Overbeck, le peintre catholique. C'est la
même tendre pâleur de coloris, la même placidité croyante de
dessin, la même chasteté de pinceaux, et le tableau de A. Cam-
bon pK)urrait figurer dan^ l'église de Saint-François d'Assises,
à côté de la fresque du grand maître allemand.
H Les anges, d'un type nouveau, ont une beauté vraiment
céleste ; leurs formes allongées et sveltes, sans ridicule imita-
tion gothique sont bien celles que peuvent revêtir des esprits
célestes pour se rendre sensibles à l'œil charnel ; ces herma-
phrodites du paradis flottent, incerta.ins entre la beauté de l'é-
phèbe et celle de la jeune fille, n'empruntant à Tune et à l'autre
que ce qu'elles ont de plus pur, de plus frais, de plus jeune,
de plus virginal ; ces beaux anges reployant les ailes, s'age-
nouillent dans leurs blanches tuniques et s'empressent autour
de leur divin maître en défaillance, lui présentent avec une pi-
tié respectueuse et une chasteté caressante le pain et le vin,
symboles de la vie, leur pur visage attendri exprime l'éton-
nement d'êtres immatériels à la vue de ces prostrations volon-
taires de la nature humaine subies par le Fils de Dieu qui pour-
rait se relever flamboyant au milieu de sa gloire et secouer com-
me un haillon le voile charnel dont il accepte les souffrances
et les misères.
(( Ce tableau, dont les figures sont de grandeur naturelle, est
assurément la plus belle toile religieuse du Salon. L'auteur
semble avoir retrouvé la source pure où s'abreuvaient les Orca-
gua, les Giotto, les anges de Fiesole, les Benosso Gozzoli et
les- maîtres primitifs; et tout cela en dehors de tout archaïsme,
de toute imitation des puérilités extérieures mais par le fond
même des choses, par la pureté du sentiment et la sincérité de
la croyance. M. Cambon n'a pas voulu balbutier dans un âge
Digitized by
Google
40 ARMAND CAMBON
OÙ l'on parle, il n'a pas fait des fautes d'anatomie pour avoir
l'air naïf, et, quoique catholique (au point de vue de l'art,
du moins) il ne néglige pas les emmanchements et soigne les
extrémités de ses figures; il dessine et modèle très finement,
et reste harmonieux dans sa sobriété et son coloris plein de
renoncement. »
Ainsi qu'on le voit, cet article n'est qu'un long et complet
éloge. Il fut sans doute la cause qu'en 1855, Cambon exposa
de nouveau cette tqile.
Th. Gauthier qui s'était tant épris et à juste raison de cette
œuvre ne remarqua pas en 1863 la Vision de Marguerite-Marie,
religieuse de la Visitation. Pourtant les qualités louées par
lui dans le Christ de 1852 se retrouvent au plus haut point
dans cette seconde* toile qui orne maintenant une des chapelles
•latérales de la Cathédrale de Montauban. L'abandon extatique
de la prosternée, le regard du Christ d'une infin,îe douceur, où
se mêlent un peu de la fierté du Dieu et de la mélancolie du
Crucifié, la simplicité de son attitude dans laquelle on devine
le geste qu,i va se tendre pour relever la sainte, la lumière d'or
pâle qui baigne la scène, tout cela donne à l'œuvre une indénia-
ble grandeur.
Ce tableau fut d'ailleurs remarqué pmr le jury qui décerna
une médaille à l'artiste. Ce succès et le talent de Cambon ne
devaient pas tarder à être consacrés par les commandes offi-
cielles. Deux ans après, en 1865, la Préfecture de la Seine lui
commandait un tableau pour l'église Saint-Kustache à Paris.
Cette commande parvint à Cambon le 3 août 1865. Elle était
conçue en ces termes :
« J'ai l'honneur de vous informer que par un arrêté en date
du... de ce mois, je vous charge de rcxéculion d'un tableau
pour la chapelle des vSaints Anges à riiglise Saint-Eustache.
l^ne somme de 2.000 fr. nette de tous frais accessoires vous est
allouée pour ce travail. »
Trois mois après, Cnmbon présentait son esquisse a la com-
mission chargée de l'examen. La décision de cette commission
lui était notifiée le 22 novembre 1865: c'était l'acceptation ainsi
qu'en témoigne l'extrait suivant du procès-verbal de la séance.
Digitized by
Google
GALEL
au Musée de Montauban
Digitized by
Google
(£
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON 4f
(( ...une esquisse de M. Cambon pour un tableau destiné
à réglise Saint-Eustache, chapelle des Saints Anges est ad-
mise avec éloges. Cette composition est d'un bon sentiment reli-
gieux... » Cambon ne s'était pas mis en frais d'imaeination
pour composer son tableau. Il av^it simplement groupé —
et cela, avec une simplicité pleine d'art et de poésie — quelques
anges aux longues robes flottantes et aux grandes ailes à demi-
replîées, se détachant sur le ciel. — Mais les anges sont d'ado-
rables figures et d'adorables mains. On ne distingue i>as autre
chose d'eux. Sous les draperies qui les vêtent, leurs corps sont
idéalisés jusqu'à l'effacement. Seuls, les purs visages s'élèvent,
fervents, avec leurs grands yeux qui semblent offrir au Créa-
teur fbute l'immensjté des tristesses humaines, et les blanches
mains d'adoration, de supplication et de pardon se joignent
vers le ciel, ou retombent comme pour désigner à Dieu des
foules prosternées.
Le 28 novembre 187 1, l'Etat commandait à Cambon un
Christ, ix>ur une des salles du Palais de Justice. La lettre était
ainsi conçue:
<( J'ai l'honneur de vous faire savoir que, par arrêté en date
du 27 novembre 1871, je vous ai chargé de l'exécution d'un
Christ en croix pour l'une des salles du Palais de Justice éta-
blies provisoirement dans les bâtiments du Tribunal de Com-
merce. Il vous est alloué pour ce travail une somme de
2.000 fr. »
Ce ne fut que deux ans après que Cambon ayant enfin ache-
vé son tableau une commission vint l'examiner dans son ate-
lier. Voici le procès-verbal qui fut dressé:
« Une sous-commission de peinture, composée de MM. Duc,
Jobbé-Duval, Hesse, Michaux et présidée par M. Baltard
s'est réunie le 14 octobre à midi et demie. Il s'agissait d'exa-
miner dans l'atelier de M. Cambon un Christ en croix destiné
au Palais de Justice. Le Christ dont l'exécution est très per-
sonnelle se détache en lumière sur un fond sombre qui repré-
sente la ville de Jérusalem plongée dans une sorte de crépus-
cule blafard d'un effet énergique. Peut-être certaines précisions
de dessin dans l'anatomie des parties les plus claires du torse
Digitized by
Google
42 ARMAND CAMBON
et du ventre pourraient-enes être atténuées. La sous-comnivis-
sion à fait à cet égard quelques observations de détail dont l'ar-
tiste a promis de tenir compte. En conséquence, on propose
l'acceptation du tableau. »
Il m'a été impossible de retrouver l'œuvre et par conséquent
d'estimer si les critiques de la sous-commission étaient fondées.
Cambon était soutenu dans son travail par Ingres qu'il
fréquentait presque journellement. Lorsqu'en 1848, une com-
position de la République avait été mise au concours et que
Cambon n'avait obtenu que le sixième rang, Ingres s'était
empressé de le consoler en rappelant ses propres déboires.
(( Mon cher Cambon, In carrière de l'artiste véritable n'est
pas tout de rose, il s'en faut, il faut qu'il ait un cœur trempé,
un force de volonté, en un mot, un courage à toute épreuve.
« Vous commencez, mon cher ami, ces rudes épreuves, elles
peuvent être salutaires et ce n'est jamais qu'à ses dépens qu'on
apprend à se connaître soi-même, chose indispensable pour
les hauts progrès et c'est pour cda que j'aurais désiré Que vous
fussiez présent à ce concours... Vous deviez vous rappeler,
mon cher, le plaisir qu'elle me fit (Vesquisse) et si vous vous
étiez bien pénétré de mes avis, que je vous avais cependant bien
intimés de ne faire que traduire en grand cette esquisse, je
vous dis même qu'à cette condition, et je le crois encore, par une
belle exécution vous deviez avoir la victoire ou bien la balan-
cer... Vous ne devez cependant vous découragez de ce petit
échec et malgré vos précédentes épreuves, vous avez du talent,
vous êtes à la veille de le compléter, mais surtout il faut comp-
ter beaucoup sur soi par tous les efforts imaginables pour bien
faire, tout braver avec courage et dans ce temp)s-ci surtout,
se contenter de travailler pour plaire d'abord à sa. bonne cons-
cience, éclairée, et pour peu de monde, car l'art n'est pas tou-
jours une profession mais un rude apostolat. C'est un peu ma
vie que je viens de vous tracer, mon cher, et vous voyez cepen-
dant que toutes ces peines courageuses ont tôt ou tard leur ré-
compense... »
La consolation avait été efficace. Nous avons vu de quelle fa-
çon brillante, l'année d'après, Cambon faisait oublier ce que
cette œuvre pouvait avoir d'imparfait.
Digitized by
Google
AiVMANÛ GAMBON 43
Cette intimité d*Ingres et de Cambon dura jusqu'à la mort
de la première femme d'Ingres. Amaury Duval nous a dé-
peint, (i) cette femme tranquille, qui avait pour son mari
(( dont la pejinture ne la regardait pas » une tendresse quasi-
matemelle. Elle ne prodiguait pas son amitié et était assez ja-
louse de TafiFection du maître qu'elle voulait tout à elle. C'é-
tait la compagne des mauvais jours quj avait supporté toutes
les épreuves et soutenu le grand peiintre dans les heures de dé-
couragement. Lorsqu'elle mourut, en 1849, Ingres en eut une
grande douleur et c'est Cambon qui devint son confident:
« ... Vous parlez de mon état, c'est trop triste, ce serait trap
vous affliger pour moi car l'éloignement de cet affreux mal-
heur me le rend plus effrayant encore, j'en mesure plus à
présent l'abîme... Obligé de quitter le lieu où je l'ai perdue,
hélas, je cherche à refaire un nouveau foyer : à mon âge, c'est
bien dur... et pour ne pas quitter mes anges d'amis, de la rue
Jacob... vous y viendrez vous aussi, mon cher, me consoler... »
Cambon avait commencé dès ce moment une biographie
d'Ingres, qui s'ouvrait à lui entièrement et qui a toujours eu
en son jeune parent une confiance absolue. Ingres s'absentait-
il de Paris, c'est Cambon qui venait coucher dans l'atelier;
quand Ingres se décida à enrichir le musée de Montauban
d'une partie de sa collection, c'est Cambon qui servit d'inter-
médiaire, enfin, c'est Cambon qui fut l'exécuteur testamentaire
de l'illustre artiste.
Le musée de Montauban avait été fondé par M. de Mprtarieu,
dans l'Hôtel-de- Ville, ancien palais épiscopal. Cambon classa
lui-même avec une véritable piété filiale les admirables dessins
d'Ingres, légués par le peintre, et donna dans la principale
salle du musée la place d'honneur au Jésus au milieu des doc-
teurs. Cette organisation du musée de Montauban fut la tâche
à laquelle Cambon consacra le plus d'ardeur et le plus de con-
tinuité. Le classement des dessins d'Ingres fut à lui seul un
vrai travail de bénédictin qui l'a tenu pendant cinq ou six ans.
Les dessins étaient collés sur des feuilles volantes et enfouis
(i) Amaury Duval, V Atelier d'Ingres.
Digitized by
Google
44 ARMANU CAMBON
pêle-mêle dans de volumineux cartons sans aucune indication.
Ingres, évidemment, devait s'y retrouver facilement quand il
avait quelque recherche à faire, mais il n'avait pas donné la
clef de cette méthode de classement en sorte qu'il a fallu de
nombreuses études pour rapprocher les divers dessins se rap-
portant au même tableau. Il a fallu que Cambon connut à fond
les œuvres d'Ingres pour arriver au but et encore n'est-ce que
grâce à une ténacité qu'expUque son affectueuse admiration
pour le '-rand peintre. Comment, en effet, supposer qu'Ingres
posant devant un de ses élèves avec son chapeau entre ses bras
voulut bien déterminer le mouvement de la Vierge du Vœu de
Louis XIII? Comment dev.iner que tel pied nu isolé au milieu
de bien d'autres dessins est une étude ix)ur tel tableau plutôt
que pour tel autre? Ces dessins faits sur un papier quelconque,
SQÎt à l'encre, soit au crayon noir, soit à l'encre de chine ou
à la sépia étaient tous collés par un coin sur des feuilles volantes
de sorte qu'il a fallu les décoller avec soin, régulariser ou rem-
placer les bouts écornés et les rapporter sur de nouvelles feuil-
les pour pouvoir les placer dans des cadres.
Bien des fois, quand Armand Cambon se livrait à ce travail
méticuleux et fastidieux, on lui a dit qu'il employait mal son
temps, que personne ne lui saurait le moindre gré de sa peine;
il n'en a pas moins continué à poursuivre cette tâche ingrate.
Ce miusée était vraiment son œuvre. Il avait incessamment
poussé Ingres à des libéralités envers sa ville natale et l'avait
décidé à un premier envoi en 1847. Ce premier envoi, peu im-
portant, avait été installé dans l'ancienne chambre à couclier des
évêques. Peu à peu, les chambres contiguës furent garnies..
vSans Cambon, Ingres aurait subi d'autres influences qui l'au-
raient poiLSsé d'un autre côté et sa seconde femme n'aurait rien
négligé pour le décider à vendre les dessins les plus impor-
tants. La meilleure preuve, c'est qu'après la. mort de Cam-
bon on fit à la ville des propositions plus ou moins acceptables
pour échanger quelques-uns de ces dessins contre les décora-
tions d'Ingres qui n'étaient, somme toute, que du clinquant.
L'administration municipale s'était laissée prendre tout d'a-
bord à ses propositions habilement présentées; heureusement
Digitized by
Google
TROP TARD
Collection de M. Gustave Cambon
Digitized by
Google
ù
Digitized by
Google
ARMAND CAMBOK 46
elle se ressaisit et refusa. Les décorations déjà envoyées restè-
rent à la ville sans que personne osât rien réclamer en retour.
Cainbon rêvait de joindre à ce musée un i>alais de Beaux-
Arts dont il avait lui-même dressé le plan et tracé l'orne-
mentation. Ce rêve ne fut jama,is réalisé parce qu'il était
vraiment trop ambitieux ; il n'en fut pas de même de son
projet de musée des Arts décoratifs. Cambon avait toujours
aimé à faire des excursions à l'hôtel des Ventes de la rue
Drouot où il trouvait souvent l'occasion de faire des achats
intéresssîints, particulièrement des achats d'étoffes ancien-
nes (i). Dans les dernières années de sa vie, il fréquenta plus
que jamais l'hôtel Drouot. Il avait entendu parler de la créa-
tion, que l'on disait prochaine, d'un musée des Arts décoratifs,
à Paris. C'est alors qu'il eut l'intention d'en organiser un
à Montauban. A l'occasion du concours régional de 1877, la
Société Archéologique, avec l'appui de l'administration fit des
salles Berthier, affectées jusqu'alors à divers services, des
salles d'exposition. Iilles furent ensuite laissées à la disposi-
tion de Cambon qui put y installer ses vitrines. Comme pour
lui les arts décoratifs devaient comprendre l'ensemble des
objets usuels ornés avec une intention artistique, il groupa
des armes, des bibelots, des éventails, des costumes, de toutes
les époques et de tous les pays. Il profitait de ses passages de
plus en plus fréquents à Montauban, pour doter la ville
d'œuvres d'art ou pour y susciter des manifestations artisti-
ques. C'est ainsi que séjournant durant toute l'année 1862, il
organise une exposition. Ses camarades, sur sa demande, en-
voient de leurs œuvres: P. Flandrin, un paysage; Hamon,
r Amour aux bains de mer; Pichon, une Saînie-Famille (2).
(i) Il les exhibait triomphalement, le soir, dans le salon de M. Gat-
teaux, où le maître de maison réunissait plusieurs artistes, tels que
Lehman, Pichon, R. Cazes, les Flandrin. Cambon était le bout- en-train
de ces réunions, il faisait la joie des jeunes filles, dont il acfceptait très
spirituellement les plaisanteries, qu'elles ne manquaient pas de lui déco-
cher au sujet de ses acquisitions.
(2} Les deux premiers de ces tableaux sont maintenant au Musée de
Montauban.
Digitized by
Google
46 ARMAND CAMBON
Cambon donne une étude de Fleurs (i). Il va sans dire qu'il
avait prié Ingres d'honorer ses concitoyens de la. présence de
certaines de ses œuvres. Le maître y avait accédé avec plaisir
ainsi que le prouve la lettre suivante qu'il adressait à Cambon
le 22 avril:
<( Que je vous remercie avant tout, cher ami, de tous les
bons soins que vous me prodiguez pour notre Exposition de
Montauban, et vous prie d'être un interprêtre auprès de mes
chers et honorables compatriotes du beau rôle qu'ils veulent
bien m'y faire jouer: enfin, vaincu par d'honorables devoirs^ je
m'empresse, dès ce moment, de faire appeler M. Haro pour
vous envoyer et emballer, avec le plus grand soin, mon'portrait,
celui de Madame Ingres et le portrait de mon vénéré père que
mes concitoyens veulent toujours honorer. Je suis heureux aus-
si d'y vodr figurer le meilleur de mes portraits, notre cher Gili-
bert. Monsieur de Monbrison qui vient d'acquérir la tête brune
de mon Condottiere s'empresse de vous la prêter et vous la por-
tera lui-même. »
Cambon réserva la meilleure place de l'exposition au pan-
neau du maître qu'il composa lui-même avec un soin jaloux.
Ingres lui donnait également ses indications:
<( Je suis ravi de savoir que Louis XIII est placé au même
endroit où je l'avais placé moi-même et où il faisait bien. Je
prje de donner la plus belle place au portrait de Gilibert... J'ai
fait tout ce que j'ai pu pour y déterminer les artistes à y con-
courir. Monsieur Paul Flandrin et Desgofîes. Je ne sais s'ils
ont envoyé. »
Ainsi qu'on le voit , Cambon se prodiguait pour augmenter
la vje artistique de notre cité.
Epris de sa ville natale et voulant concourir à son embellis-
sement, il commença même de décorer la Cathédrale. Ses pein-
tures, à la cire, se sont arrêtées au transept de gauche et don-
nent l'idée de ce qu'aurait été l'ensemble de l'édifice. Au centre
de la composition, il a placé sa toile: V Apparition du Sacré-
Cœur,
{i) Egalement au Muse'e.
Digitized by
Google
AlïMAND CAMBON 47
Il avait fini par habiter Montauban presque toute Tannée.
Ses absences n'étaient plus guère motivées que par des recher-
ches dues à son désir d'accroître le musée dont il avait été nom-
mé conservateur. Il ne cessa cependant de peindre jusqu'à ses
derniers moments, principalement des portraits qui appartien-
nent à l'heure actuelle aux familles montalbanaises pour les-
quelles ils ont été faits. En 1884, il exposait son dernier portrait
au Salon. L'année suivante, il mourait à Miontauban, dans la
maison paternelle, entouré des soins prodigués par son frère et
sa bellensœur.
En plus des portraits que Cambon fit de lui-même, Hyppo-
lite Flandrin le fit poser pour un Saint-Bartholomé et l'on peut
voir notre peintre montalbanais avec son front sérieux, sa belle
figure calme, dans le chœur de l'église de Saânt-Germain-devS-
Prés.
II
Cambon aima faire un tableau sur n'importe quel sujet, voire
même sans sujet du tout, et il racheta souvent l'indigence du
motif par le fini* de l'exécution. C'est là qu'il se févéle vraiment
rélève d'Ingres. Car, chose curieuse, bien qu'il n'ait jamais
suivi les leçons d'Ingres, il en a subi l'influence. La fréquenta-
tion du maître, les conversations qu'ils avaient ensemble et qui
devaient avoir si souvent l'art pour sujet, le caractère autoritai-
re d'Ingres firent que Cambon, dont le naturel était assez flexi-
ble, suivit les préceptes de son illustre parent. Ingres lui
apprit ce qu'il appdait la probité de l'art, le dessin, et
c'est pourquoi, tout inégal qu'il soit, Cambon nous mon-
tre des œuvres remarquables et dignes du maître. Il est à noter
que les bons élèves d'Ingres de par l'enseignement conscien-
cieux qu'ils recevaient furent de remarquables portraitistes.
Cambon, sous ce rapport, s'éleva au rang des meilleurs d'entre
eux. La seule chose que je reprocherais à quelques-uns de ses
portraits, c'est justement ce fini exagéré de l'exécution, ce fini
qui procède à la fois de la conscience qui caractérise Ingres et
Digitized by
Google
4j8 ARMAND CAMBON
de cette habitude que Cambon avait contractée pour masquer
le vide de ses compositions. Ainsi, l'admirable portrait de M.
d'Audiffret frappe d*abord, et c'est là son défaut, par la robe de
président à la Cour des Comptes, cette robe aux parements
d'hermine, par les reflets de la moire, par la large ceinture dont
le nœud saillie au-milieu de la toile. Ensuite, seulement, on est
captivé par la face sérieuse et belle, remarquablement modelée
et vivante, par la pose de la main, souple et nerveuse. En gé-
néral', p)ourtant, Cambon, dans ses portraits a su amortir la cou-
leur des |costumes, des robes, pour laisser ressortir la
physionom^ie du modèle. Son propre portrait de 1877, qtii est
au musée de Montauban et que nous reproduisons ici est typi-
que. Sur fond vert sombre, l'homm-e se détache, vêtu de noir.
Au-dessus du vêtement dans lequel il est drapé, au-milieu des
te^intes assoupies du fond et du costume, la tête, seule tache lu-
mineuse, s'éclaire. C'est le procédé de Rembrandt, repris avec
une puissance égale presque à celle du vieux maître. L'intensité
du visage, sorti de l'ombre est obsédante, et pourtant, rjien de
fantomatique dans cette face grave et réfléchie, dans ces yeux
profonds ; c'est une tête bien humaine et bien vivante, pensive
étonnamment.
Si, dans ses portraits, l'unité se révèle presque toujours par-
faite entre toutes les parties de l'œuvre, il n'en est pas de même
dans ses tableaux de genre. Je crois que le peintre a eu toute
sa vie la hantise des étoffes. Il aima les collectionner, les ma-
nier^ faire jouer la lumière sur leurs broderies et il esseya, avec
une rare habileté, de faire revivre sur la toile l'harmonie de
leurs plis et le chatoiement de leurs teintes. Dans son tableau :
Roger dans les jardins d'Alcîne, l'œil est tout d'abord retenu
et charmé par la robe somptueuse d'Alcine qui semble sortir du
cadre. Trop tard est, plutôt qu'un tableau d'intérieur, la repro-
duction merveilleuse d'une robe de satin blanc au-dessus de la-
quelle la physionomie s'efface. De même pour bien d'autres.
T^ Pénélope, pourtant si belle d'attitude, se maintient à peine
au plan de la magnifique robe verte dont elle est vêtu. Cambon
dût fréquenter assidûment le Louvre. C'était, pour sa facilité
d'assimilation et sa nature, ennemie de Teffort, un moyen com-
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON 49
mode et sûr de progresser. Cette robe verte doit être une rémi-
niscence des italiens (i) et ses robes de satin blanc, car il en a
ï>eint à diverses reprises, me rapellent invinciblement cette robe
de satin blanc si chère à Metzu et que Camion sût rendre avec
autant de fini surprenant que le maître hollandais.
Prenons le tableau de Cambon représentant une femime nue
vue de dos (Galel). C'est dans Tœuvre du peintre une toile ca-
ractéristique. La ligne de la femme est tout à fait celle des Odti-
lisques d'Ingres. La couleur, plus chaude que celle d'Ingres, ré-
vèle rélève de Paul Delaroche, surtout dans les tons bruns. En-
fin, sur le lit où se couche la femme, des satins verts et violets
s'étalent, caressants, un peu secs à côté du velouté gras des
chairs, indiquant la tendance personnelle de l'artiste. Dans ce
tableau comme dans bien d'autres, le modèle et l'étofîe sont
deux sujets également importants.
L'intérêt des toiles de Cambon est toujours double: par la
scène et par les étoffes ; l'attention se trouve sollicitée aussi bien
par les costumes que par les êtres eux-mêmes, l'admiration hé-
site et se partage, d'autant plus que Cambon n'aime pas à es-
tomper d'ombres ses tableaux dont toutes les parties acquièrent
ainsi une valeur presque identique. Voilà pourquqi l'impression
que nous laissent^es portraits est plus puissante. Ils sont en gé-
néral plus sobres, l'admiration est appelée sur un point unique,
tandis que sur tout le reste de la toile sont distribuées des tona-
lités discrètes et sombres.
Quand on envisage l'œuvre de Cambon, on est frappé du
calme des comix)sitions. Prenons les portraits: ils sont em-
preints de pensées graves ou rêveuses, douces ou sévères, tou-
jours sereines; prenons ses tableaux de genre, les sentiments
dont les personnages sont animés sont en général une tristesse
résignée et contenue, la mélancolie, ou bien une gaîté charmante
et quasi-silencieuse. Si l'on rapproche de ses œuvres celles
d'Ingres, celles de Flandrin, de Romain Cazes, on se rendra
compte que c'est la caractéristique de l'école qui a constamment
(i) On sait aussi que le vert plaisait à Ingres, tout imprégné de pein-
ture italienne.
1908 5
Digitized by L:iOOQlC
5o ARMAND CaMBON
influencé Cambon et que bien souvent quand les élèves d'Ingres
et Ingres lui-même ont voulu s'en écarter ils ont été au-dessous
d'eux-même. C'est pour avoir compris cela que Cambon dans
ses œuvres fait montre d'une grande parcimonie de mouve-
ments; ses gestes s'éternisent en attitudes, ses physionomies
n'expriment jamais de sentiments extrêmes, rarement le simple
rire, mais bien la tranquillité; l'impression de ses toiles sans
sécheresse et sans raideur est un rythme immobile, une émotion
intime, plus attachante de ce qu'elle se révèle à peine.
Grâce à la générosité de son frère, monsieur Gustave Cam-
bon, et d'après le désir exprimé par l'artiste, le musée de Mon-
tauban offre plusieurs toiles remarquables de ce peintre trop
peu connu.
Mentionnons :
Galel (i), femme vue de dos, grandeur naturelle.
Son Portrait (2), par lui-même.
La Vengeance de Médée (3) : Médée qu,i vient d'égorger ses
enfants, farouche, tient encore le glaive.
Une Tête de femme, qui se détache, lum,ineuse, blonde et
douce dans des voiles noirs.
Monsieur Gustave Cambon conserve également plusieurs
œuvres de son frère.
L'Armoite (i).
Trop tard (2).
Pénélope considérant Varc d* Ulysse au moment de le donner
aux prétendants (3) : elle est assise, tenant dans ses deux mains
l'arc qui repose sur ses genoux ; on suit dans le regard attristé,
(i) Salon de 1864.
(2) Salon de 1877.
(3) Salon de iSGS.
(4) Salon de 1859.
(5) Salon de 18.S9.
(6) Salon de 1864.
Digitized by
Google
ARMAND CAMBON 5l
lointain, dans le pli du front» les pensées douloureuses qu'elle
comprime et qui l'oppressent.
Roger dans les jard"ns d'Alcine (i). où s'ébattent des couples
amoureux vêtus des costumes de la Renaissance italienne.
Comme on s'aime: le soir et le matin de la vie (2): sur un
banc de marbre, deux couples drapés de costumes antiques sont
assis: à droite, deux jeunes gens doucement rieurs, à gauche
deux vieillards doucement pensifs. Comme fond, un paysage
boisé, une terre ensoleillée.
Des portraits hors de pair.
Médaillé en i8r>3 et en 1873, Cambon avait été mis hors con-
cours en 1874 •
SALONS AUXQUELS EXPOSA CAMBON
1846. La Poésie de Gloire et la Poésie d'Amour.
1848. Christ au Jardm des Oliviers.
Mimoïs.
184c. Portrait de Monsieur C...
7^50. Nymphe endormie.
Le Printemps.
Portrait de Mademoiselle C...
18^2. Le Christ servi par les anges.
Ce qu'on voit en mer en rêvant.
rSjj. Portrait de Monsieur D...
Exposition de iS^^iy.
Le Christ servi par les anges (du salon de 1S52).
Roger dans les jardins d'Armide (sic)
Portrait de Monsieur C. (du salon de 1848)
i8^Y Angélique retrouve Sacripan.
Comment le soleil se levait autrefois.
Femme Jalouse.
j8sç Etude de Fleurs.
Le Billet.
(i) Exposition de i855,
(2) Salon de 1864.
Digitized by
Google
5 a ARMAND CAMKON
L'armoire.
j86i Diane et Actéon.
Oui ou non dans une heure.
i86j. Vision de Margùerite-Marie, religieuse de la Visita-
tion.
1864 Galel.
Pénélope considère Tare d'Ulysse au moment de le
livrer aux prétendants.
186^' La Famille.
1866. Les Saints Anges portant à Dieu les prières des hom-
mes.
• 1868 La vengeance de Médée.
i86ç. La vérité sous un domino de bal.
i^/o. Portrait de Madame N. C.
18^2. Portrait du marquis d'A... ancien président de la cour
des comptes.
Portrait de Madame P. du R.
187J. Portrait de Madame C. du R.
Portrait du baron de H...
/Sf4. Comme on s'aime: le soir et le matin de la vie.
j^/j. Echo et Narcisse.
18'^'/. Portrait de Monsieur C...
/57S. Portrait de Monsieur C. du R.
187g. Portrait de Mademoiselle L. B.
Portrait de Mademoiselle L. H.
1880. Roger dans les jardins d'Alcine.
(Panneau décoratif 180x110)
1882. Au printemps de la vie.
1884. Portrait de Madame B...
Digitized by
Google
NOTES
SUR
L'Établissement de la Cour des Aides
A MONTAUBAN
PAR
M. HENRY DE FRANCE
Membre de la Société
La Cour des Aides de Montauban a fait Tobjet, en 1865,
d'une très intéressiinte notice, œuvre de M. Taupiac, juge
i'Instruction à Montauban. (Montauban, in-12. Forestié ne-
veu).
La compétence de Tauteur nous est un sûr garant de l'exac-
titude des explications fournies par lui, sur la juridiction et les
travaux de ce tribunal ci en même temps sur les nombreux tri-
bunaux qui voisinaient avec lui à Montauban.
Leur vitalité, les efforts pour empêcher l'établissement des
autres tribunaux et la jalousie avec laquelle la Cour des Aides
fût reçue à Montauban, expliquent la difficulté qu'elle trouva
à se loger.
M. Taupiac traite toute l'histoire de notre Cour avec un soin
et une minutie fort intéressante, mais il ne dit que très peu de
choses sur l'établissement matériel de la Compagnie.
Contrainte à l'obéissance, La Cour des Aides, dit-il seule-
Digitized by
Google
54 NOTES SUR l'établissement de la cour des aides
ment, fut, le 3 février 1663 installée définitivement à Montau-
ban. (( Elle y tint sa première audience dans une salie du Col-
lège des Jésuites, où elle établit son siège en attendant que son
palais fut prêt pour la recevoir. ^ Ce collège des Jésuites était
celui-là même où, revenus à Montauban en 1634, ils s'étaient
glissés pendant la nuit, et i>ar cette prise de possession un peu
furtive, avaient contraint les professeurs protestants à leur en
céder la moitié et puis le tout. Bientôt après, la Cour des Aides
alla occu|>er le i>alais disposé dans une maison que les Consuls
de la ville avaient prise à loyer, au prix de 700 livres par an...
La Cour des Aides siégea plus tard dans les bâtiments où sont
établis la Bourse et le Tribunal de commerce. ))
Les maisons où s'établit la Cour des Aides, dans la rue du
Temple-Neuf, traversant à la place des Nonnes (aujourd'hui de
la Cathédrale) sont connues. M. Forestié, dans ses Ephéméri-
des (p. 192), a donné les noms des propriétaires.
La Cour y demeura de 1663 à 167 1, huit ans à peu près. Mais,
ne se sentant pas chez elle, elle n'y fit jamais une installation
définitive. Elle y manquait de jour et de place. C^la ressort
des termes mêmes de l'Ordonnance par laquelle le Roy or-
donna la construction d'un bâtiment spécialement aménagé
pour elle, en 1671.
Dans ce but, il avait ordonné de rechercher un emplacement,
011 l'air et la lumière fussent en abondance.
Précisément l'Evêque de Berthier, ancien coadjuteur de
l'Evêque Anne de Murviel, de 163 1 à 1652, étant devenu Evê-
que p>ar la mort de son prédécesseur, le 8 septembre 1652,
s'était muni dès le 16 décembre de cette même année, par un
achat d'une maison située à l'angle de la rue du Pont et de la
me du Poids, sur la rivière, à l'entrée de la ville, pour y faire
sa rés,idence.
Depuis de longues années, les ICvêques de Montauban n'a-
vaient plus de palais épiscx>pal en ville. Le Bret dit qu'en
1476, l'anc^ien <( ostal de Tavtîscat, » avait été acheté par les
Consuls qui en avaient fait une maison de ville, puis une école,
enfin un temple protestant. (V. BuL Arch., IV, 153).
Pendant toute la période si troublée des guerres de religion,
Digitized by
Google
y
A MONTA UB AN 55
l'Evêque avait résidé à Montech. En 1652, M. de Berthier son-
gea un instant à relever les ruines de l'ancienne Cathédrale au
Moustier, pour y rétablir la demeure épiscopaJe. (Hist. de
VEgL, Daux, II, ch. ///, f. 74.)
C'est alors qu'il se décida à s'établir en ville à l'entrée du
Pont, près de l'église Saint-Jacques, en décembre 1652, deux
mois après la mort d'Anne de Murviel, et il y fit son établisse-
ment, par de nombreuses réparations. Mais malgré tout, îl ne
se trouva pas satisfait de cette maison épiscopale, sans doute
trop modeste, et d'un accès assez difficile sur deux rues en
pente rapide et fort étroites.
Il ne paraît être resté dans ce logement que pendant dix-neuf
années à peu près. Car c'est en 167 1 que commença sa démoli-
tion pourra transformation.
Dès 1658, l'Evêque ava^it décidé de l'abandonner. C'est alors
qu'il forma le projet de construire un nouveau palais épiscopal,
sur les fortes murailles et voûtes si solides, édifiées, à côté du
pont, par les Anglais. Les Consuls, auxquels ces construc-
tions avaient été cédées en 1528 par le Roi, n'en avaient tiré
aucun parti, et l'Evêque de Berthier obtint du ministre Colbert
et de l'Intendant, à trois reprises, des subventions considéra-
bles, et il construisit en ce point, le superbe hôtel, où nous
voyons, de nos jours, la maison commune de Montauban.
Il fit l'acquisition des maisons construites sur le bâtiment
d'origine anglaise, par divers actes du 2 janvieri657, du 11 jan-
vier et du 22 février 1658. Toutes ces dépenses lui furent rem-
boursées plus tard, comme on le verra. Il fit démolir aussitôt
« tout ce qui estoit ruineux es dites mazures. » Ces opérations
préliminaires coûtèrent 517 livres 10 sous. L'achat des dix
maisons dans l'enceinte du château-neuf absorba 7.638 livres.
(Devais, BuL Arch., I, 45).
Quand les plans furent approuvés par lui, l'adjudication des
travaux de construction du nouveau palais, fut faite en décem-
bre 1658. (Devais. Bul. Arch.j I, 45).
La construction fut assez avancée en 1670, pour que l'Evê-
que pût s'y installer.
Cependant les travaux étiûent inachevés encore en 1678, car le
Digitized by
Google
56 NOTES SUR l'Établissement de l\ cour des aides
12 juillet 1678 rintendant Foucault mandait au ministre Colbert
que (c le bâtiment commencé par Monsieur Berthier pour son
logement était inachevé. » Qu'il faudrait encore 200.000 livres
(Histoire de VEglise^ Daux, II, chapitre IV, ti et 12).
. L'évêque Berthier, du reste, était mort en 1674.
Pendant la construction du nouveau palais le roi transféra la
Cour des Aides, de Cahors à Montauban. La maison épiscopa-
le qui allait être al>andonnée, devenant inutile à son propriétai-
re, trouva son emploi, en la transformant en tribunal, donnant
satisfaction à Messieurs de la Cour des Aides qui se trouvaient
fort mal dans la maison louée pour eux au centre de la ville.
C'est dans ce but que le roi décida ce qui suit:
Arrest du Conseil concernant le bastiment du Palais de
la Cour des Aides de Montauban,
« Le Roy, ayant, en Tannée 1661, transféré la Cour des Ai-
des de Caors, en la ville de Montauban, et n'y ayant aucun pa-
laix, pour l'exercice de la justice, que les officiers seront obligés
de rendre, dans une maison de laquelle, les Consuls de la ville,
payent annuellement huit cent livres de loyers, ce qui est, non
seulement à charge à la dite ville, mais de grande incommodité
aux dits officiers, n\v ayant aucun appartement en la dite mai-
son, de ceux qui sont nécess^iires pour un palais. »
(( lù estant né< essnire pour la décence et dignité de la justice,
qu'elle soit exercée dans un lieu propre à cet effet. »
<( Kt sa majesté ayant esté informée qu'il n'y a point de loge-
ment dans ladite ville de Montauban plus comode pour en faire
un palais pour ladite Cour des Aides, que la maison apparte-
nant en propre au Sieur Kvèque de Montauban, lequel en a
fait bcîtir une autre, pour y faire sa demeure; »
<( \\i voulant, sa majesté, pourvoira l'acquisition et rembour-
sement du prix de ladite maison pour la convertir en un palais
à l'uiKige de ladite Cour des Aydes, et pour ce fait, la faire exa-
miner, etc.. Le sieur Pellot, commissaire départi par sa M:î
jesté, avait, par son Ordre, fait la vFsite et estimation de cette
maison, et dressé un devis, etc.... »
Digitized by
Google
A MONTAUB\N Sj
« Vu l'acte d'achat de la maison, du 6 décembre 1652, 2 jan-
vier 1657, II janvier et 22 février 1658, au prix de 17.400 livres,
et la note des réparations faites par le dit sieur Evesque, etc.
c( Tout considéré, sa majesté, en son conseil ordonne que la
maison épiscopale de Montauban sera acheptée, par le sieur
Pellot, et deux Trésoriers de France de Montauban, etc.. pour
la somme de 30.000 livres, sur les élections de la Généralité de
Montauban, etc., sur lesquelles il sera payé 20*000 livres au
sieur Evesque de Montauban, pour prix de la maison, et les
10.000 livres restantes, seront omplovées pour réparer la dite
maison, et la mettre en état de senâr de Palais à la Cour des
Avdes..., etc.. »
(( Faict au conseil d' Estât du Roy tenu à Saint Germain en
Laye le 15^ jour de février 1666. » ^
<( Collationné par moji secrétaire de Mgr Pellot, Intendant
es Généralités de Guienne. »
(Dumons, notaire, 1671, f. 113.)
En conséquence de cette décision, Monsieur Pellot, se rendit
acquéreur de cette maison, par un acte passé devant maître Dti-
mons, notaire, en octobre 1667. (Dumons, Protocolle, Anno
1667 f. 637.)
Ce n'est que le 11 mai 1671, qu'eut lieu l'adjudication du
ba^il de construction du nouveau paJaib. On avait attendu,
sans doute, que la construction commencée par Mgr Berthier,
dès 1658, fût assez avancée pour pouvoir s'y loger provisoire-
ment.
Pour cette adjudication, vQ'ci son texte même:
« Par devant le notaire, garde notte de la ville de Montau-
ban et en présence des témoins soussignés, furent présents,
en leurs personnes:
(c Messire Guillaume de wSève, chevalier, seigneur de Chastil-
lon, le Roy, Izi et Briqucville, conseiller du Roy en ses con-
seils, maistre des requêtes ordinaires de son hostel et commis-
saire desparty pour l'exécution des ordres de Sa Majesté en
la Généralité du dit Montauban, et messires Jean de Tuillié
et Nicolas de Campmas, chevaliers, aussi conseillers du Roy
Digitized by
Google
58 NOTES SUR l'Établissement de l\ cour des aides
en ses conseils, trésoriers de France et généraux des finances en
la dite Généralité, lesquels, en conséquence de Tarrèt du con^
seil du quinsièsme février 1666, portant, etc. (comme ci-dessus.)
« Ayant trotivé que le restant du fonds (10.000 livres) imposé
n'estoit point suffisant pour la construction du dit i>alais, etc..
et le sieur Jacque Moisset, payeur des gages de nos seigneurs
les officiers de la Cour des Aydes, ayant offert de fournir le sur-
plus de ce qui seroit nécessaire ; les Dicts seigneurs Intendant et
Trésoriers de France, après avoir fait faire la publication et affi-
ches aux lieux ordinaires et accoustumés du bail au rabais de
l'entreprise du bastiment du palais, suivant le devis, et de la
démolition des maisons qui sont dans la place où ledit palais
doit estre construit, ont fait l'adjudication du bail, à Estien-
ne Vergnet, maistre masson, habitant dudit Montauban, icy
présent et acceptant, qui a moins dict, à la somme des treize
mille trois cents livres, etc..
«Les matériaux de démolition devant être utilisés par lui. En
conséquence... le plan lui a esté délivré... Il a promis de faire en
pierre, les marches du perron qui sur le devis estoient en bri-
ques... plus de faire les murailes, etc.
(( Moyennant quoi le dit entrepreneur a, promis avoir para-
chevé, en tout et rendu le palais à la clef, conformément au de-
vis, à la feste Saint-Martin de Tannée prochaine (1672), à peine
de tous despans, etc
(( Faict à Montauban le 11 may 167 1.
(( Coffinal, Delmas, Garrison, Bebian, Dumons, notaire.
« (Dumons, notaire. Liasses f. 112). (Côté 2.172.) »
Le devis se trouve joint à cette pièce :
(( Sera le dit Palais, faict et dispousé sur la plasse du vieux
palais épiscopal deMontauban, etc.
Sera faict dans la fa(,\'ide de la rue du |X)nt. « Le portai d'en-
trée du palais, dimensions portées sur le plan, fait en corps de
pilastres de Tordre dorique, avec bornes et impostes de pierre
de tailhe, et les armes du Roy ornées d'un cartouche et ordre du
Saint-Esprit.
Digitized by
Google
A MONTAIBAN Sq
Le bâtiment aura 21 canes trois pams, sur la rue du Pois.
Sur un angle de la basse-cour du côté de la Rivière sera fai-
te une tour, couverte en dôme, de brique taillée, et sera fait en
ce point la porte d'entrée de la basse-cour. »
Cette tour fut faite au coin de hi rue du Pont elle figure sur
les dessins faits à l'époque par Parizot.
Tous les planchers, celui de la chambre des conseils, celui
de la chambre du parquet, celui de la chambre des manteaux
seront faits en bois de sapin.
Au troisième étage seront les appartements de Messieurs les
gardes, facteurs, greffiers.
Du côté de la rue du Pois et du côté de la rue du Pont, les
toitures seront à demi tombants d'eau, eh tuile canal rouge
On utilisera les planchers, en particulier celui de la chambre
où couchoit Monsieur de Montauban, celui de la chapelle, celui
de la Bibliothèque.
Il sera fait dans la tour, le grand degré, pour Messieurs de la
Cour à monter à leurs appartements et au tribunal. Le dedans
de la tour portant deux canes en carré dans œuvre, le degré
sera carré à lanterne, à marches massives, montant jusqu'en
haut.
Il sera fait une basse-cour sur le mur du côté de la rivière.
Le mur s'arrêtera à hauteur d'appui. La salle d'audiance sera
du côté de la rivière faisant face sur la basse-cour, sur laquelle
on parviendra par un perron à fer à cheval et une porte sur ce
grand degré.
Au dessous de l'Audiance seront les prisons et les bûchers.
Dans les salles d'Audiance p>our le tribunal seront placés les
sièges de Messieurs les présidents et conseillers suivant leur
ordre et dignité sur une estrade de trois jxims.
Pour Messieurs les gens du R(v, au pied de l'estrade.
Pour le bureau de Messieurs les advocats, il sera séparé
du parquet de l'audiance.
L'entrée du palais sera sur la rue de la descente du pont
avec portai de bois de noyer à deux parties. Il y aura une por-
te sur la rue du Pois, aussi à deux piu"ties.
La chambre du buvetier sera sur la rue, ainsi que la cuj-
Digitized by
Google
6^ NOTES SUR l'Établissement oe la cour des aides
sine du garde du palais. Au-dessous sont de vieilles voûtes
de caves, qui seront conservées. Tout le rez-de-chaussée sera
voûté de briques.
Dumons, notaire. Liasses, côté 2.172, f. 114-115. »
Cette description du palais de la Cour des Aides, ne fait
pas double emploi avec celle qui a déjà paru dans le Bulle-
tin de r Académie de Montauhan (1898, f. 93.) C^s deux articles
se complètent Tun l'autre.
Au dessus de la porte du Palais qui avait été réservée dans la
façade de la rue du Pont, se trouvait, comme nous Tavons vu
plus haïut, une pierre portant les Armoiries du Roy.
Ces sculptures ne furent faites qu'après l'achèvement de la
construction, et nous possédons le nom de l'artiste qui les fit,
grâce au traité qui fut passé avec lui,comme suit:
« Bail à graver les Armes du Roy, fait par Pierre Delmas,
mnîtje charpentier, à Jean Courdîé, sculpteur, le 24 mars 1^72,
pour la Cour des Aydes.
Il devra faire la sculpture en relief sur deux pierres de quatre
pams et demy en carré, suivant le modèle, que les parties ont
choisy, etc. » « pour être mises en place sur le frontispice du
grand portail du dit palais, et ce, moyennant la somme de cin-
quante livres. »
Jean Courdié confia le travail à un ouvrier de Montricoux,
ce qui indique que la pierre choisie pour cette sculpture était du
marbre de Montricoux, lequel était très employé à Montauban à
cette époque, pour les cheminées, les fontaines et les meubles
divers qui avaient une tiible de marbre à leur partie supérieure.
Ce fut donc, « l'ouvrier Jean Benech, sculpteur de Montri-
coux )) qui sculpta les Armes du Roy (Dumons, notaire. Lias-
ses 1672. Article 61.)
Comme l'avait promis l'entrepreneur, les traivaux furent pous-
sés rondement. Et dès la fin de l'année 167 1, on pouvait juger
que tout serait prêt à la Saint-Martin.
Aussi dès le 24 février de cette année, Messieurs de la Cour
se mirent-ils en mesure de meubler le nouveau palais.
Digitized by
Google
A MONTAUBAN 6\
A cet effet il commandèrent les tapisseries et meubles dont la
description se trouve dans les actes notariés que nous donnons
ci-<iprès, passés par Monsieur Dupin de Saint-André, Tun des
conseillers de la Cour.
« Vente de Tapisserie faite par Matheron à M. Dupin.
« L'An mil six cent soixante douze, et le 24 février, après
midi, à Montaubaji, régnant très chrestien prince Louis, par la
grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, devant moi notaire
et tesmoins bas nommés constitué en personne, Charles Mathe-
ron, marchand tapissier de la ville d'Aubusson, en la Haute
Marche, au diocèze de Limoges, lequel de gré a fait vente à
M,^ George Timoléon Dupin, conseiller du Roy en la sou-
veraine Cour des Aides de Montauban, icy présent et acceptant.
<( Scavoir d'une tente de tapisserie à laine double dégraissée,
de hauteur de quatre aulnes, et du nombre des pièces qui se-
ront nécessaires, pour garnir entièrement la salle des Audian-
ces, du palais de ladite Cour des Aydes dont le bastiment et
construction se fait présentement dans la présente ville au lieu
et place de la ma,ison épiscopale.
« La dite salle estant desjà entièrement bastie hormis divers
fenestrages et de l'endroit où sera l'autel.
« Toutes lesquelles pièces de ladite tente de tapisserie seront
de la même qualité et bonté que celles qu'il a déjà vendues audit
Sieur Dupin et à Messieurs de Cabié et d'Autesserre.
« Et dans la pièce qui sera à l'endroit du siège du Roy sera
représenté un pavillon Royal, et les Armes de sa Majesté avec
un écusson supporté par deux anges au naturel.
c< Et dedans la bordure haute de chacune des grandes pièces
sera représenté la justice avec une espée et la balance. Et toutes
les bordures seront rehaussées de soye, représentant de trophées
d'armes et de cris de guerre.
n Dans les coins de chacune des grandes pièces seront aussi
représentées deux lettres L. entrelassées, avec la Couronne au-
dessus.
(c La laine blue, sera d'une couleur enfonssée en vray blu tur-
quin.
Digitized by
Google
62 NOTES SUR L^ETABLISSEMENT DE LA COOft DES AtDES
(( Comme aussi garnira de semblable tapisserie à fleurs de Lis
les sièges du tribunal dudit palais et le banc de Messieurs les
gens du Roy. lît fera un tapis pour la table de Messieurs les
greffiers.
« Laquelle vente, ledit Matheron a faite audit sieur Dupîn,
moyennant le prix et somme de Dix sept cent livres sur laquelle
le dit Sieur Dupin, lui a réellement payé la somme de cinq cent
livres en louis d'or et d'argent, etc.. et les douze cent livres
restantes, seront payées en recevant ladite tapisserie, posée dans
la salle d'audiance, à la Toussaint prochaine, à peine de., etc..
« Signé: Dupin, Matheron, Valette, Bebian, Dumons. »
(Dumons, Liassses, f. 44).
Le nom de Matheron, négociant d'Aubusson, était connu
par une vente de tapisseries faite en 1578 à Saint-Nicolas au sei-
gneur de Goût, par F'ranjiois Matheron et François Meaulme
tapisseurs de la ville d*Aubusson (Bul. Arch., XXXIV, i6ï.)
Le nom que nous mettons aujourd'hui en lumière de Charles
Matl^eron marchand de Limoges, en 167 1, est d'autant plus in-
téressant, qu'il indique une véritable dynastie de négociants
(( Maîtres Tapisseurs » de ce nom, puisque cent ans séparent
les deux dates des deux ventes que nous connaissons-
Nous ne tardons pas à faire la connaissance d'un autre mar-
chand de tapisseries, car il manquait des tapisseries pour le
parquet de la. Cour des Aides. C'est alors qu*eut lieu une nou-
velle <c Vente de tapisserie faite à Messieurs les gens du Roy de
la Cour des Aydes, par Matheron et de Chavaux. »
<{ L*an mil six cent soixante douze, et le 23 novembre après
midi, à Montauban, régnant, etc.. Constitués en personne,
Charles Matheron et Pierre de Chavaux, marchands tapissiers
de la ville d'Aubusson, etc., lesquels de gré solidairement l'un
pK>ur l'autre, et un seul pour tous deux sans division, etc., ont
fait vente à Messieurs Jean de Missel, seigneur du Roy (i),
(i) Le nom de « Messire Jean de Missel, seigneur du Roc, > nous
donne Toccasion de dire que la Notice de M. Taupiac, déjà citée, con-
tient, à son sujet, une mention qui paraît fautive.
Digitized by
Google
A MONTAUBAN 63
conseiller du Roy en ses conseils et son procureur général en la
souveraine Cour des Aides et finances de Montauhan, Estienne
de Saux et Guillaume Lefranc, seigneur de Lisle, aussi conseil-
lers du Rov en ses conseils et advocat de sa Majesté en ladite
Cour des Aides, lesdits^ieurs du Rocq et de Lisle icy présents
et acceptants, etc, savoir une tente de tapisserie pour le parquet
quet desdits sieurs procureur et advocat du Roy, parsemée de
fleurs de I^is, de la tirance de quatorze aulnes de Paris de tour,
et de demi aulnes et demie de hautur, en cinq pièces à double
fil de laine dégraissée de la même bonté et qualité que celle que
ledit Matheron a fait pour la salle d'audience du palais, etc.
dans chacune desquelles cinq pièces seront représentées les
armes du Roy dans un écusson supporté par deux anges au na-
turel, et les bordures desdites cinq pièces, etc. (comime pour les
autres), ix)ur le prix et somme de quatre cent livres, etc, avant
la Saint-Martin prochaine.
Signé: Durocq. Lefranc E>elisle.
Matheron. De Chazang.
Valette le Blon.
Dumons notaire, (liasses, f. 225.)
Notons en passant la différence qui existe entre le nom du se-
Nous y voyons, en effet : « Jacques-Michel Duroc, advocat au Parle-
ment, » nommé substitut en la Cour, le i3 septembre 1654.
Le même, sans doute, « Michel Duroc, substitut, 1 fut nommé Procu-
reur général le 25 avril i656.
Malgré la désinvolture bien connue, avec laquelle nos ancêtres trai-
taient l'orthographe des noms propres, il semble difficile d'assimiler
« Jean de Missel, seigneur du Rocq, Conseiller du Roy et Procureur
général en la Cour, » en novembre 1672, aux précédents. Son prénom,
qui ne concorde pas, est une raison pour empêcher la confusion.
La durée de son emploi paraît aussi bien longue. Son successeur,
« M*"** Antoine Dadine de Hautesserre, » fut nommé le 7 janvier 1684.
Jacques-Michel Duroc serait donc demeuré en fonctions vingt-huit ans.
D'autre part, il faut noter que M'**' d'Hautesserre serait lui-même resté
en fonctions de Procureur général trente-un ans, si la Chronologie de
M. Taupiac est exacte. N'y aurait-il pas là quelque lacune?
Les autres fonctionnaires nommés dans cette Notice se retrouvent
exactement chez M. Taupiac.
Digitized by
Google
b4 NOTES SUR I. ETABLISSEMENT DE LA* COUR DES AIDES
cond vendeur dans le texte et dans sa signature. Je pense que
c'est la signature qu'on doit préférer (i).
Grâce à ces divers documents nous pouvons nous faire une
idée de la splendeur des diverses salles de la Cour des Aides de
Montauban.
Toutes ces tapisseries furent détruites sans doute à la Révo-
lution. Car les Armoiries Royales, Fleurs de lis, Devises et
Cris de guerre qu,i les ornaient ne purent que hâter leur des-
truction.
En tout cas nous n'avons aucun renseignement à leur sujet
et elles ne paraissent pas avoir survécu.
(i) Peut-êire faudrait-il lire dans le manuscrit • Pierre de Chavanx u
ou d„ns la signature « de Chazaug. »
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 6 NOVEMBRE 1907
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président ; de Bellefon, vice-président ;
Ed. Forestié, secrétaire général; chanoine Calhiat, général
Wallon, Paul Fontanié, docteur Monribot, Victor Lavitry, Mathet,
colonel Forel, capitaine de Bazelaire, Moissenet, Borderies,
Ressayre, Lespinasse, colonel Caillemer, abbés Chatinières et
Milhau, René de Vivie, Souleil, Laroche, Séméz-es, Gélarié,
capitaine de Mandres, abbé de Scorbiac, lieutenant de Gaujac,
Escudié, Pécharman, Donnadieu, Imbert, Bourdeau, secrétaire.
La séance est ouverte par la lecture du dernier procès-verbal
qui est adopté.
Excusés : WA, de Bellerive, général Konne.
M. le Président présente une collection de divers objets préhis-
toriques qui furent offerts à la Société par le regretté M. Treilhard;
ils avaient été confiés à M. Leenhardt. Ils proviennent de la
grotte des Espelugues, à Lourdes; parmi eux, une tête de cheval,
sculptée dans un fragment de corne de renne, compte parmi les
objets rarissimes de ces époques; elle a été publiée par M. Piette.
Bon nombre d'ossements gravés sont également dignes de remar-
ques.
M. Sémézies, donne communication des travaux de préparation
de l'Exposition des Beaux-Arts qui ont été accomplis par la
Commission et des dernières dispositions qui ont été prises.
I908 6
Digitized by
Google
66 PROCES-VERBAUX DES SEANCES
L'Exposition s'ouvrira le 15 novembre; à cette séance de vernis-
sage seront seuls admis les invités, les membres de la Société,
les abonnés et les exposants. (Voir le compte-rendu dans le
Bulletin de 1907, p. 316.)
M. le Président annonce avec regret le départ de Montauban
de M. le professeur Leenhardt qui s'intéressait puissamment à la
Société. Il prend sa retraite à Montpellier. M. Leenhardt s'occu-
pait surtout de préhistoire, mais son esprit cultivé, familiarisé avec
toutes les sciences, apportait d'utiles participations à tous nos
travaux et les relations avec lui étaient on ne peut plus agréables.
Malheureusement, l'état de sa santé l'avait depuis quelques temps
empêché de venir à nos séances.
M. le docteur Teyssier, du io<^ dragons, dont le talent musical
avait été très apprécié, et M. le lieutenant Guilhot de Lagarde
nous quittent également. La Société, par Torgane de son prési-
dent, exprime les regrets que lui cause l'éloignement de ces trois
confrères.
M. Etienne de Moabrison fait don à la Société d'un magnifique
ouvrage intitulé Les Grands Châteaux de France et dans lequel
il y a une très belle série de vues du château de Saint-Roch. Ses
notices, réunies sous la direction de M. Henri Fouquier, sont de
divers auteurs. M. Et. de Monbrison a écrit avec autant de
compétence que d'autorité celle qui est consacrée au beau château
bâti par son père sur les plans de M. Olivier. (Les Grands Châ-
teaux de France, Imprimé chez Lahure, 1907.)
M. Pierre Lespinasse donne un aperçu artististique de ce bel
ouvrage et se fait l'interprète des sentiments de gratitude de tous
à l'égard du généreux donateur.
• M. René de Vivie fait hommage de son dernier ouvrage, Quel-
ques jours à Berlin^ qui contient de remarquables aperçus éco-
nomiques sur l'état de l'empire germanique. Il en sera rendu compte.
La Société a également reçu :
La Cathédrale de Reims ^ par M. Louis Demaison;
Lara et son église^ par M. Rumeau;
Les Communications postales en Rouergue, par M. Cabrol.
Des remerciements sont votés aux donateurs.
M. le chanoine Galhiat rend compte d'un article de la Revue du
Traditionalisme s\xv < le Folklore».
La Société littéraire de La Rochelle annonce l'ouverture d'un
conc:)urs littéraire pour l'année 1908.
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUX DES SEANCES 67
M. le général Quévillon et M. Pougens envoient leur souvenir
amical à la Société.
M. le Président annonce qu'il s'est rendu, en compagnie de
MM. Mathet et Lespînasse, au château de Saint-Etienne, chez
notre confrère M. E. Depeyre, afin, de là, d'aller visiter à nouveau
la curieuse église de Notre-Dame de Saux. Abandonné au milieu
des bois, cet édifice est remarqable par des coupoles qui rappel-
lent celles de Cahors ou de Souillac, dans la région, et leur sont
cependant très postérieures. Il ne paraît pas possible de les faire
remonter au-delà de la dernière période gothique, ce qui constitue
une rareté dans tous les cas sans similaires dans le département.
Le très mauvais état de la toiture amenant un danger pour les
voûtes en partie à découvert, des réparations s'imposaient. Un mem-
bre de la Société a bien voulu généreusement se charger des frais
qu'elles entraîneront.
M. le Président, d'accord avec la municipalité de Montpezat, a
pu faire faire ce travail de préservation, en attendant que le monu-
ment soit classé comme monument historique. (Voir p. 82.)
Il fait circuler des photographies de l'église prises à ce dernier
voyage par M. Mathet, et d'autres qu*a bien voulu envoyer
M. Gabriel Depeyre.
La Société remercie l'anonyme archéologue de cet acte de sau-
vetage si méritoire.
M. Paul Fontanié donne quelques détails biographiques sur une
femme de Casîelsarrasin qui fit, comme volontaire, toute la cam-
pagne d'Allemagne en 1813.
M. le secrétaire général Forestié communique, de la part de
M. l'abbé Oulès, des fragments d'un registre de notaire de
Moliètes en 1385. Ces feuillets sont intéressants à plusieurs points
de vue et seront publiées.
Il signale à cette occasion comme une mine féconde en décou-
vertes historiques, anecdotiques, biographiques, les registres
anciens des notaires et il rappelle de combien de communications
ces notulaires lui ont fourni la matière. A l'heure actuelle il
dépouille les minutes des notaires de Saint-Nicolas de la Grave
dans lesquelles il a découvert nombre de détails sur Lampthe-
Cadillac et dont il est en train de tirer la matière intéressante
d'une étude sur une famille bourgeoise à travers les âges.
Entre autres citations, il mentionne un bail pour la régence des
Digitized by
Google
68 PROCÈS-VERBAUX DES SKANCES
écoles de Saint-Nicolas en 1635 : le régent recevait 150 livres par
an et le logement.
Il signale également de nombreux incidents du logement des
troupes de la compagnie colonelle du duc d'Epernon à Saint-
Nicolas, qui rappellent les tribulations des consuls d'Auvillars à la
même époque, que M. Moulenq a racontées dans une plaquette
intéressante.
M. de Bellefon lit à ce sujet un extrait relatif aux étapes pen-
dant le XVI® siècle publié dans l'ouvrage sur les guerres de
religion, de M. Cabié.
M. de Mandres fait observer qu'aux Invalides on trouve un
certain nombre de sauf-conduits donnés par les Maréchaux de
France pour éviter les exactions des gens de guerre.
M. Fontanié parle des découvertes faites à Antinoë, publiées
par M. Guyot dans les Annales du Mtisée Guimet.
M. le chanoine Pottier qui possède des fragments d'étoffes
trouvés dans les tombes de cette cité, les fait passer sous les
yeux des membres de l'Assemblée.
M. Pierre Lespinasse signale : 1^ dans la Revue de la Corrèze,
une découverte archéologique d'anneaux d'or dans les environs
de Pontgibaud ; 2^ dans la Revue de VOrléanais^ un article curieux
sur les évantails révolutionnaires du Musée d'Orléans; 3° dans le
Recueil de V Académie des Sciences de Toulouse^ une étude sur
le groupement des races humaines, par M. Juppont; 4® dans la
Revue archéologique de VOise. une étude sur le château d'Arti*
mont et sur ses Tapisseries.
M. le Président annonce, avec le plus profond regret, la mort
du docteur Louis Guiraud, professeur à la Faculté de Médecine
de Toulouse, décédé à Montauban, sa ville natale, le 21 septem-
bre. Il fut un des premiers membres de notre Compagnie.
Il déplore également la mort de M. Auguste Lair, membre de
l'Académie des Inscriptions et de nombreuses Sociétés savantes.
La Société des sciences historiques et naturelles de Semur a
tenu, en septembre une réunion à Alise et visité les fouilles
d'Alésia sous la direction de M. le commandant Espérandieu.
M. Gartailhac, en s'excusant de ne pas pouvoir venir donner une
conférence pendant l'Exposition, envoie une carte postale don-
nant la très curieuse réduction des dessins du plafond de la
Grotte préhistorique d'Altamira de Santillane (Espagne), qui
présente une très intéressante vision du tempérament artistique
Digitized by
Google
PROCès-VERB\UX DES SÉANCES 69
des habitants des cavernes. Il y a là des attitudes d'animaux que
ne renieraient pas nos peintres contemporains.
M. le lieutenant comte de Laurencin-Beaufort, présenté par
MM. les capitaines de Bazelaire et de Mandres;
M. Marcellin Dalquié, prétenté par MM. le chanoine Calhiat et
Delpey ;
M. le comte Xavier de Villèle, présenté par MM. le Président
et Forestié,
Sont élus membres titulaires à Tunanimité.
Avant de lever la séance et pour répondre au vœu Je plusieurs
membres, M. Sémézies prête le charme de sa diction à une amu-
sante poésie du regretté chanoine Ferrand, Pour la veuve Poly-
carpe, poésie publiée par l'Académie de Bordeaux.
La séance est levée à 10 heures 3/4.
SÉANCE DU 11 DÉCEMBRE 1907
PRÉSIDENCE DE M. XE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président ; de Bellefon, vice-président;
Ed. Forestié, secrétaire général; général Appert, général Konne,
général Wallon, chanoine Calhiat, Ressayre, Moissenet, colonel
Caillemer, Vitteaut, Escudié, abbé Ghatinières, Mathet, abbé
Milhau, Victor Lavitry, Dufaur, B. Forestié, Lespine, Souleil,
abbé de Scorbiac, Laroche, Saint-Yves, Lespinasse, Teissié-Solier,
Delpey, commandant de Lacger, Sémézies, commandant de Ber-
mond, Bourdeau, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
Le général Appert présenté par les généraux Konne et Wallon»
est élu membre titulaire et prié de prendre place au sein de la
Société. M. le Président lui souhaite une cordiale bienvenue à
laquelle le général répond dans les meilleurs termes pour assurer
ses nouveaux confrères de tout son dévouement à l'œuvre de la
Société à laquelle il s'intéresse particulièrement.
Le capitaine Paris de TréflFond d'Avancourt, présenté par M. le
capitaine de Mandres et M. le Président;
Digitized by
Google
70 PROCEi-VERBxVUX DES SEANCES
M. Chaulet, architecte départemental, présenté par M. Bour-
deau et M. le Président,
Sont élus à Punanimité membres titulaires.
M. Leenhardt, avant de quitter Montauban, a adressé à M. le
Président un dossier contenant un plan à l'échelle approximative
de i/iooo« de Toppidum de saint Clément qui se trouve situé
dans la Grésigne; en môme temps plusieurs photographies de
cette motte militaire prises en hiver et permettant d'en apercevoir
le profil. Ces documents seront conservés dans nos archives ; ils
seront joints au plan dressé par M. le docteur Alibert.
A cette occasion, M. le Président répare un oubli qui s'est pro-
duit dans le dernier procès-verbal. M. Leenhardt est passé dans
la classe des membres correspondants. Il nous reste donc attaché
et a bien voulu nous assurer qu'il garderait bien vivant le souve-
nir de la Société dans sa nouvelle résidence.
M. le Ministre de l'Instruction publique annonce que le
Congrès des Sociétés des Beaux-Arts se réunira à Paris pendant
la semaine de Pâques.
De même pour le Congrès des Sociétés savantes auquel notre
confrère, M. Saint-Yves, fera les communications suivantes :
SECTION DE GÉOGRAPHIE HISTORIQUE ET DESCRIPTIVE
Le fonds Asie des archives du ministère des affaires étran-
gères,
A travers les mélanges Colbert, quelques notes pour servir à
l'histoire de la marine et de la colonisation française au XVII®
siècle
Essai d^une géographie de VInde au XVII^ siècle^ pour servir
à Vhistoire de la colonisation française et anglaise.
Les Anglais en Indo-Chine au XVII^ siècle.
A la demande de M. le Président, M. Lespinasse prépare, pour
les Beaux-Arts une étude sur le peintre montalbanais Nazon.
Deux membres nouvellement élus, M. le Comte Xavier de Villèle
et M. de Laurencin-Beaufort ont adressé à la Société l'expression
de leur gratitude.
M. Louis Pages fait hommage, avant son départ pour Pau, de
sa thèse de doctorat.
M. l'Abbé Buzenac, curé de Castanède, adresse à la Société
quelques notes sur l'abbaye de Saint-Pierre de Lacourt et une
Digitized by
Google
l>ROCès-VERnAUX DES SÉANCES Jl
empreinte du sceau de cette abbaye; il envoie un petit album
d'aquarelles intéressantes. M. le Président rappelle que le sceau
matrice a été trouvé, il y a quelques années suspendu au cordon
destiné à soutenir la queue de la poêle devant une cheminée de
métairie à Saint-Amans de Pellagal. Etrange destinée des choses 1
M. le chanoine Pottier rappelle le succès obtenu par l'Exposi-
tion des Beaux-Arts, dont le compte rendu, très intéressant, a été
donné par M. le Secrétaire général, M. Ed. Forestié (voir
tome XXXV, 4® trim. 1907, p. 205), et dont M. Marcel Sémézies a
présenté les comptes et le résultat financier (Ibid. p. 319). M. le
Président se fait l'interprète jde toute la Société pour remercier
ses collaborateurs : MM. Sémézies, Lespinasse, Bouïs, Marre, Fauré,
Célarié, Bouysset; la section de musique et son distingué prési-
dent, M. le chanoine Gontensou; la Cigale et son dévoué direc-
teur, M. Célarié; enfin les conférenciers, MM. de Gironde, Sémé-
zies, Mathet, Lespinasse, Moissenet, Graillot.
M. G. Saint-Yves offre à la Sopiété son dernier ouvrage en
collaboration avec M. Chavanon : Le Pas-de-Calais de 1800 à 18 10,
Etude sur le système administratif institué par Napoléon I^*^.
Ce livre a obtenu un prix de l'Académie des sciences morales
et politiques : fondation Raymond.
L'auteur donne une rapide analyse de son œuvre.
M. le chanoine Calhiat rend compte d'une conférence du Musée
Guimet sur les Thibétains et résume en quelques mots la vie
militaire, la vie judiciaire, la vie universitaire et la vie familiale
de ce peuple très intéressant à connaître. Il s'étend notamment
sur les particularités très curieuses qui regardent chez lui la nais-
sance, l'éducation, le mariage, la nourriture, le* costume, la mort
et les funérailles. Cette étude ethnographique amène M. Saint-
Yves, qui a visilé le Thibet, à compléter la communication de
M. Calhiat. Il fait gravir à sa suite les hauts plateaux des Pamirs
et, dans des aperçus historiques, topographiques et scientifiques,
captive l'Assemblée par sa brillante parole. C'est un retour vers
une conférence sur son voyage au Thibet qu'il donna à la mairie
il y a quelques années.
M. Lespinasse dit quelques mots d'une étude publiée dans le
Bulletin du Musée du Nord et de Stockholm sur les Corporations
au Moyen-Age en Europe. On y relève la création à Toulouse,
au XII® siècle, des Corporations de bouchers et de boulangers.
A la fin de son travail, l'auteur indique quels .furent les débuts
Digitized by
Google
72 PROCES-VERBAUX DES SEANCES
des corps de métiers dans les possessions danoises, notamment à
Copenhague, à Malmoë et à Bergen.
A propos d'une étude publiée dans le Recueil de la Société
d'Archéologie, M. le chanoine Pottier présente une intéressante et
nombreuse collection de pommeaux d'épées de toutes les époques;
la plupart ont été, comme le sceau de l'abbaye du Mas-Grenier,
trouvés attachés aux cordons des poêles dans la demeure des
paysans.
Les poêles, à queue très longues, étaient posées sur un trépied
et maintenues d'aplomb à l'aide d'une ficelle munie d'un contre-
poids; le pommeau étant la partie la plus forte et la plus résis-
tante d'une épée peut plus facilement se retrouver dans le sol que
la lame et, dès lors, offrir aux laboureurs, qui les recherchaient,
ce contre-poids, objet de ménage ayant son utilité.
M. Siréjol, curé de Lachapelle, qui est de Mirabel, a informé
M. le Président que le tumulus de Notre-Dame des Misères vient
d'être fouillé par suite d'un • éboulement. On y a découvert une
vaste salle creusée de main d'homme dans le tuf; elle a 4 mètres
de diamètre sur une hauteur de 3 mètres. Autour sont cinq silos ;
puis une galerie de o m. 70 de large sur i m. 80 de haut conduit à
une autre salle de même dimension que la première et offrant
aussi cinq silos; au bout du couloir sont pratiquées deux rainures
servant à mettre les pièces de bois qui maintenaient la porte
fermée. Il y a encore plusieurs couloirs et plusieurs salles qu'on
n'a pu explorer. Ces salles et ces couloirs sont absolument étan-
ches.
On se trouve en présence d'une de ces habitations troglodytiques
décrites par M. Devais aîné.
Conformément aux statuts, on procède au renouvellement des
trois membres sortants du Conseil d'administration ; MM.Buscon,
Mathet et Fontanié. Ces messieurs sont réélus à l'unanimité.
La séance est levée à 10 h, 25.
Le Secrétaire^
J. BOURDEAU.
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUX DES SEANCES
SÉANCE DU 8 JANVIER 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président; de Bellefon, vice-président;
Ed. Forestié, secrétaire général ; général Konne, général Wallon,
chanoine Calhiat, Sémézies, colonel Caillemer, de Saint-Félix,
commandant Barthe, capitaine de Tréffond d'Avancourt, comman-
dant de Lacger, Ressayre, SanchoUe, Imbert, Delpey, de Séverac,
abbé Chatinières, Maury, Mommayou, abbé Milhau, Laroche,
Lespinasse, capitaine Marcel, Souleil, de Laurencin-Beaufort,
capitaine Reveillaud, Pécharmant, Latreille, commandant de
Bermond, Saint-Yves, comte de Gironde, Baron de Scorbiac,
Moissenet, Bourdeau, secrétaire.
Excusés, MM. Mathet et Buscon.
Le procès-verbal de la séance de décembre est lu et adopté.
M. le Président adresse à ses collègues, pour l'année qui com-
mence, des vœux empreints de la plus profonde cordialité.
Sur l'invitation du président, M. le chanoine Calhiat donne lec-
ture des vers latins qu'il a composés pour, suivant nos traditions,
être envoyés aux membres et aux Sociétés correspondantes.
Ces vers, ainsi que Ta écrit notre confrère le marquis de Panât,
membre des Jeux Floraux, sont déclarés « dignes de Sadolet ou
de Jérôme Vida ».
Les voici :
Allicii, o f rater (i), mentes humana vetustas :
Ferventer calamo iempora prisca nota,
Prœcipue veteris Patrice ntemoranda célébra^
Et dahitur scriptis splendida palma tuie!
Hoc opuSt hic lahor est nostrœ telluris amantum :
Quis francus posset non adamare suam ?
M. le Président donne lecture de quelques-unes des réponses
qu'il a déjà reçues à cette occasion. Plusieurs Académies ou
Sociétés savantes ont, comme nous, emprunté la langue de Vir-
gile ou d'Horace en sa forme poétique.
C'est ainsi que s'exprime de la façon la plus heureuse, qui, du
(1) Une variante pour les Sociétés \ Aima Soror.
1908 7
Digitized by
Google
74 PROCES-VERBAUX DES SEANCES
reste, lui est coutumière, la Société d'Agriculture, Sciences et
Arts d'Angers :
Graia fuit nobts, anno nascente, sodales,
Littera quœ sensus vestros et votaferebai.
Spectatum dulcis patriœ sualetis amorem^
Et gnavum studiunt laudatis temporia acti.
Et bene. Stultus enim qui veîlet mobilis horœ
Vel secli spatio gentis concludere vitanty
Nil, verèy pressens et lapsum dividit œvum,
Arctaque cum proavis conjungunt vincla nepotes,
Ut par^em nostri meliorem habeamus ab illis.
Quid mirum si Priscorum cognoscere gesta
Niiimur et tnores, usus, arcanaque cordis !
Ttisiia nimboso cœlo cernentibus, et rem
Omnetn vastatam, sparsas et ubique ruinas,
Utile tnajorutn prœclare facta referre^
Ut nova lassattis foveat fiducia mentes,
E sociis unuSf vir acuta mentis et audax,
Immensum suscepit opus. De pulvere chartas
Oblitas prompsitt plures, prius igné perusias,
Restituity doctaque notas simul addidit arte,
Editus ille liber vesiram mox ibit in urbem.
Ut vobis bona cuncla codant ex corde precamur^
Optamusque novus currat féliciter annus,
L. Thibault.
La Société d'Agriculture, Lettres et Sciences de la Haute-
Saône, sous la plume de M. Monnier, professeur, répond en ces
termes :
^05 quoque, blanda soror^ jamdudum humana vetustas
Sœpe dies totos allicit et retinet.
Ut suades merito, nos tempora prisca notamus.
Et veteris patriœ noscere facta^juvat.
Ipse urbis Vesulanae annalia volvere conor,
Et modicis scriptis splendida palma data es (i).
MoM opus illud ego vsstris adfungere velim,
Ut ntelius patriani possis amare meam !
M. Léopold Delisle, depuis longtemps Tami de notre Compa-
gnie, a bien voulu écrire :
« Très Honoré Chanoine et Confrère,
€ Quand j'étais au Collège j'ai ânonné quelques vers latins,
mais je serais bien incapable de mettre sur ses pieds un distique
qui ressemblât à ceux dont vous m'avez honoré au nom de la
Société Archéologique de Tarn-et-Garonne et dont je ne sais
comment vous remercier. Je dois me borner à un simple accusé
de réception, avec mes excuses et mes meilleurs vœux.
« Votre tout dévoué.
« L. Delisle.
€ 30 décembre 1907. *
(i) La Société de Vesoul a pris à sa charge l'impression de cet impor-
tant ouvrage.
Digitized by
Google
f»ROCÊS-VERBAUX DES SÉANCES jS
A Toccasion de la réponse si aimable de M. Léopold Delisle,
M. Sémézies donne lecture d'une partie de l'autobiographie que
le vénérable membre de l'Institut a envoyé à la Société et qui est
comme la préface de son œuvre.
Une lettre du général Souvestre exprime ses regrets de n'avoir
pu remercier ses confrères de l'accueil qu'il a reçu d'eux à
Montauban.
M. Moissenet, ingénieur en chef, ayant adressé ses vœux en
langage Espéranto, que voici :
Tut korUf sindona, kaj kunfrata saluio.
M. Pierre Lespinasse en donne la traduction :
Salut cordial, affectueux et confraternel.
La Société archéologique de Béziers a paraphrasé en vers fran-
çais nous souhaits, en un sonnet qui se termine par une aimable
allusion à son président Laurès, un nom bien porté ':
L'antique humanité captivant les esprits,
Nous devons, chère sœur, sur le bronze transcrire
Led dates du vieux temps où Vimmortelle lyre
Charmait par ses accords les ancêtres surpris.
Chercheurs montalbanais, derrière les cieux gris
Trouvée Tor et Tazur. Le complaisant Zéphire
Porte un pieux encens que nul ne veut proscrire,
Parfum du souvenir de nos morts favpris.
Défendre les tombeaux de la terre natale.
Tel est Tunique but, Tœuvre fondamentale
Des soldats du second siècle de Périclès.
L'archéologue attend dans la paix la victoire.
Les lauriers ont toujours commencé par Laurès.
Ce nom remportera les palmes de la gloire I
La Commission départementale des antiquités de la Gôte-d'Or,
à la Société archéologique de Tarn-et-Garonne :
Salve iterum atque iterunt, nobis longinque sodalis^
Cui faciles versus anima Musa dedU.
Vin nivibus desuevit hiems, refugiique December,
Ecce redit votis charta notata fuis.
Quœ tua vota loquar^ mea sunt, nec plura remittam
Sic labor usque tibi, sic quoque crescat honos.
La Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du
Lot à ses confrères de Montauban :
Digitized by
Google
j6 PROCES-VERBAUX DES SEANCES
Frairibus hœcfratres justUsima vota remittunt,
Sic Suivent mutuœ muttus amicitiœ.
Ergo sit vobis Quœrculi fervidus ardor
Quœ scriptura vêtus, quœ lapis ipse vêtus
Veraferunt, frontemque simul decorate repertis
Nos eadem /acimus, sed quis honos dahitur.
Le Ministre de Tlnstruction publique annonce Touverture du
Congrès de la Sorbonne, à Paris, pour le 22 avril prochain.
M. le Président adresse un souvenir ému à la mémoire de notre
confrère, M. Alphonse Sarrebayrous, décédé à Beaumont-de-
Lomagne, le 7 décembre dernier, lettré et habile photographe.
M. Etienne Depeyre, conseiller général de Montpezat, membre
de la Société, adresse de très belles photographies de l'église de
N.-D. de Saux.
M. Tabbé Taillefer, curé de Cazillac, notre confrère, communi-
que une étude très intéressante et très documentée sur un Sei-
gneur Quercynois au XV® siècle.
La Société des Archives historiques de la Gascogne propose
une union des Sociétés savantes du Sud-Ouest, dont la première
application aura lieu au Congrès de Pau, les 6, 7, 8, 9 et 10 sep-
tembre 1908. Elle demanJe à notre Compagnie d'adhérer. Cette
question est renvoyée au Conseil d'administration pour étudier les
statuts proposés.
M. le Président souhaite une cordiale bienvenue à deux nou-
veaux membres : MM. de TréfFond d'Avancourt et de Laurencin-
Beaufort.
M. Sémézies expose, en quelques mots, le résultat définitif de la
tombola de l'Exposition. Plusieurs lots, offerts par le ministre des
Beaux-Arts, n'ont pu être tirés avec les autres.
On procède sur l'heure à ce tirage supplémentaire. En voici le
résultat :
320, n° gagnant L'Homme au gant (gravure).
697,
—
Agar et IsmaëL
575,
—
Portrait de jeune homme.
746,
. —
Portrait de femme.
1.690,
—
Erato,
1.623,
—
Biblis.
982,
—
Vase de Sèvres,
M. le comte de Gironde donne lecture de ses impressions de
voyage à Parme et à Ravenne.
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 77
M. Saint-Yves fournit un aperçu sommaire des deux communica-
tions qu'il doit faire au Congrès des Sociétés savantes à la
Sorbonne.
M. le Président communique une lettre-circulaire adressée ces
jours derniers aux membres du clergé. Plus que jamais celvici est
assailli par les brocanteurs à Taffut de ce qui peut rester d'objets
d'art dans nos églises. Les marchands cosmopolites sollicitent
l'honneur de traiter d'intéressantes affaires, soit pour échange
d'objets, soit pour vente à l'amiable; c'est ce que dit cette circu-
laire dont l'auteur ajoute que « n'ayant trouvé que des satisfac"
tions jusqu'ici dans cette branche de son commerce à laquelle il
s'efforce d'apporter personnellement toute la loyauté désirable et
toute la discrétion voulue, etc., etc. »
Il était bon de signaler ces démarches qui ne tendent, ni plus ni
moins, qu'à dépouiller une fois encore nos églises des objets d'art
encore en place.
A cette occasion, il cite un excellent article publié par M. H.
de R. dans le Ralliement, article dans lequel l'auteur rend un
juste hommage à l'Eglise qui a si bien su conserver les trésors
artistiques qui lui sont advenus par la piété des catholiques et
montre combien il est nécessaire de les laisser à la place où ils
ont été mis par leurs donateurs et cela depuis des siècles.
M. le Président annonce avec regret la mort de M. Louis
Braquehaye, ancien directeur de l'Ecole des Beanx-Arts de Bor-
deaux, décédé le 4 décembre dernier. Il était membre correspon-
dant depuis sa venue à Montauban lors des noces d'argent de
notre Compagnie.
M. Karl von den Steineii, de Berlin, demande pour un travail
monographique sur les Iles Marquises, si notre Musée contient
des objets quelconques de ce pays pour venir les étudier. Il est
répondu négativement.
On procède ensuite à l'élection de divers membres titulaires.
M. Domingon, maire d'Escatalens, présenté par MM. de Saint-
Vincent et Sémézies ;
M. Naulet (Adalbert), présenté par MM. Bourdeau et Forestié ;
M. Léon de Bénazé, avoué à la Cour d'appel de Paris, présenté
par MM. Olivier et le Président.
Ces messieurs sont élus à l'unanimité.
La séance est levée à lo h. 20.
Digitized by
Google
78 PROCÈS- VERBAUX DES SEANCES
SEANCE DU 5 FÉVRIER 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président ; Ed. Forestié, secrétaire
général; général Konne, Sémézies, Ressayre, Mathet, abbé de
Scorbiac, abbé Ghatinières, chanoine Galhiat, colonel Caillemer,
commandant de Lacger, Lespinasse, de Marigny, capitaine Rozat
de Mandres, Souleil, abbé Milhau, Escudié, Vitteaut, Moissenet,
L. de Bénazé, Imbert, secrétaire,
MM. de Bellefon, vice-président^ et Bourdeau, trésorier^ se
font excuser.
M. le Président souhaite une cordiale bienvenue à M. Léon de
Bénazé, avoué à la Cour d'appel de Paris, en résidence pendant
quelques semaines, chaque année, dans sa propriété du Tigné,
près de Montauban. Il rappelle à notre confrère nouvellement élu
sa participation au voyage en Espagne de 1891, entrepris à l'oc-
casion des noces d'argent de notre Compagnie; sa place était,
depuis lors, marquée dans ses rangs. M. de Bénazé répond en
quelques mots exprimant sa reconnaissance à ses nouveaux con-
frères. Il en est de même de M. Naulet, négociant à Montauban.
M. le Président se faisant l'interprète des sentiments unanimes
de la Société, exprime les très vifs regrets de tous à l'occasion de
la mort du vénérable évêque de Montauban, Mgr Fiard, membre
honoraire-né. Sa Grandeur témoigna toujours à notre Compagnie
une extrême bienveillance, il assista souvent à nos séances où il
voulait bien trouver charme et intérêt. L'Assemblée s'associe
pleinement aux regrets dont son président s'est fait l'interprète
profondément attristé.
La perte d'un autre membre entouré de la sympathie générale,
Tabbj Mathieu de Seguin, marquis de Reyniès, est aussi annoncée
par M. le Président en termes émus qui trouvent un écho parmi
les membres de la Société. M. l'abbé de Reyniès, qui s'était
adonné au classement des riches archives de sa famille dont il
nous avait communiqué plusieurs pièces a été subitement enlevé
à la fleur de Tâge, 41 ans.
Digitized by
Google
PROCès-VERBAUX DES SÉANCES 79
< Il VOUS souvient, Messieurs, ajoute le Président, avec quelle
bonne grâce ce parfait gentilhomme reçut, à deux reprises, notre
Société dans le château de ses pères à Reyniès. Il fut fidèle à nos
excursions archéologiques, durant lesquelles chacun le recherchait
goûtant sa bonne humeur mise au service de son érudition. D'an-
cienne race, les Reyniès ont joué un rôle important dans l'histoire
de notre région, particulièrement lors des guerres de la Réforme.
Le nom est aujourd'hui porté par un brillant capitaine d'infanterie,
héritier de la valeur militaire et des qualités de cœur de ses
aïeux; je fais des vœux pour que ce frère du défunt occupe un
jour sa place parmi nous. >
Trois de nos confrères ont reçu des distinctions, bien méritées
par leurs services ou leurs travaux actuels, ce sont : M. Bouïs,
conservateur du Musée Ingres à Montauban; M. l'abbé Taillefer
et M. Pierre Lespinasse auxquels on doit d'intéressantes monogra-
phies locales ou artistiques. Des félicitations sont adressées aux
nouveaux officiers d'Académie.
On annonce la découverte à La Roque près Bruniquel, d'un trésor,
numismatique, composé de 150 à 200 douzains, monnaie de mau-
vais titre, en cuivre à peine argenté, appartenant aux règnes de
Charles VIII, François P' et Charles IX. Ces monnaies n'ont pas
de valeur.
A Sapiac on a trouvé un sceau orbiculaire du XIV« siècle por-
tant au centre un griffon. M. le Président, qui l'a acquis, le soumet
à l'Assemblée.
Le président de la Société archéologique d'Angoulème envoie
ses vœux en retour de ceux de la Société.
M. Mispoulet, notre confrère, secrétaire de la Chambre des
députés a accompagné sa carte du nouvel an des vœux suivants :
PRiESIDI
OPTIMO
SODALIBUSQUE
VOTA
MULTA.
M. le capitaine de Mandres, communique une bulle de Pie VI
en faveur de M. de Rey, prêtre du diocèse de Chartres.
M. l'abbé Taillefer envoie les communications suivantes :
Etat-civil de Saint-Urcisse, commune de Tréjouli, 1667-1792;
Digitized by
Google
8o PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
Etat-civil de Tréjouls, 1625-1797.
Le travail de M. Taillefer est d'un grand intérêt : il a dépouillé
les registres paroissiaux avec l'intelligence et la sagacité qui dis-
tinguent ses divers travaux. C'est l'inventaire complet de ces docu-
ments précieux pour l'histoire des familles : il a relevé tous les
noms de personnages ayant une fonction ou occupant des situations.
Ces travaux donnent d'utiles précisions pour ceux qui s'occupent
de ces recherches ; il y a notamment nombre d'actes d'état-civil
de la famille de Charry qui avait joué un rôle important au XVI®
et au XVll^ siècle.
On note dans les registres de Tréjouls qu'il ne paraît pas y avoir
eu d'interruption de l'exercice du culte pendant la période révo-
lutionnaire puisque le dernier acte inscrit est du 3 janvier 1797.
Il est donné lecture d'un passage du /ournal d'un prébende
de Saint-Etienne d\4geny cité dans la Revtce de VAgenais^ qui
écrivait en 1650. Ce passage est curieux et intéressant par un fait
signalé par l'auteur. Il prétend que quelques temps avant sa mort,
Tévêque d'Agen, Claude de Gelas, avait été comme prévenu par
< des signes futurs qu'il ne devoit pas vivre longtemps, car le
dimanche auparavant son bâton d'argent pastoral, sans effort
aucun, se rompit, ce qui sembloit dire qu'il ne seroit pas lonc-
temps pasteur; comme aussi il y eut un de ces oiseaux maritimes
qui vint au-devant de sa chambre crier lonctemps lui disant tacite-
ment qu'il se disposast pour mourir; comme aussi la chaise sur
laquelle il estoit assiz se rompit et le 25® Décembre 1630, après
avoir fait la procession et estant dans le chœur à son siège, après
qu'il eust achevé le Gloria in excelsis^ l'apoplexie le saisist. >
Ceux qui ont la croyance aux présages trouveront dans ces
lignes une confirmation de leur opinion.
M. Sémézies donne lecture d'une importante étude dans laquelle
il a résumé très substantiellement et d'une manière aussi claire
que vivante, les origines de TEspagne depuis les premiers temps
jusqu'aux rois catholiques. Il a fort lumineusement expliqué et
débrouillé le cahos confus des nationalités et des influences qui
ont dominé ce pays pendant tout le haut moyen-âge jusqu'aux
temps modernes.
M. Edouard Forestié a continué ses recherches et ses décou-
vertes au sujet de Lamothe-Cadillac, le fondateur de Détroit et le
gouverneur, pour le roi, de la Louisiane. Il a mis la main sur de
nombreux actes de notaire que ce personnage a passés à Castel-
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES 8l
sarrasin lorsque, rentré en France, il a été nommé gouverneur
de cette ville et qu'il a dû régler ses affaires de famille. Sa signa-
ture porte bien : Laumet de Lamothe-Cadillac, et les divers actes
relevés prouvent bien que c'était là le personnage que les Cana-
diens et les Yankees entourent d*un souvenir reconnaissant..
M. Forestié a le testament de Jean Laumet, père de Lamo-
the-Cadillac, ses règlements d'affaires avec ses neveux, enfin il a
réussi à mettre la main sur l'inventaire des biens meubles dépen-
dant de sa succession et dans lequel sont mentionnés nommément
les portraits de Lamothe-Cadillac, de sa femme et de son fils.
M. Forestié a déjà un très gros dossier de pièces inédites et
intéressantes sur ce personnage dont la vie est encore imparfaite-
ment connue en France. Tandis qu'en Amérique de nombreux et
importants travaux ont été publiés sur lui, en France on l'ignore
presque et c'est un honneur pour notre Société de l'avoir glorifié
comme il le méritait.
M. Moissenet, ingénieur en chef, prend la parole et, dans une
véritable conférence, montre le développement du mouvement
espérantiste et expose l'utilité de fonder un groupe à Montauban
pour la diffusion de cet idiome. Il voudrait voir les membres de la
Société entrer dans ce mouvement et se mettre à sa tête en raison
de la grande utilité de cette langue auxiliaire. Le triomphe de
l'Espéranto empêcherait la prédominance d'une langue nationale
autre que le français, et la pratique de TEspéranto et la lecture
d'oeuvres traduites du français dans cette langue donnerait le
goût des œuvres françaises et de l'esprit français.
La séance se termine par des projections accompagnées d'une
conférence très documentée de M. Tierre Lespinasse sur « l'En-
fant sous le pinceau des Maîtres », qui est écoutée avec un très
vif plaisir.
La séance est levée à lo h. 3/4.
Le Secrétaire^
Imbert.
Digitized by
Google
N o tre -Dame-de-Saux
ET
M O N T P E Z A T
(tarn-et-garonne)
L'église de Notre-Dame-de-Saux, lieu ancien de pèleri-
nage, aux environs de Montpezat, est classée parmi les
monuments à coupoles et regardée par la plupart des
archéologues comme remontant à Tépoque romane. Nous
l'avons visitée avec notre confrère de la Société française
d'archéologie, M. Paul de Fontenille? ; nous avons, après
un examen attentif, une étude sérieuse de toutes ses par-
ties, cru que Ton ne peut se permettre de la faire, en très
grande partie, remonter plus haut que la fin du XV^ siècle
ou plutôt le commencement du XVI®.
En effet, si nous examinons l'extérieur, nous voyons que
la porte d'entrée, les fenêtres, étroites il est vrai, mais
carrées au sommet ou ogivales, les contre-forts portent
l'empreinte de cette époque. Le clocher carré n'a qu'un
étage percé de deux baies ogivales sur chaque face; il est
accosté de contre-forts d'angle recouverts en bâtière et,
sur la paroi correspondante à l'axe de l'église, est accolée
une tourelle à pans contenant l'escalier; la porte d'entrée
se trouve sur le côté sud du clocher : elle est ogivale, très
simple, sans ornements. Il est certain que quelques parties
Digitized by
Google
NOTRE-DAME-DE-SAUX 83
des murs sont plus anciennes que le XV« siècle, car on
remarque la trace de remaniements.
A rintérieur, une seule nef à quatre travées, y compris
celle qui se trouve sous le clocher; à droite et à gauche,
troisième et quatrième travées, chapelles se faisant faces,
un chœur à chevet droit, dont les ouvertures sont bouchées.
La première travée a ses arcs et sa voûte en ogive surhaus-
sée; les nervures ne s'appuient pas sur des colonnes, mais
sur des culots en forme de rose qui en cachent la naissance.
Les trois autres sont à plein-cintre, leurs voûtes cupuli-
formes ont fait croire jusqu'à présent qu'elles étaient fort
anciennes et contemporaines des coupoles dites byzantines.
Pour nous, ces coupoles sont une œuvre du XV^ siècle ou
du commencement du XVI®; elles se composent' d'assises
concentriques s'appuyant sur des sortes de pendentifs
formés par ces assises mêmes et se terminant à zéro dans
les angles formés par le point de jonction des grands arcs
et des murs latéraux. Nous devons ajouter que les grands
arcs et les grandes baies des chapelles latérales, ainsi que
les moulures à simple biseau des impostes, ont un aspect
archaïque; nous pouvons donc admettre leur antiquité
(XII® siècle), comme nous avons admis celle d'une partie
des murs. A une époque que nous ne connaissons pas, les
voûtes primitives se sont effondrées, peut-être même n'y
avait-il qu'un lambris, et on les a remplacées vers la fin du
XV® siècle, croyons-nous, par celles que nous voyons
aujourd'hui.
Ces coupoles, nous le répétons, ne sont pas byzantines,
autant que nous pouvons en juger d'après les nombreux
monuments de ce type que nous connaissons, leur base ne
part pas des angles rentrants comme ici, mais elles ont
pour directrices des lignes curvilignes qui naissent, au
contraire, des angles saillants des pilliers : Saint-Front,
Saint-Etienne de Périgueux, Saint-Etienne de Cahors,
Digitized by
Google
84 NOTRE-DAME-DE-SAUX
Solignac, etc., et forment les pendentifs sur lesquels est
établie la coupole. A Saux, point de piliers; nous n'avons
que des arcs jetés d'un mur à l'autre et dont les extrémités
s'appliquent au nu du mur et se confondent avec lui au
point juste de leur retombée.
Nous ne pensons donc pas que ces coupoles soient
byzantines, elles n'en ont pas le caractère; leur construction
n'en est pas moins curieuse, mais nous nous refusons à les
croire romanes, parce qu'elles sont construites à l'inverse
de celles de cette époque ; jamais elles n'eussent pu se
maintenir sur des bases aussi peu développées et sur un
plan aussi défectueux. Ce sont des dômes plutôt que des
coupoles.
Des peintures murales, qui n'ont jamais été terminées et
sont presque effacées, décoraient les chapelles au moins au
nord ; sur une de leurs parois séparatives on distingue
encore un S. Christophe portant son divin fardeau.
En résumé, cette église est très petite, très étroite et
n'offre d'intérêt que par ses coupoles et leur genre de cons-
truction qui est très apparent et que l'on distingue parfai-
tement, puisqu'elles n'ont jamais été crépies ni badigeon-
nées, lorsque toutes les autres portions de l'église le sont. et
l'ont été plusieurs fois; ce pourrait être une preuve de plus
à l'appui de notre assertion, si nous voulions la déduire; ce
serait trop long et c'est inutile. On peut encore voir un
bénitier du XVI* siècle et des fragments de rétables en
bois sculpté qui ont malheureusement subi les atteintes du
temps, d'un abandon prolongé et aussi celles de l'homme.
L'église de Montpezat date du XIV« siècle; elle fut cons-
truite de 1334 à 1360. Nous n'en donnerons point la
description, qui a paru dans le Compte- rerj du du Congrès
archéologique de 1865. Il nous suffira de rappeler qu'elle
Digitized by
Google
ET MONTPEZAT 85
est des plus intéressantes par son unité et parce qu'on en
connaît la date. Il en est certainement de plus vastes, de
plus compliquées comme agencement, de plus ornementées,
mais il n'en est peut-être pas beaucoup qui aient été ter-
minées dans un laps de temps aussi court, ce qui n'a pas
permis d'en modifier le plan : elle n'a qu'une nef percée
de huit chapelles, et l'abside est heptagonale. Les chapi-
teaux et les nervures du chœur ont seuls été terminés ; ils
ne sont qu'épannelés dans la nef, ce qui donne à cette par-
tie de l'église une apparence de lourdeur qu'elle n'aurait
probablement pas si les nervures avaient été profilées et si
la lumière jouait dans les feuillages des chapiteaux.
Nous citerons encore pour mémoire les stales, qui sont
très simples, les fonts baptismaux en bois sculpté, et enfin
deux tombeaux, celui de droite, qui serait celui du cardinal
Pierre Després de Montpezat, fondateur de l'église; ce
prélat y ess représenté couché, revêtu de ses ornements
sacerdotaux; ceux-ci mériteraient une étude spéciale que
M. de Fontenilles devrait faire à cause de leur forme, de la
délicatesse, de la richesse et de la variété des orfrois et des
galons qui les décorent. Le second, à gauche, est moins
intéressant, moins bien traité, ce serait celui de Jacques
Després, évêque de Montauban, de 1556 à 1589.
N'oublions pas d'admirer les belles tapisseries flamandes
du commencement du XVI® siècle, que Jacques Després
avait transportées de Montauban à Montpezat et qui y sont
toujours restées; les membres du congrès archéologique de
1865 ont pu les voir à Montauban, où on les avait trans-
portées pour eux ; elles entourent le chœur d'une ceinture
magnifique; les principaux actes de la vie de S. Martin y
sont représentés avec mille détails du plus haut intérêt,
costumes civils et religieux, autels avec ciboriums, vases
sacrés de toute espèce, encensoirs, chandeliers, lampes,
mîtres, crosses qu'il faudrait étudier autant au point de vue
Digitized by
Google
86 NOTRE-DAME' DE-SAUX
de la forme qu'au point de vue liturgique, et selon la place
qu'ils occupent dans les phases du saint sacrifice de la
messe, sujet plusieurs fois répété; nous ne croyons pas que
ce travail ait été entrepris.
M. le curé de Montpezat conserve tous ces trésors avec
un soin jaloux, et il aime à les montrer, à en faire ressortir
les beautés; sa complaisance est inépuisable; il nous a fait
admirer dans la sacristie un reliquaire émaillé du XIII» siè-
cle, assez bien conservé, de vieilles étoffer ayant servi à
des sacs à reliques, une surtout du XIV® siècle, en soie et
or, où sont figurés les douze mois et que nous considérons
comme ayant une haute valeur artistique; les mois sont
personnifiés et reconnaissables aux attributs de chaque
personnage; la coiffure même est adaptée à chaque saison.
Il faut voir cette œuvre pour se rendre compte de Part
infini, du goût exquis, de l'habileté de main de la personne
qui l'a brodée, en même temps que de la patience qu'il a
fallu pour la mener à une aussi parfaite exécution (i).
Citons enfin deux coffrets de mariage ou coffrets à bijoux,
de la fin du XV« siècle ou des premières années du XVI«,
en bois peint et doré sur pâte, très curieux par leurs détails
et les costumes des personnages qui décorent leurs parois.
Leur forme n'est point élégante, c'est une petite caisse
oblongue, à couvercle bombé, porté sur quatre pieds des
plus simples. Nous nous attacherons à décrire le mieux
conservé : il mesure 27 centimètres de longueur sur 18 de
largeur et 20 de hauteur; le couvercle, nous venons de le
dire, est légèrement bombé, il porte encore sa serrure et
sa poignée de cuivre ciselé et martelé.
Sur la paroi antérieure, une dame richement vêtue, à robe
à queue démesurément longue, ornée de bandes de four-
rures, serrée à la taille par une ceinture à bouts flottants,
(i) M. Tabbé Pouier a décrit ce sac à reliques dans le volume du
Congrès archéologique tenu à .Vlontauban en i865, p. 32o.
Digitized by
Google
ET M0NTPE2AT 87
manches larges, coîflfée du hennin à double corne, mais dont
la hauteur n'a plus les proportions exagérées des coiflFures
du commencement du XV® siècle; de la main droite, elle
semble maintenir les plis de sa robe; de la gauche elle tient
une coupe en forme de calice, ou plutôt un gobelet évasé
qu'elle offre au personnage qui est en face d'elle ; c'est un
jeune seigneur, coiffé d'une toque, vêtu d'une casaque tom-
bant à demi jambes et serrée par une ceinture à large nœud ;
il tient de la main droite un long xuban, ce qu'on appelait
alors un lac d'amour, qui va rejoindre la main gauche de
la dame; sa main gauche est brisée; d'après le mouvement
du bras, il est probable qu'il avait le poing sur la hanche.
Des tiges feuillagées, teintes en rouge, peu élégantes du
reste, garnissent les vides; des losanges légèrement indi-
qués à la pointe, ornés de fleurettes, fornent le fond qui est
doré ; cette ornementation est la même sur tous les côtés
du coffret et les vêtements de tous les personnages sont
aussi dorés avec des demi-teintes ou bleues ou rouges, très-
fondues.
Le côté opposé est orné d'un beau chiffre qui représente
le J. H. S. Un des petits côtés porte une femme moiçs élé-
gamment vêtue et coiffée d'une espèce de bonnet plat;
l'autre, un personnage à toque ornée de plumes, vêtu d'une
tunique serrée à la taille et bordée d'une large fourrure,
aux manches très-larges; un de ses bras est levé et il fait
un geste indicateur; deux boules sont placées à droite et à
gauche de sa tête; c'est évidemment un jongleur.
Le couvercle représente une dame coiffée comme la pre-
mière avec le hennin à double corne, garni d'un voile qui
lui couvre la nuque ; une robe serrée à la taille et ouverte
en pointe sur la poitrine, richement décorée de quatre
feuilles, bordée d'hermine dans le bas, recouvre une
seconde robe ou jupe à queue, décorée de fleurettes et
traine sur ses pieds qu'elle cache; elle tend la main vers un
Digitized by
Google
88 NOT!^E-DAME-t)E-SAUX
ménestrel qui joue de la harpe en face d'elle; il porte le
petit chapeau de feutre.
La casaque lâche, aux larges manches serrées aux poi-
gnets, est ornée de fleurettes ; on croirait voir les plis d'une
chemise entre le bas de la casaque et le haut des chausses,
bouffantes et garnies de bandes de fourrures. Celles-ci des-
cendent à peine aux genoux ; une escarcelle est attachée à
sa ceinture ; ses pieds sont chaussés de souliers pointus,
souvenir lointain de la poulaine.
Le second coffret est un peu plus grand, mais il est plus
détérioré ; sur le couvercle, un cavalier, au pourpoint serré
à la taille, bombé sur la poitrine, aux manches très larges
au coude, tient un faucon sur le poing gauche, pendant
que de la droite il dirige son cheval ; ses cuisses sont cou-
vertes par une culotte bouffante semblable au pourpoint, et
ses jambes, par un tricot ou des jambières ajustées ; les
pieds engagés dans les étriers portent des souliers larges au
bout, comme il était de mode au commencement du
XVI« siècle, sous François I®""; il est coiffé d'un chapeau à
larges ailes, orné d'un énorme plumet. Tout semble exagéré
dans le costume de ce personnage, qui cependant était à la
mode dn. temps. Une dame très détériorée lui fait face.
Nous n'avons pu relever les autres sujets. Cederniej coffret
nous a paru être plus récent de quelques années; c'est-à-
dire que le premier pourrait être attribué au règne de
Louis XII, et le second à celui de François I«''.
Malgré la forme semblable, mais peu élégante de ces
coffrets, tous ces sujets sont peints et dorés avec goût ;
quelques personnes veulent y voir des coffres à reliques :
nous leur attribuons un usage plus profane, ne fût-ce qu'à
cause des sujets qui y sont traités. Des coffres à reliques
eussent porté des sujets religieux, et de ce qu'ils sont actuel-
lement dans le trésor d'une église, il ne faat pas en conclure
que cela a été leur destination première, et ceux-là en ont
Digitized by
Google
ET MONTPEZAT 89
certainemeut changé par suite de dons ou de toute autre
circonstance que nous ignorons.
Ne quittons pas Montpezat sans visiter, derrière Téglise,
les anciens bâtiments du chapitre, qui ne manquent pas de
pittoresque, et, dans l'intérieur de la ville, quelques vieilles
maisons en brique et bois, à dispositidns originales, qu'il
faut un peu chercher par les rues ; mais la ville n'est pas
grande, et une promenade au grand air, après, une séance
aussi longue dans la sacristie ou devant les tapisseries,
remet le sang en mouvement et de l'ordre dans les idées ;
nous étions saturés de poulaines, de casaques, de cavaliers,
de hennins, d'encensoirs, de chapes, d'étoffes, d'évêques,
de nervures, de chapiteaux, de notes, de dessins, de photo-
graphies, et cependant six heures ne nous ont pas suffi,
puisque, à notre grand regret, nous n'avons pu décrire
entièrement le second coffret.
A. DE ROUMBJOUX.
(Extrait du Bulletin monumental^ n® 2, mars-avril 1885.)
M^H
Au moment où la curieuse église de Saux vient d'être
Tobjet de quelques réparations, et en vue d'une prochaine
visite de la Société archéologique il nous a paru utile de
reproduire la description que l'on vient de lire, elle fut
faite par un archéologue très compétent, dont la perte a été
vivement ressentie par nous tous : M. Anatole de Roumejoux,
président de la Société archéologique du Périgord, que
notre Compagnie tenait à honneur de compter parmi ses
membres correspondants.
Avec lui nous croyons que les coupoles de Saux ne sort
point les contemporaines de celles qui furent construites au
1908 8
Digitized by
Google
C)0 NOTRF.-DAME-DE-SAUX
XII* on au XIII<5 siècle, sous l'influence de l'école périgour-
dine, et que notre confrère, M. de Fontenilles, dénomme
Aquitaniques. Nous croyons, même, que les pieds-droits
qui les portent, tout comme elles, ne remontent pas au-delà
du XV« siècle, un chanfrein qui se termine par un congé à
leur naissance est caractéristique de cette époque. Nous
reviendrons sur cette question en donnant le plan et des
vues de cet édifice.
Les peintures que M. de Roumejoux n'a pu voir que très
rapidement ont convert les murs de l'église et les coupoles
elles-mêmes; ce qui lui a fait croire qu'elles n'avaient pas
été terminées c'est qu'elles ont été recouvertes par un badi-
geon à l'époque où des rétables ont été élevés au-dessus des
autels. Aujourd'hui les rétables ont malheureusement dis-
paru, les boiseries ont été emportées, seuls, les tombeaux
en pierre des autels sont restés en place, ceux-ci construits
en maçonnerie ont pu, grâce à cela, échapper au pillage.
Le lecteur ne sera pas surpris si M. de Roumejoux emploie
le terme ogival pour l'appliquer aux arcs brisés des fenêtres
ou de la porte, à l'époque où il a écrit cet article on n'était
pas encore revenu d'une manière aussi absolue qu'à l'heure
présente à l'application du mot ogive uniquement aux arcs
diagonaux d'une voûte, et le style gothique s'appelait ogival.
Ainsi, avions-nous parlé, nous, les disciples d'Arcisse de
Caumont, nous devons désormais adopter la termilogie de
l'école des Chartes.
Nous ferons quelques réserves au sujet de l'église* de
Montpezat, que M. de Roumejouy décrit après celle de
Saux.
Les chapiteaux dont le profil est très arrêté, semblent
n'avoir pas été destinés à être sculptés, les nervures ont
également dû, dans la pensée du constructeur, rester pris-
matiques, ainsi que cela s'est beaucoup fait dans notre
région au XIV® siècle. Il ne faut pas perdre de vue que
Digitized by
Google
NOTRE-DAME-DE-SAUX ET MONTPEZAT (JI
l'église, œuvçp du cardinal Pierre des Prez, fut bâtie pour
la collégiale dont il était le fondateur, il avait hâte de voir
le monument terminé. Plan et exécution sont très soignés,
les proportions excellentes, mais la sculpture est bannie.
Le trésor de l'église de Montpezat, si diminué lors des
guerres de religion, depuis par la Révolution, et de nos jours
par la convoitise des brocanteurs cosmopolites, offrait en
1885 un intérêt plus vif que de nos jours. La châsse en
émail champlevé de Limoges, confié à un envoyé de la maison
Alavoine^ de Paris, aurait été volée? de ses magasins ; on
dit qu'elle figure dans un Musée de New-York.
Les coffrets de mariage ont également disparu à la suite
d'une vente irrégulière, et ils ne sont pas restitués malgré
un jugement du tribunal de la Seine (i). Ces objets étaient
classés parmi les monuments historiques.
Nous ferons remarquer que l'un des tombeaux, avec statue
couchée, en marbre blanc, est celui de Jean des Prez, évo-
que de Castres de 1336 à 1352, neveu du cardinal et non
celui de Jacques des Prez, évêque de Montauban de 1556 à
1589.
Le curé-doyen de Montpezat qui fit les honneurs de son
église à nos archéologue, MM. de Roumejoux et de Fonte-
nilles, était le chanoine Barrié.
Fernand Pottier.
(i) Voir dans le Bulletin archéologique, passiniy divers travaux sur
Montpezat. Le dernier de ces travaux a paru, en iqoS, sous ce titre:
Le Trésor de Vancijnne église collégiale de Montpezat, par le chanoine
Pottier.
Digitized by
Google
Digitized by
Google
COMMENT S'EXÉCUTAIT
UN ARRÊT DE JUSTICE
AU XVII« SIÈCLE
M. EDOUARD FORESTIÉ
Lauréat de Tlnstitut
Secrétaire général de la Société
La seigneurie d'Âucastels, ou de Haut Castel, près de
Lauzerte, appartenait depuis le XIV^ siècle aux seigneurs
de la maison de Castanier, ou Castagner, ou Chasteigner.
Deux frères, Jean et Antoine, vivaient vers la fin du
XVI« et Tun d'eux» Jean étant mort sans enfant, sa veuve
Antoinette du Faur, fille du premier président du Parle-
ment de Bordeaux, se remaria avec Gaston de Ferrand,
baron de Mauvoisin, ou Mauvesin.
Dès que ce second mariage fut accompli, Antoinette du
Faur réclama à son beau-frère, héritier de Jean, sa légitime,
et de là survînt un gros procès qui eut, comme on le verra
tout à l'heure, un dénouement tragique et donna lieu à
d'émouvants incidents.
Nous trouvons d'abord une lettre du roi du 1 7 septembre
161 2 par laquelle il est dit qu'Aymeric de Castagnier, sieur
de Loubejac, père d'Antoine et partie au procès, gentil-
I908 9
Digitized by
Google
94 COMMENT S EXECUTAIT UN ARRÊT DR JUSTICE
homme ordinaire de la Chambre du Roi, est autorisé à récuser
au parlement de Toulouse devant lequel a été évoquée
TafFaire : M. Jacques du Faur, sieur de Saint-Jory, frère de
M. de Mauvesin, partie adverse ; M. du Faur, sieur de Gara-
bet, conseiller, son cousin, issu de germain ; M. Jean d'As-
sezat, etc., etc.
Et le 20 septembre, suivant une requête d'Aymeric de
Castagnier, sieur d'Aucastel, Loubejac, Sabatier, etc., celui-
ci dit que son père Antoine, marié à Françoise de Felzins
devaitàladamedeMauvezin 18,000 1. de sa dot mais qu'il ne
voulait pas les payer, invoquant une substitution du contrat
de mariage de son père.
Mme de Mauvezin avait dû avoir gain de cause car nous
avons mention d'une sentence condamnant les Castanier,
datée du 11 août 1612.
La dame de Mauvezin, d'après la requête, avait conduit
certaines troupes de gens à cheval et à pied jusqu'au nom-
bre de 3 à 400 personnes qui avaient commis de grands
ravages dans la juridiction d'Aucastel,
Et comme cette troupe voulait continuer ses ravages au
mépris de l'autorité de la Cour et que la dame méditait de
conduire de nouveau des canons avec d'autres troupes pour
battre le château d'Aucastel, ce ne pouvait être toléré sans
grands scandales.
Cette requête fut présentée aux Capitouls de Toulouse,
le 20 septembre, pour qu'ils ne délivrassent pas les canons
qui auraient pu leur être demandés.
Les Capitouls répondirent qu'ils ne savaient rien de cette
affaire et la Cour ne prit pas en considération cette requête.
Heureusement une transaction survint, dont voici la
teneur :
< Le 23 octobre 16 12, entre haut et puissant seigneur Pons
de Themines, chevalier des ordres du roi, sénéchal et gou-
verneur de Quercy, faisant pour noble Aymeric de Castai-
Digitized by
Google
Alî XVII'* Sll-CLE y5
gner, sieur de Loubejac ; noble Annet de Castaigner, sieur
de Saint-Urcisse, faisant pour noble Antoine de Castagner,
sieur d'Hautcastel, son frère, et autres fils et filles du
dit Hautcastel, d'une part ;
Et noble Michel de Cheverry, baron de la ReoUe, faisant
pour noble Gaston de Ferran, sieur et baron de Mauvoisin,
d'autre part.
Lesquels disent que puisque le sieur d'Hautcastel et la
dame de Paluel, sa femme, ne sont pas dans Hautcastel, ils
arrêtent :
10 La maison d'Hautcastel sera mise présentement en
mains du baron de Flamarens, lequel a promis de la garder
pour 2 mois ;
a^Le baron de Flamarens, au nom du sieur d'Hautcastel,
promet que celui-ci, sa femme et ses enfants n'entrepren-
dront rien contre cette maison pendant 2 mois ;
30 Les parties prendront chacun trois arbitres, 2 d'épée
et I de robe longue et le comte de Carmaing est arrêté pour
arbitre pour terminer les difficultés.
L'affaire traîna en longueur et les parties se retrouvèrent
de nouveau face à face deux ans après sans que les arbitres
aient pu les accorder. Seulement le château de Hautcastels
était toujours tenu en dehors du procès,
Gaston de Ferran^ baron de Mauvoisin et sa femme
Antoinette du Faur, dame de Mauvoisin, obtinrent en février
1614 une nouvelle condamnation contre Antoine de Casta-
nier, sieur d'Hautcastel et sa femme Antoinette de Paluel,
procès qui avait déjà abouti le 11 août 1612 à la condam-
nation de ces derniers.
L'arrêt ordonnait entr'autres choses à tous prévôts, séné-
chaux, leur lieutenant et à tous autres officiers de prêter
la main aux arrêts et décrets obtenus par la dite dame de
Mauvoisin, contre lesdits sieurs et dame d'Hautcastel, de
Paluel et leurs complices, en quelque lieu qu'ils puissent
être trouvés.
Digitized by
Google
y6 COMMENT S^EXÉCUrAir UN ARRÊT DE JUSTICH!
Et il ajoutait dans sa rigueur : « Ce faisant, iceux pren-
dre morts ou vifs, les mener ou conduire en la conciergerie
de la Cour et pour cet effect faire telle assemblée de gens
armés que besoin sera et faire rouller et conduire le canon
avec la permission du lieutenant du roy en la province et
avec eux y procéder afin*que la force en demeure au roy et
à la justice » .
Le lieutenant du roi était en 1614 Nicolas Deymier, con-.
seiller du roi, son lieutenant en la sénéchaussée d'Agenais,
Condomois et Gascogne.
Le seigneur d'Hautcastel et sa femme, ainsi que leurs amis
s'étaient emparés d'une maison et d'un moulin, appelés de
la Vallette, qu'ils avaient fortifiés en les entourant de fossés,
palissades, casemates, guérites et autres fortifications de
guerre en vue d'un siège. Cette maison et ce moulin étaient
situés dans la juridiction de Lauzerte.
Désireux d'obtenir coûte que coûte l'exécution de l'arrêt
contre leurs adversaires, le sieur de Mauvoisin et sa femme
s'adressèrent à M. de Roquelaure, lieutenant général, gou-
verneur pour le roi en Guienne et obtinrent de celui-ci
permission, en conformité des arrêts obtenus, de faire assem-
bler leurs amis et gens de guerre armés.
Par ordonnance du 8 décembre 161 3, le vice-sénéchal se
mit en campagne, après avoir toutefois obtenu des époux
de Mauvoisin la certitude qu'ils paieraient les dépenses et
fourniraient les munitions de la troupe assaillante, le canon
et le nombre de gens nécessaires.
€ Comme aussy ils s'engageaient à y amener leurs
parents et amys pour prester main forte et ayde en faveur
de l'exécution dudit arrest ».
Le 12 février 1614 le vicè-sénéchal, assisté de son greffier
et de 12 hommes à cheval se met en route et le 15 il arrive
devant le château d'Hautcastel. Là, le sieur de Mauvoisin
exhibe de nouveau et donne lecture derechef du contenu
Digitized by
Google
AU XVÏl' SIKCLE 97
des % arrêts et ordonnances du sieur de Roquelaure, pour
l'entière exécution desquels il aurait prié des parents, amis,
seigneurs et gentilshommes de se vouloir rendre en ce lieu
avec leurs amis, gendarmes et autres gens de guerre armés,
chacun suivant sa qualité, ce que partie ont fait et notam-
ment : M. Rogier de Cheverry^ sieur de La Reolle, accom-
pagné du sieur du Vivier, son frère, et 25 gentilshommes ou
gendarmes et 100 arquebusiers, le sieur de Jalenques,
accompagné de 20 gentilshommes et de 100 arquebusiers,
les sieurs de Gibersac et de Sauveterre, assistés de 30
gentilshommes et gendarmes et de 80 arquebusiers ; le sieur
de Coutures, accompagné de 12 gentilshommes ou gendar-
mes et de 50 arquebusiers ; le sieur de Rougier, accom-
pagné de 10 gentilshommes ou gendarmes et de 60 arque-
busiers ; le sieur d'Arconques, accompagné de 8 gentils-
hommes et autres gens à cheval ; le capitaine de Malgasc,
de la ville de Castelsarrasin, accompagné de 30 arquebu-
siers ; les sieurs de Lachapelle, de Pauliac, le vicomte de
Paulin, aussi accompagnés de 10 gendarmes ; les sieurs de
Favols, de Catus, Fontanges, les sieurs du Castera, de
Pelois, Favas, Brobert, de Capelette, les sieurs de Teulet
et de Lavales, gentilshommes de la suite de M. le comte de
Carmaing ; les sieurs de Melonnes, de Gironde, son frère,
deux commissaires d'artillerie et deux canonniers, et que de
plus, le sieur de Mauvoisin ayant prié le sieur de Rotondy,
de Castelsarrasin, de s'en venir avec ses amis pour l'eflfet
susdit, il aurait fait avancer le sieur de Laboyssière, son
frère, avec 25 arquebuziers et icelluy de Rotondy, venant
en ce lieu, accompagné de 7 à 8 gendarmes passant la rivière
de Garonne au port appelé de Mansou pour se rendre au
lieu de la Pointe où estoit la pièce de canon, il se seroit
mis avec Antoine de Puch, sieur Martin, bourgeois de la
dite ville et autres deux de sa suite et croit le dit sieur de
Mauvoisin avoir en nombre avec ce que est de son costé
Digitized by
Google
98 COMMENT s'exécutait IJN ARRÊT DE JUSTICE
400 arquebuziers et jusques 120 maîtres et plus, ce qui fait
en tout le nombre de plus de 500 hommes. »
C'était une véritable armée qui allait se mesurer avec les
pauvres sires d'Hautcastels et leurs quelques partisans réfu-
giés derrière leurs fortifications. C'était sans doute aussi
une partie de plaisir pour tous ces gentilshommes partisans
des Mauvoisins qui n'étaient pas fâchés d'aller faire une
petite expédition contre d'autres gentilshommes, histoire de
s'entretenir la main.
Mauvoisin ayant passé sa troupe en revue, distribua à
chaque soldat une livre 12 de poudre, 22 balles et des cannes
de mèche, distribution dont le procès-verbal fit mention
contre-signée par les gentilshommes présents.
Pendant ce temps le sire d'Hautcastel et sa femme devaient
faire d'amères réflexions ; ils n'avaient pas sans doute pensé
à un tel déploiement de force et la gravité et le péril de
leur situation ne laissait pas que de leur causer des angoisses.
Néanmoins, ils résolurent de résister et prirent leurs dis-
positions en conséquence.
Pendant la journée du 16, la troupe assiégeante avait
examiné le terrain, pris ses quartiers ; le lieutenant du
roi s'était logé au château d'Hautcastel.
Laissons la parole au dit lieutenant qui va nous raconter
le mémorable siège :
€ Le sieur de Saint-Urcisse, frère du sieur de Hautcastel,
était dans une métairie appelée La Borde-Basse (alors que
d'ordinaire il habitait Loubejac), depuis le 13 du mois de
février et où il s'était fortifié, avec une grande assemblée de
gens do guerre et fait faire autour d'icelle force barricades.
Lesquels gens de guerre tiraient journellement des mous-
quetades ou arquebusades et couraient sur les passants
sous prétexte qu'ils les disaient être gens du dit sieur de
Mauvoisin, au moyen de quoy, ils descandalisent, espou-.
vantent et troublent le pays de voyes et fassons de fere
illicites >.
Digitized by
Google
AU xvn^ sièclf: qc)
Aussi le lieutenant du roy, toujours respectueux des for-
mes juridiques, pria-t-ilM. Etienne Fraysse, praticien, et
M. Isaac, de Cahors, M^ apothicaire, consuls de Lauzerte
(en l'absence des autres consuls), de venir lui prêter main
forte ; avec eux il s'achemina vers la métairie pour sommer
les délinquants de se rendre ; mais arrivés à une arquebu-
zade les consuls déclarèrent qu'il n'était pas bon que le
lieutenant du roy les accompagnât, qu'ils iraient seuls parler
au sieur de Saint-Urcisse.
Celui-ci leur fit la déclaration suivante : c Les consuls
lui avaient fait un extrême plaisir de n'avoir point amené
avec eux le lieutenant ; s'il y fust venu il s'en fust terminé
mal. Il n'avait à faire d'aller lui parler et lui faire aucun
commandement, ni injonction, ni autres choses ; s'il était
assez osé d'y aller il l'en ferait [repentir]. »
A la vue du lieutenant, le sieur de Saint-Urcisse avait
même paru à côté de la métairie, en compagnie de plusieurs
gens de guerre armés d'arquebuse ou mousquets, et le regar-
dait pendant que les consuls lui transmettaient sa réponse.
Voyant ces dispositions belliqueuses, le lieutenant et les .
consuls se retirèrent, « bien que le dit Saint-Urcisse ait
assuré et promis que quoique il fût assisté de plusieurs de
ses amis et domestiques au nombre de 15, néanmoins il ne
se mettait en aucune sorte en debvoir pour empêcher l'exé-
cution de l'arrest, et qu'il n'estoit audit lieu que pour la
conservation de ladite métairie afin que les soldats n'y allas-
sent loger. »
Malgré ces bonnes paroles, le lieutenant commença le
siège. « Avons fait rouller, dit-il, et conduire un canon
appelé Courtaud, tirant la balle de 14 livres et autres deux
pièces de campagne tirant les balles d'environ 4 et 5 livres,
droit au dit fort de Lavalette, et estant près et environ à
une mousquetade dudit lieu, nous avons fait commande-
ment au dit sieur et dame d'Hautcastels d'obéir au rçy et à
Digitized by
Google- .
lOO COMMENT s' EXECUTAIT UN ARRET DE JUSTICE
sa justice et de se rendre entre ses mains, en toute assu-
rance, pour être menés en la conciergerie et respondre à ce
que la cour ordonneroit. »
Cette proposition peu engageante pour les rebelles fut
assez mal accueillie. Protégés par leurs fossés, palissades,
casemates, fortifications passagères et autres, les assiégés
répondirent par une salve de coups de mousquet et d'arqué-
buze qui eut pqur premier résultat de blesser un soldat,
Jean Cavalier, de la suite du sieur de Rougier, habitant de
Penne. Le malheureux, frappé au ventre fut tué ainsi qu'un
autre nommé Pierre Touzet, de Terride, de la suite du sieur
de Courtine, qui reçut un coup de mousquet à Téchine et
mourut la nuit suivante.
On mit alors les canons en batterie ainsi que les « man-
tellets et autres, engins de guerre », mais comme la journée
était avancée on remit encore au lendemain le commence-
ment du siège.
Le i8, au matin, le lieutenant essaya encore une dernière
tentative. Accompagné d'un trompette il alla sommer les
sieurs d'Hautcastels de se rendre ; mais cette ouverture fut
comme les autres accueillie par des coups de mousquet.
Aussi pendant toute la journée la métairie fut bombardée
par le canon, mais sans grand résultat.
4r Et advenant le 19 du même mois, voyant que le sieur
et dame d'Hautcastel, persistans dans leur rébellion et malice
disant par manière de mocquerie telles et semblables paro-
les : « Tiro et tourno çargua, lou pagaras qu'aouren secours >
et faisant battre un tambour et tirer plusieurs coups de
mousquetades et arquebusades » le lieutenant fit de nou-
veau et de plus près mettre en batterie son artillerie.
Se voyant près d'être perdus, les époux d'Hautcastel et
leurs amis s'esquivèrent par une porte dérobée et allèrent
se réfugier à la Borde-Basse où était leur cousin de Saint-
Urcisse. Les assiégeants s'en étant aperçus se mirent à leur
Digitized by
Google
AU XVII* SIÈCLE lOI
poursuite et arrivèrent jusqu'à 300 pas de la métairie, mais
ils furent reçus par plusieurs coups d'arquebuses dont l'un
atteignit noble Jacques de Voisins, sieur de Saint-Michel. Ce
malheureux avait reçu une balle dans la tête au-dessus de
l'œil gauche et une autre dans la bouche. Celle de Toeil lui
avait fait une énorme plaie par où sa cervelle s'échappait.
Les assiégés en furie coururent sur le blessé et lui coupè-
rent la gorge et le lardèrent de coups d'épée et de halle-
barde lui volant deux pistolets, son épée, son casque et sa
cuirasse et rentrèrent dans la métairie ou se trouvaient déjà
les sieurs de Saint-Urcisse, les sieurs de Sainte-Livrade et
le chevalier frère du sieur d'Hautcastel.
Ce que voyant, le lieutenant rentra précipitammeht àLau-
zerte pour sommer les consuls de venir lui « prêter main-
forte, faveur et assistance et servir de témoins oculaires dans
l'exécution de sa commission, à peine de 10.000 1. d'amende
et d'être déclarés rebelles à sa majesté et à sa justice » .
Les consuls répondirent qu'ils n'osaient aller avec lui «de
tant qu'ils croyaient qu'il leur serait tiré tant par les dits
complices d'Hautcastels que par les soldats de Saint-
Urcisse. >
Le pauvre lieutenant, navré de cette réponse peu coura-
geuse, revint àHautcastel où pendant ce temps Mauvoisin et
des amis communs des deux partis, entr'autres M. de Cabriè-
res, beau-fils de M. de Thémines, avaient négocié une capi-
tulation au moyen de laquelle la dame d'Hautcastel et le
meurtrier de M. de Gensac (M. de Voisins) seraient remis
entre les mains du lieutenant pour être conduits et menés
en la conciergerie du Parlement à Bordeaux et que le sieur
d'Hautcastel serait conduit à M. de Roquelaure. M. de
Saint-Urcisse et les autres gentilshommes et soldats s'en
iraient pour l'exécution de la capitulation.
On trouva le sieur d'Hautcastel malade dans la métairie.
Les autres prisonniers furent conduits au nombre de cinq
Digitized by
Google
102 COMMENT S EXECUTAIT UN ARRET DE JUSTICE
dans le château d'Hautcastel ; mais l'un d'eux parvint à
s'échapper.
Le sieur d'Hautcastels fut remis aux consuls de Lauzerte,
et conformément aux termes de la capitulation y resta trois
semaines, puis fut conduit à M. de Roquelaure. Sa femme
avait demandé qu'on ne la séparât pas de son mari et qu'on
les conduisit tous deux au château de Mauvoisin pour y
traiter de leurs différents avec sa belle-sœur, espérant que
celle-ci lui procurerait un arrangement, bien que plaidant
l'une contre l'autre. Après la guérison de d'Hautcastel,
celui-ci serait conduit au duc de Roquelaure. Hautcastel et
sa femme furent amenés le 24 au château de Marmande,
mais là également les consuls du lieu prièrent le lieutenant
de les laisser conduire à Mauvoisin, ce qui leur fut accordé.
Les palissades et autres fortifications de Lavalette furent
démolies par ordre du lieutenant du roi.
Le seigneur d'Hautcastel, une fois gucri, fut transféré
à Bordeaux, jugé et condamné à mort.
Le cardinal de Sourdis, ami de la famille, s'interposa
auprès de Louis XIII. Antoine de Castanier ne fut point
exécuté ; il réussit même à s'évader, nous dit M. Tabbé
Taillefer dans sa monographie de Lauzerte. Seulement notre
confrère l'appelle René alors que nous avons vu qu'il s'agis-
sait d'Antoine.
Cette affaire devait avoir un épilogue: En 1645,1e 19 août,
il y avait un procès au Parlement entre Messire Antoine II
du Castaigner, chevalier seigneur et baron de Loubejac et
dame Marguerite de Ferrand, dame de Mauvoisin, épouse
de Messire Hector d'Escodeca de Boisse, chevalier mestre
de camp d'un régiment d'infanterie servant le roi en Cata-
logne, tant en son nom que comme héritier sous bénéfice
d'inventaire de feu Antoinette du Faur, dame de Mauvoisin.
Antoine de Castaigner II était fils d'autre Antoine I, sei-
gneur des mêmes lieux et de Françoise de Felzins, lequel
Digitized by
Google
AU XVII* SIECLE lo3
fut marié par contrats du i8 décembre 1592 et 18 septem-
bre 1601, et petit-fils d'Aimeric de Castagnier qui testa le
26 août 1586.
Antoine II n'était pas héritier de son père, mort avec des
dettes, dont celle de Madame de Mauvoisin, mais il avait été
substitué directement aux biens de son aïeul ; par consé-
quent ses biens ne pouvaient être saisis et d'ailleurs la sai-
sine était nulle, ledit sieur de Castagnier I étant mort civi-
lement.
A cette époque Anne d'Astorg était veuve d'Annet de
Castagnier, sieur de Saint-Urcisse.
Par suite de la présente transaction il est convenu que
la terre et seigneurie d'Hautcastel sera acquise irrévoca-
blement à la dite dame d'Hautcastel avec ses appartenances
et dépendances à la charge par ledit Antoine de Castagnier
de se faire payer des héritiers de Saint-Urcisse, 10.000 1.
que ceux-ci devaient à la dame de Mauvoisin et celle-ci lui
délaisse en outre les métairies de Sabatier.
Cet acte fut passé à Bordeaux étant médiateurs : Pierre
de Lamothe, Lambert, seigneur des Rouets, Pierre de Bri-
nac, seigneur de Castels ; Gabriel de Ferrand, sieur de
Montastruc et de Bellegarde. Dupeyrou et Savignac, notai-
res, 9 août 1645. Il mit fin à cette dramatique querelle,
qui avait duré 33 ans et donné lieu à tant de péripéties.
Une réflexion s'impose en terminant le récit de cet épi-
sode, c'est que l'amour des procès a été depuis longtemps
l'apouage de notre race et que pour une misérable question
d'argent on ne s'arrêtait pas devant les violences les plus
désastreuses.
Digitized by
Google
LIVRÉES CONSULAIRES
M. l'Abbé FiRMiN GALABERT
Membre de la Société
Comme, pour être bien remplie, toute charge a besoin
d'un insigne ou marque d'honneur, les consuls furent dotés
d'un insigne distinctif, qui était une robe longue et un cha-
peron. C'est ainsi qu'on voit représentés les quatre consuls
de Beaumont dans la miniature qui orne le Livre juratoire^
publié naguère sous les auspices de notre Société.
Robe et chaperon étaient mi-partie rouge et noir, sauf
les nuances qu'admettent ces deux couleurs : le noir dégé-
nérait quelquefois en bruneta ou brun noir ; ainsi à Séri-
gnaç du Brulhois en 1503. A cette date les consuls Arnaud
Drulhet et Bernard Castaing demandèrent d'avoir, comme
les consuls de Laplume, Caudecpste, Layrac et Montesquieu
chapperons entaylhés la moitié de drap rouge et Vautre
ntoytié de drap de brunete (i). A Caussade la robe et le cha-
peron étaient mi-parti écarlate et noir (2).
Le 30 novembre 1586 le consuls de Dieupentale employè-
rent pour leur livrée 6 palms drap rouge, 6 palms drap
noir et 3 canes drap biiiet qui coûtèrent 12 écus 5 sols
tournois.
(1) Archivés des Basses- Pyrénées, E 286,
(2) F. Gplabçrî çt J-, Poscys. La Ville de Caussade (T.-et-G.)^ p. 206,
Digitized by
Google
UVREKS CONSULAIRES I o5
 la même date les 3 consuls de Launac devaient à des
marchands de Grenade, 3 écus sol un tiers, pour 3 canes
drap limestre et migrene (i).
C'est en costume que les consuls recevaient les princes
et les grands personnages venant visiter leurs Villes. Quand
Charles IX vint à Montauban le 20 mars 1565, les bourgeois
allèrent l'attendre à la limite de la juridiction du côté de
Bressols ; les 6 consuls vestus de leurs robes et chapairons
consulaires Vattendaiént à l'extrémité du faubourg Toulou-
sain, pour le recepvoir avec un paille qu'ils avoient faict
faire ^ court et entouré de velours bleu, semé de fleurs de lys
d'or avec une crespine à Ventour de soye blanche, bleue et
incarnade; auquel baillèrent les clefs communes et ordinaires
en signe de recognoissance et obeyssance (2).
Les insignes étaient sensiblement les mêmes dans toutes
les communautés. Les consuls de Campsas n'avaient de dif-
férence avec ceux de Finhan, Monbéqui et Bourret que
dans la beca ou guleron (2 d'écembre 1395). Item lor dona
et autreja lo et setihor de Territa alsd habitans de Camsas\
que los cossols del dich lôc de horàs en avant puesquan et
lor sia licite de porta caperos de mech partit am la liureyd
de roge et nègre, am serta differensa al cap de la heca des
caperos, coma fan los cossols de Finha, de Monbéqui he de
Borret (3).
C'était la ville ou la communauté qui faisait aux consuls
les frais dé la livrée. La ville de Beaumont accordait à ses
4 consuls la somme de 2O0 livres pour le port de robe ;
dans les années de rhisère cette sommé était réduite à 10
(i) Minutes de Jean Algayrès, not. de Grenade, f«* 534 et 536, chea
M'" Coderch, not. de Grenade-sur-Garonne.
V
(2) Lebret, Histoire de Montauban, par Marceilin et Ruck, 11, 37a.
(3) Notes de M. F. Moulenq. prises dans Aymeric d€ Porta, not. de
Montauban.
Digitized by
Google
lo6 LIVREES CONSULAIRES
livres par consul, plus 4 livres pour un flambeau qu'ils por-
taient aux processions (i).
Le costume ou livrée devenait la propriété des consuls ;
si plus tard le sort des élections les rappelait au consulat, la
ville leur accordait, quand c'était nécessaire, une indemnité
pour faire arranger ou réparer les robes reçues dès leur pre-
mière magistrature (2).
Dans l'exercice de leurs fonctions les consuls portaient
le chaperon sur le col, comme nos maires et officiers de
police portent l'écharpe à la ceinture ; ainsi à Grenade celui
qui allait requérir le juge de prendre le serment des consuls
entrant en charge, portait le chaperon sur l'épaule (3).
Dans les campagnes les consuls semblent n'avoir porté,
longtemps du moins, que le chaperon. Que le motif de cette
carence fût pris de l'économie ou de la crainte de traîner
la robe dans la boue, il est sûr que nous n'avons pas trouvé
mention de robe. C'est seulement le chaperon qui est men-
tionné dans la concession de décembre 1395, faite par Ber-
trand, seigneur de Terride, Bourret et Campsas, où il con-
firma aux consuls de ce dernier lieu la permission de porter
chaperons mi-parti rouges et noirs, semblables à ceux des
consuls de Finhan, Monbéqui et Bourret.
Cependant les villes, même d'importance secondaire,
comme nos chefs-lieux de canton, valaient à leurs consuls
le pouvoir de porter les robes. C'est ainsi que le 31 mai 1480,
Gaston de Foix, comte de Lavaur, vicomte de Castillon,
Lomagne et Auvillar, seigneur de Terrebasse d'Albigeois et
du pays Castrais, permit aux consuls d'Auvillar de porter
chaperons, robes et autres insignes {4).
{ I) Livre juratoire de BeaumoiU-de- Lomagne^ déjà cité, xxxvi.
(2) Idem, XXXVI.
(3) Arch. de Grenade- sur-Garonne. Délibérations communales^ ' 7-^4»
{4) Arch. de Tarn-et-Garonne. Rei;. d'Ayn^eric de Porta, not. de Mon-
tauban.
Digitized by
Google
LIVREES CONSULAIRES I 07
De même au mois de mars 1484, par lettres datées à
Evreux, le roi accorda aux consuls de Lauzerte le droit de
porter chaperons et robes mi-parti rouge et noir, comme
les villes voisines (i).
Le chaperon et les livrées consulaires furent accordés
aux consuls de Montricoux en 161 8, par le duc de Sully, à
qui la terre avait été adjugée Tannée précédente d'autorité
du prévôt de Paris (2).
On voit par ces diverses citations que le roi» dans son
domaine et dans ses bonnes villes, les seigneurs dans leurs
terres pouvaient accorder le droit de livrée. Cependant la
permission expirait à la mort du seigneur ; il fallait adres-
ser une supplique au nouveau seigneur. C'est pour cela que
le 18 avril 1492 les consuls de Monbéqui, Finhan et Bourret
qui avaient joui déjà du droit de livrée, en renouvelaient
la demande, comme les habitants de Campsas, à leur nou-
veau seigneur Odon de Lomagne, baron de Terride : que
los cossols del dich loc de horas en avant poscan et lor sia
licite de portar capayros de meg partit am la liureia de roge
et negre^ am certa differensa al cap de la beca deh capayros,
coma fan los cossols de Finlia he de Monbéqui he de Borret (3 ) .
Nous avons vu les habitants d'Auvillar recevoir le droit
de livrée consulaire de Gaston de Foix, leur seigneur, en
1480 ; néanmoins le 15 juin 1501, Catherine de Foix, com-
tesse d'Armagnac et de Rodez, vicomtesse de Lomagne et
d'Auvillar, confirma la concession faite par ses prédéces-
seurs ; de plus elle autorisa les consuls à doubler les robes
et les chaperons d'étoffe de couleur convenable, mais sem-
blable pour tous (4).
(1) Arch. de Lauzerte AA i. Taillefer, Lauzerte, p. i65.
(2) Devais aîné, Montricoux , broch. 42 p. Extrait des Mémoires de
l'Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse, 1864.
(3) Minutes d'Aymeric de Porta, déjà cité.
(41 Communique par M. Bladé à M. F. Moulenq.
Digitized by
Google
loS LIVRÉES COiNSULAlRES
Quand la seigneurie d'un lieu était partagée entre plu-
sieurs co-seigneurs, la permission de porter livrée devait
être sollicitée de chacun d'entr'eux. Les consuls de Gargan-
villar avaient demandé en 1501 à Odon de Lomagne, baron
de Terride, leur seigneur, le droit de livrée (i) ; cependant
le 21 juillet 1563 les consuls du même lieu demandèrent à
George, cardinal d'Armagnac, seigneur de Belleperche, la
permission de porter chaperon et livrée consulaire ; celui-ci
leur accorda ce droit à condition d'obtenir semblable per-
mission du baron de Terride, seigneur paréager. La per-
mission fut en effet donnée par Antoine de Lomagne, celui
que l'histoire nomme Terride tout court, le i" septem-
bre 1563 (2).
Pour aussi simple que fût la livrée, elle n'était guère
séante à des manants mal habillés, aussi voyons-nous Ber-
nard-Jourdain de risle exiger des consuls de ses terres un
costume convenable quand ils revêtiraient la livrée. En
effet, le l«r février 1507, les trois consuls d'Aucamville,
assistés de quatre conseillers et les consuls de Merville,
s'étant présentés devant lui au château de La Mothe, deman-
dant qu'il leur fût permis de porter chaperons mi-partis
rouge et noir à l'exemple des consuls de Grenade ; ils
avouèrent ne poursuivre cette distinction honorifique que
pour faire mieux respecter leurs ordonnances et augmenter
leur prestige dans la perception des deniers royaux. Le
seigneur agréa la demande et, tout en se réservant les droits
de justice, il exigea que lorsque les consuls porteraient leurs
insignes dans l'exercice de leurs fonctions, ils eussent soin
de ne porter ni capes (comme les portent encore les monta-
gnards de Massât, Ariège), ni sabots, ni guêtres qui étaient
le costume de la classe pauvre, capas, galopodia fusiea^
(i) Arch. de la Société Archéologique. Noies Moulenq, 11, p. 35.
(2) Idem.
Digitized by
Google
LIVREES CONSULAIRES IO9
garamachias y mais qu'ils eussent un costume convenable
et des souliers, sed habeant vestem honestam^ galiguam et
sotulares (i),
(i) Arch. du château de Merville Cartulaire de la Seigneurie.
Il y a quarante ans environ, en visitant ce qui reste des
Archives municipales, à la mairie de Piquecos, j'ai trouvé
dans le fond d'une armoire un chapeau de consul, en étoffe,
de laine rouge et noire ; depuis je l'ai recherché en vain,
il avait disparu malgré les recommandations faites.
F. P.
1908 10
Digitized by
Google
LE
Registre du Maximum
DE LA
comm:unb de larrazet
M. J. DONAT
La petite commune de Larrazet, dans le canton de Beau-
mont-de-Lomagne fut, jusqu'à la Révolution, une dépen-
dance de l'abbaye de Belleperche.
Après la création des départements (15 janvier 1790), le
territoire de Larrazet fut placé dans le département de
Haute-Garonne ; il appartint au district de Grenade et au
canton de Beaumont. '
Les archives que possède sa mairie ne sont pas anté-
rieures au commencement du XVIII® siècle. L'explication
s'en trouve dans un procès- verbal du 10 frimaire an II,
établissant que les titres et documents féodaux furent brûlés
publiquement sur la « place d'Armes > (i).
Les actes que renferment ces archives concernant la
période révolutionnaire méritent de fixer l'attention. Ils
(i) Registre des délibérations du Conseil général de la commune,
commencé le 28 août 1793.
Digitized by
Google
LE REGISTRE DU MAXIMUM DK h\ COMMUNE DE LARRAZET I I I
nous montrent, avec la grandeur et la violence du mouve-
ment, la pénétration rapide des idées révolutionnaires jus-
que dans les coins les plus reculés de nos campagnes.
Il est seulement regrettable que ces précieux documents
se trouvent dans un état de déplorable abandon. Négligem-
ment relégués sur d'inaccessibles étagères, ils sont recou-
verts d'une épaisse couche de poussière qui est loin de cons-
tituer pour eux une enveloppe protectrice.
J'en établis, il y a quelques années, pendant un court
séjour, un classement rapide par ordre chronologique. Ce
ne fut pas sans peine ; plus d'une fois il m'arriva de décou-
vrir un acte de 1793 au milieu d'une liasse de circulaires
du second Empire !
Peut-on dès lors s'étonner d'y trouver des lacérations et
des manquants ? Tel registre des délibérations du conseil
général de la commune a disparu. Et, à la lumière de l'inven-
taire qui en fut fait en l'an VII, on constate combien ces
pertes sont sérieuses et regrettables !
Quoi qu'il en soit, il reste dans la mairie de la petite
commune un fonds important qui peut être consulté avec
fruit et qu'il est bon d'amener au jour.
Je signalerai seulement, pour aujourd'hui, le Registre du
Maximum qui fut établi en vertu d'un arrêté du Comité de
salut public, pour fixer le prix des denrées et des salaires.
Ce document est assez bien conservé et j'en donne plus
loin la copie textuelle.
C'est une sorte de cahier grand format, protégé par une
couverture sur laquelle on lit des inscriptions suggestives,
vraies profession de foi qui ne détonnent ni avec le style ni
avec les idées de l'époque. Voici quelques-unes de ces ins-
criptions :
PREMIÈRE PAGE DE LA COUVERTURE
— « Gouvernement révolutionnaire, gouvernement révo-
Digitized by
Google
112 LE REGISTRE DU MAXIMUM
lutionnaire jusqu'à la paix >, en belle écriture haute et
nette.
Cette formule est entourée de la signature plusieurs fois
répétée du citoyen Monastès, secrétaire de la commune,
géomètre, qui, à en juger par les diverses pièces des archi-
ves, fut un des chefs les plus influents du parti révolution-
naire de Larrazet.
DEUXIÈME PAGE DE LA COUVERTURE
— « Vivre libre ou mourir > .
— f Unité et indivisibilité de la République » .
— « Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort ».
— « Guerre aux despotes, paix aux peuples ».
— « Le peuple français reconnaît l'être supprême et
rimortalité de Tâme ».
— « Vive la République, vive la Montagne et vive (sic)
nos représentants ».
Aux quatre coins et en travers de la page s'étale encore,
nette et ferme, la signature de Monastès.
Au bas de la même page, la date : c A Larrazet, dans la
maison commune, le 5™® thermidor, 2® année républicaine
et démocratique, 23 juillet ».
TROISIÈME PAGE DE LA COUVERTURE
— f Mort aux (?) (i), paix aux peuples. »
— « Jugement du tribunal révolutionnaire de Paris qui
condamne à la peine de mort 68 conspirateurs du nombre
desquels se trouve Pierre Guiringaud (2), natif de Castel-
sarrasin, comme étant du nombre des conspirateurs. >
« Il faut tout sacrifier pour l'aventage de la République,
(.) Le mot tyrans a dû être oublié.
(•/) Guiringaud avait été président du district de Grenade.
Digitized by
Google
DE LA COMMUNE DE LARRAZET I I 3
et nous verrons avec entousiasme que sa ira et sa ira. Vive
à jamais la République, que celui qui y voudrait porter
atteinte soit passé sur l'instant sous le glaive de la Loy.
Vive à jamais la Montagne.
« A Larrazet, le 5« thermidor, 2« année républiquaine et
démocratique ».
Signé : Monastès.
QUATRIÈME PAGE DE LA COUVERTURE
« Monastès, de Larrazet, secrétaire de la commune ditte.
« Guerre aux Tirans, Paix au peuple. Périssent tous les
esclaves qui tanteraient d'avoir la guerre avec la France >.
Voici maintenant la copie dudit registre. (Le texte et
l'orthographe en sont scrupuleusement respectés).
« Maximum du prix des journées, de celui du transport
de récolte, de la location journalière des animaux, voiture
et instruments et outils oratoires (sic) ou autres, fait et
arrêté par le Conseil général de la commune de Larrazet,
le premier messidor an deux de la République française
une et indivisible en exécution de l'arrêté du Comité de
salut public du onze prairial dernier *.
Une journée de laboureur 4 1. lo s.
Ou autrement trente-cinq sols la journée en
terrefort, cy i 1. 15 s.
Et dans la boulbène il.
Journée des brassiers et travailleurs de terre. . I 1.
Pendant les mois de brumaire, frimaire et nivôse . o 1. 1 5 s.
Journée de charpantiers et maçons i 1. 10 s.
Aux faucheurs des preds 2 1.
Ou par poignerée (i) il. 4 s.
(i) La poignerée représente à Larrazet une contenance d*environ
10 ares 64.
Digitized by
Google
114 ^^ REGISTRE DU MAXIMUM
Journées de femmes o 1. 12 s.
Les femmes et enfants aux mois de brumaire,
frimaire et nivôse o l. 9 s.
Prix des transports des récoltes de Textrémité de
la commune au centre pour un voyage avec
charrette et bœuf 2 l. 10 s.
Du milieu du territoire au centre i l. lo s.
Et dans une distance moins éloignée il.
La même gradation sera observée pour le transport des
chaumes et foins et de la vendange.
Nota, — On n*a pas fixé le pris du loyer des instruments
servant aux travaux de la campagne parce que chaque
ouvrier a ceux qui luy sont nécessaires et que dans le cas
contraire ils se les prétoint mutuellement et très volontiers.
La journée pour couper les grains, serrer les gerbes et
les batre demurent fixées dans le cas ou Ton n'aura pas fait
de conventions en grains, savoir :
Pour les hommes 2 1.
Et pour les femmes 1 1. 10 s.
Journée de laboureur 4 l. 10 s.
Autrement trente sols la poignerée i 1. 10 s.
FAÇON DES TOILES
Bot ( i) la canne de huit pans (2) o l. Os.
E-palmette (3) de cinq par moins au quart. . . o 1. 9 s.
B inné commune (4) o 1. 12 s.
Brinne première qualité o 1. |3 s.
(i) Li bot était un tissu grossier cii lin et cot^n dont on faisait
souvent des vêtements.
(2) La longueur de Li canne était d'eiviron i m. 80.
(3) L'espalmette était plus fine que le bot, mais plus grossière que la
toile ordinaire.
(4) La filasse fine.
Digitized by
Google
DE LA COMMUNE DE LARRAZET I I 5
FASSON DES ENTRELIS
Bot la canne o l. i8 s.
Trelis de palmette, la canne o 1. 15 s.
Trelis de brinne, la canne il. 4 s.
Trelis pour cotte, tirant cinq cannes en grossier
d'espalmette 6 1.
Trelis pour cotte, tirant cinq cannes en grossier
d'espalmette, première qualité 9 1.
Garniment de lit de bot o 1. 18 s.
Id. à carraux o 1. 18 s.
FASSON DES MOUCHOIRS
Mouchoirs de quatre pans de fil de lin o 1. 18 s.
Mouchoirs de trois pans et demy o 1. 15 s.
FASSON DU BASIN
Basin rayé i 1. 10 s.
Basin toille de coton o 1. 18 s.
JOURNÉE POUR FAUCHER LES PRÉS
La journée 2 1.
La poignerée il. 4 s.
RÉPARATION ET ÉGUISAGE DES OUTILS ARATOIRES ET AUTRES
NÉCESSAIRES A LA CULTURE
Pour chausser la pioche chez le forgeron comme une journée
d'un ouvrier il.
Pour éguiser les dites pioches cl. i s. 6 d.
Pour éguiser les bêches cl. 3 s.
Pour les fers de chevaux :
Un grand fer de cheval o 1. 18 s.
Id un petit o 1. 15 s.
Jd. d'annesse o 1. 12 s.
Digitized by
Google
Il6 LE REGISTRE DU MAXIMUM
LA FASSON DE FAIRE LA BARBE CHEZ LE CHIRURGIEN ET AUTRES
CHOSES QUI REGARDENT LA CHIRURGIE
Chaque barbe - o 1. i s. 6 d.
Une saignée au bras o 1. 7 s. 6 d.
Une saignée au pied o 1. 1 5 s.
Une saignée au cou o 1. 15 s.
Pour les accouchemens 6 1.
A la sage-femme 2 1.
FASSON DES COUTURIÈRES
Fasson d'une chemise d'home o 1. 12s.
Fasson d'une chemise de femme cl. 9s.
FASSON DES SERCLES
Fasson d'une mule de sercles cl. 6s.
Fasson d'une mule de sercles petits o 1. 6 s.
FASSON DES CHATREURS
Pour châtrer le cochon cl. 7 s. 6 d.
Id. les chevaux 4 1. 10 s.
Id. les moutons cl. i s.
Id. les braux (i) o 1. 15 s.
FASSON POUR LES FAISEURS D'ARNOlS ARATOIRES
Pour un haray (2) 2 1. 5 s.
Pour un joug de bœufs 2 1.
Pour une manègue (3) cl. 7 s. 6 d.
Uiiè mousse o 1, 10 s.
POUR LE CHARRON
Pour faire un lit de charrette (nourri). ... 4 1. 10 s.
Sans nourriture 6 1.
Pour un essieu , o 1. 15 s.
(i) Les taureaux.
(2) Une charrue.
(3) Mancheron de charrue.
Digitized by
Google
DE LA COMMUNR DE LARRAZET II7
FASSON DU ÏUILLE CRU
Le cent sera payé il. 4 s.
Le millier 12 1.
Le barrou 6 1.
FASSON DE BARRIQUES ET COMPORTES
Une barrique 3 1. 10 s.
Une demy-barrique i 1. 15 s.
Une comporte il. 2 s. 6 d.
Sig)ié :
DOMERC, M. ROUSSEL, off. municip.
DOUSTIN, Notaple Gambedouzou, off. municip.
MONASTÈS, S^^ FiLsAC, agent national.
Tels sont les renseignements que nous fournit le reo^istre
du maximum de Larrazet. Il est, certes, bien incomplet. On
peut cependant, en ce qui concerne la progressivité des
salaires depuis plus de cent ans, y puiser d'utiles indica-
tions.
D'autre part, il nous montre, par les détails dans les-
quels il entre, quelle était alors l'importance de certaines
professions exercées par de petits artisans qui n'ont pu
lutter contre la monopolisation industrielle produite au
XIX® siècle par le développement du machinisme.
P. S. — Cet article était déjà composé, lorsque, au cours d'un très
court séjour que j'y ai fait récemment, j'ai découvert dans les archives
de Larrazet une feuille du même registre qui a\ait échappé à mes recher-
ches antérieures, ainsi qu'un « état des objets de première nécessite »
du 20 octobre 179'^. J'en ferai Tobjet d'un nouvel article. J. D.
Digitized by
Google
UN MOT
SUR
La Cathédrale de Palma
ET
L'ILE ENCHANTÉE DE MAJORQUE
M. le Comte Léopold de GIRONDE
Membre de la Société.
Palma, comme Palerme, en Sicile, est dans un des plus
beaux sites de la zone méditerranéenne.
La capitale de Majorque possède un joyau : sa cathédrale.
On peut dire qu'il n'est pas de monument qui tienne mieux
sa place dans le paysage. Quand, du pont du bateau venant
de Barcelone, on voit se dresser très haut à l'horizon, sa
grande masse aux tons de cuivre rouge, soudain sont
oubliées les traîtrises des vagues qui se sont jouées de votre
repos pendant la nuit.
Au-dessous de ce fier profil s'enlevant sur un ciel matinal
où l'émeraude et le saphir doucement se confondent, des
trainées de maisons blanches et jaunes, aux tons très enve-
loppés, déferlent, comme une onde glissante, épousant la
Digitized by
Google
UN MOT SUR LA CATHEDRALE DE PALM A II9
forme du rivage et ne s'arrêtant qu'à la mer d'un bleu in-
tense, pur et profond. C'est une église rectangulaire ; elle
prend rang à côté des plus belles de l'Espagne, ne ressem-
ble, d'ailleurs, ni à la cathédrale de Séville, ni à Burgps, ni
à Tolède, mais plutôt — uniquement en ce qui concerne
son plan — au duonio de Milan.
Ses clochers sont très peu proéminents ; elle est exempte
de ces fantaisies asymétriques et géniales qui donnent à la
plupart de nos belles cathédrales gothiques françaises tant
de personnalité. Quand même, elle est pittoresque et gran-
diose, avec ses lignes perdues dans les jets multipliés de
ses contreforts perpendiculaires terminés tous par de fins
pinacles gothiques. Son caractère dominant est une grande
simplicité. Cette qualité éclate surtout au-dedans. Là, ce
qui vous frappe, avant tout, c'est la grande hardiesse et
sveltesse de ses piliers octogonaux, sans stylobates, ni cha-
piteaux. Comme un bois de grands hêtres, ils s'élancent ;
leur aboutissement, leur frondaison naturelle, c'est la voûte,
une voûte aux nervures saillantes et fines qui leur fait hon*
neur. Ils la portent, suspendue à 45 mètres de hauteur, (la
hauteur de Saint-Pierre, de Rome, à peu près) ; les petites
voûtes légères des bas cotés ne sont pas d'un niveau très
inférieur, en sorte que cet ensemble aérien est plutôt uni
que divisé par les quatorze fûts héroïques sur lesquels il
repose. Une harmonie résulte de la simplicité très caracté-
ristique de cette église ; toute froideur en est bannie, rele-
vée qu'elle est par le piment tout espagnol de ses chapelles
latérales qu'on entrevoit dans l'ombre, riches de leurs reta-
bles en or sculpté et patiné, si éminemment décoratifs.
Le choeur était enclos dans le centre de la nef. On l'a
supprimé et l'église y a gagné en majesté. Une autre réforme
a été moins heureuse : tout au fond de l'abside, dans l'axe
même de l'édifice, est un siège épiscopal en marbre blanc
ciselé ; il se trouvait masqué par un haut retable d'une élé-
Digitized by
Google
120 UN MOT SUR LA CATHÉDRALE DE PALMA
gance suprême, sans colonnes torses, n'ayant plus rien du
style dit espagnol, fait de trois zones superposées de den-
telles gothiques très pures, merveilleusement agencées
entr'elles, avec, à la base, une grande masse de figures
humaines sculptées en un gras, puissant et pittoresque
fouillis.
Cet écran d'or, mis au point par les siècles, était le para-
chèvement de la cathédrale à l'intérieur, le Mihrab catho-
lique vers lequel convergeaient les trois nefs ; au devant
de lui était placé le maitre-autel. Or, voici que, pour être
constamment en vue de l'assemblée des fidèles dans les
cérémonies où il pontifie, l'évêque de Majorque a fait enle-
ver autel et retable. Le premier a été transporté tout en
avant, au premier plan du grand sanctuaire dont il coupe
la profondeur et amoindrit l'effet, le second s'est vu arbi-
trairement appliqué contre la muraille d'un bas-coté.
Immense bibelot, il apparaît là, à une certaine hauteur',
indépendant de son entourage, n'ayant d'autre raison d'être
que de provoquer l'admiration. Pour les chanoines, oppo"
sants platoniques, et pour tous les gens de goût, cette admi-
ration reste mêlée de regrets. O Monseigneur, pourquoi
*avez-vous sacrifié la cathédrale à votre cathedra !...
Edifiée par Jaime (I d'Aragon, au commencement du
XIV« siècle, à la suite d'un vœu qu'il fit, en pleine mer,
alors que sa flotte, venant pour conquérir Majorque, était
menacée d'être engloutie par les flots, cette belle cathé-
drale, éprouvée par un tremblement de terre, eut à subir,
plus tard, dans sa façade, une restauration un peu lourde.
Mais au sud, donnant sur la mer, une belle porte sculptée,
€ portai del mirador >, est restée intacte. Chef d'œuvre
d'élégance sobre, elle a un arc en plein cintre divisé en
trois parties ; les voussures présentent comme une broderie
de petites niches abritant des saints, tandis que des griffes,
des polygones et d'autres menus ornements occupent les
Digitized by
Google
UN MOT SUR LA CATHEDRALE DE PALMA 121
parties supérieures ; un globe triangulaire les domine, sur
le champ uni duquel se combinent avec une grâce char-
mante des entrelacs. Ils ont beau être gothiques, ces entre-
lacs, ils font penser à cet art arabe si fin, si délié, qui a
laissé des traces dans tous les pays où il a passé.
J'ai prononcé le nom de Jacques II. Avant de quitter la
cathédrale, prenons congé de -lui.
Au fond de l'abside, dans une chapelle élevée, est un
sarcophage surmonté d'un sceptre, d'une épée et d'une cou-
ronne royale. Don Alcover, vicaire général, ami de Mon-
seigneur l'évêque de' Perpignan, a bien voulu, à notre
intention, faire introduire une petite clé dans la paroi de
marbre.
Le dessus du sarcorphage a été enlevé et nous avons eu
sous les yeux la momie noire, habillée d'hermine, du pre-
mier roi de Majorque. Le spectacle n'est pas des plus atti-
rants, il est plutôt triste et un peu farouche ; accordons lui
cependant, largement, les circonstances atténuantes : en
somme, le conquistador est là, devant nous : son âme a fui
mais sa dépouille mortelle brave le temps, rivée à sa con-
quête, pour ainsi dire enfermée dans un acte de foi dans
cette cathédrale, fruit de son vœu et devenue son tombeau.
Les vœux que, dans son ardent prosélytisme religieux,
le conquérant avait formés pour son île, paraissent s'être
réalisés au-delà des limites de temps habituelles en ce
monde.
Marjorque est restée, de nos jours encore, immuablement
attachée au catholicisme. A de très rares exceptions près
tous les noms de rue de cette grande ville de 65.000 habi-
tants sont des noms religieux ; ceux de la Ptireza^ del san
Cristo^ de la Pietad^ del ecce Homo^ et toute la litanie des
saints, saintes, bienheureux et bienheureuses, protecteurs
de la cité, d'un métier ou d'une confrérie. Dans nos pays
catholiques du continent, les fidèles, au jour des rameaux,
Digitized by
Google
122 UN MOT SUR L\ CATHEDRALE DE PALMA
décorent d'une discrète brindille de buis, leur bénitier. Les
Palmezans, eux, en masse, balafrent la partie la plus en
évidence de leurs maisons, leurs balcons, leurs miradores^
d'une grande palme qui restera là, toute Tannée. Et c'est
comme le blason des foules, — un blason collectif mille
fois répété, — sur toute la ville de Palma, la bien nommée.
Les insulaires ont gardé leur foi. Grâce à elle, grâce
aussi, il faut le dire, à un très heureux naturel, ils mon-
trent des qualités qui, de nos jours, se font rares : une
honnêteté proverbiale, de la cordialité, de la gaieté. Leur
type, non sans beauté, est assez différent du type espagnol;
ils ont, surtout, beaucoup de physionomie. Dans la cam-
pagne, ils vont au devant de l'étranger, le saluent d'un mot
éclairé, d'un aimable sourire. Vous voyez jusqu'aux petits
soldats (que n'entraîne aucune consigne), esquisser, quand
ils passent auprès de vous, de leurs yeux rieurs et doux,
un vale amical. Enfin, — et ceci, à mon avis, est la suprême
attraction, la perle, — errant dans les plaines de l'île que
couvrent, à perte de vue, sous l'abri de ses belles monta-
gnes, tantôt la gaze blanche de sos amandiers en fleurs,
tantôt la houle de ses oliviers tortus, vieux de plusieurs
siècles et pourtant encore vigoureux, vous rencontrez des
paysans qui chantent. Ils chantent, tandis que leur main
maintient dans la terre rouge le soc de leur charrue trainée
par des mules, et que, sur leur tête, l'alouette leur répond,
fusant dans le ciel bleu.
Puis, dans les bois d'oliviers, ce sont des jeunes filles, des
Mireilles^ accroupies en des poses de Vénus antiques, qui,
de leurs voix fredonnantes et douces, accompagnent la
cueillette du petit fruit noir.
La gaité, fille du boi^heur, est partout. Gravissez les hau-
teurs, dans la région des pins d'Alep, des chênes-verts et
des caroubiers géants, au-dessous des grands rochers épi-
ques qui saillissent de ce velours nuancé et paraissent tout
Digitized by
Google
UN MOT SUR LA. CATHEDRALE DE PALMA 123
soupoudrés de corail rose, vous entendrez encore, glisser
le long des pentes ombragées, les ondes de la voix humaine.
Cette fois, ce sont des pâtres, dont la jeunesse redit,
pour la centième fois, les joies du sol natal, en des stances
rythmées et aériennes ; mélodies simples, en mineur, qui
évoquent encore, après sept cents ans, l'ancêtre arabe
disparu.
Digitized by
Google
Pierres Tombales effigiées
DANS
LE DIOCÈSE DE MONTAUBAN
M, le Chanoine Fernand POTTIER
Président de la Société
La coutume anciennement pratiquée d'ensevelir les fidèles
dans la nef des églises, amena Tusage de dalles de pierre
ou de marbre, parfois de lames de cuivre et d'émaux, voire
même de mosaïques ou de terre cuite, destinées à mar-
quer les tombes sans dépasser le niveau du pavé.
Ce fut là comme la simplification et la réduction de tom-
beaux, en forme de sacorphage, sur lesquels le gisant était
représenté étendu ainsi que sur un lit de parade, sorte
d'exposition continuée du mort sur sa couche funèbre ; le
coussin sur lequel repose la tête est souvent soutenu par
^ des anges thuriféraires, d'autrefois ceux-ci (comme à la
cathédrale de Limoges) soulèvent des rideaux qui ferment
l'édicule et un dais surmonte le monument.
Les églises abbatiales, collégiales et autres ; les cathé-
drales, surtout, reçurent des cénotaphes de ce genre,
offrant une sépulture d'honneur aux fondateurs, aux bien-
Digitized by
Google
Digitized by
Google
Buîlefin Archéologique
aQQneO efO30D tjTvoso
c
PIERRE TOMBALE ÉGUSE DE BEAUMOMT-DE - lOMACNE
oogle
?f Trimestre 1903
MnÛiBWi^C.-afliXCiCiM:*'?»' .c <^{
S&gaH;g^nO:H20Pigfl:IHgSMJ);ftB':
PIERRE TOMBALE DANS LES RVIHE8 DE L'ABBAIE Iffi BELLE-PERCHE
Digitized by
Google
PIERRES TOMBALES EFFIGIÉES 125
%
faiteurs, aux personnages marquants : abbés, évêques, sei-
gneurs, princes et rois.
Laissant de côté ces sépultures monumentales plus que
rares dans notre département (i) et dont la place fut mar-
quée, surtout le long des murs latéraux et dans les déam-
bulatoires comme clôture de chœur, arrêtons-nous aux pla-
tes-tombes gravées.
Elles vinrent à la suite de dalles funéraires ornées de bas-
reliefs, peu accusés le plus souvent, mais dépassant le sol
par leur saillie ou le modelé des personnages représentés et
rendant, dès lors, la circulation difficile (2).
Dès le début du XII^ siècle (3), au XIII^ beaucoup, et
dans la suite, on se contenta de tracer au ciseau ou au burin
l'effigie de la personne ensevelie, entourée de motifs d'archi-
tectures et d'inscriptions (4).
(i) Le Musée lapidaire possède les débris du sarcophage de Jean
d*Auriolle, évêque de Montaubande 1491 à iSiq. Ils proviennent de Tan-
cienne cathédrale détruite dans les guerres de religion. Ce fragment qui
représente sous une arcature renaissance à pilastres et à coquilles Tapôtre
Saint Jean, patron de l'évêque, a été retrouvé sous nos yeux parmi des
déblais faits lors de fouilles entreprises dans la cour de THôtel-de-Ville
(ancien évêché) pour assainir les salles basses, transformées en musée.
Dans l'église de Goudourville (canton de Valence-d'Agen) la table de
communion présente une série d'arcatures gothiques, en pierre, garnies
de statuettes de saints, elle me paraît avoir appartenue à un tombeau
dont elle formait les parois. Nous en avons obtenu le classement parmi
les monuments historiques.
(2) On peut facilement se rendre compte de Taspect offert alors par le
sol de nos églises en France lorsq e l'on visite Téglise de VAra cœîi à
Rome. Dans la nef, les tombes, dont plusieurs en ronde bosse, occupent
toute la surface. Nous y avons relevé" le nom de personnages français
morts dans la ville des Papes.
(3) Dans son bel ouvrage sur les Antiquités et Monuments du départe-
ment de V Aisne, M. Edouard Fleury a démontré que dans cette région
qui, plus que toute autre, avait possédé et garde encore des dalles
gravées, plusieurs remontaient (3« partie, page 259) aux premières
années du XII*" siècle.
(4) Les traits gravés en creux étaient parfois niellés en couleur dessi-
1908 II
Digitized by
Google
12b PIERRES TOMBALES EFFIGIEES
Ce genre de dessin au trait, familier à nos pères qui
l'employaient dans les peintures murales, les émaux, les
vitraux, témoigne, la plus part du temps, d'une réelle
habileté ; la physionomie, l'attitude, la perspective même,
sont souvent rendues avec une grande vérité.
On ne voit pas alors les figures grimaçantes exprimant
les terreurs ou la réalité de la mort par un rictus sinistre,
des têtes décharnées ou des squelettes. Ce réalisme fut œuvre
de la Renaissance. Les visages tout au contraire indiquent
le repos et portent comme un reflet de béatitude.
Trois de ces plates-tombes nous restent, mince épave
échappée à la ruine de nos édifices religieux détruits par
les guerres et les révolutions.
La première en date est celle de Guillaume Gaufridi ou
Jauffre, le douzième et de l'un des plus célèbres abbés
de Belleperche, monastère cistercien, fondé en 1143, dont
les murs de soutènement, baignés par la Garonne, sem-
blent défier le temps (i).
En marbre blanc d'une grande épaisseur, cette plaque
tombale fut, dit le Gallia christiatia^ retrouvée dans les
décombres de l'église après la dévastation de l'abbaye par
les Huguenots en 1572. Les religieux, survivants au mas-
sacre fait par les troupes de Terride, reprirent peu d'années
nant à Paide de plomb ou de mastic brun, rouge ou noir Teffigie et
rinscription.
Ce mode de gravure était observé encore au XVÏI» siècle. Depuis, le
centre de la dalle ne portait que Tépitaphe, une croix, un écu ou un
emblème.
(i) Belleperche est situé non loin de Castelsarrasin ; une station de la
voie ferrée, qui relie cette ville à Beaumont-Je-Lomagne, permet au
voyageur de s'y arrêter. Des bâtiments considérables élevés au XVII*'
siècle sur les restes de l'ancienne abbaye sont encore debout.
Digitized by
Google
DANS LE DIOCK'^F DE MONTAUBAN I27
après, possession de leur monastère, ils relevèrent les
bâtiments renversés et rendirent à la tombe de leur ancien
abbé sa place primitive au pied du maître-autel. De nou-
veau celle-ci disparut du sol lors d'une démolition métho-
dique qui après la Révolution fit, sauf un mur des bas côtés,
disparaître l'église.
Il y a 30 ans, la retrouvant rangée c'ans l'un des corri-
dors des anciens bâtiments, nous en avons obtenu de
M. de Thèze, propriétaire de Belleperche à cette époque, le
don pour la Société archéologique.
Elle prit place, alors, dans notre musée lapidaire et occupe
dans le sol le centre de la salle du Prince Noir.
Comme il dut en être autrefois, elle est encadrée par des
carreaux vernissés, marqués des armes de Jauffre.
Dans des fouilles faites en 1875 nous avons eu la bonne
fortune de retrouver ce carrelage posé encore là même où
s'élevait la belle église abbatiale dont notre abbé pour-
suivit et acheva la construction et à la consécration de
laquelle il convia les fidèles le 7 mai J263 (i).
Guillaume Jauffre eut un abbatiat des plus féconds; après
avoir, pendant plus de 30 ans, gouverné Belleperche il
fut mêlé aux grands événements du royaume. Conseil
de Philippe-le-Hardi, il le suivit à Foix en 1272, octroya
des coutumes et des privilèges et mourut évêque de Bazas
en 1296 (2).
(i) Nous rendions à cette époque, sous l'administration de .M. Isidore
Delbreil, maire de Mcntauban, la salle du Prince noir à son aspect
ancien et ce reste si important du château bâti par les Anglais au XIV«
siècle devenait le Musée lapidaire. C'est grâce à une allocation de mille
francs votée par le conseil municipal, que nous avons pu pratiquer h
Belleperche les fouilles qui nous ont permis de retrouver l'ancien carre-
lage et d'en placer une partie dans la salle sur laquelle fut bâti, au
XVII» siècle, la demeure des évêques, aujourd'hui, encore, Hôtel-de- ville
et bientôt palais des Beaui-Arts.
(2) Il avait été pourvu de ce siège en 1293.
Digitized by
Google
J28 PIERRES TOMBALES EFFIGIÉES
Le marbre qui recouvrait ses cendres, car il voulut reposer
dans son ancienne abbaye, le représente revêtu des orne-
ments pontificaux, ses mains sont couvertes par des gants à
manchettes, sans plaques; de la droite il porte un livre muni
de deux fermoirs et de la gauche il tient la crosse, dont la
volute à crochets se termine par une tête de serpent ; la
mître basse à orfrois est garnie de pierreries, un amict à la
riche bordure laisse le cou dégagé et un pli retombe sur la
chasuble ; celle-ci a la forme ample du moyen-âge ; dans le
bas on voit la dalmatique frangée, et sur l'aube traînante,
une de ces pièces d'orfèvrerie ou de broderie à rinceaux
que Ton désignait sous le nom éeparura o\x paratura.
Les cheveux coupés sur le front de façon à l'encadrer
s'arrondissent épais de chaque côté de la tête ; le visage
allongé est rasé selon la coutume des Cisterciens ; les pau-
pières sont abaissées ; c'est le calme sommeil acquis par
une vie noblement et utilement remplie.
Une arcature à trois lobes, appuyée sur des colonnettes,
est accompagnée de chaque côté des armes de Guillaume
JauflFre. Celles-ci portent une croix pleine et une orle
chargée de 14 besans. Cet écu, nous l'avons dit, est entré
dans la décoration du carrelage vernissé combiné de façon
à former, dans un cercle, une rosace à l'aide de quatre car-
reaux.
Le pied gauche du prélat est seul apparent ; la sandale
pontificale est marquée d'un galon qui la partage dans la
longueur du pied.
L'inscription, gravée entre deux filets, offre quelques
abréviations indiquées par le signe habituel ; une seule
partie, la plus essentielle, il est vrai, est peu lisible par suite
de l'usure du marbre.
Dans Tangle supérieur de gauche elle portait la date de
la mort ; on devait lire 1296 et non 1293 comme cela a été
écrit par erreur. Pourquoi, quand nous ne pouvons voir
Digitized by
Google
DANS LE DIOCÈSE DE MONTAUBAN 1 2q
1293 sur notre pierre tombale, ne pas admettre l'opinion
des auteurs du Gallia Christiana^ confirmée par la série
des évêques de Bazas qui porte sans hésitation 1296.
Voici l'inscription :
ANNO DOMINI, MCC DXXX..., ANTE CINERES,
OBIIT DOMINUS GUILHELMUS GAUFREDI
PETRAGORICENSIS DIŒCESIS ET CASTRI DE GOTA
OLTM ABBAS HUJUS DOMUS
POSTMODUM DEI GRATIA FACTUS EPISCOPUS VASATENSIS
CUJUS ANIMA REQUIESCAt IN PAGE, AMEN.
Une seconde pierre tombale effigiée a été retrouvée par
nous, à Belleperche, lors des fouilles que nous y fîmes. La
partie supérieure manque, l'inscription en bordure formée de
lettres onciales est malheureusement illisible et du person-
nage on ne voit que quelques traits gravés, indiquant le bas
du vêtement qui était une robe ; Técu, du moins, répété qua-
tre fois est très apparent ; il porte une fleur de lis. Telles
furent les armes de Gautier Levert de Clarens, qui gouverna
l'abbaye dans les dernières années du XIII^^ siècle et figure
encore comme abbé en 1317. Il fut enseveli dans le chœur
de l'église abbatiale (Gallia, ch. XIII, col. 263) où 15 lampes
par suite d'une donation de 33 livres tournois, faite par
lui en 1299, brûlaient devant l'autel jour et nuit. Son
sceau, qui le représente revêtu des vêtements pontificaux,
porte, de même que la pierre tombale, un écu à fleur de lis
placé de chaque côté.
Les ruines de Belleperche ont fourni la pierre tombale
d'un autre de ses abbés, Jean III de Cardaillac mort en 1543,
elle était placée dans le sanctuaire du côté de l'épitre et
off*re une longue inscription publiée par nous dans le BuU
letin Archéologique (tome XVI, p. 59), le défunt n'est point
représenté, on voit seulement ses armes timbrées de deux
Digitized by
Google
l3o PIERRES TOMBALES EFFfGtÉES
mitres et de deux crosses, indiquant qu'il avait été abbé
d'Aurillac et de Belleperche. Cette-plate tombe, non entière
fait partie de nos collections au Musée Lapidaire.
La petite ville de Beaumont-de-Lomagne est une bastide
fondée en 1275 par les moines cisterciens de Grandselve, son
église, bel édifice de la seconde période gothique a conservé
la pierre tombale d'un personnage laïque qui fut probable-
ment l'un des bienfaiteurs de l'église (i).
A l'époque de sa mort, 1336, la construction de l'église
se poursuivait, mais les quatre chapelles du chevet
devaient être terminées ; c'est dans l'une d'elles, dédiée
alors à saint Biaise, que Martin Rassi fut enseveli. Cette
chapelle est située au côté gauche du chevet qui est rectan-
gulaire suivant l'usage des cisterciens dont l'influence devait
se faire sentir à Beaumont comme à Grenade, autre bastide
fondée par les religieux de Grandselve.
Sous un arctfilobé appuyé sur colonnettes à chapiteaux est
étendu le personnage portant la barbe et les cheveux longs,
dans l'attitude de la prière ; ses mains sont jointes et les
paupières sont abaissées ; vêtu d'une robe à manches étroi-
tes, il porte, retenu sur l'épaule gauche par trois boutons,
le manteau dit à la royale fort en usage au XIV*^ siècle ; ses
pieds, chaussés à la poulaine, sont appuyés sur un chien
couché. Au-dessus de sa tête nue, un ange reçoit son âme
représ .ntée par un corps humaîn à peine formé et qui se.n-
ble sortir du cerveau.
(I) Le nom de Rassi ne figure p-)int dans les longues listes des pre-
miers habitants de Beaumont, que Ton retrouve dans les pièces consti-
tutives de la nouvelle bastide. Voir le Livre juratoire de Beaumont-dc-
Lomagne, publié par les soins de notre Société, en 1888. (Imprimerie
Forestié.)
Digitized by
Google
DANS LE DIOCÈSE DE MONTAUBAN l3l
On lit rinscription suivante gra\ ée en bordure et tracée
en lettres onciales :
ANNO DOMINI, MCCC XXXVI
DIE MERCURII ANTE FESTUM BI LUGE EVANGELISTE OBIIT
MARTINUS RASSI
CUJUS ANIMA REQUIESCAT IN PAGE, AMEN
Van du seigneur y i }S6y le mercredi avant la fête de saint
LuCy Evangeliste^ est mort Martin Rassi ; que son âme
repose en paix. Ainsi soit-il.
Beaumont; de même que d'autres bastides relevant direc-
tement du Roi, alors même qu'il y eut paréage avec les
fondateurs, attira dès le début des personnes notables parmi
ses habitants ; des fils de famille, cadets de seigneurs, trou-
vaient dans ces villes nouvelles des franchises et remplis-
saient facilement des offices royaux et ou bien dédai-
gnaient point de devenir consuls.
Plusieurs chapelles de l'église de Beaumont furent éle-
vées par ces familles, ajoutées au plan primitif. C'est ainsi
que l'une d'elle dut sa construction aux de Vernhes, gen-
tilshommes venus du Rouergue dès les premières années du
XV« siècle, qui se continuèrent jusqu'après la Révolution.
Joseph de Vernhes était sous Louis XVI conseiller du Roi
pour la ville de Beaumont.
Quelques fragments de dalles mêlés au carrelage actuel
• de l'église sont les seuls témoins, malheureusement restés
muets, de sépultures anciennes.
L'église de Castelferrus, située non loin de Belleperche,
conserve dans le dallage de sa nef, mais changée de place
lors de sa reconstruction assez récente, la pierre tombale delà
femme de l'un de ses seigneurs, Hélin deCardailhac, décédée
Digitized by
Google
l32
PIERRES TOMBALES EFFIGIEES
et ensevelie en même temp.< que son fils, petit enfant, qu'elle
tient par la main et semble présenter aux récompenses
accordées par le juge suprême.
Le dessin qui devait accompagner cette mention nous
manque en ce moment ; nous le donnerons prochainement
avec quelques notes supplémentaires relatives aux sépultu-
res dans nos anciennes églises.
Digitized by
Google
HOTEL DES MONNAIES
A MONTAUBAN
PAR
M. Hhnry de FRANCE
Membre de la Société
Le Bulletin de la Société Archéologique de Tarn-et-
Garonne n'a jamais parlé des divers ateliers qui ont frappé
la monnaie à Montauban.
Il me semble qu'il est bon de dire en quelques mots ce
que nous savons à ce sujet ; et ainsi, peut-être, aurons-nous
l'occasion d'avoir des renseignements plus complets sur
les officiers attachés à ces ateliers, tous étrangers à notre ville.
La trouvaille faite tout récemment dans les notulaires de
Montauban, de deux actes importants qui jettent un jour
complet sur une des périodes les plus obscures de la frappe
des monnaies dans notre ville, nous donne l'organisation de
l'atelier en 1587. En la joignant aux documents déjà publiés
par M. Devais en ses brochures, et par M. Em. Forestié en
ses Ephémérides^ le Bulletin donnera l'ensemble de ce que
nous possédons sur la question, restée dans le mystère si
longtemps.
M. Devais, notre ancien collègue, archiviste et chercheur
infatigable, a publié jadis une brochure intitulée ; Notice
Digitized by
Google
i:>4 UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN
historique sur la Monnaie frappée à Montauban pendant les
Guerres de religion.
Ce sujet qui était jusques-là, resté dans Toubli, fut une
véritable révélation.
Il est fort curieux, même, de constater que nos Consuls
furent très mystérieux toutes les fois qu'ils eurent à s'occu-
per des différentes installations à faire pour ces diverses
frappes de monnaies. Et cependant, chaque fois, ils étaient
couverts par des ordres supérieurs.
Le 14 décembre 1568, Henry, prince de Navarre et Louis
de Bourbon, Prince de Condé, donnèrent mission au sieur
de Rapin, Gouverneur de Montauban, pour frapper de la
Monnaie à Montauban. (Ephémérides, Em. Forestié,fol.27i)
Les Lettres-patentes furent publiées et enregistrées à Mon-
tauban le 5 janvier 1569.
En 1587, Henry, roi de Navarre, donna à M, de Scor-
biac, conseiller au Parlement de Toulouse et chambre de
TEdit, par une lettre du 24 juillet 1587, Tordre de trans-
mettre « commission et pouvoir au sieur Durand de la Sar-
rete, dé Villefranche-de-Rouergue, pour être maistre de la
Monnoie audit flontauban et la battre, et faire battre. >
Cette lettre a été publiée dans le Recueil des lettres missives
du Roy de Navarre et l'original est la propriété de M. le
Baron de Scorbiac, dans ses Archives de famille.
Enfin, en 1628, une troisième fois, on frappa des Mon-
naies à Montauban.
Le 15 juillet 1628, c le Duc de Rohan, chef et général
des Eglises réformées de ce Royaume », donna mission
aux sieurs de Valada, de Du Jau et Bourguet, de faire battre
Monnaie, de nouveau à Montauban, toujours au coin de
France, au titre, poids et alloy observés pour les Monnaies
de Sa Majesté. (EphémérideSy Em. Forestié, fol. 103.)
M. Devais fit insérer sa notice dans le Moniteur de l'Ar-
chéologue (1868, p. 376). Il nous prouve, par des citations,
Digitized by
Google
UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN l35
des délibérations consulaires, que les Consuls de Montau-
ban, au moins en 1628, avaient une grande crainte de se
compromettre en parlant de la Monnaie frappée par ordre
du Duc de Rohan.
La situation, en effet, ne laissait pas place à Téquivoque
et paraît être franchement du domaine de la rébellion. Mais
les Consuls de l'époque ne paraissent pas s'être embar-
rassés de grands remords dans cet ordre d'idée, pour les
choses de la Guerre.
Quoi qu'il en soit nous ne pensons pas qu'ils aient eu de
semblables ménagements pour les deux premières frappes
de Monnaie en 1569, et en 1587 où l'autorité Royale d'Henry
de Navarre couvrait leur responsabilité.
Les délibérations consulaires pour cette période n'exis-
tent plus dans nos archives. C'est ce qui explique, sans
doute, l'obscurité qui enveloppa si longtemps cette circon-
stance de la vie Montalbanaise.
Aucun des historiens de notre ville n'en a parlé, tous se
sont contentés de mentionner la Monnaie « Monda Reipn-
blicûe MontiS'Albani >, qui aurait été frappée à Montauban
pendant les trois sièges de I361. Cette monnaie est introu-
vable, tout au moins introuvée, et nul n'en connaît un spéci-
men. Elle n'a jamais existé, et c'est sans doute du souve-
nir de la frappe faite au coin du Roy par Rapin en 1569,
que la tradition populaire a tiré cette légende, insérée dès
1580, dans l'édition de V Histoire de Théodore de Bèze,
On ne connaît pas les ouvriers qui frappèrent la Monnaie
à Montauban en 1569 sous le gouvernement de Rapin.
Nous n'avons, d'ailleurs, à ce sujet qu'un seul document
qui a été copié par M. Raoul de Cazenave dans les Archives
particulières de l'Empereur Guillaume, en Allemagne.
C'est l'original des Lettres-patentes envoyées à Rapin à
Montauban, et restées dans la famille de Rapin, dont un des-
cendant se réfugia dans le Brandebourg à la révocation de
Digitized by
Google
l36 UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN
TEdit de Nantes. M. de Cazenove Ta publié dans son
Histoire de Rapin-Thoyras.
Mais il n'en est pas de même en 1587. Grâce à la décou-
verte de deux documents notariés, dans les protocoles du
notaire, Jean Rey {alias Derey), nous connaissons l'orga-
nisation de € la maistrize de la Monnoye establie en la dite
ville de Montâuban. »
Voici le document dans toute son étendue :
« Comme ainsi soit que Messire Durand de La Sarrette
ayt obtenu concession du Roy de Navarre et premier prince
du sang et premier pair de France, ôouverneur et Lieute-
nant général pour le Roy, nostre sire en Guyenne, pour
faire battre en la présente ville de Montâuban toutes espè-
ces de monnoyes permises et quy ont cours en ce Royaulme,
sbubz les coings et armoyries de Sa Majesté et du poids et
tiltre et alloy portés par ses ordonnances ainsy que a pieu
que seroit porté par sa commission en datte du 24 de juillet
dernier, signé Henry, et plus bas, par le Roy de Navarre,
premier prince du sang et premier pair de France, gouver-
neur et lieutenant général : Lallier, et scellée du petit sceau
et armoyries dudict seigneur Roy de Navarre.
« Et que pour exercer ladicte charge -et estât soit besoing
avoir d'autres officiers, comme tailheur, garde de la Mon-
^noye, et essayeur, lesquels offices et estats, auroient estes
obtenus savoir, par Messire Jean de Lalauze, dudict Mon-
taulban, Testât de garde de la dicte Monnoye, Messire Fran-
çois de la Barre, orphèvre, la charge et estât et office de
tailheur en la dicte Monoyeet par Robert Chaubin(i), aussi
(i) Le sieur Robert Chaubin était l'époux d'Anne de Raffi. Cest la
naissance de leur fille Marthe, baptisée à Montâuban, à Téglise réformée
le 5 octobre i595,qui nous l'apprend. Elle eut pour parrain Ysaac Brun
et pour marraine Anne de Tournié. (Baptêmes 1595, f. 176). Le mariage
de ces époux n'est pas inscrit a Tçtat civil dç Montâuban.
Digitized by
Google
UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN iSy
maistre orphèvre Testât et office de essayeur, pour en jouir
aux honneurs authorités droicts, proficts, gaiges et esmoleu-
ments accoustumfez ou qui seroient plus particulièrement
declairez en faisant le contract avec eulx.
€ Par quoy est à scavoir que aujourd'hui septiesme de
octobre mil cinq cent quatre-vingt-sept, après midy, à Mon-
taulban, régnant Henry et en présence demoyaestè estably
en personne, le dict de la Sarrette lequel de son gré a pro-
mis aux dict sieurs de Lalauze, la Barre et Ghaubin pour
Texercisse de leurs estats et offices scavoir, audict de la
Lauze trois escuz sol et ung tiers pour mois à commencer
le premier jour de septembre dernier passé. Audict Labarre
six escus sol et deux tiers aussy pour moys commençant
ledict jour premier de septembre , et audict Ghaubin deux
escus par moys, sans y comprendre ses autres droicts et
sans conséquence, à commencer le mesme jour premier de
septembre aux quels ledict de la Sarrette sera tenu, comme
a promis leur payer pour le temps que vacqueront en
ladicte charge et office, ce quy sera loisible audict de la Sar-
rette quitter quand bon luy semblera^ sans que lesdicts de la
Lauze, Labarre et Chauvin, le puissent contraindre^ à conti-
nuer ladicte charge si bon ne luy semble. Batonné et rem-
placé par : et non aultrement ;
« Lesquels de la Lauze, Labarre et Ghaubin ont promis
audict Lassarrette ce acceptant, faire leur debvoir chascung
en leur dicte charge sur peyne de tous despens domaigeset
interest et a ce faire tenir garder et observer chascun pour
luy en tant que le conserne ou oblige, se sont soubsignés.
« Présents syre Elie Lacoste et Jean Pellot tysseran
dudict Montauban habitants et moy Jean Rey notaire royal
soubsigné avec les partyes et Lacoste.
Delasarrette, Delalauze, Delabarre,
P. Ghauvin, J. Rey, Lacoste.
(Liasses de Rey, E. 2002, à la date).
Digitized by
Google
l3.8 UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN
Un autre document nous donnera bientôt le nom des
ouvriers qui faisaient le travail manuel dans l'atelier moné-
taire.
Ainsi nous voyons parfaitement l'organisation de cet ate-
lier monétaire. Henri de Navarre avait pris comme garde
un Montalbanais, Jean de Lalauze, mais tous les autres offi-
ciers et les ouvriers eux-mêmes que nous verrons plus loin,
étaient étrangers. François de la Barre était de Blois, où il
avait quelques biens et où il avait laissé sa femme, demoi-
selle Marye de Meurier, comme on le voit par une procu-
ration qu'il lui donne pour la gestion de ses affaires à Blois,
et pour faire rentrer diverses sommes que lui devaient,
des habitants de cette ville nommés dans sa procuration.
Voici un abrégé de cet acte fait à Piquecos, près de Mon-
tauban, quelques jours avant de s'engager définitivement
avec le directeur de l'atelier monétaire établi par le R03' de
Navarre.
€ L'an mil cinq cens quatre-vingt-sept et le 29 du mois de
septembre avant midy, en la paroisse de Saint-Jacques les
Picquecos en Quercy, régnant nostre souverain prince
Henry, par la grâce de Dieu Roy de France et de Poloigne,
en présence de moy notaire royal et tesmoins sous nommés
a esté estably en personne Françoys de Labarre orphèvre
de Bloys, à présent se tenant en ce pays de Quercy et
n'ayant moyen pour le présent s'en retourner en son domi-
cile audict Bloys, a fait constituer sa procuratrice, Marye
de Meurier, sa femme, demeurant audict Bloys... pour rece-
voir de Rochette, la somme... et administrer tous ses biens,
f Présent : M.Jean de Natalis, doct. en droits ; Tyssen-
dier, hab. de Montauban, et Mestre Jean Rey, notaire
royal. >
Natalis, Delabarre.
(Liasses de De Rey : E. 2002, à la date).
Digitized by
Google
UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN 1 3<)
Dès Tannée suivante « M. Durand de la Sarrette, secré-
taire des finances du Roy de Navarre » épousa à Montau-
ban demoiselle « Judith de Parrisson, fille à feu le capitaine
Légier » (i). (Mariages 1588, f. 75).
Cette demoiselle était fille de Anthoine Parrisson et de
Jeanne de Noals de Cos.
Durand de la Sarrette eut une fille, nommée Jeanne qui
fut baptisée en 1589 au temple à Montauban (Bapt. 1589,
fol. 281). Le père ne porte pas de qualificatif, mais en la
même année cependant nous le trouvons qualifié du titre
de conseiller du Roy.
f Messire Durand de la Sarrette, conseiller et secrétaire
ordinaire du dit sieur, Roy de Navarre et commis par Sa
Majesté à la maistrize de la Monnoie establie en ladite ville
de Montauban » emprunta le 18 mars 1589 à c Honneste
femme Catherine de Sornac, femme de Messire Anthoine
de Manducat, conseiller et mathématicien du Roy de
Navarre > (2) une petite somme. La pièce porte une belle
signature « De la Sarrete » (Boigion, 776).
Ce mathématicien, était sans doute aussi, occupé à la
Monnoie de Montauban, comme deux autres personnes dont
le nom est étranger à la ville et qui sont nommés à titre de
serviteurs de La Sarrete. C'était c Denys de la Mayne et
Louys Larchier. »
(i) Le capitaine Légier se nommait en réalité Anthoine Parrisson,
qui était Tépoux de dame Jeanne de Noals. (Contrat de mariage Boi-
gion i588, E. 774, f. 385.)
Dans cette pièce Durand de la Sarrette est qualifié « secrétaire des
finances dû Roy de Navarre ».
(2) On trouve, le i5 novembre 1589, « Messire Anthoine de Manducat,
habitant à la maison dicte de Sornac avec sa fille Esther de Manducat •,
qualifié de « Docteur en Médecine ». C'était bien le même personnage,
sans doute^ mais il avait plusieurs titres et les variait suivant les cir-
constances (Archives de Mont., E. 2oo5. Liasses de Rey, à la date).
Digitized by
Google
140 UN HOTEL DES MONNAIES A MONTAUBAN
Au mois de décembre 1589, Durand de la Sarrette fit
son testament qu'il déposa scellé de six cachets de cire
rouge à ses armes. Malheureusement elles sont peu visibles.
On y voit, serable-t-il, trois lettres S. A. R. et une ancre de
navire dans le bas (Boigion liasses, 776).
Dans son testament, il se dit fils de Hugues de la Sar-
rette, marchand, de Villefranche-de-Rouergue. Il lègue son
office à ses héritiers.
Il mourut, le 8 février 1590, pendant un voyage qu'il fit
avec ses deux serviteurs à Lectoure. Son testament fut
ouvert le 13 février, ainsi qu'on le voit par le procès-verbal
de cette cérémonie, dressé à Montauban et signé par tous
les témoins. (Boigion, notaire protocole, 767, et Liasses
776). Chez ce même notaire on trouve son contrat de
mariage (Boigion 1588, f. 385).
Ses héritiers étaient désignés par lui. Si l'enfant qui devait
naître prochainement, après la date de son testament, était
un garçon, il serait son héritier universel. Si c'était une
fille elle partagerait avec sa sœur Jeanne.
L'état-civil de Montauban ne nous donne pas la nais-
sance de cet enfant.
Ainsi se termine, à Montauban, l'histoire de cette famille
en même temps que celle de la « Maistrise de la Monnoye » .
Il me paraît que toute cette affaire disparut de notre his-
toire en même temps que disparaissait c le Grand Maistre >
qui la dirigeait.
Et nous pouvons en trouver la preuve dans un dernier
document des mêmes archives notariales de Jean Rey, qui
montre en quelque sorte la clôture des comptes de la Mon-
naie de Montauban.
c L'an mil cinq cens quatre-vingt-dix et le quatrième
jour du mois de may, avant midy, à Montaulban, etc. >
comparurent en personne : « Les sires Pierre du Causse
Digitized by
Google
UN hotel des monnaies a montauban 141
borgeois et Arnauld Solinhac merchant, celui-ci faisant,
pour Anthoine Solinhac son frère » et, c dressant leurs
paroles à Maistre Jean de la Lauze, garde de la Monnoie
de Montaulban, lui auroient remonstré, qu'ils auroient ci-
devant cautionné pour la somme de mil livres pour feu
maistre Durand de la Sarrette, jadis maistre de la Monnoye,
décédé depuis deux mois et qu'ils désireraient savoir dudit
de la Lauze si ledict feu de la Sarrette, est demeuré redep-
vable envers aulcune personne, soyent merchants, ouvriers
ou aultre pour raison de son dict estât de mestre de la
Monnoye. »
« A ceste cause ont pryé, sommé et requis le dict sieur
de la Lauze garde susdict. de leur déclairer s'il saict poinct
qu'il soict deu aulcune chose, afin qu'ils puissent faire pour-
voir à leur payement et à leur indempnité. »
Ces deux riches bourgeois dont la caution avait paru
nécessaire pour inspirer confiance aux fournisseurs des
métaux précieux de la Monnaie, semblent se méprendre sur
leur responsabilité, en offrant de payer ce que le sire de la
Sarrette aurait pu devoir aux fournisseurs. Maistre de la
Lauze, leur montre leur erreur :
« Sur quoy, par ledict de la Lauze, auroict esté respondu
que la cause pour quoy les dicts Causse et Solinhac entrè-
rent en caution, ne feut pour aultre occasion que pour asseu-
rer les merchants du bilhon, tant d'or que d'argent qu'ils
apporteroient à la Monnoye, et de tant que ledict de la
Lauze, comme garde, sa charge est de faire payer les dicts
merchants à tour de roUe, comme il a faict pendant la vye
et exercisse dudict de la Sarrette maistre de la Monnoye,
dict que ledict de la Sarrette ne doibt rien à aulcungs mer-
chants, ouvriers ny monnayeurs et que s'il estoit deu,
ledict de la Lauze le sauroit, et les aiiroit faicts payer,
1908 iz
Digitized by
Google
142 Ï^N HOTEL DES MONNAIES A MONTaUBAN
ayant le despart du sieur de la Sarrette. De quoy les dicts
Causse et Solinhac auroient requis acte estre retenu, par
moy notaire royal soubsigné,. en présence de Estienne
Duroy et Pierre de la Faige, soubsignés ».
Signé : Lalauze, Jean Rey, Causse, Solinhac,
Duroy, Lafage.
(Archives de Tarn-et-Garonne, E. 2007. Liasses de Rey.
De ce document, il semble résulter que la garde de la
Monnaie était encore en fonctions. Mais ce devait être dans
le but de régler tous les comptes et donner quittance comme
il le fait dans cet acte.
En tout cas on peut affirmer que la. frappe des Monnaies a
continué à Montauban pendant trois ans, du mois d'octo-
bre 1587 au mois de mars 1590, et qu'on y fabriquait des
monnaies d'or et d'argent.
Toutefois, il est bien possible que cette fabrication ait
duré tout le temps des troubles de la Ligue, qui eii étaient
la cause occasionnelle, et ainsi se soit poursuivie encore
durant l'espace de deux ou trois ans.
Digitized by
Google
^^^ ^^^ ^^^ ^ft^ ^ft^ ^^^ ^^^* ^^^ N^^ ^ft^ ^F' ^ft^ *^^ ^^^ ^v^ ^^^' ^^^
COUTUMES
Du lieu de Belfort (Beaufort)
A GANDALOD (JMIIUCTION DE CASTELSAilRASiK)
(DU 30 SEPTEMBRE 1316)
PAR
M. LE Docteur BOÉ
Membre de la Société
La seigneurie de Belfort, à Gandalou, était limitée : au
nord par le chemin de Moissac à Montauban, au sud par le
chemin de Leyraguet à Castelsarrasin, à Touest par le terri-
toire de Labroue, à Test par le chemin de Gandalou à Ley-
raguet. Elle comprenait une grande partie de la plaine et
de la forêt de Gandalou. Elle n'a pas changé de maîtres
depuis huit siècles et est toujours la propriété de la famille
de Pages qui en a pris le nom : de Pages de Beaufort.
Les coutumes du lieu de Belfort ont été octroyées, le
30 septembre 13 16, par noble Pierre de Pages, seigneur du
dit lieu. Comme il est indiqué dans le préambule, elles
étaient destinées à remplacer des coutumes plus anciennes
qui avaient disparu pendant l'occupation du pays par les
nombreuses troupes de gens d'armes qui y avaient séjourné.
L'origine de la famille de Pages (dans les actes de l'épo-
Digitized by
Google
144 COUIUMES DU \AEV DE BELFORT
que : Pagesius, Pagesie, de Pagesio) remonte au-delà du
Xlle siècle.
Jean de Pages donna à l'abbé de Moissac, au mois de
mai 1160, pour le repos de son âme et de celles de ses ancê-
tres, huit pièces de terre qu'il tenait en franc-alleu dans le
territoire de Belfort. (Charles de Mézamat de Lisle. Variétés
Historiques.)
Dans les archives très riches de la famille de Pages, nous
trouvons à la date du 10 juin 1227, unacte d'achat de cen-
sives dans le territoire de Belfort en faveur de Gérard de
Pages et de Catherine sa femme, par Arnaud de Torre :
€ Anno Domini J. C. nativitatis m. ce. xx. vu, rege
régnante Ludovico, x. kl. junii, ego Arnaldus de Torre,
pro me et pro omnes présentes successores et futuros,
cedo, dono, et trado et mitto et laudo, bona fide et absque
omni inganno Geraldo de Pagesio, militi et Catharine,
uxori ejus, et vestre posteritati, et cui vel quibusdam dare,
laxare, vendere, tradere et mittere, sive impignorare volu-
entis, videlicet omnia quod habeo in teriuinis de Bello
forte... 1
Au mois d'août 1271, Bernard de Pages, seigneur de Bel-
fort, élut sa sépulture en l'église de Belfort. (Charles de
Mézamat de Lisle, idem.)
Au XIV® siècle, les de Pages prenaient le titre de sei-
gneurs de Belfort, Je Porcayres et de Roquedols. (Trésor
généalogique de dom Villevieille.) Ils étaient aussi seigneurs
de Cumont.
Les nombreuses archives de la famille nous conduisent
jusqu'à l'époque moderne. Nous ne retiendrons, pour le
moment, que deux testaments, au sujet de la sépulture des
de Pages qui, dans le XIV^ siècle, fut transportée dans le
couvent des Carmes de Castelsarrasin, exemple suivi par
toutes les familles nobles de cette ville.
Digitized by
Google
COUTUMES DU LIEU DE BELFORT 146
Dans le premier de ces testaments, texte latin, le nom
donné à la ville de Castelsarrasin est à remarquer : c'est la
confirmation de Pétymologie que, suivant Catel, les habi-
tants attribuaient au nom de leur cité, fiers de pouvoir faire
remonter son origine à un camp romain : Castrocœsarea.
20 août 1392. Testament de noble Jean de Pages, seigneur
de Belfort et autres lieux, en faveur de noble Antoine de
Pages, son fils aîné seigneur de Belfort. .
Extrait : c Dictus Dominus Joannes Pagesius ordi-
navit, disposuit et eligit pro se et suis liberis, ubicumque
se et illos mori contingat, sepulturam in capellaSa«c/i/oa«-
nh Pagesii in conventu fratrum carmelitarum urbis Castro-
cœsareœ^ quam pater suus construi fecit item Dominuâ Page-
sius dédit et legavit pro sepultura sua et anima fratribus
monasterii supra dicti duos campos juxta flumen Garumnae
in termino de Pagesio et in bajula urbis Castrocœsarœ »
(Copie sur parchemin. Archives du comte de Pages de
Beaufort.)
31 septembre 1787. Testament nuncupatif de Messire
Etienne de Pages. Extrait :
« Et après avoir recommandé son âme à son créateur
a dit vouloir que, venant à se séparer de son corps, sondit
corps soit inhumé dans le couvent des R.R. P.P. Carmes de
la présent ville dans le caveau de ses ancêtres, dont l'ou-
verture donne dans le cloître des R.R. P.P. Carmes ,
chargeant son héritier bas nommé de faire célébrer à sa
piété des messes pour le repos de son âme dans la chapelle
bâtie et fondée par ses ancêtres, sous le vocable de Saint-
Jean de Pages ^ et qui est contigue au caveau > (Archi-
ves du comte de Pages de Beaufort).
L'église de Belfort et la première sépulture de la famille
de Pages ont été détruites pendant la guerre de Cent ans.
Digitized by
Google
I4<3 COUTUMES DU LIEU DE BELRORT
Les cloîtres, chapelles et tombeaux du Couvent des Car-
mes ont disparu dans la tourmente révolutionnaire.
Mais l'arbre huit fois séculaire, profondément enraciné
dans le sol ancestral, est debout et toujours vert. Les géné-
rations ont succédé aux générations, et les descendants
actuels de Bernard de Pages, inhumé dtins la petite église de
Belfort, de Jean de Pages et de ses héritiers, inhumés dans
la chapelle du couvent des Carmes, continuent les nobles
traditions et les vertus de leurs aïeux.
Coutumes du lieu de Belfort^ octroyées par noble Pierre
de Pages ^ seigneur dudit lieu (i).
Ave Maria, gratia plena, Dominus tecum.
Al nom de la sancta Trinitat no devesibla et unitat del
Pay et del Filh et del Sant Esprit, amen. Causa conoguda sia
a tots et sengles tant presens quam endevenedors que com
trop dias a el commeasament de la fondation del loc de
Belfort algunas costumas et libertats scritas dadas fossent et
autreyadas as cossols labets et als habitans deldit loc et de
sas pertenensas per los seignors de Pages, fondadors deldit
loc, aisy com foc dit, et com lasditas costumas et libertats
sian estadas perdudas els temps passats per los alochamens (2)
de las grands multituts de las gens d'armas que son alocha-
das el dit loc et sobet las autras costumas et libertats ana-
ciadoras(3) per lo noble seignor Pierre de Pages, seignor del
dit loc de Belfort, als cossols et als habitans que aro son
deldit loc et a la universitat et a causa publica deldit loc
(1) La copie de ces coutumes est de 1777, il y a par conséquent mau-
vaise lecture de la part du copiste. Nous avons essayé de rétablir autant
que possible les mots mal lus et Torthographe très défectueuse (Edouard
Forestié).
(2) Luttes, guerres.
(3) Probablement auirejados.
Digitized by
Google
COUTUMES DU MEU DE BELFORT I47
necessarias et utils per la augmentation de la population
deldit loc ; tractât sîa stat entre lodit seignor d'una part et
los cossols habitans et singulars que aro soun deudît loc de
l'autra part a los mediches cossols, habitans et singulars ?u
plicans meliores et plus utils lib ertats et costumas a lor libe-
ramen et autreja en meliora forma per lodit seigno; per amor
d'aiso lod. susdit seigno atendem de son bon grats et libe-
rabla volontat non decebuts per negun aisi corn era dit hoc
et al délibérât per pensament, per si et sos hereters et suc-
cessors donec et autrejec volontariomen et liberalomen as
cossols et als habitans deldit loc de Belfort,so esàsaber an
Johan de Labens et an Guillem de Fita, cossols deldit loc de
Belfort, et notement an Domeng de Taffi, Johan de Gleise,
Johan Deluc, Arnaud Deltil, Guillem Caillau, Arnaud de
Luppe, Johan Dedirat et Jacques de Guichard, singulars et
habitans deldit loc aqui presens, stipulans et recebens per
los mediches et per las singulars personas et l'universitad
deldit loc et en nom de lors heretes et successors et aisy
methis a totas las autras personas habitans et que els temps
endevenidors estaran audit loc et en sas pertenensas mi en
per os notari dessus escritchs com persona publiqua per los
dits absens stipulem et recebem las libertats, costumas et
franquesas que sensegon et en las manieras, formas et condi-
tios déjos scritas.
Et tôt premieramen que si alcun hom o alcuna temna
de dias entra en horts et pren alcuna causa ses volontat
d'aquel de qui sera Tort, sia tengut de paga bint dines
toisas al dit seignor de Pages o al seignor que sara.
Item si alcun hom o alcuna femna de dias entra en vinas
o en prat d'autruy ses mandament d'aquel de qui sera,
pesque de mandament deldit seignor o del seigno que sera
o de son baille quascun an sera defendut et cridat en lo dit
loc pague dex dines toisas en la maneira que dessus.
Item qualque bestia que sara trobat en malafaita pague
Digitized by LrtOOQlC
À
148 COUTUMES nu LIEU DE BELFORT
al seigno un diner toisa, exceptât porc o treja et oueilla que
no pague mas un dînîe toisa, et auca et autre ausel sem-
blant un dine poges et aquel de qui sera led. bestia o ausel
sera tengut de estima la tala a la connocensa des cossols.
Item que los manans que passaran lo die defFendomen no
seran tenguts de nulla pena si no que clamor y aja.
Item qui de neitcha entrara en orts o en vignias d'aucun,
per prendre degun frut ses mandamen et sesvolontat d'aquel
de qui sera sia entengut aldit seigno en cinq sols toisas per
aquel forfait peisque de par deldit seignor cascun an aldit
loc sera defendut.
Item tota bestia boina et cavalina que sara trobada de
neichts en malafacha per lo messeguer operlos jurats, pague
aldit seignor sept dines toisas et qui lou gardara en ladita
malafaita pague aldit seigno sept dines toisas.
Item tôt hom o tota femna que en lodit loc o en sas par-
tenensas tendra falspes et falsas mesuras o falsa aulna o falsa
cana sia encourregut al seigno de sies sols toisas.
Item. Los maseres que sen vendran en lo dit loc o en sas
pertenensas, bonas cars et loials tendran, et si non eran bonas
et loials sion presas per lo baille del seigno et sian donadas
als paures et los prêts sian renduts en aquels que auran
crompadas atals cart aulas.
Item tôt maselé que bendra en lo dit loc o en sas perte-
nensa boueu o baccap lo seignor y âge lo puech et de porc
les lois (i).
Item Los cossols del dit loc juraran al seigno o a son
baille a deffendre et a garda fidelomen la cort els bes els
membres del seigno et son dretch, et que en lo fait del
cossolat se donaran be et leyaloment atant quant tendran lo
offici et no prendan serbici d'hom ny de femna per raso de
lor offici per lor no per autre, si no en so que es autrejat a
cascun en son offici.
(i) Les filets*
Digitized by
Google
COUTUMES DU LrÈU DE BELFORT 1 49
Item, La communitat deldit loc jurara en presentia desdits
cossols al dit seignor o a son baille de dona bous cosseils
als dits cossole selon lor poder et a lor sabent quant lor sera
requerit sauf lo dreit del seigno en totas causas.
Item des instrumens faits de publiq notary creats per lo
dit seignor ajan aquella fermessa que divon aver publiq
notary de son sagrament.
Item testamens faits en la darrera volentot de hom o de
femna davan los testimonis aian lor fermetat, salvat lo dreitx
del seignor.
Item si alcun o alcuna mor ses herete, que noy aja que
dia esse heret et no aja fait testomen, los cossols deldit loc
del mundamen del seignor garden los bes de la, per un an et
un dia erape que los bes sian escripx et sabuts per lo dit
seignor o per son baille, et si a bout de l'an et del dia rio
es bengut hereté o heretera, los dits cossols rendran aldit
seignor los dits bes a far totas sas volontats.
Item, Lo seignor tenga sos forestes in sas proprias forests
que ajan a jurar en las mas del seignor en presentia dels
cossols, que ben et legalamen serbiran en lor offici et que
aquels siau cresuts de las peitchas que auran trobadas per
lor paraula, per bertut del sagromen que fayt auran en
las mas del seignor en presentia delsdits cossols.
Item qui dira paraulas cortumaliosas alsdits cossols fasen
lor offici del cossolat et lor toldra peignoras, sian tenguts de
paga al dit seignor cinq sols toisas, la mitât als cossols per
la injuria.
Item si alcun hom o alcuna femna a dit paraulas contu-
meliosas o autrajosas a nuls, en re no es tengut al seignor
en nulla causa, si sober so clam no ero fayt, et si tant es que
clam ne sia faix et tengut en cinq sols toisas, et per \\
estima de la injuria en dex sols toisas per libra.
Item qui traira cotel contre autre (ja sia so que non), s-i
era en terra, sia encoregut al seignor en deux sois toisas, et
1908 12*
Digitized by
Google
l50 COUTUMES DU LIKU DE "DEUFORT
si fier en tal maneira que sang no y esta, sia encorregut en
vingt sols toisas et emendada al naufrat, o s'il fa plaga légal,
sio encorregut en soixante sols toisas et en may si aldit
seignor platz, et satisfassa al naufrat, et si lo ferit mor per
lo cop, sia punit segon dreitx.
Item tôt hom et tota femna que ferira a autre o a autra
am basto o am peira, en quna maneira, excepta glavi en tal
maneira que sang ny esta, sian tenguts de pagar al dit sei
gnor soixante sols toisas abque clamor sia facta.
Item qualque sia condemnat a mort o a perdre ses bes o
per qualque condemnation tôt sos bes seran près a la ma
deldit seignor, empero d'aquels tout premieramen sian
pagats tous los deutes et lo remanet sia deldit seignor per
fa totas sas volentatx.
Item los lairoux et los homicidas que auran faict layronici
o homicidy dins lo cossolat olas pertenensas deldit loc, sian
punitx per lo jutjament deldit seignor o de son baille et des
cossols.
Item si alcun hom pren molher et recep d'elh mil sols
etlo dara per nopcesla tersa part, etaisio segon may o segon
menchs, si autres accordis no y eron faits entre lor; et si lo
marit biou mays que la molher a tota sa bida tengera tout
son dot et après la mort de luy touts sous parens reco-
braran tôt ledit dot sobredit si labets no y auja dat a son
marit per tôt temps, si no y auja enfans del matrimony.
Item si lo marit mor prumier et avant que la molher aja
recobrat son dot et sa donation per las nossas et en après
la mort de la los parens del marit et els enfans recrobaran
la donation et soque lo marit aura laissât en son testament
darre.
Item tôt hom et tota femna que aura commes adulteri
correra per lo dit loc tôt nud, o que pague soixante sols
toisas al dit seignor et sobre so ajan penna Ijcita de causir
de prenne ou de laissa.
Digitized by
Google
coiTUMKs m: uiu de belfo^^t i5i
Item si negun afieusatat per aucun, si lo principal deutor
no pot paguar la fermenta, pague si a de que paga.
Item qui en lo dit loc boldra bénir habitar o fa sa maison
sia franc aisi com les autres habitadors si o pot far ses pre-
judîcy dautruy.
Item. Los cossols se mudaran cade an en la festa de Na ial,
et si labetx no eron mudax donne lor poder entro que d'au-
tres no y ajon statuitx per lo seignor o per so mandomen
per un mes, si no que leyalomen fossen impediax et d'aqui
en avan no ajen a elegir.
Item que tôt hom no puesca tenir son propi four et que
sia tengut a la servitut deldit seignor.
Item. Lo seignor deu tenir la frontera davant lo castel
clausa de clausura segon las antiquas forças et lo commu
prep del castel, et los cossols degon tenir las claux de la porta
del castel et per lor esta régit de goeytat de goeyt et de
bada et de porta quant mestres noj-aura, et si per aventura
lo seignor estava aldit castel que puescat tenir las claux
deldit castel, et aprep tôt tems que tornen en las mas dels
dits cossols et que nul autre officier deldit seignor no puisca
per si prene ny occupar las claux predichas.
Item que las gens deudit loc poscan cassar et prengue
totas salvatges et touts ausels, exceptât lous que de dreit
son deifenduts segon l'usatge deu pays, salvaque no puscan
cassar en las forestatges deu seignor, et si per aventura
prenon porc salvatge o treija, que aquel que le prendra sia
tengut de dar al seignor le cap am lo carte de davan, et de
servi et de cabirol la testa et lo carte de darrè, et que no
puescan cassar nul en ville.
Item que lous homs deudit loc devon dar al seignor per
lo forestage très fromatges d'oeilles et d'autra beslia no
re, et si non fan d'oeilles no re.
Item que tout hom que arrompra am un pareil de buous,
o de bestias, o d'ases, o ab tout autre aray, sia tengut cas-
Digitized by.
Google
l52 COUTUMES DU LIEU DE BEI.rORT
cun, an de dar al seignor un journau, et si laura ab duos
que paga deux journaux et aychi en sus au forts métis.
Hem que si lo dit seignor vol fa lo passage d'outre mar,
que los habitans deudit loc sian tenguts de ly ajudar.
Item que si lo dit seignor era presoner en nulla part, per
causa o per guerre deu rey de Fransa, que los habitans del
dit loc sian tenguts à pagar sa finansa.
Hem que si lo seignor auja fillas a maridar, que los dits
habitans sian tenguts as niaritdatges.
Item que si lo dit seignor no ave de que sustenta los
habitans, lo sian tenguts d'ajuda a viure.
Item tôt hom et tota femna que tenga foc en dit loc o en
sas pertenensas, sian tenguts de pagar cascun an en la festa
de Marterot per fogatge una cartera vendabla de civada.
Lasquallas costumas et libertats et totas las autras causas
desus expressadas lasditas partidas en nom que dessus la
una a lautra, my notary dejus scrit, stipulam com dessus
volerunt et expressament consantiront et perdurablement
obtenir fermetat per vertu del sagrament dejus prestadot,
et las causas dejus ditas autrejadas \o dit noble Pierre de
Pages de Belfort aux dits cossols et habitans deudit loc
salvant en totas causas son dreit et de tôt autre et la una
partida a l'autre per las causas dessus ditas tenedoras et
observadoras, obligeront et hypotequeront, so es a saberlo
dit seignor sos bes propis et los dits cossols los bes propis
et de la Universitat deldit loc de Belfort presens et ende-
vendors, et renoucion a tôt los dreix per que en nulla
maneira contra las causas dejus ditas tenir et observer pro-
metront et als quattre sants evangelis de Dieu jureront et
de las causas susditas las ditas partidas demanderont estre
faits dos instrumens un per cado partida per my notary
dejus scrits ab cossolls de savy, si mestres et ordonats ; et
aiso foc fait inloco de Belfort lo trentièmejour de septembre
sub Tan mil très cens saise ; Mossen Philippe, par la grâce de
Digitized by
Google
COUTUMES nu LIEU DE BEI.FORT 1 53
diou, rey de Fransa, régnant, et Mossen Gaillar, évêque, de
Tolose, estant en presentia et in testimoni de Johan Rouix,
de Lardena, Domini de Castia, Guilhem de Cahusaco, Amant
Verdi, deLautrico, Antoni Pouy, de Tolosa, Johan de Lar-
roca, de Caraman, Amant Simon, de Rabastens, periti en
dreix de Tolosa, et mei Arnaldi Cruya, notari publici loci
d'Arènes, qui hoc instrumentum duplicatum retinui scripsi
et signo meo consueto signavi.
(Archives du comte de Pages de Beaufort ;
copie sur parchemin.)
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 1" AVRIL 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président; Ed. Forestié, secrétaire
général; colonel Caillemer, Moissenet, de Saint-Félix, Vitteaut,
Escudié, Pécharman, Ressayre, capitaine de Bazelaire, Souleil,
Borderies, chanoine Calhiat, Bourdeau, Mommayou, Monribot,
Naulet, Raynaud, Lespinasse; Imbert, secrétaire.
Le procès-verbal de la séance de Mars est lu et adopté.
M. le Président a le regret d'annoncer la mort de notre confrère
toulousain, M. Félix Regnault, dont les travaux spéléologiques
et préhistoriques font autorité. M. Regnault fit partie de plu-
sieurs de nos excursions et il s'était acquis parmi nous de solides
amitiés.
M. l'abbé Breuil, le collaborateurs compétent de notre éminent
confrère M. Cartaillhac, doit venir prochainement pour visiter
Bruniquel. Nous espérons de lui une conférence dans une séance
spéciale de la Société, dans laquelle il fera passer devant nos
yerx de nombreux clichés représentant des peintures préhistori-
ques relevées sur les parois des grottes jadis habitées.
M. le Président est heureux d'annoncer à la Société que l'ancien
collège Payroles, de Bruniquel, est sur le p^jint d'être acheté par
la Municipalité. Les sculptures du XV^ siècle, la belle cheminée
et la salle de cette maison si curiei.se, seront ainsi conservées ;
cela répondra à des efforts tentés depuis des années par notre
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES 1 55
Compagnie, et qui avaient échoué devant les prétentions exagérées
du propiétaire.
La Société reçoit l'annonce d'un Congrès qui est sur le point
de s'ouvrir à Saragosse. Un autre Congrès se réunira à La Flèche
à l'occasion du cinquantenaire de la fondation de la Société des
Sciences, Lettres et Arts de cette ville.
Remerciements pour l'invitation reçue.
L'inventaire de la maison Bromet, à Saint- Antonin. — On
sait que cette curieuse demeure décrite et dessinée par Viollet-le-
Duc, dans son Dictionnaire d'Architecture est Tune des plus
curieuses de notre département, il en sera parlé lorsque sera
publié l'inventaire dressé au XVIII'* siècle, par un membre de la
famille de notre confrère, M. de Tholosany, qui doit ajouter des
notes au texte.
M. Ed. Forestié donne lecture d'une note sur une des associa-
tions fantaisistes, fort en usage au XVIII» siècle : l'Ordre de la
Boisson de l'Etroite observance; qui fait pendant à celui dont
M. Vitteaut a entretenu la Société précédemment. Il présente un
diplôme de cet ordre, timbré d'un sceau. Le texte est en vers.
La séance se termine par une communication de M. l'ingénieur
Moissenet, qui donne lecture de plusieurs pièces de poésies Je son
frèr3, éditées par Lemerre, en un élégant volume, dont il fait
hommage à la Société.
Cette lecture est précédée de quelques notes biographiques sur
Tautejir, homme d'une rare distinction, qui était non moins artiste
que poète.
La séance est levée à lO h. 1/2.
Le Secrétaire^
IMBERT.
Digitized by
Google
[56 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES
SÉANCE DU 6 MAI 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. le chanoine Pottier, président ; de Bellefon,
vice-président: Ed. F orestiéy secrétaire général ; général Konne,
général Wallon, colonel Caillemer, Sémézies, Souleîl, abbé
de Scorbiac, Ressayre, Delpey> commandant Desnoux, capitaine
de Tréffond d'Avancourt, Pécharman, Escudié, Vittcaut, capitaine
de Mandres, Moissenet, de Séverac, Bourdeau, Mathet, Mauquié,
Bouïs, Lespinasse, Mommayou ; Buscon, secrétaire.
Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M. le lieutenan, Hébrard, du ii« d'infanterie, présenté par MM.
le Président et le Secrétaire général, est nommé membre titulaire
à l'unanimité.
M. le Président donne lecture de la lettre suivante de M. Burton,
président de la Société des Pionniers de Détroit, qui vint naguère
à Montauban et à Saint-Nicolas, faire un pèlerinage de souvenir
au berceau de Lamothe-Gadillac.
Détroit, Mich, April 7, 1908.
« Cher Monsieur le Président,
« L'autre jour, j'ai envoyé à M. Forestié, une vue de Détroit,
sur front de la rivière et à présent je lui envoie deux petits por-
traits pris à la lanterne magique (projection), une de Détroit en
1819, et l'autre en 1907. Nous ne pouvons pas voir toute la ville
dans un de ces portraits, c'est seulement le centre.
« La population est de quatre cent mille habitants dans la Cité,
qui couvre une étendue de quarante mille pieds carrés de terri-
toire. Nous avons quatre-vingt-cinq grandes écoles du gouverne-
ment, chacune contenant 600 élèves. Nous avons aussi de soixante-
dix à quatre-vingt écoles privées, qui appartiennent aux Paroisses
et Sociétés et qui ont de vingt à trente milles élèves qui les fré-
quentant, Je ne puis pas vous dire tout dans une lettre, de toutes
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUX DES SEANCES iSj
les grandes choses que nous avons ici. Ce que je peux dire et qui
.intéressera M. Forestié. C'est qu'il y a plus d'automobiles faits ici,
à Détroit, que tout autre partie du monde. Les Vaisseaux qui
transportent les cargaisons, qui passent dans le détroit de notre
ville, sont trois fois plus grands que ceux qui traversent le canal
de Suez, et sont deux fois plus larges que ceux qui vont à
Liverpool.
<( Vous pouvez dire aux chers gens de Montauban et de Saint-
Nicolas qu'ils doivent être fiers de cette si grande et si belle ville
de l'C'uest qui a commencé si petite, sous Cadillac, en 1701.
« Je suis, avec le plus profond respect. Révérend Père, votre
très dévoué,
M C.-M. BURTON. ))
M. Edouard Forestié, continuant ses recherches sur le fonda-
teur de Détroit, a découvert la date et le nom du notaire de
Québec, qui passa le contrat de mariage de Antoine Laumet de
Lamothe-Cadillac, avec Marie-Thérèze Guyon; il a écrit aussitôt
à M. Guyon, de Montréal, collatéral de la femme de l'illustre
pionnier, et il en a reçu la copie certifiée et timbrée de ce contrat
dont il est donné lecture.
M le comte de Gironde écrit la lettre suivante, de Paris, à
Monsieur le Président :
Paris, 27 Avril 1908.
« Cher Chanoine Ami,
« Grâce à vous j'ai été, samedi dernier, rêver délicieusement
devant la belle fresque de Pavis de Chavanne; ce n'est pas trop
de la revoir une fois par an.
La grande séance de clôture battait son plein. Un Monsieur,
très sérieux et qu'on n'entendait pas, lisait des choses fort inté-
ressantes sur l'Asie archéologique; j'ai pu m'en rendre compte,
car, descendant de mes hauteurs, je suis venu, à la fin, me planter
sous son nez au premier rang. L'orateur avait trop de grandes
lignes à tracer, il négligeait les détails; mais une érudition sûre
saluait, à ce moment, l'inoculation de l'art grec sur Part boudhiste,
ce qui produisit en ces époques lointaines, un art greco-boudhique
très heureux.
€ Les influences occidentales pénétraient donc, dès lors, dans
cet empire qui passe pour immobilisé. Les Nippons n'ont pas été
Digitized by
Google
î58 PROCès-VERBAlX DES SÉANCES
si figés que ça, et il est entendu aujourd'hui que cette immobilité,
plutôt apparente, de l'Empire du Milieu, n'est qu'une légende.
Quand il nous tombera dessus nous le verrons encore mieux.
« Une musique parfaite^ des Gardes municipaux, nous donne
criair de poule, avec du Rossini, et autres classiques démodés,
qu'un personnage, au centre, sous VAlnta matera de Puvis,
s'apprête à nous donner un discours présidentiel, fort pondéré et
fort convenable ...
€ Vous m'avez encore, cher Président, procuré le plaisir de
revoir le Panthéon, cet hymne à l'idée religieuse ! cet hymne à la
France ! c'est tout un !! Quelle cacophonie quand Zola y sera ! . . .
€ Deux chefs-d'œuvre modernes à faire pâlir toutes les nations
rivales : Le Saint-Vincent-de-Paul^ de Falguières, portant deux
petits enfants dans ses bras, figure d'une simplicité, d'une bonté
et d'une beauté morale admirable, d'un sentiment exquis. La Mali-
bran vivait ses rôles, se mourait de ses rôles, nous dit Musset,
mais notre grand sculpteur, qui a fait Tersitius le petit martyr,
et Saint- Vincent'de-Paul^ ne croyait pas! Un incroyant qui, par
amour du beau, intensifie la croyance, se fait apôtre ! Comme
c'est bizarre ! Les grands artistes peuvent être mystiques de deux
manières : avoir la fièvre du mysticisme : VAngeHco ; ou une
adhésion mentale leur suffit : Léonard. Exemple encore : notre
Falguières.
« Enfin, le deuxième chef-d'œuvre qui aurait pu, aurait dû, en
se développant sur toute sa surface intérieure, idéaliser le Panthéon,
ce sont les fresques de Puvis, les dernières surtout. Oh ! comme
cette simplification est architecturale !
« Comme ce sentiment archaïque, biblique, quasi préhistorique,
que dégage son humanité, donne au temple ampleur et majesté !
Comme l'harmonie douce et sereine de coloris plat, en fondant la
lumière autour de ces grandes colonnes cannelées, fait ressortir
les belles lignes et l'enrythmie générale du monument!
« Uart ne vit que dHdéalisation, Et c'est maintenant que je
ne vous promènerai pas à travers l'Exposition de peintres indé-
pendants!! Ils sont là 7.000, dont un centième a du vrai talent,
dont les quatre-vingt-dix-neuf centièmes se permet tout, ose tout.
< La faim, la soif et la volupté, dans je désert. » Un rébus, —
pas indevinable^ — représenté par une femme indignement nue,,..
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUK DES SÉANCES I 69
puis rien. C'est un des plus convenables, parmi les inconve-
nants...
c Recevez, etc. >
La 75* session du Congrès de la Société française d'archéologie
s'ouvrira le 23 juin 1908, à Caen.
M. le Docteur de Sardac, de Lectoure, remercie de sa nommi-
nation comme correspondant.
L'excursion du 15 juin dans le Couseran et le Pays de Foix a
donné lieu à un copieux échange de correspondance entre les
présidents des Sociétés. Nous pouvons compter sur une réception
cordiale et empressée de nos confrères, ec surtout une aimable
hospitalité au château de Prat, par le capitaine et la comtesse
de Treffond d'Avancourt.
M. Tabbé Buzenac a envoyé une étude très intéressante sur le
Montpezat de la fin du XVIII® siècle, et en particulier sur la
famille Depeyre. M. Ressayre en donne lecture. (Voir t. XXXV.)
M. le Président a reçu et présente un trébuchet allemand de
1652, avec tous ses poids de diverses nations.
Il fait circuler également un cadran solaire portatif, en bronze,
portant les armes de Comminges, Laroche et Béarn.
Ce curieux objet provient du château de Sainl-Salvy (canton
de Verdun), il a été étudié et publié dans le Recueil de la Société
archéologique du Midi de la France, par M. de Rey-Paillade.
Dix lots de la loterie du Salon d'automne n'ayant pas été reti-
rés, et en particulier le beau cachet artistique d'Oury père, la
Société est unanime à l'offrir au Président, qui déclare, en remer-
ciant ses confrères, ne pouvoir mieux l'utiliser qu'en y faisant
graver les armes de la Société, à l'usage de laquelle il sera
affecté.
La gravure de Delzers : Le fil de la Vierge, étant également
parmi les lots non réclamés, il est décidé qu'on l'offrira au Musée
de Montauban.
M. Delpey communique quelques notes sur son récent voyage
en Italie, en particulier sur la ville d'Assise ; il parle con amore
du Saint-François du Fioreiti,
M. l'abbé Taillefer envoie des notes généalogiques importantes
sur la seigneurie de Autcastel. A ce sujet M. Edouard Forestié
donne lecture d'une curieuse étude, intitulée : Comment on exé-
Digitized by
Google
l6o PROCES-VERBAUX DES SEANCES
cutait une décision de justice au XVIP siècle. C'est le siège
judiciaire du château de Autcastel par une troupe de 500 gentils-
hommes avec des canons, en 1614.
M. Buzenac communique un curieux itinéraire pour aller à
Rome au XV** siècle, trouvé dans un registre de notaire. Il est
curieux de le comparer avec celui que M. Edouard Forestié a
trouvé et publié dans le Livre de comptes des frères Bonis au
XIV« siècle.
M. le Secrétaire général fait hommage au nom de M. Tabbé
Camille Daux de deux Monographies : Le chemin de Saint-
Jacques et VHistoire d'un scholastique au XII^ siècle.
MM. Mathet et Escudié présentent la candidature de M. Cambon,
conseiller général de Monclar, qui est élu à l'unanimité.
La séance se termine par lespiojections de la ville de Détroit,
envoyées par M. Burton, en même temps que plusieurs volumes
de la Société des Pionniers de cette ville, dont plusieurs il est
question de Cadillac.
Le Secrétaire^
A. BuscoN.
Digitized by
Google
DARIAT
M. Henry DE FRANCE
Membre de la SDciétc.
La vSociété archéologique possède dans ses archives un
gros volume in-4°, recouvert en parchemin, qui contient Un
inventaire fort curieux des biens composant Thérédité de sire
Pierre de Tieys, sieur de,Dariat.
Il lui a été donné par le dernier descendant de cette famille,
M. Henri-Dominique Tieys, secrétaire général de la mairie
de Montauban, que plusieurs d'entre nous ont connu et es-
timé.
Son père et son grand-père avant lui avaient consacré com-
me lui, toute leur existence, par un labeur souvent ingrat au
service de leur f)etite patrie dans ces mêmes fonctions, pen-
dant une période d'une centaine d'années.
Il nous a paru juste, tout en donnant des extraits de cet
inventaire, où on retrouve l'intérieur a le home » de nos pè-
res, de faire revivre la mémoire de leur famille, qui occupa
dans notre ville un rang assez important.
(( Noble Pierre de Tieys, de Dariat », décéda le 19
iTitirs 1637, en sa maison de Dariat, sise dans le consulat de
Fontneuve.
11 avait épousa en avril 161 8, et laissa veuve, <( Damoyselle
Marguerite de Corneilhan », fille de noble Antoine de Cor-
1908 13
Digitized by
Google
162 dariat
neilhan, sieur de Puybelon (i). Elle avait eu plusieurs enfants.
Il fut procédé de suite à l'inventaire « et cachetement de
tous les coffres » avec un tel empressement que les commissai-
res trouvèrent dans sa chambre le corps du défunt qui n'avait
pas encore été enseveli.
(( Le sieur de Villemade et la Damoyselle de Tappie, sa
femme et mère dudit feu sieur de Dariat », ayant des inté-
rêts dans l'hérédité, assistèrent à l'inventaire. Cette dame
(( veuve de Jean Tieys, escuyer, fils d'autre Jean Tieys » s'é-
tait remariée le 23 avril 1603, avec Isaac de Bar, seigneur de
Villemade, de Salit et autres places, par contrat passé devant
M* Maturin Feutrier, Notaire Royal.
Son premier mariage avec Jean de Tieys, écuyer fut contrac-
té en 1579 et est inscrit à TEtat civil protestant de Montauban.
(Mariages f. 109.) Elle se nommait Anne de Tappie. Son pre-
mier mari mourut le 30 novembre 1589. L'ouverture du tes-
tament eut lieu le i" décembre, sa date est du 2 juillet 1588.
( E>e Rey. not. E. 2004. f. 477.)
L'aîné des garçons Jean- de Tieys qui naquit vers 1585 à Da-
riat sans doute (car il n'est pas inscrit à l'Etat civil), fit son
testament le 22 avril 1610 et mourut peu après.
Son frère Pierre, né en 1589, baptisé le 19 février, eut pour
parrain noble de Saint-Pierre et pour marraine Dame Jehan-
ne de Brassac. (B. f. 268.) Il épousa en 1618 Damoiselle Mar-
guerite de Corneilhan. Ils eurent plusieurs enfants. Dans l'in-
ventaire on ne cite qu'Isaac fils aîné et Guyon. Leur père étant
tuteur des enfants de Bonencontre, ses neveux, on fut obligé
de poser les scellés, « Le cachet du Roy », sur tous les meu-
bles.
Le bien de Dariat comprenait le château avec deux petites
métairies contiguës puis deux métairies nommées Cassaing et
Beraud, à deux cents pas, l'une de l'autre. Une troisième mé-
tairie se trouvait près de Réalville.
Dans ces divers lieux, les grains, le blé froment et le seigle
(i) Antoine de Corneilhan hérita de son père. Le testament de noble
Paul de Corneilhan, sieur de Puybelon, en faveur d*Antoine, son fils,
25 Janvier 1577, fut retenu par maître Fournier, notaire royal.
Digitized by
Google
DARfAT l63
se mettatent dans <( des creux » que nous nommons au-
jourd'hui des silos. On ne connaissait pas leur capacité exac-
te. Il y avait a trois creux remplis », à Cassaignes et « qua-
tre creux remplis n, à Béraud.
Ce château a été entièrement démoli. Il n'en reste q u'une
petite porte des communs et un pigeonnier, qui a ceci de par-
ticulier, que sa base est beaucoup plus petite que sa partie
supérieure. Il est carré, et depuis la terre jusqu'au plancher
il va en s'évasant par une flexion gracieuse. On est surpris
de cette forme singulière, évidemment destinée à empêcher
les rats de monter.
Ce château, comme nous le verrons plus loin, avait deux
tours du côté du Midi, et des fossés. La chambre du maître
était sur la façade du couchant. Si la légende qui prétend, que
le Roy Henri de Navarre favorisait souvent ce logis de sa
présence est exacte, il faut croire que c'est dans la grande salle
à manger de l'aile du côté d'Orient, qu'on le recevait.
lîn tout cas on ne voit que cette <( salle basse dudit Dariat »,
qui avec « son antichambre » puisse remplir l'office de salle
de réception.
La légende dit aussi que le bon roi Henri avait su plaire à
la châtelaine du dit lieu. (Voir Bulletin archéoL XXXIV, 123.)
C'est une légende qui me paraît bien téméraire. En lui prê-
tant créance ce serait « Noble dame Anne de Tappie » qui se
trouverait très compromise^ car, mariée, à noblei Johan de
Tieys sieur de Dariat écuyer, elle était forcément en situa-
tion de se trouver exposée à toutes les attaques audacieuses du
Roi vert galant, pendant ses séjours à Montauban.
Elle était dans une situation de fortune des plus conforta-
bles.
Le défunt avait, en outre, un appartement en ville « dans
la maison des héritiers de feu Bonencontre, dans laquelle la
plus grande partie était tenue en arrantement par le sieur
Evesque de Montauban ».
Cette maison doit être celle dont il est déjà question au Ca-
dastre de Fossat, en 1582, en ces termes : « Maison dicte lo
Digitized by
Google
164 b\R{xr
trel de TAvesque au Darnatge » (i) appartenant à Tieys Da-
riat. Mais Tl^vêque en jouissait et il ne payait pas impôt, (f.
117 et 162.) Il est dit qu'elle confrontait du Midi à la rue al-
lant de la grande rue au coin du Darnatge <( et du Nord au
Carrayrou dict de blanc » (ibid. f. loi). Elle était devenue en
1600, la propriété de Samuel de Bonencontre, Conseiller du
Roy à la chambre de TEdit, paj- suite de son mariage avec
Demoiselle Marguerite de Tieys Dariat. (Contrat chez Rey,
not.) Marguerite devint veuve en 1627. L'inventaire des biens
de son mari fut fait le 10 août 1627,
La maison principale des Dariat, dont nous reparlerons
plus loin, était dans la rue de TEcole, allant de la porte du
Griffoul au château des Consuls, aujourd'hui rue de la Comé-
die.
Le défunt Pierre de Tieys avait dans la maison Bonencon-
tre (( ung cabinet de bois, rempli de titres et papiers ». dans
une chambre au rez de chaussée qui prend son entrée ce à la
basse cour dicelle, par le degré de la dicte maison, » et com-
me le défunt jouissait d'une autre chambre dans la dite mai-
son, (( à l'avers d'icelle, )> on s'y transporta aussi, et on consta-
ta la présence « de deux coffres de l'hérédité, l'ung bois no-
guier et l'autre à bahut recouvert de cuir, fort beaux. »
Plus loin, dans une autre chambre du corps de logis regar-
dant à la rue « deux autres bahuts trcs vieux. » Tous
ces coffres, comme d'ailleurs toutes les portes de l'hérédité fu-
rent scellés par un cachet de cire rouge avec le cachet du Roy
sur le trou de la serrure.
l.e 26 mars 1637, l'inventaire fut commencé en détail, dans
le château de Dariat, et on reprit, une à une toutes les parties
(i) ï.e trel, c'esi-à-dire pressoir do l'Evêquc, pressoir où on allait
moyennant une redevance, sans doute, presser les noix, Ijs raisins du
pays, se trouvait très voisin ds la to ir d'Angle qui flanquait les remparts
de la ville au Nord-Est.
Cette tour se nommait « la tour du Darnat^^e. » Le sens de cette
appellation m'échapp2. l.e mot patois « Darnat » signifie vermoulu,
Y'i jué des vers. Cette tour paraît être, d'ailleurs, l'une des tours de la
primitive enceinte.
Digitized by
Google
DARrAT l65
qui avaient été scellées du cachet du Roy>, les premiers jours.
On commença (c dans une salle haute du corps de logis de
derrière, du côté du couchant, ou le sieur de Dariat faisait sii
demeure ordinaire. »
Etaient présents, « Dame de Tappie, noble Ysaac de Tieys
r,îeur de Fontneuve, fils ayné dudit défunt, noble Sébastian de
Chasteau Verdun, sieur de la Coudoumyne, parent de la dicte
de Corneilhan. »
Nous y trouvons, au milieu de quantité de choses (ordinai-
res, la plupart (( très uzées » divers objets à noter, comme
pouvant nous dépeindre un peu la vie et les habitudes de cette
famille Montalbanaise.
Dans la pièce où le défunt couchait on voit (( une table en
noyer avec son pied en menuiserie ». Cette expression se re-
produit pour indiquer un meuble soigné et travaillé. « Trois
chaises de menuiserie garnyes de cadis bleu, avec clous de
laiton, demy uzées, » <( ung grand pair landiers de fern à
Tung desquels y a une poume de leton, » (c plus trois chaises
de menuiserie fort uzées. »
(( Ung miroir avec sa couverture uzé. » <( Ung chelit bois
noguier avec son sursel aussi de bois.
« Lequel chelit est entourné de deu linseulz presque neufs
toille prime de maison, » auquel il faut ajouter :
(( Une chaire en bois de menuiserie, garnie de cuir, rom-
peue et un coffre à bahut.
On y trouve aussi <( une robe de chambre rase grise à usa-
ge d*homme fort uzée et rompue. »
(( V^ingt boutons d'argent demy-uzés servant à mettre à
une cazaque,
<( Une paire de jarratières de soye coleur bleu et noir demy
uzées.
(( Une paire de bas soye verte, demy uzés»
« Une aliette fermée à clef, garnie de velours bleu » de la-
dite dame, dans laquelle on trouva : u une bourse de femme
garnie de broderie à fil d'or, dans laquelle estoit un miroir
garny de mat doré et deux cuillières d'argent, plus un car-
can d'or garny dç cinq diamants et de seitze grosses perles
Digitized by
Google
l66 DARIAT
qui avait été donné à ladite, damie veuve par son mari. Plus
une chayne garnie d*agate, garnie de gerbes d*or et -d'olivier
garnie de petits roubies, qui luy avoit esté donnée par la de-
moiselle de Tappie. Plus un petit coffret servant à tenir ba-
gues lequel ouvert, y a esté truvé dedans, ung anneau d'or
enchâssé d'un diamant, ung autre anneau d'or enchâssé d'une
émeraude, ung pendant d'oreille garny d'un diamant (i).
« Une petite alayette fermée à clef et un coffret bois no-
quets de rets, demy uzé.
« Ung garniment de lict, fait à parquets en cinq pièces,
garni de franges et filets. » Un autre en six pièces de même.
« Plus un linseul servant à mettre sur le lict, garny de par-
quets de verts, demy uzé.
(( Un linsul de toile garny de parquets et dantelle autour,
servant pour mettre au devant de la cheminée.
(( Deux pistolets, avec leurs rouets et fourreau,
(( Six grandes napes for fines à fasson des flandres, » plu-
sieurs napes grossières et « trois petits tableaux ou napc
demy usés.
(( Ung baudrier en satin noir demy uzé.
(( Ung poignard avec sa guayne garny velours fort uzé.
(i) Madame de Tappie possédait de nombreux bijoux. On est surpris
de la quantité de bijoux que possédaient les bourgeois de Montauban à
cette époque. On peut citer l'exemple de « Demoiselle A?adeleine de
Colom, veufve de feu sire Ramoi\ Coffinhal, borgeois. » Elle testa le
12 mai i585. Elle possédait « une chayne d'or pesant environ dix escus,
une bague d'or, la plus belle qu'elle a, une robe de Fleurance et une
gonellc de Damas qu'elle lègue à sa fille aynée, Suzanne, avec un coffre
à bahut.
A sa fille Marie elle lègue « ses seintures, l'une des gerbes d'or avec
des grains de argent et l'autre aussi de gerbes d'or avec de petits grains
de corailh. Ensemble une robe de serge et ung cotilhon de camelot de
soye rouge et à elles deux, à despartir esgallement ses aultres accous-
trements et toutes ses bagues et autres joyaulx. Sauf de une bague d'or
portant la marque dudict feu sieur Cofiinhal, son mary, qu'elle lègue à
Jean Cofiinhal, son fils, disant que ses bagues d'or, sans comprendre
ladicte marque, consistent en une jacynthe, une turquoyse, ung rubin,
ung granat et ung solheil et une mariage, et quelques aultres de petites
valeur, i (De Rey, notaire, E. 2000, f. 175.)
Digitized by
Google
DARtAT 167
« Ung haut de chausses de satin verd obscur doublé d'un
taffetas incarnat fort uzé, »
Et dans un coffre à bahut fermé à ' lef , des chemises de toi-
le fine {x>ur le défunt et ses enfants, Guyon de Tieys et Ysaac,
sieur de Fontneuve, fils ayné.
Puis les enquêteurs se dirigèrent vers :« une gallerye qui
est à costé regardant sur le fossé » on y trouve des barricots
contenant des graines de chanvre. Puis ils vont (( dans une pe-
tite chambrette regardant sur la petite basse cour, avec une châ-
lit et sa couverture tl'Aix autour duquel châlit il y a un garni-
ment de cadis bleu garny de passemant party de soye et filet
bleu* et incarnat avec petite frange tout autour, uzé et rom-
peu. »
(( Plus un châlit et couchette couvert d'ung rideau de cadis
Jinjolin, (i) garny de passement coleur verte partye de soye
et partie de layne.
« Ung garniment de lict de raze colleur Jinjolin avec pas-
sement partie de soye et partie de layne colleur vert et orange
avec frange et frangeon de fillet de layne en sept pièces.
« Un haut de chausses escarlate avec un perpoîn de fustai-
ne blanc fort uzé»
« Ung perpoint et haut de chausses de tabis colleur ama-
rante doublé d'un bourrassin fort uzé,
« Un manteau de tabis, doublé d'un taffetas damassé noir,
ung perpoint et haut de chausses en drap noir fort vieux. Ung
perpoint et haut de chausses sarge drapade noir.
(( Ung collet de buffle sans manches.
« Une toilette de damas et une escharpe de soye colleur in-
carnat, appartenant à la dite damoyselle.
« Un roguet avec un gallon d'argent sur le devant, et dix
sept boutons aussi d'argent.
« Ung Blonet à l'angloize de taffetas fassonné à l'usage
d'ung des enfants.
Il) La couleur zinzolin est un violet rougeâtre. Cette teinte et celles
des autres parties des rideaux, avec celles des passementeries qui s'y
trouvaient jointes, ne donne pas une idée très favorable sur Tharmonie
de toutes ces tentures.
Digitized by
Google
l68 DARIAT
« Une royale de drap gris, avec sa doublure de frize à usa-
ge dudit défunt.
<( Une petite robe de rase grise à usage d'une des filles.
(( Une petite robe de satin fassoné colleur orange pour une
des filles.
(( Ung cotilhon de satin blanc découpé à usage de la dite
veuve. Ung autre cotilhon de velours à la turque de diverses
colleurs.
<( Ung autre cotilhon de satin colleur feuille morte, un au-
tre cotilhon de satin bleu avec des bandes de satin incarnat
découpé.
« Ung bas de robe satin noir découpé. )>
(( Ung autre bas de sarge de soye noire avec le corset, gar-
ny de boutons.
« Ung autre bas de robe de satin noir découpé. »
On visita ensuite « le grenier de la dite maison qui est au
de bas d'icelle, du coste du corps de la dite maison aboutissant
sur le fossé au costé d'Oriant. »
On y trouva « un chalit bois noguier presque neuf avec
son surcel d'aix. Ung mathelas garny de pailhe. Ung garni-
ment de trénet colleur Jinjolin avec frange et frangeon de fil-
let de layne colleur bleu fort vieux et rompeu » divers objets
forts vieux sans intérêt et une pile de blé.
« Kt dudit grenier ils montèrent, à ung chambre boutée
qui est au-dessus d'icelle, appelée la tour, dans laquelle on
ne trouva rien.
« Kt de ladite tour serions dessandus et remontés à ung
petit cabinet, alK>utissant sur la petite basse cour et au cousté
du jardin » dans laquelle on trouva divers matelas et couver-
tures ou autres choses sii.is intérêt, parmi lescjuelles :
« Une lampe dite caleil avec sa queue de fer.
« Une cazaque de raze grize avec des boutons à Tusage
d'un des enfants. »
On monta ensuite àunechambrette qui donnait sur (t lesdeux
basse cour de ladite maison. » On y trouva <( une chaire à
bras de noguier fort vieille, la garniture d'icelle estant rom-
pue. »
Digitized by
Google
DARIAT 169
Des landiers de fer. Un châlit avec son surcel «et ung garni-
mant de cadis bleu garny de passement Jinjolin et bleu, party
filiet et partye layne demy uzé. » On y voit aussi des couver-
tures et des linseuils.
Et dans un cabinet tout voisin on trouva <( une arquebuze
à mèche. » Une table, un coffre à bahut vieux et rompu et des
pots de graisse.
Dans un cabinet voisin « regardant sur la grande basse-
cour de la maison » on trouva quatre mousquets à mèche, avec
leurs bois et une fourchette, des ciseaux servant au jardi-
nage etc. »
L'inventaire repris le 27 mars au château de Dariat, en
commençant par « la siiPe basse dudit Dariat regardant et
prenanbson entrée sur la bassecourt petite » dans laquelle on
trouva « une table bois noguier avec son siège de menuiserie
un grand banc fait de menuiserie, six chaires à bras garnyes
de mouquette avec doux, une autre chaire à bras, la garni-
ture de laquelle est toute rompue, et un conque de cuivre. »
Tout cela parait indiquer une saille à manger ou un salon
« et à coste d'icelle une entichambre et de la dicte enticham-
bre serions entrés dans la cuisine regardant aussi sur la basse-
cour » où on trouva une grande table vieilhe avec son siège,
deux grands bancs, un archibanc bois noguier, une paire de
landiers » et tous les objets nécessaires à la cuisine, en outre
« une lampe dite caleil, une romane du pois de quatre vingt
livres, deux couvertures de fer. Six grands plats et une dout-
zaines d'assietes presque neufves d'estain, pesant quarante
deux livres. Quatre grands plats dVstan rompus, quatre cue!-
hières d'argent, une aiguelle d'argent. »
De la cuisine on passa à la cuisine vieille et au chai, où il
y avait quantité de vin, et à coté, <( dans la grange », où se
trouvaient les cuves à faire le vin.
De la grange on passa au « Fournial » puis dans « ung
seruvert (i) joignant le fournial » ung grand cuveau plus un
tonneau, une pipe etc.
(i) Le mol est bien : Sjruvert la première fois et : Deseruvert la
seconde fois. Il est difficile à identifier. Est-ce : Ciel-ouvert ??
Digitized by
Google
1 70 DARIAT
« Et dudict de seruvert serions montés par une échelle dans
une tour respondant sur la grande façade du chasteau. » On
y trouva du lard et des têtes de pourceau.
Dans la cour était une ruche à miel et récurie, où étaient,
une jument poil rouge avec la selle et bride fort vieille. « Ung
cheval ongre poil bai avec la selle et bride fort vieux, un au-
tre cheval ongre poil bay obscur, et ung jeune polin poil rou-
ge de Vàge de trois ans. »
On alla ensuite à la métairie appelée : La Barôir tout pro-
che le château puis au moulin tout voisin, enfin à la mé-
tairie des Vallès.
Puis à la métairie de Bruguières distant de la précédente
« ung quart de lieue. »
On alla ensuite à la métairie de Cassaing, puis à celle de
Beraud.
Le 28 mars l'inventaire reprit au lieu de Réalville a où le
feu sieur de Dariat a une maison et métairie. »
La maison en cette ville était fort petite (( et ruineuse » et
la métairie bien peu importante.
I^ 14 avril suivant on fit l'inventaire des papiers et titres
contenus dans les coffres de Dariat.
En présence du sieur de Bonencontre fils et dans la maison
des « héritiers Bonencontre », on trouva pendant l'inventai-
re « dans une petite tirette attachée à une grande table, une
petite boitte » où estoit « Deux pendans d'oreilhe d'or dans
lesquels y a de enchâssés trente deux petits diamans et deux
quy sont au milieu quy sont plus grands.
« Plus ung pouison d'or auquel y a d'enchâssés cinq dia
mans.
« Plus autres bagues d'or appelées Roze où il y a d'enchâs-
sés sept diamans.
« Plus une pierre de Ruby.
« Plus une petite corde de perles meslées avec de graines
noires ou y a ung petit diamant d'enchâssé.
« Plus une pierre ronde grise.
Le 2 mai dans une autre pièce de cette maison on trouva :
« E>eux plats d'estain.
Digitized by
Google
DARIAT 171
(( Quatre assistes d'estain et un morceau d'estain de douze
livres.
« Quatre livres de plom.
(( Ung pot de fer les brassalz avec les aussalz et un gante-
let, le tout de fer avec de petits clous jaulnes a parties des
armes. » Tout cela fut trouvé le second jour de Tinventaire dans,
la maison des hoirs de Bonencontre, en présence de noble
Jiean de CaJbet, sieur de Pratmayou, cousîjn de la. demoi-
selle de Corneilhan et la dite demoiselle qui, du reste fut pré-
sente à toutes les séances.
Et le même jour (2 may) dans la maison des hoirs de
Bonencontre environ l'heure de doutze après midy (sic.) (i)
et dans une chambre haulte regardant sur la grand rue, on
trouva :
(( Ung coffre à bahut cloué avec de clous blancs » et dans
ce coffre :
(( Un garniment de lin faict à parquetz en quatre pans.
c( Ung garniment de lit de damas vert avec de grand frange
..le soye tout au tour en dix parts de grand ou petites.
(( Ung tapis de canabas (canevas) avec frange de soye
vert tout au tour.
(( Un garnim/ent de lict de raze jinjolin en cinq parts avec
frange de mesure colleur tout au tour.
(( Ung coutilhon vert de velours à fon d'argant.
(( Ung autre cotilhon de satin jaune tout et des-
coupé à fleurs.
rît dans un autre coffre
<( Deux lais de toille d'argant incarnat, des napes, des ser-
viettes des flandres. Quatre tableaux (petites napes).
« Ung garniment de lict rose vert brun et rouge en vingt
parties avec franges tout au tour et frangon encore à coudre.
(( Deux lais de damas viollet.
« Quatre cotilhons de tafetas à gros grain.
(1) Une autre fois on dit : à Theure de doutze de midy, qui paraît
plus admissible.
Digitized by
Google
172 DARIAT
(( Ung aultre de satin amarante et blanc, l'aultre de be-
lours noir figuré, et Taultre de satin noir descoupé.
« Un aultre de satin bleu descoupé doublé de satin incar-
nat.
Tout cela étant de Thérédité de Bonencontre, affirmé sous
serment.
(( Et le même jour, 2 may , heure de quatre heures du soir»,
la demoiselle de Corneilhan dit aux commissaires qui fai-
saient l'inventaire <( qu'il y a au pouvoir du sieur Marc de Jean
bourgeois certains coffres » appartenant à l'hérédité. On
se transporta alors <( chez le sieur De Jean qui dit que depuis
vingt ans ou plus, il fust apporté dans sa maison deux coffres
fermés à clef par ledit feu sieur de Dariat, sans qu'il en soit
chargé, ne sachant ce qu'il y a dedans. »
L'un contenait des dccumehts, l'autre du linge des Flan-
dres. On les ferma avec le cachet du Roy et on remit au lundi
leur inventaire.
Et le lundi, 4 may en effet, on reprit en détail le contenu
de ces coffres. Parmi lesquels je relèverai :
(( Ije testament de Jean de Tieys Dariat, retenu le 7 juin
1516, par Pegorery. (i)
« Le mariage passé entre noble Jean Dandrieu, seigneur
de Morville et Louyse de Tieys, retenu par Brieude le 10 juin
Ï579-
« Achat fait en 1568 par Ramond de Tieys et Barthélémy
de Tieys. (16 juin). Domefcy not; un autre Jean Tieys
4 juillet 1560. Laix>rte not; autre par Jean Tieys de Jean de
Jean, mai 1509. Viguery. LTn grand nombre d'achats faits par
Jean Tieys à divers, 150Q-1512, etc.
(1) Les noms du notaire Pegorery et celui de Vignery quelques lignes
plus loin, nous donneront l'occasion de faire remarquer une habitude
singulière qu'avaient nos devanciers Ils e'crivaient indifféremment Pego-
rery ou de Pegorier, Viguery ou de Vijuier. Domercy de Doumerc, Ar-
bussy ou d'Arbus, Lugandy ou l.ugand, Guilhelmy ou de Guilhem,
Benedicli ou de Benoist. On pourrait en citer d'autres exemples. C'est
en somme le génitif du latin, qui vers la fin du XVl« siècle sç traduit
en français.
Digitized by
Google
DARÎAT 173
Enfin on trouva dans ce même coffre deux livres.
« Ung livre en latin. Le livre de la fisique ; couvert en bajan-
ne verthe.
« Plus un autre livre : Les Guilhades d^Erasme, couvert de
bajanne rouge.' (i) »
Et en faisant la clôture de l'inventaire on donne une légère
description du château de Dariat « consistant, en salles,
chambres, entechambre, estables, granges, galleries; bassc-
courtx et en deux corps de logis avec tours. Le tout basti de
briques, couvert de tuilhe canal, et environ duquel château
y a ung bois a hault fustage. »
On ne parle pas du pigeonnier.
L'inventaire se termine par la nomenclature des nombreu-
ses pièces de terre composant les métairies indiquées plus haut.
Il n'y est donc pas question de la grande maison des Da-
riat, dans la ville de Montauban, maison citée au cadastre
de 1582 (( rue tendant du Griffoul au chasteau Consular. » La
troisième maison en venant de la porte du Griffoul se trouve
appartenir à « sire Nicolas Tieys marchand, f. 117 v*.) ».
Cette maison passa en 1604 à sire Jacques Tieys, greffier,
fils de Nicolas, et en 1624 à M* Jacques Tieys, notaire. C'é-
tait la branche cadette.
A la suite de cette maison se trouve celle de « noble Jehan
de Tieys Dariat escuyer. » (f. 118 v**) qui confronte d'aquilon
à Nicolas Tieys. Peu après il se charge de quatre articles des
biens dudit Ni :olas. Cette dernière n'est pas citée en 1637, elle
avait été donnée au fils d'Isaac de Tieys, sieur de Fontneuve
par son père Pierre.
C'est dans cet immeuble que le Roy fut reçu en 1565.
Le Roy Charles IX, arrivé à Montauban le 20 mars 1565,
fut reçu solennellement, et fut logé dans la maison de noble
^1) Le mot patois guilhar signifie tromper, duper faire des farces. On
peut croire que ce titre se rapporte soit à réloge de la Foiicy par Erasme,
soit plutôt aux colloques d'Erasme, qui étaient des ouvrages contenant
des plaisanteries, souvent outrées, quelquefois pleines d'esprit. Tous les
autres ouvrages de cet auteur, dont les sujets sont religieux, paraissent
étrangers au titre lan^ucdjcien cité dans notre inventaire.
Digitized by
Google
1 74 DARIAT
Jean de Tieys, sieur de Dariat, bourgeois de Montauban (Le-
bret. II, not. 371.)
Elle avait été choisie comme étant Tune des plus belles.
Elle était dans la rue de TEscolle voisine de la porte du Grif-
foul.
Le choix de ce logis pourrait aussi provenir de la religion
que professait encore le sire Jean de Tieys, sieur de Dariat,
à cette date, car la branche noble de Tieys Dariat, n'avait
pas encore embrassé le protestantisme en 1565.
La branche collatérale des Tieys, bourgeois de Montauban
au contraire, figure sur les registres de TEtat civil, dès Tannée
1566 pour le baptêm.? du premier enfant d'un mariage con-
tracté en 1564.
Pour la branche dos Dariat, on ne trouve leur trace dans
les registres, ix>ur la première fois, qu'en 1568, par la mort
de « Guillhaume Tieys dict Dariat, lieutenant du capitaine
I>anis » qui mourut le 6 novembre 1568 (Décès, f. 14.)
La seconde mention de cette branche est le mariage, surve-
nu en 1579, entre « noble Jehan de Tieys, seigneur de Dariat,
escuyer et damoyselle Anne de Tappie » (M. 157g. f. 109.)
Cette branche n'avait adopté la Réforme qu'après les sièges
de Montauban par Burie et Monluc. Et Jean de Tieys, dit Da-
riat même, à l'époque de ce5 guerres civiles, chercha à se ren-
dre utile à sa patrie en servant de parlementaire entre les
deux partis. Le 20 avril 1562, après les premiers troubles cau-
sés p^ir les prédications de la Réforme, l'approche de l'armée de
Burie et de Monluc causa une panique à Montauban ; les con-
suls et quelques officiers du sénéchal demeurèrent en ville avec
les femmes, les hommes s'armèrent et allèrent rejoindre les
troupes qui tenaient la campagne autour de la ville pour en dé-
fendre les abords.
Jean de Tieys dit Dariat, bourgeois, et Jean de la Porte,
syndic du pays de Quercy, tous deux de la religion romaine
furent envoyés à Burie et Monluc pour présenter les clefs de
la ville.
Heureusement ces seigneurs furent obligés de se diriger vers
Agen, ce qui débloqua Montauban.
Digitized by
Google
DAFIAT 175
Malgré œla le siège eut lieu au mois d'octobre, et la maison
Dariat, qui était sur le rempart, fut exposée chaque jour aux
coups de canon. Jean de Tieys, dit Dariat, bourgeois de Mon-
tauban, et receveur de Quercy, s'étant absenté de la ville dès
le début fut envoyé par Monluc, le 24 décembre, en parlemen-
taire à Montauban. Mais « il fut respondu à Dariat, que
Monluc ni Terride, ni le cardinal d'Armagnac n'auraient
l'honneur de la délivrance de Montauban, mais Dieu seul, qui
Tavoiti jusques alors préservée, contre toute esf>érance hu-
maine. » (Hist. Eclesiast. de Bèze.)
Dariat, receveur du Quercy, fit une nouvelle tentative, le 13
février 1563, pour ramener le calme dans les esprits, à Mon-
tauban. Il se présenta devant la porte des Cordeliers avec le ca-
pitaine Malicy, et parlementa. « Ayant tiré à part, les con-
suls syndics, et quelques uns du conseil, il n'oublia rien à dire
de ce qui pouvoit les intimider et induire à rendre la ville. »
Il leur dit qu'un second siège allait commencer. Il employa
même les larmes, mais ce fut en vain. Il ne fit pas fléchir le
courage des Montalbanais. Le premier consul, Hugues Cal-
vet, fut chargé de lui apporter la réponse du Conseil de ville.
Montauban ne tarda pas a être attaqué de nouveau.
Ce rôle de pacificateur attira sur lui l'attention du souve-
rain. Et, malg'-é le peu de succès de ses ambassades auprès de
ses concitoyens, le roi lui en sut gré. Nous ne savons pas
s'il y eutf ajioblissement par lettres patentes, mais c'est la
la suite de ces affaires qu'on voit le chef de la famille, se qua-
lifier de noble et d'escuyer.
Ainsi quand Charles IX entra à Montauban il trouva tout
naturel de loger chez son bon sujet et ami qui portait déjà
la qualification de noble, et non plus celle de bourgeois, qu'il
était fier de porter en 1562.
Mais peu après, dès 1568, on voit cette famille passer à la
Réforme comme la branche cadette établie dans la ville. Un
de ses membres, Guilhaume, lieutenant dans les troupes hu-
guenotes dans la compagnie du capitaine Lanis, meurt dans
la religion réformée, en 1568. Son frère, le capitaine Tieys,
sieur Dariat, fit toutes les guerres civiles dans le parti du
Digitized by
Google
Iy6 DARIAT
roi de Navarre et, en 1592, il joua un rôle important, à la ba-
taille de Villemur où le duc de Joyeuse fut battu et trouva la
mort dans sa fuite en se noyant dans le Tarn.
Voici le récit de cet événement tel que le porte le duc de
Sully en ses mémoires.
Le duc de Joyeuse, zélé partisan de la ligue en Languedoc,
ayant rassemblé cinq ou six mille hommes de pied et huit à
neuf cent chevaux, aux environs de Toulouse, s'avança le 15
juin 1592 vers Montauban, pillant les bourgades et le plat
pays. Il mit le siège devant Villemur.
Le sieur Dariat et les bourgeois de Villemur eurent recours
à Thémines qui tenait pour le roi. Le duc d'Epernon et Thé-
mines vinrent soutenir Villemur.
I^e seigneur de Dariat se retira dans Villemur avec deux
cent cinquante arquebusiers et environ cent ou cent vingt ca-
valiers.
Il en fit sortir Reyniès, devenu trop infirme, et résolut de s'y
défendre jusqu'à l'extrémité, comptant sur un secours du roy.
C'est ce qui arriva, et Montmorency fit partir I^cques et
Chambaut avec de fort bonnes troupes protestantes.
Joyeuse kssuya devant Villemur une défaite complète.
(Mem. de Sully. I.v. V.) Son frère Jean de Tieys, escuyer,
sieur de Dariat, avait épousé damoiselle Lizette de Viguier,
vers 1550. Il en eut quatre filles et un fils Jehan, dont les
baptêmes sont inscrits à l'Etat civil protestant de Montauban.
C'est le fils de Lizette de Viguier, Jean, qui avait épousé
Anne de Tappie. Cette dame fit, en juillet 1597, « l'achat des
sceaux royaux des cours de Monsieur le Sénéchal et juge ordi-
naire de Quercy, de noble Pierre de Gourgues, seigneur de
Roquecor. » (De Rey, not. 1597 ; f. 288.)
Elle était déjà veuve à ce moment. Elle paya cet achat
d'une somme de « 600 escus sol. » Cette vente ayant été faite
avec pacte de rachat, il est probable que le rachat ne tarda pas
a être opéré car, on ne trouve plus aucune trace de la gestion
des sceaux royaux par ladite dame.
Dame Anne de Tappie était très fortunée. Elle possédait
une quantité de biens et fit, en 1581, des achats sans nombre.
Digitized by
Google
DARrAT 177
Elle possédait aussi une partie du moulin des Albarèdes à
Monta uban, et, par acte du 5 mars 1597 puasse devant De Rey,
notaire royal à Montauban, elle vendit sa part, à Messîre Jean
de Viçose, lieutenant. En même temps ses copropriétaires!,
qui étaient sire Pierre de France et Sire Ramond de Tresrieux,
lui vendaient leurs parts. Jean de Viçose paraît donc avoir
été, à cette date, propriétaire de l'entier moulin des Albarèdes.
Peu après, sa fille, demoiselle Marguerite de Tieys Da-
riat, épousa M. Maistre Samuel de Bonencontre, conseiller
du roy en sa cour de Parlement de Toulouse et chambre de
TEdit, par contrat du 8 juillet 1600. (De Rey, not.)
De ce mariage naquirent plusieurs enfants. C'est de ces
enfants que le défunt Pierre de Tieys était tuteur.
« Messire noble Jean de Tieys, sieur de Dariat et de Font-
neuve » acheta le 10 mai 1610, par acte passé devant M* Rey,
notaire, les deux tiers de la place et de la seigneurie de
Cami>arnaud, à Messire de Faudoas.
Il ne la conserva que jusqu'en 161 1, et la vendit au sire
de Bar qui était déjà possesseur du troisième tiers de cette
seigneurie. ( Moulenq. III. 80.)
Pendant les guerres de religion de 1621 « M. de Dariat. »
prit les armes dans le parti huguenot. A la veille du siège que
le roy Louis XIII dressa contre la ville de Montauban, pen-
dant une escarmouche aux environs de la ville, à Corbarieu,
le 30 juillet 162 1 « M. de Dariat, » fut blessé et fait prison-
nier par un officier catholique. Son vainqueur, auquel il fut
obligé, suivant les coutumes du temps de payer une rançon,
se nommait <( Monsieur de Lestang, gentilhomme du pays de
Rouergue. »
La famille de Tieys jouait un rôle important dans le pays.
Elle était sortie de Fontneuve où on la trouve déjà au quin-
zième siècle.
C'est même une chose assez intéressante à noter que le pro-
grès par lequel cette famille s'éleva par elle-même, sans avoir
occupé cependant aucune qharge importante.
En 1457 (( Barthélémy Tieys, alias Dariat, laborator Fon-
tisnovi », traite avec un marchand de brebis de Bressols, (ac-
te chez Déporta Notaire.)
1908 14
Digitized by
Google
178 DARIAT
C'est le premier que nous connaissions, il était le |>ère de
Pierre Tieys alias Dariat, qui vivait de 1440 à 1465 époque
où il fut père de deux fils, tous les deux dénommés Johan, et
de deux filles Maria et Johanna.
L'un deux plus tard connu sous le nom de « Johan Tieys
alias Labat de Fontneuve » et l'autre « Johan Tieys alias
Dariat, filius Pétris mercator Montisalbani. » Celui-ci, qui
paraît être l'aîné, succédait au commerce de son père. Johan
Tieys alias Labat de Fontneuve -était « Laboureur ».
Ce n'est pas le seul exemple que nous connaissions de si-
tuation sociales aussi dissemblables à cette époque là à Mon-
tauban. En particulier une famille Lescure qui arriva plus
tard à une situation très élevée était dans le même cas.
(( Johan Tieys alias Dariat, mercator civitatis Montisalba-
ni, filius Pétri », occupait en 1495, une situation des plus en
vue dans le commerce Montalbanais. Il faisait de nombreux
voyages à Bordeaux et devait gagner beaucoup d'argent, car
fl achète des terres en quantité, et des maisons, pour agran-
dir la maison paternelle.
Un achat fait par lui le 10 janvier 1515 nous intéresse par-
ticulièrement en ce qu'il nous montre que tous ces Tieys for-
maient une seule famille puisqu'ils étaient tous copropriétai-
res de la maison de la rue du Griffoul.
(( Ramundus Tieys, Jacobus et Geraldus Tieys, laborato-
res, pater et filii, habitatores Fontis novi », vendent à <( Johan
Tieys, mercator montisiilbani, domum sitam in carriera de la
gulharia sive del GrifTol, confrontant ab una parte cùm domo
altéra. ipsius emptoris et ab altéra cum domo alterius Johan-
nis Tieys ». Problablement le frère surnommé Labat. La
maison vendue était une partie de la maison de la famille;
d'un autre côté elle touchait par devant <( a parte ante cum car-
riera publica )) et par derrière (( a parte rétro cum muro vil-
lae ». Et dans la vente était comprise une cour (( comprehen-
do in venditione ayrale cum obliis. » Ce dernier mot paraît
indiquer que la maison vendue était chargée d'une rente pour
le repos des âmes de la famille. L'acquéreur l'acceptait.
Ainsi se reconstituait « l'hostal payral » la maison des an-
Digitized by
Google
DARIAT 1 79
cêtres, cette maison qui allait prochainement abriter un mo-
narque.
Dès Tannée suivante nous découvrons un nouveau copro-
priétaire |X)ur cet immeuble.
Monsieur le Prince de Condé, y fut logé en 1611.
Après avoir acheté en 15 15, « Johan Tieys, filius Pétri, mer-
cator civitatis montisalbani », ne tarda pas à avoir des diffi-
cultés avec Tun de ses cousins copropriétaires, un autre
Johan Tieys <( Johan Tieys alias Johan, mercator civitatis
montisalbani. » Quand on se trouve au milieu d'un si
grand nombre de Tieys portant le même prénom de
Johan, dont deux au moins, sont frères, on comprend la né-
cessité de tous ces surnoms, pour les distinguer l'un de l'au-
tre. Ce dernier Johan avait fait édifier « édificaverat unam
cameram valetum, (1) sive galeria, supra menia (2) dictae ci-
viatis contigua domi sue » et en marge on explique que cette
galerie couverte (valetum) dominait la porte de Fossat « me-
nia » la « porta de fossat. » Le nouvel acquéreur se plaint.
Cette galerie couverte, certainement agréable, exposée au
Nord, lui nuit. <( Johan Tieys alias Johan » le reconnait et
s'engage à la modifier si c'est nécessaire. (Pegoreri 14 mai
15 16 f. 248). Dariat ne tarda i>as à tomber malade. Le 7
juin 15 16 il fait son testament qui nous montre l'importance
de sa famille. Il débute comme le faisaient tous les testateurs,
par l'invocation de Dieu, de la Vierge et de tous les saints du
Paradis, soit qu'il meure en ville ou à la campagne distante de
deux lieues de la ville « O aJs camps a doas legas » (c'est bien
la distance de Dariat) il ordonne que son corps "<( sia portât
(i) « Valetum. » On nomme encore dans la campagne, l'auvent d'une
toiture, qui abrite la porte de la métairie « Un balet. v Je crois que l'ori-
gine du mot qui désigne l'entrée d'une maison vient de l'habitude latine
de graver au seuil le mot « Vale. » Souhait pleinde cordialité demandant
la santé de l'hôte qui va entrer.
(2) « Menia. » F<etranchement. C'est le boulevard du Gtiffoul, en-
ceinte fortifiée, qui couvrait la porte du même nom et facilitait le pas-
sage entre la Ville et le fort du Conseil ou des Jacobins.
Digitized by
Google
i8o ÛAKlAT
et sepulturat à l'Ecclesia et voli que sia portât am sîes torchas
alucadas cascuna de una liura. »
Il prescrit, s'il meurt à Montauban, de pK>rter son corps à Té-
glise des frères Prêcheurs, s'il meurt dans un autre lieu il .
veut que le service se fasse dans la paroisse du dit lieu, et s'il
vient à mourir à Bordeaux, où son commerce l'attirait souvent,
il demande que sa dépouille mortelle soit portée à l'Obser-
vance de Bordeaux.
Puis il ordonne à ses héritiers de faire dire des messes pour
le repos de son âme. « Item voli esser ditas lo jorn de ma sé-
pulturai cent messas de requiem. Lo lendema ay tan tas. A la
novena aytantas, et al cap de l'an aytantas. Et a cada capela
per cada messa layssy vingt dénies. » (( Item leguy et doni al
acapte del pugatory de Saint Jacmes de Montalba, detz liuras
tornesas, pagadoyres una vegada. » Payables une fois seule-
ment. Cette prescription se reproduit à chaque legs. C'était
prudent
« Item doni et leguy a cascuna autra luminaria del sainct
Jacmes cinq sols tornes pagatz une vegada. »
Le mot « sols » est difficile à lire et ne me paraît pas être
le véritable mot à accepter. Mais je ne peux en identifier au-
cun autre avec le texte.
Il donne aux frères Prêcheurs douze livres tlournois, au
Couvent de l'Observance de Montauban, et clx livres, <( à la fa-
brica del covent ( de saint Théodard sans doute). Item al co-
vent dels Carmes et de suint Augusti à cadum una pipa de
vy, à la gleysa de sant Blazy de Fontne\'a une capa missal (cha-
suble) de très livras tornesas. » et aux Ladres <( une barrica
de vy. »
Il nous nomme sa femme « Dona Guilhalma de Johan » et
son fils Johan. Il ne nomme pas d'autre enfant, mais prévoit
prochainement la naissance d'un enfant dont sa femme est
grosse en ce moment. (Pegoreri E. 3102. f. 281.)
De ce fils Johan, descendit toute la lignée des Dariat.
Il fut d'abord notaire jusqu'à la mort de son père survenue,
croyons nous,en 1535. Puis, en 1537, on le trouve qualifié de
« Providus vir Johan nés de Tieys, alias Dariat, mercator mon-
tisalbani. » (achat Saint-Just, notaire 1537 f. 339.)
Digitized by
Google
DAR[AT l8r
C'est son fils « Johan de Tieys sieur de Darîat, receveur du
Quercy, qui en 1565, reçut dans sa grande maison de la rue
du Griffoul le roy Charles IX, comime le raconte Le Bret, his-
torien de notre ville.
A la suite de cet événement toute cette branche prit la qua-
lification de noblesse, on en voit la trace dans les documents
officiels.
La première trace officielle que nous en trouvons se voit
dans l'acte de mariage de son fils, noble Jehan de Tieys, sei-
gneur de Dariat, escuyer, avec Demoiselle Anne de Tappie »
en 1579. (Etat civil f. 109.)
Le mariage contracté en la même année le 10 juin <( entre
noble Jean d'Andrieu, sieur de Morville, et Damoiselle Louise
de Tieys » indique bien aussi la situation de la famille.
Depuis cette date toute cette branche prit la qualification
de noblesse. Deux de ses membres furent officiers dans les
troupes d'Henri de Navarre plus tard d'Henri IV. Le service
militaire anoblissait, et les enfants du « capitaine Dariat »
par exemple, qui contribua en 1592 à la défaite de Joyeuse à
Villemur, se qualifiaient de nobles, d'une façon fort légiti-
mement admise à cette époque.
On est donc un p>eu surpris de voir que le Nobiliaire de la
généralité de Montauban, par Laine, ne donne à la noblesse de
cette famille, comme date reconnue, que celle de 1638. Ce ne
serait donc qu'après le décès de Pierre de Tieys, époux de
Damoyselle Marguerite de Corneilhan, que la noblesse aurait
été acquise à la famille.
La branche cadetitje des Dariat, issue de Nicolas • Tieys,
marchand de Montauban, fils de Jehan, continua le commerce.
Nicolas épousa Demoiselle Peyronne Delsol, et leur fils Jac-
ques, qui eut pour marraine sa cousine, Anne de Tappie, en
1580 devint notaire, et épousa Demoiselle Anne de Preyssac,
en 1605.
Les enfants de ce mariage furent tous qualifiés : Bourgeois
de Montauban et prirent des alliances dans les familles de la
meilleure bourgeoisie montalbanaise.
La branche Tieys de Fontneuve resté attachée à la campa-
Digitized by
Google
l82 DARIAT
gne, était très fortement apparentée à la branche Dariat. Ain-
si qu'on le voit en 1516 par les achats des diverses parties de
la maison de lai famille, à la rue du Griffoul, que Johan Tieys
Dariat réunit sous sa main en les rachetant à ses cousins Ra-
mond, Jacob et Geraud.
Le dernier des Dariat, légua ses biens à Jean Tieys né vers
1665 qui épousa Demoiselle de Serres. Ils eurent Laurens et
François. La petite fille de Laurens, Elisabeth épousa le petit-
fils de François nommé Dominique Tieys, qui en 1793, déjà
depuis nombre d'années, était secrétaire en chef à la mairie de
Montauban.
Leur fils Jean Mathieu né le 19 septembre 1793, rue de l'Ho-
tel-de^ Ville, ancienne rue du Griffoul, fut, comme son père,
chef du bureau d'administration générale à la mairie. Il épK>usa
le 23 juin 1823, demoiselle Anne Herment.
Leur fils, I>omi nique Tieys, connu sous le nom de Henri
Tieys, né vers 1828, fut aussi pendant toute sa vie chef de Bu-
reau d'administration générale à la mairie. Il mourut le 29
juillet 1874, âgé de 46 ans, entouré de l'estime de tous les Mon-
talbanais.
Pendant une centaine d'années, cette famille s'était dévouée
modestement au service de ses concitoyens. Il est juste de fai-
re revivre sa mémoire.
Digitized by
Google
LE SIEGE D'ALUZE
Par Jules César
[Plaquette par Emile Bonneau^ offerte par M. Moissemt
à la Société archéologique de Tarn-ct-Garonne)
COMPTE RENDU
PAR M. MOISSENET
Membre de la Société.
Messieurs et chers Confrères,
J'ai rhonneur de faire hommage à notre Compagnie d'une
plaquette 'ntitulée Siège d*Aïuze par Jules César, et écrite par
un de mes compatriotes, M. Bonneau, et, avec l'autorisation
de notre bureau, je me propose de vous en soumettre, ce soir,
le compte rendu.
Vous remarquerez immédiatenuent que l'auteur parle du
Siège d'Aluze et non d'Alise. C'est qu'en effet il place Alésia
de Vercingétorix non pas à Alise-Ste-Reine dans l'Auxois,
mais à Aluze, sur la route d'Autun à Chalon-sur-Saône et sur
les collines qui bordent au Sud la vallée de la Dheune.
Qu'il me soit permis de vous dire que mon père possédait
en Bourgogne une petite propriété à deux kilomètres du villa-
ge actuel d'Aluze, et que, pour nous y rendre aux vacances de-
Digitized by
Google
184 LE SIÈGE d'aLUZR PAR JULES CÉSAR
puis Paris, nous passions dans notre enfance deux fois par an
devant Alise-Ste-Reine, où venait d'être édifiée la statue mo-
numentale de Vercingétorix parfaitement visible du chemin
de fer au sommet du mont Auxois, où je l'ai encore vue cette
année à mon retour du congrès de la Route, en allant de Paris
à Nice. L'attente de la statue de Vercingétorix nous aidait
même à passer sagement une partie des heures du trajet, si
longues pour des enfants et si réellement longues da.ns les
trains d'il y a quarante ans et plus.
Aussi saisirez-vous l'intérêt tout particulier que je porte aux
deux localités ! et ne serez-vous point surpris d'apprendre que
cet intérêt se double du fait que l'auteur de la plaquette place
la citadelle de Vercingétorix exactement à l'emplacement de
notre maison paternelle ! enfin m'excuserez-vous de me croire
plus qualifié que qui que ce soit, pour soumettre à votre bien-
veillance la théorie nouvelle sur la situation d'Alésia 1
Après ce préambule un peu long, dont je m'excuse égale-
ment, passons au compte rendu de la plaquette.
Je n'insisterai pas avec détail sur les 45 premières pages
de la plaquette, et cependant je ne saurais trop attirer votre
attention sur les considérations générales d'un haut intérêt
qu'elles contiennent.
Elles expliquent qu'il y avait, en Gaule, la race belliqueuse
des anciens Brenns, dans les hautes terres formant sept bas-
tilles autour de la grande citadelle du plateau central, et la race
pacifique, agricole, industrielle et commerçante des plaines et
des vallées; comment cette race pacifique avait pour centre
les Eduens, habitant à la jonction des trois bassins de la Seine,
du Rhône et de la Loire, à la jonction des routes reliant ces bas-
sins et desservant tout le mouvement commercial des deux tiers
de la Gaule; comment les Brenns, confinés sur leurs territoires
quand les Romains les eurent dépossédés de leurs colonies
d'Italie et d'Esj>agne, se rejetèrent sur les Gaulois des vallées,
pour y exercer leur humeur belliqueuse et pillarde ; comment
les deux races firent appel à l'étranger, et comment les Eduens,
pour défendre leur confédération et se défendre eux-mêmes
contre les sauvages Helvètes, demandèrent le secours de Ro-
me.
Digitized by
Google
LE SIÈGE d'aLUZE PAR JULES CESAR l85
César, que le Sénat envoya en Gaule avec le secret espoir
qu'il y trouverait la mort, se chargea de délivrer la Gaule des
envahisseurs, d'y rétablir Tordre, et d'assurer la prédominence
de la ligue Eduenne, à condition que cette lig^e reconnaîtrait
la dictature de César, et mettrait à sa disposition toutes ses
ressources en hommes, matières et argent. Dans son trésor,
César puisa de quoi entretenir dix légions pendant dix ans,
et, en même temps, de quoi acheter Rome.
César tint parole: successivement, il détruisit ou repoussa
défiaitivemeat les envahisseurs: Helvètes, Germains, Ner-
viens, Aduatuques et Suèves ; il soumit du même coup, dans
ses campagnes contre ces envahisseurs, les Brenns de Sept
Bastilles des Terres Hautes autour du plateau central.
Restait ce dernier. Les Brenns n'avaient plus rien à faire,
ni contre les envahisseurs détruits par César, ni contre la rare
pacifique, protégée {xir César ; et comme ils vivaient essentiel-
lement de l'épée, c'était une dégradation ix>ur eux de cesser
de s'en servir.
De là la révolte des Brenns 1
En Auvergne, un certain Celtil avait, à un moment donné,
groupé sous son influence presque toute la Gaule militaire. Mais
ses clients eux-mêmes l'avaient mis à mort, parce qu'il avait
voulu se faire roi. Son fils Vercingétorix, n'a pas de peine à
reconstituer conire les Romains le groupement préparé par
son père. La révolte s'étend rapidement dans les régions mon-
tagneuses, et César est menacé d'être coupé de ses légions. Il
accourt en hâte malgré l'hiver, se multiplie; il enferme les
rebelles aans l'Auvergne. Alors Vercingétorix, dont les trou-
pes avaient été malheureuses dans quelques combats ou ba-
tailles rangées, ravage méthodiquement la contrée, comme les
Russes lors de la campagne de Russie, et se fait poursuivre
par César, jusque devant sa capitale, Gergovie, où avec l'aide
des frimas et de la famine, il espère bien venir à bout de lui.
Pendant le siège, gracie, dit César, à de fausses nouvelles, on
ébranle !a fidélité des Eduens, et lorsque César se décide à le-
ver le siège et à battre en retraite pour hiverner dans des ré-
gions plus riches et plus sûres, il est obligé d'éviter Bibracte,
la capitale des Eduens, déjà en pleine révolte.
Digitized by
Google
l86 LE SIÈGE d'aLUZE PAR JULES CESAR
Il rejoint les légions de Labiénus dans le bassin de la Seine.
C'est maintenant que commence à se poser la question qui
nous intéresse plus particulièrement.
Pour vous en parler avec plus de certitude, j'ai demandé à
notre collègue M. Masson, une traduction des Commentaires
de César, et M. Masson m'a, sur ma demande, donné un li-
vre en solde, c'est à dire une édition de la Bibliothèque Char-
pentier, d'un âge déjà respectable, et nullement préparée pour
les besoins de la cause. Or quelle n'a pas été ma surprise de
trouver dans le texte latin, dans la traduction, dans les notes
du traducteur, et dans les Commentaires de Napoléon III des
arguments, en faveur de notre thèse, qui s'ajoutent à ceux que
contient la plaquette de mon compatriote 1
En effet et tout d'abord, il est dit que Labiénus, après avoir
défait Camulogène à Lutèce, revint à Agendicum où il avait
laissé ses bagages, et, de là se rendit avec ses troupes au de-
vant de César. D'après Jules Quicherat, Agendicum s'identifie
avec Sens ; (je trouve ce renseignement dans la traduction
Charpentier). César venait de l'Auvergne par Nevers. C'est
donc nécessairement au Sud de Sens que Labiénus rejoint Cé-
sar. Aussi sommes nous, M. Bonneau et moi, tout disposés à
croire que c'est précisément au mont Auxois, au sein d'une po-
pulation encore fidcle, sur la route reliant le Nord à la Proven-
ce, (la province Romaine par excellence), dans une position
éminemment forte et spécialement fortifiée par lui même en
cette circonstance, que César prit ses quartiers d'hiver. Ainsi
s'expliquerait tout naturellement la richesse du mont Auxois
et des environs d'Alise Sainte-Reine en souvenirs Gaulois et
Romains, alors que, il convient de le remarquer, des souvenirs
des Romains n'ont pas raison d'être dans une ville assiégée
par eux et détruite tant par ce siège qu'après ce siège.
Pendant ce temps, et pnDur couper les comimunications de son
ennemi avec la Provence, de même que p>our mieux tenir en
main l'ensemble de ses forces, surveiller les Eduens, et empê-
cher des défections, Vercingétorix hivernait à Bibracte.
A la fin de l'hiver, la Provence, travaillée par les émissai-
res de Vercingétorix, commence à se soulever. César se met en
Digitized by
Google
LE SIÈGE d'alUZE PAR JULES CESAR I 87
marche pour la ramener. Et Vercingétorîx, informé de cette
circonstance par ses espions et éclaireurs, va au devant de lui
pour lui coui>er la route. Il se fait battre en une localité non
spécifiée dans les Commntaires et se retire à Alésia, au pied
de laquelle César arrive le lendemain de la bataille. Ainsi Alé-
spécifiée dans les Commentaires et se retire à Alésia, au pied
de l'emplacement du combat.
Si Alésia était à Alise, il faudrait que Ton trouvât à une
journée de marche du mont Auxois vers le Nord ou le Nord-
Ouest, un emplacement répondant à celui de la bataillé. Or,
d'après la description du champ de bataille, cet emplacement
ne peut se reconnaître dans la région.
Ensuite il faudrait que pendant que César se rendait de ses
quartiers d'hiver au Sud de Sens (Joigny, par exemple) au lieu
du combat, situé à moins dé 60 km. Vercingétorix eût pu
être prévenu à Bibracte (180 km) et faire faire à ses troupes un
parcours de iio km, en terrain très accidenté.
Mettre Alésia à Alise-Sainte-Reine, conduit donc, à cet
égard, à unç série d'invraisemblances.
Il n'en est pas de même, si, comme le fait M. Bonneau on
met Alésia à Aluze, et le champ de bataille à Ecutigny. Ecu-
tigny se trouve, en effet, sur le trajet le plus direct qui permît
à César de se rendre en Provence, à deux jours de marche au
moins (60 km. et par terrain difficile) depuis le mont Auxois,
à un jour de marche de Bibracte au plus, (30 km.), en suivant
la vallée de l'Arroux et celle de la Canche, son affluent, et à
30 km., soit un jour de marche, du pied d 'Aluze. Toutes ces
données et considérations concordent donc alors parfaitement.
Revenons à Vercingétorix défait à Ecutigny. « Il prend
immédiatement la route d'Alésia, Ville des Mandubes ». Que
sont et où sont les Mandubes. I^ traducteur de Charjjentier
n'est pas embarrassé. Puisqu'il place Alésia sur le mont Au-
xoiSj il indique en renvoi: « Mandubes, peuple de l'Auxois ».
M. Bonneau y regarde de plus près ; il cherche dans le nom
même une indication sur la situation probable de la résidence,
et il la trouve : (( Men dub » veut dire, en Gaulois, (( Pierre
noire ». Or, au mont Auxois les calcaires jurassiques sont une
Digitized by
Google
l88 LE SIÈGE D*ALUZE PAR JULES CESAR
pierre blanche. Au contraire, sur le plateau où M. Bonneau pla-
ce la ville des « Mandubes », le calcaire à gryphées arquées a,
à rétat naturel, une teinte d'un gris sombre, et poli, il donne
une sorte de marbre noir légèrement veiné par le blanc des
coquilles : l'encadrement de la cheminée de notre maison fami-
liale, en pierre du pays, fait ressortir cette couleur. Aluze est
donc bien la ville des Roches noires.
D'autre part on lit dans les Notes de Napoléon III la surpri-
se de ce dernier de constater que Vercingétorix, assiégé, n'ait
pas, en même temps que sa cavalerie, licencié les trois quarts
de son infanterie. Il dit excellemment : (( Est-il vrai que Ver-
ce cingétorix s'était renfermé aivec 80.000 hommes dans la ville
« qui était d'une médiocre étendue ? 20.000 hommies étaient
« plus que suffisants pour renforcer la garnison d'Alise, qui
« est un mamelon élevé, et qui (ajoute-t-il), contenait d'ailleurs
« une population nombreuse et aguerrie ». Cette remarque peut
être parfaitement exacte si Alésia est à Alise sur le mont Au-
xois ; mais elle cesse d'être justifiée si l'on adopte pour Alésia
le territoire des Pierres Noires. Aluze, en effet, .recouvrait un
plateau relativement vaste, et était habité par un peuple dont
César se borne 4 dire : <( Les Mandubes, qui s'étaient retirés
« dans la ville, essayèrent de sortir avec leurs femmes et leurs
« enfants. Quand ils arrivèrent devant nos lignes, ils deman-
« dèrent en pleurant qu'on les reçût comme esclaves ».
Non, la ville des Mandubes n'était pas qu'une place de guer-
re ; elle était surtout l'entrepôt commercial du pays des
Eduens, une sorte de Nijni Novgorod, à la jonction des voies
qui reliaient par le plus court la vallée de la Saône avec celle
de la Loire, la vallée du Rhône, la Provence et l'Italie, avec la
vallée de la Seine ; Cabillonum (Chalon-sur-Saône) avec Bi-
bracte. Il y reste les traces d'une voie romaine, venant de Châ-
lon, qui atteste son importance et confirme nos dires. C'était
la célèbre Aluese ou Aléuse qui était, avant César, connue au
moins autant que Bibracte, et dont parlent des auteurs tels que
Diodore de Sicile.
L'Alise du mont Auxois, place forte sur son petit mamelon
abrupt, point quelconque d'une vallée d'un sous affluent de la
Digitized by
Google
Seine, n'a rien de oe qu'il faut pour être une place de commer-
ce, capable de posséder, sans préparatifs, plus de 30 jours de
vivres pK>ur plus de 80.000 hommes et pour sa population pro-
pre, soit près de trois millions de rations.
Il semble donc qu'une fois aiguillé dans la bonne voie, on
trouve à chaque pas des arguments qui s'étayent les uns les
autres, et l'on peut, sans hésiter, affirmer que Vercingétorix
n'aj pas commis la faute de tactique qui étonnait Napoléon III.
La véritable Alésia avec sa vaste étendue, et sa population for-
mée en majorité de riches marchands et d'esclaves, admettait,
exigeait même, une garnison de 80.000 hommes.
L'oppidum des Mandubes s'étendait donc sur le plateau lé-
gèrement déclive vers le Nord, qui sans crêtes à pic comme cel-
les du mont Auxois, auxquelles César n'aurait pas pu ne pas
faire allusion, mais avec des versants argileux très raides, do-
mine de 160 m. le fond des vallées. Cette dénivellation, à la-
quelle César se heurte en arrivant, suffisait à rendre la place
inexpugnable. Il est peu de places, sinon de forts, en France,
qui dominent d'autant leurs abords. Au contraire du côté de
l'Est, une vallée sèche, partant du pied du bourg actuel d'Alu-
ze, seul reste de la cité, n'offre que peu de profondeur en con-
trebas du plateau. Aussi César signale-t-il tout spécialement
que les troupes Gauloises avaient fortifié par un mur en pierres
sèches (différant du type normal des murs Gaulois), la rampe
qui regardait le soleil levant. Et les restes de ce mur, sur une
grande longueur où rien dans les cultures ne motivait leur pré^
sence, ont-ils toujours, du plus loin qu'il nous souvienne, ex-
cité notre étonnement j>ersonnel, aujourd'hui dissipé.
Signalerai-je encore la citadelle, d'où il est expliqué que
Vercingétorix apei;çoit la manœuvre de contre attaque tentée
contre les lignes Romaines par Vergasillaun ? Sur toute la
partie supérieure du plateau, la vue est limitée par les bords
de celui-ci, et l'on n'aperçoit ni les versants, ni leur pied où se
trouvait la circonvallation de César ; un seul point au Sud-
Ouest, tout en restant élevé, se détache en forme de bastion,
et flanque les versants du côté desquels est arrivée l'armée de
secours : c'est bien là la citadelle des Commentaires.
Digitized by
Google
19^ LE SIÈGE d'aLUZE PAR JULES CESAR
Je n'insisterai pas sur l'existence des cours d'eau qui bai-
gnent Aluze de deux côtés, comme disent les Commentaires, et
non des deux côtés, comme au mont Auxoîs ; sur la longueur
des lignes de circonvallation, (la première, dont on ne trouve
même pas le développement autour du mont Auxois, et qui
est nécessaire pour entourer Aluze ; la seconde que César in-
dique comme continue, et dont les partisans du mont Auxoîs
ont été obligés de faire des camps séparés). Je ne m'arrêterai
pas sur l'existence de plusieurs portes mentionnées par César
pour les sorties des Gaulois, alors que la crête du mont Au-
xois n'est accessible qu'en un seul point ; sur l'emplacement
tout désigné pour qui connaît les lieux, d'où César pouvait
presque d'un seul coup d'œil, surveiller l'ensemble de la place
et de ses abords, et où il reçut la capitulation de Vercingétorix.
Je me bornerai à appeler votre attention sur le fait le plus
saillant des manœuvres de l'armée de secours, qui ne s'expli-
que pas à Alise, et qui est un des arguments essentiels en fa-
veur d' Aluze. César consacre six paragraphes de ses Commen-
taires à expliquer qu'il y avait, au Nord, une colline que son
trop grand développement avait empêché de comprendre dans
la circonvallation ; qu'en ce ix>int sa ligne extérieure était,
quoique élevée elle-même, dans une situation défavorable ;
que 60.000 hommes de l'armée de secours gravissent cette col-
line en se défilant des vues de Tarmée Romaine sur un ver-
sant opposé, et une fois en haut, profitent de leur position do-
minante pour accabler de traits lancés d'en haut, les défen-
seurs des retranchements romains, et pour se précipiter sur
ceux-ci avec un élan irrésistible. Il fallut que César, après avoir
concentré sur ce point toutes les légions disponibles^ donnât
de sa personne. D'ailleurs l'échec de cette tentative de contre
assaut découragea à tel point les Gaulois, que l'armée de se-
cours se débanda, et que, dès le lendemain, Vercingétorix fai-
sait décider la capitulation.
Or, au nord du mont Auxois, il n'existe que le mont Réa,
le plus petit des sommets situés autour de la place, celui que
César aurait non seulement pu, mais même dû occuper en pre-
mier lieu, si Ton admet, comme le veulent les partisans du mont
Digitized by
Google
LE SIEGE DALUZE PAR JULES CESAR I9I
Auxois, que la seconde enceinte fût formiée de camps sur les
sommets. Au contraire la colline au Nord d'Aluze, qui est dé-
nommée Garenne de Chantilly, ou plus pittoresquement <( Ca-
lotte du Diable », et qui se poursuit par un éperon calcaire ap-
pelé camp de Chassey, le tout sur plus de 5 km, de long, ré-
pond mot pK)ur mot à la description de César.
Je ne puis mieux faire, Messieurs, que de vous lire en son
texte l'argumentation même de M. Bonneau pour démontrer
que le mont Réa ne peut être la colline d*où est partie la contre
attaque, et que de terminer ce trop long exposé par la lecture
de la belle page dans laquelle M. Bonneau décrit et raconte cet-
te contre attaque dont T insuccès fut si décisif.
« Enfin César aurait omis d'occuper le sommet du mont
(( Réa ! mais puisque l'armée de secours devait nécessairement
(( arriver par la plaine des Laumes, César devait armer avant
(( tous les autres, et formidablement, les deux monts, j'allais
« dire les deux môles, qui s'avancent de chaque côté de la ville
« dans cette plaine : le mont de Ffavigny et le mont Réa. Le
(( premier avait son camp sur son sommet, dit-on, et c'est
« bien ,- pourquoi le second avait-il le sien à ses pieds ? Et puis,
« que de discordances entre le site et le récit ! César dit que
« ce mont, où va se livrer l'assaut suprême était au Nord, et le
« mont Réa est au Nord-Ouest. Passons, si l'on veut, sur ce
« détail, mais en voici d'autres où il faut bien s'arrêter. César
« appelle ce camp du Nord (( un camp d'en haut » sv/periora
« castra, et on le place au bord de l'eau ! César dit qu'il n'a-
« vait pu enfermer ce mont dans ses lignes « à cause de la
« grandeur de son contour » et c'est justement le plus étroit
« des monts qui entourent la cité 1 César dit que les chefs de
(( l'armée de secours consultèrent les gens du lieu sur la confi-
« gunation du mont et la position du camp romain, et ces
(( chefs, campés à Mussy et à Venarey, avaient le mont et le
« camp en plein sous les yeux, à trois kilomètres de leurs
(( tentes ! Et ils auraient mis trois jours à s'apercevoir que son
« faîte n'était pas gardé ! César dit que l'armée qui alla pren-
« dre ce mont par derrière eut besoin de bons guides et de pres-
(( que toute une nuit d'automne pour s'y rendre, et, sur place,
Digitized by
Google
ig^ 1-E SIÈGE d'aLUZE par JULES CESAR
« ce trajet se trouve être tout en plaine, et d'une lieue ! César,
(( au dernier moment, nous montre une grosse armée gauloise
« sur la pente du mont près du sommet, et plus de la moitié
« de l'armée romaine au dessous, et il y monte lui-même avec
« de la cavalerie, et tout cela, vu d'en haut, était encore au des-
<( sus de la plaine, « de locis siipenoriburs haec declivia et de-
(( vexa cernebantur » ; et ce serait le versant du petit mont
« Réa, ce serait le flanc d'une butte qui aurait porté tout
« cela ? »
Passons maintenant à l'échec final de l'armée de secours :
« Les chefs de cette armée méditaient dans leur conseil une
« attaque mieux calculée, et de plein jour, et sur un point où
(( les cavaliers de César ne sauraient les suivre. Impuissants
« contre les retranchements de la Dheune, ils transporteront
<( de nuit 60.000 hommes, choisis parmi les plus braves, sur le
« revers de la Garenne de Chamilly, que César a dû laisser en
« dehors de ses lignes, et de cette aire, à midi, heure convenue,
« les précipiteront sur le camp de Reginus, camp assis devant
« le faîte de cette montagne à califourchon sur le col qui relie
{( Chamilly à Saint-Gilles. A la même heure, toutes les autres
(( forces gauloises, du dedans et du dehors, donneront partout
(( l'assaut : il faudra bien que la double chaîne se rompe enfin.
« Ainsi fut fait ; les troupes choisies, sitôt la nuit bien close,
« se mirent en marche, guidées par des gens du pays, sous les
« ordres de Vergasillaun. Elles côtoyèrent l'autre versant de la
« Dheune par Nion, Mercey et Cheilly, passèrent le fleuve,
(( escaladèrent à revers le dos de la montagne et s'arrêtèrent
(( sur le plateau — le camp de Chassey — derrière le petit faî-
<( te qui les cachait aux deux légions de Reginus postées sur
(( le devant, de l'autre côté. C'était à peine l'aube : nos braves
(( respirèrent un moment sous les étoiles, puis, en attendant
(( midi, aiguisèrent leurs ép>ées, assis sur les tombes innom-
« brables de l'enclos sacré ou sur la redoute élevée au commen-
ce cément du siège puis abandonnée par les Ramains. Les tom-
« bes couvrent encore ce sommet ; la redoute est encore là, en
(( proue de navire, tournée vers le Sud ; là aussi se dresse, en-
« core tout vierge, le mur de pierre sèche, le dernier rempart
Digitized by
Google
LE SIÈGE D*ALUZE PAR JULES CÉSAR \g3
« de la dernière armée gauloise, maintenant escaladé par les
(( ronces et disjoint par les chênes qui jaillissent de ses flancs.
« Midi vient. En quelques minutes les Gaulois s'élancent
« vers le petit faîte de la Garenne, et bientôt le mont comme
(( un château d'eau qui crève, verse ses cataractes sur le camp
{( romain. En même temps, les troupes laissées en bas, de
« l'autre côté de la Dheune, descendent les coteaux et s'ap-
« prochent des lignes de la plaine, et les cavaliers survivants
« du dernier désastre s'avancent encore pour les protéger. Ver-
ce cingétorix, du sommet de la citadelle, observait les mouve-
(( ments de ses compatriotes. Le combat engagé, il s'élance
(( hors de la place et en fait tirer l'attirail préparé pour l'assaut
« intérieur : galeries roulantes, fascines, faulx, harponst. échel-
« les, et Aluze précipite aussi ses torrents armés vers la vallée.
(( Du dedans, du dehors, une foule furieuse déferle sur la
« double digue, tantôt ici, tantôt là, cherchant un point faible
(( pK>ur y faire sa trouée et se ruer au travers. Des deux côtés
« les Romains, ayant devant les yeux le tumulte d'une batail-
le le, entendent encore une autre bataille rugir derrière eux.
<( César, monté d'abord tout au haut de sa montagne du
« Sud, suivait tout des yeux. Bien loin et tout en face, le mont
« de la Garenne, au Nord, lui apparaissait tout fourmillant
<( d'hommes : les enseignes, les cuirasses, les casques des Gau-
(( lois étinceiaient sur la cîme ; sur la pente, les deux légions
« bordaient l'enceinte de leur camp de leur lignes plus som-
« bres. Peut-être voyait-il les Romains fléchir déjà. Il donne
« un ordre, et Labiénus y court, car Labiénus et Fabius, et
« Bru tus, avec presque toutes les forces de l'Est étaient là,
« au dessus où le long de la Dheune, prêts à porter la défense
(( où se porterait l'attaque. Il descend lui-même entre les li-
ce gnes de la plaine et encourage à droite et à gauche les siens.
« Sa voix un peu grêle, mais vibrante, perce cet orage : « Te-
« nez bon ! criait-il. Encore ce jour ! Encore cette heure ! La
« grande victoire dépend de cet instant ! »
(( Il s'avance plus loin. Tout le long de la vallée les lignes
<( sont si fortes qu'il ne craint rien pour elles, mais sitôt qu'el-
« les la quittent pour gravir les pentes de Saint-Gilles, moins
1908 15
Digitized by
Google
194 ^^ Siège d'aluze par jules cesar
« hautes et moins défendues, elles courent quelque danger.
<c Les assiégés, Vercingétorix à leur tête sans doute, renon-
« çant à les forcer dans la vallée, viennent de grimper avec leur
« attirail jusqu'au palier qui coupe en deux le versant du Ma-
te melon. Déjà la terrasse est balayée, les fossés comblés, les
« pieux arrachés ; le remp>art cède, une brèche s'ouvre, mais
(( César, d'en bas, envoie des renforts, puis il monte et en amè-
« ne d'autres lui-même et les prisonniers sont rejetés dans leur
<( geôle : c'en est fait, ils ne s'évaderont j>as. Sitôt cette issue
(( fermée, il appelle de la Dheune, des cavaliers, qui attendent,
« chevaux sellés depuis midi, et prêts à partir, il se met à leur
(( tête et se hâte, en tournant le Mamelon, vers le col où Régi-
(( nus, déjà secouru par Labiénus, attend de nouveaux secours.
« Il est temps.
« C'est là que la lutte est surtout ardente. Adossés au faîte
<( de la Garenne, dont la pente aide leur élan, Vergasillaun et
« les siens donnent au quadrilatère romain des secousses terri-
<( blés, l'accablent de flèches, de dards, de souches, de pier-
« res et de mottes de gazon, coupées au sabre et passées de
<( mains en mains, piétinent les pointes, nivellent les huit
« rangs de trappes, fracassent et déracinent lec cinq haies : les
(( deux fossés sont comblés et la terre amoncelée permet l'as-
« ces du rempart. Une tortue d'hommes tasris sous leurs bou-
te cliers unis en carapace, en approche, en sape les pierres,
(( en arrache les pieux ; fatiguée, la tortue guerrière s'écarte
« et une autre prend sa place, et une autre encore. Les Gaulois
(( sont si nombreux qu'ils peuvent se relayer pour combattre,
(( mais les Romains, toujours sur la brèche, sont à bout de
(( forces, n'ont plus de traits ; la trouée est faite dans l'en-
(( ceinte qu'ils défendent et c'est le moment où, derrière eux,
« l'autre enceinte vient de craquer aussi. Est-ce la victoire ?
« Les assiégés et leurs libérateurs vont-ils se rejoindre et les
« deux cousins marcher au-devant l'un de l'autre, Vercingéto-
« rix criant : « A moi d'Auvergne ! » et Vergasillaïun répon-
« dant : « Courage, me voici ? » Non, ils n'ont conquis que
(( l'accès d'un champ de bataille, car plus de la moitié de l'ar-
mée romaine est là.
((
Digitized by
Google
LE STÈGE d'aLUZE PAR JULES CÉSAR igS
« Aux deux légions du camp s'étaient jointes d'abord les
cohortes amenées par Labiénus, puis tirente neuf autres cohor-
tes apf>elées à la hâte des deux côtés. La paJissade de chênes
avait disparu, mais il y avait à sa place des palissades d'hom-
mes. Les Gaulois trépfgnaient, bondissaient, mais hésitaient
encore à foncer sur ces lignes acérées, qui s'épaississaient
toujours. C'est alors qu'apparut, montant la pente à cheval
et suivi de cavaliers, flambant dans son manteau de pourpre,
sous, l'éclair du casque posé sur sa tête chauve, l'homme
formidable que la plupart n'avait jamais vu encore, mais
dont le nom seul donnait le vertige au monde. César : César
qui, pour assister au dénouement d'une journée qui lui va-
lait la Gaule et la terre, venait se placer derrière ses légion-
naires haletants, peut-être à l'endroit même où s'élève au-
jourd'hui, près d'une aubépine, sur un socle trapu, l'image
vaguement taillée d'un vainqueur plus doux !
(( A cette vue, les Gaulois n'hésitant plus, chargèrent, les
Romains dégainèrent, les deux fronts se heurtèrent, une dou-
ble clameur retentit, cri de victoire et d'agonie, qui courut et
se prolongea tout autour de la place et de la citadelle, sur
la double enceinte, sur tous les camps, sur tous les bastions
et sur toutes les tours. Mais le jour — le quatrième de la lut-
te — touchait à sa fin et le combat allait finir avant lui. Déjà
d'autres cavaliers, longeant par dehors les retranchements
extérieurs montaient aussi de la Dheune et allaient prendre
à dos les Gaulois. Ceux-ci se rejetèrent sur les pentes ; le
camp romain débonda, les balaya, les broya ; le carnage fut
immense. Vergasillaun fut pris vivant dans la débâcle ; le
chef des Limousins, tué ; soixante-quatorze enseignes, ra-
massées sur la terre sanglante tombèrent aux pieds de César.
Témoins de cette déroute, des assiégés qui étaient restés
sur les murs de la place, malades ou blessés sans doute, rap-
pelèrent leurs compagnons qui, n'ayant rien vu, s'axîhar-
naient encore contre la ligne intérieure. Partout au dedans,
au dehors, l'attaque cessa : toute cette tempête, après avoir
éclaté à midi en trombe, se dissipa avant le coucher du soleil,
et, si les Romains ne se mirent pas sur l'heure à la poursuite
Digitized by
Google
ig6 LE SIEGE D'aLUZE PAR JULES CESAR
(( des fugitifs, ce fut la fatigue qui les retint et non la nuit. A
<( Tannonoe de la défaite, le camp gaulois des Battées s'était
(( vidé ; les vainqueurs de la plaine y montèrent et en rappor-
te tèrent bientôt en triomphe les riches cuirasses, les beaux cas-
te ques, les coupes d*or, et jusqu'au tentes des chefs vaincus.
(( A cette vue les femmes gauloises qui espéraient encore le ma-
« tin verser à boire dans ces coupes, sous ces tentes, à leurs
(( libérateurs, se frappèrent le sein avec des cris déchirants,
(( comme à la mort d'Hector les Troyennes sur les remparts
(( d'Ilion ; et ces cris apprirent aux légionnaires de la première
(( enceinte, dont la plupart n'avaient rien pu voir de la ba-
« taille, que César était maître d'Aluze, de Tarmée et de Ver-
te cingétorix. »
J'espère, Messieurs et chers Confrères, que ces textes dont,
pour l'un, la précision égale le pittoresque, dont pour l'autre,
le style s'élève à la hauteur de l'épopée qu'il décrit, et qui sont
écrits avec une si grande conviction, vous donneront le désir
de lire en son entier la plaquette de M. Bonneau et de vous
laisser séduire par l'emplacement qu'il attribue à Alésia, em-
placement que je voudrais ix)ur l'amour de la vérité comme
pour l'amour de mon pays et de mon département d'origine,
voir adopter définitivement.
Digitized by
Google
MONTBÉQUI
Notes monographiques et Charte de reconstruction
d" MARS 1382)
PAR
M. EDOUARD FORESTIÉ
Lauréat de rinstitut
Secrétaire général de la Société archéologique
Le petit village de Montbéqui, situé dans la vallée de la Ga-
ronne sur la rive droite entre Grisolles et Montech, est une lo-
calité dont l'antiquité se perd dans le haut moyen-âge. Il est
plus que probable qu*il fut fondé par les religieux de Grand-
selve, ces admirables moines civilisateurs et défricheurs de
terre qui savaient si bien choisir les emplacements des villages
et des agglomérations.. L'extrême fertilité de la terre en cet
endroit ne pouvait les laisser indifférents.
L'histoire écrite de Montbéqui remonte au X* siècle, mais
il est certain qu'arvant cette époque un centre d'agglomération
existait sur ce point, puisque, vers l'an 940, l'église de ce lieu
fut rétablie par les moines de Grandselve qui la possédèrent
jusqu'à la Révolution et dont ils avaient le droit de présen-
tation.
(i) Nous écrivons A^ontbéqui et non Monbéqui parce que dans tous
les titres du Moyen-Age ce nom est ainsi orthographié : De Monte
Bequina,
Digitized by
Google
1 9^ MONTBÉQUI
Le village dépendait des comtes de Toulouse. Il était cons-
titué en communauté et avait des consuls puisque lorsque le
domaine d'Alfonse de Poitiers et de Jeanne de Toulouse fut
réuni à la couronne de France, Thommage fut rendu par les
magistrats de Monbéqui et Rayssac en novembre 1271 (La-
faille, Annales Sasimentum) à Philippe-le-Hardy, dams
réglise de Verdun. Ils reconnurent devoir au roi 20 sols tour-
nois d'albergue, neuf setiers mixture, une journée de labour, et
une de charroi par feu et un fromage i>ar troupeau, une gé-
nisse à Noël, 20 œufs à Pâques par feu.
Le 13 septembre 1317, Philippe-le-Long accorda 500 livres
de rente à Pierre de Galard, sur la justice de Grisolles, Fin-
han, Montech et autres lieux dont Montbéqui et Rayssac, pe-
tite localité qui formait comme une annexe de Montbéqui.
(Arch. nat. J. j. 56, p. 511, f. 221).
Avant 131 1, Philippe-le-Bel aivait donné une part de la sei-
gneurie de Montbéqui à Pierre de Galard, grand maître des
arbalétriers de France, cela résulte d'une ordonnance de Jean
de Blayville, sénéchal de Toulouse, datée du 24 mai 131 1, qui
dit que Montbéqui et les villes voisines avaient été cédées
récemment à Pierre de Galard. (Arch. com. do Verdun, AA. 3).
Cette donation fut confirmée en mai et en décembre 1318.
Arriva la guerre de Cent Ans qui jeta dans notre pays la dé-
solation et la ruine et dans les consciences un trouble considé-
rable dont on ne tient pas assez compte dans le jugement sur
les personnages de cette époque. Jean de Galard, héritier et
successeur de Pierre, combattait naturellement pour son suze-
rain, le roi de France, qui s'était montré généreux pour lui.
Il fut fait prisonnier en 1345 à Bergerac par les Anglais et
comme tant d'autres passa à leur service. Le roi Jean-le-Bon,
outré de ce procédé, le déclara son ennemi parce qu'il s'était
rendu sous l'obéissance de son adversaire le roi d'Angleterre,
et confisqua ses biens. Jean de Galard re\ânt alors à son premier
maître en 1348. Deux ans après il faisait de nouveau volte-
face et passait encore aux Anglais en 1350. Cet éternel palino-
diste prêta serment quelques mois après, le 24 juin 1350. Mais
comme les Anglais le firent une fois encore prisonnier à Ber-
Digitized by
Google
MONTBEQUI igy
gerac où il s'était enfermé, il passa sous leur bannière ; ce qui
ne l'empêcha pas, quelque temps après, de retourner ensuite
aux fleurs de lys de France. C'est là un exemple typique du
désarroi qui régna à cette époque dans les esprits.
A ce jeu de bascule, Jean de Galard perdit de belles sei-
gneuries: Finhan, DieupentaJe, Pompignan, Bourret, Bres-
sols, Lapeyrière, Labastide^Saint-Pierre et Montbéqui. Le roi
de France en fit don, le 17 mars 1356, à Jean Le Meingre, dit
Boucicaut, son maréchal, qui s'en défit en partie l'année sui-
vante en faveur de Bertrand de Terride, autre Bertrand de
Terride, seigneur de Penenville ; de Bertrand Ra;ymond d'Isal-
guier, de P. Raymond de Aula (i), ou de La Salle, chevalier;
de Jean de Aula et de Aymeric de Grimoard.
Le Roi de France ne possédait pas toute la seigneurie de
Montbéqui et des autres villes: Bessens, Lapeyrière et Mont-
béqui appartenaient en paréage à Philippe de Barrau et à Ber-
nerius Bernardi.
En 1341, Philippe de Barrau vendit à Pierre Raymond de
la Salle ou de Aula, tous ses droits sur Bessens, Montbéqui,
Rayssac et Montfourcaud, sous la réserve de la forge bannière
de Lapeyrière et P. R. de Aula, seigneur de La Graulet, acheta
en 1351 à Bernerius Bernardi, sa part desdites seigneuries avec
la directe et la justice. (Invent, de la maison de Terride, Mont-
béqui.)
Le 7 mars 1372, Garcie Arnaud de Aula, héritier de Pierre
Raymond, étant mort, sa veuve, Bernarde de Montastruc,
co-seigneuresse de Campsas, Lapeyrière, Bessens, Dîeupentale
et Monbéqui prêta l'hommage entre les mains de Marayde de
Landorre, mère et tutrice de Raymond Jourdain, vicomte de
Gimoës, seigneur de Terride, qui était en même temps co^fiei-
gneur de Montbéqui.
Il y avait donc à Montbéqui deux seigneurs à la fin du XIV*
siècle : les Aula et les seigneurs de Terride, vicomtes de Gi-
moës.
(i) Les de Aula ou de la Sala étaient seigneurs directs de Fabas, Gri-
solles, La Peyrière, etc. Ils rendaient hommage aux Terride comme
haut seigneur. Ils avaient rendu de grands services aui Galard.
Digitized by
Google
200 MONTBÉQUl
A ce moment la guerre de Cent Ans battait son plein, et no-
tre pays était désolé par les conflagrations continuelles; Mont-
béqui se trouvait à moitié détruit, et le i"* mars 1382, Raymond
Jourdain accorda aux consuls du lieu, par un acte passé de-
vant M* Fortanié du Puy, notaire de Montech, divers avan-
tages à la condition de fortifier leur village ; il est donc à suppo-
ser que les de Aula n'avaient qu'une très petite portion de la
seigneurie, puisque le seul seigneur de Terride comparaît.
Nous avons eu la bonne fortune de découvrir cet acte dans
les riches minutes de M. Deoux, notaire à Montech, qui re-
montent au XIV* siècle, et c'est ce document qui a motivé la
présente notice.
Il est très intéressant (parce qu'il donne la physionomie
d'une petite ville à demi ruinée par la guerre, et montre la sol-
licitude des seigneurs pour leurs vassaux malheureux.
Il débute par l'invocation : Ave Maria, inscrite avant le som-
maire de l'acte, écrit en latin. Voici la traduction du titre qui
indique que cette pièce est une concession nouvelle: Acte de
la nouvelle cor^cession du nouveau fort du lieu de Montbéqui,
Il est ensuite rappelé dans le protocole que, par suite des
périls que fait courir la guerre du duché d'Aquitaine et des
autres parties du royaume contre le roi de France, ses sujets et
alliés, i>ar le Roi d'Angleterre, son ennemi et ses partisans,
et aussi à cause des incursions de brigands, de voleurs et
de pillards qui sont la plaie du pays, et chaque jour pillent,
saisissent les biens et emprisonnent les habitants, il y a une
nécessité urgente à faire des forts, et réparer les lieux fortifiés
pour permettre aux vassaux de défendre leurs familles et leurs
biens, et en cas de nécessité s'y enfermer, et ainsi pouvoir dé-
fendre et suivre les droits royaux. La petite ville de Montbéqui
est très peu sûre, très éparse, et dépourvue de tout fort, sauf
une église très petite dans laquelle les habitants ont l'habitude
de se réfugier en .:as de péril avec leur famille et leurs biens
mais est trop exiguë, de sorte que ce lieu devient inhabitable
en temps de guerre et les habitants se verraient forcés d'émi-
grer si le seigneur ne leur venait en aide. Il faut établir auprès
de cette église un fort pour la commodiié et l'utilité desdils
Digitized by
Google
MONTBEQUI iOI
habitants et la conservation des droits du ]^oi, résister aux bri-
gands et y vivre en sécurité et en fidèles sujets, prêts à acquit-
ter leurs droits.
Le vicomte de Gimoës, touché des doléances du peuple, ému
de la désolation et de la ruine dudit lieu et de tant d'autres
que lai guerre avait démoli et qui ont été fortifiés ; après
une enquête sérieuse (de cpmmodo 'et incommodo) afin de
permettre aux habitants de payer leurs redevances sans être
rançonnés, accorde aux Consuls du lieu: Bernard d'Ysarn,
fils d'autre feu Bernard, et Bernard de Boissière, ainsi qu'aux
habitants, dont plusieurs sont nommés : Raymond Coxe, Jean
Vasconis; Germain Borel, Clément Bonnet, Bernard et Jean
d'Ysarn, fils de feu Arnaud-Jean Charbonnier, Pierre de
Arnaradie, Arnaud Fumarot, Jean Reygnault, Jean d'Arnara-
die, Géraud Lormand, Guillaume Borel, Guillaume Rotqn-
dy, dit Bisquet, et Bernard d'Ysarn, dit Venant, fils de feu
Arnaud Ysarn ; le droit d'augmenter ledit fort.
Les cx)nsuls feront faire murailles, fossés, ambans et autres
fortifications de défense et cela sur une longueur de 25 brasses
de chaque coté. A l'intérieur du fort seront concédés des es-
paces ayant chacun 25 brasses où les habitants feront cons-
truire leur maison et leurs dépendances. La construction de-
vra être faite le plus vite possible.
Et comme les cx)nsuls et les habitants sont très pauvres, le
seigneur les dispense pendant dix années des oublies qui lui
sont dues, leur donne le droit de la baillie et de ses émolu-
ments, l'exemption des leudes et des rentes et des neuf setiers
moitié et avoine et 20 sols toulousains qu'ils étaient tenus
de lui payer pour l'albergue et le cens annuel, de six sols
dûs pvour la reconnaissance d'une pièce de terre où étaient
bâties des murailles de la ville, la maison commune et le four
du lieu, de la rente d'une pvoule par maison et autres services.
Le montant des droits précités sera levé i>ar les consuls et
appliqué à la construction du fort.
Chaque habitant, habitant dans le fort, devait recevoir un
emplacement destiné à construire une maison sur 2 brassées
de largeur et 8 de longueur ; et il sera loisible aux consuls et
1908 16
Digitized by
Google
^Oi MONTBKQlJt
habitants d'édifier sur ks dites murailles et les coursières des
soliers ou autres bâtiments à leur volonté, à la condition de
ne pas gêner les guets et allées et venues nécessaires à la dé-
fense, ainsi que des chapelles devant leur maison sur la rue
quand ce sera possible, et gêner la circulation des personnes
et des animaux.
Chaque emplacement paiera, tant pour les 2 brasses de
large et les 8 brasses de long, que pour les chapelles et les
murailles chaque année à la fête de Toussaint, 2 deniers tol-
zas de cens ou oublie et acapte et réacapte autres droits féo-
daux. Si quelqu'un tient un emplacement plus ou moins
grand il paiera sur cette base.
Les habitants pourront prendre de la briqueterie de Mont-
fovrcaud les briques nécessaires pou* construire la porte et
Tarceau du pont-levis une seule fois.
La justice des loyers de maison telle qu'elle est de coutume
dans les autres juridictions du seigneur est abandonnée aux
consuls, ainsi que la connaissance des affaires de travail et de
bâtiment et autres dommages de maison.
Le seigneur exempte également les habitants de Montbéqui
de tout leude ou péage dans l'étendue de ses possessions en-
tre le Tarn et la Garonne et au delà, où qu'elles soient, pour
toutes leurs marchandises ou leurs biens propres qu'ils tran-
siteront par eux-mêmes ou par d'autres.
En revanche tout habitant qui viendra dans la ville devra le
guet de jour et de nuit sous i>eine de 5 sols tournois petits
applicable aux fortifications, et les consuls sont autorisés à
saisir les biens des délinquants, emprisonner leurs personnes
et en faire à leur volonté après avoir appelé le baile. Ils auront
par conséquent le droit d'ordonner le guet à la porte, aux
murailles, aux aubans, à la barbacfane, au pontJevis, aux
fossés ou ailleurs où besoin sera : le sergent excepté.
Cet acte, qui est uns sorte de coutume assez originale dans
sa teneur et ses dispositions indique exactement les redevan-
ces auquelles, après les dix ans, les habitants de Montbéqui
étaients astreints. On remarquera., en outre, le fait de la cons-
truction de petites chapelles votives dans les rues, sur la fa^ça-
de des maisons.
Digitized by
Google
MONTHÉQUI 203
Après la guerre de Cent Ans» Monbéqui subit le sort des
autres possessions de la maison de Terride ; mais en 1478, Odon
de Lomagne, vicomte de Gimoës, baron de Terride et son
fils vendirent le 12 mai à Antoine Pelegrini les lieux de Res-
sens, Finhan et celui de Montbéqui avec toute juridiction (ac-
te retenu par J. de Saint-Geniès, notaire de Montauban.)
Les guerres de religion renouvelèrent pour Montbéqui les
vicissitudes de la guerre de Cent Ans. Cette petite localité fut
plus que toute autre, mais en même temps que Ressens et
Finhan, ses voisines, l'objectif des divers partis.
Au mois de janvier 1587 les protestants s'emparèrent de
Montbéqui, Ressens et Dieupentale ; les consuls de Grenade
envoyèrent à leurs secours des soldats, et les consuls de Grisol-
les demandèrent des renforts à Grenade en prévision d'une
attaque des Réformés.
Le duc de Joyeuse en 1592, s'empara de Montbéqui.
L'histoire du Languedoc dit à ce sujet :
(( Montmorency partit de Castres le 24 janvier 1588 pour-
aller conférer à Montauban avtn: le roi de Navarre qui» après
avoir pris Montbéqui et Dieupentale comptant se trouver à
Montauban au jour marqué » (l xli-xxviiij
(( La. prise de Dieupentale et de Montbéqui affecta beau-
coup les Toulousains qui craignaient fort qu'Henri de Navar-
re ne se rendit maître de leur ville ».
C'était à la fin de juin au lendemain de sa victoire sur les
royalistes, à la prière des Toulousains qui voulaient se débar-
rasser, en l'occupant, de la garnison de Montauban, il fit le
dégât autour de cette ville et avec Montbéqui, il prit Montbar-
tier, vSaint-Maurice, Ls Rarthes, Meauzac, et alla mettre le
siège devant Villemur.
Le 26 juin 1628 le duc d'Hpernon, faisant le dégât autour de
Montauban, Saint-Michel, gouverneur de cette ville, fit une
incursion dans les environs et à Toulouse, brûla Labastide,
Nohic, Orgueil, Lapeyrière et le faubourg de Montbéqui, ce
lieu dit Rayssac. L'église et le village furent détruits.
Un jugement des commissaires du roi du 25 septembre 1687
réunit au domaine du roi les terres de Finhan, Ressens et
Digitized by
Google
i04 MONTBEQUI
Montbéqui, les mêmes que Odon de Lomagne avait aliénées
à Antoine Pelegrini (voir ci-dessus) mais un arrêt du Conseil
d'Etat du II janvier 1693 condamna le fermier du domaine
à laisser Gaston-Jean-Baptiste de Levis, marquis de Mire{X)ix,
baron de Terride, en |X)Ssession libre des terres et seigneuries
de Finhan, Bessens, Montbéqui, et Montfourcaud alors enga-
gés avec toute la baronnie de Terride à J. Georges de Caulet,
président à mortier du parlement de Toulouse.
Au mois de septembre 1727, la grande inondation de la Ga-
ronne qui fut désastruse pour toute la contrée, et dont les som-
mages furent évalués à i million 846.891 livres, causa d'énor-
mes p>ertes dans la communauté de Montbéqui, et ruina nom-
bre de maisons bâties en torchis.
Jusqu'à la révolution Montbéqui resta dans cette maison;
et son histoire est celle de tous nos petits villages.
En terminant les notes qui accompagnent le texte de l'acte
de 1382, nous devons dire que les Documents historiques sur
le Tarn-et-Garonne de notre regretté confrère et ami François
Moulenq, nous ont été d'un grand secours.
Digitized by
Google
MONTBÉQUI 305
CHARTE DE RECONSTRUCTION
OCTROYÉE PAR
Raymond-Jourdain de Terride, chevalier, vicomte de Gimoes, seigneur
de Terride et de MontDéqu! {]'' mars 1382)
In nomine domini nostri Jhesu Christi, amen.
Noverint universi, noscantque présentes et discant posteriores
hoc presens publicum instrumentum visuri, lecturi, ac etiam
audituri, quod cum urgente necessitate propter evidentia peri-
cula guerrarum presentium ducatus Aquitannie que fulminan-
tur in partibus istis et in pluribus aliis partibus regni Francie,
contra dominum nostrum regem et suorum subditorum, collete-
ralinm et alliguatorum, per regem Anglie, ejus inimicum, et
suorum alligatorum, et propter discurssum latrunculorum,
depredatorum ef pilhatorum, patriam présentera distruentium, de
die in diem et fréquenter gentes et subditos regios capiendo,
apresonando et captivando, et de bonis eoruradem depredando,
et opporteat de necessitate facere loca fortia et incepta fortiffi-
cari et reparare adeo nt fidèles et subditi dicti domini nostri
Francie régis et suorum parieriorum atque vassallorum in locis
fortibus.cum familiis, bonis et rébus eorumdem valeant se
recludere casu necessitatis et perinde vivere ad prestandum et
serviendum predicto domino nostro régi et aliis ejus vassallis
jura regalia et feudalia prout de jure sunt astricti et de facto
obligati prout quemlibet ipsorum tangit.
Adeo et in tantum et ita fréquenter quod habitatores loci de
Montebequino, qui locus est insolidum nobilis et potentis
viri domini Ramundi Jordani de Tarita, militis, vicecomitis
Gimoesii, dominique de Tarita et dicti loci de Montebequino,
ut ibidem fuit dictum, qui locus est sparssus, carens omni
fortalicia, excepto de quadam parvissima ccclesia ejusdem loci
in qua, cum casus contingit, habitatores dicti loci se auffugere,
retrahere et includere consueverunt, propter paucitatem dicte
ecclesie habent se retrahere et cum bonis et familia suis àd
Digitized by
Google
206 MONTBÉQUI
alia loca fortia, remota, transportare, propter quod habent et
habere actenus consueverunt omnem laborantiam et culturam
terrarum, possessionum et vinearum suarum deserere et deve-
nerunt ad inopiam et paupertatem, et dubitatur plus quod dimi-
tant ex toto dictum locum, quod si fieret, quod Deus avertat,
locus predictus remaneret inhabitabilis, et oporteret habitatores
ejusdem loci alibi querere vitam suam, et forssan aliquos pro
majori parte mendicare, nisi divinum auxiliuni, et dominas
predictus eis subveniat, quod fiât ibi quoddam congruum forta-
licium atinentem dicte ecclesie pro comodo et utilitate domini
nostri Francie régis et rei publiée et domini vicecomitis predicti,
cum-ecclesia loci predicti sit adeo stricta, carens bastimentis,
quod habitatores loci ejusdem cum familia, bonis et rébus
eorumdem inibi minime recepi possunt, in quo dicti habitatores
et singulares ejusdem loci habeant se cum familia et bonis
atque animalibus suis retrahere et includere casu necessitatis
pro conservatione ipsorum habitatorum ejusdem loci et bono-
rum suorum et in eo habitare volentium ad conservandum
se, bona, res, uxores, et familiam totam et per inde defFensare,
dictisque inimicis dicti domini nostro régis, latrunculis et
pilhatoribus resistere et intus vivere in securitate, subsequenter
continuare laborantias ex quibus acquirere possint vitam suam
et reservare domino predicto jura sua et per inde jura débita
et que debebuntur in futurum domino antedicto et ejus ordinio
et successoribus suis universis reddere.
Tandem anno et die infra scriptis, dictus dominus vicecomes
Gimoesii dominusque de Tarita et dicti loci de Montebequino,
audito clamore populi et habitatorum ejusdem loci, et de pre-
dictis omnibus et singulis ad plénum informatus ut dixit, atten-
dens et videns desolationem dicti populi et destructionem dicti
loci, et quod plura alia loca circumvicina propter dictas guerras
sunt fortifficata, quodque dicta ecclesia est inabilis ad colligen-
dum dictos habitatores dicti loci cum familiis, bonis, rébus et
animalibus eorumdem, facta que etiam aprisia et informatione
sufficienti inquantum ad eum pertinet de comodo et incomodo
habitatorum predictorum atque suo et totius rey publiée per
quam constat, ut ibidem fuit dictum, quod si dictum fortalicium
parvissimum dicte ecclesie augmentatur et circa dictam eccle-
siam fiant parietes, valla, ambanna et alia opéra defFenssabilia
intus locum cujus dicti habitatores cum familia, bonis et rébus
Digitized by
Google
MONTBIiiQUI 207
suis valeant se retrahere, erit magnum comodum domino nostro
régi cujus dicti consules et singulares dicti loci sunt subcidiarii
et sibi et dictis habitatoribus et aliis locis circumvicinis, quia
dicti habitatores dicti loci continuabunt suas iaborantias terra-
rum, pocessionum et vinearum suarum, ex quibus cum Dei adju-
torio vitam acquirere poterunt, et etiam loca circumvicina tam
regalia quam alia que etiam ex fructibus dicte laborantie dicti
loci se depassi consueverunt in maxima parte, et pluribus aliis
atentis comodum universale tangentibus, dictis consulibus de
Montebequino, videlicet Bernardo Ysarni, filio Bernardi quon-
dam, et Bertrando de Boycheria, consulibus, et Ramundo Coxe,
Johan Vasconis, Germano Borrelli, Laurencio Boneli, Bernardo
et Johanni Izarnis, filii Arnaldi Izarni quondam, Johanni Car-
bonerii, Petro de Arnarada, Arnaldo Fumaroti, Johanni Rigaldi,
Johanni Darnarada, Geraldo Lormandi, Guillelmo Borelli,
Guillelmo Guitardi, Petro de Fumo, Guillelmo Rotundi, alias
Bisquet, et Bernardo Isarni, alias Lenant, filio Arnaldi Isarni
quondam, singularibus et habitatoribus ejusdem loci de Monte-
bequino in quantum ad eum pertinet et pertinere potest et
débet, licenciam concessit et eciam concedit per tenorem hujus
presentis publici instrument! dictum fortalicium parvulum aug-
mentandi quod se teneat cum ecclesia predicta modo et forma
proxime sapientibus : Primo, videlicet quod dicti consules et
singulares faciant ibi parietes, vallata et ambanna (i) et alia
fortalicia deffensabilia, et continebit dictum fortalicium ab uno-
quoque latere viginti quinque brachiatas de latitudine, ita quod
intus erunt' platée que continebunt dictas viginti quinque bra-
chiatas in quibus dicti habitatores faciant domos et alia habita-
cula sua, taliter quod predictus locus valeat populum condecen-
teret ita dicti consules et singulares promiserunt domino predicto
facere et hedefficare dictum fortalicium quam primum potuerunt
et habere diligentiam in edifficando expensis suis propriis ; sed
quia dominus vicecomes predictus dominusque de Tarita et de
Montebequino predicto sciebat et videbat dictos consules et
singulares adeo pauperes quod de eorum bonis propriis; forte
dictum fortalicium facere non possent, cupiens dictus dominus
dictum fortalicium festinare et accelerare, quod subito fiât,
dictisque consulibus et singularibus qui nunc sunt et erunt
(i) Ambans, porches, galeries couverres.
Digitized by
Google
208 MONTBÉQUI
sequentibus temporibus infrascriptis videlicet per decem annos
continues et complètes a receptione hujusdem presentis publici
instrumenti in anthea computandos subvenire in operibus pre-
dictis, dédit, cessit, remisit et absolvit predictis consulibus et
singularibus presentibus stipulantibus et recipientibus ibidem
pro se ipsis et tota universitate dicti loci per dictos decem
annos :
Omnes et singulas oblias quas dictas dominas vicecomes,
dominusque dicti loci, habet in dicto loco de Montebequino et
pertinentiis suis, que oblie fîunt sibi per habitatores dicti loci,
qui nunc sunt et etiam erunt, toto durante tempore decem
annorum dumtaxat, et non per forensses.
Item plus modo ante dicto, dédit, cessit, remisit et transtulit
dictis consulibus et singularibus emolumenta baylivie ejusdem
loci de Montebequino prout vendi et arendari consueverunt, per
tempus predictum dictorum decem annorum.
Item plus modo simili dictus dominus vicecomes dominusque
de Montebequino predicto, dédit, cessit, remisit et absolvit
consulibus et singularibus antedictis novem sextaria bladi
videlicet medietatem frumenti et aliam medietatem avene, per
dictum tempus predictorum decem annorum, quodquidem bla-
dum dicti consules et singulares eidem domino vicecomiti
dominoque dicti loci et suis predecessoribus anno quolibet
dare et solvere consueverunt in dicto loco de Montebequino
pro alberga et de annuo censsu sive redditu.
Item plus modo predicto dictus dominus vicecomes dominus-
que dicti loci de Montebequino dédit, cessit, remisit et trans-
tulit prenominatis consulibus et singularibus viginti solides
tolosanos per tempus predictum dictorum decem annorum,
quos dicti consules et singulares sibi solvere consueverunt
anno quoque in dicto loco pro dicta alberga.
Item etiam dédit, cessit, remisit, et quitavit dictus dominus
vice:omes dominusque predicti loci de Montebequino consu-
libus et singularibus antedictis per dictum tempus dictorum
decem annorum sex solides tolosanorum quos anno quolibet
dicti consules et singulares faciunt sibi et suis predecessoribus
facere consueverunt in dicto loco de Montebequino in festo
Omnium Sancterum pro obliis sive recognitione pro quadam
pecia terre cum parietib:is in ea existentibus, in qua dudum
demus cemmunis et furnum commune dicti loci solebant esse
situata in pertinentiis dicti loci inter henorem Guilhelmi
Digitized by
Google
MONTBÉQUI 209
Menescalqui, ex una parte, et inter duas carrerias publicas ex
aliis duabus partibus.
Item plus modo simili dictus dominus vicecomes dominusque
loci predicti dédit, cessit, remisit, et transtulit consulibus et
singularibus predictis gallinas seu redditus gallinarum per
tempus supradictum predictorum decem annorum quos consules
et singulares loci ejusdem in dicto loco sibi faciunt et facere
consueverunt de redditu quoqiie anno, videlicet pro quolibet
hospicio unam gallinam.
Item etiammodo simili dictus dominus vicecomes dédit, cessit,
remisit et absolvit dictis consulibus et singularibus, per viginti
annos a die receptionis hujus presenti publici instrument!
proxime computandos ova sibi solvere consueta quoque anno
in dicto loco per consules et singulares loci predicti de redditu
et usu antiquitus observato. Que quidem omnia et singula pre-
dicti consules et singulares qui nunc sunt et erunt temporibus
predictis levabunt et récipient, levare et recipere, et contradi-
centes solvere, compellere, et compelli facere potuerunt pro
convertendo in operibusfortalicii predicti*, et de hiis omnibus et
singulis et eorum quolibet conjunctim et divisim dictus
dominus vicecomes Gimœsii dominusque de Tarrita et dicti loci
de Monteberterio dictos consules et singulares présentes stipu-
lantes et recipientes pro se et eorum heredibus ac successoribus
universis nunc per tune et tune per nunc, per tempora predicta
penitus absolvit, liberavit et quitavit, faciendo eisdem pactum
expressum, firma, solempni ac valida stipulatione interve-
niente vallatum, de aliquid non petendo ab eis de predictis
rébus datis et assignatis in operibus fortalicii predicti.
Preterea fuit actum, pactum et expresse conventum inter
dictas partes, videlicet inter dictum dominum vicecomitem,
dominumque dicti loci, promitentem pro se et suis heredibus ac
successoribus universis, et etiam dictos consules et singulares,
pro se et eorum heredibus ac successoribus universis, quod cui-
cumque habitatori dicti loci et alii extraneo volenti hedifficare
intus dictum fortalicium dicti loci de Montebequino dabitur
locus sive platea pro doraibus construendis continens duas bra-
chiatas de amplitudine, et de longitudine octo brachiatas, pariete
murali seu fortalicii rémanente soluto in pede suo; eritque
etiam licitum per pactum expressum predictum dictis consulibus
et singularibus hedifficare supra dictos parietes et supra corce-
Digitized by
Google
210 MONTBEQUI
rias dictarum parietum facere soleria, aut alla bastimenta sive
hedifficia si velint ad usus eorundem, absque tamen prejudicio
et impedimento gaytus et eundi et redeundi de supra et infra
pro custodia dicti loci et deffensione ejusdem, et etiam erit eis
licitum facere, construere et hedifficare capellas ante domum
suam supra carreriam quantum continebit amplitude dpmus
predicte absque impedimento tamen transsitus personarum et
animalium suarum.
Et solvent et solvere tenebuntur de obliis et pro obliis domino
predicto et ejus successoribus hàbentes plateam continentem
duas brachiatas de amplitudine et octo brachiatas de longitudine
et etiam pro hedifficiis capellarum et parietum anno quoque in
dicto loco de Montebequino in festo Omnium Sanctorum duos
denarios tolosanos annui censsus seu obliarum, et de acapitibus
et retroacapitibus tantunmodo quando evenerint et alia feudalia
jura. Si vero aliqui majorem plateam tenebunt vel minorem
quam sit amplitudo duarum brachiatarum et longitudo octo
brachiatarum, fuit actum quod ille plus tenens et etiam minus
tenens solvat videlicet plus tenens pro pluri et minus tenens
pro minori, habito respectu ad dictos duos denarios tolosanos
obliarum.
Item plus predictus dominus vicecomes et dominus dicti loci
dédit et concessit predictis consulibus et singularibus licentiam
et potestatem recipiendi de tegulis planis loci sui de Monte
folcaudo pro faciendo et construendo portam et arcum pontis
levadissii fortalicii dicti loci de Montebequino libère et impune
uno semel duntaxat et <ionec et quousque dicta porta et dictus
pons levadissius fuerint constructi, hedifficati, et deffensabiles
positi.
Item predictus dominus vicecomes dominusque dicti loci,
voluit et concessit dictis consulibus et eorum successoribus et
in anthea per in perpetuum eis juridictionem attribuit cognos-
sendi et judicandi de loquerio domorum, animalium et aliis
laboribus familiarum et operibus opéra sua locantium, de talis
dandis quoquomodo in dicto loco et juridictione ejusdem sive
pertinentiis et similibus, talasque judicandi et de eis excequtio-
nem fieri, mandandi eorum arbitrio per servientem suum dicti loci
de mejanis hospitiorum et eorum artifficia seu bastimenta et
aliis impedimentis et dampnis dandis in hospitiis et meganis et
aliis partibus eorumdem summarie et de piano prout eorum
Digitized by
Google
MONTBKQUI 2 I I
discretioni videbitur faciendum absque aliquo clamore, de quibus
possint cognossere et judicare, partibus vocatis coram ipsis,
bajulo suo sive régente bajuliam dicti loci minime vocato set
suo servienti duntaxat, et dicta megana et bastimenta facere
reducere, et ponere ad statum prestinum et reparatum in primo
statu propris sumptibus et expenssis illorum qui premissa
facere tenebuntur, summarie et de piano absque aliquo clamore,
bajulo suo minime vocato nec alio ofïîciario dicti domini nisi
dicto serviente dicti loci ut superius est dictum.
Item predictus dominus vicecomes dominus dicti loci, dédit
et concessit perpetuo predictis consulibus et habitatoribus de
Montebequino et ejus pertinentiis et eorum successoribus,
franchesiam et libertatem non solvendi leudam neque pedagium
eundo vel redeundo in toia terra sua scituata inter duo Humina
Tarni et Garone et ultra Garonum, vel alias, ubicumque sit
scituata, de aliquibus mercaturis vel bonis suis propriis quas
transsibunt per se vel alium seu alios neque etiam pareabunt
in tota terra sua predicta.
Item plus dictus dominus vicecomes, dominusque dicti loci,
dédit consulibus dicti loci qui nunc sunt et erunt durante
termino decem annorumpost receptionem hujuspresentispublici
instrumenti proxime computandi, faciendi facere in dicto loco
de Montebequino et ejus pertinentiis quod quilibet habitator
ejusdem loci et pertinentiis ejusdem veniat ad opéra dicti forta-
licii et manobriam ad gachium et deifencionem ejusdem de die
et de nocte, et contra inhobedientes penam quinque solidorum
turonensium parvorum imponere et ab eisdem levare aplicando-
rum operibus fortalitii predicti, et ad predicta inhobedientes com-
pelli, captione, venditione bonorum suorum et personarum
arestatione si sit opus quas possint impuhe disarestare et rela-
xare si et quando eis videbitur faciendum, bajulo suo minime
vocato sed dicto servienti dicti loci.
Et plus'voluit et eis concessit quod perpetuo sit eis licitum
mandare et ordinare gaitum nocturnum et diuturnum dicti loci
et etiam porte dicti fortalicii, et inhobedientes compellere ac
compelli facere per servientem dicti loci ad veniendum ad
dictum gaitum et custodiendum dictam portam et etiam ad
opéra dicti fortalicii cum fuerit necessarium et opportunum,
tam in parietibus, clausure, ambanis, porta, barbacana, ponte
levadissio, fossatis, quam in aliis causis ad dictum fortalicium
Digitized by
Google
2 I 2 MONTRÉQUI
necessariis ; quoquomodo per captionem bonorum snorum,
venditionem, distractionem, et multarum sive penarum, de qui-
bus eis videbitur faciendum, impositionem et earum exactionem,
personarumque suorum arrestationem, quas relaxare valeant,
si et cnm eis videbitur faciendum et successoribus suis, et quod
ad predicta procedere valeant impune, judice, bajulo, procura-
tore et aliis officiaris suis minime vocatis nec requisitis, excepto
servienti dicti loci duntaxat.
Item fuit ibidem actum et in pactum forma solempni ac
valida stipulatione interveniente vallatum interdictumdominum
vicecomitem Gimoesii, dorainumque de Tarita et dicti loci de
Montebequino, et dictos consules et singulares ejusdem loci de
Montebequino, quod dicti consules et singulares fecerint et com-
pleverunt vel saltim in deffencione seu statu deifendendi posue-
rint fortalitium predictum dicti loci de Montebequino de festo
proximo Nativitatis Sancti Johannis Baptiste ad duos annos
continuos et completos, alioquin tenebuntur dicto domino vice-
comiti dominoque dicti loci et suis successoribus omnia et
singula superius eis data et remissa per eundem reddere et res-
tituere ad satisfactionem omnium dampnorum et expensa-
rum, nisi taraen dicti consules et singulares justas causas et
rationabiles et juxta impedimenta pretendere possent ex quibus
predictum fortalicium infra dictum terminum minime complere
potuissent.
Hec autem omnia et singula supra dicta fuerunt facta
et concessa inter duas partes videlicet inter dictum nobilem
dominum Ramundum [ordani de Tarita, militem, et vicecomitem
Gimoesii, dominumque de Tarita et dicti loci de Montebe-
quino, promittentemea tenere et servarepro se et suis heredibus
et successoribus universis bona fide, ex una parte, quantum ad
eum pertiiîet, et inter dictos consules et singulares promittentes
tenere, complere, facere et servare predicta omnia et singula
pro se et eorum successoribus universis quantum ad eos pertinet,
ex alia parte. Hoc plus addito et acumulato quod voluit dictus
dominus vicecomes et dominus dicti loci et concessit dictis
consulibus et singularibus et eorum successoribus quantum ad
eum pertinet et pertinere potest duntaxat quod eis sit licitum
faciendi dirui et soloceiidi alogiamenta sive alia hedifficia que
sunt in dicto loco et pertinentiis suis extra dictum fortalicium
eorum arbitrio nossiva dicto fortalicio, et contradicentes et
Digitized by
Google
MONTBÉQUl 2 1 3
rebelles compelli ac facere compelli ad diruendum si sit opus,
expensis propriis rebellium predictorum, recipiendiquf* pré-
cédente légitima satisfactione et excitatione J.e fustibus et tegu-
lis et aliis seraentis dictarum domorum existentium extra forta-
licia predicta pro convertendo et ponendo in fortalicio ante-
dicto.
De quibus omnibus et singulis predictis dicte partes quibus
supra nominibus volunt fieri et retineri publica instrumenta
unius et ejusdem tenoris per me notarium infra scriptum pro
qualibet parte unum.
Et ad majorem omnium et singulorum premissorum roboris
fitmitatem habendam dictus dominus Ramundus Jordani de
Tarita, miles, vicecoraes Gimoesii, dominusque de Tarita et
dicti loci de Montebequino, juravit super sancta quatuor Dei
euangelia, manu sua dextra corporaliter tacta, gratis quodomnia
et singula predicta tenebit et observabit et per suos heredes
et successores teneri et observari et compleri faciet nec contra
predicta veniet insolidum vel in parte, nec dictos consules et
singulares dicti loci et eorum successores impediet, perturbabit,
impedire vel perturbare faciet in eisdem vel perturbabit directe
vel indirecte aliquo modo ratione sue minoris etatis vel aliter.
Acta fuerunt hec apud locum predictum de Montebequino, die
prima mensis martis, régnante domino Karolo, Dei gratia, Fran-
corum rege, et domino Bertrando, episcopo Montis Albani
existente, anno ab incarnatione Domini domini millesimo tre-
centesimo octuagesimo secundo. Hujus rei sunt testes : nobilis
dominusjohannes de Gardia, miles, condominus de Vigarone, ut
asseruit ; Bernardus de Spaonio ; Johannes Maurandi, domicelli
de Pompinhano ; Bernardus Gaythieti de Ponis, scutiffer,
conmorans cum dicto domino vicecomite, et Petrus de Yspania,
conmorans cum dicto domino Johanne de Gardia.
Et Fortanerius de Podio, publicus dominorum de Capitulo
Tholose notarius, et de Montegio habitator, qui requisitus de
premissis cartam istam Juplicatam recepit.
Grossatum est pro parte dictorum consulum et singularium.
• @ ■ ■ (§) ^
Digitized by
Google
LES
DEUILS ET USAGES FUNÈBRES
Aux environs de Gaillac ''^
PAR
M. le Baron de RIVIÈRES
Membre de la Société.
La lecture de l'intéressant travail (2) de notre ami le
chanoine Calhiat nous a suggéré la pensée de résumer nos
souvenirs sur les coutumes adoptées dans le département
du Tarn, et notamment aux environs de Gaillac, lors des
deuils et des funérailles (3). Ces vieilles traditions tendent
à disparaître. Il nous a semblé bon d'en conserver l'ensem-
ble en les fixant sur le papier. Ces usages sont pieux, tou-
chants et imprégnés de respect pour la majesté de la mort
et le culte des parents, que la grande faucheuse a couchés
dans la tombe.
^i) Le baron de Rivières, rërudit confrère que nous avons eu le
malheur de perdre naguère, nous avait envoyé, durant la maladie qui l'a
emporté, l'étude que nous publions ici, sur les Coutumes funèbres. Nous
l'insérons dans notre Bulletin, comme un hommage à sa chère mémoire.
(2) Ce travail avait pour but de faire connaître les principaux usages
funèbres de Montricoux et des environs qui touchent au département
du Tarn.
(3) C'est surtout dans la classe du peuple qu'existaient ces usages.
Digitized by
Google
LES DEUÏLS ET USAGES FUNEBRES î I 5
I
Aussitôt que le mort a rendu le dernier soupir, les parents
ne s'occupent plus de rien chez eux. Tout entiers livrés à
leur douleur, ils se regardent comme des étrangers et
cessent toute occupation. Les travaux des champs sont
interrompus, les ouvriers, s'il y en a, sont congédiés, les
troupeaux et les animaux de labour rentrent à Tétable (i).
Puis on va en toute hâte appeler les plus proches voisins.
Ceux-ci se chargent d'avertir les parents du mort et de faire
tout ce que réclame une sépulture. Les hommes partent
deux par deux, un bâton à la main. On les appelle lous
amprayres^ et l'acte de porter ce secours funèbre se nomme
antpra. Ils vont avertir le curé et les prêtres du voisinage
pour l'assistance à la sépulture, et font la déclaration du
décès à la mairie. Puis ils font les emplettes de provisions
pour le repas funèbre, achètent les cierges, commandent le
cercueil. Les femmes préparent les repas.
Il y a quelques années encore les morts étaient ensevelis
par un homme ou une femme qu'on appelait lou plegayre^
et qui fesait, moyennant finance, cette suprême toilette. On
lui donnait une somme de 3 à lo francs, suivant l'aisance
de la famille, et il avait droit aussi au linge que portait sur
lui le défunt. Aujourd'hui ce triste métier a disparu, et les
voisins s'acquittent de ce dernier devoir. Ils veillent aussi
le mort pendant la nuit qui précède la sépulture. Autrefois
au lieu de cierges, chez les gens pauvres, on allumait un
calfl dans la chambre mortuaire.
Ce sont aussi les voisins qui mettent le corps dans la bière
et le portent à l'église et au cimetière. Le cercueil est porté
sur des échevaux de fil de chanvre, où l'on passe deux
(i) Ailleurs on voile et on arrête les pendules.
Digitized by
Google
2\6 LES DEUILS ET USAGES FUNEBRES
grosses barres de bois ; les porteurs sont des jeunes gens
vigoureux ou des hommes dans la force de Tâge ; ils aident
le fossoyeur à descendre la bière dans la tombe et à combler
la fosse. Ces services se rendent bénévolement, avec charité
et complaisance, et ce serait une grave injure que d'offrir
une rétribution quelconque pour payer ces tristes devoirs de
bon voisinage. Les voisins chargés de ces diverses occupa-
tions partagent le repas funèbre avec la famille du défunt.
Le repas est copieux et soigné, et toujours apprêté avec
de la viande les jours gras (i). Les gens les plus pauvres
tiennent à honneur de bien traiter leurs invités ; on y sert
toujours du potage de bœuf ou de volaille, et quand le vin
manque dans la maison on s'en procure pour ce jour-là. A
la fin du repas la prière des grâces est remplacée par le De
profundis. Chacun se met à genoux devant sa chaise, et le
plus âgé de la famille récite le psaume, auquel tous les assis-
tants répondent. Quand il y a un prêtre parmi les convives
c'est lui, naturellement, qui récite cette prière, suivie de
l'oraison : Fidelium Deus^ etc.
Cette prière ainsi récitée est particulièrement saisissante.
II
Dans la paroisse de Rivières on habille les morts d'une
façon très convenable. Naguère encore on mettait entre les
mains du défunt un cierge; c'était sans nul doute un sym-
bole d'immortalité. Cet usage a disparu, seulement on met
aux mains des femmes ou des jeunes filles un chapelet ou un
petit livre de prières.. Ces objets demeurent dans le cercueil.
Le nombre des messes est proportionné à l'aisance du
mort. On en dit au moins deux et quelquefois jusqu'à dix
(i) Dans d'autres conirées les repas funèbres sont apprêtés au maigre,
avec des haricots et de la morue. Le fromage complète le menu.
Digitized by
Google
AtJX ENVIRONS DH GAILLAC 217
OU douze. Il y a toujours au moins une messe chantée. Les
parents vont à Toffrande, un petit cierge à la main, et met-
tent dans le bassin une aumône facultative. A Albi et à
Gaillac les plus proches donnent au moins une pièce d'ar-
gent, parfois même une pièce d'or. Ailleurs, on distribue à
l'assistance le contenu d'un bassin plein de sous. Chacun en
prend un et le remet à l'offrande. La famille du défunt fait
les frais de cette distribution.
Naguère les cercueils des paysans étaient plats par dessus,
et l'on clouait le couvercle avec de gros clous. Le bruit du
marteau sur la bière avait quelque chose de sinistre. Aujour-
d'hui les cercueils sont faits comme dans la ville avec un
couvercle bombé, et on les ferme avec des vis ou des cro-
chets. De même pour les croix des tombes. Elles ne se com-
posaient que de deux morceaux de bois à peine équarri ; le
charron ou le charpentier qui fournissait le cercueil fesait
aussi la croix. Maintenant les croix ont leurs bouts décou-
pés et portent le nom du mort, la date du décès et cette
légende menteuse : Regrets éternels. Elles sont peintes en
noir pour les hommes, en blanc pour les jeunes filles.
Les couronnes de fleurs naturelles sont très usitées aux
enterrements des jeunes gens ou des jeunes filles, indépen-
damment des couronnes d'immortelles ou de perles noires.
Au cimetière on jette souvent les couronnes de fleurs dans
la fosse avec le cercueil. Une fois le corps dans la tombe,
les assistants, quand l'église est voisine du cimetière, ren-
trent dans le temple pour y prier quelques instants.
III
Le deuil se porte, pour les femmes, avec une robe de
laine noire. Les veuves mettent autour de leur coiffe un
ruban de soie noire et endossent un parlement^ sorte de
1908 17
Digitized by
Google
2l8 L€S DEUILS ET USAGES FUNEBRES
capuchon en étoflfe noire, avec une pèlerine retombant sur
les épaules et attachée à la taille par des cordons de même
étoffe. Autrefois, le parlement se nommait minute^ et était
fait d'une étoffe en cotonnade mauve à petites fleurs. Les
jeunes femmes et les jeunes filles remplacent maintenant le
parlement par un voile de tulle noir ou de crêpe. Les hom-
mes s'habillent de noir. Autrefois ils continuaient à porter
leur veste de laine burèle ou de toile ; un gilet noir, une
cravate noire et un crêpe au chapeau^ constituaient leur
deuil.
Pendant la période du deuil les jeunes gens s'abstiennent
d'aller danser aux fêtes votives, et l'on ne fait pas d'invita-
tion aux parents et aux amis pour les jours de fêtes patro-
nales.
De même que dans le Quercy on met un morceau d'étoffe
noire aux ruches d'abeilles, à la mort du chef de famille.
On en place aussi quelquefois aux couvées de volailles. Il y
a quelques années une métayère attribuait la non réussite
d'une couvée de dindons à ce qu'elle avait négligé, ayant
perdu sa belle-mère, de mettre un morceau d'étoffe noire au
cou de la couveuse.
IV
L'usage du service de neuvaine n'existe pas aux environs
de Gaillac (i). Mais au premier anniversaire de la mort on
fait un service funèbre, qui porte le nom de bout de l'an,
cap de Van (2). Les parents seuls y sont conviés. On dit
(i) Il existe dans la ville de Gaillac.
(2) Le bout de l'an est également très en honneur dans le Quercy, la
Gascogne, etc. Cet usage est conforme à la liturgie catholique. Le Missel
contient une messe spéciale pour l'anniversaire.
Digitized by
Google
AUX ENVIRONS DE GAILLAC 2ig
plusieurs messes hautes, et puis a lieu le repas funèbre (i).
Dans quelques paroisses il y a pour les cortèges funèbres
un itinéraire (ordinairement un ancien chemin), que Ton
nomme chemin des morts. Ne point le suivre porterait
malheur aux survivants, et malgré la boue ou les fondrières,
les porteurs s'y tiennent et charrient bravement le mort sur
leurs épaules, tandis que le prêtre ou les parents suivent
parfois un sentier moins boueux au bord du champ.
La douleur des paysans est bruyante et expansive. Hom-
mes et femmes pleurent sans contrainte, surtout à la fin de
la messe d'enterrement ; au cimetière, non seulement les
parents mais les voisins invités pleurent aussi, et les excla-
mations, parfois même les hurlements de regrets accompa-
gnent les sanglots. Dans le dialecte roman de l'Albigeois,
le mot paure, pauvre, s'applique à toute personne défunte,
et équivaut au mot français : feu.
Il y a environ 30 ans les caveaux de famille étaient chose
inconnue dans les cimetières de campagne. Maintenant on
en voit presque partout.
A Gaillac, il n'est pas d'usage, dans la classe élevée, que
les femmes aillent aux enterrements. Elles y assistent à
Albi, ainsi qu'à Rabastens. A Albi, le vicaire de semaine
accompagne seul le mort au cimetière, tandis qu'à Gaillac
tous les prêtres y vont, et à la sortie du cimetière le célé-
(3) Un usage très pieux consiste dans une messe de mort chantée, que
Ton célèbre le lendemain d'un mariage pour les parents défunts des
mariés. Tous les invités à la noce y assistent ; les chantres de la paroisse
prêtent leur concours, et après la messe on va au cimetière prier sur la
tombe des vieux parents.
Digitized by
Google
220
LES DEUILS Et USAGES FUNEBRES
brant se place à la porte du champ de repos, et fait baiser
la croix de l'étole aux assistants.
Tels sont les vieux usages funèbres d'une partie de l'Al-
bigeois, Ils tendent à se perdre, à s'effacer. Et cependant
ils avaient pour eux le prestige de l'antiquité, le respect et
le culte des ancêtres; ils étaient imprégnés de la pensée
chrétienne et de la crainte du souverain Juge. A ce titre
nous avons cru utile d'en conserver le souvenir dans une
Société vouée à l'étude du passé.
Digitized by
Google
CONSULTATION MÉDICALE
DU
Docteur TRONCHIN
MM, DE SCORAILLE et Docteur MONRIBOT
Membres de la Société archéologique
Messieurs,
Je suis chargé de vous rendre compte d'un document médi-
cal du XVIII* siècle découvert par Monsieur Françoisi de
Scorailles dans les archives de la famille de Lomagtie au châ-
teau de Bruka (Gers).
Il s'agit d'une ordonnance de Tronchin, le médecin à la
mode d'alors, et, avant de vous donner connaissance de l'or-
donnance, je vous demande la permission de vous dire quel-
ques mots de son auteur.
Théodore Tronchin est né à Genève en 170g et mort à Pa-
ris en 1781. L'ordonnance dont il s'agit est datée de 1758: il
avait donc 49 ans quand il l'a rédigée ; il était par consé-
quent dans toute la maturité de son talent.
Tronchin étudia la médecine à Leyde et devint le disciple pré-
féré de Boerhaave. Il s'installa à Amsterdam et y réunit une
brillante clientèle; il devint par son mariage le petit neveu du
grand pensionnaire Jean de Witt*
Digitized by
Google
222 CONSULTATION MEDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN
Il quitta la Hollande à la chute de celui-ci et revint dans sa
ville natale, à Genève.
Sa renommée était universelle. Aussi, le duc d'Orléans le
nomma-t-il, en 1766, son premier médecin, et dès ce moment
toutes les sommités le consultèrent.
Son caractère est tellement bien décrit dans un article jus-
tement paru le 28 novembre 1908 dans le Journal des Prati-
ciens, que je ne résiste pas au plaisir de vous donner lecture
de cet article:
<( Les médecins, au XVIII* siècle, adjoignaient à l'art de
guérir une profession bien délicate: ils s'érigeaient en direc-
teurs de conscience auprès des clientes troublées. Celles-ci raf-
folèrent de leurs médecins à tel point qu'elles demandèrent
comme une faveur insigne d'étudier, inspirées de leurs con-
seils, qui la médecine, qui la chirurgie, qui l'anatomie. La jeu-
ne comtesse de Cognait emportait en voyage, dans le coffre de
sa voiture, un cadavre à disséquer. Le duc d'Epernon s'était
pris de passion pour la chirurgie. Un cocher, un jour, se cassa
la tête; il le trépana. Une autre fois il fit offrir cent écus à un
jeune marié à seule fin que cehii-ci se laissât saigner par le duc,
la nuit de ses noces. Avec Mme de Genlis, les prix étaient
plus doux ; aussi ne s'adressait-elle p^is aux jeunes mariés. C'é-
taient les malades qui aœouraient chez elle; le prix de la sai-
gnée était de trente sous; mais ce n'était pas le malade, c'était
l'opérateur qui payait. Mme de Genlis multipliait ses dons
de trente sous ; la clientèle accourait, tendait le bras et empo-
chait l'argent (i).
(( Avant Jean-Jacques, Tronchin recommandait aux mères
l'allaitement de leurs enfants. Les iDeiles mondaines se fai-
saient apporter leur dernier-né au théiâtre et les lorgnetties
de se braquer sur les poitrines offertes aux lèvres des nourris-
sons. Mis à la mode par Voltaire, Tronchin réussit d'autant
mieux qu'il était très bel homme. « LTne si belle chevelure
doit faire perdre bien du temps », avait dit de lui Boerhaave,
il) La Société' française du XVI' au XX^ siècle, par Victor du Bled.
XI» série, XVIII» siècle, Perrin et C'°, édil. 1908, p. 68.
Digitized by
Google
CONSULTATION MEDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN 223
quand il le vit pour la première fois parmi les assistants de
son cours. Plus tard, maître et élève devinrent les meilleurs
amis du monde. La régularité des traits ne nuit pas forcé-
ment à rintelligence, et Tronchin avait la répartie vive, la pa-
role pittoresque, le don de symi>athie qui, au bout d'une
demi-heure de conversation avec une femme, faisait croire à
la cliente sous le charme, qu'une intimité très sûre et très
douce était nouée depuis des années entre elle et son médecin.
Notre médecin adopta Tun des premiers l'inoculation de la
petite vérole; seulement, la méthode ne se répandit pas sans
obstacles. En 1763, le Parlement de Paris suspendait l'inocula-
tion jusqu'après avis des Facultés de théologie et de méde-
cine. Ceite dernière s'était partagée par moitié; le roi autorisa
la pratique de la nouvelle méthode à l'Ecole militaire.
(( N'appartenant pas à la Faculté, Tronchin, qui avait tout
d'abord opéré à Genève, ameutait contre lui ses confrères
parisiens. Leurs attaques ne l'émouvaient guère; au contraire
il en profitait pour décocher à leur endroit des ripostes acérées:
« Mieux vaudrait, écrit-il à un ami, qu'il n'y eût pas de mé-
decins. La preuve en est dans tout ce que la bonne nature a
fait pour conserver la vie des hommes malgré Tétourderie et
les erreurs des médecins. » Un autre jour: « La marche tran-
quille de la nature, déclare-t-il, vaut mieux que la course des
médecins. C'est souvent le comble de la sagesse de ne rien
faire. »
« C'était un excellent hygiéniste que Tronchin. Au hasard
des malades, il avait diverses cordes à son arc. Tour à tour,
il recommandait la diète lactée, la diète blanche, la diète sè-
che, l'eau et le travail du matin... Sur Voltaire qui le con-
sultait sans cCsSse, il émet .un jugement sévère: « Il est bien
mortifiant, écrit-il, à son ami Jaucourt, en 1739, pour l'esprit
humain de f)enser que, malgré qu'on en ait. Voltaire est ui.
fripon, un étourdi, un homme sans jugement et sans condui-
te. » Rousseau n'est pas mieux ménagé : « Cet écrivain pourra
se vanter, affirme Tronchin, d'avoir fait bien du mal et d'avoir
poignardé l'humanité en l'embrassant... Il a mis sa mèche sur
nos barils de poudre... Cet homme est un charlatan de vertu. »
Digitized by
Google
224 CONSULTATION MEDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN
Ce double jugement de Tronchin, accepté de Télite, sort quel-
que peu des formules accréditées par la légende. Nous regret-
tons que le médecin de Genève ne soit plus de nos contem-
porains ; il reproduirait, appuyé de son autorité, les raisons
convaincantes qui avaient motivé de sa part ces appréciations
peu flatteuses. A l'occasion d'une des innombrables inaugura-
tions de statues élevées à Voltaire et à Rousseau, il serait d'une
jolie ironie d'entendre leur éloge prononcé par un homme qui
les connaissait aussi bien, puisqu'il avait été médecin de l'un
d'eux. Ce jour, la cérémonie inaugurale perdrait de sa fadeur
coutumière. <( Voltaire, que j'ai soigné, était un fripon dou-
blé d'un homme sans jugement et sans conduite. » Tel débu-
terait ce morceau d'éloquence. Non, voyez-vous d'ici le froid
qu'un pareil prélude jetterait dans le monde officiel! »
Dans l'ordonnance qui nous occupe, on remarque surtout
la clarté de l'exposition. Elle est écrite, dit Monsieur de Sco-
railles d'une écriture ferme, posée, serrée, d'une de ces écri-
tures qui vSont l'expression d*une pensée précise et maîtresse
d'elle-même.
Tronchin commence par établir clairement son diagnostic,
et, ensuite, très méthodiquement, il expose, en indiquant leur
raison d'être, les diverses prescriptions qu'il ordonne à son
client. Il ne dédaigne pas, lui, un prince de la science, de s'at-
tacher aux pliLS petits détails, tels que ceux relatifs à la chaus-
sure qui doit être chaude et au col qui doit être libre."
Nous reconnaissons, dans cette consultation le grand hygié-
niste que fut Tronchin, car il s'attache surtout à donner des
conseils d'hygiène à son client, à lui imposer un régime ali-
mentaire, et, la prescription médichmenteuse semble n'être
donnée qu'accessoirement.
Xous remarquons aussi son souci de donner la raison anato-
mique et physiologique de ison traitement, et il est intéressant
de voir l'exposé de la théorie de l'action du froid et du chaud
sur la vaso-constriction et la vaso-dilatation.
Au point de vue médical, il n*y a qu'une chose que nous au-
rions à discuter: c'est au sujet de la 2* partie de sa 3® prescrip-
Digitized by
Google
CONSUL! ATION MEDICALE DU DOCTEUR TRONCHEN 225
tion, quand il condamne Tusage des délayants en général danvS
les hémorrhagies. Il ne savait pas que le golbule rouge du sang
se reproduit avec une telle rapidité dans un milieu isotonique
au sérum sanguin que nous n'hésitons pas en pareil cas à
faire à nos malades de grandes injections soius-cutanées de sé-
rum chirurgical qui se compose d'eau distillée et de sel. D'au-
tre [xirt, nous suivons ses conseils quand nous ajoutons à ce
sérum de la gélatine.
Voici, d'ailleurs, le texte de cette consultation que nous
pourrions signer aujourd'hui sans grandes modifications.
Le cas dont il s'agit, très bien décrit et fort bien traité,
n'est pas aussi dangereux qu'effrayant. Si son siège est dans
la trachée artère, ce qui paraît même assez douteux, il doit
être dans sa partie supérieure, peut-être est-il dans le larynx,
le sang qui s'échappe par le nez ne permet pas de croire
qu'il vienne de plus bas. Quoi qu'il en soit, il est à l'abri
des suites funestes de l'hémoptysie ; la cause paraît être la
rupture de quelque petit vaisseau variqueux et c'est ce qui
doit rendre la guérison difficile, bien que le mal en lui-
même ne soit pas dangereux. Ce qu'il y a à faire dans le cas
dont il s'agit se réduit :
1° A prévenir par tous les moyens la turgescence du sang
dans les parties supérieures. Pour cet effet il faut que les
parties inférieures du corps soyent constamment tenues
plus chaudement que les supérieures. On pourra y réussir
au moyen des lave-pieds tièdes, des frictions sèches des
pieds, des jambes et des cuisses. Il faut pendant plusieurs
semaines répéter les lave-pieds au moins tous les deux jours
et les frictions matin et soir. La chaussure doit être telle
que les jambes et les pieds soyent toujours plus chauds que
la tête. Celle-ci et tous les alentours du col doivent être
tenus aussi fraîchement qu'il se peut ; on doit avoir cette
attention la nuit ainsi que le jour, mais ce qui paraît être
dans tous les moments da la dernière importance c'est que
Digitized by
Google
226 CONSULTATION MEDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN
le col de la cravate ne soit jamais serré. Sans cette précau-
tion, tout ce qu'on ferait serait inutile ;
ao Tous les irritants, le tabac surtout est absolument
défendu ;
30 Les boissons tièdes ou chaudes le sont aussi. Elles ont
deux mauvais effets : le premier d'augmenter la dilatation
des vaisseaux en relâchant leurs membranes ; le deuxième
de donner plus de fluidité au sang et de le rendre par consé-
quent plus susceptible de s'échapper. Et dans le cas dont il
s'agit on doit tacher de fortifier les vaisseaux et de donner
plus.de consistance à toute la masse du sang ;
4* Il s'ensuit de là que les délayants en général seraient
très contraires et que la nourriture doit être plus solide que
liquide ; mais alors elle doit être telle qu'en diminuant la
partie lymphatique du sang, elle rende la rouge plus plas-
tique et plus onctueuse. Les farineux et les aliments adou-
cissants, lubricants et mucilagineux, sans être colants, réus-
sissent très bien dans le cas dont il s'agit. Les fondants et
les savoneux iraient à fin contraire. Les fruits par consé-
quent, crus ou cuits, et les légumes succulents doivent être
défendus ;
50 Tout acre quelconque l'est aussi ;
6° Si au régime qu'on doit former sur ce qui a été dit, on
ajoute l'usage constant des remèdes légèrement astringents,
qui, en fortifiant insensiblement les solides, donnent plus
d'épaisseur et de consistance, on peut espérer guérir. Pour
cet effet, mon avis serait que, pendant trois mois entiers,
on prit à 7 heures et à ii heures du matin, à 5 heures et
à 8 heures du soir, chaque fois 3 pilules A et une tasse de
la boisson B par dessus.
Tout mouvement violent de l'âme ou du corps est dange-
reux. Le changement d'air n'y fera rien.
Voici maintenant l'ordonnance que nous présentons à la
Digitized by
Google
CONSULTATION MÉDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN 227
sagacité des lecteurs. Il est du reste, nous semble-t-il, facile
d'en rétablir le sens intégral.
A. R : Terr. Catechm.
Lapid. hœmatit. p p. à à drachm. j. B.
Mastich. drachm. iij.
Conserv. rosar. rubrar. une B.
M : f : s : a : cum sirup symphyt.
major. Pilul. gran : iv :
D : in pulv :
mastich :
B. R. Rad. Symphyt. maj. une j. B.
cum aq. f. decoct. cui infund :
flo. balaupt. n« ij
terr. catech. ser. ij
flor. rosar. rubrar. pug. j.
huic gr. Liqnoris j. B. add.
Sirup. menth, une. j. B.
Je crois avoir reconstitué ces deux formules: nos anciens
formulaient en latin et par abréviatons. Les poids et les vo-
lumes étaient indiqués par des lettres : ainsi i ou j veut dire
T. B 1/2. Voici cette traduction.
A Cachou pilé V parties égales
Pierre hématite (i) / de chaque i drachme 1/2.
Mastic, 3 drachmes.
Conserves de roses rouges, 1/2 once.
Mêler, faites selon Tart avec du sirop de grande
Consoude, des pilules de 4 grains.
Divisez dans poudre de mastic.
(i) î-a pierre hématite très employée en ce temps-là, est un sesqui
oxyde de fer. En outre de la propriété d'arrêter du sang, elle avait, au
XVII« siècle, la réputation de faciliter Taccouchement.
Digitized by
Google
228 CONSULTATION MÉDICALE DU DOCTEUR TRONCHIN
B Racines de grande consoude, i once 1/2.
Faites une décoction dans Teau dans laquelle vous
ferez infuser :
Fleurs de grenadiers, n* 2.
Cachou pulvérisé, 2.
Fleurs de roses rouges, i poignée.
Faites évaporer la moitié de la liqueur et ajoutez
I once 1/2 de sirop de menthe.
En terminant, je remercie Monsieur le Président et Monsieur
François de Scorailles, de nous avoir donné roccasion de cons-
tater que les praticiens du XVIIP siècle étaient loin d'être
des empiriques, qu'ils se préoccupaient de faire découler leur
thérapeutique des données de l'anatomie et de la physiologie,
qu'en un mot, ils envisageaient surtout le côté scientifique
de leur profession, ce qui est le seul moyen d'arriver à soula-
ger les maux qui accablent notre pauvre humanité.
Digitized by
Google
NOTES
POUR
SERVIR A L'HISTOIRE DU DÉPARTEMENT
M. Tabbé Oulès, curé de Saint-Maurice, membre titulaire
de la Société, qui a dépouillé plusieurs registres de notaires
du XIV* siècle nous communique les notes suivantes :
Monsieur le Président,
J'ai eu la bonne fortune de trouver un ancien registre d'ac-
tes de Notaire de Molières dans une vieille masure de campa-
gne, et j'ai mis aussitôt en pratique ces paroles évangéliques
colligite fragmenta ne pereant. Il était temps : sauvé d'une
destruction prochaine, sa conservation est dès maintenant as-
surée pour longtemps.
Ce reg'stre offre un réel intérêt pour l'époque lointaine de
sa composition en même temps qu'il nous donne les noms de
personnages historiques, oubliés ou inconnus, et met sous nos
v'.nix des détails curieux de mœurs et de coutumes disparu s.
Jean de Lapoujade, tabellion de Molières, inscrit au jour le
jour, — de 1385, 17 juin, jusqu'au 17 octobre 1396 — mais avec
des lacunes opérées par la reliure, les intérêts divers qui lui
sont confiés. La fameuse guerre de Cent Ans bat alors son
plein et il y est fait souvent allusion.
Dans le mêifte ordre, je note tout ce qui peut offrir un inté-
rêt local et particulier.
Digitized by
Google
23o NOTES POUR SERVrR A l'hiSTOÎRE DU DÉPARTEMENT
1385. — Le 17 juin, Philippe de Godolar, procureur des moi-
nes de TEgKse cathédrale de Montauuban, de Tordre de Saint-
Benoît, afferme jusqu'à la Toussaint tous et chacun des fruits
de la dîme, des blés et légumes appartenant aux dits moines
clans le prieuré de Saint-Maurice, à Arnaud de Soliis, notaire
royal, à Guillaume Fabri et Jean Fabri, tous de Lafrançaise,
moyennant 46 setiers de blé mesure de Montauban, une livre
poivre (piperis) une livre ginsembre (gingeberis), et chaus-
ses de bon drap {auos caligas boni panni).
1391. — Le 4 juin, Benarde de Payrolac, Arnaud Sabathier
et Jacques de Cruzel, consuls de Molières, patrons de la cha-
pellenie fondée par Arnaud Rulh de Molières, et Arnalde del
Crozet, son épouse, dans Tégiise de Molières la confèrent à
M' Gerbert de A Ilia (de Tlsle) prêtre.
Le 4 juillet, R. Père Bertrand Laurens^ abbé de la Garde-
Dieu, fait une donation à Pierre de Cruzel, moyenni*ait 12 de-
niers d'or de cens annuel. (Cet abbé ne figure point dans la
liste donnée par M. Moulenq dans ses Documents historiques
sur le Tam-et-Garonne.)
Le 28 octobre, accord entre Galhard de Saint-André, don-
zel et M* Bernard de Captenac, prieur du prieuré de Saint-
Victor (église, près Molières, aujourd'hui détruite).
1392. — Le 16 avril, Raymond Bargas de Gibiniargues,
reconnaît avoir reçu à gazailhe de Jean de Mondenard, de Ga-
zes: 2 anesses, i truie, 6 porcs, moyennant i florin et 12 sous
tournois.
Le 21 avril, Bertrand de Tlsle, donzel, fils de Guillaume de
Gibiniargues donne à gazailhe à Raymond Pécharman, de
Puycornet: i jument et i poaliche, i truie, i porc, moyennant
5 florins et demi d'or.
Le 4 mai, Raymond de Caussade, seigneur de Puycornet,
hypothèque ses biens pour le jugement de cetaines marchandi-
hypothèque ses biens pour le jugement de certaines marchandi-
Le 22 mai, accord entre Arnaud Raymond de Dayrac, frè-
re et héritier de Fauré de Dayrac, donzel. — Il y est question
Digitized by
Google
NOTES POUR SERVIR A l'hîSTOIRÊ DU DEPARTEMENT 23 I
des religieuses du Pouget (qui tenaient des fiefs à Vazerac, pro-
duit de fondations pieuses et charitables).
Le lundi après la Saint-André, Jean Guarnier, lieutenant de
la baronnie de Caussade, Fournier de Marsa, comte (d'Arma-
gnac), reçoivent d'Arnaud Du Puy, de Guillaume de Mon-
delhs et de Bertrand de Rance, consuls de Molières, la pro-
messe de garder leur ville pour le comte, et de la fortifier à cet
effet. Témoins : Jean de Peyralade et Raymond de Carit, don-
zels.
1393. — 20 juillet, testament de Raymond Senhorel, de
Molières. Il veut 4 prêtres, disant messe le jour de sa sépul-
ture, le lendemain et le jour de la neuvaine, à chacun, 12 de-
niers caorcins; il laisse au luminaire de Castelnau 12 deniers;
au luminaire et à la chandelle de Notre-Dame de Molières, à
chacun 6 deniers; à la charité de la Pentecôte, une quarterée
de froment payable en 8 ans (i).
8 septembre, mercredi. Testament de Gvilhalme Déjean,
épouse de Hugues de la Sicardia, laisse à chacun des prêtres
qui diront messe le jour des sépulture, lendemain et neuvai-
ne: 10 deniers caorcins (2); au luminaire et à la chandelle de
Notre-Dame de Molières, à chacun 12 deniers caorcins; aux
luminaires des sept églises les plus voisines de Molières, à
(i) Bertrand du Pouget y neveu du pape Jean XXII, nommé cardinal
en i3io, fonda, en i32i, au château du Pouget, près de Castelnau,
berceau de sa famille, un couvent de Clarisses. Tout près, au lieu de
Sainte-Quitterie, il fonda aussi un établissement charitable, où les sœurs
du Pouget avaient un dispensaire pour les vieillards, les orphelins et une
école pour les jeunes filles indigentes, que le couvent maintint jusqu'à la
Révolution... L'instruction. gratuite était donc en vigueur avant 1789.
(2) Le lumiuaire proprement dit était la lampe du sanctuaire ; le lumi-
naire de la chandelle était celui du plat, surmonté d'une lumière que
les marguilliers font circuler encore dans certaines localités pendant la
quête pour les âmes du Purgatoire, en disant : Per las paouros amos, si
bous plet.. .
(3) Nos pères paraissent très avisés en cela. Ces détails des frais funè-
bres sont très pratiques et de nature à éviter des discussions pénibles
avec des héritiers liardeurs.
Digitized by
Google
2Î2 NOTES POUR SERVIR A L*HISTOIftE DU DEPARTEMENT
chacune 6 deniers caorcins; il veut trente messes dans'i'année.
Témoin : Etienne Delpérié, recteur de Molières.
Vendredi après la Nativité de la Vierge. Testament de Cé-
cile Del Périé, épouse de Jean Bessonis, de Castelnau, dans
la maison d'Etienne Delpérié, recteur de Molières; elle laisse
au luminaire de Notre-Dame de Castelnau 12 deniers tour-
nois; à l'hôpital de Castelnau, 6 deniers tournois; aux mala-
des de la maladrerie de Castelnau, 6 deniers tournois ; à cha-
que prêtres célébrant messe le jour de la sépulture, le lende-
main et le jour de la neuvaine, 12 deniers tournois; au lumi-
naire et à la chandelle de Notre-Dame de Molières, à chacun
6 deniers tournois ; à chacune des 12 églises les plus voisines de
Castelnau et de Molières, 6 deniers tournois; aux charités de
Castelnau et de Molières, à chacune 2 quartes de froment pa-
yables par deux ans. Elle institue héritier universel, son frère
Etienne Etelpérié, recteur de Molières.
1394. — 9 janvier. Testament de Ricairde de Lamolière,
épouse de Jean Blanc, de Molières; elle donne à chaque prêtre
disant messe: 10 deniers tournois; 12 deniers caorcins au lu-
minaire de Notre-Dame de Molières; 6 deniers, au luminaire
de Saint Biaise de Molières; à la chandelle de Notre-Dame,
6 deniers à chacun des luminaires de Saint-Arthémie, de Saint-
Amans de Nevèges, de Saint-Germain et de Saint-Victor (égli-
se disparue) ; 6 deniers caorcins, à la charité de la Pentecôte
de Molières ; i éminée de froment payable en 8 ans à la messe
qui se dit chaque mercredi dans Téglise de Molières pour les
âmes des trépassés: 10 livres tournoises. — Raymond Saba-
tier, prêtre, témoin.
14 janvier. Mariage de Guiraud Delpech qui reçoit de Ray-
monde de Prestand, sa mère, 10 livres tournoises, valant 10
francs d'or i lit, habit nuptial, le lit avec la couverture de la
valeur de i franc d*pr, i couète, i traversin de plume, i cotar-
dia de bon drap (boni panni) neuf de la valeur de i franc et
demi d'or; 4 draps de bri.
13 juillet. Arnaud de Folies, lieutenant de Guillaume Ar-
Digitized by
Google
NôtES POUR SERVIR A L^HIbTOIRE DU DB^ARTEMENT 233
chambaud, licencié-es-lois, juge ordinaire de la baronnie de
Caussade, est arbitre pour un différend entre noble Jean de
Mondenardy de Vazerac et Arnaud de Mondenard^ prêtre et Gé-
rald de Saint-Aramps, de Lafrançaise, tuteurs de X. de Cam-
lx>n, fils et héritier de Jean de Cambon, de Lafrançaise.
Dintanche après rAssomption. Raymond Boyer de Mo
lières, au nom du Comte (d'Armagnac) signifie à Bernard de
Peyrolac, à Arnald Latreille, à Jacques de Cluzel, à Jean de
ClevageraSf consuls de Moilières, qu'ils ont à garder et à fai-
re garder sûrement de nuit et de jour la dite ville de Molières
pour la remettre au Roi et au Comte le jour où ils pourront
la prendre ou l'occuper, et ce, sur les |>eines ordinaires.
i6 avril. M* Guillaume de Archambaudj lic^encié es-lois,
juge ordinaire de la baronnie de Caussade au nom du Comte
et aussi seigneur de Molières, signifie à Arnaud de Lacombe,
Jacques de Cluzel, à Bernard de Peyrolac, consuls de Moliè-
res, qu'ils aient à former et à .réparer les murs, fossés de la
ville ainsi que la barbacane qui est devant la porte appelée
de Bonne Combe {de pallis bene capilhatis) d'ici à la mi-carê-
me à peine de 9 marcs d'or applicables au seigneur Comte. Ils
auront aussi à s'occuper du Pont de la Guitardia et de celui
appelé de l'Hôpital de Saint-Amans.
D'ici à l'Assomption, soas les mêmes peines, sans prolon-
gation possible.
Ils devront encore refaire les fortifications de la ville de Mo-
lières devant la maison de Jean Blanc et de Combelongue, jus-
qu'à la barbacane de Bonne Combe (i).
29 octobre. Mariage entre Arnaud, dit Pechméja, fils de Jean,
de Molières et de Jeanne de Gimmier, fille de Hugues, de
(i) Le pays était alors en pleine anarchie et envahi par des bandes
d'aventuriers qui le mettait en coupe réglée. Ces compagnies anglaises
occupaient les principales places fortes, et il fallait transiger avec elles.
Pendant ce temps le roi Charles Vl était dément, sa mère dénaturée,
Isabeau de Bavière, était de connivence avec l'Anglais, Henri V, à qui
il offrait la main de sa fille, pour lui faciliter l'occasion d'arriver au
trône de France.
Les Bourguignons et les Armagnacs divisaient la France.
1908 18
Digitized by
Google
2^4 NOTES POUR SERVIR A L*HISTOIRÉ DU DEPARTEMENT
■Montauban. — Jeanne reçoit 8 livres d'or, i lit, i habit nup-
tial — unam cuhcrtam, unum phimarium cum flagenals vetaiz.
4 draps et unam coperturam lane Tholosa, unam cotardiavi
boni panni, — valant 2 florins d*or.
1395. — 8 avril à Lafrançaise. Testament de noble Guillau-
me Bernard de Cantemerle^ donzel, habitant Lafrançaise, mais
natif de Saint-Sernin de Francou, veut être enterré au monas-
tère de Francou. A chaque prêtre disant messe le jour de sa
sépulture 15 deniers tournois et la réfection. Il fonde,
au monastère de Francou un obit perpétuel de 5 livres lour-
noises payables annuellement le jour de la Fête de Saint-Ju-
lien ; laisse à chacun des luminaires de Lafrançaise, Saint-
Sernin de Francou (Rouzet), Cougournac et Albernac, 2 sols ;
veut qu'une messe soit dite chaque semaine à son intention à
Lafrançaise et laisse jx>ur cela 12 livres tournoises; donne à
Bertrand, son fils, 100 livres tournoises ; institue son héritière
universelle Jeanne de Gazelles, son épouse.
8 avril. Testament de Jeanne de Gazelles, veuve en premières
noces de Géraud de Lascouts et maintenant éix>use de noble
Guillaume Bernard de Cantemerle, veut être enterrée dans
réglise de Lafrançaise au tombeau de son premier mari, laisse
au luminaire de Lafrançaise 12 deniers tournois; 12 sous tour-
nois pour une messe à dire dans Tan de son décès; aux lumi-
naires de Notre-Dame de Lapeyrouse, Saint-Sernin de Fran-
cou, Cougournac, Alvernac, Saint-Maurice à chacun 12 de-
niers annuellement 10 sois caorcins aux prêtres de Lafran-
çaise — aux prêtres de Lafrançaise 4 sols caorcins et le reste
aux autres prêtres à raison de 12 deniers à chacun. Ils devront
dire 10 messes à son intention. Aux religieux de Notre-Dame
de Gahors 100 deniers appelés florins d'or, payables 2 par an
à la fête de Saint-Hilaire, la première année après son décès
et ensuite 5 deniers i>ar an pK>ur prières et messes à son inten-
tion et à l'intention de son premier mari. — Son héritier de^
vra donner chaque jour dans l'an du décès au recteur de La-
française, demi-quart de vin sans eau et un paiement de la
valeur de 8 sols caorcins pour chanter Vabsoute sur son tom-
Digitized by
Google
NOTES f^OUR àERVIR A L*HlSTOIRE DU DEPARTEMENT 2^5
beau par lui-même ou un autre prêtre. Lègue à Bernard de Ga-
zelles son frère, loo sols tournois, — institue pour héritier uni-
versel son mari, noble Guillaume Bernard de Cantemerle,
donzel.
8 mai. TestajTiient de Béairix de Lagorsse, épouse de Guil-
laume Sabatier, bachelier ès-lois de Molières, veut être enter-
rée dans réglise de Molières au tombeau de feu son maxi.
Laisse à la table de Notre-Dame de Molières, 5 sols tour-
nois, à la chandelle de Notre-Dame de Molières, i denier d'or ;
aux messes pour les âmes des trépassés i franc d*or, payable
en 8 ans — au luminaire de Molières 2 sols; à chacun des lu-
minaires des 12 églises plus voisines de Molières 12 deniers,
à la charité de la Pentecôte i setier froment, payable en 16
ans — savoir : i quarton par an — aux prêtres du Monastère
de Montpezat, i quarterée de froment de rente j>erpétuelle par
an et 4 deniers d'or payables annuellement par son héritier,
(iuillaume Sabatier son fils.
II mai. Apud ecclesiam de Vazerac^ mariage entre Bernard
de Mondenard^ fils de Jean, de Vazerac et Arnal de Loubéjac,
fille de Bernard de Mariisson, et autrefois habitant Saint-Lau-
rent près de Lolmie. Bertrand donne à sa fille 25 livres — té-
moins : Raymond del Laco, de Sauveterre, Bertrand de Guar-
nel, donzel, Raymond de Narcès, seigneur de I^ Otura j(Lau-
ture).
20 septembre. Gératid de CosteSj recteur d'Espanel, muni
d'une procuration, se présente pour la collation de l'archiprê-
tré de Névèges, vacant par le décès de Raymond Desprès, de
Raymond de Buffet, clerc de Cahors.
25 octobre. Testament de Peyronne del Noguier, épouse de
Jean de Clavageras fait à la maison d'Etienne Delperier, rec-
teur de Molières, laisse 5 tournois à la messe du Purgatoire
du mercredi, à la chandelle, au luminaire de Notre-Dame de
Molières, à la chandelle del bé de la terra mayre, de ladite E-
glise, à la chandelle grosse de Notre-Dame, 5 sols, aux lumi-
naires des 12 églises plus proches de Molières, i gros à cha-
cune, à la charité de Molières, i setier de froment payable, en
4 ans après son décès à l'hôpital de Molières, i lit garni avec
Digitized by
Google
à 36 NOtES POtJR SERVIR A L^HISTOIRE DU DEPARTEMENT
couvertures blanches ; aux pauvres i pièce de drap blanc ,de
Saint-Antonin. Laisse i marc d'argent pour faire un calice
et une patène per tôt temps, au service de Tégflise de Moliè-
res.
1396. — i6 mars. Testament de Arnaud Fauré, veut i6 prê-
tres à son enterrement, le lendemain et le jour de la neuvaine
à raison de lo deniers par messe veut que son héritier fas-
se faire un coussin de la valeur de i8 blancs et le porte à Té-
glise de Saint-Jean de Casula en Thonneur de No^re-Seigneur
Jésus-Christ.
15 mai. Le marc d'argent pour calice et patène, légué par
Peyronne del Noguier est payé à Jean Ratier et à Jacques Cru-^
zel, gardiatores de Téglise de Molières en présence de Pierre
de Cruzelf de Guillaume de Corbon^ d'Almaric de Lhiora, de
Géraud Lapeyre, consuls de Molières.
17 novermbre. Testament de W. Delpas, de Gibiniargues,
veut être enterré au cimetière de Gibiniargues, veut 3 prêtres
disant messe le jour de sa sépulture, à chacun, i gros avec les
despans (le repas), de même le lendemain et le jour de la neu-
vaine à chacun 3 gros et les despans. Laisse au luminaire et à
la chandelle de Gibiniargues 12 deniers caorcins. — aux lumi-
naires de Molières, de Saint-Romain, de Saint-Arthémie 6 de-
niers caorcins, 6 francs d'or payables en 5 ans pour prières
pour lui et les siens id est, 6 messes par an.
Digitized by
Google
BIBLIOGRAPHIE
Diocèses et ateliers monétaires de Tempire romain sous
le règne de Dioolétien, par M. J.-B. Mispoulet.
Là réorganisation administrative de l'Empire Romain a eu
lieu sous Dioclétien (284 à 305 après J.-C.) et Constantin (306
*^^ 3r7)y €t il n*est pas toujours facile, paraît-il, de distinguer
les actes des deux empereurs à ce sujet.
Cela résulte notamment de la communication faite p>ar no-
tre confrère, compatriote et condisciple, M. J.-B. Mispoulet,
membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
Dans une séance dont il a bien voulu adresser un extrait à
notre Président, M. Mispoulet entretient l'Académie de la
fameuse « Liste de Vérone » qui contient les cadres de l'or-
ganisation administrative de l'Empire, au IV' siècle.
Ce document, d'après un mémoire publié par Mommsen en
1862, remonterait à l'année 297 ; et, par conséquent, la réfor-
me administrtdve qui y est contenue devrfait être attribuée
à l'empereur Dioclétien.
Or, M. Mispoulet a acquis, dit-il, par des études approfon-
dies, la coviction que la Liste de Vérone n'est pas antérieure
h la fin du règne de Constantin ; ce qu'il s'efforce d'établir.
Dans ce but, il soumet à une rigoureuse critique un article
de Mommsen paru en 1887 dans la Revue numismatique
de Berlin, sous le titre: Les quinze ateliers monétaires des
quinze Diocèses de Dioclétien.
Il prouve, par une savante discussion que, contrairement
aux affirmations de Mommsen, il n'y a aucune concordance
entre les 15 ateliers monétaires du temps de Dioclétien et les
Diocèses (circonscriptions administratives) énumérées dans la
Digitized by
Google
238 BrnLIOGRAPHlE
Liste de Vérone, ces diocèses n'étant d'ailleurs qu'au nombre
de 12 au lieu de 15.
L'^issertion de Mommsen, simple affiiTnation dénuée de
preuves, et entachée d'erreur matérielle, ne peut donc infir-
mer en rien la démonstration de M. Mispoulet tendant à repor-
ter au règne de Constantin la date de la Liste de Vérone,
Mais M. Mispoulet ne s'en tient pas à cette constatation.
Il étudie consciencieusement les 15 ateliers monétaires de
l'empire Romain; établit, tant par divers documents que par
les monaies émises et les dates d'émission, que 8 de ces ateliers
fonctionnent à l'époque qui a précédé l'avènement de Dioclé-
tien, tandis que 7 autres ont été ouverts par cet em'pereur entre
291 et 300 ou 305 et non h une seule et même date ; que la pré-
tendue règle, établie par Mommsen, d'après laquelle il y au-
rait un atelier monétaire par diocèse, n'est nullement justifi(V';
et qu'il est impossible, en présence des dates de création et
autres faits, d'imaginer une combinaison quelconque qui
puisse faire concorder la distribution des ateliers existant sous
Dioclétien avec les 12 diocèses de la Liste de Péroné.
Même en supposant exacte la date de 297 attribuée pnr
Mommsen à ce document, la concordance entre les divisions
administratives et les établissements monétaires n'existe pas;
et le désiiccord est encx>re plus profond si, comme le dit M.
Mispoulet, la Liste date de la fin du règne de Constantin.
Au surplus, pourquoi vouloir identifier l'organis^ition finan-
cière à l'organisation administrative; cela n'a pu entrer, dit
M. Mispoulet, dans la pensée de l'empereur Dioclétien qui
était un esprit trop positif pour faire de la symétrie pour
l'amour de l'art; il était plus naturel, et il n'y a pas manqué,
de placer ses établissements monétaires là où ils étaient néces-
Sc'iires pour les besoins économiques et politiques de l'Empire.
La lecture de la brochure communiquée est pleine d'intérêt ;
et il y a lieu de féliciter l'auteur de ses savantes recherches qui
rétablissent la vérité historique sur un point intéressant, à
rencontre de l'opinion d'un historien numismate aussi auto-
risé que Mommsen. , . .r
Tyouis Mauqui^.
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 4 JUIN 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président ; Edouard Forestié, secrétaire
général; Moissenet, Mathet, Borderies, Souleil, Naulet, Vitteaut,
Ressayre, commandant Desnous, comma.idant Dantin, colonel
Caillemer, capitaine Réveillaud, Delpey, Lespinasse, général
Vedeaux.
Le procès-verbal de la séance de mai est lu et adopté.
Se font excuser : MM. Bourdeau, Buscon, de Mandres, d'Avan-
court, Fontanié. Ce dernier avait esp<^ré lire à cette séance un travail
sur lès Moulins flottants de la Garonne^ situés sur le territoire
de Castelsarrasin ; ce sera pour une prochaine réunion.
M. le Président donne lecture de plusieurs lettres relatives à
l'excursion dans l'Ariège ; parmi ces lettre? il convient de citer
celles de M. le docteur Dresch, président de la Société ariégeoise
des sciences; de M. le baron de Bardies, président de a Société du
Couzeran, de M. le Directeur de l'asile des aliénés, établi sur l'em-
placement de l'ancien palais épiscopal de Saint-Lizier. Ces Mes-
sieurs réservent le meilleur accueil à notre Compagnie. Il en est
de même de MM. les Archiprêtres de Foix, de Mirepoix et de
MM. les chanoines Cau-Durban et Ferran.
A la suite du procès-verbal on pourra lire en quels termes le
Président a i^nnoncé l'excursion à ses confrères.
Lettre de M., le Président de la Fédération des Commerçants de
xMontauban, demandant que la Société soit représentée au sein de
Digitized by
Google
^40 PROCES-VERBAUX DES SEANCES.
la Commission des fêtes du Centenaire du département. M. Bour-
deau est délégué à cet effet.
M. le Président a le très vif regret d'annoncer la mort de
M. Alphonse Couget, vice-président et membre fondateur de la
Société des Etudes de Comminges, Membre correspondant de
notre Compagnie, M. Couget en avait été membre titulaire lors
de son séjour à Montauban, alors qu'il y remplissait les fonctions
de substitut. Depuis lors nos relations avaient été constantes avec
ce savant d'un rare mérite ; dans plusieurs circonstances il s'était
joint à nous dans les excursions, et avait, en particulier, pris une
large part à l'organisation de celle qui nous conduisit à Saint-
Bertrand de Comminges et à Luchon. Passionné pour son pays,
dont il connaissait à merveille l'histoire et les monuments, il s'est
appliqué à le faire connaître ; la Revue de Comminges^ excellent
recueil, toujours riche de travaux inédits, ne paraissait jamais
sans quelques pages de lui.
Resté sur la brèche jusqu'à ces derniers mois, il est mort à l'âge
de 74 ans, fidèle à la foi catholique qu'il servit et défendit durant
sa vie entière. M. le chanoine Pottier, qui s'honora de son amitié,
a, dès le lendemain de sa mort, survenue le lo mai^ transmis à sa
famille les vives condoléances de la Société et les siennes. L'As-
semblée s'associe aux regrets exprimés.
MM. le général Konne et le docteur Tachard envoient des cartes
postales de la Lorraine et de l'Angoumois.
M. le Président, et la Société avec lui, déplorent l'achat fait par
un antiquaire de Toulouse de chapiteaux provenant de l'ancienne
abbaye cistercienne de Lagarde-Diéu. Prévenu, trop tard, M. le
Président a éprouvé une vrai peine de n'avoir pu enrichir notre
Musée lapidaire de ces sculptures ; il les connaissait pour avoir
étudié avec soin les restes de ce monastère, qu'il avait acheté, en
1864, au nom des religieux de Sénanques. Ces moines blancs,
comme on les désignaient au Moyen -Age, pour les distinguer des
Bénédictins, vêtus de noir, avaient entrepris la restauration de
Lagarde-Dieu, fondée au XII® siècle par Saint-Etienne d'Obasine,
sur les bords de l'Emboulas ; ils ne purent malheureusement y
demeurer sous prétexte que la Congrégation n'était pas reconnue.
Les bâtiments réguliers^ après la dévastation par les protestants,
avaient été relevés par un évêque de Cahors, Henri de Briqueville
delà Luzerne, abbé commandataire en [710. Les chapiteaux ven-
dus, ainsi que des clefs de voûte, appartenaient à l'époque gothi- '
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUX DES SEANCES 24 f
que, et provenaient d'une belle salle capitulaire et des restes de
la grande église.
Aujourd'hui, ajoute le Président, la cupidité des brocanteurs
se porte sur les sculptures du Moyen-Age, très convoitées par les
Américains. On achète pour les démolir nos anciens monuments :
églises, maisons, monastères, châteaux, et nos provinces se voient
chaque jour dépouillées de leur patrimoine d*art. Il y a peu de
mois un admirable chapiteaux provenant d'une ancienne demeure
montalbanaise était, à chers deniers, vendu pour l'étranger. Une
photographie qu'a bien voulu faire pour la Société, M"*® Viguier,
est remise de sa part à l'Assemblée, qui exprime sa reconnais-
sance. Ce chapiteau, dont le tailloir est orné de rinceaux, et la
corbeille, tapissée d'animaux, dont les cous, réunis en une seule
tête, formant crochets d'angle, et les corps enlacés, rappellent les
dragons de la légende. On retrouve souvent, les similaires dans
notre pays. Ils oppartenaient à l'architecture civile.
A propos du voyage dans l'Ariége le Président prie M. Lespi-
nasse de lire la pièce de vers de notre regretté confrère, le chanoine
Ferran, ayant pour titre : En face des Pyrénées, Elle fut compo-
sée lors du voyage de notre Société au pays de Comminges, et
lue par l'auteur dans la séance publique de Luchon.
M. Delpey donne lecture d'une étude de M. de Gironde à propos
de l'exposition d'œuvres appartenant à l'art religieux de l'école
Ingres. Exposition organisée par la Socété de Saint-Jean. (Voir
le Bulletin, tome XXXV.)
M. le colonel Caillemer fait don d'une photographie représen-
tant le donjon du Capitole de Toulouse dans son état ancien.
Est nommé membre titulaire, à l'unanimité, M. le colonel de
la Ruelle, commandant le lO* dragons, présenté par le général
Vedeaux et le Président.
La séance se termine par des projections de photographies en
couleur, de M. Mathet. On constate que ce mode nouveau de
reproduction de nos monuments ou de nos paysages, fait des pro-
grès incessants, grâce à l'habileté de M. Mathet.
La séance est levée à lo h. 1/2*
Le Secrétaire,
Lespinassr.
1908 i8*
Digitized by
Google
242 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 9 JUILLET 190S
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présent?: MM. Pottier, président ; de Bellefon, vice- prés ident ;
de Séverac, Pécharman, colonel Caillemer, Naulet, Renaud, Es-
cudié, Lespine, Sémézîes, capitaine de Mandres, Dufaur.
Excusés: MM. Edouard Forestié, capitaine d'Avancourt, Mois-
senet, lieutenant Hébrard,
La lecture du procès-verbal de juin ne donne lieu à aucune
observation.
Sur la demande du Président, M. Sémézies donne lecture de la
pièce de vers qu^l a écrite à l'occasion du voyage dans PAriège
et de la réception au château de Prat. Ses vers, adressés à M"*« la
comtesse d'Avancourt, et qui avaient été fort appréciés, sont en-
tendus avec un vif plaisir par TAssemblée.
M, le Président, en attendant le compte rendu de cette excur-
sion qui sera fait par M. de Marigny, rappelle en quelques mots
le charme des diverses étapes parcourues par la Société et l'accueil
aimable qu'elle a reçu partout.
Le capitaine de Mandres déclare avoir vu au château de Léran,
où la Société n'a pu se rendre dans cette excursion, des tableaux
et des dessins représentant le château de Lagarde à diverses épo-
ques. La Société a visité avec intérêt ces superbes ruines, dont
^mo Vigarosy, trop souffrante, n'a malheureusement pas pu faire
les honneurs, mais qui nous ont été montrées par son régisseur.
Le château de Léran, l'une des demeures actuelles du duc de
Levis-Mirepoix, où sont conservées ses précieuses archives, a été
complètement reconstitué d'après les anciens documents.
M. le Président lit un article du journal de Foix rendant compte
de notre excursion.
M. le Président donne également lecture de lettres de M. le
Curé-doyen de Montpezat et de M. Meuret, maire de cette com-
mune.
Dans ces lettres ces Messieurs demandent au Président de la
Société de vouloir bien accepter la mission de se rendre à Paris
Digitized by
Google
PR0Gès-VER3AUX DES SÉANCRS 243
pour reconnaître si les coffrets induement achetés par M. Alavoine,
et que celui-ci est tenu de restituer, sont bien les coffrets authen-
tiques qui lui ont été livrés et non des copies. M. le Président
avait prié M de Fcntenilles, en ce moment à Paris, de faire cette
expertise, notre confrère se récuse, ne voulant pas assumer seul la
responsabilité de cette récognition.
M. le Président demande à la Société s'il doit l'accepter lui-
même. L'Assemblée, considérant d'une part que M, le chanoine
Pottier a eu plusieurs fois l'occasion de voir et d'étudier ces
coffrets, qu'il a fait photographier et sur lesquels il a écrit une
Notice très détaillée, est tout indiqué pour faire cette expertise,
et qu'il devait, en effet, en accepter la mission. M. le Président
partira donc prochainement pour la capitale.
M. Cartailhac, notre distingué correspondant, en envoyant ses
regrets de ne pouvoir être des nôtres dans l'excursion de Foix,
signale à notre attention deux pièces de premier ordre dans le
musée : Un ours gravé sur galet, et un phoque gravé sur os. « Nous
avons, dit-il, deux autres dessins de phoque dans nos gravures de
l'âge du renne, tous deux de la Dordogne. Cet animal, le phoque
Groenlandica, descendait alors sur nos rivages, qui devaient être
bien au-delà de la rive actuelle, et les artistes paléolithiques le
connaissaient bien. Ces gravures sont très suggestives. »
M. Cartailhac annonce en même temps que le Musée d'histoire
naturelle de Toulouse a eu la bonne fortune d'hériter, grâce à
la libéralité de M™® Félix Regnault, des collections archéologiques
et préhistoriques de son regretté mari. Il avait de très précieuses
séries.
M. Cartailhac nous invite à aller visiter ces collections, tout en
regrettant que dans notre Midi toulousain le préhistorique ne
passionne pas comme il conviendrait les archéologues.
M. le Président rappelle que la Société archéologique de Tarn-
et-Garonne a été une des premières, avec le concours de MM. Brun,
Nonorgues,curé de ^Bruniquel ', Devais et autres, à s'occuper de
cette science, alors au berceau. Il avait lui-même, dès 1862, fait des
fouilles dans les abris de Bruniquel, en ompagnie de M. Trutat,
et, en 1863, il faisait une communication, à ce sujet, au Congrès
tenu à Rodez sous la présidence de M. de Caumont.
M. l'abbé Taillefer adresse une note relative à la découverte,
aux environs de Cazillac, canton de Lauzerte, de trois souterrains
ainsi décrits :
Digitized by
Google
244 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
No I
Habitation souterraine du Tuquel de Leygue-Bas à Cazillac
A. Entrée-escalier venant de la direction de l'Ouest, 3 mètres.
B. Première chambre, en partie comblée, 1 m. 80.
C. Entrée du corridor en ogive, abaissé et étroit, dès l'entrée,
mais remontant presque aussi: ôt à 2 mètres, et s'élargissant jus-
qu'à 0,76 c L'entrée simule un encadrement, moulé, de porte. De
chaque côié, en bas et en haut, des ouv«.rtures perdes dans les
parois indiquent Templac* ment des pièces de bois servant à fermer
rentrée. L'ensemble du corridor G D mesure 5 m. 60.
E. Corridor donnant entrée dans la chambre F, très bien conser-
vée, avec tious et niches pour ustensiles, voire même un semblant
de dressoir. Les points marqués par le signe X indiquent une
ouverture donnant communication entre la chambre et le corridor.
Celui-ci a 3 m. 81, et les dimensions de la chambre sont : 2 m.
de hauteur, i m. 84 de largeur et 2 m. O3 de longueur.
Q. Continuation du passage ou corridor principal, 4 m. 50. A
l'entrée, même observation que pour la partie C. Il y avait deux
autres passages donnant accès dans de nouvelles chambres, mais
ils sont obstrués, points G' et G'.
H. Troisième chambre, vue, mais non visitée en détail, à cause
d'un éboulement récent. Dans le fond, le passage se continue. Il
y avait au-delà un four et un réservoir à eau.
Observation qui s'appliquera aux deux autres habitations. Cette
caverne est toute entière creusée de la main de l'homme avec un
outil à double face formant pic et gouge, dans le tuf ou le sable
marneux. Les corridors et les chambres sont tous en arc brisé.
Le plan est pour celle-ci horizontal.
N° 2
Habitation souterraine de Larimé à Cazillac
K. Soupirail débouchant dans un champ de luzerne (diamètre en
haut, 0,06 c; en bas, 0,15 c; hauteur totale, 6 mètres). Ce soupi-
rail ayant éveillé l'attention, un puits a été creusé dans le sable
et la chambre I a été mise à jour (2 m. haut, 3 m. long, i m. 45
large). Les points J, au bas de la salle ogivale présentent deux
ouvertures de 0,20 c, servant probablement à l'aération des salles;
on a pu mesurer 3 m. 63 de longueur, ce qui fait supposer adroite
de I l'existence d'une autre salle.
Digitized by
Google
.M: ■
Digitized by
Google
Bulletin Archéologique 31 Tbimesôpe 1908
Habitations Souterraines
J\r
^
M
•I
5'
Fi^. 2
N
S
Fi^
.3
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES 246
H. Le passage ou corridor remonte jnsqu'à F, pour redescendre
dans la salle G, dont la base doit être au niveau de la salle I (ce
point ne peut être établi à cause du sable éboulé). Au point de
jonction des corridors H et F (l'un a 3 m. 60 x 0,60 x 2, et l'au-
tre 0,80) est percé à i m. 60 un trou triangulaire de 0,22 de côté
et de profondeur, destiné à recevoir la € lampe d'éclairage. » Il
y a au-dessus une forte couche de fumée.
La salle G est plutôt actuellement de forme ronde avec voûte
en berceau.
Les salles B. et G sont en partie comblées de sable et de pierres,
lancées du point A, entrée de la grotte non visible à Textérieur,
par le propriétaire du champ, il y a relativement peu de temps. Le
passage D se continuait dans la direciion de l'Est vers les silos et
le four récemment mis à jour à 20 mètres du point D'. Le proprié-
taire en a répandu les cendres, environ deux charretées, dans un
champ voisin, en forme d'engrais.
NO 3
Habitation souterraine de Larénal à Cazillac
A est un vieux puits délaissé taillé dans le tuf, sauf dans le haut
qui présente i m. de maçonnerie en pierre de taille. A 2 m. 50 de
profondeur s'ouvre une voûte qui forme une première salle B, de
2 m. 20.
Au point G était une poutre d'un usage indéfini, à moins qu'elle
n'ait servi à assujettir une clôture.
GG indique différents corridors, dont deux sont comblés de
sable, le premier dans la direction Nord et l'autre dans la direc-
tion Sud.
L'axe du verstibule B monte insensiblement dans la direction des
salles E et D.
Le corridor qui donne accès dans la salle F est d'un accès peu
commode. 11 a 2 mètres environ, ainsi que les deux autres.
Les trois salles sont à peu près d'égale grandeur, 2 m. 50 à
3 mètres de long, 2 mètres de large et 2 mètres de haut.
Ghaque salle porte au milieu de la voûte, en plein cintre, un
soupirail ou bouche à air.
Le puits a uniformément i mètre d'eau et le niveau en est à
m, 30 au-dessous du sol du vestibule.
L'ancien propriétaire du puits prétendait avoir trouvé, en visi-
Digitized by
Google
246 PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
tant ces grottes, un squelette humain, une meule à moudre des
grains et plusieurs silos où étaient des ossements.
Les corridors ont la voûte à angle équilatéral.
M. de Séverac fait part également de la découverte faite dans
les marnes des coteaux de la propriété de son beau-père, M. Ph-i
lippe d'Elbreil, à Saint-Etienne de Tulmont, de sépultures ovoïdes
et d^une habitation souterraine de grande dimension.
M. le Président décrit une de celles qui sont le plus connues
dans le département, celle de Léojac ; toutes les autres sont creu-
sées à peu près dans les mêmes dimensions et de la même manière :
des corridors étroits avec systèmes de défenses, conduisant à des
salles creusées dans le tuf.
Les souterrains de Cazillac portent des preuves non douteuses
d'habitation s'étant poursuivie jusqu'à une époque relativement
peu reculée, il existe entre elles et celles de Léojac une particu-
lière analogie. Ce groupement de plusieurs habitations dans un
même rayon indique un centre de population, il sera intéressant de
suivre cette découverte de plus près, et M. Taillefer mérite toute
la reconnaissance de la Société pour sa communication.
M. de Mandres annonce qu'on a découvert depuis peu des sépul-
tures Scandinaves dans TAveyron.
M. le commandant Espérandieu, l'archéologue bien connu,
demande, par lettre, s'il n'existe pas au Musée de Montauban
des sculptures gallo-romaines. La Société constate avec regret qu'il
n'y en a pas d'imporiantes.
M.Sémézies rend compte d'un très beau livre de notre confrère,
M. Alfred Gandilhon, archiviste du Cher, ancien archiviste à Mon-
tauban, sur la Vie privée de Louis XL
M. de Mandres y ajoute quelques détails intéressants.
M. Domingon, maire d'Escatalens, remercie, par lettre, de sa
réception comme membre de la Société.
M. le docteur Linon, de Montpezat, notre confrère, écrit au
sujet de l'église de Saux ; il se félicite de constater que cet inté-
rcîssant vestige des églises à coupole est désormais à l'abri des
injures du temps, grâce à M. le Président.
M. le chanoine Pottier fait remarquer qu'il s'est, sans doute,
occupé de l'exécution des travaux de conservation avec le très
utile concours de M. Depeyre, mais que les fonds employés sont
dûs à la générosité d'un membre de la Société qui désire rester
inconnu.
Digitized by
Google
PROCES-VERBAUX DES SEANCES 24.7
D'une lettre de M. François de Scoraille, M. le Président extrait
ce qui suit : c Au milieu des liasses de papiers de la famille de
Lomagne, conservées au château du Brucka, nous avons découvert
un manuscrit, sorte de journal de bord d'un officier de marine, à
bord de V Hercule pendant la croisière sur les côtes d'Angleterre,
des flottes combinées de France et d'Espagne, en 1778, sous le
commandement d'Orvilliers et de Guichen pour la France, de Cor-
dova et de Darzé pour l'Espagne. Ce manuscrit suit la campagne
jour par jour, et il occupe environ 40 pages. Quel peut être cet
officier? »
« Les traditions de la famille de Lomagne n'ont pas conservé le
souvenir d'officier de marine à cette époque, mais seulement celui
de deux gardes du corps et d'un troisième officier, du nom d'Ale-
xandre, beau-père du baron de Ruble. Serait-ce M. Puget de
Lassalle ou un de Lurde, alliés aux Lomagne. »
€ Il serait utile de savoir le nom des officiers qui faisaient partie
de l'équipage de VHercnle pendant la campagne de 1778. Mais
s'agit-il bien d'un officier de marine ou bien d'un simple commis-
saire. L'auteur du manuscrit se dit à Camaret « écrivain, tenant
les registres de l'hôpital et de la compagnie, » il s'indique comme
ayant au cours de la campagne signalé des voiles ennemis. Ce n'est
pas un officier supérieur, son nom ne figurant pas dans l'état-major
du comte d'Amblemont, commandant de VHercule, »
« En tête du manuscrit se trouve l'état général de la flotte portant
le nom des commandants de navire. »
€ Il faudrait retrouver aux Archives du ministère de la marine
certains documents qui sont simplement si<jnalés, ainsi que la liste
des officiers composant l'état major .du comte d'Orvillier. »
M. de Scoraille annoivre également qu'on a trouvé dans les
mêmes archives une consultation mt'îdicale autographe de Tronchin,
qu'il veut bien nous communiquer. (Voir p. 221.)
M. Paul Fontanié devait lire à cette séance son étude sur les
moulins flottants de la Garonne. Malheureusement l'état de sa
santé ne lui a pas permis de réaliser son projet. Il s'en excuse, et
la Société espère que bientôt il pourra y donner suite.
M. Sémézies annonce pour le printemps prochain que les mem-
bres d'un Congrès visiterront la vallée du Nil.
M. Lespinasse cite un article de la Revue de la Corrèze sur les
peintres du Limouzin.
M. de Bellefon complète cet article par des observations person-
nelles.
Digitized by
Dy Google
248 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES
Notre distingué confrère, M. Albert Soubies, fait hommage à la
Société de VAlmanach des spectacles pour 1907, qu'il vient de faire
paraître. Ce volume est comme tous ceux qui Tont précédé dans
cette précieuse collection, un vade-mecum très utile et en même
temps un charmant petit livre, illustré d'une jolie eau-forte. Des
remerciements sont votés à M. Albert Soubies.
M. le docteur Baron, médecin-major du io« dragons, présenté
comme membre titulaire par M. le commandant de Bermond et
M. le capitaine Marcel, est nommé à l'unanimité.
Sont nommés membres correspondants à la suite du voyage
dans l'Ariège : M. le docteur Dresch, président de la Société arié-
geoise ; M. le baron de Bardies, président de la Société des Etudes
du Comminges, et MM. Roger et Ferran, membres de ces Sociétés.
La séance est levée à 10 h. 1/2.
Le Secrétaire^
iMBERT, archiviste.
Excursion dans TAriège (château de Praf^ Saint-Lizier,
Saint-Girons, Foix, Pamiers, Mirepoix^ ruines du châ-
teau de Lagarde)^ 15 et 16 juin 1908.
Plusieurs fois, dans ses < Manœuvres d'Automne, » notre Com-
pagnie a remonté le cours de la Garonne. Ce même chemin^
marqué de tours à signaux, va lui offrir, à nouveau, la séduction
de ses c Royales Montagnes, » elles seront, pour lors, vêtues de leur
printanière parure.
Il est vrai, loin des glaciers et des forêts de pins, nous verrons,
à distance seulement, leurs cimes neigeuses. Pourtant quels aspects
tour à tour riants ou grandioses, lorsque l'on pénètre par Bous-
sens dans la région p3Ténéenne de l'Ariège ! Quelle série de mo-
numents dans la traversée de Prat et Saint-Lizier à Mirepoix et
Lagarde, par Saint-Girons, Foix et Pamiers !
En vérité, ce sera pour nous, en deux jours, la réalisation d'un
rêve d'Archéologue : une Capitale Antique avec son acropole, trois
évêchés, leurs palais et leurs cathédrales, salles Capitulaires et
cloîtres, des monastères, des forteresses féodales, des châteaux,
des bastides .. Edifices debout, pour la plupart, si quelques-uns
Digitized by
Google
t>ROCES-VERBAtJX DES SEANCES 249
renversés se complaisent dans la majesté des ruines, ou bien se
dissimulent dans leur poésie.
Oui ! Prat d'abord :
Sur un piton, qui domine la voie ferrée au confluent du Salât
et de la Gouarège, château fortifié par les Comminges au XIII®
siècle, transformé en partie, de 1529 à 1543, par Henry de Mau-
léon, Tévêque de Saint-Bertrand, qui fut si épris de la Renaissance.
Après les trois enceintes franchies, la porte François I", due à
ce prélat, nous sera très aimablement ouverte par les châtelains,
la Comtesse et le capitaine Comte d'Avancourt. Ils veulent bien
me charger de vous convier à leur table, largement dressée.
Ainsi sera, en face des Pyrénées, dans le charme d'un confra-
ternel accueil, notre première halte.
Des voitures, mises gracieusement à notre disposition par la
Société des Etudes du Couserans, permettront d'arriver rapide-
ment à Saint-Lizier et, de là, à Saint-Girons.
Dès lors, nous avons l'heur d'appartenir à nos confrères de
l'Ariège, maintenant sous la présidence éclairée de MM. le baron
de Bardies, Signorel et le comte Bégouen.
Puis, à Foix, M. le docteur Dresch, à la tête de sa Société
ariégeoise des Sciences^ Lettres et Arts^ le secrétaire général
M. Pasquier, le savant Archiviste de la Haute-Garonne, d'autres
encore, feront revivre pour nous la réception si appréciée en 1901.
Dieu veuille que M. Eugène Trutat, un ami, qui est des nôtres
à tant de titres, souffrant en ce moment, soit assez bien pour que
nous puissions lui serrer la main.
A partir de Pamiers, nouvelle aubaine, le chanoine Cau-Durban
nous guidera en fief archéologique dont il est, a dit avec raison,
M. de Lahondès, u suzerain. »
Mais revenons vers la première étape :
Après Prat, voici Saint-Lizier. ^ws/Wa, Toppidum gaulois, est
devenu au temps de Rome la Givitas consorannoruni. C'est bien
là, sur la hauteur, la place d'une cité dominatrice ; les remparts,
d'un pourtour de 740 mètres, les tours d'enceinte au nombre de
douze, demeurent, en partie, avec leur appareil à chaînages de
briques .
Sous les évêques de Couserans (le premier est du V« sièclel un
donjon a défendu la forteresse devenue la demeure épiscopale,
reconstruite en majeure partie en 1655 par Bernard de Marmiesse.
Un asile d'aliénés occupe les bâtiments, dont le directeur,
M. Malfilatfre, veut bien nous faire les honneurs.
Digitized by
Google
2 5o PROCKS-VERBAUX DES SEANCES
Saint-Lizier eut deux cathédrales, la plus ancienne Notre-Dame
de la Sède ou de Siège, fût appuyée sur les murs d'Austria, et son
chevet, fatt en partie avec des marbres arrachés aux monuments
païens. Des restaurations commencées au XIV® siècle se termi-
nèrent vers 1478, de belles boiseries du XVII® siècle Tornent
encore. Tout à côté, une remarquable salle capitulaire occupe sa
place régulière *, elle est restée intacte, tandis que le cloître a
disparu laissant seulement un en feu qui abrite un Christ de Pitié,
La seconde cathédrale dédiée à saint Lizier, est située dans la
ville basse, comme à Notre-Dame de la Sède, des matériaux anti-
ques sont entrés dans la construction de la belle abside, élevée
au XII® siècle entre deux tours de défense de Tune des entrées de
la ville, à l'époque Visigothe, ces tours devinrent des absidioles.
Cette opinion fut émise par M. de Dion, au Congrès de 18S4,
toutefois un archéologue du pays, M. Roger, verrait là les restes
d'une basilique élevée au VI® siècle, par Tévêque Théodore.
Quoi qu'il en soit d'un problème digne d'étude, Téglise romane
fut consacrée en 11 18. Sa croisée fut remaniée au siècle suivant
pour supporter une tour centrale, que le XIV® siècle remplaça par
un de ces clochers de brique polygonaux, au type toulousain, si
acclimatés autour de nous. La nef, dont l'axe est déviée d'une
étrange façon, appartient par sa voûte, à croisées d'ogives, à la
seconde période gothique.
Le trésor renferme encore une crosse en ivoire du XI® siècle,
une mître du siècle suivant, un coffret de la même époque, une
croix reliquaire en argent du temps de Louis XIII, avec cabochons,
des chandeliers aux armes de Bernard de Marmiesse et, surtout,
le buste en vermeil de saint Lizier, merveilleuse pièce d'orfèvrerie
espagnole du XVI® siècle.
On distingue à la voûte de l'absidiole du Nord, une Vierge
allaitant l'Enfant Jésus, entre deux anges céroféraires. peinture
remontant à l'évêque Auger de Monfaucon (i 274-1 303).
Le cloître du Chapitre, de la fin du XII® siècle, est resté irès
complet, les chapiteaux des colonnettes de marbre montrent toute
« la variété féconde et la puissance de création de Tart roman de
la région » (de Lahondès). Cqmme cela est fréquent en Espagne,
ce cloître est à deux étages, la galerie supérieure, en charpente,
date du XV® siècle seulement.
La ville de Saint-Girons, baignée par deux rivières, est d'un
^bord séduisant dans son beau cadre pyrénéen, on y arrive après,
Digitized by
Google
PROCES-VÊRBAUX DES SEANCES 25 (
avoir franchi le Salât sur un pont du Moyen-Age (modifié au
XVIl*^ siècle), et suivi pendant quinze cents mètres les bords
verdoyants de cette rivière.
Nos hôtes du Couserans nous guidant, la visite de leur cité, le
Bourg et Villefrvnche^ pourra se faire rapidement.
Foix, après une heure de chemin de fer, nous fournira le gîte
du soir. Le dîner sera suivi d'une soirée offerte avec la meilleure
grâce par la Soâiété ariégeoise^ pour nous permettre de fusionner
avec l'élément fuxéen ; de mieux apprendre l'histoire de la vieille
abbaye, fondée sous Charles-le-Ghauve, sur le tombeau du mar-
tyr saint Volusien ; puis comment les comtes vinrent en I0D2, de
Carcassonne, et retrouver, enfin, dans leur lignée le légendaire
Gaston Phœbus.
La matinée du mardi suffira à peine pour examiner l'église
abbatiale, reconstruite de 1104 à 1123, allongée à la fin de la
période gothique, dévastée en 1581, restaurée peu d'années après.
Il faudra monter au château dont les trois tours dominent si fière-
ment la vallée, visiter le musée et, trop tôt, partir. Deux villes
encore nous attendant :
Pamiers ne sera guère que traversé. Il y a sept ans, cathédrale,
anciens couvents, et promenade élevée du Castella nous retinrent
quelques heuras.
MiREPOix. Entièrement détruite par une inondation, cette ville
a été reconstruite en 1286 dans le plan régulier des bastides : rues
droites, place centrale avec de curieux et artistiques couverts de
bois aux maisons en encorbellement. Le pape Jean XXII en fît le
siège d'un évêché, dont la cathédrale, avec ses 21 mètres 50 de
largeur présente la plus large église à une seule nef du Midi,
sinon de la France entière. La flèche d'un clocher octogonal porte
à 60 mètres de hauteur la croix terminale.
Le Château de Lagarde est assis sur un monticule qui
domine la rive gauche de THers. M. de Lahondès, dont les appré-
ciations sont d'une si haute autorité, a dit de lui :
« Il montrait, à la fois, les dispositions militaires des temps
féodaux, les élégances délicates de la Renaissance et les somptuo-
sités du grand siècle. »
Le château fut démantelé en 1795, et ses ruines arrachent l'admi-
ration.
Digitized by
Google
252
t^ROCES-VERBAUX DES SEANCES
Après cette dernière halte, permettez-moi de dire, à nos habiles
photographes, qu'ils auront à faire ample moisson ; c'est l'excuse
de ma trop longue lettre, dans laquelle, tout au moins. Monsieur
et cher Confrère, vous voudrez bien trouver les assurances d'une
inaltérable amitié.
Le Président^
Chan. Fernand POTTIER.
Digitized by
Google
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
Pierre-Alexandre de PARISOT de DURAND
PAR
M. Jules CLAVERIE
Membre de la Société.
Pierre- Alexandre de Parisot de Durand, né à Paris en
octobre 1750, était fils d'Alexandre Parisot, un des neuf
enfants de Louis de Parisot, trésorier de France à Lyon,
et d'Elisabeth de Jordan de Durand, d'une très ancienne
famille du Dauphiné.
Sous l'ancien régime, les cadets avaient par nécessité
l'humeur voyageuse ; aussi retrouvons-nous, sans surprise,
après son mariage à Paris, le père de notre artiste, résidant,
en 1763, à Heidelberg.
Quelle fonction y remplissait-il ? nous l'ignorons ; mais
il est probable que ce fût à cette université célèbre que le
jeune Alexandre, son fils, commença cette brillante éduca-
tion qui le dota de tous les talents. Il était, en effet, à un
degré également remarquable, peintre, musicien, architecte,
et sa correspondance nous le montre mathématicien, litté-
rateur et philosophe. Resté orphelin de bonne heure, il
revient à Paris, auprès d'une tante maternelle, et entre
1908 19
Digitized by
Google
2^4 PlEfeRË-AlkXANbfeE bfe PÀRt?Ot Dfe DtjftAMD
dans l'atelier d'un peintre qu'il appellera plus tard, dans
ses souvenirs, mon cher Maître (i), et dont il a négligé
malheureusement de nous dire le nom.
A quelques années de là, nous le voyons attaché pendant
quelque temps aux bureaux de l'ingénieur à Montauban. Il
se marie avec Mademoiselle Barthe, fille d'un négociant de
cette ville, en 1777, et se consacre à nouveau au dessin
qui devient son occupation définitive.
C'est à cette période que se rattachent les deux encres de
Chine qui représentent la promenade du cours Foucault, et
une vue de la ville prise de la rive gauche du Tarn. Ces
dessins appartiennent à notre érudit confrère, Henri de
France, si versé dans les annales de notre ville, qui a bien
voulu en autoriser la reproduction. Il existe aussi, de cette
époque, une halte de chasse à la sépia, une soirée de musi-
que, en société très parée, une vue de l'intendance, et une
série de sujets tirés de l'Enéide!
Entre temps, Alexandre faisait quelques voyages à Paris,
tantôt pour acheter des estampes nécessaires à ses études
et se tenir au courant, une autre fois pour faire confec-
tionner des presses de graveur, à son usage. Ses lettres
parlent des choses du temps ; de la visite du roi de Suède
qui se montre à l'Opéra, de Mesmer qui moyennant cent
louis initie à ses secrets, du Parlement de Paris qui cher-
che noise aux convulsionnaires.
Cependant, l'activité de son esprit ne pouvait s'accom
moder d'une résidence aussi tranquille.
En 1785, son talent ayant acquis de ia notoriété, il es
nommé directeur de l'Ecole royale de peinture à Grenoble
On voit en quelle considération il était tenu, par l'accuei
que lui firent le premier Président du Parlement, Tlnten
(1) M. Ephrussi, directeur de la Galette des Beaux-Arts, le supposait
élève de Moreau.
Digitized by
Google
HEftRE-ALEiAkDRE bE t>ARtSOt DE DbttANb ^hh
dant de la province, l'Ingénieur en chef et les autorités de
la ville. Qu'est devenue la collection à laquelle Parisot a
travaillé pendant cinq ans, et dont une faible partie seule-
ment a été emportée en Russie et vendue plus tard au
prince Dolgorouki ? Le Musée de Grenoble, si attentionné
pour ses gloires locales, n'en contient aucun spécimen.
La Révolution arrive ; Parisot émigré en Russie à la fin
de 1792. Il y a été appelé par un ami qui a trouvé pour lui
une place d'ingénieur à Moscou. Déjà quantité de Français
ayant abandonné leur patrie, affluent dans cette ville.
Malheureusement, un décret de l'Impératrice Catherine
interdit toute correspondance sous peine de bannissement
en Sibérie. On reçoit cependant de rares nouvelles par des
lettres sous trois enveloppes ouvertes successivement par
des personnes situées en pays neutre.
Avec l'empereur Paul, la situation s'améliore ; la noblesse
Russe fait aux émigrés le meilleur accueil. Parisot qui n'a
pas trouvé dans sa position d'ingénieur les avantages qu'il
espérait en retirer, voit son talent de dessinateur très appré-
cié, car il écrit à cette époque : t Je suis le premier dans
mon art ». Il se perfectionne dans la miniature, et envoie
à un de ses amis de Montauban, son portrait peint par lui-
même, qui est un petit chef-d'œuvre. Il vend au prince Dol-
gorouki, ce qu'il appelle la fête champêtre, au prix de 400
roubles. Il a pour élèves les seigneurs les plus distingués, le
prince Galitzin entre autres, et se rend chez eux dans une
voiture à deux chevaux qui lui appartient. Sa fortune aug-
mente. Quelques années après la mort de sa première
femme, il se remarie avec une émigrée en 1801.
Il y a alors toute une société française, aimable et intel-
ligente : le chevalier d'Izarn, M. Godin, le peintre de La
Perche, M. de Ladevèze, M. de Tauriac, l'abbé Surugues,
ancien chef d'institution à Toulouse, et curé de Saint-Louis
des Français à Moscou, dont les lettres ont été publiées
Digitized by
Google
i^6 PlËRRfe-ALnXANDRE DM PARIsDT bfe DÙRAfift
dans le Correspondant^ par Tabbé Le Rebours, curé de la
Madeleine.
Pendant ces jours heureux, la correspondance de Parisot
devient plus abondante, son génie semble se développer,
et les jugements qu'il porte sur toutes choses : histoire,
beaux-arts, philosophie, ont une telle sûreté, qu'il n'en est
pas un que la suite des temps n'ait pleinement justifié.
Cependant il n'oubliait pas sa chère patrie, parvenue alors
à l'apogée de son incomparable grandeur, et songeait au
retour, mais deux créances considérables, difficiles à recou
vrer, le retenaient encore et le retinrent, malheureusement
jusqu'au moment ou l'alliance conclue à Tilsitt et à Erfurth
venant à chanceler, la baisse du change prit de telles pro
portions, que se décidant à rester, il crut bien faire en pla
çant toute sa fortune en maisons. Un an plus tard les mai
sons de Parisot disparaissaient dans l'incendie de Moscou
Dans ces moments d'horreur, l'énergie et la présence
d'esprit de sa femme lui rendirent les plus grands services
elle soutint son courage et réussit au milieu de ce désastre,
à mettre en lieu sûr les collections de son mari. Tout était
à recommencer, et l'âge arrivait ; il touchait à sa soixante-
deuxième année.
Sur la recommandation d'un de ses anciens élèves, le
prince Galitzin et de M. de Markoff, autrefois ambassadeur
en France, sous le Consulat, il entra comme précepteur dans
la maison du prince Boris de Cherkasky. Ce grand person-
nage, dont les ancêtres avaient occupé le trône, avant la
dynastie des Romanoff, habitait au milieu de ses vastes
domaines de Tcherkisowa, à 20 lieues de Moscou . La
situation de précepteur, à cette époque, où la grande
noblesse russe tenait à recevoir une éducation toute fran-
çaise, avait une importance considérable. Logé avec sa
femme et son fils dans un pavillon séparé, avec des domes-
tiques attachés à sa personne, et une voiture pour son
Digitized by
Google
PfERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND îSy
usage particulier, il menait une vie relativement indépen-
dante, qui lui permettait de se livrer à son art favori devenu
pour lui une véritable passion. Mais la secousse de 1812
avait été trop forte ; l'idée que son retour en France était
désormais impossible, le désolait. En outre, ses nouvelles
fonctions étaient peu à son gré. Il lui était dur à son âge de
faire son occupation principale, de sciences et d'études, qui
n'avaient été jusques-là qu'une sorte de délassement. Cepen-
dant soutenu par ses sentiments chrétiens, il se résignait,
heureux de consacrer le prix de ses travaux à l'éducation
brillante qu'il faisait donner à son fils, lorsqu'une attaque
soudaine vint le frapper à la table même du Prince. Malgré
les soins du médecin allemand de la maison, et des deux
premiers médecins de Moscou, mandés en toute hâte, il
succombait le 17 mars 1820, à l'âge de 69 ans.
Peu de mois après, sa veuve, se conformant aux désirs
qu'il avait souvent exprimés, chargeait M. de la Perche,
peintre distingué et vieil ami de Parisot, de choisir dans les
cartons, deux de ses principales œuvres, pour être adres-
sées à la fille de sa première femme restée à Montauban. Ces
deux ouvrages importants, représentent, l'un le retour de
Marcus Sextus après son exil. Traité d'une manière diffé-
rente de celle du célèbre tableau de Guérin, qui est au Lou-
vre, ce dessin dont la photographie est jointe aux vues de
Montauban, est fait d'après nature, à la pierre noire de
Conté, relevée de blanc, sur papier gros bistré. Il a 72 cent,
sur 59. L'autre est une aquarelle de grande dimension,
88 cent, sur 58 ; elle représente une fête champêtre en
Russie. C'est une œuvre très admirée.
Je ne saurais finir sans dire un mot sur la famille de Pari-
sot devenue russe. Son fils, après avoir passé deux ans à
l'institut impérial du génie de Saint-Pétersbourg, fondé
par l'empereur Alexandre, sort sous-lieutenant à l'âge de
17 ans. L'avancement le plus rapide le conduit à 28 ans au
Digitized by
Google
258 PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND
grade de lieutenant-colonel. Il épouse Mademoiselle de
Sakaloff et meurt à Tâge de 35 ans en 1838, laissant
5 enfants en bas âge.
Après un demi-siècle d'oubli réciproque, les souvenirs se
réveillent sous l'impulsion de l'élan des deux nations, l'une
vers l'autre. Des recherches heureuses font retrouver aux
parents de Montauban leurs cousins de Russie. On se recon-
naît au travers du temps et de l'espace.
On apprend que les deux fils du colonel, sous le nom de
Parisot de la Valette, ont servi brillamment dans la cava-
lerie, pendant la guerre des Balkans, et que l'un d'eux,
Michel, retiré du service, a été pendant plusieurs années,
maire de la grande ville de NicolaïeflF.
C'est un ami passionné de la France.
-^<^i)@^(^fl^>^-
Digitized by
Google
Pierre. Alexandre PARIZOT
Digitized by
Google
Digitized by
Google
Parisot et son OEuvre
PAR
M. le Marquis de PANAT
Membre de la Société.
Le XVIII* siècle ne nous a pas laissé « d'instantanés » et
pour cause. Nos bons aïeux de cette époque reculée n'appelè-
rent jamais Phébus, le dieu blond et triomphant, à l'honneur
de collaborer avec eux. L'art de fixer les images sur une sur-
face polie au moyen de rayons lumineux comme par autant de
clous d'or demeura lettre close pour nos prédécesseurs d'avant
la Révolution. Devons-nous les plaindre de cette impuissance
relative ? Devons-nous la regretter pxour nous-mêmes, au point
de vue de l'intérêt historique ? Je ne le crois que modérément.
Si l'ancien régime manqua de photographes, il ne chôma ja-
mais de dessinateurs, aussi adroits que sincères, aussi em-
pressés à connaître les milieux où leur activité se mouvait, à
contempler sous ses aspects variés la vie courante, qu'habiles
à tout traduire sur le vélin, de la fine pointe de leur crayon ou
des barbes déliées de leur pinceau.
Et d'une si heureuse réunion de bonnes volontés et de ta-
lents, combien de chefs-d'œuvre naquirent ! Il faut vraiment
peu de chose au génie pour qu'il se révèle dans sa puissance
ou dans sa grâce. L^ne mère distribuant à sa jeune famille le
déjeuner du matin, une voiture publique vidant sur le pavé
son contenu de voyageurs plus ou moins fripés par leur trajet
nocturne, un tréteau de chiens savants ou de marionnettes
Digitized by
Google
200 PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND
dans quelque coin de jardin public ; moins encore : un buvejr
agenouillé tétant les illusions de Tivresse au goulot de sa fias-
que enveloppée de paille, un jambon qui s'empanache d'un
brin de laurier comme d'un plumet, à côté d'une assiette d'huî-
tres et d'une bouteille de Sauternes, en voilà assez pour nous
révéler une civilisation, pour assurer la gloire d'un Chardin,
d'un Boilly ou d'un Debucourt, pK>ur renouveler l'intérêt de
siècle en siècle et captiver l'admiration de l'Avenir.
C'est que la curiosité esthétique de l'homme, naturellement
enclin à la vérité sans laquelle il n'est rien de beau, porte no-
tre esprit d'instinct, vers les spectacles du réel. C'est que la
même curiosité ne se lasse jamais de ce réel, à la condition
qu'il soit dexfrement et -fidèlement rendu, entendons-nous,
tel que notre faculté visuelle est capable de le percevoir. Les
chevaux de course de Théodore Géricault, en leur galop aux
longues et majestueuses foulées, plairont toujours mieux que
ces espèces de monstres recroquevillés dont, aujourd'hui, sous
couleur de retracer les épisodes d'une épreuve sensationnelle,
des objectifs rapides et perfectionnés assurent l'exact mais dé-
plaisant souvenir.
De telles réflexions, et bien d'autres, me venaient naguère,
tandis qu'une bonne volonté obligeante étalait pour mon édifi-
cation et pour ma joie les trop rares pages que nous ait lais-
sées Parisot ; m,iniatures, aquarelles, dessins à la sépia ou
à la mine de plomb. Parisot, c'est un artiste dont Montauban
s'honore, et qui appartient à Montauban, sinon par droit de
naissance, au moins, si j'ose m'exprimer ainsi, par droit d'é-
lection et de famille.
Sollicité par de trop flatteuses instances, je dirai quelques
mots sur ce talent si fin, si universel et si distingué. Je n'es-
St'iierai pas de vous raconter l'homme, de tracer sa biogra-
phie. D'autres entièrement qualifiés pour une tâche qui leur
incombait en vertu de la parenté, se sont chargés de ce soin et
s'en acquittèrent à merveille.
Je profiterai simplement de leur travail pour jalonner le
mien qui ne portera que sur des ouvrages. Cependant nous
jetterons un regard rapide et discret sur la correspondance de
Digitized by
Google
PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND 26 1
notre héros. Par un coup de fortune aussi heureux que rare,
nombres des lettres, datées de Grenoble où de Moscou, que
Parisot écrivait à sa famille, sont arrivées jusqu'à nous. On
y peut suivre la marche d'un labeur, d'abord motivé par un
juste besoin de renommée, puis imposé par les nécessités de
l'existence, y démêler des opinions d'artiste et de philosophe,
y relever enfin, touchant des peintres ou des graveurs con-
temporains, des jugements inspirés à un confrère par le seul
amour de la vérité.
Pierre-Alexandre de Parisot de Durand naquit à Paris, en
novembre 1750. Il était le petit-flls d'un trésorier de France,
à Lyon. Sa mère, Elisabeth de Jordan de Durand, apparte-
nait à une très ancienne famille du Dauphiné. Le futur aqua-
relliste vécut à Paris une partie de son enfance. Puis ses pa-
rents se fixèrent en Allemagne, à Heidelberg, ville si fameuse
par son Université. L'adolescent ne manqua pas de profiter
de sa résidence, dans cet Hden intellectuel, pour s'initier à
la philosophie qu'il aima jusqu'à la fin et qui se fit chez lui
de plus en plus religieuse et croyante, et pour entreprendre
les matlîématiques, où nous le verrons exceller.
Cependant, devenu orphelin, Parisot rentre dans la capitale
de la France, auprès d'une tante, désormais son seul guide et
son seul appui. Alors son .goût se manifeste irrésistible pour
la peinture. Il se fait recevoir dans l'atelier d'un maître, dont
il ne nous a pas donné le nom, ce qui est dommage, maisà pro-
pos duquel on l'entendra discourir en élève respectueux et re-
connaissant, (i)
Notez ce retour à Paris, à l'heure de la formation psychique.
Il nous révélera pyeut-être le secTet de l'élégance qui caractérise
certaines productions de Parisot. Peut-être aussi, l'artiste de-
vra-t-il au souvenir qu'il garde de son nouveau passage dans
le centre de toutes les déh'catesses et de toutes les élégances
d'éviter la lourdeur et la gaucherie.
Nous retrouvons notre jeune homme à Montauban, vers
(i) Quelques-uns conjecturent que ce maître fut Moreavi le Jeune, Iç
fameux graveur,
Digitized by
Google
î63 PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE I>URAND
1775. Il est attaché au bureau de Tlngénieur. Il se marie. Il
épouse Mademoiselle Barthe qui appartient à une famille du
pays et consacre désormais au dessin ce qu'il peut se réser-
ver de loisirs.
Montauban, sans doute, ne possède pas de Cannebière, mais
jouit de beaucoup d'autres avantaiges. Que d'édifices intéres-
sants, que de coins pittoresques dans l'enceinte même de la
cité aussi bien que dans les environs. Place monumentale et
rutilante dont les arcades surbaissées favorisent les jeux de
la lumière et du clair obscur ; fantastique écroulement de toi-
tures et de murailles aux pentes d'une ravine urbaine ; profon-
deur d'ombre, rayonnement de surfaces claires ; dégradation
des nuances de la pierre et de la brique, depuis le rose le plus
doux jusqu'au gris de fer le plus accusé ; esplanade domi-
nante d'où l'œil se pose avec ravissement sur les lointains
d'une riante et fertile plaine ; et surtout, ah ! surtout, la ri-
vière, ce Tarn étalé comme un lac dont les transparences
cha-ngeant^es reflètent^ un merveilleux hôtiel de ville, et qui
va se perdant à l'horizon en une coulée d'argent ; ce Tarn,
avec son ruisseau tributaire qui flue mollement sous les bran-
ches, avec ses rives exquises, ici toutes complantées de saules
ou d'ormeaux ; là, bordées de fabriques lépreuses, de pans de
bois d'un autre âge, masures déplorables pour l'hygiène, soit!
mais si réjouissantes à la vue ; en vérité, c'est de quoi tenter
le pinceau le plus habile aussi bien que le crayon le plus ingé-
nu, et nous nous expliquons que les paysages locaux abon-
dent dans les salons de 'peinture ouverts à Montauban. Il de-
vrait exister une école montalbanaise comme il y avait, naguère
encore, sous les auspices des deux Rousseau et de Millet,
une école de Fontainebleau, dont les membres, d'ailleurs, ré-
sidaient à Barbizon.
Pourtant, les magnificences que je viens d'énumérer ne ten-
tèrent pas d'entrée de jeu notre Parisot. Il entreprit des il-
lustraitions pour le quatrième livre de V Enéide. Il représenta
le départ de Didon et d'Enée pour la chasse, et l'orage susci-
té par la volonté des Dieux, dans le but de changer le cours
des destinées. Ce sont tous des épisodes immortalisés une pre-
Digitized by
Google
PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND 203
mière fois par les vers de Virgile et, dix-huit cents ans plus
tard, par la musique de Berlioz. Je Tavoueraî dans la sincé-
rité, comme dans l'humilité de ma conscience : les deux des-
sins à Tencre de Chine dont le jeune ingénieur emprunta
l'inspiration aux chants du poète de Mantoue ne me sem-
blent pas devoir ajouter grand chose au renom de volage du
pieux Enée, non plus qu'à la déplorable réputation de sa trop
sensible amante, non plus surtout qu'à la gloire artistique de
Parisot. Ces corfipositions, sans doute, ont belle ordonnance.
Mais on y relève aussi tout rimjxitientant convenu du style
classique. Vous diriez de deux projets de maquette établis
pour fixer la mise en scène et brosser les décors d'un opéra.
Mais à côté de ces œuvres d'une originalité plus que dou-
teuse il en est d'autres que je n'hésite pas à déclarer infiniment
remarquables et précieuses : d'abord la vue d'un superbe hôtel
de la Cour des Aides ; sorte de dessin linéaire traité avec grand
goût et qui nous montre sous un nouvel angle les rares apti-
tudes arqliitiecturales de l'autieur ainsi que son habileté de
main ; ensuite une halte de chausse de la plus ingénieuse dis-
position. Autour d'un moulin planté dans un site boisé, des
femmes de qualité sur leurs haquenées, des gentilshommes
sur leurs genêts d'Esjxigne se rassemblent. Lesl valets de
chiens sont là, conduisant la meute prête à découpler et de
toute part des manants accourent à la contemplation de ce
beau spectacle. C'est une évocation de la vie de château, telle
qu'on la menait alors dans nos provinces méridionales ; mé-
lange de luxe rustique et de bonhomie champêtre.
Et nous allons retrouver les personnages de la « halte » ou
leurs proches cousins dans la belle vue du cours Foucaud
qu'on p>eut, en lui joignant son pendant, le crayon pris de
l'autre rive du Tarn, considérer, ce me semble, comme le maî-
tre ouvrage du dessinateur, en sa première manière.
Vers 1777, Montauban demeurait une ville riche, malgré
bien des crises, et la scx'ic^té y était nombreuse. Parisot nous
en offre la synthèse : belles dames, parées, dont la mode ac-
tuelle ne désavouerait p<us les vastes chapeaux, beaux officiers
de noble désinvolture, abbés confits en la coquetterie de leurs
Digitized by
Google
•264 PIERRE-ALEXANDRE DE PARISOT DE DURAND
manières, personnages étalant leur importance administrative
ou la carrure de leur opulence ; puis la jeunesse jouissant de
ses loisirs, les joueurs de boule opérant dans un espace sin-
gulièrement restreint, sous l'œil d*un entourage de curieux,
tandis que quelques couples s'isolent au lointain, qu'un men-
diant besacier cause avec un oisif, assis sur le parapet du quai,
et qu'on promène des enfants sous les quinconces. Pour le fond
du tableau, il est formé de l'horizon qu'on peut contempler
encore de nos jours ; si les édifices apparaissent moins nom-
breux dans le dessin de Parisot qu'ils ne le sont dans la réali-
té d'aujourd'hui, si la forme s'est modifiée des tours de la
cathédrale, si une chapelle protectrice surmontait autrefois la
pile centrale du pont, l'hôtel de ville se présente à notre ad-
miration tel que l'a vu et reproduit le témoin éminent du temps
jadis.
On a voulu mettr edes noms sur les figures groupées par
notre dessinateur en tout souci du naturel et en toute science
de l'Harmonie. On a parlé de la comtesse de
et de Madame d'Esparbès, qui résidaient à Montauban. Peut-
être y avait-il là aussi ce Simon Le Franc de Pompignan dont
les sarcasmes de Voltaire, trop outrés pour nous sembler spi-
rituels, n'entamèrent ni la dignité, ni la valeur poétique. Dans
tous les cas, j'insiste sur l'aisance et sur l'élégance du style
de Parisot. Son œil avait contemplé de près les grâces de la
Ville et de la Cour, les habitués de Paris et de Versailles. Et
ces belles visions lointaines subsistaient inoubliables, dans
sa mémoire.
Au surplus, la vie mondaine et aristocratique ne captivait
pas exclusivement le peintre des mœurs et des ambiances.
Il se transporte sur la rive oppyosée du Tarn, de l'autre côté
de Montauban, juste en face du cours Foucault. Et voici un
nouvel aspect du municipe qui se révèle par ses soins, l'aspect
de la cilé dans ses manifestations laborieuses. Au bord de la
rivière large et coulant entre des clayonnages d'arbres véri-
tablement un peu épais, des paysannes arrivent, chargées des
produits de la campagne ; des blanchisseuses rapportent sur
leur tête les paquets de la lessive ; d'humbles ménagères traî-
Digitized by
Google
PlERfeÈ-AtEXA^^bRË DE PAkiSOt DE DtJRANb 2(l5
nent'leur progéniture par la main ; mais surtout des équipes
de mariniers peinent au halage de lourdes gabarres. Le trans-
port par bateaux tirés à force de bras ou plutôt à renfort de
poitrines d'hommes sur les cours d'eau, voilà encore une in-
dustrie disparue.
Mais il résulte de ce document dessiné que Parisot ne bor-
nait pas son attention et son étude au beau monde, aux heu-
reux qui goûtaient, pour si peu d'heures encore, la joie de
vivre. L'artiste se plaisait à reproduire aussi des types pris
dans le p>euple qui ne semble pas s'être jugé lui-même aussi
misérable aussi opprimé, aussi exploité que d'aucuns veulent
bien le prétendre ; dans ce peuple ardent et fort qui, s'il fit
une révolution, opéra exclusivement au profit de quelques me-
neurs.
Cette Révolution, Parisot en vit les nrodromes à Grenoble.
Il s'était transporté dans la capitale du Dauphiné où des
influenças l'avaient appelé pKnir y diriger l'Académie Royale
de dessin. Les premières lettres qu'on ait du nouveau di-
recteur remontent à cette période encore brillante. Elles sont
intéressantes à consulter. L'ingénieur du district fait le meil-
leur accueil à l'artiste qui arrive. On le présente au gouver-
neur de la Province, M, de Bérulle, jeune homme doué de
cent cinquante mille livres de rente. Parisot entre en fonctions,
s'entoure d'élèves et travaille pK>ur son compte à des ouvrages
dont aucun, malheureusement, ne parviendra jusqu'à nous.
On fête pour sa belle voix de basse taille M. le directeur de
l'Académie. Il figure sur le programme de certains concerts
qui sont le grand plaisir des honnêtes gens et la Gazette Dau-
phinoise signale le chanteur, hier encore ignoré, comme une
précieuse recrue.
Mais déjà grondent quelques orages partiels, précurseurs
de la tempête générale, qui ébranlera la vieille société fran-
çaise. Kn juillet 1788, une émeute prélude à l'Assemblée des
notables qui se doit tenir à Vizille. Les ferments accumulés de-
puis trop de siècles, lèvent de toute part dans les couches in-
férieures de la Nation. Sous prétexte de maintenir les préro-
gatives de son Parlement, poussée,* comme Taine robserve.
Digitized by
Google
î65 PIERRË-aLE^ANDRË bE È>ARISOt bE buftANÔ
par d'occultes agitateurs, les seuls intéressés à l'aventure, la
populace de Grenoble envahit le palais du gouverneur, dévo-
re le repas préparé pour les invités que ce seigneur attendait,
saccage et vide les caves. Puis, des ordres arrivant de Ver-
satiles,, l'autorité capitule devant les factieux et Parisot juge
sévèrement cet acte de faiblesse, dont il tire de tristes présa-
ges pour l'avenir. Toutefois» le lion décharné se contenta de
la mince proie qu'on lui jetait : les clés de son Parlement. Il
rentra ses griffes dont il venait d'essayer, et dont il connais»
sait désormais la puissance.
Nous voici à Vizille, résidence magnifique, déjà possédée
par la dynastie des Périer. Ceux-ci avaient acquis le domaine
du duc de Lesdiguières au prix de onze cent mille livres. Le
Périer de 1788 ne s'appelait pas Casimir; mais il se mêlait déjà
de {X)litique. C'était un traitant opulent et fastueux, frère du
directeur de la Compagnie des Indes. Il reçut les membres de
rassemblée de la noblesse, y compris ces quatre paysans à lon-
que rapière, hirsutes, mais qui gardaient grand air, tout de
même, sous leur perruque mal peignée et sous leur bure. Per-
sonne, au premier abord, ne voulant croire à la qualité dont
ils se réclamaient, ils tirèrent de leur poche des parchemins
entamés par les rats, et force fut de reconnaître que leur no-
blesse datait au moins du règne de Louis XL Alors chacun
tint à les avoir, à se parer d'eux comme d'objets de curio-
sité ; tels cet L'^sbeck et ce Rhédi des « lettres de Montes-
quieu », à propos desquels les Parisiens se demandaient :
« Peut-on être Persan. »
Hélas ! des lendemains terribles succédaient à ces journées
encore heureuses. En 1792, Parisot perdait ses fonctions. On
le trouvait tiède; il n'était plus <( persona grata » et la place
qu'il ocx:upait {convenait vraisemblablement à quelque con-
viction plus ferme, à quelque conscience mieux pensante. Un
de ses amis lui propose un poste d'ingénieur vacant à Mos-
cou. Il accepte et part pour la Russie, la collection qu'il avait
formée si patiemment, dispersée aux quatre vents du ciel ou
abandonnée aux horreurs du pillage.
Catherine II aimait peu les Français, et sa police était soup-
Digitized by
Google
MERRfe-ALEÎCANbRE Dfe PÀfelSOt DE bURANb îbj
çonneuse. Il en coûtait de quatre à quinze livres pour expé-
dier une lettre de Moscou à Montauban ; encore fallait-il en-
voyer la correspondance sous triple enveloppe et la confier
aux soins de trois intermédiaires, Parisot vécut d'abord sous
un nom d'emprunt.
On a dit des Etats-Unis de l'Amérique du Nord que leur
civilisation était en avance de soixante années sur la nôtre. Il
serait encore plus juste, paraît-il, d'affirmer que la Russie
de 1793 retardait d'un siècle ou de deux sur le reste de l'Eu-
rope. Dans l'empire des Czars, l'extrême raffinement des
mœurs côtoyait l'extrême barbarie. Une classe dirigeante cor-
rompue détenait toutes les richesses. Entre elle et le peuple
évoluait une nuée d'intermédiaires, marchands, artistes, his-
trions, ouvriers de luxe et d'art, qui vivaient de tout le mon-
de. Parmi eux beaucoup de juifs et d'étrangers. Il faut lire
dans les mémoires autobiographiques de Tolstoï les détails
des existences moscovites en ces époques singulières et tour-
mentées. Quand le solitaire d'Rsnaïa-Povlionia renonce à sup-
planter Jésus-Christ et à refaire les Saints Evangiles, quand
il daigne abandormer pour un instant l'idée de reconstruire la
société sur de nouvelles bases, il devient tout à fait un maître
écrivain. Rien de plus clair, de plus saisissa.nt, de plus ins-
tructif que les tableaux qu'il trace des événements publics ou
privés qui se déroulèrent sous ses yeux. Peu de chose lui échap-
j>e des qualités qui distinguent sa nation et des tares qui l'affli-
gent. Ce livre où il se peint en pied sous le nom de Nicolas
Couprine constitue une étude achevée de la Société Moscovite,
telle qu'elle se révélait et se développait sous les règnes de
Paul et d'Alexandre I*'.
Or, il est curieux de constater quelle concordance exis-
te entre les récits du grand romancier russe et les affir-
mations du modeste émigré Français, en sa correspondance.
Cette construction de la famille moscovite si semblable à l'édi-
fice de la <( gens » Romaine, avec le père de famille au som-
met et des nuées d'esclaves à la base, les frappe l'un et l'autre
de la même manière et leur inspire des réflexions identiques.
Encore un coup, je n'extrairai rien des lettres de Parisot,
Digitized by
Google
2&^ PirRftE-.VÎ.EXANbRE btt t»\RlioT hE huRANb
Je craindrais trop dVmpiéter sur l'œuvre d'un autre. Mais je si-
gnalerai que ces lettres révèlent, chez celui qui les écrivit, une
grande netteté de vision, qualité précieuse entre toutes pour
un artiste. L'esthétique de Parisot s'affirme également au cours
des épitres qu'il envoyait en France, à intervalles trop rares.
Il relève cette tendance de nos comfxatriotes d'alors, à n'ad-
mette aucune supériorité hors des limites de leur pays. Il si-
gnale combien les Allemands et les ItcUiens traitent ironique-
ment cet aveuglement d'amour-propre national dont nos gé-
nérations se sont guéries jusqu'à l'excès.
En art, Parisot préfère Poussin et le Sueur aux maîtres ve-
nus plus tard, a.ux David, aux Guérin, aux Girodet, aux te-
nants de la Grèce antique. Il juge sévèrement les graveurs pa-
risiens du jour. Il leur préfère un allemand dont le nom
m'échappe et son admiration reste entière pous ceux d'au-
trefois, pour les Edelinck, les Eisen, les Moreau. Le nom
d'Ingres se rencontre de temps en temps sous sa plume, soit
qu'il s'agisse d'Ingres le père, avec qui Parisot semble lié
d'amitié, soit que le fils vienne en question ; ce fils dont notre
dessinateur ne paraît pas soupçonner l'immense avenir. Il est
vrai que le jeune Ingres déjà parti pour Rome ne s'était pas
encore révélé par « l'apothéose d'Homère ».
Mais c'est assez parler de la mentalité de Parizot. Parlons
des œuvres qu'il exécuta en Russie. Voilà donc l'artiste ins^
tallé et acclimaté dans ce singulier et vaste Moscou. Il y don-
ne des leçons de dessin, moins bien rétribuées: que des leçons
de danse, mais qui pourtant lui permettent de vivre honorable-
ment, de courir le cachet en voiture, de doter sa fille demeurée
à Montauban, de se préparer .une modeste aisance pourlses vieux
jours. Il forme da.ns la haute société du pays quelques élèves
dont plusieurs sont excellents ; veuf, il contracte un second
mariage avec une Française émigrée comme lui et comme lui
vouée à des fonctions d'enseignement auprès des grandes
familles Moscovites. Parmi les artistes fixés là-bas, — on ne
parle pas des illustrations de passage, de Madame Vigée-Le-
brun, par exemple, — Parisot se déclare le premier. On aime
C€tte franchise. Elle sied au véritable talent.
Digitized by
Google
PLANCHE II
/>/•; /. iioim. m.
'■■-. 'W
AUJOURD'HUI ClRCLI MILITAIRE
Collection dc M. Edouaud Fokestiè.
Halte de Chasse, dessinée en itss
Collection de M»' Claverie
Digitized by
Google
Digitized by
Google
PLANCHE
I Ml. ,H- I.WIII.K I>K MOMAIIIA.N l'Kl.SK Dl COrH> FOILCAIT
Ces deux Dessins font partie de la Collection de M. de France
Digitized by
Google
Digitized by
Google
PlEftRE-AtËXANDKfe DE PARtàOt DE feERNAkD 269
Ce talent, chez Parisot, s'affirmera notamment par deux
ouvrages : « Le retour de Marcus Sextus et la danse Russe ».
Parlons de la Danse russe. C'est une aquarelle de grande
importance et je n'hésite pas à la qualifier chef d'œuvre. Dans
une clairière, à Tombre de groupes d'arbres, chênes et bou-
leaux, qui, entre la double masse de leurs frondaisons laissent
apercevoir une persp>ective de vallée, une rivière qui fuit, des
coteaux qui s'estompent à l'horizon, et peut être une ville dont
on croit deviner les clochers, sur ce fond traité avec ampleur,
justesse et liberté, tout ensemble, se développe une assemblée
champêtre. Au centre, un groupe de danseurs, un personnage
appartenant à la classe des hommes libres fait vis-à-vis à
quelque moujick revêtu d'une longue blouse bleue. Ces
deux hommes ont pour partenaires deux belles filles en cos-
tume national : robes vermiculées de fils d'or et constellées
de paillettes avec, sur la tête, le traditionnel cacoschnick,
semblable au bandeau royal dont les sculpteurs grecs cou-
ronnent leurs statues. Ce groupe esquisse un pas de danse
qui doit ressembler fort à notre pas de bourrée, cepen-
dant qu'en arrière des musiciens, un tambourin, un flageolet,
une guitare s'escriment de leur mieux, et que tout un petit
monde de paysans et de bonnes d'enfants, avec les babies con-
fiés à leur vigilance, — nous sommes manifestement aux alen-
tours d'un château, — contemple ces ébats chorégraphiques
et champêtres.
Des mots ne sauraient rendre la satisfaction qu'on éprouve
à contempler ce magnifique morceau, l'intérêt puissant qui
se dégage de lui. C'est du réalisme au meilleur sens du mot.
C'est une page de mœurs écrite avec une sincérité qui n'exclut
nullement la poésie. A travers ce beau et profond paysage
rayonne, on le sent, un beau jour de la saison estivale, au sein
d'une nature du Nord. En ces êtres qui tressautent, jouent des
instruments ou regardent, s'affirme une mentalité déterminée,
lit il faut s'incliner avec admiration devant la qualité suprê-
me où puisse atteindre un ouvrage, qualité qui déborde en
celui-ci : la vie.
Les raisons qui me font priser si haut la Danse Ru$se, me
1908 ao
Digitized by
Google
I70 WEèRE-AtEXANDRE DE PARiSOt DE bEfe^^ARii
portent à moins aimer la composition intitulée, je crois, /?«-
tour de Marcus Sexttis. C'est un dessin à la sépia auquel son
auteur semblait attacher beaucoup de prix. Pour moi, je n'y
puis voir qu'un travail d'école où tout est factice, apprêté,
symétrique, où les personnages paraissent des mannequins,
les draperies des rideaux d'atelier, les accessoires des vases
de pharmacie. Je ne peux pas savoir quel épisode de l'his-
toire Romaine fabriquée par Quinte Gurce, cette image a
la prétention de mettre en scène. Et, d'ailleurs qu'importe!
l'ouvrage prouve du moins que Parisot cultivait tous les gen-
res, puisque nous avons aussi son portrait, fait par lui-même,
alors qu'il comptait vingt-huit printemps.
Mais il nous reste un autre portrait de Parisot, à l'âge de
soixante années. C'est une aquarelle exécutée par son con-
frère, son compatriote et son ami, M. de la Perche, fixé
comme lui à Moscou. On peut lire dans cette charmante
miniature, aussi bien que dans la correspondance de Parisot,
toutes les qualités du modèle. L'homme est poudré. Il
porte double collet et cravate de fine dentelle. Mais étudions
surtout la physionomie. Comme le front est vaste, le nez
hardi et l'œil intelligent ! La bouche paraîtrait dédaigneuse
à première vue; ce n'est là qu'une apparence. Cette moue
est celle de l'observateur, du critique, de l'analyste. Car
l'artiste, si spontané soit-il, doit s'analyser lui-même.
Parisot retenu par des intérêts, par des malheurs, par les
fonctions de sa charge, peut-être aussi par l'âge et par un
sentiment de gratitude qui l'honore; demeura jusqu'au bout
dans l'asile qui s'était ouvert à sa maturité. Il y fonda une
famille nouvelle, et le noble tronc des Parisot de France, des
Parisot de Jordan de Durand, se greffa d'un rameau exotique
lequel n'a cessé de croître et de fleurir sur le territoire hos-
pitalier de la Russie. C'est la branche des Parisot de la Va-
lette qui adonné des chefs de distinction à l'armée du Czar.
Le plus récent d'entre eux, parvenu au grade de colonel,
Digitized by
Google
• t^lElîRr^ALEÎCANbRfe: DE PAfelSOt ,DE DURA^^t) 1^1
prit une part active à la guerre des Balkans. On assure qu'il
gardait mémoire de ses origines et conservait un grand
amour au pays de ses ancêtres. La descendance de Parisot,
demeurée française, doit à la bonne grâce et à l'affection de
ce lointain cousin quelques-unes des œuvres si intéressantes
à tant de titres, dont j'ai essayé de parler. Ainsi, l'alliance
des deux peuples s'est une fois de plus, fortifiée d'alliances
particulières. Et, en vérité, il est beau, il est salutaire
que les choses se passent de la sorte. L'âme slave et l'âme
française se joignent par bien des points. Il y a entre elles
des affinités qui n'existent guère avec l'âme de certains autres
peuples. Souhaitons pour la paix du monde et pour le bien
de l'humanité qu'elle se maintienne, qu'elle aille resserrant
ses liens de plus en plus, cette Union de la « Sainte Russie »
avec la c douce France >.
La première partie de cette étude est posthume. Elle fut
communiquée à notre Compagnie, par son auteui, en 1900,
et, depuis, attendait l'un de nos écrivains d'art afin de
mettre en lumière l'œuvre de Parisot. Le lecteur a pu
juger de quelle magistrale façon M. le marquis de Panât
s'est acquitté de cette tâche.
Notre toujours regretté confrère, M. Jules Claverie,
avait pu, mieux que tout autre, faire connaître la vie d'un
peintre, grand-père de Madame Claverie ; à son talent
d'écrivain, à son érudition, il joignait le culte delà famille,
pieuseinent continué par sa veuve et son fils. Celle-ci est
aujourd'hui la gardienne intelligente des cartons, des pein-
tures, des gravures du Maître, à la mémoire duquel nous
sommes heureux de rendre hommage.
Digitized by
Google
i^2 WERRË-ALkkANbRE DE PAkÉSOt bE bUftANb
Nous donnons l'un des portraits de Parisot, d'après une
aquarelle envoyée de Russie, à la famille, réduction d'une
peinture à l'huile, de La Perche. Madame Claverie possède
deux autres portraits de son aïeul, l'un au pastel, et l'autre
une délicieuse miniature, dûs tous deux, à Parisot lui-
même. Dans la miniature, montée en broche, l'auteur est
jeune, poudré, il porte habit vert et jabot de dentelles.
F. P.
Nota., — On peut se procurer des photographies, grand format, de
bon nombre des œuvres de Parisot, chez M. Bouïs, photographe de la
Société, rue du Vieux-Poids.
Digitized by
Google
àèèàèèàààèààà
UN COIN
DE
La Société Montalbanaise
A LA FIN DU XVlir SIÈCLE
M. l'Abbé FiRMiN GALABERT,
Membre de la Société.
Le copie-lettres de Jacques de Molières, président à la Cour
des Aides à Montauban, nous offre quelques traits intéressants
sur la société montalbanaise à la fin du dix-huitième siècle ;
une de ses lettres, touchant le généalogiste d'Hozier de Seri-
gny, est d'un intérêt plus général et déborde le cadre du sujet
où nous nous sommes renfermé, une autre a trait aux Assem-
blées du désert, et nous dépeint comme très tolérants les pou-
voirs civil et ecclésiastique à l'égard des mariages mixtes. Nous
publions ces deux lettres, les autres ne méritent qu'une analyse
ou quelques extraits à l'ocaision.
Quelques détails sur Jacques de Molières et sa famille.
De sa femme Anne de Garrisson, le président avait eu les
enfants qui suivent:
I** Anne-Olympe avait épousé N. Delbreil, conseiller à la
Cour des Aides, en 1762.
3** Marguerite, dite de Sainte-Croix, devint religieuse à la
Digitized by
Google
274 UN COIN DE LA SOCIETE MONT ALBANAISE
maison royale de TEnfant-Jésus, où elle était entrée pour faire
son éducation en janvier 1746, elle ne i>ayait que la modique
pension de 50 livres. Quand cette maison, qui n'était dotée que
de 20.000 livres de rente, dut licencier partie de ses pension-
naires, Marguerite fut réservée, grâce à la recommandation de
la marquise de Beaurepaire, amie de la famille ; grâce aussi à
l'intervention de milady Melfort auprès de l'archevêque de
Sens, en décembre 1751.
3** Anne-Suzanne, dite Dourdas en famille, entra à l'école
de Saint-Cyr le 9 janvier 1756, par grande faveur; en effet, il
était en 1746 inouï qu'une fille de robe y eût été admise. Ces
places étaient du reste fort briguées et, à la date susdite, Ma-
dame de Pompadour en avait sollicité une sans l'obtenir. Anne-
Suzanne épousa en 1773 M. de la Capelle-Sénégas, du pays
castrais, qui avait dépassé la quarantaine, qui aimait fort le
jeu, à cause de quoi il ne lui restait plus que 12.000 livres de
rente.
4** Le premier fils, Jean-Jacob, après avoir commencé ses
études a.u collège des Jésuites à Toulouse, était entré au collège
Louis-le-Grand, pour aller de là aux Pages de la Reine. C'était
une faveur tout exceptionnelle: Parisot, écuyer du maréchal
de Duras, écrivait de Paris, le 28 mai 1749, pour enlever toute
hésitation au père de l'enfant: Il n'y a point d'homme de robe
de la première volée qui ne donnât une grosse somme pour y
placer son aîné et ses cadets..., qu'il profite donc d'une éduca-
tion si précieuse; et Galabert d'Aumon, autre robin montalba-
nais (i), eût été très flatté, disait-il, s'il avait eu un garçon au
lieu d'une fille, de lui faire donner une telle éducation.
Ce n'était pas en effet, une école ordinaire. Le service d'hon-
neur auprès de la reine était accompagné d'exercices du corps,
de l'équitation, de l'étude des mathématiques, de la géogra-
phie, etc. Dans les galeries de Versailles, les jeunes gentilhom-
mes portaient bellement l'habit bleu et argent, la culotte et la
veste rouges avec la bandouillère blanche ou verte, bleue ou
(i) En 1721 Galabert d'Aumon était receveur général des Domaines
de la Généralité' dç Montauban,
Digitized by
Google
A LA FIN DU XVm« SIECLE. 2'jb
jaune suivant les compagnies. Au bout de trois ans (quelques
uns, fort rares, obtenant de servir une quatrième année), les
pages sortaient avec le grade de cornette ou de garde-marine,
ou bien ils entraient dans le corps royal d'artillerie.
• Jean-Jacob fut conduit à Versailles par son oncle, M. de
Garrisson de Latour, aide-major aux Mousquetaires gris ; il fut
reçu grâce à la recommandation du maréchal de Duras, avec
qui M. de Molières avait entretenu les meilleures relations à
Montauban. C'était le 5 juillet 1751. Après avoir revêtu son
habit de campagne et son épée pour ne point passer pour
homme de robe, Parîsot le mena à M. de Doînvîlle, gouverneur
des pages ; il paya le droit d'entrée qui s'élevait à 800 ou 900 li-
vres, sans compter 100 livres dues à d'Hozier, juge d'ar-
mes. Ce dernier envoya, visées par lui, les preuves de noblesse,
les armes blasonnées, avec l'extrait baptistaire, non le billet
de confession. Nous disons non le billet de confession, pour re-
dresser la confusion où, involontairement peut-être, sont tom-
bés quelques-uns qui n'ont pas su entendre le terme de confes-
sion dans une acception plus large qu'à l'ordinaire, et qui ont
pris l'extrait baptistaire pour le billet de confession.
Le gouverneur donna au nouveau page 8 paires de souliers,
8 paires de bas de soie ; le page apportait 12 chemises, 9 cols,
2 vestes de basin, i de soie. Son père lui fit remettre une petite
pension mensuelle de 15 livres, chiffre suffisant au dire du gou-
verneur, et qui néanmoins fut élevé au bout de quelques mois à
18 livres, puis enfin à un louis.
Le 22 décembre un envoi de deux fromages de Roquefort k
M. de Doinville appuyait la demande de protection faite par
la marquise de Beaurepaire.
Peu après, sur l'ordre de son père, le jeune page se présen-
tait chez le maréchal de Duras, avec cette recommandation de
ne rester qu'un demi-quart d'heure, à moins d'un désir du ma-
réchal : Pour aller chez lui, ajoutait-il, passer par la Cour des
Princes; monter le grand escalier à moitié galerie. Allez voir
aussi le confesseur -de la reine à qui vous avez été recommandé
et aussi M, de Montfaucon, écuyer-cavalcadour à la Fetite^Ecu-
rie... Allez chez le duc de Béthune; dites-lui que vourS êtes le
page qu'a recommandé le maréchal de Duras.
Digitized by
Google
2^6 UN COIM DE LV SOCIÉTÉ MONTALBANAISE
Il y avait un droit de bienvenue que payaient les jeunes pa •
ges ; le 22 août M. de Molières écrivait à son fils: Dites à vos ca-
marades qu'ils veuiVent attendre, que vous avec vos parents à
200 lieues et quils (les pages) seront contents de la réception
que vous leur jerez. Peu après, en effet, M. de Garrisson fut
chargé d'avancer 100 livres pour régaler les camarades.
Outre les messages dont ils étaient quelquefois chargés, les
pages suivaient la Cour dans ses déplacements, et il semble
que les études ne souffraient pas trop de ces distractions: il y
en avait qui trouvaient le moyen de prendre des leçons de mu-
sique et de se livrer à des lectures instructives. Tel notre Jean-
Jacob.
Au bout de trois ans il fut nommé garde-marine à la demande
de la Reine, ainsi qu'en témoigne une lettre de M. de Rouille,
ministre de la marine, au maréchal de la Mothe, chevalier
d'honneur de la reine. Au milieu de la vie de plaisirs que me-
naient beaucoup d'officiers à Toulon, Jean-Jacob eut une con-
duite très digne, il songea même un moment à embrasser la
règle des Chartreux. Durant une campagne qu'il fit aux Echel-
les du I^evant, sur la frégate La Friponne, la chaloupe qui le
ramenait à bord fut submergée par un coup de vent et le jeune
homme fut englouti. C'était ou mois de janvier 1736. On ap-
prit à Montauban la nouvelle par une lettre de M. de Saint-
Laurent à M. de Scorbiac; le père en conçut une douleur qui
ne devait finir qu'avec la vie.
Toutefois il lui restait un autre fils, Jacques-Antoine, qui,
lui aussi fut reçu aux pages en juillet 1762, par la protection du
duc de Duras et du comte d'Kstaing. Studieux au point de fuir
ses camarades pour se livrer a Tétudedes mathématiques, il était
au bout de deux amf promu premier page, non à l'ancienneté,
mais au choix du comte de Tessé, et sans exciter la jalousie de
ses camarades. La reine l'envoya au devant de s(m père, le roi
de Pologne, jusqu'à Luzancy au-delà de Meaux. Après que le
page eut remis le message dont il était chargé, le duc de Ges-
vres que, à la Cour, on app.elait le diable boiteux, lui demanda
quel était son pays. Comme il répondit: Près des bords de la
Garonne, Montauban! M, de la C.alaisière, chancelier du roi
Digitized by
Google
A L\ FIN DU XVTll« SIECLE. 277
Stanislas, lui rappela que son fils, ancien intendant, y avait
laissé de bons souvenirs. Il fut retenu à dîner chez le maréchal
de Berchini, à qui appartenait le château de Luzancy. Il rentra
à Versailles à toute allure ayant mené grand train et donné de
bonnes étrennes, rapportant de bonnes nouvelles à la reine qui
fut étonnée de la rapidité de la course. Au départ du roi de Po-
logne, il raccompagna jusqu'à Meaux, d'où il repartit le len-
demain, portant un message à la reine qui était à Fontainebleau.
Jacques-Antoine choisît aussi la carrière de la marine. Le 24
mai 1771 il écrivait de Malte, que le grand-maître, vieillard âgé
de 91 ans, gai, en bonne santé, promettait d'enterrer tous ses
grand-croix. Il terminait sa lettre en recommandant son avan-
cement aux ducs de Duras et de Richelieu.
Comme pour son fils aîné, M. de Molières avait dû fournir les
preuves nobiliaires à partir de 1550, ainsi qu'elles étaient récla-
mées pour l'entrée aux pages. Il avait profité de l'occasion,
pour demander à M. d'Hozier l'insertion de sa généalogie
dans V Armoriai de France, où toute famille noble avait l'ambi-
tion de figurer. Cette notice, conservée dans le copie-lettres, et
qui a la prétention de remonter à 1399, nous laisse quelque peu
rêveur. Tout le monde sait que, à la fin de l'ancien régime, le
pouvoir n'était guère regardant sur les preuves nobiliaires à
fournir pour entrer dans l'armée: sans cela, nombre d'officiers,
et Latour d'Auvergne lui-même, eussent été exclus. Nous avons
rencontré, en effet, dans diverses archives, plus d'une pièce fnj.
sifiée, raturée et même viciée de façon notoire et qui avait pour-
tant reçu le visa de Chérin. Dans les unes, des notaires complai-
sants avaient aff'ublé de titres nobiliaires des bourgeois aussi
prétentieux que cossus; dans d'autres, on avait grossièrement
effacé la qualification de sire et marchand pour la remplacer par
celle de capitaine ou seigneur de... Quoi qu'il en soit, les Mo-
lières, dont Antoine était conseiller à la Cour des Aides à Ca-
hors en 1642, avaient suivi ce tribunal à Montauban ; ils nous
paraissent descendre de N... Molieras, que le cadastre de 1459 a
Caussade, mentionne comme bourgeois de cette ville.
Au sujet de la notice, le père du page écrivit à son frère
François-Xavier de Molière^ de Sainte-Croix, ancien officier du
Digitized by
Google
278 UN COIN DE EA SOCIÉTÉ MONTALBANAlSE
régiment de Champagne, des détails qui peignent le dernier des
généalogistes oHiciels sous un jour quelque peu défavorable.
d'Hozier de Sérigny, déjà vieux et aveugle, mais resté gour-
met, demeurait vieille rue du Temple ; il y avait ses bureaux et
ses secrétaires ; bien que subventionné par le roi, il semble qu*il
battait discrètement monnaie sur le dos des nobles. Cette accu-
sation est grave, mais si Ton remarque qu'elle est formulée
dans une lettre non destinée à la publicité et qui ne devait pas
sortir du cercle de la famille, elle nous j>araît mériter plus de
créance que des mémoires destinés à la postérité. La voici :
(( Montauban ce 30 septembre 1764.
<( Mon cher frère, je vis M. d'Hozier qui existe toujours et
(t se porte à merveille malgré son grand âge. Après les pre-
(( miers compliments, je lui dis que je souhaiterais bien qu'il fit
(( mention de ma famille et en fît un article dans son livre de
« l'Armoriai de France. Il me répondit que je pensois fort bien
a qu'il le feroit, qu'il y avait quelques frais qu'il bornerait par
(( rapport à moi à 200 écus et à quelques grosses perdrix du
« Quercy. Je lui marquoy combien j'étais surpris de la demande
(( de 200 écus, puisque par une de ses lettres il ne m'en deman-
« dait que 100; il me répartit avec vivacité que cela n'était pas
<( possible ou qu'il s'était trompé. Je le priai d'appeler un de ses
« commis, car il est aveugle, pour faire lecture de cette lettre
« que j'avais sur moi; il me dit qu'il me croyait, mais que je
(( lusse l'article. Après la lecture il me demanda la date, et
« ayant entendu qu'elle était du 15 novembre 1755: (( Oh, re-
« prit-il, je n'en suis pas surpris; dans ce temps-là les articles
« étaient fort imparfaits, ils étaient par petits extraits, que beau-
ce coup de personnes de la noblesse en faisoint des plaintes qui
(( luy étoint revenues, de sorte qu'à présent tous les articles
« étoint dans tout le détail qu'ils pouvoînt avoir, et que ainsi
(( les frais en étoint à présent plus considérables et qui seroint
« bien à lui si, pour servir cette noblesse et lui faciliter le
« moyen de se faire cognoitre et ses services (car le Roy se fait
(( lire mon Armoriai), il n'avait renoncé à ses honoraires, ce
« que je ne crois du tout (car ce n'est uniquement que pour les
(( frais de bureau et mes secrétaires). »
Digitized by
Google
A LA FIN DU XVin« SfECLE. 279
« Je lui témoignay rimpossibilité où j*étais de faire cette dé-
« pense, que j'avais même eu beaucoup de peine, attendu la
(( médiocrité de ma fortune, à la faire lorsque je la croyais moin-
<( dre de la moitié ; que je le priais de se contenter de loo écus,
« et qu'il composât mon article comme il le faisait lorsqu'il ne
« me demanda en 1755 que cette somme. Il me répondit que cela
« n'était pas possible et feroit une bigarrure avec les autres* ar-
« ticles qui lui feroit tort, mais que peut-être un jour je serais
« plus en état de faire cette dépense, qu'en quelque temps que
(( je vinsse il com'poseroit mon article lui ou son fils.
« Je fus très mortifié de ne pouvoir pas employer à cet objet
(( 200 écus, mais j'ai tant d'autres dépenses à faire que je serois
(( à blâmer de les y avoir sacrifiées ; d'autant plus que je sus que
{( j'aurois encore quelque nouvelle discussion avec lui, parce
(( que dans quelque visite que je lui ai rendue du depuis, il me
« lâcha qu'il ne ferait la généalogie que depuis 1550, n'étant
<( payé pour celle des pages que depuis ce temps-là, et que dans
« les mémoires imprimés il était annoncé que ceux qui vou-
(( draint porter leur généalogie au delà du temps requis pour les
« entrées, le feraint à leurs dépens, par où je vois qu'il ne vou-
(( dra point faire mention des hommages et dénombrement de...
(( à 1399, ^t -autres pièces antérieures à 1550, ou qu'il augmen-
(( tera la demande de je ne sais combien ; car il prétend qu'il y
<( a des articles dont les frais ont été jusqu'à 6.000 livres.
« J'ai parlé en particulier à un commis qui paraît avoir sa con-
« fiance, pour engager M. d'Hozier à se contenter de 300 livres,
« lui faisant entendre que je lui donnerais une gratification de
c( deux louis, qui m'a répondu qu'il n'en pouvait obtenir aucune
c( diminution. Je vous fais ce grand détail pour vous convain-
t< cre que je m'y suis pris de toutes le^ façons, et que je me vois
t< forcé d'y renoncer, et qu'il n'y faut plus penser jusqu'à un
« meilleur temps. »
Une autre lettre nous ramène à Montauban. Elle nous fait
voir un M. Bonhomme, qui gardait dans sa cassette 30.000 li-
vres, sans se rendre compte qu'il y en avait 6.000 de plus ; volé
par un garçon déluré, il s'estima très heureux de recouvrer la
dite somme. Après cette aventure assez banale et un mariage
Digitized by
Google
28o UN COIN DE LA SOCIÉTÉ MONTALBANAISE
de caprice, la lettre nous montre un de ces mariages mixtes fré-
quents à cette date. Un vicaire de la paroisse Saint-Jacques
unissant les époux à Tinsu du curé, et congédié pour ce fait,
dénonça les tendances du curé à Madame Louise, fille de
Louis XV, religieuse au Carmel de Saint-Denis. L'interven-
tion du roi appela des réponses du duc de Duras et de l'inten-
dant Terray ; de l'ensemble il résulte qu'une ère d'apaisement
religieux était commencée ; les assemblées protestantes se te-
naient au grand jour, et, au lieu d'être réprim^ées violemment
comme aux dernières années, elles obtenaient le silence des of-
ficiers royaux, du gouverneur de la province et de l'intendant.
L'évêque, le curé, la société montalbanaise voyaient d'un œil
assez placide les unions mixtes; l'officier Bombelles lui-même,
dont le mariage avec une protestante avait fait grand bruit,
avait ses grandes et petites entrées dans les salons, et son avan-
cenïent était loin d'en souffrir.
Glanons encore quelques traits. Le président écrit à son frère
le 13 février 1749: « La défense de l'intendant de porter les
ï( grains hors 'de la province, a si fort tombé les graîns que
(( personne n'en veut, et j'en ai fait porter inutilement au mar-
ché. » Le 10 mai le blé ne valait encore que 50 sols. Au mois
de mai 1773, à la suite d'une révolte populaire qui avait eu
lieu presque simultanément à Moissac, Nègrepelisse et Mon-
tauban, à cause de la cherté, le pain valait 21, 28 et 31 de-
niers la livre, suivant qualité.
A la date du 11 juin, l'évêque (Mgr de Verthamon) est ma-
lade; (( on ne croit pas qu'il puisse aller loin. Il a fait venir un
<( frater de campagne qui a ordonné les bains. L'archidiacre
(( Verthamon a fait appeler les médecins malgré lui et a eu
« toutes les peines à faire suspendre les bains. »
Le 2 août 1761, le président écrit encore : <( M. de Gourgues
(( (intendant) arriva mardi 22, à 10 heures du soir ; je soupai
« chez lui hier au soir ; il paraît plein de bons, sentiments et
(( désireux de procurer en tout ce qu'il pourra le bien de la pro-
« vince. Il partira dans le mois d'avril et reviendra avec Ma-
« dame de Gourgues, ce qui ne sera apparemment qu'en sep-
" icmbre de Tan prochain. On ne parle plus dç l'affaire de Cau3,.
ti 3ade. »
Digitized by
Google
À La fin du XVIIl* 5IECLÈ. ÎÎOI
Il s'agit du pasteur Rochette, qui fut pris par la garde bour-
geoise de cette ville, et dont la détention donna lieu à une vive
échauffourée que nous n'avons pas à raconter ici; quelques
jours auparavant, le président avait écrit : (( L'affaire de Caus-
sade a été exagérée. »
L*usage du patois était encore général dans la bonne société ;
nombre de lettres sont émaillées' de citations dans la langue de
nos aïeux, et elles ne sont pas sans saveur. La fiancée du jeune
Molières, Geneviève Dubruelh, sans nouvelles fraîches de son
futur, alitée i>ar mal d'amour au château d'Esi>anel, disait :
Qu'un nobi que ieu ei, que nou m'escriu pas soulomen !
Jacques-Antoine de Molières, enseigne de vaisseau, épousa
en 1773 la dite Geneviève, âgée de seize ans, dernière héritière
de la seigneurie d'Espanel ; une condition de son mariage fut
que répoux quitterait le service. En 1784, il acheta la terre de
Monteils, en la baronnie de Caussade, avec la justice haute,
moyenne et basse et autres droits, au prix de 160.000 livres,
plus I louis par i.ooo d'épingles, plus 17.000 livres de loyaux
coûts et 24.000 livres de réparation. Il ne devait pas en jouir
longtemps.
Suspect à la Révolution, il se réfugia à Paris avec sa famille ;
caché longtemps dans la demeure de Robespierre, rue Saint-
Honoréj il passa le temps de la Terreur à Rouen, puis à Bou-
logne-sur-Mer. A la demande et sur la signature de 25 habi-
tants pauvres d'Esi>anel, il obtint du Comité de législation,
le 18 vendémiaire an 3, sa radiation de la liste des émigrés.
Jacques, le dernier de ses fils, était candidat à la députatîon
en 1842, en concurrence avec Mary-Lafon, le romancier bien
connu. Sa famille s'est éteinte avec lui,
La famille de Gaulejac portait : Écartelé aux i et 4 d'azur à
trois besanls d'or; au 2 et 3 de gueules, à trois cloches d'argent
bataillées de sable.
Digitized by
Google
UNK
VENTE A LA CRIÉE
A Castelnau-de-Montratier (Lot)
EI>r 1324
M. l'Abbé Barthélémy TAILLEFER
Membre de la Société.
L'étude attentive du passé découvre tous les jours des
ressources nouvelles, et l'ensemble de ces documents cons-
titue un véritable trésor de richesses longtemps inconnues.
Il ne nous paraît pas téméraire de classer ainsi le docu-
ment suivant, car il renferme toute la procédure, en usage
au XIV« siècle, pour les ventes à l'encan. Le nom du crieur
public, l'endroit de la ville où se font les enchères, la raison
qui détermine la vente, les différents enchérisseurs, avec le
montant de leurs offres, enfin l'adjudication au plus offrant,
tout y est spécifié. Nous pensons que la lecture de ce docu-
ment, aussi complet que possible, intéressera la Société;
c'est dans cet espoir que nous le communiquons.
PREMIÈRE CRIÉE
Notum sit quod anno ab incar- Connu soit que Tan de Tlncar-
natione Domini m. ccc. xx iiii, nation du Seigneur 1324, régnant
régnante illustrissime principi illustrissime prince seigneur
Digitized by
Google
Une vkNTÈ
domino Carolo Francorum et Na-
varre rege, penuliimadie mensis
octobris, P. Guilhol, crida com-
munal de Castelnuo, cridet e su-
bastet publicament el mercat pu-
blic de Castelnuo la terra deiotz
sad dizen en la maniera que ex-
près s'tnsec ; Una pessa de terra
franca e quitia de tota feuzal
senhoria que es del heretier del
senhorSicart de Belpug, ees en
la perroquia de Sanh-Aurelh, el
terrador dejla Condamina, e te se
de doas partz ab la terra d'en
Bertran Descayrac, filh que fo al
senhor Bernât Descayrac, e d'au-
tra part ab la terra e ab la vinha
d'en Wuilhem Descayrac, e pel
fons ab lo valat del pesquier del
dig heretier, ung cami en meg ;
vol hom vendre e vol i hom donar
quaranta Ihs de tomes. Et qui
mai i voira donar quen vengua
parlar ab en Ramon Bernât de
la Olmia, tutor del dig here-
tier. £ fa se la dicha subastacio
per paguar los deudes que dévia
lo dig senhor Sicart an Arn.
Bernât Tichendier, mercadier
de Caussada, e al thesaurier de
Caortz. De las quais cauzas lo
dig en R. B. requerec mi, notari
deiots escrig, quelh fes carta.
Quod feci. Actum in dicto mer-
cato, anno die et régnante qui-
bus supra. Testibus presentibus :
Arnaldo de Piru, als de Gordo,
G**» Bartes, Arnaldo Maynada, et
me R[amu]ndo de Cruce, auctori-
tate regia, notario publico, qui
A LA CRIEE
i8i
Charles, roi de France et de Na
varre, le pénultième jour du mois
d'octobre, P. Guilhot, crieur
communal de Castelnau, cria
et mit publiquement à l'encan,
au marché public de Castelnau,
la terre ci-dessous exprimée, di-
sant ainsi qu'il suit : une terre
franche et quitte de tous droits
seigneuriaux, qui est de l'héri-
tier du seigneur Sicart de Bel-
pug, sise en la paroisse Je Saint-
Aureil, au terroir de la Conda-
mine, et confronte de deux côtés
à la terre de Bertrand d'Escay-
rac, fils du seigneur Bernard
d'Escayrac, d'autre part à la
terre et à la vigne de Guillem
d'Escayrac; du fond : au fossé de
l'étang du dit héritier, un che-
min passant au milieu; qu'on
veut vendre et on veut en donner
40 livres tournois. Si quelqu'un
veut donner davantage, qu'il
aille parler à Ramond-Bernard
de Lolmie, tuteur du dit héritier.
Ladite mise à l'encan est faite
pour payer ce que devait ledit
seigneur Sicart à Arnaud-Ber-
nard Tissendié, marchand, de
CaussaJe, et au trésorier de
Cahors. De tout quoi ledit Ra-
mond-Bernard a requis moi, no-
taire soussigné, de lui dresser
acte ; ce que j'ai fait. Fait au dit
marché, l'an, le jour et régnant
que dessus. Témoins présents :
Arnaud de Piru, dit de Gordon,
Gasbert Bartés, Arnaud May-
nada, et moi Raymond de 1^
Digitized by
Google
284 iJNfe VENtE
ad dicti R[amu]ndi B[ern]ardire-
quisitionem hanc cartam recepi
et signo meo signavi consiieto.
A IX CRIEE
Croix, par l'autorité royale, no-
taire public, qui, à la réquisition
de Ramond-Bernard, ai dressé
l'acte et l'ai signé de mon para-
phe accoutumé.
DECXIÈME CRIÉE
Kotum sit quod anno ab incar-
natione Domini m. ccc. xx iiii.,
régnante domino Carolo, rege
Francorum et Navarre, sexta die
mensis novembris, P. Guilhot,
crida communal de Castelnuo,
cridet e subastet publicament,
el mercat public de Castelnuo,
la terra deiots escricha dizen en
la maniera que sensée : una pessa
de terra... (comme ci-dessus),,,
vol hom vendre e vol i hom
donar xllill Ihs de tor. petits, et
qui mai i voira donar qu'en ven-
gua parlar ab en R. B[erjnat de la
Olmia, tutor del dig heretier. E
aisso es la segonda crida, e la
prumiera ad aquesta suma, la-
quai soma de pecunia ufore si
donador e paguador en presen-
cia de mi not. e dels testimonis
deiots escrigs en Btran Descay-
rac, filh que fo al senhor Guis-
cart, coma percuraire que dih
que era d'en W., so fraire, e tots
los bes del dig W., coma per-
curaire de Ihui sobre aisso obli-
guan. Actum. .. Testibus : Dno
Geraldo de Sancto Privato, pres-
bitero, ArnaldoCalvet, R[amu]n-
do Guilhelmi de Bêla Costa, et me
Connu soit que l'an de l'In-
carnation du Seigneur 1324, ré-
gnant le seigneur Charles, roi
de France et de Navarre, le
6 novembre, P. Guilhot, crieur
public de Castelnau, cria et mit
publiquement à l'encan, au mar-
ché public de Castelnau, la terre
ci-dessous écrite, disant ainsi
qu'il suit : une pièce de terre. . .
(comme ci-dessus) on veut ven-
dre et on veut en donner 43 li-
vres, petits tournois, et si quel-
qu'un veut en donner davantage,
qu'il aille parler à R. -Bernard
de Lolmie, tuteur dudit héritier.
Ceci est la seconde criée, mais
la première pour cette somme,
qu'offre de donner et de payer
en présence de moi et des témoins
bas nommés, Bertrand d'Escay-
rac, fils du seigneur Guiscard,
comme procureur de Guillem,
son frère, et à cet effet, en sa
qualité de procureur, oblige tous
les biens de Guillem. Fait...
Témoins : Maître Géraud de
Saint-Privat, prêtre, Arnaud
Calvet, Raymond-Guillaume de
Belle Coste, et moi , . .
Digitized by
Google
A CAStÈLNAU-bE-MONtRATlER
i86
TROISIÈME CRIÉE
Notum sit quod anno ab incar-
natione Domini m. ccc°. xx IIIP,
régnante domino Carolo, rege
Francorum et Navarre, die mar-
tis post yemale festum sancti
Martini, P. Guilhot, crida com-
munal de Castelnuo, cridet e
subastet el mercat public de
Castelnuo la terra deiots expres-
sada en la maniera que sensée :
una pessa de terra... (comme
ci'dessîisj , . . vol hom vendre e
vol i hom donar xlllll Ihs de tor-
nes. E qui mai i voira donar
qu'en vengua parlar ab en R.
Bnat de la Olmia, tutor del dig
heretier. E aissoea la tersa crida,
e la prumiera crida ad aquesta
soma, laquai soma avia ufert en
la dicha terra segon que dih lo
digtutor, lo dig en B[er[tran Des-
cayrac, filh que fo al senh. B.
Actum... Testes : Bernardus
Hugonis de Frumento, Joh[an-
n]es Pilo, et ego. . .
Connu soit que Tan de l'In-
carnation du Seigneur 1324, ré-
gnant prince Charles, roi de
France et de Navarre, le mardi
après la fête de Saint-Martin
d'hiver, P. Guilhot, crieur pu-
blic de Gastelnau, cria et mit à
l'encan, au marché public de
Castelnau, la terre ci-dessous
exprimée en la manière sui-
vante : une pièce de terre. . . on
veut vendre et on veut en don-
ner 44 livres tournois. Si quel-
qu'un veut en donner davantage,
qu'il aille parler à Raymond-
Bernard de Lolmie, tuteur du-
dit héritier. Ceci est la troisième
criée, mais la première pour
cette somme, qu'avait offerte,
ainsi que le dit le tuteur, Ber-
trand d'EscajTac, fils du seigneur
Bernard. Fait. . . Témoins : Ber-
nard d'Hugues de Froment, Jean
Pilo, et moi. .
ÛCATRIÈNE CRIÉE
Notum sit quod anno ab incar-
natione Domini m. ccc°. xx IIII°,
régnante domino Carolo, rege
Francorum et Navarre, die xx
mensis novembris, P. Guilhot,
crida communal de Castelnuo,
cridet e subastet el mercat pu-
blic de Castelnuo la terra deiots
confrontada, dizens en la ma-
1908
Connu soit que Tan de Pin-
carnation du Seigneur 1324, ré-
gnant prince Charles, roi de
France et de Navarre, le 20 no-
vembre, P. Guilhot, crieur pu-
blic de Castelnau, cria et mit à
l'encan, au marché public de
Castelnau, la terre ci-dessous
confrontée, disant en la manière
ai
Digitized by
Google
286
Une VENtE A La cri^e
niera que sensée : una pessa de
terra... fcomtne ci-dessus). ,
vol hom vendre e vol i hom do-
nar cinquanta e uua Ihs de ter-
nes. E qui mai il voira donar
qu'en vengua parlar ab en Ra-
mon Bernât de la Olmia, tutor
del dig heretier. E aisso es la
quarta crida, fasia aisso que la
premiera ad aquesta soma, la-
quai soma de pecunia ufert si
donador e paguador en la dicha
terra en Bertran Descayrac ,
coma percuraire que dih que
era d'en W. Descayrac, sofraire,
e permes que el fara e percon-
tara quel dig W. la dicha obla-
tio e uferta aura per bona e per
acha e o ratifiara a la requesta
del dig tutor, tots sos bes els
bes del dig so fraire coma per-
curaire de Ihui, sobre aisso obli-
guam. . . Actum. . . in presencia
et testimonio magistrorum Ber-
nardi de Mota in decretis periti
et Hugonis de Boscorotundo,
not., Arnaldi Jordani, fabri, de
Fraiches, et mei Ramundi de
Cruce . . .
qui suit : une pièce de terre . . .
on veut vendre et on veut en
donner 51 livres tournois. Si
quelqu'un veut en donner da-
vantage, qu'il aille parler à
Raymond-Bernard de Lolmie,
tuteur du dit héritier. Ceci est
la quatrième criée, mais la pre-
mière pour cette somm j, qu'offre
de donner et de payer, pour
cette tene, Bertrand d'Escayrac,
comme procureur de Guillem
d'Escayrac, son frère, et promet
de l'appointer et précompter, et
affirme que ledit Guilhem ac-
ceptera cette offre, la regardera
comme bonne et Ja ratifiera à la
requête dudit tuteur; ses biens
et ceux de son frère, comme
procureur, sont obligés... Fait...
en présence des témoins : Maî-
tre Bernard de la Mote, juris-
consulte, maître Hugues de Bor-
redon, notaire, Arnaud Jordan,
forgeron, du lieu de Frayssé, et
moi Raymond de la Croix, par
l'autorité royale notaire public
qui ai dressé . . .
Cinquième Criée et Adjudication
Notum sit quod anno ab incar-
natione Domini m. ccc°. xx nn».
lUustrissimo principe domino
Carolo Francorum et Navarre
rege, quarta die in exitu mensis
novembris, Peire Guilhot, crida
communal dé Castelnuo, cridet,
Connu soit que Tan de l'In-
carnation du Seigneur 1324, ré-
gnant l'illustrissime prince Char-
les, roi de France et de Navarre,
le 4'' jour sur la fin du mois de
novembre, Pierre Guilhot, crieur
public de Castelnau, cria, mit
Digitized by
Google
A CAStEtNAtJ-DE-.VlONTRATlER
subastet et encantet publica-
ment, el mercat public de Cas-
telnuo, la terre deiots confron-
tada, dizen en auto vots en la
maniera que sensée : una pessa
de terra franca e quitia de tota
feuzal senhoria (e suittitf que
es del heretier del senhor Sicart
de Belpug, et es en laperroquia
de Sanh-Aurelh, el terrador de
la Condamina, et te se de doas
parts ab la terra d'en Bertran
Descayrac, filh que fo al senhor
Bernât, e d'autra part ab la terra
et ab la vinha den W. Descay-
rac, e pel fons ab lo valat del
pesquier del dig heretier, i cami
en meg. Vol hom vendre e vol
i hom donar cinquanta e doas
Ihs de tomes. E qui mai i voira
donar qu'en vengua parlar aben
Ramon-Bernat de la Olmia, tutor
del dig heretier. E aisso es la
quinta subastacio, laquai soma
ûfert si donador en la dicha
terra en Bertran Descayrac, filh
que fo al senhor Bernât. E aqui
mezeih la dicha terra fo cridada
e subastada a diversas somas de
pecunia, las quais i ufrio en
aquela en Bertran Descayrac,
filh que fo al senhor Guiscart,
coma percuraire que dizia que
era de W. Descayrac, so fraire,
tant lo dig Ihiorant receben
quant lo diz en Bertran Des-
cayrac, filh que fo al senhor
Bernât, per si mezeih fa u après
l'autre totas vetz en poian e a la
perfi lo dig Bertran, filh que fo
287
en vente et annonça publique-
ment, au marché public de Cas-
telnau, la terre ci-dessous con-
frontée, disant à haute voix de
la manière suivante : une pièce
de terre franche de tous droits
seigneuriaux tet la suite)^ qui
appartient à l'héritier du sei-
gneur Sicard de Belpug, et sise
en la paroisse de Saint-Aureil,
au terroir de la Condamine, et
tient de deux parts à la terre de
Bertrand d'Escayrac, fils du sei-
gneur Bernard, d'autre part à la
terre et à la vigne de Guillem
d'Escayrac, du fond au fossé de
l'étang dudit héritier, un che-
min au milieu ; qu'on veut ven-
dre, et on en donne 52 livres
tournois Si quelqu'un veut en
donner davantage, qu'il vienne
parler à Ramond-Bernard de
Lolmie, tuteur dudit héritier.
Ceci est la cinquième criée ; la-
quelle oifre de donner, pour la-
dite terre, Bertrand d'Escayrac,
fils du seigneur Bernard. Aussi-
tôt après, ladite terre lut criée
et mise à l'encan à diverses
sommes qu'offrait Bertrand d'Es-
cayrac, fils du seigneur Guis-
card, comme procureur de Guil-
lem d'Escayrac, son frère, tant
le livrant que ledit Bertrand
d'Escayrac, fils du seigneur Ber-
nard, pour eux-mêmes, l'un après
l'autre chaque fois. A la fin, le-
dit Bertrand, fils du seigneur
Bernard, offre de donner pour la
dite pièce de terre quatre-vingt
Digitized by
Google
208 UNfi VENTE A LA CRIEE A CASTELNAU-DË-MONlRAtlÊR
al senhor Bernât, ufert si dona-
dor en la dicha pessa de terra
quatre vings e nou Ihioras de
tomes petits a laquai soma de
pecunia lo dig P. Guilhot la
cridet e subastet una vetz e doas
e manhtas, aqui mezeihs presen
loidigs en Bernât, en Bertran
e gran [nombre] dautras perso-
nas dizen se i avia home ni fenna
qui plus en la dicha terra vol-
gues donar. £ cum non apa-
regues que en la dicha terra
plus de la soma derieramen.
dicha volgues donar, e fos una
vetz, doa?, très, llll" et sine
subastada, e per deguts entre-
vais lo dig P. Guilhot dih que
la Ihiorava e la Ihioret al dig
Bertran Descayrac, filh que fo al
senhor Bernât, coma a plus ufren
per las dichas un. e ix Ihs, de
las quais cauzas lo dig tutor
requerec mi notari deiots escrig
quelh fes carta. Acta fuerunt
hœc in mercato predicto, anno
die et régnante quibus supra, in
presencia et testimonio magistri
Hugonis de Boscorotundo, nota-
rii, Guilhelmi Pilo, Joannis de
Sancto-Johanne, Hugonis de
Ginebreda, Augerii Descayraco,
Guilhelmi de Fabrica, plurimo-
rum aliorum, et mei Ramundi
de Cruce, auctoritate regia no-
tarii publici, qui ad requisitio-
nem predictam hanc cartam re-
cepi, scripsi et signo meo signavi
consueto.
neuf livres de petits tournois, à
laquelle dite somme d'argent, le-
dit Pierre Guilhot la cria et mit
en l'encan une fois, deux et
plus, étant là présents lesdits
Bernard, Bertrand et grand nom-
bre d'autres personnes, disant
(demandant) s'il y avait homme
ou femme qui voulût donner
davantage de la dite terre. Et
comme nul ne se présentait, qui
voulût donner, de la dite terre,
plus que la somme dernièrement
émise, et qu'elle eût été procla-
mée une, deux, trois, quatre et
cinq fois, par intervalles, ledit
Pierre Guilhot dit qu'il la livrait,
et la livra audit Bertrand d'Es-
cayrac, fils du seigneur Bernard,
comme au plus offrant, pour les
dites quatre-vingt-neuf livres.
Desquelles choses Ledit tuteur
m'a requis, moi notaire soussi-
gné, de lui en dresser acte. Fait
audit marché l'an, le jour et
régnant que dessus, en présence
des témoins : Maître Hugues
de Borredon, notaire, Guillaume
Pilo, Jean de Saint-Jean, Hugues
de Ginibrède, Augier d'Escay-
rac, Guillaume de Fabrica, de
plusieurs autres, et de moi, Ray-
mond de la Croix, par l'autorité
royale, notaire public, qui, à la
susdite réquisition, ai reçu cet
acte, l'ai écrit et signé de mon
paraphe accoutumé.
Digitized by
Google
LE
Registre du Maximum
DE LA
COMMUJSTB DE IjARRAZiST^»^
PAR
M. J. DON AT.
Comme je Tai déjà indiqué, mon premier article sur le
« Registre du Maximum de la commune de Larrazet, > était
composé lorsque de nouvelles recherches m'ont fait décou-
vrir une feuille dudit registre qui avait échappé à mes inves-
tigations.
Je la transcris ci-dessous :
Journée de tailleur :
Une journée nourri o^ 9"
La fasson d'une veste d'étoife 2*
La fasson d'une paire culotte 1* 7*
La fasson d'une paire culotte longue o^ 9*
La fasson d'une veste de toille i^
La fasson d'une camisolle doublée i^
La fasson d'un gillet o^ 15»
(1) Voir Bulletin archéologique de Tarn-et-Garonne^ 2® trimestre 1908,
p. I 10.
Digitized by
Google
290 LE REGISTRE DU MAXIMUM
Jourfiée de femme :
Une journée sans être nourrie o^ I2"
Une journée nourrie o^ 6**»
Fasson de filler :
Le bot, la livre o' 5*
Espalmette o^ 8*
Brinne o^ 12»
Fasson des bas :
Bas de laine fine 3I
Bas de fil fin 4^
Bas de couton 4I
Fasson de filler le couton et le poil de lin
et la lenne :
Fasson de six pour livre o* 6®6<*
Fasson pour le couton, la livre i* io«
Pour tondre les brebis ou moutons, par tête d^ o^g^
La fasson de faire cuire le pain
Le boullanger ne pourra tirer de faire cuire le pain que de
vingt livres une.
Pour apprécier exactement la valeur des renseignements
ci-dessus, il faut rappeler que le maximum^ établi les 3, 1 1
et 29 septembre 1793, fut fixé d'après des règles précises
contenues dans un décret de la Convention du 1 1 brumaire
(2 novembre).
D'après ce décret, le prix maximum était obtenu : pour
les marchandises, en ajoutant aux prix de 1790 un tiers de
ces mêmes prix ; — pour les journées de travail et la main-
d'œuvre, en ajoutant aux prix de 1790, une moitié de ces
prix.
Digitized by
Google
DE LA COMMUNE DE LARRAZET 2qi
Les chiffres que contient le registre de Larrazet ont été
obtenus en ajoutant uniformément aux prix de 1790 leur
propre moitié.
Cela ressort clairement des faits suivants.
Le cahier dont j'ai publié le contenu, d'abord envoyé au
< district > de Beaumont (t), fut retourné par celui-ci à la
commune de Larrazet, parce que sa disposition n'était pas
conforme aux indications prescrites. Il est, en effet, accom-
pagné de la note suivante :
« Renvoyé à la municipalité de Larrazet pour présenter
un tableau en quatre colonnes, dont la première indiquera
le genre des ouvrages, la seconde, le prix des journées en
1790, la troisième la moitié en sus à ajouter à ce prix, la
quatrième le maximum additionné de la seconde et troisième
colonne.
f A Beaumont, ce 2 messidor an 2® de la République
française, une et indivisible.
« Dast^ agent national ; Pérignon, Laborde. »
Conformément aux instructions reçues le secrétaire pro-
céda à la réfection du registre qui fut disposé sous la forme
d'un tableau en quatre colonnes, portant les suscriptio.ns
suivantes :
I" colonne : Dénomination des genres d'ouvrages ;
2« colonne : Prix des journées en 1790;
3« colonne : Moitié en sus du prix cy- contre;
4« colonne : Réduction du prix d'unejournéecy-contre (2).
(1) Lors de la création des départements, Larrazet appartint au district
de Grenade et au canton de Beaumont ; cette dernière localité reven-
diqua rhonneur de devenir chef-lieu de district et finit même, semble-t-il,
par obtenir cette faveur vers 1793.
(2) Ce sont les prix portés dans la quatrième colonne qui constituent
le prix maximum.
Digitized by
Google
292 LE REGISTRE DU MAXIMUM
Mais, trouvant, sans doute, la besogne un peu longue, il
releva seulement dans cette seconde expédition une partie
des articles que contenait la première.
Les deux expéditions existent dans les archives de Lar-
razet.
La première en date - la plus complète — est celle que
je publie ici ; j'estime, en effet, que la seule chose qui
importe c'est de connaître, avec les chiffres, les règles selon
lesquelles ils ont été établis.
Le prix du Maximum est identique dans Tune et dans
l'autre : le calcul en a été fait selon les prescriptions du
décret du 11 brumaire.
Dans mon précédent article, j'exprimais le regret que les
renseignements fournis par le cahier dont je publiais le
contenu fussent incomplets. J'ai eu la bonne fortune de
découvrir dans les archives de Larrazet, un acte qui, bien
qu'étant d'une époque antérieure, se rapporte à la même
question et complète utilement les renseignemants précé-
demment produits.
Il s'agit d'un « Etat des objets qui sont taxés de première
€ nécessité par le conseil général de la commune. »
Il fut dressé le 20 octobre 1793, c'est-à-dire vers l'époque
même où la Convention rendait obligatoire l'établissement
du Maximum (i)
Dans quel but et pour répondre à quelle nécessité du
moment cet acte fut-il établi ? La date du 20 octobre 1793
est comprise entre le moment où la Convention décréta le
Maximum (3, il et 29 septembre) et celui où elle fixa les
règles selon lesquelles il devait être établi (2 novembre).
Ce fut donc antérieurement à la promulgation du deuxième
(i) Je rappelle pour mémoire que le tableau définitif du maximum ne
fut dressé à I.arrazet que le i'*'" messidor an II (k) juin 1794), c'est-à-dire
huit mois après.
Digitized by
Google
DE LA COMMUNE DE LARRAZET 2g?>
décret, et sans doute sur un ordre venu du département,
que l'arrêté fut pris par le conseil général de la commune.
D'ailleurs, le Maximum était une mesure préconisée
depuis longtemps ; les administrateurs, les comités de sur-
veillance, les sociétés populaires étaient familiarisés avec
cette idée d'une taye des denrées. Dès le i8 avril 1793, la
Convention avait reçu des pétitions en ce sens, et la com-
mune de Paris, dont les manifestations avaient si souvent
en province une profonde répercussion, après avoir, sur la
motion de Chaumette, déclaré qu'elle « sera en état de
révolution tant que les subsistances ne seront pas assurées, »
décrète le 4 mai 1793 un maximum du prix des grains.
La mesure ne fut pas plutôt prise qu'elle dut être mise à
exécution. C'est pour cette raison certainement que fut
dressé cet < état des objets de première nécessité. » Une
note d'une ligne placée au dos de l'acte suffit à lever tous
les doutes à ce sujet. Elle est ainsi libellée : c Maximum
fait par le conseil général de la commune de Larrazet. »
Les chiffres qu'il contient doivent se rapprocher de la
réalité: le décret du 11 brumaire qui prescrivait de fixer le
maximum, en ajoutaet aux prix de 17901e tiers ou la moitié
de leur valeur n'a point encore été voté ; aucun texte n'im-
posait de majoration.
Voici donc ce document en entier :
État des objets qui sont taxés de première nécessité
par le Conseil général de la commune :
Le bœuf, la livre carnassère o^ 16^
Mouton, — o^ 18*
Veau, — , oU8«
Vache, — o^ lO'*
Brebis, — o* 12®
Cochon frais, la livre i»
Lard frais, poids de table o^ 15s
Bois à bruUçr, la canne (i) ; i8i
Digitized by
Google
294 LE REGISTRE DU MAXIMUM
Charbon de bois, le quintal de ceijt vingt livres 2' 15*
Lard salé, poids de table 0U8*
Burre, poids de table '. o^ 16®
Huille fine, poids de marc i^
Sucre blanc, — * i^ 12^
Miel, — Qi S^s*
Papier blanc, la rame 4I 12®
Fer, le quintal poids de table 20^
Plomb, — 27I
Cuivre, — 2110»
Chanvre, — o^ 8»
Linet, — o^ 8^
Le bon vin, le picher (2) o^ y
La chandelle, poids de table o^ 1 5»
Huille pour la lampe o* I2«
Laine, le quintal poids de table 50*
Toille finne de maison de maison de cinq pans de lar-
geur, la canne (3) 6*
La paire de sabos, les plus grands 0^12^
La paire des moyens o^ 8»
La paire des petits 0^ 5'
La paire des souliers, les plus grands 6^
La paire des moyens 4I
La paire des petits 3^
La paire des plus petits i^ 10*
Savon, la livre poids de marc i^
La potase, poids de table o^ 10*
Les cruches & y
Les cruchons o* 3*
Les pots pour faire la soupe, les plus grands o^ 8«
Le poivre, la livre poids de marc 2^ lo^
Le cadis beau, la canne 6*
Le gros tuille, le cent 6^ 10®
(i) La canne de bois avait pour dimensions approximatives i™2oXi™8o
Xi '"80.
(2) Le picher était une sorte de broc en terre à goulot court et étroit,
à large panse dont la contenance variait de 3 à 4 litres.
(3) Le pan mesurait environ 0^22, et la canne, mesure de lon-
gueur, i^nSo,
Digitized by
Google
DE LA COMMUNE DE LARRAZET 295
La tuille carrelle, le cent 5'
La tuille barrot, — 4^
La tuille canal, — 6^
La tuille à carreller de 12 pouces en quarré (i) 9* (2)
La journée des laboureurs avec son pair de bœuf par
pôignerée et il sera noury i^ 5*
Idem pour aller à la charrette toute la journée 5^*
La journée des tailleurs nourris o^ 7^
Les officiers de santé pour se faire razer o^ i*
Les médecins i^ 5*
Pour faire chausser la pioche, le montant d'une journée
d'un ouvrier o^ 15*
La journée d'un charpentier, à commencer du i*^*^ novem-
bre jusques au i®' février i^
Idem le reste de Tannée 1^ 10*
La journée d'un travailleur de terre, à commencer du
1" novembre jusques au i*^' février o^ 15*
Idem le reste de l'année i^
La journée d'une femme nourrie o^ 5«
La journée sans être nourrie o^ 10*
Les ouvriers, s'ils sont nourris, gagneront la moitié
moins de la journée.
La fasson de la belle toille, par canne o^ 12''
La toille Bot o^ 5«
Arrêté en Conseil général de la commune, présents les
citoyens Doumerc, maire ; Roussel, Combedouzou, Del-
pech, Caillau, Delpont, officiers municipaux ; Roussel, Lou-
magne, Majourel, Mouchet, notables ; Carrié, Bruguières,
Delpech,, sociétaires (2); pour servir ainsy qu'il appartien-
dra, pour être exécuté suivant sa forme.
(i) Les prix, de ces quatre derniers articles ont été surchargés : « la
tuille carrelle » avait été d'abord portée à 4' ; — « la tuille barrot » à
3' 10* ; « la tuille canal » à 5* 10* ; il semble donc qu'il y ait tendance à
l'exagération des prix.
(•2) Larrazet possédait une Société populaire dont je possède une copie
de Tun des registres des délibérations.
Digitized by
Google
296 LE REGISTRE DU MAXIMUM DE LA COMMUNE DE LARRAZET
Dans la maison commune le 20 octobre 1793, Tan II de
la République une et indivisible.
Chit signé: Roussel, officiciermunicipal ; Mouchet, nota-
ble; Carrié, sossitiaire {sic).
On remarquera que certains articles sont communs à la
liste dressée le 20 octobre 1793 et à celle du i**" messidor
an II (19 juin 1794) ; il est facile de constater que les prix
correspondent approximativement si Ton tient compte de
la majoration prescrite pour la fixation de cette dernière.
Digitized by
Google
Bibliothèque et un Vestiaire
DE
CURÉ DE CAMPAGNE AU XVIIP SIÈCLE
PAR
M. l'Abbé Barthélémy TAILLEFER
Membre de la Société.
M. Jean Jaubertou était curé de Saint-Félix, près Montcuq,
diocèse de Cahors. Après avoir administré cette paroisse
durant douze ans (i), il mourut, en 1773, laissant à
M. Pierre Laborie, curé de Bouloc, le soin de régler sa
succession. En conséquence, celui-ci, par acte du 22 octobre
de la même année (2), requit M® Pons, notaire à Lauzerte,
pour l'apposition des scellés, et, quelques jours après,
€ pour éviter le dépérissement des meubles », fit dresser
l'inventaire. Voici la liste des ouvrages qui composaient la
bibliothèque :
(i) La mise en possession est du 11 décembre 1771, précédemment il
avait longtemps administré une autre paroisse.
(2) Acte extrait de la liasse 1773. — Étude de M^ Pons, notaire à
Lauzerte
Digitized by
Google
49^ UNE BIBLIOTHEQUE ET UN VEStiaIrÉ
Un dictionnaire théologique portatif.
Les vies des Saints pour tous les jours de Tannée, t. i®'.
Roberty Bellarmini, societatis Jesu.
Méditations sur les principales vérités chrétiennes et ecclésiasti-
ques.
Biblia Sacra.
Le vray thrésor de la doctrine chrétienne.
Discours sur l'histoire universelle, en 2 tomes.
Un relié écrit de main privée, intitulé : « Des libertés de TEglise
gallicane, par M. Boutaric.
Le missionnaire paroissial, en 4 tomes.
Sermons sur les plus importantes matières de la morale chré-
tienne, en 8 tomes.
Géographie universelle.
L'éloquence de la chaire et du barreau.
Jérusalem délivrée.
Histoire de Thamas Koulikan.
La dévotion réconciliée avec l'esprit.
La religion naturelle, en 6 tomes.
Le paradis perdu de Milton, en 3 tomes.
Œuvres diverses du sieur Boileau, en 2 tomes.
La jouissance de soi-même, en 2 tomes.
Traité des études, de M. Rollain, en 4 tomes.
Rhétorique française.
Connaissance de la mythologie.
De arte rhetorica, libri quinque.
Sinonimes françois.
Histoire du peuple de Dieu, en 10 tomes.
Theologia moralis universa, en 4 tomes.
Theologia universa speculativa et dogmatica, en 7 tomes.
Avertissement de Mgr TEvêque de Sois.ons.
Les satyres de Juvénal.
Homère, Odyssée, libri viginti quatuor.
Le directeur dans les voies du salut.
Essais d'exhortations avant et après l'administration du Très-Saint
Viatique.
Instruction sur l'Histoire de France et romaine, par M. leRagois.
Pensées ou réflexions chrétiennes, par M. Nepveu, en 4 tomes.
Le véritable esprit des nouveaux disciples de Saint-Augustin, en
2 tomes.
Digitized by
Google
D*UN CURE DE CaMpAGNÉ i§0
Preuves de la religion, en 4 tomes.
Histoire et pratique des sacrements, en 3 tomes.
Le catéchisme du Concile de Trente, en 2 tomes.
Le Saint Evangile de Jésus-Christ, par M. Boissieu, en 4 tomes.
Essais de moraîe, contenant deux traités.
L'anti-Lucrèce, poème, en 2 tomes.
Le petit catéchisme théologique.
Catéchisme ou instruction de la doctrine chrétienne.
Despotaire (?).(Despantère, grammaire ?)
Les aventures de Télémaque.
Pensées de M. Pascal.
Tableau du siècle.
Traité de la confiance en la miséricorde de Dieu, par M. de
Soissons.
Les confessions de Saint-Augustin.
Manuel des méditations dévotes.
Le sens propre et littéral des psaumes de David.
Instructions sur les matières controversées.
Connaissance de la géographie.
Novus candidatus.
Le pasteur apostolique, en 2 tomes.
Le saint exercice de l'Adoration perpétuelle.
Histoire de l'hérésie de Wiclef.
Cathechismus ad ordinandos.
La dévotion au Sacré-Cœur de N. S. J. C.
La vérité de la religion chrétienne.
Introduction à la vie dévote.
Conduite des confesseurs dans le tribunal de la pénitence.
Le devoir du chrétien.
Le combat spirituel.
Les sages entretiens d'une âme dévote.
Pratique de l'oraison mentale.
Pratique du Sacrement de Pénitence.
L'imitation de J. C, livre 4®.
Propre du diocèse de Cahors.
Abrégé du catéchisme d'Agen.
Avertissement du clergé de France.
Règlement de vie.
Prônes de M. Joly, évoque d'Agen, tomes 2® et y.
Digitized by
Google
?00 UNE BIBLIOTHÈQUE ET UN VESTIAIRE
Panég^'riques, sermons, harangues et autres pièces, par M. de la
Parissière, en 2 tomes.
L'univers énigmatique, par le marquis Caraccioli.
Réponse au mémoire des protestants.
Avis des évêques de France.
Brochure concernant les jésuites.
Brochure en réponse à un libelle diffamatoire, par le P. Griffct.
Observations sur Tinstitut de la Société de Jésus.
Recueil des préceptes de remèdes, par M™* Fouquet.
Oraison quarante-troisième de Cicéron.
Sermons de la Colombière.
Remarques sur la pureté et l'élégance de la langue latine.
Claris theologicae praticse, par M. Dumets.
Aristides.
Brochure et remarques sur le livre de Tite-Live.
Les fables de Phèdre.
Les oraisons de Cicéron.
Flores doctorum.
Instruction chrétienne contenant la méthode de catéchiser le
peuple.
Examen théologique sur la société du prêt à rente entre Bail et
Pontas.
Essais d'exhortations pour les états différents des malades.
Epître familière de Cicéron.
Autre ouvrage de Cicéron.
Ars metriqua.
Petite brochure intitulée : Réponse de Mgr TEvêque d'Angers à
un docteur de théologie de Paris.
Nouvelle méthode pour apprendre facilement la langue italienne.
Le nouveau testament.
Cantiques à l'usage des missions.
Extrait du rituel romain.
Le Concile de Trente.
Traité : de universa theologia morali, tome i^f.
L'histoire pratique.
Formulaire d'instruction, par M. Nicolas Cochois.
Catéchisme, en latin.
De ofîicio pastorum,
La manière d'administrer les sacrements.
Statuts et règlements du diocèse de Cahors.
Digitized by
Google
n*UN CURE DÉ CAMPAGNE ^O!
Lettres sur Tadministration du Sacrement de Pénitence, en
2 tomes.
Instruction pastorale de Mgr Parchevêque de Tours.
Dissertation théologique sur le péché du confesseur avec sa
pénitente.
Heures à Tusage du diocèse de Cahors.
Manuel des cérémonies romaines.
Exercice de la préparation à la mort.
Catéchisme à Tusage du diocèse de Cahors.
Les caractères de Theophraste, en 2 tomes.
Catéchisme historique, par M, Fleury.
Les pensées du P. Bourdaloue, en 2 tomes.
Mœurs des israélites et chrétiens.
L'histoire du vieux et nouveau Testament.
Busseus (?).
Retraite spirituelle.
Instructions courtes et familières, par M. Lambert, tome 2«.
Réflexions chrétiennes, par M. Croisoit, tome 2«.
Valerius Maximinus, livre 19.
Instruction sur les sujets de la piété et de la morale chrétienne.
Histoire des croisades, par M. Maimbourg, tome i*'.
Méditation des prêtres.
Les essais de Michel, s' de Montaigne.
Instructions générales, par M. Colbert, tomes 2*, y, 4® et 5«.
Sermons des plus célèbres prédicateurs, tome i*'.
Discours moraux, tomes i«', 4® et 6«.
Instructions générales en forme de catéchisme, par M. Colbert,
tome 1*'.
Essais d'exhortations, par M. Blanchard, tome i®'.
Pratique de la vie chrétienne, tome i®'.
Discours de piété, tome i".
L'exercice de piété, tome 2«-
Discours moraux, tome 6®.
Histoire de la Ligue, par M. Maimbourg.
Œuvres mêlées de M. de Saint-Evremont, tome 2«.
Selectae e profanis scriptoribus historiae.
Pantheum mysticum.
L'homme criminel ou la corruption de la nature par le péché.
Compendium manualis controvers carium hujus temporis.
De fide ac religione, dissertatio theologica.
1908 22
Digitized by
Google
Soi UNE BIBLIOTHEQUE ET VU VEStlAtftfe
Un vieux traité de théologie,
Autre traité de théologie, par Dumets.
Catéchisme de M. de la Luzerne.
Exercices ou Manuel pour les étudiants.
Histoire de la vie des papes.
Bréviaire cadurcien, partie de Tété.
Justini historia.
Théologie morale, en français.
Le tombeau des hérétiques.
Le bréviaire romain, en 4 volumes.
L'inventaire fut dressé, les 23, 24 et 25 novembre 1773,
par Me Pons, notaire, en présence de M. Jean Bories, prêtre
et vicaire de Bouloc, et de Jean- Antoine Pons, praticien, de
Lauzerte, signés à Toriginal avec le curé de Bouloc et le
notaire, et contrôlé à Lauzerte, le 4 décembre, par Lafaye,
qui reçut en paiement 8 livres 8 sols.
Un porte-manteau de cadis avec sa chaîne cadenes
demi usé.
Plus une soutanelle d'étamine noire avec sa veste de la même
étoffe.
Plus une culotte de raze de Gênes presque neuve.
Plus une autre culotte raze de maison plus que demi usée.
Une autre culotte de calamendre aussi demi usée.
Plus une veste, le devant de drap, plus que demi usée.
Une soutane de raz de mareaud demi usée.
Une redingote de ratine grise de la bruyère.
Plus un mauvais manteau noir de cadis.
Deux paires de guêtres, Tune de ratine et Tautre de coutonade
Un éperon.
Deux chapeaux demi usés.
Deux perruques très usées.
Deux calottes usées.
Un bonnet carré.
Une paire de bas de fil blu et blanc demi usés.
Plus une antre paire bas fil blu de ciel très usis.
Plus un surplis de cambri ;
Digitized by
Google
D*UN CURE DE CAMt»AGNË ioî
Deux portes colets.
Trois petits colets.
Plus deux paires bas de trame.
Une paire de brs de laine demi usés.
Plus deux paires boucles acier, petites et grandes.
Les deux pièces que Ton vient de lire nous font pénétrer
dans un presbytère du Quercy ; elles nous indiquent : Tune,
le degré de culture intellectuelle, ainsi que le bagage théo-
logique de l'un de nos curés de campagne peu avant la
Révolution française ; l'autre, son vestiaire. Si ce bon prêtre
consacrait ses ressources à Tachât d'ouvrages dont quel-
ques-uns soiit importants, il sacrifiait peu au luxe de ses
costumes.
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SÉANCE DU 4 NOVEMBRE 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F. POTTIER
Présents : MM. Pottier, président; Ed. Forestié, secrétaire
général; comte de Gironde, colonel Caillemer, Ressayre, Lespi-
nasse, Mathet, Souleil, Escudié, Imbert, commandant Desnous,
Pécharman, Mauquié, Maury, docteur Monribot, Moissenet,
Chaulet; J. Bourdeau, secrétaire.
Excusés : MM. de Marigny, Buscon, Lespine, chanoine Cailhat,
chanoine Contensou.
I-e procès- verbal de la dernière réunion est lu et adopté,
M. Ed. Forestié donne lecture d'une lettre de M. le docteur
de Sardac, de Lectoure, correspondant de la Société, s'excusant
de n'avoir pu encore venir assister* à une de ses séances.
MM. Alphonse et Ernest Fauré quittent Montauban et deman-
dent à être nommés membres correspondants, ce qui leur est
accordé avec empressement et l'espoir qu'ils continueront leurs
excellents rapports avec la Compagnie.
M. Ernest Fauré a souvent mis son talent de dessinateur au
service de notre a Bulletin » et prêté un utile concours à l'orga-
nisation de nos Expositions artistiques. Des regrets sont exprimés
au sujet de ce départ.
M. le président rappelle comment deux coffrets de mariage du
XV« siècle, qui faisaient partie du trésor de Montpezat, et prove-
naient de dons faits à Téglise, par des châtelains, pour y renfer-
mer des reliques, avaient été induement achetés par un agent de
Digitized by
Google
PROCès-VERBAUX DES SÉANCES 3o5
la maison Alavoine, de Paris. Ces coffrets étaient classés comme
monuments historisques, ce qui a permis des revendications. Le
tribunal de la Seine taisant droit aux plaintes déposées par le
maire de Montpezat et l'ancien conseil de fabrique a condamné
le sieur Alavoine, à les restituer contre remboursement de la somme
de 2,000 francs versée pour leur acquisition. Au mois de Juillet
dernier. Sur la demande de M. le Maire et de M. le Doyen de
Montpezat, munis d'une procuration, M. le chanoine Pottier, qui
avait demandé, en qualité de correspondant de la commission des
monuments historiques, le classement de ces objets et les avait
étudiés et fait connaître (voir Bulletin archéologique y t. XXXII,
1904, p. 242), s'est rendu à Paris pour en prendre possession après
en avoir reconnu l'authenticité.
Il s'est trouvé pour cela dans l'étude de M® Aron, avoué; il
était assisté par MM. de Fontenilles et Fourgons, membres de la
Société Archéologique, qui, tous deux avaient vu et photographie
lesdits coffrets, à Montpezat même, et C2mme conseil par M. de
Ramel avocat.
Après un mûr examen, ces Messieurs n'ont pu voir, dans ceux
qui ont été présentés, que des imitations; en conséquence, ils
n'ont pas cru devoir les accepter et la question reste pendante.
M. le président a le vif regret d'annoncer la mort du capitaine
Galinier, qui habitait le château de Fonlongue. Homme d'étude
et de savoir, il faisait partie de notre Société depuis plusieurs
années et avait toujours porté le plus vif intérêt à ses travaux.
La Société, lors de son excursion dans TAriège, avait pu cons-
tater avec peine, que M. le chanoine Cau-Durban était gravement
malade. Il vient de succomber laissant un vide considérable dans
le monde savant de notre région. A plusieurs reprises il avait
pris part à nos excursions où il apportait son esprit charmant et sa
vaste érudition.
La Société s'associe au deuil des familles Galinier et Cau-
Durban.
M. Emile Cartailhac propose la Fédération des diverses Sociétés
archéologiques du Sud-Ouest. Dans sa lettre, il exprime l'idée
que la première exposition de cette Fédération pourrait avoir lieu
à Montauban.
La Société, tout en reconnaissant Texcellente idée de la Fédé-
ration et y adhérant, regrette de ne pouvoir accepter la seconde
partie de la proposition ; en effet, elle vient d'organiser une expo-
Digitized by
Google
3o6 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES
sition artistique, ce qui l'empêche de recommencer à bref délai
une pareille entreprise. Elle fait des vœux cependant en faveur de
la réussite de l'initiative de M. Cartailhac.
Le Ministre de l'Instruction publique annonce que le Congrès
des Sociétés savantes se tiendra l'an prochain, à Rennes, le
II avril.
Au lieu dit de « la Plagné », commune de Mansonville, M. Mau-
rice Gendre vient de découvrir, dans sa propriété, une habitation
troglodytique ofiFrant tous les caractères que l'on retrouve dans les
souterrains de ce genre signalés dans le Tarn-et-Garonne. D'après
les fouilles faites, sous la direction de M. Gendre lui-même, on se
trouve en présence de plusieurs couloirs aboutissant à une vaste
chambre creusée dans le tuf. On n'y a découvert aucun objet.
M. le docteur Belbèze, de Saint-Nicolas, annonce qu'il a trouvé
des documents relatifs aux fabriques de poteries d'Auvillars, dont
M. Ed. Forestié a publié l'histoire.
M. Belbèze en fera l'objet d'une communication.
M. Pierre Lespinasse vient de publier, dans le Cor rts pondant y
un article remarquable sur un sujet dont il a déjà entretenu la
Société : TJ" Arrivée en Suède de divers arti6tes français^ et sur
les Origines transmises de l*Art suédois.
M. le Président félicite MM. Donnadieu, avocat, et Maurou,
architecte, de leurs décorations académiques.
M. Galabert envoie le récit d'un combat entre les troupes
françaises et celles du prince d'Orange en 1693.
Cette pièce a été trouvée dans des archives privées.
M. Lespinasse donne une vue d'ensemble sur les diverses publi-
cations reçues par la Société depuis la dernière séance.
M. le Président annonçant le dernier volume de M. Antonin
Perbosc, couronné par les Jeux-Floraux de Toulouse, prie M. Ed.
Forestié de lire l'appréciation qu'il a faite de ce remarquable
ouvrage.
UN TROUBADOUR DU XX« SIÈCLE, ANTONIN PERBOSC
Parmi la pléiade, aujourd'hui bien nombreuse» des fervents de la
langue populaire d"u Midi de la France, qui marche sous le magis-
tère incontesté de Mistral ; au milieu de la foule des poetœ minores
qui, à défaut d'autre mérite, ont celui d'entretenir le feu sacré, le
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES ÎOJ
culte d*un îdîôme que la centralisation est en train de faire disparaî-
tre, nous sommes heureux de saluer un véritable troubadour, égaré
dans notre société moderne. Digne émule et successeur des sept fon-
dateurs de r Académie toulousaine du Gai Savoir, compatriote de
Tun d'eux et non des moindres, M. Antonin Perbosc, dédaignant
les faciles succès de la muse vulgaire assure à ses adeptes, a consa-
cré sa vie à remettre en honneur la langue, le pur îdîônfie des poètes
languedociens des quatorzième et quinzième siècle, et, savant fol-
kloriste, traditionaliste avisé, en même temps qu'historisn disert et
documenté, il chante nos gloires méridionales ou fait vibrer notre
fibre patriotique.
Déjà, dans plusieurs ouvrages, le Got occitan, VArada, il nous
avait donné un avant goût de son talent de poète, de conteur, et ré-
cemment l'Académie de Montauban, après nombre d'autres Socié-
tés savantes, lui décernait une de ses plus belles couronnes.
Mais nous savions que M. Antonin Perbosc ne s'en tenait pas à
ces premiers succès et qu'il consacrait ses loisirs à une œuvre de
longue haleine, à une sorte de chanson de geste, célébrant une de
nos gloires méridionales, Guilhem de Toulouse, qui vit dans le
souvenir à la fois légendaire, historique et hagiographique, car
l'histoire nous dit qu'il « fut un des hommes- de guerre les plus illus-
tres » de l'époque carlovingienne ; la légende lui prête de nombreux
exploits, et il est réputé pour u être mort en odeur de sainteté » à
l'abbaye Saint-Guilhem du Désert, où il s'était retiré pour mourir.
De ces trois sources, M. Perbosc a tiré son poème et a voulu lui
obtenir une consécration particulière. Il l'a présenté à l'Académie
des Jeux Floraux de Toulouse, cette fille des sept mainteneurs du
Gai Savoir, qui a repris l'antique tradition en consacrant plusieurs
de ses importantes couronnes à la poésie romane : et l'Académie
s'est montrée bon juge en la matière. Elle a placé au premier rang
le poème « Guilhem de Tolosa » en lui décernant le prix Pujol de
1.500 francs.
M. le baron Desazars de Montgaillard, un bon juge en la matière,
a apprécié dans son lumineux rapport l'œuvre de M. Perbosc d'une
façon telle que nul éloge ne vaudrait les lignes suivantes :
« Il faut lire ce poème ou l'entendre récité d'une voix claire et
bien timbrée pour en saisir toute l'élévation morale et toute la va-
leur historique. C'est une œuvre puissante qui rap]>elle les meilleurs
poèmes nationaux empruntés par les Trouvères du Nord à nos Trou-
Digitized by
Google
3o8 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES
badours mëridioiiaux et devenus au treizième siècle les plus célè-
bres romans de chevalerie. Elle est saine et vigoureuse, mâle et fière, '
susceptible d'agrandir les âmes et de leur donner un sursum à la
fois héroïque et national... »
A cet éloge nous nous associons pleinement et d'autant plus volon-
tiers que la tendance des poètes, ou soi-disant poètes romanisants
est de chercher leurs sujets dans la banalité ordinaire de la vie rurale,
imitant en oela certains précurseurs qui briguèrent la popularité et
y parvinrent par la vulgarité..., pour ne pas dire la grossièreté de
leurs écrits. Nous pourrions en citer auxquels un snobisme ridicule
a vilu des triomphes posthumes et qui ne sont dignes que d'un
complet oubli. Parce que les Goudouli, les Valès et autres ont glissé
dans leurs œuvres quelques vers burlesques ou trop libres, ils se
sont crus autorisés à ne cultiver que ce genre, certains d'obtenir des
succès ix>pulaires, mais en même temps éphémères. M. Perbosc
comprend autrement le rôle de poète ; il suit en cela la vraie, la saine
tradition des grands maîtres» et, « fidèle à la tradition troubadou-
resque », il présente « des types humains assurément supérieurs à
ceux de l'antiquité païenne ».
On a pu reprocher au début à M. Perbosc ses tendances que nous
pourrions appeler archéo-romantiques, à propos de la langue qu'il
a employée dans ses poèmes, langue qui présente le phénomène spé-
cial aux idiomes littéraires dont l'orthographe est demeurée fixe et
que l'usage et les siècles ont défigurés dans leur aspect extérieur.
C'est là, à propos du langage romano-provcnçal, une observation
que nous avons faite depuis longtemps. Si on lit les troubadours
en donnant aux syllabes leur valeur actuelle, on arrive à ne point
comprendre le sens des mots. Et nous écrivions en 1890, au sujet
de la langue parlée au quatorzième siècle dans nos contrées : « A
notre avis, l'orthographe a changé et non la prononciation et nous
pensons que les contemporains de Bonis marchand montalbanais
du quatorzième siècle, qui écrivaient Dio, covent, monedas. pro-
nonçaient comme nous Diou, coubent, mounedos, et disaient abio
et non avia, abiou et non avio, etc. Et cela est si vrai que nous
avons fait Texpérience de lire devant des paysans un adie du qua-
torzième siècle avec la pronociation actuelle qu'ils ont parfaitement
compris ; et par contre, il nous a été facile de donner une forme ar-
chaïque à une poésie pa toise en adoptant l'orthc^raphe du manus-
crit.
M. Dçsazars de Montgaillard a du reste fort biçn caractérisé la
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES Sog
langue employée par M. Perbosc : « Savamment retrempée aux pu-
res formes classiques, et cependant modernisée, évoluée» rajeunie
au contact des parlers vîvanlts, en communion consciente et ardente
avec la tradition : elle peut servir de type comme forme et comme
fond à nos meilleurs poètes languedociens. »
Quant au sujet du poème, ij est habilement choisi ; « ce n*est pas
la Chanson de Roland avec ses rudes et sauvages accents, ce n*est
pas non plus VEnéïde de Virgile avec la haute perfection de l'art
antique, mais c'est comme un chant de T Iliade d'Homère. La grande
ire du héros qui chante rappelle celle d'Achille, tout à la fois fami-
lière et épique, dans une cause noble et avec des sentiments plus éle-
vés ».
Guilhem de Toulouse apprend que Louis le Débonnaire a oublié
ses services éminenlts, lorsqu'il a distribué à ses familiers les nou-
veaux fiefs de son royaume ; il en est outré et adresse au faible em-
pereur ses sanglants reproches, lui rappelant tout ce qu'il a fait
pour son père et pour lui. Le prince, troublé, ne sait que lui offrir.
Alors Guilhem, fier et superbe, lui parle de la contrée « aux pommes
d'or et aux odorants boutons blancs », qui est en la puissance des
Maures.
« C'est un pays en butte aux bouleversements et aux désarrois,
emmantelé de gloire empourprée par des fleuves de sang, généreuse
contrée où, malgré tant de catastrophes fatales, vit palpitant d'en-
thousiastes ardeurs un peuple toujours exalté d'énergie nouvelle. »
Et c'est une magique description de Toulouse, d'Agde, de Car-
cassonne, de Béziers, de Nîmes, d ' Aigues-Mbrtes, de Maguelonne.
de Beaucaire, du Rhône, de la Provence.
« Donne-la moi : par été, par hiver, je n'aurai repos qu'elle soit
délivrée. De ces Arlots, dont le museau païen se lève vers le ciel
en invoquant, sous les coups d'épée Mahons et Tarvagant, voilà
longtemps je n'ai occis le moindre. »
Et le roi dit :
a Guillaume, voici mon gant, cette terre est à toi. Va la pren-
dre ! »
Ainsi finit cette belle œuvre. Nous n'hésitons pas à dire qu'elle
prendra place au premier rang des productions littéraires méridio-
nales et que si, comme le lui conseille Téminent rapporteur des Jeux
Floraux, M. Perbosc continue « à traiter toute la geste des méri-
dionaux, il y trouvera certainement le sujet d'une vaste poème »,
Digitized by
Google
3 10 PROCES-VERBAUX DES SÉANCES
de nouveaux succès et le mérite d'avoir « restauré nos gloires na-
tionales dans la langue retrouvée de leur patrie. »
M. Tabbé Camille Daux a offert une brochure sur les Chemins
de Satnt-Jacqtiesy M. Taillefer sur des Coutumes de I4ç7,
M. Armand Viré un Inventaire des camps et enceintes du Lot,
Il sera rendu compte de ces ouvrages^
M. Moissenet offre un travail imprimé sur V Assiette et choix du
revêtement des chaussées^ qu'il a présenté au Congrès interna-
tional de la Route.
M. Mauquié donne lecture de quelques notes sur une étude de
notre confrère M. Mispoulet, relative à l'organisation des cadres
de l'Empire romain au IV" siècle, appelés les Listes de Vérone.
M. Ed. Forestié communique un document curieux :
Etat des dépenses faites à la Préfecture à l'occasion du passage
de S. A, R. Mgr le duc d'Angouiême^ le 6 mai 1814.
No I. Bonhamme. — Travaux faits pour garniture de
fleurs dans l'hôtel de la Préfecture 40j 10
N® 2. J. Margonteau. — 150 cannes de buis et de
guirlandes pour le compte de M. Hinard, tapissier, pour
l'hôtel de la Préfecture 70 »
N° 3. Hinard, tapissier. — Compte de diverses four-
nitures, comme écharpes, crochets, drapeaux, arrange-
ment des appartements, etc 114 55
N° 4. Bassoul. — Compte pour la fourniture et pla-
cement des fleurs de \^ et avoir dressé la table 52 10
N® 5. Rey Moulet. — Fourniture de 20 livres de
bougies de table à 3 fr. 25 la livre 65 »
N° 6. Coustou. — Pour loyer de six pendules à
5 francs pièce 30 »
N® 7. Millet. — Fourni et mis en place 1,030 lam-
pions à 0,20 centimes chaque 206 »
N^ 8. Rhetoré aîné. — Louage de diverses gravures
à 6 francs 24 >
N° 9. Daydou. — Fourniture de verres, faïences, etc. 24 30
N" 10. Gay. — Pour le dîner : 35 couverts à 24 francs
et déboursé d'un fromage glacé i .046 »
Total 2.035 05
Digitized by
Google
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES 3 i l
Certifié d'après les comptes à nous remis par les divers ouvriers
et fournisseurs.
Montauban, le 14 juin 1814.
M. Edouard Forestié fait hommage de cette pièce à la Société.
Il s'occupe en ce moment de la créatioH du département de
Tarn-et- Garonne et des poèmes populaires écrits à cette occasion.
Le Bulletin archéologique les publiera (voir i»' trimestre 1908).
M. de Gironde donne lecture de quelques pages de son étude
sur V Architecture relîj^euse. Ces fragments sont de belles pages
où l'auteur a mis au service d'une profonde érudition un art
remarquable d'écrivain et de penseur.
MM. Galabert et Louis Boscus viennent de publier un beau
volume qui a été couronné par la vSociété archéologique du Midi
de la France (prix Ourgaud). M. Ed. Forestié est chargé d'en ren-
dre compte.
Ce volume est la monographie de la ville de Caussade. Il est
accompagné de très belles phototypies.
La séance se termine par des projections de photographies en
couleur, par M. Mathet.
Elle est levée à lo h. 1/2.
Le Secrétaire^
J. Bourde AU.
«<i' g>»<g « Cfr «
Digitized by
Google
3 12 PROCÈS-VERBAUX DES SEANCES
SÉANCE DU 3 DÉCEMBRE 1908
PRÉSIDENCE DE M. LE CHANOINE F, POTTIER
Présents : MM. Pottier, président; de BMtf on^ vice-président ;
Ed,Forestiéy secrétaire général; comte de Gironde, Sémezies,
chanoine Calhiat, colonel Caillemer, Escudié, capitaine Berthon,
abbé Milhau, de Séverac, Naulet, abbé Châtinières, Lade, abbé
de Scorbiac, Du Faur, Delpey, de Saint-Félix, Lespine, Laroche,
Ressayre, Lespinasse, secrétaire.
Excusés : MM. le général Konne, Mathet, Buscon.
Le procès-verbal de la séance de novembre est adopté.
M, le chanoine Pottier, dépose sur le bureau, des programmes
du congrès des Sociétés Savantes, qui se tiendra Tannée prochaine
à Rennes ; il souhaite vivement que selon sa louable habitude, la
Société y figure par des travaux des ses membres.
M. l'abbé Galabert, envoie une note très intéressante, extraite
d'archives particulières donnant un aperçu de la vie de Province
sous Tancien régime. Cette étude est institutée : Un coin de la
Société Montalbanaise à la fin du XVIII'^ siècle (voir Bulletin
archéologique^ IV« trimestre 1908, p. 273).
M. le chanoine Stoumpff, dans les papiers du regretté M. Tabbé
Lagarrigue, curé de Saint -Nauphary, a trouvé quelques fragments
d'un livre de Voyage de M. l'abbé Marcellin, relative à l'aspect de
Maguelonne, en 1845. Il en est donné lecture.
M. lePrésident annonce qu'un buste de Monseigneur Fiard, de
vénéné mémoire, vient d'être déposé par son héritier et neveu,
M, le chanoine Claudius Fiard, ancien vicaire général, dans la
grande sacristie de la Cathédrale. Cette œuvre fait grand honneur
au talent du sculpteur Louis Oury. Celui-ci n'ayant pu, pour son
travail, avoir sous les yeux le regretté prélat, s'est inspiré d'un
masque moulé après le décès ; il n'en a pas moins donné une vie
intense çt une ressemblance saisissante à son sujet. Monseigneur
Digitized by
Google
t»ftOCES-VF.RBAtjk bES séANCËS 3 I 3
est en costume pontifical : chape sur les épaules, mitre en tête,
dans l'attitude digne et presque sévère, qui était la sienne lors-
qu'il officiait et contrastait avec la bonté de son cœur et la simpli-
cité de sa vie.
M. Paul Fontanié, écrit qu'il espère que sa santé lui permettra
de venir lire à la prochaine séance la légende de N.-D. du Gaba-
chous^ recueillie de la bouche d'un ancien serviteur de sa famille,
il compte étudier la réglementation des Métiers, à Caste 1 sarrasin .
M. Marcel Charroi, secrétaire général de la Société Archéolo-
gique de Bordeaux^ avec laquelle notre Compagnie a les plus
cordiales relations, adresse la lettre suivante :
Monsieur et Cher Confrère,
Dans le troisième fascicule du Bulletin de la Société archéolo-
gique de Tarn-et-Garonne (if^oj) qui m'est parvenu récemment
et que je viens de lire; je vois que vous avez eu l'occasion ines-
pérée de parler de l'Ordre des trois Toisons d'Or, que Napoléon
voulait instituer au-dessus de celui de Philippe le Bon.
En vous félicitant d'avoir publié la si curieuse pièce relative à
cet ordre peu connu, je tiens à rectifier auprès de vous, l'idée
qu'aucun ouvrage n'en fait mention. En effet, il est annoncé dans
la Collection historique des Ordres de Chevalerie Civils et
Militaires, par MM. Perrot et FayoUe. Paris — 1846 — Aillaud,
éditeur — in-4» avec planches, mais malheureusement l'auteur
n'en a pas donné le bijou, de sorte que nous ne pouvons savoir la
forme qu'il avait, et probablement le dossier relatif à cette créa-
tion a été brûlé, soit aux Tuileries, soit à la Légion d'Honneur, en
1871.
Je ne possède pas le livre en question, mais il existe à la biblio-
thèque de Bordeaux, où j'ai relevé cette note il y a quelques
années, au moment où je m'oc:upais de quelques ordres disparus.
Je profite de cette occasion, Monsieur et cher Confrère, pour
vous présenter mes meilleurs sentiments.
Le Secrétaire Général,
Marcel Charrol.
M. le docteur Montribot donne lecture de son travail sur l'or-
Digitized by
Google
s 14 PftOcfes-VERBAbX DfeS S^ANCfeâ
donnance du docteur Tronchin, communiquée par M. François de
Scoraille (voir Bulletin archéologique 1908, p. 220-240).
M. Philippe Lauzun, envoie en hommage à la Société, un exem-
plaire de son dernier ouvrage, sur la correspondance de Bory de
Saint-Vincent. Des remerciements lui seront adressés.
Le Congrès annuel de la Société française d'archéologie se
réunira Tannée prochaine à Périgueux. La proximité de cette ville
et l'intérêt puissant que présentent ses monuments inciteront plu-
sieurs membres à prendre part à ces assises.
M. le Président propose, pour les beaux jours, une excursion à
Puylaroque, où suivant le projet déjà arrêté, une plaque sera
posée par les soins de la Société, pour commémorer le souvenir
de Bérenger Fernand, éminent jurisconsulte du XVI® siècle, né
dans cette ville. Une halte serait faite à Cayriech, qui présente
quelque intérêt.
M. de Gironde donne lecture de ses impressions de voyage à
Avignon et sur le palais de Papes, que des restaurations vont
rendre à son ancien aspect.
M. Marcel Sémezies, de retour d'un voyage en Italie, commu-
nique quelques pages de sensations artistiques sur la ville de
Sienne.
M. Boyer, d'Agen, prépare un volume sur Ingres, dans lequel
seront insérées des lettres du peintre, à MM. Débia et Gilibert,
en 1840 et 1841.
M. Léopold Delisle, Téminent membre de l'Institut, qui a tou-
jours témoigné à notre Société et à plusieurs de ses membres en
particulier, sa vive sympathie, a eu l'occasion de voir M. le Prési-
dent à son dernier voyage à Paris et l'a chargé de le rappeler a
leur bon souvenir. Notre Compagnie est très sensible à cette
délicate attention de l'illustre académicien.
M. le Président en rappelant la mort récente du général
Altmaycr, se fait l'interprète des sentiments de regrets que cette
mort, d'un officier général aussi distingué, cause aux membres de
la Société à laquelle il témoigna sa sympathie pendant son séjour
à Montauban.
M. Herment, présenté par MM. Sémezies et Forestié est élu
pEiembre résidant.
Digitized by
Google
{>ftOCES-VERBAUX DES SEANCES 3 I è
Mm. Delzers, graveur, et Oury, sculpteur, sont élus membres
correspondants.
L'ordre du jour appelle le renouvellement du tiers du bureau.
MM. Forestié, Bourdeau et Sémezies, membres sortants, sont
réélus, à Tunanimité membres du conseil d'administration.
Lb séance est levée à lo h. 1/2.
Le Secrétaire,
Lespinasse.
Digitized by
Google
Digitized by
Google
TABLE PAR ORDRE DES MATIÈRES
PREMIER TRIMESTRE
Pages.
Liste des Membres de la Société v
Composition des diverses sections xv
La Création du Tarn-et-Garonne en 1808 et les poésies de
circonstance, par M. Edouard FORESTIÉ i
Napouleoun à Mountalba (iSoSj, par M. J.-B. CONSTANS-
Manas 22
Armand-Cambon, par M. Pierre Lespinasse 34
Notes sur l'établissement de la Cour des Aides à Montauban,
par M. Henry DE France 53
Procès-verbal de la séance du 6 novembre 1907 64
Notre-Dame de Saux, par M. le Piésident. — Registres
de notaires du xiv« siècle, par MM. Oulé et Forestié.
Procès-verbal de la séance du 11 décembre 1907 69
Communication de M. Saint- Yves. — L'abbaye de
Saint-Pierre de Lacourt, par M. BuzenaC. — Compte-
rendu de l'exposition des beaux-arts, par M. E. Forestié.
Le Thibet, par M. Calhiat. — Pommeaux d'épée, par
M. le Président. — Tumulus de Notre-Dame des misères ;
Habitation troglody tique, par M. SiRÉJOL.
Procès- verbal de la séance du 8 janvier 1908 73
Vœux envoyés et reçus. — Objets d'art des églises, par
M. le Chanoine Pottier.
Procès-verbal de la séance du 5 février 1908 78
Mort de Mgr Fiard et de M. de Reyniès, p. M. le Président .
1908 23
Digitized by
Google
3l8 tAÔLE PAk ORbRË DES MATIERE^
Pages.
— Vœux. — Etat civil de Saint-Urcisse et de Tréjouls
(xviP siècle), par M. Taillefer. —Journal d'un pré-
bende d*Agen (1659). — Les origines de l'Espagne, par
M. SÉMÉZIES. — Lamothe-Cadillac, par M. E. FoRES-
TIÉ. — L'Espéranto, par M. Moissenet.
Notre-Dame de Saux et Montpezat. par M. A. DE ROUMÉ-
JOUX et F. POTTIER • 82
DEUXIÈME TRIMESTRE
Comment s'exécutait un arrêt de justice au XVII« siècle, par
M. Edouard FORESTIÉ , 93
Livrées consulaires, par M. l'abbé Firmin Galabert ... 104
Le registre du Maximum de la commune de Larrazet, par
M. J. Donat. . -. no
Un mot sur la cathédraù de Palma et l'île enchantée de
Majorque, par M. le comte Léopold DE Gironde 118
Pierres tombales effigiées dans le diocèse de Montauban, par
M. le chanoine Fernand POTTIER 124
Un hôtel des Monnaies à Montauban, par M. Henry de
France 133
Coutumes du lieu de Belfort (Beaufort), à Gandalou (juridic-
tion de Castelsarrasin), du 30 septembre 1316, par M. le
docteur BoÉ 142
Procès-verbal de la séance du i-' avril 1908. 154
Mort de M. Félix Regnault. — Conservation du collège
Pa3^roles, à Bruniquel. — Congrès à Saragosse et à La
Flèche. — L'inventaire de la maison Bromet, à Saint-
Antonin. — Communication de M. Moissenet.
Procès-verbal de la séance du 6 mai 1908 156
Réception du lieutenant Hébrard. — Lettre de M. Burton,
président de la Société de3 Pionniers de Détroit. — Com-
munication de M. le comte de Gironde. — Trébuchet
allemand. — Notes de M. Delpey sur son récent voyage
en Italie. — Notes généalogiques importantes sur la sei-
gneurie de Autcastel. — Itinéraire pour aller à Rome au
XV" siècle. — Hommage fait à la Société, par M. Tabbé
Digitized by
Google
TABLE PAR ORDRE DES MATIERES SlQ
Camille Daux, de deux Monographies. — Réception de
M. Cambon, conseiller général de Monclar. — Projec-
tions de la ville de Détroit, envoyées par M. Burton.
TROISIÈME TRIMESTRE
Dariat, par M. Henry DE FRANCE i6i
Le Siège d'AlUze par Jules César. — (Plaquette par Emile
Bonneau, offerte par M. Moissenet à la Société archéo-
logique de Tarn-et-Garonne). — Compte-rendu par
M. Moissenet 183
Montbéqui. — Notes monographiques et Charte de recons-
truction (r' mars 1382), par M. Edouard FORESTIÉ . . . 197
Les deuils et usages funèbres aux environs de Gaillac, par
M. le baron DE Rivière 214
Consultation médicale du docteur Tronchin, par MM.
DE SCORAILLE et docteur Monribot 221
Notes pour servir à l'histoire du département (M. OULÈS). 229
Bibliographie. — Diocèses et ateliers monétaires de l'Em-
pire romain sous le règne de Dioclétien, par M. J.-B.
Mispoulet ; 233
Procês-verbal de la séance de Juin . ' 239
Mort et éloge de M. Couget. — Vente des chapiteaux
provenant de Lagarde-Dieu. — Nomination, comme
Membre titulaire, du colonel DE LA Ruelle.
Procès-verbal de la séance de Juillet 242
Excursion dans TAriège. — Gravures préhistoriques au
Musée de Foix. — Habitation souterraine à Cazillac, par
M. Taillefer (Tuquel de Leygue-Bas. — Larimé. — Laré-
nal) — Travaux de conservation à N.-D. de Saux. —
Journal de bord d'un officier de marine gascon/ signalé par
M. François DE Scoraille. — M. le docteur Baron
nommé Membre titulaire.
Programme de l'excursion dans TAriège, par M. le Chanoine
Pottier 248
Digitized by
Google
320 TABLE PAR ORl»RE DES MATIERES
QUATRIÈME TRIMESTRE
Notice biographique sur Pierre- Alexandre de Parisot de
Durand, par M. Jules Claverie • 253
Parisot et son œuvre, par M. le Marquis de Panât 259
Un coin de la Société montalbanaise à la tin du XVIII® siè-
cle, par M. l'abbé Firmin Galabert 273
Une Vente à la criée à Castelnau-de-Montratier (Lot), en
1324, par M. l'abbé Barthélémy Taillefer 282
Le Registre du Maximum de la commune de Larrazet, par
M. J. Don AT 289
Une Bibliothèque et un Vestiaire de curé de campagne au
XVIII« siècle, par M. l'abbé Barthélémy Taillefer 297
Procès- verbal de la séance de Novembre 304
Les Coffrets de mariage de Montpezat. — Mort du capi-
taine Galinier et du chanoine Cau-Durban. — Une habi-
tation troglodytique à Mansonville. — Guilhem de Tou-
louse, par M. Perbosc, Bibliographie par M. Edouard
Forçstié. — Dépenses faites à l'occasion du passage du
duc d'Angoulême en 1624.
Procès-verbal de la séance de Décembre 312
Buste de Mgr Wàl^, par M. L. Oury. - • L'Ordre des
trois Toisons d'or.
^^*^o@(©<K^o.e-
Digitized by
Google
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
Pages.
Alix (fouilles d') 68
Almanach des spectacles, par M. Albert Soubies 248
Allamira (grotte de). — Communication de M. Cartaillac. 68
Alise (le siège d'), par M. Emile Bonneau. — Compte
rendu par M. Moissenet 183
Altmayer (mort du général) 316
Antinoë (étoffes découvertes à) 68
Arrêt de justice (comment s'exécutait un) au XVII® siècle,
Art (1') suédois et les artistes français en Suède — Com-
munication de M. Lespinasse 308
par M. Ed. Forestié 93, 155
Autcastel (notes généalogiques sur), par M. l'abbé Taillefer. 159
Assiette (F) et le choix du revêtement des chaussées, par
M. Moissenet 312
Assise (notes sur un voyage à), par M. Delpey 159
Belfort (coutumes du lieu), par M. le docteur Boé 143
Bibliothèque (une) et un vestiaire de curé de campagne au
XV1II« siècle, par M. Pabbé Taillefer 299
Braquehaye (Mort de M.) 77
Breuil (l'abbé). — Visite à Bruniquel 154
Bory de Saint- Vincent. — Sa correspondance, publiée par
M. Ph. Lauzun ' 316
Bulle de Pie VI, communiquée par M. de Mandres 79
IQ08 23*
Digitized by
Google
322 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
Pages.
Cadran solaire en bronze 159
Cadres (les) de l'Empire romain » par M. Mispoulet. Notes
par M. Mauquié 312
Cambon (Armand), peintre d'histoire. — Biographie par
M. Pierre Leôpinasse 35
Cathédrale de Reims (la), de M. Demaison. — Don de
Tauteur 66
Caudiirban (mort de M. Pabbé) 307
Caussade, par MM. l'abbé Galabert et Boscus 313
Centenaire du département 239
Châteaux (les grands) de France, don de M. Et. de Mon-
brison. — Compte rendu par M. Lespinasse 66
Chemins (les) de Saint-Jacques, par M. l'abbé Camille Daux. 312
Création (la) du Tarn-et-Garonne en 1808, par M. Ed.
Forestié I
Coffrets de Montpezat 242
Coin (un) de la Société montalbanaise à la fin du XVIII* siè-
cle, par M. Tabbé Galabert 273, 31 \
Communications (les) postales en Rouergue, par M. Cabrol.
— Don de Tauteur 66
Concours littéraire de La Rochelle 66
Congrès des Sociétés savantes 70
Congrès des Sociétés savantes du Sud-Ouest à Pau 76
Congrès à Saragosse 155
Congrès de la Société française d'archéologie 159
Consultation médicale du docteur Tronchin, par M. Fran-
çois de Scoraille et M. le docteur Monribot 220, 247
Couget (mort de M. Alphonse) 240
Cour des Aides (notes sur l'établissement de la) à Montau-
ban, par M. H. de France 53
Coutumes de 1494, par M. l'abbé Taillefer 312
Dariat, par M. H. de France l6i
Décorations à des membres de la Société 79
Delisle (souvenir de M. Léopold) 316
Deuils et usages funèbres aux environs de Gaillac, par
M. le baron de Rivières 214
Digitized by
Google
TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE Î2$
Diocèses et ateliers monétaires de l'empire romain, par
M. J.-B. Mispoulet. — Compte rendu 237
Donjon du Capitole de Toulouse (ancien état). — Photogra-
phie donnée par M. le colonel Caillemer 241
Duc d'Ângoulôme (passage du) à Montauban en 1814;
dépenses faîtes à la préfecture. — Communication de
M. Ed. Forestié : 312
Enfant (V) sous le pinceau des mitres, par M. Le^pinasse. 81
Espagne (les origines de T), par M. Marcel Sémézies 80
Espéranto (Mouvement de T), par M. Moissenet 81
Etat civil (registres de V) de Tréjouls et de Saint -Urcisse,
,par M. Tabbé Taillefer 79
Excursion à Puylaroque et Cayriech 316
Exposition des beaux-arts à Montauban. 65, 71, 76, 159
Fauré (départ de MM. Alphonse et Ernest) 306
Fédération des Sociétés du Sud-Ouest 307
Ferrand (poésie du chanoine) 69, 241
Fiard (mort de Mgr) . 78
Foix et Couzeran. — Excursion de la Société 159, 239
Pièce de vers à cette occasion, par M. Marcel Sémé-
zies 242
Lettre de M. Cartaillac 243
Programme de l'excursion, par M. le chanoine Pot-
tier 248
Folklore (le). — Communication du chanoine Calhiat 66
Galinier (mort du capitaine) 307
Gironde (comte de). — Lettre au Président 157
Grésigne (notes et plans de la motte de la) 70
Guiraud (mort du docteur) •. 68
Guilhot de Lagarde (départ du lieutenant) 66
Digitized by
Google
324 TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE
Habitations troyladyliques à Cazillac. — Communication
de M. Tabbé Taiilefer 243.
Hercule (journal de bord d'un oflScier de 1') en 1778. —
Communication de M. de Scoraille 249
Histoire d'un scholastique du XII® siècle, par M. Fabbé
Camille Daux 16a
Hôtel des monnaies (un) à Montauban, par M. H. de France, 133
Iles Marquises (objets des) 77
Impressions de voyage à Avignon, par M. le comte de
Gironde 316
Impressions de voyage en It^alief par M. Marcel Sémézies.. . 316
Ingres, par M. Boyer-d'Agen 316
Inventaire des camps et enceintes du Lot, par M. Armand
Viré 312
Inventaire de la maison Bromet à Saint- Antonin i5S
Itinéraire pour aller à Rome au XV® siècle, par M. Tabbé
Buzenac i6a
Journal d'un prébende de Saint-Etienne d'Agen 79
Lagarde-Dieu (chapiteaux de l'abbaye de) 240
Lair (mort de M. Auguste) 68
Lamothe-Cadillac (documents nouveaux sur), par M. Ed.
Forestié 80
Lettre de M. Burton, de Détroit 156
Contrat de mariage de Lamothe-Cadillac, par M. Ed.
Forestié 157
Lara et son église, par M. Rumeau. — Don de l'auteur. . . 66
Larazet (les registres du maximum de), par M. J. Donat. . . 110
Leenhardt (départ du professeur) 66, 70
Leran (le château de) 242
Liste des membres de la Société 5
Livrées consulaires, par M. l'abbé Galabert 104
Logement de troupes au XVII® siècle à Saint-Nicolas et
Auvillar 68
Digitized by
Google
TABLE PAR ORDRE ALPHABETIQUE 3^^
Pages.
Montbéqui, notes monographiques et charte de reconstruc-
tion en 1383, par M. Ed. Forestié 197
Montpezat au XVIII® siècle, par M. l'abbé Buzenac 159
Moulins flottants de la Garonne, par M. P. Fontanié. . 239, 247
Moissenet (poésies de M.) 155
Musée Guimet. - Compte rendu par M. le chanoine Calhiat. 71
Musées du Nord et de Stockholm, par M. Lespinasse 71
Napoleoun aMountalba(i8o8), poème patois par J.-B. Cons-
tans-Manas 22
Nazon (le peintre), étude par M. Lespinasse 70
Notre-Dame-des-Misères (tumulus de) 72
Notaire de Molières (registre de), par M. Oulès 67
Notaires de Saint-Nicolas. — Communication de M. Ed.
Forestié 67
Notes pour servir à Thistoire du département, par M. l'abbé
Oulès 229
Notes de voyages de M. Tabbé Marcellin 31.4
Notre-Dame des Gabachons. — Légende par M. Paul Fon-
tanié 315
Objets préhistoriques, trouvés aux grottes des Espehigues,
à Lourdes, donnés par M. Treilhard 65
Ordre de la Boisson de la Stute Observance. — Diplôme
communiqué par M. Ed. Forestié 155
Ordre des Trois-Toisons-d'Or. — Lettre à ce sujet 315
Parizot (notice biographique sur Pierre-Alexandre de), par
M. J. Claverie . . 153
Parizot et son œuvre, par M. le marquis de Panât 259
Palma (un mot sur la cathédrale de), par M. le comte
de Gironde.. 118
Parme et Ravenne (voyage à), par M. le comte de Gironde. 76
Peintres du Limousin 2.^7
Perbosc (Antonin), — Guilhem de Tolosa. — Compte rendu
par M. Ed. Forestié 308
Pierres tombales effigiées dans U* diocèse de Montauban,
par M. le chanoine Pottier. . . , lît'
Digitized by
Google
326 TABLE PAR ORDRE ALPHABETIQUE
Paflfes.
Pommeaux d'épée, par M. le chanoine Pottier 72.
Poteries d'Auvillar. — Documents signalés par M. le doc-
teur Belbèze 308
Préhistoriques (fouilles) de Bruniquel ... 243
Procès -verbaux des séances :
6 novembre 1907 65
1 1 décembre 1907 69
8 janvier 1908 73
5 février 1908 78
1" avril 1908 151
6 mai 1908 156
4 juin 1908 239
9 juillet 1908 ' 242
4 novembre 1908 30 [
3 décembre 1908 312
Quelques jours à Berlin, par M. René de Vivie. — Don de
Tauteur 66
Regnault (mort de M. Félix) 154
Ses dons au musée de Toulouse 243
Reyniès (mort de M. Tabbé de) 78
Saint-Pierre de Lacourt, note par M. l'abbé Buzenac 70
Saint-Yves. — Communications au Congrès des Sociétés
savantes , 70, 78
Le Pas-de-Calais de i8d3 à 1810 71
Sarrebayrous (mort de M.). 76
Saux (visite à Notre-Dame de), par M. le Président 67
Photographies Je Notre-Dame de Saux 76
Notice sur Notre-Dame, par MM. de Rouméjoux et
Pottier 82
Etat de ce monument 246
Sceau orbiculaire du XIV'' siècle trouvé à Sapiac 79
Seigneur quercynois du XV* siècle, par M. l'abbé Taillefer. 76
Digitized by
Google
tABLE PAft ORDRE ALt>HABETIQUE Î'I')
Sépultures ovoïdes à Saint-Etienne-de-Tulmont, par M. de
Séverac 2.|6
Sépultures Scandinaves dans l'Aveyron . . . ., 246
Société de Saint-Jean (exposition de la), par M. le comte
de Gironde 241
Teyssier (départ du docteur) 66
Trébuchet allemand du XVII® siècle 159
Trésor numismatique trouvé à La Roque Bruniquel 79
Trésors des églises 77
Vente à la criée (une) à Castelnau-de-Montratier en 1324,
par M. l'abbé Taillefer 282
Vie privée de Louis XI, par Alfred Gandilhon. — Compte
rendu par M. Sémézies • 246
Vœux adressés par la Société ou reçus par elle à l'occasion
du nouvel An 73> 79
Volontaire (une femme), par M. Paul Fontanié 67
Digitized by
Google
Digitized by
Google