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Full text of "Bulletin bibliographique et pédagogique du Musée belge"

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Nri>L  RESEARCH  UBRAMES 


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Onzième  année.  —  N«  i. 


i5  Janvier  1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PEDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE   PHILOLOGIE  CLASSIQUE 

PUBUiB  SOUS  LA  DDtHCTION  Dl 


F.  GOLLARD 

A  L*UNIVKRSITi  DB  LOUVAIM 


J.  P.  WALTZINO 

PROFBSSBUft  A  L'uNIVERSiré  DB  UBGB 


Paralcsut  tout  les  nois,  à  rexospUoa  dss  mois  d'aofll  et  ds  ssptsmbrs 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

20,   RUB  DB  NAMUR,    20 

BERLIN 


PARIS 

A.  FONTEMOING 

4,  rue  Le  Goff 


R.  FRIEDLAENDER  ET  FILS 
Caristrasse,  ii,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.    Bang,  W.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Bischoff,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Collard,  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
De  Genleneer,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  O.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège.  ^ 

Halkin,  L.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Ch.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  k  Louvain. 
Mœller,  CHi.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Remy,  B.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Gacd. 
Sencie,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
"Waltzing,  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
"Willems,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  'WALTZING,  0,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  BI  J  P.  Waltzing,  pro/o$seur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pmx,  Liège. 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  F.  Collard, 
prolesseur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold,  22^  Louvain. 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
ncmment  est  fixé  k  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  l^'s  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  k  M.  On.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  dix  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  3â0  k  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provtaolremeiit,  les  abonnés  pourront  se  procuror  une 
ou  plusieurs  de  ces  dix  années  au  prix  de  T  fr.  KO  par 
année*  le  port  en  sus. 


BULLETIN 
BIBUOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE  DE  PHILOLOGIE  CLASSIQUE 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 


DU 


MUSÉE   BELGE 


REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBUÉB  SOUS  LA  DIRECTION  DE 


GOLLARD 

L  A  L'umvBRsrri  db  louvaim 


J.  P.  IVALTZINO 

I  PKOPBSSBUR  A  l'UNIVERSIT^  DB  UBOB 


Onzième  Année.  —  Tome  XI 


1907 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

30,   KUB  DB  NAMURy    20 

BERLIN 


PARIS 

A.   FONTEMOING 

4,  rue  Le  GoflT 


R.  FRIEDLAENDER  ET  FILS 
Carlstrasse,  ii,  N.  W 


THE  NEW  YORK 
PUBLIC  LIBRARY 

320374 A 

ASTOR,  LENOX  AND 

TILDEN  FOUNDATIONS 

I{  1927  JL 


Onzième  annéb.  —  No  i.  i5  Janvier  1907. 


Bnlletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 

IfÉLANGES. 

Fouilles  de  Délos  en  1906. 

Le  déblaiement  de  l'antique  Délos  se  poursuit  d'une  façon 
continue  et  méthodique.  Chaque  année,  de  nouy^ux.  nionuments 
sortent  de  terre,  des  quartiers  entiers  de  Tancienne  ville  sont  mis  à 
jour  ;  les  statues,  les  inscriptions,  les  objets  mobiliers  de  toutes  sortes 
s'accumulent,  au  point  que  le  musée,  à  peine  construit,  devient  déjà 
trop  étroit.  La  campagne  de  1906  n*a  été  ni  moins  intéressante,  ni 
moins  fructueuse  que  les  précédentes.  Deux  édifices,  situés  au  Nord 
du  sanctuaire,  ont  été  entièrement  déblayés  ;  c'est  d'abord  une  vaste 
construction  en  granit,  sorte  d'entrepôt  commercial,  dans  le  genre 
de  la  sckola  des  Italiens  et  de  rétablissement  des  Poseidoniastes, 
précédemment  fouillés  ;  ensuite  le  Portique  des  Cornes^  ainsi  appelé  à 
cause  des  têtes  de  taureaux  qui  en  décoraient  les  thglyphes.  On  a  eu 
l'heureuse  chance  de  mettre  la  main  sur  plusieurs  fragments  de 
Tinscription  monumentale  qui  était  gravée  sur  l'architrave.  Le 
quartier  de  la  ville  qui  s'étend  entre  le  théâtre  et  le  sanctuaire,  est 
maintenant  presque  complètement  fouillé.  Parmi  les  nombreuses 
découvertes  quon  y  a  faites  au  cours  de  la  dernière  campagne,  il 
convient  surtout  d'en  signaler  une  :  dans  la  cour  d'une  maison,  on  a 
trouvé,  in  situ^  une  base  inscrite,  ayant  supporté  les  statues  du  pro- 
priétaire Dioskouridès,  et  de  son  épouse,  Cléopâtre.  D  après  l'inscrip- 
tion, il  est  établi  que  la  maison,  et  par  conséquent,  tout  le  quartier 
auquel  elle  se  rattache,  date  de  la  fin  du  ii«  siècle  avant  Jésus-Christ. 
C'est  là  un  repère  chronologique  de  la  plus  haute  importance.  Les 
statues  de  Dioskouridès  et  de  Cléopâtre  ont  été  retrouvées  au  milieu 
des  déblais  ;  quoique  d'une  facture  un  peu  banale,  elles  sont  cepen- 
dant intéressantes,  surtout  au  point  de  vue  de  l'étude  de  la  draperie 
à  la  frn  de  la  période  hellénistique.  Outre  ces  statues,  il  faut  encore 
mentioimer  au  nombre  des  principales  œuvres  de  sculpture  prove- 
nant des  dernières  fouilles  :  une  tête  colossale  de  Dionysos  ;  une 
Artémis  à  la  biche  ;  une  Polymnie  ;  un  Hermès  drapé  ;  un  Priape 


LE  MUSÉE    BELGE. 


hermaphrodite  ;  et  enfin  six  lions  archaïques,  qui  décoraient  ixne 
terrasse  située  à  TOuest  du  lac  sacré.  Des  sondages,  pratiqués  daxis 
différents  endroits  du  sanctuaire,  ont  amené  la  découverte  cl*un 
grand  nombre  de  fragments  de  vases  archaïques.        F.  Mayencb. 


PARTIB   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

I.  —  A.  Dleterlch,  Mutter    Erde.  Ein    Versuch  iiber    Volksreligûm. 

Teubner,  Leipzig,  igoS.  124  p.  4  m. 

M.  Dieterich  dans  ce  livre  publie  la  première  partie  d'une  étude 
sur  les  religions  populaires  ;  l'ouvrage  complet  comprendra  un 
deuxième  chapitre  sur  les  Formes  du  rite  magique  et  un  troisième 
sur  les  Formes  de  la  révélation  divine. 

Les  premières  pages  sont  consacrées  à  Texposé  des  grandes  lignes 
de  la  méthode  qu'il  entend  suivre  dans  son  étude.  Nous  y  reviendrons. 
L'objet  du  livre  est  de  faire  connaître  les  traces  du  culte  de  la  Terre- 
Mère,  principalement  dans  le  monde  gréco-romain.  Il  commence 
par  Texposé  de  trois  usages  rapportés  par  des  écrivains  latins  :  Tenfant 
était  déposé  à  terre  après  sa  naissance  et  relevé  ;  —  les  petits  enfants 
n'étaient  pas  incinérés  mais  inhumés  ;  —  un  malade  en  danger  de 
mort  était  déposé  sur  le  sol.  M.  Dieterich  s'efforce,  par  des  rappro- 
chements avec  des  usages  similaires  dans  le  monde  civilisé  et  chez 
les  peuples  sauvages,  de  prouver  que  ces  coutumes  sont  autant  de 
manifestations  d'un  culte  de  la  Terre-Mère,  c'est-à-dire  de  la  Terre 
considérée  comme  celle  qui  donne  la  vie,  et  comme  celle  qui  la 
reçoit  et  la  dispense  ensuite. 

L'analyse  de  ces  faits  concrets  précède  l'exposé  de  la  thèse  géné- 
rale. M.  Dieterich  prouve  d'abord  l'existence  d'une  Terre-Mère  en 
Grèce  par  des  témoignages  d'écrivains,  puis  par  le  culte.  Ces  faits 
cultuels  sont  empruntés  à  l'Attique.  L'auteur  passe  ensuite  (III,  p.  5g) 
au  reste  du  monde  grec.  Ici,  comme  il  le  dit,  les  faits  ne  prouvent 
pas  toujours  clairement  l'existence  d'une  Terre-  Mère,  mais  seulement 
ou  bien  l'adoration  de  la  Terre  ou  l'adoration  d'une  déesse  Mère. 
En  conséquence,  M.  Dieterich  divise  son  exposé  et  traite  séparément 
du  culte  de  la  Terre  et  d'une  Mère.  Nous  retombons  ici  dans  des 
preuves  de  l'existence  d'une  Terre- Mère  dans  le  monde  grec. 
M.  Dieterich  en  poursuit  les  traces  dans  la  littérature  chrétienne 
jusque  S.  Grégoire  de  Nazianze.  Dans  ce  chapitre  se  trouve  déve- 
loppée cette  idée  que  c'est  autour  d'une  divinité-mère  que  se  sont 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


formés  et  développés  les  mystères  ;  une  de  leurs  idées  maîtresses  était 
que  l'homme  devenait  Tenfant  de  la  divinité. 

L  auteur  passe  dans  son  §  IV  au  monde  romain,  dans  lequel  il 
rencontre  le  culte  de  la  Terre-Mère  sous  le  nom  de  Telltts  ou  Terra 
MûUr,  Cette  divinité  s'est  effacée  devant  d'autres  qui  ont  pris  sa  place 
/sis,  Magna  Mater.  Dans  ces  divinités  plus  individualisées,  l'idée  de 
la  Terre  était  affaiblie,  mais  celle  de  la  Mère  restait.  Cette  dernière 
idée  s'est  encore  effacée  ;  les  divinités  mères  ont  dû  reculer  devant 
llnvasion  de  divinités  masculines,  venant  de  l'orient  perse  (Mithra) 
et  des  contrées  sémitiques.  Le  christianisme  leur  a  donné  le  coup  de 
grâce. 

Le  culte  de  la  Terre-Mère,  principe  fécond  de  toute  vie,  appelait 
celui  du  principe  fécondant,  le  ciel,  d'où  tombe  la  pluie  et  d'où  part 
le  rayon  de  soleil.  Une  assimilation,  sur  laquelle  l'auteur  revient  avec 
complaisance,  entre  le  phénomène  de  la  germination  et  celui  de  la 
procréation  des  animaux,  a  amené  le  culte  du  phallos  et  l'usage  de 
rites  phalliques.  Ils  sont  nombreux  ;  il  ne  dépend  pas  de  M.  Dieterich 
qu'ils  le  soient  plus  encore,  comme  le  montre  l'interprétation  brutale 
et  extravagante  du  symbolisme  usité  par  l'Église  dans  la  bénédiction 
de  l'eau  le  Samedi-Saint  (pp.  114  et  ii5).  Le  §  VII  est  consacré  à 
rechercher  les  dernières  traces  du  culte  ou  plus  exactement  de  l'ado- 
ration d'une  mère  dans  le  christianisme.  Celui-ci,  M.  Dieterich  le 
reconnaît,  a  combattu  avec  décision  cette  forme  d'un  culte  latrique. 
Toutefois,  dit  M.  Dieterich,  il  se  trouva  trop  faible  pour  comprimer 
ce  besoin  invincible  qu'a  lliumanité  d'une  déesse  mère.  Et  M.  Diete- 
rich s'en  va  déterrer  comme  preuve,  dans  la  traduction  d'un  texte 
araméen  de  l'Évangile  des  Hébreux,  le  genre  féminin  et  le.  nom  de 
mère  donnés  au  S^Esprit,  alors  qu'en  fait  tout  se  réduit  à  une  erreur 
grammaticale  ou  plutôt  à  une  traduction  trop  matérielle.  Il  en  donne 
une  autre  preuve  plus  inattendue  :  c'est  le  titre  de  Mère  donnée  à 
l'Église  dans  les  premiers  écrivains  ecclésiastiques  et  sans  interrup- 
tion depuis  lors  (pp.  117  et  118). 

La  foi  chrétienne,  M.  Dieterich  aurait  dû  dire  juive,  à  la  résurrec- 
tion des  morts,  doit  quelque  éclaircissement,  pense-t-il,  au  culte  de  la 
Terre-Mère.  Il  en  apporte  comme  preuve  cette  comparaison  de 
S.  Paul  I  Cor.  i5.35,  pourtant  si  naturelle,  entre  le  corps  mis  en  terre 
et  en  sortant  rajeuni  —  et  le  grain  jeté  dans  le  sillon  et  donnant 
naissance  à  une  nouvelle  plante. 

Tel  est  le  résumé  du  livre.  Il  contient  de  bonnes  choses.  Je  signale 
cntr'autres  l'interprétation  de  la  levatio,  de  la  depositio  ;  l'hypothèse 
de  l'origine  populaire  des  religions  mystérieuses  ;  l'existence  des 
restes  phalliques  dans  les  cérémonies  d'initiation  ;  on  comprend  par 


LE   MUSÉE   BELGE. 


Texplication  de  M.  Dieterich  comment  ces  rites  immoraiix  ont  pu 
s'allier  à  la  pensée  d'une  renatio.  En  particulier,  il  y  a,  p.  1 12  et  suiv., 
une  nouvelle  et  heureuse  interprétation  de  Tobscure  inscription  dix 
Metrôon  de  Phaistos  (Athen.  MiU.^  XVIII,  p.  272). 

Mais  la  lecture  du  livre  est  laborieuse.  M.  Dieterich  ne  vise,  dans 
la  composition,  ni  à  la  clarté  ni  à  une  suite  d*idées  bien  logique.   I^^gs^ 
digressions,  les  retours  sont  fréquents.  De  plus,  M.  Dieterich  n'a  pas 
voulu  être  complet,  vraisemblablement.  Ce  n*est  pas  un  tat>leau 
achevé  des  manifestations  du  culte  de  la  terre  que  contient   son 
livre  ;  les  lacunes  dans  les  sources  littéraires  et  dans  les  sources 
figurées  sont  nombreuses,  et  Ton  se   demande,  sans  trouver    une 
explication  suffisante,  pourquoi  certaines  sources  sont  citées    par 
M.  Dieterich  et  d'autres  sont   omises.  Je  crois  que   Texplication 
dernière  en  est  que  M.  Dieterich  a  voulu  donner  surtout  un  spéci- 
men de  sa  méthode,  en  esquissant  d'après  elle  les  grandes  lignes 
d'un  sujet  d'histoire  religieuse.  C'est  sous  cet  aspect  que  nous  allons 
considérer  le  livre  et  le  discuter. 

La  méthode  d'histoire  religieuse  suivie  par  M.  Dieterich  comprend 
des  principes  fondamentaux,  des  postulats,  d'où  découlent  des  critères 
particuliers.   Les  uns  et  les  autres  peuvent  être  ramenés  à  quatre. 
1**  La  religion  de  l'homme  primitif  était  la  magie  ;  la  magie  est  même 
l'explication  de  tout  ou  à  peu  près  tout  l'homme  primitif.  2^  Là  où 
l'on  a  le  plus  de  chances  et  même  la  quasi  certitude  de  retrouver  cette 
religion  primitive,  c'est  dans  la  religion  des  couches  inférieures,  les 
moins  cultivés  de  la  société.  Celles-là  en  effet  sont  très  peu  exposées 
aux  influences  capables  d'altérer  leurs  croyances.  La  religion  qu  elles 
professent,  c'est  l'ancienne  religion  que  les  classes  cultivées  n'ont 
pas  conservée.   Abandonnée  par  les  gens  instruits,  mais  conservée 
routinièrement  par  les  classes  inférieures,  elle  est  devenue  supersti- 
tion. Ce  sont  donc  les  superstitions  qu'il  faut  étudier  pour  retrouver 
la  religion  primitive.  3°  Des  deux  parties  que  contient  toute  religion, 
les  dogmes  et  le  culte,  M.  Dieterich  préconise  la  supériorité  du  culte 
comme  représentant  des  idées  religieuses  d'un  peuple.  Tandis  que 
les  croyances  évoluent  sous  des  causes  diverses,  le  culte  reste  immo- 
bile. Les  actes  du  culte  qui  relèvent  le  mieux  le  caractère  d  une  reli- 
gion sont  ceux  qui  concernent  la  naissance,  le  mariage  et  la  mort. 
40  M.  Dieterich  est  franchement  de  l'école  comparative  anthropolo- 
giste.  Pour  expliquer  les  usages  religieux  gréco-romains,  il  recourt 
non  seulement  à  la  civilisation  germanique,  mais  encore  et  même 
surtout  aux  mœurs  des  peuples  non  civilisés. 

Je  vais  reprendre  chacun  de  ces  postulats  et  les  discuter;  j'aurai 
l'occasion,  au  coiws  de  cette  discussion,  de  rencontrer  certaines  affir- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


mations  ou  conclusions  particulières  éparses  dans  le  livre  de  M.  Die- 
terich. 

I*  L^homme  primitif  avait  la  magie  comme  religion.  Cette  idée 
n'est  pas  personnelle  à  M.  Dieterich;  elle  a  pour  auteur  principal 
M.  Frazer.  M.  Dieterich  ne  doute  aucimement  de  sa  vérité.  Selon 
les  habitudes  de  Técole,  il  reconstitue  l'état  mental  et  moral  de 
l'homme  primitif;  il  décrit  avec  assurance  ce  qui  lentourait  et  l'im- 
pression que  cela  faisait  sur  lui.  Les  phénomènes  naturels  appa- 
raissaient à  l'homme  primitif  comme  autant  d'actes  magiques  ;  contre 
eax  il  se  défenditpar  d'autres  actes  magiques.  Tout  cela  est  affirmé 
avec  une  sérénité  d'ailleurs  très  compréhensible,  attendu  que 
le  contrôle  de  ces  affirmations  est  impossible  ;  ces  constructions 
sont  des  créations  presque  ex  nihilo.  Pourtant,  non  I  L'école 
prétend  avoir  un  fondement,  elle  croit  avoir  trouvé  un  type 
de  l'homme  primitif  dans  le  sauvage.  On  peut  le  nier  purement 
et  simplement.  Le  sauvage  n'est  pas  l'homme  primitif  ;  il  a  derrière 
lui  un  passé  de  milliers  et  de  milliers  d'années,  et  ce  passé  est 
absolument  inconnu.  Même  le  type  sauvage  n'existe  pas.  Il  y  a  des 
sauvages;  mais,  quand  au  moyen  des  types  particuliers  on  veut 
constituer  le  concept  général  du  sauvage,  le  t)rpe  se  simplifie  telle- 
ment que  Ton  en  arrive  à  la  notion  purement  négative  de  non-civi- 
lisé. L'abus  que  l'on  fait  de  l'expression  homme  primitif  n'a  d'égal  que 
celui  qui  se  pratique  du  mot  magie.  Ici  encore  et  surtout,  le  vague  du 
concept  facilite  les  fantaisies  et  les  extravagances.  Dans  le  dernier  n*> 
de  ÏAfchiv  fUr  Religionswissenscha/t,  p.  417  et  suiv.,  M.  R.  M.  Meyer 
en  a  dressé  une  longue  liste,  qui  n'a  pas  épuisé  la  matière.  Je  me 
hâte  d'ajouter  que  M.  Dieterich  ne  tombe  pas  dans  ces  excès  ;  je  ne 
sais  cependant  si  certaines  pages  (p.  e.  32  à  35)  n'en  approchent  pas. 

20  M.  Dieterich  a  sur  la  nature  des  religions  populaires  des  idées 
qui  me  paraissent  aussi  très  contestables.  Tout  d'abord  l'expression 
elle-même  religion  populaire  a  un  sens  vague  qui  permet  tous  les  équi- 
Toques.  Dans  une  société  où  il  y  a  deux  classes  de  personnes,  l'une 
aristocratique,  l'autre  plébéenne,  je  sais  bien  où  sera  la  religion  popu- 
laire. Mais  sera-t-elle  d'une  autre  nature  que  la  première  ?  pas  néces- 
sairement. S'il  s'agit  au  contraire  d'une  société  homogène,  où  sera  la 
religion  populaire  ?  Je  crois  que  M.  Dieterich  veut  dire  a  religion 
d'une  société  non  cultivée  ».  Je  ne  sais  pas  d'ailleurs  si  lui-même  a 
toujours  bien  présent  à  l'esprit,  et  cela  dans  toute  sa  netteté,  le  concept 
de  «  religion  populaire  ».  S'il  Ta,  alors  la  valeur  de  certaines  sources 
où  il  prétend  la  trouver  est  tiès  contestable,  p.  e.  Hésiode,  Pindare, 
Euripide,  Xénophane  des  inscriptions  ftihéraires  métriques  et  les 
écrits  de  l'orateur  très  cultivé  S.  Grégoire  de  Nazianze.  M.  Dieterich 


lO  LE    MUSÉE   BELGE. 


aurait  dû,  en  tête  de  cette  dissertation  sur  un  sujet  si  spécial  et    si 
obscur,  passer  en   revue   les  sources  littéraires,  épigraphiques    e* 
figurées  et  préciser  celles  qui  lui  paraissent  contenir  d*une  façon 
certaine  ou  probable  la  religion  populaire,  celles  qui  l'excluent.  L<es 
quelques  indications  qu'il  donne  sur  ce  point  sont  manifestemexit^ 
insuffisantes.  M.  Dieterich  a  aussi  sur  la  religion  des  classes  non 
cultivées  des  idées  que  je  ne  puis  partager.  Il  peut  se  faire  qu'uno 
forme  religieuse  abandonnée  par  les  classes  instruites  plus  souples 
soit  conservée  dans  les  classes  inférieures.  Mais  le  contraire  peut 
aussi  avoir  lieu  ;  il  n  est  pas  vrai  que  celles-ci  ne  se  transforment  pas. 
Où  est  la  preuve  de  cette  affirmation  de  M.  Dieterich?  Tout  changée 
sur  la  terre.  Il  n'est  pas  vrai  non  plus  qu'elles  ne  sont  pas  accessibles 
aux  influences;  elles  sont   accessibles  à  l'influence  des  exemples, 
des  conseils,  etc.,  qui  leur  arrivent  des  classes  supérieures.  L'histoire 
religieuse  de  tous  les   peuples  n'est-elle   pas  la   démonstration  de 
cette  vérité?  En  vain  donc  M.  Dieterich  espère-til  trouver  dans  la 
religion  des  couches  non  cultivées  la  forme  ancienne  de  la  religion. 
Si  dans  un  cas  donné  cela  peut  être  vrai,  c'est  faux  comme  postulai, 
comme  principe  général  propre  à  diriger  les  recherches  ;  ce  critère 
ne   donne   aucune    assurance.    En  fait     M.    Dieterich  verse   dans 
l'erreur  commune  à  toutes  les  écoles  d'exégèse  m)^hologique  qui  se 
sont  succédé  ;  chacune  a  transformé  un  icas  particulier  en  système, 
en  dogme,  et   a   voulu   adapter  les  faits  particuliers   à  ce  lit  de 
Procuste.  Quand  donc   M.   Dieterich  est  arrivé  à  établir  que  tel 
usage  appartenait  à  la  religion  du  peuple,  il  lui  reste  à  prouver  que 
cette  forme  religieuse  est  ancienne,  et  pour  cela  le  critère  dont  il 
use  n'a  aucune  valeur,  il  doit  procéder  par  l'enquête  historique. 
Je  sais  bien  que  celle-ci,  dans  un  très  grand  nombre  de  cas,  ne 
donne  aucun  résultat,  parce  que  les  recherches  nous  conduisent 
immédiatement  au-delà  des  limites  de  l'histoire.  C'est  malheureuse- 
ment vrai.   Il  est  des  choses  que  nous  devrons  toujours  ignorer; 
c'est  sagesse  de  se  résigner  à  cette  ignorance  et  c'est  loyauté  de 
l'avouer;   on  épargne  ainsi  à  soi-même  et  au  reste  de  l'humanité 
une  grande  perte  de  temps.  L'école  anthropologique  l'oublie  trop 
souvent.  Voilà  pourquoi  je  crains  bien  qu'il  ne  reste  fort  peu  de 
choses  des  grands  efforts  que  nous  la  voyons  tenter. 

3®  Il  y  a  une  grande  part  de  vérité  dans  l'importance  qu'apporte 
M.  Dieterich  au  culte  comme  témoin  des  idées  religieuses  ;  il  est 
certain  que  le  culte  est  en  effet  plus  stable.  Mais  la  chose  n'est  pas 
cependant  aussi  simple  que  le  pense  M.  Dieterich,  fidèle  en  cela 
d'ailleurs  à  la  façon  simpliste  usitée  dans  l'école.  D'abord,  il  n'est  pas 
exact  que  le  culte,  même  le  culte  populaire,  se  cristallise,  ne  subisse 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUB.  II 


aucune  modification  ;  les  influences  extérieures  et  intérieures 
amènent  des  changements  soit  par  accroi&<«ement,  soit  par  diminu- 
tion, soit  par  transformation.  Puis,  ces  formes,  il  reste  encore  à  les 
comprendre.  Pour  beaucoup,  nous  ne  connaissons  plus  les  circon- 
stances qui  ont  motivé  leur  institution.  La  première  règle  de  Tinter- 
prète  dans  son  travail  délicat  d*exégèse,  c'est  donc  de  tenir  présents 
à  l'esprit  toutes  les  explications  possibles  ;  quand  il  s*est  décidé  en 
faveur  d'une,  il  doit  contrôler  son  hypothèse  par  les  faits,  entr*autres 
par  l'histoire  des  rites.  On  verra  tout  à  l'heure  si  M.  Dieterich 
observe  cette  prescription  élémentaire  de  la  logique  de  rh)rpothèse. 

Les  actes  du  culte  trouvent  leur  explication  naturelle  dans  les 
paroles  liturgiques.  Sur  ce  point,  l'interprétation  de  M.  Dieterich  a 
pour  caractère  une  tendance  marquée  à  donner  aux  symboles  et  aux 
métaphores  un  sens  propre.  Il  va  moins  loin  sous  ce  rapport  dans  la 
Mutter  Erde  que  dans  la  Mithraslitutgie  ;  mais  il  n*en  tire  pas  moins 
ici  encore  des  métaphores  et  des  symboles  des  conclusions  absolu- 
ment inattendues,  (i)  Exemple.  Quoiqu'en  pense  M.  Dieterich.  il 
n'est  rien  de  plus  naturel  que  l'assimilation  de  la  germination  des 
plantes  et  de  la  procréation  des  animaux.  Il  est  possible  que  certains 
peuples,  frappés  de  cette  ressemblance,  aient  attribué  à  la  terre  et  au 
ciel  une  action  commune  analogue  au  phénomène  de  la  reproduction 
dans  le  règne  animal.  Mais  interpréter,  sans  plus,  les  métaphores  de 
ce  genre  comme  des  survivances  d'un  culte  de  la  Terre  Mère,  c'est 
de  la  fantaisie,  c'est  faire  violence  à  la  nature  des  choses.  En  voici 
une  preuve.  De  l'aveu  de  M.  Dieterich, les  peuples  sémitiques  et  en  tout 
cas  les  Hébreux  ont  été  antipathiques  au  culte  maternel.  Or,  combien 
de  fois  cette  métaphore  ne  revient  elle  pas  dans  les  livres  de  l'ancien 
testament,  et  cela  sous  des  couleurs  vivaces  que  ne  lui  ont  jamais 
données  les  peuples  occidentaux  I  In  stillicidiis  ejus  terra  îaetabitur  germi- 
nans,  lit  on  dans  un  psaume. 

La  façon  simpliste  dont  M.  Dieterich  use  des  métaphores  comme 
critères  amène  quelquefois  des  méprises  un  peu  plaisantes.  Dans  les 
premiers  siècles  du  christianisme,  l'Église  a  été  appelée  une  mère,  et 
Ton  a  continué  depuis.  Croirait-on  que  M.  Dieterich  y  voit  une 
preuve  de  la  perdurance  dans  le  monde  chrétien  du  besoin  d'une 
divinité  mère,  et  de  la  réapparition  de  cette  divinité  sous  cette  forme 
adoucie,  malgré  la  compression  exercée  sur  ce  sentiment  par  le 
christianisme  héritier  en  cela  des  idées  sémitiques  ?  Or,  il  se  fait  que 
si  l'Eglise  a  été  regardée  comme  une  mère,  c'est  que  le  mot  était  du 

(i)  On  peut  lire  la  réfutation  de  cette  manière  de  raisonner  dans  E.  Bittlinger, 
Die  Materialisirung  religiôser  Vorstellungen  Tûbingen  igoS. 


12  LE    MUSÉE   BELGE. 


genre  féminin.  Imagine-t-on  que  Ton  dise  :  V Église^  mon  phre  !  Sxx'jp - 
posez  que  le  mot  ait  été  masculin,  on  aurait  probablement  appelé 
tout  aussi  métaphoriquement  rÉglise /^^, et  alors  M.  Dieterich,  avec 
son  S3rstème,  y  aurait  pu  voir  une  preuve  de  lapuissance  avec  laquelle  le 
christianisme  avait  combattu  l'idée  d'une  déesse  mère  et  de  la  substi  - 
tution  qu'il  avait  opérée  pour  l'expulser.  Ce  serait  tout  aussi  vain  ! 
Au  nombre  des  interprétations  forcées,  je  mets  encore  le  passage  de 
Cic.  de  Leg.  II  63  (p.  48)  où  l'adverbe  quasi  montre  clairement  le 
sens  métaphorique  donné  par  Cicéron  à  sa  citation. 

4®  M.  Dieterich  use  largement  de  la  méthode  comparative  ;  les 
termes  de  ses  comparaisons,  il  les  cherche  de  préférence  chez  les 
peuples  non  civilisés,  qui  —  c'est  un  dogme  de  l'école  —  représentent 
le  plus  exactement  l'homme  primitif.  Il  n'est  pas  dans  ma  pensée  de 
condamner  ces  rapprochements  ;  mais  il  l'est  tout  aussi  peu  de  leur 
attribuer  une  valeur  probante  quelque  peu  sérieuse.  Cette  méthode 
a  le  défaut  de  procéder  par  abstraction.  Un  usage,  quel  qu'il  soit,  ne 
se  comprend  que  dans  son  milieu  moral,  dogmatique,  économique,  etc. 
Or  la  méthode  comparative  trop  souvent  extrait  un  usage  du  milieu 
qui  l'explique,  et  ainsi  isolé  l'interprète  ;  elle  a  naturellement  beau 
jeu  alors  pour  lui  donner  tel  ou  tel  sens  selon  les  exigences  de  la 
thèse  à  démontrer.  C'est  là  un  défaut  radical,  essentiel.  Il  fait  que 
beaucoup  de  ces  rapprochements,  très  ingénieux  d'ailleurs,  n'ont  pas 
une  valeur  supérieure  à  celle  de  curiosités  ethnographiques   L'école 
comparative,  malheureusement,  ne  les  considère  pas  comme  telles, 
mais  bien  comme  de  véritables  conclusions.  Celles  de  M.  Dieterich, 
à  part  Tune  ou  l'autre  absolument  déconcertante,  ne  sont  pas  plus 
irrationnelles  que  celles  qu'on  lit  habituellement.  Comme  les  spécia- 
listes en  cette  matière,  il  ne  se  fait  aucun  scrupule  d'enlever  un 
phénomène  à  son  milieu  connu  et  de  l'interpréter  comme  une  abstrac- 
tion. On  peut  dire  que  pratiquement,  si  pas  théoriquement,  l'histoire 
compte   très  peu  pour  l'école  comparative  anthropologiste  :  une 
ressemblance  extérieure  suffit  ;  immédiatement,  sans  plus  d'investi- 
gations, on  se  précipite  à  la  conclusion.  En  voici  deux  exemples. 
M.  Dieterich,  on  se  le  rappelle,  a  parlé  de  mourants  que  Ion  dépose 
sur  le  sol  avant  leur  dernier  soupir,  afin,  dit  Servius,  qu'ils  rendent 
leur  âme  à  la  terre,  trésorière  et  dispensatrice  de  toute  vie.  Un  évêque 
allemand  du  xi«  siècle  et  S.  François  d'Assise,  à  leur  dernier  moment, 
se  sont  fait  mettre  aussi  sur  le  sol.  M.  Dieterich  rapporte  les  deux 
faits  à  un  endroit  de  son  livre  où  ils  doivent  apparaître  comme  des 
suivivances,  absolument   inconscientes  d'ailleurs,   du  culte  de  la 
Terre.  On  cherche  vainement  une  preuve.  Oui,  M.  Dieterich  dit  que 
S.  François  a  emprunté  des  usages  à  la  vie  populaire  (p.  26,  n«  2). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l3 


Mais  est  ce  que  dans  le  voisinage  de  S.  François  cet  usage  existait  ? 
M.  Dieterich  cite  cet  usage  en  Allemagne,  pas  en  Italie.  Puis, 
dans  ces  pays  du  nord,  quelle  valeur  attribuait-on  à  cette  pratique! 
Et  enfin,  M.  Dieterich,  bien  qu'il  n'en  dise  mot,  n'oserait  contester 
que  Tévêque  allemand  et  le  saint  d'Assise  ont  été  mus  exclusivement 
par  des  pensées  d'humilité  et  de  pénitence.  Au  reste  il  serait  facile 
d'accroître  ici  l'érudition  de  M.  Dieterich.  S.  Louis  doit  être  mort 
de  la  sorte  à  Tunis  ;  toutes  les  Carmélites  meurent  encore  de  cette 
façon  humiliée,  ainsi  que  les  Trappistes.  Toute  cette  documentation 
serait  peut-être  aussi  curieuse  que  les  deux  exemples  apportés,  mais 
tout  aussi  vaine.  Le  second  fait  de  survivance  inconsciente  du  culte 
de  la  Terre-Mère  c'est,  dit  M.  Dieterich,  le  cas  du  «  fanatique  évêque 
de  Metz  interdisant  la  sépulture  d  un  protestant  dans  le  cimetière 
catholique  de  Fameck  »  (p.  52  sq.).  M.  Dieterich  l'affirme  sur  un 
simple  rapprochement  avec  ime  interdiction  prononcée  par  le 
droit  athénien  d'inhumer  en  terre  attique  les  auteurs  de  certains  for- 
faits particulièrement  graves.  Cette  prescription  est  vraie  ;  mais 
qu'elle  se  rattache  au  culte  de  la  Terre,  c'est  l'interprétation  person- 
nelle de  M.  Dieterich  ;  pour  être  ingénieuse,  elle  n'en  est  pas  prouvée 
pour  cela.  Puis,  en  la  supposant  vraie,  il  faudrait  encore  prouver 
que  l'interdiction  ecclésiastique  dont  il  parle  a  bien  la  même  origine. 
Or  cette  question  est  rigoureusement  historique  ;  im  simple  rappro- 
chement ne  la  résoud  pas.  On  voit  ici  sur  le  vif  la  manière  éminem- 
ment simple  de  l'école  comparative.  Pour  trop  de  savants,  spécialistes 
en  cette  matière,  du  moment  qu'ils  saisissent  ime  ressemblance,  sans 
recherche  ultérieure,  ils  concluent.  Mais  si  la  ressemblance  est  un 
critère  suffisant  en  histoire  des  religions,  cette  branche  de  l'activité 
humaine  porte  faussement  le  nom  d'histoire,  et  je  ne  sais  plus  même 
quel  nom  lui  donner  ;  elle  ne  me  paraît  plus  qu'un  stérile  amusement 
qu'on  peut  laisser  à  ceux  qui  n  ont  rien  de  mieux  à  faire.  Dans  ce 
cas-ci,  le  souci  élémentaire  de  l'histoire  aurait  éveillé  la  pensée  des 
catacombes,  des  premiers  cimetières  chrétiens.  Était-ce  aussi  un 
attachement  inconscient  au  culte  de  la  Terre  qui  leur  faisait  désirer 
d'être  réunis  dans  la  mort  après  l'avoir  été  dans  la  joie  et  la  souf- 
france durant  la  vie  ?  Cette  interdiction  d'ailleurs,  comme  toute  insti- 
tution, a  son  histoire,  et  dans  son  histoire  apparaissent  les  principes, 
les  sentiments  qui  l'ont  inspirée.  Rien  n'eût  été  plus  facile  à 
H.  Dieterich  que  de  la  trouver  dans  les  excellents  manuels  allemands 
de  droit  ecclésiastique  tels  que  Hinschius,  etc.  (i). 
C'est  à  la  même  insouciance  de  l'histoire  qu'il  faut  attribuer  le  peu 


1)  J'ai  consulté  Schcrer,  Handb,  d,  Kirch..  11,  p.  604. 


14  LE   MUSÉE   BELGE. 


de  critique  apporté  trop  souvent  dans  l'utilisation  des  textes,  je  veux 
dire  des  témoignages  soit  oraux  soit  écrits.  Jusqu'ici  Ton  est  et  pexxt- 
être  longtemps  encore  on  sera  en  droit  de  demander  quelle  foi  méri  - 
tent  les  témoignages  qui  nous  parviennent  sur  la  civilisation,  sur    les 
usages,  sur  l'état  d'àme  des  peuples  non  civilisés;   la  plupart    dix 
temps  nous  sommes  dans  l'impossibilité  de  juger  d'une  façon  critiqixe 
leur  valeur.  Les  témoignages  de  M.  Dieterich  échappent-ils  à  cette 
condition  commune?  Quoi   qu'il   en   soit,   il   est    des    textes    que 
M.   Dieterich  utilise,  en  tenant  trop  peu  compte  de  leur  valeur. 
A  deux  endroits  (pp  69  et  75),  M.  Dieterich  invoque  comme  preuves 
des  épigrammes  métriques.  Je  ne  saurais  les  admettre  sans  de  for- 
melles réserves.  M.  Dieterich  sait  fort  bien  que  dans  la  composition 
des  épigrammes  funéraires  les  formules  toute  faites  ont  joué  un  grand 
rôle  ;  qu'on  a  composé  souvent  ces  inscriptions  en  copiant  dans  les  écri- 
vains ou  les  cahiers  de  modèles  des  bouts  de  phrases  et  des  expressions 
qu'on  accolait.  Ces  petits  poèmes  ainsi  composés  peuvent  donc  refléter 
tout  autre  chose  que  la  foi  des  familles  et  même  des  rédacteurs.  Plu- 
sieurs de  ceux  que  cite  M.  Dieterich  (p.  75)ont  manifestement  ce  carac- 
tère; le  n.  1477  contient  même  une  contradiction  qui  montre  que   le 
corpus  de  corporc  sumptum  est  une  figure  de  rhétorique  aussi  vide  que 
beaucoup  de  celles  qu'on  trouve  souvent  dans  les  écrits  du  temps. 

Je  signale  encore  comme  une  hardiesse  excessive  la  synthèse 
donnée  par  M.  Dieterich  sur  la  succession  des  cultes  masculins  et 
féminins  dans  le  monde  romain  (p.  88  et  89).  Sans  doute  la  vogue 
du  culte  viril  de  Mithra  a  été  grande  ;  mais  l'admission  d'Attis,  à 
côté  de  la  Magna  Mater  n'a  pas  relégué  celle-ci  à  Tarrière-plan,  et,  à 
côté  de  Sérapis,  Isis  est  restée  en  possession  non  troublée  de  la 
vénération  et  de  la  confiance  des  fidèles. 

Dans  ce  compte  rendu,  qui  m'a  entraîné  plus  loin  que  je  ne  le 
pensais,  j'ai  voulu  discuter,  comme  M.  Dieterich  le  demande,  la 
méthode  employée  par  lui.  J'ose  dire  que  personne  n'estime  plus 
que  moi  l'érudition  et  l'ingéniosité  brillante  de  M.  Dieterich.  C'est 
la  raison  pour  laquelle  je  regrette  qu'il  se  laisse  séduire  par  la  ten- 
tation de  l'ethnographie,  et  abandonne  le  terrain  sûr  et  solide  des 
interprétations  philologiques  et  des  constructions  fondées  sur  elles. 

E.  Remy. 

2.  —  Gustave  Gl0tZ>  La  solidarité  de  la  famille  dans  le  droit  crimi- 
nel en  Grèce,  Paris,  Fontemoing,  1904.  620  pp.  in-S®.  7  frs  5o. 
Lire  un  aussi  gros  volume,  d'un  bout  à  l'autre  est  déjà  une  affaire  : 
en  rendre  compte  en  est  une  autre.  Je  viens  de  terminer  la  première 
et  je  ne  regrette  pas  le  temps  que  j'y  ai  mis.  J'aborde  la  seconde  avec 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l5 

quelque  appréhension  :  comment,  en  effet,  condenser  en  quelques 
lignes  la  matière  de  tant  de  centaines  de  pages  ?  Essayons  cependant. 

Si  nous  admettons  que  la  famille  a  été  la  première  forme  d'organi- 
sation sociale,  il  va  de  soi  qu'à  lorigine  aussi,  elle  a  exercé  le  pouvoir 
judiciaire  et  spécialement  pour  la  répression  des  délits.  Si  cela  est, 
le  droit  criminel  doit  garder  les  traces  de  cet  ancien  ordre  de  choses 
et  les  rechercher  sera  une  tâche  intéressante  et  très  utile.  Mais  ce 
régime  n'a  pas  toujours  duré  :  après  nous  être  appliqués  à  le  recon- 
struire, nous  aurons  à  en  suivre  la  démolition  et  à  contempler  l'édi- 
fice nouveau  qui  aura  été  établi  sur  ses  ruines.  Voilà,  en  termes  très 
généraux,  Tidée  qui  a  inspiré  M.  Glotz. 

Entrons  un  peu  plus  avant  dans  le  sujet.  Le  livre  premier  est 
intitulé  :  «  Période  primitive,  la  famille  souveraine.  »  Ces  mots  disent 
tout  ;  mais  de  quelle  famille  s'agit-il  ?  M.  Glotz  l'appelle  t^voç.  Et  il 
entend  par  là  :  a  une  communauté  où  des  parents  de  plusieurs 
générations  et  de  plusieurs  branches  vivent  souvent  sous  le  même 
toit,  en  tout  cas  sur  la  même  terre,  de  la  même  substance,  et,  par 
extension  ,  un  groupe  composé  de  patriciens  ou  Eupatrides  qui 
prétendent  tirer  leur  origine  d'un  ancêtre  commun  ;  tP  la  petite 
Camille,  au  sens  moderne  ».  Et  il  ajoute  en  note  :  «Nous  sommes  donc 
obligés  d'employer  continuellement  le  mot  t^voç  dans  les  deux  sens 
que  lui  a  imposés  l'usage  hellénique.  Dans  les  cas  où  il  est  nécessaire 
de  distinguer,  nous  opposerons  au  T^voç  large  la  famille  restreinte  ». 

L'auteur  a  pris  cette  attitude  conciliante  pour  nous  épargner  une 
discussion  sur  Torigine  du  t^voç  hellénique.  Il  faut  lui  en  savoir 
gré  ;  mais  il  y  a  de  ces  questions  que  l'on  ne  peut  éviter.  Celle-ci 
est  du  nombre.  Et  dans  la  première  définition,  j'en  trouve  déjà  au 
moins  deux  :  i®  ime  communauté  familiale  ;  tP  une  gens  aristocra- 
tique. Aussitôt  une  foule  de  questions  surgissent  :  les  Eumolpides, 
IcsCéryces,  les  Etéobutades,  autant  de  genè,  d'un  caractère  bien  net, 
car  ils  sont  aristocratiques  :  ont-ils  été  des  communautés  familiales, 
ou  le  sont-ils  restés  dans  une  certaine  mesure  ?  Tous  les  Athéniens 
n'étaient  pas  dans  les  genè  :  sans  aucun  doute,  puisqu'il  n'y  aurait 
eu  alors  que  des  Eupatrides.  Les  citoyens  appartenant  aux  classes 
inférieures  ont-ils  vécu  dans  des  communautés  familiales,  ou,  pour 
eux  ces  groupements,  s'ils  ont  jamais  existé,  se  sont-ils  dissous  de 
très  bonne  heure  ?  Puis  les  genè  ne  sont  pas  isolés,  mais  groupés  en 
phratries  et  en  phylai.  Quelle  est  l'origine  et  quel  est  le  caractère 
de  ces  groupements  ?  M.  Glotz  touche  bien  à  tous  ces  points,  mais 
sans  s'arrêter. 

Contentons-nous  donc  d'une  notion  un  peu  vague,  d'une  impres- 
sion que  nous  traduisons  par  les  mots  :   «  communauté  patriarcale  » 


l6  LE   MUSÉE  BELGE. 


qu*emploJe  à  plusieurs  reprises  M.  Glotz.  Cette  absence  de  précision, 
nous  la  retrouverons  plus  tard.  Livre  II,  où  est  étudiée  la  traixsâ— 
tion  du  régime  ancien  au  nouveau  qui  se  caractérise  par  la  sou^v^^- 
raineté  de  la  cité  ;  mais  nous  tâcherons  d'en  détourner  nos  regards» 
pour  les  fixer  sur  une  foule  de  questions  intéressantes,  qui  se 
détachent  très  nettes. 

Je  signalerai  les  principales  :  ceux  qui   le   voudront  trouveront 
ici  à  s'instruire  sur  la  répression  du  meurtre  aux  diverses  époque 
sur  le  combat  judiciaire,  sur  les  réformes  de  Dracon  et  de  Solon, 
la  compKJsition  légale,  sur  Tordalie,  sur  la  confiscation.  Je  cite  un  pcvL 
au  hasard  de  mes  souvenirs.  Je  me  rappelle  encore  Tinterprétation 
approfondie  de  la  loi  éléenne  que  Szanto  a  publiée  le  premier  et 
aussi  le  chapitre  consacré  à  la  cojuration.  Ce  ne  sont  là  que  des 
exemples  :  en  réalité,  dans  le  texte  et  dans  les  notes,  il  y  a  beaucoup 
d'autres  choses  et  je  regrette  bien  que  l'auteur  n'ait  pas  dressé  une 
table  alphabétique  qui  aurait  constitué  l'inventaire  de  tous  les  trésors 
d'érudition  rassemblés  dans  ce  volume. 

Je  voudrais  dire  un  mot  de  la  méthode  suivie.  M.  Glotz,  n'est 
pas  seulement  un  érudit  très  documenté,  c'est  encore  un  esprit  très 
pénétrant,  et  je  me  demande  s'il  ne  lui  arrive  pas  de  voir  au-delà  des 
choses.  On  lira,  avec  beaucoup  d'intérêt,  les  pages  275  et  suivantes 
où  il  est  question  du  combat  judiciaire,  particulièrement  dans 
l'Iliade  ;  mais  je  m'arrête  lorsque  je  vois  les  jeux,  notamment  les 
jeux  funéraires  ramenés  à  cette  institution.  Mon  hésitation  augmente, 
quand  je  lis  cette  phrase  :  «  Les  jeux  funéraires  ont  été  à  l'origine, 
un  moyen,  bien  conforme  aux  mœurs  héroïques,  d'opérer  un  par- 
tage de  succession  ». 

Voici  encore  un  passage  qui  m'a  fait  réfléchir  :  les  Grecs  n'ont  pas 
connu  la  coutume  du  parricide  légal  ou  du  suicide  obligatoire  ;  1» 
enfants  ont  toujours  été  tenus  à  honorer  leurs  vieux  parents.  «  Mais 
à  une  époque  où  le  juge  était  aussi  le  chef  de  guerre,  quand  il  n'avait 
plus  la  vigueur  exigée  par  sa  fonction,  il  pouvait  être  renfermé  dans 
une  retraite  honorable  par  la  déchéance  de  la  puissance  paternelle  ».  Ce 
serait  le  cas  de  Laërte  dans  l'Odyssée. 

Par  contre,  dans  le  chapitre  «  La  vengeance  de  famille  à  famille  », 
on  admirera,  je  pense,  l'interprétation  que  reçoit  la  légende  d'Oreste. 
Mais,  de  nouveau,  je  me  heurte  à  cette  interprétation  du  décret  de 
Chios  :  «  On  y  lit  que  les  tyrans  vainqueurs  n'osèrent  pas  renverser 
la  statue  du  tyrannicide  Philitis  ;  mais  ils  lui  enlevèrent  son  épée, 
le  désarmement  des  citoyens  était  la  précaution  usuelle  des  tyrans  ». 
Ceci  donné  comme  preuve  de  la  puissance  des  idées  animistes  chez 
les  Grecs. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  17 


Je  multiplierais  inutilement  les  citations  :  comme  dans  toutes  les 
œuvres  humaines,  il  y  a,  dans  ce  gros  volume,  à  prendre  et  à 
laisser  ;  et  vraiment  Fauteur  aurait  bien  de  la  chance  si,  sur  un  sujet 
de  ce  genre,  et  en  autant  de  pages,  il  n'éveillait  jamais  de  contradiction. 
L  essentiel  pour  lui  est  qu'il  ait  écrit  un  livre  utile  et  qui  mérite 
d'être  lu  par  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'étude  du  droit  et  de  l'his- 
toire grecque.  Henri  Francotte. 

3.  —  Mary  HAmilton,  Incubation^  or  ihe  cure  of  desease  in  pagan 
Umples  and  Christian  chur dus,  London,  Simpkin,  igo6.  223  pp.  in-8®. 
5  sh. 

Pour  la  première  fois,  nous  avons  un  livre  qui  s'efforce  de  retracer 
lliistoire  de  l'incubation  à  travers  les  âges  chez  les  peuples  de  culture 
gréco-romaine.  L'ouvrage  est  divisé  en  trois  parties  :  la  première  est 
consacrée  à  l'étude  de  l'incubation  dans  les  temples  païens;  la 
seconde  et  la  troisième  traitent  respectivement  de  l'incubation  dans 
les  églises  chrétiennes,  au  moyen  âge  et  aux  temps  modernes.  De 
ces  trois  parties,  la  première  est  de  loin  la  plus  longue  (io8  pp.)  et 
peut-être  la  plus  intéressante.  Avec  beaucoup  de  bon  sens,  l'auteur 
a  su  utiliser  la  littérature  si  touffue  de  la  question  pour  nous  présenter 
un  exposé  simple,  clair  et  satisfaisant.  Il  ne  s'est  cependant  pas 
contenté  de  faire  ime  pure  compilation  ;  ce  qui  constitue  un  des 
charmes  et  un  mérite  incontestable  du  livre,  ce  sont  les  nombreux 
faits  dont  le  récit  est  émaillé;  il  est  même  un  chapitre  entier,  le 
troisième,  consacré  aux  discours  sacrés  d'Aristide,  qui  comprend 
simplement  une  série  de  faits  groupés  sous  diverses  rubriques. 
A  propos  d'Aristide,  il  n'est  peut-être  pas  sans  intérêt  de  faire 
remarquer  qu'il  est  un  écueil  que  l'on  n'évite  pas  toujours  dans  la 
critique  de  cet  auteur;  M.  Hamilton  n'a  pas  complètement  échappé 
à  ce  danger  (par  exemple,  p.  103).  Dans  Aristide,  en  effet,  il  y  a 
pour  ainsi  dire  deux  mentalités  distinctes  :  celle  du  philosophe- 
théologien  et  celle  du  pieux  dévot.Tandis  que  les  diverses  pratiques  de 
dévotion  d'Aristide,  telles  qu'on  les  trouve  exposées  dans  ses  discours 
sacrés,  ne  semblent  pas  différer  de  celles  du  vulgaire,  ses  conceptions 
s'épurent,  au  contraire,  dans  les  hymnes  à  tel  point  qu'elles  nous 
étonnent.  C'est  ainsi  que  dans  l'hymne  à  Zeus,  il  émet  sur  la  divinité 
suprême  des  idées  auxquelles  pourrait  presque  souscrire  un  scholas- 
tique  du  moyen  âge  :  Zeùç  xà  irdvTa  éTroincre  xal  Aiôç  ia-zw  ëpta  ocra  i(5T\ 
ïïdvra...  ^TTodiae  irpiùTOç  aùxôç  éauTÔv...  ôbe  iojX  irpùiTÔç  xe  xal  upcapÙTaroç  xal 
QpXHT^TTiç  Tûiv  TrdvTiuv,  aOxôç  il  aûroO  Tcvôfievoç.  ôttôtc  bè  èfëv€TO  oûk  ëonv 
diiâv,  dXX'  rjv  t€  6pa  il  dpx^Ç  Kal  ëaxai  e(oaei,  aÙTOTrdxujp  t€  kqI  M£iz:ujv  fj  il 
oXXou  T€Tovëvai.  kt\.  Mais  dans  un  autre  hymne,  c'est  Asklépios  qui 
est  proclamé  ô  tô  ttûv  frfiwv  xai  véiniuv  aiuT^ip  tOùv  ÔXujv  kqx  <pùXaE  xiJDv 


l8  LE   MUSÉE  BELGE. 


àBavdruiv,...  Oibtxuy  xd  t€  ôvra  àé  xal  xà  TiTvÔM€va.  Quand  il  chantera,  les 
louanges  de  Sarapis,  il  reprendra  à  peu  près  les  mêmes  idées  qui 
sont  au  fond  panthéistiques.  Faute  de  tenir  compte  de  ces  tendances 
et  d'embrasser  les  écrits  religieux  d'Aristide  dans  leur  ensemble,  on 
risque  d'exagérer  la  portée  de  ses  expressions,  et  même,  d  attribuer  à 
toute  une  génération  des  idées  ou  des  croyances  propres  à  quelques 
individus. 

A  cette  remarque  on  pourrait  ajouter  que,  de  temps  à  autre,  une 
information  un  peu  plus  minutieuse  n'aurait  pas  nui  au  travail  de 
M.  Hamilton;  par  exemple,  il  est  impossible  de  discuter  la  destina- 
tion de  la  Tholos  d'Epidaure  sans  tenir  compte  des  études  de 
Svoronos  (Journ.  d^arch,  numism,,  1901,  pp.  5  ssq.)  et  de  Dôrpfeld 
(Hermès,  1902,  pp.  249  ssq.  ;  483  sqq.);  dans  Tétude  des  Kdroxoi  on 
ne  peut  pas  négliger  les  travaux  de  Preuschen  (Moenchtum  und  Sara- 
piskult)  et  de  W.  Otto  (Priester  und  Tempel  im  hellenistichen  Aegypien). 
On  ne  voit  pas  non  plus  clairement  la  raison  de  Tordre  adopté 
pour  traiter  de  l'incubation  dans  le  culte  d'Asklépios  ;  cet  ordre 
n*est  en  effet  ni  chronologique,  ni  logique. 

La  seconde  et  la  troisième  parties,  au  fond,  n'en  constituent  qu'une 
seule,  comme  le  titre  du  livre  Tindique.  Tout  en  constatant  que 
l'auteur  y  a  déployé  les  mêmes  qualités  que  dans  la  première  partie» 
on  doit  ici  faire  des  réserves  sur  la  méthode.  Il  s'agit  de  rechercher 
la  survivance  de  Tincubation  et  des  rites  païens  en  général  dans 
le  culte  des  saints.  Or  dans  l'étude  des  relations  de  ce  genre,   la 
critique  doit  se  défier  des  rapprochements  trop  superficiels  ou  forcés  ; 
ainsi  parce  que  saint  Artémidos  était  honoré  à  Céos  et  saint  Dio- 
nysios  à  Naxos,  peut-on  sérieusement  conclure  que  ces  deux  saints 
sont  simplement  Artémis  et  Dionysos  canonisés?  Et  cela  sous  prétexte 
que  les  noms  se  ressemblent,  que  Dionysos  était  né  à  Naxos  et 
qu' Artémis  comme  saint  Artémidos  était  0  the  child  rearer  »  (p.  174). 
S'il  m'était  permis  d'user  du  langage  quelque  peu  barbare  des  scho- 
lastiques,  je  dirais  que  l'on  base  souvent  des  conclusions  sur  des  res- 
semblances on  analogies  purement  matérielles,  sans  se  demander  si  les 
deux  choses  que  Ton  rapproche  ne  sont  pas/ormellement  incompatibles: 
est-on  nécessairement  frères  parce  que  l'on  porte  le  même  costume  ? 
Il  est  d'ailleurs  inutile  d'insister  ici  sur  ce  point  puisque  la  méthode 
à  suivre  dans  ces  sortes  de  sujets  a  été  magistralement  exposée  par 
H.  DeiéhdLye  ( Légendes  hagiographiques,  Bruxelles,  1905;  2*^«  éd.,  1906) 
dans  un  petit  livre  que  l'on  ne  peut  se  dispenser  de  méditer  avant 
d'aborder  l'étude  des  survivances  païennes  dans  le  christianismet 

Malgré  tout,  il  n'en  reste  pas  moins  que  le  livre  de  M.  Hamilton, 
sans  apporter  de  solutions  originales,  se  révèle  toutefois  comme  le 
Iruit  d  un  esprit  clair,  pondéré  et  sérieusement  mformé. 

Th.  Lefort. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I9 

4.  —  G.  PaSCiuOCO,  Marcia^  concubina  di  Commodo,  S.  Maria  Capua 

Vetere.  igoS,  in-S®,  22  pp. 

M.  Pasciucco  vient  de  consacrer  une  savante  et  intéressante  étude 
à  la  maîtresse  préférée  de  Commode.  Sur  la  plupart  des  points,  il 
conûrme  les  idées  que  j'ai  émises  au  sujet  de  Marcia  dans  une  étude 
publiée  en  1876  et  que  Tauteur  m'a  fait  l'honneur  d'examiner  avec 
le  plus  grand  soin.  Il  me  corrige  heureusement  pour  certains  détails 
et  réfute  diverses  opinions  émises  par  Aube  dans  la  Revuâ  archéologique 
(1879).  L'auteur  admet,  tout  comme  moi,  que  les  deux  inscriptions 
d'Anagni  (CIL,  X,  5917  et  5918)  se  rapportent  à  Evhodus,  le  père 
nourricier  de  Cararalla,  et  à  la  Marcia  de  Commode  ;  il  prouve  que 
ces  deux  liberti  étaient  des  affranchis  de  Marc  Aurèle  et  de  L.  Verus. 
Les  noms  des  deux  affranchis  le  prouvent  à  l'évidence  ;  et  le  Ceonia 
et  Marcia  ne  peut  avoir  rapport  qu'à  L.  Verus.  Je  ne  vois  aucune 
raison  pour  admettre  avec  l'auteur  qu'Evhodus  pourrait  être  le  père 
de  Marcia  ;  c'est  une  pure  hypothèse,  émise  par  Mommsen,  qui  ne 
résulte  aucunement  du  texte  des  deiix  inscriptions.  Evhodus  et 
Marcia  sont  tous  deux  des  affranchis  des  deux  Augustes  et  les  in- 
scriptions d'Anagni  ne  nous  autorisent  pas  à  en  déduire  rien  de  plus 
au  sujet  de  leur  état  civil.  Il  ne  nous  parait  pas  que  Marcia  fut  aussi 
attachée  à  Commode  que  l'auteur  veut  bien  le  dire.  Ce  n'était  après 
tout  qu'une  courtisane  qui,  après  avoir  été  la  maîtresse  de  Quadra- 
tus,  passa  à  Commode  et  trompa  son  impérial  amant  avec  Eclectus, 
qu'elle  épousa  après  qu'elle  eut  contribué  à  l'assassinat  de  Commode. 
Les  paroles  prononcées  par  Pertinax  au  Sénat  Q.  Capitolinus, 
Pert,^  5  :  paruerunt  inviti  Commodo,  sed  ubi  habuerunt  facultatcm,  quid 
umpif  voluerint,  ostenderunt)  au  sujet  de  Laetus  et  de  Marcia  me 
paraissent  devoir  être  interprétées  dans  le  sens  que  Marcia  fut  bien 
plus  poussée  par  son  propre  intérêt  que  par  son  amour  pour 
Commode  à  rester  la  maîtresse  de  celui-ci.  Ce  sont  là  du  reste  des 
questions  d'un  intérêt  accessoire,  et,  comme  M.  Pasciucco  le  recon- 
naît très  franchement,  si  tant  d'écrivains  se  sont  occupés  de  cette 
concubine,  l'intérêt  qu'ils  lui  ont  porté  est  causé  par  la  sympathie 
que  Marcia  témoigna  aux  chrétiens  et  par  les  gratids  services  qu'elle 
leur  rendit.  L'auteur  adopte  ici  l'opinion,  dont  j'avais  cherché  à 
fournir  les  preuves,  que  Marcia  n'a  jamais  été  chrétienne  ;  et  l'inté- 
rêt nouveau  que  présente  l'étude  de  M.  Pasciucco  réside  surtout 
dans  la  recherche  qu'il  fait  des  raisons  qui  peuvent  avoir  engagé 
Marcia  à  défendre  les  chrétiens.  Il  en  trouvet  rois  :  la  bonté  natu- 
relle de  son  caractère,  sa  sympathie  pour  les  idées  chrétiennes  et 
enfin  des  raisons  politiques.  Il  est  évident  que  le  fait  d'avoir  protégé 
les  chrétiens  prouve  que  Marcia,  malgré  sa  vie  déréglée,  n'avait  pas 


20  LE    MUSÉE   BELGE. 


perdu  les  sentiments  d'humanité,  de  bonté,  de  clémence  si  naturels 
à  tout  être  humain  ;  elle  n  avait  rien  de  la  cruauté  de  son  amant    et 
put  exercer  sur  lui    une   heureuse    influence.  On   comprend    que 
pour  des  motifs  politiques,    on  puisse  punir  à  mort  des   citoyens 
dont  les  idées  peuvent  devenir  nuisibles  au  pouvoir  existant,  mais 
tôt  ou  tard  la  nature  reprend  ses  droits  et  l'on  se  sent  forcé  de  recon- 
naître qu'il  est  inhumain  de  faire  disparaître  un  homme  pour  le  seul 
motif  que  ses  idées  religieuses  ou  politiques  sont  le  contrepied  de 
celles  que  nous  professons.  Si  Marcia  était  sympathique  aux  chré- 
tiens c'est,  comme  du  reste  lé  dit  fort  bien  l'auteur,  qu'elle   était 
entourée  de  chrétiens.  J'ajouterai  qu'elle  fut  élevée  par  Hyacinthe, 
dont  je  ne  veux  pas  faire  un  prêtre  comme  Friedlànder  {SUiengesch, , 
I,  iio)  vu  qu'il  était  eunuque  (airdbovTi  irpcapuTëpqj.  Phiîosoph.^  IX,  12), 
mais  dont  le  christianisme  ne  saurait  être  mis  en  doute  ;  et  je  suis 
convaincu  que,  si  Marcia  protégea  les  chrétiens,  ce  fut  grâce  surtout 
et  peut-être  même  uniquement  à  Tinfluence  de  cet  Hyacinthe.  Je  ne 
saurais  admettre  les  raisons  politiques  suggérées  par  M.  Pasciucco. 
Pour  lui,  Marcia  se  disait  qu'elle  devait  avant  tout  chercher  à  rester 
la  maîtresse  de  Commode,  que  si  Ion  persécutait  les  chrétiens,  cette 
persécution    pouvait    provoquer    des    émeutes    et    que     du     reste 
plusieurs  chrétiens    avaient  pris  part  à   la   conjuration  qui   amena 
l'assassinat  de  Domitien.  Cette  dernière  assertion  nous  paraît  toute 
gratuite.   Marcia,  connaissant  les   chrétiens,  devait  savoir   que    ce 
n'était  pas  parmi  eux  que  Ton  trouvait  ces  inspirations.  De  plus,  le 
souvenir  de  la  mort  de  Domitien  ne  devait  plus  être  bien  vivace,  car 
plus  d'un  siècle  s'était  écoulé  depuis  ;  et,  si  certains  historiens  sont 
tentés  de  faire  participer  des  chrétiens  à   la  conjuration  de   Tan- 
née 96  (ainsi  Aube,  Hisi.  des  persécutions,  p.  184),  cette  opinion  repose 
sur  une  interprétation   bien  peu   sérieuse    d'un    mot   de  Suétone 
(Suét.,  Domtt.,  XV)  et  des  vers  de  Juvénal  (IV,   i53)  : 
Sed  periit,  postquam  cerdonibus  esse  timendus 
Coeperat  :  hoc  nocuit  Lamiarum  caede  madenti. 
Ctrdo,  signifie  artisan,  mercenaire  et  par  extension    cordonnier  : 
Ruperti  (H,  191)   interprète  le  cerdonibus  de  Juvénal   par   hominibus 
infimis  ac  sordidis;  et.  dans  ce  sens  Juvénal  emploie  le  même  mot  dans 
sa  Satire  iVHI,   182)    Le  scholiaste  l'interprète  comme   suit  (Cf., 
Mayor,  I,  241)  :  ignobilibus  cerdo  est  proprie  turpis  lucri  cupidus.  Dans  ce 
sens,  on  peut  avoir  quelquefois  dit  des  chrétiens  que  c'étaient  des 
cerdones,  tout  comme  on  donnait  le  nom  de   cerdo  à   des   esclaves 
(Wilmanns,  1273,  iSyS  c.)  ;  mais  absolument  rien  ne  nous  autorise 
à  dire  que  Juvénal  ait  voulu  désigiier  ici  les  chrétiens,  pas  plus  qu'il 
ne  nous  est  permis  de  supposer  que   Stephanus,  le  meurtrier  de 
Domitien,  tout  en  étant  \e  procurator  de  Domitilla,  ait  été  chrétien. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE  21 


Nonobstant  ces  observations  et  ces  remarques  de  détail,  je  recon- 
nais bien  volontiers  que  le  travail  de  M.  Pasciucco  est  fort  suggestif 
et  constitue  une  contribution  des  plus  savantes  à  l'histoire  du  règne 
de  Commode.  J'aurais  désiré  que  Tauteur  eût  complété  son  travail 
par  rindication  des  divers  monuments  qui  nous  rappellent  la  célèbre 
concubine,  les  monnaies  ainsi  que  les  pierres  gravées.  A  côté  de  la 
belle  intaille  en  améthyste  du  cabinet  des  Médailles  35io  (et  non  35i 
comme  le  dit  lauteur),  dans  laquelle  Ch.  Lenormant  (Rtv.  num,,  iS5y, 
p.  212:  a  reconnu  Marcia  alors  qu'on  y  voyait  auparavant  une  repré- 
sentation de  Sappho,  je  signalerai  un  camée  en  onyx  sur  lequel 
Marcia  est  représentée  en  Omphale  portant  sur  la  tête  la  peau  du  lion 
de  Némée  dont  les  griffes  disparaissent  sous  les  cheveux,  découvert 
en  i883  à  Caerleon  on  Usk  (Angleterre)  [Philologische  Wockeiischr., 
i883,  p  629),  camée  qui  n'est  pas  sans  ressemblance  avec  les 
médaillons  publiés  par  Froehner  (Médaillons  de  l'Empire  Romain, 
p.  140  142,  1431,  mais  dans  lesquels  ce  numismate  ne  veut  pas  recon- 
naître Marcia.  Peut-être  y  a  t-il  encore  d'autres  monuments  qui  la 
représentent.  Adolf  de  Ceulener. 

5.  —  A.  Gartault,  A  propos   du  Corpus  Tibullianum,    Un   siècle   de 

philologie  latine  classique.  Paris,  F.  Alcan,   1906.   18  fr.  (Univ.  de 

Paris.  Bibl.  de  la  Faculté  des  Lettres.  XXIII). 

Ce  gros  volume  sur  Tibulle  se  divise  en  quatre  chapitres  précédés 
d'une  introduction  et  suivis  des  conclusions.  Avant  d  aborder  le  sujet 
proprement  dit,  il  fallait  rechercher  ce  qui  a  été  publié  sur  Tibulle 
avant  le  xix'  siècle.  M.  Cartault  remonte  aux  éditions  de  Scaliger  (la 
première  est  de  1577)  et  s'arrête  aux  éditions  de  Broekhuisen  (1708), 
à  la  Viia  Tibulliana  d'Ayrmann  (1719),  à  l'édition  de  Volpi  (1749)  et 
à  celles  de  Heyne  (1755- 1798).  Au  xix'*  siècle,  il  divise  l'histoire  des 
études  tibulliennes  en  quatre  périodes  nettement  séparées  par  l'édi- 
tion Lachmann  (1829),  les  Tibullische  Blàtter  de  Baehrens  (1876)  et 
rédition  Hiller  (i885). 

M.  Cartault  suit  l'ordre  chronologique  et  lentement  il  déroule 
devant  nous  les  progrès  de  la  critique.  Le  travail  auquel  il  s'est  livré 
est  immense  :  nous  assistons  à  un  très  long  défilé  de  toutes  les 
éditions,  de  tous  les  travaux  critiques,  de  tous  les  comptes  rendus 
qui  ont  été  publiés  de  ces  éditions  et  de  ces  travaux.  C'est  une 
bibliographie  analytique  et  critique  complète.  La  tâche  à  laquelle 
s'est  astreint  M.  Cartault  incombe  à  tout  philologue  qui  entreprend 
une  étude  approfondie  de  Tibulle.  Aux  lecteurs  qui  veulent  se  mettre 
au  courant,  M.  Cartault  a  rendu  un  grand  service  et  c'est  le  premier 
mérite  de  son  vaste  travail.  On  pourra  s'y  rendre  compte,  en  peu  de 


f 


122  LE    MUSÉE   BELGE. 


temps,  de  ce  qui  a  été  écrit  jusqu*ici  sur  Tibulle  et  des  résultats 
obtenus,  de  Tétat  actuel  de  la  science.  Voici  ces  résultats  en  résumé  : 

lo  Depuis  la  découverte  du  Codex  Ambrosianus  par  Baehrens,  nous 
possédons  un  texte  de  Tibulle  sensiblement  meilleur  que  celui  de  nos 
devanciers,  mais  qui  repose  pourtant  sur  une  tradition  fautive.  Nous 
n'avons  pas  les  moyens  de  remonter  au-delà  de  cette  tradition.  On  ne 
saurait  actuellement  compter  que  sur  la  critique  conjecturale,  dont  les 
moyens  sont  restreints. 

2"  Le  commentaire  qui  a  le  plus  fait  pour  Tintelligence  de  Tibulle, 
c'est  celui  de  Dissen  ;  mais  il  reste  à  faire  un  commentaire  répondant 
aux  exigences  de  la  science  moderne.  Les  travaux  de  Lachmann,  de 
Haupt,  de  Vahlen,  de  Léo,  de  Wilhelm  en  sont  une  excellente 
préparation;  ils  ont  étudié  le  problème  de  la  comf)osition  des  élégies, 
l'art  secret  avec  lequel  s'expriment  les  sentiments;  ils  ont  éclairé 
l'évolution  psychologique  de  la  pensée  de  Tibulle  et  déterminé  les 
sources  de  son  inspiration. 

3"  La  biographie  de  Tibulle,  débarrassée  des  fables  et  des  hypo- 
thèses, s'est  simplifiée  et  appauvrie.  Il  faut  renoncer  à  établir  la 
chronologie  des  élégies  du  pr  livre.  La  question  de  Glycera,  celle 
de  la  publication  du  II*  livre,  celle  de  la  formation  du  Corpus 
Tibulîianum  sont  des  énigmes  qui  resteront  probablement  insolubles. 

4°  On  a  fait  des  progrès  sur  les  questions  à' authenticité.  Il  est  établi 
que  Lygdamus  n'est  pas  Tibulle,  mais  on  n  a  pu  l'identifier.  Le 
Panégyrique  qui  date  de  l'an  3i  avant  J.  C,  n'est  pas  de  Tibulle, 
mais  il  se  faut  se  résigner  à  en  ignorer  l'auteur.  Les  élégies  sulpi- 
ciennes  se  divisent  en  deux  groupes  ;  l'un  appartient  à  Sulpicia  et 
l'autre  à  Tibulle,  mais  on  ne  s'accorde  pas  sur  les  limites  des  deux 
groupes. 

5°  Enfin,  dans  les  dernières  pages  de  son  livre,  M.  Cartault 
détermine  la  part  que  les  savants  de  chaque  nation  ont  prise  à  la 
solution  des  problèmes  qu'il  a  exposés  et  étudiés.  C'est  la  part  de 
l'Allemagne  qui  est  de  beaucoup  la  plus  importante  ;  c'est  à  elle  que 
reviennent  tous  les  résultats  importants  de  ces  dernières  années. 
M.  Cartault  trace  ici  un  tableau  intéressant  de  l'activité  allemande  ; 
nous  en  détachons  ces  lignes  :  «  Ce  qui  est  admirable  en  Allemagne, 
c'est  l'organisation  du  travail  :  des  maîtres  illustres,  indépendants 
les  uns  des  autres,  donnent  du  haut  de  leurs  chaires  des  directions 
et  des  exemples  ;  leurs  élèves  apportent  les  prémices  de  leur  éducation 
scientifique  ;  plus  tard,  dans  les  gymnases  ou  les  écoles,  ils  donnent 
encore  les  fruits  de  la  culture  acquise  à  l'Université  ;  de  nombreux 
périodiques  expriment  et  entretiennent  une  vie  scientifique  très 
développée;  il  se  trouve  des  éditeurs  pour  publier  les  travaux  les 
plus  spéciaux  ». 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  23 

Le  livre  de  M.  Cartault  est  autre  chose  encore  qu'un  excellent 
guide  pour  celui  qui  veut  se  mettre  au  courant  :  c'est  aussi  une  étude 
dTiistoire  et  de  méthodologie,  c'est  un  chapitre  de  l'histoire  de  la 
philologie  classique  pendant  les  cent  dernières  années.  En  un  sens, 
c'est  plus  qu'un  chapitre,  car  «  Tefifort  fait  sur  un  terrain  restreint 
comme  celui  du  Corpus  Tibullianum  est  représentatif  (M.  Cartault  le 
dit  avec  raison)  des  principes  et  des  directions  de  la  philologie,  de 
sorte  que  cette  étude  partielle  approfondie  vaut  dans  une  certaine 
mesure  pour  l'ensemble  et  l'éclairé  ».  Cela  est  très  vrai  et  c'est  le 
deuxième  et  grand  mérite  du  travail  de  M.  Cartault  La  place  nous 
manque  pour  le  faire  ressortir.  Qu'on  lise  ces  pages  où  le  détail  ne 
fait  pas  perdre  de  \aie  les  grandes  lignes,  qui  sont  tracées  avec  un 
dessin  très  ferme  et  très  précis  :  on  verra  que  M.  Cartault  a  fourni 
une  originale  contribution  à  l'histoire  externe  et  interne,  comme  on 
dit,  de  la  philologie  classique  au  xix«  siècle.  J.  P.  Waltzing. 

Languis  et  Littératures  celtiques. 

6.  —  G.  Dottin,  A'dnuel  pour  servir  à  V étude  de  V antiquité  celtique, 

Paris,  Champion,    «)o6.  407  pp.  In- 12.  5  frs. 

Roget  de  Belloguet  avait  réuni  dans  son  Ethnogénie  gauloise  parue 
de  1 858 -1873,  tout  ce  que  l'on  savait  des  Celtes  à  son  époque.  Bien 
que  son  auteur  eût  travaillé  avec  un  soin  extrême,  l'ouvrage  n'était 
pas  sans  défauts  à  cause  du  manque  de  formation  philologique  de 
Roger  de  Belloguet.  Depuis  lors,  près  de  quarante  ans  se  sont 
écoulés  ;  de  nombreux  travaux  ont  renouvelé  notre  connaissance  de 
l'antiquité  celtique,  et  le  livre  de  Roger  de  Belloguet  est  tout  à  fait 
vieilli.  C'est  pourquoi  M.  G.  Dottin  a  entrepris  non  pas  de  le  remettre 
au  courant,  mais  de  le  refaire  entièrement  avec  une  méthode  philo- 
logique rigoureuse.  C'est  ainsi  qu'est  né  son  «  Manuel  pour  servir  à 
l'étude  de  l'antiquité  celtique  » . 

Le  livre  est  divisé  en  sept  chapitres.  Le  premier  étudie  les  sources 
et  expose  la  méthode  de  travail  :  le  deuxième,  la  langue  ;  le  troisième, 
les  antiquités  privées  ;  le  quatrième,  l'organisation  de  l'État  ;  le 
cinquième  çt  le  sixième,  la  religion  ;  le  septième,  le  rôle  des  Gaulois 
dans  rhistoire  ancienne. 

M.  Dottin  fait  fort  bien  ressortir  les  grandes  difficultés  qui  se  pré- 
sentent quand  on  étudie  l'antiquité  celtique  :  on  ne  sait  ni  comment 
ni  dans  quelles  proportions  on  peut  faire  coïncider  les  données  de 
l'histoire,  de  l'anthropologie  et  de  l'archéologie  ;  en  effet,  la  forme  du 
crâne,  par  exemple,  ne  permet  pas  de  déterminer  quelle  langue 
parlait  l'individu  à  qui  il  a  appartenu,  pas  plus  qu'un  motif  d'orne- 
mentation ou  la  lame  d'une  épée  n'est  suffisante  pour  permettre  de 


24  LE    MUSÉE   BELGE. 


reconnaître  la  nationalité  de  son  ancien  possesseur.  De  là,  la  néces- 
sité d*étre  extrêmement  prudent  et  de  ne  se  servir  des  sciences 
auxiliaires  de  l'histoire  que  pour  commenter  et  vérifier  les  données 
de  celle-ci. 

M.  Dottin  passe  ensuite  en  revue  le  matériel  linguistique  que  nous 
ont  légué  les  anciens  Celtes;  celui-ci  peut  être  éclairé  dans  une 
certaine  mesure  par  la  comparaison  avec  les  langues  celtiques 
modernes,  mais  il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  nous  savons  bien 
peu  de  chose  du  gaulois,  car  la  conjugaison  du  verbe  nous  y  esr 
totalement  inconnue.  Ici  cependant,  M.  Dottin  exagère  peut-être  un 
peu  Tobscurité  des  inscriptions  gauloises 

La  suite  de  l'ouvrage  est  consacrée  d'abord  au  portrait  physique, 
moral  et  intellectuel  des  Celtes  par  les  anciens,  aux  habitations,  à  la 
nourriture,  aux  vêtements,  à  la  famille,  à  Tagriculture,  à  la  chasse  et 
au  commerce;  puis,  vient  l'organisation  politique  et  militaire.  Les 
textes  qui  font  allusion  à  ces  dernières  matières  sont  assez  clairs, 
mais  quand  on  aborde  l'étude  de  la  religion,  on  se  trouve  en  présence 
de  véritables  énigmes  suscitées  par  le  manque  de  documents  pure- 
ment celtiques  et  Tabsence  ou  tout  au  moins  l'extrême  pénurie 
d'éléments  de  comparaison  chez  les  Irlandais  et  les  Gallois. 

Enfin,  M.  Dottin,  après  avoir  commenté  les  témoignages  des 
anciens  sur  les  pays  occupés  par  les  Celtes,  place  l'habitat  primitif 
de  ceux-ci  dans  l'Europe  centrale,  puis  en  retrace  les  invasions  dans 
les  Iles  Britanniques,  en  Gaule,  en  Espagne,  en  Belgique,  s'occupe 
de  l'empire  d'Ambigatus  et  de  l'expédition  de  Brennus,  et  enfin, 
termine  par  un  rapide  exposé  de  la  décadence  de  la  puissance 
celtique. 

M.  Dottin  a  pris  la  peine  d'indiquer  très  soigneusement  dans  des 
notes  nombreuses  les  passages  des  auteurs  anciens  et  modernes  sur 
lesquels  il  s'appuie.  Des  indices  fort  complets  facilitent  le  manie- 
ment de  l'ouvrage. 

Les  conclusions  de  l'auteur  sont  peut-être  un  peu  pessimistes  :  «  La 
superposition  des  images  que  nous  fournissent  l'histoire,  la  linguis- 
tique et  l'archéologie,  écrit- il,  ne  laisse  des  Celtes,  qu'un  portrait 
confus.  »  C'est  exagérer  le  côté  quelque  peu  négatif  de  son  livre  ;  si 
nous  ne  connaissons  pas  les  anciens  Celtes  aussi  bien  que  les  Grecs 
ou  les  Romains,  nous  en  avons  une  idée  déjà  très  satisfaisante  et  les 
travaux  des  érudits  modernes  dissipent  et  dissiperont  de  plus  en  plus 
«  les  brouillards  glacés  »  dans  lesquels  ils  apparaissent  à  M.  Dottin 
comme  perdus.  Victor  Tourneur. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  25 


7.  —  H.  GaidOZ,  Pour  le  centenaire  de  Gaspar  Zeuss^  fondateur  de  la 
philologie  celtique.  Paris,  1906.  32  pp.  In-8°.  Tiré  à  100  exemplaires. 
Aux  fêtes  du  centenaire  de  Zeuss  qui  a  cté  célébré  par  TAcadémie 

de  Munich,  le  14  mars  1906,  M.  H.  Gaidoz  a  eu  la  pieuse  attention 
d'envoyer  une  brochure  qu'il  a  fait  imprimer  en  l'honneur  du  fon- 
dateur de  la  philologie  celtique  :  il  y  reproduit  d'abord  les  notices 
qu'il  avait  consacrées  autrefois  à  Zeuss  et  à  Gluck  dans  la  Revue 
celtique^  et  il  les  fait  suivre  de  recherches  fort  curieuses  sur  les 
comptes  rendus  dont  fut  Tobjet  la  Grammatica  celttca,  lors  de  son 
apparition.  M.  Gaidoz  y  a  joint  la  reproduction  d'un  portrait  à 
ITiiiile  de  Zeuss  conservé  dans  la  famille  du  grand  philologue,  dont 
M.  Kuno  Meyer  avait  fait  prendre  des  photographies  lors  d'une  visite 
à  la  maison  de  Vogtendorf  près  Kronach,  où  Zeuss  naquit  et  mourut. 

Victor  Tourneur. 

8.  —  V.  Lederer,  Ueber  Heimat  und  Ursprung  der  mekrstimmigen 
Tonkunsi.  Vorrede.  Keltische  Renaissance,  Leipzig,  Siegel,  1906. 
56  pp.  In-8«. 

Cette  brochure  de  M.  Lederer  est,  comme  celle  de  M.  Gaidoz, 
destinée  à  commémorer  le  centenaire  de  Gaspar  Zeuss.  C'est  la  pré- 
face d'un  ouvrage  d'ensemble  dans  lequel  l'auteur  se  propose  de 
démontrer  que  la  musique  à  plusieurs  voix  a  son  origine  dans  la 
musique  celtique,  de  même  que,  d'après  lui,  notre  culture  intellec- 
tuelle devrait  plus  aux  anciens  Bretons  et  Écossais,  aux  Gallois  et 
aux  Irlandais  qu'aux  Grecs,  aux  Romains  et  à  tous  les  Orientaux 
réunis. 

Ce  prologue  ne  fournit  aucune  preuve  en  faveur  de  la  thèse  ;  il 
renvoie  aux  chapitres  et  aux  livres  qui  suivront.  M.  Lederer  expose, 
dans  un  style  plus  incohérent  que  scientifique,  la  manière  peu 
méthodique  dont  il  conduisit  ses  recherches.  Il  raconte  ensuite  lon- 
guement un  songe  qu'il  fit  une  fois  qu'il  avait  eu  la  tête  surchauffée 
par  ses  lectures. 

Espérons  que  l'ouvrage  lui-même  sera  conçu  et  exécuté  avec  une 
méthode  plus  rationnelle  et  plus  critique,  sans  quoi  on  se  verra  obligé 
de  le  condamner  sansappel, en  employant  une  formule  que  M.  Lederer 
écarte  en  plaisantant  :  Keltomania  rediviva.  Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

9.  —  Edmond   Biré,    Chateaubriand,   Victor  Hugo,   H.  de  Balzac, 

Lyon  et  Paris,  E.  Vitte,  1907.  358  pp.  3  fr.  5o. 

Les  nombreux  travaux  consacrés  à  l'histoire  littéraire  du  xix*'  siècle 
par  M.  Edmond  Biré  lui  ont  fait  une  réputation  de  critique-biographe 
très  consciencieux  et  remarquablement  informé.  Il  possède  sur  les 


26  LE   MUSÉE   BELGE. 


écrivains  de  cette  période  des  renseignements  qixi  son 
d'excellentes  sources  et  qui  prêtent  à  tout  ce  qu'il  piibJi< 
solide  intérêt.  Le  nouvel  ouvrage  qull  vient  de  donne; 
montre  dans  un  domaine  qu'il  a  déjà  maintes  fois  exploré  ; 
quel  est  le  prix  de  cet  ouvrage  et  quel  en  est  l'agrément.  II  i 
trois  parties,  comme  l'indique  le  titre.  La  première,  qui  eî 
longue,  se  compose  de  huit  chapitres  sur  Chateaubriand; 
discute  la  sincérité  religieuse  de  Fauteur  du  Génù  du  Christiaï 
connaître  ses  rapports  avec  Tabbé  Lacordaire  et  Alfred  Ne 
prouve  l'exactitude  des  Mémoires  d* Outre-Tombe^  examine  la  \ 
V Itinéraire  de  Paris  à  Jérusalem,.,  par  Julien  (le  valet  de  cha 
Chateaubriand  qui,  à  côté  de  son  maître,  a  tenu  un  journal  d< 
raconte  les  relations  du  brillant  écrivain  avec  M™«  de  Cm 
Mme  Bayart  (née  Sophie-Josèphe  de  Wilte),  démontre  sa  sup 
intellectuelle  et  morale  sur  Michelet,  et  décrit  les  maison 
a  occupées.  Dans  la  seconde  partie,  qui  est  la  moins  étendue 
avons  Victor  Hugo,  c'est-à-dire  que  M.  Biré  nous  y  parle  de  Te 
du  grand  poète,  de  ses  manuscrits,  et  du  jugement  porté  sur  i 
Edmond  About  (i).  La  troisième  est  réservée  à  Balzac,  soi\ 
chapitres  intitulés  :  Le  Prêtre  dans  les  romam  de  Balzac  —  C/» 
perdue  de  Balzac  (c'est  son  Voyage  de  Paris  à  Java)  —  La  genès, 
roman  de  Balzac  (il  s'agit  des  Paysans)  —  Un  nouvel  écrit  sur  B 
l'étude  M.  André  Le  Breton,  igoS)  —  Les  logis  de  Balzac, 

Le  livre  de  M.  Biré  est,  comme  on  le  voit,  un  recueil  d'arti< 
ils  ont  paru  de  1892  à  igoS  et  plusieurs  ont  été  écrits  à  pr< 
d'ouvrages  relatifs  aux  trois  illustres  auteurs  du  xix*  siècle.  Tel 
par  exemple,  celui  qui  est  placé  en  tête  et  qui  est  intitulé  : 
sincérité  religieuse  de  Chateaubriand,  Il  a  été  fait  à  roccasion  de  la  ih 
doctorale  portant  le  même  titre  et  qui  est  due  à  labbé  G.  Berl 
(1900).  On  sait  comment  ce  dernier  a  mis  en  doute  la  siiuérité 
Sainte-Beuve  :  M.  Biré  reprend  la  question  et  montre  que  si,  ci 
le  célèbre  critique,  «  le  talent  était  grand,  il  n'en  allait  pas  de  mêi 
du  caractère  n.  Je  m'étonne  qu'il  n'ait  pas  dit  un  ipot  de  la  polémiqi 
soulevée  au  sujet  de  la  fameuse  page  des  Mémoires  à' Outre-Tombe,  qi 
Sainte-Beuve  a  reproduite  d'après  des  notes  extraites  du  manuscr 
même  en  1834  et  qui  ne  se  retrouve  pas  dans  l'œuvre  imprimé  d 
Chateaubriand  (2).  G.  Doutrepont. 

(1)  Ce  chapitre  sur  About  et  Hugo  a  surtout  pour  objet  l'étude  d'un  livre  qu< 
M.  Joseph  Reinach  a  fait  sur  le  premier  de  ces  écrivains  en  1892. 

(2)  Voir,  dans  la  Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France  du  i5  juillet  1900, 
l'article  de  Jules  Troubat,  Sainte-Beuve  et  les  Mémoires  d'Outre- Tombe. 

Rappelons  à  nos  lecteurs  que  M.  Biré  est  l'auteur  d'une  nouvelle  et  excellente 
édition  des  Mémoires  d'Outre- Tombe,  édition  sur  laquelle  ils  trouveront  un  très 
bon  chapitre  dans  l'ouvrage  de  M.  Victor  Giraud,  Chateaubriand^  Études  littéraires, 
Hachette,  1904. 


partie  bibliographique.  ^^ 

Langues  et  Littératures  germaniques. 
10,  —  H.  Van  der  Linden  et  W.  de  Vreese,  Lodemjk  van  Vel- 

tkem*s   VoorUetting  van  dm  «  Spiegeî  historiael  »  (1248-1316)  opnieuw 

mtgegtven.  Eerste  deel.  Bruxelles,  Hayez,   1906.  i  vol.  in -4**,  xiv- 

486pp.  12  frs.  (Publ.  de  la  Comm.  roy.  d'histoire). 

Sous  les  auspices  de  la  Commission  royale  d'histoive  a  paru  le  premier 

volume  d'une  nouvelle  édition  du  Spiegel  historiael  de  Velthem  (i). 

Cette  publication    sera   reçue    avec    empressement  par  ceux    qui 

sadonnent  à  Tétude  de  lliistoire  et  de  la  littérature  du  moyen  âge 

flamand.   Depuis  longtemps  le  besoin  s'en  faisait  vivement  sentir  ; 

de  cette  œuvre,  importante  à  tant  d*égards,  nous  ne  possédions  que 

le  texte  défectueux  qu'en  avait  donné  L  Le  Long  au  commencement 

duxviii*  siècle  (1727).  Il  y  a  lieu  de  nous  féliciter  que  cette  entreprise 

ait  été  confiée  à  des  mains  adroites  et  expérimentées  ;  quand  elle  sera 

achevée,  cette  édition  —  à  en  juger  par  cette  première  partie  — 

constituera  un  monument  imposant  élevé  par  le  science  philologique 

belge. 

La  publication  complète  des  huit  livres  du  Spiegel  (environ 
So.ooo  vers)  formera  trois  volumes.  Celui  dont  nous  parlons  con- 
tient les  deux  premiers  livres  (c'est-à-dire  environ  8400  vers),  où 
sont  racontés,  dans  une  suite  peu  méthodique  et  encore  moins 
chronologique,  les  principaux  événements  arrivés  pendant  le  troisième 
quart  du  xiii«  siècle  (de  1248  à  1272  environ),  entre  autres,  l'histoire 
de  Guillaume  II  de  Hollande  et  en  partie  celle  de  Jean  I  de  Brabant 
et  d'Edouard  I  d'Angleterre,  une  histoire  résumée  de  l'empire  germa- 
nique, etc. 

Le  texte  a  été  établi  par  M.  de  Vreese  d'après  le  manuscrit  unique 
complet  conservé  à  Leyde  ;  il  va  de  soi  que  Téditeur  a  utilisé  aussi 
tous  les  fragments  connus.  Nous  devons  au  même  savant  le  com- 
mentaire philologique  ;  les  remarques  historiques  et  géographiques 
ont  été  rédigées  par  M.  van  der  Linden.  La  compétence  nous 
manque  f)our  apprécier  comme  il  convient  le  travail  du  professeur 

(1)  Le  titre  (Velthem' s  voort^etting  van  den  Spiegel  historiael)  a  de  quoi  sur- 
prendre, puisqu'il  sagit  ici  d*une  œuvre  qui  n'est  que  pour  une  petite  part  la 
continuation  du  Spiegel  par  Velthem,  à  savoir  cette  partie,  que  Velthem  appelle 
lui-méme  la  cinquième  partie  (cfr  IV»  48,  65  ;  IV»  49,  47  ;  IV»  56,  5o  ;  I  V«  56,  67  et 
^i  et  V.  I  de  Vordinantie,  p.  1  de  cette  édition  présente).  Pour  le  reste  c'est  une 
œuvre  originale;  le  Spéculum  de  Vincent  de  Beauvais  s'arrête  à  i25o;  Velthem 
poursuit  l'histoire  de  son  temps  jusqu'en  i3i6.  Le  fait  n'a  pas  grande  importance; 
il  mérite  cependant  d'être  signalé.  L'avertissement,  placé  en  tête  du  volume,  nous 
apprend  que  M.  de  Vreese  n'en  est  pas  responsable,  sinon,  on  n'en  croirait  pas  ses 
yeux. 


28  LE   MUSÉE   BELGE. 


liégeois  ;  mais  on  le  jugera,  pensons-nous,  très  réussi  et  atteignant 
parfaitement  son  but  parce  que  ces  indications,  qui  sont  le  fruit  d'un 
immense  labeur  et  de  connaissances  extrêmement  étendues  et  variées, 
sont  données  à  propos  et  dans  une  juste  mesure.  Toutefois,  quels 
que  soient  les  mérites  de  cette  partie,  nous  croyons  ne  pas  nous 
tromper  en  affirmant  que  c'est  surtout  l'annotation  philologique  de 
son  collègue  gantois  qui  donne  à  cette  nouvelle  édition  sa  grande 
valeur.  En  effet,  c'est  au  point  de  vue  philologique  que  la  publication 
est  remarquable  et  caractéristique. 

Les  premiers  éditeurs  belges  de  textes  flamands  du  moyen  âge 
(J.  F.  Willems,  David,  Bormans,  Snellaert,  etc.)  commencèrent  par 
donner  des  éditions  dites  critiques  ;  mais  ces  travailleurs  n'étaient  — 
du  moins  dans  ce  domaine  —  que  des  dilettantes,  mal  préparés 
pour  leur  tâche  et  s'en  acquittant  d'après  une  méthode  qui  n'avait 
rien  de  scientifique.  Dès  lors,  quoi  d'étonnant  si  leurs  publications 
ont  été  sévèrement  jugées  par  les  savants  hollandais  et  allemands  ?  — 
Ceux  de  la  génération  suivante,  devenus  plus  prudents,  se  conten- 
tèrent d'éditions  diplomatiques  ;  c'était  avouer  leur  impuissance. 
D'ailleurs,  dilettantes  eux-mêmes,  tout  aussi  mal  au  courant  des 
études  philologiques  et  ne  comprenant  pas  les  exigences  scientifiques, 
ils  n'auraient  pas  pu  fournir  davantage. 

S'il  est  donc  incontestable  que,  dans  le  domaine  de  la  philologie 
néerlandaise,  les  Belges  sont  restés,  pendant  tout  le  xix<^  siècle, 
inférieurs  à  leurs  voisins  du  Nord,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que,  par 
cette  publication  du  Spiegel  de  Velthem , l'école  belge  prend  une  revanche 
éclatante.  Jusqu'à  présent,  les  Hollandais  n'ont  pas  à  y  opposer  une 
publication  de  valeur  supérieure,  nous  oserions  même  dire,  de  valeiu" 
égale  ;  car,  tout  en  reconnaissant  les  mérites  éminents  de  maîtres  tels 
que  M.  de  Vries,  Verdam,  Franck,  van  Helten,  Moltzer,  etc.,  il  est 
permis  de  dire  que  leur  méthode  de  critique  et  d'interprétation 
n'est  pas  toujours  irréprochable. 

Ainsi  nons  aurons,  quand  Velthem  sera  publié  en  entier,  la 
première  édition  vraiment  scientifique  belge  d'un  texte  important  en 
moyen  néerlandais.  Assurément,  la  tâche  est  longue  et  difficile  ;  pour  la 
mener  à  bonne  fin,  il  faut  non  seulement  être  un  linguiste  consommé, 
mais  encore  posséder  des  connaissances  solides  en  paléographie, 
critique  et  exégèse.  De  tout  cela.  M.  de  Vreese  a  fait  amplement 
preuve  dans  cette  première  partie  de  l'édition.  Ne  pouvant  songer 
à  entrer  dans  un  examen  détaillé,  bornons -nous  à  indiquer  briève- 
ment, comme  qualités  principales  de  son  travail  :  1°  la  méthode 
rigoureusement  scientifique  ;  2°  l'exactitude  la  plus  scrupuleuse  ; 
3°  une  critique  perspicace,  fondée  sur  un  examen  paléographique 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  29 

attentif,  et  dont  le  plus  beau  trait  n'est  pas  une  audace  facile, 
mais  un  sage  conservatisme  ;  4^  Tintelligence  complète  du  texte, 
qui  suppose  un  savoir  multiple  et  varié  :  connaissance  de 
la  langue  en  général  et  de  Vusage  grammatical  particulier 
de  Fauteur  ;  connaissance  des  mœurs,  institutions,  croyances, 
littérature,  sciences,  etc.  de  l'époque.  Grâce  à  cette  heureuse  asso- 
ciation de  critique  prudente  et  d'interprétation  adéquate,  M.  de  Vreese 
est  parvenu  à  corriger  en  une  foule  de  passages  le  texte  altéré  de 
Velthem  (i)  et  à  le  rendre  presque  partout  intelligible  (2).  Nous  n'hé- 
sitons pas  à  dire  qu'il  a  exécuté  la  tâche  qui  lui  incombait  d'une 
manière  qui  ne  mérite  que  des  éloges  et  qui  lui  assure  la  première 
piace  parmi  les  néerlandistes  de  notre  pays. 

En  lui  présentant,  ainsi  qu'à  son  distingué  collaborateur,  nos 
sincèies  félicitations,  nous  formulons  le  souhait  qu'ils  n'auront  pas 
montré  en  vain  à  nos  compatriotes  comment  s'élabore  l'édition 
scientifique  d'un  texte.  Puisse  donc  être  définitivement  close  la  série 
des  publications  dans  le  genre  de  celles  de  la  vieille  école  ! 

C.  Lecoutere, 

n.  —  N.  Marais-HOOgenhoUt,  Praktisckes  Lehrbuch  der  Kaphol- 
làndisckm  Sprache  (Burensprachc),  Sprachîehre^  Gespràche,  Lesestiicke 
ttttd  Woertetbuck,  Vienne  et  Leipzig,  A.  Hartleben,  1906.  2  m.  (Die 
Kunst  der  Polyglottie.  N»  84). 

Vingt-huit  pages  sont  consacrées  à  la  grammaire;  environ  cent 
cinqiiante  à  la  chrestomathie,  aux  «  conversations  »  et  au  vocabulaire  ; 
il  en  suit  que  l'auteur  veut  surtout  initier  à  la  pratique  de  la  langue. 
Pour  abrégée  que  soit  la  grammaire,  elle  est  suffisamment  complète  ; 
on  sait  que  la  langue  des  Boers  se  distingue  par  une  grande  simpli- 
cité du  système  grammatical  ;  dans  ces  28  pages,  M.  Marais  trouve 
même  assez  de  place  pour  écrire  un  chapitre  sur  la  formation  des 
mots  et  un  autre  sur  la  syntaxe. 

Il  va  de  soi  que,  dans  un  espace  si  restreint,  l'auteur  n'a  pu  donner 
qu'un  exposé  des  formes  de  la  langue  telle  qu'elles  existent  aujour- 
d'hui; en  d'autres  termes,  il  a  dû  s'abstenir  de  considérations  histo- 
riques et  d'explications  quelconques  ;  de  même,  il  n'a  pas  mentionné 
les  dififérences  dialecticales.  —  L'anthologie  offre  un  choix  de  textes 

(1)  Parmi  ces  nombreuses  corrections,  un  certain  nombre  s'indiquaient  d'elles- 
mémts;  d'autres  sont  d'heureuses  trouvailles,  à  quelques-unes  desquelles  revient  le 
3001  de  conjectures  palmaires;  d'autres  enfin,  et  ce  n'est  pas  un  mince  mérite  de  les 
iToir  signalées,  sont  uniquement  dues  à  une  lecture  exacte  du  manuscrit 

2)  Mentionnons,  par  exemple,  le  commentaire  du  chap.  64  du  premier  livre,  qui 
doit  avoir  demandé  à  l'interprète  uuc  étude  attentive  de  la  théologie  scolastique. 


3o  LB   MUSÉE  BELGE. 


très  variés  et  gradués;  chaque  morceau  est  suivi  de  remarques,  qui 
ont  pour  but  d'aplanir  les  difficultés. 

En  résumé,  ce  manuel  peut  donner,  en  peu  de  temps  et  avec  peu 
de  peine,  une  idée  suffisante  de  la  langue  du  Transvaal  et  du  Cap. 

C.  Lecoutere. 

12.  —  Fr.   Kauffmann,   Deutsche  Grammatik,   KursgefassU  Laut- 

und  Formenlekre  des   Gotischen,  Alt-,  Mittel-,  und  Neuhochdeutscken. 

4*  Auflage.  Marbourg,  N.  G.  Elwert,  1906.  2  m.  25. 

Nos  lecteurs  connaissent  déjà  ce  manuel;   il   a  été  signalé  ici 

même  à  deux  reprises  (cfr  t.  I,  p.  i3  et  t.  VI,  p.  120).  Cette  nouvelle 

édition  se  distingue  de  la  précédente  par  des  corrections  de  détail  et 

des  additions  à  quelques  paragraphes.  L'auteur,  qui  avait  inséré 

dans  la  troisième  édition  des  indications  bibliographiques,  les  a 

soigneusement  complétées,  en  citant   surtout   les  ouvrages   où  le 

débutant  trouvera  des  informations  sûres  pour  pousser  plus  loin  ses 

études.  La  rapidité  avec  laquelle  se  sont  succédées  les  deux  dernières 

éditions  de  ce  manuel  démontre  qu'il  a  obtenu  le  succès  qu'il  mérite. 

C.  Lecoutere. 

i3.  —  H.  HUDgerland,  Das  wissenschaftlkhe  Studium  der  deutscken 
Sprache  und  Literatur,  Ein  Wegweiser  fUr  Studierefide.  Lund, 
Hj.  Môller,  1906.  i  fr.  5o. 

Cette  brochure  n'est  que  la  reproduction  de  deux  articles  qui  ont 
paru,  dans  le  courant  de  Tannée  passée,  dans  le  périodique  Skandi- 
navisk  Manadsrevy  for  undervisning  %  de  ire  hufvudspraken  (n®»  de  février 
et  de  mars  1906).  Après  quelques  pages  d'introduction,  l'auteur  groupe 
ses  renseignements  en  une  vingtaine  de  rubriques  :  phonétique  ; 
étude  de  la  langue,  de  la  grammaire;  interprétation  des  auteurs; 
histoire  de  la  langue  allemande  ;  psychologie  du  langage  ;  linguistique 
générale  ;  étude  de  la  littérature  ;  la  métrique  ;  les  realia,  etc.  L'ordre 
n'est  peut-être  pas  très  logique,  mais  peu  importe.  Rarement  M.  Hun- 
gerland  se  contente  d'énumérer  des  titres  de  livres,  de  revues,  etc.  ; 
d'habitude,  il  donne  une  bibliographie  raisonnée,  accompagnant  ses 
indications  de  remarques  pratiques.  Malheureusement,  le  sens  cri- 
tique lui  fait  souvent  défaut  et  l'exactitude  laisse  aussi  à  désirer  ; 
dans  certaines  paragraphes,  il  cite  comme  ayant  paru  des  publica- 
tions qui  ne  sont  qu'annoncées,  tandis  qu'ailleurs  son  information 
est  insuffisante.  C.  Lecoutere. 

14.  —  T.  F.  Henderson,  Robert  Bums'  Poems,  selected  and  ediied 
wtth  notes,  xxxvi-171  pp.  in  8°.  3  m.  C.  Winter,  Heidelberg,  1906. 
(Knglische  Textbibliothek,  hrsg.  von  J.  Hoops). 
Ce  qui  fait  la  gloire  de  Robert  Burns  sur  le  continent  et  ce  qui 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3l 

a  fait  l'admiration  de  Goethe,  ce  sont  ses  chansons.  A  travers  les 
difficultés  du  dialecte  écossais,  que  les  étrangers  ne  comprennent 
qa*à  moitié  et  prononcent  très  mal,  à  travers  les  faiblesses  des 
traductions  dont  s'aident  les  lecteurs  que  rebute  l'étude  du  patois,  le 
rythme  cadencé  du  vers  de  Bums ,  les  élans  soudains  de  son 
imagination  gardent  encore  l'énergie  qui  nous  transporte  et  nous 
ravit.  Mais  seules  les  strophes  du  lyrisme  le  plus  intense  peuvent 
résister  à  une  pareille  épreuve. 

Les  pièces  descriptives  et  satiriques,  où  sont  croqués  des  types  et 
des  scènes  de  la  vie  populaire  écossaise,  sont  encore  plus  difficilement 
accessibles  à  l'étranger  que  les  chansons.  C'est  pour  elles  surtout 
que  sont  utiles  les  savants  commentaires  de  M.  T.  F.  Henderson,  et 
les  détails  précis  contenus  dans  la  présente  édition  sur  l'origine  et  le 
sujet  de  ces  petits  chefs-d'œuvre.  M.  Henderson  a  limité  son  choix 
k  17  de  ces  poèmes  et  a  exclu  presque  toutes  les  épigrammes  où 
rmgéniosité  ciuelle  du  poète  a  mis  à  nu  les  nullités  prétentieuses 
qui  ont  eu  le  malheur  de  se  trouver  sur  son  chemin.  Nous  ne 
pouvons  que  recommander  chaudement  cette  petite  édition,  dont 
Texcellence  est  du  reste  suffisamment  garantie  par  le  nom  de 
l'éditeur.  Il  serait  impertinent  de  notre  part  de  nous  permettre  des 
réserves  ou  des  critiques  en  présence  d'une  pareille  autorité,  et  dans 
mi  domaine  aussi  spécial  et  aussi  peu  abordable  à  l'étranger. 

Une  transcription  phonétique  de  la  prononciation  dialectale  ne 
rendrait' elle  pas  certains  services  à  ceux  d'entre  nous  qui  s'eflForcent, 
avec  plus  ou  moins  d'illusions,  à  lire  Bums  dans  l'original  ?  Où  est 
le  philologue  écossais  dont  l'enthousiasme  et  le  savoir  suffiraient 
i  pareille  tâche  ?  P.  Hamelius. 

Histoire,  et  Géographie 

i5.  —  Ph.  Lauer,  Les  Annales  de  Flodoard  publiées  d'après  les  manus- 
crits^ avec  une  introduction  et  des  notes,  Paris,  Alph.  Picard,  1906. 
LXVIII-300  pp.  in-8o.  8  frs.  (Coll.  de  textes  pour  servir  à  l'étude  et 
à  renseignement  de  l'histoire.  Fasc.  Sç). 

Parmi  les  chroniqueurs  du  x«  siècle,  Flodoard  tient  une  des 
meilleures  places.  Né  en  SgS  ou  894,  probablement  à  Épernay,  il  fut 
formé  à  l'école  de  Reims,  très  florissante  alors.  Entré  parmi  les  clercs 
de  la  cathédrale,  il  eut  une  grande  influence  dans  l'entourage  des 
archevêques  qui  se  succédèrent  sur  le  siège  de  saint  Remy.  Pourtant, 
lorsque  Herbert  de  Vermandois,  par  un  coup  de  force,  imposa 
comme  archevêque  son  fils  Hugues,  encore  en  bas  âge,  Flodoard 
connut  la  disgrâce,  car  il  demeura  fidèle  à  Artaud,  nommé  par  le  roi 
Raoul.  La  victoire  de  son  parti  lui  rendit  ses  honneurs  et  ses  biens. 
Il  mourut  en  966. 


32  LE    MUSÉE   BELGE. 


Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  en  vers  et  en  prose.  Citons  son 
poème  De  ChrisH  iriumphis  apud  Itaîiam^  qui  nous  a  conservé  de  nom- 
breuses épitaphes  des  papes,  relevées  durant  un  voyage  à  Rome 
(936-937)  ;  son  Histoire  de  V Église  de  Reims  composée  à  Taide  des 
archives  dont  il  avait  la  garde,  semblet-il;  enfin  ses  Annales. 

Celles-ci  forment  une  sorte  de  Journal,  écrit  par  un  homme  bien 
informé  sur  les  événements  politiques  contemporains.  Elles  vont  de 
919  a  966.  Les  mentions  sont  fort  brèves,  parfois  même  trop  concises 
pour  être  bien  claires.  L'ordre  suivi  dans  le  récit  est  presque  toujours 
Tordre  chronologique,  l'année  commençant  le  25  décembre  ;  cepen- 
dant il  y  a  des  exceptions.  Les  Annales  sont  écrites  dans  une  langue 
et  dans  un  style  médiocres,  bien  que  Tauteur  fût  un  latiniste  dis- 
tingué, comme  l'attestent  ses  autres  ouvrages.  Comme  historien, 
Flodoard  fait  preuve  d  une  grande  impartialité  au  milieu  des  passions 
qui  divisaient  son  temps. 

Cet  ouvrage  avait  déjà  été  édité  à  plusieurs  reprises  par  Pierre 
Pithou  (i588),  A.  du  Chesne  (i636),  Dom  Bouquet  (1752),  Pertz  (iSSç) 
et  Bandeville  (i855).  M.  Lauer,  a  repris  cette  tâche,  et  son  travail 
surpasse  celui  de  tous  ses  devanciers.  Nul,  plus  que  lui,  n'était 
préparé  à  le  mener  à  bonne  fin,  car  sa  belle  étude  sur  Le  règne  de 
Louis  IV  (COutre-Mcr  (Paris,  1900),  lavait  familiarisé  avec  l'histoire 
du  x«  siècle 

Pour  établir  le  texte,  il  a  tenu  compte  des  sept  manuscrits  connus, 
après  avoir  fixé  leur  filiation  et  leur  valeur  respective.  Celui  de 
Montpellier  lui  a  paru  le  meilleur,  et  il  Ta  pris  pour  base  ;  il  a  utilisé 
les  variantes  de  ceux  d'entre  les  autres  qui  représentent  une  tradition 
indépendante. 

Une  introduction,  des  notes  nombreuses  et  très  riches  en  rensei- 
gnements historiques  et  géographiques  (cf.  par  exemple,  Tidentifica- 
tion  de  Mom  calaus,  p.  26.  n.  6),  des  appendices  contenant  des  textes 
utiles  pour  l'illustration  des  Annales,  une  table  très  détaillée  font  de 
cet  ouvrage  un  très  précieux  instrument  de  travail. 

Notons,  en  terminant,  l'interprétation  donnée  par  M.  Lauer  à  la 
numérotation  grecque  fragmentaire  des  Annales,  Selon  lui,  ces  lettres 
représentent  les  deux  derniers  chiffres  des  dates  indiquant  l'ère  mon- 
daine byzantine.  Elles  seraient  placées,  non  en  tête,  mais  à  la  fin 
des  paragraphes  relatant  les  événements  d'une  année. 

M.  Jacquin,  O.  p. 

16  —  M  BrantS,  Geschiedenis  van  H  onafhankelijk  Belgié  door  een 
groolvader  aan  zijne  kleinkinderen  verteld.  Gent,  Vanderpoorten,  1906. 
in-^o    217  p    2  f r 

Parmi  les  nombreuses  publications  parues  à  l'occasion  du  soixante- 
quinzième  anniversaire  Je  notre  indépendance   pour  célébrer   les 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  33 

progrès  accomplis  pendant  ces  trois  quarts  de  siècle,  une  des  meilleures 
est  certes  le  livre  consacré  par  M.  Brants,  professeur  à  l'Athénée 
de  Bruxelles,  à  l'histoire  de  notre  pays  depuis  i83o.  Le  but  de 
Fauteur  est  de  donner,  sous  une  forme  populaire,  une  idée  exacte  et 
précise  de  tout  ce  qui  a  été  fait  de  plus  marquant  pendant  cette 
période.  Pour  rendre  cette  histoire  attrayante,  il  a  cru  ne  pouvoir 
mieux  faire  que  de  la  présenter  au  public  sous  la  forme  d'un  récit 
dans  lequel  un  grand-père  raconte  à  ses  petits  enfants  tous  ses 
souvenirs  depuis  la  date  de  sa  naissance  en  i8i5  jusqu'en  içoS.  Ce 
récit  est  fait  avec  un  rare  talent.  L'auteur  a  su  grouper  tous  les  faits 
tant  ceux  de  la  vie  politique  que  de  la  vie  sociale,  artistique  et  litté- 
raire. On  lit  ce  livre  comme  un  roman  et  lorsqu'on  en  a  parcouru  le 
premier  chapitre  on  est  tenté  d'en  continuer  la  lecture  jusqu'à  la 
dernière  page.  Le  récit  repose  sur  une  connaissance  sérieuse  du 
sujet  et,  quoiqu'on  puisse  différer  avec  l'auteur  sur  certaines  appré- 
ciations émises,  on  doit  cependant  reconnaître  que  ce  récit  histo- 
rique est  vraiment  impartial.  A  aucun  point  de  vue,  ce  n'est  un  livre 
à  tendances,  mais  bien  une  publication  populaire  qui  respire  le  plus 
pur  patriotisme.  Nous  ne  saurions  assez  la  recommander  et  nous 
espérons  qu'on  la  répandra  le  plus  possible.  Nous  ajouterons  que, 
à  côté  d'un  mérite  scientifique  véritable,  l'auteur  a  fait  preuve  d'un 
talent  littéraire  vraiment  remarquable.  La  langue  est  pure,  châtiée 
et  imagée.  En  français  nous  ne  possédons  pas  de  livre  populaire  sur 
ce  sujet  qui  puisse  lui  être  comparé.  Adolf  de  Ceuleneer. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

17.  —  J.  A.  Shaixryer,  The  Menexenus  of  Plato.   Oxford,  Clarendon  Press 
(Londres,  H.  Frowde)  1906.  2  sh. 

Le  texte  et  Tapparat  critique  de  cette  édition  sont  empruntés  aux  Oxford  Oas- 
sical  Texts.  Dans  une  introduction  de  32  pages,  M.  Shawyer  examine  ces  trois 
questions  :  1^  le  but  de  ce  dialogue;  2*^  les  allusions  historiques;  3°  la  critique 
litiéraire  des  Orateurs  chez  les  Grecs.  Le  commentaire  (24  pages)  est  concis,  mais 
explique  toutes  les  difficultés  historiques,  grammaticales  et  stylistiques. 

18.  —  H.  Mqgjk,  Ein  archàologischer  Schuîatlas,  Wien,  Brzezowsky,  1904, 
23  pp.  (Extr.  du  Jahresber.  ûber  das  k.  k.  Elisabcthgymn.  in  Wien.) 
L'enseignement  de%  langues  classiques  doit  être  intuitif  :  c'est  un  principe  univer- 
sellement admis,  que  M.  Muzik  a  défendu  dans  plusieurs  ouvrages  déjà  signalés  par 
le  Bulletin.  Dans  cette  nouvelle  brochure,  il  s'occupe  des  moyens  de  le  réaliser. 
Ces  moyens  sont  les  moulages,  les  projections,  les  tableaux  muraux,  les  photo- 
gnphiet,  les  atlas.  Le  plus  commode  lui  paraît  être  un  atlas  ou  livre  d'images  et  il 
recherche  comment  l'atlas  doit  être  composé,  ce  qui  doit  y  entrer.  Quelles  sont  les 
notions  de  mythologie,  d'antiquités  religieuses,  politiques,  privées,  militaires,  les 
portraits  d'hommes  célèbres,  les  œuvres  d'art,  les  plans  de  villes,  les  sites  qu'il  est 
utile  de  mettre  sous  les  yeux  des  élèves?  Pour  résoudre  cette  question,  il  dresse  la 


LE   MUSÉE   BELGE. 


liste  des  notions  et  objets  de  ce  genre  qu'on  trouve  dans  Cornélius  Népos,  Quinte- 
Curce,  César,  Tite-Live,  Ovide,  Cicéron,  Salluste,  Virgile,  Tacite,  Horace,  Plaute 
«t  Térence,  puis  il  dresse  la  liste  des  choses  qu'il  a  rencontrées  le  plus  fréquemment 
dans  ces  auteurs.  Voilà  un  travail  préparatoire  des  plus  utiles,  fait  avec  soin  et  avec 
compétence.  Celui  qui  voudrait  publier  un  Bilderatlas  ou  se  former  seulement  une 
collection  à  montrer  aux  élèves,  tirerait  le  plus  grand  profit  de  la  lecture  de  cette 
brochure. 

19.  —  Transactions  and  proceedings  of  the  american  Philological  Association^ 
1905.  Vol.  XXXVI.  Ginn  and  C<»,  29,  Beacon  Street,  Boston,  238-cviii  pp. 

La  Société  américaine  de  philologie  est  très  prospère.  Elle  a  pour  but  le  progrès 
«t  la  diffusion  de  la  philologie.  Elle  compte  actuellement  678  membres,  divisés  en 
deux  groupes,  car  les  professeurs  de  la  côte  du  Pacifique,  trop  éloignés,  ont  formé 
une  section  à  part  composée  de  74  membres.  Elle  a  un  budget  de  plus  de 
46000  frs.  La  société  tient  une  réunion  annuelle  à  New- York  ou  ailleurs  :  on  y  fait 
des  lectures  sur  des  questions  de  philologie  et  chaque  année  ces  lectures  sont 
publiées  in  extenso  (Transactions)  ou  en  résumé  (Proceedings)  dans  un  beau 
volume  dont  nous  avons  transcrit  le  titre  ci-dessus.  Le  36"  volume,  celui  de  Tannée 
1905,  vient  de  paraître  et  il  donne  une  idée  très  favorable  de  l'activité  américaine, 
de  plus  en  plus  grande,  dans  le  domaine  de  la  philologie  classique.  Si  celle-ci  était 
un  jour  bannie  de  l'Europe  par  nos  militaristes,  elle  trouverait  un  refuge  en 
Amérique  ! 

Voici  les  sujets  traités  dans  les  neuf  articles  que  reproduit  ce  volume.  1.  H.  A. 
Sanders,  L'Epitome  de  Tite-Live  trouvé  à  Oxyrynque.  2.  C.  L.  Meander,  Formes 
typiques  de  la  construction  de  la  phrase  dans  les  prosateurs  latins.  3.  D.  R.  Stuart, 
L'importance  du  dies  natalis  dans  les  inscriptions  des  temples  restaurés.  4.  C.  E. 
Bennett,  L*ablatif  d'association  (avec  les  verbes  signifiant  joindre^  attacher,  méler^ 
communiquer^  accoutumer^  accumuler^  jouer ^  changer^  marier).  5.  A.  G.  Har- 
KNESS,  Du  rapport  entre  l'accent  et  Télision  dans  les  vers  latins.  6.  S.  E.  Bassett, 
La  diérèse  bucolique.  J.  C.  Watson,  Les  didascalies  de  Térence  dans  Donai. 
8.  R.  S.  Radford,  La  synizèse  dans  Plaute  (brevis  coalescens),  9.  F.  W.  Kelset, 
Le  titre  de  l'ouvrage  de  César  sur  la  guerre  des  Gaules  et  sur  la  guerre  civile. 

A  la  réunion  tenue  en  décembre  1906  dans  les  locaux  de  la  Cornell  University, 
à  Ithaca,  36  lectures  ont  été  faites.  Elles  sont  résumées  aux  pages  v-li.  De  son  côté 
V Association  of  the  Pacific  Coast  s'est  réunie  à  San- Francisco  et  22  de  ses  membres 
ont  fait  une  lecture.  A  San-Francisco,  comme  à  Ithaca,  c'est  la  philologie  classique 
qui  fournit  la  plupart  dés  sujets. 

20.  —  H.  Lud'wig,    Lateinische  Phraséologie,   Unter  Berûcksichtigung  der 
Sprichwoerter  und  Fremdwoerter.  Stuttgart,  A.  Bonz,  1906.  3  m.  60. 

Ce  livre  est  destiné  à  faciliter  la  traduction  en  latin,  le  thème  latm  et  la  rédaction 
latine.  Les  dictionnaires  allemands-latins,  dit  l'auteur,  sont  insuffisants  quand 
s'agit  de  trouver  le  mot  latin,  l'expression  latine  rendant  les  idées  modernes,  les 
expressions  proverbiales,  les  mots  étrangers.  Ce  sont  ces  trois  catégories  que 
l'auteur  a  en  vue  et  il  en  a  dressé  une  liste  alphabétique  de  i63  pages  à  deux 
colonnes.  Les  traductions  qu'il  propose  sont  tirées  des  auteurs  classiques,  de 
Sénèque  et  de  Quintilien.  Les  soui*ces  ne  sont  indiquées  que  par  des  initiales. 

21.  —  S.  Doe^fleP,  Beitraege  ^u  einer  Topik  der  roemischen  Elegiker,  Progr. 
XXXIII.  Staatsgymn.  Nikolsburg,  i()o6.  16  pp. 

L'auteur  étudie  quelques-uns  des  lieux  communs  traités  par  les  élégiaques  latins. 
Pour  décrire  l'amour,  ils  empruntent  la  terminologie  de  la  guerre,  du  service  mili- 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  35 


nirt;  ils  présentent  Tamour  comme  un  esclavage,  une  maladie  morale;  d'autres 
comparaisons  sont  tirées  de  la  navigation  et  de  la  chasse  ;  Tamour  est  tantôt  le  plus 
grand  des  biens,  tantôt  le  plus  grand  des  maux.  L*auieur  passe  en  revue  les  variations 
sur  ces  thèmes  quil  a  trouvées  dans  Catulle,  Properce  et  Ovide,  et  il  conclut  que  ce 
dernier  use  plus  de  ces  figures  que  les  deux  premiers,  parce  que,  moms  le 
teotiment  est  vrai  et  profond,  plus  il  a  besoin  de  recourir  à  la  rhétorique.  M.  Siegler 
conaaîi  les  travaux  allemands  de  Ribbeck,  Mallet,  Mûller,  Rohde,  Brandt,  mais  il 
ignore  l'ouvrage  capital  de  R.  Pichon,  De  sermone  amatorio  apud  Latinos  elegia- 
nm  scriptores,  Paris,  Hachette,  1902  (Voy.  ce  Bm//.,  VII,  p.  197). 

23.  —A.  Gamoy.  Le  latin  d'Espagne  d'après  les  inscriptions.  Étude  linguistique. 
2«ci.  revue  et  augmentée.  Bruxelles,  Misch  et  Thron,  1906.  293  pp.  8  fr. 

Le  Bulletin  (1906,  p.  232)  a  rendu  compte  de  la  première  édition  de  cette  étude. 
Publiée  d*abord  dans  le  Afuséon  et  tirée  à  part,  elle  a  reçu  un  excellent  accueil 
luprès  des  latinistes  et  des  romanistes.  Voy.  Romania^  1903,  p.  307.  Archiv  fur 
ht.  Lejc,,  XII,  p.  21,4,  et  XIII,  p.  598.  Indogerm.  Forsch.,  XVII,  p.  20.  Berl.pkil. 
Woch ,  1902,  n»  52.  Dans  cette  seconde  édition ,  plusieurs  chapitres  ont  été 
entièrement  remaniés  et  enrichis  de  faits  nouveaux.  Une  étude  sur  la  morphologie, 
U  syntaxe  et  la  lexicographie  des  inscriptions  espagnoles  complète  heureusement 
Tcnqucte  phonétique  de  Touvrage  et  apporte  beaucoup  de  renseignements  iniéres- 
unts  pour  riiistoire  du  latin  et  pour  celle  de  lespagnol.  Des  index  très  complets 
rendront  beaucoup  plus  aisée  la  consultation  de  l'ouvrage. 

23.—  P.  Stro'wski,   Montaigne.   Paris,    F.   Alcan,    1906.   6  fr.  (Les  grands 

philosophes). 

Ce  livre  est  le  premier  où  «  la  méthode  historique  et  génétique  soit  appliquée  à 
U  pensée  de  Montaigne  ».  Chargé  de  VËdition  Municipale  de  Bordeaux,  l'auteur  a 
pu  «  démêler  l'embrouillement  des  Essais,  distinguer  du  fond  de  i58o  l'apport  de 
i588  et  l'apport  manuscrit  d'après  i588  »  :  ce  qui  lui  a  permis  de  faire  V histoire  de 
h  pensée  de  Montaigne. 

On  voit,  par  cet  ouvrage,  que  Montaigne  a  passé  de  répicuréism2  à  une  sorte  de 
stoïcisme  tout  païen,  du  stoïcisme  à  une  forme  de  scepticisme  rationnel  qui  le 
ramène  vers  la  foi,  du  scepticisme  lui-même  au  dilettantisme  ;  et  sous  quelles 
influences  internes  ou  externes  s'est  opérée  cette  suite  singulière  de  métamor- 
phoses. Rien  de  plus  curieux  d'ailleurs  que  les  idées  de  Montaigne  sur  les  passions 
humaines,  sur  la  nature  du  moi,  sur  la  portée  de  notre  raison,  sur  l'éducation  et  la 
politique,  il  y  a  là  une  foule  de  vues  où  nous  retrouvons  nos  préoccupations 
actuelles  et  qui,  considérées  dans  leur  ensemble,  valent  mieux  qu'un  système  à 
formules  liturgiques,  fùtil  celui  d'un  Kant. 

24.  —  G.  Paris,  Esquisse  historique  de  la  littérature  française  au  moyen  âge 
depuis  les  origines  jusque  la  fin  du  xv«  siècle).  Paris,  Colin,  1907.  xi-3i9  pp. 
3,!>o  fr. 

Cet  ouvrage  posthume  du  regretté  maître  expose  la  littérature  française  depuis 
les  origines  jusqu'à  la  fin  du  xv®  siècle,  alors  que  son  manuel  bien  connu  :  La  litté- 
rature française  au  moyen  âge  (republié  en  1905,  troisième  édition)  n'arrivait 
quauxiv».  C'est  une  simple  esquisse,  dit  le  titre,  mais  die  n'en  constitue  pas  moins 
un  travail  de  haute  valeur  et  qui  sera  utilisé  par  touj  ceux  qui  s'intéressent  au 
mouvement  des  lettres  françaises  avant  la  Renaissance 

î5-28.  —  M    Michel,  La  chanson  de  Roland  et  la  litt'^.ture  chevaleresque. 
Pans,  Pion.  11-319  pp.  3,5o  fr. 
Un  bon  livre  à  recomm.ndcr. 


36  LE   MUSÉE   BELGE. 


Mûnchener  Beitràge  :;ur  romanischen  und  enpïischen  Philologie,  von  Breymann 

und  Schick.  xxvi  Heft  :  D'  J.  Mensch,  Das  Tter  in  der  Dichtung  Marots. 

Leipzig,  Deichert,  iqo6.  ioo  pp.  l,8o  m. 

Etude  détaillée  et  consciencieuse  sur  les  animaux  dans  l'œuvre  poétique  de  Marot. 
A.  Albalat,  Louis  Veuillot^  Pages  choisies,  avec  une  introduction  critique.  Lyon 

et  Paris,  Vitie,  1906,  xxix-SgS  pp.  5  fr. 

L'introduction  que  M.  Albalat  a  écrite  ici  et  le  choix  de  pages  quMI  nous  donne, 
mettent  en  vive  lumière  les  mérites  du  grand  polémiste  et  du  grand  écrivain  que 
fut  Louis  Veuillot. 
G.  Gasella  et  B.  Gaubert.  La  Nouvelle  Littérature  (iSçS-içoS).  Paris,  Sansot, 

1906.  307  pp.  3,5o  fr. 

Une  revue  de  la  nouvelle  littérature  française,  qui  est  faite  par  deux  Jeunes  et 
dans  un  esprit  jeune. 

29.  —  A  l'occasion  du  soixante-quinzième  anniversaire  de  noire  indépendance 
nationale,  le  Willemsfonds  a  décidé  la  publication  d'un  ouvrage  illustré  consacré 
à  l'histoire  et  à  la  description  delà  Belgique  flamande  depuis  i83o  M  comprendra 
une  trentaine  de  chapitres,  qui  seront  lous  écrits  par  des  spécialistes  connus.  Une 
première  partie  en  a  paru  jusqu'ici,  comprenant  cinq  chapitres;  cette  partie  constitue 
en  même  temps  le  premier  volume  des  publications  de  la  «  fondation  Victor 
De  Hoon».  En  voici  le  titre  :  Vlaamsch  Belgiè  sedert  iS3o,  Studièn  en  schetsen 
bijeengtbracht  door  het  Algemeen  Bestuur  van  het  Willems- Fonds  ter  gelegenheid 
van  het  jubeljaar  içoS.  Eerste  decl  f  =  -  Uitgave  van  het  Vicor  De  Hoon-Fonds. 
Eerste  deel).  Gand,  J.  Vuylsteke,  1905  (In-S®,  xn-232  pp.).  Ce  volume  contient, 
après  une  courte  préface,  où  la  direction  du  Willemsfonds  expose  les  motifs.  le  but 
et  le  plan  de  cette  publication,  une  vue  sur  la  Belgique  flamande  à  vol  d'oiseau 
(Belgiè  in  vogehlucht)  par  M.  G.  D.  Minnaert  (pp.  1-68)  ;  un  aperçu  de  l'histoire 
des  provinces  flamandes  jusqu'en  181 3  par  M.  le  professeur  P.  Fredericq 
(pp.  ^>9-84),  puis  trois  chapitres  dûs  à  la  plume  de  M.  V.  Pris,  relatant  les  destinées 
de  notre  patrie  sous  Guillaume  l»»"  (pp.  85-144),  l'histoire  de  la  révolution  de  i83o 
(pp.  145-187)  et  la  fondation  du  royaume  de  la  Belgique  (pp.  188  202). 

Nous  ne  pouvons  qu'applaudir  à  l'entreprise  et  souhaiter  qu'elle  soit  menée  à 
bonne  fin.  Nous  avons  constaté  avec  plaisir  que  les  auteurs  se  sont  efforcés  d'ex- 
poser impartialement  les  f^its  ;  leur  ion  est  calme  et  modéré.  Le  point  de  vue 
est  parfois  discutable,  de  même  que  l'appréciation  ;  quelques  expressions  malheu- 
reuses auraient  pu  être  évitées  sans  nuire  à  l'effet  recherché. 

Une  carte  de  la  Belgique,  indiquant  la  frontière  linguistique  est  iointe  au  volume; 
il  est  de  plus  illustré  d'une  bonne  quarantaine  de  gravures.  Le  choix  de  Cis  illustra- 
tions est  astez  bien  fait,  mais  l'exécution  laisse  quelque  peu  à  désirer. 

Ce  qui  précède  était  écrit,  quand  nous  avons  reçu  un  deuxième  volume  compre- 
nant une  histoire  du  mouvement  flamand  par  M.  Paul  Fredericq  (Schets 
eetier  geschiedenis  der  Vlaamsche  Beweging  ;  1906,  256  pp.).  Dans  son  «  avan- 
propos»  l'auteur,  tout  en  réclamant  l'indulgence  du  lecteur  pour  un  ouvrage  qui  a 
dû  être  composé  à  la  hâte,  déclare  qu'il  a  essayé  d'être  impartial,  conformément  à 
l'adage  de  Cicéron  :  «  ne  quid  falsi  audeat,  ne  quid  veri  non  audeat  historia  ».  Nous 
ne  pouvons  pas  entrer  dans  un  examen  critique  du  livre.  Disons  cependant  que, 
malgré  tous  ses  eftbrts  d'impartialiié,  M.  P.  Fredericq  laisse  trop  ouvertement 
paraître  vers  quel  côté  le  portent  ses  préférences  personnelles.  Pourquoi  s'arrête-t-il 
en  18S8?  Il  ne  s'explique  pas  là-dessus,  ce  qui  semblera  étrange;  car  en  1888, 
rhisioire  du  mouvement  flamand  ne  finit  pas  ;  elle  devient  même  très  intéressante. 

C.  L. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  3y 


3o.  —  Nous  nous  empressons  de  signaler  à  nos  lecteurs  la  troisième  édition, 
récemment  parue,  de  la  grammaire  historique  du  néerlandais  de  M.  le  professeur 
J.  Vercoallie  de  Gand  :  Sckets  eener  historische  grammatica  der  Nederlandsche 
ri^.Dcrde,2eer  vermjerderde  uitgave  (Gand, J.Vuylsteke,  1906;  2  frs  5o).  L'auteur  ne 
SCSI  pas  borné  à  apporter  à  son  manuel  des  corrections  et  modifications  de  détail, 
lân  de  le  maintenir  au  courant  des  derniers  résultats  des  recherches  scientifiques  ; 
il  a  enrichi  cette  nouvelle  édition  de  deux  chapitres  importants  :  la  syntaxe  et  la 
formation  des  mots.  Son  «  esquisse  »  est  ainsi  devenue  complète,  et  possède  par  là  un 
titre  de  plus  à  la  faveur  du  public  auquel  elle  est  destinée.  Quant  au  caractère  de 
Il  publication,  il  n'a  pas  varié;  M  Vercoullie  se  borne  à  un  exposé  succint  (cfr. 
Bulletin,  V,  80).  5>ouhaitons  que,  convaincu  par  le  succès  croissant  de  son 
«esquisse»,  il  se  décide,  à  une  prochaine  édition,  à  la  transformer  en  un  traité 
plus  étendu,  avec  tous  les  développements  et  explications  utiles  ;  il  aura  encore  plus 
<k  droit  à  la  reconnaissance  de  tous  ceux  qui  étudient  le  néerlandais. 

G.  Lecoutere. 

3i.  —  M.  N.  Barone,  chef  de  Section  aux  Archives  de  TEtat  à  Naples,  a  extrait 
des  richesses  que  constituent  les  Registres  de  la  Chancellerie  angevine,  deux  docu- 
ments des  plus  intéressants  qu'il  a  publiés  dans  le  Moyen  Age  (année  igoS).  Sous 
le  titre  Deux  Privilèges  de  Raymond  Bérenger  /  V,  comte  de  Provence  et  de  For- 
calqukr  en  faveur  de  la  commune  de  Seyne^  confirmés  par  le  roi  Charles  II 
d'Anjou,  Le  diplôme  confirmatif  du  roi  Charles,  inséré  au  fol,  VIII  du  registre  59 
de  la  chancellerie  angevine,  contient  ces  deux  documents  dans  le  corps  du  texte, 
transcrits  par  la  main  d'un  notaire.  La  ville  de  Seyne,  située  aux  confins  de  la 
Savoie,  dans  les  limites  du  comté  de  Provence,  et  comprise  dans  le  diocèse  de 
Digne,  formait  une  commune  à  l'image  des  républiques  italiennes  du  Moyen  Age. 
Le  38  novembre  1222,  Raymond  Bérenger  IV,  comte  de  Provence  et  de  Forcalquier, 
par  un  privilège,  daté  de  Digne,  régla  le  mode  de  succession  des  bourgeois  et  régle- 
menta certains  droits  et  devoirs  des  hôtes  qui  habitaient  dans  la  commune  de  Seyne. 
Par  un  autre  privilège  du  5  août  i223,  le  même  comte  concéda  à  la  commune  des 
franchises  et  libertés  et  promulgua  un  certain  nombre  de  règles  relatives  au  con- 
sulat et  à  l'administration  de  la  justice  civile  et  criminelle,  sous  réserve  des  droits 
souverains.  En  revanche,  les  consuls  de  Seyne,  promettent  d'élever  la  tour  du 
cbâieau  comtal  d'un  étage.  Le  25  juin  1292,  le  roi  Charles  II  d'Anjou,  à  la  requête 
des  consuls,  confirma  les  deux  privilèges  de  son  aïeul  maternel.  Ce  sont  ces  deux 
intéressants  documents  que  M.  N.  Barone  a  publiés,  pour  contribuer  à  éclairer 
ITustoirc  de  cette  Provence  médiévale,  si  intéressante  par  sa  position  mitoyenne 
entre  le  reste  de  la  France  et  l'Italie.  L.  Van  der  Essen. 

3^.  —  A.  Michel.  Histoire  de  VArt  depuis  les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à 
nosjours.  Tome  IL  Formation,  expansion  et  évolution  de  l'art  gothique.  Première 
partie.  Paris,  Colin,  1906.  i5  frs. 

Le  deuxième  volume  de  ce  splendide  ouvrage  sera  consacré  à  l'art  gothique.  La 
première  moitié  de  ce  volume,  qui  vient  de  paraître,  raconte  la  formation  de  l'art 
gotlnque  et  son  expansion  au  xin«  siècle.  L'introduction  est  de  M.  André  Michel, 
qui  définit,  d'une  manière  générale,  l'art  gothique.  M.  Camille  Enlart,  dans  le 
chapitre  l»*",  s'occupe  de  l'architecture  gothique  :  il  en  expose  les  origines  et  les 
carartères  généraux,  puis  il  montre  comment  elle  s'est  propagée,  dans  le  cours  du 
loi*  siècle,  en  France,  son  point  de  départ,  dans  les  Pays-Bas,  en  Allemagne,  en 
Scandinavie,  en  Grande-Bretagne,  en  Italie,  en  Suisse,  en  Espagne  et  en  Portugal 
^  jusque  dans  l'Orient  latin.  A  l'architecture  se  rattache  la  sculpture  gothique  :  au 


38  LE   MUSÉB   BELGE. 


chapitre  II,  MM.  A.  Michel,  C.  Enlart  et  E.  Berteaux  étudient  cet  art  en  France^ 
en  Angleterre  et  en  Espagne.  Le  chapitre  III  est  consacré  aux  miniatures,  aux 
vitraux  et  à  la  peinture  murale.  Au  chapitre  IV,  M.  A.  Pératé  fait  l'histoire  de  la 
peinture  italienne  avant  Giotto.  Le  chapitre  V  enfin  est  une  étude  des  ivoires 
gothiques  par  R.  Koechlini 

Les  gravures  dans  le  texte  sont  au  nombre  de  333  pour  5o5  pages  ;  il  y  a,  en 
outre,  cinq  planches  hors  texte.  Une  bibliographie  (p.  5o5-5o8)  permettra  au  lecteur 
de  faire  des  recherches  plus  approfondies. 

Nous  souscrivons  au  jugement  exprimé  par  M.  S.  Reinach  dans  la  Revue  Archéo- 
logique :  «  Si  la  suite  de  ce  grand  ouvrage  répond  aux  espérances  qu'autorisent  la 
première  partie  et  le  nom  de  M.  André  Michel,  la  France  possédera,  d*ici  quelques 
années,  une  histoire  de  Tart  que  rAUemagne  et  Tltalie  pourront  à  bon  droit  lui 
envier.  Non  seulement  les  chapitres  sont  au  courant  de  la  science,  non  seulement 
l'illustration  qui  les  éclaire  est  à  la  fois  abondante,  luxueuse  et  intelligemment 
choisie  ;  mais,  qualité  plus  rare,  le  texte  se  lit  avec  facilité  et  agrément,  sans  être 
ni  frivole,  ni  superficiel...» 

Rappelons  que  VHistoire  de  VArt  formera  huit  tomes  in-8o  grand  Jésus,  divisés 
chacun  en  deux  parties  ou  volumes.  Chaque  volume  sera  i;nis  en  vente  séparément* 

Le  fascicule  3i  (i«'  fascicule  de  la  deuxième  partie  du  tome  II)  a  paru  le  5  novem^ 
bre  1906.  Prix  du  fasc.  i,5o  fr. 

33.  —  maz  Schmid,    Kunstgeschichte    des    XI X^^   Jahrhunderts.    Leipzi, 
E.  A.  Seemann,  1904-1906.  2  vol.  de  366  et  488  pp.  8  m.  et  9  m.  5o  (reliés  : 
9  et  1 1  m.). 

Les'  monographies  sur  Part  du  xix«  siècle  se  sont  multipliées  dans  ces  dernières 
années,  mais  il  manquait  un  travail  d'ensemble,  où  chaque  artiste  et  chaque  œuvre 
fût  mis  à  la  place  qui  lui  revient.  M.  Schmid  a  voulu  faire  ce  travail  et  il  a  fait 
entrer  dans  son  cadre  tous  les  artistes  de  quelque  valeur,  ceux  qu'il  appelle  les 
étoiles  de  deuxième  et  de  troisième  grandeur.  Cest  par  la  vue  qu'on  juge  les 
œuvres  d'art,  et,  sous  ce  rapport,  M.  le  professeur  Max  Schmid  était  un  des  rares 
savants  qui  sont  préparés  à  une  pareille  entreprise  .  il  a  fait  le  tour  de  1* Europe  pour 
écrire  son  livre  et  il  parle  toujours  de  visu.  Il  se  borne  du  reste  à  l'art  français, 
allemand  et  anglais.  Le  premier  volume  s'arrête  à  i85o  et  le  second  va  jusque  vers 
1870.  Dans  celui-ci,  un  chapitre  est  réservé  à  l'art  belge  depuis  1848  (pp.  91-1 18). 
Un  troisième  volume  traitera  de  l'art  moderne  depuis  1870  jusqu'à  nos  jours.  Quand 
il  sera  achevé,  cet  ouvrage  sera  l'histoire  générale  la  plus  complète  de  l'art  du 
XIX*  siècle.  Il  est  d'ailleurs  bien  illustré.  Le  premier  volume  est  orné  de  262  gra- 
vures dans  le  texte  et  de  10  planches  coloriées;  le  second  volume  a  376  gravures 
dans  le  texte  et  17  planches  coloriées. 

34.  —  J.  Helbig^,  Vart  mosan  depuis  l'introduction  du  christianisme  jusqu*à  la 
fin  du  XVI 11^  siècle.  Publié  par  les  soins  de  Joseph  Brassine.  Tome  I.  Des 
origines  à  la  fin  du  xve  siècle.  Bruxelles,  G.  Van  Oest  et  0«,  1906.  40.  20  fr. 
Dans  cet  ouvrage,  qui  constitue  le  couronnement  de  la  carrière  de  l'éminent 

savant  que  fut  M.  Jules  Helbig,  l'auteur  traite  des  diverses  manifestations  de  l'art  au 
pays  de  Liège  et  sur  les  bords  de  la  Meuse  :  peinture,  sculpture,  gravure,  architec- 
ture, enluminure,  dinanderies,  mobilier,  émaillerie,  orfèvrerie  religieuse,  etc.  Après 
l'importante  exposition  d'art  ancien  à  Liège  en  1905,  ce  livre  est  appelé  à  un  grand 
succès.  Nous  en  reparlerons. 

L'ouvrage  sera  complet  en  deux  volumes,  de  format  in-40  et  est  illustré  de 
65  planches  hors  texte,  en  héliogravure,  en  phototypie  et  en  typogravure  et  de 
120  reproductions  dans  le  texte.  Le  tome  II  paraîtra  en  1907. 

On  ne  souscrit  qu'à  l'ouvrage  complet  (40  fr.). 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  Sg 

35.  —  Notre  collaborateur,  M.  A.  Gralé  vient  de  publier  une  deuxième  édition, 
lerue  et  augmentée,  du  résumé  du  cours  de  Psychologie  quMl  professe  à  TUniver- 
litéde  Liège  :  Notes  pour  un  cours  de  psychologie^  2^  éd.  70  pages  (Louvain, 
Ch.  Peeters,  1907). 

36.  —  A.  Fen^ère,  Lamennais  avant  F  Essai  sur  V  Indifférence^  d'après  des  docu- 
ments inédits  (1782-1817).  Etude  sur  sa  vie  et  sur  ses  ouvrages  suivie  de  la  liste 
chronologique  de  sa  correspondance  et  des  extraits  de  ses  lettres  dispersées  ou 
inédites.  Bloud  et  0%  4,  rue  Madame,  Paris.  10  fr. 

Void  un  livre  que  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  Lamennais,  —  et  ils  sont  fort 
nombreux  de  nos  jours,  —  ne  pourront  se  dispenser  de  lire  et  d'avoir  constamment 
i  portée  de  la  main.  Il  comprend  d'abord  une  étude  très  fouillée  et  très  précise  sur 
k  période  la  moins  connue  et  la  plus  obscure  de  la  vie  de  Lamennais  :  à  Taide  de  la 
correspondance  de  l'écrivain,  de  ses  premiers  ouvrages  ignorés,  de  ses  articles 
perdus,  et  de  tous  les  documents  extérieurs  qu'il  a  pu  recueillir,  M.  Anatole  Feugère 
t'est  efforcé  de  reconstituer  dans  leur  réalité  vraie  ces  trente-cinq  années  de  forma- 
tion et  d'apprentissage,  et,  comme  il  le  dit  très  heureusement,  d'en  «  déromancer  » 
l'histoire.  Puis  dans  une  seconde  partie,  il  a  eu  l'excellente  idée  de  dresser  pour 
•tnsi  dire  l'inventaire  chronologique  de  toute  la  correspondance  de  Lamennais,  et, 
par  des  analyses  et  des  extraits  d'innombrables  lettres  dispersées  ou  inédites,  de 
suppléer  très  utilement  à  la  publication  intégrale,  et  sans  doute  bien  lointaine,  de 
cette  volumineuse  et  suggestive  correspondance.  {Revue  des  Deux-Mondes^ 
i5  septembre  1906.) 

37.  —  C.  Bouvier,  Henri  de  Tourville  (1842-IÇ03).  Bloud  et  0«,  4,  rue  Madame, 
Paris.  i,5o  fr. 

De  son  vivant  comme  après  sa  mort,  arrivée  il  y  a  trois  ans,  il  semble  que  le 
prêtre  d'élite  qui  eut  nom  Henri  de  Tourville,  ait  réussi  à  dépister  la  curiosité  du 
grand  public,  si  empressé  d'ordinaire  à  surveiller  l'éclosion  de  la  gloire.  Hors  du 
groupe  restreint,  quoique  très  agissant  et  très  ouvert,  des  bons  ouvriers  de  la  Science 
sociale^  hors  des  rares  cénacles  où  la  6délité  posthume  de  quelques  disciples  entoure 
sa  mémoire  de  cultes  fervents,  mais  hélas,  trop  particuliers,  Tourville  est  encore 
un  inconnu.  Il  fut  cependant  un  des  cerveaux  les  plus  puissants,  une  des  consciences 
les  plus  hautes  de  ce  temps.  Et  c'est  en  toute  justice  qu'on  a  pu  dire  que  son  nom 
mérhait  de  prendre  place  «à  côté  des  plus  grands  dont  l'humanité  conserve  le 
souvenir  ».  Voici  enfin  un  livre  qui  permettra  de  prendre  contact  avec  cette  belle 
ime  en  même  temps  que  de  s'initier  aux  doctrines  sociales  qu'élabora  dans  son 
«manoir  »  de  Calmont  ce  brillant  émule  de  Le  Play.  Après  avoir  étudié  les  prépara- 
tions lointaines  de  H.  de  Tourville  à  son  œuvre,  M.  Claude  Bouvier  examine  suc- 
cessivent  en  lui,  le  sociologue,  Vapologiste,  le  directeur  d'âmes.  Au  cours  de  cet 
exposé,  il  trace  un  délicat  portrait  de  l'homme  et  l'achève  par  le  récit  de  sa  mort. 
Le  lecteur  demeure  sur  cette  impression  de  grandeur  simple,  de  paix,  de  reposante 
lumière  qui  nous  vient  de  la  fin  d'une  noble  entreprise  et  d'une  vie  silencieuse 
mais  pleine. 

38.  —  André  Pidoux,  Sainte  Colette.  Paris,  V.  Lecoffre,  1906,  1  vol.  in- 12.  2  fr. 
Si  U  touchante  fondatrice  de  l'ordre  des  Clarisses,  sainte  Claire  d'Assise,  n'a  pas 
assez  vécu  pour  fournir  la  matière  d'un  volume,  on  peut  se  dédommager  en  lisant 
la  vie  de  la  réformatrice  de  son  ordre,  sainte  Colette,  de  Corbie.  Rien  de  plus  vivant 
que  cette  histoire  qui  commence  dès  les  jeunes  années  de  l'hérome  et  se  poursuit 
tour  à  tour  en  Picardie  et  en  Franche-Comté.  M.  Pidoux,  archiviste-paléographe, 
a  trouvé,  dans  sa  situation  près  de  la  personne  même  du  Souverain  Pontife,  à  Rome, 
)e  moyen  de  se  faire  communiquer  bien  des  documents.  Son  livre  est  donc  un  livre 
neuf,  très  soigné  et  plein  d'enseignements  édifiants. 


40  LE   MUSÉE  BELGE. 


3g.  —  E.  Lecanuet,  L'Eglise  de  France  sous  la  troisième  République  (18701878^. 

Vve  Ch.  Poussielgue,  rue  Cassette,  i5,  Paris.  1906.  5  fr. 

Le  grand  ouvrage  dont  M.  TAbbé  Lecanuet  nous  donne  aujourd'hui  la  première 
partie  est  Thistoire  complète  et  saisissante  de  la  guerre  engagée  depuis  trente  ans 
entre  l'Eglise  et  la  Libre  Pensée.  L^auteur  expose  en  ce  livre  les  causes  et  les  débuts 
de  cette  lutte.  D'autres  volumes  raconteront  le  pontificat  de  Léon  XIII  et  la  période 
actuelle.  E^t-il  besoin  d'insister  sur  l'imporance  et  l'intérêt  d'un  tel  travail  ? 

40.  -  Abbé  Désers,  Nos  devoirs  envers  Dieu,  instructions  d'apologétique.  Pous- 
sielgue, rue  Cassette,  i5,  Paris.  2,5o  fr. 

Ce  volume,  d'une  lecture  facile,  est  le  sixième  de  la  série  d'instructions  d'apologé- 
tique commencée  il  y  a  quelques  années.  Il  plaira  par  sa  forme  vivante  et  moderne, 
mais  il  instruira  plus  encore,  car  rien  n'est  sacrifié  de  la  doctrine  à  exposer  ou  à 
défendre  ni  des  devoirs  à  préciser.  L'intérêt  de  certains  sujets  tels  que  le  spiritisme^ 
le  vœu,  le  serment^  le  dimanche^  est  renouvelé  par  rhistorique  qu'en  fait  l'auteur. 

CHRONIQUE. 

41.  —  La  Question  du  Latin  aux  Etats-Unis.  —  La  question  du  latin  commence 
à  préoccuper  les  Américains.  Ils  la  discutent,  et  même  avec  chaleur,  mais  à  un 
point  de  vue  qui  surprendra  bien  des  personnes.  Ils  ne  se  demandent  pas,  comme 
on  pourrait  le  supposer,  s'il  ne  conviendrait  pas  de  supprimer  les  humanités  dans 
les  collèges  ;  ils  se  demandent,  tout  au  contraire,  s'il  ne  serait  pas  à  propos  de  les 
renforcer,  et  de  les  rendre  obligatoires  dans  certains  cas  où  elles  ne  l'étaient  pas  ; 
par  exemple,  pour  les  jeunes  gens  qui  se  préparent  à  faire  leur  médecine  ou  qui  se 
destinent  à  être  ingénieurs  (  1  ).  Chose  curieuse,  il  semble  que  ce  soient  les  professeurs 
de  sciences  —  autant  qu'on  peut  en  juger  de  si  loin  —  qui  poussent  à  l'étude  du 
grec  et  du  latin.  En  tout  cas,  les  six  professeurs  d'Université,  dont  nous  allons 
résumer  les  opinions,  ont  tous  pour  métier  de  former  des  médecins  et  des  ingé- 
nieurs, et  c'est  au  nom  de  leur  expérience  qu'ils  prennent  la  parole.  C'est  parce 
qu'il  leur  arrive  trop  d'élèves  incapables  de  profiter  de  leur  enseignement,  qu'ils  en 
sont  venus  à  célébrer  «  la  valeur  des  humanités  »,  en  tant  que  discipline  mentale  et 
préparation  aux  études  supérieures. 

Ils  disent,  en  substance  :  a  L'esprit  utilitaire  a  envahi  nos  Universités.  Les  jeunes 
gens  qui  s'occupent  d'art  ou  de  littérature  n'y  échappent  pas  plus  que  ceux  qui 
apprennent  à  couper  une  jambe  ou  à  construire  un  bateau.  Ils  n'ont  qu'une  question 
à  la  bouche  :  «  A  quoi  me  servira  telle  étude?  Qu est-ce  qu'elle  me  rapportera?  » 
Aux  Etats-Unis,  les  collégiens  ont  le  droit  de  dresser  eux-mêmes  leur  plan  d'études. 
Non  seulement  on  les  y  autorise  mais  on  les  y  encourage,  de  sorte  qu'on  entend  les 
enfants  discuter  avec  assurance  les  cours  à  suivre  ou  à  ne  pas  suivre,  et  se  décider 
diaprés  des  raisonnements  de  la  force  de  celui-ci  :  u  L'allemand  pourra  me  servir  à 
quelque  chose;  mais  à  quoi  me  servirait  le  latin?  Personne  ne  parle  latin.  » 
Argument  irréfutable,  et  qui  a  confirmé  nombre  de  petits  bonshommes  dans  leurs 
préventions  à  priori  contre  les  humanités. 

Celles-ci,  en  effet,  sont  généralement  mal  vues  des  garçons  pressés  de  gagner  de 
l'argent,  à  cause  du  temps  considérable  qu'elles  exigent,  pour  être  sérieuses.  De 
sorte  que  le  seul  moyen  de  les  ramener  au  grec  et  au  latin  serait  de  leur  démontrer 
qu'ils  y  gagneront  du  temps  pour  devenir  de  grands  médecins  ou  de  très  bons  ingé- 
nieurs; et  c'est  ce  qu'entreprennent  ceux  de  leurs  maîtres  dont  j'ai  l'argumentation 
sous  les  yeux. 

(i)  J'emprunte  ces  détails  et  ceux  qui  vont  suivre  à  une  revue  universitaire  de 
Chicago,  The  School  Review  (Juin  1906). 


PARTIE   BIBLlOGRAPHidtjE.  4I 

Ces  derniers  les  convient  tout  d*abord  à  se  rendre  compte  de  ce  qui  leur  manque, 
avec  une  préparation  qui  n'accorde  plus  rien  à  «  la  culture  générale  ».  A  les  en 
croire,  Tingénieur  américain  est  «incapable  d'exprimer  sa  pensée»;  c'est  sa 
grande  lacune.  Il  ne  sait  pas  sa  langue,  et  il  ne  sait  pas  écrire.  Personne  ne  lui 
demande  d'avoir  «  un  style  élégant  et  littéraire  »  ;  mais  on  lui  demande  de  savoir 
£iire  un  rapport,  d*être  clair  et  concis  :  autant  de  choses  dont  il  est  incapable.  Dans 
toutes  les  affaires  où  il  y  a  des  ingénieurs  «  la  plupart  des  procès  viennent  de  ce 
quMs  se  sont  mal  expliqués  »,  en  termes  trop  vagues,  ou  en  termes  impropres  et 
prêtant  à  confusion. 

Un  reproche  analogue  s'adresse  aux  étudiants  en  médecine  qui  n'ont  point  fait 
d'humanités.  Trop  peu  d'entre  eux  sont  en  état  de  noter  une  observation  médicale, 
ou  une  expérience  de  laboratoire,  avec  l'exactitude  et  la  précision  voulues.  11  y  a 
deux  raisons  à  cela,  une  petite  et  une  grande.  La  petite,  c'est  qu'on  est  facilement 
gêné  par  le  langage  technique  de  la  profession  médicale,  lorsqu'on  ne  sait  ni  le  grec 
ni  le  latin  : 

u  G>mbicn  de  milliers  de  fois,  nous  dit  un  professeur  de  chirurgie,  n'ai-je  pas  du 
inintcrrompre  pour  expliquer  à  mes  élèves  les  mots  techniques  dont  je  me 
servais  !...  Quand  je  fais  passer  des  examens,  je  m'aperçois  souvent  que  le  candidat 
ne  sait  pas  le  sens  du  terme  qu'il  emploie;  il  dit  juste  le  contraire  de  ce  qu'il  vou- 
drait dire  ». 

Ces  jeunes  gens  ont,  en  effet,  une  difficulté  de  plus,  mais  une  difficulté  qui  n'est 
pas  insurmontable  avec  un  dictionnaire  et  un  peu  d'ingéniosité.  Passons  à  la  grande 
raison. 

Ces  mêmes  étudiants,  qu'embarrassent  les  mots  nouveaux  tirés  du  grec  et  du 
latin,  n'ont  pas  pris  au  collège  l'habitude  de  soigner  leur  besogne,  et  la  suite  de 
leurs  études  s'en  ressent. 

Le  collégien  américain  s'attache  en  général  à  n'apprendre  que  juste  l'indispen- 
sable pour  obtenir  un  diplôme.  11  se  reprocherait  comme  une  sottise  toute  étude 
désintéressée.  Pourvu  qu'il  arrive  rapidement  à  empocher  des  dollars,  il  se  résigne 
à  n'être  qu'un  avocat  médiocre,  ou  l'un  de  ces  médecins  inférieurs  qu'il  ne  faut  pas 
faire  sortir  de  leur  routine.  11  aurait  pu  s'élever  plus  haut  dans  sa  profession,  il  n'en  a 
pas  eu  l'ambition;  «  il  fait  de  la  médecine  comme  il  ferait  de  l'épicerie  ».  L'Améri- 
cain du  vingtième  siècle  ne  tient  pas  assez  à  être  «  un  homme  distingué  »,  comme 
lïous  disons  e.i  France;  et  c'est,  au  fond,  le  grand  reproche  que  lui  font  les  savants 
et  les  hommes  de  science  de  son  pays. 

Ils  lui  crient  casse-cou,  parce  que  l'avenir  intellectuel  de  leur  pays  les  inquiète. 
Les  études  baissent  dans  les  collèges  et  les  élèves  aussi.  Leur  intelligence  est  «de 
moins  bonne  qualité  »  qu'il  y  a  une  dizaines  d'années,  et  elle  manque  cruellement 
de  discipline.  Ils  ne  savent  plus  apprendre,  outre  qu'ils  n'en  ont  plus  envie  ;  ils 
redoutent  l'effort,  rechignent  devant  une  étude  difficile,  n'approfondissent  rien,  et 
quittent  les  bancs  sans  avoir  l'ombre  de  culture.  Leur  bagage  intellectuel  se  réduit 
à  des  a  bribes»  de  notions  positives.  Beaucoup  de  parents  se  figurent  aussi  que  ces 
«bribes»  sont  très  précieuses,  et  qu'elles  feront  plus  tard  la  carrière  de  leur  fils. 
Je  voudrais  qu'ils  vissent  le  mépris  avec  lequel  en  parlent  tous  ces  professeurs 
américains,  sans  exception.  A  leurs  yeux,  il  est  absolument  indifférent  qu'un  garçon 
en  possède  un  peu  plus  ou  un  peu  moins  à  l'âge  où  il  se  spécialise.  Qu'il  sache 
apprendre  et  qu'il  ait  «  de  l'éducation  »,  tout  est  là.  Ces  messieurs  reconnaissent  que 
ce  sont  des  exigences  nouvelles.  Il  y  a  vingt  ans,  les  industriels  américains  se 
défiaient  des  ingénieurs  à  diplômes  ;  ils  leurs  préféraient  les  jeunes  formés  par  la 
pratique,  et  peu  leur  importait  que  cts  dernieis  eussent  des  manières  de  contre 
maîtres.  Aujourd'hui,  le  vent  tourne.  L'ancien  système  a  encore  ses  partisans,  mais 
leur  nombre  diminue  d'année  en  année.  Les  employeurs  se  rendent  compte  que  les 


42  CE   MUSEE   BELGE. 


développements  pris  par  la  science  ne  permettent  plus  de  négliger  la  théorie,  si  bien 
que  «  la  majorité  des  grandes  entreprises  n'acceptent  plus  personne  qui  n*ait  ses 
diplômes».  Autre  nouveauté  :  «Il  y  a  une  demande  pour  des  hommes  ayant  de 
l'éducation...  Pratiquement  tous  les  grands  travaux  qui  intéressent  le  public  en 
général  ont  pour  auteurs  des  ingénieurs  responsables  ».  Ce  public  est  souvent  inter- 
national, et  a  il  faut  être  en  contact  avec  lui,  avoir  des  relations  de  société,  aussi 
bien  que  d^affaires;  avec  des  gens  de  toutes  les  classes,  de  tous  les  métiers  »  et  de 
tous  les  pays.  «  Il  faut  pouvoir  aller  avec  tout  le  monde,  selon  une  expression  fami- 
lière, et  nombre  d'm^énieurs  en  seraient  bien  en  peine  i>.  Un  homme  n  est  à  sa  place 
partout  qu'à  condition  a  d'être  un  homme  cultivé,  sMntéressanc  à  autre  chose  qu'à 
son  métier»;  autrement  dit,  à  condition  de  posséder  un  certain  raffinement  d'esprit 
qui  ne  s'acquiert  point  de  nos  jours,  ou  trop  rarement,  dans  un  collège  américain. 

La  conclusion  pratique  de  ces  discours,  c'est  qu'il  est  urgent  de  ranimer  les 
«études  classiques»,  puisqu'on  n'a  pas  encore  trouvé  le  moyen  de  les  remplacer  en 
tant  que  gymnastique  intellectuelle.  Le  doyen  d'une  Faculté  de  Médecine  améiicaine 
déclare  la  version  latine  «  sans  prix  »  pour  aiguiser  l'esprit  et  pour  l'accoutumer  à  la 
précision  ;  plus  un  médecin  en  aura  fait  au  collège,  et  mieux  il  s'en  trouvera  plus 
tard,  au  chevet  d'un  malade  aussi  bien  que  dans  un  laboratoire. 

Un  confrère  de  la  Faculté  des  Sciences,  le  professeur  d'hydraulique  propose 
d'imposer  aux  collèges  un  programme  de  sa  façon,  où  le  latin  occupe  la  place 
d'honneur,  avant  la  géométrie,  la  physique  et  l'algèbr^.  Tant  pis  pour  les  cours  que 
les  élèves  seront  obligés  de  lui  sacrifier,  car  aucun  n'en  approche  pour  l'utilité 
pratique. 

En  somme,  les  partisans  de  ces  idées  ne  se  proposent  rien  moins  que  de  convertir 
à  la  politesse  de  l'esprit  et  à  la  science  désintéressée  un  grand  peuple  qui  s'était 
contenté  jusqu'ici  d'être  l'un  des  premiers  du  n'.onde  pour  la  civilisation  matérielle. 
L'entreprise  est  noble  et  le  monde  entier  applaudirait  à  son  succès  ;  mais  elle  est 
vaste  et  difficile.  Arvède  Barine. 

42.  —  Dans  son  3«  discours  rectoral,  M.  P.  Thomas,  ancien  recteur  de  l'Université 
de  Gand,  a  traité  Du  mode  de  nomination  des  professeurs  dans  les  Universités  de 
VEtat,  (Université  de  Gand.  Année  académique  1906-1907.  Gand,  Annoot,  1906, 
19  p.).  L'art.  1 3  de  la  loi  de  1849  dit  :  i  Le  Roi  nomme  les  professeurs  ».  Les 
Facultés  ne  sont  pas  consultées.  En  réalité,  le  gouvernement  ne  fait  aucune  nomi- 
nation sans  prendre  l'avis  du  recteur  et  de  l'administrateur-inspecieur.  Le  rappor- 
teur de  la  loi  de  i835  voulait  laisser  entière  la  responsabilité  du  gouvernement  et 
empêcher  l'action  de  l'esprit  de  camaraderie  et  de  caste.  Sous  ce  rapport,  M.  Thomas 
est  optimiste.  11  ne  craint  pas  «  l'esprit  de  coterie,  de  camaraderie,  de  routine,  de 
népotisme,  la  domination  d'une  individualité  puissante  »,  et  il  propose  de  moditier 
lartide  i3  comme  suit  :  «  Le  Roi  nomme  les  professeurs  et  les  chargés  de  cours, 
sur  les  avis  motivés  de  la  faculté  intéressée,  du  recteur  et  de  l'administrateur- 
inspecteur  ».  La  responsabilité  du  gouvernement  restera  entière,  dit-il,  du  moment 
qu'il  sera  libre  de  suivre  ou  de  ne  pas  suivre  l'avis  de  la  faculté.  On  ne  voit  pas,  en 
effet,  en  quoi  pourrait  consister  la  responsabilité  de  la  faculté  et  c'est  le  défaut  du 
système,  car  la  faculté  aurait  un  droit,  elle  exercerait  une  influence,  sans  assumer 
aucune  responsabilité  réelle.  Si  le  gouvernement  suit  l'avis  de  la  faculté,  il  sera 
couvert  par  elle  ;  s'il  ne  le  suit  pas,  il  gardera  toute  la  responsabilité  et  sa  situation 
peut  être  difficile.  En  réalité  d'ailleurs,  l'influence  légitime  de  la  facuhé  se  fait 
sentir  actuellement  par  l'intermédiaire  du  recteur  et  de  l'administrateur-inspecteur. 
—  Cet  intéressant  discours  a  été  reproduit  par  la  Revue  de  V Instruction  publique  en 
Belgique,  1906,  p.  353-370. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE. 


43.  —  Aux  musées  du  Cinquantenaire,  La  section  des  antiquités  égyptiennes 
àa  musée  du  Cinquantenaire,  à  Bruxelles,  s'est  enrichie  d*un  mausolée  datant  de 
réfw>que  des  Pharaons.  Ce  monument  sera  bientôt  exposé.  Il  a  été  acquis  en  Egypte 
par  M.  J.  Gipart,  conservateur  des  antiquités  égyptiennes.  Ce  ne  fut  pas  une  mince 
affaire  que  de  transporter  d* Afrique  en  Europe  ce  monument  haut  de  quatre  mètres, 
profond  de  trois  et  qui  pesait  plus  de  24,000  kilogrammes.  Il  fallut  détacher  les 
pierres  Tune  de  Tautre  pour  faciliter  rembarquement,  travail  délicat,  qui  fut  mené 
à  bien  par  M.  Quibell,  inspecteur  du  service  des  antiquités  à  Saggarah. 

Tel  qu*il  se  présente  aujourd'hui,  le  mausolée  égyptien  fait  grande  impression 
déjà.  Oo  accède  dans  la  chambre  mortuaire  par  un  couloir  étroit  pratiqué  dans  la 
^ade,  dont  les  colonnes  massives  sont  dominées  par  une  sorte  de  fronton.  Détail  à 
noter  et  qui  explique  la  valeur  du  monument  :  le  Mastaba  date  de  Tan  4000  avant 
l'ère  chrétienne.  Au  point  de  vue  de  l'histoire  de  Tart,  le  document  est  extrêmement 
précieux.  Les  sculptures  qui  décorent  entièrement  l^s  parois  intérieures  ont,  en 
effet,  conservé  toute  leur  finesse  et  toute  leur  beauté  originaire.  Les  amateurs  d'an- 
tiquités pourront  admirer  là  des  reliefs  dont  le  temps  ne  paraît  guère  avoir  altéré  la 
pureté,  des  figures  et  des  dessins  qui  ont  conservé  leur  élégance  et  leur  netteté 
primitives.  On  y  voit  représenté,  dans  une  série  de  scènes  champêtres,  le  travail  du 
lin,  Tarrachage,  la  mise  en  gerbes,  le  changement  et  le  transport  de  la  récolte.  Plus 
loin  des  tableaux  nous  initient  à  la  cueillette  du  raisin,  à  la  capture  des  oiseaux. 
Voici  des  âniers,  des  muletiers,  des  danseuses.  Mais  les  portraits  du  mort  avec 
l'indication  de  ses  noms  et  de  ses  titres,  celui  de  la  femme  et  de  ses  enfants,  solli- 
citent surtout  Tattention.  Ils  sont  environnés  de  fresques  où  sont  représentés 
d'autres  personnages,  des  joueurs  de  flûte  et  de  harpe,  ainsi  que  des  serviteurs 
portant  des  offrandes  variées.  Ces  scènes  sont  expliquées  par  des  légendes  taillées 
dans  la  pierre,  et  dont  récriture  est  semblable  à  celle  que  nous  ont  révélée  les 
anciens  papyrus.  Le  gouvernement  belge  vient  de  confier  à  M.  Capart  une  nouvelle 
mission  en  Egypte.  M.  Capart  ira  diriger  les  fouilles  que  les  autorités  égyptiennes 
l'ont  autorisé  à  entreprendre  sur  une  étendue  de  mille  hectares,  à  Tendroit  où 
s'élevait  jadis  Heliopolis,  la  grande  capitale  religieuse  de  l'Egypte.  On  cherche 
à  retrouver  la  nécropole  de  l'antique  cité,  et  les  tombeaux  de  ses  grands-prêtres  où 
tant  de  documents  précieux  doivent  être  enfouis;  des  missions  de  tous  les  pays 
poursuivent  ces  recherches  auxquelles  la  Belgique  va  collaborer  dans  quelques 
semaines.  M.  Capart  sera  accompagné  par  M.  Fernand  Mayence,  docteur  en  philo- 
sophie et  lettres  de  TUniversiié  de  Louvain,  membre  étranger  de  l'Ecole  française 
d'Athènes. 

44.  —  Manifestation  en  Vhonneur  de  M.  le  Chanoine  X,  Gauchie.  —  Dimanche, 
16 décembre,  a  eu  ï\i\x  une  manifestation  de  sympathie  en  l'honneur  de  M.  le 
professeur  A.  Cauchie,  à  l'occasion  du  X*  anniversaire  de  la  réorganisation  de  son 
Séminaire  historique. 

Le  matm,  à  1 1  heures,  une  séance  solennelle  avec  remise  du  portrait  a  eu  lieu 
à  la  Salle  des  Promotions  de  l'Université.  Outre  un  grand  nombre  de  professeurs 
de  l'Université  de  Louvain  et  des  diverses  séminaires  et  scolasticats  de  Bcigiqne, 
MM.  Kurth,  professeur  à  l'Université  de  Liège;  Closon,  chargé  de  cours  à  la  même 
Université;  Van  Houtte,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Gand  et  dom  G.  Morin, 
del'Abbaye  de  Maredsous,  assistaient  à  cette  solennité. 

M.  l'abbé  Laenen,  archiviste  de  l'archevêché  de  Malines  et  président  du  comiié 
organisateur,  a  fait  ressortir,  dans  un  magnifique  discours,  les  mérites  du  professeur 
dont  les  élèves,  accourus  des  pays  étrangers  comme  de  tous  les  coins  de  fci  patrie, 
de  concert  avec  la  Revue  d'histoire  ecclésiastique^  proclament  partout  la  haute 
valeur  scientifique. 


44  LE    MUSEE   BELGE. 


M.  Kurth  a  pris  la  parole  après  M.  Laenen  et,  à  son  tour,  a  félicité  M.  CaucHîe» 
Après  que  M.  Ph.  Van  Isacker,  candidat  en  philosophie  et  lettres,  eut  célébré 
l'esprit  d'abnégation  et  de  dévouement  qui  anime  M.  Gauchie  à  l'égard  de  ses 
élèves,  celui-ci,  très  ému,  a  répondu  longuement  aux  divers  orateurs.  Il  a  rend u 
hommage  tour  à  tour  au  talent  de  M.  Kurth  et  aux  mérites  de  ses  maîtres,  MM.  les 
processeurs  Mœller,  Brants,  PouUet  et  Jungmann,  ainsi  qu'aux  membres  du  cotnité 
organisateur  et  à  l'artiste,  M.  Van  Halen,  qui  a  gravé  son  portrait. 

L'après-midi,  à  i  heure,  un  banquet  réunissait  autour  du  jubilaire  une  centaine 
de  ses  amis,  collègues,  disciples,  anciens  élèves. 

45.  —  Mélanges  Godefroid  Kurth.  —  La  Faculté  de  Philosophie  et  Lettres  de 
l'Université  de  Liège  a  décidé  de  publier  dans  sa  Bibliothèque  un  recueil  de  travaux 
dédié  à  M.  Godefroid  Kurih,  qui  vient  de  prendre  sa  retraite.  C'est  un  hommage 
auquel  seront  invités  à  prendre  part,  outre  les  membres  de  la  Faculté,  les  savants 
belges  et  étrangers,  anciens  élèves  ou  amis  de  l'illustre  historien  qui  a  rendu 
à  rUniversité  de  Liège,  à  l'enseignement  belge  et  à  la  science  en  général,  des 
services  si  éminents. 

46.  —  Institut  historique  belge  dft  Rome.  —  Par  arrêté  royal  est  acceptée  la 
la  démission  présentée  par  Dom  Ursmer  Berlière,  de  ses  fonctions  de  directeur  de 
l'Institut  historique  belge  de  Rome.  Par  arrêté  royal  de  la  même  date,  M.  G.  Kurth, 
membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  professeur  émérite  de  l'université  de 
l'Etat,  à  Liège,  membre  de  la  Commission  royale  d'histoire,  est  nommé  directeur 
de  l'Institut  historique  belge  de  Rome. 

47. —  Enseignement  supérieur.  Bourses  de  voyage.  Concours  de  1906.  Résultats, 
Les  jeunes  gens  désignés  ci-après,  ayant  subi  avec  succès  les  épreuves  du  con- 
cours de  1906,  ont  été  classés  dans  l'ordre  suivant  t 

Docteurs  en  philosophie  et  lettres, 
1.  M.  de  Moreau,  Edouard  (université  de  Louvain,  groupe  :  histoire). 
3.  M.  Gérard,  Emile  (université  de  Liège,  groupe  :  philologie  romane j. 

3.  M.  Simar«  Théophile  (université  de  Louvain,  groupe  ;  philologie  classique). 

4.  M.  Weemacs,  René  (Louvain.  groupe  :  histoire"). 

b.  M.  Van  de  Wijer,  Joseph  (Louvain,  groupe  :  phil.  germanique). 
6.  M.  Behcn,  Jean  (Louvain,  groupe  :  phil.  romane). 

Docteurs  en  droit, 

1.  M.  CoUard,  Charles  (Louvain). 

2.  M.  Hcnrion,  G.,  né  à  Jupille  (Liégd). 

Trois  bourses  sont  disponibles  pour  la  philosophie  et  deux  pour  le  droit.  Le  jury 
a  exprimé  le  vœu  que,  le  cas  échéant,  les  bourses  qui  sont  de  4000  frs  pour  deux 
ans,  puissent  être  divisées  en  deux  bourses  d'un  an,  atin  qu'un  plus  grand  nombre 
de  jeunes  gens  puissent  en  jouir. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 

L'ENSEIGNEMENT   MOYEN   A  L'ÉTRANGER 

par  F.  GOLLARD,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
(Suite.) 


3*  SAXE. 


Les  établissements  dlnstructioa   moyenne  sont  le   gymnase,   le 
réalgymnase,  la  réalschule  et  deux  écoles  réformistes. 

a)  LE  GYMNASE. 


Religion 

Allemand 

Latin 

Grec 

Français 

Géographie 

Histoire 

Calcul  et  mathématiques 

Histoire  oaturelle 

Physique 

Écriture 

Dessin 

Giant 


Gymnastique 


Total 


VI* 

V 

IV 

IIP 

IIP 

IP 

IP 

P 

P 

inf. 

>up. 

inf. 

•up. 

inf. 

■up. 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

4 

3 

3 

2 

2 

2 

3 

3 

3 

9 

9 

8 

8 

8 

8 

7 

7-8 

7-8 

- 

— 

7 

7 

7 

7 

6-7 

6-7 

— 

— 

5 

3 
hiver 

2 
été 

2 

2 

2 

2 

I 

2 

2 

3 

2 

_ 

î= 

3 

3 

2 

2 

2 

^ 

2           2 

3 

4 

3 

3 
été 

4        4 
hiver 

4 

4 

4 

2 

2 

2 

J 

2 

2 

2 

2 

:! 

2 

1 

- 

— 

—    1    — 

- 

— 

— 

— 

2 

2 

— 

-  !  - 

— 

— 

— 

2 

2 

1 

1 

en  ou 

1 1  i 

ire  une  heur 

1 

inœur 

1 

e  de  c 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

3o 

32 

33 

'33 

33 

33 

34 

33-25 

33-35 

Total 

20 

25 

71-73 

40-42 

18 

28 

33 

16 


—     —  3 


4 
12 

18 

296-300 


Cours  facultatifs  :  hébreu  et  anglais  (11«  supérieure  et  1«  inférieure, 
2  heures,  et  I«  supérieure,  1-2  heures);  sténographie  (Il  1«  supérieure, 
1-2  heures,  et  Il«  inférieure,  i  heure);  dessin  (11^  supérieure, 
1*2  heures). 

A  la  Thomasschule  de  Leipzig,  on  lit,  en  4*,  Cornélius  Népos;  en 
3«  inférieure.  César,  de  bello  gall.^  I-lll  ;  en  3«  supérieure,  César,  de 


46  LE   MUSÉE  BELGE. 


bello gall.y  IV-VII,  et  Ovide,  Métamorphoses;  en  seconde  inférieure, 
Cicéron,  in  Catilinam,  I,  III  et  IV;  pro  Roscio  Amerino;  Ovide, 
Métamorphoses  et  autres  morceaux  choisis;  en  seconde  supérieure, 
Salluste,  Guerre  de  Jugurtha,  Cicéron,  Phil.  II;  Virgile,  Enéide  ;  en 
première  inférieure,  Cicéron, /?ro  Murena;  Salluste,  Guerre  de  •/«#- 
gurtha;  Horace,  orfes;  en  première  supérieure,  Tacite,  la  Germanie  et 
Annales^  I  ;  Cicéron,  pro  Milone;  Horace,  odes  et  satires ,  00  y 
ajoute  aussi  Térence,  Adelphi  ou  Andria, 

Les  auteurs  grecs  sont,  en  3*  supérieure,  Xénophon,  Anabase^   I  ; 
dans  la  section  B,  I,  II  et,  dans  la  section  C,  III,  i  et  2;  en  2«  infé- 
rieure,   Anabase  II,   III    et   IV;   Homère,   Odyssée,    I   et  II;    en 
2«  supérieure,   Hérodote,  VI-VIII,   extraits  ;   Lysias,    XII,   i-36    et 
XXIV;  Homère,  Odyssée,  III-XI;  XIII-XVII;  XIX-XXIII:  quelques 
extraits  seulement  des  derniers  livres;  dans  les  sections  B  et  C,  ce 
sont  les  mêmes  auteurs,   mais  les  parties  qu'on  lit,  sont  autres;   en 
!•   inférieure,  Homère,  Iliade  \  Platon,   Apologie  et  Protagoras; 
même  remarque  pour  les  sections  B  et  C  ;  en  i«  supérieure,  Sophocle,. 
Œdipe  roi,  Antigone  et  Electre;  Platon,  Apologie,  Phédon  (début 
et  fin),  Démosthène,  Olynthiennes,  I  et  1 1  ;  même  remarque  pour  les 
sections  B  et  C. 

Les  auteurs  français  sont  :  La  Fontaine,  Béranger,  Feuillet,  Le 
village;  Malin,  Un  collégien  de  1870;  Souvestre,  Au  coin  du  feu; 
Scribe,  Le  verre  d'eau;  Sandeau,  Mademoiselle  de  la  Seiglière; 
Rousset,  Guerre  de  1870;  Coppée,  Les  vrais  riches;  MigneuHistoire 
de  la  révolution  française;  Theuriet;  Racine,  Britannicus;  Corneille, 
Le  Cid;  Saint-Simon,  Mémoires  ;  Y ohsLÏrCt  Zaïre;  Taine,  Ancien 
Régime;  Molière,  Fourberies  de  Scapin;  Racine,  Phèdre;  une  His- 
toire de  la  littérature  française. 

A  la  Nicolaischule  de  Leipzig,  nous  retrouvons  à  peu  près  les 
mêmes  auteurs  latins.  Voici  les  différences.  On  y  lit,  en  3*  supérieure, 
le  pro  Archia  poeta;  en  2*  inférieure,  le  de  imperio  Cn.  Pompei; 
Ovidt,  Fastes,  Tristes  Qi  Métamorphoses  (choix);  en  2«  supérieure, 
les  élégiaques  Tibulle,  Ovide  et  Properce;  en  i«  inférieure,  Cato 
major,  pro  Sestio,  pro  Ligario; Tértnct,  Andrienne;  en  i«  supérieure, 
Tacite,  Histoires. 

Même  remarque  pour  les  auteurs  grecs.  On  lit  Thucydide,  Euri- 
pide (Médée  et  Iphigénie  en  Tauride  v. 727-850^, Eschyle  {Les  Perses, 
privatim)  et  des  extraits  de  poètes  lyriques. 

Pour  le  français,  nous  relevons  de  légères  différences,  la  lecture,  par 
exemple,  de  Sarcey,  Le  siège  de  Paris;  d'Hérisson,  Journal  d'un 
officier  d ordonnance;  Molière,  Le  bourgeois  gentilhomme. 


PARTIS  PÉDAGOGIQUB. 


47 


b)  LE  RÉALGYMNASE. 

1 
VI- 

V 

lY* 

m- 

inf. 

m- 

•up. 

II- 

inf.   1 

II* 

lup. 

I- 
inf. 

I- 

■up 

Total 

ReUgion 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

20 

Allemand 

r 

4' 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

29 

Utin 

9 

9 

7 

6 

4 

4 

4 

4 

5i 

Fraoçais 

— 

— 

5 

6 

4 

4 

4 

4) 

3i 

Anglais 



— 

— 

— 

•5 

4 

3 

3 

i8 

Histoire 

1 

1 

2 

2 

2 

2 

2 

3 

»7 

Géographie 

2 

2 

2 

2 

2 

1 

1 

— 

— 

i3 

Histoire  naturelle,  Chimie 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

_ 

2 

i8 

Physique 

— 

— 

"— 

2 

3 

3 

11 

Calcul,  Mathématiques 

4 

4 

4       5 

5 

5 

5 

5 

4» 

Dessin  linéaire 
Dessin  à  main  levée 

—          2 

1  "" 

2 

1 
2 

2 

2 

2 

:i 

i6 

Écriture 

2 

1 
1 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

Chant 

2 

2 

1 

1 

1 

1 

1 

1 

1 

11 

Gymnastique 

2 

2 

2 
1 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

i8 

Total 

3i 

32 

32 

33 

34 

34 

34 

34 

34 

2^ 

Cours  facultatifs  :  dessin  à  main  levée  (2  heures,  en  II«  supérieure, 
et  dans  les  deux  premières);  sténographie  (2  heures  en  III«  inférieure  et 
I  heure  en  III«  supérieure)  ;  enseignement  complémentaire  du  latin 
(2  heures,  dans  les  deux  dernières  classes). 

Les  crochets  indiquent  que  renseignement  de  ces  matières  doit  être 
autant  que  possible  réuni  ;  les  accolades,  qu'on  peut  diminuer  d*une 
heure  le  français  et  augmenter  d*une  heure  Tanglais. 

Les  auteurs  latins  lus  à  YAnnenschule  de  Dresde,  qui  est  un  réal- 
gymnase,  sont  :  Cornélius  Népos,  César,  Ovide,  Métamorphoses^ 
Salluste,  Guerre  de  Jugurtha;  Tite-Live,  Virgile,  Cicéron,  De 
imp,  Cn.  Pomp.  ou  Orator  ;  Horace.  On  lit  privatim  certains 
auteurs. 


48 


LE   MUSÉE  BELGE. 


c)  REALSCHULE. 

VI'    1      V 

IV 

III* 

II* 

I* 

Total 

Religion 

3           3 

3 

2 

2 

2 

l5 

Allemand 

8    !      6 

( 

5 

4 

4 

4 

3i 

Français 

-    !      6 

6 

6 

5 

5 

28 

Anglais 

1 

— 

4 

4 

12 

Géographie  et  histoire 

3     \      4 

4 

4 

4 

23 

Histoire  naturelle 

î: 

2 

2 

2 

1 
5 

lO 
lO 

Calcul  et  mathéaiatiques 

5 

4 

6 

6 

5 

3i 

Dessin 

2 

2 

2 

2 

2 

12 

Écriture 

3 

2 

2 

— 

— 

7 

Chant 

2 

2 

2 

1 

1 

1 

9 

Gymnastique 

2      I          2 

i 

2 

2 

2 

2 

12 

Total 

3o 

32 

34 

33 

35 

35 

200 

af;  ÉCOLES  RÉFORMISTES. 

Des  arrêtés  ministériels  ont  autorisé  dans  ces  dernières  années  les 
modifications  suivantes  pour  deux  établissements. 

lo  DRESDE  :  DREI-KOENIG-SCHULE  (REALGYMNASE). 


VI* 

V* 

IV 

III'    III* 

inf.      »op. 

II* 

inf. 

II* 

sup. 

I' 
inf. 

I* 
sup. 

Total 

Allemand 

7 

6 

5 

—   :    — 

■ 

— 

~" 

— 

36 

Latin 

— 

— 

— 

9 

9 

5 

5 

5 

5 

38 

Français 

5 

6 

7 

4 

4 

3 

3 

3 

3 

38 

Anglais 

— 

— 

— 

— 

— 

5 

5 

4 

4 

i8 

Géographie 

1 

3 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

i3 

Calcul  et  Mathématiques 

1   — 

— 

5 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

43 

Dessin  à  main  levée 

1     2 

— 

.. 

— 









_ 

12 

Écriture 

1 

1- 

1 

— 

1 

- 

— 

— 

— 

4 

PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  49 


Le  nombre  total  des  heures  de  leçon  s'élève  à  258  ou,  si  on  com- 
prend le  dessin,  l'écriture,  le  chant  et  la  gymnastique,  à  3io. 

Les  auteurs  latins  sont  :  César  (en  3*  supérieure)  ;  César,  Cicéron, 
Cat.  I;  Ovide,  Met.  (en  2«  inférieure);  Ovide,  Métamorphoses;  Cicé- 
ron, Cato  Major  (en  2* supérieure);  Cicéron,  in  Verrem  IV;  Salluste, 
Jugurtha;  Virgile,  Enéide  (en  i«  inférieure);  Tacite,  Annales,  \\ 
Horace,  Satires. 

L'enseignement  du  français  se  fait,  à  l'aide  de  Reum,  fran^. 
Uebungsbuch  et  de  la  grammaire  de  Stern.  On  emploie  les  tableaux 
Hoelzel  dans  le  début,  et  on  lit  Bruno,  Le  Tour  de  la  France  par 
deux  enfants;  Girardin,  La  joie  fait  peur  ;  A.  Daudet,  Le  petit  Chose; 
Souvestre,  Au  coin  du  feu;  Scribe,  Le  verre  d'eau;  Loti,  Pêcheur 
d'Islande;  Augier,  Le  gendre  de  M.  Poirier;  D'Hérisson,  Journal 
dun  officier  <t ordonnance;  Molière,  V avare.  Les  Précieuses  ridi- 
cules; Taine,  Napoléon  Bonaparte. 

La  liste  des  travaux  écrits  a  libres  »  est  intéressante. 

I«  inférieure  a  :  \.  Les  nuages.  2.  V.  Hugo  et  le  romantisme. 
3.  L'union  fait  la  force.  4.  «  Demain  n,  d'après  V.  Hugo.  5.  Les  élec- 
teurs de  Saxe  à  Tépoque  de  la  Réforme. 

I«  supérieure b  :  \,  Souvenirs  d'enfance.  2.  Riccaut de  la  Marlinière, 
d'après  Lessing.  3.  Le  dénoûment  de  l'Avare.  4.  Éloge  du  Feldmaré- 
chal  de  Moltke.  5.  Qu'est-ce  qu  explique  l'entousiasme  général  avec 
lequel  Gôtz  von  Berlichingen  fut  reçu  lors  de  sa  publication  ? 

!•  inférieure  a  :  \.  Analyser  les  deux  premiers  actes  du  «  Gendre  de 
M.  Poirier».  2.  a)  L'union  fait  la  force;  b)  La  circulation  de  l'eau. 
3.  Comment  la  situation  géographique  de  l'Italie  explique- t-elle  le 
grand  rôle  que  ce  pays  a  joué  dans  l'histoire?  4.  Une  aventure  au 
cimetière  (d'après  Tom  Sawyer,  par  Marc  Twain). 

I«  inférieure  b  :  i.  Les  deux  premiers  actes  du  «  Gendre  de  M.  Poi- 
rier ».  2.  L'hiver  approche.  3.  L'otage.  4.  Racontez  l'histoire  de  la 
conquête  de  l'Angleterre  par  les  Normands. 

1I«  supérieure  a  :  1.  Un  épisode  du  3  septembre  1870.  2.  Le  postil- 
lon. 3.  M.  Comprends-pas.  4.  Taillefer. 

\U  supérieure  b  :  i.  Récit  de  Sylvestre  Moan.  2.  Vengeance  d'un 
candidat  académique.  3.  Le  postillon.  4.  Jours  d'épreuve.  5.  Maud 
MûUer. 

20  PLAUEN  :  RÉALGYMNASE. 


VI*      V      IV     111*    III-     II*      II*   11*        V        Total 

I  '  '  

Allemand  [     6       6      —      —     —     — .      _      —      —         33 


IV 

m* 

m- 

II- 

II' 

I- 

!• 

mf. 

•up. 

inf. 

•up. 

inf. 

sup. 

7 

7 

b 

5 

5 

5 

5 

5 

5 

3 

3 

i     3 

1 

1 

3 

3 

1 

1 

Uun  I  _     —  '7        7        35        5   I     5        5  39 

Français  11^        5        3  '     3  '     3  I     3        3  39 


5o 


LE   MUSÉE  BELGE. 


On  lit,  en  3«  supérieure  et  en  2«  inférieure,  César;  en  2*  supérieure, 
Salluste,  Jugurtha  et  Cattlina:  Ovide,  TibuUe  et  Martial  (extraits}  ; 
en  !•  inférieure,  Cicéron,  in  CatiL  1  et  /F,  Tite-Live;  V\v%\\t,  Enéide; 
en  i«  supérieure,  Horace,  odes  et  Vépode  i3;  Cicéron,  de  imperno 
Cn.  Pompei  et  extraits  des  œuvres  philosophiques. 

4*  WURTEMBERG  (l). 


Les  établissements  d'instruction  moyenne  sont  le  gymnase  huma- 
niste, le  réalgymnase  et  Técole  réale  supérieure. 

a)  LE  GYMNASE  HUMANISTE. 


!• 

11» 

III* 

IV 

V 

VI- 

VII* 

VIII 

IX* 

Total 

Religion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Allemand 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

3 

3 

22 

Propédeutique  philosoph. 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

^ 

2 

Latin 

10 

10 

9 

8 

8 

8 

7 

7 

7 

74 

Grec 

— 

— 

— 

6 

6 

6 

7 

7 

6 

38 

Français 

— 

— 

4 

3 

3 

2 

2 

3 

' 

>9 

Histoire 
Géographie 

i' 

!' 

î' 

2 
2 

2 

2 

h 

Calcul  et  mathématiques 

4 

4 

3 

3 

3 

4 

4 

4 

4 

33 

Sciences 

^ 

2 

2 

— 

2 

2 

2 

2 

>4 

Dessin 

— 

— 

2 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

6 

Écriture 

2 

1 

. 

— 

— 

— 

— 

— 

_ 

4 

Chant 

> 

1 

1 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

Total 

25 

26 

29 

29 

29 

30 

3o 

3o 

3o 

258 

Devoirs  scolaires 

6 

6 

9 

9 

11 

12 

12 

12 

12 

89 

Enseignement  et  devoirs 
scolaires 

3i 

32 

38 

38 

40 

42 

42 

42 

42 

347 

(0  Lehrplanfûr  die  Gymnasien  und  Lycéen  Wûrttembergsvom  lÔFebruariSçiy 
Stuttgart,  1902;  circulaires  ministérielles  du  3i  mai  1906,  avec  les  nouveaux  plans 
d'études  du  16  juin  1906,  du  28  juin  1906  (n©"  7975  et  7976);  Staats-An^^eiger  fur 
Wûrttemberg ^11  juin  1906;  Wunder,  Entwurf  eines  neuen  Lehrplatts  fur  die  hôheren 
Lehranstalten  Wûrttembergs,  dans  Sûdwestdeutsche  Schulblàtter,  1906,  n»  4,  p.  145 
et  suiv. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 


5l 


Il  faut  y  ajouter,  comme  obligatoire,  la  gymnastique,  et  comme 
faculiatiÉs,  Thébrcu,  l'anglais,  le  dessin  et  la  sténographie. 

b)  LE  RÉALGYMNASE. 


!• 

n« 

m- 

IV 

V 

VI. 

VII* 

VIII 

IX' 

ToUl 

Religion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Allemand 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

20 

Propédeoticne  philosophique 



— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

1 

1 

Latin 

10 

10 

9 

8 

8 

6 

6 

5 

5 

67 

Français 

— 

— 

4 

5 

5 

4 

3 

3 

3 

■  • 

27 

Anglais 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

3 

2 

1] 

Histoire 

— 

!' 

J3 

î. 

|, 

!= 

2 

2 

2 

h 

Géographie 

' 

) 

) 

) 

) 

■~~ 

"~~ 

^^ 

) 

Calcul 

4 

4 

4 

3 

2 

— 

— 

— 

— 

>7 

Algèbre 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

— 

— 

6 

Analyse 

- 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

3 

5 

Géooétrieélémentaira  et  destin 
géooiétriqae. 

— 

— 

— 

2 

4 

2\ 

— 

— 

\ 

Géométzie  analytique 

— 

— 

— 

— 

— 

-| 

2 

2 

2 

(25 

Géooétrie  de  l'espèce  (stéréomé- 
tiie  et  géom^tne  deicriptiTe) 

"" 

— 

— 

— 

2/ 

3 

3 

3 

' 

Trigonométrie 

_ 

— 

— 

— 

— 

— 

1 

2 

— 

3 

Histoire  naturtlle 

2 

2 

1 

2 

• 

— 



— 

2 

iQ 

Physique  et  chioie 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

3 

3 

lO 

Dessin  à  main  le^ée 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

>4 

Écriture 

a 

1 

1 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

4 

Chant 

25 

1 
26 

29 

3o 

3o 

3i 

3i 

3i 

32 

3 

Total 

265 

DevoifB  scoUixes  à  domcile 

6 
3i 

6 

32 

9 

38 

8 
38 

10 
40 

11 
42 

11 
42 

11 
42 

10 
42 

81 

Enseignement  et  devoirs 

347 

Il  faut  y  ajouCr,  comme  obligatoire,  la  gymnastique,  et,  comme 
facultatifs,  la  stérographie,  le  dessin  à  main  levée  et  l'histoire  natu- 
relle en  VII K 


52 


LE   MUSÉE   BELGE. 


cj  É 

COLI 

:  RÉ 
II« 

ALE 
II I- 

SUPÉRIEURE. 

IV      V 

VI- 

VII* 

VIII 

IX- 

Total 

Religion 

2 

2 

2 

2       2 

2 

2 

2 

1     ^ 

iS 

Allemand 

5 

4 

4 

3  ;  3 

3 

3 

3 

1     3 

1 

J33 

— 

— 

—  1  — 

— 

— 

— 

!   2 , 
1      1 

1 

• 

Français 

8 

8 

8 

6       6 

b 

5 

4 

;  ^ 

54 

Anglais 

— 

— 

4 

4 

4 

3 

3 

1 

1   >>  ' 
1      1 

2  1 

Histoire 
Géographie 

1 

1' 

1= 

2 

2 

2 
2 

a 
2 

3 

i 

3 

1 

1 

î- 

Calcul 

4 

5 

4 

3 

3 

— 

— 

— 

j 

>9 

Algèbre 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

4 

— 

7 

Analyse 

_ 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

1   3 

S 

Géométrie 





) 

) 

2 





1  — , 

i- 

et  dessin  géométrique 

— 

— 

— 

]' 

!' 

— 

— 

— 

1 

Stéréométrie 

et  géométrie  descriptive 

— 

— 

■" 

— 

2 

i' 

3 

,   3 

!■■ 

Trigonométrie  et  géographie  ma- 



— 

- 

— 

— 

— 

1 

2 

'    1 , 

4 

Géométrie  analytique 

_ 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

'  2 

6 

Histoire  naturelle 

2 

2 

2 

2 

2 

— 

— 

2 

2 

14 

Physique  et  chimie 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

2 

7 

3 

1 1 

Dessin  à  main  levée 

__ 

3 

2 

2 

3 

2 

2 

2 

16 

Écriture 

2 

' 

_  1  _ 

— 

— 

— 

—  ; 

4 

Chant 

1 

' 

I 

3 

Total 

25 

26 

28 

3o  '  3o 

3i 

3i 

3i 

32 

264 

Devoirs  à  domicile 

6 

6 

10 

8      10 

11 

11 

11 

10 

83 

Enseignement  et  devoirs  à  domi- 
cile 

3i 

32 

38 

38 

40 

42 

43 

42 

43 . 

347 

Il  faut  y  ajouter  encore,  comme  branche  obligaloirl,  la  gymnastique; 
comme  branches  facultatives,  la  sténographie,  le  dessin  à  main  kvéc 
et  le  dessin  géométrique  en  VI«. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  53 


Le  programme  du  Wurtemberg  est  tout  récent  :  il  est  de  1906. 
Avant  de  reviser  Tancien  programme,  on  s'est  dit  qu'on  devait  déter- 
miner le  maximum  de  travail  (leçons  et  devoirs  scolaires)  qu*on  peut 
exiger  de  la  moyenne  des  élèves.  Tenant  compte  que  Tannée  com- 
prend 23o  jours  de  classe  et  i35  jours  de  congé,  le  Ministre, 
d'accord  avec  la  Commission  médicale,  a  fixé  ce  maximum  à  8  heures 
par  jour,  soit  48  heures  par  semaine,  pour  les  élèves  des  classes 
supérieures.  Ce  chiffre  a  été  diminué  proportionnellement  pour  les 
classes  moyennes  et  inférieures. 

Ce  premier  point  établi,  on  ne  pouvait  perdre  de  vue  que  les  cours 
tMTultatifs  (hébreu,  dessin,  sténographie)  sont  suivis  par  un  grand 
oombre  d'élèves,  et  cela  sur  le  conseil  même  des  autorités,  que 
certains  de  ces  cours  doivent  être  suivis,  comme  Thébreu,  par  les 
futurs  théologiens,  et  qu'enfin  la  gymnastique  est,  en  principe,  obliga- 
toire. On  devait  donc  compter  6  heures  par  semaine  pour  les  cours 
facultatifs  et  la  gymnastique,  et  il  restait,  en  conséquence,  comme 
maximum  pour  les  branches  obligatoires  et  le  travail  à  domicile, 
42  heures  dans  les  classes  supérieures,  40  heures  pour  la  V*,  3o  heures 
pour  la  IV«  et  la  nie.  32  et  3 1  heures  pour  la  II«  et  la  !«.  C'étaient 
là  les  heures  à  partager  d'une  façon  convenable  entre  les  différentes 
branches,  défalcation  faite  de  celles  qu*on  attribuait  au  travail  à  domi- 
cile. 

A  la  suite  de  cette  revision  du  programme,  le  nombre  des  heures  de 
leçon  se  trouve  abaissé  de  267  à  258  heures,  et  si  on  compte  les 
heures  de  travail  à  domicile,  de  374  à  347. 

Dans  les  gymnases^  le  latin  perd  7  heures  sur  neuf  années,  et  le 
grec  2  sur  six  ans;  comme  conséquence  de  cette  diminution,  on  a 
supprimé  le  thème  grec  dans  les  classes  supérieures,  et  on  demande 
que,  pour  les  thèmes  latins,  on  soit  moins  exigeant  au  point  de  vue 
de  la  grammaire  et  du  style.  En  somme,  malgré  cette  suppression  de 
7  heures  de  latin  et  de  2  heures  de  grec,  le  Wurtemberg  a  encore  le 
chiffre  le  plus  élevé  pour  le  latin  et  le  grec  :  la  Prusse  a  68  heures  de 
latin  et  36  heures  de  grec  ;  le  Grand  duché  de  Bade  72  heures  de  latin 
et  36  heures  de  grec;  la  Bavière  66  heures  de  latin  et  36  heures  de 
grec;  Hambourg  69  heures  de  latin  et  36  heures  de  grec;  la  Hesse 
68  heures  de  latin  et  36  heures  de  grec;  la  Saxe  71-73  heures  de  latin 
et  40-42  heures  de  grec.  On  le  voit  :  seule  la  Saxe  a  plus  d'heures  de 
grec  que  le  Wurtemberg. 

Le  français  gagne  i  heure  ;  l'histoire  et  la  géographie  perdent 
ensemble  1  heure;  le  chant  perd  également  i  heure. 

Dans  les  Real  gymnases,  le  nombre  des  heures  de  latin  tombe  de  73 
à  67  :  on  a  rogné  les  heures  de  la  111»^,  de  la  IV^,  de  la  V«  et  de  la  VI^; 


LE   MUSÉE   BELGE. 


seules  sont  restées  intactes   les  heures  des  deux  premières  clas 
et  des  deux  dernières.  L'enseignement  des  mathématiques  dans    les 
classes  moyennes  a  été  quelque  peu  modifié  ;  on  a  supprimé    les 
questions  qui  sont  sans  importance  particulière  pour  les  mathéoaa- 
tiques  des  classes  supérieures;  on  a  rattaché  étroitement  le  dessin 
géométrique  à   renseignement  de  la  géométrie,  et  on  a  rendu    îm 
géométrie  descriptive  facultative  pour  les  élèves  qui  ne  se  destinent 
pas  aux  Écoles  spéciales.  Ces  modifications  et  quelques  autres  de  pen 
d'importance  ont  eu  pour  résultat  de  faire  descendre  de  280  à  265  le 
nombre  des  heures  de  leçon,  et,  si  on  y  comprend  les  devoirs  scolaires, 
<le  388  à  347. 

Le  programme  des  Écoles  réaies  supérieures  avait  été  remania 
provisoirement  en  1903  à  Teffet  de  renforcer  les  langues  et  Thistoire. 
Cette  fois,  on  a  diminué  le  nombre  des  heures  de  leçon  en  procédant 
comme  dans  les  réalgymnases  pour  les  mathématiques,  le  dessin 
géométrique  et  la  géométrie  descriptive.  Au  lieu  de  280  heures,  on 
en  a  264;  au  lieu  de  388  heures,  devoirs  compris,  on  en  a  347. 

Pour  que  le  temps  devenu  libre  profite  au  développement  physique 
des  élèves,  il  est  prescrit,  pendant  le  semestre  d'été,  pour  les  classes  III 
à  IX,  de  consacrer  par  semaine  2  heures  d'un  après-midi  à  la  gymnas- 
tique  en  plein  air,  abstraction  faite  des  heures  ordinaires  de  gymnas- 
tique, soit  16  heures  au  gymnase,  20  heures  au  Réalgymnase  et  17  a 
rÉcole  réale  supérieure.  De  plus,  les  devoirs  à  domicile  sont  suppri- 
més cet  après-midi  (i). 

Le  Ministre  s'est  contenté  de  circulaires  pour  faire  connaître  aux 
établissements  les  modifications  apportées  dans  certaines  parties  du 
programme  par  suite  de  la  diminution  du  nombre  des  heures  de  leçon  ; 
mais  il  s*est  bien  gardé  de  publier  le  programme  tout  entier  :  il  attend, 
avant  de  faire  cette  publication,  qu*on  ait  appliqué  un  certain  temps 
les  mesures  nouvelles,  et  qu'on  lui  ait  fait  part  des  résultats  obtenus. 

Le  programme  de  189 1  (2)  ne  prescrit  des  auteurs  latins  que  pour  trois 
classes  :  en  III«,  Cornélius  Néposet  un  livre  de  lecture;  en  IV«,  Cor- 
nélius Népos,  Lhomond,  deViris  illustribus;  César ^  Guerre  des  Gaules 
«t  une  chrestomathie  poétique;  en  V«,  la  Guerre  des  Gaules,  Tite-Livc 
ou  Cicéron  et  une  chrestomathie  poétique.  En  ce  qui  concerne  les 
classes  supérieures,  on  s'en  tiendra,  dit  le  programme,  à  la  liste  des 
auteurs  qu'il  est  d'usage  de  lire.  La  circulaire  ministérielle  du  16  juin 

(i)  WuNDKR,  Die  Einrichtung  des  Spielnachmittags  an  der  hôheren  Lehranstalten 
Wûrttembergs  fur  das  Sommer halbjahr  1906,  dans  Sûdwestdeutsche  Schulblàtter^ 
igo6,  n.  4,  p.  149,  article  très  intéressant. 

(2)  Lehrplan  fur  die  Gymnasien  und  Lycéen  Wûrttembergs  vom  16  Februar 
i8çi. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  55 


1906  se  contente  de  faire  observer  qu'on  n'impose  plus  VÉnéide^  mais 
qu'on  n*en  exclut  pas  la  lecture. 

La  Ibtc  de  auteurs  grecs  est  plus  complète  :  en  V«,  une  chrestoma- 
ihieou  YAnabase\  en  VI*,  une  chrestomathie,  VAnabase  et  VOdys- 
sée;tn  VII*,  Xénophon  (Lysias),  Hérodote,  V Odyssée  (la  circulaire 
ministérielle  fait  ici  observer  que  la  lecture  d*un  écrivain  attique  n'est 
plus  nécessaire)  ;  en  VI 11%  dialogues  faciles  de  Platon,  Démosthène, 
passages  faciles  de  Thucydide,  Homère,  Iliade  (choix),  Sophocle 
(Euripide);  en  IX«,  Démosihène,  Platon,  Thucydide,  Sophocle 
(Eschyle).  Pour  la  lecture  privée,  on  recommande  Homère.  On  veut 
qu*au  sortir  du  lycée,  les  élèves  aient  lu  YOdyssée  en  entier  et  les 
les  parties  les  plus  importantes  de  VIliade. 

5*  ALSACE- LORRAINE. 

L*ancien  règlement  ne  connaissait  que  deux  espèces  d'établisse- 
ments d*instruction  moyenne  :  i*  les  gymnases,  progymnases  (i)  et 
écoles  latines  (2);  2^  les  écoles  réaies.  Celui  de  içoS  en  connaît 
trois  :  |0  les  gymnases  ou  progymnases;  2*  les  Réalgymnases;  Z^  les 
6:ole$  réaies  et  les  écoles  réaies  supérieures.  Le  plan  d'études  des 
gymnases  est  resté  le  même,  et  celui  des  écoles  réaies  supérieures 
est  quelque  peu  modifié  :  sept  heures  sont  données  en  plus  aux 
sciences,  si  on  compte  en  même  temps  une  légère  augmentation  à 
l'école  réale,  et  trois  heures  sont  enlevées  au  dessin. 

(1)  Le  progymnase  est  un  gymnase  incomplet  auquel  il  manque  deux  ou  trois  des 
innées  supérieures. 

(a)  L'école  latine  est  également  un  gymnase  incomplet  auquel  il  manque  plus 
<k  trois  des  années  supérieures. 


56 


LE  MUSÉE  BELGE. 


a)  LE  GYMNASE. 


VI' 

V 

IV 

III* 
inS. 

IÏI« 
snp. 

inf. 

sup. 

I- 
inf. 

P 
rap. 

Total 

Religion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Allemand 

5 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

3 

3 

23 

Utin 

7 

8 

8 

8 

8 

8 

8 

8 

8 

7* 

Grec 

— 

— 

6 

6 

C 

6 

6 

6 

3a 

Français 

— 

4 

4 

3 

3 

3 

3 

2 

2 

^4 

Géographie 
Histoire 

2 

2 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

25 

Calcul 

4 

3 

2 

— 

— 

— 

— 

"" 

— 

9 

Mathématiques 

— 

— 

2 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

26 

Sciences  naturelles 

3 

2 

a 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Écriture 

2 

— 

_ 

— 

— 

_ 

^ 

— 

2 

Dessin 

— 

2 

. 

— 

— 

— 

— 

— 

4 

Chant 

3 

2 

2 

— 

— 

6 

Gymnastique 

2 

2 

^ 

' 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Total 

28 

3o 

32 

^^ 

32 

32 

32 

3. 

32 

282 

Cours  facultatifs 

Dessin 

2 

— 

2 

2 

3 

2 

2 

2 

Écriture 

— 

2 

— 

_ 

— 

— 

— 

— 

— 

Chant 

— 

— 

2 

^ 

2 

2 

2 

2 

Anglais 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

Hébreu 

— 

— 

"" 

— 

2 

2 

2 

PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 


b)  LE  RÉALGYMNASE. 


Religion 

Allemand 

Latin 

Français 

Anglais 

Géographie 

Histoire 

Calcul 

Mathématiques 

Sciences  naturelles 

Giimie 

Physique 

Écriture 

Dessin 

Chant 

Gymnastique 

Cours  iacultatift 

Écriture 

Dessin 

Chant 


Total 


VP 

V 

IV 

m- 

iaf. 

m- 

•np. 

II- 
inf. 

II- 
sap. 

I- 
inf. 

I- 

sup. 

Total 

2 

' 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

i8 

5 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

29 

7 

8 

8 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

47 

— 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

32 

— 

— 

— 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

18 

a 

2 

!' 

!^ 

1^ 

!' 

3 

3 

3 

27 

4 

3 

î, 

4 

4 

4 

4 

4 

4 

h 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

a 

2 

2 

18 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

8 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

8 

2 

— 

— 

— 

— 

- 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

, 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

6 

2 

2  ' 

3o 

2 
32 

2 

3o 

2 

3o 

2 

33 

2 

33 

2 

33 

2 

33 

18 

28 

282 

_ 

2 

2 

— 

— 

— 



— . 

... 

2 

— 

"~ 

~" 

— 

2 

2 

2 

2 



2 

2 

2 

2 

■ 

2 

58 


LE  UUSéB  BELGE. 


c)  UÉCOLE  RÉALE 

ET  1 

L'ÉCOLE  RÉALE  SUPÉRIEURE. 

CLASSn 

mÛAUEÊ 

CI,ASSn  RiALBS 

sin'ÉaiBUftES 

VI 

V 

IV 

lu 

n 

I 

UI 

n 

I 

Tottil 

Religion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

iS 

Allemand 

6 

5 

5 

4 

4 

4 

4 

4 

4* 

Français 

5 

5 

5 

4 

4 

4 

4 

4 

40 

Anglais 

— 

— 

— 

5 

4 

3 

3 

3 

23 

Géographie 
Histoire 

!• 

3 

2 
2 

2 
2 

2 
2 

4 

4 

4 

!" 

Calcul 
Mathématiques 

4 

5 

6 

1 

5 

5 

5 

5 

5 

h> 

Sciences  naturelles 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Chimie 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

^ 

2 

10 

Physique 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

3 

3 

3 

11 

Écriture 

3 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

7 

Dessin 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

Chant 

2 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

.6 

Gymnastique 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Total 

28 

3o 

32 

32 

32 

33      33 

33 

33 

286 

Cours  facultatifs 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

Dessin 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

Laboratoire  de  chimie 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

Chant 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

Le  travail  à  domicile  ne  peut  dépasser  par  semaine,  en  6«  et  en  5« 
(10  et  II  ans),  8  heures;  en  4»  et  en  3«  (12,  i3,  14  ans),  12  heures,  en 
2«  et  en  i«  (i5,  16,  17  et  18  ans),  de  12  à  18  heures. 

Le  matin,  on  ne  donne  pas  de  devoirs  pour  Taprès-midi.  Le 
dimanche,  pas  de  devoirs  à  domicile. 

Dans  l'interprétation  réelle  des  auteurs  grecs  et  latins,  on  se  propose 
spécialement  de  faire  connaître  aux  élèves  la  vie  publique  et  privée 
des  anciens  ;  on  a  soin  aussi  de  leur  montrer  quel  était  Tidéal  des  Grecs 
dans  l'art  et  la  littérature. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  5g 

J'ai  sous  les  yeux  le  programme  du  Lycée  de  Metz  que  je  dois  à 
rextréme  obligeance  de  son  éminent  directeur,  M.  Herrmann,  et  je 
constate  qu*on  lit  les  auteurs  suivants  :  !•  supérieure,  Cicéron,27ra 
Sestio  et  de  officiis^  I  ;  Tacite,  la  Germanie  ;  Horace,  odes  choisies 
des  livres  III  et  IV,  quelques  satires  et  quelques  épîtres;  Démosthène, 
Z^ Philippique ;  Platon^  Apologie;  Homère^  Iliade,  i3-i4,  passages 
choisis;  Sophocle,  Antigène;  cursivemcni  Xénophon.  —  I«  infé- 
rieure :  Cicéron,  Pro  Milone  et  Laelius;  Tacite,  Annales  I  et  II, 
passages  choisis;  Horace,  Odes  choisies,  I  et  II;  Démosthène,  i®et 
2*0lynthiennes  et  i«  Philippique ;P\aLXon,  Apologie  et  Criton;  Homère, 
Iliade^  !•  moitié,  passages  choisis;  Sophocle,  Oedipe  roi;  cursivement„ 
Hérodote  et  Xénophon. 

!!•  supérieure,  Cicéron,  de  imp.  Cn.  Pomp,,  Tite-Live,  XXI,  eit 
partie;  Virgile,  Enéide^  V  et  VI,  passages  choisis;  Hérodote  et  Xéno- 
phon, Hellenica,  passages  choisis;  Homère,  Odjrssée.Yll  à  XXI, 
choix.  —  II*  inférieure,  Cicéron, pro  Rose,  et  CatiL  /,  Tite-Live,XXI, 
extraits;  Ovide  et  Virgile,  Enéide,  passages  choisis  du  i«r livre;  Xéno- 
phon, Anaàase,  livres  II-IV,  passages  choisis;  Homère,  Odyssée,  I 
à  X,  passages  choisis. 

III*  supérieure.  César,  de  b.  G.,  I  à  VI  ;  Ovide,  Métamorphoses, 
passages  choisis  ;  Xénophon,  Anabase,  passages  choisis.  —  III^  infé- 
rieure. César,  de  b,  G.  Mil  ;  Ovide,  I,  1-80. 

Le  français  s  enseigne  d'après  la  méthode  directe.  Les  auteurs  lus 
sont  :  Bruno,  Le  tour  de  la  France  par  deux  enfants;  Scribe,  Le 
rerre  dCeau;  Feuillet,  Roman  d'un  jeune  homme  pauvre;  Thiers, 
Histoire  de  la  campagne  d^ Italie  (Marengo);  Ponsard,  L'honneur  et 
forgent. 

60  GRAND-DUCHÉ  DE   BADE. 

a)  Les  gymnases. 

Les  gymnases  sont  appelés  ici  Gelehrtenschulen.  Le  total  des  heures 
s'élève  à  293.  Notons  que  Tahemand  a  22  heures,  le  latin  72,  le  grec 
36,  le  français  20,  Thistoire  et  la  géographie  26,  le  calcul  et  les  mathé- 
matiques 33,  les  sciences  naturelles  18,  la  philosophie  propédeutique  2. 
L'âge  requis  pour  la  classe  inférieure  est  de  9  à  11  ans. 
b)  Les  réalgymnases. 

Le  total  des  heures  est  également  de  293.  L'allemand  a  26  heures, 
le  latin  56,  le  français  26,  l'anglais  18,  Thistoire  et  la  géographie  24, 
le  calcul  et  les  mathématiques  47,  les  sciences  naturelles  10,  la  phy- 
sique 8  et  la  chimie  4. 

c)  Les  Oberrealschulen  et  les  Realschulen. 

Le  total  des  heures  est  de  296.  L'allemand  a  39  heures,  le  français  46, 
l'anglais  24,  Thistoire  17,  la  géographie  10,  les  sciences  naturelles  lo, 
la  chimie  8,  la  physique  i3,  le  calcul  et  les  mathématiques  45,  la 
descriptive  8. 


6o  LE   MUSÉE   BELGE. 


d)  Les  hôhere  Burgerschulen. 

Ce  sont  des  écoles  moyennes  réaies,  ayant  moins  de  6  années.  £-< 
plan  d'études  est  celui  du  réalgymnase  (avec  latin)  ou  celui  de  l'école 
réale  (sans  latin). 

e)  Les  écoles  réformistes. 

Ici,  sur  une  base  commune,  comprenant  les  cinq  premières  années, 
sont  greffés  un  gymnase  et  un  réalgymnase,  dont  les  cours  durent 
quatre  années. 

Dans  les  années  communes,  on  étudie,  dès  le  début,  comme  langues, 
l'allemand  (5  heures  en  Vl«  et  V«,  4  heures  en  IV*^  et  3  heures  en  If  f« 
inférieure  et  supérieure)  et  le  français  (6  heures  en  VI«,  V«  et  I  V«,  et 
3  heures  dans  les  deux  troisièmes);  le  latin  vient  s'y  ajouter  dans  les 
deux  troisièmes,  à  raison  de  10  heures  chaque  année. 

Au  gymnase,  le  latjn  n'a  plus  que  8  heures  pendant  quatre  ans  ;  le 
grec  a  le  même  nombre  d'heures  que  le  latin  ;  le  français  n'a  plus  que 
deux  heures;  l'anglais  et  Thébreu  sont  facultatifs. 

Au  réalgymnase,  l'allemand  n'a  pas  plus  d'heures  qu'au  gymnase  : 
3  heures  par  année;  le  français  en  gagne  2  ;  car  il  comporte  3  heures 
en  seconde  inférieure  et  supérieure;  le  latin  perd  11  heures  :  au 
lieu  de  8  heures  comme  au  gymnase,  chaque  année,  il  a  6  heures  en 
seconde  inférieure  et  5  heures  les  trois  dernières  années.  L'anglais 
devient  obligatoire  et  a  en  tout  19  heures.  L'histoire  naturelle  et  les 
mathématiques  obtiennent  quelques  heures  en  plus.  Le  dessin  est 
obligatoire. 

Dès  la  seconde  année,  c'est-à-dire  en  3«  supérieure,  on  aborde  un 
auteur  latin.  César,  Guerre  des  Gaules^  dont  on  lit  les  quatre  pre- 
miers livres  en  entier.  En  seconde  inférieure,  on  lit  le  cinquième  livre 
jusqu'au  chapitre  14,  le  livre  VI,  de  1 1  à  28;  le  livre  Vil,  de  i  à  6, 

10,  14  à  3i  ;  34  à  36;  43  à  53  ;  63  à  90  ;  de  plus,  au  gymnase,  Ovide, 
Métamorphoses,  1000  vers;  Cicéron,  or.  Cat.^  i  et  2;  Salluste,  Jm- 
gurtha,  5-16,  20  42  ;  84-114;  au  réalgymnase,  800  vers  d'Ovide.  — 
En  seconde  supérieure,  Cicéron,  de  imp.  Cn.  Pomp.,  en  outre,  au 
gymnase,  Tite-Live,  XXI  et  XXII  jusqu'au  ch.  20;  Virgile,  Enéide^ 
I  et  11,  avec  peu  d'omissions  ;  au  réalgymnase,  Tite-Live.  XXI,  i  à 
20  ;  Virgile,  Enéide^  II. —  En  I^  inférieure,  au  gymnase,  Tite-Live, 
XXII,  du  ch.  25  à  la  fin;  Tacite,  la  Germania  et  les  Annales,  I,  172; 

11,  5-26,  39,  40;  Cicéron,  pro  Archia;  Horace,  Odes  choisies.  I-III; 
quelques  5tirires;  au  réalgymnase,  Tite-Live  XXI,  Sallusie,  Jugurtha 
et  Horace,  odes  choisies.  —  En  I«  supérieure,  au  gymnase,  Cicéron, 
Tusculanes,  I  et  en  partie  V;  Tacite,  Germanie  ti  Annales,  II  et  III, 
1-18;  Horace,  choix  de  satires  et  à'épîtres;  au  réalgymnase,  Tite- 
Live,  XXII  et  des  passages  du  livre  XXIII  ;  Tacite.  Germanie,  et 
Horace,  choix  de  satires.    (a  suivre.) 


LIVRES  NOUVEAUX. 

Ad.  BARTELS,  Die  Deutsche  Dichtung  der  Oegenwart.  Die  Âlten  und   die 

Jungen.  7^  Âufl.  Leipzig,  Ed.  Âvenarius,  1906. 
Paul  RONNEFON,  Portraits  et  récits.   Extraits  des  prosateurs  français  du 

XVII»  siècle.  Paris,  A.  Colin.  1906.  2  fr.  ZO. 
J.  BICK,  Horazkritik  seit  1880.  Leipzig,  Teubner,  1906.  vi  89  pp.  1  m.  80. 
A.  COUXSON,  Glossaire  toponymique  de  Francorchamps.  Liège,  Vaillant- 

Carmanne,  1906.  58  pp. 
P.  DE  LABRIOLLE,  L^  physiologie  dans  Tœuvre  de  Tertullien.   12  pp.  4® 

(Extr.  des  Archives  générales  de  médecine,  1906). 
LE  MÊME,  La  polémique  antiroontaniste  contre  la  prophétie  extatique.  Paris, 

A.  Picard,  1906.  50  pp.  (Extr.  de  la  Rev.  d'hist.  et  de  litt.  relig.,  XI,  1906). 
LE  MÊME,  Tertullien  jurisconsulte.  Paris,  L.  Larose,  1906.  27  pp.  (Extr.  de 

la  Nouv.  rev.  hist.  du  dr.   fr.  et  étr.,  1906;. 
J.  FÈVRE  et  H.  HAUSER,  Leçons  de  géographie  (Progr.  des  écoles  normales 

primaires  et  du  brevet  supérieur),  l***  année.  Géographie  générale,  Amérique, 

Océanie,  Asie,  Afrique.  Avec  217  grav.  et  cartes.  Paris,  F.  Alcan,  1907, 4  fr. 
C.  D.  FISHER,  Comelii  Taciti  Annalium  ah  excessu  divi  Augusti  libri.Recogn. 

brevique  adnotatione  critica  instruxit  G.  D.  F.  Oxford,   Glarendon  Press, 

1906  viii-422  pp.  5  sh 
0.  FREDERSUAUSEN,  De  jure  Plautino  et  Terentiano.  Gap.  I.  Diss.  inaug. 

Goettingen,  Goldschmidt,  1906.  76  pp. 
M.  HALBWAGH3,  Leibniz,  Paris.  Delaplane,1906.  0  fr.  90.  (Les  philosophes). 
H.  HOEFFDING,  Histoire  de  la  philosophie  moderne.  Traduit  de  l'allemand 

pir  P.  Bordier.  Tome  II   Parif>,  Alcan,  1906.  10  fr.  (Bibliothèque  de  philo- 
sophie contemporaine). 
K   HUEMER,  Der  Geist  der  altklassischen  Studien  und  die  Schriftstellerwahl 

boi  der  Schullektûre.  G.  Fromme,  Wien  u.  Leipzig,  1906.  80  pp, 
JoBL  DB  LYRIS,  Le  choix  d*une  bibliothèque.  Guide  de  la  lecture.  Avignon, 

Aubanel,  1906.  200  pp. 
A.  KRETSGHMAR,  De  Menandri  reliquiis  nuper  reperiis.  Diss.  Leipzig. 
Fr.  KLINGKSIECK,  Ghrestomathie  der  frnnzôsischen  Literatur  des  17.  Jh. 

Leipzig,  Reuger,  1906.  Relié  4  m. 
C.  LEGOIJTERE,  Een  nieuw  fragment  van  Lodewgk  VanVelthem's  Spiege 

Hifitoriael.  16  pp.  Gand,  Siffer,  1906.  ^ 

H.  LENGRAND,  Bpicure  et  l'Epicurisme.  Bloud,  4,  rue  Madame,  Paris.  1906. 

0  fr.  60  (Science  et  Religion). 
E.  LANGE,  SokrateF.  Guetersloh,  Bertelsmann,  1906.  1  m.  (Gymn.-Bibl.  43). 
J.  LUTZ,  Les  verrières  de  Tancienne  église  do  S.  Etienne  à  Mulhouse,  Avec 

6  planches.  Leipzig,  G.  B3ck,  1906.  (Suppl.  au  Bull,  du  Musée  hist.  de 

Mulhouse,  t.  29). 
M   MENTAUDON,  Segantini.  Mit  97  Abbild.  und  4  farbigen  Bildern.  2t«Aufl. 

BielefelJ,  Velhagen  et  Klasing,  1906.  4  m. 
H.   MBUSEL,  G.  Jalii   Gaesaris  commintarii   de  belle  civili.  Erkiaert  von 

F.  Kraner  und  F.  Hofmin.  Il*»  Aufl.  Barlin,  Weidmann.  1906.  3  m.  40. 
M.- P.  NILSSON,  Griechische  Texte  von  religiôser  Bedeutung  mit  Ausschluss 

der  attischen.  Leipzig,  Teubner,  1906.  vi-490  pp.  12  m. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 
Fouilles  de  Déios  en  1906  (F,  Mayence) 5 

PARTIE  BIBLlOGRAPHIdUE. 

Antiquité  classique, 

1.  i4.  D/e/enc/r,  Mutter  Erde  (E,  Remy) G 

2.  G.  Glot^^  La  solidarité  de  la  famille  en  Grèce  (H.  Francotte)     .        .         .14 

3.  Af. //jm/7/on,  Incubation  (Th.  Lefort)        .        ,        .        .        .        .         .17 

4.  G»  P^scittcco,  Marcia  (A.  t)e  Ceuleneer) 10 

5.  A.  Cartauît^  A  propos  du  Corpus  Tibullianum  (J.  P.  W.).        .        .        ,21 

Langues  et  littératures  celtiques, 

6.  G.  Dottin^  Manuel  p.  servir  à  l'étude  de  Tanliquité  celtique  (V,  Tourneur) .     23 

7.  H,  Gaido^,  Pour  le  centenaire  de  G.  Zeuss  (Le  même)       .        ,        .         .     aS 

8.  V,  Lederer^  Keliische  Renaissance  (Le  même) aS 

Langues  et  littératures  romanes, 

9.  E,  Biré,  Chateaubriand,  Victor  Hugo,  Balzac  (G,  Doutrepont)  ,        .        .25 

Langues  et  littératures  germaniques. 

10.  H.  Van  der  Linden  et  W,  De  Vreese^  Lolewijk  Van  Velihem  (C.  Lecoutere)  27 

11.  iV.  A/araw-^oo^e/iAoM/,  KaphoUandische  Sprache  (Le  môme)  ...  2g 

12.  F.  iCaif^mawn,  Deutsche  Grammatik  (Le  môme) 3o 

i3.  H,  Hungerland^  Das  wissenschaftiiche  Studium  der  deutschen  Sprache 

(Le  même) 3o 

14.  T,  F,  Henderson^  Robert  Burn's  Poems  fHamelius) 3o 

Histoire  et  Géographie. 

0 

1 5.  P//.  LjMcr,  Les  Annales  de  FlodoarJ  (M.  Jacquin) 3i 

iG.  M.  Brants^  Ges;h.  van  *t  onafhankelijk  Belgié  (A.  De  Geuleneer)       .        .     32 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

17-40.  Publications  de  J.  A.  Shawyer,  H  Muzik,  Amer,  philol.  Association, 
H.  Ludwig,  S,  Dœrflir,  A.  Carnoy,  F.  Strowski,  G.  Paris,  M.  Michel, 
J.  Mcnsch,  A.  Albalat,  G.  Casella  et  E.  Gaubert,  Willemsfonds,  J.  VercouUie, 
N.  Barone,  A.  Michel,  M.  Schmid,  J.  Helbig,  .L  Brassine,  A.  Grafé, 
A.  Fougère,  C.  Bouvier,  A.  Pidoux,  E,  Lecanuet,  Désers      .        .        .        .33 

CHRONIQ.UE. 

41-47.  Le  latin  en  Amérique.  Nomination  des  professeurs  d'Université,  Musées 
du  Cinquantenaire.  Manifestation  Gauchie.  Mélanges  God.  Kurth.  Institut 
historique  belge  à  Rome.  Bourses  de  voyage 40 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 

F,  Collard,  L'Enseignement  moyen  à  l'étranger  (suite) 46 


''^'J> 


ONZTÈME  ANNÉE.  —  N»  2. 


y 


i5  FÉVRIER   1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 


DU 


MUSÉE  BELGE 

REVUE  DE  PHILOLOGIE  O-ASSIQUE 


:5-Y 


P.  CSOLLARD 

A  L'uiOTIBMTi  DB  LOUVAIM 


J.  P.  WALTZING 

pftOPBtsBi»  A  L'mmmsrré  db  ukam 


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LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,  LIBRAIRE-ÉDITEUR 

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BERLIN 


PARIS 

A.  FONTEMOING 

4tnML«Goff 


R.  FRIEDLAENDER  ET  FILS 
CarlttntMb  ii,  N.  W 


LIVRES  NOUVEAUX. 

W.  BANG  et  H.  DE  VOCHT,  Klassik^r  und  HumaDtsfen  aU  QaoIIon  aoUoror 

Dramatiker.  Extrait  de  EDglischo  Studien,  B  1.  36,  1906. 
L.  M.  CAPELLI,  Pétrarque,  Le  traité  De  suis  ipsius  ei  muUorum  ignorantia, 

Paris»,  Champion,  1906. 
G.  FERUâRA,  La  filologia  latina  nel  più  récente  moTimento  seientifieo.  Turin, 

Lœscher,  1906.  2  fr. 
E.  FOELZER,  Die  Hjdria.  Ein  Beitrag  zur  griechiscben  Vascnkunde.  Leipzig, 

Seemann,  1906.  120  pp.  et  10  pi. 
J.  GESSLER,  Bibliographie  van  het  Limbargâch  Dialoct.  Hasselt,  St-Quintinae 

drukkerij,  1905.  26  pp. 
A.  GRENIER,  Habitations  gauloises  et  villas  latines  dans  la  cité  des  Môdioma- 

trices.  Étude  sur  le  développement  de  la  civilisation  gnllo-romaino  dans  une 

province  gauloise,  avec  plans.  Parif»,  Champion,  1906.  6  fr.  (Bibl.  de  TÈjole 

des  Hautes  Études.  Fasc.  157). 
E  T.  A.  HOFFMANN,  Contes,  récits  et  nouvelles  tiréi  des  frères  de  Sérapion. 

Paris,  Garnier,  1906.  1  vol.  3  fr.  50. 
LE  MÊME,  Contes  fantastiques.  Choix  de  contes,  récits  et  nouvelles.  Paris, 

Garnier,  1906.  1  vol.  3  fr.  50. 
J.  KOCH,  Roemische  Geschichte.  4'*  Aufl.  Leipzig,  Goeschen,  1906.  0  m.  80. 
KOECHER,  Das  MQnzwesen  im  alten  Gallien.  Progr.  n»  330,  der  stâit  Real- 

schule.  Magdebourg,  1906. 

E.  LANGE,  Sokrates.  Mit  einem  Titelbilde.  Bertelsmann,  Gûtersioh,  1906. 
1  m.  (Gymn.-Bibl.,  43). 

LANGREHR,  Plautina.  Progr.  n9  828,  des  Gjmn.  zu  Friedland,  1906. 

F.  LOES,  Arel  unter  roemischer  Herrschift.  Schiuss.  Die  roemischen  Ansiedo- 
lungen  in  der  Umgegenl  von  Arel.  Pages  101-146.  (Jahrb.  dos  deutschen 
Vereins.  Arel,  Willems). 

MESTWERDT,  Die  roemischen  Thongefaesse  der  Altertumssammlung  in  Cleves. 
MI.  Progr.  Clôve  1899-1906. 

G.  NICOLE,  Catalogue  de  vases  cypriotes  du  Musée  de  Constantinople.  Genève, 
Kûndig,  1906.  44  pp. 

C.  PASCAL,  Seneca.  Catania,  Battiato,  1906.  88  pp. 

H.  PLENKERS,  Untorsuchungen  zur  Ueberlieferungsgeschichte  der  aelte&ten 
latoinischen  Môachsregeln.  T.  Die  Regolba^ber  Beniddikts  von  Aniane.  II.  Die 
Régula  S.  B3neiikti.  Mit2Tafdla  in  Lichtiruek,  Munich,  C.  H.  Beck,  1906. 
3  m.  15.  (Quellen  und  Untersuch.  zur  laf.  Philologie  des  Mittelalters,  lirsg. 
von  L.  Traube.  I.  3). 

H  RAEDER,Platons  philosophische  Eatwickolung.  Leipzig, Teubner,  1905.  8  m. 

E.  REMY,  Le  maintien  de  la  langue  grecque  au  programme  de  l'enseignement 
moyen.  20  pp.  Louvain,  Ch.  Peeters,  1906. 

R.  REPPE,  De  L.  Annaeo  Cornuto.  Diss.  Leipzig,  Noske,  1905.  1  m.  80. 

A.  RETTORE,  Tito  Livio  Patavino  precursore  doUa  decadenxa  délia  lingua 
latina.  Prato,  Alberghetti.  1907.  1  fr.  00. 

A.  RIVAUD,  Le  problème  du  devenir  et  la  notion  de  la  matière  dans  la  philoso- 
phie grecque  depuis  les  origines  jusqu'à  Théophraste.  Paris,  A  Ica",  1906. 10  fr. 

M.  C.  P.  SCHMIDT,  Stilistische  Boitraego  zur  Kenntnis  und  zum  Gibrauch  der 


Onzième  année.  —  N®  2.  i5  Février  1907. 

Bnlletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


MÉI.AM6BS. 

-        y 

Angelo  Fumagalli. 

M.  Nicola  Barone,  professeur  de  diplomatique  et  de  paléographie 
à  l'Université  de  Naples  et  chef  de  section  à  VArchivio  di  Siato  de  la 
même  ville,  connu  par  ses  recherches  sur  l'histoire  de  ses  études 
favorites,  autant  que  par  son  ai&bilité  envers  les  travailleurs  qui 
visitent  les  richesses  confiées  à  ses  soins,  vient  d'écrire  un  mémoire 
intitulé  Angelo  Fumagalli  e  la  culiura  paleografica  et  diplomaiica  dei  suoi 
tempiin  Italia  (Extrait  des  Attideir  Accademia  Ponianiana,  vol.  XXXVL 
Naples,  F.  Giannini,  1906.  In-4",  23  p.). 

Paolo  Carlo  Ambrogio  Fumagalli  naquit  à  Milan,  le  28  avril  1728, 
d'une  famille  de  négociants.  Il  fit  sa  première  éducation  au  Collège 
des  Oblats  de  Gorla  Minore,  pour  continuer  bientôt  ses  études  chez 
les  Jésuites,  au  Collège  Patellani.  L'an  1745  il  prononça  les  vœux  de 
Cistercien  dans  le  monastère  de  Chiaravalle,  à  trois  milles  de  Milan, 
et  échangea  son  nom  de  baptême  contre  celui  d'Angelo.  Après  avoir 
terminé  ses  études  de  philosophie  à  l'abbaye  de  San  Ambrogio,  il  fut 
envoyé  à  Rome,  pour  suivre  les  cours  de  théologie  au  monastère  de 
la  Sainte-Croix  de  Jérusalem  ;  il  y  apprit  aussi  le  droit  ecclésiastique 
*€t  surtout  l'hébreu  et  le  grec,  sous  la  direction  de  Raphaël  Vernazza, 
scfiitore  de  la  Vaticane.  En  1760,  il  retourna  à  Milan  pour  enseigner 
aux  jeunes  religieux  de  son  ordre  la  philosophie,  d'abord  à  Chiara- 
valle, ensuite  a  San  Ambrogio.  Dans  ces  deux  monastères,  pourvus 
de  bibliothèques  et  riches  en  archives,  Angelo  Fumagalli  prenait 
plaisir  à  déchiffrer  les  vieux  parchemins,  à  copier  des  chartes,  à  col- 
lationner  des  documents  et  acquit  une  telle  dextérité  paléographique 
et  diplomatique,  que  beaucoup  de  savants  lui  soumettaient  des  cas 
difficiles  et  des  documents  quasi  indéchiffrables. 
(iiPromu  lecteur  en  théologie,  il  se  rendit  de  nouveau  à  Rome,  où, 
dans  la  réorganisation  de  la  bibliothèque  du  monastère  de  Sainte- 
Croix,  il  eut  le  bonheur  de  se  mettre  en  contact  avec  des  documents 
précieux  du  vu*  au  x«  siècle.  En  1773,  il  fut  rappelé  à  San  Ambrogio 


62  LE   MUSÉE   BELGE. 


de  Milan,  où,  grâce  à  la  protection  éclairée  de  Timpératrice  Mari^^— 
Thérèse,  il  put  instituer  une  imprimerie.  En  1783,  il  y  fonda  une  écal^ 
de  diplomatique  pour  Tétude  des  archives  du  monastère  et  rendit: 
accessible  aux  travailleurs  la  bibliothèque  de  San  Ambrogio,  pour  y 
étudier  pendant  les  jours  de  fermeture  des  bibliothèques  Brera  et 
Ambrosienne.  Bientôt,  il  fut  nommé  abbé  de  Chiaravalle.  Sa  mo- 
destie excessive,  son  humilité,  son  érudition,  ses  aptitudes  à  gou- 
verner avec   douceur   l'appelèrent,  en    1786,   à   la  présidence   de^ 
Cisterciens  et  à  Tabbatiat  de  San  Ambrogio.  Malgré  l'activité  que 
réclamaient  les  soins  économiques  et  disciplinaires  de  quinze  mona— 
stères  et  Texercice  des  droits  féodaux  du  monastère  milanais,  qui 
groupait  trois  fiefs  comme  monastère  impérial,  Don  Angelo  trouva 
encore  moyen  de  s'occuper  de  ses  études  favorites,  sans  nuire  aucu- 
nement à  ses  devoirs  monastiques. 

En  1796,  âgé  de  soixante-huit*  ans,  il  se  démit  de  ses  charges,  et 
se  retira  dans  la  petite  abbaye  de  Saint- Luc.  Il  en  fut  bientôt  chassé 
par  les  sécularisateurs  de  la  République  Cisalpine,  dont  Milan  était 
devenue  la  capitale,  sous  le  contrôle  de  Napoléon  Bonaparte.  La 
révolution  le  chassa  aussi,  en  1799,  de  San  Ambrogio.  Il  se  retira 
probablement  chez  un  de  ses  neveux,  Camillo.  Le  gouvernement  de  la 
République  Italienne,  qui  avait  remplacé  la  Cisalpine,  ne  laissa  point 
d'honorer  ses  travaux  scientifiques,  et,  par  décret  du  17  août  1802, 
rhumble  Cistercien  fut  nommé  membre  de  l'Institut  national  de 
Bologne,  fondé  en  1797,  et  prit  sa  place  marquée  à  côté  d'un  Volta 
et  d'un  Monti.  En  1804,  le  23  janvier,  le  Ministre  de  l'intérieur 
rendit  une  fois  de  plus  hommage  au  savant  Cistercien  en  lui  deman  - 
dant  officiellement  son  avis  sur  un  travail  de  l'archiviste  Michel 
Daverio,  intitulé  Memoria  sulla  storia  delV  ex  ducato  di  Milano,  ouvrage 
que  Fumagalli  apprécia  avec  sa  courtoisie  et  sa  modestie  habituelles. 

Atteint  par  une  maladie  inexorable,  Angelo  Fumagalli  mourut  peu 
après ,  le  1 2  mars  1 804 .  5on  ami  Carlo  Amoretti  fit  son  éloge 
funèbre  à  la  séance  du  10  juillet  de  l'Institut  bolonais  et  à  Toccasion 
des  fêtes  célébrées  à  Milan  lors  du  couronnement  de  l'empereur 
Napoléon,  on  inaugura  un  monument  dédié  à  la  mémoire  de 
l'illustre  Italien  qui  reposait  dans  la  tombe. 

Après  avoir  retracé  la  vie  de  cet  émule  de  Mabillon,  M.  Barone 
s'occupe  de  ses  travaux,  qui  présentent  en  général  une  empreinte 
de  sobre  érudition.  Sans  nous  arrêter  à  ses  traductions  de  classiques 
grecs  et  à  ses  ouvrages  d'hydrostatique  —  il  avait  étudié  la  physique 
—  signalons  les  corrections  qu'il  apporta  à  l'histoire  médiévale  de 
Milan,  comme  elle  était  racontée  par  VArt  de  vcriûer  les  dates,  sur  la 
demande  du  cardinal  Dugnani,  nonce  près  de  la  Cour  de  France. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  63 

N'oublions  pas  non  plus  sa  savante  dissertation  sur  lorigine  de 
Tidolâtrie,  sa  traduction  italienne  d'un  manuscrit  du  xiv«  siècle, 
contenant  la  liturgie  ambrosienne,  sa  contribution  à  la  Storia  deîV  arte 
deir  antichità  (1764),  etc.  Mais  ses  œuvres  paléographiques  et  diplo- 
matiques sont  les  plus  importantes. 

L'ordre  cistercien  en  Italie,  possesseur  de  riches  archives  et  de 
diplômes  d*un  prix   inestimable,  se   sentait   surtout  attiré   vers  la 
diplomatique.  Les  moines  de  San  Ambrogio,  après  la  fondation  de 
l'imprimerie  dans  leur  monastère,  prirent  Tinitiative  de  compiler  un 
traité  de  diplomatique  italo-langobarde,  et  de  cette  entreprise  sortit 
une  belle  histoire  de  la  guerre  de  Milan  contre^Frédéric  Barberousse, 
qui  fut  pourvue  d'ime  introduction  diplomatique  écrite  par  Fuma- 
galli   et   imprimée  en    1778.  L'œuvre  du   traité   de   diplomatique, 
entravée  quelque  temps  par  une  cabale  suscitée  contre  Thistoire  de 
la  lutte  avec  Frédéric  Barberousse,  fut  partiellement  reprise  en  1792 
par  l'édition  de  deux  volumes  ^Antichità  lattgohardiche  milane^e^  suivis 
de  deux  autres  en  1793.  Le  traitéjrde  diplomatique  proprement  dit, 
auquel  Fumagalli  travaillait  depuis  longtemps,  fut  terminé  en  1796, 
lorsqu'il  eut  fixé  sa  demeure  à  l'abbaye  de  Saint-Luc,  mais  les  évé- 
nements politiques  en  empêchèrent  l'impression  jusqu'en  1802.  Avec 
la  mort  de  Ludovico  Antonio  Muratori  et  de  Scipion^^MafFei  s'était 
terminée   en   Italie  la  première  période  des  études  originales  de 
diplomatique.  Le  xviii«  siècle  vit  l'influence  des  travaux  étrangers, 
surtout  du  Nouveau  traité  de  diplomatique  des  Bénédictins  de  Saint- 
Maur.  Le  Délie  Istitutione  dipiomatichtldi  Attgelo  Fumagalli,  già  abhatc 
di  S.  Ambrogio  e  présidente  dti  Cisterciesi,  vint -donc  combler  une  lacune 
regrettable.  Après  avoir  décrit  l'œuvre,  M.  Barone  fait  remarquer 
que  l'originalité  de  ce  travail  se  trouve  surtout  dans  les  notices  par- 
ticulières sur  la  diplomatique  italienne  :  la  partie  générale,  compre- 
nant aussi  la  paléographie,  est  moins  originale.  C'est  aussi  l'opinion 
de   Foucard,  de  Bresslau  et  de  Giry.  Après  la  publication  de  son 
traité,  Angelo   Fumagalli  voulut  présenter  au  public  un  essai  de 
diplomatique  pratique  et  se  mit  à  recueillir  d'anciens  diplômes  et 
des   chartes  du   viii«  et   du   ix®  siècle,   tirés  des   archives  de  San 
Ambrogio .   De   là  sortit   son   Codice  diplomatico  santambfosiano ,  où 
se  remarque  le  plus  strict  scrupul  à  garder  les  solécismes  et  les 
barbarismes,  les  fautes  d'orthographe  et  le  style  barbare  des  vieux 
documents. 

Cette  étude  du  professeur  N.  Barone,  écrite  con  amore,  révèle 
une  fois  de  plus  l'historien  consciencieux  et  le  spécialiste  de  valeur 
qui  s'était  montré  dans  ses  notices  antérieures  sur  l'histoire  de  la 
diplomatique  et  de  la  paléographie  en  Italie.  L'auteur  ne  s'est  pas 


64  LS    MUSÉE   BELGE. 


contenté  en  efiet  de  puiser  à  la  source  ordinaire  de  toutes  les  notioes 
sur  Fumagalli,  les  mémoires  de  Carlo  Amoretti,  qui  fut  ami  du 
savant  Cistercien  pendant  quelque  trente  ans,  mais  il  s'est  copieuse- 
ment docimienté  dans  la  ville  d'origine  de  Fumagalli,  à  TAmbro- 
sienne  et  aux  archives  de  TEtat  à  Milan,  grâce  aux  indications  de 
deux  autres  travailleurs  bien  connus,  le  D'  Ratti  et  le  D»"  Colombo. 
Le  sympathique  et  savant  chef  de  section  de  VArchivio  di  Stato  de 
Naples  mérite  la  reconnaissance  des  historiens  pour  son  excellent 
mémoire  sur  Angelo  Fumagalli,  l'initiateur  d'une  science  dont 
M.  Barone  est  lui-même  un  si  digne  pratiquant. 

L.  Van  der  Essen. 

PARTIE   BIBU06RAPHIQUB. 


Antiquité  classique. 

48.  —  FlofUegium  patristicum  digessit  vertit  adnotavit  6.  RauSOben. 
Bonn,  P.  Hanstein,  1904- 1906.  6  fasc.  ont  paru. 
Fasc.  I.  Monumenta  aevi  apostolici.  89  pp.  1904.  1  m.  30;  cart.  1  m.  40. 
Fasc.  II.  S.  Jusiini  Apologiae  duae.  101  pp.  1904.  1  m.  5o;  cart.  1  m.  70. 
Fasc.  III.  Monumenta  minora  saeculi  secundi.  106  pp.  1905.   1  m.  5o;  cart. 

1  m.  70. 
Fasc,  IV.  TertuUiani  iiber  de  praescrtptione  haereticorum,  69  pp.  1906.  1  m. 

cart.  1  m.  20. 
Fasc.  V.  Vincentii  Lerinensis  Commonùoria.  71  pp.  1906.  1  m.  20;  cart.  1  m. 40. 
Fasc.  VI.  TertuUiani  Apologetici  recensio  nova,  M^  pp.  i9'*6.  2  ni. 

C'est  une  utile  et  belle  entreprise  à  laquelle  se  dévoue 
M.  Gérard  Rauschen,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie  catho- 
lique de  r Université  de  Bonn,  encouragé  par  son  Eminence  le  car- 
dinal Fischer  :  composer  un  florilège  des  écrits  patrologiques  à 
Tusage  des  étudiants  en  théologie  et  des  ecclésiastiques,  et  pouvant 
servir  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  Thistoire  primitive  du  christia- 
nisme. Les  philologues  eux-mêmes,  généralement  trop  peu  versés 
dans  cette  littérature,  accueilleront  ce  florilège  avec  reconnaissance, 
car  M.  Rauschen  s  attache  à  présenter  un  texte  critique,  parfois 
spécialement  revu  et  collationné  sur  les  manuscrits,  et  à  expliquer 
les  difficultés  par  une  commentaire  perpétuel,  aussi  exact  que  concis. 
Sa  publication,  commencée  en  1904,  avance  rapidement  comme  on 
voit,  car  en  trois  ans  six  fascicules  ont  paru.  Nous  ne  pouvons  qu'in- 
diquer brièvement  le  contenu  des  cinq  premiers,  pour  nous  arrêter  au 
sixième. 

Le  premier  fascicule  donne  un  choix  des  Pères  apostoliques  (texte 


PARTIS   BIBLIOGRAPHIQUE.  65 


grec  et  traduction  latine),  la  Doctrine  des  douze  Apôtres  (Aibaxi'i^ 
l'épître  de  S.  Ignace  aux  Romains,  le  martyre  de  S.  Polycarpe,  des 
extraits  de  la  lettre  à  Diognète,  de  Papias  et  du  Pasteur  d'Hermas. 
Le  fascicule  deux  contient  les  deux  Apologies  de  S.  Justin,  texte 
grec  et  traduction  latine.  Dans  le  troisième,  nous  trouvons  le  frag- 
ment de  Muratori,  les  Logia  Jesu,  le  fragment  récemment  retrouvé 
de  l'Evangile  de  S.  Pierre,  l'inscription  d'Abercius,  les  actes  du 
martyre  de  S.  Apollonius  (en  grec)  et  quelques  autres  actes  du 
!!•  siècle.  Ces  textes  sont  précédés  d'une  introduction  en  latin.  Le 
quatrième  fascicule  donne  une  recension  nouvelle  d  un  célèbre  écrit 
dogmatique  de  Tertullien  :  De  la  prescription  contre  les  hérétiques, 
suivi  de  deux  chapitres  de  S.  I renée,  Adversus  haereses  (III,  3-4).  Enfin 
le  fascicule  V«  contient  les  Commonitoria  de  S.  Vincent  de  Lérins 
<texte  collationné  sur  les  quatre  mss  connus). 

La  nouvelle  édition  de  l'Apologétique  de  Tertullien  (fascicule  VI) 
sera  la  très  bien  venue.  Depuis  de  longues  années,  nous  attendons 
la  recension  promise  par  le  Corpus  sctiptorum  eccîesiasticorum  latittorum 
de  Vienne,  mais  Reifferscheid  est  mort  et  ses  successeurs,  MM.  Kroy- 
mann  et  Wissowa,  ne  sont  pas  encore  parvenus  jusqu'à  l'Apologétique. 
L'édition  Oehler  est  tout  à  fait  insuffisante;  la  collation  des  mss. 
faite  par  Oehler  est  incomplète  et  défectueuse.  M.  Rauschen  a 
vraiment  renouvelé  le  texte  de  l'Apologétique  d'après  trois  manuscrits. 
Il  a  collationné  lui-même  un  des  meilleurs,  le  Parisinus  i623,  du 
x*  siècle,  ainsi  que  le  Moniispessuîanus  du  xi«  siècle.  Il  a  étudié  avec 
soin  les  variantes  du  Codex  Fuldensis  (perdu)  que  Franciscus  Junius 
nous  a  conservées  dans  l'appendice  de  son  édition  de  1597  et  il  est 
arrivé  à  des  conclusions  un  peu  dififérentes  de  celles  de  M.  Callewaert 
qui  a  eu  récemment  le  mérite  de  démontrer  l'excellence  du  Codex 
Fuldensis  (i)  :  comme  M.  Callewaert.  il  regarde  ce  mss.  comme  supé- 
rieur à  tous  les  autres,  mais  il  n'admet  pas  qu'il  ait  été  exempt  de 
corrections  intentionnelles.  Il  a  donc  fallu  faire  un  choix  parmi  les 
variantes  conservées,  et,  pour  nous  permettre  de  juger,  M.  Rauschen 
indique  en  note  la  leçon  du  Codex  Fuldensis  chaque  fois  qu'il  ne  l'admet 
pas  dans  le  texte. 

De  ces  collations  et  de  ces  études  est  sorti  un  texte  de  TApolo- 
gétique  absolument  différent  de  celui  que  nous  avions  jusqu'ici.  Que 
de  difficultés  ont  disparu!  Que  de  passages  obscurs  sont  devenus  clairs  ! 
Je  n'hésite  pas  à  déclarer  que  le  texte  de  M.  Rauschen  est  presque 
toujours  supérieur  à  celui  d'Oehler,  à  ceux  des  anciennes  éditions,  et 
c'est  un  grand  service  que  le  nouvel  éditeur  nous  a  rendu  (2). 

(i)  Revue  d'hist.  et  de  lltt,  religieuses^  1902,  p.  322-353. 

(2)  0.1  peut  se  demander  s'il  ne  fallait  pas  plus  souvent  encore  suivre  le  Codex 


66  LE  MUSÉE    BELGE. 


Son  introduction  (p.  ig)  nous  apprend  le  nécessaire  sur  le   sujet 
et  la  date  de  l'Apologétique,  sur  les  manuscrits,  sur  les  éditions  et  les 
travaux  modernes.  Le  commentaire  est  destiné  à  des  théologiens 
plutôt  qu'à  des  philologues,  ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  esquive   les 
particularités  grammaticales,  mais  qu'il  les  explique  le  plus  briève- 
ment possible,  sans  y  insister.  Il  fait  de  même  pour  les  mots  que 
Tertullien  emploie  dans  un  sens  nouveau  :  un  synonyme  mis  au  bas 
de  la  page  suffit  pour  éclairer  le  lecteur  (par  ex.  rétro  =^  antea;  iniuria  = 
damno. 

En  résumé,  l'Apologétique  de  M.  Rauschen  ne  répond  pas 
seulement  à  son  but  ;  elle  est  plus  qu'une  édition  facile  à  lire  :  c'est 
une  recension  nouvelle.  J.  P.  Waltzing. 

49.  —  G.  B.  Cottino,  Laflessione  dei  nomi  greci  in   Virgilio.  Turin, 

Casanova,  1906.  2  fr. 

Il  existait,  à  l'époque  de  Virgile,  deux  écoles  poétiques  :  Técole 
moderne  et  l'école  ancienne.  L'une  se  prévalait  des  poètes  conteni- 
porains  de  Catulle  que  Cicéron  avait  dédaigneusement  baptisés  de 
a  modernes  »  (poetae  novi)  ou  de  a  rabâcheurs  de  l'Alexandrin  Eupho- 
rion  »   (cantores  Euphortonis),  Laissant  de  côté  les  grands  poèmes, 
l'épopée  et  le  drame,  ils  s'ingéniaient  à  ciseler  avec  un  art  raffiné  de 
petites  pièces  à  l'imitation  des  Alexandrins.  L'autre  école  prenait 
pour  modèles  les  anciens,  Ennius  surtout,  le  père  et  créateur  de  la 
langue  poétique  des  Latins.  A  certain  point  de  vue,  on  peut  qualifier 
l'une  d'école  nationale  et  d'autre  d'école  grecque.  Il  arrivait  à  celle-ci, 
comme  dit  Cicéron,  de  parler  grec  en  latin  (graece  loqui  in  latino  ser- 
monây  Tusc,  I,  i5),  et,  spécialement,  elle  déclinait  les  noms  grecs 
d'après  la  déclinaison  grecque,  tandis  que  les  puristes  de  l'ancienne 
école  préféraient  latiniser  les  mots  grecs  en  leur  donnant  droit  de 
cité.  Quintilien  fait  encore  cette  observation  (I,  5,  58)  :  a  Consultez 
un  grammairien  partisan  de  l'antiquité  :  il  dira  qu'on  ne  doit  rien 
changera  la  déclinaison  latine...  Les  grammairiens  modernes  ont 
établi  en  principe  de  donner  aux  noms  grecs  les  déclinaisons  grecques, 
ce  qui  pourtant  n'est  pas  toujours  possible.  Quant  à  moi,  j'aime 
mieux  qu'on  adopte  la  déclinaison  latine,  tant  qu  elle  n'a  rien  de 
choquant.  » 

A  laquelle  de  ces  deux  écoles  appartenait  Virgile?  Voilà  l'intéres- 

Fuldensis.  Ainsi  au  chap.  2,  1,  il  porte  ;  cum  debet^  au  lieu  de  cum  deberet,  ei  l'on 
sait  que  Tertullien  met  l'Indicatif  avec  cum  causal  (H.  Hoppe,  Syntax  des  Tertul- 
liarit  p.  80).  Chap.  2,  5  :  de  falso^  au  lieu  de  cwm /a/50, pour  dire  c  faussement». On 
compare  cum  falso  à  cumjîde;  on  peut  comparer  defalso  à  ex  fide  qui  se  trouve  au 
même  chap.,  §  17. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  67 


santé  question  d'histoire  littéraire  que  M.  Cottino  étudie.  Il  a  paru, 
en  1903,  un  travail  sur  ce  sujet  :  Sniehotta,  De  vocum  graecarum  apud 
^œtas  laiinos  daciylicos  ab  Enni  usque  ad  Ovidi  tempora  usu  (Breslauer 
philol.  Abh.,  IX,  2).  Des  erreurs  de  méthode  font  tort  à  cette  disser- 
tation d'ailleurs  consciencieuse.  Il  y  a,  en  effet,  une  difficulté  très 
grande  à  établir  la  forme  que  Virgile  a  donnée  aux  noms  grecs,  car 
là,  plus  qu'ailleurs,  il  y  a  divergence  entre  les  différents  mss,  et  aux 
mss  viennent  se  joindre  les  commentateurs  et  les  grammairiens  qui 
•citent  des  vers  de  Virgile.  M.  Sniehotta  donne  souvent  la  préférence 
à  un  ms.  isolé  ou  à  un  grammairien.  M.  Cottino  a  mis  un  soin  parti- 
culier à  établir  la  forme  des  mots  dans  chaque  passage. 

Dans  la  première  partie  de  son  travail,  il  dresse  la  liste  des  mots 
grecs  qu  on  rencontre  dans  Virgile,  les  classant  par  déclinaisons  et 
par  cas;  dans  la  deuxième,  il  examine  et  discute  les  formes  que 
Virgile  préfère.  Et  quelles  sont  ses  conclusions? 

C'est  que  Virgile  ne  peut  être  rangé  ni  parmi  les  anciens  ni  parmi 
les  modernes,  mais  qu'il  a  une  tendance  à  suivre  les  modernes.  Il 
préfère  ordinairement  la  forme  grecque.  Cette  forme  s'impose  parfois 
pour  des  raisons  de  métrique  ;  il  est  aussi  des  cas  où  Ton  ne  peut 
décider  si  Ton  a  affaire  à  la  forme  grecque  ou  à  la  forme  latine,  la 
quantité  étant  indécise,  à  la  fin  du  vers,  par  exemple  (Menaîca^ 
vocatif).  Mais  ces  cas  étant  mis  à  part,  il  résulte  de  l'étude  de 
M.  Cottino  que,  si  Virgile  subit  l'influence  de  l'école  grecque,  il  est 
loin  de  s'y  soumettre  toujours.  Ce  n'était  pas  un  moderne  intransi- 
geant, ni  même  résolu,  et  cela  est  conforme  à  son  caractère.  Dans 
cette  question  spéciale,  comme  dans  son  Enéide,  au  dire  de  Sénèque, 
€  il  voulait  plaire  aux  nombreux  partisans  d'Ennius,  en  donnant  un 
air  d'antiquité  à  des  poésies  nouvelles  »,  ut  Ennianus  populus  adgnos- 
zerei  in  novo  carminé  aliquid  antiquitatis  (Gell.,  XII,  2,  10).     J.  P.  W. 

5o.  —  Robert  StadthauS,  De  prologis  fahularum  Plautinarum, 
Progr.  Friedeberg  Nm,  Eisermann.  1906.  19  pp.  in-4°. 
C^est  la  première  partie  d'une  étude  sur  les  prologues  de  Plaute. 
L'auteur  commence  par  une  courte  introduction  qu'on  pourrait 
intituler  l'évolution  du  prologue,  où  il  caractérise  le  prologue  avant 
JEuripide,  chez  Euripide,  et  dans  la  comédie  nouvelle,  d'où  il  a 
passé  à  la  comédie  latine.  Le  but  essentiel  du  prologue  de  la 
<x>médie  est  d'indiquer  le  sujet  de  la  pièce  ;  cette  définition  servira 
plus  tard  de  critérium  dans  l'examen  particulier  de  chaque  prologue. 
L'auteur  examine  ensuite  quelques  indices  qui  permettent  de  vérifier 
l'authenticité  des  prologues  :  laissant  de  côté  la  métrique  et  la  langue, 
il  discute  la  question  de  savoir  si  la  mention  du  nom  du  poète  suffit 


68  LB   MUSÉE   BELGE. 


à  faire  rejeter  l'authenticité  du  prologue,  en  comparant  Tusage  do 
Térence,  dont  il  analyse  le  prologue  de  VHeautonHmorumenos^  et  il 
conclut  par  la  négative.  Quant  à  certaines  indications  du  nom  du 
poète  grec,  de  celui  du  poète  latin,  du  titre  des  pièces,  faites  à  la 
manière  des  didascalies,  il  les  rejette  comme  introduites  lors  d'uno 
reprise  au  ii*  siècle  avant  notre  ère.  Il  conclut  aussi  de  l'examen  de 
ces  diverses  indications  qu'elles  n'étaient  pas  le  but  du  prologue 
chez  Plaute. 

Après  ces  généralités,  l'auteur  annonce  qu'il  étudiera  successive- 
ment les  prologues  débités  par  un  personnage  de  la  pièce,  par  une 
divinité  créée  expressément  dans  ce  but,  par  un  o  prologue  spécial  » 
et  enfin  les  pièces  qui  n'ont  pas  de  prologue.  Il  examine  ensuite  les 
prologues  de  V Amphitryon  et  du  Metcator  en  s'appuyant  sur  les  prin- 
cipes posés  dans  l'introduction  et  en  usant  d'un  conservatisme  assez 
large  dans  sa  critique.  Telle  est  cette  première  partie  de  l'étude  de 
M.  Stadthaus.  que  nous  croyons  conduite  d'une  main  sûre  et  dont 
les  qualités  nous  font  vivement  désirer  la  suite.  A.  Delatte. 

5i.  —  Samuel  B.  Platner,  The  topography  and  monuments  of  Ancient 

Rome.  Boston,  Allyn  et  Bacon,  1904.  Un  vol.  in-8  de  xiv-5i4  p.; 

89  gravures,  9  cartes  et  plans;  i5  fr. 

Ce  manuel  fait  partie  d'une  nouvelle  collection  d'ouvrages  classiques 
éditée  par  la  librairie  Allyn  et  Bacon  de  Boston  et  publiée  sous  la 
direction  de  M.  John  C.  Rolfe,  professeur  à  l'Université  de  Pennsyl- 
vanie. Il  est  principalement  destiné  aux  étudiants  en  philologie  latine 
et  doit  leur  faciliter  une  première  orientation  dans  l'examen  des 
questions  relatives  à  la  topographie  de  Rome  ;  c'est  à  leur  intention 
que  l'auteur  à  multiplié  au  bas  des  pages,  à  côté  de  nombreuses 
références  bibliographiques,  les  renvois  aux  sources  anciennes, 
auteurs  et  inscriptions. 

Les  trois  premiers  chapitres  de  l'ouvrage  peuvent  être  considérés 
comme  formant  une  introduction  générale  ;  ils  traitent  respectivement 
des  sources  du  sujet,  de  la  topographie  de  la  campagne-  romaine,  de 
la  nature  des  matériaux  de  construction  employés  par  les  architectes 
romains,  des  procédés  qu'ils  ont  adoptés  dans  Tart  de  bâtir,  et 
enfin  des  accroissements  successifs  de  la  ville. 

La  topographie  de  chacune  des  régions  est  exposée  dans  un  cha- 
pitre spécial  ;  l'emplacement  des  monuments  y  est  discuté  et  précisé 
avec  soin  et  les  plus  importants  d'entre  eux  sont  l'objet  d'une  des- 
cription détaillée.  Le  chapitre  consacré  au  Forum  est  de  loin  le  plus 
étendu  (pp.  164-258);  il  révèle  chez  l'auteur  une  parfaite  connais- 
sance des  résultats  des  fouilles  les  plus  récentes  et  des  controverses 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  69 

ardentes  qu'elles  ont  suscitées  (i).  Ici,  comme  dans  tout  son  ouvrage 
d'ailleurs,  la  méthode  qu'il  a  suivie  mérite  une  entière  approbation  ; 
il  expose  impartialement  les  hypothèses  divergentes,  fait  ressortir  les 
points  sur  lesquels  l'accord  s'est  établi  et  signale  ceux  qui  restent 
encore  obscurs;  s'il  lui  arrive  de  prendre  position  dans  le  débat,  il  ne 
manque  pas  d'alléguer  les  raisons  qui  ont  déterminé  son  attitude. 

Au  reste,  M.  Platner  n'a  pas  eu  la  prétention  de  composer  une 
œuvre  absolument  complète  et  originale;  il  ne  fait  pas  difficulté  d'en 
avouer  les  lacunes  et  de  reconnaître  tout  ce  qu'elle  doit  aux  travaux 
de  ses  nombreux  devanciers,  dont  il  s*est  contenté  le  plus  souvent  de 
contrôler,  de  résumer  et  de  coordonner  les  résultats.  Sa  dette  est 
particulièrement  considérable  envers  la  Topographie  det  Stadt  Rom 
de  Richter,  dont  il  a  emprunté  la  disposition  des  matières  et  les 
conclusions  principales.  C'est  donc  une  compilation  ;  mais  il  faut 
proclamer  qu'elle  a  été  faite  de  main  de  maître.  A  la  simple  lecture, 
on  s'aperçoit  vite  que  l'auteur  est  un  archéologue  de  valeur,  qu'il  a 
mis  à  profit  ses  longs  séjours  dans  la  ville  éternelle  pour  s'y  consacrer 
à  l'étude  des  monuments  antiques,  et  qu'il  a  patiemment  dépouillé 
l'énorme  littérature  du  sujet.  Il  n'est  certes  pas  téméraire  de  prédire 
que  la  simplicité  du  plan  adopté,  la  clarté  et  l'agrément  de  l'exposé, 
la  rigueur  impeccable  de  la  méthode,  le  choix  et  l'exécution  soignée 
des  gravures  ouvriront  au  manuel  de  M .  Platner  l'accès  d'un  cercle 
de  lecteurs  beaucoup  plus  étendu  que  celui  qu'il  a  eu  principalement 
en  vue  d'intéresser  et  de  guider.  En  dépit  d'un  certain  nombre  de 
menues  erreurs  et  d'inexactitudes  de  détail ,  presque  inévitables  dans 
un  travail  d'un  telle  envergure  (2),  il  sera  souvent  consulté  par 
tous  ceux  —  historiens,  philologues  ou  simples  curieux  —  qui 
n'auraient  pas  le  loisir  ou  le  moyen  de  recourir  à  des  traités  plus 
étendus,  et  qui  voudraient  se  renseigner  d'une  façon  sûre  et  rapide 
sur  une  question  obscure  ou  controversée  de  topographie  romaine. 
Peut-être  même,  plus  d'un  touriste  yankée  songera-t-il  à  lui  ménager 
dans  sa  valise  une  petite  place  à  côté  de  l'indispensable  Baedeker, 
dont  il  sera  un  complément  hautement  apprécié.       Léon  Halkin. 

52.  —  R.  CSagnat,  Les  Bibliothèques  Municipales  dans  V Empire  Romain, 
Paris,  Klinksieck,  1906.  3o  pp.  in  4.  2  f.  10  (Extrait  des  Mémoires 
de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  Tome  XXXVIII). 
On  connaissait    depuis  longtemps   l'existence  de    bibliothèques 

municipales  dans  l'empire  romain,  mais  ce  que  l'on  ignorait  jusqu'à 

(1)  Je  m'étonne  seulement  que  M.  Platner  n*ait  pas  jugé  digne  d'une  mention  le 
magistral  ouvrage  de  M.  l'abbé  Thédenat,  Le  Forum  romain^  dont  une  3«  édition  a 
été  publiée  en  1Q04. 

(ai  Cf.  The  americ,  journal  o/philol,,  l.  XXVI,  p.  21 3,  et  The  classical  review, 
t.  XIX,  p.  232. 


70  LE   MUSÉE   BELGE. 


présent,  c'est  le  plan  de  constructions  de  ce  genre  et  les  détails 
d'aménagement,  soit  de  la  salle  de  lecture,  soit  du  dépôt  de  livres. 
De  récentes  découvertes  ont  permis  de  combler  cette  lacune. 

M.  Cagnat  commence  par  dresser  la  liste  des  23  bibliothèques 
municipales  connues,  en  y  ajoutant  le  nom  des  bienfaiteurs  et  des 
fondateurs.  Les  textes  prouvent,  en  effet,  que  les  bibliothèques  étaient 
souvent  dues  à  la  libéralité  des  particuliers  et  aussi  que  la  plupart 
étaient  établies  dans  les  dépendances  de  temples.  Quant  aux  prix 
qu'elles  coûtent,  la  plus  chère  est  celle  de  Côme,  qui  coûta  à  Pline  le 
Jeune  un  million  de  sesterces  (25o  ooo  fr.);  pour  celle  de  Dyrrachium, 
qui  est  la  plus  simple,  on  dépensa  170.000  sesterces. 

Ensuite  M.  Cagnat  prend  trois  bibliothèques  et  les  étudie  séparé- 
ment, avec  beaucoup  de  soin.  Il  nous  donne, avec  plan  à  lappui,  force 
détails  sur  la  disposition  intérieure  et  extérieure  de  la  bibliothèque 
d'Ephèse,  retrouvée  par  l'Institut  archéologique  autrichien.  De  là, 
il  passe  à  celle  de  Timgad,  découverte  en  1901,  et  parvient  à  la 
reconstituer  entièrement,  tout  en  faisant  remarquer  ce  qui  la  diffé- 
rencie de  celle  d'Ephèse.  En  troisième  lieu,  il  étudie  une  construction 
<ie  Pompéi,  dont  on  ignorait  la  destination,  et,  en  la  comparant  avec 
les  bibliothèques  d'Ephèse  et  de  Timgad,  il  réussit  à  établir  que 
c'était  non  un  laraire  public  mais  une  bibliothèque. 

M.  Cagnat  termine  son  travail  par  la  description  des  deux  parties 
-essentielles  qui  constituaient  une  bibliothèque  municipale  :  la  salle 
de  lecture  et  le  dépôt  de  livres  On  n'a  pas  de  données  précises  sur 
les  bibliothécaires  et  Ton  ne  peut  faire,  à  leur  sujet  que  des  conjec- 
tures :  c'étaient  probablement  des  esclaves  et  des  affranchis  de  la  ville, 
suivant  une  hypothèse  déjà  émise  par  M.  L.  Halkin  dans  ses 
Esclaves  publics  chez  les  Romains,  p.  178.  Deux  superbes  planches 
reproduisent  les  ruines  des  bibliothèques  d'Ephèse  et  de  Timgad. 

F.  Hakin. 

53.  —  H.  Schindler,  Prœparationen  zu  den  InsHtutiones  Justiniani. 

Buch  I,  II.  Leipzig,  Hirschfeld,  igo5.  i  m.  5o  et  2  m.  80. 

M.  Schindler  présente  au  public,  en  deux  fascicules,  le  texte  et  la 
traduction  des  deux  premiers  livres  des  Insti tûtes  de  Justinien, 
accompagné  de  notes  explicatives. 

L'utilité  de  pareille  entreprise  ne  peut  être  envisagée  que  du 
point  de  vue  de  l'organisation  de  l'enseignement  en  Allemagne  et 
M.  Schindler  s'en  explique  dans  sa  préface. 

Le  travail  est  établi  avec  soin,  la  traduction  est  claire,  les  notes 
sont,  en  général,  concises  et  exactes. 

Qu'il  me  soit   permis  cependant  de  signaler  certaines   erreurs. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  71 


certaines  fautes  de  distraction,  que  l'auteur  pourra  aisément  corriger 
dans  une  édition  ultérieure. 

Voici  quelques  exemples  tirés  du  premier  livre  :  Titre  VI.  §  7 
après  septimum,  le  mot  decimum  est  tombé.  —  Titre  VIII,  note  initiale  : 
l'auteur  dit  que  ce  titre  s'occupe  de  la  patria  poUstas^  alors  qu'il  n'y  est 
question  que  de  la  dominica  potestas.  —  Titre  XI,  §  7,  note  35  :  Le 
motif  de  la  nécessité  du  consentement  du  âls  n'est  pas  que  le  petit- 
fils  deviendrait  co- héritier,  mais  bien  suus  hères  de  ce  fils  môme.  —  Au 
même  titre,  §  10,  note  42,  Jîlio  pour  ftliae.  La  puissance  maritale  a 
disparu  du  droit  de  Justinien.  Au  surplus,  la  femme  peut  être  sui 
juris,  —  Titre  XV,  §  2  et  note  6,  la  traduction  de  ab  intestato  en 
vom  Reckiswegen  est  très  libre.  —  Titre  XXII,  §  2,  note  9,  l'effet  de  la 
condicio  pourrait  être  défini  plus  heureusement.  —  Titre  XXIII,  §  6, 
note  19,  pactorem  pour  actorem,  —  Titre  XXIV,  §  2.  note  26  :  Ce  n'est 
que  contre  le  magistral  inférieur  que  se  donne  l'action  subsidiaire, 
notamment  contre  celui  qui  doit  veiller  à  ce  que  le  tuteur  fournisse 
une  caution,  et  une  caution  solvable.  J.  Willems. 

54.  —  JOS.  Bach,  Homers  Ilias  und  Odyssée  fiir  den  Schuîgebrauch  in 

verkurzUr  For  m  bearhettet  von  D^  J,  Bach.  I.  Text.  II.  Kommentar. 

III.  Prâparationen  zu  Homers  Odyssée    IV.  Homerische  Gram- 

matik.  Aschendorff,  Munster  in  W.,  1 900-1906.  2  m.  5o,  2  m.  20, 

I  m.  40,1  m. 

Nous  croyons  rendre  service  à  nos  lecteurs  en  leur  signalant  la 
belle  collection  des  classiques  édités  par  la  maison  Aschendorff  de 
Munster  (Aschtndorffs  Sammlung  lateinischer  und  griechischer  Klassiker). 
Homère  y  comprend  six  volumes,  publiés  par  J.  Bach.  En  voici  un 
rapide  aperçu. 

Les  deux  premiers  volumes  nous  donnent  le  texte  abrégé  de  l'Iliade 
et  de  l'Odyssée.  Le  but  de  cette  édition  abrégée  est  de  faire  lire  dans 
les  classes  les  principaux  passages  des  deux  épopées  de  façon  à  don- 
ner aux  élèves  une  vue  d'ensemble  sur  l'œuvre  homérique. 

L'auteur  s'est  inspiré  des  idées  de  Scotland  (Die  Odyssée  in  der  Schule. 
Strassburg  1888-1897),  il  a  justifié  son  système  dans  ses  préfaces  et 
dans  un  article  assez  étendu  auquel  nous  renvoyons  (dans  la  revue 
Gymnasium,  1895,  nP  3  et  4). 

Chacun  de  ces  deux  volumes  comprend,  outre  le  texte,  une  intro- 
duction très  substantielle  sur  Homère  et  ses  épopées,  un  index  des 
noms  propres  et  un  répertoire  très  utile  pour  l'étude  des  realia 
homériques. 

Dans  ses  commentaires,  M.  J.  Bach  a  voulu  faire  gagner  du  temps 
aux  élèves  en  leur  épargnant  des  recherches  fastidieuses  dans  de  gros 


72  LE    MUSÉE   BELGE. 


dictionnaires,  surtout  au  commencement.  Les  explications  du  i*»"  livre 
sont  presque  exclusivement  des  explications  de  mots;  ces  mêmes 
explications  deviennent  graduellement  moins  nombreuses  dans  les 
commentaires  des  autres  livres. 

C'est  ce  but  que  l'éditeur  s'est  également  proposé  en  donnant  ses 
deux  petits  volumes  de  Préparations  à  TOdyssée.  En  étudiant  ces 
pages,  rélève  acquiert  bientôt  un  vocabulaire  assez  riche  pour  entre- 
prendre à  la  lecture  cursive  d'Homère. 

L'explication  des  mots  est  basée  autant  que  possible  sur  Tétymo- 
logie;  quant  à  l'explication  des  formes,  l'auteur  renvoie  le  plus  souvent 
possible  à  sa  Grammaire  homérique,  Jean  Gessler 

Langues  et  Littératures  romanes. 

55.   —  Paul  Bonnefon.    Portraits  et  Récits  extraits  des  prosateurs 

français  du  XVI'  siècle,  Paris,  Colin,  1906.  i  vol.  in- 18,  2  f.  5o. 

Dans  deux  autres  ouvrages.  M.  Bonnefon  a  dépeint  les  xvii«  et 
xviii«  siècles.  Aujourd'hui  il  remonte  au  xvi«.  Les  trois  recueils  sont 
conçus  dans  le  même  esprit  :  évoquer  la  société  passée  en  s'adressant 
aux  écrivains  de  ces  époques  et  en  donner  ainsi  une  vision  précise. 
De  cette  façon,  il  a  recueilli  des  scènes  vivantes,  des  manifestations 
directes  de  l'activité  et  des  mœurs  d'alors.  Et  comme  le  xvi*  siècle  est 
beaucoup  plus  riche  qu'on  ne  le  croit  généralement,  en  héroïsmes,  en 
actions  vigoureuses  et  en  faits  expressifs,  la  difficulté  n'était  pas  de 
trouver  des  épisodes  intéressants  et  bien  contés;  c'était  plutôt  de 
distinguer  parmi  tous  ces  traits  de  caractère  individuel,  ceux  qui 
marquent  le  mieux  l'aspect  général  des  goûts  et  des  passions  du 
temps.  Le  choix  une  fois  fait,  quelques  lignes  exphcatives  situent 
chaque  extrait  pour  en  faciliter  la  compréhension.  L'auteur  a  sup- 
primé tout  commentaire  et  n'a  ajouté  que  de  rares  notes.  Peut-être 
a-t-il  voulu  laisser  ce  travail  à  l'initiative  du  maître  ;  mais  la  critique 
ne  lui  en  fera  t-elle  pas  un  reproche? 

Comme  son  but  a  été,  nous  l'avons  dit,  de  ressusciter  la  société  du 
xvi«  siècle  avec  sa  mentalité  ordinaire,  ses  tendances  et  ses  aspira- 
tions coutumières,  et  non  de  présenter  un  tableau  général  de  la  litté- 
rature à  cette  époque,  il  s'ensuit  que  beaucoup  de  grands  noms  y 
manquent.  D'autre  part,  pour  ne  point  dérouter  ou  fatiguer  les  jeunes 
intelligences  par  une  graphie  ancienne,  il  a  presque  toujours  adopté 
l'orthographe  moderne.  Les  récits  n'en  conservent  pas  moins  ce 
pittoresque  et  cette  saveur  particuliers  au  style  primitif. 

Quant  au  fond,  impossible  de  le  résumer.  C'est  le  Loyal  Serviteur 
qui  raconte  la  mort  de  Bayart,  le  chevalier  sans  peur  et  sans  reproche; 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


c'est  Fleuranges,  le  jeune  aventureux,  comme  il  s'appelle  lui-même^ 
qui  détaille  la  fameuse  entrevue  du  drap  d*or  entre  François  I  et 
Henri  VIII  d'Angleterre;  c'est  le  Journal  d'un  bourgeois  de  Paris 
qui  retrace  la  vie  de  cette  cité  depuis  les  menus  détails  de  son  exis- 
tence journalière  jusqu'à  Témotion  qui  la  saisit  après  le  désastre  de 
Pavie  et  la  captivité  du  roi  ;  c'est  Brantôme  qui  rapporte  les  plaisan- 
teries, souvent  excessives,  de  Bousquet,  fou  du  roi,  et  d'un  Maréchal 
de  France  ;  c'est  Henri  Estienne  qui  parle  des  modes  italiennes  en 
France  ;  Ambroise  Paré,  de  ses  premières  cures  et  Bernard  Palissy 
de  ses  premiers  travaux,  etc.,  etc. 

Le  tout,  tiré  des  mémoires,  des  chroniques,  des  récits  du  xvi«  siècle. 

N'est-ce  pas  suffisant  pour  assurer  le  succès  du  livre  ? 

J.  Fleuriaux. 

56.  —  F.  Klincksieck.  Chrâstomatkie  de  la  littérature  française  au 
XVII*  siècle.  Leipzig,  Gebhardt  et  Wilisch,  1906.  Relié,  4  m. 

Après  une  chrestomathie  de  la  littérature  française  au  xix*  siècle, 
en  voici  une  du  grand  siècle.  Dans  la  préface,  écrite  en  allemand, 
M.  Klincksieck  nous  dit  qu'il  n'y  a  pas  en  Allemagne  de  recueil 
consacré  exclusivement  au  xvii"  siècle.  Aussi  compte -t- il  être  utile 
aux  étudiants  et  aux  amis  des  lettres  françaises  de  son  pays. 

Il  ne  s'est  naturellement  pas  borné  aux  écrivains  de  tout  premier 
ordre  ;  il  a  réservé  une  place  à  ceux  qui,  sans  appartenir  à  la  litté- 
rature mondiale,  ont  cependant  leur  valeur  dans  l'ensemble  du 
tableau. 

De  même* que,  dans  son  recueil  du  xix«  siècle,  il  avait  laissé  de 
côté  la  partie  dramatique,  ainsi  fait-il  aujourd'hui  pour  Corneille, 
Molière  et  Racine,  dont  les  œuvres  sont  dans  toutes  les  mains. 

Quant  au  texte,  il  s'est  surtout  inspiré  de  l'édition  des  Grands 
Ecrivains  de  France,  dont  il  a  également  suivi  l'orthographe.  Enfin, 
comme  sources  critiques,  il  signale  particulièrement  l'Allemand  Kôr- 
ting  et  les  Français  Morillot  et  Lanson. 

Si  nous  ajoutons  que  dans  les  extraits  des  romans,  l'auteur  a  intro- 
duit, d'après  un  exemplaire  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris, 
une  carte  coloriée  de  Tendre  pour  l'illustration  du  fameux  roman  Clèlie 
de  M^*«  de  Scudéry,  nous  aurons  suffisamment  caractérisé  l'économie 
du  livre. 

Pour  être  plus  complet,  citons  quelques  représentants  des  genres 
littéraires  :  comme  romanciers,  d'Urfé,  Madeleine  de  Scudéry, 
Scarron,  Furetière,  Mad.  de  la  Fayette  ;  comme  orateurs,  Bossuet, 
Bourdaloue,  Fléchier  et  Massillon  ;  comme  penseurs  et  moralistes, 
Dascanes,  Pascal,  La  Rochefoucauld,  La  Bruyère,  Saint-Simon  ; 


74  l'S   MUSÉE   BELGE. 


comme  poètes,  Régnier,  Malherbe,  Voiture.  La  Fontaine,  Boil^^a^^x  7 
comme  épistoliers  Mad.  de  Sévigné  et  Mad.  de  Maintenon.  Yc:^xl^    â, 
peu  près  la  liste  des  noms  et  une  façon  assez  juste  de  les  cla^?^ï^5X"  i 
et  ces  noms  suffisent  pour  peindre  un  siècle,  de  même  que  I^xjli'S 
œuvres  suffisent  à  le  comprendre  et  à  le  connaître. 

Quelques  remarques.  L'élégie  de  Malherbe  à  Du  Perier  est  entiè- 
rement reproduite  dans  le  recueil  de  M.  Klincksieck.  Est-ce  un  h>i^n, 
est-ce  un  mal?  En  France,  la  plupart  des  éditeurs  suppriment  un  gr^nci 
nombre  de  strophes,  d'ailleurs  faibles.  Ensuite  nous  regrettons  vi^v^^— 
ment  pour  les  étudiants  l'absence  de  toute  notice  biographique     ^n. 
tête  des  extraits  et  la  rareté  des  explications  ou  notes  au  cours  ci^s 
morceaux,  soit  sur  l'ouvrage  d'où  ceux-ci  sont  extraits  soit  sur     lo 
personnage  dont  il  y  est  question. 

Disons,  pour  finir,  que  l'exécution  matérielle  est  irréprochablo  » 
beau  papier^  belle  impression,  belle  reliure  en  toile. 

J.  Fleuriaux. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

57.  —  Th.  COOpman  en  Jan  Broeckaert,  Bibliographie  van  den 
Vlaamschen  Taaîsirijd,  III  Deel.  i853-i86o.  Gent,  Siffer,  1906. 
35o  p.  3  fr.  5o. 

Le  troisième  volume  de  cette  Bibliographie  de  la  lutte  pour 
la  langue  flamande,  qui  vient  de  paraître,  contient  tout  ce  qui  a  été 
publié  de  i853  à  1860  (n^s  1925-2935)  et  le  contenu  en  est  au  moins 
aussi  important  que  celui  des  volumes  précédents.  A  mesure  que  les 
auteurs  avancent  dans  leur  travail  de  bénédictin,  leur  œuvre  présente 
plus  d'intérêt,  parce  que  le  mouvement  flamand  se  développe  de  plus 
en  plus  et  que  les  événements  se  compliquent.  C'est  ainsi  que  dans 
ce  troisième  volume  nous  trouvons  des  renseignements  aussi  inté- 
ressants que  complets  sur  la  polémique  suscitée  à  l'occasion  de  la 
brochure  de  Le  Masson,  Les  limites  de  la  France  et  de  l'écrit  anonyme 
de  La  Belgique  et  le  mariage  autrichun,  deux  publications  dont  le 
but  était  de  prouver  que  la  Belgique  devait  être  absorbée  par  la 
France.  Signalons  encore  les  discussions  de  la  Chambre  en  1857  au 
sujet  du  notariat  et  de  la  nécessité  pour  les  notaires  de  fournir  la 
preuve  qu'ils  connaissent  la  langue  de  la  région  où  ils  peuvent 
instrumenter  ;  puis  le  discours  de  H.  Hymans  à  la  Société  d'Émula- 
tion de  Liège,  l'activité  du  Comité  central  flamand  àe  Bruxelles.  Mais 
ce  qui  domine  toutes  les  autres  questions  c'est  la  bibliographie  rela- 
tive à  la  Commission  Flamande  instituée  par  arrêté  royal  du  27  juin 
i856  (no  2248)  et  le  célèbre  rapport  déposé  par  celle  ci.  Les  auteurs, 
signalent  l'édition  de  Verbruggen  de  Bruxelles  (n*»  2656-2657);  seu- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  jS 


lement  ils  oublient  de  noter  que  le  texte  officiel  est  celui  publié  dans 
le  Recueil  des  pièces  imprimées  par  ardre  de  la  Chambre  des  Représentants 
(Session  i858-  iSSg.  I  n®  42).  Il  en  est  de  même  pour  les  observations 
du  gouvernement  signées  par  Rogier  (Recueil  III,  n**  i23)  et  où  se 
trouve  le  célèbre  rapport  du  procureur  général  Leclercq.  La  traduc- 
tion française  du  Recueil  diffère  en  plusieurs  points  de  celle  publiée 
par  Verbruggen.  Celui-ci  publia  aussi  tous  les  discours  prononcés^ 
au  Banquet  du  25  avril  iSSç  offert  aux  membres  de  la  Commission 
(Beschrijf  van  de  heiooning  en  het  banket  van  den  25  april  i85ç.,.),  brochure 
qui  complète  heureusement  Tarticle  signalé  au  n^  2717.  Mentionnons 
en£n  le  n''  2746,  qui  reproduit  la  célèbre  cantate  satirique  composée 
par  Em.  Moyson  à  l'occasion  de  l'inauguration  de  la  Colonne  du 
Congrès.  Nous  avons  insisté  antérieurement  sur  les  grands  mérites 
scientifiques  de  l'ouvrage  ;  nous  ne  pouvons  que  souhaiter  que  les 
volumes  subséquents  ne  se  fassent  pas  trop  attendre,  afin  d'obtenir 
bientôt  les  tables  qui  faciliteront  les  recherches. 

Adolf  De  Ceuleneer. 

58.  —  S.  Singer,  Heinrichs  von  Neustadt  Apollonius   von  Tyrland 

nach  der  Gothaer  Handschrift,  und  Gottes  Zukunft  und  Visio  Pkili- 

herti  nach  der  Heidelberger  Handschrift  herausgegeben.  Berlin, 

Weidmann,  1906.  534  pp.  g»"  in  8.   i5  m.  (Deutsche  Texte  des 

Mittelalters  hrsg.  von  der  kgl.  pr.  Akad.  der  Wiss.  Bd.  VII). 

Voici  la  première  édition  complète  des  œuvres  de  Heinrich  von 

Neustadt,  un  médecin  poète  viennois  du  xiv"  siècle.   Son   œuvre 

principale  «  Apollonius  von  Tyrland  »  qui  comprend  exactement 

20898  vers,  est  un  roman  d'aventures  d'origine  grecque,  déjà  connu 

au  ix«  siècle  dans  une  traduction  latine,  au  Xi«  dans  une  version 

anglo-saxonne  et  au  xii«  en  texte  allemand,  d'après  ce  que  rapporte 

Lambrecht  dans  son  poème  sur  Alexandre.  Le  vaste  poème,  rempli 

de  récits   merveilleux  orientaux,  n'avait  été   publié  jusqu  ici    que 

par   fragments.    Les  quatre  manuscrits  de  ce    poème   sont,    à  ce 

que  l'éditeur  dit  dans  la  préface,  tous  très  fautifs  ;  il  a  choisi  celui  de 

Gotha  y  parce  qu'il  est  le  plus  complet. 

Plus  intéressante  que  cette  œuvre,  qui  ne  se  distingue  en  rien  des 
poèmes  similaires,  est  le  poème  allégorique  et  mystique  Gottes 
Zukunft.  La  source  de  cette  œuvre  est  VAnticlaudianus  d'Alanus 
ab  Insulis.  Une  plus  grande  variété  y  règne  par  le  mélange  de  la 
poésie  lyrique  avec  la  poésie  épique.  Mais  le  grand  intérêt  consiste 
dans  la  peinture  détaillée  des  mœurs  de  l'époque  et  particulièrement 
de* la  vie  dissolue  dans  la  ville  natale  de  l'auteur  ;  il  intimide  ses 
lecteurs  par  le  jugement  dernier  et  ne  recule  devant  aucun  réalisme 
d'expression  et  de  couleur  pour  les  amener  à  contrition. 


76  LE   MUSÉE  BELGE. 


Le  troisième  poème,  beaucoup  plus  court,  que  M.  Singer  attribiue 
à  Heinrich  von  Neustadt,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Khull,  est 
un  dialogue,  aussi  très  intéressant,  entre  Tâme  et  le  corps,  et  qui  traite 
Téternel  sujet  de  la  lutte  entre  l'esprit  et  la  chair. 

L'intérêt  principal  de  ce  volume  réside  dans  la  publication  de  deiiic 
des  œiwres  les  plus  sérieuses  de  la  poésie  didactique  du  moyen-âge, 
que  nous  connaissons  beaucoup  .moins  que  la  littérature  épique  et 
lyrique  et  qui  offre  encore  un  vaste  champ  aux  travailleurs. 

Le  volume  est  illustré  par  des  planches  photot)rpiques,  repro- 
duisant deux  pages  et  deux  illustrations  des  manuscrits. 

H.  BiSCHOFP. 

59.  —  Moriz  Heyne.  Deutsches  WœrUrbuch.  2^  Auflage.  II«-  und 
III*«"  Band.  Leipzig,  S.  Hirzel,  1906.  i238  et  1464  pp.  g<*  in-8. 

10  m.  par  vol. 

Le  professeur  Heyne,  de  l'université  de  Goettingue,  a  pu  achever 
avant  sa  mort,  survenue  le  2  mars  de  cette  année,  le  manuscrit  de  la 
seconde  édition  de  son  dictionnaire  allemand.  Celui-ci  a  paru  complet 
à  la  date  annoncée  par  l'éditeur,  c'est  à  dire  en  automne  1906.  Toute 
l'activité  scientifique  du  professeur  Heyne,  comme  éditeur  critique  et 
traducteur  de  poèmes  anciens  et  moyen  haut-allemands,  ses  grands 
travaux  sur  la  civiUsation  primitive  allemande  et  enfin  sa  collaboration, 
plus  active  que  n'importe  quelle  autre,  au  grand  dictionnaire  de 
Grimm,  désignaient  l'auteur  pour  la  tâche  qu'il  a  pu  mener  à  bonne 
fin,  l'ime  des  plus  utiles  au  point  de  vue  scientifique,  comme  au  point 
de  vue  pratique.  Cette  tâche  était  de  composer  un  dictionnaire  alle- 
mand pour  l'usage  courant  tant  du  monde  savant  et  des  spécialistes 
<iue  du  grand  public,  intermédiaire  entre  l'encyclopédie  trop  vaste  et 
l'in-folio  trop  concis,  instrument  indispensable  du  philologue  autant 
que  livre  de  famille,  tel  que  le  rêvaient  les  frères  Grimm. 

J'ai  rendu  compte  ici  (t.  X,  p.  355-56).  du  premier  volume  de  cet 
ouvrage.  Le  second  comprend  les  lettres  H  à  Q,  le  troisième  les 
lettres  R  à  Z.  Le  dernier  volume  débute  par  une  indication  des 
sources,  donnant  d'abord  la  liste  des  documents  littéraires  consultés 
et  ensuite  celle  des  dictionnaires,  revues  et  encyclopédies  techniques  ; 
cette  liste,  qui  constitue  une  bibliographie  précieuse,  ne  comprend 
pas  moins  de  26  pages. 

11  n'y  a  pas  d'ouvrage  plus  indispensable  aux  bibliothèques  de 
nos  établissements  d'instruction,  dans  lesquelles  on  enseigne  l'alle- 
mand, que  le  dictionnaire  de  Heyne  et  il  ne  devrait  manquer  dans  la 
bibliothèque  privée  d'aucun  professeur  d'allemand.     H.  Bischoff, 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  ']^ 


60.  —  O,  Schrader,  SprachvergUichung  und  Urgeschichte,  Linguis- 
tisch-historische  Beitràge  zur  Erforschung  des  indo-germanischen 
Altertums.  Dritte  neubearbeitet  Auilage.  I.Teil  :  Zur  Geschichte  und 
Méthode  der  littguistisck-  htstorischen  Forsckung,  Jena,  H.  Costenoble, 
1906.  8  m. 

En  i883  a  paru  la  première  édition  de  cet  ouvrage  de  M.  Schrader  : 
Comparaison  des  langues  et  histoire  primitive.  En  1890,  une  seconde 
édition,  très  augmentée  et  entièrement  remaniée,  a  vu  le  jour. 

Le  but  principal  de  Tauteur  est,  au  fond,  le  même  que  poursuivit 
Ad.  Pictet,  le  fondateur  de  la  a  paléontologie  linguistique  »  qui 
voulait,  au  moyen  de  la  comparaison  linguistique,  nous  faire 
connaître  les  origines  indo-européennes,  nous  exposer  la  situation 
géographique,  les  relations  ethnographiques,  la  civilisation  maté- 
rielle, la  vie  sociale,  intellectuelle,  religieuse  et  morale  des  Aryens 
primitifs,  c'est-à-dire  des  Aryens  à  l'époque  où  ces  ancêtres  des 
peuples  indo  européens  formaient  encore  un  groupe  indivis.  Mais 
quelle  différence  entre  l'entreprise  des  deux  savants  !  Pictet  avait 
commencé  (i  859-1 863)  une  synthèse  sur  un  plan  très  vaste,  alors  que 
le  travail  d'analyse  était  loin  d'être  assez  avancé.  M.  Schrader 
a  profité  des  progrès  remarquables  de  la  grammaire  comparée,  des 
découvertes  de  l'anthropologie  et  de  l'archéologie  préhistorique. 
Aussi  bien,  son  livre  est,  d'un  bout  à  l'autre,  une  réfutation  du  volu- 
mineux ouvrage  de  son  prédécesseur,  et  la  conclusion  à  laquelle  il 
aboutit,  totalement  différente  ;  que  le  portrait  qu'il  trace  des  Aryens 
primitifs  ressemble  peu  à  la  peinture  idéale  qu'en  avait  faite  Pictet  I 
La  seconde  édition  du  travail  de  M.  Schrader,  qui  forme  un 
volume  de  près  de  700  pages,  était  divisée  en  deux  grandes  parties  : 
la  première,  un  exposé  historique  et  critique  des  études  entreprises 
sur  les  origines  indo-européennes,  l'autre,  les  investigations  person- 
nelles du  savant  allemand,  les  faits  et  les  résultats.  Les  quinze  ans 
qui  se  sont  écoulés  depuis  ont  été  une  période  fertile  en  recherches 
sur  l'histoire  primitive  des  peuples  aryens  ;  nombreux  sont  les  savants 
qui  ont  attaqué  l'une  ou  l'autre  partie  de  ce  problème  complexe. 
Pour  ne  pas  devoir  grossir  démesurément  la  troisième  édition  de  son 
ouvrage,  M.  Schrader  a  résolu  de  le  diviser  en  deux  tomes;  le 
premier,  —  le  seul  que  nous  ayons  reçu,  et  dont  nous  avons  transcrit 
le  titre  —  correspond  à  la  première  partie  de  l'édition  de  1890  et 
constitue  à  lui  seul  un  tout  complet. 

Nous  y  distinguons  deux  grandes  divisions.  La  première  est  un 
aperçu  historique  des  études  de  paléontologie  linguistique  (pp.  i  -129)  ; 
nous  y  retrouvons  les  quatres  chapitres  de  l'édition  précédente,  mais 
revus  et   modifiés  en  maint  endroit;  le  quatrième   surtout  a   été 


78  LE   MUSÉE   BELGE. 


entièrement  refondu.  La  seconde  partie  du  volume  est  ime  revue 
critique  de  la  méthode  suivie  dans  ces  recherches  et  des  résultats 
obtenus  (pp.  131-232);  elle  a  été  encore  plus  remaniée  que  la 
première,  et  coinprend  dix  chapitres  (contre  sept  seulement  en  1890). 
Ces  détails  prouvent  que  M.  Schrader  est  un  savant  consciencieux; 
il  est  admirablement  au  courant  des  multiples  travaux  des  dernières 
années,  il  n'a  épargné  aucune  peine  pour  en  tracer  un  tableaa 
raisonné,  clair  et  complet.  On  ne  saurait  donc  se  fier  à  un  meilleur 
guide  pour  connaître  l'état  actuel  de  ces  études  si  captivantes,  qui 
intéressent  à  la  fois  les  linguistes,  les  philologues,  les  anthropologistes 
et  les  historiens.  C.  Lecoutere. 

Varia. 

61.  —  Victor  BrantS,  La  Faculté  de  droit  de  V  Université  de  Louvain 

à  travers  cinq  siècles  (1426-1906).  Louvain,  Ch.  Peeters,  1906.  i  vol. 

in- 12  de  XIV- 216  p.  3  fr.  5o. 

L'influence  exercée  par  la  Faculté  de  droit  de  Louvain  sur  les 
destinées  de  la  Belgique  a  été  très  active  ;  elle  a  formé  les  personna- 
lités les  plus  considérables  ;  elle  a  imprégné  la  vie  publique  et  la  vie 
privée,  en  modelant  le  droit,  en  pénétrant  les  intelligences. 

M.  Brants,  notre  éminent  collègue,  qui  nous  a  déjà  donné  L'Uni- 
versité de  Louvain t  coup  d'œil  sur  son  histoire  et  ses  institutions^  Bruxelles, 
1 900,  a  retracé  ici ,  à  grands  traits,  l'histoire  et  le  caractère  de  cette 
puissante  institution  à  travers  les  cinq  siècles  à  peine  interrompus  de 
son  existence. 

On  comprendra  sans  peine,  comme  l'auteur  le  fait  du  reste  remar- 
quer, pourquoi  la  part  du  texte  n'est  pas  proportionnée  à  la  durée 
des  périodes  ;  par  l'action  exercée,  par  la  nature  des  études,  la  situa- 
tion acquise,  le  xvi^  et  surtout  le  xvii«  siècle  sont  les  plus  intéres- 
sants. La  partie  contemporaine  présente  aussi  un  intérêt  très  vif; 
mais  la  difficulté,  la  délicatesse  d'apprécier  des  hommes,  des  mé- 
thodes, des  enseignements  qu'on  a  parfois  côtoyés,  dont  les  traditions 
se  perpétuent,  abrègent  la  tâche  par  l'impossibilité  même  d'y  fort 
insister. 

M.  Brants  n'a  pas  voulu  faire  une  histoire  du  droit  ou  des  sciences 
politiques  en  Belgique.  Il  s'est  placé  au  point  de  vue  de  la  Faculté 
de  Louvain;  son  seul  désir  a  été  d'esquisser  son  action  dans  ce 
domiine;  il  y  a  donc  des  juristes  éminents  qui  échappent  à  son 
étude  ;  il  ne  s'agit  pas  non  plus  d'étudier  les  théories  ou  les  systèmes 
en  eux-mêmes,  ce  qui  remplirait  plusieurs  volumes,  mais  de  signaler 
la  part  prise  par  Louvain  dans  le  mouvement  intellectuel. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  79 


Inutile  de  dire  qu'en  historien  consommé,  M .  Brants  s'est  parfai- 
tement documenté. 

Du  xv«  au  XVIII®  siècle,  le  droit  romain  est  la  base  de  renseigne- 
ment. Sa  vogue  tient  surtout  à  son  caractère  international.  L'ensei- 
gnement, les  méthodes  et  la  collation  des  grades,  l'activité  juridique 
et  scientifique,  l'œuvre  législative,  l'édit  perpétuel,  les  sciences  mo- 
rales et  politiques,  la  politique  au  xvi«  siècle,  les  auteurs  du  |xvii«, 
les  controverses  politiques  au  xvii*  siècle,  l'économie  politique,  l'acti- 
vité littéraire,  ce  sont  là  autant  de  chapitres  extrêmement  intéres- 
sants et  instructifs,  qui  se  résument  difficilement,  tant  ils  sont  riches 
en  faits. 

Au  XVII i«  siècle,  l'auteur  note  l'afifaiblissement  relatif  de  l'Univer- 
sité :  c'est  une  période  de  luttes  entre  l'Université  et  le  Joséphisme; 
de  i8i6-i83o,  Louvain  est  le  siège  d'une  université  officielle;  en 
1834,  l'Université  catholique  est  fondée.  A  la  différence  des  autres 
Facultés,  celle  de  droit  se  recrute  dès  l'abord  tout  entière  en  Belgique. 
Une  matière  actuellement  rattachée  à  cette  Faculté,  mais  alors 
inscrite  à  celle  de  philosophie,  l'économie  politique,  fut  seule  con- 
fiée à  un  étranger,  le  comte  de  Coux.  Les  Ernst,  de  Coux,  Quirini, 
Smolders  défilent  ici  sous  nos  yeux;  après  eux,  Delcour,  Périn 
et  Thonissen.  Quelque  délicat  que  soit  le  sujet,  l'auteur  s'en  tire 
habilement.  Après  ces  noms  commence  la  génération  actuelle,  celle 
des  vivants,  sauf  ceux  qu'une  mort  prématurée  a  enlevés ,  mais 
qui  ne  peuvent  encore,  par  leur  place  même  dans  les  phases 
du  temps,  relever  de  l'histoire  qu'à  titre  individuel.  Parmi  ces 
disparus,  M.  Brants  salue  Albert  Nyssens,  le  premier  titulaire  du 
Ministère  du  travail,  et  deux  professeurs  de  la  Faculté  de  philo- 
sophie, mais  qui  se  rattachent  au  Droit  par  la  nature  de  leurs  tra- 
vaux, Pierre  Willems  et  Edmond  Poullet. 

Après  cet  aperçu  de  l'activité  des  professeurs,  M.  Brants  dit  un 
mot  de  l'enseignement.  L'œuvre  capitale  de  la  loi  de  1876  fut  la 
suppression  de  l'institution  des  cours  à  certificat.  Désormais  le  droit 
public,  le  droit  des  gens,  l'économie  politique,  le  droit  naturel,  jus- 
qu'alors relégués  au  rebut,  entraient  dans  la  place  légitime  qui  leur 
revenait.  La  loi  de  1890  fut,  quant  au  programme,  l'objet  des  débats 
les  plus  animés.  La  création  de  cours  facultatifs,  d'une  École  de 
sciences  morales  et  politiques,  de  cours  pratiques  ou  séminaires, 
dont  le  premier  en  date  est  le  cours  pratique  d'économie  sociale, 
d'une  École  supérieure  commerciale  et  consulaire,  voilà  le  bilan  de  la 
Faculté  de  droit  en  ces  dernières  années.  Son  enseignement,  on  le 
voit,  s'est  élargi  et  fortifié. 

M.  Brants  est  bien  modeste  ;  son  bel  ouvrage  n'est,  à  ses  yeux,. 


8o  LE    MUSÉE   BELGE. 


qu'une  ébauche.  Il  se  trompe  :  c  est  un  aureoltis  îibeîlus^  digne  de  la 
Faculté  de  droit.  On  aime  à  lire  ces  pages  substantielles,  claires, 
nettes,  précises,  écrites  d'une  plume  alerte  et  élégante. 

F.  COLLARD. 

62.  —  Joël  de  LyrlS,  Le  choix  d'aune  bibliothèque.  Avignon,  Aubanel 

frères,  igo6. 

Voici  une  plaquette  d'une  lecture  agréable,  —  ce  qui  peut  sembler 
étonnant  à  cause  du  titre.  C'est  que  l'auteur  n'a  pas  procédé  à  une 
sèche  nomenclature  ;  il  ne  précise  qu'exceptionnellement  des  noms  ; 
toujours  il  formule  des  principes  qui  doivent  guider  dans  le  choix 
des  lectures.  Il  se  borne  en  littérature  aux  ouvrages  classiques  et  aux 
chefs-d'œuvre  étrangers  ;  il  bannit  rigoureusement  les  romans,  parce 
qu'il  n'y  en  a  pas  de  bons,  en  ce  sens  que  même  les  meilleurs 
exercent  sur  l'intelligence,  le  jugement  et  la  raison,  une  action  plus 
ou  moins  débilitante.  Inutile  d'ajouter  que  les  écoles  contemporaines, 
romantiques  et  réalistes,  ne  figurent  pas  dans  la  représentation  des 
livres.  Sans  doute,  cette  sévérité  de  M.  Joël  de  Lyris  est  excessive  ; 
mais  songeons  au  nombre  incalculable  de  mauvais  écrits  à  notre 
époque  et  à  leur  influence  néfaste  sur  l'individu,  la  famille  et  la 
société. 

Dans  l'introduction,  nous  apprenons  qu'il  se  fait  une  production 
moyenne  d'environ  deux  cents  livres  nouveaux  par  jour.  Impossible 
de  tout  lire,  notre  vie  est  si  courte.  D'où  nécessité  de  faire  un  choix; 
mais  aussi,  nécessité  d'un  bon  guide.  Le  grand  défaut  de  la  plupart 
des  guides,  en  cette  matière,  c'est  qu'ils  sont  trop  généraux  ;  ce  qu'il 
faut,  dit  l'auteur,  c'est  un  guide  sûr  permettant  à  chacun  de  se  consti- 
tuer la  bibliothèque  dont  il  a  besoin  en  raison  de  son  âge,  de  son 
sexe,  de  sa  profession,  etc.  Et  c'est  de  ce  principe  qu'il  est  parti, 
pour  diviser  son  opuscule  en  chapitres  suivant  ce  qui  convient 
à  l'enfant,  au  jeune  homme,  à  la  jeune  fille,  à  la  femme,  aux 
bibliothèques  professionnelles  et  aux  bibliothèques  communes. 

La  première  règle  à  observer  dans  le  choix  des  volumes  destinés 
à  l'enfance  a  été  formulée  depuis  longtemps  par  le  poète  :  Maxima 
debetur  puero  reverentia.  Aussi  M.  Joël  de  Lyris  écarte-t-il  non 
seulement  ce  qui  est  nuisible,  mais  même  simplement  inutile.  De  là 
découle  l'impérieux  devoir  de  ne  jamais  mettre  un  ouvrage  entre  les 
mains  des  enfants  sans  l'avoir  lu  avec  attention  depuis  la  première 
ligne  jusqu'à  la  dernière. 

Autre  principe  :  la  bibliothèque  de  l'enfant  doit  être  composée  de 
telle  sorte  qu'elle  puisse  lui  être  utile  toute  la  vie.  A  notre  avis,  il 
faut  ici  distinguer.  Si  ces  livres  scolaires  ou  de  lecture  peuvent 
encore  servir  plus  tard  à  ceux  dont  les  études  s'arrêtent  avec  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  8l 


classes  primaires,  ils  ne  seront  d'aucune  utulité  à  ceux  qui  aborde- 
ront les  éludes  moyennes. 

Chicanons  Tauteur  sur  un  autre  point.  Les  Contes  de  Perrault, 
dit-il,  ne  peuvent-ètre  mis  entre  les  mains  d'un  enfant  qu'à  lage 
de  12  ans,  parce  que  ce  sont  des  fictions  et  qu'avant  12  ans  il  ne  sai^ 
pas  distinguer  le  fictif  du  réel.  Mais,  au  contraire,  à  cause  de  cette 
harmonie  même  entre  la  mentalité  enfantine  et  ces  récits,  ne  faut-il 
pas  les  lui  laisser  lire  ?  Cette  lecture  faussera-t-elle  irrémédiablement 
son  jugement  ?  La  vie  ne  se  charge -t- elle  pas  de  lui  faire  discerner 
le  mythe  de  la  réalité  ?  N'enlevons  pas  à  lenfant  ses  illusions,  ses 
rêves  ;  nous  risquerions  de  lui  ravir  le  charme  de  sa  poésie  et  de  son 
ingénuité.  Assez  tôt,  —  toujours  trop  tôt,  hélas  !  —  il  subira  l'âpreté 
de  l'existence,  en  laissant  peut-être  de  sa  chair  aux  buissons  du 
chemin. 

Au  jeune  homme  (entre  i5  et  20  ans),  il  faut  inculquer  l'esprit 
philosophique,  dans  le  bon  sens  du  mot.  former  sa  volonté  et  déve- 
lopper en  lui  les  facultés  du  goût.  Comme  il  s'agit  pour  lui  d  at- 
teindre un  but,  il  doit  vouloir  ce  but  qu'il  s  est  fixé  conformément  à 
ses  aspirations,  à  ses  capacités  et  à  son  devoir.  Il  s'agit  donc  de 
bannir  tout  livre  qui  ne  serait  pas  apte  à  le  conduire  à  ce  but. 

Nous  ne  pouvons  suivre  l'auteur  dans  ses  autres  chapitres.  Disons 
seulement  qu'à  la  fin  de  sa  plaquette  il  montre  comment  on  doit  lire 
pour  tirer  des  bons  livres  le  meilleur  parti  possible,  puis  comment  il 
faut  les  traiter,  les  protéger,  les  mettre  en  ordre. 

Mais  il  est  un  conseil  que  nous  voulons  rappeler  après  lui,  parce 
qu'on  l'oublie  trop  souvent  ;  ce  sont  les  lois  physiologiques  de  la 
lecture.  Ne  lisez  pas  pendant  des  heures  entières  sans  vous  reposer, 
ménagez  vos  yeux.  Par  intervalles,  fermez-les  pendant  quelques 
secondes,  ou  mieux  encore  posez  le  livre,  levez  vous  et  faites 
quelques  pas  dans  Tappartement.  Ne  lisez  jamais  dans  un  endroit 
sombre  ;  évitez  les  attitudes  dans  lesquelles  il  faut  pencher  le  corps 
en  avant  ou  le  rejeter  en  arrière,  attitudes  qui  fatiguent  fortement. 
Voilà  ce  que  commande  l'hygiène.  J.  Fleuriaux. 

63.  —  L.  Liévy-Bruhl,   La  morale  et  la  science,  des   mœurs,  Paris, 

Alcan,  1903.  3oo  pp   5  fr. 

Ce  livre  n'est  pas  de  ceux  que  l'on  peut  analyser  en  quelques  lignes. 
Trop  de  vues  et  de  faits  s'y  trouvent  accumulés,  développés  ou  sug- 
gérés. Donnons-en  au  moins  la  thèse  fondamentale,  —  qui  est  celle 
de  l'école  positiviste. 

Pour  l'auteur  la  morale  est  et  ne  peut  être  que  l'application  à  notre 
conduite  des  lois  tirées  de  l'observation  des  faits  sociaux,  de  mieux 


82  LE    MUSÉE   BELGE. 


en  mieux  obsen'és  et  connus.  A  cette  thèse  M.  Lévy-Bruhl  prête 
une  forme  qui  a  besoin  d'être  expliquée,  savoir  que  Tidée  courante 
d'une  science  à  la  fois  normative  et  théorique  ne  se  soutient  pas.  X^a. 
science,  dit-il,  ne  s'occupe  pas  de  ce  qui  doit  être,  mais  de  ce  qui  est. 
D'habitude  «  ce  n'est  pas  ainsi  que  Ton  représente  la  morale.  Celle-ci 
serait  une  science  normative  précisément  par  sa  partie  théorique,  sera.it 
«  législatrice  en  tant  que  science.  »  Or,  c'est  là  confondre  leffort  pour 
connaître  avec  l'effort  pour  régler  l'action  :  c'est  une  prétention  irréa- 
lisable. En  fait  les  systèmes  de  morale  théorique  ne  le  réalisent  point. 
Jamais  à  aucun  moment  ils  ne  sont  proprement  spéculatifs.  Jamais 
ils  ne  perdent  de  vue  l'intérêt  pratique  pour  rechercher,  d'une  façon. 
désintéressée  les  lois  d'une  réalité  (empirique  ou  intelligible)  prise 
pour  objet  de  connaissance.  »  (p.  12.) 

Cette  critique  serait  applicable  peut-être  aux  systèmes  de  Kant  et 
de  ses  adhérents,  entre  autres  à  celui  de  M*"*  Coignet  déclarant  qu'il 
faut  partir  du  devoir  comme  d'un  fait  qu'on  ne  discute  pas  et  du 
libre  arbitre  comme  d'un  autre  fait  également  indiscutable  ;  mais  elle 
n'atteint  pas  d'autres  doctrines,  par  exemple  celles  qui  font  consister 
le  caractère  moral  de  nos  actes  dans  leur  dépendance  essentielle  d'un 
ordre  objectif  absolu.  Sans  doute  la  morale,  sous  peine  de  cesser 
d'être,  ne  peut  identifier  son  point  de  vue  avec  celui  de  la  métaphy- 
sique ;  mais  elle  doit,  selon  nous,  s'appuyer  sur  cette  science  et  sur 
d'ai^tres  encore.  Il  y  a  là,  d'après  l'auteur,  un  genre  de  relation  très 
complexe,  très  obscur  et  qui  ne  peut  le  plus  souvent  être  éclairci 
sans  le  secours  de  l'analyse  sociologique  (p.  i3). 

J'accorde,  d'une  manière  générale,  que  l'inférieur  trouve  son  expli- 
cation dans  le  supérieur,  la  partie  dans  le  tout,  une  phrase  littéraire 
ou  musicale,  par  exemple,  dans  l'œuvre  d'où  elle  est  tirée.  Mais  il 
s'agit  de  savoir  ici  si  Thomme  est  tout  bonnement  un  produit  du 
milieu  social,  un  simple  organe  du  grand  corps  de  l'humanité,  ou  s'il 
n'a  pas  en  dehors  et  au  dessus  de  ce  corps  d'autres  fins  qui  expliquent 
encore  mieux  ce  que  c'est  que  la  conscience  morale.  Et  pût- on  même 
réduire  la  «  réalité  morale  »  à  des  faits  sociaux,  comme  le  voudrait 
M.  Lévy-Bruhl,  il  me  paraît  singulièrement  osé  d'identifier  la  repré- 
sentation objective  de  ces  faits  avec  l'idéal  de  société  dont  nul  philo- 
sophe, s'appelât-il  Spencer  ou  Auguste  Comte,  ne  parvient  jamais  à 
se  dégager  entièrement  :  cet  idéal  procède,  si  l'on  veut,  de  la  connais- 
sance du  positif,  mais  dépasse  toujours  celui-ci  ;  et  puis,  nous  restons 
physiquement  libres,  quoi  qu'on  dise,  de  tenter  ou  non  la  réalisation 
de  cet  idéal. 

Une  morale  vraiment  «  intégrale  »  doit  considérer  tous  les  côtés  du 
problème.  S'il  en  résulte  quelque  complication,  c'est  au  moraliste  à 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  83 


tenter  de  la  débrouiller,  sans  supprimer  pour  cela  l'objet  formel 
propre  du  débat.  M.  Lévy-Bruhl,  qui  se  défend  —  avec  beaucoup 
d'esprit  —  de  faire  de  la  métaphysique,  s'attache  exclusivement  aux 
manifestations  observables  et  sociales  de  la  vie  morale  (à  prendre 
cette  dernière  épithète  dans  le  sens  assez  large  et  assez  vague  qu'il  a, 
par  exemple,  dans  l'expression  de  sciences  morales).  Son  livre  rentre 
plutôt  dans  le  cadre  de  la  sociologie,  qu'il  traite  avec  les  procédés  de 
M.  Durkheim.  A  ce  point  de  vue  il  est  d'un  intérêt  intense,  bien  que 
dans  cette  science  toute  nouvelle  la  part  d'hypothèse  demeure  toujours 
considérable  et  même  prépondérante.  D'ailleurs,  je  le  répète,  sa  cri- 
tique n'envisage  qu'un  des  côtés  de  la  question  ;  elle  néglige  le  parti 
qu'on  pourrait  tirer  et  qu'on  a  tiré,  pour  l'explication  de  certains 
faits,  de  la  distinction  entre  la  moralité  formelle  et  la  moralité  maté- 
rielle des  actes  humains  Elle  enveloppe  dans  une  même  condamna- 
tion toutes  les  morales  idéalistes  indistinctement  :  ceci  soit  dit,  par 
exemple,  à  propos  des  deux  postulats  que  l'auteur  prétend  trouver  à 
la  base  de  toute  morale  à  la  fois  spéculative  et  normative  (ch  III). 
Le  premier  de  ces  postulats  est  que  la  nature  humaine  est  toujours 
identique  à  elle-même,  en  tout  temps  et  en  tout  lieu;  le  second,  que 
le  contenu  de  la  conscience  morale  forme  un  ensemble  harmonieux 
et  organique.  Au  dernier  de  ces  points  on  pourrait  opposer  l'avis  des 
théologiens  de  toute  nuance  (en  dehors  des  pélagiens  et  peut-être  de 
quelques  sémi-pélagiens).  Sur  le  premier  point  il  faudrait  entendre 
les  spiritualistes  (et  ils  sont  nombreux)  pour  qui  l'âme  humaine 
est  un  tout  en  puissance^  capable  d'exprimer  l'univers  (ce  qui  ne  veut 
pas  dire  qu'elle  exprime  cet  univers  actuellement,  ni  partout,  ni  tou- 
jours, avec  la  même  perfection).  La  distance  n'est  pas  si  grande  de 
cette  conception  à  celle  de  «  l'unité  de  structure  mentale  dans  l'espèce 
humaine  0,  unité  non  pas  admise  à  priori,  mais  obtenue  à  la  suite 
«  d'une  enquête  positive  sur  toute  la  diversité  vivante  que  nos  moyens 
d'investigation  peuvent  atteindre  dans  l'humanité  actuelle  et  dans 
rhistoire  »  (p.  83).  L'enquête  est  commencée  depuis  longtemps  ;  la 
science  moderne  peut  (i)  la  reprendre  avec  un  supplément  d'infor- 
mation et  en  bénéficiant  des  progrès  de  la  méthode  ;  mais  il  semble, 
à  en  juger,  par  la  dernière  citation,  que  ses  conclusions  ne  diffèrent 
pas  essentiellement  de  celles  de  la  science  antique  largement  com- 
prise. A.  Grafé. 

(  ij  Se  défier,  par  exemple,  des  histoires  des  sauvages  que  l'on  comprend  souvent 
fon  mal  et  à  qui,  sur  la  foi  du  premier  venu.  Ton  fait  parfois  dire  et  pratiquer  toutes 
'Sones  de  choses  extraordinaires.  Cf.  Cathrein.  Moralphilosophie,  t.  II.  Appendice. 


84  LE    MUSÉE   BELGE. 


64.   —  Dr  Bruno  Bauch,  Luther  und  Kani.  Berlin.   Reuther   elr 

Reichard,  1904.  191  pp.  in- 8.  4  m. 

La  méthode  comparative  envahit  ailjourdliui  toutes  les  sciences 
historiques,  particulièrement  Thistoire  littéraire  :  voilà  qu  elle  pénètre 
dans  la  philosophie,  celle-ci  se  trouvant  maintenant,  par  un  singulier 
retour,  à  la  remorque  des  sciences  spéciales.  Aux  temps  de  Fénelon 
et  même  de  Renan,  on  confrontait  les  grands  hommes  et  les  auteurs 
illustres  dans  les  Champs-Elysées,  et  on  leur  faisait  prononcer  des 
dialogues  plus  ou  moins  philosophiques;  le  parallèle  était  alors  uix 
exercice  de  rhétorique,  et  presque  un  genre  littéraire.  Les  critiques 
actuels  rapprochent  des  écrivains  pour  chercher  ce  que  Tun  doit  à. 
l'autre,  ou  des  penseurs  pour  éclairer  Tune  par  l'autre  les  théories  et 
en  mesurer  la  portée.  Cest  ce  qu  a  fait  excellemment  M.  Bauch,  Témi- 
nent  directeur  des  Kant-Studien.  Luther  et  Kant  sont  deux  grands 
noms  assez  complaisamment  réunis  dans  les  généralités  creuses  du 
chauvinisme  et  du  dilettantisme;  et  il  serait  trop  long  de  rappeler 
toutes  les  formules  ronflantes  dont  ils  furent  Tobjet  ou  le  prétexte. 
Qu'est-ce  que  ces  deux  hommes  eurent  en  réalité  de  commun,  et  en 
quoi  diffèrent-ils  ?  Ce  sont  leurs  diiférences  et  leur  contrastes  qui 
frappent  tout  d'abord  :  entre  le  moine  du  xvi«  siècle  et  le  penseur  du 
XVI ne,  on  n'aperçoit,  à  première  vue,  de  ressemblance  que  dans  des 
traits  si  vagues  qu'ils  appartiennent  aussi  bien  à  tous  les  penseurs,  à 
un  saint  Thomas,  par  exemple.  Tout  docteur  qu  il  était,  ou  plutôt 
parce  que  docteur,  le  moine  de  Wittenberg  n'était  rien  moins  que 
philosophe.  Il  s'attache  à  la  lettre  de  l'Écriture,  et  il  dogmatise  litté- 
ralement :  Kant,  tout  au  contraire,  raisonne  a  priori.  Luther  édifie 
sa  morale  et  toutes  ses  conceptions  sur  sa  théologie   :   Kant,  au 
rebours,  bâtirait  la  religion  sur  la  morale,  c'est-à-dire,  pour  lui,  sur 
la  raison  humaine,  notre  entendement  étant  la  base  et  la  mesure  de 
toute  doctrine  comme  de  toute  connaissance.  Kant  et  Luther,  c'est 
donc,  semôlerait-  il,  le  rationalisme  et  le  dogmatisme,  c'est-à-dire  le 
jour  et  la  nuit.  M.  Bauch  a-t-il  donc  voulu  faire  un  livre  d'une  anti- 
thèse ?  Loin  de  là.  En  philosophe  ingénieux,  il  a  parfaitement  com- 
pris, comme  l'avait  compris  Bossuet  sans  avoir  vu   Kant,  que  la 
Réforme  devait  être  dépassée  par  son   principe,  et  qu'elle  contenait 
en   germe   le   libre   examen    :    le   droit  que  s'arrogeait  le   docteur 
Martin  Luther,  chacun  pouvait  en  user  d'autre  manière,  et  pour  des 
fins  que  n'avait  pas  prévues  le  réformateur   Dans  cet  individualisme 
de  la  pensée, dans  cette  application  de  la  raison  personnelle  à  la  révé- 
lation et,  de  là,  à  toute  vérité,  se  trouve  la  source  de  certaines  res- 
semblances entre  le  traducteur  de  la  Bible  et  le  critique  de  la  raison 
pure.  M.  Bauch  a  su  les  déduire  avec  habileté,  non  sans  faire  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE  85 


restrictions  nécessaires  sur  les  désaccords  qu'aurait  certainement 
amenés  entre  les  deux  hommes  l'application  pratique  d'un  principe 
même  commun.  Son  origine  catholique  le  préservait  d'ailleurs  de 
tout  fétichisme  en  cette  matière.  S'il  s'était  fait  historien  à  la  manière 
de  son  maître  et  ami  Kuno  Fischer,  il  aurait  pu  donner  à  son  sujet 
une  forme  historique,  et  opposer  deux  hommes,  deux  vies,  deux 
siècles.  Mais  c'eût  été  un  tout  autre  livre,  peut-être  moins  profond 
que  celui-ci  :  et  M.  Bauch  appartient  à  ces  heureux  esprits  qui 
contemplent  sans  voiles  les  idées  pures,  dans  les  régions  sereines  de 
la  philosophie  transcendentale.  A.  C 

65.  —  Abbé  Elle  Blanc,  Dictionnaire  de  philosophie  ancienne  et  contem- 
poraine^ contenant  environ  4000  articles  disposés  par  ordre  alpha- 
bétique dans  le  corps  de  l'ouvrage,  complété  par  deux  tables 
méthodiques.  P.  Lethielleux,  10,  rue  Cassette,  Paris.  640  p.  sur 
deux  colonnes.  12  fr.,  relié  16  fr. 

Cet  ouvrage  n'est  pas  un  simple  Lexique  ou  Vocabulaire,  mais  il 
embrasse,  avec  les  définitions  et  les  notions  complémentaires  qui  les 
accompagnent,  les  doctrines  elles-mêmes  et  la  discussion  des  opi- 
nions. Une  large  place  est  donnée  à  l'histoire  :  tous  les  philosophes 
marquants  y  sont  mentionnés  avec  leurs  ouvrages  et  appréciés,  sans 
en  excepter  ceux  qui  vivent  et  enseignent  sous  nos  yeux  (i).  La 
philosophie  contemporaine  et  française  est  évidemment  l'objet  d'une 
attention  particulière,  mais  aucune  branche  de  la  philosophie  et  de 
son  histoire  n'a  été  négligée.  Malgré  son  étendue  relativement  con- 
sidérable, ce  dictionnaire  n'est  qu'un  abrégé  si  on  le  compare  aux 
vastes  recueils  antérieurement  publiés  en  Allemagne,  en  Angleterre, 
et  en  France.  L'œuvre  la  plus  considérable  qui  ait  été  publiée  en 
France  est  le  Dictionnaire  des  sciences  philosophiques  de  Frank,  dont  la 
deuxième  édition,  parue  en  1875,  est  devenue  tout  à  fait  insuffisante 
pour  ceux  qui  s'occupent  de  philosophie.  On  peut  dire,  en  toute 
sincérité,  que  ce  nouveau  Dictionnaire  de  Philosophie  est  complet  dans 
sa  brièveté  :  il  embrasse  également  l'histoire  et  les  doctrines.  Très  au 
courant  de  la  littérature  philosophique  contemporaine,  M.  l'abbé 
Blanc,  professeur  de  philosophie  à  l'Université  catholique  de  Lyon, 
a  su  la  mettre  largement  à  profit  et  a  pu  choisir  ce  qu'il  y  avait  de 
meilleur  et  de  plus  instructif  dans  les  ouvrages  et  les  articles  de 
revues  les  plus  récents,  sans  négliger  l'histoire  ancienne  et  les 
auteurs  autres  que  les  contemporains.  La  partie  bibliographique  a 

(1)  Parmi  les  hommes  dont  parle  ce  dictionnaire,  il  en  est  même  qui  ne  sont'pas 
des  philosophes  à  proprement  parler  :  tels  ceux  qui  ont  écrit  l'histoire  en  philo- 
sophes, comme  God.  Kurth. 


86  LE    MUSÉE   BELGE. 


a  été  particulièrement  soignée  ;  les  ouvrages  philosophiques  d^ 
quelque  importance  y  sont  tous  signalés,  et  nous  ne  croyons  pSLS 
qu'il  existe  actuellement,  en  langue  française,  une  œuvre  similaire 
aussi  au  courant  de  la  littérature  philosophique.  Il  aurait  été  util^ 
d'indiquer  aussi,  pour  chaque  auteur,  Touvrage  où  Ton  peut  Tétudier 
d'une  manière  plus  approfondie. 

Ce  Dictionnaire  ne  s'adresse  pas  seulement  aux  professeurs  et  auic 
étudiants  dont  il  sera  le  manuel  indispensable  ;  mais  il  intéressera, 
encore  tous  les  esprits  soucieux  de  suivre  le  mouvement  des  idées. 
La  philosophie,  en  effet,  n'est  pas  une  science  réservée  à  quelques 
spécialistes  :  nul  ne  doit  rester  indiffèrent  aux  questions  qu'elle  agite 
et  à  leur  solution;  car  il  y  va  de  la  morale,  de  la  religion,  du  droit, 
de  l'avenir  de  la  famille  et  de  la  société,  de  tous  nos  intérêts  en  un 
mot. 

Deux  tables  mélhodiques  terminent  l'ouvrage.  La  première  est  une 
table  logique  et  encyclopédique^  qui  permet  de  bien  voir  les  relations 
essentielles  du  Dictionnaire  philosophique  avec  le  Dictionnaire  de  la 
langue  et  tous  les  Dictionnaires  particuliers.  Une  seconde  table, 
analytique^  permet  de  saisir  d'un  coup  d'œil  les  différents  aspects  de 
la  question  étudiée.  Cette  table  se  rapporte  surtout  à  l'histoire  de  la 
philosophie,  dont  elle  donne  un  tableau  très  intéressant  en  quelques 
pages.  Quiconque  saura  lire  ces  tables  avec  l'attention  qu'elles 
méritent,  se  rendra  compte  de  l'intérêt  de  l'œuvre. 

Ajoutons  que  l'éditeur  a  choisi  pour  cet  ouvrage  un  format  des 
plus  Commodes.  Rompant  avec  les  usages  reçus,  il  nous  donne  un 
Dictionnaire  d  un  format  manuel  mesurant  i8  sur  24,  imprimé  sur 
<ieux  colonnes,  en  caractères  très  nets  et  très  lisibles,  et  le  tout  à  un 
prix  abordable  pour  un  ouvrage  de  cette  nature. 

En  résumé,  cette  œuvre  fait  honneur  à  la  littérature  philosophique 
française,  et  elle  est  assurée  de  rencontrer  le  succès  qu'elle  mérite  à 
tous  égards.  F.  W. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

66.  —  Studia  Pontica,  Sous  ce  titre,  la  librairie  Lamertin  de  Bruxelles  avait 
publié  en  igoS  un  premier  fascicule  (A  Journey  of  exploration  in  Pontus^  4»  de 
104  p.  16  pi.  et  9  cartes  7  fr.  5o)  donnant  les  résultats  archéologiques  d'un  voyage 
entrepris  en  1899  dans  l'ancien  royaume  du  Pont  par  MM.  Anderson,  Munro  et 
"Welsh  de  TUniversité  d'Oxford.  Le  second  fascicule,  qui  vient  de  paraître,  est 
consacré  au  voyage  entrepris  dans  le  Pont  et  la  Petite  Arménie  en  1900  par  le 
Prof.  Cumont  et  par  son  frère  (p.  loS-SyS,  18  cartes,  nombreuses  gravures  et  16  pi. 
17  fr.  5o).  Un  3«  fascicule  reprduira  un  petit  corpus  de  près  de  5oo  inscriptions  et  le 
4«  fascicule  nous  fournira  l'introduction  et  les  tables.  Ces  deux  derniers  fascicules 
paraîtront  encore  cette  année.  Nous  tenons  à  signaler  dès  maintenant  cet  important 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  87 


ouvrage  sur  une  contrée  aussi  peu  connue  que  le  Pont,  nous  réservant  de  faire 
connaître  en  détail  les  résultats  obtenus,  dès  que  l'ouvrage  aura  paru  au  complet. 
Nous  pouvons  déjà  dire  cependant  que  le  travail  de  M.  Cumont  est  une  œuvre  de 
premier  ordre  qui  fera  le  plus  grand  honneur  à  Térudition  belge. 

Adolf  de  Ceuleneer. 

67.  —  Le  39*  fascicule  du  Dictionnaire  d'antiquités  grecques  et  romaines  de 
Daremberg  et  Saglio  vient  de  paraître  et  renferme  les  articles  pistor  à  principa- 
tus.  Il  est  en  tous  points  digne  des  fascicules  antérieurs  et  fait  regretter  de  plus  en 
plus  que  la  publication  avance  avec  une  lenteur  vraiment  excessive.  Parmi  les  prin- 
cipaux articles,  nous  citerons  pnyx^  poena^  pomerium^  pondus^  pons^  pontijices^ 
portorium^  portus,  praefectuSy  praetor,  praetoriae  cohortes,  principatus, 

Adolf  de  Ceuleneer. 

68.  —  G.  E.  Ruelle,  Bibliotheca  latina.  Bibliographie  annuelle  des  études  latines. 
Tome  I.  2*  semestre  i904-i«  semestre  igo5.  Paris,  A.  Eichler,  21,  rue  Jacob, 
igoS.  72  pp. 

Nous  avons  annoncé  cette  publication,  ainsi  que  les  conditions  de  Tabonnement 
(Bull.,  1906,  p.  42).  Elle  est  faite  à  peu  près  sur  le  même  plan  que  la  Bibliotheca 
phildogica  classica  publiée  chez  Reisland  à  Berlin;  elle  ne  donne  pas  seulement 
les  livres,  mais  aussi  les  articles  de  revues,  classés  en  quatorze  sections  :  Généra- 
lités, Histoire  littéraire.  Philosophie,  Sciences,  Auteurs  latins,  Epigraphie,  Paléo- 
graphie, Grammaire,  Musique  et  Métrique,  Histoire  et  Géographie,  Religion, 
Institutions,  Art  et  Archéologie,  Numismatique  et  Métrologie. 

69.  —  Ij.  Bodin  et  P.  Mazon,  Scènes  choisies  d'Aristophane,  Traduction 
nouvelle.  Paris,  Hachette,  1906,  180  pp. 

Il  y  a  quelques  années,  MM.  Bodin  et  Mazon  ont  publié  des  Extraits  d'AristO' 
phane  dont  ce  Bulletin  a  rendu  compte.  Les  scènes  choisies  sont  une  traduction  des 
Extraits,  destinée  avant  tout  à  faciliter  la  lecture  du  texte  grec,  et,  par  surcroît,  à 
foire  goûter  Aristophane  de  ceux  qui  ne  peuvent  aborder  directement  l'original. 
Elles  sont  précédées  d'observations  critiques  et  d'une  introduction  sur  le  théâtre 
dans  la  vie  athénienne,  sur  les  comédies  d'Aristophane  au  théâtre,  et  sur  la  compo- 
sition de  ces  comédies.  Les  Extraits  de  chaque  pièce  sont  précédés  d'un  argument. 
L'un  des  auteurs,  M.  Mazon  a  publié  antérieurement  un  Essai  sur  la  composition 
des  comédies  d'Aristophane  (Hachette,  4  fr.). 

70.  —  H.  "W.  Jobiistoii,  The  prtvate  life  of  the  Romans,  Chicago,  Scott,  Fores- 
man  and  C<»,  1905.  344  pp.  (The  Lake  Classical  Séries). 

Ce  livre  est  destiné  aux  étudiants  qui  lisent  les  auteurs  latins  en  classe,  à  ceux  qui 
étudient  l'histoire  romaine  et  aux  gens  instruits  qui  veulent  avoir  des  notions  sur  la 
vie  romaine.  Il  embrasse  le  temps  de  la  République  et  du  Haut  Empire.  Afin  d'être 
compris  de  tous,  l'auteur  évite  autant  que  possible  les  termes  latins,  excepté  les 
termes  techniques.  Il  traite  successivement  de  la  famille,  des  noms,  du  mariage  et 
de  la  condition  de  la  femme,  des  enfants  et  de  l'éducation,  des  esclaves  et  des  clients, 
de  la  maison  romaine,  du  vêtement,  des  repas,  des  amusements  et  des  bains,  des 
voyages  et  des  livres,  des  sources  de  revenus  et  des  professions,  enfin  des  funé- 
railles. L'ouvrage  est  orné  de  2o5  figures  dans  le  texte,  très  nettes  malgré  leurs 
petites  dimensions  et  bien  choisies. 

71.  —  G.  N.  Olcott,  Thésaurus  linguae  latinae  epigraphicae.  A  dictionary  of  the 
latin  inscriptions.  Fasc.  5-7.  Rome,  Loescher,  1906.  2  fr.  le  fasc. 

Ces  trois  nouveaux  fascicules  (p.  97-168)  conduisent  le  dictionnaire  de  M.  Olcott 


88  LE   MUSÉE    BELGE. 


jusqu'au  mot  aes.  On  est  presque  effrayé  de  la  grandeur  de  la  tâche,  mais  cette  tâche 
est  si  utile  qu'il  faut  féliciter  M.  Olcott  de  l'avoir  entreprise  et  de  s'y  consacrer  avco 
un  zèle  infaiigaole.  Un  écueil  à  éviter  dans  un  pareil  ouvrage  est  de  savoir  s'en  lenît- 
à  la  langue  épigraphique  et  de  ne  pas  y  mêler  ce  qui  est  du  ressort  d'un  dictionnaire 
d'antiquités  :  car  ces  deux  choses  sont  souvent  étroitement  liées.  M.  Olcott  y  a 
réussi  :  voyez,  par  exemple,  l'article  aedilis,  —  Dans  le  même  article,  nous  faisons 
remarquer  que  l'édile  du  C.  vi,  9288  et  9289  appartient  à  un  collège  o'esclaves  ;  et 
non  à  une  ville;  de  même  :  ob  honorent  aedUitatis  (III  633).  -  Sur  le  mot  aenea- 
torum  que  les  uns  prennent  pour  le  génitif  d'aeneatores  et  les  autres  pour  le  génitif 
d'aeneati,  nous  nous  permettons  de  renvoyer  à  notre  Etude  sur  les  corporations 
romaines,  vol.  IV,  pp.  4-5.  J.  P.  Waltzing. 

72.  —  Aemidius  Martini  et  Dom.   Bassi,  Catalogus  codicum    graecorum 
Bibliothecae  Ambrosianae,  Tomes  I  et  II.  Milan,  Hoepli,  iqo6.  3o  fr. 

La  plupart  des  manuscrits  grecs  de  la  bibliothèque  ambrosienne  viennent  de  la 
collection  réunie  par  le  cardinal  F.  Borromée.  La  bibliothèque  possède  actuellemect 
1093  mss.  grecs  et  elle  les  possédait  presque  tous  en  1Ô09,  quand  le  cardinal 
Borromée  la  rendit  publique.  Il  n'en  existait  jusqu'ici  pas  de  catalogue  complet,  et 
c'était,  pour  les  philologues,  un  grand  inconvénient.  Ils  seront  reconnaissants  à 
MM.  Martini  et  Bassi  d'avoir  enfin  publié  ce  catalogue  dressé  avec  le  plus  grand 
soin  et  bien  imprimé  par  la  maison  Hoepli. 

73.  —  Basile  Modestov,  Introduction  à  V histoire  romaine  (V ethnologie  préhis- 
torique^ les  influences  civilisatrices  à  l'époque  préromaine  et  les  commencements 
de  Rome),  Édition  traduite  du  russe  par  Michel  Delines,  revue  et  augmentée 
par  l'auteur,  et  précédée  d'une  préface  de  Salomon  Reinach.  Paris,  F.  Alcan, 
no6.  In-40  avec  39  planches  hors  texte  et  3o  figures  dans  le  texte.  i5  fr. 
Depuis  trente  ans,  les  études  préhistoriques  et  protohistoriques  ont  pris  un  essort 

extraordinaire  en  Italie,  mais  on  n'avait  pas  encore  présenté  d'esquisse  générale 
bien  informée  pouvant  guider  le  savant  spécialiste  ou  le  débutant  dans  le  vaste 
domaine  de  la  préhistoire  de  ce  pays.  —  Cette  œuvre  a  tenté  M.  Modestov, 
auquel  un  long  séjour  en  Italie  a  permis  d'étudier  l'immense  matériel  archéologique 
et  palethnologique  réuni  à  la  suite  des  nombreuses  fouilles  pratiquées  à  Rome 
même  et  dans  d'autres  parties  du  pays. 

Grâce  à  ses  études,  il  a  pu  faire  reculer  devant  lui  le  point  de  départ  de  l'histoire 
romaine.  Aux  monts  Albains  il  a  retrou /é  les  traces  d'une  période  en  grande  partie 
antérieure  à  la  vie  historique  de  lEsquilin  et  du  Quirinal  ;  dans  le  sud-ouest  de 
l'Etrurie,  il  a  rencontré  l'époque  des  Falisques,  les  plus  proches  parents  des  Latins. 
Les  terramares  de  la  vallée  du  Pô,  les  habitations  sur  pilotis  en  terre  ferme  et  les 
palafites  des  lacs  Vénètes  lui  ont  présenté  les  vestiges  des  premières  colonies 
aryennes  établies  sur  le  sol  italien.  Enfin  il  a  reconnu  les  traces  des  Sicules  signalés 
par  les  historiens  comme  ayant  occupé  ce  territoire  avant  la  race  indo-européenne, 
et  les  fouilles  pratiquées  en  Sicile  lui  ont  révélé  une  civilisation  se  rattachant  à 
l'époque  néolithique.  D'importants  développements  sont  donnés  à  l'étude  des' 
Etrusques  qui  occupent  une  large  place  dans  l'Italie  préhistorique  et  au  sujet 
desquels  M.  Modestov  se  trouve  en  désaccord  avec  Mommsen  et  d'autres  savants. 
Les  discussions  sur  ce  point  constituent  une  des  parties  originales  et  intéressantes 
du  livre. 

De  nombreuses  gravures  reproduisent  les  objets  et  les  monuments  les  plus 
instructifs  qui  servent  de  base  à  cette  préhistoire.  Enfin  l'auteur  a  enrichi  celte 
édition  de  faits  inédits  qui  en  font  une  véritable  édition  nouvelle.  Le  nombre  des 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  89 


personnes  qui  ne  sont  pas  devenues  indifférentes  aux  enseignements  de  la  culture 
classique  est  encore  gr^nd,  aussi  ce  livre  aura-t-il  sa  place  marquée  dans  toutes 
les  bibliothèques  historiques  et  ethnographiques  et  dnns  celles  de  tous  les  curieux 
d'histoire  et  de  science. 

74.  —  Dans  la  collection  intitulée  Zwolsche  herdrukken,  dont  nous  avons  parlé 
ici  à  différentes  reprises,  a  paru  récemment  la  seconde  édition  d'un  choix  de  poésies 
de  I .  Da  Costa  commentées  par  M.  J.  H.  van  den  Bosch  (Hagar,  —  Wachter  ! 
wat  15  er  van  den  nacht?  —  En  andere poépen  van  M.  Isaac  Dà  Costa  uitgegeven 
door  J.  H.  van  den  Bosch.  Tweede  druk.  N®  VIII  des  «Zwolsche  herdrukken  », 
Zwolle,  \V.  E,  J.  TicnckWillink  ;  ofl.  70).  Le  contenu  n*est  pas  tout  à  fait  le  même 
que  celui  de  la  première  édition  ;  une  pièce  d'assez  peu  de  mérite  a  disparu  ;  en 
revanche,  Téditeur  a  admis  une  demi-douzaine  de  nouvelles,  entre  autres  le  morceau 
caractéristique  :  Wachter  !  wat  is  er  van  den  nachi  ?  de  sorte  que  cette  anthologie 
renferme  maintenant  un  bon  spécimen  de  la  poésie  dite  «  politique  »  de  Da  Costa. 
Comme  d^habitude,  M.  van  den  Bosch  y  a  joint  un  commentaire  solide  et  très  déve- 
loppé, tout  en  s'abstenant  de  détails  superflus.  Nous  n'avons  que  des  éloges  à 
décerner  à  ce  travail;  la  seule  remarque  que  nous  nous  permettons  est  un  simple 
vœu  ;  nous  souhaiterions  que  le  savant  commentateur  ajoutât  à  la  fin  du  volume  un 
vocabulaire,  tel  que  ceux  qu'il  a  joints  à  d'autres  éditions  de  la  même  collection, 
noti»mment  à  son  édition  de  la  Granida  de  Hooft,  dont  une  nouvelle  édition 
(la  troisième),  vient  également  de  paraître  (P.  C.  Hooft*s  Granida  uitgegeven  door 
J.  H.  van  den  Bosch.  Derde  druk.  N»  II  de  la  collection  des  ce  Zwol.  herdr.  ». 
Même  éditeur;  o  fl.  70).  Cette  réimpression  contient  —  outre  une  introduction 
développée,  écrite  en  i8go,  mais  tenue  au  courant  dans  les  notes  —  l'édition  critique 
de  la  pastorale  de  Hoolt,  un  commentaire  et  un  vocabulaire,  le  tout  traité  de  la 
même  manière  sûre  et  approfondie,  qui  rend  toute  recommandation  superflue. 

C.  Lecoutere. 

75.  —  Il  vient  de  paraître  une  nouvelle  édition,  sensiblement  modifiée,  de  la  belle 
étude  que  M.  P.  D.  Chantepie  de  la  Saussaye  a  consacrée  à  Nicolas  Beets 
(Het  leven  van  Nicolaas  Beets.  Met  een  volledige  lijst  zijner  geschriftcn,  bijeen- 
gebracht  door  Mr.  D.  Beets  en  Mej.  A.  Beets.  Tweede  geheel  herziene  druk. 
Harlem,  Erven  F.  Bohn,  1906.  4  fl.).  Ce  livre  est  sans  contredit  ce  que  nous 
avons  de  plus  complet  et  de  miciux  documenté  sur  cette  remarquable  figure.  C'est 
une  biographie  méthodique,  qui  suit  pas  à  pas  la  longue  carrière  de  Beets 
(1814-1903).  L'auteur  veut  nous  retracer  une  fidèle  image,  non  pas  seulement  de 
lauteur  illustre  de  la  Caméra  obscura  et  du  poète  distingué,  mais  de  l'homme  tout 
entier  et  de  son  activité.  Historien  impartial  qui  ne  recherche  que  la  vérité,  il 
n'emploie  aucun  artifice  pour  cacher  les  côtés  faibles  de  l'homme  et  les  imperfec- 
tions de  l'écrivain.  Pourquoi  l'aurait-il  fait?  Cela  n'aurait  pas  modifié  la  sympathie 
profonde  que  tous  nous  ressentons  pour  Beets  ni  accru  les  titres  qu'il  a  pour  occuper 
une  place  honorable  dans  notre  histoire  littéraire.  C'est  d'ailleurs  en  nous  faisant 
le  portrait  non  flatté  de  Beets  que  l'auteur  pouvait  le  plus  sûrement  atteindre  le  but 
qu'il  indique  lui-même  :  engager  le  public  à  lire  ses  œuvres.  C.  L. 

76.  —  Les  Gesta  Romanorum  forment  un  recueil  d'historiettes  et  de  contes  qui 
jouit  d'une  grande  popularité  au  moyen  âge.  Composée  très  probablement  en 
An^Lierrc  vers  la  fin  du  xiii«  siècle,  cette  collecti^^n  se  répandit  vite  sur  le  continent  ; 
elle  y  obtint  un  immense  succès,  fut  rem  .niée  plus  d'une  fois  et  enrichie  de  mainte 
nouvelle  histoire.  On  en  connaît  plusieurs  rédactions,  et  des  traductions  françaises, 


go  LE   MUSÉE   BELGE. 


anglaises,  allemandes  et  néerlandaises,  remontant  toutes  aux  xv*  et  xvi«  siècles.  Grasse 
en  avait  publié  en  1842  une  version  complète  en  langue  allemande;  une  seconde  édi- 
tion en  avait  paru  depuis  ;  mais  depuis  longtemps  cet  ouvrage  très  recherché  était 
devenu  rare.  C'est  ce  qui  a  décidé  l'éditeur  P.  Allicke  de  Dresden  d'en  donner  une 
réimpression  ;  elle  a  paru  il  y  a  quelques  mois,  et  est  en  tous  points  conforme  à  l'édi- 
tion originale  de  1842.  J'en  trattscris  le  titre,  bien  qu'il  soit  un  peu  long,  parce  qu'il 
est  comme  une  table  de  matières  en  raccourci  :  Gesta  Romanorum^  das  àltest^ 
Màhrchen-  und  Legendenbuch  des  Christlichen  Mittelalters  :çum  ersten  Mate 
voUstàndig  aus  dent  Lateinischen  in  s  Deutsche  uebertragen,  aus  gedruckten  wid 
ungedruckten  Quellen  vermehrt^  mit  Anmerkungen  und  einer  Abhandlung  ueber 
den  waren  Verfasser  und  die  bisherigen  A  usgaben  und  Ueberset^ungen  desselben 
versehen  von  Di'J.  G.  Th.  Graesse.  3.  Ausgabe.  Unverânderter  Neudruck  der 
Original-Ausgabe  von  1842  (Leipzig,  P.  Allicke,  igoô.  2  vol.  in-8,  268et3i8pp.  ; 
10  m.).  On  peut  regretter  que  de  cette  importante  publication  on  n'ait  donné  qu'une 
simple  réimpression,  au  lieu  de  la  mettre  au  courant  ;  mais  telle  quelle,  cette  réédi- 
tion sera  la  bienvenue,  parce  qu'elle  remplace  un  ouvrage  qui  était  devenu  presque 
introuvable.  C.  Lecoutere. 

77.  —  I.  Greurts.  Proeven   van  letterkundige  ontledingen   van    nederlandsche 
leesstukken,  2«  deel.  Hasselt,  St-Quintinus-drukkerij,  1906.  4  fr.  5o. 

Voici  le  deuxième  volume  de  l'excellent  ouvrage  de  M.  Gcurts.  Le  choix  des 
morceaux  prouve  l'éclectisme  de  l'auteur  :  les  modernes  y  sont  largement  repré- 
sentés (Perk,  KI008,  Verwey,  H.  Swarth)  et  nos  compatriotes  (Gezelle,  Rodenbach, 
Streuvels,  Cuppens,  Rutten)  occupent  une  place  prépondérante,  ce  dont  il  faut 
féliciter  l'auteur. 

Quant  à  l'analyse  elle-même,  je  n'ai  plus  à  en  faire  l'éloge.  Tout,  dans  ce  livre, 
trahit  le  profond  seniiment  tsihétique  et  le  travail  consciencieux  de  l'auteur.  Qu'on 
parcoure,  pour  s'en  convaincre,  l'analyse  du  dernier  morceau,  De  Rijnstroom^ 
le  chef-d'œuvre  lyrique  de  Vondel  :  le  commentaire  est  digne  du  poème. 

Cette  analyse  seule,  ou  n'importa  quelle  autre,  prise  au  hasard,  sufl&t  pour  faire 
connaître  les  grandes  qualités  de  cet  ouvrage,  que  je  voudrais  voir  entrer  les  mains 
de  tous  les  professeurs  de  littérature  néerlandaise.  Jean  Gessler. 

78.  —  A.  ^Weese,  Mûnchen,  Eine  Anregung  zum   Sehen.  Mit  160  Abbildungen. 
Leipzig,  Seemann,  1906.  (Bcrûhmie  Kunsistaetten,  35). 

Dans  la  galerie  des  «  Villes  d'art  célèbres  »,  Munich  obtient  enfin  la  place  qui  reve- 
nait à  la  capitale  artistique  de  l'Allemagne  du  Sud.  C'est  M.  Arthur  Weese,  profes- 
seur d'histoire  de  l'art  à  l'Université  de  Berne,  qui  est  l'auteur  de  ce  volume  composé 
con  amore.  H  remonte  jusqu'aux  origmes  de  la  ville,  en  l'an  ii58,  et  en  décrit  les 
monuments  et  les  œuvres  d'art  par  ordre  chronologique,  depuis  l'empereur  Louis 
de  Bavière  jusqu'au  roi  Louis  I,  s'arrêtant  aux  œuvres  principales  et  rattachant* 
toujours  le  développement  de  l'art  à  l'histoire  de  la  ville  elle-même  :  l'église  Notre- 
Dame  (xv«  siècle),  l'ancien  hôtel  de  ville,  l'église  S.  Michel  (xvi«  s.),  la  résidence  ou 
palais  du  gouvernement  construit  sous  Maximilien  l"  (i  597-1651),  l'église  des 
Théatins  (xvii*  s.),  puis  les  palais  et  châteaux  construits  par  les  princes  électeurs  au 
xvne  et  au  xviii»  siècle,  par  le  roi  Louis  I**",  à  l'imitation  de  Versailles,  enfin  la 
transformation  moderne  de  Munich,  avec  les  musées  et  autres  édifices  civils  qui  font 
aujourd'hui  l'ornement  de  la  capitale  bavaroise.  Ce  volume,  qui  n'est  pas  seulement 
l'œuvre  d'un  connaisseur,  mais  d'un  auteur  amoureux  de  son  sujet,  comptera  parmi 
les  plus  intéressants  de  lu  collection.  Il  contient  160  gravures. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  9I 

-g,  —  Die  SHmme,  Centralblatt  fur  Stimm-  und  Tonbildung^  Gesangunterricht 

rnnd  Stimmhygtene.  l'année,  n^  i,  octobre  1906.  Berlin,  Trowitzsch  u.  Sohn. 

Mensuel,  5  m.  par  an. 

Otte  revue  nouvelle  s'adresse  surtout,  à  en  juger  d'après  les  articles  et  la  liste 
des  collaborateurs,  aux  personnes  qui  s'occupent  du  chant,  dans  un  but  pratique  ou 
scieotiiîque.  La  première  livraison  renferme  1)  un  article  de  M.  H.  Gutzmann  sur 
U  distinction  à  faire  entre  les  deux  termes  Stimmeinsat:^  et  Stimmansat:^^  distinction 
qui  n'est  pas  neuve,  sans  doute,  mais  qu'il  est  bon  ue  rappeler,  à  l'intention  du 
public,  cur  ces  deux  mots,  comme  beaucoup  d'expressions  techniques  allemandes, 
sont  terriblement  vagues,  le  second  surtout  ;  2)  un  exposé  très^clair  de  M.  W.  Berg 
sur  lart  de  la  parole  chez  les  anciens  (i**  article)  ;  3)  K.  Roeder,  la  préparation  des 
professeurs  de  chant  ;  4)  un  article  un  peu  touffu  de  M.  A.  Gusinde  sur  ta  valeur  de 
la  syllabe  Ij.  dans  le  langage  et  dans  l'enseignement  du  chant  ;  puis  des  communi- 
cations. 

La  rédaction  annonce  pour  les  numéros  suivants  des  articles  sur  la  mue  de  la 
voix;  féducation  de  U  voix  de  chant  chez  les  femmes;  la, pédagogie  nouvelle  du 
chant  artistique  ;  la  phonasthénie  professionnelle  des  chanteurs  et  des  «orateurs,  etc. 
Sur  la  liste  très  longue  des  collaborateurs,  on  ne  voit  figurer  pour  ainsi  dire  le  nom 
d'aucun  phonéticien.  Je  me  demande  s'il  ne  faut  pas  le  regretter.  Les  phonéticiens 
ont  d'abord  été  à  l'école  des  physiologistes,  mais  il  y  a  longtemps  qu'ils  sont  éman- 
cipés, et  leurs  enseignements,  surtout  parce  qu'ils  partent  d'un  autre  point  de  vue 
que  celui  des  anatomistes,  des  hygiénistes  et  des  musiciens,  ne  seraient  pas,  je 
crois,  sans  intérêt  ni  sans  utilité  pour  les  lecteurs  de  cette  revue. 

ANr.  Grégoire. 

CHRONIQUE. 

80.  —  Cours  d'art  et  d'axv^héologie  au  local  Patria,  &  Bruxelles  (suite). 

Fréquentation  des  cours,  —  Conditions.  —  Le  droit  d'inscription  pour  les 
aspirants  au  grade  de  «  candidat  n  est  de  20  francs  par  an.  Cette  rétribution  leur 
donne  droit  à  la  fréquentation  de  tous  les  cours.  Toutefois,  le  cours  pratique  est 
réservé  aux  élèves  ayant  subi  avec  succès  la  première  épreuve  de  la  Candidature. 

Des  conditions  spéciales  peuvent  être  faites  aux  élèves  des  établissements 
«renseignement  supérieur,  ainsi  qu'aux  membres  du  personnel  enseignant  de  tous 
les  degrés.  Le  droit  d'inscription  est  fixé  pour  eux  à  5  francs. 

Pour  les  auditeurs  libres,  il  est  fixé  à  10  fr.  par  cours  et  à  20  francs  pour  les 
quatre  premiers  cours. 

Les  cours  marqués  d'un  astérisque  font  partie  des  cours  pratiques  d'archéologie 
organisés  par  les  musées  royaux  du  Cinquantenaire.  Ils  se  donnent  dans  les  locaux 
du  Musée.  Une  inscription  spéciale  pour  ces  cours  doit  être  prise,  mais  cette 
inscription  est  gratuite  pour  les  auditeurs  des  cours  d'art.  (Pour  l'horaire  de  ces 
cours,  voir  le  programme  spécial  des  cours  pratiques  d'archéologie  des  musées  du 
Cinquan  tena  i  re  ) . 

Les  élèves  inscrits  pour  la  Licence  sont  autorisés  à  suivre  tous  les  cours  de  ce 
programme  spécial.  Ils  sont  autorisés  également  à  se  faire  interroger,  à  l'examen, 
sur  l'un  ou  l'autre  de  ces  cours.  Dans  ce  cas,  le  diplôme  fera  mention,  dans  un 
paragraphe  additionnel,  de  ces  matières  complémentaires. 

En  principe,  les  cours  de  Licence  ne  sont  accessibles  qu'aux  élèves  porteurs  du 
diplôme  de  Candidat.  Néanmoins,  les  auditeurs  libres  qui  justifieront  avoir  suivi 
les  leçons  de  Candidature,  pourront  eue  autorisés  à  se  faire  inscrire  au  cours  de 
Licence. 


92  LE    MUSÉE   BELGE. 


Le  droit  dMnscripiion  est  le  même  que  pour  le  cours  de  la  Candidature. 

Les  personnes  qui  veulent  bien,  par  une  souscription  annuelle  de  5o  francs  au 
moins,  concourir  généreusement  au  but  de  l'œuvre,  portent  le  titre  de  membres 
protecteurs.  Ce  titre  leur  confère  le  droit  d'assister  à  tous  les  cours  et  à  toutes  le» 
visites. 

81.  —  Ferdinand  Brunetiere,  —  Le  Polybiblion^  Revue  bibliographique  universelle 

(Paris,  rue  de  Saint-Simon,  5),  consacre  à  Bruneiière,  dans  son  n»  de  Janvier,  un 

article  nécrologique  que  nous  reproduisons  : 

M.  Ferdinand  Brunetiere  est  mort  à  Paris,  le  9  décembre,  à  Sy  ans.  Sa  disparition 
est  un  deuil  pour  les  lettres  et  pour  la  pensée  française.  Né  à  Toulon  en  1849, 
M.  Brunetiere  commença  ses  études  à  Marseille  et  vint  les  compléter  à  Paris,  au 
lycée  Louis  le  Grand.  En  i86g,  il  se  présenta  à  TÉcoIe  normale  supérieure  et 
échoua.  Sans  ressources,  sans  protections,  sans  grades  universitaires,  il  ne  dut  qu*à 
un  incessant  labeur  l'éclat  de  sa  carrière  littéraire  qui  débuta  par  une  collaboration 
à  la  Revue  Bleue  et  à  la  Revue  des  Deux  Mondes,  vers  1875.  Il  avait  2b  ans  lorsqu'il 
prit  dans  cette  dernière  revue  la  plume  on,  pour  ainsi  dire,  la  férule  de  la  critique 
littéraire.  On  sait  avec  quelle  rudesse  il  la  mania  pendant  une  vingtaine  d*années. 
Champion  de  la  France  du  xvii«  siècle,  c'est  avec  une  vigueur  incomparable  qu'il 
sut  exalter  la  grandeur  majestueuse  et  la  fermeté  austère  des  doctrines  littéraires, 
artistiques  et  philosophiques  des  Bossuet,  des  Pascal,  des  Boileau,  aux  dépens  des 
théories  humanitaires  des  Rousseau,  des  Voltaire  et  des  autres  écrivains  du 
xvme  siècle.  En  1886,  il  fut  nommé  maître  de  conférences  à  cette  École  normale  où 
il  n'avait  pu  entrer  comme  élève.  En  iSgB,  il  remplaça  John  Lemoinne  à  TAcadémie 
française,  et  la  même  année  l'assemblée  des  actionnaires  de  la  Revue  des  Deux 
Mondes  le  mit  à  la  tête  de  ce  périodique  en  qualité  de  directeur-gérant. 

On  se  souvient  de  la  façon  éclatante  dont  M.  Brunetiere,  que  rien  n'arrêtait  une 
fois  sa  conviction  faite,  revint  au  catholicisme,  et  de  l'éloquence  qu'il  déploya  pour 
développer  les  «  raisons  de  croire  ». 

On  n'a  pas  oublié  non  plus  que,  si  ses  opinions  religieuses  et  politiques  l'ont  fait 
exclure  du  Collège  de  France,  cet  échec  n'a  fait  que  le  grandir  encore  aux  yeux  de 
ceux  qui  aiment  la  justice  et  méprisent  les  coteries  mesquines  et  tracassières. 
M.  Ferdinand  Brunetiere  laisse  une  œuvre  considérable  qui  se  distingue  par 
Textrême  variété  des  sujets.  Voici  les  titres  de  la  plupart  des  volumes  dont  elle  se 
compose  :  Etudes  critiques  sur  l'histoire  de  la  littérature  française,  La  littérature 
frafiçaise  du  moyen  âge  ;  Pascal^  iV/™«  de  Sévigné^  Molière^  Racine^  etc.  Ouvrage 
couronné  par  l'Académie  française.  Paris,  1880,  in- 12. 

Nouvelles  études  critiques  sur  l'histoire  de  la  littérature  française  ;  les  Précieuses, 
Bossuet  et  Fénelon^  Massillon,  Marivaux,  la  Direction  de  la  librairie  sous  Maies- 
herbes,  Galiani^  Diderot,  etc.  Ouvrage  couronné  par  l'Académie  française.  Paris, 
1882,  in-i2. 

Sermons  choisis  de  Bossuet,  collationnés  sur  les  meilleures  éditions ,  disposés  dans 
leur  ordre  chronologique,  accompagnés  d'une  introduction,  de  notices  et  de  notes, 
Paris,  1882.  in-12. 

Le  Roman  naturaliste,  Paris,  i883,  in-12. 

Histoire  et  littérature,  Paris,  1884-1885,  2  vol.  in-12. 

Etudes  critiques  sur  l* histoire  de  la  littérature  française,  3«  série  :  Descartes, 
Pascal,  Le  Sage,  Marivaux,  Prévost,  Voltaire  et  Rousseau,  Classiques  et  roman- 
tiques. Paris,  1887,  in-12. 

Ojuvres  poétiques  de  Boileau  avec  une  introduction  et  des  no:es,  Paris,  1889,  in-4. 

Nouvelles  questions  de  critique.  Pans,  1890,  in-12. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  qS 

ZJÉvolution  des  genres  dans  Phistoire  de  la  littérature.  Leçons  professées  à 
rÉcole  normale  supérieure,  Paris,  1890,  in- 12. 

Études  critiques  sur  l'histoire  de  la  littérature  française,  4«,  5«,  6«  séries.  Paris, 
1891-1896,  3  vol.  in-12. 

^Évolution  de  la  poésie  lyrique  en  France  au  XIX^  siècle.  Leçons  professées  à 
ia  Sorbonne,  Paris,  1894,  2  vol.  in-12. 

La  Science  et  la  Religion,  Réponse  à  quelques  objections,  Paris,  1895,  in- 12. 

Discours  de  réception.  Réponse  de  M,  le  comte  d'Haussonville.  Séance  de  l'Aca- 
démie française  du  5  février  1894.  Paris.  1894,  in-12. 

£ssais  sur  la  littérature  contemporaine,  Paris,  1893,  in -12. 

Éducation  et  instruction,  Paris,  1896,  in-16. 

Conférences  de  l'Odéon,  Les  époques  du  théâtre  français  (i636-i85o).  Paris, 
1893,  in-!2. 

La  Renaissance  de  l'idéalisme. Conférence  prononcée  à  Besançon.  Paris,i896,  in-12. 

La  Moralité  et  la  doctrine  évolutive,  Paris,  1896,  in-8. 

Manuel  de  l'histoire  de  la  littérature  française.  Paris,  1897,  in-8. 

L'Idée  de  patrie.  Conférence  prononcée  à  Marseille,  le  28  octobre  1896.  Paris. 
1897,  in-12. 

Après  le  procès.  Réponse  à  quelques  intellectuels.  Paris,  1898,  in-12. 

L'Art  et  la  Morale,  Paris,  1898,  in-12. 

Les  Ennemis  de  l'âme  française.  Conférence  faite  à  Lille,  Paris,  1899,  in-16. 

Le  Génie  latin.  Conférence  faite  à  Avignon ^  le  3  octobre  1899,  à  l'occasion  des 
fêtes  religieuses  et  musicales  de  la  Schola  cantorum.  Paris,  1899,  *"'^- 

Discours  académiques.  Paris,  1900,  m- 16. 

L'Art  poétique  de  Boileau,  précédé  d'une  notice  littéraire  et  accompagné  de  notes, 
Paris,  1901,  in  8 

Extraits  de  Chateaubriand^  publiés  avec  une  introduction^  des  notices  et  des 
notes.  Paris,  1901,  in-16. 

Morceaux  choisis  de  prose  et  de  poésie  du  XVI*  au  XIX*  siècle.  Paris,  1901 ,  in-18. 

Discours  de  combat.  Les  Raisons  actuelles  de  croire;  Vidée  de  solidarité; 
r Action  catholique  ;  l'Oeuvre  de  Calvin  ;  les  Motifs  d'espérer  ;  l'Oeuvre  critique  de 
Taine  ;  le  Progrès  religieux.  Paris,  1903,  in-16. 

L'Action  sociale  du  christianisme.  Paris,  1904,  in-16. 

Sur  les  chemins  de  la  croyance,  Paris,  «904,  in-16. 

Réponse  au  discours  de  réception  à  l'Académie  française  de  M.  R.  Ba^in.  Paris, 
1904,  in-16. 

Variétés  littéraires.  Paris,  1905,  in-18. 

Honoré  de  Balj^ac  (1799-1850).  Paris,  1906,  in-18. 

82.  —  Académie  royale  de  Belgique.  Qasse  des  lettres  et  des  sciences  morales  et 
politiques.  Pro£pramme  du  concours  pour  Taimée  1909. 

Section  d'histoire  et  des  lettres,  i'«  question  :  On  demande  une  étude  sur  l'exo- 
tisme dans  la  littérature  fr&nçaise  du  xviii«  siècle.  ~  Prix  :  800  fr. 

2*  Question  :  Faire  la  classification  des  parlers  wallons  de  Belgique  au  triple 
point  de  vue  de  la  phonétique,  de  la  morphologie  et  du  vocabulaire.  —  Prix  :  800  f. 

3*  Question  :  Faire  Thistoire  des  invasions  en  Belgique  au  moyen  de  Tétude 
systématique  des  dates  fournies  par  les  trouvailles  de  monnaies  dans  les  ruines  de 
Tillas,  dans  les  tombeaux  et  dans  les  trésors  enfouis.  —  Prix  :  800  fr. 

4«  Question  :  On  demande  une  étude  sur  la  valeur  liitéraire  des  pamphlets  du 
xvi«  siècle,  en  langue  néerlandaise.  —  Prix  :  800  fr. 


94  L£   MUSÉE   BELGE. 


Section  des  sciences  morales  et  politiques,  i""*  Question  :  On  demande  une  étude 
sur  les  unions  internationales.  —  Prix  :  600  francs. 

2«  Question  :  Étudier  les  méthodes  préconisées  par  les  principaux  représentants 
de  la  science  économique  en  Allemagne  à  l'heure  présente  (Knies,  Schmoller, 
Wagner»  Menger).  —  Prix  :  800  fr. 

3^  Question  :  On  demande  une  étude  sur  les  coutumes,  la  législation  et  les  usages 
commerciaux  d'Anvers  sous  Tancien  régime  à  partir  de  l'impression  de  la  coutume. 

L'élude  ne  portera  point  sur  le  droit  maritime,  mais  comprendra,  pour  le  surplus, 
une  appréciation  critique  ainsi  que  l'exposé  des  rapports  du  droit  commercial  en 
vigueur  avec  notre  législation  commerciale  actuelle.  —  Prix  :  800  fr. 

4«  Question  :  On  demande  une  étude  critique  sur  la  philosophie  de  Guyau  et  ses 
applications.  —  Prix  :  600  fr. 

Les  mémoires  seront  adressés,  franc  de  port,  avant  le  i*»"  novembre  1908,  à  M.  le 
Secrétaire  perpétuel,  au  Palais  des  Académies,  à  Bruxelles. 

83.  —  Projections  lumineuses,  —  Aux  professeurs  qui  veulent  illustrer  leur 
enseignement  par  des  projections  lumineuses,  nous  recommandons  les  diapositifs 
(Skioptikonbiider)  et  ks  publications  d'A.  Fichiers  Witwe  und  Sohn  (Vienne, 
Margaretenplatz,  2,  et  Leipzig,  Querstrasse,  4-ô).  Il  y  a  deux  séries,  l'une  pour 
Rome,  l'autre  pour  Athènes  : 

!*>  Rome^  par  Dr.  F.  "PevscïdsïSlL^.SS  Skioptikonbiider  (>^  1/2X8  1/2  cm.).Texte 
de  la  conférence  :  1  m.  2^.  Manuel  de  l'élcve  (Schùlerhandbuch)  contenant  64  pp. 
de  texte  et  une  réduction  des  88  projections  :  1  m.  70.  Les  diapositifs  coûtent  1  m. 
la  pièce  et  o  m.  83  par  20  pièces. 

2«  Athènes^  par  Dr.  F.  Prix,  yô  Skioptikonbiider  (mêmes  dimensions).  Texte  de 
la  conférence  :  i  m.  Manuel  de  l'élève,  contenant  74  pp.  et  76  projections  :  i  m.  70» 
Prix  des  diapositifs  :  comme  ci-dessus. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  qS 


PARTIS    PÉDAGOGIQUE. 


L'ENSEIGNEMENT   MOYEN   A  L'ÉTRANGER 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  TUnivcrsité  de  Louvain. 
(Suite.) 

Pour  le  grec,  dès  la  première  année,  donc  en  II"  Inférieure,  on  lit 
Xénophon,  Anabase,  I  et  des  passages  du  liv.  II.  En  II®  supérieure, 
on  lit  Xénophon,  Anabase,  II  (la  fin),  III  et  IV;  Homère,  Odyssée^ 
I-XIII,  et  Hérodote,  VII,  passages  choisis.  En  U«  inférieure,  Homère, 
Odyssée,  XIII,  187-XXIV;  Iliade,  I-VI  (d  après  les  extraits  de  Keim)  ; 
Hérodote.VII,  10 i-VI II,  70  (les  passages  les  plus  importants);  Platon, 
Criton;  Sophocle, /lw//^o«e.  —  En  I«  supérieure,  Platon,  Criton, 
JEuthyphron,  Phédon,  i  à  34,  Sg,  40.  64  et  suiv.  ;  Thucydide,  VI,  i  -74; 
88-104  c^  quelques  passages  du  livre  VII  ;  Démosthène,  I^^  Olyn- 
thienne  ;  Homère,  Iliade,  XI,  XV,  XVI,  XIX-XXI  (passages  choisis), 
XVIII,  XXII,  XXIV  (en  entier)  ;  Sophocle,  Antigone, 

L'étude  de  la  lexigraphie  latine  se  fait  en  une  année;  on  la  répète 
et  qu'on  la  développe,tout  en  poursuivant  Temploi  des  cas, qu'on  aborde 
dès  le  début.  La  syntaxe  est  terminée  en  I  !•*  supérieure.  Des  notions  de 
stylistique  s  enseignent  dans  la  II«  supérieure  et  au  gymnase,  dans  la 
I«  intérieure.  Dans  les  deux  dernières  classes,  on  répète  la  grammaire. 

La  lexigraphie  grecque  est  étudiée  en  un  an;  il  est  vrai  qu'on  la  revoit 
et  qu'on  la  développe  la  seconde  année;  mais  on  ne  s'en  contente  pas; 
car,  après  avoir  vu  dès  la  première  année  les  règles  les  plus  importantes 
de  la  syntaxe,  on  apprend,  en  seconde  année,  l'emploi  des  cas  et  des 
modes.  On  répète,  pendant  les  deux  dernières  années,  la  grammaire  (i). 

L'enseignement  du  français  se  fait  d'après  la  méthode  directe.  On 
emploie, au  début,  les  tableaux  Hôlzel.  Le  manuel  adopté, c'est  le Lehr- 
buch  der  jran^bsischen  Sprache  de  Rossmann-Schmidt.  Les  auteurs 
choisis  sont,  pour  le  gymnase  :  Duruy,  Biographie  d  hommes  célèbres  ; 
Thiers,  Campagne  d'Italie,  en  1900;  Scnbe,  Le  verre  d'eau;  Sarcey, 
Siège  de  Paris;  Racine,  Athalie,  Britannicus;  Molière,  Les  Femmes 
savantes;  Lanfrey,  Campagne  de  1806;  ipOMvXtiéàl^ymndiSt:  Daudet, 
Le  petit  Chose;  Barrau,  Scènes  de  la  révolution  française;  Girardin, 
La  joie  fait  peur;  Halévy,  L'invasion;  Corneille,  Horace  ;  Lanfrey, 
Campagne  de  1809;  Coppée,  Les  vrais  riches;  Molière,  V avare, 

(1)  Voyez  le  programme  du  Realgymnasium  mit  Gymnasialabteiiung  de  Karls- 
ruhe  (sog.  Reformgymnasium  mit  Gabelung.) 


96 


LE   MUSÉE    BELGE. 


7«  GRAND   DUCHÉ  DE  HESSE. 
a)  LE  GYMNASE. 


VI    ' 

1 

V 

IV 

.«p. 

III 
inf. 

II 
snp. 

II  ' 

inf.  . 

Itup. 

linf. 

Total 

Religion 

2    1 

1 

2 

3 

3 

2 

3 

3 

3 

3 

i8 

Allemand 

4  1 

4 

3 

' 

3 

3 

3 

3 

3 

27 

Latin 

9 

9 

8 

7 

7 

7 

7 

7 

7 

68 

Grec 

— 

— 

— 

6 

6 

6 

6 

6 

6 

36 

Français 

— 

— 

5 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

33 

Histoire 
Géographie 

3 

3 

3 
3 

1' 

3 

3 

3 

3 

3 

1 

II-' 

Calcul 
Mathématiques 

3 

4 

!- 

4 

4 

4 

1     ^ 

4 

1    ^ 

1  j   35 

Histoire  naturelle 

3 

3 

3 

1- 

_ 

1 

— 

1 

1  j    '8 

Physique 

— 

— 

— 

— 

3 

3 
1 

3 

3 

1^ 

Dcsfiin 

2 

3 

3 

1 

• 

— 

— 

'    — 

!        8 

Écriture 

3 

3 

— 

- 

— 

- 

— 

1 

1  > 

Chant 

2 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

1       3 

i       -8 

Gymnastique 

2 

3i 

3 
33 

3 

34 

3 

34 

34 

3 

34 

3 

3 

i       3 

1       '« 

Total 

34 

34 

:     34 

1     '^' 

CoUFB  faculratifs 

— 

— 

- 

— 

— 

— 

— 

— 

'     — 

1 

1 

Hibreu 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

1 

Anglais 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

1       3 

1 

1 

En  1V«»  on  lit  les  vies  de  Miltiade,  de  Thémislocle  et  d'Hannibal; 
des  (ables  choisies  de  Phèdre;  en  Ille  inférieure,  César,  Guerre  des 
Gauies,  I»  i  ;  3o-54  ;  Il  .  Ovide,  Métamorphoses  (extraits);  en  III* 
supérieure,  César,  Guerre  des  Gaules,  III,  IV,  V,  VII  (extraits;; 
O^iJe,  Métamorphoses  (choix);  en  II»  inférieure,  Tite-Live,  II  et  V 
c  oh};  Cicéron,  Dp  imp,  Cn.  Pomp.  ;  Virgile,  Enéide,  I  et  II 
fettraits);  en  1 1=  supérieure,  Tite- Live,  I,  II,  XXI  et  XXII  (extraits); 
Salfusie,  Jugurtha  (extraits),  Virgile,  Lnéide,  III-XII  (extraits);  en 
I"  inférieure,  Cicéron,  de  oratore,  I  et  II  (extraits),  Horace,  Odes^ 


PARTIE   PÉDAGOGigUB. 


97 


I-IV  (choix)  ;  en  !'«  supérieure,  Horace,  Odes^  I-V,  Satires  et  Épttres; 
Tacite,  Annales^  I,  II  et  III  (extraits);  Germania. 

Les  auteurs  grecs  sont  :  en  III*  supérieure,  Xénophon,  Anabase^ 

I,  6  et  9;  Homère,  Odyssée,  I,  i-25i  ;  en  II*  inférieure,  Homère, 
Odyssée,  la  fin  du  chant  I,  II,  V-VIII  (choix;,  Xénophon,  Anabase, 

II,  III  ch.  I  et  2;  en  II« supérieure,  Homère,  Odyssée, X-XXIV (choix), 
Hérodote  I-IX  (choix)  ;  en  I"  inférieure,  Démosthène,  i^e  Olyn- 
tkiermetl  3^ Philippique ;  Homère,  Iliade,  I-XII  (extraits);  Sophocle, 
Ajax;  en  I"^  supérieure,  Sophocle,  Ajax ^  Platon,  Apologie  de 
Socrate,  Criton,  Homère,  Iliade,  la  fin  (extraits),  Thucydide,  I  et  II 
(extraits). 

Les  auteurs  français  sont  :  Bruno,  Le  tour  de  la  France,  Erckmann  - 
Chatrian,  Histoire  dun  conscrit,  le  Gendre  de  M.  Poirier,  Molière, 
Le  bourgeois-gentilhomme,  Taine,  L'Ancien  Régime,  un  choix  de 
nouvelles  modernes  et  de  poésies  françaises. 

b)  LE  RÉALGYMNASE. 


VI 

V 

IV 

in 

m 

•up. 

II 
inf. 

n 

tup. 

I  inf. 

Itup. 

Total 

Religion 

2 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

18 

Allemand 

0 

5 

4 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

33 

Latin 

8 

8 

7 

6 

6 

5 

5 

5 

5 

5î> 

Français 

— 

— 

5 

5 

5 

4 

4 

4 

4 

3i 

Anglais 

— 

— 

— 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

18 

Histoire 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

>4 

Géographie 

3 

3 

2 

2 

2 

1 

, 

1 

I 

»4 

Calcul 

5 

4 

3 

3 

— 

— 

___ 

— 

— 

i5 

Mathématiques 

— 

2 

2 

5 

5 

5 

5 

5 

29 

Histoire  naturelle 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

— 

— 

— 

12 

Chimie 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

2 

6 

Physique 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

3 

3 

12 

Écriture 

3 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

4 

Dessm 

— 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

Chant 

1 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

»7 

Gymnastique 

3 

2 

2 

2 

' 

2 

2 

2 

2 

18 

Total 

3o 

3i 

35 

36 

36 

36 

36 

36 

36 

3l2 

98 

LE    MUSÉE   BELGE. 

c)  L'ÉCOLE  RÉALE  ET  L'ÉCOLE  RÉALE  SUPÉRIEURE. 

i 

CLASSES   RÉALES 

CLASSB» 

RBALBS 

SUPE- 

«IBUKBS 

Religion 

Allemand 

Français 

Anglais 

Histoire 

Géographie 

Calcul  et  mathématiques 

Histoire  naturelle 

Physique 

Chimie 

Dessin  à  main  levée 

Dessin  géométrique 

Écriture 

Chant 

Gymnastique 

Total 
Cours  facultatifs 
Commerce 
Exercices  de  chimie 
Exercices  de  physique 


VI 

I 

I       2 

1 

1     10 

I    

!       2 

:  6 

I       2 

1 

I 
1 


3i 


IV      III      III      II 
inf.      sup.     inf. 


2  2 

7  i  61 

—  5  ' 

2  I  2 

2  1  2 

6  i  6 

2  i  2 

I 


33  ,  34 


II 

sup. 


2 

4 

5  ! 

i 

3  i 
2  I 
2  ! 
5  ' 

2 
3 
2 


I  inf. 


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4  i.  4 

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1  I      2 


I»ap..    Total 


2 

I 

4   * 

4   I 

I 

4  I 

i 

1 
3 

I 
5 

3 
3 
2 
2 


34 


2  II    2  I 


18 
43 
42 

23 

»4 
16 
5o 
10 
i3 

13 

24 

7 
i3 
18 


33      34      34  ,    35  I  35  >     3o3 


I 


2      — 

-t. 

—  i'     1 


8»  GRAND-DUCHÉ   DE   MECKLEMBOURG-SCHWERIN. 

Un  plan  unique  n'est  pas  prescrit.  On  trouve  dans  ce  grand-duche* 
le  gymnase  ordinaire,  le  réalgymnase,  le  gymnase  et  le  réalgymnase 
à  base  commune,  la  réalschule. 

10  Le  §^mnase  ordinaire,  par  exemple  le  Fridericianum  à  Schwerin, 
consacre  à  l'allemand  24  heures,  au  latin  71  heures,  au  grec  40,  au 
français  9,  à  l'histoire  18,  à  la  géographie  12,  aux  mathématiques  36, 
aux  sciences  naturelles  14.  Total  289,  y  compris  la  gymnastique. 

2°  Le  réalgymnase  de  Schwerin  accorde  à  l'allemand  28  heures,  au 


PARTIE   PEDAGOGIQUE.  Qg 


latÎD  5i,  au  français  Si,  à  l*anglais  i8,  à  l'histoire  et  à  la  géographie 
32«  au  calcul  et  aux  mathématiques  42,  aux  sciences  naturelles  3o  h. 

30  Le  gymnase  et  le  réalgymnase  à  base  commune  sont  organisés 
de  la  façon  suivante. 

La  base  commune  comprend  trois  années  (VI®,  V«  et  IV^)  :  à  côté  de 
la  langue  maternelle  (3  heures),  on  enseigne  le  latin  (9  heures  en  VI«  et 
en  V«;  8  heures  en  IV®)  et  le  français,  en  IV^,  à  raison  de  5  heures. 

Le  gymnase  proprement  dit  comprend  6  classes  :  le  latin  a  8  heures 
pendant  les  trois  premières  années  et  7  pendant  les  trois  dernières; 
ce  qui,  avec  la  base  commune,  lui  donne  71  heures.  Le  grec  a  7  heures 
pendant  quatre  ans  et  6  pendant  deux  ans,  en  tout  40.  Le  français  a 
3  heures  dans  les  deux  troisièmes  et  2  heures  dans  les  quatre  classes 
suivantes.  L'anglais  s'enseigne,  à  partir  de  la  seconde,  à  raison  de 
2  heures.  Total  :  293  heures,  y  compris  la  gymnastique. 

Le  réalgymnase  accorde  au  latin  5  heures,  au  français  5  heures 
dans  les  deux  troisièmes,  et  4  heures  dans  les  quatre  dernières  années. 
L^anglais  commence  dès  la  3^  inférieure,  à  raison  de  3  heures.  Les 
mathématiques,  les  sciences  naturelles,  la  physique  et  surtout  le 
dessin  obtiennent  les  heures  de  grec  du  gymnase.  Total  294  heures 
avec  la  gymnastique. 

40  Dans  Vécole  réale,  par  exemple  celle  de  Rostock,  qui  comprend 
6  classes,  le  total  des  heures  s'élève  à  21 1  :  i3  de  religion,  28  d'alle- 
mand. 3i  de  français,  16  d'anglais,  11  d'histoire,  12  de  géographie, 
16  de  calcul,  16  de  mathématiques,  18  de  sciences  naturelles,  6  d'écri- 
ture, 10  de  dessin,  22  de  chant,  12  de  gymnastique. 

90  GRAND-DUCHÉ    DE   MECKLEMBOURG-STRELITZ. 

Il  n'y  a  pas  de  plan  d'études  général.  Les  divers  établissements 
suivent  plus  ou  moins  les  programmes  prussiens. 

lO»  GRAND-DUCHÉ   D'OLDENBOURG. 

On  se  propose,  dit  Horn  (1),  d'adopter  les  programmes  prussiens. 

Il»  GRAND  DUCHÉ   DE   SAXE-WEIMAREISENACH. 

Ce  grand-duché  ne  possède  pas  de  plan  d.'études  général.  En  con- 
sultant les  programmes  particuliers,  on  voit,  par  exemple  au  gymnase 
de  Weimar,  que  sur  un  total  de  297  heures,  le  latin  en  a  72,  le  grec  40, 
le  français  18,  l'allemand  23,  l'histoire  et  la  géographie  28,  le  calcul  et 
les  mathématiques  33,  les  sciences  naturelles  18.  Au  réalgymnase  de 
Weimar,  on  consacre  64  heures  au  latin,  33  au  français,  20  à  l'anglais 
sur  un  total  de  3o8  heures.  La  réalschule  d'Apolda  accorde  à  l'alle- 
mand 24  heures,  au  français  35,  à  l'anglais  i3,  sur  198  heures. 

(1;  HoRN,  Das  hôhere  Schulwesen  der  StaatenEuropas, 


^3744 


lOO  LE   MUSÉE   BELGE. 


120  PRINCIPAUTÉ   DE   LIPPE-SCHAUMBOURG. 

Le  gymnase  de  Buckebourg  se  bifurque,  dès  la  4*  année,  en  gymnase^ 
proprement  dit  et  en  réalgymnase.  Notons  que  les  premières  années 
ou  années  communes,  on  enseigne  le  latin,  à  raison  de  8  heures  par 
semaine  et,  à  partir  de  la  3«  année,  le  français.  Nous  retrouvons  la 
même  organisation  dans  le  gymnase  Ernestinum  à  Gotha  et  dans  le 
Katharineum  à  Lubeck. 

l3o  VILLE  LIBRE  DE  HAMBOURG. 

fo  Au  gymnase,  l'anglais  est  obligatoire  pendant  les  quatre   «der- 
nières années. 

^^  Le  réalgymnase  ne  commence  le  latin  que  la  4®  année;  il  enseigne 
le  français  dès  la  première  année,  et  Tanglais  dès  la  troisième  année. 

30  L'école  réale  enseigne  comme  première  langue  le  français    ou 
Fanglais. 

IL  -  AUTRICHE. 

a)  Le  gymnase  autrichien  a  huit  années,  et  Page  requis  pour 
l'admission  est  10  ans. 

Les  auteurs  latins  sont,  en  3«  :  Cornélius  Népos.  quelques  vies,  ou 
un  choix  de  passages  de  Quinte-Curce  ;  en  4*  :  César,  Guerre  des 
GauleSy  3  livres,  Ovide;  en  5«  :  Tite-Live,  le  livre  I  et  le  2i«  ou  le 
22%  ou  des  passages  importants  se  rapportant  à  la  lutte  entre  les  patri- 
ciens et  les  plébéiens  ;  Ovide,  extraits  des  Métamorphoses  et  des 
Fastes;  en  6",  Salluste,  Jugurtha  ou  Catilina;  Cicéron,  f"  Catili- 
naire;  César,  Guerre  civile;  Choix  d^églogues  et  de  passages  des 
Géor giques y  Enéide  ;  en  7^,  Cicéron,  au  moins  deux  discours,  un 
petit  dialogue  ou  un  extrait  d'un  grand  ;  Virgile,  Enéide  ;  en  8«  r 
Tacite,  la  Germanie  (1-27),  et  passages  assez  étendus  des  Annales  et 
des  Histoires^  ou  bien  de  Tun  de  ces  deux  ouvrages  ;  Horace,  choix 
d'odes^  d*épodeSy  de  satires  et  â'épttres. 

Les  auteurs  grecs  sont,  en  5«,  donc  après  deux  années  d'études  : 
Xénophon,  Anabase  ou  une  chrestomaihie  faite  avec  les  œuvres  de 
Xénophon;  Homère,  Iliade,  passages  choisis,  deux  ou  trois  chants; 
en  6^y  passages  choisis  de  VIliade,  cinq  ou  six  chants  ;  Hérodote,^ 
les  points  principaux  de  l'histoire  des  guerres  médiques,  cursive- 
ment  Xénophon  ;  en  7^,  trois  ou  quatre  petits  discours  politiques  de 
Démosthène;  passages  choisis  de  VOdyssée,  six  livres;  en  8«,  Platon,. 
YApologie  de  Socrate^  deux  petits  dialogues  (par  exemple,  Criton^ 
Lâches,  Euthyphron^  Lysis,  Charmides)  ou  un  grand  dialogue,  par 
exemple  Protagoras,  Gorgias,  une  tragédie  de  Sophocle,  et  éventuel- 
lement continuation  de  la  lecture  de  YOdvssée. 

Voici  le  plan  d'études  : 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 


lOl 


GYMNASE  DfPfolEUa 

GYMNASE 

BUPÉRIEim 

I 

H 

ÏIÏ 

IV 

V 

VI 

VII 

VU! 

Total 

Rdigion 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2(3) 

i6  (17) 

Latin 

8 

8 

6 

6 

6 

6 

5 

5 

5o 

Grec 

— 

— 

5 

4 

5 

5 

4 

5 

28 

AUemand 

4 

4 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

26 

3 

4 

3 

4 

3 

4 

3 

3 

27 

Madbématiques 

3 

3 

3 

3 

4 

3 

3 

2 

24 

Hîstotre  naturelle 

2 

3 

2 
au  second 
semestre 

— 

■2(3) 

2 

— 

— 

9(io> 

Pfayûque 

— 

— 

2 

an  premier 

semestre 

3 

"~ 

— " 

3 

3 

lO 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

2 

4 

Total 

33 

23 

24 

25 

25 

25 

25 

25 

194 

— 

— 

— 

— 

(26) 

— 

— 

(26) 

(196) 

A  ces  heures  viennent  s'en  ajouter  d*autres,  qui  ne  sont  pas  obliga- 
toires dans  tous  les  gymnases,  4  heures  de  dessin  en  I«,  II*,  III«  et 
1V%  I  heure  de  calligraphie  en  1*  et,  éventuellement,  en  11%  et  2  heures 
de  gymnastique  dans  toutes  les  classes. 

Sont  relativement  obligatoires  ou  libres  les  langues  du  pays,  le 
français  et  l'anglais,  le  dessin  à  main  levée  dans  les  classes  supérieures, 
le  chant  et  la  sténographie. 

G)mme  on  le  voit,  le  grec  est  enseigné  dès  la  troisième  année  ; 
aucune  langue  vivante  n'est  obligatoire,  et  la  propédeutique  philoso- 
phique obtient  4  heures. 

b)  LE  RÉALGYMNASE. 

Le  réalgymnase  n'est  qu'un  u  gymnase  inférieur  »  modifié  ;  le 
dessin  à  main  levée  est  obligatoire  ;  l'histoire  naturelle  gagne  une  heure 
en  i^  et  en  2«  au  détriment  de  lallemand  ;  le  grec  est  remplacé  par 
nne  langue  vivante,  d'ordinaire  le  français.  Ces  quatre  années  servent 
de  base  à  un  gymnase  supérieur  et  à  une  école  réale  supérieure. 

c)  UECOLE  RÉALE. 

La  réalschule  a  sept  années,  dont  4  pour  l'école  réale  supérieure  et 
3  pour  l'école  réale  supérieure. 


X02 


LE    MUSÉE   BELGE. 


Le  certificat  de  tnaturité  du  gymnase  est  requis  pour  Tadmission 
<lans  une  Université  et  dans  d'autres  établissements  d'instructioo 
supérieure;  toutefois  pour  fréquenter  les  cours  d'une  École  spéciale, 
on  doit  subir  un  examen  supplémentaire  sur  la  géométrie  descriptive 
et  le  dessin  à  main  levée. 

Le  certificat  de  maturité  de  l'école  réale  ouvre  l'accès  des  Écoles 
spéciales.  Les  porteurs  de  ce  certificat  ne  sont  admis  à  T Université 
que  s'ils  subissent  un  examen  supplémentaire  sur  le  latin,  le  grec  et  Li 
propédeutique  philosophique,  devant  une  Commission  d'examens 
spécialement  instituée  dans  les  villes  universitaires.  Cependant  ils  ne 
sont  autorisés  à  le  subir  qu'un  an  après  l'obtention  du  certificat  de 
maturité. 

ni.  —  HONGRIE. 

La  Hongrie  possède  deux  types  d'établissements  secondaires,  le  gym- 
nase classique  et  l'école  réale,  comportant  l'un  et  l'autre  huit  années 
d'études.  L'âge  d'admission  est  de  dix  ans. 

a)  LE  GYMNASE. 


Religion 

Hongrois 

Latin 

Grec 

A  la  place  du  grec 

Allemand 

Histoire 

Géographie 

Histoire  naturelle 

Physique 

Mathématiques 

Dessin  géométrique 

Propédeutique  philosophique 

Écriture 
Gymnastique 

Total 


I 

[I 

ni 

IV 

V 

VI 

VII 

vm 

Total 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

5 

5 

4 

4 

3 

3 

3 

3 

3o 

() 

6 

T) 

6 

6 

5 

5 

4 

44 





— 

5) 

5) 

5) 

4) 

— 

— 

— 

— 

J 

5) 

s! 

j 

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— 

— 

4 

3 

3 

3 

3 

3 

«9 



— 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

18 

3 

3 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

8 

2 

2 

— 

3 

3 

3 

4 

4 

i3 

8 

4 

4 

3 

3 

3 

4 

3 

2 

26 

3 

3 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

10 

1 

i 

-~" 

_ 

"~~ 

"^ 

*"" 

3 

3 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

28 

28 

28 

28 

3o 

3o 

3o 

3o 

233 

PARTIE    PEDAGOGIQUE. 


io3 


Depuis  1890,  le  grec  est  facultatif  :  il  est  remplacé,  éventuellement, 
par  la  lecture  de  classiques  grecs  traduits,  Thistoire  de  la  littérature  et 
de  Part  grecs,  et  par  Tétude  de  poètes  épiques  et  d'historiens  hongrois. 
Le  grec  est  obligatoire  pour  les  jeunes  gens  qui  se  destinent  à  la 
théologie,  à  la  philologie  et  à  l'histoire. 

Le  français  est  facultatif. 

Dans  quatre  classes,  V-VIIl,  on  donne  le  dessin  en  le  rattachant  à 
rhistoire  de  Tart. 

b)  L'ÉCOLK  RÉALE. 


I 

II 

III 

IV 

V 

VI 

Vil 

VIII 

Total 

Religion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

Hongrois 

5 

5 

3 

3 

3 

3 

3 

3 

28 

Allemand 

5 

5 

3 

3 

3 

2 

2 

2 

23 

Français 

— 

— 

3 

5 

4 

3 

3 

4 

24 

Histoire 

— 

— 

2 

3 

3 

3 

3 

3 

t? 

Géographie 

3 

3 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

8 

Histoire  naturelle 

2 

2 

— 

— 

3 

3 

— 

— 

10 

Chimie  et  minéralogie 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

2 

— 

8 

Physique 

— 

— 

2 

2 

— 

— 

4 

4 

12 

Mathématiques 

4 

4 

3 

4 

5 

4 

4 

3 

3i 

Dewtn  çféométrique  et  géométrie 
descriptive. 

4 

4 

2 

2 

— 

3 

3 

2 

20 

Dessin  à  main  levée 

— 

— 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

12 

— 

— 

- 

- 

— 

- 

— 

3 

3 

Échiure 

1 

1 

— 

— 

— 

— 

— 

— 

2 

Gymnastique 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

16 

Total 

28 

28 

28 

28 

3o 

3o 

3o 

3o 

232 

Un  enseignement  facultatif  du  latin  peut  être  établi  dans  les  quatre 
classes  supérieures.  En  outre,  le  chant,  la  sténographie  et  l'hygiène 
sont  ici,  comme  au  gymnase,  des  branches  facultatives. 

En  rendant  le  grec  facultatif  dans  les  gymnases  et  en  établissant  des 
cours  facultatifs  de  latin  dans  les  écoles  réaies,  on  a  tendu  à  rapprocher 
les  deux  types  d'enseignement.  M.  Finaczy,  le  pédagogue  hongrois 
bien  connu,  a  voulu  pousser  plus  loin  cette  pensée  d'unification  et 


I04  LE   MUSÉE  BELGE. 


a  présenté  à  la  commission  d'enquête  un  projet  ainsi  conçu  (i)  :  i^  l^cs^ 
gymnases  et  les  écoles  réaies  seront  remplacés  par  des  écoles  d'ensei- 
gnement secondaire  où  Ton  enseignera  des  matières  obligatoires  pour* 
chaque  élève  et  des  matières  à  option  ;  2^  les  matières  obligatoires 
seront  :  a)  l'instruction  religieuse  et  la  morale,  b)  langue  et  littéra- 
ture hongroises,  c)  langue  et  littérature  latines,  d)  langue  et  littérature 
allemandes,  e)  histoire  de  Hongrie,  f)  histoire  universelle,  g)  géogra  - 
phie,  h)  histoire  naturelle,  i)  mathématiques,  k)  physique,  l)  dessin  à 
main  levée;  m)  philosophie,  n)  gymnastique;  dans  les  établissements 
dont  la  langue  de  renseignement  n*est  pas  le  hongrois,  on  ajoutera  la 
langue  et  la  littérature  de  la  nationalité  (rouniain,  allemand,  slave)  ; 
3<>  outre  ces  matières  obligatoires,  chaque  établissement  qui  a  plus  de 
quatre  classes,  doit  enseigner  au  moins  deux  matières  à  option.  Ces 
matières  sont  :  a)  langue  et  littérature  grecques,  b)  langue  et  littéra- 
ture françaises,  c)  langue  et  littérature  anglaises,  d)  langue  et  littéra- 
ture italiennes,  e)  géométrie  descriptive,  f)  chimie  ;  49  chaque  élève 
doit  choisir  une  de  ces  matières  pendant  le  second  cycle  de  ses  études 
(de  la  V«  à  la  VIII«  classe),  cependant  cette  matière  ne  fera  pas  partie 
de  Texamen  de  maturité;  5"  le  nombre  des  heures  est  fixé,  pour  le 
premier  cycle  (de  la  !«  à  la  IV«  classe),  à  26  aU  maximum,  dans  le 
second  cycle  à  28  au  maximum,  non  comprises  les  heures  consacrées 
à  la  gymnastique  et  aux  jeux  ;  6°  Texamen  de  maturité,  quelle  que 
soit  la  matière  à  option  choisie  par  l'élève,  donne  droit  d'accès  à 
toutes  les  écoles  Renseignement  supérieur.  Actuellement  le  certificat 
des  gymnases  ouvre  l'Université;  celui  des  écoles  réaies  les  Écoles 
spéciales. 

Ce  projet,  soumis  à  la  commission  d'enquête  au  mois  de  janvier 
1906,  a  été  rejeté  par  la  majorité. 

IV.  —  GRAND-DUCHÉ  DE  LUXEMBOURG. 
a)  LE  GYMNASE. 

Les  \t<ions  facultatives  sont  :  le  chant  (2  heures,  en  VU*  et  en  VI«), 
le  dessin  (2  heures,  en  V«,  IV«  et  III«;  une  heure,  en  Ils  et  3  heures 
en  I«).  la  gymnastique  (2  heures  en  V«-le),  l'anglais  (2  heures  en  III« 
et  Il«),  l'escrime  (5  heures  en  1«). 

En  résumé,  il  y  a  sept  années  de  latin  et  cinq  années  de  grec.  Seuls 
l'allemand  et  le  français  sont  obligatoires;  l'anglais  est  facultatif. 

(1)  Voir  J.  Ko  NT,  La  réforme  de  l'enseignement  secondaire  en  Hongrie^  dans  la 
Revue  internationale  de  renseignement^  Si®  vol.  (1906),  p.  433. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 


io5 


Vil 

VI 

V 

IV 

III 

II 

I 

Total 

ReUgion 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

14 

Allemand 

4 

4 

3 

2 

3 

3 

3 

22 

Français 

8 

8 

6 

4 

3 

3 

3 

35 

Latin 

7 

7 

7 

7 

7 

7 

7 

49 

Grec 

— 

— 

5 

5 

4 

4 

4 

22 

Histoire 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

2 

>4 

Géographie 

1 

1 

1 

1 

1 

1 

1 

7 

Calcul    et 

2 

2 

2 

— 

- 

— 

— 

6 

Mathématiques 

— 

— 

— 

3 

4 

4 

4 

i5 

Histoire  naturelle 

— 

— 

— 

2 

2 

— 

— 

4 

Physique  et  chimie 

— 

— 

— 

— 

— 

3 

3 

6 

Dessin 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

4 

Gymnastique 

2 

2 

— 

— 

— 

— 

— 

4 

Total 

3o 

3o 

28 

28 

28 

29 

29 

202 

En  VK  on  lit  le  De  Viris  de  Lhomond;  en  V«,  Cornélius  Népos; 
en  IV«,  outre  Cornélius  Népos,  César,  Guerre  des  Gaules^  I  cl  II,  et 
Phèdre;  en  111%  César,  les  cinq  derniers  livres,  Tile-Live,  XXI,  et 
Ovide,  exuaits;  en  II«,Tite-Live,  XXII,  Salluste,  Catilina,  Enéide,  I, 
II,  VI  et  extraits  des  chants  VIII,  IX  et  XII  ;  en  K«,  discours  choisis 
de  Cicéron  (par  exemple,  les  Catilinaires,  le  Pro  lege  Manilia,  ïcpro 
Milone)^  Tacite,  Germania,  Horace,  odes^  épodes^  satires  et  épUres. 

En  IV«,  on  traduit  des  fables  d'Esope  et  quelques  extraits  de 
Xénophon  (édition  Schenkl);  en  III«,  on  lit  Xénophon,  Anabase,  les 
trois  premiers  livres  et  des  extraits  des  autres  livres  ;  Homère.  Odys- 
sée^ !•«■  chant;  en  II«,  Xénophon,  Helléniques,  I  et  II  ;  Hérodote, 
extraits;  Odyssée,  extraits;  Iliade,  chant  I«**.  en  Ir«,  Démosihène,  les 
trois  premières Philippiques  ;  Thucydide,  extraits;  Lysias  et  Isocrate, 
extraits;  Iliade,  II-XXIV,  passages  choisis. 

L'enseignement  systématique  de  la  grammaire  latine  prend  quatre 
années  :  deux  années  de  lexigraphie,  deux  années  de  syntaxe.  Des 
heures  spéciales  y  sont  consacrées  :  7  heures  en  VII",  3  en  VI«,  4  en 
V«  et  3  en  IV«-  Dans  les  trois  dernières  classes,  on  étudie  la  méthode 
de  la  version  latine  (2  heures  en  Ill«,  i  heure  en  II«  et  I«),  et  on  fait 
des  exercices  de  style  et  des  thèmes  d'imitation. 

L'enseignement  de  la  grammaire  grecque,  qui  dure  quatre  années, 
^st  distribué  comme  pour  le  laiin.  La  cinquième  et  dernière  année  de 
grec,  il  n'y  a  plus  de  grammaire. 


ïo6  LE    MUSÉE   BELGE. 


L'âge  d'admission  est  12  ans,  et  la  préparation  se  fait  à  Técole  pri- 
maire.  Voici  les  matières  de  Texamen  d'admission  en  Vile, 

Doctrine  chrétienne  :  Le  catéchisme  diocésain  et  les  principaux 
faits  de  l'ancien  et  du  nouveau  testament. 

Langue  allemande  :  Lecture  correcte  et  couJante,  et  intelligence 
d'un  morceau  facile  en  prose  et  en  vers;  les  parties  du  discours  : 
déclinaison,  comparaison  et  conjugaisons  ;  reproduction  par  écrit 
d'une  narration  facile. 

Langue  française  :  Lecture  correcte  et  coulante  d'un  morceau 
facile;  connaissance  des  principales  règles  de  la  lexigraphie  :  substan- 
tif (pluriel),  adjectifs  qualificatifs  (féminin  et  pluriel),  article,  adjectifs 
déterminatifs,  pronoms,  verbes  auxiliaires,  les  quatre  conjugaisons 
régulières  avec  les  particularités  orthographiques,  verbes  irréguliers  à 
l'exclusion  des  verbes  défeciifs  et  de  leurs  composés;  traduction  de 
phrases  faciles  de  l'allemand  en  français  et  du  français  en  allemand; 
dictée  facile. 

Arithmétique  :  Numération  des  nombres  entiers  et  des  nombres 
décimaux;  les  quatre  opérations  fondamentales  des  nombres  entiers, 
des  nombres  décimaux  et  des  fractions;  système  métrique;  problèmes 
faciles  sur  la  règle  de  trois  simple  et  la  règle  d'intérêt. 

Le  certificat  de  maturité  ouvre  l'accès  des  u  cours  supérieurs,  section 
des  lettres  ».  Ces  cours  ont  pour  objet  :  le  latin  (explication  d'auteurs 
et  aperçu  de  la  littérature  latine);  le  grec  (explication  d'auteurs);  Talle- 
niaad  (histoire  de  la  littérature  et  explication  des  chefs  du  Xill«,  du 
XVIll®  et  du  XlX*^  siècles);  le  français  (histoire  de  la  littérature,  expli- 
cation de  morceaux  choisis  et  d'auteurs  français;  la  philosophie 
(logique,  psychologie  et  morale;  analyse  et  interprétation  d'ouvrages 
philosophiques);  l'histoire  contemporaine  et  l'histoire  nationale;  les 
antiquités  romaines. 

Les  langues  véhiculaires  sont  l'allemand  et  le  français. 
La  langue  allemande  est  la  langue  véhiculaire  pour  le  catéchisme, 
les  langues  allemande,  grecque  et  latine  (jusqu'en  111^  inclusivement), 
la  langue  anglaise,  l'histoire  (dans  les  trois  classes  inférieures),  la 
géographie  (dans  les  quatre  classes  inférieures)  et  la  philosophie. 

La  langue  française  est  la  langue  véhiculaire  pour  la  bible,  la  langue 
française,  les  mathématiques,  les  langues  grecque  et  latine  à  partir  de 
la  11%  l  histoire  à  partir  de  la  IV%  là  géographie  à  partir  de  la  III«, 
les  antiquités,  l'histoire  naturelle,  la  physique  et  la  chimie. 


PARTIE  PEDAGOGIQUE. 


107 


b)  L'ÉCOLE  INDUSTRIELLE  ET  COMMERCIALE  DE  LUXEMBOURG. 


DIVISION 
INFÉRIEURE 


Religion 

Allemand 

Français 

Anglais 

Calcul 

Mathématiques 

Histoire  naturelle 

Physique 

Chimie 

Histoire 

Géographie 

Écriture 

Dessin 

Chant 

Gymnastique 

Sténographie  et  dactylo- 
Cnphie. 

Comptabilité 

Sciences  commerciales  et 
correspondance  com- 
merciale. 

Droit  commercial 

Mcrcéologie 

Economie 

Total 


VI 

2 
5 

7 
5 


32 


32 


IV 

2 
5 
6 


DIVISION    SUPÉRIEURE 

Cl)  b) 

Section  industrielle      Section  commerciale 


III 

2 
5 
3 
3 


32 


12) 


Total 
12 
26 
3i 
20 


22 

1 

3 

4 


192 


32 


3o 


-2) 


3o 


Total 
12 

25 

3o 
20 


i«S 

I 

10 
1 

3 

3 
»9 

6 

4 
4 


188 


Le  cours  de  calligraphie  a  été  supprimé  en  VI^  et  en  V«,  et  un  cours 
temporaire  de  calligraphie  a  été  créé  pour  les  élèves  dont  l'écriture 
laisse  à  désirer. 


I08  LE   MUSÉE  BELGE. 


Cours  facultatifs  :  Titalien  et  l'espagnol.  De  plus,  il  y  a  un  cours 
accessoire  d'allemand  pour  les  élèves  étrangers,  et  un  cours  accessoire 
pour  les  élèves  qui  n*ont  pas  suivi  le  cours  d^anglais  des  classes  infé- 
rieures. 

L'examen  de  maturité  de  l'école  commerciale  et  industrielle  ouvre 
l'accès  aux  cours  supérieurs^  section  des  sciences  naturelles  ou  sec^ 
tion  des  sciences  mathématiques. 

Les  matières  de  la  section  des  sciences  naturelles  sont  :  la  philo- 
sophie, la  zoologie,  la  minéralogie,  la  géologie,  la  phytologie,  la 
microscopie,  la  physique,  Ja  statique,  la  chimie  minérale,  la  chimie 
organique,  les  manipulations  chimiques  et  l'analyse  chimique. 

Les  matières  de  la  section  des  sciences  mathématiques  sont  :  la  phi- 
losophie, la  géométrie  analytique,  la  géographie  descriptive,  le  calcul 
différentiel  et  intégral,  l'algèbre  supérieure,  l'astronomie,  la  physique, 
la  statique,  la  chimie  minérale,  la  chimie  organique,  les  manipula- 
tions chimiques,  la  chimie  analytique. 

Les  élèves  qui  se  proposent  d*entrer  dans  la  section  comnierciale  ou 
de  quitter  l'établissement  après  la  IVs  sont  dispensés  de  suivre  les 
cours  de  mathématiques  et  de  dessin  qui  sont  remplacés  par  les  cours 
suivants  :  i®  cours  de  mathématiques  pratiques,  2  heures;  2«  éléments 
de  physique  et  de  chimie,  2  heures  ;  3°  arithmétique  commerciale, 
3  heures;  40  notions  élémentaires  de  droit  commercial. 

Les  élèves  qui  quittent  l'établissement  après  la  1V«  classe  pour  se 
vouer  à  une  carrière  pratique  autre  que  celle  du  commerce,  peuvent 
suivre  le  cours  de  dessin  en  remplacement  de  ceux  d'arithmétique 
commerciale  et  de  notions  élémentaires  de  droit  commercial. 

La  langue  française  est  la  langue  véhiculaire  pour  les  branches 
suivantes  :  langue  française,  mathématiques,  sciences  physiques  et 
naturelles,  levé  des  plans,  arithmétique  commerciale,  droit  commer- 
cial, économie  politique  et  mercéologie. 

La  langue  allemanJe  est  la  langue  véhiculaire  pour  les  branches 
suivantes  :  langue  allemande  et  langue  anglaise. 

La  langue  française  et  la  langue  allemande  servent  de  véhicule  à 
l'enseigrement  des  branches  suivantes  :  docirine  chrétienne,  histoire 
et  géographie,  compiabiliié,  sciences  commerciales,  correspondance 
xrommerciale.  (A  continuer,) 


lateinischen  Spraehe,  seinen  Primanern  and  seinen  Stadenten  gewidmet. 

I.  Heft.  Binfùhning  in  die  Stilistik.  Leipzig,  DQrr,  1907.  1  m.  40. 
0.  SCHIAPpOLI,  Metrica  e  proBodit  latina  esposte  seconde  gli  stadi  più  recentii 

Tarin,  I<œselier,  1904.  108  pp. 
0.  SCHNEIDER,  Der  IJealismas  der  HeUeaen  and  seine  Bedeutung  fQr  den 

gymnasialen  Unterricht.  Progr.  Oymn.  Oera,  Th.  Hoffmann,  190Ô. 
J.  SCHMATZ,  Baiae,  Das  erste  Lazusbad  der  Roemer.  I  a.  II  Teil*  Progr.  des 

k.  Neaen  Gymn.  in  Regensburg.  Regensburg,  Sehiele,  1905  et  1906. 
M.  C.  P.  SC3MIDT,  KuKarhistorische  Beitraege  zar  Kenntniss  des  griecliischen 

and  roemiscben  Altertams.  Leipzig,  Dûrr,  1906. 
W.  SCHOTT»  Stadien  zar  Oeschichte  des  Kaisers  Tibenas.  I  a.  II  Haeifte. 

Progr.  des  k.  Neaen  Ojmn.  in  Bamberg.  1904  et  1905. 
O.  SCHRADER.  TotenhochzeK.  Vortrag.  lena,  Costenoble,  1904.  38  pp. 
A.  SCHULTEN,  Vom  antiken  CaUater.  Berlin,  Weidmann,   1906.  44  pp. 

(Hennés,  1906). 
P.  SKOK,  Die  mit  â%a  Saffixen  -Ocum,  -(vium,  -ascum  and  -usoum  gebildeten 

soed/ransoesiachen  Ortsnamen.  Halle  a.  S.,  M.  Niemejer,   1906.   10  m. 

(Beihefte  sar  Zeitschr.  f.  rom.  Phil.,  2  Heft). 
J.  SCHMAUS,  Charakteristische  Zaege  der  ersten  roemiscben  Kaiser  (31  v.  Chr. 

bis  68  n.  Chr.).  Progr.  des  k.  Alton  Oymn.  in  Bamberg.  1905. 
A.  TACCONE,  Bacchilide.  Ëpinici,  ditirambi  e  frammeati  con  introdoiione, 

comento  e  appendice  critica.  Tarin,  Lœacber,  1907.  3  (t.  50,  (CoUezione  di 

classid  greci  e  latini  con  noté  italiane). 
C.  TOSATTO,  De  infiniti?i  historici  asa  apad  Cartiam  Rafum  et  Plorum  et 

Salpiciam  Sereranu  Padoae,  Dracker,  1905.  36  pp. 
y.  TOURNEUR,  Une  monnaie  de  nécessité  des  Bellovaqaes.  Brax.,  Polleanis, 

1906.  13  pp. 
P.  RAOHPAfÎL,  Wilfaelm  von  Oranien  and  der  niederlândische  Aufstand.  I  Bd. 

Mit  eine  Karte.  Halle  a  S.,  M.  Niemeyer,  1906.  16  m. 

A.  SLOMAN,  A  grammar  of  dassical  latin  for  ase  in  schools  and  collèges. 
Londres,  C.  P.  Clay,  1906.  6  sb. 

F.  SMITH,  Die  roemische  Tlmokratie.  Berlin.  G.  Naack,  1906.  3  m. 

E.  ULRIX,  La  légende  de  la  Belle  aa  Bois  dormant.  Brazelles,  Qoenuiere, 

1906.  (Re? ae  Générale.) 
V.  USSANI,  La  qaestione  e  la  critica  del  cosl  dette  Egesippo.  Florence,  Seeber. 

1906  (Eztr.  des  Stadi  iuliani  di  Filologia  classica.  XIV.) 
P.  WERNER,  De  incendiis  arbis  Romae  aetate  imperatoram.  Diss.  Leipzig, 

R.  Noske.  1  m.  60. 
C.  WEYMANN,  Vier  Epigrammen  des  hl.  Papstes  Damasas  1.  Festgabe. 

Manchon,  Lindner,  1905.  1  m.  40. 

G.  WINTFR,  De  mimis  Ozyrhynchiis.  Diss.  inaag.  Leipzig,  Soele  et  C®,  1906. 
H.  WOLF,  pie  Religion  der  alten  Griechen.  Gaetersloh,  Bertelsmann,  1906. 

1  m.  50(0ymn.-Bibl.,  41). 

B.  WOLFF,  Le  siège  de  Laxemboarg  (28  avril  4  juin  1684)  diaprés  des  doca- 
ments  inédits.  Progr.  Laxemboarg,  J.  Beffort,  1905.  52  pp.  4^  et  an  plan. 

B.  ZIEBARTB,  Kaltarbilder  aas  griechiscben  Stâdten.  Leipzig,  Teabner,  1906. 

1  m.  (Ans  Natar  and  Geisteswelt). 
J.  ZWICKER,  De  vocabalis  et  rebas  gallicis  sive  Transpadanis  apad  Vergiliam. 

DiM.  Leipzig,  Graefe,  1905,  1  m.  20. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 
L,  Van  der  Essen^  Angslo  Fumagalli 6t 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 
Antiquité  classique, 

48.  G  Rauschen^  Florilegium  patristrcum  (J,  P.  Waltzing)       .        .        .        .64 

4g,  G.  B.  Coitino,  Nomi  greci  in  Virgilio  (Lç  même) 66 

5o.  R.  Stadthaus,  De  prologis  fabularum  Plautinarum  (A.  Delatte)  .  .  «67 
bi.  S,  B.  Platner,  The  topography  oi  anciept  Rom  (L.  Halkin)  .  .  .68 
53.  R.  Cagnat^  Bibliothèques  dans  Tempire  romain  (P.  Hakin)        .        .        «69 

53.  H,  Schindler,  Praeparationen  zu  den  Institutiones  Justinianî  (J.  Willems)  .    70 

54.  J.  Bach,  Homers  llias  und  Odyssée  (J.  Gessier) 71 

Langues  et  littératures  romanes. 

55.  P.  Bonne/on,  Portraits  et  récits  extraits  des  prosateurs  français  (J.  Fleuriaux)    72 

56.  F.  Klincksieck,  Chrestomathie  de  la  littérature  française  (Le  même)    .        .    73 

Langues  et  littératures  germaniques, 

57.  Th,  Coopman  et  J.  Broeckaert,  Bibliographie  van  den  Vlaatnschen  taal* 
strijd  (A.  De  Ceuleneer) 74 

58.  S.  Singer,  Deutsche  Texte  des  Mittelalters  (H.  BischofiF)    ....    75 

Sg.'il/. //eyne,  Deutsches  Woertcrbuch(Le  môme) 76 

60.  O.  Schrader,  Sprachvergleichung  (C.  Lecoutere) 77 


78 
80 
81 

84 
85 


Varia. 

61.  V.  Braits^  La  Faculté  de  droit  de  Louvaîn  (F.  Côïlard) 

62.  J.  de  Lyris^  Choix  d'une  bibliothèque  (J.  Fleuriaux)  . 

63.  L.  LévX'Bruhl^  La  morale  (A.  Grafé) .... 

64.  B.  Bauch,  Luther  und  Kant  (A.  C.)     .        .        .        . 

65.  E.  Bljnc,  Dictionnaire  de  philosophie  (F.  W.)    . 

Notices  et  annonces  biUiographiqaes. 

66-79.  Publications  de  F.  Cumont,  Dirembcrg  et  Saglio,  Ruelle,  Bodin  et 
Mazon,  Johnston,  Olcott,  Martini  et  Bassi,  Modcstov,  Van  den  Bosch, 
Chantepie  de  la  Saussaye,  Graesse,  Geurts,  Weese.  Die  Simme     .        .        .86 

CHRONIQUE. 

8o-83.  Cours  d'art  et  d'archéologie.  F.  Brunetière.  Programme  du  concours  de 
TAcadémie  royale  (1909).  Projections  lumineuses 91 

PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 
F,  Collard,  L'Enseignement  moyen  à  l'étranger  (suite) 95 


Onzième  année.  —  N«>s  3-4. 


i5   MARS-j5   AVRir,   1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PEDAGOGIQUE 


DU 


MUSEE  BELGE 


REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRBCTION  Dl 


F.  COLLARD 

PROV'iafrk'im  A  l'uNIVKRSITÉ  DB  LOUVAIN 


J    p.  WAL.TZING 

PROFESSEUR  A  L*UNlVER8ITé  DE  UÈGE 


PartlcMiit  tottj  les  mois,  à  l'excepUon  des  mois  d*aoûl  et  do  septembre 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 


20,    RUE   DE   NAXUR,    20 


PARIS 

A.  FONTEMOING 

4,  rue  Le  Goff 


BERLIN 

R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 

Carlstrasse,  ii,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Bischoff;  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Béthune,  Baron  P.,  professeur  à  l'Université  de  Loavain. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
CoUard,  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
De  Ceuleneer,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  h  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Iiecoutere,  Ch.,  professetir  k  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 
Martens,  Ch.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
Mœller,  Ch.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Gand. 
Sencie,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  k  l'Universilc  de  louvain. 
Van  Ortroy.  F.,  professeur  h  l'I^iiversité  de  Gand. 
Waltzing^,  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
"Willems,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
SECRÉTAffiE  :  J.  P.  "WAL.TZING,  9,  rue  du  Parc,  k  Liè^e. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M.  J.  P.  Waltzing^,  professeur 
à  V  Université  de  Liège,  9,  rue  du  Parc,  Liège, 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  F.  GoUard, 
prolessjur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold,  22,  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
ncmment  est  fixé  k  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  W  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  k  M.  Gn.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  dix  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  k  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisolromeiity  les  abonnés  pourront  se  procurer  une 
ou  plusieurs  de  ces  dix.  années  au  prix  de  T  fk*«  SSO  par 
année*  le  port  en  eus. 


Onzième  année.  —  N^»  3-4.  i5  Mars- 1 5  Avril  1907. 

Bolletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


MÉLANGES. 


Le  Musée  Belge  a  été  fondé  pour  favoriser  le  développement  et  le  • 
progrès  des  études  classiques  ;  il  porte  un  intérêt  spécial  à  toutes  les 
questions  d*enseigoement  moyen.  C'est  pourquoi  il  s*empresse  de  repro- 
duire le  manifeste  adressé  à  M.  le  Ministre  de  Tlnstruction  publique,  par 
environ  200  professeurs  de  nos  quatre  universités  et  par  plus  de  1500  pro- 
fesseurs des  athénées  et  collèges,  en  faveur  des  Humanités  gréco-latines. 

POUR  LES  HUMANITÉS  GRÉCO-LATINES. 

l/cDseignement  moyen  subit,  dans  notre  pays,  une  crise  qui  ne 
peut  échapper  à  rattention  de  personne.  Un  plan  de  réforme, 
qui  embrasse  la  totalité  du  programme,  est  actuellement  discuté, 
et  le  rôle  qu'il  faut  assigner  aux  langues  et  aux  littératures  grecques 
et  latines  dans  Téducation  est  mis  en  question. 

Nous  ne  voulons  préjuger  en  aucune  manière  les  décisions  que 
prendra  la  Commission  instituée  pour  étudier  la  réforme  des  Huma- 
nités, mais  nous  croyons  de  notre  devoir  de  faire  connaître  notre 
opinion  sur  la  plus  grave  des  questions  d'enseignement,  le  maintien 
ou  la  suppression  des  Humanités  gréco-latines. 

Nous  ne  nions  en  aucune  façon  que  l'organisation  de  notre 
enseignement  soit  susceptible  de  changements  et  de  progrès  ;  et 
sar  les  détails  de  ces  réformes,  nous  réservons  la  liberté  d'action  et 
d'opinion  de  chacun  des  signataires,  mais  nous  sommes  tous 
d'accord  sur  les  points  suivants. 

Nous  voulons  d'abord  affirmer  notre  foi  absolue  dans  l'efficacité 
des  Humanités  gréco-latines  pour  l'éducation  des  classes  supérieures. 
Noos  avons  la  conviction  profonde  qu'il  importe  aux  intérêts  les 
plus  élevés  de  notre  pays,  à  sa  culture  intellectuelle,  esthétique  et 
morale,  que  la. jeunesse  des  écoles,  destinée  à  constituer  un  jour 
l'élite  de  la  nation,  reste  soumise,  par  l'étude  des  langues  et  des 


IIO  LB   MUSÉB  BBLGB. 


littératures  classiques,  à  Tinfluence  de  la  pensée  littéraire  et  artis 
tique  des  Grecs  et  des  Romains.  Aucun  intérêt  respectable,  pas  plui 
l'intérêt  économique  qu'un  autre,  ne  peut  être  par  là  compromis 
Nous  croyons,  au  contraire,  que  Tabandon  d'un  système  d'éducation 
consacré  par  l'expérience  de  plusieurs  siècles,  serait  un  reçu 
pour  notre  pays.  Nous  demandons  qu'on  n'en  fasse  pas  téméraire- 
ment le  sacrifice,  alors  surtout  que  les  principales  nations  quj 
s'efforcent  d'étendre  leur  influence  économique,  l'Allemagne  e( 
l'Angleterre  par  exemple,  se  refusent  à  trancher  définitivement 
cette  grave  question. 

Le  grand  péril  est  dans  l'esprit  utilitaire,  hostile  à  toute  étude 
vraiment  désintéressée,  et  qui  tend  à  ramener  tous  les  problèmes 
d'enseignement  à  une  valeur  appréciable  en  monnaie.  Sans  doute, 
l'école  doit  préparer  le  jeune  homme  à  la  vie,  mais  à  toute  la  vie, 
et  bien  à  plaindre  seraient  les  nations  où  il  n'y  aurait  plus  d'autre 
idéal  que  l'argent  h  gagner,  où  toute  l'éducation  se  réduirait  à  la 
recherche  des  meilleurs  procédés  pour  s'enrichir,  soit  dans  le  pays, 
soit  au  dehors,  où,  dans  un  but  d'expansion  mondiale,  on  arrêterait 
l'expansion  de  la  science  et  de  l'intelligence. 

A  cette  déclaration  théorique,  nous  voulons  joindre  une  demande 
d'un  ciiractère  pratique.  Sans  nous  occuper  ici  des  détails  d*un 
programme  d'études  ni  de  la  méthode,  nous  demandons  que  le 
programme  des  Humanités  continue  à  tenir  compte  de  l'importance 
essentielle  des  langues  et  des  littératures  grecques  et  latines,  qu'il 
leur  accorde  un  nombre  d'années  et  d'heures  qui  réponde  à  leur 
éminente  valeur. 

Les  soussignés  ont  cru  utile  d'exposer  leur  opinion  en  cette  ma- 
tière à  M.  le  Ministre  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique  et 
de  remettre  une  copie  de  la  présente  déclaration  à  M.  le  Président 
de  la  a  Commission  pour  l'étude  et  l'examen  des  réformes  qu'il 
conviendrait  d'introduire  dans  l'enseignement  moyen  du  degré 
supérieur  ». 

W.  BANG,  professeur  î»  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

L.  BECKER,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

A.  BEHAEGHEL.  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

L.  BECO,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

J.  BIDEZ,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 

P.  BIOURGE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

R.  BODDAERT,  professeur  émérite  à  la  Faculté  de  médecine.  Gand. 

E.  BOISACQ,  professeur  ù  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 


PARTIB  BIBLIOGRAPHIQUE.  fil 


A.  BONDROrr,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

S.  BOflMANS,  professeur  émérite  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

L.  BOSSU,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

L.  BRÊDA,  professeur  à  la  Faculté  technique,  Liège. 

A.  DRICTEUX,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

G  BRtYLANTS,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

A.  CARNOY,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

A.  CASTELEIN,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 

A.  GAUCHIE,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

G.  CE5AR0,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

S.  CHAINEUX,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 

V.  CHAUVIN,  proTesseur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

L.  CLOQUET,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

P.  COLIN  ET,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

Q.  COPPIETERS,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

J.  CORBIAU.  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 

G.  CORNIL,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

E.  CRAHAY,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Liège. 

K.  CUMONT,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 

P.  DAUBRESSE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  liOuvain. 

T.  DEBAISIEUX,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

J.  DE  BBGKER,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

V.  DE  BRABANDERE,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Gand. 

V.  DEBROUX,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres.  Institut  Saint-Louis, 

Bruxelles. 
G.  DE  BRUYNE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 
A.  DE  GEULENEER,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 
J.  DE  GOGK,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 
U.  DE  DORLODOT,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 
II.  DEFOURNY,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 
H.  Dc  GREEF,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Namur. 
M.  DELAGRE,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 
W.  DE  LA  ROYÈRE,  professeur  à  TËcole  de  Génie  civil  k  Gand. 

C.  DE  LA  VALLÉE  POUSSIN,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

L.  DE  LA  VALLÉE  POUSSIN,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 

L.  DE  LOGHT,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

S.  DEMANET,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

J.  DE3IARTEAU,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres, Liège. 

D.  DE  MOOR,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 
R.  DE  IIUYNCK,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

V.  DENEFFE,  professeur  émérite  à  la  Faculté  de  médecine,  Gaod. 

J.  DENYS,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

S.  DEPLOIGE,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 

P.  DEREUL,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 

E  DE  RIDDER,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Gand. 

J.  DERUYTS,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

A  DESGHAMPS,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Namur. 

A.  DE  SENARCLENS,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Liège. 

G.  DES  MAREZ,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 

H.  DE  STELLA,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

G.  DE  VREESE,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 


112  LB  MUSÉE  BELGB. 


M.  DE  WULP,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvaln. 

F.  DIERCKX,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Namur. 

G.  DUGUET,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 
A.  DUMONT,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 
L.  DUPRIEZ,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 

A.  DUREZ,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 

L.  DUROUSSEAUX,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres.  Institut  Saint-Louis, 

Bruxelles. 
G.  DUSAUSOY,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 
G.  DWELSHAUVERS,  professeur  à  la   Faculté   de   philosophie,  Bruxelles. 

E.  EEMAN,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 
P.  ERRERA,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

A.  FABRI,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 
J.  FORGET.  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

F.  FRAIPONT,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

H.  FRANCOTTE,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

X.  FRANCOTTE,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

T.  FRATEUR,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

L.  FRÉDËRIGQ.  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

P.  FREDERIGQ.  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 

G.  GALOPIN,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Liège. 

F.  GEVAERT,  directeur  du  Ck)nservatoire  royal  de  musique,  Bruxelles. 
A.  GILKINET,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

E.  GILSON,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

G.  GILSON,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

A.  GRAFÉ,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

A.  GRAVIS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

V.  GRÉGOIRE,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

A.  HABETS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

L.  HALKIN,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

E.  HANSSENS,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 
J.  HA  VET,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 
P.  HEGER,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Bruxelles. 

J.  HEMERYCK,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie,  Louvain. 

L.  HENRY,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

P.  HENRY,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

H.  HUBERT,  professeur  k  la  Faculté  technique,  Liège. 

M.  HUISNAN,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 

M.  IDE,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

F.  JANSSENS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

G.  JUUN,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,'  Liège. 

F.  KAISIN,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

F.  KEELHOFF,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

J.  KRUTWIG,  professeur  k  la  Faculté  technique,  Liège. 

A.  KUGENER,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 

P.  LADEUZE,  professeur  k  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

A.  LAMEERE,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Bruxelles. 

J.  LAMINNE,  professeur  k  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

M.  LAURENT,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

H.  LEBOUGQ,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

L.  LEGLËRE,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  Il3 


C  LSCOUTERE,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Lou?ain. 

F.  LEFEBVRE,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

T.  LCFORT,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

.L.  LEGRAND.  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

A.  LEMAIRE,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

R.  LEMAIRE,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

E  LEPLAE,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

N.  LEQUARRÉ.  professeur  émérlte  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

M.  LOHEST,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

H.  LONGHW,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  letti'es,  Bruxelles. 

F.  LUCAS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Namur. 

R.  MAERE,  professeur  k  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

Lu  HABILLE,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 

£.  MAHAIM,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Dège. 

L.  MALOU,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 

J.  MANSION,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

£.  MASOIN,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

V.  MASIUS,  professeur  émérite  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

J.  MEEUWISSEN,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

A.  MEUNIER,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

L.  MEURIGE,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

G  MICHEL,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

C  MOELLER,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

P.  NOLF,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

0.  ORTU,  professeur  émérite  de  r  Université,  Liège. 

L.  PARMENTIER,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 

J.  PIERAERTS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

F.  PLATEAU,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

H.  PONTUIËRE,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

L.  PREUD*HOMME,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 

F.  PUTZEYS,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

F.  RANWEZ,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

E.  REM  Y,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

A.  ROERSCH,  chargé  de  cours  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 
A.  ROLIN,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Gand. 

G.  ROMMELAERE,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Bruxelles. 

A.  SCBARPË,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

F.  SCUIFFERS.  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

R.  SCHOCKAERT,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 

J.  SENCIE,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Louvain. 

J.  SERVAIS,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

N.  SIBENALER,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

\V.  SPRING,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

A.  SWAEN,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

A.  THEUMS,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

F.  T1IIRY,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Liège. 

F.  TILHAN,  professeur  k  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Namur. 

P.  TROISFONTAINES,  professeur  k  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

C   VAN  BAMBEKE,  professeur  émérite  k  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

E.  VAN  BENEDEN,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Liège. 

J.  VAN  fil£R\XIET,  professeur  k  la  Faculté  de  droit,  Louvain. 


114  ^^   MUSÉE   BELGE. 


G.  VAN  DEN  BOSSGHE,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Gand. 

L.  VAN  DER  HAEOHEN,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres.  Gaud. 

G.  VAN  DER  MENSBRUGGHE,  professeur  émérite  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

E.  VAN  DER  REST,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

P.  VAN  DURME,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

D.  VAN  DUYSE,  professeur  a  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

E.  VAN  ERMENGEM,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 
A.  VAN  GEHUGIITEN,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 
A.  VAN  IIOONACKER,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

H.  VAN  liOUTTE,  chargé  de  cours  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Gand. 
A.  VAN  HOVE,  professeur  à  la  Faculté  de  théologie,  Louvain. 

F.  VAN  IMSCHOOT,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

F.  VAN  ORTROY,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

J.  VAN  RYSSELBERGHE.  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

P  VAN  WETTER,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Gand. 

M.  VAUTUIER,  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

L.  VERHELST,  professeur  k  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 

A.  VERMEVLEN,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 

G.  VERRIEST,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Louvain. 
G.  VERRIEST,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Louvain. 
G.  VERSTRAETEN,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Gand. 

A.  voii  WINIWARTER,  professeur  à  la  Faculté  de  médecine,  Liège. 

J.  VOSTERS,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  institut  Saint-Louis, 

Bruxelles. 
J.  WALTZING,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Liège. 
A.  WiLLEMS,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Bruxelles. 
J.  WILLE3IS.  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Liège. 
L.  WODON,  professeur  â  la  Faculté  de  droit,  Bruxelles. 

F.  WOLTERS,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences,  Gand. 

G.  WOLTERS,  administrateur-inspecteur  honoraire  de  l'Université,  Gand. 

M.  ZECH,  professeur  à  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres,  Institut  Saint-Louis,  Bruxelles. 

COLLÈGE  SAINT-JOSEPH,  AERSCHOT  :  MM  A.  Raeymaekers,  J.  Van  Aerden,  F.  Glaze- 
makers,  J.  Hallez,  J.  Hammenecker,  F.  De  Jong,  J.  Berghmans,  professeurs. 

COLLÈGE  SAINT-JOSEPH,  ALOST  :  MM.  Ed.  Marchai,  recteur  ;  Ch.  Taepper,  J.  Van 
Eecke,  J.  Nieuwenhuyzen,  P.  Lallemand,  E.  Fleerackers,  Ch.  De  Visser,  F.  Gillemon, 
Ev.  Bauwens,  P.  Ottevaere,  J.  L'Hôte,  H.  Demain,  E.  Van  Hoof,  A.  Debil,  A.  Verwimp, 
L.  Ilumbiet,  professeurs. 

COIXKGE  NOTRE-DAME,  ANVERS  :  MM.  L.  Serigiers,  recteur  ;  A.  Jaspers,  A.  Boone, 
J.  Pouitens,  A.  Grootaert,  J.  Goetstouwers,  R.  Mortier.  A.  Acart,  F.  Dwelshauwers. 
S.  De  Visser,  A.  Prop,  J.  Jacobs,  A.  VVaterkcyn,  F.  Vandamme,  C.  Van  Wymeersch, 

D.  Schurmans,  professeurs. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL  SAINTJEAN  BERGHMANS,  ANVERS  :  MM.  Kinon,  directeur; 

E.  Aerts.  V.  Leclef,  E.  Anciaux,  F.  Van  Uoeck,  A.  Van  Langendonck,  L.  De  Coster, 
G.  Glénisson.  L.  Van  Loey,  E.  Jansscns,  J.  Lcfever,  C.  Elebaers,  A.  Bruynsecls, 
J.  Lauwers,  professeurs  et  surveillants, 

INSTITUT  SAINT-IGNACE,  ANVERS  :  MM.  F.  De  Cleyn,  supérieur;  A.  Wunsch,  F,  Torfs, 
J.  Hardy,  A.  Slracke,  J.  Dykmans,  F.  Schepens,  L.  Campens,  J.  Van  Caster,  J.  Schul, 
Th.  Brulin,  S.  Vermculcii,  Th.  Beernaert,  A.  Van  Campenhout,  C.  Druyls,  J.  Charles, 
P.  Dassonvllle,  R.  Wachtelacr,  J.  Wachlelaer,  J.  Busschots,  J.  Berghmans,  professeurs. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  ARLON  :  MM.  O.Terfve,  préfet  des  études;  M.  Brosius,  J.-J.-A.  Ber- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Il5 

trand,  V.  Birnbaum.  A.  Le  Roy.  P.  Altenhoven.  N.  Warker,  J.-J.  Van  Dooren, 
A.  NoUet,  P.  Haine,  J.  Schock,  E.  Kayser,  J.  Sandler,  J.  Fabritius,  A.-L.  Legrand, 
G.  Kaiisbausen.  J.  Kayser,  F.  De  Bougne,  professeurs  et  surveillants. 
1>LLKGE  ÉPISCOPAL,  ATH  :  MM.  A.  Saubain,  directeur;  E.  Besengez.  préfet  des 
études  ;  J.  Delnesle,  A.  Dolphens,  A.  Crépin.  A.-J.  Monvoisin,  N.  Delcroix,  L.  Kamps, 
O.  ilaaroy.  J.  Glautriau.  A.  Donckerwolcke,  Gh.  Van  de  Wattynes,  L-  Lenoir, 
L    Meunier.  0.  Alsteen,  professeurs. 

OLI.KGE   SAINTE-MARIE,   AUOENARDE   :   MM.    A.    Van    Herrewege,    supérieur: 

F.  D'Hollander.  E.  Verrue,  J.  Walters,  P.  De  Handschutter,  B.  Wauters,  H.  De  Wetter, 

C.  Dauwe,  I.  Loof.  J.  Vander  Vennet,  G.  Van  Hoorebeke,  P.  Van  Driessche,  professeurs 

«*t  surveillants. 

•ETIT  SÉMINAIRE.  BASSE- WAVRE  :  MM.  J.  De  Raedt,  supérieur;  L.  Dupuis,  L.  Mayné, 

H.  Fraipont,  L.  Doyen,  A.  Godts,  J.  Van  Engeland,  L  Govaerts,  E.  Leirs,  J.  Van  Lan- 

gendoiick,  A.  Detbiëge,  J.  Van  Reusel.  J.  Allard,  G.  Pietquin,  professeurs. 

PEl  IT  SÉMINAIRE.  IIASTOGNE  :  MM.  J.-B.  Jacques,  supérieur  ;  Gonrotte,  J.  Flamion, 

G.  Bouchât,  A.  Arend,  N.  Wagner,  A.  Petit.  L.  André,  E.  Depierrcux,  G.  Lifrange, 

J.  Claude,  A.  Pochet,  fl.  Noël,  V.  Enclin,  J.  Kimus,  Bossart,  professeurs  et  surveillants. 

COLLEGE  COMMUN \L,  BEERINGEN  :  MM.  E.  Nulen§,  directeur;  E.  SmeeU,  P.  Rubens, 

J.  Winants,  V.  Lemmens,  L.  Denis,  Th.  Glaessens,  Th.  Gos,  professeurs. 
COLLEGE  ÉPISCOPAL,  BINCHE  :  MM.  J.  De  Meester,  directeur;  Th.  Bondroit,  préfet 
des  études,  L.  Deroubaix,  F.  Fleurquin,  P.  Bourgeois,  Gh.  Daubresse,  J.  Gorlia, 
J.  Liétar,  G.  Piron,  E.  Suys,  Gh.  Van  Bever,  professeurs. 
PETUSÉMINAIRE,  BONNE-ESPÈRANGE.MM.  V.  Garlier,  président  ;  E.  Derume,  préfet  des 
étades  ;  A.  Grégoire,  A.  Labeau,  P.  Delforge,  L.  Braeckman,  P.  Fauconnier.  P.  Lonfils, 
A.  Lesire,  A.  De  Meester,  H.  Dupont,  I.  Penninck,  A.  Goquiart,  H.  Legrain,  V.  Scohier, 
F.  De  Bruxelles,  0.  Daumont,  F.  Gilmant,  H.  Petit,  V.  Schollaert,   E.  Golson, 
C.  Dehauffe,  A.  Delroisse,  J.  Ypersiel,  J.  Alard.  L.  Deblocq,  E.  Deneufbourg,  J.  Scohier. 
COLLEGE  NOTRE-DAME,  BOOM  :  MM.  J.  Sceldrayers,  directeur;  J.  Raeymaekers, 
F.  Jacobs,  L.  Meerls,  G.  Jansen,  J.  de  Rooy,  V.  Janssens,  G.  Van  den  Ven,  J.  Devos, 
J.  De  Wachter,  professeurs. 
COLLEGE  COMMUNAL,  BOUILLON  :  MM.  R.  Forlemps.  préfet  des  éludes  ;  Lycops, 
M.  Fontaine,  Ant.  Stappers,  J.  Hardy,  J.  Galozet,  V.  Van  Keymeulen,  E.  Charles, 
C.  Cordier.  professeurs. 
COU.ÈGE ÉPISCOPAL,  BRÉE  (LIMBOURG)  :  MM.  F.  Goffin,  directeur;  H.  J.  Moonen, 

E  Put,  G.  Vrancken,  J.  Forlemps,  P.  Kubben,  professeurs. 
ATHÉNÉE  ROYAL,  BRUGES  :  MM.  0.  Adant,  préfet  des  études  ;  Em.  Slaes,  Em.  Son- 
nevillc,  J.  De  Meyere,  L.  Paulus,  A.  Van  den  Hove,  F.  Sosset,  A.  Baugniet,  Edm.  Chot, 
A.  Fonte>Tie,  professeurs  et  surveillant. 
ATHÉNÉE  ROYAL.  BRUXELLES  :  MM.  F.  Séverin,  H.  Dupont,  E.  Hamels,  D.  De  Moor, 
E.  Godineau,  M.  Mirgain,  E.  Loos,  H.  Lonchay,  F.  Philippens,  professeurs  et  surveil- 
lants. 
1:^ST1TUT  SAINT-BONIFACE,  BRUXELLES  :  MM.  F.  Schoovaerts,  directeur  ;  A.  Van 
Leeuw. préfet  ;  J.  Decorte,  P.  Renkin,  R.  Baeckelmans,  L.  Cleeremans,  W.  Helsmoortel, 
L.  Arendt,  L.  Gaeymaex,  L.  Raty,  R.  Maes,  IL  Gevers,  S.  Scalais,  G.  Kempenaers, 
J.  Gollin,  0  Heuninckx,  Gh.  Constant,  P.  Damiens,  J.  Aertssens,  J.  Fierens,  J.  Key- 
molen,  professeurs  et  surveillants. 
IXSTITUT  SAINT-LOUIS,  BRUXELLES  :  MM.  F.  Cocheteux,  directeur  ;  A.  Richardson, 
C.  Foulon,  R.  Mary,  Em.  Geets,  A.  Osselaer,  E.  Mottart,  H.  Van  Heraelryck,  A.  Grooy, 

A.  Geeiis,  A.  Corvilain,  G.  Anciaux,  A.  Persenaire,  A.  De  Longueville,  J.  Naulaerts. 
H.  Bellen,  A.  Dacosse,  E.  Steenackers,  F.  Steenackers,  E.  Demeurichy,  P.  de  Clety, 

B.  Ghoiset,  E.  Musette,  0.  Claeskens,  F.  Denaycr,  V.  Eggers,  D.  Hallez,  J.  Jannes, 
professeurs  et  surveillants. 


Il6  LB  MUSÉE  BELGB. 


œUiXÎE  SAINT-MICHEL,  BRUXELLES  :  MM.  J.  De  Vos.  provincial  de  la  (?«  de  Jésus  ; 
Edm.  Leroy,  recteur  ;  J.  DebarveDg,  J.  Melotte,  J.  Bourseaux,  £.  Taelmao. 
M.  Martial,  E.  Rembry,  A.  Servranckx,  G.  Humenry,  H.  Bosmans,  A.  de  Ghellinck, 
L.  Willaert,  R.  Allard,  I.  de  Pierpoût,  L.  Pira,  P.  Biebuyck,  E.  Lambo,  H.  Vervirr, 
E.  Emonds,  A.  Glouden,  H.  Gelin,  H.  Van  Weyenberghe,  G.  Bruneel,  J.  Gorbisier^ 
A.  Lyon,  N.  Hamés,  professeurs. 

ANCIEN  COLLÈGE  SAINT-MICHEL,  BRUXELLES  :  MM.  C.  Dallemagne,  supérieur  ; 
L.  Van  Bambeke,  L.  Hardy,  A.  Boone,  A.  Francken,  L.  Arnoult,  U.  Delattre, 
P.  Ghion,  E.  Chabeau,  L.  Schovaers,  L.  De  Keyser,  L.  Dejardin,  H.  Cordier,  A.  Chassot  « 
E.  Straven,  N.  Hames,  A.  Hainaux,  E.  Marroyen,  professeurs. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  CHARLEROI  :  R.  GaUet,  J.  Grisard,  N.  Hohiwein,  V.  Hartmann, 
A.  Defoumy,  J.  Pourbaix.  F.  Wagner,  A.  Detourpe,  N.  Malget,  A.  Coulon,  G.  Aussems, 

E.  Crespin,  L.  Gravis,  L.  Bardîaux. 

COLLÈGE  DU  SACRËCOEUR,  CHARLEROI  :  MM.  E.  Looppe.  recteur  ;  Ë.  Renaud, 
A.  Cools,  J.  Brasseur,  E.  Nagant,  Ph.  Palmers,  H.  Huysman,  E.  Verreux,  I.  Dupont, 
G.  Michaux,  J.  Cbarloteaux,  J.  Gilliard,  J.  Fabri,  J.  Wins,  R.  Moreau.  A.  Decbamps, 
A.  Massart,  R.  Sonet,  J.  Philippe,  V.  Cambier,  J.  Rochette,  E.  Barbé,  J.  Sottiaux, 
J.  Dewez,  professeurs. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  CHIMAY  :  MM.  E.  Valentin,  préfet  des  études  ;  V.  Naveau,  Ch.  Bolen, 

F.  Baudouin,  J.  Merten,  E.  Peeters,  E.  Rolland,  M.  Graindor,  J.  Gessler,  S.  Ka;rser, 

G.  Happart,  A.  Rox,  V.  Walsch,  T.  Preud'homme,  Ch.  Ceyssens,  F.  Vanden  Bossche. 
A.  Lamotte,  P.  Frélinckx,  H.  Persien,  professeurs  et  surveillant. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  CHIMAY  :  MM.  H.  Leroy,  principal  ;  G.  Mariage,  préfet  des 
études  ;  A  Sotiaux,  0.  Dufaux.  E.  Biot,  E.  Canivez,  A.  François,  D.  Conreur,  J.  Toriet, 
M.  Juniaux,  0.  Delacollette,  A.  Dupuis,  J.  Mortelmans,  M.  Potiaux,  R.  Daublain, 
J.  Varlet,  M.  Pauporté,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL  SAINT-AMAND,  COURTRAI  :  MM.  C.  Delaere,  principal  ;  G.  Ver- 
schuere,  J.  Eghels,  F.  Dewitte,  C.  Verfaille,  A.  Dederq.  M.  Lefevre,  A.  Bouckaert, 
N.  Nollet,  A.  Breyne,  H.  Callewaert,  A.  De  Keyser,  I.  Boedt,  C.  Houdmont,  J.  Bostyn, 
A.  Dewilde,  C.  Gezelle,  E.  Van  Cappel,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  COMMUNAL,  DIEST  :  MM.  N.  Welter,  F.  De  Wael,  professeurs. 

COLLÈGE  SAINT-JEAN  BERCHMANS,  DIEST  :  MM.  Th.  Verhaegen,  directeur;  J.  Van 
Herck,  H.  Félix,  J.  Van  Noten,  E.  Goemans,  E.  Peeters,  K.  Rommens,  A.  Huypens 
professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  COMMUNAL,  DINANT  :  BiM.  J.  Lecloux,  préfet  des  études  ;  L.  Petit  jean, 
J.  Nollet,  J.  Bastin,  W.  Hoebanx,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  BELLE-VUE,  DINANT  :  MM.  P.  Nicolas,  principal  ;  F.  Bertrand,  J.  Delhise, 
Mahy,  J.  Hames,  E.  Delcour.  E.  Beauloye,  A.  Nonnon,  E.  Burton,  X.  Poty,  L.  Grégoire, 
0.  Pierre,  J.  Sainmont,  C.  Bertrand,  J.  Daiche,  Gérard,  J.  Paul,  A.  Sommelette, 
A.  Tasiaux,  E.  Renard,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  DIXMUDE  :  MM.  S.  Hoel,  principal  ;  V.  Ronse,  Th.  Plouvier, 
F.  Woutermaertens,  C.  Baelden,  A.  Van  Elslande,  R.  Bostyn,  professeurs. 

INSTITLT  SAINT-JOSEPH.  DOLHAIN  :  MM.  G.  Rener,  directeur;  J.  Wermeestcr, 
H.  Valentin,  J.  Toussaint,  H.  Stouten,T.  Huynen,  N.  Nadcnnon,  J.  Clesse,  professeurs 
et  surveillants. 

COLLÈGE  SAINT- VINCENT,  EECJXK)  :  MM.  C  Smet,  supérieur  ;  R.  Brys,  C.  Walckien, 
A.  De  Wulf,  C.  Borreman,  G.  Cornelis,  R.  Van  Waeyenberghe,  R.  De  Vildere, 
H.  Serraris,  T.  Steyaert,  A.  Himschoot,  E.  Pattyn,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  ENGHIEN  :  MM.  0.  Botteldoom,  directeur;  E.  Debacker,  préfet 
des  études  ;  J.  Darlois,  D.  Demarbaix,  E.  Brasseur,  A.  Baudet,  F.  Demaret,  A.  Allart, 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  II7 


A.  Bièvelez,  P.  Otlet,  L.  Mattbys,  A.  Grispeels,  J.  Bauwens,  G.  Gilloteaax,  G.  Plancq, 
A.  Waalhy,  E.  Hennebcrt,  L.  Kcmeghaire,  L.   Pollart,  0.  Ameels,  A.  Florent, 
J.  Lefebvre,  J.  Mascart,  J.  Ladeuze,  A.  Marcq,  U.  Levéque,  J.  Fasker,  J.  Montcnez, 
professeurs  et  surveillants. 
PETIT  SÈBUNAIRE,  FLOREFFE  :  MM.  A.  Robeaux,  supérieur;  G.  Sorée,  E.  Francotte, 
V.  Baseil,  A.  Antoine,  A.  Roland,  L.  Marloye,  L.  Theis,  E.  Mignon,  T.  Tagnon, 
L.  Motus,  L.  Joie,  0.  Pieltin,  E.  Jassogne,  A.  Glosset,  A.  Boucbat,  L.  Lambert, 
V.  Lambert,  E.  Radome,  E.  Glausset,  professeurs  et  surveillants. 
œLLEGE  ÉPISGOPAL,  FURNES  :  MM.  J.  De  Vos,  principal  ;  A.  Hosten,  A.  Bruncel, 
V.  Eesteloot,  J.  De  Visscher,  H.  Tangbe,  R.  Gallewaert,  G.  Sobry,  R.  Rouseré, 
professeurs. 
ATHENEE  ROYAL,  GAND  :  MM.  Eug.  Glevers,  préfet  des  éludes;  L.  Preud'bomme, 
H    Vermander,   L.    Maréchal,  J.    Justice,   J.  Hombert,  E.  Bruyninx,    E.   Soens, 
J.  D.  Lboneux,  G.  Pulin'ckx,  H.  Balieus,  A.  Wygaerts,  E.  Hinderycks,  L.  Gavens, 
E.  Van  Soest,  E.  De  Ville,  professeurs. 
COLLÈGE  SAINTE-BARBE,  GAND  :  MM.  E.  De   Heel,  recteur  ;  0.  Steyaert,  E.  Van 
Hoeymissen,  J.  de  Gheldere,  E.  Dutry,  F.  Mulkens,  Gh.  De  Geusler,  J.  Lauwcreyssens, 
J.  Willem,  G.  Van  den  Broucke,  H.  Rubens,  J.  Van  der  Reydt,  II.  Moris,  H.  Rous- 
seeuw.  Ad.  De  Graef,  professeurs. 
COLLEGE  SAINT-LIÉVIN,   GAND  :  MM.   F.  Vanden    Gheyn,  supérieur;    J.  Tytgat, 
R.  Goetbals,  A.  Scheiris,  A.  Bruggeman,  J.  Sadones,  J.  Beeckman,  M.  Van  Waeyen- 
bergbe,  A.  De  Reu,  0.  Eeckman,  G.  Burm,  P.  Verhelle,  A.  Vandcr  Mynsbrugghe, 
professeurs. 
GOIXEGE  ËPISGOPAL,  GlIEEL  :  MM.  F.  Adriaensen,  directeur;  F.  De  Bie,  L.  Denckens, 
Fr.  Van  Crombruggcn,  A.  Raeymaeckers,  A.  Van  Eepoel.  X.  Peeters,  P.  Van  der  Blolen, 
L.  Van  Roey,  E.  De  Meulder,  FI.  Dom,  Z.  De  Smet,  professeurs  et  surveillants. 
COLLFXÎE  DÉS   JOSÉPHITES,    GRAMMONT  :    MM.  F.  VUeghe,    supérieur    général; 
H.  Baudts,  supérieur;  E.  Baudts,  E.  Scbelfaut,  H.  Ausloos,  A.  De  Wolf,  G.  Douveroux, 
A.  Dcliour,  R.  Kannaerts,  A.  Van  den  E>Tide,  E.  Van  der  Scbueren,  0.  De  Paepc, 
J.  Konz,  L    Dereymacker,  J.  De  Paepc,  A.   Brackenier,  B.  De  Vos,  R.  Vandeven, 
A.  Musschool,  G.  Trémérie,  B.  Schmidt.  St.  Peire,  E.  Plancke,  V.  Gavereel,  G.  Van 
Lommel.  V.  Verstraete,  J.  Van  de  Walle,  Th.  De  Paepe,  U.  Gbarlier,  D.  Gratzbom, 
G.  Rock,  Ranwez,  professeurs. 
COLLEGE  SAINTE-GATHÉRINE,  GRAMMONT  :  MM.  G.  De  Vos,  supérieur  ;  J.  Ryckaert, 
P.  Soens,  E.  Glaus,  G.  De  Graene,  0.  Buysse,  J.  De  Beck,  F.  Bouqué,  B.  Brackelaire. 
A.  Grick,  G.  Van  Puyvelde,  J.  De  Plecker,  A.  Drieghe,  G.  Dufour,  professeurs  et 
surveillants. 
ATHÉNÉE  ROYAL,  IIASSELT  :  MM.  G.  ybbrecht,  préfet  des  études;  M.  J.  Robben, 
E.  Graninx,  G.  Remacle,  Janssens,  F.  Moulin,  L.  Ballet,  E.  Moureau,  E.  Philrppens, 
E.  Dinsart,  E.  Asnong,  M.  Martin,  professeurs  et  surveillants. 
GOU.FX;e  ÉPISGOPAL,  HASSELT  :  MM.   P.    Noelmans,  directeur;  T.  Lambrechts, 
C.  Wauters,  L.  Mélotte,  D.  Glod,  V.  Vranken,  A.  Joris,  P.  Broeckx,  J.  Gcrrits. 
J.  Geurts,  G.  Dcbruche,  L.  Lamproye,  J.  Daenen,  professeurs  et  surveillants. 
œLLÉGE  ÉPISGOPAL,  IIÉRENTHALS  ;  MM.  E.  Laurent,  directeur;  J.  Verschueren, 
A.  Dewinter,  A.  Bulckens,  L.  Kcnnes.  K.  De  Puydt,  A.  Wynants,  J.  Gilis,  J.  Deschutter, 
E.  Dom,  professeurs  et  surveillants. 
COLLÈGE  MARIE-TUÉRÉSE,  HERVE  :  MM.  V.  Simon,  directeur  ;  L.  llans,  H.  Lemairc, 
L.  Quaedvlieg,  M.  Schanck,  II.  Sticners,  G.  Michoel,  G.  Hubaux,  A.  Antoine,  J.  Vreuls, 
A.  Maquinay,  A.  Bonhomme,  M.  Stassen,  J.  Hauseux,  A.  Dôme,  G.  Thomas,  professeurs 
et  surveillants. 


Il8  LE  MUSÉE   BELGE. 


PETIT  SÉMINAIRE,  HOOGSTRAETEN  :  MU.  Aug.  Desmedt,  supérieur;  J.  Jansen,  J.  Van 
Hoeck,  Al.  Walgrave,  Jos.  Hellemans,  L.  Smolderen  J.  Van  Ballaer,  L.  Van  Opstal, 
V.  Raeymaekers,  El.  Vandersijpeii,  J.  Uydens,  0.  Leroux,  Aug.  Van  Doren,  V.  Mceusen, 
T.  De  Bie,  Ëm.  Broes,  E.  De  Schutter,  Al.  Pultemans,  J .  Michielsens,  J.  Doms,  A.  Wyck- 
mans,  B.  Schroyens,  R.  Willems,  professeurs  et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  HUY  .  MM.  J.  Gaye,  préfet  des  études;  L.  Lepage,  P.  Fincœur, 
L.  Janssens,  D.  Cosyns,  A.  Jaspar,  C.  Leclère,  A.  Berland,  H.  Demoulin,  G.  Chintelot, 
J.  Waulers,  A.  Grégoire,  C.  Rouche,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  SAINT-QUIRIN,  HUY  :  MM.  L.  Deseille,  directeur;  L.  Coffart,  E.  l»oukens, 
P.  Monschau,  V.  Conrard,  J.  Feron.  A.  Houyet,  A.  Kersten.  L.  Detry,  J.  Joris, 
N.  Rompff,  J.  Bertrand,  E.  Denis,  J.  Knapen,  Em.  Uack,  professeurs  et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  IXELLES  :  MM.  A.  Buisseret,  préfet  des  études;  V.  Wittmann, 
P.  Monet,  M.  Nicaise,  Ch.  Lambot,  A.  Toppet,  F.  Painparé,  H.  Dumont,  A.  Laustre- 
bourg,  A.  Dolhen,  E.  Boucher,  J.  Nannan,  E.  Sibret,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  KAIN  :  MM.  N.  Saussez,  supérieur;  J.  Dion,  E.  Florent,  préfets 
des  études;  A.  E.  Hannart,  F.  Déléhouzée,  L.  Cogneau,  J.  Gilmant,  J.  Bouvart, 
G.  Heyndrickx,  L.  Wangermez,  L.  Navarre,G .  Wanty,  J.  R.  De  Deurwaerder,  L.  Lahaise, 
E.  Druez,  J.  B.  Waulhy,  A.  Crame,  P.  J.  Debacker,  L.  Detournay,  0.  Dulrieux, 
E  Foucart,  professeurs  et  surveillants. 

INSTITUT  SAINT-JOSEPH,  LA  LOUVIÈRE  :  MM.  J.  Blampain,  directeur  ;  C.  Hontoir, 
préfet  des  études;  C.  Godessart,  G.  Frère,  F.  Dubuisson,  0.  Popeler,  F.  Leroy, 
(i.  Brohée,  L.  Lemirre,  J.  Hublet,  J.  Moreels,  A  Dumoulin,  J.  Farvacque,  L.  Magnie. 
V.  Delalou,  J.  Melon,  L.  Cornil,  A.  Themmen.  F.  Albert,  P.  François,  L.  Deltombe, 
J.  Conreur,  H.  Blampain,  R.  Bauduin,  L.  Dupire,  L  Prudhomm?,  professeurs  et  sur- 
veillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  LIÈGE  :  MM.  A.  Drumaux,  préfet  des  études;  L.  Molitor,  J.  Haust, 
E.  Régnier,  0.  Pecqueur,  A.  Masson,  A.  Listray,  P.  Graindor,  E.  Bernard,  J.  Foidart, 

C.  Noirfalise,  T.  Bouhon,  H.  George,  M.  Vandenrydt,  A.  Blarique,  J.  Hermans,  J.  Leûls, 
J.  Capitaine,  G.  Kemna,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  SAINT-LOUIS,  LIEGE  :  MM.  A.  Renard,  recteur;  J.  B.  de  Géradon,  C.  Lambo, 
P.  Delwaide,  E.  Lermusieaux,  F.  Keyeux.  C.  Neut,  G.  de  Strycker,  L.  Gillet,  A.  Molhant, 
0  Gathy,  B.  Wilkin.  E.  Boulanger,  professeurs. 

COLLÈGE  SAINT-SERVAIS,  UÊGE  :  MM.  C.  Jacobs,  recteur;  C.  Semail, 
J.  Boone,  F.  Brouwers,  V.  Cornet,  P.  Bessières,  M.  Viller,  P.  Casier,  J.  Antoni, 
L.  Mahiat,  T.  Leyhausen,  N.  Hcndriks,  F.  Hinnisdaels,  F.  Thibaux,  E.  Ladmirant, 

D.  Ley,  J  Gavage,  F.  Sterken,  A.  Barreau,  C.  Louwers,  J.  Taepper,  C.  O'Kelly, 
P.  Begasse,  T.  Van  Haeren,  A.  Forget,  F.  Godsseels,  A.  Gulikers,  E.  Tercelin,  L.  Morel, 
J.  Thonon,  J.  Haut,  E.  De  Laet,  F.  Boulanger,  J.  Servais,  J.  Flabat,  L.  Vatriquant, 
P.  Vrfjdaghs,  E.  Lamy,  professeurs. 

COLLÈGE  ÉPISCOPAL  DE  SAINT-GOMMAIRE,  LIERRE  :  MM.  F.  Aerlgeerts,  directeur  ; 
Ed.  Heuvelmans,  L.  Dupont,  A.  Heymans,  L.  Van  der  Auwera,  Goossens,  Jos.  Van  de 
Velde,  D.  Dams,  Th.  Voordeckers,  G.  Simons,  H.  Smolderen,  F.  Van  Ililst,  professeurs 
et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL.  LOUVAIN  :  MM.  Gelders,  préfet  des  éludes  ;  F.  Olten,  L.  Mallinger, 
J.  Gillain,  B.  Vossen.  A.  Bormans,  II.  I^jeune,  J.  Hodru,  J.  Witvrouwen,  V,  Sonder- 
vorst.  H.  Van  den  Eynde,  C.  Weemaes,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  DE  LA  TRÈS  SAINTE  TRINITÉ.  LOUVAIN  :  MM.  E.  Billiau.  supérieur  ;  A.  Van 
Cauwenbcrghe,  A.  Verboke,  J.  Cox.  C.  Van  de  Weghe,  P.  De  Vos,  I.  VVillebroodt, 
A.  Berlot,  R.  Bowles,  0.  Meos,  V.  Van  de  Weghe,  L.  Michaux.  J.  De  Basse,  A.  De  Vuyst, 
L.  Vcrstraelen,  B.  Aigrit,  P.  Kcyaerls,  G.  Van  llaen,  0.  De  Rycke,  J.  Van  der  P« rnn, 
N.  Grégoire,  J.  Willot,  E.  Dumazie,  C.  De  Mey,  F.  Van  Esch,  professeurs, 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  II 9 

œiXÊGE  THÉOLOGIQUE  DE  LA  COMPAGNIE  DE  JÉSUS,  LOUVAIN  :  MM.  E.  Thibaut, 
recUfir;  G.  Lahousse.  A.  de  Villers,  J.  de  Ghellinck,  G.  Huyghe,  F.  Goussens, 
A.  Dumont,  J.  Boller,  S.  De  Hacker,  K.  Jansen,  B.  Lefebvre,  J.  Thirion,  V.  Schaffers, 

E.  Devroye,  V.  Meurs,  J.  Maréchal,  E.  de  Moreau,  F.  Willacrt,  A.  Rœlandts, 
J.  Pauwels,  G.  Schmitz,  professeurs. 

COLLEGE  SAINT-PIERRE,  LOUVAIN  :  MM.  J.  Fleurbay,  directeur;  A.  Jansen,  J.  Petit, 
H.  De  Lantsheere,  H.  De  Vocht,  V.  Desclez,  J.  Bricbaux,  Alph.  Paridaens,  R.  Caret  te, 
U.  Naets,  E.  Maes,  N.  Laddyn.  G.  Noblesse,  J.  Meuldcrs,  G.  Detilleux,  A.  Haemels, 
P.  Michottf ,  i.  Widdershoven,  D.  Dubois,  professeurs  et  surveiliants. 

ATHÉNÉE  ROYAL.  MALINES  :  MM.  J.  Jumpertz,  P.  Iserentanl,  P.  Herbillon,  J.  De 
Gronckel,  R.  Weemaes,  E.  Rome,  G.  Meyer,  P.  Legros,  A.  Colinet,  H.  De  Bruyn, 
L  Maes,  A.  Castin,  professeurs  et  surveillants. 

C»LLEGE  SAINT-ROMBAUT,  MALINES  :  MM.  T.  Janssens,  directeur;  A.  Mortier, 

F.  Tessens,  J.  Bûls,  A.  Van  Meel,  R.  Van  den  Eeckhout,  G.  De  Glerk,  A.  De  Bie,  J.  Van 
Assche,  J.  De  Grool,  J.  Noyon,  E.  Kennes,  E.  Wouters,  G.  De  Prins,  J.  Dclescluze, 
J.  Spruvt,  J.  Pals,  B.  Ilaeck,  E.  Van  Loey,  professeurs  et  surveillants. 

PETIT  SÉMINAIRE.  MALINES  :  MM.  J.  De  Goster,  supérieur  ;  0.  Jeghers,  J.  De  Bie, 
L  Lauwers,  J.  Van  Molle,  J.  De  Smet,  L.  Vermeirsch,  L.  Van  de  Weghe,  G.  Vcrhoeven, 
L.  Gaers,  J.  Van  Oeckel,  J.  De  Nayer,  J.  van  Kerckhoven,  L.  Van  den  Wyngacrl, 
U  Appelmans,  E.  De  Myttenaere,  Op  de  Beeck,  professeurs  et  surveillants. 

INSTITUT  SAINT-REMAGLE,  BIARGHE  :  MM.  L.  Bologne,  directeur;  0.  MillarJ,  L.  Melin, 
E.  Pcrrad,  H.  Molinc,  professeurs. 

ABBAYE  BÉNÉDICTINE,  MAREDSOUS  :  Dom  H.  Casier,  préfet  des  études  ;  H  deMoreau, 
£.  Vandenr,  B.  Lebbe,  0.  Golenvaux,  R.  Proost,  Gh.  Naniot,  H.  Mariage,  G.  Dirks, 
M.  De  Vidts,  A.  Vincart,  professeurs  et  surveillants. 

COLLEGE  DES  JOSÉPBITES,  MEU.E  :  MM.  R.  De  Sadcleer,  directeur;  A.  VVicart, 
préfet  des  études  ;  F.  Massart,  H.  Feytens,  E.  Van  Ilecke,  G.  Moureau,  V.  Mestdag, 
J.  Hermans,  H.  Op  de  Beeck,  H.  Sterckx,  F.  Devyver,  D.  Van  Blaere,  A.  Desmet, 
J.  Jardinet,  G.  De  Loos,  A.  Dirckx,  F.  Maes,  L.  Guddorf,  V.  Maistriaux,  J.  Mathys, 
U.  Ulenaers,  B.  Ditten,  P.  Meers,  J.  Morgan,  Gh.  Gornewall-Jones,  T.  Cambresier, 
Mazy. 

COLLEGE  SAINT-LOUIS,  MENIN  :  MM.  H.  Hollebecq,  principal  ;  G.  Bonté,  A.  Dierick, 
S.  Vande  Weghe,  IL  De  Guypere,  V.  Dereere,  G.  Van  Besien,  A.  Brys,  H.  Van  Cauwen- 
berghe,  P.  Dewaele,  R.  Deryckere,  R.  PoUie,  A.  Poullet,  A.  Meuleman,  professeurs  et 
surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL.  MONS  :  MM.  F.  Marchai,  préfet  des  études  ;  A.  Bocquet,  E.  Lindeman, 
J.  Crowet,  J.  Michot,  L.  Hasey,  E.  Dony,  0.  Stiénon,  A.  Dubois,  E.  Deltombe,  E.  Puis- 
sant, C.  L'hoir,  A.  L*Hoir,  E.  Barbier,  J.  Jarquemotte,  J.  Gabriel,  J.  Ectors.  E.  De- 
paifve,  E.  Fiêvez. 

COLLEGE  SAINT-STANISLAS,  MONS  :  MM.  A.  de  Woutrrs,  recteur;  E.  Capelle,  A.  Fabri, 
P.  Lefèvr^,  J.  Rouzet,  G.  Gomeliau,  P.  Cordier,  J.  Paquot,  H.  Degrelle.  L.  Bacckel- 
nians,  J.  Van  Dorsl,  J.  Gounet,  F.  Deghilage,  A.  Urbain,  A.  Degembe,  A.  Thiran,  A.  De- 
lacollette,  F.  I^uppe,  professeurs. 

COLLEGE  ÉPISCOPAL  SAINT-JOSEPH ,  MOUSCRON  :  MM.  1.  Goemaere ,  principal  ; 

0.  Verstraete,  A.  Caesens,  R.  Caesens,  1.  Dechièvro,  C.  Bondue,  S.  Moulaert,  A.  Vau 

Kerschavcr,  A.  Cattebcke,  C.  Dujardin,  H.  Roedt,  J.  Morel,  B.  Lommez,  professeurs 

et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  NAMUR  :  MM.  S.  Malerm,  L.  Pielte,  F.  Berchcm,  A.  Blarneffe, 

J.  Dossart,  G.  Bolinne,  X.  Mathieu,  A.  Goblet,  E.  Dubois,  J.  Decroupet  A.  Maréchal. 
COLLEGE  N.  D  DE  LA  PAIX,  NAMUR  :  MM.  E.  Procès,  recteur;  H.  Falloii,  E  Lambelin, 


I20  LE  MUSÉE  BELGE. 


E.  Versichèle,  E.  Courtois,  A.  Barbier,  P.  Poncclet,  G.  Dirks,  S.  Meunier,  E.  Loappe, 

A.  De  Vriendt,  L.  Renchoii,  C.  DegrcUe,  P.  de  Vivie,  L.  Sèle,  A.  du  Bourg.  A.  Delc- 

hayc,  D.  Dethy,  L.  Divoy,  A.  Daiche,  H.  Bolgelot,  R.  Bertrand,  V.  Fontaine,  L.  Mar- 

baix,  F.  Kirsch,  E.  Quertinier,  professeurs. 
COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  NIEUPORT  :  MM.  Jos.  Iserbyt,  principal  ;R.  Loyette,  R.  Dupont, 

R.  Cerf,  0.  Lagae,  A.  Desquiens,  Cl.  Scherpereel,  professeurs. 
COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  NLNOVE  :  MM.  F.  De  Ruyck,  supérieur;  J.  Vander  Vennet, 

A.  De  Vos,  L.  De  Wildeman,  A.  Goedertier,  C.  Michiels,  0.  Houlappel,  professeurs. 
COLLÈGE  COMMUNAL,  NIVELLES  :  MM.  S.  Baude,  préfet  des  études;  J.  Thirion, 

L.  Demeur,  J.  Smets,  A.  Tordeur,  E.  Jamsin,  R.  Pittomvils,  E.  Chignet,  F.  Duckerts, 

A.  Mottard.  C.  De  Baere,  professeurs. 
ATHÉNÉE  ROYAL,  OSTENDE  :  MM.  Gilleman,  préfet  des  études;  B.  Maas,  G.  Feytmans, 

H.  Brocka,  P.  Toussaint,  E.  Van  Passel,  J.  Michiels,  J.  Steppe,  E.  Legler,  J.  Macs, 

E.  Willière,  A.  Callens,  F.  Stocq,  J.  Fréson,  L.  Bragard,  F.  Fourmarier,  G.  Lybeer, 

professeurs  et  surveillants. 
INSTITUT  SAINT-LAMBERT,  PEER  :  MM.  1.  Bierkens,  directeur;  A.  Lamotte,  L.  Aerts, 

J.  Sak,  J.  Toppet,  P.  Lemmcns,  professeurs. 
COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  POPERINGHE  :  MM.  J.  Vanderstichele,  principal;  N.  Vroman, 

J.  Dubois.  P.  Candaele,  Edm.  Verhamme,    P.  Vanden   Driessche,   F.  Loosbergh, 

M.  Lammens,  V.  Wyckaert,  M  Lambrecht,  R.  Verduj-n,  E.  Van  Ticghem,  F.  Hondeghem, 

professeurs. 
CCLLÈGE  ÉPISCOPAL,  RENAIX  :  MM.  C.  Poppe,  supérieur;  M.  De  Cock,  0.  Hanssens, 

T.  Muyshondt,  C.  Caltoir,  B.  Van  Eerdenburgh.  professeurs. 
PETIT  SÉMINAIRE,  ROULERS  :  MM.  H.  De  Vroe,  supérieur;  ;e.   De  Wispelaere, 

A.  De  Cuypere,  A.  Dierick,  L.  De  Lcu,  A.  Deroy,  A.  Maes,  F.  Vansteenbrugge,  M.  Dclrue, 

N.  Barbe,  R.  Delaere,   A.  Louwagie.  E.   De  Saegher,  J.  Lobel,  A.  Coussement, 

C.  Braekevelt,  C.  Bourgeois,  C.  Halleux,  J.  Destrooper,  L.  Ketele,  A.  Dumoz,  H.  Callens, 

HuUebusch. 
PETIT  SÉMINAIRE,  SAINT  -  NICOLAS   (WAES)   :   BIM.    R.    De    Groote,    supérieur; 

E.  De  Hovre,  H.  De  Bruyn,  F.  Van  Acoleyen,  S.  Baert,  G.  Faelens,  I.  Pannier. 

L.  Delfosse,  R.  Rosseel,  A.  De  Witle,  J.  Reynaert,  A.  Van  den  Fonteyne,  E.  Strgeant, 

professeurs. 
PETIT  SÉMINAIRE,  SAINT-ROCH  (FERRIÈRES)  :  MM.  J.  Hankcnne,  directeur  ;  L.  Pirard, 

M.  Lamotte,  L.  Wathelet,  L.  Kittel,  E.  Fréson,  M.  Thimister,  G.  Demal,  J.  Hauben, 

J.  Keunen,  M.  Heeser,  H  Peters,  J.  Tillieux,  professeurs  et  surveillants. 
COLLÈGE  COMMUNAL,  SAINT-TROND  :  MM.  A.  Ballings,  directeur;  P.   Géradin, 

Th.  Jadoul,  L.  Champagne,  J.  Vosscn,  M.  Roovers,   J.  Van  Agt,    J.    Vrydaghs, 

A.  Duchateau,  F.  Hoebanx,  A.  Matthys,  J.  Peuskens,  professeurs  et  surveillants. 
PETIT  SÉMINAIRE,  SAINT-TROND  :  MM.  Em.  Bentein,  directeur;  L.  Kerkhofs,  Th.  Thibeau, 

R.  Rulten,  J.  Lenssen,  L.  Schoolmeesters.  F.  Pennings,  J.  Debraz,  A.  Postelmans, 

A.  Frins,  J.  I^avigne.  J.  Peeters,  C.  de  Moffarts,  L.  Leusch,  J.  Leunissen,  professeurs. 
COLLÈGE  SAINTE-MARIE,  SCHAERBEEK  :  MM.  Kips,  directeur;  P.  Hainants,  A.  Zech, 

C.  Van  Ni-spen,  J.   Lens,  H.  De  Groof,  J.  Tastenhoye,  A.   Peeters,  E.  Lacourt, 

G.  Van  Herwegen,  Michiels,  J.   Van  Munster,  R.  Bogacrts,  J.  Botlin,  J.  Rooses, 

H.  Struyven,  professeurs  et  surveillants. 
COLLÈGE  ÉPISCOPAL,  SOIGNIES  :  MM.  E.  J.  Dardenne,  directeur;  A.  Michel,  préfet  des 

études;  J.  Haustrate,  F.  Lambert,  J.  Rayez,  E.  Pottiez.  A.  Guffin,  C.  Fiévez,L  Beernacrt. 

J.  Friart,  F.  Cougnct,  P.  Scarmure,  B.  Venquier,  A.  Caty,  A.  Coignez,  professeurs. 
INSTITUT  SAINT- REMACLE.  STAVELOT  :  MM.  V.  Albert,  directeur;  J.  Barla,  J.  Bastin, 

L.  Roex,  N.  Bissot,  E.  Ahn,  professeurs  et  surveillants. 


PARTIB  BIBLIOGRAPHIQUE.  I2I 


GOLLÊGE  ÉPISGOPAL,  TERMONDE  :  BfM.  De  Rycke,  supérieur;  J.  Van  de  Velde, 
G.  De  Manck,  G.  Cathelyn,  I.  Carié,  G.  Vande  Roy.  B.  Brondcel,  G.  Muyshondt, 
P.  Goppieters,  A.  de  Muynck,  J.  Orban,  A.  De  Mets,  professeurs. 

OOIXEGE  ÈPISCOPAL,  THIELT  :  MM.  A.  De  Poorter.  directeur;  A.  MosUert,  G.  Desmet, 
G.  Valcke,  Ë.  Muylle,  J.  Priem,  Pr.  Moncarey,  R.  Vandenbussche,  A.  Roose,  Jos.  Leleu, 
H.  Blondeel,  FI.  Vermeersch,  Gyr.  Verschaeve,  Ach.  Lauwers,  J.  Kestcloot,  professeurs 
et  surveillants. 

SECTION  D^ATHÉNËE,  THUIN  :  H.  Glacsener,  G.  Beuze,  J.  Quangel,  R.  Tordoir, 
G.  Schmitz,  J.  Ghot,  professeurs. 

COLLEGE  COMMUNAL,  TIRLEMONT  :  MM.  Gh.  Groos,  préfet  des  études;  0.  Melon, 
G.  Lambert.  J.  Renard,  R.  Denys,  A.  Baerts,  F.  Vaes,  Th.  Gerrets,  L.  Lefort, 
J.  Boinem,  E.  Deltombe,  P.  Van  den  Eynde,  professeurs  et  surveillants. 

COLLEGE  NOTRE-DABiE,  TIRLEMONT  :  MM.  F.  Neyens,  directeur;  L.  Halflants, 
J.  Simons,  L.  Wamau,  E.  Van  Malderen,  P.  Spillemaeckers,  Fr.  Debrouck,  V.  Schijvens, 
P.  Schamme],  J.  Gaeyberghs,  A.  Meurrens,  professeurs  et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  TONGRES  :  MM.  D.  Mercken,  A.  Winckert,  I.  Hendrickx,  H.  Van 
de  Weerd,  professeurs  et  surveillant. 

COIXÉGE  NOTRE-DAME,  TONGRES  :  MM.  Gh.  Lemmens,  directeur;  L.  Defresne, 
C.  Deschoolmeester,  T.  Schouteden,  A.  Glaes.  J.  Beets,  J.  Jorissen,  H.  Van  de  Weerd, 
professeurs  et  surveillants. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  TOURNAI  :  MM.  G.  Valentin,  préfet  des  éludes;  A.  Dauby,  A.  De 
Longneville,  L.  Delmoitié,  G.  Hoyois,  J.  Deltombe,  P.-J.  Doyens,  L  -P.  Patemoster, 
A.  Ducarme,  H.  Bya,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  NOTRE-DAME,  TOURNAI  :  MM.  0.  Feron,  recteur  ;  A.  Tassart,  L.  Le  Grand, 
R.  Jacopssen,  P.  Houyet,  P.  Dours,  E.  Ghauffert,  B.  Gollart,  E  Lahaye,  E.  Bovine, 
G.  François,  F.  Courtois,  L.  Tillieux,  H.  Grothen,  professeurs. 

ÉCOLE  SUPÉRIEURE  D'HUMANITÉS  DE  LA  COMPAGNIE  DE  JÉSUS,  TRONGHIENNES  : 
MM.  A.  Petit,  recteur  ;  J.  Verest,  G.  Van  de  Vorst,  P.  Lefebvre,  H.  Thielemans,  profes- 
seurs. 

COLLEGE  SAINT-JOSEPH,  TURNHOUT  :  MM.  G.  De  Pcuter,  recteur;  M.  Veys, 
J.  Dierckx,  Gh.  Van  den  Bossche,  A.  Guetens,  E.  Van  der  Linden,  A.  Van  Emelen, 
C.  Vîncken,  J.  Weicherding,  L.  Opdebeeck.  J.  Philips,  R.  Hardeman,  A.  Bossaers, 
A.Bourlier,  L.Delporte,  A.  Delva,  A.  Demonceau,  J.  Mertens,  J.  Verraeiren,  professeurs. 

ATHÉNÉE  ROYAL,  VERVIERS  :  MM.  A.  Mathieu,  préfet  des  études;  J.  Krins.  J.  Riquire, 
Z.  Populaire.  E.  Bels,  L.  Antheunis,  S.  Le  Roy,  J.  Feller,  E.  Gorissen,  E.  Gillet, 
A.  Goffinet,  M.  Fastré,  H.  Michiels,  G.  Gérard.  R.  Sluse,  A.  Gajot,  A.  Koumoth,  pro- 
fesseurs et  surveillants. 

COLLfXÎE  SAINT-FRANÇOIS-XAVIER,  VERVIERS  :  MM.  E.  Gulikers,  recteur;  F.  Assen- 
macher.  A.  Milcamps,  P.  Lefebvre,  H.  Meunier,  J.  Bourguignon,  L.  Degrellc,  J.  Ilias, 
J.  Nonet,  G.  Parent,  F.  BrOhl,  G.  Feron,  E.  LetcUier,  A.  Van  den  Bosch,  H.  Schmitz, 
J.-B.  Thibaux,  F.  Gerckens,  L.  Marbaise,  L.  Delbascourt,  professeurs. 

COLLEGE  COMMUNAL,  VIRTON  :  MM.  Gh.  Even,  préfet  des  études;  L.  Dupont,  A.  Ney, 
Vandendwye,  F.  Carrez,  L.  Lavallé,  A.  Semai,  S.  Becker,  professeurs  et  surveillants. 

COLLÈGE  SAINT-JOSEPH,  VIRTON  :  MM.  E.  Crousse,  directeur;  E.  Bilocq,  B.  Baelde, 
T.  Becker,  M.  Pirot,  E.  Guillaume,  L.  Loreau,  P.  Hennuy,  N.  Colin,  A.  Docq, 
L.  Etienne,  G.  Gobert,  J.  Van  Luyten.  J.  Courtois,  H.  Gabeau,  F.  Bobon,  J.  Gheza, 
H.  Herl,  A.  GoUin,  E.  Dubois,  professeurs. 

COLLÈGE  SAINT-HADELIN,  VISÉ  :  MM.  Bovens,  directeur;  L.  Desonay,  A.  Pauchenne, 
R  Simons.  P.  Lambrecht,  A.  Smeets,  L  Engelen,  A.  Jongen,  J.  Baguette,  professeurs 
et  surveillants. 


122  LB   MUSÉE  BELGE. 


COLLÈGE  SAINT-LOUIS,  WAREMME  :  MM.  E.  JadouU  directeur;  J.  CardoUe,  J.  Bossy, 

J.  Herraan,  J.  Thoelen,  Ch.  Wesmacl,  F.  Kempeneerâ,  F.  Van  Dorpe,  J.  Marchai. 

G.  Lange,  P.  Rcginster,  professeurs  ot  surveillants. 
COLLEGE  ÉPISCOPAL,  YPRES  :  MM.  J.  Claeys,  principal  ;  J.  Desaegher,  J.  Laridon, 

P.  De  Raedt,   J.  B.  Ougardyu,   Ose.   Vanden  Abeele,   F.  Lesy,    A.  Van  Brrgen. 

G.  Deceuninck,  A.  Tanghe,  H.  Vanneste,  Jos.  Desmedl,  P.  De  Lodder,  It.  Faict, 

professeurs. 


LES  HUMANITÉS  GRÉCO-LATINES. 

Avis  de  U  Faculté  de  Médecine  et  de  la  Faculté  des  Sciences 
des  Universités  de  Qand  et  de  Liège. 

Le  gouvernement  vient  de  distribuer  le  Rapport  trimnal  sur  la 
Situation  de  V  Enseignement  supérieur  donné  aux  frais  de  VÉtat  (Années  1901, 
1902  et  igoS).  Nous  y  lisons  : 

.Université  de  Gand. 

a  Invitée  par  le  gouvernement  à  se  prononcer  sur  la  question  de 
rôpportunité,  en  vue  de  l'admission  à  l'Université,  des  études  gréco- 
latines  et  de  leur  remplacement  par  les  langues  modernes,  la  Faculté 
de  Médecine,  à  la  suite  d'une  discussion  à  laquelle  tous  ses  membres 
prennent  part,  conclut  à  une  modification  de  l'enseignement  des 
langues  anciennes  qui  permette  de  mieux  assurer  celui  des  langues 
modernes.  Elle  estime  qu'on  ne  saurait  assez  insister  sur  le  maintien  des 
langues  anciefines  ;  mais  une  réforme  des  méthodes  pédagogiques 
s'impose  »  (Page  cxlv). 

a  La  Faculté  des  Sciences  examine  la  question  :  Y  a-t  il  lieu  de  conti- 
nuer à  exiger  des  étudiants  en  sciences  naturelles  un  certificat 
d'humanités  gréco-latines  ? 

Après  discussion,  les  propositions  suivantes  sont  mises  aux  voix  : 

10  Y  a-t-il  lieu  de  renoncer  aux  humanités  gréco- latines  pour  les 
étudiants  en  sciences  naturelles  ? 

La  Faculté,  par  i3  voix  contre  i,  répond  affirmativement, 

2*  Ne  conviendrait-il  pas  d'admettre  les  jeunes  gens  qui  ont  fait 
leurs  humanités  latines,  c'est-à-dire  les  jeunes  gens  qui  ont  étudié  le 
latin  et  remplacé  l'étude  du  grec  par  le  cours  fort  de  mathématiques 
ou  le  cours  fort  de  chimie  ? 

Par  i3  voix  contre  i,  la  Faculté  répond  aifirmativement. 

3»  Ne  conviendrait-il  pas  d  admettre  aux  études  de  sciences  natu- 
relles les  jeunes  gens  qui  ont  des  connaissances  spéciales  en  langues 
modernes,  c'est-à-dire  les  jeunes  gens  qui  ont  fait  les  études  de  la 
section  scientifique  ? 

Par  8  voix  contre  7,  la  Faculté  répond  affirmativement  »  (Page  cxliii). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  123 


Université  de  Liège. 

«  La  Faculté  de  Médecine  décide,  en  réponse  à  un  questionnaire  que 
lui  a  envoyé  le  Gouvernement  : 

i»  Qu'il  ny  a  pas  lieu  de  remplacer  les  éludes  gréco -latines  par  Tétude  des 
langues  modernes  pour  les  futurs  médecins  et  pharmaciens. 

2<>  Qu'il  faut  itKiintenir  Vobligation  des  études  d\'iumanità  latims  pour  les 
jeunes  gens  qui  aspirent  aux  grades  de  médecin  et  de  pharmacien. 

Ces  deux  décisions  ont  été  prises  à  l'unanimité.  L'avis  suivant  a 
été  exprimé  à  une  forte  majorité  : 

3*  Qu'il  3'  a  lieu  de  maintenir  Vobligation  des  études  gréco-  latines  pour 
les  mêmes  jeunes  gens  »  (Page  clii). 

«  A  la  demande  de  M.  le  Ministre,  la  Faculté  des  Sciences  a  examiné 
les  questions  suivantes  et  a  émis  un  avis  sur  chacune  d'elles  : 

4®  Y  a-t-il  lieu  de  continuer  à  exiger  la  production  d'un  certificat 
d'humanités  gréco-latines  des  jeunes  gens  qui  aspirent  au  grade 
académique  de  docteur  en  sciences  naturelles  ? 

Cette  importante  question  a  fait  l'objet  d'un  examen  approfondi  de 
la  Faculté,  qui  a  adopté  à  l'unanimité  le  rapport  rédigé  par  M.  le 
professeur  Le  Paige,  rapport  concluant  qu'*7  n'y  a  pas  lieu  d'admettre 
aux  examens  des  divers  doctorats  en  sciences  naturelles  les  jeunes  gens  qui 
n  auraient  pas  terminé  leurs  humanités  gréco  latines  »  (Page  cli). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 

84.  —  P.  Prhr.  Hiller  von  Gaertrlngen,  Inschriften  von  Fritte, 
unter  Mitwirkung  von  C.  Frederich,  H.  von  Prott,  H.  Schrader, 
Th.  Wiegand  und  H.  Winnefeld,  herausgegeben.  Mit  8i   Abbil- 
dungen  in  Text  und  3  Beilagen.  Berlin,  Reimer,  1906.  25  m. 
Quittant  son  domaine  favori  des  îles  de  la  mer  Egée,  M.  Hiller 

von  Gaertringen  a  fait  avec  succès  une  incursion  en  Asie  Mineure. 

Les  Inschriften  von  Friene  montrent  que  les  textes  de  la  Grèce  asiatique 

ne  lui  sont  pas  moins  familiers  que  les  inscriptions  de  Rhodes  ou  des 

Cyclades. 

Le  nouveau  recueil  comprend  379  numéros,  dont  une  cinquantaine 

à  peine  étaient  connus  avant  les  fouilles  allemandes.  Dix- neuf  d'entre 

eux  (36 1  -379)  ne  proviennent  pas  de  Priène  même,  mais  de  Thèbes 

du  Mykale. 

Les  documents  les  plus  anciens  ne  remontent  pas  au  delà  de  la 


f 


124  ^K  MUSÉE  BELGE. 


deuxième  moitié  du  iv*  siècle.  Les  textes  d'époque  antérieure  ne 
proviemient  pas  des  fouilles,  mais  ont  été  trouvés  dans  les  environs 
de  Priène.  La  préface  (v-xxiii)  qui  retrace  avec  beaucoup  de  netteté 
l'histoire  de  Priène,  rappelle  en  eflfet  que  Tancienne  Priène  a  échappé 
à  toutes  les  recherches  :  les  fouilles  n'ont  dégagé  que  la  ville  nouvelle, 
bâtie  vers  le  milieu  du  iv«  siècle. 

Les  InschrifUii  von  Priène  appartiennent  à  la  même  collection  que 
les  Insckriften  von  Magnesia  et  présentent  en  gros  le  même  plan  et  les 
mêmes  dispositions.  Mais  que  de  progrès  réalisés  depuis  la  publi- 
cation de  Kern,  rien  qu'au  point  de  vue  typographique  !  Au  lieu  du 
timide  titre,  presque  perdu  entre  le  texte  et  le  commentaire,  nous 
trouvons  ici  un  titre  et  une  date  bien  apparents,  en  tête  de  tous  les 
textes  importants.  Cette  modification,  inspirée  sans  doute  par  des 
manuels  comme  ceux  de  Hiks  et  de  Michel,  facilite  les  recherches, 
oriente  l'esprit  en  résumant  le  texte  et  le  commentaire.  On  regrette 
parfois  que  Dittenberger  ne  l'ait  pas  adoptée  dans  ses  recueils. 

Non  moins  heureuse  est  l'idée  de  remplacer,  là  où  c'était  possible 
ou  utile,  les  points  des  lacunes  par  un  chiffre  donnant  approxima- 
tivement le  nombre  des  lettres  perdues.  Peut-être  aurait-on  pu 
étendre  un  peu  plus  l'emploi  de  ce  procédé,  si  commode  pour  ceux 
qui  tenteront  de  pousser  plus  loin  la  restitution  des  textes  de  Priène. 

Les  inscriptions  n'étant  pas  reproduites  en  caractères  épigra- 
phiques,  les  plus  importantes  ont  été  dessinées  ou  photographiées  et 
l'on  saura  gré  à  l'éditeur  d'avoir  multiplié  les  dessins  et  les  photo- 
typies,  qui  sont  d'ailleurs  excellentes. 

Pour  la  constitution  du  texte,  la  tâche  de  l'éditeur  n'était  pas  aisée. 
Les  pierres  paraissent  être  très  souvent  d'une  lecture  malaisée.  Puis, 
les  lapicides  de  Priène  semblent  avoir  été  bien  peu  attentifs,  et 
nombreux  encore  sont  les  passages  ou  plutôt  les  groupes  de  lettres 
incompréhensibles,  énigmes  qui  attendent  et  attendront  peut-être 
toujours  leur  Oedipe.  Le  travail  de  déchiffrement  avait,  il  est  vrai, 
été  fait  en  grande  partie  par  von  Prott,  à  qui  devait  incomber  le  soin 
de  publier  les  textes  de  Priène.  Mais  M.  Hiller  von  Gaertringen  a 
tout  ou  presque  tout  revu.  Là  où  il  n'a  pas  réussi  à  reconstituer  le 
texte,  il  a  pris  soin  de  nous  donner  les  renseignements  les  plus  précis 
sur  l'état  du  marbre.  Le  souci  de  l'exactitude  a  été  poussé  ici  très  loin. 
C'est  ainsi  qu'il  ne  s'est  pas  contenté  de  donner  en  caractères  épigra- 
phiques  les  débris  de  lettres  dont  le  sens  était  obscur  :  il  nous  indique 
encore  souvent  la  manière  probable  d'interpréter  ces  débris  suscep- 
tibles de  plusieurs  interprétations. 

On  ne  peut  guère  lui  reprocher  que  d'avoir  montré  un  peu  de 
hardiesse  dans  les  restitutions.  Le  commentaire  est  sobre  et  précis  : 


PARTIE  BIfiLIOÛRAPHiQUfi.  12S 

on  y  trouvera  souvent  de  judicieuses  observations  de  Wilamowitz,  à 
qui  Ton  doit  aussi  bon  nombre  de  restitutions. 

Les  témoignages  anciens  ont  été  lejetés  à  la  fin  de  Touvrage.  Ils 
ont  été  réunis  avec  le  plus  grand  soin.  On  a  eu  Theureuse  idée  de 
ne  pas  séparer  l'histoire  de  Priène  de  celle  du  Panionion  et  de  la 
ligue  ionienne.  L'éditeur  ne  s'est  pas  borné  à  réunir  chronologique- 
ment les  textes  littéraires  :  il  a  introduit  parmi  eux  les  renseignements 
fournis  par  les  textes  épigraphiques  de  Priène  même,  et  a  coordonné 
l'ensemble  en  rappelant  les  principaux  événements  historiques 
contemporains. 

Ces  textes  ont  subi  un  travail  critique  d'où  ils  sortent  souvent 
améliorés. 

Des  indices  copieux  (227*304)  achèvent  de  faire  des  InsckrifUn  von 
Priène  un  instrument  de  travail  du  maniement  le  plus  commode. 

Nous  ne  trouvons  pas  à  Priène  une  série  de  textes  comparable  à 
celle  des  décrets  relatifs  au  droit  dWle  et  aux  Leukophryéneia  de 
Magnésie;  par  contre,  l'ensemble  présente  beaucoup  plus  de  variété 
et  l'heureuse  prolixité  de  certains  décrets  nous  permet  de  pénétrer 
plus  profondément  dans  l'intimité  de  la  cité.  Ce  qui  domine  ici  ce 
sont  les  décrets  en  faveur  de  juges  de  Priène  ou  de  juges  venus  du 
dehors. 

Parmi  les  textes  principaux,  il  faut  citer  la  lettre  d'Alexandre  (i), 
déjà  connue,  mais  que  nous  retrouvons  ici  très  améliorée;  la  dédicace 
du  même  roi  à  Athéna  (i56),  dont  il  avait  fait  bâtir  le  temple  à  ses 
frais,  dédicace  déjà  publiée,  elle  aussi,  mais  dont  on  nous  donne  une 
excellente  reproduction  ;  le  décret  en  l'honneur  d'Antigone  alors  qu'il 
n'était  pas  encore  roi  (2);  un  décret  pour  Lysimaque  (14)  et  une 
lettre  de  ce  roi  (i5);  un  jugement  des  Rhodiens  entre  Samos  et 
Priène  pour  des  territoires  contestés  07);  une  dédicace  du  roi 
Orophemès  de  Cappadoce  (204)  et  d'un  architecte,  Hermogénès,  qui 
est  peut-être  le  même  que  l'auteur  des  Temples  de  Magnésie,  du 
Méandre  et  de  Téos  (207). 

La  mort  de  von  Prott,  qui  devait  être  l'éditeur  des  inscriptions  de 
Priène,  n'a  guère  retardé  la  publication  de  celles-ci  et  il  faut  savoir 
gré  à  M.  Hiller  von  Gaertringen,  d'avoir,  grâce  à  son  activité  bien 
connue,  mené  si  vite  à  bien  la  tâche  souvent  ingrate  d'un  Corpus  et 
d'avoir  publié  sans  retard  un  recueil  qui,  sous  bien  des  rapports, 
peut  passer  pour  un  recueil  modèle. 

Nous  avons  réservé  pour  la  fin  quelques  observations  que  nous  a 
suggérées  une  première  lecture  des  textes. 

N.  I  Lettre  d'Alexandre.  L.  10.  Peut-être  pourrait-on  restituer 
[x\a\  TTe[bidba  xod  n^v  ûXXnvI  x^poy.   Il  s'agirait  des  TT£biet<;  habitant  sur 


120  LB  MUSÉE  BELGE. 


le  territoire  de  Priène.  Cf.  3,  l,  14.  Malgré  ses  sympathies  pour  la 
cité,  Alexandre  aurait  d'autant  plus  facilement  réimi  au  domaine 
royal  cette  partie  du  territoire  qu'elle  était  en  grande  partie  peuplée 
de  barbares  (p.  xiii). 

N.  4,  1.  26.  Je  restituerais,  d'après  les  11.  17-20  : 

On  préférerait  peut-être  Otr^ani,  mais  cf.  108,1.29,  où  <)noaTif\aaaQa\  est 
employé  dans  un  sens  très  voisin. 

N.  8,  11.  II-I2  :  je  remplacerais  K[a|eiaTdv]ai  par  K[a|Ta<TTî^alai,  qui 
est  plus  fréquent  avec  ônôvoiav.  Cf.  61,  1.  n.  Cest  la  même  formule 
qu'il  faut  lire  dans  IG,  XII,  V,  i,  7,  1.  5,  où  nous  restituerions  : 

[clç  ô|Liôvotav  KaTaa]Tf^[a]ai  irdvra  xaOdiç  iTponpoO[^€6a]. 

N.  12, 11.  2  3.  La  restitution  [irpJofcbpCov]  ne  paraît  pas  tout  à  fait 
certaine.  Il  pouvait  y  avoir  eu  ime  formule  comme  [Trp]orç]|[Toîç  xx^xioiç 
t]oîç  ë^trpoaOc  bcboiiiëvoiç. 

N.  16,  1.  i3.  D'après  la  1.  x,  lire  plutôt  [Kdi|Li]aç  que  fxil'Plaç. 

N.  17,  1.  5.  Restituer  [ol  rjaXdTai  Trap6[v^paXov  dçl  T[f|T]  x^l'poT-  On 
trouve  ce  verbe  avec  le  sens  de  faire  irruption  dans  Polyb.,  29,  7, 
8,  etc.  D  après  l'éditeur,  la  cinquième  lettre  pourrait  être,  soit  un  a, 
soit  un  T*  ce  qui  semblerait  montrer  qu'il  s'agit  plutôt  du  reste  d'un 
PL  ou  d'un  V.  En  tout  cas,  le  Tropett^vovro]  de  Dittenberger  est  trop 
faible  pour  désigner  l'arrivée  des  Gaulois  et  iTap€a[Trëaov]  est  bien 
difficile  à  admettre. 

L.  27.  Au  lieu  de  lèpùaalTo  ou  [éHclXcjTo,  on  peut  songer  à  [éXûaaJro  : 
c'est  de  beaucoup  le  plus  fréquent  des  trois  dans  le  sens  de  délivrer 
des  prisonniers  (Dittenberger,  5y//.,  m,  16;  226,  19;  i35,  11,  etc.) 
et  il  s'accorde  assez  bien  avec  les  restes  de  lettres. 

N.  23,  l.  3  :  D'après  le  n.  19,  1.  n,  il  faut  sans  doute  lire  :  xiûv 
T€  q)pou|[piÛv  irpoevônoEv  iv  t€  toîç  âXXoiç  xal]. 

L.  16.  Le  sens  doit  être  à  peu  près  le  suivant  : 

[dvaKHpOHai  bi  xal  xàç  Tl^àç  T]àç  ùnà  toO  b^jinou 
[b€6o|Liëvaç  nul  Biavn  xaG'  IxaaTov  Qtoç. 

Cf.  107,  38;  108,  340. 

N.  68.  Décret  de  Samothrace  pour  un  poète  épique  de  Priène, 
Hérodès.  Il  faut  en  rapprocher  un  autre  décret  de  la  même  ville  pour 
Dymas,  poète  tragique  de  lasos,  Michel,  352.  Les  deux  textes  se 
ressemblent  beaucoup. 

Ll.  7-9.  Peut-être  pourrait-on  aussi  restituer  : 

[dç  Toùç  àd  iTpoa]tpou^6^ouç  xi\y  Oirdpxouaav  raîç  irô- 
[X€<n  q>iX{av  ëiraûEeiv,  à€(  ti  iTpdTT]ovTdç  t[€]  xal  Xérovraç  ircpl  toOtuiv 
[dtaGôv  xal  ô  bf^iiioçj  x.  t.  X. 


PARTIE   filBLIOGRAPHlQUE.  1^7 

N.  69.  Décret  de  Priéne  en  réponse  au  précédent.  Ll.  5  sq.  La 
restitution  probable  nous  est  fournie  par  le  décret  pour  Dymas, 
11.  18-19  : 

TëTpaq)€v  b[è] 
[Kod  iTpaT|iaTe(av  iv  ëircoi  Ttîiv  irepl  A]dpbavov  Kal  'Aertuiva  irpdHcujv 
[xàç  incT^oraç  ^vr^^ooOvaç  xal  ircpl  tiûv  iTpd£]€UJT  Kctb^iou  xal  'Ap^o[v{aç| 
[ouv^ToHcv]    — 

Dymas  et  Hérodès  avaient  donc  tous  deux  traité  la  légende  de 
Dardanos. 

L.  16.  La  restitution  ireiroinvrai  [hé  ainodç  xal  irpoëévouç  xal  eOcpTéTa]^ 
Tf\<i  iTÔXcux;  ncr^xovraç  k.  t.  X.  ne  se  comprend  guère  puisquUl  n'est  ques* 
tien  que  du  seul  Hérodès  dans  les  lignes  précédentes  :  pour  la 
maintenir,  il  faudrait  supposer  que  la  1.  i5  devrait  se  restituer  xal 
^KTÔvoiç  aOroO],  ce  qui  n'est  guère  compatible  avec  la  formule  qui  suit 
immédiatement.  Peut-être  doit-on  lire  : 

Tr€iro(nvTai  [bè  aOxôv  xal  èKfà]' 
[vouç  aÙToO  iToX(Ta]ç  Tf\ç  trôXcujç  ncTéxovraç  Trdv[TUJv  ôawv  xal  ol  ftXXot] 
[iroXirai  lucTëxoumv]  •  irapaxaXoOdv  t€  ^iidç  hxà  to[0  irpea^curoO]    — 

L.  21.  Je  lirais  plutôt  : 

[èmiivf^a]Gat  nèv  tôv  6f\[nov  tôv  laiiioOpdixuJv  éiri  Tf|i  €Ù]- 
[vo(ai  î^v  lx€i  wpôç  Ti?m  iTÔ]\iv  xal  èrdr    —    .  Cf.  70,  1.  9. 

N.  70.  Ll.  67.  Lire  firapaxoXëaai  hé  xa(  Ia|Liobpâi]|[x€ç]  au  lieu  de 
[TTpi|nv€Îç]? 

Ll.  19-20.  â[vaTpdHiai  rà  bûo  Hin<plcJ|Lia|Ta  tô  t€  irapà  IJa^oOpdixujv  xal  tô 
wap'  i\\iwy  [dç  a-tyjXnv]. 

N.  79,  1.  2  :  Vva  bè  xal  TT[pinv€îç  cCbiùaixà  |  i\\fr\(p\apLéva  éXëaÔ]ai  irpeapcuràç 
6(vbpaç  (nombre))    — 

Cette  restitution  rend  impossible  la  substitution  de  tr[dvT€<;]  à  TT[pin- 
vdçj.  Elle  montre  qu'il  ne  s'agit  pas  d'un  décret  pour  une  ambassade 
de  Priéne,  mais,  cas  plus  simple,  de  Tenvoi  d^une  ambassade  à 
Priéne  pour  y  porter  un  décret. 

N.  108,  1.  45  :  lbUJx[€VTf^l  TTÔXCl  TTupiûv].  Cf.  1.  86. 

Ll.  103-4.  Il  est  ici  question  d'intérêts  à  payer  par  Priéne  à  la 
lig^e  ionienne.  M.  Hiller  von  Gaertringen  pense  qu'il  s'agit  d'intérêts 
dont  Priéne  devait  payer  sa  quote-part  comme  membre  de  la  ligue, 
Wilamowitz  pense  à  des  sommes  empruntées  à  la  caisse  fédérale. 
Je  crois  que  cette  hypothèse  est  la  vraie.  S'il  s'agissait  d'une  quote- 
part  à  payer  par  Priéne  à  la  ligue,  on  ne  parlerait  pas  d'intérêts,  mais 
d'une  somme  quelconque.  Puis,  on  peut  comparer  la  caisse  de  la 
ligue  ionienne  à  celle  du  temple  d'Apollon  de  Délos,  qui  servit  pour 
ainsi  dire  de  banque  d'état  à  la  confédération  des  Nésiotes. 

N.  364.   On  ne  peut  qu'admettre,  à  la  1.   2,  la  lecture  toO  Aiôç 


128  LE   MUSÉE   BELGE. 


ToO*HXiou,  qui  paraît  la  seule  compatible  avec  la  lecture  de  von  Prott. 
Si  Ton  ne  peut,  à  cette  époque,  songer  à  Zeus  Hélios,  on  pourrait 
ponctuer  ToO  Aiôç,TOû  *HX(ouKai  toO  TToaeibiJùvoç.  Si  l'on  ne  donne  pas 
d'épithète  à  Poséidon,  il  est  vraisemblable  qu'on  n'en  donnait  pas 
non  plus  à  Zeus  et  qu'il  s'agit  de  trois  divinités  différentes.  Cf.  le 
décret  d'Athènes,  Dittenberger,  SylL,  114, 1.  39  :  [ôfivuni  vi?i  tôv  Aia] 
Kal  "HXiovKttl  TToa6i[b]iî>,  où  les  trois  dieux  se  trouvent  réunis. 

N.  536.  Décret  de  la  confédération  ionienne,  pour  un  citoyen 
d'Erythrées,  l.  2  :  in^\hi\  tujv  e€iwpo[bo'lKoûvTUJv  ENOIZ  'ATioUôboToç. 
Wilamowitz  corrigerait  '  E[pu9pa(JoK.  Dans  le  groupe  de  lettres  evoiç, 
on  croit  distinguer  deux  éléments,  une  préposition  ev  et  le  reste  d'un 
datif  oiç  qu'en  dépendait.  Ne  conviendrait- il  pas  de  lire  év  [TTaviujviJoiç ? 
On  comprendrait  mieux  pourquoi  la  confédération  avait  voté  le 
décret.  Paul  Graindor. 

85.  —  Ad.  DelSSmann,  Die  Septuaginta-Papyri  und  andere  altchrist- 

liche  Texte,  Heidelberg,  Cari  Winter,  1905.  i  vol.  in -4,  ix-io7  pp. 

et   60  phototypies.    (Verôffentlichungen    aus    der    Heidelberger 

Papyrus-Sammlung.  I.). 

La  collection  des  papyrus  de  la  Bibliothèque  de  l'Université  de 
Heidelberg  date  de  quelque  dix  ans.  Elle  a  été  formée  par  l'acquisi- 
tion, en  1897,  d'une  partie  de  la  collection  du  vice- consul  allemand 
Reinhardt,  par  les  dons  (1904)  de  Fr.  Schott,  son  héritier,  et  par 
divers  achats  (1905).  D'une  très  grande  variété  au  point  de  vue  de  la 
provenance  des  textes  et  de  la  langue  dans  laquelle  ils  sont  écrits,  la 
collection  comprend  aussi  de  nombreux  ostraka,  des  parchemins  et 
des  tablettes  de  bois. 

La  publication  des  documents  chrétiens  a  été  confiée  à  M.  Ad. 
Deissmann,  professeur  à  l'Université  de  Heidelberg.  Grâce  à  la 
munificence  du  Ministère  grand  ducal  badois,  M.  Deissmann  a  pu, 
dans  un  luxueux  volume,  reproduire  in-extenso  d'excellentes  photo- 
typies des  six  documents  qu'il  publie  avec  des  commentaires 
étendus. 

Le  no  I  est  un  long  fragment  des  Septante,  acheté  au  Caire  en 
1889  par  Th.  Graf  (Vienne).  Il  serait,  au  dire  des  marchands  arabes, 
originaire  du  Fayoum,  et  comprend  27  feuilles  écrites  des  deux 
côtés.  Il  contient  à  peu  près  tout  Zacharie,  4,  6  à  la  fin,  et  le  début 
de  Malachie,  I,  i  à  4.  L'éditeur  en  donne  une  description  détaillée 
et,  dans  le  commentaire,  montre  quelle  est,  pour  l'histoire  des 
recensions  des  Septante,  l'importance  de  ce  texte  qui,  d'après  l'écri- 
ture, peut  être  reporté  au  vn«  siècle  de  notre  ère. 

Le    no    2,    un    parchemin    gréco-copte,    contient   Exod,    i5  et 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  12g 

I  Sam.  2  (?);  probablement  du  vu*  siècle,  à  en  juger  par  l'écriture, 
il  est  surtout  intéressant,  parce  qu'il  a  dû  être  employé  comme 
amulette.  Le  texte  grec  seul  est  publié. 

Viennent  ensuite,  sous  les  n©»  3  et  4.  deux  petits  fragments  de 
parchemin  :  le  n°  3  contient  l'Évangile  S.  Marc,  6,  30-42,  et  serait 
du  vi«  siècle  (Kenyon)  ;  l'autre,  du  v^  siècle  (?)  donne  la  fin  des  Actes 
des  Apôtres  28,  3o  et  3i  et  l'Épître  S.  Jacques,  i,  11. 

Le  n^  5  est  un  fragment  d'OnomasHcon  sacrum.  Il  a  probablement 
servi  d'amulette  à  un  chrétien  et  reproduit  une  série  de  noms  hébreux 
en  transcription  grecque  et  avec  explications.  Il  est  important  en  ce 
qu'il  montre  la  tradition  chrétienne  dans  un  fragment  qui  fut  écrit 
environ  80  ans  avant  le  Liber  interprdationis  hebraïcorum  nominum  de 
S.  Jérôme  et  5o  ans  après  Origène  et  Philon  qui  sont  ses  sources. 

Le  dernier  texte,  n®  6,  est  particulièrement  intéressant  pour  les 
profanes  :  c'est  une  lettre  chrétienne  sur  papyrus,  dans  laquelle  un 
certain  Justin  se  recommande  aux  prières  de  Paphnuce.  Elle  présente 
sous  le  rapport  de  l'écriture,  des  formules,  de  l'orthographe,  de 
grandes  analogies  avec  certaines  pièces  de  la  fameuse  correspon- 
dance de  Flavius  Abinnaeus  (Genève,  Londres)  et  peut  ainsi  être 
reportée  au  iv®  siècle  de  notre  ère. 

Dans  le  commentaire  de  cette  lettre,  comme  partout  dans  le 
volume,  M  Deissmann  montre  une  profonde  connaissance  de  la 
littérature  et  des  antiquités  chrétiennes,  un  domaine  qu'il  peut 
parcourir  en  toute  sécurité,  parce  qu'il  Tétudie  depuis  longtemps 
avec  soin  et  avec  conviction.  N.  Hohlwein. 

8687.     —     Li.    Cantarelli,    La  Série  dei  prefetti  di  Egiito,    I.    Da 

Ottavio  Augusto  a  Diocîeziano  (a.  3o  av.  Cr.  —  a.  d.  288).  Roma,  tip. 

délia  r.  Ace,  dei  Lincei,  1906.  78  pp.  8°. 
Arthur    Stein,   Die  Stellvertretwig  im  Olerkommando  von  Aegypten. 

Archiv  fiir  Papyrusforschung,  IV,  1907,  p.  148  i55. 

Le  premier  travail  est  extrait  des  Mémoires  de  l'Académie  des  Lincei 
(1906).  Il  a  été  inséré  sur  le  rapport  de  MM.  Huelsen  et  Gatti,  lu 
dans  la  séance  du  18  février  1906.  Continuant  ses  études  (voy.  ce 
Bull. ,Wll,  p  36o)  sur  les  fonctionnaires  de  l'Empire,  M.  CantarelP 
a  dressé  la  liste  chronologique  des  gouverneurs  d^Egypte  que  les 
textes  littéraires,  les  inscriptions  et  les  papyrus  nous  font  connaître  • 
On  sait  que  l'Egypte  devint  province  romaine  en  l'an  3o  av.  J.-C.  : 
le  règne  des  Lagides  se  terminait  avec  la  mort  de  la  reine  Cléopâtre. 
Auguste,  successeur  des  Ptolémées,  conserva,  dans  ses  grandes  lignes, 
l'organisation  administrative  de  l'Egypte.  Il  donna  une  situation 
spéciale  à  la  province  nouvelle,  car  il  la  fit  entrer  dans  son  domaine 


l3o  LE   MUSÉE  BELGE. 


privé,  et  excluant  les  sénateurs  du  gouvernement,  il  mit  à  sa  tête  un 
simple  chevalier,  qui  portait  le  titre  spécial  de  praefectus  Alexandreac  d 
Aegyp(iousïmi>\ement praefectus  Aegvpti.  Le  préfet  d'Egypte  qui  n'était, 
à  l'égard  d'Auguste,  qu'un  procurateur  ou  intendant  impérial,  était 
aux  yeux  des  Egyptiens  un  vrai  vice  roi,  successeur  des  Ptolémées. 
Il  était  investi  du  pouvoir  civil  et  militaire,  d'un  imperium  ad  similitu- 
dinemprocousulis,  dit  Ulpien,  il  résidait  à  Alexandrie;  la  durée  de  ses 
fonctions  dépendait  du  bon  plaisir  de  l'empereur.  Le  premier  titulaire 
de  cette  charge  fut  le  poète  élégiaque  C.  Cornélius  Gallus,  qui 
la  remplit  pendant  trois  ans.  La  préfecture  d'Egypte,  créée  en  l'an  3o 
avant  J.  C,  continua  d'exister  jusqu'à  la  prise  d'Alexandrie  par  les 
Arabes  en  642,  donc  pendant  672  ans. 

Le  premier  essai  pour  reconstituer  la  longue  succession  des  préfets 
d'Egypte  fut  tenté  par  Giovanni  Labus  de  Brescia,  en  1826. 
Mommsrn  a  insinué  dans  son  Etude  sur  Pline  le  Jeune  que  le  véritable 
auteur  de  ce  travail  était  Borghesi,  mais  M.  Cantarelli  prouve  que 
Labus  ne  reçut  de  son  ami  que  des  notes  pour  compléter  son 
mémoire.  La  rectification  était  nécessaire,  car  l'insinuation  de 
Mommsen  était  devenue  une  certitude  pour  d'autres  (S  de  Ricci, 
Revue  des  études  grecques,  1902,  p.  420).  Depuis  Labus,  que  de  décou- 
vertes nouvelles,  que  de  travaux  sont  venus  compléter  cette  liste  ! 
M.  Cantarelli  qui  a  tout  lu,  tout  dépouillé,  a  donné  la  liste  de  ces 
travaux  au  commencement  du  sien.  Cette  première  partie  va 
d'Auguste  à  Dioclétien  et  comprend  88  préfets.  Sur  chacun,  M.  Can- 
tarelli donne  quelques  renseignements  biographiques,  et  il  s  attache 
à  recueillir  tout  ce  que  nous  savons  de  son  administration,  de  son 
activité  comme  gouverneur.  En  tête  sont  citées  et  transcrites  les 
sources  :  passages  d'auteurs,  inscriptions,  papyrus.  En  note  sont 
discutées  ou  indiquées  les  questions  douteuses.  Exactitude  et  clarté  : 
telles  sont  les  qualités  du  nouveau  mémoire  de  M.  Cantarelli,  qui 
jette  une  lumière  nouvelle  sur  beaucoup  de  questions  encore  obscures 
et  controversées.  C'est  une  précieuse  contribution  non  seulement  à 
l'histoire  de  l'Egypte,  mais  aussi  à  celle  de  l'Empire  romain  en  géné- 
ral :  tel  est  le  jugement  flatteur  porté  sur  lui  par  Huelsen  et  Gatti 
dans  leur  rapport  à  l'Académie  des  Lincei  et  ce  jugement  sera  ratifié 
par  tous  les  lecteurs 

Dans  certains  cas.  le  gouverneur  d'Egypte  devait  être  remplacé, 
par  exemple,  s'il  mourait,  s'il  était  chargé  d'une  autre  fonction  par 
l'empereur  ou  rappelé  subitement  par  disgrâce.  Son  remplaçant 
portait  alors  le  titre  de  vice-préfet,  vice praefecti  Aegypti.  Nous  savions 
par  une  inscription  (CIL., VI  i638)que  c^é\A\\.\^juridicus  Alexandreac^ 
fonctionnaire  chargé  de  ren4re  la  justice,  qui  remplissait  cçs  fonctions 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE  l3l 

passagères.  M.  Arthur  Stein  a  fait  des  recherches  sur  le  vice-gouver- 
neur d'Egypte,  sur  les  circonstances  qui  amenaient  sa  nomination, 
sur  les  personnages  (il  en  a  trouvé  cinq)  qui  furent  investis  de  ces 
fonctions.  J.  P.  Waltzing. 

88.  —  Joseph  SchmatZy  Baiœ,  das  erste  Luxusbad  der  Roemer. 
I.  u.  II.  Teil  Progr.  des  k.  neuen  Gymn.  in  Regensburg,  1906. 
Regensburg,  H.  Schiele,  igoS  et  1906.  62  et  44  pp. 

Dans  ces  deux  programmes,  M.  J.  Schmatz  a  voulu  nous  faire  con- 
naître la  principale  ville  d'eaux  des  Romains,  c'est-à-dire  Baïes,  sur  le 
golfe  de  Pouzzoles.  Ce  rivage  célèbre  est  aujourd'hui  presque  désert  ; 
dans  l'antiquité,  il  était  couvert  de  villas  splendides  et  il  fut  témoin 
d'un  luxe  et  d'un  faste  dont  nos  villes  de  bains  ne  peuvent  donner 
qu*une  idée  lointaine.  La  première  partie  du  travail  de  M.  Schmatz 
est  géographique  et  archéologique  :  il  décrit  le  golfe  de  Naples  et 
celui  de  Pouzzoles,  marque  la  situation  exacte  de  Baïes  sur  ce  rivage 
délicieux,  éclairé  par  le  beau  soleil  de  Campanie,  il  raconte  son 
origine  et  l'histoire  de  son  développement.  Dans  la  seconde  partie, 
il  cherche  à  faire  revivre  la  population  de  Baïes  et  à  dépeindre 
l'existence  que  menaient  ses  habitants  et  ses  nombreux  visiteurs, 
hôtes  d'un  jour  ou  d'une  saison,  malades  qui  venaient  chercher  la 
santé,  et  pîus  encore  gens  avides  de  plaisirs  qui  venaient  dépenser 
de  colossales  fortunes  dans  ce  diversormm  vitiorum^  dans  ce  lieu  quem 
sibi  celebrandum  luxuria  suscepsit^  que  jamais  un  sage  ne  choisira  pour 
retraite  (Sénèque).  On  lira  avec  un  grand  intérêt  tous  les  détails  que 
M.  Schmatz  a  recueillis  dans  les  auteurs,  et  le  tableau  souvent 
piquant  de  ces  mœurs  raffinées.  Un  reproche  qu'on  pourrait  lui 
faire,  c'est  d'avoir  insisté  trop  longuement  sur  beaucoup  de  généralités 
relatives  au  luxe  des  repas  et  au  faste  chez  les  Romains,  qui  ne  se 
rapportent  pas  plus  à  Baïes  qu'à  Rome  ou  qu'à  une  autre  ville  de 
luxe  ou  de  plaisir.  J.  P.  W. 

89.  —  LiUdV7lg  Hahn,  Rom  und  Romanismus  im  griechisch  roemiscken 
Osten.  Leipzig,  Dieterich,  1906. 

C'est  sur  un  terrain  peu  exploré  que  M.  Hahn  a  porté  ses  investi- 
gations ;  car  si  quelques  points  spéciaux  de  cette  question  du  roma- 
nisme  et  de  l'influence  romaine  sur  le  monde  grec  et  oriental  avaient 
été  étudiés  en  ces  dernières  années,  il  y  avait  encore  bien  des  lacunes 
et  l'auteur  a  dû  jeter  la  lumière  dans  de  nombreux  coins  restés 
obscurs.  D'autre  part,  ce  livre  est  le  premier  ouvrage  d'ensemble  sur 
ce  côté  de  l'histoire  si  nouveau  et  si  intéressant. 

Deux  plans  s'ofirent  à  celui  qui  veut  étudier  à  fond  les  manifesta- 


l32  LB   MUSÉE  BELGE. 


tions  de  Taction  morale  d'un  peuple  sur  un  autre  :  examiner,  dans  des 
chapitres  spéciaux,  les  dififérents  domaines  où  elle  s*exerce,  les 
diverses  espèces  d'influences, religieuses,  littéraires,  morales  et  autres; 
ou  diviser  l'histoire  de  cette  influence  en  périodes,  et,  traitant 
chacune  à  part,  étudier  les  différents  phénomènes  qui  y  apparaissent. 
C'est  ce  plan  chronologique,  qui  n'est  pas  sans  écueil,  que  M.  Hahn 
a  préféré  :  s'il  a  l'avantage  de  mieux  marquer  les  progrès  de  cette 
influence  en  la  poursuivant  à  travers  les  siècles  et,  en  soulignant  ses 
étapes  et  ses  acquisitions  nouvelles,  de  permettre  une  exactitude 
historique  plus  sévère,  par  contre,  il  oblige  de  reprendre  à  chaque 
nouvelle  période  chacun  des  points  traités  dans  la  précédente  au 
degré  de  développement  où  on  l'a  laissé,  et  cela  ne  va  pas  sans  des 
répétitions  fastidieuses  ou  des  obscurités  inévitables.  Disons  pourtant 
que  M.  Hahn  s'est  efforcé  d'éviter  autant  qu'il  était  possible  cet 
écueil.  Cette  étude  est  donc  divisée  en  cinq  périodes  correspondant 
chacune  à  un  des  grands  tournants  de  l'histoire  romaine,  eu  égard 
au  point  de  vue  spécial  de  l'ouvrage  :  la  période  italique,  qui  s'étend 
jusque  Pyrrhus  et  met  aux  prises  les  Romains  avec  les  Grecs  d'Italie  ; 
une  seconde  période  va  jusque  Polybe,  le  premier  écrivain  grec  qui 
traite  des  choses  romaines,  et  en  admirateur;  une  troisième  se  pro- 
longe jusqu'à  la  bataille  d'Actium;  l'époque  d'Auguste  forme  la 
quatrième  et  la  dernière  va  jusque  Trajan. 

L'étude  de  chaque  période  se  développe  sur  un  plan  à  peu  près 
uniforme  :  l'auteur  établit  d'abord  les  progrès  de  la  conquête  romaine, 
la  marche  des  affaires  militaires  et  politiques  ;  il  continue  par  l'étude 
des  influences  exercées  par  Home  sur  les  peuples  vaincus  qu^elle 
tâche  d'assimiler.  Ce  sont  les  influences  commerciales  :  l'adoption 
des  unitées  de  mesure  et  de  monnaie,  du  calendrier  ;  —  juridiques  et 
administratives  :  le  droit  romain,  l'organisation  de  l'armée  et  du 
gouvernement  des  provinces  ;  —  religieuses  :  le  culte  de  Rome  et  de 
l'Empereur,  la  religion  d'État  ;  plus  loin  l'influence  sur  les  mœurs  et 
les  coutumes  :  combats  de  gladiateurs,  jeux  et  fêtes,  adoption  de  la 
mode  romaine  ;  et  les  influences  intellectuelles  :  sur  l'art,  la  littérature, 
la  philosophie.  L'étude  du  côté  linguistique,  du  progrès  de  la  langue 
latine  en  Orient,  des  latinismes  et  des  mots  latins  dans  les  inscrip- 
tions et  certains  écrivains  grecs  forme  la  partie  la  plus  documentée, 
la  plus  riche  de  l'ouvrage  et  sera  utile  pour  la  composition  du  Thésau- 
rus linguae  latinae. 

L'auteur  n'a  pas  omis  non  plus  de  parler  des  facteurs  de  cette 
influence,  des  agents  de  la  propagande  romaine;  les  soldats,  les 
marchands,  les  ambassadeurs,  les  otages  et  les  colonies  de  Rome. 
Comme  on  le  voit,  il  n'y  a  pour  ainsi  dire  pas  de  point  que  M.  Hahn 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l33 

ait  négligé,  il  n'y  en  a  pas  non  plus  qui  soit  traité  superficiellement  ; 
cette  étude  bien  documentée  est  le  fruit  d'une  érudition  solide  et  sera 
d'un  précieux  secours  à  ceux  qui  voudront  traiter  des  rapports  entre 
THellénisme  et  le  Romanisme.  A.  Delatte. 

go.  —  Pr.  L16O9  Die  Originaliiaet  der  roemischen  LiUeratur.  FesUtde^ 
un  Namen  der  Georg-August-Universitât  zur  Academischen  Preis- 
vcrteilung  am  4.  Juni  i904.Goettingen,Vandenhoeck  et  Ruprecht, 
1904. 

Dans  ce  discours  d'apparat  M.  Léo  traite  magistralement  deux 
questions  très  intéressantes  :  la  reconnaissance  du  génie  latin  par 
les  Allemands  et  la  réhabilitation  de  la  littérature  latine. 

Deux  choses  ont  contribué  à  faire  dédaigner  la  littérature  latine 
par  les  Allemands  :  la  Renaissance  et  Topinion  d'un  illustre  savant, 
Th.  Mommsen.  Cette  assertion  peut  paraître  paradoxale  :  elle  ne 
l'est  pas.  Jusqu'à  la  Renaissance,  l'Occident  était  imprégné  de  deux 
œuvres  romaines  :  le  Droit  romain,  qui  avait  façonné  les  peuples,  et 
l'Histoire  romaine,  qui  les  avait  guidés  et  affermis  en  les  unifiant. 
Le  monde  grec,  révélé  par  les  premiers  humanistes  sous  ses  couleurs 
les  plus  belles,  ses  aspects  les  plus  séduisants,  fit  pâlir  le  génie 
romain,  qu'on  trouvait  trop  pratique,  trop  positif,  trop  terre  à  terre. 
Les  premières  comparaisons,  faites  dans  cet  esprit,  jetèrent  la 
déconsidération  sur  les  auteurs  latins  pendant  longtemps,  sans 
toutefois  les  déprécier  tout  à  fait.  Puis  vint  Tarrêt  rendu  par 
Mommsen  :  ce  fut  presque  un  arrêt  de  mort.  En  effet,  Tillustre 
maître  ne  put  qu'esquisser,  dans  son  Histoire  romaine^  le  développe- 
ment de  la  littérature  et  il  le  fit  d'une  façon  peu  impartiale.  Son 
ouvrage  n'atteignit  pas  le  siècle  d'Auguste,  et  Cicéron  apparut  à 
l'historien  non  pas  comme  l'effloraison  parfaite  de  la  prose,  comme 
l'apogée  de  la  culture  gréco  romaine,  mais  comme  un  esprit  creux 
et  sans  idées. 

Cet  arrêt  ne  fut  pas  admis  par  tous  et  un  revirement  s'est  fait  :  on 
cherche  maintenant  en  Allemagne  des  preuves  positives  en  faveur 
de  l'originalité  de  la  littérature  latine.  M.  Léo,  dans  la  seconde 
partie  de  son  discours,  fait  lexamen  rapide  des  principaux  auteurs 
latins,  Plante,  Térence,  Cicéron,  Virgile,  Horace,  Tibulle,  Properce 
et  Ovide,  et  essaie  de  montrer  ce  qu'ils  ont  de  propre,  d'original,  de 
spontané.  Tâche  bien  difficile  et  qui  demanderait  un  développement 
plus  considérable.  Mais  on  peut  dégager  de  chacun  des  cas  que 
M.  Léo  examine  la  thèse  de  l'auteur  et  la  résumer  à  peu  près  en  ces 
termes.  Il  n'y  a  qu'une  seule  littérature  —  la  grecque  —  qui  soit 
strictement  originale  ;  car  les  Grecs  ont  fondé  les  genres  littéraires. 


l34  LE   MUSÉE   BELGE. 


Mais,  de  même  qu*on  ne  peut  pas  dire  que  les  poètes  grecs  qui 
suivirent  Homère,  Eschyle,  Sophocle,  Euripide.  Pindare,  Théocrite, 
et  les  prosateurs  grecs  qui  suivirent  Xénophon,  Platon,  Hérodote  et 
Thucydide,  ont  imité  servilement  leurs  prédécesseurs,  mais  qu'ils  les 
ont  continués,  ainsi  on  ne  peut  pas  dire  en  toute  justice  que  les 
écrivains  latins  ont  copié  leurs  modèles  grecs,  mais  bien  qu'ils  les  ont 
continués  en  se  les  assimilant  et  en  créant,  grâce  à  cette  assimilation, 
des  œuvres  adaptées  au  génie  romain  et  marquées  de  son  empreinte. 
Telle  est  la  thèse  de  M.  Léo.  Elle  paraît  d'une  vérité  indiscutable 
et  elle  est  exposée  avec  une  force  qui  entraîne  la  conviction. 

J.  HUBAUX. 

gt.  —  A.  Becquet,  Bol  en  bronze  émaillé  f!I'  siècle)  trouvé  dans  une 
tombe  romaine  à  la  Plante  (Namur).  —  La  bijouterie  ckex  les  Francs, 
(  V*  et  VI^  siècle).  Les  pendants  d'oreilles.  —  Tête  en  bronze  (II''  siècle) 
trouvée  à  Mettet  (Namur).  Tirés  à  part  du  t.  XXVI  des  Annales  de  la 
Société  archéologique  de  Namur.  Namur,  1906. 

M.  Becquet,  le  sympathique  et  savant  conservateur  du  Musée  de 
Namur,  étudie  dans  ces  trois  articles  des  objets  qui  se  trouvent  dans 
ce  musée.  A  chacun  est  joint  une  superbe  planche  illustrée,  irrépro- 
chable d'exactitude  et  de  bon  goût. 

Les  deux  premières  plaquettes  se  rapportent,  la  première  à  l'art 
gallo-romain,  la  deuxième  à  l'art  franc.  M.  Becquet  est  un  archéo- 
logue qui  a  non  seulement  le  don  de  voir,  mais  encore  celui  de 
décrire.  Ses  doBcriptions  sont  des  modèles  de  précision  et  de  netteté 
élégante.  Le  bol  en  bronze  a  ceci  d'intéressant  qu'il  est  un  des  rares 
spécimens  de  pièces  émaillées  de  grande  dimension  qui  sont  connus. 
Il  soulève  la  question  toujours  pendante  des  centres  de  la  fabrication 
de  Témaillerie  à  l'époque  romaine.  M.  Becquet,  qui  a  fouillé  avec 
une  sagacité  remarquable  la  villa  d'Anthée,  y  a  découvert  un  atelier 
d'émailleur.  Mais  cette  question  attend  encore  un  travail  d'ensemble, 
qui  permette  un  classement  géographique. 

La  belle  tête  de  bronze  découverte  à  Mettet  m'a  particulièrement 
intéressé  M.  Becquet  est  tenté  d'en  rapporter  la  fabrication  aussi  à 
la  fonderie  d'Anthée.  L'idée  qu'a  voulu  exprimer  l'artiste  n'apparaît 
pas  avec  clarté.  Les  oreilles  font  penser  à  un  Silène.  N'est-ce  pas  une 
divinité  gauloise  ?  Nos  connaissances  de  la  religion  gauloise  sont 
encore  trop  peu  avancées  pour  que  Ton  puisse  rien  affirmer.  Les 
rapprochements  que  fait  M.  Becquet  avec  les  numéros  83  et  117  du 
catalogue  du  musée  de  S.  Germain  sont  instructifs.  Son  premier 
aspect  ma  fait  penser  à  une  tête  de  Zeus-Ammon  (Overbeck,  Kunst- 
mythologie,  I,  pi.  III,  7).  Il  y  a  sans  doute  des  différences  notables 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l35 


entre  ces  deux  figures,  mais  il  me  paraît  difficile  de  contester  leur 
parenté.  Braun  (Overbeck,  /.  /.,  vol.  II,  p.  280)  faisait  remarquer  que 
cette  tête  d'Ammon  rappelait  certains  types  de  la  suite  de  Dionysos. 
Peut-être  les  deux  dérivent-elles  d'un  môme  original. 

Puisque  l'occasion  se  présente,  il  n'est  pas  inutile,  pensons-nous, 
de  signaler  aux  lecteurs  du  Musée  belge,  en  particulier  aux  professeurs 
d'histoire,  le  beau  musée  de  Namur.  Il  est,  semble-t-il,  trop  peu 
connu  dans  notre  pays.  M.  Becquet,  avec  des  ressources  médiocres, 
mais  servi  par  une  volonté  et  une  entente  remarquables,  a  pu  y 
réunir  une  riche  collection  d'archéologie  nationale  hautement  instruc- 
tive. On  sait  trop  peu  dans  notre  pays,  mais  on  le  sait  à  l'étranger, 
que  Tarrangement  du  musée  de  Namur  est  un  modèle  de  classement 
scientifique,  permettant  de  saisir  sans  efifort  l'évolution  de  l'art  indi- 
gène à  ces  temps  reculés  de  notre  histoire. 

Les  richesses  archéologiques  accumulées  et  classées  par  M. Becquet 
sont  malheureusement  entassées  dans  un  local  où  la  place  et  la 
lumière  manquent.  Si  une  ville  d'Allemagne  possédait  une  collection 
de  cette  importance,  elle  n'épargnerait  rien  pour  la  mettre  en  valeur 
et  en  permettre  Tétude.  Ce  n'est  pas  le  zèle  qui  a  fait  défaut  à 
M.  Becquet,  et  ce  ne  sont  pas  les  ressources  qui  manquent  à  notre 
riche  pays.  Il  y  a  d'ailleurs  des  situations  pires  que  celle  de  Namur, 
où  du  moins  rien  ne  se  perd.  En  parlant  ainsi,  nous  pensons  à 
Tongres,  dont  les  inappréciables  richesses  archéologiques,  malgré  le 
zèle  de  l'archéologie  locale,  restent  toujours  exposées  à  se  disperser 
sans  retour.  E.  Rem  y. 

92.  —  A.   Michel,  Syntaxe  grecque  abrégée.   Le   môme.   Tableaux 

mwaux.  Tournai,  Casterman,  1906. 

A  l'heure  où  les  études  grammaticales  ont,  plus  que  jamais,  besoin 
d'être  encouragées,  on  ne  saurait  trop  féliciter  M.  Michel  d'avoir 
contribué,  par  la  présente  publication,  à  rendre  plus  aisée  l'étude  de 
la  syntaxe  grecque  et  à  en  fixer  plus  solidement  la  connaissance  dans 
la  mémoire  des  élèves. 

L'auteur  n'admet  pas  renseignement  systématique  d'une  syntaxe 
détaillée  et  réserve  à  bon  droit  les  particularités  et  les  exceptions 
à  l'enseignement  occasionnel.  En  prenant  comme  base  les  meilleurs 
manuels  en  usage  dans  nos  établissements  officiels  et  libres, 
M.  Michel  groupe  autant  que  possible  les  règles  les  plus  essentielles  ; 
il  les  présente  d'une  façon  claire  et  succincte  et  les  fait  suivre  d'un 
paradigme  facile  et  frappant,  avec  renvoi  aux  sources.  Règles  simples, 
exemples  simples  ;  la  matière  se  trouve  ainsi  considérablemet  réduite. 
Une  petite  lacune  à  signaler  :  la  théorie  des  propositions  interroga- 
tives  aurait  dft,  nous  semble-t-il,  trouver  place  dans  le  précis. 


l36  LE    MUSÉE   BELGE. 


Pour  rendre  cet  enseignement  plus  intuitif,  M.  Michel  a  eu  Tidée 
fort  heureuse  de  recourir  aux  tableaux  muraux.  Imprimés  en  carac- 
tères très  lisibles  et  conçus  avec  la  même  clarté  et  la  même  méthode 
que  l'abrégé,  ces  tableaux,  au  nombre  de  12,  résument  avec  une 
concision  remarquable  l'emploi  des  cas,  des  modes  et  des  temps  ;  ils 
peuvent  servir  tant  à  la  répétition  d'un  groupe  de  règles  qu'à  l'ensei- 
gnement occasionnel  de  la  syntaxe. 

Somme  toute,  une  publication  dont  l'élève  et  le  professeur  retire- 
ront le  plus  grand  avantage.  P.  Schock. 

Langues  et  Littératures  celtiques. 

93.  —  B.    WindiSCh.    DU    altiriscJu  Heldensage,   Tdin   bâ  Cûalnge, 

Leipzig.  Hirzel,  igo5.  xc-1120  pp.  in  80.  45  m. 

M.  E.  Windisch  vient  de  publier  un  volume  de  plus  de  1200  pages, 
qui  depuis  de  longues  années  est  attendu  avec  impatience  par  tous 
les  amis  des  études  celtiques  ;  c'est  une  édition  du  morceau  capital 
de  l'épopée  irlandaise,  le  Tdin  hô  Cûaînge^  ou  Rapt  des  bêtes  à  cornes  de 
Cooley. 

Dix  ans.  Grecs  et  Troyens  se  sont  entretués  sous  les  murs  de  Troie 
pour  une  femme  et  cette  guerre  a  été  chantée  par  toute  l'Hellade.  La 
mort  de  Roland  au  scindes  gorges  des  Pyrénées,  fit  résonner  la  chrotte 
des  trouvères  français  ;  les  aventures  de  Siegfried  et  des  Nùbeîungen 
ont  charmé  l'Allemagne.  Pourquoi  donc  les  bêtes  à  cornes  ont-elles 
été  le  partage  de  l'Ile  Verte  ?  C'est  qu'en  Irlande  elles  constituaient 
la  principale  source  de  richesse,  servaient  à  évaluer  les  fortunes,  et 
jouaient  en  réalité  un  rôle  de  grosse  monnaie.  Aussi,  quand  on  saura 
que  les  bêtes  à  cornes  dont  il  s'agit  ici  sont,  en  l'espèce,  un  taureau, 
et  de  plus,  un  taureau  extraordinaire,  le  plus  puissant  de  toute 
rirlande.  le  fameux  Dond  de  Cualnge,  on  comprendra  que  quatre 
des  provinces  de  l'Irlande  se  soient  coalisées  contre  la  cinquième 
pour  le  lui  enlever  ;  les  événements  qui  s'en  suivirent  furent  terribles, 
à  en  juger  par  l'impression  qu'ils  firent  sur  ces  populations  aux  idées 
relativement  primitives;  à  en  croire  la  légende,  l'expédition  aurait 
coûté  la  vie  à  des  milliers  d'hommes,  et  tout  cela  en  vain,  puisque  le 
poème  se  termine  par  la  mort  du  fameux  Dond  de  Cualnge.  Mais, 
un  court  exposé  de  la  matière  fera  comprendre  mieux,  que  tout  le 
reste,  la  nature  et  l'importance  du  sujet. 

Un  soir,  la  reine  de  Connacht  Medb  et  son  mari  Ailill,  eurent  une 
discussion  sur  le  point  de  savoir  lequel  était  le  plus  riche  des  deux  ; 
il  faut  savoir  qu'ils  étaient  mariés  sous  le  régime  de  la  séparation 
des  biens  ;  comparaison  faite  de  leurs  fortunes,  il  se  trouva  qu' Ailill 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  lij 

était  le  maître  d'un  taureau  comme  sa  femme  n'en  avait  pas.  Ayant 
appris  qu'un  chef  de  TUlster  du  nom  de  Date  en  possédait  un  célèbre 
dans  tout  le  pays,  Medb  lui  envoya  des  ambassadeurs  pour  lui  de- 
mander de  le  lui  prêter  pour  un  an  ;  par  suite  de  Toutrecuidance  de  ses 
envoyés,  sa  requête  fut  repoussée  avec  dédain.  Résolue  à  s'emparer 
de  force  de  l'animal,  la  reine  réunit  ses  armées,  invita  le  Leinster  et 
les  deux  provinces  de  Munster  à  se  joindre  à  elle  pour  attaquer 
rUlster. 

La  marche  de  l'armée  est  décrite  avec  précision  ;  une  cinquantaine 
de  localités  par  lesquelles  elle  passa  sont  énumérées  ;  au  prix  des  plus 
grandes  difficultés,  elle  arriva  ainsi  aux  frontières  de  l'Ulster,  après 
avoir  traversé  les  plaines  boisées  des  environs  de  Kells,  où  les  troupes 
souffrirent  tout  particulièrement  de  la  neige. 

Alors,  le  grand  héros  de  TUlster  Cuchulin,  sans  se  montrer, 
commença  à  harceler  l'envahisseur  ;  il  grava  une  formule  ogamique 
sur  un  tronc  d'arbre,  y  fixa  les  têtes  de  trois  guerriers  qu'il  avait  tués, 
et  plaça  le  trophée  sur  la  route  de  l'armée.  Cette  nuit-là,  Ailill  et 
Medb  se  firent  donner  des  détails  sur  leur  terrible  adversaire  par  les 
proscrits  de  l'Ulster  qui  se  trouvaient  dans  leur  suite.  Tour  à  tour, 
Fergus,  Cormac  Conlingeas  et  Fiacha  racontent  la  vie  et  les  exploits 
du  jeune  Cuchulin.  Ces  récits  forment  une  longue  digression,  qui 
occupe  environ  un  sixième  de  l'œuvre  toute  entière,  mais  ils  sont 
loin  de  constituer  la  partie  la  moins  intéressante  du  Tain, 

Cuchulin  était  seul  ;  Medb  pour  envahir  l'Ulster,  avait  profité  du 
moment  où  le  roi  et  les  guerriers  ennemis  étaient  sous  le  coup  d'une 
mystérieuse  maladie  périodique,  qui  les  rendait  faibles  comme  des 
femmes  et  incapables  de  porter  les  armes.  Le  mal  leur  était  envoyé 
a  époque  fixe  comme  punition  par  la  déesse  Mâcha  qui,  alors  qu'elle 
était  enceinte,  avait  été  obligée  par  les  guerriers  de  l'Ulster,  à  lutter 
de  vitesse  avec  les  chevaux  du  roi. 

Cuchulin  suivait  l'armée  sans  se  montrer,  mais,  chaque  nuit,  il  tuait 
cent  hommes  à  l'aide  de  sa  fronde.  Medb,  pour  mettre  fin  à  ce  car- 
nage, lui  demanda  une  entrevue  ;  n'ayant  pu  l'acheter,  elle  conclut 
avec  lui  un  traité  d'après  lequel  l'armée  resterait  dans  son  camp,  et 
chaque  jour,  un  des  champions  des  envahisseurs  se  mesurerait  avec 
Cuchulin. 

Un  grand  nombre  de  combats  singuliers  ont  lieu  ;  Cuchulin  abat 
successivement  tous  les  adversaires  qui  lui  sont  opposés  ;  pendant  sa 
lutte  avec  l'un  de  ceux  ci,  le  grand  Loch,  la  déesse  de  la  guerre  la 
Môr-rigu  vient  attaquer  le  héros  de  l'Ulster;  mais,  de  même  que, 
dans  l'Iliade,  Diomède  atteint  de  sa  lance  la  déesse  Cypris,  ici 
Cuchulin  crève  un  œil  à  la  déesse,  dont  cependant  l'intervention 
avait  permis  à  Loch  de  le  blesser  grièvement. 


l38  LB  MUSéB   BELGE. 


A  la  suite  de  cette  affaire,  Medb  rompit  le  traité,  en  envoyant  six 
hommes  contre  Cuchulin  qui  était  exténué.  Le  héros  de  TUlster  en 
vint  à  bout,  mais  au  sortir  de  cette  lutte,  poussé  par  le  désespoir,  et 
affaibli  par  les  blessures,  la  fatigue  et  les  veilles,  il  monta  sur  son 
char  pour  se  précipiter  seul  au  milieu  des  ennemis  où  il  aurait  infail- 
liblement succombé.  A  ce  moment,  un  personnage  surnaturel,  visible 
de  lui  seul  dans  la  plaine,  fit  tomber  sur  lui  un  sommeil  qui  dura  trois 
jours  et  trois  nuits. 

A  son  réveil,  en  proie  à  une  rageî  et  à  une  fureur  nouvelles,  il  fit 
un  carnage  effroyable  des  ennemis,  et  tua  entre  autres,  avec  l'aide  de 
son  compatriote  Fiachra,  qui  était  accourru  à  son  secours^  le  druide 
Cailitin  et  ses  vingt  fils.  C'est  alors  que  Medb  lui  opposa  son  ami 
Ferdiad,  un  des  proscrits  de  TUlster.  Le  combat  fut  long  et  terrible, 
il  dura  plusieurs  jours,  Cuchulin  ne  triompha  qu'au  prix  des  plus 
grands  efforts,  et  encore  était-il  tout  couvert  de  blessures.  Après  sa 
victoire,  les  fils  de  Géadh  le  transportèrent  à  Muirthemne,  et  le 
plongèrent  dans  des  eaux  salutaires  qui  guérirent  ses  plaies. 

Alors,  tandis  qu'à  la  suite  de  tragiques  événements  Findabair,  la 
fille  de  Medb  et  d^Ailill,  mourait  au  milieu  du  camp  des  alliés,  les 
guerriers  de  l'Ulster  se  rassemblaient  dans  les  plaines  de  Meath. 
Medb  envoie  Mac  Roth  reconnaître  l'ennemi,  et  l'espion  vient  faire 
un  rapport  circonstancié,  qui  rappelle  le  catalogue  des  vaisseaux 
de  l'Iliade.  Il  décrit  au  roi  et  à  la  reine  les  différentes  troupes  qui  se 
concentrent  et  Fergus  les  identifie  une  à  une  d'après  la  description. 
Alors  éclate  la  bataille,  furieuse,  désordonnée;  des  prodiges  de  valeur 
sont  faits  de  part  et  d'autre  ;  après  être  restée  longtemps  indécise, 
grâce  à  l'inaction  de  Fergus,  la  victoire  se  décide  pour  les  guerriers 
de  rUlster;  Medb  ne  doit  la  vie  qu'à  la  générosité  de  Cuchulin; 
l'armée  des  alliés  bat  en  retraite  sur  Cruachan.  Mais  Medb  a  réalisé 
son  dessein  :  pendant  le  combat,  le  fameux  Dond  de  Cualnge  a  été 
conduit  à  Cruachan. 

L'épopée  semble  terminée  ;  mais  im  dernier  épisode  la  clôt  :  arrivé 
à  Cruachan,  le  célèbre  Dond,  apercevant  le  taureau  d'Ailill,  fond  sur 
lui;  pendant  toute  la  journée,  sous  les  yeux  de  l'armée,  les  deux 
animaux  se  battirent  avec  acharnement  sans  parvenir  à  triompher 
lun  de  l'autre;  pendant  la  nuit,  ils  traversèrent  une  grande  partie  de 
l'Irlande  sans  cesser  de  se  battre  ;  au  jour,  le  Dond  était  vainqueur 
et  se  dirigeait  vers  Cualnge  avec  les  restes  de  son  ennemi  sur  les 
épaules.  Arrivé  chez  lui,  il  s'adossa  à  une  colline,  et,  poussant  un 
formidable  mugissement  de  triomphe,  il  mourut;  le  cœur  lui  avait 
éclaté  dans  la  poitrine,  et  des  flots  de  sang  s'échappaient  en  torrent 
de  sa  bouche  et  de  ses  naseaux. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  iSq 

Telle  est,  dans  ses  grandes  lignes,  la  matière  de  cette  épopée  qui 
a  entraîné  dans  son  orbite  un  grand  nombre  de  récits  épiques  de 
rirlande. 

Son  importance  est  considérable  pour  l'étude  de  l'antiquité  cel- 
tique :  c'est  en  Irlande  que  la  vieille  civilisation  celtique  s'est  main- 
tenue le  plus  longtemps,  parce  que  seule,  de  toutes  les  contrées  jadis 
habitées  par  les  Celtes,  l'Irlande  échappa  à  la  conquête  romaine,  et 
aux  invs^ions  des  barbares;  le  seul  événement  qui  modifia, dans  une 
certaine  mesure,  la  civilisation  irlandaise,  ce  fut  au  iv«  siècle  Tintro- 
duction  du  christianisme;  plus  tard,  les  invasions  des  Normands 
exercèrent  également  une  certaine  influence  ;  mais,  grâce  à  l'existence 
de  véritables  écoles  de  poètes,  le  souvenir  du  passé  se  transmit  de 
génération  en  génération. 

Lra  lecture  de  l'épopée  montre  combien  on  a  été  fidèle  à  la  tradi- 
tion; ainsi,  par  exemple,  les  principaux  héros,  tels  que  le  roi  Con- 
chobar,  Cuchulin,  Fergus,  Conall  Cernach,  Bricriu,  Ailill,  Medb, 
ont  toujours  le  même  caractère,  dans  quelque  épisode  qu'on  les  ren- 
contre. D'autre  part,  des  contradictions  de  détail,  dans  la  chronologie 
de  l'épopée,  ou  dans  certains  faits  d'importance  secondaire  montrent 
que  le  Tain  n'est  pas  Tœuvre  d'un  seul  poète,  mais  le  produit  d'une 
collaboration  de  plusieurs  siècles. 

L'œuvre  est  entremêlée  de  prose  et  de  vers;  c'est  la  prose  qui 
forme  le  corps  du  récit,  mais  elle  est  toujours  écrite  dans  une  langue 
conventionnelle,  abondante  en  clichés  et  phrases  stéréotypées;  les 
morceaux  en  vers  sont  des  dialogues,  des  chants  de  triomphe  ou  de 
deuil  ;  bref,  il  a  manqué  un  génie  pour  faire  la  toilette  définitive  de 
l'épopée  irlandaise  ;  elle  est  d'une  étape  en  arrière  de  V Iliade  et  de 
YOdyssée^  mais,  précisément  à  cet  égard,  elle  mérite  une  attention  toute 
particulière. 

Les  origines  du  Tain  sont  obscures  et  doivent  être  reportées  à 
l'époque  païenne,  mais,  naturellement  ce  n'est  pas  sous  sa  forme 
ancienne  que  le  poème  nous  est  conservé.  Il  semble  que  ce  soit  vers 
le  vi«  siècle  qu'il  fut  mis  par  écrit  ;  néanmoins  longtemps  encore  la 
tradition  resta  mi-orale,  miécrite;  dans  nos  manuscrits,  il  est  encore 
fréquemment  fait  appel  à  l'autorité  des  scélaighe^  ou  narrateurs.  D'après 
certains  indices,  la  forme  que  le  Tain  possède  actuellement  lui  aurait 
été  donnée  dans  la  première  moitié  du  vn«  siècle  de  notre  ère  par  le 
poète  Senchân  Torpeist.  Toutefois,  la  prose  est  une  matière  qui 
évolue  facilement  ;  mais  au  cours  des  siècles  suivants,  les  copistes 
remplacèrent  dans  les  manuscrits  les  formes  et  les  mots  tombés  en 
désuétude  par  des  expressions  plus  modernes  et  plus  compréhensibles, 
de  là,  l'aspect  relativement  jeune  de  la  prose,  par  opposition  aux 


I4O  LE   MUSÉE  BELGB. 


poëmes  qui,  à  cause  de  la  métrique,  ne  pouvaient  être  modifiés. 

Les  manuscrits  du  Tain  sont  au  nombre  de  seize  environ  ;  ils  se 
groupent  en  trois  recensions. 

La  première,  celle  dont  la  langue  est  la  plus  ancienne,  comprend 
le  Leahkar  na  h'Uidri,  le  Livre  jaune  de  Lécan,  TEgerton  1782,  et 
TEgerton  114. 

La  seconde  version  est  conservée  dans  le  Livre  de  Leinster,  le 
manuscrit  Stowe  984.  Le  manuscrit  H.  i,  i3  du  Collège  de  la  Trinité 
à  Dublin,  le  manuscrit  additionnel  18748  du  Musée  britannique,  et 
TEgerton  209. 

Un  grand  fragment  d'une  troisième  version  se  trouve  dans  les 
manuscrits  H.  2,  17  du  Collège  de  la  Trinité,  et  Egerton  93. 

C*est  la  version  du  Livre  de  Leinster,  que  M.  Windisch  a  prise 
comme  base  de  son  édition  ;  sans  doute,  celle  du  Leabhar  na  k'Uidri 
est  plus  ancienne,  mais  elle  est  beaucoup  moins  complète  ;  les  lacunes 
qui  existent  dans  le  récit  du  Livre  de  Leinster  ont  été  comblées 
principalement  au  moyen  du  manuscrit  Stowe  984  et  des  autres 
manuscrits  de  la  même  classe;  M.  Windisch,  qui  aurait  pu  donner 
dans  son  édition  divers  épisodes  qui  manquent  dans  le  manuscrit  de 
la  deuxième  recension  et  ne  sont  contenus  que  dans  ceux  de  la 
première  —  tels  quatre  exploits  de  Cuchulin  enfant  racontés  par  le 
Leabhar  na  h'Uidri, —  s  en  est  abstenu  pour  respecter  la  tradition  qu'il 
reproduisait. 

Quant  à  Tédition  elle-même,  c'est  un  chef-d'œuvre  de  clarté  et  de 
probité  scientifique.  L'introduction  ne  comporte  pas  moins  de  quatre- 
vingt-dix  pages.  L  auteur  y  étudie  successivement  la  géographie  du 
Tain,  sa  valeur  historique,  la  concordance  de  Tépopée  irlandaise  avec 
les  témoignages  des  auteurs  anciens  relatifs  aux  Celtes,  la  tradition 
épique  irlandaise,  et  enfin  les  manuscrits  du  Tain. 

Vient  ensuite  l'édition  du  texte.  Il  comprend  quatre  parties  : 

lo  Le  texte  irlandais,  avec  indication  par  la  typographie,  des  réso- 
lutions des  abréviations. 

2*^  Un  apparat  critique, dormant  toutes  les  variantes  des  manuscrits 
de  la  même  recension. 

3«  Une  traduction  allemande  serrant  le  texte  d'aussi  près  que 
possible  et  enfin 

4<>  de  nombreuses  notes  explicatives  d'une  grande  richesse  et  d'une 
érudition  profonde.  Elles  concernent  la  langue,  les  institutions,  les 
coutumes,  le  folklore,  etc.  L'auteur  n'y  esquive  aucune  difficulté  ; 
là  où  la  science  actuelle  est  arrêtée,  il  le  dit  carrément  et  ce  n'est  pas 
un  des  moindres  titres  qu'il  s'est  acquis  à  notre  gratitude. 

L'ouvrage  est  terminé  par  un  glossaire  de  plus  de  i5o  pp.  de  mots 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I4I 


rares  ou  obscurs,  par  une  liste  des  noms  géographiques,  et  enfin,  une 
table  des  noms  de  personnes. 

Depuis  la  publication  de  ses  Irische  Texte  et  de  sa  Petite  Gram- 
maire irlandaise^  M.  Windisch  s'était  créé  beaucoup  de  titres  à  la 
reconnaissance  des  celtisants  ;  la  publication  de  son  édition  du  Tain 
Bo  Cualnge  restera  un  monument  impérissable  de  sa  science  et  de  sa 
puissance  de  travail.  C'est  le  livre  le  plus  considérable  et  le  plus  mar- 
quant qu'aient  produit  les  Etudes  celtiques  depuis  l'apparition  de  la 
Grammatica  celiica.  Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

94.  —  J.  Bastin,  Les  voyelles  latines  dans  leur  passage  comme  sons  en 
français.  A.  Zinserling,  Saint-Pétersbourg,  1906.  23  pp.  3o  cop. 

Dans  cet  opuscule  de  23  pages,  M.  Bastin  s'est  attaché  à  résumer, 
comme  l'indique  le  titre,  le  chapitre  le  plus  important  de  la  phonétique 
historique  du  français.  La  compétence  indiscutable  de  l'auteur,  dont 
un  récent  Précis  de  phonétique  a  été  remarqué,  est  un  sûr  garant  de  la 
valeur  scientifique  de  cet  exposé  très  fouillé  et  très  touffu.  Fouillé  et 
touffu,  ce  sont  bien  les  mots  propres,  car  on  a  rarement  fait  tenir  en 
si  peu  de  pages  tant  de  règles  et  de  remarques.  Je  ne  dirai  pas  que 
la  clarté  n  en  souffre  jamais  :  il  est  tel  endroit  où  Ton  doute  que 
rélève  retrouve  facilement  le  fil  conducteur  dans  le  dédale  des  sub- 
divisions parfois  peu  nettement  indiquées  (Page  8,  rétablir  un  40  au 
commencement  de  la  ligne  9).  C'est  aussi  là,  en  partie  du  moins,  la 
faute  de  la  forme  adoptée  dans  cet  ouvrage.  Plutôt  qu'un  véritable 
manuel  classique,  M.  Bastin  nous  a  donné  une  causerie  fort  savante 
à  la  vérité,  mais  parfois  un  peu  désordonnée.  C'est  ainsi  que  les 
questions  de  graphie  et  de  prononciation  viennent  sans  cesse  se 
greffer  sur  les  questions  de  pure  phonétique.  A  coup  sûr,  l'exposé 
oral  s'accommode  fort  bien  de  pareils  rapprochements  :  si  l'on  en 
avait  laissé  l'initiative  aa  professeur,  le  plan  de  l'ouvrage  y  eût 
gagné,  à  notre  avis,  en  rigueur  et  en  clarté.  Il  est  juste  d'ajouter  que 
l'auteur  a  prévu  cette  critique  et  s'en  excuse  :  «  cette  étude  ne 
contient,  nous  assure  t  il  que  l'enseignement  pratique  donné,  en 
Russie  à  la  jeunesse  des  écoles».  Voilà  de  quoi  faire  rêver  les 
professeurs  de  notre  enseignement  moyen,  à  la  porte  duquel  l'étude 
historique  du  français  attend  toujours  le  Dignus  es  intrare  ! 

A  un  autre  point  de  vue,  il  manque  parfois  à  M.  Bastin  de  savoir 
douter.  Il  lui  arrive  d'avancer  des  solutions  personnelles  dans  des 
questions  discutées.  De  quoi  il  faut  le  féliciter,  car  elles  sont  souvent 
fort  plausibles  et  méritent  d'être  prises  en  sérieuse  considération. 


142  LE   MUSÉE   BELGE. 


Nous  voudrions  seulement  que,  dans  cet  ouvrage  de  vulgarisation, 
il  les  donnât  comme  des  solutions  personnelles,  sans  plus,  et  qu'en 
général  il  distinguât  plus  nettement  ce  qui  est  résultat  acquis  de  ce 
qui  est  simple  hypothèse.  Ainsi  le  commençant  ne  pourrait  jamais 
déduire  de  l'exposé  de  la  formation  de  Timparfait  de  l'indicatif  (p.  9) 
qu'il  y  ait  la  moindre  incertitude,  sur  les  conditions  de  ce  processus 
linguistique  On  sait  pourtant  si  la  question  est  obscure  encore  et 
discutée  1  Où  M.  Bastin  tranche  si  décidément,  M.  Brunot  (Histoire 
de  la  langue  française,  I,  p.  2o3)  n'avance  rien  que  sous  le  couvert  de 
prudentes  formules  dubitatives. 

Ces  réserves  faites,  —  et  Ton  voit  qu'elles  sont  d'ordre  purement 
pédagogique,  —  nous  n'hésitons  pas  à  recommander  aux  maîtres  de 
français  la  lecture  de  l'opuscule  de  M.  Bastin.  Ils  y  trouveront  sur 
les  origines  de  la  langue  des  données  justes  dont  ils  pourront  enrichir 
leur  enseignement.  Et  ce  ne  sera  pas  le  premier  service  dont  ils 
seront  redevables  à  ce  vétéran  de  la  philologie  française. 

G.  CUARLIER. 

95-96.   —   V.  Albert   et   E.   Sody,   Grammaire  française  à  Vusage 

des  classes  gréco-latines ,  Huy,  Bourguignon,  1907. 
Les  mômes,  Grammaire  française  à  Vusage  des  Écoles  moyennes  et  des 

classes  professionnelles  des  athénées  et  des  collèges. 

Partant  de  ce  principe  qu'il  ne  convient  pas  d'imposer  le  même 
manuel  de  grammaire  française  aux  élèves  qui  étudient  le  latin  et  à 
ceux  qui  ne  Tétudient  pas,  MM.  Albert  et  Sody  ont  composé  deux 
ouvrages  différents.  Quand  on  s'adresse  à  des  élèves  qui  étudient  le 
latin  et  le  grec,  on  peut  remonter  aux  sources  de  la  langue  française, 
ce  qui  n'est  pas  possible  dans  les  Humanités  Modernes. 

Disons  donc  un  mot  de  chacun  de  ces  ouvrages. 

Nous  n'aurons  que  des  éloges  pour  la  grammaire  française  à  l'usage 
des  classes  gréco -latines.  Elle  constitue  en  Belgique  une  heureuse 
innovation  qui  familiarisera  les  élèves  avec  les  éléments  de  grammaire 
historique  et  de  grammaire  comparée.  Par  là,  l'étude  de  la  grammaire 
est  élevée  à  la  hauteur  d'une  science  :  on  raisonne,  on  explique,  on 
intéresse.  Comme  le  dit  éloquemment  dans  la  préface  M.  le  Chanoine 
Tombeur,  Inspecteur  des  Collèges  diocésains  :  «  les  élèves  voient 
»  que  la  grammaire  qu'ils  apprennent  n'a  pas  toujours  été  ce  qu'elle 
»  est  aujourd'hui  ;  ils  commencent  à  comprendre  qu'une  langue 
»  vivante  est  im  organisme  qui,  comme  tout  ce  qui  vit,  se  transforme 
»  continuellement.  Le  latin,  par  contre-coup,  paraît  moins  aride 
»  aux  élèves  :  ils  entrevoient  quelque  utilité  à  le  connaître  ;  les  deux 
»  vocabulaires  se  compénètrent  et  sunissent  pour  soutenir  l'effort  de 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  1^3 


1  la  mémoire.  Enfin  cet  aperçu  sur  la  façon  dont  la  grammaire 
•  française  s*est  peu  à  peu  formée,  élargit  les  idées  et  ouvre  des 
B  horizons  nouveaux  :  c'est  une  initiation  à  l'étude  d'autres  gram- 
■  maires  ;  l'élève  pressent  une  science  générale  des  grammaires  ». 

Ces  lignes  étaient  trop  expressives  pour  n*être  pas  reproduites 
intégralement.  Oui,  utilisons  les  renseignements  précieux  que  fournit 
la  grammaire  historique.  Ne  craignons  pas  d'entrer  dans  cette  voie 
qui  nous  a  été  trop  longtemps  fermée.  Toutefois,  évitons  d'empiéter 
sur  renseignement  universitaire  ou  plus  exactement  de  donner  à  nos 
leçons  un  caractère  trop  savant.  Ceci  est  chez  le  maître  afiaire  de 
tact  et  de  mesure. 

Il  en  est  de  même  des  premiers  éléments  de  syntaxe  que  les  auteurs 
ont  intercalés  dans  la  lexigraphie.  C'est  au  professeur  à  juger  s^il  est 
opportun  ou  non  de  les  utiliser.  L'idée,  en  tout  cas,  nous  semble 
bonne. 

Quant  aux  tolérances  orthographiques  décrétées  naguère  en  France, 
les  auteurs  ne  les  ont  pas  signalées,  ce  dont  nous  les  louvons.  Il 
est,  à  notre  sens,  prématuré  d'intervenir  dans  im  débat  où  les  solutions 
proposées  sont  loin  d'avoir  réuni  l'unanimité  des  avis. 

Nous  concluons  donc  que  ce  manuel  mérite  toute  l'attention  des 
professeurs  d'Humanités  Anciennes,  et  que  l'avenir  lui  appartient. 

Nous  ne  serons  pas  aussi  dithyrambique  à  l'égard  du  second 
manuel.  Pourquoi  ?  parce  qu'il  ne  se  distingue  guère  de  ceux  dont 
on  se  sert  aujourd'hui  II  est  donc  comme  les  autres  :  alors  convient-il 
de  changer  ?  Puisque  la  grammaire  française  semble  et  est  si  difficile 
pour  les  élèves  qui  ignorent  le  latin  et  le  grec,  pourquoi  ne  pas  leur 
faciliter  cette  étude  au  moyen  de  tableaux  synoptiques  qui  frapperont 
davantage  l'esprit  et  se  graveront  aisément  dans  la  mémoire  ?  De 
plus,  les  auteurs  parlent  du  gérondif.  Pourquoi  introduire  ce  nouveau 
terme  qui  ne  dit  rien  aux  élèves  des  Humanités  Modernes  ? 

Une  dernière  remarque  :  on  lit  dans  la  table  des  matières  :  Pré- 
face, puis  Introduction  ;  et  dans  l'ouvrage  on  ne  trouve  ni  Introduc- 
tion ni  Préface.  Petite  distraction  des  auteurs. 

Quant  à  l'exécution  matérielle  des  deux  manuels,  disons  qu'elle 
est  soignée  :  beau  papier  et  belle  impression,  —  cela  a  bien  aussi 
son  importance.  J.  Fleuriaux. 

Langues  ET  Littératures  germaniques. 

97.   —  D'  W.  Streitberg,  Gotischss  EUmentarbuch.  Zweite  verbes 
serte  und  vermehrte  Auflage.  Heidelberg,  C.  Winter,  1906.  xvi- 
35o  pp.  in-8o,  4  m.  80.  (Sammlung  germanischer  Elementar-  \md) 
Handbiicher,  hrsg.  von  W.  Streitberg.  I.  Reihe  :  Grammatiken.  2. 


144  ^^   MUséE   BELGB. 


La  première  édition  de  cet  ouvrage,  publiée  en  1897,  pouvait 
passer,  même  en  français,  pour  un  manuel  élémentaire.  Depuis,  les 
EîementarbUcher  de  M.  Holthausen  pour  le  vieux  saxon,  de  M.  Kahle 
pour  l'islandais,  et  surtout  de  M.  Bûlbring  pour  Tanglo-saxon  ont 
modifié  entièrement  Taspect  de  la  collection  à  laquelle  appartient  la 
grammaire  gotique  (i)  de  M.  Streitberg.  Ce  ne  sont  plus  des 
ouvrages  élémentaires,  mais  des  traités  très  savants  et  très  complets 
relatifs  à  chacune  des  anciennes  langues  germaniques;  et  le  petit 
volume  si  net,  si  substantiel,  mais  en  même  temps  si  commode  et  si 
pratique  qu'était  le  Gotisches  Elementarhitch  de  1897  s*est  trouvé  en 
quelque  sorte  dépaysé  en  si  docte  compagnie.  Il  nous  revient  aujour- 
d'hui en  deuxième  édition  et  complètement  transformé  :  sous  sa 
forme  actuelle,  le  manuel  gotique  n'a  plus  rien  à  envier  aux  autres 
volumes  de  la  série.  Le  nombre  des  pages  a  passé  de  200  à  35o; 
l'introduction,  la  phonétique,  la  morphologie,  la  syntaxe,  les  mor- 
ceaux de  lecture  se  sont  accrus  dans  des  proportions  considérables. 
Ces  changements  toutefois  ne  représentent  pas  un  progrès  au  point 
de  vue  pédagogique.  En  1897,  M.  Streitberg  nous  avait  donné  un 
excellent  livre  de  l* élève;  si  remarquable  que  soit  le  livre  du  mailre 
qu'est  l'édition  actuelle,  il  ne  saurait  remplacer  le  premier  manuel. 
Et  les  professeurs,  tout  en  appréciant  les  services  que  leur  rendra  le 
livre  nouveau,  regretteront  de  ne  plus  pouvoir  se  servir  de  l'ancien 
pour  la  première  initiation  des  élèves. 

Cette  réserve  faite,  on  serait  mal  venu  de  marchander  les  éloges 
au  Gotisches  Elementarhuch.  Sa  valeur  s'est  accrue  en  même  temps  que 
son  volume,  et  c'est  devenu  maintenant  un  abrégé  des  plus  complets 
de  tout  ce  que  l'on  sait  sur  la  langue  des  Goths.  Les  indications 
bibliographiques  relatives  à  chaque  chapitre  sont  plus  riches,  certaines 
parties  de  l'ouvrage  sont  entièrement  remaniées.  L'Introduction,  très 
succincte  dans  la  première  édition,  nous  donne  maintenant  toute  la 
matière  du  chapitre  consacré  par  M .  Streitberg  à  la  littérarure  gotique 
dans  le  Grundriss  der  germanischen  Philologie,  Avec  son  talent  d'exposi- 
tion habituel,  M.  Streitberg  retrace  l'histoire  primitive  des  Goths 
(chap.  II),  et  la  vie  agitée  de  Wulfila,  il  nous  parle  de  ses  travaux 
et  de  la  position  prise  par  lui  dans  la  question  arienne  (chap.  III)  ; 
puis  viennent  des  détails  sur  la  bible  gotique,  son  original  grec, 
l'influence  de  la  version  latine  (chap.  IV),  enfin  sur  les  autres 
monuments  de  la  langue  et  le  gotique  de  Crimée  (chap.  V). 

(1)  Il  peut  paraître  pédantcsque  d'écrire  gotique  et  Goths  (avec  th)\  mais  il 
importe  de  ne  pas  confondre  ce  qui  appattient  aux  Goths  avec  ce  qui  est  gothique^ 
comme  Tart  gothique  qui  n*a  aucun  rapport  avec  le  peuple  goth.  On  peut,  si  Ton 
veut,  justifier  le  th  du  nom  propre  par  Gutthiuda  «  peuple,  terre  des  Goths  j>. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUB.  145 

La  Phonétique  et  la  Morphologie  ont  subi  relativement  peu  de 
transformations,  mais  ces  changements  mêmes  sont  significatifs,  car 
ils  nous  montrent  dans  quel  esprit  Fauteur  a  voulu  modifier  le  plan 
de  son  ouvrage.  En  1897,1e  chapitre  sur  la  prononciation  du  gotique 
ne  comprenait  pour  chaque  lettre  de  l'alphabet  que  l'indication  de  sa 
prononciation  normale,  avec  quelques  détails  complémentaires  pour 
justifier  la  solution  adoptée  dans  les  cas  diflSciles;  deux  pages  en 
appendice  exposaient  les  principales  règles  de  transcription  des  noms 
propres  grecs,  et  un  chapitre  suivant  était  consacré  aux  particularités 
orthographiques  que  présentent  les  manuscrits  gotiques.  Dans  l'édition 
nouvelle  cet  ordre  se  trouve  renversé  :  un  premier  chapitre  (le  VII*) 
traite  avec  une  grande  abondance  de  détails  de  la  transcription 
gotique  des  noms  propres  bibliques,  le  suivant  (VIII«)  est  consacré 
aux  variantes  orthographiques  des  manuscrits  gotiques  ;  et  ce  n'est 
quaprès  nous  avoir  fourni  ainsi  les  éléments  de  la  solution  que 
l'auteur  aborde  dans  le  chapitre  IX«  le  problème  de  la  prononciation 
du  gotique*  en  donnant  cette  fois  aux  discussions  sur  la  valeur  de 
chaque  lettre  des  développements  assez  considérables.  La  disposition 
plus  dogmatique  de  la  première  édition  offrait  des  avantages  au  point 
de  vue  pédagogique;  mais  ici  comme  ailleurs,  M.  Streitberg  a  voulu 
suivre  un  ordre  plus  logique  et  partant  plus  scientifique,  en  commen- 
çant par  l'exposé  des  faits  dans  toute  leur  complexité  pour  formuler 
seulement  en  dernier  lieu  la  théorie  qui  s'en  dégage.  Les  chapitres 
suivants  (X-XIII)  de  la  Phonétique  ne  dififèrent  guère  de  ceux  de 
l'édition  de  1897  consacrés  aux  mêmes  matières  (rapport  entre  les 
voyelles  gotiques  et  les  voyelles  proto-germaniques  ;  apophonie  ;  les 
consonnes  gotiques  comparées  aux  consonnes  proto- germaniques  ; 
traces  de  lois  proto-germaniques  dans  le  consonantisme  gotique). 
Remarquons  qu'il  est  parlé  d'une  loi  nouvelle,  celle  de  la  dissimi* 
lation  des  spirantes  en  syllabe  non  tonique  (p.  84  et  suiv.)  :  dans  les 
mots  à  suffixe  en  -u/ni,  -ubiti,  par  exemple,  on  a  ô  ou /suivant  que  la 
syllabe  radicale  se  termine  en  consonne  sourde  ou  en  sonore  : 
witulni^  connaissance  (t  —  h)^  mais  waldufni^  puissance  (d  — f).  Cette 
loi  est  importante,  car  elle  rend  raison  jusqu'à  un  certain  point  du 
caractère  capricieux  en  apparence  des  alternances  de  spirantes  en 
gotique,  alternances  que  la  loi  de  Verner  n'explique  pas  entièrement. 

La  deuxième  partie  du  manuel,  la  Morphologie,  n'a  subi  extérieu- 
rement aucune  modification;  on  ne  le  regrettera  pas,  car  les  qualités 
d'exposition  qui  faisaient  de  la  première  édition  un  petit  chef-d'œuvre, 
apparaissaient  surtout  dans  celte  partie  morphologique  si  complète 
et  si  claire  à  la  fois,  si  bien  faite  pour  donner  à  l'avance  une  idée  de 
la  déclinaison   et  de   la   conjugaison   germaniques    tout    entières, 


146  LE    MUSÉE   BELGE. 


M.  Streitberg  s'est  borné  à  compléter  chaque  paradigme  de  la  flexion 
des  noms,  des  pronoms  et  des  verbes,  en  indiquant  avec  une  exacti- 
tude scrupuleuse  les  formes  réellement  attestées  dans  les  textes.  Une 
comparaison  attentive  des  deux  éditions  montre  avec  quel  soin 
minutieux  cette  revision  a  été  faite  (cf.  p.  100.  104,  io5,  106,  etc.). 
L'emploi  de  Tastérique  après  un  mot  dont  la  forme  citée  est  recon- 
struite, alors  que  le  mot  lui-même  ne  se  rencontre  que  sous  une  autre 
forme,  souligne  d'une  manière  frappante  ce  souci  d'une  plus  paifaite 
exactitude.  On  peut  néanmoins  aller  trop  loin  même  dans  cette  voie. 
Dans  la  liste  des  numératifs  figure  le  nombre  trente  neuf,  rendu  en 
gotique  par  fidwor  tiguns  ainamma  wananSy  c'est-à-dire  quarante  moins 
un, d'après  2  Cor.  11, 24.  Le  grec  et  le  latin  connaissent  cette  façon  de 
compter  à  rebours,  mais  cet  unique  exemple  ne  prouve  pas  qu'elle  fût 
en  usage  en  gotique.  On  pourrait  aussi  bien  soutenir  que  la  plupart 
de  nos  langues  modernes  disent  normalement  «  quarante  moins  un  » 
pour  trente- neuf,  sur  la  foi  du  même  passage  :  en  effet  toutes  les 
traductions  que  j'ai  sous  la  main,  anglaise,  française,  néerlandaise, 
danoise  reproduisent  littéralement  la  tournure  de  l'original.  Dans 
l'appendice  final  de  la  Morphologie,  il  est  donné  quelques  détails  sur 
les  composés  :  pour  être  très  brefs  encore  dans  la  nouvelle  édition, 
ces  quelques  paragraphes  sont  néanmoins  plus  riches  d'informations 
que  les  numéros  correspondants  de  l'ancienne  et  comprennent  un 
plus  grand  nombre  d  exemples. 

Une  modification  importante  apportée  aux  morceaux  de  lecture 
qui  terminent  le  volume  est  l'adjonction  du  texte  grec  original  aux 
extraits  de  la  bible  gotique.  On  sait  que  les  recherches  de  M.  KaufF- 
mann,  pour  ne  parler  que  des  plus  récentes,  ont  permis  de  déterminer 
avec  une  approximation  très  satisfaisante  à  quelle  recension  apparte- 
nait le  manuscrit  grec  qui  a  servi  de  base  à  la  version  gotique.  Dès 
lors,  il  devient  de  la  plus  haute  importance  de  n'étudier  la  bible 
gotique  qu'en  s'éclairant,  autant  que  possible,  de  l'original  (i). 
L'édition  parallèle  de  E.  Bernhardt  donnait  et  pour  le  gotique  et 
pour  le  grec  un  texte  arbitrairement  modifié  selon  les  vues  person- 
nelles de  l'auteur;  elle  ne  peut  inspirer  par  conséquent  qu'une 
médiocre  confiance.  A  l'avenir,  on  aura  à  continuer  dans  la  voie 
indiquée  par  M.  Streitberg  en  se  servant  parallèlement  au  texte 
goHque  d'un  texte  grec  établi  aussi  rigoureusement  que  possible. 
Les  morceaux  de  lecture  se  terminent  par  un  appendice  qui  comprend 
le  chapitre  deuxième  de  l'évangile  de  Saint  Luc  en  quatre  textes 

(i)  Parmi  les  rares  fautes  d'impression,  j'en  noie  une  qui  est  importante  :  p.  230, 
1,  3,  lire  ùmîiv  pour  fmuîv. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I47 

parallèles,  grec,  gotique,  anglo-saxon  et  vieux-haut-allemand.  Ce 
rapprochement  des  trois  plus  anciennes  langues  germaniques  donnera 
lieu  certainement  à  des  comparaisons  curieuses  et  instructives  ;  mais 
pour  une  étude  tant  soit  peu  fouillée.il  faudra  comparer  chaque  texte 
à  son  archétype.c'est- à-dire  séparer  les  évangiles  anglo-saxon  et  vieux- 
haut-allemand  du  gotique  pour  les  comparer  isolément  à  la  Vulgate 
latine.  Le  même  appendice  contient  en  outre  un  extrait  des  fragments 
de  Monsee,  ainsi  que  le  fameux  passage  de  Busbeck  où  il  raconte 
son  entrevue  avec  deux  Goths  de  Crimée  et  cite  quelques  mots  de 
leur  langue. 

Il  nous  reste  à  parler  de  la  troisième  partie  du  manuel  de  M.  Streit- 
berg^  la  Syntaxe,  qui,  avec  T Introduction,  a  subi  les  remaniements 
les  plus  importants.  Les  o  notions  de  syntaxe  »  (Syntaktisches)  de 
1 897  comprenaient  en  une  trentaine  de  pages  un  précis  de  syntaxe 
nécessairement  très  succinct  mais  d'une  doctrine  remarquablement 
nette  et  ferme.  Aujourd'hui,  M.  Streitberg  nous  donne  une  syntaxe 
beaucoup  plus  étendue  (près  de  loo  pages)  et  qui  vise  à  être  complète. 
Aucun  ouvrage,  à  notre  connaissance,  depuis  Texposé  de  J.  Grimm 
et  celui  de  von  der  Gabelentz  et  Loebc  dans  leur  Grammaire  de  la 
langue  gotique  de  1846,  n'a  repris  l'étude  de  la  syntaxe  gotique  dans 
son  ensemble.  C'est  donc  un  grand  service  que  nous  rend  M.  Streib 
berg,  qui  est,  du  reste,  on  ne  peut  mieux  qualifié  pour  entreprendre 
ce  travail,  tant  par  les  recherches  de  détail  qu'il  a  entreprises  précé- 
demment que  par  la  méthode  claire  et  sûre  dont  il  s'inspire.  On  a 
souvent  négligé  de  considérer  à  son  véritable  point  de  vue  la  langue 
gotique  que  nous  connaissons  et  les  études  de  syntaxe  surtout  ont  eu  à 
souffrir  de  ces  erreurs.  La  langue  de  Wulfila  n'est  pas  le  parler 
quotidien  dont  se  servaient  les  Goths  ses  contemporains,  c'est  une 
langue  littéraire  artificielle  créée  de  toutes  pièces  pour  servir  de  langue 
religieuse,  à  la  fois  liturgique  et  théologique.  Chez  les  autres  peuples 
germaniques,  l'idiome  barbare  a  été  façonné  peu  à  peu,  au  fur  et  à 
mesure   des  besoins,  à  exprimer  des  idées  chrétiennes.    Chez   les 
Gotlis  il  y  a  eu  une  introduction  brusque  de  la  langue  nationale 
dans  le  culte  et  dans  la  liturgie  dès  les  premiers  jours  du  chris- 
tianisme,  et   Wulfila   a  été  amené  par  la   force  des  choses  à  faire 
violence  au  génie  de  sa   langue   à   un  degré   que  nous   pouvons 
à   peine  deviner.    La    tâche    du    traducteur   peut    paraître    aisée 
quand  il  n  a  affaire  qu'aux  récits  relativement  simples  des  évangiles  ; 
mais  elle  est  d'une  difficulté  qu'on  pourrait  qualifier  d'insurmontable 
quand  il  s'agit  de  rendre  avec  précision,  dans  une  langue  encore 
inculte,  les  notions   abstraites   de  la    théologie  de  Saint  Paul.  Le 
résultat  auquel  est  parvenu  Wulfila  est  très  remarquable,  mais  il  ne 


148  LE   MUSÉE  BELGE. 


faut  pas  oublier,  en  étudiant  sa  version  des  Livres  Saints,  qu  elle  ett 
en  grande  partie  artificielle.  Un  exemple  nous  montrera  combien  est 
imparfaite  notre  connaissance  de  la  langue  gotique,  malgré  l'impor- 
tance des  fragments  que  nous  en  avons  conservé.  Le  mot  lathon^ 
appeler,  se  rencontre  dans  vingt  passages,  ce  qui  peut  paraître  suffi- 
sant pour  en  déterminer  la  signification.  En  réalité,  sur  ces  vingt 
passages,  il  en  est  dix  neuf  où  le  mot  désigne  l'appel  divin,  la  voca- 
tion à  une  destinée  surnaturelle,  et  le  substantif  correspondant 
lathons,  appel,  s'emploie  de  même  pour  «  vocation  divine  » .  C'est  dire 
que  nous  ignorons  le  sens  véritable  du  mot  :  nous  connaissons  le 
concept  théologique  auquel  Wulfila  la  adapté  dans  sa  langue  artifi- 
cielle, mais  nous  ne  pouvons  aller  au  delà  de  la  lettre  morte  du  texte 
pour  retrouver  la  notion  vivante  du  parler  réel.  Ce  qui  est  vrai  du 
vocabulaire.  Test  aussi,  muiatis  mutandis,  de  la  syntaxe.  Bien  souvent 
la  phrase  gotique  est  un  décalque  si  parfait  de  la  phrase  grecque, 
les  constructions  de  la  version  coïncident  si  exactement  avec  celles 
de  l'original,  que  Ton  est  forcé  d'admettre  qu'il  y  a  eu  imitation 
presque  servile.  Comment  alors  distinguer  les  tournures  empruntées 
de  celles  qui  étaient  originales?  La  méthode  de  M.  Streitberg 
est  la  suivante  :  il  faut  d'abord  s'efforcer  de  connaître  aussi  exacte- 
ment que  possible  le  modèle  grec  dont  Wulfila  nous  a  donné  la 
copie  ;  puis,  donner  toute  son  attention  aux  constructions  qui 
s'écartent  de  l'original,  les  seules  qu'on  ne  puisse  suspecter  d'être 
imitées  du  grec.  Celles  ci,  bien  comprises,  donneront  souvent  la  clef 
des  autres  difficultés  et  permettront  fréquemment  de  décider  s'il  y  a 
eu,  oui  ou  non.  imitation. 

Dans  cette  nouvelle  édition,  les  premiers  chapitres  relatifs  à  la 
syntaxe  des  noms,  des  pronoms  et  des  adjectifs  ne  sont  guère  plus 
développés  qu'ils  ne  l'étaient  en  1897.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'ils 
n'aient  été  retouchés  :  par  exemple  toutes  les  explications  concernant 
le  génitif  ont  été  remaniées,  la  classification  a  été  bouleversée  pour 
devenir  plus  savante,  sinon  plus  pratique.  Les  paragraphes  de 
l'adjectif  et  du  pronom  ont  pris  un  peu  plus  d'ampleur,  mais  sans 
changements  profonds.  Au  contraire,  la  doctrine  du  verbe  a  été 
entièrement  transformée.  Un  chapitre  spécial  traite  du  verbe  dans 
les  propositions  absolues,  un  autre  est  consacré  à  la  phrase  composée. 
La  notion  difficile  que  l'on  appelle  aspect  du  verbe  dans  les  langues 
slaves  (en  allemand  Aktion,  Aktionsart)  a  également  en  gotique  une 
grande  importance,  et  pour  la  même  raison.  Dans  ces  langues,  la 
pauvreté  de  la  conjugaison  est  corrigée  par  le  jeu  assez  complexe 
d'un  système  de  composés  ajoutant  à  la  notion  du  verbe  Vaspect 
imperfectif,  duratif,  inchoatif.  etc.,  qui  chez  nous  s'attache  plutôt  à 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I49 

un  temps  détenniné,  imparfait,  passé  défini,  etc.  Les  deux  modes 
d'expression  ne  coïncident  du  reste  qu'en  gros  :  pour  nous,  l'idée 
temporelle  (présent,  passé,  futur)  est  la  chose  essentielle  que  nous 
omettons  rarement  d'indiquer;  dans  les  langues  slaves,  et,  pour 
autant  que  nous  pouvons  nous  en  rendre  compte,  en  gotique,  laspect 
de  Taction  verbale  passe  au  premier  plan  et  l'élément  temporel  est 
à  proprement  parler  sous-entendu,  quoique  il  se  laisse  deviner  sans 
en-eur  possible.  On  ne  reprochera  pas  à  M.  Stieitberg  d'avoir 
consacré  des  pages  nombreuses  à  définir  ces  notions  qui  nous  sont 
peu  familières,  et  qu'il  est  d'ailleurs  difficile  de  délimiter  d'une 
manière  précise  :  car  il  semble  que  le  gotique  n'ait  pas  su  profiter 
autant  que  les  langues  slaves  des  ressources  des  aspects  verbaux. 

La  syntaxe  des  modes,  moins  malaisée  à  saisir,  n'en  soulève  pas 
moins  de  multiples  problèmes.  Tant  pour  les  propositions  principales 
que  pour  les  subordonnées,  l'emploi  de  l'optatif  ou  de  l'indicatif  est 
lié  à  des  lois  qui  sont  loin  d'être  complètement  élucidées.  Sans 
y  parvenir  toujours,  M.  Streitberg  s'est  efforcé  d'être  complet  :  il  est 
rare  de  rencontrer  dans  un  texte  gotique  une  difficulté  dont  son 
manuel  ne  donne  une  solution,  généralement  satisfaisante.  Je  signa- 
lerai, parmi  ces  constructions  que  M.  Streitberg  néglige  d'expliquer, 
l'emploi  de  et  avec  l'indicatif  après  saihwan  «  se  garder  de  »  dans 
Me.  8,  1 5  :  saihwith  ei  aisaihwith  izwis  . . . ,  et  dans  une  proposition  de 
but,  Joh.  14,3  :  ei ...  sijuih,  E.  Bernhardt  note  déjà  ces  anomalies 
sans  résoudre  la  difficulté  :  il  eût  été  intéressant  de  connaître  l'avis 
de  M.  Streitberg  sur  ces  passages  difficiles  (i). 

En  résumé,  l'ouvrage  de  M.  Streitberg  est  un  livre  nouveau,  très 
complet,  sur  la  langue  gotique.  Il  s'adresse  non  plus  à  des  débutants, 
mais  à  tous  ceux  qui,  pour  leurs  études  ou  leur  enseignement,  veulent 
approfondir  la  plus  ancienne  des  langues  germaniques.  Indispensable 
à  tous  les  travailleurs  grâce  à  sa  syntaxe  complète,  le  nouveau 
manuel  sera  consulté  avec  fruit  à  chaque  page,  autant  pour  la  sûreté 
des  renseignements  qu'il  fournit  qu'à  cause  de  l'excellence  de  la 
méthode  dont  l'auteur  s'inspire.  Nous  possédions  jusqu'ici  un  assez 
grand  nombre  d'ouvrages  de  valeur  sur  la  langue  de  Wulfila  :  on 
peut  dire  que  celui  de  M.  Streitberg  réunit  les  avantages  de  chacun 
d'eux.  Joseph  Mansion. 

98: 02.  —  M.  LiOke,  Les  versions  néerlandaises  de  Renaud  de  Montauhan 
étudiées  dans  leurs  rapports  avec  le  poème  français.  Toulouse,  E.  Privât, 
1906,  190  pp.  8". 


(0  L'adjectif  reiArj*  dont  on  rencontre  la  forme  reikjane  Nch.  6,  17  est  oublié  au 
lexicjuc. 


l50  LE   MUSÉE  BELGE. 


H.  BoU'WIIian,  Verklarende  en  tehstcritische  aantukeningên  op  Maerlunh 

«  Historié  van  den  Grale  n  enu  Merlijns  hoeck  * .  Groningen,  M .  de  Waal, 

1905.  vin-212  pp.  S^. 
FI.  E.  J.  M.  Baudet,   De  maalHjd  en  de  keuken  in  de  middeleeuwen. 

GeïlJustreerd  met  authentieke  af beeldingen.  Leiden,  A.  W.  Sijthoff, 

[1906],  x-f66  pp.  8®. 
P.  H.  Van  Moerkerken  Jr,  De  satire  in  de  Nederlandsche  kunst  dit 

middeleeuwen,  Amsterdam,  S.  L.  Van  Looy,  1905,  vi-244  pp.  8". 
J.  A.  N.  Knuttel,  Het  geestelijk  lied  in  de  Nederlanden  voor  de  kcrk- 

hervorming.    Rotterdam,  W.  L.  et  J.  Bnisse,  1906  xvc-544  pp.  8*. 

Parmi  les  dissertations  doctorales  qui  ont  paru  en  ces  derniers 
temps,  et  qui  sont  consacrées  à  Texamen  d'une  question  de  philologie 
néerlandaise,  signalons  d'abord  quelques-unes  se  rapportant   à   la 
littérature  néerlandaise  du  moyen- âge.  —  Dans  sa  thèse  de  doctorat, 
présentée  à  la  Faculté  des  Lettres  de  l'Université  de  Toulouse, 
M"e  M.  Loke  s'occupe  des  Versions  néerlandaises  de  Renaud  de  Mcntau- 
ban,  étudiées  dans  leurs  rapports  avec  le  poème  Jrançais.  Elle  divise  son 
travail  en  deux  chapitres,  dont  le  premier  (pp.  7-58)  est  consacré  à 
Texamen  de  la  version  moyen -néerlandaise,  ses  différentes  rédactions, 
leur  filiation  et  leur  composition.  Cette  version  est  représentée  par 
quatre  textes,  dont  deux  sont  écrits  en  néerlandais,  deux  en  allemand; 
dans  chaque  langue.  Tune  des  rédactions  est  en  prose,  lautre  en  vers. 
Par  Tétude  détaillée  de  ces  quatre  textes,  lauteur  veut  établir  que 
les  deux  rédactions  rimées  remontent  probablement  à  une  source 
commune  (x),  et  les  deux  rédactions  en  prose  à  une  autre    (y), 
lesquelles  toutes  les  deux  remontent  à  leur  tour  à  une  version  primi- 
tive fjr^.  Nous  avons  donc  d'un  côté  le  texte  français,  publié  par 
Michelant  (1862);  de  lautre.  le  groupe  des  textes  néerlandais;  les 
différences    entre  les  deux  sont  examinées  au  deuxième  chapitre 
(pp.   59  i85).  M'ïe  Loke  étudie    d'abord  séparément  les  différents 
épisodes  (section  I),  puis  passe  à  la  comparaison  générale  de  la  ver- 
sion française  et  de  la  version  néerlandaise  supposée  (z);  «  je  crois 
avoir  démontré,  dit-elle  en  terminant,  que,  si  la  comparaison  détaillée 
des  différents  épisodes  des  deux  versions  rend  probable  l'antériorité 
de  la  rédaction  néerlandaise,  l'analyse  littéraire  conduit  au  même  ré- 
sultat; qu'elle  nous  présente  le  texte  français  comme  une  œuvre  plus 
voulue,  plus  littéraire,  et  par  conséquent  comme  postérieure  à  celle 
qui  a  servi  de  base  à  la  rédaction  néerlandaise  » .  Cette  conclusion 
s'écarte  de  l'opinion  généralement  admise  jusqu'aujourd'hui,  d'après 
laquelle  la  version  néerlandaise  serait  la  plus  récente. 

M.  H.  Bouwman  nous  présente,  dans  sa  dissertation  doctorale,  une 
série   de  remarques  critiques  et  exégétiques  sur  le  texte  de  deux 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUB.  l5l 

romans  de  Jacques  de  Maerlant,  datant  de  sa  première  période,  à 
savoir  « Thistoire  dugraaln  et  le  «livre  de  Merlin  ».  Ces  remarques 
ont  pour  but  tantôt  d'éclaircir  le  sens  d'un  passage ,  tantôt  de  corriger 
le  texte,  etc.  Ce  travail,  de  l'aveu  même  de  Fauteur,  ne  saurait  être 
définitif.  Il  est  clair  en  effet  que,  pour  aboutir  à  des  résultats  certains, 
M.  Bouwman  aurait  dû  se  servir  du  manuscrit  (unique)  dans  lequel 
nous  sont  transmises  ces  œuvres,  vu  que  le  texte  édité  par  Van 
Vloten  n'offre  pas  la  moindre  garantie  d'authenticité.  Malheureuse- 
ment, le  possesseur  actuel  de  ce  manuscrit  a  refusé  net  de  le  commu- 
niquer, que  dis-je  !  même  de  le  laisser  voir  à  M.  Bouwman,  de 
sorte  que  celui-ci  a  bien  dû  se  contenter  du  texte  imprimé. 
M.  Bouwman  se  proposait  d'entreprendre  une  édition  critique  du 
Grale  et  du  Merlijn  ;  ce  refus  l'a  forcé  d'y  renoncer  pour  le  moment, 
mais  ne  l'a  pas  découragé  au  point  d'abandonner  aussi  la  préparation 
de  cette  édition,  à  savoir  l'étude  du  texte,  malgré  le  caractère  provi- 
soire que  devait  revêtir  cette  besogne.  On  lui  en  sera  reconnaissant; 
ces  deux  romans  ont  été  beaucoup  trop  négligés  jusqu'à  présent. 

Comment  nos  aïeux  prenaient-ils  leurs  repas  ?  Qu'est  ce  qu'on 
mangeait  et  buvait  au  moyen  âge  ?  Comihent  était  organisé  le  a  labo- 
ratoire »  où  se  préparait  ce  que  l'on  servait  à  table  ?  A  cette  triple 
question  M"«  FI.  E.  J.  M.  Baudet  a  essayé  de  répondre  dans  la 
publication  qui  lui  a  valu  le  titre  doctoral.  Son  livre  est  intéressant 
à  lire  ;  les  gravures  qu'elle  y  a  insérées,  et  qui  ne  constituent  certai- 
nement pas  un  luxe  superflu,  ont  été  empruntées  à  des  imprimés  du 
xvi«  et  xvii«  siècles,  mais  se  rapportent  à  des  usages  qui  sont  décrits 
plusieurs  centaines  d'années  auparavant.  Un  travail  de  ce  genre  n'a 
pas  seulement  exigé  de  longues  et  patientes  recherches  ;  il  ne  pouvait 
être  mené  à  bonne  fin  qu'avec  une  grande  circonspection  dans  le 
choix  et  l'interprétation  des  textes.  Il  y  a  fort  longtemps  déjà  que 
Jonckbloet  a  commencé  à  étudier  les  reaîia  dans  nos  auteurs  du 
moyen  âge,  mais,  à  part  sa  publication  et  le  petit  livre  de  J.  te  Winkel 
(Hd  kasUel  en  de  derHende  eeuw^  Groningue,  1879),  presque  rien  n'a 
été  fait  dans  cet  ordre  de  choses.  Il  est  à  souhaiter  que  l'exemple  de 
M''«  Baudet  trouve  des  imitateurs. 

C'est  un  sujet  très  vaste  qu'a  choisi  M.  P.  H.  Van  Moerkerken  Jr 
comme  thèse  doctorale.  Par  «  satire  »,  l'auteur  entend  (pp.  1-2)  toutes 
les  manifestations  du  comique,  même  quand  l'intention  directement 
satirique  est  absente;  de  même,  il  prend  le  terme  d'«  art  »  dans  un 
sens  large  :  la  littérature  et  les  arts  du  dessin  ;  enfin  le  moyen  âge  ne 
s'arrête  pas  à  la  fin  du  xv«  siècle  ;  en  matière  d'art,  l'esprit  de  cette 
époque  subsiste  encore  plus  tard,  alors  qu'une  nouvelle  façon  de 
penser  et  de  concevoir  les  choses  se  fait  jour  dans  les  autres  domaines; 


l52  LE   MUSÉE  BELGE. 


c'est  pourquoi  il  faudra  en  poursuivre  les  manifestations  bien  loin 
dans  le  xvi«  siècle.  Après  le  chapitre  d'introduction  (pp.   1-9),   où 
M.  Van  Moerkerken  expose  ses  vues  et  trace  son  plan,  il  étudie,  dans 
les  suivants,  la  satire  grave  et  sérieuse  chez  Maerlant  et  ses  disciples 
Boendale  et  Jean  de  Weert  (chap.  II,  pp.  10-37),  la  satire  mordante 
et  spirituelle,  Tironie  fine  du  roman  du  Renard  (chap.  III,  pp.  38-53), 
la  satire  plus  âpre  et  d^habitude  plus  grossière  des  chansons,  contes, 
fabliaux  (chap.   IV,  pp.  54-88).  enfin  Télément  satirique  dans    la 
littérature  dramatique  et  les  fêtes  populaires  (chap.  V,  pp.  89-120).  Le 
diable,  la  mort  et  les  danses  macabres  forment  le  sujet  de  deux  autres 
chapitres  étendus,  très  intéressants  (chap.  VI  et  VII,  pp.  121-182)  ; 
les  deux  derniers  sont  consacrés  à  la  satire  dans  les  arts  du  dessin 
(chap.  VIII,  pp.  183-216)  et  aux  satiriques  qui  forment  la  transition 
du  moyen  âge  aux  temps  nouveaux,  en  particulier  Erasme,  Anna 
Bijns  et  P.  Brueghel  l'ancien  (chap.  IX,  217-239).  Ce  court  aperçu, 
qui  est  loin  de  donner  une  idée  du  riche  contenu  de  cet  ouvrage, 
permettra  cependant  de  conclure  à  l'importance  des  sujets  qu'aborde 
M.  Van  Moerkerken.  Ajoutons  que  son  livre,  qui  prouve  des  connais- 
sances solides  et  une  excellente  méthode,  est  d'une  lecture  facile  et 
agréable,  ce  qui  ne  gâte  aucune  de  ses  qualités. 

Très  remarquable  aussi  est  le  volumineux  travail  de  M.  J.  A.  N. 
Knuttel  sur  les  chansons  religieuses  du  moyen  âge  ;  c'est  un  digne 
pendant  à  la  dissertation  que  M.  Kalfif  a  écrite,  il  y  a  plus  de  vingt 
ans,  sur  la  chanson  profane  de  la  même  époque.  M.  Knuttel  connaît 
bien  son  sujet,  il  la  étudié  d'une  façon  approfondie;  il  n*a  rien 
oublié  d'important  ;  son  livre  est  complet.  Le  savant  auteur  trace, 
dans  un  chapitre  servant  d'introduction  (pp.  1-47),  les  grands  traits 
de  l'histoire  de  la  chanson  religieuse,  et  croit  pouvoir  conclure  que 
la  plupart  de  ces  productions  sont  originaires  de  la  Hollande  ;  il 
passe  ensuite  en  revue  (pp.  48-83)  les  sources  d'où  elles  proviennent 
(manuscrits  et  collections  imprimées).  Toutes  les  pièces  conservées 
sont  divisées  en  huit  groupes  (pp.  84-86)  et  examinées  en  détail  dans 
les  huit  chapitres  suivants  (pp.  87-433).  On  pourrait  discuter  le  bien 
fondé  de  cette  division  ;  mais  c'est  un  point  tout  à  fait  secondaire. 
L'important  c'est  que  M.  Knuttel  étudie  pour  ainsi  dire  une  à  une 
les  principales  chansons  de  chaque  catégorie, n'épargnant  aucune  peine 
pour  élucider  toutes  les  questions  qui  s'y  rattachent  ;  par  exemple  les 
origines,  la  date,  les  difiFérentes  rédactions  et  leur  filiation,  la  compo- 
sition, la  signification,  la  valeur  littéraire,  etc.  Un  grand  nombre  de 
ces  poésies  exigent,  si  Ton  veut  les  comprendre,  que  l'on  se  soit 
familiarisé  avec  la  théologie  mystique  du  moyen  âge  ;  M .  Knuttel  n'a 
reculé  devant  aucun  effort  pour  y  parvenir  et  arriver  par  là  à  la  pleine 


PARTIE   BIBLIOGRAPHtQUB.  l53 


intelligence  des  textes.  Maintes  fois  il  a  pu  ainsi  expliquer  des 
passages  difficiles  ;  quelquefois  cependant  il  nous  semble  avoir  fait 
fausse  route  (t).  Enfin,  les  deux  chapitres  suivants  traitent  respecti- 
vement de  rinfluence  des  chansons  profanes  (pp.  434-470)  et  des 
hymnes  religieuses  latines  (pp.  471-489),  tandis  que  le  dernier  a  pour 
objet  les  relations  entre  les  chants  religieux  de  nos  pays  et  ceux  de 
l'Allemagne  (pp.  490-512). 

(La  fin  au  prochain  numéro.)  C.  Lecoutere. 

io3.  —  J.  Koopmans,  Letterkundigc  studiën,  I.  Hooft  als  allegorist. 

Vondel  als  christen-symbolist.  Amsterdam,  W.  Versluys,  1906. 

In-8,  VIII-320  pp.    2  fl.  75. 

Dans  différents  périodiques  hollandais,  M.  Koopmans  a  publié 
une  suite  d'études  sur  des  auteurs  importants  et  des  œuvres  remar- 
quables de  la  littérature  néerlandaise.  Le  présent  volume  —  le  pre- 
mier d'une  série  —  contient  quelques-unes  de  ces  études,  à  savoir 
une  sur  Hooft  {pp.  1-89)  et  une  autre,  beaucoup  plus  étendue,  sur 
Vondel  (pp.  90-317).  Du  premier  de  ces  auteurs,  M.  Koopmans 
examine  les  Nederlandscht  Historien  et  trois  œuvres  dramatiques  (Baeto^ 
Geeraeri  van  Velzen  et  Granida)  ;  il  les  considère  comme  formant,  au 
fond,  de  vastes  allégories,  dont  il  cherche  à  démêler  la  signification. 
—  Quant  à  Vondel,  Tauteur  attribue  à  l'œuvre  presque  entière  du 
grand  poète  un  sens  symbolique  ;  il  en  essaye  la  démonstration  par 
Tétude  de  ses  poésies  didactiques,  religieuses  et  politiques,  mais  ce 
sont  surtout  les  tragédies  qui  sont  invoquées  à  Tappui  de  la  thèse. 

Ce  livre  n'est  pas  d'une  lecture  facile.  Il  ne  saurait  être  complète- 
ment compris  et  goûté  que  par  ceux  qu'un  long  commerce  a  tout  à 
fait  familiarisés  avec  les  ouvrages  de  Hooft  et  de  Vondel.  Puis,  quel 
style  tourmenté  !  A  force  de  ne  rien  vouloir  dire  de  banal,  M.  Koop- 
mans en  arrive  à  se  donner  un  mal  intense  pour  exprimer  des  choses 
fort  simples  ;  ses  raisonnements  abstraits  exigent  aussi  beaucoup  d'ef- 
forts. J'accorde  que  l'auteur  ne  se  contente  pas  d  une  étude  superfi- 
cielle, qu'il  va  au  fond  des  choses,  et  que,  sous  ce  rapport,  ce  qu'il  dit 
mérite  d'être  pris  en  sérieuse  considération.  Je  me  demande  cepen- 
dant s'il  ne  lui  arrive  pas,  en  plus  d'une  occasion, d'être  trop  profond, 
trop  subtil,  au  point  de  découvrir  dans  les  textes  qu'il  scrute  un  sens 
qu'ils  n'ont  pas.  Beaucoup  de  ses  interprétations  me  semblent  contes- 
tables; mais  on  y  rencontre  aussi  des  vues  très  justes,  et,  à  tout 

(i)  Ainsi,  par  exemple, nous  ne  saunons  admettre  son  interprétation  de  la  stroplic 
citée  p.  190-291.  Les  vers  2-3  ne  sont  qu*une  périphrase  des  heiligen  v.  wonJen  du 
vers  3,  et  eemchs  woorts  =  Jésus  (ce  génitif  ne  me  paraît  pas  être  surprenant).  Le 
sens  reste  le  même,  si  on  lit  oircondeit  au  lieu  de  teeken. 


l54  LB   MUSÉE  BELGE. 


prendre,  on  lira  ce  volume  avec  profit,  si  Ton  est  assez  au  courant  du 
sujet  traité  pour  pouvoir  discerner  la  part  de  vérité  qui  entre  dans  les 
affirmations  et  conclusions  de  Tauteur.  C.  Lecouterb. 

Histoire. 

104.  —  Ed.  de  Moreau,  S.  J.,  Chartes  du  XII*  siècle  de  V abbaye  de 

Villers-efhBralant.  Louvaîn,  igoS.  (Analectes  pour  servir  à  l'histoire 

ecclésiastique  de  la  Belgique,  2«  section,  7*  fasc.) 

L'abbaye  de  Villers  a  été  fondée  en  1 146.  Les  chartes  publiées  par 
le  R.  P.  de  Moreau  sont  au  nombre  de  5o  et  s'échelonnent  de  cette 
date  à  l'an  1 200  :  elles  appartiennent  donc  à  l'époque  de  la  formation 
domaniale.  Dès  lors,  apparaissent  les  granges,  qui  se  développeront 
surtout  durant  le  siècle  suivant,  Itex,  La  Boverie,  Mellemont, 
Neuve-Cour,  Schooten,  Velp,  etc. 

Ces  documents  n'ont  pas  un  simple  intérêt  local.  Ils  permettent 
tout  d'abord  de  rechercher  jusqu'à  quel  point  les  règles  si  précises  de 
Citeaux  sur  l'acquisition  et  l'organisation  des  terres  ont  été  observées. 
En  outre,  l'histoire  du  droit  et  l'histoire  économique  pourront  y  puiser 
d'utiles  renseignements.  —  La  dépendance  juridique  de  Villers  vis-à- 
vis  du  chapitre  de  Nivelles,  à  raison  de  certaines  terres,  est  détaillée 
dans  plusieurs  actes,  et  nous  paraît  intéressante.  Il  y  a  encore  (bien 
qu'en  petit  nombre)  des  donations  en  pure  aumône.  Les  modes  de 
transfert  de  propriété  ne  paraissent  pas  très  formalistes.  —  Au  point 
de  vue  économique,  l'accord  conclu  entre  Villers  et  Siger  de  Gand 
mériterait  une  étude  approfondie.  La  charte  qui  le  relate,  analysée 
par  le  P.  de  Moreau  (p.  37),  est  d'une  complication  extrême. 

L'éditeur  s'est  soumis  pour  sa  publication  aux  règles  formulées  par 
la  Commission  royale  d'histoire.  Le  texte  est  suivi  d'une  double  table. 
La  première  range  chronologiquement  les  bulles  pontificales,  les 
chartes  générales,  et  les  chartes  des  différentes  granges.  La  seconde 
est  consacrée  aux  noms  propres  de  personnes  et  de  lieux.  La 
topographie  et  l'histoire  de  nos  maisons  seigneuriales  pourront 
avantageusement  utiliser  cette  dernière  table.  C.  H. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

io5.  —  J.  Hombert  et  A.  Masson,  Lysias.  —  Discours  choisis,  Decallonoe- 

Liagre,  Tournai,  1906.  3  frs. 

La  librairie  Oecallonne-Liagre  vient  de  publier,  en  un  très  élégant  volume,  la 
3*  édition  des  Discours  choisis  de  Lysias  par  MM.  Hombert  et  Masson. 

Nous  rappelons  que  l'ouvrage  se  compose  d'une  notice  biographique,  d*une  intro- 
duction historique  très  complète,  des  cinq  discours  contre  Eratosthène,  contre 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l55 

Agoratos,  contre  Nikomachos,  pour  Mantitheos,  pour  rinvaliJe,  d'un  dictionnaire 
<ks  noms  propres  et  des  termes  relatifs  aux  institutions  et  aux  usages,  en6n  d'un 
c&urt  appendice  consacré  aux  variantes. 

Lt  première  édition,  déjà  recommandée  par  le  conseil  de  perfectionnement,  a 
encore  subi  d^heureuses  modifications.  Le  commentaire  est  séparé  du  texte  et  rejeté 
avec  le  dictionnaire  historique,  en  un  fascicule  s'adaptant  par  emboîtage  au  volume. 
Les  notes  de  traduction  ont  été  réduites  à  un  minimum  extrême  et  le  texte  conformé, 
ou  à  peu  près,  à  celui  de  Thalheim. 

Telle  qu'elle  se  présente  aujourd'hui,  cette  édition  classique  met  à  la  disposition 
de  rélève  les  éléments  de  sa  préparation,  tout  en  lui  réservant  l'obligation  de  la 
recherche  et  de  Teffort  personnel.  Cest  une  sorte  de  livre  modèle.      L.  Molitob. 

ic6.  —  M.  Schans,  Geschichte  der  roemischen  Litcratur,  I,  i.  3^  Aufl.  Munich, 
C.  H.  Beck,  1907.  7  m.  (Handbuch  der  klass.  Altertumswiss.,  VI II,  1,  1). 
Le  grand  ouvrage  de  M.  Schanz  obtient  un  succès  mérité.  Voici  déjà  la  troisième 
éditioD  du  tome  I^  L'auteur  tient  son  livre  au  courant  et  le  développe  à  chaque 
édition  nouvelle.  Le  tome  I'  contient  la  littérature  de  la  république  ;  la  3«  édition 
comprend  433  pages.  Voici  que  cette  matière  ne  tient  plus  en  un  volume,  car 
M.  Schanz  a  cru  devoir  deviser  ce  tome  en  deux  parties.  La  première  s'arrête  à  la 
guerre  sociale  et  comprend  363  pages  au  lieu  de  i5o.  Sous  cette  forme  nouvelle,  ce 
premier  tome,  dont  nous  n'avons  encore  que  la  moitié,  correspondra  mieux  aux 
tomes  suivants,  où  M.  Schanz  avait  déjà  dépassé  les  bornes  primitivement  assignées 
à  un  Manuel.  U  n*y  a  pas  une  page  qui  n'ait  reçu  des  additions,  et  des  paragraphes 
nouveaux  ont  été  intercalés.  La  bibliographie  est  complétée  et  mise  à  jour;  le  petit 
texte  où  sont  exposées  les  questions  controversées,  a  reçu  aussi  des  développements 
uMiveaux.  Nul  doute  que  cette  3*  édition  ne  soit  bien  accueillie  :  elle  rendra  plus  de 
services  encore  que  les  précédentes. 

107. —  Paul  Graindor,  Les  fouilles  de  Ténos  en  ipoS,  Louvain,  Ch.  Pceteis. 

1907.  104  pp.  3  fr.  5o. 

M.  Graindor  a  réuni  en  un  volume  les  deux  articles  du  Musée  Belge  où  il  décrit 
les  résultats  importants  des  fouilles  qu'il  a  faites  à  Ténos,  sur  les  lieux  mêmes  où 
M.  Demoulin  avait  découvert  le  temple  de  Poséidon.  Ses  trouvailles  sont  divisées 
en  quatre  catégories  :  Architecture  et  topographie.  Monuments  figurés.  Monnaies, 
Monuments  épigraphiques.  La  trouvaille  principale  de  la  campagne  a  été  sans 
coQtredit  une  horloge  solaire  de  marbre  blanc,  oeuvre  de  l'astronome  Andronikos 
de  Kyrrhos,  le  constructeur  de  la  Tour  des  Vents  à  Athènes  -,  au  revers  de  Thorloge 
est  gravée  une  épigramme  en  triœètres  iambiques.  La  brochure  est  ornée  de 
24  figures.  NtMM  félicitons  M.  Graindor  de  ses  découvertes  et  de  la  célérité  qu'il  a 
mise  aies  faire  coimaître  au  public. 

108.  —  Fr.  Gomont,  Les  religions  oriintales  dans  le  paganisme  romain.  Confé- 
rence faites  au  Collège  de  France.  Paris,  E.  Leroux,  1907.  336  pp.  (Annales  du 
Musée  Guimet). 

En  novembre  igoS,  M.  Cumont  fut  appelé  à  inaugurer,  au  Collège  de  France,  la 
série  des  conférences  instituées  par  la  fondation  Michonis.  Le  HibberUTrust  invita 
également  M.  Cumont  à  développer  à  Oxford  certaines  questions  qu'il  avait  touchées 
t  Paris.  Le  nouveau  volume  que  publie  le  savant  et  infatigable  professeur  de  l'uni- 
versité de  Gand  contient  ces  deux  séries  de  leçons.  Kn  voici  le  sujet  :  \^  Rome  et 
rOrient.  3»  Pourquoi  les  cultes  orientaux  se  sont  propagés.  3®  Cultes  de  l'Asie 
Mineure  (Cybèle,  Bellone.  etc.).  40  Cultes  de  1  Egypte  (Sérapis).  S*  Cultes  syriens. 
6*  Cultes  perses  (Magdéisme  et  Mithra).  70  L'astrologie  et  les  magies.  S»  Transfor- 


l56  LE   MUSés  BELGE. 


mat^on  du  paganisme.  Ces  conférences  sont  suivies  de  notes  qui  indiquent  les  textes 
anciens  et  les  ouvrages  modernes  sur  lesquels  l'auteur  appuie  ses  assertions. 

La  propagation  des  cultes  orientaux  est,  avec  le  développement  du  néoplatonisme, 
le  fait  capital  de  Thiscoire  morale  de  l'Empire  romain,  et  c'est  Tinâuence  de  cei 
cultes  sur  le  paganisme  romain  que  M.  Cumont  étudie.  Il  laisse  à  dessin  de  côté  k 
christianisme,  bien  qu'il  en  dise  quelques  mots  dans  sa  préface.  Il  veut  montrer  que 
«  le  culte  païen  de  l'Orient  favorisa  le  long  eflbrt  de  la  société  romaine  vers  des 
formes  plus  élevées  et  plus  profondes  de  la  dévotion  9. 

109.  —  E.  Ganives  et  O.  DelacoUette,  Caesaris  realia  ad  de  bello  gallico 
libres  Ily  IV,  VI,  VII illustrandos,  Bruxelles,  V.  Ernult-Doncq,  46  pages,  i  fr. 
Les  auteurs,  qui  sont  professeurs  au  Collège  Saint-Joseph,  à  Chimay,  ont  réuni 
dans  Cwtte  brochure  43  planches  —  guerriers  romains,  gaulois,  germains,  macbioes 
de  guerre,  plans  de  bataille  —  destinées  à  illustrer  en  partie  les  livres  II,  IV,  VI  et 
VII  des  commentaires  de  César  sur  la  guerre  des  Gaules.  Heureuse  idée,  qui  a  pu 
leur  être  suggérée  par  la  belle  édition  française  des  commentaires  de  César  par 
Benoist  et  Dosson  (Hachette,  1899);  mais  les  auteurs  ont  eu  la  bonne  inspiration  de 
réunir  ces  gravures  dans  une  brochure  séparée,  ce  qui  en  facilite  singulièrement 
Tusage.  Si  l'on  reproche  à  ces  gravures  de  n*étre  pas  la  reproduction  de  statues  ou 
de  sculptures  antiques,  les  auteurs  vous  répondront  que  le  présent  travail  n'est  pas 
fait  pour  un  cours  d'art,  mais  qu'il  a  uniquement  pour  but  de  montrer  à  l'élève, 
avec  toute  la  clarté  possible,  des  choses  réelles,  qui  lui  seront  un  grand  auxiliaire 
pour  l'intelligence  du  texte  latin.  A.  Masson. 

uo.  —  Henry  S.  'Wellcome,  Ancienne  médecine  Kymrique^  Londres,  Burroughs 

Wellcome  et  O^,  1906. 

Cette  brochure  de  5i  pcges  est  la  réimpression  d*un  souvenir  historique  publiée 
l'occasion  du  Congrès  de  la  British  médical  association  qui  a  été  tenu  à  Swansia, 
au  pays  de  Galles. 

L'éditeur  s'occupe  de  l'étude  des  méthodes  primitives  dans  l'art  de  guérir,  même 
che2  les  peuples  sauvages,  et  il  s'applique  à  rechercher  l'origine  de  l'emploi  des 
remèdes  administrés  :  observation  pratique,  accident,  imagination  ou  croyance 
superstitieuse  ? 

Pour  nous,  cette  brochure  a  un  autre  intérêt  ;  elle  renferme  un  grand  nombre  de 
gravures  relatives  aux  Druides,  à  leurs  attributions,  à  leurs  croyances,  à  leurs 
sacrifices,  à  leur  science  et  à  leur  cosiume.  C'est  à  ce  titre  qu'elle  mérite  dêire 
signalée  ici.  A.  Masson. 

111.  —  Henri  Hauvette,  Littérature  Italienne.  A.  Colin,  rue  de  Mézières,  5, 
Paris,  1906.  Br.  5  fr.  relié  fr.  6,5o.  (Histoires  des  Littératures.) 
Présenter  en  cinq  cents  pages  un  tableau  d'ensemble  de  la  littérature  italienne, 
n*étalt  pas  une  tâche  aisée.  L'auteur  a  triomphé  avec  un  rare  bonheur  de  cette 
difficulté,  et  son  livre  clair,  méthodique,  élégant  dans  la  meilleure  acception  du  moi, 
est  sans  contredit  le  plus  remarquable  qu'on  ait  encore  présenté,  en  cette  matière, 
au  public  français.  Son  but  a  été,  en  donnant  une  place  importante  aux  poètes  et 
aux  penseurs  les  plus  connus  et  les  plus  représentatifs,  de  caractériser  surtout  les 
grandes  époques  et  les  principaux  courants  d'inspiration  qui  constituent  la  véritable 
originalité  de  la  littérature  italienne. 

Pour  en  rendre  le  développement,  si  complexe  et  si  varié,  plus  facile  à  saisir, 
l'exposé  en  a  été  divisé  en  quatre  parties  correspondant  à  quatre  étapes  de  la  pensée 
et  de  la  civilisation  depuis  le  milieu  du  xiii«  siècle  jusqu'au  commencement  du  xx^ 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I  Sj 


Là  littérature  moderne  et  contemporaine  a  été  traitée  par  M.  Hauvette  avec  un  soin 
particulier  :  il  lui  a  semblé  utile  de  donner  une  nomenclature  assez  riche  des 
écrivains  les  plus  distingués  de  Theure  actuelle,  avec  des  renseignements  précis  sur 
leur  âge,  sur  la  date  de  leurs  publications  les  plus  importantes,  sur  leurs  tendances 
artistiques. 

La  compétence  de  Tauteur  et  la  richesse  de  son  information,  son  goût  délicat  et 
sûr,  son  talent  d'écrivain  assurent  auprès  du  public  lettré  le  succès  de  cet  ouvrage, 
qui  vient  prendre  très  heureusement  sa  place  dans  la  collection  d'Histoires  des 
Littératures. 

113.  —    O.    SchnltB-Gora,    Aitprovetnçaiisches    Elementarbuch .    Heidelberg, 
C  Winter,  1906,  188  pp.  3  m.  60. 

Ce  volume  forme  le  3«  volume  de  la  collection  dirigée  par  W.  Meyer-Lûbke  et 
intitulée  :  Sammlung  romanischer  Elementar^und  Handbuecher,  Nous  en  repar* 
lerons. 

ii3.  —  F.  Bnmot,  Histoire  de  /j  langue  française^  des  Origines  à  içoo,  Paris, 

A.  Colin,   1907.  Tome  II,  Le  Seizième  Siècle,  Un  vol.  in-S»  de  5oo  p.  avec 

8  planches  hors  texte.  Br.  i5  fr.  ;  relié  20  fr. 

M.  Ferdinand  Brunot  nous  donne,  un  an  après  le  premier,  la  deuxième  volume 
de  sa  grande  Histoire  de  la  Langue  française.  Ce  volume  est  consacré  tout  entier 
au  XVI*  siècle  ;  son  importance  est  capitale,  non  pas  seulement  pour  les  philologues 
et  les  grammairiens,  mais  aussi  pour  les  historiens  de  la  littérature.  Fruit  d'un  long 
et  patient  labeur,  cette  œu\re  se  place  hors  de  pair  par  Tampleur  de  la  composition, 
la  richesse  de  la  documentation,  la  clarté  du  style. 

Ce  deuxième  volume  contient  8  planches  hors  texte  donnant  des  spécimens  de 
quelques  systèmes  de  graphie  proposés  au  xvi«  siècle  par  de  hardis  novateurs.  C*est 
à  ce  moment  que  se  pose  pour  la  première  fois  en  France  la  question  de  l'ortho- 
graphe, encore  et  plus  que  jamais  à  Tordre  du  jour  ;  et  il  est  curieux  de  constater 
que  cette  question  avait  déjà,  il  y  a  plus  de  trois  cents  ans,  le  privilège  de  déchaîner 
des  passions  ardentes.  Le  magistral  exposé  de  M.  Brunot  met  en  pleine  lumière  les 
données  historiques  du  problème,  et  c'est  à  son  livre  qu'il  faut  se  reporter  pour  en 
prendre  une  idée  exacte  et  complète. 

1 14.  —  Handelingen  en  Mededeelingen  van  de  Maatschappij  der  Nederlandsche 
letterkunde  te  Leiden,  Leyde,  E.  J.  Brill,  1906.  i32  pp.  in  8°. 

Ce  volume  nous  apporte,  outre  les  renseignements  et  documents  habituels  et  le 
discours  prononcé  par  le  président,  M.  J.  E.  Heeres,  à  la  réunion  annuelle  de 
|uin  1906,  une  étude  très  intéressante  de  M.  le  professeur  L.  Knappert  sur  les 
anciennes  traductions  néerlandaises  des  psaumes  :  Oude  Nederlandsche  psalmbe- 
rijmingen^  pp.  27- 56.  L'auteur  nous  entretient  des  traductions  du  xvi«  siècle  :  Lucas 
d'Heere,  Marnix,  W.  van  Zuylen  van  Nijeveld,  Uienhove,  Daihenus.  La  version  de 
ce  dernier,  bien  qu'inférieure  aux  autres,  fut  adoptée  ;  la  cause  en  est  qu'elle  apparut 
à  un  moment  propice,  a  comme  tombée  du  ciel  »  ;  ce  fut  en  i566.  On  s'explique  plus 
difficilement  comment  Daihenus  ne  fut  jamais  détrôné.  On  a  voulu  le  rajeunir  au 
ivii«  siècle  (Trommius,  Smout);  en  1773  on  essaya  (Voet,  Schutte  et  autres)  de  le 
remplacer,  mais  ce  fut  un  effort  impuissant.  M.  Knappert  s'occupe  ensuite  de  la 
musique  des  psaume; ,  puis  des  chants  religieux  des  dissidents,  ce  qui  l'amène  à  dh-e 
quelques  mots  des  psaumes  traduits  en  vers  par  D.  Camphuysen,  Oudaen.  Roo- 
leeuw,  Vondel.  En  appendice,  il  nous  donne  des  traductions  parallèles  de  cinq 
psaumes  (à  savoir  les  psaumes  8,  42,  87,  io3,  i33  et  de  chacun  à  peu  près  une 
dizaine  de  versions),  ce  qui  permet  de  faire  des  comparaisons  très  instructives. 


l58  LB  MUSÉE  BELGE. 


Les  Levensherichten  der  afgestorven  medeleden  van  de  Maatschajppij ^  qui  ont 
paru  en  même  temps  que  les  Handelingen^  contiennent  une  dizaine  de  notices 
consacrées  à  des  membres  décédés;  nous  relevons  parmi  elles,  la  notice  de 
M.  H,  Kern  sur  L.  J.  A.  Brandes  (1857-1905),  qui  s>st  distingué  par  des  travaux 
sur  les  langues  maléo-polynésiennes  (pp.  3o  5i),  celle  de  M.  L.  \V.  Bakhujzen  vam 
DEN  EfiiNK  sur  J.  J.  van  Toorenenbergen  (iSaa-igoB),  dont  la  publication  principale 
fut  l'édition  des  œuvres  de  Marnix  de  Sainte  Aldegonde  (pp.  1 33- 159),  et  enfin  Us 
pages  consacrées  par  M.  N.  P.  van  dbn  Bebg  (pp.  58-126)  à  la  biographie  de  l'ancien 
ministre  des  colonies  E.  de  Waal  (1821  1905),  auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur  le 
régime  colonial.  C.  LscocrrEBE. 

ii5-iiG.  —  A.  £Uoer,  Hygiénisch  Spreken,  Théorie  en  methodisch  gerangschikte 

oefeningen  voor  het  onderwijs  in  hygiénisch  spreken.  Zutphen,  M.  G.  Sjoer,i9o6, 

o  fl.  75. 
K.  Veldkamp,  Spreekoefeningen,  Groningen,  J.  B.  Wolter^,  1907.  1  fl.  40. 

Le  titre  du  premier  de  ces  deux  ouvrages  en  indique  suffisamment  le  contenu- 
A  côté  d'un  exposé  théorique  et  de  quelques  remarques  pratiques  on  y  trouve, 
pour  les  différents  sons  et  leurs  principaux  groupements,  des  exercices  grad  Jés.  Le 
livre  de  M.  Veldkamp,  écrit  surtout  pour  être  employé  aux  écoles  normales,  ne 
contient  que  des  exercices,à  part  une  introduction  théorique  d'une  douzaine  de  pages. 

Ces  livres  pourraient-ils  rendre  des  services  dans  nos  établissements  d'instruction 
secondaire?  Je  crois  quç  le  professeur  de  néerlandais  qui  se  soucie  de  faire  acquérir 
par  ses  élèves  une  prononciation  correcte,  y  trouvera  un  bon  choix  de  renseignements 
utiles  et  surtout  des  exemples  et  des  exercices  en  nombre  suffisant.  C'est  pourquoi 
je  crois  opportun  d'attirer  son  attention  sur  ces  deux  ouvrages.     .C.  Lbcouterb. 

117.  —  6.  R.  Deelman,  Kleine  Lautlehre  des  Neuhochdeutschen  fur  Niederlànder 
bearbeitet,  2^^  vermehrte  und  verbesserte  Auâage.  Breda,  P.  B.  Nieuwenhuijs, 
1906.  1  fl.  75. 

L'appendice  sur  la  phonétique,  qui  originairement  faisait  partie  de  la  grammaire 
allemande  de  Léopold  et  qui,  dans  la  dernière  édition,  en  avait  été  supprimée 
(cfr.  Bulletin,  t.IV  p.i  12),  a  été  depuis  publié  comme  livre  distinct  par  M.  Deelman. 
'C'est  de  la  seconde  édition  de  cet  ouvrage  qu'il  s'agit  ici.  Il  y  a  une  vingtaine  de 
pages  consacrées  à  des  généralités  (i4Aru5ftsc/re  Vorbemerkungen  ;  das  menschliche 
Sprachorgan;  Einiges  ùber  die  Sprachlauten  im  allgemeinen)  ;  la  partie  spéciale 
(die  deutschen  Sprachlauten)  prend  au  delà  de  cent  pages.  On  y  trouve  une  biblio- 
graphie, un  «  Sachregister  »  et  un  '<  Wortregister  »  très  pratiques,  et  des  gravures 
très  bien  exécutées  et  très  utiles,  nécessaires  même  pour  se  rendre  compte  des 
phénomènes  décrits  En  résumé,  c'est  un  manuel  bien  fait,  suffisamment  complet 
(la  partie  spéciale  comprend,  outre  les  chapitres  sur  les  sons  mêmes  .  voyelles, 
consonnes,  groupement  des  phonèmes,  un  chapitre  sur  l'accent  et  un  autre  sur 
l'orthographe)  ;  il  est  méthodique,  clair,  et,  ce  me  semble,  correct.  Il  rendra  les 
plus  grands  services  aux  professeurs  chargés  d'enseigner  la  prononciation  de  l'alle- 
mand ;  spécialement  rédigé  pour  être  employé  par  les  élèves  dont  le  néerlandais 
est  la  langue  maternelle,  U  convient  aux  athénées  et  collèges  de  la  partie  flamande 
de  notre  pays.  C.  Lecouterb. 

1 18.  —  Paul  Stapfer,  Etudes  sur  Goethe.  Paris,  A.  Colin,  1907.  3  fr.  5o. 

Ces  études  sur  Goethe  sont  au  nombre  de  six.  Dans  les  deux  premières,  l'auteur 
donne  une  idée  d'ensemble  du  génie  et  du  caractère  de  Goethe  en  le  comparant  et 
en  l'opposint  au  plus  grand  de  ses  prédécesseurs  imméliats  et  au  plus  grand  de 
ses  contemporains,  à  Letsing  et  à  Schiller.  Les  quatre  piincipaux  chefs-d'œuvre  de 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  x59 

Goethe,  Werther^  Iphigénie  en  Tauride^  Hermann  et  Dorothée,  Faust^  sont  ensuite 
les  objets  d'une  analyse  détaillée  et  approfondie.  Les  circonstances  biographiques 
de  la  composition  de  Werther  et  de  Faust^  particulièrement  intéressantes  et  utiles  à 
connaître,  tiennent  autant  de  place  que  Tappréciation  littéraire  dt  ces  deux  ounngcs» 
L'étude  d^Ipkigénie  est  1  occasion  d'un  rapprochement  instructif  avec  Tart  drama- 
tique dts  Français  et  des  Grecs.  Le  copieux  commentaire  d* Hermann  et  Dorothée 
ne  lêkst  dans  Tombre  aucune  des  curieuses  beautés  du  poème  ;  il  rappelle  Tatten- 
tions  des  lecteurs  sur  Lessing  et  sur  son  admirable  traité  du  Laocoon,  dont  Goethe 
a  supérieurement  mis  en  œuvre  la  doctrine  excellente  et  sûre,  trop  trabHée  de  aoa 
jours. 

Connaissance  approfondie  du  sujet,  sûreté  et  rectitude  du  jugement,  sentiment 
délicat  et  pénétrant  de  la  beauté  littéraire,  toutes  ces  quaiitéa  ^  -priaées  dans  les 
ouvrages  antérieurs  de  M.  Paul  Stapfer,  assurent  le  succès  de  son  ncmveau  livre. 

119.  —  Av^.  Molinier,  Les  sources  de  l'histoire  de  France  des  Origines  aux 
guerres  d'Italie  (1494),  VF.  Table  générale,  par  L.  Polain.  Paris.  Picard,  1906. 
318  pp,  5  fr. 

Ce  volume  vient  compléter  la  première  partie  des  Sources  de  Vhistoire  de  France. 
A  b  page  CXXXV  de  son  introductioA,  Auguste  Molinier  avait  esquissé  le  plan  de 
celte  Uble  générale  telle  quil  l'avait  conçue.  M.  Polain  a  cru  devoir  y  apporter 
certaines  modifications  pour  ne  pas  grMsir  ce  volume  outre  mesure.  La  table  se 
compose  d'une  seule  série  alphabétiqoe,  comprenant  à  la  fois  comme  vedette  les 
nooft  de  personnages,  de  lieux,  les  fifte  historiques,  les  titres  des  chroniques  et 
écritt  anonymes  et  d'autres  rubriques  eacore.  Ces  noms  divers  sont  distingués  par 
des  caractères  dlmprimerM  différents. 

ûans  chaque  article,  les  «sentions  sont  rangés  par  ordre  alphaWtîque.  On  a  adopté 
la  forme  française  pour  les  noms  de  lieux,  aussi  bien  que  pour  les  noms  de 
personnes.  Les  éol^ns  nHKlemes  ne  sont  pas  mentionnés  dans  la  table  :  ils  ne  sont 
pas  des  sources  de  rhhtoire. 

120.  —  A.  Demangeon,  Béctionnaire-manuel-illustré  de  Géographie,  A.  Colia% 
rue  de  Mézières,  5,  Paris,  1907.  Un  vol.  in- 18  de  860  pp.,  relié  toile,  tr.  rouges. 
6  fr.  (Dict.-Manuels  illustrés.) 

Ce  livre,  vraiment  original,  d*une  science  sûre  et  au  courant  des  acquisitions  h» 
plus  récentes,  est  cependant  d'une  lecture  aisée  :  il  est  indispensable  à  quiconque 
▼cul  connaître  «  La  Terre  et  l'Homme».  —  M.  Demangeon,  chargé  de  Cours  à 
rUniversité  de  Lille,  s'est  adjoint  comme  collaborateurs  des  géologues  et  des 
géographes  d'une  compétence  éprouvée. 

L'originalité  du  livre  est  de  donner,  outre  la  nomenclature  des  noms  de  lieux  que 
doit  donner  tout  dictionnaire  de  géographie,  un  choix  de  fioms  de  choses,  de  défini- 
tions, de  renseignements  relatifs  aux  différentes  branches  de  la  géographie. 

On  trouvera  dans  ce  livre  les  notions  élémentaires  et  les  définitions  simples  dont 
rintelligence  devient  indispensable  à  tout  esprit  cultivé.  Ces  notions  et  ces  définitions 
concernent  aussi  bien  la  géographie  naturelle  que  la  géographie  économique  et 
humaine,  que  l'histoire  de  la  géographie;  l'atmosphère;  les  mers;  le  relief  des 
continents  ;  la  géologie  ;  les  roches  ;  la  végétation  ;  les  animaux  domestiques  ;  les 
peuples  et  les  races;  les  populations;  les  cultures  ;  les  industries;  le  commerce;  les 
géographes  ;  les  explorateurs  ;  la  cartographie. 

C'est  une  véritable  encyclopédie  géographique,  illustrée  de  cartes  et  de  nombreuses 
figure»,  et  il  n'en  a  point  encore  été  publié,  à  un  prix  aussi  modique,  d'aussi  complète 
et  d'aussi  riche  en  renseignements  d'une  réelle  valeur  scientifique  et  pratique. 


l6o  LE  MUSÉE   BELGE. 


121.  —  H.  Bremond,  Gerbet.  Paris,  Bloud,  1907.  3  fr.  5o. 

De  La  Mennais  à  Sainte-Beuve  et  à  Louis  Veuiilot,  les  meilleurs  juges  ont  toujours 
fait  le  plus  grand  cas  de  Tabbé  Gerb&t.  Mieux  que  d'autres  auteurs  plus  éloquents 
et  plus  populaires.  Tautïur  des  Conudérations  sur  le  dogme  générateur  et  de 
PEsquisse  de  Rome  chrétienne  est  en  eÉFet,  au  cours  du  xix«  siècle  français,  un  des 
représentants  les  plus  considérables  de  la  Pensée  Chrétienne.  Malheureusement,  ci  t 
écrivain,  ce  philosopha,  ce  théologien  s^  désintéressa  toujours  de  sa  propre  gloire. 
Ses  nombreux  articles  dorment  dans  de  vieilles  revues  où  personne  n*ira  les  lire,  et 
tel  chef-d'œuvre  de  lui  —  le  Coup  d'œil  sur  ta  controverse  chrétienne^  —  est  aujour- 
d'hui presque  introuvable.  M.  Brémond  a  eu  l'heureuse  pensée  de  réunir  quelques- 
uns  de  ces  textes  oubliés,  et  il  leur  a  fait  une  place  d'honneur  dans  le  volume  qu'il 
vient  de  consacrer  à  Gerbcrt.  Forçant  une  peu  le  cadre  habituel  de  la  Pensée  Chré* 
tienne^  M.  B.  a  fait  de  la  première  partie  du  volume  une  sorte  de  biographie  littéraire 
de  Gerbet.  Le  lecteur  ne  s'en  plaindra  pas,  mais  il  goûtera  davantage  encore,  dans 
la  seconde  partie,  la  synthèse  originale  et  suggestive  qui  ramène  à  deux  ou  trois 
idées  infiniment  fécondes  l'enseignement  de  Gerbet. 

123.  —  Bm    Horn,    Das  hoehere  Schuîwesen  der  Staaten  Europas,   Berlin, 

Trowitzsch,  1906.  m  S^.  viii-201  pp..  8  fr. 

Au  moment  où  l'on  s'occupe  en  Belgique  de  la  réforme  de  l'enseignement  moyen, 
l'ouvrage  de  M.  Horn  rendra  de  sérieux  services  à  tous  ceux  qui  désirent  se  rensei- 
gner d'une  manière  exacte  sur  l'organisation  établie  dans  d'autres  pays.  Les  ouvrages 
sur  les  questions  d'enseignement  sont  nombreux  dans  tous  les  pays,  chaque  auteur 
cherche  à  faire  prévaloir  ses  opinions  pédagogiques.  Mais  l'ouvrage  de  M.  Horn  a 
un  tout  autre  but.  C'est  un  travail  de  statistique  dans  lequel  l'auteur  a  dressé,  d'après 
des  documents  officiels,  le  tableau  du  nombre  d'heures  attribuées  à  chaqne  matière 
dans  les  divers  établissements  d'enseignement  moyen  de  tous  les  pays  de  l'Europe. 
En  tête  de  chaque  pays  on  trouve  l'indication  des  livres  que  l'auteur  a  consultés. 
C'est  la  première  fois  qu'un  pareil  travail  a  été  publié  et  son  étude  est  des  plus 
suggestives.  Il  sera  le  vade-mecum  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  questions 
d'enseignement.  Adolf  dk  Ceulfnefr. 

133-134.  —  La  maison  Poussielgue,  de  Paris,  ne  néglige  pas  les  intérêts  de  la 
philosophie.  Sans  parler  d'ouvrages  déjà  anciens,  mais  dont  le  temps  n'a  fait  que 
confirmer  la  valeur,  tels  que  ceux  du  P.  Regnault,  la  morale  pratique  de  Mgr 
Drioux,  le  petit  traité  de  morale  à  l'usage  des  écoles  primaires,  de  M.  Audley. 
la  dissertation  philosophique^  de  M.  Gonraud  et  d'autres  livres  encore,  arrêtons- 
nous  à  des  productions  plus  récentes. 

Quelques-unes  de  celles-ci  sont  élémentaires  comme  les  leçons  de  philosophie^ 
signées  J.  M.  J.  A.  (iQoS),  le  précis  de  philosophie,  de  F.  F.  («904)  et  n'aspirent 
qu'à  terminer  le  cycle  des  études  primaires  ou  à  servir  d'aide- mémoire  pour  la 
préparation  au  baccalauréat  et  au  brevet  supérieur. 

Parmi  les  publications  plus  importantes,  signalons  celles  de  M.  l'abbé  Durand  : 
et  d'abord  ses  éléments  de  philosophie  scientifique  et  morale  (1900),  lequcls  ne  se 
bornent  pas  à  enseigner  ce  qu'il  faut  savoir  pour  subir  avec  succès  l'examen  de 
bachelier  es  sciences,  mais  encore  ce  qui  peut  provoquer  la  réflexion  des  étudiants  et 
favoriser  dans  leur  esprit  le  goût  de  la  culture  des  idées,  surtout  de  celles  qui  sont 
bonnes  pour  la  direction  de  la  vie.  Par  là  se  justifient  certains  aperçus  qui  semblent 
dépasser  le  programme  et  les  développements  donnés  à  quelques  points  de  philo- 
sophie morale,  lesquels  nous  conduisent  en  métaphysique,  en  théodicie  et  jusqu'au 
seuil  de  la  théologie  révélée.  Il  suffit  de  parcourir  ce  traité  pour  voir  quelle  science 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l6l 

l'auteur  y  déploie,  quelle  pénétration,  quelle  habitude  de  l'enseignement,  quel  don 
ds  mettre  les  notions  les  plus  abstraites  à  la  portée  des  jeunes  intelligences. 

l^s  mêmes  qualités  se  trouvent  dans  V histoire  de  la  philosophie^  du  même  auteur 
(1903,  3oo  pages).  Pour  M.  Durand  cette  étude  est  utile  aux  historiens  aussi  bien 
qu'aux  philosophes,  et  même  de  première  nécessité  pour  les  uns  et  pour  les  autres  : 
ce  qui  ne  veut  pas  dire  qu'il  faille  réduire  Tétude  de  la  philosophie  à  celle  de  son 
histoire.  L*ordre  suivi  est  Tordre  chonologique,  que  M.  Durand  combine  dans  une 
certiine  mesure  avec  Tordre  systématique,  subdivisant  chaque  époque  en  écoles  dans 
lesquelles  il  réunit  tous  les  penseurs  de  même  tendance  ou  de  même  méthode,  même 
ails  n*ont  pas  abouti  aux  mêmes  conclusions.  Nous  devons  louer  ici  encore  d'autres 
qualités  de  notre  auteur,  notamment  Tart  avec  lequel  il  nous  conduit  des  origines  de 
la  spéculation  hellénique  jusqu'aux  dernières  années  du  xix*  siècle,  s'arrêtant  aux 
maîtres  (Descartes  a  21  pages,  Aristote  12),  mais  ne  négligeant  pas  les  noms  de 
second  ou  de  troisième  ordre,  citant  même  ceux  qui,  sans  être  philosophes  de 
profession,  tels  les  savants  de  la  Renaissance,  ont  exercé  une  influence  réelle  sur  le 
mouvement  des  idées.  Les  détails  biographiques,  les  citations  suggestives  alternent 
avec  Texposé  et  la  critique  des  doctrines,  ce  qui  fait  un  livre  de  lecture  agréable  ;  et 
si  Tautcur  l'a  destiné  spécialement  aux  élèves  des  classes  supérieures,  le  public 
lettré  le  lira  avec  autant  de  plaisir  que  de  profit. 

Histoire  et  système  sont  réunis  par  M.  l'abbé  Le  Roux  en  un  volume,  intitulé 
Eiéments  de  philosophie  (448  p.,  igoS).  Cest  un  bon  résumé,  clair  et  bien  informé, 
contenant  beaucoup  de  choses  en  peu  de  mots.  Comme  pour  les  autres  ouvrages 
dont  nous  parlons  en  cet  article  Tesprit  est  ici  franchement  spiritualiste,  et  chrétien, 
avec  des  attaches  plus  ou  moins  profondes  à  la  théorie  scolastique. 

Signalons,  pour  finir,  deux  écrits  de  date  un  peu  plus  ancienne,  mais  très 
intéressants  pour  des  raison  bien  différentes.  L'un  de  ceux-ci  a  pour  titre  :  Notions 
de  psychologie  à  l'usage  des  jeunes  Jîlles,  par  M.  labbé  Salembier.  C'est  le  fruit 
d'un  travail  personnel  et  original,  composé  pour  élever  les  âmes  et  les  préparer 
«c  aux  graves  devoirs  de  cette  vie  et  aux  admirables  destinées  de  l'autre,  n  Sous  les 
mains  de  l'auteur,  le  cadre  de  la  psychologie  s'élargit  jusqu'à  embrasser  des  éléments 
de  logique,  de  morale  et  d'esthétique  ;  et  l'heureux  choix  des  citations  empruntées  à 
rélite  des  penseurs  anciens  et  modernes,  le  charme  du  style,  tout  contribue  à 
l'agrément  de  ce  livre  et  rappelle  sa  gracieuse  origine.  L'autre  ouvrage  est  un  cours 
de  philosophie,pub\\é  sous  les  initiales  F.  F.  par  des  frères  de  la  Doctrine  chrétienne. 
C'esi  une  mine  abondante,  un  vaste  répertoire  de  vuesphilosophiques,de  documents, 
d'extraits  d'œuvres  les  plus  variées.  Mais,  pour  éviter  de  gêner  les  débutants  par 
rabondance  même  de  ces  matériaux,  les  auteurs  ont  disposé  les  choses  comme 
suit  :  d'abord  l'essentiel,  imprimé  en  gros  caractères  ;  puis,  en  petites  lettres,  les 
développements  utiles,  voire  même  nécessaires  à  l'intelligence  du  texte  ;  en6n  nous 
avons,  sous  le  nom  de  notes  complémentaires  et  dans  les  renvois  au  bas  des  pages, 
les  pensées,  maximes  et  tout  l'appareil  des  indications,  suggestions,  lectures  recom- 
mandées, problèmes,  travaux  à  faire,  etc.  Ce  sont  comme  trois  cercles  concen- 
triques, partant  du  cœur  même  de  la  philosophie  pour  se  disperser  à  l'infini.  Mais 
ce  qui  nous  ramène  à  l'unité  de  cette  philosophie,  ce  sont  les  tables  analytiques 
placées  à  la  fin  de  chaque  leçon.  L'ensemble  de  ces  tableaux,  qui  a  été  publié  à  part, 
constitue  tout  un  corps  de  doctrine,  un  résumé  substantiel  et  excellent  pour  ceux 
qui  veulent  saisir  les  grandes  lignes  de  ce  cours  et  les  6xer  dans  leur  mémoire.  De 
plus,  après  Tofdinaire  table  des  matières  vient  une  table  alphabétique  rappelant  les 
grandes  questions  traitées  dans  ce  livre  et  formant  comme  lin  vocabulaire  des 
fermes  les  plus  usuels  de  la  philosophie.  A.  Grafé. 


102  LB  MUSÉE  BBLGB. 


CHRONIQUE. 

125.  —  Commission  royale  d'histoire,  —  Extrait  du  Moniteur  du  i""  mars.  —  L41 
démission  offerte  par  M.  Gilliodts-Van  Severen  de  ses  fonctions  de  membre  de  la 
commision  royale  d^histoire,  est  acceptée.  (^  prénommé  est  autorisé  à  conserver  le 
titre  honoriâque  des  dites  fonctions. 

Dom  Ursmer  Berlière  et  M.  le  chanoine  A.  Caucbte,  membres  suppléaau,  sont 
nommés  membres  effectifs  de  la  commission  royale  d'histoire,  en  remplacement  de 
MM.  Gilliodts-Van  Severen,  démissionnaire,  et  Léon  Vanderkindere,  décédé. 

—  Sont  nommés  membres  suppléants  de  la  commission  royale  d*bistoire  :  MM.  le 
chevalier  Camille  de  Borman,  député  permanent,  président  du  Conseil  provincial 
du  Limbourg  ;  Paul  Fredericq.  professeur  à  l'Université  de  l'Etat  à  Gand,  et  Sylvain 
Balau,  curé  à  Pepinster. 

126.  —  Découverte  archéologique  à  Arlon,  —  Un  jardinier  d'AHoo,  occupé  è 
défoncer  un  terrain,rencontrait  récemment  un  objet  en  or,  à  une  profondeur  mioime. 
La  trouvaille  était  faite  sur  le  territoire  mime  de  la  ville,  à  une  centaine  de  mètres 
de  la  source  ia  plus  éloignée  de  la  Semois,  en  un  jardin  finissant  au  «  chemin  des 
Espagnols  ».  M.  A.  de  Loé,  conservateur  au  Musée  du  Cinquantenaire,  s^et*  assuré 
la  possession  de  cette  pièce  vraisemblablement  unique.  C'est  une  sorte  de  diadème 
formé  d'un  simple  fil  terminé  aui  deux  bouts  par  des  palettes  très  minces  et  unies, 
façonnées  au  marteau.  L'or  est  de  couleur  jaune  pâle  ;  l'objet  mesure  38  centimètres 
de  tour  et  pèse  19  grammes. 

On  se  demande  à  quoi  sert  le  Musée  archéologique  d*Arlon,  si  le  Musée  de 
Bruxelles  lui  enlève  tout  ce  qu'oh  trouve  d^intéressant  dans  le  Luxembourg. 

127.  —  Une  langue  internationale,  —  Récemment,  M.  Paul  Mansion,  professeur  à 
l'université  de  Gand  a  fait  une  communication  à  la  Société  scientifique  de  Bruxelles 
sur  une  langue  auxiliaire  internationale.  Le  volapuk  est  mort  ;  Tesperanto  ne  vivra 
pas  ;  un  groupe  de  savants  parisiens,  aussitôt  appuyés  par  plus  d*un  millier  d'adhé- 
rents, réclame  l'adoption,  comme  langue  auxiliaire  Internationale,  du  latin  simplifié 
inventé  par  un  savant  italien.  Quelle  position  le  bon  sens  demande-til  de  prendre 
en  face  de  cette  tentative? 

Le  savant  professeur  croit  à  l'avenir  d*une  langue  auxiliaire  internationale,  mais 
seulement  pour  des  ternoes  commerciaux,  scientifiques,  sportifs,  et  non  pas  comme 
expression  de  la  vie  affective  de  Inhumanité.  Cette  langue  peut  rendre,  pratiquement, 
dans  CCS  trois  domaines,  de  très  grands  services.  Il  serait  chimérique  de  lui  deman- 
der autre  chose. 

On  peut  lire  sur  cette  question  la  brochure  de  L.  Couturat,  Pour  la  langue  inter- 
nationale (Coulommiers,  Impr.  Paul  Brodard,  1906,  62  pp.),  qui  est  envoyé  sur 
demande.  S'adresser  à  M.  Couturat,  7,  rue  Pierre  Nicole,  Paris, 

128.  —  Parmi  les  Manuscrits  qui  furent  détruits  en  1871,  lors  de  1  incendie  de  la 
Bibliothèque  du  Louvre,  il  en  est  un  dont  la  disparition  fut  rendue  d'autant  plus 
sensible  qu'on  ne  sut  exactement  mesurer  l'étendue  de  la  perte  qu'on  en  6t*:  nous 
voulons  parler  de  l'original  des  Vies  des  poètes  françois  par  ordre  chronologique^ 
depuis  120Ç  jusquen  1647,  par  Guillaume  CoUetet,  recueil  autographe  formant 
5  volumes  in  4®,  côtés  F.  2398. 

Là,  a-t-on  dit,  se  trouvaient  les  biographies  d'un  grand  nombre  de  poètes,  ou 
simplement  de  personnages  ayant  commis  quelques  vers  dans  le  cours  de  leur  vie  ; 
de  nombreux  extraits  représentant  parfois  tout  ce  qui  reste  des  auteurs  mentionnés 
ajoutaient  encore  au  prix  de  l'ouvrage. 

Chose  singulière,  ce  manuscrit  incessamment  feuilleté  et  qui  fournit  à  des  histo* 
Mens  de  lettres,  entre  autres  Sainte-Beuve,  des  matériaux  inestimables,  n'avait  point 


PARTIE  filBLIOGKAPHIQUE.  l63 

été  inventorié  en  détail,  dépouillé  pièce  à  pièce,  si  bien  qu*on  ne  cessa  pendant 
longtemps  d'errer  sur  sa  composition  et  sur  les  ressources  qu*il  avait  offertes  aux 
chercheurs.  11  ne  fallut  rien  moins  que  la  perspicacité  et  la  patiente  érudition  de 
deux  critiques,  feu  Léopold  Pannier  et  M.  Paul  Bonnefon,  pour  borner  l'étendue 
du  désastre  qui,  en  nous  privant  d'un  documeht  d'une  inappréciable  valeur,  jetait 
un  manteau  d'oubli  sur  les  origines  de  l'histoire  poétique  française. 

On  sait  aujourd'hui  que  sur  44^  biographies  composant  en  réalité  l'ouvrage  de 
Guillaume  CoUetet,  312  environ  peuvent  être  assfei  facilement  resthuées.  C'est  peu, 
dirm-t-on.  mais  c*est  assez  pour  justifier  notre  intérêt,  surtout  si  l'on  considère  qu'il 
te  trouve  là  une  source  d'informations  nouvelles  sur  une  ^ule  d'écrivains  du  temps 
des  Valois  et  des  premiers  Bourbons,  dont  les  noms  se  spnt  parfois  perdus. 

Bien  que  ceux  qui  nous  ont  conservé,  soit  sous  forme  de  copie,  soit  en  tirages 
restreints,  quelques-unes  de  ces  pages,  n'aient  poinl  toujours  obéi  à  une  méthode  et 
poursuivi  un  but  déterminé,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  par  certaines  collations 
•"  la  version  imprimée  faisant  parfois  double  emploi  avec  un  manuscrit  de  seconde 
main  conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale  —  que  qous  possédons  un  texte  intégral, 
k  Tabri  de  tout  soupçon. 

La  célébrité  dont  a  joui,  au  cours  de  deux  siècles,  te  recueil  des  Vies  des  Poètes^ 
n'avait  point  été  sans  provoquer  la  curiosité  des  éditeurs,  et,  à  maintes  reprises,  le 
£iroeux  ouvrage  fut  sur  le  point  d'être  imprimé.  Cq  fui  chaque  fois,  hâtons-nous  de 
le  dire^  un  projet  que  rendirent  vain  des  difficultés  sans  nombre,  dont  la  moindre 
tint,  sans  doute,  à  Timportance  de  l'entreprise. 

Néanmoins,  des  copies  partielles  circulèrent  ;  les  untà  alimentèrent  des  ouvrages 
de  critique  ou  bien  parurent  séparément  ;  les  autres,  sous  forme  de  notices,  enri- 
chirent des  réimpressions  de  nos  vieux  poètes.  Il  y  eut  des  analyses  d'A.  Barbier  et 
d'Achille  de  Rochambeau,  des  publications  ordonnées  par  Tamizey  de  Larroque, 
Prosper  Blanchemain,  Dezeimeris,  Gellibert  des  Seguibs,  etc.  Enfin  des  versions 
eaapruntées  à  la  leçon  originale  par  Taschereau  et  Edouard  Tricotel  demeurèrent 
inédites  et  le  sont  encore. 

La  réunion  de  tous  ces  matériaux  épars,  jointe  aux  ressources  offertes  par  la  copie 
de  la  Bibliothèque  Nationale,  signalée  plus  haut,  qui  contient  147  notices  copiées 
pour  Aimé  Martin,  ont  permis,  dans  une  large  mesure,  de  reconstituer  une  notable 
partie  du  fameux  manuscrit. 

L'éditeur  Honoré  Champion  (5,  Quai  Malaquais,  Paris)  va  publier  dans  toute  leur 
intégralité,  et  selon  l'ordre  chronologique,  les  notices  qui  restent,  les  corrigeant  en 
ce  qu'elles  ont  de  fautif,  non  sans  donner  les  motife  de  ces  corrections,  les  éclairant 
de  notes  précises  et  les  faisant  suivre  de  documents  inédits  et  d'une  bibliographie 
qui  trop  souvent  faisait  défaut  et  rendait  le  texte  pçu  intelligible. 

Publié  avec  soin  et  digne  non  seulement  d'enrichir  la  bibliothèque  du  savant, 
mais  encore  le  cabinet  du  bibliophile,  cet  ouvrage,  véritable  monument  d*histoirc 
littéraire,  viendra  à  son  heure  et  provoquera  la  curiosité  de  tous  ceux  qui  s'inté- 
ressent non  seulement  aux  lettres  mais  à  l'histoire  et  à  la  tradition  nationales. 

Le  regretté  Gaston  Paris  disait  :  v,„  Nous  voulons  espérer  encore  que  le  livre  de 
Golletet  nous  sera  quelque  jour  donné  en  entier  ;  si  cette  publication  dépasse  les 
forces  d'un  particulier,  c'est  au  gouvernement  à  s'en  charger.  L'histoire  des  poètes 
français  fait  partie  intégrante  de  la  nation  elle-même...  » 
En  souscription  : 

Vies  des  poètes  françois  de  Guillaume  Colletet.  Restitution  de  312  Vies  de  Poètes 
des  xiii«,  XI v«,  xv«,  XVI*  et  xvn«  siècles,  d'après  un  ms.  unique  conservé  à  la  Biblio- 
thèque Nationale  et  diverses  versions  relevées  sur  les  originaux  de  l'ancienne 
Bibliothèque  du  Louvre.  Publiées  intégralement,  annotées  et  mises  au  point  selon 
kt  ressources  de  la  critique  contemporaine,  précédées  d'une  Etude  sur  Guillaume 


164  LE   MUSéE  ËELGE. 


Colletct  et  ses  ouvrages  et  suivies  :  t°  d*une  bibliographie  relative  à  chaque  poète  ; 
20  de  Tables  alphabétiques,  méthodiques  et  chronologiques  et  3^  d'une  Carte  de  la 
France  poétique  du  xiv«  au  xvii«  siècle,  par  Ad.  Van  Bever. 

L'ouvrage,  tiré  sur  papier  alfa,  à  35o  exemplaires  numérotés,  formera  5  volumes 
grand  in-8  et  sera  mis  en  vente  au  prix  de  i5  francs  le  volume  (pour  les  souscrip- 
teurs seuls).  Très  prochainement  le  prix  des  volumes  sera  élevé  à  100  francs.  Chez 
H.  Champion,  5,  Quai  Malaquais,  Paris. 

.129.  —  Paul  Guiraud.  —  Le  haut  enseignement  et  la  science  historique  sont 
cruellement  frappés  par  la  mort  prématurée  de  M.  Paul  Guiraud,  professeur  d'his- 
toire ancienne  à  la  Sorbonne  et  membre  de  l'Académie  des  Sciences  morales  et 
politiques.  M.  Guiraud  était  un  des  plus  brillants  élèves  de  Fustel  de  Coulanges. 
auquel  il  a  consacré  une  étude  qui  fait  honneur  à  la  fois  au  maître  et  au  disciple.  Il 
avait  emprunté  à  l'illustre  auteur  de  la  Cité  antique  la  méthode  rigoureuse,  hostile 
aux  sentiers  battus,  et  cette  clarté  d'exposition  qui  est  la  probité  du  savant.  Il  fmut 
se  donner  beaucoup  de  peine  pour  en  épargner  au  lecteur,  et  c'est  un  effort  que 
beaucoup  d'érudits  affectent  de  considérer  comme  indigne  d'eux.  C'est  pourtant  à  ce 
prix  seulement  qu'on  arrive  au  public,  et  toute  science  qui  ne  dépasse  pas  un  cercle 
étroit  d'initiés  manque  à  une  moitié  de  sa  tâche,  surtout  en  matière  historique. 

M.  Paul  Guiraud  s'était  consacré  à  l'étude  de  l'antiquité  classique,  et  spécialement 
du  monde  grec.  Mais  de  ce  champ  constamment  moissonné,  il  avait  su  tirer  une 
récolte  nouvelle.  Il  est  un  de  ceux  qui  ont  étudié  avec  le  plus  de  pénétration  et 
d'originalité  les  questions  économiques  et  sociales,  longtemps  laissées  au  second  plan 
dès  qu'il  s'agissait  des  anciens.  L'histoire  grecque  à  la  Plutarque  ne  suffit  pas  à  nos 
curiosités  contemporaines.  A  côté  de  la  narration  des  événements  politiques,  plus  ou 
moins  agrémentée  d'épisodes  pittoresques,  nous  voulons  qu'une  place  soit  faite,  — 
et  de  plus  en  plus  grande,  —  à  l'évolution  des  intérêts  matériels  d'où  naissent  la 
plupart  des  conflits  internationaux  ou  sociaux.  Presque  tous  les  travaux  de 
M.  Guiraud  ont  porté  sur  ce  point.  Son  premier  ouvrage  capital,  qui  lui  valut  le  prix 
Bordin,  traite  de  la  Propriété  foncière  en  Grèce.  C'est  l'assise  solide  et  jusqu'ici 
inébranlable  sur  laquelle  ses  autres  livres  se  sont  appuyés.  Mais'la  Propriété  n'est 
qu'une  face  du  problème  économique,  l'autre  est  le  Travail.  Et  c'est  pourquoi  la 
seconde  œuvre  de  M.  Guiraud  roule  sur  le  Travail  en  Grèce.  Il  a  déployé  dans 
l'élude  de  ces  questions  délicates  les  ressources  variées  d'un  esprit  naturellement 
ouvert  à  toutes  les  idées,  mais  gardé  contre  les  générations  hasardeuses  par  la 
sévérité  de  la  méthode  et  les  scrupules  de  la  conscience. 

Rien  n'est  facile  ni  dangereux  en  pareille  matière  comme  de  glisser  sur  la  pente 
des  rapprochements  ou  des  allusions  que  vingt  siècles  d'intervalle  rendent  d'autant 
plus  piquantes.  M.  Guiraud  s'en  est  toujours  gardé.  Même  dans  son  dernier  volume, 
les  Etudes  économiques  sur  Vantiquité,  plus  particulièrement  destiné  au  grand 
public,  M.  Guiraud  a  laissé  au  lecteur  le  soin  de  tirer  les  conclusions  et  les  applica- 
tions présentes  que  chaque  page  peut  suggérer.  Il  nous  montre  à  merveille  comment 
le  mépris  du  travail  manuel,  considéré  comme  «  servile  »  et  qui  l'était  effectivement 
à  cette  époque,  a  entraîné  le  citoyen  à  vivre  aux  frais  de  TEtat  et  à  considérer  le 
budget  de  la  République  comme  uniquement  destiné  à  subventionner  les  budgets 
particuliers.  Mais  il  dédaigne  de  se  lancer  à  ce  propos  dans  une  charge  à  fond  contre 
les  a  politiciens  ».  Ce  n'est  pas  le  rôle  ni  le  ton  qui  conviennent  à  l'histoire.  Tout  au 
plus,  il  se  permet  d'indiquer  que  l'histoire,  «  en  nous  montrant  dans  le  passé  cer- 
tains cifets  produits  par  certaines  causes,  peut  nous  aider  à  éviter  bien  des  fautes  et 
à  conjurer  bien  des  dangers  ».  Cette  réserve  achève  de  donner  à  l'œuvre  de  M.  Gui- 
raud un  caractère  de  haute  distmction  qui  s'accorde  avec  la  précision  sobre  de  son 
style  et  qui  est  la  suprême  élégance  d'un  talent  nourri  à  l'école  de  l'atticisme. 

A.    Al.BEBT-PETrr. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

A.  AUSSERER,  De  clausulis  Minncianis  ot  de  Cicoronianis  qaae  quiJom  inve- 
niantur  in  lib3llo  de  senectute.  Innsbrueck,  Wiignor,  1907.  1   m.  70. 

PR.  BERNITT,   Lateiniscli  Caput  uni   'capum   nobst   ihrcn  Wortsippon  ira 

Franzôsischen.  Kiel,  R.  Cordes.  1906.  229  pp.  6  m. 
R.  DYBOSKl.  Tennysons  Sprache  und  Stil.  Vienne,  Braiimiiller.  1907.  15  m, 

(Wiener  Beitriige  zur  englisch-în  Philologie  hrsg.  von  J.  Schippcp.  XXV). 
J.  FÈVRE  et  H.  MAUSER,  Leçons  de  gôogr<aphio  conformes  au  programme  du 

4  août  1905  pour  les  Ecoles  normales  primaires  et  pour  la  préparation  au 

brevet  supérieur,  l"  annéo  :  Géographie  générale.  Amérique,  Océanie,  Asie, 

Afrique.  Avec  217  gravure?.  Paris,  Alcan,  1907.  4  fr. 
J.  OEFFCKEN,  Zwei  griechischo  Apologeten.  (Aristide.'.  Athonagoras).  Leipzig, 

Teubner,  1907.  (Sammlung  wissenschaftl.  Kommentiire). 

B.  GOSSART,  Espagnols  et  Flamands  au  xvi«  siècle.  La  domination  espagnole 
dans  les  Pays-Bas  à  la  fin  du  régne  do  Philippe  II.  Brux  ,  Lamertin,  1906.  4  fr. 

P.  GRAÏNDOR,  Histoire  de  l'île  de  Skyros  jusqu'en  1538.  Liôgp,  Vaillant- 
Carmanne,  1906.  3  fr.  (Bibl.  de  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres  do  l'Univ. 
de  Liège.  XVII). 

CH.  GUIGNEBERT,  Manuel  d'histoire  ancienne  du  christianisme.  Les  Origine?. 
Paris,  Picard,  1906.  4  fr. 

P.  HALFLANTS,  La  littérature  française  au  xix«  siôclo.  U*  Partie  :  le  roman- 
tisme (1800-1850).  Bruxelles,  Deijvit,  1907.  3  fr.  50. 

J.  HALKIN,  Quelques  peuplades  du  district  de  TUélô  (Congo).  Monographies 
ethnographiques  avec  carte  ethnogr.,  planches  et  photographies.  Fasc.  I. 
Introduction.  Les  Ababua.  Liège.  Cormans,  1907.  156  pp.  2  pi.  et  une  carte. 

J.  HEALY,  The  Valerian  persécution.  A  stuJy  of  tho  relations  betwecn  church 
and  stafe  in  the  third  century.  Londres,  Constable,  1905,  304  pp.  8.  6  f>. 

\V.  JAMES.  Causeries  pédagogiques.  Trad.  de  l'anglais  par  L.  S.  Pidoux. 
Paris,  Alcan,  1907.  2  fr.  50. 

G.  KALFP,  Geschiedenis  der  nederlandsche  letterkunde.  Tweedo  deel.  Wo!ter.«, 
Groningen,  1907.  6  fl.  50. 

C.  LECOUTERE,  Eene  légende  over  den  oorsprorg  der  Begijnen.  Gand,  Sifler, 
1907.  42  pp.  (Kon.  vlaamscho  Akademie). 

H.  SCHNEIDER,  Kultur  und  Denkon  dor  alten  Aegypter.  Leipzig,  Voigtlander, 
1907.  12  m.  50.  (Entwickelung<geschichte  dor  Menschheif.  I). 

L.  SERBAT,  Les  assemblées  du  clergé  de  France.  Origines,  organisation,  déve- 
loppement. 1561-1615.  Paris,  Champion,  1906.  12  fr.  (Bibl.  de  l'Ecole  des 
Hautes  Études.  154*  fasc). 

A.  SOLARI,  Ricerche  Spartaoe.  Livorno,  R.  Guisti,  1907.  5  fr. 

Uoiversité  catholique  do  Louvain.  Séminairo  historique.  Rapport  sur  les  travaux 
pendant  Tannée  académique  1905*1906.  Louvain,  Van  Linthout,  1907.  (An- 
nuaire de  l'Université,  p.  314-394). 

J.  VAHLEN,  Uebar  Horatius  Brief  an  die  Pisonen.  Sitzungb3r.  der  prcuss. 
Akad.  derWiss.,  1906,  p.  589-614.  16  pp. 

W.  WACKERNAGEL,  Poetik.  Rhetorik  und  Stilistik,  3e  Aufl.  Halle  a.  S.. 
Buchh.  des  Waisenhauses,  1906.  10  m. 

J.  P.  WALTZING,  Studia  Minuciana.  Études  sur  Minucius  Félix.  Louvain, 
Ch.  Peeters,  1906.  3  fr.  50. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 

Paget 

Pour  les  Humaniiés  gréco-latincs    , no 

Les  Humanités  gréco-latines.  Avis  des  Facultés  de  médecine  et  de  sciences  de 
Gand  et  de  Liège .        .        .        .        , 12a 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 


84.  F.  Hiller  v.  Gaertringen^  Inschriften  von  Priene  (P.  Graindor) 
83.  A,  Deissmawty  Die  Sepluaginta-Papyri  (N.  Hohlwein) 
86*7.  L.  Cantarelli^  La  scrie  dei  prefctti  d*Egitto.  A»  Stein,  Stellvertretung 
im  Oberkommando  in  Acgypten  (J.  P.  Waltzing) 

88.  J.ScAma/f,  Baiae(J.  P.  W.) 

89.  L,  Hahn^  Rom  und  Romanismus  (A.  Delatte) 

9\  F.  Leo^  Originalitaet  der  roem.  Literatur  (J.  Hubauz) 

91.  i4.  J5<rr^Mef,  Articles  divers  (E.  Remy) 

92.  A,  Michel,  Syntaxe  grecque  abrégée.  Tableaux  (P.  Schock) 


ii3 

128 

129 
i3i 
i3i 
i33 
134 
4  35 


Langues  et  littératures  celtiques, 

93.  E,  Windischy  Die  altirische  Hcldensage  (V.  Tourneur)     .        ,        .        .     i36 

Langues  et  littératures  romanes, 

94.  J,  Bastin^  Les  voyelles  latines  en  français  (G.  Charlier).    .        .        .        .141 
95  6.  V,  Albert  et  E,  Sody^  Grammaire  française  (J . Fleuriaux)      .        .        .     142 

Langues  et  littératures  germaniques, 

97.  W,  Streitberg^  Golisches  Elementarbuch  (J.  Mansion)      .        .        .        .143 
9S-102.  Ouvrages  de  M,  Loke^  H,  Bouwman^  F.  Baudet,  P,  Van  Moerkerken 

et  J,  Knuttel  (C.  Lccoutere).        .        . 149 

io3.  J. /ToopmiHS,  Letterkundigc  studiCn  (Le  même) i53 

Histoire, 
104.  F.  </tf  A/oreiiw,  Abbaye  de  Villers(C.  H.)        ......     164 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

105-24.  Publications  de  J.  Hombert  et  A.  Masson,  M.  Schanz,  P.  Graindor, 

F.  Cumont.  E.  Canivez  et  O.  DelacoUettc,  H.  S.  Wellcome,  H.  Hauvette, 
O.  SchultzGora,  F.  Brunot,  J.  Heeres,  L.  Knappcrt,  A.  Sjoer,  L.  Veldkarap, 

G.  Deelman,  P.  Stapfcr,  A.  Molinier,  A.  Demangeon,  A.  Bremond,  E.  Horn, 
Drioux,  Audley,  Durand,  Leroux,  Salembicr i54 

CHRONIQUE. 

125-29.  Commission  royale  d'histoire.  Découverte  à  Ai  Ion.  Une  langue  inter- 
nationale. Vie  des  poètes  françois.  P.  Guiraud     .«•••.     162 


'OHZIÈME  année.  —  N"  5.  i5  Mai    1907 

BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 

PUBLIÉE  SOUS  LA  DUtECTlON  Dl 


F.  GOLIâARD  I  J.  P.  WAL1TZXN6 

PBdFBlAKUB  A  L'UNIVERSITi  OB  LOUVAIN  PROFESSEUR  A  L*UNIVERSITi  DE  uàoi 


Partlrtcnl  tout  las  mois,  à  l'exeapUon  des  mois  d*aoCll  al  da  aaptsmbra 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

30,    RUE   DE   NAXUR,    20 

PARIS  jl  BERLIN 

A.   FONTEMOING  |        R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 

4,  rue  Le  Gott  \\  Carlstrasse,  1 1,  N.  W 


LIVRES  NOUVEAUX. 

J.  BASTIN,  Nouvelles  glanurcs  grammalicates.   Riga,  Tvp.  Mûllcr,   1907. 

88  pp.  10  cop. 
D.  BLANCHET  et  J.  TOU  TAIN,  Histoire  «le  l'Orient  ot  do  la  Grèce.  Sommaires. 

Récifs.  Lectures.  Second  Cycle.  Classe  de  2'*«.  2«  édit.  406  pp.  Paris,  Belin, 

1904.  (Cours  complet  d'histoire  à  Tusage  de  l'enseignement  secondaire.) 
D.  BLANCHET  et  J.  TOUTAIN,  llistoiro  romaine  et  histoire  du  mojen  âge 

Jusqu  au  x«  siècle.  Sommaires.  Récits.  Lectures.  Second  Cjcie.  Classe  do  1"*. 

2*  édit.  454  pp.  Paris,  Belin,   1905.  (Couis  complet  d  histoire  à  Tusage  de 

renseignement  secondaire.) 
D.  BLANCHET  et  J.  TODTAIN,  Histoire  do  France  et  histoire  générale  depuis 

les  origines  jusqu'à  la  Révolution    Pari»,  Belin  frères,  1906.  In-12,  584  p. 

4  fr.  (Cours  complet  d'histoire  à  l'usage  des  Ecoles  normales   primaires. 

1"  année.) 
V.CTOR  CHAPOT,  Séleuciode  Piérie.  Paris,  1907.  (Extrait  des  Mémoires  de  la 

Société  nationale  des  Antiquaires  de  France,  t.  LXVI.) 
Em.  CHATELAIN,  Les  secrets  des  vieilles  reliures.  Paris,  Champion,   1906. 

32  pp  (Revue  des  Bibliothèques,  juill.-aoùt  1906.) 
Ad.  CUÈMIEUX  et  J   J.  THOMAS,  Cours  d'histoire  rédigé  conformément  aux 

programmes  du  31  mai  1902.  Le  moyen  âge  et  le  commencement  des  temps 

modernes  (3951498).  Classe  de  5«.  2«  éd.  3  fr  50.  —  Temps  modernes  (1498- 

1789).  Classe  de  4«.  4  fr.  50.  —  Histoire  contemporaine  (1789-1689).  Classe 

de  3\  Relié  4  fr.  75.  Maritillo,  Feiran  jeuno. 
0.  R.  DEELMAN,  Kleine  Lautlehe  dos  AeuhochdeutscLen,  2*«  Aufl.  Breda, 

Nieuwenhuys,  1906.  1  fl.  75. 
J   FINOT,  Erude  historique  sur  les  relations  commerciales  entre  la  Flandre  et 

la  République  de  Gênes  au  moyen  âge.  Paris,  Picard,  1906.  384  pp. 
H.  GRISAR,  Histoire  do  Rome  et  des  papes  au  moyen  âge.  T.  I.  Rome  au 

déclin  du  monde  antique.  Livre  1*^.  Traduit  de  l'allemand,  avec  l'autorisation 

et  des  corrections  de  l'auteur,  par  E.  G.  Lodos.  Paris,  Desclée,  1906.  In-8. 

465  p.  140  fig.  Livres  II  V.  In-8°.  456  pp.  avec  84  fig.  et  plans. 
G.  GRUPP,  Kulturgeschichte  des  Mittelalters.  1  Bd.  £<•  Aufl.  Mit  45  Illustr. 

Paderborn,  Schoeningh,  1907.  8  m.  60. 
Paul  HEUKENS,  S    J.,  Lectures  allemandes.  Ouvrage  refondu  par  Werner 

von  und  zur  Muhlen,  S.  J.  7«  éd.  1'  Partie  à  l'usage  dea  cours  inférieurs» 

Liège.  H.  Dessain,  1907.  116  pp. 
J.  Ph.  KREBS,  Antibarbarus  der  lateinischen  Sprache.  F.A.  von  J.  H.  Scbmalz. 

Basel,  Schwabe,  1907. 
W.   KROLL,    Bas   Studium    der    klassischen    Philologie.    Rathschlâge    fur 

tngehende  Philologen.  2^«  Aufl.  Greifswa'd,  Jul.  Abel,  1906  24  pp.  0  m.  ZO. 
R.  KfJNZE,  Die  Germanen  in  der  antiken  Literatur.  II.  Giiechische  Literatur. 

Leipzig,  Freytag,  1907.  1  m.  50. 
A.  KUTSCHER,  Friedrich  Hebbel  als  Kritiker  des  Dramas.  Seine  Kritik  und 

ihre  Bedeutung.  Berlin,  Behr,  1907.  4  m.  CBebbel-Forschungen  hrsg  von 

Werner  u.  Bloch-Wunschmann.) 
L  LAESSER,  Die  deutsche  DorfJichtung  von  ihrcn  Anfaengen  bis  zur  Oegen* 

wart.  Salzungen,  Scheermesser,  1907.  1  m.  80. 


Onzième  année.  —  No  5.  i5  Mai  1907. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

130.  —  E.  Pottler,  Musée  du  Louvre.  Catalogue  des  vases  antiques  de 

terre  cuite.  Troisième  partie  :  l'école  attique.  Paris,  1906.  2  frs. 

L'éminent  professeur  de  l'École  du  Louvre  a  dressé  dans  ce 
volume  le  catalogue  de  la  belle  collection  de  terres  cuites  (école 
attique)  que  renferment  les  salles  F  et  G  du  musée  du  Louvre. 

Cette  étude  fait  suite  à  la  description  des  poteries  primitives 
conservées  dans  les  salles  A  (Dipylon)  à  E  (Attico- Corinthiens). 
M.  Pottier  ne  sest  pas  contenté  d'une  sèche  énumération ;  il  a  fait 
avec  Térudition  qu'on  lui  connaît  l'historique  de  la  poterie  à  figures 
noires  (F)  et  de  la  poterie  à  figures  rouges  (salle  G).  Son  étude 
embrasse  la  vaste  période  qui  s'écoule  de  Pisistrate  à  la  prise 
d'Athènes  (fin  de  la  guerre  du  Péloponèse).  Il  est  inutile  d'insister 
sur  l'intérêt  que  présente  à  cette  époque  l'histoire  de  l'école  de  poterie 
attique  ;  c'est  l'histoire  de  ses  progrès,  de  sa  prépondérance  sur  les 
ateliers  des  États  rivaux,  de  son  efiflorescence  et  de  sa  chute. 
M.  Pottier  nous  met  surtout  en  garde  contre  ime  tendance  accréditée 
par  beaucoup  d'archéologues  enthousiastes  :  la  prétention  d'admirer 
sans  cesse  dans  ces  monuments  figurés  l'expression  de  la  beauté 
artistique. 

Ce  sont  avant  tout  des  raisons  pratiques  qui  expliquent  la  substitu- 
tion de  la  couleur  rouge  à  la  couleur  noire  des  figures.  L'amphore, 
le  lécythc,  l'œnochoé  sont  surtout  des  objets  de  commerce  et  le 
dessinateur  s'efface  devant  le  chef  d'atelier.  C'est  le  chef  de  fabrique, 
le  patron  qui  signe  éwoieaev,  c  est  le  dessinateur  qui  signe  èxpa^icv. 

«  On  a  pris  l'habitude,  dit  M.  Pottier,  de  considérer  tout  signataire 
B  de  vase  comme  un  artiste  dessinateur.  On  parle  couramment  du 
«  style  de  Nicosthènes,  du  style  de  Hiéron,  du  style  de  Brygos.  Or, 
j»  aucune  des  inscriptions  que  nous  possédons  ne  permet  d'affirmer 
»  que  Nicosthènes  ou  Hiéron  ou  Brygos  aient  peint  eux-mêmes  les 
ji  vases  qui  étaient  fabriqués  dans  leur  atelier  et  marqués  de  leur 


l66  LE   MUSÉE  BELGE. 


•  estampille  (èirolcaev)  »  (p.  704-705).  Il  faut  donc  se  garder  de  fonder 
toute  une  théorie  de  la  céramique  grecque  sur  l'histoire  de  peintres 
prétendument  artistes  qui  ne  furent  souvent  que  d'obscurs  potiers. 
C'est  encore  une  tendance  instinctive  aux  archéologues  d'identifier 
autant  que  possible  les  œuvres  qu'ils  étudient  et  de  les  attribuer 
à  tel  ou  tel  artiste.  C'est  ainsi  que  Ihistoire  de  la  céramique  devient 
forcément  l'histoire  de  chaque  artiste,  abstraction  faite  des  circon- 
stances, du  milieu  des  influences  prédominantes.  Sans  nier  les 
variations  du  style  dans  l'œuvre  d'un  même  artiste,  jusque  dans 
l'intérieur  de  la  même  composition,  on  ne  peut  contester  qu'il  existe 
une  communauté  étroite  entre  les  productions  d'un  même  temps  ou 
d'un  même  atelier.  C'est  la  découverte  de  cette  caractéristique  d'un 
style  ou  d'une  école,  de  cette  note  paticulière  qui  constitue  l'essence 
même  de  l'histoire  de  l'art  à  toutes  ses  périodes. 

Ce  n'est  pas  seulement  dans  ces  observations  justes  que  gît  le 
mérite  de  l'étude  de  M.  Pottier. 

Il  donne  de  précieux  aperçus  sur  la  technique  :  tournage,  mode- 
lage, cuisson,  dessin,  sur  la  condition  sociale  des  fabricants  et  des 
ouvriers.  Il  dresse  une  nomenclature  des  noms  qui  nous  sont 
conservés,  en  distinguant  autant  que  possible  l'ouvrier  et  le  dessina- 
teur. Il  examine  avec  beaucoup  de  soin  les  rapports  mutuels  de  la 
céramique  avec  la  peinture  et  la  sculpture.  Bref,  ce  catalogue  est 
indispensable  à  qui  veut  étudier  avec  fruit  les  riches  collections  de 
poteries  du  Louvre.  Th  Simar. 

i3i.  —  S.  WitkO'WSki.  Epistulae  privatae  graecae   quae  in  papy  ris 

aetatis  Lagidarutn  servantur,  Adjecta  est  tabula  phototypica.  Leipzig, 

Teubner,  1907.  3  m.  ao. 

M.  Witkowski  a  réuni,  dans  ce  petit  volume  de  144  pages,  les 
lettres  grecques  de  caractère  privé  que  les  récentes  découvertes  de 
papyrus  ont  mises  au  jour  et  qui  remontent  aux  trois  derniers  siècles 
avant  notre  ère.  Ces  pièces  ont  été  classées  par  ordre  chronologique, 
mais  lauleur  n'a  pas  séparé  les  lettres  qui,  par  leur  sujet,  ont  entre 
elles  quelque  affinité.  C'est  ce  que  fera  voir  ce  petit  tableau  : 

lo)  in«  siècle  avant  notre  ère  :  A)  Lettres  de  Cléon  l'Architecte  et 
de  sa  famille  ;  B)  Autres  lettres  du  même  siècle.  2")  ii"  siècle  : 
A)  Letti  es  ayant  rapport  au  grand  Sérapeion  :  Lettres  adressées  au 
reclus  Hephestion  ;  Lettres  du  reclus  Ptolémée  ;  Lettres  de  Myrullas 
et  de  Chalbas  à  un  reclus  ;  B)  Les  autres  lettres  du  même  siècle. 
3)  ler  siècle. 

Pour  établir  le  texte,  M.  Witkowski  a  fait  de  nouvelles  recensions; 
il  a  corrigé  en  beaucoup  d'endroits  un  texte  défectueux  et  complété 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  167 


de  nombreuses  lacunes.  Il  a  tenu  à  joindre  au  texte  un  apparat 
critique  presque  complet.  Enfin  il  a  accompagné  cette  édition  de 
notes  latines  de  brève  étendue,  mais  suffisantes  :  il  y  donne  avant 
tout  la  signification  des  mots  rares  et  difficiles,  quelquefois  des  expli- 
cations de  choses  (institutions,  antiquités,  etc.)  ou  des  remarques 
grammaticales.  Enfin,  chaque  lettre  est  précédée  d'une  brève  notice 
qui  donne  un  résumé  rapide  de  la  pièce  et  qui  indique  Tendroit  de 
la  trouvaille,  le  musée  où  l'original  est  conservé  et  les  éditions 
ant  rieures. 

En  une  dizaine  de  pages  concises,  à  la  fin  du  volume,  Tauteur 
a  disposé  des  Observations  grammaiicalôs  précieuses  :  il  y  étudie  la 
phonétique,  la  lexigraphie,  la  syntaxe,  et  la  formation  des  mots  dans 
les  lettres  qu'il  publie. 

Enfin,  deux  index  complets,  l'un  des  noms  propres,  Tautre  de  tous 
les  mots  grecs  du  volume  occupent  la  fin  de  ce  livre  et  faciliteront 
singulièrement  les  recherches. 

Une  telle  édition  de  ces  lettres  sera  accueillie  favorablement  : 
pour  les  philologues  et  les  historiens,  leur  simple  lecture  donnera, 
bien  mieux  que  celle  des  grandes  œuvres  littéraires,  une  juste  idée 
de  la  mentalité,  de  la  culture  intellectuelle,  des  mœurs,  des  mille 
particularités  de  la  vie  privée  de  l'époque  ;  pour  les  grammairiens  et 
les  historiens  de  la  grammaire,  ce  sera  un  recueil  facile  à  compulser 
de  monuments  de  la  langue  familière  et  journalière.  Enfin,  peut-être, 
ne  serait-il  pas  sans  utilité  d'en  donner  quelques  faciles  exemples 
à  étudier  aux  jeunes  gens  qui  apprennent  le  grec.       A.  Delatte. 

i32.  —  A.  Ansserer,  De  Clausuîis  Minucianis  et  de  Ciceronianis  quae 

quidem  inveniantur  in  lihello  de  Senectute.  Innsbruck,  Wagner,  1906. 

Cette  étude,  très  complète  et  très  consciencieuse,  des  clausules 
métriques  de  Minucius  Félix  et  du  De  Senectute  est  le  premier  fascicule 
d'une  collection  nouvelle,  les  Commentationes  Aenipontanae,  publiée  par 
MM.  E.  Kalinka  et  A.  Zingerle. 

M.  Ausserer  a  repris  et  complété  le  travail  de  M.  H.  Bornecque, 
publié  dans  le  Musée  Belge,  VII,  247  sqq.,  mais  il  a  traité  le  sujet  d'une 
façon  différente. 

Prenant  pour  base  l'édition  Boenig  parue  en  igoS  dans  la  collection 
Teubner,  il  a  dressé  une  liste  de  679  clausules,  alors  que  M.  Bor- 
necque n'en  avait  relevé  que  642,  parce  que,  dit-il  (p.  41,  note),  il  a 
tenu  compte  des  membres  de  phrase  peu  étendus  chaque  fois  que  le 
sens  était  complet. 

L'auteur  distingue,  parmi  les  clausules  de  Minucius,  quatre  genres 
ou  types  : 


l68  LB    MUSÉB  BELGE. 


2)  — -|— ^1 

3)  a;----^|-^ 

h)  ••••--I- 

4)  a}-\-^ 
b)  --|— ^. 

Il  place  à  trois  endroits  la  forme  -  ^  ^  |  -^  -,  q^^i  donne  un  glyco- 
nique  et  trouve  cinq  clausules  fautives  qui  se  scandent  comme  des 
fins  de  vers. 

En  négligeant  ces  cinq  passages,  Ausserer  trouve  : 

322  clausules  de  la  première  forme 

178  de  la  seconde 

iSg  de  la  troisième  a) 

149  de  la  troisième  b) 

1 8  de  la  quatrième  a  et  b 

en  tout  679. 

Donc  Minucius  avait  une  préférence  très  marquée  pour  la  clausule 

.  v/  -  I  •*  ^ 

Cette  statistique  est  dressée  avec  beaucoup  de  soin  et  d'après  une 
méthode  très  claire  ;  elle  peut  servir  de  modèle  aux  travaux  de  ce 
genre  pour  d'autres  auteurs  Au  point  de  vue  de  l'établissement  du 
texte,  l  utilité  de  cette  étude  est  très  grande,  puisqu'elle  a  permis  de 
fixer  la  lecture  d'un  grand  nombre  de  passages  discutés  ;  en  eflfet,  à 
la  page  96,  l'auteur  récapitule  les  passages  examinés  :  jS  pour  Minu- 
cius Félix  et  i6  pour  le  De  senectute,  La  conclusion  à  tirer  du  travail 
de  M.  Ausserer,  c'est  que  l'unique  manuscrit  de  Minucius  renferme 
beaucoup  moins  de  fautes  qu'on  l'a  cru  jusqu'ici. 

La  seconde  partie  de  cette  intéressante  étude  traite  du  De  senectute. 
Ce  dialogue  est  examiné  avec  la  même  exactitude  et  d'après  la  même 
méthode.  Les  conclusions  de  la  comparaison  des  deux  ouvrages  sont 
curieuses  :  la  proportion  est  celle-ci  :  pour  les  formes  II  et  III,  on  a  : 
Cato  :  II)  24,  9  0/0,  III)  22,  35  ''/o  ;  Mm.  :  II)  26  "/o,  III)  a  21,  4  7o. 
Les  clausules  de  la  quatrième  forme  sont  très  rares  ;  quant  à  la  forme  I) 
on  trouve  Cato,  :  29,  5  **/o  ;  Min,  :  46,  6  %.  J.  Hubaux. 

i33.  —  Ch.  Huelsen,   Topographie  der  Stadi  Rom  tm  Alterthum   von 

H.  Jordan.  P^^  Bd.  Dritte  Abteilung  bearb.  von  Ch.  Huelsen. 

Mit  II  Tafeln.  Berlin,  Weidmann,  1907.  710  pp.  16  m. 

Il  y  a  22  ans  que  parut  la  deuxième  partie  de  ce  premier  volume 
de  la  topographie  de  Rome  par  PI.  Jordan.  L'auteur  mourut  en  1887. 

M.  Ch.  Huelsen,  qui  venait  d'être  nommé  secrétaire  de  l'institut 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  169 

archéologique  allemand,  fut  chargé  de  continuer  l'œuvre  commencée. 
Son  séjour  au  Capitole,  au  centre  de  la  ville  éternelle,  à  proximité 
des  monuments  et  d'une  admirable  bibliothèque  archéologique,  la 
plus  riche  qui  existe,  devaient  lui  faire  paraître  la  tâche  facile.  Jordan 
avait  écrit  la  partie  générale  ;  des  14  régions  de  Rome,  il  n'avait  achevé 
que  la  description  de  la  huitième.  Il  en  restait  treize  à  décrire,  pour 
lesquelles  il  n'existait  que  des  notes  fragmentaires  de  Jordan. 
M.  Huelsen,  savant  très  consciencieux»  vit  bientôt  que  presque  toute 
cette  partie  était  à  faire,  et  le  temps  avançant,  il  fallut  aussi  revoir 
soigneusement  la  partie  générale.  De  là  ce  grand  retard.  Depuis 
1870,  les  a  excavations  »  systématiques  et  les  trouvailles  faites  à 
roccasion  des  démolitions  et  des  reconstructions  qui  ont  transformé 
la  Rome  papale,  ont  fourni  une  masse  énorme  de  renseignements  nou- 
veaux, dont  le  nombre  s'augmente  encore  tous  les  jours.  M.  Huelsen 
lui-même  a  mis  en  relief  beaucoup  de  ces  trouvailles  dans  ses  savants 
articles  parus  dans  les  Mitteiîungen  des  roemischeii  Instituts  et  dans  le 
BulUttino  délia  commissione  comunale.  Il  a  publié  les  inscriptions  dans 
le  sixième  volume  du  Corpus  inscriptionum  latinarum.  Dans  l'intervalle, 
M.  R.  Lanciani  a  publié  son  grand  plan  de  Rome  (Forma  urbis 
Ramae)  commencé  en  r  8g3  et  aujourd'hui  terminé. 

Ne  nous  plaignons  pas  du  retard,  car  si  le  volume  avait  paru  il  y  a 
vingt  ans,  il  serait  aujourd'hui  à  refaire. 

Le  plan  adopté  par  Huelsen  tient  compte  à  la  fois  de  la  conforma- 
tion physique  de  la  ville  et.  des  divisions  administratives.  Voici  les 
sujets  des  différents  chapitres.  Partant  de  la  Vélie,  il  nous  fait  monter 
sur  le  Palatin,  traverser  la  vallée  qui  sépare  le  Palatin  de  lAventin, 
puis  visiter  l'Aventin  et  les  greniers  ou  entrepôts  publics  situés  entre 
TAventin  et  le  Tibre  ;  de  là  nous  gravissons  la  colline  située  au  sud 
de  l'Aventin  et  les  thermes  de  Caracalla,  puis  la  vallée  qui  conduit 
de  l'Aventin  au  Célius,  puis  le  Célius,  l'Esquilin,  l'Oppius  et  le 
Colisée,  la  Subura,  les  Esquilies  ou  l'Esquilin  en  dehors  du  mur  de 
Servius,  le  Viminal,  le  Quirinal,  le  Pincius,  le  Champ  de  Mars  et 
enfin  l'île  du  Tibre.  Onze  plans  très  clairs  servent  à  guider  le  lecteur. 
L'exposé  est  à  la  fois  descriptif  et  historique  ;  pour  l'Esquilin  et 
pour  le  Champ  de  Mars,  auquel  sont  consacrés  quatre  chapitres,  la 
description  et  l'exposé  historique  sont  distingués. 

Il  serait  difficile  de  montrer  ici  tout  ce  que  ce  volume  contient  de 
science  minutieuse  et  nouvelle  :  il  faudrait  analyser  et  entrer  dans 
des  détails  pour  lesquels  la  place  nous  manque.  Disons  que,  de  tous 
les  archéologues  romains,  personne  ne  connaît  mieux  l'ancienne 
Rome  que  M.  Ch.  Huelsen  et  que  celui-ci  s'entend  à  donner,  sous 
une  forme  concise  et  claire,  les  résultats  des  fouilles  et  les  conclusions 


170  LE  MUSÉE    BELGE. 


les  plus  sûres  des  nombreuses  discussions  auxquelles  les  fouilles  ont 
donné  lieu.  Résultat  d'un  labeur  immense,  d'une  science  aussi 
étendue  que  profonde,  ce  volume  sera  accueilli  avec  reconnaissance 
et  avec  joie  par  les  archéologues  et  les  historiens. 

J.  P.  Waltzing. 

1 34-1 35.  —  Léon  Legras,  Etude  sur  la  Thébaïde  de  Stace.  Paris, 

Georges  Bellais,  igoS.  35i  pp. 
Le  môme.  Les  9  Puniques  n  et  la  «  Thébaïde  ».  Bordeaux,  Fréret,  igo5. 

32  p   in-8**  (Revue  des  Études  anciennes,  tome  VII,  igoS). 

Livre  d'une  lecture  agréable  et  d'une  érudition  touffue,  ou  l'auteur 
fait  revivre  la  curieuse  physionomie  de  Stace.  Il  analyse  le  charmant 
talent  du  poète,  déformé  hélas  I  par  l'éducation  littéraire,  absolument 
fausse,  qu'il  reçut  à  Técole  des  grammairiens  et  des  rhéteurs  de  son 
époque,  et  par  les  exigences  d'un  public  porté  plutôt  veis  les  œuvres 
de  longuje  haleine,  inspirées  de  la  Grèce,  et  qui,  chose  bizarre,  mais 
fréquente  aux  époques  de  décadence,  s'attachait  surtout  à  la  splen 
deur  de  la  forme,  à  la  recherche  de  l'expression,  à  la  richesse  des 
ornements,  négligeant  presque  totalement  la  solidité  et  la  noblesse 
du  fond. 

M.  Legras  nous  montre  Stace,  que  son  imagination  peu  puissante 
et  sa  tendre  sensibilité  destinaient  à  la  composition  de  gentilles  et 
délicates  mièvreries,  s'éreintant  à  bâtir  péniblement  l'édifice  boiteux 
d'une  grande  épopée  !  Ce  n'est  pas  la  faute  du  pauvre  poète  s'il  n'a 
guère  réussi  dans  sa  titanesque  tentative.  Et  pourtant,  l'œuvre  de 
Stace  remporta  auprès  de  ses  contemporains,  dans  les  lectures 
publiques  qu'on  en  faisait,  un  succès  éclatant  :  on  se  pâmait  devant 
la  joliesse  alambiquée  des  vers,  la  suavité  du  rythme,  l'éclat  somp- 
tueux des  comparaisons,  et  Ton  oubliait  l'incohérence,  les  obscurités, 
les  ridicules  puérilités  du  récit... 

Le  livre  de  M.  Legras  est  méthodiquement  composé.  Dans  la 
première  partie,  l'auteur  expose  le  sujet  et  indique  les  sources  de  la 
Thébaïde;  il  refait  l'historique  de  la  légende  avant  le  poète  romain, 
qui  s'inspira  principalement  de  la  Thébaïde  d'Antimaque.  Chant  par 
chant,  M.  Legras  dissèque  l'épopée  de  Stace,  avec  une  sûreté  de 
main,  une  précision  admirables  :  impitoyablement,  il  la  dépouille 
des  parures  et  des  joyaux,  dérobés  à  Virgile,  ou  à  Homère  ou  à 
Ovide,  dont  Stace  «  déguisant  à  peine  ses  emprunts  »  l'avait  ornée. 
Il  rapproche  des  vers,  des  passages  entiers;  il  compare,  accable 
l'écrivain  latin  sous  le  nombre  des  citations  implacablement  alignées, 
et  de  cette  exécution  impitoyable,  sort  un  peu  de  pitié  pour  le 
malheureux  poète,  dont  on  voit  s'anéantir  le  talent  jadis  porté  aux 
nues. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I71 


Dans  la  seconde  partie  de  son  livre,  M.  Léguas,  toujours  avec  la 
même  richesse  d*énidition,  la  même  sagacité,  examine  la  mise  en 
-œuvre.  La  composition  na  pas  d'unité.  Pourquoi?  Parce  que  la 
tragédie  épique  qui  se  déroule,  manque  d'un  pivot,  d'un  axe  central 
sur  lequel  elle  puisse  se  mouvoir  :  il  eût  fallu,  comme  Homère  fit 
dans  l'Iliade  avec  Achille,  détacher,  mettre  au  premier  plan  Etéocle 
-et  Poljmice,  les  deux  frères  ennemis.  Par  suite,  comme  le  poème  n*a 
pas  de  centre,  l'incohérence  régnera  dans  cette  longue  histoire  : 
l'intérêt  qu'on  y  prendra  sera  par  conséquent  bien  restreint,  pour  ne 
pas  dire  plus.  Stace,  dont  le  souffle  trop  court  ne  lui  permettait  pas 
de  réaliser  une  vaste  et  homogène  conception,  n'a  guère  fait  «  que 
mettre  en  épigrammes  le  siège  de  Thèbes  »  (p.  154)  ;  il  a  spécialement 
soigné  les  fins  de  chants,  y  accumulant  u  sentences  »  ingénieuses, 
édncelantes  comparaisons,  chatoyantes  métaphores  :  c'était  du  reste 
dans  le  goût  de  Tauditoire  des  salles  de  lecture,  qui  s*en  retournait 
sur  une  favorable  impression. 

M.  Legras  montre  ensuite  l'importance  du  merveilleux  dans  la 
Thébaïde  :  là  encore,  Stace  se  contredit  souvent  ;  il  suit  tantôt  Virgile, 
tantôt  Homère,  tantôt  les  Stoïciens,  croit  à  l'influence  du  fatum  et  de 
la  divination  sur  les  événements  humains,  mais  il  tient,  en  somme, 
fort  peu  à  ses  idées  Pour  la  morale,  il  semble  recommander  la  nature 
comme  guide  (naturamque  ducem).  Sur  la  physique,  il  a  quelques  idées, 
peu  originales  du  reste,  mais  on  peut  en  tout  cas  affirmer  que  Stace 
•  ne  fat  pas  absolument  étranger  à  la  science  et  à  la  philosophie  de 
son  temps  ». 

Des  personnages,  aucun  ne  se  grave  dans  notre  mémoire  :  c'est  en 
vain  que  le  poète  s'est  efforcé  d'en  exagérer  la  grandeur.  Ces  héros 
gigantesques  se  démènent  comme  des  fantoches,  pompeux  mais  sans 
vie,  que  mène  à  son  gré  la  fantaisie  de  Stace.  Tout  au  plus,  pour 
Capanée  livrant  «  son  combat  surhumain  contre  Thèbes  épouvantée 
et  contre  la  foudre  même  n  (p.  217),  peut-on  relever  quelques  vers 
bien  sentis  et  énergiquement  martelés,  pleins  d'une  sève  virile. 

M.  Legras,  continuant  son  analyse  minutieuse  et  très  intéressante 
de  la  Thébaïde,  montre  comment,  dans  ce  sujet  préhomérique,  des 
anachronismes  —  excusables  du  reste  et  presque  nécessaires  même 
—  se  sont  introduits  ;  les  mœurs,  les  usages  antiques  se  sont  quelque 
peu  modernisés,  ont  revêtu  une  teinte  romaine. 

M.  Legras  explique  ensuite  l'importance  —  disproportionnée  — 
des  ornements  épiques  dans  l'œuvre  de  Stace  ;  comparaisons  innom- 
brables, métaphores  multiples,  expressions  hardies  cachent  à  tout 
moment  Vidée  sous  leur  fouillis  inextricable. 

f  C'est  le  style  d'un  bel  esprit,  dit  M.  Legras,  bien  doué,  souple  et 


172  LE   MUSÉE   BELGE. 


savant,  apte  à  prendre,  ou  plutôt  à  imiter  tous  les  tons,  mais  n'ayant 
pas  en  somme  de  ton  personnel  i.  Pour  terminer,  le  distingué  pro- 
fesseur passe  en  revue  le  vocabulaire  de  Stace,  qui,  s'il  imite  en 
général  son  modèle  principal,  Virgile,  s'est  payé  le  luxe  de  changer 
quelque  peu  le  sens  et  l'arrangement  des  mots,  de  forger  de  nouveaux 
verbes... 

Dans  sa  conclusion,  M.  Legras  résume  ses  impressions  en  quelques 
réflexions  très  justes  :  Si  Stace,  dit-il,  n'avait  pas  sacrifié  aux  goûts 
de  l'époque,  il  eût  été  sincère,  ému  et  fin.  Ses  contemporains  l'eussent 
méconnu,  mais  la  postérité  l'eût  déclaré  exquis.  Hélas  !  on  n'échappe 
guère  à  son  temps.  Paul  Henen. 

Dans  une  brochure  de  32  pages,  extraite  de  l'excellente  Revue  des 
Études  anciennes,  M.  Legras  reprend  la  question  des  rapports  entre 
Stace  et  Silius  Italiens.  Il  établit  que  les  douze  premiers  chants  des 
Puniques  furent  publiés  entre  les  années  90  et  92,  un  peu  avant  la 
Théhaïde  ;  les  cinq  derniers  parurent  après  le  poème  de  Stace.  entre 
92  et  96.  M.  Legras  relève  toutes  les  ressemblances  qu'il  a  pu 
découvrir  entre  les  deux  poèmes  :  elles  ne  sont  pas  toutes  concluantes- 
et  les  deux  poètes  contemporains  ont  pu  puiser  à  un  fonds  commun 
d'idées  et  d'expressions,  créé  par  la  littérature  et  par  les  écoles  de 
déclamation.  M.  Legras  conclut  que  l'influence  réciproque  de  ces 
deux  épopées  n'a  pas  été  très  sensible.  J.  P.  W. 

i36.   ~  Barthel  'Winand,    Vocabulorum  latinorum  quae  ad  moriem 

speciani  historia,  Marbourg,  Koch,  1906.  71  pp. 

Intéressant  sujet  de  thèse,  et  qui  ne  manque  pas  de  poésie,  mélan- 
colique et  recueillie.  Dans  toutes  les  langues,  l'idée  de  la  mort 
apparaît,  rendue  dans  des  termes  presque  identiques,  exprimée  au 
moyen  de  métaphores  toujours  les  mêmes.  Il  était  curieux  d'étudier 
dans  la  littérature  latine,  les  mots  qui  désignent  cette  idée,  de 
rassembler  dans  les  œuvres  les  plus  typiques  des  principales  périodes 
de  la  latinité,  les  expressions  variées,  évocatrices  de  l'ultime  voyage. 
Cest  ce  qu'a  tenté  de  faire  M.B.Winand  dans  un  travail  remarquable 
de  clarté  et  de  méthode,  d'une  érudition  abondante,  d'une  lecture 
facile  et  je  dirai  même  parfois  agréable. 

M.  B.  Winand  ne  pouvait  guère  lire  et  annoter,  avec  un  soin 
égal,  tous  les  auteurs  latins.  Une  sélection,  judicieusement  faite, 
s'imposait.  Dans  sa  préface,  du  reste,  M.  Winand  nous  explique 
son  choix  :  a  Inquisitio  originem  ducit  a  Plauto  descenditque  ad 
Suetonium  ;  ipse  perlegi  Plautum,  Terentium,  Cornelium  Nepotem, 
Lucretium,  carmina  epigraphica;  Suetonium,  Senecae  philosophi 
tragoediis  exceptis  omnia  opéra;  ceterum  lexicis  nitor  ».  Son  ouvrage 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  lyS 


est  divisé  en  trois  parties  :  dans  la  première,  il  passe  en  revue  les 
mots  du  langage  ordinaire  (voas  cotidiano  usu  adhibiia»)  :  mort,  demori^ 
mari^  imUrmori,  mors,  letum,  perire,  interire  ;  dans  la  seconde,  il  examine 
les  mots  employés  aminis  causa  :  defungi^  f^^gh  àûs,  hora^  quies.  fatum^ 
sorSf  foriuMa  (je  relève  ici  seulement  les  expressions  sur  lesquelles  s'est 
étendu  avec  un  soin  tout  particulier  M .  Winand)  ;  dans  la  troisième 
partie,  de  beaucoup  la  plus  considérable,  défilent  les  innombrables 
termes  et  expressions  figurées  (vocâs  poeticae  vel  tropi).  Ici,  du  reste, 
M.  Winand  avait  un  guide,  le  livre  de  Hoffmann  :  Die  auf  den  Tod 
huUglichên  AusdrUcke  in  den  roemischm  Dichtern  (Berlin,  1875).  Il  est 
vrai  de  dire  que  M.  Winand  s'est  appliqué  à  relever  les  figures 
employées  par  les  prosateurs  surtout.  Le  grand  mérite  de  cette 
thèse  est  de  nous  donner,  condensée  en  quelques  pages,  la  matière 
d'un  lexique  que  j'appellerai  «  funèbre  »  ou  «  mortuaire  » ,  où 
l'histoire  de  chaque  mot  est  retracée  avec  une  sûreté,  une  science 
réelles,  où  chaque  vocable,  chaque  terme,  chaque  expression  revit,. 
dans  sa  signification  primordiale,  s'anime,  murmure  en  son  langage 
mélancolique  on  ne  sait  quel  triste  et  lointain  requiem,.. 

Ma  mémoire  me  rappelle  quelques  expressions  que  je  n'ai  pas 
trouvées  dans  la  thèse  de  M.  Winand  et  qui  ont  été  passées  sous 
silence  peut-être  pour  l'un  ou  l'autre  motif  qui  m'échappe.  Tout 
d'abord  ienebrae,  quoiqu'on  le  trouve  très  rarement  dans  le  sens  de 
«Mrs,  peut  signifier  parfois  aussi  :  a  ténèbres  de  la  mort,  mort  ». 

Voyez  Plante  {Pseudolus,  go)  :  Certûmsi  mihi  ante  Unehras  ienebras 
Persequi.  L  expression  tenebras  pérsequi  correspond  évidemment  à  mortem 
ptruqui. 

Voyez  aussi  Properce  (édit.  Mueller,  III,  i3,  17)  où  ienebrae 
a  encore  le  sens  de  a  mort  »  :  Me  tibi  ad  extremas  mansurum,  vita, 
ftÊubras,  —  Nox,  quelquefois  signifie  également,  «  nuit  éternelle, 
mort,  ombres  de  la  mort  ».  Je  citerai  deux  exemples  tirés  des  odes 
d'Horace  : 

Sed  omnes  una  manet  nox,  et  calcanda  semel  vita  leti  (I,  8,  i5). 
Jam  iepremet  nox fabulaeque  Mânes  (I,  4,  16). 

Je  citerai  aussi  discedere  qu'on  trouve  dans  Minucius  Félix  (Octa vins, 
I,  3)  avec  le  sens  de  «  mourir  ».  Il  est  vrai  que  quelques  critiques 
ont  voulu  corriger  ici  discedere  en  décéder e;  mais  la  leçon  discedere  est 
excellente  et  ne  présente  aucune  difficulté  :  Nec  immeriio  discedens  vir 
êximius  ti  sauctus  immensum  sut  desiderium  nobis  reliquit.  Mais  je  ne  veux 
pas  paraître  chicaner  M.  Winand  à  propos  d'un  ou  deux  oublis  très 
excusables  ;  et  je  ne  puis  que  louer  encore  la  méthode  de  l'auteur  et 
nsister  sur  l'intérêt  de  cette  thèse  lexicologique.        Paul  Henen. 


174  ^^    MUSÉE   BELGE. 


137.  — -  B.  P.  Ban'Wens,  S.  J.,  Vertalingen  uii  hei  Latijn  voor  het 
schoolgebniik  :  SallusHus,  Livius  en  TacUus  :  Tien  redevoeringen 
aan  deze  gcschiedschrijvers  ontleend,  fr.  0,40.  —  Ciuro  :  Pro 
Ligario,  fr.  o,3o.  De  vier  redevoeringen  tegen  Catilina  (elke 
afzonderlijk).  Brussel,  Alb.  Dewit,  1907. 

Le  R.  P.  Bauwens  destine-t-il  aux  élèves  ses  traductions  d'auteurs 
latins  ?  Ce  qu'il  dit  à  ce  propos  dans  l'introduction  à  la  première 
Catilinaire  suppose  que  non  ;  car  il  exprime  Tespoir  qu'en  les  enten- 
-dant  lire  les  élèves  pourront  suivre  facilement  sur  le  texte.  Quoi  qu'il 
en  soit,  ils  se  les  procureront  certainement.  Et  nous  ne  le  regrettons 
pas.  Le  système  anglais  a  ses  inconvénients;  mais  un  professeur 
habile  sait  y  parer.  Il  a  aussi  ses  avantages.  Les  bonnes  traductions 
permettent  de  voir  plus  de  texte;  en  économisant  le  temps,  elles 
rendent  plus  aisée  la  perception  de  la  beauté  des  chefs-d'œuvre 
antiques  ;  elles  offrent  enfin  des  exemples  concrets  et  palpables  des 
joutes  pénibles  que  se  livrent  l'expression  et  la  pensée.  Mais  ces 
avantages  ne  sont  réels  que  si  les  traductions  sont  vraiment  bonnes  ; 
c'est-à-dire,  si  elles  ne  s'attachent  pas  seulement  à  la  pensée  abstraite^ 
mais  rendent  jusqu'aux  moindres  nuances,  et  jusqu'à  la  vie  de  la 
pensée.  C'est  le  principe  que  le  P.  Bauwens  a  suivi  :  serrant  le  latin 
d'aussi  près  que  possible,  respectant  l'ordre  et  la  construction  des 
différents  membres  de  phrase,  la  place  et  la  modalité  des  mots.  Sa 
langue,  un  peu  guindée  parfois,  reste  d'ordinaire  correcte,  pure, 
idiomatique.  Le  néerlandais,  qui  se  plie  admirablement,  on  le  sait, 
aux  exigences  des  langues  classiques,  est  un  instrument  remarquable 
pour  l'appréciation  de  leurs  littératures. 

Aussi  nous  espérons  qu'à  notre  époque  surtout,  où  l'étude  du  néer- 
landais s'impose  de  plus  en  plus  dans  nos  collèges,  ces  traductions^ 
fruit  de  longues  années  d'enseignement,  auront  chez  les  élèves  et  chez 
les  professeurs  la  vogue  qu'elles  méritent.  Ils  y  trouveront  en  outre 
toutes  les  notions  supposées  pour  l'intelligence  du  texte  :  un  exposé 
succinct  des  circonstances  de  chaque  discours  ;  un  plan  détaillé  et 
complet.  J«  V.  M. 

138.  —  Harvard  Studies  in  Classical  Phiîology.  Vol.  XVII.  1906. 
Published  by  Harvard  Univ.,  Cambridge,  Mass.,  U.  S.  A.  Lon- 
dres, Longmans,  Green  and  C<>  ;  Leipzig,  Harrassowitz.  6  m.  5o. 
Ce  volume  est  dédié,  en  témoignage  d'affection   et    d'estime,  à 

M.  C.  L.  Smith,  qui  fut  professeur  de  latin  à  la  Harvard  Universify 
pendant  34  ans  et  que  des  raisons  de  santé  ont  obligé  de  prendre  sa 
retraite  (1904). 

Il  renferme  onze  articles,  dont  voici  les  sujets  : 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  175 


M.  H.  Morgan,  Notes  sur  Vitnive  (p.  r-14)  :  notes  critiques  sur 
quelques  passages,  explications  nouvelles  de  certains  mots,  remarques 
tendant  à  fixer  Tépoque  où  écrivait  Vitruve,  enfin  lemploi  qu'il  fait 
des  mots  fanum^  iempîum  et  aedes^  conforme  à  celui  du  siècle  d'Auguste. 

E.  K.  Rand,  Catulle  et  les  poètes  de  l'âge  d'Auguste.  Ces  poètes, 
notamment  Virgile  et  Horace,  n'étaient  pas  les  ennemis  de  Catulle  et 
de  l'école  alexandrine,  comme  le  soutenait  L.  MûUer  en  1880. 

M  Warren,  De  cinq  nouveaux  manuscrits  du  Commentaire  de 
Térence  par  Donat  (p.  31-42).  Ce  sont  des  mss.  découverts  par 
l'auteur  à  Rome,  un  dans  la  bibl.  Vaticane,  trois  dans  la  bibl.  Corsini, 
et  un  dans  la  bibl.  Chigi.  Les  quatre  premiers  sont  du  xv«  siècle;  le 
cinquième  est  le  plus  important  :  il  est  du  xin«  siècle. 

C.  H.  Moore,  De  l'origine  du  taurobole  (p.  43-48).  Bien  qu'en 
Occident  on  ne  trouve  le  taurobole  dans  le  culte  de  la  Magtta  Mater 
qu'au  commencement  du  ii*  siècle  de  notre  ère,  l'auteur  pense  que 
ce  genre  de  sacrifice  a  pris  son  origine  dans  le  culte  de  Cybèle  :  il  ne 
fut  accepté  en  Occident  que  lorsque  ce  culte  eut  pris  une  grande 
extension. 

H.  W,  Smyth^  Aspects  du  conservatisme  grec  (p.  49-74). 

W.  W.  Goodwin,  La  bataille  de  Salami  ne  (avec  cartes  et  figures, 
p.  75-102). 

y.  W.  Withe^  Un  acteur  inconnu  jusqu'ici  de  la  comédie  grecque 
(p.  io3-i29).  Dans  beaucoup  de  comédies,  le  chœur  est  divisé  en 
deux  groupes  :  au  lieu  d'un  coryphée,  il  faut  en  admettre  deux.  Cette 
question  est  étudiée  dans  Aristophane.  L'article  se  termine  par  la 
liste  des  passages  qu'il  faut  attribuer  à  l'un  et  à  Tautre  coryphée  dans 
dix  pièces  du  même  poète. 

y.  H.  Wright^  L'allégorie  de  la  caverne  dans  Platon,  République^ 
VII,  p.  5 14-5 16.  Quel  est  l'inventeur  de  cette  allégorie  célèbre? 
C'est  Platon  lui-même.  L'auteur  recherche  si  aucune  des  cavernes 
fameuses  de  la  Grèce  n'a  pu  en  donner  l'idée. 

G.  H.  Chase,  Une  amphore  du  Musée  de  Boston  (p.  143-I48).  On 
y  voit  deux  Athènes  portant  un  bouclier  :  sur  l'un,  on  lit  :  TTieiwv  koX/i; 
sur  l'autre  :  NCkti  KaXy|. 

C.  P.  Parker,  Sacer  inira  nos  spiritus  sedet,  maîorum  honorumque  nos- 
trorum  observator  et  custos.  Interprétation  de  cette  phrase  de  Sénèque, 
Epist.  41  (p.  149-160). 

A,  A.  Howard,  Valerius  Antias  et  Tite-Live.  Examen  des  fragments 
attribués  h  Valerius  par  Peter.  Conclusion  :  Valerius  est  la  source 
d'une  part  ic  considérable  de  l'œuvre  de  Tite-Live  qui  le  suivit  aveu- 
glément au  moins  dans  les  premiers  livres.  J.  P.  W. 


176  LB   MUSÉE   BELGE. 


Langues  et  Littératures  celtiques. 

139-  —  V.  H.  Friedel  et  Kuno  Meyer,  La  vision  de  T ondoie 

(Tnudgal).  Textes  français,  anglo-normand   et  irlandais.    Paris, 

Champion,  1907.  xx-i55  pp.  in-S©.  7  fr.  5o. 

En  1882,  M.  A.  Wagner  a  publié  les  textes  latins  et  allemands  de 
la  Vision  de  Tondait  ;  en  iSgS,  le  même  savant  en  a  publié  la  version 
anglaise  ;  MM.  Friedel  et  Kuno  Meyer  se  sont  entendus  pour 
compléter  cette  série  d'éditions  en  publiant  ensemble  en  un  seul 
volume,  le  premier  deux  récits  en  prose  française  et  un  fragment 
d'un  poème  anglo-normand,  le  second  deux  traductions  irlandaises 
de  la  même  matière. 

Le  premier  récit  fut  rédigé  en  latin  en  1149,  ainsi  que  rétablissent 
définitivement  les  éditeurs,  par  un  moine  irlandais,  originaire  du 
comté  de  Munster.  Il  latinise  son  nom  en  Marcus  ;  on  ignore 
complètement  sa  vie  ;  on  ne  sait  même  pas  comment  il  s^appelait  en 
irlandais.  Le  seul  point  qu'il  soit  possible  d'établir  d'une  manière  à 
peu  près  certaine,  c'est  qu'il  écrivait  à  Ratisbonne. 

Tondale,  dont  Marcus  rapporte  le  mystérieux  voyage  au  Pays  des 
âmes,  était  d'après  le  narrateur,  né  à  Cashel  (comté  de  Tipperary)  et 
son  âme  aurait  quitté  son  corps  pendant  qu'il  se  trouvait  chez  un 
ami  dans  la  cité  de  Cork.  M.  Kuno  Meyer  établit  que  le  nom  irlandais 
de  Tondale  a  dû  être  Tnûtkgal. 

Écrit  dans  le  sud  de  l'Allemagne,  ce  conte  se  répandit  vers  l'occi- 
dent, et  ce  n'est,  chose  curieuse,  qu'en  tout  dernier  lieu  qu'il  rentra 
dans  le  pays  d'où  étaient  partis  ensemble  et  l'auteur,  et  le  sujet. 

Les  deux  versions  françaises  sont  indépendantes  l'une  de  l'autre. 

La  plus  importante  des  deux  est  celle  qu'a  fournie  le  manuscrit  de 
Londres  (Brit.  Mus.  add.  9771,  xiv^  siècle)  c'est  la  transcription 
française  d'un  texte  du  N.-E.  ;  elle  se  tient  très  près  de  l'original 
latin. 

La  seconde  est  conservée  par  un  manuscrit  de  Paris  (B.  N.  Ms. 
frç.  763  [anc.  7181*  ;  Lancelot  i3o,  xiv«  siècle])  ;  elle  présente  un 
tjrpe  assez  net  de  français  du  S.-E  ,  mais  omet  fréquemment  les 
détails  concernant  l'Irlande  et  les  Irlandais. 

Le  fragment  anglo-normand  est  conservé  dans  un  recueil  de  la 
Bibliothèque  de  Trinity  Collège  de  Dublin  (n»  3x2,  xiv«  siècle)  ;  il 
contient  364  vers  et  demi.  C'est  un  travail  assez  banal  de  rimeur  bien 
au  courant  du  métier.  L'auteur  a  traduit  directement  du  latin. 

La  traduction  irlandaise  de  la  légende  fut  faite  par  Maurice  O'Mul- 
conry  qui  appartenait  à  une  famille  bien  connue  du  Connacht  et  qui 
mourut  en  1543.  Lui  aussi  partit  du  texte  latin. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  177 


M.  Kiino  Meyer  publie  deux  manuscrits  qui  nous  ont  conservé 
cette  traduction.  Le  premier  est  le  H.  3.  1 8.  de  la  Bibliothèque  du 
Collège  de  la  Trinité  à  Dublin  (xvii*  siècle)  ;  le  second  est  le  Stowe 
Ms.  C.  II.  2  (xvi«  siècle).  Quoique  le  premier  soit  plus  récent  que  le 
second,  il  présente  des  mots  et  des  tournures  de  phrases  plus 
archaïques. 

Le  livre  de  MM.  Friedel  et  Kuno  Meyer  est  une  excellente  contri- 
bution à  l'étude  des  Visions  du  moyen  âge.         Victor  Tourneur. 

140.  —  TVh.  Stokes,  The  Bitth  and  Life  of  S^  Moling.  Paris,  Cham- 
pion, 1906.  56  pp.  in-8«.  2  fr.  5o.  (Extrait  de  la  Revue  celtique). 
M.  WTi.  Stokes  publie  d'après  un  manuscrit  de  Dublin,  le  Liber 
ûavus  Fergussiorum  (xiv«-xve  siècle)  de  TAcadémie  royale  d'Irlande,  et 
d'après  un  manuscrit  de  Bruxelles  transcrit  en  1628  et  1629  par 
O'Clery,  une  vie  de  S^  Molling.  Quoique  plus  récent,  le  manuscrit 
de  Bruxelles  présente  quantité  de  leçons  supérieures  à  celles  du 
premier. 

La  légende  de  la  vie  de  S*  Molling  est  intéressante  par  le  pitto- 
resque de  certains  épisodes,  et  par  le  jour  qu'elle  jette  sur  les 
coutumes,  les  croyances  et  la  moralité  des  Vieux -irlandais. 

La  traduction  anglaise  qui  accompagne  le  texte,  et  le  glossaire  qui 
réunit  les  mots  rares  et  peu  connus  ont  été  exécutés  avec  le  soin  et  la 
compétence  dont  M.  Wh.  Stokes  fait  preuve  dans  tous  ses  travaux. 

Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

141-  —  P-  Bourg,  Systematiscke  deutsche  Grammatik  auf  Grundlage  der 
direkten  Méthode  fur  Lehranstalten  des  mittleren   Unterrichts,  Liittich 
H.  Dessain,  1907.  v-200  pp.  2  fr.  5o. 

142-  —  P.  Bourg,    Uehungshuch  zur  deutschen  Grammatik.  Lùttich, 
H.  Dessain,  1907.  im32  pp.  i  fr.  5o. 

Jusqu'ici  nous  ne  possédions  pas,  en  Belgique,  de  grammaire 
allemande,  méthodique  et  complète,  répondant  parfaitement  aux 
besoins  des  élèves  de  nos  athénées  et  collèges. 

Ainsi  que  pour  une  foule  d'autres  manuels,  concernant  l'enseigne- 
ment des  langues  modernes,  il  fallait  toujours  recourir  à  des  ouvrages 
étrangers,  entachés  d'un  double  défaut  :  ils  traitaient  à  fond  des 
parties  intéressant  fort  peu  nos  élèves,  et  ils  négligeaient  des 
questions  qui,  pour  eux.  sont  de  la  plus  haute  importance.  Voilà 
pourquoi  j'ai  parcouru  avec  plaisir  la  Systematiscke  detttscJie  Grammatik, 
que  vient  de  publier  M.  Bourg,  professeur  de  langues  modernes  à 


178  LE  MUSÉE  BELGE. 


Tathénée  royal  d'Ath.  Il  y  a  condensé  les  fruits  de  son  expérience 
professorale  et  merveilleusement  adapté  la  matière  au  programme 
de  nos  classes  et  aux  desiderata  de  nos  jeunes  gens. 

Avec  ce  nouveau  manuel,  ils  apprendront  la  grammaire  allemande 
d'une  manière  systématique,  chose  qu'on  a  fort  négligée  en  ces 
derniers  temps,  où  l'enseignement  occasionnel,  poussé  à  l'excès, 
a  eu  des  conséquences  déplorables. 

Ainsi  que  l'auteur  en  exprime  Tespoir  dans  sa  préface,  la  méthode 
qu'il  préconise,  obligera  l'élève  à  trouver  lui-même  les  règles,  car 
tout  con  système  est  pour  ainsi  dire  basé  sur  les  tableaux  de  Hôlzel, 
expliqués  aujourd'hui  dans  toutes  les  classes  élémentaires.  Ainsi  la 
leçon  aura  le  double  avantage  de  servir  d'exercice  de  conversation 
et  de  raviver  le  souvenir  des  matières  vues  antérieurement. 

Vu  l'usage  pratique  auquel  doit  servir  le  livre  de  M.  Bourg,  je  ne 
vois  aucun  inconvénient  à  ce  que  l'auteur  ait  changé  la  succession 
ordinaire  des  parties  du  discours,  et  traité  le  genre  des  substantifs 
ainsi  que  les  prépositions  dès  le  début.  Seulement,  je  me  permettrai 
de  faire  quelques  remarques  à  propos  de  la  déclinaison  des  substan- 
tifs  et  de  la  conjugaison  des  verbes  forts. 

Je  n'approuve  pas  tout  à  fait  la  manière  de  diviser  les 'substantifs, 
adoptée  par  l'auteur.  La  déclinaison,  ou  mieux  encore,  le  pluriel 
des  substantifs  est  certes  la  partie  la  plus  aride  et  la  plus  ingrate  de 
la  grammaire  allemande.  £n  dépit  des  règles  les  plus  simples  et  les 
plus  claires,  il  faut  une  pratique  très  longue  de  la  langue,  avant 
qu'on  se  soit  approprié  et  assimilé  cette  matière  compliquée.  Il  importe 
donc  de  suivre  la  méthode  la  plus  élémentaire,  tout  en  respectant 
l'exposé  traditionnel  et  scientifique  des  matières. 

Au  plan  de  M.  Bourg,  je  substituerai  le  suivant.  Me  basant  sur 
le  genre,  je  diviserai  d'abord,  comme  lui,  les  substantifs  en  trois 
classes  primordiales.  Quant  au  reste,  je  procéderai  comme  suit,  en 
donnant  chaque  fois  des  listes  aussi  complètes  que  possible  ;  en  effet, 
la  grammaire  doit  fournir  à  l'élève  la  clef  de  toutes  les  difficultés  qui 
peuvent  se  présenter. 

1.  —  SUBSTANTIFS  MASCULINS. 
Substantifs  faibles. 
Règle  :  n  ou  en  k  tous  les  cas  du  singulier  ou  du  pluriel  à  partir  du  génitif  sing. 
Sont  faibles  :  1.  Tous  les  noms  masculins  en  e  ;  Affe,  Bube,  Lôwe. 

2.  Tous  les  noms  autrefois  terminés  en  e  :  Ahn,  Bâr,  etc. 

3.  Les  noms  étrangers  avec  l'accent  sur  la  dernière  syllabe  :  Advokat,  Student. 

4.  Les  noms  de  peuples  en  ar  et  er  dont  IV  final  se  trouve  déjà  dans  le  nom  du 
pays  :  Baier,  Ungar. 

N.  B.  1.  Kase  est  fort  au  singulier  et  invariable  au  pluriel. 

2.  Quelques  substmtifs  en  e  prennent  en  au  génitif  singulier  ;  Balke,  etc. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  179 


Substantifs  forts. 

Tous  les  autres  substantifs  masculins  sont  forts  et  se  déclinent  de  la  manière 
suivante  ; 

a)  Au  singulier  ils  prennent  : 

1.  Au  génitif  e^  ou  s. 
3.  Au  datif  e  ou  rien. 
3.  A  l'accusatif  rien. 

N.  B.  1.  Prennent  toujours  s  au  génitif  et  n'ont  rien  au  datif  les  substantifs  enW, 
en,  er  et  les  noms  étrangers  tn  or. 

2.  Prennent  généralement  es  au  génitif  et  e  au  datif  les  substantifs  en  b,  p,  f;  — 
g,  k.  ch  :  —  d,  t,  th  ;  —  s,  sch,  ss,  z. 

3.  Les  autres  prennent  es  ou  s  au  génitif,  e  ou  rien  au  datif  suivant  Teuphonie. 
b)  Au  pluriel  ils  prennent  e  et  TUmlaut  :  dcr  Kopf,  die  Kôpfe. 
Exceptions  à  la  règle  de  la  formation  du  pluriel  des  substantifs  forts. 

I.  Prennent  e  sans  Umiaut  :  Aal,  Accord,  Achat,  Amboss,  etc. 

3.   Les  substantifs  en  e/,  en^  er  sont  invariables  :  der  Malcr,  die  Maler. 

a)  Les  suivants  prennent  TUmlaut  :  Apfel,  Acker,  Boden,  etc. 

b)  Lts  suivants  prennent  n  :  Bauer,  Gevatter,  etc. 

c)  Le  substantif  Charakter  fait  au  pluriel  Charaktére. 

3.  Prennent  er  avec  l'Umlaui,  si  possible  : 

a)  Ceux  en  tum  :  der  Irrtum,  die  Irrtûmer;  der  Reichtum,  die  Reichtûmer. 

b)  Les  suivants  :  BOsewicht,  Dorn,  Geist,  Gott,  Leib,  etc. 

4.  Prennent  en  et  appartiennent  à  la  dite  déclinaison  mixte  : 

a)  Les  suivants  :  Akt,  Bolz,  Lorbeer,  etc. 

b)  Les  noms  en  or  excepté  Major  :  die  Professoren;  die  Majore. 

c)  Quelques  noms  étrangers  tels  Augur,  Faun,  etc. 

5.  Le  mot  Mann  fait  au  pluriel  Manner.  Dans  les  noms  composés  il  fait  au 
pluriel  :  — leute, —  manner  (à  expliquer). 

II.  —  SUBSTANTIFS  FÉMININS. 

Tous  les  substantifs  féminins  sont  invariables  au  singulier  :  die  Frau,  der  Frau 
dcr  Frau,  die  Frau. 

Au  pluriel,  on  distingue  deux  groupes  :  les  forts  et  les  faibles. 

Sont  forts  :  1.  Ceux  en  sal  et  nis  qui  font  —  sale  et  —  nisse. 

3.  Les  M  Umlautenden  »,  la  plupart  monosyllabiques,  ont  e  :  Axt,  etc. 

3.  Mutter  et  Tochter  font  au  pluriel  Mûtter  et  TOchter. 

Sont  faibles  •  tous  les  autres  substantits  fémmins;  ils  prennent  au  plurieljra  ou  en', 
(donc  tous  leh  monosyllabiques  sans  Umla-^t  et  tous  les  polysyllabiques  à  part 
Mutter,  Tochter  et  ceux  en  sal  et  ni&). 

N.  B.  1.  Prennent  n  ceux  en  el  et  er  ;  Feder,  Federn. 

3.  Ceux  en  in  font  —  tnnen  :  Bâuerin,  Bauerinnen. 

III.  —  SUBSTANTIFS  NEUTRES. 

Au  singulier^  les  substantifs  neutres  se  déclinent  tout  à  fait  comme  les  substantifs 
masculins  forts.  Seulement  Herz  fait  au  génitif  H erzens  et  au  datif  Herfe;t. 
Au  pluriel,  on  trouve  les  terminaisons  suivantes  : 
1.   Prennent  e  : 

a)  Les  suivants,  tous  monsyllabiques  sans  Umlaul  :  Beet,  etc. 

b)  Ceux  composés  des  piérixcs  ge,  wn,  «r,  er  ;  Gesetz. 

c)  Les  dérivés  en  sal  et  nis  laisant  —  sale,  —  nisse. 

d)  Les  mots  étrangers  en  em,  e/,  ment,  ter  om,  or  :  Dekret. 


iBo  LE   MUSÉE   BELGE. 


2.  Pr-ennent  er  avec  Umlaut,  si  possible  : 

a)  Tous  les  monosyllabiques  excepté  ceux  cités  en  i.  a.  Blatt,  BlAtter. 

h)  Les  dérivés  en  ium  ;  Bistum,  Bistûmer. 

c)  Les  polysyllabiques  suivants  :  Gastmahl,  Gemahl,  etc. 

3.  Prennent  en  : 

à)  Les  suivants  :  a)  Bett,  Hemd,  Herz,  Leid,  Ohr. 

p)  Auge,  Ende,  Fossil,  Insekt,  Interesse,  Mobel,  Pistol,  Statut. 
h)  Les  substantifs  en  — al  et  —«m  font — ^alien  et —  en  Minerai,  Mineralien; 
Muséum,  Museen. 

c)  Les  mots  Dogma,  Drama  et  Prisma  font  Dogmen,  Dramen  et  Prismen. 

4.  Restent  invariables  sans  Umlaut  : 

a)  Les  substantifs  en  e/,  e/i,  er,  chen  et  lein. 

h)  Les  dérivés  en  e  avec  le  préBxe  ge  =  GebAude 

5.  Les  deux  substantifs  Chor  et  Kloster  font  ChOre  et  KlOster. 

Aux  numéros,  où  je  ne  donne  qu'un  ou  plusieurs  exemples  suivis 
de  etc.,  il  faut  chaque  fois  mettre  la  liste  complète  de  tous  les  sub- 
stantifs suivant  cette  règle.  Si  l'on  ajoute  à  cet  exposé  les  substantifs 
à  double  forme  plurale  ainsi  que  ceux  qui  prennent  5,  on  aura  un 
ensemble  complet  de  la  déclinaison  des  noms  allemands,  auquel  on 
pourra  avoir  recours  en  toute  confiance. 

Aux  pages  i36  et  187  de  sa  grammaire,  l'auteur  aurait  pu  réunir 
la  6e  et  la  7*  classe  de  verbes  forts  en  une  seule,  en  ajoutant  cette 
remarque  très  pratique  au  point  de  vue  des  élèves,  que  les  verbes 
forts  en  i  +  liquide  +  cons.  ont  toujours  a  à  l'imparfait,  tandis  qu'au 
participe  passé  ils  ont  u  quand  les  deux  consonnes  suivantes  sont 
diflférentes,  et  0  quand  ces  consonnes  sont  identiques. 

A  la  suite  de  cette  série  de  classes  de  verbes  forts,  j'aurais  voulu 
trouver  une  liste  alphabétique  des  verbes  forts,  ce  qui  aurait  rendu 
la  recherche  des  temps  primitifs  oubliés  beaucoup  plus  facile  et  plus 
expéditive. 

A  sa  grammaire,  M.  Bourg  a  ajouté  un  livre  d  exercices,  aussi 
remarquables  au  point  de  vue  du  fond  que  de  la  forme  ;  outre  l'appli- 
cation des  règles  grammaticales,  ils  enrichiront  l'esprit  des  élèves 
d'une  foule  de  notions  morales,  historiques  et  géographiques. 

Quoique  le  thème  ne  soit  plus  de  mode,  j'aurais  cependant  désiré 
voir,  dans  ce  livre  d'exercices,  une  série  de  passages  flamands  ot 
français  à  traduire  en  allemand.  Il  ne  faut  pas  toujours  appliquer  les 
principes  avec  la  plus  extrême  rigueur  ;  et,  dans  l'enseignement  direct 
des  langues  vivantes,  on  ne  doit  pas  être  radical  à  l'excès,  et,  ici, 
comme  partout,  il  faut  parfois  se  rallier  au  parti  du  juste  milieu. 

A  part  ces  quelques  observations,  je  ne  puis  que  féliciter  M.  Bourg 

des  deux  excellents  manuels  qu'il  vient  de  faire  paraître.  De  cette 

façon,  nous  avons  enfin,  pour  la  langue  allemande,  des  ouvrages 

nationaux,  répondant  parfaitement  aux  besoins  de  nos  établissements 

.  d'instruction  moyenne. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l8l 


Espérons  que,  parmi  nos  professeurs  de  langues  modernes,  d'autres 
suivront  l'exemple  de  M.  Bourg  ainsi  que  de  MM.  Duqué,  Rivière, 
Burvenich  et  Melon,  pour  que,  dans  un  avenir  prochain,  nous  ayons 
des  grammaires,  des  anthologies  et  des  éditions  d'auteurs  classiques 
allemands,  anglais  et  néerlandais  publiées  en  Belgique. 

A.  Bertrang 

143.  —  GuidO  Gezelle,  Verzen,  2«  dmk.  Antwerpen,  De  Neder- 
landsche  Boekhandel,  1907.  3  vol.  in-4,  65o  p.  5  fr.  5o. 

La  librairie  néerlandaise  d'Anvers  vient  de  publier  la  seconde 
édition  de  l'Anthologie  de  G.  Gezelle.  Nous  saluons  avec  joie  son 
apparition  :  l'ouvrage  est  digne  du  poète  dont  il  nous  donne  les  admi- 
rables chefs-d'œuvre  et  de  la  maison  qui  le  publie. 

Le  choix  est  très  riche  et  bien  fait  :  nous  n'avons  remarqué  aucun 
oubli.  Une  introduction,  due  à  la  plume  très  littéraire  du  professeur 
G.  Verriest,  nous  donne  la  bibliographie  du  prêtre-poète.  Les  mots 
dialectaux,  que  Gezelle  aimait  à  semer  dans  ses  poèmes,  sont 
recueillis  et  expliqués  à  la  fin  de  louvrage,  dans  un  Index  alpha- 
bétique qui  nous  dispense  de  recourir  aux  gros  DiaUctica  et  facilite 
considérablement  la  lecture  du  poète-linguiste. 

Au  point  de  vue  matériel,  ce  sont  des  volumes  splendides  :  format, 
papier,  caractère  et  portrait  sont  irréprochables.  On  ne  saurait  faire 
mieux.  Puisse  cette  seconde  édition  s'écouler  aussi  rapidement  que 
la  première  et  contribuer  à  faire  connaître  et  aimer  davantage  le  plus 
grand  et  le  plus  sincère  de  nos  poètes  flamands  modernes. 

Jean  Gessler. 

144.  —  E.  Sulger-GrebiDg,  Goethe  und  Dante.  Berlin,  A.  Duncker, 
1907.  122  pp.  3  m.;  par  souscr.  2  m.  5o.  (Forsch.  zur  neueren 
Literaturgesch   von  Dr  F.  Muncker.  XXXII). 

II  y  a  longtemps  que  M.  Sulger-Gebing,  professeur  à  l'école 
polytechnique  de  Munich,  s'occupe  de  l'influence  exercée  par  Dante 
sur  la  littérature  allemande.  En  1895,  il  publiait  une  étude  sur 
Dante  et  K  littérature  allemande  du  xviii*  siècle  (Zeitschr./,  vergl, 
Litgesch,,  N.  F.  Bd.  IX- Xj.  Dans  les  Germanistische  Forschungen,  que 
les  élèves  et  les  amis  de  M.  Hermann  Paul  offrirent  à  ce  savant  en 
1902,  figurait  un  article  de  M.  Sulger-Gebing  sur  A.  W.  Schlegel  et 
Dante.  Dans  le  dernier  fascicule  des  Forschungen  de  M.  F.  Muncker, 
il  étudie  l'influence  exercée  par  Dante  sur  Goethe,  par  le  plus  grand 
poète  du  moyen  âge  sur  le  plus  grand  poète  de  l'Allemagne.  Dans 
une  première  partie,  il  réunit  52  passages  des  œuvres  de  Goethe  où 
celui-ci  parle  de  Dante  et  de  sa  poésie  et  il  en  dégage  les  conclu- 
sions ;  dans  la  seconde,  il  cherche  dans  les  poésies  mêmes  de  Goethe 


l82  LE   MUSÉE  BELGE. 


Tinfluence  de  Dante,  les  empnints,  les  imitations  dantesques.  Il 
conclut  que  Goethe  admirait  Dante  et  voyait  en  lui  un  génie  extra- 
ordinaire; mais  ce  génie,  surtout  les  conceptions  terribles  de  ce 
génie,  ne  lui  étaient  pas  sympathiques.  Goethe  ne  sut  pas  comprendre 
entièrement  Dante.  Pourtant  il  lui  fit  des  emprunts  considérables, 
surtout  à  la  fin  de  son  Faust.  Il  disait  :  «  Toute  la  nature  appartient 
au  poète  ;  or,  toute  création  du  génie  fait  partie  de  la  nature  et  les 
poètes  qui  suivent  ont  le  droit  d'y  puiser.  »  ]•  F. 

Histoire  et  Géographie. 

145.  --  G.  Hanotaux,  Histoire  de  la  France  conUfnporaine  (187 1- 1900). 

T.   III,  la  Présidence  du  Maréchal  de  Mac  Mahon  :  la  constitution  de 

18 j5.  Paris,   Société  d*Education  contemporaine,  1906  :  73i    p. 

in-8,  7  fr.  5o. 

M.  Hanotaux  poursuit  avec  une  activité  qui  ne  se  ralentit  pas 
l'œuvre  importante  qu'il  a  entreprise.  Voici  que  paraît  le  troisième 
volume  de  sa  monumentale  histoire  de  la  troisième  République.  Monu- 
mentale n'a  rien  d'excessif,  si  on  songe  que  le  tome  III,  grâce  à  ses 
développements  considérables,  n'embrasse  qu'une  durée  d'environ 
deux  années,  1875-1877. 

Deux  événements  dominent  cette  période  :  le  vote  de  la  constitu- 
tion républicaine  et  la  première  application  du  nouveau  régime  sous 
les  ministères  Dufaure  et  J.  Simon,  jusqu'à  la  journée  historique  du 
16  mai.  Je  me  demande  si  les  proportions  que  prend  l'ouvrage  ne 
déroutent  pas  un  peu  l'auteur  et  ne  dépassent  pas  les  limites  du 
cadre  qu'il  avait  tout  d'abord  entrevu  Ce  n'est  pas  une  critique  que 
j'émets,  c'est  une  impression  qui  m'est  dictée  par  la  crainte  que 
M.  Hanotaux  n'ait  quelque  peine  à  mener  son  œuvre  à  bonne  fin. 
N'était  ce  souci,  je  ne  songerais  pas  à  en  taire  la  remarque,  tant  il  y 
a  d'art  dans  ce  livre,  de  mouvement  et  d'intérêt  dans  le  récit.  Je  ne 
répéterai  pas  les  éloges  que  j'ai  eu  l'occasion  de  formuler  ici  même 
à  propos  des  volumes  précédents  (voir  Bulletin,  i5  juin  1904  et 
i5  février  1906).  Cette  fois  encore,  j'ai  subi  le  charme  dune  langue 
admirable  et  d  une  mise  en  scène  remarquable.  C'est  l'histoire  écrite 
à  la  façon  d'un  drame,  avec  une  intensité  de  vie  prodigieuse  et  un 
intérêt  empoignant.  Les  personnages  revivent  sous  nos  yeux,  nous 
les  voyons  avec  la  fougue  ou  la  placidité  de  leur  tempérament,  la 
distinction  ou  Tétrangeté  de  leur  allure,  le  tour  particulier  de  leur 
éloquence;  nous  les  entendons  marteler  leurs  imprécations,  manifes- 
ter leurs  craintes  ou  affirmer  leurs  espérances  ;  bref,  nous  avons  avec 
le  spectacle  des  partis  et  de  leurs  aspirations  contradictoires,  la 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l83 


phot(^praphie  des  hommes  qui,  pendant  deux  ans,  ont  joué  un  rôle  à 
visage  découvert  sous  le  feu  des  discussions  publiques  ou  bien  qui  se 
soQt  agités  sourdement  dans  Tombre  des  coulisses  extra-parlemen- 
taires. £t  quels  hommes  !  quelle  diversité  de  talents  parmi  ces  per- 
sonnalités qui  ont  nom  BufFet,  de  Broglie,  d'Audiffret-Pasquier, 
Chesnelong,  d  une  part  ;  Wallon,  Laboulaye,  Challemel-Lacour, 
Dufaure,  J.  Simon,  Gambetta«  d'autre  parti  Quels  événements, 
quelles  tragédies  plutôt  que  les  délibérations  douloureuses  et  le  vote 
résigné  de  la  constitution  républicaine  par  une  majorité  qui  y  est 
hostile,  puis  les  premiers  essais  du  nouveau  régime,  victorieux  à  la 
Chambre,  mais  en  butte  à  l'opposition  déclarée  ou  latente  de  la 
Présidence  et  du  Sénat. 

Si  M.  Hanotaux  s'était  borné  à  faire  de  l'histoire  purement  objec- 
tive avec  le  don  d'évocation  qui  lui  est  propre,  il  aurait  déjà  droit  à 
nos  éloges  ;  pourtant  il  faut  admirer  encore  la  solidité  de  sa  méthode 
et  la  vigueur  de  son  talent.  Avec  quelle  subtilité  il  dégage  le  principe 
fondamental  de  la  constitution  de  1875,  consacrant  moins  au  fond  la 
forme  républicaine  que  la  magistrature  suprême  du  Président.  Sui- 
vant pas  à  pas  les  grands  débats  parlementaires,  il  s'engage  sur  tous 
les  terrains  et  il  n'en  est  aucun  où  il  ne  se  meuve  à  Taise  :  il  fait  du 
droit  constitutionnel,  puis  du  droit  administratif,  il  expose  les  pro- 
blèmes d'enseignement,  puis  les  questions  religieuses,  ramenant 
toujours  les  opinions  qui  se  heurtent  et  les  principes  qui  se  combattent 
à  l'antagonisme  de  l'idée  républicaine  et  de  la  thèse  monarchique. 
Au  fond,  c'était  là  Terreur  de  la  constitution  :  «  Elle  avait  prétendu 
conciUer  la  République  et  la  Monarchie.  Le  16  mai,  c'est  la  crise 
fatale  d'interprétation  de  la  constitution  de  1875  ».  «  L'histoire  est 
logique,  elle  arrive  tard  et  lentement  comme  la  jxistice,  mais  elle 
marche  droit  et  elle  arrive.  »  Cette  conclusion  est  bien  celle  qui 
découle  du  livre  de  M.  Hanotaux.  L'auteur  a  pris  soin  de  la  for- 
muler, il  a  fait  plus  et  mieux  :  il  Ta  imposée  au  lecteur  par  la  savante 
ordonnance  de  son  récit,  l'unité  puissante  de  sa  pensée,  l'enchaîne- 
ment rigoureux  de  ses  déductions.  A.  Dutron. 

146.  —  Giuseppe  La  Mantia,  Le  Pandette  delU  Gabelle  régie  antiche 
t  nuove  di  Sicilia  nel  secolo  XIV ^  raccolte  e  pubblicate.  Palerme, 
1906.  LiiMiS  p.  in-8  et  une  phototypie. 

L'auteur  de  ce  travail,  M.  G.  La  Mantia,  archiviste  de  l'État  à 
Palerme,  a  bien  mérité  de  l'histoire  de  la  Sicile  par  plusieurs  publica- 
tions sur  l'histoire  médiévale  de  cette  région,  par  exemple  par  des 
éditions  d'anciennes  coutumes  locales,  par  des  études  de  diploma- 
tique sur  la  chancellerie  du  royaume  de  Sicile,  des  Normands  à 


184  LE    MUSÉE   BELGE. 


Frédéric  III  d*Aragon  (ii3o-i377),  sur  les  actes  des  rois  argonais 
(1202- 1355),  etc. 

Les  documents  qu'il  publie  dans  le  volume  dont  nous  nous 
occupons  sont  des  plus  importants  pour  l'histoire  des  institutions  et 
l'histoire  économique  du  royaume  de  Sicile  au  moyen  âge.  Ce  sont 
les  pandectes,  les  codifications  des  anciennes  gabelles  du  xiv«  siècle. 
Par  le  terme  de  «  gabelle  antiche  »  on  entendait  au  xiv«  siècle,  les 
gabelles  qui  dataient  de  Tépoque  normande  et  qui  furent  en  partie 
modifiées  et  augmentées  par  Frédéric  III  de  Souabe.  et  maintenues 
par  les  Angevins.  Par  «  gabelle  nuove  »  on  désignait  les  gabelles 
établies  depuis  le  commencement  du  règne  de  Frédéric  II  d'Aragon 
pour  les  besoins  de  la  guerre,  et  qui  furent  définies  en  iSiy  et  i3i8 
par  des  édits  spéciaux. 

Dans  une  longue  introduction  (pp.  iii-liii),  M.  La  Mantia  nous 
indique  d'abord  les  manuscrits  qui  contiennent  ces  précieux  docu- 
ments, puis  s'attache  à  établir  la  date  de  chaque  Pandecte  de 
gabelles,  pour  autant  que  les  caractères  diplomatiques  externes  et 
des  allusions  à  des  institutions  contemporaines  permettent  de  le  faire. 
Il  traite  les  questions  discutées  qui  se  placent  à  propos  de  leur  origine 
et  relève  pour  chacune  d'elles  l'importance  respective,  surtout  au 
point  de  vue  de  l'histoire  économique. 

La  Pandecte  des  gabelles  de  Messine  semble  compilée  entre  i3o5 
et  i3i2;  celles  de  Trapani,  Girgente  et  Terronova  remontent  à  une 
époque  antérieure  à  i3i2;  celle  de  Palerme  date  du  24  juin  i3i2; 
celle  d'Alcamo  —  en  langue  vulgaire  —  pourrait  remonter  à  1367. 
Pour  la  ville  de  Syracuse  on  ne  possède  que  le  texte  des  chapitres 
relatifs  à  la  gabelle  de  la  teinturerie,  en  langue  vulgaire  ;  cette  gabelle 
remonte  à  Frédéric  III  (i375).  Voilà  pour  les  gabelles,  appelées 
ff  anciennes  ». 

Les  documents,  représentant  des  gabelles  «  nouvelles  »  com- 
prennent la  pandecte  de  Palerme,  d'avant  i328,  celle  de  Messine, 
pas  beaucoup  postérieure  aux  édits  des  rois  agonais  de  i3i7  et  i3i8, 
celle  d'Alcamo  (i367),  les  chapitres  réglant  la  gabelle  du  vin  à  Len- 
tini  (1400).  les  gabelles  de  Corleone  (i336). 

Ces  gabelles  «  nouvelles  »  remontent,  quant  à  leur  origine  juri- 
dique, à  la  fin  du  xii^  siècle,  lorsque,  par  suite  des  guerres  conti- 
nuelles contre  les  Angevins  qui  tâchaient  de  reconquérir  la  Sicile, 
les  rois  aragonais  se  virent  forcés  d'imposer  de  nouvelles  taxes. 

Cette  introduction  historique,  diplomatique  et  juridique  est  faite 
avec  beaucoup  de  soin  et  révèle  chez  l'auteur  une  connaissance 
approfondie  de  la  littérature  du  sujet,  érudition  qui  représente  la 
somme  de  travail  de  multiples  années.  Les  notes,  qui  illustrent  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l85 


pages  de  Tintroduction,  renvoient  à  de  nombreux  ouvrages  imprimés 
et  à  des  sources  inédites,  avec  une  méthode  qui  montre  que  l'auteur 
a  concentré  toutes  ses  recherches  autour  des  intéressants  documents 
qu'il  publie. 

Le  texte  des  gabelles  est  édité  de  suite  après  Tintroduction  (pp.  i- 
102).  En  note,  l'éditeur  indique  d'abord  les  divers  manuscrits  qui  lui 
ont  servi  pour  rétablir  le  texte,  puis  donne  les  variantes.  L'édition 
est  faite  avec  beaucoup  de  soin.  Un  seul  point  est  à  critiquer.  Pour 
les  variantes,  M.  La  Mantia  les  fait  précéder  de  numéros.  Or  ces 
numéros  ne  renvoient  pas  au  mot  dont  la  note  indique  une  variante, 
mais  bien  aux  lignes  qui  comprennent  ce  mot  illustré  par  la  note.  Ce 
procédé,  assez  singulier,  rend  le  remaniement  de  cette  annotation 
quelque  peu  difficile. 

Après  le  texte  des  pandectes  des  gabelles,  M.  La  Mantia  s'est 
donné  la  peine  d'ajouter  celui  des  chapitres  de  location  des  gabelles 
de  Païenne,  approuvés  par  Frédéric  II  en  i328  (pp.  74-83),  et  les 
mêmes  chapitres  de  YOfficio  del  Secreto  de  Sicile,  approuvés  par  ce 
même  roi  aragonais  en  iSio  (pp.  io3-iii). 

Avant  l'édition  des  textes,  l'auteur  a  inséré  une  reproduction  paléo- 
graphique  du  manuscrit  des  gabelles  de  i3i2.  C'est  une  assez  belle 
écriture  du  xiv«  siècle. 

M.  G.  La  Mantia  a  droit  à  la  reconnaissance  de  tous  les  histoiiens, 
parce  qu'il  a  mis  au  jour  des  documents  d'une  haute  importance  pour 
l'histoire  des  institutions  et  Ihistoire  économique.^ On  ne  saurait  se 
figurer  tous  les  renseignements  précieux  que  contiennent  les  textes 
qu'il  a  publiés.  £t  ajoutons  que  son  édition  est  faite  avec  un  soin, 
dont  les  travaux  de  ce  genre  ne  peuvent  pas  toujours  se  vanter  en 
Italie.  L.  Van  der  Essen. 

147.  —  J.  Halkin,  U Enseignement  de  la  Géographie  à  r  Université 
de  Liège  (Travaux  du  Séminaire  de  Géographie,  fascicule  VI). 
Liège,  Cormaux,  1907.  39  pp.  in-8<*. 

148.  -  J.  Pèvre  et  H.  Hauser,  Leçons^[de  Géographie,  i'*  année. 
Paris,  Alcan,  1907.  744  pp.  in- 12.  4  fr. 

Peut-être  cette  petite  brochure  et  ce  gros  volume  seront- ils  une 
révélation  pour  beaucoup  de  lecteurs.  On  ne  se  doute  généralement 
pas  de  la  transformation  qui  s'opère,  depuis  quelques  années,  dans 
l'enseignement  de  la  géographie  et,  pour  peu  qu'on  s'informe,  on 
reste  tout  surpris  du  chemin  déjà  parcouru. 

M.  Halkin  met  les  choses  au  point  pour  ce  qui  concerne  l'ensei- 
gnement supérieur.  Son  travail  se  divise  en  deux  parties  :  d'une  part, 
un  aperçu  historique  de  l'enseignement  géographique  à  l'Université 


i 


l86  LE    MUSÉE   BELGE. 


de  Liège  depuis  1890;  d'autre  part,  les  progrès  accomplis  postérieure- 
ment à  la  création  d  un  doctorat  spécial.  De  l'enquête  rétrospective 
à  laquelle  le  distingué  professeur  s'est  livré,  il  résulte  que  jusqu'en 
1890,  l'enseignement  de  la  géographie  existait  à  peine  :  quelques 
cours  disparates  et  mutilés,  sans  lien  comme  sans  sanction,  formant 
un  amalgame  assez  incohérent  et  incomplet.  Est  venue  ensuite  la  loi 
de  1890  1891.  Elle  a  posé  les  bases  d'un  enseignement  rationnel  et 
scientifique,  elle  a  institué,  sur  un  plan  largement  conçu,  toute  une 
série  de  cours  nouveaux  ne  laissant  de  côté  aucun  des  aspects  si 
étonnamment  variés  de  la  science  géographique. 

Nous  renvoyons  pour  le  détail  à  l'analyse  de  M.  Halkin,  toutefois 
nous  ajouterons  qu'il  ne  nous  donne  pas  que  le  squelette  d'un 
enseignement  complet  de  la  géographie,  mais  qu'il  en  détermine 
soigneusement  l'orientation  et  les  tendances  et  qu'il  en  dégage  avec 
netteté  les  principes  essentiels.  Suivant  ses  expressions  cet  enseigne- 
ment doit  être  à  la  fois  scientifique  et  humain.  L'étude  de  la  géographie 
trouve  son  point  d'appui  dans  les  sciences  naturelles,  physiques  et 
mathématiques  ;  le  fait  géographique  par  lui-même  n'est  rien  si  nous 
ignorons  sa  raison  d'être.  Un  enseignement  rationnel  doit  montrer, 
à  chaque  pas,  l'interdépendance  qui  existe  entre  la  constitution 
géologique  du  sol,  son  allure  extérieure,  ses  conditions  climatiques 
et  ses  diverses  productions  ;  il  doit  envisager  surtout  les  phénomènes, 
quels  qu'ils  soient,  dans  leurs  rapports  avec  Thomme.  En  effet,  dans 
la  conception  actuelle,  l'homme  est  le  pivot,  le  centre  de  tout  l'en- 
seignement géographique,  de  Vanthropogéographie^  comme  on  dit 
aujourd'hui.  Telle  est  la  voie  ouverte  par  les  travaux  des  Allemands 
Ritter  et  Ratzel,  mais  que  de  temps  il  a  fallu  pour  que  ces  réno\'a- 
teurs  fissent  école  en  France  d'abord,  en  Belgique  ensuite.  Pour  peu 
que  M.  Halkin  et  ses  savants  collègues  du  Séminaire  géographique 
annexé  à  l'Université  de  Liège  forment  des  disciples,  pour  peu  que 
ces  néophytes  aient  l'occasion  de  vulgariser  les  leçons  de  leurs  maîtres, 
nul  doute  que  dans  l'enseignement  moyen,  puis  dans  l'enseignement 
primaire,  la  géographie,  mieux  exposée  et  mieux  apprise,  ne  produise 
les  meilleurs  fruits,  tout  en  développant  le  goût  de  l'expansion  et  en 
suscitant  d'audacieuses  et  fécondes  vocations. 

En  France,  la  semence  a  déjà  germé.  L'enseignement  même  infé- 
rieur est  en  train  de  se  renouveler  sous  la  poussée  de  l'enseignement 
supérieur.  Nous  n'en  voulons  pour  preuve  que  le  livre  de* MM.  Fèvre 
et  Hauser.  S'adressant  aux  Écoles  normales  primaires,  il  est,  sous 
une  forme  plus  accessible  et  moins  savante,  l'adaptation  à  un  degré 
inférieur  du  haut  enseignement  dont  M.  Halkin  a  décrit  le  cadre 
et  ébauché   le  programme.    Les  tendances    sont    identiques.    La 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  187 


géographie  est  transportée  des  livres,  des  cartes  et  des  atlas  sur  le 
terrain,  elle  est  liée  étroitement  à  l'observation  personnelle  et  directe 
et  aux  excursions  géographiques.  Les  auteurs  auraient  pu  mettre  en 
épigraphe  la  devise  qui  résume  la  méthode  suivie  à  Liège  :  «  un 
minimum  d'enseignement  théorique  et  un  maximum  de  tr^^vail 
pratique  *.  Ils  sont  bien  de  la  même  école  et,  à  défaut  d'ouvrages 
nationaux,  leur  manuel  est  pour  nous  une  bonne  fortune.  La  première 
partie,  la  seule  qui  ait  paru  à  ce  jour,  contient  outre  un  aperçu  de  la 
géographie  générale,  la  géographie  particulière  de  l'Amérique,  de 
rOcéanie.  de  l'Asie  et  de  l'Afrique.  Il  ne  manque  pas  en  France 
dautres  ouvrages  presque  aussi  récents  et  rédigés  dans  le  même 
esprit  Mais  ils  s'adressent  aux  élèves  des  lycées,  tandis  que  celui-ci, 
écrit  pour  de  futurs  maîtres  de  la  jeunesse,  a  une  allure  pédagogique 
—  nous  ne  disons  pas  pédante  —  qui  se  recommande  spécialement 
aux  gens  d'enseignement.  Indépendamment  de  la  façon  nouvelle  dont 
l'étude  de  la  géographie  est  conçue  et  exposée,  chaque  leçon,  accom- 
pagnée de  cartes  et  croquis  qui  sont  plus  une  «  interprétation  » 
qu'une  «  illustiation  »  du  texte,  est  suivie  de  références  bibliogra- 
phiques, de  l'indication  d'exercices  et  de  devoirs,  d'extraits  choisis 
avec  autant  de  discernement  que  de  variété  et,  brochant  sur  le  tout, 
d'utiles  directions  méthodologiques.  En  attendant  que  se  réalise  le 
vœu  de  M.  Halkin  de  voir  les  chaires  de  géographie  occupées  par 
des  spécialistes,  les  titulaires  actuels  qui  n'ont  pas  reçu  une  prépara- 
tion immédiate,  trouveront  dans  ce  livre  un  moyen  prompt  et  facile 
de  suppléer  partiellement  tout  au  moins  à  TinsufHsance  de  leur 
formation.  Nous  ne  croyons  pas  pouvoir  décerner  aux  deux  collabo- 
rateurs de  plus  bel  et  de  plus  juste  éloge.  A.  Dutron. 

149.  —  Gbarles  Moeller,  Histoire  du  moym  âge  depuis  la  chute  de 
r empire  romain  jusqu'à  la  fin  de  V époque  franque  (4y6-ç5o  après  J.  C.) 
Dernière  partie.  Les  Carolingiens.   Louvain,  Ch.  Peeters;  Paris, 
A.  Fontemoing,  1898- igoS.  In-8,  83oxiii  pp.  i5  frs 
En  1899,  nous  avons  présenté  ici  même  (t.  III,  pp.  162-166)  la 
première  partie,  du  grand  ouvrage  du  savant  et  sympathique  profes- 
seur de  Louvain  M.  Ch.  Moeller.  L'œuvre  est  achevée  depuis  quelque 
temps  déjà  et  l'ensemble  des  parties  forme  aujourd'hui  un  volume 
unique.  La  section  qui  n'a  pas  encore  été  renseignée  ici  (pp.  262830), 
comprend  les  chapitres  VI-XII  de  ce  travail  aussi  remarquable  par 
la  lucidité  de  l'exposition,  que  par  la  richesse,  la  solidité,  l'ordre  et 
Tenchaînement  des  informations  sur  l'histoire  générale  des  événe- 
ments, sur  le  développement  des  institutions  de  l'Europe  et  sur  les 
relations  de  l'Occident  avec  l'Orient  depuis  le  début  du  vu»  siècle 
jusqu'à  la  fin  du  x«. 


l88  LE   MUSÉE   BELGE. 


A  côté  de  quelques  légères  observations  analogues  à  celles  que 
nous  avons  formulées  jadis,  nous  ne  pouvons  que  répéter  et  accen- 
tuer le  vif  éloge  que  nous  avons  fait  alors  de  cet  important  manuel, 
où  se  trouvent  accumulés  et  classés  les  trésors  d'érudition  et  de  science 
recueillis  depuis  trois  quarts  de  siècle  par  l'illustre  Jean  Moeller  et 
par  son  digne  continuateur  et  savant  fils,  M.Ch.  Moeller.  (i)  A.  C. 

(  1  )  Voici  comment  ce  manuel  est  apprécié  dans  le  Rapport  du  Jury  chargé  de 
juger  le  dernier  concours  quinquennal  d'histoire  (Moniteur  du  20  janvier  1907)  : 

«  L'ouvrage  de  M.  Moeller  est  un  manuel  d'enseignement  supérieur  exposant 
l'histoire  du  haut  moyen  flge.  Elle  est,  on  le  sait,  extrêmement  complexe  :  à  vouloir 
raconter  tous  les  faits  qui,  du  v«  aa  x«  siècle,  ont  composé  la  trame  de  l'histoire,  en 
Occident  et  en  Orient,  on  court  le  risque  de  se  perdre  dans  les  détails,  de  ne  pas  faire 
comprendre  aux  lecteurs  l'enchaînement,  la  continuité  des  événements.  Grâce  à  un 
plan  judicieux,  à  une  méthode  précise,  M.  Moeller  échappe  à  ce  danger;  il  a  su 
grouper  les  faits,  les  situer,  les  classer  d'après  leur  imponance  et  faire  autant  de 
sjmihèse  que  d'analyse. 

Après  avoir,  à  larges  traits,  déterminé  les  origines  du  monde  moderne,  après 
avoir  décrit  les  migrations  des  Barbares  et  la  chute  de  TEmpire  d'Occident,  il  passe 
en  revue  les  dominations  germaniques,  l'empire  d'Orient  au  vi«  siècle,  et  il  insiste 
sur  l'entrée  des  nations  du  Nord  dans  l'Eglise  chrétienne.  L'étude  de  l'Islamisme  et 
des  conquêtes  arabes  l'amène  à  exposer  l'histoire  des  premiers  Carolingiens, 
celle  de  Charlemagne  et  celle  de  ses  successeurs  dans  tous  les  Etats  issus  du 
partage  de  Verdun.  Un  dernier  chapitre  réunit  les  faits  relatifs  à  l'histoire  des 
Anglo-Saxons  et  des  peuples  Scandinaves,  des  Slaves  et  des  Hongrois,  de  l'empire 
byzantin  et  des  Etats  arabes  au  ix*  et  au  x«  siècle. 

M.  Moeller  a  cru  devoir  conserver  à  son  œuvre  le  cadre  établi  par  son  père,  le 
professeur  Jean  Moeller,  dans  son  Manuel  d'histoire  du  moyen  âge  publié  en  i838. 
S'il  est  permis  de  penser  que  ce  cadre  eût  pu,  dans  certaines  de  ses  parties,  être 
avantageusement  modifié,  du  moins,  hâtons-nous  de  le  dire,  l'ouvrage  de  M.  Ch. 
Moeller  n'est  pas  une  réédition  nouvelle.  A  ceux  d'ailleurs  qui  pourraient  regretter 
l'absence  de  considérations  un  peu  détaillées  sur  les  institutions  et  les  faits  écono 
miques,  il  convient  de  faire  remarquer  que  l'auteur  s'est  proposé  d'atteindre  un  but 
nettement  délimité.  En  donnant  à  son  œuvre  le  titre  d'histoire  politique  générale  il 
l'a  conçue  comme  une  description  de  la  formation  des  Etats;  et  il  a  réservé  à  son 
enseignement  oral  l'étude  des  institutions  juridiques  et  économiques. 

Au  mérite  qu'il  doit  à  la  vaste  érudition  et  à  la  solide  critique  de  son  auteur,  le 
livre  de  M.  Moeller  en  joint  un  autre  —  exceptionnel,  si  on  le  compare  aux  autres 
manuels  en  usage.  Il  ne  se  borne  pas  à  des  indications  bibliographiques  générales, 
au  début  du  volume,  à  des  bibliographies  spéciales  en  tête  de  chapitre;  il  justifie, 
par  des  références  perpétuelles  aux  sources  citées  ou  reproduites  en  note,  les  faits 
exposés  dans  le  récit.  Par  là  il  rendra  de  sérieux  services,  non  seulement,  comme 
l'écrit  I  auteur,  aux  étudiants  en  histoire,  mais  encore  à  tous  ceux  qui  veulent,  de 
prcmièie  main,  étudier  un  sujet  déterminé. 

Le  rapport  qui  vous  a  été  présenté  en  1901  par  le  jury  des  sciences  historiques 
faisait  déjà  ressortir  la  valeur  de  l'œuvre,  alors  en  cours  de  publication,  de 
M.  Moeller.  Nous  souscrivons  au  jugement  favorable  que  nos  prédécesseurs 
poriaiei.t  sur  ce  livre.  Il  tiendra  une  place  importante  dai^s  le  labeur  du  savant 
professeur  de  l'Université  de  Louvain.  » 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  189 


Varia. 

i5o.  —  J.  Verest,  S.  J.,    Vers  la  suppression  de  la  liberté  d'enseigne- 

memt    Bruxelles,  A.  Dewit,  1907.  56  pp. 

Cette  brochure  de  56  pages  est  due  à  un  homme  dont  toute  la 
carrière  a  été  consacrée  à  renseignement  moyen.  Il  a  rendu  à  celui-ci 
de  très  grands  services  par  son  enseignement,  par  ses  livres;  en 
écrivant  cette  brochure,  il  lui  en  aura  rendu  un  immense,  si  ceux 
dcmt  elle  défend  les  droits  essentiels  veulent  s'en  inspirer  et  entrer 
résolument  en  action.  Ceux-là  sont  tous  ceux,  parmi  les  Belges,  qui 
aiment  la  liberté,  la  veulent  pour  tous  et  détestent  la  contrainte  d  où 
qu'elle  vienne.  Il  semble  que  depuis  quelques  années  on  veuille,  dans 
les  sphères  administratives,  en  matière  d'enseignement,  comme  en 
beaucoup  d'autres,  habituer  le  pays  à  la  contrainte,  et  malheureuse- 
ment, celui-ci  parait  accepter  avec  indifférence  ou  résignation  cette 
ingérence  autocratique  contraire  à  toutes  nos  traditions  nationales. 

C'est  contre  cet  esprit  que  s'insurge  lauteur  de  cette  courageuse  et 
solide  brochure.  S'insurger  est  peut-être  trop  fort  :  la  protestation 
est  ferme,  les  coups  sont  droits  et  vigoureux,  mais  il  est  impossible  de 
ne  pas  rendre  justice  au  sentiment  de  loyauté,  de  respect  et  de 
sympathie  vraie  pour  ses  adversaires  qui  ne  cesse  d'animer  le 
P.  Verest  dans  les  discussions  les  plus  vives.  C  est  à  mon  sens  un 
modèle  de  polémique  unissant  à  ime  dialectique  serrée  le  respect  le 
plus  sincère  des  personnes. 

La  brochure  se  divise  en  deux  grandes  parties. 

L'auteur,  qui  a  étudié  à  fond  les  documents,  établit  textes  en  main,, 
quel  est  l'esprit  et  la  lettre  de  la  constitution  et  des  lois  sur  l'ensei- 
gnement qui  se  sont  succédées  depuis  i83o,  en  particulier  de  la  loi 
de  1890  qui  nous  régit.  L'exposé  me  paraît  absolument  décisif  :  toute 
contrainte  en  matière  d'enseignement  est  anticonstitutionnelle  et 
illégale.  L  auteur,  qui  s'est  borné  à  citer  les  documents,  en  les  reliant 
historiquement  et  en  soulignant  les  textes  importants,  en  résume  les 
ccmclusions  avec  une  parfaite  netteté  dans  les  pp.  27  et  28. 

La  2^  partie  de  la  brochure  est  polémique.  Le  P.  Verest  montre 
que  peu  à  peu  on  est  entré  dans  la  voie  de  la  contrainte  et  de  la  main 
mise  de  l'État  sur  la  liberté  d'enseignement.  Je  cite  p.  3o.  aTrois  étapes 
ont  été  franchies  jusqu'ici.  Elles  sont  marquées  :  i^  par  la  tendance 
à  empiéter  que  manifeste  le  jury  d'homologation  ;  2°  par  le  dépôt  du 
projet  de  loi  Coremans;  3"  par  les  agissements  de  certains  hauts 
fonctionnaires  qui  se  sont  arrogé  la  mission  de  réformer  les  hvuna- 
nités.  »  Il  ne  peut  être  question  de  suivre  ici  le  vigoureux  et  clair 
dialecticien  qu'est  le  P.  Verest  dans  son  exposé  et  sa  discussion.  La 


i 


igO  LE   MUSÉE   BELGE. 


simple  indication  des  titres  suffira,  croyons-nous,  pour  en  montrer 
le  haut  intérêt  et  pour  recommander  la  brochure  à  la  lecture  des 
professeurs  de  l'enseignement  et  de  tous  ceux  qui  ont  le  souci  de  la 
liberté.  Je  tiens  cependant  à  rendre  hommage  à  l'auteur  pour  son 
courage.  Il  y  a  là  dans  cette  brochure  des  vérités  qu'il  fallait  dire, 
des  abus  de.  pouvoir  qu'il  fallait  dénoncer  au  pays.  Beaucoup,  tout 
le  monde  peut-être  les  connaissaient.  Le  P.  Verest  est  à  ma  connais- 
sance le  seul  qui  les  ait  dites  et  dénoncées  sans  ambages,  avec  une 
franchise  que  j'appellerai  chevaleresque.  Qu'il  soit  sûr  qu'il  a  produit 
un  véritable  soulagement.  Je  ne  sais  à  quelle  page,  l'auteur  —  et  Ton 
sent  que  ce  n'est  pas  une  vaine  rhétorique  —  dit  la  peine  qu'il 
éprouve  à  la  pensée  que  sa  brochure  va  lai  susciter  des  inimitiés 
Qu'il  me  permette  d'abord  d'en  douter.  Ceux  qu'il  atteint  pourront 
difficilement  refuser  leur  estime  à  ITiomme  droit  et  sincère  qui,  en 
combattant  leurs  idées,  a  respecté  leur  personne  et  leurs  intentions. 
Et  puis,  il  n'y  a  pas  en  Belgique  que  des  ennemis  de  la  liberté  et 
des  humanités  gréco-latines.  Grâce  à  Dieu,  l'une  et  l'autre  ont 
encore  des  amis  qui  ne  le  cèdent  aux  advei*saires  ni  en  nombre  ni  en 
conviction.  Leurs  sympathies  seront  pour  le  P.  Verest  une  compen- 
sation. E.  Rbmy. 

i5i.  —  Paul  Bourget  et  Michel  Salomon,  Bonald.  Paris, 

Bloud,  1905.  3  fr.  5o. 

Ce  livre  fait  partie  de  la  collection  intitulée  La  Pensée  chféHenm^ 
destinée,  dans  l'esprit  de  ses  fondateurs,  à  promouvoir  l'étude  positive 
du  Christianisme,  non  par  le  moyen  de  travaux  apologétiques,  mais 
en  nous  présentant  des  extraits  abondants  et  caractéristiques  directe- 
ment empruntés  aux  penseurs  chrétiens.  Cette  collection,  qui  se 
divise  en  quatre  groupes  (biblique,  patristique,  scolastique  et 
moderne)  compte  déjà  une  vingtaine  de  volumes,  dont  le  premier  est 
précisément  celui  que  je  viens  de  mentionner. 

Ce  volume  s'ouvre  par  une  introduction  de  M.  Paul  Bourget, 
attirant  l'attention  du  lecteur  sur  le  côté  positif,  réaliste  et  synthétique 
des  idées  politiques  de  l'auteur,  par  opposition  aux  tendances  rationa- 
listes, idéalistes,  individualistes  des  partisans  de  la  Révolution.  Les 
fragments  qui  suivent  et  constituent  le  corps  même  de  l'ouvrage 
contiennent  surtout  des  applications  du  traditionalisme  bonaldien 
à  la  sociologie.  Chaque  chapitre  est  précédé  d'un  «  argument  »,  dans 
lequel  on  rétablit  le  lien  entre  les  morceaux  cités  et  les  replace  dans 
l'ensemble  du  système.  Nous  n'avons  pas  à  apprécier  ce  système  ici, 
les  auteurs  du  recueil  se  défendant  de  faire  rien  de  semblable  et 
prétendant  rester  dans  les  bornes  de  «  l'objectivité  ».  Signalons  au 


PARTIE   BIBLIOGKAPHIOUE.  I9I 


moins,  pour  les  lecteurs  habituels  du  Musée  belge,  une  note  très 
intéressante  de  M.  Tabbé  Rousselot,  du  Collège  de  France,  lequel 
arrive  par  la  voie  de  ses  recherches  de  laboratoire  sur  Torigine  et  la 
formation  des  langues  aux  mêmes  conclusions  que  le  métaphysicien 
gentilhomme  (p.  71). 

Voici  quelques  unes  de  ces  conclusions  :  «  i"  Il  n'existe  pas  dans 
le  cerveau  humain  de  centre  du  langage.  2®  Il  n  y  a  pas  dans  Thomme 
d'organe  propre  du  langage.  3®  Au  point  de  vue  phonétique  Thomme 
ne  crée  actuellement  aucun  son  articulé  nouveau  40  Non  seulement 
l'homme  n'invente  rien,  mais  il  ne  peut  même  pas  conserver  le 
langage  tel  qu'il  lui  a  été  transmis.  C'est  donc  en  une  déformation 
continuelle  que  consiste  précisément  l'évolution  du  langage  (i). 
5«  Aussi  loin  qu'on  peut  remonter  dans  l'étude  des  langues,  on  les 
trouve  parfaites.  70  La  création  humaine  du  langage,  en  admettant 
qu'elle  fût  possible,  exigerait  une  antiquité  de  Thomme  que  la 
géologie  semble  nous  refuser.  Quel  temps  ne  devons-nous  pas 
accorder  à  la  constitution  de  nos  systèmes  linguistiques  si  Ton  songe 
qu'en  certains  points  le  français  actuel  est  plus  archaïque  que  le  grec 
d'Homère  ?  » 

Certaines  de  ces  thèses,  après  explication,  deviennent  moins  para- 
doxales qu'elles  ne  le  semblaient  d'abord.  Je  me  permets  de  sou- 
mettre les  autres  aux  jugements  des  philologues  et  des  linguistes. 

A.  Grafé. 

i52.  —  Abbé  A.   Grégoire,   Moyens  faciles  de  former  à  la  diction. 

Accents  —  nuances  —  actiofi.  Tournai,  H.  Casterman,  1906. 

M.  Brunetière  disait  un  jour  de  Legouvé  :  «  Il  travaillait  à  répandre 
lArt  de  la  lecture  ou  de  la  récitation,  qu'il  tenait  pour  un  grand 
arcane,  et  que  je  définirais,  sans  tant  de  mystère,  l'art  de  comprendre 
ce  qu'on  lit  et  de  le  faire  sentir  aux  autres.  »  Certes,  c'est  définir  en 
maître!  Mais  ce  n'est  un  mystère  pour  personne,  du  moins  pour 
quiconque  l'enseigne  aux  élèves,  que  l'art  de  la  lecture  et  de  la  diction 
est  un  grand,  un  très  grand  arcane.  M.  Grégoire  a  raison  :  a  Pour 
savoir  bien  lire,  il  est  nécessaire  d'y  être  éduqué.  »  Et  cela  est  telle- 
ment vrai  que  tous  les  pédagogues  sérieux  font  de  la  «  lecture  1» 
le  centre  de  toute  éducation  humanitaire.  C'est  un  art,  d'ailleurs,  qui 
doit  s'apprendre,  qui  a  ses  principes.  Ce  sont  ces  principes  que 
l'auteur  a  réimis,  autant  que  le  permet  un  rapport  de  Congrès,  dans 
ime  petite  brochure  de  vingt  pages.  A  ceux  qui,  selon  le  mot  de 

i  1)  Serait-ce  une  évolution  dans  le  sens  pessimiste»  à  l*instar  de  celle  qui  régit  le 
monde  physique  d'après  les  lois  de  Clausius  sur  Tentropie  ou  la  fixation  de 
rénergie  ? 


192  LE   MUSÉE   BELGE. 


M.  Henri  Brémond  ont  passé  la  crise  du  dédain  universel  où  les 
t  jeunes  »  jettent  leur  gourme,  je  me  permets  de  conseiller  ce  t  vade 
mecum  n  de  tout  bon  lecteur  ou  a  diseur  ».  Il  n'est  pas  d'un  simple 
amateiu-,  mais  d'un  fin  et  délicat  psychologue,  d'un  patient  et  adroit 
observateur.  Tout  a  été  0  vécu  »  je  pense,  et  Ton  sent,  d'un  bout 
à  l'autre,  la  passion  de  «  réaliser  »  le  naturel,  tout  simplement.  Vous 
trouverez  sans  peine  le  «  suc  »  clairement  filtré  de  tout  l'art  «  réalisé  » 
à  Bonne-Espérance,   aux    solennelles    interprétations  des  grandes 
tragédies  classiques,  qui  restent  comme  des  a  documents  »  d'esthé- 
tique vraiment  humaine,  ou,  si  l'on  me  passe  cette  rencontre  de  mots, 
des  a  faits  pédagogiques  »  évocateurs  de  Vie  sainement  passionnée 
Après  avoir  recherché,  en  compagnie  de  Ricquier,  de  Jean  Blaize, 
et  surtout  de  Legouvé  (son  auteur  de  prédilection,  on  le  sent),  les 
moyens  de  faciliter  lanalyse,  base  de  toute  bonne  lecture,  après  avoir 
fixé  les  moyens  de  ■  faire  jaillir  »  l'idée  mère,  d'évaluer  l'importance 
de  chaque  proposition,  celle  de  chaque  mot,  M.  Grégoire  applique  sa 
•  traduction  en  équivalents  i  et  sa  «  restitution  des  sous- entendus  t 
à  des  exemples  empruntés  à  0  Polyeucte  » .  Cinq  pages  (le  a  clou  » 
de  cet  ouvrage)  suffisent  à  exposer  nettement  les  a  nuances  affectives 
et  descriptives  »  bien  connues  de  Legouvé,  mais  vivement  résumées 
ici.  L'on  préférera  les  dernières  pages  où  sont  courtement,  mais  claire- 
ment exposées  la  théorie  et  la  pratique  du  geste  et  du  mouvement 
expressif,   à  bien  des   traités    a  spéciaux   »   si   longs  à  parcourir. 
D'ailleurs,  si  la  brochiu-e  invite  à  faire  la  connaissance  d'un  Legouvé 
ou  d'un  Ricquier,  elle  peut  les  remplacer  entre  les  mains  de  nos 
élèves.  C'est  un  vrai  manuel.  L'on  pourra  trouver  que  la  matière 
n'est  pas  épuisée,  que  certaines  phrases  sont  fort  substantielles,  que 
certains  petits  détails  sont  discutables,  oui,   soit,    mais  personne 
n'attaquera,  je  pense,  les  vues  de  l'auteur,  dune  justesse  qui  n'a 
d'égale  que  la  clarté  qui  les  enveloppe.  Th.  Bondroit. 

i53.  —  Paul  Doumer,  Livre  de  mes  fils.   Paris,  Vuibert  et  Nony, 

I906.  344  pp.  in-80. 

Aux  yeux  de  certains,  M.  Doumer  a  le  tort  d'être  lui-même.  Le 
succès  d  une  carrière  brillante  et  rapide  lui  a  fait  beaucoup  d'envieux. 
Bousculé  sur  le  terrain  politique,  il  n'a  pas  été  épargné  davantage 
comme  écrivain.  Son  livre  a  été  l'objet  de  critiques  acerbes,  trop 
systématiques  même  pour  qu'on  n'en  sentît  pas  le  parti-pris.  Au  fond, 
elles  sont  injustes.  L'auteur  n'a  pas  eu  la  prétention  d'écrire  une 
œuvre  académique  ou  un  traité  de  philosophie  morale.  Il  s'est  borné, 
comme  il  le  dit,  à  condenser  un  ensemble  de  «  règles  de  conduite 
données  par  un  père  à  ses  fils  dans  la  simplicité  un  peu  confuse  des 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  IÇS 

conversations  familiales  ».  Â  défaut  de  brillantes  amplifications  ou 
de  savants  exposés  de  doctrines,  il  a  écrit  dans  un  langage  net,  sobre 
et  grave  un  livre  de  bon  sens  clair  et  robuste  et  de  saine  morale, 
■  morale  de  braves  gens  »  s'entend,  exclusivement  laïque  et  sans  base 
religieuse.  Sous  ces  réserves  nécessaires  et  qui  n'échapperont  à  aucun 
lecteur,  son  livre  est,  sur  le  ton  de  la  causerie  familière,  un  exposé 
des  devoirs  naturels  qui  incombent  à  tous  :  devoirs  envers  soi-même 
ou  individuels,  envers  les  parents  ou  domestiques,  envers  la  patrie 
ou  civiques,  avec  un  chapitre  final  traitant  du  patriotisme  si  vivement 
vilipendé  aujourd'hui.  Bien  que  s'adressant  à  la  jeunesse  française  et 
par  cela  même  légèrement  teinté  de  chauvinisme,  Touvrage  sera  lu 
avec  profit  par  les  jeunes  gens  de  tous  pays  Tous  pourront  retirer 
d'excellentes  leçons  de  ce  manuel  sans  sécheresse  où  l'exemple  appuie 
souvent  la  règle  et  dans  chaque  page  duquel  se  reflètent  un  jugement 
dioit,  une  sensibilité  délicate,  une  âme  foncièrement  honnête  et 
loyale,  ayant  avec  le  respect  d'elle-même  le  culte  du  foyer  et  l'amour 
ardent  de  la  patrie.  A.  Dutron. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

154.  —  Nous  venons  de  recevoir  le  Volume  I*'  des  Atti  del  Congresso  interna^io- 
naie  di  Science  storiche  (Roma,  1-9  Aprile  igoS).  Parte  Générale,  Roma,  Tip. 
délia  r.  Ace.  dei  Lincei,  1907.  10  fr.  Ce  volume  !«''  paraît  en  dernier  lieu.  Les  Atti 
ou  comptes  rendus  du  Congrès  comprennent  douze  volumes  (i23  fr.  chez 
E.  Locscher,  Rome),  qui  sont  tous  publiés  maintenant. 

Ce  volume  qui  vient  de  paraître,  contient  les  «  généralités  ».  Il  s*ouvre  par  une 
Préface  du  Président  du  Congrès,  le  sénateur  Pasquale  Villari.  Puis  il  traite  de 
Torigine  et  de  Torganisation  du  Congrès,  donne  la  liste  des  membres  (236o  souscrip- 
teurs, parmi  lesquels  on  retrouve  toutes  les  illustrations  des  sciences  philologiques 
et  historiques),  le  programme  des  séances,  la  liste  des  questions  discutées  et  des 
communications,  les  procès-verbaux  des  séances.  Le  2  avril  eut  lieu  une  séance 
solennelle  au  Capitole;  le  roi  d'Italie  y  inaugura  la  Forma  Urbis  dont  les  fragments 
épars  ont  été  habilement  réunis  et  encastrés  dans  les  parois  du  Musée  des  Conser- 
vateurs. Voici  l'inscription  qu'on  y  a  mise  :  Fragmenta  formae  Urbis  Impp.  Severo 
et  Antonino  marmoreis  tabulis  insculptae  S,  P,  Q.  R,  hic  disponenda  et  conlocanda 
curavit,  Opus  absolutum  dedicatum  XI  Kal.  Matas  a,  MDCCCCIII  ab  urbe  cond, 
MMOCLVI,  Une  planche,  insérée  dans  le  volume,  reproduit  l'ensemble  et  4  gra- 
vures donnent  les  fragments  les  plus  mtéressants.  Ensuite  nous  trouvons  Jes  détails 
sur  les  fêtes  et  les  réceptions,  les  excursions,  la  liste  des  vœux  émis  et  enfin  le  bilan 
(recettes  42000  frs;  dépenses  :  39000),  et  enfin  des  tables  détaillées  des  douze 
volumes. 

i55.  —  M.  P.  Nilsson.  Die  Kausalsàt^e  im  Griechischen  bis  Aristoteles,  /.  Die 
Poésie.  Wûrzburg,  A.  Stuber,  1907  146  pp.  8",  5  m.  5o.  (Beitrage  zur  histor. 
SynifaX  der  griech.  Sprache  hrsg.  von  M.  v.  Schanz.  xvnij. 

Ce  premier  fascicule  embrasse  les  poètes  :  Homère,  Hésiode,  les  trois  tragiques, 
l'indare  et  Bacchyiide.  Le  deuxième  s'occupera  des  prosateurs  antérieurs  à  Aristote 
«t  sera  suivi  des  tables  détaillées.  Dans  l'introduction,  Tautcur  s  occupe  de  l'inHuence 


194  LE   MUSÉE  BELGE. 


de  la  logique  sur  la  langue  (p.i-i3).  Nous  attendrons  la  seconde  partie  pour  analyser 
cette  très  intéressante  étude. 

i36.  —  Otto  Kern.  Die  Entwickelung  der  klass,  Altertumswissenschaft  an  der 

Universitdt  Rostock,  Rede.  Rostock,  Adlers  Erben,  1906. 

Le  6  novembre  igoôjes  instituts  de  philologie  classique  de  IXJniversité  de  Rostock 
ont  été  installés  dans  de  nouveaux  et  spendides  locaux.  A  l'occasion  de  Tinaugura- 
tion,  M.  Otto  Kern  a  prononcé  un  discours  où  il  a  retracé  Thistoire  de  renseignement 
philologique  à  Rostock.  Cest  en  1828  que  fut  institué  le  séminaire  de  philologie 
classique  et  son  premier  directeur  tut  F.  V.  Fritzche,  né  le  2G  janvier  1806,  qui 
présida  longtemps  seul  au  destinées  du  Séminaire.  Il  eut  enBn  pour  aide  et  puis  pour 
successeurs  Octavius  Clason,  R.  Focrster,  G.  Kaibel,  et  F.  Léo,  élèves  de  Bûcheler 
et  d'Usener  à  Bonn,  Gustav  Koerte.  Actuellement  le  séminaire  comprend  quatre 
instituts.  M.  Otto  Kern  donne  à  tous  ses  prédécesseurs  un  souvenir  ému,  il  décrit 
leurs  méthodes  et  leurs  idées  :  c'est  l'histoire  de  la  philologie  classique  pendant 
un  siècle  qu'il  retrace  à  grands  traits. 

157.  —  M.  le  chevalier  Edmond  Blarchal,  le  savant  secrétaire  perpétuel  de 
TAcadémie  royale  de  Belgique,  vient  de  faire  tirer  à  part  la  notice  qu'il  a  consacrée, 
dans  V Annuaire  de  l'Académie^  au  baron  J.  J.  A.  M.  de  Witte.  Il  retrace  la  vie  si 
bien  remplie,  l'activité  si  féconde  du  premier,  du  plus  grand  des  archéologues  belges 
et  fait  suivre  la  notice  biographique  d'une  bibliographie  complète  de  ses  œuvres. 
Voici  le  titre  de  la  brochure  x.Le Baron  Jean-Joseph-Antoine-Marie de  Wi//e (i8o8« 
1889),  Bruxelles,  Impr.  Hayez,  1907.  96  pp.  avec  portrait. 

i58.  —  M.  S.  Reinach  vient  de  rééditer  pour  la  quatrième  ioU  son  petit  ouvrage  : 
Apollo,  Histoire  générale  des  arts  plastiques  (Paris,  Hachette,  3  fr.  5o.)  Il  w*i  a 
renouvelé  la  bibliographi;:  qui  s'est  enrichie  de  tous  les  travaux  récents  sur  l'histoire 
de  l'art.  On  ne  saurait  trop  recommander  ce  petit  manuel  à  ceux  qui  ne  peuvent 
consulter  des  ouvrages  plus  coi  sidérablcs.  Th.  Simar. 

159.  —  M.  P.  de  Nolhac  donne  une  seconde  édition  avec  remaniements  de  son 
étude  magistrale  :  Pétrarque  et  l* humanisme  (Paris,  Foniemoing,  1907,  3  fr.  5o). 
Cette  monographie  dispense  de  consulter  beaucoup  d'ouvrages  même  généraux  sur 
cette  matière.  La  pt^rsonnalité  de  Pétrarque  domine  toute  la  période  humanistiqui 
italienne  et  son  historien  l*a  fait  revivre  avec  tout  son  talent  d'écrivain  et  toute  son 
érudition.  Th.  binAR. 

160. —  Le  volume  XI II  du  Corpus  inscript ionum  latinarum^ qui  contient  les  inscrip- 
tions des  trois  Gaules  et  des  deux  Germanies,  est  à  peu  près  complet  ;  on  vient  de 
distribuer  la  Pars  11^  fasc.  If,  Inscriptiones  Germaniae  inferiorised,  Alfr,  Domas- 
3[ewski.  Miliaria  Galliarum  et  Germaniarum  edd.  Th.  Mommsen  (f),  O.  Hirsch- 
feld,  A.  Domaszewski  (pp.  3i-38  et  5o5-7i3).  Cart.  23  m.  Il  ne  reste  plus  à  pubUcr 
que  les  Tables. 

161.  —  Dans  la  collection  d*auteurs  classiques  publiie  à  Oxford  (Scriptorum  classi- 
corum  bibliotheca  Oxoniensis)  ont  paru  deux  volumes  nouveaux,  les  œuvres 
d'Hypénde  que  les  papyrus  d'Egypte  nous  ont  rendues  et  les  Commentaires  d'Asco- 
nius  Pedianus  sur  Cicéron  : 

F.  G.  Kenyon,  Hyperidis  orationes  et  fragmenta,  Recognovit  brevique  adnota- 
tione  cntica  instruxit.  Oxtord,  Clarendon  Press,  1907. 

A.  C.  Clark,  Q.  Ascomi  Pediani  orationum  Ciceronis  quinque  enarratto, 
Oxford,  Clarendon  Press,  1907. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  igS 


i6x.  —  La  carrière  si  féconde  de  Pillustre  Henri  Wallon  a  été  retracée  par  M.  G, 
Pcrrot.  Sa  Notice  historique  sur  la  vie  et  les  travaux  de  M,  Henri  A,  Wallon 
a  paru  dans  les  Comptes  rendus  des  séances  de  TAcadémie  des  Inscriptions  (igoS) 
et  à  part  chez  A.  Picard,  à  Paris,  iqoS.  64  pp. 

i63.  Dans  les  Textes  et  documents  pour  Vétude  historique  du  christianisme, 

publiés  par  M  ^».  H.  Hcmmer  et  P.  Leiay,  a  paru  un  nouveau  volume  contenant  le 
fameux  traité  de  Tertullien  sur  la  prescription  contre  les  hérétiques  : 

P.  de  Ijabriolle,  Tenullicn.  De  praescnptione  haereticorum.  Texte  latin,  tracî, 
franc.,  mtroduction  et  index.  Paris,  Picard,  1907.  2  f. 

164-165.  —  Nous  signalons  à  nos  lecteurs  qui  s'intéressent  à  la  domination  romaine 
en  Gaule,  deux  importants  ouvrages,  dont  nous  comptons  parier  plus  longuement 
une  autre  fois  : 

A.  Grenier,  Habitations  gauloises  et  villas  latines  dans  la  cité  des  Médioma- 
trices.  Étude  sur  le  développement  de  la  civilisation  gallo-romaine  dans  une 
province  gauloise,  avec  plans.  Paris,  Champion,  1906.  6  frs.  (Bibl.  de  l'Ecole  des 
Hautes  Etudes,  iSy*  fasc.). 

Adrien  Blanchet,  Les  enceintes  romaines  de  la  Gaule.  Etude  sur  l'origine  d*un 
grand  nombre  de  villes  françaises,  Paris,  Leroux,  1907.  i5  fr. 

M.  Blancnct  réfute  définitivement  les  théories  que  le  président  Schuermans  avait 
soutenues  dans  de  nombreux  articles  sur  l'origine  des  remparts  romains  d'Arlon  et 
et  de  Tongres. 

166.  —  Ed.  Kosch-witz,  Anleitung  ^um  Studium  der  fram^oesischen  Philologie 
fur  Paludier ende^  Lehrer  und  Lehrerinnvn.   3*«  Aufl.  von  G.  Thurau.  Marbourg, 

Elwcri,  1907.  2G8  pp. 

Ce  livre,  connu  en  Allemagne  de  tous  les  romanistes,  n'est  pas  un  Manuel^  mais 
un  Guide  de  l'étudiant  en  philologie  française.  Divisé  en  deux  parties,  l'étude  scien- 
tifique et  l'étude  pratique,  il  instruit  l'étranger  des  meilleuis  moyens  à  employer,  de 
la  voie  à  suivre,  des  livres  à  lire,  des  voyages  à  faire,  des  personnes  à  consulter, 
pour  parvenir  à  une  connaissance  parfaite  du  français.  Rien  ne  manque,  jusqu'aux 
aJresscs  d<.s  personnes  et  aux  prix  des  logements  et  des  pensions.  Ljvre  k:uneui 
émir.emmcnt  pratique,  admirablement  approprié  à  son  but. 

167.  —  Abbé  Paul  Halflants,  Littérature  française  au  XIX*  siècie.  1«  partie  ; 
Le  Romantisme  (i8oc-i85o).  Bruxelles,  bewit,  )907.  1  vol.  de  xv-2,*^4  pp.  Kcijure 
anglaise  :  3  tr.  5o. 

Les  manuels  d' Histoire  de  la  Littérature  française  sont  nombreux,  miHià.  ils  Jont 
généralement  la  part  trop  petite  au  xix*  siècle.  Il  conviendrait  cependant  ae  ren* 
seigner  plus  amplement  les  étudiants  sur  les  écrivams  dont  les  norns  reviennent 
journellement  dans  la  conversation. 

Voilà  pourquoi,  sans  négliger  les  coups  d'œil  d'ensemble  ni  l'étude  de  Tûvolution 
littéraire,  l'auteur  de  cet  ouvrage  s'attache  uniquement  aux  écrivains  (ts  pios  mar- 
quants du  XIX*  siècle.  En  se  restreignant  aux  sommités,  il  se  donne  le  Loisir  Je  les 
étudier  de  façon  plus  complète.  Pour  Victor  Hugo,  par  exemple,  il  apprécie  succts- 
iivement  le  poète  lyrique,  le  poète  épique,  le  poète  saurique,  l'uuteur  dramatique 
et  le  romancier» 

Les  principaux  ouvrages  sont  analysés  de  façon  a  en  donner  une  conitissance 
suffisante.  Ccst  ainsi  quj,  dans  l'œuvre  si  touilue  ae  Balzac,  l'auteur  a  choisi  un 
roman-type  de  chacune  des  catégories  de  la  Comédie  humaine,  pour  ensuite  tirer  de 


igô  LE   MUSÉE   BELGE. 


Tanalyse  de  ces  six  ou  sept  ouvrages  une  appréciation  générale,  étayée  d'ailleun, 
comme  pour  les  autres  auteurs,  par  un  heureux  choix  de  ciutions. 

Ceci  a  son  importance.  L*épigraphe  de  l'ouvrage,  empruntée  à  F.  Brunetière,  le 
dit  fort  bien  :  «  Qu'est-ce  qu'un  commentaire  sans  le  soutien  du  texte  qu'il  essaye 
d'expliquer  ?  »  Les  citations  corrigent  ce  qu'un  manuel  de  ce  genre  aurait  de  trop 
didactique.  Elles  permettent  le  contrôle  des  jugements  littéraires;  elles  provoquent 
l'eflort  personnel,  sans  lequel  il  n*y  a  pas  de  science,  mais  seulement  de  la  mémoire. 
C'est  la  raison  pour  laquelle  ces  citations  ne  sont  pas  toujours  les  plus  belles  qu'on 
pourrait  faire,  ni  les  plus  dignes  de  figurer  dans  les  anthologies  ;  mais  elles  sont 
les  plus  propres  à  particulariser  la  manière  de  chaque  auteur.  On  ne  peut  critiquer 
leur  longueur;  trop  réduites  ou  morcelées,  elles  seraient  des  bases  incertaines 
d'appréciation. 

Bien  que  ce  volume  ne  prétende  donner  que  la  première  moitié  du  siècle,  c'est-à- 
dire  le  romantisme,  il  empiète  nécessairement  sur  la  seconde  moitié,  parce  que 
l'auteur  a  cru  préférable  de  présenter  chaque  écrivain  en  bloc^  pour  achever  du  coup 
son  portrait. 

Constatons  que  les  écrivains  belges  ne  sont  pas  exclus.  Il  est  vrai  qu'André  Van 
Hasselt  seul  s'y  trouve  étudié.  Mais  l'on  sait  que  l'efflorescence  de  la  liitérature 
belge  d'expression  française  ne  date  que  de  la  seconde  moitié. 

L'exécution  typographique  a  été  particulièrement  soignée.  Les  ciutions  se 
détachent  à  première  vue  du  commentaire;  une  bonne  table  alphabétique  des 
ouvrages  appréciés  clôt  le  volume,  et,  —  ce  qui  ne  gâte  rien,  —  chaque  monographie 
est  illustrée  d'un  bon  portrait. 

En  somme,  Cct  élégant  manuel  prouve,  une  fois  de  plus,  qu'on  ne  peut  reprocher 
à  nos  collèges  catholiques  de  laisser  systématiquement  dans  l'ombre  la  littérature 
moderne.  Mais  en  outre,  le  livre  si  méthodique  de  M.  l'abbé  Halflants  sera  utile  à 
tous  ceux  qui  désirent  se  rendre  compte  de  la  littérature  contemporaine,  et  se 
former,  au  sujet  des  principaux  écrivains,  une  opinion  raisonnée  au  point  de  vue 
religieux  et  moral. 

168.  —  Julien  Boitel,  Les  littératures  étrangères.  Paris,  Hachette,  1906.  5o4  pp 
4  fr. 

Ce  gros  volume  contient  des  extraits,  traduits  en  français,  des  pfus  grands  écrivains 
de  l'Italie,  de  l'Espagne,  du  Portugal,  de  l'Angleterre,  de  l'Amérique,  de  l'Alle- 
magne, de  la  Russie  et  des  pays  Scandinaves,  Les  morceaux  forment  un  tout  et  sont 
reliés  les  uns  aux  autres  par  une  petite  histoire  et  des  analyses  littéraires.  Les 
écrivains  sont  donc  replacés  dans  leur  milieu;  les  pages  choisies  sont  celles  qui 
donnent  le  mieux  une  idée  de  leur  talent  et  de  leur  caractère.  Quelques  traductions 
sont  nouvelles;  les  autres  sont  empruntées  à  des  auteurs  cités.  Les  notes  bibliogra- 
phiques, assez  sobres,  seront  utiles.  En  somme,  ouvrage  très  recommanJable. 

169.  —  Dans  la  monumentale  collection  :  Allgemeine  Staatengeschichte,  inaugurée 
en  182g  par  Uckert,  continuée  par  Giesebrecht  et  actuellement  éditée  par  K.  Lam- 
precht,  chez  F.  A.  Perthes  à  Gotha,  la  première  section,  on  le  sait,  est  consacrée 
à  l'histoire  des  États  et  l'on  y  trouve  traitée  séparément  par  des  spécialistes  l'histoire 
de  tous  les  pays  de  l'Europe.  Cette  section  s'est  récemment  enrichie  en  1907  de 
plusieurs  volumes  importants.  Signalons  : 

J.  Dierauer.    Geschichte  der  schivei^^erischen   Eidgenossenschaft.    T.    II I. 
1516-1648. 
H.  Pirenne.  Geschichte  Belgiens,  Traduit  du  français  par  F.  Arnhbiii.  T.  III, 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I97 


Vom  Tode  Karls  des  Kûhnen  (1477)  ^**  ^^^  Ankunft  des  Herzogs  v.  Alba  {iS&j), 
zxi-6o6  p.  in-8<>,  16  m. 

On  retrouve  dans  ce  troisième  volume  de  M.  Pirenne  la  science  et  le  talent  dont 
ce  Bulletin  (III,  1899,  P*  363-370)  a  fait  jadis  Téloge,  lors  de  l'apparition  du  premier 
volume.  Deux  chapitres  sont  particulièrement  intéressants  :  celui  qui  est  consacré 
à  la  Renaissance  (pp.  360-403),  et  plus  encore  celui  qui  expose  la  situation  écono- 
mique (pp.  369-359).  11  y  aurait  cependant  à  faire  des  réserves  du  même  genre  que 
celles  présentées  ici  jadis. 

170.  —  P.-J.  MaaSy  Geschiedenis  van  Neeroeteren.  Roeselare,  1905*1906.3  vol.  8<». 
Après  s'être  fait  connaître  pas  plusieurs  brochures  historiques,  intéressant  parti- 
culièrement l'histoire  Itmbourgeoise  (  1  ),  M.  Maas  publie  actuellement  une  histoire 
détaillée  de  la  commune  de  Neeroeteren.  Cette  monographie  est  une  mine  où  tout 
le  monde  pourra  puiser  avec  profit,  parce  que  Tauteur  a  rattaché  l*histoire 
du  village  è  l'histoire  générale  du  pays.  M.  Maas  remonte  aux  sources,  qu*il  utilise 
avec  discernement;  ses  indications  bibliographiques  sont  claires  et  complètes; 
40  pages  de  supplément  nous  donnent  m  extenso  les  documents  les  plus  intéres- 
sants. Un  Index  détaillé  facilite  toutes  les  recherches.  Uouvrage  est  largement 
illustré  (plans,  vues,  reproductions  de  monnaies,  etc.).  En  un  mot,  une  bonne 
monographie  historique.  Jkan  Gbssler. 

171.  —  Paul  Groiiset,  Four  et  Contre  le  Baccalauréat.   A.  Colin,    rue   de 
Méxières,  S,  Paris.  1907.  1  fr.  5o. 

La  question  de  la  réforme,  de  la  suppression  ou  du  maintien  du  baccalauréat, 
depuis  longtemps  agitée  dans  les  milieux  les  plus  divers,  semble  à  la  veille  de  rece- 
voir une  solution,  le  gouvernement  français  ayant  annoncé  le  dépôt  d'un  projet  de 
loi  dont  la  presse  a  fait  connaître  au  public  les  dispositions  générales.  Le  travail  que 
nous  présente  M,  Paul  Crouzet  emprunte  à  ces  circonstances  un  intérêt  et  une 
portée  exceptionnels.  L'auteur  y  a  clairement,  méthodiquement  et  impartialement 
consigné  les  résultats  de  la  grande  enquête  instituée  par  la  Revue  Universitaire. 
C^est  là  qu'il  faut  chercher,  et  qu'on  trouvera,  les  éléments  d'une  opinion  raisonnée 
pour  ou  contre  dans  une  question  dont  1  importance  sociale  apparaît  aux  yeux  de 
tous. 

173.  —  A.  Rollicla,  Les  Esckoliers  du  Temps  Jadis,  A. Colin,  rue  de  Mézières,  5, 

Paris,  1907,  58  grav.  1  fr.  5o;  rché  toile  2  tr.  10. 

Personne  ne  connaît  mieux  le  vieux  Pans  que  l'écrivain  et  le  maître  artiste  qu'est 
Kooida  ;  personne  n'en  saurait  mieux  retracer,  par  la  plume  ei  le  crayon>  les  mul- 
tiples et  grouillants  aspects.  C'est  dire  l'instruction  solide  et  la  verve  amusante  qu'il 
a  déployées  dans  la  peinture  de  ses  Esckoliers  du  Jemps  jadis,  dont  l'ardeur  au 
travail  n'avait  d'égales  que  la  gaieté  désordonnée  et  la  turbulence.  Toute  la  vie,  si 
mouvementée,  si  dure  parfois  et  si  misérable  de  ces  étudiants  enthousiastes  et  de 
leurs  maîtres^  est  ici  exactement  et  pittoresquement  évoquée.  A  chacune  des  pages 
de  ce  livre  l'agréable  le  dispute  à  l'utile,  le  document  se  tait  essenuellement  piiio* 
resque  et  amusant.  Les  maîtres,  les  écoliers,  et  tous  ceux  qu'intéresse  l'histoire  des 
mœurs  d'autrefois  trouveront  dans  cet  ouvrage  à  s'intsruire  et  à  se  récréer. 

(1)  Het  Munthuis  van  Thorn  (Hasselt,  CroUen  1903);  Une  sortie  armée  des 
habitants  de  Husselt^en  1441  (io.  i9o3j;  Marlborough  dans  la  Campme  limbourgeoise 
Mb.  1904);   Une  forme  germanique  de  la  propriété  collective  dans  le  Limbourg  (10. 


198  LE   MUSÉE    BELGE. 

iy3.  —  o.  Merten,  L'état  présent  de  la  philosophie,  Namur,  Wesmael-Charlier. 

1907.  118  pp.  1  fr.  5o. 

Dans  ce  volume,  M.  Merten  a  réuni  les  trois  discours  qu'il  a  prononcés  à  TUni- 
versiié  de  Liège  comme  recteur  en  1904,  !9o5  et  1906.  Le  premier  traite  de  Tcsprit 
critique  en  philosophie,  le  second  expose  les  destinées  de  la  psychologie  et  le 
troisième  applique  les  principes  généraux  de  la  philosophie  à  la  conception  moderiie 
de  l'Etat.  Ces  trois  discours  viennent  heureusement  compléter  Touvrage  du  même 
auteur  sur  les  Limites  de  la  Philosophie. 

174.  —  Clodius  Piat,  De  la  croyance  en  Dieu   F.  Alcan,  Paris,  1907.  3  fr.  5o. 

Depuis  Kant  surtout,  il  y  a  deux  théories  de  la  croyance  :  la  première  qui  se  fonde 
uniquement  sur  la  raison,  la  seconde  qui  prétend  ne  relever  que  de  l'expérience 
intime.  Ces  deux  théories  tendent  de  plus  en  plus  à  s'exclure  l'une  Tauire,  à  mesure 
qu'elles  démêlent  davantage  leur  principe  originel  :  ce  qui  arrive  toujours  lorsque 
les  chercheurs,  pour  expliquer  un  même  ordre  de  phénomènes,  partent  de  poiats 
de  vue  trop  étroits. 

M.  C  Piat  (agrégé  de  philosophie,  docteur  es  lettres,  professeur  à  l'école  de» 
Carmes),  analyse  successivement  les  conditions  intellectuelles  et  les  conditions 
morales  de  la  croyance  en  Dieu  et  montre  comment  les  deux  doctrines  en  conflit  se 
réconcilient  dans  une  synthèse  supérieure  où  toutes  nos  facultés  trouvent  place  dans 
l'harmonie. 

Au  cours  de  son  enquête,  il  rencontre  naturellement  sur  sa  route  le  principe  de 
causalité,  celui  de  finalité,  le  problème  du  mal;  et  nous  croyons  pouvoir  dire  qu'il 
les  éclaire  d'aperçus  nouveaux. 

Sa  méthode  est  historico-critique.  Elle  consiste  à  noter  les  principales  étapes  des 
questions,  à  les  prendre  ensuite  au  point  même  où  la  spéculation  les  a  laissées  pour 
les  pousser  plus  avant  et  leur  trouver  une  solution  plus  satisfaisante. 

,-73.  —  Grondbegimelen  der  scheikunde  door  P.  X.  B.  S.  J.  Brussel,  Alb.  Dewit, 

1907.  19  p. 

Ces  quelques  pages  ont  comme  but  de  familiariser  les  élèves  avec  la  terminologie 
néerlandaise  de  la  chimie.  Elles  s'imposent  donc  dans  les  collèges  où  l'on  veut 
suivre  les  instructions  épiscopales  sur  l'enseignement  du  néerlandais.       J.  V.  M. 

CHRONIQUE. 

176.  —  M.  Franz  Cumont,  conservateur  au  Musée  du  Cinquantenaire  et  profes- 
seur à  rUniversiié  de  Gand,  a  entrepris  un  voyage  d'exploration  scientifique, 
en  Asie  Mineure;  ce  voyage  t'ait  suite  à  la  mission  archéologique  dont  il  fut  chargé 
en  1900  dans  la  Petite  Arménie.  M.  Cumont  se  rend  cette  fois  dans  le  Nord  de  la 
Syrie  et  en  Cilicic  où  il  photographiera  les  monuments  antiques  en  même  temps 
qu'il  s'occupera  d'estamper  des  inscriptions  dans  différents  villayets. 

177.  —  Dans  ra  séance  publique  du  8  mai,  la  Classe  des  Lettres  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  a  proclamé  les  résultats  de  ses  concours. 

Une  médaille  d'or  de  800  frs  a  été  décernée  à  M.  Désiré  Nys,  professeur  à  l'Uni- 
versité de  Louvain,  pour  un  mémoire  en  réponse  à  cette  question  :  La  nature  de 
l'espace^  d'après  les  théories  modernes^  depuis  Descartes, 

Le  Prix  Gantrelle  de  philologie  chssique  (VIII*  période  1905-1906)  a  été 
décerné  à  M.  .î.  Bidez  pour  un  mémoire  sur  cette  question  :  Faire  un  recueil 
Critique  des  fragments  philosophiques  de  Porphyre  le  Néo-platonicien, 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  199 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 

Les  Cours  de  Vacances  à  l'Université  de  Louvain, 

par  A.  JANSEN,  professeur  au  Collège  St- Pierre,  à  Louvain. 


Son  Éminence  le  Cardinal-Archevêque,  à  peine  élevé  au  irône 
archiépiscopal,  a  montré  une  sollicitude  vraiment  éclairée  et  paternelle 
pour  toutes  les  œuvres  existant  dans  son  vaste  diocèse.  Néanmoins,  il 
en  est  une  qu'il  affectionne  d'une  façon  toute  spéciale  :  c'est  l'éducation 
morale  et  intellectuelle  des  jeunes  gens  qui  peuplent  les  nombreux 
collèges  libres  soumis  à  sa  juridiction,  et,  pariant,  la  formation  la  plus 
parfaite  possible  de  ceux  qui  y  sont  préposés.  Naguère  encore,  présen- 
tant au  Pape  le  pèlerinage  belge,  lëminent  Primat  prenait,  devant 
Sa  Sainteté  et  devant  son  pays,  l'engagement  de  consacrer  son  acti- 
vité à  la  prospérité  de  ses  Collèges,  afin  de  procurer  à  la  génération 
actuelle  la  culture  scientifique,  morale  et  religieuse  que  réclament 
d'elle  les  temps  présents. 

Dans  ce  but,  une  heureuse  innovation  dans  l'enseignement  moyen 
s'est  faite  déjà  aux  vacances  de  Pâques  dernières.  Son  Éminence  le 
Cardinal- Archevêque  a  institué  des  cours  de  vacances  auxquels  étaient 
invités  les  professeurs  de  l'enseignement  moyen  de  l'archidiocèse.  Ces 
cours  ont  compris  l'enseignement  de  la  pédagogie,  du  grec,  du  latin 
et  de  l'histoire.  Trois  professe'urs  d'université  en  ont  été  chargés  :  les 
leçons  de  pédagogie  et  de  grec  ont  été  confiées  à  M.  Collard,  celles  de 
latin  à  M.  le  chanoine  Remy  et  celles  d'histoire  à  M.  le  chanoine 
Cauchie.  Disons  ici  que  cette  initiative  de  notre  vénéré  Cardinal 
a  réussi  au  delà  de  toute  espérance.  Pendant  une  semaine,  une 
centaine  de  professeurs  de  l'enseignement  moyen,  une  vingtaine 
d'élèves  du  séminaire  de  la  quatrième  année  d'études  et  plusieurs 
religieux  de  la  Compagnie  de  Jésus  ont  suivi  ces  leçons  avec  une 
scrupuleuse  régularité  et  y  ont  joui  d'un  véritable  régal  littéraire. 
Aussi  considèrent-ils  comme  un  doux,  mais  impérieux  devoir  d'ex- 
primer leurs  respectueux  sentiments  de  profonde  reconnaissance  à  leur 
bien-aimé  Archevêque  et  leurs  sincères  remercîments  aux  savants  pro- 
fesseurs qui  ont  montré  un  dévouement  à  toute  épreuve  et  ont  su 
intéresser  si  vivement  leurs  auditeurs. 

Il  ne  nous  est  pas  possible  de  reproduire  ici  d'une  façon  sufti- 
samment  complète  ces  leçons  ;  contentons-nous  d'y  relever  quelques 
points  importants. 

Les  premières  leçons  de  M.  le  professeur  Collard  ont  été  consacrées 


200  LE   MUSÉE  BELGE. 


à  la  méthodologie  générale  :  il  a  exposé  le  principe  de  la  concentration 
auquel  renseignement  doit  être  soumis;  il  a  montré  comment  les  trois 
genres  de  concentration  sont  étroitement  unis  et  il  a  fait  voir  les  grands 
avantages  qui  résultent  de  ce  système,  comme  aussi  les  difficultés  qu*il 
présente.  Pour  faire  saisir  sur  le  vif  ce  problème  délicat,  M.  Collard  a 
étudié  ensuite  la  concentration  telle  qu'elle  est  appliquée  à  Giessen, 
et  il  a  recherché  comment  nous  pourrions  organiser  en  4'  latine  un 
enseignement  soumis  à  ce  principe. 

Passant  à  la  méthodologie  spéciale  et  traitant  de  la  langue  mater- 
nelle, le  professeur  a  donné  à  ses  auditeurs  des  conseils  éminemment 
pratiques  touchant  la  rédaction  ;  il  a  insisté  surtout  sur  la  gradation 
des  sujets  d'après  les  cours  auxquels  ils  s'adressent,  et  il  a  montré  par 
un  exemple  comment  un  même  sujet,  considéré  à  différents  points  de 
vue,  peut  être  traité  dans  différentes  classes.  Il  a  ensuite  insisté  sur  la 
nécessité  de  grouper  les  rédactions  dans  la  même  classe,  et  a  essayé 
de  le  faire  en  énumérant  une  centaine  de  sujets.  Cet  exposé  a  été  suivi 
d'un  relevé  très  complet  des  recueils  de  compositions. 

N'oublions  pas  de  dire  que  les  exercices  d'élocution  et  de  récitation 
ont  eu  également  une  large  part  au  cours  de  méthodologie  sur  la 
langue  maternelle. 

Quant  à  l'enseignement  du  latin,  il  a  été  recommandé  surtout  de  le 
simplifier  en  imprimant  aux  divers  exercices  une  unité  rigoureuse;  de 
le  fortifier  en  le  rattachant  étroitement  aux  différentes  branches  ;  de 
le  synthétiser  en  dégageant  des  auteurs  un  tableau  vivant  de  la  civili- 
sation de  Rome  et  d'Athènes,  et  de  le  moderniser  en  faisant  ressortir 
les  traits  communs  à  l'antiquité  et  aux  temps  modernes. 

Disons  aussi  que  l'éternel  mot  à  mot  a  été  condamné  sans  pitié  et 
remplacé  par  l'analyse. 

Quoique  les  matières  à  traiter  fussent  très  vastes  et  les  heures  comp- 
tées, M.  Collard  a  trouvé  l'occasion  de  placer  quelques  explications 
très  intéressantes  sur  l'enseignement  de  la  géographie  et  surtout  sur  les 
avantages  qu'offre  la  lecture  de  la  carte.  Côté  non  moins  utile  et  pra- 
tique de  ces  leçons  :  les  meilleurs  auteurs  qui  ont  traité  ces  matières, 
ont  été  signalés  aux  intéressés. 

Abordant  l'enseignement  du  grec,  M.  le  professeur  Collard  a  traité 
du  choix  des  auteurs  à  lire,  puis  il  a  interprété  des  passages  des 
différents  auteurs  portés  au  programme  de  nos  collèges,  Xénophon 
(Anabase),  Hérodote,  Démosthène  (Olynthiennes),  Homère  (Iliade)  et 
Sophocle  (Oedipe  roi).  Chaque  leçon  d'interprétation  a  été  précédée 
d'un  exposé  de  la  méthodologie  spéciale  de  l'auteur  qui  en  faisait 
l'objet.  La  bibliographie  de  la  philologie  grecque  a  terminé  ce  cours. 

Dans  son  cours  de  latin,  M.  le  chanoine  Remy  a  montré  les  liens 
nécessaires  existant  entre  l'étude  littéraire  des  auteurs  latins  et  grecs, 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  201 


relie  qu'on  la  fait  au  collège,  et  la  philologie  proprement  dite.  La  pre- 
mière, quoique  distincte  de  la  seconde,  la  suppose,  sous  peine  de 
fausser  le  caractère  et  la  pensée  des  auteurs  anciens.  Cet  exposé,  très 
court  d*ailleurs,  Ta  amené  à  donner  une  idée  des  branches  que  com- 
prend la  philologie  classique.  Il  a  trouvé  ainsi  l'occasion  d'indiquer, 
pour  chacune  des  branches,  les  livres  auxquels  les  professeurs  pou- 
vaient recourir  dans  la  préparation  de  leurs  classes.  Ces  livres  étaient 
exposés,  ainsi  que  les  collections  d'intuition,  dans  la  salle  du  Collège 
du  Pape  affectée  au  musée  antique,  où  tout  le  monde  a  pu  les  voir  et 
les  manier.  A  ces  indications  théoriques,  M.  Remy  a  joint  l'interpré- 
tation de  l'introduction  de  Cornélius  Népos,  de  la  i"  ode  d'Horace, 
et  de  Texorde  de  la  3«  Catilinaire.  L'analyse  du  fond  et  de  la  forme  de 
la  phrase  de  Cicéron  a  présenté  le  plus  haut  intérêt  pour  les  auditeurs. 
En  dehors  des  explications  qui  ont  fait  l'objet  des  classes  de  latin , 
M.  Remy  a  traité  quelques  questions  qui  ne  sont  pas  de  moindre 
utilité,  telles  que  le  soin  qu'il  faut  apporter,  dans  l'analyse  littéraire 
des  auteurs  anciens,  à  la  reconstitution  du  milieu,  c'est-à-dire  —  indé- 
pendamment des  institutions  politiques,  sociales  et  religieuses  —  à  la 
connaissance  des  idées  qu'ont  eues  les  anciens  en  littérature,  notam- 
ment en  matière  de  style  et  de  genres  littéraires  ;  il  a  signalé  aussi  la 
sérieuse  attention  que  méritent  la  géographie  antique  et  les  monu- 
ments figurés. 

Dans  une  première  leçon  du  cours  d'histoire,  M.  le  chanoine  Gau- 
chie, après  avoir  brièvement  indiqué  la  place  et  le  rôle  de  l'histoire 
dans  le  programme  des  humanités,  s'est  attaché  à  donner  à  ses  audi- 
teurs une  idée  exacte  de  la  science  historique  et  de  ses  principales 
divisions.  Il  a  parlé  des  disciplines  auxiliaires;  de  l'histoire  proprement 
dite;  de  l'interprétation  philosophique  des  événements  qui  font  la 
trame  de  l'histoire.  Les  leçons  suivantes  ont  été  consacrées  à  un  examen 
des  conditions  scientifiques  et  de  la  méthode  du  travail  historique. 

Au  lieu  d'une  étude  purement  théorique,  M.  Cauchiea  préféré  avec 
raison  nous  faire  saisir  les  principes  sur  le  vif  à  l'aide  de  l'Histoire  de 
Belgique  de  M.  Pirenne.  Il  a  donc,  après  une  analyse  succincte  du 
jer  volume  du  professeur  de  Gand,  recherché  quel  usage  y  était  fait 
des  sciences  auxiliaires,  quelle  méthode  et  quel  souci  s'y  révélaient 
dans  la  recherche  et  la  critique  des  sources,  quelle  rigueur  de  critique 
s'y  manifestait,  comment  le  travail  de  synthèse  avait  été  compris  et 
réalisé,  signalant  à  la  fois  les  mérites  et  les  défauts  de  cette  œuvre. 
Restait  à  dire  comment  acquérir  la  science  historique  nécessaire  dans 
l'enseignement  moyen.  Faute  de  temps,  M.  Gauchie  n'a  pu  guère 
donner  au  cours  général  que  quelques  breis  conseils,  qui,  grâce  aux 
précédentes  leçons,  ne  seront  pas  sans  profit. 

Mais,  dans  des  leçons  pratiques,  qui  s'adressaient  à  un  nombre  plus 


202  LE   MUSÉE   BELGE. 


restreint,  il  a  mis  sous  nos  yeux  les  principaux  instruments  de  travail 
et  exposé  la  manière  de  s'orienter  dans  les  recherches  historiques; 
enfin  la  lecture  en  commun  d'un  diplôme  impérial,  dont  chacun  avait 
une  reproduction  phototypiée  à  sa  disposition,  lui  a  permis  de  mon- 
trer concrètement  quels  sont  les  principes  et  les  procédés  à  appliquer 
dans  l'étude  analytique  des  sources  aussi  bien  que  dans  leur  utilisa- 
tion en  vue  d'un  travail  synthétique. 

Après  les  heures  de  cours  ordinaires,  les  professeurs  ont  encore 
réuni  autour  d'eux  ceux  dVntre  leurs  auditeurs  que  les  questions 
traitées  intéressaient  plus  spécialement  et  leur  ont  donné  tous  les 
renseignements  désirables. 

Il  nous  reste,  pour  être  assez  complet,  à  rappeler  qu*on  a  visité  la 
bibliothèque  de  TUniversité,  l'Institut  de  bactériologie  de  M.  Denys 
et  les  archives  de  Tabbaye  du  Parc,  et  que,  comme  compléments  du 
cours  de  méthodologie,  des  leçons  ont  été  faites  pendant  les  mois 
d'avril  et   de   mai   au   Collège  St-Pierre.   Ces  leçons,   confiées   aux 
étudiants  du  doctorat,  ont  eu  pour  objet  :  l'exercice  de  vocabulaire  en 
6«,  le  thème  oral  et  le  thème  instantané  en  5«,  une  répétition  de  César 
et  de  Xénophon,  en  4»,  l'interprétation  d'un  passage  de  Virgile  en  a^, 
la  géographie  de  la  Suisse  en  4«.  et  le  cours  de  l'Escaut,  en  5«.  Les 
leçons  ont  été  discutées  comme  le  sont  tous  les  exercices  didactiques 
du  doctorat. 


L'ENSEIGNEMENT   MOYEN   A  L'ÉTRANGER 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
(Suiie.) 


V.  —  HOLLANDE. 

L'enseignement  moyen  comprend  :  i»  renseignement  classique 
dont  les  établissements  portent  le  nom  de  gymnases  (6  années)  ; 

20  L'enseignement  réal  :  ce  sont  les  hoogere  burgerscholen  (5  an- 
nées ou  3  années). 

Dans  les  hoogere  burgerscholen  de  trois  années,  l'enseignement 
est  à  peu  près  le  même  que  celui  des  trois  premières  années  des  écoles 
de  5  années  :  quelques  heures  de  moins  pour  les  mathématiques, 
quelques  heures  de  plus  pour  les  sciences  naturelles,  la  tenue  des 
livres  et  l'économie  politique. 

Lage  d'admission  dans  un  gymnase  est  dou:{e  ans,  en  sorte  que  la 
première  classe  correspond  à  la  3«  inférieure  de  la  Prusse.  Dans  les 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  2o3 


deux  classes  supérieures,  le  gymnase  est  divisé  en  deux  sections,  la 
section  A  et  la  section  B.  Ce  n'est  pas  une  bifurcation  proprement 
dite  ;  car  le  latin  et  le  grec  restent  obligatoires  de  part  et  d'autre  ; 
mais  la  section  A  consacre  un  plus  grand  nombre  d'heures  au  latin 
et  au  grec,  et  une  heure  de  plus  à  l'histoire;  la  section  B  consacre  un 
plus  grand  nombre  d'heures  aux  mathématiques  et  aux  sciences  natu- 
relles. 

La  section  A  ouvre  l'accès  aux  Facultés  de  théologie,  de  droit  et  de 
philosophie;  la  section  B  ouvre  l'accès  aux  études  de  médecine  et 
des  sciences  mathématiques  et  naturelles.  Les  élèves  peuvent  suivre, 
s'ils  le  désirent,  les  deux  sections. 

Les  auteurs  latins  sont,  au  gymnase  de  La  Haye  :  César  (en  i»^«); 
César  et  Phèdre  (en  2"«)  ;  Cicéron  et  Ovide  (en  3«)  ;  Cicéron,  Sallusie 
et  Ovide,  élégies  {en  ^^)  ;  Cicéron,  Tite-Live,  Phnc  le-Jeune;  Térence, 
Virgile,  Bucoliques  et  Géorgiques,  et,  pour  la  section  A,  Cicéron, 
Tacite  et  Horace  (en  5*),  Cicéron,  Tite-Live,  Horace,  odes  et  satires, 
Virgile  et  Plaute;  et,  pour  la  section  A,  les  antiquités  romaines  et 
l'explication  de  passages  de  Tite-Live  et  d'Aulu-Gelle ;  Horace, 
Epttres,  Cicéron  et  Tacite  (en  6«). 

Les  auteurs  grecs  sont,au  même  gymnase  de  La  Haye  :  Xénophon, 
Anabase  (en  seconde);  Xénophon  et  Arrien  (en  3«);  Xénophon, 
Histoire  grecque^  Lysias,  Homère,  Isocrate,  Xénophon,  Scripta 
minora,  et  Anacréon  (en  4«);  Homère,  Xénophon,  Cyropédie,  Lucien, 
Hérodote,  et,  pour  la  section  A,  Démosthène,  Platon  et  Euripide 
(en  5«)  ;  Homère,  Hérodote,  Thucydide  et  poètes  lyriques,  et  pour  la 
section  A,  Pluîarque,  Platon,  Démosthène  et  Aristophane  (en  6^). 

Au  gymnase  de  Rolduc,  nous  relevons  la  liste  suivante,  pour  le 
latin  :  L'homond,  epitome,  (en  i*  classe)  ;  L'homond,  Urbis  Romae 
viri  illustres  et  Cornélius  Nepos  (en  2^  classe)  ;  Cornélius  Nepos, 
César  et  une  chrestomathie  de  poètes  romains  (en  3«  classe)  ;  César, 
Sallustc,  Virgile, Tite-Live  et  une  chrestomathie  de  poètes  romains  (en 
4«  classe);  Virgile,  Cicéron,  Tite-Live  et,  pour  la  section  A,  les  anti- 
quités romaines  et  des  thèmes  latins  (en  5®  classe);  Tite-Live,  Cicéron, 
Virgile,  Ovide,  et  pour  la  section  A,  Horace,  Tacite  ;  antiquités 
romaines  et  thèmes  (en  6^  classe). 

Pour  le  grec  :  Xénophon,  Cyropédie,  Anabase,  Helléniques,  et 
Homère,  Odyssée  (en  4«);  Homère,  Xénophon,  orateurs  attiques  (en 
5«  pour  les  deux  sections);  Xénophon,  Homère,  orateurs  attiques,  et 
pour  la  section  A,  Démosthène,  Platon  et  Euripide  (en  6*  classe). 

En  somme,  on  est  libre  dans  le  choix  des  auteurs  pour  les  diffé- 
rentes classes;  cependant  la  loi  donne  les  prescriptions  suivantes  pour 
l'examen  final. 


a04  LB   MUSÉE  BBLGB. 


Section  B.  Grec  :  traduction  et  explication  d'Homère  et  d'un  pro- 
sateur (par  exemple,  Xénophon,  Lysias,  Isocrate  et  Hérodote.) 

Latin  :  traduction  et  explication  d*un  prosateur  (Cicéron,  Salluste 
et  Tite-Live)  et  d'un  poète  (Ovide,  Tibulle  et  Virgile). 

Section  A.  Outre  le  programme  ci-dessus. 

Grec  :  traduction  d'un  prosateur  plus  difficile,  tel  que  Platon  ou 
Démosthène,  ou  d'un  poète  dramatique; 

Latin  :  traduction  d'un  prosateur  ou  d'un  poète  présentant  plus  de 
difficulté  (Tacite,  Sénèque,  Horace  et  Lucrèce);  un  thème;  les  anti- 
quités romaines. 

VI.  —  ANGLETERRE  (i). 

Il  est  difficile  (2)  de  se  rendre  compte  exactement  de  l'organisation 
et  de  la  valeur  de  l'instruction  moyenne  en  Angleterre.  L'enseignement 
secondaire  y  est  absolument  libre,  en  sorte  que  chaque  établissement 
a  son  organisation  propre,  ses  programmes,  ses  méthodes,  son  tarif 
inême. 

Les  étrangers  sont  tentés  de  juger  des  études  classiques  d'Outre - 
Manche  par  quelques- unes  des  grandes  écoles,  qui  sont  essentiellement 
aristocratiques,  ec  qui  ne  reçoivent  qu'un  nombre  limité  de  jeunes 
gens  riches.  Souvent  aussi  ils  ne  s'occupent  que  des  classes  les  plus 
élevées.  L'opinion  qu'oa  se  fait  alors  de  l'enseignement,  est  tout  à  fait 
erronée.  Nous  ne  pouvons  faire  abstraction  du  travail  d'écoles  moins 
brillantes,  mais  supérieures  pédagogiquement  parlant,  fréquentées  par 
des  jeunes  gens  qui,  par  suite  de  leur  peu  de  fortune,  savent  que  leur 
avenir  dépend  de  leurs  succès  scolaires.  Nous  ne  pouvons  non  plus 
négliger  les  classes  inférieures  et  moyennes,  qui  se  rapprochent  davan- 
tage des  nôtres. 

L'enseignement  moyen  (secondary  ou  intermediate  éducation) 
comprend  un  grand  nombre  d'écoles  très  différentes. 

On  peut  grouper  ces  écoles  de  diverses  façons. 

i®  Au  point  de  vue  de  l'organisation  extérieure,  on  distingue  les 
internats  (boarding  schools)  et  les  externats  (day  schools).    Les 

(1)  Karl  Breul  (Cambridge)  et  Ph.D.  (Berlin),  Grossbritannien,  A.England^  dans 
Baumeister,  Handbuch  der  Erpehungs  und  Unterrichslehre  fur  hôhere  Schulen^ 
Munich,  p.  ySy  et  s.  ;  Max  Leclerc.  L  éducation  des  classes  moyennes  et  dirigeantes 
en  Angleterre^  Paris,  Colin;  Pierre  de  Coubertin,  L'éducation  en  Angleterre^  Col- 
liges  et  Universités^  Paris,  Hachette;  B.  Minssbn,  Le  collège  de  Harrow,  dans  la 
Revue  internationale  de  l'enseignement^  iqoS.  I,  p.  374,  536;  jgoS,  II,  p.  68,  248, 
328;  1906,  I,  p.  121  ;  Michael  E.  Sadler,  Le  grec  à  Oxford  et  à  Cambridge,  dans 
la  même  revue,  igoS,  I,  p.  484. 

(2)  HoRN,  p.  i56,  a  renoncé  à  exposer  cette  organisation. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  205 


internats  sont  les  écoles  les  plus  fréquentées:  mais  le  prix  de  la  pen- 
sion en  est  fort  élevé. 

2^  Au  point  de  vue  du  droit  de  patronage,  on  distingue  les  écoles 
uioiées  (endowed  schools)  et  les  écoles  privées. 

Les  écoles  dotées  sont  en  partie  très  vieilles  :  ce  sont  presque  exclu- 
sivement des  •  écoles  de  grammaire  »  (grammar  schools)^  qui  ont 
admis  depuis  un  certain  temps  des  sections  modernes. 

A  la  tête  de  ces  écoles  de  grammaire  dotées  (endowed  grammar 
schools)^  se  trouvent  les  grandes  écoles  publiques  (public  schools). 
Pendant  un  temps,  on  n'accorda  ce  titre  qu'à  neuf  écoles,  les  plus 
célèbres  et  les  plus  riches  des  grammar  schools,  devenues  peu  à  peu 
les  éducatrices  des  classes  dirigeantes  :  Elon,  Harrow,  Winchester, 
Westminster,  Chaterhouse,  Saint-Paul,  Merchant  Taylors',  Rugby, 
Schwersbury.  Mais  peu  à  peu  l'acception  s'est  singulièrement  élargie  : 
toute  école  qui  s*élève  au-dessus  du  commun,  et  dont  la  réputation 
dépasse  les  frontières  de  sa  province,  est  baptisée /?m^//c  sc/roo/.  En 
général,  Técole  publique  est  un  internat  qui  admet  à  un  prix  très  élevé 
un  grand  nombre  de  pensionnaires  et  qui  enseigne  sur  le  patron  des 
neuf  écoles  indiquées  ci-dessus  (i).  Elle  est  indépendante  de  l'État  et 
de  ses  agents.  Elle  est  publique  seulement  en  ce  sens  qu  elle  n'est  pas 
la  propriété,  la  chose  .d'un  particulier,  mais  une  fondation  d'intérêt 
général  accessible  à  quiconque  peut  payer  le  prix  de  la  pension  ou 
remplir  certaines  conditions  imposées  par  le  fondateur  (2).  Elle  recrute 
ses  élèves  dans  les  classes  dirigeantes  du  pays  et  des  colonies. 

Le  mot  public  s'oppose  à  private.  Les  écoles  privées  sont  l'œuvre 
d'une  société  d'actionnaires  (proprietary  schools)  ou  d'un  homme 
{private  schools  dans  le  sens  restreint). 

Les  proprietary  schools  ont  introduit  dans  leurs  programmes  les 
sciences  physiques  et  naturelles,  les  langues  vivantes;  elles  préparent 
directement  aux  écoles  militaires  et  aux  concours  pour  le  service  civil 
de  la  métropole  et  de  l'Inde;  elles  envoient  aussi  des  étudiants  aux 
universités.  Les  meilleures  écoles  de  ce  genre  sont  Cheltenham,  Clif- 
ton,  Malborough,  Haileybury  et  quelques  autres. 

Les  écoles  privées  pullulent  ;  car  l'enseignement  est  libre  en  Angle- 
terre. On  en  trouve  de  deux  espèces  :  les  unes  sont  des  écoles  com- 
plètes^ dont  quelques-unes  sont  bonnes,  même  très  bonnes,  mais  dont 
beaucoup  sont  sans  valeur;  les  autres  sont  des  écoles  préparatoires 

(1)  A  Rueby,  on  paie  1000  firancs  par  trimestre,  abstraction  faite  des  dépenser 
supplémentaires.  A  Harrow,  le  minimum  des  dépenses  est  de  144  livres.  A  Elon, 
la  dépense  annuelle  moyenne  est  de  55oo  francs  et  peut  aller  jusqu'à  7000  francs, 
-Quelques  élèves  moins  fortunés  entrent  cependant  dans  ces  collèges  grâce  au  grand 
nombre  de  bourses  dont  ils  disposent  et  qui  sont  obtenues  au  moyen  d'txamens. 
(2;  Voyez  M.  Leclesc,  ouvr.  cité,  p.  6,  note  2. 


2o6  LE    MUSÉE    BELGE. 

aux  grandes  Public  schools  et  à  quelques  autres  établissemenls  :  ces 
écoles  sont  presque  toutes  entre  les  mains  d'hommes  capables. 

3°  Une  autre  division  des  établissements  d'instruction  moyenne 
a  pour  base  l'âge  des  élèves  à  la  sortie  de  1  école.  Selon  que  les  élèves 
peuvent  terminer  leurs  études  à  19  ans,  à  17  ans  ou  i5  ans,  on  dit  que 
l'école  est  du  premier  degré,  du  second  ou  du  troisième. 

Les  écoles  du  premier  et  du  second  degré  sont  quelquefois  appelées 
higher  et  intermediate  secondary  schools.  Celles  du  troisième  degré 
ne  diffèrent  guère  des  écoles  primaires  supérieures. 

Les  écoles  du  premier  degré  préparent  à  l'Université,  à  l'armée  et 
aux  emplois  civils.  Elles  gardent  les  élèves  jusqu'à  18-19  ans. 

Les  écoles  du  second  degré  préparent  surtout  à  l'industrie  et  au 
commerce  :  on  en  sort  à  16-17  ans. 

Les  écoles  du  troisième  degré  forment  les  gens  de  métier  :  on  les 
quitte  à  14-15  ans. 

Dans  chacune  de  ces  écoles,  on  retrouve  les  écoles  dotées,  les  écoles 
de  corporation  et  les  écoles  privées  que  nous  avons  distinguées  plus 
haut. 

4**  Il  y  a  encore  les  écoles  préparatoires,  preparatory  schools,  dans 
lesquelles  on  se  prépare  aux  écoles  du  premier  degré,  et  dans  lesquelles 
on  reste  jusqu'à  14  ans.  On  y  apprend  les  éléments  des  deux  langues 
anciennes  et  d'une  ou  de  deux  langues  vivantes,  les  mathématiques, 
en  un  mot  tout  ce  qui  est  exigé  pour  subir  l'examen  d'entrée  aux 
grandes  écoles.  Les  connaissances  acquises  dans  une  école  préparatoire 
sont  à  peu  près  celles  d'un  élève  de  quatrième  en  Allemagne. 

Outre  les  écoles  préparatoires,  on  compte  :  i®  les  écoles  élémen- 
taires supérieures  (higher-grade  elementary  schools),  dont  le  pro- 
gramme comprend  l'histoire,  les  mathématiques,  la  physique,  le  latin 
et  le  français,  et  qui  gardent,  en  règle  générale,  leurs  élèves  jusqu'à 
i5  ans;  2°  les  organised  science  schools,  qui  sont  au  haut  de  lechelle 
de  l'enseignement  primaire  et  qui  correspondent  en  quelque  sorte  aux 
Realschiilen  ;  3°  les  écoles  techniques,  qui  donnent  un  enseignement 
industriel  ou  commercial  ;  4®  les  écoles  de  perfectionnement  du  soir 

(evening  continuation  schools). 

*  * 

♦ 

Maintenant  que  l'organisation  générale  nous  est  connue,  voyons  de 
près  l'organisation  intérieure  des  établissements  d'instruction  moyenne. 

Les  enfants  apprennent  chez  eux  les  éléments  avec  un  maître  parti- 
culier ou  bien  ils  fréquentent  un  jardin  d'enfants.  Entre  sept  et  neuf 
ans,  ils  entrent  dans  une  école  préparatoire;  car  généralement  les 
écoles  secondaires  n'admettent  les  enfants  qu'à  un  âge  plus  avancé  : 
tel  est,  en  effet,  le  cas  dans  les  grands  internats  ;  les  externats  ont 
généralement  un  ^junior  department  »,  qui  sert  d'école  préparatoire. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  207 


Les  enfants  restent  d'ordinaire  jusqu  a  14  ans  à  Técole  préparatoire 
ou  au  junior  department.  Dans  les  écoles  qui  ont  un  junior  départ- 
ment^  la  section  supérieure  de  Pécole  s'appelle  senior  department  ou 
upper  schooL  La  durée  des  études  y  est  de  4  à  5  ans. 

Dans  presque  toutes  les  grandes  écoles,  on  dislingue  au  moins  deux 
sections  principales,  une  section  classique,  classical  side,  et  une  section 
moderne,  modem  side.  En  outre,  selon  le  caractère  de  l'école  et  le  but 
que  Ton  poursuit,  on  y  trouve  encore  une  section  militaire,  military 
side  ou  armjr  side.  ou  une  section  commerciale,  commercial  class, ou 
une  section  scientifique,  science  department.ou  une  secMon  pour  ingé- 
nieurs, engineering  department.  Les  écoles  ne  se  divisent  donc  pas, 
comme  en  Allemagne,  en  gymnases,  réalgymnases,  reaischulen.  L'en- 
seignement, après  avoir  été  commun,  se  bifurque  selon  les  besoins 
locaux  :  ici  l'école  a  un  caractère  commercial  ;  là,  elle  s'occupe  surtout 
des  sciences. 

Chacun  des  trois  degrés,  supérieur,  moyen  et  inférieur,  comprend 
un  certain  nombre  de  classes,  forms.  Chaque  enfant  fait  partie  d'une 
classe  déterminée,  form,  dans  laquelle  le  form  master  enseigne  un 
certain  nombre  de  branches.  Ces  branches  sont  la  religion,  l'anglais, 
rhistoire,  la  géographie,  le  latin  et,  dans  la  section  classique,  le  grec. 
Les  autres  branches  s'apprennent  dans  des  «  sets  »,  c'est-à-dire  des 
groupes  formés  d'enfants  de  différentes  classes  d'après  leurs  connais- 
sances dans  la  branche  en  question.  Les  mathématiques,  le  français, 
l'allemand,  les  sciences  naturelles,  etc.,  sont  enseignés  d'ordinaire 
dans  des  «  sets  ou  divisions  ».  Parfois  on  donne  le  nom  aborder  à  une 
branche  qui  n'est  pas  considérée  comme  l'objet  d'une /orm,  et  qui  est 
enseignée  à  travers  toute  l'école  dans  des  sets  :  tel.  est,  par  exemple,  le 
cas  de  l'allemand  à  Cheltenham. 

«  Les  appellations  des  classes  sont  bizarres  (i).  La  plus  basse 
s'appelle  la  quatrième  et  la  plus  haute  la  sixième  ;  entre  les  deux,  il  y 
a,  en  avançant  vers  le  sommet,  les  Shells^  les  Removes  et  la  cinquième 
qui  conduit  à  la  sixième,  ou  classe  supérieure,  i/élite  de  cette  dernière 
classe  forme  la  classe  des  Dou\e,  les  élèves  les  plus  brillants  du  collège 
et  dont  la  plupart  sont  des  moniteurs.  Ces  dénominations  curieuses 
sont  des  survivances  d'anciennes  habitudes  aujourd'hui  disparues.  On 
dit  que  le  mot  de  Shell  (coquille)  vient  de  la  forme  d'une  des  classes 
du  collège  de  Dinchester,  dont  l'extrémité  en  demi-voûte  affectait 
l'aspect  d'une  coquille  marine  ou  d'une  conque.  Cette  salle  était  le 
puigatoire  où  l'on  plaçait  les  nouveaux  élèves  jusqu'à  ce  qu'un  examen 
leur  permît  de  passer  en  cinquième,  /^emove signifie  seulement  ^/m/on, 
c>st-à-dire  que  c'était  primitivement  une  division  intermédiaire. 
Chaque  classe  a  deux  divisions. 

(i)  Ml^ssEM,  art.  cité,  Revue  internationale  de  l'enseignement,  iqoS,  2,  p.  25 1. 


208  LE  ICUSÉE  BBLGB. 


Ainsi  on  arrive  à  la  classification  suivante  de  haut  en  bas  :  les 
Douze»  VI„  VI„  V4,  V„  R4,  R„  S,,  S„  IV,,  IV,.  Pour  renseigne- 
ment moderne,  on  a  la  même  série  parallèle.  Un  élève,  à  moins  de 
sauter  une  classe,  doit  passer  successivemeàt  dans  toutes  ces  divisions, 
par  exemple  de  la  seconde  quatrième  à  la  première  quatrième,  et  de 
celle-ci  à  la  seconde  coquille,  etc.  11  passe  dans  chacune  un  trimestre 
au  moins  et  généralement  une  année.  • 

Bien  que  le  terme  sixth  form  désigne  toujours  la  classe  la  plus 
élevée,  il  n'en  résulte  nullement,  que  le  nombre  de  classes  soit  six  r 
la  sixth  form  peut  comprendre  plusieurs  divisions  et  être  précédée 
d'un  nombre  fort  variable  de  classes.  A  S'-PauFs  School,  il  y  a  huit 
classes,  comprenant  chacune  deux  divisions,  et  la  huitième,  la  plus 
élevée,  a  quatre  divisions.  Au  Winchester  Collège,  les  classes  sont 
moins  nombreuses,  comme  à  Rugby.  C'est  à  Eton  Collège  qu'on 
compte  le  plus  grand  nombre  de  classes  (i). 

Les  plans  d'études  sont  dressés  en  pleine  liberté  par  le  directeur. 
Dans  cette  rédaction,  il  doit  cependant  tenir  compte  des  besoins 
locaux,  de  la  nécessité  éventuelle  de  recevoir  des  subsides  de  TÉtat  et 
des  exigences  des  examens  des  grandes  Universités  {Local  Examina- 
tions  cl  Joint  Board  Examinations). 

Comme  nous  l'avons  dit,  on  distingue  deux  enseignements,  ren- 
seignement classique  et  renseignement  moderne.  Les  élèves  de  ce 
dernier  enseignement  qui  ont  Tintention  d'aller  à  Oxford  ou  à  Cam- 
bridge, peuvent  acquérir  aisément  le  peu  de  grec  (2)  que  l'on  exige 
pour  l'entrée  de  ces  Universités.  A  Londres,  le  grec  n'est  plus  obliga- 
toire; il  en  est  de  même  de  l'Université  de  Manchester  (Victoria 
University)  et  de  latiouvelle  Université  de  Galles. 

(A  continuer.) 

(1)  Je  dois  ces  renseignements  à  mon  savant  collègue.  M.  A.Camoy. 

(3)  «  Vous  n'ignorez  probablement  pas  que  la  somme  de  grec  exigée  est  bien. petite. 
Le  fait  suivant  vous  permettra  de  juger  jusqu'à  quel  point  il  l'est  :  il  y  a  quelques 
années  un  élève  commença  à  étudier  le  grec  avec  moi  vers  la  fin  de  juin,  et  passa 
l'examen  des  auteurs  grecs  au  mois  de  décembre  suivant  !  »  (Le  grec  à  Oxford  et  à 
Cambridge^  dans  la  Revue  internationale  de  l'enseignement^  i9o5,p.487).  «L'examen 
qui  ouvre  la  porte  d'Oxford  ou  de  Cambridge  est  très  facile  »,  dit  M.  Minssen,  Revue 
internationale^  1902,  2,  p.  338.  —  M.  A.  Carnoy  croit  qu'on  a  tort  d'exagérer  la  faci- 
lité de  cette  épreuve,  La  question  du  grec  en  Angleterre^  dans  la  Revue  des  Huma- 
nités^ mars  1897,  p.  40. 


OioRQKS  LEGRAND,  La  criso  de  la  morale.  Bruxellos,  A.  Dowit,  1907.  61  pp. 

0  fr  75. 
A.    LINSCNMAYER,    Die   Bekampfung:  des  Christenthum?  durch  den  roeiD* 

Staat  bis  sum  Tode  des  Kaisers  Julian  (363).  Munich,  Lentnor,  19D5.  301  pp. 

In- 8».  5  m.  50. 
A.  MALET,  Histoire  de  France  et  notions  sommairos  d'histoire  générale  de 

1610  a  1789.  Paris,  Hachette  et  C'«,  1900.  3  fr.  50.  (Enseignement  secondaire 

des  jeanes  filles.  2®  année.) 
S.   OLCHEWSKY  en  J.  GARSOU,  Leopold  II,  koning  der  Relgon,  zijn  leven 

en  z'jne  regeering  (1835- 1905V  In  't  Vlaamsch  bowerkt  door  P.  Vax  Lan- 

GKNDONCR   Brussel,  Vanderlindon,  1907. 

F.  PIQUET,  Précis  de  phonétique  historique  de  lullemand,  accompagné  de 
notions  de  phonétique  descriptiv<>.  Avec  2  lig.  et  une  carte  coloriée.  Paris, 
Klincksieck,  1907.  (Nouvelle  coUaction  à  Tusage  des  cl»sse«,  2*  série,  V.) 

M.  ROUSTAN,  La  composition  française  :  les  genres.  VII.  Conseils  généraux 

(Préparation  à  Tart  d'écrire).  Paris,  Delaplane,  1907.  1  fr.  60. 
O.  SEECK,  Die  Briefe  des  Libanius  zeitlich  georJnet   Leipzig,  J   C.  Hinrichs, 

1906.  (Texte  und  Unterschungon  zur  Goschichte  der  altchristlich'^n  Literatur, 

hrsjg.  Yon  Gebhardt  und  Harnack.  XV,  1-2). 
P.  STACHEL,  Seneca  und  das  deutsche  Renaissancedrama.  Studien  zur  Litera- 

tur-  und  Stilgeschichte  des  16  und  17  Jahrhunderts.  B.rlin,  Maycr  et  Mullcr, 

.1907.  11  m.  (Palaestra.  XVI). 

G.  VEITU,  Geschichte  der  FeldzCige  C.  Julius  Caesais.  Mit  einen  Bildnisse 
Caesara  und  46  Bdilagen.  Vienne,  L.  W.  Seidel,  1906.  25  m. 

A.VBRMEYLEN,  Les  lettres  néerlandaises  en  Belgique  depuis  1830.  Conférence. 

BnixelleF,  Lamertin,  1907.  38  pp. 
W.  VOLKMANN,  Untersuchungen  zu  Schriftstellern  dos  klass.  Altertums. 

1  Teil.  Vergil.  Horaz  und  Cicero.  Pxogr.  des  Gymn.  zu  St-MariaMagdalena. 

Breelau,  1906. 
P.  WENDLAND,  Die  hellenistisch-rocmische  Kultur  in  ihrem  Beziehungen 

zom  Judentum  und  Christentum.  Bogon  1*6.  Tubingen,  M  >hr,  1U07.  1  m.  80. 


UNIVERSITE  DE  LIEGE 

COURS    DE  VACANCES 

DE 

JUILLET-AOUT  1907 

Comme  les  années  précédentes,  ces  cours  comprendront  deux  séries  : 
Première  série,  da  22  juillet  au  10  août. 
Deuxième  série,  da  12  août  au  31  août. 

Demander  le  programme  à  M.  JOSEPH  BRASSINNE,  Sous-bibliotbôcaii  e 
de  rUniversitô,  RUE  NYSTEN,  30,  LIÈGE. 


SOMMAIRE. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

i3o.  E.  Pottier^  Catalogue  des  vases  antique»  de  terre  cuite  (Th.  Simar) 

i3i.  5.  Witkowski,  Epistulae  privatae  graecae  (A.  Dclattc)     . 

i33.  A,  Ausserer^  De  clausulis  Minucianis  (J.  Hubaux)  . 

i33.  Ch.  Hueisen,  Topographie  dcr  Stadt  Rom.  î,  3  (J.  P.  Walizing) 

i34-5.  L.  Legras^'Lû  ThcbaiJe  de  Suce  (Paul  Hencn)  . 

i36.  B.  Winand,  Vocabula  latina  quae  ad  mortem  spectant  (Le  même) 

137,  E.  P,  Bauwens,  Vertalingen  uit  het  latijn  (J.  V.  M.j 

i38.  Harvard  studics  in  classical  philology.  XVII.  (J.  P.  W.) 

Langues  et  littératures  celtiques. 

139.  V.  H.  Friedel  et  K.  Meyer^  La  vision  de  Tondale  (V.  Tourneur) 

140.  W,  Stokes^  The  birth  and  life  of  S*  Moling  (Le  môme)   . 

Langues  et  littératures  germaniques. 

141-2.  P.  Bourgs  Deutsche  Grammatik.  Ucbungsbuch  (A.  Bertrang)      .        .177 

143.  G.  Ctffe//r,  Verzen(J.  Gcssler) 181 

144.  E.  Sulger-Gebingy  Gotthe  und  Dante  (J.  F.) 181 

Histoire  et  géographie, 

145.  G.  Hanotaux\  Histoire  de  la  France  contemporaine.  IH  (A.  Dutron) 


Paif«i 
i65 
166 
167 
168 
170 
172 
>74 
Ï74 


17O 

»77 


182 
i83 

i85 
187 


146.  G.  La  Mantia^  Gabelle  régie  di  Siciiia  nel  secoîo  xiv  (L.  Van  der  Essen) 
147-8.  J.  Halkin^  L'enseignement  de  la  géographie  à  1" Université  de  Liège 

J.  Fevre  et  H.  Hauser,  Leçons  de  géographie  (A.  Dutron) 
149.  Ch,  Moeller^  Histoire  du  moyen  âge  (A.  C; 

Varia, 

iSd.  j,  Verest,  Vers  la  suppression  de  la  liberté  de  l'enseignement  (E.  Rcmy)  180 

i5i.  P.  fîoiir^tf/ et  3/.  S<i/omow,  Bonald  (A.  Grafé) 190 

iSa.  A,  Grégoire^  Moyens  faciles  de  former  à  la  diction  (Th.  Bondroit).        .  191 

î  53.  P.  Dowmer,  Livre  de  mes  fils  (A.  Dutron) 192 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

154-75.  Atti  du  Congrès  historique  de  Rome.  Publications  de  MiM.  P.  Nilsson, 
O.  Kern,  E.  Marchai,  S.  Remach,  P.  de  Nolhac,  v.  Domaszewski,  P.  G.  Ke- 
nyon,  A.  C.  Clark,  G.  Perrot,  P.  de  LabrioUe,  A.  Grenier,  A.  Blanchet, 
E.  Koscliwitz,  P.  Halflants,  J.  Boitel,  J.  Dierauer,  H.  Pirenne.  P.  J.  Maas, 
P.  Crouzet,  A.  Robida,  O.  Merten,  C.  Piat 193 


CHRONIQUE. 

176-7.  Voyage  scientifique.  Prix  de  l'Académie  royale  de  Belgique. 

PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 

A.  Janscn^  Les  cours  de  vacances  à  l'université  de  Louvain    . 
F,  Collard,  L'enseignement  moyen  à  l'étranger  (suite)    . 


.     198 


199 
202 


Onzième  année.  —  N«  6. 


i5  Juin  1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 

PUBLIÉS  SOUS  LA  DIRBCriON  DB 


F.  COLIJLRD 

PB3PBt&KUM  A  L'UNIVBBSITi  DB  LOUVAIN 


J.  P.  WALTZI29G 

PBOFBSSBUB  A  L'UNIVBRSITÉ  DE  UBOB 


PartlcBMt  tout  les  mois,  à  rtxMpUoa  des  mois  d*aofll  et  de  teptjmbrt 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

30,    BUB   DB  NAMUB,    30 

BERLIN 


PARIS 

A.  FONTEMOING 

4,rueLeGûff 


R.  FRIEDLAENDER  ET  FILS 
Carliirue«i  ii,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

• 

MM.     Bans:,  W.,  professeur  b  rUnivcrfité  de  Louvaîn. 
Bischoff,  H.,  professeur  k  TUniversité  de  Liège. 
Béthnne,  Baron  F.,  professeur  ï  l'Université  de  Louvain. 
CSauchie,  A.,  professeur  à  i'Universilé  de  Louvain. 
Collard,  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
De  Ceuleneer,  A.,  professeur  b  TUiiiversilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poassin,  L.,  professeur  ii  TUniversilé  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  TUnivcrsilé  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  ii  l'Uni versilé  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groatars.  J.,  professeur  ii  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  i  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  ii  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K.,  professeur  k  rUnivrrsitè  de  Liège. 
Liecoatere,  Gh.,  professeur  ià  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Martens,  Ch.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
Mœller,  Ch.,  professeur  ii  l'Université  de  Louvain. 
Ponllet,  Pr.,  professeur  ii  l'Université  de  Louvain. 
Remy,  B.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Uni  versilé  de  Gaod. 
Sencie,  J  ,  professeur  h  TUniversité  de  liOuvain. 
Van  Hoatte,  H.,  chargé  de  cours  à  ru.iivorsité  de  Cand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  ii  l'Univeriitô  de  Lo  ivain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  à  rUnivcrsiic  de  Gand. 
Waltzins^.  J.  P.,  professeur  à  rUuiversité  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  à  TUniversité  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Secrétàuie  :  J.  P.  WALTZING,  0,  rue  du  Parc,  à  Liège. 


On  est  rrié  d'à  Iresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  à  M.  J.  P.  Waltzin^,  professeur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare,  Liège, 

Les  articles  destinés  à  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  ii  M.  F.  CSoUard, 
pro/esseur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold^  22,  Louvain. 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d^abon- 
nemment  est  fixé  à  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  1<^  autres  pays,  on 
peut  s*abonner  à  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  Ch.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  à  Louvain. 

Les  dix  premières  années,  comprenant  chacune  3  vol.  de  320  à  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement,  les  abonnés  pourront  se  procureur  une 
ou  plusieurs  de  ces  dix  années  au  pris  de  T  fk*.  tlO  par 
année»  le  port  en  sus. 


Onzième  année.  —  N®  6.  i5  Juin  1907. 


Balletin  Bibliographique  et  Pédagogique 


DU 


MUSÉE   B'ELGE. 


MÉLANGES. 

L'ÉTUDE  DE  LÀ  PHILOLOGIE  CLASSIQUE  EN  ALLEMAGNE 
CONSEILS  AUX  ÉTUDIANTS  EN  PHILOLOGIE 

Traduit  de  l*allemand  de 
W.  KROLL,  professeur  ordinaire  à  l'Université  de  Munster  ('). 


L'étude  de  la  philologie  classique  passe  généralement  pour  difficile 
et  non  sans  raison.  On  l'appelle  aussi  «  la  science  de  l'antiquité  », 
et,  comme  ce  nom  l'indique,  le  philologue  doit  avoir  pour  but 
d'arriver  à  une  vivante  compréhension  de  l'antiquité.  Il  ne  peut  lui 
suffire  de  connaître  la  langue  et  la  littérature  des  anciens  ;  il  doit 
chercher  à  embrasser  leur  civilisation  tout  entière.  C'est  une  grande 
et  noble  tâche,  qui,  une  fois  accomplie,  procure  une  vive  satisfaction 
intérieure,  mais  qui  n'est  pas  sans  présenter  des  difficultés  considé- 
rables à  surmonter.  Aussi  beaucoup  trouveront  plus  facile  et  plus 
rémunérateur  d  acquérir  une  connaissance  approfondie  des  langues 
étrangères,  que  Ton  considère  généralement  comme  le  but  principal 
de  la  philologie  moderne.  Il  faut  ajouter  que  les  exigences  des 
examens,  dans  la  plupart  des  Universités,  ne  sont  pas  minces.  Et 
pourtant  il  manque  un  plan  d'études,  comme  il  en  existe  pour 
d'autres  branches,  et  les  cours  ^e  sont  la  plupart  du  temps  pas 
organisés  de  manière  à  fournir  les  connaissances  nécessaires  pour 
passer  les  examens  ;  ils  se  bornent  à  donner  des  directions  et  à  mettre 
les  auditeurs  au  courant  de  l'état  des  questions.  Pour  ces  raisons  et 

{'}  Das  Studium  der  klassischen  Philologie,  Ratschlàge  fur  angehende  Philo- 
loge»,  von  WiLHELM  Kroll,  ord.  Prof,  an  der  l'niversitflt  Munster.  Zweite 
vermehrte  Auflage.  Greifswald,  Julius  Abel,  1906.  24  pp.  o  m.  5o.  —  Nous 
remercions  M.  le  Professeur  W.  Kroll  tt  son  éditeur  de  nous  avoir  permis  de 
publier  cette  traduction,  tlle  intéressera  certainement  les  lecteurs  du  Bulletin,  car 
ce  petit  ouvrage  montre  sur  le  vif  les  différences  qui  existent  entre  notre  enseigne- 
ment supérieur  et  celui  de  l'Allemagne.  Même  pour  nos  étudiants  il  est  d'ailleurs 
rempli  d'excellents  conseils. 


2IO  LE   MUSÉE   BELGE. 


pour  d'autres  encore,  il  m'a  semblé  désirable  de  réunir  quelques 
conseils  pratiques  pour  Tétude  de  la  philologie  classique,  surtout 
qu'il  n'existe,  à  ma  connaissance,  aucun  bon  livre  de  ce  genre  (i). 

L'étudiant  qui  a  terminé  ses  Humanités  (Ahiturient)  et  qui  se  sent 
du  goût  pour  la  philologie  classique,  doit  s'interroger  sérieusement 
avant  de  prendre  une  résolution  définitive.  Qu'il  songe  bien  que,  si 
l'antiquité  constitue  encore  un  facteur  important  de  notre  civilisation, 
il  n'en  est  plus  le  facteur  le  plus  important  et  qu'elle  n'a  que  des 
rapports  très  éloignés  avec  les  questions  qui  agitent  aujourd'hui  les 
esprits  de  la  foule.  Celui-là  seul  qui  a  du  goût  et  de  l'enthousiasme 
pour  cette  étude,  y  trouvera  un  dédommagement  pour  les  avantages, 
réels  ou  imaginaires,  qu'elle  ne  lui  procurera  pas.  Avant  tout,  on  ne 
devrait  jamais  se  vouer  à  ces  études  sans  une  véritable  vocation  et  pour 
la  seule  raison  qu'elles  offrent  au  moment  même  des  chances  d'avenir  ; 
les  étudiants  de  cette  espèce  atteignent  toujours  plus  facilement  leur 
but  en  s'adonnant  à  d'autres  branches.  Ensuite  chacim  doit  se  poser 
cette  question  :  si,  outre  son  enthousiasme  pour  l'antiquité,  il  est 
capable  d'une  application  et  d'une  persévérance  assez  grandes  pour 
étudier  toutes  sortes  de 'choses  qui  n'ont  peut-être  pas  beaucoup 
d'attraits  en  elles-mêmes,  mais  qui  seules  peuvent  donner  une  base 
solide.  Tels  sont,  par  exemple,  les  travaux  de  grammaire  et  de 
critique,  sans  lesquels  on  ne  peut  étudier  les  langues  anciennes, 
bien  qu'ils  aient  cessé  de  constituer  l'alpha  et  l'oméga  de  cette  étude. 

La  première  question  qui  se  pose  ensuite  c'est  le  choix  d^uiu  Univer- 
sité, Dans  ces  dernières  dizaines  d'années,  il  s'est  établi  une  habitude 
qu'on  ne  saurait  assez  louer,  c'est  que,  dans  le  cours  de  leurs  études, 
les  étudiants  changent  au  moins  une  fois  d'Université.  Chacun 
devrait  se  dire  d'avance  qu'il  visitera  deux  ou  trois  Universités  et 
faire  déjà  son  choix.  Et,  chose  qui  arrive  souvent,  il  ne  faudrait  pas 
se  laisser  guider  par  la  considération  que  des  condisciples  de  X  ou 
d'Y  vont  aussi  à  Berlin  ou  à  Munich.  Sortir  du  cercle  familier 
auquel  on  est  habitué,  sera  au  premier  moment  peu  agréable,  mais 
est  une  condition  indispensable  d^une  formation  intellectuelle  com- 
plète. Qu'on  ne  sHmagine  pas  qu'on  pourra  réparer  plus  tard  cette 
lacune  ;  peu  de  gens  conservent  assez  de  souplesse  d'esprit  pour  qu'à 
l'âge  mûr  ils  puissent  changer  en  changeant  d'entourage.  Il  est 
superflu  de  donner  des  conseils  plus  précis,  mais  quelques  indications 

(i)  On  ne  peut  que  mettre  en  garde  contre  le  Triennium philologicum  de  Freund 
et  contre  son  ouvrage  :  Wie  studiert  man  klassische  Philologie  ?  —  Je  prie  d'aiU 
leurs  qu*on  n'accepte  pas  mes  conseils  sans  discernement  et  qu'on  réfléct&isse  qu*il 
peut  se  présenter  tel  cas  où  ils  seraient  sans  valeur.  Je  tiens  à  dire  aussi  qu'outre 
ies  livres  que  j'indique  il  en  existe  d'autres  qui  sont  recommandables. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  211 


générales  ne  seront  pas  inutiles.  Elles  n*ont  de  valeur  que  pour  ceux 
qui  veulent  réellement  étudier.  Celui  qui  a  l'intention  de  s*amuser 
pendant  un  ou  plusieurs  semestres,  trouvera  facilement  de  lui  même 
une  ville  qui  s  y  prête.  Cest  une  chose  qu'il  faut  déconseiller  au 
philologue  plus  qu'à  tout  autre,  car  il  doit  mettre  son  temps  à  profit 
dès  le  commencement.  Le  temps  et  l'occasion  de  se  récréer  ne 
manqueront  d'ailleurs  pas  même  à  celui  qui  suit  sérieusement  un 
certain  nombre  de  cours,  surtout  pendant  les  premiers  semestres. 
Pour  le  début,  une  petite  Université  est  à  recommander  sans  aucun 
doute  :  là,  le  jeune  étudiant  aura  l'occasion  de  prendre  conseil  sur 
ses  études  auprès  de  ses  professeurs.  Celui  qui  se  rend  tout  de  suite 
à  une  grande  Université  s'expose  à  suivre  au  hasard  des  cours,  qu'il 
n'entendra  peut-être  que  par  intérêt  ou  par  sentiment  du j  devoir, 
mais  qui  ne  lui  donneront  pas  une  idée  exacte  de  la  nature  de  la 
philologie  classique,  faute  dun  guide  quelconque  qui  lui  montre 
le  bon  chemin.  Il  peut  d  ailleurs  arriver  qu'il  s'en  trouve  personnelle- 
ment très  bien  et  qu'il  s'imagine  avoir  acquis  beaucoup  de  connais- 
sances; mais  quand  il  s'agira  ensuite  d'entrer  au  séminaire,  il 
reconnaîtra  qu'il  doit  recommencer  au  commencement.  Pourj  le 
choix  de  la  première  Université,  on  peut  demander  conseil  aux 
icunes  professeurs  de  gymnase,  et  non  aux  anciens,  qui  ne  sont  que 
trop  exposés  à  envisager  la  situation  d'il  y  a  trente  ou  quarante  ans 
à  X  ou  à  Y.  On  peut  aussi  s'adresser  à  des  élèves  en  Iphilologie  déjà 
avancés  dans  leurs  études,  mais  à  ceux  de  qui  l'on  peut  attendre  une 
appréciation  sur  autre  chose  que  sur  les  brasseries.  Il  est  utile,  cela 
s'entend,  d'examiner  les  programmes  des  cours.  Ontles  trouvera  dans 
les  Hochschuînachtichten  (Munich,  Âkademischer  Verlag)  sous  la  forme 
la  plus  commode  et  au  meilleur  compte  ;  on  peut  aussi  les  obtenir  au 
secrétariat  des  différentes  Universités.  Mais  il  ne  faut  pasj^se  décider 
uniquement  d'après  l'intitulé  des  cours.  Ce  n'est  pas  seulement  le 
sujet  qui  fait  le  cours,  c'est  aussi  et  plus  encore  le  professeur.  Un 
cours  de  grammaire,  qu'on  tient  pour  aride,  peut;être  très  intéressant, 
tandis  qu'un  cours  d'histoire  de  l'art  peut  distiller  un  mortel  ennui. 
Si  l'on  a  des  doutes  sur  quelque  point  que  ce  soit,  qu'on  s'adresse 
sans  késitaiian  à  celui-là  même  qui  fait  le  cours  :  c'est  un  conseil  qu'on 
ne  saurait  trop  répéter.  On  ne  doit  pas  regarder  leprofesseur 
comme  im  être  d'une  espèce  supérieure,  indifférent  à  tous  les  intérêts 
purement  humains;  il  faut,  au  contraire,  présupposer  chez  lui  un  vif 
intérêt  pour  le  bien  de  ses  auditeurs  et  dès  V arrivée  dans  la  ville  uni- 
versitaire, on  fera  bien  de  se  rendre  chez  lui,  à  l'heure  fixée  pour  les 
réceptions,  ne  fût-ce  que  pour  se  présenter. 

Quand  on  est  familiarisé  suffisamment  avec  sa  branche,  ce  qui 
n'est  possible  qu'après  deux  semestres,  on  peut  utilement  se  rendre 


212  LE    MUSÉE   BELGE. 

dans   une  grande   Université,    où    Ton    ne    peut    guère    compter 
sur  des  relations  suivies  avec  les  professeurs.  Pour  la  choisir,  il  faut 
tenir  compte  de  ceci  :  celui  qui  habite  une  petite  ville  ne  doit  pas 
négliger  de  passer  un  semestre  à  Berlin;  l'Allemand  du  Nord  doit 
apprendre  à  connaître  la  vie  de  l'Allemagne  du  Sud  et  de  TOuest,  et 
vice  versa.  Là  aussi  il  faut  chercher  à  ne  pas  rester  isolé,  et  fréquenter 
au   moins  quelques  condisciples  en  philologie,  ceux-là  surtout,  si 
possible,   qui   ont   visité   d'autres    Universités   et   en    ont   rapporté 
d  autres  directions.  Après  quelques  semestres,  il  faut  se  demander 
s'il  est  utile  de  continuer  ses  éludes  à  cette  université,  d'y  passer  son 
examen  (ou  ses  examens)  ou  de  changer  encore  une  fois.  Cela  dépend 
de  la  question  de  savoir  si  l'on  a  l'espoir  de  devenir  membre  effectif 
du  séminaire  et  si  le  séminaire  est  organisé  de  telle  façon   qu'on 
puisse  y  faire  de  réels  progrès.  L'affluence  au  séminaire  est- elle  telle- 
ment grande  qu'on  ne  peut  y  prendre  une  participation  personnelle 
et  active,  on  fera  mieux  de  retourner  à  une  Université  moins  impor- 
tante. Il  faut  le  faire  au  plus  tard  au  sixième  semestre,  car  on  doit 
rester  membre  d'un  séminaire  pendant  deux  à  trois  semestres.  Je  prie 
qu'on  ne  me  comprenne  pss  de  travers  ;  je  ne  veux  pas  dire  que  ce 
plan  d'études  soit  le  seul  bon,  mais  pour  des  jeunes  gens  de  force 
moyenne  il  est  à  peu  près  le  plan  normal  et  chacun  agira  bien  en  ne 
se  faisant  pas  une  trop  haute  idée  de  ses  capacités.  Le  primus  omnium 
qui.  avant  de  commencer  ses  études,  se  croit  sûr  d'arriver  au  profes- 
sorat ordinaire,  n'est  souvent  devenu  qu'un  étudiant  médiocre  (n. 

Autre  question  délicate  :  faut-il  entrer  dans  une  société  estudùintine  ? 
Il  n'arrive  que  trop  souvent  que  le  a  bleu  »  (Fucks)  se  fasse  recevoir 
dans  une  corporation  parce  que  des  condisciples  y  jouent  un  rôle 
actif  ou  qu'arrivant  dans  la  petite  ville,  il  est  d'avance  retenu  par  une 
association  et  y  entre  bon  gré  mal  gré,  avant  d'avoir  vu  d'autres  cor- 
porations et  d'avoir  pu  se  faire  une  idée  de  la  vie  universitaire.  Ce 
sont  deux  erreurs  profondes  que  plus  d'un  a  déjà  amèrement  regret- 
tées. Les  conseils  que  Polonius  donne  à  Laerte  avant  son  départ, 
sont  toujours  dignes  d'être  médités  Dans  la  plupart  des  Universités, 
il  y  a  des  cercles  de  philologie  où  l'entrée  ne  sera  pas  nuisible  à  celui 
qui  veut  étudier  sérieusement.  Mais  ici  même  il  ne  faut  rien  préci- 
piter :  qu'on  ne  juge  pas  d'après  les  Statuts  mais  d  après  l'impression 
que  font  les  membres.  Celui  qui  tombe  dans  une  association  unique- 
ment occupée  à  s'amuser,  par  exemple  dans  une  petite  association 
portant  couleurs,  de  deux  ou  trois  membres,  doit  compter  sur  une 

'0  Celui  qui  a  en  vue  l'enseignement  universitaire  fera  bien  de  suivre  le  même" 
plan  d'études  que  les  autres,  et  dans  tous  les  cas  de  passer  l'examen  d'Etat. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE,  21 3 


perte  de  plusieurs  semestres  et  manquera  souvent  la  correspondance 
tout-à  fait.  Dans  aucun  cas,  on  ne  doit  entrer  dans  une  association 
où  Ton  est  seul  de  sa  branche,  car  l'isolement  est  presque  toujours 
désastreux  pour  un  philologue  classique. 

Le  plus  souvent,  les  études  auront  pour  but  Yexamen  de  professeur 
de  renseignement  moyen  (OberUhrer),  mais  il  n'est  pas  bon  que  ce 
but  soit  fixé  dès  le  commencement.  Les  étudiants  qui,  dès  le  début 
de  leurs  études,  se  procurent  le  programme  des  examens  et  Vont 
principalement  en  vue  dans  tout  le  cours  de  leurs  études,  c'est  à-dire 
qxii  n  entendent  et  ne  font  que  ce  qui  est  exigé  par  ce  programme, 
ne  font  que  trop  facilement  naufrage,  parce  qu'ils^  ferment  de  gaieté 
de  cœur  leur  esprit  aux  directions  précieuses  et  n'ont  à  exhiber  à  la 
fin  qu'un  amas  de  connaissances  stériles  sans  aucun  lien  intellec- 
tuel. Pour  éprouver  une  véritable  satisfaction  pendant  et  après  ses 
études,  il  faut  cultiver  la  science  pour  elle-même  et  acquérir  une  connais- 
sance précise  de  Tantiquité —  sur  laquelle  le  programme  des  examens, 
à  la  vérité,  est  muet.  L'étudiant  ne  saura  qu'une  seule  chose  :  c'est 
que  le  grec  et  le  latin  sont  ses  branches  principales  ;  plus  tard,  il 
fera  définitivement  choix  des  branches  accessoires  qui  figurent  au 
certificat  à'Oberlehrer.  Il  ne  sera  pas  mauvais  pour  lui  si,  dans  les 
premiers  semestres,  il  entend  des  leçons  intéressantes  sur  Tun  ou 
Tautre  sujet  (i)  et  s'il  se  décide  ensuite  seulement  pour  les  branches 
de  l'examen.  En  tous  cas,  c'est  aux  branches  principales  qu'il  doit 
tout  d'abord  s'appliquer.  Or  la  situation  est  telle  que  le  grec  et  le 
latin  ne  forment,  en  un  certain  sens,  qu'une  seule  branche  et  ont  un 
séminaire  commun  ;  pour  comprendre  le  rôle  de  la  civilisation 
antique  dans  l'histoire  universelle,  il  faut  cultiver  également  l'un  et 
l'autre.  Il  est  donc  à  recommander,  même  pour  des  raisons  pratiques, 
de  travailler  également  ces  deux  branches.  Au  moins  faut- il,  si  l'on 
veut  obtenir  le  diplôme  de  professeur  de  latin  dans  les  classes  supé- 
rieures, tâcher  d'obtenir  celui  de  professeur  de  grec  dans  les  classes 
inférieures,  ou  vice  vefsa,  bien  que  le  programme  des  examens  ne 
le  prescrive  pas.  (Au  contraire,  on  pourra  tâcher  d'obtenir  en  même 
temps  le  diplôme  pour  le  grec  et  le  latin  dans  les  classes  inférieures, 
parce  qu'il  n'exige  pas  une  connaissance  scientifique  approfondie.) 

Les  cours  varient  le  plus  souvent  d'une  année  à  l'autre;  en  effet,  les 
sujets  sur  lesquels  peuvent  se  faire  les  leçons  sont  très  nombreux  et 
les  anciens  professeurs  eux-mêmes  choisissent  souvent  des  matières 

(i)  A  Berlin  surtout,  il  existe  des  cours  publics  d'une  heure  par  semaine  sur  des 
questions  d*un  intérêt  général,  et  ces  cours  ne  manquent  nulle  part.  Ce  serait  une 
faute  cependant  de  s'inscrire  pour  toutes  les  leçons  de  ce  genre,  car  l'expérience 
prouve  que  Tintérêt  dure  rarement  jusqu'à  la  tîn. 


k 


214  LE    MUSÉE   BELGE. 


nouvelles.  Ordinairement  les  professeurs  s'entendent  pour  que  les 
cours  faits  pendant  le  même  semestre  sur  la  science  de  l'antiquité  se 
complètent  les  uns  les  autres  et  constituent  un  bon  choix  des  diffé- 
rentes branches.  Il  y  a  le  plus  souvent  trois  représentants  de  la  phi- 
lologie classique,  un  archéologue  et  un  historien  :  Téliidiant  se  trouve 
donc  en  présence  de  toute  une  série  de  cours  spéciaux  entre  lesquels 
il  doit  choisir.  Qu  on  ne  se  fasse  inscrire  en  aucun  cas  sans  prendre 
conseil;  quon  s'adresse  à  un  jeune  professeur  de  renseignement 
moyen,  qui  a  assisté  aux  cours  de  la  même  Université,  ou  à  un  con- 
disciple plus  ancien.  Il  ne  faut  d'ailleurs  pas  suivre  leurs  conseils 
aveuglément,  mais  assister  au  cours  pendant  une  semaine  au  moins  : 
c'est  un  droit  que  le  règlement  accorde.  Celui  qui  se  sentira  incapable 
de  suivre  ou  qui  ne  trouvera  aucun  intérêt  à  ce  qu'il  entendra,  fera 
mieux  de  ne  pas  s'inscrire.  Un  conseil  important  pour  les  débutants 
c'est  que,  dès  le  premier  semestre,  ils  doivent  prendre  part  aux  exer- 
aces  ou  cours  pratiques.  Il  y  a  deux  espèces  à  considérer  :  les  exercices 
de  style  et  le  proséminaire.  Depuis  nombre  d'années,  les  exercices  de 
style  ont  été  introduits  partout,  parce  que  le  gymnase  ne  procure 
plus  la  même  facilité  à  écrire  les  langues  anciennes  qu'auparavant. 
Le  débutant  ne  peut  en  aucun  cas  négliger  d'y  prendre  part  et  ne 
pourra  s'en  dispenser  que  quand  il  se  sentira  sûr  dans  l'usage  du 
grec  et  du  latin,  car  cette  assurance  est  une  condition  nécessaire  du 
succès  des   études.    Plus    d'un    ne    s*en    aperçoit    qu'au   moment 
où  il  entreprend  un  travail  de  séminaire   ou   une  dissertation  et 
qu'il  ne  réussit  pas  à  mettre  en  un  latin  intelligible  les  idées  les 
plus  simples  -    ou  quand  on  lui  impose,  à  l'examen  d'État,  comme 
travail  final,  un  thème  grec  ou  latin  et  qu'il  n'est  plus  même  en  état 
de  satisfaire  aux  exigences  de  l'examen  de  sortie  (Ahiturientenexamen). 
Ces  exercices  se  font  souvent  au  proséminaire,  ou  bien  il  faut  y  avoir 
participé  avec  succès  pour  être  admis  au  proséminaire,  où  l'on  n'entre 
alors  qu'au  deuxième  ou  troisième  semestre.  Quoi  qu'il  en  soit,  il 
faut  en  tous  cas  entrer  le  plus  tôt  possible  au  proséminaire  et  tâcher 
de  bien  profiter  des  exercices  qu'on  y  fait.  Car  c'est  là  qu'on  s'initie 
le  plus  vite  et  le  plus  facilement  à  la  science  ;  c'est  là  qu'on  acquiert 
un  tour  de  main  qui  viendra  à  point  plus  tard  ;  c'est  là  qu'on  se  met 
au  courant  des  questions  qui  sont  agitées  dans  les  sciences  philolo- 
giques ;  c'est  là  —  last  nol  least  —  que  l'on  apprend  à  connaître  les 
manuels  et  tous  les  instruments  de  travail  qu'il  faut  savoir  employer 
avec  assurance.  Là  enfin  on  entre  en  relation  avec  les  professeurs  qui 
trouvent  l'occasion  de  distinguer  les  aptitudes  de  leurs  élèves  pour 
les  diriger  dans  leurs  études.  Le  plus  souvent  c'est  de  la  participation 
à  ces  exercices  que  dépend  l'autorisation  de  fréquenter  la  biblio- 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  21 5 


thèque  du  séminaire.  Les  étudiants,  qui  ne  disposent  généralement 
pas  d'une  riche  bibliothèque  particulière,  doivent  s'habituer  à  tra- 
vailler dans  ce  local,  et  parfois,  on  passera  utilement  les  heures  où 
Ton  ne  se  sent  pas  disposé  à  un  travail  sérieux,  à  parcourir  les  rayons 
de  la  bibliothèque  du  séminaire. 

Il  serait  beaucoup  plus  difficile  de  donner  des  conseils  précis  sur 
le  choix  des  cours  à  suivre.  Qu'on  se  garde  avant  tout  de  trop  entre- 
prendre ;  pendant  les  premiers  semestres  il  ne  faut  pas  assister  à  plus 
de  24  leçons  par  semaine;  plus  tard,  quand  on  est  occupé  par  les 
travaux  du  séminaire,  il  faut  encore  diminuer  le  nombre  des  leçons. 
On  rencontre  des  étudiants  capables  de  suivre  jusque  trente  leçons 
par  semaine,  mais  ils  ne  peuvent  s'assimiler  qu'une  faible  partie  de 
ce  qu'ils  entendent.  En  effet,  il  faut  se  garder  de  croire  qu'il  suffit 
d'assister,  fût-ce  régulièrement,  à  un  cours  ;  il  faut,  si  possible,  s'y 
préparer  et  en  tous  cas  le  repasser  après.  Veut-on  suivre  Tinterpréta- 
tion  d'un  auteur,  il  faudrait,  pendant  les  vacances  qui  précèdent  le 
semestre,  lire  l'ouvrage  qui  sera  interprété;  ou  bien,  avant  chaque 
leçon,  il  faudrait  étudier  le  passage  qui  va  être  expliqué,  pour  pou- 
voir suivre  sans  peine.  Plus  tard,  pendant  les  vacances,  on  pourra 
lire  des  livres  qui  se  rapportent  aux  leçons  qu'on  aura  entendues  ; 
ainsi,  par  exemple,  si  Ion  a  entendu  expliquer  une  pièce  d'Aristo- 
phane ou  de  Térence,  on  pourra  lire  quelques  autres  pièces  de  ces 
auteurs.  Si  le  titre  de  certains  cours  indique  qu'ils  sont  destinés  aux 
débutants  (par  exemple  «  Introduction  à  la  philologie  classique  t), 
on  les  suivra  naturellement.  D'autres,  au  contraire,  paraîtront  trop 
difficiles  ;  ainsi,  par  exemple,  Pindare,  Eschyle,  Plante  ne  convien- 
dront pas  poiu"  le  premier  semestre.  Cependant  d'habiles  professeurs 
réussissent  à  rendre  ces  matières  accessibles  aux  commençants. 
Même  s'il  s'agit  de  leçons  grammaticales,  on  fera  d'abord  un  essai 
pour  voir  si  Ton  est  en  état  de  suivre.  Pour  ce  qui  est  des  cours 
théoriques,  tels  que  l'histoire  littéraire,  les  antiquités,  la  mythologie, 
ils  seront  le  plus  souvent  compris  des  débutants,  surtout  si  ceux-ci 
prennent  la  peine  de  comparer  avec  un  bon  manuel.  C'est  une 
opinion  assez  répandue  que  de  pareils  cours  sont  superflus,  parce 
qu'il  y  a,  dit-on,  des  manuels  excellents.  Cela  peut  être  vrai  dans 
certains  cas,  mais  le  plus  souvent  le  professeur  aura  soin  de  donner 
dans  son  cours  précisément  ce  qui  manque  dans  les  manuels,  ou  de 
présenter  les  choses  sous  un  jour  nouveau,  de  les  envisager  d'une 
manière  différente,  ou  de  les  rendre  plus  vivantes  ou  plus  intelligibles. 
Mais  il  n'existe  pas  de  bons  manuels  pour  toutes  les  branches  impor- 
tantes. Il  n'y  en  a  pas,  par  exemple,  pour  la  métrique,  où  les  vues 
sont  en  train  de  se  modifier  complètement.  L'histoire  de  la  littérature 


2l6  LE   MUSÉE    BELGE. 


grecque  de  Christ  ne  rend  pas  superflu  un  bon  cours  sur  cette 
matière  II  sera  difficile  à  la  plupart  des  étudiants  de  s'initier  aux 
questions  de  mythologie  et  d'histoire  religieuse  dans  les  ouvrages 
même  excellents  (tels  que  ceux  de  Robert,  Gruppe  et  Wissowa). 
Une  autre  opinion  également  fausse,  c'est  que  les  cours  sur  les 
auteurs  classiques  sont  les  seuls  qui  aient  une  valeur  réelle.  Il  ne 
faut  pas  considérer  ce  qui  pourra  plus  tard  être  d  une  utilité  directe 
et  pratique,  mais  les  bonnes  directions  que  Ton  reçoit  (i). 

(A  continuer.) 

PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

178.  —  Maurice  Croisât,  Aristophane  et  les  partis  à  Athènes,  Paris, 

Fontemoing,  1906.  3  fr.  5o. 

M.  Maurice  Croiset  a  écrit  sur  Aristophane  un  livre  charmant.  Le 
sujet  n'est  pas  nouveau  et  M.  Croiset  rappelle  lui-même  l'ouvrage 
où  M.  Couat  avait  essayé  de  le  traiter  à  fond,  mais  dont  les  solutions 
ne  paraissent  pas  tout- à-fait  satisfaisantes. 

M.  Couat  se  représentait  Aristophane  comme  un  homme  poli- 
tique, inféodé  à  un  parti  et  se  servant  de  la  comédie  pour  faire  de  la 
polémique,  comme  en  ferait  un  journaliste  et  un  journaliste  d'un 
tempérament  bouillant,  animé  de  passions  violentes  et  même 
haineuses. 

Qu'il  y  ait  eu  des  hommes  de  cette  trempe  dans  une  démocratie, 
comme  la  démocratie  athénienne,  rien  d'étonnant;  qu'on  les  ait 
laissés  parler,  qu'ils  aient  même  été  applaudis,  encouragés,  que 
beaucoup  d'autres  auteurs  comiques  aient  repris  les  mêmes  thèmes, 
toujours  avec  le  même  succès,  cela  est  plus  remarquable;  et 
M.  Croiset  l'a  parfaitement  vu,  ce  n'est  pas  seulement  Aristophane 
qui  est  un  problème,  c^est  encore  son  public.  Considérons  donc 
d'abord  ce  public.  A  Vekklesia,  aux  grands  jours  où  Cléon  sévit  à  la 
tribune,  ce  sont  les  hommes  de  métier,  les  ouvriers  du  Pirée,  les 
petits  marchands,  dont,  d'après  Socrate  qui  veut  encourager  le  craintif 
Charmide,  le  jugement  n'est  pas  à  craindre.  Aux  grands  jours  des 
Dionysies,  les  grosses  réserves  de  la  démocratie  athénienne  ont 
donné.  Les  ruraux  sont  arrivés  en  foule.  La  politique  ne  les  intéresse 
guère  ;  ils  la  laissent  d'ordinaire  aux  citadins  ;  eux  n'interviennent 
que  dans  les  grandes  occasions.  Les  ruraux  constituent  la  majorité 

([)  D  ailleurs  on  fklt  dt:^  cours  sur  tous  les  auteurs  classiques  qui  s'y  prêtent.  Les 
éludjanis  doivent  se  ^iiftit;r  de  croire  qu'ils  connaissent  tellement  bien  leur  Horace, 
leur  Sophock  ou  leur  Demosthène,  qu*un  cours  sur  ces  auteurs  ne  puisse  leur  ouvrir 
des  horjïonâ  nouveaux. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  2\J 


de  la  population  de  TAttique,  car,  comme  le  dit  Thucydide,  «  le  plus 
grand  nombre  des  Athéniens  avaient  une  habitude  ininterrompue  de 
vivre  à  la  campagne  ». 

Cherchons  à  nous  représenter  le  tempérament  de  ces  paysans 
athéniens.  Au  fond,  ils  sont  démocrates,  mais  ils  le  sont  avec  calme 
et  avec  sagesse.  Ils  veulent  l'égalité  de  tous,  mais  ils  ne  l'entendent 
pas  à  la  façon  des  démagogues.  Ceux-ci  font  systématiquement  la 
guerre  à  toutes  les  supériorités  :  les  paysans  ont  gardé  le  respect  des 
grandes  familles  qui  vivent  au  milieu  d'eux. 

Les  campagnards  ont  en  outre  des  habitudes  et  des  tendances 
conservatrices  :  en  ville,  on  est  porté  vers  toutes  les  nouveautés  ;  ce 
qui  était  hier  ne  vaut  rien.  Le  campagnard  croit  que  le  passé,  qui 
a  pour  lui  le  fait  même  de  son  existence,  mérite  d'être  respecté  et 
ménagé.  Le  citadin  a  un  faible  pour  ce  qui  n'a  pas  encore  été  tenté  : 
le  campagnard  ne  se  prête  qu'à  contre-cœur  à  des  expériences.  Il  a 
des  traditions  :  il  cultive  son  champ  d'après  les  méthodes  de  ses 
ancêtres  :  il  comprend  difficilement  qu'en  politique  on  ne  s'y  prenne 
pas  de  la  même  façon. 

N'oublions  pas  entre  le  campagnard  et  le  citadin  une  certaine 
opposition  d'intérêt.  Le  second  fait  de  la  politique  son  affaire,  il  en 
vit,  il  s'en  amuse.  Le  premier,  pendant  ce  temps-là,  travaille. 

Enfin,  aux  Dionysies,  si  le  paysan  est  venîi  en  ville,  c'est  pour  son 
plaisir,  a  La  comédie  athénienne  a  été  essentiellement  rurale  par  ses 
origines  ».  Elle  a  d'abord  été  une  mascarade  rustique  qui  cherchait 
à  faire  rire  un  public  tout  disposé  à  s'égayer.  Elle  a  toujours  gardé 
de  ses  origines  la  parodie  audacieuse,  la  satire  hardie,  la  plaisanterie 
très  libre. 

Voilà  sommairement  décrit  le  public.  Aristophane,  lui-même, 
d'après  ce  que  rappelle  M.  Croiset,  en  est  par  ses  origines  et  par  ses 
tendances  :  c'est  essentiellement  un  rural,  épris  de  la  campagne,  en 
comprenant  toute  la  beauté,  s  assimilant  l'esprit,  les  façons  de  penser 
de  ses  habitants. 

Il  est  surtout,  pourrait-on  ajouter,  un  auteur  dramatique,  c'est- 
à-dire  que  ses  théories  ou  ses  préférences  personnelles  sont  subor- 
données dans  une  large  mesure  au  succès  de  ses  pièces.  Somme 
toute,  il  fait  un  métier,  très  beau  et  très  noble,  mais  dont  le  but  est 
d'arriver  à  plaire.  Ce  n'est  point  un  philosophe  que  la  contradiction 
soutient  et  excite,  ni  un  orateur,  ui  un  avocat  qui  défend  une  cause  : 
c'est  un  poète  qui  veut  se  faire  applaudir,  qui  doit  être  applaudi, 
dnon  il  a  perdu  son  temps.  C'est  un  amuseur,  pas  à  la  façon  de 
Scribe  qui  ne  voulait  être  que  cela  ;  mettons  à  la  façon  d'Alexandre 
Dumas  fils,  avec  des  préoccupations  sérieuses,  la  très  haute  prétention 


2l8  LE   MUSÉE   BELGE. 


de  moraliser,  mais  aussi  avec  la  crainte  très  légitime  d  ennuyer  et  le 
<iésir  non  moins  légitime  d'amuser.  En  d  autres  termes,  quand  on 
est  un  auteur  dramatique,  il  faut  plaire.  Or,  il  y  a  deux  façons  de 
plaire  :  la  première  est  d*être  de  lavis  des  gens  à  qui  on  parle,  et  la 
seconde  est  d'être  de  l'avis  contraire,  à  une  condition  essentielle, 
c'est  que  les  gens  que  Ton  contredit  soient  de  bonne  humeur  ;  s'ils 
sont  dans  ces  dispositions,  et  que  l'on  ait  soi-même  beaucoup  desprit, 
ou  leur  fera  passer  leur  propre  caricature;  ils  s'applaudiront  eux- 
mêmes  sur  la  scène,  sous  les  travestissements  et  la  charge. 

Si  on  applique  tout  cela  à  Aristophane,  on  en  conclura,  ce  me 
semble,  que  ses  opinions,  ses  théories,  telles  que  les  expriment  ses 
<:omédies,  sont  faites  de  pièces  et  morceaux  :  une  partie  vient  de  lui, 
une  autre  de  son  public  là  où  il  est  d'acco:d  avec  lui,  une  autre  du 
public  encore,  mais  par  réaction. 

Je  reviens  au  livre  de  M.  Croiset  :  il  analyse  successivement  toutes 
les  pièces  d'Aristophane  et  y  relève  toutes  les  attaques  et  toutes  les 
allusions  politiques  qu'elles  renferment.  Je  ne  puis  pas  le  suivre 
dans  cette  analyse  extraordinairement  intéressante  par  sa  finesse  et 
convaincante  par  sa  justesse.  J'en  retiens  là  conclusion.  M.  Croiset 
a,  dans  son  introduction,  décrit  la  situation  politique  d'Athènes  : 
à  gauche,  les  démagogues,  Cléon,  plus  tard,  Cléophon,  soutenus 
par  les  électeurs  urbains  ;  à  droite,  les  oligarques,  divisés  en  droite 
modérée  que  représentent  Théramène  et  les  auteurs  de  la  constitution 
des  400,  et  extrême  droite  dont  l'auteur  du  pamphlet  qui  figure 
parmi  les  œuvres  de  Xénophon  représente  bien  les  tendances.  Entre 
deux,  formant  un  centre,  la  grosse  masse  des  électeurs  ruraux, 
mais  un  centre  qui  incline  vers  la  gauche,  car  il  se  méfie  de  la  droite, 
et  un  centre  gauche  qui  critique,  qui  proteste,  mais  qui  finit  toujours 
par  laisser  faire.  M.  Croiset  montre  qu'Aristophane  ou  plutôt  ses 
comédies,  car  ce  n'est  pas  la  même  chose,  appartiennent  à  ce  centre 
gauche,  ou  plutôt  encore,  n'appartiennent  pas  du  tout  à  la  droite. 

Henri  Francotte. 

179.  —  H.  Lechat,  Phidias  et  la  sculpture  grecque  au  V^  siècle,  Paris, 
Librairie  de  l'art  ancien  et  moderne,  s.  d.  3  fr.  5o. 
Quelques  mérites  que  puisse  avoir  l'archéologie  allemande,  il  est 
des  qualités  par  lesquelles,  sans  conteste,  je  crois,  les  archéologues 
français  les  dépassent,  c'est  la  clarté  de  la  pensée,  la  finesse  et  la 
sûreté  du  goût.  Ce  sont  ces  mêmes  qualités  qui,  jointes  à  une  érudi- 
tion complète,  distinguent  les  livres  de  M.  Lechat.  Celui  que  nous 
annonçons  n'est  pas  le  premier.  Je  connais  de  lui  un  travail  de  haute 
science,  Au  Musée  de  r Acropole  (igoS),  dont  on  peut  contester  certaines 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2I9 


théories,  peut-être  trop  absolues,  mais  qui  témoigne  en  tout  cas  d'un 
archéologue  de  tout  premier  ordre  —  et  un  autre  petit  volume  de 
vulgarisation  :  Le  temple  grec  (Paris,  Leroux,  1902),  que  je  ne  saurais 
assez  recommander  à  ceux  qui,  sans  faire  de  longues  études,  veulent 
connaître  et  comprendre  le  temple  grec  (Voy.  ce  Bull,^  1902,  p.  387). 

Le  livre  que  nous  annonçons  aujourd'hui  est  aussi  un  livre  de 
vulgarisation.  J'hésite  à  employer  ce  mot  qui  peut  paraître  un  peu 
défavorable.  Car  le  livre  de  M.  Lechat  est  rempli  de  science  et  de 
documentation.  Les  discussions  en  ont  été  écartées,  mais  les  résultats 
en  sont  donnés  avec  une  précision,  une  mesure,  qu'un  savant  comme 
lui,  familiarisé  depuis  longtemps  avec  la  matière,  peut  seul  apporter. 

Le  centre  du  livre  et  son  objet  est  Phidias.  Mais  M.  Lechat  ne  le 
laisse  pas  isolé.  Comme  tous  les  génies,  Phidias  a  été  préparé.  Il  est 
Taboutissement  et  le  résumé  du  labeur  des  générations  précédentes 
et,  quand  il  disparaît,  son  œuvre  continue  à  inspirer  les  artistes  qui 
lui  succèdent.  S'inspirant  de  cette  idée,  M.  Lechat  fait  à  grands 
traits  rhistoire  artistique  des  siècles  qui  ont  précédé  Phidias.  Natu- 
rellement, dans  cette  histoire,  il  ne  perd  pas  de  vue  le  grand  homme 
dont  il  veut  faire  comprendre  l'œuvre.  Phidias,  c'est,  avec  le  génie 
en  plus,  la  réunion  splendide  et  harmonieuse  des  qualités  natives  de 
la  sculpture  dorienne  et  ionienne.  Ce  sont  ces  deux  courants  dont 
M.  Lechat  veut  faire  l'histoire  dans  la  période  antérieure  au  grand 
sculpteur  d'Athènes.  Phidias  ayant  embrassé  dans  son  œuvre  la 
statuaire  décorative  soit  en  ronde  bosse  soit  en  relief,  M.  Lechat 
suit  l'évolution  de  ces  genres  durant  le  vii«,  le  vi^  et  le  v®  siècle 
jusqu'en  480. 

L'œuvre  de  Phidias  est  ensuite  analysée  en  détail. 

La  troisième  partie  est  consacrée  à  l'influence  exercée  par  le  grand 
artiste  sur  la  génération  qui  l'a  suivi.  Après  lui  il  y  eut  une  renais- 
sance ionienne,  ou  plutôt  un  retour  partiel  vers  l'élégance  ionienne. 
Les  œuvres  postérieures  à  Phidias  présentent  donc,  avec  un  reflet 
plus  ou  moins  apparent  de  la  grandeur,  de  la  majesté  idéale  des 
sculptures  du  maître,  des  marques  plus  ou  moins  visibles  du  goût 
ionien  pour  la  grâce,  pour  l'élégance,  pour  le  joli.  Cette  partie  n'est 
pas  la  moins  intéressante  du  livre.  Voilà,  dans  ses  grandes  lignes, 
le  contenu  du  beau  livre  de  M.  Lechat.  Ce  que  notre  sèche  et  courte 
analyse  ne  dit  pas,  c'est  la  chaleur  avec  laquelle  le  livre  est  écrit,  et, 
malgré  cette  éloquence,  la  précision,  la  netteté  de  la  pensée  et  la 
complète  absence  de  phrases  inutiles.  On  emporte  de  sa  lecture 
l'impression  très  saine  d'avoir  appris  à  observer,  à  réfléchir,  à  com- 
prendre et  de  voir  plus  clair  dans  le  fouilli  un  peu  embroussaillé  des 
productions  grecques  des  vii^  et  vi*  siècles. 


220  LE    MUSÉE   BELGE. 

Et  ce  n'est  pas  un  livre  qu'on  laissera  après  Ta  voir  lu.  Il  contient 
d'abord  une  table  chronologique  qui  met  les  œuvres  d'art  en  rapport 
avec  les  faits  historiques  ;  puis  une  bibliographie,  indiquant,  pour 
chacune  des  œuvres  d'art  citées  les  reproductions  photographiques 
ou  autres  qui  en  ont  été  faites  et  enfin  un  index  très  complet,  qui 
permet  de  retrouver  chaque  détail  du  livre.  A  ces  mérites,  il  joint 
une  illustration  très  satisfaisante.  Ce  petit  livre  de  174  pages  contient 
27  gravures  d'une  exécution  irréprochable.  E.  Remy 

180   — R   C.  Kukula,  Alkmans  ParthenHon.  Ein  Beitrag  zum  lako- 

nischen  Artemiskulte.  Leipzig,  Weicher,   1907.  3i  p.   o  m.  80. 

(Philologus,  LXVI). 

Éclairer  Tœuvre  encore  si  obscure  d'Alkman  en  retrouvant  l'occa- 
sion qui  l'a  fait  naître,  tel  est  le  but  de  cet  article.  L'auteur  croit, 
avec  beaucoup  de  vraisemblance,  que  ce  Partheneion  était  destiné 
à  être  chanté  pendant  une  procession  qui  aurait  eu  lieu  annuellement 
à  Sparte  en  l'honneur  d'Artémis  Orthia,  procession  où  Ton  portait  le 
vêtement  sacré  de  la  déesse  et  pendant  laquelle  avait  lieu  un  repas 
sacré  (i)  Il  puise  ses  arguments  dans  le  texte  lui-même  (v.  96,  'OpOia  • 
«pâpoç.  ff  vêtement  »  et  non  «  charrue  »,  comme  le  veut  le  scoliaste; 
v.  116,  GiwaTï^pia,  repas  sacré)  et  dans  la  comparaison  avec  le  culte 
d'Artémis  d'Éphèse,  où  Ton  retrouve  la  même  procession  et  les 
mêmes  cérémonies. 

Peut-être  pourrait- on  reprocher  à  l'auteur  d'avoir  un  peu  trop 
allongé  son  commentaire  :  il  y  a  beaucoup  de  notes,  intéressantes 
d'ailleurs,  mais  qui  trouveraient  mieux  leur  place  dans  une  édition 
annotée  du  Parthénion  que  dans  une  étude  de  ce  genre  (v.  71-74, 
82,  87,  etc.).  Certaines  interprétations  paraissent  bien  hypothétiques 
(par  ex.,  v.  95  :  on  n'a  pas  de  preuve  suffisante  que  le  chœur  qui 
chantait  le  Parthénion  était  le  chœur  des  Pléiades,  ni  surtout  qu'il 
était  opposé  à  un  chœur  rival  d'Hyades).  L'interprétation  de 
àbcuTëpa  (v.  93)  comme  nom  propre  lève  bien  des  difficultés,  mais 
pour  séduisante  qu'elle  soit,  la  présence  de  l'article  que  l'on  ne 
trouve  pas  devant  les  autres  noms  propres  de  cette  pièce  et  qui 
paraîtrait  moins  justifié  ici  que  dans  les  autres  passages,  reste  une 
difficulté. 

La  paraphrase  qui  suit  chaque  strophe  paraîtra  peut-être  aussi  un 
peu  trop  libre. 

11  n'en  est  pas  moins  vrai  que  l'interprétation  nouvelle  de  l'en- 

(1,1  Je  me  permets  de  rappeler  ici  la  dédicace  à  Artémis  Orthosia  publiée  dans 
celle  revue,  VU,  p.  73  (et.  X,  p.  42}  cl  doni  la  découverte  esi  postérieure  au  travail 
de  T.iorasen,  Orthia^  «902,  cité  par  M.  Kukula. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  221 

semble,  sans  résoudre  toutes  les  difficultés  d'une  œuvre  qui  en  est 
hérissée,  jette  un  peu  de  clarté  sur  le  Parthénion  d'Alkman  et  en  fait 
un  document  précieux  pour  la  connaissance  du  culte  d'Artémis 
Orthia.  M.  Kukula  a  fait  d'une  pierre  deux  coups  :  c'est  là  un  beau 
résultat.  Paul  Graindor. 

i8i.  —  A.  Michel,  Syntaxe  grecque  abrégée.  2^  édit.  Tableaux  muraux. 

Hauteur  :  1,45  m.  \  longueur  :   i  mètre).!.  Emploi  des  cas.  II.  Emploi 

des  Modes  et  des  Temps.  Tournai,  Casterman,  1906. 

Au  moment  où  quelques  profanes,  rêvant  le  triomphe  de  Tutilita- 
risme,  prononcent  la  déchéance  des  littératures  anciennes,  il  est 
réconfortant  de  voir  que  d'intelligentes  initiatives  surgissent,  amélio- 
rant, simplifiant  les  méthodes,  afin  de  rendre  plus  accessibles  aux 
jeunes  gens  tant  de  chefs-d'œuvre  qu'on  voudrait  ravir  à  notre 
civilisation. 

On  doit  savoir  gré  à  M.  Michel  d'avoir  contribué  largement  à 
cette  tâche  en  publiant  pour  les  élèves  d'humanités  sa  Syntaxe  grecque 
abrégée  et  surtout  ses  Tableaux^  fruit  d'une,  longue  expérience  et  de 
patientes  recherches  (i). 

«  Donner  à  l'élève  la  solution  des  difficultés  qu'on  rencontre 
couramment  dans  la  lecture  des  auteurs  »,  tel  est,  d'après  la  Préface 
de  la  seconde  édition,  le  but  que  l'auteur  s'est  proposé.  M.  Michel 
ne  veut  d'enseignement  systématique  de  la  Syntaxe  que  pour  les 
règles  essentielles  :  «  Nous  n'admettons  pas,  dit  il,  qu'on  impose  à 
l'élève  V étude  d  une  Syntaxe  détaillée  :  les  particularités,  exceptions, 
remarques  ne  peuvent  faire  l'objet  d'un  enseignement  systématique  ». 
Je  crois  qu'il  a  raison.  La  surcharge  des  programmes,  —  le  temps 
si  restreint  qu'on  accorde  à  la  lecture  des  auteurs  grecs,  —  le  peu  de 
ressources  dont  disposent  les  élèves  médiocres,  rendent  difficile  sinon 
impossible  l'étude  d'une  Syntaxe  développée.  A  quoi  bon,  d'ailleurs, 
exiger  cette  connaissance  ?  L'enseignement  de  la  grammaire  n'est 
qu'un  moyhi  d'arriver  à  la  lecture  des  auteurs.  Et  n'est -il  pas  à 
observer  que  ce  qui  arrêta  d'ordinaire  dans  la  traduction,  c'est,  avec 
le  vocabulaire  beaucoup  trop  négligé,  l'ignorance  des  règles  fonda- 
mentales ?  Et  s'il  s'agit  de  particularités,  de  remarques,  ne  suffit-il 
pas  que  le  professeur  indique  le  numéro  de  la  grammaire  complète 
où  Ton  trouvera  la  solution  de  ces  difficultés  ?  «  Ces  notions,  dit  la 
Préface,  seront  l'objet  d'un  enseignement  occasionnel  ».  C'est  logique. 
D'abord,  ces  notions  sont  de  moindre  importance.  Ensuite,  si  elles 
se  représentent  fréquemment  au  cours  des  exercices  formels  ou  réels, 

(1)  Si  le  Bulletin  revient  sur  cet  ouvrage,  c'est  qu'il  juge  utile  de  mettre  en 
lumière  l'ingénieuse  innovation  de  M.  A.  Michel. 


222  LE   MUSÉE   BELGE. 


rélève  les  connaîtra  par  Tusage  ;  si  leur  emploi  est  rare,  l'élève  les 
perdra  de  vue,  mais  il  peut  les  ignorer  sans  inconvénient. 

Adopterons-nous  donc  dans  nos  classes  deux  manuels,  une  gram- 
maire complète  et  une  Syntaxe  abrégée  ?  —  M.  Michel  voudrait  voir 
dans  les  grammaires  classiques  un  précis  de  quelques  pages^  exposant 
les  grandes  règles  que  tous  les  élèves  doivent  connaître  parfaitement. 
Déjà,  dans  les  manuels  en  usage  chez  nous,  la  différence  des  textes 
grand,  moyen  et  petit,  permet  de  distinguer  les  règles  importantes 
des  notions  accessoires  ;  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette  disposi- 
tion enlève  à  l'énoncé  tout  caractère  synoptique,  et  que  la  suite  des 
règles  ainsi  espacées  est  difficile  à  saisir.  «  Si  les  grammaires  adoptées 
dans  nos  établissements  présentaient  le  résumé  que  nous  réclamons, 
dit  M.  Michel,  nous  n'aurions  pas  publié  notre  Syntaxe  ».  C'est  donc 
avant  tout  à  la  vulgarisation  d'une  idée  que  l'auteur  travaille  :  Futilité 
d'un  résumé  très  court  mais  complet,  joint  à  la  Syntaxe  détaillée. 

Qu'on  se  garde  pourtant  de  croire  que  M.  Michel  se  soit  borné  à 
un  simple  travail  de  transcription,  a  Notre  abrégé,  dit- il,  résume^ 
ordonne,  erplique^  complète,  suivant  les  cas,  les  notions  contenues  dans 
les  grammaires  renseignées  au  titre  » .  De  là,  les  subdivisions  absolu- 
ment neuves  et  rédigées  d'après  un  ordre  plus  distinct,  par  exemple, 
dans  les  chapitres  :  Règles  d'accord;  Emploi  de  V article;  Questions  de 
Temps  et  de  Lieu.  De  là  encore  sur  la  Valeur  des  Temps  et  des  Modes^  sur 
les  Sens  de  V article  des  aperçus  d'une  grande  netteté,  mais  que  l'auteur 
regrette  d'avoir  dû  introduire  dans  son  abrégé.  Quoi  qu'il  en  soit,  ces 
notions  seront  très  utiles  sinon  indispensables  aux  professeurs.  Pour 
couper  court  à  toute  discussion,  peut-être  eût- on  mieux  fait  de  les 
placer  en  Appendice. 

Plus  intéressante  encore  est  l'innovation  qui  nous  apporte  les 
Tableaux  muraux  de  Syntaxe  grecque  :  imprimés  en  grandes 
capitales  pouvant  être  lues  à  distance,  et  destinés  à  servir  au  cours 
de  chaque  exercice,  de  la  Cinquième  à  la  Rhétorique,  ils  faciliteront 
singulièrement  la  tâche  du  maître  et  celle  de  Télève. 

Ici,  les  règles  fondamentales  de  la  Syntaxe  grecque,  rien  de  plus. 
L'exposé  en  est  méthodique,  d'une  grande  concision  mais  d'ime  telle 
clarté  qu'on  arrive,  en  s'aidant  des  titres  et  sous-titres,  à  formuler 
sans  peine  les  règles  étudiées  au  préalable  dans  le  manuel.  Au  reste, 
la  meilleure  part  des  Tableaux  est  réservée  aux  exemples  déjà  connus; 
les  caractères  employés,  larges  et  forts  permettent  de  les  utiliser  dans 
les  classes  les  plus  nombreuses,  c  La  règle  ne  se  comprend  et  ne  se 
rappelle  que  par  l'exemple  »  écrivait  M.  Féron  (i). 

(i)  a  Quelques  mots  d*obs2rvations  au  sujet  de  la  Syntaxe  complète  ». 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  223^ 

Ces  tableaux  sont  donc  vraiment  intuitifs,  «  Ils  doivent  servir,  dit 
M.  Michel,  tant  i**  à  la  répétition  d'un  groupe  de  règles  qu*à  2°  ren- 
seignement occasionnel  de  la  S3mtaxe.  soit  dans  la  lecture  des  auteurs^ 
soit  dans  les  exercices  formels  ».  Nous  ajouterons  qu'ils  ne  se  prêtent 
pas  moins  à  la  comparaison  ci  fructueuse  des  règles  (p.  ex.  de  l'emploi 
des  mêmes  modes,  dans  les  conditionnelles  et  les  temporelles;  de 
Taccusatif,  dans  les  questions  de  temps  et  de  lieu)  et  à  la  synthèse  des 
notions  concernant  un  point  déterminé  (p.  ex.  l'emploi  de  ôv  dans 
les  différentes  propositions) . 

Intuition,  répétition,  comparaison,  synthèse,  si  ces  procédés  sont 
d'une  importance  capitale  et  que  les  Tableaux  de  M.  Michel  en 
exigent  l'application  constante,  on  peut  se  promettre  de  leur  emploi 
de  rapides  progrès  et  une  sérieuse  connaissance  de  la  syntaxe  grecque. 

Toutefois  Tétude  de  la  Syntaxe  ne  suffit  pas.  Il  faudrait  aussi  des 
tableaux  aplanissant  les  principales  difficultés  de  la  Lexigraphie  : 
Que  M.  Michel  ne  s'arrête  pas  à  mi-chemin  !  Enfin,  il  faut  que  le 
Maître  profite  soit  de  V extemporale,  soit  de  la  revue  des  auteurs,  pour 
étendre  de  jour  en  jour  le  vocabulaire  des  élèves.  C'est  un  point  sur 
lequel  en  terminant  je  me  permets  d'appeler  la  sérieuse  sollicitude 
des  professeurs  qui  veulent  relever  les  études  grecques  dans  leurs 
classes  et  faciliter  à  leurs  élèves  la  lecture  des  auteurs.     E.  Remy. 

182.  —  Li.  Fahz,  De  poetarum  Romanorum  doctrina  magica  quaestiones 
seUctae,  Giessen,  Tôpelmann,  1904.  64  p.  (Religionsgeschichtliche 
Versuche  und  Vorarbeiten.) 

Ce  livre  appartient  à  une  collection  de  travaux  sur  l'histoire  des 
religions  que  dirigent  MM.  A.  Dieterich  et  R.  Wûnsch.  L'auteur  se 
propose  de  rechercher  les  traces  des  pratiques  magiques  dispersées 
dans  les  œuvres  des  poètes  romains  et  de  déterminer  ensuite  quelle 
a  été  leur  connaissance  de  la  magie.  Ce  mot  de  magie  est  un  de  ces 
termes,  à  signification  vague  et  flottante,  dont  on  abuse  beaucoup 
dans  les  travaux  sur  l'histoire  des  religions  M.  Fahz,  pour  définir 
l'objet  de  sa  dissertation,  expose  ce  qu'il  entend  par  magie  (p.  3)  : 
m^gi^  dit-il,  id  spectant  ut^  quae  supra  hominum  vires  sunt^  deorum,  imprimis 
im/erorum.  auxilio  adipiscantur.  N'était  là  restriction  imprimis  in/erorum 
(et  encore!),  quelle  dififérence  M.  Fahz  met-il  entre  la  religion  et  la 
magie  ?  D'après  sa  définition,  toutes  les  fois  que  l'homme  demande  à 
la  divinité  des  choses  dépassant  l'efficacité  des  moyens  purement 
humains,  c'est  de  la  magie.  Cela  est  inacceptable.  Quelques  convictions 
religieuses  que  Ton  ait,  c'est  un  fait  qu'il  y  a  des  hommes,  et  ils  sont 
nombreux,  qui  repoussent  toute  magie  et  toute  attache  à  la  magie,  et 
qui  cependant  recourent  à  la  divinité  et  en  attendent  avec  une  humble 


224  ^^    MUSÉE   BELGE. 


confiance,  excluant  toute  idée  de  contrainte,  des  efifets  dépassant  les 
forces  humaines.  La  définition  de  M.  Fahz  les  décrète  de  magie. 
C'est  par  trop  sommaire.  Combien  est  plus  nette  au  fond  la  vieille 
définition  que  donne  Apulée  dans  VApologia  (ch.  iS  et  26)?  Sans 
remonter  si  haut,  Bouché -Leclercq,  dans  ses  Leçons  d*histoire  grecque, 
(p.  i3),  en  présente  une  définition  qui  a  le  mérite  de  distinguer 
les  deux  domaines  voisins,  mais  bien  distincts  et  séparés.  Si  M.  Fah^ 
voulait  s'en  tenir  rigoureusement  à  sa  définition,  c'est  toutes  ou 
presque  toutes  les  manifestations  de  la  religion  qu'il  devrait  rechercher 
dans  la  littérature  poétique. 

Heureusement  le  développement  de  la  thèse  est  plus  logique  que 
la  définition.  Comme  le  titre  l'indique,  M.  Fahz  s'est  borné  à  une 
partie  des  pratiques  magiques,  la  nécromancie  et  la  magie  amoureuse. 
Ce  sont  les  deux  grandes  divisions.  Les  moyens  employés  sont  les 
sacrifices,  les  prières,  les  phylactères,  c'est-à-dire  des  moyens  propres 
à  prévenir  une  contre-action  magique,  et  enfin  les  pratiques  de  la 
magie  sympathique.  Telles  sont  les  quatre  subdivisions  de  chacun 
des  deux  premiers  chapitres.  L'auteur,  à  propos  de  sacrifices,  énu- 
mère  les  choses  sacrifiées,  puis  expose  les  rites  ;  —  à  propos,  des 
prières,  il  énumère  les  divinités  auxquelles  on  s'adresse.  Chaque  poète 
est  cité  avec  des  références  utiles  aux  travaux  qui  peuvent  l'expliquer. 

Dans  le  troisième  chapitre,  M.  Fahz  traite  des  sources  des  poètes. 
Les  poètes  sont  classés  en  deux  catégories.  D'abord  ceux  dont  les 
œuvres  présentent  des  traces  des  pratiques  de  la  magie  amoureuse, 
notamment  Horace  (Epodes  V  et  XVH.  Satire  1,8)  et  Virgile  (Bue.  8 
et  Enéide  IV).  M.  Fahz  croit  que  Virgile  a  eu  recours  à  la  littérature 
spéciale  de  la  magie  (p.  39)  Quant  à  Horace,  si  je  comprends  bien 
la  pensée  de  M.  Fahz  (p.  40),  il  doit  sa  connaissance  de  la  magie 
surtout  aux  poètes  comiques. 

Parmi  les  écrivains  qui  ont  fait  des  emprunts  à  la  magie  nécro- 
mantique,  c'est  Lucain  qui  est  surtout  étudié.  La  thèse  de  M.  Fahz 
(p.  60)  est  que  le  poète  latin,  dans  le  sixième  livre  de  sa  Pharsale,  a 
fait  des  emprunts  à  d'autres  poètes  latins  antérieurs,  mais  qu'il  a 
utilisé  aussi  un  traité  particulier  de  magie,  impossible  à  préciser 
aujourd'hui. 

La  dissertation  de  M.  Fahz  est  une  œuvre  utile.  Elle  présente  un 
bon  classement  de  faits  intéressants  qui  peut  rendre  de  réels  services 
non  seulement  dans  l'étude  de  la  magie  antique,  mais  dans  l'inter- 
prétation des  auteurs.  Il  est  regrettable  que  l'auteur  n'ait  pas  cru 
devoir  faciliter  le  maniement  du  livre  en  y  ajoutant  un  index  rerum 
détaillé.  E.  Remy. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  225 


i83.  —  Emory  B.  Lease,  TUi  Livi  ah  urhe  condita  libri  I,  XXI ^ 
XXII.  New- York,  University  publishing  Company,  1905.  i  vol. 
in- 12  de  LXxii-438  pp.  (Gildersleeve-Lodge  Latin  Séries.) 
Tite  Live  occupe  une  place  importante  dans  l'histoire  de  la  langue 
latine  :  contemporain  à  la  fois  des  dernières  années  de  la  République 
et  du  début  du  Principat,  il  réunit  les  traits  caractéristiques  de  cha- 
cune de  ces  époques  et  forme  en  quelque  sorte  la  transition  entre  le 
latin  de  l'âge  d'or  et  celui  de  Vâge  d'argent,  entre  la  prose  de  Cicéron 
et  de  César  et  celle  de  Sénèque  et  de  Tacite.  Mais  son  activité  litté- 
raire s'étendant  sur  une  période  de  plus  d'un  demi-siècle,  on  constate, 
entre  les  premiers  et  les  derniers  livres  de  son  ouvrage  de  notables 
différences  de  style,  qui  prouvent  que  la  langue  de  Tite  Live  elle- 
même  a  subi  une  certaine  évolution. 

Cette  considération  à  elle  seule  pourrait  suffire  pour  justifier 
M.  Lease  d'avoir  accordé  la  préférence,  dans  l'édition  classique  de 
Tite  Live  qu'il  vient  de  nous  donner,  aux  livres  I,  XXI  et  XXII;  ce 
sont  d'ailleurs  ceux  que  Ton  lit  le  plus  souvent  dans  les  humanités. 
Le  but  du  nouvel  éditeur,  en  effet,  a  été  surtout  d'attirer  l'attention 
des  élèves  sur  les  particularités  de  la  grammaire  et  de  style  de  l'his- 
torien. Aussi  l'étude  des  différents  phénomènes  lexicographiques, 
S3mtaxiques  et  stylistiques,  qui  se  rencontrent  dans  les  trois  livres 
choisis,  absorbe- 1- elle  la  majeure  partie  de  l'Introduction  (pp.  xxix  à 
Lxvi).  L'auteur  y  a  tiré  un  excellent  parti  des  multiples  travaux, 
parus  dans  ces  dernières  années,  qui  ont  pour  objet  la  langue  des 
auteurs  latins  et  notamment  celle  de  Tite  Live  et  qui  s'inspirent  de 
cette  féconde  méthode  de  statistique  dont  Woelfflin  fut  l'un  des 
principaux  initiateurs,  que  Riemann  vulgarisa  en  France  et  qui 
est  pratiquée  aujourd'hui  avec  une  maîtrise  incomparable  par  les 
philologues  américains.  Sous  ce  rapport,  le  Tite  Live  de  M.  Lease 
marque  un  progrès  considérable  sur  les  meilleures  éditions  annotées 
que  nous  possédions  jusqu'ici  ;  c'est  une  contribution  d  une  valeur 
inestimable  à  l'étude  historique  de  la  langue  latine.  C'est  dire  que 
cette  édition  ne  s'adresse  pas  uniquement  aux  jeunes  humanistes;  les 
étudiants  en  philologie  classique  et  les  professeurs  auront  le  plus 
grand  profit  à  la  consulter. 

Le  texte  adopté  reproduit  simplement  celui  de  Weissenbom- 
Mueller  pour  les  livres  I  et  XXI,  et  celui  de  Woelfflin  pour  le 
livre  XXII.  L'exécution  des  cartes  et  des  plans  est  très  satisfaisante; 
l'impression  est  soignée.  Quant  au  Commentaire,  qui  se  trouve  rejeté 
à  la  fin  du  volume  et  qu'il  eût  été  préférable  de  publier  à  part  avec 
l'Introduction,  il  est  presque  exclusivement  consacré  à  résoudre  les 
difficultés  d'ordre  grammatical.  Un  Index  très  complet  facilite  les 
recherches.  Léon  Halkin. 


226  LE   MUSÉE   BELGE. 


Langues  et  Littératures  germaniques. 

184-190.  —  B.  van  Halteren,  Het  pronomtn  in  het  Nederlandsck  der 

zestienàe  uuw,  Wildervank,  H.  K.  van  Halteren,  1906    In-8°,  viii- 

82  p.  I  fl.  5o. 
J,  O.  S.  van  der  Veen,  Htt  TaaUigen  van  Bredero,  Eene  bijdrage 

tôt  de  syntaxis  van  het   Nederlandsch  der  zeventiende   eeuw. 

Amsterdam,  Gebr.  Binger,  1905.  In  8^  xviii-(38  p.  2  fl, 
J.  L.  Walch,  De  vatianten  van  Vondel  s  Palamedes.  Eene  bijdrage  tôt 

de  ontwikkelingsgeschiedenis  van  den   dichter.    s  Gravenhage, 

M.  NijhofF,  1906.  In-80,  viii-204  p.  2  fl. 
R.  JaCObsen,  Carel  van  Mander  (15481606),  dichter  en  prozaschrijver. 

Rotterdam,  W.  L.  et  J.  Brusse,  1906.  In-80,  viii-26o  p.  3  fl.  90. 
Ch.    van  SchOOnneveldt,    Over  de  navolging  der  klassiekfranscJu 

tragédie  in  nederîandsche  treurspelen  der  achttiende  eeuw,  Doetinchem, 

Uitgevers-M^  «  G.  Misset  »,  1906.  In-S'*,  viii-210  p.  2  fl.  25. 
M.  Schttnfeld,  Proeve  eener  kriiische  verzameling  van  Germaansche  voîks- 

en  persoonsnamen^  vocrkom^^nde  in  de  littéraire  en  monumentale  overlevering 

der  Grieksche  en  Romeinscke  oudheid,  Groningen,  M.  de  Waal,  1906. 

In  8°,  XXVII1-126  p. 
H.  Smout,  Het  Antwerpsch  dialecte  met  eene  schets  van  de  geschie- 

denis  van  dit  dialect  in  de  17*  en  de  i8«  eeuw.  Gent,  J.  Vuylsteke, 

1905.  In-80,  162  p. 

Sur  le  néerlandais  du  xvr  siècle,  nous  avions  deux  monographies  : 
Tune,  de  M.  I.  B.  KolthofF,  sur  le  substantif  (Het  substantief  in  kd 
Nederlandsch  der  16^  eeuw^  Groningue,  1894),  l'autre,  de  M.  A.  E.  Lu- 
bach,  sur  le  verbe  [Over  de  verbuiging  van  het  werkwoord  in  het  Neder- 
landsch der  zestiende  eeuw,  Groningue,  1891);  toutes  deux  avaient  été 
suggérées  par  M.  le  professeur  W.  L.  van  Helten  et  élaborées  sous 
sa  direction.  Sous  la  conduite  du  même  maître  expert,  M.  B.  van 
Halteren  a  étudié  un  troisième  chapitre  de  la  grammaire  de  cette 
époque,  à  savoir  le  pronom  Je  ne  dirai  pas  que  pareil  travail,  qui 
ne  consiste  qu'en  une  nomenclature  «  raisonnée  »  des  formes  em- 
ployées dans  les  principales  œuvres  tant  en  prose  qu'en  vers  de  ce 
temps,  soit  attrayant  et  agréable  à  lire;  mais  il  est  très  utile  et 
même  intéressant  au  point  de  vue  de  lliistoire  de  la  langue.  Nous 
voilà  donc,  grâce  à  cette  troisième  étude,  à  peu  près  renseignés  sur 
la  morphologie  du  néerlandais  au  xvi*  siècle,  du  moins  d'une  façon 
générale  ;  il  reste  encore  à  étudier  la  syntaxe. 

On  sait  que  le  distingué  professeur  que  nous  avons  cité  tantôt 
nous  a  donné,  en  1886  déjà,  le  premier  essai  de  syntaxe  historique 
par  son  étude  sur  la  langue  de  Vondel.  La  partie  syntaxique  de  cet 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  227 


ouvrage  pouvait  être  regardée  en  même  temps  comme  une  syntaxe 
générale  du  néerlandais  au  xvii*  siècle.  Mais  depuis  longtemps  Ton 
reconnaît  qu'il  est  urgent  d'étudier  la  syntaxe  des  autres  auteurs 
remarquables  de  cette  époque.  Un  premier  pas  vient  d'être  fait  dans 
cette  voie  par  M.  van  der  Veen,  qui  a  choisi  pour  matière  de  sa 
dissertation  doctorale  la  syntaxe  de  Brederode.  Mais  tandis  que  son 
prédécesseur  avait  suivi  la  méthode  historique,  c'est-à-dire  que,  pour 
expliquer  les  faits  observés  chez  Vondel,  était  remonté  à  la  période 
antérieure  du  néerlandais  et  même  jusqu'aux  anciens  dialectes  ger- 
maniques, M.  van  der  Veen  s'est  contenté  d'une  syntaxe  purement 
descriptive  ;  il  expose  simplement,  en  adoptant  le  plan  qu'ont  tracé 
dans  leur  grammaire  MM.  feu  Cosijn  et  Te  Winkel,  ce  qu'il  a  trouvé 
chez  Brederode;  il  ne  recourt  au  moyen- néerlandais  que  dans 
quelques  cas  et  essaye  rarement  d'expliquer  les  phénomènes  qu'il 
décrit.  Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  discuter  le  bien  fondé  de  cette 
méthode,  ni  de  rechercher  si  notre  auteur  examine  avec  toute  l'at- 
tention nécessaire  les  faits  qu'il  constate.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'étude 
de  M.  van  der  Veen  n'en  reste  pas  moins  une  contribution  utile  à 
l'histoire  du  la  néerlandais. 

Il  a  paru  sur  Vondel  un  nombre  incalculable  d'écrits  de  toute  sorte, 
de  toute  étendue  et  de  toute  valeur  ;  cependant  on  est  loin  d'avoir 
tout  dit.  Nous  en  avons  une  fois  de  plus  la  preuve  par  le  livre  parti- 
culièrement intéressant  de  M.  Walch.  Le  titre  :  l'examen  des 
variantes  du  «  Palamedes  »,  pourrait  nous  induire  en  erreur  sur  la 
portée  réelle  du  livre  ;  il  s'agit,  en  effet,  d'ime  question  littéraire  qui 
vaut  la  peine  d'être  traitée  d'une  façon  approfondie  et  complète.  — 
Vondel  a  écrit  son  Palamedes  en  i625;  en  i652.  il  en  donne  une 
édition  entièrement  remaniée.  Entre  temps  il  s'était  converti  au 
catholicisme;  il  avait  passé  la  soixantaine;  ses  idées  sur  beaucoup 
de  choses,  et  notamment  en  matière  d'art  et  de  poésie,  s'étaient  sensi- 
blement modifiées.  Si  l'on  «songe  que  Vondel  était  un  auteur  con- 
sciencieux, qui,  dans  la  revision  de  ses  œuvres,  n'agissait  pas  à  la 
légère,  on  se  demande  :  Que  nous  apprennent  les  changements 
multiples,  mais  parfois  presque  insignifiants,  qu'il  a  fait  subir  à  la 
première  rédaction  de  cette  tragédie  ?  L'étude  de  M.  Walch  est  la 
réponse  à  cette  question. 

L'auteur  groupe  sous  trois  rubriques  les  variantes  de  la  rédaction 
de  i652.  Nous  avons  d'abord  les  modifications  qui  ne  concernent 
que  la  langue,  et  qui  sont  dues  au  désir  de  Vondel  d'arriver  à  un 
néerlandais  plus  pur  et  entièrement  conforme  à  celui  qui,  à  Amster- 
dam, était  parlé  par  des  gens  de  bon  ton.  —  Viennent  ensuite  les 
changements  auxquels  on  peut  assigner  un   motif  littéraire:  suit 


228  LE   MUSÉE  BELGE. 


pour  arriver  à  une  diction  plus  parfaite,  plus  mélodieuse  ;  soit  pour 
donner  plus  d'harmonie  au  vers,  soit  encore  pour  rendre  le 
ton  plus  digne  de  la  tragédie,  soit  enfin  pour  d'autres  motifs  de  ce 
genre.  En  dernier  lieu,  nous  trouvons  les  corrections  imputables  à 
une  autre  cause  quelconque,  coihme  par  exemple  les  circonstances 
de  temps,  le  changement  dans  les  idées  de  Vondel  sur  une  foule  de 
questions,  etc.  —  La  conclusion  à  laquelle  arrive  M.  Walch,  c'est 
que  Vondel,  en  remaniant  son  œuvre,  s  est  laissé  guider  par  des 
principes  bien  arrêtés  en  fait  de  grammaire,  de  style,  de  versifi- 
cation, etc.,  mais  nullement  par  des  considérations  d'ordre  esthé- 
tique, nullement  par  une  émotion  poétique.  Cette  conclusion  est 
fondée  et  valable,  non  seulement  pour  l'édition  retouchée  du  Pala- 
medes,  mais  en  général  pour  toutes  les  modifications  que  Vondel 
apportait  à  la  rédaction  primitive  de  ses  œuvres.  Toutefois  cette 
constatation,  ajoutons-le  aussitôt,  n*est  pas  de  nature  à  amoindrir 
notre  estime  et  notre  admiration  pour  le  génie  du  grand  poète. 

Le  «  rhétoricien  »  Carel  van  Mander,  peintre  et  écrivain  (1548- 
1 606),  une  des  plus  remarquables  figures  du  xvi^  siècle,  a,  lui  aussi,  fait 
l'objet  de  mainte  étude.  Pourquoi  trouvons-nous  l'auteur  du  SchUder- 
bock  si  digne  d'intérêt  ?  Parce  qu'il  constitue,  pour  ainsi  dire,  le 
trait  d'union  entre  deux  époques  bien  distinctes  de  notre  histoire 
littéraire  ;  il  appartient  à  la  fois  au  moyen  âge  et  à  la  période  de  la 
Renaissance.  C'est  surtout  l'évolution  que  nous  voyons  s'accomplir 
dans  le  a  rhétoricien  »  de  la  vieille  école  qui  vaut  la  peine  d'être 
observée  de  près,  et  voilà  ce  que  M.  Jacobsen  étudie  principalement 
dans  son  travail  sur  Carel  van  Mander.  Il  s'occupe  donc  avant 
tout  du  poète  et  de  ses  théories  sur  la  poésie  et  la  versifi- 
cation néerlandaise;  l'on  sait  qu'à  ce  dernier  point  de  vue.  Van 
Mander  a  inauguré  une  technique  nouvelle.  Il  va  de  soi  que  les 
autres  aspects  de  cette  figure  originale  sont  examinés  avec  le  soin 
nécessaire  ;  mais  c'est  le  côté  que  l'on  avait  négligé  le  plus  jusqu'à 
présent  qu'il  s  est  attaché  à  mettre  en  lumière.  Sa  monographie 
mérite  à  tous  égards  d'attirer  notre  attention  ;  elle  témoigne  d'une 
connaissance  complète  du  sujet,  d'un  goût  sûr  et  d'un  sens  critique 
éveillé. 

A  toute  époque,  l'influence  de  la  littérature  française  sur  la  nôtre 
a  été  considérable;  elle  atteint  son  apogée  au  xviii«  siècle,  du  moins 
en  ce  qui  regarde  le  théâtre.  Vers  t68o  on  commença  à  traduire  les 
tragédies  de  Corneille,  de  Racine  et  d'autres  ;  une  vingtaine  d'années 
après,  on  se  mit  aussi  à  composer  des  œuvres  originales  sur  le  modèle 
de  ces  pièces  françaises.  C'est  à  l'examen  de  cette  littérature  d'imita- 
tion que  M.  Ch.  van  Schoonneveldt  a  consacré  sa  dissertation  docto- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  22g 

raie.  Bien  qu'il  ne  présente  pas  une  importance  capitale,  le  sujet  n'en 
est  pas  moins  instructif.  Après  un  chapitre  d'introduction,  l'auteur 
détermine  d*abord  les  caractères  de  la  tragédie  française  classique, 
puis  étudie  comment  elle  fut  comprise  et  imitée  par  les  dramaturges 
néerlandais  :  chapitre  très  intéressant ,  malgré  le  petit  nombre 
d  aperçus  nouveaux  que  nous  y  trouvons.  Une  douzaine  d'imita- 
tions de  tragédies  françaises  sont  examinées  d'une  façon  détaillée  au 
troisième  chapitre,  tandis  que  dans  le  dernier,  M.  van  Schoonneveldt 
traite  de  l'influence  de  la  langue  des  tragiques  français  sur  le  néer- 
landais des  imitateurs  ;  c'est  une  riche  moisson  de  gallicismes  qu'il 
récolte. 

Le  travail  entrepris  par  M.  Schônfeld,  à  savoir  une  «  liste  critique 
des  noms  propres  d'origine  germanique  qu'on  rencontre  dans  les 
sources  tant  monumentales  que  littéraires  de  l'antiquité  classique  », 
est  appelé  à  rendre  de  sérieux  services  aux  historiens  et  aux  philo- 
logues. L'auteur  admet  dans  son  onomasticon  les  noms  de  personnes 
et  de  peuples  (tribus,  etc.),  à  l'exclusion  des  noms  de  pays,  de  fleuves, 
de  montagnes,  etc.  Il  exclut  aussi  les  dénominations  non-germaniques 
d'individus  d'origine  germanique  (comme  par  ex.  Claudius  Civilis, 
Italiens),  mais  a  ajouté,  à  la  fin  de  son  ouvrage,  les  noms  germa- 
niques d'individus  d'une  autre  origine  (par  ex.  Attila).  Pour  dresser 
cette  liste,  il  a  excerpé  les  écrivains  grecs  et  romains  jusqu'à  l'époque 
de  Justinien,  ainsi  que  les  recueils  d'épigraphie  ;  il  n'a  pas  négligé 
non  plus  les  inscriptions  des  monnaies  ni  d'autres  sources  secondaires. 
Dans  la  publication  dont  il  s'agit  ici,  qui  est  une  thèse  doctorale, 
M.  Schônfeld  ne  nous  donne  qu'une  partie  de  ce  travail,  à  savoir 
l'introduction,  la  liste  des  sources  et  les  noms  commençant  par  les 
deux  premières  lettres  de  l'alphabet.  Ce  spécimen  suffit  toutefois 
pour  nous  donner  Tassurance  que  l'onomasticon  du  jeune  savant 
sera  une  œuvre  scientifique  et  constituera  par  conséquent  un  excellent 
instrument  de  travail. 

Nous  terminerons  cette  revue  en  signalant  une  dissertation  gan- 
toise :  l'étude  de  M.  H.  Smout  sur  le  dialecte  d'Anvers.  Ce  travail  a 
paru  en  igo5  ;  la  préface  est  datée  de  1898.  Il  n'y  a  rien  à  reprendre 
au  point  de  vue  de  la  méthode  ;  en  ajoutant  un  appendice  sur  les 
particularités  syntaxiques  de  ce  patois  et  un  autre  sur  son  histoire 
aux  xvn«  et  xviii*  siècles,  l'auteur  a  donné  à  son  travail  une  portée  plus 
considérable  et  en  a  augmenté  l'intérêt.  Mais  les  faits  eux-mêmes  ne 
paraissent  pas  toujours  observés  avec  toute  l'exactitude  requise  ;  un 
certain  nombre  sont  très  contestables.  Je  ne  puis  pas  entrer  ici  dans 
un  examen  détaillé  ;  je  me  borne  à  quelques  exemples.  Il  est,  je  crois, 
inexact  que  le  ee  de  stien  se  prononce  i  et  le  00  de  schoon  comme  û 


2  3o  LE   MUSÉE   BELGE. 


(c'est  à  dire  le  où  du  français  goût).  On  ne  prononce  pas  non  plus 
(§  38)  2ég9m  mais  zég^ttj  ;  la  terminaison  -aar  dans  bedelaar,  etc.  (§  59) 
ne  devient  pas  9r,  mais  èr  (avec  un  è  que  je  ne  trouve  pas  signalé 
par  M.  Smout);  shàppr  (p.  12,  note)  n'est  guère  anversois,  et  je  doute 
que  mérd^h  (§  63)  soit  la  forme  la  plus  généralement  employée.  En 
dépit  de  ces  erreurs  et  de  quelques  autres  qu'on  pourrait  relever,  la 
monographie  de  M.  Smout  est  une  œuvre  de  valeur  sérieuse,  dont 
les  qualités  seront  très  appréciées  par  ceux  qui  s'occuî)ent  de  Tétude 
des  dialectes.  C.  Lecoutere. 

Histoire  et  Géographie. 

191.  —  Publications  relatives  à  la  ville  de  Gand.  —  Au 

moment  où  le  XX*  Congrès  de  la  Fédération  archéologique  et  histo- 
rique de  Belgique  va  se  tenir  à  Gand.  il  peut  être  intéressant 
d'appeler  brièvement  l'attention  sur  quelques  publications  qui  ont 
paru  dans  ces  derniers  temps  sur  l'histoire,  l'archéologie  et  la  topo- 
graphie de  la  ville  de  Gand. 

M  V.  Fris  a  fait  paraître,  sous  les  auspices  de  la  Société  d'histoire  et 
d'archéologie  de  Gand,  une  Bibliographie  de  V histoire  de  Gand  depuis  les 
origines  jusqu'à  la  fin  du  XV'^  siècle  (Gand,  Vyt,  1907,  xvi-25o  p.  5  fr  ). 
C'est  un  répertoire  méthodique  et  raisonné  des  écrits  anciens  et 
modernes  concernant  la  ville  de  Gand  au  moyen  âge.  La  ville  de 
Gand,  malgré  son  importance  prépondérante  dans  l'histoire  de  notre 
pays,  et  peut-être  même  à  cause  de  cela,  ne  possède  pas  encore  une 
histoire  qu'on  puisse  comparer  à  celle  de  Wauters  pour  Bruxelles  ni 
à  celle  de  Mertens  et  Torfs  pour  Anvers.  Seulement  les  études  parti- 
culières sont  excessivement  nombreuses  et  la  savante  et  méthodique 
bibliographie  de  M.  Fris  constitue  le  premier  jalon  d'une  histoire 
définitive  de  l'antique  cité.  Nous  espérons  que  l'auteur  ne  voudra 
pas  s'en  tenir  à  ce  premier  travail,  mais  qu'il  tâchera  de  publier  aussi 
la  bibliographie  de  la  période  moderne  et  même  de  l'époque  con- 
temporaine. 

M.  V.  Tourneur  vient,  à  l'occasion  même  du  Congrès,  de  publier 
une  notice  sur  VHistoire  et  Vétymologie  du  nom  de  Gand  (Gand,  Sififer, 
1907,  12  p.).  Tout  en  faisant  les  plus  expresses  réserves  sur  ce  que 
dit  l'auteur  de  la  ville  de  Gand  à  l'époque  romaine,  je  reconnais  bien 
volontiers  que  le  rapprochement  fait  entre  Gand,  Ganth  et  le  mot 
celtique  latinisé  Condate  est  d'autant  plus  suggestif  que  Condate, 
confluent,  convient  fort  bien  à  un  endroit  situé  au  confluent  de 
l'Escaut  et  de  la  Lys. 

MM.  V.  Van  der  Haeghen  et  G.  Van  Werveke  viennent  de 
publier  et  de  compléter  le  commentaire  commencé  par  Vuylsteke 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  23  I 


de  ses  comptes  de  la  ville  et  des  baillis  de  Gand  (i  280-1 3 36),  vrai  tra- 
vail de  bénédictin  qui  rendra  les  plus  grands  services.  Les  comptes 
avaient  paru  en  1900  et  le  complément  a  été  publié  en  1906  (Oorkon- 
ioîbock  der  Stad  Cent.  I.  Gentsche  stads-  en  baljuwsrekeningen  1280- 
i336.  XIII- 1048  p.  et  247  p.).  Le  travail  sera  complété  par  des  tables 
détaillées  qui  paraîtront  sous  peu.  Dans  la  seconde  série  du  Cariulaire 
d€  la  ville  de  Gand  (Chartes  et  documents),  M.  A.Fayen,  membre  de  TÊcole 
belge  de  Rome,  a  publié  en  1906  un  premier  volume  le  Liber  traditio- 
fmm  Saticti  Pétri  Blandiniensis  (xii-3io  p.).  C'est  le  livre  des  donations 
faites  à  T  Abbaye  de  saint-Pierre  depuis  ses  origines  jusqu'au  xi«  siècle, 
avec  des  additions  jusqu'à  1273,  d'après  un  manuscrit  des  Archives 
de  VÉtat  à  Gand.  La  plus  grande  partie  en  fut  écrite  au  xi«  siècle, 
probablement  par  un  moine  de  saint  Pierre.  Cette  publication  d  un 
intérêt  capital  pour  l'histoire  gantoise  était  d'autant  plus  nécessaire 
que  les  éditions  antérieures  étaient  bien  fautives.  M.  Fayen  y  a  de 
plus  ajouté  quantité  de  notes  pour  éclairer  le  texte  et  a  fait  suivre  son 
savant  travail  d'un  Index  très  détaillé  et  fort  complet  qui  facilitera 
les  recherches. 

En  1904,  M.  Maurice  Heins,  déjà  connu  par  diverses  études  gan- 
toises, a  publié  une  Petite  histoire  de  la  ville  de  Gand  et  de  ses  institutions 
(Gand,  Hoste,  67  p.  2  fr.),  bonne  histoire  populaire,  fort  bien  illustrée  et 
qui,  sans  prétentions  scientifiques,  est  en  général  exacte.  Elle  est  d'une 
lecture  aussi  agréable  qu'instructive  et  sera  lue  avec  intérêt  par  tous 
ceux  qui  s'intéressent  à  l'évolution  de  l'ancienne  capitale  des 
Flandres. 

Comme  livre  scolaire  nous  renseignerons  les  Wandelingen  door  Gent 
voor  sckoolgebruik  de  M.  Vermast  (Gent,  Vanderpoorten,  1905,  2  fr.): 
C'est  une  brochure  de  12  planches  topographiques  qui  doivent  servir 
à  faciliter  les  promenades  faites  par  les  maîtres  avec  leurs  élèves. 
Une  feuille  blanche  accompagne  chaque  planche  pour  permettre  à 
ceux  ci  de  consigner  les  observations  faites  pendant  chaque  excursion. 
Le  système  est  excellent  et  devrait  être  imité  pour  d'autres  cités. 
C'est  un  excellent  moyen  pour  faire  connaître  aux  élèves  la  ville  qu  ils 
habitent  et  l'importance  des  monuments  qu'elle  possède. 

M.  De  Wael,  le  restaurateur  du  Château  des  Comtes,  et  M.  Van 
Werveke.  l'architecte-adjoint  de  la  ville,  ont  publié  en  1906  un 
Guide  du  visiteur  du  Château  des  Comtes  de  Flandre  (Gand,  Hoste,  58  p, 
o.Sofr.).  C'est  une  excellente  description  de  ce  monument,  unique 
en  Europe,  qui  permet  de  parcourir  avec  fruit  toute  les  parties  de 
l*antique  forteresse  de  Philippe  d'Alsace.  Les  auteurs  ont  émaillé 
leur  description  de  quantité  d'aperçus  historiques  qui  ne  peuvent 
que  rendre  leur  travail  plus  intéressant  et  plus  utile.  M.  Armand 


232  LE   MUSÉE   BELGE. 


Heins  vient  de  publier  aussi  (1907)  une  description  du  Château  des 
Comtes,  splendidement  illustrée  (2  fr.),  et  qui  complète  le  guide  de 
MM.  De  Waele  et  Van  Werveke. 

En,  1906  M.  Celis  fit  paraître,  en  français  et  en  flamand,  une  petite 
description  de  la  Cathédrale  de  Saint-Bavon  (La  Cathédrale  de  Saint- 
Bavon,  Guide  du  visiteur,  Gand,  Siffer,  1906,  5i  p.  o  75)  qui  résume  fort 
bien  les  travaux  plus  étendus  de  A.  Goetgebuer  et  surtout  la  splen- 
didç  publication  du  Chanoine  Van  den  Gheyn. 

Comme  guides  généraux,  nous  signalerons  d'abord  la  Promenade 
pittoresque  à  Gand  de  MM.  P.  Bergmans  et  Armand  Heins  (Gand, 
Vanderhaeghen,  1904.  36  q.).  C'est  un  excellent  petit  livre,  fort  bien 
illustré,  écrit  par  deux  érudits  qui  connaissent  leur  ville  dans  les 
moindres  détails.  Mais  il  nous  faut  appeler  surtout  Tattention  sur 
Gand,  guide  illustré^  publié  sous  les  auspices  de  la  Commission  locale  des 
Monuments  (Gand, Vanderhaeghen,  1906.  175  p.  3fr.).  Peu  de  villes  du 
pays  possèdent  un  guide  aussi  exact,  aussi  savant  et  aussi  brillamment 
illustré  ;  aussi  en  peu  de  mois  une  seconde  édition  a-t-elle  été  rendue 
nécessaire.  Ce  qui  donne  à  ce  travail  un  haut  degré  d'exactitude,  si 
rare  dans  les  publications  de  ce  genre,  c'est  que  chaque  partie  a  été 
rédigée  par  un  spécialiste  dans  la  matière  ;  et  ce  n'est  qu'en  Téplu- 
chant  à  la  loupe  qu'on  a  pu  lui  adresser  quelques  rares  critiques  de 
détail.  C'est  un  guide  qu'on  pourra,  dans  les  éditions  ultérieures, 
développer,  mais  qu'on  ne  devra  que  peu  ou  point  perfectionner. 

En  1905,  M.  Paul  Bergmans  a  publié  une  savante  étude  sur  Le 
Campanile  du  Beffroi  de  Gand  (Gand,  Vyt,  45  p.  4  fr.).  Ce  travail, 
admirablement  illustré,  n'est  que  le  développement  d'une  lecture 
faite  par  l'auteur  à  la  Société  Archéologique.  M.  Bergmans  a  eu 
l'heureuse  idée  de  faire  du  campanile  une  étude  iconographique 
comparant  celui  de  Gand  avec  les  beffrois  existant  en  Belgique  et 
dans  le  Nord  de  la  France.  Non  moins  suggestive  est  l'étude  de 
M.  Armand  Heins,  Une  Vue  de  Gand  par  Hubert  Van  Eych  (Gand, 
Heins,  1907.  59  p.  et  nombreuses  planches.  6  fr.),  travail  savam- 
ment documenté  et  rendu  vivant  par  de  nombreuses  illustrations. 
L'auteur  y  étudie  la  vue  peinte  sur  le  revers  d'un  des  volets  de 
l'Agneau  mystique  de  Van  Eyck  et  prouve  que  cette  vue  ne 
représente  pas  la  place  Van  Eyck  de  Bruges,  comme  l'avait  admis 
jadis  M .  Weale  ;  mais  le  carrefour  de  la  Vierwegschude  (Rue  courte 
du  Jour). 

L'infatigable  auteur  a  annexé,  à  son  savant  mémoire  un  plan  à 
grande  échelle  du  Quartier  Saint- Jean  tel  qu'il  était  au  commence- 
ment du  XV ^  siècle,  vrai  travail  de  bénédictin,  indiquant  toutes  les 
maisons  avec  leurs  noms,  ceux  de  leurs  propriétaires  et  la  date  de 
construction. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  235^ 

N*oublions  pas  non  plus  de  mentionner  les  divers  grands  plans 
anciens  de  Gand  dont  des  reproductions  ont  été  publiées  dans  ces 
dernières  années.  Il  existe  plus  d'un  plan  ancien  de  la  ville  de 
Gand.  Le  plus  beau  de  tous  est  le  grand  panorama  peint,  on  ne 
sait  par  qui,  en  i534,  et  conservé  à  la  Bibliothèque  de  l'Université, 
n  donne  une  idée  parfaite  de  ce  qu'était  la  ville  avant  que,  par  son 
ofdonnance  de  1540,  Charles-Quint  lui  fît  subir  de  nombreuses 
transformations.  M.  Armand  Heins  a  eu  l'heureuse  idée  d'en 
publier  une  reproduction  en  fac-similé,  à  laquelle  M.  V.  Vander- 
haeghen  a  ajouté  un  intéressant  texte  explicatif  (La  grande  vue 
pmmamique  de  la  ville  de  Gand  en  i534,  Bruxelles,  1896.  25  fr.). 
En  1900,  les  mêmes  archéologues  ont  publié  un  autre  plan,  lequel, 
sans  avoir  la  valeur  artistique  de  celui  de  i534,  n'en  présente  pas 
moins  un  intérêt  majeur  pour  l'histoire  de  la  ville  {Grootplan  van  Cent 
gtmaaki  in  iSlg  door  den  landmeter  Jan  Horenbauit.  Gent,  1900.  3o  fr.). 
Horenbault  avait  dressé  ce  plan  à  la  demande  de  la  ville  pour  la 
somme  de  5o  livres  gros.  L'original  en  est  aussi  conservé  à  la  Biblio- 
thèque. En  1904  MM.  Heins  et  Vanderhaeghen  ont  publié  aussi 
la  reproduction  de  la  Carte  du  district  de  Gand,  gravée  par  Henri  Hondius 
m  1641,  et  celle  du  Grand  plan  de  Gand  par  Sanderus  et  E.  Hondius  de 
la  même  année.  L'exécution  et  l'interprétation  ne  laissent  rien  à 
désirer;  et  grâce  à  l'activité  de  MM.  Heins  et  V.  Vanderhaeghen 
nous  possédons  actuellement  de  Gand  une  véritable  collection  de 
reproductions  topographiques  comme  aucune  ville  du  pays  ne 
pourrait  en  présenter. 

La  Commission  de  monuments  de  Gand  vient  de  faire  éditer  la 
première  série  d'une  nouvelle  publication  tout  aussi  importante  que 
la  reproduction  des  cartes  dont  nous  venons  de  dire  quelques  mots  : 
Anciennes  façades  gantoises.  Texte  historique  par  V.  Vanderhaegen,  repro- 
ituiioHs  lithographiques  exécutées  sous  la  direction  de  Armand  Heins. 
(Gand,  N.  Heins,  1907,  fol.  11  p.  et  5o  pi.  i5  fr.) 

Les  planches  des  façades  dont  se  compose  ce  recueil  sont  emprun- 
tées aux  dossiers  des  bâtisses  conservés  aux  archives  de  la  ville  et 
dont  les  plus  anciens  remontent  à  la  fin  du  xvi«  siècle.  En  16 18,  on 
défendit  de  construire  encore  et  même  de  restaurer  des  façades  de 
bois.  La  plus  ancienne  des  façades  reproduites  date  de  1671,  la  plus 
récente  de  1786.  On  a  aussi  reproduit  quelques  portes  et  quelques 
cheminées.  Plusieurs  de  ces  façades  existent  encore,  mais  plus  d'une 
est  dans  un  bien  mauvais  état  ou  a  reçu  des  ajoutes  peu  en  harmonie 
avec  Tensemble.  Cette  publication  permettra  de  restaurer  très  conve- 
nablement les  façades  encore  existantes  et  pourra  être  étudiée  avec 
le  plus  grand  fruit  par  les  architectes  pour  s'en  inspirer  dans  leurs 


234  LS   MUSÉE   BELGE 


constructions  nouvelles,  afin  de  leur  donner  un  véritable  cachet  d'ar- 
chitecture gantoise.  A  tous  les  points  de  vue  la  publication  rendra  les 
plus  grands  services  ;  et  Ion  ne  peut  qu'applaudir  à  l'idée  de  la  Com- 
mission de  répandre  dans  le  public  les  trésors  de  l'art  gantois  ancien 
enfouis  jusqu'à  ce  jour  dans  les  Archives. 

Je  ne  puis  terminer  ces  notes  sans  dire  quelques  mots  d'une 
publication  d'une  grande .  importance  historique  et  qui  comptera 
parmi  les  plus  belles  et  les  plus  splendides  qui  aient  été  faites  en 
Belgique  depuis  de  longues  années.  Je  veux  parler  des  Mémoires  d'un 
patricien  gantois  sur  les  troubles  religieux  en  Flandre,  1 566-1 568  par  Marc 
Van  Vaernewyck.  (Gand,  N.  Heins,  1905-1906.  2  vol.  4*».  xi-6i8  et 
617  p.  et  nombr.  pi.  60  fr.)  Le  manuscrit  des  Van  die  Beroerlicke  Tijden 
in  die  Nederlanden  en  voornamelijk  in  Ghendt  fut  retrouvé  en  1 869  (actuel- 
lement à  la  Bibliothèque  de  l'Université)  par  M.  Ferd.  Vander 
Haeghen  et  pubUé  par  lui  de  1872  à  1881  (5, vol.).  Feu  M.  Hermann 
Van  Duyse  en  fit  une  traduction  française  que  vient  de  publier 
M.  Maurice  de  Smet  de  Naeyer.  Cette  œuvre  de  Vaernewyck,  la 
plus  importante  de  l'auteur  de  YHistorie  van  Belgie  est  un  journal  de 
tout  ce  qui  se  produisit  à  Gand  et  aussi  en  Flandre  de  juillet  i566  au 
18  novembre  i568  (il  mourut  le  20  février  1569).  Ces  années  comptent 
parmi  les  plus  mouvementées  de  nos  luttes  religieuses;  c'est  le  temps 
où  les  iconoclastes  détruisent  en  Vandales  tous  les  monuments  artis- 
tiques que  les  siècles  de  foi  avaient  accumulés  dans  nos  églises,  et 
où  les  prêches  des  calvinistes  excitent  le  peuple  contre  tout  ce  qui  est 
catholique.  Vaernewyck  était  on  ne  peut  mieux  placé  pour  connaître 
les  événements.  Il  fut  échevin  de  la  Keure  en  1564,  fabricien  de 
Saint-Jacques,  chef- homme  de  sept  corporations  et  échevin  des 
parchons.  Son  journal  n'était  pas  destiné  à  la  publicité  et  la  manière 
même  dont  il  relate  et  apprécie  les  événements  nous  fournit  la 
garantie  la  plus  sûre  de  l'authenticité  de  son  récit  et  de  son  impar- 
tialité. C'est  assez  dire  la  grande  importance  que  présentent  les  neuf 
livres  de  ces  Mémoires  pour  l'histoire  gantoise  et  même  pour  l'his- 
toire de  la  Flandre.  Mais  à  côté  de  cette  valeur  historique,  l'édition 
de  M.  de  Smet  de  Naeyer  constitue  une  œuvre  artistique  de  pre- 
mier ordre.  L'illustration,  empruntée  à  des  documents  authentiques, 
constitue  un  splendide  album  de  Gand  et  de  la  Flandre  au  xvi«  siècle 
(43  planches  hors  texte  et  619  gravures  dans  le  texte).  L'exécution, 
dirigée  par  M.  Armand  Heins,  est  parfaite,  et  l'ensemble  de  l'œuvre 
est  un  monument  historique  et  artistique  d'une  importance  inappré- 
ciable. Adolf  de  Cbulenber. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  235 


Enseignement. 

192.  —  Le  Chanoine  Guillaume,  Que  voulons-nous?  Société  Saint- 
Augustin,  Lille-Paris-Bruges,  1906.  25  pp. 

Aux  nombreuses  brochures  que  M.  le  chanoine  Guillaume  avait 
déjà  publiées  pour  faire  connaître  et  défendre  VOmire  des  classiques 
comparés  qu'il  dirige,  il  vient  d'en  ajouter  une  nouvelle.  Ses  idées  n'ont 
pas  toujours  été  bien  comprises  ;  la  discussion  lui  a  d  ailleurs  fourni 
l'occasion  de  les  préciser  et  il  veut  ici  dissiper  les  derniers  malenten- 
dus. Que  voulons-nous?  —  «  Ce  que  nous  voulons,  dit-il  en  termi- 
nant, ce  n'est  pas  seulement  faire  de  nos  enfants  des  jeunes  gens  supé- 
rieurement instruits^  par  l'étude  approfondie  et  comparée  des  deux 
antiquités  chrétienne  et  païenne,   mais  encore  et  avant   tout  des 
hommes^  et  des  hommes  complets^  c'est-à-dire  des  chrétiens^  par  une  forma- 
tion intellectuelle  de  tous  les  jours  et  de  tous  les  instants  et  pratiquée 
dans  le  sens  chrétien.  »  Il  n'est  pas  un  maître  chrétien  à  coup  sûr  qui 
ne  convienne  que  ce  soit  là  l'idéal  à  atteindre  ;  ce  que  beaucoup 
contestent  encore,  c'est  l'utilité,   la  nécessité  ou  la  possibilité  de 
l'étude  de  l'antiquité  chrétienne.  Il  y  a  pourtant  là,  comme  le  dit 
M.  Guillaume  et  comme  l'a  montré  M.  Kurth,  un  moyen  de  rendre 
nos  humanités  plus  vivantes  en  leur  donnant  un  air  plus  moderne, 
car  l'antiquité  chrétienne  est  le  pont  qui  relie  le  monde  antique  au 
monde  moderne.  Il  ne  s'agit  pas  du  reste,  M.  Guillaume  le  déclare 
formellement,  de  déprécier  les  païens,  mais  de  les  placer  dans  le  jour 
qui  est  le  seul  vrai  pour  nous,  par  la  comparaison  avec  les  chrétiens. 
A  ce  point  de  vue,  comme  au  point  de  vue  esthétique  et  littéraire, 
M.  Guillaume  préconise  la  méthode  si  féconde  de  la  comparaison. 
—  Il  y  a  là  aussi  un  moyen,  le  seul  efficace,  d'orienter  la  formation 
intellectuelle  dans  le  sens  chrétien.  On  ne  forme  pas  un  enfant  avec 
des  méthodes  négatives,  dit  très  bien  M.  Guillaume  ;  il  ne  suffit  pas 
de  lui  montrer  l'erreur  et  de  lui  dire  que  c'est  l'erreur  ;  il  faut  que  la 
vérité  resplendisse  à  ses  yeux  et  pas  seulement  une  ou  deux  heures 
par  semaine,  dans  un  cours  de  religion.  Il  faut  donner  à  la  jeunesse, 
dit  encore  M.  Guillaume,  le  sens  et  l'amour  du  beau,  la  passion  de 
l'idéal  —  mais  de  l'idéal  chrétien.  Il  faut  donc  que  cet  idéal  soit  tou- 
jours mis  en  regard  de  l'idéal  païen.  —  Pratiquement,  il  faut  débar- 
rasser les  humanités  de  l'appareil  philologique  et  il  faut  se  servir 
d'une  anthologie. 

Toutes  ces  idées  sont  connues  ;  ici,  elles  sont  exprimées  avec  ime 
netteté  et  une  précision  qui  ne  laissent  place  à  aucun  doute.  Elles 
sont  mises  en  pratique,  et  avec  succès,  au  Collège  Saint-Joseph  à 
Virton  ;  M.  Guillaume  nous  dit  comment  et  c'est  le  paragraphe  de 
son  opuscule  qui  m'a  le  plus  intéressé  (p.  10- 11). 


236  LE    MUSÉE   BELGE. 


La  brochure  donne  enfin  des  extraits  de  jugements  favorables,- 
émis  sur  l'œuvre  des  classiques  comparés^  ou  d'opinions  qui  concordent 
avec  celles  de  M.  Guillaume.  Ces  extraits  sont  de  G.  Kurth,  P.  Tho- 
mas, L.  Preud'homme,  Mgr  de  Harlez,  A.  Proost,  G.  Dwelshauwers, 
Ch,  Tilman,  Gustave  Gérard.  Ch.  Saroléa,  U.  Benigni,  R.  P.  Cha- 
ruau,  R.  P.  Orlando,  L.  Guérard,  U.  von  Wilamowitz-Moellendorff, 
Mgr  Freppel,  des  Études  religieuses  et  de  J.  P.  W. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

igS.  —  Le  fascicule  55  de  "W.-H.  Roscher,  Aus/uehriiches  Lexikon  der  grie- 
chischen  und  roemischen  Mythologie  (Leipzig,  Teubner,  1907)  vient  de  paraître 
(14  mai).  Il  va  de  Poséidon  à  Prometheus.  Les  articles  les  plus  importants  sont  : 
Poséidon,  Praxidike^  Priamos^  Priapos,  Prokne  et  Prometheus  (inachevé). 

194.  —  R.  'WolIT-Beckh,  Kaiser  Titus  und  der  jûdische  Krieg,  Berlîn-Steglitz, 
G.  B.  Wolff-Beckh,  1905.  1  m.  80. 

Cette  étude  sur  Titus  a  d'abord  reçu  l'hospitalité  dans  les  Neue  Jahrhûcherfùr 
das  klass,  Aitertum.  L'auteur  soutient  un  paradoxe  :  Titus,  le  destructeur  de  Jéru- 
salem et  de  la  nation  juive,  était  fou.  Les  preuves,  les  voici  .  devenu  empereur, 
Titus  se  conduisit  tout  autrement  qu*il  ne  l'avait  fait  croire  avant  ;  pendant  les  der- 
nières semaines  qui  précédèrent  sa  mort,  il  était  assailli  d'idées  noires.  Voilà  à  peu 
près  tout  ce  que  M.  Wolff  parvient  à  tirer  des  documents.  C'est  insuffisant  pour 
prouver  sa  thèse.  Il  a  du  reste  soigneusement  dépouillé  Suétone,  Josèphe  et  toutes 
les  sources  et  il  a  réuni  sur  Titus  et  sur  la  guerre  des  Juifs  des  détails  intéressants 
pour  les  historiens. 

195.  —  Chez  l'éditeur  B.  Schwabe,  à  Bâle,  paraît  une  septième  édition  de  VAnti, 
barbarus  der  lateinischen  Sprache  de  Krebs-Schmalz.  Le  premier  volume,  qui  a 
paru,  se  termine  à  la  lettre  M. 


196.  —  A.  Vermeylen,  Les  lettres  néerlandaises  en  Belgique  depuis  i83o.  Con- 
férence faite  à  l'exposition  universelle  de  Liège  en  içoS,  Bruxelles,  H.  Lamertin, 

1907  (38  pp.). 

N'est-ce  pas  un  vrai  tour  de  force  que  de  vouloir  donner,  en  une  «  conférence  » 
unique,  une  histoire  de  la  littérature  néerlandaise  en  Belgique  depuis  i83o  ?  Aussi 
bien,  pour  l'exécuter,  M.  Vermeylen  a  dû  se  borner  à  indiquer  à  gands  traits 
l'évolutimi  des  lettres  flamandes.  U  ne  nous  invite  pas  à  explorer  avec  lui  un  monde 
nouveau,  où  il  y  a  des  découvertes  surprenantes  à  faire.  Les  faits,  les  personnalités 
les  œuvres  dont  il  nous  parle  sont  connus  ;  le  conférencier  ne  peut  que  les  rappeler* 
à  peine  lui  est-il  permis  de  s'arrêter  quelques  instants  devant  les  figures  les  plus 
remarquables  et  aux  •  tournants  »  de  cette  courte  histoire.  Mais  il  a  parfaitement 
atteint  son  but  qui  était  de  donner  une  vue  d'er.ssmble  et  une  caractéristique  géné- 
r«^e-  C.  L, 

197.  —  Dans  le  cours  élémentaire  de  danois  que  viennent  de  publier  MM»'®» 
M.  Meyboom  et  I.  Trede  [Leercursus  voor  het  Deensch  met  spreekoefeningen  in 
geluidschrift,  Groningue,  P.  Noordhotf,  1907,  fl.  0.76),  la  théorie  grammaticale  a 
été  réduite  au  minimum.  Chaque  oc  leçon  »  renferme  un  texte  avec  traduction  en 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  237 

regard.  Ces  textes  constituent  même  la  majeure  partie  du  manuel,  qui  est,  pour 
ainsi  dire,  un  livre  de  lecture  en  langue  danoise,  avec  les  remarques  grammaticales 
nécessaires  pour  saisir  le  mécanisme  de  la  langue.  Les  auteurs  ont  pris  grand 
soin  de  la  prononciation  ;  les  morceaux  des  cinq  premières  leçons  ont  été  transcrits 
en  orthographe  phonétique.  Pour  éviter  des  mécomptes,  nous  devons  faire  observer 
que  ce  manuel  n'a  pas  été  fait  en  vue  de  l'étude  privée  ;  il  suppose  l'assistance  d'un 
professeur.  C.  L. 

198.  —  Nos  lecteurs  se  rappelleront  que  M.  Th.  J.  Bosman  a  édité,  dans  le 
Klassiek  letterkundig  Panthéon^  un  choix  de  poésies  de  Potgieter  [Bulletin^  1906, 
p.  36).  Il  vient  d'y  ajouter  un  second  recueil  :  Gedichten  van  E.  J.  Potgieter  met 
aantsekeningen.  Tweede  Bundel,  Zutphen,  VV.  J.  Thieme  et  O»,  1907,  fl.  o.3o. 
Il  a  été,  ce  me  semble,  très  heureux  dans  le  choix  des  morceaux.  Nous  y  trouvons 
tout  d'abord  les  Liedjes  van  Bontekoe^  une  suite  de  poésies  où  se  révèle,  sous 
toutes  ses  faces,  le  talent  souple  et  varié  de  Potgieter  ;  on  sera  unanime  à  approuver 
M.  Bosman  de  les  avoir  fait  précéder  d'une  partie  du  Journael  de  Bontekoe.  En 
dehors  de  ces  liedjes^  le  recueil  contient  trois  autres  poèmes  (  Ter  gedachtenisse, 
Sronbeek^  et  eene  revue  in  het  bois  de  Boulogne),  L'éditeur  a  fait  accompagner 
chaque  morceau  d'introductions,  de  résumés,  de  remarques,  afin  de  les  rendre 
facilement  intelligibles.  C.  L. 

199.  —  Dans  la  même  collection  M.  Ghr.  Stapelkamp  a  publié  deux  poèmes 
de  I.  Da  Costa:  Hagar  (met  inlciding  en  aanteekeningen,  96  pp.)  et  Vijf-en-twintig 
aren  ;  Een  lied  in  1840  (met  inleiding  en  aanteekeningen,  82  pp.  Ibid.^  chaque 
volume  o  fl.  3o;.  De  l'une  et  l'autre  de  ces  pièces  il  existe  déjà  plusieurs  éditions 
connmentées  ;  à  côté  d'elles,  celle  de  M.  Stapelkamp  ne  fera  pas  tropmauvaise  figure. 
Une  introduction  assez  développée  oriente  le  lecteur  sur  la  genèse  et  la  signification 
générale  de  l'oeuvre;  le  texte  est  suivi  de  notes  explicatives,  qui  regardent  surtout  le 
fond,  le  contenu,  tout  en  ne  négligeant  pas  trop  la  forme.  Le  but  du  commentateur 
a  été  simplement  d'aider  à  faire  comprendre  le  poème,  non  d'en  donner  une 
édition  «savante  ».  On  pourrait  peut-être  lui  reprocher  d'avoir  trop  multiplié  ses 
notes,  au  point  d'expliquer  des  choses  assez  claires  par  elles-mêmes.  C.  L. 

200.  —  La  première  édition  complète  des  œuvres  de  J.-V.  von  Scheffel  a 
commencé  à  paraître  chez  A.  Bonz  à  Stuttgart.  Elle  comprendra  six  volumes. 
(1  m.  5o  par  vol.  broché,  2  m.  40  relié.)  Le  premier,  qui  contient  une  biographie 
du  poète,  par  M.  J.  Proelss,  et  la  première  partie  à'Ekkehard  a  paru.  Le  second 
volume  contiendra  la  deuxième  partie  â'Ekkehard  avec  Us  notes  historiques;  le 
troisième,  les  nouvelles  historiques  Hugideo^  Juniperus  et  les  Reisebilder  ;  le  qua- 
trième, les  épures  (Episteln);  le  cinquième,  \q  célèbre  Trompeter  von  Sàkkingen 
avec  les  cycles  lyriques  Waldeinsamkeit  et  Bergpsalmen  ;  le  sixième,  les*  cycles 
lyriques  Aventiure  et  Gaudeamus,  L'avantage  le  plus  notable  de  cette  publication 
est  que  l'on  pourra  se  procurer  pour  9  marks  des  œuvres  qui  auparavant  en  coû. 
taieot  60,  plusieurs  n'existant  que  dans  des  éditions  de  luxe. 

I  Scheffel  est  le  poète  le  plus  populaire  de  la  littérature  allemande  moderne.  Nous 
lui  devons,  quoi  qu'on  puisse  dire,  la  meilleure  épopée  idyllique  et  le  meilleur 
roman  historique  de  la  littérature  allemande  post-classique,  et  comme  poète  lyrique 
ilgconiinue  d'occuper  tout  au  moins  une  place  en  vue.  Les  qualités  maîtresses  de  sa 
poésie  sont  la  fraîcheur,  la  verve  et  l'entrain,  la  gaîté  et  l'humour.  La  joie  de  vivre 
éclate  souveraine  dans  les  poésies  de  ce  grand  mélancolique,  qui  ne  savait  pas  vivre 
et  qui  a  gaspillé  et  sa  vie  et  son  talent.  Six  années  seulement  de  véritable  production 


238  LE   MUSÉE   BELGE. 


poétique  '1854-39)  est  peu  pour  une  vie  de  soixante  ans,  qui  n'a  pas  été  marquée 
par  des  soucis,  ni  par  des  troubles  sérieux.  Si  encore  les  encouragements  lui  avaient 
manqué  !  Tout  au  contraire,  le  succès  de  Scheffel  fut  sans  exemple;  du  vivant  du 
poète,  mort  en  1886,  le  Trompeter  atteignit  140  éditions.  VEkkehard  90,  Gaudea-- 
mus  5o.  Ces  chiffres  ont  plus  que  doublé  depuis.  Le  cadeau  de  Noéi  préféré  de 
)'Allem.<nd  est  encore  de  nos  jours  un  volume  de  Scheffel.  On  prévoit  facilement 
Timmense  succès  auquel  cette  édition  complète  est  appelée.  Il  n'y  en  aura  pas  de 
plus  mérité,  car  les  œuvres  de  Scheffel  constituent  la  lecture  la  plus  captivante  — 
et  rajoute  une  des  plus  saines  et  des  plus  réconfortantes  —  que  l'on  puisse  imaginer. 
Chez  nous,  M.  Henri  Francotte  a  attiré  l'attention  sur  Scheffel  dans  un  excellent 
arûdc  de  \si  Revue  généraie  (\uiï\et  1900)  Je  renvoie  le  lecteur  désireux  de  plus 
amples  détails  à  cet  article,  ainsi  qu'à  celui  de  M.  J.  Bourdeau  dans  la  Revue  des 
Deux  M  ondes  t  i5  août  i883,  et  j'engage  vivement  le  lecteur,  qui  ne  connaît  pas 
Scheffel,  à  profiter  de  la  bonne  aubaine  qui  lui  est  offerte.  H.  B. 

aoi.  —  La  revue  î  Deutsche  Erde,  Zeltschrift  fur  Deutschkunde  ^  publiée  par 
M.  le  professeur  P.  I-anghans  chez  Perthes  à  Gotha,  a  donné  dans  la  2«  livraison 
de  sa  VI»  année  (1907),  en  première  page,  une  notice  biographique  sur  M.  Gk>d. 
Kurth,  avec  portrait.  On  y  relève  notnmment  les  mérites  de  .M.  G.  Kurth  pour  la 
renaissance  de  notre  troisième  langue  nationale. 

202. —  Le  petit  ouvrage  di  M.  BronnST,  Grwtjjûge  der  geschichi lichen  Gram- 
ma! ik  der  deutschen  Sprache  {Siùiichcn^  ) .Lindaucr,  vin-ii3  pp.)  est,  d'après  la 
préface,  destiné  aux  professeurs  d'allemand  des  école?;  Je  la  Haute- Allemagne. 
L'auteur  ne  s'étend  donc  pas  seulement  sur  le  développement  de  la  langue  hors  du 
moyen-haut-allemand  et  de  l'ancien  haut-allemand  en  langue  littéraire  commune, 
mais  il  traite  aussi  de  Thistoire  de  la  phonétique  et  de  la  flexion  des  dialectes  du 
Sud.  Ceci  donne  une  valeur  particulière  à  l'ouvrage,  non  seulement  parce  que 
les  exposés  d'ensemble  des  particularités  grammaticales  de  groupes  de  dialectes 
modernes  sont  rares,  mais  au^si  parce  que  l'auteur  développe  des  vues  personnelles 
remarquables  à  propos  de  l'explication  phonétique  des  anciennes  orthograp.hcs  et  à 
propos  d'accentuation  et  de  métrique. 

203.  —  Parmi  les  ouvrages  grammaticaux  récents,  il  y  a  Heu  de  citer  notamment 
la  nouvelle  édition,  considérablement  augmentée,  du  livre  célèbre  de  G.  Wnst- 
mann,  Aller hand Sprachdummheiten  (Leipzig,  Grunow,  2  m.  5o),  qui  mène  une 
campagne  si  piquante  contre  les  sottises  et  le  pédantisme  de  la  «  langue  du  papier  » 
et  notamment  des  journaux  et  prêche  d'une  façon  si  pittoresque  le  retour  à  la  sim- 
plicité et  au  langage  vivant  du  peuple.  Très  utile  est  aussi  Gnmo'W'5  Gramma- 
tifiches  Nachschlagebuch  (même  éditeur,  390  pp.  2  m.  5o)  basé  sur  Touvrage  de 
Wustmann  et  qui  constitue  un  conseiller  très  pratique  et  un  guide  précieux  dans  le 
dédale  de  la  grammaire  allemande. 

204.  —  Parmi  les  oeuvres  posthumes  de  M.  W.  Wackernagel,  professeur  de  linc- 
rature  allemande  à  l'université  de  Bàle,  auquel  nous  devons  une  excellente  histoire 
de  la  littérature  allemande,  s'est  trouvé  un  traité  étendu  sur  la  poétique,  la  rhéto* 
rique  et  la  stylistique,  firuit  de  conférences  faites  en  1 836-37  ^  l'université  de  Bàle, 
Ce  traité  a  été  publié  pour  la  première  fois  en  1873" par  M.  L.  Sieber  ;  une  seconde 
édition  a  vu  le  jour  en  1888  et  une  troisième  vient  de  paraître  :  Poetik^  Rhetorik 
und  Stilistik,  Akademtsche  Vorlesungen  von  'W. 'Wackernagel.  (Halle  1.  S.^ 
Buchhandlung  des  Waisenhauses,  1907.  6o3  pp.  6».  8  m.j  Après  une  introductioa 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  23g 


générale,  dans  laquelle  l'auteur  définit  notamment  les  concepts  du  beau  et  de  l'art 
et  compare  la  poésie  aux  arts  plastiques,  il  passe  à  l'étude  spéciale  de  la  poétique. 
Un  premier  chapitre  traite  de  la  poésie  en  génér&l  (essence  de  la  poésie,  âge  et 
origine,  dénominations),  un  second  de  la  poésie  en  particulier  (poésie  épique, 
lyrique  et  dramatique).  Une  subdivision  analogue  est  adoptée  pour  les  traités  sur 
la  rhétorique  et  la  stylistique.  Le  livre  sur  la  rhétorique  traite  d'abord  de  la  prose 
en  général,  puis  de  la  prose  en  particulier  (prose  narrative,  prose  didactique)  ;  le 
livre  sur  la  stylistique  étudie  de  même  d*abord  le  style  en  général  puis  le  style  en 
particulier  (style  de  l'esprit,  style  de  l'imagination,  style  du  sentiment).  Depuis 
l'ouvrage  de  M.  Wackernagel,  de  nombreux  traités  plus  étendus  ont  paru  sur  la 
poétique,  mais  pour  les  deux  autres  branches  que  l'auteur  étudie,  son  exposé  est 
resté  le  meilleur  que  nous  possédions  et  môme  son  travail  sur  la  poétique  se  dis- 
tingue par  une  solide  base  philosophique  qui  fait  souvent  défaut  à  ses  successeurs. 

3o5.  —  Un  instituteur  allemand  M.  Louis  Li&sser  (pourquoi  pas  Ludwig)^  à 
Altenbreitungen,  publie  une  élude  sur  la  poésie  villageoise  allemande  :  Die  deutsche 
Dorfdichtung  von  ihren  Anfângen  bis  fwr  Gegenwart,  (Salzungen,  L.  Scheer- 
messer,  1907.  141  pp.  80.  i  m.  80.)  L'auteur  s*est  donné  beaucoup  de  peine  pour 
rassembler  tous  les  noms  d'auteurs  qui  entrent  en  ligne  de  compte  ici,  et  comme 
cette  li»te  est  très  longue  et  l'ouvrage  très  court,  il  n*a  pas  pu  donner  beaucoup  plus 
qu*uQe  nomenclature,  excepté  pourtant  pour  la  partie  de  la  littérature  ancienne,  qui 
peut  être  envisagée  à  la  rigueur  comme  littérature  villageoise.  Au  point  de  vue 
bibliographique  le  travail  consciencieux  de  M.  Lasser  constitue  une  mine  précieuse. 

Mb.  —  D*un  caractère  analogue  est  l'ouvrage  que  vient  de  pub  iir  une  institutrice 
autrichienne,  M'i«  Julie  Adam  :  Der  Natursinn  m  der  deutschen  Dtchtung,  (Wien 
u,  Leipzig.  W.  Braumûller,  1906.  232  pp.  8<*.  2  m.  40.)  Elle  s*est  efforcée  de  re- 
cueillir les  poésies  allemandes  sur  la  nature  et  elle  nous  en  offre  une  intéressante 
anthologie,  depuis  les  temps  les  plus  reculés  jusqu'à  Heine,  qu'elle  encadre  d'un 
texte  explicatif,  tant  soit  peu  superficiel  qui  se  termine  par  cette  phrase  :  «  Qu'y  a- 
t-il  de  plus  beau  que  de  contempler  la  nature  avec  les  yeux  du  poète  et  de  voler  à 
travers  le  monde  sur  les  ailes  de  la  poésie  ».  M^'^  Adam  ne  pense-t-elle  pas  que  son 
compatriote  f^nau  a  contemplé  la  nature  avec  des  yeux  de  poète  et  pourquoi  a-t-elle 
négligé  de  le  citer? 

207.  —  Le  volume  XIII  (année  1906)  d*Euphorion^  Zeitschrift  fikr  Literaturge- 
schichte  (Vienne,  C.  Fromme.  883  pp.  16  m.)  marque  un  progrès  considérable  de 
cette  importante  revue.  Il  contient  des  travaux  approfondis,  de  longue  haleine,  sur 
des  suiets  tels  que  la  légende  de  Griseldis  dans  la  littérature  du  xix«  siècle  iVVid- 
iDannj,  des  études  sur  Fischart  (Hauffcn),  sur  les  contes  de  Goethe  (ElOsser-Inster- 
burgj,  sur  les  fragments  de  Novalis  (Hugenstein),  Kant  et  l'école  romantique  (Hans), 
les  rapports  entre  Wieland  et  Horace  (Stemplinger),  la  métrique  du  xvi»  et  du 
z?n«  siècle  (Baesecke),  les  théories  de  la  pléiade  française  et  leur  inHuence  sur  la 
littérature  allemande  (Wenderotb),  des  contributions  nouvelles  à  la  vie  et  aux  œuvres 
de  Schenkendort  (Czygan),  etc.  Nombreuses  sont  les  publications  de  correspon- 
dances inédites  d'écrivains  allemands.  Les  mélanges  abordent  une  foule  de  sujets 
importants;  les  comptes  rendus  ne  négligent  aucun  ouvrage  récent  de  quelque 
importance  et  la  bibliographie  signale  non  seulement  les  livres,  mais  aussi  les  articles 
de  revues  et  de  journaux.  Une  livraison  bupplémentaire  a  pu  être  ajoutée  cette 
année.  Otto  Rommel  y  étudie  une  publication  autrichienne,  le  Wiener  Musenalma^ 
*^^  (ï777"*79'^)i  l'organe  central  de  la  poésie  allemande  en  Autriche  à  la  fin  du 


240  LE   MUSÉB   BELGE. 


xviu«  siècle.  Ce  document  littéraire  sert  de  base  à  Tauteur  pour  une  étude  très 
approfondie,  riche  en  données  nouvelles,  sur  les  rapports  entre  la  littérature  autri- 
chienne et  la  littérature  allemande  à  cette  époque,  depuis  la  un  de  Técole  anacréon- 
tique  jusqu*à  la  naissance  du  classicisme  et  pour  un  examen  comparatif  de  la  |>ro- 
duction  littéraire  autrichienne  et  de  celle  de  la  grande  Allemagne. 

H.   BiSCHOFF. 


208.  —  P.  Blartroye,  Genséric  :  La  Conquête  vandale  en  Afrique  et  la  destruc- 
tion de  PEmpire  d'Occident,  Hachette  et  C'«,  Paris,  1907.  7  fr.  5o. 

Entre  l'ancienne  domination  des  Romains  et  la  conquête  Byzantine,  l'Afrique  du 
Nord  a  été  soumise  par  Genséric  et  les  Vandales,  qui, de  cette  position,  ont  attaqué 
l'Empire  romain  et  ont  été  les  principaux  agents  de  sa  destruction  en  Occident. 

Quoique  des  travaux  importants  aient  été  publiés,  en  France  et  en  Allemagne, 
sur  rétat  de  l'Afrique  au  cinquième  siècle,  sur  le  rôle  politique  de  Genséric  et  sur 
son  gouvernement,  ces  questions,  en  France,  n'avaient  point  été  traitées  d'ensemble 
avec  les  ressources  dont  dispose  l'érudition  contemporaine.  Le  livre  de  M.  Martroye 
comble  cette  lacune  ;  son  exposé  historique  est  fondé  sur  les  données  scientifiques 
les  plus  complètes.  Son  ouvrage  ne  peut  manquer  dMntéresser  tous  ceux  dont  l'at- 
tention se  porte  sur  les  questions  religieuses,  sur  les  études  d'ancienne  administra- 
tion et  sur  l'histoire  politique  du  monde  romain  à  son  déclin. 

209.  —  Histoire  de  l'art  depuis  les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à  nos  jours^ 
publiée  sous  la  direction  de  M.  André  ICichel.  Tome  II.  Formation^  Expan- 
sion et  Évolution  de  V Art  gothique.  Seconde  partie.  Armand  Colin,  Paris,  1907. 
Un  vol.  gr.  in-8  de  490  pp.  Broché  :  i5  fr.;  relié  :  22  fr. 

Dans  cette  seconde  partie  du  tome  II  de  V Histoire  de  l'Art  se  poursuit,  jusqu'à 
la  fin  du  XIV*  siècle,  l'évolution  de  Part  gothique,  dont  la  première  partie  nous  avait 
montré  la  formation  et  l'expansion  dans  le  monde  occidental.  M.  Camille  Enlart 
expose  en  un  substantiel  chapitre  le  développement  de  l'architecture.  M.  Amile 
Bertaiix  étudie  la  sculpture  en  Italie  et,  avec  une  ample  moisson  de  documents 
dont  beaucoup  sont  interrogés  pour  la  première  fois,  la  sculpture  en  Espagne  ; 
M.  André  Michel,  la  sculpture  en  France  et  dans  les  pays  du  Nord.  C'est  à 
M.  André  Pératé  que  revenait  la  tâche  de  présenter  dans  toute  sa  magnificence 
le  développement  de  la  peinture  italienne  au  xiv«  siècle  ;  le  beau  chapitre  qu'il  a 
consacré  à  cette  élude  sera  un  des  attraits  de  ce  volume.  L'orfèvrerie  et  l'émaillerie 
ont  trouvé  en  M.  J.-J.  Marquai  de  Vasselot  un  historien  du  goût  le  plus  suret 
le  plus  informé.  Ce  superbe  volume  est  orné  de  262  gravures  dans  le  texte  et  de 
7  planches  en  taille- douce  hors  texte.  L'Histoire  de  l'Art  tient  les  promesses  de  ses 
débuts  et  réalise  avec  éclat  le  souhait  qu'avaient  exprimé,  lors  de  l'apparition  de  son 
premier  volume,  les  critiques  les  plus  compétents. 

210.  —  l^  sixième  édition  de  Meyers  Grosses  Konversationslexicon  a  par- 
couru les  trois  quarts  de  sa  route;  les  quinze  premiers  volumes  ont  paru;  il  en  reste 
cinq  à  paraître.  Le  volume  XIV  (928  pp.  à  deux  colonnes.  10m.)  débute  par  le  mot 
Mittewald  (village  du  Tirol)  et  finit  par  le  mot  O/im^eW  (contribution  de  cabaretier). 
On  remarque  tout  au  commencement  un  article  copieusement  illustré  sur  le  mobi- 
lier, avec  une  abondante  bibliographie.  Plus  loin  on  rencontre  un  articulet  sur 
l'écrivain  belge  A.  Mockel.  La  bibliographie  sur  Molière  signale  l'ouvrage  de  notre 
compatriote  H.  Davignon,  mais  omet  celui  de  Kreiten  (Freiburg,  Herder,  1887). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  24I 


L'économiste  belge  de  Molinari,  né  à  Liège  en  i8ig,  reçoit  une  notice  biographique 
d'une  demi-colonne.  Quatre  belles  planches  et  une  carte  illustrent  le  mot  Mond 
(luoe).  L'article  sur  Ni  arc  Monnier  pourrait  indiquer  ses  traductions  de  poésies 
allemandes,  à  propos  du  recueil  Vers  Bellettriens,  paru  après  sa  mort.  Pol  de  Mont 
est  mentionné.  La  magnitîque  planche  coloriée  à  propos  du  mot  Moose  mérite 
d*être  signalée.  L*article  sur  Moresnet  Neutre  devrait  citer  le  travail  de  M.  Lequarré 
paru  dans  La  Wallonie,  L'article  sur  le  poète  allemand  Môrike  apprécie  en  d'ex- 
cellents termes  et  à  sa  juste  valeur  son  œuvre  lyrique,  dont  l'importance  est  consi- 
dérablement exagérée  de  nos  jours.  Six  planches  accompagnent  le  mot  Mùn:(e\  la 
première  est  consacrée  aux  monnaies  grecques,  la  seconde  aux  monnaies  romaines. 
Une  grande  planche  en  couleur  indique  au  mot  Nahrungsmittel,  la  composition 
chimique  et  la  valeur  nutritive  des  aliments.  Les  découvertes  scientifiques  faites 
depuis  1 100  avant  J.  Ch.  jusqu'à  1903  sont  énumérées  et  datées  dans  un  supplément 
au  mot  Naturwissenschaft,  On  trouve  de  superbes  planches  au  mot  Nebel^  ainsi 
qu'à  Muskel^  Nerv  et  Nut^^hol^er,  De  bons  résumés  de  l'histoire  littéraire  sont 
adjoints  au  noms  de  pays  Norwege^  Néerlande^  Amérique  du  Nord,  Pays  du  Nord 
(littérature  nordique),  sur  lesquels  le  lexique  s'étend  longuement. 

Le  volume  XV  qui  finit  au  mot  Plakatschriften  s'arrête  dés  le  début  long- 
temps au  mot  Ohr  et  à  ses  composés  et  les  illustre  par  une  très  belle  planche. 
Un  plan  des  fouilles  accompagne  l'article  Olympie.  Deux  grandes  planches  coloriées 
se  trouvent  à  l'article  Orchidées^  trois  à  l'article  suivant  ordres  ;  un  supplément 
donne  une  nomenclature  complète  des  distinctions  honorifiques.  Le  volume  est 
particulièrement  riche  en  planches  coloriés  et  illustrations  de  tout  genre;  les 
premières  se  suivent  rapidement  aux  moX%  faune  orientale^  ornements  (4  planches). 
Nombreuses  et  très  nettes  sont  aussi  les  cartes  et  les  plans  de  villes,  telle  une 
carte  géologique,  ethnographique,  agricole,  industrielle,  historique  et  politique  de 
l'Autriche-Hongrie,  dont  la  description  occupe  quarante  pages.  Une  grande  place, 
dans  laquelle  l'illustration  a  une  part  notable,  est  prise  par  des  mots  tels  que  Océanie, 
paléographie,  Pan^erschiffe,  papier  et  ses  composés,  pape,  Paris  (avec  2  cartes), 
parlement,  patente.  Plus  loin  on  trouve  un  plan  détaillé  de  la  ville  de  Péking,  puis 
un  article  étendu  sur  la  Perse,  avec  carte,  et  exposé  sommaire  de  l'histoire  littéraire. 
Abondamment  illustrés  sont  les  articles  Pferd,  Pûam^en,  ce  dernier  avec  ses 
nombreux  composés,  Pflug  ;  suivent  des  exposés  historiques  sur  l'évolution  de  la 
philologie,  de  la  philosophie,  avec  portraits  des  principaux  philosophes.  Des  sup- 
pléments suivants  s'occupent  aes  appareils  photographiques,  du  photomètre,  etc. 
Trois  tableaux  coloriés  et  quatre  planches  accompagnent  l'article  sur  les  cham- 
pignons (Pil^e)  et  le  volume  se  termine  par  des  articles  assez  copieux  sur  la 
physique  et  la  physiologie.  H.  Bischofp. 

CHRONIQUE. 

au.  —  Une  nouvelle  Revue.  La  Société  belge  de  Sociologie  avait  publié  jus- 
qu'ici les  résultats  des  travaux  de  ses  membres  dans  une  collection  intitulée  les 
Annales  de  Sociologie^  dont  deux  tomes  ont  déjà  paru  (1902  .et  1905)  et  dans  un 
Bulletin  bibliographique  trimestriel  (1899-1906)  Sur  la  proposition  de  son  prési- 
dent, M.  Cyr.  Van  Overbergb,  la  Société  a  décidé  de  fusionner  ces  deux  publications 
en  un  seul  organe  :  Le  Mouvement  sociologique  international  (Bruxelles,  A.  De  Wit, 
éditeur  ;  abonnement  :  12  fir.  par  an).  La  nouvelle  revue  comportera  quatre  fascicules 
par  an,  d'environ  200  pages  chacun.  On  y  trouvera,  outre  des  études  originales  et 
une  partie  documentaire,  l'analyse  et  la  critique  de  tous  les  ouvrages  importants 
qui  peuvent  intéresser  les  sociologues. 


242  LE   MUSÉE   BELGE. 

Le  I«'  fascicule,  qui  vient  de  paraître,  fait  bien  augurer  de  Tavenir  du  Mouvement 

socioogigue.  Voici  un  aperçu  sommaire  des  matières  qu'il  renferme.  Il  s*ouvre  par 
un  article  sur  la  Documentation  en  matière  de  sociologie  générale  (pp.  5  à  14); 
M.  Van  Overbergh  y  préconise  un  système  de  fiches  mobiles,  aussi  ingénieux  que 
pratique,  dont  le  but  est  de  permettre  la  comparaison  aussi  parfaite  que  posiiible 
des  théories  émises  par  les  diverses  écoles  sociologiques  sur  toutes  les  questions 
essentielles.  Le  livre  capital  de  rAraéricain  Lester  F.  Ward  {Sociologie  pure,  trad. 
Weil,  1906)  a  fait  l'objet  d'une  première  application  de  cet  essai  de  dépouillement 
méthodique,  dont  là  réalisation  ne  pourra  manquer  de  contribuer  efficacement  à 
Tavancement  de  la  science  (pp.  i5  à  83). 

Sous  ce  titre,  bien  fait  pour  piquer  là  curiosité  :  Essai  sur  révolution  politique^ 
économique^  morale  et  intellectuelle  de  l'Europe  moderne,  M.  H.  Van  Houtte  donne 
la  première  partie  d'un  mémoire  dans  lequel  il  s'attache  à  démontrer  que  Thistoire 
de  l'Occident,  depuis  l'établissement  de  la  Féodalité  jusqu'à  nos  jours,  marche  dans 
le  sens  d'une  concentration  progressive  des  unités  politiques  et  sociales  (pp.  85  à 
i3o).  Le  Bulletin  aura  prochainement  l'occasion  de  revenir  sur  cette  étude  originale, 
solidement  documentée  et  d'une  haute  portée  philosophique,  lorsqu'elle  aura  été 
publiée  intégralement. 

En  1905,  la  Société  avait  lancé  le  projet  d'une  enquête  ethnographique 
et  sociologique  sur  les  peuples  de  civilisation  inférieure,  et  elle  avait  tait  imprimer 
à  plusieurs  milliers  d'exemplaires  un  Questionnaire  général  qui  fut  distribué 
à  des  explorateurs,  missionnaires  et  voyageurs,  avec  prière  de  répondre  par 
écrit  aux  demandes  qu'il  renfermait.  Peu  après,  le  Congrès  de  Mons  consacrait  cette 
initiative  et  décidait  la  création  d'un  Bureau  ethnographique  international  dont  le 
siège  serait  fixé  à  Bruxelles.  Cependant  la  Société  poursuivait  son  enquête  propre  et 
confiait  à  l'un  de  ses  membres  M.  Jos.  Halkin,  l'auteur  du  Questionnaire,  la  mission 
de  colliger  et  de  grouper  tous  les  renseignements  qu'il  était  possible  de  se  procurer 
sur  la  région  septentrionale  de  l'État  indé(>endant  du  Congo.  Ce  sont  les  premiers 
résultats  de  ce  travail  qui  sont  publiés  ici  dans  un  article  intitulé  :  Quelques  peu- 
plades du  district  de  rUelé.  I.  Les  Ababua  (pp.  lai  à  271)  Chaque  catégorie  de 
renseignements  fait  l'objet  de  fiches  spéciales,  qui  peuvent  être  aisément  détachées 
et  se  prêtent  par  conséquent  aux  classements  les  plus  variés.  Le  dépouillement  des 
sources,  tant  manuscrites  qu'imprimées,  a  été  effectué  avec  un  soin  extrême  et  une 
méthode  rigoureuse  ;  l'exécution  de  la  carte  du  district  et  des  photogravures  ne 
laisse  rien  à  désirer.  Bref,  cette  monographie,  qui  n'est  présentée  que  comme  un 
essai,  soumis  à  la  discussion,  constitue  en  réalité  la  meilleure  démonstration  de 
l'utilité  de  l'enquête  entreprise  par  la  Société. 

Les  dernières  pages  du  fascicule  sont  consacrées  à  des  comptes  rendus  d'ouvrages 
de  sociologie  générale,  religieuse,  politique,  économique,  démographique,  crimi- 
nelle, littéraire,  anthropologique  et  ethnographique  (pp.  373  à  352).  Ils  sont  signés 
par  MM.  Bayot,  Bricteux,  Damoiseaux,  De  Lannoy,  de  la  Vallée  Poussin,  P.  Eva- 
ristc,  Goltier,  J.  Halkin,  Jacquart,  Pedrinelli,  Van  Houtte  et  Van  Overbergh. 

Le  Musée  Belge  souhaite  la  bienvenue  et  présente  ses  meilleurs  vœux  de  succès 
au  Mouvement  sociologique  international.  Il  est  heureux  de  constater  que  le  comité 
de  rédaction  de  la  nouvelle  revue  compte  dans  son  sein  bon  nombre  de  ses  plus 
fidèles  collaborateurs.  L.  Halkin. 

212.  —  Importante  découverte  au  Palatin,  —  M.  le  professeur  Bartoli  vient  de 
mettre  en  lumière  l'existence  d'une  église  dont  on  avait  perdu  toute  trace  depuis  le 
XV*  siècle  :  l'église  de  Saint-Césaire. 

Une  excavation  pratiquée  au  Palatin  sous  la  villa  Mills  a  fait  découvrir  des  fresques 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2^^ 


du  moyen  âge  qui  permettent  d*assurer  que  l'on  se  trouve  en  présence  de  la  célèbre 
église  dont  Torigine  remonte  au  v«  siècle. 

Elle  a  commencé  par  servir  d'oratoire  aux  premiers  empereurs  chrétiens.  Quand 
la  capitale  fut  transférée  à  Byzance,  ils  continuèrent  à  y  faire  représenter  leurs 
portraits. 

Au  huitième  siècle,  elle  devint  un  monastère  grec.  Deux  papes  y  furent  élus  : 
Scrgius  et  Eugène  lll. 

21 3.  —  Aux  environs  de  Mayence  on  a  trouvé  un  diplôme  militaire  du  i5  avril  de 
Tan  78.  Far  une  loi  portant  cette  date,  Vespasien  accorde  les  privilèges  ordinaires 
aux  soldats  pérégrins  qui  étaient  en  garnison  dans  la  Germanie  inférieure,  sous  le 
commandement  de  Q.  Julius  Cordinus  Gallicus,  ami  du  poète  Stace  qui  lui  dédia 
une  pièce  où  Ton  voit  qu'il  avait  réussi  à  faire  prisonnière  la  fameuse  Velléda.  Le 
diplôme  se  termine  par  ces  mots  :  Descn'ptum  et  recognitum  ex  tabula  aenea  quae 
fixa  est  Romae  in  Capitolio  post  casam  Romuli,  Il  en  résulte  que  la  casa  RomulisQ 
trouvait  sur  le  Capltole.  Cest  la  première  fois  qu'on  voit  l'original  de  la  loi  affiché 
en  ce  lieu.  Voy.  A.  v.  Domaszewski,  Roem.  Germ,  Central  MuÈeum^  V,  p.  i8i  sqq. 

214.  —  Bibliographie  de  M.  Paul  Guiraud  (voy.  ci -dessus,  p.  164)  : 

Le  dilTérend  entre  César  et  le  Sénat  59-49  avant  J.  C.  Paris,  1878,  8°. 

De  Lagidarum  cum  Romanis  societate.  Paris,  Hachette,  1879.  8°. 

De  la  réforme  des  comices  centoriates  au  iii«  s.  avant  J.  C.  Paris,  1881,  8^.  Avec 
G.  Lacour-Gayet. 

De  la  condition  des  alliés  pendant  la  première  confédération  athénienne.  Paris, 
i883.  8\ 

Histoire  romaine  depuis  la  fondation  de  Rome  jusqu'à  l'invasion  des  barbares. 
Paris,  1884.  8°. 

Les  Assemblées  provinciales  dans  l'Empire  romain.  Paris,  1887.  80,  Couronné  par 
l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 

La  Vie  privée  et  la  vie  publique  des  Grecs.  Paris,  1890.  8°. 

La  Vie  privée  et  la  vie  publique  des  Romains.  Paris,  1890.  8*^. 

La  propriété  foncière  en  Grèce  jusqu'à  la  conquête  romaine.  Paris,  1893,  8°. 
Couronné  par  l'Institut. 

Fustel  de  Coulanges.  Paris,  1896.  12°.  Couronné  par  l'Académie  française. 

La  main  d'œuvre  industrielle  en  Grèce.  Paris,  1900.  8°.  Dans  la  Bibl.  de  la  Fac. 
des  Lettres  de  TUniv.  de  Paris.  Voy.  ce  Bull.  VI,  p.  6-8. 

Etudes  économiques  sur  l'antiquité.  Hachette,  1906,  i2<'.  Voy.  ce  Bm//.,  IX,  p.  128. 

Histoire  ancienne  et  histoire  du  moyen  âge  du  v«  au  x«  s.  Paris,  1903.  18".  Avec 
G.  Lacour-Gayet. 

21 3.  —  Parmi  les  lectures  faites  à  V  Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres  y 
nous  signalons  les  suivantes  : 

Le  i5  mars,  M.  Georges  Perrot  donne  lecture  d'un  rapport  de  M.  Jonckler,  qui 
vient  de  découvrir  à  Rome,  les  restes  du  lucus  Furrinae^  où  s'est  tué  Caius  Gracchu^, 
Ces  vestiges  sont  situés  dans  la  villa  Sciarra,  sur  le  versant  est  du  Janicule  en  face 
de  TAvcntin, 

Le  27  mars,  M.  Héron  de  Villefosse  entretient  TAcadémie  de  la  découverte  iàht 
par  le  P.  Delattre  à  Carthage,  de  la  pierre  tombale  de  Sainte  Félicité,  Sainte  Per- 
pétue et  leurs  compagnons.  —  M.  Mispoulet  parle  de  la  Coutume  des  mines  au  movm 
âge  et  de  la  similitude  de  ce  statut  avec  le  droit  romain  tel  qu'il  resuite  des  réf;îc- 
ments  miniers  récemment  découverts  en  Portugal. 

216.  —  L'Ange  d'or  de  Jeanne  de  Brabant,  —  Le  19  avril  dernier,  à  la  vente  «Jcâ 
monnaies  de  M.  Coster,  qui  a  eu  lieu  à  Bruxelles,  le  cabinet  des  médailles  Jl   Li 


244  L^    MUSÉE   BELGE. 


Bibliothèque  royale  de  Belgique  a  pu  faire  une  acquisition  de  la  plus  haute 
importance. 

On  vendait  (n<>  i3o  du  catalogue)  une  pièce  rarissime,  ou  plutôt  absolument 
unique,  VAnge  dCor  aux  deux  écus  pour  Jeanne,  duchesse  de  Brahant, 

Jeanne  de  Brabant,  épouse  de  VVenceslas,  duc  de  Luxembourg  et  roi  de  Bohême, 
fut  inaugurée  duchesse  de  Brabant  en  i355  et  mourut  en  1406.  \JAnge  d'or  de 
Jeanne  de  Brabant  a  été  déterré  aux  environs  de  Malines  dans  une  propriété 
des  hospices  qui  le  firent  vendre  publiquement.  La  pièce  fut  alors  acquise  pour 
1400  francs  par  .M.  Coster. 

La  pièce  a  gardé  toute  sa  valeur,  car  c'est  seulement  au  prix  de  i35o  francs  que 
M.  Alvin,  conservateur  du  cabinet  des  médailles,  a  pu  s'en  rendre  acquéreur. 

On  doit  se  réjouir  de  ce  qu'un  document  monétaire  de  pareil  intérêt  historique 
sorte  des  collections  privées  pour  enrichir  le  patrimoine  national. 

217.  —  Académie  Royale  de  Belgique.  Classe  des  Lettres  et  des  Sciences  Morales 

et  Politiques.  Programme  du  concours  pour  Vannée  ipoç. 

Section  d*histoire  et  des  lettres,  i»"®  question  :  On  demande  une  étude  sur 
l'exotisme  dans  la  littérature  française  du  xviii»  siècle.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

2«  question  :  Faire  la  classification  des  parlers  wallons  de  Belgique  au  triple  point 
de  vue  de  la  phonétique,  de  la  morphologie  et  du  vocabulaire.  —  Prix  :  huit  cents 
francs. 

3*  question  :  Faire  l'histoire  des  invasions  en  Belgique  au  moyen  de  l'étude 
systématique  des  dates  fournies  par  les  trouvailles  de  monnaies  dans  les  ruines  de 
villas,  dans  les  tombeaux  et  dans  les  trésors  enfouis.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

4«  question  :  On  demande  une  étude  sur  la  valeur  littéraire  des  pamphlets  du 
XVI®  siècle  en  langue  néerlandaise.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

Section  des  sciences  morales  et  politiques,  i^*  question  :  On  demande  une  étude 
sur  les  unions  internationales.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

2«  question  :  Étudier  les  méthodes  préconisées  par  les  principaux  représentants 
de  la  science  économique  en  Allemagne  à  l'heure  présente  (Knies,  Schmollcr, 
Wagner,  Menger).  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

3^  question  :  On  demande  une  étude  sur  les  coutumes,  la  législation  et  les 
usages  commerciaux  d'Anvers  sous  l'ancien  régime  à  partir  de  l'impression  de  la 
coutume. 

L'étude  ne  portera  point  sur  le  droit  maritime,  mais  comprendra,  pour  le  surplus, 
une  appréciation  critique  ainsi  que  l'exposé  des  rapports  du  droit  commercial  en 
vigueur  avec  notre  législation  commerciale  actuelle.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

4«  question  ;  On  demande  une  étude  critique  sur  la  philosophie  de  Guyau  et  ses 
applications.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Les  mémoires  seront  adressés,  franc  de  port,  avant  le  i""  novembre  1908,  à  M.  le 
Secrétaire  perpétuel,  au  Palais  des  Académies,  à  Bruxelles. 

Nous  attirons  l'attention  sur  les  conditions  réglementaires  communes  aux  concours 
annuels  de  la  Classe,  parce  qu'ils  ont  été  modifiés  : 

Les  mémoires  peuvent  être  rédigés  en  français,  en  néerlandais,  en  allemand  ou 
en  latin. 

Les  concurrents  sont  libres  de  signer  leur  travail  ou  d'y  inscrire  une  devise 
reproduite  sur  une  enveloppe  cachetée  qui  contiendra  leur  nom  et  leur  adresse.  Ils 
y  joindront  une  déclaration  attestant  que  le  mémoire  est  inédit  et  n'a  pas  obtenu  de 
récompense  dans  un  autre  concours. 

Sauf  dispositions  contraires  résultant  de  clauses  spéciales,  les  manuscrits  soumis 
à  la  Classe  restent  déposés  dans  ses  archives.  Il  est  permis  aux  auteurs  d'en  prendre 
copie  dans  les  bureaux  du  Secrétariat. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  2^5 


PARTIS  PÉDAGOGIQUE. 

L'ENSEIGNEMENT  MOYEN  A  L'ÉTRANGER 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  TUniversité  de  Louvain. 
(Suite.) 


ANGLETERRE 


«  Un  élève  entre  au  collège  vers  Tâge  de  14  ans.  Il  déclare  à  l'avance 
lequel  des  deux  enseignements  il  veut  suivre  et  passe  l'examen  d'entfée 
de  Tun  ou  de  l'autre  (i).  Il  peut  plus  tard  se  faire  transférer  de  Tun  à 
Tautre,  s'il  vient  à  changer  d'intention  pour  la  carrière  à  venir;  mais 
pour  obtenir  ce  changement,  il  doit  passer  un  examen  sur  les  parties 
spéciales  enseignées  dans  la  classe  classique  ou  moderne  dans  laquelle 
il  veut  entrer. 

Pour  l'enseignement,  la  grande  difficulté,  c'est  que  Tannée  scolaire 
est  partagée  en  trois  trimestres  inégaux,  séparés  par  les  congés  de 
Noël,  de  Pâques  et  les  grandes  vacances.  A  la  fin  de  chaque  trimestre, 
des  élèves  quittent  le  collège  et  d'autres  sont  promus  dans  la  classe 
supérieure.  Chaque  classe  se  renouvelle  donc  en  partie  trois  fois  par 
an  et  ne  se  renouvelle  jamais  entièrement,  ce  qui  rend  difficile  de 
professer  t  un  cours  »  proprement  dit.  L'enseignement  se  fait  surtout 
par  le  livre,  que  le  professeur  explique  ou  commente,  mais  qu'il  ne 
remplace  pas  (2). 

(1)  A  Eton,  l'examen  d'admission  comprend  une  version  latine,  un  thème  latin,  la 
grammaire  latine,  la  grammaire  grecque  élémentaire,  l'arithmétique  élémentaire, 
des  notions  élémentaires  d'histoire  et  de  géographie. 

A  Harrow  School,  l'examen  d'admission  porte  sur  le  latin,  le  grec,  le  français  et 
les  mathématiques. 

(2»  Chaque  trimestre,  à  la  rentrée,  dit  M.  Minssen,  Revue  internationale  de  ren- 
seignement^ igo3, 1,  p.  SyS,  le  conseil  des  professeurs  prend  connaissance  du  nombre 
d'élèves  ayant  quitté  le  collège,  de  celui  des  nouveaux  et  de  la  classe  à  laquelle  ils 
ont  été  assignés  d'après  l'examen  d'entrée.  Si  un  élève  se  voit  refuser  l'avancement 
pendant  plusieurs  trimestres  de  suite  et  atteint  la  limite  d'âge,  fixée  pour  une  classe, 
la  fiamille  est  prévenue  de  ce  fait,  et  elle  doit  retirer  te  retardataire  à  la  fin  du  tri- 
mestre... Aucun  élève  ne  peut  rester  au  collège  après  ses  19  ans  révolus.  L'inconvé- 
nient du  système,  c'est  d'empêcher  le  professeur  de  faire  un  cours  proprement  dit, 
puisque  trois  fois  par  an  il  a  devant  lui  un  tiers  ou  un  quart  ou  un  cinquième 
d'élèves  nouveaux.  L*avantage  de  la  méthode  consiste  à  permettre  à  un  élève  brillant 
d'arriver  plus  rapidement  aux  classes  supérieures  et  à  ne  pas  engendrer  les  queues 
de  classe,  puisque  les  élèves  médiocres  ou  paresseux  ne  montent  pas  en  bloc  avec 
ieurs  camarades.  »  Cf.  même  revue,  igoS,  2,  p.  248. 


246 


LE    MUSÉE   BELGE. 


Les  matières  de  l'enseignement  classique  sont  :  la  religion,  l'anglais, 
le  latin,  le  grec,  le  français,  Thistoire,  la  géographie,  le  calcul,  les 
mathématiques,  les  sciences  naturelles  (c'est-à-dire  la  chimie  et  la  phy- 
sique), le  dessin  et  le  chant.  D'autres  matières,  telles  que  rallemand, 
sont  presque  partout  facultatives. 

Par  suite  de  la  complication  du  système  des  classes  et  des  grandes 
modifications  qu'il  subit  dans  les  différents  collèges,  il  est  difficile 
d'indiquer  le  nombre  exact  des  heures  affectées  aux  langues  anciennes 
et  aux  autres  branches  du  programme. 

Une  heureuse  circonstance  nous  permet  cependant  de  donner  quel- 
ques renseignements  précis  à  ce  sujet.  Il  y  a  trois  ans,  il  s'est  constitué, 
sur  l'initiative  de  quelques  universitaires  appartenant  surtout  à  l'Uni- 
versité de  Cambridge,  la  Classical  Association  ofEngland  and  Wales 
dans  le  but  de  maintenir  et  d'améliorer  les  études  classiques.  Une  des 
premières  tâches  de  l'Association,  ce  fut  de  rechercher  quelle  était  la 
part  réservée  aux  langues  anciennes  dans  les  différents  établissements. 
Voici  le  résultat  de  cette  enquête  (i). 

Dans  les  collèges  de  première  importance,  la  première  classe  où  l'on 
étudie  le  grec  (ce  sont  des  enfants  de  1 3  ans  en  moyenne),  consacre 
12  heures  aux  langues  anciennes  et  14  aux  autres  branches,  et  la 
classe  la  plus  élevée  avant  qu'on  puisse  se  spécialiser  (jeunes  gens  de 
iC  ans  et  demi),  accorde  i5  heures  aux  langues  classiques  et  1 1  heures 
et  demie  aux  autres  matières. 

Dans  les  collèges  de  moindre  importance,  la  répartition  des  heures 
se  fait  d'après  le  tableau  suivant,  dressé  par  le  comité  d'enquête. 


NOMBRE  D'HEURES 

\    NOMBRE  D'HEURES 

AGE  MOYEN 

ACCORDÉ   EN    MOYENNE 

1         ACCORDÉ   EN   MOYENNE 

DES   ÉLÈVES 

AUX 

j                                AUX 

LANGUES   ACCESSOIRES 

1               AUTRES   BRANCHES 

14-13 

8  heures 

1 

1             20  1/2  heures 

i5m4 

9  1/2      » 

1             19             » 

i6-i5 

12  1/4       » 

!       16  1/4    » 

17..6 

i3  1/2      » 

i5 

18-17 

18  1/2      » 

10                     M 

On  voit  que  le  temps  consacré  aux  langues  anciennes  va  croissant  à 
mesure  qu'on  monte  de  classe. 


(11  Je  dois  ces  détails  à  l'extrême  obligeance  de  mon  collègue,  M.  A.  Carnoy. 


PARTIE   PEDAGOGIQUE.  247 


Dans  certains  collèges,  les  dernières  années  sont  de  véritables  écoles 
de  philologie  classique  réservées  seulement  à  quelques  élèves  ;  car  la 
plupart  quittent  le  collège  sans  fréquenter  ces  classes. 

Ajoutons  à  ce  tableau  général  Thoraire  d'un  collège,  par  exemple, 
deHarrow  (i)  :  première  quatrième,  5  h.  45  de  grec  et  5  h.  de  latin  ; 
première  coquille,  6  h.  3o  de  grec  et  8  h.  3o  de  latin;  seconde  remove 
(i5  ans  et  9  mois),  7  h.  i5  de  grec  et  8  h.  de  latin;  cinquième  supé- 
rieure, g  h.  3o  de  grec  et  5  h.  i5  de  latin. 

Voici  quelques  détails  que  nous  empruntons  à  M.  Minssen  (2)  :  ils 
concernent  spécialement  le  collège  de  Harrow,  mais  ils  s'appliquent 
aussi  à  un  grand  nombre  d'établissements.  «  L'anglais  est  fort  peu 
enseigné  et  ne  l'est  pas  méthodiquement.  C'est  le  point  faible.  L'ortho- 
graphe est  médiocre  et  le  style  négligé.  Les  élèves  font  peu  de  nar- 
rations, de  discours,  de  dissertations  dans  leur  propre  langue.  Les 
rédactions  qu'on  leur  donne  à  faire,  ont  en  vue  le  fond  plutôt  que 
la  forme.  Par  exemple,  un  devoir  d'histoire  (3)  comportera  parfois  huit 
ou  dix  questions  et  non  une  seule.  L'élève  devra  en  choisir  quatre  ou 
cinq  et  y  répondre  aussi  brièvement  que  possible,  parfois  en  quelques 
lignes.  Ce  système  ne  prête  pas  au  développement  et  à  la  phrase.  On 
ne  donne  pas  non  plus  de  versions  dans  lesquelles  le  traducteur  doit 
lutter  de  clarté,  d'élégance  et  de  concision  avec  un  texte  classique.  On 
lui  donne  souvent  un  passage  assez  étendu  d'un  poète  grec  ou  latin  à 
préparer,  mais  la  traduction  orale  qu'il  en  donne,  est  parfois  lâche  e^ 
médiocre  ou  verbeuse,  et  ne  contribue  guère  à  perfectionner  sa  connais- 
sance de  la  langue  maternelle.  L'anglais  en  souffre. 

Mais  le  latin  et  le  grec  gagnent  tout  ce  que  perd  la  langue  mater- 

(1)  Minssen,  art.  cité,  1905,  2,  p.  252.  Nous  avons  compris  en  partie  les  heures 
dites  études  (Pupil  Room), 

(2)  Article  cité.  Revue  internationale^  igoS,  2.  p.  24g. 

(3)  «  On  est  d'accord  pour  reconnaître  que  la  culture  intellectuelle  des  Anglais  est 
inférieure  à  la  nôtre.  Tout  le  monde  a  pu  constater  par  expérience  que  les  Anglais  ne 
savent  pas  les  langues  vivantes.  Même  ignorance  en  ce  qui  concerne  l'histoire  et  la 
géographie  :  un  grand  brasseur  de  Manchester  demandait  à  M.  Max  Leclerc  si  le 
Brésil  n*avaît  pas  été  colonie  française  et  si  Napoléon  n'y  avait  pas  envoyé  Maximi- 
lien  ;  un  homme  distingué,  membre  du  Parlement,  assurait  gravement  à  un  de  nos 
romanciers  français  les  plus  originaux,  dont  je  tiens  l'anecdote,  que  les  meilleures 
institutrices  françaises  venaient  de  Hanovre;  enfin  quepenserdelordPalmerston,un 
des  brillants  élèves  du  collège  de  Harrow,  qui,  nommé  ministre  des  Colonies,  dut 
se  les  faire  montrer  sur  la  carte?  Cest  que  les  éducateurs  ont  fort  peu  de  temps  à 
leur  disposition  :  en  raison  des  fatigues  qui  sont  imposées  aux  professeurs,  les 
vacances  occupent  environ  le  tiers  de  l'année  ;  pendant  les  termes  scolaires,  deux, 
après-midi  par  semaine  au  moins,  en  dehors  du  dimanche,  sont  consacrées  aux  jeux 
physiques;  les  autre?:  jours,  il  n'y  a  guère  que  six  heures  en  tout  consacrées  réelle- 
ment au  travail.»  (Bornecque,  Avons -nous  quelque  chose  à  prendre  à  l'enseigne.- 
ment  secondaire  anglais  ?  dans  la  Revue  universitaire^  '902,  2,  p.  222). 


248  LE   MUSÉE  BELGE. 


nelle.  Les  études  anciennes  comportent  non  seulement  la  théorie  et  la 
préparation  des  auteurs  classiques  dont  les  élèves  lisent  des  ouvrages 
entiers  et  nombreux,  mais  elles  comprennent  aussi  des  exercices  en 
prose  et  en  vers  dans  les  deux  langues.  En  prose  grecque  et  latine,  on 
encourage  surtout  les  élèves  à  s'écarter  des  tournures  anglaises  pour 
chercher  Tidiotisme  classique,  le  latinisme  ou  l'hellénisme.  En 
vers  ils  font  non  seulement  des  hexamètres,  mais  des  vers  lambiques, 
alcaïques,  des  strophes  sapbiques,  etc.  Les  commençants  retournent 
des  vers  dont  on  leur  donne  le  texte,  puis  reproduisent  en  latin  ou  en 
grec  des  vers  de  poètes  anglais  qu'ils  paraphrasent  plutôt  qu'ils  ne  tra- 
duisent ;  enfin  dans  les  classes  supérieures  ils  «  composent  »  dans  le 
mètre  demandé  des  pièces  de  vers  sur  un  sujet  donné...  (i)  Il  reste  au 
Jeune  anglais  peu  d'heures  pour  Thistoire,  les  mathématiques,  le  fran- 
çais, et  surtout  langlais. 

((  Dans  renseignement  moderne,  on  ne  fait  que  peu  de  latin  et  pas 
de  grec.  Ces  langues  sont  remplacées  par  lallemand  (qui  ne  figure  pas 
dans  l'enseignement  classique),  un  accroissement  d'heures  pour  le  fran- 
çais, les  mathématiques,  les  sciences  naturelles  et  l'anglais.  De  même 
que,  dans  l'enseignement  classique,  le  professeur  de  classe  enseigne  le 
grec  et  le  latin,  de  même,  dans  l'enseignement  moderne,  il  enseigne  le 
français  et  l'allemand.  L'avantage  de  cette  organisation  est  de  donner 
aux  langues  vivantes  plus  d'importance  aux  yeux  des  élèves,  d'en  faire 
des  matières  principales  et  non  accessoires  du  programme  ;  mais  la 
difficulté  est  grande  de  trouver  des  professeurs  qui,  après  avoir  fait 
des  études  classiques  complètes,  ont  aussi  su  s'assimiler  deux  langues 
vivantes. 

Pour  ces  dernières  on  cherche  avant  tout  à  inculquer  une  connais- 
sance de  la  langue  contemporaine  et  usuelle.  En  français  on  traduit 
du  Loti,  du  Victor  Hugo,  du  Daudet,  du  Dumas,  etc.  ;  ce  n'est  que 
dans  les  classes  supérieures  que  Ton  aborde  les  auteurs  classiques  du 
XVI  l«  siècle. 

Quand  un  élève  atteint  les  classes  supérieures,  il  peut  se  spécialiser 
jusqu'à  un  point.  Il  passe  moins  d'heures  en  classe  et  il  a  plus  de  lati- 
tude pour  l'emploi  de  son  temps  libre.  De  plus,  il  a  la  faculté  de  choisir 
les  matières  qu'il  désire  étudier  et  les  cours  qu'il  veut  suivre.  Le  choix 
une  fois  fait,  il  doit  s'y  conformer. 

(i)  Voyez  E.  Stropbno,  L'enseignement  public  en  Angleterre  à  propos  d'un  livre 
récent,  dans  la  Revue  internationale  de  renseignement,  1894,  p.  265.  —  Texte,  La 
question  du  latin  en  Angleterre,  dans  la  Revue  internationale,  1889,  1,  p.  495,  dit  : 
«  Les  vers  sont  rarement  pratiqués  autrement  que  sous  forme  d'exercices  élémentaires 
de  métrique.  Quand  ils  le  sont,  on  peut  dire  ce  qu'en  disait,  il  y  a  longtemps,  le 
philologue  Cobet  :  Carmina  graeca  quae  neque  graeca  sunt,  neque  carmina.  » 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  249 


L'un  fera  des  mathématiques  ou  de  la  chimie,  l'autre  se  consacrera 
aux  langues  modernes  ou  à  l'histoire.  Il  doit  en  tous  cas  choisir  au 
moins  quatre  matières  et  consulter  son  tuteur  qui  l'encouragera  dans 
une  direction  déterminée  en  raison  de  ses  projets  d'avenir  et  de  ses 
aptitudes  (i).» 

*♦* 

11  nous  reste  à  dire  un  mot  de  la  méthodologie  des  langues  anciennes. 

Les  exercices  écrits  sont  le  thème  latin,  le  thème  grec  et  la  composi- 
tion de  vers  latins  et  de  vers  grecs.  Ils  prennent  une  place  presque 
aussi  importante  que  la  lecture  des  auteurs. 

On  fait  traduire  par  écrit,  en  classe,  séance  tenante,  un  texte  grec  ou 
latin  qu  on  tire  d'un  recueil  de  morceaux  choisis. 

Les  auteurs  expliqués  sont  traduits  de  vive  voix.  On  n'en  impose  la 
traduction  écrite  que  comme  pensum. 

A  l'explication  approfondie  des  auteurs  s'ajoute  la  traduction  cursive 
de  passages  fort  étendus,  afin  que  les  élèves  puissent  lire  des  œuvres 
complètes. 

En  fait  de  méthode,  les  Anglais  ont  encore  beaucoup  à  apprendre  (i). 
A  l'école  St-Paul,  qui  est  fort  renommée,  on  corrige  les  thèmes  de 
la  façon  suivante.  Les  thèmes  étant  remis  au  professeur,  celui-ci  dis- 
tribue à  ses  élèves  un  texte  modèle  qu'il  explique.  Les  élèves  doivent 
Tétudier  pour  le  lendemain  de  façon  qu'ils  soient  capables  de  le  repro- 
duire en  ayant  sous  les  yeux  le  texte  anglais.  Ce  n'est  qu'après  cet 
exercice  que  les  copies  corrigées  leur  sont  rendues.  Les  élèves  peuvent 
alors  amender  convenablement,  dit-on,  leur  propre  texte.  Franche- 
ment, ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  corrige  la  copie  d'un  élève,  pas  plus 
qu'on  ne  corrige  un  devoir  de  style  avec  un  recueil  de  modèles.  Nous 
procédions  ainsi  il  y  a  bien  des  années  ;  heureusement,  on  ne  le  fait 
plus.  Ailleurs,  à  Eton,  le  professeur  corrige  les  thèmes  à  domicile,  les 
remet  aux  élèves  avec  une  note  appréciative,  et  présente  quelques 
observations.  Franchement  encore,  ce  n'est  là  qu'une  demi-correciion, 

Pour  la  préparation  des  auteurs  latins  et  grecs,  on  permet  aux  élevés, 
dans  beaucoup  d'écoles,  de  se  servir  de  traductions  imprimées,  k  atin 
de  leur  faciliter,  dit-on,  la  première  intelligence  du  texte.»  On  ajoute 
que  le  maître,  persuadé  de  l'inutilité  de  la  défense,  ne  veut  pas  leur 
donner  l'occasion  d'essayer  de  le  tromper. 

(1)  MiNSSEN,  art.  cité,  dans  la  Revue  internationale  de  l'enseignement,  irjo5,  a, 
p.  520. 

(21  uLa  méthode  suivie  dans  renseignement  des  classiques  aurait  besoin,  duns 
plus  d'un  collège,  de  subir  des  réformes  que  les  amis  des  humanités  appetlem  de 
tous  leurs  vœux.  »  A.  Carnoy,  art.  cité,  p.  32. 


25o  LE   MUSÉE   BELGE. 


Enfin,  on  reproche  à  renseignement  anglais  de  ne  pas  apprendre  à 
rélève  à  réfléchir,  à  travailler  d'une  façon  indépendante,  a  L'enseigne- 
ment se  borne,dit  M.  Texte  (i),  à  inculquer  aux  élèves  un  certain  nombre 
de  faits  et  de  notions  précises,  et  à  s'assurer  le  lendemain  que  ces  faits 
ont  été  retenus  » . 

Les  Anglais  reconnaissent,  du  reste,  que  leur  méthodologie  laisse 
encore  beaucoup  à  désirer,  et  ils  sont  d'avis  que  certaines  réformes  sont 
nécessaires  pour  que  le  latin  et  le  grec  puissent  donner  de  meilleurs 
résultats.  Mon  collègue,  M.  A.  Carnoy  me  signale,  à  ce  sujet,  quelques 
réformes  essayées  à  la  Perse  School  de  Cambridge  par  M.  Rouse.  Dans 
les  classes  inférieures,  on  ne  s'occupe  guère  que  de  la  langue  maternelle. 
On  aborde  ensuite  le  français,  qu'on  étudie  sérieusement  dans  deux  divi- 
sions avant  d'apprendre  le  latin.  On  commence  le  grec  en  quatrième, 
et  on  y  consacre  un  temps  suflisant  pour  qu*à  la  fin  de  Tannée  les  élèves 
soient  en  état  de  traduire  des  auteurs  faciles.  Dans  les  deux  divisions 
de  la  sixth  form  où  l'élève  se  spécialise,  presque  tout  le  temps  est 
consacré  aux  langues  anciennes  pour  ceux  qui  prennent  le  classical 
side. 

M.  Rouse  s'attache  à  faire  lire  rapidement  quelques  grandes  œuvres 
en  entier;  il  prépare  les  thèmes  en  classe,  avant  de  les  faire  écrire  à  domi- 
cile, afin  d'éviter  un  trop  grand  nombre  de  fautes.  11  fait  apprendre  par 
cœur  beaucoup  de  grec  et  de  latin,  et  habitue  les  élèves  à  la  conver- 
sation grecque  ou  latine. 

On  le  voit,  le  besoin  de  réformes  se  fait  sentir  au  delà  de  la  Manche(2). 
Ce  n'est  pas  étonnant  :  s'il  sort  des  écoles  anglaises  un  certain  nombre 
de  jeunes  gens  qui  ont  du  latin  et  du  grec  une  connaissance  suffisante, 
il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  beaucoup  arrivent  à  Oxford  avec  un 
bagage  très  médiocre  (3). 


En  étudiant  l'école  anglaise,  nous  avons  eu  surtout  en  vue  forcément 
l'enseignement  des  langues  anciennes.  Quelle  qu'en  soit  la  part  consi- 
dérable, là  n'est  pas  l'important  pour  les  Anglais.  Ils  veulent  avant  tout 
«  préparer  à  la  vie  »,  en  sorte  que  l'enfant  ait  un  corps  sain,  robuste  et 
résistant,  et  qu'il  soit  une  volonté  et  un  caractère.  De  là,  un  temps 

(i)  Texte  :  La  question  du  latin  en  Angleterre^  dans  la  Revue  internationale 
de  l'enseignement^  1889,  1,  p.  497. 

(2)  «  La  Classical  Association  voudrait  rendre  la  lecture  des  auteurs  plus  vivante, 
par  exemple  par  des  explications  d'ordre  historique,  des  notions  sur  la  civilisation, 
et  surtout  la  diriger  dans  un  sens  plus  littéraire.  »  A.  Carnoy,  art.  cité,  p.  42. 

(3)  Texte,  art.  cité,  p.  497.  Voyez  Ch.  Bastide,  Le  régime  du  baccalauréat  en 
Angleterre,  dans  la  Revue  universitaire ^  i3  février  1907,  p.  142  «t  suiv. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  25 1 


assez  considérable  donné  aux  exercices  physiques,  et  une  discipline 
discrète,  laissant  du  jeu  à  la  responsabilité,  faisant  appel  chez  l'enfant 
au  o  respect  de  soi-même  »  (i). 


VIL  — SUISSE. 

Quand  on  veut  étudier  Tinstruction  moyenne  en  Suisse,  on  ren- 
contre la  même  difficulté  qu'en  Angleterre.  Il  n'y  a,  ici  comme  là,  ni 
organisation  uniforme,  ni  plan  d'études  unique.  On  doit  donc  prendre 
connaissance  des  divers  programmes  et  tâcher  d'en  tirer  quelques 
règles  générales. 

L'organisation  des  établissements  varie  beaucoup.  A  Genève,  les 
3  premières  classes  forment  une  division  commune,  et  les  4  dernières 
comprennent  deux  sections,  l'une  classique,  l'autre  réale.  Winterthur 
a  deux  années  communes  ;  puis  la  troisième  année,  on  se  divise  en 
section  grecque,  section  nonrgrecque  et  section  non-latine  ;  dans  les 
classes  4,  5,  6  et  7,  on  ne  trouve  plus  que  les  deux  premières  sections. 
A  Zug,  Bâle,  Saint- Gall,  Solothurn,  Zurich,  Scbafifhouse,  le  gymnase 
se  divise  en  gymnase  inférieur  de  4  classes  et  en  gymnase  supérieur 
de  5  classes  ou  de  4  ou  de  3  ou  2  1/2  ou  de  2.  A  Berne  et  à  Coire,  on 
distingue  le  progymnase  avec  4  classes  ou  2,  et  le  gymnase  avec  3 
ou  5.  Lucerne  a  un  gymnase  de  6  classes  et  un  lycée  de  2;  Lausanne 
un  collège  de  6  classes  et  un  gymnase  classique  de  2  ;  Neuchâtel  un 
collège  classique  de  5  classes  et  une  section  littéraire  de  3.  Frauenfeld 
n'a  ni  division,  ni  section. 

Il  résulte  de  cette  organisation  multiple  que  la  durée  des  études 
n'est  pas  la  même.  Les  établissements  ont  6  années,  ou  6  1/2,  ou  7, 
ou  8,  ou  8  1/2.  La  somme  totale  des  heures  varie  ainsi  naturellement 
beaucoup  :  elle  oscille  entre  i83  et  260.  La  moyenne  est  23o  ou  240. 
Les  classes  ont  généralement  3o,  3i,  33  heures;  le  chiffre  35  est  assez 
exceptionnel  (2). 

L'âge  d'admission  diffère  également;  ici,  10  ans  (Bâle,  Lausanne, 
Neuchâtel);  ailleurs,  1 1  ans  (Lucerne),  ou  12  ans  (Genève,  Saint-Gall, 
Zurich,  Winterthur,  etc.),  ou  i3  ans,  comme  à  Schaffhouse;  mais 
dans  ce  dernier  cas,  on  exige  la  connaissance  de  la  lexigraphie  latine. 

Le  nombre  des  heures  de  latin  est  loin  d'être  uniforme  :  32  1/2 
{Berne),  34  (Schaffhouse),  39  (Neuchâtel),  42  (Zurich,  Solothurn  et 

(i)  E.  BouTMT,  Avant-propos,  p.  viii,  de  l'ouvrage  de  M.  Leclerc,  L'éducation  des 
classes  moyennes  et  dirigeantes  en  Angleterre. 

(2)  A  La-Chaux-de-Fonds^  la  1"  année  a  3i  heures  ;  la  2®  33  heures;  la  3e  égale- 
ment ;  la  4«  34  heures  ;  la  5«  39  heures  ;  la  6*  3j  heures  et  la  7*  année  40  heures. 
A  Soleure,  le  nombre  d'heures  est  fort  élevé. 


252  LE    MUSÉE   BELGE. 


Saint-Gall),   44  (Coire  et  Genève).   46  (Frauenfeld),  48  (Zug).    53 
(Lucerne  et  Lausanne),  61  (Bàle). 

Le  grec  s  enseigne  d'ordinaire  pendant  5  années,  quelquefois  pen- 
dant 4  (Genève)  ou  4  1/2  (Berne),  parfois  aussi  pendant  6  années 
(Neuchâtel,  Lausanne,  Lucerne).  Le  nombre  d'heures  est  donc  varié  : 
23  (Solothurn),  24  1/2  (Berne),  25  (Genève  et  Lucerne),  26-27  (Saint- 
Gall),  28  (Coire  et  Zug),  29  (Neuchâtel),  3o  (Schaffhouse,  Lausanne, 
Bâle),  3i  (Zurich),  33  (Frauenfeld). 

Si  rétablissement  ne  compte  pas  diverses  sections,  le  grec  est 
souvent  facultatif  :  il  peut  être  remplacé  par  langlais  et  Titalien. 

La  liste  des  auteurs  grecs  et  latins  est  à  peu  près  la  même  qu'en 
Allemagne.  11  faut  noter  que  dans  un  bon  nombre  d'établissements 
on  lit  Cicéron,  du  moins  certains  de  ses  discours,  avant  Tite-Live, 
qu*on  considère  comme  assez  difficile. 

La  langue  maternelle,  c'est  l'allemand,  dans  certains  cantons  ;  le 
français,  dans  d'autres  ;  l'italien  à  Lugano.  La  seconde  langue,  c'est, 
dans  les  cantons  allemands,  le  français  ;  dans  les  cantons  français, 
l'allemand. 

L'allemand  s'enseigne  dès  la  première  année,  excepté  à  Lausanne, 
où  il  est  admis  au  programme  de  la  seconde  année  :  il  lui  est  attribué 
20  heures  (Schaffhouse),  23  (Zug  et  Zurich),  24  (Bâle,  Frauenfeld  et 
Genève),  25  (Saint-Gall),  26  (Lucerne),  28  (Saint-Gall),  3o  (Neuchâtel) 
et  35  1/2  (Berne). 

Le  français  s'enseigne  concurremment  avec  l'allemand  la  première 
année  à  Zug,  Schaffhouse,  Berne,  Genève,  Lausanne,  Neuchâtel  ;  la 
seconde  année,  à  Lucerne,  Frauenfeld,  Saint-Gall,  Solothurn,  Zurich 
et  Bâle.  11  lui  est  attribué  19  heures  (Schaffhouse  et  Saint-Gall),  20 
(Lucerne  et  Frauenfeld),  21  (Zurich),  23  (Zug),  25  (Bâle),  26  (Solot- 
hurn), 28  (Neuchâtel),  3o  (Genève),  35  1/2  (Berne),  42  (Lausanne). 

Dans  les  leçons  d'allemand,  on  étudie  d'ordinaire  l'ancienne  langue  ; 
cela  se  fait  parfois  pour  le  français  ;  généralement  l'histoire  littéraire 
des  deux  langues  est  inscrite  au  programme. 

On  remarquera  qu'on  fait  une  place  moins  grande  à  l'enseignement 
de  la  langue  nationale  qu'à  celui  du  latin  et  du  grec.  Cette  différence 
est  frappante  en  particulier  dans  les  écoles  de  langue  allemande,  où  la 
place  accordée  à  l'idiome  national  est  relativement  peu  considérable. 
D'autre  part,  on  consacre  beaucoup  de  temps  à  l'enseignement  d'une 
ou  de  plusieurs  langues  étrangères,  soit  le  français,  soit  l'allemand» 
L'anglais  n'occupe  nulle  part  une  place  très  considérable,  et  dans  bon 
nombre  de  collèges,  on  n'enseigne  pas  du  tout  l'italien  (  i  ).    (A  suivre.) 


(1)  Voyez  le  Rapport  sur  la  réorganisation  du  collège  classique  de  Neuchâtel^ 
Neuchâtel,  1907,  p.  40. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

A.  G.  AMATUCCI,  Hellas.  DÎMgno  storîco  délia  civiltà  greca.  Vol.  I.  Daî 

tompi  piu  antichi  al  secolo  V  avan»i  Cristo.  2»  edizione.  Bari,  G.  Laterza, 

1907.  3  fr. 
A.  BBRTRANG.  A  new  engliah  reader  for  (he  use  of  Belgtan  pupils  especiallj 

for  the  use  of  thèse  of  the  !•'  and  2°**  year.  Arlon,  A.  Willeras,  1907.  56  pp. 
R.  BRUNHUBER,  Das  moderne  Zeitangswesen.  (System  der  Zeitungslehre.) 

L-^îpiig.  Gôjchen,  1907.  0  m.  80. 
F.    C.   BURKITT,   Urchristentum  im   Orient.    Deutsch    von    E.   Preuschen. 

TQbingen,  Mohr,  19:)7.  3  m. 
E.  COSTA,  Storia  del  diritto  romano  pubblico.  Florence,  G.  Barbôra,  1906. 

2  fr.  50.  (Mmaali  Barbera  di  se.  giurid   soc.  e  politiche  ) 
A.  CRÈMIEIIX  et  J.  THOMAS,  Précis  d'histoire  de  l'époque  contemporaine, 

1789  1906.  pour  la  classe  de  trois'ômo.  (Premier  cycle.  Divisions  A  et  B.) 

Mirt«ille,  Ferran  Jeune,  1906   In-16,  680  p.  avec  port  r.,  fig.  et  pi. 
E    DRIAULT,  L'époque  contemporaine  (1789-1902).  PariP,Alcan,  IC03.  In-l?, 

11-442  p.  avec  67  grav.  et  39  cartes.  3  fr.  50. 
Ch.  GILLIARD,  Quelques  réformes  de  Selon.  E^sai  de  critiqvie  hi'storiqn''. 

Lausanne,  G.  Bridel  et  C»«,  1907.  324  pp.  in-8". 
A.    PRITZSCH,  Ilirodotus.   MV.  Textausgabe  fur  den  Schulgebrauch.  Mit 

Titelbild.  Leipzig,  Teubner,  1900.  2  m.  40.  (Bibl.  Teubneriana.  Scliultexte.) 
S.  R.  GARDINER  et  J.  BASS  MULLINGER,  Introduction  of  the  study  of 

englith  history.  Nouv.  édit.  Londres,  Trûbner  et  C'«.  7  sh.  6. 
R.  HILDEBRAND,  Vom  deutschen  Spracliunterricht  in  der  Schule  und  von 

deuticher  Erziehung  und  Bildung  ûberhaupt.  Mit  einem  Anhang  Qber  die 

Fremdworter.  10^  Aufl.  Uipzig,  Julius  Klinkhardt,  1906.  280  pp.  3  m. 
R.  HIRZEL,  Themis,  Dike  und  Verwandtes.  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  der 

Rechtsidee  bei  den  Griecbeb.  Leipzig,  S.  Hirzel,  1907.  10  m. 
P.  MONCEAUX,  Enquête  sur  Tépigraphie  chrétienne  d'Afrique.  Parlii,  Klinck- 

aieck,  1907.  7  fr.  50. 
M.  SCHNVEISTBAL,  Histoire  de  la  maison  rurale  en  Belgique  et  dans  les 

contrées  voisines,  l'»  partie,  17  pp.,  2*  partie,  1 13  pp.  Brux  ,  Vromant,  1905- 

1906.  (Ann.  de  la  Soc.  arch.  de  Bruxelles,  t.  19  et  20.) 
A.  STRONG,  Roman  sculpture  from  Augustus  to  Constantin.  Londres,  Duck- 

woHh  et  Co.  1907.  18  sh. 
A.  THALAMAS,  Précis  dliistoire  moderne  (second  cycle,  classes  de  seconde 

A,  B,  C,  D).  L'Europe  du  x«  siècle  à  1715.  Paris,  Paclot  et  C'«.  In-16,  338  p. 

avec  grav  et  cartes  dans  le  texte. 
H.  VAN  DE  WEERD,  Etude  historique  sur  trois  légions  romnines  du  Bas- 
Danube  (V*  Micelonica,  X«  Claudia,  {•  Italica).  Louvain,  Cb.  Peeters,  1906. 

7  fr.  50. 
J.  VAN  WAGENINGEN,  Album  Terentianum  picturas  continens  ex  imagine 

pbototypi  Logdunensis  Terentii  codd    Ambrosiani  H  75  et  Parisini  7899 

sumptas  et  lithographice  expressas.  Groningen,  P.  Noordlioff,  1907.  6  m, 
LE  MÈ.ME,  Scaenica  Romana.  làid.,  1907.  1  m.  80. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 
W,  Kroll^  L'étude  de  U  phiIo!ogU  classique.  Conseils  aux  étudiants 

PARTIE  BIBLlOGRAPHrCiUE. 

Antiquité  classique. 

178.  A/.  Croiset^  Aristophane  et  les  partis  à  Athènes  (H,  Francottc) 

179.  H,  Lechat,  Phidias  et  la  sculpture  grecque  (E.  Remy)    . 

180.  R,  C.  Kukula,  Alkmans  Pa'-thcneion  (P.  Graindor). 

181.  A,  Michel^  Syntaxe  grecque  abrégée  (£.  Remy)      .        .        , 
183.  L.  Fah{^  De  poetarum  Rominorum  doctrina  magica  (Le  mém^) 
i83.  E.  B.  Lease,  Titi  Livi  libri  L  XXI,  XXII  (L.  Halkln)      , 


209 


2t6 

218 

220 

221 
223 
225 


Langues  et  littératures  germaniques» 

184-190.  Ouvrages  de  B.  Van  Halteren,  J.  O.  S.  Van  der  Vcen,  J.  L.  Walch, 
R.  Jacobsen,  Ch.  van  Schooneveldt,  M.  SchOnfeld,  H.  Smout  (C.  Lecoutere)    226 

Histoire  et  géographie. 

191.  Publications  relatives  à  la  ville  de  GanJ,  de  V.  Fris,  V.  Tourneur, 
V.  Van  der  Haeghen  et  G.  Vai  Wervekc,  M.  H.ins,  Vcrmast,  De  Wacl, 
Celis,  P,  Bergmans  et  A.  Heins,  M,  de  Smet  de  Naeycr  <  \.  De  Cculeneer)      23o 

Enseignement. 

192.  L.  GM///aMme,  Que  voulons-nous?  (J.  P.  W.) 235 

Noticôs  et  annonces  bibliographiqnet« 

193-210.  Publications,  de  W.  H.  Roschjr,  R.  WollT-Beckh,  Krebs-Schanz, 
A.  Vermeylen,  M.  Mcyboom  et  J.  Trede,  Th.-J.  Bosman,  Ch.  Stapeikamp, 
J.  Proelss  (SchefFel),  Brenner,  G.  Wustmann,  Grunow,  W.  Wakernagel, 
L.  Lasser,  Julie  Adam,  P.  Martroye,  A.  Michel,  Euphorion^  Deutsche  Erde, 
M<:yers  Konversationslexikon ,    236 


CHRONIQUE. 

211-217.  Le  mouvement  sociologique  interna*  nal.  Découvertes  archéolo- 
giques. Bibliographie  de  P.  Guiraud.  Acadéi.tie  v.  i  Inscriptions.  Ange  d*or 
de  Jeanne  de  Brabant.  Concours  de  TAcadémie  royale  de  Belgique  (Pro- 
gramme pour  1909)      .        ,        ...        .        •        .        .        .        .    241 


PARTIE    PÉDAGOGlv^UE. 
F.  CollarJ,  L'enseignement  moyen  à  l'étranger  («ujt- 


245 


A'/^îî 


Onzième  année.  —  N*»  7. 


i5  Juillet  1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 


DU 


MUSÉE  BELGE 


REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRICnON  DB 


F.  COLLARD 


PR  IFEftfcEUB  A  L  UNIVERSITE  OS  LOUVAIN 


J.  P.  WALTZIN6 

PROPK88BUR  A  l'uni VI&SITà  DE  UÈOB 


ParaIrsEnf  tout  les  mois,  à  rnospUtn  das  mois  d'août  at  da  aaptambra 


LOUVAIN 
CHARLES   PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

20,    RUE   DE   NAMUR,    20 

BERLIN 


PARIS 

A.   FONTEMOING 

A.  rue  Le  Goff 


R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 
Carlttrasie»  ii,  N.  W 


LIVRES  NOUVEAUX. 

Association  balge  des  profdssours  <!•)  langues  vivantes.  Premier  Congrès  tenu  à 

Gind  du  18  au  22  septembre  1906.  Compte  rendu.  Gand,  Hoste,  1907,  220  pp. 
J.  BAUDOT,  La  princesse  Yolan  lo  et  les  ducs  de  Bar  de  la  famille  des  Valois, 

V  partie  :  Mélusine.  Paris,  Picard.  6  fr. 
0.  COMPAYRÉ.  Le  P.  Girard  et  Téducation  par  la  langue  maternelle.  Paris, 

Delaplane,  1907.  0  fr.  90.  (Les  grands  K  lucateurs.) 
HENRIETTK  DACIEli.   Saint  Jean  Chrjrsostom3  et  la  femme  chrétienne  au 

IV*  siècle  de  TEglise  grecque.  Paris,  Falquo,  1907.  3  fr.  50. 
E.   ESPÈRANDIEU,   Recueil   général  des  bas-reliefs   de   la  Gaule  romaine. 

Tome  I  :   Alpes  Maritimes,  Alpos  Coltionnes,  Corso,  Narbonnai^e.  Paris, 

Irapr.  nat ,  1907,  1  vol.  in^*»  de  x-330  PP.  et  environ  800  grav,  (Documents 

inédits  sur  Tbistoire  de  France.) 

E.  J.  GOOSPEED,  Index  patristicus  sive  clavis  patrum  apostolicorum  operum 
ex  editione  minore  Gcbhardt,  Ilarnack,  Zahn  lectionibus  editionum  minorum 
Funk  et  Lighfoot  admissis.  Leipzig,  Henrichs,  1907.  3  m.  80. 

0.  HENKE,   Vademekum  filr  die  Homerlektiire.   Mit  4  Kârtchen   im  Text. 

Leipzig,  Teubner,  1906.  80  pp. 
D.  C.  HESSELING,  Essai  sur  la  civilisation  byzantine.  Traduction  franc,  par 

G.  Schlumberger.  Paris,  Picard,  1907.  3  fr.  50. 

F.  KNOKE.  Neue  Beitrage  zu  einer  Gescbichte  der  Romerkriege  in  Deutscb- 
land.  Mit  2  Tafeln  Abbildungen.  Berlin,  Weidmann,  1907,  2  m. 

K.  KROGH-TONNING,  Essay?.  I.  Platon  als  Vorlaufer  des  Christentum». 
IL  Leibniz  aïs  Theolog.  Kempten,  Jos.  Kôsel,  1906.  .4  m.  50. 

G.  KURTH,  L'entrée  du  parti  populaire  au  conseil  communal  de  Liège  en  1303. 
Liège,  Poncelet,  1907,  ',iO  pp.  extr.  du  Bull,  de  llnst.  arch,  liégeois,  vol.  36. 

C.  H.  LAMBERT,  Fables  de  Lafontaine.  Ed.  classique  revue  sur  les  textes  les 
plus  corrects  et  augmentée  de  nombreuses  notes  explicatives.  Zwolle,  Tjeenk 
Willink,  1907.  35  cts. 

B.  LOSCHAERT,  Répertoire  d'orthographe  latine.  52  pp.  (Nouveaux  essais 
pédagogiques.  I*""  volume.  Supplément.) 

W.  A.  MERRILL.  T.  Lucreti  Cari  de  rerum  natura  libri  VI.  New- York,  Ame- 
rican Book  Co. 

W.  MKYER  RINTLEIN.  Die  Schopfung  der  Spracho.  Leipzig.  Grunow,  1905. 

256  pp. 
G.  MEYER  VON  KNONAU,  JahrbQchcr  des  deutschen  Reiches  unter  Ilein- 

ricb  IV  und  Heinrich  V.  VI  Bd.  :  1 106-1 1 16.  Leipzig,  Duncker  und  Humblot, 

1907.  10  m.  40. 
J.  RENAULT,  Louis  Veuillot.  Avec  un  portrait.  Paris,  Lethielleux,  1907.  2  fr. 
CH.  RENEL,  Les  religions  de  la  Gaule  avant  le  christianisme.  Paris,  1906. 

D.  M.  ROBINSON.  Ancient  Sinope.  An  historical  account.  With  a  Prosopogra- 
phia  Sinopensis  and  an  Appendix  of  Inscriptions.  Baltimore,  The  Johns 
Hopkins  Presa,  1906. 


Onzième  annéb.  —  N®  7.  i5  Juillet  1907. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 

MÉULNGES.       . 

rÉTUDE  DE  LÀ  PHILOLOGIE  CLASSIQUE  EN  ALLEMAGNE 
CONSEILS  AUX  ÉTUDIANTS  EN  PHILOLOGIE 

Traduit  de  Tallemand  de 

W.  KROLL,  professeur  ordinaire  à  TUniversité  de  Munster. 

(Suite  et  fin.) 


Si  l'étudiant  suit  environ  trois  cours  et  exercices  philologiques,  il 
lui  reste  assez  de  temps  pour  s'occuper  des  branches  qui  forment 
des  parties  intégrantes  de  la  «  Science  de  l'antiquité  »  et  qui,  dans  la 
pratique,  sont  traitées  comme  des  sciences  auxiliaires  de  la  philologie. 
Ainsi,  il  doit  entendre  quelques  cours  d'histoire  ancienne  et  il  fera 
bien  de  suivre,  au  moins  pendant  un  semestre,  des  exercices  sur  cette 
matière.  Il  est  désirable  que  ces  exercices  n'aient  pas  lieu  pendant 
qu'il  prend  part  à  ceux  d'un  séminaire  ;  en  règle  générale,  il  faut 
déconseiller  la  participation  simultanée  à  plusieurs  séminaires  ou  à 
plusieurs  sortes  d'exercices  qui  exigent  une  sérieuse  préparation. 
Ainsi  encore,  l'étudiant  doit  suivre  des  leçons  et  des  exercices 
d'archéologie^  même  si  son  intérêt  se  porte  surtout  vers  les  questions 
^ammaticales  ;  en  effet,  il  y  a  des  époques  entières  de  l'antiquité 
dont  les  œuvres  d  art  donnent  une  idée  plus  exacte  et  plus  rapide 
^ue  les  autres  monuments.  C'est  ce  que  Helbig  a  fort  bien  montré 
pour  l'époque  alexandrine  dans  ses  Untersuchungen  Uber  die  campanische 
Wandmalerei,  Dans  les  classes,  on  se  sert  beaucoup  aujourd'hui  de 
moyens  intuitifs,  que  l'étudiant  doit  apprendre  à  connaître  dès 
l'Université  (par  ex.  Helbig,  Das  homerische  Epos  aus  den  Denkmàlern 
^làutert).  Les  débutants  ne  devraient  jamais  manquer  d'assister  aux 
exercices  archéologiques,  de  prendre  part  aux  visites  dans  les  musées 
et  collections,  etc..  surtout  dans  les  villes  où  l'art  classique  est 
représenté  par  des  œuvres  originales.  On  peut  aussi  se  procurer  les 


254  LB    MUSÉE   BELGE. 


catalogues  et  visiter  les  collections  soi-même,  avec  leur  aide(i). 
Dans  ces  universités,  plus  d*un  s'intéressera  vivement  à  Tart  antique, 
et  se  sentira  disposé  à  en  faire  l'objet  principal  de  ses  études.  Après 
quelques  semestres,  on  devra  se  demander  si  l'on  veut  devenir 
archéologue  ou  philologue»  et  dans  le  premier  cas,  il  ne  sera  pas 
toujours  possible  de  subir  l'examen  d'État  (2).  Il  est  nécessaire  de  ne 
pas  tarder  à  prendre  une  décision  ;  car,  même  pour  les  mieux  doués, 
la  régularité  des  études  est  une  chose  très  désirable.  Il  est  plus  diffi- 
cile de  déterminer  l'importance  d'une  troisième  branche,  la.  grammaire 
comparée,  La  grammaire  des  langues  grecque  et  latine  repose  aujour- 
d'hui entièrement  sur  le  fondement  jeté  par  la  grammaire  comparée. 
Les  étudiants  doivent  au  moins  se  familiariser  avec  les  principes 
essentiels,  mais  on  ne  peut  exiger  d'eux  qu'ils  approfondissent  cette 
science.  Dans  la  plupart  des  Universités,  il  existe  maintenant  des 
cours  de  grammaire  comparée  qui  peuvent  être  compris  par  un 
auditeur  de  force  moyenne,  c'est  à  dire  par  un  étudiant  qui  ne 
connaît  ni  le  sanscrit  ni  les  autres  langues  indo  européennes  :  le 
philologue  doit  suivre  ces  cours  En  outre,  des  leçons  sur  la  vie  du 
langage,  intitulées  «  Introduction  à  la  linguistique  »  ou  autrement,  lui 
seront  d'une  grande  utilité  ;  car  une  vieille  expérience  nous  apprend 
que  l'homme  sait  très  peu  de  chose  de  la  nature  du  langage,  qu'il 
semble,  à  première  vue,  devoir  connaître.  Tout  philologue  doit  s'as- 
similer les  idées  fondamentales  les  plus  importantes,  telles  que  la 
phonétique,  l'action  analogique,  l'assimilation,  etc.  (3)  C'est  une  toute 
autre  question  si  l'étudiant  doit  apprendre  le  sanscrit.  Il  doit  l'ap- 
prendre sans  aucun  doute,  s'il  veut  s'appliquer  spécialement  à  la 
grammaire  comparée,  et  s'il  est  assez  bien  doué  pour  consacrer, 
pendant  une  série  de  semestres,  une  partie  de  son  temps  à  cette 
langue  ;  mais  si  l'on  ne  compte  s'occuper  du  sanscrit  qu'accessoire- 
ment pendant  un  ou  deux  semestres,  on  fera  mieux  d'y  renoncer  tout 
simplement. 

L'étude  de  la  philosophie  exige  une  mention  spéciale.  Aucun  philo- 

(1  j  Là  où  il  n'y  a  pas  d'originaux  et  où  les  moulages  .«ont  insuffisants,  les  leçons 
accompagnées  de  projections  lumineuses  pourront  les  remplacer  ertîcacemeni. 

(2)  Celui  qui  se  voue  entièrement  à  l'archéologie  doit  songer  à  temps  aux  consé- 
quences pratiques;  ici  encore,  il  faudra  consulter  sans  tarder  ses  professeurs. 

(3)  La  lecture  de  Delbrûck,  Einleitung  indas  Sprachstudium  (3*«  Autl.  Leipzig, 
iSq3),  est  à  conseiller  aux  débutants.  En  outre  on  peut  conseiller  :  \\  itney,  Leben 
und  Wachstum  der  Spraclie  (trad.  en  allemand  par  Jolly);  Max  iMûLLER,  Vorle- 
$ungen  ûber  die  Sprachwissenscha/t  (très  suggestif).  Les  étudiants  avancés  ne 
peuvent  pas  négliger  d'étudier  à  fond  H.  Paul,  Prin^tpien  der  Sprachgeschtchte, 
[UAbrc^^e  de  grammaire  comparée  des  langues  indo-turopéennes  de  K.  Brugmann  a 
été  tra  luit  en  français  par  MtiLUEi  et  Gauthiot.  Paris.  Klinksieck.  lyoi).  N.  D.  T.J, 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  255 


logue  ne  peut  se  passer  d'une  connaissance  approfondie  du  dévelop- 
pement de  la  philosophie  grecque,  qui  a  joué  un  rôle  prépondérant 
dans  la  vie  intellectuelle  du  monde  antique  et  qui  a  exercé  sur  toutes 
les  sciences  particulières,  une  influence  à  première  vue  étonnante 
pour  nous.  Ne  trouve- t-on  pas  tout  de  suite  l'occasion  de  suivre  un 
cours  de  philosophie  ancienne,  qu'on  lise  au  moins  des  textes  philo- 
sophiques (Platon  et  les  textes  insérés  par  von  Wilamowitz  dans  son 
Lesduch),  Ritter-Preller,  Hisiaria  p.'iilosophiae  graecaâ,  et  Tesquisse  si 
remarquable  de  Windelband  (Iwan  Mûller,  Handbuch^  V,  i).  Plus  tard 
on  étudiera  avec  fruit  les  V orsokratiker  de  Diels  et  les  premiers  volumes 
de  Touvrage  monumental  de  Zeller  sur  la  philosophie  des  Grecs. 
Mais,  pour  bien  comprendre  les  problèmes  philosophiques,  il  faut 
connaître  la  philosophie  moderne,  et  le  philologue  classique,  dont  les 
connaissances  doivent  former  un  tout  vivant,  doit  ici  aussi  aller  jus- 
qu'au fond  et  ne  peut  se  contenter  de  chercher  quelques  semaines 
avant  lexamen  un  abrégé  insignifiant.  On  peut  le  dire  d'une  manière 
générale  :  plus  solides  sont  les  fondements  jetés  pendant  la  jeunesse, 
plus  grande  sera  la  joie  qu'on  trouvera  plus  tard  dans  sa  vocation, 
quelle  qu  elle  soit.  Aussi,  tout  en  travaillant  sérieusement  sesJbranches 
spéciales,  on  doit  trouver  le  temps  de  s'occuper  de  la  littérature  natio- 
nale, de  l'art  moderne  et  de  beaucoup  d'autres  choses,  sans  lesquelles 
on  ne  peut  comprendre  la  civilisation  moderne.  Celui-là  est  peut-être  le 
plus  heureux  qui  peut  dire  avec  Goethe  :  Wie  gliicklich  mich  meine  Art 
die  IVclt  anxusehen^  mac  ht  ^  ist  unsàglich,  und  was  ich  tàgîich  îerne  und  wie 
dock  mir/ast  hine  Exisienz  ein  Ràtsel  ist,  «  Je  ne  puis  dire  quel  bonheur 
me  procure  ma  façon  d'envisager  le  monde,  et  ce  que  j'apprends  tous 
les  jours,  et  ce  fait  qu'aucune  existence  n'est  pourtant  une  énigme 
pour  moi.  » 

Le  jeune  étudiant,  à  côté  des  leçons  et  des  préparations,  doit  aussi 
s'occuper  à' études  personnelles  et  spécialement  des  auteurs  anciens.  Il 
sera  utile  de  former,  avec  quelques  condisciples,  un  cercle  de  lecture. 
C'est  un  avantage  d'être  forcé  de  garder  libres  certaines  heures  ;  puis 
l'un  rend  l'autre  attentif  à  certaines  difficultés  qu'on  ne  voit  pas  si 
l'on  est  abandonné  à  soi-même.  On  choisira  de  préférence  les  auteurs 
dont  il  existe  de  bons  commentaires  :  Sophocle  et  Euripide  (Bruhn), 
Aristophane  (Kock),  Horace  (Kiessling;,  Térence  (Spengel,  Ilauler, 
Kauer).  Une  fois  habitué  à  la  lecture,  on  lira  avec  fiuit  d'autres 
textes,  sans  Taide  d'un  commentaire.  L'important  c'est  de  lire  beau- 
coup et  d'arriver  ainsi  à  se  rendre  maître  sans  peine  des  textes  de 
difficulté  moyenne.  Il  faut  vivement  recommander  l'étude  du  Grie- 
chisckes  Lesebuck  de  v.  Wilamowitz,  qui  est  destiné  à  la  véiité  aux 
classes  supérieures  du  gymnase,  mais  peut  aussi  rendre  service  aux 


256  LE   MUSÉE   BELGE. 


jeunes  étudiants.  Plus  tard,  on  lira  l'Hercule  d'Euripide  (v.  Wila- 
mowitz),  TElectre  de  Sophocle  (Kaibel),  le  III«  chant  de  Lucrèce 
(Heinze),  le  VI*  chant  de  l'Enéide  (Norden)  (i).  Pour  d'autres  textes, 
les  débutants  peuvent  consulter  une  traduction,  par  exemple,  les 
tragédies  grecques  par  Wilamowitz  (pour  les  étudiants  avancés,  la 
métaphysique  d'Aristote  par  Bonitz),  l'Aristophane  de  Droysen,  les 
comédies  romaines  et  l'Horace  de  Bardt,  le  Catulle  de  Heyse  ;  oa 
peut  aussi  prendre  la  Satura  de  Blûmmer  (Horaz,  Juvénal,  Perse), 
pourvu  qu'on  s'en  serve  avec  circonspection.  Cependant  on  aurait 
tort  de  croire  qu'on  puisse  acquérir  une  connaissance  suffisante  de 
n'importe  quel  auteur  ancien  dans  une  traduction  ;  qu'on  lise  donc 
d'abord  tout  le  texte  et  puis  seulement  la  traduction.  On  peut  lire 
aussi  des  travaux  philologiques  modernes  et  peut-être  vaut-il  mieux  ne 
pas  commencer  par  des  dissertations  spéciales,  mais  par  des  ouvrages 
généraux,  propres  à  servir  d'orientation  et  d'introduction  :  l'Histoire 
romaine  de  Mommsen,  Psyché  de  Rohde  (puis,  plus  tard,  un  roman 
grec),  Mutter  Erde  de  Dieterich,  les  chapitres  les  plus  faciles  des  tra- 
vaux de  Wilamowitz,  Griechenium  und  Christentum  de  Hatch,  BUd  und 
Lied  de  Robert,  Roemische  EHchtung  de  Ribbeck,  Stttengeschichte  de 
Friedlânder,  Populàre  Aufsàtxe  de  Lehrs,  et  l'on  pourra  facilement 
allonger  cette  Hste.  Ici  encore  les  jeunes  professeurs  et  les  membres 
du  séminaire  seront  prêts  à  guider  les  débutants  (2). 

Après  quelques  semestres,  il  faut  cesser  d'être  seulement  «réceptif». 
Dès  le  proséminaire,  il  est  à  recommander  de  s'essayer  à  de  petits 
travaux  personnels^  dont  on  se  fera  toujours  indiquer  les  sujets  par  des 
professeurs.  On  tâchera  surtout  d'avoir  des  idées  claires  et  de  les 
exprimer  en  un  latin  correct  et  intelligible.  Peu  réussiront,  dès  ce 
moment,  à  faire  des  observations  originales,  si  ce  n'est  peut-être  dans 
le  domaine  de  la  grammaire  et  de  la  critique.  Il  est  donc  à  recom- 
mander en  général  de  choisir,  pour  ses  prémices,  un  sujet  dans  c^ 
domaines  et  de  s'occuper  plus  tard  de  questions  plus  difficiles,  par 
exemple,  de  questions  d'histoire  littéraire.  Une  fois  qu'on  se  sentira 
assez  de  maturité  et  que  les  professeurs  en  donneront  le  conseil,  oa 
tâchera  d'être  admis  au  séminaire^  après  trois  semestres,  dans  le  cas  le 
plus  favorable,  mais  en  général  après  quatre  ou  cinq.  On  se  fera 

(i)  Je  cite  encore  le  Platon  de  Sauppe  tt  Gercke,  l'Apologie  de  Schanz,  le  Plaute 
de  brix  et  de  Lorenz,  le  Tacite  de  Nipperdey,  l'Ovide  d*Ehwald,  le  Juvénal  et  le 
Pétrone  de  Friedlânder,  le  Thucydide  de  Classcn,  le  Cicéron,  de  ojficiis,  de  Mûller 
avec  d'excellentes  notes  grammaticales. 

(2)  On  peut  lire  aussi  des  biographies  de  philologues  :  Welcker^  par  Kékulé  ; 
RitschI,  par  Ribbeck  ;  M,  Haupt,  par  Bslger  ;  Curtius,  Ein  Lebensbild  in  Briefen, 
E.  Rohde^  par  Crusius,  etc. 


^V^. 


^M 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  aSj 


indiquer  un  sujet  par  un  professeur,  par  exemple,  par  celui  sous  la 
direction  duquel  on  a  travaillé  en  dernier  lieu  dans  le  proséminaire. 
Un  premier  échec  ne  doit  pas  décourager,  car  souvent  le  nombre  des 
candidats  est  beaucoup  plus  grand  que  celui  des  places  vacantes  (le 
nombre  des  membres  est  ordinairement  limité  à  1 2)  et  les  travaux  ne 
peuvent  être  appréciés  que  d'après  leur  valeur  relative.  Au  semestre 
suivant,  on  sera  plus  heureux  et  Ton  fera  son  entrée  au  séminaire. 
Pas  n'est  besoin  de  parler  longuement  du  séminaire,  puisque  là 
Tétudiant  travaille  sous  la  direction  des  professeurs  et  reçoit  de 
ceux-ci  les  indications  nécessaires.  Cependant  nous  ferons  quelques 
observations.  On  ne  négligera  jamais  de  préparer  le  passage  qui  doit 
être  interprété,  c'est  le  seul  moyen  pour  qu'il  y  ait  une  discussion 
fructueuse.  On  prendra  toujours  la  parole  quand  on  aura  quelque 
chose  d'utile  à  dire;  on  ne  se  laissera  pas  arrêter  par  timidité  ni 
déconcerter  par  la  première  objection  venue.  Si  Ton  doit  discuter  des 
travaux,  il  faut  se  préparer  d'avance  sur  l'objet  de  la  discussion.  Le 
rapporteur  a  pour  devoir  de  traiter  son  sujet  de  telle  façon  que  tous 
ses  auditeurs  soient  au  courant  de  l'état  de  la  question  et  puissent 
suivre  jusque  dans  les  détails.  Cela  n'est  pas  toujours  facile,  mais 
c'est  une  excellente  préparation  pour  un  futur  professeur.  Quant  aux 
sujets  des  travaux  de  séminaire,  si  Ton  ne  tombe  pas  soi-même  sur 
un  sujet  convenable,  il  faut  se  les  faire  indiquer  dès  la  fin  du  semestre 
précédent  afin  que  l'on  puisse  terminer,  pendant  les  vacances,  les 
travaux  préparatoires;  car,  plus  on  avance  en  âge,  plus  on  doit 
songer  à  mettre  à  profit,  par  un  travail  intelligent,  les  vacances  si  géné- 
reusement accoidées.  Dès  les  premiers  semestres,  il  faut  les  employer 
à  revoir  les  cours  et  à  lire  les  auteurs;  plus  tard,  il  faut  les  mettre  à 
profit  poiu"  combler  les  lacunes  de  sa  formation  scientifique  et  pour 
se  préparer  au  séminaire  ou  même  à  l'examen.  Si  l'on  est  empêché  de 
travailler  chez  soi  —  et  le  cas  est  fréquent  —  on  fera  bien  de  retour- 
ner avant  la  reprise  des  cours  dans  la  ville  universitaire,  qui  est  alors 
déserte  et  paisible,  et  où  Ton  trouvera  l'occasion  de  travailler  fiuc- 
tueusement.  Il  sera  utile  de  ne  pas  attendre  le  dernier  jour  pour 
remettre  le  travail  exigé  pour  l'admission  au  séminaire  (Bewerhungs- 
arbeit),  mais  de  le  remettre  quelques  jours  auparavant. 

Celui  qui  a  mis  à  profit  les  années  d'études  et  surtout  les  semestres 
de  séminaire,  ne  sera  guère  efifrayé  par  l'examen.  Voilà  pourquoi  le 
débutant  ne  doit  pas  commencer  par  l'étude  du  programme  d'examen 
(voy.  plus  haut),  il  doit  chercher  à  acquérir  une  vue  d'ensemble  de 
sa  science  et  à  se  familiariser  avec  ses  méthodes,  afin  de  pouvoir 
prendre  utilement  part  aux  exercices  du  séminaire. 

Jusqu'ici  je  n'ai  pas  parlé  du  doctorat^  que  beaucoup  ont  en  vue, 


258  LE  MUSÉE   BELGE. 


soit  comme  leur  but  unique,  soit  comme  un  second  but  à  côté  de 
Texamen  d'État.  Il  n'est  obligatoire  que  pour  celui  qui  veut  plus  tard 
sliabiliter  ou  entrer  dans  une  bibliothèque.  Mais,  même  parmi  ceux  qui 
voient  dans  Texamen  d'État  l'aboutissement  de  leurs  études,  il  y  en 
a  beaucoup  qui  se  font  recevoir  docteur  ;  malheureusement,  ce  qui  les 
guide,  ce  n'est  pas  toujours  un  réel  intérêt  pour  la  science.  Plus  d'un 
tient  surtout  au  titre  de  docteur,  qui  est  très  agréable  à  porter,  surtout 
pendant  les  difficiles  années  de  professeur  auxiliaire  (HilfsUhrer)  ; 
d'autres  s'imaginent  —  à  tort  —  qu'ils  se  rendront  Texamen  d'État 
plus  facile,  s'ils  ont  été  reçus  docteurs  avant,  parce  qu'on  leur  compte 
ordinairement  leur  dissertation  doctorale  comme  travail  pour  l'exa- 
men. Si  le  professeur  devine  ces  mobiles  chez  l'étudiant,  il  ne  consen- 
tira probablement  pas  à  indiquer  un  sujet,  mais  c'est  un  abus  qu'on 
ne  parvient  pas  à  empêcher  complètement.  En  réalité,  chacun  devrait 
être  pénétré  d'un  tel  amour,  d'un  tel  enthousiasme  pour  sa  science, 
qu'il  désire  produire  un  travail  original  ;  même  s'il  ne  peut  exploiter 
qu'un  domaine  restreint,  il  aura  du  moins  appris  à  étudier  un  pro- 
blème, à  concentrer  les  forces  de  son  esprit  sur  un  sujet,  et  c'est  un 
gain  intellectuel  qui  durera.  //  ne  faut  jamais  se  faire  indiquer  trop  tôt  un 
sujet  de  dissertation,  c'est-à-dire  pas  avant  la  fin  du  5*  semestre  ;  en 
effet,  on  néglige  souvent  la  culture  scientifique  et  intellectuelle  géné- 
rale, si  l'on  se  restreint  trop  tôt  à  un  domaine  étroitement  délimité.  Je 
dis  «  se  faire  indiquer  b,  car  c'est  le  cas  le  plus  général,  et,  même  si 
un  étudiant,  au  cours  des  exercices  du  séminaire,  rencontre  lui-même 
un  sujet  de  dissertation,  il  le  soumettra  toujours  au  maître,  qui  sera 
en  état  de  lui  donner  d'utiles  indications.  Qu'on  n'entreprenne  jamais 
un  travail  où  l'on  ne  trouve  pas  une  réelle  satisfaction  et  dont  on  déses- 
père d'avance  de  tirer  quelque  chose  pour  l'avancement  de  la  science. 
Les  travaux  qui  ne  demandent  qu'un  agencement  inintelligent,  tels 
que  ceux  qui  servaient  naguère  de  dissertation  ou  que  l'on  rencontre 
aujourd'hui  encore  dans  d'autres  branches,  ne  procurent  aucun  véri- 
table avantage,  aucun  profit  intellectuel.  Un  sujet  bien  choisi,  au 
contraire,  sera  le  meilleur  moyen  de  s'initier  à  un  domaine  spécial  de 
la  science,  et  l'impulsion  qu'on  en  reçoit  dure  souvent  toute  la  vie. 
Même  ceux,  et  ils  sont  nombreux,  qui  ne  trouvent  pas  plus  tard  les 
loisirs  nécessaires  aux  travaux  scientifiques,  ne  pourront  que  gagner 
d'avoir  été  une  fois  au  service  de  la  science  et  d'y  avoir  cherché  la 
vérité  pour  elle-même.  Ces  avantages  compensent  amplement  le  pro- 
longement des  études  que  nécessite  le  doctorat  ;  en  effet,  il  faut  bien 
se  dire  d'avance  qu'un  philologue  classique  a  ordinairement  besoin 
de  neuf  semestres  pour  passer  le  doctorat  et  Texamen  d'État.  Cepen- 
dant je  n'hésite  pas  à  déconseiller  un  prolongement  inutile  des  études  ; 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  25g 


ceux  qui  après  le  huitième  semestre,  ne  suivent  plus  de  cours,  mais 
se  préparent  à  lexamen  chez  eux,  pendant  des  années  et  «  systéma- 
tiquement »,  perdent  ordinairement  tout  contact  avec  TUniversité  ; 
ils  «  s'abrutissent  »  et  réussissent  mal  à  l'examen. 

Il  me  reste  à  dire  un  mot  de  l'acquisition  de  livres.  On  peut  le  dire 
ouvertement,  les  étudiants  en  philologie  classique  ne  roulent 
ordinairement  pas  sur  Tor  et  la  plupart  ne  peuvent  pas  se  faire  une 
bibliothèque  qui  mérite  ce  nom.  Mais  le  moins  fortuné  ne  peut 
T^égliger  de  se  procurer  les  moyens  de  travail  indispensables,  avant 
tout  des  édtiions  à  bon  marché  et  des  lexiques  suffisants,  puis  les  prin- 
cipaux manuels  (i).  C'est  une  triste  manière  de  travailler,  et  bien 
insuffisante,  que  de  devoir  courir  à  la  bibliothèque  du  séminaire  ou 
de  l'Université  pour  chaque  mot  qui  ne  se  trouve  pas  dans  le  vieux 
dictionnaire  classique  I  En  outre,  l'étudiant  doit  songer  à  se  procurer 
quelques  textes  d'auteurs,  afin  que  les  murs  nus  de  sa  chambre 
n'aient  pas  Tair  de  le  regarder  en  baillant  et  pour  qu'il  ne  soit  pas 
hors  d'état  de  travailler  s'il  habite  une  ville  sans  bibliothèque,  où  l'on 
a  de  la  peine  à  se  procurer  des  livres. 

Il  y  aurait  encore  maintes  choses  à  dire^  mais  il  vaudra  mieux 
peut-être  de  résumer  les  conseils  les  plus  importants. 

Premièrement  :  Le  philologue  classique  a  besoin  des  conseils 
d*hommes  expérimentés  et  il  les  trouvera  le  mieux  chez  les  profes- 
seurs dont  il  suit  les  cours  et  les  exercices. 

Secondement  :  La  philologie  classique  ne  consiste  pas  dans  un 
nombre  limité  de  réponses  à  des  questions  d'examen  ;  elle  a  pour  but 
la  compréhension  de  la  civilisation  à  la  fois  la  mieux  délimitée  et  la 
plus  riche  que  l'histoire  du  monde  ait  vue.  Celui  qui  aura  sans  cesse 
ce  but  devant  les  yeux,  ne  s'égarera  jamais  complètement. 

(i)  La  plupart  des  manuels  du  Handbuch  d'I.  Mûller  peuvent  être  recomman- 
dés. Celui  que  préparent  Gercke  et  Norden  sera  préférable  parce  qu*il  sera  moins 
étendu.  Le  volume  intitulé  Die  Altertumswissenschaft  im  leti^ten  Vierteljahrhun- 
dert  (Bursians  Jahresberichte^  Bd.  124)  donne  une  vue  d*ensemble  des  principaux 
progrès  de  la  philologie  classique  depuis  un  quart  de  siècle.  [C'est  M.  W.  KroU  qui 
-a  dirigé  ce  recueil.  N.  D.  T.].  Citons  encore  :  Griechische  Mythologie,  de  Preller- 
^hert;  Griechische  AUeriûmer  de  Schoemann-Lipsius;  Griec/r/sc/rc  Sprachlehrt 
■de  G.  Meyer  ou  de  Hirt,  et  Lateinische  Grammatik  de  Lindsay  ou  de  Sommer. 


aÔO  LE   MUSÉE  BELGE. 


PARTIE  BIBIilOGRAPHIQUB. 


Antiquité  classique. 


ai8.  —  J.  Haverfleld,  The  Romanizatùm  of  the  Roman  Britain  (From- 

the  Proceedings  of  ihe  British  Academy^  voL  II),  London,i9o5. 3+  pp-r 

i3  fig.  3  fr.  25. 

Parmi  les  ouvrages  et  articles  qui  traitent  de  l'introduction  et  des^ 
progrès  de  la  civilisation  romaine  dans  les  différentes  provinces  de 
TEmpire,  peu  m*ont  paru  réunir  autant  de  qualités  que  celui-ci.  Par 
la  science,  la  méthode,  la  clarté  de  lexposition  et  la  rigueur  de  Targu- 
mentation,  la  brochure  de  M.  Haverfield  est  un  modèle  du  genre. 

La  civilisation  de  la  Bretagne  romaine  présente  plusieurs  analogies^ 
avec  celle  de  la  Belgique.  Ainsi.'  les  villas  découvertes  en  Bretagne 
furent  bâties  sur  le  même  plan  fondamental  que  celles  dont  les  sul>- 
structions  ont  été  mises  au  jour  dans  notre  pa3's.  Les  poteries  ordi- 
naires, celles  qui  furent  fabriquées  dans  les  manufactures  locales,  — 
je  ne  parle  pas  des  poteries  en  terre  samienne,  qui  offrent  partout  les- 
mêmes  caractères,  —  présentent  certaines  ressemblances  frappantes. 
Sur  quelques  fibules,  urnes  et  autres  objets  provenant  de  Brough, 
New-Forest  et  Castor,  on  voit  des  dessins  qui  trahissent  une  influence 
de  l'art  celtique  préromain.  Beaucoup  d'objets  découverts  en  Bel.- 
gique  et  dans  le  Nord  de  la  France  prouvent  aussi  la  survivance  de 
certains  caractères  de  l'antique  art  national.  Je  rappelle  encore  que 
plusieurs  objets,  dits  de  Castor  et  analogues  à  ceux  trouvés  en  Bre- 
tagne, ont  été  recueillis  en  Belgique.  Enfin,  l'organisation  admini- 
strative de  la  Bretagne  était  la  même  que  celle  du  Nord  de  la  Gaule 
et,  en  particulier,  il  semble  que  là  comme  ici  le  territoire  des  dvitates^ 
créées  par  les  Romains,  a  correspondu  au  territoire  possédé  avant  la 
conquête  par  les  peuples  dont  la  cité  porte  le  nom  {civitas  Silurum^ 
dvitas  Tungrorum,  etc.).  Ces  analogies  et  d'autres,  que  je  passe,  font 
que  la  brochure  de  M.  Haverfield  nous  intéresse  à  un  haut  degré  et 
justifient  la  longueur  de  ce  compte  rendu. 

L'intention  de  l'auteur  n'a  pas  été  de  faire  une  description  détaillée 
des  nombreux  objets  et  substructions  de  l'époque  romaine  mis  au  jour 
en  Bretagne,  mais  de  dégager  dans  un  court  exposé  les  conclusions 
principales  qui  découlent  des  découvertes  faites  jusqu'ici.  Après 
quelques  observations  préliminaires  sur  la  différence,  quant  à  la 
romanisation,  entre  les  provinces  occidentales  et  orientales,  sur  les- 
agents  propagateurs  de  la  civilisation  romaine,  dont  les  uns  sont 
officiels,  les  autres  non  officiels,  sur  les  grandes  conséquences  de 
cette  romanisation,  M.  Haverfield  aborde  son  sujet  propre. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  201 

Son  travail  peut  être  divisé  en  quatre  parties  :  i)  trois  remarques 
préalables  :  2)  un  coup  d*œil  sur  la  romanisation  de  la  Bretagne  par 
l'étude  du  langage,  de  la  civilisation  matérielle,  de  l'administration 
civile  et  politique  du  pajrs;  3)  la  chronologie  du  processus;  4)  les 
conclusions. 

Voici  les  trois  remarques  préliminaires  : 

a)  Il  est  nécessaire  de  faire  une  distinction  entre  la  partie  mon- 
tagneuse de  la  province,  la  partie  occidentale  et  septentrionale,  où 
étaient  établies  les  garnisons  militaires,  et  la  partie  basse  du  pays,  à 
Test  et  au  sud,  qui  n'était  pas  occupée  par  Tarmée.  Dans  la  première, 
il  n'a  existé  ni  villes  ni  villas  et  il  est  donc  inutile  d'y  chercher  des 
traces  de  romanisation. 

b)  Par  la  qualité,  la  civilisation  romano -britannique  est  compa- 
rable à  celle  du  Nord  de  la  Gaule.  Elle  en  diffère  sous  le  rapport  de 
la  quantité,  car  en  Bretagne  les  villes  sont  moins  nombreuses,  les 
villas  moins  opulentes,  les  objets  découverts  moins  riches  qu'en 
Gaule. 

c)  A  l'intérieur  même  de  la  Bretagne,  la  distribution  de  la  civili- 
sation romano-britannique  est  singulièrement  inégale. 

La  seconde  partie  est  de  loin  la  plus  longue  et  la  plus  intéressante. 
Et  d'abord,  quelle  influence  Rome  a-t-elle  exercée  sur  la  langue  de 
la  Bretagpie  ?  Il  faut  nécessairement  faire  une  distinction  entre  la 
langue  oâidelle  et  la  langue  usuelle.  La  première  a  été  sans  conteste 
le  latin.  Quant  au  langage  usuel,  il  faut  encore  distinguer  entre  celui 
des  villes  et  celui  des  campagnes.  M.  Haverfield  croit  que  toutes  les 
classes  des  populations  urbaines  ont  parlé  le  latin.  Il  invoque  les 
découvertes  faites  à  Calleva,  qui  prouveraient,  d'après  lui,  que  les 
classes  inférieures  de  cette  ville  connaissaient  la  langue  latine.  Ce 
sont  les  suivantes  :  quatre  petites  inscriptions,  graffiti^  tracées  au 
moyen  du  doigt  ou  d'un  objet  pointu  quelconque  sur  des  fragments 
de  briques  et  de  poteries  {saiis,  sur  une  brique  ;  ClemmHnus  fecit  iubum, 
sur  une  tuile;  fur,  sur  un  tesson  de  poterie  samienne ; /«^//am,  sur 
une  brique  de  fabrication  grossière).  Il  oppose  à  ces  découvertes 
l'absence  complète  de  graffiti  en  langue  celtique. 

Cette  argumentation  appelle  certaines  réserves.  D'abord,  la  partie 
positive  me  paraît  faible  et  défectueuse  :  faible,  parce  qu'elle  s'appuie 
sur  un  nombre  de  faits  trop  peu  considérable;  défectueuse,  parce 
que  Tauteur  suppose  que  ces  graffiti  ont  été  faits  par  des  ouvriers  ou 
des  personnes  appartenant  aux  basses  classes  de  la  population  de 
Calleva,  ce  qui  n'est  point  prouvé,  et  aussi  parce  qu'il  a  perdu  de 
vue  que  les  classes  inférieures  de  la  société  romano-britannique  ont 
dû  ignorer  l'écriture.  Je  crois  que  les  persoimes  de  ces  classes  infé- 


-202  LE    MUSÉE   BELGE. 


rieures  qui  savaient  écrire  formaient  des  exceptions.  Lors  même  que 
ces  granit  auraient  été  faits  par  des  ouvriers  de  Calleva,  il  n'en  reste 
pas  moins  vrai  qu'ils  ne  peuvent  être  invoqués  pour  prouver  que  les 
classes  inférieures  de  la  population  de  cette  ville  auraient  parlé  la 
langue  latine,  car  conclure  des  exceptions  à  la  règle  est  illogique. 

Quant  à  la  partie  négative,  l'argument  ex  sileiiiio,  il  n'a  pas  une 
grande  valeur  démonstrative  précisément  à  cause  de  ce  qui  vient 
d'être  dit.  D'ailleurs,  les  fouilles  sont  loin  d'être  terminées  en  Angle- 
terre et  peuvent  nous  réserver  des  surprises. 

On  peut  admettre  avec  M .  Haverâeld  que  les  habitants  des  villas 
de  la  campagne  ont  adopté  le  latin  comme  langage  usuel,  puisque  le 
plan  de  ces  demeures,  leur  agencement  intérieur,  les  ustensiles,  les 
objets  d'ornement,  les  inscriptions  y  découvertes  accusent  une  roma- 
nisation  complète.  Il  n'est  pas  possible  de  déterminer  de  quelle 
langue  les  classes  inférieures  de  la  campagne  se  sont  servies. 

Quant  à  la  civilisation  matérielle,  j'entends  les  habitations  et  leur 
ameublement,  les  objets  artistiques  et  décoratifs,  le  milieu  enfin  dans 
lequel  les  habitants  de  la  province  romaine  de  Bretagne  ont  passé 
leur  vie,  elle  était  presque  totalement  romaine.  Les  monuments 
publics,  les  basiliques,  les  temples,  les  fora,  étaient  naturellement 
construits  sur  des  modèles  romains  et  le  plus  souvent  avec  des  maté- 
riaux provenant  de  l'Italie.  Les  maisons  privées  des  villes  et  des 
campagnes  étaient  bâties  suivant  le  même  plan  que  celles  du  Nord 
de  la  Gaule  et  ce  dernier  type  était,  comme  on  sait,  essentiellement 
différent  des  villas  de  l'Italie  et  des  provinces  méridionales  de  l'Em- 
pire. Au  contraire,  l'agencement  intérieur,  l'architecture,  la  décora- 
tion étaient  en  tous  points  conformes  à  ceux  des  maisons  italiennes. 
Les  poteries,  les  ustensiles,  les  objets  d'ornement  étaient  faits  d  après 
les  modèles  romains,  mais  avaient  certaines  caractéristiques  propres 
à  la  province  de  Bretagne.  La  survivance  de  l'art  celtique  pré -romain 
se  manifeste  dans  les  fibules  de  Brough,  dans  les  urnes,  présentant 
de  curieuses  ornementations  de  feuillage,  découvertes  à  New-Forest, 
<lans  les  objets  trouvés  à  Castor  (i)  et  connus  sous  ce  nom  et  enfin, 
pour  ce  qui  regarde  la  sculpture,   dans   une  intéressante  tête  de 

(i)  On  a  trouvé  des  objets  «  dits  de  Castor  »,  portant  des  caractéristiques  de  l*art 
celtique  prif-rumajn,  en  Belgique  comme  dans  le  Nord  de  la  Gaule  et  dans  le  voisi- 
nagt  du  Rhin.  Pour  la  Belgique,  M.  Haverfîeld  ne  s'est  documenté  que  dans 
De  Bast,  Antiquités  romaines  trouvées  dans  la  Flandre  (Gand,  1808).  Ce  travail  est 
suranné,  car  ce  n'âst  que  depuis  une  cinquantaine  d'années  que  les  études  surTanti- 
quLté  mmâînc  ont  été  poussées  avec  vigueur  dans  notre  pays  et  que  les  principales 
fouilles  ont  été  opérées.  I-es  résultats  de  ces  fouilles  sont  consignés  dans  le  Bulletin 
dts  commjsjiûMA  royales  d'art  et  d'archéologie  et  dans  différentes  revues  locales. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  203 


Gorgone  masculine  trouvée  à  Aquae  Sulis,  ainsi  que  dans  quelques 
autres  pierres  sculptées  (i). 

M.  f  laverfield  examine  en  troisième  lieu  ce  qu'il  appelle  la  a  char- 
pente légale  et  économique  de  la  vie  romano- britannique  ».  Au  point 
de  vue  administratif,  la  Bretagne  romaine  se  divisait  en  trois  parties. 
On  y  trouvait  d'abord  des  municipes,  ensuite  des  terres  dépendant 
du  donudne  impérial  et  enfin  des  civilaies  dont  l'étendue  paraît  avoir 
correspondu  à  celle  des  anciens  cantons  celtiques.  A  la  campagne  le 
S3^ème  des  grandes  propriétés  foncières,  des  villas,  a  prévalu.  Ce- 
pendant il  est  possible,  mais  on  n'en  possède  pas  la  preuve,  qu'un 
autre  système  de  propriété  a  existé  à  côté  de  celui-ci. 

Après  les  remarques  préliminaires  et  l'étude  de  la  civilisation  maté- 
rielle, M.  Haverfield  indique  les  grandes  phases  de  la  romanisation 
de  la  Bretagne.  Commencée  sous  l'empereur  Claude,  qui  fit  la 
conquête  du  pays,  elle  fut  favorisée  beaucoup  par  Agricola.  En 
l'an  85,  le  pays  était  si  bien  pacifié  que  le  gouvernement  put  dimi- 
nuer la  garnison  d  une  légion  et  de  quelques  troupes  auxiliaires.  Au 
second  siècle,  plusieurs  insurrections  arrêtèrent  plus  ou  moins  le 
progrès  de  la  civilisation,  mais  pour  donner  un  nouvel  essor  à  la 
prospérité  aux  3«  et  4«  siècles.  C'est  entre  les  années  25o  et  35o  après 
J--C.  que  se  place  l'âge  d'or  de  la  province  romaine  de  Bretagne  (2). 
Enfin  en  Tan  405-406,  celle-ci  fut  définitivement  séparée  de  l'Empire. 

Il  résulte  de  tout  ce  qui  précède  les  deux  conclusions  suivantes  : 
i)  Rome  a  traité  la  Bretagne  comme  toutes  les  autres  provinces  en  y 
introduisant  sa  langue,  ses  mœurs,  sa  civilisation  ;  2)  Tinfluence  de 
la  romanisation  n'a  pas  été  uniforme  sur  toutes  les  classes  de  la 
société. 

M.  Haverfield  clôture  son  intéressant  travail  par  quelques  indica- 
tions sur  l'époque  postérieure  à  l'an  405-406  de  notre  ère,  qui  est 
caractérisée  par  le  réveil  de  la  nation  celtique. 

Tel  est  le  résumé  de  l'intéressante  brochure  de  M.  Haverfield.  J'en 
conseille  fortement  la  lecture  à  nos  archéologues  belges. 

H.  Van  de  Weerd. 

219.  —  Martin  Bang^,  Die  Germanen  im  toemischen  Dietist  bis  zum 
Regi^rungsantritt  Constantins  I.  Berlin,  Weidmann,  1906. 1 1 1  pp.  6  fi:. 
C'est  avec  un  vif  intérêt  que  j'ai  lu  ce  livre  de  M.  Bang,  qui  expose 

avec  beaucoup  de  clarté  et  de  méthode  une  question  traitée  il  y  a 

(1)  On  consultera  avec  intérêt  sur  les  antiquités  nationales  de  la  Gaule,  S.  Rei- 
HACH,  Antiquités  nationales»  Description  raisonnée  du  musée  de  Saint-Germain^ 
en-Laye,  Paris,  Didot. 

(3)  Les  monnaies  trouvées  dans  les  villas  de  la  Bretagne  s'arrêtent  aux  environs 
des  années  35o-36o. 


264  LE   MUSÉE  BELGE. 


25  ans  déjà,  mais  d'une  façon  succincte,  par  O.  Staeckel  et  reprise 
après  lui  partiellement  par  Mommsen,  Jullian,  Cichorius  et  d'autres. 
La  valeur  de  ce  travail  ne  réside  donc  pas  dans  la  nouveauté  du 
sujet  ni  des  conclusions  ;  il  est  surtout  utile  parce  qu'il  réunit  en 
quelques  pages  les  nombreux  renseignements  dispersés  ailleurs.  Ce 
n^est  pas  à  dire  cependant  que  nous  avons  affaire  ici  à  un  simple 
ouvrage  de  condensation  ;  l'auteur  discute  et  pèse,  complète  et 
corrige,  s'il  y  a  lieu»  les  opinions  de  ses  devanciers  et  glane  çà  et  là, 
aux  détours  des  chemins  battus  qu'il  suit,  quelques  rares  nouveautés. 
Au  reste,  voici  la  nomenclature  des  principaux  chapitres  :  appeUa- 
tion  des  soldats  germains  et  indication  du  lieu  d'origine  (i)  dans 
les  inscriptions  ;  —  les  Germains  dans  l'armée  auxiliaire  et  dans  les 
milices  locales  et  provinciales  sous  la  République  et  sous  l'Empire  ; 
—  courte  histoire  des  troupes  auxiliaires  d  origine  germanique.  Cette 
partie  amène  l'auteur,  p.  36  et  38,  à  corriger  deux  hypothèses  de 
Cichorius  (2)  ;  —  les  cor  port  cuslodes  d'origine  germanique  ;  —  les 
Germains  dans  la  flotte,  les  légions,  l'armée  de  la  capitale  ;  —  les 
Germains  ayant  occupé  des  dignités  équestres.  M.  Bang  annonce 
qu'il  continuera  son  travail  et  qu'il  recherchera  dans  une  seconde 
partie  quel  fut  le  rôle  joué  par  les  Germains  dans  l'armée  romaine 
postérieure  à  Constantin.  En  résumé,  M.  Bang  a  fait  un  travail 
sérieux,  utile  et  complet.  H.  Van  de  Weerd. 

220-221.  —  J.  Van  Wag^Bningen,  Album  Terentianum  picturas  con- 
tinens  ex  imagine phototypa  Lngdunensi  Terentii  codd,  Amhrosiani  H  yS  et 
Parisini  78ÇQ  sumptas  ei  lithograpkia  expressas,  Praefatus  et  picturas 
latine  interpretatus  est  J.  v.  W.  Groningue,  P.  Noordhoff,  1907. 
In-fol.,  88  pp.  7  fr.  5o. 
Scaenica  Romana,  scripsit  Jacobus  Van  Wageningen.  Même  éditeur, 
1907.  Gr.  in-8,  68  pp.  2  fr.  25. 

U album  Terentianum  contient  tous  les  dessins  qui  ornent  le  ms.  mila- 
nais Ambrosianus  H  75  (F)  ;  mais,  comme  ce  ms.  est  incomplet  (il  y 
m?iTi(\ueYAndrienm,  V Eunuque ']Msqjû!^^x  v.  416  et  la  fin  du  PhormUm 
(depuis  le  v.  832),  M.  Van  Wageningen  l'a  complété  au  moyen 
des  dessins  du  Codex  Parisinus  ySçç  (P).  Le  premier  de  ces  mss.  a  été 
reproduit  entièrement  par  la  phototypie  dans  le  magnifique  volume 
publié,  avec  une  préface  d'Éric  Bethe,  par  l'éditeur  A.  W.  Sijthoff 
de  Leyde  :   Terentius,  Codex  Ambrosianus  H  y 5  inf,  (Codices  graeci  et 


(1)  Sa  conclusion  confirme  celle  de  Mommsen,  Conscriptionsordnung  der  roem^ 
Kaiser jeit,  Hermès,  19,  1884,  P»  ^3  et  suiv. 
2  '  P*ulv-\Vjssowa,  5.  V.  cohors. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  265 

latini  phototypice  depicti  duce  Scatone  de  Vries  ;  Tomus  VIII)  (i). 
Mais  cette  publication  coûte  si  cher  (rio  florins),  qu'elle  n'est  pas 
accessible  à  beaucoup  de  gens.  M.  Van  Wageningen  a  obtenu  la 
permission  d'en  reproduire  les  dessins  seuls,  sans  le  texte,  par  un 
procédé  beaucoup  moins  coûteux,  la  lithographie. 

UAmbrosianus  fut  copié  et  illustré  au  commencement  du  x«  siècle, 
on  ne  sait  où.  Chaque  scène  y  est  précédée  d'un  dessin  qui  occupe 
im  espace  de  lo  à  13  lignes  et  qui  est  fait  à  la  plume  et  au  pinceau, 
car  le  dessin  une  fois  fait  à  la  plume,  le  copiste  Ta  orné  de  deux  cou- 
leurs (bleu  et  rouge).  Le  Parisinus  paraît  être  du  ix«  siècle  et  provient 
probablement  de  Reims.  Ses  dessins  ne  sont  pas  coloriés,  mais 
Tartiste  s*est  servi  également  de  la  plume  et  du  pinceau.  Il  a  copié 
avec  beaucoup  d'art  un  vieux  modèle. 

Nous  avons  une  douzaine  de  mss.  illustrés  de  Térence.  Les  dessins 
se  ressemblent  tellement  qu'on  croit  qu'ils  proviennent  tous  d'un 
même  archét3rpe.  Il  y  a  pourtant  entre  eux  des  différences  qui  ont 
permis  de  les  diviser  en  trois  classes  provenant  de  trois  copies  diffé- 
rentes de  l'archétype.  A  la  i^*  classe  appartiennent  le  V aiicanus  3868^ 
le  Parisinus  7899  et  un  Oxonwtsis  du  xii«  siècle  ;  à  la  2«,  VAmbrosianus^ 
et  à  la  3*,  les  autres.  L'archétype,  suivant  Bethe,  fut  écrit  au  iii« siècle; 
les  trois  copies  existaient  au  ix®  ou  au  vin«  siècle.  En  effet,  l'usage  du 
masque  étant  général  dans  les  illustrations  des  mss.  de  Térence, 
celles-ci  furent  faites  après  le  commencement  du  i^r  siècle  avant  J.-C. 
(C'est  alors  que  fut  introduit  l'usage  du  masque,  persona,  larval)^  et 
avant  le  temps  de  Donat,  c'est-à-dire  avant  le  iv«  siècle  de  notre  ère 
(car  alors  les  acteurs  jouaient  sans  masque).  Certaines  indices,  que 
lauteur  énumère  dans  sa  préface,  d'après  Bethe,  prouvent  qu'elles 
remontent  au  ii«  ou  au  iii«  siècle  de  notre  ère. 

Les  reproductions  lithographiques,  sans  valoir  celles  de  la  photo- 
typie,  sont  bien  exécutées  et  très  claires  ;  les  couleurs  manquent 
naturellement.  Chaque  page  en  porte  deux;  l'auteur  a  ajouté  une 
courte  description,  où  il  précise  la  scène  qui  est  représentée,  explique 
le  costume  et  les  gestes  des  personnages. 

Les  Scoinica  Romana  que  M.  Van  Wageningen  publie  en  même 
temps,  sont  un  complément  nécessaire  de  son  album.  L'auteur  y  a 
réuni,  sur  le  théâtre  au  sens  matériel  et  sur  les  acteurs  des  détails 
qui  ne  sont  pas  nouveaux  pour  la  plupart,  mais  qui  n'avaient  pas 
encore  été  rassemblés.  Il  parle  d'abord  du pulpitum  ou  de  lestrade où 
jouaient  les  acteurs  et  il  soutient  que  cette  estrade,  haute  de  cinq 

fi)  Le  P.  F.  Ehrie  se  propose  de  publier  de  même  façon  le  Codex  Vaticanus 
3868  (C),  qui  est  en  huit  couleurs,  et  la  librairie  £.  Leroux,  à  Paris,  annonce  la  pabli- 
catîoa  prochaine  des  dessins  du  ms.  latin  7899  (ibi  planches,  i5  frs). 


266  LB   MUSÉE   BELGB^ 


pieds  et  reliée  au  théâtre  proprement  dit  (carea)  par  un  escalier,  fut 
empruntée  par  les  Romains  à  la  Campanie  avec  les  atellanes,  et  que 
la  Campanie  l'emprunta  à  la  Grande  Grèces,  particulièrement  à 
Tarente,  où  elle  était  en  usage  pour  jouer  le  genre  de  pièces  inventé 
par  Rhinton  et  désigné  sous  le  nom  d'hilarotragédie  ou  <pXùaK€ç.  Les 
Atellanes  osques  pourraient  elles-mêmes  tirer  leur  origine  de  cette 
parodie  dramatique.  —  Le  chapitre  intitulé  :  De  cavea  et  de  scaenae 
ornamenta,  raconte  l'histoire  du  théâtre  (le  premier  théâtre  permanent 
ne  fut  bâti  qu'en  55  av.  J.-C.)  et  décrit  la  scène  telle  qu'elle  fut  peu 
à  peu  constituée  et  les  changements  qu'elle  subit.  —  La  seconde 
partie  du  livre  traite  des  acteurs,  du  chef  de  troupe  et  de  la  troupe, 
des  rôles  des  acteurs,  de  la  condition  et  de  la  vie  des  acteurs,  de  la 
vie  de  quelques  acteurs  illustres  (Ambivius  Turpio,  Roscius,  Aeso- 
pus,  etc.),  des  masques,  des  vêtements  des  acteurs,  des  gestes  des 
acteurs,  du  chant  et  de  la  musique.  Les  Romains  ne  connaissaient 
pas  l'usage  du  masque  au  commencement,  et  à  l'époque  de  Plaute  et 
de  Térence  ils  ne  s'en  servaient  pas  encore.   M.  Van  Wageningen 
suppose  que  le  masque  fut  introduit  pat  les  acteurs  grecs,  dont  le 
nombre  devint  grand  au  début  du  premier  siècle  avant  notre  ère.  — 
Pour  étudier  le  vêtement  des  acteurs,  les  dessins  des  manuscrits  sont 
d'un  grand  secours.  Nous  ne  pouvons  entrer  dans  ces  détails.  Parlons 
seulement  des  gestes  que  les  dessins  et  les  grammairiens  font  con- 
naître. Il  >  a  des  gestes  typiques  que  M.  Van  Wageningen  classe  de 
la  manière  suivante  : 

i)  gestus  abeuntis  vel  ahituri ;  2)  gestus  cogitantis;  3)  gestus  observantis  ; 
4)  gestus  stomachantis  ;  S)  gestus  offerentis;  6)  parasiti  gesticutatio  ;  7)  gestus 
servilis  ;  8)  gestus  prologi ,  9)  gestus  narrantis;  10)  gestus  adolescentis  secum 
colloquentis  etfortunam  suant  querentis;  11)  gestus  muîieris  flcuiis  veî  lamen- 
tautis.  Tous  ces  gestes  se  retrouvent  dans  les  dessins  de  V album  Teren- 
tianum. 

La  double  publication  de  M.  Van  Wageningen  sera  d'une  très 
grande  utilité  à  tous  ceux  qui  voudront  comprendre  le  théâtre  romain. 

J.  P.  Waltzing. 

222.  —  GlOViS  Lamarre,  Histoire  de  la  littérature  latine,  au  temps 
d'Auguste.  Paris,  J.  Lamarre,  14,  rue  Drouot,  1907.  4  vol.  40  fr., 
reliés  :  48  fr. 

En  1901,  M.  Clovis  Lamarre  a  publié  son  Histoire  de  la  littérature 
latine  depuis  la  fondation  de  Rome  jusqu'à  la  fin  du  gouvernement  républicain^ 
en  4  forts  volumes.  Voici  que  paraît  la  seconde  partie  de  l'œuvre 
étendue  qu'il  a  entreprise  et  il  annonce  une  troisième  et  dernière 
série  de  volumes  qui  conduiront  l'histoire  de  la  littérature  latine 
jusqu'à  la  fin  de  l'Empire  d'Occident. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  267 


On  le  voit,  l'entreprise  est  vaste  :  une  douzaine  de  volumes  con- 
sacrés à  rhistoire  de  la  littérature  latine  !  L'Allemagne  possède  deux 
ouvrages  de  ce  genre,  celui  de  Teuffel,  qui  est  traduit  en  français,  et 
surtout  celui  de  M.  Martin  Schanz,  qui  ne  le  cédera  guère  en  étendue 
à  celui  de  M.   Lamarre  quand  il  sera  terminé.  M.  Lamarre  a  eu 
l'ambition  de  doter  la  France  d  une  histoire  développée  et  complète, 
car  il  n'existe  en  France  que  des  manuels  faits  pour  les  classes,  très 
remarquables  d'ailleurs,  et  des  ouvrages  étendus  sur  des  périodes 
isolées  ou  sur  des  auteurs  déterminés.  Mais  il  procède  tout  autrement 
que  les  savants  allemands  et  son  but  est  différent.  Ceux-ci  n'exposent 
pas  seulement  les  destinées  de  la  poésie  et  de  la  prose  latines  :  ils 
nous  mettent  à  même  de  refaire  le  travail  qu'ils  ont  fait  et  de  contrôler 
chacune  de  leurs  opinions  :  de  là,  cet  immense  appareil  bibliogra- 
phique et  érudit  qui  vient  rompre  à  chaque  instant  le  grand  texte 
pour    résumer    en   quelques    mots    les    questions   controversées  et 
indiquer  les  passages  d'auteurs  et  les  livres  modernes  que  l'on  peut 
consulter.   Rien  de  tout  cela  dans  l'ouvrage  de  M.  Lamarre.  Sa 
science  est  vaste  pourtant,  mais  elle  ne  s'étale  pas  et  l'auteur  nous 
donne  les  résultats  de  ses  études  sans  nous  conduire  dans  son  cabinet 
de   travail.   L'exposition   est  lumineuse,  le  plan  si  vaste  est  d'une 
parfaite  régularité.   L'ouvrage   comprend  cinq   livres.    Le   premier 
logiquement  est  consacré  à  Auguste  auquel  se  joignent  nécessaire- 
ment  ses   deux  principaux  auxiliaires   dans  le    gouvernement  de 
l'empire.  Agrippa  et  Mécène.  Le  deuxième  et  le  troisième  ont  pour 
sujet  l'un  Virgile  et  l'autre  Horace.  Le  quatrième  traite  de  tous  les 
autres  poètes,  dont  le  nombre  est  grand,  notamment  de  TibuUe, 
Properce,  Ovide.  Le  cinquième  embrasse  toute  la  prose,  éloquence, 
histoire,  érudition.  Le  quatrième  volume  est  une  chrestomathie,  qui 
donne  des  passages  (texte  et  traduction)  tirés  de  chacun  des  écrivains 
qui   sont  appréciés  dans  les  trois  premiers  volumes. 

Les  quatre  volumes  qui  viennent  de  paraître  méritent  les  éloges 
que  la  critique  a  adressés  aux  quatre  premiers.  Nous  ne  pouvons 
analyser  ici  cette  vaste  histoire  et  nous  nous  bornerons  à  transcrire 
l'opinion  d'un  juge  compétent,  de  M.  Chabert,  qui  a  consacré  à  la 
première  partie  de  l'ouvrage  une  longue  étude  dans  les  AnnaUs  de 
f  Université  de  Grenoble  :  «  Constatons  que  nous  avons  lu  comme  un 
roman  cette  histoire,  dont  l'érudition  ne  décourage  personne,  dont 
la  documentation  rassure,  dont  la  modération  tranquillise,  dont  la 
cohésion  retient  son  lecteur  jusqu'au  bout...  Sous  la  netteté  des 
conclusions,  Ion  distingue  fort  bien  le  sens,  la  portée  et  le  détail  des 
arguments,  on  ne  se  perd  ni  dans  le  fouillis  des  documents,  ni  dans 


1l68  LB   MUSÉE   BELGE. 


la  confusion  des  généralités  mal  soutenues,  mais  on  se  prend   à 
aimer  l'ouvrage,  son  objet  et  son  auteur  i. 

Nous  souhaitons  que  M.  Clovis  Lamarre  mène  rapidement  à  bonne 
fin  sa  grande  et  belle  entreprise.  J.  P.  W. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

223.  —  Emile  Souvestre,  Causeries  littéraires  sur  le  XI X^  siècle 

(l8oo-i85o)^  ouvrage  inédit  publié  par  M««  A.  Beau,  née  Souvestrb. 

Préface  de  L.  Dugas.  Paris,  H.  Paulin,  1907.  xi-479  PP«  ^  fr«  5o. 

Emile  Souvestre  est  mort  en  1854.  Ainsi  que  le  dit  la  Préfau  du 
livre  que  voici,  il  est  c  connu  et  estimé  comme  romancier  et  comme 
révélateur  de  l'âme  poétique  de  la  Bretagne,  de  ses  légendes  et  de 
^es  mœurs,  mais  il  ne  s'est  guère  présenté  au  public  sous  la  forme  la 
plus  éminente  et  la  plus  typique  de  sa  personnalité,  comme  orateur, 
•comme  professeur,  comme  vulgarisateur  dUdées  ».  Il  a,  en  effet, 
passé  par  renseignement,  enseignement  privé  et  enseignement 
d'État,  en  France  et  en  Suisse.  Un  cours  qu'il  a  fait,  en  i853,  sur 
l'histoire  des  littératures  anciennes  a  paru  chez  Michel  Lévy  sous  le 
titre  de  Causeries  historiques  et  littéraires.  Il  devrait  être  suivi  d^un  autre 
sur  la  littérature  contemporaine.  C'est  cet  autre,  resté  inédit,  que 
publie  aujourd'hui  M™«  A.  Beau,  fille  de  Técrivain. 

Ajoutons  qu'il  est  édité  d'après  les  matériaux  que  Souvestre  a 
laissés,  d'après  les  leçons  qu'il  avait  rédigées,  au  moins  en  partie  : 
a  Le  texte  sans  doute,  dit  également  la  Préface^  n'en  est  pas  défini- 
tivement fixé  ;  la  pensée  apparaît  sous  sa  forme  première,  parfois 
négligée,  familière,  mais  piquante  et  toujours  vive  et  spontanée.  Le 
livre  (si  on  peut  appeler  ainsi  un  recueil  de  notes  d'ailleurs  très 
soigneusement  prises  et  d'impressions  souvent  artistement  rendues), 
le  livre  est  inachevé.  Des  chapitres  entiers  manquent  ;  le  plan  indiqué 
n'est  ni  exactement  suivi  ni  pleinement  exécuté.  C'est  ainsi  que,  dans 
cette  histoire  littéraire  de  la  première  moitié  du  dernier  siècle,  la 
poésie  figure  à  peine  et  en  ses  moindres  représentants,  et  le  roman 
pas  du  tout.  D'autres  fois,  au  cours  d'un  chapitre,  le  développement 
n'est  qu'indiqué,  l'auteur  s  en  remettant  sans  doute  à  l'inspiration  de 
la  parole,  à  la  facilité  de  l'improvisation  qui,  chez  lui,  étaient 
grandes  »  (i). 

Je  ne  crois  pas  pouvoir  mieux  faire,  pour  donner  une  idée  du  livre, 
que  de  reproduire  ces  lignes  de  M.  Dugas.  Reste  à  savoir  si,  comme 

(1)  Les  sujets  traités  sont  :  La  littérature  sous  rtmpire  —  L'éloquence;  la 
presse  ;  les  pamphlets  ;  Béranger  ;  les  cours  à  la  Sorbonne  et  au  Collège  de  France  ; 
la  philosophie  ;  l'histoire;  la  poésie  sous  la  Restauration  et  la  Monarchie  de  Juillet. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  269 

il  le  pense,  ce  livre  en  vieillissant  n'a  pas  perdu  de  son  intérêt.  Assuré- 
ment, le  préfacier  dit  d'excellentes  choses  au  sujet  de  la  valeur  d'un 
cours  de  ce  genre,  cours  fait  sur  une  littérature  par  quelqu'un  qui  Ta 
vécue.  D'autre  part,  la  critique  de  Souvestre  se  présente  avec  ses 
mérites  propres.  Elle  est  surtout  franche,  encore  que  l'auteur  ne  soit 
pas  et  ne  prétende  pas  être  impartial,  car  il  a  les  passions  politiques 
et  littéraires  de  son  temps,  il  a  son  tempérament  et  ses  goûts  person- 
nels. Toutefois,  même  sous  ce  rapport,  louvrage  conserve  de  l'intérêt 
et  il  est  d'une  réelle  portée  historique.  Mais  il  garde  néanmoins  le 
défaut  d'être  vieux.  C'est  une  étude  faite  à  une  époque  où  les  auteurs 
étudiés  avaient  une  signification  qui  n'est  plus  la  même  pour 
nous,  à  une  époque  où  n'apparaissaient  pas  nettement  la  faiblesse 
on  l'importance  des  idées  qu'ils  ont  exprimées,  la  force  de  résistance 
ou  l'imperfection  des  œuvres  qu'ils  ont  écrites.  Ainsi  Béranger  en 
1907  n'est  plus  le  Béranger  de  i85o.  Nous  voyons  bien  la  place  qu'il 
a  occupée  dans  les  lettres  en  son  temps  ;  on  le  faisait  l'égal  des 
grands  poètes,  et  le  livre  de  Souvestre  a  le  tort,  pour  nous  lecteurs 
de  1907,  de  le  laisser  à  ce  rang.  L'observation  pourrait  s'appliquer 
encore,  par  exemple,  à  Casimir  Delavigne  qui  est  aussi  de  ceux  qui 
ont  baissé.  En  revanche,  nous  trouvons  qu'il  y  aurait  mieux  à  dire 
sur  Louis  Veuillot.  Souvestre  met  trop  de  passion  contemporaine 
dans  le  jugement  qu'il  lui  consacre,  et  il  montre  trop,  quand  il  parle 
du  brillant  polémiste  et  ailleurs  encore,  qu'il  n'aime  pas  le  «  parti 
clérical  ». 

Mais  si  même  le  recul  lui  a  manqué  pour  bien  apprécier  l'histoire 
littéraire  de  1800  à  i85o,  son  livre  a  la  valeur  documentaire  que 
nous  avons  dite.  C'est,  de  plus,  le  livre  d'un  critique  pénétrant, 
intelligent,  qui  a  le  don  d'évocation  et  de  vie,  le  trait  spirituel  et 
mordant,  un  stj'le  facile  et  animé,  des  points  de  vue  originaux  (i). 

Georges  Doutrepont. 

224-225.  —  Johannes  Schlaf,  ÉmiU  Verhaeren.  Berlin  et  Leipzig, 

Schuster  et  Loeffler  [1906],  78  pp.   i   m.  5o  ;   relié  :   2  m.   5o. 

(Die   Dichtung.  Eine  Sammlung  von   Monographien  hrsg.   von 

Paul  Remer.  Bd.  XXXVIII  (2). 
Léon  Bazalgette,  ^mt/^  Verhaeren.  Paris,  Sansot,  1907.  72  p.  i  fr. 

{Les  célébrités  d'aujourd'hui)  (3). 

(1)  Pour  faire  de  cet  ouvrage  un  utile  instrument  de  travail,  M.  Beck,  professeur 
au  lycée  de  Rennes,  y  a  joint  un  index  biographique. 

(2)  Illustrée  de  plusieurs  portraits  de  Verhaeren  et  d'un  autographe. 

(3)  L'étude  biographique  est  complétée  par  une  suite  d'opinions  caractéristiques 
et  par  une  bibliographie  méthodique  des  œuvres  publiées,  des  collaborations 
diverses  et  des  ouvrages  à  consulter.  Bibliographie  signée  Ad.  B.  (Ad.  van  Bevcr) 


270  LE   MUSÉE   BELGE. 


Pour  envisager  E.  Verhaeren  sous  son  jour  le  plus  vrai,  il  ne  faut 
pas,  semble-t-il,  l'étudier  uniquement  comme  un  poète  belge  ou 
français,  mais  comme  un  Weltempfinder^  selon  le  mot  allemand,  si 
expressif,  comme  «  un  artiste  qui  œuvre  avec  le  sentiment  du  monde  » . 
Plus  encore  que  dans  les  pays  dont  il  écrit  la  langue,  sa  réputation 
a  grandi  à  l'étranger  :  TAUemagne,  l'Angleterre,  l'Espagne,  le  Dane- 
mark, la  Russie,  l'Amérique  même,  lui  rendent  d'éclatants  hommages 
et  il  y  est  accepté  par  l'élite  comme  le  sont  depuis  longtemps  déjà 
Ibsen,  Gorki,  Hauptmann  et  quelques  autres.  Aussi  bien,  par  ce  qu'il 
a  mis  d'universel  en  son  art,  déborde-t-il  a  les  limites  d'une  patrie  ou 
de  deux»  et,  de  New- York  à  Moscou,  fait- il  0  vibrer  les  mêmes 
fibres  intra -humaines  ». 

C'est  à  ce  point  de  vue  surtout,  moderne,  européen,  universel, 
que  se  sont  placés  le  romancier,  poète  et  critique  J.  Schlaf  et 
M.  L.  Bazalgette  dans  les  monographies  qu'ils  ont  consacrées  à 
notre  grand  poète,  et,  malgré  l'enthousiasme  peut-être  excessif  de 
certaines  pages  trop  ferventes,  elles  sont  les  plus  suggestives  de  celles 
qui  jusqu'ici  ont  propagé  le  nom  de  Verhaeren,  et  elles  caractérisent 
le  plus  exactement  son  œuvre. 

Il  ne  nous  est  pas  possible,  cependant,  de  faire  nôtres  toutes  les 
appréciations  qu'elles  renferment,  et  nous  ne  partageons  pas  l'admi- 
ration des  critiques  pour  cette  conception  panthéiste  à  laquelle 
Verhaeren  croit  que  la  poésie  doit  prochainement  aboutir  et  vers 
laquelle,  depuis  les  Villages  illusoires,  son  œuvre  est,  comme  par  étapes, 
un  acheminement.  Quelque  grandeur  que  la  poésie  de  Verhaeren 
emprunte  à  cette  conception,  je  regrette  que  tant  de  pièces  en  soient 
imprégnées  et  que  le  poète  ait  écrit  :  «  Les  anciennes  divisions  entre 
l'âme  et  le  corps,  entre  Dieu  et  l'Univers,  s'effacent,...  l'homme 
devient  en  quelque  sorte,  à  force  de  prodiges,  ce  Dieu  personnel 
auquel  ses  ancêtres  croyaient  ». 

L'étude  de  M.  Bazalgette  porte  particulièrement  sur  la  seconde 
partie  de  l'œuvre  de  Verhaeren.  Les  premiers  recueils.  Les  Flamandes 
(i883).  Les  Moines  (1886),  puis  la  trilogie  maladive  et  douloureuse, 
Les  Soirs  (1887),  Les  Débâcles  (1888),  Les  Flambeaux  noirs  (1890),  y  sont 
rapidement  analysés  ;  l'auteur  ne  fait  que  mentionner  Les  Apparus 
dans  mes  chemins  (1891)  et  les  Campagnes  hallucinées  (1893),  les  pages 
d'apaisement  après  celles  de  douleur  et  d'orgueil  exaspérés  ;  il  a  hâte 
d'aborder  les  recueils  qui  annoncent  clairement  des  préoccupations 
nouvelles  :  Les  Villages  illusoires  (1894)  où  le  poète  «  immensifîe  »  les 
petites  gens  jusqu'à  en  faire  des  types  symboliques  d'humanité  ;  Les 
Villes  tentaculaircs  (1895),  lagonie  du  vieux  monde  et  la  naissance  de 
celui  qui  aspire  à  le  remplacer  ;  Les  Visnger  de  la  vie  (1899),  livre  de 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  27 1 


lainière  et  d'essor,  tranquille,  large,  profond  ;  Les  Forces  tumultueuses 
(1902)  qui  s'achèvent  par  l'inoubliable  pièce  où  passe  le  navire  de 
l^umanité. 

Larges  voiles  au  vent,  ainsi  que  des  louanges, 
La  proue  ardente  et  fiére  et  les  haubans  vermeils, 
Le  haut  navire  apparaissait,  comme  un  archange 
Vibrant  d'ailes  qui  marcherait  dans  le  soleil. 
(Cf.  V.  Hugo,  La  Légende  des  Siècles  :  Plein  ciel.) 

Au  contraire,  J.  Schlaf  s'arrête  surtout  à  l'étude  des  premières 
oeuvres  et  il  les  analyse  merveilleusement  ;  mais  pour  ce  qui  concerne 
les  grands  cycles,  c^est  ainsi  qu'il  dénomme  Les  Campagnes  hallucinées ^ 
Les  Villes  tentaculaires  et  Les  Forces  tumultueuses^  il  se  borne  à  en  dégager 
la  conception  générale,  de  sorte  que  ces  monographies  se  complètent 
mutuellement. 

Dans  la  biographie  de  Verhaeren  dont  Schlaf  fait  précéder  son 
étude  critique,  je  découvre  une  erreur  étrange,  que  je  ne  conçois  pas 
qu'il  ait  commise.  L'écrivain  allemand  puise  ses  renseignements  dans 
A .  Mockely  Emile  Verhaeren,  avec  une  note  biographique  par  P.  Vielé-Grijffin. 
Paris,  Mercure,  iSgS  ;  or  Vielé-Griffin  écrit  (p.  8)  :  «  Verhaeren  fut 
un  précoce  (ses  premiers  essais  datent  de  la  quatrième)  »,  ce  qui  se 
traduirait  :  a  Verhaeren  war  ein  frùhreifes  Kind  :  seine  ersten  Aufsâtze 
datieren  aus  der  Quarta  ».  Schlaf  traduit  :  a  ...  aus  seinem  vierten 
Lebensjahr  »  ! 

Un  mot  encore.  On  a  déjà  fait  remarquer  qu'à  Theure  actuelle,  ce 
sont  deux  Belges,  deux  Flamands,  qui  sont  les  représentants  les  plus 
admirés  de  la  littérature  française.  Ce  sera  Tœuvre  de  l'avenir  de 
détenniner  la  part  de  talent,  voire  de  génie,  que  doivent  nos  écrivains 
à  la  fusion  en  eux  des  races  latine  et  germanique  ;  peut-être  les 
critiques  futurs  y  trouveront-ils  l'explication,  au  moins  partielle,  de 
leur  supériorité.  C.  Liégeois. 

226.  —  F.  Li.  MarCOU,  Recueil  de  morceaux  choisis  de  prose  et  de  vers  du 

XVI''  au  XIX'^  siècle,  Paris,  Garnier  frères. 

Sous  ce  titre  modeste,  l'auteur  nous  présente  une  excellente  chres- 
tomathie  française;  car  le  livre  de  M.  Marcou  se  distingue  par  les 
qualités  fondamentales  requises  pour  ces  sortes  d'ouvrages,  quel  que 
soit  le  public  plus  ou  moins  spécial  auquel  ils  s'adressent  :  Tordre,  la 
clarté,  la  proportion  nous  font  voir  l'écrivain  dans  son  milieu  et  au 
rang  dû  à  son  mérite. 

Le  recueil,  qui  suit  l'ordre  chronologique,  comprend  quatre  parties 
correspondant  aux  xvi®  (loo  pages),  xvii^^  (i3o  pages),  xviii*  (90  pages) 
et  XIX*  siècles  (3oo  pages),  ainsi  qu'une  introduction  sur  le  moyen-àge 


2/2  LE   MUSÉE  BELGE. 


(46  pages).  Un  tableau  sommaire  de  la  littérature  précède  chaque 
siècle,  tandis  qu'une  notice  biographique,  accompagnée  de  l'indica- 
tion des  principales  œuvres,  est  consacrée  à  chaque  écrivain  en  tête 
de  ses  extraits.  «  Les  lectures  isolées  sont  ainsi  reliées  et  coordonnées 
par  une  trame  historique  qu'esquissent  des  tableaux  généraux  de 
chaque  siècle  et  qu'achèvent  les  notions  individuelles  consacrées  aux 
écrivains  cités.  »  L'auteur  a  pris  soin  de  donner  aux  morceaux  de 
chaque  écrivain  l'ampleur  que  réclame  son  talent,  évitant  ainsi  de  se 
laisser  entraîner  à  donner  à  un  poète  ou  à  un  prosateur  de  troisième 
ordre  ime  place  prépondérante,  parce  que  ses  œuvres  paraissent 
mieux  convenir  à  la  jeunesse. 

Le  livre  de  M.  Marcou  est  destiné  aux  écoles  d'enseignement  pri- 
maire supérieur  et  aux  écoles  normales  ;  il  conviendrait  également  à 
l'enseignement  secondaire. 

Deux  observations  cependant.  D'abord  le  xix«  siècle,  malgré  son 
abondance  dont  il  faut  certes  tenir  compte,  y  semble  trop  toufiu  en 
comparaison  du  xvii«  et  du  xviii^^  ;  plusieurs  extraits  pourraient  faci- 
lement disparaître.  En  second  lieu,  le  moyen-âge  et  le  xvi«  siècle  y 
ont  conservé  leur  langue,  les  extraits  ne  sont  pas  traduits  en  français 
moderne  :  la  difficulté  de  comprendre  le  texte  ne  nuira-t-elle  pas  à 
l'intelligence  des  beautés  littéraires?  Cette  réserve  se  comprendra  peut- 
être  mieux  en  Belgique  qu'en  France  où  l'étude  du  vieux  français  est 
en  honneur.  D'ailleurs  ces  critiques  n'enlèvent  rien  à  la  valeur  du 
livre  auquel  nous  souhaitons  un  grand  succès.  A.  Masson. 

Histoire  et  Géographie. 

227.  — H.  Pirenne,  Histoire  de  Belgique.  T.  IIL  Bruxelles,  Lamertin, 

1907.  VIII  489  p.  In-80.  7  fr.  5o. 

Un  critique  autorisé,  M.  Ch.  Mœller,  a  déjà  fait  remarquer  (Revue 
bibliographique  belge,  avril-mai  1907)  que  ce  volume  «  surpasse  encore 
les  précédents  en  richesse  d'informations  et  en  intérêt  dramatique  ». 
Cette  appréciation,  qui  ne  surprendra  personne,  suffit  à  l'éloge  d'un 
livre  appelé  comme  les  deux  autres  à  être  bientôt  dans  toutes  les 
mains.  Il  paraît  donc  superflu  de  vanter  à  nouveau  la  vigueur  et 
l'élégante  précision  du  style,  l'abondante  documentation,  la  sobriété 
et  en  même  temps  l'a -propos  des  citations  qui  ont  presque  toujours, 
avec  la  saveur  d'une  langue  archaïque,  la  netteté  de  formules  lapi- 
daires et  définitives.  Mais,  outre  ces  qualités  communes,  ce  volume, 
qui  va  de  l'avènement  de  Marie  de  Bourgogne  à  l'arrivée  du  duc 
d'Albe  (1482- 1567),  se  distingue  avant  tout  par  sa  belle  ordonnance, 
son  admirable  composition,   sa  logique  puissante,  sa  forte  unité. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  2yS 


L'auteur,  sans  s'écarter  presque  de  Tordre  chronologique,  est  amené 
par  le  développement  même  de  son  sujet  à  examiner  la  situation  de 
la  Belgique  à  quatre  points  de  vue  successifs.  Tour  à  tour  il  analyse 
les  tendances  politiques  qui  se  heurtent  et  se  combattent  dans  le  pays 
à  la  fin  du  xv*  siècle,  puis  il  décrit  son  orientation  économique,  son 
essor  intellectuel  et  finalement  la  révolution  religieuse  du  xvi«  siècle. 
Il  parcourt  ainsi  quatre  domaines  différents  et,  au  premier  aspect, 
totalement  indépendants  Tun  de  Tautre.  On  l'aurait  pensé  jadis,  on 
le  penserait  encore  si  les  volumes  précédents  ne  nous  avaient  fami- 
liarisés avec  la  conception  historique  de  Técole  nouvelle  qui  consiste, 
on  le  sait  du  reste,  à  faire  pivoter  toute  Thistoire  politique  et  sociale 
autour  des  phénomènes  économiques.  Plus  M.  Pirenne  avance  dans 
Texposé  de  notre  histoire  nationale  et  plus  l'interdépendance  des 
événements  corrobore  sa  théorie  fondamentale.  Quelques  citations 
empruntées  textuellement  à  son  livre  suffiront  à  le  démontrer. 

Au  lendemain  de  la  mort  de  Charles  le  Téméraire,  il  se  produit 
dans  les  Pays-Bas  une  réaction  violente  contre  le  despotisme  de  la 
maison  de  Bourgogne.  Nous  assistons,  pour  employer  le  langage  de 
l'auteur,  au  a  conflit  que  se  livrent  le  principe  médiéval  de  l'auto- 
nomie particulariste  et  le  principe  moderne  de  la  centralisation 
monarchique».  Or,  ne  nous  y  trompons  pas  :  les  auteurs  de  ce 
mouvement  rétrograde,  ce  sont  les  artisans,  les  corporations  de 
métiers  qui,  subordonnant  tout  à  leurs  préjugés  de  classes,  songent 
moins  à  sauvegarder  les  libertés  nationales  que  leurs  intérêts  privés. 
Sur  le  terrain  économique,  la  lutte  change  à  peine  d'objet.  Le'travail 
réglementé  et  familial,  circonscrit  aux  agglomérations  urbaines, 
s'insurge  contre  l'industrie  individuelle  et  capitaliste,  entraînant  dans 
son  orbite  les  populations  rurales  sous  la  forme  d'un  prolétariat 
salarié.  En  fin  de  compte,  «  les  artisans  urbains  considèrent  leurs 
franchises  comme  une  panacée  contre  les  progrès  du  capitalisme 
naissant  et  ils  se  flattent,  en  usant  de  contrainte,  de  ramener  les 
marchands  «  qui  toujours  désirent  libertéz  ».  Dans  l'ordre  politico- 
économique,le  particularisme«local,  le  protectionnisme  tracassier  sont 
en  opposition  avec  les  aspirations  nationales,  des  institutions  plus 
larges  et  ime  pratique  plus  généreuse  de  la  liberté  ;  le  passé  confiné 
dans  ses  habitudes  sédentaires  et  routinières  lutte  contre  l'avenir  qui 
s'abandonne  au  vent  du  large. 

Répercussion  remarquable  !  dans  le  domaine  de  la  pensée,  «  il  en 
va  du  mouvement  des  idées  comme  de  celui  des  marchandises  et  des 
capitaux.  De  même  qu'Anvers  est  la  plus  cosmopolite  des  villes  du 
xvi«  siècle,  de  même  Erasme  est  l'écrivain  le  plus  universel  de  ce 
temps...  L'on  y  retrouve,  par  une  rencontre  significative,  cette  même 


274  L^   MUSÉE    BELGE. 


alliance  de  Tindividualisme  et  du  cosmopolitisme  que  chez  les  capita- 
listes et  les  banquiers  d'Anvers  ».  Les  artistes  emboîtent  le  pas  aux 
gens  de  lettres  et  aux  marchands.  La  liberté  artistique  se  déploie  à 
côté  de  la  pensée  libre  et  de  l'individualisme  industriel  et  commercial. 
Comme  le  fabricant,  Tartiste  produit  à  sa  guise  ;  il  secoue  le  jougr  d^ 
métier  pour  ne  plus  suivre  que  sa  fantaisie. 

A  son  tour,  la  Révolution  religieuse  reflète  le  même  esprit  et 
procède  du  même  mouvement  qui  entraîne  tout  avec  lui.  s  Les 
nouvelles  tendances  religieuses  trouvèrent  le  terrain  tout  préparé  par 
la  Renaissance  dans  les  classes  supérieures,  par  les  transformations 
sociales  au  sein  du  peuple.  —  De  toute  part,  elles  y  affluent  et  s'y 
rencontrent  comme  les  marchands  de  toutes  les  nations  affluent  et  se 
rencontrent  à  la  Bourse  d'Anvers,  en  sorte  que  l'histoire  de  la  Réforme 
dans  les  Pays-Bas  atteste  elle  aussi  le  caractère  européen  de  leur 
civilisation  ». 

Ainsi,  organisation  politique,  mouvement  économique,  rénovation 
intellectuelle,  révolution  religieuse,  tout  dérive  d'une  impulsion 
commune,  comme  tout  s'enchaîne  et  se  tient  par  des  liens  d'inéluc- 
table répercussion  et  de  nécessaire  dépendance.  Peut- être  certains 
esprits  qui  expliquent  la  marche  de  l'histoire  par  les  simples  jeux  du 
hasard  ou  par  l'action  directrice  de  certains  individus,  se  défieront-ils 
d'un  système  qui  ramène  les  événements  les  plus  divers  à  des  facteurs 
économiques.  Peut-être  d'aucuns  seront-ils  tentés  de  trouver  dans 
l'œuvre  de  M.  Pirenne,  avec  un  grand  talent  de  mise  en  scène, 
un  peu  de  convention  et  d*artifice.  Que  du  moins  ils  fassent  crédit  à 
l'auteur  jusqu'après  lecture  de  son  ouvrage  et  je  me  tromperais  fort 
s'ils  résistaient  à  sa  logique  serrée,  à  sa  dialectique  démonstrative,  à 
la  rigueur  de  ses  déductions.  D'ailleurs,  lui-même  laisse  le  champ 
libre  à  la  discussion.  Il  ne  réclame  que  le  bénéfice  a  d'indiquer  des 
points  de  vue  nouveaux  et  de  proposer  des  hypothèses  que  les 
recherches  futures  rectifieront  peu  à  peu  ».  On  ne  peut  rehausser 
un  grand  talent  par  plus  de  modestie.  Les  points  de  vue  nouveaux 
abondent,  par  exemple  dans  la  façon  dont  il  explique  la  marche  de 
la  révolution  du  xvi«  siècle,  et  quant  aux  hypothèses,  elles  découlent 
si  naturellement,  si  logiquement,  des  faits,  de  plus  elles  s'enchaînent 
dans  une  S3nithèse  si  harmonique,  que  je  me  plais  à  penser  que  les  «  re- 
cherches futures  »,  au  lieu  de  les  ébranler  ne  feront  que  les  confirmer. 

A.    DUTRON. 

aaS,  —  P.  Doppler,  Schepenbrieven  van  het  kapiitel  van  S,  Servaas  U 
Maastricht.  Maestticht  2  vol.  in-S»  de  5i3  et  5i5  pp.  1902  et  1907. 
Les  archives  de  l'ancien  chapitre  de  S.  Servais  de  Maestricht, 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  27S 

conservées  au  dépôt  de  l'État  de  cette  ville,  sont  particulièrement 
riches  en  chartes  échevinales  depuis  le  milieu  du  xiii«  siècle.  Ce  sont 
des  contrats  passés  devant  les  cours  échevinales  et  seigneuriales  de 
Maestricht  même  ou  des  villages  des  environs,  se  rapportant  aux 
matières  les  plus  diverses  de  droit  privé  :  constitutions  de  rentes, 
fermages^  ventes,  échanges  de  terre,  etc. 

Les  actes  analysés  jusqu'à  ce  jour  par  M.  Doppler  s'élèvent  déjà 
au  beau  total  de  iSiô  chartes  et  l'auteur  est  à  peine  arrivé  à  Tannée 
1469;  le  plus  ancien  document  date  du  12  mai  1257  et  a  été  publié 
en  entier  ainsi  que  quelques  autres  de  la  même  époque. 

Toutes  ces  pièces  sont  intéressantes  pour  la  diplomatique  des 
chartes  échevinales  de  la  capitale  du  Limbourg  hollandais,  la  chro- 
nologie des  Pays-Bas  au  moyen  âge  et  la  sigillographie  maestrichtoise 
du  xrv*  et  du  xv«  siècle.  Nous  ne  pouvons  retenir  ici  de  ces  détails, 
importants  pour  les  spécialistes,  que  quelques  particularités  plus 
générales.  Les  chartes  échevinales  sont  des  actes  en  parchemin 
scellés,  habituellement,  par  deux  échevins  au  moins.  Comme  beau- 
coup de  ces  pièces  ont  encore  conservé  leurs  sceaux,  on  devine  le 
prix  qui  s'y  attache  pour  la  sigillographie  et  l'héraldique  de  l'époque. 
La  langue  dont  il  est  fait  usage  dans  les  brieven  est  généralement  le 
latin  jusque  vers  1395  ;  à  partir  de  1400,  le  flamand  (du  dialecte  lim- 
bourgeois)  le  remplace  complètement.  Dans  certaines  cours  de  justice 
villageoises  le  flamand  apparaît  déjà  avant  i38o;  par  contre,  les 
échevins  de  la  cour  seigneuriale  du  Vroenho/de  Maestricht  libellent 
leurs  actes  en  latin  jusqu'en  1430. 

Dans  le  tome  II  de  son  ouvrage,  M.  Doppler  a  consacré  l'intro- 
duction à  l'exposé  des  systèmes  chronologiques  suivis  à  Maestricht 
dans  les  documents  diplomatiques  :  Bijdrage  tôt  de  gtschiedenis  der  tijd- 
rekmkunde  te  Maastricht  in  de  middeleeuweft  (pp.  i-xix).  Les  échevins  de 
la  ville  renouvelaient  le  millésime  de  l'année  à  Pâques  jusqu'en  i388, 
date  à  laquelle  ils  adoptèrent  le  style  de  la  Nativité,  obligatoire  à 
Maestricht  seulement  pour  le  clergé.  L'attachement  au  style  braban- 
^n  ou  de  Pâques  doit  sans  doute  s'expliquer  par  ce  fait  que  la  ville 
formait  un  condominium  partagé  entre  l'évêque  de  Liège  et  le  duc  de 
Brabant. 

Les  deux  forts  volumes  dont  nous  rendons  compte  constituent  une 
mine  très  riche  de  renseignements  pour  l'histoire  topographique  et 
économique  de  Maestricht  aux  xiv«  et  xv«  siècles.  Pour  bien  apprécier 
la  valeur  des  détails  historiques  qu'on  trouve  dans  ces  documents,  en 
apparence  dénués  d'intérêt,  il  sufl&t  de  rappeler  l'heureux  parti 
qu  a  su  tirer  jadis  Edmond  Poullet  des  registres  de  la  cour  échevi- 
nale  de  Louvain  et  des  environs  dans  son  article  :  Les  juridictions 


27^  LE   MUSÉE   BELGE. 


gi  la  propriété  foticièfe  au  XV^  siècle  dans  le  quartier  de  LouDain{M,ém. 
in-S^  de  VAcad.  de  Belgique^  t.  XVIII).  Mais  si  l'histoire,  assez  banale 
d^ailleurs,  du  chapitre  de  S.  Servais  ne  doit  pas  bénéficier  beaucoup 
de  la  publication  des  Schepenhrieven^  on  trouvera  néanmoins  dans 
ceux-ci  quelques  pièces  relatives  à  Inorganisation  religieuse  du  cha- 
pitre, telles  que  des  fondations  d*autels,  de  chapellenies.  On  y  cher- 
chera donc  beaucoup  de  noms  de  chanoines,  de  bienfaiteurs,  de  curés 
et  de  vicaires,  titulaires  de  ces  bénéfices  ecclésiastiques  qu'il  serait 
bien  difficile  de  trouver  ailleurs. 

M.  Doppler  s'est  acquitté  avec  le  plus  grand  soin  du  travail  qu'il  a 
entrepris.  Les  analyses  sont  claires  et  renseignent  sur  tout  ce  qui  est 
nécessaire  de  connaître  des  chartes  échevinales  :  objet  de  Tacte,  noms 
des  parties,  description  des  propriétés  avec  indication  des  tenants  et 
aboutissants.  Parfois,  Fauteur  fait  suivre  d'un  très  instructif  commen- 
taire certaines  pièces.  En  somme,  publication  exécutée  avec  une 
remarquable  minutie  qui  dispense  désormais  de  recourir  aux  chartes 
échevinales  mêmes.  H.  Nelis. 

229.  —  Lespagnol,  Nouveau  cours  de  géographie.  Paris,  Delagrave, 

1906.  7  vol.  in-8*>. 

La  librairie  Delagrave  de  Paris  publie  un  Nouveau  cours  de  géogra- 
phie^ conformément  au  programme  de  1902,  sous  la  direction  de 
M.  Lespagnol^  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres  de  Lyon,  et  avec 
la  collaboration  de  MM.  Fallex,  Maisey  et  Heutgen.  Des  sept 
volumes,  (de  4  à  5  fr.  chacun),  un  par  classe,  cinq  ont  paru.  11  ne 
manque  plus  que  les  deux  volumes  relatifs  à  la  France.  Ce  manuel 
peut  être  considéré  comme  un  des  meilleurs  qui  aient  été  publiés. 
Il  est  clair,  précis,  complet  ;  la  lecture  en  est  agréable  et  l'illustration 
ne  laisse  rien  à  désirer.  On  est  heureux  de  constater,  —  ce  qui  est 
exceptionnel  pour  les  manuels  de  géographie,  —  que  les  erreurs  de 
détail  sont  des  plus  rares  et  de  bien  minime  importance.  On  peut 
regretter  que  les  auteurs  aient  cru  devoir  pousser  Tesprit  d'une  soi- 
disante  neutralité  au  point  de  ne  pas  prononcer  dans  leurs  volumes  ni 
le  mot  Dieu  ni  celui  de  Créateur.  Pour  tout  ce  qui  concerne  les  races 
et  les  origines,  ils  se  contentent  d'exposer  les  diverses  théories  qui 
ont  été  émises,  mais  prétendent  ne  rien  affirmer.  A  part  cela,  nous 
estimons  que  ce  nouveau  cours  de  géographie  rendra  de  sérieux 
services  aux  professeurs  et  aux  étudiants  des  Universités;  mais  il  ne 
saurait  être  question  de  le  mettre  entre  les  mains  des  collégiens. 
Chaque  volume  a  de  5oo  à  600  pages  ;  c'est  assez  dire  que  la  matière 
est  traitée  d'une  manière  trop  complète  pour  que  ces  volumes  puissent 
servir  de  livre  de  classe.  Nous  plaignons  les  lycéens  français  qui  ont 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUB.  27/ 


à  travailler  avec  des  volumes  si  étendus  :  c'est  là  le  vrai  surmenage 
qui  ne  peut  que  produire  de  mauvais  résultats  et  contre  lequel  on  ne 
saurait  trop  mettre  en  garde  ceux  qui  ont  la  responsabilité  de  ren- 
seignement moyen.  Adolf  de  Ceulenebr. 

Art  et  Archéologie. 

a3o.  —  AusODla,  Rivista  délia  società  Ualiana  di  archeologia  e  storia 
deir  arts.  Anno  I.  MCMVI.  Roma,  Tip.  dell*  Unione  coop.  édi- 
trice, 1907.  Chez  Loescher  et  C»«.  204  p.  in-40  et  4  pi.  i5  fr. 
Le  i«r  septembre  1905,  un  groupe  d'archéologues  et  d'amateurs 
d'histoire  de  l'art  résolut  de  fonder  en  Italie  une  société  qui  pnt  le 
nom  de  Società  Ualiana  di  archeologia  e  storia  delf  arte  et  qui  a  son  siège 
à  Rome.  Promouvoir  et  encourager  les  recherches,  les  études  et  les 
publications  relatives  aux  sciences  dont  elle  porte  le  nom^  réveiller 
Vintérêt  public  et  privé  pour  les  trésors  artistiques  du  pays  et  con- 
courir ainsi  à  les  conserver  :  tel  est  son  but.  Elle  élut  président 
M.  le  professeur  D.  Comparetti,  sénateur,  et  secrétaire  M.  le  pro- 
fesseur Lucio  Mariani.  Elle  publie  la  revue  dont  nous  annonçons  le 
premier  volume  :  imprimée  sur  papier  glacé,  ornée  de  gravures  et  de 
planches,  elle  est  digne  d'une  société  qui  s'occupe  d'art  en  première 
ligne.  En  tête,  nous  trouvons  un  rapport  sur  la  fondation  et  sur  les 
statuts  de  la  société.  La  moitié  du  volume  est  occupée  par  des  articles 
de  fond,  dont  voici  les  sujets  : 

P.  Orsi,  Nouveaux  documents  de  la  civilisation  prémycénienne  et 
mycénienne  en  Italie  (p.  5- 12). 

D.  Comparetii,  Inscription  archaïque  de  Cumes  :  où  Oëmç  évroOSa 
KdoOoti  (€)(  mA  "^àv  papaxxc^M^vov,  c'est-à-dire  :  non  licet  hic  sepeliri  nisi  ini- 
tiâtmm  (p.  i3-2o). 

E.  Brizio^  La  statue  d'adolescent  de  Subiaco  et  le  Niobide  Chiara- 
monti  (p.  21-32). 

G.  Patroni^  Une  hydrie  attique  avec  le  mythe  de  l'hydre  de  Lerne 
(p.  33-35). 

P.  Ducaii,  Une  ariballe  du  Musée  de  Berlin  (p.  36-5o). 

B.  Nogara^  La  prétendue  Byblis  trouvée  dans  les  fouilles  de  Tor 
Maranda  à  Rome  en  1817  (p.  5i-55). 

F.  Grossi-Gondi^  Sépulture  et  villa  des  Furii  à  Tusculum  :  CIL., 
XIV,  2577-2588  (p.  Sô-Sg). 

P.  Toesca^  Objets  d'origine  barbare  au  Musée  de  Lucques  (p.  60-67). 
Lisetta  Ciaccio^  La  fin  de  la  sculpture  gothique  à  Rome  (p.  68-92). 
L.  Venturi,  Une  représentation  de  la  légende  d'Auguste  et  de  la 
Sibylle  de  Tibur  au  xiii*  siècle  (p.  93-95). 


278  LE   MUSÉE   BELGE. 


R.  Lanciani^  Souvenirs  inédits  d'artistes  du  xvi«  siècle  (p.  96-102). 

La  seconde  partie  comprend  les  rubriques  suivantes  : 

Variétés,  E.  Ghislanzoni  nous  parle  des  bronzes  qui  décoraient  les 
navires  romains  du  lac  de  Nemi. 

Fouilles  et  découvertes.  Il  est  rendu  compte  des  fouilles  de  Crète  par 
L.  Pernier,  d'Etrurie  par  B.  Nogara,  de  Rome  par  G.  Stara  Tedde. 

Bulletin  bibliographique.  On  fait  connaître  brièvement  les  ouvrages 
principaux  récemment  publiés  sur  la  préhistoire  italique,  la  civilisa- 
tion étrusque,  la  sculpture  grecque,  l'histoire  hellénistique  et  romaine, 
la  céramique  grecque,  Tépigraphie  grecque,  ITiistoire  et  les  antiquités 
romaines,  la  topographie  romaine,  l'archéologie  chrétienne,  l'archéo- 
logie byzantine,  la  peinture  italienne  du  xvi«  au  xix«  siècle,  l'icono- 
graphie, les  intailles  et  dessins,  enfin  la  tapisserie. 

Compte-rendus  de  huit  ouvrages  et,  pour  finir,  Nouvelles  archéolo- 
giques. J.  P.  W. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

23 1 .  —  J.  Van  den  Gheyn,  Catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Belgique,  Tome  I-VI.  Bruxelles,  Lamertin,  1901-1906.  12  fr.  le  vol. 
C'est  une  œuvre  utile  entre  toutes  qu'a  entreprise  le  R.  P.  J.  Van  den  Ghejm, 
conservateur  de  la  Section  des  manuscrits  à  la  Bibliothèque  royale  de  Belgique.  La 
Bibliothèque  royale  possède  plus  de  20,000  manuscrits  et  il  n*en  existait  qu'un  cata- 
logue vieilli  et  incomplet.  Dresser  un  catalogue  complet  et  méthodique,  donnant 
une  description  de  chaque  manuscrit,  indiquant  exactement  son  contenu,  et  autant 
que  possible  sa  date,  voilà  ce  que  le  P.  Van  den  Gheyn  a  voulu  faire.  Il  a  com- 
mencé sa  publication  en  1900  et  déjà  6  forts  volumes  in-8<»  ont  paru.  Voici  le  plan 
suivi  :  Vol.  I,  Écriture  sainte  et  liturgie,  (692  pp.)  ;  Vol.  II,  Patrologie  (418  pp.)  ; 
Vol.  III,  Théologie  (514  pp.);  Vol.  IV,  Jurisprudence  et  Philosophie  (408  pp.); 
Vol.  V,  Histoire,  Hagiographie  (702  pp.)  ;  Vol.  VI,  Histoire  des  ordres  religieux 
et  des  églises  particulières  (778  pp.). 

L'activité  et  la  science  de  Téminent  conservateur  sont  vraiment  admirables  : 
jusqu'ici  il  a;  catalogué  et  décrit  4539  manuscrits.  On  peut  espérer  qu1l  mènera  à 
bonne  fin  cette  œuvre  colossale,  appelée  à  rendre  d'immenses  services  à  tous  les 
chercheurs. 

232-233.  —  A.  Monchard  et  C.  Blanchet,  Les  auteurs  grecs  du  baccalauréat 

es  lettres.  Études  littéraires,  Paris,  Poussielgue.  3  fr.  5o. 
Les  mêmes,  Les  auteurs  latins  du  baccalauréat,  Ibid.,  1903.  3  fr.  bo. 

Supposez  que  le  baccalauréat  soit  supprimé  en  France  :  ces  deux  volumes  conser- 
veront leur  valeur.  Destinés  aux  classes,  ils  contiennent  une  série  d*études  qui 
resteront  utiles  aux  élèves  et  seront  toujours  une  lecture  attachante  pour  les  gens 
instruits.  Les  auteurs  sont  au  courant  des  travaux  d'histoire  littéraire  les  plus 
récents  et  ils  en  ont  fait  entrer  les  résultats  dans  ces  deux  beaux  volumes,  écrits 
avec  un  goût  sûr,  dans  une  langue  élégante  et  claire.  Ils  passent  en  revue  Homère, 
Eschyle,  Sophocle,  Euripide,  Aristophane,  Hérodote,  Thucydide,  Xénophon,  Pla- 
ton, Démosthène,  Plutarque,  Lucien  —  Plaute,  Térence,  Lucrèce,  Virgile,  Horace, 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  279 

Océron,  Titc-Livc,  Sénèque,  Tacite  et  Pline  le  Jeune.  Chacun  des  deux  volumes 
oontient  en  outre  une  histoire  abrégée  de  la  littérature  grecque  ou  latine,  compre- 
nant la  littérature  chrétienne. 

^34.  — -  H.  Diels,  Die  Fragmente  der  Vorsokratiker,  Griechisch  und   Deutsch. 

a"  Aufl.  I  Bd.  Berlin,  Weidmann,  1906.  10  m. 

Eo  1903  8  paru  la  première  édition  de  cet  ouvrage.  Son  succès  a  été  si  grand 
qu'une  seconde  édition  est  devenue  nécessaire  après  trois  ans.  M.  Diels  voulait  que 
son  livre  fournît  avant  tout  une  base  à  l'enseignement  de  la  philosophie  grecque  : 
pour  s'initier  aux  systèmes,  il  faut  avoir  sous  les  yeux  les  documents  originaux. 
Malheureusement,  des  philosophes  présocratiques,  nous  n'avons  que  des  frag- 
ments ou  des  résumés,  et  ce  sont  ces  fragments,  ces  résumés  que  M.  Diels  a 
tecueillis  soigneusement,  sous  la  forme  la  plus  correcte  possible  et  accompagnés 
d'une  traduction  au  bas  des  pages,  qui  vaut  le  meilleur  des  commentaires.  Ce  pre- 
mier volume  contient  63  philosophes,  depuis  Thaïes  de  Milet,  le  pn'nceps  philoso- 
phiae,  jusqu'à  Bion  d'Abdère  et  Bolos  de  Mendès. 

i35.  —  N.  Hohl'weiii,  Les  papyrus  grecs  d'Egypte.  Besançon,  Typ.  Jacquin, 

1907.  44  pp.  (Extrait  du  Bibliographe  moderne^  1906). 

Sous  ce  titre,  M.  Nicolas  Hohlwein  a  publié  dans  le  Bibliographe  moderne  (sept.- 
déc.1906)  un  article  fort  intéressant,  où  il  fait  excellemment  ressortir  tout  le  parti  que 
Ton  peut  tirer  de  ces  précieux  documents  pour  les  études  tant  littéraires  qu'histo- 
riques et  juridiques.  Un  cours  historique  des  découvertes  papyrologiques  et  une 
bibliographie  d'ouvrages  relatifs  aux  papyrus  complètent  cet  article  sur  lequel  nous 
appelons  l'attention. 

236.  —  A.  Rivand,  Le  problème  du  devenir  et  la  notion  de  la  matière  dans  la 
philosophie  grecque  depuis  les  origines  jusqu*à  Théophrasie.  (Collection  historique 
des  Grands  Philosophes).  Paris,  Alcan,  1906.  i  vol.  in-8».  10  fir. 
Cet  ouvrage  contient  une  étude  sur  l'histoire  de  la  physique  grecque  depuis  ses 
origines  légendaires  jusqu'à  sa  forme  achevée  chez  Aristote. 

L*auteur  passe  en  revue  les  diverses  théories  scientifiques  et  philosophiques  des 
Grecs,  en  s'efforçant  de  dégager,  pour  chacune  d'elles,  d'après  les  travaux  critiques 
les  plus  récents,  les  contributions  nouvelles  qu'elle  apporte  à  la  solution  des  pro- 
blèmes physiques.  Ces  analyses  détaillées  le  conduisent  à  des  vues  générales  sur  la 
conception  grecque  des  choses.  Il  veut  établir  que  cette  conception  est  fort  diffé- 
rente, par  certains  côtés,  de  nos  explications  modernes.  Notamment,  il  lui  apparaît 
qu'en  Grèce  la  notion  de  la  matière  n'a  joué  un  rôle  aussi  considérable  que  dans  les 
théories  qui  nous  sont  femilières. 

Toute  la  science  grecque  née,  d'après  lui,  de  l'ancienne  cosmogonie,  est  dominée 
par  un  problème  qui  n'est  point  le  problème  de  la  matière,  mais  celui  du  passage 
du  désordre  primitif  ou  du  chaos,  à  l'ordre  actuel,  au  Cosmos. 

Il  discute  pour  le  montrer,  un  très  grand  nombre  de  textes  scientifiques  ou  litté- 
raires et  les  interprétations  qui  en  ont  été  proposées.  Des  index  complets  permettent 
de  retrouver  ces  textes  et  d'utiliser  la  bibliographie  qui  accompagne  ce  livre. 

337.  —  Brich  Ziebarth,  Kulturbilder  aus  griechischen  Stàdten.  Mit  23  Abbild. 

Leipzig,  Teubner,  1907.  1  m.  ;  relié  :  \  m.  25. 

Cet  ouvrage  fait  partie  d'une  collection  populaire  intitulée  :  Aus  Natur  und 
Oeisteswelt^  qui  comprend  déjà  un  grand  nombre  de  volumes  traitant  les  sujets  les 
plus  divers.  Il  est  sorti  d'une  série  de  conférences  faites  à  Hambourg  surThéra, 
Pergame,  Priène,  Milet  et  le  temple  d'Apollon  à  Didyme.  Ces  cinq  chapitres  sont 


28o  LE   MUSÉE  BELGE. 


précédés  d*une  introduction  sur  les  archives  antiques.  Ces  archives,  oo  le  devine^ 
sont  les  inscriptions.  Le  volume  se  termine  par  un  curieux  chapitre  sur  l'Egypte  et 
la  vie  égyptienne  d'après  les  papyrus,  où  M.  Ziebarth  a  suivi  une  lecture  faite  par 
M.  R.  Cagnat  à  TAcadémie  des  Inscriptions  (Comptes  rendus^  1901,  p.  78^  et  suiv.) 
et  intitulée  :  Indiscrétions  archéologiques  sur  les  Égyptiens  de  V époque  romaine. 
Les  plans  et  les  gravures  permettent  de  suivre  l'auteur  dans  ses  promenades  à  travers 
les  villes  antiques  qu'il  cherche  à  reconstruire  et  à  faire  revivre. 

238.  -^  J.  Vahleni  professons  B^rolinensis  Opuscula  acaJemica.  Pars  prior  » 
Prooemia  indicibus  lectionum  praemissa  i-xxxiii  ab  a.  1875  ad  a.  1891.  Leipzig, 
Teubner,  1907.  12  m.,  relié  14  m.  5o. 

Cest  l'usage  dans  les  universités  allemandes  que  le  programme  semestriel  de^ 
études  soit  accompagné  d'un  munus  litterarium^  d'un  court  travail  d'un  professeur. 
Depuis  3o  ans,rillustre  vétéran  de  la  philologie  classique,  M.  Vahlen  enrichit  les  pro- 
grammes de  Berlin  d'une  étude  critique  sur  un  auteur  grec  ou  romain,  écrite  dans 
un  latin  d'une  merveilleuse  clarté,  d'une  correction  irréprochable  et  d'une  rare  élé- 
gance. Chacun  de  ces  «programmes  »  apporte  quelque  chose  de  neuf  et  constitue  une 
acquisition  pour  la  science.  Il  était  utile  de  les  recueillir,  car  il  devient  difficile  de  les 
trouver.  Le  recueil  formera  deux  volumes  et  le  premier,  qui  vient  de  paraître, 
s'arrête  à  l'année  1891.  Donnons  seulement  la  liste  des  auteurs  examinés  :  Aristote^ 
Platon,  Théocrite,  Tite-Live,  Ennius,  Verrius  Flaccus,  Suétone,  Cicéron,  Tacite, 
Lucrèce,  Catulle,  Lucien,  Sophocle,  Térence,  Juvénal,  Aristophane,  Horace,  Pro- 
perce, Euripide,  Virgile,  Callimaque.  Il  y  a  quelques  études  générales  :  Du  rôle  de 
la  ponctuation  dans  la  critique  :  des  vers  répétés  ;  de  l'abondance  du  style  chez  les 
Romains  ;  Des  inversions  dans  les  poètes  latins,  etc. 

Ce  qui  est  au  moins  aussi  important  que  les  nombreuses  corrections  ou  interpré- 
tations, si  plausibles,  que  propose  M.  Vahlen,  c'est  la  méthode  qu'il  suit  et  qu'il 
recommande  :  comprendre  et  non  deviner,  telle  est  sa  devise.  A  ce  point  de  vue,  ses 
opuscula  sont  précieux  :  c'est  la  meilleure  leçon  de  méthode  critique  qu'on  puisse 
trouver.  Que  nos  critiques  divinateurs  les  lisent  et  les  méditent  I 

239.  —  Th.  Mommsen,  Le  droit  pénal  romain.  Traduit  de  l'allemand  avec  l'auto- 
risation de  la  famille  de  l'auteur  et  de  l'éditeur  allemand  par  J.  Duquesne,  profes- 
seur à  la  faculté  de  droit  de  Grenoble.  Paris,  Fontemoing,  1907. 2  vol.  in-8.20  frs. 
Cet  ouvrage,  par  son  importance,  s'adresse  à  de  nombreux  lecteurs  qui  n'ont  pas 

une  connaissance  suffisante  de  l'allemand  pour  lire  aisément  les  phrases  complexes 
cl  abstraites  de  Mommsen.  C'est  un  appendice  de  la  traduction  française  de  rûeuvre 
de  Marquardt-Mommsen,  quoique  le  Rômisches  Strafrecht  du  savant  philologue 
n'appartienne  pas  à  la  même  collection  allemande.  Le  droit  pénal  servira  néanmoins 
de  complément  au  droit  public  romain. 

Les  seules  additions  que  le  traducteur  se  soit  permises,  ont  consisté  à  renvoyer 
aux  traductions  françaises  d'ouvrages  allemands  cités  par  Mommsen.  A  quelques 
endroits,  il  a  opéré  des  rectifications  personnelles.  Bref,  la  réputation  dont  jouit  la 
traduction  de  Marquardt-Mommsen  fait  bien  augurer  de  l'accueil  qui  sera  fait  à 
l'œuvre  si  utile  de  M.  Duquesne.  Th.  Simab. 

240.  —  R.  Pichon,  Études  sur  l'histoire  de  la  littérature  latine  dans  les  Gaules, 
Les  derniers  écrivains  profanes.  Les  Panégyristes.  Ansone.  Le  Querolus.  Rutilius 
Namatianus.  Paris,  Leroux,  1906.  7  fr.5o. 

M.  Pichon  se  propose  d'étudier  l'histoire  de  la  littérature  latine  dans  les  Gaules  et 
de  consacrer  à  cette  étude  trois  volumes.  Le  premier,  qui  a  paru,  traite  des  derniers 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  28 1 

écrivaios  profanes  ;  le  second  traitera  des  derniers  écrivains  chrétiens  et  le  troisième, 
des  écrivains  du  V  siècle.  Voici  comment  son  ouvrage  est  conçu.  Ce  n*est  point  une 
«  histoire  »  complète,  où  soient  accumulés  tous  les  renseignements,  relatifs  à  toutes 
les  (suvres.  La  question  que  M.  Pichon  se  pose  devant  les  Panégyriques,  les  opus- 
cules d*AusoDe,  la  comédie  du  Querolus  où  le  poème  de  Rutilius,  est  celle-ci  :  qu*est- 
ce  que  ces  textes  nous  apprennent  sur  Tétat  d'âme  de  leurs  auteurs  et  des  contem- 
porains, sur  rhistoire  morale  et  sociale  de  la  Gaule  du  iv«  siècle?  A  cette  question, 
il  répond  dans  les  cinq  chapitres  de  ce  livre,  qui  est  d'une  lecture  attachante.  Les 
titres  des  chapitres  en  indiquent  clairement  le  sujet.  Introduction  :  La  littérature 
gallo-romaine  et  les  origines  de  Tesprit  français  :  i^  Le  monde  des  écoles  dans  la 
Gaule  romaine  d*après  le  recueil  des  Panégyriques  ;  2^  Les  Panégyristes  et  la  poli- 
tique impériale  ;  3»  La  société  mondaine  au  iv«  siècle  d'après  les  poésies  d'Ausone  ; 
4*  Une  comédie  de  société  gallo-romaine  :  le  Querolus  ;  5»  Un  grand  fonctionnaire 
gallo-romain  :  le  poète  Rutilius  Namatianus.  Les  Appendices  traitent  des  questions 
spéciales  de  critique  :  l'origine  du  Recueil  des  Panégyriques,  le  texte  des  Panégy- 
riques et  la  prose  métrique,  les  points  douteux  de  Thistoire  d'Ausone,  et  des  obser- 
vations sur  le  texte  de  ce  poète.  J.  P.  W. 

041.  —  Victor  Girand,  Les  idées  morales  d'Horace,  Bloud,  4,  rue  Madame, 
Paris,  1907.  o  fr.  60.  (Collection  Science  et  Religion,  série  des  Philosophes, 
Penseurs  et  Grands  Ecrivains,  n»  451). 

Le  poète  Horace  n'est  assurément  pas  un  philosophe,  ni  même  un  penseur  au 
sens  rigoureux  du  mot,  et  ses  idées  générales  sur  le  monde,  sur  l'homme  et  sur  la 
vie  manquent  un  peu  de  profondeur  et  d'originalité.  Mais,  en  un  certain  sens,  elles 
n'en  sont  que  plus  intéressantes  :  elles  nous  renseignent  d'abord  sur  le  caractère  du 
poète,  qui  est  essentiellement  un  épicurien  avec  des  velléités  de  stoïcisme;  ensuite, 
sur  son  temps,  dont  il  reflète  les  tendances  contradictoires  avec  une  singulière 
fidélité;  et  enfin  sur  une  disposition  permanente  de  l'humanité  qu'Horace  symbolise 
excellemment.  La  morale  d'Horace,  en  effet,  s'appelle  de  son  vrai  nom  la  morale 
des  honnêtes  gens  ;  et  on  lira  avec  intérêt  les  pages  suggestives  où,  en  retraçant  à 
travers  l'histoire  des  idées,  les  vicissitudes  successives  de  cette  morale,  M.  Victor 
Giraud  montre  que  la  fortune  et  le  renom  d'Horace  en  sont  inséparables. 

242.  —  A.  Marx,  Senecas  Apokolokyntosis.  Fur  den  Schulgebrauch  herausge- 

geben.  Karlsruhe,  Gutsch,  1907.  16  pp.  o  m.  40. 

Au  gymnase  de  Carlsruhe,  on  lit  le  pamphlet  de  Sénèque  comme  complément  de 
Tacite.  Pour  ne  pas  forcer  les  élèves  d'acquérir  un  Sénèque  ou  l'édition  Buecheler, 
M.  Marx  a  fait  imprimer  à  part  le  texte  de  TApokolokyntose.  Il  suit  la  petite  édition 
Buecheler  et  s'abstient  de  commentaires.  Le  volume  eût  coûté  trop  cher  et  il  existe 
d'ailleurs  un  excellent  commentaire  de  hutchtXtT  {Symbola  philologorum  Bonnen- 
sium  in  hon.  F.  Ritschelii^  p.  3i  sqq.).  M.  Marx  exprime  le  vœu  que  ce  petit  ce  chef- 
d'œuvre  »  de  Buecheler  soit  publié  à  part. 

143.  —  Xenia  Romana.  Scritti  difilologia  classica  olTerti  al  secondo  convegno 
promosso  dalle  Società  italiana  per  la  diffusione  e  l'incoraggiamento  degli  studi 
classici.  Rome,  Albrighi,  Scgati  e  Co,  1907.  170  pp. 

Il  existe  en  Italie  une  société  pour  la  diffusion  et  l'encouragement  des  études 
classiques,  qui  a  tenu  son  deuxième  congrès  annuel  à  Rome  du  i**  au  3  avril.  Il  fut 
ouvert  en  présence  du  Ministre  de  l'Instruction  publique  ;  de  nombreux  hommes 
politiques  et  des  philologues  plus  nombreux  encore  y  prirent  part.  Voici  les  vœux 
principaux  qui  furent  votés  :  i^  exiger  une  année  de  stage  après  le  doctorat  pour 
les  jeunes  gei.s  qui  se  destinent  à  l'enseignement;  2^  promouvoir  des  cours  popu- 


1 


282  LE   MUSÉE  BELGE. 


laires  de  latin  ;  3<>  bannir  Tusage  des  traductions  des  humanités  classiques,  mais  les 
employer  dans  les  autres  classes  ;  4**  rendre  aux  examens  de  sortie  des  humanités 
un  caractère  sérieux. 

Aux  membres  du  Congrès,  on  distribua  les  comptes  rendus  du  Congrès  précédent, 
tenu  à  Florence,  et  un  volume  de  travaux  offerts  aux  congressistes  par  14  meaibres 
Romains  de  la  société  :  Xenia  Romana,  Voici  les  sujets  de  ces  travaux.  C.  Rarba- 
gallo.  Le  prix  des  fruits  dans  l'antiquité  classique.  M,  Barone^  Sur  un  passade  de 
l'Astronomicon  de  Manilius.  V,  Brugnola^  Les  servi  Venerii.  F.  Caccialan^a,  Sur 
Thucydide  et  sur  Isée.  L.  Cantarelliy  Flavius  Epiphanius.  A .  CosattinU  '  EmbciiCTUccL 
Herondaea.  G.  Costa^  La  (in  de  l'ère  romaine.  B,  Coironei,  Néo  classicisme  dans 
Foscolo.  L*ode  «  AU'  amica  risanata  ».  N,  Festa,  Postille  ail*  Agamemnone. 
i/.  Fuûchi^  SuUa  tecnica  epica  di  Ennio.  M,  Guidiy  Di  alcuni  codici  délia  vita  di 
S.  Eustazio.  G.  Pasquali^  Parerga.  \^  Les  mimes  d'Hérondas  étaient  destinés  à  la 
lecture;  2*^  Une  glose  du  commentaire  de  Proclus  in  Crat,  p.  43-44  Boias.  ;  3<*  La 
prétendue  métaphysique  d'Hérennius  et  Andréa  Darmario.  A.  Sabatucci ^  Les 
scholies  du  Cod.  Laur.  gr.  60,  i5  et  le  texte  des  Progymnasmi  d*Aphtbonîus. 
R,  Valentini,  Controverses  chronologiques  sur  des  questions  humanistiques  (  Valla 
et  Facio). 

244.  —  J.  Rivière,  La  propagation  du  christianisme  dans  les  trois  premiers 
siècles.  Bloud,  4,  rue  Madame.  Paris,  1907.  1  fr.  20.  (Collection  Science  et  Reli- 
gion. Dp*  454-455.) 

Parmi  ces  grands  faits  qui  servent  d'arguments  à  l'apologétique  traditionnelle,  un 
des  plus  saillants  comme  aussi  des  plus  exploités  a  toujours  été  la  propagation  du 
christianisme  dans  TEmpire  romain.  Des  apologistes  du  ii«  siècle  à  M.  Paul  Allard, 
il  n'est  aucun  des  défenseurs  de  notre  foi  qui  ait  négligé  de  mettre  en  valeur  cette 
preuve  de  sa  divinité.  Cette  preuve,  cependant,  résiste- t-elle  à  l'étude  sérieuse  et 
désintéressée  de  l'histoire,  telle  que  notre  siècle,  fécond  en  travaux  critiques,  l'a 
instituée?  M.  Rivière,  directeur  au  grand  séminaire  d'Albi.  a  pensé  qu'il  serait  bon 
de  montrer,  en  utilisant  les  travaux  d'un  savant  moderne  et  peu  suspect  d'une  sym- 
pathie exagérée  pour  la  thèse  traditionnelle,  que  cette  thèse  n'a  aucunement  perdu 
de  sa  force.  C'est  sur  les  ouvrages  de  M.  Harnack  qu'il  s'appuie.  Il  montre  que  pour 
cet  historien,  malgré  les  explications  qu'il  en  a  données,  le  fait  de  la  propagation  du 
christianisme  reste  un  phénomène  a  étonnant  ».  En  mettant  ce  fait  au  nombre  de 
ceux  qui  justifient  le  téinoignage  de  l'Église  et  font  qu'elle  est  elle-même  a  un  grand 
et  perpétuel  motif  de  crédibilité  »,  le  Concile  du  Vatican  a  donc  confirmé  un  argu- 
ment que  la  critique  impartiale  n'ébranlera  jamais. 

245.  —  P.  de  Labriolle,  Saint  Jérôme^  Vie  de  Paul  de  Thebes  et  Vie  d'HUarion, 
Traduction,  Introduction  et  Notes.  Bloud,  4.  rue  Madame,  Paris,  1907.  o  fr.  60. 
(Collection  Science  et  Religion,  n»  436). 

Traduire  et  annoter  les  vieilles  chroniques  et  les  textes  hagiographiques  de 
premier  ordre,  rééditer  dans  leur  français  naïf  ou  grandiloquent,  ces  anciennes  Vies 
que  les  bibliophiles  se  disputent,  grouper  autour  d'un  même  saint  populaire 
quelques  discours  ou  quelques  poésies  de  choix,  tel  est,  en  quelques  mots,  le  but 
poursuivi  par  les  directeurs  de  cette  nouvelle  série  hagiographique. 

Parfaitement  adaptée  aux  nouveaux  points  de  vue  que  la  psychologie  religieuse, 
dont  la  renaissance  se  fait  sous  nos  yeux,  découvre  chaque  jour  dans  l'histoire  intime 
de  la  sainteté,  cette  collection  satisfera  en  même  temps  aux  respectables  besoins  des 
âmes  pieuses.  A  un  tel  programme,  nul  hagiographe,  mieux  que  saint  Jérôme,  ne 
pouvait  prêter  un  solide  appui.  M.  de  Labriolle  a  choisi,  dans  son  œuvre  immense. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  28S 

deux  opuscules  véritablement  délicieux,  dont  le  charme  pénétrant  et  le  parfum 
d^antiquité  ne  sauraient  manquer  dVnchaoter  le  lecteur. 

346.  —  C.  Maréchal,  Lamennais  et  Lamartine.  Bloud  et  0«,  4,  rue  Madame, 
Paris,  igoy.  3  fr.  5o. 

M.  Christian  Maréchal,  qui  avait  montré  dans  de  précédentes  publications  Tin- 
âuence  de  Lamennais  sur  Sainte-Beuve  et  sur  V.  Hugo,  étudie  ici  ses  relations  avec 
Lamartine  et  son  action  sur  lui.  Une  analyse  minutieuse  des  correspondances  et  des 
oeuvres,  le  recours  aux  sources  inédites,  lui  permettent  d'établir  pour  la  première 
fois,  sur  les  preuves  les  plus  solides,  que  Lamennais  fut  véritablement  et  dans  toute 
Tacception  du  terme,  le  directeur  de  conscience  religieuse  et  philosophique,  politique 
et  sociale  de  Lamartine  pendant  plus  de  vingt  années.  Dans  chacune  des  désiarches 
essentielles  où  notre  grand  poète  a'eogagea  tout  entier,  dans  sa  conversion,  dans  son 
évolution  politique  vers  le  libéralisme  chrétien^  dans  sa  rupture  enfin  avec  TÉglise 
et  son  inclination  de  plus  en  plus  Sensible  pour  tes  formes  révolutionnaires  du 
Christianisme  social^  Tauteur  montre  la  présence  évidente  ou  occulte  de  Lamennais. 
Les  principales   Méditations*  plusieurs  Harmonies^  la  Politique  rationnelle,  le 
Voyage  en  Orient^  Jocelyn,  la  Chute  d'un  Ange,  sont  replacés  dans  le  cadre 
lamenoatsien  qui  leur  rend  à  la  fois  leur  véritable  signification  et  toute  leur  valeur. 
On  saura  gré  à  M.  Maréchal  d'avoir,  dans  la  mesure  où  une  telle  étude  le  compor- 
tait, sans  rien  sacrifier  non  plus  du  scrupuleux  souci  du  vrai  —  fait  effort  pour 
mettre  dans  son  ouvrage  de  Tâme  et  de  la  vie. 

247.  —  B.  Hugn^et,  Petit  Glossaire  des  classiques  français  du  XVI l^  siècle. 

Hachette,  Paris,  1907.  5  fr. 

On  sait  combien  la  langue  française  s'est  modifiée  depuis  le  xvii*  siècle.  Quand 
on  Ut  Corneille  ou  Molière,  on  peut  faire  des  contresens  si  Ton  attribue  toujours  aux 
mots  le  sens  qu'ils  ont  aujourd'hui.  On  évitera  ce  danger  en  feuilletant  ce  petit 
Glossaire,  où  l'on  trouvera  des  définitions  tirées  des  principaux  dictionnaires  du 
XVII*  siècle  et  des  exemples  empruntés  aux  meilleurs  écrivains  du  temps.  L'auteur 
prend  l'expression  «  classique  »  dans  le  sens  large  et  il  emprunte  beaucoup  de 
citations  à  des  auteurs  qu'on  ne  désigne  pas  sous  ce  nom,  Scarron  par  exemple  ; 
mais  il  ne  le  fait  que  quand  elles  viennent  à  Tappui  de  citations  empruntées  aux 
classiques.  La  période  qu'il  envisage  va  des  premiers  écrits  de  Corneille  aux  der- 
niers de  Fénelon.  Les  définitions  sont  empruntées  aux  trois  grands  dictionnaires  de 
la  fin  du  xvii<  siècle,  ceux  de  Richelet,  de  Furetière  et  de  l'Académie  (i«  éd.);  quand 
aucun  des  trois  ne  fournissait  une  définition  correspondant  aux  exemples  recueillis, 
l'auteur  donne  celle  qui  lui  semble  résulter  des  textes,  mais  il  la  met  entre  crochets. 
Il  a  noté 'tous  les  mots  et  tous  les  sens  qui  ont  vieilli.  Son  ouvrage  sera  indispen- 
sable à  tous  les  professeurs  de  français. 

148.  —  Abbé  Th.  Delmont,  Ferdinand  Brunetière,  V homme,  le  critique^  V ora- 
teur, le  catholique,  P.  Lethielleux,  éditeur,  10,  rue  Cassette,  Paris,  1907.  2  fr. 
Brunetière  a  tenu  une  si  grande  place  dans  la  critique  et  l'enseignement  littéraire, 
ainsi  que  dans  l'apologétique  contemporaine,  qu'il  est  tout  naturel  qu'au  lendemain 
de  sa  mort  prématurée  on  cherche  à  fixer  les  traits  immortels  de  V homme ^  du  cri- 
tique^ de  Xorateur^  du  catholique^  qu'il  a  été  si  noblement  et  si  courageusement  à  la 
fin  de  sa  carrière. 

C'est  la  vie  laborieuse  de  ce  travailleur  acharné,  le  portrait  de  cet  homme  si  loyal, 
et  si  bon  sous  des  apparences  un  peu  rudes,  que  trace  d'abord  l'abbé  Delmont,  en 
un  style  vif  et  alerte.  Puis  il  parcourt  avec  indépendance  et  impartialité  toute  l'oeuvre 


284  LE   MUSÉE   BELGE. 


du  critique  éminent  de  la  Revue  des  Deux  Mondes,  du  professeur  et  de  rhtstorîen 
littéraire  dont  le  style  ne  vaut  pas  les  idées  si  saines  et  si  fermes. 

Vorateur  est  glorifié  à  juste  titre  depuis  ses  conférences  à  TOdéon  jusqu*à  ses 
discours  de  combat  et  à  ses  conférences  fameuses  sur  PEncyclopédie. 

Le  catholique  venu  de  bien  loin  à  la  foi,  est  représenté  au  vif  dans  sa  marche 
ascendante  vers  la  lumière  intégrale  dont  il  disait  si  bien  :  «  Je  me  suis  laissé  faire 
par  la  vérité  et  par  Bossuet  ».  Et  Ton  voit  ensuite  ce  néophyte  converti  en  apôtre, 
non  pas  infaillible,  mais  aussi  éloquent  qu'intrépide,  faire  au  jacobinisme  maçon> 
nique  une  guerre  dont  celui-ci  s'est  misérablement  vengé. 

Une  table  alphabétique  des  noms  propres  en  24  colonnes  indique  la  richesse  d'une 
documentation  aussi  vaste  que  précise,  et  permettra  d'utiliser  ce  volume  pour  une 
infinité  de  recherches. 

249.  —  H.  Taine,  Sa  vie  et  sa  correspondance.  Tome  IV.  L'Historien  (suite).  Les 
dernières  années  (1876-1893).  Paris,  Hachette,  1907,  3  fr.  5o. 
Ce  nouveau  volume  comprend  les  lettres  des  dix-sept  dernières  années  de  la  vie 
de  Taine.  c'est-à-dire  d'une  période  aussi  riche  de  faits  qu'aucune  de  celles  qui 
l'ont  précédée  :  c'est,  dans  la  vie  politique  de  la  France,  les  luttes  du  16  mai, 
l'avènement  définitif  du  parti  républicain,  et,  plus  tard,  le  boulangisme  ;  —  dans 
la  vie  privée  et  dans  la  vie  littéraire  de  Taine,  c'est  son  entrée  à  l'Académie  française 
(que  de  curieux  détails  sur  les  dessous  de  cette  élection  !),  la  publication  de  la 
Révolution^  puis  des  chapitres  qu'il  eut  le  temps  d'achever  du  Régime  Moderne^ 
les  dissentiments  pénibles  qui  s'en  suivirent,  la  rupture  avec  la  princesse  Mathilde, 
acceptée  non  sans  tristesse,  mais  sans  repentir. 

Aussi  bien  Taine  apparatt-il  ici  dans  sa  grandeur  désormais  incontestée  :  tout  le 
mouvement  de  la  pensée  contemporaine  se  résume  dans  ces  lettres,  qui  le  font 
revivre  au  milieu  d'un  monde  d'illustres  émules  et  d'illustres  admirateurs,  dont 
quelques-uns  furent  des  disciples  :  ce  n'est  pas  seulement  l'histoire  du  génie  de 
Taine,  c'est  l'histoire  intellectuelle  du  xix«  siècle  lui-même  qu'on  n'écrira  plus  sans 
avoir  recours  à  cette  Correspondance. 

25o.  —  Nous  devons  à  M.  Nagel,  professeur  au  gymnase  de  Steyr  en  Autriche, 
l'intéressante  et  très  utile  entreprise  d'un  atlas  de  la  littérature  allemande  :  Deutscher 
Literaturatlas,  die  geographische  und  politische  Verteilung  der  deutschen  Dich- 
tung  in  ihrer  Entmckelung  nebst  einem  Anhang  von  Lebenskarten  der  bedeutend- 
sten  Dichter  auf  iS  Haupt-  und  3o  Nebenkarten,  (Wien  und  Leipzig,  Cari  Fromme, 
1907.  6  m.)  La  carte  n»  1  nous  montre  les  centres  de  la  littérature  ancienne-haute- 
allemande,  couvents  et  évêchés,  presque  tous  situés  dans  le  Sud  de  l'Allemagne  et 
en  Autriche.  Les  cartes  2  et  3  se  rapportent  à  la  littérature  moyen  ne- haute-alle- 
mande, l'une  à  la  poésie  épique,  l'autre  à  la  poésie  lyrique;  la  littérature,  toujours 
principalement  concentrée  dans  le  Sud,  gagne  peu  à  peu  le  Nord.  Les  cartes  4  et  5 
se  rapportant  à  la  littérature  de  la  réforme,  montrent  un  changement  surprenant. 
La  littérature  se  retire  presque  complètement  dans  l'Ouest  de  l'Allemagne.  Elle 
meurt  en  Autriche  d'abord,  dans  l'Allemagne  du  Sud  ensuite.  Les  cartes  6  et  7 
illustrent  l'époque  de  la  guerre  de  Trente  ans  et  témoignent  de  la  prédominance  de 
l'Allemagne  moyenne  ;  les  centres  littéraires  sont  constitués  par  les  Sprachgesell^ 
scha/ten.  A  la  fin  du  xvii«  siècle  le  Sud  renaît  modestement  à  la  vie  littéraire,  à 
l'exception  de  l'Autriche,  où  particulièrement  les  guerres  contre  les  Turcs  tuent 
toute  vie  intellectuelle.  La  carte  no  8  donne  un  tableau  de  la  vie  littéraire  à  l'époque 
de  Gottsched.  Leipzig  est  la  capitale  littéraire  de  l'Allemagne.  La  réaction  contre  les 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  285 

tendances  de  Gottsched  vient  de  la  Suisse  ;  l'Autriche,  sous  Marie-Thérèse,  se  joint 
au  mouvement  littéraire  suisse,  sans  pouvoir  pourtant  entamer  la  prédominance  du 
Nord,  où  brille  Tétoile  de  Klopstock,  de  Wieland  et  Leasing  ;  la  carte  9  illustre 
<cnc  situation,  qui  précède  Técole  classique.  Les  dernières  cartes,  à  partir  du  n^  10, 
montrent  comment  dans  les  temps  modernes  les  capitales  Berlin  et  Vienne,  attirent 
peu  à  peu  à  elles  tout  le  mouvement  littéraire.  Autour  de  Schiller,  Goethe  et  Herder 
se  forment  encore  trois  groupes  provinciaux:  mais  à  partir  du  début  du  xix«  siècle, 
Beirlin  et  Vienne  deviennent  les  vraies  capitales  littéraires,  à  côté  desquelles  sub- 
sistent encore  le  groupe  souabc  et  Francfort-sur-le-Main,  berceau  de  la  jeune  Alle- 
magne. La  renaissance  récente  de  la  littérature  villageoise  brise  l'influence  des 
grandes  villes  et  rétablit  les  centres  littéraires  provinciaux.  A  côté  de  ces  i5  cartes 
principales,  Tatlas  en  contient  3o  accessoires,  parmi  lesquelles  il  y  a  lieu  de  citer 
celles  qui  se  rapportent  à  la  vie  des  grands  écrivains,  tels  que  Waher  von  der  Vogel- 
weide,  Klopstock,  Wieland,  Leasing,  Goethe,  Schiller,  Kleist,  Hebbel  et  Grillparzer. 
L'ouvrage  de  M.  Nagel  est  précieux  pour  l'enseignement  et  mérite  les  plus  vifi 
encouragements.  Je  souhaite  que  ces  derniers  soient  tels  que  l'auteur  puisse,  dans 
une  seconde  édition,  continuer  son  intéressant  travail  jusqu'à  l'époque  moderne  et 
le  couronner  par  une  grande  carte  de  l'Allemagne  littéraire  au  xx«  siècle.  Sait-il 
qu'il  a  eu  un  prédécesseur  dans  le  baron  de  BieUéld  qui  joint  une  carte  littéraire 
de  l'Allemagne  à  son  ouvrage  :  Progrès  des  Allemands  dans  les  sciences,  les  belles- 
lettres  et  les  arts,  particulièrement  dans  la  poésie,  Véloquence  et  le  théâtre.  3«  édi- 
tion. Liège,  chez  Bassompière,  1768.  Elle  ne  signale,  il  est  vrai,  que  des  noms  de 
villes  et  ne  diffère  pas  sensiblement  d*une  carte  ordinaire.  Une  tentative  analogue  a 
été  faite  il  y  a  une  vingtaine  d'années  par  M.  G.  Flaischlen,  qui  a  publié  un  tableau 
littéraire  graphique,  représentant  l'influence  des  littératures  étrangères  sur  la  poésie 
allemande.  {Graphische  Literatur-Ta/el,  Stuttgart.  GOschen,  2«  édit.  1890.)    H.  B. 

35 1.  —  Dans  la  Revue  des  deux  Mondes,  i5  janvier  1907,  M.  Georges  Ooyan 
a  publié  un  article  intitulé  :  Un  historien  belge.  M,  Godefroid  Kurth.  Dans  ces 
trente  pages,  c'est  toute  la  carrière  du  plus  illustre  de  nos  historiens  que  l'auteur  a 
voulu  embrasser,  et  ce  n*est  pas  seulement  l'historien,  c*est  l'homme  tout  entier 
qu'il  considère.  Comme  ceux  qui  ont  fêté  M.  Kurth  l'an  passé,  il  n'a  voulu  «infliger 
aucune  brisure,  ni  même  aucun  morcellement  à  Tunité  de  sa  vie  n)  (p.  368).  Et 
d'abord,  la  création  des  cours  pratiques  d'histoire,  qui  ont  eu  pour  résultat  la  nais- 
sance d'une  école  historique  belge,  avant  même  qu'ils  eussent  reçu  la  consécration 
de  la  loi.  Et  puis  la  merveilleuse  activité  littéraire  de  M.  Kurth  :  le  chercheur,  à  qui 
sont  dues  Unt  de  découvertes,  Thistorien  et  l'écrivain  qui  ordonne  et  groupe  les 
fiaits  par  un  puissant  esprit  de  synthèse.  M.  Goyau  passe  en  revue  les  innombrables 
ouvrages  et  publications  de  M.  Kurth  en  prenant  pour  fll  conducteur  leurs  idées 
maîtresses.  Des  Origines  de  la  civilisation  moderne^  il  dit  :  «  Nulle  part,  on  ne 
trouverait  un  tableau  plus  large  et  en  même  temps  plus  fouillé,  plus  exact  et  en 
même  temps  plus  coloré,  de  l'histoire  du  monde  entre  le  iv«et  le  v*  siècle»  (p.  385). 
Elnfin,  c'est  le  catholique  et  le  démocrate  qu'il  fait  connaître  aux  lecteurs  français. 
Nous  ne  pouvons  résumer  cet  article  plus  longuement.  Disons  seulement  qu'il  est 
documenté  comme  un  article  savant,  que  l'auteur  cite  jusqu'aux  journaux  belges,  et 
reproduisons  la  dernière  phrase  :  »  Si  ce  qui  fait  le  prix  de  beaucoup  d'œuvres  litté- 
raires, sur  les  bords  de  l'Escaut  gu  de  la  Meuse,  en  est  le  caractère  indigène  et 
traditionnel,  historique  et  terrien,  Ton  peut  dire  que  M.  Godefroid  Kurth,  par  sa  vie 
de  travail,  de  rêve  et  de  prière,  par  l'assimilation  constante  de  son  âme  à  l'âme 
•héroïque  des  grands  âges  chrétiens,  et  par  l'élan  vigoureux  dont  lui  sont  redevables 


286  LE    MUSÉE   BELGE. 


les  étUiies  d'histoire  nationale  a  largement  contribué  à  préparer  aux  littérateurs  une 
somptueuse  matière  d*arts,  la  plus  précieuse  peut-être  qu'ils  pussent  souhaiter  ». 

252.  —  Dans  un  article  du  Gids  intitulé  :  Hedendaegsche  geschiedschrijvers,  Lam- 
precht^  LavissCy  Pirenne  (mai  1907,  t.  II,  p.  319-341),  M.  T.  H.  Ctolenbrander 
établit  une  comparaison  très  intéressante  entre  ces  trois  historiens  qui  jouissent  en 
ce  moment  d'une  vogue  très  méritée.  —  M.  Lamprecht,  enthousiaste  patriote  et 
représentant  des  mieux  doués  de  l'Allemagne  intellectuelle,  a  de  l'histoire  de  son 
pays  une  conception  profondément  géniale,  mais  très  vague  dans  ses  contours  et 
bien  imparfaitement  réalisée  dans  sa  Deutsche  Gesckichte,  Celle-ci  est  une  philoso. 
phie  de  l'histoire  où  les  faits  ne  prennent  que  tout  juste  la  place  nécessaire  pour 
étayer  et  illustrer  sa  théorie.  L'œuvre  est  très  inégale  et  pour  les  détails  souvent 
erronée.  Ce  qui  n'empéwhe  que  Lamprecht  a  complètement  renouvelé  l'histoire  de 
rAllemagne  par  les  problèmes  qu'il  soulève  et  la  manière  dont  il  les  pose.  — 
A  l'autre  pôle,  M.  Lavisse  est  purement  descriptif;  mais  il  a  une  conception  claire 
et  bien  précise  de  l'œuvre  à  réaliser;  dans  un  cadre  nettement  délimité,  il  présente 
les  faits  avec  beaucoup  d'exactitude  et  la  plus  rigoureuse  impartialité.  Son  Histoire 
de  France  est  un  modèle  de  composition.  —  Entre  ces  deux  extrêmes,  M.  Pirenne 
est  philosophe  peut-être  moins  profond  que  Lamprecht,  écrivain  peut-être  moins 
brillant  que  Lavisse  ;  mais,  apparenté  à  ces  deux  esprits  dissemblables  et  profitant 
des  meilleures  qualités  de  l'un  et  de  l'autre,  il  constitue  un  historien  vraiment 
original  et  mieux  accompli  que  chacun  d'eux. 

Nous  ne  discuterons  ni  dans  ses  considérants  ni  dans  sa  conclusion  la  valeur  de 
cette  courte  étude  comparative,  aimant  mieux  dire  que  tous  les  trois,  bien  que  pour 
des  motifs  divers,  nous  les  confondons  en  une  commune  et  très  haute  estime. 

E.  V.  d.  M. 

253.  —  Ernest  Gossart,  Espagnols  et  Flamands  au  XVI' siècle,  La  domination 
Espagnole  dans  les  Pays-Bas  à  la  fin  du  règne  de  Philippe  II,  Bruxelles, 
Lamertin.  1906,  vin-3o3  pp.  4  fr. 

Ce  volume  fait  suite  à  celui  que  l'auteur  a  public,  en  1903,  sur  les  origines  de  la 
révolution  du  xvi«  siècle  dans  ses  rapports  avec  la  politique  générale  :  Espagnols 
et  Flamands  au  XVI*  siècle,  L'Établissement  du  régime  espagnol  dans  les 
Pays-Bas  et  l'Insurrection.  Le  premier  correspond  à  l'apogée  de  la  puissance 
extérieure  de  l'Espagne  ;  le  second,  au  déclin  de  cette  suprématie  transmise  par 
Charles-Quint  à  Philippe  II  et  dont  le  maintien  était  subordonné  à  la  possession 
des  Pays-Bas.  C'est  la  nécessité  de  conserver  ces  provinces  qui  explique  surtout 
les  moyens  violents  employés  pour  étouffer  le  mouvement  insurrectionnel  ; 
c'est  la  raison  de  l'efifort  colossal  fait  pour  réduire  celles  du  Nord  après  leur  sépa- 
ration, en  1579. 

Impuissant  à  soumettre  le  prince  d'Orange  par  la  force  des  armes,  le  roi 
d'Espagne  met  sa  tête  à  prix  :  l'assassinat  du  Taciturne  ne  ramène  pas  une  seule 
ville  à  l'obéissance.  Philippe  II  cherche  alors  à  reconquérir  les  Provinces-Unies 
par  le  moyen  de  l'action  à  l'étranger.  Dès  ce  moment,  l'histoire  des  Pays-Bas  est 
très  étroitement  mêlée  à  celle  de  l'Invincible  Armada  et  des  expéditions  d'Alexandre 
Farnèse  en  France,  vastes  entreprises  qui  échouent  :  les  dépenses  énormes  qu'el. es 
occasionnent  ne  servent  qu'à  épuiser  l'Espagne,  à  affaiblir  sa  situation  au  nord  de 
l'Europe,  à  lui  faire  perdre  le  rang  de  puissarvce  prépondérante. 

Un  dernier  moyen  imaginé  pour  soumettre  les  provinces  séparées  de  la  généralité, 
la  cession  des  Pays-Bas  aux  archiducs,  échoue  comme  les  autres.  L auteur  montre 
que  cette  cession  ne  constitue  pas,  en  réiliic,  d'interruption  dans  l'histoire  de  la 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  287 


domination  étrangère  qui  fait  Tobiet  des  deux  volumes  :  Espagnols  et  Flamands 
au  XV h  siècle. 

Le  second  volume  comprend  dix  chapitres,  dont  voici  les  titres  :  I.  Tentative  de 
conciliation  après  la  Terreur.  —  II.  La  Pacification  de  Gand  et  TÉdit  perpétuel.  — 
m.  Anarchie.  —  IV.  Séparation  des  provinces  du  Nord.  —  V.  Assassinat  du  prince 
d'Orange.  —  VI,  LTnvincible  Armada.  —  VII.  Expéditions  en  France.  —  VIII.  Ces- 
sion des  Pays-Bas  aux  archiducs.  —  IX.  Les  provinces  obéissantes  à  la  (in  du 
xTi*  siècle.  —  X.  Philippe  II  souverain  des  Pays-Bas. 

154.  —  Achille  liUChaire,  Innocent  III,  La  Question  d'Orient^  Paris,  Hachette, 

1907.  Un  vol.  in-16,  broché.  3  fr.  5o. 

Ces  études  sur  Innocent  III,  où  revit,  avec  sa  physionomie  vraie  et  dans  son  cadre 
authentique,  la  personnalité  puissante  qui  a  fondé  la  domination  politique  et  terri- 
toriale des  papes,  ont  une  portée  qui  dépasse  celle  d*une  simple  biographie.  Sous 
une  forme  concrète  et  vivante,  on  y  trouve  posées  et  discutées  toutes  les  grandes 
questions  qui  ont  passionné  le  moyen  âge. 

Hier,  il  s'agissait  de  la  création  du  pouvoir  temporel  du  Saint-Siège  en  Italie,  de 
la  querelle  du  Sacerdoce  et  de  l'Kmpire,  c'est-à-dire  du  conflit  du  pouvoir  religieux 
et  du  pouvoir  civil. 

Au)0urd'hui,  dans  ce  quatrième  volume,  il  est  traité  de  la  croisade  et  de  faction 
de  l'Occident  sur  TOrient  Les  rapports  de  Rome  avec  les  chrétiens  de  Syrie  et  les 
Grecs  de  Byzance,  la  quat(ième  croisade  et  la  fondation  de  l'empire  latin,  les  efforts 
de  la  papauté  pour  ramener  à  elle  l'Église  grecque  et  unifier  les  deux  grandes 
fractions  du  christianisme,  tel  est  le  spectacle  émouvant  et  varié  auquel  nous  convie 
l'historien. 

Par  l'intérêt  du  récit,  l'importance  des  aperçus,  l'impartialité  des  jugements,  ce 
nouvel  ouvrage  trouvera  sans  aucun  doute,  auprès  des  savants  et  du  public  instruit, 
l'accueil  favorable  qui  a  fait  le  succès  des  trois  précédents. 

255.  —  Le  Schilderboeck  de  K.  Van  Mander  constitue  une  des  sources  principales 
de  l'histoire  de  nos  anciens  peintres.  Il  est  pour  la  peinture  flamande  ce  que  Vasari 
est  pour  les  Ecoles  italiennes.  En  1884,  M.  Hymans  en  publia  une  traduction 
française,  accompagnée  de  notes  précieuses.  M.  Fioerke  vient  d'en  faire  paraître 
une  traduction  en  allemand  a'après  l'édition  de  1617  :  Das  Leben  der  Niederlàn- 
dischen  und  Deutschen  Maler  von  Carel  Van  Mander.  Munich,  G.  Muller,  1906. 
2voL  i5  tr.  Cette  traduction  présente  sur  celle  de  M.  Hymans  le  grand  avantage 
que  M.  Fioerke  a  publié  le  texte  original  à  côté  de  la  traduction,  que  l'on  peut  donc 
toujours  contrôler.  Les  notes  sont  courtes  et  généralement  cxactes.mais  s'appuient 
trop  exclusivement  sur  celles  de  H.  Hymans.  M.  Fioerke  semble  ne  pas  connaître 
divers  écrits  parus  depuis  1884.  Je  signalerai  :  Grève,  De  bronnen  van  Carel  van 
Mander  (La  Haye,  igoS);  Jacobsen,  Carel  van  Mander  (Rotterdam,  1906;  et 
surtout  L.  Pleitinck.  ^tudièn  over  het  leven  en  de  werken  van  Karel  van  Mander^ 
dichter^  schilder  en  kunstgeschiedschrijver ^  dont  la  3«  édition  a  paru  à  Gand  chez 
Siffcr  en  1893.  Adolf  De  Ceuleneer. 

1^).  —  Abbé  Li.  Rouzic,  Essai  sur  V amitié.  Lethielleux,  22,  rue  Cassette,  Paris, 

1907.  340  pp.  in  12.  2  tr. 

Cet  élégant  petit  volume  nous  donne  sur  cet  aimable  sujet  tout  ce  qui  a  été  dit  de 
meilleur.  Il  y  a  dans  ccs  pages  quelque  cnose  de  la  sérénité  des  dialogues  antiques, 
avec  je  ne  sais  quoi  de  plts  profond,  de  plus  austère  et  de  plus  fort  qui  vient  du 
christianisme. 


^88  LE   MUSÉE   BELGE. 


Les  anciens  ont  fort  bien  parlé  de  ramitié;  ils  l'ont  moins  bien  pratiquée  et  saint 
Augustin,  qui  avait  feuilleté  tous  les  ouvrages  des  grands  écrivains,  refusait,  nous 
dit  M.  Rouzic,  d^adnnettre  l'existence  de  la  véritable  amitié  dans  Tantiquité.  Le  foit 
est  que  si  les  anciens  ont  bien  vu  que  l'amitié  a  pour  fondement  la  vertu,  seul  le 
christianisme  lui  a  assuré  cette  base.  Un  écrivain  moderne,  un  écrivain  catholique, 
un  prêtre,  traitant  ce  sujet,  a  donc  devant  lui  une  matière  infiniment  plus  relevée  et 
plus  solide  qu'Aristote  ou  Cicéron  ;  et  s*il  écrit  pour  la  jeunesse,  comme  c'est  le  cas 
de  notre  auteur,  il  donnera  des  conseils  d*une  portée  bien  supérieure  à  ceux  des 
moralistes  anciens.  On  le  voit  bien  en  lisant  Topuscule  exquis  où  M.  Tabbé  Rouzic 
réunit  et  commente  ce  qui  a  été  dit  de  plus  délicat  sur  Tamitié,  mais  en  éclairant  ses 
commentaires  à  la  lumière  de  TÉvangile  :  que  de  bonnes  lectures  il  offre  aux  jeunes 
gens! 

Nature,  conditions,  vie,  trésors,  histoire,  durée  et  transformation  de  ramitié  : 
tout  ce  qu'on  peut  dire  sur  le  sujet  se  trouve  réuni  dans  ce  livre.  Puisse-t-il  multi- 
plier le  nombre  des  vrais  amis  ! 

257.  —  Graston  Paris,  Newman,  Grammaire  de  V Assentiment,  Traduction 
française,  Bloud,  4,  rue  Madame,  Paris,  1907.  6  frs.  (Collection  Études  de  Philo* 
Sophie  et  de  Critique  religieuse). 

On  sait  la  place  que  la  Grammaire  de  l'Assentiment  occupe  au  centre  de  l'œuvre 
de  Newman  et  que  toute  la  philosophie  religieuse  de  Tauteur  y  est  incluse.  Cepen- 
dant ce  monument  de  la  pensée  du  maître  d'Oxford  était,  jusqu'à  présent,  demeuré 
inaccessible  aux  lecteurs  français,  car  il  n'a  été  publié  en  langue  française  aucune 
traduction  de  la  Grammaire,  Les  extraits  que  M.  Henri  Bremond  en  a  donnés  sous 
le  titre  de  q  Psychologie  de  la  Foi  »  en  les  éclaircissant  par  des  passages  empruntés 
aux  autres  livres  de  Newman,  ne  devaient  constituer,   dans  Tesprit   même    de 
l'auteur,  qu'un  instrument  d'initiation  et  avaient  pour  but  essentiel  de  préparer  les 
lecteurs  à  l'œuvre  intégrale  qu'il  n'est  guère  facile  d'aborder  ex  abrupto^  si  l'on  n'est 
point  familiarisé  avec  la  terminologie  spéciale  du  célèbre  oratorien.   Désormais 
il  sera  facile  à  tous  d'entreprendre  l'étude  de  celte  «  Somme  »  des  îemps  modernes, 
ou,  mieux  peut-être,  de  ce  nouveau  «  discours  de  la  méthode  »  tout  imprégné  de 
christianisme,  car  la  Grammaire  est  moins  un  exposé  systématique  qu'une  peinture 
des  démarches  de  l'esprit  dans  la  recherche  de  la  vérité.  Et  ce  ne  sera  pas  non  plus 
un  des  moindres  mérites  de  cette  publication  que  de  nous  mettre  en  contact  direct 
avec  le  texte  même  de  Newman  et  de  nous  aider  à  dirimer  le  conflit  qui  s'est  naguère 
élevé  entre  les  newmanistes  français  les  plus  autorisés  et  les  ennemis  plus  ou  moins 
déguisés  de  Newman.  On  y  verra  que  les  interprêtes  français  de  Newman  n'ont 
point  dénaturé  la  pensée  du  Maître  et  que  c'est  à  bon  droit  que  le  public  et  la 
critique  indépendante  ont  rendu  justice  à  la  rare  pénétration  de  leurs  aperçus. 

258.  —  Paul  Bureau.  La  Crise  morale  des  temps  nouveaux.  Préface  de  M.  Alfred 
Croiset,  Membre  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté  des  Lettres  de  l'Université  de 
Paris.  Bloud  et  D«,  4,  rue  Madame,  Paris,  1907.  i  vol.  de  480  pp.  4  fr.  (Collection 
Études  de  morale  et  de  sociologie). 

Le  problème  moral  est  si  vaste  et  si  complexe  qu'il  est  toujours  possible  de  l'en- 
visager d'un  point  de  vue  nouveau.  C'est  ce  que  vient  de  faire  M.  Paul  Bureau, 
professeur  à  la  Faculté  libre  de  Droit  de  Paris  et  à  l'École  des  Hautes  Etudes 
sociales  ;  dans  un  ouvrage  où  il  s'est  délibérément  confiné  sur  le  terrain  social,  se 
bornant  à  une  analyse  méthodique  des  pht  nomènes  sociaux. 

Les  deux  premières  parties  sont  consacrées  à  l'étude  objective  des  maladies 
morales  et  de  leurs  causes  :  on  présente  «  le  bilan  de  l'immoralité  »  et  on  recherche 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  289 


les  responsabilités  qui  incombent  aux  «  enfants  de  Tesprit  nouveau  »  et  aux  ce  enfants 
de  la  tradition  ». 

Dans  la  troisième  partie,  Tauteur  se  livre  à  un  examen  critique  de  la  morale 
évolutionniste  et  de  la  morale  de  la  solidarité,  et  il  démontre  que  la  solidarité,  loin 
de  pouvoir  être  le  fondement  de  notre  vie  morale,  est  au  contraire  l'auxiliaire  dévoué 
de  nos  désertions  et  de  nos  lâchetés. 

Enfin.  M.  Paul  Bureau  demande  au  fait  social  lui-même  de  nous  indiquer  dans 
quelle  direction  peut  être  trouvée  la  solution  cherchée,  et  le  portrait  du  «bon 
dtojen  de  la  cité  moderne  n  n'est  pas  un  des  chapitres  les  moins  attachants  de  son 
livre.  D'après  son  témoignage,  le  sentiment  religieux  est  nécessaire  à  l'homme  pour 
le  décider  à  vivre  socialement, 

GHRONIQUS. 

aSg.  —  La  seconde  partie  des  Tebtunis  Papyri^  édités  par  P.  P.  GrenfeU  et 
A.  8.  Hnnt,  avec  le  concours  d'B.  J.  Goodspeed,  de  Chicago  paraîtra  incessam- 
ment chez  H.  Frowde  à  Londres.  La  première  partie,  contenant  les  papyrus  qui 
proviennent  des  momies  de  crocodiles,  a  été  publiée  en  1902  ;  le  nouveau  volume 
renfermera  les  papyrus  trouvés  dans  les  maisons  d'Umm-el-Baragât  (Pancienne 
Teptynis)  ;  la  plupart  appartiennent  aux  trois  premiers  siècles  de  notre  ère.  Il  y  a 
on  texte  littéraire  important  :  un  fragment  du  texte  grec  perdu  de  Dictys  de  Crète. 
D'autres  papyrus  jettent  une  nouvelle  lumière  sur  les  relations  des  temples  avec 
rÉtat  à  l'époque  romaine  et  sur  les  taxes.  On  se  rappelle  que  les  fouilles  ont  été 
entreprises  au  nom  de  l'Université  de  Californie  au  moyen  des  fonds  fournis  par 
Mn.  Phoebe  A.  Hearst. 

260.  —  A  Arlon.  Importantes  découvertes  archéologiques. 

Au  mois  de  juin,  on  a  déblayé  des  terrains  situés  entre  les  ateliers  du  chemin  de 
fer  et  Tancien  cimetière  d*Arlon,  pour  agrandir  les  voies  de  garage  des  marchan- 
dises. Les  ouvriers  ont  découvert  de  nombreux  squelettes  avec  des  monnaies  du 
IV*  siècle  principalement  au  type  de  l'empereur  Constantin. 

Une  découverte  beaucoup  plus  importante  a  été  faite.  Il  s*agit  de  bains  romains, 
qui  s^étendaient  sous  Tancien  cimetière.  On  a  déblayé  une  salle  complète,  de  forme 
rectangulaire  ou  d*un  double  rectangle  dont  le  plus  grand  est  posé  dans  le  plus  petit 
et  ménage  des  entrées  des  deux  côtés  allongés. 

Cette  piscine  est  parfaitement  dallée  et  les  parois  sont  couvertes  d*un  ciment 
romain  composé  de  brique  pilée  et  de  gravier  très  fin.  Dans  le  fond  se  trouve  encore 
scellé  dans  la  maçonnerie  un  gros  tuyau  de  plomb  d'environ  dix  centimètres  de  dia- 
mètre, orné  d*une  embouchure  en  cuivre  par  lequel  on  vidait  le  bassin  quand  il 
fillait  renouveler  Teau.  Il  faudrait  savoir  s*il  s*agit  de  bains  publics  ou  privés. 

En  soulevant  Tune  des  dalles,  on  a  remarqué  quUl  s*y  trouvait  un  bas-relief  repré- 
sentant un  maître  d*école,  à  la  mine  sévère,  qui  surveille  sa  classe,  pendant  qu'un 
écolier  lève  la  main  pour  écrire  au  tableau.  Le  magister  porte  le  manteau,  muni 
du  capuchon  gaulois  (bardocucullus). 

Ces  dalles,  d*un  grain  très  fin,  dont  le  dessus  est  poli  comme  du  marbre,  pro- 
viennent d'un  monument  funéraire,  qui  a  été  scié  en  tranches  pour  faire  des  carrés 
parfaits,  monument  du  i^^"  ou  du  ii«  siècle,  comme  toutes  ces  nombreuses  pierres 
tombales  trouvées  au  xvi^,  au  xvii*  et  au  xix*  siècles  dans  les  remparts  d' Arlon,  et 
employé  au  iv«  siècle  pour  construire  cet  établissement  de  bains.  On  a  trouvé  des 
fragments  importants  de  l'inscription  des  thermes,  ainsi  que  d'autres  bas-reliefs 
plus  anciens  placés  dans  les  murs  de  cette  construction. 


290  LE   MUSEE   BELGE. 


261.  —  Académie  royale  de  Belgique,  —  Classe  des  lettres  et  des  sciences  morales 
et  politiques»  —  Programme  pour  le  concours  annuel  de  içio. 

Section  d'histoire  et  des  lettres. 

Première  question  ;  Les  classes  rurales  et  le  régime  agraire  aux  xiv«,  xv*  et 
xvi^  siècles,  dans  l'une  des  principautés  des  Pays-Bas  méridionaux. 

Deuxième  question  :  Étudier  la  légende  de  Godefroi  de  Bouillon,  ses  origines  et 
son  développement  littéraire. 

Troisième  question  :  On  demande  une  étude  critique  sur  les  sources  de  l'histoire 
de  la  Flandre  ou  du  Brabant. 

Quatrième  question  :  On  demande  une  étude  sur  Zuster  Hadewyck. 

Cinquième  question  :  Recueillir  dans  les  papyrus  et  les  ostraka  grecs  les  termes 
techniques  relatifs  aux  institutions  politiques  et  administratives  de  TEgypte  romaine 
et  en  donner  l'explication. 

Sixième  question  :  Étudier  Tart  provincial  qui  s'est  développé  dans  le  nord  de  la 
Gaule  à  l'époque  romaine. 

Section  des  sciences  morales  et  politiques. 

Première  question  :  Étudier  et  classer  les  causes  de  guerre  dans  l'histoire  moderne 
et  contemporaine.  Distinguer  notamment  les  causes  qui  peuvent  être  légitimes  et 
celles  qui  sont  contraires  à  la  justice  ou  au  droit  des  gens. 

Deuxième  question  :  On  demande  une  étude  sur  les  ententes  internationales  rela- 
tives aux  conditions  du  travail,  et  spécialement  les  traités  de  travail. 

Troisième  question  :  On  demande  une  étude  sur  la  question  de  la  déclaration  de 
guerre. 

Quatrième  question  :  Faire  une  étude  critique  des  «  Premiers  principes  »  de 
Spencer,  en  tenant  compte  de  l'application  qu'il  en  a  faite  dans  ses  autres  ouvrages. 

Cinquième  question  :  On  demande  de  nouvelles  recherches  sur  le  texte,  la  compo- 
sition et  le  plan  de  la  métaphysique  d'Aristote. 

Prix  Joseph  Gantrelle  fondé  pour  la  philologie  classique. 
Dixième  période  (délai  :  3i  décembre  1910). 

La  légion  romaine,  son  histoire  et  son  organisation. 

N.  B.  On  ne  demande  pas  une  série  de  monographies  sur  les  légions  romaines, 
mais  une  étude  d'ensemble  faisant  ressortir  le  rôle  que  la  légion  romaine  a  joué 
dans  la  conquête  du  monde  et  dans  la  conservation  de  l'Empire. 

Nous  avons  publié  le  nouveau  règlement  des  concours  de  l'Académie  ci -dessus, 
p.  244.  Les  prix  du  concours  annuel  sont  de  800  frs  ;  le  prix  Gantrelle  est  de  3ooo  frs. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  29 1 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

L'ENSEIGNEMENT   MOYEN   A  L'ÉTRANGER 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  TUniversiié  de  Louvain. 
(Suite.) 

L'histoire  est  enseignée  plus  d'une  fois  au  moyen  de  cours  concen- 
triques. Quant  à  l'histoire  de  la  .Suisse,  elle  fait  Tobjet  d'un  cours 
annuel  particulier,  ou  bien  d'heures  spéciales  à  côté  de  l'histoire 
générale,  ou  bien  encore  elle  est  rattachée  à  l'histoire  générale. 

Il  arrive  qu  on  enseigne  aussi  les  institutions  politiques  de  la  Suisse 
ou  l'histoire  de  l'art  ou  l'histoire  de  la  civilisation. 

Exceptionnellement,  on  lit  des  sources,  par  exemple  à  Lucerne,  où 
l'on  peut  même  à  cet  effet  distraire  une  heure  de  l'enseignement  de 
Tallemand. 

Le  nombre  d'heures  varie  entre  14  (Schaflhouse)  et  23  (Bâle)  ; 
d'ordinaire,  c'est  18  ou  17. 

Les  cours  concentriques  sont  également  en  usage  en  géographie. 
Dans  certaines  localités,  la  géographie  est  rattachée  à  l'histoire. 

La  philosophie  figure  dans  plus  d'un  programme,  par  exemple  à 
Schaflhouse  et  à  Frauenfeld  (2  heures),  à  Genève  et  à  Lausanne 
(3  heures),  à  Ncuchâtel  (4  heures),  à  Solothurn  (5  heures)  et  à  Lucerne 
(8  heures).  Le  programme  de  Lucerne  est  fort  étendu,  on  le  conçoit  : 
encyclopédie,  psychologie,  logique,  morale,  droit  naturel,  métaphy- 
sique générale  et  spéciale  ;  ailleurs,  on  est  plus  modeste. 

La  diction  figure  au  programme  de  Genève. 

L'enseignement  des  sciences  naturelles  est  fort  diversement  organisé. 
Tantôt,  on  le  trouve  dès  la  première  année,  comme  à  Coire,  Genève, 
Zurich,  Ncuchâtel  et  SchafRiousç  ;  tantôt,  la  seconde  année,  comme 
a  Frauenfeld  et  à  Saint-Gall  ;  tantôt  la  troisième  année,  comme  à 
Berne  et  à  Zug,  tantôt  la  cinquième  année,  comme  à  Lucerne.  Parfois 
l'enseignement  est  interrompu  pendant  un  an,  par  exemple  à  Genève 
et  à  Zurich,  après  deux  années,  ou  à  Frauenfeld,  après  une  année. 
A  Neuchâtel,  l'interruption  est  même  de  deux  années. 

Le  nombre  d'heures  varie  :  4  (Schaffhouse),  6  (Lausanne),  8  (Genève 
et  Frauenfeld),  9  (Zurich),  10  (Lucerne,  Coire  et  Berne),  1 1  (Neuchâtel), 
voire  même  i3  (Saint-Gall  et  Solothurn).  D'ordinaire,  il  y  a,  en  plus, 
4  heures  de  chimie,  parfois  3  (Saint-Gall)  ou  2  (Lausanne).  La  phy- 
sique a  généralement  6  heures,  une  fois  6  1/2  (Zurich),  ou  8  (Lucerne), 
ou  9  (Zug),  deux  fois  5  (Genève  et  Solothurn),  voire  même  2  (Lausanne). 

Les  mathématiques  ont  un  chiffre  assez  uniforme  :  26.  En  dessous, 
je  trouve  Zurich,  avec  25  1/2  ;  Frauenfeld  et  Zug  avec  23,  Schaffhouse 


292  LE   MUSÉB   BBLGB. 


avec  19;  au-dessus  Saint-Gall  avec  27,  Bâle  avec  29,  Neuchâtel^avec 
33  et  Berne  avec  43. 

Généralement»  la  première  année,  on  consacre  4  heures  aux  mathé- 
matiques ;  exceptionnellement,  5  (Berne  et  Zurich)  ou  6  (Saint-Gall). 

La  géométrie  est  au  programme  de  la  première  année  à  Genève  et  k 
Zurich  (1  heure),  à  Saint-Gall  et  à  SchafFbouse  (2  heures),  à^Solo- 
thum  (3  heures)  ;  au  programme  de  la  seconde  année,  à  NeuchâteU 
Lucerne,  Frauenfeld,  Winterthur  ;  à  celui  de  la  troisième  année,  à 
Zug  et  à  Bâle  ;  de  la  quatrième,  à  Berne  (3  heures),  de  la  cinquième, 
k  Lausanne  (2  heures). 

La  géométrie,  enseignée  dès  la  première  année,  est  présentée  souvent 
selon  la  méthode  intuitive  ou  réduite  à  des  éléments. 

De  ces  considérations  générales,  passons  en  revue  quelques  établis- 
sements. 

|0  AARAU 

Il  y  a  dans  le  canton  d'Argovie  des  écoles  de  district  qui  préparent 
au  gymnase  cantonal  d'Aarau.  Le  gymnase  cantonal  a  4  ans  d*études  ; 
les  écoles  de  district  ont  également  4  classes.  Dans  les  écoles  du  district,. 
le  latin,  le  grec,  Tanglais  et  Titalien  sont  facultatifs.  Le  latin  s'enseigne, 
à  partir  de  la  II«  classe,  5  à  6  heures,  puis  5  et  5  heures;  le  grec, 
seulement  à  partir  de  la  IV®,  5  à  6  heures. 

20  BALE 

Le  gymnase  se  divise  en  gymnase  inférieur  (4  années)  et  en  gymnase 
supérieur  (4  années).  Toutes  les  leçons  sont  obligatoires,  à  Texception- 
de  la  religion,  et,  dans  le  gymnase  inférieur,  du  grec  pour  les  élèves 
qui  n'ont  pas  l'intention  de  fréquenter  le  gymnase  supérieur.  Le  grec 
est  alors  remplacé  par  l'anglais  ou  d'autres  leçons  supplémentaires. 
Le  latin  a  7,  7,  8,  8,  8,  8,  8  et  7  heures  ;  le  grec,  dans  la  dernière 
classe  du  gymnase  inférieur,  6  heures,  puis  dans  les  4  classes  d\Jt 
gymnase  supérieur  6  heures  ;  l'allemand  4,  3,  3,  2,  3,  3,  3,  3  heures  ; 
le  français,  à  partir  de  la  II«  classe,  5,  5,  3  heures,  puis  3  heures  dans^ 
les  4  classes  du  gymnase  supérieur. 

Les  auteurs  latins  sont  :  Cornélius  Népos,  César,  un  Tirociniunty 
Tite-Live,  Ovide,  Virgile,  Cicéron,  (Catilinaires,  Deimp.  Cn.  Pomp.^. 
PhilippiqueSf  de  bfficiis)^  Horace  et  Tacite. 

Les  auteurs  grecs  sont  :  Xénophon,  Anabase^  Memorabilia^ 
Homère,  Odyssée  et  Iliade,  Lysias,  Hérodote,  Sophocle,  Démos- 
thène,  Platon,  Apologie. 


/ 
PARTIE  PÉDAGi>GIQU£.  açj 


3<^  BERNE 

Le  g3rinnase  communal  de  Berne  se  compose  de  4  groupes  :  un 
progymnase,  qui  sert  de  base  commune  aux  trois  autres  sections, 
savoir  :  une  école  de  commerce,  une  école  réale  et  une  école  littéraire. 
Le  progymnase  a  4  classes,  et  Técole  littéraire,  5,  dont  la  dernière  de 
six  mois  seulement.  La  durée  des  études  gyrtinasiales  complètes  est 
ainsi  de  8  1/2.  Dans  le  progymnase,  le  latin  est  facultatif,  ainsi  que 
l'anglais;  dans  Tëcole  littéraire,  le  grec,  l'hébreu,  l'anglais  et  l'italien 
sont  facultatifs. 

Les  auteurs  latins  sont  :  César,  Tite-Live,  Ovide,  Salluste,  Cicéron, 
(in  Verrem  /F,  de  amicitia,  de  senectute)^  Virgile  (Enéide).  Horace, 
Tacite.  Les  auteurs  grecs  sont  Xénophon  (Anabase  et  Helléniques)^ 
Homère  (Odyssée  et  Iliade)^  Hérodote,  Thucydide,  Sophocle,  Platon 
(Gorgias). 

40  COIRE 

Coire  possède,  entre  autres  établissements,  un  progymnase  (2  années) 
et  un  gymnase  (5  années).  Au  progymnase,  les  élèves  apprennent  le 
latin.  Au  gymnase,  le  grec  est  facultatif.  Les  élèves  qui  étudient  le 
grec,  apprennent  le  français  dès  la  IV«. 

Les  élèves  qui  ne  suivent  pas  les  leçons  de  grec,  apprennent  deux 
langues  étrangères.  Ils  commencent  Tétude  de  ces  langues  en  III®  et 
ils  y  ont  le  choix  entre  l'italien  et  le  français.  En  IV«,  ils  abordent  la 
seconde  langue  étrangère  et  peuvent  choisir  entre  le  français  et 
l'anglais. 

Les  élèves  de  langue  italienne  peuvent  opter  entre  le  cours  de  langue 
moderne  organisé  pour  toute  la  classe  ou  un  cours  spécial  de  langue 
maternelle. 

L'enseignement  de  la  grammaire  latine  prend  trois  années  ;  puis  on 
la  répète  et  on  lapprofondît.  Dans  toutes  les  classes,  on  se  sert  des 
exercices  d'Ostermann- Millier.  Dans  les  deux  dernières,  on  donne  des 
notions  d'histoire  littéraire.  Les  auteurs  sont  :  César  et  Phèdre 
(en  II I«);  César,  Salluste,  Catilina,  et  Ovide  (en  IV*);  Tite-Live, 
Ovide,  Salluste,  Catilina,  Virgile,  Enéide  (en  V«)  ;  Cicéron,  de 
imperio  Cn.  Pompei  et  Catilinaires,  I,  III  et  IV;  Virgile,  Enéide; 
Horace,  Odes  et  Épodes  (en  VI«);  Cicéron,  de  senectute,  Tacite, 
Germania,  Virgile,  Enéide,  Horace,  Satires  et  Épîtres,  en  VI I®. 

L'enseignement  de  la  grammaire  grecque  prend  quatre  années  ;  on 
voit,  en  deux  ans,  la  lexigraphie  et  les  éléments  de  la  syntaxe  ;  on 
consacre  ensuite  une  année  à  la  théorie  des  cas,  et  également  une 


294  LE   MUSÉE    BELGE. 


année  à  la  théorie  des  temps  et  des  modes  ;  la  dernière  année,  on  répèle 
la  syntaxe.  Des  exercices  écrits,  se  rattachant  à  la  lecture  des  textes, 
^e  font  dans  toutes  les  classes  :  c*est  du  moins  la  prescription  du  règle- 
ment ;  car,  dans  le  programme,  il  n'en  est  plus  question  pour  les  deur 
dernières  classes.  Dans  les  deux  dernières  années,  on  donne  des 
notions  d'histoire  littéraire. 

Les  auteurs  grecs  sont  :  Xénophon,  Anabase  (en  IV«)  ;  Homère, 
Odyssée,  Wilamowiiz-MôUendorf  (Esope,  Lucien  et  Platon  (en  V')  ; 
Xénophon,  Anabase,  Hérodote,  Odyssée  (en  VI«);  Lysias,  Platon, 
Apologie  et  Criton,  Homère.  Odyssée^  Euripide,  Médée;  lecture 
^ursive  des  Helléniques  (en  VII«). 

Au  progymnase,  on  voit  Thistoire  de  la  Suisse  en  tenant  compte 
des  parties  de  Thisloire  universelle  qui  sont  nécessaires  pour  la  com- 
prendre. Au  gymnase,  on  voit  successivement,  en  quatre  ans,  Thistoire 
de  l'antiquité  et  du  moyen  âge,  l'histoire  moderne  et  contemporaine  ; 
on  étudie  enfin  l'histoire  pragmatique  depuis  les  Grecs  et  les  Romains. 

50  FRAUENFELD 

Le  gymnase  de  Frauenfeld  a  7  classes.  L'âge  d'admission  est  12  ans 
accomplis  avant  le  i"  avril  de  Tannée.  Le  grec  est  facultatif  depuis 
Tannée  scolaire  1 905-1906.  Les  élèves  qui  ne  le  suivent  pas,  le  rem- 
placent de  la  façon  suivante  :  en  III®,  deux  heures  d'allemand,  une 
heure  de  français  et  trois  heures  de  calcul  ;  en  IV'«,  trois  heures 
d'anglais,  deux  heures  d'allemand  (lecture  d'Homère),  et  deux  heures 
de  dessin  en  hiver  ;  en  V«,  trois  heures  d'anglais  et  trois  heures  d'ita- 
lien ;  en  VI«.  trois  heures  d'anglais  et  trois  heures  d'italien  ;  en  VI I«, 
trois  heures  d'anglais,  deux  heures  d'italien  et  une  heure  d'allemand 
{lecture  de  traductions  de  tragiques  grecs).  A  l'examen  de  maturité, 
les  élèves  qui  ne  présentent  pas  le  grec,  doivent  être  interrogés  sur 
Tanglais. 

Les  auteurs  latins  sont,  en  III*,  Cornélius  Népos  et  César;  en  IV*, 
César,  Tite-Live,  Phèdre  et  Ovide  (Siebelis,  Tirocinium  poeticum)  ; 
en  V«,  Tite-Live,  Salluste,  Catilina,  Siebelis,  Tirocinium^  quelques 
passages  ;  Virgile,  Enéide;  en  VI«,  Cicéron,  Catilinaires,  1,  II  et  IV; 
pro  Archia;  lettres  choisies;  Horace,  Odes  et  Epodes;  en  VII«, 
Tacite,  Annales,  Cicéron,  pro  Ligario  ;  Horace,  Satires  et  Epîtres  ; 
Catulle,  Tibulle,  Properce  et  Ovide  (extraits). 

Les  auteurs  grecs  sont,  en  IV^,  Xénophon,  Anabase;  en  Vs 
Homère,  Odyssée^  Xénophon,  Anabase,  Lysias;  en  VI«,  Sophocle, 
Antigone,  Platon,  Criton,  Homère,  Odyssée  et  Iliade;  en  VII«, 
Démosthène,  i^e  Philippique  et  3*  Olynthienne,  Thucydide.  En  VI« 
et  en  VII®,  il  y  a  quatre  heures  communes  aux  deux  classes. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  296 


60  FRIBOURG 

Le  collège  Saint-Michel  comprend,  entre  entres,  un  gymnase  litté- 
raire français  de  six  années  d'étude,  auquel  fait  suite  un  lycée  de  deux 
ans  ;  en  outre,  une  section  à  l'usage  des  élèves  de  nationalité  française, 
organisée  daprès  les  programmes  officiels  de  la  France.  Dans  le 
gymnase,  on  enseigne  le  latin,  à  partir  de  la  !»"«,  g  heures,  puis  8,  6, 
5.  6,  6,  heures;  le  grec,  à  partir  de  la  II«  classe,  i  heure,  puis  5,  5,  5, 

5  heures  ;  le  français,  6  heures,  puis  5,  4,  4,  4,  4  heures  ;  l'allemand, 

2  heures,  puis  4,  3,  3,  3,  3  heures. 

70  GENÈVE  (1) 

Le  collège  de  Genève  comprend  deux  groupes  superposés.  Le 
premier,  qui  fait  suite  à  la  3**  année  de  l'école  primaire,  et  dans  lequel 
on  entre  à  Tâge  de  12  ans,  comprend  trois  ans  d'études.  Le  second 
groupe,  dans  lequel  on  entre  à  Tâge  de  i5  ans,  comprend  quatre 
sections  parallèles,  de  4  années  chacune  :  la  section  classique,  la 
section  réale,  la  section  technique  et  la  section  pédagogique. 

Le  cycle  des  études  secondaires  est  donc  de  7  ans  d'études. 

Dans  la  division  inférieure  (3  années),  le  français  comprend  5  heures 
par  semaine,  le  latin  6  heures,  lallemand  4  heures  ;  les  mathématiques 
également  4  heures  ;  les  sciences  physiques  et  naturelles  2  heures.  Le 
nombre  d*heures  hebdomadaires  de  ces  trois  classes  est  de  3i. 

Dans  la  division  supérieure,  section  classique,  le  français  comprend 

3  heures  pendant  les  4  ans  :  le  latin  7  heures  pendant  2  ans,  puis 

6  heures  pendant  les  2  dernières  années  ;  le  grec,  qui  est  obligatoire, 
comprend  7  heures  pendant  la  première  année^  puis  6  pendant  les 

3  dernières  ;  l'allemand  3  heures  pendant  4  ans  ;  les  mathématiques, 

4  pendant  2  ans,  puis  3  pendant  2  ans  également  ;  les  sciences  natu- 
relles 2  heures  en  3«  et  en  2«  année  ;  la  physique  2  heures  en  3«  et 
4«  année. 

Le  nombre  d'heures  hebdomadaires  est  le  suivant:  en  IV*,  in« 
€t  II«  classes.  33  heures,  et  en  !''«,  32  heures. 

Le  latin  commence  donc  en  7*,  en  sorte  que  les  élèves  apprennent 
dans  cette  classe  trois  langues.  On  aborde  le  grec  en  4*. 

Dans  renseignement  du  latin,  Tétude  du  vocabulaire  est  prescrite 
pendant  les  trois  premières  années.  Des  exercices  oraux  et  écrits 
figurent  au  programme  de  chaque  classe.  Dans  les  deux  dernières 
classes,  on  recommande  la  comparaison  de  la  phrase  latine  et  de  la 

(1)  Cf.  Rapport  cité,  p.  22. 


296  LE   UUSÉB  BELGE. 


phrase  française  au  moyen  d  exercices.  On  étudie,  en  seconde*  les 
institutions  romaines  (traits  essentiels)  et,  en  première,  Tbistoire  de  la 
littérature  (grandes  époques  et  principaux  écrivains).  L*étude  de  la 
métrique  porte  sur  Thexamètre  et  les  mètres  d'Horace. 

Les  auteurs  latins  sont  :  en  6«,  de  Viris  et  Phèdre  ;  en  5°,  César ,^ 
de  bello  gallico,  Ovide,  Métamorphoses^  Selectae  de  Heuzet  ;  en  4«, 
Salluste,  Catilina  ;  Cicéron,  de  Signis,  Virgile,  Enéide,  I  à  V  ;  en  3^, 
Tite-Live,  Cicéron,  Pro  Roscio  i4mermo,  Térence,  Virgile,  Enéide^ 
VI  à  XII;  en  2*,  Cicéron,  Lettres;  Tite-Live  (XXIII  à  XXV), 
Horace,  Satires  et  Êpîtres  ;  Plaute  ;  en  i^c,  Tacite,  Annales^  II  ; 
Cicéron,  extraits  des  Œuvres  morales,  Horace,  Odes,  Sénèque, 
Lettres  à  Licilius. 

Dans  renseignement  du  grec,  on  suit  les  mêmes  principes  que  pour 
le  latin.  L*étude  des  mots  vus  dans  les  lectures  est  recommandée 
pendant  trois  années.  Des  exercices  oraux  et  écrits  sont  prescrits  dans 
toutes  les  classes.  On  étudie,  en  seconde,  les  institutions  grecques^ 
(traits  essentiels)  et,  en  première,  l'histoire  de  la  littérature  (grandes 
époques  et  principaux  écrivains). 

Les  auteurs  grecs  sont  :  en  3«,  Xénophon,  Anabase,  Homère, 
Odyssée,  l  à  XII,  Lucien,  Dialogues  des  morts;  en  2%  Homère, 
Odyssée^  I  à  XII,  Euripide,  Alceste,  Hérodote;  en  i'«,  Homère, 
Iliade^  I  à  XII  ;  Sophocle,  Œdipe-roi,  Plutarque,  Hommes  illustres. 

g**  LAUSANNE 

Le  collège  cantonal  comprend  6  classes  auxquelles  viennent 
s'ajouter  deux  années  de  gymnase  classique,  ce  qui  fait  un  cycle 
de  8  années  d*études.  Lenseignement  du  latin  est  réparti  comme 
suit  :  9,  7,  7,  6,  6,  6  heures  ;  celui  du  grec  commence  en  5«  avec 
5  heures,  puis  5,  4,  4,  4.  Il  est  fait  une  place  importante  au  français  : 
8,  5,  5,  5,  5,  5  heures.  Quant  aux  mathématiques,  elles  sont  repré- 
sentées par  3  heures  pendant  les  4  premières  années  et  4  pendant  tes 
deux  dernières.  Il  n*y  a  qu*une  heure  de  sciences  naturelles  pendant 
la  dernière  année.  Enfin  il  n*y  a  pas  de  leçons  d'anglais  ou  d'italien. 

En  VI«,  V«  et  IV«,  on  étudie  la  mythologie  de  Humbert  ;  en  111% 
II«  et  I«,  les  antiquités  romaines  et  grecques,  c'est-à-dire  ce  qui  est 
nécessaire  pour  l'intelligence  de  la  tâche  d'interprétation  ;  en  ir«, 
quelques  chapitres  de  l'histoire  de  la  littérature  latine. 

Les  auteurs  latins  sont  :  César,  Phèdre,  Ovide,  Tite-Live,  Cicéron,. 
Virgile  ;  les  auteurs  grecs,  Xénophon,  Homère  et  Lucien. 

(1)  Cf.  Rapport  indiqué,  p.  21. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  297 


Le  gymnase  classique  a  deux  classes.  On  trouve,  au  programme, 
l^histoire  de  la  littérature  latine  et  de  la  littérature  grecque  ;  Virgile, 
Horace,  Salluste,  Tacite,  Cicéron  {Lettres  et  Orator)  ;  —  Euripide, 
Homère,  des  extraits  des  orateurs  attiques,  Thucydide,  Aristophane. 

90  NEUCHATEL 

Le  collège  est  divisé  en  5  classes.  Le  latin  s'apprend  à  partir  de  la 
seconde  année,  en  IV«,  à  raison  de  5  heures,  et  dans  les  trois  classes 
suivantes,  à  raison  de  6  heures.  Dès  la  première  année  (en  IV^),  on 
aborde  le  de  Viris.  En  III«,  on  interprète  Phèdre  et  César,  et  Ion  lit 
cursivement  le  de  Viris.  En  II«,  les  auteurs  sont  César  et  Ovide, 
auxquels  s'ajoute  la  lecture  cursive  de  César.  En  i",  on  interprète 
Tite-Live  et  Virgile,  et  on  lit  cursivement  Salluste  et  Ovide. 

On  aborde  le  grec  en  IIP  :  déclinaison  et  conjugaison  simple; 
thèmes  et  versions  d'après  Kaegi  ;  en  II«,  étude  complète  de  la  con- 
jugaison, revision  de  la  déclinaison,  thèmes  et  versions,  interprétation 
de  Xénophon  ;  en  I'*,  revision  de  la  flexion,  étude  élémentaire  de  la 
syntaxe  ;  introduction  au  dialecte  homérique  ;  thèmes  et  versions  ; 
interprétation  de  Xénophon  et  de  TOdyssée. 

Le  gymnase  a  trois  classes.  Dans  la  classe  inférieure  ou  111%  on 
étudie  les  éléments  de  littérature;  on  lit  Tite-Live,  Virgile  (^£'/i^irfe, 
Eglogues  et  Géorgiques)  ;  Cicéron,  Pro  Roscio  Amerino  ;  à  vue, 
Salluste,  Catilina,  Cicéron,  de  seneciute.  En  Il«,  on  continue  les 
éléments  de  littérature  ;  on  voit  :  Cicéron,  de  officiis,  Horace,  odes  et 
épodes;  à  domicile,  Tite-Live;  à  vue,  Virgile.  En  If«,  les  auteurs 
sont  Horace,  Satires^  Tacite,  Annales,  Plaute,  Trinummus;  à  domi- 
cile ou  à  vue,  Virgile,  Cicéron,  pro  Roscio  Amerino  ;  éléments  de 
littérature  et  d'antiquités.  A  noter  qu  on  fait  ici  des  thèmes  tirés 
d'auteurs  français. 

Langue  grecque  :  en  I1I«,  verbes  irréguliers  et  syntaxe  ;  Homère, 
Hérodote,  Lysias  ;  à  domicile  ou  à  vue  :  Xénophon  et  Homère; 
mythologie.  En  Ih,  syntaxe,  Platon,  Apologie  de  Socrate;  Euripide, 
Iphigénie  à  Aulis;  à  domicile  ou  à  vue,  Xénophon,  Homère  ;  anti- 
quités grecques.  En  I*"*,  répétition  de  la  syntaxe,  Démosfhène,  sur  la 
paix^  Philippiques  ;  Sophocle,  Ajax;  Thucydide  ;  à  vue  ou  à  domi- 
cile :  Homère,  Iliade,  et  Xénophon,  Memorabilia  ;  antiquités 
grecques.  Dans  les  trois  classes,  on  fait  des  thèmes. 

La  réorganisation  du  collège  classique  est  mise  à  Tétude.  On 
critique  le  programme,  dans  l'ensemble  et  dans[!les  détails,  et  on  croit 

•  ')ttiVoyc2  le  rapport  indiqué  plus  haut. 


298  LE   MUSÉE   BBLGE. 


que  les  méthodes  d'enseignement,  doivent  être  réformées  :  plus  d'unité, 
plus  d'entente,  plus  de  suite,  moins  de  grammaire,  moins  de  thèmes 
latins,  beaucoup  plus  de  lecture,  un  enseignement  moins  formel, 
partant  plus  vivant,  voilà  ce  qu'on  y  réclame.  Comme  organisation, 
on  propose  que  le  collège  comprenne  :  a)  deux  classes  préparatoires 
dans  lesquelles  on  attribuera  une  importance  capitale  à  Tétude  de  la 
langue  maternelle  ;  b)  trois  classes  dans  lesquelles  on  étudiera,  à  côté 
des  matières  des  deux  premières  classes,  le  latin  et  le  grec.  Cette 
dernière  branche  pourra  être  remplacée  par  l'anglais  ou  l'italien  (i). 

100  SAINT-GALL 

L'école  cantonale  de  Saint-Gall  comprend  un  gymnase,  une  section 
technique,  une  section  commerciale  et  un  séminaire  pour  renseigne- 
ment secondaire. 

Le  gymnase  fait  suite  au  sixième  cours  de  l'école  primaire  et  com- 
prend 7  années. 

Dans  les  4  classes  inférieures,  toutes  les  branches  sont  obligatoires  ; 
dans  les  trois  dernières,  l'hébreu,  l'anglais,  le  dessin,  la  physique  et  la 
chimie  sont  facultatifs. 

Les  élèves  de  la  dernière  classe  qui  suivent  la  chimie  et  le  labora- 
toire, ont  deux  heures  de  grec  et  de  latin  en  moins. 

L'enseignement  y  est  réparti  comme  suit  :  latin,  7,  6,  6.  6,  6  et 
5  heures  ;  grec,  à  partir  de  la  III®,  6,  5,  5,  5,  5  heures  ;  allemand  5» 
4,  3,  3,  3.  4,  3  heures  ;  français,  à  partir  de  la  II®  classe,  5,  5,  3,  3, 
2,  3  heures  ;  anglais,  à  partir  de  la  V«  classe,  2,2,2  heures  ;  mathé- 
matiques, 6,  4,  4,  4,  3,  3.  3  heures  ;  histoire  naturelle,  à  partir  de  la 
II«  classe,  3,  3,  3,  2  heures;  pas  de  leçons  en  4®,  puis  2  heures  en  VU®  ; 
physique,  à  partir  de  la  IV*",  3,  3  et  1  heure  facultative  en  VI  1<^ classe; 
chimie,  3  heures  en  VI*-*,  3  heures  en  VII«;  en  outre,  5  heures  de 
laboratoire  ;  cosmographie,  2  heures  en  VI®  classe. 

La  lecture  cursive  est  en  usage  pour  le  latin  et  le  grec.  En  VI®,  on 
prescrit  un  coup  d'oeil  sur  le  développement  de  l'éloquence  chez  les 
Grecs  ;  en  Vil®,  sur  l'histoire  chez  les  Grecs  et  sur  le  drame  grec  ;  en 
VII®,  une  courte  esquisse  de  la  littérature  latine  et  une  répétition 
synthétique  des  chapitres  importants  des  antiquités  romaines. 

ix^  Zurich 

L'école  cantonale  de  Zurich  comprend  trois  sections  :  le  gymnase, 
recelé  industrielle  et  l'école  de  commerce. 

Le  gymnase  de  Zurich  était  divise  en  deux  groupes  :  un  progym- 
nase avec  4  classes  et  un  gymnase  avec  3  classes,  dont  la  dernière 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  299 


d*une  demi  année  en  été.  Le  cycle  des  années  comprenait  donc 
6  1/2  années.  A  partir  du  mois  de  mai  1906,  une  modification  impor- 
tante est  survenue  :  les  2  classes  inférieures*  du  progymnase  sont 
devenues  classes  préparatoires  de  deux  écoles  nouvelles  comprenant 
chacune  4  1/2  années  d'études  :  un  gymnase  littéraire,  qui  correspond 
à  l'ancien  gymnase,  et  un  gymnase  réal,  un  établissement  nouveau. 

L'âge  d'admission  dans  la  classe  inférieure  du  progymnase  est 
de  12  ans  révolus. 

Voici  quelques  détails  sur  la  répartition  des  heures  :  latin  10  heures 
et  8  heures  dans  le  gymnase  inférieur  ;  dans  le  gymnase,  littéraire, 
6»  7»  6,  6,  7  heures  ;  dans  le  gymnase  réal  6,  4,  4,  4,  4  heures  ;  grec, 
seulement  dans  le  gymnase  littéraire,  7,  7,  6,  6,  7  heures  ;  allemand, 
dans  le  gymnase  inférieur,  4  et  4  heures  ;  dans  le  gymnase  httéraire, 
3,  3,  4,  4,  3  heures  ;  dans  le  gymnase  réal,  3,  3,  4,  4,  3  heures  ; 
français,  seulement  dans  les  deux  gymnases,  dans  le  gymnase  litté- 
raire 6,  6,  3,  3,  3  heures  ;  dans  le  gymnase  réal,  5,  4,  5,  4,  4  heures  ; 
anglais,  dans  le  gymnase  littéraire,  obligatoire  pour  ceux  qui  ne 
prennent  pas  le  grec,  à  raison  de  3  h.  dans  les  4  dernières  classes, 
dans  le  gymnase  réal  obligatoire,  à  raison  de  4  h.  en  1V«,  puis 
3.  3,  3  heures. 

En  latin,  après  César  et  Ovide,  on  lit,  dans  les  classes  V-VII,  les 
auteurs  qui  sont  particulièrement  importants  pour  la  connaissance  de 
la  civilisation  antique,  Cicéron,  Salluste,  Tite-Live,  Tacite,  Virgile, 
Horace  et  d'autres  lyriques.  Le  choix  de  ces  auteurs  pour  chaque 
classe  se  fait  dans  la  conférence  des  professeurs. 

Pour  le  grec,  après  Xénophon  et  Hérodote,  on  fait  lire,  dans  les 
classes  V-VII,  Thucydide,  Platon,  Homère,  Sophocle,  Euripide, 
Lysias,  Démosthène,  Lucien  et  des  chrestomathies. 

(A  suivre») 


DICTÉES   FRANÇAISES 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  TUniversité  de  Louvain. 
(Suite,) 

28.  Le  père  Bridaine, 

L'un  des  prédicateurs  /«•  plus  populaires  qui  soient  montés  dans 
la  chaire  chrétienne,  l'iin  des  plus  puissants  orateurs  que  nous  ayons 
eus,  cest  le  père  Bridaine,  qui  naquit  en  mil  sept  cent  un.  Quelques 
sujets  qu'il  ait  traités,  son  auditoire  Ta  toujours  trouvé  bizarre,  inégal, 
audacieux,  mais  sublime  dans  son  éloquence.  Il  eut  de  bonne  heure 


300  LE   lfUSé£   BELGE. 


la  vocation  d*un  véritable  missionnaire  ;  il  n'avait  reçu  que  le 
diaconat,  et  ses  supérieurs  l'envoyèrent  prêcher  dans  toutes  les 
provinces  de  la  France,  surtout  dans  les  campagnes.  QudU  que  fût 
sa  jeunesse,  il  comptait  sur  son  talent  précoce  ;  mais  ce  jeune  ecclé- 
siastique, qui  n'avait  pas  d'antécédents,  éloigna  d'abord  les  auditeurs, 
qui  se  seraient  imaginé  perdre  leur  temps  en  venant  l'écouter,  lors- 
qu'un jour,  saisi  d'une  inspiration  subite,  Bridaine  sort  de  l'élise, 
armé  d'une  clochette  qu'il  agite  avec  force.  La  foule  accourt  avec  des 
huées.  L'orateur  commence  son  discours  :  il  parle  de  la  mort  dans 
un  langage  effrayant,  mais  solennel  ;  les  rires  ont  cessé,  l'inquiétude 
y  a  succédé,  la  terreur  s'est  mêlée  à  l'admiration,  et  chactm  se  retire 
ému,  pénétré  et  plein  de  conviction.  Cet  homme  n^a  pas  fait  moins 
de  deux  cent  cinquante  missions  dans  sa  vie. 

(Dictées  normales,) 

Faites  les  remarques  syntaxiques  auxquelles  donnent  lieu  les  mots  italiques. 

29.  Les  saurs  de  charité. 

Une  des  plus  utiles  institutions  religieuses  qui  aient  été  créées,  la 
plus  noble  qui  ait  existé,  c'est,  sans  contredit,  celle  des  sœurs  de  la 
charité,  dont  l'établissement  date  de  Tan  i633.  C'est  à  saint  Vincent 
de  Paul,  ce  modèle  de  la  charité  chrétienne,  que  nous  devons  l'insti- 
tution de  ces  sœurs.  Que  d'abnégation  ces  pieuses  filles  n'ont-elles 
pas  montrée  dans  toutes  les  épidémies  qui  ont  désolé  !a  France! 
Nous  les  avons  vues  se  dévouer,  lorsque  la  fièvre  jaune  s'était 
déclarée  de  la  manière  la  plus  intense  dans  une  contrée  voisine  des 
provinces  méridionales  de  la  France,  et  y  décimait  la  population  de 
Barcelone.  Que  disje?  décimer!  Les  trois  quarts  des  habitants  de 
cette  malheureuse  ville  ont  péri.  Ce  n'étaient  pas  pourtant  leurs 
compatriotes  qui  les  y  appelaient,  ces  nobles  femmes,  c'étaient  leurs 
frères  en  Jésus-Christ. 

Plus  tard,  quand  le  choléra-morbus,  avec  son  hideux  cortège,  vint 
jeter  l'épouvante  et  l'effroi  dans  tous  les  langs  de  la  société,  leur 
sollicitude  ne  connut  plus  de  bornes.  Tout  effrayants  qu'étaient  les 
symptômes  de  cette  peste,  probablement  la  même  que  celle  qui  est 
connue  dans  l'histoire  sous  le  nom  de  peste  noire,  et  qui  ravagea 
l'Europe  en  1348,  quelles  qu'en  fussent  les  suites,  elles  ne  se  sont 
pas  laissé  ébranler.  Le  soulagement  qu'elles  apportent  aux  douleurs 
morales  et  physiques,  est  la  plus  douce  récompense  qu'elles  attendent 
de  leur  abnégation  et  de  leur  désintéressement  des  choses  d'ici-bas* 

(Dictées  normales,) 

Donnez  trois  explications  grammaticales. 


K.   ROTH,   Gescbichte  der  chrlstlîchen  BilkaQstaatea  (Bulgarien,  Serbien. 

Rumaaien,  Monténégro,  Griechenland).  Leipzig,  Gôschen,  1907.  0  m.  80. 
J.   SEMBRIA,  Dogme,  hiérarchie  et  culte  dans  rËglise  primitive.  Trad.  de 

ritalien  par  1  abbé  F.  Richermoz.  Paris,  Lethielleuz,  1907. 
M.  SCHUSTHR,  Valerius  Catullus,  sâmtlicho  Dichtungen  in  deatscher  Ueber- 

tragung  nebst  ausfuhrl.  Erliiuterungen.  Vienne,  R.  Papanschek  (M.  Ostrau). 
H.  USENER.  Vortriige  uni  Aufiiltze.  Leipzig,  Teubner,  1907.  v-259  pp.  avec 

|x>rtrait.  5  m.  ;  relié  :  6  m. 
F.  VAN  KALKEN,  La  fin  du  régime  espagnol  dans  les  Pays-Bas.  Étude  d'his- 
toire politique,  économ.  et  sociale.  Thèse.  Brux.,  Lebôgue,  1907.  292  pp.  8<*. 
K.  VELDKAMP,  Spreokoefeningen.  Groningue.  J.  B.  Wolters.  1907.  1  fi.  40. 
L.  VBNTLJRf,  Tarquinio  il  Superbo.  Saggio  di  interpretazione  délia  storia  di 

Roroi  antichissima.'Milano,  Pallestrini,  1907. 84  pp.  (Bibl.  stor.e  geogr.  n^  6.) 
K.  WOLTER,  Alfred  de  Musset  im  Urteile  George  Sands.  Eine  kritische  Unter- 

suchung  aber  den  historischen  Wert  von  George  Sands  Roman  «  Elle  et  Lui  • 

Berlin,  Weidmann,  1907.  2  m.  40. 

i.  P.  VVALTZIXG,  Grammaire  latine  de  G.  Landgraf,  traduite  de  Talle- 
mand  et  adaptée  au  programme  dés  athénées  et  collèges  belges. 
2*  édition.  Liège»  Dessain,  1907. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M.  J.  P.  Waltzing,  professeur 
à  VUniversiU  de  Liège,  9,  rue  du  Pare,  Uége. 

Les  articles  destinés  à  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  à  M.  F.  CSoUard, 
profeiseur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold,  22,  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d*abon- 
nemment  est  fixé  k  10  (r.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  les  autres  pays,  on 
peut  s*abonner  à  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  Ga.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  ^,  à  Louvain. 

Les  dix  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  k  480  pages,  sont  en 
vente  an  prix  de  10  fr. 

Provisoirement,  les  oboanés  pourront  se  procurer  une 
ou  plusieurs  de  ces  dix.  années  au  prix  de  T  flr«  ttO  par 
année,  le  port  en  sus. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 

W.  KroU^  L'étude  de  la  philologie  classique.  Conseils  aux  étudiants  (fin)        .     233 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique, 

2 18.  J,  Haverfîeld,  The  romanization  of  ihe  Roman  Brliain  (H.  Van  de  Weerd)    260 

219,  M,  Baug,  Die  Germancn  in  roemischen  Dienst  (Le  même)     .        .        .     263 
220-221.   J,    Van    Wageningen^   Album   Terentianum.    Scaenica    Romana 

(J.  P.  Waltzing) 264 

222.  C.  Lamarre^  Hist.  de  la  littérature  latine  au  temps  d'Auguste  (Le  même)    266 

Langues  et  littératures  romanes, 

223.  E,  Souvestre^  Causeries  littéraires  (G.  Doutrepont) 268 

224-225.  J,  Schlaf^  E.  Verhaeren.  L,  Bal^çagette,  E.  Verhaeren  (C.  Liégeois)    269 

226.  F.  L.  MarcoUf  Morceaux  choisis  (A.  Masson) 271 

Histoire  et  géographie. 

227.  H,  Pirenne^  Histoire  de  Belgique,  III  (A.  Dutron) 272 

228.  P,  Doppler,  Schepcnbrieven  van  het  kapittel  van  Sint-Servaas  te  Maas- 
tricht (H.  Nelis) ;        ....  274 

229.  Lespagnol,  Cours  de  géographie  (A.  De  Cculeneer) 276 

Art  et  archéologie, 

230.  Ausonia.  Rivista  délia  Soc.  ital.  di  arch.  e  storia  deir  arte  (J.  P.  W.)      .     277 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

23i-258,  Publications  de  J.  Van  den  Gheyn,  A.  Mouchard  et  C.  Blanchet, 
H.  Diels,  N,  Hohhvein,  A,  Rivaud,  E.  Ziebarth,  J.  Vahlen,  Th.  Mommsen 
(Trad.  J.  Duquesne),  R.  Pichon,  V.  Giraud,  A.  Marx,  J.  Rivière,  P.  de 
Labriolle,  C.  Maréchal,  E.  Huguet,  Th.  Delmont,  H.  Taine,  Nagel, 
G.  Goyau,  H.  Colenbrander,  E.  Gossart,  A.  Luchaire,  Floerke,  L.  Rouzic, 
G.  Paris,  P.  Bureau.  Xenia  Romana 278 

CHRONIQUE. 

259-261.  Les  papyrus  de  Teptynis,  IL  Découvertes  archéologiques  à  Arlon. 
Concours  de  l'Académie  royale  (1910).  Prix  Gantrelle  (1910)         .        .        .     289 

PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 

F,  Collard^  L'enseignement  moyen  à  l'étranger  (suite) 291 

Le  mâme^  Dictées  françaises  (suite) 299 


r.^îj 


Onzième  année.  —  N^»  8. 


i5  Octobre  1907. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PEDAGOGIQUE 


DU 


MUSEE  BELGE 


REVTTE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBLliE  SOUS  LA  DreSCTION  DB 


F.  GOLULHD 

PR3FSft&EUR  A  l'université  DB  LOUVAiN 


J.  P.  WALTZING 

PROFESSEUR  A  l'uNIVERSITÉ  DE  UEGB 


Pftinirjfint  tout  les  mois,  à  l'exospUon  dss  mois  d'août  et  do  toplembro 


LOUVAIN 
CHARLES   PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

20,    rue  de  NAMUR,    20 

PARIS  I  BERLIN 


A.   FONTEMOING 
4,  rue  Le  GoT 


R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 
CarlstFMfc,  II,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  à  TUaiverdité  de  Louvain. 
Bischoff;  H.,  professeur  à  l*(Jniversité  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  ii  l'Université  de  Lo.ivain. 
Gauchie,  A.,  professeur  h  i'Cniversilé  de  Louvain. 
Gollard,  F.,  professeur  ù  rUiiiversilé  de  Louvain. 
De  Genleneer,  A.,  professeur  à  l*Lîniversilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  TUniversilé  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  rUniversilé  de  Li.%T. 
Dotttrepont,  A.,  professeur  à  i*Uuiversité  de  Uégc. 
Doutrepont,  G.,  professeur  ù  l'Université  de  Lou>*ain. 
Francotte,  H.,  professeur  à  rUniversité  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  rUniversité  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  à  rUniversité delJége. 
Hanquet,  K.,  professeur  à  rUnivrrsilé  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  h  TUniversité  de  Louvain. 
Maere,  R.,  proft-sseur  à  l'Universilé  de  Louvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
Mœller,  Gh.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Remy.  E.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Oand. 
Sencie»  J  ,  professeur  h  l'Université  de  I^ouvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortpoy,  F.,  professeur  h  l'Université  de  Gand. 
"Waltzing.  J.  P.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
"Willems,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  "Willems,  P.,  professeur  à  l^Universilé  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WAIjTZING,  9,  rue  du  Parc,  à  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (artich'S,  comptes  rendus,  ouvrages)  à  M.  J  P.  Waltziag,  pro/esseur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare^  Liège. 

Les  articles  destinés  h  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  à  M.  F.  GoUard. 
professeur  à  l'Universilé  de  Louvain,  rue  Léopold,  22,  Louvain. 

En  Belgique,  dans  les  Pays-B  is  et  dans  le  Grand-Duciié  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
nemment  est  lixô  à  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  l'»s  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  h  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  h  M.  Cii.  Pej^ters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  à  Louvain. 

Ijcs  dix  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  à  480  pages  ^^nt  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement,  les  abonné*  pourront  se  procureur  uiio 
ou  plusieurs  de  ces  dix  auu6e«  uu  prix  <le  T  fr.  S»0  finr 
nnné»,  lo  pr>rt  en  sus. 


Onzième  année.  —  N<>  8.  i5  Octobre  1907. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


MÉIiANGES. 

Concours  général  de  l'Enseignement  moyen 

en  1907. 

Rhétorique,  Humanités  anciennes  (section  grecque-latine). 
Version  grecque. 

Gouvernement  de  Pisistrate.  —  Mesures  prises  par  lui  pour  empêcher  le 
dépeuplement  de$  campagnes  au  profit  de  la  ville.  —  Le  a  territoire  exempt  ». 

Regeering  van  Pisistratos.  -^  Maatregelen  door  hem  genomen  om  de  ontvolking 
van  den  buiten  ten  voordeele  der  stad  te  verhinderen.  —  Het  a  ontslagen  grood- 
gebied  »  of  de  «  vrijplaats  ». 

AiiÙKei  ô  TTeicrtcrTpaToç  ty\v  ttôXiv  |Li€Tpiu)ç  Kai  jiiâXXov  ttoXitikujç  f\ 

TUpOWlKUÙÇ-  Iv  T€  jàp  TOÎÇ  âXXotÇ   (piXdvGpWTTOÇ  T^V  Kttl  TTpdOÇ  Km  TOÎÇ 

à|LiapTàvou(Ti  (TuTTViwjLioviKÔç,  kqI  b^  Kai  toîç  àîrôpoiç  TrpO€Î)dv€i2:€  (l) 
XPnMûTa  TTpôç  ràç  èpTOCTiaç  (2),  Oûote  biorpéqpcaOai  T^uipTOÛvraç. 
ToÛTO  5*è7Tofei  buoîv  xàpxv,  ïva  mite  èv  xd»  dcTtei  bictrpfpwaiv,  àXXà 
bucmapjLiévoi  Kaxà  Tf\v  x^pav,  Kai  ônwç  eûnopoûvreç  tujv  jLiexpfwv  Kai 
TTpôç  TOÎÇ  ebioxç  ôvreç  junt'  èTnGujLiujm  juVire  oxoXdZuxTiv  èTri^eXeîcrOai 
Tiîiv  Koivuiv  ô^a  5è  auv€paiv€v  aÙTUj  Kai  toç  Trpoaôbouç  (3)  TÎTVcaGai 
fieiîouç  èHepTa2:o|LAévr|ç  ttJç  x^9^Ç'  èirpàrreTO  yàp  àîrô  tujv  titvô^€vujv 
bcKOTiiv.  Aiô  Kai  Toùç  Katà  bniiiouç  KaTeOKeùacTe  biKaoràç  Kai  aÙTÔç 
èJqei  TToXXdKiç  eîç  ttiv  xwpav  èmaKOTriùv  Kai  biaXùwv  toùç  biaqpepOjLié- 
vouç,  ôiTUJç  }i9\  KaxapaîvovTeç  efç  tô  doTu  TrapajLieXujm  tiûv  dxptùv. 
ToiauTTiç  xdp  Tivoç  iEôbou  tu»  TTeiaiarpdTiu  xurvo^évriç  (TujLiprivai  qpacTi 
TÔ  nepi  TÔv  èv  Tif»  'YinriTTiM  T^tupTOÛvra  tô  KXr|Gèv  uOTepov  x^Jplov 
-dTcXéç.  *  Ibibv  Ydp  Tiva  èTTi)LieXu)Ç  iréTpaç  (4)  aKdîrrovTa  Kai  èpTa2:ô|Li€- 


302  LE   MUSÉB   BELGE. 


vov,  b\à  TÔ  Gau^daai  tôv  iraîba  (5)  èKéXeu6v  épéaGai  ti  TÎTvetai  Ik  toO 
XU)piou'  ô  y  «  ôaa  KQKà  Kai  ôbùvai  »  Iqpr),  «  Kai  toùtujv  TTeiaiOtparov 
bel  Xapeîy  Tf|v  beKarriv.  «  '0  jLièv  oùv  (ïvGpujTTOç  àTreKpivaxo  aùtôv 
drvoOùv,  6  bè  TTtiaîorpaToç  ncrOeiç  bià  ttîv  TrappncTiav  Kai  Tr|v  q>tXep- 
TÎav  àreXfj  àTrdvrwv  éîroiricTev  aùtôv.  Aristotc,  Ath.  Poi„  16. 

(1)  avancer  =  leenen,  voorschieten. 

(2)  8.-€.  Tf^ç. 

(3)  revenus   -  inkomsten. 

(4)  sol  pierreux  =  steenachtige  grond. 

(5)  esclare  -^  slaaf 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (secttofis  réunies). 

Version  latine 

Heureux  choix  de  remplacement  de  Rome.  —  Rome'sligging  uitstekend  gekozen. 

Urbi  locum,  quod  est  ei,  qui  diuturnam  rem  publicam  serere 
conatur,  diligentissime  providendum ,  incredibili  opportunitate 
Romulus  delegit.  Hoc  vir  excellenti  providentia  sensit  ac  vidit,  non 
esse  opportunissimos  situs  maritimos  urbibus  eis,  quae  ad  spem 
diuturnitatis  conderentur  atque  imperii.  Primum  quod  essent  urbes 
maritimae  non  solum  multis  periculis  oppositae,  sed  etiam  caecis. 
Nam  terra  continens  adventus  hostium,  non  modo  exspectatos,  sed 
etiam  repentinos  multis  indiciis  et  quasi  fragore  quodam  et  sonitu 
ipso  an  te  dcnuntiat;  neque  vero  quisquam  potest  hostis  advolare 
terra,  quin  eum  non  modo  esse,  sed  etiam  quis,  et  unde  sit,  scire 
possimus.  Maritimus  vero  ille  et  navalis  hostis  antc  adesse  potest, 
quam  quisquam  venturum  esse  suspicari  queat;  nec  vero  quum 
venit,  prae  se  fert  aut  qui  sit  aut  unde  veniat  aut  etiam  quid  velit. 

£st  autem  maritimis  urbibus  etiam  quaedam  corruptela  ac 
demutatio  morum  :  admiscentur  enim  novis  sermonibus  ac  disciplinis, 
et  importa ntur  non  merces  solum  adventitiae,  sed  etiam  mores,  ut  . 
nihil  possit  in  patriis  institutis  manere  integrum.  Jam  qui  incolunt 
cas  urbes,  non  haerent  in  suis  sedibus,  sed  volucri  semper  spe  et 
cogitât  tone  rapîuntur  a  domo  longius;  atque  etiam  quum  manent 
corpore,  animo  tamen  excurrunt  et  vagantur. 

Sed  tamen  in  his  vitiis  inest  illa  magna  commoditas  :  et,  quod 
ubique  gentîum  est,  ut  ad  eam  urbem ,  quam  incolas,  possit 
adnate(i),  et  rursus,  ut  id  quod  agri  efferant  sui,  quascumque  velint 
in  terras  porta re  possint  ac  mittere. 

Qui    potuit    igitur    divinius    et    utilitates    complecti     maritimas 


i 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  3o3 


Romulus  et  vitia  vitare  quam  quod  urbem  perennis  amnis  et  aequa- 
bilis  et  in  mare  late  influentis  posuit  in  ripa,  quo  posset  urbs  et 
accipere  ex  mare,  quo  egeret,  et  reddere,  quo  redundaret  ? 

Cic,  Derep.,  II,  3. 

(  i)  adnare  =  arriver  par  eau,  —  over  zec  aangebracht  worden. 

N.  B.  1.  —  I.C8  élévet  ont  trois  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'écriture 
laisse  à  désirer. 

3.  —  La  traduction  du  présent  texte  peut  être  rédigée,  au  choix  des  concurrents. 
en  français  ou  en  flamand. 

Troisième.  Humanités  anciennes  (section  grecque- latine). 

Version  latine. 

Après  un  roi  guerrier,  un  roi  législateur  occupe  le  trône  de  Rome,  —  Na  eenen 
kri|ger  stijgt  een  wetgever  op  Rome*s  troon. 

Quibus(i)  quum  esse  praestantem  Numam  Pompilium  fama 
ferret ,  praetermissis  suis  civibus ,  regem  alienigenam  sibi  ipse 
populus  adscivit,  eumque  ad  regnandum ,  Sabinum  hominem, 
Romam  Curibus  (2)  accivit.  Qui  homines  Romanos  instituto  Romuli 
bellicis  studiis  ut  vidit  incensos,  existimavit  eos  paulum  ab  illa 
consuetudine  esse  revocandos.  Ac  primum  agros,  quos  bello  Romulus 
ceperat,  divisit  viritim  civibus  docuitque  sine  depopulatione  atque 
praeda  posse  eos,  colendis  agris,  abundare  commodis  omnibus; 
amoremque  eis  otii  et  pacis  injecit,  quibus  facillime*justitia  et  âdes 
convalescit,  et  quorum  patrocinio  maxime  cultus  agrorum  perceptio- 
que  frugum  defenditur. 

Idemque  Pompilius  et  auspiciis  majoribus  (3)  inventis,  ad  pristi- 
num  numerum  duo  augures  addidit,  et  sacris  e  principum  numéro 
pontifices  quinque  praefecit  ;  et  animos  propositis  legibus  his,  quas 
in  monumentis  habemus,  ardentes  consuetudine  et  cupiditate  bel- 
landi  religionum  caerimoniis  mitigavit;  omnesque  partes  religionis 
statuit  sanctissime.  Idemque  mercatus,  ludos,  omnesque  conveniendi 
causas  et  celebritates  (4)  invenit;  quibus  rébus  institutis,  ad  humani- 
tatem  atque  mansuetudinem  revocavit  animos  hominum  studiis  bel- 
landi  jam  immanes  ac  feros.  Sic  ille,  quum  undequadraginta  annos 
summa  in  pace  concordiaque  regnavisset,  excessit  e  vita,  duabus 
praeclarissimis  ad  diutumitatem  reipublicae  rébus  confirmatis,  reli- 
gione  atque  clementia.  Cic,  De  rep,.  II,  i3. 

(1)  se,  virtufe  et  sapientia. 

.  ,  ^  .  \    capitale  du  pays  des  Sabins. 

(2)  Cures,   lum  .   ^^     ^      ^i     ,      ,,        '  .  .. 

/    noofsiad  van  het  land  der  Sabijnen. 


304  LE    MUSÉE   BELGE. 


^v  *       •  t  S    réservés  aux  magistrats  supérieurs. 

(3)  Auspicla  maiora    {  .,  ^.         *^         .lj 

/    aan  de  hoogere  magistraten  voorbebouoen. 

/  V  i-  1  L   *      (   solennité. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  trois  heures  pour  fiaire  leur  travail. 

3.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  !*écrittire 
laisse  à  désirer. 

3.  —  La  traduction  du  présent  texte  peut  être  rédigée,  au  choix  des  concurrents, 
en  français  ou  en  âamand. 

Troisième,  Humanités  anciennes.  Section  latine. 
Thème  latin  (sans  dictionnaire). 

Des  devoirs  de  VEnfance.  —  Chaque  âge  a  ses  devoirs  :  ne  doutez 
pas  que  l'enfance  même  n'ait  les  siens  qui  commencent  aussitôt 
qu^elle  est  apte  à  s  instruire.  Ce  serait  ime  erreur  de  penser  qu'il 
faille  toute  la  maturité  des  ans  pour  comprendre  le  bien  et  le  mal. 
En  effet,  cette  intelligence  naît  et  croît  avec  nous,  ^éducation  (i)  et 
Texemple  la  fortifient,  mais  elle  fut  déposée  par  Dieu  au  fond  de  notre 
cœur.  Ne  craignez  donc  pas  de  trop  vous  adresser  à  la  conscience  (2)  de 
l'enfant;  craignez  bien  plutôt  de  ne  pas  Témouvoir  assez.  Il  n'est 
rien  d'utile  et  de  bon  qu'il  ne  soit  facile  de  persuader  à  la  jeunesse, 
il  n'est  pas  d'obligation  qu'on  ne  puisse  lui  rendre  aimable  et  douce. 
L'étude  même  peut  devenir  pour  elle  un  amusement  et  une  source 
de  bonheur.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  mots  d'une  langue  étrangère, 
que  l'enfant  apprend  :  ce  sont  des  idées  dont  il  nourrit  son  esprit. 
Plus  il  étudie,  plus  il  conçoit  par  lui-même  des  choses  nouvelles, 
plus  aussi  il  jouit  de  sa  raison.  Son  cœur  est  pur,  sa  vie  dégagée  de 
soins  et  d'inquiétudes,  et  il  n'aura  jamais  à  se  repentir  de  ses 
premières  années,  s'il  les  applique  à  un  travail  utile  et  quotidien. 

Latj^nsch  Tbema  (zonder  woordenbœk). 

Over  de  Plichten  der  Kindsheid.  —  ledere  ouderdom  heeft  zijne 
plichten  :  twijfel  niet  of  de  kindsheid  zelve  heeft  de  hare,  welke 
beginnen  zoodra  het  kind  tôt  leeren  bekwaam  is.  Men  zou  zich  ver- 
gissen,  mocht  men  denken  dat  gansch  de  rijpheid  der  jaren  noodig 
is  om  te  weten  wat  goed  en  wat  kwaad  is.  Die  wretenschap  wordt 
inderdaad  met  ons  geboren  en  groeit  op  met  ons.  De  opvoeding(i)  en 
het  voorbeeld  versterken  die,  maar  zij  werd  door  God  in  't  diepste 
van  ons  hart  neergelegd.  Vrees  dus  niet  's  kinds  geweien  te  veel  in 
aansptaak  te  nemen  (2)  ;  vrees  veeleer  zijn  geweten  niet  genoeg  te  roeren. 
Er  is  niets  nuttigs,  niets  goeds  waartoe  het  niet  gemakkelijk  is  de 


M 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  3o5 

jeugd  over  te  halen,  aile  verplichtingen  vermag  men  haar  beminnelijk 
en  zoet  te  maken.  De  studie  zelve  kan  voor  haar  een  vermaak  en 
eene  bron  van  geluk  worden.  Het  zijn  niet  alleen  de  woorden  eener 
vreemde  taal  welke  het  kind  aanleert  :  het  zijn  denkbeelden  waarmêe 
zijiï  geest  gevoed  wordt.  Hoe  meer  het  kind  leert,  hoe  meer  nieuwe 
dingen  het  door  zich  zelf  begrijpt  en  hoe  meer  ook  het  van  zijn  ver- 
stand  genot  heeft.  Zijn  hart  is  zuiver,  zijn  leven  vrij  van  zorgen  en 
kommemissen,  en  het  zal  nooit  zijne  jonge  jaren  te  betreuren  hebben, 
indien  het  deze  aan  een  nuttig  en  dagelijksch  werk  besteedt. 

(i)  Institutio,  —  (a)  Conscientiam  interrogare, 

N.  B    Les  élèves  ont  trois  heures  pour  faire  leur  travail. 

Rhétorique,  Humanités  modernes  (section  scientifique). 

Histoire  et  Géographie. 

I.  Montrez  que  le  xvii«  siècle  a  été,  pour  la  Belgique,  un  siècle  de 
malheur. 

II.  A  quelle  époque  et  dans  quelles  circonstances  fut  consommée 
la  ruine  politique  et  économique  de  Louvain,  Dinant  et  Bruges? 

III.  Qu'appelez- vous  principe  des  nationalités?  —  Quelle  est  son 
origine  ?  —  A  la  faveur  de  quelles  circonstances  s'est-il  développé  ?  — 
Quels  changements  l'application  de  ce  principe  a-t-elle  amenés  dans 
la  carte  de  l'Europe  du  xix«  siècle  ? 

IV.  Faites  ressortir  les  conditions  dans  lesquelles  se  trouve  le  port 
d'Anvers.  Traiter  spécialement  les  points  suivants  :  i**  situation  géo- 
graphique de  ce  port  ;  —  2»  importance  de  son  aire  commerciale  ;  — 
3*  ses  installations  et  son  outillage  ;  —  4**  son  mouvement  d'importa- 
tion et  d'exportation. 

V.  Comment  ferez-vous  pour  marquer  sur  une  sphère  tous  les  lieux 
situés  à  555  kilomètres  de  Bruxelles  ? 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  quatre  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Les  réponses  peuvent  être  rédigées,  au  choix  des  concurrents,  en  français 
ou  en  flamand. 

3.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  récriture  laissent  à  désirer. 


3o6  LE   MUSÉE   BELGE. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 


262.  —  B.  P.  Grenfell,  A.  S.  Hunt  et  E.  J.  Groodspeed,  Tk^ 

Tebtunis  Papyri.  Part.   IL  With  map  and  two  collotype   plates. 

Londres,  H.  Frowde,  1907.  45  sh. 

Les  fouilles  d'Umm-el-Baragât,  Tancienne  Teptynis,  eurent  lieu 
en  hiver  1899-1900.  Elles  furent  faites  par  MM.  Grenfell  et  Hunt, 
sous  les  auspices  de  l'Université  de  Californie,  avec  des  fonds  fournis 
par  M"  Phoebe  A.  Hearst.  Les  papyrus  provenant  de  momies  de 
crocodiles  et  datant  du  ii*  et  du  i«  siècle  avant  notre  ère  furent  publiés 
en  partie  en  1902  dans  le  volume  premier;  ils  seront  continués  dans 
le  troisième  volume.  Au  début  des  fouilles,  c'est  dans  les  maisons  de 
la  ville  antique  que  Ton  recueillit  les  papyrus  que  M  M .  Grenfell  et 
Hunt  publient  dans  ce  deuxième  volume.avec  Taide  de  M.Goodspeed, 
de  l'Université  de  Chicago.  Ils  appartiennent  presque  tous  aux  trois 
premiers  siècles  de  notre  ère.  Le  déchiffrement,  commencé  dès  1900 
par  M.  Goodspeed,  fut  continué  en  1904  par  MM.  Grenfell  et 
Hunt,  et  rimpression  fut  commencée  dès  lors. 

Les  fragments  littéraires  (n^»  265-278)  ne  sont  pas  importants.  Un 
seul  fait  exception  :  ce  sont  106  lignes,  malheureusement  mutilées, 
du  Beîlum  Trojanum  de  Dictys  de  Crète,  dont  nous  n'avions  qu'une 
traduction  latine  (publiée  par  F.  Meister,  chez  Teubner,  1872)  Le 
reste  sont  des  fragments  de  l'Iliade,  de  Démosthène,  Defaîsa  lega- 
tione,  des  fragments  médicaux,  astronomiques,  astrologiques  et  une 
formule  magique. 

Les  documents  occupent  la  plus  grande  partie  du  volume.  Viennent 
d'abord  quelques  pièces  de  l'époque  ptolémaïque,  puis  140  documents 
de  l'époque  impériale  suivis  d'une  description  sommaire  de  265  pièces 
non  reproduites.  Beaucoup  de  ces  documents  ressemblent  à  ceux  que 
nous  connaissons,  mais  il  y  en  a  aussi  qui  sont  entièrement  nouveaux. 

Nous  ne  pouvons  les  passer  tous  en  revue  et  nous  devons  nous 
borner  à  en  signaler  quelques-uns.  Au  no3i6,  nous  trouvons  une 
série  de  déclarations  faites  par  écrit  et  sous  la  foi  du  serment,  par  des 
éphèbes  d'Alexandrie.  Elles  sont  toutes  datées  de  la  y  année  de 
Trajan  (an  99)  et  rédigées  d'après  une  formule  uniforme.  L'éphèbe 
donne  son  nom,  sa  tribu,  son  dème,  le  numéro  de  sa  symmorie  et  le 
nom  de  son  symmoriarque;  puis  il  certifie  qu'il  a  été  admis  seize  ans 
auparavant  parmi  les  éphèbes  et  dans  la  symmorie  indiquée,  qu'il  n  y 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3oy 


a  pas  eu  de  fraude,  qu'il  a  reçu  un  certificat  officiel;  ensuite  il  dit  si 
sa  mère  jouit  du  droit  de  cité  romaine  ou  alexandrine,  il  indique  sa 
profession,  son  âge,  ses  marques  distinctives  ;  enfin  il  s'engage  à 
notifier,  le  cas  échéant,  son  changement  de  domicile  au  symmoriarque 
et  il  indique  sa  résidence  actuelle.  Cette  pièce  est  d'une  importance 
capitale  pour  l'étude  de  Téphébie  alexandrine. 

Au  no  285,  nous  avons  un  rescrit  de  Gordien,  qui  déclare  que 
l'omission  de  l'inscription  des  enfants  à  l'état  civil  ne  suffit  pas  pour 
les  rendre  illégitimes  (Cod.  Just.^  7,  16,  i5). 

Vingt-cinq  documents  cuncement  les  prêtres  de  Soknebtunis 
{nos  29i-3i5)  ;  ils  jettent  un  jour  nouveau  sur  les  relations  des  temples 
avec  l'État  à  l'époque  romaine. 

Trente-cinq  documents  sont  relatifs  aux  impôts  (n^  336-37 1).  On 
sait  que  nulle  part  on  ne  trouve  une  variété  d'impôts  aussi  grande 
que  dans  l'Egypte  ancienne.  Ces  nouveaux  documents  apportent  des 
renseignements  nouveaux  sur  leur  nature  et  leur  perception.  En 
appendice  (p.  339),  les  auteurs  publient  le  papyrus  372  du  British 
Muséum,  encore  inédit,  qui  fournit  également  des  détails  nouveaux 
sur  le  montant  de  certains  impôts. 

Parmi  les  contrats,  nous  distinguerons  deux  nouveaux  contrats 
d'apprentissage.  Dans  l'un,  de  l'an  10  après  J.-C,  un  jeune  garçon 
nommé  Pasion  est  placé  chez  un  tisserand  pour  un  an.  L'autre  est 
de  Tan  117  :  une  mère  fait  apprendre  le  même  métier  à  son  fils.  Ces 
deux  contrats  sont  à  ajouter  aux  cinq  pièces  du  même  genre  que 
nous  possédions. 

Dans  un  appendice  important  (pp.  343-425),  les  auteurs  ont  dressé 
une  liste  des  noms  de  lieux  du  Fayoum,  destinée  à  compléter  celle 
que  Wessely  a  donnée  dans  sa  Topographie  des  Faijûm  (Denkschr. 
d.  k.  Akad.  in  Wien,  1904).  Enfin,  les  tables  détaillées  occupent 
60  pages  :  elles  groupent  alphabétiquement  les  renseignements  de 
toute  nature  que  contient  le  volume.  J.  P.  W. 

263.  —  ESmlliO  Costa,  Storia  del  diritto  romano  puhbîico,  Florence, 
G.  Barbera,  1906.  Un  vol.  in-i8  de  xiv-334  pages.  2  fr.  5o.  (Ma- 
fiuali  Barbera  di  scienze  giuridiche,  sociali  e  politiche,  N°  VII), 
En  dépit  du  titre  qu'il  porte,  ce  nouvel  ouvrage  du  savant  profes- 
seur de  r Université  de  Bologne  ne  comprend  en  réalité  que  l'histoire 
de  la  constitution  politique  de  Rome.  L,ejus  publicum,  en  effet,  n'y  est 
étudié  que  dans  son  sens  rigoureusement  propre  et  technique,  en 
opposition  avec  le  jus  privatum^  c'est-à-dire   comme  l'ensemble  des 
règles  juridiques  relatives  à  l'organisation,  au  gouvernement  et  à 
l'administration  de  l'État.  Or  à  Rome,  l'existence  même  de  l'État 


3o8  LE   MUSÉE   BELGE. 


impliquait  nécessairement  trois  éléments  fondamentaux  :  le  peuple 
considéré  au  moins  théoriquement  comme  le  dépositaire  de  la  souve- 
raineté, le  sénat  dont  la  collaboration  est  exigée  pour  la  validité  des 
décisions  des  comices  populaires,  les  magistrats  qui  sont  investis  du 
pouvoir  exécutif.  C'est  donc  à  retracer  les  vicissitudes  par  lesquelles 
ces  trois  éléments  ont  passé  et  à  étudier  leurs  rapports  réciproques 
que  M.  Costa  a  borné  sa  tâche. 

En  restreignant  ainsi  de  propos  délibéré  le  cadre  de  son  manuel, 
il  lui  assurait  l'avantage  d'un  plan  aussi  simple  que  méthodique.  La 
matière  y  est  en  effet  répartie  en  cinq  livres  qui  correspondent  aux 
principales  périodes  de  l'histoire  romaine  :  les  Origines  (pp.  45*61),. 
la  République  jusqu'à  la  guerre  sociale  (pp.  63-2o3),  le  dernier  siècle 
de  la  République  (pp.  205-262),  l'Empire  (pp.  263-3o3),  la  constitu- 
tion de  Dioclétien  et  de  Constantin  (pp.  3o5  324). 

Le  volume  s'ouvre  par  une  Introduction  générale  (pp.  1-43),  à 
laquelle  l'auteur  a  donné  un  développement  relativement  considérable; 
c'en  est  du  reste  une  des  parties  les  plus  intéressantes  et  les  plus 
originales.  On  y  trouve  d'abord  un  aperçu  sommaire  des  sources 
anciennes  auxquelles  doit  puiser  Thistorien  du  droit  public  :  textes 
littéraires,  juridiques  et  épigraphiques,  monnaies,  pap3rrus,  monu- 
ments figurés;  puis,  une  revue  critique  de  la  littérature  du  sujet, 
depuis  les  compilations  des  antiquaires  du  xv«  siècle  jusqu'au  Staats 
recht  de  Mommsen.  Les  jugements  portés  par  M.  Costa  sur  les 
travaux  de  ses  devanciers  paraissent  généralement  équitables  et 
suffisamment  motivés.  Je  pense  cependant  qu'il  n'a  pas  assez  mis  en 
relief  Timportance  de  l'œuvre  de  Louis  de  Beaufôrt  ;  dans  sa  célèbre 
Dissertation  (qui  n'est  même  pas  signalée),  l'érudit  français  appliquait 
pour  la  première  fois  d'une  façon  systématique  les  règles  de  la  cri- 
tique historique  aux  traditions  plus  ou  moins  légendaires  qui  encom- 
braient le  champ  des  annales  de  Rome,  et  par  là- même  il  ouvrait  la 
voie  à  l'étude  scientifique  de  l'histoire  romaine  tout  entière,  tant  in- 
terne qu'externe  ;  au  reste,  il  y  abordait  aussi  l'examen  de  plusieurs 
problèmes  intéressant  directement  le  droit  public,  comme  par  exemple 
le  nombre  des  tribus,  l'origine  de  la  dictature,  de  la  questure  et  du. 
tribunat  de  la  plèbe. 

C'est  une  tâche  malaisée  et  périlleuse  que  celle  de  retracer  la  physio- 
nomie exacte  de  la  constitution  de  l'époque  royale  :  M .  Costa  s'en  est 
acquitté  avec  un  rare  bonheur  ;  je  note  particulièrement  le  parti  très 
habile  qu'il  a  su  tirer  de  l'étude  des  survivances  constatées  aux  temps 
historiques  et  de  la  comparaison  avec  les  institutions  primitives 
d'autres  peuples  indo-européens,  placés  dans  des  conditions  analogues 
de  développement.  L'auteur  se  sépare  nettement  ici  des  tenants  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Sog^ 


l'école  h3rpercritîque,  qui  dénient  toute  valeur  au  témoignage  de  la 
tradition  et  ne  la  considèrent  que  comme  le  produit  artificiel  de 
combinaisons  et  de  falsifications  de  Tépoque  récente.  A  cet  égard, 
l'attitude  prise  par  M.  Costa  mérite  d'être  signalée  ;  elle  montre  que 
le  mouvement  de  réaction  inauguré  en  Italie,  il  y  a  quelques  années, 
contre  les  exagérations  de  certains  disciples  de  Mommsen,  continue 
à  rallier  de  précieuses  adhésions. 

Le  livre  consacré  aux  institutions  de  la  République  est  de  loin  le 
plus  important  de  l'ouvrage;  M.  Costa  en  décrit  avec  autant  et  pré- 
cision que  d^exactitude  le  mécanisme  compliqué  et  délicat.  Par  une 
innovation  dont  il  convient  de  le  féliciter,  il  s'occupe  dans  un  livre 
spécial  des  multiples  changements  qui  s'introduisent  dans  la  consti- 
tution romaine  à  la  faveur  des  luttes  civiles  du  dernier  siècle  et 
qui  finissent  par  amener,  sous  l'étiquette  fallacieuse  de  dictature, 
l'établissement  d'une  véritable  monarchie  militaire  de  caractère  ab- 
solutiste. 

Par  contre,  la  constitution  impériale  n'est  étudiée  par  M.  Costa  que 
d'une  façon  sommaire,  dans  ses  lignes  principales.  Mais  il  n'a  rien 
oublié  d'essentiel,  et  son  esquisse  suffit  à  montrer  que,  contrairement 
à  l'opinion  défendue  par  Mommsen  et  Willems,  le  régime  instauré 
par  Auguste  et  ses  successeurs  immédiats  «  n'a  que  les  apparences 
d'une  dyarchie  ;  en  réalité,  les  pouvoirs  souverains  y  sont  déjà  con- 
centrés entre  les  mains  du  prince  ;  sur  la  scène  politique,  les  comices 
et  le  sénat  lui-même  ne  remplissent  désormais  que  le  rôle  accessoire 
de  figurants  sans  importance  véritable. 

En  élaborant  ce  petit  manuel,  M.  Costa  —  est- il  nécessaire  de 
rajouter?  —  n'a  pas  eu  la  prétention  de  renouveler  notre  connais- 
sance des  institutions  politiques  de  Rome  ;  c'est  un  but  plus  modeste 
qu'il  s'est  assigné.  Il  a  voulu  fournir  aux  juristes,  aux  économistes, 
aux  historiens,  comme  aussi  au  grand  public  cultivé,  une  synthèse 
rapide,  mais  cependant  fidèle  et  suffisamment  complète,  des  prin- 
cipaux résultats  auxquels  ont  abouti  les  récentes  études  sur  le  droit 
public  romain.  C'est  dans  cette  préoccupation  qu'il  faut  chercher 
l'explication  et  la  justification  des  procédés  d'exposition  adoptés  par 
l'auteur.  Indépendamment  de  la  bibliographie  générale  donnée  dans 
l'Introduction,  il  a  fait  précéder  chaque  chapitre  de  l'indication  des 
travaux  modernes  qu'il  convient  de  consulter  ;  mais  dans  le  cours 
de  son  ouvrage,  il  évite  systématiquement  d'examiner,  voire  même 
de  signaler,  les  innombrables  controverses  que  soulèvent  le  désaccord^, 
l'obscurité  ou  l'incertitude  des  sources  anciennes.  Quant  à  ces 
sources  elles-mêmes,  l'auteur  prend  soin  d'y  renvoyer  souvent  le  lec- 
teur et  d'ordinaire  il  reproduit  en  note  les  textes  les  plus  importants; 


3lO  LE   MUSÉE    BELGE. 


mais  ici  encore,  il  ne  signale  que  les  passages  qui  corroborent  Topi- 
nion  à  laquelle  il  s*est  arrêté  et  il  passe  les  autres  sous  silence.  On 
n'aperçoit  que  trop  les  inconvénients  de  celte  méthode,  et  il  est  inu- 
tile d'y  insister  ;  ils  sont  en  quelque  sorte  inévitables  et  constituent  la 
rançon  obligée  des  avantages  très  réels  que  les  ouvrages  de  ce  genre 
possèdent  à  d'autres  points  de  vue. 

Au  reste,  j'ai  hâte  d  ajouter  que  les  spécialistes  eux-mêmes  ne 
consulteront  pas  sans  profit  ce  petit  volume.  Ils  y  rencontreront  des 
aperçus  originaux,  des  conjectures  ingénieuses,  des  considérations 
judicieuses  et  profondes.  Ils  regretteront  sans  doute  que  M.  Costa 
ait  été  empêché  de  les  mettre  à  même  de  contrôler  toutes  ses  asser- 
tions, de  connaître  et  de  peser  ses  arguments,  de  discuter  ses  hypo- 
thèses ;  ils  se  consoleront  à  la  pensée  que  le  savant  auteur  du  Corso  di 
storia  del  diritto  romane  se  trouve  moralement  engagé,  par  la  publica- 
tion de  ce  manuel,  à  reprendre  dans  un  traité  approfondi  l'histoire  de 
la  constitution  romaine  et  à  faire  bénéficier  ainsi  leurs  études  de  pré- 
dilection des  ressources  de  sa  science  et  de  son  érudition. 

Léon  Halkin. 

264,  —  E  Espérandieu,  Recueil  général  des  has-reliefs  de  la  GauU 
romaine.  Tome  l'r.  Alpes  maritimes.  Alpes  cottiennes.  Corse.  Nar- 
bonnaise.  Paris,  Impr.  nat.,  1907.  Chez  Leroux,  rue  Bonaparte 
128.  25  frs, 

tt  Quel  dommage,  disait  il  y  a  une  douzaine  d'années,  M.  Camille 
Jullian,  que  nous  ne  possédions  pas  un  catalogue  complet  de  toutes 
les  sculptures  gallo-romaines,  statues  et  bas-reliefs,  religieuses  et 
civiles,  politiques  et  funéraires,  conservées  en  si  grand  nombre  dans 
nos  musées  provinciaux  !  Quel  plus  grand  dommage  encore  qu  on 
n  en  publie  pas,  avec  reproductions,  un  Corpus  détaillé,  analogue  à 
celui  que  M .  Le  Blant  a  donné  pour  les  sarcophages  chrétiens  !  On 
aurait  là  une  merveilleuse  collection,  unique  peut-être,  pour  l'histoire 
de  nos  antiquités  nationales.  Les  musées  de  Sens,  de  Langres, 
d'Épinal,  de  Bordeaux,  d'Arlon,  de  Trêves  et  bien  d'autres,  sans 
parler  de  ceux  du  Midi,  renferment  encore  des  trésors  inexplorés  de 
nos  archéologues.  Ceux  d'entre  eux  qui  s'occupent  d'archéologie 
romaine  trouveraient  dans  un  recueil  de  ce  genre,  pour  les  métiers, 
les  costumes,  les  instruments,  des  détails  que  ne  leur  offrent  pas  les 
musées  de  Rome  et  de  Naples.  Les  amis  des  choses  gauloises  ver- 
raient revivre  nos  ancêtres  dans  leurs  croyances,  leurs  professions, 
leurs  maladies  et  leurs  luttes  pour  la  fortune,  et  ceux-là  surtout  de 
nos  ancêtres  dont  parlent  peu  les  textes  et  les  inscriptions,  les  gens 
de  métier,  les  petits  et  les  déshérités.  » 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3ll 


M.  Espérandieu  reproduit  ces  mots  dans  son  Introduction  et  ils 
expliquent  fort  bien  Tutilité  de  la  grande  entreprise  à  laquelle  il  con- 
sacre ses  efforts.  L'ouvrage  comprendra  cinq  volumes  in-40.  Le 
premier  volume,  que  nous  avons  sous  les  yeux,  a  490  pages  in-4<*  et 
contient  une  description  de  835  bas- reliefs,  reproduits  par  la  simili- 
gravure. Les  Alpes  maritimes,  les  Alpes  cottiennes  et  la  Corse  n'ont 
fourni  que  les  23  premiers  ;  le  reste  appartient  à  la  Narbonnaise.  Le 
Corpus  des  inscriptions  latines  a  servi  de  modèle  pour  le  plan  :  comme 
dans  le  Corpus  des  inscriptions  latines,  M.  Espérandieu  a  cru,  avec 
infiniment  de  raison,  qu'il  fallait  tout  donner,  parce  que  tout  bas- 
relief  peut  avoir,  à  un  moment  donné,  son  intérêt  ;  qu'il  fallait  suivre 
Tordre  géographique  et  rendre  aussi  sobre  que  possible  le  texte  qui 
accompagne  chaque  sculpture.  Les  discussions  sont  du  ressort  des 
monographies  archéologiques.  Il  nous  donne  donc  les  indications 
suivantes  :  origine,  place  actuelle,  nature  de  la  pierre,  dimensions, 
bibliographie,  puis  la  reproduction  avec  une  courte  description.  Nous 
ne  pouvons,  même  sommairement,  dresser  ici  la  liste  des  richesses 
que  nous  offre  M.  Espérandieu  et  qui  feront  la  joie  des  archéologues 
et  des  historiens  de  l'art  gallo-romain  Nous  lui  souhaitons,  dans 
notre  intérêt,  de  mener  à  bonne  fin,  et  le  plus  rapidement  possible, 
cette  vaste  et  belle  entreprise.  J.  P.  W. 

265.  —  The  University  of  Chicago,  Studies  in  classical  philology.  Vol.  IV. 

Chicago.  Univ.  Press.  1907. 

Ce  volume  contient  deux  travaux  intéressants,  l'un  sur  la  Sandae 
Silviac  Peregfinatio  par  E.  A.  Bechtel,  l'autre  sur  l'administration 
civile  et  militaire  du  Norique  et  de  la  Rétie  par  Mary  B.  Peaks. 

La  Pcregrinaiio  ad  Loca  Sancta  fut  découverte  à  Arezzo  et  publiée 
par  Gamurrini  en  1887.  Elle  fut  reprise  dans  le  Corpus  script,  eccl,  par 
P.  Geyer  en  1898.  Ce  voyage  à  Jérusalem  fut  écrit  vers  la  fin  du 
IV*  siècle  par  une  femme,  sainte  Silvie  d'Aquitaine  :  c'est  du  moins 
ce  qu'on  admet  généralement  avec  le  premier  éditeur.  Son  intérêt  est 
à  la  fois  topographique,  historique  et  grammatical.  C'est  à  ce  dernier 
point  de  vue  que  se  place  M.  Bechtel.  L'auteur  raconte  son  voyage 
dans  la  langue  parlée  de  son  temps  ;  elle  écrit  comme  elle  parlait  et 
l'on  se  rendra  aisément  compte  de  l'importance  d'un  pareil  ouvrage 
pour  l'histoire  de  la  langue  et  de  la  grammaire  latine.  M.  Bechtel  a 
trouvé  insuffisantes  les  éditions  de  Gamurrini  et  de  Geyer  qui  ne 
concordent  pas  et  il  commence  par  donner  une  édition  nouvelle, 
d'après  une  collation  soigneuse  de  Tunique  manuscrit  faite  pour 
lui  par  M.  Washbum.  Il  a  tâché  de  reproduire  exactement  le  ms. 
et  son  apparat  critique  indique  les  différences  qui  séparent  son  texte 


3l2  '  LE    MUSÉE  BELGE. 


de  ceux  de  ses  prédécesseurs.  D'après  ce  texte  nouveau,  il  étudie 
ensuite  (pp.  /S-i 57)  toutes  les  particularités  qu'il  présente  :  ortho- 
graphe et  prononciation,  formation  des  mots,  déclinaison  et  conju- 
gaison, syntaxe,  enfin  le  style  et  le  vocabulaire.  Les  historiens  de  la 
langue  latine  et  ceux  des  langues  romanes  trouveront  une  ample 
moisson  à  faire  dans  ce  travail  consciencieux  et  complet. 

M"«  Mary  B.  Peaks  a  entrepris  une  Histoire  du  Norique  et  de  la 
Rétie  et  elle  nous  donne  ici  les  chapitres  II  et  III  de  son  étude, 
ceux  qui  traitent  des  gouverneurs  et  de  Tarmée  jusqu'à  l'époque  de 
Constantin.  C'est  une  étude  principalement  épigraphique.  L'auteur 
a  réimi  les  matériaux  avec  un  soin  méticuleux  et  les  a  classés  avec 
ime  grande  clarté,  complétant  les  renseignements  épigraphiques  par 
les  textes  littéraires  :  c'est  le  mérite  de  son  travail.  Il  lui  reste  à 
écrire  l'histoire  administrative  et  militaire  de  ces  deux  provinces 
d'après  ces  matériaux.  Elle  est  d'ailleurs  au  courant  de  tout  ce  qu'on 
a  publié  sur  l'administration  des  provinces  romaines  et  nous  souhai- 
tons que  son  travail  complet  paraisse  bientôt.  J.  P.  W. 

266.  —  W.  M.  Lindsay,  Syntax  of  Plautus.  Oxford,  J.  Parker, 

1907,  i3g  pp.  (St  Andrews  Univ.  Publ.,  n®  IV). 

C'est  encore  l'ouvrage  de  Holtze,  publié  en  186 1  (Syntaxis  priscorum 
scriptorum  laiinorum  usque  ad  Terentium.  Leipzig)  qu'il  faut  consulter  si 
Ton  étudie  la  syntaxe  latine  de  l'époque  archaïque.  Or,  en  1861,  le 
texte  des  auteurs  antérieurs  à  l'époque  classique  n'était  pas  établi.  Il 
est  vrai  que,  depuis  lors,  il  a  paru,  en  Allemagne  surtout,  une  quan- 
tité énorme  de  dissertations  spéciales  :  c'est  une  raison  de  plus  pour 
que  le  travail  d'ensemble  de  Holtze  soit  repris  et  refondu.  M.  Lindsay, 
bien  connu  par  ses  ouvrages  sur  la  Langue  latine  et  sur  Plante,  dont 
il  a  donné  une  édition,  nous  offre  une  Syntaxe  de  Plante  où  il  tient 
compte  de  Térence  et  des  débris  de  littérature  archaïque.  Mais 
comme  le  titre  l'indique,  c'est  bien  de  la  syntaxe  de  Plante  quil 
traite  avant  tout  :  le  reste  ne  vient  qu'à  titre  de  comparaison.  Le 
plan  est  simple  :  après  avoir  traité  de  la  syntaxe  d'accord  et  de 
l'emploi  des  cas,  il  passe  en  revue  les  constructions  qui  concernent 
l'adjectif,  le  pronom,  le  verbe,  l'adverbe,  la  préposition,  la  conjonc- 
tion, l'interjection.  L'exposé  est  sobre,  précis,  exact  ;  les  exemples 
sont  bien  choisis,  mais  en  petit  nombre  ;  la  bibliographie  est  réduite 
au  nécessaire  (l'auteur  cite  l'ouvrage  principal  et  le  plus  récent  sur 
chaque  question).  C'est  ainsi  que  M.  Lindsay  a  pu  résumer  en 
i35  pages  tout  ce  qu'il  y  a  d'essentiel  à  dire  sur  la  syntaxe  de  Plante. 
Partout  on  reconnaît,  non  seulement  un  savant  qui  a  tout  lu,  mais 
qui  connaît  son  Plante  à  fond  et  qui  s'est  fait  sur  chaque  question 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  *         3l3 


une  opinion  personnelle.  Ce  ne  sont  pas  seulement  les  lecteurs  de 
Plaute,  mais  encore  tous  ceux  qui  s'occupent  de  grammaire  latine 
<IVLÏ  seront  reconnaissants  à  M.  Lindsay  :  il  a  admirablement  montré 
<}ue  beaucoup  de  constructions  classiques  ne  peuvent  s'expliquer  que 
si  Von  remonte  à  l'époque  archaïque  (i).  ]•  P*  Waltzing. 

267.  —  Li.  Delaruelle,  Guillaume  Budé  (1468-1540).  Les  origines» 

les  débuts,  les  idées  maîtresses.  Paris,  Champion,  1907.  (Bibl,  de 

r École  des  Hautes  Études.  Fasc.  162). 

C'est  un  modèle  de  thèse  humanistique  que  vient  de  publier 
M.  Delaruelle.  Cette  étude  est  basée  sur  une  connaissance  très 
approfondie  de  l'auteur.  M.  Delaruelle  a  lu  et  étudié  avec  une 
patience  inlassable  les  traités  volumineux  de  Budé,  dont  le  style 
lourd  et  obscur  rebuterait  les  plus  intrépides  et  il  en  a  extrait  tout  ce 
•qui  peut  intéresser  l'histoire  de  la  Renaissance  française  à  ses  débuts. 

Il  a  examiné  successivement  dans  Budé  l'homme,  le  chrétien,  le 
patriote.  Budé  n'a  pas  les  enthousiasmes  exubérants  des  humanistes 
italiens  pour  la  civilisation  antique.  Il  ne  pousse  pas  l'amour  de  la 
philosophie  païenne  jusqu'à  vivre  en  païen  et  à  rejeter  à  l'arrière- 
plan  la  religion  et  la  morale  chrétiennes.  Sa  sagesse  encyclopédique 
a  pour  fin  et  pour  couronnement  l'explication  sûre  des  Saintes- 
Écritiu-es. 

Sa  prédilection  pour  l'éloquence  cicéronienne  ne  l'entraîne  pas 
à  se  griser  de  belles  phrases  et  à  localiser  étroitement  dans  des 
exercices  de  style  tout  le  profit  qu'on  peut  retirer  des  études  antiques. 
Au  contraire,  ce  sont  des  faits  que  Budé  demande  aux  auteurs,  il 
veut  qu'on  les  comprenne  avant  qu'on  les  goûte,  il  attire  l'attention 
des  érudits  vers  les  problèmes  que  la  civilisation  antique  soulève  et, 
dans  ce  but,  il  commente  les  écrivains  qui  sont  les  porte- voix  de  cette 
civilisation.  Beaucoup  plus  logique  que  les  Italiens,  il  cherchera  à 
fusionner  les  idées  antiques  avec  les  conceptions  modernes,  loin  de 
vouloir  reculer  de  seize  siècles  et  jeter  dans  un  moule  antique  im 
monde  diamétralement  opposé. 

M.  Delaruelle  l'a  bien  remarqué,  mais  nous  aurions  voulu  qu'il  fît 


(1)  Citons  des  exemples  :  lo  le  supin.  Plaute  dit  encore  spectatum  eo,  spectatu 
redeOf  spectatui  pulcher,  Cest  le  nom  verbal  en  tus  décliné.  La  langue  classique  n*a 
conservé  que  l'accusatif  et  Tablatif,  que  les  grammairiens  ont  appelés  supin  actif  et 
passif.  2®  quominus,  Plaute  dit  quo  magis  dans  une  proposition  affirmative  et  quo 
minus^  dans  une  proposition  négative  :  quo  magis  credas^  quo  nuptiae  fiant  minus* 
La  langue  classique  n'a  conservé  (\\ie  quominus,  —  Ajoutons  que,  pour  M.  Lindsay, 
le  latin  de  Plaute  n'est  pas  le  latin  vulgaire,  mais  la  langue  que  parlaient  les 
Romains  bien  élevés  de  son  temps,  la  langue  de  la  bonne  société. 


3l4         .  LE    MUSÉE   BELGE. 


ressortir  davantage  cette  distinction  essentielle  :  Budé  n'est  pas  un 
promoteur  de  la  Renaissance,  purement  artistique  ou  esthétique  ;  il 
est  un  humaniste  précurseur  de  la  civilisation  moderne  :  c'est 
l'Érasme  français. 

Budé  est  aussi  im  patriote  ;  il  aime  la  France,  il  revendique  pK>ur 
elle  rhonneur  d'occuper  le  même  rang  que  T  Italie  dans  la  république 
des  lettres.  Les  Italiens  ne  seront  plus  seuls  les  ûls  et  les  successeurs 
des  Romains  ;  il  faut  en  finir  avec  leur  prétendue  supériorité  sur  les 
<f  barbares  »  transalpins. 

Nous  avons  dit  plus  haut  que  Budé  est  TÉrasme  français.  Ce 
sont  les  mêmes  attaques  contre  la  philosophie  tant  scolastique 
qu'averroïste,  contre  les  moines  ignorants  et  les  théologiens,  contre 
les  juristes  ignares  glossateurs  et  bartolistes,  contre  le  jargon  barbare 
et  inintelligible  etc.  Mais  est-ce  la  même  causticité,  la  même  ironie, 
la  même  largeur  de  vues,  la  môme  finesse,  la  même  perspicacité,  la 
même  audace  peut  être  risquée,  le  même  style  enjoué  et  badin  ?  On 
n'aperçoit  rien  de  tout  cela  dans  Budé.  Bien  des  questions  brûlantes 
de  son  temps  paraissent  lui  avoir  échappé,  ou  au  moins,  ne  pas 
ravoir  frappé  J'en  conclurais  que  Budé  fut  un  grand  savant  (il  suffit 
pour  s'en  convaincre  de  lire  Tétude  très  minutieuse  que  M.  Delanielle 
a  consacrée  aux  Annotatioiis  sur  les  Pandedes  et  au  de  Asse)^  mais  un 
petit  esprit  (i). 

Ce  que  M.  Delaruelle  a  réussi  à  mettre  en  relief,  ce  sont  les 
services  de  Budé  particulièrement  pour  la  connaissance  du  grec,  en 
montrant  que  la  littérature  ancienne  n'avait  guère  le  chance  de 
prendre  pied  en  France  sous  ses  prédécesseurs,  Lefèvre  d'Étaples, 
Gaguin  et  d'autres. 

Budé  apparaît  vraiment  comme  le  restaurateur  attitré  des  études 
antiques  en  ce  pays. 

Aussi,  attendons -nous  avec  impatience  la  seconde  partie  de  l'étude 
sur  Budé  et  la  grande  étude  sur  l'humanisme  français  dont  le  présent 
ouvrage  p'est  qu'une  esquisse,  mais  une  esquisse  brillante. 

Th.  Simar. 

(i)  J'ajoute  une  petite  remarque  bibliographique.  M.  Delaruelle  rend  longuement 
compte  des  mérites  de  Budé  pour  Tinterprétation  de  Pline  le  Naturaliste.  Je  signale 
à  ce  propos  une  édition  rare  et  curieuse  de  Pline  où  figurent  les  annotations  de 
Budé.  Elle  fut  imprimée  à  Paris  en  i5i6  chez  Regnault  Chaudière,  4*\  avec  les 
remarques  de  Sabellicus,  de  Beroaldus,  d'hraame,  de  Budé,  de  Longueil  et  d'autres. 
Elle  se  trouve  à  la  Bibl.  Mazarine,  n»  3872. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3i5 


'  Langues  et  Littératures  romanes. 

268-269.  —  J.  Bitter  et  P.  Valkhoff,  Vers  et  prose.  Ckrestomathie 
des  poètes  et  des  prosateurs  français,  illustrée  de  24  portraits.  Première 
partie.  Des  Serments  de  Strasbourg  à  Fénelon,  1  vol.  in-8.  255  p. 
Deuxième  partie.  De  Le  Sage  àVerhaeren.  i  vol.  in-8.  440  p.  Zwolle, 
W.  E.  L  Tjeenk  Willink,  1907.  i  fl.  40  et  i  fl.  90. 
XjBS  mêmes.  Précis  de  Vhistoire  de  la  littérature  française.  1  vol.  in-8. 
117  p.  I  fl. 

Dire  que  la  Ckrestomathie  de  MM.  Bitter  et  Valklioff  réalise  Tidéal 
serait  excessif,  et  nous  aurons  quelques  critiques  à  formuler  à  son 
sujet;  elle  constitue  toutefois  une  œuvre  de  grand  mérite,  qui  initiera 
les  élèves  aux  beautés  des  lettres  françaises  et  leur  fournira  le  moyen 
de  se  faire  une  idée  assez  nette  des  principaux  auteurs,  en  leur  met- 
tant sous  les  yeux,  soit  des  morceaux  isolés  qui  forment  un  tout,  soit 
des  fragments  étendus,  reliés  entre  eux  par  un  résumé  succinct  des 
parties  omises.  Quant  au  Précis,  malgré  certaines  lacunes  inévitables, 
et,  en  particulier,  malgré  l'absence  d*une  table  des  matières  et  d'une 
liste  des  auteurs  et  des  œuvres,  il  constitue  un  manuel  clair,  simple, 
propre  à  guider  et  à  soutenir  les  élèves  dans  une  étude  délicate  et 
complexe,  mais  qui,  bien  comprise  et  intelligemment  conduite,  pro- 
duirait d'heureux  résultats. 

Ce  n'est  pas  le  moindre  mérite  des  auteurs  de  la  chrestomathie  que 
d'avoir  réservé  une  place  importante  à  la  littérature  du  moyen  âge  et 
du  XVI*  siècle,  d'y  avoir  choisi  les  œuvres  les  plus  caractéristiques 
parmi  lesquelles  je  regrette  toutefois  de  ne  pas  voir  figurer  la  Conquête 
de  Constantinople  par  Villehardouin  (Les  croisés  à  Venise  —  L'arrivée 
à  Constantinople),  et  de  s'être  bornés,  selon  le  système  suivi  par 
MM.  Clédat  et  Faguet,  à  rajeunir  les  œuvres  plutôt  que  de  les  tra- 
duire en  français  moderne. 

MM.  Bitter  et  Valkhoff  ont  cru  devoir  reproduire  de  longs  frag- 
ments des  tragédies  de  Corneille  et  de  Racine  et  des  comédies  de 
Molière.  C'est  un  tort  selon  moi.  Corneille,  Racine,  Molière  sont 
dans  toutes  les  mains,  partout  il  en  existe  des  éditions  classiques,  et 
récemment  M.  Fr.  Klincksieck  publiant  à  Leipzig  une  excellente 
Ckrestomathie  det  franiôsiscketi  Liieratur  des  ly.  Jakrkunderts  justifiait 
par  le  grand  nombre  d'éditions  classiques  existantes  l'exclusion  des 
grands  dramaturges  du  xvii®  siècle.  Les  65  pages  que  MM.  Bitter  et 
Valkhoff  leur  consacrent  auraient  pu  être  réservées  à  d'autres  écri- 
vains, à  Bossuet  qui  n'est  représenté  que  par  deux  courts  fragments 
des  oraisons  funèbres  de  Condé  et  de  la  duchesse  d'Orléans,  aux 
autres  orateurs  de  la  chaire  dont  il  n'est  pas  fait  mention. 


3l6  LE   MUSÉE   BELGE. 


Parfois  les  auteurs  se  sont  départis  de  la  règle  qu*ils  s'étaient 
imposée  dès  le  début  de  faire  précéder  les  extraits  reproduits  de 
l'analyse  de  Tœuvre  à  laquelle  ils  appartiennent  ;  il  en  est  ainsi  pour 
Calvin,  pour  Bossuet,  pour  Montesquieu,  pour  Mad.  de  Staël,  pour 
les  historiens  du  xix*  siècle,  et  Tinconvénient  est  d'autant  plus  sen- 
sible que  les  textes  signalés  ne  sont  précédés  d'aucune  notice  sur  les 
écrivains.  En  effet,  la  chrestomathie  ne  comprend  que  les  textes;  les 
notices  biographiques  et  littéraires  ainsi  que  les  vues  d'ensemble  sur 
le  développement  de  la  littérature  sont  renvoyées  au  Précis  dont 
MM.  Bitter  et  Valkhoff  font  l'indispensable  complément  du  recueil. 
Ce  système,  assez  fréquemment  adopté  en  Allemagne,  ne  me  paraît 
pas  présenter  beaucoup  d'avantages.  L'étude  des  œuvres  littéraires 
ofiBre  plus  d'intérêt  pour  l'élève  et  devient  plus  fructueuse  lorsqu'une 
notice  simple,  claire,  concise,  qui  caractérise  l'écrivain  et  apprécie 
son  œuvre»  accompagne  les  fragments  dont  le  choix  a  été  fait  pour 
justifier  en  quelque  sorte  les  opinions  émises  dans  la  notice. 

S'agirait-il  de  caractériser  l'œuvre  poétique  de  Th.  Gautier  —  je 
choisis  Gautier  parce  que  la  chrestomathie  le  passe  sous  silence,  — 
après  avoir  donné  les  quelques  notes  biographiques  indispensables, 
je  rappellerais  cette  pensée  exprimée  par  le  poète  lui-même  et  qui  le 
caractérise  si  pleinement  :  u  Mon  rôle  à  moi,  dans  cette  révolution 
littéraire  (le  romantisme),  était  tout  tracé  :  fêtais  U  peintre  de  la  bande  w. 
C'est  le  trait  général;  j'entrerais  alors  dans  le  détail  de  l'œuvre. 
Cependant,  ajouterais- je,  Gautier  débuta  par  la  littérature  sentimen- 
tale :  son  premier  recueil  de  Poésies  commence  a  par  un  soupir  et  par 
un  regret  ».  (Texte  :  Virginité  du  cœur).  Mais  certaines  pages  le  mon- 
trent déjà  tel  qu'il  sera  surtout  dans  la  suite  :  «  un  homme  pour  qui 
le  monde  extérieur  existe  n.  (Soleil  couchant).  Son  Voyage  d* Espagne 
l'aida  à  «  dépouiller  la  sentimentalité  romantique  »  ;  il  rapporta  de 
ce  pays  «  des  paysages  admirablement  nets  et  objectifs  »  {pétais 
monté  plus  haut),  et  de  o  très  curieuses  impressions  d'art  »  (RUmra), 
Les  Émaux  et  Camées  témoignent  d'un  nouveau  développement  dans 
sa  manière  :  «  Gautier  ne  fait  plus  de  tableaux  :  il  peint  sur  émail,  il 
grave  en  pierres  fines;  le  travail  est  minutieux  et  large;  chaque  pièce 
est  d'un  fini  qui  étonne  ».  (Symphonie  eti  blanc  majeur).  Sa  poétique  tout 
entière,  la  doctrine  de  l'art  robuste  s'y  trouve  formulée  en  des  vers 
d'une  facture  remarquable.  (VArt.)  Toutefois  ce  stoïcien  de  lart  n'a 
pas  toujours  su  se  défendre  contre  une  émotion  sincère  et  communi- 
cative  :  Les  Vieux  de  la  Vieille  sont  une  des  pièces  «  où  le  calme  du 
dilettante  s'eist  le  plus  démenti  ».  (D'après  G.  Lanson  :  Histoire  de  la 
littérature  française) . 

Contrairement  au  système  des  notices  placées  en  dehors  du  recueil, 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3l7 

•ce  procédé  offre  encore  le  grand  avantage  d'habituer  l'élève  à  ne  pas 
-séparer  l'étude  de  l'histoire  littéraire  de  la  lecture  des  œuvres. 

Le  XIX*  siècle  est  brillamment  représenté  dans  la  chrestomathie 
par  ses  poètes  ;  mais  les  œuvres  dramatiques  y  paraissent  sacrifiées 
à.  la  poésie  l3rrique.  Seuls,  Hugo,  Musset,  Augier  et  Rostand 
représentent  le  théâtre  et  le  choix  de  leurs  œuvres  que  fournit  le 
recueil  ne  me  semble  pas  des  plus  heureux.  De  Hugo,  MM.  Bitter 
et  Valkhofif  citent  de  longs  fragments  de  Ruy  Blas^  mais  ils  négligent 
Hirnani  (p.  ex.  la  scène  des  portraits),  Lucrèce  Borgia  (la  scène  des 
<:ercueils),  Les  Burgraves  (Barberousse  paraissant  chez  les  Burgraves); 
de  Musset,  ils  reproduisent  presque  entièrement  Fantasio^  mais  ils 
oublient  Lorenzaccio  dont  tant  de  belles  pages  sont  à  citer  qui  comptent 
parmi  les  plus  originales  du  théâtre  romantique;  de  Rostand,  ils 
transcrivent  les  Romanesques  qu'ils  appellent  «  une  petite  pièce  ingé- 
nieuse et  puérile  »  [Précis,  p.  io8),  mais  ils  négligent  La  Samaritaine 
et  Cyrano  de  Bergerac,  les  deux  pièces  qui,  je  pense,  sont  du  meilleur 
Rostand. 

Je  n'insiste  pas  sur  le  reproche  d'avoir  omis  des  noms  dignes  de 
figurer  dans  cet  ouvrage.  Les  auteurs  ont  déjà  répondu  à  cette  cri- 
tique :  «  Cette  absence  que  nous  sommes  les  premiers  à  regretter, 
écrivent-ils,  ne  provient  pas  d'un  oubli  :  la  cause  en  est  purement 
matérielle,  le  livre  ne  devant  pas,  pour  des  raisons  pédagogiques  et 
pécuniaires,  dépasser  un  nombre  de  pages  plutôt  restreint.  » 

Quant  au  reproche  de  n'avoir  pas  glané  de  ci  de  là  des  fragments 
dans  les  principales  œuvres  des  dramaturges  du  xix«  siècle,  les  auteurs 
ne  pourraient  y  répondre  qu'il  est  préférable  de  reproduire  des  pas- 
sages étendus  d'une  seule  pièce  de  théâtre  que  de  détacher  quelques 
pages  de  chacune  des  œuvres  marquantes  d'un  écrivain  ;  il  n'importe 
pas,  selon  moi,  qu'une  chrestomathie  renferme  des  fragments  si 
importants,  mais  il  faut  que,  par  un  choix  judicieux  de  morceaux, 
elle  donne  l'idée  la  plus  nette  possible  des  diverses  manières  d'un 
écrivain,  des  divers  aspects  de  son  talent. 

On  le  voit,  c'est  généralement  sur  la  question  de  méthode  que  je 
suis  d'un  avis  différent  de  celui  de  MM.  Bitter  et  Valkhoff,  mais 
comme  je  l'ai  dit  au  début  de  cette  rapide  analyse,  je  reconnais  les 
hautes  qualités  de  leur  travail  et  je  ne  doute  pas  qu'il  rende  de 
grands  services  à  l'enseignement  des  lettres  françaises  dans  les  écoles 
de  Hollande  auxquelles  il  est  destiné.  C.  Liégeois. 

ajo,  —  Fortunat  Strowsky,  professeur  à  la  Faculté  des  Lettres 
de  Bordeaux,  Pascal  et  son  temps,  i^'  partie  :  De  Montaigne  à  Pascal. 
Histoire  du  sentiment  religieux  en  France  au  xvi^  et  au  xvii*  siècle. 
Paris,  1907.  280  pp. 


3l8  LE   MUSÉE   BELGE. 


C'est  un  livre  bien  curieux  et  bien  intéressant  que  celui  de 
M.  Strowsky,  car  c'est  une  étude  psychologique  qui  dénote  une 
connaissance  profonde  du  xv!"*  siècle  et  de  ses  états  d'âme  étranges. 

Ce  siècle  de  l'enivrement  produit  par  la  Renaissance  est  aussi  le 
siècle  des  guerres  fratricides,  des  haines  et  des  violences  barbares. 
La  sécurité  matérielle  n'existe  plus,  personne  n'est  assuré  du  lende- 
main, l'inquiétude  et  la  crainte  régnent  partout.  D  autre  part,  le 
trouble  a  saisi  les  consciences,  on  ne  sait  plus  où  est  la  voie  et  la 
vérité.  Faut-il  se  tourner  du  côté  de  TÉglise  ou  du  côté  de  la  Réforme  ^ 
L*homme  du  xvi®  siècle  n'en  sait  rien,  mais,  malgré  tout,  il  est 
religieux  et  il  veut  croire.  De  là,  il  est  plein  d'aspirations  vers  la 
divinité,  dont  il  attend  consolation  et  réconfort.  Ces  aspirations 
réveillent  le  sentiment  religieux,  le  font  vivre,  lentretiennent  dans  la 
vitalité.  On  dispute  sur  l'efficacité  de  la  grâce,  sur  l'attitude. de  l'âme 
seule  à  seule  avec  Dieu.  Les  réformés  admettent  l'irrésistible  effet  de 
l'action  divine  et  par  le  fait  même,  suppriment  la  liberté.  Du  côté 
des  catholiques,  il  y  a  les  mystiques  représentés  par  saint  François 
de  Sales,  qui  résout  le  problème  par  l'amour.  L'action  divine  s'exercera 
chaque  fois  que  l'âme  aimante,  loin  d'y  mettre  obstacle,  y  aidera  de 
tout  son  cœur;  les  œuvres,  les  images,  les  sacrements  que  la  réforme 
rejette  comme  empêchant  cette  influence  d'en  haut,  saint  François 
les  conserve  comme  y  contribuant. 

Ceux-là  ne  sont  que  le  petit  nombre.  Il  y  a,  à  côté  d  eux  les 
indifférents,  gens  tranquilles,  probes,  honnêtes,  écœurés  du  triste 
état  des  choses  ;  ils  désirent  de  tout  cœur  la  concorde  et  la  paix  et 
n'ayant  plus  confiance  dans  l'autorité  traditionnelle  de  la  religion 
catholique  qu'ils  personnifient  dans  la  Ligue,  ils  demandent  à  la 
philosophie  antique,  sinon  l'oubli  de  leurs  maux,  du  moins  la  force 
nécessaire  pour  les  supporter  II  n'y  avait  qu'une  école  capable  de 
répondre  adéquatement  à  leurs  vœux  ;  c'était  Técole  stoïcienne  de 
Sénèque  et  d'Épictète.  Les  deux  plus  illustres  représentants  en  sont 
au  xvi«  siècle  Juste-Lipse  et  Montaigne. 

Montaigne  est  stoïcien,  mais  d'un  stoïcisme  individuel  et  person- 
nel qui  ne  peut  s'enseigner  dogmatiquement  comme  une  science. 
L'homme  qui  parachève  l'œuvre  de  Montaigne  et  érige  en  système 
la  doctrine  du  Portique,  c'est  Juste-Lipse.  La  doctrine  du  maître 
belge  est  d'un  stoïcisme  fort  accentué  sans  doute,  mais  il  a  eu  soin  de 
le  clarifier,  de  l'épurer,  de  le  christianiser.  S'il  était  permis  d'adresser 
une  légère  critique  à  M .  Strowsky ,  nous  dirions  qu'il  appuie 
trop  peu  sur  le  caractère  éminemment  pratique  de  la  philosophie 
lipsienne.  En  théorie,  la  sagesse  de  Juste-Lipse  consiste  dans 
l'ensemble  de  toutes  les  connaissances  divines  et  humaines  ;  c'est 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3ig 

une  encyclopédie,  qui  embrasse  dans  sa  vaste  conception  toutes  les 
branches  du  savoir.  Mais  il  y  a  une  partie  pratique  à  laquelle  toute 
la  doctrine  est  subordonnée.  L*adepte,  par  le  fait  même  qu*il  a,  pour 
ainsi  dire,  lomniscience  doit  être  plus  capable  que  le  vulgaire  de 
discerner  le  bien  du  mal,  la  vertu  du  vice  ;  ses  connaissances  doivent 
donc  lui  frayer  un  chemin  vers  cette  vertu  désirée,  la  tranquillité  et 
le  calme  au  milieu  des  orages  de  la  vie.  Dans  ses  dernières  œuvres, 
Lipse  va  jusqu'à  dire  que  la  science  est  inutile  et  superflue,  si  elle 
n'a  la  vertu  pour  fin  et  pour  objet. 

M  Strowsky  insinue  aussi  que  Tépicuréisme  fut  représenté  à 
Louvain  par  Erycius  Puteanus.  C'est  une  erreur.  Erycius  Puteanus 
eut,  certes,  l'intention  de  réhabiliter  Épicure.  Mais  il  abandonna 
très  vite  ce  projet  qui  aurait  soulevé  de  vives  oppositions,  et  il  se 
rabattit  sur  un  éclectisme  vague  qui  préconisait,  comme  Juste- Lipse, 
une  certaine  vertu  où  la  science  devait  tendre  par  toutes  ses  voies. 

Après  nous  avoir  dépeint  Tapogée  du  stoïcisme  introduit  dans  les 
sphères  officielles,  pour  ainsi  dire,  par  Du  Vair,  dans  la  littérature 
par  Balzac,  Descartes,  voire  même  Corneille  dont  les  personnages 
farouches  et  formidables  sont  de  vrais  Thraséas,  M.  Strowsky  nous 
montre  grandissant  à  côté  de  lui  le  parti  de  Tépicuréisme,  de  l'impiété 
et  de  l'irréligion  avouée.  Ames  passionnées  et  faibles,  beaux  esprits 
indifférents,  libertins  avérés,  les  adeptes  de  cette  philosophie  dégoûtés 
du  passé  et  incertains  de  l'avenir  ne  songent  qu'à  jouir  du  présent. 
Le  plus  beau  spécimen  de  cette  classe  est  Vanini,  âme  h)rpocrite  et 
vile,  nature  méchante,  esprit  fort  dont  l'influence  est  grande  sur  la 
jeunesse  dorée  et  jouisseuse  qui  raille  par  pose  et  qui  va  puiser  dans 
la  Sagesse  de  Pierre  Charron  des  arguments  pour  saper  les  fondements 
de  la  religion. 

Chose  étrange,  ce  P.  Charron,  bouc  émissaire  de  Timpiété  de  son 
siècle,  est  loin  d'avoir  écrit  son  livre  dans  un  but  irréligieux.  Il 
préconise  la  sagesse  humaine  a  une  droiture,  belle  et  noble  com- 
9  position  de  Thomme  entier  en  son  dedans,  en  son  dehors,  ses 
•  pensées,  paroles,  actions  et  tous  ses  mouvements  :  c'est  l'excellence 
■  et  perfection  de  l'homme  comme'  homme  »  (p.  i86).  Malheureuse- 
ment, il  exclut  la  sagesse  divine  et  subordonne  la  religion  à  sa 
sagesse  laïque. 

Si  la  vertu  n'est  pas  solidaire  de  la  religion,  il  est  clair  que  la 
religion  peut  être  écartée  de  la  vertu  et  que  la  vertu  peut  exister  sans 
elle.  Charron  veut  aussi  que  le  sage  ne  se  laisse  guider  que  par  la 
raison,  qu'il  juge  et  pèse  les  choses  sans  s'attacher  à  aucune.  Il  es 
ainsi,  sans  le  savoir,  le  premier  des  libres-penseurs. 

Après  Charron,  l'idole  des  libertins  c'est,  chose  curieuse,  Mon* 


320  LE   MUSÉE  BELGE. 


taigne  que  nous  avons  rangé  dans  les  stoïciens.  C'est  alors  qu'on  lui 
attribue  une  philosophie  toute  épicurienne,  la  doctrine  de  la  «  bonne 
nature  »  qu'il  faut  suivre  sans  trop  se  préoccuper  du  reste.  Cette 
théorie  tronque  la  pensée  de  Montaigne,  M.  Strowsky  en  donne  des 
exemples  typiques. 

Nettement  stoïcien  pendant  la  majeure  partie  de  sa  vie,  ainsi  que 
le  prouvent  les  notes  (i)  marginales  du  précieux  exemplaire  de 
Bordeaux,  Montaigne  dans  sa  vieillesse  aimait  à  se  perdre  dans  les 
souvenirs  du  jeune  âge,  à  se  donner  un  air  d'épicurien,  qui  lui  a 
valu  une  réputation  philosophique  imméritée. 

Au  moment  même  où  le  parti  de  l'irréligion  paraît  le  plus  fort,  il 
s'émiette  et  croule  par  son  insouciante  négligence  ;  il  ne  sait  que  rire 
et  s'amuser,  tandis  que  ses  adversaires  catholiques  ont  pour  eux  la 
science,  l'énergie  et  l'action  (saint  Vincent  de  Paul,  les  Jésuites). 

Ce  n'est  donc  pas  dans  Timpiété  ou  lathéisme  que  sont  les  germes 
de  décadence  de  la  religion  catholique  au  xvii«  siècle,  c'est  dans 
l'ardeur  des  études  théoJogiques  et  de  la  casuistique,  d'où  sortiront 
le  molinisme  et  le  jansénisme. 

Ainsi  M.  Strowsky  nous  a  amené  peu  à  peu  jusqu'au  génie  où 
viennent  aboutir  les  idées  religieuses  d'im  siècle  entier,  jusqu'à 
Biaise  Pascal. 

Il  est  inutile  d'insister  sur  la  valeur  du  travail  de  M.  Strowsky. 
Nous  l'avons  dit  et  le  répétons  encore  :  seul  un  savant  rompu  à  la 
connaissance  des  idées  qui  avaient  cours  au  xvi«  siècle,  pouvait  tenter 
une  étude  aussi  délicate  que  celle  du  sentiment  religieux  en  France 
à  cette  époque.  L'éminent  professeur  de  Bordeaux  y  a  pleinement 
réussi.  Th.  Simar. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

271.  —  P.  Piquet,  Précis  de  phonétique  historique  de  l' allemand, 
accompagné  de  notions  de  phonétique  descriptive,  Paris,  C.  Klincksieck, 
1907.  In-i2,  xvi-244  pp.  3  fr. 

«  Ce  Précis,  dit  l'auteur  dans  §a  «  préface  »,  s'adresse  avant  tout 
aux  étudiants  et  professeurs  curieux  de  connaître  l'histoire  —  et  par 
suite  de  mieux  entendre  le  sens  —  de  la  langue  qu'ils  apprennent  ou 
enseignent.  A  quelques-uns  de  ces  lecteurs  il  suffira,  offrant  les  faits 
essentiels  du  chapitre  le  plus  important  delà  grammaire  historique 
de  l'allemand.  Aux  autres  (il  faut  souhaiter  que  cette  catégorie  soit 

(1)  C'est  sur  cet  exemplaire  préparé  par  Moi  taigne  lui-même  pour  réJition 
définitive  des  Essais  qu'est  faite  lédition  municipale  de  Bordeaux.  M.  Strowsky 
went  d'en  publier  le  premier  \olume.  C'est  un  modèle  sous  tout  rapport. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  321 

la  plus  nombreuse)  il  servira  d'introduction  à  Tétude  de  la  philologie 
germanique...  Il  y  a  aussi  lieu  de  croire  que  les  élèves  des  classes 
supérieures  des  lycées  et  collèges  le  feuilletteront  avec  intérêt  et 
profit. 

«  On  ne  trouvera  dans  ce  modeste  exposé  rien  qui  ne  soit  connu 
et,  il  faut  l'espérer,  assuré.  Du  premier  coup  d'œil  on  aperc3vra  ce 
qui  en  fait  l'originalité.  C'est  le  souci  de  donner,  pour  une  bonne 
partie  des  exemples,  les  formes  indo-européenne,  germanique,  ancien- 
haut- allemande  et  moyen- haut- allemande,  de  façon  qu'apparaisse 
dès  l'instant  et  dans  le  même  mot  la  diversité  des  aspects  que  mani- 
feste la  langue  depuis  le  passé  le  plus  lointain.  C'est  ensuite  la  pré- 
occupation de  choisir  les  exemples  témoignant  de  l'état  indo-européen 
dans  le  latin,  très  proche  de  nous,  et  de  donner  la  préférence  à  ceux 
qui  survivent  dans  des  mots  français,  pour  que  le  lecteur  qui 
ignorerait  le  latin,  ne  soit  pas  désorienté.  C'est  aussi  la  presque 
constante  exclusion  des  exemples  pris  dans  des  dialectes  germaniques 
autres  que  le  gotique,  langue  aisée,  nettement  délimitée  et  se  prêtant 
merveilleusement  à  l'explication  des  phénomènes  qui  intéressent 
l'histoire  de  l'allemand.  C'est,  enfin,  la  fréquente  opposition  de  mots 
français  et  de  mots  allemands  qui  ont  ensemble  quelque  rapport 
étymologique,  par  quoi  naît  une  persistante  et  intéressante  compa- 
raison des  deux  langues  n. 

Pouvaisje  mieux  faire  connaître  le  but  et  le  caractère  de  cet 
ouvrage  qu'en  reproduisant  ces  lignes  de  la  préface  ?  Je  n'ai  plus 
qu'à  ajouter  que  le  Précis  est  divisé  en  trois  parties;  la  première 
(pp.  1-24)  est  une  esquisse  de  Torigine  et  de  l'évolution  de  l'allemand  ; 
la  seconde  (pp.  2J-74)  donne  des  notions  de  phonétique  descriptive  ; 
la  troisième,  de  loin  la  plus  étendue  (pp.  75-202),  forme  la  phonétique 
historique  de  la  langue  allemande. 

Cette  troisième  partie  contient  à  son  tour  trois  sections,  consacrées 
respectivement  à  l'histoire  des  voyelles  et  des  diphtongues,  à  celle  des 
consonnes  et  à  celle  des  sonantes  depuis  l'indo-européen  jusqu'au 
haut  allemand  moderne. 

Enfin,  quatre  appendices  des  plus  utiles,  entre  autres  un  tableau 
représentant  les  deux  mutations  consonantiques  et  un  second  indi- 
quant l'origine  des  sons  actuels  de  l'allemand,  suivent  cet  exposé, 
tandis  qu'un  double  index  (index  des  ii\pts  cités  de  l'allemand 
moderne  et  index  des  mots  français  cités  à  cause  de  leurs  relations 
avec  les  mots  allemands)  termine  le  volume.  En  tête  de  l'ouvrage  se 
trouve  un  aperçu  bibliographique,  mentionnant  les  ouvrages  auxquels 
doit  recourir  celui  qui,  après  avoir  étudié  le  Précis^  désire  acquérir  une 
connaissance  plus  approfondie  du  sujet  traité. 

Depuis  quelques  années,  nous  constatons  en  France  des  essais 


322  LE    MUSÉE    BELGE. 


très  louables  en  vue  de  faire  progresser  renseignement  de  la  lang^ue 
allemande,  et  à  coup  sûr  Ton  ne  pourrait  mieux  y  réussir  qu*en 
mettant  à  profit  les  résultats  de  la  science  allemande.  Le  manuel 
dont  il  s'agit  ici  en  est  une  nouvelle  preuve.  Nous  lui  souhaitons  de 
tout  cœur  le  succès  qu'il  mérite.  C.  Lecoutere. 

272.  —  G.  Kalff,  Geschiedenis  der  Nedcrlandsche  IdUrkutide,  T.  II. 
Groningen,  J.  B.  Wolters,  1907.  In-S»,  viii-536  pp.  6  fl.  5o. 

Le  second  volume  de  l'histoire  de  la  littérature  néerlandaise  de 
M.  Kalff  est  consacré,  en  majeure  partie,  à  la  période  des  t  rhétori- 
ciens  »  (seconde  moitié  du  xvc  et  commencement  du  xvi*  siècle). 
L'auteur  termine  d'abord  la  littérature  du  moyen  âge  par  l'examen 
des  productions  dramatiques  de  cette  époque  ;  puis  il  aborde  rorigine 
des  chambres  de  rhétorique,  leur  constitution,  leur  activité  :  poésie 
lyrique,  théâtre,  œuvres  en  prose.  Il  s'arrête  au  moment  où  commence 
à  se  faire  sentir  l'influence  de  la  Renaissance  et  de  la  Réforme. 

Je  n'ai  pas  à  revenir  sur  ce  que  j'ai  dit  lors  de  l'apparition  du  pre- 
mier volume  de  cette  histoire  (cfr.  BulL,  t.  X,  p.  127-129).  On  trouve 
dans  celui-ci  le  même  caractère,  la  même  méthode,  les  mêmes  qualités 
maîtresses.  M.  Kalff  se  meut  ici  dans  un  milieu  qu'il  connaît  à  fond 
depuis  de  longues  années;  rien  de  surprenant  donc  si,  sous  plus  d'un 
rapport,  ce  volume  l'emporte  même  sur  l'autre.        C.  Lecoutere. 

273.  —  P.  Staohel,  Scneca  und  das  dtuische  Renaissanudrama' 
Studien  zur  Literatur-  und  Stilgeschichte  des  16.  und  17.  Jahr- 
hunderts.  Berlin,  Mayer  und  Mûller,  1907.  In  8°,  x-388  pp.  11  m. 
(Palaestra,  vol   XL VI). 

Le  premier  chapitre  de  cet  ouvrage  est  consacré  à  un  examen, 
succinct  mais  complet,  des  tragédies  de  Sénèque,  pp.  4-29;  dans  les 
trois  autres,  M.  Stachel  traite  de  l'influence  de  Sénèque  sur  le  drame 
scolaire  en  Allemagne  (pp.  3o-i36),  sur  le  théâtre  hollandais  (pp  137- 
179)  et  sur  la  littérature  allemande  du  xvn«  siècle  (pp.  i8o-35o). 
Comme  on  voit  par  cet  aperçu,  l'auteur  a  pris  deutsch  dans  le  sens 
étendu  qu'en  Allemagne  on  donne  souvent  à  ce  mot.  Il  a  eu  tort.  En 
effet,  il  a  été  amené  par  là  à  écrire  son  troisième  chapitre  :  Tinfluence 
de  Sénèque  en  Hollande.  C'était  inutile  après  l'excellente  monogra- 
phie de  M.  Worp  sur  ce  sujet;  aussi  bien,  malgré  tout  le  soin 
consacré  à  cette  partie  de  son  travail  (  i),  l'auteur  ne  nous  apprend  rien 
de  nouveau.  Dans  le  deuxième  chapitre  se  constatent  aussi  les  con- 
séquences de  ce  défaut  de  méthode. 

(1)  Cependant  les  pages  où  l'auteur  parle  de  l'influence  de  Sénèque  sur  Vondel  ne 
nous  ont  pas  entièrement  satisfait  ;  ce  nous  semble  ni  assez  clair  ni  assez  exact. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  325 

Ce  qui  donne  au  livre  sa  valeur,  c'est  le  dernier  chapitre,  de  loin 
le  plus  important,  où  est  examinée,  d'une  façon  détaillée  et  appro- 
fondie, rinfluence  de  Sénèque  sur  le  théâtre  allemand  du  xvii«  siècle. 
C'était  là,  à  proprement  parler,  la  question  que  M.  Stachel  avait  à 
résoudre,  afin  d'atteindre  le  but  qu'il  se  proposait  à  lui-même  (p.  3). 
Fort  heureusement,  il  n*y  a  que  des  éloges  à  lui  décerner.  Il  a  épuisé 
le  sujet  ;  il  nous  donne  en  abondance  des  résultats  définitifs.  Il  les  a 
obtenus,  grâce  à  une  connaissance  complète  de  la  matière  et  à  la 
méthode  irréprochable  avec  laquelle  il  se  sert  des  documents  et 
matériaux  accumulés  avec  autant  de  zèle  que  de  perspicacité  (i). 

G.  Lecoutere. 

Histoire  et  Géographie. 

274-275.  —  D.  Blancbet  et  J.  TOUtain,  Histoire  de   France  et 
Histoire  générale  depuis  les  origines  jusquà  la  Révolution.  —  Ecoles 
normales  primaires.  Première  année,   i  vol.  in- 18  de  i-58i  pages. 
Paris,  Belin,  1906. 
A.  Malet,  Histoire  de  France  et  Notions  sommaires  d* Histoire  généraU  de 
1610  à  Ij8ç.  (Enseignement  secondaire  des  jeunes  filles,  deuxième 
année),  i  vol.  in- 16  de  i-35i  pages.  Paris,  Hachette,  1906. 
En  ce  moment  où,  en  Belgique,  la  réforme  de  l'enseignement 
moyen  est  à  l'ordre  du  jour,  il  nous  est  particulièrement  agréable  de 
signaler  ces  deux  ouvrages  excellents,  destinés,  l'un  aux  écoles  nor- 
males primaires,  l'autre  à  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles. 
Tous  deux  sont  rédigés  conformément  aux  programmes  de  1905  : 
l'histoire  du  moyen  âge  est  réduite  à  de  justes,  mais   suffisantes 
proportions,  et  l'histoire  moderne  reçoit  des  développements  consi- 
dérables; en  outre,  l'histoire  politique  proprement  dite  a  cédé  à 
l'histoire  de  la  civilisation  la  place  prépondérante  qu'elle  occupait. 

Une  analyse  détaillée  de  ces  deux  livres  serait  superflue.  Cepen- 
dant, afin  de  donner  une  idée  exacte  de  leur  valeur  intrinsèque, 
nous  reproduisons,  dans  un  tableau  comparatif,  le  sommaire  des 
matières  pour  le  xviii"  siècle. 

Blanchet  et  TouTAiN  Malet 

La      Régence      de         La  France  sous  Louis  XV  (La  Monarchie 
Philippe      d'Orléans,      absolue;  les  Parlements) 
Dubois,  Fleury. 

(1)  M.  Stachel  paraît  bien  au  courant  des  travaux  modernes;  toutefois  il  ne 
cite  pas  la  monog'-aphie  de  M.  Mallinger  sur  la  Médée  (Louvain,  1898;. 


324 


LE   MUSÉE   BELGE. 


La  France  et  l'An- 
gleterre au  dix- hui- 
tième siècle. 

La  Prusse  et  TAu- 
triche  au  dix-huitième 
siècle, 

La  Russie  au  dix- 
huitième  siècle;  Pierre 
leGrand,  Catherine  IL 

La  fin  du  règne  de 
de  Louis  XV. 

L'esprit  public  au 
dix-huitième  siècle. 

Les  préliminaires  de 
la  Révolution;  Louis 
XVL 

L'Indépendance  des 
États  Unis. 


L'Angleterre  au  dix-huitième  siècle.  (Le- 
Régime  parlementaire). 

La  Prusse.  —  Frédéric  IL 

L'Autriche.  —  Marie- Thérèse  et  Joseph  II  ^ 

L'Empire  russe.  —  Pierre  le  Grand. 
Catherine  IL 

La  Politique  continentale  au  dix-huitième- 
siècle.  (La  fin  de  la  succession  d'Espagne  i 
la  Succession  de  Pologne;  Lutte  entre  la 
Prusse  et  l'Autriche;  Partage  de  la  Pologne). 

La  Politique  coloniale  au  dix-huitième 
siècle.  (Lutte  entre  la  France  et  rAngleterre, 
—  Les  Indes  et  le  Canada.  —  L'Indépen- 
dance des  États-Unis). 

La  France  avant  la  Révolution.  (L'État 
matériel  :  villes  et  campagnes.  Les  Artistes. 
Les  Idées  nouvelles.  —  Les  Écrivains.  — 
L'Opinion  et  le  Gouvernement). 

Louis  XVI.  —  La  Crise  financière.  —  Les 
Convocations  des  États  Généraux. 


Ainsi  qu'on  peut  en  juger,  les  auteurs,  et  M.  Malet  tout  particuliè- 
rement, ont  eu  en  vue  de  décrire  la  marche  générale  de  la  civilisation» 
en  prenant  pour  base  l'histoire  de  France.  Pour  cela,  ils  ont  limité^ 
leur  choix  aux  choses  essentielles,  qu'ils  ont  ensuite  groupées  dans 
un  exposé  remarquable  par  son  objectivité  et  son  impartialité.  Voilà: 
pour  le  caractère  général  de  ces  deux  ouvrages.  Faisons  connaître, 
pour  chacun  d'eux  en  particulier,  leur  valeur  pédagogique  par 
Texamen  du  plan  général,  de  la  méthode,  des  illustrations  et  du  style. 

L  Blanchct  et  Touiain,  —  Le  sujet  de  ce  livre  est  l'histoire  de  France 
envisagée  en  elle-même  et  dans  ses  rapports  avec  l'histoire  générale. 
Par  conséquent,  la  partie  consacrée  au  moyen  âge  (1-196  pages)  n'est 
que  l'histoire  spéciale  de  France  et  des  quelques  faits  généraux  qui 
rintéressent,  par  exemple,  l'empire  arabe,  la  papauté,  les  Croisades. 
L'horizon  s'élargit  avec  les  temps  modernes  (197-575  pages)  :  la 
France  est  intimement  mêlée  à  la  politique  européenne,  quand  elle 
ne  la  dirige  pas,  et,  désormais,  c'est  l'histoire  de  l'Europe  sur  le 
continent  et  aux  colonies  que  nous  avons  sous  les  yeux.  En  même 
temps  que  les  vicissitudes  politiques  de  la  France,  ses  transforma- 
tions administratives,  sociales  et  économiques  reçoivent  des  dévelop- 
pements appropriés  à  leur  importance  respective. 

La  méthode  est  remarquable  par  son  unité  et  par  le  soin  avec 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  325 


lequel  elle  a  départagé  les  diverses  opérations  que  comporte  l'en- 
seignement de  l'histoire.  Chaque  chapitre  comprend  :  un  plan 
sommaire,  un  récit  où  les  points  indiqués  sont  largement  traités  ;  des 
lectures  empruntées  aux  meilleurs  historiens;  l'identification  des 
termes  géographiques,  ce  qui  tient  lieu  de  cartes  et  suppose  l'usage 
de  Tatlas  ;  im  questionnaire  pour  les  exercices  oraux  et  un  choix  de 
sujets  de  devoirs  écrits;  enûn,  l'indication  des  principaux  ouvrages  à 
consulter. 

L'illustration,  assez  simple,  se  réduit  à  peu  près  aux  portraits  des 
personnages  illustres  ;  il  nous  plaît,  cependant,  de  signaler  la  repro- 
duction dé  quelques  vitraux  de  la  cathédrale  de  Chartres  représentant 
différents  corps  de  métiers.  La  simplicité  et  la  clarté  du  style  de  ce 
manuel  en  rendent  la  lecture  agréable  et  l'assimilation  facile.  C*est,  à 
notre  avis,  le  meilleur  éloge  que  Ton  puisse  adresser  aux  auteurs,  car 
ils  peuvent  être  assurés  d'avoir  atteint  leur  but. 

II.  Malet,  —  L'ouvrage  de  M.  Malet  séduit  dès  l'abord  par  son 
élégance  et  son  originalité  bien  françaises,  contrastant  quelque  peu 
avec  l'aspect  didactique  du  manuel  classique  de  MM.  Blanchet  et 
Toutain.  Il  est  vrai  qu'il  s'adresse,  non  à  de  futurs  instituteurs  péné- 
trés déjà  de  Timportance  de  leur  mission,  mais  à  des  jeimes  ûlles,  et 
il  se  devait  de  revêtir  cet  extérieur  particulièrent  attrayant  qu'a  su  lui 
donner  la  maison  Hachette. 

Les  matières  traitées  vont  de  1610  à  1789  ;  il  en  résulte  que  c'est  un 
cours  d'histoire  générale  avec  l'histoire  de  France  pour  pivot.  Préoc- 
cupé avant  tout  de  retracer  les  étapes  successives  de  la  civilisation. 
Fauteur  se  défend  d'adopter  la  division  chronologique  par  siècles  ou 
par  règnes.  Il  groupe  les  manifestations  de  l'activité  des  peuples  en 
catégories  commandées  par  les  divers  facteurs  de  la  civilisation,  et  de 
la  sorte,  il  parvient  à  fusionner  les  faits  si  complexes  en  plusieurs- 
synthèses  entre  lesquelles  l'enchaînement  est  très  apparent.  Ainsi, 
son  cours  renferme  à  la  fois  l'histoire  politique,  militaire,  artistique, 
littéraire,  économique  et  sociale  de  l'Europe. 

La  méthode  est  simple.  Un  aperçu  succinct  des  matières  ^traitées 
dans  chaque  chapitre  précède  le  développement  où  l'auteur  se  révèle 
un  maître  qui  sait  utiliser,  avec  un  art  consommé,  toutes  les  res- 
sources dont  il  dispose.  Ce  n'est  pas  un  exposé  ordinaire  où  Ton  sent 
l'effort  de  l'écrivain  :  c'est  plutôt  une  mise  en  scène  des  hommes  et 
des  événements.  Quoi  de  plus  frappant,  pour  les  élèves,  que  la  des- 
cription des  batailles  de  Rocroi,  de  Neerwinden  et  de  Rosbach  ?  ou 
que  l'expression  «  travailler  pour  le  roi  de  Prusse  »  par  laquelle  le 
langage  contemporain  caractérisa  le  traité  d'Aix-la-Chapelle  (1748), 
ou  encore  le  surnom  de  «  vide-gousset  »  donné  au  piètre  financier 
que  fut  labbé  Terray  ? 


326  LE   MUSÉE   BELGE. 


Ces  exemples  pourraient  être  multipliés,  et,  à  eux  seuls,  ils  suffi- 
raient pour  affirmer  la  haute  valeur  de  ce  manuel.  Mais  celle-ci  est, 
en  outre,  rehaussée  par  une  illustration  superbe.  Point  de  ces  gra- 
vures banales  qui  lassent  vite  l'attention,  mais  des  reproductions» 
exécutées  avec  finesse,  d'estampes,  de  tableaux,  de  portraits,  d'ameu- 
blements, de  scènes  de  la  rue,  de  monuments.  Mentionnons,  à  titre 
d'exemples,  «  la  distribution  de  pains  au  Louvre,  lors  de  la  disette 
de  1693  »,  —  u  Noble  et  paysan  vers  i65o  »,  —  «  Paysan  sous 
Louis  XIV  0  Ces  figurations  suggestives  et  le  plus  souvent  contem- 
poraines des  événements ,  sont  accompagnées  d'un  commentaire 
explicatif.  Enfin,  pour  compléter  la  partie  intuitive,  des  cartes  nouâ 
renseignent  sur  les  modifications  géographiques  de  l'Europe  poli- 
tique. 

Le  style  est  alerte  et  vivant;  l'exposé  est  émaillé  de  courts  extraits 
/des  historiens  et  de  citations  empruntées  aux  mémoires  des  person- 
nages eux-mêmes.  Jusque  dans  les  moindres  détails,  tout  est  présenté 
avec  clarté  et  simplicité  :  on  lit  ce  livre  sans  effort,  on  l'étudié  avec 
plaisir. 

En  résumé,  c'est  un  véritable  cours  d'histoire  dont  la  portée  est 
éminemment  éducative,  car  la  relation  entre  le  passé  et  le  présent  y 
est  constamment  apparente.  Il  apprend  à  aimer  et  à  juger  sainement 
la  situation  actuelle. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  en  commençant  ce  compte  rendu,  ce 
sont  deux  ouvrages  excellents,  et  nous  exprimons  le  vœu  d'en  voir 
paraître  bientôt  la  suite  (i). 

Notes  critiques  —  Relevons  quelques  erreurs  ou  négligences  tou- 
chant l'histoire  de  Belgique.  MM.  Blanchet  et  Toutain  continuent 
de  fixer  à  Tolbiac  la  bataille  où  Clovis  vainquit  les  Alamans,  alors 
qu'elle  a  eu  lieu  dans  les  environs  de  Strasbourg  (Kurth.  Clovis);  ils 
disent  que  Philippe  le  Bel  ne  confisqua  que  la  Flandre  française,  et 
que  la  bataille  de  i3o2  eut  lieu  près  du  canal  (?)  de  Courtrai  (et  non 
Courtray)  :  en  réalité,  le  roi  de  France  confisqua  toute  la  Flandre,  et 
le  champ  de  bataille  de  Courtrai  était  entrecoupé  de  fossés  et  de 
marécages  (Pirenne.  Hist,  de  Beîgiqiu),  Enfin,  quelques  noms  géo- 

(1)  M.  Albert  Malet  publie  également  chez  Hachette  un  Cours  complet  d'histoire 
à  l'usage  de  l'Enseignement  secondaire  (programme  du  3i  mai  1902),  en  sept 
volumes.  Trois  volumes  ont  pa^u  :  L'Antiquité  (6®  A  et  B).  3  frs.  Le  Moyen  Age 
et  tes  Temps  modernes  jusqu'en  14Ç8  (5«  A  et  B).  3  frs.  Les  Temps  mode* nés  jus-^ 
qu'en  178c,  3  fr.  5o.  Il  reste  à  publier  :  L'Kpoque  contemporaine  (3«  A  et  B). 
Histoire  moderne  {2^^),  Dix-huitième  siècle  :  Révolution  et  Empire  (1")  Dix- 
neuvième  siècle  (  l'hilosophic). 

Dft  leur  côté,  MM.  D.  Blanchet  et  J.  Toutain  publient  un  Cours  complet  (f  histoire^ 
chez  Belin  frères,  en  neuf  volumes. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  327 


graphiques  sont  mal  orthographiés  dans  les  deux  manuels  :  Héristal 
pour  Mental,  Steinkerque  pour  Steenherque,  Oudenarde  pour  Audefiarde, 
Haucour  pour  Rocour.  C.  Leclère. 

276.  —  Ch.  Nimal,  Thuin  sur  le  déclin  du  régime  hollandais,  pettdant  la 
révoluiion  et  au  début  du  règne  de  Léoppld  I'^,  182c  18JS,  Mémoire  tiré 
des  archives  de  la  ville  et  publié  à  l'occasion  du  Jubilé  national  de 
1905,  avec  un  succinct  aperçu  de  tous  les  événements  qui  ont 
amené,  accompagné  et  suivi  la  révolution  de  i83o.  Liège, 
H.  Dessain,  1907.  In-S®  de  97  p. 

Cette  publication  appartient  à  la  série  déjà  nombreuse  des  mono- 
4^raphies  locales  consacrées  à  évoquer  les  épisodes  d'une  cité  lors  du 
soulèvement  national.  Comme  l'auteur  l'indique  sur  le  titre,  son 
mémoire  est  tiré  des  archives  de  la  ville;  cette  source  fournit  indubi- 
tablement des  éléments  nombreux  d'informations,  mais  pour  la 
période  du  27  août  au  17  septembre  i83o,  même  les  rapports  confi- 
dentiels adressés  par  le  bourgmestre  Martin  au  gouverneur  de 
Hainaut  ne  peuvent  être  acceptés  comme  caractérisant  exactement 
Tétat  des  esprits  de  la  petite  ville  hennuyère.  En  effet,  Albert  Gérard 
Martin,  dont  M.  Tabbé  Nimal  fait  Téloge  comme  administrateur  et 
s'attache  à  défendre  la  mémoire  contre  les  assertions  du  D^  Rombaut, 
décédé  archiviste  communal,  était  très  attaché  au  gouvernement 
hollandais,  au  point  qu'aux  élections  communales  du  20  octobre  la 
presque  unanimité  des  électeurs  choisit  un  autre  bourgmestre  ;  ses 
rapports  reflètent  donc  ses  sentiments  orangistes  et  les  attribuent  à 
toute  la  population  de  Thuin.  Loin  de  faire  des  réserves  sur  l'entière 
exactitude  de  ces  documents  officiels  et  de  chercher  à  les  contrôler, 
soit  par  les  journaux  du  temps  (ils  étaient  rares,  il  est  vrai),  soit  par 
les  souvenirs  traditionnels,  M.  l'abbé  Nimal  leur  accorde  une  créance 
trop  prononcée, 

La  ville  de  Thuin,  comptant  à  cette  époque  une  population  de 
36oo  habitants,  fournit  un  contingent  de  5j  volontaires  qui  partici- 
pèrent aux  combats  de  septembre  à  Bruxelles.  Ce  fait  atteste  que  la 
population  thudinienne  ne  professait  pas  un  amour  bien  vif  pour  la 
dynastie  orangiste,  comme  pourraient  le  faire  croire  les  rapports  de 
Martin. 

Reconnaissons,  malgré  cette  observation,  que  M.  l'abbé  Nimal  a 
groupé  d'une  manière  intéressante,  spécialement  pour  ses  conci- 
toyens, des  particularités  inédites  sur  les  événements  survenus  à 
Thuin  et  fournit  quelques  notices  biographiques  sur  des  volontaires 
qui  se  sont  distingués  aux  combats  de  la  révolution  et  des  renseigne- 
ments utiles  sur  les  hommes  influents  de  la  cité.        E.  Matthieu. 


328  LE   MUSÉE   DELGB. 


Philosophie. 

277.  —  Santé  de  SantlS.  Die  Mimik  des  Denkens.  Trad.  autorisée 

par  J.  Bresler.  Un  vol.  in-8  de  184  pages,  avec  44  gravures  dans 

le  texte.  Halle  a.  S.,  Cari  Marhold,  1906. 

Il  y  a,  sur  l'expression  des  émotions  et  en  général  des  états  d'âme 
chez  l'homme  et  chez  les  êtres  inférieurs,  toute  une  littérature  très 
vaste  et  déjà  assez  ancienne.  Les  œuvres  de  Léonard  de  Vinci  et  les 
conférences  du  peintre  Le  Brun  (1667)  ont  fourni  leur  contribution 
à  ce  genre  d'étude,  et  les  contemporains  essaient  de  donner  à  ces 
recherches  plus  de  précision  et  de  certitude,  employant  à  ces  fins  les 
procédés  et  les  instruments  dont  on  use  dans  les  laboratoires  de 
physiologie.  M.  Santé  de  Sanctis  estime  que,  pour  le  cas  dont  il 
s'occupe  (la  mimique  de  l'attention),  l'emploi  exclusif  de  ces  engins 
oblige  le  chercheur  à  n'opérer  que  sur  des  sujets  de  choix  et  à  placer 
ceux-ci  dans  des  conditions  exceptionnelles  et  artificielles.  Pour  lui, 
combinant  plusieurs  méthodes,  il  s'est  adressé  d'abord  à  l'anatomie 
et  à  la  physiologie  proprement  dites,  puis  a  observé  les  animaux 
supérieurs,  confrontant  ses  remarques  avec  celles  d'autrui.  Il  étudie 
ensuite  la  question  chez  les  enfants  et  chez  les  vieillards,  la  creuse  et 
la  fouille  chez  l'adulte,  comparant  toujours  le  résultat  de  ses  enquêtes 
à  ceux  qu'ont  obtenus  ses  prédécesseurs  :  l'attention  concentrée  et  la 
diffuse,  l'extase,  l'influence  de  la  race,  du  sexe,  des  habitudes  sont 
tour  à  tour  l'objet  de  ses  investigations.  L'auteur  termine  son  travail 
par  l'examen  d'un  certain  nombre  de  malades  et  de  dégénérés, 
aveugles,  aliénés,  idiots,  faibles  d'esprit  combinant  toujours  l'étude 
directe  de  sujets  nouveaux  avec  l'étude  de  ceux  que  lui  fournit  la  litté- 
rature actuelle  de  la  psychologie.  Le  tout  est  entremêlé  de  reproduc- 
tions photographiques,  croquis,  descriptions  d'oeuvres  d'art,  citations 
peu  banales  et  très  littéraires,  qui  en  font  un  livre  de  lecture  agréable 
du  moins  pour  ceux  qui  s'intéressent  à  ce  genre  de  problème. 

La  conclusion  ?  —  C'est  que  :  i'*  le  rôle  principal  dans  le  jeu  de  la 
physionomie  attentive  est  joué  par  les  muscles  peauciers  de  la  zone 
de  l'œil,  surtout  par  le  muscle  sourcilier  (ce  qui  n'est  pas  une  entière 
nouveauté).  2*  Ce  dernier  muscle  n'a  pas  exercé  originairement  cette 
fonction  :  il  a  d'abord  exprimé  la  douleur;  puis,  lorsque  la  mimique 
de  l'attention  d'abord  diffuse  et  répandue  par  tout  le  corps,  spéciale- 
ment dans  le  tronc  et  dans  les  membres,  s'est  resserrée,  c'est  dans 
l'œil  qu  elle  s'est  concentrée,  et  le  muscle  dont  il  s'agit  a  restreint  Je 
champ  de  la  vision  pour  permettre  de  mieux  voir  ou  pour  protéger 
Tœil  ;  enfin  il  a  joué  le  rôle  que  l'on  sait.  Dans  la  première  phase  de 
l'activité  connaissante,  dans  celle  de  l'attention  aux  choses  exté- 
rieures ou  attention  proprement  dite,  le  mouvement  domine,  et  l'or- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SSQ 

gane  s*adapte  à  l'objet  ;  dans  la  seconde  phase,  celle  de  la  réflexion 
ou  méditation,  c'est  le  repos  qui  remporte,  et  tout  ce  qui  peut  gêner 
ou  distraire  le  travail  de  la  pensée  est  écarté  par  le  sujet.  Mais  ce 
n'est  pas  toujours  sans  peine;  les  deux  tendances  peuvent  coexister 
-et  prendre  tour  à  tour  l'avantage.  Ainsi  s'explique  le  débat  entre  ceux 
poxir  qui  l'attention  est  essentiellement  liée  à  un  mouvement  de  lor- 
ganisme  et  ceux  qui  la  caractérisent  par  le  repos  du  corps  ;  déjà, 
dans  l'introduction  (pp.  4  8),  M.  de  Sanctis  avait  signalé  à  ce  propos 
d'assez  piquantes  contradictions  entre  ceux  qui  se  sont  occupés  de  la 
question  même  s^u  point  de  vue  expérimental.  Mais  tout  cela  est 
plutôt  pour  les  psychologues  de  profession  ;  lartiste  et  le  pédagogue 
se  contenteront  de  butiner  dans  ces  pages  —  )a  chose  en  vaut  la 
peine  (i  )  —  ce  qui  se  rapporte  à  leur  étude. 

Il  convient,  en  finissant,  de  louer  le  traducteur  pour  la  clarté  et 
l'élégance  de  sa  version,  vraiment  remarquable  à  ce  point  de  vue. 

A.  Grafé. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

278. —  Jalius  Koeh,  Roemische  Geschichte,  Leipzig,  igoS,  4*   édit.  ;  un  vol. 

in-32  de  191  pages.  Prix  :  80  pf,  (Sammlung  Goeschen^  n»  19). 

Cette  nouvelle  édition  d'un  ouvrage  très  justement  apprécié  ne  diffère  pas  consi- 
dérablement de  la  précédente.  La  plupart  des  changements  que  l'auteur  y  a  intro- 
duits ne  portent  que  sur  des  points  secondaires  :  correction  de  menues  erreurs, 
suppression  de  conjectures  hasardées,  développement  de  passages  que  la  forme 
concise  de  l'exposé  rendait  obscurs,  etc.  Pour  s'acquitter  de  cette  tâche  délicate, 
M.  Koch  a  tenu  compte  des  critiques  dont  son  ouvrage  avait  été  Tobjet,  et  il  a  utilisé 
judicieusement  les  résultats  des  meilleurs  travaux  d'histoire  romaine  parus  depuis 
1902.  La  bibliographie,  qui  est  rejetée  maintenant  à  la  fin  du  volume,  a  été  revisée 
avec  soin  et  mise  à  jour.  Bref,  il  ne  manque  à  ce  petit  manuel,  pour  devenir  un 
modèle  du  genre,  qu'un  Index  alphabétique  des  matières,  dressé  sur  le  plan  de 
celui  qui  termine  la  Griechische  Geschichte  que  M.  Swoboda  a  publiée  dans  la 
même  collection  ;  le  tableau  chronologique  des  principaux  faits  de  l'histoire  interne 
et  externe,  dont  M.  Koch  a  enrichi  cette  nouvelle  édition,  ne  peut  évidemment  en 
tenir  lieu.  L.  H. 

279-282.  —  Parmi  les  nouvelles  publications  de  la  maison  Weidmann,  à  Berlin, 
nous  signalons  les  suivantes  : 

Vergils  Gedichte  crklaert  von  Th.  Ladewig  und  C.  Schapcr.  l*»""  Baendchen  : 
Bukolika  und  Georgika.  VllP"  Auf).  von  Paul  Deuticke.  1907.  3  m.  La  septième 
édition  avait  paru  en  1882;  depuis  lors,  de  nombreux  travaux  ont  été  publiés  sur 
les  Bucoliques  et  les  Gcorgiques;  personne  n'était  mieux  à  même  d'en  tenir  compte 
que  M.  Deuticke. 

(i;  Signalons,  entre  autres,  l'indication  d'un  moyen  pour  éveiller  et  développer 
l'attention  chez  ks  entants  arriérés  (p.  168),  tt  Texamcn  du  point  de  savoir  si  la 
marche  ou  l'exercice  modéré  sont  fa\orables  au  jeu  de  I  intelligence  (p.  96). 


33o  LB    MUSEE   BELGE. 


Sophokles  eMtien  von  F.  W.  Schneidcwin  und  A.  Nauck.  VII*««  Baendchen  - 
Phfloktetes.  io<«  Aufl.  von  L.  Radermacher.  1907.  1  m.  80.  L'introduction  es^ 
restée  ce  qu'elle  était;  dans  la  préface,  M.  Radermacher  indique  quelques  points 
de  vue  nouveaux.  En  revanche,  le  commentaire  a  subi  beaucoup  de  changements. 

Die  Sermonen  des  Q.  Horatius  Flaccus,  Deutsch  von  C.  Bardt.  3'«  Aufl.  1907. 
4  m.  Les  traductions  d*auteurs  latins  que  M.  Bardt  a  présentées  au  public  (Plaute, 
Térence  et  Horace)  sont  des  modèles.  M.  Bardt  rend  en  vers  allemands  la  pensée 
du  poète  latin  avec  une  aisance  telle  qu'on  ne  s'aperçoit  pas  qu'il  traduit. 

K.  Staedler.  Horaz'  lamben-  und  Sermonen-Dichtung  vollstdndig  in  heimischen 
Versformen  verdeutscht.  1907.  3  m.  L'auteur  avait  pubhé  en  190 1,  chez  G.  Reimer. 
une  traduction  des  Odes  d'Horace.  Ce  volume  vient  donc  compléter  le  premier.  Le 
principe  du  traducteur  est  celui-ci  :  rendre  fidèlement  la  pensée  et  les  sentiroeot» 
d'Horace,  mais  dans  la  langue  allemande,  c'est  à  dire  en  se  servant  du  mètre  et  des 
ressources  que  fournit  cette  langue. 

283.  —  G.  Koerting ,  Lateinisch-romanisches  Woerterbuch,  (Etymologisches 
Woerterbuch  der  romanischen  Hauptsprachen).  3^AuH.  Paderborn,  Schoeningh, 
1Q07.  Paris,  Gamber.  26  m. 

La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  avait  paru  en  1901.  Voici  déjà  une  troisième, 
considérablement  augmentée,  car,  au  lieu  de  1262  colonnes,  elle  en  comprend  1374» 
C'est  une  liste  de  12.469  mots,  latins  surtout,  mais  aussi  grecs,  allemands,  arabes, 
hébreux,  etc.,  qui  ont  fourni  des  mots  aux  principales  langues  romanes,  suivis 
chacun  des  mots  qui  en  dérivent.  La  troisième  édition  donne  plus  de  12.469  mois, 
mais  les  mots  nouveaux  ont  été  intercalés  et  les  numéros  ne  sont  pas  changés. 
L'index  des  mots  romans  qui  termine  le  volume  permet  de  les  retrouver  :  il  y  en  a 
plus  de  84.000.  Et  pourtant,  comme  précédemment,  M.  Koerting  a  laissé  de  côté 
les  dialectes  et  les  patois,  estimant  que  le  travail  eût  dépassé  les  forces  d'un  seul 
homme.  Tel  qu'il  est,  augmenté  et  amélioré,  son  ouvrage  ne  peut  manquer  d'ob- 
tenir un  succès  toujours  plus  grand. 

284.  —  Dom  P.  Gabrol,  Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne  et  de  liturgie, 
Fasc.  XII  :  B-Baptême.  Paris,  Letouzey  et  Ané,  1907.  288  col.  5  frs. 

Avec  ce  nouveau  fascicule  commence  le  deuxième  volume.  Il  contient  les  articles 
suivants  :  B  B  et  B.M,  sigles  épigraphiques;  B  et  V  permutant  ;  Baaibeek,  Bebcl, 
Babiska,  Babouda  (église  de),  Baccano,  Bacchanales,  Bagaouat  (p.  3 1*62),  Bagna- 
cavalo,  Baguette,  Bâillon  (dom  H.  Leclcrcq),  Bains  (dom  H.  Dumaine),  Baiser 
(dom  F.  Cabrol),  Bakirha.  Balaam,  Balance,  cimetière  de  Balbine,  Balcon,  Bal- 
daquin, Bâle  (mss.  liturgiques),  Baléares,  Bamberg  (mss.  liturg.),  Bamouqqa, 
Banaqfour,  Bancs  (H.  Lcclercqj,  Bangor  (antiphonaire  de)  par  F.  Cabrol  ;  Banos 
(baîiiUque  de  S.  Juan  Bautista  en),  Banque,  Banquirs  (H.  Leclercq)»  Baouit 
(J,  Clédai),  Baptême  (dom  de  Puniet).  Le  fascicule  contient  les  gravures  iiSg  à 
i3S6.  On  voit  que  l'ouvrier  principal  est  touiours  dom  Leclercq,  qui  vient  de 
publier  en  même  temps  un  Manuel  d'archéologie  chrétienne  depuis  les  origines 
msqu'au  17//"  siècle,   2  forts  vol.  de  600  et  670  pp..  408  grav.   Même  éditeurs. 

20    ITS. 

2t^3.  —  L'ouvrage  si  remarquable  et  si  remarqué  du  P.  Hipp.  Delebaye  sur  les 
L^i^endi-a  hagiographiques  a  eu  les  honneurs  d'une  traduction  allemande  :  Die 
ha^'tfigraphtschen  Legenden  von  Hippolyte  DelehayCy  S,  /.,  ûberseti^t  von  E.  A. 
Sttickelberg.  Kempten  et  Munich,  J.  KecS;:!,  1907.  3  m. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  33  I* 

«86.  —  Ifaroel  Dieulafoy,  Le  Théâtre  édifiant  en  Espagne.  Cervantes,  Tirsn 
de  MoLna^  Calderon,  Bloud,  4,  rue  Madame,  Paris,  1907.  1  vol.fgr.  in- 16.  3  fr.  ^o. 
(Collection  La  Pensée  chrétienne). 

Personne  n*avait  étudié  dans  ses  manifestations  si  multiples  et  si  captivantes  le 
théâtre  religieux  de  TEspagne  et  les  chefe-d^œuvre  enfantés  durant  le  Siècle  d'Or, 
Il  fallait  connaître  les  terrains  divers  où  s'alimenta  dès  sa  naissance  la  civilisation 
espagnole  et  découvrir  les  raisons  qui  inclinèrent  TEspagnc  tantôt  vers  la  France 
orthodoxe,  tantôt  vers  Tlslam  vaincu  et  repoussé.  Cest  le  cas  de  M.  Diculafoy, 
membre  de  l'Institut.  Aussi  bien  les  travaux  qu'il  a  entrepris  depuis  de  longues 
années  sur  la  renaissance  espagnole  ainsi  que  ses  belles  et  fructueuses  recherches 
sur  le  moyen  âge  en  France  et  en  Perse  l'ont-ils  conduit  à  s'occuper  des  œuvres 
édîitantes  portées  à  la  scène  de  Pun  ou  de  l'autre  côté  des  Pyrénées. 

Dans  quel  esprit  et  dans  quel  dessein  ces  pièces  furent-elles  composées?  Quelle 
fut  l'origine  et  la  caractéristique  de  l'évolution  du  genre  remarquée  en  Espagne  au 
début  du  XVII*  siècle?  Quels  sont  les  matériaux  étrangers  qui  furent  utilisés  en  cette 
circonstance?  Quel  profit  l'esprit  public  et  la  religion  tirèrent-ils  du  théâtre  édifiant 
espagnol  ?  Telles  sont  les  questions  posées  et  résolues  ici  avec  l'ampleur  qu'elles 
exigent  et  avec  cette  pénétration  toute  personnelle,  et  cette  science  sûre  et  stans 
aridité  qui  donnent  tant  de  prix  aux  travaux  de  M.  Dieulafoy. 

l/éminent  écrivain  prouve  que  la  pensée  chrétienne  fut  la  directrice  et  le  guide 
de  l'évolution  du  théâtre  édifiant  ;  mais  il  montre  aussi  que  la  traduction  des 
Miracles  de  Notre  Dame  et  de  la  Légende  Dorée  furent  mis  à  profit  et  même  cer- 
taines solutions  données  par  les  docteurs  musulmans  de  problèmes  où  la  foi  n'était 
pas  en  péril.  Il  établit  ensuite  que  le  théâtre  ainsi  transformé  devint  un  auxiliaire 
précieux  dans  la  lutte  entreprise  contre  le  luthérianisme;  il  dit  enfin  avec  quelle 
ardeur,  quel  talent,  quelle  sincérité  les  grands  poètes  dramatiques,  les  illustres 
représentants  du  Siècle  d'Or  répondirent  aux  intentions  du  pouvoir  et  comment  ils 
surent  allier  dans  leurs  œuvres  le  charme  à  l'intérêt,  la  beauté  souveiaine  à  Tcxpo- 
si  lion  des  thèmes  sévères. 

De  courtes  notices  relatives  à  trois  des  grands  tragiques  —  Cervantes,  lirso  de 
Molina  et  Calderon  —  qui  prirent  part  à  cette  sorte  de  croisade  littéraire  et  la  tra- 
duction fidète,  complète  et  respectueuse  du  Truand  béatifié^  du  Damné  pour 
tnanque  de  confiance  et  de  La  Dévotion  à  la  Croix  complètent  ce  travail  et  mon- 
trent par  des  exemples  décisifs  que  le  théâtre  édifiant  espagnol,  sans  rival  par  sa 
richesse,  son  originalité  et  sa  supériorité  littéraire,  est  uniqCte  par  sa  haute  portée 
morale  et  sa  valeur  religieuse. 

287.  —  H.  L.   Th.   Festen,  Eene  leesles  met  Candidaat'Hoo/doudenvijiçers . 

Zutphen,  W.-J.  Thieme  en  O»,  1907.  o  fl.  75. 

Je  signale  volontiers  ce  petit  ouvrage  aux  lecteurs  de  ce  Bulletin ^  bien  qu'il  ne 
s'adresse  guère  à  eux.  -  A  l'usage  de  ceux  qui,  en  Hollande,  préparent  i'examcn  de 
koo/donderwtj:;er^  ce  qui  veut  dire  à  peu  près  (car  rien  n'y  correspond  exactement 
chez  nous)  instituteur  de  premier  rang,  M.  Festen  étudie  un  poème  de  1.  da 
Costa  :  Wachter  !  wat  is  er  van  den  nacht  ?  Il  joint  au  texte  une  série  de  questions, 
auxquelles  l'étudiant  doit  essayer  de  répondre  ;  celui-ci  peut  contrôler  lui-même 
jusqu'à  quel  point  il  y  est  parvenu,  en  recourant  aux  solutions  qui  se  trouvent  à  la 
fin  du  volume. 

Ce  n'est  pas  le  lieu  ici  de  discuter  ce  procédé  ni  même  d'examiner  si  le  question- 
naire est  bien  dressé,  si  les  réponses  sont  toujours  adéquates.  Mais  il  me  semble 
que  le  travail  de  M.  Festtn,  malgré  les  réserves  qui  nous  devons  faire,  sera  utile 
au  public  uès  spécial  auquel  il  est  destné.  C.  L. 


332  LE   MUSÉE   BELGE. 


288.  —  D'  J.  van  der  Valk,  On^e  Letterkunde.  Over^icht  der  Nederlandsche 
ietterkunde  met  bloemlepng^.  Rotterdam.  J.  M.  Bredée.  Fasc.  i-3  (le  fiasc.  de 
80  pp.  o  fl.  40). 

Le  titre  de  cette  publication  en  indique  suffisamment  la  nature  et  le  conteou. 
M.  van  der  Valk  se  propose  de  nous  donner,  en  trois  volumes  d'environ  400  pages 
chacun,  une  histoire  résumée  de  la  littérature  néerlandaise,  accompagnée  d'extraits 
étendus  des  œuvres  les  plus  remarquables.  Les  cinq  livraisons  que  nous  avons 
reçues  embrassent  presque  toute  la  poésie  du  moyen  âge.  M.  van  der  Valk  y  suit 
le  plan  adopté  par  J.  te  Winkel  et  nous  donne  successivement  quelques  détails  sur 
les  romans  de  chevalerie  (cycles  classique,  franc,  breton,  etc.),  la  littérature  narra- 
tive religieuse,  les  fables  et  le  roman  du  renard,  la  poésie  didactique,  pour  arriver 
à  Maerlant  et  à  son  école.  Viennent  alors  les  chansons  (pp.  267-381),  puis  les 
boerden  et  sproken.  Et  chaque  fois  il  nous  fait  connaître  Ics  œuvres  dont  il  parle 
par  des  extraits  annotés,  et  reliés  parfois  entre  eux  par  une  courte  analyse. 

Pour  juger  cette.entreprise,  il  nous  faut  attendre  qu'elle  soit  plus  avancée,  d'autant 
plus  que  l'autcur  ne  nous  donne  pas  la  moindre  explication  ni  de  son  plan  ni  de  sa 
méthode.  Nous  devons  donc  nous  borner  actuellement  à  une  simple  annonce. 

C.  Lecoutebe, 

289.  —  P.  H.  Van  Moerkerken,  Keur  uit  Vondels  lyrische  en  dramatische 
poé:{ie.  Tweede  druk,  bezorgd  door  D**  6.  A.  Nauta.  Sneek,  J.  F.  van  Druten, 
1907.  1  fl.  5o 

Cette  deuxième  édition  de  la  Chrestbomathie  de  feu  M.  van  Moerkerken  Q*cst 
<)u'un  «  rajeunissement  »  de  la  première.  M.  Nauta  n'en  a  pas  modifl  le  contenu; 
jl  s'est  borné  à  revoir  l'annotation  et  a  ajouté,  à  la  fin  du  volume  (pp.  SSq-SqS), 
^quelques  nouvelles  remarques.  L'ouvrage  est  divisé  en  trois  parties.  Les  48  pre« 
mières  pages  sont  consacrées  à  une  biographie  du  poète  :  elle  est  formée  par  une 
suite  d'extraits  empruntés  au  Vondels  leven  de  G.  Brandt  (i683).  Les  poésies 
lyriques  sont  disposées  systématiquement  (satires  ;  poésies  se  rapportant  à  des 
personnes  déterminées,  à  des  événements,  etc.).  Enfin  la  partie  dramatiqne  contient 
des  extraits  de  quatre  tragédies  (PalamedeSy  Gysbrecht^  Joseph  in  Dothan^  Lucifer) 
et  de  la  pastorale  de  Leeuwendalers^  reliés  entre  eux  par  un  résumé  des  passages 
omis.  C.  L. 


290296. —  On  a  célébré  récemment,  chez  nos  voisins  du  Nord,  le  cent-cinquantième 
anniversaire  de  la  naissance  de  Bilderdijk  (7  sept.  1756).  Ces  fêtes  ont  donné  lieu  à 
une  exposition  de  BUderdijkiana  à  Amsterdam.  Inutile  de  dire  que  cette  commé- 
moration a  suscité  une  foule  de  publications  consacrées  au  grand  écrivain  et  poète  : 
articles,  discours,  brochures,  etc.  Nous  nous  bornons  à  relever  les  deux  antho- 
logies des  œuvres  poétiques  de  Bilderdijk  rassemblées  par  M.  Van  Elrin^, 
Bloemle:{ing  uit  de  gedichten  van  Willem  Bilderdijk  (Amsterdam.  P.  N.  Van 
Kampen  en  Zoon;  224  p.  i  fl.  2b)  et  par  W.  Kioos,  Bloemle^ing  uit  Bilderdijkt 
gedichten  (Amsterdam,  G.  Schreuders,  243  pp.  o  fl.  40;,  toutes  deux  précédées 
<i'une  introduction  et  accompagnées  de  remarques  (la  notice  de  Kloos  sur  Bilder- 
dijk est  importante  sous  plus  d'un  rapport);  le  beau  discours  que  M.  le  pro- 
fesseur J.  te  Winkel  a  prononcé  lors  de  l'inauguration  du  buste  de  Bilderdijk,  à 
Am'îterdam  (W.  Bilderdijk  als  dichter gehuldigd,  Amsterdam,  HOveker  et  Worm- 
ser,  26  pp.  o  fl.  3o),  celui  de  l'ancien  ministre  A.  Ki4)per  (Bilderdijk  in  j(ijne  natio- 
nale beieekenis,  ibid.,  87  pp.  o  fl.  90)  et  le  livre  de  M.  le  Dr.  H.  Bavinck,  Bilderdijk 
ixls  denker  en  dichter  (Kampen,  J.  H.  Kok,  1906;  o  fl.  2b).  Après  avoir  consacré  le 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  333 

-premier  chapitre  à  tracer  les  traits  distinctifs  du  caractère  de  Bilderdijk,  il  traite  dans 
les  suivants  de  son  système  philosophique,  de  ses  spéculations  sur  la  divinité,  la 
nature,  Tharmonie  de  Tunivers,  Thomme,  etc.,  pour  passer  à  Texamen  de  ses  idées 
«ur  la  religion,  la  morale,  le  droit,  le  devoir,  la  famille  et  la  société,  le  langage  et  la 
poésie,  et  terminer  par  un  chapitre  sur  la  façon  dont  Bilderdijk  entendait  et  pratiquait 
rhistoire.  Pour  justifier  son  entreprise,  M.  Bavinck  fait  observer  que,  malgré  le  grand 
nombre  d*écrits  de  toute  sorte  et  de  toute  étendue  qui  ont  paru  sur  Bilderdijk,  cette 
grande  figure  est  très  insuffisamment  connue.  Ce  qu'il  était  réellement,  ce  qu*il  pen- 
sait, ce  à  quoi  il  tendait  par  son  œuvre,  aucun  de  ses  nombreux  biographes  ne  Ta 
examiné  d*une  façon  complète  et  approfondie.  On  peut  expliquer  cela,  d*une  part  par 
Timmense  quantité  des  productions  de  Bilderdijk,  d'autre  part  par  la  complexité,  et 
la  singularité  des  idées  et  opinions  de  ce  polygraphe  :  il  en  coûte  pour  se  mettre  à  son 
point  de  vue.  II  va  de  soi  que  M.  Bavinck,  pour  arriver  à  sa  fin,  doit  recourir  tout 
autant  aux  écrits  en  prose  qu'aux  œuvres  poétiques  de  Bilderdijk,  que  le  plus  possible 
il  lui  laisse  la  parole,  se  bornant  au  rôle  de  fidèle  rapporteur,  et  se  réservant  à  déga- 
ger, dans  un  chapitre  final,  les  conclusions  auxquelles  aboutissent  ses  investigations. 
Quelles  que  soient  les  réserves  que  nous  devons  faire  sur  l'appréciation  de  certains 
faits  et  la  justesse  de  certains  jugements,  nous  n'hésitons  pas  à  dire  que  le  livre  de 
M.  Bavinck  est  un  ouvrage  sérieux,  qui  nous  fait  réellement  mieux  connaître  l'étrange 
personnalité  que  fut  Bilderdijk. 

Signalons  enfin  l'album  très  remarquable  dû  à  la  collaboration  d'un  certain  nombre 
d'admirateurs  de  Bilderdi|k  (W.  Bilderdijk,  Uitgegeven  op  machtiging  dcr  Bilder- 
<iijkcommissie  ;  Amsterdam,  Ho^eker  et  Wormser  ;  468  pp.,  3  fl.  90)  ;  c*est  une  suite 
d'articles  et  de  contributions  diverses  sur  Bilderdijk,  sa  personne  et  ses  œuvres.  Le 
contenu,  très  varié,  ne  permet  pas  d'entrer  ici  dans  un  examen  détaillé. 

C.  Lecoutere. 

2v37.  —  G.  Rivière,  La  Terre  des  Pharaons,  Paris,  Schleicher.  1907.  3  fr.  5o. 

Cet  ouvrage  contient  toute  l'histoire  politique  et  sociale  de  l'Egypte  ancienne. 
Après  avoir  donné  des  renseignements  très  complets  sur  la  civilisation  égyptienne, 
la  langue  et  les  écritures,  l'organisation  politique  et  religieuse,  l'auteur  examine 
l'art  et  la  littérature  des  Égyptiens.  Ensuite,  il  reprend  l'histoire  mouvementée  de 
ce  peuple  remarquable  depuis  son  origine  assez  nébuleuse  jusqu'à  la  conquête 
romaine  et  à  l'occupation  anglaise. 

En  dehors  des  gros  volumes  de  Maspero  et  de  quelques  savants,  il  n'existait  pas 
d'ouvrages  portatifs  sur  cette  brillante  civilisation.  Aussi  l'ouvrage  si  complet  de 
M.  Georges  Rivière  rendra-t-il  de  réels  services  à  tous  ceux  qui  s'occupent  d'histoire 
ou  d'orientalisme. 

298.  —  Adolphe  Régnier,  Saint  Martin  (316-397).  Victor  LecofTre,  J.  Gabalda 
et  C*«,  rue  Bonaparte,  90,  Paris.  1  vol  in- 12.  2  fr.  («  Les  Saints»), 
Saint  Martin,  le  grand  apôtre  des  Gaules,  avait  été  l'objet  de  recherches  longues 
et  minutieuses.  Nous  n'avions  pas  sur  lui  de  livre  clairement,  agréablement  résumé 
et  définitif.  Ce  livre,  M.  Régnier,  docteur  ès-letires,  sous-bibliothécaire  de  l'Institut, 
vient  de  nous  le  donner.  On  y  suivra  avec  un  intérêt  passionné  la  lutte  entreprise  et 
menée  à  bien  par  saint  Martin  pour  délivrer  les  Gaules  des  dernières  superstitions 
païennes  et  fonder  partout  le  culte  spirituel  du  vrai  Dieu.  Il  n'est  guère  de  région 
en  France,  en  Belgique,  dans  l'Allemagne  catholique  qui  n  ait  des  églises  dédiées  à 
saint  Martin.  Un  ouvrage  aussi  sûr  que  celui  qui  vient  de  paraître  y  sera  exception- 
•nellement  bien  accueilli. 


334  ^^   MUSÉE   BELGE. 


299.  —  Paul  Parsy,  Saint  Éloi  (590-659).  V.  LccofFrc,  J.  Gabalda  et  0%  90,  rue 
Bonaparte,  Paris.  1  vol  in- 12.  1  fir.  (a  Les  Saints»). 

M.  Paul  Parsy  (de  la  Croix  de  Paris)  nous  donne  dans  la  collection  des  «Saints  >» 
un  livre  qui  nous  manquait  sur  saint  Éloi.  Le  grand  artiste,  le  conseiller  des  rois, 
révêque  revivent  ici  tour  à  tour  dans  un  cadre  richement  dessiné.  L'auteur  nous 
transporte  successivement  dans  le  Limousin,  à  Paris,  dans  le  nord  de  la  France  : 
partout  il  met  sous  nos  yeux  toute  la  civilisation  de  cette  époque  féconde  pour 
l'avenir  de  la  monarchie  française  et  pour  l'Église  de  France.  Son  héros  y  est  vrai- 
ment restitué  à  Thistoire  de  son  temps,  à  Thistoire  des  arts,  à  l'histoire  du  pays. 

300.  —  Baron  Kervyn  de  Lettenhove,  La  Toison  d'Or.  Origines  et  histoire  de 
l'ordre  depuis  son  institution  en  1429  jusqu*à  Tannée  1559.  Bruxelles,  Van  Oest^ 
1907.  i  vol.  m-40.  5  fr. 

Au  moment  où  V Exposition  de  la  Toison  d'Or  et  de  VArt  néerlandais  sous  les 
ducs  de  Bourgogne,  faisait  Tadmiration  des  savants  et  des  amateurs  accourus  de 
partout,  une  monographie  de  l'ordre  de  la  Toison  d'Or  s'imposait.  M.  le  BaroD 
Kervyn  de  Lettenhove,  l'infatigable  président  de  l'Exposition  de  la  Toison  d'Or, 
rérudit  sagace  et  averti,  qui  fut  également  l'organisateur  de  VExposition  des  Primi» 
tifs  Flamands^  est  l'auteur  de  ce  travail.  Puisant  aux  sources  les  plus  sûres,  il 
retrace  les  origines  et  l'institution  de  cet  ordre  fameux,  en  donne  l'historique 
jusqu'en  l'année  i559  et  montre  le  rôle  que  Tordre  joua  dans  l'histoire  de  la  civilisa- 
tion à  la  fin  du  moyen  âge.  Le  texte  est  complété  par  l'adjonction  des  listes  des 
chefs  et  souverains  et  des  chevaliers  de  la  Toison  d'Or  durant  la  période  142g- 1559, 
pendant  laquelle  Tordre  eut  pour  chefs  :  Philippe  le  Bon,  Charles  le  Téméraire, 
Maximilien  d'Autriche,  Philippe  le  Beau,  Charles-Quint,  Philippe  IL 

L'illustration  de  cet  ouvrage  comporte  42  planches  toutes  hors  texte,  tirées  en 
typogravure  et  reproduisant  un  certain  nombre  des  plus  beaux  portraits  des  chefs 
et  souverains  et  de  chevaliers  illustres  de  Tordre,  des  miniatures  célèbres,  des 
estampes  de  Tépoque.  des  armures,  des  sculptures,  une  des  célèbres  tapisseries 
d*Espagne.  etc.  La  plus  grande  partie  de  cette  documentation  a  été  choisie  parmi 
les  chefs-d'œuvre  exposés  à  Bruges  de  juin  à  octobre  1907. 


CHRONIQUE. 

3oi.  —  Académie  royale  de  Belgique  y  Programme  du  Concours  pour  içio.  Aux 
questions  reproduites  ci-dessus,  p.  290,  il  faut  ajouter  celle-ci  : 

Sixième  question  (section  des  sciences  morales  et  politiques)  :  Étudier,  d'après  les 
inscriptions  grecques  et  latines,  les  idées  sur  la  vie  future  qui  a /aient  cours  dans 
l'Empire  romain,  et  les  influences  sous  lesquelles  ces  idées  se  sont  formées. 

La  valeur  des  médailles  d'or  attribuées  à  la  solution  de  chacune  des  questions  sera 
de  huit  cents  francs. 

Les  mémoires  seront  adressés,  franc  de  port,  avant  le  i^^  novembre  1909,  à 
M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  au  Palais  des  Académies,  à  Bruxelles. 

Prix  Teirlinck,  Littérature  flamande  (délai  :  1  nov.  1910).  Mille  francs. 

Faire  l'histoire  de  la  prose  flamande  avant  l'influence  bourguignonne,  c'est-à-dire 
jusqu'à  Tépoque  de  la  réunion  de  nos  provinces  sous  Philippe  de  Bourgogne, 
vers  1430. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  335 

3o2.  —  Programme  du  concours  universitaire  pour  1907 «1909  (Délai  :  1"  février 

Faculté  de  Philosophie  et  Lettres. 
Premier  groupe,  —  Philologie  classique, 
1®  On  demande  une  étude  sur  la  doctrine  de  VEpinomis  ; 
Y*  La  vie  et  Tœuvre  du  poète  comique  Cœcilius  ; 
30  On  demande  une  étude  sur  Hypatie  ; 
4<»  La  critique  littéraire  au  temps  d^Horace. 

Deuxième  groupe.  —  Philologie  orientale, 
|0  Théorie  de  la  connaissance  d*après  le  Nyâya  ; 
30  L'esclavage  en  droit  musulman  ; 
30  On  demande  une  étude  sur  Théodore  bar  Koni  ; 

40  Rechercher  dans  la  littérature  épique  persane  et  dans  les  ouvrages  peblvis  les 
traces  de  traditions  relatives  aux  Achéménides. 

Troisième  groupe,  —  Philologie  romane, 
i<»  On  demande  une  contribution  à  l'histoire  de  Torthographe  française; 
2®  André  de  la  Vigne,  sa  vie  et  son  œuvre  ; 
3<>  Bourdaloue  et  la  Bible. 

(Quatrième  groupe,  —  Philologie  germanique, 
1**  Faire  une  étude  sur  les  nouvelles  de  Th.  Storm  ; 

ao  Étudier  les  caractères  des  vices  dans  les  plus  anciennes  moralités  anglaises  ; 
3^  Étude  sur  les  visions  de  Sœur  Hadewijch. 

Cinquième  groupe,  —  Philosophie  et  droit  naturel, 
lO  Exposer  et  critiquer  la  Philosophie  de  VArt  de  H.  Taine  ; 
2<*  Faire  une  étude  critique  sur  les  travaux  philosophiques  d'Élie  Rabier; 
30  Faire  une  étude  critique  des  idées  de  Spinoza  et  des  origines  historiques  sur 
la  connaissance  du  troisième  genre  ; 

4<>  Analyser  le  sentiment  de  l'efFort  et  examiner  si  nous  y  avons  conscience  de 
notre  activité. 

Sixième  groupe,  —  Histoire, 

1®  On  demande  une  étude  sur  les  châtelains  dans  le  comté  de  Flandre  avant  le 
XXV*  siècle  ; 

2^  Faire  Thistoire  de  saint  Albert  de  Louvain,  avec  étude  spéciale  du  Vita  Alberti. 

30  Faire  Tétude  de  Torigine  et  du  développement  des  châtelains  en  Flandre  ; 

40  On  demande  une  contribution  à  Thistoite  de  la  contre-Réforme  dans  les  Pays- 
Bas  catholiques. 

Faculté  de  DRon. 

i«  Exposer  la  théorie  de  la  garantie  du  chef  d'éviction; 

19  On  demande  une  étude  sur  les  conditions  du  prix  de  vente  ; 

3°  On  demande  une  étude  de  la  mora  créditons  ; 

40  Étudier  les  origines  et  le  développement  de  la  querela  non  numeratae  pecuniae, 

N.  B.  Les  docteurs  ayant  reçu  leur  diplôme  tinal  en  juillet  ou  en  août  1905 
peuvent  prendre  part  à  ce  concours. 

Les  mémoires  peuvent  être  manuscrits  ou  imprimés.  Trois  thèses,  prises  en 
dehors  du  sujet  du  mémoire,  mais  se  rattachant  à  la  même  science  que  le  sujet  du 
mémoire,  doivent  y  être  annexées. 


336  LE   MUSÉE   BELGE. 


303.  —  Un  Congrès  international  des  sciences  historiques  sera  tenu  à  Berlin  du 
6  au  12  août  1908.  Il  comprendra  huit  sections  :   Histoire  de  TOrient  (président  . 

E.  Sachau),  histoire  de  la  Grèce  et  de  Russie  (E.  Meyer),  histoire  politique  du 
moyen  âge  et  des  temps  modernes  (  D.  Schafer),  histoire  de  la  civilisation  médiévale 
et  moderne  (G.  Roethe),  histoire  du  droit  et  histoire  économique  iO.  Gierke),  his- 
toire de  1  art  (K.  WoelfHin),  sciences  auxiliaires  de  l'histoire  (M.  Tangl). 

Les  membres  dn  Congrès  paient  une  cotisation  de  23  marks.  Les  mémoires 
doivent  être  adressés  au  comité  d'organisation.  Celui-ci  publiera  le  journal  du 
Congrès  qui  donnera  les  procès-verbaux  des  séances.  Les  mémoires  ne  seront  pas 
publiés  par  le  Congrès. 

S'adresser  au  secrétaire  D»"  Érich  Caspar.  Privat-dozent  an  des  Univ.  Berlin, 
Kaiserallee,  17,  et  pour  ce  qui  concerne  les  sections,  aux  présidents  de  celles-ci. 

304.  —  Une  nouvelle  revue.  Sous  la  direction  de  MM.  P.  Kretschmer  et 

F.  Skutsch,  paraît  une  nouvelle  revue  consacrée  aux  langues  grecque  et  latine  • 
Glotta^  Zeitschrift  fur  griechische  und  lateinische  Sprache,  Gottingen,  Vandenhoeck 
et  Ruprecht.  Elle  formera  4  fascicules  par  an  et  Tabonnement  coûtera  12  m. 

305.  —  Enseignement  moyen.  Nous  appelons  Tattention  de  nos  lecteurs  sur  les 
judicieuses  et  importantes  observations  présentées  à  la  Chambre  par  M.  Woeste 
au  cours  de  la  séance  du  24  juillet.  L'honorable  ministre  d'État,  s'est  exprimé  en 
ces  termes  : 

Le  problème  de  la  réforme  de  l'enseignement  secondaire  est  à  l'ordre  du  jour.  Le 
Congrès  mondial  de  Mons  s'en  est  occupé  et  là,  comme  dans  tous  les  Congrès, 
beaucoup  d'idées  ont  été  remuées.  Seulement,  le  Congrès  de  Mons  a  offert  l'incon- 
vénient de  presque  tous  les  Congrès  ;  c'est  que,  dans  le  désir  d'arriver  à  une  entente 
et  à  un  accord  général  ou  quasi  général,  on  a  fini  par  proposer  et  voter  des  solutions 
vagues,  qui  ne  peuvent  pas  constituer  un  guide  pour  le  législateur,  lequel  se  trouve 
aux  prises  avec  les  difficultés  pratiques.  Quand  on  lit  les  discussions  qui  ont  eu  heu 
à  Mons  à  ce  point  de  vue»  on  doit  reconnaître  qu'elles  ont  présenté  une  certaine 
incohérence  :  et  le  même  défaut  se  rencontre  dans  une  publication  qui  a  paru 
postérieurement  au  Congrès  de  Mons  et  qui,  sous  prétexte  de  résumer  les  délibéra- 
tions de  ce  Congrès,  les  a  présentées,  d  après  mon  sentiment  personnel  et  celui 
d'autres  personnes,  sous  un  aspect  vraiment  trop  partial. 

Quoi  qu'il  en  soit,  parallèlement  aux  faits  que  je  rappelle  en  ce  moment,  on  a 
constitué  au  département  de  l'intérieur  une  commission  chargée  d'examiner  tous 
les  projets  de  réforme  de  l'enseignement  secondaire. 

Cette  commission  a  été  constituée  d'après  certaines  idées  que  je  crois  utile  de 
signaler  brièvement. 

Il  y  a,  dans  notre  pays,  actuellement,  un^  école  qui  est  hostile  aux  lettres  anciennes 
et  il  n'est  pas  douteux  que  la  commission  a  été  constituée  sous  Tinspiration  de  cette 
préoccupation.  On  a  appelé  dans  cette  commission  des  hommes  sans  contredit  très 
capables  :  il  y  a  là  des  officiers,  quelques  professeurs  d'université,  des  industriels, 
des  fonctionnaires,  mais  il  n'y  a,  chose  étonnante,  que  très  peu  d'hommes  d'enseigne- 
ment et  dès  lors  on  peut  appliquer  à  cette  commission  le  mot  fameux  de  Beau- 
marchais :  «  11  fallait  un  calculateur,  on  prit  un  danseur.  » 

Ce  qu'il  a  de  particulièrement  fâcheux  c'est  que,  dans  la  commission  dont  il  s'agit, 
il  n'y  a  pas  un  directeur,  un  principal  ou  supérieur,  pas  un  préfet  des  études,  pas 
un  professeur  de  l'enseignement  libre.  L'on  a  le  dioit  de  s'étonner  que  l'on  ail  en 
quelque  sorte  sybtématiquemei.i  écarté  les  personnes  les  plus  compétentes  pour  se 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  337 


prononcer  sur  ce  que  comporte  renseignement  secondaire.  Et  à  peine  cette  com- 
mission a-t-elle  été  réunie,  d'après  les  renseignements  qui  nous  sont  arrivés  de 
toutes  parts,  que  de  grands  efForts  ont  été  faits  auprès  d'elle  et  dans  son  sein  pour 
l'amener  à  se  prononcer  contre  les  lettres  classiques. 

Les  ctioses  ont  été  si  loin  que  la  plupart  des  professeurs  des  universités  et 
de  l'enseignement  moyen  s'en  sont  émus  et  que  189  professeurs  d'université  et 
1,1 55  professeurs  des  établissements  d'enseignement  moyen  ont  pétitionné  auprès 
du  ministre  pour  que  l'importance  des  cour:»  classiques  ne  soit  pas  diminuée. 

Ce  plébiscite  a  sans  contredit  sa  valeur.  Assurément,  messieurs,  des  réformes 
peuvent  être  introduites  et  ce  n'est  pas  moi  qui  m'opposerai  au  remaniement  des 
programmes  et  des  méthodes  d'enseignement  secondaire,  qui  ne  doit,  pas  plus  que 
tout  enseignement  quelconque,  rester  stationnaire  ;  mais  il  ne  faut  que  sous  prétexte 
de  réformes,  on  cherche  à  modifier  radicalement  ce  qui,  dans  tous  les  pays  et  dans 
le  nôtre  comme  ailleurs,  a  été  considéré  comme  une  des  conditions  de  la  haute 
éducation  intellectuelle,  comme  une  condition  indispensable  de  la  formation  désin- 
téressée de  la  jeunesse  studieuse. 

Messieurs,  ce  qui  doit  surtout  fixer  l'attention,  aj  point  de  vue  de  la  réforme  de 
renseignement  moyen,  c'est  la  fixation  d'un  programme  rationnel,  c'est-à-dire,  qui  ne 
soit  pas  trop  chargé  et  qui  tienne  compte  du  but  essentiel  des  humanités  ;  ce  but, 
c*est,  ce  doit  être  le  développement,  l'exercice  des  facultés  intellectuelles  de  l'enfant. 

On  a  chargé  extraordinairement  les  programmes  d'enseignement  moyen,  comme 
s*il  n'y  avait  plus  dans  l'enfant  qu'une  seule  faculté,  la  mémoire.  Cette  mémoire  se 
trouve  actuellement  encombrée  d'une  quantité  de  choses  que  l'enfant  ne  parvient 
pas  à  s'assimiler,  ou  qull  ne  s'assimile  que  momentanément  et  avec  de  grands 
efforts  ;  quand  les  études  sont  finies,  il  oublie  ce  dépôt  indigeste  qu'a  porté  avec 
grand'peine  sa  mémoire  pendant  quelque  temps  ;  et  en  attendant,  ses  fa:ultés 
intellectuelles  sont  presque  restées  en  friche. 

Il  y  a  au  frontispice  d'un  collège  anglais,  cette  devise  en  vieil  anglais  :  u  Ici  on 
fait  des  hommes  ».  Eh  bien,  ce  doit  être  là  surtout  le  but  de  l'enseignement  secon- 
daire. On  paraît  aujourd'hui  l'oublier  trop  facilement.  On  avait  compris  que 
c'était  surtout  par  l'étude  raisonnée  des  langues  qu'on  pouvait  arriver  à  faire  des 
enfants  des  hommes.  Je  voudrais,  autant  que  possible,  que  Ton  revienne  à  cette  idée 
fondamentale  de  toute  bonne  éducation,  et  je  me  permets,  sans  vouloir  développer 
davantage  ces  considérations,  d'appeler  sur  ce  point  l'attention  anxieuse  de  M.  le 
ministre  des  sciences  et  des  arts.  Il  a  lui-même  un  nom  dans  les  lettres  et  tiendra  à 
honneur,  )'en  suis  convaincu,  de  ne  pas  affaiblir  ce  qui  constitue  la  force,  le  mérite, 
rhonneur  d'un  enseignement  secondaire  éclairé. 

A  ce  point  de  vue,  je  me  permets  de  lui  demander,  comme  conclusion  de  ces 
brèves  observations,  s'il  n'est  pas  disposé  à  examiner  de  près  la  composition  de  la 
commission  de  l'enseignement  moyen  dont  je  parlais  tout  à  l'heure,  commission  qui 
a  été  constituée  par  l'ancien  département  de  l'intérieur,  et  s'il  ne  conviendrait  pas 
d'après  lui  de  la  compléter,  le  cas  échéant,  de  manière  que  les  hommes  d'ensei- 
gnement puissent  y  être  entendus  et  qu'ainsi  le  travail  sorti  de  ses  délibérations  se 
présente  à  nous  avec  des  garanties  suffisantes. 

Assurément,  il  ne  s'agit  pas  là  de  vouloir  lier  l'opinion  définitive  ni  du  gouverne- 
ment, ni  des  Chambres;  mais  je  demande  que  nous  soyons  saisis  d'un  travail 
sérieux  et  compétent  et  je  crains  que  la  composition  de  la  commission,  telle  que  je 
la  signalais  tout  à  l'heure,  ne  nous  permette  pas  d'espérer  que  ses  conclusions 
présentent  ce  caractère. 

Je  prie  M.  le  ministre  des  sciences  et  des  arts  de  fixer  son  attention  sur  cet 
mportant  objet  et  je  me  laisse  aller  à  espérer  qu'il  tiendra  à  honneur  de  signaler 


338  LE   MUSÉE   BELGE. 


son  passage  au  pouvoir  en  cherchant,  non  pas  à  altérer  les  conditions  traditionnelles 
de  notre  enseignement  secondaire,  mais  au  contraire  à  les  renforcer,  de  manière  à 
atteindre  le  but  que  doit  avoir  en  vue  toute  haute  éducation  intellectuelle. 

3o6.  —  La  librairie  Bloud  et  0«  publie  t  Les  langnea  vivantes  »  Revue  bi-men- 
suelle  illustrée  d'enseignement  pratique. 

Le  but  de  cette  revue  est  de  rendre  attrayante  Tétude  des  langues  ctrangères  en 
fournissant  aux  professeurs  et  aux  élèves,  des  anecdotes,  des  traits  de  mœurs  et  des 
articles  humoristiques. 

Elle  publie  des  chroniques  littéraires  et  politiques,  des  extraits  annotés  des  revues 
et  des  journaux  étrangers  pour  ceux  qui  veulent,  par  la  lecture,  augmenter  et  entre- 
tenir leurs  connaissances  acquises. 

Elle  aide,  par  des  cours  de  correspondance  commerciale,  des  corrections  de 
devoirs  et  des  échanges  de  correspondances  ceux  qui,  pour  leur  formation  person- 
nelle ou  leurs  affaires,  veulent  se  perfectionner  dans  Tétude  des  langues  étrangères. 
Elle  organise  des  voyages  d'études  à  l'étranger. 

Elle  paraît  en  cinq  langues  :  anglais,  allemand,  espagnol,  italien,  français. 

Le  prix  de  Tabonnement  varie  suivant  le  nombre  de  langues  auxquelles  on 
s'abonne  ;  il  est  de  3  francs  pour  une  langue  et  de  7  fr.  5o  pour  la  Revue  complète. 
Un  spécimen  gratuit  est  envoyé,  sur  simple  demande,  par  MM.  Bloud  et  0«,  rue 
Madame.  4,  Paris. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  SSq 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

UTILITÉ  DUNE  ÉTUDE  RESTREINTE  DU  GENRE  ROMAN 

en  3'"''  latine 

par  M.  l'abbé  WATHELET,  profeiseur  au  Petit  Séminaire  St-Roch. 


Nous  voudrions,  dans  le  présent  article»  montrer  les  avantages 
que  présente  en  3°>«  latine,  comme  en  poésie  et  en  rhétorique,  Tétude 
d'un  genre  littéraire.  Et  le  genre  littéraire,  dont  nous  nous  proposons 
-de  montrer  toute  l'utilité  à  notre  époque,  est  le  genre  roman. 

Pour  bien  préciser  l'état  de  la  question,  nous  disons  que  cette  étude 
du  genre  roman  doit  être  restreinte.  Qu'entendons-nous  par  ce  mot 
restreinte  ?  On  peut  lui  donner  un  quadruple  sens  ou,  si  l'on  veut, 
on  peut  faire  quatre  restrictions  dans  l'étude  du  genre  roman.  Au 
reste,  ces  quatre  restrictions  s^appliquent  tout  autant  aux  grands 
genres  étudiés  dans  les  deux  classes  supérieures  de  nos  humanités. 

i»  On  devra  étudier  uniquement  les  œuvres  principales  (classiques, 
dirait-on,  s'il  s'agissait  d'un  genre  plus  ancien)  et  laisser  de  côté,  au 
point  de  vue  de  la  formation  littéraire  des  jeunes  gens,  les  romans 
tels  que  ceux  d'un  J.Verne,  d'un  F.  Cooper  ou  d'un  Pierre  L'Eermite. 
De  même  que  pour  la  poésie  lyrique,  on  n'ira  pas  étudier  les  œuvres 
d'un  Népomucène  Lemercier  ou  d'auteurs  de  trente-sixième  ordre, 
et  pour  l'éloquence  des  discours  d'un  Dufaure  ou  d'un  Danton. 

2°  Un  choix  judicieux  d'œuvres  s'impose  tant  au  point  de  vue 
moral  qu'au  point  de  vue  pédagogique. 

3*  Il  faudra  nécessairement  se  borner  à  deux  ou  trois  longues 
<£uvres,  puis  à  des  extraits  plus  ou  moins  nombreux  ;  il  en  est  de 
même  pour  les  genres  étudiés  en  poésie  et  en  rhétorique. 

4®  Depuis  Sainte-Beuve  et  surtout  Brunetière,  la  critique  littéraire 
en  France  a  pris  une  nouvelle  tournure  :  on  étudie  particulièrement 
les  œuvres  au  point  de  vue  de  leur  influence  sur  l'évolution  du  genre, 
auquel  elles  appartiennent,  en  d'autres  termes,  on  s'explique  l'œuvre 
non  plus  seulement  en  elle-même,  ou  par  son  milieu  historique,  par 
la  vie,  l'éducation  de  l'auteur,  mais  encore  par  son  o  milieu  litté- 
raire »,  dirais-je,  par  l'histoire  du  genre,  auquel  elle  appartient. 

Évidemment,  une  étude  du  genre  roman  (i)  à  ce  point  de  vue, 

(i)  Voir  pour  cette  étude  la  collection  Évolution  des  genres.  Le  Roman^  pa 
Levbault.  Paris,  Delaplane. 


340  LE    MUSÉE   BELGE. 


demande  à  être  très  restreinte  :  on  ne  s'adresse  qu'à  des  élèves,  qui 
ne  sont  pas  encore  formés. 

Nous  croyons  cependant  que  même  à  ce  point  de  vue,  l'étude,  si 
elle  doit  être  restreinte,  ne  doit  pas  être  complètemet  rejetée.  Mais 
nous  nous  expliquerons  plus  loin  à  ce  sujet. 

Ne  préjugeons  pas  un  point  important,  qui  doit  être  éclairci,  parce 
qu'il  fournira  certains  éléments  à  notre  thèse  : 

Le  roman  est-il  un  genre? 

Et  nous  répondons  :  Certainement,  et  de  plus  en  plus. 

Pour  le  prouver,  sans  entrer  dans  des  discussions  littéraires  à  ce 
sujet,  nous  en  appellerons  au  témoignage  d'un  des  hommes  les  plus 
compétents  sans  conteste  :  Brunetière,  dans  son  dernier  livre  sur 
Balzac  (i),  s'exprime  comme  suit  :  «  Si  l'on  a  pu  dire  de  Molière 
qu'il  était  non  seulement  le  plus  grand  des  auteurs  comiques,  mais 
la  comédie  même,  on  peut  dire  de  Balzac  qu'il  a  été  non  seulement 
le  plus  grand,  le  plus  fécond  et  le  plus  divers  de  nos  romanciers, 
mais  le  roman  même  et  l'objet  de  présent  volume,  dit  Brunetière, 
est  de  montrer  qu'en  le  disant,  on  ne  dit  rien  que  d'absolument  et 
d'exactement  vrai.  »  Et  il  montre  dans  l'ouvrage  qu'une  grosse  part 
de  l'originalité  de  Balzac  tient  à  ce  que  celui-ci  est  parvenu  à  consti- 
stuer  le  roman  dans  une  indépendance  entière  des  genres  voisins, 
à  le  sacrer  ou  à  le  créer  «  genre  »  lui-même. 

Au  reste,  l'admission  toute  récente  de  Maurice  Barrés  à  l'Académie 
française  est  un  signe  des  temps.  Barrés,  qui  ne  vaut  que  par  ses 
romans,  est  reconnu  grand  auteur  et  il  na  pas  fallu  attendre 
l'admission  de  Barrés  à  l'Académie  pour  reconnaître  l'importance 
du  roman  actuellement  au  point  de  vue  littéraire  :  René  Bazin  et 
bien  d'autres  le  prouvaient  suffisamment. 

Personne  d'ailleurs  ne  conteste  aujourd'hui  que  le  roman  devient 
le  grand  genre  (au  point  de  vue  littéraire,  comme  au  point  de  vue 
de  la  popularité  des  œuvres  qu'il  comprend),  surtout  depuis  qu'un 
Balzac,  un  Feuillet,  un  Bourget.  un  Bazin,  un  Loti,  un  Daudet, 
un  Huysmans  et  tant  d'autres  lui  ont  donné  des  tendances  de  plus- 
en  plus  artistiques. 

Comme  base  de  notre  argumentation,  nous  prenons  comme  défini- 
tion du  roman,  celle  que  le  P.  Verest  en  donne  avec  autant  d'exacti- 
tude que  de  brièveté,  quand  il  dit  :  «  Le  roman  est  l'épopée 
moderne  (2)  m. 

N'est  il  pas  vrai  que  le  roman,  quand  il  constitue  une  œuvre 


(i)  BRtjNi-TiÈRE,  Honoré  de  Balzac,  Paris,  Calmann-Lévy,  igo6. 
(2)  Manuel  de  littérature^  1^^  édition,  p.  371. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  3^1 


littéraire  de  réelle  valeur,  est  un  reflet  de  la  société  actuelle,  tout 
comme  l'étaient  les  épopées  anciennes  pour  la  société  de  leur  époque  ? 
Pour  être  un  véritable  chef-d'œuvre,  ne  doit- il  pas  en  outre  (nous 
employons  ici  les  termes  mêmes  de  Téminent  P.  Verest)  être  un 
«  tableau,  fait  en  prose  fortement  colorée  »,  second  trait  de  ressem- 
blance avec  les  grandes  épopées  ? 

L'histoire  de  ce  genre  comprend  deux  grandes  époques  : 

1°  Il  plonge  ses  racines  dans  Tépopée  et  a  un  premier  épanouisse- 
ment du  xii«  au  xv«  siècle. 

2©  Son  épanouissement  complet  date  du  xix«  siècle. 

Nous  allons  examiner  les  avantages  de  l'étude,  avec  les  quatre 
restrictions  faites  pour  commencer,  du  genre  roman  à  ces  deux 
époques  : 

Du  xii«-xv«  et  même  xvi®  siècle,  on  a  de  longs  récits,  adaptés  au 
goût  de  l'époque,  reflétant  les  mœurs  de  l'époque  et  surtout  écrits 
dans  la  langue  de  l'époque. 

On  pourrait  faire  d'extraits  de  ces  romans  une  double  analyse  : 
littéraire  et  linguistique  principalement.  Cette  seconde  analyse  est 
tout  à  fait  d'accord  avec  l'étude  de  la  grammaire  historique,  étude 
très  recommandée,  récemment  encore  (i),  à  propos  de  la  discussion 
sur  le  programme  des  humanités  anciennes.  Pour  bien  graver  dans 
l'esprit  des  jeunes  gens  les  principales  règles  de  la  formation  de 
notre  langue,  des  exercices  linguistiques  très  fructueux  pourraient 
être  faits  pendant  le  i«»"  trimestre. 

Quant  à  la  période  de  transition  entre  le  xvi*  et  le  xix*  siècle,  elle 
est  précisément  remplie  par  le  grand  siècle,  dont  l'étude  est  réservée 
à  la  poésie  et  à  la  rhétorique.  Le  roman  servirait  à  l'étude  du  début 
de  rhistoire  littéraire  et  de  sa  fin.  Nous  voudrions  appliquer  ici  la 
quatrième  de  nos  remarques  préliminaires  :  nous  disions  qu'une 
étude  de  l'évolution  du  genre,  tout  en  étant  très  restreinte,  ne  devait 
pas  être  totalement  supprimée.  Ainsi,  pour  prendre  l'exemple  du 
xvii«  siècle,  on  pourrait  rapidement  faire  l'histoire  du  roman,  assez 
informe,  nous  le  voulons  bien,  à  cette  époque  et  en  tirer  des  conclu- 
sions très  pratiques  pour  les  rédactions  des  élèves  (narrations).  Il 
nous  semble  trouver  là  une  méthode  attrayante,  facile  et  suggestive 
d'enseignement  des  préceptes  français. 

Nous  arrivons  à  la  seconde  période  du  roman,  la  plus  importante  : 
le  xix«  siècle. 

On  peut  ramener  à  trois,  les  grandes  tendances  des  romanciers^ 
contemporains  : 

(i)  Revue  des  humanités ^  mars  1907,  pp.  5i-52 


3^2  LE   MUSÉE   BELGE. 


1°  Une  tendance  à  faire  ce  que  Von  est  convenu  d'appeler  des 
romans  à  thèse  :  à  étayer  une  proposition  au  moyen  d'une  narration 
de  grande  envergure,  une  narration  quand  même,  un  récit,  qui  doit 
avoir  toutes  les  qualités  propres  à  la  narration. 

2"  Une  tendance  «  descriptive  n,  dirions-nous  ;  les  auteurs  ont  à. 
des  degrés,  différents  s'entend,  ce  talent  qu'attribue  le  P.  Longhaye 
à  Pierre  Loti  :  «  la  faculté  de  voir  la  création  matérielle,  de  la 
sentir,  d'en  aspirer  et  d'en  renvoyer  les  effluves,  naturelle  en  soi  et 
légitime,  étouffée  chez  le  paysan,  le  soldat,  le  matelot  par  raction 
et  le  métier,  quelque  peu  comprimée  par  la  sévérité  des  vieilles 
littératures,  exaltée  aujourd'hui  jusqu'à  l'ivresse,  à  l'hallucination 
-sensuelle  et  raffinée  jusqu'à  la  névrose  (i).  »  Cette  dernière  remarque 
indique  la  nécessité  d'une  grande  discrétion  dans  le  choix  des  extraits. 

3°  Une  tenôsLïïce  psychologique^  d'observation  interne,  que  possède 
au  plus  haut  degré  Paul  Bourget,  et  que  nous  retrouvons  à  un  degré 
éminent  chez  André  Lichtenberger  {Mon  petit  Trott,  etc.) 

De  ces  trois  tendances,  on  peut  tirer  une  série  d'avantages  pour 
la  formation  littéraire  des  jeunes  gens.  Pojur  plus  de  clarté,  nous 
suivrons  Tordre  des  facultés  : 

[O  Formation  de  la  raison.  Comme  beaucoup  de  romans  contien- 
nent une  thèse,  qu'ils  développent,  il  y  a  tout  un  travail  de  raison- 
nement dans  la  recherche  de  cette  thèse,  des  moyens  employés  par 
Tauteur  pour  arriver  à  la  prouver,  dans  l'examen  de  l'agencement 
des  parties,  du  concours  des  incidents  au  but  final  Remarquons,  du 
reste,  que  nous  ne  sommes  qu'en  3°»«  et  que  cette  faculté,  si  elle  doit 
déjà  être  mise  en  activité  et  développée  alors,  doit  l'être  plus  parti- 
culièrement en  poésie  et  en  rhétorique. 

Pour  ne  pas  rester  dans  la  théorie  pure  et  montrer  le  rôle  que  la 
raison  peut  jouer  dans  l'étude  des  romans  à  thèse,  voici  deux  spéci- 
mens de  devoirs  qui  me  semblent  très  bien  convenir  à  ce  point  de 
vue  :  Nous  prenons  comme  exemple  la  «  Terre  qui  meurt  n  de  René 
Bazin  et  nous  supposons  que  les  élèves  n'ont  pas  l'ouvrage  entre  les 
mains.  Quand  on  a  lu  du  livre  assez  pour  que  les  élèves  voient  déjà 
se  dessiner  les  caractères,  la  trame  du  roman,  quand  d'autre  part  on 
leur  a  fait  connaître  la  thèse  de  l'auteur,  on  pourra  leur  donner  en 
rédaction,  avec  un  petit  canevas,  le  chapitre,  qui  suit  celui  qu'on 
a  lu  en  dernier  lieu  :  l'élève  devra  faire  avancer  le  roman,  compliquer 
rintrigue,  tout  en  tenant  compte  du  caractère  des  personnages,  du 
but  proposé. 

De  même,  la  lecture  de  l'œuvre  terminée,  on  pourra  exiger,  sous 

(i)  Esquisses  littéraires^  tome  IV,  p.  140. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  343 


forme  de  rédaction,  un  résumé  général,  faisant  ressortir  le  but  de 
Tauteur  et  les  moyens  employés. 

2*    F'armaiùm   de  Vimaginatùm   (i).   Ce    n'est    pas    la   lecture    des 
romans  qui  fournira  à  Télève  une  sensation  véritablement  réelle  et 
nouvelle.  Il  faudra  avant  tout  qu'il  se  soumette  à  la  nature  ;  car  pour 
apprendre  à  imaginer  et  décrire  ce  qui  ne  tombe  pas  directement 
sous  nos  sens,  le  moyen  le  plus  sûr  est  d'apprendre  à  bien  voir  ce 
qui    nous  entoure.   Or,  les  romans  contemporains,  étant  donné  la 
tendance  descriptive,  qui  les  caractérise,  suggéreront  à  Télève  Tidée 
d'examiner  attentivement  ce  qui  se  passe  autour  de  lui,  lui  appren- 
dront à  nommer  ses  sensations  et  lui  donneront  un  vocabulaire,  qui 
lui  permette  de  communiquer  à  d'autres  ce  qu'il  voit  et  sent  lui-même. 
30    Formaiiati   du    sentiment   :    nous    n'allons    pas    insister    sur    ce 
point,  quitte  à  y  revenir  plus  loin.  Nous  ferons  remarquer  que  la 
tendance  psychologique  des  auteurs  modernes  sera  d'une  grande 
utilité  pour  sa  formation.  L'étude  des  sentiments  en  sera  beaucoup 
facilitée  et  rendue  plus   attrayante  parce  que  le  romancier   place 
devant  un  caractère  un  verre  grossissant  (2),  comme  le  fait  si  bien 
Lichtenberger  devant  son  petit  Trott  (3).  L'imagination  et  le  senti- 
ment ne  pourraient  être  que  trop  développés  par  l'étude  des  romans  : 
au  professeur  de  veiller  sur  ce  point. 

Faisons  remarquer  en  passant,  à  propos  de  la  formation  du  senti- 
ment, l'accord  parfait  de  l'étude  du  roman  avec  le  programme  ordi- 
naire des  rédactions  de  3™«.  Celui-ci  a  comme  caractère  distinctif 
l'étude  du  cœur  humain  (4).  Ce  qu'on  demande  aux  élèves,  c'est  de 
faire  voir  dans  un  récit  à  la  fois  court  et  simple,  les  manifestations 
d'un  sentiment  ou  d  une  passion,  les  traits  distinctifs  d  un  caractère» 
qu'ils  ont  pu  observer,  soit  seuls,  soit  avec  le  concours  du  professeur 
dans  Tétude  d'une  œuvre  littéraire.  Cette  observation  suffit  à  montrer 
clairement  toute  l'utilité  des  romans  psychologiques. 

4®  Quant  à  la  Jormation  du  goût,  qui,  dans  les  choses  littéraires, 
joue  le  rôle,  que,  dans  les  choses  morales,  joue  la  conscience,  il 
nous  semble  que  l'étude  simultanée  d'œuvres  entières  et  d'extraits 
d'œuvres  est  bien  propre  à  lui  donner  de  l'ampleur,  comme  à  l'affiner. 
A  lui  donner  de  l'ampleur  d'abord,  en  faisant  sentir  à  l'élève 
Taccord  des  parties  avec  le  tout  ou  parfois  un  certain  désaccord, 

(1)  Nous  appliquons  ici  les  notions  d'un  excellent  article,  Revue  de  renseignement 
chrétien.  Avril  1907.  Formation  de  l'imagination, 
(1)  Rivue  néO'SCOlastique  :  février  1906.  Le  plaisir  du  roman,  par  Arth.  Legrand. 

(3)  Il  va  sans  dire  que  ce  roman  sera  lu  aux  élèves  avec  les  corrections  nécessaires. 

(4)  N.  GiLLET,  Des  procédés  à  employer  pour  assurer  et  hâter  les  progrès  en 
rédaction  française^  p.  11.  Huy,  Charpentier,  188Ô  et  F.  Collard,  Méthodologie  de 
r Enseignement  moyen,  p.  100. 


1 


$44  ^^   MUSÉE   BELGE. 


l'agencement  des  parties  etc.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  dans 
l'étude  de  la  «  Terre  qui  meurt  »,  l'élève  goûtera  certaines  scènes,  si 
fraîches,  qui  vont  droit  au  but  de  l'auteur  :  comme  l'appel  au  maître, 
la  vigne  arrachée.  Par  contre,  il  trouvera,  ou  on  lui  fera  trouver,  si 
c'est  nécessaire,  une  faute  de  goût  dans  le  caractère  de  Mathurin  : 
ce  caractère  est  une  «  charge  »  ;  le  contraste  est  trop  grand  entre  ce 
perclus  en  révolte  contre  tout  et  les  autres  personnages  plus 
«  humains  ».  Pourquoi  du  reste  cette  association,  qui  semble  à 
certains  inévitable,  de  laideur  physique  et  de  laideur  morale? 

Ensuite,  on  affinera  le  goût  des  élèves,  mais  plus  spécialement  par 
Tétude  approfondie  d'extraits  choisis.  Inutile  d'insister  sur  ce  point 

S'il  n'avait  pas  l'avantage  de  bien  former  les  jeunes  gens,  au  point 
de  vue  littéraire,  le  genre  roman  devrait  être  impitoyablement  rejeté, 
quels  que  puissent  être  ses  autres  avantages. 

Maintenant  que  ce  premier  point  est  établi,  on  peut  rapidement 
indiquer  d'autres  considérations,  que  l'on  est  en  droit  de  faire  entrer 
en  ligne  de  compte. 

!*•  Ce  genre  est  un  genre  classé  :  c'est  le  genre  prédominant,  le 
genre  actuel.  Pourquoi  ne  pas  initier  nos  jeunes  gens  à  la  production 
littéraire  de  leur  époque,  puisqu'elle  a  des  beautés  incontestables  (  i  )  ? 

2<>  La  curiosité  existe  de  plus  en  plus  :  de  plus  en  plus»  on  veut 
lire  les  romans.  Nous  croyons  que  la  bonne  médecine  des  passions 
consiste  non  à  les  supprimer  (c'est  impossible  !),  mais  à  les  bien 
diriger.  Pourquoi  ne  pas  donner  une  bonne  direction  à  la  curiosité 
de  nos  élèves  ?  Pourquoi  ne  pas  l'élever  autant  que  possible,  en  leur 
faisant  examiner  certaines  œuvres  à  un  point  de  vue  très  noble  ? 

30  Signalons  enfin  la  conclusion  d'une  brochure  intitulée  :  Pour- 
quoi le  roman  à  la  mode  est- il  immoral  ?  et  pourquoi  le  roman  moral 
n'est- il  pas  à  la  mode  ?  «  Il  s'agit,  dit  l'auteur,  d'imposer  un  peu. 
comme  c'est  notre  droit,  à  ces  gens  qui  en  imposent,  de  remiser 
notre  timidité  coutumière  et  dans  la  mesure  de  nos  facultés,  de  faire 
du  bruit  autour  des  bons  livres,  comme  les  gens  frivoles  ou  corrompus 
savent  si  bien  en  faire  des  mauvais  »>  (2)  Le  professeur  pourra,  dans 
ce  but,  faire  remarquer  toutes  les  beautés  artistiques  des  œuvres  de 
nos  écrivains  vraiment  moraux. 

Nous  voudrions,  pour  terminer,  rencontrer  certaines  objections 
qu'on  ne  manquera  pas  de  nous  faire,  examiner  certains  inconvé- 
nients de  l'étude  du  genre  roman. 

Nous  remarquons,  au  préalable,  qu'il  n'existe  aucun  genre,  dont 

(1;  Bulietin  bibliographique  et  pédagogique,  i5  mai  iSyy. 

(2)  D'AzAMBUJA,  Collection  Science  et  religion,  no  42,  p.  61.  Paris,  Bloud  et  Barrai. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  345 


l'étude  ne  présente  absolument  aucun  inconvénient.  La  question  est 
de  voir  si  les  inconvénients,  opposés  à  l'étude,  que  nous  défendons, 
sont  de  nature  à  en  modifier  suffisamment  la  suppression  ou  la  non- 
introduction. 

Des  inconvénients,  Louis  Veuillot  en  aurait  certes  trouvé  ;  car  il 
se  demanda  par  deux  fois  si  le  chrétien  peut  faire  des  romans  et  sa 
réponse  fut  plutôt  sévère.  Le  P.  Longhaye  fait  remarquer,   à  ce 
propos,    que  le   roman   chrétien   n'a  aujourd'hui  qu'une  médiocre 
chance  auprès  du  grand  public.  «  On  ne  peut,  dit-il  (i),  le  multiplier, 
Tofïrir  en  aliment  quasi-habituel,  sous  peine  d'altérer  plus  ou  moins 
le  sens  vrai,  pratique,  vigoureux,  chrétien  de  la  famille  et  de  la 
vie  ;   il  est  d'ailleurs  assez  difficile  de  le  garder  absolument  chaste 
et  inoffensif.  Mais  après  tout,  continue  le  P.  Longhaye,  le  difficile 
n'est  pas  l'impossible  et  pour  sa  part,  L.  Veuillot  Ta  démontré  au 
moins  trois  fois.  (Pierre  Saintive^  Vhofinéie  femme,  Corbtn  et  d*Aubecourt,)  » 
Et  après  L.  Veuillot,  plusieurs  auteurs  ont  montré  qu'on  peut 
faire  des  romans  où  le  sens  chrétien  n'est  pas  altéré  :  Bazin,  Monlaur, 
par  exemple  et  à  des  degrés  moindres  :  Feuillet,  Bourget,  Huysmans, 
du  moins  dans  certaines  de  leurs  œuvres.  Ce  n'est  pas  évidemment 
qu'on  puisse  mettre  tous  ces  ouvrages  entre  les  mains  des  élèves. 
Non,  mais  on  peut  en  lire,  soit  en  entier,  soit  en  partie.  Et  l'expé- 
rience prouve  qu'il  est  très  possible  de  faire  une  analyse  soignée 
d'une  œuvre  littéraire,  sans  que  celle-ci  soit  entre  les  mains  des 
élèves.  Naturellement,  cette  analyse  ne  sera  pas  fouillée  :  pareille 
analyse  sera  réservée  pour  des  extraits,  que  les  élèves  pourront  aisé- 
ment se  procurer. 

Un  second  inconvénient  se  retrouverait  peut-être  dans  la  difficulté 
excessive  du  genre. 

Mais  quel  genre  littéraire  ne  contient  pas  de  difficultés  trop  grandes 
pour  nos  élèves  ?  Le  genre  dramatique,  le  genre  lyrique,  l'éloquence 
ne  sont-ce  pas  là  des  genres  étudiés  dans  nos  humanités  ?  Faudra-t-il 
les  bannir  parce  qu'ils  contiennent  des  œuvres  d'une  portée  trop 
élevée  pour  nos  élèves  ?  D'ailleurs,  c'est  un  fait  reconnu  que  le  genre 
épique  (que  constitue  actuellement  le  roman)  est  un  genre  plus 
attrayant  pour  les  élèves  :  le  serait-il  s'ils  y  trouvaient  de  difficultés 
insurmontables  ?  Que  le  professeur  ait  soin,  nous  l'avons  déjà  dit,  de 
faire  un  choix  judicieux  d'œuvres  ou  d'extraits  d'œuvres  à  étudier  ; 
judicieux  au  double  point  de  vue  moral  et  pédagogique. 

On  insistera  en  disant  :  Nos  élèves,  si  jeunes,  ne  vivent  que  de 
l'imagination  et  vous  leur  jetez  en  pâture  une  bien  grande  tranche 


(i)  Esquisses  littéraires^  tome  IV,  p,  356. 


346  LE   MUSÉE   BELGE. 


saignante  de  vie  humaine.  Du  moins,  dans  nos  œuvres  classiques, 
l'amour,  qui  en  est  le  ressort,  est- il  «  un  amour  de  tête  •. 

Cette  objection  est  sérieuse.  Écartons  d  abord  un  malentendu,  qui 
pourrait  aisément  se  produire  ici.  Une  œuvre  littéraire,  telle  qu'un 
roman,  est  susceptible  de  dififérentes  études,  suivant  le  point  de  vue 
auquel  on  se  place. 

Plaçons-nous  au  point  de  vue  de  l'intrigue  des  idées,  des  ten- 
dances, d'accord,  pareille  étude  sera  souvent  dangereuse  même, 
pour  les  élèves  de  3«»«,  et  trop  difficile,  surtout  s'il  s'agit  d'œuvres 
contenant  une  thèse  trop  philosophique  ou  de  portée  trop  générale, 
comme  l'Étape  et  le  Divorce  de  Paul  Bourget,  le  Fils  de  l'esprit  de 
Fonsegrive,  l'Isolée  de  René  Bazin  ;  mais  combien  d'autres  pourront 
être  comprises  sans  difficulté  ni  danger  par  nos  élèves,  même  à  ce 
point  de  vue  1 

Que  si  nous  considérons  l'œuvre  au  point  de  vue  des  descriptions 
qu'elle  contient,  qu'il  s'agisse  de  descriptions  de  caractères  ou  de 
scènes  de  la  nature,  en  d  autres  termes  si  nous  considérons  l'œuvre 
au  point  de  vue  psychologique,  comme  au  point  de  vue  descriptif, 
le  genre  n'est  plus  alors  trop  difficile  pour  la  3™«,  pas  plus  que  le 
genre  lyrique  pour  la  poésie.  Et  sur  nos  chrestomathies,  l'étude  d'un 
genre  a  le  grand  avantage  d'être  plus  attrayante,  plus  alléchante 
pour  nos  élèves,  plus  vivante,  plus  suggestive  et  plus  une. 

Au  surplus,  veillons  à  ce  que  la  conclusion  ne  dépasse  pas  les 
prémisses.  Cette  objection  ne  pourra  amener  comme  conclusion 
logique  que  la  suivante  :  qu'en  3™«,  le  professeur  s'efiforce  de  trouver 
des  œuvres,  bien  à  la  portée  de  ses  élèves  et  laisse  aux  professeurs 
des  classes  supérieures  le  soin  de  continuer  discrètement  par  des 
lectures  appropriées,  une  étude,  déjà  faite  de  façon  assez  approfondie 
dans  une  classe  précédente. 

On  pourrait  encore  objecter  une  difficulté  d'ordre  pratique  :  Com- 
ment étudier  de  longues  œuvres,  que  ne  possèdent  pas  nos  élèves  ? 
Nous  avons  déjà  répondu  plus  haut  à  cette  difficulté  ;  il  suffit  d*en 
appeler  à  l'expérience  de  ceux  qui  l'ont  fait. 

Et  puis,  où  trouver  une  anthologie  convenable  ?  Remarquons  que 
les  éditions  populaires  se  multiplient  de  plus  en  plus.  La  dactylo- 
graphie ne  pourrait  elle  au  besoin  venir  au  secours  des  professeurs  ? 
Faut-il  enfin  pour  une  difficulté  passagère  (formons-en  le  vœu  !) 
sacrifier  l'étude  d'un  genre  estimé  utile  ?  Le  moment  n'est-il  [pas 
venu  de  donner  un  genre  littéraire  à  la  3°»«,  comme  à  la  poésie  et  à 
la  rhétorique  ?  Nous  le  croyons. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  347" 


DICTÉES  FRANÇAISES 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
(Suite.) 


3o.  Les  savants. 


Il  y  a,  par  le  monde,  un  petit  nombre  d'hommes  qui  paraissante 
n'être  rien  du  tout.  Ils  parlent  un  langage  à  faire  sauver  les  enfants, 
les  plus  braves  même.  Ils  pèsent  de*  petites  poudres  noires  dans  des* 
balances  de  pharmacien,  trempent  des  plaques  de  cuivre  dans  une 
eau  qu'ils  ont  rendue  piquante  tout  exprès,  et  regardent  passer  dans 
des  tubes  de  verre  recourbés  de  légères  boules  d'air,  quelquefois 
aussi  dangereuses  que  des  boulets  de  canon*.  On  en  a  vu  qui^  grat- 
taient des  os  qui>  ne  servent  à  rien,  et  qui^  coupaient  en  quatre  des 
fétus  gros  comme  des  têtes  d'épingle.  J'en  ai  vu  moi  même  qui 
tenaient^  leurs  yeux  braqués  pendant  des  demi-heures,  des  heures  tout 
entières  même,  sur  des  lunettes  à  trente-six  verres  ;  et  quand  j  ai  été 
voir  au  bout,  je  n'y  ai  rien  vu.  A  les  regarder  travailler  dans  ime 
grande  pièce  que  je  /«'  ai  entendus  nommer  leur  laboratoire,  on 
dirait  qu'ils  sont  fous.  Et  quand  tout  cela  est  fini,  il  se  trouve,  un 
beau  matin,  qu'ils  ont  obtenu  des  résultats  que  personne  n'avait 
espérés,  enrichi  les  peuples  par  centaines  de  millions  à  la  fois,  et 
révélé  à  l'humanité  des  lois  que  le  Créateur  a  imposées  à  la  nature. 
Tels  sont  les  avantages  que  procure  la  science. 

[D'après  Macé,  dans  Lepetit,  Dictées  littéraires,) 

Explications  grammaticales  :  i,  accord.   —   2  et  3,  article.   —   4,  nombre.  

5,  construction.  —  6,  accord.  —  7,  pourrait- on  remplacer  ce  pronom  par  un  autre 
l>ronom  personnel  ? 

3i.   Traité  de  V existence  de  Dieu^  par  Fénelon. 

Après  le  Télémaque^  le  plus  important  des  ouvrages  que  nous  a 
laissés  Fénelon,  c'est  le  Traité  de  l'existence  de  Dieu.  L  auteur  y  a 
répandu  des  trésors  d'élégance,  iKa  peint  la  nature,  il  en^  a  égalé 
Us*  richesses  et  les  couleurs  par  l'éclat  de  son  style  ;  quant  aux  senti- 
ments tendres  et  passionnés,  langage  naturel  de  son  cœur,  il  les  a 
baissés*  s'échapper  avec  abondance.  Maints  endroits  sont  empreints 
de  cette  logique  lumineuse  et  pressante  qu'il  a  fait*  éclater  dans 
ses  différends  avec  Bossuet,  modèles  d'une  discussion  sincère  et 


343  LE   MUSÉE   BELGE. 


convaincante  ;  enfin,  comme  le  style  est  la  phjrsionomie  de  Tâme,  il 

est  toujours  simple,  d^une  grâce  et  d*une  douceur  mcmmp^rmbU^  ; 

c'est  celui  d'un  homme  qui  a  possédé  la  vérité,  qui  Ta  exprimée 

comme  il  l'a  sentie,  du  fond  de  son  âme.  Et,  quoique  dans  notre 

siècle  on  admire  de  préférence  une  composition  soignée,  marquée  au 

sceau  du  travail,  il  est  permis  de  croire  que  le  style  de  Fénelon,  plus 

rapproché  du  caractère  de  notre  langue,  suppose  un  génie  plus  rare 

et  plus  hetireux. 

{tfofna  \lllemain.) 

'  s,  7,  3,  4  et  5.  Faites  les  remarques  syntaxiques  auxquelles  donnent  lieu  les  mots 
tuliqués. 

32.  —  Le  voyagé  sur  mer. 

Tu  me  demandes  quelles  impressions  j*ai  ressenties  dans  mon 
dernier  voyage  par  mer  ;  quelle  que  soit  ma  répugnance  à  parler  de 
moi,  et  Umt  infidèle  qu'est  ma  mémoire,  je  ne  veux  point  échapper  à 
l'obligation  que  m'a  imposée  la  promesse  que  j'ai  dû  te  faire.  Voici 
d'abord  quelques  détails  qui,  tout  vrais  qu'ils  sont,  ne  te  paraîtront 
pas  tous  dignes  d'attention.  L'embarquement  a  quelque  chose  de  solem- 
nel  :  une  espèce  d'huissier  ou  de  héraut,  à  la  voix  de  Stentor,  au  ton 
emphatique,  fait  un  appel  général,  et,  au  fiir  et  à  mesure,  chacun  va 
prendre  possession  de  son  appartement.  C'est  une  étroite  cellule  dont 
tout  le  mobilier  consiste  en  un  matelas,  un  coff"re  ou  un  bahut,  et  une 
chaise  qu'ont  fixés  au  plancher  des  clous  très  solides  ;  quant  au  lit, 
un  ingénieux  mécanisme  le  maintient  de  niveau  ;  et  une  fois  la  tête 
sur  l'oreiller,  on  dort  aussi  bien  que  dans  le  réduit  obscur  d'ime 
alcôve  enfoncée.  Il  y  a  un  salon  de  compagnie  que  la  peinture  et  la 
sculpture  se  sont  disputé  Thonneur  d'embellir.  Des  glaces  à  profu- 
sion semblent  agrandir  le  local,  et  l  illusion  serait  complète,  si  quel- 
ques défauts  de  tain  ne  venaient  la  détruire  ;  néanmoins,  je  les  ai 
trouvés  rares,  bien  que  des  personnes  s'y  soient  laissé  tromper. 

(Levi  Aivarès  et  Rivail,  Dictées  normales.) 

Faites  les  remarques  grammaticales  auxquelUs  donnent  lieu  les  mots  italiques. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

EUG.  ALBERTINI,  Fouilles  dElcbe.  Extr.  du  Bulletin  hispanique  1906  et  1907. 

nordea«iX.  Ferot  et  fi'*»,  1907.  Parip,  Fontemoîng,  72  pp.  et  8  planche?. 
LUDWIG  ADAM,   Uobcr  dio   Unsicherhoit  dos   lircrarischen   Eigeiîtums  bei 

Gfiechon  und  Rooroern.  Diliseldoif,  Schaub,  1907.  220  pp.  3  m. 
L   BOULARO,  Los  in^îtructions  écrites  du  magistrat  au  juge-commissairo  dans 

l'Kgypto  romaine.  Paris,  Loroux,  1906,  128  pp. 
A.  A.  BRYANT.  Boyhood  and  youth  in  the  days  of  Aristophanes  (Harvard 

Smdios  in  Class.  Philology,  XVIII,  1907,  p.  73-122). 
A.  CARNOY,  La  question  du  grec  on  Anglotorre.  Docalonne-Liagre,  Tournai. 

24  pp.  (Extr.  de  la  Revue  des  Eumanitéi  en  Btlgique,  1907). 
M.  CLERC,  La  bataillo  d'Aix.  Études  critiques  sur  la  campagne  de  Caius  Marius 

en  Provence.  Paris.  Fonlemoing,  1906.  284  pp.  8o  et  4  plans. 
F.  COMMELIN,  Nouvelle  mythologie  grecque  et  romaine.  Paris,  Garnier,  1907. 

ix-516  pp.  avec  63  prav.  3  fr.  50. 

E.  COSTA,  I  papiri  fiorentini.  Venise,  Ferrari,  1907.  28  pp.  (Atli  dol  r.  Inst. 
Veneto  di  scienzo  etc.  Tome  66,  pp.  90-118). 

HENRIETTE  DACIER.   Saint  Jean  Chrysostome  et  la  femme  chrétienne  au 

iv«  siècle  de  TÈglise  grecque.  Paris,  Falque,  1907.  3  fr.  50. 
M.  D*AMICO,  Cinzia  di  Propeizio.  Saggio  sullo  elegio  del  poeta.  Con  lettcra  di 

G.  Roissier.  Remo  Sandron,  Palermo,  1907,  128  pp. 
CH.  DE  LANNOY  et  H.  VAN  DER  LINDEN,  Histoire  de  lexpansion  coloniale 

des  peuples  européens.  Ouvrage  qui  a  obtenu  le  Piix  du  Roi.  Portugal  et 

Espagne  jusqu'au  début  du  xix*  siécb.  l  vol.  8<*  de  451  pp.  et  4  grandes 

cartes.  Bruxelles,  Lamertin,  1907.  8  frs. 
G    DK  SANCTIS,  Storia  dei  Romani.  La  Conqui^ta  del  Primate  in  Italia.  Vol.  I- 

II.  Toiino.  Frflf.  Bocca,  1907)  24  p. 
RICHARD  FRESSEL,  Das  Ministerialenrccht  «1er  Orafon  von  Tecklenburg.  Ein 

Beitrag  zur  Verfassungs-  und  Stândegeschichle  des  Mittelalters.  Kliinster  i.  W., 

F.  Coppenrath,  1907.  84  pp.  (Mûnstersche  Beitrago  zur  Geschichtsforschung 

1ir.-g.  Ton  A.  Meister.  Neue  Folge.  XII). 
A.  B.  HERSMAN,  Studios  in  greek  allegorical  interprétation.  I.  Sketch  of  allc- 

goricaî  interprétation  before  PJutarch.  II.  Plutarch.  Disfertalion  de  TUniv.  de 

Chicago.  Chicago,  the  Blue  Sky  Press,  1906.  64  pp. 

F.  HOLTHAUSEN,  Beowulf  nebUdem  Finnsburg-Bruchstueck.  Mit  Einleitung. 
Glossar  und  Anmirkungen.  Heidelberg,  C.  Wiater,  1906  (Alt-  und  mittel- 
englische  Texte  hrsg.  von  L.  Morsbach  und  F.  Holihausen.  2-).  2  m.  80. 

A.  KRETSCHMAR.  De  Menandri  loliquiis  nuper  repertis.  Diss.  Leipzig,  1006. 
121  pp 

G.  LANDGRAF,  Grammaire  latine.  Traduite  en  français  et  adaptée  au  pro- 
gramme des  athénées  et  collèges  belges  par  J.  P.  WALTZING  £•  édition. 
Liège,  Dessain,  1907.  316  pages. 

EDG.  LANNOY,  English  classbook  for  beginner*.  A  l'usage  des  écoles  moyennes, 
des  classes  inférieures  des  athénéjd  et  collèges.  Gand,  Vanderpoorten,  1907. 
170  pp. 

L.  LESCŒUR,  Appel  aux  pères  de  famille.  La  mentalité  laïque  et  IVoIe.  Pré- 
face do  M.  Keller.  Paris,  Téqui,  1906,  3  fr.  50. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 
Concours  général  de  l'enseignement  moyen  en  1907        .... 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique, 

262.  B,  P.  Grenfelt,  A,  S.  Hunt  et  E,  J.  Goodspeed,  Tcbtunis  Papyri  II 
(J.  P.  Waltzing) 

2G3.  E,  Costa,  Storia  del  diritto  romano  pubblico  (L.  Halkin) 
264.  E,  Espérandieu,  Bas-reliefs  de  la  Gaule  (J.  P.  W.) , 

263.  The  Univ.  of  Chicago,  Siudies  in  classical  philology  (Le  môme) 

266.  W,  M.  Lindsay^  Syntax  of  Plautus  (Le  môme) 

267.  L.  DelarueilCy  Guillaume  Budé  (Th.  Simar)    .... 


Paffes 
3oi 


Langues  et  littératures  romanes, 

268-9.  J'  Bitter  et  P,  Valkhoj^,  Vers  et  prose.  Précis  de  l'histoire  de  la  litté- 
rature française  (C.  Liégeois) 

270.  F,  Strowsky,  Pascal  et  son  temps  (Th.  Simar)        ..... 

Langues  et  littératures  germaniques, 

271.  F.  Piquet  y  Phonétique  historique  de  Pallemand  (C.  Lecoutere) 

272.  G.  Kaljf^  Nedcrlandsche  leiterkunde  (Le  môme) 

273.  P,  Stachel,  Seneca  und  das  dcutschs  Renaissancedrama  (Le  môme) 


3o6 
307 
3io 
3ii 

3l2 

3i3 


3i5 
3i7 


320 
322 
322' 


Histoire  et  géographie, 

274-3.  D.  Blanchet  et  J,  Toutain,  Histoire  de  France.  A,  Malet,  Histoire  de 
France  (C.  Leclère)       .        .        .        .     •  .        .        .        .        .         .        .     323 

27G.  Ch,  Nimal,  Thuin  sur  le  dé;lin  du  régime  hollandais  (E.  Matthieu)         .     827 

Philosophie, 
277.  S,  de  SantiSy  Die  Mimik  des  Djnkens  (A.  Grafé) 328 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

27S-300.  ru'3licaiions  de  .L  Ko:h,  P.  Dcuticke,  L.  Radermachcr,  C.  Bardt, 
K.  Staedler,  G.  Koerting,  F.  Cabrol,  K.  A  Siûckclberg,  M.  Diculafoy, 
H  Fesien.  J.  van  der  Valk.  P.  Van  Moeikerken,  G.  Rivière,  A.  Régnier, 
P.  Parsy,  B»"  Kervyn  de  L.tlcnho  e 329 

CHRONIQUE. 

3oi-3o6.  Concours  de  l'Acad.  royale.  Concours  universitaire  (1909).  Congres 
des  sciences  historiques.  Glotta.  Discours  de  M.  Woeste  sur  la  réforme 
des  Humanités.  Les  langues  vivantes '.        .        .     334 

PARTIE    PÉDAGOGIQUE. 

LAbbé  Wathelet,  Utilité  d'une  éiudc  restreinte  du  genre  roman  en  3«  latLie  .     339 
F,  Gj/ZarJ,  Dictées  franc  lises  (suit.-) 347 


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Onzième  ANNÉE. —  N"  9- 10.    i5  Novembre- 1 5  Décembre  1907. 

BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PEDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE   BELGE 

REVTTE    DE    PHILOLOGIE    CLASSIQUE 

PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRECTION  DB 


F.  GOLLARD 

PR  »FBft.sEUR  A  L*UNlVERSITé  DB  LOUVAIN 


J.  P.  WALTZING 

PROFESSEUR  A  L*UNIVERSITé  DE  LJEGE 


Parairtcnl  tous  las  mois,  h  Texcopllon  des  mois  d'août  et  do  soptsmbro 


LOUVAIN 

CHARLES   PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

20,    RUE  DB  NAMUR,    20 

BERLIN 

R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 

Carlstratse,  ii,  N.  W 


PARIS 

A.    FONTEMOING 

A,  rue  Le  Gob 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  h  rUniversité  de  Louvain. 
Bischoir,  H.,  professeur  k  lUniversité  de  Liège. 
Béthone,  Baron  F.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Gollard,  F.«  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
De  Genleneer,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  h  l'Université  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  h  l'Universilé  de  Lic^ge. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Ijouvain. 
Francotte,  H.,  professeur  ^  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L..  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K..  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  h  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Martens.  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
Mœller,  Gh.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Remy.  B.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  à  rUnivcrslté  d9  Gand. 
Sencie,  J.,  professeur  h  l'Université  de  I^ouvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Waltzing,  J.  P.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WALTZING,  0,  rue  du  Parc,  à  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  à  M  J  P.  Waltzing,  pro/esseur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare,  Liège, 

Les  articles  destinés  à  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  à  M.  F.  Gollard, 
professeur  à  l'Universilé  de  Louvain,  rue  Léopold,  22,  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
nemment  est  lixé  à  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  les  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  à  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  On.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  à  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provlsolremciity  les  abonnés  pourront  se  procurer  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  t  fk*»  KO  par 
année,  le  port  en  sus. 

1 


Sapplément  aa  a  Bulletin  du  Masée  Belge  »,  Novembre-Déoembre  1907. 


A  NOS  ABONNÉS 


Nous  allons  mettre  en  circulation  nos  quittances  postales 
pour  1908.  Elles  suivront  la  réception  du  présent  fascicule. 

Nous  nous  permettons  d'en  avertir  nos  lecteurs.  Qu'ils 
veuillent  bien  faire  bon  accueil  à  cette  quittance  et  continuer 
ainsi  à  notre  œuvre  leur  encouragement  et  leur  appui  ! 

Espérant  qu'ils  nous  resteront  fidèles,  nous  les  prions  de 
donner  des  ordres  pour  que  la  quittance  soit  payée  à  la 
première  présentation. 

S'ils  ne  désirent  plus  s'abonner,  qu'ils  veuillent  bien  par 
carte  postale  en  aviser  l'éditeur.  Le  simple  mot  «  refusé  » 
inscrit  sur  la  quittance,  n'est  pas  assez  explicite  ;  il  peut 
signifier  l'absence  momentanée  du  destinataire,  ce  qui  nous 
oblige  aux  frais  d'un  second  ou  d'un  troisième  envoi. 


Onzième  année.  —  N^»  9-10.  i5  Novembre- 1 5  Décembre  1907. 


Bnlletin  Bibliographique  et  Pédagogique 


DU 


MUSÉE   BELGE. 


BfËLANGES. 


Guillaume  d'Orange  et  la  Révolution  des  Pays-Bas. 

Nous  avons  déjà  signalé  ailleurs  la  recrudescence  d'intérêt  dont  la 
révolution  des  Pays-Bas  au  xvi«  siècle  est  l'objet  depuis  quelque 
temps,  et  nous  avons  eu  l'occasion  d'appeler  l'attention  sur  la  grande 
part  que  les  historiens  allemands  peuvent  revendiquer  dans  ce  mou- 
vement. Nous  avons  cité  alors  le  nom  de  M.  Félix  Rachfahl.  C'est  à  son 
livre,  Wiîlielm  von  Oranien  und  der  niederlàndische  Auf stand ^  que  nous 
voudrions  consacrer  quelques  lignes  aujourd'hui  (i). 

M.  Rachfahl  n'est  pas  un  inconnu  sur  le  terrain  de  l%istoire  de  la 
révolution  du  xvi«  siècle.  On  se  rappellera  le  magistral  petit  ouvrage 
qui  parut,  en  1898,  à  Munich,  sous  le  titre  Mat  garda  von  Parma^ 
Statthalterin  der  Nitderlande  (iSSp-iSôy).  Composé  pour  VHistorische 
Bibîiotkek,  qui  se  propose  de  présenter  les  conclusions  de  recherches 
originales  comme  avant- goût  ou  résumé  xie  travaux  plus  étendus , 
l'ouvrage  de  M.  Rachfahl  ne  prétendait  qu'à  éclaircir  la  politique  de 
Marguerite  de  Parme,  et  à  exposer  la  conception  qu'il  se  fait 
de  son  gouvernement,  au  moins  dans  les  grandes  lignes.  Ce 
n'était  qu'un  travail  préparatoire,  fruit  des  patientes  recherches  que 
M.  Rachfahl  avait  entreprises  sur  l'histoire  de  la  révolution  dans  son 
ensemble  ;  il  annonçait  d'ailleurs  un  ouvrage  de  vaste  envergure  où 
la  révolution  et  le  rôle  prépondérant  qu'y  joua  Guillaume  d'Orange 
seraient  étudiés  de  plus  près.  C'est  le  livre  qui  a  paru,  sous  le  titre 
cité  plus  haut. 

M.  E.  Gossart  s'est  occupé  aussi  de  Guillaume  d'Orange  et  de  la 
révolution  des  Pays-Bas  dans  ses  deux  études  Espagnols  et  Flamands 
au  XVP  siècle.   L'établissement   du    régime    espagnol    auz    Pays-Bas  et 
l'insurrection.  (Bruxelles,  1905)  et  Espagnols  et  flamands  au  XV I^  siècle, 
La  domination  espagnole  dans  les  Pays-Bas  à  la  fin  du  règne  de  Philippe  II 

(i)  F.   Rachfahl,   Wilhelm   von  Oranien   und  der  niederlàndische  Au/stand 
M.  Niemeycr,  Halle  a.  S.,  1906.  Vol.  i""  xi-642  pp.  et  une  carte. 


35o  LB   MUSÉE  BELGE. 


(Bruxelles,  1907).  Le  savant  académicien  ne  nous  semble  pas  avoir 
retracé  le  rôle  de  Guillaume  d'Orange  avec  toute  la  vigueur  que 
celui-ci  dut  avoir  en  réalité.  Si  le  Taiseux  s'est  toujours  habilement 
tenu  derrière  les  coulisses,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  son  action 
sur  la  marche  des  événements  fut  des  plus  efficaces.  Voilà  ce  qui 
ne  ressort  pas  assez  des  études  de  M.  Gossart,  comme  si  celui-ci  eût 
voulu  réagir  contre  la  tendance  de  ses  prédécesseurs  qui  ont  toujours 
accusé  ou  défendu  le  prince  d'Orange,  selon  la  diversité  de  leurs 
convictions  politiques  et  religieuses,  et  qui  se  se  sont  attachés  avant 
tout  à  mettre  en  relief  la  grande  figure  du  prince  d'Orange.  D'autre 
part,  M.  Pirenne,  dans  la  troisième  partie  de  V Histoire  de  Belgique^ 
s'il  a  consacré  son  attention  aux  agissements  du  Taciturne,  dès  le 
commencement  de  l'opposition  nationale  contre  Philippe  II,  n'en 
proclame  pas  moins  au   début  que   «    si   grande  qu'elle  ait  été, 
l'importance  des  protagonistes  du  conflit  (Philippe  et  Orange)  se 
subordonne  à  celles    des  deux    grandes    forces  collectives    qu'ils 
représentent  (p.  362).  »   Et  bien  que  dans  les  quelque  cent  pages, 
que  M.  Pirenne  consacre  aux  débuts  de  la  révolution,  il  mette  en 
lumière  sa   position  vis-à-vis  de  Guillaume  d'Orange,  M.    Kurth  a 
reproché  au  savant  historien  0  d'avoir  diminué  le  génie  politique 
de  Guillaume  d'Orange  pour  sauver  son  caractère  moral  »  (Archives 
Belges,  n®  de  juillet,  p.  17 3). 

M.  Kurth,  dans  le  même  article,  exprimait  le  désir  de  voir  un 
jour  tenter  l'entreprise,  «  qui  consisterait  à  reconstituer  la  révolution 
des  Pays-Bas  telle  qu'elle  a  existé  dans  les  rêves  et  dans  les  projets 
du  Taciturne,  bien  des  années  avant  qu'elle  trouvât  sa  réalisation 
dans  rUnion  d'Utrecht.  »  Ou  nous  nous  trompons  fort,  ou  l'œuvre 
de  M.  Rachfahl  est  appelée  à  réaliser  ce  vœu.  Ce  n'est  pas  que 
M.  Rachfahl  se  soit  décidé  à  l'entreprise,  parce  que  le  rôle  de 
Guillaume  d'Orange  aurait  été  trop  négligé  par  les  historiens  ;  son 
point  de  départ  est  autre. 

Il  lui  a  paru,  que,  par  suite  du  nombre  immense  des  publications 
de  documents  et  de  monographies  concernant  le  xvi«  siècle,  et  parce 
que  les  derniers  ouvrages  d'ensemble  datent  déjà  de  loin,  il  était 
absolument  nécessaire  de  combiner  les  détails  et  les  aperçus  nou- 
veaux que  ces  documents  et  ces  études  ont  mis  au  jour.  Il  voulait 
former  ainsi  une  œuvre  d'ensemble  où  tous  les  renseignements,  tant 
nouveaux  que  déjà  acquis ,  seraient  classés  de  façon  à  donner  un 
tableau,  répondant  à  la  conception  actuelle  de  la  révolution  du 
xvi*  siècle.  De  plus,  comme  il  le  fait  judicieusement  remarquer,  les 
derniers  grands  travaux  sur  cette  période  sont  trop  empreints  d'esprit 
de  parti  et  étrangers  à  des  préoccupations  purement  scientifiques. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  35 1 


Poussé  par  ces  excellentes  considérations,  M,  Rachfahl  s*est  attelé 
à  la  tâche  :  il  veut  nous  décrire  la  révolution  dans  Tensemble  de  son 
histoire  et  indiquer,  dans  la  mesure  du  possible,  les  motifs  qui  ont 
poussé  les  auteurs,  en  les  réportant  à  leur  individualité  ou  aux  circon- 
stances et  aux  situations  de  l'époque.  Uauteur  fera  donc  raisonnable- 
ment la  part  à  l'influence  des  individus  et  à  l'influence  des  facteurs 
collectifs  :  c'est,  de  fait,  comme  nous  le  verrons,  ce  que  nous  offre 
son  livre.  Et  dès  lors,  il  est  fort  important  de  constater  que,  tout  en 
tenant  compte  —  et  largement  —  des  circonstances  de  temps  et  de 
lieu,  il  n'hésite  pas  à  proclamer  la  part  prépondérante  qui; revient  à 
Guillaume  d'Orange  dans  la  révolution  des  Pays-Bas.  Il  n'avait  en 
vue  que  l'histoire  de  la  révolution  en  général,  et  voilà  que  «  plus  il 
approfondissait  l'étude,  plus  il  acquit  la  conviction  qu'Orange  se 
trouve  au  centre  de  toute  l'évolution,  et  qu'une  histoire  de  la  défection 
des  Pays-Bas  jusqu'en  1584  s'identifie  de  fait  avec  une  histoire  de 
Guillaïune  de  Nassau  lui-même  (p.  vu).  » 

Conçue  de  cette  façon,  l'œuvre  de  M.  Rachfahl  se  divisait  naturelle- 
ment en  quatre  parties  :  l'histoire  de  la  jeunesse  de  Guillaume  de 
Nassau  jusqu'en  iSSg,  lors  du  départ  de  Philippe  II  pour  l'Espagne, 
et  du  conflit  ouvert  entre  le  roi  et  les  seigneurs  ;  ensuite  la  période 
de  son  opposition  au  système  politico- religieux  de  la  couronne, 
jusqu'à  sa  fuite  des  Pays-Bas  et  son  passage  déclaré  au  Protestan- 
tisme (1567)  ;  la  période  de  ses  luttes  jusqu'à  son  triomphe  à  la  Paci- 
fication de  Gand  (iS/ô);  enfin,  sa  vie  depuis  ce  moment  jusqu'à  sa 
mort  (1584).  C'est  la  première  partie  de  ce  plan  que  M.  Rachfahl  a 
traitée  dans  le  tome  I,  dont  nous  nous  occupons  pour  le  moment. 

Dans  une  courte  introduction,  l'auteur  rappelle  surtout  que  c'est  à 
Guillaume  le  Taciturne  que  les  Pays-Bas  —  ou  du  moins  une  impor- 
tante partie  de  ces  territoires  —  durent  leur  autonomie  et  un  rang 
prépondérant  en  politique  et  en  civilisation  parmi  tous  les  peuples 
d'Europe.  Il  insiste  sur  le  fait  que,  si  le  Taciturne  fut  poussé  par  des 
tendances  et  des  mouvements  généraux  de  l'époque,  on  ne  peut  oublier 
qu'il  les  avait  partiellement  suscités  lui-même,  ou  qu'il  avait  ime  part 
prépondérante  dans  leur  conservation  ou  leur  renforcement;  de 
plus,  il  sut  toujours  les  conduire  de  telle  sorte  qu'ils  ne  le  submergèrent 
pas,  mais  qu'il  en  resta  au  contraire  le  maître  dans  les  circonstances 
les  plus  difficiles,  fidèle  à  sa  divise  :  Tranquillus  saevis  in  uttdis. 

Dans  un  premier  livre,  intitulé  :  Der  Ursprung  des  Maures  Nassau. 
Seine  Wirksamheit  in  den  Niedetlanden  vor  dem  Jahre  1544^  M.  Rachfahl 
nous  raconte  l'histoire  de  la  maison  de  Nassau,  dont  l'origine  remonte 
au  moins  jusqu'au  xi©  siècle.  Il  poursuit  l'histoire  de  la  famille  en 
Allemagne,  et  s'occupe  plus  spécialement  de  la  ligne  cadette,  qui 


352  LE    MUSÉE   BELGE. 


vint  s'établir  aux  Pays-Bas  et  jeta  les  bases  de  la  haute  situation  que 
les  Nassau  devaient  conquérir  dans  ces  contrées.  Son  histoire  dans  les 
Pays-Bas  commence  avec  Englebert  de  Nassau,  seigneur  de  Breda, 
ce  partisan  fidèle  de  Jacqueline  de  Bavière,  dont  la  lutte  contre 
le  duc  de  Brabant  Jean  IV  fut  comme  une  prophétie  lointaine  du 
duel  gigantesque  de  son  descendant,  Guillaume  de  Nassau,  avec 
Philippe  IL  Englebert  fut  le  premier  Nassau  fixé  dans  les  Pays-Bas  : 
il  est  à  la  tête  de  cette  glorieuse  lignée,  dont  le  sort  fut  dans  la 
suite  si  intimement  lié  à  l'histoire  de  nos  provinces.  Après  la  mort 
d'Englebert  (3  mai  1344),  nous  rencontrons  son  fils,  Jean  IV.  Celui-ci 
nous  apparaît  comme  conseiller  fidèle  et  favori   du   duc   Philippe 
le  Bon.  Il  se  distingua  à  la  bataille  de  Montenaeken  et  assista  au  sac 
de  Dinant  par  Philippe  le  Bon  et  Charles  le  Téméraire  (1466,.  Soldat 
intrépide,  il  ne  lui  manquait  pas  le  goût  des  choses  de  l'esprit  :  il  se 
forma  une  bibliothèque  où  les  livres  d'histoire  étaient  majorité.  Il 
mourut  le  3  février  1475.  Englebert  II  lui  succéda.  Chevalier  de  la 
Toison  d'Or,    il   servit  courageusement   dans  l'armée   de   Charles 
le  Téméraire  et  fut  fait  prisonnier  lors  du  désastre  de  Nancy  (1477). 
C'est  à  lui  que  revient  une  grande  part  de  la  décision  qui  solutionna 
la  succession  de  Charles  de  Téméraire  dans  un  sens  favorable  à  la 
maison  de  Habsbourg,  mérite  que  Guillaume  d'Orange  ne  manquera 
pas  de  mettre  plus  tard  en  lumière  dans  son  Apologie.  Il  eut  une 
grande  part  dans  la  convocation  de  la  conférence  de  Francfort  (1489), 
qui  résolut  temporairement  le  conflit  aigu  entre  Charles  VIII  et 
Maximilien.    Aussi   ne   s'étonne-t-on   pas   de    le    trouver,    pendant 
l'absence  de  Maximilien,  chargé  du  maintien  de  Tordre  en  Flandre, 
et  de  le  voir  compté  comme  le  premier  des  grands  vassaux  sous 
Philippe  le  Beau. 

Il  méritait  bien  ces  honneurs,  pour  avoir  été  le  seul  des  grands 
feudataires  du  pays,  qui  resta  inébranlablement  fidèle  à  Marie  de 
Bourgogne,  à  son  mari  Maximilien  et  à  leur  fils  Philippe.  Il  mourut 
le  3i  mai  i5o4,  après  avoir  mis  en  pratique,  par  sa  loyauté  et  son 
courage,  la  devise  qu'il  avait  choisie  comme  chevalier  de  la  Toison 
d'Or  :  Ce  sera  moi,  Nassau  !  Comme  Englebert  ne  laissait  pas  de 
successeurs  légitimes,  ce  fut  son  neveu,  le  comte  Henri  III  de 
Nassau- Dillenbourg  qui  lui  succéda.  Il  fut  le  conseiller  et  le  soutien 
de  Marguerite  de  Savoie,  à  laquelle  Maximilien  avait  confié  le  gou- 
vernement des  Pays-Bas  après  la  mort  de  Philippe-le-Beau  (i5o6). 
Il  se  distingua  surtout  sous  Charles-Quint.  Celui-ci  l'aimait  beaucoup, 
et  l'envoya  en  mission  diplomatique  chez  le  roi  de  France  François  I, 
pour  commencer  la  politique  d'entente  avec  la  France  dont  Charles- 
Quint  attendait  beaucoup  au  début  de  son  règne.  C'est  à  la  cour  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  353 

Paris  que  Henri  de  Nassau  se  fiança  avec  Claudine,  fille  de  Jean 
de  Chàlon,  prince  d'Orange.  C'est  de  cette  époque  (i5i5)  que  datent 
les  droits  des  Nassau  sur  la  principauté  d'Orange.  Lorsque  Charles- 
Quint  eût  répudié  la  politique  d'entente  avec  la  France  pour  se 
tourner  vers  Henri  Vni.  Henri  de  Nassau  se  distingua  dans  la 
guerre  contre  la  Gueldre.  En  iSig,  il  fut  à  la  tête  de  la  mission  diplo- 
matique envoyée  en  Allemagne,  pour  obtenir  l'élection  de  Charles- 
Quint  à  l'Empire.  En  i52i,  il  conquit  Tournai  et  le  Tournaisis  à  la 
dynastie  des  Habsbourg.  En  i53o,  il  fut  un  des  exécuteurs  testamen- 
taires de  Marguerite  d'Autriche.  Et  en  général,  on  peut  dire  que, 
avec  Chièvres,  Gattinara  et  Granvelle,  le  comte  Henri  de  Nassau 
appartint  au  cercle  des  conseillers  intimes  de  l'empereur  Charles- 
Quint.  Il  mourut  le  i5  septembre  i538;  sous  son  fils  René,  les  titres 
et  biens  des  maisons  de  Châlon,  Orange  et  Nassau-Breda  furent 
réunis  définitivement. 

On  voit  que  ce  premier  livre,  où  M.  Rachfahl  a  condensé  une  foule 
énorme  de  détails,  est  de  nature  à  mettre  en  pleine  lumière  comment 
la  maison  de  Nassau  avait  acquis  droit  de  cité  dans  les  Pays-Bas  et 
combien  son  sort  est  intimement  lié  à  l'histoire  de  ces  provinces.  Et 
il  est  sans  doute  fort  intéressant  de  constater  la  fidélité  et  le  dévoue- 
ment inébranlable  que  les  souverains  des  Pays-Bas  trouvèrent  tou- 
jours chez  ces  comtes  de  Nassau,  dont  un  descendant  devait  plus 
tard  travailler  si  opiniâtrement  à  détacher  ces  pays  de  leur  seigneur 
légitime. 

L'histoire  de  la  famille  de  Guillaume  d'Orange  a  permis  en  même 
temps  à  M.  Rachfahl  de  nous  faire  assister  aux  grands  faits  de  l'his- 
toire des  Pays-Bas  à  la  fin  du  moyen  âge  et  au  début  de  l'époque 
moderne  :  c'est  une  préparation  utile  pour  comprendre  leur  situation 
au  xvi«  siècle. 

Le  second  livre  est  consacré  à  la  jeunesse  de  Guillaume  d'Orange,  Il 
nous  fait  connaître  d'abord  le  comté  de  Dillenbourg  et  son  château, 
où  demeurait  le  père  de  Guillaume  d'Orange,  le  comte  Guillaume 
le  Riche,  frère  cadet  d'Henri  HI  de  Nassau,  que  nous  avons  ren 
contré  près  de  Charles-Quint.  M.  Rachfahl  nous  expose  ensuite  les 
tenants  et  les  aboutissants  du  procès  que  le  comte  Guillaume  soute- 
nait contre  le  landgrave  de  Hesse,  à  propos  de  la  succession  de 
la  maison  éteinte  de  Katzenelnbogen.  Comme  ce  procès  intervient 
souvent  dans  la  jeunesse  de  Guillaume  le  Taciturne,  il  était  indis- 
pensable de  nous  initier  à  cette  situation  de  famille,  avant  de 
commencer  l'histoire  du  jeune  prince. 

Le  24  avril  i533,  Guillaume  de  Nassau  naquit  à  Dillenbourg.  Dès 
le  premier  instant  de  sa  vie,  on  rencontre  déjà  cette  duplicité  qui 


354  ^^   MUSÉE   BELGE. 


devait  plus  tard  envelopper  plusieurs  de  ses  actions.  Comme  ses 
parents,  protestants  éprouvés,  tenaient  encore  par  dilettantisme  ou  par 
habitude  aux  cérémonies  du  culte  catholique,  le  baptême  du  jeune 
Guillaume  se  fit  avec  une  messe  chantée.  Mais  l'éducation  de  Tenfant 
fut  franchement  protestante.  A  Tâge  de  1 1  ans,  le  destin  appela  le 
jeune  Guillaume  à  recueillir  la  succession  de  son  cousin,  René  de 
Nassau,  mort  le  21  juillet  1544.  JL'empereur  et  le  conseil  privé  des 
Pays-Bas  mirent  à  la  succession  la  condition  expresse,  que  le  prince 
serait  désormais  élevé  dans  le  catholicisme.  La  succession  ne  pouvait 
revenir  à  un  hérétique  :  les  possessions  de  René  furent  donc  vio- 
lemment enlevées  au  reste  de  sa  famille  par  la  volonté  de  l'Empereur. 

Malgré  ses  protestations  et  ses  démarches  désespérées,  Guillaume 
le  Riche  dut  s'incliner.  Il  obtint  à  grand*  peine  de  pouvoir  présenter 
quelques  candidats,  pour  régenter  pendant  la  jeunesse  du  prince, 
son  fils,  les  revenus  et  les  biens  de  la  succession  de  Nassau- Breda. 
Le  conseiller  Jean  de  Mérode,  Claude  Bouton,  seigneur  de  Cor- 
baron,  et  le  coadjuteur  de  Cologne,  Adolphe  de  Holstein-Schauen- 
burg,  furent  choisis  comme  régisseurs  st  tuteurs. 

Nous  assistons  ensuite  aux  négociations  de  Guillaume  le  Riche 
pour  conclure  un  accord  concernant  l'emploi  des  revenus  du  jeune 
prince  :  mais  le  père  se  vit  refuser  toute  allocation  et  eut  à  s  incliner 
une  fois  de  plus  devant  la  dure  réalité. 

Le  jeune  Guillaume  devint  le  protégé  de  la  gouvernante  Marie  de 
Hongrie.  D'accord  avec  ses  tuteurs,  elle  prit  soin  d'introduire 
dans  sa  maison  des  habitudes  d'épargne,  que  nécessitaient  les  charges 
dont  la  succession  était  grevée,  mais  surtout,  elle  travailla  à  lui  faire 
donner  une  éducation  catholique. 

M .  Rachfahl  montre  très  bien  que  Guillaume  fut  de  fait  catholique 
à  cette  époque.  Sans  doute,  devenu  adolescent,  il  ne  se  montra  pas 
particulièrement  zélé  :  il  ne  s'occupait  que  médiocrement  de  choses 
religieuses.  Son  esprit  était  surtout  tourné  vers  les  choses  pratiques 
de  son  entourage  et  ne  se  consacrait  point  au  surnaturel.  En  cela,  il 
ne  différait  guère  de  la  plupart  de  ses  contemporains,  rudes  seigneurs 
et  batailleurs  pour  la  plupart,  influencés  par  les  idées  érasmiennes, 
catholiques  de  nom,  mais  corrompus  souvent,  buveurs  intrépides  et 
joyeux  compagnons.  Et  chez  Guillaume  d'Orange,  pendant  son 
séjour  à  la  cour  de  Charles- Quint,  on  rencontre  déjà  une  indifférence 
religieuse,  inspirée  par  des  considérations  politiques.  Ne  voyait-il 
pas  souvent  la  politique  impériale  franchement  opposée  au  Pape? 
Et  son  entourage  était  composé  de  ces  seigneurs  flamands,  chez 
lesquels  l'indifférentisme  régnait  en  maître.  La  religion  de  son 
enfance  ne  pouvait  avoir  laissé  de  traces  sérieuses  chez  lui  ;  le  catho- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  355 


licisme,  étant  donnés  son  caractère  et  son  entourage,  ne  pouvait  que 
rémouvoir  superficiellement. 

A  cette  époque,  il  s'occupa,  de  concert  avec  son  père,  du  procès 
que  la  famille  soutenait  pour  la  succession  de  Katzenelnbogen  ;  cette 
affaire,  lors  de  la  guerre  de  Charles-Quint  contre  la  ligue  de  Schmal- 
kalden,  fut  partiellement  résolue  en  faveur  des  Nassau  grâce  à 
l'intervention  personnelle  de  l'Empereur  (i55i). 

En  1548,  Maximilien,  comte  de  Buren,  mourut  et  exprima  comme 
dernière  volonté  que  sa  fille  Anne  épousât  le  prince  d'Orange.  C'était 
apparemment  un  beau  parti  pour  Guillaume  de  Nassau.  Les  con- 
seillers allemands  du  prince  à  Breda  furent  d'avis  que  c'était  pour 
lui  le  moment  de  faire  son  entrée  à  la  cour  de  l'Empereur,  et  de  se 
créer  une  maison  avec  train  particulier.  Ils  jugèrent  opportun  de  le 
faire  passer  sous  la  protection  d'un  grand  de  la  cour,  Jérôme  Perre- 
not,  seigneur  de  Champigny,  frère  de  l'évêque  d'Arras,  Granvelle. 
Marie  de  Hongrie  et  les  conseillers  néerlandais,  tenant  compte  de  la 
situation  financière  du  prince,  auraient  préféré  voir  cette  combi- 
naison remise  à  plus  tard.  Mais  grâce  à  l'intervention  de  Granvelle, 
le  prince  obtint  sa  maison  et  son  conseil  particulier  et  put  enfin  se 
marier  avec  Anne  de  Buren  en  i55o.  Il  entra  dès  lors  au  service  de 
Charles- Quint. 

D'abord  capitaine  d'une  compagnie  de  cavalerie,  formée  en  dehors 
des  bandes  d'ordonnance,  puis  chef  d'un  régiment  de  cavalerie  d'or- 
donnance, il  participa  à  diverses  opérations  militaires,  sans  toutefois 
pouvoir  se  mesurer  avec  l'ennemi.  En  i555,  lors  du  siège  de  Mariem- 
bourg,  il  fut  nommé,  en  l'absence  d'Emmanuel- Philibert  de  Savoie, 
capitaine  général  de  l'armée. 

Avant  de  nous  raconter  les  opérations  de  Guillaume  d'Orange 
dans  cette  campagne,  M.  Rachfahl  nous  donne  un  vivant  tableau  de 
l'organisation  défectueuse  de  l'armée  à  cette  époque,  dont  les  vices 
internes  étaient  en  rapport  intime  avec  les  difficultés  financières.  Il 
y  a  ici  des  pages  fort  instructives  et  captivantes.  Puis,  il  nous  retrace 
minutieusement,  avec  beaucoup  de  détails,  les  opérations  de 
Guillaume  contre  les  Français  en  sa  qualité  de  commandant  de 
larmée  de  la  Meuse,  campée  à  Givet. 

Ce  n'est  pas  pour  le  plaisir  de  fournir  tous  ces  détails  d'histoire 
militaire  que  M.  Rachfahl  s'arrête  à  ces  opérations  :  c'est  pour 
montrer,  que,  si  pendant  ces  opérations,  le  prince  d'Orange  n'accom- 
plit pas  des  actions  d'éclat,  la  faute  en  est  surtout  à  l'état  misérable 
de  Tarmée,  aux  intempéries,  aux  ordres  de  la  cour  qui  réglaient  ses 
mouvements  malgré  lui,  à  l'organisation  défectueuse  de  l'armée  en 
général.  En  somme,  l'auteur  veut  nous  montrer  que  son  héros  n'était 
pas  dépourvu  de  qualités  militaires  et  stratégiques. 


356  LE  MUSÉE   BELGE. 


Pendant  la  campagne,  le  2  5  octobre  i555,  Guillaume  avait  assisté 
à  labdication  de  Charles-Quint  à  Bruxelles,  en  présence  des  États 
Généraux.  On  connaît  la  scène  :  Charles-Quint,  vieilli  et  cassé, 
s'appuyant  sur  l'épaule  du  jeune  prince  d'Orange,  et  faisant  en  san- 
glotant ses  adieux  à  ses  sujets  des  Pays  Bas... 

La  trêve  de  Vaucelles,  en  i556,  vint  suspendre  les  hostilités  :  parti 
en  campagne  au  service  de  Charles-Quint,  Guillaume  d*Orange 
passait  au  service  de  Philippe  II. 

M.  Rachfahl  nous  décrit  ensuite  la  vie  du  prince,  depuis  le  chan- 
gement de  souverain  jusqu'à  la  paix  de  Câteau-Cambrésis  (i559).  Ce 
qui  est  surtout  intéressant  dans  ce  chapitre,  c'est  le  tableau  des 
revenus  du  prince  et  de  son  train  de  maison.  Après  avoir  longuement 
et  soigneusement  inventorié  ses  possessions  domaniales,  M.  Rach- 
fahl calcule  que  l'ensemble  de  ses  revenus  se  montait  à  200.000  livres, 
ce  qui  supposait  un  capital  de  4  millions  environ.  Mais  des  dettes 
et  des  dépenses  considérables  engloutissaient  la  majeure  partie  de  ces 
revenus  :  néanmoins,  sa  fortune  en  général  était  assez  grande  pour 
lui  créer  une  position  beaucoup  plus  favorable  qu'on  le  dit  d'ordi- 
naire. 

La  mission  d'Orange  en  Allemagne  en  i55y  est  importante,  parce 
que  c'est  à  Francfort  qu'il  noua  des  relations  avec  plusieurs  princes 
allemands,  surtout  avec  l'Électeur  de  Saxe.  D'une  grande  importance 
dans  sa  vie  fut  aussi  la  mort  de  son  épouse  Anne  de  Buren,  le  24  mars 
de  la  même  année.  En  effet,  si  elle  était  restée  en  vie,  on  peut  croire 
que  la  rupture  violente  du  prince  avec  le  catholicisme  aurait  pu  être 
évitée.  En  tous  cas,  cet  événement  amena  le  mariage  du  prince 
d'Orange  avec  Anne  de  Saxe,  et  les  circonstances  qui  entourèrent 
celui-ci  ont  eu  une  influence  indéniable  sur  ce  changement  dans  la 
conduite  du  prince. 

Enfin,  un  moment  de  la  cairière  de  Guillaume  de  Nassau  a  surtout 
attiré  l'attention  et  a  servi  à  maint  historien  pour  faire  remonter  le 
plan  révolutionnaire  de  Guillaume  d'Orange  déjà  à  cette  époque. 
En  juin  i559,  il  dut  se  rendre  à  Paris,  avec  le  duc  d'Albe  et  le  comte 
d'Egmont,  en  qualité  d'otages  pour  la  conclusion  de  la  paix  de 
Câteau  Cambrésis.  Or,  d'après  ce  que  Guillaume  d'Orange  raconta 
plus  tard  dans  son  Apologie,  il  aurait  alors,  dans  une  conversation  du 
roi  Henri  II  avec  le  duc  d'Albe,  qui  se  tint  en  sa  présence,  surpris 
un  commun  projet  d'introduire  l'Inquisition  d'Espagne  en  France 
et  dans  les  Pays-Bas.  Prévoyant  les  effets  de  ce  plan  diabolique,  il 
aurait  juré,  dès  ce  moment,  de  chasser  les  Espagnols  des  Pays-Bas. 
M.  Rachfahl  montre  très  bien  que  dans  ce  récit  du  prince,  il  faut 
faire  la  part  de  la  légende,  que  plus  tard,  Guillaume,  en  composant 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  337 


son  Apologie^  a  dij  s'embrouiller  dans  ses  souvenirs  et  qu'il  a  pu  de  la 
sorte  faire  remonter  ses  plans  d'indépendance  et  de  révolte  à  une 
époque,  où  il  ne  pouvait  pas  encore  en  être  question. 

C'est  par  cet  épisode  que  Fauteur  finit  l'histoire  de  la  première 
partie  de  la  carrière  du  Taciturne.  Mais  ce  n'est  là  qu'un  tiers  du 
livre.  Les  deux  tiers  restants  comprennent  une  description  détaillée 
et  minutieuse  des  Pays-Bas  vers  le  milieu  du  xvi^  siècle. 

L'auteur  n'a  pas  voulu,  dans  ce  tableau,  nous  offrir  des  recherches 
originales,  mais  nous  donner,  d'après  les  résultats  déjà  acquis, 
une  description  de  la  scène  sur  laquelle  va  se  mouvoir  le  prince 
d'Orange.  Il  a  surtout  eu  en  vue  de  nous  montrer  que,  dans 
tous  les  aspects  de  la  civilisation  des  Pays-Bas  à  cette  époque,  on 
retrouve  surtout  cette  caractéristique  de  l'esprit  populaire,  le  sens  des 
choses  pratiques  et  positives,  l'esprit  de  rationalisme  et  de  tolérance, 
qui  jouèrent  un  rôle  important  dans  la  marche  de  la  révolution. 

Nous  ne  pouvons  songer  à  donner  une  idée  quelque  peu  concrète 
de  cette  intéressante  description  des  Pays-Bas.  Bornons-nous  à  dire 
que  M.  Rachfahl  décrit  d'abord  le  pays  et  ses  multiples  richesses 
naturelles,  l'aspect  physique  des  diverses  provinces ,  les  travaux 
artificiels  qui  aidaient  la  nature  à  féconder  le  pays.  Il  s'occupe 
des  diverses  classes  d'habitants,  paysans,  seigneurs,  citadins  ou 
poorters,  etc.,  décrit  leur  situation  sociale  et  politique,  nous  fait 
connaître  leurs  mœurs,  leur  genre  de  vie,  leurs  aspirations.  Le 
tableau  qu'il  trace  de  la  noblesse  est  des  plus  intéressants.  Signalons 
que  M.  Rachfahl  montre  combien  il  est  inexact  d'attribuer  en  grande 
partie  l'opposition  des  seigneurs  contre  Philippe  II  à  leur  mauvaise 
situation  financière.  Ce  motif  peut  tout  au  plus  avoir  existé  chez  le 
comte  de  Homes,  qui  avait  dépensé  400  ooo  écus  de  sa  fortune  au 
service  du  roi,  sans  pouvoir  rentrer  dans  ses  fonds. 

M.  Rachfahl  nous  décrit  ensuite  les  institutions  et  la  vie  écono- 
mique urbaines  :  un  chapitre  spécial  et  des  plus  intéressants  est 
consacré  aux  institutions  et  au  commerce  d'Anvers.  Et  pour  ne  pas 
laisser  des  ombres  dans  ce  brillant  tableau  de  la  civilisation  flamande 
au  xvi^  siècle,  l'auteur  nous  dépeint  aussi  l'esthétique  de  la  vie 
urbaine,  les  institutions  charitables,  la  situation  de  la  fortune  de 
ses  habitants,  les  édifices  religieux  et  civils,  l'organisation  militaire 
et  corporative,  la  vie  intellectuelle  et  artistique.  Il  y  a  là.  des  pages 
savoureuses,  qu'on  ne  se  lasse  pas  de  relire.  Signalons  que  plusieurs 
pages  sont  consacrées  au  rôle  que  joua  l'Université  de  Louvain 
dans  la  défense  de  l'orthodoxie  contre  les  infiltrations  érasmiennes 
et  protestantes. 

Suit  alors  le  tableau  de  la   situation   religieuse    au   xvi*  siècle. 


358  LE    MUSÉE    BELGE. 

L'auteur  traite  du  système  politico-religieux  de  la  couronne,  de 
l'institution  de  Tlnquisition  par  Charles-Quint,  de  l'expansion  du 
protestantisme  dans  les  Pays-Bas  II  y  a  là  sur  les  différentes  sectes, 
et  notamment  sur  les  nremiers  «  luthériens  »  des  Pays-Bas,  des 
aperçus  fort  originaux.  M.  Rachfahl  s'occupe  longuement  de  l'Inqui- 
sition. Il  montre  qu'il  ne  faut  pas  exagérer  le  nombre  des  victimes, 
et  que,  principalement  sous  Charles-Quint,  l'institution  procéda  par 
grands  coups  d'éclat,  destinés  à  effrayer  les  délinquants,  pour  retomber 
ensuite  dans  de  longues  périodes  d'apathie  et  de  laisser-aller,  sous 
l'influence  de  Tesprit  de  tolérance  des  Flamands,  et  parce  que  la 
sévérité  draconienne  des  placards  en  empêchait  l'exécution  rigou- 
reuse. Il  n'y  a  que  l'inquisiteur  Titelman  en  Flandre  qui  suivit  à  la 
lettre  les  prescriptions  de  sa  charge.  Enfin  M.  Rachfahl,  s'occupe  du 
courant  rationaliste  qui  se  manifestait  aussi  parmi  les  catholiques, 
et  consacre  une  étude  approfondie  au  système  d'Erasme,  à  ses 
démêlés  avec  les  théologiens  de  Louvain  et  le  nonce  Aléandre,  à  ses 
disciples  Cassandre,  Veluanus,  Dirk  Volkerts  Koornhert.  etc.  C'est 
ici  un  des  chapitres  les  mieux  conçus  et  les  plus  instructifs  de 
l'ouvrage.  On  voit  comment  l'indifférentisme,  l'esprit  rationaliste  et 
frondeur,  les  infiltrations  protestantes  avaient  énervé  toutes  les 
classes  de  la  société  et  l'on  comprend  que  la  révolution  dut  trouver 
ici  un  terrain  des  plus  propices  pour  croître  et  grandir  graduellement. 

Dans  un  dernier  livre,  M.  Rachfahl  étudie  les  institutions  centrales 
et  provinciales  du  pays  et  consacre  enfin  un  examen  minutieux 
aux  États  Généraux  de  i557,  pendant  lesquels  apparut  clairement 
la  banqueroute  de  Philippe  II,  et  où  se  manifestèrent  les  premiers 
symptômes  d'indépendance  et  d'opposition  nationale  contre  le  régime 
espagnol.  On  voit  ici  que  les  débuts  ou,  si  l'on  veut,  les  signes 
avant- coureurs  de  la  révolte  ne  révèlent  encore  aucune  préoc- 
cupation religieuse  :  la  question  se  pose  sur  le  terrain  national,  sur  le 
terrain  des  prérogatives  autonomistes.  La  question  économique  aussi 
reste  à  l'arrière -plan. 

Il  serait  intéressant  de  comparer  le  livre  de  M .  Rachfahl  avec  ceux 
de  M.  Gossart  et  de  M.  Pirenne.  Nous  ne  pouvons  songer  à  le  faire 
ici.  Mais  nous  ne  pouvons  terminer  ces  lignes  sans  proclamer  que 
M.  -Rachfahl,  grâce  à  ses  patientes  recherches,  à  ses  méditations 
approfondies,  à  son  magistral  exposé,  nous  a  donné  un  livre  capital 
sur  la  révolution  des  Pays-Bas.  Nous  espérons  que  les  volumes 
suivants  ne  tarderont  pas  trop  à  paraître.  C'est  avec  une  légitime 
impatience,  mais  avec  confiance,  que  nous  attendons  l'achèvement 
de  ce  monument  élevé  à  la  gloire  du  fondateur  des  Provinces- Unies, 
conçu  dans  un  esprit  d'impartialité  que  nous  ne  saurions  assez 
admirer. 


à 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  359 


La  seule  critique  que  nous  ayons  à  faire,  c'est  que  Tauteur  repré- 
sente rjnquisition  comme  une  conclusion,  une  conséquence  rigou- 
reuse tirée  du  dogme  catholique,  alors  qu'elle  n'est  que  le  résultat 
-du  système  politico  religieux  inauguré  par  Charles  Quint.  Nous 
regrettons  aussi  que  l'auteur  n'ait  pas  consacré  quelques  pages  à  la 
contre-réforme  catholique,  sans  lesquelles  le  tableau  de  la  situation 
religieuse  est  trop  unilatérial.  Le  livre  de  P.  Kalkoff,  Die  Anfànge 
dit  Gegenreformaiion  in  den  Niederlanden,  lui  eût  fourni  assez  de  données 
pour  cette  ajoute  nécessaire.  Enfin,  l'auteur  déforme  trop  souvent  les 
noms  néerlandais  de  familles,  de  personnes  ou  de  lieux.  Ainsi,  il 
écrit  Archot  pour  Aersckot,  Berleymoni  pour  Berlaymont,  St  Armand  pour 
Si  Amand,  HofidscoU  pour  Hondschoote^  etc. 

En  annexe,  M.  Rachfahl  publie  un  mémoire  des  États  Généraux 
de  i557,  tiré  des  Archives  du  Royaume  à  Bruxelles,  et  l'instruction 
pour  le  commissaire  Antoine  Van  Straelen,  provenant  des  archives 
communales  de  Gand.  Une  carte  du  théâtre  de  la  campagne  contre 
les  Français  en  i555  termine  le  i*""  volume  de  ce  magistral  ouvrage. 

L.  Van  der  Essen. 


Concours  général  de  TEnseignement  moyen 

en  1907. 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 
Rhétorique.  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  française,  flamande  ou  allemande. 

première  langue  (sans  dictionnaire). 

La  vraie  science  et  la  vraie  étude  de  Thomme  c'est  Thoinme. 
De  ware  wetenschap  en  de  ware  studie  des  menschen  is  de  mensch. 
Die  ware  Wissenschaft  und  das  ware  Studium  des  Menschen  ist 
der  Mensch. 

N.  B,  I.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.*—  Les  compositions  doivent  être  faites  en  français,  en  flamand  ou  en  allemand, 
selon  que  les  élèves  appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne, 
dans  la  région  flamande  ou  dans  la  région  allemande.  Ceux  des  élèves  des  Athénées 
d*Anvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d'Ixelles  et  de  la  section  latine  annexée  à  l'École 
imoyenne  de  St-Gilles  qui  suivent  les  cours  du  régime  wallon,  sont  obligés  de  faire 
eur  composition  en  français. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  alleminds  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4»  ~  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'écriture  ou 
l'orthographe  laissent  à  désirer. 


36o  LE    MUSÉE    BELGE. 


Rhétorique.  Humanités  anci€4nes  ^sections  réunies). 
Rhétorique.  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  ft^ançaise. 

SECONDE   LANGUE    (SANS    DICTIONNAIRE). 

Een  leven  in  ledigheid  gesleten  is  een  vroege  dood. 
Ein  unnutz  Leben  ist  ein  fruher  Tod. 
Une  vie  oisive  est  une  mort  anticipée. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Les  compositions  doivent  être  faites  en  flamand  ou  en  allemand  si  les  élèves 
appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne,  suivant  que  c'est  le 
flamand  ou  l'allemand  qui  est  officiellement  adopté  comme  seconde  langue,  et  en 
français  s'ils  appartiennent  à  un  établissement  de  la  région  tîamande  ou  allemande. 

Ceux  des  élèves  des  Athénées  d'Anvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d'hcelles  et  de  la 
section  latine  annexée  à  l'école  moyenne  de  Saint-Gilles  qui  suivent  les  cours  du 
régime  wallon,  sont  obligés  de  faire  leur  composition  en  tiamand  ou  en  allennand. 

Les  travaux  des  élèves  qui  ne  se  conformeront  pas  à  la  présente  instruction 
seront  annulés. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  récriture  laissent  à  désirer. 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  anglaise. 

TROISIÈME    LANGUE    (SANS    DICTIONNAIRE). 

Wetenschap  is  macht.  —  Wissenschaft  ist  Macht.  —  Knowledge 
is  power. 

N.  B.  1,  —  Les  élèves  ont  quatre  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  l'écriture  laissent  à  désirer. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

Rhétorique.   Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  flamande  ou  allemande. 

TROISIÈME    LANGUE    'SANS    DICTIONNAIRE). 

De  arbeid  is  's  menschen  zegen. 
Die  Arbeit  ist  der  Menschen  Segen. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  36l 

Rhétorique,  Humanités  modernes  (section  industrielle  et  commerciale). 

Composition  anglaise. 

QUATRIÈME    LANGUE   (SANS    DICTIONNAIRE). 

"Where  there  is  a  will  there  is  a  way. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  de  la  section  scientifique  ont  quatre  heures  pour  faire  leur 
travail  :  les  autres  ont  six  heures  pour  faire  leurs  deux  compositions. 

2  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  récriture  laissent  à  désirer. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
jdlemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  l'io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

Troisième.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 

Composition  française,  flamande  ou  allemande. 

PREMIÈRE    LANGUE   (SANS   DICTIONNAIRE). 

Le  Vent.  —  De  Wind.  —  Der  Wind. 

N.  B.  I.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Les  compositions  doivent  être  faites  en  français,  en  flamand  ou  en  allemand, 
selon  que  les  élèves  appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne, 
dans  la  région  flamande  ou  dans  la  région  allemande. 

Ceux  des  élèves  des  Athénées  d'Anvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d'Ixelles,  et  de  la 
section  latine  annexée  à  l'école  moyenne  de  St-Gilles  qui  suivent  les  cours  du  régime 
wallon  sont  obligés  de  faire  leur  composition  en  français. 

Les  travaux  des  élèves  qui  ne  se  conformeront  pas  à  la  présente  instruction  seront 
annulés. 

.  3.  —  I /emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la   composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'écriture  ou 
Torthographe  laissent  à  désirer. 

Troisième.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  française. 

SECONDE    LANGUE    (SANS    DICTIONNAIRE). 

Door  een  onweder  verrast.  —  Ueberraschung  vom  Gewitter.  — 
Surpris  par  l'orage. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Les  compositions  doivent  être  faites  en  flamand  ou  en  allemand  si  les  élèves 
appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne,  suivant  que  c'est  le 
flamand  ou  l'allemand  qui  est  officiellement  adopté  comme  seconde  langue,  et  en 
français  s'ils  appartiennent  à  un  établissement  de  la  région  flamande  ou  allemande. 


362  LE   MUSÉE   BELGE. 


Ceux  des  élèves  des  Athénées  d'Anvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d*Ixenes  et  de  la 
section  latine  annexée  à  l'école  moyenne  de  St-Gilles  qui  suivent  les  cours  du  régime 
wallon,  sont  obligés  de  faire  leur  connposition  en  flamand  ou  en  allemand. 

Les  travaux  des  élèves  qui  ne  se  conformeront  pas  à  la  présente  instruction  seront 
annulés. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  Tortographe 
ou  l'écriture  laissent  à  désirer. 

Troisième.  Humanités  anciennes  (section  grecque- latine). 

Composition  flamande,  allemande  ou  latine. 

TROISIÈME   LANGUE   (SANS   DICTIONNAIRE). 

Dorp  en  stad  in  den  zomer.  —  Dorf  und  Stadt  im  Sommer.  —  The 
village  and  the  town  in  summer. 

N.  B.  I.  —  Les  élèves  ont  quatre  heuies  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux.  travaux  dont  l'orthographe 
ou  l'écriture  laissent  à  désirer. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  1/10  des  points  à  une  écriture  lisible. 

Seconde,  Humanités  modernes  (sections  féunies). 

Composition  française,  flamande  ou  allemande. 

PREMIÈRE    LANGUE   (SANS   DICTIONNAIRE). 

L'amour  maternel.  —  De  moederliefde.  —  Die  Mutterliebe. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Les  compositions  doivent  être  faites  en  français,  en  flamand  ou  en  allemand, 
selon  que  les  élèves  appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne, 
dans  la  région  flamande  ou  dans  la  région  allemande. 

Ceux  des  élèves  des  Athénées  dAnvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d'ixelles,  et  de  la 
section  latine  annexée  à  l'école  moyenne  de  St-Gilles  qui  suivent  les  cours  du  régime 
wallon,  sont  obligés  de  faire  leur  composition  en  français. 

Les  travaux  des  élèves  qui  ne  se  conformeront  pas  à  la  présente  instruction, 
seront  annulés. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'écriture  ou 
l'orthographe  laissent  à  désirer. 

Seconde,  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  française. 

SECONDE   LANGUE   (SANS   DICTIONNAIRE). 

O  zalig  een  kind  nog  te  zijn  !  —  O  selig  èin  Kind  noch  zu  sein  I  — 
Heureuse  enfance  ! 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  363^ 


N.  B.  I.  —  Les  élèves  ont  six  heures  pour  faire  leur  travail. 

a.  —  Les  compositions  doivent  être  faites  en  flamand  ou  en  allemand  si  les  élèves 
appartiennent  à  un  établissement  situé  dans  la  région  wallonne,  suivant  que  c'est  le 
flamand  ou  l'allemand  qui  est  officiellement  adopté  comme  seconde  langue,  et  en 
français  s'ils  appartiennent  à  un  établissement  de  la  région  flamande  ou  allemande. 

Ceux  des  élèves  des  Athénées  d*Anvers,  d'Arlon,  de  Bruxelles,  d*lxelles  et  de  la 
section  latine  annexée  à  l'école  moyenne  de  St-Gilles  qui  suivent  les  cours  du  régime 
wallon,  sont  obligés  de  faire  leur  composition  en  flamand  ou  en  allemand. 

Les  travaux  des  élèves  qui  ne  se  conformeront  pas  à  la  présente  mstruction 
seront  annulés. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande.  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  i/io  des  points  à  une  écriture  lisible. 

4.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  récriture  laissent  à  désirer. 

Seconde.  Humanités  modernes  (seeiion  industrielle  et  commerciaL), 

Composition  flamande  ou  allemande. 

TROISIÈME   LANGUE    (SANS   DICTIONNAIRE). 

De  Oogsl.  —  Die  Ernte. 

N.  B.  1.  —  Les  élèves  ont  quatre  heures  pour  faire  leur  travail. 

2.  —  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  l'orthographe 
ou  récriture  laissent  à  désirer. 

3.  —  L'emploi  des  caractères  allemands  est  obligatoire  pour  la  composition 
allemande;  Le  jury  est  autorisé  à  attribuer  1/10  des  points  à  une  écriture  lisible. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 


307.  —  Oskar  Henke.  Vademekum  fur  die  Homerlekture,  Mit 
4  Kaertchen  im  Text.  Leipzig  u.  Berlin,  B.  G.  Teubner,  1906. 
Ce  petit  livre  est  destiné  spécialement  aux  professeurs  et  aux  élèves 
des  classes  supérieures  des  gymnases.  L'auteur  croit,  en  effet,  qu'il 
ne  suffit  pas  de  faire  lire  aux  jeunes  gens  les  poésies  d'Homère,  mais 
qu'il  faut  les  initier  quelque  peu  à  cette  civilisation  a  mycénienne  »  à 
laquelle  sont  empruntés  les  décors  des  scènes  homériques.  Cela  est 
très  juste.  On  peut  même  ss  demander  si  le  peu  de  goût  qu'ont 
beaucoup  d'élèves  pour  l'Iliade  et  l'Odyssée  ne  provient  pas  en  partie 
de  leiu-  ignorance  du  milieu  où  se  passent  les  événements  racontés 
dans  ces  poèmes.  Si  les  élèves  se  représentaient  mieux  ce  qu'ils 
lisent,  si  la  vie  homérique  cessait  de  leur  être  étrangère,  ces  récits 


/ 


i 


304  LE    MUSÉE   BELGE. 


n*auraient-ils  pas  plus  d'intérêt  pour  eux?  Quoi  qu'il  en  soit,  ces 
notions  ne  seront  jamais  inutiles,  et  il  serait  à  désirer  quil  y  eût  en 
français  un  ouvrage  similaire.  Celui-ci  naturellement  ne  contient  que 
les  données  fondamentales  :  au  besoin,  les  professeurs  pourront  les 
expliquer,  les  développer.  Nous  ajouterons  —  sans  crainte  de  nous 
tromper  —  que  ce  petit  volume  sera  lu  aussi  avec  beaucoup  de 
plaisir  —  et  peut-être  avec  beaucoup  de  profit  —  par  tous  ceux  qui 
par  profession  ou  par  goût  s'adonnent  encore  à  l'étude  de  l'antiquité. 

L'ouvrage  contient  tout  d'abord  un  résumé  chronologique,  très 
succinct,  de  l'Iliade  et  de  l'Odyssée.  A  ce  premier  résumé,  l'auteur 
en  joint  un  second  plus  détaillé,  plus  complet  :  c'est  un  exposé  clair, 
d'une  lecture  agréable. 

Vient  ensuite  ce  qu'on  pourrait  appeler  la  deuxième  partie  de  ce 
livre  :  une  sorte  d'aperçu  sur  la  civilisation  homérique.  M.  Henke 
a  recueilli  les  notions  sur  la  géographie,  sur  la  société,  sur  la  vie 
religieuse,  économique,  etc.,  que  l'on  trouve  chez  Homère. 

Il  décrit  d'abord  le  monde  comme  le  concevaient  les  anciens,  et 
d'après  ces  données  il  explique  les  voyages  d'Ulysse  et  de  Ménélas. 
Un  second  paragraphe  du  même  chapitre  est  consacré  à  la  question 
de  l'emplacement  de  Troie  que  l'auteur  place  non  loin  du  village 
actuel  de  Burnarbaschi.  plutôt  que  près  d'Hissarlik  ;  il  croit  que 
l'aspect  de  la  plaine  de  Troie  d'après  l'Iliade,  correspond  ^très  bien 
à  la  topographie  des  environs  du  premier  de  ces  villages  et  non  à 
celle  du  second.  Sur  la  situation  de  l'île  d'Ithaque  il  donne  tiois 
hypothèses  et  il  adopte  la  dernière  :  la  position  d'Ithaque  dans 
l'archipel  qui  l'entoure  concorde  avec  celle  de  l'île  actuelle  de  Santa 
Maura,  mais  le  poète  aurait  emprunté  la  topographie  intérieure 
d'Ithaque  à  l'île  qui  porte  aujourd'hui  ce  nom.  Les  quatre  cartes  que 
l'auteur  joint  à  cet  exposé  aident  beaucoup  à  l'intelligence  de  son 
texte,  elles  peuvent  être  aussi  d'une  grande  utilité  pour  la  lecture  de 
l'Iliade  et  de  l'Odyssée. 

Dans  le  chapitre  suivant,  M.  Henke  donne  quelques  notions  sur 
les  différentes  classes  de  la  société  homérique  et  sur  la  vie  privée  : 
mariage,  vie  de  famille,  hospitalité,  bienfaisance.  Pour  ce  qui  est  de 
la  religion  et  du  culte,  il  résume  en  quelques  lignes  les  idées 
religieuses  avant  Homère,  à  son  époque  et  après  lui;  puis  il  passe  en 
revue  les  différentes  divinités,  leurs  liens  de  parenté,  leurs  attributs,  et 
il  termine  par  un  court  aperçu  sur  le  culte  :  prière,  sacrifice,  lieux 
du  culte,  prêtres,  serment.  L'auteur  consacre  aussi  quelques  chapitres 
à  décrire  d'une  façon  assez  détaillée  :  i)  la  demeure  d'Ulysse,  2)  un 
vaisseau  fà  cette  description  M.  Henke  joint  celle  du  radeau 
d'Ulysse),  3)  l'habillement  masculin  et  féminin,  4;  l'armure,  5)  le  pro- 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  365 


cessus  d'une  bataille.  Il  est  à  regretter  que  l'auteur  n'ait  pas  illustré 
de  quelques  vignettes  ces  descriptions,  entre  autres  celle  du  vaisseau. 
M.  Henke  termine  son  travail  par  une  étude  sur  la  psychologie 
d'Homère  :  il  cherche  à  expliquer  les  différentes  significations  des 
mots  employés  par  le  poète  pour  désigner  les  facultés  de  l'âme  :  tâche 
assez  ardue,  car  chez  Homère  les  mêmes  mots  servent  à  peu  près 
indifféremment  pour  indiquer  l'une  ou  l'autre  fonction  de  l'âme. 
En  résumé,  M.  Henke  a  composé  un  petit  livre  très  utile,  très  inté- 
ressant, et  qui  peut  rendre  de  grands  services  aux  classes. 

R.   NiHARD. 

3o8.  —  M.  Bréal,  Pour  mieux  connaître  Homère,  Paris,   Hachette, 

1906.  309  pp.  3  fr.  5o. 

Cet  ouvrage  est  divisé  en  deux  parties.  Dans  une  première  étude, 
M.  Bréal  reprend  la  question  de  l'âge  et  de  Porigine  des  deux  grands 
poèmes  homériques.  Il  est  inutile  de  rappeler  les  controverses  qu'elle 
a  suscitées  depuis  Wolff,  Otfried  Muller,  Lachmann  et  d'autres.  Au 
milieu  des  discussions  et  des  divergences,  on  reconnaît  cependant  la 
tendance  à  faire  remonter  la  composition  des  deux  épopées  à  une 
antiquité  reculée,  insaisissable,  qui  ne  donnait  presque  aucune  prise 
à  la  critique.  Cette  supposition,  en  effet,  comme  le  dit  M.  Bréal, 
imposait  silence  à  la  critique  :  une  terminologie  abstraite  faisait 
évanouir  la  notion  même  d'auteur. 

Un  autre  problème  aussi  intéressant  se  posait  de  toute  nécessité  : 
la  personnalité  d'Homère.  Bien  des  savants  se  laissaient  entraîner  à 
des  idées  de  poésie  populaire  et  spontanée,  éclose  tout  à  coup  du 
cerveau  des  masses  impressionnées  par  quelque  grand  événement. 
La  théorie  pouvait  peut-être  s'appliquer  à  des  poèmes  rudes  et 
barbares  comme  les  Niebeîungefi  ou  la  Chanson  de  Roland.  Pouvait- elle 
s'appliquer  à  des  chefs-d'œuvre  comme  l'Iliade  et  l'Odyssée?  Telles 
sont  les  questions  que  se  pose  une  fois  de  plus  M  Bréal.  Il  s'adresse 
avec  raison  à  tous  ceux  qui  ont  lu  attentivement  Homère  Les 
théories  philologiques  modernes  peuvent  être  très  ingénieusement 
conçues  et  très  bien  développées,  elles  peuvent  même  exciter  l'admi- 
ration du  lecteur  ;  elles  ont  le  grand  tort  de  ne  pas  persuader.  Tous 
ceux  qui  ne  sont  pas  égarés  par  des  préjugés  ou  des  systèmes,  tous 
ceux  qui  étudient  les  épopées  grecques  sans  parti- pris  de  leur  cher- 
cher querelle  ou  de  les  plier  aux  exigences  de  leurs  théories,  seront 
tentés  de  répéter  avec  Goethe,  écoutant  F.  A.  Wolff  dans  sa  chaire 
de  Halle  :  Où  t^p  irciaeiç,  oôb'  f|v  ireiariç.  «  Même  en  me  persuadant, 
tu  ne  me  persuaderas  pas  ».  Telle  est  la  thèse  de  M.  Bréal.  Dans 
riliade  et  l'Odyssée,  les  preuves  d'une  intelligence  consciente  et 


366  LE   MUSÉB   BELGE. 


maîtresse  d'elle-même  frappent  à  chaque  pas  ;  tout  montre  que  les 
deux  épopées  sont  le  fruit  d'une  civilisation  déjà  avancée,  l'œuvre 
d'un  génie  dans  sa  maturité,  Tefflorescence  d'une  littérature  épique 
éclose  depuis  longtemps. 

L'objection  de  la  simplicité  et  de  la  rudesse  des  mœurs  homé- 
riques n'a  pas  de  valeur  aux  yeux  de  M.  Bréal;  la  simplicité  est  de 
convention,  dit-il,  elle  est  inhérente  au  caractère  de  la  poésie  épique  ; 
voyez  l'Enéide.  Les  personnages  de  l'Iliade  sont  idéalisés,  ce  sont 
des  paladins  de  roman  à  la  façon  des  chevaliers  du  moyen  âge. 
Religion,  mythologie,  usages,  idées  du  gouvernement,  des  castes  et 
des  relations  sociales,  tout  fait  songer  à  une  civilisation  rafl&née,  qui 
sert  de  cadre  à  un  monde  idéal  et  fictif,  peuplé  de  héros  romanesques 
par  l'imagination  du  poète. 

La  langue  elle-même  témoigne  par  sa  richesse  et  son  abondance 
d'un  long  usage  et  d'une  rare  perfection.  «  Nous  n'avons  pas  affaire 
»  ici,  dit  M.  Bréal,  à  quelque  population  primitive  qui,  pour  expri- 
»  mer  ses  pauvres  idées,  n'aurait  juste  que  la  provision  de  mots  et 
»  de  flexions  nécessaires.  L'Iliade  et  l'Odyssée  nous  présentent  le 
»  plus  riche  trésor  verbal  qui  ait  jamais  été  au  service  de  la  poésie.  » 
D'après  les  conclusions  de  la  linguistique,  aucun  trait  essentiel  ne 
sépare  la  langue  d'Homère  de  l'époque  postérieure,  même  dans  les 
formes  dialectales  si  variées  et  si  étranges.  Aussi,  M.  Bréal  n'hésite 
pas  à  rapprocher  de  la  grande  civilisation  hellénique  la  date  de 
composition  des  poèmes.  L'âge  d'Homère  se  place,  d'après  lui,  avec 
le  plus  de  vraisemblance  au  commencement  du  vu*  siècle.  Remonter 
plus  haut,  penser  aux  vm®,  ix^  ou  même  x**  siècle,  c'est  méconnaître 
tout  ce  qui  atteste  une  civilisation  déjà  mûrement  développée. 

Aboutissant  à  cette* conclusion,  Téminent  auteur  devait  faire  aussi 
justice  des  théories  vagues  sur  la  production  et  le  développement 
spontanés  de  la  véritable  épopée,  sur  sa  prétendue  puissance  d'orga- 
nisme, sur  son  évolution  dynamique,  etc.  Armé  de  sa  finesse  fran- 
çaise, parfois  un  peu  méchante,  M.  Biéal  fait  remarquer  que  l'alle- 
mand se  prête  merveilleusement  à  ces  formules  qui, en  leur  obscurité, 
ont  quelque  chose  d'impérieux.  Mais  le  nuageux  exclut  le  positif,  et 
qu'y  a-t-il  de  plus  positif  qu'une  épopée  de  seize  mille  vers  comme 
l'Iliade?  Il  est  matériellement  impossible  que  la  poésie  populaire 
dont  les  inspirations  courtes,  désordonnées,  diverses  par  le  rythme 
et  le  dialecte  répondent  aux  impulsions  primitives  de  la  nature 
humaine,  ait  produit  une  composition  comme  l'Iliade  présentant  le 
triple  caractère  d  un  long  sujet  traité  avec  suite,  d  une  langue  toujours 
la  même  et  d'un  mètre  invariable.  Sans  nier  les  interpolations  et 
additions  successives  qui  s'expliqueraient  par  l'élaboration  poétique 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  307 


continuelle  de  corporations,  de  «  pléiades  »  de  rhapsodes  travaillant 
la  même  matière  épique,  ayant  même  esprit  et  mêmes  traditions, 
(il  se  pourrait  même  que  ces  poèmes  aient  été  conservés,  augmentés 
et  développés  par  une  corporation  de  prêtres  de  Tlonie  d^Asie) 
M.  Bréal  insiste  sur  la  nécessité  d'un  chantre  inspiré,  d'un  grand 
p>oète  sans  lequel  Tunité,  le  plan,  la  structure  de  l'œuvre  ^ne  se 
comprendraient  pas.  Croyons,  avec  M.  v.  Wilamowitz  que  ce  poète 
fut  Homère  et  que  «  la  renommée  ne  s'est  pas  trompé  d'adresse.'^» 
En  un  mot,  les  observations  saines  et  justes  de  M.  Bréal  trahissent 
les  tendances  de  Tesprit  nouveau  ;  il  est  temps  de  revenir  des'Jécarts 
que  la  critique  moderne  s'est  permise  dans  l'enthousiasme  de  ses 
découvertes,  et  de  raisonner  suivant  les  principes  de  la  vraie  logique, 
voire  même  du  simple  bon  sens. 

La  seconde  partie  du  volume  est  un  lexique  oùjM.  Bréal  s'efforce 
d'expliquer  philologiquement  une  foule  d'expressions  et  de  vocables 
fréquents  chez  Homère.  En  général,  il  a  cru  devoir  faire  rentrer^ dans 
le  giron  hellénique  des  mots  pour  lesquels  ses  devanciers  s'étaient 
adressés  à  des  idiomes  plus  éloignés.  Ce  petit  dictionnaire  rendra 
surtout  service  aux  professeurs  de  l'enseignement  moyen,  et  il  est 
fait  avec  le  soin  et  l'érudition  que  nous  connaissions  à  l'auteur  de 
l'Essai  de  sémantique.  C'est  assez  dire.  Th.  Simar.^ 

309.   —  A.  MlCbaeliS,  Die  archaeologisckefi  Entdeckungen  des  XIX" 

Jaktkunderts,  Leipzig,  E.  A.  Seemann,  1907.  vi-325  pp. 

L'auteur  de  cet  ouvrage  est  un  des  mieux  préparés  pour  traiter  cet 
intéressant  sujet.  Par  sa  carrière,  il  a  été  mêlé  activement  aux  travaux 
archéologiques,  en  particulier  à  ce  vaste  mouvement  d'explorations 
et  de  fouilles  dont  les  résultats  sont  en  train  de  renouveler  sur  tant 
de  points  notre  connaissance  du  monde  antique.  Et  le  sujet  est  traité 
avec  une  clarté,  une  compréhension  et  un  intérêt  vivant,  qui  attestent 
chez  l'auteur  une  longue  et  intime  familiarité  avec  lui. 

ïA,  Micliaelis  commence  par  fixer  l'état  de  l'archéologie  au  début 
du  XIX*  siècle  :  il  expose  ce  que  sont  devenus  au  moyen  âge  les  débris 
survivants  de  l'antiquité.  Avec  la  Renaissance,  on  voit  se  former  les 
grandes  collections  romaines,  privées  et  publiques.  Les  touristes  qui 
visitent  les  musées  d'Italie,  surtout  les  philologues  qui  en  utilisent 
aujourd'hui  les  monuments,  apprécieront  l'utilité  de  ces  pages,  d'une 
lecture  à  la  fois  si  facile  et  si  instructive,  surtout  qu'à  la  fin  une 
bibliographie  abondante  leur  permettra  de  compléter  et  de  préciser 
les  faits  généraux  donnés  par  l'historien. 

Au  xviii*  siècle,  Winkelmann  donne  l'essor  à  une  science  nouvelle, 
celle  de  l'art  antique.  Mais  Winkelmann  ne  put  visiter  et  connaître 


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368  LE    MUSÉE    BELGE. 


que  les  musées  et  les  sites  italiens.  Vers  le  même  temps,  la  société 
anglaise  des  Dilettanii  organise  ses  expéditions  en  Grèce  et  réveille 
pour  ce  pays  l'intérêt  que  Winkelmann  avait  suscité  par  Tltalie. 

Ces  entreprises  nous  amènent  au  seuil  du  xix«  siècle,  dont  les 
premières  années  sont  remplies  par  les  guerres  de  Napoléon.  Le 
grand  César  n'était  pas  qu'un  capitaine  de  génie;  il  avait  aussi  l'am- 
bition de  la  gloire  des  sciences  et  des  arts.  On  se  souvient  avec  quelle 
absence  totale  de  scrupules,  il  dépouilla  les  peuples  vaincus  de  leurs 
trésors  artistiques  nationaux;  la  Belgique  en  sait  quelque  chose. 
Ainsi  fut  fondé  et  s'enrichit  le  Musée  Napoléon.  La  chute  de  lempire 
ne  rendit  pas  aux  peuples  dépouillés  tout  ce  que  le  général,  abusant 
de  sa  victoire,  leur  avait  pris.  M  Michaelis  fait  remarquer  avec 
raison  que  d'autres  peuples,  en  de  semblables  circonstances,  ont  eu 
dautres  mœurs,  à  leur  grand  honneur  d'ailleurs. 

Mais  les  guerres  de  Napoléon  eurent  heureusement  d'autres  résul- 
tats que  l'accaparement  et  la  saisie  des  richesses  artistiques  des  nations 
vaincues.  L'exploration  de  TÉgypte  et  de  ses  monuments  fut  une  des 
conséquences  de  la  fameuse  expédition  française  en  ce  pays.  Dans 
le  même  temps,  les  fouilles  de  Pompéi  recevaient  une  impulsion 
profonde  d'un  membre  de  la  famille  Bonaparte. 

Le  recouvrement  de  la  Grèce,  comme  dit  M  Michaelis,  fut  l'œuvre 
et  l'honneur  de  l'Angleterre.  Le  chapitre  où  ces  entreprises  sont 
racontées  est  un  des  plus  intéressants  du  livre.  Les  rapts  commis  par 
Lord  Elgin  (M,  Michaelis,  dont  les  sympathies  pour  l'Angleterre  sont 
de  longue  date,  le  défend  et,  à  mon  sens,  sur  plusieurs  points,  avec 
un  plein  succès),  les  célèbres  explorations  d'Egine,  de  Bassae 
(Phigalie),  sont  l'objet  de  narrations  animées.  Entretemps  l'archéo- 
logue allemand,  Ed.  Gerhard,  était  en  Italie,  faisait  ses  célèbres 
explorations  en  Etrurie  et  fondait  l'institut  archéologique  allemand, 
qui  a  donné  et  qui  a  coutume  de  donner  la  plus  vive  impulsion 
aux  travaux  archéologiques,  surtout  depuis  qu'il  a  reçu  comme 
complément  (en  1875)  une  division  athénienne 

Le  chapitre  cinquième  est  consacré  aux  fouilles  de  l'Orient.  Dans 
les  trois  chapitres  suivants,  l'auteur  ne  suit  plus  l'ordre  géographique, 
mais  ordonne  ses  récits  d'après  le  genre  des  monuments  ;  chap.  VI,  les 
lieux  du  culte;  chap.  VII,  l'emplacement  des  villes;  chap.  VIII,  les 
temps  préhistoriques.  Je  me  permets  d'appeler  lattention  surtout  sur 
la  fin  de  chacun  de  ces  chapitres.  M.  Michaelis  y  expose  les  résultats 
généraux  acquis  à  la  science  par  les  fouilles  particulières.  On  peut  y 
voir  combien  elles  ont  accru  nos  connaissances  sur  la  construction 
et  l'aménagement  des  temples,  sur  le  plan  des  villes  et  des  maisons 
dans  l'antiquité.  Ce  sont  des  chapitres  qu'aucun  professeur  de  littéra- 


PARTIE  BIBLIOQRAPHIQUE.  SÔg 


ture  antique  et  d'histoire  dans  les  humanités  ne  lira  sans  le  plus  grand 
fruit. 

L'auteur  reprend  aux  chapitres  IX  et  X  Tordre  chronologique 
pour  donner  l'histoire  des  fouilles  dans  les  pays  classiques  et  hors  de 
ces  pays. 

Le  chapitre  XI  conclut  dignement  le  livre.  L'éminent  archéologue 
y  expose  les  transformations  subies  par  la  science  elle-même  de 
l'archéologie,  les  conceptions  nouvelles  qui  se  sont  fait  jour  dans 
rétude  des  œuvres  dart.  C'est  un  chapitre  où  il  y  a  beaucoup  à 
apprendre  pour  tous,  mais  en  particulier  pour  les  professeurs 
dliumanités  qui  croient  devoir  donner  à  leurs  élèves  une  certaine 
connaissance  de  Fart  antique. 

Le  livre  se  termine  par  ces  registres  copieux  et  variés  que  les 
Allemands  ont  mis  à  la  mode  et  qui  donnent  à  leurs  livres  una 
utilité  si  durable.  M.  Michaelis  a  réuni  aussi  à  la  fin  de  son  livre 
une  bibliographie  complète.  E.  Kemy. 

3io.  —  B.  Ziebarth,  Kulturhilder  aus  grUchischen  StàdUu.  Teubner, 

Leipzig,  1907.  120  pp.  I  fr.  5o, 

Ce  petit  volume  est  extrait  d'une  collection  intitulée  :  Aus  Natur 
und  Geistcsweît,  Ce  recueil  a  pour  but  de  vulgariser  la  science  ;  mais 
il  s'agit  dune  vulgarisation  comme  Térudition  allemande  Tentend, 
c'est  à  dire  qu'elle  est  confiée  à  des  hommes  d'une  science  incontestée. 

M.  Ziebarth  n'est  pas,  en  effet,  un  inconnu  ;  il  a  exécuté,  sous  la 
direction  de  M.  Théodore  Wiegand ,  des  fouilles  intéressantes  à 
Milet,  et  il  a  pu  constater  sur  place  l'importance  de  l'archéologie 
pour  Ihistoire  générale  de  la  civilisation  hellénique.  Aussi  Milet  fait- 
elle  l'objet  d'une  dissertation  écrite  de  main  de  maître.  Pour  Thera, 
M.  Ziebarth  s'est  servi  de  l'ouvrage  de  M.  Hiller  von  Gaertringen. 
Le  plan  et  les  gravures  de  Pergame  sont  empruntés  aux  maîtres  de 
l'archéologie,  Doerpfeld  et  Conze.  L'histoire  de  Priène  est  extraite 
du  grand  ouvrage  de  Th.  Wiegand  et  H.  Schrœder.  L'auteur  a 
résumé ^rhistoire  des  fouilles  faites  près  de  Milet  dans  le  temple 
d'Apollon  de  Didyme  par  B.  HaussouUier  et  E.  Pontremoli.  Comme 
il  examine  rapidement  la  t:ivilisation  des  villes  grecques  en  Egypte, 
la  papyrologie  lui  a  été  d'un  grand  secours  et  toutes  ses  conclusions 
sont  basées  sur  les  travaux  de  MM.  Von  Wilamowitz  et  Cagnat 
(hdiscrétions  archéologiques  sur  les  Egyptiens  de  V époque  romaine.  C.  R.  de 
l'Académie  des  Inscriptions,  1901) 

C'est  ainsi  que  M.  Ziebarth  fait  à  grand  traits  l'histoire  de  la 
culture  à  Théra,  à  Pergame,  à  Priène,  à  Milet  et  dans  les  villes 
grecques  d'Egypte. 


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370  LE    MUSÉE   BELGE. 


Ces  aperçus  sont  le  résumé  d'un  cours  qu'il  a  professé  dans  un 
gymnase  de  Hambourg  ;  ils  seront  donc  utiles  à  nos  collèges  et  athé- 
nées. Ajoutons  que  le  texte  est  accompagné  de  22  planches  exécutées 
d'une  façon  irréprochable  d'après  des  photographies.  Œuvre  de  vul- 
garisation, ce  petit  livre  est  en  même  temps  à  la  portée  de  toutes 
les  bourses.  Th.  Simar. 

311.  —  L.  Laurand,  De  M.  TulH  Ciceronis  studiis  rhetoricis.  Thesixn 

facultati   litterarum   Universitatis   Parisiensis   proponebat  L.   L. 

Paris,  Picard,  1907. 

Lliistoire  de  la  rhétorique,  dit  en  substance  M.  Laurand  dans 
son  avant-propos,  doit  être  connue  de  tous  ceux  qui  étudient  l'anti- 
quité, vu  l'importance  de  cet  art  dans- la  formation  de  l'esprit  chez 
les  Romains. 

Parmi  les  auteurs  anciens  qui  traitèrent  de  la  rhétorique,  Cicéron 
occupe  certes  une  grande  place  :  il  ne  se  borna  pas  à  reprendre  dans 
ses  ouvrages  les  préceptes  des  rhéteurs  grecs,  il  apporta  quelque 
chose  de  neuf;  en  outre,  c'est  lui  qui  a  eu  le  plus  d'autorité  en  cette 
matière. 

Que  pensa  Cicéron  de  la  rhétorique  et  des  rhéteurs,  quelle  part  de 
ses  idées  doit- il  aux  autres,  quelle  part  lui  revient  en  propre, 
comment  sa  doctiine  a  t-elle  évolué,  et  quelle  fut  leur  destinée  après 
lui  :  telles  sont  les  questions  auxquelles  répond  Fauteur.  Cicéron  n'a 
pas  fait  la  guerre  aux  rhéteurs  et  à  la  rhétorique.  Il  na  écrit  le 
De  Oratore  ni  contre  les  rhéteurs  grecs  ni  contre  les  rhéteurs  latins, 
comme  plusieurs  l'ont  soutenu  ;  son  but  a  été  de  montrer  que  la  rhé- 
torique seule,  sans  le  talent,  sans  l'exercice  et  surtout  sans  la  science 
(philosophie,  histoire,  droit),  est  insuffisante. 

On  peut  résumer  sa  doctrine  en  disant  qu'il  jugeait  la  doctrine  des 
«  Anciens  »  (Isocrate,  Platon,  Aristote)  de  beaucoup  supérieure  à 
celles  des  rhéteurs  de  son  temps. 

Aussi  M.  Laurand  a-t-il  divisé  très  justement  les  sources  de  Cicéron 
en  deux  catégories  :  les  anciens  et  les  auteurs  récents.  En  général, 
Cicéron  s'est  servi  des  derniers  pour  composer  ses  premières  œuvres 
{De  Inventione,  Partiiiones,  Topica),  tandis  que  le  De  Oratore  et  VOrator 
contiennent  plutôt  les  idées  des  anciens.  Mais,  bien  que  Cicéron  ait 
voulu  surtout  remettre  en  honneur  les  anciens,  tombés  dans  loubli 
—  ego  me  saepe  nova  videri  dicere  intellego,  cum  perveiera  àicam  sed  inaudita 
pîerisque  {Or,,  3, 12),  —  il  est  certain  cependant  aujourd'hui  qu'il  a 
plus  emprunté  aux  autres  qu'à  ceux-là,  et  cela  en  vertu  de  cette  loi 
de  l'histoire  tant  littéraire  que  politique,  que  tout  homme,  si  laudator 
temporis  acti  soit-il,  subit  toujours  l'influence  de  son  époque,  de  ses 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  37 1 


<x>ntemporains.  Parmi  les  anciens,  Platon  et  Isocrate  lui  apprirent 
que,  pour  être  éloquent,  le  talent  est  nécessaire  avant  tout  et  qu'il 
faut  joindre  l'exercice  à  Tétude  de  la  rhétorique  ;  Platon,  Isocrate  et 
Aristote  lui  apprirent  que  l'éloquence  s'appuie  sur  la  philosophie  ;  il 
^it  dans  Platon,  dans  Isocrate  et  dans  Théophraste  combien  est 
iinj>ortante  pour  Vorateur  la  connaissance  des  passions  humaines; 
enfin  chez  Isocrate,  chez  Aristote  et  chez  Théophraste  il  se  rendit 
compte  de  l'utilité  des  eéaciç  (discussions  d'un  caracère  universel)  et 
de  la  nécessité  de  donner  à  la  phrase  un  certain  rythme,  qui  doit  être 
^utre  que  le  vers. 

De  la  doctrine  d'Hermagoras,  l'un  de  ces  écrivains  o  plus  récents  », 
■Cicéron  reprit  beaucoup  de  préceptes  dans  son  De  Invmtione^  mais 
plus  tard  il  les  modifia  ou  même  les  rejeta  complètement.  Il  emprunta 
aux  Asiatiques  et  aux  Rhodiens  certaines  clausules  métriques  (le 
dichorée,  le  crétique,  le  paeon)  ;  aux  Stoïciens,  avec  qui  il  est  d'accord 
pour  dire  que  l'éloquence  est  une  vertu,  il  doit  certains  préceptes  de 
dialectique  et  certaines  idées  sur  le  décorum  nécessaire  à  l'orateur  ; 
aux  Académiciens,  il  doit  les  Partitiones  oratoriae  ;  c'est  là  aussi  pro- 
bablement qu'il  puisa  le  goût  de  l'étude  des  anciens.  Il  eut  en  main, 
sans  doute,  les  livres  des  rhéteurs  latins,  qui  lui  fournirent  entre 
autres  choses  certaines  expressions  grecques  relatives  à  la  rhétorique, 
bien  qu'il  n'en  fasse  pas  mention.  Il  y  a  aussi  dans  les  œuvres  de 
Cicéron  beaucoup  de  détails  qui  n'appartiennent  en  propre  à  aucun 
auteur,  mais  que  l'on  retrouve  chez  tous  et  qui  constituent  une  sorte 
de  patrimoine  commun,  dont  a  profité  Cicéron.  Quant  à  déterminer 
si  c'est  à  tel  ou  à  tel  auteur  qu'il  a  emprunté  l'un  ou  l'autre  précepte, 
c'est  souvent  chose  impossible  ou  tout  au  moins  téméraire. 

Cicéron  n'a  pas  traduit  littéralement  quelques  livres  grecs,  pas  plus 
qu'il  n'a  écrit  sous  la  dictée  d'un  maître  quelconque,  comme  on  l'a 
prétendu  ;  bien  plus,  il  a  mis  du  sien  dans  ses  œuvres  :  outre  son 
élégance  de  style,  et  cette  fusion  en  un  seul  tout  de  tant  de  théories, 
ce  sont  tout  d'abord  des  modifications,  des  additions  —  parfois 
importantes  —  faites  à  ces  théories  :  par  exemple  à  la  connaissance 
de  la  philosophie,  jugée  nécessaire  par  Platon  et  Isocrate,  il  joint  celle 
du  droit  et  de  l'histoire;  ce  sont  aussi  ces  petits  moyens  de  réussir 
que  son  habitude  du  forum  lui  avait  appris  :  le  souci  de  plaire  aux 
auditeurs,  lusage  des  mots  plaisants,  etc. 

L'esprit  de  Cicéron  comme  son  caractère  était  très  mobile  :  ici 
aussi  son  opinion  n'a  pas  toujours  été  la  même  —  et  cette  lois  à  son 
honneur.  Au  début,  il  ne  connaissait  pour  ainsi  dire  que  l'art  des 
rhéteurs  pour  former  à  l'éloquence  ;  plus  tard,  l'ayant  jugé  insuffisant, 
il  adopta  la  doctrine  des  anciens  et  y  ajouta  ses  propres  idées,  fruits 
•de  son  expérience. 


372  LE    MUSÉE   BELGE. 

C'était  là,  à  son  avis,  la  méthode  destinée  à  faire  de  solides 
orateurs.  Mais  s'il  espéra  que  les  autres  penseraient  comme  lui,  il  se 
trompa.  Si  l'on  excepte  Tacite  et  Quintilien,  on  ne  connut  plus  de 
ses  œuvres  sur  Téloquence  a  que  le  De  Inventione  ^  cette  œuvre  de 
jeunesse  que  Cicéron  lui-même  avait  en  quelque  sorte  reniée,  et  les 
rhéteurs  n'enseignèrent  que  les  préceptes  de  la  rhétorique  n.  Mais» 
dit  en  terminant  M.  Laurand,  justice  a  été  enfin  rendue  à  Cicéron, 
et  aujourd'hui  on  a  reconnu  son  éminente  supériorité  sur  tous  ces 
«  auteurs  de  traités  » . 

Les  citations  nombreuses  et  bien  choisies",  une  démonstration  sûre 
et  méthodique,  un  style  clair  et  élégant  font  le  mérite  de  cette  thèse  : 
il  faut  la  lire  pour  en  saisir  toute  la  valeur  et  l'intérêt. 

R.  NiHARD. 

3 12,  —  H.  GrOelzer,  C.  Julii  Caesaris  Commeniarii  de  hello  gallico. 

Nouvelle  édition  à  l'usage  des  classes.    Paris,    Garnier,    1907. 

492  pp. 

Cette  nouvelle  édition  est  «  publiée  d'après  les  meilleurs  travaux 
de  la  critique,  avec  des  notes  explicatives  portant  sur  la  langue, 
l'histoire  et  la  géographie  »  ;  elle  est  «  suivie  d'un  index  des  noms 
propres  historiques  et  géographiques  et  ornée  de  vingt  cinq  cartes  et 
de  quatre  planches  ».  Ajoutons  que  ces  planches  nous  mettent  sous 
les  yeux  les  officiers  et  soldats  de  l'armée  romaine  avec  leurs  armes 
diverses,  les  machines  et  les  travaux  de  siège.  A  la  fin,  une  grande 
carte  d'après  Kiepert  :  La  Gaule  au  temps  de  César, 

On  le  voit,  cette  nouvelle  édition  est  pourvue  de  tous  les  moyens 
d'intuition  sans  lesquels  on  ne  conçoit  plus  aujourd'hui  une  édition 
classique  de  César.  Ce  qui  en  fait  la  nouveauté,  suivant  nous,  c'est 
le  commentaire.  On  ne  trouve  en  tête  ni  un  résumé  de  la  vie  de  César, 
ni  une  appréciation  critique  des  Commentaires,  ni  une  étude  sur 
l'armée  à  l'époque  de  César.  Pour  tout  cela,  M.  Goelzer  s'en  réfère 
à  des  livres  spéciaux  et  même  à  des  professeurs  spéciaux,  à  ceux  qui 
enseignent  l'histoire  et  la  littérature  latine.  Il  a  eu  raison  de  ne 
pas  charger  son  livre  de  toutes  ces  notions  :  le  professeur  de  latin  ne 
peut  se  dispenser  de  les  donner  en  classe,  oralement,  et  l'élève  les 
retrouvera  dans  ses  manuels,  puisque  l'histoire  de  la  littérature  latine 
fait  partie  du  programme  des  études  classiques,  en  France  du  moins. 
Les  noms  propres  historiques  et  géographiques  sont  expliqués  dans 
un  Index  qui  termine  le  volume  (p.  449  488).  Dans  les  notes  expli- 
catives, M.  Goelzer  a  en  vue  les  élèves.  Il  s'est  demandé  avant  tout 
«  quelles  sont  les  difficultés  insurmontables  à  des  élèves  et  dans 
quelle  mesure  il  faut  leur  venir  en  aide.  En  effet,  dit  M.  Goelzer,  ils- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SjS 

ont  besoin  d*être  aidés  et  aujourd'hui  plus  que  jamais  ».  Autrefois, 
les  élèves  de  quatrième  étaient  plus  forts  en  latin  ;  on  leur  donnait 
des  éditions  dépourvues  de  notes  grammaticales.  On  pouvait  compter 
sur  leurs  connaissances  —  et  Ton  y  comptait  même  trop,  car  a  peut- 
être  César  n'est-il  pas  aussi  facile  que  certains  le  croient  ».  Il  faut 
donc  aider  Télève  qui  doit  préparer  l'explication  de  César  ;  il  faut  lui 
donner  le  moyen  de  faire  sa  préparation  dans  de  bonnes  conditions. 
«  J'ai  cru,  dit  M.  Goelzer,  comparant  sa  méthode  à  celle  dun  de  ses 
prédécesseurs,  devoir  donner  plus  de  développement  aux  notes 
lilstoriques  et  beaucoup  plus  d'importance  aux  notes  grammaticales. 
Celles  ci  portent  non  seulement  sur  la  syntaxe,  mais  aussi  sur  le 
vocabulaire.  Pour  montrer  aux  élèves  la  valeur  des  expressions  chez 
César,  j'ai  multiplié  les  rapprochements  qui  permettent  de  distinguer 
le  véritable  sens  d'un  mot  et  d'une  tournure  et  d'en  déterminer  les 
diverses  nuances.  Enfin,  pour  les  familiariser  avec  certaines  difficultés 
de  S3mtaxe,  j'ai  procédé  de  la  même  manière  Bref,  j'ai  toujours 
tâché  de  leur  expliquer  César  à  l'aide  de  César  lui-même.  » 

M.  Goelzer  s'attache,  d'une  part,  à  faire  découvrir  quand  César  est 
de  bonne  foi  et  quand  il  manque  de  sincérité,  chose  nécessaire  pour 
juger  de  la  valeur  historique  des  Commentaires,  puis  à  rendre  claires 
les  descriptions  souvent  si  concises  et  si  sobres  que  les  élèves  ne 
peuvent  les  comprendre. 

Quant  au  style  de  César,  on  en  loue  la  clarté.  Le  vocabulaire  est 
d'une  netteté  admirable,  mais  encore  faut- il  connaître  le  sens  précis 
des  mots,  que  l'étymologie  et  le  sens  primitif  peuvent  seul  expliquer. 
Dans  le  mot  composé,  le  préfixe  a  un  sens  précis,  mais  ce  sens  doit 
être  connu.  La  syntaxe  est  souvent  compliquée  et  si  les  mots  sont 
admirablement  choisis,  ils  sont  arrangés  en  propositions,  liées 
ensemble  pour  former  des  phrases  et  construites  de  telle  façon  qu'il 
n*est  pas  toujours  aisé  d'en  saisir  l'ensemble  :  il  faut  en  démêler  les 
rapports  réciproques. 

Voilà  tout  ce  que  M.  Goelzer  s'attache  à  expliquer  dans  un  com- 
mentaire d'une  nouveauté  complète  et  d'une  admirable  netteté.  C'est 
un  vrai  service  qu'il  a  rendu  à  l'enseignement  du  latin  et  nous 
recommandons  son  édition  aux  professeurs  de  quatrième. 

J.  P.  W. 

3i3.   —  J.   Blck,  Horazkritik  seit  1880.    Leipzig,  Teubner,  1906. 

89  p.  I  m.  80. 

Concernant  la  critique  d'Horace,  trois  questions  surtout  ont  fait 
l'objet  de  discussions  très  vives,  depuis  l'apparition  —  en  1880  —  des 
EpUegomena  d'Otto  Keller.  Ce  sont  :  la  recension  dé  Mavortius,  la 


3/4  LE    MUSÉE    BELGE. 


crédibilité  de  Cruquius  et  la  valeur  du  VetustissimuSy  enfin  la  classifi- 
cation des  manuscrits  d'Horace.  Faire  l'historique  de  ces  questions 
et  surtout  les  résoudre,  tel  est  le  but  de  M.  Bick. 

I.  Les  corrections  de  Mavortius  comprennent  des  changements  de 
texte,  d'orthographe  et  de  ponctuation  On  peut  les  fixer  en  toute  cer- 
titude pour  les  œuvres  lyriques  (seconde  classe  de  Keller).  Mavortius 
a-t-il  recensé  aussi  les  satires,  les  épîtres  et  Tart  poétique  ?  Keller  le 
croit  tout  en  penchant  plutôt  pour  la  négative,  M.  Bick  reste  dans  le 
doute.  Le  mauvais  état  des  manuscrits  de  la  seconde  classe  ne  per- 
met pas  de  donner  de  solution  certaine.  Les  corrections  de  Mavortius 
sont-elles  purement  et  simplement  des  conjectures,  ou  bien  n'y  aurait-il 
pas  parmi  elles  des  leçons  d'un  autre  manuscrit  ?  M .  Bick  n'y  voit 
que  des  conjectures.  Malheureusement  les  raisons  sur  lesquelles  il 
s  appuie  ne  sont  pas  péremptoires,  et  pas  plus  le  texte  de  Mavortius 
que  la  nature  de  ses  corrections  ne  nous  autorise  —  me  semble-t-il  — 
à  trancher  nettement  cette  question .  La  façon  de  procéder  de  Félix 
pour  la  recension  de  Martianus  Capella,  ne  nous  porterait-elle  pas 
plutôt  à  croire  qu'il  y  eut  aussi  pour  la  recension  d'Horace,  un 
second  manuscrit  ? 

n.  Reprenant  le  débat  Kukula-Hâussner  au  sujet  de  la  crédibilité 
de  Cruquius,  M.  Bick  montre  le  bien  fondé  des  arguments  et  de  la 
conclusion  de  M.  Haiissner.  Les  erreurs,  négligences  et  omissions 
nombreuses  constatées  dans  les  citations  —  faites  par  Cruquius  — 
du  codex  Divad  ne  nous  permettent  pas  d'avoir  la  moindre  confiance 
dans  les  citations  du  Vetustissimus,  Jamais,  en  tout  cas,  on  ne  peut 
attribuer  à  Horace  une  leçon  donnée  uniquement  par  les  manuscrits 
Blandiniens.  Quant  au  Vetustissimus^  c'est  à  tort  qu'il  porte  ce  nom. 
Il  remonte  tout  au  plus  au  x«  siècle  et  nous  avons  plusieiu^ 
manuscrits  d'Horace  qui  lui  sont  antérieurs.  M.  Bick  oublie  de  faire 
remarquer  que  le  Vetustissimus  pouvait  très  bien  être  le  plus  vieux 
manuscrit  connu  par  Cruquius,  alors  qu'il  ne  l'est  plus  pour  nous. 

HL  On  sait  les  protestations  et  les  essais  de  contre-systèmes  qui 
accueillirent  la  classification  des  manuscrits  proposée  par  Keller  et 
Holder.  M.  Bick  reprend  ces  attaques  et  ces  contre-systèmes  (Gow, 
Christ,  Léo,  Vollmer,  etc.).  Il  les  analyse  et  réfute  successivement 
et  conclut  —  avec  raison,  me  semble-t-il  —  qu'aucun  argument  bien 
solide  n'a  été  élevé  contre  les  trois  classes  de  Keller.  D'ailleurs,  si  les 
adversaires  de  Keller  rejettent  son  système  il  ne  se  font  pas  faute 
d'approuver  son  texte  d'Horace  et  son  appréciation  des  manuscrits, 
le  Vetustissimus  excepté.  —  J'aurais  voulu  que  M.  Bick  précisât 
quelque  peu  la  nature  du  Zweiklassenprinzip ,  Ce  principe  ne  peut 
nullement  être  invoqué  pour  l'établissement  du  texte.  C'est  tout  sim- 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  37 5 


pleixient  une  constatation  générale  tirée  des  discussions  qu'amène 
-ohaque  leçon  en  particulier.  Telle  est,  en  résumé,  la  belle  et  très 
utile  étude  de  M.  Bick.  Léon  Debatty. 

314.  —  M  Steyns,  Étude  sur  les  Métaphores  et  les  Comparaisons  dans 
les  œuvres  en  prose  de  Sénèque  le  Philosophe.  Gand,  Vuylsteke,  1906. 
S'il  est  vrai  que  ce  qui  constitue  l'originalité  d'un  écrivain,  ce  n'est 
pas   ce  qu'il  dit,  si  juste,  si  ingénieux,  si  sensé  que  cela  puisse  être, 
mais  la  manière,  plus  ou  moins  habile,  plus  ou  moins  nouvelle,  dont  il 
exprime  ses  pensées,  la  thèse  de  H.  Steyns  présente  pour  nous  cet 
intérêt  capital,  qu'elle  met  vivement  en  relief  la  forte  personnalité  de 
Sénèque  le  Philosophe,  s'affirma nt  jusque    -  et  surtout  —  dans  les 
métaphores  et  les  comparaisons  dont  est  semé  son  style.  Car  ce  qui 
caractérise  Sénèque,  ce  ne  sont  pas  les  idées  dont  il  se  fit  le  champion 
et  qu'il  emprunta  à  Zenon  de  Cittium,  mais  la  forme  dont  il  les  a 
revêtues  et  parées.  Les  images  qu'emploie  Sénèque,  jaillissent,  rigides 
et  austères.  d*une  imagination  ardente  de  méridional,  tempérée  par 
les   doctrines  sévères,  mais  généreusement  humaines  du  stoïcisme  ; 
ces  images  révèlent  —  admirablement,  parce  qu'on  les  sent  spon- 
tanées —  un  esprit  solidement  trempé,  fécond  en  hautes  aspirations, 
en  nobles  idées.  Et  il  se  fait  ainsi  que  Tétude  de  M.  Steyns,  dont 
au  premier  abord  le  point  de  vue  peut  paraître  restreint,  fait  surgir, 
derrière  le  fouillis  immense  et  chatoyant  des  métaphores  et  des  com- 
X>araisons  enchâssées  dans  les  sentences  viriles  de  Sénèque,  la  figure 
elle-même  du  philosophe. 

Je  viens  de  dire  «  fouillis  »,  mais  c'est  une  façon  de  parler,  car 
dans  son  travail,  le  jeune  docteur  gantois  s'est  eflforcé  de  classer, 
de  répartir  par  groupes,  j'allais  dire  par  parterres  distincts,  cette 
multitude  bariolée  de  fleurs,  cueillies,  en  une  ample  moisson,  dans 
le  vaste  champ  des  œuvres  en  prose  de  Sénèque.  La  tâche  n'était 
point  commode.  Pourtant  l'auteur  a  surmonté  allègrement  toutes  les 
difficultés,  grâce  à  une  méthode  sûre  d'elle-même  et  à  une  connais- 
sance parfaite  du  sujet  traité. 

Dans  un  premier  chapitre,  M .  Steyns  étudie  les  Métaphores  et  les 
Comparaisons  empruntées  à  la  vie  militaire.  £n  regard  des  autres,  ce 
chapitre  apparaît  le  plus  long,  le  plus  important.  Et  cela  n'étonnera 
î)ersonne,  si  l'on  songe  d'abord  au  caractère  foncièrement  militaire 
des  Romains  et  si  l'on  se  rappelle  ensuite  la  tendance  agressive, 
combative  du  stoïcisme,  qui,  par  là-même,  devait  si  bien  s'adapter 
au  tempérament  fougueux,  épris  d'action,  des  descendants  4® 
Romulus  (i). 

(1)  Chose  étrange,  le  doux  Marc  Aurèle  lui  même  n'hésite  pas  à  reconnaître  la 
dure  nécessité  du  struggle  for  life  :  «  L*art  de  vivre  ressemble  plus  à  celui  des 


37^  LE    MUSÉE   BELGE. 


Féru  de  cette  idée  que  la  vie  est  une  lutte  incessante,  Sénèque, 
tenaillé  peut-être  aussi  par  le  souvenir  de  ses  erreurs  de  jeunesse, 
accablé  de  remords,  attaque  avec  une  sauvage  énergie,  les  passions, 
cause  de  ses  anciens  débordements  Sa  volonté,  qu'il  exalte  jusqu'au 
paroxysme,  réprimera  enfin,  après  un  douloureux  combat,  les  élans 
désordonnés  de  ses  sens,  et  victorieux,  c'est  avec  une  joie  indicible 
qu'il  savourera  longuement  la  défaite,  dans  son  a  moi  »,  des  tendances 
animales,  de  l'instinct,  et  le  triomphe  de  sa  mâle  énergie.  Que  les 
comparaisons  militaires  virilisent  le  style  de  Sénèque  et  lui  impriment 
un  cachet  de  belle  véhémence  et  de  fougue  extraordinaire,  c'est  bien 
ce  qui  ressort  des  observations  de  M.  Steyns. 

Dans  le  second  chapitre,  l'auteur,  très  logiquement,  passe  à  lana- 
l3'se  des  Métaphores  et  des  Comparaisons  empruntées  à  la  Médecine,  u  C'est 
sous  l'Empire,  l'époque  troublée  où  tous  les  hommes  ont  l'âme 
atteinte  de  plaies  profondes,  que  se  généralise  la  médecine  spiri- 
tuelle »  (P.  52). 

Sénèque  nous  apparaît,  avec  Epictète,  comme  le  plus  habile 
chirurgien  des  maladies  morales  de  son  temps,  chirurgien  rude, 
n'ayant  cure  des  cris  du  patient,  préoccupé  seulement  du  succès 
final  de  l'opération  tentée,  mais  bon  pourtant  dans  sa  brusquerie,  et 
aimant  malgré  tout  cette  humanité  qu'il  voudrait  guérir  à  jamais  des 
vices  et  des  passions  funestes. 

Il  n'est  pas  étonnant  de  rencontrer  chez  Sénèque  de  multiples 
images,  devenues  banales  depuis,  où  la  vie  est  comparée  soit  à  un 
voyage  pénible,  soit  à  un  chemin,  douloureux  comme  un  calvaire, 
avec,  au  bout,  «  un  précipice  affreux  »  (  i). 

Je  m'en  voudrais  de  ne  pas  signaler  l'intérêt  particulier  du  cha- 
pitre IV  de  l'étude  de  M.  Steyns,  consacré  aux  Comparaisons  juridiques. 
On  connaît  le  goût  des  Romains  pour  la  jurisprudence  :  on  retrouve 
des  traces  fréquentes  de  cette  passion  dans  toute  la  langue  latine, 
chez  tous  les  écrivains  indistinctement.  «  Le  droit  devenu  lieu  com- 
mun, s'insinue  partout,  dans  la  Poésie  comme  la  Prose  »  (P.  89). 

Sous  l'influence  irrésistible  de  l'atavisme,  des  leçons  des  rhéteurs 
bouirées  d'enseignements  sur   la  jurisprudence,   comme  aussi  des* 
études  spéciales  de  droit  auxquelles  il  se  livra,  Sénèque  put  recourir 
facilement  —  et  souvent  —  aux  comparaisons  juridiques  ;  elles  four- 
millent dans  son  œuvre.  A  chaque  instant,  l'avocat,  qui  tient  à  faire 

lutteurs  qu'à  celui  de  la  danse,  puisqu'il  faut  se  tenir  préparé  et  armé  contre  les 
coups  subits  et  imprévus»  (^ Pensées,  Livre  7,  61.  Traduction  Pierron,  Paris.  Char- 
pentierj. 

(2;  On  se  rappwUo  le  morceau  célèbre  de  Bossuet  :  La  vie  humaine,  (Esquisse 
d*un  bi-rmon  préihc  à  Mcaux  le  jour  de  Pâques,  i685.) 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  877 


étalage  de  ses  connaissances  techniques,  se  dresse  derrière  le  grave 
philosophe,  et  cela  ne  manque  ni  de  piquant,  ni  de  pittoresque 
originalité. 

Dans  les  quatre  derniers  chapitres  de  son  travail,  M.  Steyns  passe 
en  revue  les  Métaphores  et  les  Comparaisons  empruntées  à  V Agriculture  et  à 
la  vie  des  champs,  aux  Arts  et  aux  Métiers,  celles  tirées  de  la  Mythologie,  de 
la  Religion  et  de  la  philosophie  (et  consistant  surtout  en  réminiscences 
littéraires),  celles  tirées  de  la  Nature,  témoignant  d'un  grand  esprit 
d'observation,  enfin  celles  empruntées  aux  moeurs,  aux  coutumes,  et  en 
général  à  l'homme  et  où  «  Sénèque  a  su  puiser  avec  succès  dans  les 
trésors  de  son  expérience  si  large  et  si  variée  »  (P.  154). 

Telle  est.  trop  sèchement  résumée,  la  thèse  de  M.  Steyns,  très 
complète,  me  semble-t  il,  très  fouillée  en  tous  cas,  et  qui  nous  fait 
vivre  dans  l'intimité,  dans  le  0  moi  »  d'une  des  individualités  les 
plus  fortes  de  l'antiquité.  Paul  Henen. 

3i5.  —  Petrus  Mosellanus,  Paedologia,  hrsg.  von  Hermann 
Michel  Berlin,  Weidmann,  1906  (Lateinische  Litteraturdenk- 
mâler  des  XV  und  XVI  Jahrhunderts,  hrsg.  von  Max  Hermann.) 
Noble  figure  que  ce  Petrus  Mosellanus,  un  des  plus  vaillants 
prosélytes  de  l'Humanisme  allemand  Sa  vie,  si  tôt  écoulée,  ne  fut 
qu'un  long  combat;  tout  entière  consacrée  au  travail,  âprement 
sérieuse  et  presque  monacale,  et,  dès  les  premiers  jours,  semble  t  il, 
vouée  aux  privations,  à  l'amertume  d'un  dur  labeur,  elle  s'offre 
à  nous  comme  une  virile  et  féconde  leçon.  Son  existence,  infaviga- 
blement  laborieuse,  force  le  respect.  Pierre  Schade  (i)  naquit  à 
Briittig  près  de  Coblence  en  1493.  Ses  parents  étaient  pauvres  et  ils 
avaient  quatorze  enfants  à  nourrir.  On  comprend  dès  lors  aisément 
que  les  premières  années  de  Mosellanus  furent  pénibles.  Sa  jeune 
conscience  se  heurta  très  tôt  aux  dures  réalités.  Peut-être  ne  faut-il 
pas  s'en  plaindre  :  dans  cette  atmosphère  acre  et  rude,  se  forgea, 
énergique  et  sérieuse,  lame  de  Mosellanus;  son  intelligence  précoce 
se  développa  rapidement;  son  esprit,  habitué  tiès  tôt  à  la  réflexion, 
avide  de  savoir  le  pourquoi  des  choses,  se  tourna  très  vite  vers 
l'étude  :  du  reste,  le  jeune  homme  sentait  que  dans  la  poursuite  d'un 
idéal  désintéressé,  il  pourrait  facilement,  à  force  d'application 
constante,  oublier  ses  mécomptes  et  ses  peines.  L'Humanisme  alle- 
mand, à  cette  époque,  exhumait  des  ruines  du  passé  les  œuvres  des 


f  i)  Le  coutume  deTépoqUi;  exigeait  que  Ls  savants  poi  tassent  un  nom  ïatinii^é  ou 
gréc'sé,  Pierre  Schade  s'appela  N'osellanus  d'apiès  la  rivière  qui  baignait  ^a  urre 
natale. 


378  LE   MUSÉE   BELGE. 


plus  nobles  génies  de  l'antiquité;  la  Germanie,  à  la  suite  des  Italiens, 
se  souciait  déjà  de  devenir  «  le  pays  de  la  philologie  ingénieuse  et 
patiente  et  d'opposer  des  savants  aux  savants  d'Italie,  des  éditions 
à  leurs  éditions  »  (2). 

Mosellanus  comprit  toute  la  grandeur  de  cette  entreprise  ;  dès  lors, 
ses  rêves,  ses  aspirations  se  précisèrent,  s'orientèrent  vers  un  but  : 
contribuer,  lui  aussi,  pour  sa  part  à  répandre  en  terre  allemande,  le 
goût  des  chefs-d'œuvre  du  génie  attique  et  de  l'esprit  romain,  le  goût 
de  la  philologie  classique  en  un  mot. 

Un  de  ses  oncles,  confiant  dans  le  bel  avenir  réservé  à  son  neveu, 
plaça  le  jeune  Mosellanus  à  l'Université  de  Cologne  où  il  fit,  en  peu 
de  temps,  des  progrès  étonnants.  Il  resta  trois  ans  à  Cologne  qu'il 
quitta  en  1 514.  Il  se  rendit  avec  son  condisciple  Caspar  Bornera 
Fribourg  (où  Rhagius  Aesticampius  venait  d'ouvrir  une  école  latine), 
pour  y  expliquer  en  qualité  de  professeur,  les  classiques  romains; 
malheureusement,  les  élèves  ne  venaient  guère,  et  Mosellanus  songea 
à  s'assurer  un  gagne-pain  moins  problématique.   C'est   ainsi  que, 
à  vingt-deux  ans,  nous  le  retrouvons  comme  professeur  de  philologie 
classique  à  l'université  de  Leipzig  ;  il  y  fut  remarquable  surtout,  avec 
l'Anglais  Richard  Crocus,  comme  helléniste  ;  il  sut  imprimer  aux 
études  grecques  un  élan  superbe.  Les  brûlantes  questions  religieuses, 
qui  tourmentaient  tous  les  grands  esprits  du  temps  ne  le  laissèrent 
pas  non  plus  indifférent  ;  plus  d'une  fois,  au  beau  milieu  de  l'expli- 
cation des  auteurs,  il  intercalait  la  discussion  d'un  point  de  théologie. 
Pourtant  il  ne  se  laissa  pas  gagner  par  Luther.  Une  mort  prématurée, 
résultat  d'un  constant  excès  de  tension  des  facultés  intellectuelles,  vint 
briser  (en  1024)  une  carrière  brillante,  qui  sans  doute,  le  fût  devenu 
plus  encore.  M.  Hermann  Michel  a  caractérisé  avec  beaucoup  de 
justesse  de  talent,  la  physionomie  sympathique  de  Mosellanus  :  «  Il 
fut,  d'abord  et  surtout,  un  philologue,  d'un  esprit  clair,  à  la  concep- 
tion rapide,  d'une  infatigable  activité.  La  science  et  l'enseignement  lui 
ont  tenu  lieu  de  tout  ».  (Voir pp.  xvxvi). 
Qu'est  ce  que  la  Paedologiat 

Un  Manuel  de  latin  classique  tout  bonnement.  Mais  ce  n'est  pas 
ime  grammaire,  un  ensemble  très  sec  de  règles  très  ennuyeuses.  C'est 
une  série  de  dialogues  animés  et  vivants,  servant  à  l'étude  pratique  du 
latin.  Mosellanus  y  met  en  scène  des  écoliers  auxquels  se  mêle  par- 
fois le  ludimagisier,  qui  s'entretiennent  soit  de  leurs  études,  soit 
d'objets  s'y  rapportant  plus  ou  moins.  Ainsi  au  dialogue  XXVI, 

(2)  N ISARD,  Éioge  de  la  Folie,  traduit  du  latin  d'Érasme,  précédé  de  l'histoire 

d'Érasme  et  de  ses  écrits  (Paris,  1843),  p.  168. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  379- 


il  est  question  des  cierges  que  Ton  portait  à  la  procession  de  la 
Sainte  Vierge;  on  nous  parle  de  jeûnes  et  d'abstinence  (XXIII, 
XXVIII),  de  vendange  et  de  tenderie  aux  oiseaux  (VIII),  des 
cloches  dont  les  sonneries  intempestives  troublent  le  sommeil  (XIV), 
des  spectacles  variés  de  la  rue  (XXII),  de  fêtes  de  saints  (XVIII, 
XXI.  XXXIV).  A  côté  de  cela,  on  nous  montre  de  graves  écoliers 
s'informant  des  auteurs  qu'on  traduira  au  prochain  semestre  (IX)  ou 
dissertant  sur  les  ressources  de  Tesprit  humain  (XIII). 

La  matière  est  donc  choisie  dans  le  cercle  d'idées  des  élèves  et 
intéressante  pour  eux.  Mais  Mosellanus  se  préoccupe  surtout  de  faire 
parler  à  ses...  disons  à  ses  acteurs  (mais  de  grâce,  n'allez  pas  croire 
que  ses  dialogues  soient  de  petites,  voire  même  de  minuscules 
comédies  ;  l'auteur  n'y  prétend  pas)  un  latin  aussi  pur,  aussi  correct 
que  possible.  Il  vise  surtout  à  enrichir  le  trésor  verbal  des  élèves, 
à  leur  faire  acquérir  la  proprieias  de  Térence  et  la  facilitas  de  Cicéron. 
Toute  la  latinité  —  celle  du  moins  qui  était  nécessaire  à  l'usage 
journalier,  courant  —  est  condensée  dans  le  Paedologia.  :  Outre 
Cicéron,  mis  largement  à  contribution,  et  Térence,  on  y  retrouve 
des  expressions  familières  à  Plaute,  Quintilien,  Pline,  Aulu-Gelle, 
Macrobe,  Prudence  et  Virgile. 

Il  serait  excessif  de  croire  que  dans  la  Paedologia,  dont  le  but  pri- 
mordial était  pédagogique,  aucune  trace  d'art  ne  se  révèle.  Mosel- 
lanus sait,  par  endroit,  colorer  son  style  de  réflexions  pittoresques, 
de  traits  piquants  (Dial.  I,  III,  XIII),  y  greffer  quelque  sentencieuse 
et  docte  formule  (Dial.  VI,  VII),  sertir  dans  sa  phase  quelque  adroite 
et  jolie  comparaison; il  trouve  aussi  de  très  harmonieuses  combinaisons 
de  sons,  de  mots,  celle-ci  par  exemple  :  lam  tintinnabula  ultimum 
iilucularis  sacrificii  signum  dederunt,,.  (Dial.  XIV.)  Parfois  même,  des 
souvenirs  de  jeunesse,  soudain  évoqués,  remplissent  de  mélancolie  la 
phrase  qui  s'attendrit,  émue  doucement...  (Dial.  VIII).  A  la  rigueur 
pourtant,  on  peut  contester  à  la  Paedologia  de  vrais  mérites  littéraires. 
Persoime  en  tout  cas  ne  pourra  s*empêcher  de  l'admirer  comme  un 
précieux  manuel  pédagogique  :  ce  fut  l'avis  du  xvi®  siècle,  comme 
le  prouve  le  grand  nombre  des  éditions  qu'eut  ce  petit  livre. 

Paul  Henen. 

3 16.  —  J.  Toutaln.  Les  cultes  païens  dans  f  Empire  romain.  Première 
partie;  les  provinces  latines.  Tome  i«r  ;  les  cultes  officiels;  les 
cultes  romains  et  gréco-romains.  Paris,  Leroux,  1907.  (Bibl.  de 
rÉcole  des  Hautes  Études.  Sciences  religieuses.  Vol.  XX). 
Passer   en  revue   les    innombrables    cultes   païens   de  l'Empire 

romain,  décrire  leur  organisation  et  montrer  leur  diffusion,  ce  n'est 


38o  LE   MUSÉE   BELGE. 


pas  un  sujet  qu'on  puisse  traiter  en  quelques  pages.  M.  Toutain  y 
consacrera  plusieurs  volumes.  Dans  celui  qui  vient  de  paraître,  il  ne 
s'occupe  que  des  cultes  officiels  et  des  cultes  romains  ou  gréco- 
romains  dans  les  provinces  latines.  Il  liii  restera  à  parler  des  cultes 
étrangers  ou  barbares  dans  ces  mêmes  provinces  et  puis  à  faire  ce 
double  travail  pour  les  provinces  orientales  ou  grecques.  Le  plan, 
comme  on  voit,  est  très  vaste.  Quant  au  but,  il  est  clairement  et 
sagement  précisé  dans  la  Préface  et  nous  ne  résistons  pas  au  plaisir 
de  citer  ici  ces  pages  si  nettes,  que  plus  d*un  de  nos  inventeurs  de 
systèmes  pourra  méditer  utilement  : 

«  La  base  indispensable  de  la  science  des  religions  est  Thistoire 
deb  religions.  Or,  cette  histoire  est  aujourd'hui  même  très  loin  d'être 
faite.  Sans  doute,  depuis  un  siècle  environ,  la  philologie,  l'archéo- 
logie, l'épigraphie,  la  numismatique,  la  papyrologie,  le  folklore  ont 
éclairé  d'une  vive  lumière  les  religions  et  les  mythologies  des  peuples 
de  rinde  védique,  de  Tlran,  de  l'Asie  antérieure,  de  TÉgypte,  de  la 
Grèce,  de  l'Italie,  de  la  Gaule  et  de  la  Germanie  ;  sans  doute  aussi, 
la  lecture  et  le  dépouillement  de  nombreux  récits  de  voyages  en 
Amérique,  en  Afrique,  en  Océanie,  ont  permis  d'ajouter  aux  docu- 
ments de  l'antiquité  une  masse  considérable  de  renseignements  d'une 
nature  différente  et  d'un  intérêt  au  moins  égal.  Mais  de  ces  matériaux, 
il  en  est  beaucoup  qui  sont  encore  à  l'état  brut,  et  qui  n  ont  été 
soumis  à  aucune  critique  méthodique,  d'autres  ont  été  trop  souvent 
utilisés  dans  l'intention  exclusive  d'y  trouver  des  arguments  à  l'appui 
de  telle  ou  telle  théorie  préconçue  ;  d'autres  enfin  ont  également 
servi  à  étayer  des  systèmes  contradictoires.  Il  n'y  a  pas  un  quart  de 
siècle  que  Ton  a  découvert  le  totémisme,  lopinion  des  savants  com- 
pétents est  loin  d'être  unanime  ou  même  fixée  sur  cette  forme  parti- 
culière de  religion  ;  pourtant  l'on  veut  déjà  en  tirer  une  théorie 
générale  des  origines  de  la  religion.  Une  telle  hâte  à  systématiser 
des  faits  imparfaitement  connus  et  insuffisamment  approfondis  nous 
paraît  tout  à  fait  préjudiciable  aux  progrès  de  la  science  des  religions. 
Loin  d'en  accélérer  le  développement,  elle  le  retarderait  peut-être. 

A  notre  avis,  la  méthode,  qui  à  Theure  actuelle  est  appelée  à 
rendre  les  plus  grands  services,  c'est  la  méthode  historique.  Il 
convient  et  il  conviendra  peut-être  pendant  longtemps  d'étudier 
chaque  religion  dans  son  cadre  géographique,  dans  son  milieu  social, 
telle  que  nous  la  font  connaître  les  documents  que  nous  possédons 
sur  elle.  Il  nous  paraît  sage  et  prudent  d'étudier,  par  exemple,  les 
cultes  et  les  mythes  helléniques  dans  la  Grèce  de  Tépoque  historique 
et  non  tels  qu'ils  pouvaient  être  alors  que  les  ancêtres  des  Hellènes 
n'avaient  pas  encore  atteint  les  rivages  de  la  mer  Egée  et  de  la  mer 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  38 1 


Ionienne  ;  d'observer  la  religion  totémique  chez  les  tribus  de  l'Australie 
et  chez  les  Indiens  de  TAmérique  du  Nord,  sans  vouloir  à  toute  force 
retrouver  des  survivances  de  la  même  conception  chez  les  Hébreux, 
les  Égyptiens,  les  Grecs,  les  Romains,  les  Gaulois  ou  les  Bretons  de 
l'antiquité  classique  ;  de  ne  point  comparer,  en  raison  d'analogies 
souvent  très  superficielles,  des  rites  en  usage  dans  les  cités  de  la 
Grèce,  de  l'Asie  Mineure  ou  de  l'Italie,  avec  des  coutumes  religieuses 
pratiquées  par  des  populations  aussi  sauvages  que  les  tribus  austra- 
liennes ou  les  insulaires  polynésiens. 

Telles  sont  les  raisons  pour  lesquelles,  malgré  la  faveur  qui 
s'attache  depuis  quelques  années  aux  généralisations  hardies  des 
Lang,  des  Tylor,  des  Frazer,  des  Jevons,  des  Reinach,  nous  avons 
pris  la  résolution  de  ne  présenter  ici  qu'un  essai  purement  historique. 
Nous  nous  sommes  enfermé  de  propos  délibéré  dans  les  limites 
géographiques  et  chronologiques  du  sujet  que  nous  avons  choisi. 
Nous  n'avons  pas  tenté  d'élargir  ce  sujet  par  des  comparaisons 
ambitieuses  ou  piquantes  ;  nous  n'avons  pas  recherché  les  origines 
préhistoriques  ou  extra-historiques  des  cultes  que  nous  avons  étudiés. 
On  ne  trouvera  ici  rien  de  plus  qu'une  tentative  aussi  consciencieuse 
que  possible  pour  écrire  un  chapitre  de  l'histoire  des  religiqns  du 
monde  antique.  »  (p.  iii-iv). 

Tel  est  le  but.  Quant  au  sujet,  M.  Toutain  ne  s'occupe  pas  des 

cultes  de  l'État  romain,  mais  des  cultes  répandus  dans  les  provinces. 

Ces  cultes  sont  de  deux  sortes  :   A  mesure  que  la  domination  et 

l'influence  de  Rome  s'étendent,  ses  cultes  officiels  et  ses  cultes  non 

officiels  se  répandent  chez  les  peuples  soumis.  Quelle  fut  l'attitude 

(les  populations  provinciales  à  l'égard  de  la  religion  romaine  ?  Voilà 

un  premier  point.  D'autre  part,  les  peuples  vaincus,  tout  en  honorant 

les  dieux   du   vainqueur,  n'oublient  pas   les   leurs.    Les  religions 

nationales  continuent  à  vivre.  Comment  le  gouvernement  impérial 

les  a-t  il  traitées  ?  Quelle  a  été  sa  politique  à  l'égard  des  cultes 

nationaux  et  locaux  du  monde  méditerranéen  ?  Voilà  une  deuxième 

question.  Enfin  il  y  eut  entre  les  différents  peuples  soumis  à  Rome 

des  relations  fréquentes  ;  il  y  eut  un  continuel  échange  d'hommes, 

de  productions  du  sol  et  de  l'industrie,  et  aussi  d'idées,  notamment 

d'idées  religieuses.  Les  cultes  locaux  furent   transplantés  par  les 

soldats,  par  les  eslaves,  par  les  commerçants.  Ont- ils  pris  racine  hors 

de  leur  pays  d'origine  et  quel  fut  leur  rôle  dans  la  vie  religieuse  de 

l'Empire  ?  Voilà  une  troisième  question.  En  résumé,  diffusion  dans 

l'Empire  de  la  religion  romaine,  survivance  dans  les  provinces  des 

religions  nationales  et  locales,  relations  religieuses  entre  les  diverses 

.parties  du  monde  romain,  tels  sont  les  problèmes  essentiels  que  pose 


382  LE   MUSÉE    BELGE. 


rhistoire  religieuse  de  l'Empire,  si  Ton  se  restreint  aux  cultes  païens, 
et  ce  sont  les  problèmes  que  M.  Toutain  examine. 

Un  court  examen  fait  découvrir  une  distinction  nécessaire  entre 
ritalie,  Rome  et  la  Grèce,  les  provinces  latines.  L'Italie  se  confond 
avec  Rome.  En  Orient,  Rome  emprunte  sans  rien  donner  ;  elle 
s'enthousiasme  très  tôt  pour  la  religion  grecque  et  plus  tard  pKDur  les 
cultes  asiatiques  et  le  problème  à  résoudre  se  pose  ainsi  :  Quelle  fut 
la  nature  et  la  portée  de  l'influence  exercée  en  matière  religieuse  par 
rOrient  sur  l'Occident  ?  Dans  les  provinces  latines  ou  occidentales, 
au  contraire,  les  sujets  subirent  l'influence  de  Rome.  Cette  influence 
fut  plus  ou  moins  efficace,  plus  ou  moins  durable  suivant  les  régions, 
mais  elle  fut  partout  sensible  ;  les  cultes  qu'elle  avait  adoptées  s 7 
répandirent,  sans  détruire  pourtant  les  cultes  nationaux  et  il  y  a  lieu 
d'étudier  la  place  qu'y  occupent  les  uns  et  les  autres.  Cette  dififérence 
essentielle  entre  l'Orient  et  l'Occident  justifie  pleinement  la  division 
en  deux  parties  que  M.  Toutain  a  introduite  dans  son  ouvrage. 

Il  a  raison  aussi  de  ne  pas  suivre  l'ordre  géographique,  de  ne  pas 
faire  le  tour  des  provinces  en  étudiant  les  cultes  répandus  dans 
chacune.  Il  a  préféré  grouper  les  cultes  par  catégories  :  i®  les^cultes 
officiels  de  l'État  romain  ;  2®  les  cultes  de  la  religion  gréco- romaine  ; 
30  les  cultes  d'origine  orientale  ;  4°  les  cultes  nationaux  ou  locaux. 
Ce  volume  est  consacré  aux  deux  premiei-s  groupes. 

Les  sources  sont  les  auteurs,  surtout  les  historiens,  les  géographes 
et  les  Pères  de  l'Église  —  aucun  n'a  traité  ce  sujet  ex-prqfesso  —  puis 
et  surtout  l'épigraphie  et  l'archéologie,  deux  mines  très  riches. 

Il  nous  reste  à  parcourir  rapidement  ce  premier  volume  pour 
donner  une  idée  des  matières  qui  y  sont  traitées. 

Dès  la  république  on  voit  naître  le  culte  de  la  déesse  Rome  en  Asie 
mineure.  Au  n^  siècle  avant  J.-C.  plusieurs  cités  asiatiques  mirent 
cette  déesse  au  rang  de  leur  divinité  !  Le  même  honneur  fut  rendu  aux 
généraux  et  aux  proconsuls  romains.  C'était  une  imitation  du  culte 
que  l'Orient  rendait  à  ses  rois  et  c'est  là  qu'il  faut  chercher  l'origine 
du  culte  rendu  à  la  déesse  Rome  et  aux  divinités  impériales.  A^Rome 
même.  César  fut  le  premier  à  recevoir  des  honneurs  divins  de  son 
vivant.  Après  sa  mort  le  nom  de  divus  lui  fut  attribué  par  une  loi. 
Auguste  fut,  lui  aussi,  traité  comme  un  dieu  de  son  vivant  et  officiel- 
lement élevé  au  rang  de  divinité  après  sa  mort.  Dès  lors,  l'adoration 
du  maître  de  l'État,  de  son  vivant  et  après  sa  mort,  devint  l'une  des 
formes,  on  peut  même  diie  la  forme  principale  du  culte  officiel.  Les 
trois  éléments  essentiels  de  ce  qu'on  peut  appeler  la  religion  d'empire 
sont  le  culte  de  la  déesse  Rome,  le  culte  de  l'empereur  vivant,  le 
culte  des  empereurs  morts.   Cette   religion  se  répandit  rapidement 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  383 


dans  les  provinces  occidentales  ;  elle  s'ajouta  à  l'ancien  culte  officiel 
de  la  République,  celui  de  Jupiter  Capitolin,  protecteur  de  Rome  et 
de  son  empire.  Voilà  les  cultes  dont  M.  Toutain  étudie  la  diffusion, 
les  formes,  l'organisation,  l'histoire  et  le  rôle  dans  son  livre  I. 

Les  cultes  non  officiels,  italiques  et  romains,  puis  gréco-romains 
font  l'objet  du  livre  II.  M.  Toutain  en  recherche  les  traces  dans  les 
provinces  latines  et  il  arrive  à  cette  conclusion  que  ces  cultes  n'y  ont 
pas  été  également  populaires.  La  diffusion  sociale  de  ces  mêmes 
cultes  présente  également  une  grande  variété  :  les  uns  ont  pour 
adeptes  les  fonctionnaires  et  les  soldats  ;  les  autres  sont  célébrés  de 
préférence  par  les  magistrats  et  les  prêtres  ;  d'autres  enfin  recrutèrent 
leurs  fidèles  parmi  les  petites  gens.  ^ 

Cette  inégalité  dans  la  répartition  géographique  et  dans  la  diffu- 
sion sociale  prouvent,  dit  M.  Toutain,  l'abstention  du  gouvernement 
et  de  ses  représentants  en  pareille  matière.  La  faveur  dont  certains 
cultes  ont  joui  dans  certains  pays  et  dans  certaines  classes,  avait  sa 
cause  dans  des  circonstances  locales  :  ces  dieux  et  ces  déesses, 
invoqués  sous  des  noms  latins,  étaient  d'anciennes  divinités  de  la 
région,  affublées  d'un  nom  et  d'un  costume  romain,  mais  en  faveur 
avant  Tinfluence  romaine  ;  le  culte,  en  apparence  gréco-latin,  puisait 
par  d'antiques  racines  toute  sa  vitalité  dans  le  sol  provincial. 
M.  Toutain  constate  aussi  que  les  cultes  importés  et  les  cultes 
greffés  vécurent  en  parfait  accord  :  la  tolérance  réciproque  est  un  des 
caractères  généraux  du  paganisme. 

Le  volume  II  sera  consacré  aux  cultes  orientaux  importés  dans 
l'Empire  et  aux  cultes  nationaux  et  locaux.  J.  P.  Waltzing. 

317.  —  Jos.  De  Decker 9  Contribution  à  l'étude  des  Vies  de  Paul  de 

Tkèbes,  Gand,  J.  Vuylsteke,  igoS.  In- 8,  87  p.  (Université  de  Gand. 

Recueil  de  travaux  publiés  par  la  faculté  de  philosophie  et  lettres, 

3r  fasc). 

La  première  Vie  de  Saint  latine,  écrite  par  saint  Jérôme,  eut  une 
heureuse  fortune.  Non  seulement  elle  s'est  conservée  en  latin,  mais 
on  en  faisait  encore  des  traductions  grecques,  syriaques,  coptes.  — 
M.  Bidez  a  essayé  le  premier  d'établir  systématiquement  la  descen- 
dance et  la  parenté  des  différentes  traductions  et  de  leurs  manuscrits. 
Le  point  principal  de  ses  recherches  était  la  constatation  que  H  (Vie 
latine  de  saint  Jérôme)  était  en  effet  le  point  de  départ  des  autres 
manuscrits.  Mais  bientôt  M.  Nau  (Analeda  Boll.,  XX,  1901,  1 21-157) 
crut  pouvoir  soutenir  que  h  (second  texte  grec)  était  le  texte  original 
et  que  par  conséquent,  saint  Jérôme  qui  se  disait  auteur  n^était  que 
traducteur.  Contre  cette  hypothèse  s'élevèrent  MM.  Van  den  Yen 
et  Kugener,  et  M.   De  Decker  vient  de  reprendre  leur  tâche  pour 


i 


384  ^^    MUSÉE   BELGE. 


Tachever.  C'est  en  effet  H  qui  doit  être  considéré  comme  texte 
primitif.  De  plus,  M.  De  Decker  a  examiné  trois  nouveaux  textes  grecs, 
qu'on  a  trouvés  dans  ces  derniers  temps.  C'est  d'abord  un  Cod.  Vati- 
canus  gr.  2000,  de  Tan  1102,  qui  représente  une  copie  de  h.  Ensuite 
le  Cod,  Messanefisis  gr.  42,  xii^  siècle,  qui  contient  aussi  une  rédaction 
fort  peu  fidèle  de  i,  et  qui  est  un  exemple  intéressant  du  travail  de 
simplification  progressive,  que  subissaient  souvent  les  Vies  de  Saints. 
Enfin,  le  Cod.  Paris,  gr.  919,  xiv«  siècle,  se  rapproche  du  texte  a 
(Ter  texte  grec),  en  tant  qu'il  avait  déjà  subi  quelques-unes  des  modi- 
iications.  que  l'on  retrouve  dans  b.  Ce  copiste  n*a  pas  rangé  les 
différents  épisodes  dans  leur  ordre  habituel,  et  il  s'est  fort  peu 
soucié  de  la  fidélité  aux  phrases,  aux  tournures  et  aux  mots  de  l'ori- 
ginal. M.  De  Decker  donne  de  chaque  manuscrit  des  variantes 
servant  de  base  pour  fixer  la  place  de  chacun  d'eux  dans  le  nombre 
total  des  manuscrits  conservés.  Il  y  a  dans  ce  schéma  encore  assez 
d'inconnues,  mais  ces  recherches  de  l'auteur  seront  toujours  une 
contribution  très  précieuse  pour  la  reconstitution  finale  du  texte 
primitif.  Dom  Chr.  Baur,  O.  S.  B. 

Erdington. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

3 18     —  Ph.  Rossmann,  Handhuch  fur  einen  Siudieiiaufenthaîi  im 

franzosiscken  Sprachgehiet  (unter  Mitwirkung  von  A.  Brunnemann). 

3«  Aufl.  von  «  Ein  Studienaufenthalt  in  Paris  ».  Marburg,  Elwcrt, 

1907.  193  pp.  2  m.  80. 

De  tous  temps  les  Allemands  furent  grands  voyageurs,  curieux  de 
connaître  les  villes  et  l'esprit  des  hommes  ;  et  depuis  longtemps,  de 
Sébastien  Munster  à  Baedeker,  ils  composent  d'utiles  manuels  et 
guides  de  voyage  M.  Rossmann  renseigne  abondamment  ceux  de  ses 
compatriotes  qui  voudraient  apprendre  le  français  en  France,  et 
comprendre  la  vie  intellectuelle  des  Parisiens.  On  trouvera  dans  son 
petit  livre  d'intéressantes  recommandations  et  indications  sur  la 
manière  de  se  mettre  en  route,  sur  l'installation  à  l'étranger,  sur  les 
écoles  et  la  politesse,  sur  le  roman  moderne  et  l'architecture,  sur  la 
phonétique,  l'opéra  et  la  prédication.  Tout  cela  est  fort  pratiquement 
conçu,  de  nature  à  orienter  l'Allemand  à  Paris,  et  de  nature  aussi 
à  intéresser  ceux  qui  aiment  à  voir  une  nation  observée  par  un 
étranger  intelligent.  J'en  dirais  plus  si  j'étais  encore  en  Allemagne 
et  si  je  parlais  encore  à  des  étudiants  allemands.  En  ma  qualité  de 
Belge,  je  prierai  M.  Rossmann  d'améliorer,  dans  une  4®  édition 
(prochaine,  je  l'espère),  ce  qu'il  dit  de  notre  pays.  Le  passage  qu'il 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  385 

lui  consacre  est  désastreux  (p.  22)  :  «  La  Belgique  est  la  moins 
propre  à  un  séjour  d*études,  parce  que  la  prononciation  y  est  fort 
défectueuse  et  qu'on  y  a  trop  peu  d'occasion  d'entendre  parler. . .  » 
L'auteur  ajoute,  il  est  vrai,  que  c'est  Liège  qui  présente  le  plus 
d'avantages,  et  il  mentionne  les  cours  de  vacances.  Mais  nous 
voudrions  bien  que  le  séjour  de  Liège  fût  mieux  qu'un  pis  aller 
de  troisième  ordre.  L'expérience  nous  permet  d'affirmer  que  des 
étudiants  allemands  ont  excellemment  appris  le  français  à  Liège. 
La  prononciation  des  bords  de  la  Meuse  vaut  mieux  que  celle  de 
Provence  ou  de  Gascogne  ;  et  «  cette  petite  France  de  Liège  0, 
comme  Michelet  l'appelait  après  l'Allemand  Georges  Forster,  serait 
à  divers  points  de  vue  (bon  marché  exceptionnel  de  la  vie,  proxi- 
mité de  l'Allemagne)  le  meilleur  séjour  pour  les  mois  d'apprentissage 
que  M    Rossmann  veut  faciliter  et  rendre  profitable.  A.  C. 

3i9  —  G.  Compayré,  Montaigne.  Paris,  Delaplane,   1907.  i  vol. 

in-i8  broché,  fr.  0,90. 

Voici  une  excellente  brochure  de  vulgarisation.  Il  est  bon  de  faire 
connaître  la  série  des  éducateurs,  surtout  à  une  époque  où  l'éducation 
est  trop  négligée,  pour  ne  pas  dire  tombée  dans  Toubli.  La  for- 
mation intellectuelle  —  mal  comprise  —  a  fait  rejeter  à  l'arrière-plan 
et  même  hors  cadre,  la  formation  morale,  et  nous  en  subissons 
maintenant  les  conséquences.  On  Ta  lancé  depuis  longtemps,  ce  cri 
d alarme  :  «  Le  respect  s'en  va.  »  Il  faut  donc  réagir  le  plus  possible 
contre  ce  courant  désastreux  et  à  éet  égard  la  brochure  de 
M.  Compayré  est  très  opportune. 

Tout  le  monde  sait  que  les  Essais  de  Montaigne  sont  une  sorte 
d'autobiographie  où  ce  noble  périgourdin,  traitant  incidemment  de 
l'institution  des  enfants,  raconte  avec  sincérité  sa  vie,  ne  cachant 
point  ses  fautes,  ses  défauts,  pour  corriger  les  autres. 

M.  Compayré  a  divisé  son  étude  en  trois  parties  :  la  première  traite 
du  caractère  et  des  idées  générales  de  Montaigne  ;  la  deuxième,  de 
sa  pédagogie,  et  la  troisième  de  son  influence  et  de  ce  qu'il  y  a  de 
moderne  çn  ses  idées.  Et,  disons- le  tout  de  suite,  les  trois  parties 
sont  également  intéressantes,  d'une  lecture  agréable,  exposées  en  un 
style  heureux,  avec  clarté  et  méthode. 

M.  CompajTé  a  interprété  Montaigne  en  s  appuyant  sur  les  extraits 
de  l  auteur  lui-même.  C'est  pourquoi,  à  cette  grave  question  :  Que 
fut  Montaigne  ?  sceptique  ou  rationaliste  ?  épicurien  ou  stoïcien  ?  il 
répond  qu  il  fut  tout  cela  à  la  fois.  Par  la  mobilité  ondoyante  de  ses 
pensées  et  de  ses  goûts,  il  échappe  à  toute  classification.  Ainsi 
s'expliquent  les  jugements  contradictoires  portés  sur  ce  vrai  Protée. 


386  LE    MUSÉE   BELGE. 


Pour  finir,  signalons  quelques  points  particulièrement  remar- 
quables. Tout  comme  nos  pédagogues  modernes,  Montaigne  s'élève 
coiitre  l'instruction  purement  livresque  ou  formaliste;  nous  devons 
cultiver  le  jugement,  en  apprenant  à  penser.  Penser  par  soi  même, 
n'est  ce  pas  là  le  fait  de  l'homme  intelligent?  N'est-ce  pas  là  ce  que 
nous  devons  apprendre  à  nos  élèves  ?  En  ce  qui  concerne  les  langues 
mortes,  Montaigne  pensait  déjà  comme  certains  esprits  actuels  : 
«  C'est  un  bel  agencement  sans  doute  que  le  grec  et  le  latin,  écrit  il, 
mais  on  l'achète  trop  cher.  »  Il  leur  préfère  les  langues  vivantes, 
apprises  surtout  par  les  voyages  et  le  séjour  à  l'étranger. 

Quoique  le  sentiment  de  l'art  ne  fût  pas  dominant  chez  Montaigne, 
il  était  partisan  de  la  décoration  des  classes;  il  voulait  y  a  faire 
pourtraire  sur  les  murs  la  Joie,  l'Allégresse,  et  Flore  et  les  Grâces.  » 

N'est  il  pas  étonnant  que  trois  siècles  après  Montaigne,  ces  mêmes 
questions  soient  encore  à  l'ordre  du  jour  ? 

Elle  serait  encore  bien  de  notre  éducateur,  cette  pensée  philoso- 
phique donnée  comme  sujet  de  dissertation  en  Rhétorique  au 
Concours  général  :  «  La  vraie  science  et  la  vraie  étude  de  l'homme, 
c'est  l'homme  »  En  effet,  à  la  suite  de  Socrate.  Montaigne  recom- 
mandait la  méditation,  le  repliement  intérieur.  «  Regardez  dans  vous; 
reconnaissez-vous  »,  dit-il.  Quant  à  la  morale,  dont  je  parlais  en 
commençant,  il  demande  qu'elle  soit  enseignée  de  bonne  heure  aux 
enfants  en  un  cours  élémentaire  et  familier.  J.  Fleuriaux. 

320.  —  M    Roustau,   Omseils  généraux,  Paris,  Delaplane,  1907. 

I  volume,  in-i8  broché,  i  fr.  60. 

M.  Roustan  termine  la  série  de  ses  opuscules  sur  la  composition 
française  (méthode  et  applications)  par  cette  brochure  de  25o  pages. 
Celle-ci  constitue, dans  l'intention  de  l'auteur,  une  préface  synthétique 
et  condense  les  conseils  généraux  relatifs  à  l'art  d'écrire.  A  la  prépa- 
ration générale  basée  sur  l'éducation  de  la  raison,  de  la  sensibilité, 
de  l'imagination  et  de  la  mémoire,  sur  la  lecture  mentale  et  la  lecture 
à  haute  voix,  — pour  la  rendre  plus  complète,  M.  Roustan  ajoute 
d'abord  la  Conversation.  Cette  idée  qui  nous  paraît  nouvelle,  est 
incontestablement  juste.  Pas  de  conversation  sotte  ou  grossière; 
aimons  à  causer  de  tout  avec  nos  égaux  :  cela  contribuera  à  notre 
formation  réciproque  Ensuite  la  Lettre  qu'on  ne  peut  plus  considérer 
aujourd'hui  comme  un  genre,  vu  la  fréquence  et  la  variété  des  corres- 
pondances. 

Formulons  quelques  remarques  particulières. 

Le  3*  chapitre  de  la  i^^  partie  est  consacré  à  l'éducation  générale, 
—  sensibilité,  imagination,  mémoire  —  questions  intéressantes  mais 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  38/ 


^rès  abstraites  pour  des  étudiants.  Au  chapitre  ler  de  la  2«  partie 
M .  Roustan  recommande  Tétude  des  auteurs  grecs  et  latins  ;  mais,  en 
ce  qui  concerne  certains  écrivains  grecs,  tel  Homère,  il  n'est  pas 
téméraire  d'affirmer  que  leurs  beautés  ne  sont  pas  entièrement  senties 
par  les  élèves  ;  elles  ne  peuvent  l'être  que  par  des  maîtres.  Et  pourquoi 
oublier  le  livre  des  livres,  la  Bible,  dont  se  sont  inspirés  la  plupart 
des  grands  écrivains,  à  commencer  par  Hugo  ?  Le  chapitre  3  déve- 
loppe cette  théorie  qu'il  y  a  du  profit  à  retirer  de  la  lecture  d'ouvrages 
faibles.  Cet  exercice  que  d'aucuns  condamnent,  exige  naturellement 
beaucoup  de  prudence  et  d'expérience:  il  n'usurpera  jamais  la 
première  place,  réservée  aux  artistes  du  vers  ou  de  la  prose.  Mais 
est-il  vrai,  comme  le  prétend  M.  Roustan,  qu'il  fera  mieux  acquérir  à 
l'apprenti  la  technique  du  métier  ? 

A  propos  de  la  lecture^  M.  Roustan  dit  avec  raison  que  si  la  lec- 
ture mentale  est  féconde  pour  l'éducation  du  cœur  et  de  l'esprit,  la 
lecture  à  haute  voix  est  un  exercice  excellent  pour  l'éducation  de 
l'oreille.  C'est  une  vérité  trop  souvent  méconnue  dans  nos  classes,  où 
les  élèves  se  contentent  d'ânonner  au  lieu  de  lire  avec  expression. 

Pour  conclure,  nous  recommandons  vivement  cette  plaquette  très 
documentée,  aux  professeurs  de  français  :  ils  la  liront  avec  intérêt  et 
avec  fruit.  J.  Fleuriaux. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

321  322.  —  Th    Abellng,   Das  Nibelungenlied  u;id  seine  Literatur. 

Eine  Bibliographie  und  vier  Abhandlungen  (=  Teutonia,  Arbeiten 

zurgerman.  Philologie.  7.  Heft).  Leipzig,  G.  Avenarius,  1907.  viii- 

258  pp.  8  m. 
R.  von  Muth,  Einhitung  in  das  Nibelutigenlied.  Zweite  Aufl.,  her- 

ausgegeben  mit  des  Verfassers  Nachtrâgen  und  mit  literarischen 

Nachweisen  bis  zur  Gegenwart  von  J.   W.    Nagl.    Paderborn, 

F.  Schôningh,  1907.  x-5o2  pp.  8  m. 

Nombreuses  sont  les  publications  qu'a  suscitées  l'étude  des  Nibe- 
îungen.  Dans  la  première  partie.de  son  livre,  M.  Abeling  en  dresse  la 
longue  liste  (pp.  i-i33;  1272  numéros).  Cette  bibliographie  serait 
certainement  utile  si  elle  répondait  aux  exigences  actuelles.  Ce  n'est 
malheureusement  pas  le  cas.  Il  est  même  inadmissible  que  de  nos 
jours  on  présente  au  public  un  travail  de  ce  genre,  où  l'on  affiche 
pareil  dédain  de  la  méthode  et  de  la  critique.  —  La  première  des 
quatre  dissertations  qui  forment  le  reste  du  volume  est  consacrée 
aux  manuscrits  des  Nibelungen  et  à  leur  histoire  (^p.  134-192);  elle 
laisse  aussi  beaucoup  à  désirer  au  point  de  vue  de  l'exactitude.  — 
Quant  aux  essais  suivants,  dans  lesquels  l'auteur  examine  d'abord  les 


388  LE    MUSÉE   BELGE. 


rapports  de  l'épopée  germanique  avec  l'histoire  (pp.  193-222),  puis 
l'origine,  la  genèse,  la  composition  du  poème  (pp.  223-241),  ils  ne 
semblent  pas  constituer  un  progrès  sensible  ;  enfin,  les  trois  pages  sur 
la  valeur  esthétique  de  l'œuvre  (pp.  242-245)  sont  assez  superficielles 
et  à  coup  sûr  insuffisantes. 

A  première  vue,  il  parait  un  peu  étrange  de  rééditer,  comme  intro- 
duction à  l'étude  des  Nibelungen,  un  ouvrage  datant  de  1877.  Sans 
doute,  les  corrections  de  détail  et  les  additions  assez  nombreuses  du 
nouvel  éditeur,  M.  Nagl,  ont,  autant  que  possible,  mis  le  livre  au 
courant  ;  elles  n'en  ont  cependant  pas  fait  une  introduction  idéale, 
suffisant  d'une  façon  parfaite  aux  besoins  de  l'heure  présente.  Toute- 
fois, cette  constatation  ne  peut  pas  nous  faire  perdre  de  vue  les 
mérites  de  ce  compcndium  (c'est  ainsi  que  l'auteur  appelle  lui-même 
son  travail),  mérites  assez  sérieux  pour  en  légitimer  la  réimpression. 
On  trouvera  dans  cet  ouvrage  l'exposé  de  toutes  les  questions  qui  se 
rattachent  à  l'examen  de  l'épopée,  à  part  celles  qui  ne  regardent  que 
la  forme  (grammaire  et  métrique).  Les  trois  sections  qu'il  contient 
traitent  respectivement  de  la  saga  des  Nihdungen  (pp.  1-134),  des  ori- 
gines et  de  la  transmission  du  poème  (pp.  135-144)  et  de  sa  valeur  au 
point  de  vue  esthétique  et  moral  (pp.  412-502).        C.  Lecoutere. 

323.  —  M  J.  Koenen,  Verklannd  handwoordmhoek  der  Nederlanduke 
taaî  (tevens  woordentoîk}^  vooral  ten  diensU  van  het  onderwijs,  Zesde  her- 
ziene  en  aangevulde  druk.  Groningue,  J.-B.  Wolters,  1907.  In-80, 
vin-744  PP-  2  fl    53. 

La  première  édition  de  ce  dictionnaire  explicatif  de  la  langue 
néerlandaise  a  paru  en  1897;  voici  déjà  la  sixième  C'est  une 
preuve  concluante  que  ce  livre  rend  des  services  sérieux  chez  nos 
voisins  du  Nord.  Il  est  appelé  à  rendre  les  mêmes  chez  nous  ;  il  rem- 
placerait avantageusement  des  ouvrages  similaires  de  moindre  valeur. 
Chaque  nouvelle  édition  était  en  progrès  sur  les  précédentes  ;  c'est 
encore  le  cas  maintenant.  Le  nombre  des  pages  est  monté  de  678  à 
744  ;  mais,  ce  qui  vaut  infiniment  plus,  le  livre  tout  entier  a  été  revu 
avec  soin.  Il  renferme  énormément  de  matière,  habilement  con- 
densée.  Le  format  est  commode,  l'impression  est  particulièrement 
soignée  et  correcte;  cette  publication  fait  honneur  à  la  firme  qui 
l'édite. 

Si  je  ne  me  trompe,  ce  dictionnaire  est  à  peu  près  inconnu  en 
Belgique;  c'est  regrettable.  Je  souhaite  sincèrement  qu'il  obtienne 
chez  nous  le  succès  qu'il  mérite  (i).  C.  Lecoutere. 

(1)  Qu'il  me  soit  permis  d'aiouter,  afin  de  bannir  certaines  défiances,  qu'il  est. 
d'autant  que  )*ai  pu  en  juger,  irréprochable  au  point  de  vue  de  ce  qui  regarde  la 
religion  catholique  ;  il  n'a  rien  qui  puisse  blesser  nos  susceptibilités  légitimes. 


partie  bibliographique.  ssg 

Histoire  et  Géographie. 

324.  —  Abbé  A.  Vbh  Hove,  Les  statuts  synodaux  liégeois  de  1S8S.  Un 
document  inédit  de  la  nonciature  de  Bonomi  à  Cologne^  publié  par  Tabbé 
A.  Van  Hove,  professeur  à  l'Université  catholique  de  Louvain. 
Louvain,  Impr.  P.    Smeesters,    1907.  In-8,   102  p.  Extrait  des 
Analëctes    pour    servir    à    l'histoire    ecclésiastique  de  Belgique. 
3«  série,  III  (XXXIII  de  toute  la  collection),  1907. 
Le  document  que  vient  de  publier  M.  Van  Hove  n*est  pas  sans 
importance  pour  l'histoire  religieuse  du  diocèse  de  Liège.  Quand  on 
compare  Tétat  juridique  et  moral  de  son  clergé  secondaire  lors  de  la 
réunion  du  Concile  de  Trente  à  la  situation  nouvelle  que  les  statuts 
du  nonce  Bonomi  devaient  lui  faire,  on  comprend  aisément  que  des 
tiraillements  se  soient  produits  au  synode  liégeois  de  i585.  Depuis 
le  privilège  de  Jules  IL  daté  du  4  août  i5i2,  les  collégiales  étaient 
complètement  soustraites  à  la  juridiction  de  Tévêque,  même  en  ce 
qui  avait  rapport  aux  charges  dames  et  à  l'administration  des  sacre- 
ments. L'exemption  était  réelle  et  personnelle;  elle  s'étendait  au 
droit  de  visite  et  de  correction  ;  des  visiteurs  spéciaux  étaient  donnés 
au  clergé  secondaire  ;  leurs  doyens  jouissaient  de  la  juridiction  ordi- 
naire; enfin  les  décisions  du  Capui  volentes  d'Innocent  IV  étaient 
supprimées.  Ce  dernier  privilège  avait  déjà  été  accordé  par  Sixte  IV, 
Le  concile  de  Trente  signale  comme  un  abus  «  magnus  et  minime 
tolerandus  »  les  empêchements  mis  au  droit  de  visite  et  de  correc- 
tion des  évêques.  Mais  quand  il  fut  question  dans  les  différentes 
sessions  de  réglementer  cette  matière,   on  fut  loin  de  se  trouver 
d'accord  :  certains  Pères  voulaient  faire  table  rase  des  anciens  privi- 
lèges, d'autres  ne  voulaient  qu'une  limitation  prudente    Ce  dernier 
avis  prévalut.  On  reconnut  aux  évêques  le  droit  de  faire  la  visite 
canonique  des  exempts  chaque  fois  qu'ils  la  jugeraient  nécessaire,  et 
d'infliger  les  corrections  légitimes.  Hors  le  cas  de  visite  l'Ordinaire 
exerçait  encore  sur  eux  la  juridiction  contentieuse.   Dans  la  dernière 
session  on  exigea  pourtant  qu'il  se  fît  assister  par  deux  chanoines  ;  en 
cas  de  désaccord  on  choisirait  un  arbitre  pour  trancher  le  différend. 
Pour  jouir  de  l'exemption,  il  fallait  être  une  «  dignité  »  ou  être  a  de 
capitulo  »  ;  le  «  Caput  volentes  »  était  remis  en  vigueur  ;   dans  les 
causes  civiles,  les  exempts  pouvaient  être  cités  devant  l'Ordinaire,  s'ils 
n'avaient  pas  des  juges  spéciaux  délégués  par  le  Souverain-Pontife,  et 
dans  l'hypothèse  contraire,  l'évêque  pouvait  toujours  intervenir  «  in 
causis  civilibus  mercedum  et  miserabilium  personarum  ».  Enfin,  on 
restreignait  les  droits  des  juges  conservateurs. 
Le  concile  avait  force  obligatoire  indépendamment  de  toute  pro- 


SgO  LE    MUSÉE    BELGE. 

mulgation  dans  les  synodes  diocésains.  Grégoire  XIII  le  fit  observer 
à  Ernest  de  Bavière  dans  un  bref  du  2  juin  i582;  néanmoins,  il 
l'engageait  vivement  à  faire  cette  promulgation  en  signe  de  sou- 
mission à  Tautorité  pontificale.  Dans  l'Empire  d'ailleurs,  on  se  préoc- 
cupait peu  des  décrets  de  Trente;  certains  évêquesse  refusaient  à  les 
publier,  prétextant  le  défaut  d'ordres  impériaux  ;  d'autres  objectaient 
les  difficultés  que  les  protestants  ne  manqueraient  pas  de  susciter. 
Cette  dernière  raison,  au  dire  même  du  vicaire  général  Torrentius, 
ne  valait  pas  pour  Liège,  et  l'évêque  lui-même  ne  songeait  pas  à  la 
produire. 

Sur  ces  entrefaites,  la  nonciature  de  Cologne  avait  été  créée,  qui 
devait  veiller  spécialement  aux  intérêts  religieux  des  provinces  avoi- 
sinantes,  parce  que,  perdu  dans  les  soucis  qui  lui  venaient  des  luttes 
protestantes,  le  nonce  de  l'Empire  ne  pouvait  guère  se  préoccuper 
d'intérêts  trop  particuliers.  Le  premier  titulaire  de  Cologne  fut  Jean 
François  Bonomi,  évêque  de  Verceil. 

En  i585,  il  vint  à  Liège  pour  publier  le  Concile  de  Trente.  Le 
clergé  secondaire  n'y  était  pas  hostile,  mais  il  voulait  faire  la  réserve 
de  son  exemption.  C'est  ce  qui  motiva  une  démarche  des  députés  du 
clergé  primaire  et  secondaire  auprès  du  nonce,  le  6  juillet  i585. 

Bonomi  voulait  bien  entremettre  ses  bons  offices  auprès  du  pape 
pour  adoucir  les  décrets  touchant  la  pluralité  des  bénéfices  et  les 
privilèges  en  général,  mais  il  voulait  avant  tout  remplir  sa  mission. 
Aussi,  le  20  juillet,  il  fit  afficher  un  décret  convoquant  au  3  octobre 
un  synode  diocésain;  puis  il  quitta  la  principauté.  Mais  quand  il 
rentra  à  Liège  après  trois  mois  d'absence,  la  situation  était  tendue. 
Le  clergé  refusait  de  laisser  publier  le  Concile  avant  que  le  pape 
n'eût  accordé  la  dispense  demandée.  Sur  la  remarque  du  nonce,  qu'il 
était  impossible  d'obtenir  un  induit  en  un  si  bref  délai,  il  exigea  une 
déclaration  portant  que  les  privilèges  resteraient  debout.  Bonomi  s'y 
refusa,  arguant  de  son  incompétence.  Un  scandale  était  à  craindre. 
Dès  lors,  le  nonce  s'engagea  à  ne  pas  urger  l'exécution  des  décrets  en 
cause  avant  la  décision  du  pape,  et  à  user  de  son  influence  auprès  de 
lui  afin  d'obtenir  une  réponse  favorable. 

Le  3  octobre,  le  synode  s'ouvrait;  on  y  publiait  les  statuts  nou- 
veaux. Ce  sont  ceux-ci  que  M.  Van  Hove  nous  met  sous  les  yeux. 
Une  introduction  succincte  nous  fait  connaître  le  manuscrit,  trouvé 
dans  la  bibliothèque  Casanatensis  de  Rome;  ignoré  de  plusieurs 
historiographes  de  Liège,  tout  au  plus  mentionné  par  d'autres,  mais 
signalé  déjà  par  M.  Borgnet  dans  un  inventaire  sommaire  de  cette 
bibliothèque  sous  la  désignation  vague  de  Synodm  diocesana  Leodiensis, 
Le  titre  exact  du  manuscrit  porte  a  Decreti  synodi  dioecesanae  Léo- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  301 


diensisper  Reverendissimum  et  illustrissimum  DD  Joannem  Francis- 
cum  episcopum  Vercellensem,  in  partibus  Germaniae  nuncium  apos- 
tolicum  cum  potestate  legati  de  latere  concepta  necdum  promulgata». 
Mais  le  texte  de  ce  manuscrit  n*est  pas  celui  qui  fut  lu  par  le 
nonce  au  synode.  En  ce  moment  la  rédaction  des  statuts  n'était  pas 
achevée  ;  Bonomi  s*était  réservé  le  droit  de  les  compléter  et  de  les 
publier  dans  la  suite.  Surpris  par  la  mort,  le  25  février  i587,  il  n'eut 
pas  le  temps  de  compléter  l'œuvre  commencée,  ainsi  que  semblent 
l'indiquer  des  renvois  à  des  textes  qu'on  chercherait  en  vain  dans  le 
manuscrit.  Son  travail  de  revision  resta  inachevé. 

Tels  qu'ils  sont,  les  statuts  comportent  42  titres  traitant  du  culte,  de 
l'instruction,  surtout  des  personnes,  de  l'administration  de  la  juridic- 
tion gracieuse  et  contentieuse. 

Dans  des  nc.tes  pleines  d'érudition,  M  Van  Hove  cite  les  docu- 
ments auxquels  il  est  fait  allusion,  explique  les  points  les  plus 
difficiles. 

Ne  faut  il  pas  regretter  que  le  développement  forcément  restreint 
de  ses  notes  ne  lui  ait  pas  permis  d'établir  la  comparaison  entre  la 
nouvelle  et  Tancienne  législation.  Tait  forcé  de  se  borner  à  signaler 
la  violation  du  privilège  d'exemption  ?  Peut-être  aussi  quelques  expli- 
cations complémentaires  sur  les  pouvoirs  des  différent?  dignitaires 
eussent-elles  alors  trouvé  avantageusement  leur  place. 

Ce  texte  est  suivi  de  quelques  extraits  des  décisions  capitulaires  de 
saint  Lambert  qui  ont  rapport  à  la  nonciature  de  Bonomi. 

L'œuvre  de  ce  dernier  n'eut  pas  tout  le  succès  qu'il  eût  pu  espérer. 
Fidèle  à  sa  promesse,  il  avait  parlé  en  faveur  du  clergé  liégeois  et 
de  ses  privilèges,  sans  espoir  d'ailleurs  de  succès  ;  il  l'avoue  lui- 
même.  Quelques  jours  plus  tard  des  envoyés  de  Liège,  recommandés 
par  lui  encore,  demandaient  au  pape  de  déroger  au  Concile.  Le 
Saint  Père  ne  voulut  pas  approuver  expressément  une  dérogation, 
mais  il  laissa  les  choses  au  point  où  son  nonce  les  avait  mises  De 
fait,  à  l'époque  moderne,  le  clergé  secondaire  jouissait  encore  d'une 
exemption  presque  aussi  étendue  qu'au  temps  de  la  réforme  de 
Trente. 

Il  ne  faut  pas  l'en  féliciter.  Nombreux  étaient  les  abus  que  l'obser- 
vation des  statuts  de  i585  eût  fait  disparaître. 

Nous  en  avons  l'attestation  dans  la  rédaction  même  de  ces  statuts, 
comme  dans  ces  paroles  de  François  Orano  au  cardinal  de  Como, 
du  i3  mai  i583.  «  Les  ecclésiastiques  sont  dissolus,  peu  observants 
de  la  continence,  d'où  de  graves  inconvénients  sont  à  redouter  ». 
Mais  la  situation  n'était  pas  plus  mauvaise  à  Liège  que  dans  le  reste 
de  l'Empire  et  à  côté  d'abus  réels  on  peut  constater  un  grand  zèle 


392  LE    MUSÉE   BELGE 


pour  la  religion,  une  lutte  acharnée  contre  l'hérésie,  une  ardeur  de 
combat  qui  ont  préservé  le  diocèse  de  Teffrondrement  de  lantique 
foi  chrétienne. 

En  somme,  cette  publication,  enrichie  de  ses  notes  précieuses, 
contient  tout  un  épisode  des  longues  luttes  du  clergé  secondaire 
contre  les  princes-évêques  de  Liège.  G.  Kisselstein. 

325.  —  Godefroid  Kurth,  VentrU  du  parti  populaire  au  conseil  com- 
munal de  Liège  en  iJoJ.   Liège,  Poncelet,   1907,  in-8  de  3o  pp. 
(Extrait  du  Bull,  de  VInsi   arch,  liégeois,  t.  XXXVI,  pp.  193-220). 
A  Liège,  comme  dans  toutes  les  communes  du  moyen  âge,    le 
pouvoir  a  d'abord  appartenu  à  l'aristocratie  :  c'était  fatal,  c'était 
justice  aussi.  Les  métiers  n  arrivèrent  pas  aux  honneurs  politiques 
avant  le  début  du  xiv^  siècle,  A  cette  époque-là,  le  parti  populaire, 
après  de  laborieux  efforts,  vit  enfin  triompher  une  partie  de  ses 
revendications.  Il  obtint  le  droit  d'élire  la  moitié  des  conseillers  com- 
munaux et  lun  des  deux  maîtres  de  la  cité.  Les  a  petits  »  furent 
désormais  placés  sur  un  pied  d'égalité  avec  les  «  grands.  » 

A  quelle  date  précise  se  produisit  cette  importante  révolution 
constitutionnelle  dans  la  cité  liégeoise.?  Les  historiens  ont  succes- 
sivement proposé  trois  dates  :  i3o2,  i3oi  ou  i3o3,  mais  sans  preuve 
sérieuse  à  l'appui.  Le  problème,  en  effet,  paraissait  insoluble,  tant 
sont  confuses  et  laconiques  les  données  de  la  seule  source  sur 
laquelle  nous  puissions  et  nous  devions  tabler  à  l'exclusion  des  autres  : 
la  chronique  de  Jean  Hocsem. 

M.  Kurth  apporte  des  pièces  diplomatiques  au  débat.  Elles  lui 
permettent  d'établir  irréfutablement  que  l'avènement  à  Liège  dun 
conseil  communal  mi-parti ,  ayant  à  sa  tête  deux  maîtres  dont  Tua 
est  choisi  par  les  métiers,  doit  se  placer  entre  le  29  avril  et  le 
24  juillet  i3o3  A  noter  cette  observation  intéressante  :  «  Ce  sont  les 
excès  du  patriciat  qui  ont  provoqué  la  crise  d'où  surgit  le  régime 
nouveau.  Et  ce  régime  nouveau  ne  put  s'établir  qu'avec  le  concours 
du  clergé  liégeois  :  la  démocratie  liégoise  a  été  tenue  sur  les  fonts 
par  le  chapitre  de  Saint- Lambert.  »  J.  Closon. 


Notices  et  annonces  bibliographiques. 

326.  —  Institut  papyrologique  de  l'Université  de  Lille.  Papyrus  grecs  publiés  sous 
la  direction  de  Pierre  Joug^et.  avec  la  collaboration  de  Paul  Collart,  Jean 
Lesquier  et  Maurice  Xoual.  Tome  i*»",  fasc.  l»'.  Paris,  Leroux,  1907.  66  pp  4**. 
Grâce  à  M.  Pierre  Jouguet,  l'UnivcrsiU  de  Lille  possède  un  Institut  papyrologique, 

dont  voici  la  première  publication.  Ce  beau  fascicule  fait  honneur  à  Tinitiative  et  à 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SqS 


la  science  de  M.  Jouguct.  Il  contient  neuf  papyrus  qui  proviennent  presque  tous 
des  fouilles  faites  par  lui  au  Fayoum  en  1901  et  1903.  Ces  neuf  pièces  datent  du 
II|e  siècle  avant  .l.-C.  et  ont  pour  sujet  :  1.  Plan  et  devis  de  travaux.  3.  Arpentage 
de  terres.  3.  Correspondance  du  basilicogrammate.  4.  Correspondance  relative  aux 
-ctérouques.  5.  Ordre  de  distribution  de  semences.  6.  Déclaratipn  relative  à  un  vol. 
7.  Pétition  au  roi.  8.  Mémoire  d'un  cultivateur  royal.  9.  Mémoire  d'un  fermier  du 
monopole  de  l'huile. 

Les  textes  sont  transcrits,  ponctués,  accentués  et  complétés  autant  que  possible. 
Ils  sont  précédés  d'une  étude  approfondie,  suivis  d'une  traduction  et  de  notes.  Ce 
premier  fascicule  est  édité  par  MM.  Pierre  Jouguet  et  Jean  Lesquier.  On  peut  dire 
qu'il  ne  laisse  rien  à  désirer  ni  pour  le  fond,  ni  pour  la  forme,  car  l'exécution  maté- 
têrielle  est  splendide.  .1.  P.  W. 

327.  —  Camille  Jnllian.  Histoire  de  la  Gaule.  I,  Les  invasions  gauloises  de  la 
Colonisation  grecque,  II.  La  Gaule  indépendante,  Paris,  Hachette,  1907.  2  vol. 
—  Chaque  volume  in-8,  broché,  10  fr. 

M.  C.  Jullian  nous  donne  les  deux  premiers  volumes  d'une  Histoire  de  la  Gaule 
quMl  espère  conduire  jusqu'aux  invasions  des  Barbares.  Le  premier  est  consacré  à 
la  géographie  de  la  Gaule  ancienne,  à  Tétude  des  peuples  qui  ont  précédé  les  Celtes, 
à  rétablissement  des  Celtes  en  Gaule  et  en  Europe,  à  la  fondation  et  à  l'Empire  de 
Marseille,  au  passage  d'Hannibal.  Deux  chapitres  intéresseront  surtout  les  cher- 
cheurs, à  cause  de  la  vogue  particulière  des  questions  traitées,  celui  des  voyages  de 
Pythéas  et  celui  du  passage  des  Alpes  par  Hannibal.  Le  second  volume  est  un 
tableau  de  la  Gaule  avant  César  au  point  de  vue  politique,  économique,  moral  et 
géographique. 

L'idée  nouvelle  de  ce  travail  a  consisté  à  voir  dans  la  Gaule,  non  pas  seulement 
une  expression  géographique  mais  un  État  déjà  constitué,  avec  ses  lois  et  ses 
habitudes  propres,  une  patrie  complète,  vraiment  formée,  que  la  conquête  romaine 
allait  détruire.  Mais,  à  côté  de  l'histoire  générale  de  la  Gaule,  l'auteur  s'est  efforcé, 
sans  détruire  l'unité  du  volume,  de  tracer  l'histoire  propre  des  principales  provinces, 
comme  la  Bretagne  et  l'Auvergne,  et  celle  des  principales  villes  de  France,  comme 
Lyon,  Paris  et  Marseille. 

Nous  reviendrons  sur  ce  magistral  ouvrage. 

328.  —  M.  Léon  Halkin  vient  de  publier,  dans  le  n®  3  du  Mouvement  sociologique 
international  une  très  intéressante  et  solide  notice  sur  Paul  Goiraud  (Tiré  à  part 
chez  A.  Dewit,  à  Bruxelles,  19  pages  in-8).  11  y  analyse  les  œuvres  principales  du 
regretté  historien,  signale  les  problèmes  qui  sollicitèrent  particulièrement  son 
attention  et  met  en  relief  l'impulsion  nouvelle  qu'il  imprima  en  France  aux  études 
d'histoire  ancienne.  Il  insiste  sur  l'influence  que  Fustel  de  Coulanges  exerça  sur 
Guiraud  et  montre  fort  judicieusement  comment  et  pourquoi  le  disciple  pratiqua  la 
méthode  du  maître  avec  plus  de  sûreté,  sinon  avec  plus  de  puissance.  La  notice  se 
termine  par  une  Bibliographie  complète  des  ouvrages,  livres,  mémoires  et  articles 
sortis  de  la  plume  féconde  de  Guiraud  (Voir  supra ^  n®  314). 

329-330.  —  L'Université  de  Munich  a  fait  une  grande  perte  par  la  mort  de 
P.  Traube,  professeur  de  philologie  latme  du  moyen  âge.  Il  y  a  peu  d'années,  il 
avait  fondé  le  recueil  intitulé  :  Quellen  und  Untersuchungen  :{ur  lateinischen 
Philologie  des  Mittelalters,  que  nous  avons  annoncé  dane  ce  Bulletin.  Un  ouvrage 
posthume  de  Traube  forme  le  second  volume  de  ce  recueil  :  Nomina  sacra,  Versuch 
^iner  Geschichte  der  christlichen  Kûr^ung,  Munich,  Beck,   1907.  296  pp.  i5  m. 


394  LB   MUSÉE   BELGE. 

C'est  une  œuvre  paléographique,  où  sont  étudiées  toutes  les  abréviations  des  nomma 
sacra^  grecs  et  latins,  jusqu'à  la  fin  du  moyen  âge.  Il  entend  par  nomina  sacra  ceux 
que  Thompson  appelle  sacred  and  liturgical  contractions  (Jésus,  Christus^  deus, 
dominus,  etc.  etc.). 

En  même  temps  paraît  le  premier  fascicule  du  Volume  III  :  Franciscus  Alodius 
aïs  Handschriftenforscher  von  Paul  Liehmaiin.  Munich,  Beck,  1908.  i5a  pp.  7  m. 
Celte  intéressante  étude  contient  une  biographie  du  philologue  flamand  François 
de  Maulde,  où  l'auteur  rend  pleine  justice  aux  travaux  de  notre  compatriote 
A.  Roer^ch,  puis  une  triple  étude  sur  les  publications  philologiques  de  Modius,  sur 
ses  voyages  et  ses  recherches,  sur  les  nombreux  mss  dont  il  se  servit. 

33 1. —  D.   C.   Hesseling,    Essai  sur  la  civilisation  byzantine.     Trad.  franc. 

autorisée  par  1  auteur.  Avec  Préface  par  G.  Schlumberger.  Paris,  Picard,  1907, 

3  fr.  5o. 

Les  études  d'histoire  byzantine  sont  en  faveur  et  les  érudits  de  France,  d'AUc* 
magne  et  d'Angleterre  ont  public  de  nombreuses  monographies  sur  l'empire  de 
Byzance.  On  a  traité  les  divers  règnes  ou  des  points  spéciaux  de  l'histoire  de 
l'économie  politique,  de  la  religion,  des  arts,  des  lettres,  du  commerce,  des  mœurs 
et  des  coutumes.  Mais  toute  espèce  d'étude  d'ensemble  sur  l'empire  grec  d'Orient  a 
fait  jusqu'ici  complètement  défaut.  M.  Hesseling.  professeur  à  l'Université  de  Leydc 
a  tenté,  nous  dit  M.  Schlumberger  qui  présente  cette  traduction  au  public,  de 
réaliser  quelque  chose  de  pareil  en  nous  donnant  un  aperçu  d'ensemble  de  ce  que 
fut  jusqu'à  sa  chute  définitive  l'empire  fondé  par  Constantin.  On  pourra,  en  lisant  le 
livre  de  M.  Hesseling,  se  faire  une  idée  de  cette  grande  monarchie  et  de  sa  civilisa- 
tion durant  ses  trois  principales  périodes,  à  son  origine,  à  son  apogée,  à  sa  déca- 
dence ;  de  ce  que  furent  également  à  ces  trois  époques  sa  littérature  et  son  histoire. 

332-333.  —  Dans  la  Collection  des  Textes  et  Documents  pour  l'étude  historique  du 
christianisme  publiés  sous  la  direction  des  abbés  Hemmer  et  Lejay,  ont  paru  deux 
nouveaux  volumes  : 

Tertullien,  De  praescriptione  haereticorum^  pBT  Pierre  de  LabPioUe,  profes- 
seur à  l'Université  catholique  de  Fribourg,  en  Suisse.  (Paris,  Picard,  1907,  2  frs). 

Les  Pères  apostoliques.  Doctrine  des  Apôtres.  Epître  de  Barnabe,  par 
H.  Hemmer.  6.  Oger  et  A.  Laurent.  2  fr.  3o. 

On  se  rappelle  que  les  éditions  de  cette  collection  donnent  le  texte  latin  d'après  les 
meilleures  éditions,  une  traduction  française  en  regard  du  texte,  une  Introduction 
et  un  Index. 

33^. —  Le  volume  XVII  des  Dissertationes  philologicae  Halenses  (Halle  a.  S., 
Niemeyer,  1907)  contient  quatre  travaux  dont  voici  les  sujets  : 

P.  MELCHER,/)esermonfe  Epicteteo quibus  rébus  ab  attica  régula discedat {p.i- 114). 
J.  Bertheau,  De  Platonis  epistula  septima  (pp.  1  i5-23o).  M.  SchaMberger,  De  P, 
Papinio  Statio  verborum  novatore  (pp.  23i-33(3).  A.  Loerscher,  De  composittone  et 
fonte  libri  Ciceronis  qui  est  defato, 

335,  —  Le  quarantième  fascicule  du  Dictionnaire  des  antiquités  grecques  et 
romaines  de  Daremberg  et  Saglio  vient  de  paraître  et  termine  la  première  partie 
du  quatrième  volume.  (N-Q).  Parmi  les  articles  principaux  nous  signalerons 
procurMor,  prosodoi,  provincia,  proxenia,  pugilatu^^  purpura.,  Pythia,  quin- 
quatrus.  On  y  rencontre  aussi  quelques  articles  relatifs  à  la  mythologie,  tels  que 
Prometheus,  Proserpina,  Psyché.  Quand  donc  pourra-t-on  annoncer  le  dernier 
fascicule  de  cet  indisp'»nsable  dictionnaire  i 


.  PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SçS^ 

336.  —  M.  G.  "Wissovra  vient  de  publier  le  Xl«  demi-volume  de  la  nouvelle 
édition  de  Pauly^s  Real-Encvclopadie  der  classischen  Altertumswissenschaft 
(Siuiigart,  1907.  i536  col.  i5  m.).  H  contient  les  mots  Ephoros  à  Eutychos.  Parmi 
les  principaux  articles,  signalons  :  Epigramm  (40  col.);  Epikuros  (22)/,  équités  (40); 
Eratosthenes  (3o),  Eros  (5o),  Esel  (5o),  Etrusker  (73),  Eukleides  (5o),  Euphrates 
(20),  Eurfpides  (48),  Eusebios  von  Caesarea  (69).  Eustathios  (35). 

337.  —  Le  29»  fasicule  du  Dictionnaire  de  la  Bible  de  Vigouroux  a  paru  et  parmi 
les  principaux  articles  nous  signalerons  :  Origène,  pain«  palais,  et  surtout  Tarticle 
très-complet  sur  la  Palestine  (pas  moins  de  74  colonnes,  encore  Tarticle  n'est-il  pas 
achevé).  On  sait  que  ce  dictionnaire  est  des  plus  complets  et  peut-être'  bien  souvent 
consulté  avec  le  plus  grand  fruit  pour  les  études  de  Tantiquité  classique.  (5  fr.  par 
fascicule). 

338.  — Le  i3«  fascicule  du  Dictionnaire  d*archéologie  chrétienne  et  de  liturgie 
de  dom  F.  Gabrol  a  paru.  La  valeur  de  cet  ouvrage  est  trop  unanimement 
reconnue  pour  qu'il  faille  encore  en  faire  l'éloge.  Signalons,  entre  autres,  les  articles 
baptême  (95  col.),  baptême  de  Jésus,  baptistère  (86  col.),  basilique  (72  col.).  Plusieurs 
de  ces  études  constituent  des  traités  complets  sur  la  matière.  L'illustration  de  ces 
deux  difitionnaires  ne  laisse  rien  à  désirer. 

339.  —  M.  TAbbé  Meunier  vient  de  publier  une  intéressante  brochure  sur  VHis- 
toire  du  nom  de  lieu  de  Chaulgnes,  canton  de  la  Charité-sur-Loire  (Nièvre).  Ne  vers, 
1907,  32  p.  L*auteur  cherche  à  remonter  à  la  forme  primitive  de  Chaulgnes  dont  la 
graphie  la  plus  ancienne  connue  (1287)  est  Chooigne  qui  n'est  qu'une  transforma- 
tion des  graphies  Chavigne^  Oiavanna,  Cavania,  Cavannus,  Cavannus  est  un 
mot  celtique  qui  signitie  «  hibou.  »  L'auteur  fait  observer  que  les  noms  d'animaux 
étaient  souvent  donnés  comme  surnoms,  puis  comme  noms  de  famille,  à  des  per- 
sonnes. Le  surnom  Cavannus  est  devenu  ainsi  la  gentilice  Cavannius,  Ceci  nous 
amène  à  admettre  que  là  où  plus  tard  se  développa  Chaulgnes,se  trouvait  à  l'époque 
romaine  une  villa  ou  domus  Cavania ,  propriété  d'une  famille  Cavania.  Le 
travail  de  M.  Meunier  est  très  intéressant  et  constitue  une  savante  étude  étymolo- 
gique. Il  est  assez  curieux  de  constater  qu'un  travail  aussi  érudit  sert  d  épithalame 
d'un  nouveau  genre  que  l'auteur  dédie  à  un  de  ses  amis  à  l'occasion  de  son  mariage. 

Adolf  de  Cel'lemebb. 

340.  —  M.  Masson.  Alfred  de   Vigny,  (Académie  française.  Prix  d'éloquence 

IÇ06).  Essai  accompagné  d'une  note  bibliographique  et  de  lettres  inédites.  Paris, 

Bloud,  1907.  I  fr. 

Cette  étude  est  le  discours  sur  Alfred  de  Vigny  que  l'Académie  française  a  cou- 
ronné en  1906  au  concours  d'éloquence.  C  est  avant  tout  un  essai  d'explicauon 
intérieure  de  la  vie  et  ae  l'œuvre  du  poète.  H  y  a  chez  Vigny  comme  un  va-et-vient 
douloureux  de  sentiments,  d'idées  et  de  goûts,  une  lutte  incessante  et  triste  de  son 
àme  contre  sa  destinée.  Ce  «  sombre  duel  »  où  il  connut,  en  l'aimant,  la  consolante 
«  majesté  des  souffrances  humaines  »  —  l'auteur  a  essayé  de  le  décrire.  Il  a  cherché 
les  éléments  de  cette  histoire  non  seulement  dans  les  poèmes  de  Vigny,  dans  ses 
nouvelles  et  son  théâtre,  mais  dans  sa  correspondance  encore  si  peu  lue  et  pourtant 
si  précieuse.  Le  portrait  ainsi  esquissé  se  rapproche  beaucoup  plus  de  la  vérité, 
semble  t-il,  que  le  portrait  traditionnel. 

L'étude  cit  accompagnée  de  nombreuses  notes,  de  cinq  lettres  inédites  et  d'une 
bibliographie  qui  pourra  suppléer,  en  une  certaine  mesure,  aux  éditions  si  incom- 
plètes et  si  delectueuses  de  Vigny. 


396  LE   MUSÉE   BELGE. 


341.  —  L.  "Woltmann.  Die  Getmane»  in  Frankreich,  Eine  Untersuchung  â*rr 
den  Einfluss  der  Germanischen  Russe  au f  die  Geschichte  und  Kuitur  Frankreicks, 
Mit  60  Bildnissen  berûhmter  Franzosen.  Jena.  1907.  E.  Diederichs.  ln-8», 
VIII- 1 52  pp.  et  60  grav.  7  m.  5o. 

Dans  cet  ouvrage,  M.  Woltmann  veut  prouver  que  tout  ce  que  la  France  a  produit 
d*hommes  remarquables  dans  les  différentes  sphères  de  Tactivité  humaine,  que  ses 
hommes  d'État,  ses  généraux  illustres,  ses  philosophes,  ses  savants,  ses  historiens, 
ses  écrivains,  ses  artistes  sont  à  peu  près  tous  d'origine  germanique,  ou  plus  exacte- 
ment encore  d'origine  allemande.  C'est  presqu'à  tort  que  les  Français  se  considèrent 
comme  «  nation  gauloise  »  et  se  croient  de  <c  race  latine  »  (pp.  3-4).  Comment 
l'auteur  démontre-t-il  cette  thèse  parad«»xale  ?  Il  recourt  à  une  suite  de  considérations 
empruntées  à  l'anthropologie,  l'histoire  politique  et  sociale,  l'évolution  de  la  langue 
et  de  la  littérature.  Ces  considérations,  qui  doivent  faire  l'office  d'arguments 
sérieux,  sont  malheureusement  ce  qu'il  y  a  de  plus  superficiel;  il  ne  faut  être 
spécialiste  consommé  dans  aucun  domaine  pour  le  constater.  D'ailleurs  les  procédés 
et  la  méthode  de  M.  Woltmann  révèlent  le  dilettantisme  le  plus  dangereux  et  l'absence 
de  critique.  Dans  ces  conditions,  il  est  superflu  d'examiner  de  plus  près  ses 
affirmations  pour  y  découvrir  la  part  de  vérité  que  peut-être  elles  contiennent. 

C.  Lecouterb. 

342.  —  L'excellent  périodique  Taal  en  Letteren,  fondé  en  1890  par  un  groupe  de 
«jeunes»,  a  cessé  de  paraître  depuis  le  mois  de  décembre  dernier.  C'est  très  regret- 
table. Heureusement,  il  n'est  pas  mort  tout-à-fait.  Un  groupe  de  collaborateurs  a 
fondé  aussitôt,  pour  le  remplacer  dans  le  mesure  du  possible,  une  nouvelle  revue, 
plus  modeste,  mais  animée  du  même  esprit.  Elle  marchera  dans  la  même  direction, 
c'est  à-dire  elle  sera  résolument  progressiste  en  matière  scientifique.  Ce  nouvel 
organe  s'appelle  De  nieuwe  taalgids  (pour  empêcher  la  confusion  avec  l'ancien  taai' 
gids,  qui  a  existé  de  iBSg  à  1868)  ;  les  rédacteurs  en  chef  sont  MM.  \t  D'  C.  G  N.  de 
Voo^s  (d'Assen)  et  M.  J.  Koopmans  (de  Dordrecht).  Elle  paraît  tous  les  deux 
mois  en  fasicules  d'au  moins  48  pp.  chez  l'éditeur  J,-B.  Wolters  à  Groningue 
{fl.  3,5o  par  an).  Nous  avons  reçu  jusqu'à  présent  cinq  fascicules;  le  contenu  varié 
et  les  qualités  solides  des  articles  et  menues  contributions  nous  font  souhaiter  que  le 
Nieuwe  taalgids  obtienne  un  succès  légitime  et  qu'il  recueille,  en  Belgique  surtout, 
de  nombreux  lecteurs  et  abonnés.  C,  L. 

343-344,  —  C.  R.  C.  Herckenrath,  Fransch  Woordenboek,  Eerste  deel  : 
Fransch-Nederlandsch^  xn-476  pp.  Tweede  deel  :  Nederlandsch-Fransch  ^ 
vi-624  pp.  Groningue,  J.  B.  Wolters,  1907  (chaque  volume  2  fl.  25). 
K.  R.  Gallas,  FranschWoordenboek,  Eerste  deel  :  Fransch-Nederlandsch^ 
V111-814  PP'  Tweede  deel  :  Nederlandsch-Fransch^  vni-886  pp.  Sneek,  J.  F.  van 
Druten,  1907  (chaque  volume  2  fl.  90), 

En  fait  de  dictionnaires  des  langues  française  et  néerlandaise,  nous  n'étions  pas 
très  riches  jusqu'en  ces  derniers  temps.  A  part  celui  de  Kramers-Bonte,  qui  a  déjà 
quelque  peu  vieilli,  nous  en  avions  à  peine  un  seul  qui  fût  à  la  hauteur  des 
besoins  de  nos  jours.  C'est  donc  avec  une  vive  satisfaction  que  le  public  a  salué 
l'apparition  des  deux  nouveaux  dictionnaires  dont  nous  indiquons  ci-dessus  les 
titres;  ils  se  distinguent  par  des  qualités  solides  qui  expliquent  l'accueil  empressé 
qu'on  leur  a  fait. 

Je  ne  songe  pas  à  établir  une  comparaison  entre  ces  deux  ouvrages.  Si  celui  de 
M.  Gallas  l'emporte  peut-être  en  ce  sens  qu'il  est  plus  complet,  je  veux  dire  qu'il 
donne,  à  beaucoup  d'articles,  plus  de  locutions,  de  synonymes,  etc.,  en  revanche 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  397 


M.  Herckenrath  inJique  toujours  la  prononciation,  point  qui  a  aussi  son  impor. 
tance.  Au  demeurant,  l'un  et  l'autre  sont  rédigés  avec  beaucoup  de  soin  ci  prouvent 
que  les  auteurs  étaient  bien  préparés,  par  des  études  étendues  et  une  longue 
pratique,  à  la  tâche  qu'ils  ont  assumée. 

Les  mérites  principaux  de  chacun  de  ces  dictionnaires  consistent  en  la  méthode, 
la  bonne  distribution  des  articles,  une  grande  exactitude;  enfin,  l'abondance  des 
matières  :  on  y  trouvera  énormément  de  termes  techniques  et,  en  général,  le  voca- 
bulaire, les  expressions  de  la  langue  de  nos  jours.  Bref,  ce  sont  deux  ouvrages  qui, 
malgré  des  différences  inévitables,  ont  des  titres  égaux  à  un  plein  succès. 

C.  Lecoutebe. 

345.  —  On  sait  que  le  poète  G.  Gezelle  s'occupait  activement  de  recherches 
étymologiques  et  de  l'étude  des  dialectes  de  sa  province.  En  1881,  il  fonda  le  pério- 
dique Loquela^  qui  exista  jusqu*en  i8g5  et  enregistrait,  mois  par  mois,  ce  que  le 
«  maître  »  et  ses  collaborateurs  avaient  trouvé.  Insensiblement  furent  accumulés 
ainsi  des  matériaux  très  divers  et  de  tqute  valeur;  l'ivraie  s*y  mêla  en  très  forte 
proportion  au  bon  grain,  à  tel  point  que  celui-ci  ne  saurait  être  découvert  que  par 
un  œil  exercé.  Il  a  semblé  à  quelques  disciples  de  Gezelle  que  ces  matériaux 
pourraient  être  employés  plus  facilement  et  rendre  ainsi  de  plus  réels  services  si,  au 
jieu  d'être  entassés  pêle-mêle  dans  les  numéros  du  périodique,  devenu  assez  rare, 
ils  étaient  disposés,  en  un  ordre  déterminé,  dans  un  répertoire.  Ils  ont  donc  décidé 
de  publier  le  contenu  des  quatorze  années  de  Loquela  sous  forme  de  dictionnaire, 
qui  s'appellera  aussi  Loquela,  et  paraîtra  en  une  douzaine  de  livraisons  de  48  pages 
chacune  (Anvers,  Nederlandsche  Boekhandel).  Nous  en  avons  reçu  deux.  La 
première  s'ouvre  par  un  «  avant-propos  »  de  M,  J.  Craeynest,  qui  nous  renseigne 
sur  le  but  et  le  caractère  de  la  publication,  et  nous  apprend  entre  autres  que  le 
texte  de  la  revue  sera  réimprimé  intégralement,  bien  que  l'on  ait  constaté  que  beau- 
coup d'articles  n'ont  aucune  valeur  scientifique.  C.  L. 

346.  —  De  la  nouvelle  publication  Teutonia.  Handbuch  der  german,  Filologie^ 
herausg.  von  A.  von  Salten,  bearbeitet  von  R.  Douffet,  nous  avons  reçu  la 
3«  livraison  :  Ueber  deutsche  Wortforschung  und  Wortkunde  (Leipzig,  Teutonia- 
Verlag,  1907,  in  8,  vi-216  pp.  M.  3. 60). 

Celte  encyclopédie  sera  complète  en  quatre  livraisons;  on  en  annonce  l'apparition 
encore  avant  la  fin  de  cette  année.  Nous  les  attendrons  avant  de  nous  prononcer 
sur  ce  nouveau  manuel.  Cette  simple  annonce  peut  suffire  pour  le  moment. 

C.  L. 

347.  —  Le  Mittelhochdeutsches  Hûlfsbuch  de  M.  O.  Men8ing(Dresdert,  L.  Ehler- 
mann,  1907;  in-8,  78  pp.  1  m.  relié)  est  un  petit  livre  pratique.  En  dehors 
dune  introduction  (pp.  6g),  où  sont  donnés  quelques  renseignements  sur  les  dia- 
lectes et  les  périodes  historiques  de  l'allemand,  il  est  divisé  en  deux  sections.  La 
première  (pp.  io-53)  est  une  grammaire  complète  (phonétique,  morphologie, 
syntaxe);  elle  est  très  succincte,  mais  en  même  temps  claire,  et  suffit  aux  débutants, 
la  seconde  section  (pp.  54-73)  renferme  les  faits  les  plus  marquants  de  l'histoire  de 
la  langue  allemande. 

Ce  manuel  a  été  écrit  pour  les  élèves  des  gymnases  prussiens  où,  depuis  1901,  le 
professeur  a  la  faculté  de  lire  les  Nibelungen  et  Walther  von  der  Vogelweide  dans 
le  lexte  original  ;  il  a  donc  été  rédigé  expressément  en  vue  de  l'étude  de  ces  œuvres. 
Chez  nous,  il  pourrait  être  employé  avec  succès  par  nos  futurs  professeurs  d'alle- 
mand ;  c'est  à  ce  titre  que  je  le  signale.  C.  L. 


SgS  LE   MUSÉE   BELGE. 


348.  —  La  collection  que  publie  la  maison  Weidmann  sous  le  nom  de  Deutsche 
Texte  des  Mittelalters  hrsg,von  der  kg,  preuss,  Akademie  der  Wissenschaften  s*e8i 
enrichie  de  deux  volumes  : 

Bd.  VIII.  Heinrich  von  H  ester,  Apokalypseaus  der  Dan:{iger  Handschrift  hrsg. 
von  Karl  Helm  mit  2  Taf.  im  Lichtdr..  1907.  12  m. 

Bd.  IX.  Tilor  von  Kulm,  Gedicht  Von  Siben  Ingesigeln,  aus  der  Kœnigsbcrgcr 
Handschrift.  von  Karl  KocbendcerlTer.  Mit  i  Taf.  1907.  3  m.  60. 

34q.  —  Gk>deflpoid  Kurth,  La  lèpre  en  Occident  avant  les  Croisades,  Paris,  Bloud, 

1907.  o  fr.  60.  (Science  et  Religion,  n»  457.) 

On  a  maintes  fois  reproché  aux  Croisades  d*avoir  introduit  la  lèpre  en  Occident. 
En  1891,  au  Congrès  scientifique  international  des  catholiques  tenu  à  Paris, 
M.  Kurth  prouvait  très  savamment  et  sans  contradiction  possible  que  la  lèpre  et  les 
léproseries  étaient  répandues  en  Occident  avant  les  Croisades.  Son  travail,  enfoui 
dans  les  comptes  rendus  du  Congrès  passa  presque  inaperçu  et  était  difficile  à 
trouver.  C'est  donc  une  heureuse  idée  qu'il  a  eu  de  le  confier  à  l'excellente  collection 
Science  et  Religion,  qui  lui  procurera  sans  aucun  doute  une  fortune  meilleure. 

35o.  —  En  mai  dernier,  M.  Alfred  Lefort,  le  distingué  historien  du  Grand-Duché 
de  Luxembourg,  a  lu  à  l'Académie  de  Reims  un  intéressant  discours  intitulé  : 
GODEFROID  KURTH  :  V Étudiant,  le  Professeur,  l'Historien^  le  Démocrate- 
chrétien^  r Homme  privé.  M.  Lefort  a  eu  l'excellente  idée  de  publier  en  tirage  à  pan 
(Bruxelles,  Dewit,  34  pp..  içi^f^  son  étude,  digne  pendant  de  celle  que  M.  Georges 
Goyau  consacrait  récemment  à  M.  Kurth  dans  la  Revue  des  Deux- Mondes.  Nul 
doute  que  les  nombreux  amis  et  admirateurs  du  plus  grand  de  nos  historiens  ne 
veuillent  se  la  procurer. 

35i.  —  Le  P.  Pierling,  S.  J.,  La  Russie  et  le  Saint-Siège,  Tome  IV.  Pierre  U 
Grand.  —  La  Sorbonne,  —  Les  Dolgorouki,  —  Le  Duc  de  Liria,  —  Jubé  de  la 
Cour,  Pans,  Pion,  1907.  464  p.  7  fr.  5o. 

Ce  volume  est  dominé  par  la  grande  tîgure  de  Pierre  l«^  La  politique  débutante 
du  hardi  réformateur  a  besoin  de  Taide  de  l'Autriche  contre  les  Turcs  et  de  celle  de 
la  Pologne  contre  la  Suède;  c'est  pourquoi  le  tsar  flatte  le  Vatican  jusqu'à  lui  laisser 
concevoir  l'espoir  d'un  retour  de  la  Russie  à  l'unité  religieuse.  Mais,  après  Poliava, 
ses  vrais  desseins  se  révèlent;  ce  qu'il  veut  fonder,  c'est  uniquement  la  nationalité 
russe  sur  la  base  d'une  autocratie  sans  limite.  11  est  curieux  de  suivre  le  développe- 
ment de  ce  plan  dans  le  récit  serré  que  le  P.  Pierling  nous  donne  des  relations 
oflficielles  du  tsar  avec  Rome.  Puis,  l'action  janséniste  entre  en  scène,  encouragée 
par  la  visite  de  Pierre  le  Grand  à  la  Sorbonne  en  1717.  soutenue  par  la  princesse 
Dolgorouki,  personnitîée  par  un  délégué  de  la  secte,  labbé  Jubé  dit  de  la  Cour.  Bn 
môme  temps  arrivent  à  Moscou  le  duc  de  Liria,  ambassadeur  d'Espagne,  et  son 
aumônier,  le  père  Ribcra.  Ces  trois  hommes  se  réunissent  partois  pour  opposer  le 
laiinisme  à  l'orthodoxie  byzantine  en  voie  de  désagrégation.  Cette  propagande  parut 
séditieuse  et  aboutit  à  une  persécution  sauvage.  Le  catholicisme  devait  revenir  au 
système  des  missions.  Mais  la  Russie  ne  cesse  pas  pour  cela  de  regarder  du  côté  de 
Rome.  Que'lque  solide  que  paraisse  la  constitution  de  son  Eglise  particulière,  la 
diversité  des  nations  qu'elle  a  soumises  au  sceptre  de  ses  empereurs  soulève  inces- 
samment des  problèmes  de  conscience  qui  la  torccnt  de  compter  avec  le  Saint-Siège. 

332.  —  Dans  la  collection  «  Beruehmte  Kunststaetten  »,  qiie  publie  la  maison 
E.  A.  beeinann,  à  Leipzig,  ont  paru  deux  volumes  nouveaux  :  n"  37,  Mantua^  von 
8.  Brinton  («5  gravures;,  ci  n^  38,  Koeln^  von  E.  Renard  (188  gravures). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  399 


353.  —  L.  R.  P.  J.-B.  Semeria,  Barnabite.  Dogme^  hiérarchie^  culte.  Traduit 
et  adapté  de  l'italien^  par  labbé  Richbiimoz,  Supérieur  du  Petit  Séminaire  de 
Moutiers.  P.  Lethielleux,  Éditeur,  10.  rue  Cassette,  Paris  (6«),  1907.  5  fr. 

Le  nom  et  les  ouvrages  du  Père  Semeria  sont  fort  connus  et  appréciés  en  Italie. 
Ct  livre  est  le  plus  populaire  de  tous  ceux  qu*il  a  publiés.  La  lecture  en  est  agréable, 
facile  et  singulièrement  entraînante.  L*auteur  cherche  à  montrer  les  deux  mouve- 
ments qui  caractérisent  l'Église  primitivi.  ;  un  mouvement  d^expansion  qui  constitue 
rhistoire  extérieure  de  TÉglise  ;  et  un  mouvement  intime  de  formation  qui  manifeste 
sa  vie  intérieure  ;  ce  dernier  le  retient  plus  particulièrement  ;  il  est  si  actuel  et  si 
discuté  !  Il  note  avec  finesse  le  mal  de  notre  critique  actuelle  :  «  Partout  c'est  le  fait 
substitué  à  Tidée,  la  recherche,  l'intuition,  l'effort  laborieux  au  génie,  l'érudition  au 
vrai  savoir  ». 

a  La  science  moderne  n'est  pas  positive^  quoi  qu'elle  en  dise,  mais  positiviste^  ne 
voulant  pas  sortir  du  fait  matériel.  Erreur  profonde,  fatale  de  l'évolutionnisme 
moderne  !  Au  moyen  âge,  nous  dit  le  Père  Semeria,  pouvait  manquer  la  science 
historique;  ce  qui  nous  manque  aujourd'hui  c'est  la  science  philosophique  ;  il  étudie 
rhistoire  de  T Eglise  naissante  avec  une  méthode  hisiorico-philosophique  ;  on  pour- 
rait dire  aussi  historico-dogmatique  ;  il  l'étudié  •  avec  une  âme  loyale  et  avec  des 
méthodes  sévères  »  mais  aussi  avec  une  âme  religieuse^  avec  une  âme  chrétienne^ 
qui  reconnaît  dans  rhistoire  de  l'Église  une  histoire  dilTérente  des  autres,  bien 
supérieure  aux  luttes  de  Rome  et  de  Carthage ,  capable ,  suivant  le  parti  que 
Ton  prend  à  son  endroit,  de  modifier  totalement  notre  vie.  Il  était  bon  de  rap- 
peler ces  sages  principes  à  une  heure  où  tant  d'autres  prétendent  étudier  les 
questions  bibliques  avec  cette  sérénité  olympienne  dégagée  des  précautions  confes- 
sionnelles qui  dissimule  mal  parfois  de  secrètes  trahisons.  Solidement  établi  sur 
cette  base,  le  Père  Semeria  peut  aborder,  avec  la  science  critique  la  plus  rigoureuse, 
l'étude  du  mouvement  intime  de  l'Église.  Quelles  belles  thèses  que  celles  de  la 
Venue  de  Saint  Pierre  à  Rome,  et  de  V Origine  de  VEpiscopatl 

Monsieur  l'Abbé  F.  Richermoz  a  apporté  à  la  traduction  de  cet  ouvrage,  prc cédée 
d'une  intéressante  préface  de  Monseigneur  Lacroix,  toute  la  dextérité  d'une  plume 
très  exercée,  fidèle  et  élégante  ;  on  dirait,  à  la  lire,  une  rédaction  personnelle  de 
premier  jet. 

354.  —  L'abbé  Verdunoy,  V Évangile  :  Synopse^  Vie  de  Notrt-Seigneur^  Com- 
mentaire, Avec  2  plans  et  une  carte.  Paris,  V.  Lecoffre,  1907.  3  fr.  5o. 

Trois  difficultés  arrêtent  d'ordinaire  dans  la  lecture  de  l'Évangile;  on  veut  lire, 
d'un  même  coup  d'œil,  les  incidents  que  racontent  à  la  fois  plusieurs  évangélistes, 
on  souhaite  trouver  une  vie  suivie  de  Notre-Seigneur,  enfin  on  cherche  une  expli- 
cation aussi  pleine  que  possible  des  passages  obscurs.  L'Évangile  de  M.  Verdunoy^ 
supérieur  du  petit  Séminaire  de  Dijon,  répond  à  ce  triple  désir. 

Après  une  introduction  sur  l'inspiration,  la  formation  et  le  caractère  propre  des 
quatre  évangiles,  l'auteur  accompagne  d'explications  très  serrées  chacun  des  épisodes 
formant  un  tout.  Grâce  à  la  valeur  des  notes,  à  la  disposition  du  texte,  traduit  avec 
bonheur  du  grec,  et  à  la  force  du  commentaire,  les  pages  évangéliques  les  plus 
ardues,  le  grand  discours  eschatologique;  par  exemple,  ou  les  apparitions  du  jour 
de  Pâques,  sont  d'une  clarté  et  d'une  richesse  étonnantes. 

355.  —  Henriette  Dacier,  Saint  Jean  Chrysostome  et  la  Femme  au  /V©  siècle 
de  l'Eglise  grecque,  H.  Falque,  i5,  rue  de  Savoie,  Paris,  1907.  3  fr.  5o. 

Saint  Jean  Chrysostome  ne  fut  pas  seulement  un  saint,  un  homme  de  génie,  un 
orateur  incomparable.  Cest  aussi  une  des  plus  grandes  figures  de  l'histoire.  De 


400  LE    MUSEE   BELGE. 


grands  écrivains,  depuis  Erasme  jusqu'à  M.  Aimé  Pucch,  ont  écrit  sa  vie.  Madame 
Henriette  Dacier,  reprenant  ce  beau  sujet,  le  traite  à  un  point  de  vue  presque 
entièrement  neuf  et  à  un  point  de  vue  d'un  intérêt  actuel,  puisque  la  question 
féministe  occupe  aujourd'hui  tous  les  esprits.  Elle  a  divisé  son  livre  en  trois  parties  : 
Saint  Jean  Chrysostome  et  sa  mère,  Saint  Jean  Chrysostome  et  l'impératrice 
F.udoxie,  Saint  Jean  Chrysostome  et  les  Diaconesses.  Le  but  de  Tauteur  est  de  faire 
fleurir  dans  les  cœurs  les  viriles  et  généreuses  vertus  que  prêche  Saint  Jean  Chrysos- 
tome. Puisé  aux  sources,  savamment  composé,  purement  et  remarquablement  écrit, 
son  nouveau  livre  prendra  sa  place  à  côté  de  la  Femme  d après  saint  Ambroise,  qui 
a  paru  précédemment  (Même  éditeur,  3  fr.  5oj. 

356.  —  G.  Gaifi^net.  Le  prétendu  Mariage  de  Bossuet,  Étude  critique,  Paris, 
Bloud,  1907.  o  fr.  60.  (Collection  Science  et  religion), 

La  misérable  question  du  Mariage  de  Bossuet  semblait  depuis  longtemps  résolue, 
lorsque,  naguère,  elle  fut  de  nouveau  mise  en  avant,  non  sans  exciter  quelque 
scandale.  Aussi  les  Bossuetistes  se  sont-ils  trouvés  mis  en  demeure  de  réfuter  à 
nouveau  cette  calomnieuse  légende.  Pour  la  ruiner,  il  suffisait  d'ailleurs  de  distinguer 
le  fait  historique  certain  qui  demeure,  de  la  rumeur  éphémère  et  du  i  racontar  », 
qui  tombent.  C*est  ce  que  fait  Tauteur  en  étudiant  successivement  :  i^  les  témoins 
ou  accusateurs  ;  2^  les  témoignages  et  les  accusations  ;  3°  l'origine,  la  nature  vraie, 
le  motif  des  relations  de  Bossuet  avec  M^i»  de  Mauléon. 

357.  —  Paul  Vulliaud.  Balianche,  Pensées  et  Fragments»  Extraits  des  Œuvres 
et  des  Manuscrits  inédits^  avec  une  Introduction,  Paris,  Bloud,  1907.  o  fr.  60. 
(Collection  Science  et  Religion). 

A  première  vue  il  semblera  étrange  à  quelques-uns  qu'on  ait  pu  songer  à  faire 
figurer  Balianche,  cet  «  Orphéw  »  moderne,  parmi  les  maîtres  de  la  littérature 
chrétienne.  Nous  ne  doutons  pas  qu'après  avoir  lu  ce  recueil  de  Pensées^  extraites 
de  ses  œuvres  complètes  et  en  partie  inédites,  on  ne  revienne  à  une  appréciation 
plus  équitable.  On  s'étonne  même  de  l'actualité  de  cette  philosophie  originale  où 
l'on  trouverait  plus  d'une  solution  harmonieuse  aux  questions  religieuses  et  sociales 
qui  font  l'objet  de  nos  disputes  journalières.  Et  on  ne  manquera  pas  d'admirer 
l'accent  profondément  chrétien  qui  donne  son  ton  à  l'œuvre  entière  du  «  saint 
Balianche  »,  de  celui  qui,  avant  Chateaubriand,  avait  présenté  et  défini  le  Génie  du 
Christianisme.  En  tous  cas  on  souscrira  certainement  au  jugement  de  Nodier  : 
«  Balianche  est  une  des  plus  puissantes  intelligences  comme  un  des  plus  grands 
écrivains  de  tous  les  âges.  Voilà  tout.  » 

358.  — A.  de  Lapparent.  Les  Silex  taillés  et  l'Ancienneté  de  l'homme.  Paris, 
Bloud,  1907,  fr.  1.20.  (Science  et  Religion,  n»»  452-453) 

Le  présent  opuscule  contient  un  exposé  logiquement  enchaîné  des  vicissitudes 
que  la  préhistoire  a  traversées  depuis  le  jour  où  elle  s'est  imposée  à  l'attention  des 
hommes  de  science.  Si,  dans  le  prmcipe,  l'auteur  avait  pris  la  plume  surtout  pour 
faire  ressortir  les  déconvenues  récemment  infligées  à  ceux  qui  se  plaisent  à  réclamer 
pour  l'espèce  humaine  une  antiquité  fabuleuse,  du  moins  il  s'est  efforcé  de  séparer 
le  bon  grain  de  1  ivraie  et  de  distinguer  avec  soin  ce  qui  peut  être  considéré  comme 
acquis  des  affirmations  où  la  passion  a  plus  de  part  que  la  science  proprement  dite. 
Le  savant  auteur,  dans  une  première  partie,  fan  une  revue  et  une  mise  au  point  des 
problèmes  que  soulève,  d'une  manière  générale,  l'étude  de  la.  préhistoire.  Dans  la 
seconde,  il  examine  particulièrement  la  question  de  l'ancienneté  de  l'homme. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  401 


359.  —  M.  Gnéchot,    Types  populaires  créés  par  les  grands  écrivains.  Paris, 

A.  Colin,  1907.  1  fr.  5o. 

Qui  ne  connaît  le  bon  chevalier  Don  Quichotte  et  son  légendaire  écuyer,  Sancho 
Pança  t  Qui  ne  connaît  Tartarin,  Panurge,  Figaro,  Scapin,  et  M.  de  la  Palisse,  et 
Jocrisse,  et  Gribouille,  et  Jérôme  Paturot,  et  Ga  roche?  Tous  ces  personnages  de 
légende  sont  bien  plus  réels  que  beaucoup  d*êtres  vivants,  et  nous  n'avons  aucune 
peine  à  nous  les  figurer  en  chair  et  en  os.  (Vest  que  les  grands  écrivains  sont  des 
créateurs  et  qu'ils  donnent  un  corps  et  une  âme  à  nos  instincts,  à  nos  passions,  à 
nos  rêves. 

Tout  à  la  fois  des  plus  instructifs  et  des  plus  amusants,  l'ouvrage  de  M.  Guéchot 
nous  raconte  comment  furent  créés  ces  personnages  que  nous  évoquons  si  souvent. 
Les  gravures  nombreuses  qui  l'accompagnent,  nous  montrent,  à  côté  de  la  figure  de 
l'écrivain  créàteur,celle  du  type  créé  par  lui,telle  que  nous  nous  plaisons  à  l'imaginer. 

36o-36i.  —  A  lire,  dans  la  Revue  des  Questions  historique,,  1907,  une  série  de  mono- 
graphies sur  les  ports  anciens  et  modernes  et  leur  fonction  économique,  et  notam- 
ment Délos,  par  A.  Roersch,  Gênes  au  moyen  âge^  par  J.  Hanqaet,  Londres^ 
par  G.  Eeckhout,  Marseille^  par  G.  Blondel.  (Tirage  à  part  :  Les  ports  et  leurs 
fonctions  économiques.  Tome  II.  Louvam,  11,  rue  des  Récollets,  1907.  124  pp.). 

Dans  VArchiv  fur  Studium  der  neuern  Sprachen  und  Literaturen,  Bd,  CXIX, 
Heft  1-2  (1907).  p  199  2o5,  un  articulet  de  M.  Albert  Counson  sur  l'origine  et  le 
sens  du  mot  de  Victor  Hugo  :  Ceci  tuera  cela. 

362.  —  Le  septième  volume  du  Konversations  Lexikon  de  la  maison  Herder 
(à  Fribourg  en  Brisgau)  a  paru.  Nous  avons  fait  ressortir  précédemment  (Bull.^ 
1905,  p.  294)  les  qualités  le  ce  bel  ouvrage,  dont  la  troisième  édition  sera  bientôt 
complète  en  huit  volumes.  Le  vol.  VII  va  de  Pompejus  à  Spinner  et  comprend 
1840  colonnes.  Comme  les  précédents,  il  est  richement  illustré  par  900  gravures  et 
cartes.  Nous  y  remarquons  une  M  adonna  del  Granduca  (Raphael),en  couleurs,  qui 
est  de  toute  beauté  !  Du  même  peintre  on  reproduit  le  Spo^ali^io,  la  Madonne 
sixtine  (à  Dresde)  et  l'Ecole  d'Athènes.  Au  mol  Reliquarium^  reproduction  de  dix- 
sept  reliquaires.  Au  mot  Renaissance^  il  y  a  116  gravures  (architecture,  sculpture, 
peinture).  Au  mot  Rome^  il  y  a  une  carte  de  Rome  et  de  ses  environs,  un  plan  de 
Rome  ancienne  et  un  plan  de  Rome  moderne.  Etc. 

363.  —  Dan^  un  article  de  la  Revue  des  Bibliothèques  et  Archives  de  Belgique^  \goy^ 
fasc.  4  ,  M.  Victor  Tourneur  fait  l'histoire  du  Cabinet  des  Médailles  de  l'État, 
Il  en  montre  l'importance  et  proteste  avec  raison  contre  certain  projet  de  démem- 
brement :  il  s'agirait  d'en  disjoindre  la  collection  de  Hirsch  et  de  la  reléguer  au 
Cinquantenaire. 

CHRONIQUE. 

364.  —  Une  Comédie  de  Ménandre,  —  On  sait  qu'on  a  retrouvé  naguère,  dans  des 
Papyrus  égyptiens,  des  fragments  assez  considérables  du  poète  comiqur  grec 
Ménandre,  qui,  fort  prisé  en  son  temps,  ne  nous  était  plus  connu  que  parles  appré- 
ciations des  anciens.  M.  Maspcro  nous  donne,  dans  les  Débats^  l'analyse  de  la  meil- 
leure scène  du  plus  étendu  de  ces  fragments,  scène  de  V Arbitrage. 

Malgré  la  variété  des  noms,  le  personnel  des  comédies  présente  aussi  peu  d'im- 
prévu que  les  situations  mêmes,  dit-il. 

Aussi  bien  n'était-ce  pas  l'invention  qui  faisait  pour  les  auditeurs  et  pour  les 
lecteurs  le  mérite  de  Ménandre  :  c'était  l'habileté  à  renouveler  par  la  peinture  des 


402  LE   MUSÉE   BELGE. 


mœurs  et  par  la  vivacité  du  langage  les  types  créés  et  usés  presque  entièrement 
déjà  par  ses  prédécesseurs.  Pour  ne  citer  que  V Arbitrage,  Smikrinès  était  cité  à  la 
fois  comme  le  modèle  du  bon  juge  et  celui  de  l'homme  avare,  sordide  et  grognon. 
Et  de  fait,  la  scène  de  V  Arbitrage  est  la  meilleure  peut  être  de  toutes  celles  qui  nous 
ont  été  restituées  si  inopinément.  Smikrinès  s'en  allait  par  la  rue  à  ses  affaires, 
lorsque  le  berger  Daos  et  Syriskos  le  charbonnier  l'interpellent  et  le  prient  de 
trancher  avec  équité  le  différend  qui  les  partage.  H  les  envoie  pendre  t  )ut  d'abord  : 

—  Vous  préambulez  en  discutant  des  points  de  droit,  vous  pauvres  diables  qui 
portez  des  sayons  de  peau  ! 

Ils  insistent,  et  sur  l'engagement  qu'ils  prennent  de  respecter  la  sentence,  il  se 
résigne  à  les  entendre,  a  car  après  tout  rien  ne  m*empéche  »,  et  il  donne  la  parole  à 
Daos,  qui  lui  paraît  le  moins  bavard  des  deux.  Daos  raconte  donc  qu*il  y  a  un  mois 
de  Cela,  paissant  son  troupeau,  il  ramassa  dans  le  bois  prochain  un  petit  enfant  qui 
portait  un  collier  et  des  parures.  Là-dessus,  Syriskos  veut  s'entreposer  dans  le 
dialogue,  mais  Smikrinès  ne  l'y  autorise  point. 

—  Si  tu  interromps,  je  te  frapperai  de  mon  bâton. 

Daos  poursuit  son  discours;  après  avoir  recueilli  l'enfant,  il  se  repent  de  son 
mouvement  charitable,  et  rencontrant  Syriskos,   il  lui  confie  son  souci. 

—  Alors,  avant  même  que  j'eusse  fini,  il  me  suppliait  :  «  Puisses-tu  réussir,  Daos, 
dans  tous  les  desseins  I  »  Et  il  énumérait  tout  ce  que  je  pouvais  souhaiter.  «  Donne- 
moi  Tenfani,  et  puisses-tu  par  là  être  heureux,  puisses- tu  être  libre  !  J'ai  une  femme, 
ajouta-t-il,  qui  est  accouchée  récemment, mais  dont  l'enfant  est  mort.  »  Il  voulait  dire 
cette  femme-ci,  qui  a  l'enfant  dans  les  bras. 

Smikrinès.  —  'Tu  le  suppliais,  Syriskos  î 

Syriskos.  —  Oui  certes  t 

Daos.  —  Tout  le  )our  il  m'assomma,  m'enjolant  et  m'endoctrinanl  si  bien,  que  je 
consentis.  Je  lui  donnai  l'enfant;  il  partit,  me  souhaitant  mille  félicités,  même  il  me 
prit  les  mains  et  il  les  embrassa. 

Smikrinès.  —  Tu  le  fis  ? 

Syriskos.  —  Je  le  fis. 

Tout  bien  réfléchi,  Syriskos  s'avisa  qu'ayant  la  charge  de  l'enfant,  il  devait  avoir 
aussi  celle  des  objets,  mais  Daos  ne  l'entendit  pas  de  cette  oreille  : 

—  Seul,  j'ai  fait  la  trouvaille,  et  toi  qui  n'étais  pas  là,  tu  veux  tout  avoir,  et  que  moi 
je  n'aie  rien?  Pour  en  finir,  je  t'ai  donné  volontiers  quelque  chose  qui  était  mien. 
Si  ce  quelque  chose  te  plaît  encore,  garde-le,  mais  s'il  ne  te  plaît  plus  et  que  tu  t'en 
repentes,  rends-le,  et  ainsi  tu  n'es  point  lésé  par  moi  ni  ne  me  lèses  ;  en  tout  cas,  tu 
ne  peux  pis  tout  obtenir,  moitié  de  gré  à  gré,  moitié  en  me  contraignant.  J'ai  dit  ce 
que  j'avais  à  dire. 

Snikrines.  —  Il  a  dit...  N'entends-tu  pas?  Il  a  dit. 

Syriskos.  —  Certes  !  Donc,  à  mon  tour  maintenant. 

Il  confirme  la  teneur  du  récit,  mais,  parlant  au  nom  de  l'enfant  et  comme  son 
tuteur,  il  réclame  les  objets,  non  pour  son  profit  propre,  mais  afin  qu'ils  servent  plus 
tard  à  établir  l'identité;  et  il  cite  l'exemple  de  Nélée  et  de  Pélias,  ces  héros  fameux, 
qui,  dans  un  cas  pareil,  de  bergers  devinrent  rois  :  «J'ai  dit.  Juge  selon  qu'il  te 
semble  équitable.  » 

Smikrinès.  —  Mais  c'est  chose  facile  a  juger  I  Tout  ce  qui  a  été  exposé  avec 
l'enfant  lui  appartient,  )'en  décide  ainsi. 

Daos.  —  Bon,  mais  l'enfant  même  ? 

Smikrinès.  —  Je  ne  déciderai  pas  qu'il  doit  te  revenir,  à  toi  qui  lui  veux  du  mal, 
mais  à  celui-ci  plutôt  qui  prend  son  intérêt  et  le  défend  contre  toi  qui  cherches'à  lui 
nuire. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  4o3 


Daos  se  récrie,  et  pourtant  il  est  bienlbrcé  de  se  soumettre.  Smikrinès  lui  enlève 
le  s^c  qui  contenait  la  fortune  du  pauvret,  il  le  remet  à  Syriskos,  puis  il  s*en  va  sans 

-plus  8*inquiéter  de  ses  clients.  Les  plaidoyers  sont  d'un  tour  heureux,  mais  ce  qui 

•est  plus  heureux  encore,  c'est  la  façon  dont  Smikrinès  remplit  sa  fonction  de  hasard. 
Il   desserre  à  peine  les  dents  pendant  que  les  plaideurs  se  répandent  en  propos 

•éloquents,  mais  les  quelques  questions  qu'il  pose  à  Syriskos  sont  bien  pour  mettre 
en  relief  la  bonté  et  le  désintéressement  du  brave  homme.  A  voir  l'adresse  avec 
laquelle  la  scène  est  conduite,  on  comprend  pourquoi   il  demeura  le  type  de 

Tarbitre  équitable  aussi  longtemps  que  V Arbitrage  eut  des  lecteurs  dans  le  monde 

-gréco-romain. 

Et  maintenant  une  question  se  pose.  Jusqu'en  ces  années  dernières,  c'était 
uniquement  d'après  les  anciens  que  nous  rangions  Ménandre  parmi  les  grands 
écrivains  d'autrefois.  Cest  somme  toute  une  position  enviable  que  celle  des  poètes 
qu'on  est  réduit  à  juger  sur  leur  réputation  ;  on  rassemble  d'eux  les  fragments  les 
plus   menus  avec  une  piété  attendrie  qui  prédispose  à  l'indulgence  et  les  jolis 

-passages  qu'on  y  distingue  çà  et  là  augmentent  les  regrets  qu'on  ressent  de  ne  pas 
avoir  conservé  le  tout.  Le  nôtre  est  de  ceux  pour  lesquels  l'épreuve  d'une  résur- 
rection est  le  plus  re<loutable,  j'estime  pourtant  qu'il  n'en  sortira  pas  trop  à  son 
désavantage.  Le  mot  de  Jules  César,  que  Térence  est  une  moitié  de  Ménandre, 
me   paraît  caractériser  celui-ci   aussi   exactement  celui-là,  maintenant   que  nous 
possédons  de  très  longs  passages  empruntés  à  plusieurs  pièces  ;  on  reconnaît  en 
effet  chez  lui  les  mêmes  qualités  de  délicatesse  et  de  grâce,  mais  sublimées  pour 
ainsi  dire  et  mariées  généreusement  à  cette  force  comique  dont  César  déplorait 
l'absence  chez  le  latin.  Les  héros  sont  dessinés  d'un  trait  plus  appuyé,  les  situations 
sont  enlevées  avec  plus  de  verve,  le  dialogue  plus  rapide,  le  style  est  plus  nerveux. 
Les  raffinés  qui  se  plaisent  encore  au  commerce  de  Térence  éprouveront  une 
douceur  très  vive  à  lier  connaissance  avec  Ménandre,  mais  je  crains  que  le  gros  des 
lettrés  n'y  soit  désappointé.  Les  sujets  sont  médiocrement    intéressants,  et    les 
personnages  sentent  la  convention  ;  ce  qui  rachetait  jadis  la  faiblesse  du  drame, 
c'était,  plus  encore  que  la  justesse  et  la  drôlerie  de  l'observai  ion,  la  pureté  du 
langage  et  son  allure  spirituelle,  c'est-à-dire,  en  vérité,  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile 
k  sentir  d'instinct  dans  une  langue  morte  depuis  longtemps.   Ils  sont  rares  en 
Europe  ceux  qui  possèdent  si  foncièrement  le  grec  qu'ils  liront  ces  morceaux  tout 
4'une  baleine,  comme  il  faut  le  faire  pour  en  jouir  vraiment  ;  et  parmi  ceux-là 
tnême  combien  en  comptera-t-on  qui  seront  capables  de  goûter  naturellement  toute 
la  saveur  du  sel  attique?  Ces  privilégiés  exceptés,  les  autres  devront  s'appliquer  à 
la  tâche,  gloser,  conjecturer,  composer  ou  consulter  des  commentaires  savants.  Où 
il  est  nécessaire  de  tant  peiner  pour  saisir  les  finesses  d'un  auteur,  son  charme 
s'évapore  et  on  y  regarde  à  plusieurs  fois  avant  de  l'aborder  ;  Ménandre  deviendra 
^c  régal  de  quelques-uns   qui  témoigneront  volontiers  de   ses   mérites,  mais  il 
restera  pour  les  autres  ce  qu'il  était  hier  encore,  un  grand  homme  sur  la  foi  d'autrui. 

G.  Maspero. 

363.  —  Université  de  Liège,  Faculté  de  Philosophie  et  Lettres,  Cours  d'art   et 

d  Archéologie,  içoy-içoS,  Programme  des  Cours. 

Art  Oriental.  —  J.  Capart.  Les  origines  de  l'art  et  Vart  égyptien.  Le  mercredi 
de  4  à  5  h. 

Le  même.  'La  découverte  de  Karnac  et  la  sculpture  égyptienne.  Le  mercredi 
<le3à4h. 

Art  Gréoo-Romain.  —  M.  Laurent.  Histoire  de  Vart  grec  et  de  Vart  romain, 
•Le  mardi  de  5  à  6  h. 


404  LE   MUSÉE    BELGE. 


C  Michel.  'Eléments  d'archéologie.  Le  jeudi  de  3  à  4  h. 

Le  même.  *  Exercices  pratiques  d'archéi»logie,\.c  jeudi  de  4  à  5  h. 

Art  Médiéval.  -  M.  LeLurent,' Archéologie  du  moyen-âge  (exercices pratiques). 
Le  mardi  de  31/2841/2  h. 

Le  même.  *  Introduction  à  r  histoire  du  Symbolisme  médiéval  Le  Symbolisme 
dans  les  catacombes.  Le  mardi  de  2  1/2  à  3  i/s  h. 

Art  de  la  Renaissance  et  des  Temps  Modernes.  —  H .  Fierens-Gcvaert, 
Histoire  de  Vart  à  Vépoque  de  la  Renaissance  en  Italie.  Le  samedi  de  3  1/234  12  h. 

Le  même.  "Histoire  de  la  peinture  :  Rubens,  Le  samedi  de  11  à  12  h.  (novembre, 
décembre  janvier). 

Le  même.  'Histoire  de  la  musique  :  Les  étapes  du  drame  lyrique.  Le  samedi 
de  10  à  11  h. 

Esthétique.  —  H.  Fierens-Gevaert.  Éléments  généraux  d'esthétique.  Le 
samedi  de  2  1/2  à  3  1/2  h. 

Le  même.  'L'esthétique  de  Taine.  Le  lundi  de  10  à  11  h.  (février,  mars,  avril). 

Les  cours  commenceront  le  mardi  5  novembre.  —  Ils  sont  accessibles  à  toutes 
les  personnes  qui  se  sont  fait  inscrire  au  rôle  d«is  étudiants.  Le  droit  d'inscription 
est  de  i5  francs.  —  Les  cours  désignés  par  un  astérisque  ne  peuvent  être  suivis 
qu  avec  Tautorisation  préalable  du  professeur. 

366.  —  Académie  flamande.  Programme  de  ses  concours  (1909-1914).  — 
Voor  1909.  —  I.  —  Middelnederlandsch.  Klankleer  van'het  Zeeuwsch  dialect 

in  de  middeleeuwen. 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

2.  —  Geschiedenis.  Geschiedenis  van  het  huisgei^in  in  Vlaamsch-Belgiè. 
Hoofdzakelijk  wordt  verlangd  :  een  levendig  beeld  van  ons  zedehjk  leven  in  het 

verleden  :  de  ontwikkcling  van  het  huisgezin  ;  zijne  roi  in  de  samenicving;  zijn 
invloed  op  onze  letlerkunde  ;  zijn  strijd  om  het  dagelijksch  brood  op  economisch 
gebied  ;  zijne  rechien  bepaald  in  a  Costumen  en  keuren  »  ;  de  plaats  en  de  invloed  der 
vrouw  ;  de  opvoeding  van  het  kind  ;  eigenaardige  gebruiken  en  zeden,  feesten,  cnz. 
—  (Zie  o.  a.  :  Fr.  dk  Potter's  proeve  :  Huiselijk  leven  on\er  voorvaderen  ;  —  Ribbe  : 
La  Famille  ;  —  Letourneau  :  Evolution  de  la  Famille,) 

Prijs  :  750  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

3.  -  OnJerwijs.  Verhandelmg  over  de  Kinderliteratuur  ;  hare  geschiedenis 
(breed  geschetst)  m  de  meeste  beschaafde  landen  ;  hare  voornaamste  voortbreng- 
selen  hier  en  elders;  haar  doel  en  hare  vereischten  ;  middelen  tôt  aanmoediging, 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

4.  —  Kunstgcschiedenis.  Geschiedenis  van  de  Vlaamsche  Schilderkunst  te  Brugge' 
Prijs  :  760  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde.  (Het  met  goud 

bekroond  werk  zal  de  Koninklijke  Vlaamsche  Académie  laten  illustreeren  naar  de 
aanwijzingen  van  den  schrijver.) 

5.  —  Vak-  en  Kunsiwoorden.  Eene  voUedige  lijst  van  de  Nederlandsche  vak- 
woorden  van  de  B^lomponmaker^  (BlloefkapperU),  met  opgave  van  de  gewest- 
woorden,  en  met  vcrmelding,  zooveel  mogelijk,  van  de  Fransche  en  Hoogduitsche 
benamingen.  Tôt  opheldering  wordt  de  af  beelding  van  het  gerecdschap  en  van  de 
voorwerpe.i  verlangd. 

(Voor  gevvesiwoorden,  plaats  of  streek  aangeven). 

Prijs  :  3oo  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

6.  —  Vak-  en  Kunstwoorden.  Eene  volledige  Vak-  en  Kunstwoordenltjst  over  het 
I«andbouw^bedriJf,  met  in  begrip  van  Veeteelt  en  Paardenfokkery,  zooveel 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE  40S 


TDOgelijk  met  bijvoeging  van  de  afbeelding  dcr  opgegeven  voorwerpen  en  van  de 
Fransche  benamingen. 

Priis  :  800  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  dezQ  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1908  ingezon- 
dcn  te  worden.  A  continuer. 

Voorwaarden.  —  Voor  de  wedstrijden  worden  enkel  handschriften  en  nog  niet 
uitgegeven  stukkcn  aanvaard.  De  werken  dienen  leesbaar  gcschreven  en  in  hct 
Nederlandsch  gesteld  te  zijn. 

De  schrijver  zct  zijnen  naam  op  zijn  werk  niet;  hij  voorziet  dit  slechts  van  eene 
kenspreuk,  weike  hij,  met  opgave  van  naam  en  woonplaats,  op  een  bricfje  ondcr 
ccn  gesloten  omsiag,  dal  dczeUdc  spreuk  tôt  opschritt  heeft,  hcrhaalt.  Voldoet  hij 
aan  de  laatste  bepaling  niet,  dan  kan  de  prijs  hem  geweigerd  worden. 

De  mededingende  handschriften  dienen  vrachtvrij  ten  lokale  dcr  Académie, 
Koningstraat,  18,  Cent,  ingezonden  te  worden  v6ôr  den  1  Februari  van  hct  jaar  van 
den  wedstrijd. 

Voor  de  volgende  Prijsvragcn  echtor  dienen  de  antwoorden  ingezonden  te  worden 
uiterlijk  : 

N'6,  3i  December  1908; 

N"7,  8  en  10,  3i  December  i90(j; 

N"  12,  i3  en  14,  3i  December  loio; 

N"  17  en  18,  3i  December  1911  ; 

N»  19  en  20,  3i  December  1912  ; 

N'  21,  3i  December  191 3. 

Stukken<  nâ  den  bepaaiden  dag  ontvangen,  of  dezulke,  waarvan  de  Schrijver  zich 
op  eenigerlei  wijze  bekend  maakt,  worden  uit  den  wedstrijd  gesloten. 

Aile  inge:^onden  werken  behooren  van  de  noodige  inhuudstafels  voorjien  te  :{ijn,. 

Den  medcdingers  wordt  aanbevolcn  een  vollcdig  afschrift  van  hun  werk  te 
bewaren.  om  dit  te  kunnen  benuttigen  ingeval  de  keurraad  het  bekronen&waardig 
zou  achten,  maar  wijzigingen  of  bijvoegingen  zou  bedingen  voor  tôt  drukken  kan 
overgegaan  worden.  In  geen  geval  wordt  het  bekroonde  handschrift  den  inzender 
terugegeven. 

Zijn  er  aan  eenig  werk,  dat  bekronenswaardig  gekeurd  wordt,  wijzigingen  toe  te 
brengen,  dan  zal  het  bedrag  van  den  prijs  niet  vroeger  uitgekeerd  worden  dan  nadat 
de  keurraad  het  handschrift  drukvaardig  zal  verkiaard  hebben. 

De  Académie  eischt  de  grootste  nauwkeurigheid  in  aanhalingen  en  verwijzingen  ; 
niet  alleen  decl  en  bladzijde,  ook  de  uitgave  dcr  aangehaalde  boeken,  dient  te 
worden  opgegeven. 

De  Koninklijke  Vlaamsche  Académie  vestigt  er  de  aandacht  op,  dat,  ingevolge 
tri.  44  van  hare  wet,  aile  op  prijsvragen  ingezonden  antwoorden  haar  eigendom  en 
diensvolgens  in  haar  arcbi-f  bewaard  blijvcn. 

Van  de  met  ter  uitgave  bestemde  stukken,  al  of  niet  bekroond,  kunn<;n  d^ 
Rchrijvers,  op  hunne  kostcn,  een  afschrift  bekomcn.  Desvoorkomend  wende  tncn 
zich  tôt  de  Bestendigen  Secretaris. 

Ingezonden  antwoorden,  die  in  opzicht  van  taal,  stijl  en  spelling  mochicn  te 
wenschen  overlaten,  zullen,  ingevolçe  bijzondere  beslissing  der  Académie,  met  mecr 
in  aanmerking  komen  (  Verslagen  en  Mededeelingen^  Jaargang,  1907,  blz.  i55). 


406  LE   MUSÉE   BELGE. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

Un  Pédagogue  catholique  de  lÂllemagne  contemporaine  : 

0.  WILLMANN  (i), 

par  L.  MALLINGKR,  professeur  à  l'Athénée  royal  de  Louvain. 

1.  Son  importance. 

On  a  souvent  constaté  que  la  plupart  des  manuels  d'histoire  poli- 
tique ou  littéraire  pèchent  par  la  même  lacune  :  Tépoque  contempo- 
raine y  est  négligée  au  profit  de  périodes,  de  faits,  de  personnages 
certainement  moins  importants,  moins  intéressants  et  moins  utiles  à 
connaître.  I^a  même  remarque  s'applique  à  l'histoire  de  la  pédagogie. 
Parmi  les  hommes  de  valeur  de  noire  temps,  c'est  à  peine  si  H.  Schill^ 
est  pris  en  considération  chez  nous,  grâce  aux  écrits  de  notre  péda- 
gogue national,  M.  Collard  (Pédagogie  à  Giessen,  Méthodologie). 
D'autres  noms,  cependant,  méritent  de  fixer  notre  attention,  et,  en 
toute  première  ligne,  celui  de  O.  Willmann,  qui  est  avec  H.  î^chiller, 
un  des  pédagogues  les  plus  éminents  de  l'Allemagne  coniemooraine  Si 
la  carrière  de  ces  deux  grands  travailleurs,  de  ces  spécialistes  hors  ligne 
offre  certaines  analogies,  on  relève  dans  leurs  théories  des  différences 
radicales,  de  sorte  qu'on  peut  voir  en  eux  les  représentants  de  deux 
conceptions  pédagogiques,  de  deux  tendances  d'esprit  diamétralement 
opposées.  C'est  même  là  le  côté  le  plus  attachant  que  présente  l'étude 
de  la  vie  et  de  l'œuvre  de  Willmann. 

2.  Biographie  et  œuvres. 

Otto  Willmann,  fils  de  magistrat,  est  né  la  même  année  que 
H.  Schiller,  le  24  avril  1839,  à  Lissa  en  Posnanie,  mais  il  devait  passer 
la  plus  grande  partie  de  sa  carrière  hors  de  sa  patrie.  Il  fit  ses  études 
universitaires  à  Breslau  et  à  BerUn,  se  consacrant  d'abord  aux  mathé- 
tiques  et  aux  sciences  naturelles,  puis  à  la  philologie  et  à  la  philoso- 
phie; de  là,  la  grande  variété  de  ses  connaissances.  Ses  maîtres  furent, 
entre  autres,  Bôckh,  M.  Haupt,  Fr.  Bopp,  Steinthal,  Trendelenburg. 
Promu  docteur  à  la  suite  de  la  soutenance  d'une  thèse  latine  Defiguris 

(1)  Voir  le  n©  d'octobre  igol  de  la  revue  pédagogique  Der  Schuîfreund  (Hamm 
en  W  Breer  tt  Thiemann)^  n»  entièrement  consacré  à  Willmann;  l'article  de 
Messer,  Zwei  paedagogische  Charakterkôp/e,  dans  Hochland  du  i®»"  févr.  1904 
(Kempten,  J,  Kôsel\  et  l'étude  de  A.  Steeger  sur  O.  Willmann,  dans  VAllgememe 
Rundschau  (Munich,  A.  Kausen)  du  28  oct.  igoS. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  407 


grammaticis,  Willmann  —  et  ceci  est  assez  curieux  —  n  entra  jamais 
dans  renseignement  moyen,  mais  débuta  par  lécole  primaire  pour 
passer  sans  transition  à  Tuniversité.  Cest  son  goût  pour  la  pédagogie 
<jui  l'avait  poussé  vers  l'enseignement  élémentaire  :  désireux  de 
connaître  le  système  d'Herbart  par  la  pratique,  dans  les  écoles  de  ses 
principaux  adhérents,  il  entra  comme  instituteur,  à  lâge  de  24  ans,  à 
fécole  d'application  d'un  maître  renommé,  Ziller,  à  Leipzig,  #»ù  il 
dut  instruire  les  enfants  de  six  ans.  L  année  suivante,  nous  le  trou- 
vons à  rétablissement  d'un  autre  Herbartien,  Barth,  en  même  temps 
qu'il  remplissait  les  fonctions  de  moniteur  au  séminaire  de  Ziller. 

Dès  cette  époque,  Willmann  se  fait  connaître  au  delà  des  limites  de 
l'école  par  des  conférences  pédagogiques,  parues  en  1868  sous  le  titre 
de  Conférences  pédagogiques  sur  t accroissement  de  V activité  intel- 
lectuelle par  renseignement  (Pàdagogische  Vortràge  Uber  die 
Hebung  der  geistigen  Tàtigkeit  durch  den  Unterricht)  ;  une  3«  édi- 
tion corrigée  et  augmentée,  vit  le  jour  en  1896.  Il  y  analyse,  dans  une 
langue  simple,  mais  convaincante,  les  principaux  facteurs  de  l'ensei- 
gnement, sous  forme  d'idylles  didactiques.  Avant  ses  conférences  déjà, 
Willmann  avait  publié  dans  diverses  revues  des  articles  sur  la  Linguis- 
tique et  r école  {Die  Sprachu^issenschaft  und  die  Schule),  le  Système 
pédagogique  de  Ziller  (Zillers  Pàdagogik),  de  Locke.  Il  fit  paraître 
■ensuite  un  opuscule  sur  l'Odyssée  étudiée  au  point  de  vue  éducatif 
{Die  Odyssée  im  er:^iehenden  Unterricht.  1868),  un  Livre  de  lecture 
lire  d'Homère  (Lesebuch  aus  Homer,  6«  édit.  1889)  un  autre,  d'Héro- 
dote (Lesebuch  aus  Herodot),  En  guise  d'introduction  à  ce  dernier 
ouvrage,  il  composa  une  brochure  sur  VEnseignement  élémentaire 
de  l  histoire  (Der  elementare  Geschichisunterricht,  Leipzig,  1872. 

En  1868,  la  ville  de  Vienne  fonda  une  École  normale  pour  donner 
à  ses  instituteurs  une  meilleure  formation  théorique  et  pratique  et 
relever  le  niveau  de  l'enseignement  (Pàdagogium).  On  en  confia  la 
direction  à  un  sectaire  mesquin  et  haineux,  Dittes,  et  comme  Will- 
mann était  connu  pour  ses  solides  connaissances  classiques  et  son 
grand  talent  de  pédagogue,  on  le  nomma  professeur;  l'établissement 
—  et,  partant,  l'enseignement  viennois  —  aurait  certainement  bien 
autrement  prospéré  si  l'on  avait  préféré  Willmann  à  Dittes.  Ce  der- 
nier s'ingéniait  en  effet  à  mettre  des  bâtons  dans  les  roues  à  son  colla- 
borateur catholique,  chargé,  en  dehors  de  ses  cours  à  l'École  normale, 
de  l'organisation  et  d'une  partie  de  l'enseignement  d'une  école 
d'application  rattachée  à  l'École  normale,  ce  qui  portait  à  35  le 
nombre  d'heures  qu'il  avait  à  donner  par  semaine.  Malgré  la 
mauvaise  volonté  de  son  chef,  qui  allait  jusqu'à  déconseiller  aux 
parents  de  mettre  leurs  enfants  à  cette  école  modèle,  qu'il  ne  prit 


408  LE   MUSÉE   BELGE. 


d'ailleurs  jamais  la  peine  d*inspecter,  Willmann  parvint,  par  sa  maî- 
trise pédagogique  et  éducative,  à  porter  le  nombre  des  élèves  de  i3 
(i*"®  année)  à  43  (2^  année)  et  même  à  100  (3^  année);  la  4*  année,  on 
dut  refuser  beaucoup  d'élèves.  Néanmoins,  il  finit  par  résigner  ses 
fonctions,  et  tandis  qu'il  exerçait  dorénavant,  depuis  1872,  sa  bienfai- 
sante action  à  Prague,  où  le  ministre  lavait  nommé  professeur  de 
philosophie  et  de  pédagogie.  TÉcole  normale  de  Vienne  oublia  le 
noble  idéalisme  de  Willmann  et  toute  idée  chrétienne,  et  devint  le 
jouet  des  partis  poliliques.  Récemment,  le  gouvernement,  désirant 
réorganiser  l'École  normale  de  Vienne,  voulut  charger  Willmann  de 
cette  mission  de  confiance,  mais  il  la  déclina  en  alléguant  son  âge; 
toutefois,  il  consentit  à  faire  partie  de  la  commission  de  réorgani- 
sation. 

Plus  encore  que  ses  fonctions  précédentes,  la  chaire  qu'il  occupa  à 
Prague  fournit  à  Willmann  l'occasion  de  déployer  une  féconde  activité 
scientifique.  Ses  cours  n'étaient  pas  seulement  suivis  par  un  grand 
nombre  d'étudiants,  mais  des  instituteurs,  des  professeurs,  des  prêtres 
allaient  y  puiser  des  conseils  pédagogiques  et  des  exemples  moraux  : 
c'est  qu'il  révélait  dans  ses  conférences  une  forte  personnalité  et  un 
caractère  chrétien. 

Reprenant  en  même  temps  la  série  de  ses  publications  savantes,  il 
édita  les  Écrits  pédagogiques  (Pàdagogische  Schriften)  d'Herbart, 
avec  une  introduction,  des  notes  et  une  table  comparative  (tome  1, 
1873.  —  11,  1875  ;  2«  édition,  1880).  Cet  ouvrage  fut  suivi  de  ses  deux 
maîtresses -oeuvres,  remarquables  par  la  profondeur  de  la  science  et 
l'originalité  du  style  :  La  Didactique  envisagée  comme  science  de 
téducation^  dans  ses  rapports  avec  la  sociologie  et  f histoire  de 
finstruction  (Didaktik  ais  Biidungslehre  nach  ihren  Bepehungen  ^ur 
Socialforschung  und  ^ur  Geschichte  der  Bildung)  l,  I,  1882,  H,  1889; 
3«  édit.,  1903,  et  V Histoire  de  lidéalisme  (Geschichle  des  Idealismus), 
3  vol.  1894-97,  complément  de  l'ouvrage  précédent. 

Il  composa  ensuite,  pour  les  gymnases  et  I  étude  privée,  un  Manuel 
élémentaire  de  philosophie  {Propàdeutik),  dont  la  première  partie 
seule,  la  Logique^  a  paru,  1901.  Nombreux  sont  les  articles  qu'il 
donna  dans  diverses  revues,  et  ses  conférences  de  vulgarisation;  citons 
Le  devoir  social  de  V Université  {Die  sociale  Aufgabe  der  hôheren 
Schulen,  1891);  —  L'étude  de  la  logique  {Ueber  das  Studium  der 
Logik,  1898);  La  Pédagogie  élevée  au  rang  de  science  {Ueber  Erhe^ 
bung  der  Pàdagogik  ^ur  Wissenschaft);  L'école  primaire  et  la 
question  sociale  {Die  Volksschule  und  die  sociale  Frage).  V institu- 
teur en  face  de  l'esprit  moderne.  {Der  Volksschullehrer  gegeniiber 
dem  modernen  Zeitgeist);  La  démocratie  chrétienne  base  de  iédu- 


PARTIE    PEDAGOGIQUE  409 


cation  de  la  jeunesse  (Christliches  Volkstum  als  Grundlagc  der 
Jugendbildung,  1898-1900.  Ces  quatre  dernières  études  ont  été 
réunies  sous  le  titre  de  «  Vigilate,  dédié  aux  instituteurs  chrétiens  », 
[Den  christlichen  Lehrern  gewidmet.)  Mentionnons  enfin  ses  contri- 
butions à  V Encyclopédie  pédagogique  de  Rein,  aux  «  Lehrgànge  et 
Lehrproben^  »  à  la  Christ liche  Schul-  und  Eltern\eitung. 

Nommé  conseiller  aulique  en  1901,  Willmann  prit  sa  retraite  en 
1903  et  alla  s'établir  à  Salzbourg,  où  il  continue  ses  travaux  scien- 
tifiques. 

3.  Le  Séminaire  Pédagogique  de  Prague  (i). 

Comme  H.  Schiller,  et  la  même  année  que  lui,  en  1876,  Willmann  a 
fondé  —  et  ce  ne  fut  pas  sans  difficultés  —  un  séminaire  pour  la  for- 
mation des  maîtres  de  l'enseignement  moyen.  Schiller  avait  doté  ainsi 
la  Hesse  de  son  premier  établissement  de  ce  genre,  Willmann  rendit 
le  même  service  à  TAutriche.  Son  séminaire,  qu'il  a  dirigé  avec  succès 
pendant  plus  de  25  ans,  était  annexé  à  T Université  de  Prague,  Déjà 
à  l'Institut  de  Ziller.  ensuite  à  Vienne,  Willmann  avait  eu  l'occasion 
de  se  convaincre  de  Futilité,  de  la  nécessité  d'une  préparation  technique 
pour  les  futurs  professeurs.  Son  cours  théorique  exigeait  donc,  comme 
complément,  des  exercices  pratiques.  Mais  sa  nouvelle  œuvre  n'avait 
pas  encore  d'école  d'application,  et  il  n'était  pas  encore  question  de 
lannexer  à  un  établissement  d'instruction  existant. 

Pour  combler  cette  lacune,  Willmann  procura  d'abord  à  presque 
tous  les  élèves  du  séminaire  l'occasion  d'assister  à  l'étranger  à  des 
leçons  modèles.  Des  bourses  officielles,  conférées  d'après  ses  propo- 
sitions, leur  permettaient  d'entreprendre  des  voyages  en  Allemagne, 
<ie  visiter  les  classes  des  Fondations  Franche,  à  Halle,  le  gymnase  de 
Nikolai  et  VEcole  Thomas  à  Leipzig,  V Ecole  de  la  Croix  à  Dresde. 
Grâce  aux  recommandations  de  leur  maître,  ils  étaient  partout  bien 
accueillis  et  pouvaient  se  perfectionner  à  loisir  en  voyant  fonctionner 
ces  établissements  modèles.  Rentrés  à  Prague,  les  étudiants  rendaient 
compte  de  leurs  voyages  à  leurs  condisciples,  et  Willmann  complétait 
leurs  rapports,  redressait  des  erreurs  éventuelles.  Ces  voyages  consti- 
tuaient ainsi  un  puissant  stimulant,  grâce  auquel  les  jeunes  gens  s'inté- 
ressaient pendant  le  reste  de  leur  carrière  à  toutes  les  questions 
d'enseignement.  Observer  ce  qui  se  fait  à  l'étranger  c'était  là  la 
première  des  trois  étapes  qui,  dans  le  système  de  Willmann,  comme 
déjà  chez  Aristote,  caractérisent  tout  le  processus  de  la   formation 

(1    V.  Willmann,  Das  Prager  paedagogische  Universitàtsseminar  in  dem  ersten 
Vierteljahrhundert  seines  Bestehens,  1901. 


41 0  LE    MUSÉE    BELGE. 


pédagogique  :  rataenaiç,  le  voOç,  rôpcHiç.  C'est  au  sein  du  séminaire  que 
s'accomplissait  la  seconde  phase  :  la  mise  en  pratique  raisonnée  de  ce 
qu  on  avait  observé;  à  ce  propos,  Willmann  expliquait  le  pourquoi 
des  diverses  organisations  d'enseignement,  des  programmes,  des 
méthodes,  et  ainsi  il  éveillait  chez  ses  auditeurs  le  désir  de  faire  à  leur 
tour  Tessai  des  procédés  en  usage.  Cependant,  des  années  se  passèrent 
avant  que  Willmann  pût  conduire  ses  étudiants  dans  une  école. 
Profitant  de  cette  circonstance  qu'un  de  ses  anciens  élèves  était 
professeur  au  gymnase  allemand  du  nouveau  Quartier  de  Prague,  il 
composa,  avec  des  élèves  volontaires,  une  classe  devant  laquelle,  cer- 
tains jours  de  congé,  les  futurs  professeurs  expliquaient,  à  tour  de  rôle, 
un  texte  soigneusement  préparé.  Ce  complément  nécessaire  des  exer- 
cices du  séminaire  manquait  encore  de  vie  réelle,  en  ce  sens  qu'on 
avait  affaire  à  une  classe  imaginaire  et  que  le  texte  à  commenter  n'était 
pas  tiré  des  matières  de  la  classe.  Le  pas  décisif  fut  fait  en  1899.  Un 
ancien  élève  de  Willmann  ayant  été  chargé  de  la  direction  du  gymnase 
allemand  de  la  Vieille  Ville  à  Prague,  les  exercices  pratiques  y  furent 
transportés,  et  dès  lors  les  candidats  se  mettaient  en  rapport  avec  les 
professeurs  des  différentes  classes,  assistaient  à  leur  enseignement,  et, 
le  jour  de  leur  propre  leçon,  ne  faisaient  que  se  substituer  au  pro- 
fesseur; cet  exercice  pratique  était  suivi  d'une  discussion  approfondie 
au  séminaire. 

Les  anciens  élèves  de  Willmann  nous  ont  renseigné  plus  d'une  fois 
sur  les  qualités  et  la  méthode  de  leur  maître.  Willmann  savait  captiver 
l'intérêt  et  provoquer  l'activité  des  étudiants  en  philologie  au  point 
qu'ils  auraient  presque  négligé  les  cours  principaux  pour  prendre  part 
aux  exercices  qui  formaient  comme  le  corollaire  de  ses  cours.  Il  leur 
inspirait  l'amour  de  la  pédagogie  en  les  mettant  dès  Tabord  en  face  de 
questions  concrètes,  adaptées  à  leur  forces.  C'est  ainsi  qu'il  leur  faisait 
examiner  attentivement  le  projet  d'organisation  des  gymnases  autri- 
chiens et  discuter,  par  exemple,  la  manière  dont  les  cours  de  langues, 
de  mathématiques  ou  d'histoire  devaient  se  faire  dans  telle  ou  telle 
classe.  Tout  différent  de  Schiller,  peu  aimable  et  raide,  qui  ne  voyait 
dans  rindividu  qu'un  moyen  d'assurer  le  progrès  de  la  civilisa- 
tion, Willmann,  qui  estimait  dans  chacun  la  personnalité,  lame 
immortelle,  écoutait  patiemment  les  opinions  parfois  bien  naïves 
qu'émettaient  ces  jeunes  gens  sur  l'importance  et  la  méthodologie  des 
différentes  branches,  et  intervenait  avec  indulgence  quand  il  les  voyait 
se  décourager  par  suite  des  critiques  de  leurs  condisciples.  Ses  anciens 
élèves  sont  unanimes  à  rendre  un  hommage  ému  à  ses  qualités  de 
caractère  et  à  sa  force  d'excitation.  Il  avait  en  lui  quelque  chose  de 
persuasif,  d'entraînant,  de  créateur;  il  possédait  lui-même  à  un  degré 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  411 


éminent  ce  qu'il  louait,  sous  ce  rapport,  chez  Aristote  et  chez  Platon  : 
c'était,  comme  on  dirait  aujourd'hui,  un  professeur  d'énergie.  Tous 
ceux  qui  entraient  en  relation  avec  lui  subissaient,  comme  une  espèce 
de  contagion,  l'influence  de  son  esprit  et  de  son  caractère,  se  transfor- 
maient dans  l'un  ou  l'autre  sens.  Il  savait  surtout  donner  des  vues 
d'ensemble,  grouper  les  dérails  en  un  tout  organique,  apprendre  à 
discerner  les  points  de  contact,  à  établir  des  liaisons,  de  façon  à  doter 
l'âme  de  l'enfant  de  notions  harmonieuses.  Tout  son  enseignement 
était,  d'un  côté,  rationnel,  convaincant,  d'autre  part  conservateur.  Il 
avait  le  respect  de  la  tradition,  des  sources,  le  sens  historique.  Il  mon- 
trait à  ses  élèves  la  valeur'des  systèmes  pédagogiques  des  anciens, 
recherchait  avec  eux  les  précieuses  indications  que  contiennent  et  la 
République  de  Platon  et  les  ouvrages  d'Âristote,  et  les  habituait  à 
discerner  dans  les  nouveautés  ce  qui  est  vraiment  neuf  et  ce  qui  est  dû 
au  passé. 

4.  Les  Humanités  anciennes. 

Tandis  que  Schiller,  dans  ses  théories  pédagogiques,  représente  le 
point  de  vue  novateur,  Willmann  est  le  type  du  conservateur.  C'est 
ce  qui  apparaît  surtout  dans  la  grande  question  qui  est  à  l'ordre  du 
jour  depuis  un  quart  de  siècle  :  à  savoir  la  place  qui  revient,  dans 
l'enseignement,  aux  cours  de  latin  et  de  grec.  Pour  comprendre  l'atti- 
tude respective  des  deux  grands  pédagogues,  il  faut  distinguer  ici  une 
double  conception  des  études  anciennes,  des  humanités  :  celle  du 
Moyen  âge,  qui  avait  christianisé  l'antiquité,  et  celle  qui  date  de  la 
Renaissance.  La  civilisation  avait  été  apportée  aux  Germains  par  des 
clercs  de  l'empire  romain  qui  avaient  reçu  une  éducation  latine  et  par- 
laient latin.  Pour  tout  le  Moyen  âge,  et  même  plus  tard  encore,  le 
latin  était  la  langue  scientifique;  il  fallait  la  posséder  parfaitement 
pour  pouvoir  participer  à  la  vie  scientifique  ;  le  latin  formait  donc  le 
centre  de  l'enseignement.  C'était  une  langue  vivante,  qui  évoluait  avec 
la  pensée  ;  dans  les  ouvrages  littéraires,  la  forme  était  d'ailleurs  plus  ou 
moins  sacrifiée  au  fond.  La  Renaissance  ou  humanisme  provoqua  une 
transformation  radicale.  C'est  le  paganisme  qui  renaît,  avec  son  sens 
esthétique  délicat,  son  art  de  la  forme  :  le  latin  classique  de  Cicéron 
prend  dans  les  écoles  la  place  du  latin  moyenâgeux  des  scolastiques. 
Le  grec  conquiert  sa  place  au  programme,  quelque  restreinte  qu'elle 
soit  d'abord  ;  pendant  la  seconde  moitié  du  XVilie  siècle,  il  gagne  con- 
sidérablement en  influence,  grâce  aux  efforts  des  néo-humanistes,  dont 
furent  Goethe  et  Schiller,  du  moins  temporairement,  et  qui  voyaient 
dans  l'hellénisme  la  plus  belle  expression  d'humanité.  Pour  plusieurs 


412  LE    MUSÉE   BELGE 


de  ses  principaux  représentants,  tels  que  Fr.-Aug.  Wolf.Guill.  de  Hum- 
boldt,  A.  Bôckh,  ce  néo-humanisme  devint  une  vraie  religion,  celle  de 
l'humanité,  qui  faisait  abstraction  de  Tau  delà.  Pareille  conception  est 
en  désaccord  formel  avec  la  doctrine  catholique,  qui  n  attend  le  plein 
épanouissement  de  la  nature  humaine  que  dans  une  autre  vie.  Et  ainsi, 
en  vertu  de  ses  convictions  religieuses  CQmmede  ses  tendances  conserva- 
trices, Willmann  devait  se  prononcer  contre  cette  nouvelle  forme  de 
rhumanisme  et  en  faveur  de  la  conception  moyenâgeuse.  Il  n'est  pas 
enthousiaste  de  la  Grèce,mais  revendique  la  suprématie  pour  le  latin.  Il 
en  fait  la  base  de  renseignement  moyen  et,  comme  telle,  le  lien  pédago- 
gique des  nations  européennes.  Schiller,  au  contraire,  est  absolument 
néo-humaniste  :  il  place  le  grec  bien  au-dessus  du  latin,  et  il  réprouve 
la  méthodologie  appliquée  dans  l'étude  de  cette  dernière  langue  par 
les  partisans  de  l'humanisme  d'autrefois  :  thèmes  latins,  exercices  de 
conversation,  rédactions,  vers  latins,  tout  cela,  d'après  lui,  a  fait  soo 
temps;  il  ne  faut  plus  viser  à  écrire  en  latin,  il  suffit  qu'on  parvienne 
à  comprendre  des  textes  latins  ;  tous  les  exercices  doivent  donc  être 
subordonnés  à  la  lecture  des  auteurs.  Avant  de  commencer  l'étude  du 
latin,  il  faut  d'abord  se  familiariser  avec  la  langue  maternelle;  le  latin 
ne  doit  pas  encore  être  enseigné  en  6®.  Schiller  a  d'ailleurs  fini  par 
se  laisser  emporter  de  plus  en  plus  par  tous  les  courants  hostiles  aux 
études  classiques;  celles-ci  doivent  être  restreintes,  dit-il,  au  pro6l 
d'éléments   éducatifs   modernes  :   langues   maternelle  et  étrangères, 
sciences  naturelles,  etc.  Aussi  n  a-t-il  point  hésité  à  reconnaître  l'équi- 
valence  du   gymnase,  du   realgymnase   et   de   TOberrealschule,  en 
d'autres  termes  des  humanités  anciennes  et  modernes.  Willmann,  lui, 
ne  veut  ni  d  une  transformation,  ni  d'un  amoindrissement  des  études 
latines.  Il  est  pénétré  de  la  valeur  formelle  éducative  de  ces  études, 
abstraction  faite  du  fond  de  la  littérature  romaine. 

On  peut,  selon  ses  goûts  personnels,  préférer  l'attitude  conservatrice 
de  Willmann  ou  les  concessions  faites  par  Schiller  aux  idées  modernes. 
Ce  qu'on  ne  saurait  nier,  c'est  que  le  défenseur  des  études  classiques 
est  plutôt  Willmann  que  Schiller. 

5.  La  Pédagogie  sociale. 

Nous  touchons  ici  à  un  des  caractères  dislinctifs  des  théories  péda- 
gogiques de  Willmann  :  la  pédagogie  sociale.  La  chose  est  vieille 
comme  l'éducation  elle  même,  nous  la  trouvons  au  Moyen  âge  comme 
dans  l'antiquité,  mais  le  problème  pédagogique  qui  s'y  rattache,  ne 
date  que  de  la  publication,  en  1882,  du  premier  volume  de  la  Didac- 
tique de  Willmann  :  c'est  lui  qui  a  exposé  d'une  manière  convaincante 


PARTIE    PéDAGOGIQUE.  413 


la  nécessité  et  Timportance  de  la  pédagogie  sociale  ou  conception 
sociale  de  la  pédagogie,  qui  s*oppose  à  la  pédagogie  individualiste  ou 
conception  individualiste  de  la  pédagogie. 

La  pédagogie  individualiste  se  propose  l'éducation  de  l'individu  pour 
lui-même,  selon  un  idéal  donné  :  la  pédagogie  sociale,  l'éducation  de 
Tindividu  pour  la  communauté  ou  société»  éducation  donnée  par  un 
délégué  de  la  société,  qui  veille  ici  à  sa  propre  conservation.  Dans  la 
première  conception,  la  société  dont  Tindividu,  devra  dans  tous  les  cas, 
faire  partie,  apparaît  comme  un  mal  inévitable,  une  charge  nécessaire; 
dans  la  seconde,  comme  un  bien  vers  lequel  on  a  le  devoir  de  tendre. 
La  conception  individualiste,  avec  ses  lacunes  et  son  exclusivisme,  — 
car  elle  est  en  opposition  avec  la  nature  et  Thistoire,  —  avait  dominé  en 
pédagogie  depuis  le  XVIII«  siècle;  ce  fut  celle  de  Rousseau  et  de  Locke. 
Pour  ces  pédagogues,  TÉtat,  le  droit,  la  religion  ne  sont  que  des  insti- 
tutions conscientes,  voulues,  d'individus  indépendants;  dans  l'éducation 
de  la  jeunesse,  ils  ne  considèrent  que  l'individu,  les  rapports  indi- 
viduels entre  maître  et  élève,  et  éliminent  l'influence  éducatrice  de  tous 
les  groupements  sociaux,  même  de  la  famille.  Telle  est  aussi,  au  fond, 
la  conception  de  Herbart  (première  moitié  du  Xix«  siècle),  professeur 
de  philosophie  et  de  pédagogie  à  Gôttingue  et  à  Kônigsberg,   qui 
cherchait  à  faire  de  la  pédagogie  non  plus  une  collection  d'expériences 
pratiques  et  de  bons  conseils,  mais  une  science.  Willmann  et  Schiller 
ont  dû  l'un  et  l'autre  à  Herbart  leur  initiation  pédagogique,  mais  ils 
n'ont  jamais  adopté  aveuglément  et  sans  critique  le  système  d'Herbart 
et  de  ses  disciples;  ils  ont  su  sauvegarder  leur  indépendance.  Mais 
tandis  que  Schiller,  homme  pratique,   recherchait  les  moyens  qui 
doivent  conduire  au  but,  et  évitait  les  questions  générales  et  théoriques, 
Willmann,  avant  tout  philosophe,  aimait  à  discuter  les  fins  mêmes  de 
l'homme  et  leur  importance  respective.  Schiller  ne  s'est   guère  préoc- 
cupé de  conception  individualiste  ou  sociale  de  la  pédagogie  —  il  était 
plutôt  partisan  de  cette  dernière,  —  mais  Willmann  a  approfondi  avec 
prédilection  cette  question  philosophique  qui  est  à  la  base  de  l'édu- 
cation, et  la  solution  qu'il  lui  a  donnée,  marque  un  progrès  appréciable 
sur  son  maître  Herbart,  dont  il  avait  reconnu  l'exclusivisme  et  l'insuffi- 
sance au  point  de  vue  moral,  un  profit  manifeste  pour  la  science  péda- 
gogique; il  lui  a  ouvert  de  nouvelles  perspective  sen  affirmant  pour  la 
première  fois  scientifiquement  la  portée  sociale  de  la  pédagogie.  A  la 
place  de  (la  manière  de  voir  du  XVIII^  siècle,  rationaliste  et  nullement 
historique,  il  a  mis  la  conception  historico- sociale  que  le  XIX<^  siècle 
avait  inaugurée  dans  d'autres  domaines  déjà.  Il  a  reconnu  que  l'État 
et  les  groupements  sociaux,  de  même  que  les  grandes  institutions  de  la 
communauté  humaine,  telles  que  langue,  mythologie,  mœurs,  droit. 


414  L^  MUSÉE  belge: 


ne  sont  pas  une  création  consciente  des  individus,  mais  des  orga- 
nismes qui  sont  nés  et  se  sont  développés  ;  que  ce  n'est  pas  la  raison 
individuelle,  ni  Tégoîsme,  mais  lautorilé  et  la  tradition  qui  ont  groupé 
les  hommes.  L'éducation,   elle  aussi,  doit  donc  tenir  compte  de    la 
société  et  de  ses  besoins,  viser  à  sa  conservation  et  à  la  transmission 
de  son  héritage  —  sans  d'ailleurs  faire  abstraction  de  l'individu,  qu'il 
faut  rendre  vertueux.  —  Entre  autres,  ce  n'est  donc  plus  seulement 
l'intérêt  de  Tindividu  qui  doit  décider  du  choix  et  de  Timportance    des 
matières  à  étudier,  mais  il  y  a  des  biens  d'une  valeur  objective  qui, 
indépendamment  de  l'individu,  doivent  se  propager  d'une  génération 
à  l'autre,  qui  ne  peuvent  se  perdre  à  aucun  prix  ;  telles  sont  la   foi 
religieuse,  la  langue  maternelle,  la  littérature,  les  coutumes  nationales, 
les  conquêtes  de  la  science  et  de  l'art,  en  un  mot  :  de  la  civilisation. 
Ces  biens  méritent  d'être  sauvegardés  et  augmentés  pour  eux-mcmes 
et  de  ne  pas  être  considérés  seulement  comme  des  moyens  d'éducation 
destinés  à  opérer  dans  l'individu  certains  effets  subjectifs,  d'assurer  son 
développement. 

La  conception  sociale  de  la  pédagogie  a  pour  conséquence  la  trans- 
formation de  l'idée  qu'on  se  faisait  de  la  plupart  des  branches  d'en- 
seignement, et  de  leur  méthodologie.  En  général,  elle  renverse  le  régne 
trop  exclusif  du  point  de  vue  purement  formel  dans  l'éducation.  Ainsi, 
le  cours  de  religion  ne  sera  plus  un  simple  moyen  de  former  le  cœur, 
mais  il  doit  enseigner  les  vérités  religieuses,  initier  les  enfants  à  la  vie 
de  l'Église.  Le  cours  de  langue  maternelle  ne  se  proposera  plus 
seulement  de  développer  l'intelligence  et  la  parole  par  des  exercices 
logiques  et  grammaticaux  ;  il  doit  introduire  aussi  dans  là  vie  intellec- 
tuelle et  morale  de  la  nation,  en  transmettant  à  la  jeunesse,  en  lui 
faisant  apprécier  les  perles  de  la  littérature  de  la  patrie.  L'enseignement 
des  langues  classiques  ne  se  bornera  plus  à  être  une  gymnastique  pour 
le  cerveau,  mais  il  doit  léguer  aux  futures  générations  les  trésors  de  la 
pensée  antique,  qui  ont  inspiré  notre  philosophie  et  toute  notre  civili- 
sation actuelle. 

11  pourrait  sembler  à  première  vue  que  la  conception  sociale  de  la 
pédagogie  justifie  les  revendications  des  uiiliiaristes  modernes,  telles 
qu'elles  se  manifestent  surtout  dans  l'organisation  des  humanités 
modernes  et  dans  les  écoles  professionnelles.  Il  faut  mettre  lécole  en 
contact  avec  la  vie  contemporaine  et  ses  besoins,  rendre  la  jeunesse  apte 
à  travailler  pour  la  société,  établir  donc  de  nouveaux  cours  :  travaux 
manuels,  sténographie,  agronomie,  technologie,  droit,  économie 
domestique,  etc.  Mais  ce  serait  aller  tiop  loin,  dépasser  singulièrement 
la  pensée  de  Willmann.  Le  premier  objectif  de  la  pédagogie  sociale» 
c'est  de  transmettre  à  la  postérité  le  legs  imposant  de  la  civilisation  du 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  4l5 


passé.  Pour  pouvoir  travailler  avec  succès  pour  la  société,  il  faut  en 
connaître  les  bases  durables;  toute  science  spéciale  doit  être  en 
connexion  avec  son  histoire  et  la  science  des  principes,  toute  vérité 
partielle  doit  s'insérer  dans  l'ensemble  de  la  vérité. 

Il  ne  faut  pas  non  plus  confondre  la  pédagogie  sociale  avec  la  péda- 
gogie de  rÉtat,  ni  exalter  outre  mesure  l'État  moderne  à  cause  de  ses 
mérites,  d'ailleurs  multiples,  en  matière  d'instruction.  L'État  n'est 
qu'un  des  nombreux  groupements  qui  constituent  l'organisme  social. 
L'éducation  n  est  pas  l'afiaire  exclusive  de  l'État,  mais  elle  est  liée  à 
la  famille,  à  la  commune,  à  la  patrie,  à  l'Église,  à  la  nationalité; 
tous  ces  facteurs  doivent  intervenir  dans  l'organisation  de  renseigne- 
ment. L'État  ne  crée  pas,  il  ne  fait  que  protéger,  tout  au  plus  régle- 
menter les  aspirations  pédagogiques  qui  procèdent  de  l'acquis  de  la 
civilisation. 

Il  faut  encore  moins  penser,  à  propos  de  pédagogie  sociale,  au  socia- 
lisme contemporain,  qui  reproduit  plutôt  la  conception  individualiste 
de  la  pédagogie,  car  ses  principes  sur  l'État  et  la  société  sont  les 
mêmes  que  ceux  des  pédagogues  individualistes  du  XYlll^  siècle  :  il  ne 
voit  pas  dans  l'État  un  organisme,  mais  une  association  arbitraire 
d'individus  ;  il  rejette  la  famille  et  la  patrie,  ne  reconnaît  ni  liens  reli- 
gieux, ni  ces  liens  essentiels  de  la  société  :  lautorité,  la  tradition. 
L'éducation,  pour  lui,  n'est  pas  la  transmission  des  biens  de  la  civili- 
sation, des  biens  idéaux  de  la  vie  nationale  :  religion,  histoire,  natio- 
nalité, droit-;  il  ne  vise  qu'à  la  possession  des  biens  matériels  et  à  la 
puissance  politique.  Par  une  étrange  aberration,  le  socialisme  voudrait 
cependant  récolter  les  fruits  des  arbres  qu'il  déracine  violemment,  les 
vertus  sociales  qu'il  étouffe  dans  leur  germe  :  l'obéissance,  l'amour  de 
Tordre,  le  civisme. 

En  quoi  consiste  donc,  d'après  Willmann,  le  devoir  social  de 
l'éducation  ?  Il  faut  assurer,  autant  que  possible,  aux  classes  infé- 
rieures la  participation  à  ces  biens  idéaux  dont  la  possession  assure 
aux  membres  d'une  nation  l'unité  et  la  solidarité.  A  une  condition 
toutefois  :  c'est  qu'on  donne  à  ces  biens  nationaux  une  base  religieuse, 
qu'on  rende  à  la  religion  la  place  fondamentale  qui  lui  revient  dans 
la  société.  Il  ne  faut  pas  que  ces  biens  soient  regardés  par  le  peuple 
comme  un  luxe,  comme  une  prérogative  des  lettrés,  tandis  que  seuls 
les  biens  matériels  seraient  à  rechercher  par  lui.  La  religion  sera 
comme  le  lien  naturel  entre  les  savants  et  le  peuple.  La  raison  la  plus 
profonde  du  danger  socialiste,  a-t-on  dit,  ne  réside  pas  dans  la  diffé- 
rence de  fortune,  mais  dans  le  contraste  en  matière  d'éducation  ;  toute 
réforme  sociale  doit  partir  de  là  :  relever  le  genre  de  vie,  la  moralité, 
les  connaissances,  les  capacités  des  basses  classes.  Car  la  divulgation 


41 6  LE  MUSÉE   BELGE. 


de  rinstruction  parmi  le  peuple  aura  pour  effet  une  amélioration 
morale. 

La  tâche  sociale  de  la  pédagogie  ne  doit  d'ailleurs  nullement  faire 
oublier  sa  tâche  individuelle.  L'organisme  social  se  distingue  des 
autres  organismes  de  la  nature  en  ce  que  les  unités  qui  le  composent, 
ne  sont  pas  seulement,  comme  les  cellules,  des  parties  d'un  tout  qui 
n'auraient  pas  d'existence  propre  ;  les  unités  de  lorganisme  social  sont 
douées  d'une  conscience  propre,  d'une  vie  personnelle.  L'individu  n'est 
pas  uniquement  là  pour  la  société,  ni  la  société  pour  l'individu  ;  le 
monde  moral  a  deux  pôles  :  la  personnalité  individuelle  et  la  com- 
munauté intellectuelle  et  morale.  La  société  n'existant  que  pour  un 
temps,  l'individu,  au  contraire,  pour  l'éternité,  il  en  résulte  que 
l'organisation  de  la  vie  sociale  dépend  du  but  final  des  existences 
individuelles  et  lui  est  subordonné.  La  première  tâche  de  l'éducateur 
est  la  formation  de  l'individu,  dont  Tâme  a  un  prix  inestimable,  mais 
en  tenant  compte  de  la  fin  sociale  de  cet  individu,  qui  est  de  servir  le 
mieux  possible  les  associations  sociales  variées  dont  il  devra  faire 
partie.  La  pédagogie  sociale  présuppose  donc  la  pédagogie  individuelle. 

6.  La  philosophie  de  Wilimann, 

Toute  pédagogie  comporte  une  certaine  conception  du  monde. 
C'est  la  philosophie  idéaliste  de  Wilimann  qui  nous  explique  à  la  fois 
son  caractère  affable,  son  attitude  dans  la  question  des  humanités 
classiques  et  ses  idées  pédagogiques  en  général. 

Herbart  admettait  une  âme  substantielle  simple  et  rejetait  les 
différentes  facultés  de  l'âme.  Schiller,  étranger  à  la  religion  et  ne 
connaissant  que  la  vie  terrestre,  néglige  celte  question  comme  pure- 
ment métaphysique  et  se  tourne  vers  les  sciences  naturelles  et  la  forme 
contemporaine  et  pratique  de  la  psychologie  :  la  psychologie  physiolo- 
gique et  expérimentale,  telle  qu'elle  est  représentée  par  Wundt  de 
Leipzig,  et,  plus  encore,  par  Ziehen  d'Utrecht.  Il  n'observe  et  n'étudie 
donc  que  les  phénomènes  psychiques  qui  peuvent  être  contrôlés  par 
l'expérience,  leurs  rapports  avec  les  phénomènes  physiques  et  physio- 
logiques, leurs  applications  à  la  pédagogie. 

Wilimann,  tout  au  contraire,  est  convaincu  de  l'existence  des 
diverses  facultés  de  l'âme,  de  la  liberté  humaine,  de  la  loi  morale.  En 
cela,  comme  dans  toute '.sa  philosophie,  il  est  absolument  d'accord 
avec  la  philosophie  chrétienne,  entendue  dans  un  sens  assez  large 
pour  embrasser  aussi  les  grands  penseurs  de  l'antiquité,  Platon  et 
Arislote  ;  en  d'autres  termes,  la  philosophe  néo-thomiste,  procédant 
d'Aristote.  Le   croyant  ;  Wilimann  est  un  des  champions   les  plus 


PARTIE  PÉDAGOGIQUB.  417 


distingués  de  l'idéalisme.  Seidenberger  a  extrait  de  ses  deux  ouvrages 
principaux  (Didactique  et  Histoire  de  Pidéalisme)  les  Fondements 
dtune  conception  idéaliste  du  monde.  (Grundlinien  idealer  Weltan- 
schciuung^  Brunswick,  1902.) 

L^a  conséquence,  au  point  de  vue  pédagogique»  des  convictions 
pliilosophiques  de  Willmann,  c*est  qu  a  la  différence  de  la  plupart  des 
pédagogues  modernes,  qui  nient  Inexistence  d'une  pédagogie  générale 
o\i  philosophique  ou  en  imaginent  une  de  bien  précaire,  fort  contes- 
table  et  manquant  d'un  point  d*appui  sûr,  Willmann  a  pu  risquer 
une  théorie  de  pédagogie  générale  et  scientifique,  valable  pour  tous 
les  temps  ;  c'est  celle  basée  sur  la  philosophie  chrétienne.  La  péda- 
gogie chrétienne,  qui  affirme  le  devoir  de  Téducation,  donne  une  idée 
bien  plus  claire  et  plus  parfaite  de  Tessence  de  l'éducation  que  les 
systèmes  antérieurs  ou   hostiles  au  christianisme  ;   elle  concilie   la 
conception  individualiste  et  la  conception  sociale  de  l'éducation,  elle 
embrasse  le  point  de  vue  philosophique  en  même  temps  que  le  point 
de  vue  historique,  le  monde  matériel  et  le  monde  spirituel,  l'existence 
terrestre  et  la  fin  surnaturelle  de  l'homme,  elle  unit  sagement  la 
théorie  et  la  pratique  :  ses  règles  ont  été  suivies  pendant  des  siècles  et 
dans  les  endroits  les  plus  divers.  L'éducation  chrétienne  constitue  le 
plus  grand  monument  historique  et  le  plus  durable  dans  l'évolution 
de  la  pédagogie,  et  de  la  Didactique  de  Willmann,  qui  donne  la 
théorie  générale  de  cette  éducation  chrétienne,  on  a  dit  qu'il  n'y  a  pas, 
à   l'heure   présente,  de  système   pédagogique   offrant   plus  d'unité, 
formant  un  ensemble  plus  harmonieux. 

A  première  vue,  il  semble  peut-être  que  la  pédagogie  soit  exclusi- 
vement une  science  pratique  et  que  la  conception  de  Schiller  doive 
donc  l'emporter  infiniment  sur  celle  de  Willmann.  Mais  n'exagérons 
rien.  L'un  des  deux  systèmes  complète  plutôt  l'autre.  Il  n'importe  pas 
seulement  de  connaître  les  recettes  de  détail  de  l'enseignement,  il  faut 
encore  se  rendre  un  compte  exact  de  l'essence,  du  but,  de  l'importance 
de  l'éducation,  de  ses  rapports  avec  la  philosophie  sociale,  de  son 
évolution  historique.  Quand  le  professeur  veut  échapper  pour  un 
instant  aux  préoccupations  mesquines,  aux  soucis,  aux  déboires  que 
lui  apportent  presque  journellement  ses  fonctions,  quand  il  veut 
respirer  un  air  plus  pur  et  puiser  de  nouvelles  forces  dans  la  méditation 
de  la  noblesse  de  son  humble  tâche,  c'est,  plus  que  tout  autre  ouvrage, 
la  Didactique  de  Willmann  qu'il  devra  lire  et  relire.  Et  c'est  surtout 
dans  un  pays  porté  plutôt  vers  les  préoccupations  matérielles,  comme 
la  Belgique,  que  cette  lecture  idéale  et  philosophique  est  à  recom- 
mander. 


à 


4l8  LE    MUSÉE   BELGE. 


7.  Les  cours  de  vacances  de  Sal!(bourg  (i). 

La  dernière  œuvre  de  Willmann,  et  non  la  moindre,  c'est  l'établis- 
sement, en  1905,  de  cours  de  vacances  à  Salzbourg,  où  Téminent 
pédagogue  a  élu  domicile.  Depuis  lors,  des  centaines  d'instituteurs 
affluent  chaque  année,  pendant  les  grandes  vacances,  dans  la  jolie 
ville  autrichienne  pour  écouter  les  instructives  leçons  de  Willmaxin 
et  de  ses  tafentueux  collaborateurs,  parmi  lesquels  nous  citerons 
L.  Habrich,  professeur  d'école  normale  à  Xanten  et  traducteur  de  la 
Psychologie  de  S.  E.  le  cardinal  Mercier  ;  R.  Hornich,  directeur  du 
Paedagogium  de  Vienne,  R.  von  Kralik,  F.  Weigl,  etc. 

Ces  cours  de  vacances  ont  une  haute  portée  intellectuelle  et 
marquent  un  progrès  très  appréciable  au  point  de  vue  de  la  science 
catholique.  Rein,  professeur  à  l'Université  d'iéna,  avait  déjà  institué 
des  cours  du  même  genre,  couronnés  d'un  plein  succès.  Mais  si  les 
instituteurs  apprenaient  là  à  discuter  une  question  pédagogique  selon 
les  méthodes  scientifiques,  les  catholiques  n'y  trouvaient  pas  tous 
leurs  apaisements,  car  la  conception  pédagogique  de  Rein  est  celle  du 
protestantisme.  A  Salzbourg,  au  contraire,  tout  l'enseignement  est 
pénétré  des  principes  catholiques. 

Le  programme  offre  toujours  une  riche  variété.  Les  cours  qui 
provoquent  le  plus  d'enthousiasme,  sont  ceux  de  Willmann,  qui  a 
parlé  en  190 5  de  la  logique  envisagée  comme  science  auxiliaire  de  la 
didactique.  (Die  Logik  als  Hilfswissenschaft  der  Didaktik,  4*  fasci* 
cule  des  Pàdagogische  Zeitfragen  éditées  par  F.  Weigl,  Munich)  ; 
il  mettait  la  logique,  injustement  négligée,  au  même  rang  que  la 
psychologie.  L'année  suivante,  il  traitait  de  la  méthodologie  logique 
et  didactique, 

Habrich  donna  d'abord  un  cours  sur  la  psychologie  pédagogique, 
celle  qui  est  issue  de  la  doctrine  scolastique  et  qui  tient  compte  des 
conquêtes  contemporaines  :  psychologie  de  l'enfant,  psychopathologie 
et  psychologie  expérimentale.  En  1906,  il  choisit  comme  sujet  la 
liberté  de  la  volonté  et  sa  formation.  Giese  rectifia  les  degrés  formels 
d'Herbart,  Pôtsch  donna  une  introduction  à  la  didactique  de  Will- 
mann et  consacra  une  séance  à  démontrer  la  nécessité  d'une  alliance 
de  tous  les  pédagogues  chrétiens  :  instituteurs,  professeurs  d'enseigne- 
ment moyen  et  d'Université.  Cette  idée  fut  immédiatement  traduite 
en  pratique  par  la  fondation  d'une  Société  de  pédagogie  chrétienne^ 
dont  Willmann  fut  nommé  président  d'honneur  et  qui  se  propose  de 
fournir  un  travail  vraiment  scientifique,  tout  en  s'inspicant  des  prin- 
cipes de  la  religion  chrétienne. 

(1)  V.  Allgemeine  Rundschau  du  !>  A.  Kausen  (Munich).  10  sept.  iqoS  et 
8  sept.  1906. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  419 


EN    FAVEUR   DU  GREC. 


A  Monsieur  le  Président  et  à  Messieurs  les  Membres  de  la  Com- 
mission instituée  par  arrêté  royal  «  pour  l'étude  et  Texamen  des 
améliorations  qu'il  conviendrait  d'introduire  dans  Torganisation  de 
renseignement  moyen  du  degré  supérieur  ». 


Messieurs, 

Le  problème  grave  et  délicat  entre  tous  que  vous  êtes  appelés  à 
élucider,  n'intéresse  pas  seulement  les  maîtres  chargés  de  former,  à 
des  degrés  divers,  Télite  intellectuelle  du  pays;  il  engage  leur  respon- 
sabilité. 

N^avez-vous  pas  droit,  en  effet,  à  ce  quHls  vous  signalent  les  données 
qu^ib  peuvent  vous  fournir,  si  elles  sont  de  nature  à  vous  aider  à 
découvrir  la  bonne  solution  avec  plus  de  sûreté  ? 

C*est  dans  cet  esprit  que  le  Cercle  pédagogique  des  professeurs  de 
renseignement  moyen,  officiel  et  libre,  sortis  de  TUniversité  de  Louvain, 
a  cru  devoir  discuter  à  fond  la  réorganisation  des  humanités. 

Il  s'est  trouvé  unanime  pour  reconnaître  que  les  études  gréco-latines 
restent  la  base  nécessaire  de  toute  éducation  vraiment  libérale  et 
complète  ;  que,  d'autre  part,  des  améliorations  sont  désirables,  mais 
qu^ elles  doivent  avoir  pour  objets  non  les  matières,  mais  les  méthodes. 

Au  nom  du  Cercle,  Messieurs,  nous  prenons  la  respectueuse  liberté 
de  porter  cette  résolution  à  votre  connaissance,  et  nous  osons  appeler 
Totre  attention  sur  les  motifs,  décisifs  à  nos  yeux ,  qui  nous  Tont 
dictée. 

Un  premier  fait  nous  a  vivement  frappés  :  c'est  que  nos  observations 
personnelles  et  journalières  sont  en  pleine  harmonie  avec  l'expérience 
des  nations  étrangères. 

Faut*  il  vous  rappeler,  Messieurs,  que,  par  deux  fois,  la  France  n'a 
pas  eu  à  se  louer  d'avoir  introduit  l'équivalence  des  Humanités 
•modernes  et  des  Humanités  anciennes;  que  le  Wurtemberg,  ayant 
aboli  le  grec,  a  été  amené  à  le  rétablir;  que,  malgré  certaines  appa- 


420  LE   MUSÉE    BELGE. 


rences  contraires,  rAngleterre  et  rAllemagne  demeurent  obstinément 
fidèles  à  leurs  traditions  classiques;  qu'en  Amérique  —  cette  terre  du 
modernisme  à  outrance  —  se  dessine  chaque  jour  davantage  un 
mouvement  très  significatif  vers  Tadoption  des  mêmes  principes  péda- 
gogiques ? 

Autre  fait  non  moins  impressionnant  et  non  moins  générai  :  ce  sont 
les  professeurs  des  facultés  de  médecine  et  des  sciences,  les  ingénieurs 
aussi,  qui  se  font  les  champions  les  plus  convaincus  et  les  plus  ardents 
de  ces  revendications.  Et  ils  motivent  leur  attitude  en  invoquant  les 
constatations  qu'ils  font,  soit  dans  leurs  cours,  soit  dans  la  conduite 
des  afiaires  :  les  étudiants  qui  n'ont  pas  été  préparés  par  les^  études 
classiques,  ne  les  comprennent  pas,  se  font  mal  comprendre;  ils  ont 
peine  à  suivre  leurs  maîtres  ;  ils  manquent  de  pénétration,  d'enver- 
gure, de  maturité...  Le  grec  paraît  à  ces  hommes  éminemment  pra- 
tiques un  instrument  sinon  indispensable,  du  moins  extraordinairement 
précieux  pour  Tassimilation  et  Tintelligence  de  la  terminologie  tech- 
nique. 

Que  si  nous  portons  nos  regards  vers  les  autres  domaines  de  Tacti- 
vité  humaine,  la  science  et  les  arts,  nentendons-nous  pas  de  partout 
les  voix  les  plus  autorisées  se  prononcer  invariablement  dans  le  mêcoe 
sens? 

N'a-t-on  pas  prouvé  par  des  arguments  péremptoires  que  l'étude 
approfondie  de  la  philosophie,  des  mathématiques,  de  Tallemand  exige 
la  connaissance  de  la  langue  des  Hellènes?  Isadora  Duncan  et  Jaques- 
Dalcroze  ne  se  sont-ils  pas  mis  à  Técole  des  Grecs  pour  leur  ravir  le 
secret  de  cette  eurythmie  et  de  cette  callisthénie  si  prisées  par  nos 
contemporains  sous  le  nom  de  gymnastique,  et  notre  Gevaert  n'est-il 
pas  allé  puiser  dans  Eschyle  et  dans  les  autres  tragiques  son  admi- 
rable savoir  musical  ? 

Quant  à  l'histoire,  il  suffit  de  la  nommer  :  personne  ne  soutiendra 
qu'on  peut  l'aborder  en  ignorant  le  grec  ou  le  latin. 

Pour  les  beaux-arts  et  la  littérature,  la  chose  n*est  pas  moins  évi- 
dente. Voyez  à  l'œuvre  la  légion  de  savants  allemands,  anglais^ 
américains,  qui  fouillent  partout  les  restes  de  l'antiquité  avec  un  fruit 
qui  répond  à  leur  merveilleuse  ardeur.  Prenez  ensuite  les  œuvres  des 
grands  écrivains,  des  poètes,  des  orateurs,  nous  ne  disons  pas  des 
Ronsard,  des  Corneille,  des  Racine,  des  Bossuet,  des  Goethe  et  des- 
Schiller, mais  de  nos  contemporains  :  Leconte  de  Lisle,  Heredia, 
Sully  Prudhomme,  de  Régnier,  Samain...  Si  Ton  visait  à  une 
énumération  un  peu  complète.  Ion  n*en  finirait  pas. 

En  un  mot,  dans  tous  les  grands  pays,  la  haute  culture  intellectuelle 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  42  L 


repose  toujours  sur  la  base  de  Tantiquité,  et  c'est  aussi  de  cette 
antiquité  qu'elle  tire  la  sève  qui  la  vivifie. 

Nous  ne  nous  en  étonnons  pas,  nous  professeurs  d'athénée  ou  de 
collège.  Chaque  jour,  nous  expérimentons  que  Ton  n*a  encore  rien 
imaginé  qui  puisse  efficacement  remplacer  le  grec  et  le  latin  comme 
base  de  Téducation  littéraire,  esthétique  et  scientifique,  de  la  formation 
de  Tesprit,  du  goût  et  du  caractère. 

Les  œuvres  grecques  —  nous  le  voyons  si  bien  —  se  prêtent 
incomparablement  à  l'initiation  de  la  jeunesse  au  grand  art  :  originales 
dans  le  sens  le  plus  élevé  de  ce  terme,  reflétant  la  jeunesse  du  monde, 
peignant  des  mœurs,  des  états  d'âme  infiniment  moins  compliqués  et 
moins  factices  que  dans  nos  sociétés  modernes,  elles  sont  plus  à  la 
portée  des  jeunes  intelligences  ;  mieux  qu'aucune  autre  littérature, 
elles  constituent  Técole  de  la  vraie  esthétique  dans  ce  qu'elle  a  de  per- 
manent, d'universellement  humain. 

D'autre  part,  sans  le  grec,  l'intelligence,  la  compréhension  des  lettres 
latines  n'est  pas  possible  ;  et  cependant,  pour  nous,  peuples  latins 
ou  tout  imprégnés  de  la  civilisation  latine,  la  pensée  latine,  dans  le 
développement  et  la  perfection  qu'elle, atteignit  à  l'âge  classique,  est 
la  discipline  indispensable  pour  que  le  cerveau  du  jeune  homme 
arrive  à  sa  pleine  formation. 

Mieux  qu'aucune  autre  branche,  le  grec  et  le  latin  classiques  font 
contracter  les  habitudes  mentales  qui,  dans  leur  ensemble,  caracté- 
risent le  véritable  esprit  scientifique  ;  en  même  temps,  ils  mettent  le 
jeune  homme  en  possession  de  ce  qu'on  appelait  jadis  la  politesse  : 
la  finesse  de  la  pensée,  l'élégance  de  l'expression,  le  style. 

Leur  génie  diffère  notablement  de  celui  de  nos  langues  modernes  : 
assez  pour  que  la  lecture  et  la  traduction  nécessitent  un  effort  salu- 
taire, et  néanmoins  pas  tellement  que  la  tension  réclamée  dépasse  les 
forces  d'un  adolescent  ou  mette  sa  volonté  à  une  trop  rude  épreuve. 
L^esprit  est  ainsi  aiguisé  ;  il  éprouve  le  besoin  de  la  précision  et  de  la 
probité  dans  le  travail.  Le  profit  moral  n'est  pas  moins  grand  :  la 
volonté  s'aguerrit  ;  le  caractère  se  forme. 

Enfin,  la  littérature  classique  a  cette  propriété  unique  d'exprimer  avec 
simplicité  et  exactitude  ces  idées  générales,  fond  de  toute  vie  intellec- 
tuelle et  morale,  que  lès  modernes  et  plus  encore  les  contemporains  ne 
peuvent  plus  rendre  qu'avec  des  raffinements  au  dessus  de  la  portée 
d'un  cerveau  de  12  a  18  ans. 

Il  se  fait  ainsi  que  même  défectueusement  enseignées,  imparfaitement 
apprises,  les  langues  classiques  conservent  une  efficacité  qui  n'appar- 
tient qu'à  elles. 


422  LE   MUSÉE   BELGE. 


Quoi  qu^on  en  dise,  Messieurs,  môme  en  Belgique,  l'opioioo 
publique  continue  à  partager  cet  avis.  Tandis  que  les  athénées  oat* 
dans  leur  section  gréco-latine,  i332  élèves,  les  collèges  libres  en 
comptent  10,672.  Et.  sans  aucun  doute,  ils  maintiendraient  le  grec 
et  le  latin,  même  si  on  les  supprimait  dans  les  établissements  officiels. 
Voudrait-on  mettre  ceux-ci  dans  une  situation  d'infériorité  aussi 
déplorable? 

Pour  toutes  ces  raisons.  Messieurs,  nous  avons  la  conviction  pro- 
fonde que  diminuer  ou  compromettre  l'enseignement  du  grec  et  du 
latin  dans  les  humanités  serait  appauvrir  les  sources  mêmes  de  la  vie 
intellectuelle  et  morale  de  la  nation,  et  nous  osons  exprimer  U 
-confiance  que  votre  sagesse  saura  nous  préserver  de  cette  calamité. 

Nous  vous,prions,  Messieurs,  d'agréer  l'expression  de  nos  sentiments 
■très  distingués. 

Pour  lb  Cercle  PfeAOOGiQUB  : 

Le  Secrétaire^ 
L.  MALLINGER. 


TABLE  DES  MATIERES. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


I.  Noms  des  Auteurs, 


Abeling,  Th. 
Adam,  Julie 
Albalat,  A.  . 
Albert,  V.  . 
Audley  .  . 
Ausserer,  A. 


Bach,  J.      . 
Baesecke 

Bakhuizen  van 

L.  W.      . 
Bang,  M.     . 
Barbagallo,  C. 
Bardt,  C.    . 
Barone,  M. 
Barone»  N. 
Bassi,  D.     . 
Bastin,  J.    . 
Bauch,  B.   . 
Baudet,  FI.  E. 
Bauwens,  E.  F 
Bavinck,  H. 
Bazalgette,  L. 
Bechtel,  E.  A. 
Becquet,  A. 
Bergmans,  P. 
Bertaux,  E. 
fiertbeau,  J. 
Bick,  J..    . 
Biré,  E. .    . 
Bitlcr,  J.     . 
Blanc,  E.    . 
Blanchet,  A. 
Blanchet,  C. 
Blanchet,  D. 
Blondel,  G. 


den 


J. 


M 


387   Bodin,  L 87 

239  Boitel,  J.     ....  196 

36  Bonnefon,  P.  .  .  .  72 
142  Bosman,  Th.  J.  .  .  23; 
160  Bourdeau,  J.  ...  238 
167   Bourg.  P 177 

Bourget,  P.     ...  190 

ji  Bouvier,  C.     .    .    .  39 

239  Bouwman,  H.      .    .  i5o 
Brink,    Brants,  M 32 

i58   Brants,  V 78 

263  Brassinne,  J.   .    .    .  38 

282   Bréal,  M 365 

33o   Brenner 238 

282  Bremont,  H.   .     .     .  160 

37  Brinton,  S.  ...  398 
88    Brizio,  E 277 

141  Broeckaert,  J,      .    .  74 

84  Brugnola,  V.   .     .     .  282 

,5o   Brunot,  F 157 

174   Bureau,  P 288 

332 

269  Cabrol,  F.  .  .   33o,  395 

3ii  Caccialanza,  F.  .  .  282 

i34  Gagnât,  R 69 

232  Ganivez,  E.      .    .    .  i56 

240  Gantarelli,  L.  .    .129,  282 

394  Garnoy,  A 35 

373  Qark,  A.  G.     ...  194 

25  Gartault,  A.     .    .     .  21 

3i5   Casella,  G 36 

85  Gelis 232 

195  Ghantepie  de  la  Saussaye, 

278       P.  D 89 

323  Ghase,  G.  H.  .    .    .  175 

401    Qaccio,  L 277 


Glédat,J.    .     .    , 

'.     33o 

Golenbraiider,  T. 

H.     286 

Golletct,  Guill. 

.     162 

Gompayré,  G. 

.    .    385 

Gomparetti»  D. 

.    .    277 

Goopman,  Th. 

.    .      74 

Gosattini,  A.    . 

.    .    28a 

Gosta,  E.    .     . 

.    307 

Goita,  G.     .     . 

.     .    282 

Gotronei,  B.    . 

.    .     282 

Cottino,  G.  B. 

.    .      66 

Gounson     .     .    . 

.    401 

Groiset,  M.      . 

.    .    216 

Grouzet,  P,      . 

.    .    197 

Gumont,  F.      . 

.  86,  i55 

Gzygan   .     .    . 

.    .    239 

Dacier,  H.  .    . 

•    •    399 

Daremberg      . 

.  87,  394 

de  Bielfeld  .    . 

.    .    285 

De  Decker  .     . 

.    .    383 

Deelman,  G.  R. 

.    .     i58 

Deissmann,  A. 

.    .     128 

de  LabrioUe,  P. 

.    .   195, 

282,394 

Delacollette,  E. 

.     i56 

Delaruelle,  L. 

.    .    3i3 

de  Lapparent,  A. 

.    400 

Delehaye.  H.  . 

.    33o 

Delmont,  Th.  . 

.    .    283 

de  Lyris,  Joël . 

.    .      80 

Demangeon,  A. 

.    .     159 

de  Moreau,  Ed. 

.    .     i54 

de  Nolhac,  P. . 

.    .     194 

de  Puniet,  dom    , 

.    33o 

deSantis,  S.    . 

.    328 

424 


LE   MUSÉB   BELGE. 


N. 


Désers,  abbé  ...  40 
de  Smet  de  Naeyer,  M. 
.  334 
Deuticke,  P. 
de  Vooijs,  C.  G. 
de  Vreese,  W. 
De  Wael  . 
Diels,  H.  . 
Dierauer,  J. 
Dieterich,  A. 
Dieulafoy,  M. 
Doerfler,  S. 
Domaszewski, 


Doppler,  P. 
Dottin,  G.  . 
Doufifet,  R. 
Doumer,  P. 
Drioux,  .  . 
Ducati,  P.  . 
Dumaine,  H. 
Durand 


Eeckout,  G. 
Elosser  .  . 
Enlart,  C.  . 
Espérandieu,  E. 


Fahz,  L.     . 
Fayen,  A.   . 
Festa,  N.    . 
Festen,  H.  L. 
Feugère,  A. 
Fèvre,  J.    . 
Flaischlen,  C, 
Floerke 
Francotte,  H. 
Fredericq,  P. 
Friedel,  W.  H 
Fris.  V.      . 
Fuochi,  M. 

Gaignet,  G. 
GaUas,  K.  R. 
Gaidoz,  H. 
Gaubert,  E. 
Geurts,  L.  . 
Gezelle,  G.  . 
Ghislanzoni,  E. 
Giraud,  V. 
Glotz,  G. 


Th 


329 

396 

27 

.  23l 

272 
.  196 
6 
.  33i 
.  34 
V.  194, 
.  243 
.  274 

.    23 

.  397 

.  192 
.  160 

.  277 

.  33o 
.  160 


401 
239 
240 
3io 


.  223 

.  23l 

.  2$2 

.  33i 

.  39 

.  i85 

.  285 

.  287 

.  238 

.  36 

.  176 
36,  23o 

.  282 


.  400 

.  396 

.  25 

.  36 

.  90 

181,  397 

.  278 

.  281 

.  14 


Goelzer,  H.     ...  372 

Goodspeed,  E.  J.  289,  3o6 

Goodwin,  W.  U.  .     .  175 

Gossart,  E.      .       286,  35o 

Gouraud,    ....  160 

Goyau,  G 285 

Graesse,  J.  G.  Th.    .  90 

Grafé.  A 39 

Gratndor,  P.    .    •    .  i55 

Grégoire,  abbé  A.     .  191 

Grenfell,  P.  F.    .  289,  3o6 

Grenier,  A.      .     .     .  195 

Grossi-Goudi,  F.      .  277 

Grunow      ....  238 

Guéchot,  M.    .     .     .  401 

Guidi,  M 283 

Guillaume,  L.      .    .  235 

Hahn,  L i3i 

Halfiants,  P.    .     .     .  195 

Halkin,  J.  .     .       i85,  242 

Halkin,  L 393 

Hamilton,  M.  .     .     .  17 

Hanotaux,  G.  .     .     .  182 

Hanquet,  J.     .     .     .  401 

Hans, 239 

Haufien,      ....  239 

Hauser,  H.      ...  189 

Hauvette,  H.  .     .     .  i56 

Haverfield,  J.  .     .    .  260 

Heeres,  J.  E.  .    .    .  i57 
Heins,  A,    .     .     .  23i-233 

Heins,  M 23 1 

Helbig.J 38 

Helm,  K 398 

Hemmer,  H.  .     .     .  394 

Henderson,  T.  F.     ,  3o 

Henke,  0 363 

Herckenrath,  C.  R.  C.  396 

Héron  de  Villefosse  243 

Hesseling,  D.  C.  .     .  394 

Heyne,  M 76 

Hiller  von  Gaertringen,  F. 

123 

Hirschfeld,  O.      .     .  194 

Hohlwein ,    N.     .     .  279 

Hombert,  J.    .    .    .  i54 

Hom,  E 160 

Howard,  A,  A.    .    .  175 

Huelsen,  Ch.   ...  168 

Hugenstein,     .    .     .  239 


Huguet,  E.  .  .  .  a83 
Hungerland,  H.  .  .  3o 
Hunt,  A.  S.  .  .  28Q,  3o6 
Hymans,     ....    287 

Jacobsen,  R.    .    .    .  226 

Johnston,  H.  W. .     .  87 

Jouguet,  P.      .    .    .  39a 

Jullian,  C 3o3 

KalCf,  G 322 

Kauffmann,  F.  .  .  3o 
Kenyon,  F.  G.      .     .     194 

Kern,  H i5S 

Kern,  0 194 

Kervyn  de  Lettenhove,  334 
Klincksieck,  F.       .     .    7? 

Kloos.  W 332 

Knappen,  L.  ...  1^7 
Knuttel,  J.  A.  N.       .     i5o 

Koch,  J 329 

Kochendoerffer,  K.  .  398 
Koenen,  M.  J.  .  .  388 
Koerting,  G.  .  .  .  33o 
Koopmans,  J.  .  i53,  396 
Koschwitz,  E.      .     •     195 

Krebs 263 

Kretschmer,  P.  .  .  336 
Kuijper,  A.  •  .  .  333 
Kukula,  K.  C.  .  .  220 
Kurth,  G.  238, 285, 392, 3y8 


Lasser,  L.   .    .     . 

.    239 

La  Mantia,  G.      . 

.     i83 

l  amarre,  Q.  .     . 

.    266 

Lamprecbt .     .     . 
Lanciani,  R.     .     . 

286 
.    277 

Lauer,   Ph.     .    . 

3i 

r^urand,  L.     .     . 

370 

Laurent,  A.     .     .    . 
Lavisse,  E.      .     . 

286 

Lease,  E.  B.    .    . 

225 

Lecanuet,  E.    .     .    , 

40 

Lechat,  H.       .    .    , 

218 

Leclercq,  H.    .     .    . 
Lederer,  V.     .    .    . 

33o 

25 

Lefort,  A 

Legras,  L.       .    .  17) 
Lehmann,  P.  .    .    . 
Léo,  F 

398 

E>»  172 

i33 

Le  Roux 

161 

i 


TABLE   DES   MATIÈRES. 


425 


Lespagnol. 
i-csquier,  J.     . 
Lcvy-Bruhl,  L. 
Undsay,  W.  M. 
Loerscher,  A 
Loke,  M.    .    . 


276   Oger,  G 394  Schanz,  M.       .    .     .  i55 

392  Olcott,  G.  N.   .     .    .      87  Schefifel,  J.  V.     .    .  237 

81    Orsi,  P 277  Schindler,  H.  .     .     .  70 

3i2  Schlaf,  J 269 

394  Paris,  G.     .    .     .  35, 288  Schmalz 236 


149   Parker,  G.  P..    .    .  175   Schmatz,  J.      .    .    .  i3i 

Liichaire,  A 287    Parsy,  P 334   Schmid,  M.      ...  38 

Ludwig,  H.     .     .     .       34    Pasciucco,  G.  .     .     .  19   SchOnfeld,  M.  .     ,     .  226 

Pasquali,  G.     .     .     .  282   Schrader,  O.    .    .     .  77 

Patroni,  G.     .     .     .  277   Schuitz-Gora,  O.  .     .  ib-j 

Maas,  P.J.      ...     197    peaks,  MaryB.    .     .  3ii    Semeria,  J.-B.      .    .  399 

^*^^'  ^ ^^^    Pératé,  A 240    Shawyer,  J.  A.    .     .  33 

Marais-Hoogenhout,  N.  29   p^^^j^^^  L.      .     .     .     278   Singer,  S 75 

Marchai,  E.     ...     194   perrot.  G.    .     .      195,243   Sjoer,  A ,58 

Marcou,  F.  L.      .     .     271    perschinska,  F.    .     .  94   Skutsch,  F.      .     .     .  336 

Maréchal,  C.    .    .     .    283    pi^hon,  R 280   Smout,  H.  . 

Marquet  de  Vasselot,  J.  J.    pid^^x,  A 39   Sniyth,  H.  W. 

^11    Pierling,  le  P.      .     .  398   Sody,  E. 


Piot,  C 198   Souvestre,  E. 


Proelss,  J 237   Stara  Tedde,  G. 


Mariini,  Ae.     .     .   \      88 

Martroye,  P.   .     .    .  240    p^yet,  F 323   Stachel,  P 

^«"'  ^ ^^*    Pirenne,  H.     196,  272,  286   Stadthaus.  R.  . 

Masson,  A.      .     .     .  i54    piatner,  J.-B.  .    .     .      68   Staedler,  K.     . 

Masson,  M.     .     .     .  395    p^^i^j,^  g i65    Stapelkamp,  Chr. 

Mazon,  P 87    p^^^^    p ^     Stapfer,  P. 

Melcher,  P.     .  ""  ' 

Mensch,  J. 

Mensing,  M.  O. 

Merten,  O. 

Meunier,  abbé 

Meyboom,  M. . 

Mcyer,  K 176    Régnier,  A. 

Michaelis,  A.   .     .     .  367    Reinach,  S. 

Michel,  A.  37,  135,221,240    Renard,  E. 

Michel,  H.      .     .     .  377    Richermoz . 


226 

175 
142 
268 

322 
67 

33o 
237 
i58 
278 


Stein,  A 129 


349  Stemplinger, 


239 


394 
36 

397    Rachfahl,  F.    . 

198    Radermacher,  L.      .     33o   Steyns,  M 375 

395    Rand,  E.  K.     .     .    .     175  Stokes,  Wh.     ...     177 

336    Rauschen,  G.  .     .     ,      64  Sireitberg,  W.      .     .     143 

333  Strowski(etnonStrowsky), 

»94       F 35,317 

398  Siûckelberg,  E.  A.    .     33o 

399  Sulger-Gebing,  E.     .     181 
Michel,  M.      ...       35    Rivaud,  A 279 

Minnart,  G.  D.     .     .  36  Rivière,  G,      .     .     .  333  Taine,  H 284 

Mispoulet,  J.    ...  243    Rivière,  J 282  te  Winkel,  J.   ...     332 

Modestov,  B.    .     .     .  88  Robida,  A.       .     .     .  197  Thomas,  P.     .     .     .      42 

Moeller,  Ch.    .     .     .  187  Roersch,  A.     .    .     .  401  Toesca,  P 277 

Molinier,  A.     ...  159  Romnnel,  O.    .     .     .  239  Tourneur.  V.  .      230,401 

Mommsen,  Th.      194,280  Roscher,  W.  H.  .     .  236  Toutain,  J.      .       323,379 

Moore,  C.  H.  .     .     .  175  Rossmann,  Ph.     .     .  383  Traube,  F.      .     .     .     393 

Morgan,  M.  H.     .    .  175  Roustan,  M.    .     .     .  386  Trede,  1 236 

Mouchard,  A.  .    .     .  278   Rouzic,  L 287 

Muth,  R.  von  .     .    .  387  Ruelle,  C.  E.  .     .     .  87  Vahlen,  J 280 


Muzik,  H 33 

Sabatucci,  A.    .     . 

Nagel 284   Saglio      .     .     .     . 

Nilsson,  M.  P.     .     .     193   Salembier   .     .     . 

Î4imal,  Ch 327   Salomon,  M.    .     . 

Nogara,  B.     .    .  277,  278   Schamberger,  M. 


Valentini,  R.    .     .     .  282 

.     282   Valkhofif,  P.    .     .    .  3i5 

87,  394    Van  Bever,  Ad.    .     .  164 

.     161    Van  den  Berg,  N.  P.  i58 

.     190   Van  den  Bosch,  J.  H,  89 

.     394   Van  den  Gheyn,  J,     .  278 


426 


LB   MUSÉE   BELGE. 


Van  der  Haeghen,  F,  234 
Van  der  Haeghen,  V.  23o, 

233 

Vanderlinden,  H.  .  27 
Van  der  Valk,  J.  .332 
Van  der  Veen,  J.  O.  S.  226 
Van  Duyse,  H.  .  .  234 
Van  Elring,  M.  .  .  332 
Van  Halteren,  B.  .226 
Van  Houtte.  H.  .  .  242 
Van  Hove,  A.  .  .  389 
Van  Mander,  K.  .  .  287 
Van  Moerkerken,   P.    H. 

i5o,  332 

Van  Overbergh,  C.  241-242 
VanSchooneveldt,Ch.  226 
Van  Vae^ne^vyck,      .     234 


Van  Wageningen, 
Van  Werveke,  G. 
Veldkamp,  A. 
Venturi,  L. 
Vercoullie,  J. 
Verdunoy,  . 
Verest,  J.  . 
Vermast,  . 
Vermeylen,  A. 
Vigouroux, 
Villari,  P.  . 
Von  Salten,  A. 
Vulliaud,  P. 


J.  264 

23o,  23 1 

.  i58 

.  277 

.  37 

.  399 

.  189 

.  23i 

.  236 

.  395 

.  193 

.  397 

.  400 


Warren,  M.     . 
Weese,  A,  .    . 
Welcome,  H.  S. 
Wenderoth 
Widmann    .     . 
Winand,  B.      . 
Windisch,  E.  , 
Wissowa,  G.   . 
Witbc,J.  W.  , 
Witkowski,  S. 
Wolff-Beckh,  R. 
Woltmann,  L. 
Wright,  J.    H. 
Wustmann,  G. 


Xoual,  M. 


Wackernagel,  W.  .  238 
Walch,  J.  L.  .  .  .  226 
Ward,  L.  F.     .     .    .     242   Ziebarth,  E. 


.  90 

.  i56 

.  239 

.  2Î9 

.  172 

.  i35 

.  395 

.  166 

.  a36 

.  396 

.  175 

.  238 

392 

279,  36^ 


II.  Mélanges. 

A,  De  Ceuleneer,  Publications  relatives  à  la  ville  de  Gand    ....         23o 
W.  Krolly  L'Etude  de  la  philologie  classique  en  Allemagne.  Conseils  aux 

étudiants 209,  253 

G.  Maspéro^  Une  comédie  de  Ménandre 4o5 

F,  Mayence,  Fouilles  de  Délos  en  1906 5 

L,  Van  der  Essen,  Angelo  Fumagalli 61 

Le  même,  Guillaume  d'Orange  et  la  révolution  des  Pays-Bas        .        ,        .        349 
Concours  général  de  l'Enseignement  moyen  en  1907    .        .         ,         .  3oi,  359 

Les  humanités  gréco-latines.  Avis  des  Facultés  de  Médecine  et  des  Sciences 

de  Gand  et  de  Liège 122 

Manifeste  en  faveur  des  Humanités  gréco-latines 109 


III.  Publications  périodiques. 


Ausonia.  Rivista  délia  società  italiana  di  archeologia  e  sloria  dell'  arte.  I      .  277 

Biblioiheca  latina 87 

Deutsche  Erde,  Zeitschrifi  fiir  Deutschkunde,  VI 238 

Dissertationes  philologicae  Halenses.  XVII ,  3q4 

Euphorion,  Zeitschritt  iûr  Literaturgeschichte 239 

Glotta,  Zeitschrift  fur  griechische  und  lateinische  Sprache     ....  336 
Handelingen  en  mededeelingen  van  de  Maatschappij  der  Nederlandsche 

letterkunde  te  Leiden,  1906 .        .        .  i57 

Harvard  Studies  in  Classical  Philology.  XVII 174 

Les  langues  vivantes.  Revue  bi-mensuelle    .        , 338 

Le  mouvement  sociologique  international 240 

Mûnchener  Beitrage  zur  romanischen  und  englischen  Philologie,  XXVI      ,  3i 

De  nieuw^e  taaigids Sgô 

Quellen  und  Untersuchungen  zur  lateinischen  Philologie  des  Mittelalters    .  393 


TABLE   DES   MATIÈRES.  43/ 


Die  Stîname 91 

Studies  in  Classical  Philology  (Univ.  of  Chicago),  IV 3ii 

Teutonia.  Handbuch  der  germanischen  Philologie 397 

Transactions  and  proceedings  of  american  Philological  Association,  XXXVI  34 


IV.  Collections  et  Manuels, 

Allgemeine  Staatengeschichte igô 

Atti  del  Congresso  intemazionale  di  Scienze  storiche  (Roma  1903).  Vol.  I.  .  193 

Corpus  Inscriptionum  latinarum.  XIII 194 

Deutsche  Texte  des  Mittelalters 398 

Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne  et  de  liturgie       ....         33o,  39$ 

Dictionnaire  de  la  Bible  (Vigouroux) 395 

Dictionnaire  des  Antiquités  grecques  et  romaines  de  Daremberg  et  Saglio    .  394 

Dictionnaire-manuel  illustré  de  géographie,  par  A,  Demangeon   .        ,        .  159 

Gesta  Romanarum 89 

Hcrder's  Konversationslexikon 401 

Histoire  de  l'Art  depuis  les  premiers  temps  chrétiens  jusqu'à  nos  jours 

(A.  Michel) 240 

Meyers  grosses  Konversationslexikon 240 

Pauly*s  Realencyclopaedie  (G.  Wissowa) 395 

Scriptorum  classicorum  bibliotheca  Oxoniensis 194 

Studia  Poniica •        .  86 

Textes  et  documents  pour  l'étude  historique  du  christianisme       .        .  195,  394 

Thésaurus  linguae  latinae  epigraphicae        .......  87 

Vlaamsch  Belgiê  sedert  i83o 36 

Xenia  Romana.  Scritti  di  filologia  classica  offerti  al  secondo  convegno  pro- 

mosso  dalle  Società  italiane  ecc. 281 

Zwolsche  herdrukken 89 


V.  Chronique, 

Académie  flamande.  Programme  de  ses  concours 404 

Académie  royale  de  Belgique.  Classe  des  Lettres . 

Programme  du  concours  pour  1909 9^,244 

Programme  du  concours  pour  1910 290,334 

Prix  décernés  en  1907 198 

Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres.  Lectures 243 

Ange  d'or  de  Jeanne  de  Brabant. 243 

Bilderdijk.  i5o«  anniversaire. 332 

G.  CoUetet,  Vies  des  poètes  françois  depuis  1209  jusqu'en  1647    .        ,        .  162 

Commission  royale  d'histoire.  Nominations.        ......  162 

Concours  universitaire  1907-1909.  Programme.              .        .        •        .         .  335 

Concours  des  Bourses  de  voyage  de  1906.  Résultats 44 

Congrès  international  de  Sciences  historiques 336 

Cours  d'art  et  d'archéologie  à  Bruxelles 91 

Cours  d'art  et  d'archéologie  à  l'Université  de  Liège 4û3 

Découverte  archéologique  à  Arlon        .        .        »        ,        .        .        .  162, 3Sy 


j 


428  LE   MUSÉE  BELGE. 


Découvertes  à  Carthage  (Sainte  Félicité,  etc.)        .*.-..  243 

'Découverte  du  Lucus  Furrinae 243 

Découvertes  au  Palatin  :  l'église  de  Saint-Césaire '     .  243 

Diplôme  militaire  du  i5  avril  78 X43 

Enquête  ethnographique 241 

Exposition  de  la  Toison  d*or 334 

Humanités  anciennes.  Manifeste  en  faveur  des  études  gréco-latines      .        .  109 

Discours  de  M.  Woeste 336 

La  question  du  latin  aux  États-Unis 40 

Institut  historique  belge  à  Rome.  Nomination  du  directeur          ...  44 

Institut  papyrologique  de  l'Université  de  Lille 392 

Godefroid  Kurth.  Notice  biographique 338»  285 

Mélanges  Godefroid  Kurth 44 

Langue  internationale 162 

La  question  du  latin  aux  États-Unis  (A.  Banne) 40 

Manifestation  en  Thonneur  de  M.  le  Chanoine  A.  Gauchie    ....  43 

Une  comédie  de  Ménandre  (G.  Maspéro) 401 

Mission  archéologique  en  Syrie  (F.  Cumont) 198 

Une  nouvelle  revue.  Le  mouvement  sociologique  international    .        .        .  241 

Musée  du  Cinquantenaire  (section  égyptienne) 43 

Nécrologie.  Paul  Guiraud.  Notices  et  Bibliographie     .        .        .         164,  243,  393 

Ferdinand  Brunetiere,  Notice  et  bibliographie.         .....  92 

I^omination  des  professeurs  dans  les  universités  de  TÉtat     .        «        .        .  42 

Prix  de  l'Académie  royale  décernés  à  MM.  Désiré  Nys  et  J.  Bidez       .        .  198 

Prix  Gantrelle.  Programme  pour  1910 290 

PrixTeirlinck 334 

Projections  lumineuses 94 

Règlement  minier  découvert  en  Portugal 243 

Tebtunis  Papyri  II       .        : ,        ,  289 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

F,  Coîlard^  L'Enseignement  moyen  à  l'étranger.         ,        .      45,  95,  202,  24$,  291 

Le  même,  Dictées  françaises 299,  347 

A,  Jansen^  Les  cours  de  vacances  à  l'Université  de  Louvain        .        .        .         199 
Z..  Mallinger^  Un  pédagogue  catholique  de  l'Allemagne  contemporaine  : 

O.  Willmann 406 

.Le  même,  En  faveur  du  grec 41 

-Abbé  Wathelet^  Utilité  d'une  étude  restreinte  du  genre  roman  en  3®  latine  .        339 


Mélanges  GODEFROID  KURTfl 

A  loccasioa  de  ladmlssion  de  M.  Godefroid  Kurlh  à 
Téméritat,  la  Faculté  de  Philosophie  et  Lettres  de  TUniver- 
sité  de  Liège  a  décidé  de  publier,  en  son  honneur,  dans  la 
Bibliothèque  de  la  Faculté,  un  recueil  de  travaux,  qui  portera 
le  titre  de  Mélanges  Godefroid  Kurth.  Elle  a  invité  à 
y  collaborer  les  anciens  élèves  de  Téminent  historien  et  ses 
admirateurs,  en  Belgique  et  à  l'étranger. 

Près  -de  cent  collaborateurs  ont  répondu  à  cet  appel.  Les 
Mélanges  Godefroid  Kurth  formeront  deux  volumes, 
gr.  8°  de  500  pages  environ,  dont  Tun  comprendra  dos 
travaux  historiques,  et  lautre  des  travaux  cChistoive 
littéraire  et  de  philologie.  Le  prix  de  chaque  volume  est 
fixé  à  10  ï\\ 

Le  Comité  s  adresse  à  tous  les  anciens  élèves  de  M.  God. 
Kurth,  à  ses  amis  et  à  ses  admirateurs,  et  les  invite  à  s  as- 
socier à  cette  manifestation  académique  de  gratitude  et 
d'estime,  en  souscrivant  aux  deux  volumes  ou  au  moins  î\ 
Tun  d'eux. 

Adresser  les  souscriptions  à  H.  Jules  Gloson,  chargé  de 
coars  à  l'Université,  avenue  Blonden,  6,  à  Liège. 


SOMMAIRE. 


MELANGES. 

Pacet 

L,  Van  der  Esscn^  Guillaume  d'Orange  et  la  révolution  des  Pays-Bas  ,  .  349 
Concours  de  renseignement  moyen  en  1907  (fin)      .....         .     SSç 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique, 

307.  O.  Henke,  Vademekum  fur  die  Homerlekiûre  (R.  Nihard)      .        .        .  363 

308.  M,  Bréal^  Pour  mieux  connaître  Homère  (Th.  Simar)    ....  365 

309.  A.  MichaeliSfD'ic  archaeologischen  Entdeckungcn  des  xix  Jh.  (E.  Remy)  3Ô7 

3 10.  E.  Ziebarth^  Kulturbilder  aus  griechischen  Stadten  (Th.  Simar)  .  .  y*^ 
3ii.  L.  Laurand^  De  M.  Tullii  Ciceronis  studiis  rheto'icis  (R.  Nihard)  .  .  370 
3i2    H.  Goeljer,  G.  Julii  Caesaris  Comm   de  bello  gallico  (J.  P.  W.)     .        .  37a 

3i3.  J.  B/cA-,  Horazkritik  seit  i88o(L.  Debatiy) 373 

314.  3/.  Steyns^  Étude  sur  Us  Métaphores  de  Sénèque  le  Phil.  (P.  Henen)    .  375 

3i5.  //.  3//c//^/,  Petrus  Mosellanus,  Paedologia  (Lç  même)     ....  377 

3i6,  J.  Toutain,  Les  cultes  païens  dans  l'Empire  romain  (J.  P.  W.;       .        .  379 

317.  J.  De  Decker^  Les  vies  de  Paul  de  Thèbes  (dom  Baucr).        .        ,        .  383 

Langues  et  Uttératures  romanes, 

3 18.  Ph.  Rossmann,  Studienaufenthalt  im  franz.  Sprachgebiet  (A.  Counson)  .  383 

319.  C,  Compayré^  Montaigne  (J.  Flcurlaux)  .......  383 

320.  M,  Roustan,  Conseils  généraux  (Le  même) 386 

Langues  et  littératures  germaniques, 

321.  Th.  Abeling,  Das  Nicbelungenlied  und  seine  Literalur  (C.  Lecoutere)  .  387 

322.  R.  von  Muth,  Einleitung  in  das  Niebelungenlied  (Le  môme)    .        .  .  387 

323.  M.  J,  Koenen,  Handwoordenboek  der  Nçderlandsche  taal  (Le  même)  .  388 

Histoire, 

324.  A.  Van  HovCy  Statuts  synoianx  liégeois  de  i585  (G.  Kisselstein)    .        .     389 

325.  God,  Kurth^  L'entrée  du  parti  populaire  au  conseil  communal  liégeois 

en  1303  (J.  Closon) 392 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

326-393.  Publications  de  B.  Jouguct,  C.  Jullian,  L.  Halkin,  F.  Traube, 
P.  Lchmann,  D.  C.  Hess;;ling.  P.  de  Labriolle,  H.  Hemmer,  G.  Oger, 
A.  Laurent,  P.  Mclcher,  J.  Beriheau,  M.  Schamberger,  A.  Locrscher, 
Darcmberg  et  Saglio,  G.  Wissowa,  Vigouroux,  Cabrol»  Meunier,  M.  Masson, 
Wollmann,  de  Vooijs,  J  Koopmans,  Herckenrath,  Gallas,  Gezelle,  von  SaU 
isn,  DouflFct,  Mensing  Helm,  KochendoeriTer,  Kurih.  Lefort,  Pierling,  Brin- 
ton,  Renard,  Semeria,  Vcrdunoy,  Dacier,  Gaignet,  VuUiaud,  de  Lapparent, 
Guéchot,  Roersc'%  J.  Hanquei,  G,  Eeckhoui,  Blondel,  Counson,  Herder, 
Tourneur 39Î 

CHRONIQUE. 

364-366.  Une  comédie  de  Ménandre.  Cours  d'art  et  d'archéologie  à  Liège. 
Programme  des  concours  de  l'Académie  flamande 4o5 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 

L.  MaUinger^  Un  pidagogue  caiholiqui  de  l'Allemagne  contemporaine   : 

O.  Willmann 406 

Le  mc'we,  En  faveur  du  grec 419 


DOUZlEMb:  ANNÉE.  —  NM  . 


1 5  Janvier  1908. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PEDAGOGIQUE 


DU 


MUSÉE   BELGE 


REVUE    DE    PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBUÉE  SOUS  LA  DtKBCTlON  DB 


F.  GOLUkRD 

PROPBUKUR  A  L*UNIVKRSn*A  DB  LOUVAIN 


J.  P.  WAIiTZINO 

PROFB8SBUR  A  l'université  DB  ukOB 


Paralrtant  lo«i  Im  mois,  à  rexMpUon  dat  mois  d*aoâl  ol  do  soptomkro 


LOUVAIN 

CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

30,   RUB  DB  NAMUR,    20 

PARIS 


K.  FONTEMOING 
^  rue  Le  Goff 


BERLIN 

R.  tRlEDLAENDER  ET   FILS 

Carlstrasse,  i4^  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MMl.    Ba^iSTi  W.,  professeur  h  TUniversité  de  I^ouv^în. 
Biaohoff,  H.,  proft'ss "ur  k  rUiilviTsIlé  de  Liège. 
Bôthune,  Baron  P.,  professeur  ii  rUiilver>ilé  de  Lo:iva!n, 
Gauchie,  A.,  professeur  à  TUiilversité  de  Louvaln. 
Gollard,  P..  professeur  à  rUiilvcrsiic  de  Louvniii. 
De  Cauleneer,  A.,  professeur  b  rUiiiversilé  de  (;a!id. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  rUniversilé  de  Gand* 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  ii  TUniversilé  de  Li  jge. 
Doatrepont,  A.,  professeur  à  rUniversité  de  Lié^e. 
Doutrepont,  G.,  professeur  ii  TUniversité  de  Lotivain. 
IVancotte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  de  Oroutars,  J.,  professeur  k  l'Uni  ersité  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Hanqaet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Lecoatere,  Gh.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  b  l'Université  de  Louvain. 
Blaere,  R.,  professeur  k  rUniversité  de  Louvain. 
Martens.  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  b  Louvnin. 
Mœller,  Ch.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  pp.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  k  l'Universilè  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
8encie,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hoye,  Am  professeur  à  l'Université  de  Loovain. 
Van  Ortroy,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Waltzing,  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur -k  l'Université  de  Liège. 
t  Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WALT2aNO,  0,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  BuUtUn 
bibliograpkique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M.  J  P.  Waltzing,  professeur 
à  l'Université  de  Uége^  P,  rue  du  Pare,  Uége, 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  P.  Gollard, 
fFro/esseur  à  VUniversUé  de  Louvain,  rue  Léopold,  22^  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
lemment  est  fixé  k  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  les  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  k  M.  Gh.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  820  k  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement^  les  abonnés  pourront  se  procureur  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  onnées  au  prix  do  T  fk*.  tSÔ  par 
année»  le  port  en  sus. 


BULLETIN 
JBIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

ilEVUE  DE  PHILOLOGIE  CLASSIQUE 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 

PUBLIÉE  SOUS  LA  DIRKCTION  DI 


F.  GOLUkRD  I  J.  P.  WAIiTZINO 

PKOFBS8EUR  A  L'UNTVBBSiré  DB  LOUVAIN         |  PROPB88BUR  A  L'UNITERSITé  DB  UBOI 


Douzième  année.  —  Tome  XII 


1908 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

20,   RVK  DB  NAMUB,    20 

PARIS  BERLIN 


A.   FONTEMOING 
A.  rue  L-î  Goff 


R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 
Carlttrana,  11,  N.  W 


IDOUZIÈME  ANNÉE.  —  N®  I.  l5  JANVIER  IQOS. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 

MÉLANOES. 


LE  NEUVIÈME  CENTENAIRE  DE  NOiaER. 

Uannée  1908  ramènera  un  anniversaire  dont  aucun  Liégeois  ne 
peut  se  désintéresser. 

Le  10  avril  de  cette  année,  il  y  aura  neuf  cents  ans  qu'à  pareil 
jour  se  terminait  la  carrière  de  Notger,  créateur  de  la  principauté  et 
second  fondateur  de  la  Cité  de  Liège. 

La  principauté  a  cessé  d'être  après  huit  siècles  d'une  existence 
à  laquelle  n'a  manqué  aucune  gloire. 

Quant  à  la  ville,  arrivée  à  l'apogée  de  sa  prospérité,  elle  entrerait 
dans  le  chemin  de  la  décadence  le  jour  où  elle  viendrait  à  oublier 
son  passé  et  son  principal  bienfaiteur. 

Avant  saint  Hubert,  Liège  était  un  village.  Avant  Notgçr,  elle 
était  une  bourgade.  C'est  lui  qui  en  a  fait  une  ville,  la  plus  grande 
et  la  plus  florissante  des  Pays-Bas. 

Enumérer  ce  qu'elle  lui  doit,  ce  serait  long. 

Le  moyen-âge  le  disait  dans  une  formule  d'ime  expressive  beauté. 
C'est  le  vers  fameux  d'un  poète  anonyme  s'adressant  à  la  ville  de 
Liège  : 

Tu  dois  Notger  au  Christ  et  le  reste  à  Notger. 

Durant  plusieurs  siècles  cependant,  la  gloire  dé  ce  grand  homme 
a  traversé  une  éclipse. 

c  Grand  homme  tant  que  vous  voudrez,  répondait-on  à  ceux  qu 
le  glorifiaient.  Il  a  fondé  la  ville,  soit,  il  Ta  fortifiée,  d'accord  ;  il  a 
bâti  tous  ses  édifices  civils  et  religieux,  il  a  creusé  le  canal  de  1& 
Meuse,  il  a  créé  des  hospices  ;  il  a  ouvert  des  écoles,  il  a  allumé  sur 
les  bords  de  la  Meuse  un  lumineux  foyer  d'instruction  publique 
qui  éclairait  toute  l'Europe  occidentale,  c'est  parfait,  mais...  il  y  a 
ChèvremontI  » 

Eh  bien  I  non,  il  n'y  a  pas  Chèvremont  ! 


r 


LE  MUSÉE    BELGE. 


Il  n'est  pas  vrai  que  Notger  ait  pénétré  dans  cette  forteresse  grâce 
à  un  stratagème  indigne  de  son  caractère  sacré. 

L'histoire  de  la  prise  de  Chèvre  mont  est  une  légende  fabriquée 
vers  la  fin  du  xii*  siècle,  c'est-à-dire  environ  deux  cents  ans  après  la 
date  où  elle  est  censée  s*être  passée. 

Et  il  faudra  bien  se  résigner  à  ne  pas  rencontrer  une  seule  tache 
sur  la  figure  du  plus  grand  homme  de  Thistoire  de  Liège. 

Voilà  ce  qu'il  n  est  pas  inutile  de  redire  aux  Liégeois,  au  seuil 
d'une  année  qui  va  leur  rappeler  d'une  manière  pressante  cette 
illustre  mémoire. 

Que  vont- ils  faire  pour  Thonorer  ? 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  le  leur  apprendre,  mais  je  leur  demande 
la  permission  de  rappeler  ici  ce  que  récemment  on  faisait  ailleurs, 
dans  un  cas  semblable. 

Hildesheim  est  une  des  plus  belles  villes  de  l'Allemagne,  et  des 
plus  intéressantes.  Elle  n'a  de  rivale  que  Nûrnberg.  La  beauté  de 
ses  édifices  religieux,  l'aspect  pittoresque  de  ses  maisons  à  pignon  de 
bois  sculpté  et  historié,  les  innombrables  souvenirs  qui  s'évoquent 
à  chaque  pas  dans  ses  rues  et  qui  se  concrétisent  en  quelque  sorte 
dans  le  poétique  symbole  de  son  rosier  de  mille  ans  y  tout  cela  lui  donne 
le  charme  d'une  ville  de  rêve,  qu'on  aurait  inventée  pour  le  plaisir 
des  poètes  et  des  artistes. 

Cette  ville  a  été  créée,  il  y  a  neuf  siècles,  par  son  évêque  Bernward, 
tout  comme  Liège  a  été  créée  par  son  évêque  Notger. 

Elle  est  encore  toute  remplie  de  monuments  et  d'objets  d'art  qui 
sont  l'œuvre  de  ce  grand  homme,  le  contemporain,  l'ami,  et  peut-être, 
comme  créateur  de  villes,  le  disciple  de  Notger. 

Eh  bien,  lorsqu'en  1893  revint  le  neuf  centième  anniversaire  de 
l'intronisation  de  saint  Bernward  comme  évêque  de  Hildesheim, 
les  protestants  de  cette  ville,  qui  forment  les  deux  tiers  de  la  popula- 
tion, se  sont  unis  aux  catholiques  pour  célébrer  dans  des  fêtes 
grandioses  l'auteur  de  leur  civilisation  urbaine. 

Et  la  belle  statue  du  saint,  qui  se  dresse  aujourd'hui  devant  le 
portail  de  la  cathédrale,  est  l'œuvre  collective  des  deux  confessions 
religieuses,  unies  dans  un  même  élan  de  patriotisme  et  de  reconnais- 
sance envers  le  père  de  la  patrie. 
^  Ce  qu'on  a  fait  à  Hildesheim,  ne  peut-on  pas  le  faire  à  Liège? 

Liège  serait- elle  moins  fière  de  son  passé,  moins  juste  envers  ses 
grands  hommes,  moins  capable  d'imposer  silence  à  la  voix  des  partis 
quand  s'élève  la  voix  de  la  patrie  ? 

Je  n'en  crois  rien,  et  je  me  plais  à  croire  que  les  Liégeois  célébre- 
ront le  neuvième  centenaire  de  Notger.  Godefroid  Kurth. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHigUE. 


De  la  question  de  savoir  si  un  Allemand  peut  avoir  de  l'esprit. 

Il  y  a  trois  ans,  le  Times,  à  propos  des  relations  franco-allemandes 
et  de  la  conversation  du  chancelier  avec  un  journaliste  parisien, 
rappelait  qu'autrefois  les  Français  discutaient  la  question  de  savoir 
si  un  Allemand  peut  avoir  de  l'esprit  :  le  journal  anglais  ajoutait 
immédiatement  que  cela  se  passait  avant  Heine  et  M.  de  Bûlow.  Il  y 
a  en  effet  bien  longtemps  de  cela  ;  et  cette  vieille  histoire,  si  elle  peut 
encore  fournir  un  bon  mot  à  un  publiciste,  intéresse  surtout  aujoiu:- 
dliui  la  littérature  comparée  :  aussi  en  retrouvons- nous  la  mention 
ou  le  souvenir  dans  l'excellent  Goethe  en  France  de  M.  Baldensperger 
comme  dans  les  travaux  de  Joseph  Texte,  de  Sûpfle  et  de  V.  Rossel(i). 

C'est  généralement  le  Père  Bouhours  qui  passe  pour  Tauteur  et  le 
théoricien  de  cette  question  subtile  ;  et  nous  verrons  que  sa  réputation 
à  cet  égard  est  assez  ancienne.  Nous  lisons  dans  Les  Entretiens  d'Ariste 
et  d'Eugène  cet  échange  de  vues  :  a  II  faut  du  moins  que  vous  confes- 
siez, dit  Ariste,  que  le  Bel  esprit  est  de  tous  les  païs  et  de  toutes  les 
nations  ;  c'est  à  dire  :  que  comme  il  y  a  eu  autrefois  de  beaux  esprits 
Grecs  et  Romains,  il  y  en  a  maintenant  de  Français,  d'Italiens, 
d'Espagnols,  d'Anglais,  d'Allemands  même  et  de  Moscovites*.  C'est 
une  chose  singulière  qu'un  Bel  esprit  Allemand  ou  Moscovite,  reprit 
Eugène,  et  s'il  y  en  a  quelques-uns  au  monde,  ils  sont  de  la  nature 
de  ces  esprits  qui  n'apparaissent  jamais  sans  causer  de  l'étonnement. 
Le  Cardinal  du  Perron  disait  un  jour,  en  parlant  du  Jésuite  Gretser, 
//  a  bien  de  P esprit  pour  un  Allemand,  comme  si  ç'eûst  été  un  prodige 
qu'un  Allemand  fort  spirituel.  —  J'avoue,  interrompit  Ariste,  que  les 
beaux  esprits  sont  un  peu  plus  rares  dans  les  païs  froids,  parce  que 
la  nature  y  est  plus  languissante  et  plus  morne  pour  parler  ainsi. 
Avouez  plutôt,  dit  Eugène,  que  le  bel  esprit  tel  que  vous  l'avez 
défini,  ne  s'accommode  point  du  tout  avec  les  temperamens  grossiers 
et  les  corps  massifs  des  peuples  du  Nord.  —  Ce  n'est  pas  que  je 
veuille  dire,  ajouta-t'il,  que  tous  les  Septentrionaux  soient  bestes; 
il  y  a  de  l'esprit  &  de  la  science  en  Allemagne  &  en  Pologne,  comme 
ailleurs  :  mais  enfin  on  n'y  connaît  point  nôtre  Bel  esprit,  ny  cette 
belle  science  dont  la  politesse  fait  la  principale  partie  :  ou  si  cette 

(i)  J.  TixTB,  Les  relations  litt.  de  la  France  avec  Véiranger  au  XV II h  siècle, 
(Hist.  de  la  langue  et  la  litt.  française  de  Petit  de  Julleville,  t.  VI,  p.  771)  :  «  Il  (le 
xvin«  siècle)  s'est  intéressé  à  cette  Allemagne  si  méprisée  du  xvii«  siècle  que  le 
K  Bouhours  lui  refusait  «  cette  belle  science  dont  la  politesse  fait  la  principale 
partie.»  La  question  de  Topinion  française  à  l'égard  des  Allemands  a  été  reprise 
par  Klaus  Weidenkaff,  Die  Anschauungen  der  Fran:çosen  ûber  die  geistige  Kuitur 
der  Deutschen  im  Verlaufe  der  18,  und  zu  Beginn  des  iç,  Jahrh.  Gotha  1906. 


8  LE   MUSÉE  BELGE. 


belle  science,  &  ce  bel  esprit  y  sont  connus,  ce  n'est  seulement  qtie^ 
comme  des  étrangers,  dont  on  n'entend  point  la  langue  ;  &  avec  qui 
on  ne  fait  point  d'habitude  »  (ij. 

Ainsi  raisonnait  Eugène  sur  la  plage  flamande  où  la  compa^^nie 
d'Ariste  lui  faisait  perdre  de  vue  la  langue  du  pays  et  la  solitude. 
Son  sage  interlocuteur  s'étonnait  qu'  a  un  homme  qui  craignait  tamt 
de  se  mettre  mal  avec  les  Grecs  et  les  Romains  s'attirât  ainsi  sur  les^ 
bras  de  gayeté  de  cœur  les  Espagnols,  les  Italiens,  les  Allemands^ 
les  Polonais,  les  Moscovites,  &  toutes  les  autres  nations  de  la  terre  »  ; 
il  le  trouvait  «  bien  hardi  de  faire  ainsi  le  procès  à  tous  les  Etrangers  w . 
—  Ariste  l'avait  bien  dit  :  les  paroles  téméraires  eurent  des  échos  en 
France  et  à  l'étranger,  et  nous  en  entendons  aujourd'hui  les  derniers 
retentissements. 

Mais  remarquons  tout  d'abord  que  le  Père  Bouhours  n'est  pas  si 
germanophobe  dans  le  texte  même  que  dans  la  tradition  ;  qu'il  met 
à  côté  du  dédain  d'Eugène  la  tolérance  d'Ariste,  qu'enfin  et  surtout 
il  représente  en  l'occurrence  l'opinion  de  tous  les  contemporains  et  de 
tous  ses  prédécesseurs  :  non  seulement  dans  les  Perroniana^  mais  dans 
vingt  auteurs  de  la  Renaissance  et  du  xvii«  siècle  on  trouverait  la- 
même  sévérité  sur  la  lourdeur,  la  stupide  lenteur  des  Allemands. 
Bien  plus,  on  dirait  que  l'humanisme,  en  remettant  en  vigueur  tant 
d'idées  antiques,  a  contribué  à  l'assimilation  des  Allemands  modernes 
aux  Barbares  germains.  Cette  assimilation  plus  ou  moins  consciente 
devait  aboutir  à  des  expressions  comme  celle  de  vandalisme^  consacrée 
par  l'abbé  Grégoire  à  l'époque  révolutionnaire,  et  aux  plaisanteries 
connues  de  H.  Heine  sur  les  corporations  d'étudiants  de  G5ttingen 
et  leurs  noms  barbares.  Il  n'est  pas  impossible  qu'elle  se  soit  mêlée, 
avant  Bouhours,  à  la  question  de  l'esprit  allemand.  Le  mot  de 
du  Perron,  si  souvent  rapporté  depuis  Bouhours  jusqu'à  M.  Siipfle, 
est  déjà  dans  la  Germante  de  Tacite.  Celui-ci  dit,  au  chapitre  XXX, 
en  parlant  des  Cattes  :  a  Multum  {ut  inter  Germanos)  raiionis  ac  solleftiae  : 
praeponere  electos^  audire praepositos,  nosse  ordiner..,,n  (2).  Or,  on  connaît 
assez  l'immense  diffusion  de  la  Germanie  depuis  le  temps  de  Jean  de 
Spire  jusqu'à  celui  de  Philippe  V.  —  Panckoucke  n'écrit- il  pas  encore 
en  1824  :  «  César  et  Tacite  ont  été  les  panég3rristes  des  Germains;  et 

(1)  IV»  Entretien  :  Le  Bel  Esprit  (Les  Entr.  d'A.  et  d*E.,  nouvelle  édition, 
Amsterdam,  Paris  et  Bruxelles  16g  1,  p.  a3 1-232).  Le  texte  porte  en  marge,  à  côté 
de  la  citation  de  du  Perron  :  Perroniana, 

(2)  L*antiquité,  malgré  l'universel  préjugé  de  la  barbarie  étrangère,  n*a  pas> 
laissé  de  comprendre  ce  que  cette  notion  avait  de  contestable;  et  Ton  connaît  le  jeu 
de  mots  de  Velleius  Paterculus  {Hist,  rom,,  II,  108,  2)  sur  le  Germain  (Marcoman> 
Maroboduus  :  «  Maroboduus  natione  magis  quan  ratione  barbarus». 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


le  caractère  de  cette  nation,  tel  qu'ils  nous  Tont  dépeint,  s'est  conservé 
jnsqu'à  nos  jours  »  (i). 

Le  caractère  de  l'esprit  allemand  semble  se  conserver,  ou  plutôt 
empirer,  à  la  suite  du  P.  Bouhours.  Et  les  Chevraeana  contiennent  la 
page  suivante,  qui  résume  les  préjugés  en  vogue  en  donnant  la  plus 
gpnande  importance  à  ceux  d'Eugène  :  «  Tilenus  pour  un  Allemand,  parle 
et  écrit  bien  François,  dit  Scaliger  :  Gretzer  a  bien  de  Vesprit  pour  un 
Allemand^  dit  le  Cardinal  du  Perron;  et  le  P.  Bouhours  met  en 
question,  si  un  Allemand  peut  être  bel  esprit?  On  ne  doit  juger  ni  bien 
ni  mal  d'ime  Nation  par  un  particulier,  ni  d'un  particulier  par  sa 
Nation.  Il  y  a  des  Allemands  comme  des  Français  qui  n'ont  point 
d*esprit  ;  des  Allemands  qui  ont  sçû  plus  d'Hébreu,  plus  de  Grec  que 
Scaliger,  et  le  Cardinal  du  Perron.  J'honore  fort  le  P.  Bouhours  qui 
a  du  mérite  :  mais  j'ose  dire  que  la  France  n'a  point  de  plus  bel  esprit 
que  Madame  la  Duchesse  de  Hanover  d'aujourd'hui,  ni  de  personne  plus 
solidement  savante  en  Philosophie  que  l'étoit  Madame  la  Princesse 
Elixaheth  de  Bohême,  sa  saur  ;  &  je  ne  croi  pas  que  l'on  refuse  le  même 
titre  à  beaucoup  d'Académiciens  d'Allemagne,  dont  les  ouvrages 
meriteroient  bien  d'être  traduits.  Il  y  a  d'autres  Princesses  en 
Allemagne  qui  ont  infiniment  de  l'esprit;  mais  on  s'est  mis  en  tête 
qu*elles  n'en  ont  point,  parce  qu'elles  ne  sont  ni  enjouées,  ni 
coquettes,  et  qu'en  France  on  juge  souvent  du  bel  esprit  par  la  belle 
humeur.  —  Les  Français  disent,  cest  un  Allemand,  pour  exprimer  un 
homme  pesant,  brutal  ;  et  les  Allemands,  comme  les  Italiens,  c'est  un 
François,  pour  dire  un  fou  et  un  étourdi.  Nous  disons  encore,  c'est  un 
Italien^  pour  marquer  un  fourbe;  et  un  Anglois,  pour  marquer  un 
traître.  C'est  aller  trop  loin,  et  il  est  certain  qu'il  y  a  en  France  des 
gens  fort  sages  ;  des  gens  éclairez  et  penetrans  en  Allemagne  ;  d'autres 
de  fort  bonne  foi  en  Italie  ;  et  en  Angleterre  des  gens  de  bien.  Ainsi 
le  Cardinal  du  Perron  n'avoit  plus  qu'à  dire  :  le  Père  Gretzer  avoit  bien 
de  r esprit,  c'est  dommage  qu'il  fût  Allemand,  comme  le  Prince  de  Salé 
dît  de  Ru3^er  :  //  est  honnête  homme,  c'est  bien  dommage  qu'il  soit  chrétien 
(Chevraeana.  Amsterdam,  1700,  t.  I,  p.  91  92). 

Les  Allemands  du  xviii«  siècle  lisaient  trop  les  livres  français  pour 
ne  pas  savoir  tout  le  bien  qu'on  pensait  d'eux  au  pays  de  Bouhours, 
de  Dubos  et  de  Voltaire.  Dans  le  texte  d'un  professeur  de  Gôttingen 
nous  trouvons  même  Bouhours  employé,  au  pluriel,  comme  nom 
générique  de  ces  Français  déraisonnables  qui  contestent  aux  étrangers 
tout  esprit.  A  la  4"  édition  de  Joh.  Jacob  Schmauss  (prof.  Gôttingen), 
Compendium  juris publici  5.  R.  /.,  le  professeur  J.  H.  Chr.  von  Selchow 

{i)  La  Germanie  traduite  de  Tacite  par  C,  L,  F,  Panckoucke,  p.  viii  (Introd.). 


lO  LE    MUSEE   BELGE. 


{également  prof.  Gôttingen)  met  un  avant-propos  où  il  parle  du 
succès  obtenu  par  le  Compendium,  et  de  la  traduction  française  qxii  a 
été  faite  de  cet  ouvrage  allemand  :  «  Selbst  Auslânder  haben  es 
bewundert,  und  die  von  dem  Herrn  Ritter  von  Buat  davon  gemachte 
franzôsische.  wiewohl  freie,  Uebersetzung,  welche  unter  dem  Titul  : 
Tableau  du  gouvernement  actuel  de  V empire  d'Allemagne  z\i  Paris  im  Jahr 
1755  auf  402  Octavseiten  herausgekommen  ist,  gibt  einen  Bevreis 
ab,  dass  dièses  Buch  selbst  bey  einer  Nation  geschâtzt  ist,  unter 
welcher  es  noch  immer  urivernûnftige  Bouhours  gibt,  welche  noch 
zweifeln  :  ob  es  in  Teutschland  verniinftige  Leute  gebe  (i)  ?  »  Singulière 
traduction,  et  singulière  interprétation  du  mot  du  P.  Bouhours  :  dans 
les  récriminations  du  brave  Selchow  les  Français  ont  l'air  de  mettre 
en  doute  la  raison  même  des  Allemands,  et  cela  quinze  ans  avant  la 
publication  de  la  Critique  de  la  raison  pure  ! 

Est-il  besoin  de  rappeler  que  les  Français  étaient  encouragés  dans 
leurs  préventions  par  toute  l'Europe,  et  particulièrement  par  les 
gens  de  Frédéric  ?  Le  baron  de  Bielefeld  écrivait  de  Breslau  à  son 
ami  Jordan,  le  12  octobre  1741  : 

De  trois  beaux  esprits  allemands, 

Grands  parleurs  et  grands  gourmands. 

Fut  renforcée  la  compagnie. 

Les  plats  exquis  qu*on  nous  servoit 

Excitoient  fort  leur  gloutonnerie, 

Mais  le  sel  attique  manquoit 

A  tous  les  plats  de  leur  génie  12). 

Pour  Bielefeld,  évidemment,  il  y  avait  en  Allemagne  des  «  beaux 
esprits  »  :  il  ne  leur  manquait  que  Tesprit.  Eugène  et  Ariste  se 
seraient  peut  être  mis  d'accord  sur  cette  interprétation.  Les  Entretiens 
du  P.  Bouhours  représentent  la  suffisance  et  les  subtilités  du  classi- 
cisme français  à  son  apogée  :  dans  cette  fin  du  xvii*  siècle,  où 
s'ouvre  la  querelle  des  Anciens  et  des  Modernes  (les  Français  n'ont 
plus  de  rivaux  que  dans  un  passé  très  lointain),  les  critiques  ont  une 
notion  du  bel  esprit  que  réalise  à  la  perfection  l'esprit  français. 
L'Allemagne  a  beau  avoir  alors  Leibnitz  et  recueillir  les  calvinistes 
«  réfugiés  »  :  on  n'aperçoit  chez  elle  que  lourdeur  et  pédantisme;  et 
Voltaire  y  retrouvera  dans  un  demi-siècle  Candide  et  Pangloss.  En 
attendant,  le  P.  Bouhours  et  ses  compatriotes  ont  beau  jeu  de  faire 

(1)  Comp.  jur,  publ.  S,  R.  I.  \um  Gebrauch  der  akademischen  Lektionenj 
4«,  verbesserte  Auflage,  mit  Anmerkungen  im  J.  H.  Chr.  v.  Selchow,  Gôttingen 
1766,  Vorrede  des  Herausgebers,  Blatt  5. 

(1)  Bielefeld,  Lettres  familières^  t.  II,  p.  56  (lettre  LU). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  II 

le  procès  aux  nations  étrangères;  les  Femmes  savantes,  parues  depuis 
p>eii  d'années,  ont  trouvé  l'attitude  à  prendre  : 

Nul  n'aura  de  Tesprit  que  nous  et  nos  amis. 

Aux  circonstances  historiques  qui  encadrent  les  Entretiens  à'Ariste 
et  éT Eugène ^  il  faut  ajouter  le  caractère  permanent  de  Tesprit  national. 
Le  P.  Bouhours  et  le  bel  esprit.  Voltaire  et  son  ironie  ont  passé, 
Blûcher  et  Mme  de  Staël  ont  changé  bien  des  choses;  Heine  a 
trouvé  les  Français  philosophant  (i),  parlant  de  Kant,  Fichte,  Hegel, 
et  devenant  philistins.  Et  malgré  tout  il  est  resté  en  France  un  esprit  si 
peu  répandu  ailleurs  que  son  nom  même  est  intraduisible  en  alle- 
mand. L'autre  jour  encore,  M.  Huret,  rentré  de  Dûsseldorf,  et  gour- 
mande par  la  presse  rhénane,  geignait  dans  une  note  explicative  : 
«  Ingénuité  désarmante  ..  Comment  se  risquer  jamais  de  plaisanter 
avec  les  Allemands?  Il  en  est  pourtant  de  bien  spirituels.  —  à 
Munich  et  même  à  Berlin  »  (2).  Plaisanterie  et  esprit,  art  et  goût  :  la 
question  de  savoir  si  tout  cela  existe  en  Allemagne  se  ramène  tou- 
jours, chez  M.  Huret  comme  chez  le  P.  Bouhours,  à  la  question  de 
savoir  ce  qu'on  entend  par  «  avoir  de  l'esprit  ».  A.  Counson. 

La  vie  universitaire  en  i522. 

Sous  ce  titre  :  Some  letters  0/  Masters  and  Schoîars  i5oo-i53o. 
M.  P.  S.  Allen,  le  très  savant  éditeur  de  la  correspondance  d'Érasme, 
publie  dans  Tke  english  historicaî  review,  n^  d'octobre  1907,  quelques 
lettres  latines  inédites  qui  contiennent  de  curieux  renseignements 
sur  la  vie  universitaire  dans  les  premières  années  du  xvi^  siècle.  Nous 
y  remarquons  trois  épîtres  envoyées  de  Louvain,  en  i522,  à  Henry 
Golde,  à  Cambridge,  par  son  ami  Nicolas  Daryngton,  senior  fellow 
du  St-John  s  Collège  à  Cambridge.  Les  originaux  reposent  au  Bri- 

(1  j  Dans  le  temps  même  de  Deutschland^  ein  Wintermàrchen,  les  admirateurs  de 
la  philosophie  allemande  n*oubliaient  pas  le  P.  Bouhours  ;  un  traducteur  de  Fichte 
rappelle  le  passé  de  la  manière  suivante  :  «  L*esprit  général  de  la  nation  allemande  était 
lui-même  mis  en  cause.  On  lui  reprochait  des*  tendances  vagues,  indécises  :  on  lui 
refusait  cet  indéfinissable  achèvement  des  facultés  intellectuelles,  que  l'on  appelle 
goût,  esprit,  jugement,  sens  pratique,  suivant  que  Ton  parle  des  arts,  de  la  conduite 
ou  des  affaires.  Mais  à  l'impertinente  et  spirituelle  question  du  père  Bouhours^  si 
souvent  posée  depuis  deux  siècles^  l'Allemagne  elle-même  n'a-t-elle  pas  péremptoire- 
ment répondu?  N'est-il  pas  douteux  aujourd'hui  qu'écrivain  ni  poète  puisse  jamais 
avoir  plus  d'esprit  et  de  goût  que  Goethe?...»  (P.  Grimblot,  Préface  du  traducteur, 
p.  u,  de  la  Doctrine  de  la  science.  Principes  fondamentaux  de  la  science  de  la 
connaissance  par  } ,  G.  Fichte,  Paris,  Ladrange,  1843). 

(2)  Jules  Huret,  En  Allemagne,  Rhin  et  Westphalie,  Fasquelle  1907,  p.  i83,  n.  1. 


12  LE   MUSÉE  BELGE. 


tish  Muséum  et  au  Record  Office.  Voici  les  réflexions  que  sug^gèrent 
au  voyageur  anglais  quelques  mois  de  séjour  en  la  cité  brabançonne  : 

c  Agimus  nunc  Louanii  in  Brabantia  parum  féliciter  et  cum  tem- 
poris  dispendio  ;  Parisiis  enim  immorari  non  siuit  belli  seuicia  fama 
quam  re  maior.  Sic  insecuti  sumus  hucusque  bonas  litteras  quasi 
fugientes  amatorem  suum.  —  Sunt  hic  mihi  parum  iocunda  théologie 
exercitamenta.  Frigide  legunt,  frigidius  disputant,  omnia,  vt  fenint» 
cum  modestia  ;  quam  laudarem,  si  esset  absque  tarditate  et  suis  nuga- 
mentis.  Parisiis  clamatur  vere  Sarbonice  et  voce,  quod  dicitur^ 
Stentorea  :  fremunt  aliquando  ad  spumam  vsque  et  dentium  stri- 
dorem;  medio  igitur  tutissimus  ibis.» 

a  Est  Louaniense  oppidum  situ  quam  populo  magis  gratum.  Loca 
sunt  pulchra  et  menia  prospectu  amenisslma.  Sed  gentis  amor  ranis 
et  is  vnicus  fauor  qui  pecunia  emitur.  Egregii  sunt  potatores,  ventris 
inquam  animalia.  Maximam  gloriam  putant  in  maxima  gula;  quo 
quisque  est  bibacissimus,  eo  fortissimus.  Fecundos  calices  nunquam 
purgare  desistunt  donec  manus  pedes  oculi  lingua  ab  officiis  deficiant; 
ac  hostis  es,  si  exhaurienti  non  respondeas.  Cibus  apponitur  impurus, 
impinguatus,  incrassatus  et  vt  vix  loquar  ex  omni  parte  butyratus; 
monstniosum  plane  foret  prandium  sine  butyro.» 

a  Ecce  descripsimus  tibi  felicitatem  Teutoniconim.  Nos  intérim 
solum  admittimus  secretum  et  priuatum  studium;  nisi  quod  Mêle 
cosmographiam  audiamus  sub  preceptore  non  vulgariter  docte, 
nomine  Viue,  Hispano  génère  ;  sub  quo  et  didicimus  Julii  Cesaris 
vitam  a  Suetonio  miro  artificio  conscriptam.  Sentio  preterea  minus 
perturbatum  bonum  studendi  ocium  hic  quam  vestre  Cantabrigie...  » 
Suivent  quelques  détails  sur  les  mœurs  des  étudiants  de  Cambridge 
et  quelques  indications  sur  les  faits  du  jour  :  Charles- Quint  songe  à 
passer  en  Angleterre  ;  on  vient  de  condamner,  à  Louvain,  un  frère 
augustin,  disciple  de  Luther,  à  la  peine  du  feu  pour  hérésie...  nisi 
resipiscerei.  »  Et  l'auteur  ajoute  avec  un  flegme  tout  britannique  :  Ignis 
fidem  extorsit  quam  non  potuit  rationis  vis.  De  Louvain,  14  février 
i522.  (Brit.  Mus.  Ms.  Harl.  6989.  7.)  A.  Roersch. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l3 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUB. 


Antiquité  classique. 


I.  —  Mrs  Arthur  Strong,  Roman  Sculpture  from  Augustus  to 
Constantine,  London,  Duckwoith,  1907.  xvi-4o8  p.  in-S®.  10  sh. 
Mrs  Strong,  qui  s*estfait  un  nom  en  archéologie,  s'en  tient  ici  rigou- 
reusement à  l'objet  qu'annonce  le  titre  de  son  livre;  elle  a  négligé  tout 
ce  qui, dans  la  sculpture  de  l'époque  impériale,  constitue  une  imitation 
directe  ou  ime  copie  de  Tart  grec  et  s'est  attachée  exclusivement  aux 
œuvres  d'inspiration  romaine.  La  grande  partie  de  celles-ci  est 
composée  de  bas-reliefs,  entr'autres  ceux  qui  décorent  les  colonnes 
de  Trajan,  de  Marc-Aurèle,  et  les  Arcs  de  Triomphe.  Un  dernier 
chapitre  est  consacré  à  l'étude  des  portraits. 

Ce  livre  est  à  la  fois  le  fruit  d'observations  personnelles  et  de 
lectures  étendues  ;  dans  la  partie  qui  traite  de  l'art  romain  aux 
iii«,  iv«  et  v«  siècles,  il  expose  et  défend  les  idées  émises  par  A.  Riegl 
dans  son  ouvrage  monumental  Die  spàtràmische  Kunstindustrie  (Wien, 
1901).  Tous  ceux  qui  ont  abordé  ce  livre  admirable,  mais  d'une 
lecture  si  laborieuse,  sauront  gré  à  Mrs  Strong  d'avoir  exposé  dans  un 
style  clair  et  animé  les  idées  de  l'archéologue  autrichien.  A.  Riegl  et, 
après  lui,  Mrs  Strong  n'admettent  pas  les  idées  courantes  en  cette 
matière,  à  savoir  que  lart  romain,  depuis  la  fin  du  ii'  siècle,  accuse 
une  décadence  complète  et  presque  subite,  que  les  formes  sèches  qui 
se  détachent  isolées  sur  un  fond  nu  ou  qui  se  groupent  en  masses  un 
peu  confuses  avec  des  oppositions  très  fortes  de  lumière  et  d'ombre, 
témoignent  d'une  impuissance  qui  ramène  souvent  l'art  à  ses  origines. 
A.  Riegl  y  voyait  ime  évolution  consciente  de  l'art  romain,  la  mani- 
festation d'une  esthétique  différente  de  celle  qui  a  dirigé  l'art  dans 
les  époques  précédentes.  Mrs  Strong  est  convaincue  de  la  vérité  de 
cette  opinion  ;  elle  l'expose  et  la  défend  avec  chaleur. 

Le  livre  de  Mrs  Strong  —  et  ce  n'est  pas  son  moindre  mérite  — 
est  aussi  le  premier  essai  complet,  à  ma  connaissance,  d'un  classement 
chronologique  des  œuvres  de  l'art  romain.  Il  est  à  souhaiter  que  ce 
travail  soit  continué.  De  nombreuses  questions,  non  seulement  d'ar- 
chéologie figurée,  mais  d'histoire  religieuse,  restent  insolubles  à  cause 
de  l'obscurité  et  des  incertitudes  qui  régnent  en  cette  matière 

L'illustration  du  livre  suffirait  à  elle  seule  pour  lui  donner  une 
grande  valeur.  Il  contient  i3o  reproductions  irréprochables  d'oeuvres 
romaines  que  l'on  ne  pourrait  se  procurer  qu'en  achetant  les  grandes 
publications  d'où  elles  sont  tirées.  E.  Remy. 


LE   MUSÉE   EELGE. 


2.  —  J.  C.  Bruce.  The  Hatid-book  to    he   roman  wall,    F'*    edit%4m 

ediUd  by  Robert  Blair.  London,  Longmans,  1907.  12®  de  x-277  p. 

I  carte  et  nombreux  plans  et  gravures.  5  sh. 

Si  TAllemagne  a  son  Limes^  qui  constitue  la  frontière  de  Tempire 
romain  du  Rhin  au  Danube  et  dont  la  direction  exacte  a  pu  être 
établie  grâce  aux  fouilles  qu'on  y  exécute  depuis  plusieurs  années, 
la  Grande  Bretagne  possède  entre  l'Angleterre  et  TEcosse  de  magni- 
fiques ruines,  bien  mieux  conservées  que  celles  du  Limes  germartiqu4^ 
d'une  double  limite  de  l'empire  (vallum  et  wall),  construite  en   117 
par  Hadrien  et   restaurée   en  209  par  Septime  Sévère  et  allant  du 
Solway  Firth  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Tyne.  Bruce,  après  avoir 
publié,  de  i85i  à  1867,  trois  éditions  d'un  grand  ouvrage  sur   les 
ruines  du  mur  romain  (Roman  Wall)  et  de  1870  à  1875    le   Lapi- 
darium  Septentrionale  reproduisant   et  commentant    les    inscriptions 
découvertes  dans  le  Nord  de  l'Angleterre  et  dont  la  plus  grande 
partie  est  conservée  au  Musée  de  Black  Gâte  de  Newcastle-upon-Tyne, 
fît   paraître  en    i863  un   résumé  de  ses  travaux  sous  le  titre    de 
The  wallet  book  0/  the  roman  wall  dont  la  seconde  édition  parut  en  1884, 
et  la  troisième  en  i885.  Après  sa  mort,  ce  fut  M.  Robert  Blair,  le 
savant  secrétaire  de  la  Society  of  antiquaries  0/  Newcastle-upon-Tyne,  qui 
se  chargea  d'éditer  la  quatrième  édition  en  1895  et  qui  vient  d'en 
faire  paraître  une  cinquième,  mise  au  courant  des  dernières  décou- 
vertes et  des  résultats  des  fouilles  entreprises,  principalement  sous  la 
direction  de  la  Société  de  Newcastle,  surtout  de  celles  du  grand  camp 
de  Houtesteads  (Borcovicus)  et  du  rempart  de  tourbe  dans  le  Cum- 
berland,  analogue  à  celui  d'Antonin  en  Ecosse. 

Après  une  introduction  historique  de  la  question^  l'auteur  étudie 
le  mur  de  pierres  (wall)  et  le  vallum  de  terre  qui  se  rencontre  au  Sud 
de  celui- ci,ainsi  que  la  voie  militaire  qui  a  été  reconnue  à  une  certaine 
distance  en  deçà  du  vallum;  vient  ensuite  une  étude  détaillée  des 
diverses  parties,  de  l'Est  à  l'Ouest,  et  des  antiquités  et  inscriptions 
qu'on  y  a  découvertes.  Nous  signalerons  surtout  les  curieux  restes  du 
pont  sur  la  Tyne  près  de  ChoUerford,  l'étude  de  Cilurnum  (Chesters) 
et  du  camp  de  Borcovicus,  L'auteur  examine  ensuite  les  diverses 
théories  émises  au  sujet  de  la  construction  du  vallum  et  du  wall  et 
arrive  à  cette  conclusion  que  les  deux  ont  été  élevés  par  Hadrien  et 
que  Septime  Sévère  n'a  fait  que  restaurer  le  mur  de  pierres  (wall). 
Le  livre  de  M.  Blair  expose  très  savamment  l'état  de  la  question  et 
l'auteur  est  d'une  rare  prudence  dans  ses  conclusions.  Mais  à  côté 
des  difficultés  de  détail,  un  point  qui  n'est  pas  encore  éclairci  est 
celui  de  savoir  pourquoi  derrière  ce  beau  mur  de  pierres,  et  cela  à 
des  distances  variables,  on  a  construit  en  même  temps  un  rempart 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l5 


en  terre.  Il  est  à  espérer  que,  lorsque  les  fouilles  du  Limes  seront 
terminées  et  qu'on  pourra  écrire  un  travail  définitif  sur  celui-ci,  il 
sera  possible  d'établir  une  comparaison  scientifique  entre  les  deux 
systèmes  défensifs  de  TAUemagne  et  de  l'Angleterre  et  arriver  ainsi  à 
résoudre  divers  problèmes  au  sujet  desquels  on  ne  peut  encore 
émettre  maintenant  que  des  hypothèses  plus  ou  moins  probables. 
Quoi  qu'il  en  soit,  le  livre  de  M.  Blair  est  certes  ce  qui  a  été  écrit  de 
mieux  jusqu'ici  sur  ces  vénérables  ruines  qui  peuvent  être  rangées 
parmi  les  restes  romains  les  plus  intéressants  qui  existent. 

Adolf  de  Ceulenser. 

3.  —  A.  ^JV.  Hodgman.    Verb  forms  in  Plautus.   The   Classical 
Quarterly.  Vol.  I.  July  1907.  49  pp. 

Il  serait  difficile  de  résumer  cette  étude,  car  ce  n'est  qu'un  catalogue 
des  formes  verbales   remarquables  que   l'on  trouve  dans  Plaute. 
L'auteur  les  a  groupées  avec  soin,  méthodiquement,  ajoutant ^  de  ci, 
de  là,  un  bref  commentaire,  ime  courte  observation.  Il  a  surtout 
voulu  prouver  que  ce  qu'on  s'était  habitué  à  considérer  comme  des 
irrégularités  dans  la  conjugaison  plautinienne,  est  au  contraire  la 
règle  générale,  l'usage  communément  suivi  par  le  grand  comique 
latin.  M.  Hodgman  montre  un  grand  respect  pour  les  manuscrits; 
les  leçons  que  d'autres  avaient  rejetées  comme  inadmissibles,  il  prend 
à  tâche  de  les  expliquer.  A  l'époque  de  Plaute,  la  langue  n'était  pas 
fixée  :  beaucoup  de  verbes,  par  exemple,  pouvaient  se  conjuguer 
d'après  deux  conjugaisons  ;  d'autres  avaient  à  la  fois  la  forme  active 
et  la  forme  déponente.  M.  Hodgman  en  a  noté  18  de  la  première 
catégorie  et  26  de  la  seconde.  C'est  donc  une  erreur  de  croire  qu'en 
pareil  cas  et  dans  beaucoup  d'autres,  les  copistes  se  sont  trompés, 
quand  ils  n'ont  fait  que  conserver  des»  formes  possibles  à  l'époque  de 
Plaute.  Quelques  remarques  intéressantes  :  M.  Hodgman  considère 
faxo  comme  un  futur  simple  (fac-so,  comme  XO-ouj)^  ainsi  que  les 
formes  en  asso^  tels  que  amassOy  aiicasso,   Lindsay,  du  reste,  (Die 
LaUinische  Sprache,  bearbeit.  von  Nohl,  Leipzig,  1897.  p.  535),  sans 
être  aussi  affirmatif,  avait  insinué  la  même  idée  :  «  On  peut  consi- 
dérer comme  des  futurs  passés  les  formes  en  -(s)so  de  la  i«  pers.  sing. 
Ainsi  on  trouve  faxo  à  côté  de  fecero  chez  Plaute,  fr.  77  g  :  peribo  si 
nonjecero^  si  faxo  vapulabo,  Capt.  695  :  Pol  si  istuc  /axis,  haud  sine  poefia 
feceris.  Mais  ces  formes  sont  employées,  aussi  bien  du  reste  que  le 
fiitur  passé  régulier,  avec  la  signification  du  futur  simple,  par  les 
poètes  dramatiques,  et  cela  fréquemment;  ex.,  Plaut.,  Poen.^  888  : 
nisi  ero  uni  meo  indicasso  :  je  le  dirai  seulement  à  mon  maître  ». 

M.  Hodgman  avait  publié  précédemment  (dans  la  Classical  Review^ 


i6  LB   MUSÉE   BELGE. 


1902  et  1903)  un  travail  semblable  sur  les  formes  des  noms,  des 
adjectifs  et  des  adverbes.  Joints  à  la  Syntax  of  Plauius  de  Lindsay, 
ces  deux  articles  nous  donnent  une  grammaire  complète  de  Plaute, 
la  morphologie  et  la  syntaxe.  Paul  Hbnbm. 

4.  —    L.   Laurand,  Études  sur  le  style  des  discours  de  Cichon^  avet 

une  esquisse  de  rhistoire  du  Cursus,   Paris,   Hachette,    1907,  xxxix- 

388  p.  in-8. 

Ce  livre  est  un  de  ceux  dont  la  lecture  doit  être  recommandée 
avec  insistance  aux  professeurs  des  athénées  et  collèges,  qui  ont 
quelque  discours  de  Cicéron  à  étudier  dans  leur  classe.  Il  forme, 
avec  celui  de  J.  Lebreton.  Études  sur  la  langue  et  la  grammaire  de  Cicé- 
ron (Paris,  1901),  rinstrument  indispensable  à  qui  veut  comprendre 
et  goûter  le  grand  orateur  romain. 

Il  n'est  plus  besoin  de  le  dire  aujourd'hui  :  tout  n'est  pas  fiait, 
quand  Cicéron  a  été  traduit,  pas  même,  bien  que  cela  soit  indispen- 
sable ,  quand  on  a  replacé  la  pensée  de  l'orateur  dans  son  «  milieu  •, 
c'est-à-dire  quand  on  a  expliqué ,  d'une  manière  aussi  vivante  que 
possible,  les  détails  des  faits  et  des  institutions.  Il  faut  encore  que  le 
professeur  découvre  l'art  particulier  à  Cicéron.  Or  cet  art  n'est  pas 
entièrement  personnel  à  Torateur  romain  ;  les  principes  en  ont  été 
empruntés  par  lui  à  la  Grèce  ;  sa  part  personnelle,  c'est  l'application 
qu'il  en  a  faite.  Si  l'interprétation  d'un  auteur  doit  consister  —  et 
Ton  se  demande  ce  qu'elle  pourrait  bien  être  d'autre  —  à  donner 
ridée  la  plus  exacte  possible  de  son  talent,  il  faut  bien  qu'elle 
mette  en  lumière  les  principes  esthétiques  dont  il  s'est  inspiré,  c'est- 
à-dire  ceux  qu'il  doit  au  milieu  dans  lequel  il  a  vécu  et  ceux  qui  lui 
sont  personnels.  On  parle  beaucoup  aujourd'hui  d'esthétique  à  propos 
des  arts  figurés  et  de  la  littérature.  Si  l'étude  de  l'esthétique  ne  veut 
pas  dégénérer  en  une  élaboration  vaine,  artificielle  et  forcée  de  for- 
mules abstraites  et  trompeuses,  elle  doit  s'appuyer  sur  le  terrain 
solide  de  l'hisloire  littéraire,  c'est-à-dire  tendre  à  donner  une  idée 
claire  des  théories  esthétiques  dont  se  sont  inspirés,  aux  différentes 
époques,  les  génies  qui  ont  illustré  et  les  arts  plastiques  et  les  arts 
littéraires. 

Les  théories  de  Cicéron  ont  été  exposées  par  l'orateur  dans  les 
œuvres  de  critique  littéraire,  dont  les  principales  sont  le  Br$Uus,  le 
de  Oratore  et  VOrator,  ouj  pratiquées  par  lui  dans  ses  discours,  bien 
qu'il  ne  les  ait  pas  exposées  théoriquement  dans  ses  autres  écrits. 

Pendant  longtemps,  sous  l'influence  du  romantisme  et  par  réac- 
tion contre  le  classicisme,  les  modernes  les  ont  traitées  avec  dédain. 
Il  semble  bien  qu'on  en  revienne  et  que,  sur  ce  point  encore,  on 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I7 

reconnaisse  aux  anciens  la  connaissance  vraie  des  conditions  natu- 
relles de  l'éloquence  et  l'intelligence  du  secret  de  sa  force.  Chose 
remarquable,  conscient  ou  non,  ce  retour  à  la  rhétorique  est  venu 
non  pas  de  la  société  cultivée,  mais  au  contraire  des  classes  popu- 
laires ;  il  a  pour  cause  dernière  l'avènement  du  peuple  au  pouvoir. 
L'éloquence  politique  a  cessé  de  s'adresser  exclusivement  à  la  partie 
cultivée  de  la  population,  que  son  éducation  même  met  en  méfiance 
contre  le  prestige  de  l'éloquence  ;  elle  a  dû  se  tourner  vers  le  peuple 
pour  l'instruire,  pour  l'entraîner.  Alors  s'est  lévélée  aux  orateurs 
rinsuffisance  de  l'éloquence  sèche,  dédaigneuse  de  l'art,  et  la  puis- 
sance de  la  parole  cultivée,  sachant  mettre  en  œuvre  toutes  les 
ressources  de  l'art  de  bien  dire,  la  puissance,  en  un  mot,  de  l'élo- 
quence dont  Cicéron  a  tracé  et  pratiqué  le  technique  dans  ses  œuvres. 
Car,  comme  le  dit  quelque  part  M.  Laurand,  encore  que  certaines 
de  ces  théories  soient  l'expression  de  cet  esprit  de  curiosité  qui  a 
souvent  inspiré  les  Grecs  dans  leurs  analyses ,  Cicéron ,  avec  l'esprit 
pratique  des  Romains,  ne  les  expose  que  comme  des  moyens  de 
persuasion. 

Le  livre  de  M.  Laurand  rendra  de  grands  services  aux  professeurs 
qui  voudront  faire  pénétrer  leurs  élèves  dans  l'esprit  de  l'éloquence 
antique  et  particulièrement  de  l'éloquence  de  Cicéron.  On  trouvera 
peu  de  syntaxe  et  peu  de  ce  que  nous  appelons  maintenant  stylis- 
tique. Ces  parties  ont  été  traitées  par  J.  Lebreton.  Mais  on  lira  une 
étude  approfondie  du  vocabulaire  et  surtout  de  la  rhétorique. 

La  première  étude  est  comprise  dans  le  livre  I  sous  le  titre  de 
Pureté  de  la  langue.  Ce  livre  contient  une  comparaison  entre  le  voca- 
bulaire des  discours,  des  lettres,  des  traités  et  des  citations. 

Le  livre  II  est  consacré  au  nombre  oratoire,  dont  les  divers  éléments 
sont  étudiés  les  uns  après  les  autres  :  la  partie  la  plus  développée  est 
celle  des  clausules.  Dans  le  livre  III,  dont  la  matière  appartient  aux 
deux  livres  précédents,  l'auteur  étudie  dans  quelle  mesure  les  pres- 
criptions relatives  à  la  pureté  de  la  langue  et  au  rythme  oratoire  sont 
observées  dans  les  discours.  L'étude  de  M.  Laurand,  dans  cette 
partie,  s'étend  aux  différents  discours,  à  divers  passages  des  mêmes 
discours  et  aux  parties  que  j'appellerai  techniques  de  tout  discours, 
Fexorde,  la  narration,  l'argumentation,  la  péroraison.  Puis  vient  une 
étude  particulière  sur  le  style  des  Philippiques,  et  enfin  un  aperçu  du 
plus  haut  intérêt,  encore  que  bref,  de  ce  que  Cicéron  doit  aux 
Atticistes  et  aux  Asianistes. 

J'essaierais  vainement  de  doimer  une  idée  complète  de  toutes  les 
questions  générales  et  particulières  traitées  par  M.  Laurand  dans  son 
Kvre  clair  et  substantiel.  Elles  portent  non  seulement  sur  les  questions 


l8  LE    MUSÉE    BELGE. 


essentielles  du  rythme  oratoire  avec  tous  ses  éléments,  sur  la  langue 
littéraire,  vulgaire  et  familière,  mais  encore  sur  d'autres  points 
spéciaux,  tels  que  la  composition  du  Pro  Murcna^  p.  9,  la  première 
Catilinaire,  p.  7,  etc.  Et  chacune  de  ces  questions  est  traitée  par 
l'auteur  avec  un  esprit  critique,  une  rigueur,  que  montre  un  écrivain 
en  pleine  possession  de  la  méthode  philologique. 

Enfin  le  livre  est  pourvu  d'une  bibliographie  générale  et  particu- 
lière de  Cicéron,  qui  suffirait  à  elle  seule  pour  donner  de  la  valeur 
au  livre  de  M.  Laurand.  E.  Re my. 

5.  —  Lateinischc  Litteraturdônkmàler  des  XV »  und  XVI,   Jahrhunderls, 

N^  17.  Adrianus  RouleriuS  Siuarta  tragoedia,  Herausgegeb,  von 

Roman  Woerner.   Berlin,    Weidmann,    1906,  xx-65   pages, 

pet.  in-8\ 

Ce  petit  volume  reproduit  une  tragédie  en  cinq  actes,  en  vers 
latins,  œuvre  de  notre  compatriote  Adrien  de  Roulers,  humaniste 
de  la  Flandre  française  ;  la  Stuarta  sive  Cades  Maria  serenissima  Scot, 
Regina  in  Angl.  perpetrata,  qui  fut  représentée  le  i3  septembre  iSgS 
par  les  étudiants  du  collège  de  Marchienne  à  Douai.  Elle  parut  à 
Douai  la  même  année  chez  la  Veuve  Boscard.  Les  exemplaires  de  la 
première  édition  sont  aujourd'hui  rarissimes.  M.  Woerner  n'en  con- 
naît que  deux  :  ceux  de  Douai  et  de  Wolfenbùttel.  Je  puis  lui  en 
signaler  un  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Tournai  (n''  12169  du 
catalogue  de  M.  Am.  Wilbaux). 

Qu'est-ce  qui  a  valu  à  la  pièce  d'Adrien  de  Roulers  l'honneur 
d'être  reproduite  au  xx«  siècle?  L'éditeur  nous  l'explique  en  une 
introduction  fort  intéressante  et  fort  bien  faite.  En  écrivant  sa  Stuarta, 
notre  compatriote  portait  sur  la  scène,  six  années  après  son  accom- 
plissement, un  fait  contemporain  :  la  sanglante  tragédie  de  Fothe- 
ringhay.  C'était  la  première  fois  qu'apparaissait  au  théâtre  la  douce  et 
mélancolique  figure  qui  devait,  par  la  suite,  inspirer  si  fréquemment 
les  dramaturges.  La  Marie  Stuart  de  Campanella,  seconde  en  date, 
ne  vit  le  jour  qu'en  1598.  Elle  est,  d'ailleurs,  aujourd'hui  perdue. 

La  première  Stuarta  se  recommande  par  les  qualités  les  plus 
sérieuses.  M.  Woeiner  le  dit  avec  raison,  p.  iv,  la  grande  scène  du 
troisième  acte  l'emporte  en  puissance  dramatique  sur  toutes  celles 
qu'écrivirent  les  successeurs  de  l'auteur,  Schiller  y  compris. 

Le  souci  d'exactitude  historique  et  l'accent  de  vérité  qui  régnent  à 
travers  toute  l'action  sont  particulièrement  frappants.  M.  Roman 
Woerner  prouve  péremptoirement  que  la  pièce  repose  sur  des  docu- 
ments authentiques  et  que  les  détails  si  caractéristiques  que  l'on  y 
relève  sont  tiiés  d'une  relation  du  procès  de  Marie  Stuart  publiée  à 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  IÇ 


Londres  en  i53y  et  du  texte  même  d'une  lettre  écrite  par  la  Reine 
à  larchevêque  de  Glasgow,  peu  avant  son  exécution. 

M .  Woerner  s'est  acquitté  de  sa  mission  d'éditeur  avec  tout  le  soin 
désirable.  Pourquoi  faut- il  que  son  travail  soit  déparé  par  une  bévue 
malencontreuse  ? 

L'auteur  a  lu  quelque  part  les  mots  Adrianus  de  Roulers  S  et  cette  S 
Tintrigue.  Qu'est-ce  que  cela  veut  bien  dire?  «  Das  S  (Sacerdos?)  und 
die  Amtellungtn  in  Lille  (Adrien  de  Roulers,  après  avoir  enseigné  la 
poésie  au  collège  de  Marchienne,  devint  recteur  du  Séminaire  de 
Saint- Pierre  et  curé  de  Saint- Sauveur,  à  Lille)  lassen  vieil leichù  auf 
einefi  Weltgei si  lichen  schliessen.  Aller  dings  ist  das  O.  S.  B,  in  Frankreich 
moifte  bénédictin  als  Zusatz  hinier  dem  Namen  verhàltnismàssig  jung,  das 
hlosse  S,  demnach  hein  sicherer  Beweis  (p.  V,  note  2).  Où  M.  Roman 
Woerner  a-t-il  trouvé  cette  S  énigmatique  ?  Nous  avons  repris  tous 
les  textes  et  avons  retrouvé  Tunique  source  possible.  En  tête  de  Tépître 
dédicatoire  de  la  Stuarta  nous  avons  lu  avec  stupéfaction  :  Nohili  et 
sapienti  viro  Domino  Antonio  Blondelio ,  Cuinciorum  domino  et  barofti^ 
pairono  suo,  Adrianus  de  Roulers  S.  n  S  =^  donc  Salutem.  C'est  pousser 
la  distraction  un  peu  loin.  Alphonse  Roersch. 

Langues  et  Littératures  celtiques. 

6.  —  H,  d'ArboiS  de  Jubainville.  Tdin  bô  Cûalnge.  Enlèvement 
[du  taureau  divin  et]  des  vaches  de  Cooîey,  Traduction,  Première  livrai- 
son publiée  avec  la  collaboration  de  M.  Alex.  Smirnof.  Paris, 
Champion,  1907.  83  pp.  in- 80. 

M.  H.  d'Arbois  de  Jubainville,  cet  admirable  travailleur  sur  qui  ni 
l'âge,  ni  la  maladie  ne  semblent  avoir  de  prise,  a  entrepris  de  traduire 
en  français  le  Tdin  bô  Cûalnge.  Il  dédie  son  œuvre  au  premier  éditeur 
du  texte,  M.  Ernest  Windisch  (i).  La  traduction  est  aussi  littérale  que 
possible,  tout  en  restant  française.  Elle  est  complète,  avec  cette 
restriction  que  M.  d'Arbois  a  supprimé  un  chapitre  intitulé  «  Route 
suivie  pour  l  enlèvement  »  qui,  dans  le  texte  irlandais,  se  compose  dune 
simple  énumération  de  noms  de  lieux.  «  Ce  chapitre,  écrit  le  traduc- 
teur, très  intéressant  pour  ceux  qui  veulent  étudier  la  géographie 
ancienne  de  l'Irlande,  nous  a  semblé  inutile  à  mettre  en  français.  La 
géographie  historique  de  l'Irlande  est  un  sujet  spécial  qui,  hors 
d'Irlande,  n'attirera  pas  beaucoup  de  lecteurs  ». 

On  sait  que  M.  d'Arbois,  il  y  a  longtemps  déjà  (2) ,  a  proposé 

(1)  Voy.  le  compte  rendu  de  cette  édition  capitale,  dans  le  Buii,  bibl,  du  Musée 
belge,  1907,  p.  i36. 

(2)  Revue  celtique,  XIX,  245-So. 


20  LE   MUSÉE  BELGE. 


d'identifier  le  dieu  Lug  au  Mercure  gaulois,  Cuchulin  au  Bûcheron 
qui,  sur  les  bas-reliefs  de  Paris  et  de  Trêves,  abat  un  arbre  à  coups 
de  hache,  et  le  Dond  de  Cualnge  au  Tarvos  Trigaranos  du  Musée  de 
Cluny.  Cest  pourquoi,  il  a  illustré  son  texte  de  cinq  planches  qui 
reproduisent  les  bas-reliefs  de  Paris  et  de  Trêves,  le  Mercure  de 
Melun,  et  celui  de  Kemuz  (Finistère). 

Enfin,  il  a  fait  précéder  sa  traduction  d'une  longue  introduction. 
Il  montre  d'abord  comment  l'antique  corporation  àesfilid  a  conservé 
les  œuvres  épiques  ;  il  étudie  les  trois  procédés  de  divination 
enseignés  dans  les  écoles,  puis  le  rôle  des  druides  dans  la  version  du 
Livre  de  Leinster  ;  bien  qu'ils  fussent  mal  vus  du  clergé  chrétien,  ils 
continuent  à  jouer  im  rôle  important  dans  Tépopée.  M.  d'Arbois 
compare  ensuite  la  religion  druidique  et  la  religion  homérique  et 
termine  une  première  partie  par  un  rapprochement  entre  le  Mino- 
taure  et  le  Taureau  de  Cooley. 

Il  établit  ensuite  im  parallèle  entre  Cuchulin  et  les  Cyclopes  grecs, 
puis  aborde  un  point  qui  intéresse  directement  l'histoire  de  notre 
pays.  Il  est  en  eflfet  dans  le  Tàin  fait  mention  des  Galiôin  parmi  les 
alliés  de  la  reine  de  Connacht.  Ces  Galioin  avaient  été  conduits  en 
Irlande,  d'au-de-là  des  mers  par  Labraid  Longsech.  Il  les  avait  ame- 
nés de  la  terre  du  roi  de  Menia.  M.  d'Arbois  propose  de  voir  dans 
M  enta  la  Ménapie.  Comme  la  question  est  trop  importante  pour  être 
traitée  dans  les  limites  d'un  simple  compte-rendu,  je  me  propose  de 
la  reprendre  ailleurs. 

La  fin  de  l'introduction  est  consacrée  à  la  coutume  qu'avaient  les 
guerriers  celtes  de  couper  la  tête  à  leurs  ennemis  tués,  et  d'en  aban- 
donner les  dépouilles  à  leurs  serviteurs. 

Espérons  que  le  savant  professeur  du  Collège  de  France  conduira 
jusqu'au  bout  sa  courageuse  tentative.  Victor  Tourneur. 

7.   —  P.  Le  GrOflf  et  A.  Guillevic.   Vocabulaire  breton-français  et 
français-breton  du  dialecte  de  Vannes,  Vannes,  Lafolye,  1907. 
Ce  vocabulaire  vient  compléter  la  Grammaire  vannetaise  et  les  Exer- 
cices  des  mêmes  auteurs.  En  rendant  compte  de  ces  ouvrages  (i),  j'ai 
dit  toute  l'utilité  qu'ils  présentaient.  Cette  dernière  partie  sera  pré- 
cieuse pour  tous  ceux  qui  voudront  apprendre  à  connaître  le  dialecte 
de  Vannes  :  on  y  trouve  non  seulement  les  mots  qui  figurent  dans 
les  exercices,  mais  encore  la  plupart  des  termes  du  vocabulaire  usuel. 
Espérons  qu'un  franc  succès  récompensera  les  laborieux  auteurs 
de  la  peine  qu'ils  ont  prise.  Victor  Tourneur. 

(i)  Voy.  Bull,  bibl.  du  Musée  beige,  igoS,  p.  409;  1904,  p.  17b. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  21 

8.    —  ^JVh.  Stokes.  Tke  birth  and  life  of  St  Moling.    Londres, 

Harrison,  1907.  (Spécimens  of  middle-irish  Literature^  n®  i).  68  pp. 

in-80. 

Cette  publication  de  la  Vie  de  Si  Moling  est  en  quelque  sorte  une 
seconde  édition  de  la  vie  publiée  par  le  même  éditeur  dans  la  Revue 
celtique^  xxvii-260-304  pp.  Elle  en  diffère  en  ce  que  le  texte  a  été  amé- 
lioré, et  en  ce  que  les  nombreux  poèmes  que  Ton  trouve  intercalés 
dans  la  prose,  sont,  cette  fois,  donnés  in-extenso. 

M.  Wh.  Stokes  a  utilisé  deux  manuscrits.  Le  plus  ancien,  le  Liber 
/lavus  Fergussiorum  est  du  xiv«  siècle  ;  le  second  est  un  manuscrit  en 
papier  du  xvii«  siècle  conservé  à  la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles. 
Ce  dernier,  malgré  son  âge  récent,  est  de  beaucoup  le  meilleur  :  il  a 
été  copié  fidèlement  par  Michel  0*Clery  sur  un  très  vieux  manuscrit 
aujourd'hui  perdu,  le  Livre  de  Timulling. 

La  légende  est  mtéressante;  elle  est  précieuse  pour  Tétude  des 
mœurs,  des  croyances  et  de  la  moralité  des  Vieux-irlandais. 

La  langue  présente  des  particularités  remarquables;  M.  W.  Stokes 
avec  sa  compétence  bien  connue,  a  réuni  à  la  fin  de  l'ouvrage  un 
index  des  mots  et  des  formes  rares  ou  remarquables. 

Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

9-10.—  Victor  Giraud  et  Joseph  Girardin.  Chateaubriand.  Atala. 

Reproduction  de  Védiiion  originale,  avec  une  étude  sur  la  jeunesse  de  Cka- 

Uaubriand,  d'après  des  documents  inédits,   Paris,   Fontemoing,  1906. 

LXii  (introduction),  xxiv  (préface  d' Atala),  210  p.  3  f. 

Les  auteurs  se  proposent  de  publier  un  peu  plus  tard,  quand  ils 
en  auront  recueilli  tous  les  éléments,  ime  édition  critique  d'Atala  (i). 
En  attendant  qu'ils  puissent  réaliser  leur  projet,  ils  ont  cru  devoir 
mettre  sous  les  yeux  du  public  le  texte  de  l'édition  originale  du 
célèbre  récit  de  Chateaubriand,  édition  devenue  introuvable.  Pour 
que  l'illusion  fût  complète  chez  le  lecteur,  ils  ont  voulu  tout  repro- 
duire du  petit  volume  qui,  le  12  germinal  an  IX  (3  avril  1801),  sortait 
des  presses  de  Migneret  (2).  Aussi  Tont-ils  fait  réimprimer  dans  le 
format,  avec  la  justification,  l'interlignagejes  caractères.rorthographe, 
la  ponctuation  de  l'édition  princeps.  Idée  originale  et  heureuse  assu- 
rément, et  dont  on  ne  saurait  trop  les  féliciter  !  Par  là,  ils  nous  pro- 

(  1  )  Voir  déjà  un  essai  partiel  de  cette  édition  dans  V.  Giraud,  Chateaubriand ^ 
Études  littéraires^  p.  145-147  et  173-177.  Paris,  Hachette,  igoS. 

(2)  On  se  rappelle  qu'il  a  paru  un  an  avant  le  Génie  du  Christianisme^  comme 
«  ballon  d'essai  ». 


22  LE    MUSEE   BELGE. 

curent,  en  quelque  sorte,  les  fines  et  douces  jouissances  du  patient 
bibliophile  qui  a  découvert  une  a  rareté  »,  et  ils  nous  permettent  de 
revivre  pleinement  les  sensations  des  contemporains  de  Chateau- 
briand. 

L'œuvre  que  nous  promettent,  après  celle  ci,  MM.  Giraud  et 
Girardin,  nous  réserve  évidemment  d'autres  impressions.  Elle  nous 
montrera  Tun  des  travaux  d'art  les  plus  curieux  de  la  littérature 
française,  c  est-à-dire  la  refonte,  par  le  génial  prosateur,  de  son  menu 
roman,  refonte  qui  a  consisté  en  des  corrections  et  des  retouches 
incessantes  (i).  Faut-il  ajouter  que  les  deux  éditeurs  sont  bien  pré- 
parés pour  mener  la  tâche  à  bonne  fin?  Faut- il  redire  combien  sur- 
tout M.  Giraud  s'est  révélé  jusqu'ici  critique  pénétrant, délicat  et  bien 
informé  pour  tout  ce  qui  regarde  Chateaubriand  ?  C'est  là  un  sujet 
qui  lui  appartient,  pour  ainsi  s'exprimer,  par  droit  de  conquête.  Il  le 
prouve  encore  dans  l'étude  sur  la  jeunesse  du  grand  écrivain,  qu'il 
donne  ici  comme  introduction  (2).  Espérons  donc  qu'il  ne  tardera  pas 
à  publier  son  Christianisme  de  Chateaubriand  qui  est  en  préparation  et 
qu  il  pourra  également  faire  paraître  bientôt,  avec  son  érudit  colla- 
borateur, l'édition  critique  à'Atala.  G.  Doutrepont. 

Une  note  pour  annoncer  un  autre  livre  sur  Chateaubriand,  livre 
qui  ne  se  réclame  pas  des  mêmes  principes  scientifiques,  et  qui  n'a 
pour  objet  que  de  mettre  l'œuvre  du  prosateur  à  la  portée  d'un  grand 
nombre  de  lecteurs.  C'est  une  anthologie  due  à  M.  L.  A.  Molien  : 
Pages  choisies.  L'auvre  de  Chateaubriand,  extraits,  analyses,  études ,  Tours, 
A.  Cattier,  1907.  L'auteur,  suivant  un  usage  qui  se  répand  de  plus 
en  plus  pour  ce  genre  d'ouvrages,  introduit  ses  extraits  ou  les  relie 
entre  eux  par  des  analyses  et  des  études  diverses.  De  plus,  il  annote, 
quand  il  le  faut,  le  texte  de  Chateaubriand.  G.  D. 

II.  —  Edmond  Biré,  Ecrivains  et  Soldats.  Paris,  Falque,  1907. 

2  vol.,  23o  et  21 3  p.,  à  3  fr.  chacun 

Edmond  Biré  est  mort  au  début  de  l'année  dernière.  Sous  le  titre 
qu'on  vient  de  lire,  l'éditeur  Falque  a  recueilli  des  articles  divers  qui 
sont  dus  au  regretté  critique,  mais  sans  expliquer  aux  lecteurs  les 
raisons  d'être  de  cette  publication.  Nous  ne  songeons  pas  à  entre- 
prendre l'examen  détaillé  de  ces  articles  où  sont  étudiés,  à  différents 
points  de  vue,  des  écrivains  comme  le  P.  Gratry,  Benjamin  Constant, 
Félix  Arvers,  Cuvillier-Fleury,  Jules  Simon,  Taine,  Thiers,  Mgr  Frep- 

(1)  Cf.  H.  Châtelain,  Les  critiques  d'Aiala  et  les  corrections  de  Chateaubriand^ 
dans  la  Revue  d'histoire  littéraire  de  la  France,  juillet-septembre  1902. 
(2,.  Cette  étude  avait  été  publiée  déjà  dans  le  Correspondant  du  10  août  igoS. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  23 


pel,  Guizot,  des  soldats  comme  le  Général  de  la  Motte- Rouge,  le 
maréchal  Canrobert,  le  duc  de  Nemours,  ou  encore  un  créateur 
d'œuvres  comme  E.  Lelièvre.  Il  nous  suffira  de  rappeler  que  Biré  était 
un  publiciste  bien  documenté,  qui  avait  vu  beaucoup  d'hommes  et 
appris  beaucoup  de  choses.  C'est  dire  la  valeur  des  deux  volumes  qui 
viennent  de  paraître.  Notons  toutefois  que  tel  des  articles  qu'ils 
renferment  remonte  à  1886,  et  que  d'autres  sont  des  années  1892, 
1895,  1897,  1898  (i).  C'est,  par  conséquent,  dire  aussi  que,  depuis 
qu'ils  ont  été  écrits,  une  «  littérature  »  nouvelle  s*est  faite  autour  de 
certains  sujets  qu'ils  abordent.  Exemple  :  l'étude  sur  le  poète  Arvers 
qui  est  datée  de  1897  et  qui  est  composée  d'après  un  livre  publié  en 
cette  même  année.  On  devine  qu'elle  a  quelque  peu  perdu  de  son 
intérêt  après  l'ouvrage  de  M.  Léon  Séché  sur  Alfred  de  Musset,  de  1907, 
ouvrage  où  figure  l'écrivain  du  célèbre  sonnet  avec  d'autres  camarades 
du  groupe  romantique.  Quoi  qu'il  en  soit,  Biré  avait  assez  d'infor- 
mations et  d'idées  personnelles  pour  qu'on  trouve  de  l'agrément  et 
du  profit  à  le  lire,  et  de  cela  nous  donnerons  aussi  un  exemple  :  c'est 
l'article  où  il  rectifie  le  Journal  intime  de  Cuvillier- Fleury  (I,  p.  i32). 
Nous  pourrions  faire  la  même  observation  pour  son  autre  article  sur 
Canrobert  (p.  162).  G.  Doutrepont. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

i2-i3.  —  P.  Leendertz,  Jr  ,  Middelnederlandsche  dramatische  poêzie. 

Leiden,  A.  W.  Sijthoff,  s.  d.  (1907).  ccxviii-696  pp  ,  in- 8.  i5  fl. 
Le  même,  Lanseloot  van  Denemerken,  Zwolle,  W.  E.  J .  Tjeenk  Wil- 

link,  s.   d.   (1907).   72   pp.    in- 12.    o  fl.   35   (Zwolsche  herdrukken^ 

2*  reeks,  n*  6). 

La  volumineuse  publication  de  M.  Leendertz  contient  tout  le 
répertoire  dramatique  de  la  littérature  néerlandaise  du  moyen  âge 
(sauf  une  pièce,  la  Eerste  hliscap  van  Maria,  dont  M.  le  professeur 
De  Vreese  a  retrouvé  le  manuscrit  et  qu'il  publiera  séparément)  (2). 
Le  texte  des  pièces  et  les  appendices  (prologues,  variantes,  etc.)  rem- 
plissent près  de  5oo  pages:  les  notes  et  le  lexique  environ  200.  L'in- 
troduction, très  étendue,  nous  renseigne  sur  toutes  les  questions  que 
soulève  l'étude  de  ces  textes.  Le  savant  auteur  traite  d'abord  de  la 
façon  dont  nous  sont  parvenus  ces  précieux  documents  (manuscrits, 
vieilles  impressions),  des  traductions  et  remaniements  qu'on  en  a  faits, 

(1)  Le  reste  a  été  fait  en  1900,  igoS,  igoS  et  1906. 

,2)  Je  ne  serai  pas  le  seul,  je  pense,  à  le  regreit^-r.  Les  deux  bîiscappen  qui  nous 
ont  été  conservées  —  la  première  et  la  septième  —  appartiennent  à  un  même  cycle 
de  pièces  ;  il  eût  été  préférable,  à  tous  points  de  vue,  de  les  éditer  ensemble. 


24  LB   MUSÉE   BBLGB. 


des  éditions  modernes  qu*on  en  a  données,  puis  passe  à  Texamea 
même  des  pièces  :  la  façon  dont  elles  furent  jouées,  leur  composi- 
tion, date,  auteurs,  les  sources  d'où  elles  dérivent;  enfin,  il  termine 
par  ime  étude  détaillée  de  la  forme  {langue  et  versification). 

La  tâche  entreprise  par  M.  Leendertz  était  difficile  et  délicate;  il 
mérite  nos  plus  vives  félicitations  pour  l'avoir  menée  à  bonne  fin. 
Son  travail  est  digne  Vie  la  science  actuelle.  L'établissement  du  texte, 
l'annotation,  l'introduction,  tout  est  à  louer,  parce  que  tout  est  fait 
avec  soin.  M.  Leendertz  ne  s'est  épargné  aucime  peine  pour  nous 
donner  quelque  chose  de  définitif;  il  n'a  négligé  aucun  des  problèmes, 
très  compliqués  parfois,  qui  se  rattachent  à  ce  chapitre  si  intéressant 
de  notre  littérature  médiévale. 

Dans  la  collection  des  Zwolsche  hârdrukken,  le  même  savant  a  donné 
ime  édition  séparée  d'une  des  pièces  les  plus  attrayantes  du  théâtre 
profane.  La  destinant  à  un  public  non  spécialiste,  il  a  ajouté  au  texte 
de  nombreuses  notes,  qui  aident  le  lecteur  à  le  comprendre  ;  il  le  fait 
précéder  d'une  introduction,  où  il  examine  la  pièce  au  point  de  vue 
du  contenu,  de  la  valeur  littéraire,  de  la  langue,  sans  oublier  les 
détails  nécessaires  sur  le  représentation.  Cette  édition,  dégagée  de 
tout  étalage  d'érudition  et  de  tout  appareil  philologique,  d'un  format 
commode  et  d'un  prix  qui  la  met  à  la  portée  de  toutes  les  bourses,  ne 
manquera  pas  d'obtenir  beaucoup  de  succès  auprès  de  ceux  qui  ne 
peuvent  s'adonner  à  l'étude  approfondie  de  tout  le  théâtre  du 
moyen-âge.  C.  Lecoutbrb. 

14.  —  J.  Leopold  Hz.,  Lehrhuch  der  deuischen  Sprache,  hearheiUtfur 

nicderlàndische  hoeherc  Lehranstaltm  und  zum  SelhstunUrricht,  6*  Aufl. 

Breda,  P.  B.  Nieuwenhuijs,  I907.  viii-332  pp.  in-8.  2  fl.  90. 

J  ai  annoncé  ici -même  la  cinquième  édition  de  ce  Lehrhuch  (voir 

Buîl.^  t.  IV,  p.  m).  L'auteur,  qui  n'avait  pu  la  préparer  en  entier 

lui-même,  n'y  survécut  pas  longtemps.  Les  modifications  de  l'édition 

présente  sont  dues  à  M.  van  Julsingha;  elles  sont  assez  importantes, 

mais  nont  malheureusement  pas   enlevé  à  l'ouvrage  son  unique 

défaut  :  celui  d'être  touffu.  On  peut  regretter  que  M.  van  Julsingha 

n'ait  pas  donné  suite  à  son  plan  de  remaniement  total.  On  regrettera 

aussi  qu'il  ait  supprimé,  à  la  fin  du  volume,  le  Wortregister,  qui 

rendait  de  réels  services.  Au  demeurant,  le  livre  a  gardé  ses  qualités 

solides  qui  le  placent,  malgré  ses  imperfections,  au  premier  rang  des 

ouvrages  similaires.  C.  Lecoutere. 

i5.  —  Jahresherichte  fUr  neutre  deutsche  Literaturgeschichie.    Bd.  XIV 
(Jahr  1903).  Berlin,  B.  Behr,  1906-1907,  876  pp. 
La  principale  publication  critique  concernant  l'histoire  de  la  litté- 
rature allemande  se  présente  à  nous  dans  une  complète  et  très  heu- 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  SS* 

rense  refonte.  Pour  rattraper  la  distance  trop  grande  entre  la  date  de 
publication  d'un  ouvrage  et  le  compte  rendu  dans  les  Jahresherichte^ 
la  rédaction  a  décidé  de  publier  tout  d'abord  la  bibliographie,  ensuite 
dans  une  livraison  ultérieure  l'appréciation  critique  et  enfin  dans  une 
dernière  livraison  la  table  des  matières.  La  bibliographie,  à  elle  seule, 
rend  de  grands  services,  telle  qu'elle  nous  est  présentée. 

Les  indications  bibliographiques  sont  des  plus  consciencieuses» 
pas  le  moindre  détail  n^est  omis  ;  au  surplus,  une  note,  à  la  suite  du 
titre,  indique  le  contenu  exact  de  l'ouvrage,  chapitre  par  chapitre,  et 
souvent  aussi  les  comptes  rendus  critiques.  Pas  la  moindre  disserta- 
tion, pas  un  article  de  revue  ou  même  de  journal  n*est  passé  sous 
silence  ;  il  y  a  parfois  exception  pour  les  études  parues  à  l'étranger. 
La  rédaction  adresse  un  appel  pressant  à  tous  les  érudits,  les  priant 
de  lui  donner  communication  de  leurs  publications  ;  il  est  à  souhaiter 
que  cet  appel  soit  entendu,  notamment  en  Belgique,  où  trop  de 
publicistes  se  préoccupent  trop  peu  de  faire  connaître  leurs  travaux 
à  l'étranger  et  particulièrement  dans  le  pays  que  leurs  études  con- 
cernent. Il  se  trouve  dans  les  JahresherichU  un  chapitre  très  intéressant 
c  La  littérature  allemande  et  l'étranger  i ,  où  il  est  rendu  compte  des 
études  parues  à  l'étranger  sur  la  littérature  allemande  et  de  celles^ 
publiées  en  Allemagne  sur  les  littératures  étrangères.  Le  rapporteur, 
M.  K.  Jahn,  analyse  soigneusement  les  publications  sur  la  littérature 
belge  en  Allemagne  —  elles  sont  au  nombre  de  54  —  mais  il  passe 
sous  silence  les  articles  parus  en  Belgique  sur  la  littérature  allemande; 
ces  derniers  sont  pourtant  cités  assez  complètement  dans  la  partie 
bibliographique. 

La  partie  critique  comporte  quatre  grandes  divisions  :  partie  géné- 
rale, littérature  allemande  du  i5«  au  i7«  siècle,  puis  du  i7«  au  i8«, 
enfin  du  i8«  jusqu'à  l'époque  contemporaine. 

La  partie  générale  comprend  des  chapitres  spéciaux  notamment 
sur  l'histoire  de  la  philologie,  de  l'enseignement  et  de  l'éducation, 
de  la  langue  allemande,  de  l'art,  etc.  L'esthétique  et  la  poétique,  la 
littérature  scolaire,  la  métrique,  etc.  y  sont  également  traitées.  On 
voit  que  les  Jahresherichtc  peuvent  intéresser  loin  au  delà  du  cercle 
étroit  des  philologues  et  des  spécialistes  en  littérature  allemande. 
Les  subdivisions  des  autres  parties  se  règlent  généralement  sur  celles 
des  différents  genres  poétiques;  les  grandes  personnalités  comme 
Luther,  Lessing,  Herder,  Goethe  et  Schiller  sont  traités  à  part.  Pour 
Goethe,  sur  lequel  769  travaux  ont  paru  pendant  l'année  en  ques- 
tion, une  subdivision  (partie  générale,  vie,  poésie  lyrique,  épique, 
dramatique)  s'est  même  imposée.  Je  note  encore  les  chapitres  consa- 
crés aux  grands  savants,  aux  humanistes  et  poètes  néo- latins,  à 


10  LE    MUSÉE    BELGE. 

l'histoire  de  Topera,  à  l'école  romantique,  à  Heine  et  la  jeune  Alle- 
magne. Les  différents  chapitres  sur  la  littérature  didactique  des 
divers  siècles  rendent  compte  des  ouvrages  les  plus  divers  et  reflètent 
exactement  tout  le  mouvement  intellectuel  de  l'Allemagne,  que  ron 
ne  trouvera  nulle  part  aussi  nettement  exposé  que  dans  les  jfahres- 
herichU  fur  deutsche  Literaiurgeschichte.  H.  Bischoff. 

Histoire  et  Géographie. 

i6.  --  C.  Van  Overbergh  et  Ed.  De  Jonghe.  Les  Bangala 

(Etat- Indépendant  du  Congo).  Bruxelles,  De  Wit,  1907.  In-8  de  xv- 

458  p.  et  I  carte.  10  fr. 

Le  Congrès  de  Mons  émit  le  vœu  de  voir  créer  un  bureau  inter- 
national d'ethnographie  dans  le  but  de  centraliser  les  résultats  d'une 
enquête  ethnographique,  faite  d'après  un  questionnaire  conçu  sur 
un  même  plan  ;  et  chargea  une  commission  internationale  de  le  réa- 
liser. M.  Van  Overbergh  vient  de  publier  une  monographie  ethno- 
graphique sur  les  Bangala,  en  collaboration  avec  M.  E.  De  Jonghe, 
constituant  le  I^  volume  d'une  collection  de  monographies  ethno- 
graphiques et  pouvant  servir  de  modèle  aux  monographies  futures. 
Les  auteurs  ont  extrait  de  nombreux  livres  publiés  sur  les  Bangala 
toutes  les  notices  ethnographiques  et  les  ont  groupées  dans  un  ordre 
idéologique  correspondant  aux  202  numéros  du  questionnaire  de  la 
Société  belge  de  sociologie.   Ils  ont  soumis  à  un  examen  spécial 
chaque  paquet  de  fiches,  ont  fait  un  triage,  ont  classé  chaque  fiche 
de  chaque  groupe  selon  son  importance  ;  et,  afin  de  donner  à  chaque 
notice  une  valeur  de  documentation  définitive  et  quasi-indiscutable, 
ils  ont  soumis  ces  fiches  à  l'examen  de  quelques  spécialistes,  — 
savants  ou  explorateurs,  —  afin  d'en  vérifier  l'exactitude  et  de  leur 
donner  les  compléments  nécessaires.   Les  réponses  ont  de  nouveau 
été  contrôlées  avant  l'impression  définitive  des  fiches.  La  publication 
est  faite  par  fiches  détachables  de  manière  à  pouvoir,  dans  la  suite, 
compléter  l'enquête  et  la  tenir  à  jour. 

Chaque  renseignement  est  publié  dans  la  langue  choisie  par  son 
auteur.  En  tête  de  l'ouvrage  se  trouve  une  bibliographie  générale 
sur  les  Bangala,  qui  ne  comprend  pas  moins  de  i5  pages,  suivie 
d'une  bibliographie  systématique  spéciale.  Les  renseignements  sont 
publiés  sous  les  sept  rubriques  suivantes  ayant  en  tout  202  subdi- 
visions :  Renseignements  géographiques  et  ethnographiques  géné- 
raux, vie  matérielle,  vie  familiale,  vie  religieuse,  vie  intellectuelle, 
vie  sociale  et  caractères  anthropologiques.  Cette  publication  a  une 
importance  et  une  valeur  scientifiques  de  premier  ordre.  La  somme 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  27 


de  travail,  pour  arriver  au  résultat  que  les  auteurs  avaient  en  vue,  est 
immense.  La  méthode  est  parfaite  et  de  la  plus  grande  rigueur 
scientifique;  aussi  peut- on  considérer  ce  volume  comme  un  modèle 
du  genre.  Pour  ne  parler  que  du  Congo  :  lorsque  nous  posséderons 
des  monographies  analogues  à  celle-ci  sur  les  principales  peuplades 
congolaises,  il  y  aura  moyen  d'écrire  une  synthèse  ethnographique 
vraiment  scientifique  de  l'Afrique  centrale. 

Adolphe  de  Ceuleneer. 

17.  —  E.  de*  Jonghe,  Les  sociétés  secrètes  au  Bas-Congo.  Bruxelles, 
1907.  74  pp.  (Extrait  de  la  Revue  des  Questions  scientifiques). 

Après  Frobenius  et  Schurtz,  dont  les  théories  sont  sérieusement 
discutées,  M.  E.  de  Jonghe  vient  d'étudier,  dans  ce  savant  travail, 
les  rites  de  la  puberté  par  lesquels  on  transmet  aux  jeunes  Congolais 
les  traditions  religieuses  et  on  les  prépare  à  la  vie  publique,  dans 
leurs  rapports  avec  les  sociétés  africaines  L'auteur  examine  succes- 
sivement, pour  les  deux  institutions,  le  Nkimba  et  le  Ndembo,  l'aire 
d'extension  et  le  nom,  l'âge  des  adeptes,  le  choix  des  adeptes,  la 
durée  des  épreuves,  le  lieu  des  épreuves,  les  cérémonies  d'entrée,  les 
noms  donnés  aux  Nkimba,  les  déformations  artificielles,  l'éducation 
et  l'instruction,  les  prescriptions  et  les  défenses,  les  cérémonies  de 
sortie,  les  conséquences  des  épreuves,  et  arrive  à  cette  conclusion  que 
dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances  et  par  suite  de  l'insuffisance 
des  documents  que  nous  possédons,  il  n'y  a  pas  moyen  d'arriver  à 
une  solution  définitive  sur  ces  deux  institutions.  Il  a  réuni  tous  les 
faits  connus  jusqu'à  ce  jour,  et  admet  provisoirement  que  le  Nkimba 
est  un  organisme  d'instruction  religieuse  et  de  formation  civique,  une 
institution  normale  et  régulière,  tandis  que  pour  le  Ndembo,  moins 
connu  du  reste,  les  cérémonies  paraissent  plutôt  anormales  et 
irrégulières  et  se  rapprochent  de  la  magie.  Ce  travail  constitue  une 
contribution  fort  importante  aux  études  ethnographiques  du  Bas- 
Congo.  Une  bibliographie  fort  complète,  qui  n'occupe  pas  moins  de 
1 1  pages,  termine  cette  suggestive  étude. 

Adolf  de  Ceuleneer. 

18.  —  Jean  Parsy.  S.  Éloi,  Paris,  Lecoffre,  1907,  190  pp.  2  fr. 
(Collection  «  Les  saints  ))). 

Le  culte,  la  légende  et  la  chanson  se  sont  ligués  pour  rendre  saint 
Éloi  éminemment  populaire  en  France,  dans  le  Tournaisis  et  dans 
la  Flandre.  Cependant  nous  n'en  avions  pas  jusqu'à  ce  jour  une 
véritable  biographie.  M.  Paul  Parsy  vient  de  combler  cette  lacune 
hagiographique  dans  la  collection   «  les  saints  ». 


28  LE   MUSéB   BELGE. 


Il  faut  lui  savoir  gré  de  ne  pas  s'être  découragé  devant  les  difl5- 
cultés  du  sujet.  L'auteur  n'avait  comme  document  fondamental  que 
la  «  VitaEligii  «Jadis  attribuée  à  saint  Ouen,  l'ami  et  le  collègue 
de  saint  Éloi  à  la  cour  et  plus  tard  son  confrère  dans  TÉpiscopat, 
Aujourd'hui,  après  les  travaux  de  Vacandard  et  de  Krusch,  il  reste 
acquis  que  l'œuvre  primitive  est  perdue  et  que  le  document  littéraire 
en  notre  possession  en  est  un  remaniement,  dû  à  un  moine  de 
l'époque  carolingienne.  On  connaît  la  mentalité  de  ces  remaniexirs 
du  moyen  âge  et  l'on  sait  combien  leur  intervention  maladroite  est 
fâcheuse  pour  l'historien.  Pour  eux,  la  sainteté  est  une  marche 
constante  sur  les  flots,  c'est  une  vie  remplie  de  merveilleux,  c'est  un 
miracle  en  permanence.  «  Les  faits  ordinaires  de  la  vie,  par  lesquels 
on  voit  que  si  les  saints  furent  grands,  il  furent  aussi  ce  que  nous 
sommes,  et  dont  la  conclusion  est  que  ce  qu'ils  ont  été,  peut-être 
nous  pourrions  le  devenir  de  même,  ces  faits  qui,  cependant,  encou- 
ragent à  vivre  et  soutiennent  dans  la  lutte  pour  la  vertu,  ces  faits- là 
de  parti  pris,  on  les  supprimera,  et  l'on  croira  bien  faire  (p.  vi)  ». 
C'est  conformément  à  cet  esprit  que  le  moine  de  Noyon  a  malen- 
contreusement noyé  dans  sa  prose  et  ses  pieuses  enluminures  le 
travail  primitif  de  Tévêque  de  Rouen,  sans  se  soucier  davantage  de 
la  chronologie  ni  de  l'ordre  des  faits. 

L'art  de  l'historien  doit  tirer  cependant  de  ces  monuments  impar- 
faits la  physionomie  morale  et  la  psychologie  du  Saint.  M.  Parsy  Ta 
tenté  avec  un  réel  succès  pour  saint  Eloi.  Ressusciter  à  treize  siècles 
de  distance  un  homme  remarquable  dans  sa  personnalité  et  dans  ses 
œuvres  n'était  pas  chose  aisée.  Plus  d'une  fois,  le  lecteur  voudrait 
une  vision  plus  nette.  L'auteur  le  sait  bien  et  il  nous  en  prévient 
dans  sa  préface.  «  A  travers  les  lentilles  par  lesquelles  nous  voyons 
le  passé,  jamais  l'image  que  nous  en  avons  n'est  parfaitement  mise 
au  point  (p.  viii)  ».  Néanmoins,  le  résultat  est  digne  d'éloges. 

Né  à  Chaptelat  vers  Sgo,  d'une  famille  de  travailleurs,  Éloi  s'élè- 
vera à  la  notoriété  et  à  la  gloire  par  son  talent  et  son  labeur.  Des 
bâtiments  d'une  exploitation  agricole,  le  modeste  ouvrier  passe  bien- 
tôt dans  les  ateliers  d'orfèvrerie  et  de  monnayage,  établis  à  Limoges 
par  les  rois  mérovingiens  ;  et  de  là,  à  Paris.  C'est  dans  cette  dernière 
ville  qu'il  rencontre  le  trésorier  royal  Bobbon,  avec  lequel  il  entre 
en  relations.  Ici  se  place  l'épisode  du  fauteuil  de  Dagobert.  Ce  prince 
voulait  qu'on  lui  fît  un  siège  en  or,  enrichi  de  pierreries.  Bobbon 
propose  pour  cette  œuvre  particulièrement  délicate  le  jeune  Limousin 
dont  il  a  pu  apprécier  la  valeur  d'artiste.  Éloi  accepte  ;  et  avec  la 
quantité  d'or  mise  à  sa  disposition,  il  fabrique  deux  fauteuils  au  lieu 
d'un,  par  un  miracle  de  Dieu,  un  miracle  de  son  art  ou  un  miracle 


PARTIE   BIBLIOGRAPHigUB.  29 


de  sa  probité.  Désormais  Torfèvre  a  conquis  toute  Testime  et  toute  la 
confiance  de  son  roi.  «  C'est  un  côté  de  la  vie  de  saint  Éloi  qui  n'est 
point  fait  pour  déplaire  à  notre  époque  démocratique  que  celui-ci,  où 
nous  voyons  un  jeune  homme,  sorti  d'une  famille  roturière,  arriver 
aux  charges  les  plus  hautes,  aux  fonctions  les  plus  enviées  dans  l'État 
mérovingien  (p.  57)  ». 

A  la  cour  des  rois  mérovingiens,  Éloi  use  de  son  crédit  auprès 
de  Dagobert  pour  fonder  le  monastère  de  Solignac,  racheter  de 
nombreux  esclaves,  embellir  des  sanctuaires  célèbres,  organiser  des 
œuvres  hospitalières  pour  les  pèlerins.  Avec  quelques  nutricii  du  roi, 
il  formait,  parmi  les  fonctionnaires  entraînés  par  le  tourbillon  des 
affaires  et  celui  des  plaisirs,  un  groupe  d'élite  qu'unissait  la  fascination 
d  un  même  idéal  :  vivre  parfaitement  dans  le  christianisme  et  accom- 
plir fidèlement  les  devoirs  d'état.  Ces  palatins  exceptionnels  devaient 
presque  tous  illustrer  plus  tard  des  sièges  épiscopaux  :  S.  Ouen, 
celui  de  Rouen;  S.  Sulpice,  celui  de  Bourges;  Béthaire,  celui  de 
Chartres;  Rusticus  et  Didier,  celui  de  Cahors;  S.  Éloi,  celui  de 
Tournai -Noy on,  réuni  depuis  quelque  temps. 

Bâtisseur  de  monastères,  apôtre  de  la  perfection  et  de  la  christia- 
nisation  des  peuples  quand  il  vivait  encore  dans  l'état  laïc,  Éloi 
devait  l'être  plus  encore  dans  le  cours  de  son  épiscopat.  Ici  les 
détails  abondent;  et  nous  devons  renoncer  à  un  résumé  qui  nous 
mènerait  trop  loin. 

Sans  doute,  il  n'y  a  dans  le  livre  de  M.  Parsy  rien  de  bien  neuf; 
mais  c'est  une  excellente  mise  à  point  des  travaux  accomplis  sur  ce 
sujet  depuis  quelques  années  ;  et  il  sait  mettre  en  son  récit  le  pitto- 
resque qui  lui  rend  l'éclat  du  réel.  Convaincu  que  l'âme  réfléchit  le 
monde  au  milieu  duquel  s'écoule  l'existence,  comme  le  ruisseau 
reflète  la  vie  qui  s'anime  au  bord  de  ses  rives,  il  a  bien  situé  son 
héros  et  il  a  retiré  de  précieuses  ressources  de  ce  que  l'on  pourrait 
appeler,  le  cadre  du  sujet  :  tel  que  la  topographie  du  pays,  l'histoire 
de  l'orfèvrerie,  les  institutions  mérovingiennes. 

Quelques  inexactitudes,  du  reste  peu  nombreuses,  se  sont  glissées 
sous  la  plume  de  l'auteur.  Ainsi,  c'est  par  distraction  probablement 
que  M.  Parsy  fait  vivre  Hériman  de  Tournai  au  xiii^  siècle  (p.  i33). 
Hériman  devint  abbé  de  Saint-Martin  en  1127.  Parti  vers  1147  à  la 
croisade,  il  s'arrêta  pour  certaines  affiaires  à  Rome  au  palais  de 
Latran,  où  il  écrivit  le  livre  auquel  M.  Parsy  fait  allusion.  Nous 
maintenons  le  doute  que  nous  avons  exprimé  autrefois  à  propos  de 
ces  origines  lointaines  de  la  grande  abbaye  toumaisienne.  Nous 
restons  également  sceptique  pour  ce  qui  concerne  la  fondation  de 
Dunkerke  par  saint  Éloi  (p.  Si  et  svv.).  D'abord  cette  localité  était  en 


30  LE   MUSÉE   BELGE. 


dehors  de  sa  double  circonscription  ecclésiastique  ;  et  la  prodigieuse 
activité  du  saint  Évêque  pouvait  à  peine  suffire  aux  premiers  besoins 
de  son  immense  diocèse  de  Tournai- Noy on.  Ensuite  le  nom  lui- 
même  proteste  contre  cette  thèse.  Tout  le  long  de  la  côte,  depuis 
Dunkerke  jusqu'à  Bruges,  s'éparpille  une  série  de  communes  qui 
tirent  leur  nom  de  leur  église  kerk,  avec  un  radical  emprunté  tantôt 
à  une  circonstance  matérielle  tantôt  au  fondateur  de  Téglise  ou  au 
patron.  On  a  fait  observer  que  cette  particularité  du  littoral  belge 
appartient  à  une  des  catégories  les  plus  récentes  de  la  toponymie. 

M.  Parsy  place  la  mort  de  saint  Éloi  au  i^""  décembre  659,  sous 
prétexte  qu'un  privilège  d'Emmon  pour  Saint-Pierre-le  •  Vif ,  en  660, 
porte  déjà  la  signature  du  successeur,  saint  Momelin  (p,  168).  Nous 
préférons  la  date  de  660  (i*"^  décembre).  Car  il  est  une  autre  charte 
d'Emmon  en  faveur  du  monastère  de  Sainte-Colombe,  du  26  août  660, 
laquelle  présente  encore  la  souscription  de  saint  Éloi.  Pour  concilier 
le  premier  fait  avec  le  second,  il  suffit  d'admettre  l'hypothèse  très 
ordinaire  d'un  retard  dans  l'expédition. 

Enfin,  dans  la  vie  posthume  de  son  héros,  nous  aurions  voulu  voir 
l'auteur  insister  davantage  sur  le  culte  que  lui  ont  voué  les  popula- 
tions du  Tournaisis  et  de  la  Flandre,  où  il  occupe  un  rang  particu- 
lièrement honoré,  en  compagnie  de  saint  Amand,  le  missionnaire  du 
Nord,  et  de  saint  Martin,  lapôtre  des  Gaules. 

En  tous  cas,  M.  Parsy  aura  prouvé  une  fois  de  plus  par  son  livre 
que  ce  n'est  pas  toujours  ressembler  au  chasseur  qui  court  deux 
lièvres  que  d'essayer  de  composer  à  la  fois  une  œuvre  édifiante  et  un 
ouvrage  historique.  J.  Warichez. 

Philosophie. 

19.  —  Marlus  Couallhac.  Maine  de  Biran.  Paris,  Alcan,  1905. 
I  vol.  in  8.  7  fr.  5o.  (Collection  des  Grands  Philosophes.) 
Quelle  place  faut-il  assigner  à  ce  penseur  parmi  les  princes  de  la 
philosophie?  Cousin  le  proclamait  «  notre  maître  à  tous  »  et  «  le 
plus  grand  métaphysicien  du  siècle  ».  L'Allemagne  en  revanche  (i) 
et  même  l'Angleterre  ne  paraissent  pas  avoir  fait  tant  de  cas  de  sa 
doctrine.  En  France,  après  des  fortunes  variées,  son  rôle  et  sa  valeur 
semblent  plus  justement  appréciés  de  nos  jours  quand  on  en  fait  le 
rénovateur  de  la  psychologie  (Ruyssen)  :  j'ajouterai  surtout  de  celle 
qui  s'appuie  sur  l'observation  intérieure.  Quelle  pénétration  n  a-t-il 

(1)  Trois  livres  sur  lui  en  cent  ans,  ceux  de  Kônig  '^iSSg),  de  Kûhtmann  ''1901) 
et  d'Alb.  Lang  (igoB.  C'est  peu,  si  l'on  compare  cette  «littérature  »  à  celle  des 
autres  philosophes  même  étrangers  à  l'Allemagne. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3l 


pas  déployée  sur  ce  terrain  !  Que  d'énergie  et  de  subtilité  dépensées 
pour  saisir,  dans  leur  racine  et  suivre  dans  leur  développement  la 
vie  du  moi  et  nos  autres  genres  de  vie  I  Je  n'oserais  dire  qu'il  n'a 
jamais  perdu  le  fil  qui  peut  nous  conduire  à  travers  ces  dédales. 
Quant  à  son  point  de  départ,  —  même  en  admettant  la  correction 
d'Ampère,  qui  ne  voulait  pas  réduire  le  fait  primitif  ou  l'effort  à  un 
effort  purement  musculaire,  —  il  reste  acquis  que  le  caractère  contin- 
gent de  ce  point  de  départ  se  communique  à  Tœuvre  tout  entière  : 
M.  Merten  signalait  déjà  la  chose  en  1867  dans  son  livre  sur  Maine 
de  Biran  (p.  97  et  passim).  Au  fond  qu'est-ce  que  ce  «  moi  »,  sur 
lequel  l'auteur  français  prétend  asseoir  tout  son  système  ?  —  Pour 
lui,  c'est  plus  qu'un  phénomène,  et  c'est  moins  qu'une  substance. 
Alors  quoi?  Tertium  non  datur.  Mais  M.  Couailhac  n'insiste  pas  sur 
ces  difficultés  :  son  but,  comme  celui  de  la  collection  à  laquelle 
appartient  cet  ouvrage,  est  de  nous  faire  connaître  le  philosophe 
objectivement,  tel  qu'il  est,  fans  se  placer  à  un  point  de  vue  qui  n'est 
pas  le  sien.  Pour  cela,  il  use  moins  des  travaux  qui  ont  paru  sur  lui 
que  des  écrits  mêmes  de  ce  philosophe,   y  compris  ceux  qu'on  a 
publiés  naguère,    notamment   du  traité   Science  et  psychologie^   édité 
par  M.  Bertrand  en  1887.  Armé  de  ces  documents,  il  nous  présente 
d'abord  le  milieu  intellectuel  et  social  qui  a  préparé  Téclosion  de  cet 
esprit  ;  puis  il  décrit  l'évolution  même  de  cette  pensée  s'afFermissant 
et  s'élevant  d'une  manière  continue,  bien  qu'avec  un  peu  de  lenteur 
et  parfois  avec  une  certaine  hésitation.  Il  suit  son  auteur  pas  à  pas  à 
travers  ces  diverses  étapes,  avant  tout  préoccupé  de  montrer  comment 
il  passe  de  l'une  à  l'autre  et  comment  celles-ci  se  relient,  se  subor- 
donnent et  finissent  par  former  un  tout  organique.  C'est  même  le 
trait  saillant  de  ce  livre,  M.  Couailhac  se  refusant  de  scinder,  comme 
d'autres  font,  la  carrière  philosophique  de  Biran  en  trois  périodes 
nettement  séparées  et  même  contraires,  celles  du  sensualisme,  du 
spiritualisme  et  du  mysticisme. 

La  mort  a  empêché  le  sagace  et  consciencieux  critique  de  mettre 
la  dernière  main  à  un  ouvrage  qui  contient  déjà  tant  de  parties 
remarquables.  Elle  l'a  empêché  également  de  recevoir  la  récompense 
que  lui  a  décernée  pour  ce  beau  livre  l'Académie  des  sciences 
morales  et  politiques.  t  A.  Grafé. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

20.  —  Jules  Nicole,  U Apologie  d'Antiphon  ou  XÔTOçirepl  jucTaaTdaeiwç  d'après 
des  fragments  inédits  sur  papyrus  d'Egypte.  Genève,  Georg  et  C'«,  1907,  55  p. 
Le  discours  qu'Antiphon  de  Rhamnonte,  le  plus  ancien  des  orateurs  athéniens, 

FroQonça  pour  sa  défense  en  Tan  411  ou  410  av.  J.-C,  lorsqu'il  fut  accusé  du  crime 


32  LB   MUSÉE   BELGB. 


de  haute  trahison  après  la  chute  du  gouvernement  oligarchique  dit  des  Quatre  Otttx, 
était,  au  jugement  de  Thucydide,  le  chef-d'œuvre  du  genre.  On  n*en  possédait  plin 
rien  sauf  deux  passages  insignifiants  cités  par  un  grammairien  de  basse  époque. 

Dans  son  dernier  voyage  en  Egypte,  M.  le  Prof.  Nicole  en  a  retrouvé  et  acheté 
pour  la  bibliothèque  publique  de  Genève  de  beaux  fragments  conservés  sur  papyrus, 
ils  permettent  de  reconstituer  le  plan  du  discours,  d*en  apprécier  le  caractère  et 
forment  une  contribution  aussi  précieuse  qu'inattendue,  non  seulement  à  la  connais- 
sance des  lettres  grecques,  mais  encore  à  celle  d'une  des  époques  les  plus  obscures 
iusqu*ici  de  Thistoire  d'Athènes. 

Un  fac-similé  en  phototypie  du  nouveau  papyrus  de  Genève  illustre  utilement 
rétude  complète  consacrée  par  M.  J.  Nicole  à  V Apologie  d'Antiphon. 

21.  —  A  paru,  dans  une  collection  bien  connue  de  nos  lecteurs  (Mûnchener  Bei- 
tràge  :(ur  romanischen  und  englischen  Philologie  hrsg.  von  H.  Breymann  und 
J.  Schick,  xxxvii  Heft),  une  étude  de  Fr.  Jakob,  DieFabel  von  Atreus  und  Thjrestes 
in  den  wichtigsten  Tragôdien  der  englischen,  framçôsischen  und  italienischen  Ute- 
ratur.  Leipzig,  A.  Deichert,  1907.  4  m. 

23.  —  La  fameuse  aventure  des  «  Amants  de  Venise  »  a  fait  éclore  une  nouvelle 
enquête  :  Alfred  de  Musset  im  Urteile  George  Sand's.  Eine  kritische  Untersuchumg 
ûber  den  historischen  Wert  von  George  Sand's  Roman  «  Elle  et  Lui»^  par  M.  Kom- 
BAD  WoLTER,  (Berlin,  Weidmann,  1907,  2  m.  40).  C'est  un  livre  composé  avec 
méthode  et  conscience,  qui  occupera  une  bonne  place  dans  la  bibliographie  si  abon- 
dante de  l'affaire  George  Sand- Musset. 

23.  —  G,  Cohen.  Geschichte  der  Ins^enierung  im  geistlichen  Schauspiele  des 
Mittelalters  in  Frankreich,  Ins  Deutsche  ûbertragen  von  D'  C.  Bauer.  Leipzig* 
1907,  W.  Klinkhardt. 

Nos  lecteurs  connaissent,  par  le  compte  rendu  qui  a  paru  dans  ce  Bulletin  (1906, 
p.  353-4),  l'ouvrage  de  M.  Cohen,  Histoire  de  la  mise  en  scène  dans  le  théâtre  reli- 
gieux français  du  moyen  âge.  Nous  ne  redirons  donc  plus  quels  sont  ses  mérites, 
et  nous  nous  contenterons  d'annoncer  la  présente  traduction,  dans  laquelle  l'auteur 
déclare  avoir  introduit  (  malgré  Paccueil  favorable  qui  a  été  fait  à  l'édition  française) 
bon  nombre  d'additions  et  d'améliorations,  qu'il  doit  en  grande  partie  à  la  critique. 

24  —  J.  Renault,  Louis  Veuillot.  Biographie  populaire,  In-8®,  raisin,  avec  por- 
trait, 2,00.  franco,  2,35.  P.  Lethielleux,  10,  rue  Cassette,  Paris. 
Ce  volume  est  une  étude  sérieuse  et  complète  sur  la  vie  et  l'oeuvre  du  grand  chré- 
tien et  du  maître  écrivain  que  fut  Louis  Veuillot. 

Dans  les  travaux  de  ce  genre,  recueil  à  éviter,  c'est  l'ornière  des  généralités 
banales  qui  ne  caractérisent  particulièrement  aucun  acte.  On  ne  pourra  certes  pss 
adresser  ce  reproche  à  cette  œuvre,  qui  est  vraiment  une  œuvre  personnelle  de 
consciencieuse  analyse. 

Le  manuscrit  de  cet  ouvrage  fut  soumis  à  Eugène  Veuillot,  frère  du  grand  polé- 
miste et,  dans  un  feuilleton  qu'il  lui  consacra  dans  V Univers  du  8  avril  1905,  il  féli* 
cita  vivement  l'auteur  de  cette  œuvre  chaleureuse  oit  un  «  catholique  dévoué  et  lettré 
loue  un  maître  ». 

%.  «  M.  Jules  Renault,  écrivait-il,  fait  une  biographie  brève  et  animée  de  Louis  Veuil- 
»  lot  ;  il  s'applique  avec  succès  à  montrer  en  même  temps  l'homme  privé  et  l'homme 
»  public,  rhomme  de  la  famille  et  Técrivain  de  combat,  le  poète,  le  penseur,  le 
»  soldat.  )> 

Ce  livre,  dans  lequel  l'auteur  a  intercalé  avec  bonheur  quelques-unes  des  plus 
belles  pages  de  Veuillot,  a  sa  place  toute  marquée  dans  les  bibliothèques  familiales. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHigUB.  33 

Sa  lecture  sera  pour  tous  un  régal  littéraire,  pour  beaucoup  une  révélation  et,  pour 
la  jeunesse,  à  plus  d'un  titre,  une  haute  et  tangible  leçon  de  courage  patient,  de 
f>ersévérante  énergie,  de  valeureuse  intrépidité  et  de  dévouement  sans  bornes. 
25.  —  E.  Lavisse,  Histoire  de  France,  Tome  septième,  II.  Louis  XIV.  La 
Religion.  Les  lettres  et  les  arts.  La  guerre.  1843- 1685,  par  E.  Lavisse.  Paris, 
Hachette,  1907.  6  frs. 

Cette  seconde  partie  du  tome  septième  est  de  M.  Lavisse  lui-même.  Il  s*occupe  dans 
les  deux  premiers  livres  du  gouvernement  de  la  religion  (jansénisme,  gallicanisme, 
protestantisme)  et  du  gouvernement  de  l'intelligence  (administration  intellectuelle, 
académies,  les  lettres  et  les  arts,  Térudition  et  les  sciences).  Le  livre  suivant  est 
consacré  à  la  politique  extérieure  (l'Europe  en  1661,  la  force  militaire,  la  politique 
extérieure  depuis  1661  jusqu'à  la  trêve  de  Ratisbonnej.  Ce  volume  qui  termine 
une  période,  se  termine  lui-même  par  un  livre  intitulé  :  La  fin  éCune  période. 
Retour  sur  l'histoire  politique  i6ôi-i685.  L'État  en  i685.  La  vie  privée  du  Roi.  La 
0>ur  en  i685  et  la  vie  de  Cour. 

a6.  —  E.  Thouverez,  Charles  Darwin.  1  vol.  in- 13  (Collection  Science  et  Religion 
no»  438-439).  Librairie  Bloud  et  C>*,  4,  rue  Madame,  Paris  (VI«).  1  fr.  20. 
On  trouvera,  dans  ce  volume,  en  même  temps  qu'un  exposé  critique  et  complet 
^u  Darwinisme,  une  sorte  de  biographie  psychologique,  succincte,  mais  singulière- 
ment suggestive,  de  Darwin.  L'auteur  étudie  successivement  l'Hérédité  des  Darwin, 
puis  VÉducation  de  Charles  Darwin,  son  Voyage  autour  du  monde,  sa  vie  pendant 
le  Séjour  à  Londres^  enfin  les  Dernières  années  à  Down.  Passant  à  l'examen  du 
système,  M.  Thouverez  consacre  un  premier  chapitre  aux  prédécesseurs  de  Darwin: 
Erasme  Darwin  en  Angleterre,  Goethe  en  Allemagne,  Lamarck  et  Buffon  en  France. 
Ainsi  il  arrive  à  l'exposé  et  à  la  discussion  des  idées  émises  par  Darwin  dans  le  livre 
sur  VOrigine  des  espèces  et  présentées  analytiquement  dans  les  Variations.  Après 
un  bref  résumé  des  ouvrages  publiés  postérieurement,  vient  l'hiçtoire  du  Darwi- 
nisme chez  les  disciples  de  Darwin  jusqu'à  nos  jours.  L'auteur  termine  par  une 
critique  du  système  qu'il  définit  *<  une  certaine  forme  entre  plusieurs  possibles,  du 
transformisme  qui  est  en  lui-même  une  forme  de  l'évolution»,  et  montre  comment 
on  peut  établir,  sur  la  théoi*ie  évolutionniste,  une  thèse  qui  concilie  les  exigences 
techniques  et  positives  de  l'intelligence  spéculative  avec  les  exigences  métaphysiques 
et  religieuses  de  la  volonté  morale. 

27.  —  Le  baron  Carra  de  Vaux,  Newton,  i  vol.  in- 12  (Collection  Science  et 
Religion,  séné  Philosophes  et  Penseurs^  no  437).  Librairie  Bloud  et  O;  4,  rue 
Madame,  Paris  VI».  Fr.  0,60. 

Les  résultats  des  travaux  de  Newton  sont  pour  la  plupart  entrés  dans  l'enseigne- 
ment classique;  mais  ils  y  sont  répartis  d'une  façon  quelquefois  un  peu  artificielle 
entre  les  enseignements  élémentaire,  spécial  et  supérieur;  et  ils  n'y  sont  pas  toujours 
exposés  avec  la  méthode  même  de  l'auteur.  Dans  ce  livre,  tout  en  recherchant  la 
simplicité  autant  que  de  pareilles  questions  le  comportent.  M.  Carré  de  Vaux  a 
rendu  à  ces  résultats  leur  groupement  et  leur  unité  originels;  il  a  fait  voir  comment 
le  génie  de  Newton  les  avait  obtenus  et  sur  quels  antécédents  il  s'était  appuyé.  Il  a 
d'ailleurs  mis  en  relief  la  physionomei  philosophique  et  morale  du  gra.id  savant,  et 
montré  chez  lui,  à  côté  du  génie  qu'on  ne  peut  qu'admirer,  des  qualités  comme  le 
scrupule  scientifique,  l'honnêteté  civique,  la  foi  religieuse,  que  le  plus  modeste 
travailleur  peut  et  doit  imiter. 

28.  —  Georges  Goyau,  Ketteler.  Bloud,  4,  rue  Madame,  Paris,  1907.  1  vol. 
3  fr.  5o.  (La  Pensée  chrétienne). 

Ce  que  s'est  proposé  l'auteur  de  ce  volume,  c'est  de  faire  connaître  par  des  frag- 
ments bien  groupés,  Ketteler  doctiur  social.  L'Eglise  et  les  temps  nouveaux;  r£glise 


LE   MUSÉE   BELGE. 


et  les  diverses  variétés  d'absolutisme;  l'Eglise  et  le  problème  de  la  propriété;  l'Eglise 
et  la  question  ouvrière  ;  la  politique  sociale  ;  telles  sont  les  cinq  rubnques  sous 
lesquelles  viennent  se  ranger  d*abondantes  citations  de  Tœuvre  de  Ketteler 
éclairées,  et  commentées  par  une  longue  prélace  historique.  «  Mon  âme  tout 
entière,  écrivait  le  grand  évêque  de  Mayence,  est  attachée  aux  formes  nouvelles, 
que  les  vieilles  vérités  chrétiennes  créeront  dans  Tavenir  pour  tous  les  rapports 
humains.»  Et  ce  qui  fait  précisément  l'intérêt  de  ce  livre,  c'est  le  spectacle  de 
Ketteler  adaptant  sans  cesse  ces  «  vieilles  vérités»  aux  «formes  nouvelles», 
appelant  l'antique  thomisme  à  la  rescousse  des  revendications  sociales  et  faisant 
de  la  plus  pure  tradition  chrétienne  un  actif  instrument  de  progrès. 

ag.  —  Henri  Lorin ,  L'Organisation  professionnelle  et  le  Code  du  Travail, 

Étude  sur  les  principes  du  catholicisme  social,  vol  in- 12.  (Collection  Science  et 

Religion,  n®  442).  Librairie  Bloud  et  C'^,  4,  rue  Madame,  Paris  (VI»),  o  fr.  60. 

L'Encyclique  Rentm  novarum,   après    avoir  rappelé   les  principes  de  justice 

qui   doivent  présider  à  la    réglementation    des   rapports   économiques,  indique 

formellement  les  deux  moyens  pratiques  de  réaliser  ces  principes  dans  le  monde 

contemporain  :   i®  l'organisation  professionnelle  ;  2»  l'intervention  législative  de 

l'Etat.  Quels  doivent  être  les   principes   de   l'organisation   professionnelle,  quels 

doivent  être,  relativement  à  la  question  fondamentale  du  salariat,   les  principes 

de  l'Etat  interventionniste,  rédacteur  d'un  code  du  travail,  c'est  ce  que  l'auteur  de 

ce  travail,  qui  est  le  président  de  V Union  d'Études  des  catholiques  sociaux,  s'est 

efforcé  de  marquer  ici  avec  autant  de  précision  que  de  force. 

3o.  —  A.  Springer,  Handbuch  der  Kunstgeschichte,  l,  Das  Altertum.  Achte 

Aufl.  von  Adolf  Michaelis.  Leipzig,  Seemann,  1907,  9  m. 

La  septième  édition  de  ce  bel  ouvrage  avait  paru  en  1904.  Elle  comptait  464  pages, 
783  gravures  dans  le  texte  et  9  planches  coloriées.  La  huitième  a  497  pages, 
900  gravures  dans  le  texte  et  12  planches  coloriées.  M.  Michaelis  a  revu  l'ouvrage 
d'un  bout  à  l'autre,  corrigé  et  amélioré  une  foule  de  passages.  Il  a  eu  pour  colla- 
borateurs MM.  Spiegelberg  pour  l'art  égyptien,  Messerschmidt  pour  l'art  babylonien 
et  assyrien,  Andréas  pour  l'art  perse,  Karo  pour  l'art  égéen.  Il  a  donné  au  livre  une 
rédaction  qu'on  pourrait  appeler  détinitive,  si  dans  ce  domaine  les  découvertes  ne 
se  succédaient  pas  sans  interruption.  Nous  avons  précédemment  fait  connaître  le 
but  et  le  plan  de  cet  histoire  de  l'art  ancien,  qui  forme  le  premier  volume  de  la 
Kunstgeschichte  en  cinq  volumes,  et  nous  n'avons  pas  à  y  revenir. 

3i.  —  Le  volume  XVI  de  Meyers  Grosses  Konversationslexikon  (Leipzig.  Biblio- 
graphisches  Institut.  gSa  pp.  à  deux  colonnes.  10  m.)  débute  par  le  mot  Plaketten. 
Nous  remarquons,  dès  la  page  3,  la  belle  planche  et  les  cartes  qui  illustrent  le  mot 
planète.  L'article  sur  la  poétique  comporte  une  bibliographie  complète,  mais  dans 
laquelle  les  ouvrages  scientifiques  et  les  manuels  de  poétique  à  l'usage  de  renseigne- 
ment auraient  pu  être  distingués.  Une  large  place  est  accordée  aux  mots  «pôle»  et 
«polarisation»  et  des  illustrations  de  tout  genre,  parmi  lesquelles  de  magnifiques 
planches  coloriées,  sont  intercalées  dans  le  texte.  L'histoire  de  la  «Pologne»  est  mise 
sous  les  yeux  par  quatre  cartes  historiques  ;  14  colonnes  sont  consacrées  à  un  exposé 
de  l'histoire  de  la  littérature  polonaise,  autant  à  l'histoire  de  la  poésie  portugaise. 
Plus  loin  nos  compatriotes  Potvin  et  A.  Prins  reçoivent  l'honneur  d'ur.e  longue 
notice.  Oes  plans  accompagnent  les  articles  sur  les  villes,  telles  que  Posen,  Prague, 
Potsdam.  Très  étendu  est  l'article  sur  la  Prusse  (46  pages),  trop  bref  et  sans 
bibliographie  celui  sur  le  pronom.  L'actualité  du  lexique  se  remarque  à  des  articles 
tels  que  celui  sur  la  psychométrie.  L'article  sur  la  rhétorique  ne  sigrn'e  pas  l'ouvrage 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  35 


belge  de  Baron.  La  biographie  et  notamment  celle  des  écrivains  est  très  soignée  et 
très  complète.  De  nombreuses  planches  sont  consacrées  à  la  zoologie  et  aux  inven- 
tions techniques  les  plus  modernes.  H.  Bischoff. 

32. —  M.  li.  de  San,  chef  de  bureau  au  Ministère  des  Sciences  et  des  Arts  qui  en 
1900  avait  publié  un  Recueil  des  lois,  arrêtés ,  circulaires  et  décisions  de  principes 
qui  régissent  renseignement  moyen  en  Belgique ^  vient  de  faire  paraître  sous  le  titre 
àt  y  Enseignement  moyett  en  Belgique,  lois  organiques  coordonnées  et  commentées, 
(Lierre,  Van  In,  1907  in-40  de  XLvin-656  p.)  un  ouvrage  du  plus  haut  intérêt  pour 
tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'organisation  de  l'enseignement  moyen.  Après  avoir 
reproduit  le  texte  des  lois  et  en  avoir  fait  un  exposé  succinct  coordonné,  Tauteur 
publie  de  chaque  loi  un  commentaire  comprenant  Texposé  des  motifs,  le  rapport  de 
la  Section  centrale  à  la  Chambre  et  le  rapport  de  la  Commission  au  Sénat  et  un 
commentaire  de  chaque  article  basé  sur  les  discussions  des  Chambres.  Ce  travail 
est  fait  avec  beaucoup  de  méthode  et  évitera  des  recherches  souvent  longues  et 
difficiles.  Adolf  de  Ceuleneer. 

CHRONIQUE. 

33. —  Une  Encyclopédie  catholique, —  Nous  lisons  dans  le  journal  Le XX^ Siècle: 

Il  nous  manquait  une  Encyclopédie  catholique.  Le  xix«  siècle  s'est  écoulé  sans  nous 
la  donner.  La  voici  qui  nous  vient  d'Amérique,  et  j*ai  le  plaisir  de  la  présenter  aux 
lecteurs. 

Qu'une  entreprise  de  cette  importance  ait  pu  être  tentée  et  réalisée  avec  succès 
par  les  jeunes  catholiques  des  Etats-Unis,  c'est  une  rare  preuve  d'activité  religieuse 
et  intellectuelle.  Et  c'est  en  même  temps  une  petite  humiliation  pour  nous  autres, 
catholiques  d'Europe.  Nous  sommes  battus  par  les  Américains  sur  un  terrain  où  il 
eût  pu  sembler  que  nous  avions  l'avance  pour  longtemps  encore.  Et  nous  voilà 
devenus,  pour  l'étude  des  choses  catholiques,  tributaires  du  Nouveau-Monde.  Tant 
que  nous  n'aurons  pas  l'équivalent  de  leur  ouvrage  en  langue  française,  il  faudra 
bien  que  nous  recourions  à  la  Catholic  Encyclopedta  (New- York,  Robert  Appleton 
Company,  1907), 

La  préface  sobre  et  substantielle  placée  en  tête  du  premier  volume,  récemment 
parU)  nous  renseigne  sur  le  but  et  sur  le  programme  de  l'ouvrage.  Je  le  laisse  parler  : 

La  Catholic  Encyclopedia,  comme  l'indique  son  nom,  se  propose  de  fournir  à 
«es  lecteurs  des  informations  complètes  et  autorisées  sur  le  cycle  entier  des  intérêts 
catholiques,  des  œuvres  catholiques,  des  doctrines  catholiques.  Ce  que  TÉglise 
enseigne  et  a  enseigne,  ce  qu'elle  a  fait  et  continue  à  faire  pour  le  bien  de  l'huma- 
nité, ses  méthodes  dans  le  passé  et  dans  le  présent,  ses  combats,  ses  triomphes, 
ainsi  que  les  actes  de  ses  divers  membres,  les  services  qu'elle  a  rendus  au  dêvelop- 
pcrocnt  des  sciences,  des  lettres  et  des  arts,  tout  cela  est  du  domaine  de  l'Encyclo- 
pédie catholique.  Celle-ci,  d'autre  part,  n'est  pas  exclusivement  un  répertoire 
ecclésiastique  et  ne  se  limite  pas  aux  choses  d'Eglise  ni  aux  gens  d'Eglise.  Elle  veut 
faire  connaître  tout  ce  que  les  catholiques  ont  fait,  non  seulement  sur  le  terrain  de  la 
charité  et  de  la  morale,  mais  aussi  pour  le  développement  intellectuel  de  l'humanité. 
Sous  ce  rapport,  elle  diffère  de  la  plupart  des  autres  encyclopédies  catholiques.  Les 
éditeurs  n'ignorent  pas  qu'il  n'y  a  pas  à  proprement  parler  de  science  catholique, 
^ue  les  mathématiques,  la  chimie,  la  physiologie  et  les  autres  branches  du  savoir 
humain  ne  sont  ni  catholiques  ni  juives  ni  protestantes. 

Mais  puisque  l'on  entend  si  souvent  soutenir  que  les  principes  de  la  foi  catholique 
sont  un  obstacle  aux  recherches  scientifiques,  il  leur  a  semblé  qu'il  est  opportun  et 


/ 


36  LE   MUSÉE    BELGE. 


même  indispensable  de  mettre  en  lumière  la  part  que  les  catholiques  ont  prise  dans 
le  progrès  de  chaque  branche  de  nos  connaissances. 

Nul  de  ceux  qui  s'intéressent  à  Thistoire  de  Thumanité  ne  peut  ignorer  TÉglise 
catholique.  Elle  a  été  pendant  près  de  deux  mille  ans  l'instituteur  central  du  monde 
civilisé,  et  elle  a  exercé  une  action  décisive  sur  ses  destinées  religieuses,  littéraires, 
scientifiques,  sociales  et  politiques.  D'autre  part,  elle  est  une  puissance  de  fait  dont 
rinfiuence  et  l'action  s'étendent  sur  toutes  les  parties  du  globe. 

Les  intérêts  vitaux  des  catholiques  et  des  protestant»  exigent  qu'ils  soient  renseig- 
nés sérieusement  sur  une  société  qui  pèse  d'un  tel  poids  dans  les  destinées  du 
monde.  » 

^  On  ne  saurait  mieux  dire,  et  si  les  ennemis  déclarés  de  l'Église  catholique 
méditaient  ces  paroles,  ils  ne  feraient  pas  si  souvent  preuve,  en  matière  de  religion, 
de  cette  monstrueuse  ignorance  qui  est  une  des  sources  les  plus  fécondes,  comme 
un  des  symptômes  les  plus  lamentables  du  fanatisme  anti-clérical. 

Le  plan  de  l'Encyclopédie  est  excellent.  La  distribution  des  matières  atteste  une 
connaissance  à  la  fois  vaste  et  profonde  de  l'immense  domaine  à  explorer.  Rien 
n'est  abandonné  au  hasard.  Les  articles  sont  demandés  aux  savants  catholiques  du 
monde  entier,  à  chacun  selon  sa  spécialité,  les  Américains  restant  toutefois,  cela  vi 
sans  dire,  en  grande  majorité.  Les  différentes  catégories  d'articles  se  font  d'après 
un  plan  uniforme  qui  a  tout  prévu  :  les  proportions  matérielles,  l'ordre  et  la  nature 
des  renseignements  h  fournir,  le  ton  à  garder,  les  procédés  à  suivre  dans  les  réfé- 
rences bibliographiques,  etc.   Le  volume  premier,  qui  est  sous  nos  yeux  et  qui 
contient  en  826  pages  compactes  à  deux  colonnes,  les  articles  allant  de  «  Aachen  » 
(Aix-la-Chapelle)  à  u  Assize»,  montre  avec  quelle  scrupuleuse  fidélité  les  collabora- 
teurs se  sont  conformés  aux  instructions  reçues,  avec  quelle  sévérité  rigoureuse  les 
éditeurs  ont  veillé  à  ce  qu'elles  fussent  suivies.  Ce  que  j'admire  surtout,  c'est  l'exacte 
proportion  réalisée  entre  l'importance  des  articles  tt  leur  étendue.  C'est  ici  la  pierre 
de  touche  de  toute  œuvre  faite  en  collaboration.  Il  est  telle  encyclopédie  dont 
les  éditeurs  se  sont  ruinés  pour  n'avoir  imposé  au  zèle  indiscret  de  leurs  colla- 
borateurs des  limites  infranchissables.  Je  désire  qu'un  sort  semblable  n'attende  pas 
les  éditeurs  de  tel  ou  tel  dictionnaire  que  je  ne  veux  pas  nommer,  et  qui,  malgré 
son  incontestable  mérite  manque  d'une  qualité  essentielle  :  la  mesure.  Vous  voulez 
consulter  un  article,  et  on  vous  sert  tout  un  livre  !  Or,  c'est  précisément  parce  que 
vous  n'avez  pas  le  temps  de  lire  le  livre  que  vous  vous  adressez  à  l'article.  \ous 
jetez  le  volume  avec  mauvaise  humeur,  et  il  y  a  apparence  que  vous  ne  rouvrirez 
plus. 

Une  autre  qualité  non  moins  indispensable  à  une  Encyclopédie,  c'est  une  absolue 
objectivité.  Il  est  essentiel  qu'elle  inspire  une  pleine  confiance  au  lecteur,  et  qu'il 
puisse  considérer  comme  avéré  tout  ce  qu'il  y  lit.  Toute  polémique,  de  quelque 
nature  qu'elle  soit,  religieuse  ou  scientifique,  doit  en  être  rigoureusement  baooie. 
Il  faut  qu'elle  sache  résister  à  la  tentation  de  faire  de  Tapologétique,  c'est  à  dire  de 
plaider  au  lieu  d'exposer.  J'ose  dire  qu'au  surplus  sa  valeur  au  point  de  vue  apolo- 
gétique sera  d'autant  plus  grande  qu'elle  mettra  plus  de  soin  à  se  garder  d'une 
préoccupation  de  ce  genre.  Et  c'est  avec  une  vive  satisfaction  que  je  constate  la 
sérénité  qui  règne  d'un  bout  à  l'autre  de  ce  volume.  Tout  le  monde  s'est  conscien- 
cieusement conformé  aux  intentions  et  aux  prescriptions  formelles  des  éditeurs. 
C'est  un  livre  de  science  et  exclusivement  un  livre  de  science  qui  est  sorti  de  leurs 
mains  :  il  honore  la  foi  catholique  autant  qu'il  les  honore  eux-mêmes.  Il  est  irrépro- 
chable à  la  fois  au  point  de  vue  de  l'orthodoxie  et  à  celui  de  la  valeur  scientifique. 
Il  paraît  avec  l' a  imprimatur  »  de  l'archevêque  de  New- York,  qui  a  donné  aux  éii- 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUB.  37 


teurs  une  preuve  de  sympathie  et  de  confiance  extraordinaire  en  les  chargeant  eux- 
mêmes  de  la  censure  ecclésiastique.  Les  noms  des  collaborateurs  sont  pour  Tœuvre 
UDe  garantie  de  première  valeur.  Il  ne  peut  pas  être  question  de  donner  ici  la  nom- 
breuse liste  de  ceux  qui  ont  signé  les  articles  du  premier  volume;  je  me  contenterai 
de  relever,  pour  la  Belgique,  ceux  du  R.  P.  Ch,  Desmedt  et  de  MM.  Ch.  Moeller, 
V.  Brants  et  Cyr.  Van  Overbergh  (et,  ajoutons-U,  God.  Kurth). 

Knfin,  l'exécution  matérielle  mérite  tous  les  éloges.  Le  papier,  les  caractères, 
illustration  ne  laissent  rien  à  désirer.  L*ouvrage  paraîtra  en  quinze  volumes  d'envi- 
ron 800  pages  chacun  et  sera,  selon  des  prévisions  qui  n*ont  rien  d'optimiste,  entiè- 
reirient  achevé  dans  les  cinq  ou  six  ans.  L'édition  ordinaire  coûte  90  dollars,  ou,  si 
Ton  paye  d'avance,  81  dollars  (406  francs).  Il  est  à  désirer  quMl  se  trouve  en  Bel- 
gique une  maison  de  librairie  qui  se  charge  de  placer  Touvrage  chez  nous.  Nous 
n'avons,  pas  le  droit  de  nous  désintéresser  de  la  «  Catholic  Encyclopedia  »  ;  nous 
devons  chacun  dans  sa  mesure,  aider  au  succès  d'une  entreprise  qui  a  une  telle 
portée  au  point  de  vue  de  nos  intérêts  religieux  et  intellectuels.  C'est  dans  cette 
conviction  que  j'ai  écrit  cet  article  :  il  m'a  semblé  que  je  remplissais  un  devoir. 

GoDEFROiD  Kurth. 

34.  —  Parmi  les  diverses  Extensions  universitaires ,  qui  cherchent  depuis  quelques 
années  à  vulgariser  en  Belgique  les  connaissances  scientifiques,  une  des  plus  actives 
est  certes  celles  qui  existe  à  Anvers  sous  la  dénomination  de  Katholieke  Vlaamsche 
Hoogeschooluitbreiding  van  Antwerpen,  Le  i»*"  novembre  de  cette  année,  elle  a  fêté 
le  dixième  anniversaire  de  son  existence,  a  tenu  à  cette  occasion  un  congrès  dans  le 
but  de  propager  l'œuvre  dans  d'autres  villes  flamandes  et  publié  un  Gedenkboek 
(Antwerpen.  Nederlandsche  Boekhandel.  188  p.  1  fr.)  qui  fournit  des  renseigne- 
ments très  intéressants  sur  la  marche  et  l'activité  de  l'institution.  La  première 
année,  les  leçons  et  conférences  furent  suivies  par  280  auditeurs,  la  neuvième  le 
nombre  en  fut  de  SySo  et  pendant  les  neuf  années  il  y  eut  en  tout  Bii  10  auditeurs. 
Dès  la  seconde  année  on  organisa  un  enseignement  populaire  et  professionnel,  qui 
ne  fut  suivi  d'abord  que  par  120  personnes  pour  atteindre  en  1907  le  chiffre  fort 
respectable  de  5440  auditeurs.  Les  principales  conférences  furent  publiées  sous 
lorme  de  brochure  à  o,25  paraissant  mensuellement.  Il  en  a  été  publié  jusqu'à  ce 
jour  99;  le  Gedenkboek  constitue  la  ioo«.  L'ensemble  de  ces  brochures,  dont  plu- 
sieurs sont  des  monographies  des  plus  intéressantes  ont  été  publiées  au  nombre  de 
76400  exemplaires.  Ces  brochures  ont  pour  sujet  des  questions  de  théologie,  d'his- 
toire, de  sciences  naturelles,  de  science  morale,  de  médecine  et  de  droit.  Souhaitons 
que  l'institution  puisse  se  développer  encore  davantage  et  servir  de  modèle  à  des 
institutions  analogues,  tant  en  Flandre  que  dans  les  provinces  wallonnes. 

Adolp  de  Ceulemeer. 

35.  —  Société  internationale  de  dialectologie  romane,  —  Sous  ce  titre,  une  nou- 
velle association  scientifique  internationale  vient  de  se  créer,  ayant  son  siège  social 
à  Bruxelles. 

Cette  Association  se  propose  d'assurer  aux  patois  et  aux  parlers  provinciaux  la 
place  importante  qu'ils  doivent  occuper  dans  les  recherches  de  linguistique  romane. 

On  sait  que  les  philologues  appellent  i  romans  »  les  dialectes  qui  sont  dérivés  du 
latin,  tels,  par  exemple,  les  patois  parlés  dans  la  moitié  dans  notre  pays. 

La  Société  aura  pour  organes  la  Revue  de  dialectologie  romane  et  le  Bulletin  de 
dialectologie  romane t  dont  le  lieu  d'édition  sera  Bruxelles. 

Le  comité  de  rédaction  est  composé  de  quinze  personnes  :  on  a  réparti  l'ensemble 
du  domaine  roman  en  onze  divisions  et  accordé  quatre  rédacteurs  aux  pays  non- 
romans,  qui  s'adonnent  à  l'étude  des  dialectes  romans.  Chaque  rédacteur  dirige  et 
centralise  le  travail  dialectologique  dans  sa  région. 


38  LE    MUSÉE   BELGE. 


Ont  été  désignés  :  MM.  Sakioni  (Italie),  Gauchat  (Suisse),  GiUiéron  (France), 
Menendez  Pidal  (Espagne),  Ri vard  (Canada),  Densusianu  (Roumanie),  Meyer-Lûbke 
(Autriche),  etc. 

Le  secrétariat  a  été  fixé  à  Halle-sur-la-Saaîe  et  confié  à  M.  B.  Schadel,  Privaido- 
cent  à  l'Université  de  cette  ville. 

La  Belgique  est  représentée  par  M.  Auguste  Doutrepont,  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Liège,  auteur  de  travaux  estimés  de  dialectologie  wallonne. 

36.  —  Le  Dictionnaire  général  de  la  langue  wallonne,  —  La  Société  liégeoise  de 
littérature  wallonne  élabore,  depuis  plusieurs  années,  un  dictionnaire  général  de  la 
langue  wallonne,  qui  formera  l'inventaire  complet  et  détaillé  des  richesses  dialec- 
tales de  la  Wallonie. 

Pour  assurer  la  publication  de  ce  précieux  et  savant  recueil,  M.  le  baron  Des- 
camps-David, ministre  des  sciences  et  des  arts,  vient  d'accorder  au  Dictionnaire 
wallon  une  subvention  égale  à  celle  que  son  département  alloue  au  Nederlandsck 
Woordenboek,  édité  à  Leyde,  c'est-à-dire  mille  francs  par  livraison. 

37.  —  Université  de  Liège,  M.  Vanderlinden,  chargé  de  cours  à  la  faculté  de 
philosophie  et  lettres,  est  nommé  professeur  extraordinaire  dans  cette  faculté. 

M.  Janssens  ,  agrégé  à  l'institut  supérieur  de  philosophie  de  l'université  de 
Louvain,  est  chargé  de  faire,  dans  la  faculté  de  philosophie  et  lettres,  les  cours  de 
philosophie  morale  et  de  psychologie. 

38.  —  Enseignement  supérieur  des  sciences  et  des  lettres,  —  Bourses  de  voyage. 
—  Concours  de  1907.  —  Résultats,  —  Ont  été  classés  dans  l'ordre  suivant  ; 

I.  —  Docteurs  en  philosophie  et  lettres  :  1.  M.  Fierens,  né  à  Anvers,  reçu  docteur 
par  l'université  de  Louvain  ;  2.  M.  Destoop,  né  à  Anvers,  reçu  docteur  par  l'univer- 
sité de  Gand  ;  3.  M.  Delhaxhe,  né  à  Liège,  reçu  docteur  par  l'université  de  cette 
ville  ;  4.  M.  Prickartz,  né  à  Verviers,  reçu  docteur  par  l'université  de  Louvain. 

H.  —  Docteurs  en  droit  :  1.  M.  Boseret,  né  à  Dinant,  reçu  docteur  par  l'univer- 
sité de  Louvain;  2.  M.  De  Muelenaere,  né  à  Ardoye,  reçu  docteur  par  l'université 
de  Louvain;  3.  M.  Dorff,  né  à  Bruxelles,  reçu  docteur  par  l'université  de  Louvain; 
4.  M.  Genis,  né  à  Schaerbeek,  reçu  docteur  par  le  jury  central. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  3g 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

UN  MOTËN  DE  FORMER  LE  GOUT  CHEZ  NOS  ÉLÈVES  (i) 

par  M.  l'abbé  WATHELET,  professeur  au  Petit  Séminaire  de  St-Roch. 


Dans  la  revue  de  VArt  à  r école  et  au  foyer  {2),  on  recommandait 
dernièrement  les  excursions  scolaires  pendant  les  vacances  et  Ton 
prônait  particulièrement  la  visite  des  bords  de  la  Meuse,  de  la 
Semois ,  de  la  Lesse ,  de  TOurthe,  de  TAmblève ,  de  la  Sûre.  On  ne 
peut,  ce  nous  semble,  qu'applaudir  à  ces  desiderata. 

Mais  ne  devrait-on  pas,  comme  cela  se  pratique  dans  plusieurs 
établissements,  avant  de  faire  des  excursions  pendant  les  vacances, 
en  faire  durant  Tannée  scolaire?  Outre  que  ces  excursions  post- 
scolaires sont  forcément  restreintes  et  exclusives,  elles  ont  Tincon- 
vénient  de  n'avoir  pas  de  résultat  pratique  immédiat.  Ce  sont  là  trois 
inconvénients,  nous  le  voulons  bien,  compensés  par  l'avantage 
immense  de  former  le  goût  esthétique  de  nos  élèves  ;  mais  il  serait 
encore  préférable  de  parer  à  ces  trois  inconvénients.  Et  nous  croyons 
que  cela  est  possible  grâce  à  l'organisation  de  promenades,  faites  par 
le  professeur  avec  ses  élèves  au  cours  de  l'année  scolaire. 

Ce  sont  ces  promenades,  que  nous  proposons  comme  moyen  de 
former  le  goût  chez  nos  jeunes  gens.  Nous  voudrions  en  montrer  le 
but,  l'utilité  et  indiquer  les  principes  qui  doivent  nous  guider  dans 
leur  préparation,  comme  dans  leur  exécution. 

Par  ces  excursions,  que  nous  appellerions  volontiers  «  esthétiques  », 
il  faut  entendre  des  excursions,  faites  par  le  professeur  avec  ses  élèves, 
durant  Tannée  scolaire,  dans  dififérents  buts  : 

I  o  Faire  goûter  les  beautés  de  la  nature  environnante  et  apprendre 
à  rendre  les  observations  faites,  les  impressions  perçues  au  cours  de 
la  promenade. 

20  Faire  apprécier  la  beauté  d'une  peinture,  en  examinant  atten- 
tivement le  coin  de  la  nature,  dont  elle  est  la  reproduction  plus  ou 
moins  fidèle  et  par  là,  faire  entrer  les  élèves  dans  les  beautés  mysté- 
rieuses de  la  nature. 

3<>  Faire  servir  l'excursion  de  base  à  une  étude  approfondie  d'un  au- 
teur, comme  Chateaubriand,  Bernardin  de  St-Pierre,  René  Bazin  etc. 

(1)  Lecture  faite  au  Cercle  pédagogique  des  anciens  étudiants  de  VUniversité 
de  Louvain, 

(2)  Juillet  1907  ;  L'esthétique  de  la  montagne,  par  C.  Dubois. 


r 


40  LE   MUSÉE   BELGE. 


Il  va  sans  dire  que  chacun  de  ces  buts  sera  obtenu  par  une- 
promenade  spéciale  :  nous^ne  voulons  parler  ici  que  de  ces  excur- 
sions où  l'on  vise  le  premier  but  :  faire  goûter  les  beautés  de  la 
nature  environnante  et  apprendre  à  rendre  les  observations  faites,  les 
im  resslons  perçues  au  cours  de  la  promenade. 

Nous  ajoutons  que  ces  excursions  doivent  souvent  se  terminer  par 
un  travail  fait  par  les  élèves  :  soit  rédaction,  soit  anal3rse  littéraire 
d'un  morceau,  soit  analyse  artistique  d'un  tableau.  Nous  disons 
souvmt  et  non  pas  toujours,  pour  que  ces  promenades  ne  deviennent 
pas  un  épou vantail  pour  les  élèves,  à  cause  du  travail  qui  en  serait 
la  conclusion  inévitable.  Au  reste,  quand  nous  avons  mis  ceux-ci  en 
contact  avec  les  beautés  de  la  nature,  quand  nous  les  leur  avons  fiait 
goûter,  n  avons-nous  pas  déjà  obtenu  un  résultat  très  appréciable? 

Le  goût  ne  se  développe- 1- il  pas  par  la  communion  fréquente  et 
de  plus  en  plus  intime  avec  la  beauté  ? 

L'énoncé  même  des  différents  buts  qu'on  se  propose  dans  ces 
excursions,  fait  ressortir  déjà  bien  clairement  toute  leur  utilité.  Pré- 
cisons cependant  ce  point. 

Un  premier  avantage  à  recueillir  (et  il  est  fandamenial,  quand  il 
s'agit  de  former  le  goût)  est  de  développer  l* esprit  d'observation^  de  donner 
plus  d'acuité  aux  sens  et  plus  spécialement  à  la  vue  et  à  l'ouïe. 

Que  de  fois  nos  élèves,  dans  leurs  promenades,  se  suivent  comme 
des  moutons  de  Panurge!  A  leur  rentrée,  vous  leur  demandez  : 
€  Eh  bien!  où  avez-vous  été?  —  a  Je  ne  sais  pas  moi- même  I 
répondent-ils. —  Ce  a  moi-même  »  montre  si  clairement  l'aveu  embar- 
rassé de  leur  «  évaporation  ».  Qu'en  résulte- 1- il  au  point  de  vue  qui 
nous  occupe?  C'est  que,  par  suite  de  ce  manque  d'observation,  leurs 
rédactions  ne  contiennent  que  des  poncifs,  des  formules  banales, 
dont  les  mots,  et  non  le  sens,  les  ont  frappés  ;  de  là,  ces  comparai- 
sons stéréotypées,  ces  expressions  figées  :  ciel  d'azur;  prairie  ver- 
doyante, émaillée  de  fleurs;  rayons  bienfaisants  du  soleil,  etc.  : 
manque  absolu ,  ou  peu  s'en  faut,  de  pittoresque  et  de  sain  réalisme. 

Pour  combler  cette  lacune,  rien  de  tel  que  d'associer  nos  élèves  à 
la  vie  de  la  nature  :  d'un  mot  bien  senti,  la  leur  faire  voir  et  admirer 
à  toute  heure,  dans  les  matins  indécis,  les  midis  fulgurants  et  les 
couchants  pleins  de  gloire  des  jours  limiineux.  Il  faut  les  intéresser 
au  cycle  magnifique  des  saisons. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  l'hiver  qui  ne  doive  être  utilisé  pour  le  but 
que  nous  nous  proposons,  a  Contre  l'obscur,  le  ténébreux  hiver  je  ne 
•  blasphémerai  pas,  dit  Maurice  Barrés  (i).  L'hiver  élimine  l'éphé- 


(i)  Au  service  de  TAlIemagne,  p.  53.  Paris,  Fayard, 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  4I 


»  mère  ,  met  en  vue  les  solidités.  Voici  les  troncs,  le  sol.  les  rochers. 
»  J'embrasse  mieux  l'ensemble  dans  ce  qu'il  a  de  persistant,  n 

Cet  esprit  d'observation  est  comme  la  base  du  goût  :  celui-ci  sera 
dirigé^  affiné  par  ces  excursions. 

Le  goût,  espèce  de  conscience  ethétique,  qui  doit  toujours  se 
guider  d'après  les  règles  immuables  de  la  morale  chrétienne  et  de  la 
véritable  beauté  artistique,  le  goût,  disons- nous,  on  ne  peut  le  former 
qu'avec  beaucoup  de  tact. 

Il  lui  faut  de  Yamphur  comme  de  la  délicatesse.  De  l'ampleur,  pour 
juger  sainement  une  œuvre  d'art  quelconque  dans  son  ensemble  ;  de 
la  délicatesse,  pour  admirer  jusqu'aux  moindres  détails  d'un  chef- 
d'œuvre,  comme  pour  être  choqué  de  la  moindre  imperfection. 

Quel  moyen  plus  approprié  à  sa  formation  que  la  contemplation 

d'un  vaste  paysage,  où  l'élève  s'habitue  à  retrouver  les  grands  traits 

du  pinceau  créateur,  l'harmonie  des  couleurs,  la  profondeur  de  la 

perspective,  etc.?  Quel  moyen  plus  approprié  à  sa  formation  que 

l'examen  minutieux  d'un  petit  coin  de  nature,  dont  on  fait  admirer 

les  moindres  beautés  :  un  nid  de  fourmis  —  un  nid  d'oiseaux  —  une 

fleur  ?  Il  est  tel  morceau,  tiré  des  descriptifs,  que  les  élèves  savourent, 

quand,  avec  notre  aide,  ils  examinent  d'un  peu  près  la  réalité  que 

le   morceau  dépeint.    Pour  citer  des  exemples    :  des   extraits  de 

Bernardin  de  St-Pierre  —  le  labour  de  septembre  dans  la  Terre  qui 

meurt  —  la  moisson  dans  le  Blé  qui  lève.  Ajoutons,  en  passant,  à  ces 

premiers  avantages,  deux  autres  très  importants  dans  les  internats. 

Que  de  fois  n'avons-nous  pas  à  nous  plaindre  de  la  banalité  des 

conversations  de  nos  élèves?  Le  respect  humain,  la  gêne  empêchent 

fréquemment  l'un  ou  l'autre  d'entre  eux  plus  sérieux,  mieux  formé 

de  traiter  des  sujets  plus  relevés.  On  peut,  par  ces  excursions,  leur 

faire  contracter  l'heureuse  habitude  de  parler  de  ce  qui  les  entoure, 

de  discuter  les  beautés  du  paysage.  Evidemment,  il  ne  faut  pas  se 

payer  d'illusions  et  croire  que  l'on  va  obtenir  des  résultats  merveilleux. 

Si,  du  moins,  l'on  arrivait  à  faire  secouer  cette  gêne  à  l'un  ou 

l'autre,  à  enlever  ce  cachet  de  pédantisme  à  certaines  conversations 

qui  ne  le  revêtent  qu'à  cause  de  leur  rareté,  si  du  moins  l'on  suggérait 

quelques  idées  plus  larges  à  certains  et  si  Ton  inspirait  des  sentiments 

plus  nobles  à  d'autres,  il  semble  bien  que  pareil  résultat  compenserait 

déjà  beaucoup  de  peines. 

Mais  voici  un  second  avantage  très  appréciable  :  c'est  de  faire 
descendre  le  professeur  de  son  piédestal  et  de  montrer  à  ses  élèves, 
qu'il  n'est  pas  un  dieu  de  l'olympe  qu'ils  doivent  adorer  —  ou  haïr, 
comme  un  être  d'une  autre  nature  qu'eux.  Les  liens  se  resserrent,  la 
confiance  s'en  accroît  d'autant. 


r 


42  LE    MUSÉE   BELGE. 


Nous  en  arrivons  à  la  méthode  de  préparation .  Faisons  remarquer  tout 
d'abord  qu'il  n*est  pas  question  de  donner  classe  :  c*est  affaire  de 
goût,  d'appréciation  personnelle.  Dès  lors,  pas  de  dogmatisme,  jusqu'à 
un  certain  point.  Nous  disons  :  jusqu'à  un  certain  point,  parce  que, 
comme  le  fait  remarquer  le  Père  Verest  (i)  :  «  chaque  spectacle  a  un 
))  caractère  et  un  symbolisme  qui  lui  sont  propres.  Tout  le  inonde 
»  ne  les  découvre  pas,  ou,  du  moins,  ne  parvient  pas  à  les  démêler 
»  avec  netteté  ;  mais  lorsque  quelqu'un  les  exprime  ou  prétend  les 
»  exprimer,  il  suffit  d'avoir  du  bon  sens  pour  reconnaître  s'il  dit  vrai 
»  ou  s'il  se  trompe.  Il  faut  absolument  se  conformer  à  ce  jugement 
0)  universel.  » 

Ce  caractère  et  ce  symbolisme,  propres  au  spectacle,  seront  comme 
le  ton  dans  lequel  on-  devra  accorder  les  harpes  éoliennes  que 
constituent  les  âmes  de  nos  élèves.  Il  faudra  alors  laisser  ces  harpes 
vibrer  plus  ou  moins  fort,  selon  la  délicatesse  de  l'instrument  ;  bien 
des  modulations  se  mélangeront  :  tant  mieux  ! 

Citons  un  exemple  :  les  ruines  ont  toutes  leur  caractère  et  leur 
symbolisme  propres  ;  leur  vue  donne  à  tous  la  sensation  de  la 
brièveté  et  de  la  fragilité  de  la  vie,  de  la  rapidité  du  temps  ;  elles 
inspirent  le  regret  du  passé.  Ce  caractère  sera  perçu  plus  ou  moins 
vivement  par  les  élèves  d'après  la  délicatesse  de  leur  âme,  d'après 
leur  tempérament  littéraire,  dirais-je  ;  à  ces  sensations  fondamentales, 
que  l'on  a  plus  ou  moins  consciemment  et  à  des  degrés  divers, 
pourront  s'adjoindre  d'autres  accessoires;  mais  il  en  sera  toujours 
certaines,  plus  universelles  et  plus  essentielles  au  spectacle.  Relative- 
ment à  celles-ci,  le  professeur  pourra  un  peu  dogmatiser,  .surtout  au 
début. 

Pour  préparer  sa  promenade,  le  professeur  devra  évidemment  la 
faire  lui-même,  en  premier  lieu.  11  en  profitera  pour  bien  observer  : 
pour  une  première  fois,  il  faut  laisser  le  moins  de  part  possible  à 
l'improvisation  dans  l'excursion  ;  on  risquerait  sans  cela  de  s'égarer 
dans  des  considérations  inutiles  et  de  faire  un  vain  étalage  d'érudi- 
tion. Naturellement,  il  ne  s'agira  pas  de  rejeter  une  bonne  idée  qui 
surgirait  au  cours  de  la  promenade,  une  observation  à  faire,  un  fait 
à  constater.  Non  !  mais  il  faut  une  étude  préliminaire  assez  fouillée 
des  paysages  à  examiner,  une  suite  bien  enchaînée  d'observations  à 
faire,  d'objets  à  signaler,  de  contours  à  faire  ressortir. 

La  route  à  suivre  jusqu'au  point  de  vue  pourra  du  reste  être 
émaillée  de  remarques  intéressantes,  pittoresques  sur  le  paysage. 

Puis,  il  taudra  bien  fixer  ce  paysage,  le  délimiter,  déterminer  Vendroit 


(i)  Manuel  de  littérature,  p.  228. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 


d'où  on  le  contemplera,  le  point  de  vue  auquel  on  se  placera  pour  le 
dépeindre,  l'ordre  à  suivre  dans  la  description  (partir  du  premier  plan, 
ou  de  rhorizon,  etc  ) 

Ce  sont-là  d'ailleurs  les  règles  élémentaires  à  observer  pour  toute 
bonne  description  (i).  Il  faudra  enfin  prépdir er  des  extraits  d'auteurs^ 
s'adaptant  le  mieux  possible  au  paysage  à  examiner. 

Quels  auteurs  choisir  ?  Avant  tout,  prendre  dans  la  chrestomathie 
que  les  élèves  ont  à  leur  disposition,  les  morceaux  les  plus  appropriés. 
L'analyse  qu'on  en  fera,  sera  si  attrayante  et  si  fructueuse  ! 

Ensuite  les  descriptifs  s'imposent  :  Bernardin  de  St  Pierre,  Chateau- 
briand, André  Theuriet  (particulièrement  recommandable),  telle  page 
de  G.  Sand,  René  Bazin,  etc. 

Enfin,  pourquoi  ne  ferions-nous  pas  connaître  nos  auteurs  belges  ? 
C.  Lemonnier,  G.  Virrès,  Eeckhoud,   Kurth,   Rodenbach,   Carton 
de  Wiart,  Maurice  des  Ombiaux,  Picard,  et  tant  d'autres,  qui  ont 
écrit  sur  les  différentes  régions  de  notre  pays. 
Terminons  par  la  méthode  d'exécution. 

Avant  tout,  plaçons-nous  devant  la  réalité  :  abstenons-nous  de 
lembellir,  ne  soyons  pas  non  plus  trop  pessimistes. 

Nous  nous  trouvons  devant  un  groupe  de  jeunes  élèves,  frétillants 
à  ridée  d'avoir  une  bonne  partie  de  plaisir  :  c'est  cela  pour  eux  avant 
tout,  ne  nous  le  dissimulons  pas. 

L'imagination  est  un  peu  en  fièvre,  les  sentiments  sont  très  spon- 
tanés, les  impressions  assez  vives  :  autant  de  leviers,  dont  il  faudra 
se  servir  pour  les  élever  dans  leurs  idées  et  leurs  sentiments. 

D'autre  part,  outre  qu'il  faut  tenir  compte  des  natures  apathiques, 
parmi  celles  qui  sont  plus  exubérantes,  que  de  banalité  ne  rencon- 
trerons-nous pas?  Que  de  remarques  saugrenues  ne  nous  fera  t-on 
pas  !  Patience  1  à  la  seconde  excursion,  nous  verrons  déjà  du  chan- 
gement. 

Un  point  important,  auquel  il  faut  veiller,  est  que  la  gaité  règne  : 
l'attention  n'en  sera  que  plus  aisée  et  plus  agréable,  les  impressions 
plus  fraîches. 

On  devra  provoquer  le  plus  possible  de  remarques  intéressantes,  pitto- 
resques, chez  les  élèves.  Mais  une  première  fois,  ils  sont  tellement 
dépaysés,  qu'une  réelle  difficulté  se  présente  de  leur  faire  desserrer 
les  dents.  Un  bon  moyen  de  vaincre  cette  difficulté  est,  selon  nous, 
de  lire  une  belle  page  qui  provoque  des  réflexions  sur  le  spectacle. 
Nous  avons  fait,  un  jour,  une  excursion,  dont  le  résultat  devait 
être  une  rédaction  sur  «  la  forêt  au  printemps  ».  Nous  avons  com- 

(i)  Vbriîst,  ouvrage  citJ,  p.  226  et  236. 


i 


44  LE   MUSEE  BELGE. 


mencé  par  lire  une  page  de  Kurth  (i).  Cette  page,  pleine  d*un 
réalisme  savoureux,  a  fait  l'objet  d'une  petite  analyse  par  manière  de 
conversation.  La  glace  était  rompue  ;  la  conversation  était  amorcée. 

Comment  continuer?  Ici,  un  grand  principe  intervient  :  les  facultés 
de  nos  élèves  sont  très  variées  ;  en  matière  de  goût,  une  fois  qu'on  a 
maintenu  les  règles  imprescriptibles  de  Tart  et  de  la  morale,  il  faut 
laisser  un  libre  champ  aux  talents  de  nos  élhes. 

Si  Ton  ne  doit  pas,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  déballer 
tout  un  fatras  d'érudition,  il  est  nécessaire  cependant  que  chacun  y 
trouve  son  compte.  Pour  cela,  il  îaiut/aire  remarquer  avec  ordre  différentes 
catégories  d'objets. 

Pour  continuer  Texemple  cité  tout  à  Theure  :  la  forêt  au  printemps, 
on  pourrait  faire  remarquer,  outre  le  paysage  plus  spécialement  choisi, 
le  bruit  du  vent  dans  les  arbres  ;  les  diflférentes  manières  dont  sont 
agités  les  arbres  par  le  vent;  les  couleurs  des  nuages;  le  vol  des 
oiseaux  et  leurs  chants  ;  les  différentes  teintes  du  feuillage,  lorsque  la 
brise  montre  le  retroussis  des  feuilles;  un  nid  de  fourmis,  etc. 

Après  chacune  des  catégories  examinées,  le  mieux  serait  de  lire 
un  extrait  approprié.  Pour  cette  excursion,  nous  avions  lu  du  Ber- 
nardin de  St- Pierre,  Maurice  de  Guérin,  Theuriet  spécialement ^ 
G.  Sand,  Van  Tricht. 

Il  est  curieux  de  voir  combien  tel  élève  est  frappé  par  telle  obser- 
vation qu  un  autre  a  à  peine  remarquée.  C'est  là  une  condition 
indispensable  pour  sauvegarder  Voriginalité  de  chaque  élève.  Cette  origi- 
nalité sera  maintenue  et  favorisée  par  Yaccueil  sympathique /ait  à  toute 
remarque  :  il  faut  veiller  ici,  comme  dans  la  correction  des  rédactions, 
à  être  indulgent  et  à  stimuler  le  plus  possible.  L'encouragement  a 
des  effets  bien  meilleurs  que  la  moquerie,  le  dédain  ou  la  sévérité. 

Tout  en  cheminant  tranquillement,  gaîment  surtout,  nous  voici 
parvenus  au  paysage  que  l'on  a  choisi.  Une  fois  qu'il  a  été  bien 
délimité,  comment  le  faire  comtempler  par  nos  élèves  ?  Laissons -les 
d'abord  deux  ou  trois  minutes  tout  entiers  à  Texamen  de  ce  qu'ils 
voient.  La  chose  est  tellement  neuve  pour  eux,  ils  sont  tellement  peu 
habitués  à  fixer  leur  attention  sur  un  objet,  que  plusieurs  seront 
distraits  :  un  peu  d'indulgence,  alors  !  Il  est  bon  qu'ils  sentent  qu'ils 
doivent  à  l'aise  comtempler  un  spectacle  pour  le  graver  dans  leur 
imagination. 

Pour  leur  faciliter  ce  travail  de  mémoire  sensible,  un  principe  que 
nous  croyons  utile  d'appliquer,estde  comparer  les  grandes  choses  aux  petites. 

Nous  croyons  trouver  une  preuve  de  la  nécessité  de  l'application 
de  ce  principe  dans  notre  langage  courant,  dans  ces    expressions 

(i)  E.  Procès  :  Modèles  français,  tome  III,  p.  SgS.  Z^  éd.  Schepens. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  45 


-figées,  rien  moins  que  neuves,  mais  qui  précisément  par  leur  emploi 
-continuel  prouvent  la  tendance  naturelle  de  notre  esprit  à  rapprocher 
un  vaste  tableau  de  petits  objets  examinés  à  Taise*.  D'un  paysage, 
noois  disons  (et  c'est  banal)  qu'il  est  bordé  d^ arbres  :  l'idée  de  bordure 
^st  empruntée  au  petit  parterre,  que  nous  pouvons  sans  bien  grande 
difiSculté  nous  représenter,  et  cette  allée  de  sapins,  par  exemple,  qui 
borne  notre  horizon,  nous  apparaît  comme  une  bordure  de  buis 
autour  d'un  parterre  où  se  trouvent  des  bouquets  d'arbres,  seconde 
comparaison  analogue.  Qu'une  route  poudreuse  s'étale  blanche  et 
serpentante  au  milieu  du  paysage  et  nous  croirons  y  voir  le  ruban  qui 
orne  une  toilette  de  demoiselle. 

Nous  prenons,  au  hasard,  dans  R.  Bazin  des  comparaisons  qui 
confirment  notre  assertion  :  «  Le  soleil  était  déjà  très  penché.  Il  allait 
»  atteindre  la  ligne  d'ormeaux  qui  bordait  le  champ  vers  l'ouest,  tiges 
»  émondées,  courbées  par  le  vent  de  mer,  terminées  par  une  tou£fe 
it  de  feuilles  en  couronne,  qui  les  faisait  ressembler  à  de  grandes 
j)  reines-marguerites.  »  (i). 

«  Au-dessous  des  terres  plates,  le  soleil  s'abaissait.  On  ne  voyait 
»  plus  de  son  globe  devenu  rouge  qu'un  croissant  mordu  par  les 
»  ombres,  et  sur  lequel  un  saule  d'horizon,  un  amas  de  roseaux,  on 
»  ne  sait  quoi  d'obscur,  dessinait  comme  ime  couronne  d'épines,  »  (2). 

Faisons  de  ces  comparaisons  avec  nos  élèves,  mais  surtout  faisons- 
les  leur  trouver  et  nous  verrons  que  le  paysage  leur  apparaîtra  plus 
clair  et  plus  compréhensible. 

Il  faudra  alors  rechercher  les  éléments  de  beauté  du  paysage  :  c'est  ici 
qu'on  doit  laisser  un  libre  essor  aux  facultés  esthétiques  des  jeunes 
gens.  L'un  admirera  im  troupeau  occupé  à  paître  dans  un  pré;  un  autre, 
le  ruisseau  qui  va  se  perdre  dans  les  fouillis.  Quelques-uns  discute- 
ront entre  eux  (oh  I  bien  simplement)  sur  la  beauté  d'un  bois  de  sapin. 
En  voici  un  qui  voudrait  ne  pas  voir  cette  nuée  'de  corbeaux  qui  va 
s'abattre  sur  un  champ.  A  ce  propos,  faisons  remarquer  la  beauté 
particulière  de  chaque  objet  d'après  le  cadre  donné  :  cette  nuée  de 
corbeaux  sera  très  bien  dans  son  cadre,  lorsqu'il  s'agira  de  ruines, 
par  exemple. 

Qu'il  nous  soit  permis,  pour  terminer,  de  donner  un  exemple  de 
rédaction,  obtenu  par  ce  procédé.  Elle  est  faite  par  un  élève  de 
troisième  latine  :  la  voici  sans  retouche  : 

LA   FORÊT   AU    PRINTEMPS. 

Une  immense  nappe  verdoyante  recouvre  la  montagne,  laissant 
ressortir  des  taches  brunes  par  quelques  déchirures.  Au  milieu  des 

(i)  La  terre  qui  meurt f  p.  6,  Paiis,  Colmann-Lévy. 
(2)  Ouvr.  cité,  p.  177. 


46  LE    MUSÉE   BELGE. 


ondulations,  causées  par  le  vent,  se  détachent,  sombres,  des  guir- 
landes de  sapin,  qui,  dirait- on,  ne  parviennent  que  difficilement  à 
surmonter  les  flots  des  autres  arbres. 

Le  plus  majestueux  de  tous,  le  roi  de  la  forêt,  c'est  le  chêne-  Ses 
branches  rigides,  il  les  tient  parallèles  au  sol,  comme  si  de  son  bras 
puissant,  il  levait  le  sceptre  pour  commander  aux  autres  arbres 
Rarement,  le  vent  parvient  à  balancer  ses  branches,  en  dessous 
desquelles,  comme  sous  Tégide  d'un  puissant  protecteur,  se  sont 
groupés  différents  arbustes. 

Plus  loin,  au  milieu  du  taillis,  se  balance  mollement  le  bouleau, 
au  tronc  cuirassé  de  plaques  blanches  ;  plus  loin  encore,  des  arbres, 
dont  on  ne  voit  que  la  tige  et  qui  sont  disposés  sans  symétrie  aucune 
comme  des  colonnes  d'un  colossal  édifice,  jetées  pèle  mêle.  Les  pins, 
sans  courage»  laissent  pendre  tristement  leur  vert  feuillage  :  aucun 
rayon  de  soleil  ne  peut  pénétrer  ce  tissu  de  verdure,  fermé  à  la  joie. 
Tous  ces  arbres  assistent,  sans  en  pouvoir  jouir,  à  un  concert 
gigantesque.  Depuis  le  coucou  avec  sa  plaintive  mélodie  jusqu'au 
rossignol,  qui  lance  ses  accords  au  hasard,  tout  est  ravissant.  Tantôt 
un  crescendo  enlève  1  ame,  pour  subitement  la  rejeter  dans  sa  mélan- 
colie première  par  un  ralentissement  imprévu.  Tantôt  c'est  une  petite 
voix  fraîche  qui  s'élève  :  la  mésange  redit  sa  chanson. 

En  bas.  sur  le  sol,  ce  n  est  plus  Toreille  qui  est  satisfaite  ;  c'est  la 
vue  qui  se  complaît.  Ce  n'est  qu'une  mousse,  de  cette  mousse  douce 
et  ouatée  qui  voit  éclore  les  plus  humbles,  mais  les  plus  belles  fleurs  : 
depuis  longtemps,  les  violettes  exhalent  leur  baume  enivrant;  depuis 
longtemps  les  pervenches  ont  ouvert  au  soleil  leur  calice  bleu; 
depuis  longtemps  le  myosotis  azuré  cache  dans  l'herbe  sa  petite  tête. 
C'est  au  milieu  de  ces  rivages  enchanteurs  que  coule,  en  riant  de 
joie,  le  petit  filet  d*eau  :  il  vient,  revient,  se  tortille,  comme  s'il  lui 
en  coûtait  de  quitter  ce  palais  féerique,  comme  s'il  voulait,  une 
dernière  fois,  se  plonger  tout  entier  dans  le  plaisir.  Et  puis  les  papil- 
lons :  grands  et  petits,  bleus,  gris,  blancs,  jaunes,  bnms,  noirâtres 
même.  Ne  dirait-on  pas  des  fleurs  qui  volent? 

Ils  se  posent  sur  une  violette,  prisent  l'odeur,  s'envolent,  reviennent, 
font  un  demi-cercle  ;  mais  ils  doivent  rendre  visite  à  d'autres  fleurs, 
ils  entendent  d  autres  appela  et  s'envolent  plus  loin,  grisés  du  parfum 
qu'exhale  la  forêt. 

Et  —  le  soir  apparaît  —  le  vent  devient  plus  glacial  ;  les  fleurs  ont 
soin  de  se  fermer  et  de  rassembler  un  nouveau  baume  pour  le  lende- 
main; les  papillons  ont  hâte  de  s'enfuir;  les  oiseaux  ne  chantent 
plus;  le  ruisseau,  qui  tantôt  riait,  est  impressionné  maintenant  par 
le  silence  qui  plane  sur  la  forêt  ;  il  clapote  plus  fort  pour  faire  du 
bruit  :  ses  petits  bords  dorment  toujours  comme  la  forêt. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  47 


DICTÉES   FRANÇAISES 

par  F.  COLLARD,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 


(Suite,) 
33.  —  Les  souvenirs. 

Bien  des  années  s'étaient  passées,  me  disait  ma  mère,  depuis  le 
our  où  je  m'étais  éloignée  des  lieux  qui  m  avaient  vue^  naître,  et 
pourtant  ils  étaient  toujours  présents  à  ma  pensée.  Je  voyais  encore 
le  vieux  presbytère,  les  arceaux  du  clocher,  Taiguille  du  cadran,  la 
mare  où  venaient  se  jouer  les  canards  du  village  ;  puis  c'étaient^  les 
fasse-temps^  agrestes  dans  lesquels  s'était  écoulée  notre  enfance,  à  ma 
sœur  et  à  moi.  Ensemble  nous  avions  cultivé  des  jardins,  arrosé  des 
fleurs,  nourri  des  oiseaux,  abattu  des  noix.  Pas  un  cerisier  du  verger 
qui  ne  se  distinguât  pour  moi  de  tous  les  autres,  par  les  mille*  souve- 
nirs qui  s'y  rattachaient. 

Quelque  nombreuses  que  fussent  les  années  qui  s'étaient  succédé^ 
depuis  les  jours  de  mon  enfance,  je  me  rappelais  toujours  la  figure 
des  deux  gardes  champêtres,  figure  dure,  sévère  et  maussade.  Je  me 
souvenais  des  scènes  que  je  les  avais  entendus  faire  aux  petits  pâtres, 
quand  ces  pauvres  enfants  ne  retiraient  pas  assez  vite  leurs''  troupeaux 
des  champs  ensemencés  ou  de  la  lisière  des  jeunes  taillis.  Ces  choses 
simples,  naturelles,  uniformes,  toutes  entières  dans  mon  souvenir, 
n'existent  plus  ;  les  deux  gardes  étaient  morts,  une  fabrique  rempla- 
çait le  jardin,  une  maison  avait  été  exhaussée  sur  remplacement  de 
l'ancienne  église,  et  moi  seul  semblais  survivre  à  tout  ce  que  j'avais 

aimé. 

{Dictées  normales,  p.  112.) 

I .  Eicpliqucz  la  varia'bilité  ou  l'invariabilité  de  ce  mot.  —  2.  Expliquez  l'accord  du 
verbe.  —  3  et  4.  Rendez  compte  de  l'orthographe  de  ce  mot.  —  5  et  6.  Pourquoi 
ce  mot  est-il  variable  ou  invariable  ?  —  7.  Expliquez  remploi  du  nombre. 

34.  —  Le  monde  social. 

Le  monde  social,  de  même  que  le  monde  physique,  se  trouve^ 
figuré  par  une  énorme  sphère  soutenue  dans  le  vide  par  la  loi  toute- 
puissante^  de  l'équilibre.  Cette  sphère,  telle  du  moins  que  nous  l'avons 
Gonçue,  tourne  et  se  meut  sur  un  axe  qu'on  nomme  argent,  et  doni^ 
les  deux  pôles  sont  l'intérêt  et  la  vanité.  Le  besoin  est  le  méridien 
ou  point  de  départ  que  Ton  est  convenu  de  choisir  pour  compter  un 
nombre  infini  de  degrés  en  lesquels*  est  subdivisée  l'étendue  de  notre 


48  LB   MUSÉE   BELGE. 


monde.  La  fortune  est  Téchelle  dont  les  hommes  se  sont  servis  le 
plus  communément  pour  mesurer  la  distance  que  la  naissance  ou  le 
hasard  a  mis^  entre  eux.  Cet  horizon  qui  s'éloigne  à  mesure  que  Ton 
approche  et  qui  déjà  s'est  évanoui  quand  on  arrive,  s'appelle  poéti- 
quement Tespérance  ;  c'est  un  nuage ,  un  feu-follet  qui  nous  attire 
insensiblement  vers  l'immense  gouffre  où^  tout  va  périr,  en  lé  couvxant 
de  sa  vapeur  illusoire.  Quant  aux  éléments,  on  en  a  distingué  deux, 
que  je  me  suis  proposé  de  vous  faire  connaître  :  ils  se  nomment  le 
bien  et  le  mal.  On  appelle  antipodes  la  folie  et  la  raison.  On  désig^ne 
sous  le  nom  d'hommes  onze  à  douze  cents^  millions  de  créatures  à 
face  blanche,  jaune  ou  noire,  que  se  croient  des  géants  et  ne  scMit 
que  des  pygmées  qui  apparaissent,  s'agitent,  se  choquent  et  dispa- 
raissent pour  faire  place  à  d'autres. 

{D'aprèi  Bréant  dans  Lepetit,  Cjouts  supérieur,) 

Faites  les  remarques  grammaticales  suivantes  :  1)  accord  du  verbe;  2)  ortho- 
graphe grammaticale  de  cet  adjectif  composé  ;  3)  emploi  de  ce  pronom  ;  4)  id  ; 
«pourrait-on  dire  en  qui  ou  en  quoi  !  5)  accord  du  participe;  6)  emploi  de  ce  mot; 
pourquoi  est-il  préférable  à  dans  lequel  T  7)  variabilité  ou  invariabilité. 

35.  —  Conseils  aux  jeunes  gens. 

Jeunes  gens,  si  vous  aimez  la  liberté  et  le  pays  qui  vous  a  vus^ 
naiiré^f  il  faut  que  vous  fuyiez  ce  qui  les  a  perdus.  Loin  de  vous  cette 
triste  philosophie  qui  prêche  le  matérialisme^  comme  une  doctrine 
nouvelle  destinée  à  régénérer  le  monde  :  elle  tue,  il  est  vrai,  mais 
elle  ne  régénère  point,  quoi  qu^*on  puisse  dire.  Soyez  aussi  persuadés 
qu'une  liberté  sans  frein  mène  droit  au  désordre  et  à  la  dictature.  Ne 
demandez  donc  qu'une  sage  liberté  ;  et,  quand  vous  l'aurez  obtenue, 
^ttacheZ'Vous-y^  de  toutes  les  puissances  de  votre  âme.  Ne  fléchissez 
pas  le  genou  devant  la  fortune,  mais  accoutumez- vous  à  vous  incliner 
devant  la  loi,  quelle  (\\x'en  soit  la^  rigueur.  Entretenez  en  vous  le 
noble  sentiment  du  respect  ;  sachez  admirer  ;  ayez  le  culte  des  graudsfi 
hommes  et  des  grandes  choses.  Repoussez  cette  littérature  énervante, 
tour  à  tour  grossière  et  raffinée,  qui  semble  s'être  plu  dans  la  peinture 
des  misères  de*  la  nature  humaine,  qui  caresse  toutes  nos  faiblesses, 
qui'^  fait  la  cour  aux  sens  et  à  l'imagination,  au  lieu  de  parler  à  l'âme 
et  d'élever  la  pensée.  Enfin  défendez-vous  de  la  maladie  qui  s'est 
emparée  de  notre  siècle,  ce  goût  fatal  de  la  vie  commode,  incompa- 
tible avec  toute  ambition  généreuse. 

Explications    grammaticales    :    1,    variabilité    ou    invariabilité;    2,    fonction; 
3,  orthographe;  4,  singulier;  5,  emploi;  6,  place;  7,  répétition. 

{A  suivre») 


LIVRES  NOUVEAUX. 

P.  CUMONT, -Inscriptions  latines  d64  armôes  de  TEiiphrate.  Bruxelles,  Iliyez, 

1907.  30  pp  (Extrait  «lei  DulK  de  VJLcad,  roy.  dé  Delg  ,  1907,  n»  8). 
J.  Dl!2  MOT,  Ilillénisma  et  AcaJéinisme.   Didcour^.  Bruxelles,  26,  rue  des 

Minimes,  1008.  24  pp. 
A.  DUrUON,  La  coopération  des  parents  à  rôducation  de  la  Jeunesse.  12  pp. 

Kxcr.  de  la  Rtivue  des  HumanUés,  1907. 
E,  .1.  GOODSPBED,  Index  patristicus  sive  davis  patrum  apostolicorum  operum. 

L9ipzîf<.  Henrichs,  1907.  3  m.  80. 

EIJG.  HUBilKT,  Los  Pajrs-Bjis  espagnols  et  U  république  des  Provincef'-Unies 

depuis  la  paix  de  MQoster  jusqu^au  traité  d*Ucrecht  (1648-1713).  La  question 

religieuse  et  les  relations  diplomatiques.  Brux.,  Lebôgue,  1907.  482  pp.  4<*. 

Z.  KIBNZLE,  Die  ICopulativpartikelii  el  que  atque  bei  Tacitus  Pliaitis  Seneka. 

Oise.  Tabingen,  Heckenhauer,  1906. 
W.  KROLL,  L'étude  de  la  philologie  classique  en  Allemagne.  Conseils  aux 

étadiants.  Trad.  franc.  Louvain,  Ch.  Peeters,  1907.  0.50. 
TH.  LINDN)<:a,  Weltgeschichte  seit  der  Vôlkerwanderung.  V  Bd.  Die  Kâmpfe 
um  die  Iteformation.  Der  Uebergaog  in  die  heutige  Zeit.  Stuttgart,  G.  Cotta, 
1907.  xii-518  pp.  5  m.  50. 
L.  LUBTZBN,  De  prioram  scriptorum  argenteae  qnae  dicitur  latinitatis  studiis 

Boholasticis.  I.  Progr.  Ë^chevege,  1907. 
JULES  MOUQUET,  Les  épigrammes  de  LéoniJas  de  Tarente.  Trad.  du  grec. 

Lille,  Le  Biifroy,  s.  d.  138  pp.  2  fr. 
J.  W.  NAQL,  Richard  yen  Muths  Einleitung  in  das  Niebelungenlied.  2^  Au£L 

Paderborn,  Schoeningh,  1907.  8  m. 
P.  PASSY,  Petite  phonétique  comparée  des  principales  langues  européennes. 

Leipzig.  Teubner,  1^07.  1  m.  80. 
L   RENAUD,  A  propos  de  deux  urnes  cinéraires  en  plomb  trouvée»  dans  des 
sépultures  belgo-romatnod  à  Vervoz  (Clavier),  imprimerie  liégeoise  Poncelet, 
Liège,  1906.  14  pp.  (Ëitr.  du  Bull,  de  CInst.  arch,  liégeois). 
KURT  RIEZLEK,  (Jeber  Finanzen  unJ  Monopole  im  alten  Griechenland.  Zur 
Théorie  und  Geschichte  der  antiken  Stadiwirtschaft.  Berlin,  Puttkammer  und 
Malilbrecht,  1907.  2  m.  40. 
À.  ROERSCII,  Les  aventures  d'un  gentilhomme  flimand.  François  de  Maulde 
(le  philologue  Molius).  xvi*  siécte.  Bruxelles,  J.  Ooemaere,  1907.  22  pp. 
Ëxtr.  de  la  Retue  générale,  1907. 
U.  SCHRBCKKR,  D is  lanlesfarstliche  Beamtentum  in  Anhalt.  Ure.«lau,  MarcuR, 
190o.  4  m.  40.  (Untersuoh.  zur  doutschen  Staats-  uni  Rechtsgeschichte  hrtig. 
von  0.  Gierke.  86  Heft). 
L.  VAN  DER  ESSEN,  Études  d'hagiographie  médiévale.  Louvain,  Bureaux  des 
Analectes,  30,  rue  de  Bruxelles.  92  pp.  (Estr.  des  Analectes  pour  servir  d 
Vhist.  eccl.) 
F.  VAN  KALKBN,  La  fin  du  régime  espagnol  aux  Pays-Bas.  Thèse.  Rruxello^ 

Lebégue,  1907.  292  pp.  in-8. 
J.  P.  WALTZING,  Grammaire  latine  de  G.  Landgraf,  traduite  en  français  et 
adaptée  au  programme  deà  athénées  et  collèges  belges,  l^«  édition.  Liège, 
Dessain,  1907.  3.00. 


SOMMAIRK. 


MELANGES. 

Godefroid  Kurth.Le  neuvième  centenaire  de  Notger 5 

Albert  Counson^  De  la  question  de  savoir  si  un  AUemind  peut  avoir  de  Tesprit       7 
i4/pA. /?oer5c/r,  La  vie  universitaire  en  1 522 tt 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique, 

1.  3/r5  i4.  5/roit^,  Roman  sculpture  (E.  Remy)      ..... 

2.  J.  C.  Bruce^  The  hand-book  o\  the  roman  wall  (A.  De  Ceuleneer) 
3^  i4.  W,  Hodgman,  Verb  forms  in  Plautus  (P.  Henen) 
4<  L.  Laurand^  Etudes  sur  le  style  des  discours  de  Cicéron  (E.  Remy) 
5.  JR.  ^oerner,  A.  Roulerius,  Stuarta  tragoedia  f  A.  Roersch) 


i3 

i5 

16 


Langues  et  littératures  celtiques. 


6-8.  H.  d^Arbois  de  Jubainville,  Tâin  bô  Cûalnee.  P.  Le  Goff  et  A.  Guillevic^ 

'  Vocabulaire  breton.  Wh.  Stokes,  St  Moling  ( v.  Tourneur)    ....     19 

Langues  et  littératures  romanes. 

;  9  10.  7»  GiraudetJ,  Girardin,  Chateaubriand,  Atala.  L  A,  Molien^  L'œuvre 

de  Chateaubriand  (G.  Doutrepont) .21 

u.  ^.  BxW,  Ecrivains  et  soldats  (Le  même)    .. 22 

Langues  et  littératures  germaniques, 

j2-i3.  P,  Leendert^^  Middelnederl.  dramatische  poâzie.  Le  méme^  Lanseloot 

van  Denemerken  (C.  Lecouiere) .23 

14,  J,  Léopold^  Lchrbuch  der  deutschen  Sprache  (Le  même)  ....     24 
•  i3.  Jahresbcrichte  fur  neuere  deutsche  Literaturgeschichte  (H.  Bischoff).        .     14 

Histoire  et  géographie, 

16.  C,  Van  Overberghet  Ed.de  Jonghe^Lt&^2iX\%2\9i     .....     a6 

17.  E.  de  Jonghe^  Les  sociétés  secrètes  au  Bas-Congo 27 

18.  J,  Parsx^  Saint  Eloi 27 

Philosophie. 
ig.  M.  Couailhac,  Maine  de  Biran  (A.  Grafé) 3o 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

20-32.  Publications  de  J.  Nicole,  F.  Jacob,  K.  Wolter,  G.  Cohen  et  C.  Bauer, 
Jv  Renault,  E.  Lavisse,  E.  Thouvercz,  tarra  de  Vaux,  G.  Goyau,  H.  Lorin, 
A.  Springer,  Meyer,  L.  de  San 3i 

CHRONIQUE. 

33-38.  Catholic  Encyclopaedia.  Extension  universitaire.  Dialectologie  romane, 
bictiohhaire  wallon.  Université  de  Liège  :  nominations.  Bourses  de  voyages  : 
lauréats .        . .     35 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 

VAbbé  Wathelety  Un  moyen  de  former  le  goût  chez  nos  élèves       ,        .        .39 
F.  Collardf  Dictées  françaises  (suite) 47 


l5  FÉVRIER  1908, 


BULLETIN 
eiBLIOGRAPHIDilE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE   BELGE 

REVUE   DE    PHILOLOGIE   CLASSIQUE 

PimUÉX.  SOUB  LA  MUCnOM  M 


F,  GOLLAHH 


J.  P.  WALTZING 

pttorsssim  a  Cumrtmsrvé  de  uegi 


^■TEltSAdl  toui  fM  mh,  k  rii6i|»fl«ii  un  m«li  Û'*aûl  tf  d«  |ipt»nihri 


LOUVAIN 

CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE  ÉDITEUR 

30,    lUl   DI   llAMtlft,    30 

PARIS  H  BERLIN 

A.   FONTEMOING  R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 

A,  rue  Le  Goff  \\  CirkiruM,  11,  N.  W 


k_ 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  à  TUniversité  de  Louviln. 
Bischoff,  H.,  professeur  à  rUniversité  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  à  rUuivcrsité  de  Louvaln. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
GoUard,  F.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
De  Geuleneer,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
t  Delesclnse,  A.,  chargé  de  cours  à  rUniversité  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  TUnivcrsitè  de  Uége. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  à  l'Uni versilé  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  ^  l'Université  de  Lié^e. 
Halkin,  L..  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
MœUer,  Ch.,  professeur  ii  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Sencie»  J.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy.  F.,  professeur  ii  l'Université  de  Gand. 
Waltzing,  J.  P.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Secrétawe  :  J.  P.  "WAIiTZING,  9,  rue  du  Parc,  à  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bullettn 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  à  M  J  P.  Waltsing,  professeur 
à  l'Université  de  Uége,  9,  rue  du  Pare,  Uége, 

Les  articles  destinés  à  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  à  M.  F.  CoUard, 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold^  22^  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
nemment  est  fixé  à  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  les  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  à  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  Gh.  Peetebs,  libraire,  rue  de  Namur,  !20,  à  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  à  480  pages,  sont  «a 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement»  îem  abonné*  pourront  se  procar«%r  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  T  fï*«  XIO  par 
année»  le  port  en  sus* 


Douzième  année.  —  No  2.  iS  Février  1908. 

Balletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


MtiliANGBS. 

UN  POÈTE  INCONNU. 

J^oésies  par  Madame  la  Comtease  V.  de  Stainlein  Saalenstein,  précédées  d'une 
préfiice  de  M.  A.  Thiernesse,  curé  d*Oneuz.  Paris,  Fischbacher,  1908.  281  pp. 
3  fr.  5o. 

A  notre  époque  d'intense  production  littéraire,  où  Ton  voit  le 

marché  inondé  d'œuvres  souvent  artificielles»  dont  les  auteurs  sont 

poussés  par  l'intérêt  ou  la  vanité,  on  est  heureux  de  pouvoir  saluer 

la  venue  d*un  livre  comme  les  Poésies  de  la  Comtesse  de  Stainlein, 

où  nous  reconnaissons  le  vrai  poète  qui  chante  comme  Toiseau 

chante,  par  nécessité  intérieure,  pour  rétablir  l'équilibre  rompu,  pour 

épancher  le  trop-plein  de  son  cœur,  sans  aucune  préoccupation  du 

public.  Ces  vers,  en  eflfet,  qui  s'étendent  sur  une  période  de  plus  de 

soixante  ans  (1842-1905)  restèrent  cachés  à  tous  pendant  de  longues 

années  ;  plus  tard,  ils  furent  connus  et  en  partie  seulement  de  quelques 

privilégiés  ;   ils  ne  voient  le  jour  à  présent  qu'en  exécution  d'ime 

promesse  faite  par  l'auteur  à  son  fils  mourant.  Aussi  sommes-nous 

tout  de  suite  frappés  par  leur  accent  de  sincérité,  par  leur  caractère 

de  spontanéité   L'artiste,  pour  s'aflfranchir  de  sa  pensée,  l'a  martelée 

dans  une  forme  rythmique,  elle  a  crié  sa  plainte  pour  Tapaiser,  elle  s'est 

abandonnée  au  rêve  pour  échapper  à  la  réalité  ou  se  complaire  dans 

le  charme  d  un  heureux  souvenir  du  passé. 

Ceux  qui  ont  l'honneur  de  connaître  la  Comtesse  de  Stainlein 
verront  à  chaque  page  de  ce  livre  des  traces  de  sa  haute  et  vaste 
intelligence,  préoccupée  des  grands  problèmes  philosophiques;  ils 
sentiront  parfois  palpiter  ce  noble  cœur  dont  la  bonté  restera  sans 
égale.  Quant  aux  autres,  les  amis,  les  intimes,  ils  la  retrouveront 
tout  entière;  ils  pénétreront  plus  avant  dans  cette  âme  complexe 
toujours  tourmentée,  et  lorsque  par  la  pensée  ils  jetteront  un  coup 
d'œil  d'ensemble  sur  cette  longue  existence  si  semblable  à  elle-même 
aux  différentes  époques,  ils  comprendront  mieux  celle  qui  a  passé  au 
milieu  de  ses  frères  heureux, 

Comme  une  âme  errant  dans  un  songe. 

Loin  de  la  terre  et  loin  des  cieux.  p.  1 12 


5o  LB   MUSÉE  BELGE. 


Aurait-on  soupçonné  que  la  jeune  fille  fortunée,  belle,  exception- 
nellement douée,  si  recherchée  par  le  monde,  extérieurement  si 
enjouée,  si  enthousiaste,  si  charmeuse  enfin,  avait  dans  l'âme  un  mal 
indéfinissable  qui  la  minait,  grandissait  avec  sa  raison,  ravageait  son 
intelligence  et  ne  lui  faisait  accorder  qu  une  valeur  bien  relative  aux 
avantages  de  la  fortune  ou  de  la  naissance  et  même  aux  splendeurs 
de  la  création?  Comme  elle  a  dû  souflfrir  de  cette  constante  contra- 
diction, voilée  seulement  par  les  apparences  et  qui  creusait  un  abîme 
entre  elle  et  son  entourage,  entre  son  état  d'âme  réel  et  sa  manière 
de  paraître  1 

« J*ai  parfois  dit  au  monde  une  sainte  pensée; 

On  se  scandalisa  de  son  étrange  ardeur  ; 

On  voulait  enseigner  à  mon  âme  oppressée 

L'humbU  frivolité,  la  modeste  froideur... 

S*ils  savaient  que  le  soir,  je  pleure  sur  ma  couche. 

S'ils  savaient  qu*en  priant  je  me  plains  à  mon  Dieu... 

Ah  sMls  savaient  combien  ma  croyance  m'est  chère, 

Mais  si  je  le  disais,  ils  ne  me  croiraient  pas  !  p.  64-63 

Pour  satisfaire  cet  esprit  infatigablement  scrutateur  qui,  bondissant 
par  dessus  et  à  travers  toutes  les  contingences,  voulait  pénétrer  jusqu'à 
Tabsolu  et  saisir  lessentiel,  la  philosophie,  lliistoire,  la  sociologie  ne 
suffisaient  pas.  Les  connaissances  ordinaires  vite  absorbées  brûlèrent 
comme  des  brindilles  dans  cette  flamme  dévorante  qui  aurait  voula 
embraser  le  monde  entier  pour  le  débarrasser  de  ses  scories.  La 
mélancolie  qui  en  résulta,  ce  mal  de  Dieu,  si  je  puis  ainsi  dire, 
cette  soif  d'infini  n*a  rien  de  commun  avec  le  satanisme  de  Lord  Byron, 
ni  avec  la  tristesse  désabusée  de  Musset  ;  ce  n  est  pas  non  plus  le 
Weltschmerz  d'un  Werther  ou  d'un  René  ;  nous  entendons  ici  une 
nouvelle  corde  de  la  lyre  romantique  : 

J'aime,  non  comme  vous  d'une  passion  folle. 
Pleine  d'enivrements  et  de  transports  jaloux, 
Car  autour  de  mon  cœur  rayonne  l'auréole, 
D'un  lointain  idéal  que  j'implore  à  genoux  ; 
Pressentiment  divin,  mystérieuse  essence, 
Cet  immortel  amour  au  parfum  virginal, 
Aussi  profond  que  l'âme,  aussi  pur  que  l'enfance, 

Connaissez-vous  ce  mal  ?  p.  126 

Qu'est-ce  qui  sauva  notre  poète  du  naufrage  fatal?  Quelle  planche 
de  salut  lempêcha  de  sombrer  ?  Ce  fut  d'une  part  la  foi,  d'autre  part  - 
l'imagination  :  la  foi,  d'abord  et  longtemps  inquiète,  tourmentée  qui 
finit  par  devenir  la  foi  naïve  et  simple  des  petits  enfants,  s'agenouil- 
lant  respectueusement  devant  Dieu  ;  l'imagination,  cette  superbe 
puissance,  pour  parler  avec  Pascal,  qui  a  ses  heureux,  ses  sains,  ses 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  5l 


riches  et  nous  remplit  d'une  satisfaction  bien  autrement  pleine  et 
entière  que  la  raison. 

Je  vois  sous  les  forêts,  sous  les  lointaines  branches, 
Passer,  ô  visions,  passer  vos  robes  blanches. 

Et  sur  mon  cœur  la  nuit  descend  ; 
Mais  vous  m'avez  laissé  Tespoir  et  la  prière, 
Vous  m'avez  allumé  des  flambeaux  sur  la  terre, 

Des  flambeaux  du  ciel,  en  passant  !  Les  Rêves^  p.  78. 

Ainsi  j'ai  traversé  les  océans  de  Tâme, 
Et  leurs  pôles  de  glace  et  leurs  zones  de  flamme. 
Vide  où  meurt  la  pensée,  où  disparaît  la  croix. 
Où  l'éternelle  mort  m'a  dit  en  vain  :  Silence  1 
Je  les  ai  traversés  comme  U  mer  immense, 
Et,  pauvre  enfant,  j'ai  dît  à  l'intini  :  Je  pense  ! 

J'ai  dit  à  Dieu  :  Je  crois  1  Dieu  du  passée  p.  iSg. 

Une  tendance  qui  aurait  pu  aboutir  sinon  à  la  folie,  dujmoins  à 
un  orgueil  coupable,  se  trouve  ainsi  ennoblie,  tempérée  et  ramenée 
dans  des  limites  plus  humaines.  Mais  combien  tragiques  furent  ces 
luttes  intérieures,  ces  alternatives  continuelles  de  compréhension 
tranquille  et  de  désespérance  passagère  devant  rindéchiflfrable  I  Nous 
le  sentons  en  parcourant  ces  pages  vibrantes,  nous  le  lisons  entre 

les  lignes. 

O  !  qu'elles  sont  frêles, 

Les  ailes 
De  l'esprit  s'élançant  toujours  ! 
O  I  qu'elles  sont  lentes, 
Tremblantes  ! 
Que  de  chutes  et  de  retours  ! 
C'est  en  vain  que  l'âme 

S'enflamme 
Pour  un  idéal  adoré  ; 
Sans  cesse  elle  tombe. 

Succombe, 
Dans  un  effort  désespéré.  Les  Ailes^  p.  258. 

Que  de  lambeaux  de  cœur  saignant  laissés  sur  le  douloureux 
chemin  de  la  vie,  surtout  quand  le  doute,  ce  noir  fantôme,  voulant 
ressaisir  sa  proie,  venait  exaspérer  les  dispositions  naturelles  d'indé- 
pendance et  de  liberté,  qui  avaient  toujours  veillé  dans  le  cœur  du 
poète  I 

O  vous  qui  me  parlez  de  vos  brûlantes  larmes, 

De  vos  chagrins  protonds  dans  le  cœur  refoulés, 

De  vos  nuits  sans  r^pos,  de  vos  jours  pleins  d'alarmes, 

De  l'amour  qui  flétrit  vos  printemps  désolés.... 

Autrefois,  j'ai  compiis  votre  mv.lancolie. 

Et  sur  vos  fronts  pâlis  j*ai  répandu  des  pleurs. 

Mais  il  est  d'autres  maux  poui  lesquels  on  oublie 

L'amour  et  toutes  scs  douleurs.  Le  Doute^  p.  i3u 


52  LE   MUSÉE    BELGE. 


Le  doute  !  Ah  que  ce  nom,  ce  seul  nom  disparaisse. 

Et  le  ciel  n'entendra  que  mes  cris  de  bonheur  ! 

Je  verserai  la  vie  aux  cœurs  morts  de  tristesse, 

Et  mes  yeux,  dans  la  nuit,  ne  verront  que  splendeur  ! 

Bravant  des  passions  la  cruelle  puissance, 

Calme,  je  marcherai  sur  vos  lames  de  feu, 

Et,  veillant  sur  ma  foi  qui  donne  Tespérance, 

Seule,  je  m*en  irai  vers  Dieu  I  Ibid.  p.  i33-i34. 

Ajoutez  à  ce  drame  intime  de  la  pensée  aux  péripéties  sans  cesse 
renouvelées,  les  douloureuses  déceptions  éprouvées  par  im  esprit 
noble  et  généreux,  qui,  souffrant  de  ne  pouvoir  résoudre  d'une 
manière  satisfaisante  les  grands  problèmes  philosophiques  et  sociaux, 
aurait  au  moins  voulu  créer  une  œuvre  magistrale  en  musique,  en 
peinture  ou  en  poésie. 

Si  j'avais  une  voix,  une  voix  grande  et  pure  ! 

Si  j'avais  une  harpe,  une  harpe  de  feu  ! 

Si  j'avais  les  accords  dont  vibre  la  nature 

Quand  la  foudre  et  les  vents  chantent  leur  hymne  à  Dieu  ! 

Oui,  s'il  pouvait  chanter,  ce  cœur  qui  se  déchire, 
Si  ma  longue  douleur  pouvait  gémir  enfin  ! 
Cet  amour  de  mon  Dieu,  doux  et  brûlant  martyre, 
S'il  trouvait  un  langage,  un  langage  divin  I 

Un  seul  écho  mourant  de  ta  voix,  Lamartine  !  Désir ^  p.  104-105. 

Mais  hélas,  ici  encore,  il  fallait  se  heurter  contre  les  barrières 
imposées  par  les  limites  des  dons  naturels.  Oui,  pour  ime  âme 
éminemment  sensible,  dans  laquelle  les  Psaumes  de  David,  les 
poésies  de  Lamartine  ou  de  Musset,  d'Eichendorif  ou  de  Novalis 
avaient  un  profond  retentissement,  pour  un  cœur  exalté  jusqu'à 
l'ivresse  par  les  compositions  d'un  Mendelssohn,  d'un  Beethoven  ou 
d'un  Chopin,  pour  une  artiste  guidée  par  un  goût  infiniment  sûr  et 
pouvant  juger  en  connaissance  de  cause  un  Raphaël  ou  un  Michel- 
Ange  —  sentir  de  toutes  parts  des  bornes  vous  couper  les  ailes,  voilà 
certes  un  sort  riche  en  conflits  pathétiques  et  qui,  avec  la  douleur, 
vous  crée  poète 

«  Je  voulais  bien  souffrir,  mais  j'espérais  chanter  ».  p.  118. 

«  Adorant  la  lumière,  il  faut  languir  dans  1  ombre  ».  p.  lao. 

Ces  tourments  d'esprit  et  de  cœur  qui  semblent  être  réservés  aux 
privilégiés  exempts  de  tout  souci  matériel  et  physique,  font  place  plus 
tard  à  la  douleur,  aux  regrets  et  à  la  mélancolie  causés  par  la  mort 
d'une  mère  tendrement  aimée  et  qui  n'avait  jamais  quitté  sa  fille. 
Cette  plaie  semble  à  peine  cicatrisée  quand  survient  le  dernier  coup, 
le  plus  terrible  :  la  mort  à  32  ans  d'un  fils  unique,  admirablement 
doué  et  qui  avait  laissé  naître  tant  d'espérances.  Qu'on  lise  par  ex. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  53 

cette  petite  pièce  sur  la  prairie  où  la  mère  et  le  fils  se  sont  promenés 
peu  de  temps  avant  l'issue  fatale,  et  Ton  pourra  jeter  un  regard  dans 
Tinfini  de  ce  deuil. 

i<  Aimer,  de  tant  d'amour  aimer  une  prairie, 

Las  et  mourant  d'exil  la  choisir  pour  patrie. 

D'en  haut  dès  le  réveil  se  pencher  pour  la  voir, 

Et  rêver  tout  le  jour  d'y  pleurer  tout  le  soir... 

C'est  triste,  j'en  conviens,  —  c'est  étrange,  sans  doute, 

C'est  fou,  pour  le  passant,  si  le  passant  m'écoutâ  ! 

Et  le  monde  sourit,  si  le  monde  m'entend  !... 

Et,  plus  que  je  n'ai  dit,  plus  folle  est  ma  folie, 

Plus  douloureux  l'amour,  le  charme  qui  me  lie. 

Mais  nul  sage  ici-bas  ne  me  console  autant. 

Et  le  ÛX  de  la  Vierge  a  tissé  ses  doux  voiles. 

Sur  la  blanche  aubépine  et  ses  gerbes  d'étoiles...  p.  335 

Lisons  aussi  le  beau  sonnet  V Alcyon  et  nous  serons  attendris  en 
pensant  à  la  pauvre  mère  solitaire,  poursuivie  par  le  souvenir  de  son 
cher  fils  disparu  : 

Si  blanc  sur  les  flots  noirs  et  si  bleu  sur  la  nue. 
Fait  pour  l'immensité  de  l'azur  et  des  mers. 
Tu  fuis,  tu  fuis  toujours,  âme  ailée,  éperdue, 
A  qui  ne  suffit  point  cet  immense  univers. 

Plus  prompt  que  l'ouragan,  vers  l'espoir  et  l'issue 
Tu  fends  l'air  et  la  foudre  ;  aux  soleils,  aux  hivers, 
Aux  peuples  dispersés,  aux  rivages  déserts 
Demandant  à  longs  cris  une  zone  inconnue  ! 

Du  fond  de  notre  abîme  un  éternel  eiîort, 

Lutte  et  s'élance  et  monte  et  retombe  sans  trêve  ; 

Alcyon,  Alcyon,  est-ce  à  jamais  un  rêve?... 

Non,  —  mais  de  l'infini  si  lointaine  est  la  grève  ! 
Pour  l'atteindre  mon  ange  a  pris  un  autre  essor  : 
La  seule  aile  rapide  est  celle  de  la  mort.  p.  232 

Après  les  conflits  intérieurs,  les  doutes  métaphysiques,  les  alarmes, 
les  scrupules,  après  les  malheurs  et  les  deuils  que  reste-t-il  dans  le 
cœur  du  poète?  Est-ce  le  pessimisme  d'Alfred  de  Vigny,  est-ce  le 
désespoir  ou  la  révolte,  est  ce  l'amurtume  ou  Tennui  ?  Non,  dans  ces 
strophes  abondantes  et  faciles,  pleines  d'espérance  et  de  réconfort , 
on  dirait  que  l'on  respire  le  parfum  bienfaisant  de  la  forêt  humide 
réchatifïée  par  le  soleil  qui  a  succédé  à  l'orage.  Toutes  les  dissonances, 
même  celles  qui  ont  exaspéré  et  fait  vibrer  à  se  rompre  les  cordes  les 
plus  sensibles  et  les  plus  intimes  se  résolvent  chez  la  Comtesse  de 
Stainlein  en  un  harmonieux  accord.  Sous  ce  rapport,  plus  encore 
que  dans  la  forme,  elle  est  bien  de  Técole  de  Lamartine.  Il  ne  pouvait 


LB   MUSÉE   BELGE. 


du  reste  en  être  autrement  chez  une  personne  qui«  par  son  idéale 
bonté,  a  désarmé  les  ennemis  et  rempli  les  amis  d'une  admiration 
respectueuse. 

Et  maintenant  que  nous  possédons  ce  volume  de  Poésies,  le  nom 
de  la  Comtesse  Valérie  de  Stainlein  vivra  et  son  doux  souvenir  restera 
pour  toujours  attaché  à  plus  d'une  page  de  son  beau  livre. 

Emile  Witmeur. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 


39.  —  Raimund  Oehler,  Bilder-Atlas  zu  Câsars  BUchern  de  Belle 

Gàllico,  Leipzig,  Schmidt  et  Gûnther,  1907. 

Aujourd'hui  que  l'enseignement  intuitif  prend  de  jour  en  jour  une 
plus  grande  extension,  nous  voyons  paraître  un  peu  partout  des 
livres  destinés  à  cet  enseignement.  Et  non  seulement  en  France, 
mais  en  Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Italie,  nous  constatons,  dans 
tous  les  domaines,  les  progrès  de  ces  idées  nouvelles. 

Le  livre  dont  nous  allons  parler  est  un  atlas  illustré  pour  l'étude 
de  César. 

Un  atlas!  Mais  est-ce  là  chose  si  extraordinaire,  va-t-on  dire! 
Certes,  si  ce  volume  ne  contenait  que  des  gravures  sèches  et  jetées  sans 
ordre,  avec  une  ligne  apprenant  à  Télève  ce  que  chacime  représente, 
ce  ne  serait  guère  neuf,  car  ce  travail  a  été  fait  depuis  longtemps. 
Mais  c'est  tout  autre  chose. 

D'abord  l'auteur,  savamment,  nous  décrit  d'une  façon  très  com- 
plète l'armée  romaine  que  César  commandait.  Et  après  avoir  lu  cette 
véritable  dissertation,  nous  avons  une  idée  bien  nette  de  ce  qu'était, 
en  général,  l'armée  consulaire. 

L'auteur  nous  explique  alors  l'ordre  de  bataille,  c'est-à-dire  la 
place  qu'occupait  au  combat  chaque  légion,  puis  la  tactique  de 
César  et  de  ses  lieutenants,  la  marche  de  l'armée  en  pays  ennemi, 
l'établissement  d'un  camp,  l'importance  des  troupes  alliées  dans 
l'armée,  la  disposition  des  divers  campements  (infanterie-cavalerie), 
le  système  de  fortification  des  Romains,  la  constitution  des  postes 
(diurnes  et  nocturnes),  les  rondes,  les  punitions,  les  récompenses, 
l'ordre  des  différents  grades,  les  genres  d'attaque,  de  défense,  l'o  ar- 
tillerie »  de  campagne,  etc. 

Le  second  chapitre  est  consacré  à  la  flotte  romaine.  L'auteur  en 
ime  langue  claire  et  précise,  nous  fait  connaître  la  flotte  de  guerre 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  55 

^n  général  ;  il  nous  décrit,  spécialement,  Tune  après  l'autre  toutes  les 
parties  dW  navire.  Il  nous  donne  une  classification  très  complète 
des  vaisseaux  composant  la  flotte  romaine  (moneres^  hivernes^  etc.).  Il 
nous  détaille  la  façon  de  combattre  sur  mer  des  Romains  ;  il  nous 
dit  l'aménagement  des  ports  de  guerre,  c'est-à-dire  ceux  où  l'on 
garait  les  navires  de  guerre  et  enfin  il  nous  parle  des  naves  oneratiai. 

Puis  M.  Oehler  passe  à  l'ai mement  des  Gaulois.  Cette  partie  est 
nécessairement  moins  longue  pour  la  bonne  raison  que  le  chapitre 
n'a  pas  besoin  de  tant  de  développement,  vu  l'état  plus  barbare  et 
moins  raffiné  des  habitants  de  la  Gaule  de  cette  époque.  L'auteur  se 
borne  à  nous  indiquer  l'équipement  des  soldats  gaulois  et  à  nous 
décrire  leurs  armes  défensives  et  offensives 

Alors  viennent  les  explications  des  82  gravures  et  des  3  cartes  qui 
se  trouvent  à  la  fin  du  volume. 

Je  ne  puis  évidemment  pas  entrer  ici  dans  tous  les  détails  de  ces 
commentaires  savants  et  d'ailleurs  trop  nombreux.  Ce  serait  infi- 
niment trop  long.  Je  me  contenterai  —  pour  en  donner  une  idée  — 
de  citer  quelques  gravures  particulièrement  intéressantes  et  bien 
reproduites.  Commençons  par  dire  que  ces  gravures  ne  sont  pas  de 
simples  dessins  plus  ou  moins  bien  faits  par  un  dessinateur  plus  ou 
moins  habile  qui,  d'après  un  texte,  essaie  de  reconstituer  la  chose 
qui  l'occupe.  Non,  ce  sont  des  photogravures,  des  reproductions 
authentiques  de  pierres  tombales,  d'objets  de  musées,  de  bas- reliefs, 
de  haut- reliefs,  de  motifs  de  colonnes,  de  chapiteaux,  de  peintures 
murales,  de  monnaies  etc.,  toutes  chosess  dont  on  peut  voir  l'ori- 
ginal à  Mayence,  à  St- Germa in-en-Laye,  à  Rome,  à  Aix-la-Chapelle, 
à  Orange,  à  St-Remy,  etc.  Il  faut  remarquer  une  ou  deux  gravures 
particulièrement  réussies.  Je  veux  parler  des  gravures  48  et  52,  l'ime 
représentant  le  pont  de  César  sur  le  Rhin  (une  reconstitution  qui  se 
trouve  au  musée  de  St- Germain),  l'autre,  une  birème  romaine  {biremes 
tut  figera). 

Cette  dernière  est  la  reproduction  d'un  relief  du  temple  construit  à 
Préneste*  en  l'honneur  de  la  Fortune  après  la  bataille  d'Actium, 
relief  qui  se  trouve  aujourd'hui  au  musée  du  Vatican.  Puis,  il  y  a 
encore  la  photogravure  d'une  statue  fameuse  appartenant  au  musée 
Capitolin  à  Rome  et  représentant  un  Gaulois  mourant.  Cette  œuvre 
anonyme  fut  achevée,  dit-on,  par  le  grand  Michel-Ange.  Ces  trois 
gravures  ont  une  puissance  d'évocation  particulière  et  sont  remplies 
d'une  intense  poésie.  Toutes  du  reste  —  peut-être  sèches  en  appa- 
rence —  deviennent  profondément  éloquentes  par  le  savant  et 
détaillé  commentaire  qu'en  donne  l'auteur. 

Enfin  nous  trouvons  à  la  fin  de  l'atlas  le  plan  de  quelques  batailles 


56  LE   MUSÉE  BELGE. 


célèbres  :  la  défaite  des  Helvètes  (Bell,  gall.,  I,  23-26)  —  la  défaite 
d'Arioviste  (I,  42-53)  —  combat  sur  TAisne  (II,  6-io)  — la  défaite 
des  Nerviens  (II,  16-27),  —  le  plan  de  quelques  villes  dont  César 
parle  :  Avaricum  (VII,  14-31),  Alésia  (VII,  68-90),  et  ime  carte  du 
plateau  de  Gergovia.  Ces  cartes  sont  également  très  bien  commentées 
par  Tauteur. 

Bref,  en  tous  points,  ce  livre  est  très  intéressant,  d'autant  plus 
qu'il  nous  montre  et  qu'il  nous  explique  les  plus  récentes  découvertes 
ayant  trait  aux  expéditions  de  César. 

Je  suis  persuadé  que  cet  atlas  historique  rendra  de  très  grands 
services  aux  professeurs  et  surtout  aux  élèves. 

J.  J.  Van  Dooren. 

40.  —  M.  Schamberger,  De  L.  Papmio  Statio  verborum  navatore. 

M.  Niemeyer,  Halis  Saxonxun,  1907. 

Dans  le  premier  chapitre.  Fauteur  caractérise  les  poètes  de  la 
seconde  moitié  du  premier  siècle  de  notre  ère  :  ce  sont  moins  des 
poètes  que  des  rhéteurs.  Ils  n'ont  pas  l'originalité  des  idées  et  de 
l'expression  qui  distingue  les  poètes  de  l'époque  classique,  Catulle, 
Virgile,  Horace  et  Ovide.  Ils  sont  réduits  à  demander  à  la  rhétorique 
le  moyen  de  dire,  d'une  façon  artificielle  et  maniérée,  des  banalités 
désespérantes  II  n'y  a  qu'un  seul  poète  qui  fasse  exception  :  cest 
Martial.  Ces  poètes  ont  pourtant  quelque  chose  de  remarquable  :  ils 
ont  forgé  une  nouvelle  terminologie,  en  créailt  de  toutes  pièces  un 
vocabulaire  spécial,  ou  bien  en  faisant  passer  dans  leur  langue  des 
mots  grecs,  des  tournures  atUques,  ou  enfin  en  rajeunissant  quelques 
termes  de  la  langue  archaïque. 

Après  cette  introduction  générale,  l'auteur  traite,  dans  une  première 
partie,  des  emprunts  faits  par  Stace  à  la  langue  grecque.  Pour  ce  qui 
est  des  noms  communs,  Stace  en  a  introduit  peu  dans  la  langue 
latine.  M.  Schamberger  les  a  recueillis  et  il  les  a  classés  d'après  leur 
sens  en  cinq  catégories  : 

i)  des  termes  techniques  employés  par  les  rhéteurs  grecs  ;  2)  des 
vocables  désignant  des  esculenia  ou  des  unguenta  ;  3)  se  rapportant  aux 
aedificia  et  arttficia  ;  4)  au  supellex  ;  5)  des  varia. 

.  Quant  aux  adjectifs  patronymiques  grecs,  introduits  dans  la  langue 
latine  par  Stace,  avec  une  terminaison  à  peine  diflférente,  leur  emploi 
est  beaucoup  plus  fréquent. 

Dans  la  seconde  partie  l'auteur  traite  des  nouveaux  mots  latins  : 
substantifs  terminés  a)  en  ior  et  trix  qui  commencent  à  se  multiplier 
dans  la  langue  post- classique  ;  b)  en  tio  et  510,  peu  nombreux  dans 
Stace  du  reste  ;  c)  en  tus  et  sus  qui  sont  des  abstraits  ;  d)  en  w«i,  etc^ 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


Les  adjectifs  nouveaux  se  terminent  en  arts  et  alis  ;  en  anus  et  ianus  ; 
en  inus,  etc. 

Les  adjectifs  composés  étaient  fort  en  honneur  chez  les  poètes 
épiques,  tels  que  Virgile  et  Ovide  ;  les  poètes  postérieurs  n'en  ont 
guère  ajouté.  La  plus  grande  partie  de  ces  adjectifs  sont  composés 
de  la  particule  négative  in  et  d'un  adjectif. 

Pour  les  adverbes,  le  vocabulaire  de  Stace  présente  peu  d'innova- 
tions. 

En  ce  qui  concerne  la  crjéation  de  verbes  simples,  Stace  a  été  très 
réservé.  Il  est  étonnant  qu'il  se  soit  abstenu  de  former  de  nouveaux 
verbes  inchoatifs,  ces  verbes  étant  recherchés  des  poètes  épiques.  Au 
contraire,  les  verbes  fréquentatifs  se  rencontrent  en  plus  grand  nombre 
chez  lui.  La  multiplication  des  verbes  composés  est  un  phénomène 
caractéristique  de  tous  les  auteurs  post  classiques  et  ici  Stace  est  allé 
plus  loin  que  ses  contemporains  :  c'est  surtout  à  l'aide  des  préposi- 
tions qu'il  a  formé  de  nouveaux  verbes. 

Enfin  Stace  donne  à  beaucoup  de  verbes  une  signification  différente 
de  celle  qu'ils  avaient  chez  les  grands  classiques.  Les  uns,  qui  étaient 
intransitifs.  deviennent  transitifs;  d'autres  se  construisent  avec  un 
infinitif,  tandis  que  le  latin  classique  employait  un  supin  ou  ad  avec 
le  gérondif  :  la  tournure  française  apparaît  déjà.  Les  verbes  composés 
d'une  préposition  ont  un  accusatif  comme  régime  direct,  tandis  que 
le  latin  classique  répète  la  préposition. 

En  résumé,  la  thèse  de  M.  Schamberger  est  une  contribution  utile 
à  l'étude  de  la  lexicologie  latine.  L   Lucassen. 

41.  —  P.  Lebmanil,  Franciscus  Modius  als  Handschriftenforscher, 
Mûnchen,  O.  Beck,  1908.  i52  pp.  gr.  8°.  7  m.  (Quellen  und 
Untersuchungen  zur  lateinischen  Philologie  des  Mittelalters,  von 
Ludwig  Traube,  III  Band,  I  Heft.) 

Cet  ouvrage  est  le  fruit  de  longues  et  patientes  études.  L'auteur 
s'est  efforcé  d'identifier  les  manuscrits  que  l'humaniste  belge 
Franciscus  Modius  a  pu  connaître,  et  de  déterminer  les  bibliothèques 
qu'il  a  visitées. 

L'utilité  d'ouvrages  de  ce  genre  est  incontestable  ;  les  humanistes 
et  les  érudits  du  xvi^  siècle  ont  connu  bien  des  bibliothèques  dont  les 
collections  sont  aujourd'hui- dispersées  ou  totalement  disparues  et  les 
renseignements  qu'ils  nous  donnent  permettent  de  reconstituer  ou  au 
moins  d'essayer  la  reconstitution  de  ces  riches  bibliothèques. 
Modius  fut  un  de  ces  infatigables  chercheurs  dont  l'humanisme  nous 
offre  de  si  curieux  types  ;  tantôt  seul,  tantôt  en  compagnie  de  son 
ami  Carrion,  il  visita  successivement  les  bibliothèques  de  Bamberg, 


5S  LE   MUSÉE   BELGE. 


de  Bonn,  de  Bruges,  de  Fulda,  de  Heisterbach,  de  Gembloux,  de 
Cologne,  de  Combourg,  de  Mayence,  de  St.  Bertin,  de  Siegbourg, 
de  Ter  Doest,  de  Wûrzbourg,  y  copiant  et  y  collationnant  des 
manuscrits. 

Parfois,  il  recourait  aux  collections  privées  de  ses  amis,  J.  Susius, 
J.  Postius,  J.  Weidnerus;  lui-même  possédait  au  reste  une  biblio- 
thèque précieuse,  dont  le  catalogue  nous  est  heureusement  conservé. 

M.  Lehmann  a  pu,  grâce  aux  lettres  publiées  ou  inédites  de 
Modius,  grâce  à  ses  éditions  nombreuses  d'auteurs  antiques,  refaire 
rhistoire  des  expéditions  scientifiques  de  notre  compatriote  et 
retrouver  dans  plusieurs  bibliothèques  modernes  les  manuscrits  qu'il 
avait  utilisés.  Ce  travail  de  bénédictin  est  digne  de  tout  éloge  ;  il  est 
fait  avec  le  soin  et  la  méthode  qu'on  reconnaît  à  la  science  allemande. 

Il  a  encore  un  autre  mérite,  celui  de  Toriginalité.  Il  inaugure  pres- 
que ce  genre  de  recherches  en  Allemagne.  A  l'heure  actuelle,  on  ne 
s'occupe  guère  que  des  bibliothèques  des  humanistes  italiens, 
Pétrarque,  Boccace,  Latino  Latini,  Muret,  Fulvio  Orsini,  et  ces 
travaux  sont  à  peu  près  tous  l'œuvre  des  savants  français.  Le  succès. 
et  l'importance  des  recherches  de  M.  Lehmann  prouve  que  l'activité 
de  nos  humanistes  mérite  d'attirer  notre  attention  et  que  les  «  bar- 
bares »  du  Nord  ont  autant  fait  pour  la  science  et  la  civilisation  que 
les  hardis  travailleurs  du  midi,  (i)  Th.  Simar. 

42.  —  Dom  Fernand  Gabrol,  Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne  et 
de  liturgie»  Fasc.-XIII.  Baptême- Bassus .  Paris,  Letouzey  et 
Ané,  1907.  5  fr.  le  fasc. 

Ce  fascicule  XIII''  forme  les  colonnes  289  à  608  du  tome  IL  II 
contient  vingt  articles  de  longueur  très  inégale  ;  en  effet  trois  d'entre 
eux,  Baptême,  Baptistère  et  Basilique  forment  presque  un  volume  chacun. 
Il  semble  qu'il  y  ait  excès  pour  un  dictionnaire,  ce  genre  d'ouvrages 
étant  destiné  surtout  à  être  consulté  rapidement.  Mais  ce  n'est  pas 
ainsi  que  l'entendent  dom  Cabrol  et  ses  collaborateurs,  dont  le 
principal  et  le  plus  fécond  est  toujours  dom  Leclercq.  Ils  traitent  à 
fond  les  articles  importants,  citent  les  sources  et  les  discutent  même, 
et  mentionnent  les  travaux  modernes.  Ceux  qui  sont  pressés  de  voir 
la  fin  de  l'entreprise  et  ceux  qui  demandent  avant  tout  un  livre 
donnant  en  peu  de  mots  Tétat  de  la. science,  se  plaindront  sans 
aucun  doute.  Les  archéologues,  gens  patients,  qui  aiment  à  tout 
approfondir,  attendront  avec  résignation  et. . .  ne  seront  plus  là  pour 

(1)  Ajoutons  que  M.  Lehmann  n'a  pas  manqué  de  mettre  à  profit  les  travaux  de 
notre  collaborateur,  M.  Alph.  Roersch,  à  qui  le  livre  de  M.  Lehmann  a  fourni 
Toccasion  d'une  nouvelle  étude  sur  Modius  (Musée  Belge,  i5  janv.  igo8). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Sq 

voir  la  fin.  N'insistons  pas  :  ce  n*est  pas  à  nous  de  tracer  un  plan 
à  dom  Cabrol,  et  disons  qu'il  continue  à  bien  remplir  celui  qu'il 
s'est  tracé. 

Dom  P.  de  Puniet  donne  la  fin  de  son  article  sur  le  Baptême^ 
commencé  dans  le  fascicule  précédent  (col.  251-346).  Ils  étudie  les 
rites  orientaux  (alexandrin,  syrien,  byzantin)  et  occidentaux  (romain, 
africain,  ambrosien,  gallican,  mozarabe,  celtique),  puis  l'acte  baptismal 
et  sa  formule  dans  les  différentes  liturgies.  La  bibliographie  occupe 
les  deux  dernières  colonnes. 

Un  article  spécial  est  consacré  par  dom  H.  Leclercq  au  Baptême 
de  Jésus  (col.  346-380).  Il  étudie  d'abord  les  textes,  puis  les  repré- 
sentations artistiques  de  cet  épisode.  Il  distingue  l'influence  occidentale 
(fresques,  bas-reliefs,  mosaïques,  ivoires)  et  les  influences  égyptiennes 
(ivoires,  miniatures,  haut- relief,  fresques,  menus  objets).  Cet  article 
est  illustré  de  3o  gravures. 

La  question  du  Baptême  des  morts  ou  pour  les  morts  est  traitée  par 
W.  Henry  (col.  38o-382).  Celles  du  baptême  des  cloches  et  des  enfants 
sont  renvoyées  aux  mots  Cloches   et  Enfants. 

Le  Baptistère  a  été  l'objet  d'un  long  article  de  dom  H.  Leclercq. 
Nous  en  donnons  le  sommaire  :  baptistères  improvisés,  domestiques  ; 
leurs  noms;  leur  distinction  de  l'église.  Architecture.  Dispositions. 
Adduction  et  écoulement  de  l'eau.  Décoration.  Distinction  des  sexes. 
Conciles  dans  les  baptistères.  Autels.  Dédicace.  Vocable.  Admission. 
Droit  d'asile.  Droit  d'étole.  Fermeture.  Baptistère  provisoire,  dans 
les  catacombes.  Baptistères  à  Rome,  et  dans  les  difiîérents  pays. 
Article  richement  illustré  de  60  figures. 

De  dom  Leclercq  encore  une  notice  sur  l'église  de  Baqouza^ 
dans  la  Syrie  orientale  (col  469-478),  sur  Barahbas  (col.  478),  sur 
la  Barbe  (col.  478-493)  et  sur  Bardesane  (col.  493-495).  Le  curieux 
article  sur  la  barbe  traite  de  la  barbe  chez  les  anciens  (port,  coupe  et 
rasure),  chez  les  chrétiens,  les  moines,  les  barbares,  dans  la  liturgie. 
Suivent  quelques  mots  sur  la  Barette,  coifi'ure  ecclésiastique,  par 
W.  Henry.  Dom  Cabrol  traite  de  la  légende  et  du  culte  de  l'apôtre 
saint  Barnabe  (col.  496-498).  Baronius  est  renvoyé  au  Dictionnaire 
dliistoire  ecclésiastique.  L'article  sur  saint  Barthélémy  (identification 
avec  Nathanôl.  Légendes.  Reliques  et  Fêtes)  est  du  P.  B.  Zimmer- 
mann.  Le  P.  Pargoire  est  Tauteur  des  dix  colonnes  sur  saint  Basile  de 
César ée  et  les  Basiliens,  Il  expose  l'idéal  monastique  de  S.  Basile,  son 
action  monastique,  examine  ses  écrits  ascétiques,  l'influence  de  la 
tradition  basilienne  et  des  écrits  basiliens. 

Enfin  les  articles  Basilic  (lampes  et  ivoires  représentant  le  Sauveur 
foulant  aux  pieds  un   animal  fabuleux.  Ps,  go,   i3),  les  Basilidiens 


I 


6o  LB   MUSÉE  BBLGB. 


(objets  se  rapportant  à  la  secte  basilidienne)  et  Basilique  sont  de  la 
plume  infatigable  de  dom  H.  Leclercq.  Nous  avons  ici  un  traité 
complet  sur  la  basilique  chrétienne,  avec  5g  figures.  Le  sujet  a  été 
récemment  étudié  par  Fauteur  dans  son  Manuel  ifarchéologie  chréitenne, 
un  livre  qui  mérite  d'être  signalé  (Paris,  1907.  2  vol.).  Dom  Leclercq 
recherche  l'origine  de  la  basilique  chrétienne;  il  en  décrit  les  divers 
types,  les  parties  et  les  dépendances.  Nous  ne  ferons  qu'une  obser- 
vation de  détail.  Les  textes  païens,  dit-il,  nous  montrent  des  païens 
réunis  dansl  maison  d'un  des  membres  de  la  confrérie  dont  les  ims 
et  les  autres  font  partie.  Une  inscription,  ajoute-t-il,  mentionne  la 
réunion  dun  collège  dans  la  maison  de  Sergia  Paullina.  Et  il  cite  le 
Collegium  quod  est  in  domu  Sergiae  Paullinae,  Nous  avons  sept  inscriptions 
qui  mentionnent  ce  collège  (i).  Son  nom  n'a  pas  le  sens  que  lui 
attribue  dom  Leclercq  :  il  désigne  tout  simplement  un  collège 
domestique  (2),  c'est-à-dire  composé  des  esclaves  et  des  affranchis  de 
Sergia  Paullina,  qui  n'en  faisait  naturellement  pas  partie  elle-même. 
Quod  est  in  domo  ne  signifie  rien  d'autre.  J.  P.  W. 

43.  —  A.  Schaefer,  EinfUhrung  in  die  Kulturwelt  der  alien  Griechen 

und  Roemer.  Hannover,  List  et  Berlin,  Cari  Meyer,  1907.  270  pp. 

in-80.  3  m. 

Ce  livre  s'adresse  aux  élèves  qui  n'apprennent  pas  le  grec  ni  le 
latin.  M.  Schaefer  est  d'avis  que  la  connaissance  de  la  civilisation 
antique  est  nécessaire  à  la  haute  éducation  intellectuelle.  Il  se  rend 
bien  compte  aussi  que  les  jeunes  gens  qui  n'ont  pas  vécu  dans  l'anti- 
quité sont  incapables  de  rien  comprendre  à  Homère  ou  à  Virgile,  à 
Sophocle  ou  à  Térence,  à  la  littérature  classique  en  général.  Il  veut 
donc  les  a  introduire  »  dans  le  monde  antique.  Il  leur  décrit  la  Grèce 
et  il  leur  raconte  les  fables  mythologiques  et  héroïques  ;  puis  il  leur 
dit  quelques  mots  des  auteurs  anciens  et  des  écoles  de  philosophie. 

Le  livie  est  bien  fait  et  instructif.  C'est  ainsi  que  la  description  de 
la  Grèce  n'est  pas  purement  géographique  ;  quand  l'auteur  parle 
de  rÉlide,  il  fait  connaître  le  sanctuaire  d'Olympie,  le  Zeus  de 
Phidias,  etc.  On  est  étonné  de  voir  tout  ce  qu'il  a  réuni  de  notions 
intéressantes  en  242  pages.  Dans  son  texte,  il  a  enchâssé  les  plus 
beaux  passages  des  auteurs  grecs  et  latins,  traduits  en  allemand  (en 
vers,  si  ce  sont  des  poètes).  Mais,  après  ces  éloges,  nous  lui  ferons 
une  objection.  Ou  les  élèves  apprennent  le  grec  et  le  latin  et  ils 
auront  le  temps  de  s'assimiler  toutes  ces  notions  et  aussi  ils  seront 

(i)  Cfr.  J.  P.  Waltzing,  Etude  sur  les  Corporations  professionnelles  des  Romains^ 
t.  IV,  p.  172. 
(2)  Ibid.^  p.  J  53- 177. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  6l 

en  état  de  les  comprendre  ;  ou  ils  n'apprennent  pas  le  grec  et  alors 
leur  temps  est  consacré  à  autre  chose  :  lantiquité  restera  à  peu  près 
pour  eux  un  livre  fermé.  J.  P.  W. 

44.  —  L.  Van  Miert,  S.  J.,  Blomlezing  uit  Ovidius,  Caiullus,  Tihul- 
lus,  Properttus,  Martialis  en  Juvenalis^  voor  de  middelste  en  hoogste 
klassender  Gymnasia  bewerkt.  Leiden,  Théonville,  1907. 340  pp.  8". 
2  fl.  45. 

Ovide  occupe  la  plus  grande  partie  de  ce  volume  :  après  une 
introduction  sur  la  vie  d'Ovide,  sur  sa  grammaire  et  son  style  et  sur 
sa  métrique,  nous  trouvons  37  extraits  des  Métamorphoses  (174  pp.)> 
19  des  Tristes  (5o  pp.)  et  i3  des  Fastes  (35  pp.).  Le  reste  du  volume 
(environ  75  pp.)  est  pris  par  18  passages  de  Catulle,  4  de  TibuUe, 
2  de  Properce,  37  épigrammes  de  Martial,  3  extraits  assez  longs  de 
Juvénal  et  quatre  pages  de  sentences  tirées  d'Ovide  et  de  Juvénal. 
Les  extraits  de  chaque  poète  sont  précédés  d'une  courte  notice  sur  sa 
vie  et  sur  le  mètre  qu'il  a  employé. 

Les  textes  sont  empruntés  aux  bonnes  éditions  ;  le  commentaire 
est  d'une  sobriété  et  d'une  concision  voulues,  mais  il  donne,  avec 
exactitude,  ce  qui  est  nécessaire  aux  élèves  pour  préparer  la  lecture. 
Les  morceaux  sont  bien  choisis.  Cette  anthologie  est,  du  reste, 
destinée  à  des  établissements  où  les  Métamorphoses  d'Ovide  ne  sont 
pas  inscrites  au  programme.  J.  P.  W. 

Langues  et  Littératures  celtiques. 

45.  —  C.  Jullian,  Histoire  de  la  Gaule,  l.  Les  Invasions  gauloises  et  la 
Colonisation  grecque.  II.  La  Gaule  indépendante.  Paris,  Hachette  1908. 
2  vol.  de  53o  et  557  PP«  in-8**.  Chaque  vol.  10  frs. 
Depuis  plusieurs  années,  on  savait  que  M.  C.  Jullian  préparait  un 
travail  d'ensemble  sur  l'histoire  de  la  Gaule.  Mais  nul,  je  pense,  ne 
s'imaginait  qu'il   aurait   les  proportions  monumentales  que  lui   a 
données  son  auteur  :  deux  volumes  sont  publiés,  et  ils  nous  conduisent 
seulement  au  moment  où  César  va  apparaître.  Le  savant  professeur 
du  Collège  de  France  en  annonce  quatre  autres  encore  pour  nous 
amener  jusqu'à  la  fin  de  l'empire  romain.  Jamais  on  n'aurait  pensé 
qu'il  était  possible  de  retracer  avec  une  telle  ampleur,  et  ce,  exclusi- 
vement à  l'aide  des  sources  de  première  main,  le  passé  ténébreux  des 
terres  gauloises. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  les  Gaulois,  depuis  Dom  Martin  et  Siméon 
Pelloutier  ;  le  xix^  siècle  a  vu  la  production  de  toute  une  bibliothèque. 
Et  cependant  que  de  points  restent  encore  obscurs.  Le  travail  de 


62  LE   MUSÉE   BELGE. 


M.  Jullian  apporte  des  solutions  nouvelles  en  beaucoup  de  cas;  il 
n'expose  jamais  que  la  manière  de  voir  de  son  auteur  ;  il  ne  réfute 
pas  les  opinions  contraires,  mais  on  trouve  celles-ci  soigneusement 
mentionnées  dans  les  notes.  C'est  au  lecteur  de  juger;  il  a  en  main 
toutes  les  pièces  du  procès,  et  M.  Jullian  expose  ses  thèses  dans  une 
langue  si  noble,  si  élevée,  avec  des  arguments  si  logiques  et  si  persua- 
sifs, que,  bien  souvent,  on  ne  songe  même  pas  à  discuter  ses 
conclusions.  Comme  beaucoup  de  théories  sont  nouvelles,  c'est  sur 
elles  que  j'insisterai  tout  particulièrement. 

Le  premier  volume  s'ouvre  par  un  exposé  net  et  précis  de  la 
géographie  physique  de  la  Gaule  dans  l'antiquité,  puis  de  la  situation 
spéciale  qui  y  était  faite,  à  l'homme  à  la  fois  par  la  position  de  ce  terri- 
toire dans  le  monde  ancien,  et  par  les  ressources  et  les  obstacles  que 
la  nature  présentait  aux  habitants.  Il  y  a  là  trois  chapitres  qui  me 
paraissent  absolument  définitifs  (i). 

Les  premières  populations  historiques  que  rencontre  M.  Jullian 
sont  les  Ligures.  C'est  une  ihéorie  qui  a  été  énoncée  pour  la  première 
fois  par  Roger  de  Belloguet,  qui  a  été  reprise  par  M.  d'Arbois  de 
Jubain ville,  et  que  ^L  Jullian  développe  avec  plus  de  précision 
encore.  D'après  lui,  —  et  les  auteurs  anciens  qu'il  cite  à  l'appui  de  ses 
dires  semblent  lui  donner  raison  —  non  seulement  la  Gaule  toute 
entière   mais  encore  la  Belgique  aurait  été  couverte  par  les  Ligures. 

Pour  étayer  sa  thèse,  M.  Jullian  a  voulu  se  servir  de  la  linguistique. 
Sur  ce  terrain,  il  a  été  moins  heureux  :  il  est  difficile  de  tirer  profit 
d'une  langue  dont  on  ne  connaît  que  cinq  mots. 

L'auteur  a  voulu  en  expliquer  un,  le  nom  ligure  du  Pô,  et  il  s'est 
laissé  induire  en  erreur  par  la  trompeuse  analogie  de  forme  qu'il 
présente  avec  un  mot  allemand  (2).  De  même,  dans  l'étude  de  la 
toponymie  ligure,  M.  Jullian  s'est  laissé  entraîner  par  sa  «  vision 
ligure  »>,  et  il  s'est  certainement  égaré  sur  beaucoup  de  points  :  les 
noms  Dives,  Divonnes,  Divettes,  Bièvres,  Beuvrons,  Ardennes  etc., 
appartiendraient  d'après  M.  Jullian,  non  point  au  celtique,  mais  à  la 
langue  des  Ligures.  Or,  tandis  que  nous  ignorons  quels  furent  les 
prototypes  ligures  de  ces  mots,  la  grammaire  comparée  des  langues 
celtiques  nous  permet  u«    les  interpréter.  On  les  attribue  donc  avec 

(i)  A  propos  (les  sources  i  ,.tiv  «.  on  pourrait  ajouter  à  toutes  celles  qui  sont 
énumérées  celle  q»»e  l'iiiiv  l'Anci  n  signale  dans  la  civitas  Tungrorum^  et  citer  tout 
au  mo    s  If  nom   le  Spa,  le  Vichy  belge. 

(2)  l'âge  123. -8 'f^/wcMS  ^=^oif^w/o5.  Malheureusement  ail.  Boden  =  sert  budhnas, 
lat  fundus^  v.  irl  bond^  soit  un  idg.  bhudhno  ou  bhvdnm{tt)no,  et  non  une  racine 
bod  —  comme  le  croît  M.  Jullian.  En  n'tst  pas  un  suffixe,  dans  boden^  il  fait  partie 
de  la  rncine 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  63^ 


raison  au  gaulois,  tandis  qu'il  me  paraît  y  avoir  ime  défaillance  de 
méthode  à  interprêter  ohscurum  per  obscurius.  Le  problème  de  la  langue 
et  de  la  toponymie  ligure  devrait  être  étudié  à  nouveau  en  dehors 
tout  esprit  de  système  par  un  indo-germaniste  qui  aurait  approfondi 
au  préalable  tout  ce  que  nous  savons  de  l'histoire  de  ce  peuple. 

Cette  réserve  faite,  l'évocation  que  fait  M.  Jullian  de  la  civilisation 
ligure  en  Gaule  est  très  neuve,  très  vivante  et  très  vraisemblable, 
bien  que  parfois  exclusivement  basée  sur  l'hypothèse.  Tout  ce  qu'il 
dit  du  tempérament  physique  et  moral  de  ce  peuple,  de  l'agriculture, 
de  Part  et  de  l'industrie,  est  étayé  sur  de  solides  preuves  ;  le  tableau 
qu'il  fait  de  la  religion  et  des  rites  est  très  croyable,  et  celui  qu'il 
trace  des  sépultures  ligures  est  une  bonne  synthèse  archéologique.  Il 
a  sur  les  monuments  mégalithiques  en  général  et  particulièrement  sur 
ceux  de  l'Armorique  des  aperçus  tout  à  fait  personnels.  Jusqu'ici,  on 
n'a  pas,  que  je  sache,  expliqué  de  manière  satisfaisante  l'accumulation 
formidable  de  dolmens  et  de  menhirs  que  l'on  observe  en  Armorique. 
M.  Jullian  voit  la  cause  de  ce  phénomène  dans  les  croyances  reli- 
gieuses des  Ligures.  Il  remarque  d'abord  que  plus  on  approche  du 
rivage  plus  ces  monuments  sont  nombreux;  que  d'autre  part  les  plus 
considérables  s'entassent  sur  quelques  lieues  de  littoral.  Il  en  conclut 
que  c'est  l'Océan  qui  a  attiré  le  monde  des  trépassés.  Les  plus  anciens 
peuples  de  l'Europe  barbare  ont  cru  que  les  morts  immortels  s'en 
allaient  par  de  là  T  Océan  vers  des  îles  lointaines  et  bienheureuses  ; 
les  Ligures  auraient  eu  la  même  croyance  ;  or,  l'Armorique  était  la 
partie  du  pays  qui  s'avançait  le  plus  loin  dans  la  mer  ;  c'est  dans  le 
Morbihan  que  l'Océan  pénètre  le  plus  profondément  avec  ses  courants 
rapides.  Pour  éviter  à  leurs  défunts  un  long  voyage  par  terre,  les 
Ligures  auraient  enterré  leurs  morts  au  bord  de  cette  mer  qu'il  fallait 
traverser,  et  ceux  de  l'intérieur  auraient  transporté  leurs  défunts  les 
plus  illustres  jusqu'à  l'endroit  le  plus  favorable  pour  commencer  la 
mystérieuse  traversée  d'outre- tombe.  L'hypothèse,  on  le  voit,  est  des 
plus  séduisantes  :  elle  dissipe  lobscurité  qui  entoure  le  colossal  cime- 
tière qu'est  l'Armorique. 

Après  avoir  ensuite  retracé  l'histoire  de  la  fondation  de  Marseille, 
M.  Jullian  aborde  le  problème  de  l'origine  des  Celtes.  Tout  d'abord, 
il  renverse  complètement  la  théorie  actuelle.  Celle  ci,  qui  a  été  surtout 
exposée  par  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  plaçait  l'habitat  primitif  des 
Celtes  sur  le  Haut-Danube  et  le  Mein,  en  s'appuyant  sur  la  topo- 
nymie. Reprenant  la  tradition  druidique,  connue  par  Amnien  Mar- 
cellin,  M.  Jullian  situe  le  domicile  des  Celtes  avant  l'invasion  sur  les 
côtes  extrêmes  de  la  Mer  du  Nord,  Frise  et  Jutland.  Par  Celtes  il 
n'entend   que  les  Gaulois  ;   il  se  refuse  à  ranger  sous  ce  nom  les 


-64  LE   MUSÉE   BELGE. 


populations  de  Grande-Bretagne  et  d'Irlande  parlant  des  idiomes 
que  nous  appelons  aujourd'hui  celtiques  ;  il  voit  en  elles  les  descen- 
dants de  Ligures  :  je  fais  à  cet  égard  les  mêmes  réserves  que  j*ai 
formulées  à  propos  de  la  toponymie  ligure  :  nous  ne  connaissons  pas 
la  langue  des  Ligures,  tandis  que  la  grammaire  comparée  des  langues 
celtiques  contemporaines  explique  le  Gaulois.  C'est  là,  à  mon  sens, 
ce  qui  indique  la  parenté  des  populations.  Ceci  n'empêche  nullement 
qu'il  y  ait  eu  antérieurement  des  Ligures  en  Irlande  et  en  Grande- 
Bretagne. 

i.es  Celtes  semblent  avoir  été  chassés  de  leurs  demeures  par 
quelque  gigantesque  raz  de  marée.  Tous  cependant  ne  quittèrent  pas 
leur  sol  cette  première  fois  ;  une  partie  d'entre  eux  seulement  se 
-dirigea  vers^  le  sud  en  suivant  les  côtes,  semble-til ;  ils  franchirent  le 
Rhin,  traversèrent  la  Belgique  et  allèrent  s'établir  dans  la  Gaule 
centrale.  Une  rapide  fusion  se  fit  entre  Ligures  et  Celtes,  tandis  que 
dans  le  nord  de  la  Belgique  les  Ligures  repeuplaient  leurs  terres 
dévastées  par  l'invasion.  C'est  de  la  Gaule  que  partirent  ensuite  les 
peuplades  qui  conquirent  l'Italie  et  mirent  Rome  un  moment  en 
danger,  puis  celles  qui  s'établirent  sur  le  Danube  et  en  Orient,  et 
enfin  celles  qui  s'emparèrent  du  nord  de  TEspagne. 

Tandis  que  les  Cel  es  s'étendaient  au  sud  et  à  Test,  les  Belges,  qui 
formaient  le  rameau  celtique  resté  dans  les  plaines  de  la  Basse- 
Allemagne,  se  mirent  à  leur  tour  en  mouvement;  une  séparation  de 
plusieurs  siècles  avait  fait  se  dififérencier  leurs  mœurs  et  leur  langage 
de  celui  de  leurs  frères  partis  antérieurement.  Ils  formaient  un  inter- 
médiaire entre  eux  et  les  Germains.  Les  Belges  s'établirent  dans  la 
Belgujue  actuelle,  refoulèrent  diverses  peuplades  qui  s'étaient  fixées 
<)a  s  le  sud  de  noire  pays,  se  déversèrent  dans  les  vallées  du  Doubs 
et  de  la  Saône,  et  le  lon^  des  lacs  de  Neuchâtel  et  de  Genève,  tandis 
qur  leurs  tribus  avan<  ées  occupant  le  Valais  pénétraient  jusqu'en 
Italie. 

i\idis,  les  Celtes  ne  turent  pas  les  seuls  barbares  qui  envahirent  la 
Gaule  Du  sud  vinrent  les  Ibères  qui  en  occupèrent  le  sud-ouest 
A  cette  invasion  se  rattache  le  problème  de  l'origine  des  Basques  et 
de  leur  langue  Vcskuura,  La  plupart  des  auteurs  qui  se  sont  occupés 
de  cette  question  voient  dans  les  Basques  les  descendants  des  Ibères, 
e'  c  est.  je  pense,  lopinion  qui  fait  autorité.  Quelques  autres  dont  le 
ciitt  est  M.  Vinson,  reculent  la  formation  de  ce  peuple  mystérieux 
juMju  aux  temps  préhistoriques;  d'autres  enfin  la  reportent  au  moyen 
a^i  A.  Jullian  émet  une  hypothèse  nouvelle.  Il  voit  dans  la  com- 
jicAi  11  physique  et  morale  des  Basques  un  produit  de  leur  situation 
g     j^iaphique  et  des»  conditions  politiques  dans  lesquelles  a  vécu  leur 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  65 

pays.  Quant  à  la  langue,  il  constate  que  quatre  cinquièmes  des  mots 
se  ramènent  au  latin,  au  celtique,  à  Tespagnol  et  au  gascon,  «langues 
qui  ont  résonné  sur  les  côtes  et  les  grandes  routes  du  Pa3rs  Basque  ». 
Le  dernier  cinquième  se  composerait  de  sédiments  laissés  par  les 
Ibères  et  les  Ligures  qui  formeraient  le  fond  de  la  population.  Malgré 
l'ignorance  dans  laquelle  nous  sommes  de  Tibère  et  du  ligure,  c'est 
là  llijrpothèse  la  plus  vraisemblable  de  toutes  celles  qui  ont  été 
formulées. 

Le  premier  volume  renferme  en  outre  un  tableau  de  la  civilisation 
g^auloise  hors  de  la  Gaule,  c'est  à  dire  en  Thrace  et  en  Phrygie,  sur 
le  Pô  et  le  Danube  ;  l'auteur  constate  que  l'immense  empire  celtique 
(M.  Jullian  dit  le  monde  gaulois)  ne  constitua  jamais  ni  un  état  ni  une 
îfédération  ;  chaque  cité  vivait  par  elle-même  et  pour  elle-même  ;  tout 
état  gaulois  prit  insensiblement  une  physionomie  propre  déterminée 
par  les  conditions  de  voisinage  ;  il  n'y  eut  pas  d'unité  politique 
celtique. 

Vient  ensuite  une  histoire  de  l'Empire  de  Marseille,  de  ses  luttes 
contre  Carthage,  les  Etrusques  et  les  Gaulois,  et  de  l'extension  de 
son  commerce.  Le  voyage  de  Pythéas  vers  le  nord  y  est  retracé  avec 
précision  et  clarté. 

Enfin,  après  avoir  suivi  pas  à  pas  Hannibal  et  les  Barcas  dans 
leurs  traversées  de  la  Gaule,  M.  Jullian  examine  ce  qu'était  la  Gaule 
après  les  guerres  puniques  et  pourquoi  cette  contrée  devait  sous  peu 
succomber  devant  les  légions  romaines. 

Les  guerres  puniques  avaient  donné  aux  Romains  le  goût  de 
l'expansion  guerrière  ;  elles  avaient  provoqué  la  conquête  définitive 
de  la  Gaule  du  Pô,  et  la  soumission  de  l'Espagne;  d'autre  part  Rome 
devenait  de  plus  en  plus  l'incarnation  de  l'hellénisme  et  l'unité  abso- 
lue de  son  empire  lui  donnait  un  formidable  avantage  sur  les  popu- 
lations gauloises. 

Rome  avait  en  Gaule  une  alliée,  Marseille  ;  Marseille,  soit  faiblesse, 
soit  intérêt  mal  compris,  laissa  fréquemment  intervenir  Rome  en  sa 
place,  et,  jusque  dans  son  monnayage,  finit  par  subordonner  ses 
traditions  commerciales  aux  affaires  des  Romains.  Tout  en  paraissant 
se  désintéresser  de  la  Gaule,  Rome  y  faisait  donc  déjà  sentir  son 
influence. 

Et  quant  à  la  Gaule  elle-même,  pendant  le  siècle  qui  sépare  l'inva- 
sion d'Hasdrubal  de  celle  des  Cimbres,  elle  vécut  pour  ainsi  dire 
sédentaire;  Celtes  et  Belges,  maintenus  dans  le  territoire  qu'ils 
s'étaient  conquis,  s'y  organisèrent  une  vie  locale,  déterminée  par 
leur  caractère,  leurs  traditions  et  la  nature  du  pays. 

C'est  cette  civilisation  que  M.  Jullian  étudie  dans  son  deuxième 


66  LE  MUSÉE   BELGE. 


volume.  Pour  Téclairer,  il  renonce  à  se  servir  des  documents  du 
moyen  âge  irlandais  et  gallois,  pour  plusieurs  motifs  qu'on  ne  peut 
passer  sous  silence  :  i*  aucun  historien  ancien  ne  nous  apprend  que 
les  Gaulois  (lisez  Celtes)  aient  pénétré  dans  les  Iles  britanniques  ;  la 
conquête  belge  y  fut  incomplète,  et  rien  ne  prouve  que  la  civilisation 
des  Belges  et  des  Celtes  s'y  soit  propagée  par  le  commerce  ;  2"  douze 
siècles  se  sont  écoulés  entre  la  rédaction  des  documents  celtiques 
modernes  et  Tépoque  gauloise  :  tout  a  pu  changer  ;  3<>  les  documents 
irlandais  et  gallois  sont  des  œuvres  artificielles,  pleines  de  fantaisies 
et  de  remaniements;  4®  les  analogies  constatées  entre  le  monde 
gaulois  et  irlandais  ne  seraient  pas  différentes  de  celles  que  Ton  peut 
retrouver  entre  la  civilisation  irlandaise  et  la  civilisation  grecque  ou 
germanique. 

Ces  arguments  ne  sont  pas  décisifs  :  la  parenté  des  langues  cel- 
tiques modernes  avec  le  gaulois,  parenté  qui  a  été  démontrée  d'une 
manière  tout  à  fait  certaine  par  la  grammaire  comparée,  établit  celle 
des  peuples  ;  de  ce  que  aucun  historien  ancien  ne  nous  a  conservé  le 
souvenir  du  passage  des  Celtes  en  Angleterre  et  de  là  en  Irlande,  il 
ne  suit  nullement  que  ce  passage  n'ait  pas  eu  lieu.  Remarquons  que 
M.  Jullian  situe  le  berceau  des  Celtes,  précisément  à  Tendroit  d'où 
sont  partis  bien  des  siècles  plus  tard  les  Angles  et  les  Saxons.  Pour- 
quoi, alors  que  la  linguistique  nous  l'indique,  les  Celtes  n  auraient-ils 
pas  frayé  la  voie  maritime  qui  conduit  de  l'embouchure  de  l'Elbe 
aux  côtes  d'Angleterre?  Evidemment  M.  Jullian  a  raison  detre  très 
prudent  par  rapport  aux  documents  irlandais  et  gallois:  ils  sont  tardifs 
et  altérés  par  des  influences  poétiques  ;  mais  ce  n'est  pas  une  raison 
pour  les  déclarer  inutilisables,  ils  renferment  des  traditions  précieuses. 
Le  dernier  argument  de  M.  Jullian  est  en  effet  exagéré  :  les  analogies 
que  l'on  découvre  entre  le  monde  gaulois  et  le  moyen  âge  irlandais 
sont  autrement  précises  que  celles  dont  on  a  constaté  l'existence  entre 
les  civilisations  irlandaise,  d'une  part,  germanique  et  grecque  d'autre 
part.  Ce  n'est  pas  le  lieu  de  les  exposer.  Je  renvoie  pour  cela  à  l'intro- 
duction que  M.  E.  Windisch  a  mise  en  tête  de  son  édition  du  Tain 
hô  Ciïali ge  (Leipzig,  1905)  et  en  général  aux  divers  ouvrages  de 
M.  IL  d'Arbois  de  Jubainville. 

M.  Jullian  montie  la  population  des  Gaules  qui,  d'après  lui, 
s'élevait  à  environ  20  à  3o  millions  d'hommes,  répartie  en  tribus  et 
en  peuplades;  celles-ci  faisaient  partie  de  fédérations  permanentes 
dans  le  sud,  temporaires  dans  le  nord.  Il  expose  très  clairement 
commeni  le  groupement  par  peuplade  paraît  avoir  été  déterminé  par 
les  I  dations  straté<^iques  et  économiques,  mais  les  pages  qu'il  consacre 
aux  noms  de  ces  peuplades  sont  de  celles  qui  comptent  parmi  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  6j 

plus  malheureuses  de  l'ouvrage   :  elles  sont  pleines  détymologies 
inexactes  et  contradictoires  (i). 

La  tribu  avait  ses  institutions  propres  et  une  autonomie  relative. 
L'esprit  d'indépendance  des  Gaulois  et  les  rivalités  entre  les  tribus 
d'une  même  peuplade  furent  une  des  causes  de  la  faiblesse  des 
peuplades  ;  anciennement,  à  la  tête  de  celles-ci  se  trouvait  un  roi  ;  au 
II*  siècle  avant  Jésus  Christ  ce  dernier  fut  remplacé  par  les  magistrats, 
surtout  dans  la  Celtique.  Le  pouvoir  se  trouva  dès  lors  partagé  entre 
les  magistrats,  les  sénateurs  ^t  le  peuple.  Les  membres  de  la  cité 
devaient  conformer  leur  vie  aux  principes  reconnus  bons  par  les 
générations  qui  les  avaient  précédés.  La  vie  politique  créa  des  lieux  de 
défense  et  de  rendez-vous  qui  étaient  comme  le  cœur  de  la  peuplade  ; 
il  y  avait  donc  chez  les  Gaulois  un  acheminement  vers  le  régime 
municipal.  L'établissement  de  ce  régime  fut  entravé  par  l'organisation 
de  la  société  et  par  la  religion. 

La  première  était  composée  d'esclaves  et  d'hommes  libres,  mais  ces 
derniers  formaient  la  plèbe  et  la  noblesse,  et  la  noblesse,  elle  aussi, 
comportait  une  hiérarchie  ;  ceux  de  ses  membres  autour  desquels 
la  richesse,  la  naissance  ou  la  bravoure  groupe  la  plus  grande  somme 
de  compagnons  ou  de  serviteurs,  tiennent  en  échec  la  justice,  les 
lois,  le  magistrat. 

D'autre  part,  dans  la  cité,  les  druides  formaient  une  puissance 
concurrente  du  pouvoir  politique.  Pour  expliquer  l'origine  des 
druides  qui  n'apparaissent  que  dans  la  seule  Gaule,  M.  Jullian  émet 
une  hypothèse  nouvelle.  Pendant  les  guerres  de  conquête.on  remarque 
que  les  rois  sont  à  la  fois  généraux  et  grands -prêtres.  Après  l'établisse- 
ment des  Celtes  en  Gaule,  les  rois  n'exercent  plus  d'attribution  reli- 
gieuse. M.  Jullian  en  conclut,  qu'après  la  fin  des  migrations  (entre 
3oo  et  200)  la  séparation  des  pouvoirs  s'est  faite,  et  que  les  fonctions 
religieuses  ont  été  dévolues  aux  diuides.  Comme  évolution  parallèle, 
il  signale  à  Rome  l'institution  du  Rex  Sacrorum,  en  Attique  les  cp^^o- 

(i ;  Petrocorii  et  Tricorti  n'ont  rien  a  faire  avec  les  Tarbilli  Quattuorbignaui  k.\  Us 
Cocosates  Sexstgnani  de  Pline  IV,  108;  la  vraie  élymolo^ic  est  celle  que  M.  Jullian 
dédaigne  (irl.  cuire  armée),  on  ne  pcui  pas  songer  à  quelque  chose  comme  curtisou 
curia  (=^  co-uiria);  Kburones  (cf  v.  irl.  ibha*  if,  c'est-à-dire  ceux  de  l'if,  proba- 
blement les  fils  de  Tifj  n'est  pas  traduit  de  moins  de  quatre  manières  différentes  en 
deux  pages  :  les  descendants  d'Eburos,  les  tîls  du  Sanglier,  les  fils  de  VU  et  les 
iMeurtriers!  Les  Bituriges  Cubi  n'ont  jamais  été  traités  de  Cubes,  pour  la  bonne  raison 
que  le  cubus  latin  est  une  dérivation  latino-grecque  d'une  racine  indo-européenne 
qub'Ou  qubh-dont  le  sens  est  s'infîéchir.  Vip-isci  n'a  rien  à  voir  avec  le  latin  viscum^ 
gui;  son  radical  parait  être  celui  du  v.  irl.^w,  dignus ;  viscum  —  (Eôç;  Pûtones  ne 
peut  être  rapproché  du  Uiin  pkti  :  Ptctones  -^  quiet  m.  irl.  cicht^  gai  lois /7z7/r,  breton 
piz,  etc. 


68  LE   MUSÉB   BELGE. 


pooiXeîç  ;  il  aurait  pu  y  joindre  l'archonte  PaoïX^ç.  Mais,  dans  tous  les 
cas  où  la  chose  est  certaine,  le  nom  de  roi  est  conservé  au  fonction- 
naire religieux.  S*il  en  avait  été  ainsi  en  Gaule,  nous  retrouverions 
sans  doute  dans  le  nom  des  druides  le  mot  rix,  roi  en  gaulois.  Je 
m'étonne  que  M.  Jullian,  qui  attache  toujours  une  importance  capitale 
aux  renseignements  que  nous  ont  fournis  les  Anciens,  ne  s*en  soit 
pas  tenu  à  Topinion  de  César  (VI,  i3,  ii  ;  cf.  12),  daprès  lequel  le 
druidisme  serait  originaire  de  [Grande]  Bretagne.  M.  JuUian  fait 
observer  que  César  ne  parle  que  de  4a  doctrine,  et  que  la  doctrine 
et  le  clergé  d'une  religion  peuvent  avoir  des  berceaux  fort  différents. 
Si  cela  est  vrai  pour  le  christianisme,  ce  ne  peut  l'être  pour  le 
druidisme  :  il  faudrait  admettre  que  les  héritiers  du  pouvoir  religieux 
des  rois  seraient  allé  chercher  une  doctrine  tout  à  fait  étrangère,  dans 
un. pays  d'une  civilisation  tout  autre  —  d'après  M.  Jullian  — ,  pour 
venir  l'imposer  à  leur  peuple.  C'est  tout  à  fait  invraisemblable  ;  il  est 
pour  ainsi  dire  certain  que  les  druides  sont  venus  de  [Grande] 
Bretagne  ;  on  les  y  retrouve  dans  les  documents  gallois,  et  l'épopée 
irlandaise  fait  même  mention  d'im  druide  de  Bretagne  appelé 
Maincheiîn.  M.  Jullian  idéalise  beaucoup  trop  les  druides;  il  en  fait 
les  apôtres  d'une  doctrine  supérieure  et  leur  retire  les  attributions  de 
prophètes,  devins,  cueilleurs  d'herbes  magiques,  etc.  Il  assigne 
celles-ci  à  des  prêtres  subalternes.  Là  encore  il  va  à  rencontre  des 
témoignages  des  documents  irlandais  qui  éclairent  les  textes  peu 
explicites  de  Pline  :  en  Irlande,  de  même  qu'en  Gaule,  les  druides 
ont  exercé  eux-mêmes  ces  pratiques  inférieures. 

La  religion  des  Gaulois  a  dû  être  un  mélange  des  croyances  des 
Celtes  et  de  celles  des  Ligures.  Le  plus  grand  des  dieux  fut  Teutatès, 
ancêtre  et  législateur,  gardien,  arbitre  et  défenseur  des  tribus  ;  à 
côté  de  lui  se  mouvaient  toute  une  série  de  divinités  masculines  et 
féminines  qui  personnifiaient  les  éléments.  Tous  ces  dieux  avaient 
des  personnifications  locales.  A  côté  d'elles,  on  adorait  a  les  forces 
immuables  et  innombrables  qu'engendrait  la  multitude  des  choses 
du  sol.  »  Cette  religion  ne  porte  aucun  caractère  d'originalité;  la 
conception  qu'elle  avait  des  dieux  se  retrouve  partout  dans  les 
religions  antiques. 

M.  Jullian  expose  ensuite  ce  qu'était  l'art  de  la  guerre  chez  les 
Gaulois,  il  montre  les  causes  de  leur  combativité,  décrit  leur  arme- 
ment, l'organisation  du  commandement,  le  service  de  campagne,  les 
forteresses  et  les  sièges.  Il  consacre  également  quelques  pages  à  la 
marine  de  guerre. 

Il  montre  ensuite  l'importance  des  questions  économiques  dans  la 
vie  gauloise  :  la  cause  en  est  dans  le  fait  que  la  Gaule  possédait  un 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  69 

vaste  réseau  commode  de  voies  naturelles.  La  navigation  sur  les  voies 
fluviales  était  fort  développée  ;  la  vie  maritime  n'était  pas  moins 
active,  autant  sur  la  Méditerranée  que  sur  TOcéan  ;  les  routes  de 
terre  étaient  devenues  les  organes  des  transports  internationaux  : 
le  mouvement  commercial  amène  la  naissance  de  nombreuses  places 
de  marché.  Si  la  route  est  destinée  à  unir  des  centres  habités, 
réciproquement  elle  créé  des  groupes  dTiabitations  :  auberges, 
relais,  etc. 

M.  Jullian  détermine  huit  causes  d'origine  des  villes  : 

lo  le  régime  de  la  tribu  avait  créé  des  places  fortes  ; 

2**  celui  de  la  cité  avait  développé  les  centres  des  tribus  confédérées  ; 

30  des  bourgades  se  sont  formées  autour  des  habitations  des  nobles 
et  de  leur  clientèle  ; 

4^  les  nécessités  stratégiques  ont  amené  la  fondation  de  nouvelles 
places  fortes  pour  défendre  les  frontières  des  États  ; 

5^  des  sanctuaires  fameux  se  sont  peu  à  peu  entourés  d'habitations  ; 

60  les  exploitations  agricoles  ont  donné  naissance  à  des  bourgades; 

70  les  places  de  marché  se  sont  peuplées  ; 

et  80  les  auberges,  relais,  péages,  contrôles,  gués,  ponts,  ports,  etc. 
ont  concentré  les  habitations. 

Naturellement,  tous  ces  lieux  d'habitation  ne  furent  pas  égale- 
ment peuplés  et  prospères  ;  les  circonstances  politiques,  les  relations 
internationales,  les  révolutions  économiques  modifièrent  au  cours 
des  âges  leur  importance  ou  la  nature  de  leur  vie.  Les  seuls  qui 
disparurent  furent  les  places  fortes  perchées  sur  les  rochers  abrupts, 
à  l'écart  des  voies  de  communication. 

L'une  des  bourgades  fondées  les  plus  tardivement  fut  Lyon  (i) 
qui,  malgré  les  avantages  que  présentait  la  position  géographique 
ou  elle  s'éleva,  ne  fut  établie  que  vers  i5o  avant  Jésus-Christ. 

Enfin  dans  tout  ce  que  M.  Jullian  dit  des  noms  de  ces  villes,  il  règne 
une  obscure  confusion  tout  à  fait  regrettable  entre  ligure,  celtique  et 
ibère,  Alesia,  Nemausus,  BibracU^  Genava,  etc.  sont  celtiques  et  non 
ligures  ;  Illiberis  est  ibère  et  non  celtique  ;  Lugudunum  n*a  jamais 
signifié  la  «  montagne  claire  »  dans  aucune  langue. 

Dans  les  bourgades  et  dans  les  campagnes,  la  vie  en  Gaule  était 
fort  active  ;  elle  se  manifestait  jusque  dans  les  forêts  et  les  marécages. 
M.  Jullian  décrit  les  procédés  et  les  instruments  de  culture,  l'élevage 
du  bétail,  la  chasse  et  la  pêche,  les  industries  de  l'alimentation  et  du 

(1)  Soit  dit  en  passant,  le  nom  de  Lyon,  Lugudunum^  n*a  aucun  rapport  avec  le 
latin  iucidus^  qui  dérive  d'une  racine  indoeuropéenne  /eue-,  dont  vient  le  gaulois 
Leucetios,  Par  conséquent,  Lugudunum  n*a  jamais  pu  être  un  équivalent  de 
Clairville. 


70  LE    MUSÉE   BELGE. 


vêtement  ;  puis  passant  à  Texamen  des  mines,  il  dit  le  travail  des 
métaux,  bronze  et  fer,  or  et  argent;  à  propos  de  la  parure,  il  montre 
remploi  du  corail,  de  Témail  et  de  la  verrerie  ;  et  il  termine  ce  chapitre 
en  étudiant  la  céramique,  l'architecture,  le  mobilier  ;  déjà  les  cités 
de  la  Gaule  nourissaient  un  prolétariat  d'ouvriers  et  une  bourgeoisie 
de  marchands. 

Les  produits  industriels,  grâce  aux  nombreuses  voies  de  communi- 
cation se  répandaient  par  toute  la  Gaule.  Les  transactions  étaient 
facilitées  par  la  monnaie.  Celle-ci  apparaît  en  Gaule  dès  le  vi«  siècle 
avant  Jésus-Christ.  Elle  n'est  pas  originale  :  elle  imita  les  pièces  des 
peuples  limitrophes  de  la  Gaule,  et  surtout  le  statère  d'or  de  Philippe 
de  Macédoine  qui  y  avait  été  introduit  en  grandes  quantités  par  le 
commerce  international.  M.  Jullian  expose  d'une  manière  très  claire 
et  très  substantielle  ce  que  nous  savons  de  la  monnaie  gauloise.  Je 
n'ai  à  ce  sujet  qu'une  légère  remarque  à  présenter  :  se  méfier  des 
«  lyre  ou  harpe  qui  accompagne  les  chants  des  prêtres  »,  des  trépieds, 
chaudrons,  vases  à  sacrifice,  et  des  «  formes  célestes  qui  rappellent 
une  vertu  divine  :  roue  solaire,  rosace  stellaire,  etc.  »  Ces  signes  n'ont 
pas  la  signification  que  leur  avaient  attribué  Lelewel,  Hucher  et  les 
autres  propagateurs  du  symbolisme  gaulois.  Leur  origine  est  beau- 
coup plus  simple  :  tantôt,  ce  sont  des  dégénérescences  de  différents 
monétaires  variés  qui  se  trouvent  sur  les  prototypes  grecs.  Exemple, 
la  prétendue  lyre  est  une  déformation   du  diota.  Tantôt,  ils  sont 
produits  par  la  méthode  enfantine  de  dessin  que  pratiquaient  les 
monnayeurs  ;  dans  l'impossibilité  de  dessiner  un  ensemble,  ceux-ci 
gravaient  chaque  détail  séparément  ;  de  là  des  résultats  bizarres. 
Exemple,  la  roue  dite  solaire  :  devant  reproduire  le  bige  du  statère 
macédonien,  le  graveur   commence   par    dessiner  le   cheval  ;  son 
dessin  terminé,  il  n'y  a  plus  place  pour  la  roue  du  char  derrière 
l'animal.  D'après  sa  conception,  pour  que  son  dessin  soit  complet, 
il  y  faut  une  roue  ;  c'est  pourquoi  il  la  grave  soit  au-dessus,  soit  au- 
dessous  de  l'animal.  On  voit  donc  que  ce  prétendu  symbole  n'a  rien 
de  solaire. 

M.  Jullian  passe  ensuite  à  la  vie  intellectuelle;  il  reconnaît  aux 
Gaulois  une  intelligence  vive  et  un  tempérament  oratoire,  mais  gâté 
par  trop  d'emphase  et  trop  d'esprit.  Il  parle  ensuite  de  la  langue 
gauloise;  il  admet  la  parenté  du  gaulois  avec  l'irlandais,  le  Gallois 
et  le  Breton,  théorie  qui  se  concilie  difficilement  avec  les  assertions 
précédentes  de  l'auteur  d'après  lequel  (II,  p.  1 3,  n.  5)  «  c'est  la  chose 
du  monde  la  plus  hypothétique  que  l'origine  gauloise  des  êtres  et 
des  traditions  de  ces  pays  ».  Les  remarques  de  M.  Jullian  sur  la 
difficulté  d'utiliser  ces  langues  à  cause  de  l'évolution  qu'elles  ont 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  7I 

subie  avant  de  nous  être  connues,  sont  très  justes;  j'irai  même  plus 
loin  que  lui  :  je  n'oserais  pas  affirmer  que  dede  corresponde  à  dedit^ 
ieuru^  iorebe  à  erexit,  erigit  :  nous  ne  savons  absolument  rien  de  la 
morphologie  gauloise  ;  seule  la  phonétique  nous  en  est  connue.  Cette 
langue  s'est  écrite  au  moyen  des  alphabets  grec,  latin  et  étrusque, 
mais  la  littérature  était  purement  verbale  ;  elle  était  pratiquée  par  les 
bardes.  Quant  à  Tart,  il  se  réduisit  d'abord  au  dessin  géométrique, 
puis  il  s'appliqua  à  imiter  la  nature,  mais  il  resta  toujours  rudi- 
mentaire. 

La  dernière  partie  du  second  volume  est  consaciée  d'abord  à  Tétude 
de  la  famille;  l'auteur  explique  la  persistance  de  l'individualisme 
dans  rÉtat,  nous  fait  assister  aux  différents  actes  de  la  vie  familiale,  et 
montre  que  la  femme  était  non  l'esclave,  mais  l'auxiliaire  de  l'homme. 
Il  étudie  ensuite  le  tempérament  gaulois,  puis  recherche  les  causes 
de  la  tendance  à  l'unité  gauloise  ;  il  découvre  une  conscience  com- 
mune à  toutes  les  tribus  associées,  des  liens  de  parenté  entre  les 
peuplades  et  une  communauté  de  traditions,  d'institutions,  d'en- 
seignement et  d'espérances. 

Enfin,  pour  terminer,  M.  Jullian  examine  la  répartition  des 
différents  peuples  sur  le  sol  de  la  Gaule.  C'est  un  dernier  et  très 
important  chapitre  de  géographie  historique  et  ethnographique. 
En  ce  qui  concerne  la  Belgique,  je  ne  suis  pas  du  tout  d'accord 
avec  M.  Jullian  :  pour  lui,  la  peuplade  des  Germant  de  César  était 
germanique,  les  Nerviens  et  les  Trévires  s'étaient  fusionnés  à  de 
nombreux  émigrants  germains.  Je  crois  que  cette  théorie  est  fausse  : 
il  s'est  produit  dans  l'antiquité  une  confusion  entre  deux  emplois  du 
nom  de  Germant. 

Ce  mot,  —  tous  les  gens  compétents  sont  d'accord  à  ce  sujet  aujour- 
d'hui, je  pense,  —  est  celtique  ;  il  s'appliquait  à  l'origine  à  une  peuplade 
belge,  donc  celtique,  qui  passa  le  Rhin  au  iii«  siècle  avant  J.-C.  à 
l'arrière- garde  des  Belges,  s'établit -en  partie  dans  la  forêt  des 
Ardennes,  puis  écoula  le  reste  de  ses  forces  par  la  vallée  du  Rhin 
supérieur,  jusque  dans  le  Valais  d'où  ses  guerriers  pénétrèrent  en 
Italie.  Cette  peuplade  qui  s'étendait  sur  la  rive  gauche  du  Rhin, 
vit  appliquer  son  nom  par  les  gens  du  midi  à  toutes  celles  qui  avaient 
leurs  demeures  au  delà  du  Rhin;  mais  celles-là  ne  parlaient  pas  la 
même  langue;  le  même  nom  s'attacha  donc  à  deux  sortes  de  gens 
différents  les  uns  des  autres,  et  la  communauté  de  nom  amena  la  con- 
fusion entre  les  personnes.  C'est  pourquoi  les  Germant  belges  dont 
tous  les  noms  connus  sont  celtiques  furent  déclarés  germains  par 
César.  César  semble  ne  s'être  pas  douté  de  la  distinction  à  établir  ; 
Tacite,  le  dernier  des  auteurs  qui  parlent  des  Germant  belges,  est  le 


72  LB   MUSÉE  BBLGE. 


seul  écrivain  de  l'antiquité  qui  ait  saisi  l'historique  de  révolution  des- 
acceptions de  leur  nom.  Je  crois  que  la  distinction  a  totalement 
échappé  aux  modernes,  c'est  pourquoi  il  importe  d'insister  sur  ce 
sujet  (i). 

Si  j'ai  tenu,  au  cours  de  ce  compte  rendu,  à  combattre  certaines 
doctrines  de  M.  Camille  Jullian,  c'est  à  raison  de  Timportance 
extrême  de  cet  ouvrage,  et  l'auteur  me  pardonnera  certainement 
d'opposer  parfois  mon  humble  opinion  à  la  sienne.  La  nouvelle  His- 
toire  de  la  Gaule  annule  tous  les  travaux  précédents  ;  c'est  le  manuel 
auquel  on  ne  pourra  se  dispenser  de  recourir  pour  s'éclairer  sur 
l'histoire  de  l'indépendance  gauloise.  Toutefois,  l'œuvre  du  savant 
professeur  du  Collège  de  France  présente  des  points  faibles  :  tout  ce 
qui  touche  à  la  linguistique  devra  être  sévèrement  contrôlé  avant  de 
pouvoir  être  adopté.  M.  Jullian  n'est  pas  linguiste;  à  notre  époque 
où  la  spécialisation  est  poussée  extrêmement  loin,  il  est  bien  difiScile 
de  posséder  toutes  les  sciences  auxiliaires  de  l'histoire.  Il  est  regret- 
table que  l'auteur  n'ait  point  songé  à  soumettre  certains  chapitres  à 
la  critique  de  l'un  ou  l'autre  de  ses  collègues  versés  dans  la  gram- 
maire comparée  des  langues  celtiques  ;  il  nous  eût  donné  une  histoire 
de  la  Gaule  absolument  définitive.  Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

46.  —  I.  Fonsny  et  J.  Van  Dooren,  Anthologie  des  prosateurs 
français  de  France  et  de  r étranger.  Préface  de  M.  Lanson.  Verviers, 
Hermann,  1907.  v-g85  pp.  7  fr. 

Les  lecteurs  du  Musée  belge  connaissent  Y  Anthologie  des  poètes  lyriques 
français  de  France  et  de  V étranger  que  MM.  Fonsny  et  Van  Dooren  ont 
publiée  en  1902.  Elle  leur  a  été  annoncée  ici  même  (Bull,  de  févr.  1903) 
et  ils  savent  assurément  avec  quelle  faveur  elle  a  été  accueillie  dans 
le  monde  de  l'enseignement  et  parmi  les  gens  de  lettres.  En  réalité, 
nous  ne  leur  apprendrons  rien  en  leur  parlant  de  V Anthologie  des 
prosateurs^qui  est  destinée  à  faire  pendant  à  celle  des  Lyriques,  Elle  est 
bibliographiée  d'avance.  Elaborée  d'après  le  plan  des  on  aînée,  elle  a 
été  l'objet  des  mêmes  soins  et  elle  est  évidemment  appelée  au  même 
succès.  MM.  Fonsny  et  Van  Dooren  y  prennent  la  prose  à  ses  origines 
et  ils  la  suivent,  comme  ils  disent,  dans  ses  évolutions  ou  mani- 
festations jusqu'en  ces  tout  derniers  temps.  Mais  ils  ne  limitent  pas 

(1)  P.  465  n.  4.  Aduatuca  n'est  pas  Tongres.  Voy.  l'exposé  des  raisons  qui 
s'opposent  à  cette  identification  dans  Holmes,  Caesar's  Conquest  of  Gaul,  Londres 
1899,  p.  334-348. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  7^ 

leur  choix  aux  seuls  écrivains  de  France.  Ils  consacrent  près  de 
i5o  pages  aux  prosateurs  de  l'étranger. 

Sans  doute  il  y  a,  dans  cette  anthologie  comme  d'ailleurs  dans  tout 
recueil  de  l'espèce,  des  «  admissions  »  qui  peuvent  être  discutées. 
Chaque  lecteur  d'un  livre  de  morceaux  choisis  est  toujours  en  droit 
de  se  demander  avec  certain  personnage  de  Beaumarchais  :  o  Pourquoi 
ces  choses  et  non  pas  d'autres  .^  »  Il  est  toujours  en  droit  de  réclamer 
pour  ses  auteurs  préférés  qu'il  ne  juge  pas  suffisamment  représentés 
dans  le  florilège  qu'on  lui  offre.  C'est  ainsi  que  le  préfacier  lui-même 
déclare  regretter  quelques  absences.  Mais  on  aurait  tort  d^nsister 
là  dessus,  et  Ton  ne  peut  que  louer  la  largeur  de  vues  qui  a  présidé 
à  la  composition  de  cette  Anthologie.  Elle  est  bien  la  plus  riche  et  la 
plus  variée  que  l'on  possède  pour  la  prose  de  France,  cette  prose  que 
M.  Lanson  ne  craint  pas  de  qualifier  d'«  incomparable  »  et  de  définir 
•  un  trésor  qui  n'a  pas  de  pareil  ».  N'oublions  pas  d'ajouter  que  les 
extraits  sont  accompagnés  de  copieuses  notices  biographiques  et 
littéraires,  qu'au  bas  des  pages  apparaissent  d'autres  morceaux  sur 
les  mêmes  thèmes,  et  qu'outre  ces  rapprochements  l'on  a  encore  des 
indications  sur  quantité  d'auteurs  dont  MM.  Fonsny  et  Van  Dooren 
n'ont  pu  rien  reproduire,  faute  de  place.  G.  Doutrepont. 

47.  —  Albert  C&h6Il,  Morceaux  choisis  des  auteurs  français  à  l'usage 
de  l'enseignement  secondaire  des  jeunes  filles.  6«  édition.  Paris, 
Hachette,  igoS.  Cours  élémentaire,  un  volume  :  3  fr.  5o.  Cours 
supérieur,  deux  volumes,  a)  Prose  :  4  fr.  h)  Poésie  :  3  fr. 
Morceaux  choisis  des  auteurs  français  à  l'usage  de  l'enseignement  secon- 
daire des  garçons.  8«  édition.  Paris,  Hachette,  1907.  Premier 
cycle,  un  volume  :  4  fr.  Deuxième  cycle,  deux  volumes,  a)  Prose  : 
4  fr.  b)  Poésie  :  3  fr.  5o. 

M.  Cahen  n'a  fait  entrer  dans  ces  recueils  que  des  «  morceaux 
vraiment  dignes  d'être  lus  et  admirés,  empruntés  aux  pages  des 
écrivains  français  que  nul  n'a  le  droit  de  ne  pas  connaître  ou  qui  lui 
ont  paru  les  plus  propres  à  faire  apprécier  leur  génie.  » 

Présenter  à  la  jeunesse  la  littérature  française  sous  ses  aspects  les 
plus  variés,  voilà  son  but.  Et  il  Ta  réalisé  avec  tact  et  méthode,  sans 
se  laisser  tenter  de  donner  à  ses  livres  un  intérêt  de  pure  curiosité 
ou  de  leur  imprimer  un  caractère  d'originalité.  Si  nous  ajoutons  que 
la  culture  morale  y  a  été  l'objet  d'autant  de  soins  que  la  culture 
littéraire,  nous  pourrons  déclarer  que  ces  recueils  de  morceaux 
choisis  constituent  une  excellente  chrestomathie  française.  Le  succès 
qu'ils  ont  obtenu  en  France  est  d'ailleurs  prouvé  par  la  succession 
rapide  des  éditions. 


74  LE    MUSÉE   BELGE. 


La  première  édition  conservait  l'ancienne  orthographe  jusqu*au 
xvii«  siècle  ;  les  nouvelles  ont  adopté  l'orthographe  moderne,  sauf 
dans  le  cours  supérieur  pour  les  auteurs  du  moyen  âge 

Le  cours  élémentaire  forme  un  volume  qui  contient  prose  et  poésie: 
en  tête  des  morceaux,  bien  appropriés  au  degré  d'avancement  des 
élèves,  figure  une  biographie  succinte  de  chaque  écrivain. 

Le  cours  supérieur  consacre  un  volume  à  la  prose  et  un  autre 
à  la  poésie.  Les  extraits  y  sont  plus  longs,  plus  difiSciles,  et  les 
biographies  d'auteurs  beaucoup  plus  développées.  Le  volume  de 
prose,  dans  une  introduction  de  5o  pages,  donne  un  tableau  som- 
maire de  l'histoire  de  la  littérature  française  :  tableau  clair,  bien  fait, 
ni  trop  long  ni  trop  concis,  sauf  cependant  pour  le  xix«  siècle  où  ime 
longue  énumération,  accompagnée  d'appréciations  trop  concises, 
doit  jeter  le  trouble  et  le  découragement  dans  lesprit  de  l'élève. 

Tel  est  le  fond  commun  à  l'enseignement  des  deux  sexes.  En 
comparant  le  cours  élémentaire  pour  les  filles  et  le  premier  cycle 
pour  les  garçons  —  le  deuxième  cycle  ne  nous  est  pas  parvenu,  — 
nous  avons  pu  admirer  l'art  qui  a  présidé  au  choix  des  morceaux 
propres  à  intéresser  les  jeunes  filles.  Deux  règles  ont  guidé  l'auteur 
dans  ce  choix  :  d'abord  il  y  a  introduit  un  plus  grand  nombre 
d'écrivains  féminins  (M'i^  de  Scudéry,  M^^^  Pericr,  de  Motteville, 
de  la  Fayette,  de  Lambert,  du  Deffand,  de  Rémusat,  eic.)  ;  ensuite 
il  a  choisi  chez  quelques  auteurs  qui  figurent  dans  les  morceaux 
choisis  pour  les  deux  sexes,  les  pages  qui  pouvaient  le  mieux  toucher 
l'âme  des  jeunes  filles  (A.  Daudet,  Le  Nabab  :  La  famille  joyeuse  ; 
G.  Sand,  La  mare  au  diable  :  Marie  endort  Petit  Pierre  ;  P.  Loti, 
Pécheurs  d'Islande  :  Le  départ  et  la  mort  de  Sylvestre  Moan.  etc.) 

Ces  volumes  plaisent  à  la  vue  par  leur  format  pratique,  leur  joli 
cartonnage  toile  et  les  soins  typographiques  ;  la  maison  Hachette  a 
voulu  que  l'élégance  de  la  forme  répondît  à  la  solidité  du  fond. 

A.  Masson. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

48.  —  F.  J.  Poelhekke,  VondeVs  dichtjuweelen.  Met  een  voorrede 
van  G.  F.  Drabbe.  Tweede,  vermeerderde  druk.  Leiden,  J.  W.  van 
Leeuwen,  1907.  In-S®,  xii-568  pp.  i  fl.  5o. 

Les  anthologies  de  Vondel  ne  font  pas  défaut.  Par  l'abondance 
extraordinaire,  le  choix  judicieux  et  la  grande  variété  des  textes,  celle 
dont  il  s'agit  ici  est  certainement  à  même,  plus  peut-être  qu'aucime 
autre,  à  faire  connaître  le  grand  poète  sous  tous  ses  aspects.  La 
majeure  partie  du  volume  (pp.  187-564)  est  consacrée  au  théâtre  de 
Vondel.  Outre  des  extraits  de  cinq  tragédies,  M.  Poelhekke  donne 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  75 

six  pièces  entières .;  c'est  tout  ce  qu'il  faut  pour  permettre  une  appré- 
ciation motivée.  On  pourrait  s'étonner  de  ce  que.  dans  l'autre  moivié 
de  son  recueil,  M.  Poulhekke  n'ait  pas  appliqué  davantage  le  même 
procédé:  je  veux  dire  qu'au  lieu  d  une  longue  série  de  poésies  fugitives, 
à  côté  de  quelques  extraits  des  poèmes  didactiques  et  descriptifs,  il  eût 
été  préférable  d'insérer  en  entier,  soit  Tun  ou  l'autre  de  ces  morceaux 
brillants  (p.  ex.  Geboortklock  van  Willem  van  Nassau  ou  Inwydinge  van 
'i  Stadthuis),  soit  un  chant  complet  de  Johannes  de  Bodgezant  ou  des 
Altaergeheimnissen.  La  place  n'aurait  pas  manqué,  car,  sans  inconvé- 
nient aucun,  bon  nombre  des  petits  poèmes  auraient  pu  être  omis. 
Le  système  de  ne  présenter  que  les  plus  belles  pages  ne  me  semble 
pas  le  meilleur,  ni  en  général,  ni  en  particulier  quand  il  s'agit  de 
Vondel.  Evidemment,  tout  dépend  ici  du  point  devue,  des  principes 
qui  servent  de  base  à  un  travail  de  ce  genre,  sans  parler  des  préfé- 
rences personnelles 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'anthologie  de  M.  Poelhekke  sera  la  bienvenue 
tant  aux  professeurs  qu'aux  élèves;  aux  uns,  elle  offrira  un  choix 
assez  varié  pour  l'explication  en  classe  ;  aux  autres,  elle  permettra  de 
se  familiariser  avec  le  prince  des  poètes  néerlandais  ;  ils  ne  pourront 
que  gagner  à  ce  commerce. 

Gardons  nous  d'oublier  de  féliciter  l'éditeur;  l'exécution  typogra- 
phique est  excellente,  et  le  prix  de  ce  beau  volume  est  vraiment 
modique.  C.  Lecoutere. 

49     —   Rosegger,    Waldjugend,    Schulausgabe.   Texte   allemand, 

publié   avec  une   introduction   et   des   notes   par   Ch.   Feuille. 

3«  édition.  Paris,  Hachette  et  C»e,  1907. 

Ce  petit  volume  (petit  in  16,  x-i56  pp.)  contient  neuf  historiettes, 
extraites  d'un  des  derniers  volumes  du  poète  styrien.  «  Nous  aurions 
voulu,  dit  M.  Feuille  dans  la  notice  qui  précède  ces  extraits,  repro- 
duire le  volume  entier,  avec  quelques-unes  au  moins  des  belles 
gravures  qui  illustrent  le  texte;  mais  la  modestie  de  notre  format 
nous  en  a  empêché.  Nous  avons  donc  dû  faire  un  choix.  Comme  le 
dialecte  styrien  est  souvent  assez  éloigné  du  hochdeutsch.  nous  nous 
sommes  permis,  mais  avec  la  plus  extrême  réserve,  de  modifier 
parfois  une  terminaison  ou  un  mot  inconnu  dans  les  plus  gros  diction- 
naires. Les  notes,  au  bas  de  la  page,  éviteront  aux  élèves  et  aux 
professeurs  des  recherches  longues  et  pénibles.  » 

Je  ne  pouvais  mieux  faire  connaître  le  caractère  de  cet  ouvrage 
qu'en  reproduisant  ces  mots  de  l'introduction  ;  si  j'y  ajoute  que 
M.  Feuille  a  choisi  les  nouvelles  qui  conviennent  le  mieux  à  la 
catégorie  de  lecteurs  qu'il  a  en  vue,  j'aurai  dit  assez  pour  recom- 
mander son  édition  à  l'attention  de  nos  lecteurs.  C.  L. 


76  LE   MUSÉE   BELGE. 


5o.  —  Roman  DybOSki,  Tennysons  Spracke    und   Stil.  Vienne, 

Braumûller,   1907.  xxxvn-544  pp.   i5  m.  (Wiener  Beitràge  zur 

englischen  Philologie.  Bd.  XXV.) 

Les  philologues  qui  se  consacrent  à  Tétude  des  langues  modernes 
ne  sont  nullement  d'accord  sur  la  méthode  à  suivre  dans  Texplication 
des  auteurs,  exercice  inscrit  dans  tous  nos  programmes  d  enseigne- 
ment. Tandis  que  les  auteurs  anciens,  conservés  dans  des  manuscrits 
corrompus,  offrent  de  nombreuses  variantes,  qui  fournissent  l'occa- 
sion d'une  étude  approfondie,  nos  textes  modernes,  imprimés  souvent 
sous  la  direction  de  leurs  auteurs,  nous  sont  parvenus  en  assez  bon 
état,  et  ne  nécessitent  guère  de  conjectures. 

Quel  procédé  doit  donc  employer  le  professeur  pour  prévenir  les 
lectures  hâtives,  superficielles,  et  par  suite  infructueuses?  Sur  quels 
points  doit-il  arrêter  l'attention  fuyante  de  ses  auditeurs  ?  L'étymo- 
logie,  ressource  favorite  des  érudits  qui  préfèrent  s'arrêter  aux  mots 
plutôt  qu'aux  idées,  distrait  les  lecteurs  de  leur  texte,  au  lieu  de  le  faire 
mieux  comprendre,  et  va  donc  à  rencontre  du  but,  qui  est  de 
pénétrer  aussi  avant  que  possible  dans  la  pensée  et  les  intentions  de 
l'auteur  étudié.  La  chasse  aux  allusions  biographiques  et  historiques, 
éminemment  utile  en  elle-même,  n'est  pas  toujours  possible,  et 
aboutit  souvent  à  des  excursions  à  cent  lieues  du  texte.  Cependant 
l'explication  historique  est  celle  qui  jouit  de  la  faveur  des  commen- 
tateurs, et  qui  figure  en  bonne  place  dans  les  éditions  autorisées.  Pour 
le  reste,  ces  éditions,  surtout  celles  qui  nous  viennent  d'Angleterre, 
sont  d'une  sobriété  déconcertante.  Un  passage  ambigu  ou  obscur 
reste  le  plus  souvent  inexpliqué.  Quant  aux  particularités  du  style 
et  de  la  prosodie  et  aux  imitations  de  modèles  antérieurs,  ils  sont . 
presque  toujours  passés  sous  silence.  Un  savant  anglais  nous  a  même 
soutenu  que  les  notes  ne  servent  à  rien  et  que  l'étudiant  ne  les  lirait 
pas.  Le  lecteur  curieux,  celui  qui  veut  savoir  le  pourquoi  des  choses, 
n'a  guère  de  lumière  à  attendre  de  l'éditeur  britannique  :  devinez, 
cherchez,  si  vous  ne  trouvez  pas,  tant  pis  pour  vous.  Cet  état  d  esprit 
n'est  heureusement  pas  celui  des  éditeurs  américains,  qui  nous 
envoient  parfois  des  commentaires  touffus  et  suggestifs  des  grands 
classiques. 

Mais  le  présent  livre,  qui  nous  vient  d'Autriche,  est  plus  et  mieux 
qu'un  commentaire  :  c'est  Tapplication  aux  études  littéraires  de  la 
méthode  d'observation  minutieuse  et  exacte  des  naturalistes,  abou- 
tissant à  une  description  systématique  et  complète  de  l'objet  observé. 
Pour  la  méthode,  M.  Dyboski  se  proclame  l'élève  de  Richard 
Heinzel,  et  c'est  à  l'œuvre  moderne  de  Tennyson  qu'il  applique  les 
procédés  inaugurés  par  son  maître  pour  l'étude  de  textes  écrits  dans 
des  dialectes  disparus. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  ^^ 


Si  les  intentions  de  M.  Dyboski  ne  méritent  que  des  éloges,  nous 
ne  pouvons  pas  en  dire  autant  de  la  façon  dont  son  livre  est  composé. 
Sa  familiarité  avec  l'organisme  compliqué  et  subtil  qu*est  l'anglais 
moderne  n'a  pas  été  à  la  hauteur  de  sa  bonne  volonté.  Pour  déter- 
miner ce  que  Texpression  de  Tennyson  a  de  caractéristique  et  de 
frappant,  M.  Dyboski  conjecture  d'abord  ime  formule  typique  du 
langage  commun,  celle  qui  serait  venue  à  l'esprit  du  premier  venu, 
et  détermine  la  façon  dont  Tennyson  s'est  écarté  de  ce  soi-disant 
type  normal.  Or,  il  arrive  à  tout  moment  que  la  normale  inventée 
par  M.  Dyboski  pour  représenter  l'anglais  ordinaire  n'est  ni  plus 
idiomatique  ni  plus  familière  que  la  formule  employée  par  Tennyson. 
Elle  est  souvent  plus  logique,  mais  chacun  sait  combien  les  lois  du 
langage  s'écartent  des  règles  de  la  logique  abstraite. 

Cette  première  difficulté  du  travail  de  notre  auteur  était  inévitable, 
et  n'eût  pu  se  tourner  qu'en  omettant  un  grand  nombre  d'exemples 
instructifs,  quoiqueé  pineux.  D'autres  faiblesses  du  livre  de  M.  Dyboski 
tiennent  à  une  étude  incomplète  de  l'anglais  contemporain.  Par  ex. 
advowson  (p.  432)  n'est  nullement  un  terme  de  droit  vieilli  :  le  mot  est 
bien  vivant,  comme  l'institution  qu'il  désigne.  L'emploi  de  l'abstrait 
pour  le  concret  (p.  72),  du  prétérit  pour  le  plus- que-parfait  (§  49) 
sont  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  courant.  Le  mot  iouck  (p.  47)  veut  dire 
aussi  bien  peindre  que  toucher.  Le  mot  honey*d  (p.  78)  est  un  adjectif 
en  -ed^  non  un  participe.  Il  est  inutile  de  fatiguer  le  lecteur  en  multi- 
pliant les  exemples.  Qu'il  suffise  d'insister  de  nouveau  sur  l'extrême 
délicatesse  de  la  langue  littéraire  anglaise  et  sur  la  nécessité  de  la 
pratiquer  longuement  avant  d'entreprendre  un  travail  de  stylistique. 
Nous  aurions  du  reste  mauvaise  grâce  à  éplucher  jalousement  im 
travail  aussi  complet  et  aussi  réussi. 

Reste  à  discuter  une  grave  question  d'exposition.  Le  plan  de 
l'ouvrage  est  systématique  :  Première  partie.  Syntaxe,  avec  les  sub- 
divisions d'usage.  —  Deuxième  partie,  Style.  L  Brièveté  et  Abon- 
dance. IL  Intensité.  III.  Le  Concret  et  l'Abstrait.  IV.  Ornements.  — 
Troisième  partie,  Formation  des  mots.  —  Quatrième  partie.  Emploi 
des  mots. 

Là  façon  dont  ce  plan  est  travaillé  dénote  une  somme  de  réflexion 
et  im  savoir  très  étendus.  Il  est  précieux  et  très  utile.  Mais  n'essayez 
pas  d'y  découvrir  un  mot,  une  tournure  de  phrase  ou  un  passage  de 
Tennyson  qui  viennent  d'arrêter  votre  attention  !  Autant  chercher 
l'aiguille  dans  la  botte  de  foin  du  proverbe. 

M.  Dyboski  n'eût-il  pas  fait  sagement,  tout  en  maintenant  les 
considérations  générales  dans  l'ordre  systématique  qui  leur  convient, 
de  classer  ses  exemples  dans  l'ordre  alphabétique,  de  façon  à  les 


78  LE    MUSÉE   BELGE. 

rendre  accessibles  au  lecteur  qui  désire  consulter  souvent  son  travail, 
après  avoir  une  fois  eu  le  plaisir  de  le  lire?  Peut  être  un  éditeur 
anglais  serait- il  heureux  de  publier  un  dictionnaire  des  locutions  de 
Tennyson,  reproduisant  dans  un  classement  plus  pratique  les  maté- 
riaux patiemment  analysés  par  M.  Dyboski.  Ce  serait  plus  et  mieux 
qu'une  concordance,  et  pourrait  encourager  les  imitateurs  qui  ne 
manqueront  pas  de  se  produire.  P.  Hamelius. 

5i.  —  L'historien  Boga  Th.  Melsted  vient  de  publier  une 
2«  édition  de  son  excellent  manuel  de  littérature  islandaise  :  StuU- 
hensîuhôk  i  Islendinga  sôgu  handa  byrjendum  (Reykjavik,  Prentsmidjan 
Gutenberg.  1907),  que  nous  avons  signalé  dans  ce  Btdletin  (t.  IX, 
p.  237).  Cette  nouvelle  édition  contient  en  plus  des  reproductions 
de  paysages,  un  grand  nombre  de  portraits  d'Islandais  illustres 
(du  xvie  siècle  à  nos  jours)  et  un  chapitre  supplémentaire  sur  l'orga- 
nisation de  la  société  dans  l'Islande  actuelle  C'est  un  livre  classique 
écrit  en  islandais  moderne.  Dans  une  douzaine  de  tableaux,  il 
présente  un  aperçu  clair  et  substantiel  de  l'originale  culture  intellec- 
tuelle et  de  tout  le  développement  moral  et  social  d'Islande  depuis 
l'époque  de  la  colonisation  au  ix«  siècle.  —  A  ceux  qui  sont  tant  soit 
peu  familiarisés  avec  la  langue,  nous  recommandons  l'usage  du 
dictionnaire  islandais-anglais,  très  complet,  de  G.  T.  Zoëga,  IsUnzh- 
ensk  ordabôk  (Reykjavik,  S.  Kristjânsson).  Voy.  ce  Bulletin^  t.  IX.  p.  236. 

F.  \V. 

Histoire  et  Géographie. 

52.  —  Alfred  Stern,  Geschichte  Europas  seit  den   VerUàgen  von  iSi5 

hi^  zum  Frankfufter  Frieden  von  iSyi.  Zweite  Abteilung  :  GesckickU 

Europas  von  iSJo  bis  184S.  Tome  I.  Stuttgart,  J.  G.  Cotta,  1905. 

J'ai  déjà  plusieurs  fois  recommandé  aux  lecteurs  du  Bulletin  (i) 

VHisioirc  de  V Europe  depuis  les  traités  de  18 1 S  jusqu'à  la  paix  de  Francfort 

en  iSyif   par   M.   Alfred  Stem,  professeur  à  l'École  polytechnique 

de  Zurich.   Cette   savante  publication  s'est  naguère  enrichie  d'un 

4e  volume,  formant  le  tome  I^r  de  la  2«  partie,  consacrée  à  la  période 

1830-1848. 

Ce  volume  embrasse  l'histoire  interne  et  externe  de  la  plupart  des 
pays  d'Europe  pendant  les  années  i83o  à  i835.  On  y  retrouve  les 
qualités  d'érudition,  de  méthode  et  de  clarté  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion 
de  louer  dans  les  précédents. 

Sur  douze  chapitres,  il  y  en  a  deux  qui  intéressent  directement 

,  1)  Voir  le  Bulletin^  année  1898.  p.  322,  et  année  i<jo3,  p.  212. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  79 


l'histoire  de  notre  pays.  Dans  lun  (ch.  II,  pp.  75-128),  M.  Stem  trace 
une  esquisse  remarquable  des  discordes  qui,  séparant  dès  181 3  les 
Belges  et  les  Hollandais,  s'aggravèrent  d'année  en  année  pour  aboutir 
à  Vunion  des  catholiques  et  des  libéraux  et  aux  journées  d'août  et  de 
septembre  i83o;  il  résume  ensuite  l'attitude  des  grandes  puissances 
à  regard  d'une  révolution  de  nature  à  exposer  la  paix  européenne 
aux  plus  graves  périls,  et  expose  les  travaux  de  la  Conférence  de 
Londres  jusqu'au  protocole  du  20  décembre  i83o  annonçant  l'indé- 
pendance future  de  la  Belgique.  Le  second  chapitre  consacré  à 
l*liistoire  de  notre  pays  (ch.  V,  pp.  234-266)  achève  l'histoire  de  la 
Conférence  de  Londres,  et  relate  en  même  temps  la  marche  des 
événements  en  Belgique  :  l'élection  du  duc  de  Nemours,  celle  de 
Léopold  I«r,  la  campagne  de  dix  jours,  le  traité  des  24  articles,  etc. 
Glissant  très  rapidement  sur  la  politique  intérieure,  l'auteur  conduit 
son  exposé  jusqu'i-u  règlement  définitif  de  la  question  belge  par  les 
traités  de  1839. 

Voici  maintenant  les  matières  traitées  dans  les  chapitres  qui  ne 
concernent  pas  directement  la  Belgique.  Le  chapitre  I^"*  est  consacré 
à  la  France,  à  la  révolution  de  juillet,  à  la  reconnaissance  de  Louis- 
Philippe  par  r Europe  et  aux  difficultés  intérieures  et  extérieures  qui 
agitèrent  le  royaume  jusqu'à  l'avènement  du  ministère  Casimir  Périer, 
le  i3  mars  i83r.  Le  chapitre  III  traite  de  la  Révolution  de  Pologne, 
qui  contribua  si  puissamment  à  entraîner  l'adhésion  des  ambassadeurs 
des  cours  orientales  au  protocole  du  20  décembre  relatif  à  l'indépen- 
dance de  la  Belgique.  M.  Stem  étudie  les  affaires  de  Pologne  jusqu'à 
la  réorganisation  de  ce  pays  par  le  statut  du  26  février  i832,  décrété 
après  l'écrasement  de  la  révolution.  Le  chapitre  IV  s'occupe  de  la 
péninsule  italique  et  met  en  lumière  le  contre  coup  de  la  révolution 
de  juillet  dans  cette  région.  L'Autriche  ayant  porté  secours  aux  princes 
débordés  par  les  émeutes^ et  les  soulèvements,  le  gouvernement 
français  y  répondit  par  le  célèbre  coup  de  main  sur  la  citadelle  ponti- 
ficale d'Ancône.  La  confédération  germanique  ne  fut  pas  moins 
ébranlée  que  l'Italie  par  les  événements  de  Paris  :  le  chapitre  VI 
expose.  État  par  État,  leur  répercussion  en  Allemagne,  jusqu'aux 
conférences  de  Vienne  de  1834,  convoquées  à  l'initiative  de  Metter- 
nich,  afin  de  réduire  ou  de  contrecarrer,  dans  la  mesure  du  possible, 
les  velléités  libérales.  Après  avoir  [résumé,  dans  le  chapitre  VII, 
l'histoire  de  la  Suisse  depuis  i8i5[et  les  changements  constitutionnels 
y  survenus  après  i83o,  M.  Stern  consacre  une  vue  d'ensemble 
(chap.  VIII)  à  l'attitude  des  grandes  puissances  à  l'égard  de  l'Europe 
libérale.  C'est  l'époque  où  les  cours  absolutistes  se  concertent  à 
Mûnchengraetz  et  où  les  affaires  de  Berne  soulèvent  en  matière  de 


•8o  LE   MUSÉE  BELGE. 


politique  d'intervention  et  de  non  intervention  les  questions  d'appli- 
cation les  plus  délicates.  Le  chapitre  IX  est  consacré  à  l'Espagne,  si 
gravement  troublée  à  partir  de  Tavènement  d^Isabelle  (i833)  par 
l'insurrection  carliste,  et  au  Portugal.  Les  événements  d'Orient 
(chap.  X)  ne  divisent  pas  moins  les  grandes  puissances  que  ceux 
d'Espagne  :  la  Turquie,  menacée  par  le  pacha  d'Egypte  Mehemet  Ali, 
conclut  avec  la  Russie  à  Unkiar  Skélessi  une  alliance  offensive  et 
défensive  qui  provoque  les  protestations  des  cours  de  France  et 
d'Angleterre  et  l'envoi  de  leurs  escadres  dans  l'Archipel.  Le  cha- 
pitre XI  traite  de  l'Angleterre,  du  Reformbill  de  1 83  2  et  de  ses  suites; 
le  chapitre  XII  et  dernier  enân,  nous  ramène  en  France  et  nous 
montre  le  gouvernement  de  Louis-Philippe  aux  prises  avec  les  partis; 
le  chapitre  se  termine  à  l'attentat  de  Fieschi  et  aux  lois  restrictives 
-de  la  liberté  de  la  presse  votées  en  septembre  i835. 

En  annexe,  l'auteur  publie  quelques  documents  inédits,  dont 
plusieurs  concernent  notre  pays  (l'un  d'eux  est  relatif  au  rôle  du 
Prince  d'Orange,  au  début  de  la  Révolution). 

L'exposé  de  M.  Stern  a,  dans  une  très  large  mesure,  pour  base  des 
sources  inédites.  Les  principales  de  ces  sources  sont  les  corres- 
pondance des  agents  diplomatiques,  que  Tauteiu:  a  dépouillées  à 
Paris,  à  Vienne,  à  Londres,  etc.  etc.  C'est  là,  comme  on  sait,  au 
point  de  vue  de  la  sûreté  de  l'information,  une  source  de  premier 
ordre.  Aussi  l'ouvrage  de  M.  Stern  brille-t-il  entre  tous  les  travaux 
similaires  par  une  grande  exactitude,  non  seulement  dans  les  tableaux 
d'ensemble  mais  encore  dans  les  détails.  Trop  souvent  les  histoires 
générales  même  bien  faites,  lorsqu'elles  embrassent  les  pays  les  plus 
divers,  sont  déparées  par  une  multitude  de  fautes,  de  confusions, 
de  lapsus  de  détail,  dont  il  n'y  a  pas  de  trace  chez  M.  Stem. 

Si  je  ne  puis  souscrire  à  tous  les  jugements  de  l'auteur,  spécialement 
dans  les  questions  politico  religieuses,  je  n'en  admire  pas  moins  sans 
réserve  le  caractère  objectif  de  son  œuvre,  ainsi  que  le  ton  serein  et 
impartial  de  l'exposé.  Prosper  Poullbt. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

53.   —   A.  Maillet,    Introduction    à    l'étude   comparative    des    langues  indth 

européennes,  a»  éd.  corrigée  et  augmentée.  Paris.  Hachette,  1908.  464  pp.  lo  fr. 

La   première  édition  a  paru  en   igoB  (434   pp.).   L'ouvrage  a  gardé  la  roéme 

physionomie  générale  ;  mais  beaucoup  de  corrections  de  détail  y  ont  été  apportées 

et  aucune  page  ne  reproduit  exactement  une  page  de  la  première  édition. 

La  morphologie  a  été  divisée  en  trois  chapitres.  Quelques  exemples  et  quelques 
détails  sans  importance  générale  en  ont  été  effacés  :  maintenant  c[\ic  V Abrégé  de 
grammaire  comparée  de  M.  Brugmann  est  traduit  en  français,  il  e^t  facile  de  se 
renseigner  sur  toutes  les  particularités  notables  de  Tindo-européen,  et  l'objet  du 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  8l 


présent  livre  est  seulement  de  faire  apparaître  les  grandes  lignes  de  ce  système 
linguistique. 

Un  chapitre  nouveau  a  été  ajouté  :  Sur  le  développement  des  dialectes  indo-euro* 
péens  ;  il  est  peu  étendu,  mais  il  suffit  à  montrer  en  quel  sens  ont  évolué  les  langues 
de  la  famille. 

54.  —  Hermann  Diels,  Die  Fragmente  der  Vorsokratiker.    Griechisch    und 
Deutsch.  2*«  Aufl.  11*»^  Bd.,  !*•  Haîfte.  Berlin,  Weidmann,  1907.  10  m. 

Ce  volume  contient  :  i^  la  poésie  cosmologique  du  vi«  siècle  (Orphée,  Musée, 
Épiménide);  a»  la  poésie  astrologique  du  vi®  siècle  (Hésiode,  Phokos,  Cléostrate)  ; 
30  la  prose  cosmologique  et  gnomique  (Phérécyd^  de  Syros,  Théagène,  Akusilaos, 
les  Sept  Sages  ;  et  enfin  4"  les  premiers  sophistes,  Protagaros,  Gorgias,  Prodicus,  etc. 
Après  des  remarques  sur  les  fragments  du  premier  volume  (p.  651-734),  viennent 
deux  tables,  des  passages  cités  et  des  noms.  La  troisième  table,  la  plus  volumineuse, 
formera  la  seconde  panie  de  ce  tome  II  :  c'est  celle  des  mots. 

55.  —  M.  Theodor  Breiter  a  entrepris  de  publier  une  nouvelle  édition  de 
Manilius  :  M.  Manilii  Astronomica,  I.  Leipzig,  Weicher,  1907.  3  m.  80.  Le  premier 
volume,  qui  a  paru,  contient  le  texte,  une  courte  préface  et  un  apparat  critique 
succinct.  Le  deuxième  volume  donnera  le  commentaire. 

56.  —  Edgar  J.  Ooodspeed,  index  Patrisiicus  sive  Clavis  Patrum  apostoli* 
corum  operum,  Leipzig,  Hinrichs,  1907,  viii-261  pp.  3  m.  80:  relié,  4  m.  80. 

Ce  livre  est  sorti  des  exercices  sur  les  Pères  apostoliques  faits  à  l'Université  de 
Chicago  sous  la  direction  de  E.  D.  Burton.  M.  Kdgar  Goodspeed  et  ses  collabora- 
teurs —  ils  sont  dix  en  tout  —  ont  voulu  fournir  à  l'étude  des  Pères  apostoliques, 
un  instrument  de  travail  comme  il  en  existe  pour  beaucoup  d'auteurs  classiques,  un 
index  complet  des  mots.  Ils  ont  pris  pour  base  Yeditio  miner  de  Gebhardt-Harnack- 
Zahn,  en  tenant  compte  de  celles  de  Punk  et  de  Lightfoot.  Ils  se  sont  acquittés  de 
leur  tâche  avec  grand  soin  ;  l'exécution  matérielle  mérite  tous  les  éloges. 

57.  —  Paul  Bfasqueray,  Euripide  et  ses  idées,  Paris,  Hachette,  1908.  1  vol, 
in-8<*.  10  frs. 

M.  Masqueray  professeur  de  littérature  grecque  à  l'Université  de  Bordeaux,  a 
étudié  les  idées  d'Furipide.  Il  a  cherché  dans  ses  tragédies  ce  qu'elles  exprimaient 
de  l'âme  et  de  la  vie  des  hommes  de  ce  temps-là,  ce  qui  demeure  en  elles  d'éternelle- 
ment jeune  et  vivant.  £n  d'autres  termes,  il  a  essayé  de  retrouver  dans  le  passé 
la  source  vive  du  présent.  Nous  reparierons  de  cet  ouvrage. 

58.  —  M.  Meyer-Lûbke,  le  savant  professeur  de  Vienne,  a  entrepris  la 
publication  d'une  série  d'ouvrages  consacrés  à  la  philologie  romane  :  Sammlung 
romanischer  Elementar-  und  Handbùcher  (Heidelberg,  C.  Winter).  Il  a  paru,  dans 
cène  collection,  un  livre  de  Ph.  Aug.  Becker  sur  l'épopée  nationale  française  : 
Grundriss  der  ali/ran^ôsischen  Literatur^  1.  Teii,  Aelteste  Denkmàler.  Nationale 
Heldendichtung,  3  m. 

Sa  signature  suffit  à  le  recommander,  et  assurément  il  rendra  de  bons  services  à 
ceux  qui  sont  chargés  de  l'enseignement  de  l'ancienne  littérature. 

59.  —  "W.  Golther,  Tristan  und  /solde  in  den  Dichtungen  des  Mittelalters  und 
der  neuen  Zeit,  Leipzig,  S.  Hirzel,  1907.  8  m.  5o. 

Ouvrage  savant  et  intéressant,  par  undeâ  spécialistes  les  plus  entendus  en  al 
matière. 


82  LB   MUSéS  BELGE. 


60.  —  Aux  amateurs  de  lettres  islandaises  nous  signalons  les  quatre  séries  de 
Bibliographical  Notices  de  TVillard  Fiske,  dont  la  dernière  vient  de  paraîn-e 
(Ithaca,  New- York).  Ce  sont  des  index  d'ouvrages  imprimés  dans  différentes  localités 
d'Islande  de  iSyS  à  1844,  avec  Texacte  reproduction  des  titres  et  des  indications  très 
minutieuses  relatives  à  la  nature  et  à  la  valeur  du  contenu.  Cette  dernière  livraison 
comprend  48  pages  et  offre  un  répertoire  de  tous  les  noms  et  titres  mentionnés  dans 
les  quatre  séries.  —  W.  Fiske,  mort  en  1904,  était  un  bibliophile  distingué.  Il  a  con- 
sacré sa  fortune  et  ses  vastes  connaissances  linguistiques  à  de  profondes  études 
bibliographiques  dans  les  principaux  centres  intellectuels  d'Europe  et  à  la  formation 
d'importantes  collections  d'ouvrages.  Sa  bibliothèque  islandaise,  léguée  à  TUniversité 
d'Ithaca,  comprend  85oo  volumes.  Les  nombreux  travaux  qu'il  a  laissés  constituent 
des  répertoires  méthodiques  et  consciencieux  de  haute  valeur.  F.  W. 

61 .  —  J.  'Wahner,  Aufgaben  aus  Lessings  und  Herders  kleinen  Schriften.  Leipzig^ 

Engelmann,  1907,  x-iiy  pp.  1  m.  20. 

Voici  le  Çfi  volume  de  la  série  de  dissertations  allemandes  publiées  par  Prohasel  et 
Wahner.  Il  y  a  quelque  temps,  je  faisais  ici  même  l'éloge  des  premiers  volumes  de 
cette  intéressante  collection.  Tous  les  sujets  sont  tirés  des  œuvres  des  prosateurs 
lus  ou  expliqués  en  rhétorique.  Le  présent  numéro,  dû  à  M.  Wahner,  donne  une 
suite  de  thèmes  à  dissertations  morales,  littéraires  et  psychologiques,  tirés  des 
œuvres  secondaires  de  Lessing  et  de  Herder.  En  ce  qui  concerne  la  méthode,  la 
valeur  intrinsèque  et  l'utilité  pratique  du  livre,  je  ne  puis  que  répéter  les  observations 
faites  à  propos  des  premiers  volumes;  je  renvoie  donc  à  l'article  bibliographique  en 
question.  A.  Bertrang. 

62.  —  Nos  lecteurs  savent  que  du  18  au  20  septembre  1906  s'est  tenu  à  Gand  le 
Premier  Congres  de  V Association  belge  des  Professeurs  de  Langues  vivantes.  Le 
Compte  rendu  vient  de  paraître  chez  Hoste,  à  Gand. 

63.  —  G.  Grûtzmacher,  Hieronymus.  Eine  biographische  Studie  zur  alten  Kir- 
chengeschichte.  MI  Bd.  Berlin,  Trowitsch,  1901  et  1906.  6  m.  et  7  m. 

Cet  ouvrage  aura  trois  volumes.  Le  premier  a  paru  en  1901.  Il  traite  de  la  vie  et 
des  écrits  de  saint  Jérôme  jusqu'en  385.  Une  centaine  de  pages  sont  consacrées  aux 
sources  de  la  biographie  et  à  la  chronologie  de  la  vie  et  des  écrits  de  saint  Jérôme. 
Sa  jeunesse,  sa  vie  d'ermite,  son  séjour  à  Constantinople,  puis  à  Rome  de  382  à 
385  :  voilà  le  contenu  de  ce  volume.  Le  second  parle  des  voyages  de  saint  Jérôme 
jusqu'à  son  établissement  à  Bethléem  et  des  relations  renouées  avec  Rome  jusqu'à 
la  querelle  avec  Origène  (an  40'i).  Les  écrits  de  cette  époque,  éxégétiques,  archéo- 
logiques, littéraires,  la  querelle  avec  Jovmien,  la  correspondance  sont  naturellement 
étudiées.  L'exposé  est  attachant,  agréable  à  lire,  et  destiné  aux  philologues  aussi 
bien  qu'aux  théologiens.  L'auteur  s'efforce  de  tracer  un  tableau  de  la  fin  du  iv«  siècle, 
en  même  temps  qu'il  fait  le  portrait  de  saint  Jérôme.  Le  troisième  volume  ira  de 
400  à  420,  jusqu'à  la  mort  de  saint  Jérôme.  Nous  l'attendons  pour  revenir  sur  cette 
intéressante  biographie. 
5^.  —  p.  Gavallera,  Saint  Athanase,  Paris,  Bloud  et  C^»,  4,  rue  Madame.  1908. 

I  vol.  in- 16  de  la  Collection  La  Pensée  chrétienne,  3  fr.  5o. 

II  est  inutile  de  rappeler  quel  grand  rôle  a  joué  samt  Athanase  dans  les  contro- 
verses dogmatiques  du  iv«  siècle.  Nul  n'a  apporté  à  la  défense  du  dogme  trinitaire  et 
de  la  divinité  de  Jésus-Christ  un  talent  plus  convaincu  et  plus  persuasif,  nul  n'a  écrit 
des  pages  plus  élevées  sur  la  doctrine  du  salut  par  l'Incarnation  et  la  Rédemption. 
M.  Cavallera  a  recueilli  les  plus  beaux  passages  du  docteur  alexandrin  sur  ce  double 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  85 


Buiet.  Une  troisième  partie  fiait  connaître,  dans  la  mesure  où  le  permettent  les 
documents,  Texégèse,  la  doctrine  ascétique  et  la  théologie  pastorale  de  saint  Athanase . 
Ce  volume  précédé  d*une  introduction  où  sont  discutées  les  opinions  les  plus 
récentes  sur  le  rôle  doctrinal  de  Tévêque  d'Alexandrie,  n'a  point  seulement  un  intérêt 
historique.  Les  lecteurs  sérieut  goûteront  le  charme  de  cette  parole  lumineuse  ^ 
si  sobre  et  si  précise  dans  lexposé  des  mystères,  et  dont  la  simplicité  éloquente  olTre 
le  plus  vif  contraste  avec  les  subtilités  des  hétérodoxes  que  saint  Athanase  eut 
à  réfuter. 

65.  —  I*.  Garrignet,  Traité  de  Sociologie  d'après  les  principes  de  la  théologie 

catholique.  I.  Régime  de  la  propriété.  Paris,  Bloud  et  C^®,  4,  rue  Madame.  1908. 

3  fr.  5o.  (Etudes  de  Morale  et  de  Sociologie). 

Nombreux  sont  ceux  qui  soutiennent  que  les  problèmes  économiques  et  sociaux 
ont  un  caractère  absolument  amoral  et  relèvent  uniquement  de  la  science;  que,  pour 
les  étudier  et  les  résoudre,  on  n*a  à  se  préoccuper  ni  des  données  religieuses,  ni  des 
principes  moraux  ;  qu'on  peut  donc,  en  les  abordant,  déposer  toute  préoccupation 
théologique  et  les  traiter  avec  une  absolue  indépendance  d'esprit. 

C^est  là  incontestablement  une  erreur.  L'objet  de  la  théologie  morale  s'étend 
à  tout  ce  qui  concerne  la  régulière  conduite  de  la  vie,  l'observation  des  lois  divines 
et  humaines,  le  respect  de  ce  qui  eKt  droit,  juste,  honnête  et  bon;  dans  ces  con- 
ditions, est-il  sérieux  de  dire  qu'elle  n'a  rien  à  voir  dans  les  problèmes  sociaux  et  que 
ceux-ci  relèvent  uniquement  de  la  science  ? 

L'Eglise  a  un  admirable  corps  de  doctrine  sociale.  C'est  cette  doctrine  si  élevée,  si 
supérieure  à  toutes  les  autres  conceptions  que  Ton  essaie  de  mettre  en  lumière  dans 
ce  nouveau  Traité  de  Sociologie. 

Les  problèmes  sociaux  qui  s'agitent  autour  de  nous  peuvent  se  ramener  tous  à  une 
des  deux  grandes  questions  suivantes  :  la  question  de  la  Propriété  et  la  question  du 
Travail.  D'où  la  division  de  cet  ouvrage  en  deux  parties.  La  première,  que  est 
présentée  aujourd'hui  au  public,  constitue  un  traité  complet  de  la  Propriété. 

66.  —  Herder's,  Konversations-Lexikon.  Dritte  Auflage.  Reich  illustriert  durch 

Textabbildungen,  Tafeln  und  Karten.   Fribourg  en   B.,  Herder,   1907.  8  vol.  à  2 

colonnes,  reliés  à  12  m.  5o. 

L.e  huitième  et  dernier  volume  de  cette  Encyclopédie  vient  de  paraître  et  nous 
saisissons  cette  occasion  de  revenir  sur  cette  belle  entreprise.  Ce  volume  contient 
1912  colonnes  et  1 100  gravures;  tout  l'ouvrage  est  orné  de  6640  gravures. 

Les  deux  mérites  particuliers  que  possède  le  Dictionnaire  de  Herder  sont  les 
suivants.  D'abord,  il  n'est  pas  trop  étendu  ni  trop  restreint;  il  occupe  le  milieu  entre 
les  vastes  et  coûteux  ouvrages  de  Meyer,  la  Grande  Encyclopédie  ou  encore 
Larousse,  et  Us  petits  dictionnaires  qui  ne  peuvent  que  définir  ou  décrire  en 
quelques  mots.  S'il  faut  chercher  un  pendant  en  France,  nous  penserons  au 
Nouveau  Larousse  illustré  en  sept  volumes. 

Le  second  mérite  est  tel  que  ce  Dictionnaire  n'a  son  pendant  nulle  part  :  il  est 
conçu  dans  un  esprit  franchement  catholique.  Il  en  résulte  d'abord  qu'il  parle  des 
choses  religieuses  et  de  tout  ce  qui  touche  de  près  ou  de  loin  à  la  religion  dans  un 
esprit  vraiment  orthodoxe.  En  second  lieu,  il  en  résulte  qu'il  accorde  une  mention 
à  beaucoup  d'hommes  et  de  choses  que  les  autres  encyclopédies  n'ont  pas  jugé 
dignes  d'être  nommés.  A  ce  point  de  vue,  le  Dictionnaire  de  Herder  est  plus  complet 
qu'aucun  autre.  Il  faut  ajouter  que  tous  les  articles  sont  traités  avec  une  complète 
objectivité  et  une  rare  impartialité,  si  bien  que  tout  le  monde  pourra  chercher  ici 
les  renseignements  qu'on  chercherait  vainement  ailleurs. 


84  LE    MUSÉE   BELGE. 


Pour  le  reste,  on  ne  peut  que  louer  le  plan  et  l'exécution;  il  faut  admirer qoeîtc 
quantité  énorme  de  matériaux  sont  contenus  dans  ces  huit  volumes,  avec  quelle 
clarté  les  articles  sont  rédigés  malgré  une  condensation  extrême.  Dans  celte  troisictne 
édition,  tous  les  articles  ont  été  revus  et  mis  à  jour,  beaucoup  d'articles  sont  entière- 
ment nouveaux  et  l'on  peut  dire  que  le  Dictionnaire  de  Herder  est  vraiment  au 
Courant.  Nous  lui  souhaitons  le  succès  quMl  mérite. 

CHRONIQUE. 

5^,  —  j.  Van  den  Gheyn,  Album  belge  de  paléographie.  Recueil  de  spécimens 
d'écritures  d'auteurs  et  de  manuscrits  belges  (vii-xvi«  siècles). 
Cet  Album  belge  de  paléographie  comprendra  une  collection  de  reproductions  dt 
documents  typiques  écrits  en  nos  contrées  au  cours  des  âges  (Sa  planches  grand  b«, 
avec  feuilles  explicatives).  Il  fournira  un  spécimen  des  manuscrits  les  plus  intéres' 
sànts  de  nos  bibliothèques,  de  façon  à  représenter  les  différents  genres  d'écritures 
qui  furent  successivement  en  usage  dans  nos  provinces  depuis  le  vii«  siècle  jusqu'au 
milieu  du  xvi«.  î-a  plupart  des  textes  seront  empruntés  à  des  manuscrits  de  date 
précise  et  d'auteurs  connus;  c'est  là  ce  qui  donnera  à  ce  recueil  son  caractère  de 
spéciale  originalité.  Chaque  planche  reproduira  très  fidèlement  un  spécimen  paléo- 
graphique  distinct  et  sera  accompagnée  d'une  feuille  explicative  contenant  les  indi- 
cations relativts  au  type  représenté,  au  scribe,  à  l'âge  du  volume,  ainsi  que  des 
observations  paléographiques  et  la  transcription  du  document.  Rien  n  a  été  négligé 
pour  que  cet  ouvrage  constitue,  en  même  temps  qu'une  utile  contribution  pour  les 
cours  de  paléographie,  une  page  curieuse  de  l'histoire  littéraire  ancienne  de  la 
Belgique. 

Parmi  les  planches  qui  seront  publiés  dans  ce  recueil,  nous  citons  :  un  feuillet  de 
Vévangéliaire  d'Eyck^  écrit  au  vu*  siècle  par  les  saintes  Harlinde  et  Relinde, 
conservé  dans  le  trésor  de  l'église  de  Maeseyck,  témoin  unique  de  l'écriture  anglo- 
saxonne,  que  les  moines  irlandais  importèrent  dans  notre  pays  ;  la  lettre  de  Notger, 
évoque  de  Liège,  à  Womare,  abbé  de  Saint- Pierre  à  Gand,  écrite  en  980,  un  bon 
spécimen  de  l'écriture  carolingienne  du  x«  siècle  ;  viendront  ensuite  nos  principaux 
chroniqueurs  et  historiens,  Sigebert  de  Gembloux,  Gilles  d'Orval,  Maurice  de  Neuf- 
moustier,  Guillaume  de  Vottcm,  Jean  et  Raoul  de  Rivo,  Jean  de  Stavelot,  Corneille 
de  Zanifliet,  Adrien  d'Oudenbosch,  etc.  ;  enfin  un  fac-similé  d'une  lettrede  Charles- 
Quint,  écrite  à  Henri  de  Nassau  et  datée  de  i5i8. 

L'élaboration  de  ce  recueil  a  été  l'objet  des  plus  grands  soins  et  les  reproductions 
des  documents,  d'une  fidélité  remarquable,  ont  un  vrai  cachet  artistique.  Nous 
aimons  à  croire  que  cette  œuvre,  éminemment  utile  et  qui  a  sa  place  marquée  dans 
toute  bibliothèque,  sera  bien  accueillie  des  paléographes  et  des  historiens  de  II 
Belgique  et  de  l'étranger. 

Le  prix  de  souscription  en  est  fixé  à  i5  francs.  Les  éditeurs  se  réservent  d'aug- 
menter ce  prix  dès  que  l'ouvrage  aura  paru.  Les  souscriptions  sont  reçues  chez 
L.  Vandamme,  éditeur,  à  Jette-Bruxelles. 

6S.  —  Les  lettres  belges.  La  Société  royale  de  littérature  de  Londres  t 
nommé  correspondants  à  l'étranger  :  MM,  Godefroid  Kurth,  Emile  Verhacren. 
Maurice  Maeterlinck,  pour  la  Belgique. 


ALFRED   GRAFE. 

Le  2  décembre  dernier  est  mort  Alfred  Grafé,  professeur  à 
l'Université  de  Liège,  emporté  par  une  affection  cardiaque  dont  il 
souffrait  depuis  plus  de  quatre  ans.  Il  avait  exprimé  le  désir  que  ses 
funérailles  fussent  des  plus  simples  et  il  n'a  pas  voulu  qu'un  suprême 
et  solennel  hommage  fût  rendu  à  sa  mémoire.  Le  Muséâ  Beîge^  dont  il 
fut  un  collaborateur  assidu,  ne  peut  toutefois  s'abstenir  de  retracer 
brièvement  sa  carrière. 

Jean  Marie  Alfred  Grafé  naquit  à  Namur  le  ii  septembre  i855. 
Son  père,  professeur  de  Rhétorique  latine  à  l'athénée  royal  de 
Namur,  était  un  des  maîtres  les  plus  estimés  de  notre  enseignement 
moyen.  C'est  à  l'athénée  de  Namur  qu'Alfred  Grafé,  guidé  par  les 
conseils  paternels,  fit  de  très  brillantes  humanités  II  continua  ses 
études  avec  le  même  succès  à  l'ancienne  École  Normale  des  Huma- 
nités, d'où  il  sortit,  en  1877,  avec  le  grade  de  professeur  agrégé  de 
l'enseignement  moyen  du  degré  supérieur.  Le  jury,  composé  en 
grande  partie  des  maîtres  qui  l'avaient  vu  à  l'œuvre  pendant  quatre 
ans,  le  jugea  digne  d'aller  achever  ses  études  dans  les  Universités 
étrangères  et  proposa  au  gouvernement  —  distinction  très  rare  alors 
—  de  lui  conférer  une  bourse  de  voyage.  Alfred  Grafé  étudia  donc 
pendant  deux  ans  à  Paris  et  en  Italie.  Il  fut  aussi  un  des  très  rares 
Belges  qui  visitèrent  alors  la  Grèce.  Elève  de  l'École  Normale,  dont 
l'enseignement,  à  la  fois  philologique,  littéraire  et  philosophique, 
formait  surtout  des  philologues,  il  avait  voulu  voir  les  pays  où,  depuis 
son  enfance,  il  avait  vécu  en  esprit.  Du  rapport  qu'il  adressa  au 
gouvernement,  il  détacha  un  fragment  important,  qu'il  publia  sous 
ce  titre  :  V Ecole  Normale  de  Pise  et  les  Écoles  de  Magistère  en  Italie. 

A  son  retour,  il  fut  nommé  professeur  de  rhétorique  française  à 
l'athénée  royal  de  Hasselt,  puis  (3o  déc.  1882),  à  l'athénée  royal  de 
Liège. 

Dès  l'École  Normale,  Alfred  Grafé  avait  senti  s'éveiller  en  lui  une 
vocation  pour  la  philosophie.  Tout  le  temps  qu'il  pouvait  dérober  à 
ses  occupations  professionnelles  si  absorbantes,  il  le  consacrait 
désormais  à  la  philosophie,  qu'il  étudiait  avec  une  persévérante 
ardeur.  Il  comprit  tout  d'abord  que  les  leçons  purement  théoriques 
de  nos  Facultés  d'alors  ne  suffisaient  pas  et  il  voulut  voir  de  près 
l'enseignement  philosophique  si  renommé  de  l'Allemagne.  Il  obtint 
un  congé  et  visita  les  principales  Universités  allemandes,   surtout 


86  LE   MUSÉE   BELGE. 


celles  où  enseignaient  les  maîtres  les  plus  célèbres  :  il  alla  interroger 
ceux-ci,  assister  à  leurs  leçons»  les  voir  à  Tœuvre  dans  leurs  cours 
pratiques.  £n  1886,  il  publia  son  rapport  sur  VEnseignem€nt  de  U 
philosophie  en  Allemagne.  Il  semble  que,  dès  lors,  les  leçons  de  Wundt 
l'avaient  gagné  à  la  psychologie  expérimentale  ;  c'est  à  ce  domaine 
qu'appartient  son  premier  travail,  dont  l'Académie  royale  de  Belgique, 
après  une  intéressante  discussion,  décida  l'impression  dans  ses 
Mémoires  en  1889  :  Sur  quelques  paralysies  if  origine  psychique.  C'est  encore 
à  la  psychologie  expérimentale  que  se  rapportent  la  plupart  des 
travaux  qu'il  publia  depuis  lors  et  que  nous  énumérons  plus  loin. 

Au  mois  de  décembre  1890,  les  chaires  de  psychologie  et  de  philo- 
sophie morale  devinrent  vacantes  à  l'Université  de  Liège,  par  la 
mort  d'Arsène  Dechamps.  Le  gouvernement  y  appela  Alfred  Grafé 
le  3i  janvier  1891.  Il  fut  nommé  professeur  extraordinaire  le 
23  février  1893  et  professeur  ordinaire  le  17  octobre  1898.  Il  était 
également  chargé  des  cours  de  littérature  française  et  de  psychologie 
pédagogique  à  la  Section  normale  de  régentes  à  Fragnée  (Liège). 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'apprécier  les  travaux  philosophiques 
d'Alfred  Grafé.  Ce  que  nous  pouvons  dire,  c'est  que  la  modestie,  la 
bonté  et  la  douceur,  la  noblesse  du  cœur  et  l'élévation  de  l'esprit 
faisaient  le  fond  de  sa  nature.  Doué  de  facultés  peu  communes, 
possédant  une  science  aussi  solide  qu'étendue,  il  avait  gardé  une 
timidité  nîaturelle  qui  l'empêcha  peut-être  de  se  faire  valoir  selon  ses 
mérites.  La  maladie  le  frappa  en  pleine  efflorescence  de  son  talent. 
En  littérature,  il  avait  des  connaissances  précises,  un  goût  sûr  et  une 
sensibilité  exquise.  Philosophe,  il  suivait  avec  soin  le  mouvement 
contemporain.  Cultivant  avec  prédilection  la  psychologie  expérimen- 
tale, il  avait  les  convictions  spiritualistes  dont  s'honoièrent  tous  les 
maîtres  qui  l'avaient  précédé  dans  les  chaires  de  Liège.  Il  se  faisait 
une  très  haute  idée  de  la  responsabilité  morale  du  professeur  et  il 
s'acquittait  de  sa  tâche  avec  une   conscience  rare.   La  souffrance 
physique  ne  parvint  pas  à  l'éloigner  de  sa  chaire.  Nous  garderons  un 
souvenir  ému  à  cet  ami  sûr,  à  ce  vaillant  qui  est  resté  sur  la  brèche 
jusqu'au  dernier  moment,  et  nous  prenons  une  grande  part  au  deuil 
cruel  qui  frappe  sa  jeune  famille.  Nous  pouvons  dire  de  lui,  avec 
confiance,  ce  qu'il  disait  d'un  autre  collègue  prématurément  ravi, 
d'Alph.  Delescluse  :  a  Déjà  sans  doute  son  ardent  amour  de  la  science 
et  de  la  vérité  a  trouvé  sa  récompense  en  la  possession  de  ce  Foyer 
de  vérité  et  de  lumière  vers  lequel  il  n'a  cessé  dç  lever  les  yeux.  » 

J.  P.  W. 


Bibliographie  d'Alfred  Grafé. 


I.   —    MÉMOIRES   ET   ARTICLES. 


L* École  normale  de  Pise  et  les  écoles  de  Ma^^istère  en  Italie.  Revue  de  l'InstruC' 
tion  publique  en  Belgique.  Tome  25  (1883),  p.  186-198  et  339-246. 

De  renseignement  de  la  philosophie  dans  les  universités  allemandes.  Revue  de 
i'Instr.publ,  en  Belg,  Tomes  39  (1886)  et  3o  (1887).  A  part,  66  pages. 

Étude  sur  quelques  paralysies  d'origine  psychique.  Essai  de  psychologie  expéri- 
mentale. Bruxelles,  P.  Hayez,  1889.  Extrait  du  tomeXLHI  des  Mémoires  couronnés 
et  autres  mémoires  publiés  par  l'Académie  royale  de  Belgique,  1889).  121  pp.  Voyex 
les  rapports  des  commissaires  dans  les  Bull,  de  l'Académie^  même  année. 

Note  sur  un  aveugle  de  naissance  opéré  de  la  cataracte  à  l'âge  de  quinze  ans. 
Extrait  de  la  Revue  scientifique.  Paris,  juillet  1892.  3o  pp. 

Un  peu  de  philosophie  à  propos  du  dernier  Congrès  scientifique  international  des 
catholiques.  Revue  Générale,  i*'  août  1893.  33  pp. 

Note  sur  deux  cas  récents  d'aphasie.  Revue  de  Médecine,  juillet  1893  (Paris, 
F.  Alcan),  p.  535-53 1. 

De  l'influence  des  sensations  subjectives  de  la  vue  sur  le  cours  de  l'imagination. 
Note  sur  un  point  de  psychologie  expérimentale.  Extrait  du  Compte  rendu  du 
3*  Congres  scientifique  international  des  catholiques,  tenu  à  Bruxelles  du  3  au 
8  septembre  1894.  Bruxelles,  Polleunis  et  Ceuterick,  1895.  9  pp. 

Note  sur  un  cas  d'audition  colorée.  Revue  de  Médecine,  ï897.  Paris,  Alcan. 

Note  sur  un  nouveau  cas  d'audition  colorée.  Revue  de  Médecine,  Paris,  Alcan, 

1897.  Pages  193-195. 

Note  sur  un  nouveau  cas  d'aphasie.  Revue  de  Médecine,  mai  1897.  Paris,  Alcan. 

Défense  du  libre  arbitre  contre  l'argument  tiré  de  certains  faits  hypnotiques. 
Compte  rendu  du  4*  Congres  scientifique  international  des  catholiques,  tenu  à 
Fribourg  (Suisse)  du  16  au  30  août  1897.  Fribourg,  1898.  n  pp. 

Note  sur  un  cas  de  pseudo-photoesthésie  d'origine  optique.  Revue  de  Médecine^ 
10  mai  1898.  Paris,  Alcan. 

Sur  un  cas  à  rattacher  à  ceux  d'audition  colorée.  Revue  de  Médecine,  Paris,  Alcan, 

1898.  Pages  335-338. 

Un  nouveau  liseur  de  pensée.  Contribution  à  l'étude  de  l'hyperesthésic.  Compte 
rendu  du  /V«  Congrès  international  de  Psychologie,  tenu  à  Paris  en  1900. 

Bétes  et  gens.  Note  résumant  une  série  d'expériences  sur  un  point  de  psychologie 
comparée.  Akten  des  V,  intem.  Kongr esses  katholischer  Gelehrten,  Munich,  1901. 

Discours  prononcé  aux  funérailles  d'Alph.  Delescluse  {Bull,  du  Musée  belge,  1903, 
p.  370-0. 

Un  peu  de  psychologie.  Revue  générale,  juin  1905. 

Notes  pour  un  cours  de  psychologie.  Louvain,  Ch.  Peeters,  1904.  38  pp.  Deuxième 
édition,  Louvain,  Ch.  Peeters,  1907.  67  pp. 

Quelques  mots  sur  la  philosophie  de  l'histoire.  Mélanges  Godefroid  Kurth. 
Mémoires  historiques,  p.  i-i3.  Liège,  1908.  (Posthume.) 


88  LE   MUSÉE    BELGE. 


II.  —  Analyse  critique  d'ouvrages  philosophiques. 

A.  Castelein,  Cours  de  philosophie.  Logique  (Revue  de  VInstr,  publ,  en  Belg. 
3i,  1888,  p.  i33-i36).—  Philosophie  morale  {Ibid,,  t.  34,  2»  livr.,  1891).—  Psycho* 
logie  {Ibid,,  t.  33,  4»  livr.  de  1890 j. 

Abbé  Du  RoussAUX,  Éléments  de  logique  {Ibid,^  t.  35,  1894,  p.  3i4-3i9.) 

Ch.  Bonmy,  Platon.  Phédon  (Bull,  bibîiogr,  du  Musée  Belge,  11,1898,  p.  3o7-3io). 

Ch.  Rbnouvier  et  L.  Prat,  La  nouvelle  monadologie  (/^.,  IV,  1900,  p.  87-90). 

M.  Evbrs,  Auf  der  Schwelle  zweier  Jahrhunderte  (/&.,  p.  198-202;. 

A.  Bertrand,  L'enseignement  intégral  (/^.,  V,  1901,  p.  52-54). 
G.  Kurth,  L'Église  aux  tournants  de  l'histoire  (Ib,,  p.  147-148). 

L.  Prat  et  M.  Renouvier,  Le  mystère  de  Platon  (/^.,  VI,  1902,  p.  36-37). 

F.  Pillon,  Année  philosophique  (/d.,  p.  37-38). 

Nouvelles  collections  d'ouvrages  philosophiques  (76.,  p.  463). 

C.  Hémon,  Éléments  de  psychologie  pédagogique  (Ib.,  VII,  1903,  p.  33 1-332). 
R.  P.  SouBEN,  Les  manifestations  du  Beau  dans  la  Nature  (Ib,,  VIII,  p.  41-42). 
W.  Turnbr,  History  of  philosophy  (Ib,,  p.  436-438). 

H.  HoEPFDiNG,  Morale  (/d.,  IX,  1905,  p.  184-187). 
J.  Laminne,  Les  quatre  éléments  {Ib,,  p.  291-294). 

D.  Mercier,  Psychologie  (ib.,  p.  289,  291). 

L.  Favre,  L'esprit  scienti6que  (Ib,,  X,  1906,  p.  26-29). 
J    B.  Garassini,  Pedagogia  teorica  (Ib.,  p    i36). 

E.  Claparède,  Psychologie  de  l'enfant  (Ib,,  p.  137). 

B.  Petronievics,  Metaphysik  (7^.,  p.  193-194). 

Philosophische  Aufsaize  hrsg.  von  der  philos.  Ces.  zu  Berlin  (Ib,,  p.  36o-36i)* 

L.  Lévy-Bruhl,  La  morale  et  la  science  des  mœurs  (Ib,,  XI,  1907,  p.  8i-83). 

Manuels  divers  de  philosophie  (7^.,  p.  160-161). 

P.  Bourget  et  M.  Salomon»  Bonald  (7^.,  p.  190-191). 

S.  de  Santis.  Die  Mimik  des  Denkens  (Ib,,  p.  328-329). 

M.  Couailhac,  Maine  de  Biran  (Ib,,  XII,  1908,  p.  3o). 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  89 


PARTIE  PËDAGOOIQUE. 

EXPLICATION  D'UN  MORCEAU  DE  FRANÇAIS 
POUR  LA  4»  OU  LA  3' 

par  H.  GÉRARDY,  professeur  à  l'Institut  Saint* Remacle  à  Stavelot. 


La  folle  à  V  encensoir^  par  U  Père  Van  Tticht, 

Je  lisais  dernièrement  l'histoire  touchante  d'une  folle.  La  pauvre 
femme  avait  été  mariée  ;  mais,  bientôt  après  son  mariage,  devenue 
veuve,  elle  était  restée  seule,  avec  un  petit  enfant,  un  fils.  Elle  avait 
mis  dès  lors  tout  son  cœur  et  toute  sa  vie  à  Télever  bien  ;  et,  en 
vérité,  à  huit  ans,  c'était  un  ange  si  doux,  si  aimant,  si  bon,  si  pieux, 
qu^on  l'admirait  et  qu'on  l'aimait  dans  tout  le  village.  Le  vieux  curé 
avait  annoncé  à  la  mère  qu'il  en  ferait  bientôt  son  enfant  de  chœur. 
C^était  le  rêve  de  la  pauvre  veuve...  Voir  son  fils  à  l'autel,  dans  la 
petite  soutane  rouge,  sous  le  surplis  blanc,  balançant  des  flots 
d'encens,  avec  des  sonorités  argentines,  devant  le  bon  Dieu...  Elle 
lui  fit  de  ses  mains  la  soutane  et  le  surplis...  Ce  fut  long  à  travailler, 
car  elle  voulut  que  même  les  dentelles  sortissent  de  ses  doigts... 

Or,  quand  tout  fut  fait,  la  veille  même  du  grand  jour  fixé,...  elle 
entendit  tout  à  coup,  près  de  sa  porte,  des  bruits  de  voix  contenues 
et  des  pas  étouffés...  Elle  ouvrit...  Le  pauvre  enfant,  jouant  avec  un 
camarade  de  son  âge,  était  tombé  dans  le  grand  étang  où  les  troupeaux 
s'abreuvaient.  On  était  accouru  bien  vite,  mais...  on  ne  Tavait  pu 
retirer  que  trop  tard,  et  maintenant  l'on  rapportait  le  petit  mort  à  sa 
mère. 

Immobile,  muette,  les  yeux  grands  ouverts,  elle  contempla  ce 
petit  cadavre  pâle  et  mouillé.  Elle  n'eut  pas  un  cri,  pas  un  mot,  pas 
une  larme,  mais  sa  raison  s'évanouit  avec  ses  espérances.  Depuis  lors 
elle  vit,  seule,  bonne,  souriante  et  douce.  Souvent  elle  sort;  elle  s'est 
fait  une  robe  rouge  avec  des  lambeaux  blancs,  comme  un  surplis  ; 
elle  tient  dans  ses  mains  trois  petites  cordes  au  bout  desquelles  elle 
a  attaché  un  vase  à  fleurs,  et  elle  va  à  travers  les  champs,  encensant 
les  arbres,  les  blés,  les  buissons  d'églantiers  et  les  aubépines. . .  On 
l'appelle  la  folle  à  l'encensoir.  Pas  un  enfant  ne  rirait  d'elle,  car  toutes 
les  mères  la  comprennent,  et  ont  raconté  à  leurs  petits  sa  douloureuse 
histoire. 

I.  —  Notes  pour  l'explication  du  morceau. 

L'auteur.  Cfr  le  Père  Procès.  Morceaux  choisis /ass/w. 
a)  Le  Père  Van  Tricht  (1842- 1898).  Né  à  Audenarde. 
h)  A  20  ans,  entre  dans  la  Compagnie  de  Jésus  et  passe  par  les 
étapes  ordinaires  des  études  et  de  l'enseignement. 


90  LE   MUSEE   BELGE. 


c)  Ordonné  prêtre  ;  nommé  professeur  au  Collège  de  la  Paix  à 
Namur. 

d)  Au  cercle  de  cette  ville,  il  fit  ses  premières  causeries  scientifiques. 
Son  talent  est  celui  du  vulgarisateur. 

e)  Il  parle  dans  toutes  les  villes  en  faveur  des  œuvres  de  charité. 
J)  Il  a  traité  les  questions  morales  et  sociales  avec  autant  de  succès. 

Il  a  publié  une  cinquantaine  de  causeries  qui  plaisent  autant  à  la 
lecture  qu'elles  plurent  à  Taudition. 

g)  Comme  orateur,  il  posséda,  à  un  grand  degré,  le  talent  d'exciter 
et  de  renouveler  l'attention,  et  de  tenir  sous  le  charme  de  sa  parole 
un  auditoire  parfois  frivole,  ne  cherchant  que  le  plaisir  d  une  soirée 
agréable. 

II.  —  Explication  de  quelques  mots. 

Églantier^  qui  porte  des  églantines,  c'est-à-dire  des  espèces  de  roses 
qui  croissent  dans  les  buissons. 

Aubépine^  arbrisseau  épineux  qui  porte  de  petites  fleurs  blanches. 

III.  —  Résumé  et  plan. 

1 .  Cette  narration  est  le  début  d'une  causerie  du  Père  Van  Tricht 
ik  Prêtre  et  Religieuse  » .  Comment  se  rattache-t-elle  à  la  causerie  ? 

a}  Je  connais  l'histoire  d'une  mère  dont  tout  le  bonheur  était  de 
voir  son  fils  enfant  de  chœur. 

h)  Jadis,  les  mères  aspiraient  plus  haut  :  elles  voulaient  voir  un 
de  leurs  fils  prêtre. 

c)  Aujourd'hui,  Tauréole  qui  entourait  le  prêtre  pâlit  de  jour  en 
jour. 

d)  C'est  cependant  du  prêtre  que  je  veux  vous  parler. 

2.  Résumé  :  La  mort  terrible  d'un  enfant  unique  cause  la  folie  de 
la  mère. 

3.  Plan.  —  Première  partie  :  Combien  la  mère  aimait  l'enfant  : 
a)  Parce  que  c'était  l'unique  enfant  de  sa  mère  veuve. 

h)  Parce  qu'il  était  doux,  aimant  et  pieux. 

c)  Marque  spéciale  de  cet  amour.  (Le  vieux  curé...  elle  voulut)- 
Deuxième  partie  :  Mort  de  l'enfant  : 

a)  Oïi  rapporte  Tenfant  mort 

h)  Comment  il  est  mort. 
Troisième  partie  :  La  folie  de  la  mère  : 

a)  Première  atteinte. 

b)  Vie  de  la  folle  (à  la  maison). 

c)  Sorties  de  la  folle  (son  portrait  —  ses  actions  —  on  ne  la 
tourmente  pas). 

IV.  —  Qualités  de  la  composition. 

I,  Unité,  a)  Toutes  les  idées  s'enchaînent  très  bien.  Après  im  début 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  9I 


très  simple,  Fauteur  arrive  de  suite  au  fait.  C'est  d'une  pauvre  veuve 
^u'il  s'agit,  restée  seule  avec  un  petit  garçon.  Elle  l'a  très  bien  élevé  ; 
l'enfant  a  répondu  aux  soins  de  sa  mère.  Tout  le  monde  Tadmire  et 
txiême  Monsieur  le  Curé  a  annoncé  qu*il  le  prendra  comme  enfant  de 
choeur.  —  Transition  :  C'était  le  rêve  de  la  mère  :  elle  veut  lui  faire 
la  soutane  et  le  surplis,  elle  travaille  longtemps.  —  Enfin  nous 
sommes  à  la  veille  du  jour  fixé.  Pas  de  transition  :  On  lui  rapporte 
l'enfant  mort.  —  La  mère  devient  folle  :  on  la  voit  chez  elle  ;  puis, 
on  la  voit  sortir  et  aller  à  travers  champs. 

b}  Il  ny  a  aupun  détail  étranger  à  l'histoire.  Ainsi,  où  l'orateur 
a-t-il  lu  l'histoire  ?  Qu'a  été  le  mari  de  la  pauvre  femme  ?  Donne-t-il 
des  détails  sur  la  manière  dont  elle  a  élevé  l'enfant  ?  Sur  la  confection 
<ies  ornements  ?  Sur  l'attitude  des  hommes  qui  rapportent  l'enfant  ? 
Sur  les  efforts  faits  pour  le  sauver,  sur  sa  mort  ?  Sur  les  actions  de  la 
veuve  à  sa  maison  ?  Non,  pas  de  ces  détails,  nous  les  trouverons 
bien  par  nous-mêmes,  et  le  récit  est  beaucoup  plus  frappant  dans  sa 
concise  simplicité. 

cj  Voyez  chaque  phrase  en  particulier  :  vous  n'y  trouvez  jamais 
qu'une  seule  idée  ;  l'auteur  ne  met  pas  d'idées  disparates  dans  la 
même  phrase. 

2.  Variété  dans  les  idées,  a)  On  nous  montre  d'abord  l'enfant.  Nous 
le  voyons  aimant,  bon,  pieux,  l'admiration  de  tous  et  du  pasteur. 
b)  Autre  genre  d'idée  :  nous  suivons  la  pauvre  veuve  dans  ses  beaux 
rêves...  c)  Nous  revoici  dans  la  chaumière  où,  parmi  la  pau%Teté 
nous  voyons  les  belles  couleurs  de  la  soutane  et  du  surplis,  d)  On 
rapporte  l'enfant.,  e)  Nous  voyons  la  scène  près  de  l'étang  (scène 
évoquée,  non  décrite).  /)  Nous  voyons  la  mère  devant  son  enfant 
mort,  g)  Nous  la  voyons  quelques  jours  après  chez  elle,  h)  Nous  la 
suivons  dans  ses  sorties. 

3.  Vérité  dans  les  caractères,  a)  La  veuve  :  jeune  encore,  chrétienne, 
il  est  naturel  qu'elle  s'applique  à  bien  élever  son  enfant.  —  bj  L'enfant, 
doux,  aimant,  pieux  :  peut  exister.  —  c)  Folie  de  la  mère  :  bien 
décrite  :  c'est  une  folie  douce  —  elle  ne  fait  de  mal  à  personne  ;  ses 
actions  extravagantes.  —  d)  L'attitude  des  enfants  à  l'égard  de  la 
folle. 

4.  Proportion  entre  les  parties.  Il  y  a  deux  parties  coupées  presque 
mathématiquement  :  a)  bonheur  et  rêves  de  la  mère  ;  b)  malheur  et 
illusions  détruites. 

V.  —  Qualités  du  style. 

1 .  Correction,  Remarquer  quelques  expressions  :  avait  été  mariée  — 
tombée  veuve  —  il  fallut  longtemps  —  on  était  accouru  —  elle  a 
attaché  (et  non  pendu) 

2.  Propriété  des  termes  :  a)  touchante  pour  tout  le  monde,  douloureuse 


9 2  LE    MUSÉE   BELGE. 


pour  les  mères  qui  comprennent  mieux  le  malheur  de  la  pauvre 
femme  ;  b)  voit  son  fils,  de  temps  en  temps  ;  le  contempler  (le  reg^arder 
longuement)  ;  cj  Elle  mit  son  cœur  (c'est  par  la  douceur,  ce  n'est  pas 
par  l'esprit,  le  grand  savoir  qu'on  éduque  un  enfant)  ;  d)  annoncé 
comme  une  bonne  nouvelle  ;  non  déclaré,  ni  signifié,  ni  simplement 
dit  ;  e)  rêve  dit  plus  que  pensée,  désir  ;  f)  bruits  et  non  murmures  : 
les  murmures  peuvent  être  doux,  les  bruits  sont  toujours  effrayants  ; 
g)  étouffés  plus  mystérieux  que  lourds  ;  h)  cordes  et  non  ficelles,  qui 
indiquerait  plus  d'ordre  ;  i j  comprennent  et  non  connaissent,  qui  serait 
indifférent. 

3.  Énergie  :  a)  c'était  un  ange...  c'était  le  rêve...  b)  le  présent 
employé  dans  la  dernière  partie. 

4.  Précision  :  a)  pas  trop  de  détails  par  exemple  sur  la  mort  de 
Tépoux,  sur  la  conduite  de  l'enfant,  sur  la  confection  des  habits  ; 
b)  peut-être  pourrait-on  supprimer  les  car  ;  c)  pas  de  mots  inutiles  : 
inutile  de  dire  que  la  mère  remercie  le  curé,  de  ses  (propres^  mains, 
elle  ouvrit  (la  porte),. ses  espérances  (brisées),  elle  sort  (de  chez  elle)... 

5.  Clarté  :  a)  on  comprend  et  on  suit  facilement,  même  les  sonorités 
argentines,  même  les  églantiers  (rouge)  et  les  aubépines;  b)  pas  de 
parenthèses. 

6.  Naturel  et  simple  :  a)  l'auteur  ne  tient  pas  à  faire  de  l'effet  ;  il 
raconte  simplement  une  histoire  émouvante  par  elle  même  ;  b)  pas 
d'exclamations  comme  :  que  voit-elle?  ô  la  malheureuse!  c)  peu  d'in- 
versions; d)  style  coupé. 

7.  Dignité  :  a)  pas  d'idée  basse  ;  b)  mots  choisis  :  vase  à  fleurs,  flots 
d'encens,  sonorités  argentines. 

8.  Elégance  :  pas  de  verbes  au  passif,  comme  :  il  n'avait  pu  être 
retiré,  il  était  admiré,  elle  est  appelée,  son  histoire  a  été  racontée  ; 
b)  peu  de  locutions  renfermant  le  mot  que  :  quand  (pas  lorsque)  tout 
fut  fait  ;  c)  peu  de  participes  présents,  aucun  précédé  de  en  ;  d)  les 
phrases  ne  commencent  pas  toutes  par  le  sujet. 

9.  Euphonie  :  l'auteur  ne  dit  pas  :  en  encensant... 

VI.  —  Étude  des  détails. 

jfe  lisais  :  début  simple,  naturel  :  on  croit  généralement  à  ce  qu'on 
a  lu.  —  Folle  excite  déjà  l'intérêt  :  c'est  mystérieux,  la  folie  ;  on  s'arrête 
quand  on  voit  un  fou  ;  on  est  attentif  quand  on  entend  parler  d'un 
fou  ;  c'est  donc,  au  début  d'une  causerie,  un  bon  moyen  d'exciter 
Inattention .  —  Pauvre  ;  a)  je  sais  qu'elle  est  folle  ;  b)  elle  est  devenue 
veuve  après  peu  de  temps  ;  c)  je  devine  qu'elle  est  vraiment  pauvre  : 
d)  ses  inquiétudes  pour  son  enfant.  —  Cœur  :  c'est  avec  son  cœur  et 
non  son  esprit  ;  elle  est  une  pauvre  femme  de  la  campagne,  simple  et 
ignorante.  Mais  ce  que  possède  toute  mère,  même  la  plus  simple,  c'est 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  gî 


^ln  cœur  :  le  cœur  d'une  mère  est  tout  pour  ses  enfants  quand  elle  en  a 

plusieurs  ;  il  est  à  plus  forte  raison  tout  pour  son  enfant  quand  l'enfant 

est  unique.  «  Savez- vous  ce  que  c'est  que  d'avoir  une  mère  ?.,.  J'eus, 

dans  ma  blonde  enfance,  hélas!  trop  éphémère...  »  (V.  Hugo).  — 

Vie  :  c'est  là  l'occupation  de  sa  vie  ;  le  matin,  pendant  la  journée,  le 

soir  ;  il  est  la  joie  et  la  souffrance  de  sa  vie.  Céiait  un  ange  :  a)  il  ne 

faut  pas  abuser  de  ces  appellations,  ne  pas  appeler  ange  un  enfant 

uniquement  parce  qu'il  est  beau,  parce  qu'il  a  de  gentilles  manières, 

parce  qu'il  est  spirituel  ;  mais  réserver  le  mot,  comme  ici,  pour  les 

vertus,  les  beautés  de  1  ame.  Et  dans  ce  sens,  on  peut  le  dire  ;  on  le 

dit  de  saint  Louis,  de  saint  Stanislas   —  Doux^  tranquille,  ne  faisant 

pas  de  bruit,  aimant  d'être  près  de  sa  mère  dans  l'intimité  ;  —  bon 

pour  tout  le  monde  ;  —  pieux  pour  le  bon  Dieu  et  la  sainte  Vierge. 

—  Aussi  on  Vadmirait  avec  étonnement  et  on  Yaimait  dans  tout  le 
village,  on  le  citait  comme  modèle.  Et  même,  se  faisant  l'organe  de 
cette  admiration,  le  vieux  curé^  le  meilleur  juge  en  cette  affaire,  \ieillard 
expérimenté,  qui  connaît  depuis  leur  enfance  l'histoire  de  tous  ses 
paroissiens,  qui  sait  les  malheurs  de  la  pauvre  veuve,  a  annoncé  comme 
une  bonne  nouvelle...  le  rêve  :  elle  n'osait  croire  que  cela  se  fût  réalisé  ; 
ce  sont  souvent  des  enfants  riches  qu'on  prend...  —  Soutane  rouge  :  un 
peu  d'orgueil,  son  fils  sera  si  beau  —  balancer  avec  grâce,  avec  de 
jolies  ondulations  du  corps  —  des  Jlots  qui  s'enrouleront  autour  de 
l'enfant  et  qui  monteront  autour  de  l'autel  qu'ils  sembleront  arroser  * 

—  devant  le  bon  Dieu  :  expressions  des  simples  et  des  pauvres  pour 
désigner  l'Éternel. 

Elle  lui  fit  de  ses  mains  (trop  pauvre  pour  aller  chez  le  tailleur,  pour 
prendre  une  ouvrière,  et  puis,  il  lui  semble  que  ce  sera  mieux  fait). 
Ce /ut  long  (ce  n'était  pas  facile,  elle  voulait  que  ce  fût  parfait)...  Que 
même  les  dentelles  (travail  fin,  délicat,  qui  demande  tant  de  peine, 
d'attention,  de  patience)  —  sortissent  de  ses  doigts  (bien  choisi,  mieux 
que  :  ses  mains). 

Or  (mystérieux,  frappant,  excite  l'attention).  —  Grand  jour  (si  désiré, 
si  attendu).  Voix  contenues  (pas  la  voix  joyeuse  de  son  fils).  Bien  vite 
(c'était  l'enfant  de  la  veuve,  on  l'admirait,  on  l'aimait).  Un  petit  mort  : 
c'est  la  veille  du  grand  jour  fixé...  C'est  pour  le  petit  mort  qu'elle  a 
tant  travaillé,  pour  le  petit  mort  la  belle  soutane  rouge  et  le  surplis 
blanc.  Immobile  :  elle  ne  se  précipite  pas,  elle  est  déjà  folle.  Elle  con- 
templa =»  regarda  longuement.  Mouillé  :  ruisselant  encore  de  l'eau  de 
l'étang.  Elle  n'eut  pas  un  cri,  pas  un  mot,  pas  une  larme  :  gradation. 
Et  pourquoi  ?  C'est  que  sa  raison  s'est  évanouie  avec  ses  espérances. 
Adieu  donc  les  beaux  rêves,  les  belles  visions  qui  montraient  à  ses 
yeux  ravis  un  petit  enfant  à  l'autel,  dans  sa  soutane  rouge,  balançant 
l'encensoir,  agitant  la  clochette  argentine.  Adieu  !  les  beaux  rêves, 
ils  sont  évanouis.. • 


94 


LE   MUSÉE    BELGE. 


Depuis  lors,  elle  vit  seule  (tout  à  fait  seule,  l'enfant  a  rejoint  le 
père)...  Souvent  elle  sort  quand  le  vide  du  foyer  se  fait  trop  sentir.  — 
Elle  s'est  fait  une  belle  robe  rouge  :  ce  fut  la  dernière  de  ses  occupations 
avant  la  folie;  elle  y  a  semé  des  lambeaux  blancs  et  déchirés.  Elle  tient 
dans  ses  mains  trois  petites  cordes  quelconques...  et  elle  va,  Tinnoccnte, 
bonne,  souriante  et  douce;  à  travers  les  champs,  elle  encense  les 
roses  rouges  qui  se  détachent  sur  les  buissons  d'églantiers  et  les  fleurs 
blanches  des  aubépines.  Et  demain,  elle  recommencera.  On  l'appelle 
la  folle  à  l'encensoir.  —  Sympathie  qu'elle  excite. 


DEVOIRS    FRANÇAIS 

BECUEILL18   ET   PROPOSÉS 

par  H.  GÉRARDY,  professeur  à  Tlnstitui  Saint-Remacle  à  Stavelot. 


I.  —  Dignité  d'enfant, 

1.  Sur  une  plage.  Le  roi  Edouard  VII  (actuel)  jette  dans  la  mer 
des  pièces  blanches  pour  faire  plonger  de  jeunes  baigneurs. 

2.  A  Técart,  un  enfant  —  timide  et  triste  —  pleure.  Le  roi  lui  oflre 
des  pièces  blanches  Mais  l'enfant  les  refuse  dignement  :  a  Je  ne  les 
^  point  méritées.  » 

3.  Un  peu  plus  loin,  des  gamins  (décrire  la  scène)  noient  un  chien 
qui  va  périr.  L'enfant  ose  plonger  et  sauve  le  chien  (détails).  Au  jeune 
sauveteur,  le  roi  donne  une  belle  pièce  d'or  :  «  Celle-là,  tu  Tas 
gagnée.  » 

N.B.  —  i)  Discours  direct. 

2)  Dialogue. 

3)  Pas  commencer  toutes  les  phrases  par  le  sujet  ;  mais  user  de 
Tin  version. 

II.  —  Seigneur  et  braconnier. 

(Imitation  de  la  fable  «  Le  lion  et  le  rat  »  ou  «  La  colombe  et  la 

fourmi  ». 

1,  Le  seigneur  fait  grâce  à  un  braconnier  que  ses  gardes  ont  pris 
à  Taffût.  (N.  B.  Ne  pas  reprendre  l'histoire  de  trop  loin.) 

2.  Le  braconnier  sauve  le  seigneur  d'un  accident  de  voiture  (ou 
d'auto). 

III.  —  La  sonnette  d'alarme. 

Sujet  :  Un  paysan  fait  fonctionner  la  sonnette  d'alarme  pour  récla- 
mer un  parapluie  qu'il  a  laissé  à  la  gare  du  départ.  On  lui  dresse 
pjTOcès-verbal. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  gS 


N.B.  —  Scènes  à  faire  : 

i)  Arrivée  tardive  et  pressée  du  voyageur. 

a)  Installation  encombrée. 

3)  Agitation...  il  sonne. 

4)  Dialogue  avec  le  chef- garde  qui  l'empêche  de  descendre. 

5)  Procès-verbal  :  nom,  prénoms.  0  II  n'y  a  plus  de  justice  aujour- 
d'hui. » 

IV.  —  Le  perroquet  de  la  reine  Victoria, 

1 .  La  reine  en  voyage  avec  son  chapelain.  Cri  du  perroquet, 

2.  «  Que  dit-il?  »  demande  la  reine. 

3.  «  Impossible  de  répéter.  » 

4.  La  reine  insiste,  le  chapelain  s'excuse. 

5.  La  reine  ordonne.  Le  perroquet  dit  :  «  Passe  ton  chemin,  bonne 
vieille  sotte  femme,  » 

V.  —  La  pendule  de  Louis  XIV. 

1 .  Le  roi  aperçoit,  dans  un  salon  de  Versailles,  un  ouvrier  en  train 
de  décrocher  une  pendule. 

2.  Comme  le  parquet  est  glissant,  le  roi  tient  l'échelle, 

3.  L'ouvrier  était...  un  voleur  qui,  sans  se  décontenancer,  part,  à 
la  barbe  du  roi,  avec  la  pendule  sous  le  bras. 

N.  B.  —  Les  élèves  pourraient  imiter  la  lettre  du  madrigal  de 
M™«  de  Sévigné. 

VI.  —  Le  parapluie  de  la  catastrophe. 

1.  Un  accident  de  chemin  de  fer.  La  voie  est  obstruée. 

2.  Arrivée  d'un  train  qui  doit  s'arrêter.  Réclamations  (inventer)  de 
voyageurs. 

3.  Le  lendemain,  un  vieillard  vient  réclamer...  un  parapluie.  (Je 
suis  une  des  victimes.  —  Qu'avez-vous  perdu  i  un  parent }  un  ami  ?  — 
Non,  un  parapluie  1) 

4.  On  retrouve  le  parapluie,  «  Allez,  vous  êtes  heureux  1  »  —  «  Oui, 
deux  baleines  cassées  !  » 

VII.  —  Le  serin  de  la  catastrophe  (même  histoire). 

Un  voyageur,  en  fin  de  compte,  réclame  un*[canari  qu'il J  a  fait 
déposer  dans  le  fourgon  aux  bagages.  On  le  lui  rend. 

VIII.  —  Un  pari. 

1.  «  Je  vais  enfoncer  le  chapeau  de  ce  monsieur  1  »  Pari. 

2.  Il  le  lui  enfonce  ;,..  puis,  s'enfonce  aussi  le  sien  bien  bas  dans 
la  tête. 

3.  Scène  entre  les  deux  escapés. 


1 


96  LE   MUSÉE   BELGE. 


IX.  —  L'inspecteur  des  accises. 

Dans  un  café,  un  monsieur  attablé.  Survient  un  quidam  qui  se 
donne  (dialogue)  pour  inspecteur  officiel  des  accises,  boit  le  verre  du 
client  et  s'en  va...  exercer  plus  loin  en  disant  :  a  Excellente,  excel- 
lente consommation  I  » 

X.  —  A  Voctroi, 

1 .  L'homme  arrive  avec  un  sac.  L'employé  :  a  Ouvrez  votre  sac  • 

—  «  Mais  mon  chien  s'échappera,  n  —  «  Je  veux  le  voir.  »  —  Le 
chien  se  sauve. 

2.  Le  lendemain,  le  même  homme  avec  son  sac.  «  J'ai  eu  bien  de 
la  peine  à  rattraper  mon  chien.  »  —  «  C'est  bon,  passez,  d  —  Il  passe 
avec  un  veau  (marchandise  prohibée). 

XL  —  Scène  de  chemin  de  fer. 

1.  Une  vieille  dame,  irascible,  jette,  par  la  portière,  la  pipe  d'un 
monsieur.  (Toute  une  scène  à  faire.) 

2.  Par  la  même  voie,  le  monsieur  jette  le  chien  de  la  dame. 

3.  Arrêt  :  On  veut  s'expliquer  devant  Je  chef  de  gare,  quand  on 
voit...  le  chien  qui  rapporte  la  pipe. 

XI L  —  Monsieur  V Hiver. 

N.B.  —  C'est  le  sujet  bien  connu  :  les  plaisirs  de  l'hiver.  Seule- 
ment la  manière  de  le  traiter  (sous  forme  de  petite  comédie)  est  origi- 
nale et  plaira  aux  élèves. 

Personnages  :  Monsieur  l'Hiver  (vieillard  grelotant  au  coin  du  feu). 

—  Petits  garçons  de  10,  8,  9  et  3  ans.  —  Puis  :  saint  Nicolas  — 
petit  garçon  qui  représente  les  vacances  (costume  de  touriste  anglais) 

—  un  autre  qui  porte  l'arbre  de  Noël  —  un  autre  qui  symbolise  le 
nouvel  an  —  un  autre  apportant  le  gâteau  des  Rois. 

Scène  première  :  tous  les  enfants  reprochent  à  l'Hiver  de  les  priver 
de  bien  des  plaisirs. 

Scène  2«  :  l'Hiver  se  redresse  :  a  Petits  ingrats  !  et  toutes  les  belles 
fêtes  que  j'amène  ?  Je  vais  les  faire  paraître  devant  vous.  » 

Scènes  3*'-7«  :  Saint- Nicolas,  les  vacances,  Nouvel  an,  gâteau  des 
Rois.  (Chacun  expose  en  quelques  mots  la  fête  qu'il  représente,) 

Scène  8*  :  Monsieur  l'Hiver  :  «  Voulez-vous  encore  me  chasser  ?  • 

—  Tous  les  enfants  :  «  Non,  non,  restez.  »  —  Puis  l'un  d'eux  pense 
aux  malheureux  et  il  invite  saint  Nicolas  et  Noël  à  visiter  les  enfants 
pauvres. 

Remarque  :  le  sujet  a  été  traité  dans  les  «  Annales  politiques  et  litté- 
raires »,  supplément  du  2  décembre  1902. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

Ta.    A.  ABELE,  Dar  Sénat  unter  AugQstua.  Paderborn,  Schoeningh,   1907. 
80   pp.  2  m.  40  (Studien  zur  Oesch.  and  Kultur  des  Altertums  hrsg.  von 
E.  Drerup,  H.  Grimme  u.  J.  P.  Kirsch,  1,5.) 
CEI.  BASTIDE,  Bayle  est-il  l'auteur  de  l'avis  aux  réfugiés.  Fontenay-aux-Roaes, 

imp.  Bollenand,  1908.  20  pp. 
J.  \V.  BECK.  Horazstudien.  Haag,  Nghoflf,  1907.  l  fl.  75. 
H.  FRANCOTTE,  La  Polis  grecque.  Reôberches  sur  la  formation  et  rorganisa- 
tion  des  cités,  des  ligues  et  des  confédérations  dans  la  Grèce  ancienne.  Pader- 
born, Schoeningh,  1907,  252  pp.  (Studien  zur  Gesch.  und  Kultur  des  Alter- 
tums  hrsg.  von  E.  Drerup,  H.  Grimme  u.  J.  P.  Kirsch.  I,  3). 
W.  KROLL,  L'étude  de  1^ philologie  classique  en  Allemagne.  Conseil  aux  étu- 
diants. Traduit  de  l'allemand.  Louvaln,  Ch.  Peeters,  1907.  0  fr.  50. 
P.  MAQNETTE,  Les  émigrés  français  aux  Pays-Bas  (1789-1794).  Bruxelles» 

Laoïertin,  1907.  144  pp. 
U.  MANNUCCl,  Irenaei  adversus  haereses  libri  V.  Pars  L  Roma.  Via  dei  Cres- 
cenzi,   13.   1907.  3  fr.  (Bibl.  ss.  Patrum  et  scriptorum  •ecclesiasticonim. 
Séries  II  :  Scriptores  graeci  antenicaeni.  Vol.  III). 
A.  MERLIt^.  Le  temple  d'Apollon  à  BuUa  Regia.  Paris,  Leroux,  1908.  28  pp. 
gr.  in-4^  et  7  planches.  (Protectorat  français.  Gouvernement  tunisien.  Notes 
et  documents  publiés  par  la  Direction  des  Antiquités.) 
J.  M.  MEUNIER,  L'emplacement  de  Noviodunum  Aeduorum  de  César  et  le  nom 
de  Nevers.  Nevers,  impr.  G.  Valliôre,  1907.  32  pp.  1  fr.  (Revue  du  Nivernais). 
W.  NITSCHE.  Demosthenes  und  Anaximenes.  Berlin,  Weidmann,  1906.  2  m. 
A.  PIEPER,  Christentum,  rômisches  Kaisertum  und  heidnischer  Staat.  MQnster 

i.  W.,  Aschendorflf,  1907.  68  pp.  8«. 
P.  RASI,  Le  satire  e  le  epistolo  di  Q.  Orazio  Flacco.  Commento  ad  uso  délie 
scuole.  Parte  II.  Lo  epistole.  Milan,  R.  Sandron.  1907,  2  fr.  50  (Nuova 
raocolta  di  classici  latini  con  note  italiane.  XXX IX). 
CH.  A.  SECHEHAYE,  Programme  et  méthodes  de  la  linguistique  théorique. 

Psychologie  du  langage.  Paris.  Champion,  1908.  7  fr.  50. 
M.  TRESCH,  Lafontaine  naturaliste  dans  ses  fubles.  Luxembourg,  Befifort,  1907. 

144  pp.  in-8*. 
J.  VAHLEN.  Ueber  Horatius  Brief  an  die  Pisonen.  Sitzungsber.  der  Berl.  Akad  . 

19  Jali  1906. 
J.  VAN  DOOREN,  Anthologie  illustrée  des  poètes  et  des  prosateurs  français 
(Franse  et  Belgique)  depuis  le  xvit*  siècle  jusqu'à  nos  jours  k  l'usage  des 
écoles  moyennes  et  des  classes  inférieurei  dei  collèges  et  des  athénées.  Préface 
de  Jules  Claretie.  Ouvrage  orné  de  75  planches  hors  texte  reproduisant  les 
plus  beaux  tableaux  des  grands  maîtres  de  toutes  les  écoles.  Hermann,  Ver- 
viers,  1908,  400  p.  3  fr.  75. 
J.  P.  WALTZING,  Grammaire  latine  de  G.  Eandgraf  traduite  en  français  et 
adaptée  au  programme  des  athénéis  et  collèges  belges.  Deuxième  édition. 
Liège,  Dessain.  1907.  3  fr. 
FR.  V.  WOLFF,  Geschichtsbilder  aus  altchristlichtr  Zeit.  Berlin,  Voss,  1907. 3  m. 


SOMMAIRE. 

MÉLANGES. 

E,  \Vitm*ttr^  Un  poèti;  inconnu  :  U  s:oiit»:sse  Valirij  ek  Sliiiilcîn'Saaknsicin  ,     4q 

PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique* 

%),  R.  Oeh!ef\  Bîldcr-Ailas  lu  Cae&ar 


40  A/,  Schixmhergcr^  De  SutJa  verborum  novatore  (L»  Luca&scn)  * 

4t.  F.  LcAm^MM,  MoJitiB  aïs  H^ndschrififorscher  (Th,  Sim*fr)  * 

42.  Dom  F,  Cahrol,  Diction naîrc  d'archJoIogic  chrétienne  (J^  P,  W  ) 

43.  A,  Sdtatft^r,  Kinrûhrung  in  die  KuUyrwdî  dcr  Allen  (.t.  P.  WJ 

44.  L.  Van  Miert,  Blocmle^ing  uit  Ovidius,  eic.  (J,  F,  W.)      , 


3. 

60 


Languet  H  iftiératut-es  celtiques . 

45.  C  JuîUaii^  Histoire  de  la  Gaule*  1-ïl  (V,  Tourneur)    ,        ,        ,        *        *     61 

Langues  et  Huératures  romanes, 

46.  J,  Fomny  et  J.  Van  Doorat^  Ar.ïhoîogîe  des  prosauurs  Tfançtis  (G.  Dou- 
freponl)  ,,,»..,        ^        *..-*.     73 

47.  ^.  Caheti^  Morceaui  choisis  dei  mutiîurs  français  (t\.  Masson)    «        .        •>    7^ 

Layigues  et  îîtiératttres  germaniques, 

48.  F,  J.  PoelfiMe,  VonJcl's  dichljuwcclen  (C.  Lccoulerc}     .        •        -        *  74 

49  Rosegger^  Waldj'jgcnd  (Le  ni^me) ,        *  7^ 

5o.  /?»  Dyboski^  Tennj seings  Sprache  und  Stil  ^P,  Hamtlius)    ♦        *        .         ,  76 

Si-  i?.  r.  A/É?/5ff<f,  Manuel  dti  iiUcrature  islandaise  (F.  W»)      ....  78 

Histoire  et  géùgi^Jphte^ 
Sa,  4,Sfer«,  Gcschïduç  Europsa  seît  j8i5.  U»  i  {P.  Poullet) ,        ,        ,        *     7^ 

Katicc^s  el  annoncés  bibliographique Si 

53-6Û,  Publlcaiions  d*A,  Meillet,  H.  Dids^  Th,  Brtiïcr,  F.  J.  GooJfpced, 
V.  Masqueray,  Ph,  A.  Becker,  \\\  Goliher,  W,  Fisk-^  J.  Wahner,  G.  GrûU- 
mâcher^  F.  Cavatk-ra,  [.,  Garriguel,  Herder  ..,.,..    80 

CHRONIQUE. 

ôy-GS.  Album  belge  de  paléographie.  Les  ietires  belges     «        .        •        .        «     B4 
Notice  nécrologique  :  Alfred  Grafé ,        ,    85 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 

//,  Gérardy^  Ej^pLication  d'un  morceau  de  français  pour  ta  4*  ou  la  3*^      .        *    ^ 
Le  tnéine^  Devoirs  français »        «        *        •     9^ 


Douzième  année.  —  N**  3-4.  rS  Mars*  1 5  Avril  1908. 

BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 
rtnutc  tout  ui  NAHiriOii  ds 


K©- 


F.  QOLLARB 


J.  P.  WALTZINO 


Ptt^CMAl  tom  IM  iMfi,  I  rtmpUin  du  ni«u  d'ivDt  it  df  ftptimtirf 


LOUVAIN 
CHARLES   PEETERS,  LIBRAIRE  ÉDITEUR 

BERLIN 


PARIS 

A,  FONTEMDING 

éf  tuâ  Le  Goff 


R,  FRtEDLAENDER  ET   FILS 
CuinruM,  n,  N.  W 


L 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  "W.,  professeur  h  TUniversité  de  Louvsûn. 

Bayot,  A.,  chargé  de  cours  h  l'Université  de  Louvain. 
Bischoir,  H.,  professeur  k  l*Universi(é  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Closon.  J..  chargé  de  cours  â  TUniversité  de  Liège. 
Collard,  F.,  professeur  à  TUniversité  de  Louvain. 
Counson,  A.,  chargé  de  cours  à  TUniversilé  de  Gand. 
De  Ceuleneer,  A.,  professeur  b  TUnlversilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  h  l'Université  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Lic^ge. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars.  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Hanquet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Janssens,  E.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège. 
Liecoutere,  Ch.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  k  Louvain. 
Mayence,  F.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Louvain. 
Mœller,  Gh.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  k  l'Uni versité  de  Louvain. 
Remy.  B.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  k  TUnlversitè  de  Gand. 
Sencie,  J.,  professeur  k  l'Université  de  louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
"Waltzing,  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
"Willems,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  "Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  "WALTZING,  9,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Muêie  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M  J  P.  "Waltidng^,  professeur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare^  Liège, 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  F.  Gollard 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold^  22^  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
neroroent  est  tixé  k  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  l'^s  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  k  BI.  Gn.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  k  480  pages,  son*  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement^  les  abonnés  poiiri*ont  se  procureur  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  T  rk*.  £SO  par 
année,  le  port  en  sus. 


Douzième  année.  —  N**»  3-4.  i5  Mars- 1 5  Avril  1908. 


Bnlletin  Bibliographique  et  Pédagogique 


DU 


MUSÉE   BELGE. 


MÉLANGES. 


/ 


Le  génie  poétique  de  Taîne,  ses  admirateurs  et  ses  détracteurs. 

Taine  jouit  d  une  grande  gloire.  Le  modeste  monument  qui  lui  fut 
élevé  à  Vouziers  en  igoS  est  une  faible  image  de  sa  survivance  dans 
les  esprits.  L'auteur  de  VHistoire  de  la  littérature  anglaise^  de  Vlnielli- 
gence  et  des  Origines  de  la  France  contemporaine  a  peuplé  de  ses  fictions 
les  cervelles  françaises  :  le  milieu  (i),  qui  a  d'ailleurs  d'autres  parrains 
que  Taine,  est  la  plus  heureuse;  la  race  a  faussé  bien  des  esprit;  le 
moment,  troisième  unité  de  la  trilogie  (2),  est  moins  populaire;  la 
faculté  maîtresse,  le  sucre  et  le  vitriol  auxquels  sont  comparés  la 
vertu  et  le  vice  (3),  laurore  boréale  de  V Intelligence \  le  gorille  féroce 
et  lubrique  qui  est  dans  l'homme,  le  Jacobin  halluciné,  le  christia- 
nisme qui  donne  des  ailes  à  l'humanité,  le  condottiere  qui  se  fait 
centre  {4),  etc.  (5),  voilà  des  formules  familières  aux  mémoires 
ornées,  et  elles  défraient  même  les  polémiques.  Elles  ont  la  plupart 
un  aspect  imagé  et  poétique,  et  elles  indiquent  déjà  que  Taine  fut  et 
restera  un  poète  en  prose.  La  philosophie  renouvelée  de  Spinoza 
ou  de  Condillac,  sa  documentation  plus  variée  que  critique,  ont 

(1)  <x.  Par  extension.  Néologisme,  L'ensemble  de  la  société,  Hes  mœurs,  des  évé- 
nements parmi  lesquels  a  vécu  une  personne,  s'est  accompli  un  fait.  Etudier  un 
personnage  historique  dans  son  milieu.  »  (Dictionnaire  général  de  la  langue  fran- 
çaise de  D4RMESTETER,  Hatzfeld,  Thomas,  S.  V.  mUieu,  S  II). 

(2)  Trilogie  hégélienne  au  sens  de  M.  Lasserre,  Le  romantisme  français. 

(3)  On  sait  que  Taine  protesta  lui-même  contre  remploi  que  certain  député  faisait 
de  cette  parole.  Il  aurait  trouvé  excessives  aussi  les  théories  que  des  romanciers 
naturalistes  et  ps^hologues  devaient  tirer  de  ses  préfaces  et  articles. 

(4)  Un  personnage  du  Lys  Rouge  d*A.  France  voit  en  Napoléon  Thomme  qui, 
dans  le  récit  de  Taine,  donne  un  coup  de  pied  dans  le  ventre  à  V^olney. 

(5)  M.  Lanson  !  Hist,  de  la  litt,  fr,^  8«  éd.,  p.  140)  dit  du  roi  défini  par  Jean  de 
Meung  :  ((  le  roi  n'est  leur  maître  que  pour  leur  ser\ice  et  leur  sûrtté  ;  c'est  le 
gendarme  de  Taine  ». 


g8  LE   MUSÉE   BELGE. 


disparu  comme  Téchafaudage  dont  il  a  parlé  lui-même  :  le  monument 
littéraire  étale  les  reliefs  colorés  de  sa  façade. 


La  Correspofidance  de  Taine  permet  de  voir  l'homme,  et  par  là  de 
mieux  comprendre  l'artiste  :  M.  Victor  Giraud,  dont  l'Essai  sur  Taùu 
est  le  plus  soigneux  exposé  de  la  vie  et  de  la  doctrine  du  philosophe, 
a  dégagé  dans  un  important  article  de  la  Revue  des  deux  Mondes(i^  fév.) 
la  personnalité  de  son  auteur,  qui  tout  jeune  rejette  avec  dédain 
et  témérité  le  christianisme,  choisit  le  spinozisme  comme  la  con- 
ception la  plus  poétique,  écrit  pour  gagner  sa  vie  des  articles  et  des 
livres  sur  tous  les  sujets  imaginables,  et  se  grise  de  lectures,  d'études, 
de  spéculations  psychologiques. 

Tandis  que  les  lettres  successivement  publiées  occupaient  même  li 
presse  quotidienne,  les  études  se  multipliaient,  s'ajoutant  à  toutes 
celles  dont  M.  V.  Giraud  a  dressé  la  riche  bibliographie.  Un  Taine 
de  M.  Michel  Salomon  est  déjà  entré  dans  la  collection  Bloud  {Science 
et  Religion  —  Études  pour  le  temps  présent  —  Philosophes  et  penseurs, 
n"  210);  M.  Lacombe  a  scruté  la  psychologie  appliquée  par  Taine  à 
l'histoire  littéraire  (i).  Et  yoici  qu'un  historien,  M.  Aulard,  dresse, 
dans  im  cours  public,  puis  dans  un  livre,  l'acte  d'accusation  de  Tatm 
historien  de  la  Révolutiofi  française  (Paris,  Colin,  1907,  333  p.,  in-8*, 
3  fr.  56).  Le  savant  professeur  parisien,  qui  a  mis  vingt  ans  à  réunir 
la  documentation  de  son  Histoire  politique  de  la  révolution  française,  s'est 
de  bonne  heure  méfié  des  Origines,  dont  la  documentation  ne  prit 
peut-être  pas  vingt  mois  pleins.  Il  devait  s'en  méfier  d'autant  plus  vive- 
ment que  Taine  est  à  tous  points  de  vue  (opinions  politiques,  idées 
générales,  méthodes,  style)  aux  antipodes  de  M.  Aulard.  Celui-ci  n'a 
pas  de  peine  à  relever  des  erreurs  dont  fourmille  l'œuvre  historique  de 
Taine,  et  dont  s'aperçoit  quiconque  aborde  un  sujet  traité  par  Taine. 
«  A  la  Sorbonne,  im  candidat  au  diplôme  d'études  historiques  ou  au 
doctorat  se  disqualifierait  s'il  alléguait  Taine  comme  une  autorité 
dans  ime  question  d'histoire  »  (p.  viii).  Seulement,  les  superstitions 
démodées  chez  les  docteurs  vivent  encore  une  génération  chez  les 
bonnes  femmes  et  les  journalistes.  Et  lefgros  public,  paraît-il,  est 
encore  impressionné  par  les  notes  et  les  cotes  d'archives  que  Taine 
mettait  au  bas  des  pages  ;  on  ne  courait  guère  à  ces  références  ;  mais 
elles  étaient  là,  solides  d'aspect  comme  des  fondations,  redoutables, 
ennuyeuses  ;  et  l'ennui  est  le  grand  gage  d'autorité,  comme  lejremar- 
quent  Heine  et  Pailleron.  Puis  le  texte  j[qui  surplombe  ces  notes 

(1)  Paul  Lacombe,  La  psychologie  des  individus  et  des  sociétés  che^  Taine  histo- 
rien des  littératures  (Alcan,  1906),  374  p. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  99 

hérissées,  se  lisait  comme  un  roman  ;  et  il  charmait  dans  leurs  com- 
plaisances politiques  les  acheteurs  de  livres  coûteux,  au  point  que 
Taine,  idole  des  frondeurs  impies  depuis  les  Philosophes  français  du 
XIX^  siècle  (1857) ,  est  devenu  le  grand  homme  des  conservateurs 
à  partir  des  Origines  de  la  France  contemporaine.  C'est  Taine  historien 
qui  est  le  plus  vivant,  et  c'est  de  celui-là  que  M.  Roosevelt  entre- 
tenait l'autre  jour  un  journaliste  français  (i). 


«  J'avais  toutes  les  idées  de  mon  père  w,  dit  Jean  Monneron  à 
M.  Ferrand...  «  Mais  déjà  je  ne  les  avais  plus  toutes.  Mon  évolution 
datait  d'une  lecture,  celle  du  livre  de  Taine  sur  les  Origines  de  la  France 
contemporaine.  Mon  père  me  l'avait  vu  entre  les  mains  et  il  m'avait  dit  : 

•  Tu  lis  ce  pamphlet?  C'est  un  monsieur  qui  a  eu  bien  peur'pour  ses 
»  rentes  en  71 1  »  Je  ne  vous  cite  ce  mot,  si  injuste,  que  pour  vous 
faire  comprendre  combien  cet  homme  excellent  devient  irritable, 
aussitôt  qu'il  s'agit  des  points  qui  font  dogme  en  lui.  La  foi  dans 
la  Révolution  en  est  un.  La  haine  contre  l'Eglise  enj  est  un 
autre  »  (2). 

Les  héros  de  M.  Paul  Bourgetsont,  naturellement,'médiocres  pen- 
seurs; mais  dans  leur  médiocrité  congénitale  ils  représentent^assez 
exactement  des  préjugés  fort  répandus  dans  la  dernière  génération 
parmi  les  esprits  de  second  ordre.  A  cet  égard  les  romanciers  de  1880 
et  de  1902  sont  aussi  instructifs  que  les  pharmaciens  de  1857  : 
M.  P,  Bourget  continue  Taine  comme  M.  Homais  prolonge  Vol- 
taire. M.  Homais  fut  décoré,  parce  qu'au  fond  le  voltairianisme  est 

•  conservateur  en  tout  sauf  en  religion  •  ;  et  M.  Bourget  devint  riche 
et  traditionaliste,  [parce  que  le  positivisme,  jeu  d'esprit  amoraliste 
chez  les  jeunesgensbesogneux.devient  farouchement  conservateur  dès 
que  le  positiviste  a  quelque  chose  à  conserver.  Le  génie  poétique  de 


(1)  Le  Temps  a  publié  une  lettre  de  M.  André  Tardieu  (de  Washington,  10  mars 
1908)  relatant  Taudience  accordée  par  le  président  des  États-Unis  :  «  Puis  —  par 
quel  détour?  —  c'est  sur  Taine  que  vient  le  propos.  M.  Roosevelt  ne  semble 
raimer  qu'à  demi,  critique  ses  parti-pris,  parle  de  la  révolution  ». 

(2)  Paul  Bourget,  L'Étape,  34»  mille,  p.  47-48.  —  M.  Waltzing  m*a  cité  le  cas 
d'un  professeur  belge  qui,  aux  environs  de  1880,  abhorrait  Tauteur^des  Origines  de 
la  France  cont.^  «  qui  bafoue  tout  ce  que  nous  vénérons  »  :  ce  c<  doctrinaire  »  belge 
étoil  un  Monneron  moins  sectaire  que  le  Français.  —  Quant  à  l'auteur  de  VÉtape^ 
il  a  répété  pour  son  compte,  et  plus  poliment,  le  jugement  de  Monneron  père  : 
«  L'eâfroyable  tempête  des  deux  guerres  a  passé  sur  Tasile  sacré.  Cette  fois  l'époux 
et  le  père  n*a  plus  opposé  aux^coups  du  sort  le  stoïcisme  du  pur  esprit...  En  trem- 
blant pour  son  foyer,  il  a  tremblé  pour  tous  les  foyers  »  (article  nécrologique  sur 
M™«  Taine,  Figaro,  i\  août  1903,  cité  par  Aulard,  p.  17). 


lOO  LE    MUSÉE   BELGE. 


Taine  s'éclaire  maintenant  par  sa  survie,parsa  répétition  chez  des  épi- 
gones  comme  M.  Bourget,  par  l'apparition  de  détracteurs  comme 
M.  Aulard.  Beaucolip  de  littérateurs,  pareils  à  M.  Henry  Bordeaux 
pèlerinant  au  tombeau  de  Taine,  demandent  au  critique  historien  les 
idées  dont  ils  croient  naïvement  avoir  besoin. 

On  connaît  assez  de  jugements  portés  sur  Taine  depuis  une  généra- 
tion. M.  Aulard  (Avertissement)  en  relève  plusieurs,  fort  instructifs. 
S'il  ne  s*était  rigoureusement  borné,  en  historien  méthodique,  au 
Taine  des  Origines,  il  aurait  pu  relever  l'influence  du  penseur  dans  les 
ordres  d'idées  les  plus  opposés  et  dans  les  mondes  les  plus  dififérents. 
On  a  même  pu  croire  qu  il  y  avait  au  moins  deux  Taine,  —  que 
le  philosophe  historien  avait  subi  une  fois  le  renouvellement  que 
Hugo  s'appliquait  à  chaque  génération.  M.  Giraud  montre  que  le 
théoricien  déterministe  et  poétique  a  gardé  d'un  bout  à  l'autre  une  cer- 
taine unité  fondamentale  ;  mais  la  vie  externe  de  sa  pensée  a  traversé 
dans  sa  métempsychose  au  moins  une  crise.  Si  l'on  admet  que  l'un 
de  ceux  qui  connaissent  et  comprennent  le  mieux  Taine,  c'est  Taine 
lui-même,  M.  Giraud  a  grandement  raison  d'attacher  une  importance 
Capitale  à  la  lettre  de  Taine  à  M.  Bourget  sur  Le  Disciple,  Le  philo- 
sophe caricaturé  en  Adrien  Sixte  écrivait  à  son  disciple  (qui  a  moins 
mal  fini  que  Greslou)  :  *  Je  ne  conclus  qu'une  chose,  c'est  que  le  goût 
a  changé,  que  ma  génération  est  finie...  Peut-être  la  voie  que  vous 
prenez,  votre  idée  de  l'inconnaissable,  d'un  au-delà,  d'un  noumène^ 
vous  conduira-t-elle  vers  un  port  mystique,  vers  une  forme  du  chris- 
tianisme... »  Taine  est  mort  juste  à  point  pour  revivre  sous  des  traits 
nouveaux. 

Je  l'ai  un  jour  entendu  traiter  de  «  calotin  »  :  cette  métaphore 
aurait  certainement  étonné  ses  mânes  —  si  jamais  il  a  cru  qu'il  en 
aurait.  M.  Aulard  trouve  mauvais  qu'on  traite  d'historien,  de  grand 
historien  l'auteur  des  Origines.  Celui-ci  avait  pour  Mallet  du  Pan, 
Gouverneur  Morris,  Burke  et  autres  anti  jacobins,  une  admiration 
que  M.  Aulard  trouve  fort  comique.  Taine  citait  Tocqueville,  et 
citait  sans  hésitation  d'après  Tocqueville  (Aulard,  p.  47).  C'est,  on 
on  se  le  rappelle,  le  grand  auteur  de  M^^  Paul  Raymond  ;  celle-ci, 
au  besoin,  fournissait  du  Tocqueville  de  son  cru.  Taine,  lui,  n'a  pas 
autant  de  ressources  que  M"»«  Raymond  ;  il  se  plaint  dans  une  lettre 
que  les  Français  n'achètent  et  ne  lisent  pas  assez  Tocqueville.  Mais 
M.  Aulard  trouve  qu  il  le  lit  et  le  croit  trop  sur  pafole.  De  même  pour 
tous  les  témoignages  —  fût-ce  de  M^^  de  Genlis  —  qu'il  choisit 
et  préfère  en  proportion  de  leur  caractère  tainien  ou  réactionnaire. 
—  Taine  chérit  les  anti-révolutionnaires  de  1789  et  de  1793;  et 
le  voilà  à  son  tour  chéri  des  anti-révolutionnaires  de  1884  et  de  1908. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  lOI 

Un  journal  conservateur  de  Bruxelles  affirmait,  il  y  a  quelques 
années,  Tinfluence  de  Taine  sur  les  élections  belges  anti-jacobines  de 
1884.  Mais  il  nappuyait  cette  affirmation  d'aucune  preuve. 

Quant  à  l'étranger,  si  un  professeur  romain  consacre  à  Taine 
un  livre  considérable,  s'il  se  trouve  un  Norvégien  et  un  Allemand 
pour  traduire  en  allemand  les  Essais  de  critique  et  d'histoire  ou  même 
Vlntelhgence  (i),  il  faut  dire  pourtant  que  Toeuvre  du  critique,  de  Thisto- 
rien  et  surtout  du  philosophe  perd  de  son  prestige  au-delà  des  fron- 
tières :  elle  partage  en  ce  point  le  sort  des  œuvres  poétiques.  •  En 
Allemagne  »,  affirme  M.  Aulard  (p.  ix),  a  où  Técole  réactionnaire 
domine  en  histoire,  on  aime  à  jurer  par  Taine  ».  M.  Aulard  doit  avoir 
des  documents  abondants  pour  produire  cette  affirmation.  Mais  j  ai 
observé  exactement  le  contraire  pendant  les  onze  semestres  que  j'ai 
passés  parmi  les  universitaires  allemands  (à  l'université  de  Halle). 
Il  y  a  bien,  pour  les  élèves  de  première  des  gymnases  et  des  OherreaU 
schulen,  des  éditions  scolaires  abrégées  de  ï Ancien  Régime  et  de  Napo- 
léon Bonaparte  ;  mais  elles  ne  démontrent  que  l'utilité  d'un  vocabulaire 
riche  et  d'un  style  brillant  pour  l'enseignement  du  français  :  et 
Lanfrey,  Jules  Sandeau  et  surtout  Scribe  sont  beaucoup  plus 
employés  dans  le  même  but  pédagogique.  Quant  aux  philosophes  et 
historiens,  mon  ingénieux  ami  M .  Bruno  Bauch,  rédacteur  des  Kant 
Siudien,  m'a  dit  plus  d'une  fois  que  Taine  était  un  bonhomme  fort  peu 
philosophe,  et  nullement  criticiste  ;  que  son  déterminisme  était  fort 
démodé.  M.  Hasenclever,  qui  enseigne  l'histoire  moderne  à  l'Univer- 
sité de  Halle,  m'a  dit  qu'après  avoir  relu  le  Napoléon  Bonaparte  de 
Taine  il  le  considérait  comme  une  caricature...  J'ai  rencontré  aussi 
un  philologue  allemand  qui  ignorait  radicalement  Taine  et  s'en 
consolait.  Enfin  des  étudiants  allemands,  auxquels  j'ai  fait  lire  la 
préface  de  VHistoire  de  la  littérature  anglaise,  trouvaient  ridicule  la  défi- 
nition du  culte  protestant  et  de  l'àme  germanique.  Je  pense  donc  que 
peu  de  spécialistes  prennent  Taine  au  sérieux;  et  l'on  pourrait 
renouveler  à  son  endroit  la  conversation  sur  Voltaire  que  nous  a 
conservée  un  auteur  du  xviii*  siècle  :  pour  le  mathématicien,  M.  de 
Voltaire  est  un  grand  génie,  il  n'a  eu  que  le  tort  de  s'occuper  de 

(1)  Taine  a  été  l'objet  de  diverses  études  allemandes,  livres  et  articles  de 
revues;  M.  Julius  Zeitler,  dans  son  ouvrage  Die  Kunstphilosophievon  Hippolyte 
Adolphe  Taine  (Leipzig,  Herm.  Scemann  Nachf.,  1901),  estime  (p.  9)  que  Taine 
est  spécialiste  (Fachmann)  pour  la  littérature,  mais  pas  pour  l'art  ;  il  ne  laisse  pas, 
d'ailleurs,  de  rattacher  Taine  à  une  lignée  où  figurent  iMontaigne  et  Napoléon;  tous 
ces  personnages,  comme  les  «  Germains  »,  les  a  races  classiques  »  et  autres  héros 
de  Taine  lui-même,  ont,  eiTectivement,  des  traits  communs,  ne  fût-ce  que  la  colonne 
vertébrale.  M.  L.  Poulain  vient  d'examiner  Taine  et  l'Allemagne  (BibL  univ,  et 
rev,  suisse,  mars  1908). 


I02  LE   MUSÉE   BELGE. 


mathématiques;  rhistorien  pense  que  M.  de  Voltaire  serait  grand 
homme  tout  à  fait  s'il  ne  s'était  égaré  dans  l'histoire  ;  le  métaph3rsicien 
louerait  sans  réserve  M.  de  Voltaire  si  celui-ci  n'avait  eu  l'imprudence 
de  s'occuper  de  philosophie,  et  le  littérateur  estime  que  M.  de  Vol- 
taire est  tout  ce  qu'il  veut  excepté  poète.  Le  tout  n'empêche  point 
Voltaire  d'avoir  vulgarisé  Newton,  raconté  Charles  XII  et  le  siècle  de 
Louis  XIV,  ridiculisé  Leibnitz  et  bâclé  des  rhapsodies  à  succès.  De 
même  Taine,  qui  ne  fait  autorité  dans  aucun  genre,  est  grand  vulga- 
riseur  dans  tous;  il  est  entre  les  laboratoires  et  les  archives  d'une 
part  et  le  gros  public  profane  de  l'autre,  l'habile  faiseur  d'articles,  le 
truchement  des  savants,  le  poète  en  vogue  :  il  est  le  Lucrèce  du 
déterminisme  français,  et  son  œuvre  réalise  en  belle  prose  pour 
les  doctrines  de  Spinoza  ce  que  le  De  natura  rerum  fit  pour  celles 
d'Epicure. 

♦  ♦ 

Quand  Taine  s'est  efforcé  de  faire  œuvre  purement  philosophique, 
l'élément  poétique  devenant  moindre,  l'œuvre  a  été  inférieure  aux 
autres  :  Vlntelligence  importe  moins  à  la  gloire  de  son  auteur  que 
les  Origines^  comme  le  remarquait  tout  récemment  encore  M.  Victor 
Giraud.  Ce  n'est  pas,  d'ailleurs,  qu'il  n'y  ait  encore  là  beaucoup 
de  poésie,  depuis  l'allégorie  des  choses  vues  de  l'Arc  de  triomphe 
jusqu'à  r  «  aurore  boréale  »  que  la  nature  présente  à  l'intelligence. 

Les  Origines  de  la  France  contemporaine  représentent,  en  plus  d'un 
point,  un  travail  de  seconde  main  :  le  récit  de  la  journée  du  lo  août 
est  fait  d'après  Mortimer-Temaux  (Aulard,  p.  1S2).  C'est  là,  comme 
on  sait,  le  procédé  des  grands  penseurs  et  des  vrais  artistes  :  les 
descriptions  de  Chateaubriand  ne  sont-elles  pas  éblouissantes  là 
où  elles  sont  composées  à  l'aide  de  guides  anglais  et  français  ?  La 
vérité  de  Guillaume  Tell  n'est-elle  pas,  jusque  dans  le  détail  du 
paysage,  d'autant  plus  admirable  que  Schiller  n'avait  jamais  mis 
e  pied  en  Suisse  ?  Taine  est  orateur  comme  son  Tite-Live^  il  est  poète 
épique  comme  le  Michelet  dont  il  a  si  bien  parlé,  il  est  généralisateur 
régulier,  classique  comme  Bossuet,  philosophe  comme  Montesquieu, 
dramatique  comme  l'auteur  de  Roméo  et]Juliette^  dont  il  admire  quelque 
part  le  sens  historique  et  divinatoire.  Il  avait  le  génie  de  l'a  peu  près, 
comme  le  montre  longuement  M.  Aulard,  il  avait  même  le  don 
d'autosuggestion . 

Aussi  quelle  estime  il  fait  de  la  littérature  I  et  comme  il  a  raison  I 
C'est  aussi  bien  la  grand'mère  de  George  Sand  que  M™«  de  Genlis, 
c'est  Corneille  et  Rousseau  qu'il  invoque  pour  comprendre  l'ancien 
régime;  c'est  le  crocodile  de  Clément  d'Alexandrie  (et  de  Chateau- 
briand) qu'il  peint  pour  caractériser  le  Jacobin  (Aulard,  p.  207). 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I03 

«  Il  faisait  son  siège,  puis  allait  aux  archives  n,  a  dit  M.  Brunetière. 
Sans  doute  ;  mais  il  a  plus  de  goût  que  Tabbé  Vertot  ;  ce  n'est  pas  le 
siège  de  Rhodes  qull  raconte,  et  il  fait  son  siège  d'après  les  grands 
auteurs,  qui  ont  le  mieux  connu  l'homme  éternel.  «  J'ai  pris  de 
l'estime  pour  la  littérature  et  les  renseignements  qu'elle  peut  donner  •, 
4Scrivait-il,  à  son  retour  d'Angleterre,  à  Guillaume  Guizot...  «  La  vue 
-des  choses  n'a  point  démenti  les  prévisions  du  cabinet...  les  formules 
g^énérales  restent,  à  mon  avis,  entièrement  vraies...  Un  historien 
possède  dans  les  livres  un  instrument  très  puissant,  une  sorte  de 
photographie  très  fidèle  capable  de  suppléer  presque  toujours  à  la 
vue  physique  des  objets  ».  Des  livres  pareils,  Taine  va  en  écrire  à  son 
tour,  en  vrai  poète,  en  visionnaire  :  «  Il  avait  une  sorte  d'orgueil  de 
rintelligence,  il  aimait  la  gloire  littéraire  »  (Aulard,  p.  327). 

En  un  style  que  colorent  des  connaissances  encyclopédiques,  il  va 
exprimer  les  généralisations  auxquelles  se  complaît  sa  pensée  spino- 
ziste.  La  fiction  sera  plus  animée  et  plus  belle  que  la  réalité;  la 
morne  succession  des  faits  n'ayant  de  sens  et  d'intérêt  que  par  une 
interprétation,  par  les  lignes  générales  que  lui  donne  notre  esprit  : 
«  nous  ne  vivons.écrit  Taine  à  Cornélis  de  Witt,  nous  ne  travaillons, 
nous  ne  résistons  que  grâce  à  notre  idée  philosophique  ».  Cette  idée 
(«  l'assimilation  des  recherches  historiques  et  psychologiques  aux 
recherches  physiologiques  et  chimiques  ») pouvait  donner  une  formule 
romanesque  comme  les  Affinités  électives  de  Goethe  ;  Taine  la  mit  en 
allégories,  en  comparaisons,  en  poèmes  historiques  et  philosophiques. 
Poète,  Taine  l'a  été  par  un  certain  manque  de  sens  critique,  par  la 
naïveté  sereine  de  sa  grande  âme,  par  l'intensité  de  ses  sensations  (i), 
par  la  délicatesse  même  de  sa  sensibilité,  par  son  oreille  musicale, 
bien  plus  avertie  que  ses  yeux  myopes.  Poète,  il  le  fut  par  son  besoin 
de  traduire  toute  pensée  en  image,  par  son  b)rronisme  et  par  son  amour 
infini  de  Musset.  Peu  d'auteurs  peut-être  ont  eu  sur  lui  une  influence 
aussi  profonde  que  celui  de  Rolla  et  de  la  Confession  d'un  enfant  du 
siècle.  Ou,  s'il  n'y  a  pas  influence  immédiate,  il  y  a  entre  le  poète  et 
le  prosateur  de  telles  affinités  qu'elles  révèlent  une  sensibilité  presque 
identique. 

Ce  n'est  point  là  rencontre  fortuite.  On  connaît  assez  l'immense 
admiration  de  Taine  pour  Musset.  Que  n'aurait  pas  donné  le  jeune 
critique  pour  pouvoir  écrire  des  vers  comme  ceux  de  La  Mi- Carême^ 
<:ités  avec  tant  de  complaisance  dans  La  Fontaine  et  sesjables  : 

Le  carnaval  s*en  va.  les  roses  vont  éclore... 

(1)  Voir  Partie  le  de  M.  Victor  Giraud  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  du 
aer  février  1908. 


I04  LE  MUSÉE   BELGE. 


Dans  le  dernier  volume  de  VHistoire  de  la  littérature  anglaise^  llioin- 
mage  lyrique  à  Musset  (à  propos  de  Tennyson)  est  assez  significatif  : 
Taine  se  rappelle  les  vers  de  son  poète  préféré  à  tout  propos,  devant 
un  ciel  de  printemps  comme  devant  les  marches  de  marbre  rose  de 
Versailles;  il  irait,  sans  plus  raisonner,  les  relire  s'il  ne  les  savait  p>ar 
cœur.  De  1849  ^  i863,  Musset  est  le  poète  adoré  des  jeunes  gens 
délicats,  sensibles  et  artistes.  Taine  était  de  ce  nombre,  et  les  idées 
de  Musset,  traduction  en  style  général  d'une  sensibilité  déterminée, 
vont  se  retrouver  chez  le  critique. 

M.  Nayrac  (i)  cherchait  dernièrement  dans  La  Fontaine  rorigine 
d'une  théorie  développée  dans  V Intelligence  (1870).  Il  serait  bien  plus 
facile  et  plus  juste  de  chercher  une  filiation  entre  les  faits  suivants. 
Dans  La  Fontaine  et  ses  fables  et  ailleurs,  Taine  explique  que  l'idée  de 
Dieu  est  déterminée  à  chaque  époque  par  la  forme  de  la  société  con- 
temporaine ;  en  ce  point  il  n'aurait  eu  qu'à  se  rappeler  V Espoir  en 
Dieu  qu'il  connaissait  si  bien  : 

Sous  les  rois  absolus  je  trouve  un  dieu  despote; 
On  nous  parle  aujourd'hui  d'un  dieu  républicain. 

La  même  pièce  disant  aux  philosophes  qu'ils  n'ont  pas  les  ailes  de 
la  foi,  pouvait  conduire  à  la  fameuse  tirade  des  Origines  sur  le  chris- 
tianisme. —  Les  nombreux  rapprochements  qu'il  serait  trop  facile 
d'établir  porteraient  souvent  sur  des  lieux  communs.  L'attitude  à 
l'égard  de  la  société  est  plus  caractéristique  : 

La  politique,  hélas  !  voilà  notre  misère  ! 

Mes  meilleurs  ennemis  me  conseillent  d'en  faire... 

Et  Musset  de  s'y  refuser  à  la  veille  de  1848.  De  même  Taine,  si 
indifférent  en  1849,  déclare  encore  au  temps  des  <t  essais  de  critique 
et  d'histoire  »  qu'il  aime  beaucoup  Thistoire  et  peu  la  politique.  Le 
moment  vint  pourtant  d'agir  en  citoyen,  donc  de  juger  :  en  face  de  la 
Commune  et  de  1793  et  1848,  c'est  à-dire  devant  la  Révolution  en 
soi,  il  a  les  sentiments,  donc  les  idées  de  Musset.  Vous  rappelez  vous 
la  Confession  d^un  enfant  du  siècle  et  cette  «  introduction  à  la  Montes- 
quieu »  que  M .  Faguet  trouve  si  déplacée  ?  Elle  contient  l'allégorie  et 
la  théorie  qui  font  Tidée-mère  des  Origines,  Un  homme  a  détruit  sa 
maison  de  fond  en  comble  —  il  cherche  partout  des  matériaux  pour 
la  rebâtir,  et  il  est  troublé  par  divers  accidents  :  c'est  là  l'image  de  la 
France  pour  Musset  (2),  et  ce  l'est  aussi  pour  Taine.  Les  démolis- 

(1)  J.-P.  Nayrac,  La  Fontaine.  Paris,  Paulin,  1908,  p.  116  (sur  «l'hallucination 
vraie  »). 

(2)  Exprimée  de  façon  plus  complète  et  plus  saisissante  que  dans  la  métaphore 
analogue  de  Burke  signalée  par  M.  Aulard  (p.  io3). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Io5 


seurSf  les  niveleurs,  les  utopistes  sont  aussi  antipathiques  à  l'auteur 
de  Durand  et  Dupont  et  des  Lettres  de  Dupuis  et  Cotonet  qu'à  Thistorien 
du  jacobinisme.  De  même  que  certaines  pages  du  Voyage  en  Italie  rap- 
pellent, et  pour  cause,  Lorenzaccio,  de  même  la  psychologie  des  Saint- 
Just  et  des  Danton  ressemble  à  celle  de  Dupont  et  Durand.  Utopie 
républicaine  des  deux  côtés;  oripeaux  de  Voltaire  et  de  Lycurgue  (i); 
philosophie  de  vétérinaire;  et  tout  cela,  surtout,  défendu  par  des 
raies,  par  le  a  satyre  fangeux  »  de  Mirabeau,  par  des  commis  et  des 
maîtres  d'école,  par  des  gens  qui  auraient  dû  être  employés  à  3ooo  fr. 
et  sont  devenus  hommes  d'État,  Le  pauvre  sire  du  dialogue  de 
Musset 

Qui  fut  d'abord  garçon  chez  un  vétérinaire,... 

etc.,  explique  un  peu  o  les  rimeurs  de  carrefours  et  les  polissons  de 
cafés  »  qui  dans  Taine  viennent  à  la  barre  de  la  Convention  (Aulard, 
p.  268),  et  peut-être  aussi  Danton  «  petit  avocat  à  Méry  sur- Seine  »  (2) 
(Aulard,  p.  44).  Les  ressemblances  de  Durand  et  Dupont  et  du 
Jacobin  viennent  des  mêmes  impressions  faites,  aux  diverses  époques, 
sur  des  gens  bien  nés  ou  aisés,  par  les  innovations  de  gens  pauvres 
ou  vulgaires.  Un  pamphlet  aristocratique  de  Tan  II  a  fait  avant 
Musset  la  prosopopée  (Dors- tu  content...)  à  Voltaire  :  a  O  Voltaire  ! 
auriez-vous  pu  conserver  votre  opinion  si...  »  (Aulard,  p.  io3).  Les 
reproches  lancés  aux  novateurs  se  font  écho,  et  les  injures  de  Taine 
contre  Brissot  a  né  dans  une  boutique  de  pâtissier  »  font  songer  aux 
paroles  de  ce  duc  cité  dans  La  Fontaine  et  ses  fables  :  a  Cela  veut  rai- 
sonner de  tout,  et  cela  n'a  pas  mille  écus  de  rente  ».  M .  Aulard 
(p.  i5o),  qui  veut  mettre  les  boutades  en  théories,  résume  ainsi  :  a  II 
n'y  a  que  les  riches  qui,  selon  Taine,  aient  le  droit  d'avoir  une  opi- 
nion en  politique  ».  Le  fait  est  que  les  artistes,  comme  le  remarque, 
je  crois,  M.  Bergeret,  sont  conservateurs  ;  après  la  Commune,  les 
Flaubert,  les  Renan,  les  Taine  sont  furieusement  réactionnaires  : 
«  Le  premier  remède,  écrit  Flaubert  à  George  Sand  le  8  septembre 
187 1,  serait  den  finir  avec  le  suffrage  universel,  la  honte  de  l'esprit 
humain.  Tel  qu'il  est  constitué,  un  seul  élément  prévaut  au  détri- 
ment de  tous  les  autres  :  le  nombre  domine  Tesprit,  lïnstruction,  la 
race  et  même  V argent,  qui  vaut  mieux  que  le  nombre  »...  Pour  mépriser  le 

(1)  Cette  idée  de  l'utopie  romaine  ou  Spartiate,  du  plutarquisme,  a  été  formulée 
par  plusieurs  poètes,  notamment  par  A.  de  Vigny  {Stella)  et  par  V,  Hugo 
(A  Alphonse  Rabbe)  : 

Lycurgue  qu'elle  épousa  enfante  Robespierre. 

(2)  «Jamais  Danton,  que  je  sache,  n'habita  dans  cette  bourgade»,  dit  M.  Aulard. 
Pourquoi  Méry?  Ce  nom  aurait-il  le  sens  de  «  Landernau  »  ou  de  «  Quimper-^ 
Corentin  9  du  fabuliste? 


<o6  LE  MUSÉE  BELGE. 


«  bourgeois  »,  les  littérateurs  français  du  xix*  siècle  ne  laissent  pas 
de  révéler 

Un  esprit  composé  d'atomes  bien  bourgeois. 

Mais  avant  ses  écrits  civiques,  et  même  encore  plus  tard,  Taine 
avait  eu  un  sentiment  plus  ardent  que  tous  les  autres,  une  vraie  et 
longue  passion  :  celle  de  comprendre  et  d'expliquer.  «  Il  comprend, 
conçoit,  juge  et  formule  trop  vite  •,  notait  déjà  son  maître  Vacherot; 
il  «  aime  trop  les  formules  et  les  définitions,  auxquelles  il  sacrifie 
trop  souvent  la  réalité,  sans  s*en  douter,  il  est  vrai,  car  il  est  d'une 
parfaite  sincérité  »  (i). 

Le  cousinisme,  essai  de  philosophie  éloquente,  de  spiritualisme 
édulcoré  et  libéral,  tyrannisait  vers  1848  l'Université  de  France 

Il  fut  particulièrement  désagréable  à  Taine,  qui  dans  la  sincérité 
<le  son  cœur  sentait  le  caractère  artificiel  des  théories  redondantes 
sur  «  le  vrai,  le  beau,  le  bien  ».  L'auteur  des  Philosophes  français  du 
XIX^  siècle  s'acharne  contre  tout  ce  clinquant.  Heine  s'était  égayé 
avec  plus  de  verve  de  Cousin,  kantiste  sans  connaître  Kant  ;  Louis 
Veuillot  avait  secoué  plus  rudement  ces  philosophes  qui,  avant  de 
savoir  s'ils  existent,  veulent  être  salariés  par  TÉtat  (Les  libres-penseurs). 
Mais  Taine  apportait  le  plus  sûr  moyen  de  supprimer  le  cousinisme  : 
il  allait  remplacer  cette  superstition  philosophique  par  une  autre  ; 
avec  lui  l'idéologie  contemporaine  «  changeait  de  fièvre  ».  Aux  nobles 
abstractions  des  universitaires,  il  substituait  les  réalités  concrètes  des 
explications  déterministes.  Hegel,  lu  à  Nevers,  lui  avait  surtout  laissé 
un  souvenir  d'ivresse  transcendantale.  Mais  Herder  (traduit  par 
Quinet),  Montesquieu,  et  vingt  autres,  étaient  pleins  d'idées  et  de 
faits  ;  la  physiologie  faisait  des  progrès  rapides.  Spinoza,  qui  avait 
été  «  le  saint  »  de  Gœthe,  était  l'ancêtre  intellectuel  des  déterministes 
nouveaux.  Gœthe  et  Geoffroy  Saint- Hilaire  avaient  fait  triompher 
l'idée  de  l'unité  de  composition  organique  de  l'univers  ;  et  Pangloss 
revenant  sur  terre  aurait  trouvé  tout  s'enchaînant  mieux  que  jamais. 

C'est  vers  l'histoire  littéraire  que  Taine  se  tourna  d*abord  ;  en  étu- 
diant La  Fontaine,  il  songe  aux  influences  qui  ont  amené  ce  phéno- 
mène ;  il  parle  de  l'action  des  aliments  sur  Thomme,  mais  il  s'aperçoit 
sans  doute  bientôt  que  c'est  là  une  matière  peu  littéraire.  N'est-il  pas 
plus  beau  d'aller  par  le  chemin  des  écoliers,  de  décrire  les  bords  du 
Rhin,  majestueux  et  poétiques,  romantiques  enfin,  et  de  les  opposer 
à  cette  plate  Champagne,  où  la  vigne,  triste  plante  bossue,  tord  ses 

(1)  Gabriel  Monod,  Les  maîtres  de  l'histoire,  p.  67;  Aulard,  p.  2. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I07 


pieds  entre  les  cailloux  ?  Dire  le  printemps  et  Tamour  après  Lucrèce, 
La  Fontaine,  Musset  ;  s'amuser  de  cette  solennelle  représentation  du 
^and  siècle,  du  lion  qui  est  un  peu  le  Louis  XIV  des  bêtes,  plus 
tard  de  TAchille  racinien,  apprivoisé  et  dameret  auprès  de  TAchille 
homérique,  homicide  et  dompteur  de  chevaux  I  Et  Shakespeare  I  et 
Tite-Live  I  et  Xénophon  I  et  TEspagne  de  M™e  d'Aulnoy  1  Que  de 
récréations  psychologiques  I  II  ne  suffit  pas  de  montrer  les  galeries  de 
tableaux,il  faut  expliquer  pourquoi  tout  cela  ne  peut  pas  être  autrement. 
L'opium  fait  dormir  parce  qu'en  lui  est  une  vertu  dormitive  ;  en  sol- 
licitant un  peu  tel  passage  de  Herder,  en  régularisant,  en  systémati- 
sant ses  obsei-vations,  on  constate  que  tout  homme,  que  toute  œuvre 
est  le  produit  de  la  race,  du  milieu,  du  moment.  Taine  oublie  très 
souvent  et  très  heureusement  ses  formules  ;  mais  toujours  il  a  une 
explication.  Il  sait,  et  il  écrira  encore  à  Gaston  Paris,  que  si  Ton  s'en 
tenait  aux  textes,  il  faudrait  se  résigner  à  n'être  pas  littéraire.  Or,  il  a 
des  lettres  et  fait  de  la  littérature. 

Par  dessus  tout,  il  veut  expliquer.  Il  se  défend  bien  d'avoir  un 
système,  il  ne  prétend  appliquer  qu'une  méthode;  mais  le  choix 
même  de  la  méthode  implique  et  comporte  la  théorie,  u  Suivez  bien 
mon  raisonnement  » ,  disait  Sganarelle  à  Géronte.  Taine  adjure 
aussi  ses  lecteurs  et  critiques ,  et .  interrompant  les  feux  d'artifice  de 
ses  articles,  il  explique  sa  a  méthode  »  ;  le  raisonneur  parle  maintenant 
la  langue  de  Fausi  :  «  Que  le  lecteur  veuille  bien  faire  Texpérience 
sur  une  période  quelconque...  s'il  s'habitue  à  voir  clairement  ces 
qualités  et  ses  situations  générales  qui  étendent  leur  empire  sur  des 
siècles  et  des  nations  entières...  au  bout  de  peu  de  temps,  il  embras- 
sera d'un  regard  l'ensemble  qu'elles  gouvernent  ;  il  ne  les  verra  plus 
comme  des  formules  abstraites,  mais  comme  des  forces  vivantes 
mêlées  aux  choses,  partout  présentes,  toujours  agissantes,  véritables 
divinités  du  monde  humain,  qui  donnent  la  main  au-dessous  d'elles 
à  d'autres  puissances  maîtresses  de  la  matière  comme  elles-mêmes  le 
sont  de  Tesprit,  pour  former  toutes  ensembles  le  chœur  invisible  dont 
parlent  les  vieux  poètes,  qui  circule  à  travers  les  choses  et  par  qui 
palpite  l'univers  éternel  (i).  »  Perpétuelle  et  d'ailleurs  brillante  péti- 
tion de  principe,  qui  affirme  implicitement  le  déterminisme,  et  déroule 
la  succession  des  faits  sans  aller  jamais  au  fond  des  choses,  sans 
poser,  par  exemple,  la  question  de  la  Critique  de  la  raison  pure.  Moins 
intelligent  que  Renan,  Taine   ne  comprend  pas  le  kantisme;  le 


(i)  Essais  de  critique  et  d'histoire^  Préf.,  p.  xix  (mars  1866).  Cette  préface  est 
.aussi  instructive  pour  l'explication  de  Tœuvre  de  Taine  que  les  «examens»  et 
a  défenses»  de  Corneille  pour  sa  dramaturgie. 


r 


I08  LE   MUSÉE   BELGE. 


déterminisme  avec  son  décor  éblouissant  de  sensations  coordonnées 
ferme  son  horizon  intellectuel.  Et  malgré  Max  MuUer  et  Berthelot  et 
d'autres,  il  restera  fermé  au  criticisme  :  c'est  bien  vainement  que 
M.  Barrés  conduit  Rœmerspacher,  déraciné  kantien,  chez  Taine  ! 
Celui-ci  n'écrit-il  pas  à  Renan  que  V Intelligtnce  détruit,  en  somme,  la 
théorie  des  jugements  synthétiques  a  priori  ! 

• 

Le  préjugé  fondamental  de  Taine,  c'est  qu'il  faut  étudier  les  phé- 
nomènes intellectuels  et  moraux  comme  les  phénomènes  physiques, 
que  l'histoire  ou  la  philosophie  doivent  être  calquées  sur  Tanatomie 
et  la  physiologie  (i).  Méthode  féconde  en  rapprochements  ingénieux  et 
faiix.  Comparaison  n'est  pas  raison,  et  métaphore  l'est  moins  encore. 
En  disant  que  la  vertu  résulte  de  longues  élaborations  comme  le 
sucre,  que  la  révolution  présente  des  métamorphoses  comme  un 
insecte,  etc.,  on  ajoute  des  images  poétiques  au  répertoire  dantesque 
ou  lamartinien,  et  ce  n'est  pas  faire  peu.  Mais  pour  l'idée  toute  nue, 
ou  bien  elle  constitue  un  lieu  commun  plus  pittoresque  que  les  autres 
(c'est  un  grand  profit),  ou  bien  elle  fausse  le  sens  des  phénomènes 
humains.  Depuis  que  l'histoire,  la  psychologie  et  surtout  la  critique 
littéraire  et  artistique  ont  voulu  se  guinder  au  rang  de  «  sciences  », 
elles  ont  adopté  le  vocabulaire  et  les  méthodes  de  la  science  la  plus 
en  vogue  dans  chaque  époque  :  c'était  la  philosophie  esthétique  du 
temps  de  La  Harpe  (et  cela  au  moins  se  rapprochait  de  la  littérature), 
c'est  la  physiologie  du  temps  de  Taine,  c'est  l'anatomie  comparée  du 
temps  de  Brunetière,  dont  on  connaît  «  l'évolution  des  genres  »  et 
autres  mythes  pseudo-  darwiniens.  L'histoire  physiologique  est  vers 
i863  ce  quêtait  au  début  du  xviii^  siècle  l'astronomie  galante  de 
Fontenelle,  où  la  lune  est  une  blonde  et  le  soleil  une  brune.  —  Tous 
ces  auteurs  oublient  que,  si  la  littérature  est  avant  tout  le  miroir 
de  l'esprit  humain,  l'histoire  est  l'ensemble  des  souvenirs  de  l'hu- 
manité, et  que  l'interpréter  physiologiquement  ou  chimiquement,  c'est 
chercher  le  squelette  d'une  ombre.  Leurs  exposés  ont  le  tort  de 
présumer,  d'impliquer  une  certaine  conception  de  l'homme,  la 
conception  physiologique  et  déterministe  dans  le  cas  de  Taine.  Mais 
puisque,  dans  son  infirmité,  Tesprit  humain  ne  contemple  son  passé 
qu'en  se  regardant  lui-même  à  travers  le  prisme  de  l'esprit  du  temps, 
Taine  allait  être  le  critique  et  l'historien  le  plus  goûté  des  Français 
au  siècle  des  sciences  naturelles.   On  connaît  assez  ses  procédés  et 

(i)  «  Assez  de  zoologie...  »,  disait  finement  le  savant  Dumas  recevant  Taine  à 
l'Académie.  —  Il  y  en  a  même  trop.  —  Dès  1867,  le  Prince- Caniche  de  Laboulaye 
(p.  2  et  p.  20-21]  persifle  excellemment  le  «gros  livre  qui  permet  d*expliquer  toutes 
choses  avec  une  seule  idée  *». 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  IO9 


ses  exposés  de  la  Philosophie  de  l'Art,  de  V Histoire  de  la  littérature 
anglaise,  etc.  La  théorie  gâte  parfois  les  choses  vues  (Voyage  en  Italie)  ; 
mais  plus  souvent  l'auteur  s*en  dégage,  oublie  sa  synthèse  symétrique, 
voit  la  ville  et  la  province,  écrit  d'amusantes  notes  sur  T Angleterre, 
a  l'esprit  de  Thomas  Graindorge  ou  laisse  partir  tout  son  werthérîsme 
dans  le  Campo  Sanlo  de  Pise.  Il  a  deux  styles  suivant  qu'il  expose 
en  tableaux  réguliers  les  idées-mères  ou  qu'il  note  en  impressionniste 
des  sensations. 

Il  a  eu  aussi  deux  parts  dans  son  œuvre,  Tune  où  il  n'est,  ne  veut 
être  que  savant,  théoricien,  artiste;  l'autre  où  il  abandonne  incon- 
sciemment l'impassibilité  pour  parler  du  pays  qui  est  Je  sien  et  qui 
souffre,  pour  se  faire  historien  de  la  maison  qu'il  habite  :  les  par- 
nassiens français  n'ont  pas  eu,  comme  leur  maître  «  Gœthe  pendant 
les  guerres  de  l'empire  » ,  le  triste  courage  de  chanter  a  pendant  que 
Rome  brûle  ». 

Taine  historien  s'est  défini  lui-même  par  des  formules  successives, 
suivant  qu'il  se  représente  embarrassé  devant  les  manifestes  électo- 
raux de  1849,  ou  qu'il  annonce  l'impartialité  qu'il  aurait  pour  les 
troubles  d'Athènes  et  de  Florence  :  il  n'y  a  point  là  contradiction, 
car  on  peut  chercher  son  devoir  en  toute  a  objectivité  »,  et  réserver 
son  zèle  pour  le  moment  où  l'on  aura  trouvé  la  vérité.  Mais  il  est  si 
facile  de  croire,  de  slmaginer,  que  les  textes  seuls  nous  rendent 
iconoclastes  I  Peut-être  Taine  comprenait-il  mieux  le  faible  des  histo- 
riens en  regardant  jadis  les  autres  (Montalembert,  Michelet,  etc.) 
qu'en  parlant  de  lui-même  et  de  son  œuvre  en  cours  d'exécution. 
Écoutons-le  en  1857  : 

«  Je  me  suppose  grand  amateur  d'aristocratie,  de  démocratie,  ou 
de  toute  autre  forme  de  gouvernement.  Naturellement,  j'écris  un 
livre  pour  défendre  ce  que  j'aime.  Comment  faire  un  livre  qui  soit  lu?  — 
Si  j'arrange  une  grosse  théorie,  je  vais  mettre  le  public  en  fuite.  Qui 
est-ce  qui  voudra  suivre  aujourd'hui  la  déduction  des  droits  du  peuple 
ou  du  gouvernement  paternel  ?  Cela  était  bon  sous  Rousseau  ou  sous 
M.  de  Bonald  ;  mais  le  Contrat  social  et  la  Législation  primitive  ne  sont 
plus  que  des  parures  de  bibliothèque.  Ma  théorie  irait  les  rejoindre 
et  personne  ne  se  soucie  d'aller  dormir  avec  les  morts.  —  J^e  découvre 
un  moyen  excellent,  l'emploi  de  Vhistoire.  Il  faut  bien  que  les  Grecs  et  les 
Romains  servent  à  quelque  chose  ;  ils  me  serviront  de  paravent,  et 
ce  sera  bien  fait.  Si  j'aime  la  souveraineté  populaire,  je  prouverai 
que  les  Athéniens  de  Périclès  furent  les  plus  heureux  des  hommes. 
I  Si  je  goûte  l'aristocratie,  je  montrerai  que  les  sénateurs  de  Rome 
furent  les  plus  grands  des  politiques,  ^aiderai  un  peu  à  la  vérité,  ce  qui 
I  4H  aisé,  car  un  écrivain  croit  aisément  les  choses  quil  désire,  et  f  aurai  la 
satisfaction  de  composer^  comme  M.  Troplong  et  M.  de  Montalembert, 


IIO  LE   MUSEE   BELGE. 


un  livre  animé,  adroit,  utile  à  ma  cause,  agréable  au  public,  et  qui  ne  fera 
tort  qu'à  l'histoire  (i).  » 

Vingt  ans  après,  Taine,  rente,  marié,  «  arrivé  » ,  était  devenu 
grand  amateur  de  bourgeoisie  et  d'obligations  au  porteur  (2).  Faire 
des  livres  qui  soient  lus,  c  est  son  éternelle  occupation  (3).  Il  s'occupe 
de  philosophie  politique,  comme  il  l'écrit  à  Georges  Brandès  (4),  il 
se  fait  vite  une  grosse  théorie  (5)  et  découvre  un  moyen  excellent  : 
l'histoire  de  la  Révolution.  Moyen  d'autant  plus  explicable  que  les 
gens  de  1871  continuent  à  «  vivre  »  la  Révolution,  que  V  «  anarchie 
spontanée  »  réapparaît,  que  les  flammes  des  Tuileries  éclairent  jus- 
qu'aux jacqueries  d'autrefois.  Jules  Lemaître  ne  distingue-t-il  pas 
deux  groupes  d'esprits  français  :  ceux  qui  ont  vu  la  guerre  et  ceux 
qui  ne  l'ont  pas  vue  ?  Alphonse  Daudet  raconte  qu'en  entendant, 
dans  Paris  désolé,  un  camelot  crier  «  Les  amants  de  la  femme 
Bonaparte  »,  il  eut  le  sentiment  aigu  de  ce  qu'est  une  révolution. 
Taine  fut  dans  un  cas  analogue.  Mais,  plus  logicien  que  Daudet,  il 
remonta  à  la  source  du  mal  ;  Renan  jugeait  alors  que  la  France  s'était 
suicidée  en  guillotinant  Louis  XVI  ;  Taine  croit  et  écrit  qu'elle  s'est 
brisé  l'épine  dorsale  en  essayant  sa  Révolution.  En  condamnant  les 
Jacobins,  vous  oubliez,  lui  disent  ses  critiques,  Tinvasion,  le  duc  de 
Brunswick...  Que  non  I  il  ne  les  oublie  pas,  il  les  retrouve  :  il  y  a 
bien  des  gens,  écrit -il,  qui  préféreraient  le  règne  de  M.  de  Moltke  à 
celui  des  communards.  Il  est,  sans  aucun  doute,  de  ces  gens-là  — 
comme  les  émigrés,  expropriés,  préféraient  le  duc  de  Brunswick  aux 
sans-culottes.  En  1789  ou  1793  comme  en  187 1 ,  une  doctrine  s'impose 
aux  hommes  par  les  promesses  qu'elle  leur  fait  bien  plus  que  par  le 
sophisme  qu'elle  leur  présente  :  c'est  ce  qu'observe  l'historien  de  la 
conquête  jacobine,  et  c'est  ce  qu'il  prouve  par  ses  propres  tendances. 
Il  est,  bien  entendu,  de  très  bonne  foi  :  «  car  un  écrivain  croit  aisé- 
ment les  choses  qu'il  désire  » . 

De  plus,  ses  inquiétudes  personnelles  en  187 1  comportent  des 

(i)  Taine,  M.  Troplong  [Chute  de  la  République  romaine]  et  M,  de  Montalem- 
bert  [De  Ta  venir  politique  de  l'Angleterre],  article  d'avril  iSSy  {Essais  de  critique  et 
d'histoire,  3«  éd.,  1874.  p.  269-270). 

(2;  Il  écrit  lui-même,  le  9  octobre  1870  :  «  Presque  toutes  les  familles  aisées  ou 
riches  fondent  le  principal  de  leur  revenu  sur  quelques  morceaux  de  papier  inapri- 
mes  au  nom  d*une  compagnie,  et  la  maîtresse  pensée  de  leur  vie  est  le  désir 
d'assurer  un  capital  et  du  bien-être  à  leurs  enfants...  La  société  française  a  trouvé 
son  assiette  :  c'est  en  politique,  par  l'instabilité  de  ses  gouvernements,  du  côté  du 
comble,  que  l'éditîce  demeura  inachevé...»  (Uopinion  en  Allemagne  et  les  condi" 
lions  de  la  paix), 

(3)  Vie  et  correspondance,  t,  II,  p.  19  :  Allard,  p.  9. 

(4)  et  ;5)  Ibid.,  passim. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  II I- 

I  angoisses  patriotiques  »  ;  il  se  sent  le  cœur  mort  dans  la  poitrine  ; 
il  ne  savait  pas  qu'on  aimât  à  ce  point  sa  patrie.  C'est  la  France  qu'i^ 
voit  déchirée,  abaissée  :  il  doit  bien  constater  une  fois  de  plus  que 
les  troubles  civils  amènent  finalement  la  défaite  et  l'invasion.  La 
Révolution  et  l'Empire  ont  conduit  à  Waterloo  et  à  Sedan  ;  les 
Cosaques  et  Wellington  sont  venus  faire  la  loi  aux  anciens  Jacobins 
et  ont  ramené  les  Bourbons  dans  leurs  fourgons  ;  et  à  la  France  privée 
de  deux  provinces,  c'est  Bismarck  qui  procure  la  République,  comme 
Bebel  le  rappellera  à  Jaurès  au  Congrès  d'Amsterdam.  «  Nous  avons 
été  des  jobards  »,  disait  Jules  Favre  dans  la  France  occupée  par  les 
Prussiens  ;  Taine  va  lui-même  prononcer  le  mea  culpa  de  la  Révo- 
lution. C'est  dans  le  jacobinisme  qu'il  voit  la  racine  du  mal  ;  et  il 
condamne  1798  comme  M.  Lasserre,  après  Algésiras,  condamne  le 
romantisme. 


L'idée  générale  ou  plutôt  les  idées  principales  étant  données  — 
épuisement  de  l'ancien  régime,  combinaison  de  l'acquis  scientifique, 
de  l'idéologie  classique  et  de  la  rancune  roturière,  jacobinisme  pour 
tout  dire;  centralisation  égoïste,  militariste  et  administrative,  et 
débâcle  finale  —  restait  à  faire  rentrer  les  faits  dans  ces  cadres  solides. 
Beaucoup  n'y  entrèrent  pas  du  tout  ;  soit  parce  qu'ils  n'étaient  pas 
visibles  du  point  de  vue  élevé  du  philosophe,  soit  parce  qu'ils  ne 
prêtaient  guère  à  littérature,  soit  parce  que  Taine  les  ignorait.  — 
Quinet,  bien  qu'obsédé  par  la  haine  du  Jésuite,  savait  que  l'organi- 
sation militaire  avait  eu  une  importance  capitale  verè  179 1  :  Taine  n'en 
parle  pas  plus  que  de  la  marine.  D'aucuns  pensent  que  la  révolution 
fut  une  habile  expropriation  où  les  bourgeois  détroussèrent  le  roi, 
les  nobles  et  les  prêtres,  et  envoyèrent  autant  que  possible  les  pauvres 
diables  à  la  frontière  :  Jacques  Bonhomme  travaillait  pour  la  gloire 
et  pour  des  prunes,  tandis  que  les  acheteurs  de  biens  noirs  profitaient 
de  tous  les  régimes  et  de  toutes  les  impunités.  Taine  a  bien  entrevu, 
comme  le  souligne  M.  Aulard,  que  la  Révolutionjfut  une  translation 
de  propriétés.  Mais  il  ne  s'arrête  pas  à  cette  idée.  Il  en  a  d'autres,  qui 
font  plus  d'efifet.  Le  procédé  favori,  c'est  de  considérer  les  faits  sous 
Taspect  universel,  de  dégager  l'idée  maîtresse,  d'y  rattacher  toutes 
les  autres  en  les  superposant  suivant  l'importance  du  caractère  ob- 
servé. Rappelez- vous  l'esthétique  de  la  Philosophie  de  Part  ou  même 
de  La  Fontaine  ou  de  VHistoire  de  la  littérature  anglaise^  et  vous  aurez  la 
poétique  des  Origines, 

«  Les  faits  communiquent  entre  eux  par|les  définitions  des  groupes 
où  ils  sont  compris. . .  Chacun  d'eux  est  une  action  de  cet  homme  idéal  et 


112  LE   MUSÉE   BELGE. 


général  antour  duquel  se  rassemhlefit  toutes  les  inventions  et  toutes  les  particu- 
larités de  r époque  ;  chacun  d'eux  a  pour  cause  quelque  aptitude  ou 
inclination  du  modèle  régnant  (i).  »  Taine  formulait  donc  dès  1866 
et  érigeait  en  principe  la  tendance  que  M.  Aulard  (p.  124  et  sv.)  lui 
reproche  aujourd'hui,  de  construire  un  type  idéal  d'une  époque  :  le 
Jacobin  (2),  premier  rôle  des  Origines,  n'est  nulle  part  dans  les  textes, 
dit  le  critique.  Sans  doute,  —  il  est  partout  incognito.  S'il  a  un  peu 
l'aspect  d*un  traître  de  mélodrame,  cela  tient  peut-être,  en  partie,  au 
caractère  emphatique  de  la  révolution  elle-même  :  Taine  croit  tout  le 
monde  sur  parole.  —  Ujn  reproche  plus  grave  est  celui  de  Sorel  et  de 
M.  Jules  Lemaître  (ce  dernier  pour  Napoléon  Bonaparte)  :  Taine  immo- 
bilise les  époques,  il  peint  1789  avec  des  couleurs  prises  à  toute  la 
palette  du  xviii«  siècle  ;  son  Napoléon  est  figé  dans  son  triple  aspect, 
il  est  puissamment  construit,  il  se  transforme  trop  peu  au  cours  de 
la  vie  ondoyante  et  diverse.  Ce  défaut  tient  sans  doute  à  la  nécessité 
de  généraliser,  à  la  passion  de  tout  expliquer,  de  tout  mettre  en  théo- 
rème déterministe  ;  mais  ce  défaut,  il  faut  le  dire,  tient  à  lart  français 
tout  entier,  a  En  France,  on  dirait  que  la  logique  est  le  fondement 
des  arts  »,  disait  M°»'  de  Staël.  Alceste  ou  Philinte,  les  Horaces  ou 
Polyeucte,  Achille  ou  Joad  ont  tous  un  caractère  constant,  consé- 
quent, régulièrement  déterminé  par  une  idée  essentielle.  Leur  carac- 
tère peut  se  mettre  sous  une  étiquette,  et  la  littérature  française 
forme  une  étagère  soigneusement  ordonnée.  MM.  Faguet  et  Brisson 
peuvent  encore  ergoter  sur  Tâge  d'Alceste  (il  n  en  a  pas  !)  ;  je  ne 
sais  si  un  Viollet-le-Duc  trouverait  a  la  vaste  rhingrave  »  histo- 
riquement choisie  ;  on  a  écrit  de  lourdes  choses  et  des  méchan- 
cetés sur  l'exactitude  ou  Terreur  de  Corneille  et  Racine  historiens  ; 
M.  Aulard  relève  mille  lapsus  dans  le  Jacobin  :  c'est  qu  en  histoire 
comme  en  dramaturgie  il  y  a  des  classes,  des  genres,  des  degrés  de 
vérité,  depuis  la  comédie  de  caractère  jusqu'aux  répertoires  archéo- 
logiques. 

L'idée  du  Jacobin ,  Taine  Ta  prise,  à  coup  sûr,  dans  son  propre 
esprit  ;  il  l'illustre  par  les  documents.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  son 
ceuvre  ajoute  simplement  à  un  idolum  fori  un  idolum  lihri.  Car  sa  psy- 
chologie est  créatrice,  elle  est  une  vraie  poésie  ;  le  reproche  le  plus 
grave  qu'on  puisse  adresser  à  Taine,  c'est  de  ne  pas  respecter  la 
distinction  des  genres  ;  mais  il  a  commencé  à  lire  à  une  époque  où 
l'esthétique  de  La  Harpe  était  fort  décriée  ;  il  n'a  pas  plus  séparé 
l'histoire,  la  psychologie,  la  création  dramatique,  que  les  poètes 
romantiques  ne  respectaient  les  limites  de  l'ode,  de  l'élégie,  de  la 

(1)  Essais  de  critique  et  d'histoire,  pr-fa-e,  p.  xv  (mars  1866  . 

(2)  Aulard,  p.  124. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Il 3 


"tragédie  et  de  l'épopée  Ou  plutôt,  sous  toutes  les  formes,  critique 
littéraire,  critique  d*art,  philosophie,  histoire,  il  n'a  jamais  fait  que  de 
la  psychologie  ;  et  il  a  élevé  l'historiographie  à  la  hauteur  du  drame. 
Son  Jacobin  peut  être  vrai  d'une  vérité  de  type  universel,  comme 
IDon  Quichotte.  Le  donquichotisme  politique  a  conduit  la  France  à 
Waterloo  et  à  Sedan,  aux  barricades  et  à  la  Commune.  Et  Taine 
estime  que  la  sécurité  à  la  frontière  et  à  l'intérieur  vaut  mieux  que 
tous  les  droits  transcendantaux  de  l'homme  et  du  citoyen.  Il  ne  faut 
pas  combattre  les  moulins  à  vent  dans  un  pays  où  Ton  peut  rencon- 
trer au  coin  d'une  révolution  Robespierre  ou  les  pétroleuses,  Blucher 
ou  Bismarck. 

Amault,  lisant  les  paroles  du  poète  mourant  de  Lamartine,  trou- 
vait ce  jeune  homme  bien  infatué  d'entretenir  le  public  de  sa  maladie. 
J'ai  entendu  M.  Retté,  après  avoir  récité  Rolla  : 

O  Christ!  je  ne  suis  pas  de  ceux  que  la  prière... 

ajouter  :  a  Ce  que  cela  nous  est  égal  I  n  Quand  Taine,  épouvanté  par 
la  Commune,  rédige  le  convicium  saeculiy  MM.  Monneron  et  Aulard 
répondent  :  «  En  quoi  vos  sentiments  intéressent-ils  les  historiens 
comme  nous?  »  Arnault,  Retté,  Aulard,  Monneron,  idéologues, 
haussent  les  épaules  devant  la  poésie  lyrique  ;  le  vieux  classique  de 
1820  ou  le  critique  de  1907  ont  la  même  répugnance  pour  les  roman- 
tiques, que  ceux-ci  écrivent  les  Méditations  ou  les  Nuits,  V Intelligence 
ou  les  Origines  de  la  France  contemporaine. 

Ce  serait  là  affaire  de  tempérament  et  de  goût,  si  le  dernier  des 
romantiques  n'avait  pas  tout  un  bagage  de  triple  savant,  et  des  allures 
de  philosophe,  et  surtout  s'il  ne  s'était  pas  appliqué  successivement 
à  des  époques  différentes  de  Thistoire,  à  des  phénomènes  diverse- 
ment appréciés  de  ses  compatriotes.  Dans  sa  première  manière,  tout 
à  l'ivresse  du  spinozisme,  il  répète  :  Les  fables  de  La  Fontaine  et 
les  discours  de  Tite-Live.  les  croyances  chrétiennes  et  les  élégances 
classiques^  les  héros  shakespeariens  et  les  toiles  vénitiennes,  tout 
est  résultante,  aboutissement  fatal,  «  produit  »,  comme  le  sucre  et  le 
vitriol  ;  et  les  catholiques  français  se  signent  d'épouvante  devant  ces 
blasphèmes  mélodieux.  —  Mais  le  poète,  secoué,  continue  tout  à 
coup  :  Les  droits  de  l'homme  et  du  citoyen,  le  jacobinisme  vx  ses 
dogmes  sont  des  résultats,  des  produits  comme  la  dynamite,  une 
nitro-glycérine  qui  nous  a  éclaboussés  ;  et  c'est  au  tour  des  descen- 
dants de  la  Révolution  de  voiler  leur  barbe  de  48,  et  de  crier  : 
Malheur  et  profanation  ! 


ZI4  LE   MUSÉE  BELGE. 


Ce  qui  proteste  en  tous  temps  contre  Taine,  c'est  la  croyance  au 
libre  arbitre,  le  christianisme  (de  Dupanloup,  évêque  d'Orléans),  le 
jacobinisme  (christiaiiisme  laïcisé  et  armé),  le  moralisme  et  le  néo- 
criticisme  kantien^  enfin  la  pensée  de  tous  ceux  qui  slndignent, 
comme  Victor  Hugo, 

Quand  vous  venez  me  dire  :  —  Un  creuset  c'est  tout  Phoinme  ; 

Le  destin  est  un  feu,  la  fumée  est  la  somme  ; 

Tout  aboutit  au  même  abîme  universel  ; 

La  vertu^  c'est  du  sucre^  et  le  crime  est  du  sel  ; 

Au  fond,  nulle  action  n*est  mauvaise  ni  bonne  (i). 

Au  point  de  vue  philosophique,  Joseph  de  Maistre  et  Joseph  Mon- 
neron  se  ressemblent  beaucoup  plus  qu'aucun  des  deux  ne  ressemble 
à  Taine.  A  M.   Barrés  voyageant  en   Ég)rpte,  on  a  raconté    que 
M.  Aulard  avait  dit  au  directeur  d'un  collège  congréganiste  qu'il  visi- 
tait :  a  Monsieur  le  directeur,  votre  idéal  et  le  mien  se  combattent. 
Mais,  enfin,  nous  avons  chacun  un  idéal.  Nous  avons  choisi  la  meil- 
leure part.  Sans  idéal,  la  vie  ne  vaut  pas  la  peine  d'être  vécue  (2).  w 
Taine  aussi  avait  un  idéal  —  fort  différent  de  l'idéal  chrétien  du 
religieux  et  de  l'idéal  civique  du  professeur  :  Taine  trouvait  le  sou- 
verain bien  dans  la  volupté  de  comprendre  et  de  penser  ;  or  le 
mandarinat  intellectuel,  cher  aussi  à  Renan,  peut  être  réalisé  par  des 
moyens  divers,  et  notamment  par  le  bon  despotisme.  Taine  et  Eenan 
ne  crurent  donc  point,  comme  le  général  d'A.  France,  que  la  répu- 
blique est  le  meilleur  gouvernement  parce  qu'elle  peut  massacrer 
80,000  Français  sans  devenir  impopulaire;  ils  ne  crurent  pas,  comme 
le  père  de  M.  Bergeret  et  comme  M.  Bérard,  que  la  république  est 
la  justice.  Ils  jugèrent  même  que  l'idéologie  appliquée  à  la  société 
française  est  pernicieuse. 

Les  polémiques  que  suscite  un  philosophe  peu  critique  et  un  histo- 
rien poétique,  ne  sont  point  —  comme  le  voudraient  certains  Alle- 
mands —  un  signe  de  Tinfériorité  intellectuelle  de  la  France  et  de  la 
décadence  latine.  Je  vois  encore  le  sourire  de  pitié  avec  lequel  im  née- 
kantiste  prussien  lisait  que  protestants  et  catholiques  d'outre- Vosges 
se  disputaient  l'auteur  des  Origines  et  de  V Intelligence.  En  réalité,  le 
sort  de  Taine,  comme  celui  de  Montesquieu  et  de  Rousseau,  prouve 
que  les  questions  politiques  ont  Un  intérêt  plus  intense  en  France 
qu'ailleurs  ;  que  le  public  français  tend  à  réduire  toute  doctrine  et 

(1)  Légende  des  siècles^  t.  IV  (Hetzcl),  p.  177  :  Les  grandes  lois  (protesiaiion 
contre  le  déterminisme  de  Taine,  le  darwinisme  et  les  a  lois  »  mises  en  vogue  par 
les  c<  cuistres  »). 

(2)  Le  Matin  de  Paris;  reproduit  par  Le  XX^ siècle  de  Bruxelles,  4  mars  1908. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Il5 

toute  pensée  en  facteur  social  ;  qu'il  réalise  dans  les  temps  modernes 
l'antique  définition  du  îuùov  hoXitikôv  ;  et  qu'enfin  une  interprétation 
poétique  et  harmonieuse  d'un  grand  fait  historique  intéresse  beau- 
coup plus  les  lecteurs  de  journaux  que  les  profondes  spéculations 
métaphysiques.  Puis,  si  le  tableau  tracé  par  Taine  est  «  littéraire  », 
il  faut  remarquer  que  c'était  le  moment  ou  jamais  d'appliquer  cette 
méthode,  la  Révolution  française  étant  elle-même  a  littéraire  », 
livresque,  raisonneuse  plus  qu'aucune  autre  :  les  révolutions  trouvent 
peut-être  les  historiens  qu'elles  méritent.  Des  gens  qui  abominent 
les  Origines  de  la  France  contemporaine  n'ont-ils  pas,  jadis,  trouvé  profond 
le  mot  de  Michelet  qui  équivaut  à  l'action  de  la  «  raison  raison- 
nante »  :  «  Un  homme  a  fait  la  Révolution,  c'est  Descartes  »  ? 

Taine,  malgré  qu'il  en  ait  et  qu'on  lui  en  veuille,  est  de  son  temps, 
de  son  pays,  de  sa  littérature  ;  et  après  avoir  écrit  sa  Ballade  à  la  Iwu^ 
c'est-à-dire  après  avoir  persiflé  dans  ses  Philosophes  français  les  sots 
graves  et  pédants  qui  régentaient  la  France  intellectuelle,  il  a  écrit 
les  Origines  à  la  suite  de  la  guerre  étrangère  et  civile,  comme  le  poète 
écrit  ses  Nuits  après  un  malheur  d'amour  :  il  trouve  alors  la  France 
politique  gouvernée  non  plus  par  des  sots,  mais  par  des  fous  furieux. 
Il  commence  à  se  douter  que  le  citoyen  a  autre  chose  à  faire  sur 
terre  que  de  calculer  le  jeu  des  effets  et  des  causes.  Malheureuse- 
ment, il  n'avait  ni  la  puissance  spéculative  d'un  Descartes  ou  d'un 
Kant,  ni  le  christianisme  d'un  Bossuet  :  ces  dons  conduisent,  peut- 
être,  mieux  que  toutes  les  connaissances  physiologiques  et  qi^e'le 
zèle  civique,  à  une  compréhension  sereine  de  l'esprit  humain. 

Albert  Counson. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 

69.  —  Kurt  Riezler,  Ueber  Fiuanzen  und  MonopoWim  alten  Griechen- 
land.  Zur  Théorie  und  Geschichte  der  antiken  Stadtwirtschaft. 
Berlin,  Puttkamer  et  Mûhlbrecht,  1907.  98  pp.  in-8".  2  m.  40. 
Ces  quelques  pages  me  paraissent  apporter  à  l'histoire  économique 
de  l'antiquité  une  contribution  d'une  réelle  valeur.  EUes^sont  l'œuvre 
d'un  esprit  instruit,  réfléchi  et  mûr  ;  peut-être,  par  ci  par  là,  pourrait- 
on  souhaiter  plus  de  simplicité  et  de  clarté  dans  laSlangue  ;îmais,  en 
général,  le  style  est  d'une  remarquable  précision|et  l'exposé  est  pré- 
senté avec  beaucoup  de  suite  et  de  logique.  Voici  le  plan  de  l'ouvrage  : 


Il6  LB   MUSÉE   BELGE. 


d'abord  analyse  du  second  livre  de  rÉconomique  attribuée  à  Aristote; 
puis  groupement  et  interprétation  des  faits  recueillis  et,  pour  finir, 
tentative  de  les  utiliser  pour  une  description  générale  de  la  situation 
économique  :  je  m'arrêterai  à  cette  dernière  partie. 

L'auteur  ne  prend  pas  précisément  position  dans  le  débat  Beloch- 
Meyer-Bûcher  :  pour  lui,  si  je  le  comprends  bien,  les  deux  théories 
reposent  sur  des  généralisations  hâtives.  Beloch  et  Meyer  ont  exagéré 
l'importance  de  l'industrie  et  du  commerce  ;  Bûcher  Ta  par  trop 
réduite  ;  l'heure  n'est  pas  encore  venue  pour  des  systèmes  ;  il  faut 
procéder  par  des  recherches  sur  des  points  spéciaux.  Celui  que 
l'auteur  a  choisi  consiste  essentiellement  dans  les  rapports  entre  les 
formes  politiques  et  les  formes  économiques.  Essayons  de  dégager 
sa  pensée  exacte. 

La  cité  est  la  création  du  génie  politique  des  Grecs.  Ce  qui  la 
caractérise  dans  ses  relations  avec  les  individus,  c'est  sa  toute- 
puissance.  Contre  son  droit,  il  n'y  a  pas  de  droit  particulier.  Dans 
le  domaine  économique,  elle  dirige,  elle  commande,  elle  organise, 
comme  dans  tout  autre  domaine. 

La  Polis  constitue  une  société  fermée.  On  naît  citoyen  ;  les  natu- 
ralisations sont  rares,  toujours  mesurées  de  façon  à  ne  pas  étendre  à 
l'excès  le  nombre  des  citoyens  ;  car  la  petitesse  de  la  cité  est  une  des 
conditions  de  son  bonheur.  De  même,  sous  le  rapport  économique, 
elle  doit  chercher  à  se  suffire  à  elle-même.  L'indépendance  politique, 
l'autonomie,  l'indépendance  économique,  l'autarkie,  se  tiennent,  sont 
condition  l'une  de  l'autre. 

Cette  définition  de  la  Polis  paraît  perdre  de  bonne  heure  son  exacti- 
tude ;  la  population  a  augmenté  et  s'est  répandue  au  dehors.  Le  com- 
merce se  développe  ;  l'échange  inUrîocaî  de  biens,  «  qui  avait  toujours 
existé  pour  des  articles  spéciaux,  commence  à  s'étendre,  à  des  objets 
de  consommation  quotidienne,  n  L*autarkie  de  la  Polis  est  en  train 
de  disparaître.  Que  va  faire  l'État?  Il  aspire  à  l'autonomie  :  l'auto- 
nomie politique  ne  va  pas  sans  l'autonomie  économique.  Il  n'y  a  que 
deux  solutions  :  se  replier  sur  soi-même  ou  tenter  de  dominer  les 
régions  dont  les  produits  sont  nécessaires  à  la  consommation  des 
citoyens.  Cette  dernière  solution  est  celle  d'Athènes  dans  la  Ligue  de 
Délos;  la  première  est  celle  de  Sparte,  «  la  tyrannie  économique  ». 
Les  deux  systèmes  ont  ceci  de  commun  que  l'État  y  est  le  guide,  le 
régulateur,  le  maître  de  tous  les  intérêts  économiques  et  que  sa  gestion 
se  termine  de  toute  façon  par  la  banqueroute.  La  cité  avait  d'abord 
eu  comme  caractères  «  l'homogénéité  et  le  parallélisme  des  intérêts  i  : 
l'homogénéité  disparaît,  c'est-à-dire  que  les  distinctions  de  fortune  se 
marquent  plus  nettement  ;  de  là,  la  lutte  des  classes. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  II7 

La  cité,  ensuite,  avide  d'indépendance.  Test  tout  autant  d'hégé- 
monie ;  de  là,  des  guerres  continuelles. 

Puis,  les  individus  ne  cessent  de  réclamer  d'elle  des  services  de 
plus  en  plus  nombreux. 

En  un  mot,  tandis  que  la  guerre  détruit  la  richesse,  tarit  les 
sources  de  la  production,  les  charges  financières  de  la  cité  s'aggravent. 
Elle  est  obligée  de  recourir  à  tous  les  expédients,  monopoles, 
emprunts  forcés,  etc. 

Ce  résumé  succinct,  qui  a  dû  négliger  maintes  observations  utiles, 
maintes  constatations  intéressantes,  font  ressortir  combien  les  idées 
de  l'auteur  se  rapprochent  de  celles  de  son  maître,  M.  Pôhlmann  ; 
mais  elles  y  ajoutent  cependant  quelque  chose.  M.  Pôhlmann,  dans 
son  admirable  livre  sur  le  Communisme  dans  fantiquité,  a  surtout  relevé 
les  faits  de  l'ordre  moral  :  avidité,  avarice,  dureté  des  riches,  passion 
générale  de  l'argent,  tout  ce  que  Platon  et  Aristote  ont  vu  de  vices 
chez  leurs  contemporains  et  c'est  d'après  ces  indications  qu'il  a 
reconstruit  le  monde  économique,  allant  des  hommes  aux  choses. 
M.  Riezler  est  loin  de  négliger  ce  facteur  moral  :  il  insiste  plus 
particulièrement  sur  le  facteur  politique  que  M.  Pôhlmann,  d'ailleurs, 
n'avait  pas  manqué  de  signaler. 

Je  me  garderai  bien  d'entrer  en  discussion  avec  un  tel  disciple  d'un 
tel  maître.  Je  me  bornerai  à  cette  seule  observation  :  Qui  a  défini 
la  cité  se  suffisant  à  elle-même,  possédant  l'autarkie  ?  —  Aristote.  — 
Existait-elle  encore  de  son  temps,  cette  autarkie?  —  Non,  car  toute 
l'évolution  s'est  faite  contre  elle.  —  Quand  a-telle  existé?  —  Il  y  a 
bien  longtemps,  puisque  déjà  la  fondation  des  premières  colonies 
devait  avoir  pour  effet  de  la  rompre.  On  pressent  ma  conclusion  : 
la  cité  se  suffisant  à  elle-même  existait  encore  du  temps  d'Aristote  ; 
l'autarkeia  était  encore  l'idéal  de  la  cité.  Si  cela  était  vrai,  il  en  fau- 
drait conclure  de  nouveau  que  l'histoire  grecque  n'a  guère  changé 
et  que  les  luttes  sociales,  notamment,  n'ont  jamais  commencé  ni 
cessé,  parce  qu'elles  ont  toujours  duré  ;  mais  elles  y  ont  changé  de 
forme  et  d'objet.  J'ai  essayé  de  développer  et  d'établir  tout  cela  dans 
mon  Industrie  dans  la  Grèce  anciemu.  C'est  même  l'une  des  raisons  pour 
lesquelles  ces  quelques  pages  m'ont  si  vivement  intéressé  :  j'apprécie 
d'autant  plus  la  science  de  l'auteur  que  je  ne  suis  pas  d'accord  avec 
lui,  et  j'admire  la  force  avec  laquelle  il  défend  sa  thèse,  si  même  je 
ne  puis  me  résoudre  à  l'adopter.  Henri  Francotte. 

70.  —  Charles  Gilliard,   Quelques  réformes  de  Solon,   Lausanne, 
G.  Bridel,  1907.  323  pp.  in-8. 
L'auteur  de  ce  volume  n'a  aucune  prétention  à  l'originalité  ;  il  a 


Il8  LE   MUSÉE    BELGE. 


choisi  un  sujet  qu'il  considérait  lui-même  comme  rebattu  ;  il  ne  se 
vante  pas  i  d'être  arrivé  à  des  résultats  définitifs  ou  à  des  conclusions 
nouvelles  ».  Il  n'en  a  pas  moins  entrepris  une  tâche  très  utile.  La 
discussion  finit  par  embrouiller  la  question  la  plus  claire  et  qu'en 
sera-t-il  quand  elle  ne  l'est  pas?  On  s'est  tant  chamaillé,  en  France, 
en  Allemagne  et  ailleurs,  autour  des  réformes  de  Solon  que,  p>our 
finir,  on  pourrait  bien  ne  plus  voir  que  le  nuage  de  poussière  qui 
enveloppe  les  combattants.  M.  Gilliard  veut  nous  rendre  le  service  de 
percer  ce  nuage,  de  séparer  les  combattants  et  de  régler  leurs  diffé- 
rends. Je  ne  dis  pas  que  cet  essai  de  pacification  soit  facile  ni  déci- 
sif, mais  il  en  restera  toujours  quelque  chose,  quand  ce  ne  serait  que 
de  préciser  les  problèmes,  d'énumérer  les  solutions  et  de  marquer 
les  points  où  commencent  et  où  finissent  les  dissentiments. 

L'auteur  me  paraît  s'être  préparé  à  sa  tâche  par  une  vaste  lecture  ; 
il  n'y  a  à  regretter  que  la  connaissance  un  peu  tardive  qu'il  a  eue 
du  livre  de  M.  Swoboda,  Beitràge  zur  gruch.  RechtsgeschichU^  Zeitschrift 
der  Savigny-Sii/tung.  igob.  Cet  auteur  a  renouvelé,  je  pense,  l'étude 
de  la  situation  économique  à  l'époque  de  Solon,  par  l'emploi  de  la 
méthode  comparative,  la  seule  qui  puisse  suppléer  à  l'insufiisance 
des  sources.  M.  Gilliard  n'a  lu  ce  livre  qu'au  moment  où  sa  disserta- 
tion allait  être  mise  sous  presse  ;  il  a  pu  ajouter  quelques  notes  ;  mais 
je  pense  que,  s'il  en  avait  été  encore  temps,  c'est  le  texte  lui-même 
qui  aurait  pn  utilement  être  modifié,  développé,  rectifié. 

Tout  ce  que  nous  savons  de  la  situation  économique,  à  ce  moment, 
est,  il  faut  bien  le  reconnaître,  rempli  de  contradictions. 

La  terre  était  à  quelques-uns,  dit  Aristote  ;  les  pauvres  réclamaient 
im  nouveau  partage  des  terres  ;  la  propriété  était  chargée  de  stèles 
h)rpothécaires,  horoi  ;  mais  d'autre  part,  les  quatre  classes  censitaires 
reposent  sur  la  fortune  immobilière  et  attestent  la  division  du  sol  en 
domaines  d'importance  inégale. 

Solon  a  introduit  la  faculté  de  tester  ;  mais,  d'autre  part,  le  pro- 
priétaire qui  ne  pouvait  disposer  de  sa  terre  pour  cause  de  mort, 
pouvait  l'hypothéquer. 

La  contrainte  par  corps  existait,  «  les  débiteurs  étaient  tenus  sur 
leur  corps  »  :  n'est-ce  pas  une  preuve  que  l'hypothèque  n'existait  pas 
encore  ? 

Les  hecUmoroi  cultivaient  la  terre  moyennant  une  redevance  : 
comment  expliquer  qu'ils  pussent  être  chargés  de  dettes  ? 

Voilà  quelques-unes  de  ces  contradictions,  et,  pour  les  résoudre, 
il  faut  aborder  les  plus  graves  problèmes  :  origine  de  la  propriété,  sa 
répartition,  la  législation,  le  servage,  le  colonat,  l'origine  des  dettes, 
modes  de  garantie,  etc.  De  ces  difficultés,  aucune  n'a  échappé  à 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  II9 


M .  Gilliard  ;  mais  les  textes  relatifs  à  Solon  n'offrent  que  des  moyens 
insuffisants  pour  les  résoudre.  Il  y  a  quelque  probabilité  que  ce  qui 
se  passait  à  Athènes  se  passait  encore  dans  d'autres  régions  de  la 
Grèce  et  je  ne  vois  qu'une  seule  méthode  d'approcher  de  la  solution 
vraie,  c'est  de  se  servir  des  analogies  qu'offrent  par  exemple  les  hilotes 
<ie  Sparte,  les  colons  d'Asie  mineure,  les  serfs  de  la  loi  de  Gort)me. 
L'auteur  ne  s'est  pas  limité  à  cette  question,  bien  que,  comme  il  est 
juste,  elle  occupe  une  grande  partie  de  son  livre.  Il  consacre  encore 
plusieurs  chapitres  à  la  réforme  des  monnaies,  des  poids  et  des 
mesures,  aux  changements  apportés  à  la  constitution.  Dans  tous  ces 
chapitres,  nous  rencontrons  la  même  méthode  prudente  et  concilia- 
trice, la  même  connaissance  des  sources  et  des  travaux  antérieurs. 

Henri  Francotte. 

71.   —  P.  Wendiand.    Dû   Hellcnistisch-Ràmische  Kuîtur  in  thren 

Beziehungeii  zu  Judentum  und  Christentum.  Mohr,   Tûbingen,  1907. 

7  fr.  5o. 

M.  Wendland  s'est  proposé  dans  cet  ouvrage  non  pas  d'étudier  en 
détail  telle  ou  telle  manifestation  du  génie  grec,  mais  de  présenter  en 
une  vaste  synthèse  l'ensemble  de  la  culture  et  de  l'influence  grecques 
depuis  la  période  hellénistique  jusqu'au  n«  siècle  après  J.-C,  et 
surtout,  comme  le  titre  de  l'ouvrage  l'indique,  d'exposer  les  rapports 
qui  existent  entre  la  culture  hellénistico-romaine  d'une  part  et  le 
judaïsme  et  le  christianisme  d'autre  part.  Et  d'abord,  M.  Wendland 
fait  connaître  l'époque  hellénistique  et  trace  sobrement,  mais  vigou- 
reusement, les  différentes  tendances  qui  caractérisent  cette  période 
troublée.  Si  l'époque  hellénistique  est  une  époque  de  cosmopolitisme, 
si  des  idées  humanitaires  s'infiltrent  dans  la  société  grecque  grâce  à  la 
destruction  des  barrières  nationales  et  des  préjugés  nationalistes,  il 
ne  faut  néanmoins  pas  perdre  de  vue  que  c'est  aussi  une  époque 
d'individualisme,  de  réalisme,  de  naturalisme  (Ch.  I-II-III) 

De  la  Grèce  l'auteur  passe  à  Rome,  pour  parler  de  l'invasion  de 
l'hellénisme.  Cependant  les  Romains,  grâce  à  leur  don  d'assimilation, 
ont  appliqué  les  données  de  la  littérature  grecque  à  leurs  intérêts 
nationaux,  à  tel  point  que  la  littérature  romaine  finit  par  l'emporter 
(IV).  Dans  le  chapitre  suivant,  M.  Wendland  nous  parle  de  la  pro- 
pagande et  de  l'histoire  de  la  diatribe.  Tel  est  le  relevé  sommaire  de 
ce  que  nous  pouvons  appeler  la  première  partie  du  livre.  Ces  pages, 
à  notre  avis,  sont  les  meilleures,  quoiqu'il  faille  regretter  à  plusieurs 
endroits  l'absence  de  cohésion,  d'enchaînement.  Les  subdivisions 
des  chapitres  font  souvent  penser  à  des  articles  séparés  qu'on  a  fait 
entrer  forcément  dans  un  cadre  qui  ne  leur  était  pas  destiné. 


I20  LE    MUSÉE   BELGE. 


Je  nai  pas  l'intention  de  m'y  arrêter  davantage.  J'exposerai  plus 
longuement  et  discuterai  les  idées  exposées  par  M.  Wendland  dans 
les  chapitres  suivants  qui  traitent  des  religions  antiques. 

Le  chapitre  VI  est  consacré  à  une  histoire  sommaire  de  la  religion 
grecque.  Homère  n'est  pas  le  témoin  de  la  forme  primitive  de  h 
religion  grecque.  Tout  le  monde  est  d'accord  sur  ce  point.  La  ques- 
tion est  de  savoir  quelle  est  la  forme  primitive.  M.  Wendland  afifirme, 
avec  bien  d'autres,  qu'un  point  nous  est  acquis,  à  savoir  que  le 
monothéisme  ne  fut  pas  la  forme  primitive  de  la  religion  grecque, 
pas  plus  qu'il  ne  fut  la  forme  primitive  des  autres  religions  La 
preuve  est  celle  qui  se  lit  dans  les  livres  de  l'école  anthropologiste, 
évolutionniste.  Elle  repose  sur  un  postulat  historiquement  et  philoso- 
phiquement indémontrable,  à  savoir,  que  des  tendances  monothéistes 
ne  peuvent  être  le  résultat  que  d'un  long  développement  religieux  : 
le  monothéisme  aurait  succédé  —  par  voie  d'évolution  —  au  poly- 
théisme, comme  celui-ci  a  succédé  au  polydémonisme.  Quand  je  dis 
indémontrable,  je  crois  être  modéré.  Car  que  de  la  religion  égéenne, 
telle  que  les  fouilles  de  Mycènes  (i)  et  de  Cnossos  la  révèlent,  à  la 
religion  d'Homère  et  de  Phidias  il  y  ait,  au  point  de  vue  religieux, 
un  progrès,  c'est  ce  qu'on  peut  contester.  Sans  doute,  le  polythéisme 
anthropomorphe  de  l'époque  historique  est  plus  brillant  que  Tani- 
misme.  finissant  d'ailleurs,  de  l'époque  égéenne.  Mais  les  formes  peu 
nombreuses  et  sèches  de  cette  période  semblent  bien  plus  près  du 
monothéisme  que  les  formes  splendides  et  multiples  de  la  poésie 
homérique. 

En  tout  cas,  l'individualisation  et  la  multiplication  des  dieux  dans 
les  arts  figurés  se  développent  surtout  à  partir  du  v«  siècle.  Et  ce 
n'est  pas  un  progrès  philosophique  vers  l'unité,  mais  au  contraire  un 
fractionnement  de  l'idée  divine  en  formes  bien  distinctes.  Le  déve- 
loppement des  fables  mythologiques  n'a  pu  qu'accentuer  cette  dégra- 
dation de  l'idée  religieuse.  Je  ne  dirai  qu'un  mot  de  l'argument  tiré 
de  la  religion  des  sauvages.  Le  sauvage,  dont  la  civilisation  est 
extrêmement  compliquée,  n'est  pas  l'homme  primitif.  D'ailleurs  la 
proposition,  répétée  par  M.  Wendland  après  beaucoup  d'autres, 
devrait  être  examinée  de  près.  Elle  prête  à  une  équivoque.  Que  le 
polythéisme  ait  succédé  au  polydémonisme,  c'est  un  fait.  Mais  cette 
affirmation  est  toute  différente  de  celle-ci  :  le  polythéisme  est  sorti  du 
polydémonisme.  En  parlant  de  la  sorte,  on  ne  se  borne  pas  à  affirmer 


(i)  Arthur  Evans,  The  Mycenaean  tree  and pilîarcult  and  its  Mediterranean 
relations.  London,  igoy.  —  G.  Karo,  a  Altkretische  Kunststàtten  n  dans  Archiv 
fur  Religionswissenschaft ^  VII,  117  sqq. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  121 


la  succession  des  faits  ;  on  en  donne  la  cause  et  celle  ci  serait  révolu- 
tion naturelle  des  deux  formes  religieuses.  Or  que  telle  soit  la  cause, 
on  ne  Ta  pas  démontré,  parce  qu'on  n'a  pas  démontré  que  des  causes 
extérieures,  étrangères  à  la  religion  elle-même,  n'ont  pas  provoqué  le 
changement.  On  ne  l'a  pas  fait,  sans  doute  parce  que  ce  changement 
est  antérieur  â  ITiistoire  et  par  conséquent  échappe  à  nos  investiga- 
tions ;  mais  je  crains  bien  que  ce  soit  aussi  parce  que  ce  prétendu 
changement  intérieur  est  précisément  le  contraire  de  la  vérité. 
Un  fait  de  la  religion  grecque,  fait  appartenant  à  une  époque  histo- 
rique, semble  le  prouver.  Au  vu*  et  vi«  siècle  des  tendances  vers 
le  monothéisme  et  le  mysticisme  se  manifestent  dans  la  religion. 
Sont-elles  le  résultat  d'une  évolution  du  sentiment  religieux,  je  veux 
parler  d'un  changement  dû  à  l'action  des  causes  internes  ?  L'histoire 
nous  fait  voir  que  ce  double  progrès  est  dû  à  la  philosophie  et  à 
l'invasion  de  religions  étrangères,  entre  autres  d'une  religion  thrace. 
Or  ce  sont  là  des  influences  étrangères  à  la  religion  polythéiste 
gprecque.  La  philosophie  grecque,  en  effet,  n'est  pas  sortie  de  la  reli- 
gion, et  l'orphisme  est  une  importation  du  dehors. 

Selon  toutes  les  apparences,  la  transformation  du  polydémonisme 
en  polythéisme  s'est  opérée  de  la  même  façon.  Il  faut  sans  aucun 
doute  se  demander  quels  sont  les  facteurs  auxquels  cette  transfor- 
mation est  due.  Mais  ces  facteurs  il  faut  les  chercher  de  préférence 
dans  des  causes  extérieures,  causes  que  l'on  ne  découvrira  peut-être 
jamais  avec  certitude,  faute  de  documents. 

En  citant  ces  faits,  j'empiète  sur  la  critique  de  la  thèse  principale 
de  ce  chapitre  :  à  savoir  que  les  tendances  monothéistes  sont  issues 
du  polythéisme. 

Résumons  en  quelques  mots  Texposé  de  M.  Wendland.  La  religion 
anthropomorphe  d'Homère  s'élève  au  vi»  siècle  à  un  certain  mysti- 
cisme, grâce  aux  influences  orphico-pythagoriciennes  (doctrine  de  la 
palingénésie  —  purification  ^  migration  des  âmes).  Bientôt  la  reli- 
gion anthropomorphe  est  attaquée  par  les  premiers  philosophes 
ioniens  parmi  lesquels  il  convient  de  citer  Xénophane  et  Heraclite. 
Au  v«  siècle  commence  le  désaccord  entre  la  science  et  la]  religion 
et  nous  assistons  à  des  tentatives  d'explications  philosophiques. 
A  l'époque  hellénistique,  époque  de  trouble  et  d'instabilité,  la  pre- 
mière tendance  vraiment  remarquable  vers  le  monothéisme,  se  fait 
jour  dans  le  culte  de  la  rùxn.  H  faut  joindre  à  cette  manifestation 
monothéiste  l'influence  des  religions  étrangères  et  celle  des  diflîé- 
rentes  philosophies,  surtout  celle  de  la  philosophie  stoicienne  et^de  la 
philosophie  panthéiste.  Cette  dernière  philosophie  s'élève  jusqu'au 
monothéisme  panthéiste  :  le  Kôa^oç.  Par  suite  de  la  double  influence 


122  LE   MUSÉE   BELGE. 


des  philosophies  et  des  religions  orientales,  il  se  forme  un  syncrétisme 
qui  va  toujours  grandissant.  Il  y  eut  une  identification  de  certains 
dieux  étrangers  avec  des  divinités  grecques,  identification  dont  le 
résultat  devait  être  la  substitution  de  formes  abstraites  aux  personna- 
lités divines.  Rome,  elle  aussi,  eut  à  subir  les  mêmes  influences.  Sous 
l'Empire,  ses  doctrines  religieuses  aboutissent  à  un  véritable  syncré- 
tisme (Ch.  VIT). 

Voilà  les  faits  ;  ils  prouvent  qu*à  des  idées  nettement  polythéistes 
ont  succédé  des  tendances  monothéistes.  Les  facteurs  du  change- 
ment sont  la  philosophie,  et  l'introduction  d'idées  religieuses  venues 
d  ailleurs,  ^ais  tout  cela,  je  le  répète,  c'est  le  contraire  de  la  thèse 
qui  fait  du  monothéisme  l'aboutissement  nécessaire  de  l'évolution 
naturelle  du  polythéisme.  Le  développement  de  l'idée  religieuse  dont 
il  est  ici  question  n'est  pas  un  développement  intrinsèque,  mais  bien 
plutôt  extrinsèque,  extérieur  et  juxtaposé.  C'est  un  progrès  qui  découle 
de  la  philosophie  et  des  religions  orientales.  Encore  ne  faut  il  pas 
exagérer  son  importance   Les  philosophes  sans  doute  ont  fait  pro- 
gresser le  concept  d'unité,  mais  jamais  ils  ne  se  sont  élevés  jusqu'au 
concept  d'un  dieu  personnel.  Les  dieux  des  stoïciens,  en  effet,  tout 
comme  les  divinités  populaires,  étaient  inséparables  de  la  nature,  et 
l'on  peut  se  demander  quel  progrès  ces  philosophes  panthéistes  ont 
fait  faire  aux  idées  monothéistes  en  confondant  la  divinité  avec  le 
monde.  Quant  aux  religions  orientales,  elles  ont  introduit  des  idées 
nouvelles,  des  idées  plus  élevées  et  d'une  plus  grande  valeur  de  vie  ; 
grâce  à  elles  surtout,  il  se  forme  un  syncrétisme.  Mais  ce  syncré- 
tisme demeura   toujours  intellectuel,  aristocratique,  il  ne  prévalut 
jamais  dans  le  culte,  ne  pénétra  jamais  jusqu'au  peuple  et,   loin 
d'être  un  acheminement  vers  l'unité,  il  fut  plutôt  une  cause  de  déca- 
dence religieuse,  puisque  infailliblement  il  devait  aboutir   —  et  il 
aboutit  —  à  une  superposition,  à  une  confusion  et  à  un  enchevêtre- 
ment de  toutes  les  divinités  du  paganisme. 


Passons  à  l'analyse  sommaire  des  trois  derniers  chapitres,  inti- 
tulés respectivement  hellénisme  et  judaïsme  (VIII),  hellénisme  et 
christianisme  (IX),  syncrétisme  et  gnosticisme  (X).  Ces  chapitres 
-constituent  la  partie  la  plus  faible  et  la  moins  soignée  de  l'ouvrage. 
Ce  n'est  pas  que  l'auteur  soit  à  court  d'érudition,  mais  le  manque 
quasi  absolu  de  logique  dans  l'ordonnance,  de  netteté  et  de  précision 
dans  l'exposé  rend  la  lecture  de  cette  partie  très  pénible.  D'autre 
part,  la  position  prise  par  l'auteur  vis-à-vis  du  Christianisme  est  si 
fugitive,  si  ondoyante,  qu'elle  devient  pour  ainsi  dire  insaisissable. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  123 


M.  Wendland  s'est  engagé  dans  une  impasse  ;  de  là  ces  allées  et 
venues,  ces  multiples  redites,  ces  fluctuations  d'idées,  ces  phrases 
qui  disent  trop  ou  qui  disent  trop  peu,  voire  même  ces  contradictions 
an  moins  apparentes.  C'est  tout  un  travail  de  reconstitution  qui 
exigerait  une  étude  approfondie,  et  ce  travail  dépasse  les  limites  d'un 
simple  compte  rendu.  Soulignons  néanmoins  quelques  idées  maî- 
tresses. D'après  M.  Wendland.  le  contact  des  peuples  avait  montré 
que  l'humanité  était  en  possession  de  tout  un  trésor  de  doctrines 
communes  et  le  judaïsme  lui  aussi  avait  contribué  à  donner  au  monde 
ce  trésor  commun.  Le  christianisme  doit  beaucoup  au  judaïsme  et  au 
syncrétisme,  mais  il  est  impossible  de  tracer  une  ligne  de  démar- 
cation entre  ce  que  le  christianisme  doit  au  paganisme  et  ce  qu'il  doit 
au  judaïsme.  Le  christianisme  ou  plutôt  l'enseignement  du  Christ 
a  d'abord  traversé  une  phase  orientale  :  Jésus,  en  effet,  est  le  fils  de 
son  peuple  et  des  éléments  persans  et  babyloniens  forment  des  parties 
substantielles  des  croyances  populaires  juives.  Cependant  le  Christia- 
nisme a  pris  la  succession  de  la  diaspora  et  a  adopté  les  spéculations 
de  Philon.  Saint  Paul  saisira  les  affinités  qui  unissent  le  christianisme 
à  l'hellénisme,  aussi  va-t-il  écarter  du  christianisme  tout  danger  de 
retomber  dans  le  judaïsme.  Le  christianisme  entre  décidément  dans 
une  phase  hellénique  et  les  apologistes  l'ont  affermi  définitivement 
daos  cette  phase.  Reconnaissons  enfin  que,  si  les  religions  orientales 
ont  joué  le  rôle  de  pionniers,  quant  à  la  substitution  de  la  religion 
universelle  aux  religions  nationales,  il  faut  reconnaître  au  christia- 
nisme le  mérite  d'avoir  défendu  cette  doctrine  avec  vigueur  et  avec 
héroïsme.  Aucune  religion  n'était  plus  propre  que  la  religion  chré- 
tienne à  s'assimiler  et  à  synthétiser  les  tendances  intimes  et  les 
besoins  les  plus  impérieux  des  individus  et  des  peuples.  Son 
triomphe  résulte  de  la  supériorité  de  sa  doctrine  et  de  sa  morale.  En 
un  mot,  le  christianisme  ne  semble  être,  d'après  M.  Wendland,  que 
l'aboutissement  final  et  naturel  d'un  long  développement  religieux. 

Telle  est  —  si  nous  avons  bien  saisi  la  marche  du  raisonnement  de 
M.  Wendland  —  la  synthèse  des  conclusions  qui  se  trouvent  éparses 
dans  les  trois  derniers  chapitres. 

Nous  ne  voulons  pas  contester  à  l'auteur  un  grand  sens  de  modéra- 
tion ni  une  grande  probité  scientifique.  M.  Wendland  a  le  mérite  de 
ne  pas  toujours  se  laisser  guider  par  des  constructions  subjectives, 
par  des  systèmes  tout  faits;  il  sait  voir  ou  du  moins  il  a  un  grand 
souci  de  voir  les  choses  objectivement.  Aussi  rejette-t-il  impitoya- 
blement VhypercriHqtie  de  Baur  et  les  conclusions  de  Havet.  Mais 
avouons  que  ce  n  est  qu'un  minimum.  La  première  chose  qui  frappe 
l'esprit  du  lecteur,  c'est  l'inutilité  du  vain  étalage  d'érudition  et  de 


124  LE    MUSÉE    BELGE. 


la  mise  en  scène  des  ressemblances  entre  le  christianisme  et  le  paga- 
nisme hellénico  oriental.  Notons  quon  pourrait  aisément  accroître 
le  nombre  de  ces  rapprochements  et  cela  sans  plus  d'utilité.  Avant 
de  pouvoir  aboutir  à  des  conclusions  définitivement  acquises  ou 
même  plus  ou  moins  satisfaisantes,  il  faudrait  pousser  l'étude  plus 
loin,  entrer  dans  le  cœur  même  de  la  question  et  voir  quelles  étaient 
les  croyances  des  religions  orientales,  et  au  moment  où  celles-ci 
prirent  contact  avec  la  civilisation  hellénistique  et  au  moment  de 
la  naissance  du  christianisme.  Attendons  que  de  nouvelles  décou- 
vertes aient  fait  leur  œuvre  et  que  des  monographies  solides  et  pers- 
picaces aient  jeté  une  lumière  plus  vive  sur  ces  questions.  Dans  l'état 
actuel  de  nos  connaissances,  une  synthèse  sérieuse  semble  impossible 
et  M.  Wendland  eût  mieux  fait  d'élaborer  lentement  une  œuvre  digne 
de  lui,  au  lieu  de  lancer  au  public  une  œuvre  hâtive,  trop  indigeste 
pour  être  un  ouvrage  de  vulgarisation,  et  trop  peu  profonde,  trop  peu 
sûre  pour  avoir  le  caractère  d'un  livre  vraiment  scientifique. 

Personne  ne  le  contestera,  les  religions  orientales,  les  sectes 
philosophiques  et  le  christianisme  offrent  dans  leurs  doctrines  et  dans 
leurs  cérémonies  de  certaines  ressemblances,  qui,  au  premier  coup 
d'œil,  semblent  curieuses  et  même  frappantes.  Notons  au  passage  le 
dualisme,  l'angelologie  et  la  démonologie,  le  baptême  et  la  cène, 
l'exorcisme,  lextase,  les  mortifications,  la  chasteté...  La  vie  de  Jésus 
aussi  bien  que  celle  d'Osiris  et  d'Attis  nous  présente  le  spectacle  d  un 
Dieu  souffrant,  mourant,  ressuscitant. 

Mais  ce  ne  sont  là  bien  souvent  que  des  analogies  apparentes, 
purement  extérieures  et  qui  s'expliquent  par  l'existence  chez  tous  des 
mêmes  inftincts  religieux.  Il  suffit  d'ailleurs  d'un  peu  d'attention 
pour  voir  se  creuser  des  différences  énormes  entre  la  mort  volontaire 
de  Jésus  -  Rédempteur  et  la  fin  involontaire  des  jeunes  dieux  ou 
demi-dieux  dont  la  mort  n'a  aucune  efficacité  de  rédemption. 

Ensuite,  quand  on  examine  les  idées  doctrinales  et  morales  de  ces 
diverses  religions,  on  constate  qu'une  terminologie  identique  exprime 
des  idées  qui  n'ont  entre  elles  rien  de  commun. 

M.  Wendland  s'est-il  rendu  compte  de  ce  fait  ?  C'est  ici  précisément 
que  la  question  s  embrouille,  et  qu'il  y  a  lieu  de  dire  un  mot  des 
fluctuations  et  des  contradictions  auxquelles  je  faisais  allusion  plus 
haut. 

«  Nous  constatons,  dit  M.  Wendland,  des  parallélismes  et  des 
convergences.  .  mais  nous  sommes  devenus  plus  sceptiques  et  nous 
ne  concluons  plus  si  facilement  à  une  dépendance  historique...  Les 
mêmes  idées  ou  des  idées  semblables  ont  été  pensées  à  différentes 
reprises  ».  Et  ailleurs  :  «  Le  Christianisme  et  l'Hellénisme  n'ont  pas 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  125 

entre  eux  de  rapports  intimes...  »  (p.  127).  Ce  sont  là  des  déclarations 
solennelles.  Cependant  M.  Wendland  ne  les  aurait-il  pas  quelque 
peu  oubliées  et  dans  tout  le  cours  de  son  développement  et  en  parti- 
culier, quand,  par  exemple,  il  assimile  le  christianisme  à  Tune  quel- 
conque des  nombreuses  formes  gnostiques,  ou  bien  quand  il  déclare 
que  des  éléments  persans  et  babyloniens  constituent  des  parties  sub- 
stantielles des  croyances  juives,  ou  bien  encore  quand  il  parle  de 
l'influence  assez  profonde  exercée  sur  saint  Paul  par  Thellénisme  et 
par  la  mystique  et  la  gnose  orientales  Ces  contradictions  ne  sont- 
elles  pas  déplorables  ?  Car  il  s'agit  bien  ici  de  dépendance  et  non  plus 
de  ressemblances. 

Enfin,  M.  Wendland  reconnaît  Tincon  te  stable  supériorité  du  chris- 
tianisme, et  c'est  par  cette  supériorité  qu  il  explique  naturellement 
son  triomphe  sur  les  autres  religions.  Il  y  aurait  peut-être  une  étude 
plus  intéressante  à  faire  :  ce  serait  de  monter  un  peu  plus  haut,  et 
de  nous  montrer  d*abord  d'où  vient  cette  incontestable  supériorité. 
Ce  serait  de  nous  expliquer  ensuite,  en  admettant  qu'il  y  ait  des   * 
emprunts,  comment  et   pourquoi  le  christianisme  a  pris  et  a  pu 
prendre  tout  ce  qu  il  a  trouvé  de  bon  dans  les  autres  religions  et  a 
laissé  de  côté  toutes  les  inepties  et  toutes  les  obscurités.  Dire  que 
le  christianisme  s'il  voulait  triompher,  devait  faire  ce  triage  ne  suffit 
pas  ;  ce  serait  faire  une  pétition  de  principe  et  professer  un  optimisme 
bien  singulier.   Les  religions  orientales  satisfaisaient  Thomme  tout 
entier,  sa  sensibilité,  son  intelligence,  sa  conscience  et  même  —  ce 
n'est  peut-être  pas  un  léger  avantage  —  ses  instincts  les  plus  grossiers. 
De  plus  —  au  moins  sous  les  empereurs  —  elles  étaient  tolérées,  voire 
même  choyées.  Cependant  le  christianisme  les  a  effacées  toutes  et 
s'est  attaché  irrésistiblement  les  individus  et  les  peuples.  Enfin  il 
faudrait  expliquer  —  toujours  dans  la  même  hypothèse  —  la  haute 
intelligence  qui  a  présidé  à  la  sélection  et  qui  a  donné  le  jour  non 
pas  à  je  ne  sais  quoi  de  disparate  et  d'incohérent,  mais  à  une  œuvre 
une  et  harmonieuse. 

Nous  voilà  peut-être  un  peu  loin  de  l'ouvrage  de  M.  Wendland, 
Nous  n'avons  cependant  pas  la  prétention  d'indiquer  à  Fauteur  quel 
est  le  livre  qu'il  aurait  dû  et  qu'il  aurait  pu  écrire  ;  je  me  permets 
cependant  de  dire  que  l'ouvrage  de  M.  Wendland  fait  l'effet  d'une 
œuvre  manquée.  L'érudition  est  incontestable,  mais  les  qualités  indis- 
pensables de  toute  bonne  synthèse,  la  logique,  la  clarté,  la  perspica- 
cité et  la  profondeur  font  défaut.  Si  l'auteur,  à  de  certains  endroits, 
semble  faire  un  pas  en  avant,  il  en  fera  bientôt  deux  en  arrière,  et 
nous  éprouvons  en  finissant  le  désappointement  de  n'avoir  fait  que 
piétiner  sur  place.  A.  Thomissen. 


126  LB  MUSÉE  BBLGB. 


72-73.  —  L.  Delarueile,  Répertoire  anûlytiquâ  d  chronologique  de  la 
correspondance  de  Guillaume  Budé,  Toulouse,  Privât,  et  Paris»  Cornély, 
1907.  25 1  pages,  in-80,  deux  fac-similés. 
Le  même,  Guillaume  Budé  {1468-1540),  Les  origines^  les  débuts  ^  les  idées 
maîtresses.  Paris,  H.  Champion,  1907.  290  pages,  in-8*^,  deux  fac- 
similés  (Bibliothèque  de  V École  des  Hautes -Études,  162*^  fascicule). 
«  Nous  n'avons  point  encore  sur  Budé  le  livre  qu'il  mériterait,  et 
comme  Érasme  ou  plus  encore  qu'Érasme,  Tauteur  du  De  Studio 
litterarum  instituendo  et   du  De  Transitu  hellenismi  ad  christianismimif 
porte  la  peine  d'avoir  écrit  en  latin  et  quelquefois  en  grec.  »  Cette 
phrase  de  Ferdinand  Brunetière,  parfaitement  exacte  quand  il  l'inséra 
en  1 904,  dans  son  Histoire  de  la  littérature  française  classique  (tome  l^, 
!«■«  partie,  p.  75),  ne  répondra  bientôt  plus  à  la  réalité  et  l'illustre 
conseiller  de  François  I«»",  le  rival  européen  d'Érasme,  aura  bientôt 
«  le  livre  qu'il  mérite  ».  M.  Louis  Delaruelle,  maître  de  conférences 
à  la  faculté  des  lettres  de  Toulouse,  a  assumé  la  tâche  délicate  et 
périlleuse  de  l'écrire.  Merveilleusement  outillé  pour  le  faire,  il  vient 
de  terminer  déjà  la  première  partie  de  l'entreprise.  Les  deux  volumes 
que  nous  annonçons  aujourd'hui  constituent  plus  qu'une  promesse, 
ils  sont. un  gage  assuré  de  succès. 

Tout  d'aboi  d  les  travaux  d'approche  :  le  Répertoire  de  la  correspon- 
dance, ou  inventaire  et  étude  des  175  épîtres  qui  forment  toute  la  cor- 
respondance, jusqu'aujourd'hui  connue,  de  Guill.  Budé. 

Ces  épîtres.  l'auteur  les  classe,  d'abord,  suivant  Tordre  chronolo- 
gique :  besogne  fort  malaisée,  car  elles  ne  portent  généralement  dans 
les  éditions  originales  d'autres  dates  que  celles  du  jour  et  du  mois, 
sans  aucune  indication  d'année.  Il  en  donne  ensuite  une  analyse  fort 
bien  faite  :  besogne  malaisée  encore  une  fois,  parce  que  la  plupart 
de  ces  documents  sont  en  un  style  prolixe  et  obscur,  farci  de  méta- 
phores et  d'allusions  difficiles  à  débrouiller.  Enfin,  dans  des  notes  au 
bas  des  pages,  M.  Delaruelle  donne  les  explications  complémentaires 
indispensables  et  groupe  quantité  de  renseignements  fort  instructifs 
sur  les  choses  et  les  hommes  du  xvi«  siècle,  en  particulier  sur  les 
correspondants  de  Budé. 

Deux  petites  remarques,  au  passage  :  P.  27,  note  2,  M.  Delanielle 
écrit  :  «  Pierre  Gilles  (1490-1555),  le  secrétaire  de  la  municipalité 
d'Anvers...  ».  Les  deux  dates  données  sont,  en  réalité,  celles  de  la 
naissance  et  de  la  mort  de  Pierre  Gilles,  d'Albi,  père  de  la  zoologie 
française,  que  l'auteur  connaît  fort  bien,  voir  p.  i88,  note  5.  Pierre 
Gilles,  d'Anvers,  naquit  en  i486  et  mourut  en  i533  :  voir  Britz, 
Messager  des  sciences  historiques^  Gand,  1864,  pages  181-208  ;  Biographie 
nationale,  notice  Gillis,  PierVe,  par  J.  De  le  Court,  t.  VII,  col.  780- 


PARTIE  BIBLtOGRAPHIQUE.  I27 

783,  et  les  sources  indiquées  par  Fœrstemann  et  Gûnther,  Briefe  an 
Disiderius  Erasmus,  Leipzig,  igOi^,  p.  290  (Beihefie  zum  Zentraîblait  fur 
Bibliothekswesm^XXVll). —  P. 67, en  note  :  «  Jean  Visagier(F«//««s^  ». 
Vulteius  ou  Voulté  s'appelait  non  Visagier,  mais  Faciot.  Nous  ne  fai- 
sons cette  observation  que  pour  attirer  l'attention  sur  ce  très  curieux 
poète  latin,  d'origine  belge,  né  en  1 5 10  à  Vandy- sur- Aisne,  mort 
assassiné  en  1542  ;  voir  la  piquante  étude  de  Boulliot,  Biographie 
ardennaise,  Paris,  i83o,  t.  II,  p.  426  ;  Kenouard,  Bibliographie  de& 
idUions  de  Simon  de  Colines,  Paris,  1894,  pages  298-299. 

En  1905,  M.  Delaruelle  a  publié  ici  même  (Musée  Belge^  tome  IX, 
pages  32i-35i)  une  étude  sur  les  relations  de  Budé  et  d'Érasme 
d'après  leur  correspondance.  Nos  lecteurs  n'ont,  certes,  pas  oublié 
ce  travail  remarquable,  où  les  idées,  les  sentiments,  les  aspirations  et 
jusqu'à  la  physionomie  morale  des  deux  ardents  propagateurs  de 
l'humanisme  étaient  évoqués  avec  tant  de  pénétration  et  de  justesse. 
A  ce  souvenir,  ils  comprendront  tout  l'intérêt  que  présente  VOpus 
^isiolarum  de  Budé,  avec  ses  175  documents,  adressés  à  56  corres- 
pondants, dont  d'aucuns  s'appellent  Alciat,  Georges  d'Armagnac, 
Bembo,  Nicole  Bérault,  Claude  Chansonnette,  Joh.  Cochlaeus, 
Etienne  Dolet,  Érasme,  Lascaris,  Longueil,  Thomas  Morus,  Rabe- 
lais, Sadolet,  Vives.  Sans  doute,  tous  ne  portent  pas  des  noms  aussi 
connus,  mais  tous,  ils  apportent  des  témoignages  bien  précieux  pour 
l'histoire  de  la  vie  politique,  intellectuelle  et  littéraire  dans  le  monde 
latin  du  xvi«  siècle. 

Passons  à  l'examen  du  second  ouvrage. 

M.  Delaruelle  y  donne  une  biographie  très  complète  de  Guillaume 
Budé,  depuis  sa  naissance,  le  26  janvier  1468,  jusqu'à  la  date  à 
laquelle  il  offrit  à  François  \^^  son  Itecueil  d'Apophtegmes,  soit  les 
premiers  mois  de  Tannée  1519.  D'abord,  des  détails  sur  ses  origines, 
sa  jeunesse,  ses  études,  ses  débuts  dans  la  carrière  de  la  science  et 
des  lettres  ;  puis,  les  renseignements  les  plus  circonstanciés  sur  ses 
premières  publications  :  les  Annotations  aux  Pandectes^  de  i5o8,  le 
DeAsse,  de  i5i4  (ancien  style),  le  Recueil  d'apophtegmes,  de  i5i9,  devenu 
plus  tard  le  livie  de  l'Institution  du  Prince.  Mentionnons  aussi  les 
traductions  de  plusieurs  opuscules  de  Plutarque,  i5o3- 1 5o5,  et  d'une 
épître  morale  de  saint  Basile  à  Grégoire  de  Nazianze  ;  M.  Delaruelle 
en  caractérise  excellemment  les  défauts  et  les  mérites  et  considère 
ces  travaux  comme  les  premiers  symptômes  du  réveil  des  études 
grecques  en  France. 

L'auteur  étudie  à  fond  les  trois  premiers  ouvrages  de  Budé,  parce 
qu'ils  reflètent  exactement,  dit- il,  ses  idées  essentielles,  ils  ont  la 


128  LE   MUSÉE  BELGE. 


valeur  d*un  manifeste,  et  il  clôt  son  volume  à  iSig,  parce  qu'à 
partir  de  cette  année  commencera  une  période  nouvelle  dans  l'exis- 
tence de  son  héros  •  c'est  alors  qu'il  acquerra  sur  François  !«•  toute 
rinfluence  que  Ton  sait. 

Faut-il  dire  toute  notre  pensée  ?  —  Si  le  mémoire  que  nous  venons 
d'analyser  présente  quelque  défaut,  il  pèche  par  Texagération  d'une 
qualité.  Il  est  de-ci  de-là  un  peu  encombré,  un  peu  touflfu.  Le  modèle, 
avec  son  immense  érudition,  a  quelque  peu  déteint  sur  son  biographe. 
Nous  ne  reviendrons  pas  ici  sur  les  •  idées  maîtresses  »  de  Budé, 
telles  que  M.  DelaruelU  les  expose,  après  ce  que  M.  Simar  en  a  dit 
dans  cette  revue  ( Bulletin ^  octobre  1907,  n®  267).  Nous  accorderons 
plutôt  toute  notre  attention  au  chapitre  premier  du  livre,  dans  lequel 
l'auteur  étudie  les  Précurseurs  de  Budé  :  il  y  a  là,  en  cinquante 
pages,  une  esquisse  très  neuve,  très  précieuse  et  très  réussie  de 
rhistoire  des  origines  de  l'Humanisme  français. 

A  l'examen  de  ce  chapitre,  le  lecteur  pourra  se  faire  une  idée  de 
l'ensemble  du  travail  de  M.  Delaruelle  :  il  verra  comment  Tauteur  y 
a  poussé  avant  l'étude  de  son  sujet  et  combien  il  est  au  courant  de 
tout  ce  qui,  de  près  ou  de  loin,  est  susceptible  de  s'y  rattacher.  Aussi 
bien,  cette  partie  du  volume  est- elle  celle  qui  nous  paraît  la  plus 
capable  d'instruire  et  d'intéresser  nos  compatriotes  :  ils  y  feront 
ample  moisson  de  renseignements  utiles;  de  plus,  ils  éprouveront, 
peut-être,  un  sentiment  de  fierté  patriotique,  faiblesse  bien  excusable 
si  c'en  est  une ,  en  voyant  l'importance  qu'un  savant  français  accorde 
aux  humanistes  flamands  dans  le  mouvement  des  études  à  Paris,  à 
l'aurore  des  temps  modernes. 

Dans  un  travail  récent  (i),  nous  avons  étudié  les  origines  de  la 
renaissance  des  lettres  en  Belgique  et  dans  les  pays  voisins  et  nous 
sommes  arrivé  à  cette  conclusion  que  le  mouvement  humaniste  est 
produit,  dans  nos  provinces,  avec  une  certaine  spontanéité,  que  son 
développement  y  a  été,  en  quelque  sorte,  autonome  et  que  l'influence 
des  humanistes  italiens,  a  été,  chez  nous,  beaucoup  moindre  qu'on  le 
croit  généralement.  Certes,  l'Italie  doit  être  considérée  comme  la  terre 
des  «  survivances  »  classiques,  comme  le  lieu  d'élection  de  tous  les . 
fervents  de  l'humanisme  :  mais,  c'est  nous  qui  sommes  allés  y  cher- 
cher de  notre  propre  initiative  et  inconsciemment  peut-être  le  goût 
de  l'antiquité  classique. 

Nous  sommes  allés  à  la  source]:  elle  n'est  pas  venue  à  nous.  Ques- 
tion de  mots,  dira-t-on.  Non!  il  y  a  là  plus  qu'une  nuance  et  nous 
voudrions  pouvoir  l'indiquer.   Certes,   dès   la  première   moitié  du 

(1;  Les  Humanistes  belges  de  la  Renaissance,  Revue  Générale^  juillet  1906. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  129 


quattrocento,  les  études  classiques  brillent  dans  la  Péninsule  d'un 
vif  éclat,  mais  Thumanisrae  n*y  a  pas  encore  la  force  d'expansion 
nécessaire  pour  se  répandre  au-delà  des  Alpes  jusqu'à  notre  sol  glacé, 
où  affluent  cependant,  les  marchands,  les  financiers  et  les  artistes. 
Notre  pays  est  l'un  des  plus  riches  de  l'Europe,  la  civilisation  y  est 
brillante,  nous  avons  des  princes  éclairés,  généreux  et  magnifiques, 
les  Frères  de  la  Vie  Commune  ont  admirablement  préparé  le  terrain 
par  la  fondation  de  leurs  nombreux  collèges  :  nous  avons,  nous,  la 
force  d'expansion  nécessaire  pour  aller  au  loin  communier  avec  les 
humanistes  italiens  dans  le  culte  de  l'antiquité.  Dès  Ip  début  de  la 
première  Renaissance  en  Italie,  écrivions-nous,  nous  constatons 
dans  ce  pays  la  présence  de  nos  compatriotes  ;  loin  de  s'y  comporter 
en  barbares^  comme  on  eût  dit  alors,  ils  s'y  distinguent,  ils  sont 
savants,  érudits,  capables  de  voir,  susceptibles  de  comprendre  et 
d'enrichir  leur  propre  fonds.  Chose  curieuse,  nos  savants  et  nos 
hommes  d'école,  tout  comme  nos  imprimeurs,  sont  à  Paris,  à  Lyon 
et  de  par  toute  la  France,  en  même  temps  que  les  Italiens  ou  plutôt 
même  avant  eux,  parmi  les  plus  ardents  et  les  plus  heureux  propa- 
gateurs de  l'Humanisme. 

Sur  ces  questions  délicates,  et  à  la  suite  de  recherches  exécutées 
tout  à  fait  indépendamment  des  nôtres,  M.  Delaruelle  nous  paraît 
être  arrivé  aux  mêmes  conclusions  que  nous.  Le  fait  ne  vaut- il  pas 
la  peine  d'être  remarqué?  Nous  reprendrons  donc  l'argumentation 
du  savant  auteur  et  nous  lui  laisserons,  à  l'occasion,  la  parole. 

Personne  ne  contestera  plus  sérieusement  aujourd'hui  que  le 
moyen  âge  ait  eu  la  connaissance  de  l'antiquité,  mais  il  n'en  eut  jamais 
à  aucun  degré,  le  sens.  On  ne  faisait  point  à  cette  époque  des  œuvres 
des  anciens  l'objet  d'une  étude  désintéressée  et  qui  fût  à  elle-même  sa 
propre  fin  Ce  qu'on  recherche  surtout  dans  les  auteurs,  ce  sont  des 
tt  histoires  i  ou  exemples  moraux.  A  Paris,  l'étude  de  la  théologie 
prime  tout  et  les  trois  hommes  qui  connaissent  le  mieux  les  auteurs 
latins,  en  cette  ville,  à  la  tin  du  xiv^  siècle,  les  Pierre  d'Ailly,  les  Jean 
Gerson,  les  Nicolas  de  Clamenges.  ne  sont  en  rien  des  humanistes  : 
ce  sont  des  théologiens.  Jean  de  Montreuil  (1354V-1415)  présente  déjà 
bien  plus  les  traits  essentiels  du  véritable  humaniste  :  ce  chancelier  de 
Charles  VI,  ambassadeur  en  Italie,  grand  admirateur  de  Pétrarque 
et  des  humanistes  italiens  se  forme  une  bibliothèque  de  choix, 
recherche  les  œuvres  des  anciens,  et  non  pas  seulement  celles  que 
le  moyen  âge  connaissait  et  admirait,  mais  celles  aussi  qui  sont  introu- 
vables par  delà  les  monts.  Mais  Montreuil  est  «  un  isolé  et  son  cas 
»  montre  fort  bien  que  la  France  n'est  pas  mûre  encore  pour  la 
«5 Renaissance.  En  Italie  même,  l'humanisme  n'a  pas  encore  porté 


l30  LE   MUSÉE  BELGE. 


»  ses  fruits  ;  il  faut  attendre  le  milieu  du  xv*  siècle.  Alors,  il  aura  la 
»  force  d'expansion  nécessaire  pour  se  répandre  au  delà  des  Alpes. 
»  Mais,  entre  les  deux  pays,  il  faudra  de  longues  années  de  contact 
»  pour  qu*il  se  forme  en  France  une  classe  lettrée,  nettement  favo- 
»  rable  à  ces  tendances  nouvelles.  Les  agents  les  plus  sûrs  de 
»  cette  évolution,  ce  sont  les  grands  évêques  français  à  qui  leurs 
»  talents  ou  leur  science  assurent  un  rôle  politique  (i)  ».  Tel  le 
bénédictin  Jean  Jouffroy,  entré  de  bonne  heure  au  service  des  ducs 
de  Bourgogne,  ambassadeur  auprès  du  Saint-Siège,  évêque  d'Arras, 
puis  cardinal,  qui  fit  de  longs  séjours  en  Italie. 

Ainsi,  écrit  encore  M.  Delaruelle,  les  o  barbares  »  devenaient  sen- 
sibles au  charme  de  la  culture  italienne  ;  de  ce  jour,  les  humanistes 
faméliques  songèrent  à  les  exploiter.  Ils  allèrent  chercher  en  France 
ces  pensions  que  les  princes  italiens  commençaient  à  leur  mar- 
chander. 

D'abord,  c'est  un  grec  misérable,  Argyropoulos ,  qui  ne  fit  que 
passer;  puis,  en  1456,  Gregorio  Tifernate,  lequel,  nommé  par  l'Uni- 
versité à  une  chaire  de  grec  en  1458,  quitta  la  France  à  la  fin  de  1459 
S'il  put,  en  aussi  peu  de  temps,  jeter  quelque  semence  dans  les  esprits, 
il  appartenait  à  d'autres  de  la  faire  fructifier  ;  et  tout  spécialement 
à  Guillaume  Fichet,  bibliothécaire  de  la  Sorbonne,  recteur  de  l'Uni- 
versité (1467),  né  en  Savoie  en  1433,  et  à  Robert  Gaguin,  né  à  Galonné 
sur  la  Lys,  aux  confins  de  la  Flandre  et  de  l'Artois,  en  1433,  général 
des  Trinitaires  (1473),  doyen  de  la  faculté  de  décret,  chargé  de 
plusieurs  ambassades  à  Rome,  en  Allemagne,  en  Angleterre. 

Le  premier  fit  ses  études  à  Avignon,  la  ville  italienne  où  le 
souvenir  de  Pétrarque  était  encore  vivant  et  où,  nous  l'avons 
remarqué  (2),  quarante  ans  après  Pétrarque,  avait  séjourné  Gérard 
De  Groote,  fondateur  des  Frères  de  la  Vie  Commune,  né  à  De  venter 
en  1340.  Arrivé  à  Paris  en  1455,  puis  chargé  dune  mission  diploma- 
tique auprès  du  duc  de  Milan  Galeas  Marie  Sforza,  Fichet  fut,  avec 
Jean  Heynlin  ou  de  la  Pierre,  né  à  Stein  (grand  duché  de  Bade)  (3 , 
l'introducteur  de  l'imprimerie  en  France.  On  sait  qu'à  leur  demande 
Martin  Krantz,  Ulrich  Gering  et  Michel  Friburger  installèrent  en 
1470  l'atelier  de  la  Sorbonne  ;  mais  ce  qu  il  faut  remarquer,  c'est 
que  la  première  œuvre  qui  sortit  de  leurs  presses  fut  celle  d'un 
humaniste  et  que,  pour  la  plus  grande  partie,  leurs  productions 
furent  des  livres  destinés  à  l'enseignement  des  belles- lettres.  Gaguin 

(1)  Pages  6  et  suiv. 

(2)  Les  Humanistes  belges^  page  7  du  tiré  à  part. 

(j>)  A.  Clauuin,  Histoire  de  l'Imprimerie  en  France,  Pari?,  1900,  r.  I.,  pages  17 

et  suiv. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I  3 1 


y  prit  la  plus  large  part.  Lorsqu'en  1472,  Fichet  partit  pour 
ritalie  à  la  suite  de  Bessarion  pour  n'en  plus  revenir,  ce  fut  l'illustre 
trinitaire  qui  reprit,  pourrions- nous  dire,  sa  succession  et  qui 
représenta  le  mieux  dans  le  monde  de  l'Université  parisienne  les 
tendances  encore  incertaines  de  l'humanisme  naissant. 

Il  devint  le  champion  le  plus  ardent  et  le  propagateur  le  plus 
influent  des  idées  nouvelles. 

Il  suffit  pour  s'en  convaincre  de  parcourir  l'admirable  ouvrage  que 
M.  Louis  Thuasne  a  consacré  récemment  à  ce  personnage  dans  la 
Bibliothèque  littéraire  de  la  Renaissance  publiée  par  MM.  Dorez  et 
de  Nolhac  :  Roherti  Gaguini  epistoîe  et  orationes.  Paris,  Bouillon,  igoS. 

Un  fait  est  extrêmement  frappant  :  parmi  les  correspondants 
de  R.  Gaguin,  parmi  ceux  qui  cultivèrent  avec  lui  les  études 
d'humanités,  figurent  un  très  nombre  de  savants  et  d'humanistes 
originaires  des  Pays-Bas  et  tout  particulièrement  de  la  Flandre  : 
Martin  de  Delft,  né  à  Utrecht,  recteur  de  l'Université  de  Paris  (1479), 
Guillaume  Hermann,  né  à  Gouda,  et  son  oncle  Cornélius  Gérardus, 
de  Gouda  également,  condisciple  d'Érasme  à  Ste)m,  Pierre  Burry,  né 
à  Bruges  en  1427  ou  1430,  Charles  et  Jean  Fernand,  nés  également  à 
Bruges  au  milieu  du  xv«  siècle,  Arnold  de  Bost  ou  Van  Vaerne- 
wyck,  né  en  Flandre  en  1470,  Érasme,  Badius  Ascensius,  etc. 

Les  deux  derniers  sont  trop  connus  pour  que  nous  insistions  sur 
leurs  noms  et  leurs  mérites.  Mais,  il  nous  faut  revenir  sur  Burry,  les 
deux  Fernand  et  Arnold  de  Bost  et  nous  laisserons  au  savant 
professeur  de  Toulouse  le  soin  de  les  présenter  au  lecteur  : 

«  Pierre  Burry  est  un  simple  chanoine  d'Amiens  ;  ses  vers  lui  font 
un  nom  dans  le  monde  littéraire  parisien.  On  recherche  avec  avidité 
ses  poésies  morales,  ses  hymnes,  ses  péans  en  l'honneur  de  la  Vierge; 
dans  l'édition  de  Josse  Bade,  ils  ont  l'honneur  d'un  commentaire 
suivi,  et  ils  sont,  sans  nul  doute,  expliqués  dans  les  écoles.  Ses  amis 
le  proclament  l'Horace  de  la  France.  Ce  sont  les  mêmes  qui,  dans 
Charles  Fernand  voient  un  nouveau  Cicéron.  Tout  jeune  encore. 
Fernand  enseigne  les  humanités  à  l'Université  parisienne  ;  on  vante 
son  a  éloquence  admirable  »  et  cette  rare  érudition  «  plus  suave  que 
le  miel  »  dont  ses  auditeurs  étaient  enchantés.  Son  frère  Jean  n'a 
guère  moins  de  succès  comme  professeur.  Les  étudiants  se  pressent 
à  son  cours  sur  Térence;  avec  eux  des  personnages  de  marque 
viennent  écouter  l'orateur  en  vogue.  Pour  achever  d'asseoir  sa 
renommée,  Charles  Fernand  publie  lui-même  un  recueil  de  ses  lettres 
familières  suivant  une  pratique,  nouvelle  en  France,  des  humanistes 
italiens.  Il  est  jeune  encore,  tous  les  espoirs,  lui  sont  permis;  des 
chagrins  de  famille  jetteront  les  deux  frères  au  cloître  où  leur  vie 
s'achèvera  •. 


l32  LE    MUSÉE   BELGE. 


«  Des  relations  s'établissent  bien  vite  entre  ce  petit  monde  et 
les  lettrés  des  pays  voisins.  Les  nôtres  sont  souvent  d'origine 
flamande,  et  cela  les  rapproche  du  foyer  de  culture  que  sont  encore  les 
Pays-Bas  bourguignons.  Puis,  à  cette  époque,  les  écrivains  de  langue 
latine  sont  toujours  des  clercs  et  souvent  des  moines;  d'un  pays  à 
l'autre,  le  lien  que  l'Église  établit  entre  eux  les  prépare  à  s'en- 
tendre et  à  s'apprécier.  Lorsque  notre  Gaguin  se  rend  en  Ailemagne, 
il  est,  à  Heidelberg,  accueilli  par  des  vers  louangeurs  où  on  le 
remercie  d'avoir  amené  «  Apollon  parmi  les  Germains  »,  il  compte 
Jean  de  Trithème,  le  célèbre  abbé  de  Spanheim,  parmi  ses  correspon- 
dants. Un  homme  semble  avoir  été  Tâme  de  cette  confrérie  inter- 
nationale, c'est  le  Flamand  Arnold  de  Bost.  Sa  vie  s'écoule  tout 
entière  à  Gand  dans  un  couvent  de  l'ordre  du  Carmel  ;  mais  le  renom 
de  ce  simple  moine  franchit  bien  vite  les  murs  de  son  couvent, 
et  toute  l'Europe  savante  connaît  Arnold  de  Bost.  Ermolao  Barbaro 
lui  adresse  un  de  ses  ouvrages;  Gaguin  lui  écrit  assez  souvent  et 
soigne  les  lettres  qu'il  lui  envoie  ;  c'est  grâce  à  Arnold  qu'il  est  lié  avec 
Trithème.  Du  fond  de  sa  cellule,  le  moine  gantois  régente  ses  corres- 
pondants; il  entretient  leur  zèle  pour  l'étude,  il  stimule,  au  besoin  il 
dirige  leur  activité  littéraire.  Il  décide  Gaguin  à  écrire,  sur  la  Concep- 
tion de  la  Vierge,  un  poème  qui  doit  répondre  à  Tœuvre  du  domini- 
cain Bandello.  Il  institue  entre  tous  ses  amis  un  vrai  concours 
poétique  en  l'honneur  de  Saint  Joachim  ;  Gaguin,  Bibaut,  Clichtove 
sont  les  Français  qui  répondent  à  son  appel.  C'est  un  fait,  à  notre 
point  de  vue,  intéressant  que  ce  tournoi  poétique  organisé  par  im 
Flamand.  Le  moment  nest  pas  venu  où  l'influence  littéraire  de  la 
«  Germanie  »  sera  définitivement  remplacée  par  celle  de  l'humanisme 
italien.  » 

(I  Cependant,  dans  notre  pays,  s'annonce  l'invasion  italienne...  • 
et  les  humanistes  de  la  Péninsule  vont  se  succéder,  notoires  ou 
médiocres  :  Philippe  Béroalde,  V  u  effronté  »  Balbi,  Cornelio  Vitelli, 
Fausto  Andrelini,  «  type  parfait  de  l'humaniste  à  la  fois  présomptueux 
et  médiocre  »,  Paul  Emile,  pensionné  du  roi. 

La  citation  qui  précède  est  un  peu  longue,  mais  elle  nous  a  paru 
si  intéressante  et  si  démonstrative  que  nous  avons  cru  pouvoir  la 
donner  tout  entière.  Nous  n'avons  pu  malheureusement  reproduire 
ici  les  notes  si  nombreuses  et  si  curieuses  sur  lesquelles  le  savant 
auteur  étaie  ses  affirmations.  On  aura  remarqué  que  M.  Delaruelle 
signale  comme  Français,  Gaguin,  Bibaut,  Clichtove.  Il  faut  s'entendre  : 
nous  savons  déjà  ce  qu'il  faut  penser  de  la  nationalité  de  Gaguin  ; 
quant  aux  deux  autres,  ils  étaient  dr  Thielt  et  de  Nieuport.  A  propos 
des  deux  frères  Fernand,  M.  Delaruelle  aurait  dû  citer  le  travail  très 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l33 


complet  et  très  remarquable  de  Dom  Berlière,  Mélanges  iT histoire  béné- 
dictine, 3®  série,  Maredsous,  1901,  pages  142-165  (demeuré  également 
inconnu  à  M.  L.  Thuasne,  op,  cii,).  Aux  pages  45  et  suiv.,  le  savant 
auteur  caractérise  admirablement  l'esprit  et  les  tendances  de  Lefèvre 
d'Étaples.  il  aurait  pu  renvoyer  à  la  notice  si  consciencieuse  de 
M.  F.  van  der  Haeghen,  Bihliotheca  Beîgica  (verb,  Clichtove,  Lefèvre 
d'Étaples) 

Tel  est  en  France,  à  la  fin  du  xv^  siècle,  le  groupe  des  précurseurs 
de  l'humanisme.  Ils  sont,  dit  M.  Delaruelle,  par  l'amour  des  lettres 
en  avance  sur  leur  temps,  mais  il  subsiste  dans  leur  attitude  des  con- 
tradictions significatives.  Un  Gaguin,  malgré  toutes  ses  sympathies 
pour  les  tendances  nouvelles,  n*a  jamais  songé  ou  osé  songer  à  modi- 
fier de  fond  en  comble  l'enseignement  universitaire.  Les  études 
d'humanisme  ne  pourraient  être  encore  leur  but  à  elles-mêmes  et,  si 
Ton  introduit  quelque  changement  dans  les  programmes,  ce  sera 
avec  autant  de  timidité  que  de  circonspection.  Aussi,  en  i5oo, 
l'Université  est-elle  restée  à  peu  près  ce  qu  elle  était  un  siècle  plus  tôt 
«  c*est  toujours  la  même  formidable  machine  construite  au  Moyen 
Age  pour  fabriquer  les  théologiens.  »  — 

Et  cependant  un  air  nouveau  circule  partout  et  des  ferments  de 
«  modernité  »  sont  dans  tous  les  esprits  distingués  !  Les  humanistes 
vont  l'emporter  sur  les  théologiens,  les  philosophes  et  les  juriscon- 
sultes aux  théories  arriérées  et  aux  méthodes  surannées  :  ce  qui  n*a 
pas  été  fait  par  ces  derniers  se  feia  en  dehors  d'eux  et  contre  eux.  La 
semence  jetée  par  les  Précurseurs  a  germé.  Les  hautes  classes  sont 
conquises  et  éblouies  par  la  culture  italienne,  de  simples  bourgeois  se 
remettent  à  l'étude  du  latin  et  entreprennent  celle  du  grec  et  l'un 
d'entre  eux  est  à  la  veille  de  se  révéler  comme  le  premier  helléniste 
de  France,  premier  par  le  mérite  aussi  bien  que  par  la  date.  C'est 
l'homme  qui ,  devenu  le  conseiller  influent  de  François  I ,  lui 
suggérera  l'idée  d'ouvrir  à  Paris  —  sur  le  modèle  de  ce  qui  depuis 
i5i8  se  fait  à  Louvain  —  un  collège  pour  l'enseignement  des  langues 
anciennes  :  le  Collège  de  France.  C'est  Guillaume  Budé. 

On  voit  par  ce  simple  compte  rendu,  si  incomplet  et  si  imparfait, 
tout  ce  qu'il  y  a  à  prendre  et  à  apprendre  dans  le  mémoire  de 
M.  Delaruelle.  Jamais,  pensons-nous,  monographie  d'humaniste 
n'aura  été  plus  consciencieusement  préparée,  plus  approfondie,  et 
plus  évocatrice.  Alphonse  Roersch. 

74.  —  Robert  Forrer,  Reallexikon  der  praehisiorischen^  klassischen 
und  friihchnstlichen  AlUrtUmer,  Mit  3ooo  Abbildungen.  Stuttgart, 
W.  Spemann,  1908.  944  pages  à  2  colonnes. 


l34  LE   MUSÉE  BELGE. 


1 


Quiconque  veut  s*adonner  aux  études  archéologiques  est  souvent 
arrêté  par  un  vocabulaire  spécial  qui  s'est  étendu  surtout  dans  le 
dernier  quart  de  siècle.  Un  lexique  définissant  ces  termes  sera  donc 
bien  accueilli  des  archéologues  et  surtout  de  ceux  qui  s'intéressent  à 
l'archéologie  sans  être  spécialistes  en  cette  matière.  M.  Rob.  Forrer 
a  cru  devoir  comprendre  dans  son  gros  volume  les  antiquités  préhis- 
toriques, classiques  et  chrétiennes  :  ces  trois  domaines,  longtemps 
séparés,  sont  unis  aujourd'hui  par  des  liens  si  nombreux  que  celui 
qui  cultive  lun  doit  connaître  les  deux  autres  et  qu'on  ne  pouvait 
faire  œuvre  vraiment  utile  qu'en  les  envisageant  tous  les  trois.  On 
peut  dire  qu'en  cela  consiste  la  grande  nouveauté,  mais  aussi  la 
grande  difficulté  du  travail  entrepris  et  mené  à  bonne  fin  par 
M.  Rob.  Forrer.  Tous  les  mots  qui  désignent  spécialement  et  tous 
ceux  qui  rappellent  un  objet,  une  idée  du  domaine  de  larchéologie 
sont  admis  dans  ce  lexique  et  rangés  alphabétiquement  :  il  y  en  a 
plus  de  2000  et  beaucoup  d'entre  eux  ne  se  trouvent  encore  dans 
aucune  espèce  de  dictionnaire  La  limite  que  M.  Rob.  Forrer  s'est 
tracée  dans  le  temps  est  le  vi^  ou  vu*  siècle  :  les  invasions  barbares 
et  arabes  ont  mis  fin  au  monde  antique. 

Un  grand  nombre  d'articles  de  ce  lexique  ont  naturellement  rap- 
port à  des  noms  propres.  En  effet,  les  noms  des  localités  où  des 
découvertes  ont  été  faites  sont  à  leur  place  alphabétique,  mais  seule- 
ment les  plus  importants.  Il  fallait  faire  un  choix  et  chacun,  suivant 
ses  préférences,  signalera  des  lacunes.  Pour  m'en  tenir  à  notre  pays 
et  ne  citer  qu'un  exemple,  je  suis  étonné  que  le  nom  d'Arlon  (Oro- 
launum  vicus)  manque,  alors  que  j'en  rencontre  de  moins  importants. 
Mais  laissons  cette  critique  :  de  pareilles  lacunes  sont  inévitables,  à 
moins  qu'on  ne  soit  tout  à  fait  complet,  et  pour  être  tout  à  fait  com- 
plet, il  eût  fallu  un  ou  deux  volumes  de  plus.  L'auteur  s'est  efforcé 
de  n'oublier  au  moins  aucun  des  noms  de  lieu  qui  sont  devenus 
caractéristiques  pour  désigner  une  époque  ou  un  genre  d'antiquités 
(Hallstatt,  La  Tène,  etc.). 

Dans  un  si  grand  nombre  d'articles  rangés  alphabétiquement,  il  y 
a  des  répétitions  inévitables.  Il  y  en  a  peut-être  quelques  unes  qui 
pouvaient  être  évitées.  Sous  le  mot  Kreuziguiig  Christi  (p.  428)  nous 
lisons  au  3^  alinéa  :  «  La  plus  ancienne  représentation  de  la  cruci- 
fixion, c'est  la  parodie  pi.  109,  fig.  5,  où  l'on  voit  le  «  crucifix  blas- 
phématoire »)  du  Palatin  :  le  Christ  y  est  représenté  sous  la  figure 
d'un  homme  à  tête  d'âne,  les  bras  étendus  attachés  à  la  croix,  les 
pieds  soutenus  par  une  planche.  C'est  un  graffito  du  ni«  siècle, 
aujourd'hui  au  Museo  Kircheriano,  à  Rome.  Voy.  aussi  l'article 
Spottkruziûx.  —  Or,  à  cet  article  revient  la  même  description,  un  peu 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  l35 

>lus  complète,  avec  une  bibliographie  (p.  756).  Il  semble  qu'à  la 
;>  426,  un  renvoi  à  la  p  756  aurait  suffi.  Ajoutons  une  autre  cri- 
ique  :  la  bibliographie  est  incomplète,  elle  s'arrête  en  1894  au  bel 
ouvrage  de  MM.  Forrer  et  Mliller,  et  on  ne  nous  dit  rien  de  la  nou- 
velle explication  donnée  par  Wûnsch  [Sethianische  Verfluchungsiafeln) 
de  ce  graffito  fameux.  Ce  serait  un  dieu  égyptien  à  tête  d*âne,Typhon- 
Seth.  Bien  que  cette  hypothèse  ait  été  diversement  appréciée  et  plutôt 
rejetée  qu'admise,  elle  devait  être  mentionnée  (i).  Mais  chacun  trou- 
vera, suivant  ses  études,  à  faire  des  observations  de  ce  genre  dans  ce 
grand  nombre  de  notices. 

Aussi  bien,  l'auteur  n'a-t-il  pas  la  prétention  ni  même  l'intention 
d'être  complet.  Il  s  adresse  à  la  fois  aux  archéologues  et  au  grand 
public  et  donne  à  ses  articles  une  forme  intelligible  pour  tout  le 
inonde.  Il  ne  discute  pas,  il  expose,  il  ne  prend  pas  parti  dans  les 
questions  encore  douteuses,  à  moins  qu'il  n'ait  quelque  chose  de 
neuf  à  dire.  Pourtant  tous  les  articles  ont  une  forme  personnelle  :  on 
voit  tout  d'abord  qu'ils  ne  sont  pas  empruntés,  mais  rédigés  par  un 
homme  du  métier  qui  dit  ce  qu'il  sait  et  ne  se  borne  pas  à  répéter  ce 
que  d'autres  ont  écrit. 

Les  articles  sont  naturellement  de  longueur  inégale  :  beaucoup  ne 
sont  qu'une  définition  du  mot,  quelques-uns  forment  une  petite  étude 
et  comme  le  canevas  de  tout  un  ouvrage.  Ils  se  terminent  par  une 
courte  bibliographie  qui  indique  les  ouvrages  les  plus  récents  et  les 
plus  importants,  et  ils  sont  accompagnés  de  figures.  On  connaît  les 
publications  si  nombreuses  et  si  bien  illustrées  de  la  maison  Spe- 
mann  ;  elle  a  orné  ce  lexique  de  plus  de  3ooo  gravures,  dont  652 
dans  le  texte  et  les  autres  sur  295  planches  hors  texte.  On  trouvera 
naturellement  ici  un  grand  nombre  de  clichés  connus,  mais  il  y  a 
aussi  beaucoup  de  figures  nouvelles,  inédites. 

Citons  au  hasard  quelques-uns  des  articles  les  mieux  illustrés  et 
les  plus  étendus.  D'abord  Achmin,  dans  la  Haute-Egypte,  célèbre  par 
ses  tombeaux,  que  M.  Forrer  a  étudiés  dans  de  nombreuses  publica- 
tions, Akropolis  (p.  16-22),  Altàre  (autels),  Armbànder  und  Ringe  (brace- 
lets et  anneaux),  Assyrische  Denkmàler,  Acxte  (haches),  Bernstein  (ivoire), 
Bogen  (arc,  archers),  Bologna^  Bronzezeit,  Byzantinische  Kunst,  Dipy- 
Imiil,  Etrusker,  GrahstHne,  Griechische  Kunsi,  Hallstattzeii^  Rom,  Statum 
und  Statuetten,  SchlUssel,  Schrift,  Schwerter  und  Schwertschciden,  Totenbe- 
skituug,  Vasenmalerei^  IVandmalerei,  Wohnhaus^  Zeitalter  dcr  menschlichen 
Kuliur  (avec  tableaux). 

(i)  L.  Bréhier.  Les  origines  du  crucifix  dans  Part  religieux,  p.  16-17.  Paris, 
Bloud,  1904.  (Collection  Science  et  religion). 


l36  LE    MUSÉE    BELGE. 


Concluons  que  ce  premier  essai  d'un  lexique  archéolojfique  nous 
semble  bien  réussi.  Dans  une  seconde  édition,  qui  ne  peut  manquer 
d'être  prochaine,  l'auteur  aura  l'occasion  de  combler  quelque* 
lacunes.  J.  P.  Waltzing. 

75.       Abbé  Clément  Jugé^  Nicolas  Denisot  du  Mans  (i5i5-i55c). 

Essai  sur  sa  vie  ei  ses  œuvres.  Thèse  présentée  à  la  Faculté  des  Lettres 

de  Caen.   Le  Mans,  A.  Bienaimé  et  Paris,  A.  Lemerre,    1907. 

164  p.  in-8*».  5  fr. 

Nicolas  Denisot,  peintre  et  poète,  géographe  et  homme  ou  plutôt 
agent  politique,  séduisant,  audacieux,  aventureux,  précepteur  de 
trois  princesses  anglaises,  filles  du  duc  de  Somerset,  est  une  person- 
nalité originale  et  attachante  de  la  Renaissance  française. 

Ses  éditions  latine  et  française  du  Tombeau  poétique  de  la  Reine 
de  Navarre,  ses  œuvres,  noëls,  cantiques,  prières,  panégyrique  des 
rois  d'Angleterre  Edouard  VI  et  Plenri  VIII,  publiées  sous  le  pseu- 
donyme de  comte  d'Alsinois,  anagramme  par  à  peu  près,  méritaient 
certes  un  sérieux  examen.  Et  de  même,  les  différents  épisodes  de  son 
existence,  mouvementée  comme  celle  d'un  héros  de  théâtre  ou  de 
roman,  étaient  bien  dignes  d'être  mis  en  lumière. 

Le  livre  de  M.  l'abbé  Jugé  constitue  une  étude  biographique,  his- 
torique et  littéraire  fort  instructive.  Il  est  écrit  d'une  plume  alerte  et 
avertie  et  est  d'une  lecture  fort  attrayante.        Alphonse  Roersch. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

76-77.  —  Cbr.  Maréclial,  Lamennais  et  Lamartine.  Paris,   Bloud, 

1907,  viii-38o  pp.,  in- 16.  3  fr.  5o. 
Le  même.  Le  Véritable  «  Voyage  en  Orient  »  de  Lamartine  d'après  les 

manuscrits  originaux  de  la  Bibliothèque  Natioftale  (Documents  inédits), 

Bloud,  1908,  viii-2i3  pp.,  in-8. 

Lamartine  ignorant  qui  ne  sait  que  son  âme... 

a  dit  un  jour  Sainte-Beuve,  voulant  ainsi  définir  Taède  primitif  que 
fut  le  poète  des  Méditations  et  des  Harmonies,  Mais  ne  fut-ce  qu'un  aède 
primitif?  Est-ce  que  vraiment  Lamartine  n'a  su  que  son  âme? 
Assurément  pas,  et  si  même  personne  ne  lui  refuse  des  dons  souve- 
rains de  spontanéité  et  de  création,  voilà  toutefois  beau  temps  déjà 
que  la  critique  s'est  chargée  de  nous  dire  qu'il  s'était  inspiré  de 
ses  devanciers  ou  de  nous  montrer  qu'il  avait  su  autre  chose  que  son 
âme.  A  son  tour,  M.  Maréchal  intervient  dans  le  débat  avec  un  li\Te 
d'une  érudition  large  et  solide,  d'un  sens  littéraire  remarquablement 
sûr  et  délicat. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  13/ 

Comme  on  le  devine  par  le  titre  de  Lamennais  et  Lamartine^  l'objet 
en  est  de  prouver  que  Lamartine  a  subi  l'influence  de  Lamennais, 
et  cette  influence  est  considérable.  Après  un  avant-propos  assez 
étendu  et  d'un  vif  intérêt  sur  là  jeunesse  sentimentale  et  religieuse  du  poète, 
il  le  suit  dans  sa  carrière  littéraire  depuis  les  Premières  Méditations 
(1820)  jusqu'à  la  Chute  d'un  Ange  (i838),  et  il  le  fait  voir  qui  s'imprègne 
du  système  politique  et  philosophique  du  puissant  dialecticien  de 
V Essai  sur  V indifférence.  Lamennais,  déclare-t-il  (et  il  le  démontre 
par  de  nombreuses  citations),  a  pendant  plus  de  vingt  ans  coloré 
la  flamme  poétiqiue  de  Lamartine  des  formes  de  sa  pensée.  Mais 
cependant  d'après  lui,  ce  dernier  ne  sortirait  pas  diminué  d'une 
semblable  étude  :  il  aurait  néanmoins  son  originalité  puisque,  sur  les 
thèmes  fournis  par  Lamennais,  il  a  mis  ses  rythmes  merveilleux  et 
ses  grands,  ses  nobles  sentiments.  C'est  là  une  conclusion  à  laquelle 
il  est  peut-être  difficile  de  souscrire  sans  réserve,  et  que  peut-être  l'on 
trouvera  excessive,  parce  que  trop  bienveillante. 

Mais  d'autre  part,  on  jugera  peut-être  aussi  que  M.  Maréchal  cède 
trop  quelquefois  à  la  tendance  qui  le  pousse  à  voir  partout  du 
Lamennais  chez  Lamartine  et  que  certains  de  ses  rapprochements 
sont  contestables.  Quoi  qu'il  en  soit,  son  enquête  est  bien  conduite, 
et  il  a  fait  un  livre  durable.  De  même  en  est-il  pour  le  Vidage  en  Orient. 
Ici,  il  publie  le  texte  imprimé  du  récit  célèbre  de  i835  et  la  leçon 
manuscrite  (mais  incomplète)  de  la  Bibliothèque  Nationale.  Des  diff'é- 
rences  notables  les  séparent,  et  elles  permettent  d'observer  que 
Lamartine  ne  se  contentait  pas  du  premier  jet  et  même  qu'il  se 
corrigeait  soigneusement.  C'est  ce  que  l'on  savait  déjà  à  propos  de  ses 
vers.  Désormais  Ton  saura  qu'en  prose  il  na  pas  été  non  plus,  un 
génial  improvisateur  qui  ne  se  relisait  pas.  La  publication  de 
M.  Maréchal  indique  en  outre  que  l'auteur  du  Voyage  en  Orient  recher- 
chait surtout  le  pittoresque  et  le  dramatique  dans  ses  corrections. 
Enfin,  nous  constatons  par  la  comparaison  des  deux  leçons  qui  sont 
placées  sous  nos  yeux  que  le  pèlerinage  chrétien  qu'était  avant  tout 
le  voyage  de  i832,  devient,  dans  sa  pensée,  en  1834  (au  moment  de  la 
mise  au  point  du  manuscrit)  un  pèlerinage  poétique,  et  que  d'une 
date  à  l'autre  sa  foi  religieuse  s'est  notablement  altérée  sous  l'action 
de  Lamennais.  Georges  Doutrepont. 

78.  —  Maurice  Souriau,  Les  Idées  morales  de  Victor  Hugo  (Phi- 
losophes et  penseurs).  Librairie  Bloud,  Paris,  rue  Madame,  4, 
1908,  10 1  p.  petit  in- 8.  o  fr.  60. 

Pour  l'utile  et  économique  collection  des  «  Philosophes  et  pen- 
seurs »  M.  Souriau  a  accepté  de  consacrer  aux  Idées  morales  de  Victor 
Hugo  une  étude  objective  ;  et  l'histoire  littéraire,  d'après  lui,  a  cette 


l38  LE   MUSEE   BELGE. 


qualité,  «  une  étude  sur  Pascal,  sur  Bossuet  ou  sur  Voltaire  n'est 
scientifiquement  faite  que  si  le  lecteur  est  incapable,  à  la  fin  du  livre, 
de  deviner  si  le  critique  est  janséniste  ou  moliniste,  catholique  ou 
protestant,  religieux  ou  sceptique  »  :  voilà  la  définition  que  donne 
M.  Souriau  dans  un  autre  livre,  Moralistes  et  poètes,  dont  nous  reparie- 
rons. 

Le  savant  éditeur  de  la  Pré/ace  de  Cromwell  ne  suppose  ni  n'oppose 
rien  à  son  auteur  :  il  Texpose.  Il  suit  les  évolutions  du  liseur  et  de 
l'écrivain,  les  constate  par  des  textes  bien  choisis.  Victor  Hugo  jeune 
méprisait  infiniment  Bonaparte,  ce  «  despote,  empereur  d'un  camp  ». 
Il  déplorait  que  «  durant  les  onze  années  de  son  ombrageuse  tyrannie, 
un  Corse  gardé  par  un  Mameluck,  n*eût  pu  rencontrer  le  poignard 
d'un  Français  »  (p.  lo).  Peu  d'années  après,  le  même  Hugo  com- 
posait VOde  à  la  Colonne,  puis  déifiait  Napoléon,  et  il  écrivait  : 

Je  garde  le  trésor  des  gloires  de  l'empire  : 
Je  n'ai  jamais  souffert  quon  osât  y  loucher. 

M.  Souriau.  qui  rappelle  ces  vers  (p.  43),  ne  se  demande  pas  si 
V.  Hugo  était  un  menteur  ou  un  amnésique  ;  il  a  raison  :  les  poètes 
ne  relèvent  pas  de  la  logique  vulgaire.  V.  Hugo  était  sans  doute  de 
bonne  foi,  et  serein. 

Les  idées  ae  V.  Hugo  :  ces  mots  pourraient  faire  sourire.  Encore 
qu'elles  aient  occupé  la  critique  de  Renouvier,  ces  idées  ont  été  trop 
souvent  résumées  de  façon  simpliste.  Taine  manifeste  sa  répugnance 
pour  le  «  charlatanisme  métaphysique  n  des  Contemplations  ;  M.  Faguet, 
après  avoir  analysé  de  très  belles  strophes  (La  vie  est  courte.  Le 
bonheur  pour  les  jeunes  filles  est  dans  la  vertu,  etc.),  trouve  que 
V.  Hugo  métaphysicien  dit  un  peu  longuement  ce  que  le  personnage 
de  Molière  exprimait  ainsi  :  Peste  !  où  prend  mon  esprit  toutes  ces 
gentillesses?  —  Heine  demanda  un  jour  à  un  cocher  de  fiacre  qui 
venait  de  prononcer  le  mot  Idu,  ce  qu'il  appelait  de  ce  nom  ;  «  c'est, 
répondit  le  cocher  bourru,  une  bêtise  qu'on  se  fourre  dans  la  tête  »  ; 
et  Heine  reconnut  qu'effectivement  le  mot  avait  cette  acception  dans 
les  Idées  sur  le  droit  constitutionnel,  titre  d'un  ouvrage  composé  par  je 
ne  sais  plus  quel  professeur  de  Gôttingen.  Heine  était  subtil  exégète. 
Comme  M.  Souriau  Test  aussi,  il  constate  (p.  9)  que  «  l'exposition 
des  idées  morales  de  Victor  Hugo  est  surtout  l'histoire  de  ses  varia- 
tions »  ;  il  se  fait  le  Bossuet  de  ces  variations,  mais  ce  n'est  point, 
comme  l'historien  du  protestantisme,  pour  rendre  le  Protée  mépri- 
sable. Sarcey  disait  que  V.  Hugo  s'était  renouvelé  quatre  ou  cinq 
fois;  on  dirait  aujourd'hui  qu'il  «  évoluait  »,  qu'il  évoluait  infatiga- 
blement, comme  s'il  avait  lu  VOrigine  des  espèces.  Autant  chercher  la 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  iSq 


pliilosophie  d  une  ancienne  gazette  que  celle  du  grand  poète  ;  seule- 
inent,  les  lieux  communs  trombones  par  le  génie  peuvent  recevoir 
<ies  formules  frappantes  :  et  la  philosophie  proprement  dite  en  laisse- 
t-elle  beaucoup  plus  ? 

M.  Souriau  nous  présente  successivement  i)  V.  Hugo  légitimiste 
et  catholique  (i8i8  1829),  2)  V.  Hugo  chrétien,  monarchiste  et  libéral 
(1829-1832),  3)  V,  Hugo  déiste,  bonapartiste  et  républicain  (i832- 
i85 1),  4)  V.  Hugo  anticatholique  et  républicain  socialiste  (i852-i885), 
5)  le  testament  moral  de  V.  Hugo. 

La  pensée  du  poète  est  à  la  remorque  de  son  temps.  Parmi  les 
plus  curieuses  influences  qu'elle  subit,  remarquons  celle  de  Lamen- 
nais. Celui-ci  décide  (p.  Bg)  l'auteur  de  Noire  Dame  à  supprimer  delà 
première  édition  de  février  i83i  les  deux  chapitres  symboliques 
«  Abbas  beati  Martini  et  «  Ceci  tuera  cela  »  (formule  que  nous  avons 
étudiée  dans  VArchiv  de  Herrig,  1907)  Lamennais  exerça  une  action 
considérable  sur  le  christianisme  de  Lamartine,  de  Hugo,  et  même, 
un  instant,  de  Sainte-Beuve,  qui  donnait  à  tous  de  belles  espérances 
rapidement  déçues.  Le  cas  de  Hugo  a  été  élucidé  par  le  livre  de 
M.  Chr.  Maréchal,  Lamennais  et  Victor  Hugo 

Echo  sonore  mis  au  centre  des  polémiques,  V.  Hugo  répète  ce  qui 
fait  beaucoup  de  bruit.  Il  ignore  la  science  de  son  siècle;  et  des 
philosophes  il  ne  comprend  guère  que  le  nom  propre;  il  se  trompait 
facilement  sur  les  titres  mêmes  de  leurs  œuvres. 

Si  Ton  cherchait  une  formule  générale  de  ses  idées  successives,  on 
y  trouverait,  comme  dans  les  spiritualismes  de  MM.  Victor  Cousin, 
Homais,  Jules  Simon,  Joseph  Monneron,  un  christianisme  débaptisé 
et  édulcoré,  préparé  pour  les  bonnes  gens  La  niaiserie  candide  est 
souvent  évitée  par  le  fait  que  le  poète,  au  lieu  de  forcer  son  talent  en 
philosophant,  s'abandonne  à  des  émotions  harmonieuses,  et  atteint  à 
la  grandeur  mystique  des  simples,  des  enfants,  et  de  l'âne  de  Balaam  : 
car  son  génie  mythogène  voit  le  vrai  à  Toeil  nu. 

D  après  des  théologiens  aussi  suspects  qu'Ernest  Renan  et  Arsène 
Houssaye,  Hugo  se  croyait  sûr  d'aller  retrouver  Dieu  dans  son 
paradis  ;  et  si,  en  y  entrant,  il  n'a  aperçu  qu'un  fauteuil,  il  s'y  sera 
hardiment  assis.  Vous  répondrez  :  Amen,  quand  vous  aurez  lu  l'ex- 
cellent exposé  de  M.  Souriau.  A.  Counson. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

79-80.  —  C.  Wright,  Historical  german  grammar.  Vol.  I  :  Phonology^ 
Word ' formation  and  accidence  (The  student's  séries  of  historical 
and  comparative  grammars,  vol.  I).  Oxford,  University  Press 
(H.  Frowde),  1907.  In-80,  xvi-3i6  pp.  6  sh. 


n 


I4O  LE    MUSÉE    BELGE. 

Li.  Sfltterlin,  Die  deutsche  Sprache  der  Gegenwart  Ein  Handbuch  fur 
Lehrer,  Studierende  und  Lehrerbildunganstalten.  Zweite,  stark 
verânderte  Auflage.  Leipzig,  R.  Voigtlânder,  1907.  In  •8'*,  xxviii- 
452  pp.  7  m. 

Voici  deux  publications  pour  Tétude  de  la  langue  allemande  qui 
méritent  de  fixer  Tattention  des  professeurs  de  l'enseignement  moyen 
et  de  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'étude  approfondie  de  l'allemand. 
Le  livre  de  M.   Wright  est  le    premier   volume  d'une   série   de 
manuels,  à  l'usage  des  étudiants  à  l'Université,  sur  la  grammaire  his- 
torique et  comparée  des  langues  germaniques,  et  en  même  temps  le 
premier  volume  d'une  grammaire  historique  complète  de  l'allemand. 
Le  titre  en  indique  le  contenu  ;  les  trois  grandes  divisions  du  livre 
sont  consacrées  respectivement  à  la  phonétique,  à  la  formation  des 
mots  et  à  la  morphologie.  Pour  être  complet,  il  ne  manque  à  l'ouvrage 
que  la  syntaxe;  ^L  Wright  nous  apprend,  dans  son  avant-propos, 
que  cette  partie  sera  traitée  par  son  collègue  le  D^  Fiedler  et  qu  elle 
paraîtra  probablement  dans  le  courant  de  cette  année.  —  Quels  sont 
les  mérites  de  ce  manuel?  Une  disposition  méthodique  de  la  matière; 
ime  grande  clarté  dans  l'exposé;  un  contenu  très  riche  :  M.  Wright 
ne  se  borne  pas  à  des  indications  sommaires  ;  il  explique  tout  au  long, 
avec  une  profusion  d'exemples  à  l'appui.  A  la  fin  du  volume  se  trouve 
une  liste  des  mots  et  locutions  traités  ;  elle  en  renferme  environ  4000. 
C'est  à  l'usage  des  commençants  que  l'auteur  a  écrit  ce  manuel  ;  il  ne 
leur  donne  que  des  résultats  acquis,  des  faits  incontestables,  évitant 
d'entrer  dans  Texamen  des  difficultés  spéciales  et  des  points  contro- 
versés. Par  suite,  pas  de  discussions  dans  son  livre,  ni  de  références; 
rien  qu'un  exposé  suivi,  dogmatique. 

Bien  différent  est  l'ouvrage  de  M.  Sutterlin.  Tout  d'abord,  il 
s'adresse  à  un  public  dont  l'allemand  est  la  langue  maternelle,  qui  se 
trouve  donc  dans  des  conditions  tout  autres.  Ensuite,  il  embrasse  une 
matière  beaucoup  plus  vaste,  poursuit  un  autre  but  et  est  conçu  sur 
un  autre  plan  A  part  l'introduction  (pp.  1-21).  où  l'auteur  examine 
brièvement  ce  que  c'est  que  la  langue,  la  grammaire,  la  place 
qu'occupe  l'allemand  dans  le  groupe  germaniqne  et  les  grandes 
divisions  de  son  histoire,  le  livre  se  compose  aussi  de  trois  parties. 
La  première  comprend  la  phonétique  (p.  22-85);  la  seconde  la  mor- 
phologie (pp.  86-281  ),  et  correspond  donc  aux  deux  autres  du  manuel 
anglais;  le  troisième  traite  de  la  syntaxe  (pp.  282-421).  M.  Sutterlin 
n'a  nullement  voulu  écrire  une  grammaire  historique  de  l'allemand, 
mais  un  exposé  de  ce  que  c'est  que  l'allemand  de  nos  jours,  comment 
on  le  parle  et  comment  on  l'écrit,  interprétant  les  phénomènes  obser- 
vés au  moyen  des  renseignements  de  l'histoire  de  la  langue,  de  la 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I4I 


psychologie,  de  la  linguistique  générale.  Cest  avant  tout  à  l'intention 
ci  es  professeurs  et  futurs  professeurs  qu'il  a  entrepris  ce  travail,  et 
<^eux-ci  en  tireront  grand  profit.  L'ouvrage  a  eu  du  succès;  en  rela- 
t:ivement  peu  d'années,  la  première  édition  a  été  épuisée.  L'auteur  a 
soigneusement  revue  celle-ci,  il  l'a  modifiée  en  beaucoup  d'endroits  ; 
3.insi  il  a  profité  des  dernières  recherches  pour  corriger  et  compléter  la 
première  partie  (phonétique);  dans  le  traité  de  la  formation  des  mots, 
il  a  fait  ressortir  davantage  le  côté  sémasiologique  ;  enfin  la  syntaxe 
a.  été  presque  entièrement  remaniée.  C.  Lecoutere. 

81.  —  A.  De  Ridder,  Sttjn  Streuvels.  Zijn  îeveii  en  zijn  werk.  Tweede 
vermeerderde  en  omgewerkte  druk.  Amsterdam,  L.-J.  Veen,  s.  d. 
(1907).  In-80,  204  pp.  2  fl. 

Stijn  Streuvels  est  sans  contredit  l'écrivain  flamand  le  plus  puissant 
et  le  plus  original  de  l'époque  contemporaine.  M.  De  Ridder  lui  a 
consacré  une  monographie,  qui  a  été  épuisée  en  quelques  mois  et 
<lont  il  nous  présente  une  nouvelle  édition,  sensiblement  modifiée 
et  beaucoup  plus  étendue,  enrichie  de  plus  d'un  certain  nombre  de 
portraits  et  gravures.  C'est  surtout  la  première  partie  (la  partie  bio- 
graphique) qui  a  reçu  des  développements.  L'étude  est  divisée  en 
cinq  chapitres  ;  les  deux  premiers  traitent  de  «  l'homme  »  et  les  deux 
suivants  de  son  u  œuvre  n  ;  le  dernier  est  une  espèce  de  synthèse,  assez 
malheureusement  intitulée  :  a  Streuvels  et  l'art  flamand  ».  Cest  un 
livre  qui  intéresse  surtout  à  cause  du  sujet;  quant  à  l'appréciation  de 
M.  De  Ridder  et  à  ses  principes  de  critique  littéraire,  qu'il  n'est  pas 
possible  de  discuter  ici,  ils  sont  plus  d'une  fois  contestables. 

C.  Lecol'tere. 

82.  —  F.  Buitenrust  Hettema,  Taal-  en  dickter étudies.  Zwolle, 
W.  E.  J.  Tjeenk  Willink,  1908.  In-8«,  viii-264  PP-  ^  ^  9^. 
Dans  ce  volume,  M.  Buitenrust  Hettema  a  réuni  un  certain 
nombre  d'articles  qui  avaient  paru  dans  l'excellent  périodique  Taal  en 
Lettcren  (de  1890  à  1906).  Le  contenu  en  est  assez  varié,  bien  que  tous 
aient  pour  objet  l'étude  de  la  langue  et  de  la  littérature  néerlandaises. 
Tous  sont  conçus  dans  le  même  esprit  et  fondés  sur  les  mêmes  prin- 
cipes. M.  Buitenrust  Hettema  est  un  rénovateur;  il  prêche  une 
nouvçUe  méthode  d'enseigner  la  grammaire  et  la  littérature,  méthode 
qui  tienne  compte  des  données  de  la  linguistique,  de  la  psychologie 
et  de  l'histoire  et  s'appuie,  non  sur  des  théories  admises  sans  contrôle, 
mais  sur  l'observation  consciencieuse  et  impartiale  des  faits  eux- 
mêmes.  Sans  aucun  doute,  il  faut  lui  donner  raison,  mais  son  zèle  le 
pousse  parfois  trop  loin.  Malgré  quelques  exagérations  —  qui  ne 


142  LE    MUSéE   BELGE. 


portent  d'ailleurs  que  sur  des  points  de  détail,  non  sur  les  questions 
principales  —  son  livre  mérite  d'être  lu  et  médité  ;  bien  plus,  qui- 
conque veut  échapper,  dans  l'enseignement  des  matières  dont  il 
s'agit,  à  la  fatalité  de  devenir  un  esclave  de  la  routine,  devra  slnspirer 
de  ses  considérations  et  ne  pas  trop  les  négliger  dans  la  pratique. 

C.  Lecoutere- 

83.    —  G.  Kalff,  Geschiedenis  der  Nederlandsche  letterkundc^  3«   deel. 

Groningen,  J.-B.  Wolters,  1907.  In-8*,  viii-58o  pp.  6  fl.  5o. 

M.  Kalff  poursuit  sa  belle  entreprise  avec  une  ardeur  et  un  zèle 
qu'on   doit   admirer.   Les  volumes   de  sa    magnifique    histoire   se 
succèdent  les  uns  aux  autres  plus  rapidement  qu  on  n  aurait  osé 
l'espérer.  Nos  lecteurs  connaissent  le  caractère  général  de  cet  ouvrage 
(voyez  Bulldin,  X,  127-129;  XI,  322);  il  suffira  de  leur  indiquer  que 
ce  troisième  volume  embrasse  la  plus  grande  partie  du  xvi®  siècle 
(de  i520  environ  à  1600)  :  la  période  de  la  Réforme  et  de  la  Renais- 
sance. Il  forme  le  livre  IV  de  tout  l'ouvrage,  et  M.  Kalff  l'intitule  : 
tt  la  littérature  pendant  la  formation  de  l'État  hollandais  ».   Nous 
voyons,  en  effet,  pendant  le  courant  de  ce  siècle,  les  centres  de  la 
vie  littéraire  se  déplacer  insensiblement.  Des  origines  jusqu'alors, 
les  provinces  flamandes  étaient  restées   à  la  tête  de  la  littérature 
et  de  la  vie   intellectuelle   en   général;    à    la  fin  du  xvi*  siècle, 
elles  ont  perdu  cette  prépondérance.  C'est  dans  les  provinces  septen- 
trionales que  fleuriront  désormais  les  belles  lettres,  et  entre  le  Sud  et 
le  Nord  il  ne  régnera  plus,  comme  auparavant,  une  unité  morale  ; 
au  contraire,  sous  presque  tous  les  rapports  il  y  aura  séparation. 
C'est  ainsi  que  se  termine  la  première  période  de  l'histoire  de  la 
littérature  néerlandaise. 

La  Réforme  et  la  Renaissance,  voilà  les  deux  grands  facteurs  qui 
qui  ont  déterminé  la  marche  et  le  caractère  de  la  littérature  pendant 
la  période  traitée  ici  par  M.  Kalff".  C'est  donc  à  démêler  ce  qui  est  dû 
à  leur  influence  que  le  savant  auteur  consacre  cette  partie  de  son 
travail.  Seulement  l'action  de  ces  facteurs  n'a  pas  été  si  simple  ;  il  y 
eut  alors  des  courants  qui  se  croisaient  en  tous  sens.  L'impression 
que  laisse  la  lecture  de  ce  volume,  c'est  qu'il  s'y  agit  d'une  époque 
très  compliquée  et  qu'il  était  difficile  de  faire  ressortir  clairement 
l'enchaînement,  l'évolution  et  les  rapports  des  faits  multiples  qu'elle 
embrasse.  *    C.  Lecoutere. 

Histoire  et  Géographie. 

84.  —  Ernest  Marx,  Studien  zur  Geschkhte  des  niederîàndischen  Auf- 
stanacs,   Leipzig,   Duncker  et  Humblot,   1902.  In-S<»,  viii-482  p. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I43 

10  m.  80.  (Leipziger  Studien  aus  dem  Gebiete  der  Geschichte  hrsg. 
von  G.  Buchholz,  K.  Lamprecht,  E.  Marcks,  G.  Seeliger.  III,  2). 

11  n'est  jamais  trop  tard  pour  présenter  aux  lecteurs  du  Bulletin  un 
ouvrage  aussi  capital  que  le  présent  travail  ds  M.  E.  Marx  sur  les 
antécédents  de  la  révolution  du  xvi*^  siècle  aux  Pays-Bas.  L'auteur  a 
cru  que  le  meilleur  moyen  de  préparer  une  étude  critique  sur  les 
sources  de  la  première  partie  des  mémoires  de  Joachim  Hopperus(i), 
était  d'établir  les  faits  qui  se  sont  déroulés  dans  nos  contrées  de  i55g 
à  1 564,  d'après  les  données  sérieusement  confrontées  des  documents 
imprimés  de  l'époque. 

Ce  qui  recommande  le  travail  de  M.  Marx,  c'est,  à  côté  de  la  con- 
naissance et  de  la  mise  en  œuvre  à  des  points  de  vue  nouveaux  des 
sources  volumineuses  de  cette  période,  une  richesse  extraordinaire 
d'information,  une  appréciation  impartiale  des  hommes  et  des 
événements,  un  exposé  clair  et  méthodique,  une  critique  pénétrante. 
Ces  qualités  ont  permis  à  l'auteur  de  contrôler  l'autorité  des  chroni- 
queurs et  des  auteurs  de  mémoires,  de  corriger  une  foule,[d'erreurs 
commises  par  ses  devanciers,  et  d'établir  d'une  façon  [que  nous 
croyons  définitive,  plusieurs  points  de  cette  époque  troublée  de  notre 
histoire. 

La  figure  de  Philippe  II,  prince  espagnol  et  catholique, ^esprit 
clairvoyant,  mais  caractère  irrésolu  et  toujours  enclin  à  des  mesures 
dilatoires  ;  le  rôle  de  Granvelle,  incarnation  de  la  politique^absolutiste 
espagnole  et  chef  incontesté  du  gouvernement  ;  la  place  de  la  Consulta 
dans  la  direction  des  affaires  ;  les  mobiles  de  l'opposition  dont  les 
intérêts  personnels  se  confondaient  avec  nos  intérêts  nationaux  j  le 
problème  des  convictions  religieuses  du  prince  d'Orange  ;  les  détails 
sur  la  personnalité  de  Simon  Renard  ;  la  résistance  du  haut  clergé 
régulier  à  la  création  et  à  la  dotation  des  nouveaux  évêchés  ;  le 
changement  d'attitude  de  Marguerite  de  Parme  à  l'égardj'de  son 
premier  ministre  ;  les  circonstances  du  départ  de  Granvelle,  toutes 
ces  questions  sont  traitées  mieux  que  partout  ailleurs  dans  le  présent 
ouvrage.  Ajoutons  que  le  point  de  vue  économique  est  largement 
pris  en  considération  et  que  l'influence  réciproque  des  facteurs 
religieux  et  politiques,  tant  du  côté  de  Philippe  que  de  celui^  de 
l'opposition  est  excellemment  mise  en  relief. 

Nous  croyons  utile  de  résumer  brièvement  ce  beau  livre. 

Après  avoir  exposé  l'organisation  politique  et  religieuse  des  Pays- 
Bas  (chap.  I  et  II),  l'auteur  fait  le  tableau  de  la  situation  déplorable 
de  nos  provinces  au  début  du  règne  de  Philippe  II  (chap.  III).  Les 

(1)  Cette  ci^de  n'est,  que  j-  sache,  pas  encore  publiée. 


r 


144  LE    MUSÉE    BELGE. 


sources  de  la  richesse  nationale  étaient  taries  ;  la  détresse  ûn^ndèœ 
du  gouvernement  était  extrême  ;  les  provinces  étaient  épuisées  par  les 
levées  d'impôts.  D*où  naquit  parmi  la  population  un  vif  ressentiment, 
accru  encore  par  le  maintien  trop  prolongé  des  troupes  espagnoles. 
Les  chapitres  suivants   traitent  plus   spécialement  des  causes  qui 
provoquèrent  l'opposition  des  diverses  classes  de  la  société  au  Goa- 
vernement.  Au  point  de  vue  pécuniaire,  les  nobles,  endettés  par  un 
luxe  effréné  et  la  passion  du  jeu ,  espéraient  trouver  dans  un  change- 
ment de  régime  une  amélioration  de  leurs  finances  ;  au  point  de  vue 
politique,  les  griefs  de  l'aristocratie,  accumulés  depuis  la  régence  de 
Marie  de  Hongrie  n'étaient  pas  seulement  d'ordre  personnel,  mais  ils 
trouvaient  aussi  leur  origine  et  leur  justification  dans  un  S3rstème  de 
gouvernement  représenté  par  la  personne  de  Granvelle.  Les  adver- 
saires, Guillaume  d'Orange  en  tête,  ne  pouvaient  se  résigner  à  être 
mis  à  l'écart  des  affaires  publiques.  La  prédominance  de  Granvelle, 
l'homme  de  confiance  de  Philippe  II  et  de  Marguerite,  le  maître  de 
la   Consulta,  avait  excité  parmi   eux   une    hostilité    irréductible    et 
toujours  grandissante,  qui  se  justifiait  aisément  par  la  nécessité  de 
défendre  le  pays  sacrifié  aux  intérêts  de  la  monarchie  d'Espagne. 
L'opposition  se  trouva  renforcée  par  la  création  et  principalement 
par  le  projet  de  dotation  des  nouveaux  évêchés,  mesure  religieuse- 
ment et  politiquement  nécessaire,  mais  mal  accuellie  et  dont  Todieux 
fut  rejeté  à  tort  sur  Granvelle.  Le  haut  clergé,  surtout  régulier,  y  vit 
une  lésion  de  ses  droits  acquis,  les  nobles  un  moyen  de  les  exclure 
des  dignités  épiscopales  et  un  danger  pour  l'indépendance  de  l'État, 
le  peuple  une  voie  pour  introduire  l'Inquisition  espagnole.  Aussi  la 
résistance  (chap.  VIII),  qu'opposèrent  à  ces  innovations  les  prélats 
réguliers  soutenus  par  les  États  de  Brabant,  fut  des  plus  violentes. 
Le  refus  de  payer  les  impôts  consentis  et  d'accorder  les  aides  fut  l'arme 
principale  des  adversaires  pour  modifier  de  fond  en  comble  le  projet 
de  dotation  et  restreindre  considérablement  le  droit  de  nomination 
aux  bénéfices  majeurs,  concédé  au  Roi  par  induit  pontifical.  Cette 
résistance  des  États  de  Brabant  eut  son  contrecoup  dans  les  provinces 
du  Nord.  Les  magistrats  d'Anvers  s'opposèrent  aussi  avec  acharne- 
ment à  l'érection  d'un  évêché  dans  cette  ville. 

La  politique  d'intervention  de  Philippe  II  en  France,  motivée  par 
des  raisons  politico- religieuses,  troubla  encore  davantage  la  situation 
des  Pays-Bas  (chap.  VI).  Le  conseil  d'état  fait  échec  aux  ordres  du 
roi  d'envoyer  deux  mille  hommes  des  bandes  d'ordonnance  et  de 
lever  des  troupes  allemandes  pour  soutenir  les  Médicis,  par  crainte, 
disait-il,  d'une  invasion  de  l'Allemagne  dans  nos  provinces.  Il  se  fit 
ainsi  que  l'intérêt  de  la  conservation  de  notre  pays  tt  les  relations  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


l'aristocratie  néerlandaise  avec  les  Huguenots  de  France  et  les  pro- 
testants d'Allemagne  unirent  les  adversaires  du  Gouvernement  et  les 
-ennemis  anticatholiques  de  TEspagne  dans  une  commune  opposition  à 
-  ce  royaume.  C'est  dans  ce  chapitre,  que  l'auteur  examine  le  problème 
-<ies  dispositions  religieuses  du  Prince  d'Orange.  Ce  fut  en  religion 
un  indifférent,  qui  se  convertit  au  protestantisme  par  ambition  et 
pour  des  visées  politiques.  Au  chapitre  suivant,  l'auteur  décrit  l'acti- 
vité incessante  des  factieux  dans  leur  lutte  contre  Philippe  et  Gran- 
velle.  Les  adversaires  exploitent  avec  habileté  la  détresse  financière 
<iu  gouvernement  pour  arriver  à  plus  d'influence  dans  la  direction 
<les  affaires  et  diminuer  le  pouvoir  royal  :  il  lui  enlèvent  la  libre  dis- 
position des  aides  consenties  par  les  Ëtats;  ils  forment  le  projet  de 
mettre  le  prince  d'Orange  à  la  tête  des  États  de  Brabant,  en  lui  en 
attribuant  le  protectorat  ;  ils  travaillent  à  changer  les  États  généraux 
en  corps  constitutionnel  et  délibératif  ;  ils  mettent  en  branle  tous  les 
corps  de  la  nation,  ils  trouvent  griefs  sur  griefs,  accusations  sur  accu- 
sations à  l'adresse  de  Granvelle,  contre  lequel  ils  se  liguent,  pour 
travailler  à  sa  chute  et  à  son  éloignement.  L'inimitié  qui  divisait 
Oranvelle  et  Simon  Renard  se  rattache  à  ce  chapitre. 

Le  premier  ministre  et  ses  protecteurs  ne  pouvaient  opposer  à  une 
attaque  aussi  formidable  que  de  faibles  moyens  de  défense  (chap.  IX). 
Les  tentatives  faites  pour  diviser  l'opposition  restent  vaines,  les  me- 
sures de  temporisation  de  Philippe  sont  mal  accueillies  ;  les  seigneurs 
refusent  d'exécuter  les  ordres  du  Roi  et  de  participer  encore  aux 
affaires  publiques.  Le  revirement  qui  se  produisit  dans  le  camp  car- 
dinalice précipita  les  événements.  Marguerite  de  Parme,  persuadée 
que  le  bien  du  pays  exigeait  le  renvoi  de  Granvelle,  abandonna 
son  premier  ministre.  Le  départ  de  celui-ci  fut  décidé,  nonobstant 
le  conseil  du  duc  d'Albe  de  ne  point  céder  à  l'opposition .  Celui-ci 
voyait  juste  en  disant  que  le  départ  de  Granvelle  ne  serait  que  le 
prélude  de  nouvelles  prétentions. 

Bien  que  cette  étude  se  caractérise  par  les  qualités  que  nous  avons 
fait  remarquer  plus  haut,  elle  n'est  pas  cependant  en  tous  points  défi- 
nitive. Elle  s'occupe  trop  des  chefs  de  l'opposition,  sans  examiner 
suffisamment  si  ce  mouvement  avait  atteint  la  masse  de  la  nation  ; 
•  elle  appuyé  trop  sur  le  rôle  des  États  de  Brabant,  sans  tenir  assez 
compte  des  autres  provinces.  Nous  croyons  aussi  qu'un  peu  plus  de 
synthèse  aurait  montré  plus  clairement  les  mobiles  surtout  personnels 
du  parti  séparatiste  et  principalement  de  son  chef,  Guillaume  le 
Taciturne.  M.  Marx  nous  semble  un  peu  sévère  pour  juger  la  con- 
duite de  Granvelle,  comme  aussi  son  appréciation  des  nouveaux 
évêques  nest  pas  assez  éclairée.  Nous  regrettons  enfin  l'absence  de 
bonnes  tables.  A.  De  Meester. 


146  LE   MUSÉE   BELGE. 


85.  —  N.  Valois,  Histoire  de  la  pragmatique  sandùm  de  Bourges  som 

Charles   VIL  Paris.  A.   Picard,   1906.  In-8,  cxcii-288  p.    10  fr. 

(Archives  de  Vhistoire  religieuse  de  France^  t.  IV). 

De  Dément  V  jusqu'à  la  soustraction  d'obédience  à  Benoît  XIII, 
bien  qu'en  principe,  au  xiv«  siècle,  les  papes  d'Avignon  se  soient 
réservé  le  droit  de  pourvoir  à  la  presque  totalité  des  bénéfices  fran- 
çais, en  fait,  il  exista  une  sorte  de  concordat  tacite  entre  eux  et  les 
pouvoirs  publics,  les  grands  du  royaume,  les  coUateurs  ordinaires  et 
les  corps  constitués,  comme  les  Universités.  Pour  les  bénéfices 
mineurs,  des  rôles  étaient  adressés  au  Pape  qui  généralement  les 
confirmait  ;  quant  aux  bénéfices  majeurs,  le  roi  désignait  ses  candi- 
dats par  le  moyen  d'ambassadeurs,  de  courriers,  ou  de  lettres,  dont 
celle  adressée  par  Charles  VI  à  Benoît  XIII,  que  je  publiais  récem- 
ment (i),  peut  servir  de  modèle. 

La  soustraction  d'obédience  bouleversa  entièrement  cet  état  de 
choses.  Au  nom  des  libertés  gallicanes,  les  collateurs  ordinaires 
prétendirent  recouvrer  leurs  droits  de  provision  et  les  chapitres  élire 
les  abbés  ou  les  évêques. 

La  nature  des  rapports,  qui  semblaient  devoir  exister  entre  les 
princes  chrétiens  et  la  papauté,  ne  fut  pas  nettement  fixée  par  les 
pères  de  Constance,  et  Martin  V  se  contenta  de  passer  avec  les 
diverses  nations  du  concile  des  transactions  provisoires.  Celle  qui 
fut  consentie  à  la  France  le  2  mai  141 8  reconnut,  en  certains  cas,  le 
droit  des  électeurs  et  partagea  entre  les  collateurs  ordinaires  et  le 
Saint-Siège  la  provision  aux  bénéfices  non  électifs.  Ce  régime, 
Martin  V  conserva  toujours  le  secret  espoir  de  le  modifier  à  son  avan 
tage  :  ce  but,  il  l'atteignit  après  d'habiles  et  pointilleuses  négociations. 

Dans  la  partie  de  la  France  soumise  à  l'Angleterre,  malgré  des 
résistances,  le  concordat  de  1418  fut  appliqué;  bien  plus,  en  1425 
et  1430,  il  fut  amélioré  au  mépris  des  principes  gallicans.  Les 
collateurs  ordinaires  ne  conservèrent  le  droit  de  pourvoir  aux  béné- 
fices mineurs  que  dans  les  mois  de  mars,  juin,  septembre  et 
décembre.  Dans  les  provinces  françaises ,  tout  autre  fut  lattitude  du 
gouvernement  :  ayant  d'abord  afiiché  une  indépendance  absolue  à 
l'égard  du  Saint-Siège,  il  tenta  de  s'en  rapprocher,  se  repentit  de  son 
esprit  de  conciliation,  puis  finalement  conclut  la  convention  de 
Genazzano  (21  août  1426),  semblable  à  celle  qui  avait  été  agréée 
en  1425  par  le  régent  anglais.  Ce  nouveau  régime,  qui  marquait  une 
victoire  pour  la  politique  de  Martin  V,  resta  en  vigueur  jusqu'à  la 
mort  du  pontife. 

(i)  Une  lettre  close  inédite  de  Charles  V/dans  le  Moyen  âge^  1906,  3oi-3o3. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I47 

Dès  son  avènement,  Eugène  IV  s'empressa  de  proroger  la  conven- 
tion de  Genazzano.  Dans  les  provinces,  anglaises  le  régent,  sacrifiant 
ikcilement  l'intérêt  du  clergé,  préféra  accepter  de  nouveau  un  régime 
qui  lui  était  largement  favorable.  Charles  VII,  au  contraire,  profita 
des  difficultés  que  créait  au  Saint-Siège  le  concile  de  Bâle,  pour 
reg^agner  le  terrain  perdu  sous  le  pontificat  de  Martin  V.  L'accord 
passé  avec  ce  pape  était,  prétendait-il,  tombé  en  désuétude  par  le  fait 
même  du  décès  d'un  des  contiactants.  D'autre  part,  il  ne  souciait  pas 
de  s'entendre  avec  Eugène  IV,  bien  qu'il  prodiguât  de  bonnes  paroles 
par  ses  ambassadeurs.  Il  lui  était,  en  effet,  plus  avantageux  de  solli- 
citer Vintervention  du  Saint-Siège  quand  une  élection  contrariait  ses 
intérêts  ou  d'accepter   des   candidats  qui   étaient  choisis  presque 
toujours  parmi  ses  favoris;  quitte,  par  ailleurs,  à  protester  énergique- 
ment  contre  toute  provision  qui  ne  lui  conviendrait  pas. 

Cependant  le  régime  imprécis  qu'avait  préféré  Charles  VII  ne 
pouvait  durer.  Le  roi  assembla  quelques  membres  de  son  clergé  à 
Bourges  et,  sans  entendre  au  préalable  ni  Eugène  IV  ni  les  pères  de 
Bâle,  il  sanctionna  de  son  autorité  la  fameuse  Pragmatique  Sanction, 
qui  restreignait  notablement  l'intervention  romaine  dans  les  affaires 
ecclésiastiques  du  royaume,  réduisait  les  taxes  pontificales  au  cin- 
quième de  ce  qu'elles  étaient  avant  le  concile  de  Constance  et  faisait 
rentrer  les  électeurs  et  les  collateurs  ordinaires  dans  leurs  anciens 
droits. 

Jusqu'ici  les  historiens  répétaient  que  la  Pragmatique  Sanction 
avait  été  intégralement  appliquée  par  le  pouvoir  royal.  M.  Valois  a 
prouvé  péremptoirement  qu'il  n'en  fut  rien.  La  Pragmatique  Sanction 
ne  fut  qu'une  machine  de  guerre.  Selon  les  intérêts  de  la  politique, 
elle  fut  ou  observée  ou  violée  outrageusement.  Comme  par  le  passé, 
le  Saint-Siège  pourvut  à  des  évêchés  ou  intervint  dans  des  élections 
siu  le  désir  du  roi.  Le  principe  des  élections  ne  fut  qu'un  leurre  : 
les  électeurs  se  virent  contraints  d'obéir  à  leur  souverain  et  de  faire 
violence  à  leurs  préférences.  A  Saintes,  le  temporel  de  l'évêque  fut 
saisi,  parce  que  le  favori  de  la  cour  n'avait  pas  été  élevé  à  une  dignité 
qu'il  ambitionnoit.  Le  droit  d'expectative  enlevé  au  pape  fut  immé- 
diatement rétabli  au  profit  du  roi.  Plus  que  jamais,  entre  clercs  les 
procès  se  multiplièrent.  De  même  qu'au  temps  du  Grand  Schisme,  le 
mot  mélancolique  du  chroniqueur  n'était  que  trop  juste  :  o  Ainsi 
Sainte  Église,  quand  l'un  la  tond,  l'autre  Técorche  »  (i). 

Malgré  qu'une  telle  situation  lui  fournît  des  avantages  précieux, 

(1)  Cfr  Ch.  Samaran  et  G.  Mollat.  La  fiscalité  pontificale  en  France  au  XIV* 
siècle.  I*ari8,  igoS,  p.  162. 


148  LE   MUSÉE   BELGE. 


Charles  VII,  peut-être  pour  mettre  sa  conscience  à  Tabri  de  reproches, 
négocia  à  diverses  reprises  un  nouveau  concordat  avec  Eugène  IV, 
Nicolas  V,  Calixte  III  et  Pie  II  ;  mais  toutes  les  tentatives  de  rap- 
prochement échouèrent  par  suite  de  l'intransigeance  du  Saint-Siège, 
qui  exigeait  labrogation  officielle  de  la  Pragmatique  Sanction  et 
surtout  aussi  par  suite  de  l'opposition  des  prélats  gallicans.  En  1450, 
par  exemple,  craignant  qu'un  accord  ne  se  fît,  le  parti  libertaire  n'en 
vint-il  pas  jusqu'à  imaginer  de  présenter  à  l'assemblée  du  clergé 
réunie  à  Chartres  la  célèbre  Pragmatique  Sanction  de  saint  Lx>uis? 
M.  Valois  n'a  pas  de  peine,  après  bien  d'autres,  à  prouver  le  faux. 
Il  est  plus  intéressant  de  noter  qu'il  se  refuse  à  en  rejeter  la  respon- 
sabilité sur  Thomas  Basin  et  qu'il  en  rend  responsable  quelqu'un  de 
l'entourage  de  Gérard  Machet,  adversaire  passionné  de  Rome, 
confesseur  du  roi,  qui  dès  1445  y  fait  allusion  dans  un  discours 
retrouvé  à  la  Bibliothèque  Nationale.  Autre  détail  curieux;  quoique 
dès  l'abord  elle  eût  été  suspectée,  la  Pragmatique  Sanction  de  saint 
Louis  n'en  devint  pas  moins  ime  arme  redoutable  pour  la  défense  des 
théories  gallicanes.  G.  Mollat. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

86.  —  La  maison  Teubner  a  confié  à  Rudolf  Helm  le  soin  de  faire  une  nouvelle 
édition  des  œuvres  d*Âpulée.  Jusqu^ici  les  métamorphoses  seules  ont  paru  (1907). 
Chose  curieuse,  Tauteur  a  repris  presque  toutes  les  conjectures  des  philologues 
anciens.  Dans  V Index  virorum  doctorum,  quorum  coujecturae  in  apparatu  critico 
commémorant ur^  on  relève  les  noms  d'Aide,  Politien,  Acidalius,  Brantius,  Calvius, 
Dousa,  Elmenhorst,  Faber,  Gruter,  H^insius,  Lipse,  etc.  Vapparatus  criticus  est 
considérable  ;  il  paraît  même  un  peu  chargé,  quoique  bien  conçu.  L*auteur  nous 
expliquera  probablement  les  motifs  et  le  but  de  ses  nouveaux  procédés  dans  la  pré- 
face qui  paraîtra  en  tête  de  l'édition  des  Florides. 

87.  —  A.  Gudemaji,  Grundriss  ^ur  Geschichte  der  klassischen  Philologie, 
Teubner,  Leipzig,  1907.  v-224  pp.  8". 

Traduction  d'un  ouvrage  anglais  :  Outlines  of  the  History  of  Classical  PhilologY 
(Boston,  1897),  remanié  et  mis  au  courant  des  travaux  récents.  Ce  n*est  pas  uo  traité 
complet  mais  une  esquisse  de  l'histoire  de  la  philologie;  cependant  ce  sera  un  excel* 
lent  complément  à  l'encyclopédie  de  Hûbner  (1882)  ;  il  rendra  service  aux  étudiants 
qui  veulent  se  mettre  au  courant  du  mouvement  p'iilologique  de  notre  siècle,  autant 
qu'à  ceux  qu'intéresse  l'étude  de  la  philologie  dans  l'antiquité,  au  moyen  âge  ou 
à  l'époque  humanistique. 

88.  —  Ludwig^  Mitteis,  Rômisches  Privatrecht  bis  auf  die  Zeit  Diokletians, 
\f  Band  :  Grundbegriff  und  Lehre  von  den  juristichen  Personen.  Leipzig.  Dunckcr 
und  Humblot,  igo8.  xvi-416  pp. 

Ce  livre  nouveau  fait  partie  de  la  grande  collection  publiée  par  Binding  (Handbuck 
der  deutschen  Rechiwissenschaft),  L'auteur  s'est  efforcé  de  donner  à  son  étude  le 
plus  de  clarté  possible.  Sa  bibliographie,  très  complète,  n'oublie  aucun  des  travaux 
récents  sur  ces  questions. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I49 


89.  —  Georges  Groyau,  Sainte  Mêlante  (383-439),  Lecoffre,  rue  Bonaparte,  90, 
Paris,  1908.  1  volume  in-ia  de  x-21 1  pp.  2  fr.  (Colleciion  a  Les  Saints  »). 

La  vie  de  sainte  Mélanie  la  Jeune  et  de  son  mari  Pinien  est  un  des  épisodes 
les  plus  attachants  du  progrès  des  idées  chrétiennes  au  déclin  de  Tempire  romain, 
Les  découvertes  archéologiques  du  Cardinal  Rampolla  étaient  récemment  venues 
l^éclairer  d'une  lumière  nouvelle.  La  science  consommée  et  le  talent  d'exposition  de 
M.  Georges  Gayau  y  ajoutent  des  rapprochements  d'un  grand  intérêt  historique.  On 
suivra  donc  avec  curiosité  et  émotion  les  efforts  que  les  deux  jeunes  gens,  si  ten- 
drement unis,  ont  dû  faire  pour  se  dépouiller,  malgré  les  lois  romaines  qui  le  leur 
défendaient,  de  leur  immense,  de  leur  fabuleuse  fortune  ;  on  les  retrouvera  mêlés  à 
toutes  les  grandes  œuvres  et  à  tous  les  illustres  personnages  de  leur  époque.  Plus 
historique  que  les  livres  si  populaires  de  Fabiola  et  de  Quo  Vadis,  puisque  c'est  un 
livre  où  tout  est  rigoureusement  authentique,  ce  nouveau  volume  de  M.  Goyau  ne 
sera  pas  trouvé  moins  attrayant. 

90.  —  Eduard  Sch'wartz,  Eusebius  Kirchengeschichte.  Kleine  Ausgabe.  Leipzig, 
Hinrichs,  1908.  4  m.  ;  relié  toile  :  4  m.  80. 

En  même  temps  que  paraît  le  second  volume  de  Y  Histoire  ecclésiastique  d'Eusèbe, 
publiée  par  M.  Schwartz  dans  la  collection  des  Griechische  christ liche  Schri/tsteller, 
la  maison  Hinrichs  met  en  vente  une  petite  édition  du  même  ouvrage  en  un  seul 
volume.  Le  texte  est  le  même  que  celui  de  la  grande  édition,  et  les  pages  de  celle- 
ci  sont  indiquées  en  marge  ;  il  en  résulte  que  les  Prolégomènes  et  les  Index^  qu» 
paraîtront  Tan  prochain  pourront  servir  à  l'une  et  à  l'autre.  Le  texte  delà  traduction 
latine  de  Rufin,  revu  par  Th.  Mommsen  pour  la  erande  édition,  est  ici  laissé  de  côté. 
L^apparat  critique  donne  un  choix  des  variantes  les  plus  importantes. 

91. —  Dans  la  Berliner  philologische  Wochenschrift (igo8,  p.  342-345),  M.  F.  Haug 
a  rendu  compte  de  l'ouvrage  important  que  M.  H.  Van  de  Weerd  a  publié  sous 
ce  titre  ;  Étude  historique  sur  trois  légions  romaines  du  Bas-Danube.  Il  conclut  : 
Somme  toute,  nous  quittons  ce  livre  en  exprimant  la  haute  estime  que  nous  avons 
pour  la  prudence  et  le  soin  dont  l'auteur  a  fait  preuve,  comme  aussi  pour  la  justesse 
de  ses  vues  et  la  clarté  de  son  exposé. 

92.  —  Chr.  Baur,  O.  S.  B.,  Saint  Jean  Chrysostome  et  ses  œuvres  dans  l* his- 
toire littéraire.  Essai  présenté  à  l'occasion  du  xv«  centenaire  de  saint  Jean 
Chrysostome.  Louvain,  36.  vue.  de  Bériot;  Paris,  Fontemoing,  1907.  In-S»,  xii- 
3i2  p.  5  fr.  (Université  de  Louvain.  Recueil  de  travaux  publiés  par  les  membres 
des  conférences  d'histoire  et  de  philologie.) 

Dans  cette  étude,  le  R.  P.  Chr.  Baur  a  groupé  et  critiqué  toute  la  littérature 
de  l'Église  grecque  et  de  1' [église  latine  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  saint  Jean  Chry- 
sostome. Le  plan  est  si  vaste  qu'on  n'est  pas  étonné  de  trouver  quelques  lacunes 
dans  son  exécution  ;  on  peut  aussi  relever  quelques  inexactitudes  de  détail  ;  au  sur- 
plus, les  négligences  typographiques  laissent  deviner  que  l'impression  du  travail 
s'est  faite  hâtivement. 

Toutefois  l'ouvrage  est  un  morceau  d'histoire  littéraire  de  grande  valeur.  L'auteur 
s'est  livré  à  un  immense  labeur  de  dépouillement  et  de  lecture;  sa  critique  est  sobre 
et  généralement  judicieuse  ;  les  matériaux  ont  été  heureusement  disposés. 

On  souscrira  volontiers  au  jugement  déjà  formulé  par  M.  S.  Haidacher,  professeur 
au  Séminaire  de  Salzbourg,  l'un  des  savants  les  plus  instruits  au  sujet  de  saint 
Jean  Chrysostome  :  «  l'ouvrage  de  Dom  Baur...  est  le  meilleur  travail  bibliogra- 
phique sur  saint  Chrysostome  et  qui  dépasse  de  loin  tous  les  travaux  antérieurs 
de  ce  genre...  •  I.  V. 


l5o  LE   MUSÉB   BELGE. 


93.  —  Albert  Diifonrcq,  Histoire  comparée  des  religions  païennes  et  de  la  reH- 

gion  juive,  jusqu'au  temps  d'Alexandre  le  Grand,  1  vol.  in- 16.  3  fr.  5o.  Paris. 

Bloud  et  C^*,  4.  rue  Madame. 

L'ouvrage  de  M.  Dufourcq,  professeur  à  TUniversité  de  Bordeaux,  naguère  pubtié 
8OUS  le  titre  de  L'Avenir  du  Christianisme^  a  ootenu  un  si  prompt  et  si  rmoc  succès 
qu'une  nouvelle  édition  est  devenue  nécessaire.  C'est  le  premier  volume  de  cette 
édition  que  nous  présentons  aujourd'hui  au  public.  Le  cadre  de  l'ouvrage  s'est  con- 
sidérablement agrandi,  puisque  la  matière  du  précédent  volume  in-8  sera  répsrtîe 
en  quatre  volumes  in- 13.  Le  premier  tome,  qui  vient  de  paraître,  étudie  Cépoqm 
orientale  du  Passé  chrétien.  Six  chapitres  sont  consacrés  :  i»  aux  religions  égjrp- 
tiennes;  2°  aux  religions  sémitiques  (Babylonic,  Arram,  Palestine);  S"»  aux  religioos 
aryennes  (Grèce,  Rome,  Gaule;  ;  40  à  la  religion  juive  au  temps  des  patriarches  et 
de  Moïse  ;  S»  à  la  religion  juive  au  temps  des  prophètes  ;  ô®  à  la  religion  juive  an 
temps  de  l'Église  d'Israël,  rêvée  par  Ezéchiel  et  construite  par  Néhémic-  Une  courte 
conclusion  compare  l'un  avec  l'autre  les  deux  développements  religieux  et  dééan 
leurs  rapports  par  le  mot  divergence. 

L'auteur  —  dans  ce  livre  aussi  bien  que  dans  ses  autres  ouvrages  —  a  entcndi: 
faire  une  œuvre  rigoureusement  objective  et  critique  ;  les  idées  qu'il  expose  lui  ont 
été  inspirées  par  l'étude  impartiale  des  faits.  Comme  il  n'a  pu  lui-naêone,  pour 
construire  une  aussi  vaste  synthèse,  lire  tous  ses  textes,  il  s'est  astreint  à  n'utiliser 
que  les  travaux  de  première  main,  ceux  de  Maspéro,  du  R.  P.  Lagrange,  de  Chan- 
tepie  de  la  Saussaye,  de  Wissowa  et  du  Dictionary  of  the  Bible  d^  Hastings  ;  un 
hébralsant  éminent  a  bien  voulu  revoir  tout  ce  qui  touche  à  l'histoire  d'Israél.  Une 
bibliographie  très  abondante  permet  le  recours  immédiat,  soit  aux  documents,  soit 
aux  travaux  autorisés.  Cet  ouvrage  ne  peut  manquer  d'attirer  l'attention  de  ceux  qui 
savent  que  l'histoire  des  religions  est  le  terrain  sur  lequel  semblent  devoir  se  livrer^ 
entre  croyants  et  incrédules,  les  plus  rudes  et  les  plus  prochains  combats. 


94.  —  StammHeyne's  Uljîias  oder  die  uns  erhaltenen  Denkmàler-  der  gotiscken 
Sprache,  Text,  Grammatik,  Worterbuch.  Neu  herausgegeben  von  F.  Wrede 
(Bibl.  der  àltesten  deutschen  Literatur- Denkmàler,  BJ.  I),  ii«édit.  Padcrborn, 
F.  Schoningh,  1908.  In-S®,  xxvin-490  pp.  5.6o  m. 

Nous  avons  signalé  dans  ce  Bulletin  (t.  VU,  p.  SjS)  la  dixième  édition  de  VUlJîlas 
de  Heyne,  à  laquelle  M.  Wrede  avait  collaboré  dans  une  assez  large  mesure.  Après  la 
mort  du  professeur  de  Gôitingue,  c'est  ce  collaborateur  qui  a  assumé  la  charge  de 
préparer  les  éditions  subséquentes.  Du  vivant  de  Heyne,  M.  Wrede  avait  déjà 
refondu  la  grammaire  ;  dans  celte  nouvelle  édition,  il  a  soumis  le  texte  à  une  revi- 
sion complète,  tout  en  se  plaçant  à  un  point  de  vue  conservateur.  Le  dictionnaire 
surtout  a  subi  des  modifications,  bien  que  l'auteur  déclare  lui  même,  à  la  p.  xv,  qu'il 
reste  encore  beaucoup  à  revoir  dans  cette  partie  de  la  publication.  Toutes  ces  cor- 
rections, qui  ne  regardent  que  des  points  de  détail,  prouvent  que  M.  Wrede  suit 
avec  attention  le  mouvement  scientifique  et  applique,  dans  une  mesure  prudente, 
les  résultats  acquis.  De  cette  façon,  il  atteindra  son  but,  à  savoir  que  le  manuel 
continue,  longtemps  encore,  à  initier  les  jeunes  germanistes  à  l'étude  du  gothique. 

C.  L. 

95.  —  Unterrichtsbriefe  fur  das  Selbststudium  der  niederlàndischen  Sprache^ 
bearbeitct  von  C.  J.  Vierhout  und  Ch.  Aliéna.  Berlin,  G.  Langenschcidt, 
1908  (paraît  par  fascicules  de  32  pp.  j  gr.  m  8.  Le  fasc.  :  1  m. 

La  firme  Langenscheidt  de  Berlin  publie  une  collection  de  manuels  pour  ap- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l5ï 


-prendre  les  langues  étrangères  sans  le  secours  d*un  professeur.  Ils  consistent  en 
uine  série  de  «  lettres  »,  chaque  lettre  contenant  deux  leçons,  et  chaque  leçon  ren- 
:f«rmant  un  texte  avec  traduction  et  remarques  diverses,  une  partie  grammaticale 
«ivec  toutes  les  explications  nécessaires,  puis  des  exercices  variés  et  des  devoirs,  dont 
l.e  corrigé  est  donné  dans  une  leçon  suivante.  Ces  manuels  ont  été  rédigés  à  Tin- 
Mention  du  public  allemand  et  s'adressent  à  des  adultes  instruits. 

Je  ne  veux  pas  apprécier  en  ce  moment  cette  méthode;  Toccasion  s'offrira  d'elle- 
même,  quand  sera  achevée  la  publication  du  cours  de  langue  néerlandaise,  dont  on 
n'a  adressé  les  deux  premières  «lettres»  (leçons  1-4).  Les  deux  collaborateurs 
auxquels  a  été  confiée  la  rédaction  de  ce  cours  sont  en  état  de  nous  renseigner  avec 
exactitude  sur  la  manière  dont  on  parle  et  écrit  le  néerlandai»  ;  de  ce  côté  il  y  a, 
parait-il,  suffisamment  de  garanties.  Tout  dépendra  donc  de  l'exécution,  de  la  mé- 
thode,  de  la  distribution  de  la  matière.  Les  deux  premiers  fascicules  (l'ouvrage 
coniplet  en  aura  36)  ne  permettent  pas  un  jugement.  L»  partie  grammaticale  s'occupe 
principalement  du  substantif  et  du  pronom  ;  la  première  leçon  est  consacrée  tout 
entière  à  la  description  détaillée  des  sons  isolés  et  à  l'accentuation.  Par  là  ce 
chapitre  n'est  pas  terminé  ;  en  effet,  la  prononciation  des  sons  isolés,  spécialement 
des  consonnes,  se  modifie  sensiblement  par  la  rencontre  d'autres  sons  dans  la 
phrase  ;  on  pourrait  donc  s'étonner  que,  dès  l'abord,  les  auteurs  n'aient  pas  consacré 
4quelques  paragraphes  aux  lois  du  sandhi.  Peut-être  donneront-ils  ces  indications 
nécessaires  dans  une  leçon  suivante  ;  ils  auront  eu  sans  doute  leurs  motifs  pour  les 
différer  jusque-là.  C'est  pourquoi  il  semble  prudent  de  suspendre  notre  apprécia- 
tion ;  une  soixantaine  de  pages  d'un  livre  qui  doit  en  contenir  un  millier,  c'est  trop 
peu  pour  se  prononcer.  Force  nous  est  donc  d'attendre  les  livraisons  suivantes. 

CL. 

96.  —  Loquela  van  G.  Grezelle  tôt  woordenboek  omgewerkt,  Anvers,  Nederland- 
sche  boekhandel.  Fasc.  3-5  (pp.  97-240).  Le  fasc.  :  1  fr. 

Nos  lecteurs  savent  (Bulletin^  t.  XI,  p.  397)  que  quelques  disciples  de  Gezelle  ont 
entrepris  de  rééditer  le  contenu  du  périodique  Loquela  (publié  par  Gezelle  de  188 1 
à  1895)  sous  forme  de  dictionnaire,  de  répertoire  alphabétique,pcrmettant  beaucoup 
de  retrouver  plus  facilement  les  articles  (mots  et  locutions).  Depuis  que  nous  leur 
avons  annoncé  cette  entreprise,  trois  nouvelles  livraisons  ont  paru  ;  elles  nous 
mènent  jusque  vers  le  milieu  de  la  lettre  K  (kegge).  On  le  voit,  la  publication  se 
poursuit  régulièrement.  Nous  aurons  à  y  revenir  quand  elle  sera  achevée.     C.  L. 

97.  —  Fried.  Meyer,    Ver^eichnis  einer  Gœthe-Bibliothek,  Leipzig.  Dycksche 
Buchhandlung,  1908. 

Beau  volume,  grand  8<*,  de  707  pages,  contenant  une  bibliographie  complète  des 
écrits  relatifs  à  Gœthe.  Elle  commence  en  l'année  1749  et  finit  en  1905  ;  elle  ne 
comprend  pas  moins  de  7683  n<»,  livres,  articles  de  revues,  de  journaux,  etc.  Il  est 
inutile  de  faire  ressortir  l'importance  d'un  travail  si  considérable.  Ceux  qui  s'occu- 
peront désormais  de  Gœthe  trouveront  dans  ce  catalogue  tous  les  renseignements 
indispensables  à  leurs  études. 

98-100.  —  Ont  paru  les  volumes  VIII,  IX  et  XIII  des  Deutsche  Texte  des  Mit- 
telalters  publiés  par  l'Acndémie  de  Berlin  (Berlin,  Weidmann,  1907).  Le  volume  VIII 
contient  VApokalypse  de  Heinrich  von  Hesler  publiée  par  Karl  Helni;  après  un 
examen  minutieux  des  mss,  celui-ci  a  cru  devoir  prendre  pour  base  le  ms.  de  la 
bibliothèque  de  Danzig.  Dans  le  volume  IX,  Karl  Kochendoerffer  publie  le 
poème  intitulé  :  Von  Siben  Ingesigeln  que  Tilos  von  Kulm  (magister  Tylo  de 
•Culmine)  composa  au  xiv®  siècle  en  l'honneur  de  Luder  von  Braunschweig  et  de 


l52  LE   MUSÉE   BELGE. 


rOrdre  tcutonique.  C'est  une  imitation  d*un  modèle  latin,  le  Libellus  septetn  sigillo- 
mm  :  l'un  et  Tautre  sont  conservés  par  un  ms.  de  Kœnigsberg.  Enfin,  dans  le 
volume  XI II,  qui  vient  de  paraître  (1908,  4  m.),  M.  G^ost  Guth  publie  Der  Grosse 
Alexander  diaprés  le  ms.  de  Wemigerode  dont  deux  pages  sont  reproduites  en 
héliogravure.  —  Sur  cette  collection,  voy.  ce  Bulletin,  t.  IX,  p.  345. 

101.  —  M'i*  G.  G.  Van  de  Grait  vient  d^éditer.  dans  le  Klassiek  Letterkundig 
Panthéon^  une  des  tragédies  les  moins  étudiées  de  Vondel  :  J.  v,  Vondels  Afaeghden 
uitgegeven  en  toegelicht.  Zutphen,  W.  J.  Thieme  et  0«,  s.  d.  (iqo8).  In- 16.  i3a  pp, 
o.3o  fl.  Elle  a  joint  au  texte  un  commentaire  explicatif,  qui  a  le  mérite  d'éviter  tout 
ce  qui  est  superflu  pour  Tintelligence  des  passages  expliqués,  qui  n'est  donc  pas 
soi-disant  c<  savant  »  ;  une  étude  sur  la  pièce,  spécialement  sur  la  légende  de  sainte 
Ursule,  ouvre  .le  volume.  C.    L. 

103.  —  G.  Burghard,  Die  Meistenverke  der  deutschen  Literatur  (von  KIopstock 

bis  zur  Gegenwart)  in  Ausjçûgen.  Classes  de  seconde  et  de  première.    Paris, 

E.  Cornély,  s.  d.  (1908).  In-16.  vi-SSô  pp.  3  fr.  5o. 

a  Le  présent  volume  a  été  rédigé  conformément  au  paragraphe  suivant  du  pro- 
gramme officiel  des  auteurs  allemands  pour  les  classes  supérieures  des  lycées  : 
Lectures  choisies  dans  les  principaux  chefs-d'œuvre  de  la  littérature...  Nous  avons 
commencé  cette  étude  des  chefs-d'œuvre  de  la  littérature  allemande  à  une  époque 
où  la  langue  de  nos  voisins  s*est  fixée,  c'est-à-dire  avec  le  deuxième  âge  classique,  et 
nous  Tavons  conduite  jusqu'à  la  période  tout  à  fait  contemporaine  à  laquelle  nous 
avons,  dans  un  souci  d  actualité,  fait  une  part  très-large.  » 

Voilà  ce  que  dit,  dans  sa  préface,  Fauteur  de  cette  collection  d'extraits.  Apparem- 
ment, il  donne  un  sens  très  large  au  mot  chef-d'œuvre ,  et  bien  que  l'énoncé  du 
paragraphe  susdit  :  «  principaux  chefs-d'œuvre»  implique  une  restriction,  il  semble 
d'avis  qu'il  ne  faut  pas  être  sévère.  Dans  les  55o  pages  de  son  recueil,  il  donne 
l'hospitalité  à  une  bonne  centaine  d'écrivains,  soit  en  moyenne  5  pages  par  créateur 
de  chefs-d'œuvre  ;  beaucoup  même  n'obtiennent  qu'une  ou  deux  pages.  N'eût-il 
pas  été  préférable  de  limiter  le  nombre  des  auteurs  et  des  œuvres,  mais  de  donner 
en  revanche  de  copieux  extraits  de  productions  réellement  remarquables  et  de  valeur 
incontestée?  C.  L. 

io3.  —  P.  Henkens,  S.  J.  Lectures  allemandes.  Ouvrage  refondu  par  W.  von 
und  zur  Mûhlen,  S.  J.  Septième  édition,  revue  et  corrigée.  3«  partie,  à  l'usage  du 
cours  supérieur.  Liège,  H.  Dessain,  1907.  In-80,  viii-486  pp. 
Depuis  de  nombreuses  années,  les  Lectures  allemandes  du  P.  Henkens  sont 
employées  dans  un  certain  nombre  de  collèges,  entre  autres  dans  ceux  des  Jésuites, 
où  l'enseignement  de  la  langue  allemande,  purement  facultatif  d'ailleurs,  est  divisé 
en  un  «  cours  inférieur  »  et  un  «  cours  supérieur  ».  Cet  enseignement  est  sans  lien 
aucun  avec  les  autres  branches  du  programme,  les  langues  modernes  étant  toujours 
considérées  comme  ne  faisant  pas  partie  intégrante  des  humanités.  Il  faut  se  sou- 
venir de  cette  organisation  pour  juger  avec  équité  le  livre  du  P.  Henkens.  Bornons- 
nous  à  dire  que  ces  Lectures^  qui  visent,  d'après  la  «  préface  »,  non  seulement  à 
instruire  l'élève,  mais  encore  à  l'intéresser,  sont  divisées  en  deux  grandes  parties  ; 
la  première  (pp.  1-228;  est  consacrée  aux  genres  en  prose  (narrations,  idylles» 
descriptions,  portraits,  lettres,  etc.),  l'autre  (pp.  329-443)  à  la  poésie  :  genres  didac- 
tiques, lyrique,  épique  et  dramatique.  Ce  dernier,  comme  presque  toujours  dans 
des  livres  de  cette  espèce,  est  mal  représenté.  Le  P.  Henkens  lui  donne  43  pages,,. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l53 

que  remplirsent  des  extraits  de  six  pièces  classiques  ;  l'auteur  aurait-il  vraiment 
▼oulu  donner  par  ces  quelques  bribes  une  idée  du  genre  dramatique  ? 

Un  résumé  de  l'histoire  de  la  littérature  allemande  (pp.  444-475)  termine  le  volume. 

C.  Lecouterb. 

104.  —  P.  Gtoessler,  Das  roemische  Rottweil  hauptsàchlich  auf  Grund  der 
A'usgrabungen  vont  Herbst  içoô.  Stuttgart,  Metzler,  1907.  2  m. 
Est-ce  que  Rottweil  sur  le  Ncckar  est  bâti  à  l'emplacement  d'Arae  Fiaviae,  dont 
Torigine  remonte  à  l'un  des  trois  empereurs  Flaviens,  probablement  à  Vespasien  ? 
La  question  est  discutée,  mais  l'établissement  des  Romains  sur  ce  point,  dès  le 
i^  siècle,  est  prouvé  par  les  trouvailles  nombreuses  qu'on  y  a  faites.  Des  fouilles 
forent  exécutées  à  plusieurs  reprises  de  1784  à  1906.  Les  dernières  furent  entreprises 
en  igoôsous  les  auspices  d'une  commission  officielle  et  surveillées  par  M.  le  D'  Peter 
Goessler,  qui  en  publie  le  compte  rendu.  Après  avoir  rappelé  les  différentes  ques- 
tions historiques  et  archéologiques  que  soulève  la  ville  de  Rottweil,  il  fait  l'historique 
des  fouilles  antérieures  et  décrit  minutieusement  celles  qu'il  a  dirigées  en  1906. 
Elles  n'ont  permis  de  résoudre  aucune  des  questions  douteuses,  pas  même  celle  de 
ridentification  d'Arae  Flaviae  et  de  Rottweil.  Elles  ont  été  fructueuses  cependant. 
On  a  trouvé  d'abord  un  fragment  d'une  grande  inscription  impériale,  qui  est  peut- 
être  de  Vespasien  et  de  ses  tils,  et  puis  les  fondations  de  trois  grandes  et  riches 
villas,  qui  fournissent  des  éléments  nouveaux  sur  ce  genre  de  construction  et  sur 
les  exploitations  agricoles  chez  les  Romains.  Il  est  à  souhaiter  que  ces  fouilles 
soient  continuées.  La  brochure  contient  3  plans,  une  planche  et  16  gravures  dans 
le  texte.  J.  P.  W. 

io5.  —  L.  Van  der  Essen,  Étude  critique  et  littéraire  sur  les  Vitae  des  saints 

mérovingiens    de  l'ancienne   Belgique    Louvain,   36,   rue  de   Bériot  ;   Paris, 

A.  Fontemoing,  1907.  In-8,  xx-446  p.  7  fr.  5o.  (Recueil  de  travaux  publiés  par 

les  membres  des  conférences  d'histoire  et  de  philologie.  Fasc.  17.) 

Sous  le  nom  de  saints  mérovingiens,  M.  Van  der  Essen  entend  les  saints  qui  ont 

vécu,  d'après  leur  Vita,  pendant  la  période  qui  s'étend  de  l'avènement  des  rois  francs 

de  la  dynastie  mérovingienne  au  couronnement  de  Pépin  ijSi).  Dans  le  cadre  de 

Tancienne  Belgique,  il  place  ceux  de  ces  personnages  qui  appartiennent  aux  antiques 

diocèses  de  Liège,  Cambrai-Arras,  Tournai,  Térouanne,  Utrecht.  En  ce  qui  concerne 

ce  dernier  diocèse,  saint  Willibrord  seul  est  étudié  :  c'est  que  parmi  les  saints  du 

nord,  lui  seul  peut  être  vraiment  regardé  comme  saint  de  l'ancienne  Belgique. 

Pour  donner  une  idée  plus  concrète  de  l'objet  matériel  du  travail,  il  paraît  utile 
de  relever  ici  les  noms  des  saints  étudiés. 

I.  Diocèse  de  Liège  :  Ste  Gertrude,  S.  Arnoul  de  Metz,  S.  Lambert,  S.  Hubert, 
SS.  Ursmer  et  Ermin,  S.  Bertuin,  S.  Trond,  S.  Remacle,  SS.  Wiron,  Otger  et 
Plechelm,  Stes  Harlinde  et  Reinule,  S.  Bérégise.  S.  Hadelin,  S.  Landelin,  S.  Do- 
don,  S.  Théodard,  S.  Monon,  S.  Foillan,  S.  Monulphe,  S.  Gondulphe,  S.  Domitien, 
Ste  Landrade,  Ste  Amelberge,  vierge,  Ste  Begge,  Ste  Ragenufle,  Ste  Ode  d'Amay, 
veuve,  Ste  Ode,  vierge,  Ste  Rolende,  S.  Evermar. 

II.  Diocèse  de  Cambrai-Arras  :  S.  Géry,  S.  Vaast,  Stes  Aldegonde  et  Waudru, 
S.  Sauve,  S.  Ghislain,  S.  Rictrude,  S.  Eusébie,  S.  Mauronte,  S.  Amé,  S.  Jonas, 
S.  Aubert,  S.  Vindicien,  S.  Maxellende,  Stes  Aldetrude  et  Madelberte,  S.  Vincent 
de  Soignies,  S.  Landri,  S.  Humbert,  Stes  Gudules,  Rdnelde,  Amelberge,  veuve,. 
S.  Etlon  ou  Zè,  Stes  Pharaîlde,  Ermelinde,  Berlinde,  Bertille,  Dimphne  et  Alêne. 

m.  Diocèse  de  Tournai:  S.  Éloi,  S.  Amand,  S,  Bavon,  S.  Landoald,  S.  Liévin, 
S.  Mommelin,  fe.  Gérulphe,  S.  Basin,  S.  Éleuthère,  S.  Arnoul  de  Cysoing. 


l54  LB   MUSÉB   BELGB. 


IV.  Diocèse  de  Térouanne  :  S.  Orner,  S.  Bertin,  S  Winnoc,  S.  Josse,  S.  Vulmer, 
S.  Silvin,  S.  Lugle,  S.  Luglien,  Ste  Berthe,  S.  Bertulphe,  S.  Erkembodon. 

V.  Diocèse  d'Utrecht  :  S.  Willibrord. 

Le  travail  comprend  cinq  chapitres,  consacrés  respectivement  aux  saints  des  cinq 
diocèses  mentionnés.  Dans  chaque  chapitre,  M.  Van  der  Essen  examine  les  Vitœ 
dans  Tordre  chronologique  :  les  saints  dont  la  Vita  apparaît  la  première  sont  étudiés 
en  premier  lieu.  De  plus,  pour  chaque  saint  en  particulier,  il  donne  d'abord  une 
courte  biographie  critique  du  personnage,  puis  il  examine  toutes  les  Vitae  qui  oot 
célébré  les  gestes  de  ce  saint  depuis  Tépoque  mérovingienne  jusqu'au  xv«  siècle. 
A  part  les  saints  du  diocèse  et  pays  de  Liège,  les  personnages  étudiés  dans  ce 
mémoire  n*avaient  pas  encore  fait  Tobjet  d*un  examen  approfondi  et  leurs  Vitae 
n'avaient  pas  encore  été  suffisamment  examinées  au  point  de  vue  de  la  provenance 
et  de  la  valeur. 

De  cette  étude  il  ressort  que  peu  de  Vitae  contemporaines  nous  ont  été  conser- 
vées :  la  majeure  partie  des  biographies  sont  postérieures,  et  souvent  de  plusieurs 
siècles,  à  la  mort  du  héros  qu'elles  célèbrent.  De  là,  la  grande  part  de  l'élément 
légendaire  dans  toute  cette  littérature  hagiographique.  A  propos  de  chaque  saint, 
M,  V^an  der  Essen  cherche  à  démêler  les  données  légendaires  :  il  les  examine  i 
partir  de  leur  apparition  dans  les  Vitae  consacrées  au  saint,  et  en  détermine  le 
développement  à  travers  toutes  les  productions  subséquentes.  Il  est  ainsi  amené  à 
étudier  de  près  les  procédés  littéraires  des  hagiographes  :  de  cet  examen  ressort 
une  conclusion  d'une  grande  hnportance.  C'est  que  toutes  ces  Vitae  sont  en  relation 
littéraire  les  unes  avec  les  autres  :  elles  forment  de  véritables  cycles.  Cette  conclu- 
sion a  été  rendue  plus  palpable  par  l'ajoute  d'un  tableau  graphique  où  se  dessinent 
ces  divers  cycles  littéraires  et  s'aperçoivent  leur  interdépendance,  même  d'un  diocèse 
à  l'autre.  En  finissant,  l'auteur  explique  l'origine  de  ces  cycles,  il  en  donne  les  types 
caractéristiques,  et  montre  que.  sur  l'ensemble  de  l'hagiographie  mérovingienne, 
ce  sont  les  anciennes  Vitae  de  sainte  Radegonde,  de  saint  Eloi.  de  saint  Arnoul  de 
Metz  et  la  Vita  Richarii  d'Alcuin  qui  ont  exercé  une  grande  influence. 

Une  table  alphabétique  des  saints  et  une  table  détaillée  des  matières  termine  cette 
savante  et  importante  étude. 

Jusqu'ici  nous  n'avons  cependant  que  la  partie  analytique  de  l'œuvre  entreprise 
par  M.  Van  der  Essen.  Un  second  volume  est  annoncé  sous  le  titre  La  formation  et 
le  développement  de  l'hagiographie  mérovingienne  en  Belgique.  Souhaitons  que  ce 
travail  de  synthèse  ne  tarde  pas  à  paraître.  Nous  nous  permettons  aussi  de  conseiller 
au  sympathique  auteur  de  donner  une  attention  particulière  à  l'amélioration  de  son 
style  et  de  ses  procédés  d'exposition.  I.  V. 

106.  —  Dom  Ij.  Grougaud  a  publié,  dans  la  Revue  des  Questions  historiques 
{octobre,  1907),  une  fort  intéressante  notice  sur  les  Xoms  anciens  des  Iles  Britan- 
niques, En  voici  les  conclusions  : 

1)  L'Irlande  s'appelait,  à  lépoque  du  vieil  irlandais,  Eriu,  Le  nom  (VErin^  déno- 
mination poétique  de  nos  jours,  n'est  que  le  datif  d'Eriu,  Eriu  a  fourni  posté- 
rieurement £ri,  Erie^  Ire^  d'où  l'on  a  formé,  à  l'époque  saxonne,  les  composés 
Eireland^  Irlande  qui  apparaissent  au  xi«  et  xii«  siècles,  chez  Adam  de  Brème  et 
Orderic  Vital,  En  latin,  lîle  s'appelle, exceptionellement,dans  la  Confessio  et  VEpis- 
tola  de  Saint  Patrice,  Hiberio.  Les  noms  ordinaires  sont  Hibernia,  Scottia,  Ce 
dernier  vocable  a  donné  lieu  à  beaucoup  de  méprises,  et  non  moins  son  dérivé 
Scotti,  employé  pour  désigner  les  missionnaires  et  voyageurs  irlandais  qui  ont  abordé 
au  continent.  Le  terme  Scotti  n'apparaît  que  dans  la  seconde  moitié  du  iv«  siècle, 
et,  jusqu'au  x*  siècle  finissant,  c'est  exclusivement  aux  Irlandais  qu'il  s'applique. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l55 

2)  Alba^  c'est  le  nom  que  portait  anciennement  Hle  de  Bretagne  tout  entière.  Les 
Orecs  et  les  Latins  disaient  Albion.  Vers  le  xi«  siècle,  le  nom  se  restreignit  à  la  partie 
septentrionale  de  l'île,  et  la  dénomination  Scotia,  qui  devait  prévaloir,  commence 
aussi  à  être  employée  à  cette  époque.  Au  ii*  siècle  avant  notre  ère,  nous  trouvons  le 
nom  latin  de  Britannia,  A  Tarrivée  des  Anglo>Saxons,  ce  nom,  tout  en  continuant  à 
désigner  llle  tout  entière,  s'applique  plus  spécialement  au  pays  des  Bretons  de 
rOuest,  tandis  que  les  territoires  anglo  saxons  se  nommèrent  Anglia,  Saxonia, 
transmarina  Saxonia ,  parfois  Germama.  Quant  au  composé  ethnique  Anglo' 
sajcon.  le  savant  auteur  en  a  retrouvé  la  première  mention  dans  VHistoria  de  gestis 
Langobardorwn  de  Paul  Diacre  (f  783)  [III,  23]. 

Cette  étude,  qui  a  dû  coûter  de  patientes  recherches,  est  appelée  à  rendre  d'ap- 
préciables services  à  tous  ceux  qui  auront  besoin  d'interpréter  ces  (dénominations 
dans  les  écrits  et  les  documents  du  moyen  âge.  Au  point  de  vue  hagiographique,  la 
contribution  de  Dom  L.  Gougaud  est  des  plus  précieuses. 

L.  Van  der  ëssen. 

107.  —  Bernard  AIlo,  Foi  et  systèmes,  Paris,  Bloud  et  C*«,  4,  rue  Madame. 
3  fr.  5o.  (Collection  Études  de  philosophie  et  de  critique  religieuse), 
L*auleur,  qui  est  professeur  à  l'Université  de  Fribourg  (Suisse),  a  voulu 
distinguer  la  Foi,  connaissance  toute  divine  dans  son  principe  et  son  objet, 
du  bloc  des  systèmes  humains  dont  le  plus  vrai  est  loin  d'atteindre  au  carac- 
tère absolu  de  la  Foi.  Harnack  a  parlé  d'une  «  Essence  »  du  christianisme,  d'un 
fait  de  doctrine  primordiale  et  intangible,  à  distinguer  dans  la  masse  des  idées 
religieuses  des  chrétiens.  L*auteur,  catholique,  ne  lui  donne  pas  tort  en  cela.  Il  sait 
bien  que,  à  travers  le  flux  et  le  reflux  des  opinions  philosophiques  et  autres,  il  y  a  le 
fait  Immuable  de  la  révélation  du  Christ,  qui,  dans  l'Église  catholique,  n'a  pas 
changé  depuis  dix-neuf  siècles.  Sans  doute  ce  n'est  pas  à  la  façon  du  protestant 
Harnack  qu'il  conçoit  ce  fait.  Mais  lui  aussi  le  croit  indépendant  de  toutes  les  rela- 
tivités historiques  postérieures,  et  sait  que  tous  les  développements  ce  authentiques» 
de  la  doctrine  ne  servent  qu'à  rendre  ce  fait  plus  lumineux  pour  nous,  à  nous  foire 
mieux  pénétrer  dans  son  essence.  Telle  est  Tidée  centrale  de  ces  pages,  dans  les- 
quelles l'auteur,  en  traitant  de  cet  unique  problème  sous  difllérents  aspects,  et  en 
touchant  même  à  quelques  questions  préliminaires  ou  connexes,  s'est  efforcé  de 
n'user  que  de  la  vraie  critique  «  réaliste  »  qui  est  la  seule  de  mise  là  où  les  intérêts 
les  plus  graves  de  l'âme  humaine  sont  en  jeu.  Après  la  récente  Encyclique  ponti- 
ficale qui  montre  si  éloquemment  la  nécessité,  pour  les  catholiques,  de  dégager  la 
a  Foi  »  de  certains  c<  systèmes  9,  et  qui  même  leur  impose  le  devoir  de  faire  un 
ce  choix  »  parmi  les  «  systèmes  »,  le  livre  de  M.  Allô,  si  lumineux,  si  libre  de  toute 
compromission,  sera  le  bienvenu  auprès  de  tous  ceux  qui  ont  senti  toute  la  gravité 
d'une  question  qui  intéresse  la  conscience  de  tous  les  chrétiens. 

108.  —  Sous  le  titre  Condamnation  du  modernisme.  Documents,  la  librairie 
Casterman  (Tournai  et  Paris,  1907)  a  publié  une  brochure  de  121  pages,  qui  contient 
les  pièces  suivantes  :  i»  Encyclique  Pascendi;  2°  Décret  du  Saint-Oflice  Lamenta^ 
bili  sane;  3°  Instruction  du  Saint-Office  pour  l'exécution  de  ce  décret;  4*^  Allocution 
consistoriale  du  17  avril  1907  ;  5°  Condamnation  du  Rinnovamento^  29  avril  1907; 
6®  Instruction  de  la  S.  C.  des  Evéques  et  Réguliers  du  21  juillet  1896,  sur  la  fréquen- 
tation des  Universités  civiles;  7°  Constitution  jDe F/i/e  du  Concile  du  Vatican.  En 
regard  du  texte  latin  se  trouve  une  traduction  française.  La  brochure  porte  Vimpri' 
matw  de  l'évéché  de  Tournai. 

109.  —  Le  volume  XVII  de  Meyer^s  Grosses  Konversationslexikon,  qui  va  jus- 
qu'au mot  Schônebeck^  consacre  dès  le  début  une  notice  à  Rogier  et  à  Rolin-Jacque- 


l56  LE    MUSÉE   BELGE. 


myns.  Très  remarquable  est  Tarticle  sur  Rome  (i5  pages);  il  est  accompagné  d'an 
plan  du  vieux  Rome,  du  forum  et  du  Palatin,  d'un  plan  de  la  nouvelle  ville  et  de 
ses  environs,  d'un  registre  des  noms  de  rues  etc.  Suit  Immédiatement  un    excellecr 
aperçu  sur  Thistoire  du  roman,  suivi  d'une  bibliographie,  dans  laquelle   Touvraige 
de  Kreyssig  aurait  pu  être  mentionné  à  côté  de  celui  de  Rehorn.  Outre  un  article 
sur  les  langues  romanes,  il  s'en  trouve  un,  très  intéressant,  sur  la  métrique  romane. 
La  bibliographie  sur  l'école  romantique  est  absolument  complète  et  la  notice  est 
illustrée  des  portraits  des  romantiques  allemands.  Une  amélioration  sensible  consis- 
terait à  indiquer  dans  la  bibliographie  par  quelques  mots  la  nature,  la  tendance  et 
la  valeur  de  l'ouvrage  cité.  L'empire  romain  est  amplement  traité.  On  remarque 
d'abord  un  exposé  de  l'histoire  de  sa  littérature,  puis  un  article  sur  les  monnaies, 
ensuite  sur  la  mythologie,  le  droit,  l'histoire,  ce  dernier  illustré  de  cartes  historiques. 
Deux  planches  d'une  grande  finesse  et  netteté  montrent  sous  neuf  faces  les  résultats 
des  rayons  Roentgen.  L'écrivain  flamand  M.  Rooses  est  cité;  quatre  colonnes  sont 
accordées  à  Rubens.  La  Roumanie  et  particulièrement  sa  littérature  sont  traitées  en 
dix  pages  ;  la  carte  géographique,  qui  comprend  aussi  les  pays  avoisinants,  fixe 
l'attention.  L'article  sur  les  runes  est  illustré.  De  nombreuses  cartes  et  illustrations 
de  tout  genre  accompagnent  les  articles  concernant  la  Russie  (60  pp.).  A  l'article 
sur  la  Saxe  sont  adjointes  trois  cartes,  représentant  le  royaume,  la  province  et  les 
duchés  saxons.  Comparativement  aux  autres  articles  littéraires,  celui  sur  la  satire 
paraît  un  peu  maigre.  Les  progrès  de  cette  édition  sur  la  précédente  se  mesurent  à 
des  articles  comme  celui  sur  le  poète  Scheffel,  article  qui  laisse  tout  au  plus  à  désirer 
quelques  détails  sur  les  chagrins  intimes  du  poète,  dont  il  est  fait  mention.  L'artictdT 
sur  le  mot  Schiff  mérite  une  mention  à  cause  de  sa  riche  illustration  ;  il  en  est  de 
même  des  articles  à  propos  des  mots  Schlangen,  Schlingpflanzen,  Schmarotzer- 
pflanzen,  Schmetterlingen,  Schmicdekunst,  Schmucksachen,  Schnecken,  Schnell- 
pressen,  où  l'on  trouve  une  abondance  de  magnifiques  tableaux  en  couleurs. 

110.  —  Les  hasards  de  l'alphabet  amènent  dans  le  volume  18,  qui  est  entièrement 
consacré  à  la  lettre  S,  une  abondance  d'articles  sur  les  pays,  tels  que  T Ecosse,  la 
Souabe,  la  Forêt-Noire,  la  Suède,  la  Suisse,  la  Sicile,  le  Siam,  l'Espagne,  la  Serbie, 
la  Styrie  ;  ces  notices  sont  en  général  très  copieuses,  accompagnées  de  jolies  cartes 
en  couleurs.  Le  premier  de  ces  articles,  celui  sur  l'Ecosse,  expose,  par  exemple, 
tour  à  tour  la  formation  des  côtes,  la  nature  du  sol,  la  géologie,  le  climat,  le  règne 
végétal  et  animal,  la  superficie  et  la  population,  le  commerce,  la  constitution  et 
l'administration,  l'histoire,  la  littérature  et  la  langue  du  pays.  Des  mots  rtches  en 
dérivés  et  en  composés,  tels  que  Schrift^  Schule^  Schut:^^  See^  Staat^  occupent  une 
place  considérable,  que  l'illustration  encadre  abondamment.  Citons  dans  cet  ordre 
les  tableaux  concernant  l'écriture  des  principales  langues,  les  moyens  de  défense 
des  plantes  et  des  animaux,  les  cartes  maritimes,  et  ultérieurement  les  magnifiques 
planches,  qui  accompagnent  les  articles  soleil,  analyse  spectrale,  squelette,  forma- 
tion de  la  houille  et  des  lacs,  et  de  nombreux  noms  de  plantes  et  d'animaux.  Il  y  a 
lieu  de  mentionner  en  outre  la  carte  géologique  de  la  Forêt  Noire,  la  carte  linguis- 
tique générale,  la  carte  de  la  constitution  politique  mondiale,  celle  des  gisements 
de  minerais,  etc.,  etc. 

Les  littérateurs  flama.ids  Sleeckx  et  Snellaert  reçoivent  une  notice  biographique, 
ainsi  que  Stecher.  Vu  la  richesse  de  l'information  sur  les  écrivains  contemporains 
allemands  de  quelque  marque,  on  s'étonne  de  ne  pas  rencontrer  le  nom  du  poète 
suisse  Cari  Spitteler.  beaucoup  plus  important  que  maint  autre  dont  il  fait  mention. 
La  bibliographie  à  propos  de  l'article  Sprachwissenschaft  aurait  pu  mentionner 
l'ouvrage  de  Mauthner,  Beitràge  -fM  einer  Kritik  der  Sprache,  L'un  des  nombreux 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  ïSj 


-suppléments  spéciaux  de  ce  volume  est  consacré  à  la  sténographie  et  comprend 
quatre  tableaux  illustrés.  H.  B. 

m.  —  Camille  Flammarion,  Initiation  astronomique,  ouvrage  orné  de  89  fig. 

Paris,  Hachette  et  0«,  1908.  2  fr. 

II  n'est  pas  nécessaire  d'ennuyer  le  lecteur  pour  l'instruire,  et  si,  pendant  tant  de 
siècles,  Vastronomie,  la  plus  belle  des  sciences,  celle  qui  nous  apprend  où  nous 
sommes  et  qui  nous  dévoile  les  splendeurs  de  l'univers,  est  restée  à  peu  près  ignorée 
de  rimmense  majorité  des  habitants  de  notre  planète,  c'est  parce  qu'elle  a  toujours 
été  mal  enseignée.  Rendons  la  intéressante,  et  aidons  maîtres  et  élèves,  parents  et 
enflants  à  bien  lire  le  grand  livre  de  la  nature. 

C'est  dans  ce  but  que  ce  petit  livre  a  été  écrit.  Il  est  modestement  destiné  «  aux 
éducateurs  de  l'enfance,  aux  parents,  à  la  jeune  mère  de  famille,  au  père,  à  l'insti- 
tuteur, à  ceux  qui  ont,  entre  leurs  mains,  ces  petites  têtes  curieuses  à  éclairer,  ces 
iimes  inexpérimentées  à  guider,  ces  questionneurs  incessants  à  satisfaire.  » 

Il  forme  le  second  volume  de  la  Collection  des  initiations  scientifiques,  fondée 
par  C.  A.  Laisant. 

CHRONIQUE. 

112.  —  Académie  flamande.  Programme  de  ses  concours.  Suite.  (Voir  tome  XI, 
p.  404-405.) 

VooP  1910.  —  7.  —  Middelnederlandsch.  Klankleer  van  het  Hollandsch 
dialect  in  de  middeleeuwen. 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  dcze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1909  ingezon- 
den  te  worden. 

8.  —  Gewesttaal.  Idioticon  van  het  8t-Truidensch  dialect. 

Prijs  :  600  fi*.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behoorer.  uiterlijk  op  3i  December  iqog  inge- 
zonden  te  worden. 

q.  —  Geschiedenis.  Een  volksboek  over  de  geschiedenis  der  beschaving  in 
Vlaamsch'Belgiè. 

(De  Schrijver  zal  de  verdiensten  onzer  vaderen  op  het  gebied  der  beschaving  doen 
uitschijnen;  hun  geesteslevcn  :  godsdienst,  kunst,  letteren;  hunnen  strijd  voor  de 
vrijheid  en  voor  het  stoffelijk  bestaan  in  het  licht  stcllen.  —  Het  verlangde  boek 
rooet  derwijze  opgevat  en  bewerkt  zijn,  dat  het  een  voortreifelijke  leiddraad  wezen 
kan  voor  de  leeraars  van  het  Middelbaar  Onderwijs.) 

Prijs  :  1000  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  geli)ke  waarde. 

10.  —  Onderwijs.  Geschiedenis  (van  zuiver  pazdagogisch  standpunt)  van  het 
4>nderwijs  in  drie  graden^  in  Belgié,  tijdens  de  Fransche  overheersching  en  onder 
de  regeering  van  Willem  /. 

Prijs  :  600  fr,,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde 
Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1909  inge- 
zonden  te  worden. 

11.  —  Vak-  en  Kunstwoorden.  Eene  volledige  lij'st  van  de  Nederlandsche  vak- 
woorden  van  het  Spelden-  of  Kant'werken,  met  opgave  van  de  gewcstelijke 
woorden  en  met  vermelding,  zooveel  mogelijk,  van  de  Fransche,  Hoogduitsche  en 
Engelsche  benamingcn.  Tôt  opheldering  worden  de  afbeelding  van  het  gebruikt 
:gcreedschap  en  teekeningen  van  kantwerk  verlangd. 

(Voor  de  gewestwoorden,  plaats  of  slreek  aangeven). 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 


l58  LE   MUSÉB  BELGE. 


VooP  1911.  —  12.  —  Middelnederlandach.  Klankleer  van  het  Overysdsdk 
dialect  in  de  middeleeuwen , 

Pnjs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  dtzt  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1910  inge- 
zonden  te  worden. 

i3.  —  Dialectstudie.  Topographische  grens  van  het  West-  en  Oostviaamsck 
dialect, 

Prijs  :  400  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  dtze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1910  inge- 
zonden  te  worden. 

N.  B.  Deze  vraag  is  de  eerste  van  eene  reeks  die  aile  Ncderiandsche  diaiectea 
zal  omvatten.  Bij  gebleken  belangstelling,  is  het  de  bedoeling  der  Académie  eerst 
de  hoofddialecten,  daarna  de  onderdialecten  in  kaart  te  brengen. 

14.  —  Letterkunde.  Repertorium  der  Verhandelingen  en  bijdragen  betreffende 
de  Nederlandsche  Letterkundt  in  de  i6«*«,  i;*»»,  iS*»»,  ig**»  en  begin  20»  eeuw^  het^ 
af:(onderiijk,  het:^if  in  tijdschriften  en  mengelwerken  tôt  op  1910  verschenen, 

Prijs  :  600  fr,,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Als  model  voor  de  stoffelijke  uitvoering  kan  dienen  :  Louis  D.  Pbtit's  Reperto- 
rium der  Verhandelingen  en  bijdragen  van  de  geschiedenis  des  Vaderlands  (Leideo, 
Brill,  1905.  vlgg.). 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1910  inge- 
zonden  te  worden. 

t5.  —  Vak-  en  Kunstwoorden.  Eene  volledige  lijst  van  de  Nederlandsche  vak» 
woorden  van  de  Brou'werU,  met  vermelding,  zooveel  mogelijk,  van  de  gewest- 
woorden  en  van  de  Fransche,  Hoogduitsche  en  Engelsche  benamingen.  Tôt 
opheldering  wordt  de  afbeelding  van  de  werktuigen  verlangd. 

Voor  de  gewest woorden,  plaats  of  streek  aangeven. 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 


PARTIS   PÉDAGOGIQUE.  iS^ 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 


LES  PRExMIERES  PAGES  DU  PRO  MILONE 

ESSAI  D'ANALYSE  LITTÉRAIRE 
par  V.  GÉRARD,  professeur  au  Collège  N.-D.  de  Bellevue,  à  Dinant  (i) 


On  regarde  généralement  le  Pro  Milone  comme  le  chef-d'œuvre 
oratoire  de  Cicéron.  Ce  qui,  de  tout  temps,  a  valu  à  ce  plaidoyer  les 
suffrages  des  lettrés,  c'est  le  talent  qui  s'y  déploie  dans  Tingénieux 
enchaînement  des  parties,  la  belle  ordonnance  de  la  composition,  la 
puissance  et  la  profondeur  du  sentiment,  la  perfection  du  style.  Nous 
admirons  tout  cela  sincèrement  avec  les  anciens  ;  mais  nous  sommes 
moins  sensibles  aujourd'hui  à  un  autre  mérite,  que  Tantiquité  prisait 
très  haut,  et  qui  à  nos  yeux  constitue  bien  moins  un  sujet  d'admira- 
tion qu'un  objet  de  curiosité  :  la  prodigieuse  souplesse  d'un  esprit 
délié  et  subtil,  les  ressources  inépuisables  d'une  dialectique  insidieuse. 
Nous  nous  ferions  scrupule  de  ne  point  condamner  ouvertement,  au 
nom  de  la  morale,  cet  art  prestigieux  de  1  avocat  retors,  qui,  prenant 
sciemment  pour  point  de  départ  un  mensonge  flagrant,  lui  donne,  à 
force  d'habileté,  mais  au  prix  de  mille  mensonges  de  détail,  toutes  les 
apparences  de  la  vérité.  Cette  réserve  faite,  nous  pensons  qu'il  n'est 
pas  sans  utilité  d'examiner  de  près,  et  pour  ainsi  dire  à  la  loupe,  cette 
trame  ténue  et  compHquée  :  à  ce  travail  d'analyse  et  de  critique 
l'esprit  s'aiguise,  le  jugement  s'affine  et  s'affermit. 

Nous  poursuivons  donc  ici  un  double  but  :  d'abord,  mettre  en 
lumière  les  moindres  détails  du  plan,  dans  la  partie  du  discours  qui 
nous  paraît  la  plus  travaillée  ;  en  second  lieu,  suivre  dans  tous  ses 
circuits  la  marche  tortueuse  de  la  pensée,  pour  en  pénétrer  les  secrets, 
en  apprécier  la  valeur,  en  déjouer  les  ruses  De  là  deux  parties  dans 
ce  travail  :  le  plan  détaillé  et  l'analyse  critique. 

(i)  Ouvrages  consultés  :  G.  Boissier,  Cicéron  et  ses  amis^  1 1^  édition.  Parti, 
Hachette,  1899.  —  L.  Laurand,  Études  sur  le  style  des  discours  de  Cicéron,  Paria^ 
Hachette,  1907.  —  Krekelberg  et  Remy,  Les  formes  typiques  de  liaison  et  ctargU' 
mentation  dans  Véloquence  latine.  Namur,  Wesmael,  1896.  —  Marcel,  Analyse 
oratoire  du  plaidoyer  de  Cicéron  pour  Milon.  Paris,  Hachette,  i833.  —  Éditîan 
Halm-Laubmann,  Berlin,  Weidmann,  i885;  Lechateluer,  Paris,  Poussielgue,  i^oS  : 
J.  Martha,  Paris,  Colin,  1896;  R.  Nollet,  Paris,  Belin  (sans  date);  A.  Wagemer^ 
Bruxelles,  Société  belge  d'éditions,  1898. 


l6o  LE    MUSÉE   BELGE. 


EXORDE  (§§  1-5). 
Plan. 
ire  Partie  :  L'orateur  exprime  sa  frayeur  :  a  Etsi  vereor...  pos- 

simus.  » 

I.  Il  l'avoue  et  la  condamne  :  «  Etsi...  non  posse.  » 

II.  Il  l'excuse  en  en  indiquant  les  motifs  :  «  tamen...  possimus.  • 

A.  D'une  manière  générale  :  a  tamen...  requirunl,  » 

B.  En  insistant  sur  une  circonstance  :  l'auditoire  qui  enloure 
le  tribunal  :  a  Non  enim...  possimus.  » 

2«e  Partie  :  L'orateur  exprime  sa  confiance  :  «  Quae  si...  infirin- 

gendam.  » 

Transition  :  «  Quae  si...  locum.  » 

I.  Confiance  inspirée  par  les  intentions  de  Pompée  :  t  Sed  me... 

poUicentur.  » 

A.  Sentiments  que  l'orateur  attribue  à  Pompée  :  a  Sed  me... 

armare.  » 

B.  Conséquence  qu'il  en  tire  :  «  Quamobrem...  poUicentur.  • 

II.  Confiance  inspirée  par  les  dispositions  de  la  foule  :  «  Reliqua 

vero...  neglexit.  » 

A.  Les   bons    citoyens  ont  deux   motifs  d'être  favorables  à 
Milon  :  a  Reliqua...  putat.  n 

B.  L'hostilité  des  autres  est  une  recommandation  :  «  Unum 
genus...  neglexit.  » 

III.  Confiance  inspirée  par  les  dispositions  des  juges  :  «  Quam- 
obrem... intrmgendam.  » 

Transition  :  «  Quamobrem...  deponite.  » 

A.  Les  juges  sont  de  bons  citoyens  ayant  à  juger  un   bon 
citoyen,  persécuté  pour  sa  vertu  :  a  Nam  si...  recreemur.  • 

B.  Cicéron  insiste  sur  cette  dernière  idée  et  en  tire  une  conclu- 
sion en  faveur  de  son  client  :  «  Quid  enim...  infringendam.  t 

Appréciation. 

S'il  fallait  appliquer  à  cet  exorde  les  dénominations  en  usage  chez 
les  rhéteurs,  nous  pourrions  peut-être  le  ranger  parmi  les  exordes 
pompeux.  Dans  certains  passages,  notamment  dans  ces  phrases  : 
«  Reliqua  vero  multitudo...  »  —  «  Nam  si  unquam...  »  l'orateur 
affecte  d'envisager  son  sujet  d'un  point  de  vue  très  élevé  ;  l'émotion 
grandit  et  le  ton  se  hausse.  Cependant  c'est  Vinsinuation  qui  joue  ici 
le  premier  rôle. 

Qu'on  se  rappelle  dans  quelles  conditions  ce  plaidoyer  a  été  com- 
posé.  Nous  ne  possédons  pas  le  discours  que  Cicéron  a  prononcé. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  l6l 


mais  celui  qu'il  a  écrit  à  loisir  après  le  procès  (i).  Or  on  sait  que, 
devant  le  tribunal,  Tavocat,  intimidé  par  la  présence  des  soldats  et 
par  les  clameurs  des  partisans  de  Clodius,  avait  perdu  presque  tous 
ses  moyens  et  était  resté  fort  inférieur  à  lui-même.  Il  tenait  donc  à 
réparer  cette  brèche  faite  à  sa  réputation  d'orateur  et  à  expliquer  la 
frayeur  qui  avait  tant  nui  à  son  plaidoyer.  Mais  la  tâche  était  délicate  : 
tout  en  introduisant  dans  l'exorde  une  explication  plausible  de  son 
écliec  et  en  Tattribuant  à  des  mesures  d'intimidation,  dont  il  rendait 
Pompée  responsable,  lorateur  devait  rester  dans  les  limites  de  la  vrai- 
semblance et  en  même  temps  respecter  les  convenances  oratoires,   en 
ménageant  le  consul  et  les  amis  que  celui  ci  comptait  parmi  les  jurés. 
C^est  i  ce  double  dessein  que  répondent  les  deux  parties  de  Texorde. 
£n  outre,  l'orateur  s'accorde  la  satisfaction  de  se  venger  malicieuse- 
ment de  Pompée,  en  lui  faisant  entendre  qu'il  n'est  pas  dupe  de  sa 
politique  équivoque  (2)  :  la  phrase  a  Sed  me  recréât...  »,  principale- 
ment les  mots  «  reum  telis  militum  dedere...  temeritatem   multitu- 
dinis  auctoritate  publica  armare  »  sont  pleins  de  sous-entendus.  En 
résumé,  deux  sentiments  sont  censés  se  partager  l'âme  de  Torateur  au 
moment  où  il  prend  la  parole  :  la  crainte  et  l'espérance  ;  c'est  lexpres- 
sion  habilement  calculée  de  ce  double  sentiment  qui  constitue  le  fond 
de  l'exorde. 

Même  si  le  discours  avait  été  prononcé  tel  qu'il  est  écrit,  nous 
devrions  reconnaître  que  la  situation  de  l'orateur  était  embarrassante. 
11  s'adresse  à  un  auditoire  prévenu,  composé,  du  moins  en  partie,  de 
juges  dévoués  à  Pompée  ou  subissant  son  prestige;  il  a  aussi  à  com- 
battre le  mauvais  effet  produit  par  l'attitude  provocatrice  de  Milon; 
enfin  la  faction  de  Clodius  exerçait  une  pression  redoutable.  Aussi 
fallait-il  plus  que  jamais  chercher  à  se  faire  écouter  et  surtout  à  gagner 
la  bienveillance  de  l'auditoire  en  luttant  contre  ses  préventions.  Quels 
moyens  Cicéron  emploie-t-il  pour  y  arriver? 

D'abord,  la  crainte  modérée  qu'il  exprime  et  son  attitude,  si  diffé- 
rente de  celle  de  Milon,  lui  donnent  un  air  de  modestie,  qui  est  de 
nature  à  plaire  aux  auditeurs  ;  cette  crainte  ne  doit  pas  nuire  à  son 
client,  car  il  l'explique  comme  une  frayeur  purement  organique  et  non 
comme  une  marque  de  méfiance;  elle  conciliera  à  l'orateur  l'indul- 
gence que  Ton  accorde  volontiers  à  un  homme  intimidé.  Avouons 
cependant  qu'il  est  quelque  peu  plaisant  de  lentendre  plus  loin  attri- 
buer aux  juges  la  frayeur  dont  il  a  lui-même  à  rougir  :  «  Timorem, 
si  quem  habetis,  deponite.  n 

(1)  V.  Laurand,  o.  c,  p.  12,  17.  —  Éditions  de  Martha  et  de  Nollet,  Intro- 
duction. 

(2)  V.  Commentaire  d'AscoNius,  i3,  16,  22,  dans  Téd.  de  A,  Wagener^  pp.  19, 
-22,  27. 


102  LB   MUSÉE   BELGE. 


En  second  lieu,  Cicéron  a  lart  d'expliquer  d'une  manière  favorable 
k  sa  cause  l'attitude  de  son  client  :  c'est,  dit -il,  un  effet  de  sa  grandeur 
d'âme  et  de  son  dévouement  à  la  République. 

En  troisième  lieu  viennent  les  éloges  adressés  à  Pompée,  à  la  foule 
des  bons  citoyens ,  aux  jurés.  Ceux-ci  sont  littéralement  accablés 
d'épithètes  élogieuses;  Cicéron  va  jusqu'à  appliquer  aux  trois  ordres, 
parmi  lesquels  ils  sont  choisis,  l'épithèle  «  amplissimus  »,  ordinaire- 
ment réservée  à  l'ordre  sénatorial. 

Enfin  Milon  est  représenté  comme  une  victime  des  mauvais  citoyens. 
L'orateur  cherche  à  exciter  la  pitié  des  juges  et,  pour  atteindre  plus 
sûrement  son  but,  il  se  joint  à  son  client  et  le  fait  bénéficier  des  sym- 
pathies dont  il  jouit  personnellement. 

Nous  devrions,  pour  être  complet,  parler  du  style  de  l'orateur,  faire 
voir  avec  quel  soin  extrême  il  a  ciselé  ces  périodes  harmonieuses,  ces 
phrases  d allure  si  noble  et  d'un  charme  si  enveloppant,  dont  la 
musique  exerçait  une  action  si  puissante  sur  un  auditoire  romain  (i). 

Dans  réloquence  classique,  l'exorde  n'a  pas  seulement  pour  objet 
de  conquérir  les  sympathies  des  auditeurs,  mais  aussi  de  les  rendre 
attentifs  et  dociles  et  de  leur  faire  connaître  sommairement  le  sujet. 
Cicéron  n'avait  pas,  cette  fois,  grand  effort  à  faire  pour  remplir  cette 
tâche  :  l'intérêt  était  excité  au  plus  haut  point;  Rome  entière  assistait 
aux  débats.  Néanmoins  il  s'applique  à  faire  profiter  son  client  de 
cette  circonstance,  lorsqu'il  assimile  sa  cause  à  celle2de  tous  les  bons 
citoyens,  à  celle  de  la  patrie  même  :  a  ...de  se,  de  liberis^^^suis,  de 
patria,  de  fortunis,  hodierno  die  decertari  putat.  ■  Quant  au  sujet,  le 
développement  s'en  trouve  ici  tout  entier  comme  en  germe  :  non 
seulement  Milon  est  innocent,  mais  il  a  mérité  la  reconnaissance  de  la 
dté  :  ...  non  modo  salutem  (non)  exstinguendam,  sed  etiam  gloriam 
(non)  infringendam.  » 

PROPOSITION  (§  6). 

L'orateur  ne  se  borne  pas  à  énoncer  purement!  et  (simplement  sa 
proposition  ;  il  indique  les  différents  moyens  de  défense  qui  s'offrent 
à  son  choix.  Lt  fait  qui  a  donné  lieu  aux  poursuites  n'est  pas  en  dis- 
cussion ;  il  s'agit  de  prouver  qu'il  fut  légitime,  que  Milon  a  pour  lui 
le  droit.  Or  le  droit  de  Milon  peut  être  établi  de  troisjmanières  : 

I**  En  prouvant  que  Milon  était  en  cas  de  légitime  défense  :  «  insi- 
dias  Miloni  a  Clodio  factas  »  —  «  illius  insidiae  clarioresfJhaCjHuce  » 
—  «  vitam  ab  inimicorum  audacia  telisque  impune  liceat  defenderc.  » 
C'est  le  moyen  que  les  Anciens  appelaient  relatio  criminis. 

(i)  V,  L.  Laurano,  o.  c,  p.  3 14  et  suiv. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  l63 


2^  En  prouvant,  par  les  services  que  Milon  a  rendus  à  la  république, 
surtout  pendant  son  tribunal,  qu'il  a  droit  au  pardon  :  «  T.  Annii 
tribunatu  rebusque  omnibus  pro  salute  rei  publicae  gestis  »  —  a  ut 
crimen  hoc  nobis  propter  multa  praeclara  in  rem  publicam  mérita 
condonetis.  »  C'est  le  moyen  appelé  deprecatio. 

3°  En  prouvant  que  l'acte  posé  par  Milon  a  sauvé  la  république  et 
que  par  conséquent  il  y  a  tout  au  moins  compensation,  si  Ton  ne 
veut  pas  aller  jusqu'à  récompenser  Milon  :  a  ut,  si  mors  P.  Clodii 
salus  vestra  fuerit,  idcirco  eam  virtuti  Milonis  potius  quam  populi 
romani  felicitati  assignetis.  »  C'est  le  moyen  appelé  comparatio  ou 
compensatio. 

Entre  ces  trois  moyens  Cicéron  se  prononce  pour  le  premier.  Il  y 
est  pour  ainsi  dire  forcé  par  la  position  que  les  accusateurs  ont  prise. 
Il  ne  parlait  qu'après  l'accusation;  or  on  accusait  précisément  Milon 
d'avoir  tué  Clodius  avec  préméditation  et  dans  un  guet-apens.  Ce 
système  d'attaque  était  connu  ;  on  n'en  avait  pas  fait  un  secret  ;  le 
défenseur  crut  ne  pouvoir  mieux  agir  qu'en  le  retournant  contre  ses 
adversaires  (i). 

Le  second  moyen  de  défense  aurait  manqué  de  base  solide  :  les 
services  de  Milon  n'étaient  pas  assez  éclatants;  de  plus,  l'accusé  ne 
paraissait  pas  du  tout  disposé  à  réclamer  l'indulgence  de  ses  juges. 
Aussi,  lorsque  dans  la  Péroraison  Cicéron  adressera  des  supplications 
au  jury,  il  aura  soin  de  se  substituer  à  son  client. 

Le  troisième  moyen  était  prôné  par  Caton  et  par  Brut  us  (2).  Mais 
Cicéron  en  sentait  la  faiblesse  et  le  péril.  Néanmoins  il  a  l'habileté  de 
s'en  servir  au  moment  où  il  peut  acquérir  de  la  force.  Il  ne  dit  pas  : 
Milon  voulait  tuer  Clodius  et  il  l'a  tué;  mais  :  n'eût-il  pas  eu  le  droit 
de  le  tuer,  on  devrait  lui  savoir  gré  d'avoir  rendu  un  si  grand  service 
à  la  république.  Les  esprits  sont  préparés,  et  cette  progression  est 
assurément  plus  habile  que  la  brusque  franchise  de  Brutus  :  «  Nisi 
oculis  videritis  insidias  Miloni  a  Clodio  factas...  postulaturi  (sumus) 
ut,  si  mors  P.  Clodii  salus  vestra  fuerit,  idcirco  eam  virtuti  Milonis  ., 
assignetis.  » 

RÉFUTATION  PRÉLIMINAIRE  (§§7-23). 

Il  est  d'usage,  dans  le  discours  classique,  de  placer  ici  la  Narration. 
Mais  lorsque  les  auditeurs  sont  prévenus  contre  la  cause,  il  est  néces- 
saire de  combattre  d'abord  les  préjugés  qui  fermeraient  les  oreilles  aux 
arguments  qu'on  se  propose  de  développer  ;  on  prépare  ainsi  le  terrain 

(1)  V.  Commentaire  d'AscoNius,  3o,  dans  l'édition  de  A.  Wageneb,  p.  39. 
(3)  V.  AscoNfus,  ibid. 


164  LE   MUSÉE   BELGE. 


sur  lequel  on  s*engagera  ensuite  à  fond.  Cette  partie  du  discours  s'ap- 
pelle indififéremment  Préparation  ou  Réfutation  préjudicielle  ou  Réfu- 
tation préliminaire.  Or  on  avait  mené  contre  Milon  une  campagne  si 
acharnée,  et  avec  tant  de  succès,  que  plusieurs  jurés  devaient  être 
fortement  prévenus  contre  lui.  C'était  Fidée  même  (Tune  défense  que 
ses  adversaires  combattaient  :  on  ne  défend  pas,  disaient-ils,  uo 
assassin  qui  avoue  son  crime;  on  ne  défend  pas  un  homme  que  le 
Sénat  et  Pompée  ont  condamné  solennellement  !  Si  les  jurés  parta- 
geaient cette  manière  de  voir,  il  devenait  parfaitement  oiseux  d'entre- 
prendre la  défense  de  Milon.  Voilà  pourquoi  Cicéron  se  met  en  devoir 
d'écarter  tout  d'abord  cet  obstacle  de  sa  route.  Il  le  fait  avec  une 
habileté,  une  audace,  une  souplesse  de  pensée  et  de  style,  qu'on  ne 
retrouve,  croyons- nous,  au  même  degré,  dans  aucune  autre  partie  du 
discours. 

Cette  réfutation  se  divise  naturellement  en  trois  parties,  correspon- 
dant à  trois  objections  préjudicielles  posées  par  la  partie  adverse.  Nous 
les  étudierons  successivement,  en  en  dressant  le  plan  détaillé  et  en  les 
appréciant  principalement  au  point  de  vue  du  fond. 

PREMIER  PRÉJUGÉ  (§§  7-J1). 

Plan. 

Transition  :  «  Sed  antequam...  videre  possitis.  »  Dans  cette  transi- 
tion, l'orateur  annonce  la  réfutation  préliminaire,  en  donne  le  som- 
maire et  la  division,  et  en  indique  la  raison  d'être. 

I.  ÉNONCÉ  DE  L'OBJECTION  :  0  Negant  intueri...  fateatur.  »  En 
s*avouant  l'auteur  du  meurtre  de  Clodius,  Milon  se  met  ij^so  facto 
hors  la  loi. 

II.  RÉFUTATION  :  c  In  qua...  judicaretur.  » 

A.  Il  y  a  des  cas  où  le  meurtre  est  légitime  :  «  In  qua...  porrigi 
legibus.  » 

ire  preuve  :  L'acquittement  d'Horace  :  «  In  qua...  fateretur.  • 

2«  preuve  :  Principe  de  jurisprudence  en  matière  criminelle,  en 
vertu  duquel  on  est  admis  ou  à  nier  le  fait  ou  à  soutenir  le  droit  : 
«  An  est...  defendi  ?  » 

3«  preuve  :  Groupe  de  faits  ou  de  témoignages  :  le  sentiment  de 
Scipion  l'Africain,  l'exemple  de  Servilius  Ahala,  de  Scipion  Nasica, 
de  L.  Opimius,  de  C.  Marins,  du  Sénat,  d'Oreste  absous  par  Minerve  : 
«  Nisi  vero...  liberatum.  » 

4«  preuve  :  La  loi  des  Douze  Tables  permet  formellement  de  tuer 
dans  certains  cas  :  «  Quodsi  duodecim...  porrigi  legibus?  » 

B    Le  meurtre,  qui  dans  certains  cas  est  licite.  Test  surtout  en  cas 


PARTIS  PÉDAGOGIQUE.  l65 


de  légitime  défense  ;  il  est  même  nécessaire  dans  ce  cas  :  «  Atqui... 
judicantur.  n 

i^  Énoncé  général  de  la  thèse  :  «  Atqui  si...  defenditur.  » 

2^  Preuves  :  a  Pudicitiam...  judicaretur.  » 

a)  On  peut  tuer  pour  défendre  sa  pudeur  :  preuve  constituée  par 
un  acte  de  Marius  :  «  Pudicitiam...  liberavit.  » 

b)  On  peut  tuer  pour  défendre  sa  vie;  thèse  énoncée  :  «  Insidiatori 
vero...  nex  »  et  démontrée  ensuite  : 

ire  preuve  :  la  coutume  de  se  faire  escorter  et  de  porter  des  armes  : 

«  Quid?  comitatus...  licere^.  » 

2*  preuve  :  la  loi  naturelle  :  «  Est  igitur...  repetenda.  d 

«)  définition  oratoire  de  la  loi  naturelle  :   u  Est  igitur...  imbuti 

sumus.  » 

P)  ce  qu'elle  autorise  :  «  ut,  si  vita...  salutis.  »  (i) 

t)  justification  :  o  Silent  enim...  repetenda.  » 

3«  preuve  :  la  loi  Cornelia  de  sicariis  :  «  Etsi...  judicaretur.  » 

III.  Conclusion  :  «  Quapropter...  posse  ».  C'est  le  résumé  delà 

réfutation. 

Appréciation, 

Tel  est  Tordre  apparent  de  cette  première  partie  de  la  réfutation. 
Mais  il  existe  une  autre  classification  des  arguments,  que  lorateur, 
d'après  MARCEL  (2),  a  eu  le  mérite  de  dissimuler.  La  voici.  La  thèse 
des  accusateurs  peut  ctre  envisagée  sous  trois  angles  différents  :  Si 
Milon  a  commis  un  assassinat^  la  thèse  lui  est  applicable  ;  mais  la 
question  est  précisément  de  savoir  s'il  faut  appeler  assassinat  le  meurtre 
dont  il  est  Tauteur;  —  la  thèse  ne  lui  est  pas  applicable,  si  Fon  admet 
qu'il  était  en  état  de  légitime  défense  ;  or  c'est  ce  que  l'orateur  se  pro- 
pose de  prouver  ;  —  la  thèse  est  au  moins  contestable,  si  Milon,  en 
tuant  Clodius,  a  été  le  libérateur  de  la  patrie  ;  or  Cicéron  se  placera 
aussi  à  ce  point  de  vue.  De  là  trois  sortes  d'arguments  répondant  aux 
trois  hypothèses  énoncées  :  i»  ceux  qui  ont  pour  but  de  prouver  qu'un 
meurtre  n'est  pas  nécessairement  punissable  ;  2^  ceux  qui  établissent 
le  droit  de  tuer  en  cas  de  légitime  défense  ;  S^  ceux  qui  prouvent  qu'on 
peut  absoudre  un  assassin  qui  a  tué  pour  délivrer  sa  patrie.  Dans  la 
première  catégorie,  on  rangera  le  principe  de  jurisprudence,  la  loi  des 
Douze  Tables,  le  cas  d'Oreste;  dans  la  seconde,  le  cas  du  jeune 
homme  acquitté  par  Marius,  la  loi  naturelle,  etc.  ;  dans  la  troisième, 
l'exemple  de  Scipion  Nasica,  de  Servilius  Ahala,  et  d'autres.   Mais 

(i)  Sur  le  nombre  oratoire  de  cette  phrase,  cfr.  Laurano,  o,  c.  p.  124. 
(2)  O.  c,  p.  71. 


]66  LE   MUSÉE   BELGE. 


Cicéron,  au  lieu  de  diviser  et  de  subdiviser  ses  preuves  dans  un  ordre 
didactique,  au  lieu  de  suivre  cette  froide  méthode  scoiastique,  au  lieu 
de  spécifier  ces  trois  aspects  de  la  question,  entremêle  les  ai^uments 
au  gré  de  son  inspiration,  «  en  fait  une  masse  et  la  pousse  avec  toute 
la  vigueur  de  son  bras  ».  De  fait,  grâce  à  la  disposition  adoptée  ici, 
la  discussion  a  plus  de  vie,  de  naturel  et  de  mouvement.  Suivons-en 
une  seconde  fois  le  cours,  en  nous  arrêtant  aux  endroits  les  plus 
remarquables;  il  nous  sera  permis  après  cela  de  constater  que  la  sin- 
cérité n'y  est  pas  toujours  à  la  hauteur  du  talent,  que  rargumenîatîon 
a  toutefois,  dans  son  ensemble  une  force  incontestable,  mais  qu'ici 
l'art  réside  surtout  dans  l'agencement  des  détails,  dans  la  manière  de 
présenter  les  arguments. 

Le  premier  fait  invoqué  contre  le  préjugé  des  adversaires  date  des 
origines  mêmes  de  Rome  ;  c'est  le  premier  cas  qui  se  présente  dans 
l'histoire  du  peuple  romain  ;  il  y  a  donc  de  longs  siècles  que  la  thèse 
soutenue  par  l'orateur  est  admise.  Remarquons  en  outre  que  ce  fait 
s'est  produit  sous  le  régime  monarchique,  avant  Tère  de  la  liberté;  que 
c'est  le  peuple  et  non  la  partialité  des  juges  qui  a  absous  Horace;  que 
celui-ci  avait  cependant  tué  sa  propre  sœur,  de  sa  propre  main.  Tout 
cela  est  exprimé  avec  une  assurance  qui  se  traduit  dans  le  a  tandem  • 
respirant  l'impatience,  le  «  nempe  »  qui  souligne  la  réponse  et  dans 
l'épithète  de  «  stultissimi  »  lancée  comme  un  défi  aux  adversaires. 

D'ailleurs  ils  sont  bien  ignorants  ces  hommes,  qui  sont  seuls  à  ne 
pas  connaître  la  jurisprudence  des  tribunaux  romains.  Mais  non,  c'est 
l'Africain  qui  avait  perdu  la  tête,  lorsqu'il  pensait  autrement  qu'eux  l 
Puis  vient  cette  accumulation  de  faits  et  de  noms  propres,  qui  ne 
laisse  pas  le  temps  de  réfléchir,  mais  qui  se  trouve  combinée  à  dessein 
pour  faire  impression  sur  les  aristocrates,  qui  composent  sans  doute 
la  majorité  du  jury  :  les  personnages,  dont  les  noms  sont  ici  rappelés, 
ne  sont  pas  tous  des  aristocrates,  mais  les  actes  auxquels  lorateur  fait 
allusion  avaient  eu  tout  au  moins  l'approbation  de  ce  parti.  Le  peuple, 
il  est  vrai,  en  avait  parfois  jugé  autrement,   et  par  conséquent  on 
pourrait  discuter  l'usage  que  l'orateur  fait  ici  de  certains  noms  ;  mais 
une  énumération  rapide  empêche  de  s  arrêter  à  ces  détails.  De  plus,  un 
fait  est  rapporté  inexactement  :   Scipion  avait   répondu  :  «  Si  son 
intention  était  de  se  rendre  maître  de  la  République,  sa  mort  fut 
méritée.  »  On  le  voit,  c'est  moins  afïirmatif  que  Cicéron  ne  le  laisse 
entendre.  En  résumé,  la  logique,  pas  plus  que  la  morale,  n'autorisait 
l'avocat  à  s'appuyer  sur  des  actes,  dont  plusieurs  étaient  de  véritables 
assassinats  politiques,  que  le  peuple  réprouva  et  punit.  Ce  n'est  pas 
la  dernière  fois  que  nous  le  voyons  recourir  à  des  raisonnements  dont 
il  s'efforce  de  déguiser  la  faiblesse. 
Voici  maintenant  une  réminiscence  littéraire,  qui  n'a  pas  non  plus 


PARTIE   PÉDAGOGIQUF.  lÔ/ 


grande  valeur  en  elle-même,  mais  qui  est  de  nature  à  plaire  aux  lettrés. 
Ici  encore  toutes  les  circonstances  du  fait  sont  mises  en  relief  :  c'est  sa 
propre  mère  qu'Oreste  a  tuée  ;  ce  n'est  pas  un  dieu  quelconque,  c'est 
la  déesse  de  la  sagesse  elle-même  qui  Ta  acquitté. 

Lorsque  l'orateur  en  vient  à  parler  du  cas  de  légitime  défense,  est- 
ce  sans  arrière-pensée  qu'il  emploie  les  mots  «  insidiator  »  et  «  lalro  »? 
N'est-ce  pas  renvoyer  à  l'accusation  les  épithètes  dont  elle  avait  gratifié 
-Milou,  et  n  est-ce  pas  insinuer  en  passant  que  Clodius  est  l'auteur  du 
guet-apens?  Cette  dernière  pensée,  qui  est  capitale,  lorateur  a  soin  de 
la  rappeler  chaque  fois  que  l'occasion  s'en  présente,  pour  la  faire 
pénétrer  peu  à  peu  dans  l'esprit  des  jurés. 

La  loi  Cornelia  de  sicariis  était  bien  celle  à  laquelle  on  aurait  le 
moins  pensé  pour  y  chercher  un  argument  contre  la  thèse  des  accusa- 
teurs. Mais  qu'est-ce  qu'un  avocat  ne  peut  pas  faire  dire  à  un  texte  de 
loi?  Le  législateur  n'avait  pas  songé  à  proclamer  le  droit  de  tuer  en 
cas  de  légitime  défense;  il  avait  simplement  interdit  l'assassinat  et 
l'emploi  des  armes  avec  préméditation  homicide;  de  celte  seconde 
disposition  Cicéron  conclut,  en  sollicitant  un  peu  le  texte,  que  le 
législateur  a  autorisé  l'emploi  de  la  force  contre  la  force. 

Il  y  a  donc  parmi  les  arguments  invoqués  par  Cicéron  des  preuves 
solides  :  telles  les  preuves  tirées  de  la  loi  naturelle,  de  la  loi  des  Douze 
Tables,  de  la  jurisprudence  en  matière  criminelle;  d'autres  sont  faibles, 
ou  parce  qu'elles  reposent  sur  des  faits  légendaires,  voire  sur  des  faits 
qu'on  pourrait  aussi  bien  invoquer  contre  la  thèse  de  l'orateur,  ou 
parce  que  les  faits  sont  dénaturés,  ou  parce  que  la  conclusion  est 
forcée.  Mais  il  faut  y  regarder  d'assez  près  pour  découvrir  sous  les 
dehors  spécieux,  dont  l'orateur  revêt  son  argumentation,  les  imper- 
fections qu'elle  présente.  Ces  faiblesses  nous  étonnent,  nous  autres 
modernes,  qui  exigeons  de  nos  orateurs  une  sincérité  et  une  rigueur 
dans  le  raisonnement,  dont  les  Romains  n'avaient  pas  l'idée.  A  Rome, 
les  avocats  n'avaient  point  des  devoirs  de  la  profession  l'opinion 
que  Ton  s'en  fait  aujourd'hui.  Il  ne  leur  en  coûtait  aucunement  de 
soutenir  successivement  le  pour  et  le  contre  sur  une  même  question  ; 
ils  n'avaient  pas  grand  souci  de  la  valeur  des  causes  qu^ils  défendaient, 
ni  de  la  valeur  réelle  des  arguments  dont  ils  se  servaient.  Cicéron  ne 
nous  dit -il  pas  lui-même,  par  exemple  [Pro  Murena,  V,  1 1)  que  c'était 
^ne  loi  oratoire^  un  lieu  commun,  d'attaquer  la  vie  privée  de  son 
adversaire?  N'a  t-il  pas  mis  les  fonctions  civiles  bien  au-dessus  des 
fonctions  militaires  dans  le  Pro  Archia^  et  celles-ci  bien  au-dessus 
des  fonctions  civiles  dans  le  Pro  Murena  (i)?  Quel  scrupule  aurait 

(  1  )  Lire  sur  cette  question  G.  Boissier,  Cicéron  et  ses  amis^  p.  44  et  suiv.  Cfi: 
.L.  Lauhand,  o.  c,  p.  i3. 


l68  LE   MUSÉE   BELGE. 


donc  retenu  un  avocat  romain,  quand  le  besoin  de  la  cause  exigeait 
qu'il  dénaturât  les  faits ,  qu*il  les  interprétât  tantôt  dans  un  sens 
tantôt  dans  un  autre,  ou  même  qu'il  les  inventât  de  toutes  pièces  ? 
Tout  lart  consistait  pour  lui  non  pas  à  dire  fortement  la  vérité,  mais 
à  donner  habilement  au  mensonge  les  apparences  du  vrai.  Ajoutons 
que  quelques-uns  des  faits  invoqués  sont  des  lieux  communs  de  la 
Rhétorique  ancienne;  tel  le  cas  d'Oreste  et  celui  du  soldat  de  Marins (i). 
Ainsi  s'explique  le  mélange  de  raisons  solides  et  d'arguments  douteux 
ou  sans  valeur  dans  le  passage  que  nous  venons  d'analyser. 

DEUXIÈME   PRÉJUGÉ  (§§  12-14)- 
Plan. 

La  transition  se  réduit  à  un  mot  :  «  Sequitur  ».  Notons  que  le 
préjugé  n'est  pas  énoncé.  L'orateur,  au  lieu  de  dire  :  Le  Sénat  a 
condamné  Milon,  énonce  l'un  des  deux  faits  sur  lesquels  les  ennemis 
de  son  client  prétendent  appuyer  leur  assertion,  puis  il  entame  immé- 
diatement la  discussion.  Voici  la  tactique  qu'il  a  adoptée  :  les  fiaits 
sont  indéniables,  donc  il  ne  les  contestera  pas;  mais  il  repoussera 
l'interprétation  qu  en  donnent  les  adversaires  et  y  opposera  la  sienne. 

I.  RÉFUTATION  DE  L'ARGUMENT  TIRÉ  DU  PREMIER  FAIT  : 
«  illud,  quod...  perditorum.  » 

A.  Énoncé  du  fait  :  le  Sénat  a  déclaié  que  la  mêlée  sanglante,  dans 
laquelle  a  péri  Clodius,  est  une  atteinte  portée  à  la  sécurité  de  l'État  : 
«  illud,  quod...  esse  factam.  » 

B.  Réfutation  :  «  Illam  vero...  perditorum.  »  Le  Sénat  s'est  montré 
favorable  à  Milon.  L'orateur  le  prouve  : 

I®  En  rappelant  en  général  les  marques  de  sympathie  données  à 
Milon  par  les  Sénateurs  :  «  Illam  vero...  comprobavit.  » 
20  En  insistant  sur  les  circonstances  qui  en  font  ressortir  la  valeur: 

a)  elles  se  sont  produites  fréquemment  :  «  quoties...  in  senatu  !  » 

b)  elles  ont  été  à  peu  près  unanimes  et  hautement  exprimées  : 
«  quibus  assensionibus...  probarent  ?  » 

c)  elles  ont  été  si  manifestes  et  si  vives  que  nos  ennemis  accusent  le 
Sénat  d'être  à  ma  dévotion  :  «  Déclarant..*,  decernere.  » 

3**  Parenthèse  au  sujet  du  crédit  dont  l'orateur  jouit  et  dont  il  n'use 
qu'au  profit  des  bons  citoyens  :  «  Quae  quidem...  perditorum.  » 

II.  RÉFUTATION  DE  L'ARGUMENT  TIRÉ  DU  SECOND  FAIT  : 
«  Hanc  vero...  putasseî  » 

A.  L orateur  rappelle  le  fait  et  nie  qu'il  ait  eu  le  Sénat  pour 
auteur  :  a  Hanc  vero...  putavit.  » 

(1)  V.  Édition  de  Halm,  p.  19,  note  3;  p.  20,  note  3. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  169- 


B.  Preuves  :  «  Erant  enim...  putasse.  » 

10  Pas  de  motifs  pour  faire  agir  le  Sénat;  il  y  avait  des  tribunaux 
et  des  lois  :  «  Erant  enim...  de  vi.  » 

2^  Motifs  pour  ne  pas  agir  :  a  nec  tantum...  putasse  ?  » 

a)  absence  de  sympathie  pour  Clodius  :  a  nec  tantum...  constitue- 
retur.  »  Évidemment  ceci  est  une  litote. 

b)  le  Sénat  avait  une  revanche  à  prendre  :  ne  Tavait-on  pas  un 
jour  empêché  d'établir  un  tribunal  extraordinaire  pour  juger  Clodius  ? 
«  Cujus...  putasse?  » 

III.  Explication  du  premier  fait  :  «  Curigitur...  notavi.  » 

A.  Énoncé  de  Vexplication,  amené  par  une  question  :  Pourquoi  le 
Sénat  a-til  porté  ce  décret?  Parce  que  tout  acte  de  violence  entre 
citoyens  atteint  TÉtat  :  «  Cur...  publicam.  » 

B.  Distinction  qui  précise  cette  explication  :  a  Non  enim...  neces- 
saria.  » 

C.  Démonstration  :  «  Nisi  vero...  rem  notavi.  » 

i<>  Par  l'exemple  de  ceux  qui  ont  tué  les  Gracques  et  Saturninus  : 
«  Nisi...  vulnerarunt.  » 

2*»  Par  la  conduite  de  Cicéron  lui-même  au  Sénat  :  en  votant  le 
sénatus-consulte  il  blâmait  remploi  de  la  violence,  mais  il  ne  se  pro- 
nonçait pas  sur  les  responsabilités  ;  il  laissait  ce  soin  aux  tribunaux  : 
«  Itaque  ..  notavi.  » 

IV.  Explication  du  second  fait  :  «  Quodsi...  sublata  est.  » 

A.  Énoncé  sommaire  de  F  explication  :  rétablissement  d'un  tri- 
bunal extraordinaire  est  dû  à  l'intervention  d'un  tribun  :  «  Quodsi.., 
haberemus.  » 

B.  Démonstration  :  a  decernebat...  sublata  est.  o 

I®  Intentions  du  Sénat  ou  seconde  partie  du  projet  de  sénatus- 
consulte  :  a  Decernebat...  quaereretur.  » 
2«  Manœuvres  du  tribun  : 

a)  il  fait  demander  par  un  Sénateur  la  division  du  projet  au  moment 
du  vote  :  «  divisa...  proferre.  » 

b)  il  oppose  son  veto  à  la  mise  aux  voix  de  la  seconde  partie  : 
«  sic...  sublata  est.  » 

Appréciation. 

11  était  impossible  de  nier  que  le  Sénat  eût  posé  des  actes  impli- 
quant, sinon  une  condamnation  formelle  de  la  conduite  de  Milon, 
tout  au  moins  un  blâme  sévère  à  son  adresse.  La  seconde  objection  à 
laquelle  son  défenseur  sattaque  a  donc  pour  elle  une  forte  vraisem- 
blance. Mais  l'avocat  met  tout  de  suite  son  auditoire  en  garde  contre 
une  interprétation  malveillante  des  actes  du  Sénat,  en  rappelant  que 


170  LE  MUSÉE  BELGE. 


cette  interprétation  est  due  aux  ennemis  de  Milon  :  ce  sont  gens  pré- 
venus !  Puis  il  s  empresse  d*y  opposer  juste  le  contrepied  de  ce  qu'ils 
affirment  :  «  Mais  au  contraire,  s'écrie  t-il,  le  Sénat  approuve  Miloa. 
Que  l'on  pèse  les  circonstances  qui  établissent  la  valeur  de  ses  témoi- 
gnages de  sympathie,  combien  de  fois  ils  lui  ont  été  donnés,   avec 
quelle  unanimité  I  Ces  actes  répétés  ont  été  si  manifestes  qu^un  tribua 
les  a  reprochés  au  Sénat.  »  Voici  l'occasion  de  jeter  l'odieux  et  Je  ridi- 
<;ule  sur  l'adversaire  ;   Cicéron  ne  la  manque  pas:   «  hujus   ambusti 
tribuni  plebis  illae  emortuae  conciones  »;  «  des  démagogues  incen- 
diaires, voilà  nos  ennemis!  tandis  que  nous,  si  nous  avons  du  crédit. 
nous  ne  le  devons  pas  au  crime  et  nous  ne  le  mettons  pas  au  service 
^e  la  révolution.  » 

L'orateur  triomphe.  Il  aime  à  rappeler  son  obligeance  et  se  contiplait 
dans  la  pensée  du  prestige  dont  il  jouit.  Ici  du  moins  a-t-il  pour  eo 
parler  un  motif  plus  sérieux  qu'une  simple  satisfaction  de  vanité  :  il 
se  dit  que  son  client  profitera  des  sympathies  et  de  la  reconnaissance 
que  les  bons  citoyens  lui  accordent  à  lui-même.  Mais  la  partie  n'est 
pas  gagnée,  loin  de  là.  La  question  de  l'établissement  d'un  tribunal 
extraordinaire  est  fort  délicate.  Pompée  doit  être  ménagé.  Cicéron  y  a 
pensé  :  «  etsi  non  est  iniqua  »  dit-il,  en  parlant  de  ce  tribunal  ;  pré- 
caution oratoire  adroitement  glissée  dans  la  phrase.  N'a-t-il  pas  appelé 
Pompée  :  «  vir  justissimus  »  ?  Quant  au  Sénat,  il  essaie  de  prouver 
qu'il  n'a  pas  trempé  dans  l'affaire.   Les  arguments  qu'il  apporte  ici 
n'ont  pas  grande  valeur  ;  aussi  cherche-t-il  à  les  faire  passer  sous  le 
couvert  de  l'ironie  :  «  Croyez-moi,  le  Sénat  ne  pleure  pas  Clodius.  b 
Il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  Sénat,  pour  prendre  des  mesures 
extraordinaires,  avait  des  raisons  qui  devaient  l'emporter  sur  son  anti- 
pathie à  l'égard  du  fougueux  démagogue.  Mais  l'occasion  est  si  belle 
<ie  réveiller  chez  les  jurés  la  vieille  rancune  qu'un  certain  nombre 
devaient  avoir  gardée  au  profanateur  impuni  des  mystères  de  la  Bonne 
Déesse,  et  ce  sacrilège  était  si  utile  à  rappeler  ! 

On  comprend  néanmoins  que  la  réponse  donnée  jusqu'ici  ne  pou- 
vait suffire  ;  lorateur  ne  pouvait  se  borner  à  opposer  affirmation  i 
affirmation,  même  en  prouvant  ses  dires.  Il  restait  à  expliquer  les  faits, 
qu'on  ne  pouvait  nier,  à  faire  disparaître  la  contradiction  apparente 
dont  se  trouvaient  entachés  les  différents  actes  du  Sénat.  Malheureuse- 
ment l'explication  du  premier  fait  n'est  pas  admissible  ;  elle  a  le  défaut 
d'être  trop  générale  :  la  déclaration  du  Sénat  constituait  une  mesure 
exceptionnelle  ;  sinon,  pareille  déclaration  aurait  dû  être  faite  chaque 
fois  qu'un  acte  de  violence  était  commis  publiquement.  En  réalité,  le 
Sénat  avait  voté  l'exposé  des  motifs  du  projet,  parce  que  les  violences 
avaient  pris  des  proportions  telles,  que  des  mesures  spéciales  s'impo- 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  I7I 

raient,  aussi  bien  contre  Milon  que  contre  Clodius.  L'orateur  le  sait  ; 
-voilà  pourquoi  il  s'empresse  de  détourner  l'attention  des  jurés  et  de 
faire  appel  à  la  passion  politique,  en  comparant  Clodius  aux  plus 
fameux  adversaires  de  l'aristocratie,  aux  Gracques  et  à  Saturninus. 
D'ailleurs,  rien  qu'en  rappelant  le  sénatus-consulte,  il  a  eu  Tadresse 
de  renverser  l'ordre  des  faits  et  de  placer  en  dernier  lieu,  comme  un 
point  accessoire,  le  meurtre  de  Clodius,  que  Pompée  et  le  Sénat 
avaient  visé  en  première  ligne. 

Lorsqu'il  aborde  Texplication  du  second  fait,  Cicéron  renonce  à  ces 
subtilités  et  ne  garde  plus  avec  ses  adversaires  aucun  ménagement. 
C'est  qu'ici  il  s'attaque  directement  à  eux  ;  c'est  eux  qu'il  rend  respon- 
sables de  la  mesure  dont  ils  veulent  attribuer  la  paternité  au  Sénat. 
Cependant,  quelque  empire  qu'il  accorde  à  sa  passion,  quoiqu'il  donne 
libre  cours  à  son  indignation  et  décerne  à  Munatius  Plancus  une  de 
ces  épithètes  qu'il  réserve  habituellement  à  Clodius  lui  même,  il 
conserve  encore  assez  de  sang  froid  pour  empoisonner  ses  traits  et 
pour  railler  cruellement  F.  Calenus,  dont  il  ne  daigne  pas  citer  le 
nom,  parce  qu'il  a  ne  vaut  pas  l'honneur  d'être  nommé  ».  Enfin,  et 
c'est  le  trait  le  plus  sanglant,  «  si  la  victoire,  dit-il,  est  restée  aux 
ennemis  de  Milon,  c'est  la  plus  honteuse  des  victoires,  car  elle  est  due 
à  la  corruption  :  a  empta  intercessione  ». 

En  résumé,  dans  celte  seconde  partie  de  la  Réfutation,  l'orateur  a 
raison,  au  fond  :  le  Sénat  avait  témoigné  à  Milon  plus  d'indulgence 
et  de  sympathie  que  d'hostilité;  mais  si  les  accusateurs  tiraient  de 
certains  faits  des  conclusions  forcées,  Cicéron,  à  son  tour,  ne  se  fait 
pas  faute  d'exagérer  dans  le  sens  opposé,  sauf  à  déguiser  sous  de  mul- 
tiples artifices  les  atteintes  portées  à  la  vérité  ou  à  la  logique. 

TROISIÈME   PRÉJUGÉ    (§§    l5-22). 
Plan. 

l.  ÉNONCÉ  DU  PRÉJUGÉ  :  a  At  enim...  occisus  esset.  » 

Les  mots  «  At  enim  »  forment  la  transition.  Le  préjugé  est  donc 
introduit  sous  forme  de  prolepse. 

A.  Le  préjugé  :  «Cn.  Pompeius...  judicavit.»  Pompée  a  condamné 
Milon  en  droit  aussi  bien  qu'en  fait. 

B  Le  fait  sur  lequel  il  s'appuie  :  o  Tulit  enim...  occisus  esset.  » 
Ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'il  a  fait  voter  la  loi  établissant  un  tribunal 
extraordinaire  pour  juger  le  meurtrier  de  Clodius.  Les  termes  mêmes 
de  la  loi  sont  rapportés. 

IL   RÉFUTATION  : 

Première  Partie  :  «  Quid  ergo...  non  interitum  putavit.  »  L'ora- 


r 


172  LE   MUSÉE    BELGE. 


teur  répond  d'abord  en  faisant  abstraction  du  caractère  exceptionnel 
des  poursuites. 

A.  La  loi  dont  on  parle  n'a  pas  la  portée  qu'on  lui  attribue  : 
f  Quid  ergo...  dedisset.  »  Deux  arguments  établissent  cette  propo- 
sition : 

lo  Argument  disjonctif  :  Une  loi  ordonnant  des  poursuites  a  pour 
objet  de  rechercher  ou  bien  si  le  fait  est  réel,  ou  bien  quel  en  est 
Fauteur,  ou  bien  si  l'accusé  a  pour  lui  le  droit.  Or  les  deux  premières 
questions  sont  résolues.  Donc  la  loi  de  Pompée  a  pour  but  de  faire 
rechercher  si  Milon  n'avait  pas  le  droit  de  tuer  Clodius.  Donc  elle  n  a 
pas  la  portée  qu'on  lui  attribue  :  «  Quid  ergo...  posse.  » 

2®  Raisonnement  par  l'absurde  :  Supposons  que  Pompée  n'ait  pas 
eu  en  vue  la  solution  de  la  question  de  droit  ;  dans  cette  hypothèse,  il 
n'aurait  pas  laissé  au  tribunal  la  faculté  d'absoudre  ou  de  condamner; 
or  il  la  lui  a  laissée;  donc...  :  «  Quod  nisi...  dedisset.  » 

B.  La  loi  de  Pompée  a  pour  objet  d'indiquer  aux  jurés  le  point  de 
vue  auquel  ils  doivent  se  placer^  à  savoir  la  question  de  droit  :  «  Mihi 
vero...  putavit.  »  Cette  réponse  ne  diffère  pas  essentiellement  de  la 
première  ;  celle-ci  était  négative,  elle  est  reprise  sous  une  forme  posi- 
tive :  quand  un  accusé  est  en  aveu,  si  on  le  croit  coupable,  on  le 
punit;  si  on  lui  accorde  des  juges,  cest  qu'on  laisse  aux  tribunaux  le 
soin  de  se  prononcer  sur  sa  culpabilité. 

Deuxième  Partie  :  §§  16-22.  Ici  l'orateur  explique  dans  un  sens 
favorable  à  son  client  rétablissement  d'un  tribunal  extraordinaire.  Il 
suppose  qu'on  peut  attribuer  cette  mesure  à  deux  causes  :  les  égards 
accordés  à  Clodius,  les  circonstances  du  moment  ;  il  rejette  la  première 
et  admet  la  seconde.  La  question  est  posée  dans  cette  phrase  :  «  Jam 
illud...  tenxpori.  »  La  réponse  comprend  donc  deux  points. 

Premier  Point  :  Ce  n'est  pas  pour  venger  Clodius  que  Pompée  a 
fait  établir  un  tribunal  extraordinaire  :  §§  16-20.  Toute  la  démon- 
stration de  cette  proposition  peut  se  ramener  à  un  syllogisme  :  Des 
personnages  illustres,  dont  la  vie  était  précieuse  pour  la  République, 
ont  été  victimes  d'attentats  odieux.  Or  on  n'a  pas  cru  devoir,  par 
égard  pour  eux,  exercer  des  poursuites  extraordinaires.  Donc  à  plus 
forte  raison  Pompée  n'a-t-il  pas  cru  devoir  le  faire  pour  un  homme 
tel  que  Clodius.  La  majeure  est  une  induction  basée  sur  des  faits,  que 
l'orateur  énumère,  en  faisant  suivre  la  mention  de  chaque  fait,  de  la 
mineure  de  son  syllogisme;  enfin  il  tire  la  conclusion. 

i*^  fait  :  Mort  de  Livius  Drusus  :  a  Domi  suae...  a  senatu  est.  » 

A.  Le  fait^  avec  ses  circonstances  aggravantes  :  «  Domi  suae... 
occisus  est.  » 

B.  La  mineure  :  a  nihil...  a  senatu  est.  » 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  IjS 


2^  fait  :  Mort  de  P.  Scipion  Emilien  :  «c  Quantum...  nuUa.  » 

A.  Le  fait  :  «  Quantum...  esse  mortem?  » 

B.  La  mineure  :  «  Num  igitur...  nulla.  » 

3^  fait  :  Meurtre  de  Papirius  :  «  Quid  ita?...  imbuta  est.  » 
A.  Réfutation  de  deux  objections  :  «  Quid...  latrocinarentur.  » 
A  ne  considérer  que  la  forme  donnée  par  l'orateur  à  sa  pensée,  nous 
i^^avons  pas  ici  une  réfutation  :  c*est  plutôt  une  justification  de  la 
mineure  de  son  syllogisme.  Mais,  au  fond,  les  adversaires  de  Milon 
-élevaient  deux  objections  contre  cette  mineure  :  une  objection  de  fait 
et  une  objection  de  principe.  Une  objection  de  fait  :   il  y  a  dans  le 
meurtre  de  Clodius  une  circonstance  qui  le  rend  particulièrement 
odieux  et  qui  justifie  des  mesures  d'exception.  Une  objection  de  prin- 
cipe :  si  Ton  excipe  de  cette  circonstance,  pour  réclamer  des  mesures 
extraordinaires,  c*est  qu'on  admet  en  principe  qu'il  peut  exister  une 
différence  spécifique  entre  tel  meurtre  et  tel  meurtre.  L'avocat  réfute 
d'abord  le  principe,  puis  l'application  qu'on  en  fait.  Son  argumenta- 
tion est  très  serrée;  il  faut,  pour  en  bien  suivre  Tenchaînement,  lana- 
lyser  jusque  dans  les  moindres  détails. 

lo  Première  réfutation  :  a  Quid...  sit  interfectus.  » 

a)  L'objection  n'est  rappelée  que  par  ces  deux  mots  :  «  Quid  ita  ?  » 
Pourquoi,  dans  les  occasions  précitées,  n'a  t-on  pas  pris  de  mesures 
exceptionnelles  ? 

b)  Principe  opposé  à  celui  de  la  partie  adverse  :  «  Quia  non  alio... 
necantur.  n 

c)  Concession  :  «  Intersit...  infimorum.  » 

d)  Conséquence  du  principe  soutenu  par  Torateur  :  «  mors  qui- 
dem...  legibus.  » 

e)  Démonstration  du  principe  par  l'absurde  : 

a.  Première  conséquence  absurde  (l'absurdité  de  la  conséquence  est 
exprimée  par  le  tour  ironique  de  l'expression)  du  principe  opposé  : 
«  Nisi  forte...  necarit.  » 

p.  Seconde  conséquence  absurde  :  «  aut  eo  mors  atrocior...  inter- 
fectus. » 

2°  Seconde  réfutation  :  «  Hoc  enim...  latrocinarentur.  » 

L'application  au  meurtre  de  Clodius  du  principe  repoussé  par 
Cicéron  constitue  la  seconde  objection,  l'objection  de  fait.  L'orateur 
vient  de  l'exprimer  en  en  faisant  ressortir  l'absurdité  par  Tironie  de 
l'expression.  Mais  il  ne  se  borne  pas  à  cette  réfutation  sommaire  :  il  y 
répond  explicitement,  en  se  plaçant,  naturellement,  à  son  point  de  vue, 
en  supposant  prouvé  que  Clodius  a  tendu  des  embûches  à  Milon,  et 
en  opposant  le  sarcasme  au  pathos  de  ses  adversaires  :  a  Autant  dire, 
5'écrie-t-il,  que  le  fameux  Appias  Caecus  a  construit  la  voie  Appienne 


174  I^  MUSÉE  BBLGB. 


pour  que  ses  descendants  pussent  y  exercer  impunément  le  brigan- 
dage. » 

B.  Le  fait  de  la  mort  de  M.  Papirius  :  «  Itaque...  imbuta  est.  t 
Il  est  facile  de  voir  que  ce  fait  est  rappelé  ici,  moins  pour  étayer  la 
majeure  de  l'argument,  que  pour  répondre  à  Tobjection  qui  précède, 
pour  appliquer  à  un  cas  particulier  la  réponse  exprimée  dans  cette 
phrase  :  a  proinde  quasi...  etc.  »  Aussi  l'orateur  conserve-t-il  d'abord 
le  ton  ironique. 

\^  Ironiquement,  Cicéron  affirme  que  l'assassinat  de  Papirius 
échappait  aux  poursuites,  par  le  fait  même  qu'il  avait  été  commis  par 
Clodius  sur  la  voie  Appienne  :  «  Itaque...  occiderat.  » 

2«  Avec  indignation,  il  met  les  déclamations  actuelles  de  ses  adver- 
saires en  opposition  avec  leur  silence  d'autrefois  :  «  Nunc...  imbuta 
est.  » 

4^  fait  :  Tentative  d'assassinat  sur  la  personne  de  Pompée  :  «  Sed 
quid...  nihilo  minus,  n  Après  quelques  mots  de  transition  :  v  Sed... 
commemoro  ?  » 

A.  Lorateur  rappelle  le  fait  :  «  Comprehensus  est...  manibus.  » 

B.  //  énonce  la  mineure  :  «  Caruit...  décréta  est?  » 

C.  Il  fait  ressortir  les  circonstances  du  fait  :  «  Atqui...  conci- 
dissent.  >i 

D.  Il  réfute  une  objection  :  «  Nisi  vero...  minus.  »  Ce  n'est  pas 
parce  que  la  tentative  n'a  pas  réussi  qu'elle  devait  échapper  à  toute 
répression. 

5«  fait  :  Tentatives  d'assassinat  sur  la  personne  de  Cicéron  :  «  Quo- 
ties...  tulisset?  » 

A.  Le  fait  :  a  Quoties...  effugi.  » 

B.  Mineure  :  «  Ex  quibus...  tulisset  ?  » 
Conclusion  du  Premier  Point  : 

A.  Récapitulation  ironique  des  faits  qui  constituent  la  majeure  : 
•  Sed  stulti...  audeamus.  » 

B.  Énoncé  ironique  de  la  conclusion  sous  forme  de  contraste  : 
((  tolerabilia...  desiderant.  » 

Deuxième  Point  :  Cest  aux  circonstances  du  moment  qû*il  faut 
attribuer  les  mesures  d'exception  prises  par  Pompée  :  §§  2!  -22. 

A.  Synthèse  de  tout  le  développement  :  «  Non  fuit...  multa  vidit.  » 

i®  Lorateur  exprime  sans  ironie,  celte  fois,  et  très  énergiquement, 
la  conclusion  du  premier  point  :  «  Non  fuit...  ferendam.  » 

a®  Il  indique  d'une  manière  générale  et  vague  le  véritable  motif  qui 
a  fait  agir  Pompée  :  a  Sed  homo...  multa  vidit.  » 
B     .  i  ;  I  w  ;<  ;  (  circonstance  qui  a  influé  sur  la  conduite  de  Pompée, 
et  comment  elle  a   influé  :   «  fuisse...  gratiae.  »    Sa   réconciliation 
récente  avec  Clodius  l'obligeait  à  se  montrer  sévère. 


PARTIE   PÉDAGOCJlQUE.  17S 


C.  Deuxième  circonstance  :  «  Multa  etiam...  documenta  maxima.  n 

Après  avoir  répété  rindication  vague  donnée  plus  haut  :  «  multa 

etiam  alia  vidit  »,  Torateur  indique  la  seconde  circonstance  :  a  Sed 

illud  maxime...  judicaturos.  »  Le  caractère  et  la  situation  des  membres 

du  tribunal  l'autorisaient  à  être  sévère. 

lo  Les  jurés  :  «  Itaque...  studiosos  mei.  » 

a)  Ils  constituent  Télite  des  premiers  ordres  de  citoyens  :  o  Itaque... 
lumina.  » 

b)  Ils  ont  été  choisis  avec  impartialité  :  «  neque  vero...  studiosos 
mei.  » 

Ici  Torateur  dément  le  bruit  d*après  lequel  Pompée  aurait  écarté 
ses  amis  de  la  liste  des  jurés.  Il  y  oppose  deux  raisons  :  Téquité  même 
de  Pompée,  et  Timpossibiliié  d'exclure  d'une  liste  où  ne  figurent  que 
des  honnêtes  gens,  les  amis  d'un  homme  qui  a  les  sympathies  de  toua^ 
les  honnêtes  gens. 

2*  Le  président  :  §  22. 

a)  Sous  forme  d'éloge,  énumération  des  qualités  d'un  bon  président  :- 
«  Quod  vero...  fidem.  » 

b)  L'orateur  insiste  sur  une  de  ces  qualités,  la  fermeté  :  elle  est 
nécessaire  dans  le  procès  actuel  :  a  Tulit...  temeritati;  »  —  Domitius- 
la  possède,  son  passé  le  prouve  :  «  ex  consularibus...  maxima.  » 

Appréciation, 

La  tâche  de  l'avocat  était  plus  ardue  dans  cette  troisième  partie  de 
la  Réfutation  que  dans  les  deux  premières.  Cette  fois,  il  avait  contre 
lui  l'évidence  des  faits.  11  fallait  tout  le  cynisme  d*un  avocat  romain 
uni  à  la  finesse  d'un  Cicéron  pour  réussir,  ne  fût-ce  qu'à  sauver  les 
apparences.  Incontestablement  Pompée  avait  pris  une  attitude  hostile 
k  Milon.  Il  y  a,  pour  le  prouver,  bien  d'autres  faits  que  la  constitution 
d'un  tribunal  extraordinaire  (1);  Cicéron  se  réserve  d'en  parler  plus 
loin  (§  64  et  suiv.).  Du  libellé  même  de  la  loi  de  Pompée  les  adver- 
saires tiraient  une  conclusion  exagérée,  lorsqu'ils  prétendaient  y  voir 
une  condamnation  complète  et  définitive  de  la  conduite  de  Milon  ;  il 
n'en  est  pas  moins  vrai  que  cette  mesure,  ajoutée  à  tous  les  autres 
actes  de  Pompée,  trahissaient  des  dispositions  malveillantes  et  le  désir 
de  voir  Milon  condamné.  Cicéron  eût  donc  dû,  pour  être  franc,  dire 
aux  jurés  :  «  Pompée  est  hostile  à  Milon,  soit,  je  le  reconnais;  mais 
votre  devoir  est  de  n'envisager  que  le  droit  et  la  justice  et  d'écarter 
toute  considération  personnelle  et  toute  préoccupation  politique.  » 
C'est  le  langage  que  tenait  Berryer,  lorsqu'il  défendit  le  prince  Louis- 

(i)  V,  Commentaire  d'Ascomus,  16-17,  ^*"*  Tédition  de  A.  Wagbner,  p.  22-23. 


•176  LE    MUSÉE   BELGE. 


Napoléon,  contre  le  gouvernement  de  Louis-Philippe,  devant  U 
Chambre  des  Pairs  constituée  en  Haute  Cour  de  justice.  Mais  pour 
que  ce  moyen  réussît  à  l'avocat  romain,  il  eût  fallu  d'abord  avoir  la 
certitude  que  les  juges  étaient  disposés  à  juger  en  toute  indépendance* 
en  second  lieu,  il  eût  fallu  que  la  cause  de  Milon  ne  fût  pas  aussi 
évidemment  mauvaise.  Or  ces  deux  conditions  ne  se  réalisaient  nulle- 
ment. L'orateur  devait  donc  une  fois  de  plus  recourir  à  la  ruse  et 
essayer  de  donner  le  change. 

Il  lui  est  assez  facile  de  montrer  que  la  loi  de  Pompée,  ordonnant 
des  poursuites  à  propos  du  meurtre  de  Clodius,  n'est  pas  Téquivalent 
d'une  sentence  de  condamnation  Si  Ton  fait  abstraction  de  ces  deux 
circonstances  :  que  les  poursuites  sont  Tobjet  d'une  loi  spéciale,  et 
qu'elles  s'exercent  dans  des  conditions  exceptionnelles,  il  n'y  a  aucune 
induction  à  tirer  contre  Milon  du  fait  de  ces  poursuites.  Cicéron  com- 
mence par  dissimuler  la  première  circonstance.  «  Ces  poursuites,  dit- 
il,  comme  toutes  les  poursuites  judiciaires,  ont  pour  objet  de  rechercher 
ou  le  fait,  ou  l'auteur  du  fait,  ou  le  droit.  »  C'est  argumenter  à  côté 
de  la  question  ;  c'est  d'ailleurs  là  un  des  tours  de  passe-passe  auxquels 
l'orateur  recourt  le  plus  volontiers,  lorsqu'il  lui  est  impossible  de 
répondre  à  une  objection.  Nous  en  retrouvons  un  spécimen  des  mieux 
réussis,  dans  le  passage  où  il  prétend  expliquer  pourquoi  Milon  a 
affranchi  ses  esclaves  (§  57).  Ici  il  affiche  d'autant  plus  d'assurance,  il 
poursuit  d'autant  plus  vivement  l'adversaire  de  ses  questions  et  de  ses 
réponses  courtes  et  rapides,  qu'il  a  plus  de  raisons  de  se  donner  les 
dehors  de  la  conviction  la  plus  sincère  (i).  Il  est  à  remarquer  qu'en 
rappelant  avec  insistance  les  prétendus  aveux  de  Milon  :  «  etiam  in 
confessione  facti  —  quum  videret  nos  fateri  —  non  poenam  confession! 
dédit  »,  l'orateur  corrobore  la  réfutation  du  premier  préjugé  en  s'ap- 
puyant  sur  les  actes  de  Pompée  lui-même. 

Le  fait  des  poursuites  expliqué,  restent  les  conditions  extraordi- 
naires de  la  procédure  à  interpréter.  «  Ce  n'est  pas,  remarque  Cicéron, 
une  satisfaction  accordée  à  Clodius.  »  Soit.  Mais  la  question  est  de 
savoir  si  ces  mesures  insolites  (c'est  le  sens  que  nous  attribuons  à  ces 
mots  :  «  quod  sua  sponte  fecit  »  ;  les  mesures  d'exception  sont  dues  à 
l'initiative  de  Pompée,  tandis  que  le  simple  fait  des  poursuites  n'est 
que  l'application  des  lois  de  pi,  de  caede),  la  question,  disons-nous, 
est  de  savoir  si  ces  mesures  insolites  sont  dirigées  contre  Milon,  et 
non  pas  si  elles  ont  été  prises  par  égard  pour  Clodius  :  ces  deux  aspects 
sont  absolument  distincts  ;  le  premier  n'implique  pas  l'autre.  Ici 
encore,  poser  le  problème  comme  il  devait  l'être  était  impossible; 

(1)  V.  Laurand^  o.  c,  p.  129,  p«  241  et  suiv. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  177 


ici    encore,  il  fallait  en  dissimuler  les  termes  et  parler  à  côté  de  la 
question. 

Mais  une  fois  ce  terrain  choisi,  Cicéron  a  beau  jeu.  Aussi  comme  il 
déploie  toutes  ses  ressources  !  Le  contraste  établi  entre  Clodius  d'une 
part,  Drusus.  Scipion,  Pompée,  Cicéron  lui-même  d'autre  part,  est 
écrasant  pour  le  premier.  Les  faits  sont  adroitement  choisis  :  Drusus 
était  l'oncle  de  l'un  des  jurés  les  plus  en  vue,  M.  Caton;  le  second 
Africain  était  un  héros  national  et  son  souvenir  était  resté  cher  aux 
partisans  du  Sénat.  Rappeler  la  mort  de  Papirius,  c*est  un  véritable 
coup  de  maître  :  c'est  tout  à  la  fois  réveiller  Tanimosité  de  Pompée 
contre  un  insolent  qui  l'a  outrageusement  bravé,  contre  l'assassin 
d'un  de  ses  amis  intimes,  c'est  ridiculiser  et  même  rendre  odieuse  la 
pitié  qu'on  aurait  voulu  exciter  en  faveur  d'un  misérable  qui  faisait  si 
bon   marché  de  la  vie  des  autres.  Quant  à  la  tentative  de  meurtre 
commise  sur  la  personne  de  Pompée,  n'est-ce  pas  une  grande  habileté, 
que  de  mettre  ainsi  le  consul  lui-même  en  cause?  Sans  doute  Cicéron 
transforme  en  un  fait  avéré  ce  qu'Asconius  rapporte  comme  un  on-dit; 
mais  la  conduite  qu'avait  tenue  Pompée  lui-même  dans  cette  circon- 
stance l'y  autorise  ;  celui-ci  avait  feint  de  croire  à  ce  qu'on  racontait  ^ 
Cicéron  n'est  sans  doute  pas  fâché  de  rappeler  au  consul  que  Milon 
n'est  pas  le  premier  qu'il  a  cherché  à  compromettre  en  affectant  à  son 
égard  de  la  méfiance  et  des  craintes  exagérées;  enfin  la  façon  dont 
Cicéron  exalte  le  rôle  politique  de  Pompée  ne  pouvait  déplaire  à  celui- 
ci,   ni  aux  flatteurs  qu'il  comptait  parmi  les  jurés.   En  terminant, 
l'orateur  rappelle  avec  une  feinte  modestie  qui  n'est  qu'un  raffinement 
de  vanité,  qu'il  a  failli  lui-même,  à  plusieurs  reprises,  payer  de  sa  vie 
son  dévouement  à  la  patrie,  dont  la  fortune  semble  se  confondre  avec 
la  sienne. 

Si  Ton  examine  maintenant  la  manière  dont  l'argumentation  est 
développée,  dont  les  faits  sont  présentés,  on  constatera  avec  quel  soin 
toutes  les  circonstances  sont  exploitées,  avec  quel  talent  1  orateur 
manie  tour  à  tour  l'ironie  et  l'indignation.  Pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  relisons  le  passage  dans  lequel  il  rappelle  le  meurtre  de 
Papirius.  Les  amis  de  Clodius  prétendaient  que  le  crime  commis  sur 
la  voie  Appienne  revêtait  un  caractère  particulièrement  odieux,  parce 
qu'il  avait  été  perpétré  en  cet  endroit.  «  Comme  si  Appius,  riposte 
Cicéron,  avait  construit  la  voie  Appienne,  non  pour  l'usage  du  peuple, 
mais  pour  que  ses  descendants  pussent  y  exercer  impunément  le  bri- 
gandage !  C'est  pour  cela  sans  doute  que  le  jour  où,  sur  cette  même 
voie  Appienne,  Clodius  tua  un  chevalier  romain  des  plus  distingués, 
je  parle  de  M.  Papirius,  ce  forfait  dut  rester  impuni;  car  c'était  un 
homme  appartenant  à  la  noblesse,  qui  avait  tué  un  simple  chevalier 


1^8  LE   MUSÉE   BELGE. 


romain,  sur  une  chaussée  qui  était  sa  propriété!  »  Quelle  amertume 
dans  cette  ironie,  spécialement  dans  le  dernier  membre  de  phrase,  où 
tous  les  mots  sont  groupés  de  façon  à  former  une  antithèse  suggestive: 
((  homo  nobilis  in  suis  monumentis  equitem  romanum  ».  Puis  l'ora- 
teur passe  brusquement  de  Tironie  à  la  colère,  explosion  naturelle 
d'un  sentiment  trop  longtemps  contenu  :  «  Comédiens  !  vous  parlez 
aujourd'hui  avec  des  larmes  dans  la  voix  de  celle  fameuse  voie 
Appienne;  vous  n'en  parliez  pas  lorsque,  au  lieu  d'un  brigand,  on  y 
tua  un  honnête  homme  !  » 

Des  prémisses  posées  avec  tant  de  force  et  d'habileté  autorisent 
l'orateur  à  conclure  sur  un  ton  d'ironie  triomphante  :  «  Mais  qu'est- 
ce  qu'un  Drusus,  un  Africain,  un  Pompée  et  nous-même  en  compa- 
raison d'un  Clodius?  »  Le  contraste  parle  assez  haut.  Ce  n'est  pas 
tout  ;  Cicéron,  en  veine  de  sarcasmes,  achève  sa  victoire  en  faisant 
un  tableau  plaisant  de  la  désolation  dans  laquelle  la  mort  de  Clodius 
a  plongé  la  République  ;  ici  encore  tous  les  mots  sont  pesés  :  ce  sont 
d'abord  trois  petites  phrases  parallèles  et  d'une  étendue  graduée  : 
«  luget  senatus...  desiderant  »;  puis  ce  sont  les  termes  les  plus  éner- 
giques pour  peindre  le  deuil  universel  :  «  squalent,  adflictantur  ■  ; 
enfin  c'est  une  accumulation  d'épithètes  élogieuses  et  d'exclamations 
on  ne  peut  plus  opposées  à  celles  que  méritait  Clodius,  un  panégy- 
rique enthousiaste ,  qui  positivement  a  dû  arracher  un  sourire  à 
Pompée  lui-même. 

Mais  le  consul  aura  son  tour.  Cicéron  lui  prépare  un  petit  plat  de 
sa  façon  qui  lui  arrachera  non  plus  un  sourire,  mais  une  grimace.  Le 
moment  est  venu  d'aborder  le  point  le  plus  scabreux  de  toute  cette 
discussion  :  il  sera  moins  facile  de  dire  pourquoi  Pompée  a  recouru  à 
des  mesures  exceptionnelles,  que  de  prouver  que  la  personnalité  de 
Clodius  n'y  est  pour  rien.  Impossible  toujours  de  dire  la  vérité;  tant 
il  est  vrai  qu'à  bâtir  sur  un  mensonge,  on  se  condamne  à  accumuler 
jusqu'au  faîte  sophisme  sur  sophisme.  Les  vrais  motifs  de  la  conduite 
de  Pompée  sont  connus  ;  Cicéron  les  connaît  sans  doute  mieux  que 
plusieurs  de  ses  auditeurs  ;  mais  il  ne  pourrait  les  exprimer  publique- 
ment, sans  admettre  par  le  fait  même  le  préjugé  qu'il  combat.  D'autre 
part,  il  doit,  sous  peine  de  s'avouer  vaincu,  donner  une  explication 
plausible  de  la  conduite  de  Pompée.  Enfin  il  est  permis  de  croire  qu'il 
a  l'ambition  de  faire  entendre  au  consul  qu'il  n'est  pas  dupe  de  ses 
propres  mensonges.  Il  allègue  donc  deux  circonstances  qui  d'après  lui 
ont  inspiré  les  mesures  de  Pompée. 

Mais,  on  remarquera  qu'avant  de  les  indiquer,  il  fait  allusion  à 
beaucoup  d'autres  circonstances,  que  Pompée  aurait  envisagées  : 
<c  multa  vidit  »;  et  plus  loin  :  «  multa  etiam  alia  vidit  0.  J'imagine 


PARTIE   PÉDAGl^GIQUE.  I/Ç 


qu'en  prononçant  ces  paroles  —  si  toutefois  elles  ont  été  prononcées  — 
1* orateur  se  tournait  vers  Pompée  et  jouissait  de  sa  petite  vengeance  : 
«   N'allez  pas  croire,  Pompée,  devait-il  se  dire,  que  je  n*ai  pas  vu  clair 
dans  toutes  vos  manigances;  ce  que  je  dis  ici,  c'est  pour  la  galerie!  » 
Et,  pour  la  galerie,  après  avoir  attribué  à  Pompée  un  esprit  prophé- 
tique tt  divina  quadam  mente  praeditus  »,  ce  qui  est  encore  bien  d'un 
maître  ironiste,  il  cite  une  première  circonstance  :  Pompée  s'est  rap- 
pelé... qu'il  venait  de  se  réconcilier  avec  Clodius.  On  peut  se  demander 
s'il  y  avait  parmi  les  jurés  des  hommes  assez  naïfs  pour  admettre  cette 
misérable  explication.  Il  est  vrai  que  moins  convaincante  était  la  raison 
alléguée  par  lorateur,  plus  sanglante  était  l'ironie  des  mots  :  «  multa 
vidil  ».  De  plus,  il  fallait  bien  dire  quelque  chose.  Cependant  ceci  est 
vraiment  fort  peu  de  chose;  car  qui  ne  voit  qu'il  y  avait  de  la  marge 
entre  des  témoignages  de  joie  et  les  actes  de  sévérité  posés  à  l'égard 
de  Tassassin  de  Clodius?  Cicéron  le  sent  bien  et  peut-être  ces  mots  : 
«  multa  vidit,  multa  etiam  alia  vidit  »,  au  lieu  de  renfermer  une  allu- 
sion piquante  aux  arrière-pensées  de  Pompée,  trahissent-ils  tout  sim- 
plement l'embarras  d'un  homme,  qui  ne  se  dissimule  pas  le  vide  de 
son  explication  :  il  cherche  à  se  racheter  par  des  affirmations  vagues 
et  générales,  qui  ne  le  compromettent  point  et  qui  voilent  légèrement 
la  faiblesse  de  ses  raisonnements;  alors,  toute  sa  vengeance  à  l'égard 
de  Pompée  aurait  consisté  dans  ce  rapprochement  d'une  amère  ironie  : 
a  (Clodium)  sibi  inimicum,  familiarem  Milonem  ». 

La  seconde  circonstance  est  celle-ci  :  le  tribunal  est  composé  de 
citoyens  que  leur  situation  et  leur  caractère  disposent  à  juger  en  toute 
indépendance  :  explication  qui  n'a  pas  plus  de  valeur  que  la  précé- 
dente. Ce  n'est  même  pas  une  explication  :  cette  circonstance  pouvait 
faire  croire  à  Pompée  que  sa  sévérité  ne  nuirait  pas  à  Milon,  supposé 
qu'il  redoutât  cette  éventualité;  mais  elle  ne  rend  pas  raison  de  cette 
sévérité;  elle  pouvait  tout  au  plus  rassurer  Pompée  sur  les  consé- 
quences de  sa  conduite,  supposé,  encore  une  fois,  qu'il  n'eût  pas  d'in- 
tention hostile  à  Milon.  Il  est  vrai  que  Cicéron  avait  plus  d'un  motif 
pour  introduire  ici  ce  développement  :  il  importait  de  conserver  ou  de 
conquérir  autant  que  possible  les  sympathies  des  jurés  ;  vraisemblable- 
ment le  président  attendait  le  compliment  de  rigueur;  enfin  Cicéron 
suscitait  par  là  une  occasion  de  démentir  le  bruit  d'après  lequel 
Pompée  avait  systématiquement  exclu  de  la  liste  des  jurés  le  nom  de 
plusieurs  amis  de  l'orateur.  De  là  cet  éloge  de  la  sagesse  et  du  carac- 
tère des  jurés,  de  la  fermeté  du  président;  de  là  cette  distinction  entre 
les  «  amici  »  et  les  «  familiares  »  et  cette  conclusion  un  peu  forcée  qui 
fait  de  tous  les  jurés  des  amis  de  Tavocat  ;  de  là  enfin  ces  exhortations 
à  la  fermeté  envers  la  canaille,  à  l'indépendance  envers  Pompée,  dis- 
crètement glissées  sous  les  éloges. 


l8o  LE    MUSÉE   BELGE. 


RÉCAPITULATION    (§   23). 

Il  est  naturel,  et  ce  n'est  pas  un  usage  propre  à  Téloquence  clas- 
sique, qu'après  une  longue  discussion,  Torateur  rassemble  en  faisceau 
les  points  essentiels  de  l'argumentation  et  mette  nettement  en  lumiàie 
le  résultat  obtenu.  C'est  ce  que  Cicéron  fait  dans  ce  paragraphe. 

I.  Résumé  de  la  Réfutation  (Collectio)  :  «  Si  neque  omnis...  dis- 
ceptet.  »  Les  trois  préjugés  sont  brièvement  rappelés;  Toraieur  insiste 
à  bon  droit  sur  un  point  particulier,  se  rapportant  au  troisième  :  le 
choix  des  jurés  et  du  président. 

II.  Indication  du  résultat  acquis  (Conclusio)  :  «  Quamobrem,  ut 
aliquando  ad  causam  crimenque  veniamus,  reliquum  est...  fecerit.  « 
On  se  rappelle  que  l'orateur,  en  commençant  la  Réfutation,  a  indiqué 
le  résultat  à  obtenir  :  •  ut,  omni  errore  sublato,  rem  plane  quae  veniat 
in  judicium,  videre  possitis.  »  Le  but  est  atteint;  il  est  clair,  à  présent, 
affirme  Cicéron,  qu'il  ne  s'agit  plus  que  de  savoir  lequel  des  deux  a 
tendu  des  embûches  à  l'autre.  Cette  conclusion  est  forcée.  De  ce  que 
Milon  peut  être  défendu,  il  ne  s'ensuit  pas  que  la  question  à  résoudre 
est  de  savoir  qui  est  l'agresseur  :  raisonner  amsi,  c'est  écarter  a  priori 
Thypothèse  d'une  rencontre  fortuite  (i).  Cicéron  feint  de  ne  pas  même 
éprouver  la  moindre  hésitation.  C'est  pourtant  là  le  défaut  capital  de 
son  premier  système  de  défense.  Mais,  nous  l'avons  dit  en  analysant 
la  Proposition,  laccusation  avait,  la  première,  porté  le  débat  sur  ce 
terrain;  la  défense  l'y  a  suivie. 

III.  Transition  à  la  Narration  [Transitio)  :  •  Quod  quo...  atten- 
dite.  » 

(i)  V.  AscoNius,  3o,  dans  l'éd.  de  A.  Wagbnbb,  p.  Sg. 


LIVRES  NOUVEAUX 

V.     £AYET,  L'i'ico  de  Bien.  Essai  sur  le  principe  et  Tart  moral  rationnel.  Parie, 

.Alcan.  1908,  3  fr.  75. 
V  .    CH APOT,  La  frontière  de  TEuphrate  de  Pompée  à  la  conquête  arabe.  Paris, 

15'onteir.oing,  1908. 
CH.  COLLARD,  A  la  recherche  de  l'éducation  protectrice  en  Prusse.  Louvain, 

Ch.  Peeterp,  1908.  152  pp. 
J.    DE  LA  MARSINIÈRE.  Saint-Cybard.  Etude  d'hagiographie.  vii«-xii«  siècle. 

Paris,  Picard,  1908. 
A.    DE  MARCHI,  Apologisti  crîstiani  scelti  e  commenfati.  Con  introduziono, 

©ppendice  ed  illuslrati^ni.  Milan,  Fr.  Vallardi,  1907,  li-336  pp. 
A.  V.  DOMASZEWSKI,  Die  Anlage  der  Limeskastelle.  Mit  5  Tafeln  Heidel- 

berg,  Winter,  1908.  1  fr. 
J.     GEFFCKEN.   Sokrates   und   das  alte  Christentum.  Vortrag     Heidelberg, 

Winter,  1908,  1  fr. 
A.    GRICOURT  et  M.  KUHN,  England  past  and  présent.  A  reader  for  the 
higher  forms.  First  part  :  Geographj  and  Instory.  2  fr.  50.  Second  part  : 
Literafure.  2  fr.  Paris.  F.  Nathan,  18,  rue  de  Condé,  Paris,  1908. 
G.  N.  HATZIDAKIS,  La  question  de  la  langue  écrite  nôo-grecque.  Athènes, 

Sakellarioé.  1907,  200  pp. 
H-  HOEFFDING.  Philosophes  contemporain?.  Paris,  Alcan,  1908,  3  fr.  75. 
KARL  KRAUSE's  Deutsche  Grammatik  fur  Auslânder  jeder  Nationalitfit  mit 
bcsonderer  Rucksicht  auf  auslundische  Institute  in  Deutschland  und  deutsche 
Institute  im  Ausiande  neu  bearbeitet  von  D*^  Karl  Nrrqkr   6^^  Aufl.  Breslau, 
J.  U.  Kern,  1908,  3  m.  60. 
M.  LEVAILLANT,  M.  Tullii  Ciceronis  in  L.   Catilinam  orationos  quattuor. 
Texte  laiin  publié  avec  une  introduction  historique,  grammaticale  et  litté- 
raire, des  analyses  et  des  notes.  Paris,  Hachette,  1907,  1  fr.  50. 
W.  M.  LlJsDSAY.  Contractions  in  early  latin  minuscule  mss.  St  Andrews  Univ, 

Publications,  V.  Oxford,  Parker.  1908,  54  pp. 
F.  LUES,  Les  établissements  romains  dans  les  environs  d'Arlon.  Arlon,  Bruck. 

1908.  50  pp.  gr.  in  8". 
Mgr  a.  LOPEZ  PELAEZ,  Les  Ravages  du   Livre.    Traduit  de   l'Espagnol. 
Avignon.  Aubanel,  1908. 

F.  MAGNETTE,  Les  émigrés  français  aux  Pays-Bas.  1789  1794.  Bruxelles, 
Lamertin,  1907.  144  pp. 

A.  MALET.  Histoire  contemporaine,   1789-1900.   Paris,  Hachette,  1908,  4  fr. 

G.  RAMAIN,  Ciccron.  Choix  de  lettres.  Texte  latin,,  publié  avec  une  introduc- 
tion, des  notices,  un  commentaire  explicatif  et  dos  notes  critiques.  Paris, 
Hachette,  190S,  2  fr. 

G.  SALVIOLf .  Le  cnpitulisme  dnns  le  monde  antique.  Traduit  sur  le  ms.  italien 

par  A.  Bonnet.  Paris.  V.  Giard  et  Biièro,  1906,  iv-321  pp. 
K.  SICKER,  Novae  quaestiones  Plautinae.  Philologus,  Supplbd.  XI. 
TH.  SIMAR.  Notice  sur  les  livres  do  Juetr-Lipse  conservés  dans  la  bibliothèque 

roycile  de  Leydo.  Paris,  Champion,    1907,  27  pp.  extraites  de  la  Revue  des 

Bibliothèques.  Cet  -Dec.  1907. 
E.  STAMPINI.  La  metrica  di  Orazio  comparata  con  la  greca  e  illnstrata  su 

liricbe  ecelte  del  poeta.  Con  una  appendice  di  Carmi  di  Catullo.  Nuova  trat- 

taziono.  Turin,  Loescher,  1908,  104  pp. 
EUG.  ULRIX,  De  Gerraaansche  Elementen  in  de  Romaansche  talen.  Proeve 

van  een  Germaansch-Romaansch  Woordenboek.  Gent,  Siffer,  1907,  208  pp 

(Kon.  Vlaamsche  Académie).  7  fr.  50. 


SOMMAIRE. 


MÉLANGES. 

1 

^beri  Coumm.  Le  génie  de  Ttîoe,  s. s  admirateurs  et  Èti  détracteurs 
PARTIE   BIBLtOGRAPHÏQUE- 

Antiquité  classique^ 

69,  A\  Rîe^ler,  Ueber  Finanicn  Iïtî  tlten  GricchenUnd  (H,  FftQCoUc)  . 

70.  Ch,  GiliUrd.  Quiilques  reformes  de  Sot  on  (Le  même) 
71 1  P^WendfanJ,  Judenlum  und  Christcnium  (A.  Thomisicn)      . 
7î-7ï/l.  DWitri*e//e,  GmlUumeBiiié(Àlph.  Ro^îfsch)   .        .         -        *       _• 
7  t.  /îôfrcrf  Forri-r.  ReaUeiiltotï  d.*r  prâcHisionschcn,  klissischeti  und  Irûh- 

chfUllicben  AlterïÛ.ncr{J.  P.  WiUzïng)       .        *        *      ^J      J         * 
75,  ^feèé  a^rmf^rf  Jugé,  Nicolas  Déniât  du  Mans  (iSiS-ïSSg).  Essai  ^ur  s» 

vie  et  »es  oeuvres,  i  A,  Rocrscb)    ,        -        .        * 

Langues  tt  littératures  romanes. 
76    Or   AfarAAa/,  Lamennais  et  Limariinc  (G.  Dûuircpont) 
77!  Le  ^e.  Le  véritable  Voyage  e»  Orietit  de  Lam^tïne  [U  même) . 
78.  M.  Souriau,  Les  idées  morales  de  V,  Hugo  (\.  Counaon) 

Languei  et  littéraiurÊS  germaniques. 
70    C  Wri^/it  Histoncaî  german  |ramîtiar(C  Lecûutere)    .        <        •        ^ 

80.  l!  SûtteHùt,  Die  dexjtsche  Sprache  dcr  Gegcnwan  (Le  mime) . 

81.  A.  De  Ridder,  Sijjn  Streuvcls  (Le  même)          .•--•* 
8j.  F.  Btiitennist'Hettema,  Taal-  en  dichrerstudics  (Le  même)       . 
H3,  G.  Katff,  Nedcrtandache  IcUerkunde  (Le  même) 

Histoire  et  géographie, 
84,  E,  Marx^  Dirr  niederlûndiachc  Aufstaod  (\,  De  Meeater)* 
Sa!  iV.  Valoh,  Pragmaiî|uc  sanction  de  Bourgci  (G,  MolUt) , 

NoUcdi  et  annonces  bibUographiqaes. 

86-ni  Publîcali-ns  de  R.  Hdm.  A.  Gudeman,  U  MitteU,  G.  Goyio, 
E  Schwan^  H,  Van  de  Weerd,  Chr.  Bauf,  A.  Dufourcq,  Stamm-Hcynf, 
c"  Vierboui  et  Ch.  AUena.  G.  Geîelle,  F-  Meyer,  K,  Heim,  K  Ko*:hen- 
dœrffer.  C  C.  van  de  Graft,  G.  BurgbtrJ,  P.  Henkens,  P.  Uoc»s»er,  L,  Vâo 
der  Ksaeii,  L,  GougarJ,  B.  AUo,  Mtyer,  C.  Ftammamn      .        ,        *        . 

CHRONIQUE. 

Il 2«  Programme  Jes  concours  de  r Académie  tiamandc  (1910-1911), 

PARTIE  PÉDAGOGiaUE- 
K,  Gérard,  Les  premières  page»  du  Pm  Mitone 


ttl 
117 
it9 

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i36 
i?7 


»39 
141 
143 


Douzième  Année,  —  N*»  5. 


iS  Mai  190g, 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE   BELGE 

REVUE  DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


P.  C20LLAIIB 


J.  P,  WâXTZING 

PaaPlStKU»  A  l'uMI TIRAIT i  HB  LIÈG« 


Pirmlevanl  toyi  lit  m«lt,  è  l'ti«ipll»ii  ûm  mail  d'Mai  il  il  iipttmbrt 


LOUVAIN 
CHARLES  PEÊTERS,   LIBRAIRE  ÉDITEUR 

ao,   ftU«  DE   ItAHUB,    30 


PARIS 

A.   FONTEMOING 

A.  tut  Lt  Gaf 


BERLIN 

R.  FRIEDLAENDER   ET   FILS 

C&rliifuw,  II,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  à  TUniversité  de  Louvtin. 

Bayot,  A  ,  chargé  de  cours  k  l'Universilé  de  Louvain. 
Bischoff,  H.,  professeur  à  PUniversité  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Gauchie,  A.,  professeur  k  TUniversilé  de  Louvain. 
Gloson.  J.,  chargé  de  cours  à  IX'niversité  de  Liège. 
Gollard,  F.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Gounson,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Gand. 
De  Geuleneer,  A.,  professeur  à  rUiiivcrsilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L*.,  professeur  à  FUniversilé  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  TUniversilé  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars.  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Banquet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Janssens,  E.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  k  TUniversité  de  Lodvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  k  Lou\ain. 
Mayence,  F.,  charge  de  cours  k  rUniversité  de  Louvain. 
Mœller,  Gh.,  professeur  k  rUniversité  de  Louvain. 
PouUet,  Pr.,  professeur  k  rUniversité  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  k  rUniversité  de  Gand. 
Sencie,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortpoy,  F.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Waltzing,  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WALTZING,  0,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M  J  P.  Waltzin^,  professeur 
à  l'Université  de  Liége^  9,  rue  du  Pare,  liège. 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  F.  Gollar  d 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold,  22^  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
nemment  est  (iié  k  iO  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  l^s  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  Gn.  Pekters,  libraire,  rue  de  Namur,  âO,  k  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  3  vol.  de  3â0  k  480  pages,  son^  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement,  les  abonnés  pourront  se  procur<»r  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  T  fk*.  ttO  par 
année»  le  port  en  sus. 


Douzième  année.  —  N^  S.  iS  Mai  1908. 

Bnlletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE   BELGE. 


MÉLANGES. 

LES  MOTS  EMPRUNTÉS. 

I.    —    La    Dette   de   l'Allemand. 

Un  jour,  dans  un  express  prussien,  une  voyageuse  française  s'amu- 
sait de  reconnaître  tant  de  mots  de  sa  langue  maternelle  dans  im 
écriteau  allemand  apposé  aux  parois  du  coupé,  a  II  faut  savoir,  lui 
dit  son  mari  en  se  rengorgeant,  que  Tallemand  est  une  langue  exces- 
sivement pauvre,  excessivement  pauvre  «.  Philologie  de  revancheur, 
direz-vous,  et  aussi  informée  que  celle  de  Lamartine  (i);  mais, 
comme  toutes  les  sottises,  elle  est  le  reflet  de  faits  véritables.  L'alle- 
mand, de  même  que  les  autres  langues  modernes,  a  enrichi  son  voca- 
bulaire d'une  foule  de  mots  qu'il  empruntait,  avec  les  objets  importés 
et  les  institutions  adoptées,  aux  Grecs  et  aux  Romains,  aux  Français 
et  aux  autres  peuples  étrangers.  C'est  donc  ime  idée  très  plausible  et 
féconde  qu'a  eue  M.  Fr.  Seiler,  de  suivre  «  le  développement  de  la 
civilisation  allemande  dans  le  miroir  du  mot  d'emprunt  0.Son  livre, 
Die  Entwicklung  ier  deuischen  Kuliur  im  Spiegel  des  deutschen  Lehnworts 
<Halle  a.  S.,  Waisenhaus,  t.  I*  (iQoS),  II*  (1907),  118  et  263  pp., 
2  m.  30  et  2  m.  So)  est  savant  comme  un  dictionnaire ,  suggestif 
et  amusant  comme  une  étude  de  mœurs. 


Tout  d'abord,  pour  l'Allemand  d'aujourd'hui  qui  parle  de  Lehnwort 
ou  de  Fremdwort,  une  question  se  pose  qui  n'est  pas  de  pure  spécu- 
lation psychologique  ou  historique.  Ne  faut-il  pas  épurer  la  langue,  et 
un  bon  patriote  ne  doit -il  pas  bannir,  autant  que  possible,  les  termes 
exotiques?  On  sait  qu'im  mouvement  puriste,   nationaliste,  agite 

(1)  Vivent  les  nobles  fils  de  la  grave  Allemagne 


Leur  langue  a  les  grands  plis  du  manteau  d'une  reine; 
La  pensée  y  descend  dans  un  vague  profond. 


l82  LE   MUSÉE   BELGE. 


aujourd'hui  bien  des  langues,  depuis  le  flamand  jusqu'à  la  langue 
romaïque  et  au  roumain.  L  allemand  est  en  proie  aux  épurateurs. 
Ceux-ci  se  sont  groupés  en  une  vaste  association  ;  et  chacun  travaille 
de  son  mieux  à  l'école,  dans  les  administrations,  dans  les  revues,  à 
«  germaniser  »  le  vocabulaire.  Tel  magistrat  dit  dans  l'exercice  même 
de  ses  fonctions  :  «  Herr  Amtsgenosse,  pour  ne  pas  dire  Collège.,,  ».  On 
fabrique  des  composés  à  perte  de  vue,  des  mots  longs  dune  toise, 
pour  remplacer  les  mots  exotiques.  M.  Seiler,  avec  beaucoup  de  bon 
sens,  dit  ce  qu'il  y  a  de  factice  dans  ces  efforts  ;  il  préfère  résolument 
le  mot  tram  à  Dampfstrassenbahn  et  autres  termes  de  la  même  élégance. 
—  La  réaction  est,  en  somme,  aussi  extrême,  aussi  excessive,  que  le 
pédantisme  des  gens  qui  émai lient  leur  propos  de  mots  étrangers 
souvent  mal  compris  et  mal  employés.  Dans  Die  verlorene  Handsckrift 
de  Gustav  Freitrag,  une  femme  savante  de  sous-préfecture,  en  con- 
versation avec  deux  philologues,  emploie  côte  à  côte  le  terme  exo- 
tique et  le  terme  indigène,  mais  choisit  le  premier  avec  tant  d'igno- 
rance que  le  mot  allemand  dit  le  contraire  du  mot  latin  ou  français. 
Le  comique  était  alors  dans  la  gallomanie  ;  on  pourrait  le  trouver 
aujourd'hui  dans  le  purisme. 

Le  souverain  a  parfois  favorisé  le  mouvement  nationaliste  en 
matière  de  langage  ;  et  de  même  que  Guillaume  IIi  germanise, 
paraît-il,  le  menu  (Speisenfolge),  la  sauce  (Tunke),  etc.,  on  annonce 
que  Victor  Emmanuel  IIJ  se  soucie  de  baptiser  en  italien  le  même 
menu  et  d'autres.  Ces  monarques  ne  sont  pas  à  cet  égard  sans  anté- 
cédents : 

«  Suétone  raconte  que  Tibère  portoit  tel  respect  à  sa  langue  que 
voulant  user  en  plein  Sénat  du  mot  de  monopole ^  qui  estoit  emprunté 
du  grec,  ce  fut  avecque  une  certaine  préface,  demandant  congé  de 
ce  faire  ;  et  luy-mesme  une  autrefois  fit  effacer  d'un  Décret  du  Sénat 
le  mot  d'emblème,  comme  estant  mandié  d'une  autre^Langue  que  de 
la  Latine,  enjoignant  tres-estroitement  que  si  l'on  ne  pou  voit  trouver 
diction  propre  qui  peust  représenter  celle-là  en  Latin,  pour  le  moins 
que  l'on  en  usast  par  un  contour  de  langage  »  (i). 

Les  décrets  et  les  ukases  ne  sont  pas  toujours  ratifiés  par  le  souve- 
rain maître  du  langage,  l'usage;  et  Malherbe  déclarait  à  Henri  IV 
que,  tout  absolu  qu'il  fût,  il  ne  saurait  changer  le  genre  des  mots. 
En  tous  cas,  si  les  rois  voulaient  appliquer  logiquement  aux  langues 
le  protectionnisme,  ils  auraient  à  remonter  le  courant  de  bien  des 
siècles. 


(i)  tsiiENNE  Pasqluier,  Rccherches  delà  France,  VIII,  ch.  I. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  l83 


Une  fois  résolue  —  ou  écartée  —  la  question  d'actualité,  l'étude 
des  mots  véritablement  incorporés  dans  une  langue  reprend  l'histoire 
des  diverses  acquisitions  nationales.  Autant  la  philologie  a  dû  enre- 
gistrer de  faillites  quand  elle  a  voulu  reconstituer  la  préhistoire  indo- 
g"ermanique  à  l'aide  des  spéculations  linguistiques,  autant  elle  est 
généreuse  et  animée  quand  elle  compare  les  vocabulaires  observables 
des  peuples  modernes.  Gaston  Boissier  a  rappelé  qu'à  l'apparition  du 
dictionnaire  de  Littré,  le  public  lisait  avec  avidité  les  divers  articles, 
trouvant  dans  la  série  des  exemples  et  des  sens  l'histoire  même  de  la 
chose  dénommée.  Plus  récemment  M.  A.  Meillet  a  justement  exposé 
le  caractère  social  du  phénomène  sémantique  (i)  :  ce  qui  est  vrai  de 
l'évolution  des  significations  apparaît  plus  immédiatement  évident 
quand  un  mot  passe  d'une  langue  dans  une  autre.  —  Aussi  bien,  une 
abondante  «  littérature  »  de  l'emprunt  est  venue  éclairer  une  foule  de 
sujets,  depuis  l'Orient  sémitique  ou  grec  jusqu'à  l'Occident  germain 
ou  latin  :  «  Les  livres  d'Otto  Keller,  de  Muss  Arnolt  et  de  H.  Lewy, 
en  nous  donnant  la  liste  des  mots  empruntés  par  les  Grecs  aux 
vocabulaires  sémitiques,  nous  font  soupçonner  les  emprunts  de  la 
civilisation  grecque  aux  civilisations  orientales  »  (2).  Et  plus  près  de 
nous,  et  plus  sûrement,  les  vocabulaires  sont  scrutés  au  point  de  vue 
des  rapports  entre  Germains  et  Latins.  M.  Eugène  Ulrix  vient  de 
publier  De  Gcrmaansche  Elementen  in  de  romaansche  taUn^  proeve  van  un 
germaansch-romaansch  woordenboek  (Koninklijke  Vlaamsche  Académie 
voor  taal-  en  letterkunde,  Gand,  Siffer  1907,  208  p.).  Il  a  recueilli 
tout  ce  qui  a  été  publié  —  ou  à  peu  près  —  sur  cette  vaste  matière, 
et  sans  chercher  à  faire  des  chapitres  d'histoire  de  la  langue  et  de  la 
civilisation,  il  a  mis  ses  nombreux  documents  en  un  dictionnaire 
comme  celui  de  Kôrting.  Nous  en  reparlerons. 

M.  Seiler,  lui,  a  entrepris  la  Kulturgeschichte.  Comme  une  histoire 
doit  avoir  des  points  de  repère,  des  dates,  il  les  cherche  naturelle- 
ment dans  les  grands  phénomènes  qui  marquent  les  étapes  de  la 
langue  allemande.  La  Laulverschiehung,  qui  s'accomplit  du  v^  au 
vue  siècle,  permet  de  situer  avant,  pendant  ou  après  cette  période  les 
mots  empruntés,  suivant  la  forme  de  leurs  consonnes  dentales, 
labiales  et  palatales.  Comme  /  passe  à  r,  qu'ensuite  p  devient  pf^ 
qu'enfin  k  donne  cA,  on  peut  dire  que  le  latin  porta  (>  ail.  Pforte)  est 

(1  j  Comment  les  mots  changent  de  sens,  dans  V Année  soàologique  de  Durkheim- 
9«  année,  1904-1905,  Alcan  1906,  pp.  i-38  (voir  notamment  les  exemples,  boycott 
ter,  etc.). 

(2)  V.  BÉRARD,  Les  Phéniciens  et  l'Odyssée^  I,  p.  4-5;  — O.  Keller,  Lateintsche 
Volksetxmologte ;  Lat.  Etym.;  Muss-Arnolt,  Semitic  Words  in  Greek  and 
Latin  ;  H.  Lewy,  Die  semitischen  Fremdworter  im  Griechischen. 


184  LE  MUSÉB  BSLGB. 


entré  dans  les  parlers  germaniques  après  révolution  de  /,  avant  celle 
de  py  qu'il  a  subie.  C'est  après  celle-ci  qu'entre  pium^  mais  c'est 
avant  l'évolution  de  Cy  puisque  Pech  a  ck.  Pforte  nous  reporte  donc  au 
v«  siècle,  et  Pech  au  vi«  (I,  6).  —  Wiin  (vinus),  PF^i/^(villare),où  le  » 
latin  est  rendu  par  w^  ont  été  importés  plus  tôt  que  Vers^  Vikar^  où 
il  est  rendu  par  le  »  allemand  (•=-/).  —  L'assibilation  du  c  latin,  à 
laquelle  Ch.  Joret  consacra  jadis  un  énorme  livre,  et  de  laquelle  on  a 
donné  des  explications  si  contradictoires,  est  placée  par  M.  Seilerau 
vi«  siècle  (I,  7).  L'anglo-saxon  complète  à  l'occasion  les  moyens  de 
dater  les  termes  qui  se  retrouvent  dans  tout  le  domaine  germanique. 
Le  premier  volume  de  louvrage  est  consacré  aux  importations  qui 
ont  précédé  chez  les  Germains  la  Lautverschiebung,  le  christianisme  et 
la  littérature. 


Les  Germains  se  trouvèrent  d'abord  en  contact  avec  les  Celtes  — 
qu'ils  refoulèrent  finalement,  —  et  ils  ont  gardé  de  ces  siècles  loin- 
tains plusieurs  emprunts,  et  plusieurs  mots.  Les  noms  de  peuples  et 
de  pays  sont  de  ceux  qui  se  conservent  et  se  transmettent  le  plus 
facilement  d'une  langue  à  l'autre  :  les  mots  celtiques  Boit  (Boihaemmm) 
et  Volcae  (  >  Walah)  survivent  dans  les  noms  allemands  —  et  ensuite 
français  —  de  la  Bohème^  des  Welches,  des  Wallons.  —  C'est  aux 
Celtes  encore  que  les  Germains  auraient  emprunté  les  dénominations 
du  fer  (Eiseu),  du  plomb  (Blet),  de  la  fourche  (Gabel)^  du  pot,  —  Dans 
Tordre  politique,  il  est  assez  curieux  que  les  mots,  aujoiu-dTiui  si 
«  allemands  »,  Amt  et  Reich^  remontent  à  des  radicaux  celtiques.  Le 
dernier  représente  le  radical  rig  qui  est  conservé  dans  des  noms 
comme  Vercingeto^rjif  et,  sans  doute,  kmhiorix. 

Mais  la  culture  celtique  devait  être  résorbée  dans  l'empire  romain, 
qui  allait  donner,  suivant  la  célèbre  formule  de  Rutilius,  patriam 
diversis  gentibus  unam. 

Qu*avez-vous  appris  aux  Germains  î 

demandait  le  Paysan  du  Danube.  Les  sénateurs,  n'étant  pas  philo- 
logues, ne  trouvèrent  rien  à  répondre.  Il  y  avait  pourtant  ample 
matière,  et  M.  Seiler  le  fait  bien  voir. 

Le  premier  emprunt  historique  est  le  nom  de  Casar,  qui  est 
devenu  Kaiser.  L'imagination  des  Barbares  est  surtout  frappée  par  le 
chef  des  envahisseurs,  qu'il  soit  Alexandre  ou  Scipion  ou  Bonaparte 
ou  Boula-Matari  ;  et  le  nom  propre  latin  est  devenu  nom  générique 
dans  plusieurs  langues  —  comme  celui  de  Karl  le  deviendra  du  côté 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUB.  l85 

de  la  Lithuanie  (i).  —  Du  nom  même  de  Roma  les  Germains  tirèrent 
le  dérivé  qui  est  devenu  Roemer, 

Dans  l'enceinte  du  limes,  la  région  du  Neckar  et  du  Main  inférieur 
se  trouvait  romanisée,  et  elle  a  gardé  plus  d'éléments  romains  que 
le  reste  du  pays  ;  après  la  ruine  de  l'Empire,  la  monarchie  franque 
et  l'Église  catholique  —  particulièrement  les  ordres  monastiques  — 
favorisèrent  les  relations  entre  Barbares  et  Romans,  et  l'introduction 
de  termes  latins. 

Les  rencontres  sur  le  champ  de  bataille  ont  fait  connaître  le  pilum 
que  lançaient  les  soldats  romains,  et  le  draco  qui  flottait  sur  les 
cohortes  ;  aussi  les  Germains  gardent-ils  ces  mots  (Pfeil  et  Dracke), 
comme  ils  donneront  d'abord  aux  Gallo-Romans  envahis  des  termes 
de  guerre  (guerre,  gonfanon,  /teaume,  haubert,  etc.). 

Les  Romains  étant  aussi  bons  maîtres  en  matière  de  fortification 
qu'en  guerre  ofifensive,  les  noms  de  vaîlum,  palus,  casiellum,  sirata  sont 
restés  sous  la  forme  de  Wall,  Pfahl,  Kastel,  Strasse.  Le  nom  même  du 
combat,  Kampf,  paraît  bien  être  le  campus  latin. 

L'administration  impériale  laisse  sa  trace  dans  Zoll  (tolonea)  et 
Zoellner,  Speicher  (spicarium),  Weiler  (resté  dans  beaucoup  de  noms 
de  lieux,  comme  aussi  Weiher  —  vivarium)  :  l'organisation  de  la 
justice  a  répandu  les  mots  de  Kerker  (carcer),  Kette  (catena),  Pfand 
(probablement  =  pannus),  sicher  (securus),  kosen  (causari),  Pacht 
(pactum). 

L'emploi  officiel  des  dates  substitua  à  l'ancienne  habitude  germa- 
nique de  compter  par  nuits  (2),  les  noms  latins  des  jours  de  la 
semaine  ;  seulement  les  Barbares  les  traduisirent,  ou,  si  Ton  veut,  les 
transposèrent  en  leur  m3rthologie.  Solis  dies  (que  devait  supplanter 
dits  dominica  des  Chrétiens)  a  été  rendu  par  sunnundag,  Sonntag;  Martis 
dies  devint  le  jour  du  dieu  Tkingsus  :  Dienstag,  et  ainsi  de  suite.  — 
Ce  n'est  que  plus  tard  —  à  l'époque  mérovingienne  —  que  furent 
adoptés  les  noms  des  mois  ;  Jànner,  Marx,  Mai,  Augusi  passèrent  les 
premiers,  les  autres  mois,  particulièrement  ceux  d'automne,  conti- 
nuant un  certain  temps  à  être  désignés  par  les  noms  germaniques, 
d'après  leur  production  :  TI^#W«w^wo«a/ désignait  le  mois  des  vendanges 
—  et  fut  plus  résistant  que  le  vendémiaire  de  Fabre  d'Eglantine.  En 
wallon  encore,  l'automne  (weyintin  —  temps  des  regains)  est  la  seule 
saison  qui  n'ait  pas  subi  le  baptême  ordinaire  (prétin,  osté,  ivier),  — 
Heumond  (le  mois  du  foin,  juin)  apparaît  parfois  encore  dans  l'alle- 
mand poétique. 

(  1  )  G,  Paris,  Histoire  poétique  de  Charlemagne, 

(2)  Il  en  reste  des  traces  daoB  ftnglais /orrnt^Af  et  surtout  dans  rallemand  Fast' 
nacht,  Weihnachten, 


l86  LB   MUSÉE   BELGB. 


Le  vin,  son  commerce  et  sa  culture,  le  bâtiment,  ont  fourni  aussi 
leur  contingent  d'emprunts  latins  au  vocabulaire  germanique  :  Keller 
(cellarium),  Kclch  (calicem),  Pfeiler  (pilarius),  etc. 

L'Allemagne  rustique  elle-même  porte  des  fruits  qu'en  sa  langue 
elle  n'avait  pas  nommés.  Ces  jours-ci  sans  doute,  M.  Ferrero,  en 
voyant  fleurir  les  cerisiers,  a  songé  avec  sa  gratitude  dliistorien  à 
Lucullus  qui  rapporta  ces  arbres  d'Asie- M ineiu'e  :  le  même  nom  de 
ce  fruit  a  passé  en  allemand  (Kirsche,  comme  cerise  =»  *  ceresi^^  adj. 
dérivé  d'une  forme  vulgaire  de  cerasum)  ;  et  celui  qui  demande  au  café 
im  verre  de  Kirsch^  emploie  un  terme  qui  lui  vient  de  Cérasonie  par 
l'intermédiaire  des  légionnaires  romains  et  des  distillateurs  allemands. 
La  prune  (Pflaume)  est  venue  d'Italie  ;  et  Cyioiua  (ville  de  Crète)  a 
laissé  son  nom  au  Mf^Xov  Kubdiviov ,  fruit-ôsiatique  qui  est  notre  coings 
l'allemand  Quitte.  Le  (malutn)  Persicum  est  devenu  P/irsich,  en  français 
fiéchc  :  comme  quoi  un  fruit,  tout  comme  un  homme,  «  peut  être  per- 
san ».  U abricot  (ail.  Aprikose)  dut  faire  à  peu  près  le  tour  du  monde 
pour  arriver  à  son  nom  actuel  :  pracoquum  (de  pracox,  le  fruit  précoce) 
passa  du  bas-grec  :  irpaïKÔKKiov,  à  Tarabe  dont  il  prit  l'article  ;  alherqiq, 
et  de  là  au  portugais  :  albaricoquê,  d'où  il  est  entré  dans  leâ  diverses 
langues  :  espagnol  albricoque,  etc.  Si  le  fruit  était  «  précoce  »,  son 
nom  fut  tardif,  et  ce  n'est  qu'au  xvii*  siècle  qu'il  prit  sa  forme 
actuelle  (I,  67). 

La  faune,  par  l'industrie  humaine,  est  aussi  errante  que  la  flore  : 
le  faisan  (ail.  Fasan)  vient  des  bords  du  Phase  (phasianus)  ;  et  l'alle- 
mand P/erd,  flamand  paard,  français  pale/roi^  représente  paraveredus, 
formé  du  préfixe  grec  Tiapd  (à  côté)  et  de  veredus  (le  cheval  qui  traînait 
sui*  les  routes  romaines  la  reda,  chariot  celtique. 

L'habillement  et  la  cuisine  ont  subi  les  perfectionnements  grecs  et 
latins,  et  partant  ont  emprunté  des  termes  des  langues  antiques  ;  de 
même  la  médecine,  —  et  Varchiater  de  la  cour  de  Byzance  a  passé 
aux  cours  mérovingiennes  et  carolingiennes,  d'où  ce  nom  s*est 
étendu  à  tous  les  médecins  en  général  :  Arxt, 

Une  conception  civilisatrice  plus  universelle  que  celle  même  du 
monde  romain  mêla  bientôt  les  peuples  en  les  conviant  tous  à  entrer 
dans  la  cité  de  Dieu  :  et  si  le  christianisme,  réalisant  l'idée  de  la 
Pentecôte,  parle  à  toutes  les  races  leur  propre  langage,  il  apportait 
pourtant  aux  Barbares  divers  termes  des  langues  (hébraïque,  grecque, 
latine)  en  lesquelles  il  s'était  d'abord  formulé. 

(A  continuer,)  A.  Counson. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  187 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 

113.  —  Paul  Graindor,  Histoire  de  nie  de  Skyros  jusquen  i538. 

Liège,  Vaillant -Carmanne,  1907.   89  pp.  (Biblioth.  de  la  Faculté 

de  Philosophie  et  Lettres  de  l'Université  de  Liège.  Fasc.  XVIL) 

Heureux  les  peuples  qui  n*ont  pas  d'histoire  !  Cest  un  peu  le  cas 
des  habitants*  de  Skyros  ;  mais  si  la  petitesse  de  leur  île  ne  leur 
permet  pas  d*avoir  une  histoire  qui  leur  soit  propre,  les  circonstances 
mêlent  leurs  destinées  à  celles  d'autres  peuples  et  Skyros  devient  un 
point  favorable  pour  observer  et  étudier  de  nombreuses  questions 
d'un  intérêt  général. 

Et  d'abord,  l'ethnographie  ancienne  des  îles  :  Skjrros  aurait  été 
habitée  d'abord  par  des  Pelages,  des  Cariens,  des  Dolopes.  M.  Grain- 
dor  recueille  avec  soin  et  commente  avec  sagacité  les  traditions  des 
Grecs  sur  tout  cela.  Il  n'a  pas  voulu  sortir  de  son  sujet  en  traitant 
dans  son  ensemble  la  question  des  Pelages,  et,  en  recherchant  si 
pour  beaucoup  d'auteurs  grecs,  les  Pelages  ne  sont  pas  tout  simple- 
ment, comme  disent  les  Allemands,  «  un  concept  »,  ou  mieux  une 
désignation  commode  pour  une  population  anti-hellénique,  réelle  ou 
supposée. 

Skyros  a  joué  un  rôle  plus  important  dans  la  légende  que  dans 
l'histoire  :  Achille  y  résida  à  la  cour  de  Lycomède  ;  Néoptolème  y 
fut  élevé.  Les  légendes  s'en  sont  donné  à  cœur  joie  et  ce  n'est  pas 
une  mince  besogne  que  de  les  débrouiller  et  d'arriver  à  retrouver  la 
forme  première. 

Au  V*  siècle,  l'île  est  conquise  par  Cimon  et  cette  fois  c'est  un  pro- 
blème de  chronologie  qui  nous  retient  :  M.  Graindor  me  paraît  le 
traiter  avec  beaucoup  de  clarté  et  d'habileté. 

A  partir  de  cet  événement,  Skyros  est  une  dépendance  d'Athènes, 
que  ni  Philippe,  ni  les  Romains,  semble-t-il,  n'en  détachèrent.. 

Des  clérouques  y  avaient  été  établis  aussitôt  après  la  conquête  :  nos 
connaissances  sur  les  clérouchies  ont  été  enrichies  par  des  documents 
trouvés  en  dehors  de  Skyros,  particulièrement  à  Lemnos.  M.  Grain- 
dor s'est  surtout  attaché  à  recueillir  les  renseignements  que  nous 
possédons  pour  SkjTos.  Peut-être,  une  étude  d'ensemble  sur  ce  point 
intéressant  du  droit  public  athénien  aurait-elle  mérité  de  le  tenter. 
Il  a  préféré,  comme  dit  le  poète,  boire  dans  son  verre  ;  le  verre  est 
petit  ;  mais  la  liqueur  qu'il  contient  est  de  choix. 


l88  LE  MUSÉE  BELGE. 


Cette  étude  prend  une  place  honorable  dans  la  série  trop  peir 
fournie  encore  de  monographies  consacrées  aux  cités  insulaires. 

L'Université  de  Liège  ï)eut  se  réjouir  d'avoir  vu  Tun  de  ses  plus 
brillants  élèves  se  ranger  à  la  suite  de  V.  von  SchôflFer  et  de 
Pridik,  dont  les  monographies  de  Délos  et  de  Céos  sont  consultées 
tous  les  jours.  Nous  souhaitons  la  même  faveur  à  la  monographie  de 
Skyros.  Henri  Francotte. 

114.  —  Gh.  Dubois,  Pouzzoles  antique  (Histoire  et  topographie).  Paris, 

Fontemoing,  1907.  xi-452  pp.  (Bibl.  des  écoles  franc.  d'Athènes 

et  de  Rome,  fasc.  98). 

Le  livre  de  M.  Dubois  n'est  pas  seulement  une  œuvre  d'érudition 
solide  et  sûre,  c'est  encore  un  tableau  pittoresque  d'une  de  ces  villes 
municipales  où  la  vie  romaine  avait  jeté  ses  racines  les  plus  pro- 
fondes et  où  elle  produisit  ses  fruits  les  plus  merveilleux. 

Les  habitants  de  Pouzzoles  seraient  des  Samiens  qui,  fuyant  la 
tyrannie  de  Polycrate,  s'établirent  en  Italie  vers  52 1 .  Ils  fondèrent  une 
colonie  qui  fut  occupée  par  les  Romains  en  même  temps  que  la  Cam- 
panie.  Désormais  soumise  à  toutes  les  vicissitudes  de  la  république 
et  de  l'empire,  la  cité  de  Pouzzoles  s'appela  successivement  Colonie 
Neronensis  et  Colonia  Fîavia,  nom  qu'elle  garda  par  la  suite.  Réduite  à 
l'état  de  Municipe,  elle  fut  gouvernée  par  des  décurions  dont  l'auteur 
nous  donne  la  liste  depuis  196  après  J.  C.  Pouzzoles  [Puteoli)  était 
surtout  une  ville  commerçante  et  industrielle.  Elle  était  fréquentée 
par  des  marchands  de  tout  pa)rs  :  Grecs,  T)rriens,  Héliopolitains, 
négociants  de  Béryte,  Nabatéens,  Hébreux  se  donnaient  rendez-vous 
dans  ses  murs  et  sur  ses  marchés.  En  conséquence,  ses  industries 
prenaient  de  l'extension  :  extraction  de  pouzzolane,  céramique,  tra- 
vail du  fer,  préparation  des  couleurs,  parfumerie,  telles  étaient  les 
principales  occupations  des  ouvriers  de  Pouzzoles. 

Après  cela,  nous  passons  à  la  vie  religieuse.  On  trouve  à  Pouzzoles 
le  culte  des  dieux  ordinaires,  si  je  puis  ainsi  dire  :  Apollon,  Poséi- 
don, Demeter,  Dionysos  orientalisé. Comme  d'habitude,  les  Nymphes, 
Asklépios  et  Hygie,  Jupiter  Flagius  (Flazzus,  osque),  Diana  Locheria^ 
peut-être  Venus  Èrycine,  Héraclès,  la  Bonne  Déesse;  le  culte  des 
dieux  romains,  divinités  abstraites  comme  Bona  Mens,  la  Concorde, 
l'Honneur,  le  Génie  de  la  colonie,  la  Victoire  Auguste,  ou  divinités 
quasi  concrètes,  les  empereurs;  principalement  le  culte  des  dieux 
orientaux,  Sérapis,  Isis,  Anubis,  Cybèle,  Mithra,  des  Baals  S5aiens,. 
la  Dea  Caelestis  de  Carthage,  les  divinités  dites  de  la  semaine  (Tages- 
gôtter).  Ici,  un  léger  reproche  à  l'auteur.  Cette  énumération  ressemble 
trop  à  un  catalogue  :  on  préférerait  une  étude  historique  des  cultes 


PARTIS  BIBLIOGRAPHIQUE.  189 

qui  se  sont  introduits  successivement  à  Pouzzoles.  On  voudrait 
savoir  comment  et  par  quelles  péripéties  ils  se  sont  établis.  Or,  nous 
n'avons  là-dessus  que  des  indications  vagues  et  insuffisantes. 

Ce  qui  est  mieux  traité,  ce  sont  les  origines  de  la  communauté 
chrétienne  de  Puteoli.  Elles  sont  assez  obscures.  On  sait  seulement 
avec  certitude  que  St  Paul  passa  par  Pouzzoles  en  6i  après  J.-C.  et 
qull  y  demeura  plusieurs  jours.  Dès  lors  la  jeune  communauté  pros- 
péra, elle  eut  des  évêques  dont  plusieurs  sont  connus,  elle  engendra 
des  martyrs  dont  le  plus  célèbre  est  saint  Janvier,  évêque  de  Béné- 
vent  et  patron  de  Naples,  mort  pour  la  foi  en  avril  3o5. 

La  seconde  partie  de  cette  étude  comporte  la  topographie  de- 
Pouzzoles  et  de  ses  environs.  Pour  l'établir,  M.  Dubois  se  fonde  sur 
plusieurs  documents  authentiques.  D'abord  deux  vases,  dits  d'Ode- 
mira  et  de  Piombino,  portent  le  dessin  de  la  ville,  du  port  et  de  ses 
principaux  édifices.  £n  outre,  une  peinture  antique  perdue,  mais 
connue  par  une  copie  dite  de  Bellosi,  représente  le  port  de  Pouzzoles, 
selon  J.-B.  de  Rossi  appuyé  par  M.  Dubois,  contrairement  à  l'opi- 
nion de  M.  Huelsen,  qui  songe  aux  bords  du  Tibre  du  côté  du 
Forum  Boarium  et  de  TAventin.  On  se  rallierait  plutôt  à  l'idée  de 
M.  Dubois  et  De  Rossi.  Enfin,  M.  Dubois  s'appuie  sur  une  peinture 
antique  de  Gragnano. 

Le  territoire  de  Pouzzoles  assez  restreint  sous  la  république  fut, 
sous  Tempire,  augmenté  de  la  partie  méridionale  de  Vager  Campanus. 
La  ville  elle-même  avait  une  superficie  de  i3o  à  140  hectares  avec 
une  population  d'environ  65ooo  habitants.  Elle  était,  comme  la  capi- 
tale, divisée  en  regiones  ou  quartiers,  et  sillonnée  de  rues  sur  lesquelles 
l'auteur  nous  donne  de  curieux  détails. 

Elle  avait  un  port  très  important,  puisqu'il  fut  longtemps  le  rival 
d'Ostie.  L'auteur  nous  décrit  le  port,  la  jetée,  le  bassin,  la  digue,  les 
quais,  en  termes  techniques  et  avec  la  précision  d'un  ingénieur 
compétent. 

Nous  appliquons  la  même  remarque  au  chapitre  IV  qui  traite  des- 
réservoirs et  acqueducs,  dont  l'eau  alimente  la  grande  ville.  Parmi 
les  monuments  principaux,  il  faut  mentionner  le  macelîum  et  l'amphi- 
théâtre. On  avait  cru  que  ce  macelîum  était  un  temple  de  Sérapis  :  il 
n'en  est  rien,  c'est  ou  bien  un  marché  ou  bien  gn  établissement  de 
bains.  M.  Dubois  se  rallie  à  la  première  de  ces  hypothèses,  sans 
convaincre  cependant.  L*amphithéâtre  est  le  monument  le  mieux 
conservé.  La  description  en  est  charmante  et  évocatrice  :  on  s'inté- 
resse particulièrement  à  ces  détails  neufs  et  précis  sur  le  mécanisme 
ingénieux  qui  servait  à  faire  monter  les  bêtes  des  souterrains  sur 
l'arène. 


r 


IÇO  LE    MUSÉE   BELGE. 


Nous  trouvons  aussi  d'amples  renseignements  sur  des  édifices 
moins  importants  ou  non  encore  déblayés  :  thermes,  temples,  maga- 
sins, cirque,  tombeaux  décorés  de  mosaïques  et  de  stuc. 

L'ouvrage  se  termine  par  trois  études  complémentaires  :  i)  Les 
villas  de  Pouzzoles  et  des  environs.  On  sait  que  plusieurs  person- 
nages célèbres  eurent  des  propriétés  dans  les  environs  de  Puteoli  : 
Antoine,  César,  Cicéron,  Licinius  Crassus,  LucuUus,  Pison,  C.  Lae- 
lius,  Hortensius,  les  deux  villas  de  Cicéron,  Tune  au  lac  Lucrin, 
l'autre  appelée  horti  Cluviani,  D'après  les  documents  littéraires, 
M.  Dubois  nous  fait  le  tableau  de  la  vie  molle,  voluptueuse  et  raf- 
finée que  ces  riches  oisifs  menaient  dans  ces  somptueuses  propriétés. 

Le  second  appendice  intitulé  a  Les  eaux  minérales  de  Pouzzoles 
et  de  Baïa  »,  traite  spécialement  des  stations  d'eaux  et  des  ruines  de 
bains  entre  Pouzzoles  et  Misène.  Enfin,  après  quelques  observations 
géologiques  sur  les  phénomènes  dont  cette  partie  de  la  Campanie  est 
le  théâtre,  l'auteur  termine  par  un  catalogue  des  objetstrouvés  dans 
les  fouilles  :  sculptures,  bas-reliefs  et  sarcophages,  bronze,  céra- 
mique, stucs,  fresques,  objets  en  verre,  camées,  etc. 

Le  livre  de  M.  Dubois  est  une  œuvre  excellente  qui  sera  lue  et 
appréciée,  non  seulement  par  les  spécialistes,  mais  par  tous  ceux 
qui  s'intéressent  à  l'archéologie.  Évocateur  du  passé,  M.  Dubois  a 
fait  sortir  de  ces  ruines  amoncelées  une  Pouzzoles  vivante  et  pitto- 
resque, telles  que  la  virent  les  marchands  orientaux  qui  se  rencon- 
traient sur  ses  marchés  et  les  grands  seigneurs  qui  villégiaturaient 
dans  les  riches  villas  de  sa  voisine,  Baïes.  Th.  Simar. 

1 15.  —  G.  D.  HadzidaklS,  La  questmi  de  la  langue  écrite  néo- grecque, 

Athènes,  Sakellarios,  1907.  200  pp. 

M.  Hatzidakis  tient  décidément  à  convertir  les  étrangers  à  la  cause 
de  la  langue  «  épurée  »  néo-grecque  dont  il  est  le  principal  cham- 
pion :  voici  qu'il  nous  donne  la  traduction  française  (i)  d'une  brochure 
allemande,  parue  en  1905  et  dont  il  a  été  déjà  rendu  compte  dans 
cette  Revue  (Bulletin^  1906,  p.  i65).  Cette  traduction  s'est  enrichie 
d'une  réponse  à  M.  Thumb,  qui  est,  avec  M.  Krumbacher,  l'un"  des 
défenseurs  les  plus  autorisés  de  la  langue  vulgaire. 

On  ne  peut  s'empêcher  de  trouver  que  cette  querelle  des  puristes  et 
des  vulgaristes  commence  à  devenir  bien  longue  et.  bien  fastidieuse. 
De  ces  interminables  débats  que  Ton  qualifierait  volontiers  de  «  byzan- 
tins »,  il  résulte  qu'on  a,  de  part  et  d'autre,  donné  de  fort  bonnes 
raisons  en  faveur  des  deux  langues  :  c'est,  je  crois,  parce  qu'elles 

(1)  La  forme  de  cette  traduction  aurait  dû  être  sérieusement  revue  :  elle  abonde 
«n  héllénismes  qui  eh  rendent  la  lecture  pénible. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  ICI 


ont  toutes  deux  des  droits  sérieux  à  la  vie.  Les  Grecs  d'autrefois  se 
trouvaient  eux  aussi  en  présence  de  plusieurs  langues  issues  d'une 
même  mère  et  ils  ont  résolu  le  problème  en  artistes  plutôt  qu'en 
philologues  :  ils  ont  laissé  aux  chefs-d'œuvre  le  soin  d'assurer  la 
répartition  des  dialectes  entre  les  différents  genres. 

Pourquoi  ne  pas  les  imiter  ?  Pourquoi  vouloir  qu'une  des  deux 
langues  meure  ?  Elles  ont  chacune  des  qualités  qui  les  rendent  pour 
ainsi  dire  toutes  deux  indispensables. 

Quoi  qu'en  disent  ses  défenseurs,  la  langue  épurée  est  loin  d'être 
parfaite  et  de  répondre  à  tous  les  besoins  actuels.  Elle  paraît  froide, 
sinon  prétientieuse  et  pédante  parfois  :  elle  nous  fait  trop  souvent,  à 
nous  étrangers,  l'effet  de  la  grenouille  qui  veut  s'égaler  au  bœuf  : 
plus  elle  cherche  à  se  rapprocher  de  l'antique,  plus  aussi  elle  nous 
amène  à  des  comparaisons  involontaires,  mais  toujours  fâcheuses. 

Mais  est-ce  une  raison  suffisante  pour  )a  condamner  ?  Je  ne  le 
crois  pas.  Elle  possède  des  qualités  qui  manquent  encore  à  la  langue 
populaire  :  elle  se  prête  fort  bien  au  langage  de  la  science  et  en 
général  à  la  prose,  tandis  que  la  langue  démotique  s'accommode 
assez  mal  de  l'abstraction. 

Mais  dans  la  poésie  et  dans  la  prose  narrative,  la  langue  populaire 
prend  une  incontestable  supériorité  :  elle  possède  une  couleur,  une 
£eur  de  jeunesse  incomparables  et  il  serait  injuste  de  dire,  comme  on 
l'a  fait  souvent,  que  le  Grèce  doit  attendre  un  Dante  ou  un  Victor 
Hugo  pour  lui  montrer  la  voie.  En  poésie,  elle  possède  depuis  long- 
temps des  trésors.  Les  incomparables  chants  klephtiques  où  s'est 
retrouvée  l'âme  homérique  suffiraient  à  promettre  ce  que  la  langue 
dite  vulgaire  n  auiait  pas  encore  tenu.  Mais  il  y  a  mieux  que  des 
promesses  et  l'on  peut  affirmer  que  c'est  dans  cette  langue  et  dans  la 
langue  mixte  qui  s'en  rapproche,  que  la  poésie  grecque  moderne 
compte  ses  plus  nombreux  chefs-d'œuvre.  P.  Graindor. 

n6. — TTavreXdKiç/ EXXnviKiPl  XPn<""OM<iQ«a  (i^e  partie).   Athènes,   Kok- 

kinakis,  1907.  11 5  pp. 

La  chrestomathie  de  M.  Pantelakis  est  destinée  aux  élèves  de 
première  année  des  écoles  helléniques  :  elle  est  pour  les  jeunes 
Hellènes,  ce  que  sont  nos  chrestomathies  françaises  pour  les  élèves 
des  classes  inférieures  de  nos  Athénées. 

En  conformité  avec  le  programme  officiel,  elle  renferme,  dit  la 
préface,  des  fragments  d'auteurs  anciens  de  caractère  didactique  et 
instructif,  simplifiés  en  vue  de  ménager  la  transition  entre  l'étude  de 
la  langue  actuelle  et  celle  de  la  langue  ancienne. 

La  simplification  a  parfois  été  poussée  si  loin  que  des  textes  en 


iga  LE   MUSÉE    BELGE. 


sont  parfois  complètement  défigurés  :  il  y  a  là  du  Lucien  modemisé^ 
au  point  d'en  être  méconnaissable,  ce  qui  ferait  croire  que  cet  auteur 
ne  convient  pas  à  une  chrestomathie  élémentaire,  même  lorsqu'elle 
s'adresse  à  de  jeunes  Grecs,  pas  plus  qu'il  ne  paraît  d'ailleurs  appro- 
prié au  programme  de  nos  quatrièmes. 

M.  Pantelakis  ne  me  paraît  pas  suivre  de  règles  bien  fixes  dans 
son  travail  de  simplification  :  des  expressions  qui  se  répètent  à  peu 
d'intervalle  sont  tantôt  respectées,  tantôt  modifiées.  Exemple, page  1 1  : 
ti^^aç  bè  rf^v  est  devenu  XafOiv  bè  twaixa  Tf^v  et  cependant  on  trouve  un 
peu  plus  bas  *  Pëav  ti^^aç. 

La  chrestomathie  débute  par  un  choix  de  fables  d'Esop>e,  la 
deuxième  partie  est  consacrée  à  la  mythologie  (Apoliodore).  Dans  la- 
troisième  sont  réunis  des  morceaux  divers,  récits,  descriptions  de 
villes  (d'après  Dicéarque)  et  trois  extraits  de  Lucien,  éloge  de  la  patrie, 
dialogue  de  Solon  et  d'Ânacharsis,  vie  de  Démonax. 

Puis  viennent  quarante  pages  de  notes  pour  soixante-dix  de  textes  î 
N'eût-il  pas  mieux  valu  se  montrer  plus  sobre  de  commentaires,  ne 
pas  empiéter  autant  sur  la  besogne  du  professeur  et  nous  donner  un 
choix  de  textes  plus  large  ? 

Pour  juger  si  l'œuvre  de  M.  Pantelakis  est  en  progrès,  il  nous 
faudrait  des  points  de  comparaison  qui  nous  manquent  :  nous  n'avons- 
pas  à  notre  disposition  les  chrestomathies  précédemment  ei^  usage. 

P.  Graindor. 

117.   —    L.    Bodln   et  p.   Mazon,   Extraits  d'Aristophane   et    de 

Ménandre.  a«  éd.  Paris,  Hachette.  1908.  a  fr.  5o. 

Les  découvertes  récentes  d'importants  fragments  de  Ménandre 
font  en  ce  moment  les  délices  des  hellénistes  et  aussi  des  latinistes 
qui  étudient  Ménandre  pour  mieux  comprendre  Plante  et  Térence. 
MM.  Bodin  et  Mazon  se  sont  hâtés  d'ajouter  à  leurs  extraits  d'Aristo- 
phane (voy.  ce  Bm//.,  1902,  p.  435)  les  scènes  les  plus  intéressantes 
du  plus  célèbre  des  poètes  de  la  comédie  nouvelle.  Il  faut  leur  savoir 
gré  de  leur  empressement  à  rendre  accessibles  aux  écoliers  les 
fragments  publiés  par  M.  Lefebvre  il  y  a  moins  d'un  an.  Ils  ont 
choisi  trois  scènes  de  Y  Arbitrage  (voy.  ce  Bull.^  1907.  P»  401)  : 
i©  devant  l'arbitre;  2®  remords  et  désespoir  de  Charisios;  3®  Smi- 
crinès  chez  son  gendre,  et  les  deux  cents  premiers  vers  de  la 
Samienne.  Une  introduction  de  dix  pages  sur  Ménandre  nous  parle 
des  récentes  découvertes  de  MM.  Nicole,  Grenfell  et  Hunt,  Jouguet 
et  Lefebvre,  puis  des  sujets  traités  par  Ménandre,  de  Tintrigue,  des 
caractères  et  de  la  langue.  L'argument  de  Y  Arbitrage  et  celui  de  la 
Samienne  sont  reconstitués  autant  que  possible.  Le  texte  est  bien 
annoté  et  précédé  d'un  apparat  critique.  J.  P.  W. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  IqS 

II 8.  —  A.  De  Marohi,  Apologisti  Cristiani  sccîti  e  commentait,  Con 

introduzione ,  appendice  ed  illustrazioni.  Milan,  Vallardi,  1907. 

336  pp.  3  fr.  5o  (Collezione  di  Classici  latini). 

On  comprend  de  mieux  en  mieux  la  valeur  littéraire  des  auteurs 

chrétiens  qui  ont  écrit  en  grec  ou  en  latin.  Voici  que  M,  De  Marchi 

publie  une  sorte  de  chrestomathie  des  apologistes  latins  et  il  la 

destine  aux  classes  supérieures  d'humanités  anciennes  et  aux  hommes 

studieux.  Ce  sont,  dit-il,  des  documents  vivants  et  parlants,  d*une  des 

époques  les  plus  importantes,les  plus  décisives  de  l'histoire  de  Thuma- 

nité,  sans  compter  qu'ils  offrent  de  riches  matériaux  aux  études 

philologiques  et  des  renseignements  précieux    sur  les  croyances 

païennes  et  sur  le  christianisme  naissant. 

L'auteur  n'a  pas  cru  devoir  détacher  par  ci  par  là  une  belle  page  : 
il  a  préféré  donner  en  entier  VOctavius  de  Minucius  Félix,  une  grande 
partie  de  V Apologétique  de  Tertullien,  l'opuscule  Ad  Donatum  de 
S.  Cyprien,  le  livre  IV  d'Arnobe,  Adversus  gentes^  et  le  livre  V  de  Lac- 
tance,  Instituiiones  divinae.  £n  appendice  (p.  277-334),  il  ajoute  quel- 
ques chapitres  de  S.  Augustin,  De  civitate  Dei^  quelques  Relations  de 
Symmaque,  la  lettre  de  S.  Ambroise  contre  Symmaque,  quelques 
pages  du  Contra  Symmachum  de  Prudence,  la  lettre  de  Pline  à  Trajan 
sur  les  chrétiens  et  les  Actes  des  Martyrs  scillitains. 

Le  texte  est  pris  dans  les  bonnes  éditions  ;  pour  Tertullien,  il  est 
-dommage  que  M.  De  Marchi  nait  pas  eu  à  sa  disposition  l'édition 
Rauschen  (Bonn,  Hanstein,  1906). 

Le  commentaire  est  assez  étendu.  Il  est  surtout  historique  et 
explicatif;  pour  la  grammaire  et  le  vocabulaire,  il  pourrait  être  plus 
philologique.  Dans  les  classes  surtout,  où  la  langue  classique  doit 
servir  de  norme,  il  faut  rendre  compte  des  différences  que  la  langue 
des  apologistes  présente  avec  celle  des  auteurs  classiques.  Ici,  nous  ne 
trouvons  le  plus  souvent  qu'une  traduction  ou  une  explication  du  sens. 
M.  De  Marchi  semble  surtout  s'être  placé  au  point  de  vue  histo- 
rique, et  il  a  fait  précéder  son  opuscule  d'une  introduction  très  inté- 
ressante sur  «  le  christianisme  dans  les  auteurs  païens  »,  sur  les 
apologistes  grecs,  et  sur  la  question  de  savoir  qui  est  le  premier  en 
date  des  apologistes  latins,  Tertullien  ou  Minucius  Félix.  Il  se  pro- 
nonce pour  Tertullien.  L'œuvre  ou  les  extraits  de  chaque  auteur  sont 
précédés  d'une  notice  sur  sa  vie  et  sur  ses  écrits. 

Tel  qu'il  est,  l'ouvrage  de  M.  De  Marchi  rendra  de  grands  services. 

J.  P.  W, 

119.  —  W.  B[roll ,  Geschichte  der  klassischen   Philologie.   Leipzig, 
Gôschen,  1908.  i52  pp.  o  m.  80.  (Sammlung  Gôschen,  n9  367.) 
Nous  nous  empressons  de  recommander  ce  petit  livre  à  nos  lec- 


194  ^^    MUSÉE   BELGE. 


teurs.  En  i5o  pages.  M.  Kroll  a  essayé  d'exposer,  dans  son  évolutioQ 
continue,  l'histoire  de  la  philologie  classique,  d'en  dégager  les  ten- 
dances, le  caractère,  d'en  déterminer,  dans  leur  incessante  fluctua- 
tion, les  grands  courants  et  de  les  rattacher  à  Thistoire  générale  de 
la  civilisation.  M.  Kroll  a  rappelé  les  noms  et  l'œuvre  des  principaux 
savants  qui  ont  fait  progresser  ou  qui  ont  renouvelé  les  études  philo- 
logiques, se  bornant  à  ceux  dont  la  mort  a  consacré  définitivement 
la  gloire  ou  le  mérite.  Ce  livre  rappelle,  par  la  similitude  des  pro- 
cédés, le  Manuel  de  l'histoire  de  la  littérature  française  de  F.  Brunetière. 

L'auteur  retrace  d'abord  (pp.  5-66)  l'histoire  de  la.  philologie  clas- 
sique dans  l'antiquité  ;  cette  première  partie  comprend  quatre  cha- 
pitres :  I .  les  précurseurs  ;  2 .  la  philologie  alexandrine  ;  3 .  la  philologie 
stoïcienne  et  post- alexandrine  ;  4.  les  épigones  ou  successeurs. 

Si  le  moyen  âge,  semble-t-il,  a  été  quelque  peu  dédaigné  par 
l'auteur  (pp.  66  yS),  l'époque  moderne,  par  contre,  fait  l'objet  d'un 
long  développement  (pp.  75-147)  ;  elle  est  divisée  en  trois  périodes  : 
I.  l'humanisme;  2.  la  renaissance  de  la  philologie;  3.  le  néo-huma- 
nisme et  la  «  science  de  l'antiquité  ».  La  nouvelle  direction  qu'a 
prise  la  philologie  au  xix®  siècle  semble  être  un  résultat  du  mouve- 
ment intellectuel  du  xviii«  siècle.  La  linguistique  et  l'archéologie  ne 
sont  pas  oubliées. 

Ajoutons  enfin  que  nous  n'avons  pas  rencontré  de  parti-pris  ni  de 
prévention  :  Pétrarque,  Scaliger,  Bentley  et  Valckenaer  spnt  appré- 
ciés à  leur  juste  valeur,  aussi  bien  que  Mommsen  ou  que  Ritschl. 
A  la  fin  de  cet  excellent  petit  ouvrage,  on  trouvera  quelques  indica- 
tions bibliographiques  et  un  index  des  noms  propres. 

P.  Henen. 

Langues  et  Littératures  celtiques. 

120.  —  Philippe  de  Féiice,  L'Autre  monde.  Mythes  et  Légendes,  Le 

Purgatoire  de  saint  Patrice.   Paris,    H.   Champion,    1906.    In-8*> , 

193  pp.  6  fr. 

Ce  travail  a  été  élaboré  par  l'auteur,  principalement  sous  la  direc- 
tion de  M.  Hubert,  à  la  section  des  sciences  religieuses  de  l'École 
des  Hautes-Études.  Il  renferme  la  première  partie  d'une  étude  sur 
le  Purgatoire  de  saint  Patrice.  Après  avoir  raconté  la  légende,  M.  de 
Félice  en  recherche  les  origines  lointaines  et  montre  la  place  qu  elle 
occupe  dans  l'ensemble  des  traditions  relatives  à  1'  a  autre  monde  » . 

On  sait  ce  que  c'est  que  \e  Purgatoire  de  saint  Patrice,  Au  Nord- 
Ouest  de  l'Irlande,  dans  la  partie  méridionale  du  comté  de  Donegal, 
existe  un  lac  sauvage,  appelé  le  Lough  Derg  [Lac  fouge),  semé  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  IqS 


petits  îlots.  L'un  de  ces  îlots  renfermait  autrefois  une  grotte  célèbre, 
qu'on  disait  être  une  entrée  de  l'autre  monde.  La  tradition  racontait 
que  les  audacieux,  qui  s'étaient  introduits  dans  ce  redoutable  réduit, 
avaient  eu  des  visions  leur  révélant  les  tourments  des  méchants  et 
les  joies  des  bienheureux.  L'endroit  devint,  sous  le  nom  de  Purga- 
toire de  saint  Patrice,  un  centre  de  pèlerinage  pour  la  chrétienté  la- 
tine. Du  xii«  au  xiii«  siècle,  les  chanoines  de  Saint- Augustin  en  avaient 
la  garde  et  pour  pénétrer  dans  le  souterrain,  il  fallait  se  livrer  à  des 
pratiques  préparatoires,  comme  le  jeûne,  la  prière,  etc.  Après  quoi 
le  pèlerin  était  conduit  processionnellement  au  «  purgatoire  »  et  s'y 
laissait  enfermer  pendant  une  nuit.  Le  matin,  la  même  procession 
allait  lui  ouvrir  l'entrée  et,  si  on  le  retrouvait  vivant,  il  était  mené  en 
grande  pompe  à  l'église  de  Réglis,  située  près  de  la  grotte,  pour  y 
offrir  à  Dieu  des  actions  de  grâces.  La  tradition  voulait  que  quiconque 
avait  passé  une  nuit  dans  le  souterrain,  le  cœur  navré  de  repentir  et 
Tesprit  tourné  vers  Dieu,  était  absous  de  ses  fautes  et  sûr  de  goûter 
les  joies  du  Paradis,  à  condition  de  ne  plus  pécher  dans  la  suite. 

Dans  un  premier  chapitre,  l'auteur  raconte  la  visite  qu'il  fit  à  l'île 
du  Lough  Derg  au  mois  de  mars  igoS.  L'ancienne  grotte  n'existe 
plus,  mais  l'endroit  qui  est  considéré  actuellement  comme  le  «  purga- 
toire »,  sert  de  centre  de  pèlerinage,  où  l'on  peut  se  procurer,  d'après 
la  croyance  des  pèlerins,  toutes  sortes  d'extraordinaires  indulgences. 

Dans  le  chapitre  II.  intitulé  La  légende  du  Purgatoire,  l'auteur  étudie 
les  premières  manifestations  littéraires  de  la  tradition.  C'est  vers  la 
fin  du  xvi«  siècle  que  trois  auteurs  mentionnent  presque  simultané- 
ment l'existence  d'un  Purgatoire  de  saint  Patrice.  Le  moine  Jocelin, 
dans  sa  vie  de  saint  Patrice,  composée  entre  1180  et  ii85,  localise  le 
Purgatoire  sur  le  mont  Cruachan  Aigle,  en  Connaught,  et  rattache 
sa  fondation  à  l'expulsion  des  mauvais  esprits  d'Irlande  par  saint 
Patrice.  Cette  version  n'eut  pas  d'influence  sur  l'évolution  de  la 
légende.  Giraud  de  Cambrie  (f  1223),  dans  sa  Topographia  Hihernica, 
est  le  second  auteur  qui  mentionne  le  Purgatoire  :  il  le  place  dans 
une  île,  dans  l'Ulster,  et  rapporte  les  visions  des  audacieux  qui  osent 
passer  une  nuit  dans  le  redoutable  lieu.  Mais  le  Purgatoire  de  saint 
Patrice  doit  avant  tout  sa  renommée  au  cistercien  de  Saltrey,  qui 
écrivit  en  prose  latine  le  récit  de  la  visite  du  chevalier  Owein  à  la 
grotte  sacrée  (vers  1 140).  Après  avoir  donné  quelques  renseignements 
sur  l'anonyme  qui  écrivit  ces  visions,  à  une  époque  où  précisément 
le  culte  de  saint  Patrice  subissait  un  regain  d'influence,  M.  de 
Félice  nous  montre  la  grande  popularité  acquise  par  Les  Aventures 
du  chevalier  Owein,  en  nous  faisant  connaître  d'une  façon  très  précise 
les  divers  manuscrits  qui  les  contiennent  et  les  nombreuses  traduc- 
tions qui  nous  en  restent. 


^9^  LB   MUSÉE  BBLGE. 


Au  chapitre  III,  nous  apprenons  à  connaître  les  aventures  da 
chevalier  Owein,  sa  descente  dans  le  Purgatoire,  les  horribles  visions 
et  les  tortures  qui  Ty  assaillent,  sa  confiance  en  Dieu  qui  lui  permet 
de  surpasser  toutes  les  épreuves  et  de  contempler  les  joies  du  Paradis. 
Ce  récit  de  la  légende  nous  est  fait  d'après  le  texte  de  Roger  de 
Wendover,  le  manuscrit  latin  du  British  Muséum  Roy.  i3.  B.  VIII 
et  le  poème  anglais  Owayn  Milâs^  contenu  dans  le  manuscrit  Cotton. 
-Calig.  A.  IL 

Le  chapitre  IV  nous  retrace  l'histoire  fort  intéressante  du  sanc- 
tuaire de  Lough  Derg,  les  visites  des  pèlerins  dont  le  nom  nous  a 
été  conservé,  et  qui  ont  parfois  laissé  le  récit  de  leurs  impressions. 
On  voit  que  la  renommée  du  f  Purgatoire  »  attirait  des  Français, 
des  Italiens,  des  Hongrois,  et  il  est  intéressant  de  signaler  les  lettres 
d'Edouard  III  d'Angleterre,  datées  du  24  octobre  i358,  attestant  que 
deux  gentilhommes  italiens  ont  loyalement  accompli  tous  les  rites 
réglementaires.  Il  ne  manquait  pas  de  pèlerins  qui  se  montraient 
sceptiques  :  notamment,  Sir  William  Lisle  confia  au  chroniqueur 
Froissart  qu'il  ne  pouvait  s'empêcher  de  croire  a  que  ce  soit  tout 
fantosme  ».  En  1494,  un  moine  d'Eymstadt,  en  Hollande,  après 
avoir  vaincu  des  difficultés  énormes,  parvint  à  se  faire  enfermer  dans 
le  souterrain,  après  s*être  soumis  au  jeûne  et  aux  prières  réglemen- 
taires. Une  nuit  entière,  il  resta  accroupi,  tremblant  de  peur  et  atten- 
dant l'apparition  des  démons.  Il  ne  vit  rien.  Profondément  troublé, 
il  alla  se  plaindre  à  Rome  au  pape  Alexandre  VI.  Celui-ci,  bientôt 
convaincu  que  le  prétendu  Purgatoire  n'était  qu'une  impostiu^, 
ordonna  à  l'archevêque  d'Irlande  de  le  démolir.  En  grande  pompe, 
cet  ordre  pontifical  fut  exécuté.  Mais  bientôt  le  sanctuaire  se  releva 
de  ses  ruines,  et  regagna  en  faveur,  malgré  l'intervention  répétée 
des  pouvoirs  publics,  et  notamment  du  Parlement  anglais.  La  visite 
que  M.  de  Félice  a  fait  à  l'île  du  Lough  Berg,  si  elle  nous  apprend 
que  l'ancien  souterrain  n'existe  plus  et  que  les  visions  ont  disparu 
pour  faire  place  à  de  simples  indulgences  de  pèlerinage,  n'en  confirme 
pas  moins  l'extraordinaire  vitalité  de  cette  vieille  légende  populaire 
à  travers  les  siècles. 

Au  chapitre  V,  l'auteur  démontre  que  l'origine  du  sanctuaire  doit 
être  cherchée  dans  l'existence  d'un  de  ces  souterrains  artificiels,  re- 
montant à  l'époque  préhistorique  des  premiers  habitants  de  l'Irlande, 
ces  mystérieux  Tûatha  De  Danann,  qui  furent  dans  la  suite  regardés 
comme  des  dieux.  Ces  cavernes  ont  donné  naissance  à  des  traditions 
innombrables,  parmi  lesquelles  se  trouve  la  légende  qui  y  localise  les 
esprits  mauvais.  Sans  attribuer  —  comme  le  fait  la  légende  —  le 
Purgatoire  de  Lough  Derg  à  saint  Patrice,  on  ne  peut  que  constater 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  I97 

une  fois  de  plus  que  le  christianisme  se  servit  des  vestiges  de  la  reli- 
gion païenne,  pour  amener  plus  facilement  les  foules  à  la  conversion. 
De  plus,  si  Ton  peut  supposer  que  le  chevalier  Owein,  qui  subit  de 
si  étranges  aventures  dans  le  fameux  Purgatoire,  est  un  personnage 
réel,  son  prototype  doit  être  cherché  dans  le  dieu  païen  Oengus,  fils 
de  Dagdé,  souverain  des  Tûatha  De  Danann,  dont  l'histoire  légen- 
daire et  mythique  doit  avoir  influencé  la  tradition  à*Owayn  Miles, 

M.  de  Félice,  après  ces  intéressants  détails  sur  la  légende  et  son 
origine  probable,  entreprend  de  la  rattacher  à  Tensemble  des  tiadi- 
tions  relatives  à  1*  «  autre  monde  ».  Il  étudie  donc,  dans  les  chapitres 
VI  et  VIL  r  «  autre  monde  »  chez  les  Ég3rptiens,  les  Chaldéens,  les 
Hébreux,  les  Grecs,  les  Romains,  et  pendant  la  période  gréco-latine. 

Nous  trouvons  ici  un  ensemble  de  renseignements  des  plus  inté- 
ressants et  dont  la  recherche  a  dû  coûter  beaucoup  de  peine  à 
l'auteur.  Mais,  s'il  est  facile  de  rattacher  l'ouvrage  du  cistercien  de 
de  Saltrey  à  tous  ces  vieux  mjrthes  des  religions  disparues,  dont  les 
éléments  ont  été  transmis  par  une  chaîne  ininterrompue  d'écrits  et 
de  traditions,  il  n'en  reste  pas  moins  vrai  que  l'étude  des  croyances 
des  Celtes  d'Irlande  révèle  sans  aucun  doute  une  action  plus  directe 
sur  son  œuvre.  M.  de  Félice  étudie  ces  traditions  au  chapitre  VII.  Et 
il  ressort  de  cet  examan  que  Henry  de  Saltrey  a  emprunté  à  l'Irlande 
le  mythe  du  Lough  Derg  et  le  nom  du  héros  qui  visite  l'autre  monde. 
Mais  les  éléments  dont  il  se  sert  pour  décrire  l'enfer,  le  purgatoire 
et  le  paradis  ont  été  fournis  par  les  visions  chrétiennes.  La  plus 
ancienne  de  ces  visions  est  l'Apocalypse  de  Pierre,  antérieure  au 
milieu  du  ii*  siècle.  Elle  présente  des  éléments  qui  ont  dû  inspirer  la 
légende  du  Purgatoire  de  saint  Patrice,  et  on  constate  d'autre  part 
une  étroite  relation  entre  les  visions  de  cette  Apocal3rpse  et  les  vieux 
mythes  de  l'Orphisme  L'influence  de  cette  apocalypse  fut  étendue  et 
c'est  précisément  en  Angleterre  ou  en  Irlande  que  l'on  rencontre  la 
plupart  de  ces  visions,  dont  la  série  s'ouvre  par  celle  de  saint  Fursy. 

On  peut  conclure  avec  M.  de  Félice  que  l'ouvrage  du  cistercien 
de  Saltrey  n'est  plus  un  mystère  lorsqu'on  l'a  replacé  à  son  époque 
et  dans  son  milieu,  et  que  le  mythe  du  Purgatoire  de  saint  Patrice 
apparaît  comme  le  résultat  nécessaire  d'un  vaste  ensemble  de 
croyances  et  de  traditions. 

Cette  étude  de  folklore  se  distingue  par  de  sérieuses  qualités  cri- 
tiques :  ce  n'est  pas  toujours  le  cas  pour  les  études  de  ce  genre. 
M .  de  Félice  s'en  tient  à  l'étude  rigoureusement  historique  des  monu- 
ments écrits  et  s'il  fait  des  excursions  dans  le  domaine  du  folklore 
universel,  il  sait  se  garder  de  confondre  les  noms  avec  les  choses  et  de 
tirer  des  conclusions  intempestives  de  rapprochements  hasardés  et 
superficiels.  Néanmoins,  on  trouve  chez  lui  des  idées  courantes,  qui 


igS  LE  MUSÉE   BELGE. 


régnent  dans  le  milieu  des  historiens  des  religions,  et  qui  n'ont  d'autre 
valeur  que  celle  de  lieux  communs.  C'est  ainsi  qu  on  voit  apparaître 
Taxiome  que  les  populations  sauvages  d'aujourd'hui  représentent 
encore  l'état  des  civilisations  primitives  d'il  y  a  plus  de  deux  ou  trois 
mille  ans.  C'est  un  postulat  indémontré  et  indémontrable.  Il  nous 
semble  aussi  que  l'étude  de  l'autre  monde  chez  les  peuples  de  l'anti- 
quité est  un  hors  d'oeuvre.  Sans  doute,  particulièrement  chez  les 
Égyptiens  et  les  Chaldéens,  on  retrouve  des  pratiques  qui  ressemblent 
étonnamment  à  celles  imposées  aux  pèlerins  du  purgatoire,  mais  ce 
ne  peut  être  là  qu'une  coïncidence  intéressante.  Il  faut  d'ailleurs 
rendre  justice  à  M.  de  Félice  de  ne  pas  en  avoir  tiré  des  conclusions 
prématurées.  Mais,  en  somme,  il  s'occupe  spécialement  du  Purga- 
toire de  saint  Patrice.  Dès  lors,  ce  sont  surtout  les  traditions  cel- 
tiques et  irlandaises  qui  auraient  dû  fixer  son  attention.  De  plus, 
même  à  ce  point  de  vue,  l'auteur  aurait  dû  accorder  une  plus  grande 
place  aux  légendes  et  visions  chrétimnes.  Lui-même  constate  que  les 
poètes  anglo-saxons  comme  Cynewulf,  Béowulf,  etc.,  s'inspirent  beau- 
coup plus  des  traditions  ecclésiastiques  que  de  la  vieille  m3rthologie 
païenne.  Une  étude  plus  approfondie  des  visions  de  Fursy,  de  Drint- 
helm,  de  Wenlok,  de  Thurcill,  etc.,  s'imposait.  Or,  l'auteur  a  consacré 
la  plus  grande  partie  de  ses  efforts  à  ressusciter  les  croyances  des 
peuples  de  l'antiquité  classique.  Même  ce  tableau  est  incomplet,  car 
on  n'y  trouve  pas  les  m3rthes  des  Germains  et  des  peuples  teutons  en 
général,  croyances  qui  ont  dû  exercer  une  certaine  influence  sur  les 
littérateurs  irlandais  au  xii«  siècle. 

Il  reste  néanmoins  vrai  que  la  légende  du  Purgatoire  de  saint 
Patrice  n'avait  pas  encore  été  étudiée  avec  toute  l'envergure  qui  carac- 
térise l'étude  de  M.  de  Félice.  A  la  page  89,  l'auteur  suppose  que,  si 
vraiment  des  pèlerins  ne  sortirent  plus  vivants  du  Purgatoire,  les 
moines,  désireux  de  maintenir  autour  de  leur  sanctuaire  une  atmos- 
phère de  terreur,  les  auront  «  tout  simplement  supprimés  1».  Il  est 
regrettable  de  devoir  signaler  cette  hypothèse  au  moins  déplacée 
dans  un  livre  qui  se  recommande  d'ailleurs  par  une  sérénité  scienti- 
fique, digne  d'éloges.  N'oublions  pas  d'ajouter  que  l'ouvrage  est  écrit 
dans  un  style  coloré  et  pittoresque,  qui  en  rend  la  lecture  particu- 
lièrement attrayante.  L.  Van  der  Essen. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

121.   —  G.  Liégeois  et  L.  Mallinger,  Le  Théâtre  et  VÉloquenu  en 
Ffance  et  en  Belgique.  Chrestomaithie  à  l'usage  de  la  classe  de  Pre- 
mière. Namur,  Wesmael-Charlier,  1908.  842  pp.  in-80.  6  fr. 
La  chrestomathie  nouvelle  que  nous  donnent  ici  MM.  Liégeois  et 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  I99 

Mallinger  s'inspire  de  la  louable  préoccupation  de  faire  connaître 
aux  élèves  en  vue  desquels  ils  Tont  composée,  deux  genres  remar- 
quables de  la  littérature  française  dans  tout  leur  développement, 
depuis  les  origines  jusqu'à  nos  jours.  Mais  en  même  temps  qu'ils 
ont  reproduit  des  fragments  d'œuvres  dramatiques  et  oratoires 
appartenant  à  toutes  les  époques  et  à  toutes  les  écoles,  les  auteurs 
ont  eu  souci  d'y  joindre  des  commentaires  et  des  analyses  qui  per- 
mettent de  bien  saisir  la  marche,  Y  évolution  de  ces  deux  grandes 
formes  d*art  Ainsi  les  professeurs  trouveront- ils,  dans  ces  morceaux 
choisis  et  dans  les  exposés  théoriques  qui  les  précèdent  ou  les  suivent, 
la  matière  d'une  interprétation  à  la  fois  rationnelle  et  historique  de 
multiples  productions  du  théâtre  et  de  l'éloquence. 

Il  va  sans  dire  que  tout  recueil  de  l'espèce  prête  à  discussion.  En 
effet,  telle  page  choisie  s'y  rencontre  que  tel  lecteur  n'aurait  pas  admise. 
Le  contraire  arrive  aussi  :  ce  même  lecteur  n'y  aperçoit  pas  un  texte 
qu'il  estime  et  qu*il  aurait  jugé  digne  des  honneurs  du  florilège.  Mais 
l'important,  en  ces  sortes  de  livres,  est  que  la  sélection  ait  été  accom- 
plie dans  un  esprit  de  bon  éclectisme,  de  manière  à  placer  sous  les 
yeux  du  public  un  ensemble  bien  conçu  et  bien  ordonné  de  manifes- 
tations littéraires  plus  ou  moins  caractéristiques.  Ce  qui  est  également 
requis,  c'est  que  les  extraits  soient  accompagnés  d'indications  bio- 
graphiques et  critiques  qui  en  fassent  clairement  comprendre  la 
nature  et  la  valeur,  ainsi  que  la  portée  qu'ils  ont  dans  le  livre  d'où  ils 
proviennent  Nous  avons  déjà  dit  comment  MM.  Liégeois  et  Mal- 
linger ont  entendu  leur  tâche  à  cet  égard.  Ajoutons  que,  pour  cer- 
tains exposés  généraux  retraçant  une  étape  marquante  d'un  de  leurs 
deux  genres  littéraires,  ils  ont  plus  d'une  fois  cédé  la  parole  à  des 
critiques  justement  réputés.  Notons  encore  que,  suivant  un  usage 
qui  s'adopte  de  plus  en  plus  pour  les  anthologies,  ils  ont  réservé  une 
place  assez  étendue  à  la  littérature  du  jour  et  donné  toute  une  série 
de  morceaux  empruntés  à  des  dramaturges  et  à  des  orateurs  encore 
vivants.  Assurément,  leur  ouvrage  renferme  les  éléments  d'un  cours 
pratique  d'histoire  littéraire  qui  ne  peut  manquer  d'intéresser  vive- 
ment les  élèves  de  la  classe  de  première  auxquels  il  est  destiné.  De 
précieuses  qualités,  comme  on  voit,  le  recommandent  à  l'attention  et 
le  meilleur  succès  lui  est  assuré.  Georges  Doutrepont. 

122.  —  Paul  Dlmoff,  Œuvres  complètes  d'André  Chénier,  publiées  d'après 

les  manuscrits.  T.  I,  Bucoliques.  Paris,  Delagrave,  1908.  3  f.  5o. 

Dans  son  livre  sur  André  Chénier,  paru  en  1902,  Emile  Faguet 

disait  qu'une  édition  complète  d'André  Chénier  restait  à  faire.  C'est 

cette  édition  que  M.  Dimoff  a  résolu  de  nous  donner  ;  il  en  publie 


200  LE   MUSÉB  BELGE. 


aujourd'hui  le  premier  volume,  qui  contient  les  Bucoliques,  Ainsi  se 
réalisera,  dès  le  début  du  xx«  siècle,  Tun  des  vœux  les  plus  ardents 
du  xix«  :  la  publication  d'un  Chénier  exact  et  complet,  vers  et  prose. 

M.  Dimofif  a  eu  naturellement  recours  aux  manuscrits  du  poète; 
une  partie  de  ces  papiers,  celle  qui  servit  à  H.  de  Latouche  pour  son 
édition,  prétendument  complète  des  Œuvres  S  André  de  Chénier  (Paris, 
Beaudouin  frères,  1819,  i  vol.  in-8<*),  disparut  pendant  la  guerre  de 
1870  ;  l'autre  demeura  la  propriété  de  la  famille  Chénier  jusqu*à  la 
mort  de  la  veuve  de  Gabriel  de  Chénier,  qui  légua  les  manuscrits  à 
la  Bibliothèque  Nationale  :  ils  ne  pouvaient  être  rendus  publics  avant 
1892.  Citons  parmi  les  rares  privilégiés  qui  furent  autorisés  à  la 
parcourir,  Sainte-Beuve,  Paul  Lacroix,  Emile  Egger,  Guillaume 
Guizot.  Si,  en  1862,  Becq  de  Fouquières  put  la  voir,  ce  fut  à  la 
condition  de  n'en  rien  publier  ;  aussi  la  belle  édition  critique  des 
Poésies  d'André  Chénier,  qu'il  fit  paraître  la  même  année,  n'a-t-eUe 
pas  d'autre  mérite  que  de  corriger  les  fautes  qui  défiguraient  le  texte 
de  Chénier,  et  de  contenir  un  admirable  commentaire,  désormais 
classique.  {Poésies  d'André  Chénier^  édit.  crit.,  Paris,  Charpentier 
I  vol.  in  8°  1862  ;  2®  éd.,  1872,  i  vol.  in-i8.  Épuisée). 

Ce  fut  un  membre  de  la  famille,  le  petit-neveu  d'André,  Gabriel 
de  Chénier,  qui  publia,  pour  la  première  fois,  en  1874,  tous  les  vers 
du  poète  ;  c'est  ce  qui  donne  tant  de  valeur  à  son  édition  d'ailleurs 
mal  faite  et  renfermant  d'étranges  méprises.  (Œuvres poétiques  d* André 
de  Chénier^  par  Gabriel  de  Chénier,  Paris,  Lemerre,  1874,  3  vol. 
in- 12).  Gabriel  de  Chénier  manquait  de  goût  et  de  critique  ;  il  avait 
publié  les  poésies  dans  l'ordre,  ou  plutôt,  dans  le  désordre  des 
manuscrits  ;  pour  lui,  tout  ce  qu'André  avait  écrit  sur  la  même  page 
était  destiné  à  faire  partie  d'un  même  poème  ;  c'était  là  un  critérium 
très  simple,  mais  qui  pouvait  mener  loin  ;  on  en  arrivait  à  mécon- 
naître la  méthode  de  travail  d'André,  qui  jetait,  sur  la  même  feuille, 
sans  ordre,  suivant  une  inspiration  souvent  capricieuse,  les  vers 
les  plus  disparates. 

Gabriel  de  Chénier  écrivait  cependant  avec  assurance,  (T.  II, 
p.  Il),  dans  son  introduction  :  «  Il  ne  pouvait  y  avoir  aucune  conf«* 
sion  dans  le  classement  des  morceaux  qui  se  rapportent  aux  différents 
genres  de  composition,  parce  que  l'auteur  a  pris  soin  lui-même  de  les 
rattacher  entre  eux  par  des  signes  particuliers.  »  Ainsi,  quand  nous 
trouvons,  en  tête  d'un  morceau,  l'abréviation  pouK.,  nous  sommes  en 
présence  d'une  Bucolique  ou  d'un  fragment  de  Bucolique;  sembla- 
blement  l'abréviation  ëXer,  indiquera  que  les  vers  suivants  étaient 
destinés,  dans  la  pensée  du  poète,  à  faire  partie  d'une  élégie. 

Malheureusement,  bien  des  fragments,  bien  des  vers  isolés,  bien 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  20I 

des  notes  ne  portent  pas  ces  signes  précieux,  et,  plus  d'une  fois, 
l'éditeur  est  embarrassé  ;  il  ne  sait  s'il  doit  classer  tel  ou  tel  vers  dans 
telle  ou  telle  catégorie  de  poèmes,  dans  les  Bucoliques  ou  dans  les 
Élégies.  Gabriel  de  Chénier  lui-même,  bien  qu'il  eût  simplifié  la 
besogne  en  adoptant  la  méthode  que  j'ai  critiquée,  s'est  vu  obligé  de 
réunir  à  part,  sous  le  titre  de  Poésies  diverses^  celles  dont  il  n'avait  pu 
établir  l'attribution.  A  plus  forte  raison,  M.  Dimoff,  dont  la  méthode 
est  plus  rigoureuse,  conservera- 1- il  cette  rubrique  désagréable,  mais 
impossible  à  éviter. 

M.  Dimoff  est  cependant  parvenu  à  restituer  aux  Bucoliques  des 
morceaux  que  G.  de  Chénier  avait  classés  ailleurs  ;  on  en  trouvera 
rénumération  dans  l'introduction,  pp.  xxix-xxxi. 

Une  seconde  difficulté  se  présentait  :  le  classement  des  Bucoliques 
elles-mêmes.  Les  pièces  de  cette  catégorie  une  fois  bien  déterminées, 
de  quelle  manière  devait-on  les  disposer  ?  Ici  non  plus,  il  ne  pouvait 
être  question  de  respecter  l'ordre  des  manuscrits.  Becq  de  Fouquières 
avait  proposé  {Documents  nouveaux  sur  A.  Chénier,  etc.  Paris,  Charpen- 
tier, 1875,  I  vol.  in  18),  la  classification  suivante  :  d'abord,  un 
premier  groupe  comprenant  les  pièces  terminées,  complètes  ;  pour 
celles-ci,  le  classement  était  facile  ;  puis  un  second  groupe,  dans 
lequel  devaient  entrer  les  fragments  en  vers  ;  enfin  im  troisième, 
où  trouveraient  place  les  projets  et  les  notes. 

Mais  ces  fragments,  ces  projets  et  ces  notes,  comment  les  classer 
à  leur  tour  ?  Par  sujets,  c'est-à-dire  d'après  le  sujet  traité  ;  par 
exemple,  viendraient  en  premier  lieu  les  Débuts  et  envois  d'Idylles  ; 
puis,  ce  qui  concernait  les  Dieux,  puis,  ce  qui  traitait  des  Héros,  et 
ainsi  de  suite,  dans  une  gradation  descendante.  C'est,  à  quelques 
modifications  près,  le  classement  adopté  par  J.-M.  de  Hérédia,  dans 
son  édition  des  Bucoliques  de  Chénier.  (Paris,  Charles  Meunier, 
1906.  I  vol.  in  40,  illustré  par  Pantin- Latour). 

M  Dimofi"  a  préféré  réunir  les  pièces  achevées,  les  fragments  et  les 
notes  de  même  espèce  :  c'est,  si  Ton  veut,  le  système  proposé  par 
Becq  de  Fouquières,  mais  avec  cette  différence  que  les  morceaux 
complets  ne  constituent  pas  une  classe  spéciale,  indépendante  des 
fragments,  pas  plus  que  ceux-ci  ne  sont  séparés  des  simples  notes. 
Becq  de  Fouquières  considérait  d'abord  l'état  d'achèvement  des 
pièces,  puis,  mais  seulement  après,  le  sujet  traité.  M.  Dimoff  ne  tient 
compte  que  de  cette  dernière  condition  ;  il  dispose  le  tout  en  divi- 
sions qui  répondent,  dit-il,  «  aux  grandes  divisions  de  la  vie  antique, 
et  aux  asp>ects  de  la  vie  champêtre  »  :  les  invocations  poétiques,  les 
Dieux,  les  Héros  et  les  Fables,  les  Chanteurs,  les  Enfants,  etc.  On 
ne  dissimulera  pas  ce  que  de  pareilles  divisions  ont  de  factice  ;  elles 


202  LE   MUSÉE   BELGE. 


n'ont  pas  la  prétention  de  correspondre  au  classement  qu'André 
s'était  proposé  ;  ce  classement- là,  nous  l'ignorerons  toujours.  Il  est 
évident,  par  exemple,  que  jamais  Chénier  n*a  eu  l'intention  de  réunir, 
dans  une  même  pièce,  tous  les  fragments  que  M.  Dimoff  a  réunis 
sous  le  même  titre  (les  Festins,  par  ex.).  M.  Dimoff  a  voulu  simple- 
ment, par  un  classement  rationnel,  permettre  au  lecteur  et  au  cri- 
tique, de  se  retrouver  dans  le  fouillis  des  œuvres  de  Chénier.  Ajoutez 
que  le  rapprochement  des  pièces  de  même  espèce  suggère  des 
comparaisons  intéressantes. 

M.  Dimoff  a  poussé  le  respect  de  son  auteur  jusqu'à  nous  avertir, 
par  une  note,  des  changements  qu'il  a  apportés  à  la  ponctuation  des 
manuscrits  ;  la  chose  n'était  nécessaire  que  pour  les  vers  dans 
lesquels  le  déplacement  ou  la  suppression  de  la  ponctuation  avait  pour 
conséquence  un  changement  dans  le  sens.  Partout  ailleurs,  il  faut 
savoir  corriger,  sans  en  dire  mot,  ponctuation  et  orthographe. 
M.  Dimoff  n'a  pas  touché  à  une  virgule  de  Chénier,  sans  nous  le 
dire  ;  ce  n'était  pas  le  moyen  d'alléger  son  livre  ;  car  Chénier  avait 
une  ponctuation  très  capricieuse,  comme,  j'imagine,  M.  Dimoff  lui- 
même  dans  ses  brouillons. 

Donnons  un  exemple.  Vous  lisez  dans  Chénier  :  Athamas,  Ino, 
Mélicerte,  Glaucus,  Palémon.  Vous  vous  trompez  :  Chénier  n'a  pas 
écrit  cela  ;  les  virgules  sont  de  M.  Dimoff,  qui  prend  la  peine  de  nous 
en  prévenir. 

M.  Dimoff  a  borné  sa  tâche  à  celle  d'éditeur  ;  il  s'en  est  acquitté 
avec  conscience  et  intelligence  ;  s'il  a  péché,  c'est  par  excès  de  scru- 
pule ;  c'est  un  péché  qu'on  pardonne  volontiers  à  un  philologue. 
Cependant  j'aurais  aimé  que  le  texte  fût  accompagné  —  non  seule- 
ment de  notes  critiques  —  mais  d'un  commentaire,  dans  le  genre  de 
celui  de  Becq  de  Fouquières,  plus  complet  et  profitant  de  tout  ce  qxii 
a  été  écrit  depuis  1872  sur  André  Chénier.  M.  Dimoff  a  préféré  le 
réserver  pour  le  publier  à  part.  Il  lui  a  paru  qu'une  édition,  ainsi 
commentée,  a  ne  pouvait  être  que  le  couronnement  de  patientes  et 
minutieuses  recherches  » .  En  attendant  ce  volume,  nous  serons  donc 
toujours  obligés  de  recourir  au  commentaire  de  Becq. 

Arthur  Humpers. 

123.  —  OttorinO   Planigiani,    Vocaholario  etimologico  délia  lingm 

italiana,  con  prefazione  del   Prof.   F.   L.   PuUè.    Roma-Milano, 

Albrighi,  Segati  etc.,  1907.  2  vol.  gr.  8».  20  fr. 

L'œuvre  de    Francesco   Zambaldi,    Vocabolario  etimologico   iialiano 

(Turin,  1889),  première  synthèse  étymologique  de  la  langue  italienne, 

est-elle  donc  manquée  ou  vieillie,  et  la  tentative  de  M.  Pianigiani, 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2o3 


professeur  de  langues  romanes  comparées  à  l'Ateneo  de  Bologne,  est- 
elle  destinée,  selon  la  formule  consacrée,  à  combler  une  la,cune 
regrettable  ? 

Les  deux  ouvrages  ont  leur  raison  d'être  :  il  existe,  en  effet,  suivant 
le  but  où  Ton  vise,  deux  façons  de  concevoir  la  disposition  d'un 
dictionnaire.  Si  Ton  s'adresse  aux  seuls  initiés,  aux  érudits,  l'ordre 
des  étymons  ou  des  familles  de  mots  présente  l'avantage  d'être  plus 
logique,  plus  méthodique  :  ainsi  procède  Zambaldi.  Mais  a-t-on 
surtout  des  visées  pratiques,  veut-on  qu'un  lecteur  profane  puisse  de 
suite  et  sans  effort  trouver  le  mot  qui  l'intéresse,  veut- on  avant  tout 
diriger  ou  raffermir  le  sentiment  linguistique  de  ceux  qui  désirent 
uniquement  être  fixés  sur  la  valeur  et  l'origine  de  tel  mot  isolé,  et 
pouvoir  ainsi  s'exprimer  avec  exactitude  et  précision,  alors  la  dispo- 
sition alphabétique  des  dictionnaires  d'usage  est  préférable.  Ainsi  se 
justifie  le  travail  de  M.  Pianigiani,  œuvre  considérable  et  longuement 
méditée  :  elle  ne  vise  pas  à  l'originalité  (s'inspirant  de  modèles 
français,  allemands,  anglais);  elle  n'apporte  aux  érudits  aucune 
nouveauté,  aucune  découverte  :  elle  n'est  et  ne  prétend  être  que 
la  synthèse,  la  condensation  et  la  disposition  systématique  des 
recherches  antérieures  des  romanistes  de  tous  pays,  et  la  a  Nota  délie 
principali  opère  consultate  »  indique  que  l'auteur  s'est  adressé  à 
toutes  les  bonnes  sources  importantes.  Mais  il  expose  sans  dogma- 
tisme et  sans  choix  arbitraire  les  données  de  la  science  :  s'il  exclut 
les  hypothèses  entièrement  dépourvues  de  fondement;  s'il  manifeste 
ses  préférences  dans  les  cas  controversés,  il  a  soin  de  mettre  sous  les 
yeux  du  lecteur,  mais  dans  une  perspective  favorable  à  sa  thèse,  les 
différentes  explications  qui  méritent  de  fixer  l'attention. 

M.  Pianigiani  a  de  cette  façon,  dans  un  exposé  clair  et  abondant, 
mis  à  la  portée  du  public  lettré  les  résultats  acquis  de  l'étymologie 
italienne,  et  par  là  il  a  fait  œuvre  nouvelle  et  grandement  utile  à  ses 
compatriotes  et  à  la  langue  de  son  pays. 

Apprécier  dans  sa  valeur  intrinsèque,  après  l'avoir  seulement 
feuilleté,  un  ouvrage  qu'il  faudrait  pour  cela  avoir  longuement  manié, 
serait  chose  dangereuse  et  prématurée  (i).  D'aucuns  pourraient  trouver 
qu'une  trop  large  place  est  accordée  à  la  partie  sémantique,  quand  elle 
relève  uniquement  du  dictionnaire  d'usage.  Mais  excès  de  bien  ne  nuit 
pas,  et  nous  ne  voudrions  pas  encourir  le  reproche  de  trouver  la 
mariée  trop  belle.  A.  Doutrepont. 


(i)  Pourquoi  Tauteur,  dans  son  tableau  des  langues  romanes  (p.  xvi),  néglige-t-il 
It  rhéto-roman  et  donne-t-il  le  valaque  et  le  roumain  comme  deux  langues  diffé- 
rentes ? 


/" 


4 


204  LE   MUSÉB  BELGB. 


Langues  et  Littératures  germaniques. 

124.  —  Fr.  L.  'K.WelgBXid^Deutsches  WoerUrbuch.  5*  Âuâage.  Nach 
des  Verfassers  Tode  vollstàndig  neu  bearbeitet  von  K.  von  Bahdsr, 
H.  HiRT,  K.  Kant.  Hrsg.  von  H.  Hirt.  Livraisons  1-2  {A-drum]. 
Giessen,  A.  Tôpelmann,  1908  (L'ouvrage  sera  complet  en  12  livr. 
à  I  m.  60). 

Il  y  a  environ  un  demi  siècle  que  Weigand  entreprit  son  Di^ùm^ 
naire  allemand  dans  le  doublé  but  de  renseigner  sur  Tétymologie  des 
mots  et  de  donner  lliistoire  de  leurs  significations.  Dès  son  appari  • 
tion,  ce  travail  consciencieux,  fruit  de  longues  et  patientes  investi- 
gations» fut  accueilli  avec  une  faveur  marquée.  Il  n'existait  pas 
d'ouvrage  similaire  possédant  une  si  grande  valeur.  Il  ne  fut  dépassé 
que  bien  longtemps  après  par  les  dictionnaires  de  Fr.  Kluge  et  de 
H.  Paul,  qui  ne  donnent  chacun  qu'une  partie  de  ce  que  présentait 
Weigand  ;  en  effet,  Kluge  se  bornait  à  Tétymologie  et  Paul  au  côté 
sémasiologique.  Lorsque  parut  la  quatrième  édition  (i 881-1882), 
l'auteur  n'était  plus  en  vie.  Une  revision  en  fut  entreprise  par  K.  von 
Bahder,  qui  mourut  avant  d'avoir  pu  l'achever;  un  second  continua- 
teur, M.  Kant,  ne  parvint  pas  d'avantage  à  préparer  la  nouvelle 
édition  ;  enfin  le  professeur  H.  Hirt,  bien  connu  par  ses  importants 
travaux  de  linguistique  indo-germanique,  a  eu  le  bonheur  de  com- 
pléter et  de  terminer  ce  travail  de  refonte,  si  bien  que  cette 
cinquième  édition  répond  absolument,  au  point  de  vue  scientifique, 
aux  exigences  actuelles. 

Il  est  vrai  qu'elle  ne  ressemble  plus  que  de  loin  à  l'édition  origi- 
nale. Pourrait-il  en  être  autrement?  Le  vocabulaire  d'une  langue 
vivante  se  modifie  constamment.  Les  continuateurs  ont  donc  eu  à 
corriger  des  étymologies  reconnues  inexactes,  à  biffer  beaucoup  de 
vocables  qui  n'appartiennent  plus  à  l'allemand  actuel,  à  en  ajouter  un 
plus  grand  nombre  d'autres,  surtout  les  termes  relatifs  à  la  politique, 
au  commerce,  etc.  Celui  qui  comparerait,  sous  ce  rapport,  cette 
cinquième  édition  à  la  précédente,  serait  frappé  de  la  différence  ;  il 
constaterait  que,  dans  la  première  livraison  seule,  environ  270  mots 
nouveaux  ont  été  insérés,  tandis  qu'à  peu  près  i5o  autres  n'y  figurent 
plus.  Des  mots  comme  Ambassade  ont  disparu  ;  en  revanche,  on  y 
rencontre  Agrarier^  Antisemit  et  beaucoup  d  autres,  que  le  dictionnaire 
de  Paul,  paru  en  1897,  ne  mentionne  pas  encore  (i).  A  plus  d'un 
point  de  vue,  cette  comparaison  serait  intéressante  et  instructive. 

(1)  Une  seconde  édition  du  Deutsches  Woerterbuch  de  H.  Paul  se  publie 
actuellement,  également  par  fascicules;  je  ne  suis  pas  à  même  de  consuter  si  ces 
mots  y  figurent  maintenant. 


PARTIS  BIBLIOGRAPHIQUE.  205' 


Sous  une  forme  condensée,  Touvrage  donne  le  résultat  d*immense& 
recherches.  Pour  l'étude  de  Tallemand  de  nos  jours,  c*est  un  outil 
indispensable.  A  mesure  qu'on  s'en  sert,  on  en  apprécie  les  hautes 
qualités.  Les  renseignements  que  l'on  y  trouve  sont  multiples  et 
utiles;  mais  chaque  mot  a  été  posé;  l'auteur  ne  donne  rien  de 
superflu.  Malgré  l'extrême  concision  des  articles,  M.  Hirt  a  ajouté 
assez  souvent  des  indications  bibliographiques,  à  l'intention  du 
lecteur  qui  désire  des  renseignements  complémentaires. 

C.  Lbcoutere. 

125.  —  Fr.  Kaoftnann,  Dmtscke  Metrik  nach  ihrer  gêschichtlichvn  Ent- 

wicklung.  Zweîte  Auflage.  Marbourg,  N.  G.  Elwert,   1907.  In-8, 

viii-254  PP   ^  ^-  ^^• 

Loi  première  édition  de  cet  ouvrage  a  été  annoncée  ici* même* 
{Bulletin^  t.  I,  pp.  173-175).  Cette  seconde  édition  n'en  diffère  que 
par  des  modifications  de  détail,  des  renseignements  bibliographiques 
et  quelques  additions,  qui  ont  accru  le  volume  d'une  vingtaine  de 
pages  ;  le  plan,  la  division  des  chapitres,  le  nombre  des  paragraphes, 
tout  cela  n'a  pas  été  changé. 

Nous  devons  ajouter  que  le  manuel  de  M.  Kaufmann  a  été  assez^ 
vivement  attaqué  ;  on  a  reproché  à  l'auteur  de  ne  pas  reconnaître 
assez,  dans  l'évolution  de  la  métrique  allemande,  l'influence  des 
littératures  étrangères.  Cette  critique  nous  paraît  exagérée  et  nou& 
ne  voyons  aucun  motif  pour  ne  pas  maintenir  l'appréciation  que 
nous  avons  émise.  C.  Lbcoutere. 

Histoire  et  Géographie. 

ia6.  —  P.  PouUet.  Les  Institutions  françaises  de  iyç5  à  1814,  Essai 

sur  les  origines  des  Institutions  belges  contemporaines.  Bruxelles, 

Dewit,  1907.  xi-975  p.  10  fr. 

Dans  son  Histoire  politique  nationale,  Edmond  PouUet  ne  s*est  occupé 
de  la  période  de  la  Révolution  qu'au  seul  point  de  vue  de  la  chute 
des  institutions  de  l'Ancien  régime.  Il  a  laissé  de  côté  a  la  reconstruc- 
tion de  la  société  sur  des  bases  nouvelles,  qui  mériterait,  disait-il,  de 
faire  l'objet  d'im  ouvrage  indépendant.  » 

C'est  cet  ouvrage  que  M.  Prosper  PouUet,  qui  continue  si  bien  les 
traditions  de  son  père,  a  essayé  de  faire.  On  y  trouve  l'esquisse  des 
institutions  que  la  France,  après  avoir  conquis  nos  provinces,  y  a 
établies  en  remplacement  de  celles  de  l'Ancien  régime,  dont  Tabro- 
gation  avait  été  systématiquement  ordonnée  par  la  République. 

«  Avant  leur  transformation  définitive  à  la  suite  de  la  Révolution 


206  LE    MUSéE   BELGE. 


belge  de  1 83o,  les  institutions  imposées  par  la  France  à  notre  pays  à 
la  fin  du  XVIII* siècle,  subirent  pendant  la  période  française  elle-même, 
et  après  elle,  pendant  notre  union  avec  la  Hollande,  des  remanie- 
ments d'une  importance  capitale  et  d'une  portée  souvent  durable. 
Un  trait  caractéristique  distingue  cependant,  au  point  de  vue  de 
l'évolution  des  institutions  belges  contemporaines,  la  période  de 
notre  incorporation  à  la  France  de  celle  qui  la  suivit.  Au  cours  de  la 
période  française,  nos  provinces  durent  subir  un  régime  imp>osé 
d'autorité  par  la  domination  étrangère,  et  ceîle-ci  ne  se  préoccupa  en 
aucune  façon  de  l'adapter  au  tempérament  national,  non  plus  quaux 
vœux  et  aux  intérêts  du  peuple  belge.  Mais,  après  i8i5,  la  Belgique 
ne  pouvait  plus  être  traitée  dans  le  nouveau  royaume  des  Pa5rs-Bas 
comme  un  pays  conquis.  Le  législateur,  dans  les  transformations 
qu'il  fit  subir  aux  institutions,  sentit  le  devoir  et  eut  le  souci  de 
s'inspirer  des  besoins  propres,  des  intérêts  particuliers  et  des  tradi- 
tions de  nos  populations. 

Dès  que  l'annexion  à  la  République  eut  été  officiellement  décidée, 
par  le  décret  du  9  vendémiaire  an  IV  (i«r  octobre  1795),  les  départe- 
ments réunis  furent  assimilés  en  tout  et  pour  tout  aux  89  départe- 
ments de  l'ancienne  France.  Il  en  résulte  que  le  tableau  des  institu- 
tions qui  ont  régi  la  Belgique  pendant  la  réunion  à  la  France  se 
confond  avec  celui  des  institutions  qui  ont  régi  la  France  elle-même. 
De  là,  le  titre  de  l'ouvrage  de  M.  P.  Poullet  :  «  Les  institutions 
françaises  de  1795  à  18 14;  Essai  sur  les  origines  des  institutions 
belges  contemporaines  ». 

Comme  il  y  a  souvent  loin  du  texte  légal  à  l'application  pratique, 
M.  Poullet  a  cru  avec  raison  devoir  compléter  l'exposé  de  l'organisa- 
tion et  du  fonctionnement  théoriques  des  institutions  par  des  notes 
relatives  à  leur  application  réelle,  effective. 

La  Pasinotnic  a  servi  au  savant  auteur  de  source  principale  pour  le 
texte  des  lois,  décrets  et  arrêtés  généraux.  Pour  les  règlements 
départementaux  et  locaux,  il  a  recouru  aux  recueils  contemporains 
de  Hayez  ou  de  Huyghe. 

Les  sources  que  l'éminent  professeur  a  consultées  pour  caractériser 
les  tendances  de  la  législation  et  l'esprit  qui  a  inspiré  ses  transforma- 
tions, sont  indiquées  avec  soin  à  propos  de  chaque  matière. 

Cette  étude  se  bornant  à  esquisser  les  traits  essentiels  de  l'époque, 
il  n'a  pas  été  nécessaire,  en  règle  générale,  de  recourir  aux  documents 
d'archives.  Cependant  les  détails  donnés  sur  le  fonctionnement  du 
Sénat  conservateur  sont,  en  grande  partie,  puisés  dans  les  procès- 
verbaux  de  cette  assemblée,  que  M.  Poullet  a  dépouillés  aux  Archiver 
nationales  à  Paris. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  20/ 

«  La  domination  française  en  Belgique  a  commencé  aussitôt  après 
la  victoire  de  Fleurus  (26  juin  1794).  ^^^^  la  Convention  n'a  voté 
officiellement  l'annexion  que  le  9  vendémiaire  an  IV  (i**"  octobre  1795), 
et  rintroduction  systématique  des  lois  françaises  n'a  commencé  qu'à 
partir  de  cette  époque.  A  cette  date,  la  Convention  était  proche  de 
sa  fin  et  le  gouvernement  révolutionnaire  allait  être  remplacé  par  le 
régime  constitutionnel. 

«  Dans  la  plus  grande  partie  de  la  Belgique,  la  domination  fran- 
çaise cessa  de  fait  au  cours  des  premiers  mois  de  1814.  Elle  ne  prit 
fin  officiellement  et  d'une  façon  générale  qu'à  la  suite  de  l'armistice 
du  23  avril  et  de  la  conclusion  de  la  paix  de  Paris  (3o  mai). 

M.  Poullet  expose  donc,  dans  son  bel  ouvrage,  le  pouvoir  législatif 
et  le  pouvoir  exécutif  pendant  le  consulat  décem viral  et  le  consulat  à 
vie,  ainsi  que  sous  l'Empire  ;  il  passe  ensuite  successivement  en  revue 
les  tribunaux,  les  institutions  départementales  et  locales,  les  finances, 
la  force  publique,  les  libertés  publiques  et  le  régime  des  cultes,  de 
l'enseignement  et  de  la  bienfaisance. 

Un  tel  livre  ne  se  résume  pas,  tant  la  matière  est  à  la  fois  abondante 
et  concise.  C'est  une  œuvre  à  étudier,  à  consulter  souvent.  Nos  profes- 
seurs d'enseignement  moyen  feront  bien  d'en  prendre  connaissance 
pour  traiter  avec  plus  d  ampleur  une  période  qui  nous  touche  de  si 
près.  L'œuvre  de  M.  P.  Poullet  est  tout  à  fait  digne  des  travaux  de 
son  illustre  père.  Tout  y  est  net,  précis,  clair,  lumineux,  très  docu- 
menté ;  aussi  attendons-nous  avec  impatience  une  œuvre  complémen- 
taire, celle  où  le  jeune  et  brillant  professeur  exposera  les  transforma- 
tions que  les  institutions  reçues  de  la  France  ont  subies  depuis  18 14 
jusqu'à  nos  jours.  F.  Collard. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

127.  —  La  nouvelle  revue,  déjà  annoncée  ici  :  Glotta,  Zeitschrift  fur  griechische 
und  lateinische  Sprache^  hrsg.  von  Paul  Kretschmer  und  Franz  Skutsch, 
(GôUingen,  Vandenhoeck  und  Ruprecht,  1907.  4  livr.  par  an.  12  m.)  publie  dans 
son  !«'  fascicule  les  articles  suivants  : 

F,  Buecheler^  Grammatica  et  epigraphica,  p.  i-8. 

P.  Kretschmer^  Zur  Geschichte  der  griech.  Dialekte  :  1.   lonier  und  Achaer, 

2.  Die  Apokope  in  den  griech.  Dialekten  (p.  9*60). 

F,  Sommer,  Zu  den  homerischen  Aoristformen  ékto,  oi/ra,  àirr^ùpa  éyi^pa 
(p.  60-61;. 

O.  Hoffmann,  Die  Medialendung  aai  in  der  thematischen  Flexion  (p.  67-68). 

F.  Skutsch,  Die  Flexion  von  TIZ  (p.  69-70) 

F,  Bechtel,  Beitrage  zur  griechischen  Woriforschung:  1.  àpXnxpôç,  2.  ÛKViiairç, 

3,  ôpirnE,  4,  TepiriK^pauvoç  (p.  71-851. 

F.  Solmsen,  Eine  griechische  Namensippe  (p.  76-81). 

F,  Kretschmer^  Eine  boeotiscbe  Vaseninschrift  (p.  82-85). 


208  LE  IfUSÉB   BBLGB. 


5.  Kugéas,  Herkunft  und  Bedeutung  von  neugriech.  NiicXiâvoi  und  <^a^^TKX 
(p.  86  io3). 

F.  Skutsch,  Vom  Pompejanischen  Strassenleben  (p.  104-112). 

F.  Vollmer,  Zur  lat.  Konjugation  :  1.  est  und  ëtt,  «  ist  »  und  «  iszt  »,  3.  Der 
Impératif  cap. 

Dans  le  4*.  fascicule  de  chaque  année,  Glotta  passe  en  revue  les  publications 
relatives  à  la  grammaire. 

138.  —  Le  Korresponden^biatt  der  Westdeutschw  Zeitschrift  a  cessé  de  paraître.  R 
est  remplacé  par  le  Roemisch-germanisches  Korresponden^blatt,  Nachrichtenorgan 
fuer  die  roemisch-germanische  Altertumsforschung,  publié  par  le  directeur  du  Musée 
archéologique  de  Trêves,  M.  B.  Kmeflper.  Le  i«r  fascicule  a  paru  :  il  comprend 
13  pages  avec  gravures,  gr.  8".  Chez  Lintz,  à  Trêves,  six  fois  par  an,  3  m. 

129.  —  M.  6.  Gevolani,  bien  connu  de  nos  lecteurs  par  les  articles  sur  la  syntaxe 
latine  que  le  Musée  Belge  et  le  Bulletin  ont  publiés,  a  donné,  dans  des  revues 
italiennes,  une  série  d'études  où  il  examine  les  opinions  reçues,  surtout  en  Italie,  sur 
différents  points  de  syntaxe  générale  ou  de  syntaxe  latine.  Nous  ne  pouvons  ici  que 
les  énumérer  : 

6.  Gevolani,  Aitributo  e  apposi^ione.  Note critiche di sintassi  générale,  (Extrait 
de  Classici  e  neo  latini^  a.  igo6).  47  pp.  8*». 

Note  critiche  di  sintassi  générale  sulla  proposi^ione  (Extrait  de  la  même  re^ue, 
III,  1907,  n**  3).  33  pp. 

Qassiflcajioni  erronée  délie  proposi^ione  insegnate  nelle  grammatiche  italiami 
(Extrait  de  Gymnasium^  VI,  1907,  n.  34).  33  pp.  in  §3. 

La  comune  divisione  délia  proposi^ione  in  semplice^  composta,  complessa^  ellit" 
tica.  Roma,  Tip.  Salesiana,  1907,  33  p.  in- 13. 

Sopra  alcune  specie  di  propositions  subordinate.  Note  critiche  di  sintassi  géné- 
rale, Roma.  ib.,  1908,  66  pp.  80. 

Com'  è  bistrattata  dai  grammatici  la  proposi^ione  relativa,  Roma,  ib.,  1908. 
40  pp.  8». 

Ùna/alsa  conce^ione  del  cosl  detto  oggetto  intemo.  Roma,  ib.,  1908, 7  pp. 

Questioncelle  logico-sintattiche  sopra  alcuni  elementi  délia  proposip'one,  Roma, 
ib  ,  1908,  18  pp. 

Lo  stra^io  délia  logica  nelle  ordinarie  classificai^ioni  dei  complimenti.  Estratto 
del  Gymnasium,  anno  VIII.  Roma,  ib.,  1908.  75  pp. 

i3o-i33.  —  Les  quatre  derniers  volumes  de  la  Gy^nasial-Bibliothek^  publiée  par 
C.  Bertelsmann,  à  Gût«rslch,  sous  la  direction  de  Hugo  HolTmann,  méritent  une 
mention  particulière.  Ils  renferment  la  description  illustrée  des  villes  ioniennes  de 
l'Asie  Mineure  (Didyma,  Milet,  Priène,  Ephèse,  Smyrne),  de  TAfrique  (Egypte  et 
le  Nil,  Carthage,  les  Romains  dans  le  nord  africain),  de  Délos,  Hle  d*Apollon,  et  de 
Delphen,  la  ville  sainte  de  l'oracle  d'Apollon.  Ces  quatre  volumes  sont  composés 
d'après  les  résultats  des  fouilles  récentes  ;  ils  sont  bi«n  illustrés  et  seront  utiles  aux 
professeurs  de  langues  anciennes  et  à  leurs  élèves.  En  voici  les  titres  : 

N'o  45.  R.  Thiele,  /m  lonischen  Kleinasien,  Erlebnisse  und  Ergebnisse.  Mit 
3  Karten  und  33  Bildern.  3  m. 

N»  46.  F.  Cramer,  Afrika  in  seinen  Bei^iehungen  ^ur  antiken  Kulturwelt,  Mit 
34  Abbild.  und  3  Karten.  3  m.  40. 

N''  47.  O.  Fritach,  Delos,  Die  Insel  des  Apollon.  Mit  37  Abbild.  1  m.  5o. 

N®  48.  O.  Fritach,  Delphi,  die  Orakelst&tte  des  Apollon.  Mit  47  Abbild.  2  m.  40, 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  209 

134.  —  Dans  U  collection  Gôschen  ont  paru  :  la  3«  édition  de  Fr.  Hommel» 
Geschichte  des  alten  Morgenlandes  (avec  une  carte  et  9  gravures),  194  pp.  ;  la 
2«  édition  de  Th.  Achelis,  So^iologie^  120  pp.  Leipzig,  Goeschen,  1908.  o  m.  80 
le  vol. 

i35.  —  Charles  Diehl,  Figures  byzantines.  Deuxième  série.  Paris,  Hachette, 

iQo8.  3  fr.  bo. 

Après  nous  avoir  montré  dans  une  première  série,  ce  que  fut  la  société  byzantine 
avant  les  croisades,  l'auteur  étudie  dans  ce  volume  ce  que  fut  cette  même  société 
pendant  et  après  les  croisades.  Il  fait  revivre  les  aspects  divers,  pittoresques  ou 
tragiques,  les  goûts  dominants  de  ce  monde  disparu,  les  grandes  ambitions  poli- 
tiques s'apaisant  dans  le  culte  des  lettres  ou  dans  la  paix  du  cloître,  les  intrigues  de 
cour  se  mêlant  à  la  splendeur  des  fêtes,  les  aventures  de  guerre  ou  d*amour  s*ache- 
vant  dans  les  plus  dramatiques  révolutions.  Dans  cette  galerie  de  portraits,  où  se 
rencontrent  les  types  les  plus  divers,  tout  le  moyen  âge  grec  revit  dans  son  originale 
et  pittoresque  complexité. 

Voici  les  sujets  traités  :  Byzance  et  l'Occident  à  l'époque  des  Croisades.  —  Anne 
Comnène.  —  ^impératrice  Irène  Doukas.  —  Les  aventures  d'Andronic  Comnène. 
—  Un  poète  de  cour  au  siècle  des  Comnènes.  —  Princesse  d'Occident  à  la  cour  des 
Comnènes  et  des  Patéologues.  —  Deux  romans  de  chevalerie  byzantins. 


i36.  —  A.  Aulard.  Taine  historien  de  la  Révolution  française.  Paris,  Armand 

Colin,  1907.  3  fr.  5o. 

L'autorité  de  Taine  considéré  comme  historien  de  la  Révolution  française  est 
grande  ;  son  ouvrage  des  Origines  de  la  France  Contemporaine ^  d'aspect  si  impo- 
sant, lui  a  valu  une  universelle  réputation  d'historien,  et  cette  réputation,  cette 
autorité  ont  eu,  ont  encore  en  France  une  grande  influence  politique.  Il  vaut  donc  la 
peine  d'examiner  de  près  les  titres  de  cette  autorité,  les  fondements  de  cette  réputa- 
tion. C'est  le  but  que  s'est  proposé  M.  Aulard  dans  ce  livre  qui  ne  peut  manquer 
d'avoir  un  grand  retentissement. 

Il  a  voulu  passer  au  crible  d'une  critique  impartiale,  mais  inflexible,  non  les 
théories  philosophico-politiques  de  Taine,  mais  son  érudition  d'historien,  les  procé- 
dés de  sa  méthode  de  travail,  le  traitement  qu'il  applique  aux  sources,  l'usage  qu'il 
fait  des  documents.  Le  talent  de  Taine  est  ici  hors  de  cause  ;  hors  de  cause  sa 
bonne  foi  :  il  s'agit  de  savoir  si,  persuadé  comme  il  l'était  de  l'excellence  de  ses 
théories  préconçues,  il  n'a  pas  été  radicalement  impuissant  à  voir  dans  les  faits  et 
dans  les  documents  autre  chose  que  ce  qu'il  y  cherchait  à  priori. 

1 37.  —  Joseph  Bédier,  Les  Légendes  épiques.  Recherches  sur  la  formation  des 

chansons  de  geste.  I.  Le  cycle  de  Guillaume  d'Orange.  Parif,  Champion,  igo8* 

Un  vol.  de  xvi-431  pp.  80.  8  fr. 

Il  n'est  point  prouvé,  comme  on  le  croit  communément,  que  les  romans  de 
chevalerie  du  xii*  et  du  xiii*  siècles  dérivent,  par  une  tradition  littéraire  ininter- 
rompue, de  «  cantilènes  »  ou  de  (c  chants  lyrico- épiques  »,  plus  vieux  de  plusieurs 
centames  d'années  ;  que  Roland,  par  exemple,  ait  été  célébré,  dès  le  lendemain  de 
sa  mort,  en  778,  par  des  aèdes,  dont  les  chants,  sans  cesse  ampliflés  et  remaniés  à 
travers  les  âges,  auraient  fini  par  aboutir,  vers  l'an  uoo,  au  poème  qui  nous  est 
parvenu. 

Ce  n'est  pas  nécessairement  dans  une  hypothétique  épopée  contemporaine  de 
Charlempgne  qu'il  faut  chercher  les  origines  des  romans  du  xit«  et  du  xin«  siècles 


2IO  LE   MUSÉB   BELGE. 


c*e8t,  à  Pordinaire,  dan»  les  sentiments  et  dans  les  idées,  dans  les  goûts  et  dans  les 
intérêts  des  hommes  du  xii«  et  du  xin*  siècles.  Les  chansons  de  geste,  colportées  par 
des  jongleurs  nomades,  étaient  surtout  destinées  à  ces  publics  forains  que  des  exhibi- 
tions de  reliques  et  des  marchés  attiraient  autour  des  principaux  sanctuaires.  A  peu 
d'exceptions  près,  les  légendes  épiques  du  moyen  âge  se  rattachent  chacune  à  une 
certaine  abbaye,  qui  était  alors  but  de  pèlerinage,  ou  qui  se  dressait  sur  remplace- 
ment ou  sur  le  chemin  d*une  foire  illustre.  Cest  là,  aux  abords  de  ces  divers 
sanctuaires,  que  les  légendes  épiques  se  sont  formées,  par  TefTort  combiné  de 
moines  et  de  jongleurs  pareillement  intéressés  à  attirer  et  à  retenir,  à  édifier  et  à 
récréer  un  même  public  de  marchands  et  de  pèlerins. 

Telles  sont  les  vues  qui  semblent  se  dégager  des  recherches  entreprises  depuis 
plusieurs  années  par  Tauteur.  Une  étude  des  épopées  françaises  est,  selon  lui, 
incomplète,  si  elle  n*est  pas  pour  une  bonne  part  une  étude  des  routes  et  des 
croisées  de  l'ancienne  France,  de  ses  marchés,  de  ses  pèlerinages,  des  lieux  où  les 
hommes  se  rencontraient  et  s'arrêtaient,  et  où,  de  leur  contact,  naquirent  tant  de 
formes  nouvelles  de  la  vie  matérielle,  de  la  pensée  et  de  la  poésie. 

Cet  ouvrage  formera  trois  volumes,  quatre  plus  probablement  ;  le  second  paraîtra 
sans  doute  en  avril  1908  :  de  Guillaume  d*Orange  à  Girard  de  Roussilloo,  de 
Charlemagne  à  Raoul  de  Cambrai  et  à  Roland,  on  y  considérera  tour  à  tour  les 
principaux  héros  des  romans  de  chevalerie  et  toutes  les  grandes  légendes  du  moyen 
fige  français,  c*est-à-dire  toutes  celles  des  chansons  de  geste  qui  ne  sont  pas  des 
fictions  récentes,  purement  imaginaires,  toutes  celles  qui  ont  quelque  fondement 
historique  ou  quelque  ancienneté. 

i38.  —  Maurice  Barrés,  Vin gt'Cinq  années  de  Vie  littéraire.  Introduction  de 

Henri  Bremond.  Paris,  Bloud,  1908.  3  fr.  5o. 

De  tous  les  écrivains  contemporains,  il  n'en  est  pas  qui  ait  suscité,  dès  ses  débuts, 
plus  d'admirations  enthousiastes,  et  qui  aujourd'hui,  dans  la  pleine  maturité  de  son 
talent,  compte  plus  de  fidèles  que  M.  Maurice  Barrés.  Les  critiques  lesjplus  exigeants 
s'accordent  à  reconnaître  en  lui  un  des  maîtres  de  la  langue  française,  et  les  catho- 
liques saluent,  dans  l'auteur  des  Amitiés  françaises^  le  magnifique  défenseur  de 
tout  ce  qui  a  fait  la  force  de  la  France.  Le  jeune  maître  n'est  encore  qu'au 
milieu  de  sa  course  ;  il  était  bon  néanmoins  de  mettre  dès  maintenant  les  plus 
belles  pages  de  son  œuvre  à  la  portée  du  grand  public,  et  de  choisir  dans  cette 
longue  série  d'ouvrages  un  peu  dispersés,  une  anthologie  barrésienne  qui  fasse 
mieux  connaître  et  aimer  ce  noble  talent.  M.  Barrés  a  désigné  lui-même  le  critique 
à  qui  il  lui  plairait  que  fût  confiée  cette  tâche  si  particulièrement  délicate.  Tel  qu'on 
Ta  compris,  le  présent  volume  contient  les  pages  les  plus  caractéristiques  que  ren- 
ferme l'œuvre  de  M.  Barrés,  depuis  Sous  Vœil  des  Barbares  jusqu'au  Discours  de 
réception  à  V Académie,  Le  lecteur  y  suit  sans  peine  l'évolution  littéraire  et  philoso- 
phique de  M.  Barrés  pendant  vingt-cinq  années.  L'ingénieuse  disposition  des  textes 
fait  de  ce  livre  un  ouvrage  cohérent,  dont  l'unité  vient  de  la  continuité  même  de 
l'œuvre  barrésienne.  On  y  retrouve  des  passages  peu  connus,  qui,  mis  en  leur  pleioe 
lumière,  revêtent  un  aspect  de  nouveauté  aux  yeux  même  des  lecteurs  les  plus  fami- 
liarisés avec  les  livres  de  M.  Barrés.  A  ce  point  de  vue  ce  livre  constitue  un  ouvrage 
vraiment  original.  Une  introduction  magistrale,  qu'on  a  pu  lire  récemment  dans  la 
Revue  des  Deux-Mondes,  explique  et  justifie  le  groupement  révélateur  des  pages 
choisies.  Dans  cette  introduction  où  il  étudie  en  Maurice  Barrés  l'écrivain,  le  pen- 
seur et  l'homme  d'action,  M.  Henri  Bremond  déploie  toutes  les  qualités  de  fin  lettré 
et  de  pénétrant  psychologue  qui  ont  valu  à  sa  biographi;:  de  Newman  tant  et  de  si 
distingués  sulTrages. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  211 


139.  —  La  revue  littéraire  de  Berlin,  Das  literarische  Echo^  dans  son  n»  du  i""  mars 
1908.  publie  une  correspondance  littéraire  belge  de  notre  collaborateur,  M.  Henri 
Bischoff,  professeur  à  Tuniversité  de  Liège.  Il  passe  en  revue  ce  qui  a  paru  de  plus 
important  en  Belgique  dans  le  double  domaine  des  lettres  françaises  et  néerlandaises 
depuis  un  an. 


140.  —  Verslagen  en  mededeelingen  der  koninklijke  Akademie  van  weienschappen , 
Afdeeling  Letterkunde.  4e  reeks,  8*  deel.  Amsterdam,  Joh.  MûUer,  1907.  viii- 
394  pp.  in-8°. 

Le  dernier  volume  des  h  rapports  et  communications  »,  publié  par  la  classe  des^ 
lettres  de  TAcadémie  royale  des  sciences,  établie  à  Amsterdam,  contient  des  contri- 
butions relatives  à  la  philologie  classique  (par  MM.  J,  J.  Hartman  et  D.  C.  Hesse- 
ling)  Cl  orientale  (par  MM.  H.  Kern  et  A.  C.  Kruyi),  à  l'histoire  (par  MM.  P.  J.  Blok 
et  G.  Heymans),  à  d'autres  disciplines  encore.  Je  ne  m'y  arrête  pas  et  me  borne  à 
signaler  quelques  autres  études.  D'abord  deux  articles  du  professeur  J.  Verdam 
sur  les  mots  néerlandais  schaats  (qui  a  la  même  origine  que  le  mot  français 
échasse)  et  fer/r,  dont  il  fait  Thistoire.  Ensuite  une  étude  étymologique,  très  docu- 
mentée, de  M.  A.  Kluyver  sur  le  terme  massicot^  dénomination  d'une  couleur, 
terme  qui  se  retrouve  dans  le  français  et  dans  l'anglais,  et  dont  ni  les  romanistes  ni 
les  anglistes  n'avaient  pu  indiquer  la  provenance.  Enfin  un  travail  du  professeur 
G.  G.  Ublenbeck  sur  les  caractères  de  la  grammaire  du  basque,  travail  qui 
intéressera  tous  ceux  qui  s'occupent  d'études  linguistiques.  On  sait  que  le  basque, 
que  l'on  ne  connaît  qu'assez  imparfaitement,  n'appartient  pas  au  groupe  indo- 
européen, n'a  donc  aucune  affinité  avec  les  langues  romanes  au  milieu  desquelles 
il  vit,  et  soulève  des  problèmes  curieux  et  difficiles,  à  la  solution  desquels  ont 
travaillé  des  savants  renommés.  Disons  aussi  à  ce  propos  que  M.  Uhlenbeck,  avant 
de  lire  ce  mémoire  devant  ses  collègues,  avait  déjà  publié,  dans  les  VerhandC" 
lingen  de  l'académie,  un  travail  plus  étendu,  formant  un  essai  de  grammaire 
comparée  des  dialectes  basques  (Beitràge  ^u  einer  vergleichenden  Grammatik  der 
baskischen  Dialecte  [Verhandelingen  der  Kon.  Akad.  v.  Wetensch.^  afd.  Letter- 
kunde, Nituwe  Reeks,  dl.  V],  Amsterdam.  1903;  in-40,  106  pp.)  C.  L. 

141.  —  Dans  les  Handelingen  en  mededeelingen  van  de  Mit  der  Nederl,  letter- 
kunde te  Leiden  over  het  jaar  içoô-içoy  (Leyden,  E.  J.  Brill,  1907  ;  iv-i56  pp. 
în*8^),  nous  relevons  une  étude  de  M.  le  professeur  F.  P^per,  Erasmus  en  de 
Nederlandsche  Reformatie  (pp.  3C-62).  Partant  du  fait  acquis  qu'il  faut  distinguer, 
dans  l'histoire  de  la  Réforme,  un  mouvement  réformateur  spécifiquement  néerlan- 
dais ou  national,  ayant  une  caractéristique  nettement  déterminée,  il  recherche  quelle 
a  été  l'influence  du  grand  humaniste  sur  ce  mouvement.  A  cette  fin,  il  examine  les- 
écrits  protestants  qui  parurent  à  cette  époque  dans  les  Pays-Bas  et  nous  montre  jus- 
qu'à quel  point  ils  ont  été  inspirés  par  ceux  d'Érasme  ;  d'où  il  ne  faudrait  cepen- 
dant pas  conclure  de  suite,  ainsi  que  le  fait  observer  M.  Pijper,  qu'Érasme  ait  pro* 
voqué  ou  conduit  ce  mouvement. 

Les  Levensberichten  der  a/gestorven  medeleden,  parus  en  même  temps  {ibid,, 
in-S^*,  tv-292  pp.)  contiennent,  entre  autres  notices,  celles  sur  les  auteurs  néerlandais 
connus  L.  Mulder  11822-1907)  par  M.  Joh.  Qram  (pp.  95-ii8)  et  H.  J.  Schimmel 
(1823-1906}  par  M.  6.  Ij.  van  LtOghem  (pp.  142-176).  Conformément  à  la  tra- 
dition, ces  notices  sont  avant  tout  des  biographies,  non  pas  des  études  appro- 
fondies sur  1  œuvre  de  ces  écrivains.  Il  est  évident  toutefois  que  la  vie  et  les 
œuvres  se  séparent  difficilement  ;  aussi  bien  ces  pages  pourront  rendre  service  à  ceux 
qui  s'intéressent  à  l'histoire  de  la  littérature  néerlandaise.  C.  L. 


212  LE   MUSÉE   BELGE. 


142.  —  11  existe,  à  la  bibliothèque  de  Gand,  deux  magnifiques  collections  de  pam- 
phlets néerlandais  du  xvi*  siècle,  la  plupart  rares  et  peu  connus.  M.  le  professeur 
P.  Fredericq  en  a  publié  récemment  un  grand  nombre,  fournissant  par  là  une 
contribution  aussi  neuve  qu*importante  à  Thistoire  littéraire  de  cette  époque  :  Het 
Nederlandsch  pro:ça  in  de  jestiendeeeuwsche  pamfletten  uU  den  tijd  der  àeroerten. 
Met  eene  bloemlezing  (i  568- 1600)  en  een  Aanhangsel  van  liedjes  en  gedichten  uit 
dien  tijd.  Bruxelles,  Hayez,  1907.  In-S®,  xliv-4i2  pp. 

Le  professeur  gantois  fait  précéder  ces  textes  d*une  étude  assez  étendue  et  fort 
intéressante  sur  la  provenance,  le  caractère  et  la  valeur  de  ces  documents  ;  il  a  mille 
fois  raison  de  réclamer  pour  ces  écrits,  beaucoup  trop  ignorés,  une  place  et  même 
une  place  un  peu  en  vue  dans  la  littérature  néerlandaise  du  xvi'  siècle.  Ea  effet, 
ces  productions  en  prose,  malgré  les  imperfections  de  la  forme,  l'emportent  parfois 
sur  la  poésie  recherchée  et  peu  sincère  de  Tépoque,  parce  qu'elles  sont  dues  à  une 
conviction  forte,  à  une  émotion  véritable,  à  une  éloquence  naturelle.  M.  Frédéricq 
en  a  choisi  les  plus  remarquables  au  point  de  vue  littéraire  ;  à  cause  de  l'intérêt 
qu'elles  présentent,  il  y  a  ajouté  quelques  autres,  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  les 
collections  susdites.  Avant  tout,  Touvrage  s  adresse  aux  philologues  ;  mais  il  mérite 
aussi  Tattention  des  historiens,  car  il  est  évident  que  ces  textes,  inspirés  par  les 
circonstances  d'alors,  sont  d'une  grande  valeur  pour  la  connaissance  de  ces  temps 
mouvementés.  C.  L. 

143.  —  Nous  avons  reçu  la  première  livraison  (A-begriper)  d'un  nouveau  diction- 
naire du  moyen -néerlandais  :  J.  Verdam,  Middelnederlandsch  handwoordenboek, 
La  Haye,  M.  NijhofiP(23  à  3o  livraisons  gr.  in-8  de  64  p.  à  deux  colonnes;  chaque 
livraison  o  fl.  80). 

On  sait  que  le  grand  dictionnaire  du  moyen-néerlandais,  entrepris  en  1883  par 
J.  Verdam  et  E.  Verwijs  (et  continué  par  Verdam  seul  après  la  mort  de  son  colla- 
borateur), n'est  pas  encore  achevé  ;  le  sixième  volume,  paru  l'année  passée,  s'arrête 
à  la  fm  de  la  lettre  R.  Ce  travail  gigantesque,  véritable  trésor  d'érudition,  s'adresse 
avant  tout  à  ceux  qui  font  leur  spécialité  de  l'étude  du  moyen-néerlandais.  Nombreux 
sont  ceux  qui,  sans  se  consacrer  à  la  même  étude,  ont  cependant  besoin  de  se  ren- 
seigner sur  l'existence  ou  la  signification  d'un  mot  ou  d'une  locution  du  flamand  du 
moyen  âge.  Aussi  bien,  la  nécessité  d'un  dictionnaire  moins  volumineux  et  plus 
facilement  maniable  se  faisait  vivement  sentir. 

Toutefois,  l'ouvrage  que  nous  annonçons  ici  n'est  pas  un  simple  résumé  du 
Middelnederlandsch  woordenboek^  n'en  différant  que  par  Tabsence  des  indications 
étymologiques  et  des  citations.  Depuis  1882,  beaucoup  de  documents  ont  été  trouvés 
et  étudiés,  nous  apportant  une  ample  moisson  de  vocables  inconnus  et  de  signiâca- 
tions  ignorées.  Le  Middelnederlandsch  handwoor denboek  signalera  tout  ce  que 
M.  Verdam  a  rencontré  dans  les  textes  publiés  depuis  l'apparition  des  différents 
volumes  de  son  grand  lexique,  de  sorte  que  cette  nouvelle  publication  sera  en  même 
temps  un  complément  de  celui-là.  C'est  ainsi  que,  rien  que  dans  les  six  premières 
colonnes  de  la  lettre  b  (b-ballastenj^  nous  avons  relevé  au-delà  de  soixante  nouveaux 
articles,  sans  parler  des  modifiations  (nouvelles  significations,  etc.),  qu'ont  subies 
les  autres. 

Ces  simples  indications  suffiront,  croyons-nous,  à  faire  comprendre  à  nos  lecteurs 
l'importance  de  cet  ouvrage.  Nous  leur  annoncerons  les  autres  fascicules  au  fîir  et 
mesure  de  leur  apparition.  C.  L. 

144.  —  G.  6x*app,  Kulturgeschichte  des  Mittelalters,  I  Bd.  2*«,  vollstdndig  neue 
Bearbeitung.  Mit  46  Ulustrationen.  Paderborn,  Schotningh,  1907.  8  m.  Go. 
Pour   préparer  cette  refonte  de  son  histoire  de  la  civilisation  au  moyen  âge. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  21  3 

"M.  Grupp  a  cru  bon  d'écrire  d'abord  une  histoire  de  la  civilisation  des  Romains,  des 
Celtes  et  des  Germains,  qui  comprend  3  volumes  (igoS-igoS)  et  que  nous  avons 
annoncée  (Voy.  Bu//.,  1904,  pp.  117  et  38i).  Il  consacrera  trois  volumes  au  moyen 
âge  :  voici  le  premier.  Il  est  divisé  en  trente  chapitres,  consacrés  chacun  au  déve- 
loppement d'une  idée,  on  pourrait  dire  trente  «  leçons  ».  La  décadence  de  l'Empire 
romain,  la  naissance  des  royaumes  barbares  et  l'empire  de  Byzance  :  tel  est  le  triple 
domaine  que  M.  Grupp  étudie,  et  ce  n'est  pas  l'histoire  politique  et  militaire  qu'il 
déroule,  ce  sont  les  institutions,  les  usages,  les  coutumes,  les  idées  qu'il  expose,  et 
Texposé  est  clair,  souvent  neuf,  toujours  d'un  grand  intérêt. 

145.  —  Cardinal  Ne'wman,  Saints  d'Autrefois.  Ouvrage  traduit  de  l'Anglais. 
Introduction  de  Henri  Bremond.  Bloud  et  0«,  Paris  (VI«).  4  fr. 

Cette  élégante  traduction  est  destinée  à  faire  connaître  Newman  hagiographe. 
C'est  là  un  des  aspects  les  moins  étudiés  du  grand  écrivain  anglais.  La  foule  ignore 
ces  pages,  et  plus  d'un  qui  se  réclame  de  Newman  les  ignore  aussi.  Mais  entre 
newroaniens  authentiques,  personne  ne  s'y  trompe.  Bien  mieux  que  dans  ses 
oeuvres  plus  retentissantes,  nous  trouvons  là  le  véritable  Newman,  dans  la  joie  d'un 
travail  qu'il  aime,  dans  l'épanouissement  de  ses  dons.  Aussi  ce  volume  complétera- 
t-il  fort  heureusement  la  série  d'ouvrages  dans  lesquels  de  zélés  admirateurs  ont  mis 
à  la  portée  du  public  français  Tœuvre  de  Newman  philosophe,  de  Newman  théolo- 
gien, de  Newman  prédicateur.  Une  délicate  esquisse  de  M.  Henri  Bremond  sert 
d'introduction  aux  pages  où  Newman  a  retracé  la  vie  des  saints  Basile,  Antoine, 
Grégoire,  Jean  Chrysostome,  Benoit  et  raconté  l'histoire  des  écoles  bénédictines. 
Un  si  aimable  recueil  ne  peut  manquer  d'être  chaudement  accueilli  non  seulement 
par  les  fervents  de  Newman,  mais  par  tous  ceux  qui  goûtent  le  charme  si  particu- 
lier de  la  Vie  des  saints. 

146.  —  H.  Meuffels,  Les  Martyrs  de  Gorcum,  Paris,  Lecolîre,  1907,  2  fr.  (Col- 
lections «  Les  Saints  ».) 

Ce  livre,  écrit  par  un  Lazariste  hollandais  qui  a  enseigné  pendant  neuf  ans  dans 
les  séminaires  de  France  et  qui  est  maintenant,  dans  son  pays  d'origine.  Supérieur 
d'une  maison  d'exilés,  nous  donne  le  récit  d'un  des  drames  religieux  les  plus 
émouvants  des  temps  modernes.  Les  héros  de  Gorcum,  victimes  de  leur  fidélité 
catholique  et  particulièrement  de  leur  croyance  en  l'eucharistie,  forment  un  des 
plus  beaux  anneaux  de  cette  chaîne  de  martyrs  qui  va  des  premiers  temps  du  Chris- 
tianisme à  nos  missions  contemporaines.  Le  rappel  de  cet  épisode  des  fureurs 
calvinistes  ne  troublera  pas  aujourd'hui  la  paix  dont  jouit  la  Hollande  sous  une 
législation  respectueuse  de  toutes  les  consciences  ;  mais  il  honorera  toutes  les 
congrégations  religieuses  dont  les  membres,  unis  à  des  prêtres  séculiers,  ont  payé 
de  leur  sang  les  espérances  catholiques  de  ce  sage  et  courageux  pays. 

,4y.  —  Dom  Reginald  Biron,  Saint  Pierre  Damien  (1007-1072).  Pans,  Lecoffre, 
1908.  i  vol.  in- 12  de  xii-204  pp.  2  frs.  (Collection  a  Les  Saints  »). 
Saint  Pierre  Damien  est  le  grand  réparateur  de  toutes  les  hontes  dans  lesquelles 
faillit  s'abîmer  l'Église  au  commencement  du  xi»  siècle,  et  sa  vie  est  un  des 
témoignages  les  plus  éclatants  de  ce  que  le  catholicisme  a  toujours  eu  de  force  de 
renouvellement;  car  entre  les  papes  saint  Léon  IX  et  saint  Grégoire  V^II,  qu'il  a 
secondés,  encouragés  ou  suscités,  nul  n'a  eu  plus  de  part  que  lui  à  la  réforme  du 
clergé.  Sa  vie,  étonnamment  austère,  lui  en  donnait  le  droit,  de  même  qu'elle 
tempérait  en  lut  une  tougue  naturelle  qu'on  a  justement  rapprochée  de  celle  de  saint 
Jérôme.  Le  Père  Réginald  Biron,  de  l'Ordre  des  Bénédictins,  fait  revivre  cette  ori- 
ginale et  puissante  figure  dans  un  travail  nourri,  complet  et  aussi  solide  que  le 
méritait  un  pareil  sujet. 


214  L^   MUSÉE   BELGE. 


148.  —  F.  Stro'wski,  Saint  François  de  Sales.  Bloud  et  C'«,  4,   rue  Madamt, 

Paris.  3  fr.  5o  (Collection  La  Pensée  chrétienne). 

L'incomparable  auteur  de  V Introduction  à  la  Vie  dévote  a  exercé  sur  la  vie  chré- 
tienne une  influence  qui,  depuis  trois  cents  ans,  semble  devenir  tous  les  jours  plus 
profonde  et  plus  étendue.  Il  est  non  pas  le  seul  maître,  mais  il  est  le  plus  grand 
maître  de  la  dévotion  et  de  la  piété.  Or  le  secret  de  cette  influence,  il  ne  faut  pas  \t 
chercher  dans  le  tour  d'imagination  et  de  style  de  saint  François  de  Sales.  Il  faut  le 
chercher  dans  sa  pensée,  dans  ses  idées,  dans  sa  méthode.  Si  saint  François  de  Saks 
a  droit  à  une  place  d'honneur  dans  l'histoire  de  la  vie  chrétienne,  il  a  droit  à  uœ 
place  aussi  haute  dans  l'histoire  de  la  Pensée  chrétienne.  M.  Strowski,  professeur  à 
funiversité  de  Bordeaux,  bien  connu  par  ses  travaux  sur  saint  François  de  Saies  et 
sur  l'histoire  du  sentiment  religieux  au  xvii«  siècle,  s'est  chargé  de  faire  le  choix  des 
extraits  de  substantielles  notices.  Son  livre  aidera  à  aborder  saint  François  de  Sales 
par  un  biais  nouveau,  et  d'où  la  flgure  de  l'évêque  de  Genève  apparaît  avec  toute  si 
grandeur. 

149.  —  J.  B.  Paquier,  L'enseignement  professionnel  en  France.  Son  histoire.  Ses 

résultats.  Paris,  Colin,  1908.  3  fr.  5o. 

La  question  de  l'enseignement  professionnel  et  celle  de  l'apprentissage  s'imposent 
aujourd'hui  de  la  façon  la  plus  pressante  aux  préoccupations  du  public.  De  la  solu- 
tion qui  leur  sera  donnée  dépend  l'avenir  même  de  notre  industrie,  on  pourrait  dire 
la  sécurité  de  notre  puissance  économique. 

M.  J.-B.  Paquier,  ancien  professeur  au  lycée  de  S.  Louis,  nous  apporte,  sur  ces 
deux  questions,  les  résultats  d'une  enquête  minutieuse,  menée  méthodiquement,  qui 
lui  a  permis  d'étayer  ses  appréciations  et  ses  jugements  de  faits  nombreux  et  solide- 
ment établis. 

Quelques  chapitres,  consacrés  à  l'historique  du  sujet,  expliquent  pourquoi  l'on  a 
si  longtemps  erré  avant  d'aboutir  à  des  résolutions  fermes.  Puis,  traitant  des  diffé- 
rentes formes  de  cet  enseignement  en  France,  l'auteur  en  constate  les  résultats,  en 
signale  les  desiderata,  résultats  et  desiderata  rendus  plus  frappants  par  la  compa- 
raison avec  ce  qui  se  passe  dans  les  pays  voisins,  notamment  en  Allemagne  et  en 
Angleterre.  Mais  —  et  c  est  bien  l'idée  maîtresse  qui  se  dégage  du  travail  tout  entier 
—  l'auteur  montre  qu'à  côté  de  l'enseignement  professionnel  proprement  dit,  il  en 
est  un  autre  que  réclament  les  très  nombreux  «  déshérités  »,  comme  il  les  appelle, 
que  la  crise  ou  la  ruine  de  l'apprentissage  menace  de  laisser  sans  ressources  en  face 
des  dangers  futurs. 

CHRONIQUE. 

i5o.  —  Collection  linguistique,  —  La  librairie  Honoré  Champion  entreprend  la 
publication  d'une  Collection  linguistique  destinée  à  comprendre  Us  travaux  origi- 
naux des  membres  de  la  Société  linguistique  de  Paris  qui,  soit  par  leur  nature,  soit 
par  leur  étendue,  se  prélent  mal  à  paraître  dans  les  Mémoires  ou  dans  le  tiulletio. 
Subventionnée  par  la  Société  et  dirigée  par  son  Bureau,  en  ce  qui  concerne  le  choix 
des  ouvrages  publiés,  mais  entièrement  difl'érente  des  publications  directes  de  la 
Société,  Celte  Collection  est  la  propriété  de  M.  Champion  ;  les  membres  de  la 
Société  auront  droit  cependant  à  une  remise  de  So  "/o  sur  le  prix  d'un  exemplaire 
de  chacun  des  volumes  qui  la  composent,  en  s'adressant  directement  à  Ai,  H.  Cham- 
pion, éditeur,  5,  quai  Malaquais,  Paris  (6y, 

Un  premier  volume,  Les  Dialectes  Indo-européens,  par  M.  A.  Meillct,  professeur 
au  Collège  de  France,  directeur  adjoiui  à  l'tcolc  pratique  ucs  Hautes  Etudes  et 
secrétaire  adjoint  de  la  Société  de  Linguistique  de  Pans,  vient  de  paraître^(P*riî», 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  2l5 


1908,  in-8,  iSg  p.)  au  prix  net  de  4  francs  5o,  soit  2  francs  25  pour  les  membres  de 
la  Société,  Pour  recevoir  le  volume  franco  par  la  poste,  il  faut  a)outer  o  fir.  20  pour 
la  France,  o  fr.  40  pour  l'étranger. 

La  collection  sera  continuée  dans  le  même  format.  Un  second  volume,  de 
M.  Ernout,  est  déjà  sous  presse.  Un  autre  encore  est  en  préparation. 
000.  —  Habitation  préhistorique,  —  On  vient  de  découvrir  une  habitation  préhis- 
torique, près  de  Berdorf,  dans  le  grand-duché  de  Luxembourg.  Dans  l'épaisse 
couche  d'humus  qui  recouvre  le  fond  de  la  caverne,  on  a  retrouvé  un  vasi  en  pierre 
polie  contenant  une  série  de  menus  objets  d'un  haut  intérêt  archéologique,  des 
monnaies  et  des  bijoux  celtiques,  des  pointes  de  tlèches  et  d'autres  objets  datant  de 
rage  de  la  pierre  polie.  Au-dessus  de  la  caverne,  on  vient  de  mettre  à  nu  un  dolmen, 
un  de  ces  monuments  en  pierre  brute  qu'on  croit  antérieurs  à  la  période  celtique  et 
dont  un  seul  avait  été  trouvé  jusqu'à  ce  jour  dans  le  pays,  près  de  Oiekirch.  Le  dol- 
men était  enfoui  sous  une  couche  de  pierres  et  d*humus  ;  les  soutiens  sur  lesquels 
il  est  posé  se  sont  en  partie  effondrés. 

i5i.  —  Ateliers  monétaires  de  l'Empire  romain. —  A  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles- Lettres  de  Paris,  M.  Mispoulet,  maître  de  conférences  à  l'École  des 
Hautes- Études,  a  fait  une  communication  sur  les  diocèses  et  les  ateliers  monétaires 
de  r  Empire  romain  sous  le  règne  de  Dioclétien.  Il  a  montré  que,  contrairement  à 
Topinion  de  Mommsen,  unanimement  adoptée  depuis  1887,  il  n'y  a  pas  eu,  ni  sous 
Dioclétien,  ni  sous  ses  successeurs,  de  concordance  réelle  entre  le  nombre  des 
diocèses  et  celui  des  ateliers  monétaires  dePEmpire,  et  que  l'organisation  financière, 
en  particulier  celle  des  monnaies,  est  toujours  restée  distincte  de  l'organisation 
administrative. 

i52.  —  Vieux  manuscrits  authentiques  de  la  Bible,  Au  mois  de  janvier  1907, 
M.  Charles  Freer,  le  grand  industriel  de  Détroit  (Michigan)  États-Unis,  visitait  au 
Caire  les  marchands.  Il  en  est  un  bien  curieux,  qui  occupe  à  Ghizeh  plusieurs  mai- 
sons bondées  des  choses  les  plus  hétéroclites  amoncelées  sous  une  épaisse  poussière 
Après  d'interminables  palabres,  M.  Ch.  Freer  parvint  à  se  rendre  possesseur  de 
plusieurs  manuscrits  découverts  dans  les  ruines  d'Akmin,  dans  la  Haute- Egypte. 

Seules  la  beauté  ou  la  grâce  des  enluminures  encore  fraîches  sur  les  parchemins, 
la  conservation  des  couvertures  où  pendaient  encore  des  débris  de  chaînettes  de 
suspension,  l'avaient  enchanté.  Grâce  à  d'astucieuses  dissimulations,  il  put  sortir 
ces  manuscrits  d'Egypte,  et  quelques  semaines  après  il  les  examinai:  plus  attentive- 
ment en  Amérique,  dans  son  cabinet  de  travail,  où  se  trouvaient  réunis  les  plus 
éminents  professeurs  des  universités  américaines. 

Leur  avis  réfléchi  fut  qu'ils  se  trouvaient  là  devant  des  manuscrits  de  la  Bible 
que  M.  H.  A.  Sandcrs  déclara  pouvoir  dater  du  quatrième  au  sixième  siècle 
de  l'ère  chrétienne  et  qui  ont  peut-être  été  sauvés  de  la  bibliothèque  d'Alexandrie 
avant  que  les  armées  du  calife  Omar  l'eussent  dévastée. 

Le  premier  manuscrit  contient  le  Deutéronome  et  Josué.  Le  second  contient  les 
Psaumes  ;  il  semble  bien  plus  complet  que  celui  du  Vatican  et  doit  être  le  plus 
ancien  de  la  série.  Le  troisième  renferme  les  quatre  Évangiles  en  entier,  probable- 
ment écrits  au  cinquième  ou  sixième  siècle.  Le  quatrième,  en  très  mauvais  état, 
contient  les  Actes  et  les  Épîtres.  Deux  des  manuscrits  sont  écrits  en  grande  onciale 
et  deux  en  petite. 

La  comparaison  avec  les  fameux  manuscrits  alexandrins  de  la  Bible  conservés  au 
British  Aiuseum  est  instructive.  D'un  côté  comme  de  l'autre,  quatre  volumes,  par- 
chemin de  même  espèce,  tous  les(  mots  se  suivant  sans  être  espacés  jusqu'à  la  lin  du 
paragraphe,  les  manuscrits  de  M.  Freer  étant  un  peu  plus  grands  de  format.  Mail 
ce  qui  fait  le  très  grand  intérêt  de  la  découverte  de  M.  Ch.  Freer,  c'est  que  ses 


21 6  LE   MUSÉE   BELGE. 


manuscrits  compléteront  considérablement  les  manuscrits  du  British  Muséum  où 
beaucoup  de  mots  manquent,  où  des  fragments  de  texte  souvent  assez  considérables 
font  défaut. 

i53.  — Académie  flamande.  Programme  de  ses  concours.  Suite.  (Voir  tome  XI, 

p.  4o3,  et  Xn,  p.  iSy). 

Voor  1912.  —  21.  —  Middelnederlandsch.  Geschiedenis  van  de  speUing  der 
lange  klinkers  in  het  Middelnederlandsch . 

Prijs  :  6oo  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1911  inge- 
zonden  te  worden. 

16.  —  Folklore.  Vlaamsche  Volksspelen.  Eene  :(00  volledig  mogelijke  ver^amt- 
ling  en  nauwkeurige  beschrijving  van  de  oude  en  hedendaagsche  «  Volksspelen  »  w 
Vlaamsch'Belgié,  met  de  daarbij  ge^^ongen  liederen  (woorden,  en  voor  zoover 
mogelijk,  de  muziek). 

Prijs  :  800  fir.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

(Zie,  als  voorbeeld,  het  werk  :  Kinderspel  en  Kinderlust  in  Zuid-Nederland,  door 
A.  DE  CocK  en  Is.  Teirlinck). 

Tôt  leiddraad  wordt  navolgende,  niet  bindende,  indeeling  aanbevolen  : 

I.  LoopSPELEN  !  eierenrapen^zeerloopen,  enz.,enz..  Springspelen  :  hinkspelen,eDZ.; 
Dansspelen  :  volksdansen,  dansliedjes,  enz.  —  11.  Wbrpspelen  :  bolspelen,  bal- 
spelen,  paletspelen,  kegelspelen,  enz.  —  III.  Gezelschapspelbn  :  ambachtspelen, 
kaartspelen  ;  domino,  bak-  en  schaakspel,  enz.  —  IV.  Spelen  met  speeltuicem  : 
wapens  (boog,  geweer,  enz.)»  slinger,  enz.  —  V.  Mensch  en  natuur  :  Dicr  (te  paard 
rijden,  enz.);  jagen  ;  visschen;  winterspelen  (schaatsen,  enz.).  —  VI.  Mensch  en 
Muziek  :  blaasinstrumenten,  snaartuigen,  enz.  —  VIII.  Tergspelen,  enz.,  enz. 

17.  -  Vak-  en  Kunstwoorden.  Eene  volledige  Nederlandsche  vakwoordenlijst 
van  de  Beeldende  Konsten,  t.  w.  Boaiv-,  Beeldhou'w-,  Schilder-  (met 
inbegrip  der  Glasschildering),  Graveer-  en  Teekenkuost,  met  de  Fransche, 
Bngelsche  en  Hoogduitsche  benamingen,  en  af  beeldingen  zoo  talrijk  mogelijk  (De 
archeologische  termen  worden  niet  verlangd).  —  (M en  zie  b.  v.  Jules  Adbline  : 
Lexique  des  termes  d'art,  Paris  Quantin.) 

Prijs  ;  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1911   inge* 
zonden  te  worden. 
.    Voor  1913.  —  24.  —  Folklore.  De  folklore  bij  VondeL 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1912  inge- 
zonden  te  worden. 

18.  —  Letterkunde.  De  geschiedenis  van  den  invloed  der  Fransche  pléiade  op  de 
Nederlandsche  letterkunde, 

Prijs  :  600  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1912  inge- 
zonden  te  worden. 

Voor  1914.  —  26.  —  Geschiedenis.  Repertorium  der  werken^  verhandelingen 
en  bijdragen  betreffende  de  Geschiedenis  des  Vaderlands^  het^ij  af^çonderlijk,  het^ 
in  tijdschri/ten.mengelwerken  en  uitgaven  van  geleerde  genootschappen  verse henen 
tût  en  7net  igi2, 

Prijs  :  1000  fr.,  of  een  gouden  gedenkpenning  van  gelijke  waarde. 

Antwoorden  op  deze  prijsvraag  behooren  uiterlijk  op  3i  December  1912  inge- 
zonden  te  worden. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  217 

t54.  —  Les  nouveaux  flragments  de  Ménandre.  Le  poète  le  plus  admiré 
de  la  u  comédie  nouvelle  »  ne  nous  était  connu  que  par  des  fragments,  soigneuse- 
ment recueillis  par  Meinecke,  puis  par  Koch  {Corn,  att,  fragm,^  III},  mais 
insuffisants  pour  nous  permettre  d'apprécier  le  talent  de  Ménandre.  Cest  par  Plaute 
et  par  Térence  qu'on  jugeait  la  comédie  nouvelle,  sans  savoir  au  juste  lequel  des 
deux  s'en  rapprochait  le  plus  ;  mais,  pour  se  rendre  compte  du  degré  d'originalité 
de  Plaute  et  de  Térence  eux-mêmes,  il  eût  fallu  posséder  le  texte  de  leurs  modèles. 
Et  voici  que  les  papyrus  d'Egypte  nous  rendent  coup  sur  coup  d'importants  frag- 
ments de  Ménandre.  Nous  dressons  ici,  à  l'usage  de  nos  lecteurs,  la  bibliographie 
de  ce  qui  a  paru  depuis  un  an  sur  les  textes  découverts  par  M.  Lefebvre,  et  nous 
renvoyons,  pour  les  fragments  publiés  avant  par  Nicole,  Jouguet,  Grenfell  et  Hunt, 
à  la  thèse  d' Alfred  Kretschmer,  intitulée  :  De  Menandri  reliquiis  nuper  repertis 
(Lipsiae,  Noske,  1906,  122  pp.). 

Vers  la  fin  de  l'année  1906,  M.  Gustave  Lefebvre,  inspecteur  en  chef  du  service 
des  antiquités  de  l'Egypte,  découvrit,  dans  le  village  de  Kôm  Ischkaou,  l'ancienne 
Aphroditopolis  (à  6  ou  7  kilomètres  de  la  gare  de  Tema),  les  ruines  d'une  maison 
romaine,  dans  laquelle  il  trouva  beaucoup  de  manuscrits  et  notamment  un  papyrus 
du  11*  siècle  après  J.  C,  qui  contenait  plus  de  i3oo  vers  de  Ménandre.  Ce  n'était 
pas  une  pièce  entière,  mais  des  fragments  de  quatre  pièces  'EinTpëtiovrcç,  V Arbi- 
trage (53o  vers),  TT€piK€ipo|LxëvTi,  La  Belle  aux  boucles  coupées  (3oo  vers),  Za|Lx(a» 
La  Samienne  (33o  vers),  "Hpu)ç.  Le  Héros  ou  L'Ancêtre  (argument  et  70  vers). 
Voy.  ce  Bu//.,  1907,  p.  401. 

M.  Lefebvre  a  mis  un  louable  empressement  à  publier  sa  trouvaille  et  l'édition 
princeps  a  paru  en  iqo7.  Depuis  lors,  ces  précieux  fragments  ont  été  l'objet  de  nom- 
breuses publications,  dont  nous  dressons  la  liste,  certain  qu'elle  sera  incomplète 
quand  elle  paraîtra. 

Éditions. 

1.  Service  des  Antiquités  de  l'Egypte.  Fragments  d'un  manuscrit  de  Ménandre 
découverts  et  publiés  par  M.  Gustave  Lefebvre.  Le  Caire,  Impr.  de  l'Institut 
franc.  d*arch.  orientale,  1907,  222  pages,  25  fr.  (Textes  en  capitales ,  transcription, 
traduction  et  notes). 

2.  Menandri  quatuor  fabularum  Herois  Disceptantium  Circumtonsae  Samiae 
fragmenta  nuper  reperta,  post  G.  Lefeburium  éd.  J.  Van  Leeuwen.  Leyde, 
Si|thofF,  1908,  1 12  pp.  6  fr.  5o. 

3.  Neue  Reste  von  Komoedien  Menanders.  Von  H.  von  Arnim  in  Wien.  Zeitschr, 
/l  d,  oest,  Gymn.y  1907,  p.  1057-1081.  Édition  des  'EiriTpëtiovTeç,  avec  notes 
critiques  et  explicatives. 

4.  Extraits  d'Aristophane  et  de  Ménandre.  Texte  grec  publié  avec  une  introduc- 
tion, un  index  et  des  notes  par  MM.  Louis  Bodin  et  Paul  Mazon.  Paris,  Hachette, 
1908,  2  fr.  5d.  (Pages  269-336  :  VArbitrage  et  la  Samienne.)  Voy.  ci-dessus,  p.  192. 

Comptes  rendus  de  Feditio  princeps. 

5.  Literarisches  Zentralblatt^  ïQo?»  P-  >543  (Croenert). 

6.  Journal  des  Savants,  1907,  Oct.  et  Dec.  (M.  Croiset), 

7.  Archiv  fuer  Papyrus/or schun g ^  IV,  1908,  p.  5o2  (A.  Koerte). 

8.  Berlinerphil,  Wochenschrift^  1908,  p.  32 1  (Sudhaus). 


2l8  LE   MUSÉE   BELGE. 


Traductions. 

9.  La  première  traduction  a  été  donnée  par  Lepebvre.  Voy.  n»  i. 

10.  S^enen  aus  Menanders  Komœdien,  Deuisch  von  Carl  Robert.  Berlin,\Vcid- 
mann,  1908,  2  m.  40. 

Études  exégétiques  et  littéraires. 

11.  Ph.  E.  Leorand,  Les  nouveaux  fragments  de  Ménandre,  Revue  des  Études 
anciennes,  1907,  p.  3 12-334  et  1908,  p.  i-32. 

12.  F.  Léo,  Der  neue  Menander,  Hermès,  1908,  p.  120  et  ss. 

i3.  Menozzi,  SuU  f^puiç  di  Menandro.  Firenze,  Carnesecchi,  1908. 

14.  U.  V.  WiLAMOwiTz-MoELLBifDORFF,  Dcr  Menander  von  Kairo,  Neue  Jahrb. 
f.  das  klass.  Alt.,  1908.  p.  34  et  ss. 

i5  N.  Terzaghi,  I  nuovi  frammenti  di  Menandro,  Atene  e  Roma,  1908,  p.  100 
127.  (Donne  une  bibliographie,  que  nous  complétons  ici). 

Critique  du  texte  et  conjectures. 

Outre  les  éditions  et  les  études  déjà  signalées  : 

16.  F.  Léo,  dans  Nachrichten  der  Ges.  der  Wiss.  fw  Gôttingen,  1907,  p.  3i5  et  ss 

17.  J.  Nicole,  dans  la  Revue  de  Philologie^  1907,  p.  298  sq. 

18.  U.  V,  VVilamowitz-Mobllendorff,  dans  Sit^ungsber.  der  Berl.  Akad.y  1907, 
p.  860-872. 

19.  H.  VON  Arkim,  dans  Hermès^  »9o8,  p.  168. 

20.  O.  H.  dans  Berliner  phil.  VToc/r.,  1908,  p.  i56,  253,  3 19  {Epitrepontes). 

21.  Van  Hirwbrden,  même  revue,  p.  q3  et  188. 

22.  P.  Mazon,  Notes  sur  Ménandre.  Revue  de  Philologie,  1908,  p.  68-73  (Epitre- 
pontes et  Samia). 

23.  L.  BoDiN,  Notes  sur  l'Arbitrage.  Ibid,,  p.  73-76. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  2ig 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

XII  KAL.  SEXTILES  1907. 
Regium    Athen/eum   Athense. 

Sexta  Schola  latina.  —   Magister  :  D^  A.  Poissinger. 


Colloquium  inter  D^un  Poissinger  et  eius  discipulos  de  vita  Numae«  ad  comme- 
moranJa  complementa  loci  et  temporis,  numéros,  gradus  signiiîcationis.interroga- 
tionem  simplicem  et  duplicem.  —  Quod  colloquium,  rogante  coUega  Poissinger,  ad 
verbum  refcrt  X. 


M.  =  Magister;  D.  =  Discipulus  aut  discipuli. 


M.  Amici,  sumite  libres.  —  Fernande,  claude  fenestram,  quaeso. 

—  Hodie,  locuturi  sumus  de  vita  Numae  :  Ubi  est  illa  vita  narra  ta, 
Mauriti?  —  D.  Vita  Numae  est  narrata  in  librum...  —  M.  Corrige 
aut  emenda,  Aemili  !  —  D.  In  libro.  —  M.  Intellexistine,  Mauriti  ?  — 
D.  Intellexi.  —  M.  Mauriti,  redde,  id  est  die  iterum,  et  perge  res- 
ponsum  tuum.  —  D.  In  libro  a  De  Viris  ».  —  M.  Die  responsum 
completum  aut  propositionem  plenam.  —  D.  In  libro  «  De  Viris  > 
vita  Numae  est  narrata.  —  M.  Die  aliter,  Johannes  !  —  D.  In  libro 
qui  nomen  aut  titulum  habet  «  De  Viris  ».  —  M.  Aut  etiam,  Paule? 

—  D.  In  libro  eui  nomen  aut  titulus  est  «  De  Viris  ».  —  M.  Cui  est 
liber  ille  de  quo  agitur  ?  —  D.  Est  nobis.   —  M.  Bene  respondisti. 

—  Petre,  utere  alio  verbo!  —  D.  (Mutus  stat).  —  M.  Non  prono- 
mine  «  nobis  »,  sed  alio  verbo  utere;  utere  adjeetivo  possessivo!  — 
D.  Est  noster  liber.  —  M.  Optime.  Quis  titulus  est  illi  libro?  — 
D.  Titulus  0  De  Viris  »  est  illi  libro.  —  M.  Die  nobis  titulum  totum 
aut  eompletum.  —  D»  (al ter)  :  De  Viris  illustribus  urbis  Romae  ;  (alter)  : 
a  Romulo  ad  Augustum.  —  M.  Cujus  vitam  jam  vidimus  in  illo 
libro?  —  D.  Romuli  vitam  jam  vidimus. 

M.  Quis  erat  Romulus?  —  D.  Romanorum  rex  primus  erat 
Romulus.  —  M.  Quis  autem  fuit  Romanorum  rex  seeundus?  — 
D.  Numa  fuit  Romanorum  rex  seeundus.  —  M.  Cui  sueeessit  Numa? 

—  Sueeessit  Romulo  Numa  Pompilius,  vir  inelyta  justitia  et  reli- 
gione.  —  M.  Bene  respondisti,  sed  nimium  :  nimis  longum  —  aut 
nimium,  aut  longius  —  est  responsum  tuum, die  igitur  brevius  respon- 


r 


220  LE   MUSÉE   BELGE. 


sum.  —  D.  Successit  Romulo  Numa  Pompilius.  —  M.  Pone  verbum 
praecipuum  in  capite  —  aut  in  initio...  Num  intellexisti ?  Die  iteruin 
responsum  tuum!  —  D.  Successit...  —  M.  Interrogavi  o  eut  succes- 
sit »  Ergo  dices...?  —  D.  Romulo  successit  Numa  Pompilius.  — 
M.  Omnes  intellexerunt  —  aut...?—  D.  Intellexere!  —  M.    Bene. 

—  Omnes  intellexerunt  aut  intellexere?  —  D»  (Annuunt  omnes). 

M.  Utrum  bello  an  pace  civitatem  auxit  Numa?  Fernande,  res- 
ponde!  —  D.  (Mutus  stat  )  —  M.  Credo  Femandum  non  intd- 
lexisse,  dico  igitur  iterum  interrogationem  latine  :  Utrum  bello  « 
pace  civitatem  auxit  Numa?  —  D.  (Femandus  non  magis  intellexisse 
videtur.)  — M.  Paule!  Die,  gallice,  meae  interrogationis  versioncm 
aut  conversionem.  —  D.  Est-ce  par  la  guerre  ou  par  la  paix  que 
Numa  augmenta  la  ville?  —  M.  Responde  nimc,  Fernande;  tibi 
respondendrun  est  latine.  —  D.  Pace.  —  M.  Responsum  tuum  est 
nimis  brève  —  aut  brevius.  —  Desidero  responsum  totum  —  aut  plé- 
num —  aut  completum.  —  D.  Numa  auxit  civitatem  pace,  non 
bello.  —  M.  Ponenda  sunt  verba  praecipua  in  capite  —  aut  in 
initio  —  propositionis,  sicut  modo  jam  dixi.  Interrogavi  c  Utrum 
bello  an  pace  civitatem  auxit  Numa».  Respondebis  igitur...?  — 
D.  Pace,  non  bello,  civitatem  auxit  Numa. 

M.  Quomodo  possum  aliter  interrogare  ?  *—  D.  (Mutus  statK  — 
M.  Dixi  ergo  :  «  Utrum  bello  an  pace  civitatem  auxit  Numa  ?  »  Usur- 
pa vi  «  utrum  »  et  «  an  »  ;  quomodo  possem  aliter,  aliis  verbis,  interro- 
gare? —  D.  Bellone  an  pace  civitatem  auxit  Numa  ?  —  M.  Optimel 

—  Quod  nomen  datur  —  aut  datum  est  —  a  grammaticis  huic  inter- 
rogationi?  —  D.  Interrogatio  duplex.  —  M.  Die  responsum  comple- 
tum, quaeso  !  —  D.  Grammatici  dederunt  huic  interrogationi  nomen 
interrogationis  duplicis.  —  M.  Id  est  gallicum  «  le  nom  ifinterroga" 
tion  double  »  Sed,  latine,  dices...  ?  —  D.  Nomen  interrogatio 
duplex.  —  M.  Nomen  est  accusativus  casus,  nam  complementum 
directumest  :  Grammatici  dederunt  nomeft.,.  —  D.  Nomen  interroga- 
tionem duplicem.  —  M.  Comple  nunc  responsum  tuum.  —  D.  Gram- 
matici dederunt  huic  interrogationi  nomen  interrogationem  duplicem. 

—  M.  Bene.  Melius  tamen  verba  ponere  potes;  interrogavi  enim 
9i  quod  nomen  datum  est...  ».  Ergo  respondebis...?  —  D.  Nomen 
interrogationem  duplicem  grammatici  dederunt  huic  interrogationi. 

—  M.  Optime. 

M.  (Ad  Julium,  mediocrem  discipulum).  Quam  civitatem  auxit 
Numa?  —  D.  Civitatem  Romae.  —  M.  Non  intellexisti,  Juli,  quod 
modo  diximus;  gallice,  dices...!  —  D.  La  ville  de  Rome.  — 
M.  Sane,  id  est  gallicum,  sed  latinum...?  —  D.  (Mutus  stat). — 
M.  Verte  flandrice  !  —  D.  De  stad  Rome.  —  M.  Bene  :  t  de  stad 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  221 


Rome  »  non  autem  :  a  de  stad  van  Rome  » .  Hic  est  latinum  flandrico 
simile.  Ergo  latine  dices  ..  ?  —  D.  Civitas  Roma.  —  M.  Accusativus 
casus  usurpandus  est  !  —  D.  Civitatem  Romam.  —  M.  Die  iterum 

—  aut  redde  —  propositionem  completam,  —  D.  Numa  auxit  civitatem 
Romam.  —  M.  Non  interrogavi  «  quis  auxit  civitatem  »  sed  «  qtéam 
civitatem  auxit  Numa  ».  Respondendum  igitur  tibi  est...  ?  —  D.  Civi- 
tatem Romam  auxit  Numa.  —  M.  Jam  melius  est  responsum  tuum, 
sed  nondum  optimum  ;  Respondisti  enim  «  rivitaiem  Romam  auxit...», 
non  autem  interrogavi  «  quid  auxit  »  sed  a  qunm  auxit  civitatem 
Numa  ».  Dices  igitur...  ?  —  D.  Romam  civitatem  auxit  Numa.  — 
M.  Optime.  tandem!  Intellexistine  nunc,  Juli?  —  D.  Intellexi.  — 
M.  (Ad  omnes).  Ponite  semper  in  initio  propositionis  latinae  nomen 
quod  meae  interrogationi,  quod  verbo  interrogativo,  respondet. 

M.  Roberte,  die  mihi  tempora  primitiva  verbi  auxit.  —  D.  Augeo, 
es  —  auxii  —  auctum  —  augere.  —  M.  Bonumne  est  hoc  respon- 
sum, Mauriti?  —  D.  Minime  :  perfectum  est  auxi.  non  auxii.  — 
M.  (Ad  Robertum).  Tertia  persona  est...?  Adspice  in  libro!  — 
D.  Auxit.  —  M.  Ergo  prima  persona?  —  D.  Auxi.  —  M.  Verte 
nunc,  Roberte,  «  Tu  auras  accru  ».  —  D.  Auxeris.  —  M.  Luciane, 
t  vous  auriez  augmenté  :».  —  D.  Auxisses.  —  M.  Melius!  «  Vous  »  ! 

—  D.  Auxissetis. 

M.  Quando  regnavit  Numa?  Léo!  —  D.  Numa  regnavit  très  et 
quadraginta  annos.  —  M.  Malum  est  responsum  tuum.  Non  enim 
interrogavi  o  quamdiu  »  sed  «  quando  »  regnavit  Numa.  Responde 
igitur  meae  interrogationi. —  D.  (Mutus  stat). —  M.  Ignorasne  quando 
régna verit  Numa  ?  Aperi  librum  in  décima  pagina  !  Quid  vides  infra 
titulum?  Lege  numéros  latine!  —  D.  Ab  anno  septingentesimo 
decimo  quinto.  —  M.  Parvus  numerus  ponitur  ante  magnum  !  — 
D.  Quinto  decimo.  —  M.  (Ad  Leonem).  Perge  !  Ad  quotum  annum 
regnavit?  (Ad  omnes).  Num  intellexistis ?  De  quo  verbo  dérivât 
«  quotum  »  (nominativus  quotus,  a,  um)?  —  D.  De  «  quot  ».  — 
M.  De  a  quot  »  sane  !  quot  cum  littera  t^  non  d.  —  Quid  autem 
significat  quot  cum  littera  t,  non  dl  —  D.  Combien  de.  —  M.  Et 
tôt?  —  D.  Autant  de.  —  M.  Quis  est  genitivus  !  —  D.  Genitivum 
non  habet.  —  M.  Habetne  dativum?  —  D.  Casus  non  habet.  — 
M.  Bene.  Quid  ergo  significat  «  quotus,  a,  um  »?  —  Di.  (Paulisper 
muti  sedent,  cogitantes  et  quaerentes.  Tum  exsurgit  et  exclamât 
unus)  :  Le  quantième  I  —  M.  Optime  !  Quotus  significat  «  lequel  tpar 
rang,  par  ordre  chronologique  »  id  est  etiam  a  le  quantième  ».  Ergo 
interrogationem  reddo  :  Ad  quotum  annum  regnavit  Numa?  Lege  in 
libro,  Aemili!  —  D.  Ad  annum  sescentesimum  septuagesimum  pri- 
mum.  —  M.  Optime!  Responsum  igitur  coniple.  —  D.  Ab  anna 


222  LE   MUSÉE   BELGE. 


septlngentesimo  quinto  decimo  ad  annum  sescentesimum  septuagesi- 
mum  primum  regnavit  Numa  —  M.  Tu  numéros  optime  cognoscis, 
Aemili  !  —  M.  (Ad  omnes).  Utrum  ante  an  post  Christum  natum 
regnavit  NumaPQuis  intellexit?  —  D.  Ego!  —  M.  Kesponde  igitur! 

—  D.  Numa  regnavit  ab  anno  71 5®  ad  annum  67 1'*"*  ante  Christum 
natum.  —  M,  Quoto  anno  Urbis  conditae  —  aut  ab  Urbe  condita  — 
coepit  regnare  Numa?  D.  (Mutus  stat).  —  M .  Die  gallice !  —  D.  L'an 
38  de  la  fondation  de  Rome.  —  M.  Verte  latine!  —  D.  Annoduode- 
quadragesimo  Urbis  conditae,  aut  ab  Urbe  condita.  —  M.  Petre, 
quando  Roma  condita  est?  —  D.  Anno  septingentesimo  quinquage- 
simo  tertio  a.  J.  C.  Roma  condita  est.  —  M.  Quoto  igitur  anno  post 
U.  C.  natus  est  Jésus  Christus?  Responde,  Juli!  (Agitur  de  Julio, 
mediocri  discipulo  jam  supra  citato).  —  D.  (Mutus  stat).  —  M.  Con- 
fer,  Juli,  gallice  interrogationem  notam.  «  De  quelle  couleur  était  le 
cheval  bai  des  quatre  fils  Aymon?  »  (Hic  brevis  digressio  magistri  : 
Fils  Aymon,  héros  légendaires  des  romans  de  chevalerie  du  moyen  âge, 
étaient  tous  les  quatre  montés  sur  un  unique  cheval,  lequel  était  bai, 
d'où  son  nom  de  «  Bayard  »).  De  quelle  couleur  était  le  cheval?  Res- 
ponde gallice,  Juli!  —  D.  (subridens).  Il  était  bai!  —  M.  Sane! 
Item,  aut  pariter,  aut  similiter  —  quoniam  modo  diximus  Romain 
conditam  esse  anno  753<>  ante  Christum  natum,  ergo  dices  Jesum 
Christum  natum  esse?  —  D.  Anno  septingentesimo  quinquagesimo 
tertio  post  U.C.  —  M.  Optime,  Juli  ! 

M.  Quandiu  igitur  rex  fuit  Numa?  Responsum  est  meae  interroga- 
tion! in  fine  secundi  capitis  Vide,  Eduarde,  et  lege!  —  D.  Quadra- 
ginta  très  annos  —  M.  Aut,  Fernande?  —  D.  Très  et  quadraginta 
annos.  —  M.  Pone  praepositionem  aute  numéros.  —  D.  Per  annos 
très  et  quadraginta  rex  fuit  Numa.  —  M.  Bene  :  Praepositio  usur- 
pari  potest,  sed  non  est  necessaria. 

M.  Léo,  veni  ad  tabulam  nigram  scripturus  numéros  quos  hodie 
in  hoc  colloquio  vidimus.  —  Paule,  corriges  aut  emendabis  (Disci- 
puli  ad  tabulam  nigram  eunt).  —  M.  Dico  gallice  yi5;  Scribe  nume- 
ris  romanis.  —  D.  (Léo  scribit)  :  LL...  (Paulus  corrigit  aut  potius 
-corrigere  tentât)  :  CC...  (Tertius  emendat)  :  DCCXV.  —  M.  Léo  et 
Paule,  discite  rursus  numéros  romanos.  Vobis  discendi  sunt  rursus 
numeri  romani!  -^  Dico  gallice  :  38.  Scribe,  Léo,  numeris  romanis. 
XXXVIII.  —  M.  Bene.  —  48!  —  D  XXXXIII.  —  M.  Paule, 
emenda!  -  D.  XLIII.  —  M.  63  !  —  D.  XX...  (Alius  emendat): 
LXIII.  —  M. Ergo,  Léo,  decem  {X)post  quinquaginta  (L)  significat...? 

—  D.  Sexaginta.  —  M.  Decem  autem  ante  quinquaginta  significat...? 

—  D.  Quadraginta.  —  M.  Discite  omnes  rursus  numéros  romanos  1 

—  Léo,  redi  in  locum  tuum. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  223 


M.  Unde  accitus  erat  secundus  rex  Romanorum?  —  D.  Venie- 
batur...  —  M.  Horribiîe  dictu,  Roberte!  Corrige  errorem,  Léo!  — 
D.  Venerat.  —  M.  Ergo,  Roberte,  responde  iterum.  —  D.  Curibus 
venerat  secundus  rex  Romanorum.  —  M.  Quid  erant  Cures?  — 
D.  Oppidum  Sabinorum  erant  Cures.  —  M.  Bene.  Cur  dicis  a  oppi- 
dum »  non  «  urbs  »? —  D.  (Mutus  stat).   —  M.  Responde  gallicel 

—  D.  Parce  que  c'était  une  ville  fortifiée.  —  M.  Die  latine,  Aemili  ! 

—  D.  Quod  Cures  erant  urbs  muni  ta. —  M.  Non  jam  cognoscis  verbum 
«  munire  »  Roberte  !  Ubi  vidimus  verbum  illud  ?  —  D.  In  vita 
Romuli.  —  M.  Cita  propositionem  !  —  D.  «  Ut  eam  prius  legibus 
quam  moenibus  munir  et  ».  —  M.  Dixisti  igitur  :  Curibus  accitus  erat. 
Cur  est  nulla  praepositio  ante  «  Curibus  »?  —  D.  Curibus  est  nomen 
urbis.  —  M.  Nomen  commune?  —  D.  Nomen  proprium.  —  M.  Die 
ergo  responsum  completum.  —  D.  Nulla  praepositio  est  ante 
«  Curibus  »  quod  «  Cures  »  est  nomen  proprium  urbis.  —  M.  Die 
nunc  praeceptum  aut  regulam.  —  D.  Nomina  propria  urbium  nullam 
praepositionem  habent  cum  sunt  complementa  loci.  —  M.  Bonum 
quidem  est  responsum  tuum,  sed  non  sufficit.  Comple,  Pétrel  — 
D.  Nomina  propria  urbium  nullam  praepositionem,  nomina  autem 
regionum  et  locorum  praepositionem  habent,  cum  sunt  complementa 
loci.  —  M.  Id  est  melius.  —  Deest  tamen  adhuc  aliquid.  Quis  scit 
totam  regulam?  —  D.  Cum  sunt  complementa  loci,  nomina  propria 
urbium  nullam  praepositionem  habent,  nomina  autem  regionum  et 
locorum  praepositionem  habent,  praeter  nomina  «  domus  et  rus  », 
quae  ul  nomina  propria  urbium  usurpantur.  —  M.  Optime. 

M.  Quo  venerat  Numa,  postquam  Curibus  profectus  est  ?  — 
D.  Romam  venerat.  —  M.  Qua  iter  fecerat  —  qua,  ex  oppido  Sabi- 
norum, in  urbem  Romam  transierat  ?  Die  temere  (id  est  :  au  hasard, 
au  petit  bonheur)  viam  aut  portam.  Specta  descriptionem  Romae 
quae  inest  in  illo  muro,  dextra  et  supra.  Die  quod  vis  iter,  quam- 
libet  viam  aut  portam.  Lege  nomina,  Paule!  —  D.  Legit  ;  Via 
Sabinâ,  Porta  Collinâ.  —  M.  Ergo  fortasse  venerat  Numa...?  — 
D.  Fortasse  via  Sabinâ  et  porta  Collinâ  venerat  Numa.  —  M.  Res- 
ponde nunc  propositione  compléta.  —  Dico  iterum  interrogationem 
totam  :  Unde,  qua,  quo  venerat  Numa?  Primo  :  Unde;  —  D.  Curi- 
bus ;  —  M  Secundo  :  qua  ;  —  D.  Fortasse  via  Sabinâ  et  porta  Col- 
linâ; —  M.  Tertio;  quo  venerat  Numa?  —  D.  Romam  venerat 
Numa.  —  M.  Bene.  Die  nunc  regulam  nominum  viarum  responden- 
tium  interrogationi  qua.  —  D.  Nomina  viarum  aut  itinerum  aut 
portarum  respondentia  interrogationi  <«  qua  »  ablativo  casu  vertun- 
tur.  —  M.  Optimp! 

M.  Nonne  profuit  Numa  civitati,   Mauriti?  (Digressio).  —  Cur 


à 


224  LB   MUSÉE   BELGE. 


dico  Mauriti  ?  Cur  modo  dixi  :  Juli,  Âemili  ;  Nominativus  est  Mau- 
ritius,  Julius,  Âemilius.  Quis  casus  est  Mauriti?  —  D.  Est  cast2S 
vocativus.  —  M.  Cur  vocativus  est  Mauriti,  non  Mauritie?  — 
D.  Nomina  propria  quae  finiunt...  —  M.  Finiuntur!  Aut,  melius, 
desinunt!  (Unde  dérivât  Gallicum  a  désinence  d),  aut  etiam  termi- 
nantur;  quae  desinunt  quomodo,  quibus  litteris?  —  D.  Nomina  pro- 
pria quae  desinimt  litteris  tus  habent  vocativum  in  *.  —  M.  Bene. 
Melius  dices  :  nomina  propria  quae  habent  in  fine  nominativi  très 
litteras  i-us,  habent  in  fine  vocativi  litteram  f.  —  Intellexistine,  Hen- 
rice?  —  D.  Non  intellexi  —  M.  Nonne  (id  est  :  Est-ce  que  ne  pas), 
nonne  intellexisti,  tu,  Henrice  ?  Ergo  redde  —  aut  die  iterum  — 
regulam,  Aemili  ?  (Aemilius  prius,  deinde  Henricus  regulam  reddunt). 
Intellexisti  nunc,  Henrice?  —  D.  Intellexi. 

M.  Reddo  nunc  interrogationem  quam  modo  dixi  :  nonne  profuit 
Numa  civitati?  —  D.  Sane,  profuit  Numa  civitati.  —  M.  Quomodo? 

—  D.  Pace  profuit  civitati.  —  M.  Nonne  aliis  quoque  rébus  civitati 
profuit?  —  D.  Et  legibus,  et  institutis  quoque  profuit.  —  M.  Quo- 
modo etiam?  —  D.  (alius)  :  et  justitia.  —  M.  Postremo?  —  D.  (alius) 
et  religione.  —  M.  Quid  etiam  fecit  ille  rex?  —  D.  Plurima  sacra 
instituit.  —  M.  Enumera  sacra  praecipua,  non  omnia,  quae  instituit 
Numa,  et  sacerdotes  quos  creavit.  —  D.  Consecravit  aram  Vestae.  — 
M.  Perge,  Aemili  î  —  D.  Creavit  flaminem  Jovis,  legit  Salios, 
Martis  sacerdotes.  —  M.  Ambo  verbum  in  capite  aut  in  initio 
posuistis  :  verbum  in  fine  propositionis,  quaeso  !  —  D.  Aram  Vestae 
consecravit,  flaminem  Jovis  creavit  et  Salios,  Martis  sacerdotes,  legit. 

—  M.  Deinde,  Eduarde?  —  D.  Annum  in  duodecim  menses  descrip- 
sit.  —  M.  Postremo,  Luciane?  —  D.  Portas  Jano  gemino  aedifîca- 
vit.  —  M.  Bene!  Hoc  caput  bene  scitis  ! 

M.  Cur  omnia  sacra  illa  instituit  ?  —  D.  Quod  fuit  rex...  —  M.  Bel- 
licosus? —  D.  Non  bellicosus,  sed...  —  M.  Liber  dicit  :  «  erat  vir 
inclyta  justitia  et  religione  »,  id  est  :  erat  vir  justus  et...  — 
D.  Religiosus!  —  M.  Sane  :  religiosus  erat  aut...?  —  D.  Pius.  — 
M.  Pius  :  die  comparativum  et  superlativum  ejus  adjectivi,  Petre.  — 
D.  Magis  pius,  maxime  pius.  —  M.  Uter  duorum  primorum  regum 
fuit  magis  pius  :  Romulus  an  Numa  ?  —  D.  Numa  fuit  magis  pius; 
erat  rex  maxime  pius;  Romulus  autem  rex  bellicosus  erat.  — 
M.  Interrogationem  reddo  :  Cur  Nimia  tôt  sacra  instituit  ?  — 
D.  Numa  tôt  sacra  instituit  quod  erat  rex  religiosus  aut  pius. 

M.  Num  in  pugna  periit  Numa  ? —  Attende,  Paule.  Dixi  :  nnm 
periit?  Respondebis...? —  D.  Non  in  pugna  periit.  —  M.  Cur  non 
in  pugna  perire  poterat?  —  D.  Non  gessit  bella.  —  M.  Bene,  sed 
die  propositionem  libri  I  —  D.  Bellum  nuUum  gessit.  —  M.  Quomodo 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  225 


mortuus  est?  —  D.  Morbo  exstinctus,  mortuus  est. —  M.  Ubi  sepul- 
tus  est?  —  D.  In  Janiculo  monte  sepultus  est.  —  M.  Quid  eratmons 
Janiculus?  Altusne  mons  erat  ?  —  D.  CoUis  erat.  —  M.  Die 
mihi  tempora  primitiva  verbi  sepelire.  —  D.  Sepelio,  is  —  sepelivi, 
sepultum  —  sepelire.  —  M.  Die  rursus  supinum.  —  D.  Sepultum. 
—  M.  Unde  gallieum?  —  D.  Sépulture.  —  M.  Bene.  Latinum  : 
sepultura. 

M.  Utnim  duorum  primorum  regum  Romanorum  ma  vis,  Johan- 
nes?  —  D.  Numam.  -  M.  Comple  responsum  tuum.  —  D.  Numam 
maio.  —  M.  Bene.  Non  «  malo  Numam  »  eur?  —  D.  Quod  interro- 
gavisti  :  a  utrum  mavis  ».  —  M.  Cur  Numam  mavis?  — -  D.  Numam 
malo  quod  paee,  non  bello,  civitatem  auxit.  —  M.  Quis  bello  civita- 
temauxit?  —  D.  Romulus.  —  M.  Quoniam  paee  eivitatem  Numa 
auxit,  potest  appellari  rex...? — D^.  (Muti  sedent). —  M,  Non  est  diffi- 
cile dietu  :  verbum  latinum  verbo  gallieo  simile  est  !  —  D.  Potest 
appellari  rex  paeifieus. — M.  Cur  etiam  Numam  mavis  ?  Adde  eausam 
quoque,  Henriee!  —  D.  Quod  fuit  inclyta  justitia  et  religione.  — 
M.  Bene,  sed  utere  adjectivis  ;  potest  appellari,  ut  modo  diximus...? 

—  D.  Rex  justus  et  religiosus  aut  plus.  —  M.  Qualis...  Roberte, 
verte  «  qualis  »  galliee!  —  D.  Quel.  —  M.  Sane,  sed  i  quis  »  signi- 
ficat  etiam  u  quel,  qui  ?  »  (id  est  :  a  quel  est  son  nom,  quelle  est  sa 
profession,  sa  nationalité,  ete...  »)  ;  dein  a  quotus  »  significat  «  quel 
(par  rang,  par  ordre  ehronologique,  ut  modo  diximus  :  le  quantième)  ; 

—  u  qualis  »  vero  significat...  ?  —  D.  (Mutus  stat).  —  M.  Confer  verbum 
gallieum  «  qualité  »  derivans  de  «  qualis  »  Ergo  «  qualis  »  signi- 
fieat...? —  D.  De  quelle  qualité,  qualis,  id  est  :  «  quelles  sont  ses 
qualités,  de  quelle  espèce  est-il  ».  —  M.  Verte  a  qualis  »  flandrice, 
Aemilil  —  D.  Wat  voor  een.  —  M.  Optime.  Qualis  igitur  fuit  rex 
Numa  ?  Enumera  omnes  ejus  virtutes.  —  D.  Numa  fuit  rex  justus  ae 
religiosus  aut  pius;  fuit  etiam  rex  paeifieus.  —  M.  Qualis  autem  fuerat 
Romulus?  —  D.  Bellicosus  fuerat  Romulus.  —  M.  Bene.  Adde 
tamen  adjeetivum  :  Romulus  enim  fratrem  Remum  interfecit  ; 
ergo  fuit  rex...  ?  —  D.  Crudelis  rex  fuit.  —  M.  Bene,  sed  melius 
dices  «férus».  Interrogationem  igitur  reddo,  aut  iterum  dico;  die 
rosponsum  eompletum  aut  propositionem  plenam,  Mauriti  :  «  Utrum 
duorum  primorum  regum  Romanorum  mavis  ?  Romulum  an  Numam? 
Et  cur  ?  —  D.  Duorum  primorum  regum  Romanorum  Numam  malo, 
quod  fuit  rex  justus,  religiosus  et  paeifieus,  Romulus  autem  rex  férus 
ae  bellicosus  fuit.  —  M.  Optime!  Conelusio  :  Nos  quoque,  cari  dis- 
cipuli,  paeem  et  virtutem  amemus! 


226  LE    MUSÉE   BELGE. 

DICTÉES   FRANÇAISES 

par  F.  COL  LARD,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

(Suite.) 

36.  —  Imprudence  et  regrets. 

Nous  ne  pourrons,  je  le  vois  bien,  quoi  que  nous  fiassions,  nous 
tirer  du  mauvais  pas  où  nous  ont  fait  tomber  les  imprudences  nom- 
breuses qu'il  nous  est  arrivé  de  commettre.  Ainsi,  par  notre  faute, 
sans  que  quelqu'un  autre  que  nous  puisse  en  être  accusé,  nous  voilà 
dans  une  situation  des  plus  déplorables  qui  se  soient  vues^  sans 
espoir  que  nos  efforts,  quels  qu'ils  soient,  puissent  nous  en  faire 
sortir.  Telle  ne  serait  pas  notre  position  si  nous  nous  fussions  montrés 
moins  confiants  dans  nos  propres  forces  ;  si ,  écoutant  ceux  qui 
nous  avaient  conseillé  avec  un  si  véritable  attachement  de  nous  défier 
de  notre  inexpérience,  nous  nous  étions  laissé  guider  par  leurs  sages 
avis  ;  ou  même  si,  ne  prenant  conseil  que  de  nous-mêmes,  nous  nous 
étions  laissés  aller  aux  seules  impulsions  de  notre  intelligence,  plutôt 
que  de  nous  être  abandonnés  à  la  fougue  d'une  aveugle  passion.  Mais 
quelque  sages  que  fussent  les  conseils  que  nous  nous  sommes  entendu 
si  souvent  adresser,  soit  par  nos  amis,  soit  par  notre  propre  rai- 
son ;  quelques  nombreux  avantages  qu'ils  nous  eussent  assurés  si  nous 
n'eussions  pas  refusé  de  les  écouter  et  de  les  suivre,  nous  n'en  avons 
écouté,  nous  n'en  avons  sujivi  aucun  ;  et,  de  faute  en  faute,  nous 
sommes  tombés  par  degrés  dans  un  abîme  de  maux,  d'où  un  miracle 

seul  peut  désormais  nous  tirer. 

(Gallien.) 
Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 

37.  —  Dieu  seul  est  grand. 

Quelque  grande  que  soit  la  puissance  humaine,  qu'est-elle  auprès 
de  celle  de  Dieu?  qu'est-elle  auprès  de  cette  puissance  éternelle  et 
souveraine  par  laquelle  toutes  choses  ont  été  créées  ? 

Un  conquérant  a  porté  au  loin  ses  armes  victorieuses  ;  toutes  les 
nations,  quelque  belliqueuses  qu  elles  se  fussent  auparavant  montrées, 
ont  fui  d'épouvante  à  son  aspect  !  tous  les  rois  réputés  jusqu'alors 
invincibles,  ont  tremblé  devant  son  épée  redoutable.  C'est  en  vain 
que,  revenus  d'un  premier  effroi,  ces  rois  et  ces  nations  se  sont  ligués 
et  concertés  contre  l'ennemi  commun  ;  c'est  en  vain  que  la  terre  s'est 
vue  rougie  de  leur  sang  généreux  ;  ligues,  efforts  et  vaillance,  tout  a 
disparu,  dissipé  et  anéanti  par  le  glaive  de  ce  nouvel  ange  extermi- 
nateur ;  tout  a  plié,  tout  s'est  tu  devant  sa  face,  sous  la  verge  san- 
glante dont  le  ciel  ou  l'enfer  avait  armé  sa  main. 

Eh  bien,  qu'est-ce  que  cette  grandeur?  Je  l'ai  demandé  aux  ruines 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  22^ 


mêmes  dont  elle  s'est  formée  ;  et  les  mines  m*ont  répondu  :  Naguère 
il  y  a  eu  là  quelque  chose  que  les  hommes  ont  longtemps  appelé  une 
puissance  ;  ce  quelque  chose  s*était  établi  il  y  a  quelque  dix-huit 
C€nts  ans,  exactement  comme  vient  de  le  faire  la  puissance  qui  lui  a 
succédé,  et  comme  tant  d'autres  l'avaient  fait  auparavant,  dans  les 
temps  anciens.  Toutes  sont  tombées  ;  et,  avant  peut-être  qu'il  se  soit 
écoulé  bien  des  années,  quelqu'un  viendra  aussi  chercher  cette  gran- 
deur, aujourd'hui  proclamée  impérissable,  parmi  les  ruines  où  elle  se 
sera  engloutie. 

Hommes  vains,  dont  la  faiblesse  est  attestée  par  les  monuments 

mêmes  qu'ils  ont  élevés  à  leur  puissance  ! 

(Gallien.) 
Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 

38.  —  PoifU  de  bonheur  par/ait  sur  la  terre, 

La  Providence,  ainsi  qu'une  bonne  mère,  répartit  avec  tant  de 
sagesse  les  biens  et  les  maux  de  cette  vie,  que  la  plupart  des  hommes ,^ 
quelque  heureuse  que  paraisse  leur  destinée,  trouvent  dans  leur  état 
une  foule  d'amertumes  qui  en  balancent  toujours  les  plaisirs.  Le 
contentement,  le  bonheur  parfait  n'existe  pas  sur  la  terre,  parce  que 
ce  n'est  pas  ici  le  temps  des  consolations,  mais  le  temps  des  peines. 
L'élévation,  aussi  bien  que  l'obscurité,  a  des  assujettissements  et  des 
inquiétudes,  des  humiliations  et  des  mépris  ;  le  monde,  aussi  bien 
que  la  retraite,  a  ses  tristesses  et  ses  ennuis  ;  le  palais  superbe,  comme 
le  toit  du  pauvre  et  du  laboureur,  cache  des  soucis  cruels;  et,  de 
peur  que  notre  exil  ne  nous  devienne  trop  aimable,  nous  y  sentons 
toujours  que  notre  bonheur  a  quelque  chose  d'incomplet. 

(D'api es  Massillon,  dans  Lepetit,  2«  année.) 

Soulignez  une  fois  le  verbe  et  deux  fois  le  sujet,  lorsque  Taccord  se  fait  d'après 
une  règle  particulière. 

Ajoutez  deux  remarques  grammaticales  à  votre  choix. 

39.  —  La  nature  et  V homme. 

La  nature  est  le  trône  extérieur  de  la  magnificence  divine  : 
rhomme  qui  la  contemple,  qui  Tétudie»  s'élève  par  degrés  au  trône 
intérieur  de  la  toute -puissance  ;  fait  pour  adorer  le  Créateur,  il  com- 
mande à  toutes  les  créatures  ;  vassal  du  ciel,  roi  de  la  terre,  il  l'ano- 
blit, la  peuple  et  l'enrichit;  il  établit  entre  les  êtres  vivants  Tordre, 
la  subordination,  l'harmonie;  il  embellit  la  nature  même,  il  la  cul- 
tive, l'étend  et  la  polit  ;  en  élague  le  chardon  et  la  ronce,  y  multiplie 
le  raism  et  la  rose. 

Voyez  ces  plages  désertes,  ces  tristes  contrées  où  l'homme  n'a 
jamais  résidé,  couvertes  ou  plutôt  hérissées  de  bois  épais  et  noirs 
dans  toutes  les  parties  élevées  :  des  arbres  sans  écorce  et  sans  cime, 
courbés,  rompus,  tombant  de  vétusté;  d'autres,  en  plus  grand 
nombre,  gisant  auprès  des  premiers,   pour  pourrir  sur  des  monceaux 


228  LE    MUSÉE   BELGE. 


déjà  pourris,  étouffent,  ensevelissent  les  germes  prêts  à  éclore.  La 
nature,  qui  partout  ailleurs  brille  par  sa  jeunesse,  paraît  ici  dans  la 
décrépitude  ;  la  terre,  surchargée  par  le  poids,  surmontée  par  les 
débris  de  ses  productions,  n'offre,  au  lieu  d'ime  verdure  fiorissaxU^ 
qu'un  espace  encombré,  traversé  de  vieux  arbres  chargés  de  plantes 
parasites,  de  lichens,  d'agarics,  fruits  impurs  de  la  corruption,  dans 
toutes  les  parties  basses,  des  eaux  mortes  et  croupissantes  faute  d'être 
conduites  et  dirigées  ;  des  terrains  fangeux  qui,  n'étant  ni  solides  ni 
liquides,  sont  inabordables,  et  demeurent  également  inutiles  aux 
habitants  de  la  terre  et  des  eaux;  des  marécages,  qui,  couverts 
de  plantes  aquatiques  et  fétides,  ne  nourrissent  que  des  insectes 
vénéneux^  et  servent  de  repaire  aux  animaux  immondes. 

Entre  ces  marais  infects  qui  occupent  les  lieux  bas,  et  les  forêts 
décrépites  qui  couvrent  les  terres  élevées,  s'étendent  des  espèces  de 
landes,  des  savanes  qui  n'ont  rien  de  commun  avec  nos  prairies  ;  les 
mauvaises  herbes  y  surmontent,  y  étouffent  les  bonnes  ;  ce  n'est  point 
ce  gazon  fin  qui  semble  faire  le  duvet  de  la  terre,  ce  n'est  point  cette 
pelouse  émaillée  qui  annonce  sa  brillante  fécondité  :  ce  sont  des 
végétaux  agrestes,  des  herbes  dures,  épineuses,  entrelacées  les  unes 
dans  les  autres,  qui  semblent  moins   tenir  à  la  terre  qu'elles  ne 
tiennent  entre  elles,  et  qui,  se  desséchant  et  se  repoussant  successi- 
vement les  unes  sur  les  autres,  forment  une  bourre  grossière,  épaisse 
de  plusieurs  pieds.   Nulle  route,  nulle  communication,  nul  vestige 
d'intelligence  dans  ces  lieux  sauvages  :  l'homme  obligé  de  suivre  les 
sentiers  de  la  bête  farouche,  s'il  veut  les  parcourir  ;  contraint  de 
veiller  sans  cesse  pour  éviter  d'en  devenir  la  proie,  effrayé  de  leurs 
rugissements,  saisi  du  silence  même  de  ces  profondes  solitudes,  il 
rebrousse  chemin,  et  dit  :  «  La  nature  brute  est  hideuse  et  mourante; 
c'est  moi,  moi  seul  qui  peux  la  rendre  agréable  et  vivante.  Desséchpns 
ces  marais, animons  ces  eaux  mortes  en  les  faisant  couler,  formons-en 
des  ruisseaux,  des  canaux  ;   employons  cet  élément  actif  et  dévorant 
qu'on  nous  avait  caché  et  que  nous  ne  devons  qu'à   nous-mêmes; 
mettons  le  feu  à  cette  bourre  superflue,  à  ces  vieilles  forêts  déjà  à 
demi  consommées  ;  achevons  de  détruire  avec  le  fer  ce  que  le  feu 
n'aura  pu  consumer  :  bientôt,  au  lieu  du  jonc,  du  nénufar,  dont  le 
crapaud  composait  son  venin,  nous  verrons  paraître  la  renoncule,  le 
trèfle,  les  herbes  douces  et  salutaires  ;    des  troupeaux  d'animaux  bim- 
dissants  fouleront  cette  terre  jadis  impraticable  ;    ils  y  trouveront  une 
subsistance  abondante,  une  pâture  toujours  renaissante  ;  ils  se  multi- 
plieront pour  se  multiplier  encore  :  servons -nous  de  ces  nouveaux 
aides  pour  achever  notre  ouvrage  ;  que  le  bœuf, soumis  au  joug, emploie 
ses  forces  et  le  poids  de  sa  masse  à  sillonner  la  teire;  qu'elle  rajeu- 
nisse par  la  culture  :  une  nature  nouvelle  va  sortir  de  nos  mains.  » 

(Butfon.) 


LIVRES  NOUVEAUX. 

E-    BOESCH,  0€U)pôç.  Unter3uchung  zur  Epangolie  griechischer  Fesle.  Berlin, 

Wayer  et  Muller,  1908.  3  ro.  60. 
O.   COMPAYRÈ,  L'ôducaîion  infellectuelb  et  morale.  Paris,  Dolaplane,  1908, 

456  pp.  12. 
J.     GABRIELSSON,  Ueber  die  Quellen  dos  Clemens  Alexandrinus,   I   Teil. 

DisF.  inaug.  d'Upsala.  Upsala,  Appelberg.  1906. 
M.    GRAMMONT,  Petit  traité  de  versification  franc  lise.  Puiis,   Colin,  1908. 

2fr. 
Die   latfcinischen   Bibelversionen.   Itala  und  Vulgata.   Text  in  Urschrifc  uni 

deutscher  Uebersetzung.  I^ipzig,  Verlag  Lumen.  1908.  25  m. 
K.   LOPSTEDT,  Beitrage  zur  Kenntniss  der  spaeteren  Latinitaet.  Diss.  iniug. 

d'Upsala.  Stockholm,  Suanbak,  1907. 
N.    LUNDQUIST,  Studia  Lucanea.  Commentatio  academica.  Stockholm,  Nur- 

stedt  et  Soner,  1907. 
J.  C.  N.  LINDSTROM,  Commentarii  Plautini  in  fabulas  legendas  et  ezplicandas 

studia.  Disputatio  academica.  Stockholm,  Suanbak,  1907. 
F.  J.  MILLER,  The  tragédies  of  Seneco,  translated  into  english  verse,  to  which 
hâve  been  appende'l  comparative  analyses  of  the  correspond ing  greek  and 
roman  plajs  and  a  mjthological  index,  introduced  hy  an  essay  an  the  in- 
fluences of  the  tragédies  of  Seneca  upon  early  english  drama  by  J.  M.  Manly. 
Chicago,  Tho  Univ.  of  Chicago  Press.  Londres,  Fisher  Unwin,  1907.  3  d. 
C.  ROBERT,  Szenen  aus  Menanders  Komoedien.  Deutsch.  Berlin,  Weidmann, 

1908.  131  p.  in-So.  2  m.  40. 
MAX  RODER,  Die  Akropolis  von  Athen  und  das  Forum  Romanum  nach  der 
Natur  gemalt.  Phototypische  Reproduktionen  V.  B.  Kcihlens  Kunstanstalt  in 
Mûnchen-Gladbach.  Zwoi  Blatterin  Impérial-format  à  6  m. 
A.  SAUVEUR,  Étude  historique  sur  la  légion  VI®  Victrix.  Louvain,  Charles 

Peeters,  1908.  92  pp.  2  fr.  50. 
H.  VANDER  LINDEN,  L'Université  do  Louvain  en  1568.  Bruxelles,  Weissen- 

bruch,  1908.  30  pp. 
O,  W.  VAN  BLEEK,  Quae  do  hominum  post  mortem  doceant  carmina  sepul- 

cralia  latina.  Diss.  Amsterdam^  Rotterdam,  R.  de  Vries,  1907,  158  pp. 
J.  W.  VAN  HEESWIJK,  Meys'  Handleiding  der  Grieksche  en  Romeinsche 

Mythologie.  3^^  druk.  Leiden,  J.  W.  Van  Loeuwen,  1905,  1  fl.  25. 
J.  VAN  LEEUWEN,  Menandri  quattuor  fabularum  fragmenta  nuper  repeHu. 

Leiden,  Sijthoff.  1908,  5  m.  50. 
AUG.  VEZIN,  Eumenes  von  Kardiu.  Eiu  B^utrag  zu  Geschichte  der  Diadochen- 

zeit.  Miinster,  Aschendorff,  1907.  3  m   25. 
CHR.  VOLQUARDSEN,  Rom  im  Uebergange  von  der  Ropublik  zur  Monarchlii 
und  Cicero  als  politischer  Charakter.  Rode.  Kiel,  Lipsius  et  Tischer,  llH)7. 
0  m.  60. 
J.  P.  WALTZING,  Un  humaniste  arlonais.   Pelrus-Jacobi  Arlunensis  (1459^ 

1509)  Liège,  Vaillant- Carmanne,  1908.  28  pp.  gr.  8°  avec  gravures.  1  fr. 
L.   WENGER,  Zum  Wohn-  und  Wirtschaftsrecht  in  den  Papyri.   Weitrmr* 
Bôhlau,  1907.  13  pp.  tirées  de  Aus  Rômischem  und  BQrgerlichem  Racht. 
Festschrift  E.  I.  Bekker  gewidmet. 


SOMMAIRE. 


MELANGES. 


Altert  Coumùti,  Let  moti  enipruntéi 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE* 

Antiquité  cl  assigne, 

ii3.  P,  Grahtdor\  Histoire  de  lUe  de  Skyros  (H.  Francotte) , 

i  (4.  Oh  Diéoht  Pouzrolcs  anïique  (Th,  Simar)     .         .         .         , 

1 15,  G.  D.  Hat^idakis,  La  langue  écrite  néo-grecque  (P,  Oratndor) 

j  i  6*  Pendeiakis,  Ch  rcs  lo  m  at  Ki  e  h  cl  ivmq  nt  \  te  m  5mc  )    . 

117.  L.  BoJm  et  F-  ^fij^on,  Aristophane  et  Ménandre  (J,  P.  W,}  . 

nS,  A.  De  Àljtcfttf  Apologisii  crîatianî  sccïti  (J*  P,  \V.) 

ijg.   W,  AVo//,  Gcfschichic  der  kless*  Phiîoïogie  {P.  Henen)  . 


Langues  et  lîHératutfs  cettiques^ 

iio*  Pfh  de  Félice,  Le  Purgaioirc  de  S.  Patrice  {L.  Vin  der  Etften) 

Langues  et  littératures  romanes, 

12J,  C  Liégeois  et  L,  .\fitltmger.  Le  Théâtre  et  TÉÎo^uence  (G,  Dûutn^f^^ym) 
133.  p,  £>tmq^,  Œuvres  d'A,  Chuoicr  (A.  Hurapcrs)       *        ,        *         .         • 
133.  O.  Piamgiam^  VocabuNrio  ctimotogico  delln  îrngua  itisitana  (A*  Doutre- 
pont)     t         ^        ..,.,.,,,.         . 

Langues  et  littératures  germaniques. 

13|.  F.  Weigand^  Deuuchei  Woerlerbuch  (C,  Lecoutcrc)      ,        *        ,         . 
uS»  F,  K3«_^iHa«rt,  Deutsche  Mctrik  (Le  tïiéme) 


«9f 


901 

»5 


Histoire  et  géùgrjphie. 

j^6,  P.  Foidtet^  Les  institutions  frarîçaiscs  diîpuîs  1795  â  \Bi\  (F.  CvjU*rJ)      »     aoî 

Notic&â  et  anDoncGS  bibliographiques. 

117-148,  Publictiioos  dt  Krctschmjr,  Skutsch,  Kniegcr,  Cevôlanî,  Thble, 
Cramer,  FriiSi:h^  Hommcî,  Achelis^,  DichI,  BcJier^  AuUrJ,  Barres  >  BÎ^«:hcifT. 
Vtfnlatti^  Kli>yvL'r,  Ulilenbeck,  t'ijpcrH,  Grarï>,  van  Loghem^  Frtfdtnctj, 
N(fwman,  Me4*fTtïs,  Biron^  Slrowski^  Paquier       ..,,_.     strj 


CHRONIQUE. 

Cûlleciion  linguistique,  Halntaïion  préhistoriqyc.  Ateliers  monétatr^s. 
e  In  Bible,  Académi 
frigments  de  Ménandrc 


i49*i5k 
Ma.  de  In  Bible,  Académie  fîdmande  :  programma  de  ses  concours.  Nouvrau 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 

A,  Pôissinger^  Regium  Atht;nBcuni  Athense  Sexta  schola  latina 
Ft  Cotlard,  Dictées  Irançaiaea  (suite) 


2l4 


DoUZtÈME  ANhféE.  —  N*»  6-7. 


i5  JUlN'iS  JUILLET   1908 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVUE   DE    PHILOLOGIE   CLASSIQUE 

^lïBLtÉE  M>Uft  LA  DtRlCTIOJI  t»l 


F.  GOLLARD 

rnoPVÊhUUtt  A  L'UMtVKKEJrl  DE  LOU7AU4 


J,  F,  WAI^TZING 


ParsiTMJil  tout  Itt  rnfili,  I  TeK^fiUan  doi  maJi  d^MAl  il  Û9  u^itmbn 


LOUVAIN 

CHARLES  FEETERS»   LIBRAIRE-ÉDITEUR 

30,  ftUB  oe  HAMum,  20 

BERLIN 


PARIS 

A,    FONTEMOING 

4,  me  Le  God' 


R.  FRIEDLAENDER  ET  FILS 
Carlitrute»  jt,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MH.     Bang,  W.,  professeur  à  rUniverslté  de  Louvain. 

Bayot,  A  ,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvnln. 
Bischoff;  H.,  professeur  k  l*(Jniversité  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Gloson,  J..  chargé  de  cours  k  runiversité  de  Liège. 
Gollard,  F.,  professeur  à  TUniversité  de  Louvain. 
Counson,  A.,  chargé  de  cours  à  TUniversité  de  Gand. 
De  Geuleneer,  A.,  professeur  à  rUniversilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin,  L.,  professeur  à  runiversité  de  Gand. 
t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  à  rUoiversilé  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  TUnlversité  de  Louvain. 
Francotte,  H.,  professeur  k  TUniversité  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Halkin,  L.»  professeur  k  l'Université  de  IJége. 
Hanquet,  K.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Janssens,  E.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Martens,  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  k  Loavain. 
Mayence,  F.,  chargé  de  cours  k  l'Université  de  Louvain. 
Mœller,  Ch.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  k  rUniversité  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  à  TUniversité  de  Gand. 
Sencie,  J  ,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortpoy,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Gand. 
Waltzing.  J.  P.,  professeur  k  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  k  l'Université  de  Liège, 
t  Willems,  P.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WALTZING,  9,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  k  M  J  P.  "Walt^ng,  professeur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare^  Uége. 

Les  articles  destinés  k  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  k  M.  F.  Collard 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Léopold^  22^  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d'abon- 
nemment  est  fixé  k  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  les  autres  pa>*s,  on 
peut  s'abonner  k  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunies  au 
prix  de  12  fr.  S'adresser  k  M.  Cn.  Peeters,  libraire,  rue  de  Namur,  20,  k  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  k  480  pages,  son^  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoirement,  les  abonnés  pourront  se  procurer  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  T  fk*.  tf O  par 
année,  le  port  en  sus. 


DouziÈME.ANNÉE.  —  N^s  6  et  7.  i5  Juin-Juillet  1908. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE    BELGE. 


MÉLANGES. 

LES  MOTS  EMPRUNTÉS. 

I.  —  La  Dette  de  l'Allemand. 
(Suite). 

On  sait  combien  est  caractéristique  de  Thistoire  entière  le  nom  de 
Véglise  :  •  le  mot  grec  éKKXno(a  (=  assemblée),  dans  les  milieiix  chré- 
tiens, a  désigné  spécialement  l'assemblée  des  fidèles  :  il  a  passé  en 
ce  sens  dans  la  langue  spéciale  des  chrétiens  de  Rome  ;  là  il  a  désigné 
rassemblée  des  chrétiens  (i)  ;  d  autre  part  le  mot  éKKÀnoia  signifiait 
«  lieu  de  réunion  des  fidèles  »,  exactement  comme  marché  signifie 
«  lieu  où  on  tient  le  marché  »  ...  :  le  latin  a  pris  aussi  le  mot  grec  en 
ce  sens;  comme,  en  latin,  le  sens  de  réunion,  convocation,  n'était  pas 
attaché  au  mot,  isolé  de  toutes  ses  connexions  linguistiques  par  V emprunt,  et 
que  ecclesia  était  im  pur  terme  de  langue  particulière,  sans  usage  dans 
la  langue  commune,  ces  deux  sens  de  «  groupe  des  fidèles  »  et  de  «  lieu 
de  réunion  des  fidèles  »  se  sont  fixés  sans  aucun  mélange,  et  ils  se 
sont  transmis  aux  langues  romanes  ou  du  moins  au  groupe  occi- 
dental des  langues  romanes.  Sur  le  sol  français,  le  mot  église  est 
entré  dans  la  langue  commune,  avec  le  christianisme  qui  est  devenu 
la  religion  de  tous  les  habitants  du  pays  »  (2).  —  Même  phénomène 
en  pays  germanique,  mais  appliqué  à  un  tout  autre  mot  ;  car  le  mot 
éKKKr\G{(x  qui  était  dans  Ulfilas  (aikklésjô)  dans  le  seul  sens  de  «  commu- 
nauté des  fidèles  »  (il  n'y  a  pas  dans  Ulfilas  de  mot  pour  le  bâtiment 
lui-même»,  éKicXrjda  est  complément  supplanté  en  pays  germaniques 
par  KupiaKôv  (maison  du  Seigneur),  t  L'emprunt  n'a  pu  se  faire  que 
dans  la  région  du  Danube  inférieur,  par  les  Goths,  qui  ont  transmis 
le  mot  aux  Allemands  et  aux  Slaves.  Ainsi  s'explique  aussi  le  féminin 

(i)  Voyez  Kretschmer,  dans  Zs,  f,  vergl  Sprachforschung^  XXXIX,  SSg  et  sv. 
(2)  A.  M  BILLET,  Comment  les  mots  changent  Je  sens,  p.  3y  (Vannée  sociologique^ 
année). 


23o  LE   MUSÉE   BELGE. 


allemand  ;  car  la  terminaison  grecque  -ov  devient  en  gothique, 
dans  les  mots  empruntés,  la  terminaison  féminine  -^  (p.  e.  cOott^io* 
aîvaggêljô,  adppaTov  sabbatô).  —  Comme  la  Lautverschiebung  est 
accomplie,  le  mot  Kitche  doit  avoir  été  introduit  chez  les  Allemands 
au  plus  tard  au  vi^  siècle  ;  l'anglo-saxon  cyticc  indique  encore  une 
date  antérieure.  Le  mot  doit  avoir  été  répandu  chez  les  Germains  de 
l'Ouest  dès  la  fin  du  iv«  siècle.  Il  constitue  un  important  témoignage 
linguistique  de  Tinfluence  exercée  de  bonne  heure  par  le  christia- 
nisme gothique-arien  sur  les  tribus  allemandes.  Cette  influence  a  été 
refoulée  si  complètement  par  le  catholicisme  venu  des  îles  britan- 
niques et  de  France,  qu'elle  est  moins  reconnaissable  aujourd'hui 
dans  les  documents  historiques  que  dans  les  déductions  linguis 
tiques  (i). 

Le  christianisme  arien  —  qui  avait  probablement  déjà  transmis  les 
termes  grecs  irevriiKocnyï  :  Pfingstm^  iraTrâç  :  Pfaffen^  bid^oXoç  :  Teufd^ 
frfTcXoç  :  Engel^  fut  supplanté  par  le  christianisme  catholique  d'ex- 
pression latine.  Les  emprunts  furent  autrement  nombreux  :  ils  se 
multipliaient  d'autant  plus  facilement  que  le  latin  est  resté  la  langue 
de  rÉglise.  Au  nom  même  du  Christ  s'est  substituée  la  forme  savante 
Christus,  dont  la  diffusion  par  l'imprimerie  assura  le  succès  ;  christia- 
nus  a  donné  finalement  la  forme  abrégée  actuelle  Christ  =  chrétien. 

La  religion  nouvelle,  en  transformant  l'homme,  créait  des  idées  et 
des  vertus  pour  lesquelles  il  fallut  trouver  des  noms.  La  traduction, 
qui  est  l'un  des  grands  procédés  d'assimilation,  de  transmission 
internationale  (2),  devint  ici  véritablement  créatrice,  a  Un  mot 
comme  le  latin  conscientia  a  pris  dans  la  langue  de  l'école  un  sens  bien 
défini,  et  les  groupes  savants  ont  employé  ce  mot  même  en  français  ; 

(i)  Seilbr,  l*,  104-105. 

(2)  On  pourrait  appliquer  au  vocabulaire  commun  ce  qui  a  été  dit  de  la  transmis- 
sion de  termes  géographiques  dans  la  page  suivante  que  me  signale  M.  Alphonse 
Roersch  : 

«  D'un  peuple  à  l'autre,  les  noms  des  lieux  se  transmettent  de  plusieurs  façons... 
Première  manière  :  transcription.  Le  peuple  emprunteur  accepte  ronomastique  àa 
étrangers  telle  qu'elle  se  présente  à  lui,  tout  entière,  idées  et  vocables...  Consonoes 
et  voyelles,  les  noms  Espagne,  |  Italie,  Syrie,  Egypte,  Chypre,  Rhodes,  Pélopooèsc, 
Sicile,  Baléares,  etc.  se  sont  exactement  transmis  de  thalassocrates  en  thalassocrttes 
depuis  les  origines  helléniques  jusqu'à  nos  jours.  —  Seconde  manière  :  traductioo. 
Le  peuple  emprunteur  rejette  les  formes  extérieures  de  l'onomastique  étrangère  ; 
mais,  gardant  les  idées,  il  traduit  les  vocables  du  voisin  en  sa  propre  langue.  A  ren- 
trée dû  détroit  de  Gibraltar,  toutes  les  marines  actuelles  connaissent  le  Mont-auX' 
Singes  ;  mais  chacune  lui  applique  un  vocable  différent  :  anglais,  français,  espagnol, 
allemand.  —  Troisième  manière  :  entre  ces  deux  extrêmes,  transcription  ou  traduc- 
tion, souvent  le  peuple  prend  un  moyen  terme.  Il  ne  sait  pas  traduire  le  nom  qa'îl 
emprunte.  Il  ne  se  contente  pas  de  le  transcrire.  Il  s'en  empare  et  le  pétrit,  le  rac- 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  23 1 


les  nécessités  de  la  traduction  des  textes  étrangers  et  le  désir  d'ex- 
primer exactement  la  même  idée  ont  fait  rendre  la  même  idée  par 
les  savants  germaniques  au  moyen  de  mith-mssci  en  gotique,  de 
giwizzani  en  vieux  haut-allemand  (allemand  moderne  Gewissm)  Sou- 
vent les  mots  techniques  de  ce  genre  sont  traduits  littéralement  et 
n'ont  guère  de  sens  dans  la  langue  où  ils  sont  transférés  ;  ainsi  le 
nom  latin  de  l'homme  qui  a  de  la  pitié,  misericors,  à  été  traduit  litté- 
ralement en  gotique  arma-hairts  (allemand  barm-herzig)  et  a  passé  du 
germanique  en  slave,  par  exemple  russe  milo'serdyj.  Ce  sont  là  de 
pures  transcriptions  cléricales  de  mots  latins  »  A  ces  exemples  ainsi 
définis  récemment  par  M.  Meillet  (/.  /.,  p.  19),  M.  Seiler  ajoute  tout 
un  répertoire;  il  suit  (II,  i-io3  :  Kap.  I  :  Kirchliche  und  gelehrte 
Bildung)  surtout  l'influence  des  ordres  monastiques  dans  les  divers 
domaines  moraux  et  matériels  ;  Técole,  la  cuisine,  les  plantes  et  les 
minéraux,  tout  enfin  se  développe  dans  un  moyen  âge  de  culture 
cléricale, 

où  d'un  siècle  barbare 
Naquit  un  siècle  d*or  plus  fertile  et  plus  beau. 

Dans  ce  monde  naissant,  comme  jadis  dans  celui  de  la  Genèse, 
rhomme  donne  des  noms  aux  autres  créatures  :  l'homme  est,  cette 
fois,  un  Barbare  éduqué  par  des  gens  à  latin.  Les  Germains  seraient 
restés  des  sauvages  sans  l'héritage  de  la  civilisation  gréco-latine,  sou- 
tenait, il  y  a  peu  d'années,  le  germaniste  Rœthe  :  la  fait  est  qu'ils  ont 
trouvé  dans  le  latin  le  nom  d'une  foule  d'acquisitions  faites  pendant 
les  treize  premiers  siècles  de  notre  ère. 


Si  Rivarol  fut  mauvais  prophète  en  parlant  d'un  univers  français 
succédant  à  un  monde  latin,  son  erreur  pourrait  s'excuser  par  le 
spectacle  de  l'influence  française  en  Europe  dès  le  moyen  âge.  Le 
monachisme  clunisien,  l'université  de  Paris,  la  chevalerie,  la  littéra- 
ture épique  puis  courtoise,  tout  contribuait  à  la  diflusisn  des  choses 
de  France.  Les  Pays-Bas  servent  d'intermédiaire  vers  le  Nord-Est, 

courcit,  l'allonge  ou  le  façonne,  au  gré  de  son  imagination  et  d^  ses  raisonnements  : 
il  arrive,  par  calembour,  à  faire  sortir  un  sens  apparent  de  ce  vocable  incompris. 
Les  français  prennent  le  Magara  des  Grecs  el  en  font  le  port  de  la  Maigre,  Les 
Anglais  prennent  le  Livorno  des  Italiens  et  en  font  leur  Leghorn  (Corne  de  Jambe)... 
Parfois  de  tels  calembours  sont  à  nouveaux  traduits  par  quelque  successeur  :  les 
Italiens  ayant  pris  VHymettos  des  Hellènes  en  firent  par  calembour  leur  Mont-du- 
Kou,  //  Matto,  que  les  Turcs  traduisent  en  Deli  Dagh  :  les  Grecs  modernes,  ayant 
traduit  le  mot  turc,  disent  aujourd'hui  Trelo  Vouno,  »  (V,  Bérard,  Les  Phéniciens 
et  l'Odyssée^  I,  48-49). 


^32  LE    MUSÉE    BELGE. 


et  jusque  chez  les  paysans  autrichiens  du  xiii*  siècle,  il  est,  paraît-il, 
de  bon  ton  de  «  vîaemen  »  (II,  io8). 

«  France  mère  des  arts,  des  armes  et  des  lois  w 

a  fourni  aux  voisins  les  termes  de  danse  et  de  musique,  de  chasse  et 
de  cuisine,  d  armes  et  de  tournois.  Le  français  a  donné  des  suffixes, 
'iàty  'iâ,  et  cet  -ieten  dont  les  auteurs  allemands  abusent  au  sens  de 
Heine  (i).  —  Des  juristes  d'Outre-Rhin  discutent  encore  la  question 
de  savoir  si  les  usages  du  duel  et  de  la  Mensur  continuent  une 
ancienne  tradition  germanique  ou  bien  les  us  et  abus  chevaleresques 
de  France.  Cettejdemière  explication  paraît  fort  plausible  quand  on 
entend  tout  le  jargon  exotique  des  ferrailleurs.  ContrakagCy  Sekundûni, 
Satisfaction,  etc.,  font  songer  à  des  marquis  niais  à  qui  il  a  manqué 
un  Richelieu  pour  les  faire  pendre.  —  Mais  cela  se  place  à  Tépoque 
moderne,  et  M.  Seiler  nous  conduit  seulement  à  la  fin  du  moyen 
âge  :  souhaitons  qu'il  poursuive  bientôt  sa  curieuse  enquête. 


En  tous  temps,  la  navigation,  en  rapprochant  les  peuples,  a  mêlé 
les  vocabulaires,  et  Ton  a  reconnu,  dans  la  stratification  de  la  topo- 
nymie méditerranéenne,  les  résidus  des  thalassocraties  successives, 
phénicienne,  grecque,  turque,  vénitienne,  française,  anglaise.  «  Durant 
les  derniers  siècles,  les  Francs  et  les  Italiens  avaient  peuplé  l'Archi- 
pel de  leurs  communautés  italiennes  et  franques  et  de  leurs  doubles 
ou  triples  ménages...  Une  population  métisse  et  bilingue  en  était 
résultée  qui  jargonnait  ou  comprenait  les  deux  langues  paternelle  et 
maternelle,  et  qui  traduisait  ou  mélangeait  le  turc,  le  grec,  l'italien  et 
le  français  en  un  sabir  de  Bourgeois  Gentilhomme,  Dans  le  langage  des 
Insulaires  et  dans  l'onomastique  des  Iles,  il  est  facile,  aujourd'hui,  de 
retrouver  les  témoins  de  ce  sabir...  Pour  la  langue  commerciale,  il 
suffit  d'ouvrir  un  dictionnaire  grec  moderne  :  pdpxa  barque^  PapKdpnç 
batelier,  papxaplîluj  s  embarquer,  papëXi  baril,  Kdppouvov  charbon,  xdbpo  cadre, 
peinture^  Kavôvi  canon,  KdireXov  chapeau,  KamTdvoç  capitaine,  KaorëAi  ckà- 
teau,..  »  (2) 

La  Méditerranée  était  le  centre  de  la  grande  activité  maritime  ;  et 
c'est  de  là  que  bien  des  termes  sont  parvenus  jusqu'à  la  langue  alle- 

(1)  F.  Brunot,  Histoire  de  la  langue  française  des  origines  à  içoo,  I,  387. 
M.  Brunot  (p.  3S2,  n.  2)  rappelle  les  travaux  de  M.  F,  Piquet  {De  vocabuUs quae  tn 
duoJecimo  saeculo  et  in  tertii  decimi  principio  a  Gallis  Germani  assumpserînt. 
Paris,  1898)  et  de  M.  H.  Palander,  Der  fr:^.  Einfluss  auf  die  d,  Spr,  im  XIL  Jhdt 
(Mém.  Soc.  néophilologique  d' H elsingfors,  1902). 

(2;  V.  Bérard,  Les  Phéniciens  et  VOdyssée,  I,  400. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHigUB.  235 


mande,  a  Notre  avenir  est  sur  Teau  »,  répète  Guillaume  II  à  ses 
s\aj  ets  ;  leur  passé  lexicologique  s'y  trouve  aussi.  Les  Romains  ont 
<ionné  aux  Germains  Insel  et  le  nom  de  lancre (Anker),  qu'eux-mêmes 
ils  tenaient  des  Grecs.  Au  moyen  âge,  les  vaisseaux  flamands  et  fri- 
sons mettent  le  Nord  en  relations  continuelles  avec  les  mers  que 
«îésormais  sillonne  la  «  voile  latine  »,  comme  dit  Carducci  de  Jaufré 
Rxidel.  Ils  rapportent  de  leurs  expéditions  autant  de  termes  que 
jsidis  les  Normands  avaient  pu  en  porter  en  France.  Port^  Barke^ 
GaîeassCj  Galère,  Kaheî,  Golf,  Pilot,  Kurs,  Bai,  Kap,  Flotte,  etc.,  perpé- 
t\ient  dans  les  dictionnaires  des  marins  du  Deutschland  le  souvenir  des 
tHalassocraties  méridionales. 

Par  celles-ci,  autant  et  plus  que  par  les  voies  de  terre,  lOrient 
transmettait  ses  produits,  ses  fruits,  ses  jeux,  avant,  pendant  et  après 
les  Croisades.  Le  jeu  d'échecs,  notamment,  qui  a  laissé  dans  les 
langues  européennes  son  nom  et  plusieurs  métaphores,  a  passé  des 
Fersans  aux  Arabes  et  des  Arabes  aux  chrétiens  bien  avant  les  croi- 
sades (II,  167)  :  on  joue  aux  échecs  dans  le  Ruodlieh,  roman  qu'écri- 
vait, avant  la  naissance  de  Godefroid  de  Bouillon,  un  moine  de 
Tegernsee  ;  et  les  vieillards  ont  la  même  distraction  dans  la  Chanson 
de  Roland, 


L'ouvrage  de  M.  Seiler,  ouvrage  d'histoire  linguistique,  écono- 
mique et  morale,  intéressera  tous  ceux  qui  savent  l'allemand  ;  ceux 
qui  savent  à  moitié  cette  langue  la  sauront  mieux  après  avoir  lu  ce 
livre  :  car  les  mots  comme  les  hommes  sont  plus  faciles  à  compren- 
dre et  à  retenir  quand  on  sait  d'où  ils  viennent.  Si  M.  Seiler  avait 
écrit  pour  une  demi-douzaine  de  philologues,  il  aurait  pu  faire  toute 
la  théorie  phonétique  et  morphologique  de  l'emprunt. 

Il  faut  —  comme  M.  Salverda  de  Graeve  l'a  fait  à  propos  du  hol- 
landais, —  distinguer  la  transmission  écrite  et  la  transmission  orale  : 
la  prononciation  allemande  de  Billard  indique  qu'on  a  lu  ce  mot 
avant  de  l'entendre  prononcer  par  des  Français  ;  au  contraire  l'alle- 
mand Pahst^  le  hollandais  paus^  remonte  à  l'ancienne  prononciation 
française  de  papes  (avec  s  analogique  du  nominatif)  ;  et  le  premier 
exemple  allemand  qu'on  en  ait  [hâbes  vers  l'an  looo  dans  Notger) 
indiqne  même  une  prononciation  souabe  du  terme  étranger.  Car  les 
mots  transmis  oralement  sont  souvent  étrangement  entendus  et  ren- 
dus. Un  Anglais  en  conversation  française  avec  un  Belge  employait 
un  terme  qui  semblait  détonner  dans  le  discours  :  le  Belge  compre- 
nait Chat  Noir  ;  s'étant  fait  répéter  trois  fois  la  chose,  il  comprit  que 
c'était  pôle  Nord,  Plus  récemment  un  auditeur  de  M.  Grenfell  enten- 


234  LE    MUSÉE   BELGE. 


dait  un  nom  qui  ressemblait  plus  à  hybride  qu'à  ce  qu'il  était  vérita- 
blement [Hypétidé),  Et  vous  connaissez  sans  doute  l'histoire  du 
diplomate  allemand  discutant  avec  Gladstone,  et  déconcerté  par  la 
prononciation  anglaise  de  casus  belîi  (i).  D'anecdotes  de  ce  genre 
Anstey  a  pu  tirer  des  scènes  fort  amusantes  (  Voces  populi)  ;  la  réalité 
des  emprunts  n'est  pas  moins  instructive  que  la  fiction  de  l'humoriste. 
Reconnaissez-vous  schahtelakunt  ?  C'est  tout  simplement  (ou  plutôt  : 
c'était)  cunt  a  chateî  (comte  à  château,  burgrave)  (II,  ii5),  Schimpfienn 
vient  de  l'ancien  français  desconfire  (II,  124), 

Influencé  par  Schimpf,  sans  doute  ; 
Mais  il  faut  avouer  aussi 
Qu*en  venant  de  là  jusqu'ici 
Il  a  bien  dû  changer  en  route. 

Un  membre  de  l'Institut  démontrait  un  jour,  irréfutablement,  que 
les  chevaliers  génois  du  xi«  siècle,  en  rapports  commerciaux  avec  les 
Arabes,  avaient  une  prédilection  pour  les  faucons  qui  portaient  une 
plume  blanche  à  l'aile  droite.  La  communication  de  cet  orientaliste 
présentait  tous  les  caractères  scientifiques  désirables  :  mais  qu'en  fût- 
il  resté  s'il  n'y  avait  pas  eu  de  plumes  de  faucon  ?  Aussi  peu  de  chose 
que  de  mille  détails  d'érudition  qui  occupent  pendant  quelques 
instants  leurs  inventeurs.  L'étude  des  mots  d'emprunt  est  d'un  intérêt 
moins  précaire  et  plus  généralement  humain.  Si  même  il  n'y  avait 
plus  en  allemand  lu  mot  Buttel,  si  Tunke  supplantait  partout  Sauce, 
si  par  exemple  nous  n'employons  plus  la  rhingrave  et  si  les  guerriers 
teutons  ont  parfaitement  oublié  glavie  et  schinelier  (genouillère),  il  n'en 
restera  pas  moins  certaines  habitudes  et  tendances  que  caractérise 
l'emprunt  linguistique,  éclairant  la  psychologie  sociale,  nationale, 
humaine.  Le  mot  d'emprunt  peut  faire  ressortir  particulièrement 
certains  faits  de  sémantique.  En  effet,  il  est  détaché  de  la  langue 
originelle,  et  ainsi  soustrait  aux  évolutions  purement  logiques,  méta- 
phoriques, intellectuelles.  Les  changements  de  sens  seront  donc,  en 
lui,  plus  sûrement  dus  au  changement  du  milieu  où  le  mot  est 
employé.  Et  son  cas  rappellera  suffisamment  aux  complaisants  bio- 
graphes de  la  «  vie  des  mots  »  la  pensée  de  Rabelais  prise  comme 
épigraphe  par  Nyrop  :  «  Les  mots  ne  signifient  pas  par  essence,  mais 
à  plaisir  ».  Si  par  exemple  irapapoXri  a  passé  du  sens  de  «  comparai- 
son »  à  son  sens  actuel  parole^  ce  n'est  pas  qu'il  cachât  dans  son  âme 
de  mot  je  ne  sais  quelle  vertu  extensive  ou  allégorisante  ;  mais  c'est 

(1)  Iiiversement  un  Allemand  aurait  quelque  peine  à  reconnaître  les  noms  du 
docteur  Jutner  etc.,  tels  qu'on  les  prononce  à  l'Odéon  {Vieil  Heidelberg).  Sarcey 
n*a-t-il  pas  entendu  une  Parisienne  nommer  Vagné  l'auteur  de  Tannhàuser  î 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  235 

que  le  mot  employé  par  les  raisonneurs  grecs  fut  plus  tard  utilisé 
par  les  propagateurs  du  christianisme,  et  après  ceux-ci  par  des  audi- 
teurs profanes.  De  même  les  légionnaires  et  fonctionnaires  romains, 
les  moines  prédicateurs  ou  laboureurs,  les  marchands  et  les  marins, 
les  chevaliers  et  les  trouvères  ont  apporté  aux  Germains  des  objets  et 
des  mots  nouveaux,  et  ceux-ci  ont  pu  subsister,  changer  d  emploi  et 
de  forme  à  mesure  qu'ils  pénétraient  dans  une  classe  moins  restreinte, 
dans  une  génération  transformée  ;  en  matière  de  vocabulaire,  con- 
trairement à  l'adage  évangélique,  on  met  continuellement  le  vin 
nouveau  dans  de  vieilles  outres.  —  En  examinant  de  près  les  migra- 
tions de  mots,  on  évitera  l'animisme  scientifique  qui  se  glisse  par- 
fois dans  l'interprétation  —  darwinienne  ou  autre  —  de  la  a  vie  des 
mots  ». 

La  vie  des  mots  n'est  que  l'écho  de  la  vie  humaine  passant  de 
bouche  en  bouche.  Comme  les  paroles  reflètent  les  objets  vus  par  les 
hommes  d'autrefois,  et  les  pensées  conçues  depuis  longtemps,  elles 
restent  parmi  nous  les  témoins  des  transmissions  lointaines,  de  la 
perpétuelle  métempsycose  que  constitue  la  civilisation.  Toute  langue 
comprend  des  alluvions  successives  et  disparates  ;  les  étudier,  c'est 
se  rendre  un  compte  plus  exact  de  ses  propres  acquisitions,  de  la 
solidarité  internationale  que  tout  progrès  multiplie.  Le  «  compara- 
tisme »  philologique  et  littéraire  montre  l'Allemagne  singulièrement 
accueillante  à  travers  les  siècles,  et  plus  sage  sans  doute  en  cela  que 
certains  zélateurs  de  Sprachverein  d'aujourd'hui.  En  tout  pays  où  Ion 
cultivera  les  études  comparatives,  la  curiosité  du  passé  pourra  con- 
duire les  hommes  à  une  meilleure  connaissance  d'eux-mêmes. 

A.  COUNSON. 

Sote  (page  i8ô  :  Kirsche),  —  L'importance  du  rôle  de  Lucullus  et  l'affirmation 
de  Pline  ont  été  contestées  ;  et  l'on  aurait,  paraît-il,  déterré  en  Suisse  des  noyaux 
de  cerises  plus  anciens  que  le  vainqueur  de  Mithridate  (Kirschen^  von  D'  P.  Cornels, 
Sonntagsblatt  der  Coblenjer  Volksi^eitung,  21  juin  1908).  Mais  l'illustre  gourmet 
peut  fort  bien  avoir  fait  passer  au  fruit  et  à  Tarbre  le  nom  d'une  variété  dite  de 
Cerasus  (Cérasonte).  Les  pêches  ont  un  nom  persan,  même  si  Xerxès  ni  Xénophon 
.ni  Alexandre  ne  les  ont  apportées  dans  leurs  provisions. 


236  LE   MUSÉE  BELGE. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 


i52.  —  P.  Cauer,  Palaestra  vitae.  Dos  AUerium  aïs  Quelle  prakiisciur 
Geistesbildung.  2«  édit.  Berlin,  Weidmann,  1907.  i6g  p. 
Ce  livre  vient  à  son  heure.  Il  est  né  de  la  pensée  de  défendre  les 
humanités  gréco-latines  contre  les  attaques  dont  elles  sont  Tobjet. 
Voici  comment  Tauteur  caractérise  cette  opposition  :  «  Rien  d'éton- 
nant qu  e  la  génération  qui  donne  maintenant  le  ton  dans  le  monde 
intellectue  1  allemand,  —  pour  dispersée  qu'elle  soit  en  divers  groupe- 
ment s,  on  trouve  chez  tous  ceux  qui  la  composent  le  goût  du  brillant, 
de  l'emphase,  de  la  déclamation  qui  en  impose  au  grand  nombre,  — 
ne  veuille  plus  entendre  parler  des  anciens.  Elle  sent  vaguement  que 
le  commerce  avec  les  anciens  engendre  une   manière   de  penser 
incompa  tible  avec  elle  et  ses  tendances.  L'esprit  gouvernemental  de 
Rome  et  le  besoin  de  liberté  qui  anima  la  Grèce,  quelque  opposés 
qu'ils  soient  entre  eux,  ont  ceci  de  commun  qu'ils  sont  les  ennemis 
irréc  onciliables  d'un  esprit  qui  assigne  pour  but  à  la  vie  la  possession 
et  la  jouissance  des  biens  matériels.  L'éducation  par  les  Grecs  et  les 
Rom  a  ins  doit  nous  préserver  de  ce  travers  de  devenir  les  esclaves  de 
biens    dont  l'homme  est  destiné  à  être  le  maître  »  p.  i35.  C'est  un 
langag  e  sévère.  Je  n'oserais  pas  dire  que  sa  sévérité  est  exagérée.  II 
est   vrai  que  chez  nous  les  adversaires  des  humanités  gréco-latines  se 
recru  cent  surtout  dans  le  monde  occupé  d'études  commerciales  et 
économiques;  que  leur  préoccupation,  hautement  avouée,  est  de 
mu  nir  davantage  les  jeunes  gens  pour  la  lutte  économique  ;  que, 
pou  r  la  plupart,  ils  veulent  une  éducation  qui,  moins  soucieuse  de 
déve  lopper  les  besoins  intellectuels,  oriente  avec  décision  la  jeunesse 
vers  la  recherche  de  la  fortune  et  du  bien-être  matériel.  En  Allemagne 
aus  si,  semble-t-il,  c'est,  chez  les  adversaires  des  humanités  gréco- 
latins  s,  un  dédain  absolu  pour  les  idées  opposées  aux  leurs,  un 
mêm  e  parti-pris  de  passer  outre,  de  faire  fi  de  l'opposition.  Il  y  a 
entr  e    l'Allemagne  et  nous  cette  différence,  qu'en  Allemagne  ces 
que  s  tions  de  l'organisation  de  l'enseignement  moyen  occupent  l'opi- 
nio  n  publique.  Chez  nous,  l'indifférence  de  ceux  que  cette  question 
in  téresse  essentiellement  autorise  les  allures  autoritaires  de  ceux  qui 
on  t  pris  la  direction  du  mouvement. 

Le  livre  de  M.  Cauer  est  donc  un  livre  d'actualité,  dont  la  lecture 
do  it  être  reconunandée  à  tous  les  professeurs  de  littérature  et  d'his- 
to  ire  anciennes.  Elle  les  encouragera  et  les  instruira. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  23/ 

Elle  leur  rendra  d'abord  la  confiance  en  eux-mêmes  et  dans  leur 
travail  professionnel,  en  leur  montrant  ce  que  valent  pour  la  culture 
générale  d'un  homme,  pour  son  instruction,  ces  études  tant  décriées. 
Car  c'est  sur  le  terrain  même  choisi  par  les  adversaires  que  M.  Cauer 
accepte  la  lutte.  Ceux-ci  invoquent  les  nécessités  d'une  culture 
plus  positive,  qui  apprenne  aux  jeunes  gens  non  plus  les  réali- 
tés d'une  antiquité  éloignée,  qu'ils  proclament  morte,  mais  celle 
du  temps  présent.  Voici  la  thèse  que,  pour  leur  répondra,  défend 
M.  Cauer  :  L'éducation  des  classes  dirigeantes  doit  se  faire  par  les 
auteurs  classiques  gréco- romains.  Le  but  de  leur  lecture  doit  être  de 
les  connaître  et  de  les  goûter.  Mais,  outre  ce  résultat,  la  lecture  des 
auteurs  anciens  en  entraîne  d'autres.  Les  auteurs  anciens  en  effet 
appartiennent  à  un  temps  où  tous  les  éléments  qui  forment  ce  que 
nous  appelons  aujourd'hui  la  civilisation  ont  apparu,  où  toutes 
les  questions  dont  l'étude  forme  l'apanage  des  peuples  civilisés, 
ont  été  soulevées  et  ont  reçu  des  solutions  diverses.  A  cause  du 
caractère  de  la  culture  antique,  moins  spéciale,  plus  universelle 
qu'aujourd'hui,  ces  questions  et  ces  solutions  ne  sont  pas  restées 
confinées  chacune  dans  une  littérature  spéciale  ;  elles  ont  pénétré 
dans  la  littérature  générale.  Il  se  fait  que  la  lecture  simplement  ration- 
nelle, celle  que  l'on  appelle  l'analyse  littéraire,  a  pour  résultat  prin- 
cipal de  donner  aux  jeunes  gens  la  connaissance  des  éléments  de 
la  civilisation  antique,  des  questions  artistiques  et  scientifiques, 
historiques,  politiques  et  économiques  qui  ont  occupé  les  anciens. 
Mais  en  plus,  forcément,  des  comparaisons  se  font  avec  notre  temps, 
qui  précisent  les  ressemblances  et  les  différences  et  permettent  de 
distinguer  dans  nos  conditions  d'existence  actuelle  les  parties  essen- 
tielles et  celles  qui  sont  secondaires.  Et  ce  ne  sont  pas  des  mots  ni 
des  avantages  imaginaires.  Il  n'est  pas  de  professeur,  ayant  lu 
Cicéron,  Horace,  Homère,  Tacite,  Sophocle,  Démosthène,  bref  les 
auteurs  classiques,  qui  n'ait  remarqué  combien  de  connaissances 
élevées  sur  notre  temps  Télève  retirait,  sans  effort  et  d'une  manière 
vivante,  de  ces  lectures. 

Il  est  vraiment  difficile  de  ne  pas  sourire  du  parti  pris  ou  de 
l'ignorance  des  adversaires,  quand  on  les  entend  décider  que  la  lec- 
ture des  auteurs  anciens  doit  ennuyer  les  jeunes  gens,  parce  qu  elle 
les  distrait  du  seul  monde  qui  les  intéresse,  le  monde  contemporain. 
La  vérité  est  que  l'étude  du  monde  antique  n'éloigne  pas  du  monde 
moderne,  mais  y  ramène  constamment,  provoque  d'incessantes  com- 
paraisons, plus  efficaces  pour  comprendre  notre  temps  que  tous  les 
exposés  dogmatiques  que  l'on  voudrait  mettre  à  sa  place.  C'est  là 
la  thèse  que  M.  Cauer  défend  dans  son  beau  livre.  Il  n'a  pas  la  pré- 


238  LE    MUSÉE   BELGE. 


tenlion  d'épuiser  le  sujet;  chaque  lecteur  trouvera  dans  son  expé- 
rience des  souvenirs  qui  compléteront  très  heureusement  ce  que  dit 
Tauteur  de  la  Palaestra.  Son  but  est  simplement  de  signaler  à  l'atten-  ' 
tion  ces  avantages  de  Tétude  de  l'antiquité.  En  fait,  on  sort  de  sa  lec- 
ture avec  une  conscience  plus  nette,  une  perception  plus  claire  de  ce 
qui  doit  être  fait,  notamment  des  conditions  indispensables  d'une 
bonne  lecture.  Car  ce  livre  est  pénétré  d'un  bout  à  l'autre  d'idées 
pédagogiques  très  élevées,  de  ces  idées  dont  l'oubli  vicie,  malgré 
l'observation  des  autres  prescriptions,  la  lecture  des  auteurs  anciens 
et  la  prive  de  ses  heureux  effets.  Sans  prétendre  les  relever  toutes,  je 
signale  la  condamnation  des  anthologies,  telles  que  celle  de  Wila- 
mowitz,  à  laquelle  il  reproche,  entre  autres  choses,  d'introduire  dans 
les  classes  une  littérature  spéciale.  A  ce  propos,  M.  Cauer  renvoie 
au  cours  de  religion  la  lecture  de  la  littérarature  biblique,  des  épîtres 
de  S.  Paul,  des  Évangiles  et  des  Actes  des  Apôtres.  Il  insiste  sur 
la  nécessité  de  l'étude  sérieuse  de  l'histoire  et  de  la  géographie 
anciennes.  Combien  il  a  raison  I  Si  l'étude  littéraire  d'un  auteur  doit 
consister  à  le  faire  connaître,  la  première  condition  est  de  reconsti- 
tuer le  milieu  où  il  est  né,  où  il  a  vécu,  où  il  s'est  formé. 

Ce  livre  substantiel  contient  neuf  chapitres  dont  nous  allons 
donner  un  aperçu.  L'introduction,  qui  porte  le  titre  de  Puissance 
vivifiante  (Lehenshraft)  de  l'antiquité,  expose  le  point  de  vue  de  l'auteur 
et  sa  thèse.  Je  viens  d'en  parler. 

Le  2«  et  le  3*^  sont  consacrés  aux  sciences  naturelles  et  aux  sciences 
astronomiques.  La  Grèce  est  la  première  qui  a  soulevé  la  question 
de  la  nature  de  l'univers  et  des  choses  sensibles  ;  la  première,  elle  a 
découvert  que  le  monde  physique  était  soumis  à  des  lois,  dont  elle 
a  perçu  quelques-unes.  L'étude  de  l'antiquité  montre  donc  l'huma- 
nité aux  prises  pour  la  première  fois  avec  les  mystères  de  la  nature, 
sollicitée  par  son  spectacle  à  les  scruter.  Les  quinze  pages  que 
M.  Cauer  consacre  à  ce  sujet  sont  très  suggestives,  elles  sont  loin 
d'avoir  dit  tout  ce  que  l'on  peut  en  dire.  Il  suffirait,  pour  décupler  ces 
pages,  de  lire  le  beau  livre  de  Ch.  Huit,  La  philosophie  dt  la  nature  chez 
les  anciens  (Paris,  1901),  que  tout  professeur  d'humanités  devrait  avoir 
lu  et  médité.  Evidemment,  M.  Cauer  ne  prétend  pas  que  le  jeune 
homme  sortira  de  la  lecture  des  auteurs  anciens,  connaissant  tous  les 
principes  de  la  physique  et  des  sciences  naturelles.  Mais  il  est  des 
principes  fondamentaux  que  le  jeune  homme  trouvera  formulés  avec 
une  précision  parfaite  par  les  vieux  philosophes  grecs  ;  il  y  verra  de 
plus,  posées  avec  une  netteté  que  nous  avons  rarement  atteinte,  les 
questions  essentielles,  toujours  ouvertes  sur  les  fondements  des 
sciences  naturelles  ;  il  assistera  à  l'élaboration  de  grandes  découvertes. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  239 


verra  les  causes  qui  les  ont  produites  ;  surtout  il  sortira  observateur 
plus  attentif  et  plus  sympathique  des  phénomènes  de  la  nature. 

La  démonstration  devient  plus  évidente  encore  pour  la  géographie, 
si  on  lui  accorde,  dans  Tétude  des  auteurs  anciens  et  en  général  dans 
le  programme,  une  place  en  rapport  avec  son  importance.  Continuel- 
ment  Télève  y  observe  la  nature  et  constate  l'influence  exercée  par 
elle  sur  l'homme,  sur  sa  vie  individuelle,  politique  et  sociale.  Si  je 
ne  me  trompe,  c'est  bien  là  la  science  géographique,  très  différente 
dé  la  simple  description  de  la  nature  physique.  ' 

Et  il  ne  faut  pas  avoir  poussé  bien  loin  les  études  de  l'antiquité 
pour  voir  y  surgir  aussi  les  grandes  questions  économiques  qui  sont 
le  souci  du  monde  contemporain,  la  question  du  travail,  du  proléta- 
riat, les  rapports  entre  le  capital  et  le  travail,  le  socialisme  d*État,  la 
question  coloniale  et  l'expansion  mondiale,  la  grande  et  la  petite 
propriété,  la  population  et  la  natalité,  les  guerres  avec  leurs  causes 
économiques.  Je  n'exagère  pas.  Cornélius  Népos  soulève  déjà  nombre 
de  ces  questions,  et  je  voudrais  bien  voir  comment  on  peut  expliquer 
rationnellement  Cicéron  (je  parle  de  ses  grands  discours  tels  que  \epro 
Miiofie,  de  imperio  Cn.  Pompa,  les  Philippiques,  les  Verrines,  les  Catili- 
naires),  Salluste,  Tite-Live,  Horace,  sans  traiter  ces  questions.  C'est 
l'objet  du  4«  chapitre.  Le  5«  traite  de  la  politique.  Des  jeunes  gens 
qui  ont  lu  une  portion  convenable,  c'est-à-dire  étendue,  d'Hérodote, 
d'Homère,  de  Tacite,  de  Démosthène,  d'Horace,  de  Cicéron,  de 
Tite-Live,  ont  dû  réfléchir  sur  les  différents  régimes  politiques, 
l'aristocratie,  la  démocratie  et  la  monarchie;  il  ont  vu  ces  régimes 
naître,  vivre  et  mourir  ;  ils  les  ont  vus  se  transformer  ;  ils  ont  observé 
les  causes  qui  amènent  les  révolutions,  les  fautes  qui  les  rendent 
inévitables  et  dont  elles  sont  les  châtiments;  les  avantages  et  les 
inconvénients  des  divers  régimes  ;  l'opportunisme  et  le  radicalisme  ; 
les  conventions,  les  apparences  et  les  réalités  de  la  politique  ;  la  sépa- 
ration des  pouvoirs  législatif  et  judiciaire,  l'union  ou  la  séparation  de 
la  religion  et  de  l'État.  Il  ne  me  serait  aucunement  difficilt*.  d'indi- 
quer, dans  les  auteurs  cités  plus  haut,  la  place  de  ces  nécessaires 
explications  et  de  beaucoup  d'autres  semblables. 

M.  Cauer  parle  ensuite  de  l'histoire  ancienne.  Il  réclame  avec 
insistance  une  place  plus  importante  pour  cette  discipline  dans  le 
programme.  Il  a  raison,  même  à  se  tenir  au  point  de  vue  particulier 
où  il  se  place.  Sans  doute,  l'étude  de  l'antiquité  ne  tend  pas  à  former 
des  historiens  ;  il  n'en  est  pas  moins  vrai  cependant  qu'elle  peut, 
mieux  que  n'importe  quelle  autre  discipline,  donner  ces  principes 
historiques  que  tout  homme  instruit  doit  posséder.  C'est  la  thèse  de 
M.  Cauer,  qu'il  démontre  par  de  nombreux  exemples,  et  il  est  encore 


240  LE    MUSÉE   BELGE. 


vrai  de  dire  avec  lui,  que  Tétude  de  l'antiquité  initie  Télève,  d'une 
façon  vivante  et  pratique,  à  ces  principes  généraux  de  critique  qu'un 
homme  cultivé  doit  connaître  pour  lire  un  historien  avec  intelligence. 
Je  dois  renvoyer,  pour  la  démonstration,  au  chapitre  VII  de  la 
Palaestra  Vifae,  C'est  un  chapitre  où  le  lecteur  trouvera  sur  la  lecture 
des  historié  ns  des  indications  précieuses. 

L'art  est  traité  longuement  dans  le  chapitre  VIII.  La  démonstra- 
tion était  ici  facile  ;  celle  de  M .  Cauer  n'est  pas  cependant  banale  ;  elle 
touche  à  tous  les  principes  d'esthétique  en  matière  d'arts  plastiques 
et  elle  montre  que,  pour  la  culture  artistique  d'un  homme,  l'art  grec 
a  une  valeur  que  rien  ne  peut  remplacer.  Cette  partie  du  livre  de 
M.  Cauer  a  grande  chance  d'être  bien  accueillie.  Les  adversaires  des 
humanités  gréco-latinef  exceptent  en  effet  de  leur  antipathie  les  arts 
plastiques  grecs,  dont  ils  séparent  ainsi  la  connaissance  de  celle 
de  la  littérature  et  du  reste  de  la  civilisation  :  idée  tellement 
chimérique,  qu'elle  n'est  pas  même  venue  à  l'esprit  de  M.  Cauer  et 
qu'il  ne  la  réfute  pas.  Mais  il  est  opposé  à  l'extension  exagérée  que 
Ton  donne  aujourd'hui  aux  arts  plastiques  dans  l'enseignement 
moyen.  La  place  naturelle  de  l'analyse  modérée  des  œuvres  d'art, 
c'est,  en  dehors  des  occasions  qu'offre  la  lecture  des  auteurs,  les 
cours  d  histoire  et  de  géographie,  et  il  s'élève  contre  l'esthétique 
dogmatique,  vide  et  fausse,  qui  inspire  trop  souvent  l'analyse  des 
œuvres  d'art. 

Le  chapitre  IX  est  intitulé  Lebens/ragen,  questions  sur  la  vie  et 
sur  la  destinée  humaine.  Tout  lecteur  d'Homère,  des  Tragiques,  de 
Virgile,  d'Horace  voit  continuellement  surgir  devant  lui  et  sous  tous 
ses  aspects  le  problème  de  la  destinée  humaine.  Rien  n'est  plus  sain 
pour  l'adolescent  que  cette  contemplation  de  l'humanité  se  plaçant, 
avec  une  inlassable  insistance,  devant  le  problème  de  ce  qu'est 
l'homme,  sa  vie,  sa  fin  dernière.  L'adolescent  sort  de  ce  spectacle 
plus  mûr,  plus  réfléchi,  moins  matériel,  l'âme  tournée  davantage  vers 
les  grands  problèmes  moraux  et  religieux.  M.  Cauer  le  dit  avec 
raison  :  certains  esprits  ont  exagéré  et  dénaturé  ce  résultat  de  la  lec- 
ture des  auteurs  anciens  ;  ils  ont  prétendu  que  les  anciens  étaient 
pour  nous  des  représentants  de  l'humanité  idéale.  Ces  exagérations 
ne  supportent  pas  l'examen.  Elles  ne  sont  pas  possibles,  si  l'explica- 
tion des  auteurs  est  dirigée,  non  pas  en  vue  de  les  faire  admirer,  mais 
de  les  faire  comprendre,  ce  qui  d'ailleurs  va  beaucoup  plus  loin 
qu'une  traduction,  même  parfaitement  raisonnée.  Tel  est  le  beau  livre 
de  M.  Cauer.  Il  est  à  sa  seconde  édition. 

C'est  d'un  bon  augure.  Souhaitons  qu'il  se  répande  dans  notre 
pays;  les  professeurs  qui  le  liront  emporteront  de  sa  lecture  une  con- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  24I 

science  plus  élevée  de  leurs  devoirs,  une  confiance  plus  ferme  et  plus 
éclairée  en  la  vertu  éducative  des  classiques  anciens,  et  une  idée 
plus  nette  de  la  méthode  à  suivre.  E.  Remy. 

i53.  —  XJ.  von  AArilamOTVltz-Mœllendorff,  Gruk  historkal  Wri- 

ting  and  Apollo,  Two  lectures  delivered  before  the   Universify  of  Oxford. 

(Trad.  anglaise  de  Gilbert  Murray.)  Oxford,  Clarendon  Press, 

1908.  2  sh. 

M.  von  Wilamowitz-MoellendorfF  a  prononcé,  les  3  et  4  juin  der- 
niers, à  l'université  d*Oxford,  deux  conférences  qui  ont  été  aussitôt 
traduites  et  publiées  en  anglais,  la  première  sur  la  littérature  histo- 
rique en  Grèce,  et  la  seconde,  sur  le  dieu  Apollon. 

Il  montre  d'abord  que  les  Grecs  —  et  après  eux  les  Latins  —  ne 
sont  pas  arrivés  à  une  conception  scientifique  de  la  recherche  histo- 
rique ;  celle-ci  n'est  vieille  que  d'un  siècle. 

Hérodote  mérite  sans  doute  d'être  appelé  le  pire  de  Vhistoire^  mais  il 
n'est  pas  le  père  de  la  critique  historique.  En  publiant  les  recherches 
4e  son  «  Historié  »,  il  y  a  mis  trop  de  lui-même  ;  on  aperçoit,  à 
chaque  page,  ses  convictions  de  démocrate,  sa  deisidaimonia,  ses  cri- 
tiques inconsidérées  et  hâtives  ;  il  limite  son  sujet  à  ce  qu'il  a  vu, 
négligeant  l'Occident  qu'il  n'a  pu  visiter.  Cette  subjectivité  se  retrouve 
dans  Thucydide,  Celui-ci  choisit  son  sujet,  non  pour  arriver  à  la  dé- 
monstration objective  d'un  nouveau  fait  ou  d'une  nouvelle  date,  mais 
parce  qu'il  en  prévoit  l'incomparable  importance.  Il  écrit  pour  l'in- 
struction des  hommes  d'État  à  venir  et,  en  écrivant,  il  entend  faire 
encore  de  la  politique  active,  comme  Machiavel  écrit  le  Prince  pour 
montrer  qu'il  est  capable  de  juger  et  de  diriger  les  événements.  Thu- 
cydide choisit  entre  les  faits  ceux  qui  lui  paraissent  dignes  d'être  rap- 
portés ;  par  là,  il  se  différencie  des  chroniqueurs  qui  ne  sont  à  vrai 
dire  que  des  intermédiaires  par  lesquels  les  événements  se  fixent 
d'eux-mêmes,  comme  mécaniquement,  par  écrit.  Mais  par  là  aussi  il 
diffère  du  véritable  historien  qui  ne  fait  pas  de  l'histoire  un  code  de 
politique  ou  de  morale,  mais  la  représentation  la  plus  exacte  et  la 
plus  complète  des  faits  passés. 

Théopompe,  qu'on  a  calomnié  en  l'unissant  jusqu'aujourd'hui,  sur  la 
foi  des  anciens  traités  de  rhétorique,  au  peu  profond  Éphore,  com- 
bine en  sa  personne  et  en  ses  écrits  Hérodote  et  Thucydide.  Comme 
x:elui-ci,  il  a  été  éloigné  malgré  lui  de  la  politique  active  ;  comme  lui 
encore,  il  expose  les  faits  sans  apprêts,  ainsi  que  les  causes  et  les 
motifs,  et  soumet  le  tout  à  la  critique.  D'Hérodote  il  a  l'humeur 
voyageuse;  il  veut,  comme  lui,  mettre  par  écrit  les  résultats  de  ses 
voyages.   Mais,   à  cette  combinaison  des  deux  historiens  grecs,  il 


24^ 


LE    MUSEE   BELGE. 


ajoute  un  élément  qui  lui  est  propre  :  il  connaît  à  fond  la  rhétorique 
poétique  de  son  temps,  ayant  eu  pour  maître  Isocrate.  De  plus,  il  a 
vu  comment  Platon  s'était  efforcé  de  représenter,  dans  le  Critias^  son 
rêve  de  la  société  humaine  à  la  fois  idéale  et  possible  ;  et  il  a  réalisé 
ainsi  ce  que  M.  von  Wilamowitz  appelle  avec  bonheur,  a  non  une 
histoire,  mais  une  Historié  élevée  à  la  n««  puissance,  une  chose  en 
soi.  comme  la  trilogie  de  Platon  :  la  République^  le  Timée  et  le  Criiias,  » 
Laissons  de  côté  Epkorc,  qui  se  contente  de  «  pragmatiser  »  l'his- 
toire et  d'être  souvent  un  intermédiaire  inintelligent  entre  d'autres 
historiens  —  qu'il  ne  complète  pas  —  et  son  public. 

La  conquête  de  l'Orient  par  Alexandre  était  assurément  un  sujet 
digne  de  susciter  des  historiens  ;  mais,  pas  plus  que  Napoléon  après 
l'expédition  d'Egypte,  et  malgré  des  précautions  scientifiques  sem- 
blables, Alexandre  n'a  eu  son  Homère  ni  son  Thucydide.  Il  s'est 
transformé  pour  devenir  un  héros  légendaire  à  la  façon  d'Achille  et 
d'Ulysse  et  c'est  sous  cette  image  qu'il  a  traversé  notre  moyen  âge. 

Aristote  comprit  sans  doute  l'excessive  importance  qu'offraient, 
pour  la  connaissance  du  passé,  les  chants  populaires,  les  inscriptions 
et  les  archives  ;  mais  il  s'est  contenté  de  publier  des  collections  et  sa 
Constitutim  d'Athènes  nous  montre  qu'il  n'était  pas  un  historien  ;  toutes 
ses  collections  n'avaient  d'autre  but  que  de  servir  de  fondement  à  ses 
théories  politiques  et  morales. 

«  Supposez ,  dit  M.  Wilamowitz ,  un  historien  moderne  même 
médiocre,  travaillant  dans  la  bibliothèque  d'Alexandrie  :  quelle  his- 
toire de  la  Grèce  ancienne,  il  pourrait  composer,  en  puisant  simple- 
ment dans  les  livres  !  »  Les  sava^nts  de  l'époque  alexandrine  se 
contentent  de  compiler  et,  comme  Hermippe,  de  mettre  à  la  suite 
les  uns  des  autres,  sans  chercher  plus,  les  récits  les  plus  contradic- 
toires. Ce  sont  les  grammairiens  qui  sont  chargés  du  commentaire 
historique  des  écrivains,  mais  leur  tâche  se  borne  à  ce  qui  est  néces- 
saire à  l'intelligence  du  texte  ;  aussi  n'est-ce  le  plus  souvent  que  de 
.  l'histoire  mythique. 

Polybe,  malgré  l'autorité  dont  il  a  joui  dans  l'antiquité,  et  malgré 
les  lieux  communs  qu'il  débite  sur  sa  méthode  et  sur  celle  des  histo- 
riens antérieurs  ,  borne  ses  recherches  ,  dans  la  première  guerre 
punique  par  exemple,  à  l'étude  de  deux  ouvrages,  écrits  par  des 
adversaires,  et  qu'il  critique  par  des  considérations  d'ordre  général. 

Pourquoi  les  Grecs,  si  avisés  d'ordinaire,  ont-ils  si  complètement 
ignoré  les  conditions  de  la  véritable  recherche  historique  ?  On  n'ex- 
plique rien  en  attribuant  cette  anomalie  à  leur  théorie  de  l'éducation 
complète  —  qui  ne  comprenait  pas  l'étude  de  l'histoire  ;  car  enfin 
pourquoi  en  était- il  ainsi? 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  243 


La  démocratie  athénienne,  qui  contenait  en  elle  les  germes  d'une 
vie  intellectuelle  incomparable,  eût  sans  doute  donné  naissance  à  la 
critique  historique  ;  mais  elle  s'écroula  bientôt  et  sur  ses  ruines 
naissent  et  grandissent  la  sophistique  et  la  rhétorique,  dont  le  but 
n'est  pas  la  recherche  du  vrai,  mais  du  vraisemblable.  L'histoire 
réelle  ne  pouvait  éclore  dans  une  civilisation  imbue  de  telles  théories. 
De  plus,  le  Grec  fut,  de  tout  temps,  incapable  de  pénétrer  dans 
l'âme  d'autrui;  il  ne  connaît  que  l'âme  normale,  c'est-à-dire,  à  son 
avis,  1  ame  du  Grec  même.  Il  ne  comprend  pas  celle  des  êtres  passés; 
s'il  s'en  occupe,  c'est  pour  la  défigurer.  Une  pareille  mentalité  s  op- 
pK)se  à  une  saine  conception  de  l'histoire. 

Enfin,  depuis  les  Ioniens,  l'histoire  grecque  ne  se  limite  plus  au 
domaine  de  Thucydide  ;  elle  embrasse  ce  que  nous  appelons  le  roman 
et  la  nouvelle  ;  elle  est  la  fille  de  l'épopée  ;  c'est  l'Orient,  ami  des 
contes  et  des  fables,  qui  lui  a  apporté  ou  qui  a  accru  cet  élément  ; 
l'histoire  devient  donc  un  roman  historique,  non  à  la  Flaubert,  qui 
dans  Salammbô  a  déployé  tant  d'érudition,  mais  à  la  Walter  Scott  ; 
c'est  le  roman  historico-romanesque.  Ainsi,  chez  les  Latins,  Tacite 
accepte,  sans  l'éprouver,  la  tradition  antérieure  ;  il  s'efforce  d'arriver 
non  à  la  vérité  «  vraie  • ,  mafs  à  la  vie  ;  il  met  tout  son  art  dans  la 
peinture  psychologique  des  caractères. 

De  même,  un  Posidonius,  sans  se  soucier  des  détails,  ne  verra  dans 
l'histoire  des  Gracques,  que  l'occasion  d'étudier,  ou  mieux  de  tracer 
à  sa  guise,  le  développement  de  la  passion  politique  chez  Gaius.  Pour 
les  anciens,  et  parmi  les  anciens  nous  comprenons  Gibbon,  l'histoire 
n'est  pas  la  recherche  du  vrai  ;  elle  est,  pour  me  servir  de  l'expression 
de  P.  L.  Courier,  si  Grec  en  toutes  ses  tendances,  «  un  canevas  sur 
lequel  on  brode  »,  soit  un  drame  psychologique,  soit  des  histoires 
merveilleuses,  soit,  surtout,  un  conte  d'amour.  Elle  n'est  rien,  sans 
les  <i  ornements  du  goût  ».  Nous  sommes  devenus  plus  difficiles  ; 
nous  ne  choisissons  plus  un  récit  parce  qu'il  peut  prêter  matière  à 
beaux  discours,  à  beaux  tableaux  et  à  beaux  contes  ;  nous  recher- 
chons le  vrai  pour  lui-même,  et  nous  tâchons  de  le  découvrir  dans  le 
détail  le  plus  minime  et,  à  première  vue,  le  plus  insignifiant. 

Tel  est  le  contenu  de  la  conférence  de  M.  Wilamowitz  sur  le  carac- 
tère de  la  littérature  historique  en  Grèce,  à  Rome  et  jusque  dans  les 
temps  modernes.  Avec  la  même  originalité  et  la  même  profondeur, 
l'illustre  philologue  a  voulu,  dans  sa  seconde  conférence,  expliquer 
la  conception  que  les  Grecs  s'étaient  faite,  aux  dififérentes  époques^ 
de  leur  dieu  Apollon.  Nous  y  reviendrons.  A.  Humpers. 


244  LE   MUSÉE   BELGE. 


154.  —  Ad.  Engell,  Die  Oratio  variata  hei  Pausanias.  Berlin,  May«r 

et  Mùller,  1907.  4  m. 

Le  style  de  Pausanias  renferme  et  combine,  dans  une  mesure 
qu'il  était  utile  de  préciser  et  d'expliquer,  deux  éléments  disparates, 
l'imitation  frappante  et  la  violation  complète  de  l'art  des  écrivains 
classiques.  Boeckh,  servi  par  un  sens  très  fin  de  la  langue  grecque, 
avait  rapproché  la  manière  de  Pausanias  de  celle  du  chef  de  recelé 
asiatique,  le  rhéteur  Hégésias.  Valckenaer  a  vu  de  son  côté  dans 
Hérodote  le  modèle  que  l'écrivain  s'était  efforcé  d'imiter. 

Le  genus  Asianum  fut  vaincu  par  Tatticisme,  auquel  les  Romains 
cultivés  s'étaient  ralliés.  Il  renaît  pourtant  sous  l'Empire,  au  11^  siècle 
après  J.-C,  dans  la  deuxième  sophistique;  le  silence  de  la  tribune 
réduisait  l'éloquence  au  discours  d'apparat,  qui  se  trouvait  mieux  de 
la  pompe  fleurie  du  genus  Asianum  que  de  la  simplicité  des  Attiques. 
L'atticisme  était  alors  représenté  par  Hérode  Atticus  ;  c'est  un  atti- 
cisme  purement  extérieur  et  qui  se  borne  à  «  l'emploi  exclusif  de 
mots  attiques  et,  autant  que  possible,  propres  à  lattique  seul  ■ 
(Schmid).  Il  y  eut,  dans  ce  but,  des  recueils  de  mots  ;  on  coula  ceux-ci 
dans  le  moule  asiatique. 

Une  tendance  nouvelle  ss  produit  alors,  qui,  plus  libre  et  plus 
audacieuse,  ne  se  contenta  pas  de  prendre  pour  modèles  les  prosa- 
teurs attiques,  mais  encore  les  poètes  et  même  les  Ioniens.  Cette 
école  eut  aussi  ses  recueils  de  recettes  et  de  formules  ;  elle  imita  sur- 
tout, parmi  les  Ioniens,  Hérodote;  elle  se  permit,  par  atticisme,  de 
violer  les  règles  de  la  grammaire,  de  relâcher  et  de  décomposer  la 
phrase,  de  déplacer  les  mots. 

Pausanias  est  de  cette  époque  ;  le  fond  de  son  style  est  asiatique, 
son  modèle  est  Hérodote  surtout,  parfois  aussi  Thucydide  et  quelques 
autres  ;  mais  il  vise  en  outre  au  Xôtoç  dcpeXi^ç,  qui  était  la  préoccupa- 
tion des  atticisants,  et  pour  y  parvenir,  il  emploie,  entre  autres 
moyens,  X oratio  variata. 

C'est  cette  oratio  variata  que  M.  Engeli,  professeur  au  gymnase  de 
Winterthur ,  s'est  proposé  d'étudier.  Il  a  examiné  les  formes  diverses 
et  nombreuses  qu'elle  revêt  chez  Pausanias  :  emploi  de  synonymes, 
changement  dans  le  nombre,  le  temps  et  le  mode,  etc.  (pe  partie, 
pp.  6-1 15),  changement  de  construction  (II«  partie,  pp.  1 16-142),  ^ 
enfin  anacoluthe  (III«  partie,  pp.  i44-i55). 

Les  exemples  à' oratio  variata  sont  si  nombreux  que  M .  Engeli  y  a 
vu  avec  raison,  non  une  négligence  de  style,  mais  un  procédé  voulu, 
intentionnel.  Ils  se  rencontrent  là  ou  rien  ne  les  appelait.  Pausanias 
écrira,  par  amour  de  la  variété  :  arparriTol  bè  ?iaav  —  oOtoç  yxb/  ëiri  t^ 
ÏTiTTU),  buvdiieujc;  bè  Tf|;  irelf^ç  ô  ^AMppujacOç.  (10,  l,  8). 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  24S 


L'intérêt  d'une  pareille  étude  est  de  mettre  en  lumière,  la  valeur 

très  mince  —  de  l'écrivain,  ses  préférences  littéraires,  son  a  école  ». 

Nous  apprenons  ainsi  que  Pausanias  n*est  ni  un  écrivain  de  génie, 
ni  vLiï  écrivain  original,  qu'il  a  essayé  de  donner  à  son  œuvre  une 
apparence,  un  extérieur  scientifique,  en  la  présentant  au  public  parée 
<i*iin  style  artificiel,  formé,  à  l'imitation  de  la  seconde  sophistique, 
sur  les  modèles  classiques  ;  il  évite  les  mots  de  la  langue  populaire 
remplie  de  solécismes,  mais  il  vise  à  ràq>éX€ia,  à  la  simplicité. 

Oa  peut  dire  que,  quand  elle  est  complète  et  intelligente,  l'étude 
de  la  grammaire  et  du  style  d*un  auteur  a  souvent  pour  effet  de  con- 
damner les  corrections  que  des  critiques  trop  savants  ont  apportées 
au  texte  ;  il  en  sera  ainsi  pour  l'œuvre  de  Pausanias.  Là  où  le  texte 
sera  douteux,  on  devra  préférer,  je  ne  dis  pas  seulement  la  lectio  diffi" 
cilior,  mais  la  plus  extraordinaire,  la  plus  contraire  à  la  concinnitas, 

M.  Engeli  eût  donné  à  son  travail  une  portée  plus  pratique,  s'il  y 
avait  joint  un  index  des  passages  d'écrivains  classiques,  imités  par 
Pausanias,  et  si,  mieux  encore,  il  avait  réuni  dans  un  index  tous 
ceux  de  Pausanias  lui-même  sur  lesquels  il  avait  attiré  notre  atten- 
tion. Arthur  Humpers. 

1  55.  —  J.  Chaineus:,  S.  J.  Quelques  racines  grecques,  3«  édit.  West- 
malle.  Imprimerie  de  l'Abbaye  cistercienne,  1907.  o  fr.  75. 
Dans  ce  très  utile  opuscule  de  66  pages,  le  P.  Chaineux  présente, 
rangés  dans  Tordre  alphabétique  des  racines,  un  assez  grand  nombre 
de  mots  grecs  ;  il  en  rapproche  les  mots  français,  latins,  flamands  et 
allemands  (pourquoi  pas  les  mots  anglais  ?),  qui  en  dérivent  ou  qui 
leur  sont  apparentés.  Parmi  ses  sources,  l'auteur  aurait  pu  citer  le 
Dictionnaire  grec-français  de  Bailly,  qui  se  termine  par  une  table  des 
racines  (pp.  2201-2227',  et  le  Dictionnaire  étymologique  latin  de  Bréal  et 
Bailly  ;  ce  sont  des  ouvrages  que  les  élèves  peuvent  consulter  et  aux- 
quels il  est  bon  de  les  renvoyer. 

Ces  observations  faites,  reconnaissons  que  nous  avons  réalisé 
quelques  progrès  depuis  le  Jardin  des  racines  grecques  de  Lancelot  ; 
<:eux  qui  ont  respiré  le  parfum  de  ce  «  jardin  » ,  n'ont  pas  oublié  les 
pauvres  rimes  de  ce  livre  et  sa  poésie  douteuse  ;  des  vers  boiteux  et 
baroques  étaient  chargés  de  faire  pénétrer,  dans  les  intelligences 
rebelles,  la  matière  d'un  petit  dictionnaire  grec-français  ;  c'était  le 
triomphe  de  la  mémoire  mécanique  aux  dépens  du  bon  sens  et  du 
bon  goût.  Nous  avons  changé  tout  cela.  Nous  avons  délaissé  l'acro- 
batie mnémotechnique;  nous  offrons  aux  élèves  des  vocabulaires 
rangés  scientifiquement,  classés  dans  Tordre  étymologique.  L'ordre 
étymologique  —  à  condition  que  l'on  use  modérément  des  racines  -— 


246  LE    MUSÉB   BELGE. 


a  Tavantage  de  stimuler  l'observation  chez  les  élèves  ;  les  mots  rangés 
par  familles  se  retiennent  plus  facilement,  «  Tun  portant  l'autre  »,  le 
tirant  après  soi.  MM.  Matthieu  et  Grégoire  s'en  sont  servis,  avec  bon- 
heur et  discrétion,  dans  leur  Chrestomathie  grecque.  Il  n'est  pas  seule- 
ment scientifique,  il  est,  si  je  puis  dire,  pédagogique,  puisqu'il  fait 
appel  à  la  loi  des  ressemblances. 

Mais  pour  que  celle-ci  pût  agir  complètement  et  produire  tous  ses 
effets,  le  P.  Chaineux  aurait  pu  joindre  à  son  vocabulaire,  un  petit 
traité  de  quelques  pages  sur  la  composition  et  la  formation  des  mots; 
élèves  et  professeurs  eussent  été  heureux  de  posséder,  en  un  même 
volume,  avec  les  racines  et  les  mots  qui  en  dérivent,  la  «  clef  »  des 
suffixes  et  des  préfixes.  C'est  ce  qu'ont  fait  Bréal  et  Bailly  dans  le 
cours  intermédiaire  de  leurs  Mots  latins  groupés  d'après  le  sens  et 
l'étymologie.  Mais  le  P.  Chaineux  me  dira  probablement  que  tout 
cela  se  trouve  dans  les  grammaires  et  qu'il  n'a  pas  voulu  rendre 
celles-ci  inutiles.  Arthur  Humpers. 

i56.  —  A.  BOXler,   Précis  des  institutions  publiques  de  la  Grèce  et  it 

Rome  anciennes,  2«  édit.  revue  et  corrigée.  Paris,  V.  Lecoflfre,  1907. 

xxvii-422  pp.  in- 12.  3  f.  5o. 

M.  l'abbé  Boxler,  le  distingué  professeur  de  l'Institut  catholique 
de  Paris,  vient  de  publier  une  nouvelle  édition  de  son  excellent 
Précisa  la  première  édition,  à  laquelle  les  critiques  les  plus  compétents 
n'avaient  pas  marchandé  leurs  éloges,  a  été  épuisée  en  moins  de 
quatre  ans,  et  c'est  incontestablement  un  véritable  succès  pour  un 
ouvrage  de  ce  genre. 

L'auteur  a  profité  de  cette  réimpression  pour  soumettre  son  manuel 
à  une  revision  soigneuse,  qui  a  porté  sur  de  multiples  points  de  détail  ; 
il  n'est  guère  de  chapitre  qui  n'ait  ainsi  bénéficié  de  notables 
améliorations.  Les  retouches  sont  particulièrement  nombreuses  dans 
la  partie  qui  a  pour  objet  les  institutions  romaines  ;  je  signalerai 
notamment  la  période  des  Origines,  au  sujet  de  laquelle  M.  Boxler 
a  sagement  modifié  lattitude  trop  confiante  qu'il  avait  adoptée  tout 
d'abord  à  l'égard  de  quelques  traditions  manifestement  légendaires 
(voyez  pp.  192,  204,  2o5,  etc.), 

La  bibliographie  générale  qui  a  été  augmentée  et  mise  à  jour  pré- 
sente cependant  encore  de  regrettables  lacunes;  on  y  chercherait 
vainement  par  exemple  la  mention  de  la  Real-Encyclopaedie  de  Pauly- 
Wissowa,  du  Dizionario  epigrafico  de  De  Ruggiero,  de  la  Grieckiscàe 
Mythologie  de  Gruppe,  des  Inscriptûmes  latinae  selectae  de  Dessau,  de  la 
Rocmische  Staatsverfassung  de  Herzog,  de  V Histoire  de  l'organisation  fudi- 
fia  ire  des  Romains  de  Girard. 

Le  nombre  des  gravures,  qui  est  resté  fixé  à  6g,  me  paraît  abso- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  247 


lument  trop  réduit  dans  un  ouvrage  qui  est  principalement  destiné  à 
la  jeunesse  ;  l'auteur  pourrait  aisément  laccroître  en  consacrant 
quelques  planches  à  la  reproduction  photographique  des  édifices  et 
des  monuments  figurés  qui  offrent  le  plus  d'importance  pour  l'étude 
des  antiquités  classiques  II  est  bien  évident  aussi  que  le  plan  hors- 
texte  de  la  Rome  impériale  est  insuffisant  ;  il  faudrait  y  joindre  au 
moins  un  plan  détaillé  du  Forum  et  du  Comitium  où  seraient  signa- 
lées les  intéressantes  découvertes  qui  y  ont  été  faites  au  cours  de  ces 
dix  dernières  années  :  Lapis  niger,  Lacus  Juturnac,  Nécropole  archaïque, 
Lacus  Curtius,  etc. 

Je  soumets  ces  desiderata  à  l'appréciation  de  l'auteur  et  je  souhaite 
qu'il  puisse  en  tenir  compte  pour  l'élaboration  d'une  troisième  édition 
qu'il  n'est  pas  téméraire  d'escompter  pour  une  date  très  rapprochée. 
Pour  le  moment»  son  Précis  est  sans  conteste  le  meilleur  des  manuels 
de  cette  espèce  que  Ton  possède  en  langue  française  ;  il  serait  à  désirer 
que  son  emploi  se  répandît  davantage  encore  parmi  les  élèves  des 
classes  supérieures  d'humanités  anciennes  de  nos  collèges  ;  il  leur  ren- 
drait singulièrement  rapide  et  aisée  l'exacte  compréhension  d'un  des 
aspects  principaux  de  la  civilisation  antique  ;  car,  comme  M.  Boxler 
le  dit  judicieusement  dans  sa  Préface,  ce  sont  les  institutions  qui 
nous  font  pénétrer  dans  l'âme  même  des  peuples  disparus,  en  nous 
révélant  leurs  idées  sur  la  religion,  sur  le  principe  de  l'autorité 
publique,  sur  la  liberté,  sur  les  rapports  réciproques  des  personnes^ 
sur  le  fondement  du  droit.  Léon  Halkin. 

157.  —  V.  Chapot.  La  frontière  de  VEuphraU  de  Pompée  à  la  conquête 
arabe,  Fontemoing,  Paris,  1907.  xv-402  pp.  in-8.  (Bibl.  des  Écoles 
franc.  d'Athènes  et  de  Rome,  fasc.  99). 

M.  René  Cagnat  publiait  naguère  un  ouvrage  considérable  sur 
VArmù  romaine  d'Afrique  (i).  Le  savant  épigraphiste  étudiait  la  quan- 
tité et  la  qualité  des  troupes  casernées  en  cette  province,  la  ligne  de 
défense  et  le  réseau  de  forteresses  dressées  par  les  Romains  pour  s'y 
retrancher  contre  les  attaques  de  l'extérieur.  M.  Chapot  a  fait  le 
même  travail  pour  la  Mésopotamie  et  la  frontière  de  l'Euphrate.  Il  fau- 
drait examiner  à  tous  les  points  de  vue  ce  bon  et  beau  livre  pour  en  faire 
apprécier  la  valeur;  mais  je  sortirais  des  limites  d'un  compte  rendu, 
s'il  me  fallait  résumer  fidèlement  chacun  de  ces  chapitres  substantiels. 
L'auteur  connaît  admirablement  son  sujet  :  il  y  travaille  depuis  de 
longues  années  (2),  il  s'est  rendu  sur  le  terrain,  il  a  parcouru  TArmé- 

(1)  Paris,  1892.  40. 

(2)  En  1904,  M.  Chapot  a  publié  une  longue  étude  sur  la  province  romaine  pro^ 
consulaire  d'Asie  des  origines  à  la  fin  du  Haut-Empire.  (Bibl.  de  l'École  des  Hautes 
Études,  fasc.  i5o.)  Voy.  ce  Bull.^  igoS,  p.  108  et  i58. 


j 


248  LE   MUSÉB   BELGE. 


nie,  la  Syrie  et  la  Mésopotamie,  du  Pont-Euxin  au  Golfe  Persiquc 
Excellent  archéologue  doublé  d'un  énidit  sérieux,  M.  Chap>ot  a  tom 
vu,  tout  examiné  et  même,  si  j'osais  faire  une  légère  critique,  je  dirais 
que  Térudition  est  le  plus  grand  défaut  de  son  œuvre.  Son  livre  est 
d'une  lecture  assez  difficile,  parce  qu'il  se  perd  dans  les  menus 
détails.  Cette  abondance  des  détails  s'explique,  je  le  veux  bien,  par 
la  complexité  et  Tétendue  de  la  matière,  comme  aussi  par  la  nécessité 
de  donner  quelque  précision  à  un  sujet  sur  lequel  nous  sommes  si 
mal  informés. 

Je  résume  donc  très  brièvement  l'ouvrage  en  faisant  ressortir  les 
points  les  plus  intéressants. 

Puisque  cette  étude  est  surtout  militaire,  l'auteur  nous  décrit  les 
adversaires  en  présence  :  d'un  côté,  les  Parthes,  et,  à  partir  de  226, 
les  Perses  ;  de  l'autre,  les  légions  romaines.  Les  Parthes,  on  le  sait, 
sont  surtout  de  redoutables  archers  ;  vifs  et  rapides  dans  leurs  mouve- 
ments, ils  se  plaisent  à  l'offensive  courte  et  soudaine,  la  bataille 
rangée  ne  les  séduit  pas. 

Au  iii^  siècle,  l'armée  des  Sassanides  est  sensiblement  la  même  :  la 
foule  du  peuple  constitue  toujours  l'infanterie,  tandis  que  la  caval^ie 
se  compose  de  sagittaires.  Seulement,  cette  cavalerie  perd  de  son 
importance  ;  elle  est  plutôt  un  objet  de  luxe,  suivant  les  traditions 
léguées  par  les  premiers  rois  de  Perse  et  les  Séleucides  à  leurs 
successeurs. 

En  face  d'elles,  ces  troupes  ont  les  légions  romaines  et  les  cohortes 
alliées,  dont  M.  Chapot  nous  donne  la  liste.  Ceci  est  bien  connu.  Au 
vi«  siècle,  les  armées  de  Byzance  se  composent  d'abord  de  corps 
impériaux  qui  sont  à  la  solde  directe  de  l'empire  et  qui  comprennent 
beaucoup  de  recrues  barbares  versées  dans  les  contingents  romains, 
ensuite  de  fédérés  barbares  qui  gardent  leur  organisation  particulière 
tout  en  subissant  la  suzeraineté  de  Rome.  Ils  ont  leurs  chefs  natio- 
naux et  leur  formation  militaire  spéciale  :  leur  solde,  bien  que  tirée 
des  caisses  romaines,  leur  est  comptée  par  leur  prince,  qui  les  conduit 
lui-même  ou  délègue  un  de  ses  officiers.  En  troisième  lieu  viennent 
les  buccellarii,  troupes  levées  par  les  grands  propriétaires  eux-mêmes, 
forcés  de  se  défendre  personnellement  par  suite  de  l'insuffisance  des 
pouvoirs  publics  (i). 

Ces  contingents  particuliers  sont  parfois  mis  au  service  de  l'empire 
et  renforcés  par  les  milices  locales  que  les  villes  arment  pour  leur 
propre  sûreté. 

(  1  )  Ces  buccellarii  étaient  aussi  presque  toujours  des  barbares  d^autant  plus  fidèles 
à  leurs  patrons  qu'ils  étaient  plus  complètement  étrangers  à  la  société  ronaaine.  Lan- 
glois,  Les  origines  de  la  noblesse  en  France,  Re/ue  de  Paris,  i5  oct.  igoa,  p.  831. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  249 


Chose  curieuse!  larmement  du  vie  siècle  est  complètement  modifié 
par  les  nécessités  de  la  guerre  ;  les  troupes  sont  bardées  de  fer  et 
elles  ressemblent  beaucoup  moins  aux  troupes  romaines  du  temps 
des  Antonins,  par  exemple,  qu'à  nos  chevaliers  du  moyen  âge  occi- 
dental; Tare  est  d'un  usage  presque  universel. 

Nous  passons  à  l'étude  des  garnisons  de  la  frontière.  La  discipline 
militaire  y  souffre  de  rudes  atteintes  ;  Téloignement,  les  résidences 
agréables  de  la  Syrie,  les  habitudes  de  luxe  instaurées  par  les  Séleu- 
cides  et  conservées  après  eux,  la  douceur  du  climat,  les  ressources 
qu'y  trouvent  le  plaisir  et  l'immoralité,  le  peu  de  durée  des  guerres, 
la  condescendance  des  chefs,  tout  concourt  au  relâchement  et  à  la 
mollesse.  A  la  basse  époque,  ce  désordre  s'aggrave,  parce  que  la 
multiplicité  des  chefs  de  race  et  de  caractères  différents  met  le  géné- 
ral à  la  merci  de  ses  soldats  en  face  d'un  ennemi  sûr  et  maître  de 
lui.  L  unité  de  commandement  s'exerce  difficilement  dans  une  situa- 
tion si  délicate.  Toutefois,  il  fut  presque  toujours  exercé  par  les 
hommes  les  plus  en  vue  de  la  République,  puis  par  les  empereurs, 
enfin  par  des  généraux  énergiques  tels  que  Bélisaire  et  Narsès,  ou 
par  leurs  subordonnés  immédiats.  L'auteur  considère  ensuite  l'armée 
en  campagne.  Il  nous  fournit  des  renseignements  très  précis  sur 
l'ordre  de  marche,  l'art  de  tracer  les  camps,  la  façon  de  monter  à 
l'assaut,  l'organisation  du  génie  (service  des  pionniers,  établissement 
du  camp  et  travaux  de  siège,  corps  de  pontonniers)  et  le  système 
d'espionnage. 

Le  chapitre  VI  traite  du  régime  administratif  et  légal  de  l'armée, 
des  approvisionnements  et  du  ravitaillement.  Le  service  de  l'annone 
était  d'une  importance  capitale  pour  l'entretien  d'une  armée  dans  ces 
contrées  désertes  et  incultes. 

Le  service  sanitaire  est  peu  organisé.  Le  Srategeticon  de  Maurice 
donne  à  ce  sujet  de  brèves  dispositions  dont  l'idée  essentielle  est  qu'il 
faut  désigner  d'avance  les  ambulanciers,  pour  ne  pas  distraire  les 
hommes  du  combat.  Il  reste  à  savoir  si  ces  règles  ont  été  observées 
dans  ces  guerres  qui  portent  un  caractère  de  sauvagerie  assez 
prononcé. 

Comme  d'habitude,  le  culte  principal  des  armées  est  celui  des 
Césars. 

La  troisième  partie  de  l'ouvrage  est  une  description  très  savante, 
mais  assez  sèche  de  la  carte  militaire  et  des  forteresses,  qui  formaient 
le  boulevard  de  la  défense  romaine  en  Arménie,  en  Mésopotamie,  en 
Syrie  (forteresses  de  seconde  ligne),  à  l'extrémité  du  Pont-Euxin  et 
dans  les  régions  caucasiques. 

En  fin  de  compte,  cette  frontière  de  l'Euphrate  fut  disputée  âpre- 


25o  LB    MUSÉE   BELGE. 


ment  par  les  adversaires  qui  y  cherchaient  un  solide  point  d'appui  ; 
en  fait,  elle  demeurait  imprenable  pour  tous  deux.  Après  de  longues 
luttes,  elle  s'est  fixée  d'elle-même,  elle  s'est  imposée  aux  belligérants  : 
c'est  une  ligne  droite  qui  va  du  milieu  du  Caucase  au  fond  du  golfe 
d*Abaka.  Le  réseau  formidable  des  places  fortes  bâties  en  ce  pays 
formait  une  zone  infranchissable  pour  les  Romains  et  les  Perses  et 
rendait  vains  tous  les  désirs  de  conquête. 

Et  ainsi  au  commencement  du  vii«  siècle,  les  deux  États  s'étaient 
épuisés  de  même  sorte,  sans  rien  pouvoir  se  dérober  Tun  à  l'autre. 
Les  temps  étaient  mûrs  pour  un  troisième  larron  qui  devait  les 
mettre  d'accord  en  les  mutilant  tous  les  deux.  Ce  troisième  larron, 
c'était  le  Musulman  ! 

M.  Chapot  a  renoncé  à  entreprendre  l'étude  longue  et  ardue  des 
étapes  de  la  colonisation  en  ces  contrées  comme  l'avait  fait 
M.  Cagnat  pour  la  Maurétanie.  Il  estime  qu'avant  celle-là,  il  y  en  a 
une  autre  qui  se  pose  :  celle  des  étapes  de  Tévangélisation  (i). 

Th.  Simar. 

i58.  —  R.  Gagnât,  Les  deux  camps  de  la  légion  III^  Auguste  à  Lambèu 
d'après  les  fouilles  récentes.  Extrait  des  mémoires  de  l'Acad.  d.  inscr.  et 
belles-lettres,  tome  XXXVIII,  i«  partie.  Paris,  Imprimerie  natio- 
nale, 1908.  63  pp.  4  frs. 

Ce  mémoire  de  M.  Cagnat,  basé  sur  les  fouilles  opérées  dans  le 
camp  de  Lambèse  pendant  les  quinze  dernières  années,  complète  et 
rectifie  l'étude  que  le  savant  français  a  insérée  sur  ce  même  camp 
dans  son  grand  ouvrage  sur  l'armée  romaine  d'Afrique.  Il  a  été  conçu 
sur  le  même  plan  et  dans  le  même  esprit  :  c'est  dire  qu'il  n'est  pas  ce 
qu'on  peut  appeler  un  journal  des  fouilles,  ofi'rant  une  description 
détaillée,  minutieuse,  des  constructions  et  des  objets  découverts,  ni 
une  relation  précise  des  opérations  exécutées,  mais  un  travail  de 
synthèse  et  d'identification,  qui  cherche  avant  tout  à  déterminer  à 
quel  usage  les  nombreux  bâtiments  mis  au  jour  ont  été  affectés  à 
Tépoque  romaine.  Les  fouilles  de  Lambèse  confirment  celles  de 
Novaesium,  en  Allemagne,  et  les  conclusions  de  M.  Cagnat  celles  de 
M.  Koenen.  Elles  prouvent  que  les  mêmes  principes  ont  présidé  à 
la  castramétation  des  Romains  sur  les  bords  du  Rhin  et  sur  les  confins 
du  désert  d'Afrique. 

M  Cagnat  étudie  successivement  le  premier  camp  légionnaire  de 
Lambèse  et  le  grand  camp  légionnaire. 

(1)  L'ouvrage  est  accompagné  d'une  excellente  carte  avec  les  roules  militaire* 
anciennes,  les  noms  anciens  des  villes  ou  forteresses  et  les  noms  modernes  cntrt 
parenthèses. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  25 1 


Le  camp  provisoire  de  la  légion  III«  Auguste  est  situé  à  l'Est  du 
<:amp  définitif.  Son  enceinte,  qui  a  200  mètres  de  côté,  ne  consiste 
pas,  comme  on  Ta  écrit,  en  une  levée  de  terre,  mais  en  une  maçon- 
nerie de  moellons.  Au  centre  se  trouve  un  espace  dallé,  qui  mesure 
10  mètres  de  côté  :  c'est  sur  cette  plate  forme  que  reposait  jadis 
le  monument  où  était  inscrite  la  fameuse  allocution  adressée  f)ar 
Hadrien  à  l'armée  d'Afrique. 

Les  fouilles  exécutées  dans  le  grand  camp  légionnaire  ont  enrichi 
les  connaissances  que  nous  possédions  sur  les  portes,  les  voies,  le 
prétoire  et  la  praetmtura. 

Jusqu'ici  deux  portes  avaient  été  déblayées  :  celle  du  Nord  et  celle 
de  l'Est.  On  vient  de  mettre  au  jour  les  fondations  de  la  porte  de 
l'Ouest.  Son  plan  reproduit  presque  exactement  celui  de  la  porte  de 
l'Est,  dont  on  peut  trouver  la  description  dans  l'ouvrage  cité  de 
M.  Cagnat  sur  l'armée  romaine  d'Afrique. 

La  via  principalis  dextra  et  sinistra^  la  via  praetoria  et  plusieuirs  voies 
secondaires  perpendiculaires  et  parallèles  à  la  première  ont  été  re- 
trouvées. Ni  les  unes  ni  les  autres  n'atteignent  aux  mesures  prescrites, 
pour  un  camp  de  plusieurs  légions,  par  Hygin  dans  son  livre  de  muni- 
iione  castrorum.  On  peut  retenir  cependant  qu'en  général  Vintervaîîum, 
comme  l'indique  cet  auteur,  a  la  même  largeur  que  les  grandes 
artères  du  camp.  Ces  dernières  seules  sont  dallées. 

C'est  principalement  sur  le  prétoire,  le  bâtiment  central  des  camps 
permanents,  que  les  recherches  ont  porté  ;  il  a  été  déblayé  en  entier 
et  M.  Cagnat  est  parvenu  à  identifier  la  plupart  des  constructions 
qui  le  composent,  t»  Le  prétoire  de  Lambèse,  écrit  il,  consistait  en 
une  entrée  affectant  la  forme  d'un  immense  arc  de  triomphe  à  quatre 
faces,  en  une  première  cour  dallée,  autour  de  laquelle  étaient  groupés 
les  magasins  d'armes  et  de  munitions,  et  en  une  seconde  entourée 
par  la  chapelle  des  enseignes,  les  bureaux  des  principales  et  les  locaux 
de  réunion  des  collèges  militaires.  »  Les  grandes  lignes  de  l'édifice 
remontent  à  l'époque  de  la  fondation  du  camp.  Il  peut  y  avoir  eu, 
notamment  au  début  du  m*  siècle,  changement  dans  l'utilisation  de 
l'ensemble,  non  dans  son  aménagement  général. 

La  praetentura  est  l'espace  du  camp  qui  s'étend  entre  la  via  principalis 
et  le  rempart  septentrional.  Elle  est  séparée  en  deux  parties  égales 
par  la  via  praetoria,  qui  relie  le  prétoire  à  la  porte  prétorienne.  On  y  a 
déblayé  les  fondations  des  logements  des  officiers,  des  casernes  de 
deux  cohortes  légionnaires,  des  écuries,  d'un  hangar  pour  chariots, 
de  latrines  et  d'une  construction  qui  paraît  être  soit  un  valeiudinarium 
soit  un  horreum. 

Des  plans  et  des  vues  du  prétoire  et  de  la  praetentura  sont  annexés 
à  cette  étude  très  documentée  et  très  précise. 


252  LE  MUSÉE  BELGE. 


Tels  sont  les  renseignements  nouveaux  que  les  fouilles  de  Lambèse 
et  le  dernier  ouvrage  de  M.  Cagnat  nous  ont  apportés  sur  les  camps 
permanents  de  la  IIP  Auguste.  Si  nous  opérons  un  triage,  en  sépa- 
rant les  faits  d'intérêt  particulier  et  secondaire  de  ceux  qui  présentent 
un  intérêt  général,  trois  points  doivent  retenir  surtout  notre  attention: 
i)  la  non- concordance  des  mesures  prescrites  par  Hygin  p>our  un 
camp  de  plusieurs  légions  et  de  celles  relevées  dans  le  grand  camp 
légionnaire  de  la  III«  Auguste  ;  2)  le  plan  du  prétoire  et  l'identifi- 
cation des  différents  locaux  qui  le  composent  ;  3)  la  découverte  de 
casernes  dans  un  camp  légionnaire  du  m*  siècle.  Cette  découverte  a 
obligé  M.  Cagnat  à  modifier  une  théorie  émise  par  Wilmanns  (CIL. 
VIII,  p.  284)  sur  la  destinée  du  camp  de  Lambèse  au  in«  siècle  et 
reprise  après  lui  par  l'auteur  dans  son  armée  romaine  d'Afrique 
(p  451).  A  Tendroit  cité,  M.  Cagnat  écrivit,  en  1892,  que  le  droit  de 
mariage    concédé  aux  légionnaires  par  Septime   Sévère   eut   ime 
influence  considérable  sur  la  vie  des  soldats,   a  Le  camp  cessa  d'être 
pour  eux  une  cité  commune....  ;  ce  ne  fut  plus  qu'un  lieu  d'exercices 
où  ils  se  retrouvaient  un  moment  pour  le  quitter  le  plus  vite  possible. 
Leur  seule  demeure  est  désormais  la  ville  voisine....  A  partir  de 
Septime   Sévère,  le  camp  commença  à  s'emplir  de   constructions 
parasites,  notamment  de  salles  de  réunion  pour  sous-officiers  ;  celles- 
ci  occupèrent  la  place  réservée  précédemment  au  campement  des 
hommes  et  devenues  libres  par  suite  des  réformes  de  l'empereur.  • 

Les  fouilles  récentes  ont  prouvé  que  ces  conclusions  sont  exagérées 
et  même  inexactes  en  partie.  Les  constructions  destinées  au  campe- 
ment des  hommes  n'ont  pas  disparu  au  temps  de  Septime  Sévère  ; 
elles  n'ont  même  pas  subi  de  transformations  importantes,  ce  qui 
tend  à  prouver  qu'au  ni®  siècle  les  soldats  n'ont  pas  cessé  de  loger 
au  camp.  L'autorisation  accordée  par  Septime  Sévère  aux  légion- 
naires de  contracter  mariage  et  de  cohabiter  avec  leurs  épouses,  n'a 
donc  pas  eu  sur  la  vie  des  soldats  l'influence  qu'on  lui  a  attribuée. 
Elle  semble  n'avoir  fait  que  légaliser  une  situation  tolérée  jusque-là. 
En  tout  cas,  le  camp  ne  fut  pas  déserté  par  les  soldats  et  il  ne  s'est 
pas  couvert  de  constructions  parasites 

Il  me  reste  à  dire  que  le  dernier  travail  de  M.  Cagnat  porte  la 
marque  de  tous  les  écrits  qui  sortent  de  la  plume  du  savant  français: 
clarté  et  méthode  de  l'exposé,  étendue  et  sûreté  de  l'information. 

H.  Van  de  Weerd. 

159.  —  G.  PitacCO,  De  mulierum  Romanarum  cultu  atque  erudiiûmi. 
75<*f  Jahresbericht  des  k.  k.  Staatsgymnasiums  in  Gôrg,   1907. 
49  pp. 
C'est  en  considérant  la  grande  influence  qu'exercent  parfois  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  253 

femmes  sur  les  mœurs  et  la  littérature  d'un  peuple  que  M.  Pitacco  a 
été  amené  à  entreprendre  cette  étude  de  la  culture  intellectuelle  fémi- 
nine à  Rome. 

Cependant  aucune  nation  n*a  compté  aussi  peu  de  femmes  célèbres 
que  la  nation  romaine  :  pour  combler  cette  lacune,  la  plupart  des 
écrivains  modernes  ont  brodé  tout  à  leur  aise  sur  les  données,  trop 
maigres  à  leur  gré,  que  leur  fournissait  l'antiquité.  Dans  le  cours  de 
son  travail,  M.  Pitacco  a  fait  justice  de  ces  fables  ;  pour  dépeindre 
les  femmes  romaines  il  a  emprunté,  comme  il  le  dit,  les  termes 
mêmes  des  auteurs  anciens,  et  les  quelques  conjectures  qu'il  a  prises 
à  d'autres  ou  que  lui-même  s'est  permis  de  faire,  s'appuient  sur  des 
arguments  sérieux  et  ne  manquent  pas  de  vraisemblance. 

Dans  un  premier  chapitre,  l'auteur  trace  un  tableau  sommaire  de 
la  condition  et  des  mœurs  des  femmes  aux  différentes  époques  de 
l'histoire  romaine.  Dans  deux  autres  chapitres,  il  caractérise  les 
diverses  phases  du  mouvement  intellectuel  féminin  et  passe  en 
revue  les  femmes  qui  se  sont  distinguées  par  leur  talent  et  par  leur 
érudition. 

A  l'époque  primitive,  bien  que  le  génie  romain  soit  avant  tout  pra- 
tique, déjà  cependant  apparaît  la  poésie  :  c'étaient  des  chants  nup- 
tiaux et  funèbres,. auxquels  les  femmes  prenaient  part,  et  ces  chœUrs 
de  jeunes  filles  qui  dans  les  circonstances  solennelles  imploraient 
l'assistance  des  divinités. 

Sous  la  république,  la  culture  intellectuelle  fut  le  privilège  de  quel- 
ques rares  femmes  qui  étaient  en  relation  avec  les  lettrés  et  les  érudits 
de  leur  temps.  Elles  étaient  surtout  remarquables  par  la  distinction  de 
leur  conversation  ;  telle  cette  Laclia,  fille  de  C.  Laelius  Sapiens,  dont 
Cicéron  se  plaisait  à  entendre  le  langage  un  peu  arcliaïque.  Très  peu 
cultivèrent  la  poésie,  quelques-unes  s'adonnèrent  aux  lettres,  comme 
la  trop  fameuse  Sempronia^  quelques  autres  à  la  philosophie  :  telles 
Tullia  et  Caerellia,  qui  faisait  partie  du  cercle  intime  de  Cicéron.  A  la 
fin  de  la  république,  quelques-unes  allèrent  jusqu'à  prononcer  des 
discours  en  public. 

L'auteur  consacre  une  mention  spéciale  à  Cornélie,  la  mère  des 
Gracques  :  il  reprend  à  titre  de  curiosité  et  réfute  les  objections 
faites  contre  l'authenticité  des  deux  fiagments  de  ses  lettres  qui  nous 
sont  conservés  dans  Cornélius  Népos. 

Sous  Auguste,  tout  homme  de  haut  rang  aimait  à  s'entourer  de 
poètes  ou  de  philosophes  dont  il  se  faisait  le  Mécène. 

Les  femmes  ne  restèrent  pas  étrangères  à  cette  espèce  d'engouement 
pour  la  littérature  :  lexemple  était  donné  par  la  famille  d'Auguste 
elle-même. 

C'était  d'ailleurs  une  érudition  toute  superficielle. 


^54  LB   MUSÉE   BELGE. 


La  plus  célèbre  parmi  les  poètes  est  sans  doute  Suîpicia  :  elle  était 
peut-être  la  fille  de  Servius  Sulpicius  dont  Ovide,  Horace  et  Pline 
rappellent  les  poèmes  erotiques,  et  elle  faisait  partie  probablement 
du  petit  cénacle  de  Messala.  Déjà  Gruppe  lui  avait  attribué  les  élé- 
gies 8  à  12  du  livre  IV  de  Tibulle.  M.  Pitacco  reprend  cette  hypo- 
thèse en  la  modifiant  un  peu  :  il  croit  que  les  élégies  3,  5,  7  à  la  sont 
de  Suîpicia  et  la  principale  raison  qu'il  en  donne  c'est  que  la  violence 
avec  laquelle  l'amour  y  est  exprimé  ne  permet  guère  de  l'attribuer  à 
un  autre  poète  ;  les  élégies  i,  2,  4,  6,  d'allure  plus  calme,  seraient 
d'un  auteur  inconnu  et  la  disposition  actuelle  de  ces  douze  élégies 
l'œuvre  d'un  grammairien  postérieur.  Parmi  les  autres  poètes  que 
signale  l'auteur,  citons  encore  Claudia,  l'épouse  de  Stace,  qui  colla- 
bora à  la  composition  de  la  Thébaïde,  une  autre  Suîpicia,  qui  vivait 
sous  Domitien  et  qu'on  a  appelée  sans  raison  la  «  Sappho  romaine  §. 
On  lui  a  attribué  un  poème  de  soixante-dix  hexamètres  où  il  est 
question  de  Domitien  expulsant  les  philosophes  de  Rome. 

L'auteur  fait  l'histoire  de  ce  texte  et  conclut  que  ce  poème,  dont 
la  langue  accuse  une  époque  récente,  est  d'un  poète  inhabile  du  iv« 
ou  du  v«  siècle.  Parmi  les  femmes  qui  se  distinguèrent  par  leur  talent, 
on  peut  citer  le  nom  d'Agrippine  qui  avait  laissé  des  écrits  sur  sa  vie 
et  les  malheurs  des  siens.  Quelques  rares  matrones,  comme  Arria^ 
Julia  Domna,  épouse  de  Septime  Sévère,  s'adonnèrent  à  la  philo- 
sophie; dans  deux  lettres  découvertes  en  1890,  Ploiina,  mère  de 
l'empereur  Hadrien  nous  apparaît  comme  appartenant  à  la  secte 
d'Épicure. 

L'auteur  s  arrête  au  règne  de  Constantin  :  le  christianisme  alors 
transforme  complètement  les  mœurs  et  la  littérature,  et  l'examen  de 
la  culture  intellectuelle  des  femmes  de  cette  période  exigerait  ime 
étude  spéciale. 

La  conclusion  qu'on  peut  tirer  de  l'étude  de  M.  G.  Pitacco  est  que, 
exception  faite  de  Comélia  et  de  la  première  Suîpicia  (et  pour  cette 
dernière,  ce  n'est  encore  qu'une  hypothèse),  aucune  femme  n'illustra 
vraiment  la  littérature  latine. 

Les  autres,  dont  le  nom  nous  est  parvenu,  matrones  de  haut  rang, 
en  relation  avec  des  philosophes  et  des  poètes,  étaient  poussées  par 
ceux-ci  à  étudier  les  lettres  et  la  philosophie,  mais  trop  souvent  elles 
n'y  cherchaient  qu'une  parure.  R.  Nihard. 

160.  —  G.  W.  Van  Bleek,  Quae  de  hominum  post  morUm  condictotu 
doceant  carmina  sepulcralia  latina,  Diss.  inaug.  Rotterdam,  T.  De 
Vries,  1907.  i56  pp. 
On  peut  considérer  comme  un  travail  très  consciencieux  et  très 

utile  la  thèse  de  doctorat  présentée  par  M.  Van  Bleek  devant  le  jury 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  255 


<îe  Tuniversité  libre  d'Amsterdam.  Elle  est  aride  comme  un  théo- 
rème, sèche  comme  une  statistique,  impersonnelle  comme  un  bilan, 
et  son  auteur  n'a  point  désiré  qu'on  la  lût  avec  complaisance,  mais 
qu'on  la  consultât  avec  sécurité.  Il  a  voulu  apporter  un  document. 
Nous  louons  ce  parti  pris  plein  de  modestie.  Ce  n'est  pas  seulement 
la  méthode  qui  est  excellente,  c'est  aussi  le  procédé  qui  est  beau. 
Z)ans  un  sujet  qui  pouvait  si  facilement  prêter  à  développements  litté- 
raires et  à  spéculations  philosophiques,  appliquer  toutes  ses  forces  à 
des  classements  et  à  des  comparaisons,  cela  indique  une  admirable 
soumission  à  la  méthode  philologique  ;  mais  quand  on  a  établi  tant 
de  faits  indéniables,  consigné  tant  d'observations  précieuses,  renoncer 
à  peu  près  complètement  aux  conclusions  générales  et  aux  vues  d  en- 
semble, c'est  faire  preuve  d'un  désintéressement  qui  a  quelque  chose 
d'héroïque. 

Nous  ne  reprocherons  donc  pas  à  M.  Van  Bleek  ce  qui  paraît 
manquer  de  sagacité,  de  sensibilité  et,  disons  le  mot,  de  divination 
dans  son  travail.  Le  fruit  de  ses  recherches  n'en  subsiste  pas  moins 
tout  entier.  Combien  de  philologues  ont  préparé  des  historiens! 
Combien  d'excellents  maçons  au  service  de  douteux  architectes  î 
Combien  de  pierres  durables  pour  d'éphémères  édifices  ! 

Mais  voici  en  quelques  mots  la  façon  dont  l'auteur  a  conçu  sa 
tâche.  Il  a  jugé  que  les  Carmina  latina  de  Buecheler  offraient  un 
nombre  suffisant  d'épitaphes  pour  qu'on  en  pût  tirer  un  résumé  des 
opinions  professées  sur  la  vie  future  à  Rome  et  dans  les  provinces 
de  l'Empire.  Quand  il  l'a  fallu,  soit  pour  confirmer  la  teneur  des 
textes,  soit  pour  la  compléter,  il  a  eu  recours  aux  Inscriptiones  de 
Dessau  et  aux  Carmina  sepulcralia  de  Cholodniak.  Ces  matériaux 
étaient  suffisants  pour  le  travail  que  se  proposait  M.  Van  Bleek. 

Les  inscriptions  sont  classées  en  quatre  catégories  suivant  qu'elles 
répondent  à  l'un  des  points  suivants  :  i.  An  sit  vita  post  mortem. 
2.  Quid  post  mortem  remaneat.  3.  Uhi  sit  quod  post  mortem  remanet. 
4.  Quo  modo  sit  quod  post  mortem  remanet.  En  sériant  ainsi  les  ques- 
tions, l'auteur  a  pu  subdiviser  à  son  gré  les  réponses.  Ce  plan  donne 
à  tout  le  travail  une  grande  clarté.  Il  sera  facile  de  se  servir  des 
textes  qui  s'y  trouvent  réunis  et  groupés.  Mais  qui  ne  le  voit  ?  ces 
problèmes  ne  font  qu'un,  ces  questions  étaient  inséparables,  et  tandis 
que  M.  Van  Bleek  réduit  en  fragments  tant  d'épitaphes  aux  vers 
nombreux,  aux  sentiments  variés,  on  a  un  peu  l'impression  d'âmes 
mises  en  pièces  pour  faciliter  des  classifications.  Il  est  vrai,  ainsi  que 
le  dit  l'auteur  (Introd.  p.  3),  que  ce  ne  sont  pas  les  opinions  des 
morts  et  de  leurs  parents  qu'il  faut  chercher  dans  les  carmina  funé- 
raires —  rares,  en  effet,  sont  les  cas  où  l'on  se  trouve  en  présence 


256  LE    MUSÉE   BELGE. 


d'une  émotion  spontanée  ou  d'une  inspiration  personnelle  —  mais  la 
somme  des  opinions  professées  dans  la  société  tout  entière  4  un 
moment  donné.  Nous  en  convenons,  les  idées,  les  croyances,  les 
sentiments,  les  émotions  de  l'humanité  devant  la  mort  se  retrouvent 
dans  les  catégories  établies  par  M.  Van  Bleek,  mais  en  miettes.  A 
défaut  d'un  plan  qui  eût  laissé  intacte  cette  grande  image,  il  fallait 
la  reconstituer  dans  la  conclusion  du  travail.  M.  Van  Bleek  n'a  point 
tenté  de  le  faire.  Est-ce  timidité  ?  N'est-ce  pas  plutôt  un  excès  de 
prudence  ? 

C'eût  été  trop  peu  d'interroger  seulement  les  épitaphes  latines. 
Elles  ne  font  souvent  que  répéter  des  paroles  grecques.  C'est  pour- 
quoi VAnthologû  palatine  et  les  Epigrammata  de  Kaibel  furent  appelés 
à  la  rescousse  en  nombre  d'endroits.  Enfin,  si  le  peuple  confus  des 
nécropoles  était  appelé  à  témoigner,  ne  fallait- il  pas  s'adresser  aussi 
aux  savants,  aux  poètes,  aux  philosophes.  M.  Van  Bleek  a  rapproché 
des  croyances  du  vulgaire  les  opinions  des  écrivains  en  s'efForçant  de 
faire  apparaître  le  rapport  qu'il  y  a  entre  les  unes  et  les  autres.  Toute 
cette  partie  du  travail  est  excellente  en  sa  sobriété.  Quant  aux 
ouvrages  modernes  qui  s'occupent  du  paganisme  gréco-romain,  il 
n'en  a  été  fait  qu'un  usage  restreint.  Non  pas  que  l'auteur  les  ignore^ 
mais  parce  qu'ils  l'eussent,  semble-t-il,  entraîné  à  des  discussions 
qu'il  s'était  interdites.  C'est  ainsi  qu'on  peut  expliquer  l'absence  de 
toute  observation  relative  aux  mystères  de  Déméter  et  de  Dion5'sos, 
le  silence  absolu  sur  la  question  des  influences  orientales  au  point  de 
vue  religieux. 

En  somme,  M.  Van  Bleek  a  groupé  et  presque  compté  en  vue 
d'aider  à  l'histoire  de  la  religion  romaine  les  épitaphes  en  vers  con- 
tenues dans  le  recueil  de  Buecheler.  Il  en  a  fait  un  commentaire  très 
restreint  mais  très  sûr.  Il  s'est  proposé  avant  tout  d'être  utile,  non 
pas  d'éblouir  par  de  hautes  visées  personnelles.  Louons-le.  Tel  d'ail- 
leurs était  l'intérêt  de  ses  relevés  minutieux  qu'une  conclusion  s'en 
dégage,  dont  l'importance  ne  peut  échapper  à  personne.  C'est  que 
des  savants  comme  Friedlaender  et  Boissier  ont  exagéré  la  profon- 
deur et  les  progrès  de  l'incrédulité  philosophique  à  partir  du  i^r  siècle 
avant  J.  C.  La  foi  se  transforma,  elle  ne  fut  point  diminuée,  dit 
M.  Van  Bleek  (Introd..  p.  5).  Rien  n'est  plus  vrai.  Dès  le  ii«  siècle  de 
notre  ère.  aucune  religion  n'aurait  pu  se  flatter  de  régner  sur  les 
cœurs  et  les  consciences,  si  elle  n'avait  fait  en  même  temps  des  pro- 
messes d'immortalité.  Le  travail  de  M.  Van  Bleek  vient  ici  confirmer 
le  résultat  des  récentes  études  faites  sur  les  derniers  temps  du  paga- 
nisme. A  ce  signe  on  jugera  de  sa  valeur  et  de  son  importance. 

M.  Laurent. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  257 

i6i.   —   Greorg  Schmid,  Das  unterirdische  Rom.  ErinnerungshlàtUr 

ânes  Katakomhenfreundes.    Mit   37    Plânen  und   72    Illustiationen. 

Brixen,  Pressverein-Buchh.,  1908.  358  pp. 

M.  G.  Schmid  a  résidé  plusieurs  années  à  Rome,  au  Campo  Santo 
Udesco  et  à  Y  Anima,  Il  a  pu  visiter,  étudier  à  fond  les  catacombes  sous 
la  direction  de  maîtres  tels  que  de  Rossi,  de  Waal,  Wilpert,  Marucchi. 
Il  a  réuni  les  éléments  de  ce  livre  que,  revenu  dans  son  pays,  il 
publie  pour  procurer  un  guide  complet  à  ceux  qui  veulent  étudier  les 
catacombes  sur  place  ou  chez  eux.  Il  sera  particulièrement  utile  aux 
lecteurs  allemands,  car  les  Italiens  et  les  Français  peuvent  se  servir 
des  Éléments  d'archéologie  chrétienne  et  des  Catacombe  Romane  (Rome, 
Desclée)  de  Marucchi,  ouvrages  dont  M  Schmid  a  pu  tirer  profit, 
bien  que  son  travail  date  d'une  époque  antérieure. 

L'ouvrage  se  compose  de  deux  parties.  La  première  est  une  intro- 
duction générale  sur  les  catacombes  (j5  pp.).  Où  sont  situés  ces 
cimetières  souterrains  ?  Qu'est-ce  qu'on  y  voit  de  plus  remarquable 
(inscriptions  et  peintures)?  Voilà  les  deux  questions  auxquelles  l'au- 
teur répond  d'abord.  Puis  il  fait  Thistoire  des  catacombes  en  se 
servant  des  dates  historiques  que  fournissent  les  explorations;  enfin, 
il  montre  comment  les  catacombes  étaient  administrées. 

La  seconde  partie  comprend  la  description  spéciale  et  détaillée  de 
chacune  des  catacombes  au  nombre  de  trente,  qu'on  a  fouillées  jus- 
qu'ici. L'auteur  suit  Tordre  topographique  :  il  commence  à  l'église 
Saint-Pierre  et  fait  le  tour  de  Rome  en  se  dirigeant  vers  le  nord,  puis 
vers  l'est,  le  sud  et  l'ouest.  Il  décrit  l'aménagement  intérieur  de  cha- 
cune, les  galeries  superposées  les  unes  aux  autres,  les  tombes,  surtout 
les  sarcophages,  les  inscriptions  et  les  peintures,  donnant  le  texte  des 
inscriptions  et  reproduisant,  par  des  gravures  au  trait,  les  choses  les 
plus  intéressantes.  Le  monumental  ouvrage  de  Wilpert  Die  Malereien 
der  Katakomben  {Freihmg,  Herder,  1893)  lui  a  été  d'un  grand  secours. 

Ce  plan  a  l'avantage  de  faciliter  les  additions  qui  pourront  devenir 
nécessaire^  ;  il  est  aussi  le  plus  commode  pour  celui  qui  visite  une 
catacombe  déterminée.  Il  a  le  défaut  de  disséminer  et  de  séparer  les 
choses  semblables. 

A  sa  description,  l'auteur  mêle  parfois  des  impressions  et  des  sou- 
venirs personnels,  par  exemple  le  récit  d'une  de  ces  cérémonies, 
suivies  d'un  banquet  à  une  osteria  voisine,  par  lesquelles  les  archéo- 
logues romains  fêtent  l'anniversaire  des  saints  inhumés  dans  les 
catacombes. 

Composé  avant  les  livres  de  Marucchi  et  indépendamment  d'eux, 
l'ouvrage  de  M.  Schmid  fournit  maint  détail  complémentaire.  Il  sera 
bien  accueilli  des  archéologues,  des  théologiens  pour  qui  l'étude  des 


258  LE    MUSÉE    BELGE. 


catacombes  est  une  nécessité,  des  touristes  enfin  qui  ne  {>euvent 
visiter  la  Ville  Éternelle  sans  voir  une  calacombe,  et  nous  félicitons 
Tauteur  d'avoir  repris,  mis  au  courant  et  publié  les  «  feuillets  jaunis  » 
qu'il  avait  rapportés  de  Rome.  J.  P.  \V. 

162.  —  Dom  Fernand  Cabrol,  Dktionnairc  d'' archéologie  chrétienne 
et  de  liturgie.  Fasc.  XIV.  Bassus- Bibliothèque.  Paris,  Letouzey  et 
Ané,  1908.  Pages  610-896.  i  gravure  hors  texte.  5  frs. 
Dans  ce  fascicule  nous  trouvons  sous  la  signature  de  dom  H.  Le- 
clercq  des  articles  sur  le  sarcophage  de  Junius  Bassus,  sur  Toeuvre 
paléographique  du  comte  de  Bastard^  sur  l'importance  que  païens  et 
chrétiens  attachaient  à  la  beauté  physique,  sur  le  bénitier  (en  pierre, 
terre  cuite,  métal),  sur  les  musées  et  les  mss.  liturgiques  de  Berlin  et 
de  Berne,  sur  Tarchéologie  et  les  mss.  liturgiques  de  Besançon,  sur 
Beihléhem,  enfin  sur  les  bibliothèques  et  les  bibliothécaires  (long  travail  de 
60  colonnes).  Dom  Cabrol  a  écrit  les  articles  :  Benedicamus  Domino^ 
Bénédictins,  Benoit  XIV,  Bernold  de  Constance,  Berold  de  Milan,  François 
et  Joseph  Bianchini.  Nous  remarquons  encore  :  Bède  le  Vénérable,  de 
H.  Quentin;  bénédiction  liturgique,  bénédiction  de  la  table  et  des  aliments, 
bénédiction  épiscopale,  Sun  abbé,  d'une  abbesse,  bénédictionnaire,  de  J .  Baudot  ; 
bénédiction  de  Veau,  par  dom  de  Puniet  ;  manière  de  bénir  ^  par  dom 
G.  Fehrenbach.  Voici  les  autres  articles,  moins  importants,  que 
donne  ce  fascicule  :  bastagarius,  Batanée,  bateliers,  bâton,  Baeumer,  bêche, 
Behioth,  Beleth,  bélier,  Bellarmin,  Benedictus,  benr  fecit,  Bernon  de  Reichmau, 
Il  est  presque  inutile  d'ajouter  que  ce  fascicule  présente  les  mêmes 
qualités  de  science  exacte  et  étendue  que  les  précédents. 

Il  contient  97  figures  (n®  146  à  xSSy).  J.  P.  W. 

i63.  —  Emil  Reich,  Atlas  antiquus,  in  48  original  graphie  maps, 
with  elaborate  text  to  each  map  and  full  index.  Londres,  Macmil- 
lan,  1908.  10  sh. 

Cet  atlas  a  été  composé  pour  Tétude  de  l'histoire  grecque  et 
romaine,  depuis  la  première  guerre  médique  jusqu'aux  guerres 
civiles  de  César  et  de  Pompée.  L'auteur  a  voulu  surtout  illustrer 
rhistoire  militaire  :  pour  chaque  guerre  ou  chaque  campagne,  il 
donne  une  carte  peu  chargée  de  noms  propres,  ne  portant  que 
les  noms  géographiques  nécessaires  pour  orienter  les  élèves,  mais 
indiquant  par  des  signes  spéciaux  les  mouvements  des  armées, 
l'emplacement  des  camps  et  des  batailles,  les  villes  prises  ou  pillées, 
les  défaites  ou  les  retraites.  Chaque  carte  est  précédée  d'un  résumé 
chronologique  des  événements.  A  la  fin,  il  y  a  des  plans  d'Athènes 
(Acropole  et  Pirée)  et  de  Rome,  ainsi  qu'une  carte  des  provinces  de 
l'Empire  romain  à  l'époque  de  sa  plus  grande  extension. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  259 


Nul  doute  que  cet  ouvrage  ne  réponde  exactement  au  but  que 
l'auteur  s*est  proposé  :  il  facilitera  l'étude  de  l'histoire  ancienne  aux 
élèves  en  gravant  dans  leur  esprit,  pour  toujours,  des  notions  exactes 
sur  les  lieux  des  événements.  J.  P.  W. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

164.  —  J.  Van  Dooren,  Anthologie  illustrée  des  Poètes  et  Prosateurs 
français.  Verviers,  Hermann,  1908.  3  fr.  75. 

L'ouvrage  de  M.  Van  Dooren  supprime  ou  du  moins  diminue  la 
difficulté  pratique  de  renseignement  esthétique  dans  les  athénées.  Il 
renferme  en  effet  7 5  planches  hors  texte  reproduisant  les  plus  beaux 
tableaux  des  grands  maîtres  de  toutes  les  écoles.  Ainsi  il  est  désor- 
mais possible  d'analyser  avec  les  élèves  les  œuvres  d'art,  puisqu'ils 
en  ont  entre  les  mains  des  reproductions  (sur  papier  glacé).  Quant  à 
celles-ci,  elles  sont  généralement  remarquables  de  clarté  et  de  netteté  ; 
parmi  les  exceptions,  citons  Saint  Léon  arrêtant  Attila  de  Raphaël, 
Les  noces  de  Cana  de  Véronèse,  Maternité  de  Carrière,  Les  intrus  de 
Laermans,  où  l'on  voudrait  un  peu  plus  de  lumière. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  un  livre  très  recommandable.  Les  jeunes 
professeurs  de  français,  avides  non  seulement  du  nouveau,  mais  du 
beau  y  trouveront  satisfaction  ;  leur  talent  et  leur  zèle  y  puiseront 
matière  à  un  nouvel  apostolat.  Quant  aux  enfants  dont  l'âme  est  si 
réceptive,  chez  qui  les  premières  impressions  pénètrent  si  intensé- 
ment, ils  seront  sans  nul  doute  heureux  de  posséder  ce  livre  et  sau- 
ront répondre  aux  efforts  du  maître  pour  leur  formation  artistique. 
Tel  sera  en  effet  l'excellent  résultat  de  cette  innovation,  c'est  que, 
sans  systématiser  l'enseignement,  on  arrivera  à  former  le  goût  des 
jeunes  gens  ;  grâce  à  cette  culture  occasionnelle,  disparaîtra  peu  à 
peu  le  desideratum  actuel,  l'ignorance  total  de  nos  élèves  en  matière 
estliétique.  Le  jour  où  les  chrestomathies  de  langues  étrangères  com- 
prendront, elles  aussi,  des  reproductions  artistiques,  les  progrés 
seront  d'autant  plus  sûrs  et  plus  sensibles.  M.  Melon,  de  La  Louvière, 
est  un  des  premiers  entré  dans  cette  voie  ;  mais  ses  reproductions  ne 
sont  pas  aussi  soignées  et  ne  peuvent  guère  répondre  au  but  que  nous 
poursuivons. 

M.  Claretie,  qui  a  préfacié  l'anthologie  de  M.  Van  Dooren,  dit  que 
c'est  «  une  œuvre  de  bonne  et  saine  vulgarisation...  Grâce  à  lui, 
•  c'est  comme  si,  par  les  fenêtres  grandes  ouvertes,  pénétrait  dans 
»  les  classes,  aux  murs  généralement  nus  et  moroses,  ime  atmosphère 
B  nouvelle,  un  jour  plus  pur  et  ensoleillé  ». 

Il  nous  reste  à  examiner  l'anthologie  en  elle-même. 


26o  LE   MUSÉE   BELGE. 


Dans  rintroduction  M.  Van  Dooren  nous  avertit  qu'il  a  supprimé 
ou  abrégé  les  notices  bio  bibliographiques,  parce  son  livre  est  des- 
tiné aux  classes  inférieures  et  aux  écoles  moyennes,  où  le  profess^ir 
doit  faire  lui-même  le  travail  de  situation  et  d'érudition.  Or  ces  rensei- 
gnements il  les  connaît  déjà  ou  bien  possède  d'autres  sources  dans 
sa  bibliothèque  personnelle. 

Ce  qu'on  reprochera  à  M.  Van  Dooren,  c'est  d'avoir  révolutionné 
les  habitudes  anciennes  et  les  méthodes  suivies,  en  substituant  la 
division  par  siècle  à  la  division  par  genre.  Et  cependant  avec  cette 
dernière  combien  arbitraire  est  souvent  la  classification  des  mor- 
ceaux !  Narration  ou  description  ?  telle  est  la  question  qui  peut  se 
poser  pour  beaucoup,  et  cette  question,  il  vaut  mieux  qu'elle  soit  tran- 
chée par  le  maître  avec  la  collaboration  des  élèves.  Un  autre  avan- 
tage de  Tordre  adopté,  c'est  que  les  élèves  ne  confondront  plus  les 
siècles  et  les  écrivains,  comme  cela  arrive  actuellement  même  dans 
les  classes  supérieures,  mettant  sans  sourciller  :  c  Chateaubriand  au 
xvii«  siècle  et  Voltaire  au  xix«  ». 

Dans  le  choix  des  morceaux,  M.  Van  Dooren  remonte  jusqu'au 
xvii®  ;  en  cela  encore  nous  l'approuvons,  et  d'autant  plus  qu'il  a  mis 
les  extraits  du  xvii®  siècle  en  rapport  avec  l'intelligence  des  écoliers 
auxquels  il  s'adresse.  Est-il  admissible  que  ceux-ci  entrent  en  troi- 
sième sans  connaître  même  les  noms  des  immortels  classiques, 
Corneille,  Molière,  Racine...  ? 

Dans  l'ensemble  des  écrivains  cités,  peut-être  s'étonnera- ton  de 
voir  certains  noms  auxquels  on  ne  songeait  pas  et  de  ne  pas  y  voir 
d'autres,  souhaités.  Cette  critique  s'est  toujours  faite  et  se  fera  tou- 
jours. Si  l'anthologiste  devait  tenir  compte  des  préférences  de  chacun, 
il  lui  faudrait  renoncer  à  son  entreprise.  Il  convient  donc  de  se  mon- 
trer généreux  et  d'exiger  simplement  que  chaque  époque  soit  bien 
caractérisée. 

Est-il  nécessaire  d'ajouter  qu'une  belle  place  a  été  réservée  à  nos 
écrivains  belges  ?  Notre  littérature  s'est  tellement  imposée  même  à 
l'étranger,  qu'on  ne  peut  plus  aujourd'hui  composer  de  chrestomathic 
sans  lui  consacrer  quelques  pages. 

Terminons  en  disant  que  le  beau  volume  de  M.  Van  Dooren  est 
recommandé  par  le  Gouvernement  pour  l'enseignement  moyen. 

J.  Fleuriaux. 

i65.  —  B.  Zyromskl,   Sully  Prudhomme.  Paris,  A.  Colin,  1907, 

vi-269  pp.  3,5o  fr. 

L'étude  de  M.  Zyromski  comprend  deux  parties.  Dans  la  première, 
il  s'attache  à  déterminer  les  influences  auxquelles  Sully  Prudhomme 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  .  20  ^ 

a  été  soumis  et  la  manière  dont  il  les  a  subies  ou  bien  utilisées. 
D'abord,  c'est  la  sensibilité  romantique  qui  le  marque  de  son 
empreinte,  mais  il  ne  tarde  pas  à  s'en  libérer.  L*art  parnassien  qui 
vient  ensuite  lui  impose  plus  longtemps  sa  discipline.  Mais  l'action 
vraiment  forte  et  décisive  qu'il  ressent  est  celle  de  la  pensée  d'Alfred 
de  Vigny.  Il  doit  beaucoup  aux  Destinées^  à  ces  poèmes  émouvants  qui 
jugent  la  vie  morale  de  l'humanité,  mais  évidemment  cela  ne  l'em- 
pêche pas  d'avoir  son  originalité,  ainsi  que  le  montre  M.  Zyromski 
dans  la  seconde  partie  de  son  livre.  Ici  en  effet,  il  met  en  relief  «  la 
valeur  essentielle  de  son  œuvre,  en  examinant  d'abord  le  paysage 
d'images  et  d'idées  qu'il  aime  à  contempler  et  à  enrichir,  en  étudiant 
ensuite  les  principaux  motifs  de  son  chant,  sa  mélancolie  et  son  culte 
de  l'amour,  sa  doctrine  de  l'aspiration  et  sa  compréhension  de  la 
nature,  sa  pensée  profonde  sur  le  destin  des  hommes  et  sur  la  puis- 
sance de  la  Loi  qui  crée  et  assure  le  progrès  de  la  vie  universelle  ». 
Ainsi  voyons-nous  le  chantre  de  la  Justice  et  du  Bonheur  passer  du 
«  pessimisme  à  l'optimisme,  de  l'élégie  à  la  méditation,  de  la  tris- 
tesse peisonnelle  à  la  grande  mélancolie  philosophique  qui  s'achève 
dans  la  sérénité  »  (p.  90  et  263). 

L'ouvrage  de  M.  Zyromski  constitue  donc  une  enquête  grave  et 
sérieuse,  laquelle  en  même  temps  est  marquée  d'un  noble  respect, 
d'une  admiration  profonde  pour  le  beau  poète  que  la  France  a  perdu 
l'an  dernier.  N'oublions  pas  d'ajouter  que  la  «  grande  mélancolie 
philosophique  »  de  ce  poète  appelle  la  discussion  et  des  réserves. 
Quoi  qu'il  faille  en  penser,  elle  mérite  d'être  étudiée,  et  M.  Zyromski 
a  rendu  un  service  aux  lettres  en  écrivant  le  livre  dont  nous  parlons. 
C'est  un  juge  délicat,  qui  s'entend  aux  choses  littéraires  et  qui  les  ana- 
lyse finement.  Il  n'accepte  pas  tout  de  son  auteur  :  c'est  ainsi  que,  pour 
dire  également  un  mot  d'une  autre  question  qu'il  rencontre  au  cours 
de  son  exposé,  il  lui  reproche  (et  non  sans  de  bonnes  raisons)  d'avoir 
trop  résisté  aux  tentatives  de  récents  écrivains  qui  voulaient  sous- 
traire la  versification  française  à  ses  règles  traditionnelles. 

Georges  Doutrepont. 

166.  —  Maurice  Grammont,  Petit  traité  de  versification  française, 

Paris,  A.  Colin,  1908.  142  pp.  2  fr. 

Il  y  a  trois  ans,  nous  avons  annoncé  dans  ce  Bulletin  (i5  mars  igoS) 
un  livre  remarquable  de  M.  Maurice  Grammont,  intitulé  :  Le  vers 
français^  ses  moyens  d'' expression^  son  harmonie.  Ce  n'était  pas  un  traité  ni 
une  histoire  de  la  métrique,  mais  bien  un  ensemble  d'observations 
très  intéressantes  sur  les  ressources  de  la  versification  française,  la 
valeur  de  ses  rythmes  et  de  ses  procédés  mélodiques.  Comme  nous 


i 


202  LE    MUSÉE   BELGE. 


rindiquions  dans  notre  compte  rendu,  l'auteur  voulait  avant  tor 
montrer  pourquoi  un  vers  est  harmonieux  et  expressif,  et  le  montre: 
en  justifiant  ses  appréciations. 

Le  petit  volume  qu'il  nous  donne  maintenant,  ne  laisse  pas  d'abor- 
der, de-ci  de-là,  le  même  sujet.  Mais  c'est  un  traité,  ainsi  que  le  titre 
l'annonce,  un  manuel  où  M.  Grammont  expose  et  discute  les  lois  de  la 
versification  française.  Tout  d'abord,  il  examine  la  structure  maicrùù 
du  vers  et  fait  voir,  par  la  méthode  historique,  comment  sont  nées  les 
règles  qui  la  régissent.  Ensuite  (c'est  la  seconde  partie  de  son  li\Te 
il  étudie  Vart  dans  la  versification  française  :  autrement  dit,  il  analyse 
celle  ci  dans  les  moyens  artistiques  dont  elle  dispose  et  dans  les 
applications  qu'elle  a  reçues  chez  les  grands  poètes. 

Ge  que  nous  avons  écrit  antérieurement  sur  le  très  fin  rythmicien 
qu'est  M.  Grammont,  nous  dispense  presque  d'insister  sur  les  quali- 
tés du  nouveau  travail  qu'il  présente  au  public.  Ce  n*est  pas  un  traité 
quelconque  :  c'est  une  œuvre  personnelle,  réfléchie,  avec  des  vues 
originales  concernant  le  passé,  le  présent  et  l'avenir  de  la  versifica- 
tion française.  Georges  Doutrepont. 

167.  —  Marc  Sangnler,  Aux  sources  de  l  éloquence.  Lectures  commiu- 

tées.  Paris,  Bloud  et  C»«,  1908.  401  pp.  3  fr.  5o. 

Ce  livre  est  une  anthologie  de  l'art  oratoire,  où  les  matières  sont 
réparties  comme  suit  :  Les  Orateurs  de  la  Grèce  —  Les  Pères  de  VÉglist 
—  Bossuet  et  Bourdaloue  —  Lacordaire  et  Mgr  d'Hulst  —  Les  Orateurs  éi 
la  Révolution  —  Napoléon  et  Lamartine  —  Quelques  orateurs  contemporams, 

M.  Sangnier  n'a  pas  eu  l'intention  de  composer  «  une  œuvre  d'éru- 
dition historique  ou  de  critique  littéraire.  »  Son  dessein  «  a  été  seule- 
ment de  recueillir,  presque  au  hasard,  quelques-uns  des  plus  nobles 
et  des  plus  pathétiques  accents  de  la  parole  humaine,  non  pas  tant 
pour  instruire  que  pour  soutenir  et  réconforter  ceux  qui  liront  ce 
recueil  ».  En  même  temps,  il  a  voulu  faire, l'apologie  de  \  idéalisme eU 
à  propos  de  la  plupart  des  extraits,  il  répète,  en  les  diversifiant  quel- 
que peu,  ces  paroles  de  sa  préface  :  «  L'éloquence  ne  saurait  parvenir 
à  émouvoir  l'âme  des  foules  qu'en  éveillant  en  elles  le  désir,  jamais 
aboli,  de  se  relever  et  de  regarder  la  lumière,  qu'en  ravivant  le  foyer, 
jamais  tout  à  fait  éteint,  dont  la  flamme  veut  monter  en  haut.  » 

Les  morceaux  sont  en  général  heureusement  choisis.  Le  commen- 
taire chaleureux  qui  les  encadre  dénote  chez  son  auteur  des  connais- 
sances littéraires  étendues  et  personnelles  et  surtout  une  élévation 
d  ame  peu  commune.  Il  est  d'autant  plus  regrettable  que  M.  Sangnier 
ait  publié  «  tel  quel,  et  sans  songer  même  à  prendre  le  temps  de  lui 
donner  quelque  perfection,  ce  travail  hàtif  »,  ainsi  qu'il  l'avoue  lui- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE  263 

même.  Son  style,  naturellement  oratoire,  devient  facilement  fiévreux 
et  sa  pensée,  toujours  généreuse,  manque  parfois  de  netteté.  Ainsi, 
fréquemment,  il  nous  parle  de  ridéalisme  .^Pourquoi  ne[s'est-il  pas 
efforcé  de  définir,  autrement  que  par  des  circonlocutions  brillantes,  le 
sens  ou  les  sens  de  ce  mot  sonore  ? 

Il  est  vrai  :  l'organisateur  du  Sillon  n'est  pas  un  dilettante  et  le 
loisir  de  limer  sa  phrase  et  sa  pensée  lui  fait,  sans  doute,  parfois 
défaut.  Néanmoins,  son  livre  est  un  bon  livre  et  qui  grandira  Tàme 
de  tous  ses  lecteurs.  Adrien  Mativa,  S.  J. 

Langues  et  Littératures^germaniques. 

168.  —  P.  PaSSy,  PctHc  phonétique  comparée  des  principales  langues  indo- 

européennts,   Leipzig  et  Berlin,   B.  G.  Teubner,   1906.    i   vol.  de 

i32  pp.  in-i2,  I  m.  80. 

Les  personnes  à  qui  sont  familiers  les  livres  de  M.  Passy,  et 
notamment  sa  belle  étude  sur  les  Principes^  desl\changements  phonétiques, 
ne  trouveront  pas  de  grandes  nouveautés  dansJcetteJP^/»/^  Phonétique, 

Cet  opuscule,  dont  le  titre  nous  paraît  un  peu  ambigu,  est  «  un 
traité  élémentaire  de  phonétique,  destiné  en  première j^ligne  aux  pro- 
fesseurs de  langues  vivantes.  »  Il  est  conçu  surj  le  patron  des  Sons 
du  français,  du  même  auteur  ;  la  seule  différence  est  que  les  langues 
étudiées  sont  cette  fois,  outre  le  français,  l'anglais, ^l'allemand,  l'ita- 
lien et  l'espagnol.  Les  autres  idiomes  européens  et  les  patois  sont 
aussi  mis  à  contribution  à  l'occasion. 

Le  livre  est  donc  surtout  une  œuvre  de  vulgarisation, ?et  il  faut  en 
examiner  le  mérite  pratique,  je  dirais  presque  le]  mérite  pédago- 
gique. Or,  il  me  semble  que  le  cadre  choisi  —  celui  des  Sons  du  fran- 
çais —  s'il  présente  des  avantages  scientifiques, |n'aplanit  en  rien  les 
difficultés  inhérentes  aux  données  élém^^ntaires  dejla^phonétique.  La 
leçon  d'acoustique  qui  ouvre  le  traité  (p.  7  et  suiv.)  ;  une  partie  de  la 
leçon  de  physiologie  qui  succède  (pp.  11  et  12)  ;  la  discussion  sur  les 
traits  distinctifs  des  voyelles,  des  consonnes  pures^et  des  consonnes 
mixtes  (p.  14  et  suiv.)  ;  les  questions  sans  doute  très  intéressantes  des 
divisions  du  langage,  gagneraient  beaucoup  en  clarté  à  être  exposées 
à  part,  plus  loin,  après  que  le  lecteur  se  serait  fait  une  idée  générale 
de  la  nature  des  sons.  Je  reprends  ici  une  opinion  quejj'ai  émise  dans 
le  compte  rendu  du  livre  de  M.O.  Jespersen,  Lehrbuch  der  Phonetik{i), 
Il  faudrait,  d'après  moi,  avant  d'entrer  dans  jle  (menu,  donner  en 
deux  ou  trois  pages  l'esquisse  de  l'appareil  phonateur  et  l'idée  de  la 

(1)  Revue  de  V  Instruction  publique  en  Belgique^  tome  XLVII,  p.  297. 


À 


264  LE    MUSÉE   BELGE. 


multiplicité  des  sons  que  cet  appareil  peut  produire.  Il  en  résultera: 
dans  Tesprit  de  l'étudiant  une  impression  d'ensemble  qui  le  guideiL^ 
dans  la  suite  de  sa  lecture. 

Je  dois  encore  renvoyer  le  lecteur  au  même  compte  rendu  (p.  3oo 
à  propos  d'une  affirmation  que  M.  P.  Passy  a  exprimée  une  pre- 
mière fois  dans  ses  Principes  des  changements  phonétiques^  à  savoir  qit 
le  mot  ne  constitue  pas  une  notion  phonétique.  L'auteur  na  pas 
ajouté  de  nouveaux  arguments  à  sa  démonstration  ;  je  ne  puis  don: 
que  conserver  les  scrupules  que  m'inspire  une  théorie  trop  cat^o- 
rique. 

La  seconde  partie  du  livre,  renfermant  Tétude  détaillée  des  sois, 
rendra  de  grands  services  aux  professeurs.  Ils  y  trouveront  réunis 
et  classés  une  foule  de  renseignements  utiles  et  toujours  curieui 
sur  la  prononciation  normale  de  chaque  langue.  Les  variaxites  pias 
ou  moins  usuelles  y  sont  aussi  consignées,  avec  raison,  car  on  sa^t 
combien  il  est  difficile  de  définir  le  meilleur  type  de  prononciatioiL 

M.  Passy  a  créé  un  néologisme  —  je  crois  du  moins  que  l'expres- 
sion lui  appartient  —  pour  désigner  les  sons  qu'on  appelle  d'habi- 
tude voyelles  nasales  ou  nasalisées.  Il  les  nomme  voyelles  nasalées,  ot 
simplement  nasalées.  Je  ne  vois  pas  bien  la  raison  d'abandonner  le 
mot  nasalisé.  L'auteur  lui-même  n'emploie-t-  il  pas  plusieurs  fois  le 
verbe  nasaliser ^  et  le  substantif  nasalisation  ?  Nasalisé  aurait-il  trop  de 
longueur  ?  Dans  ce  cas,  pourquoi  ne  point  pousser  la  réforme  jus- 
qu'au bout  ?  Ne  serait-il  pas  mieux       ou  pis  —  de  dire  voyelUs  nasé^  ^ 

Mais  il  se  cache  là-dessous  une  question  de  goût,  et  nous,  Belges, 
nous  devons  être  prudents  en  la  matière.  Sinon,  je  reprocherais 
aussi  à  M.  Passy  d'avoir  écrit  plusieurs  fois  le  mot  ça  au  lieu  de  C4U. 
Que  l'on  prononce  ça  dans  le  débit  familier,  le  fait  est  certain  ;  cepen- 
dant j'avoue  employer  la  forme  cela  (sla)  quand  je  parle  en  pubhc;  je 
ne  me  résoudrai  jamais  non  plus  à  écrire  :  fa,  et  je  crois  que  la  plu 
part  des  lettrés  de  mes  compatriotes  en  usent  de  même  que  moi.  Il  me 
répugnerait  également  de  dire  —  et  d'entendre  dire  —  je/  l'ai  vu,  nous 
/Savons  dit,  avec  une  consonne  redoublée  (p.  56).  Si  M.  Pa^  a 
simplement  voulu  signaler,  à  titre  de  curiosité,  une  particularité 
populaire,  rien  de  mieux;  mais  au  moins  convient- il  de  prévenir  le 
lecteur  étranger  de  la  vulgarité  de  cette  façon  de  prononcer. 

Ant.  Grégoire. 

169.  —  G.  "WllStmann,  Allerhand  Sprachdummheiten,  Kleine  deutsche 
Grammatik  des  Zweifelhaften,  des  Falschen  und  des  Hàsslichen. 
4.  vermehrte  und  verbesserte  Auflage.  Leipzig,  F.  W.  Grunow, 
1908.  463  pp.  8^. 
L'auteur  de  cet  ouvrage  peut  se  vanter  d'avoir  joliment  réveillé  la 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  205 

lonscience  nationale  dans  le  domaine  linguistique.  Son  livre,  dont 
a  première  édition  a  paru  en  1891  et  qui  atteint  aujourd'hui  le 
'2X>^  mille,  a  été  le  point  de  départ  d'innombrables  et  de  très  fruc- 
ueuses  discussions  sur  la  grammaire  allemande  et  plus  spécialement 
;ur  l'emploi  usuel  de  la  langue.  L'ouvrage  de  Wustmann  est  un  livre 
le  combat  ;  il  s'élève  avec  beaucoup  de  verve  contre  les  banalités,  les 
légligences,  les  erreurs  et  sottises  de  tout  genre,  qui  s'introduisent 
àcilement  dans  l'usage  d'une  langue  aussi  peu  fixée  que  Test  la 
an^ue  allemande  ;  il  lutte  notamment  contre  la  corruption  linguis- 
ique  inaugurée  par  les  journaux. 

La  nouvelle  édition  pourrait  mériter  à  un  plus  haut  degré  le  qua- 
ificatif  «  augmentée  et  corrigée  ».  Les  ajoutes  et  corrections,  compa- 
rativement à  la  3®  édition,  sont  d'assez  minime  importance. 

Un  exclusivisme  quelquefois  exagéré  tient  à  la  nature  du  livre. 
Les  nombreux  abus  auxquels  donne  lieu  l'emploi  de  l'apostrophe 
[p.  8)  ne  motivent  pas  sa  proscription.  Un  nom  propre  qui  se  termine 
par  s  (Behrtfis^  Wachs)  peut  difficilement  s'en  passer  Pourquoi  ne  pour- 
rait-on pas  écrire  :  Wachs'  neuestes  SchauspieL  —  Le  s  du  pluriel  (p.  23) 
se  rencontre  déjà  dans  le  gotique.  Jungens  correspond  exactement  au 
gotique  juggans.  Ce  s  n'est  donc  pas  aussi  étranger  que  l'auteur  le 
suppose.  La  distinction  entre  le  s  roman  et  le  s  allemand  n'est  évi- 
demment pas  facile  à  faire.  —  Wustmann  veut  que  l'on  dise  wir 
Dâuisckefi  et  trouve  a  ridicule  n  la  forme  wir  Deutsche,  Elle  a  pourtant 
été  employée  par  Bismark  dans  sa  fameuse  phrase,  mille  fois  repro- 
duite sur  les  objets  les  plus  divers  (gravures,  médailles,  etc.)  :  Wir 
Deutsche  furchten  Gott,  sonst  nichts  auf  dieser   Weîty  et  ici   Bismark  se 
trouve  d'accord  avec  Lessing,  VVieland,  Herder,  voire  Schiller  et 
Goethe,  qui  varient,  il  est  vrai,  dans  ce  cas  de  déclinaison  :  wir  NeuerK 
et  wir  Neuere^,  écrit  Schiller  à  quelques  lignes  de  distance  dans  son 
traité  sur  la  poésie  naïve  et  sentimentale.  Il  n'y  a  pas  de  motif  suf- 
fisant pour  imposer  la  forme  wir  Deutsche^.  —  Il  en  est  de  même  d'un 
cas  de  déclinaison  de  l'adjectif  employé  comme  substantif.  Wustmann 
condamne,  comme  «  le  produit  contre  nature  d'un  demi-savoir  »  ^  la 
forme  ein  schones  Ganzes  (p.  34)  et  veut  que  l'on  dise  ein  schônes  GanzE. 
Il  est  absolument  faux  que  l'ancienne  langue  ne  connaissait  que  la 
forme  faible  et  l'usage  des  meilleurs  écrivains  nous  mène  dans  ce  cas 
à  la  liberté  dans  l'emploi  des  deux  formes.  —  Les  chapitres  sur  l'em- 
ploi des  verbes  abondent  en  excellentes  remarques  et  donnent  peu 
de  prise  à  la  critique.  Une  trop  forte  généralisation  se  manifeste  dans 
les  remarques  de  l'auteur  concernant  l'emploi  des  pronoms.  Pourquoi 
devrait-  on  bannir  à  tout  jamais  de  la  langue  allemande  le  pronom 
welcher^  parce  qu'il  est  plus  traînant  que  der  ?  L'abus  a  été,  il  est  vrai, 
énorme,  le  mot  bref  rend  dans  99  cas  sur  100  les  mêmes  services  que 


266  LE    MUSÉE   BELGE. 


son  raide  et  ennuyeux  synonyme  ;  mais  il  peut  y  avoir  des  raisons 
spéciales  tout  au  moins  pour  varier  l'emploi  des  deux  pronoms.  La 
même  remarque  peut  s'appliquer  à  derselbe  et  à  derjenige.  On  pourrait 
souscrire  aux  recommandations  de  Wustmann,  s'il  voulait  bien  laisser 
à  ces  mots  quelque  abri  modeste  pour  un  usage  facultatif  et  quelque- 
fois même  nécessaire. 

Tout  aussi  remarquables  que  les  pages  sur  lemploi  des  verbes  sont 
celles  sur  lemploi  des  temps  (pp.  140-172).  Il  y  a  ici  peu  à  redire  et 
l'auteur  mène  excellente  campagne  contre  une  foule  de  détestables 
abus.  Je  signale  notamment  le  faux  usage  du  conditionnel  au  lieu  du 
subjonctif  :  Wenn  ich  ein  Vôglein  sein  wUrde  und  auch  zwei  FlUglein  kahai 
wiirde.  Wustmann  pense  que  l'emploi  de  wurde  dans  le  style  indirect 
pour  rendre  la  pensée  de  quelqu'un  est  dû  à  de  mauvaises  traduc- 
tions de  romans  Scandinaves.  Je  crois  ici  bien  plus  à  Tinfluence  fran- 
çaise qui  est  beaucoup  plus  proche  et  qui  est  certainement  antérieure. 
On  a  cité  à  ce  propos  des  exemples  édifiants  tirés  de  traductions  de 
romans  français  et  notamment  de  la  traduction  allemande  de  Madam 
Bovary,  —  Wustmann  plaide  éloquemment  la  cause  du  subjonctif  qui 
est  refoulé  de  plus  en  plus  par  l'indicatif.  Mais  ici  il  lui  arrive  aussi 
de  dépasser  quelque  peu  la  mesure.  L'indicatif  me  paraît  à  sa  place, 
par  exemple,  après  les  verbes  exprimant  un  désir,  si  l'accomplisse- 
ment de  ce  désir  est  formellement  attendu  et  prévu.  Le  libre  usage 
des  temps  permet  d'ailleurs  d'exprimer  des  nuances  que  la  règle 
absolue  exclut.  —  L'auteur  signale  comme  une  faute  «  horrible  n  la 
juxtaposition  du  datif  et  de  l'accusatif  dans  la  formule  que  Ion  lit 
dans  les  comptes  rendus  du  Reichstag  :  A  m  Donner stag^  den  i3,  Februar, 
Il  ne  conteste  pas  que  les  formules  am  Donner stag  et  den  iJ,  Februar 
employées  isolément  soient  exactes  ;  comment  peut  dès  lors  naître  de 
leur  juxtaposition  une  si  grossière  faute,  qui  soulève  chez  l'auteur 
une  si  violente  indignation  ?  Qu'est-ce  qui  oblige  à  voir  dans  cette 
expression  une  apposition  exigeant  le  même  cas  ?  Chose  curieuse. 
Wustmann  admet  la  formule  von  Dienstag^  den  6,  April  bis  etc,  ;  il 
admet  l'accusatif  den  6,  April  comme  expression  adverbiale  de  temps 
stéréotypée.  On  se  demande  pourquoi  la  préposition  an  exige  une 
dépendance  grammaticale,  dont  la  préposition  von  dispense  et  on 
s'explique  encore  moins  la  colère  de  l'auteur. 

Très  intéressante  est  aussi  la  dernière  partie  du  livre  qui  traite  du 
vocabulaire  et  de  la  signification  des  mots.  Wustmann  fait  ici  la 
chasse  à  une  foule  de  mots  allemands  qui  lui  déplaisent  et  aux  mots 
étrangers  ;  la  dernière  est  plus  méritoire  que  la  première.  On  ne  peut 
lui  reprocher  un  purisme  exagéré  ;  tout  au  contraire,  quand  il  défend 
Coupé ^  Billet,  Terrain  contre  Ahieil^  Fahrkatte,  Gelànde,  il  tombe  dans  le 
défaut  opposé.  Wustmann  défend  de  dire  dos  Haar  ;  il  veut  le  pluriel 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  267 

die  Haarc,  A-til  pensé  à  ce  que  fait  la  Loreley  dans  le  lied  célèbre 
de  Heine  : 

Sic  kammt  ihr  goldnes  Haar. 

Il  proscrit  aussi  le  singulier  die  H  ose  en  faveur  du  pludel  die  Hosm. 
«  Que  veut  on  donc  avec  une  Hose  ?  On  a  deux  jambes,  donc  on  aura 
toujours  besoin  d'une  paire  de  Hosen,  »  La  question  épineuse  ne  sera 
résolue  que  le  jour  où  les  Allemands  seront  d'accord  sur  le  fait  de 
savoir  si  le  vêtement  est  un  ou  double.  Wustmann  ne  veut  pas  de 
V aid}ecii{  zielbewussi,  «  qui  a  été  mis  en  circulation  par  la  presse  socia- 
liste ».  Quelle  que  soit  Torigine,  le  mot  me  paraît  frappant  pour 
désigner  quelqu'un  qui  sait  ce  qu'il  veut  et  où  il  va  ;  on  ne  pourrait 
mieux  rendre  l'expression  d'Horace  :  ienax  proposiii.  On  s'explique 
aussi  difficilement  quelle  «  hardiesse  »  Wustmann  voit  dans  l'adjectif 
selbstlos  (désintéressé)  ;  en  tout  cas  la  désuétude  dans  laquelle  ce  mot 
serait  tombé  n'existe  que  dans  l'imagination  de  l'auteur. 

Très  judicieuses  sont  aussi  ses  remarques  sur  la  question  :  «  Qu'est- 
ce  qu'un  bon  style  ?  »  Les  recommandations  qu'il  fait  ici  témoignent 
d'un  grand  bon  sens  et  bon  goût.  Ce  sont  du  reste  là  les  qualités 
maîtresses  du  livre.  Il  compte  parmi  les  plus  nécessaires  à  tous  ceux 
qui  enseignent  la  langue  allemande  ou  s'en  servent.  La  lecture  est 
d'un  captivant  intérêt,  la  disposition  très  pratique,  de  sorte  que  Ton 
trouve  de  suite  ce  que  l'on  cherche.  Le  livre  se  présente  aussi  très 
bien  extérieurement.  H.  Bischoff. 

170.  —  K.  Holtvast,  Beknopte  Nederlandsche  spraakkunst.  Tweede 
druk.  Groningen,  P.  Noordhoff,  1908.  In-8,  iv-140  pp.  i  fl. 
Cette  nouvelle  grammaire,  parvenue  en  peu  de  temps  à  une  seconde 
édition  (la  première  date  de  1906),  est  un  livre  pratique,  écrit  à  l'usage 
des  élèves.  Je  veux  dire  par  là  que  M.  Holtvast  se  contente  de  pré- 
senter les  faits  essentiels,  sans  y  ajouter  des  considérations  théoriques. 
Il  est  vrai  que  la  façon  d'exposer  certains  phénomènes  de  la  langue 
peut  équivaloir  à  une  explication,  et  sous  ce  rapport,  Fauteur  appar- 
tient à  une  bonne  école.  Sa  grammaire  est  concise,  bien  ordonnée, 
très  claire  et  suffisamment  complète,  parce  qu'elle  ne  néglige  que  les 
détails  superflus.  Ce  qu'il  faut  surtout  relever,  c'est  qu'elle  renseigne 
amplement  sur  l'usage  du  néerlandais  parlé  et  du  néerlandais  écrit. 
Ce  sont  deux  choses  différentes  ;  car,  comme  c'est  le  cas  pour  toute 
langue  vivante,  on  ne  parle  pas  le  néerlandais  cultivé  comme  on 
l'écrit  et  vice  versa.  Le  fait  d'avoir  partout  insisté  sur  cette  divergence, 
constitue  une  innovation  en  même  temps  qu'un  mérite  de  ce  manuel. 
Si  nous  ajoutons  que  M.  Holtvast  est  très  au  courant  de  l'usage  de 
la  langue,  que  l'on  peut  donc  se  fier  à  ses  renseignements,  nous  en 
aurons  dit  assez  pour  recommander  son  livre.         C.  Lecoutere. 


( 


268  LE   MUSÉE   BELGE,. 


171.  —  A.  De  Gook  en  I.  Teirlinok,  Klnderspel  en  Kinderlust  in 

Zuid'Nederland,  met  schema's  en  teekeningen  van  H.  Teirlinck. 
Vierde  deel  :  VI.  Amhachtsspden.  VII.  Raadspeltn.  VIII.  Schcmmd' 
s/^/w.  Vijfde  deel  :  IX.  Marhclspelcn,  X.  Topspelen.  XL  Kinder spedtuig, 
Zesde  deel  :  XII.  Kind  en  natuur.  Zevende  deel  :  XIII.  Kind  en 
Kalender.  XIV.  Kind  en  School.  XV.  Kind  en  Mutiek  (Publication  de 
l'Académie  royale  flamande).  Gand,  A.  Siflfer,  1904-1907.  4  vol.  in-8 
de  36o,  284,  282  et  3o8  pp. 

Nous  avons  déjà  attiré  l'attention  de  nos  lecteurs  {Bulletin^  t.  X, 
pp.  i29-i3o)  sur  les  trois  premiers  volumes  de  cette  publication 
importante.  Il  est  inutile  d'insister  à  nouveau  sur  l'intérêt  capital 
que  présente  le  travail  entrepris  par  MM.  De  Cock  et  Teirlinck; 
il  suffira  de  signaler  les  quatre  volumes  qui  ont  paru  depuis. 
Des  dix-huit  catégories  des  jeux,  admises  par  les  auteurs  dans  leur 
classification,  en  voilà  quinze  qui  ont  été  décrites  ;  Ion  peut  donc 
prédire  que,  dans  un  avenir  assez  peu  rapproché,  l'ouvrage  sera 
entièrement  terminé. 

Pas  plus  qu'il  n'a  été  possible  de  le  faire  pour  les  trois  premiers 
volumes,  nous  ne  pouvons  analyser  ceux-ci.  Les  auteurs  appliquent 
constamment  la  même  méthode,  et  ne  négligent  rien  pour  être  com- 
plets. Mais  malgré  leurs  recherches  dans  toutes  les  parties  des  pro- 
vinces flamandes,  certaines  particularités  leur  ont  échappé  :  façons 
différentes  de  jouer  quelques  jeux,  variantes  de  chansons  enfantines, 
dénominations  d'objets,  etc.  Ainsi,  p.  ex.,  ils  ne  signalent  pas 
(t.  VI,  p.  i63)  le  nom  typique  qu'à  Louvain  les  enfants  donnent  au 
hanneton  (viervleugel)^  ni  la  variante  assez  curieuse  de  la  chanson 
indiquée  ibid,^  p  227  (ou  plutôt  de  celles  du  t.  IV  p.  181  suiv.  ;  cfr 
t.  VI ï,  p.  175).  On  pourrait  peut-être  multiplier  les  exemples;  mais  on 
aurait  tort  d'adresser  de  ce  chef  des  reproches  aux  auteurs,  vu  qu'en 
pareille  matière  il  est  pour  ainsi  dire  impossible  de  ne  rien  oublier. 
Adressons-leur  plutôt  nos  vives  félicitations  d'avoir  rassemblé ,  au 
moyen  de  longues  et  patientes  investigations,  cette  quantité  prodi- 
gieuse de  matériaux  très  utiles.  C.  Lecoutere. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

172   —  Studien  ^ur  Geschichte  und  Kultur  des  Altertums^  im  Auftrage  und  mit 

Unterstûtzung  der  Gorresgesellschaft  hrsg.  von  D«"  E.  Drerup,  D'  H.  Grimine 

und  D' J.  P.  Kirsch.  I.  Band.  Paderborn,  SchOnigh,  1907. 

Dans  son  assemblée  générale  tenue  à  Bonn  en  Septembre  1906,  sur  Tinitiative  de 

M.  Drerup,  professeur  à  l'Université  de  Munich  et  de  plusieurs  collègues,  la  Gœr- 

resgesellschaft^  société  scientifique  de  TAllemagne  catholique,  décida  la  création 

d'une  nouvelle  section  :  celle  de  philologie  classique,  comme  nous  dirions,  la  section 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  269 


^ûr  Altertumskunde,  On  sait  que  jusque-là  la  société  s'était  surtout  occupée  de  phi- 
losophie et  d'histoire  et  qu'elle  publie  deux  revues  qui  font  autorité  :  Historisches 
^ahrbuch  sous  la  direction  de  Grauert,  Philosophisches  Jahrbuch  dirigé  par  Guiber- 
Ict.  La  nouvelle  section  témoigne  de  son  activité  par  la  publication  du  recueil  dont 
nous  avons  transcrit  le  titre  ci-dessus.  Ce  titre  indique  que  le  recueil  sera  surtout 
consacré  à  l'histoire  ancienne,  mais  ne  négligera  rien  de  ce  qui  a  rapport  à  la  civili- 
sation antique  :  orientale,  grecque  et  romaine,  païenne  et  chrétienne.  M.  Drerup 
s'occupe  de  l'antiquité  classique,  M.  Grimme  de  l'Orient  et  Mgr  Kirsch  de  l'anti- 
<)uité  chrétienne.  Les  cr  Études  »  paraissent  en  fascicules  ou  en  doubles  fascicules 
de  4  à  8  feuilles.,  contenant  chacun  un  travail  complet  et  formant,  chaque  année,  un 
volume  d'environ  3o  feuilles. 

Voici  le  contenu  du  premier  volume  (1907).  Il  fera  suffisamment  connaître  la  nature 
du  nouveau  recueil. 

Heft  I  :  Hubert  Grimme,  Prof.  a.  d.  Univ.  Freiburg,  Schweiz  t  Das  israelitische 
rtingstfest  und  der  Plejadenkutt,  i32  S.  mit  3  Tafeln.  Preis  Mk.  3,ôo. 

Heft  2  :  Theodor  Anton  Abele,  Dr.  phil.  in  Strassburg,  Els.  :  Der  Sénat  unter 
Augustus.  VIII,  78  S.  Preis  Mk.  2,40. 

Heft  3/;  :  Henri  Francottb,  prof,  à  l'université  de  Liège  :  La  Polis  grecque. 
Recherches  sur  rorganisation  des  états^  des  ligues  et  des  confédérations  dans  la 
Grèce  ancienne,  VIII,  262  S.  Preis  Mk.  6,60. 

Heft  5  :  Hans  Webe»,  Dr.  phil.  in  Mûnchcn  :  Attisches  Pro:çessrecht  in  den 
attischen  Seebundsstaaten,  Ein  Beitrag  zur  Geschichte  des  gemeingriechischen 
Rechts.  66  S.  Preis  Mk.  2,  - . 

Ce  premier  volume  comprend  donc  528  pages  et  coûte  14  m.  60.  Du  second 
volume  Cigo8)  a  paru  jusqu'ici  : 

Heft  :  I  :  Englebert  Drerup,  Prof,  an  der  Univ.  Mûncheii  :  Ps.-Herodes  TTcpi 
TToXiT€(aç.  Ein  politisches  Pamphlet  aus  Athen  404  v.  Chr. 

Nous  comptons  revenir  sur  ces  travaux.  Comme  il  n'appartient  pas  au  Musée 
Belge  d'apprécier  celui  de  M.  Francotte,  nous  sommes  heureux  de  reproduire  ici  le 
compte  rendu  d'un  savant  compétent,  M.  H.  Swoboda  : 

«  Dans  ce  fascicule,  dit-il,  sont  réunis  quatre  dissertations,  deux  grandes  et  deux 
petites,  que  l'auteur  avait  précédemment  publiées  dans  les  Bulletins  de  l'Académie 
royale  de  Belgique  et  dans  le  Musée  Belge,  Ce  sont  :  L'organisation  de  la  cité 
athénienne  et  la  réforme  de  Clisthènes  (1892)  ;  Formation  des  villes,  des  états,  des 
confédérations  et  des  ligues  dans  la  Grèce  ancienne  (1901)  ;  L'organisation  des  cités 
à  Rhodes  et  en  Carie  (1906)  ;  Le  conseil  et  l'assemblée  générale  chez  les  Achéens 
(1906). 

»  Les  deux  premières  dissertations  ont  subi,  dans  cette  seconde  édition,  des  rema- 
niements et  des  changements'  profonds,  de  sorte  qu'en  beaucoup  de  points,  elles 
sont  nouvelles.  Comme  les  idées  fondamentales  sont  restées  les  mêmes  et  que  j'en 
ai  rendu  compte  dans  cette  revue  (1894,  n»  3  ;  iqo3,  n»  i3),  je  puis  me  dispenser 
d'un  compte  rendu  détaillé.  M.  Francotte  est  un  savant  distingué,  bien  connu  par 
ses  recherches  infatigables  sur  l'histoire  et  les  institutions  grecques  ;  il  s'est  conquis 
une  bonne  place  dans  cette  science  par  des  travaux  qui  commandent  l'attention  :  les 
spécialistes  en  celte  matière,  loin  de  négliger  ses  théories,  devront  les  examiner  et 
prendre  position  à  leur  égard.  Il  s'applique  surtout  à  expliquer  la  formation  de 
l'Eut  grec  et  des  confédérations  et  à  éclaircir  l'origine  des  divisions  de  la  cité.  A  ce 
point  de  vue,  la  deuxième  dissertation  est  d'une  importance  particulière  ;  l'auteur 
s'y  livre  à  des  recherches  sur  les  synécismes  et  établit  une  distinction  nette  entre  les 
ligues  (Staatenbûnde)  et  les  confédérations  (Bundesstaaten),  Je  crois  de  mon  devoir 


270  LE    MUSÉE   BELGE. 


de  la  signaler,  d*autant  que  je  diDcre  d'avis  avec  Tauteur  en  quelques  points  fonda- 
mentaux, par  exemple  quant  à  l'organisation  gentilice. 

»  I  a  troisième  dissertation  forme  en  quelque  sorte  un  Appendice  à  ce  trayail  :  elle 
s'occupe  de  quelques  questions  particulièrement  difficiles,  comme  en  présentent  les 
cités  à  Rhodes  (cités,  dèmes,  phyles,  koma}  et  en  Carie  (phyles,  dèmes  et  kolna). 
Dans  le  dernier  article,  on  soumet  à  un  examen  critique  les  opinions  récentes 
(Busolt,  Lipsius,  Beloch)  sur  le  conseil  et  l'assemblée  des  Achéens  et  on  conclut 
que  le  conseil  était  bien  distinct  de  l'assemblée  populaire  :  la  grande  masse  des 
citoyens  ne  participait -pas  aux  assemblées  générales  (synodai),  mais  seulement  aux 
synkletoi. 

»  Nous  recommandons  encore  une  fois  le  livre  de  M.  Francotte  à  Pattention  des 
savants.  »  (Neue  philologische  Rundschau^  1908,  p.  298-299.) 

Souhaitons  bon  succès  à  la  nouvelle  entreprise  de  la  vaillante  Société  Gocrrcs  ; 
pour  réussir,  il  lui  suffira  de  continuer  à  marcher  dans  la  voie  où  elle  est  entrée. 

173.  -  H.  van  Herwerden,  Quinque  dialogi  Platonici  :  Eutyphro,  Apologia 
Socratis,  Crito,  Phaedo,  Protagoras.  Leyde,  Théonville.  1906.  1  fl.  5o.  (Bibl. 
Batava  scriptorum  Graecorum  et  Latinorum.) 

Cette  édition  critique  de  cinq  dialogues  de  Platon  est  due  à  un  savant  dont  le  nom 
fait  autorité,  H.  van  Herwerden.  Le  commentaire  en  est  sobre  et  discret  ;  il  se  borne 
au  strict  nécessaire.  Pour  faire  mieux  sentir  aux  jeunes  gens  l'eurythmie  qui  distingue 
le  style  de  Platon,  le  nouvel  éditeur  a  jugé  bon  d'employer,  en  plus  grand  nombre, 
les  élisions  et  les  crases.  Il  reconnaît  cependant  que,  d'accord  avec  les  manuscrits, 
les  inscriptions  prouvent  que  les  Grecs  n'observaient  pas  en  cela  de  règle  fixe- 
Dans  son  amour  pour  Platon,  M.  van  Herwerden  court  donc  le  risque  d'écrire 
«  mieux  i>  que  son  auteur.  Dans  la  même  intention,  il  a  si(;nalé  un  peu  partout,  et 
plus  que  ses  prédécesseurs,  des  mots  intercalés,  selon  lui,  par  des  lecteurs  igno- 
rants. Mais,  comme  il  le  déclare  lui-même,  si  Ton  juge  qu'il  a  dépassé  les  bornes,  il 
n'est  rien  de  plus  facile  que  de  supprimer  les  crochets.  Souhaitons  que  M.  van 
Herwerden  publie  bientôt,  avec  le  même  soin,  une  nouvelle  série  de  dialogues. 

A.    HUMPERS. 

174.  —  H.  Thédenat,  Le  forum  romain  et  les  forums  impériaux.  Ouvrage 
illustré  de  3  grands  plans,  de  62  gravures  ou  plans  et  de  8  phototypies.  4*  éd. 
mise  au  courant  des  dernières  découvertes.  Paris,  Hachette,  1908.  1  vol  in-8cart, 
de  454  pp.  5  fr. 

Le  bel  ouvrage  de  P.  Thédenat  a  du  succès  et  l'auteur  récompense  le  public  en 
améliorant  toujours  son  œuvre.  Le  texte  a  été  augmenté,  depuis  la  première  édition, 
d'un  tiers  ;  les  monuments  nouvellement  mis  au  jour  sont  décrits,  à  leur  place,  avec 
autant  de  détail  que  ceux  qui  sont  plus  anciennement  connus.  Avec  ce  livre,  00 
visitera  avec  fruit  le  forum  ou  on  Tétudiera  chez  soi,  comme  on  voudra  ou  pourra, 
grâce  aux  nombreuses  et  belles  gravures  dont  il  est  orné. 

175.  —  Luigi  Cantarelli,  /  XXviri  ex  senatus  consulto  rei  publicae  curandae  ai 
tempo  di  Massimino,  (Extr.  Ausonia  anno  H,  1907,  fasc.  2,  10  pp.) 

L'auteur  étudie  cette  magistrature,  assez  peu  connue,  au  point  de  vue  de  l'élec- 
tion, de  la  durée,  du  nom,  des  attributions  et  des  pouvoirs  des  vigintiviri  jusqu'à 
l'époque  de  Maximin.  Ce  travail  est  un  de  ces  modèles  du  genre,  auxquels  M.  Can- 
tarelli nous  a  habitués. 

176.  —  "W.  Lermann,  Altgriechische  Plastik,  Eine  Einfahrungin  die  griechische 
Kunst  des  archaischen  und  gebundenen  Stils.  Mit  80  Textbildern  und  20  farbigeo 
Tafeln.  Munich,  C.  Beck,  1907.  xni-23i  pp.  in-4.  Relié  toile,  25  m. 

M.  Lermann  a  consacré  ce  livre  original  à  l'élude  de  l'art  plastique  grec,  jusque 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2/1 

vers  460  avant  J.  C,  considéré  au  point  de  vue  du  style  et  de  ses  transformations 
successives.  Dans  un  voyage  fait  en  Grèce,  il  a  examiné  à  ce  point  de  vue,  et  avec 
le  plus  grand  soin,  les  statues  et  les  bas-reliefs  archaïques.  Il  a  surtout  recherché  et 
relevé  les  traces  de  polychromie,  car  il  défend  avec  ardeur  l'opinion  qui  admet  la 
décoration  polychrome  dans  toutes  les  statues  grecques.  Il  a  découvert  beaucoup  de 
détails  qui  avaient  échappé  à  l'oeil  de  ses  devanciers  ;  les  vingt  planches  en  couleurs 
qui  reproduisent  les  ornements  peints  sur  les  statues  féminines  archaïques  de  l'Acro- 
pole, donnent  un  résumé  de  ses  découvertes. 

L'ouvrage  se  compose  de  dix  chapitres  :  1.  La  sculpture  archaïque  en  poros 
(contemporaine  et  non  dérivée  de  la  sculpture  sur  bois);  2.  la  représentation  de 
l'homme  nu  dans  Tart  archaïque  ;  3.  la  représentation  de  la  femme  drapée  dans  l'art 
archaïque;  4.  le  sourire  archaïque  (ce  fut  un  procédé  d'abord,  puis  une  expression); 
5.-6.  la  représentation  des  cheveux  dans  les  statues  d*hommes  et  de  femmes  ;  7.  la 
représentation  de  l'homme  à  l'époque  du  style  sévère  :  Tyrannicides,  etc.;  8.  la 
femme  drapée  à  la  même  époque  ;  9.-10.  les  bas-reliefs  archaïques  et  les  frontons 
(Egine,  Olympie). 

L'ouvrage  abonde  en  idées  et  en  choses  nouvelles.  Il  est  imprimé  sur  papier 
couché  et  les  illustrations  qui  accompagnent  le  texte  sont  très  soignées  ;  faites  pour 
cet  ouvrage,  elles  présentent  souvent  les  statues  sous  un  jour  inconnu. 

177.  —  P.  Gumont,  Recherches  sur  le  manichéisme,  I.  La  cosmogonie  mani' 
chéenne  d'après  Théodore  Bar  Khôni,  Bruxelles,  Lamartin,  1908. 

Cette  brochure  forme  le  premier  fascicule  d'une  série  de  recherches  sur  le  nrmni- 
chéisme  ;  les  suivants  paraîtront  à  intervalles  rapprochés.  On  annonce  dès  mainte- 
nant :  W,  Fragments  syriaques  d'ouvrages  manichéens^  publiés  et  commentés  par 
M.  A.  Kugener  et  F.  Cumont;  IIL  Les  formules  grecques  d'abjuration  imposées 
aux  manichéens^  par  Fr.  Cumont. 

178.  —  P.  Gnecchi,  Monete  romane.  3»  edizione  riveduta.  corretta  ed  ampUau 
con  25  tavole  e  2o3  figure  vel  testo.  Milano,  Hoepli,  1907.  418  pp.  5  fr.  5o.  (Ma- 
nuali  Hoepli.) 

Ce  manuel,  dont  M.  Dresse  signalait  la  première  édition  dans  ce  Bulletin,  en 
1897,  a  fait  son  chemin.  Il  comprenait  alors  200  pages  avec  i5  planches  et  63  ligures 
dans  le  texte.  Sous  tous  les  rapports,  il  a  été  augmenté  et  amélioré. 

179  180.  —  KarlThieme,  Scribisne  litterulas  latinas?  Kleine  moderne  Korres* 
pondenz  in  lateinischer  Sprache.  Dresden,  C.  A.  Koch,  1908.  122  pp.  1  m,  fx> 
L'auteur  veut  apprendre  à  écrire  en  latin  de  courtes  lettres  ou  encore  des  cartes 
postales  sur  les  sujets  suivants  :  Invitation,  acceptation,  refus  —  Demandes  -^  En 
voyage  —  Fêtes  —  Félicitations  —  A  l'école  —  Maladie  et  mort  —  Politique  — 
Variétés.  A  qui  s'adresse-t-il  ?  On  n'écrit  plus  le  latin,  dit-il  lui-môme.  Cependant  U 
arrive  qu*on  s'en  sert  encore  pour  de  courtes  correspondances  et  le  latin  a  ra^aniage 
de  ne  pas  être  compris  de  tout  le  monde.  L'auteur  veut  donc  aider  les  élèves  et  louft 
ceux  qui  voudraient  faire  du  latin  cet  usage  pratique.  Il  s'est  efforcé  de  rendre  son 
latin  le  plus  simple  possible  et  il  parle  surtout  de  choses  qui  intéressent  les  étudiants. 
Voici  une  Einladung  ^um  Bierschoppen  : 

Quid  rei  est,  quod  me  tam  raro  visis  ?  Mensem  iam  me  non  invisisti  (mensis  iam 
est,  ex  quo  me  invisisti).  Meum  conspectum  fugitare  videris.  Nonnihil  est  profecio, 
quod  Tibî  succenseam.  Mihi  irascerisne  ? 

Incrastinum  igitur  Te  ad  cerevisiam  in  Urso,  qui  vocalur,  bibendam  voco»  ubi 
Te  exspecto  puncto  trigesimo  ab  hora  9.  antemeridiana.  Vale 

Amicissimus  Tuus  Henricus^ 


I 


272  LE   MUSÉE    BELGE. 


Chez  le  même  éditeur  a  paru  le  petit  livre  du  D'  G.  Capellanus,  Sprecheii  Die 
lateinisch  "i  Moderne  Gesprdche  in  lateinischer  Sprache  (2  mj,  qui  est  déjà  parvenu 
à  la  4«  édition  en  quelques  années.  C'est  une  preuve  qu'il  existe  encore  de  nom- 
breux amateurs  de  la  langue  latine. 

181-183.  —  C'est  M.  "W.  Kroll  qui  a  préparé  la  cinquième  édition  de  Cû:^ro5 
BrutuSt  erklaert  von  Otto  Jahn.  Berlin,  Weidmann,  1908.  3  m.  Il  a  soumis  cet 
excellent  livre  à  une  revision  minutieuse,  écartant  ce  qui  paraissait  défectueux,  sur- 
tout les  erreurs  critiques  d'Eberhard,  et  msistant  sur  lezplication  grammaticale. 

Chez  Weidmann  a  paru  aussi  une  nouvelle  édition  du  deuxième  volume  de  Lucien. 
Ausgewaehlte  Schriften  des  Lukian  erklaert  von  Julius  Sommerbrodt.  2*«  Bând- 
chen  :  Nigrinus,  der  Hahn^  Icaromenippus.  3»«  Aufl.  neu  bearbeitet  von  R.  Helm 
(1908.  1  m.  80.).  M.  Helm  a  refondu  complètement  l'œuvre  de  Sommerbrodt,  si 
bien  qu'il  ne  reste  pour  ainsi  dire  pas  une  phrase  de  l'édition  précédente.  C'est  que, 
suivant  lopinion  (^tprimée  par  Wilamowitz  [Kultur  der  Gegenwart,  I,  8,  p.  17a 
et  s.),  il  ne  regarde  plus  Lucien  comme  un  champion  de  la  liberté  intellectuelle, 
amoureux  d'indépendance,  mais  comme  un  sophiste,  tel  qu'il  le  fut  dès  le  début  de 
sa  carrière,  qui  chercha  le  succès  pour  en  tirer  profit.  C'est  ce  caractère  de  l'écrivain 
qu'il  a  voulu  mettre  en  lumière,  par  le  rapprochement  des  passages  parallèles. 
M.  Helm  a  aussi  donné  plus  de  soin  au  commentaire  historique  et  grammatical. 

Signalons  enfin  la  troisième  é.lition  de  Q.  Horatius  Fiaccus  Brie/e,  erklaert  von 
Ad  Kiessung.  3^  Auflage  von  Richard  Henze.  Weidmann,  1908.  3  m.  60.  Il  y  a 
de  nombreux  changements  et  quant  à  la  constitution  du  texte  et  quant  aux  explica- 
tions de  détail. 

184.  —  Album  belge  de  paléographie.  —  L'album  de  paléographicde  J.  Vanden 
Gheyn,  S.  J.,  que  nous  avons  annoncé  ci-dessus,  p.  84,  vient  de  paraître.  Les 
planches  sont  d'une  exécution  parfaite  ;  elles  donnent  des  spécimens  bien  choisis  de 
récriture  latine  jusqu'au  xvi«  siècle,  avec  transcription  complète  et  toutes  les  expli- 
cations désirables.  Ces  spécimens  sont  tirés  de  manuscrits  belges.  L'album  du 
P.  Van  den  Gheyn  deviendra  certainement  classique  dans  nos  cours  de  paléographie 
latine  et  médiévale  :  il  n'en  existe  pas  d'aussi  bien  fait. 

i85  -  M.  Albert  Sauveur,  docteur  en  philosophie  et  lettres  de  l'Université  de 
Liège,  vient  de  publier  sa  thèse  doctorale  :  Étude  historique  sur  la  legio  VI  Victrix 
(Louvain,  Ch.  Peeters,  190S.  92  pp.  2  fr.  5o}.  L'histoire  de  la  légion  est  suivie  des 
i5o  inscriptions  qui  la  concernent. 


186.  —  L'abbé  Paul  Halflants,  Louis  Veuillot,  Bruxelles,  Dewit,  1908.  32  pp. 
La  brochure  que  voici  est  précédée  d'un  avertibsemenl  de  l'auteur  où  il  dit  : 
c  Ces  pages  sont  extraites  de  la  seconde  partie  (en  préparation)  de  notre  Littérature 

française  au  XI X^  siècle.  Elles  sont  publiées  à  part,  à  la  demande  de  plusieurs 
professeurs  de  l'enseignement  moyen  qui  désirent  faire  connaître  sommairement  à 
leurs  élèves  la  vie  et  les  œuvres  de  Louis  Veuillot  ».  Ce  sont  là  de  belles  pages  que 
nous  recommandons  aux  lecteurs  du  Musée  Belge, 

187.  —  A  plusieurs  reprises,  nous  avons  signalé  l'importante  collection  des  Mûn- 
chener  Bdtràge  fwr  romanischen  und  englischen  Philologie^  dirigée  par  MM.  Brey- 
mann  et  J.  Schick  (Leipzig,  A.  Deichert).  Nous  la  signalons  encore  pour  les  deux 
volumes  dont  elle  vient  de  s'enrichir  :  Jean  de  La  Taille  und  sein  Saûl  le  Furieux^ 
par  A.  "Werner  (xl  Heft)  et  Die  Magie  im  fran^ôsischen  Theater  des  XVI  und 
XVII  Jahrhunderts,  par  B.  Friedrich  (xli  Heft).  L'un  et  l'autre  sont  datés  de  1908. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  273 

188.  —Karl  Mantzias,  Molière.  Les  Théâtres ^  le  Public  et  les  Comédiens  de 
son  temps.  40  gravures,  Paris,  Colin,  1908.  5  fr. 

Le  principal  objet  de  ce  livre  est  d'exposer  la  situation  du  théâtre  finançais  au 
xvii«  siècle.  Ce  qu'il  met  surtout  en  lumière,  c'est  tout  ce  qui  sert  de  cadre  au  spec- 
tacle et  qui  exerça  toujours  tant  d'influence  sur  la  forme  même  du  drame  :  organi- 
sation du  théâtre,  des  troupes  d'acteurs,  procédés  scéniques^  art  du  metteur  en 
scène,  mœurs  et  habitudes  du  public,  etc.  En  un  mot,  c'est  moins  de  littérature 
dramatique  que  d'art  théâtral  qu'il  s'agit  ici. 

Pour  mener  à  bien  cette  étude,  M.  Mantzius  était  singulièrement  qualifié.  A  la 
fois  acteur  et  lettré,  docteur  de  l'Université  de  Copenhague,  ancien  auditeur  de 
Gaston  Paris  et  élève  de  Got  et  de  D^launay  au  Conservatoire,  il  connaît  admirable- 
ment la  langue  et  la  littérature  française  et  il  a  interprété,  de  la  façon  la  plus  person- 
nelle, les  principaux  rôles  du  grand  poète  comique. 

Le  plaisir  avec  lequel  il  a  traité  son  sujet  fait  que  son  livre,  où  l'information  est 
exacte  et  les  jugements  très  pénétrants,  a  en  outre  une  vivacité  d'allure  et  d'accent 
qui  en  rend  la  lecture  extrêmement  attachante. 

Quarante  gravures,  reproduisant  toutes  des  documents  du  temps,  ajoutent  encore 
à  l'agrément  et  à  l'intérêt  de  l'ouvrage. 

189.  —  P.  Vial,  Marivaux.  Avec  une  introduction.  Paris,  Colin,  1908.  3  fr.  5o. 
(Pages  choisies  des  grands  écrivains.) 

On  retrouvera,  dans  ces  «  Pages  choisies  »,  les  plus  jolies  scènes  des  plus  célèbres 
comédies  de  Marivaux  :  Le  Jeu  de  r Amour  et  du  Hasard,  L'Épreuve,  Les  Fausses 
Confidences,  Le  Legs,  etc.  On  en  trouvera  d'autres,  moms  connues  et  cependant 
non  moins  dignes  de  l'être,  tirées  des  comédies  qui  ne  sont  pas  restées  au 
répertoire  :  Le  Petit- Maître  corrigé,  Les  Serments  indiscrets,  La  Surprise  de 
r  Amour,  etc. 

Mais  c'est  surtout  Marivaux  romancier  et  journaliste  que  ce  volume  propose  de 
faire  connaître.  Pour  beaucoup  de  lecteurs,  les  pages  que  M.  Vial  a  Urées  de  La  Vie 
de  Marianne  et  du  Paysan  parvenu,  des  Feuilles  périodiques  et  des  Pièces  déta» 
chées  seront  une  révélation.  Ils  y  découvriront  un  Marivaux  tout  moderne,  peintre 
attentif  des  humbles  conditions  sociales,  authentique  inventeur  du  roman  réaliste, 
et  aussi  un  Marivaux  philosophe,  d'esprit  curieux  et  agile. 

M.  Vial  a  écrit  pour  ces  «  Pages  choisies  n  une  Introduction,  où  la  physionomie 
complexe  de  Marivaux  est  dessinée  avec  justesse  et  pénétration  et  l'œuvre  de  l'écri- 
vain présentée  sous  ses  principaux  aspects. 

190.  —  Le  Comte  d'Haussonville,  A   VAcadémie  Française  et  autour  de 

V Académie.  Paris,  Hachette,  1908.  3  fr.  5o. 

M.  le  Comte  d'Haussonville  a  réuni  sous  ce  titre  quelques  discours  prononcés  par 
lui  à  l'Académie  française  et  différents  articles  dont  les  principaux  ont  pour  sujet  les 
ouvrages  de  plusieurs  de  scs  confrères. 

Tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  lettres  françaises,  qui  aiment  à  retrouver  dans 
l'histoire  littéraire  de  la  France  le  reflet  de  sa  vie  même,  goûteront  un  plaisir  délicat 
à  revivre  ici  quelques-unes  des  journées  de  l'illustre  Assemblée,  à  suivre  dans 
l'étude  et  l'analyse  de  leurs  œuvres  la  pensée  de  quelques-uns  de  ses  membres.  Et 
^omme  au  surplus  la  langue  de  l'auteur  est  des  plus  claires,  des  plus  séduisantes  et 
et  des  plus  «  françaises  »  qui  soient,  ils  lui  sauront  gré  d'avoir  groupé  et  sauvé  de 
l'oubli  jes  diverses  études. 

J91.  —  H.  Gaillard  de  Ghampris,  Sur  [quelques  Idéalistes.  Essais  de  critique 
et  de  morale.  Paris,  Bloud,  1908.  3  fr.  5o. 
Les  études  qui  composent  ce  recueil  ont  paru  dans  le  Correspondant,  la  Quin' 


274  L^   MUSÉB   BELGE. 


:çame,  la  Revue  pratique  d'apologétique^  la  Femme  contemporaine.  Leur  provenance 
seule  indique  dé|à  qu'elles  ne  traitent  pas  de  littérature  pure.  Sans  négliger  les 
questions  esthétiques  l'auteur  s'arrête  surtout  aux  problèmes  de  philosophie  morde 
et  religieuse,  soulevés  par  un  J.-J.  Rousseau,  un  Vigny,  un  Brunetière,  un 
J.  Lemaître,  un  SuUy-Prudhomme.  Autant  que  leurs  théories  littéraires  ou  leur  art, 
ce  qu*il  étudie  chef  ces  écrivains,  c'est  la  doctrine  de  vie  qu'ils  ont  adoptée  pour 
eux-mêmes  et  peuvent  proposer  aux  autres.  El  il  ne  les  juge  pas  en  pur  intellectuel  ; 
il  les  aime,  les  admire  ou  les  plaint,  selon  qu'ils  ont  résolu  le  problème  de  la 
destinée. 

En  cela,  il  ne  croit  pas  manquer  aux  lois  de  la  critique,  celle-ci  devant  étudier 
non  seulement  les  formes  et  les  genres^  mais  montrer  le  rapport  des  œuvres  avec 
la  vie. 

»  192-193.  —  Glossaires    topDnymiques.   En    1886,   au    Congrès    archéologique 

d'Anvers,  M.  Godefroid  Kurth  fit  ressortir  l'importance  des  travaux  toponymiques  et 
voter  un  vœu  en  faveur  de  la  composition  de  glossaires.  L'année  suivante,  il  donna 
l'exemple  en  offrant  au  Congrès  de  Namur  son  Glossaire  toponymique  de  Satni- 
Léger,  Plus  tard,  il  publia  sa  Frontière  linguistique^  vade-mecum  indispensable  du 
toponymiste  belge.  Depuis  lors,  sept  glossaires  toponymiques  de  communes  belges 
ont  vu  le  )our.  On  les  trouvera  cités  dans  l'ouvrage  de  M.  Ulrix  dont  nous  allons 
parler  (p.  9).  Nous  voulons  seulement  attirer  Tattention  sur  les  deux  plus  récents; 
l'un  est  consacré  à  une  ville  flamande,  l'autre  à  un  village  wallon  : 

Glossaire  toponymique  de  la  commune  de  Jupille  par  Edmond  Jacquemotte 
et  Jean  Lcdeune,  édité  par  Jean  Haust.  Liège,  Vaillant-Carmaux,  1907.  140  pp. 
Ce  glossaire  a  été  couronné  par  la  Société  de  littérature  wallonne  et  imprimé  dans  le 
t.  49  du  Bulletin  de  la  même  Société.  Le  t.  46  du  même  Bulletin  avait  déjà  donné 
le  glossaire  de  Francorchamps  par  notre  collaborateur  Albert  Counson  (1906). 

Glossaire  toponymique  de  la  ville  de  Tongres  et  de  sa  franchise  par  'Eng.  Ulrix 
et  Jean  Paquay.  Tongres,  Collée,  1908.  122  pages.  Ce  glossaire  a  été  publié  par 
le  Bulletin  de  la  Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg,  t.  25  et  26. 

Cela  fait,  en  tout,  huit  glossaires  publiés  jusqu'ici.  Le  domaine  à  défricher  est 
vaste  ;  il  est  fertile  en  découvertes  et  nous  sounaitons  qu'il  attire  beaucoup  de  nos 
jeunes  travailleurs,  historiens  et  philologues,  car  il  exige  cette  double  qualité. 

,Q|,  —  Signalons  parmi  les  récentes  publications  sur  la  littérature  anglaise  : 
P.  Bers^er,  William  Blake.  Mysticisme  et  poésie.  Diss.  de  l'univ.de  Paris,  1908, 
P.  Berger,  Quelques  aspects  de  la  foi  moderne  dans  les  Poèmes  de  Robert 
Browning.  Thèse  de  la  môme  université,  1908. 
J.  Donady,  Vie  de  William  Hazlitt.  Paris,  Hachette,  1908. 
J.  Donady,  Liste  chronologique  des  œuvres  de  Willium  Hazlitt.  Ibid.,  1908. 

195.  —  Fr.  von  der  Leyen,  Einfûhrung  in  das  Gotische  (==  Handbuch  des  deut- 
schen  Unterrichts  an  hôheren  Schulen^  hrsg.  von  Dr.  A,  Matthias^  t.  II,  i^  partie, 
ire  division},  Munich,  O.  Beck,  1908.  Gr.  in-8,  x-i82  pp.  M.  3, 20. 

On  pourrait  demander  si,  en  présence  des  manuels  de  Braune  et  de  Streitberg, 
cette  -  introduction  »  à  la  langue  gotique  était  bien  nécessaire?  M.  von  der  Leyen 
nous  explique  que  son  livre  fait  partie  d'une  espèce  d'encyclopédie  de  l'enseigne- 
ment de  l'allemand,  qu'il  s'adresse  particulièrement  aux  débutants  et  doit  leur  servir 
d'introduction  générale  à  l'étude  des  langues  germaniqjes.  L'ouvrage  a  donc  sa 
raison  d'être.  Le  but  spécial  qu'il  avait  en  vue  a  amené  l'auteur  à  adopter  un  plan 
qui  s'ccarte  passablement  de  celai  qu'on  suit  dans  les  manuels  mentionnés  plus 
hdui.  Des  le  second  chapitre,  celui  du  verbe  (le  premi;;r  est  consacré  à  des  généra- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  2/5 


lités  et  à  quelques  indications  préliminaires  sur  le  gotique),  M.  von  der  Leyen  fait 
étudier  un  texte  gotique,  servant  d'application  à  ce  qui  vient  d'être  expliqué  ;  cette 
méthode  est  continuée  dans  les  chapitres  suivants.  Au  lieu  de  commencer  par  la 
phonétique  (Lautlehre),  notre  auteur  la  rejette  à  la  tin  et  la  traite  fort  sommaire- 
ment, parce  qu'il  a  saisi  l'occasion  d'expliquer  les  faits  qui  s*y  rapportent  à  mesure 
qu'il  les  rencontrait  dans  la  morphologie. 

On  s'accordera  à  dire  que  M.  von  dcr  Leyen  a  atteint  le  but  qu'il  poursuivait.  Il  a 
trouvé  le  secret  de  présenter  l'étude  du  gotique  comme  quelque  chose  d'intéres- 
sant et  de  facile;  son  livre  tout  entier  est  comme  un  plaidoyer  éloquent  en  faveur  du 
gotique.  Sa  sympathie  pour  cette  langue  l'a  entraîné  parfois  trop  loin  et  l'a  poussé 
à  soutenir  des  choses  inadmissibles,  comme  par  exemple  ses  tirades  sur  la  beauté,  la 
clarté,  etc.  du  gotique.  A  part  ces  exagérations  peu  scientifiques,  la  critique  relèvera 
peut-être  des  inexactitudes  de  détail,  trouvera  encore  à  redire  à  quelques  explications 
et  définitions.  Mais  ces  légères  imperfections  ni  ces  vues  quelque  peu  romantiques 
n'empêchent  pas  cet  ouvrage  d'être  un  guide  qu'on  peut  recommander,  non  seule- 
ment aux  débutants,  mais  encore  à  tous  ceux  qui  désirent  rafraîchir  leurs  connais- 
sances et  se  remettre  au  courant.  Il  n'est  pas  superflu  de  faire  observer  que 
M.  von  der  Leyen  ne  se  contente  pas  d'un  simple  énoncé  des  faits  grammaticaux; 
conformément  au  but  de  son  livre,  il  en  indique  constamment  les  rapports  avec  ceux 
des  autres  langues  germaniques  et  même  avec  ceux  de  tout  le  groupe  indo- 
européen.  C.  Lecoutere. 

196.  —  J.  A.  Worp,  Geschiedenis  van  het  drama  en  van  het  tooneel  in  Nederland, 

Tweede  deel.  Groningen,  J.  B.  Woliers,  1908.  In-8,  vii-576  pp.  6  fl.  5o. 

Le  premier  volume  de  ce  bel  ouvrage  a  été  annoncé  au  Bulletin  (t.  IX,  p.  36).  Le 
second  volume  contient  d'abord  la  suiie  de  Thistuire  de  la  littérature  dramatique  et 
du  théâtre  au  xvii»  siècle  (pp.  3i32),  puis  celle  du  xyiii»  (pp.  1 33-338)  et  du  xix« 
(pp.  339-479).  Bien  que  M.  Worp  suive,  dans  chacune  des  divisions  de  son  livre,  une 
marche  identique,  cependant,  à  mesure  qu'il  s'approche  de  notre  temps,  son 
«  histoire  »»  devient  de  plus  en  plus  un  simple  inventaire.  Il  n'est  pas  difficile  d'en 
donner  l'explication.  La  masse  des  productions  dramatiques  devient  de  plus  en  plus 
considérable,  et  si  l'auteur  avait  voulu  donner  aux  derniers  siècles  les  mêmes  déve- 
loppements qu'aux  précédents,  il  aurait  dû  ajouter  encore  un  volume  à  son  ouvrage. 
On  peut  trouver  regrettable  qu'il  ne  lait  pas  fait.  Il  en  résulte  un  manque  de  pro- 
portion; le  xix«  siècle,  par  exemple,  n'obtient  qu'environ  140  pages  contre  au-delà  de 
35o  consacrées  au  xvii«.  Puis  quel  profit  le  lecteur  peut-il  retirer  d'une  sèche  nomen- 
clature de  titres?  Un  nombre  considérable  de  pièces,  mentionnées  par  M.  Worp 
dans  ce  second  volume,  sont  difficiles  à  trouver;  pourquoi  ne  les  a-t-il  pas  analy- 
sées, comme  il  l'avait  fait  pour  les  productions  dramatiques  du  xvi»  et  xvii*  siècle, 
qui  très  souvent  ne  sont  supérieures  à  aucun  point  de  vue? 

La  méthode  suivie  par  l'auteur  prête  le  flanc  à  une  autre  critique  :  le  manque  de 
perspective.  Tout  se  trouve  un  peu  aligné  au  même  plan.  Cette  remarque  peut  être 
appliquée  à  tout  l'ouvrage,  mais  particulièrement,  ce  me  semble,  au  second  volume. 

Quoi  qu'il  en  soit,  n'oublions  pas  que  M.  Worp  est  le  premier  qui  ait  entrepris 
UDe  histoire  d'ensemble  du  théâtre  néerlandais,  et  soyons-lui  reconnaissants  d'avoir 
entamé  ce  sujet  difficile.  Son  ouvrage  est  une  mine  précieuse  de  renseignements  et 
indispensable,  même  à  quiconque  s'occupe  de  la  littérature  néerlandaise  en  général. 
Ce  qu'il  importe  de  faire  remarquer,  c'est  que  l'auteur  n'a  pas  séparé  l'histoire  de  la 
littérature  dramatique  de  l'histoire  du  théâtre  lui-même  et  de  tout  ce  qui  s'y  rap- 
porte. Relativement  à  cette  dernière,  il  nous  donne  des  chapitres  extrêmement  inté- 
ressants et  tout  à  fait  nouveaux;  à  moins  que  je  me  trompe,  c'est  celle  partie  surtout 
qui  mérite  les  plus  vifs  éloges.  G.  Lecoutere. 


276  LE    MUSÉE    BELGE. 


197. —  La  i""»  livraison  du  volume  XVI  des  Jahresbenchte  fùrneuere  deutsche 
Literaturgeschichte  (B.  Behr,  Berlin.  278  pp.  grand  in-S®.  9  m.)  est  uniquement 
bibliographique  et  mentionne  la  somme  totale  de  4972  travaux  consacrés  à  l'histoire 
de  la  littérature  allemande  moderne  pendant  Tannée  1905.  Cest  l'année  du  cente- 
naire de  Schiller  et  cette  circonstance  explique  que  le  grand  poète  entre  a  lui  seul 
pour  un  cinquième  dans  la  bibliographie  totale.  Le  centenaire  a  fait  éclore  975  tra- 
vaux. La  bibliographie  mentionne  l'article  du  Musée  belge  :  «  Le  centenaire  de 
Schiller  et  Schiller  en  Belgique  ».  La  Goetheforschung  n*a  pas  trop  soufTert  de  cet 
engouement,  puisqu'elle  atteint  la  somme  respectable  de  3a3  travaux  ;  par  contre, 
Herder  et  Lessing  restent  cette  fois  beaucoup  en  dessous  de  la  moyenne,  l'un  avec 
29,  l'autre  avec  25  études. 

La  disposition  générale  des  matières,  mainte  fois  signalée  ici,  n'a  pas  subi  de 
changements.  D'une  grande  utilité,  non  seulement  scientifique  mats  aussi  pratique, 
pour  les  professeurs  sont  les  chapitres  sur  l'histoire  de  la  langue  allemande  et  sur 
la  littérature  scolaire  ;  ce  dernier  signale  les  livres  de  tout  genre  à  Tusage  spécial  de 
l'enseignement.  La  seconde  livraison  du  tome  XVI  contiendra  le  compte  rendu  de 
tous  les  travaux  cités  dans  la  première  ;  la  troisième  donnera  le  registre. 

igg.  —  Vient  de  paraître  le  numéro  5000  de  la  célèbre  ReclanCs  Universalbi- 
bliothek.  La  bibliothèque  a  débuté  en  1867  par  le  Faust  de  Goethe. 

ig9, —  La  Wissenschaftliche  Beilage  {ur  allgemeinen  Zeitung  (Munich),  l'un  des 
principaux  organes  scientifiques  de  l'Allemagne,  a  cessé  de  paraître  avec  le  ioumal 
politique,  dont  il  constituait  le  supplément.  Un  supplément  scientifique  et  littéraire 
du  même  genre,  quotidien,  sera  publié  à  partir  du  i«'  juillet  par  les  Mûnchener 
neueste  Nachrichten,  Il  continuera  les  traditions  de  la  publication  précitée  et  est 
placé  sous  la  direction  de  l'ancien  directeur  de  celle-ci.  M,  O.  Bulle. 

200.  —  La  production  livresque  de  l'Allemagne  se  chiffre  de  1901  à  1907  de  la 
façon  suivante  : 

1901  2533 1  (+    539    comparé  à  l'année  précédente) 

1902  26906  (+  ï575) 

1903  27606  (+    700) 

1904  28378  (+    772) 
iQo5  28886  (+    5o8) 

1906  28703  (—     i83) 

1907  30073  (+  ^370) 

201.  —  Une  nouvelle  édition  du  célèbre  livre  de  6.  Wastmann  :  Allerkand 
Sprachdummheiten  (Leipzig,  Grûnow)  vient  de  paraître.  Le  livre  s'élève  énergique- 
ment  et  spirituellement  contre  les  travers  du  style  allemand  moderne,  particulière- 
ment celui  des  journaux  et  soulève  une  foule  de  points  de  grammaire  obscurs  et 
contestés  ;  il  a  fait  éclore  une  vaste  littérature  sur  la  langue  allemande  et  beaucoup 
contribué  à  fixer  l'usage  de  Tallemand  moderne.  Le  succès  fut  immense.  La 
nouvelle  édition  comprend  le  10 1«  au  i20«  milL. 

202.  —  La  dernière  statistique  pour  1Q07  des  représentations  théâtrales  en 
Allemagne  nous  apprend  que  Schiller  continue  à  tenir  la  tête  avec  le  chiffre  de 
ii3o  représentations;  viennent  en:uite  Sudermann  1169,  Shakespeare  it3o,  Ibsen, 
932,  Goethe  588,  Hauptmann  5 12,  Lessing  335.  C'est  une  statistique  encourageante, 
parce  qu'elle  démontre  que  le  drame  classique  continue  de  vivre  d'une  vie  intense. 
Le  dramaturge  français  préféré  des  Allemands  est  Sardou  ;  il  figure  avec  239  repré- 
sentations. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  277 

io3.  —  Les  éditions  classiques  de  Hempel,  qui  restèrent  pendant  un  demi -siècle 
ts  meilleures  des  poètes  classiques  allemands,  vont  paraître  à  nouveau  sous  le  titre 
jdc  :  Coldene  Klassiker  Bibliothek,  chez  R.  Bong,  à  Berlin. 

204.  —  La  grande  édition  critique  des  œuvres  de  Lessing  publiée  par  Fr.  Mancker 
chez  réditeur  GOschen  à  Leipzig  a  re^u  un  complément  précieux  par  la  publi- 
cation de  la  correspondance  de  Lessing,  qui  comprend  5  volumes.  Surtout  le 
icrnier  volume,  qui  nous  montre  les  multiples  déboires  et  le  triste  isolement  des 
ierniëres  années  du  poète  est  d*un  intérêt  poignant.  L'édition  qui  comprend  une 
bule  de  documents  inédits  constitue  un  modèle  d*exactitude  philologique, 

io3.  —  La  critique  allemande  accueille  très  favorablement  la  nouvelle  histoire  de 
la  littérature  allemande  par  A.  Biese,  dont  le  premier  volume,  allant  des  origines 
jusqu*à  Herder,  a  paru  chez  Beck  à  Munich  (640  pp.  5  m.  5o).  C'est  un  livre  très 
bien  écrit,  d'une  lecture  captivante,  mais  d'un  caractère  populaire. 

206.  —  M.  P.  Satchell,  Tolstoï^  sa  vie  et  ses  idées,  Bruxelles,  chez  Tauteur.  0,75. 
Cette  brochure  de  $9  pages  est  une  œuvrette  de  simple  vulgarisation  ;  elle  ne 
peut  prétendre  au  titre  d'ouvrage  critique  ni  par  conséquent  avoir  une  bien  haute 
portée.  Elle  fera  vaguement,  très  vaguement  même,  connaître  le  grand  penseur 
russe,  parce  que  tout,  philosophie,  morale,  sociologie,  pédagogie,  y  est  réduit  à  de 
minimes  proportions.  C'est  le  système  de  simplification  poussé  à  Textrême.  Or 
n'est-il  pas  dangereux  de  simplifier  à  ce  point  des  doctrines  aussi  complexes,  en 
réalité,  que  celles  de  Tolstoï?  Et  même  la  renommée  de  celui-ci  ne  court-elle  pas 
risque  d  y  perdre  ? 

La  théorie  essentielle  de  Tolstoï  est  le  principe  de  non  résistance  au  mal  ;  il  est  la 
base  de  sa  morale  et  pénètre  toutes  ses  œuvres.  Et  —  ironie  des  choses  humaines 
—  toute  sa  vie,  comme  le  remarque  l'écrivain  anglais  Stead,  se  passe  en  offrant  au 
mal  une  résistance  acharnée  et  intraitable,  la  violence  exceptée. 

Et  quelle  pédagogie  bizarre,  de  ne  jamais  continuer  une  leçon  contre  la  volonté 
de  la  classe  !  Ainsi  l'enseigne  Tolstoï. 

Malgré  tout,  on  doit  admirer  cet  homme  qui  offre  à  l'humanité  un  spectacle  peu 
banal.  Il  pouvait  briller  dans  le  monde,  il  avait  pour  lui  la  richesse,  les  titres,  le 
talent,  et  il  renonça  à  tout  pour  vivre  humblement  avec  les  moujiks. 

Relevons,  pour  finir,  un  point  de  rédaction  défectueuse,  p.  29-30.  Le  second 
passage  de  lettre  cité  qui  appartient  à  P.  L.  Courier,  semble  attribué  par  l'auteur  à 
l'anglais  Sir  John  BickerstaiT.  J.  Fleuriaux. 


207.  —  B°"  Emile  de  Borchgrave,   Croquis  d'Orient,  Patras  et  l'Achaie. 

Ouvrage  illustré  de  24  planches  hors  texte.  Bruxelles,  G.  Van  Oest.  1908.  7  fr.  5o. 

L'explorateur  et  historien  des  colonies  belges  qui  s'établirent,  aux  xn«  et  xui«  siècles, 
en  Allemagne,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Angleterre,  etc.,  a  pensé,  au  cours 
de  ses  pérégrinations  en  Orient,  qu'il  pouvait  y  avoir  quelque  intérêt  à  rappeler  que 
nos  compatriotes  prirent  une  part  marquante,  vers  la  même  époque,  à  des  établis- 
ments  militaires  en  Grèce. 

Son  nouveau  livre  est  particulièrement  consacré  à  une  revue  des  événements  qui 
curent  pour  théâtre  le  vieux  Péloponèse,  l'Achaie  du  moyen  âge,  qui  fut  presque 
constamment  comme  un  trait  d'union  entre  l'Orient  et  l'Occident.  Mais  nous  y  lisons 
tout  d'abord  les  exploits,  en  Asie  Mineure,  d'un  condotière  flamand  du  xî«  siècle, 
Oursel  de  Bailleul,  dont  la  famille  comptait  parmi  les  féaux  de  nos  comtes  de 
Flandre.  Plus  loin,  l'auteur  place  dans  un  cadre  nouveau  les  empereurs  flamands 


278  LE    MUSÉE    BELGE. 


de  Constaminople.  Ailleurs,  il  fait  revivre  les  figures  intéressantes  de  Florent  i 
Hainaut,  prince  d'Achale,  et  de  sa  fille  Mathilde,  duchesse  d'Athènes^  prioce» 
d'Achaie,  reine  titulaire  de  Salonique,  dont  nos  historiens  n*ont  pas  encore  racoifô 
l'apitoyante  destinée.  Puis  défilent  devant  nous  les  Flamands  Elngelbert  de  Utdt- 
kerke,  grand  connétable  d'Achaie,  Othon  et  Jehan  de  Tournay,  Mathieu  de  Mc&s. 
guerriers  et  négociateurs,  bers  de  terre  de  la  principauté. 

Enfin,  nous  introduisant  dans  la  Grèce  contemporaine,  dont  TAchaie  actuelle  tsi 
un  des  nomes  importants,  Tauteur  rappelle  que  notre  premier  roi,  Léopold  I",  f-^ 
pendant  deux  mois  roi  des  Hellènes. 

Ce  qui  donne  un  attrait  spécial  à  la  publication,  ce  sont  les  planches  :  24  vues  àt 
villes,  châteaux,  églises,  forteresses,  passent  sous  nos  yeux,  ajoutant  à  l'intérêt  iu 
sujet. 

208.  —  A.  Luchaire,  Innocent  III,  Les  Royautés  vassales  du  Saint  Siège  Para, 
Hachette,  1908.  3  fr.  5o. 

Ce  cinquième  volume  clôt  la  série  des  études  consacrées  par  Tauteur  »  l'œurrc 
politique  d'Innocent  III.  Il  montre  par  le  détail  comment,  sur  les  bords  du  Tagect 
de  rÈbre,  comme  sur  ceux  du  Danube  et  de  la  Tamise,  s'est  établi  a  l'impérialisiiM 
pontifical  »,  accomplissement  du  programme  imposé  par  Grégoire  Vil  à  ses  succes- 
seuts.  Royautés  jeunes  ou  anciennes,  toutes  (sauf  celle  de  France)  ont  subi,  êvcc 
plus  ou  moins  de  résistance,  la  domination  temporelle  du  grand  pape  et  sont  entrées 
dans  son  vasselage.  11  y  a  là  une  curieuse  galerie  de  figures  historiques,  dont  quel- 
ques-unes de  premier  plan  :  Sanche  l^'de  Portugal,  Alphonse  XII  de  Léon,  Pierre  11 
d'Aragon,  Emeri  de  Hongrie,  Johannitza  de  Bulgarie,  Richard  Cœur-de-Uon,  Jcao 
sans-Terre,  Philippe-Auguste.  Menus  incidents  de  la  lutte  du  pouvoir  religiein 
et  du  pouvoir  civil,  conflits  plus  graves  et  poussés  jusqu'au  drame,  M.  Achille 
Luchaire  a  retracé  les  uns  et  les  autres  avec  cette  précision  savante  et  cet  art  Je 
retrouver  la  vie  et  la  couleur  du  passé  qui  ont  fait  le  succès  des  volumes  précédents 
et  donneront  encore  à  celui-ci  une  notoriété  légitime. 

209.  —  Marcel  Navarre,  Louis  XI  en  pèlerinage,  (Nouvelle  Bibliothèque  Histo- 
rique), Paris,  Bloud,  1908.  3  fr. 

Dans  la  mémoire  de  nos  collégiens  modernes  comme  dans  celle  de  beaucoup  de 
gens  du  monde,  le  nom  de  Louis  XI  n'évoque  guère  d*autre  souvenir  que  les  moo 
de  Péronne,  Charles  le  Téméraire,  Plessiz-lez-Tours...  C'est  le  monarque  sournois 
et  casanier,  cruel  et  cafard.  Le  vilain  monstre,  en  vérité  ! 

L'auteur  du  présent  volume  voudrait  entraîner  avec  lui,  à  la  suite  de  cet  inlas- 
sable pèlerin  que  fut  Louis  XI,  tous  ceux  qui  se  sont  contentés  de  ces  notions  un  peu 
trop  simples.  Aucun  roi  ne  fut  plus  vagabond  que  ce  prétendu  ermite.  Avec  le  guide 
aimable  et  informé  qu'est  M.  Marcel  Navarre,  c'est  un  plaisir  que  de  le  suivre,  sur 
les  longs  chemins  de  France  et  de  Brabant,  au  mépris  du  vent,  de  la  poussière  et  de 
la  pluie,  de  sanctuaire  en  sanctuaire...  Et,  quand,  après  avoir  joué,  auprès  de  lui. 
pendant  près  d'un  demi-siècle,  le  rôle  de  spectateur  curieux  mais  non  point  prévenu, 
quand,  après  avoir  visité  en  sa  compagnie  les  lieux  de  prières,  nous  rentrerons  ea 
Touraine  pour  l'aider  à  mourir,  alors  vraiment  nous  serons  en  droit  de  chercher  à 
savoir  ce  que  valait  cette  dévotion  dont  on  a  dit  tant  de  mal. 

Et  c'est  ainsi  que  ce  livre  d'allure  pittoresque  et  de  lecture  facile  mais  d'une  érudi- 
tion très  sûre,  contribuera  à  fixer  définitivement  un  point  d'histoire  important  et 
controversé. 

210.  —  A.  Parmentier,  Les  Métiers  et  leur  histoire.  Paris,  Colin,  1908.  i  fr.  5o. 
Montrer,  dans  un  texte  concis  mais  soigneusement  documenté,  les  premiers  grou- 
pements des  travailleurs  de  tout  métier,  et  les  changements  survenus  au  cours  des 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  279 

«iècles  soit  daos  leur  vie  sociale,  soit  dans  leur  façon  de  procéder  ;  —  égayer  ce  texte 
d'une  illustration  abondante  et  variée,  où  s*opposent,  d'après  de  curieuses  et  vieilles 
estampes,  les  artisans  du  moyen  âge  dans  leurs  misérables  échoppes,  et,  d'après  des 
dessins  tout  modernes,  les  descendants  de  ces  mêmes  artisans  opérant  dans  les 
luxueuses  installations  du  xx*  siècle,  où  défilent,  dans  leurs  costumes  d'autrefois  et 
d'aujourd'hui,  les  types  les  plus  divers  :  voilà  ce  que  se  sont  proposé,  voilà  ce  qu'ont 
fait  l'auteur  des  Métiers  et  leur  histoire  et  les  éditeurs  de  la  «  Petite  Bibliothèque  », 
<lans  un  ouvrage  instructif,  pittoresque  et  amusant. 

211.  —  Pierre  Clerget,  La  Suisse  au  XX*  siècle.  Etude  économique  et  sociale. 
Paris,  Colin,  1908.  3  fr.  5o. 

L'auteur,  qui  a  appartenu  pendant  huit  années  au  corps  enseignant  suisse,  ne  s'est 
pas  borné  à  une  élude  purement  statistique  ;  son  livre  abonde  en  observations  per- 
sonnelles qui  témoignent  d'une  connaissance  approfondie  du  milieu. 

Après  une  introduction  consacrée  à  la  psychologie  politique  du  peuple  suisse, 
M.  Pierre  Qerget  étudie,  dans  chacune  des  trois  régions  naturelles,  les  conditions 
géographiques  qui  régissent  la  répartition  de  la  population  ;  il  expose  ensuite  la  situa- 
tion financière  et  passe  en  revue  les  institutions  de  crédit  et  d'assurances;  puis  il 
dresse  un  tableau  du  développement  agricole  et  industriel,  complété  par  une  analyse 
des  conditions  du  travail.  L'étude  des  voies  de  communication  Tamène  à  parler  des 
voies  d'accès  en  Italie  et  des  projets  suisses  de  navigation  fluviale.  L'auteur  termine 
enfin  par  l'étude  du  commerce  extérieur  et  particulièrement  des  relations  franco- 
suisses. 

212.  —  André  Michel,  Histoire  de  VArt  depuis  les  premiers  temps  chrétiens 
jusqu'à  nos  jours,  T.  III.  Le  Réalisme,  Les  Débuts  de  la  Renaissance  (Première 

partie).  Un  volume  in-8«>  grand  jésus  de  480  pages,  2Sy  gravures  et  S  héliogra- 
vures hors  texte,  Armand  Colin,  rue  de  Mézières,  5,  Paris.  Broché,  i5  fr.  Relié 
demi-chagrin,  tète  dorée,  22  fr. 

Le  tome  III  de  l'Histoire  de  l'Art,  dont  le  présent  volume  nous  apporte  la 
Première  Partie,  a  pour  titre  et  pour  objet  Le  Réalisme;  Les  Débuts  de  la  Renais- 
sance, Il  s'ouvre  par  une  étude  du  style  flamboyant,  dans  laquelle  M.  C.  Enlart 
nous  expose  l'évolution  finale  de  l'architecture  gothique.  M.  le  comte  Paul  Ourneu 
étudie  ensuite  la  peinture  et  la  miniature  en  France,  de  Jean  le  Bon  à  la  fin  du 
règne  de  Charles  VI.  M.  L.  de  Fourcaud  nous  retrace  l'histoire  de  la  peinture  dans 
les  Pays-  bas  au  temps  des  Van  Eyck,  de  leurs  contemporains  cl  de  leurs  succes- 
seurs immédiats;  MM.  M.  Hamel  et  A.  Michel,  celle  de  la  peinture  allemande- 
M.  C.  de  Mandach,  celle  de  la  peinture  et  du  vitrail  en  Suisse;  M.  Henri  Marcel, 
celle  de  la  peinture  en  Angleterre  du  xu®  au  xv«  siècles.  C'est  le  regretté  Henri 
Bouchot  qui  a  traité,  dans  ce  volume,  des  origines  et  des  premiers  monuments  de 
la  gravure  et  de  l'estampe.  M.  J.  Guiffrey  y  a  étudié  la  tapisserie  aux  xiv«  et 
xv«  siècles.  MM.  A.  Michel  tt  C.  Enlart  nous  y  présentent  l'évolution  de  la  sculp- 
ture en  France  et  dans  les  Pays  du  Nord  à  la  même  époque.  Enfin  M.  Maurice 
Prou  y  consacre  un  chapitre  à  l'trt  monétaire  pendant  la  période  gothique. 

On  peut  juger,  par  ce  simple  résumé,  de  l'intérêt  et  de  la  variété  qu'offre  ce 
cinquième  volume  de  VHistoire  de  l'Art,  Nous  ajouterons  seulement  que  ses 
257  gravures  et  ses  5  planches  hors  texte  contribuent  à  en  faire  un  livre  admirable, 
digne  en  tous  points  du  grand  ouvrage  qu'il  continue  avec  éclat. 

21 3.  —  J.  Gelli,  3Sco  ex-libns  italiani,  illustrati  con  ySS  figure  e  da  oltre 
2000  motti,  sentenre  e  divise  che  si  leggono  sugli  stemmi  e  suf;li  ex-iibris.  Con 
840  incisioni.  Milan,  Hoepli,  1908.  536  pp.  9  fr.  ^Manuali  Hoepli). 

i-'ussge  des  ex-libris  est  fort  répandu  en  Italie,  M.  Gelli  tn  a  recueilli  33oo,  quil 


28o  LE   MUSÉE  BELGE. 


a  classés  alphabétiquement,  décrits  et  datés.  Un  grand  nombre,  755,  sont  reproduits 
sur  des  planches  hors  texte  d'une  grande  netteté  :  ce  sont  en  grande  partie,  de  véri- 
tables œuvres  d'art.  Suivent  des  ex-libris  de  libraires  et  de  relieurs  (p.  436-445),  de 
distributions  de  prix  (cinq),  puis  la  définition  des  termes  de  blason  (p.  447-462)  avec 
86  figures,  enfin  une  liste  de  plus  de  2000  devises  et  maximes,  en  latin,  en  italien 
et  en  français,  empruntés  aux  généalogies  et  aux  ex-libris.  Ouvrage  qui  intéressera 
les  amateurs  de  livres  et  les  artistes. 

214.  —  la.  Hoallevifln^e,  L'évolution  des  Sciences.  Paris,  Colin,  1908.  3  fr.  3o. 
Dans  un  premier  livre,  nDu  Laboratoire  à  l' Usine  n,   M.   Houllevigue  avait 

montré  comment  la  science  moderne  engendre  de  multiples  applications,  modifie  les 
conditions  de  notre  existence  et  marque  son  empremte  sur  notre  civilisation.  Son 
nouvel  ouvrage,  «  L'Évolution  des  Sciences  »,  nous  initie  à  la  transformation  pro- 
gressive des  idées  scientifiques  ;  il  nous  montre  les  sciences  évoluant  chacune  pour 
son  compte,  jusqu'au  moment  où,  par  leur  développement  même,  elles  ae  rencon- 
trent et  se  pénètrent.  Alors  se  produit  entre  elles  une  coordination  nécessaire  ;  grou- 
pées autour  de  la  Physique,  qui  leur  fournit  à  la  fois  les  méthodes  expérimentales 
et  les  principes  théoriques,  elles  s'amalgament  et,  par  là,  créent  sous  nos  yeux  Tunité 
de  la  Science  et  l'esprit  scientifique. 

Pour  nous  faire  comprendre  cette  transformation,  l'auteur  a  examiné  un  certain 
nombre  de  problèmes  concrets,  à  l'occasion  desquels  il  nous  initie  à  la  vie  intérieure 
des  sciences,  dans  ce  qu'elle  a  de  général  et  de  philosophique.  Son  livre  s'adresse 
donc  spécialement  à  ceux  qui,  sans  faire  des  études  scientifiques  approfondies, 
cherchent  cependant  à  comprendre  comment  les  sciences  ont  renouvelé  notre  fonds 
d'idées  générales,  à  ceux  qui,  sans  vivre  dans  les  laboratoires,  veulent  au  moins  en 
respirer,  en  passant,  l'atmosphère. 

CHRONIQUE. 

21 5.  —  Ministère  des  arts  et  des  sciences,  Administration  de  renseigne- 
ment  supérieur^  des  sciences  et  des  lettres.  —  Bourses  de  voyage.  —  Concours 
de  igo8. 

  la  date  du  i**"  juin  courant,  les  mémoires  dont  la  nomenclature  suit  avaient  été 
remis  au  département  des  sciences  et  des  arts,  en  vue  du  prochain  concours  pour 
la  collation  des  bourses  de  voyage,  savoir  : 

i«  Un  mémoire  dt  philologie  grecque,  —  Ce  mémoire  est  signé.  —  Sujet  :  £&sai 
sur  les  persécutions  pythagoriciennes  ; 

20  Un  mémoire  (ïépigraphie  latine,  —  Ce  mémoire  est  signé.  —  Sujet  :  Étude 
historique  sur  la  Legio  VI  victrix  ; 

3<>  Un  mémoire  (en  italien)  de  philologie  romane  portant  l'épigraphe  :  La 
critique  est  facile,  —  Sujet  :  Délia  Ragione  e  del  Pensiero  délia  Salira  del  Giusti; 

4°  Un  mémoire  (en  flamand)  de  philologie  germanique,  —  Ce  mémoire  est  signé. 

—  Sujet  ;  Théodore  Storm,  sa  vie  et  son  œuvre; 

5<*  Un  mémoire  (en  flamand)  de  philologie  germanique,  —  Ce  mémoire  est  signé. 

—  Sujet  :  De  l'influence  d'Érasme  sur  la  littérature  dramatique  anglaise  des  xvi«  et 
xviie  siècles  ; 

6<»  Un  mémoire  d'histoire.  —  Ce  mémoire  est  signé.  —  Sujet  :  Les  métiers  de 
Namur  sous  l'ancien  régime  ; 

7"  Un  mémoire  d'histoire,  —  Ce  mémoire  esi  signé.  —  Sujet  :  tssai  sur  les  rap- 
ports J,  l'intervention  de  l'Espagne  ei  de  la  papauté  en  France,  avec  les  désordres 


PARTIS  BIBLIOGRAPHIQUE.  28 1 

militaires  et  les  conditions  politiques  et  économiques  des  Pays-Bas  catholiques,  de 
•3590  à  i5v^5,  principalement  d*après  la  correspondance  des  agents  pontificaux  en 
France  ; 

8»  Un  mémoire  d'histoire,  —  Ce  mémoire  est  signé.  —  Sujet  :  Le  régime  corpo- 
ratif dans  les  Pays-Bas  au  xvm*  siècle  ; 

90  Un  mémoire  de  droit  criminel  portant  l'épigraphe  :  Labor  omnia  vincit 
Jmprobus.  —  Sujet  :  De  Tautorité  de  la  chose  jugée  en  matière  répressive  ; 

iqo  Deux  mémoires  dont  Tun  de  droit  civil  comparé^  Tautre  d'écowomie  sociale  et 
de  comparé.  Ces  mémoires  sont  signés.  —  Sujets  :  a)  Contribution  à  l'étude  de  la 
déclaration  de  volonté  dans  le  Code  civil  allemand  ;  b)  La  population  en  Allemagne 
et  l'étude  de  quelques  problèmes  de  législation  et  de  leurs  relations  avec  le  mouve- 
jnent  de  la  population  ; 

I  lo  Un  mémoire  d'économie  politique  portant  l'épigraphe  :  Le  mieux  qu'un  gou- 
vernement puisse  faire  avec  le  marché  de  l'argent^  c'est  de  le  laisser  à  lui-même. 
^Bagehot).  —  Sujet  ;  Le  crédit  industriel  en  Allemagne  ; 

120  Un  mémoire  de  droit  public  et  d'économie  politique  portant  l'épigraphe  :  Vers 
^avenir.  —  Sujet  :  Les  syndicats  de  fonctionnaires  en  France. 

316.  —  Gaston  Boissier.  Gaston  Boissier  est  mort  le  mercredi  10  juin  à  Viroflay 
(Seine-et-Oise).  La  mort  du  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  française,  causera  des 
regrets  parmi  toutes  les  catégories  de  lettrés.  Sa  réputation  de  savant  aimable  et  de 
professeur  capable  d'intéresser  aux  choses  les  moins  actuelles,  et  de  donner  le  goût  des 
^études  classiques,  trop  délaissées  aujourd'hui,  était  universelle.  Qui  n'est  allé  en- 
tendre, au  moins  une  fois,  l'historien  de  Cicéron,  l'illustre  commentateur  de  Virgile, 
et  des  principaux  classiques  latins,  parler,  dans  la  chaire  du  Collège  de  France  qu'il 
-occupa  de  si  longues  années,  des  chefs-d'œuvre  de  l'antiquité  païenne  ? 

Combien  d'auditeurs,  un  peu  prévenus  d'abord  contre  la  spécialité  du  sujet  choisi, 
-y  sont  retournés  ensuite  avec  plaisir,  séduits  par  la  science  profonde  du  maître  et 
l'art  plein  de  charme  de  l'orateur  ? 

Gaston  Boissier  naquit  à  Nîmes  le  i5  août  i833.  Il  y  commença  ses  études  et  les 
acheva  à  Paris.  Entré  à  l'école  normale  en  1849,  il  en  sortit  agrégé  des  lettres  en  i856. 

Il  enseigna  d'abord  la  rhétorique  à  Angouléme,  puis  dans  sa  ville  natale.  Docteur 
^-lettres  en  i856,  il  fut  appelé  au  lycée  Charlemagne,  à  Paris.  Cinq  ans  après,  il 
entrait  au  Collège  de  France  pour  suppléer  Havet,  et  remplaçait,  en  i865,  Sainte- 
Beuve  à  l'École  normale  pour  le  cours  de  poésie  latine. 

Élu  à  l'académie  française  le  8  juin  1876,  en  remplacement  de  Patin,  il  fut  nommé 
secrétaire  perpétuel  de  cette  compagnie  après  la  mort  de  Camille  Doucet  en  1895.  Il 
faisait  aussi  partie  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  depuis  1886^ 

Gaston  Boissier,  resté  veuf  après  un  premier  mariage  qui  fut  de  courte  durée, 
épousa,  en  secondes  noces,  Mademoiselle  Bumouf,  fille  du  célèbre  orientaliste, 
membre  de  l'Institut.  De  cette  union,  sont  issues  trois  filles.  Profondément  affecté 
par  la  mort  de  l'une  d'elles  et  par  la  perte  récente  qu'il  avait  éprouvée  en  la  personne 
de  Madame  Boissier,  le  regretté  académicien  vivait  très  rapproché  de  ses  deux  autres 
filles  et  de  ses  deux  gendres  :  le  lieutenant-colonel  Lavisse,  commandant  l'École 
militaire  de  Saint- Maixent,  et  M.  Courbaud,  maître  de  conférences  de  littérature 
latine  à  la  Sorbonne.  Il  était  le  beau-frère  de  M.  Femet,  qui  est  mort,  en  igoS, 
inspecteur  général  honoraire  de  l'instruction  publique,  et  de  M.  Léopold  Delisle, 
membre  de  l'Institut,  administrateur  général  honoraire  de  la  Bibliothèque  nationale. 

Gaston  Boissier,  dans  tout  le  cours  de  sa  carrière  longue  et  honorée,  demeura 
exclusivement  universitaire  et  homme  de  lettres.  Agrégé  de  lettres,  professeur  de 
rhétorique  au  lycée  de  Nîmes,  il  composa,  près  de  l'amphithéâtre  et  de  la  Maison 


I 


282  LE    MUSÉE   BELGE. 


Carrée,  sa  thèse  latine  Quomodo  Graecos  poetas  Plautus  transtuîerit  (iSSj).  Sa 
thèse  française  était  intitulée  :  Le  poète  Aitius^  étude  sur  la  tragédie  latine  pendant 
la  République,  En  1861,  il  publia  une  Étude  sur  Marcus  Terentius  Varron.  Mais 
c'est  en  i865  que  son  beau  livre,  Cicéron  et  ses  amis  y  le  mit  décidément  hors  de 
pair. 

Il  publia  ensuite  La  Religion  romaine  d'Auguste  aux  Antonins  {2  vol ^  1874), 
VOpposition  sous  les  Césars  (1875).  Curieux  de  rajeunir  l'étude  de  l'antiquité  par  la 
vue  des  monuments  qui  en  conservent  l'image  vivante,  il  publia  en  1880  ses  Prome- 
nades archéologiques  :  Rome  et  Pompéi  ;  en  1886,  année  de  son  élection  à  l'Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres,  set  Nouvelles  promenades  archéolog-iquei  : 
Horace  et  Virgile;  en  1893,  l'Afrique  romaine;  en  1894,  la  Fin  du  Pag-anisme 
(2  vol.).  Entretemps,  il  donna  à  la  collection  des  grands  écrivains  français  Madame 
de  Sévigné  {xSSy)  et  Saint-Simon  (1892).  Ses  derniers  livres  sont  Tacite  (tgo3)  et  la 
Conjuration  de  Catilina  (igoS). 

C'est  ainsi  qu'il  a  rejeuni  l'étude  de  l'antiquité  latine,  et  qu'il  a  écrit  sur  la  société 
romaine,  depuis  Cicéron  jusqu'à  Constantin,  des  livres  que  l'aisance  du  style  et  la 
finesse  du  récit  ont  rendus  classiques  dans  toute  l'Europe.  Ayant  visité  l'Italie,  la 
Sicile  et  l'Afrique  du  Nord,  il  ne  les  a  pas  séparées  des  livres  anciens  :  il  y  a  vu 
au  contraire  le  décor  qui  avait  survécu  aux  spectacles  dont  la  littérature  nous  rap- 
portait  le  souvenir.  Les  progrès  de  l'archéologie,  les  découvertes  épigraphiques  lui 
ont  servi  à  restituer  dans  sa  vérité  le  cadre  de  la  vie  antique. 

Ainsi  les  choses  du  passé  ont  cessé  d'être  lointaines  et  figées  :  il  avait  vu  le  champ 
de  Virgile  et  l'emplacement  de  la  villa  d'Horace,  il  avait  refait  la  route  bordée  d'oli- 
viers qui  mène  à  Tivoli,  il  avait  visité  Baies,  en  évoquant  la  vie  futile  et  légère  de 
cette  villégiature  chantée  par  les  poètes  ;  au  besoin  même,  il  aurait  émis  des  doutes 
sur  les  exagérations  des  lyriques.  Quand  il  lisait  dans  Horace  les  vers  sur  le  Soracte 
farouche  et  couvert  de  neige,  Gaston  Boissier  souriait  ;  il  assurait  que  le  Soracte 
n'était  pas  si  haut  et  que  la  neige  y  était  rare.  A  travers  les  livres,  c'est  les  idées,  les 
mœurs,  les  sentiments  qu'il  retrouvait. 

Avant  d'écrire  ces  grands  chapitres  d'histoire,  Boissier  les  avait  exposés  devant 
un  public  d'élite,  à  l'école  normale  supérieure  et  au  Collège  de  France,  où  il  profes- 
sait. '6a.  parole  était,  comme  sa  prose,  d'une  limpidité  parfaite,  colorée  et  vivante, 
quoique  sans  aucune  prétention,  et  sans  aucune  emphase. 

Ce  qu'il  disait  et  ce  qu'il  écrivait  coulait  de  source,  du  fond  même  de  sa  nature. 
Si  on  voulait  le  caractériser  par  le  trait  le  plus  significatif  de  sa  physionomie,  on 
pourrait  dire  qu'il  a  été  surtout  un  être  plein  de  vie,  avec  la  chaleur  du  tempérament 
méridional  aiguisé  et  affiné  par  le  bon  sens  spirituel  de  race.  Chez  lui,  rien  de  troid, 
d'apprêté  ni  de  guindé.  Il  animait,  il  vivifiait  tous  les  sujets  auxquels  il  touchait. 

Dans  ses  deux  chaires,  dans  sa  conversation,  dans  la  Commission  du  dictionnaire, 
dans  son  fauteuil  de  secrétaire  perpétuel  à  l'Académie  française,  il  apparaissait  tou- 
jours en  éveil  et  toujours  prêt.  Avec  lui  disparaît  une  belle  intelligence  qui  a  été  servie 
jusqu'au  bout  par  d'excellents  organes,  par  l'agrément  de  la  parole  et  du  geste,  par 
l'ensemble  harmonieux  de  toute  la  personne. 

217.  —  Les  fouilles  de  Sparte.  —  Sur  l'emplacement  de  Sparte,  le  voyageur  n'a- 
perçoit que  des  ruines  insignifiantes.  Mais,  depuis  deux  ans,  VÉcole  britannique 
d'Athènes  s'efforce  de  retrouver  dans  le  sol  les  restes  de  l'antique  cité.  En  1906,  elle 
découvrit  un  autel  et  les  débris  d'un  temple  où  les  archéologues  reconnurent  le  style 
du  vie  siècle  avant  l'ère  chrétienne.  Ce  ne  pouvait  être  le  sanctuaire  primitif  d'Arté- 
mis  Orthia,  puisque  Cicéron,  Plutarque  et  Pausanias  font  remonter  le  culte  de  cette 
divinité  aux  premiers  âges  de  Sparte.  On  continua  les  fouilles.  Le  temple  reposait 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


283 


»ur  un  soi  artificiel,  apais  de  trois  à  quatre  pieJs,  fait  de  sable  et  de  gravier  rappor- 
X^s  de  rEurotJS  pour  le  mettre  à  Tabri  des  inondations. 

Sous  celte  couche  adventice,  apparurent  en  1907,  au  milieu  de.  débris  d'offrandes 
c«  d'ejr-voro,  un  second  autel  et  un  pavement,  qui  montraient  l'un  et  l'autre  les 
caractères  du  viii«  siècle.  Quelques-unes  des  offrandes,  de  style  plus  ancien,  sem- 
l>laient  appartenir  à  la  première  période  doriennc.  Il  y  avait  des  poteries,  des 
fcronzes  ornés  de  figures  géométriques,  des  fibules  et  des  ivoires  taillés.  Les  ivoires 
ont  fourni  aux  archéologues  l'occasion  de  rapprochements  ingénieux. 

Mais  les  fibules  surtout  les  ont  intéressés  parce  qu'elles  sont  d'un  type  qu'on  ne 
rencontre  qu'en  Autriche,  dans  la  région  des  Alpes,  et  qui  remonte  à  l'âge  du  fer. 
dette  similitude  confirme  la  théorie  qui  veut  que  les  Doriens  soient  descendus  en 
Grèce  du  nord  de  la  péninsule  balkanique,  lors  de  l'invasion  qui  s'appelle  en  mytho- 
logie a  retour  des  Héraclides  ».  Elle  appuie  également  l'antique  tradition  d'après 
laquelle  le  cuhe  d'Artémis  Orthia  et  ses  rites  sauvages  auraient  été  imponés  du 
dehors  dans  le  Péloponèse. 

En  poursuivant  les  fouilles,  on  vient  de  découvrir,  sous  une  couche  de  charbon 
de  bois  et  d'ossements  brûlés,  les  restes  d'uw  troisième  sanctuaire  qui,  étant  donné 
son  caractère  archaique  et  le  niveau  de  l'Euroias,  parait  bien  être,  cette  fois,  le 
sanctuaire  primitif,  bâti  sur  le  sol  vierge.  Ce  serait,  selon  les  archéologues,  le 
temple  le  plus  ancien  de  la  Grèce,  et  les  offrandes  votives  qui  entourent  ses  débris 
donneraient  les  plus  précieux  renseignements  sur  les  migrations  préhistoriques  des 
peuples  à  travers  l'Europe. 

a  18.  —  Congrès  historique  international  de  la  guerre  de  rindépendance  espagnole 

et  son  époque  (1807- 181 5). 

L'Espagne  prépare  la  commémoration  d'unt  glorieuse  période  de  son  Histoire, 
celle  de  la  guerre  de  l'Indépendance  dans  laquelle  le  peuple  et  l'armée  espagnols, 
aidés  par  l'Angleterre  et  le  Portugal,  après  d'énormes  efforts,  réussirent  à  repousser 
l'invasion,  et  conservèrent  ainsi  l'indépendance  et  l'intégrité  nationales. 

L'action  naturelle  du  temps  a  effacé  le  souvenir  des  luttes  cruelles  ;  ces  événements 
sont  tombés  dans  le  domaine  de  l'Histoire  ;  aujourd'hui  l'Espagne  est  en  sincère  et 
cordiale  amitié  avec  tous  les  peuples  et  elle  estime  que  le  souvenir  des  luttes  passées 
ne  peut  que  resserrer  les  liens  des  amitiés  internationales. 

Le  Parlement  espagnol  a  décidé  -  et  sa  décision  a  été  sanctionnée  par  le  Roi  — 
que  parmi  les  solennités  qui  auront  lieu  à  Saragosse  pendant  la  célébration  du  pre- 
mier Centenaire  de  ses  fameux  sièges  (1808-1809),  figure  un  Congrès  Historique, 
auquel  le  Comité  exécutif  décida  de  donner  un  caractère  international  en  dédiant  ce 
Congrès  non  seulement  à  la  guerre  de  l'Indépendance  et  aux  sièges  de  Saragosse, 
mais  aussi  aux  relations  de  l'histoire  européenne  avec  celles  de  l'Espagne  et  du  Por- 
tvigal  jusqu'au  Congrès  de  Vienne  en  181 5. 

Les  personnes  et  Sociétés  de  toutes  les  nations  du  monde  peuvent  prendre  part  au 
Congrès,  qui  comprendra  les  Sections  suivantes  : 

I.  Histoire  politique  de  la  Péninsule  Ibérique  (iSoy-iSiS). —  II.  Histoire  mili- 
taire.—  III.  Histoire  interne. —  IV.  Relations  avec  l'Histoire  des  nations  étran- 
gères. —  V.  Études  à  propos  des  sièges  de  Saragosse.  —  VI.  Bibliographie. 
Mémoires.  Biographie.  Correspondance.  Matériaux  inédits. 

Le  Comité  d'organisation  invite  à  prendre  part  au  Congrès  et  à  coopérer  en  envoy- 
ant des  travaux  scientifiques  ou  en  assistant  aux  délibérations.  Le  Congrès  siégera 
du  14  au  20  octobre  1908. 

Toutes  les  personnes  ainsi  que  les  Sociétés  peuvent  être  membres  en  envoyant 
leur  adresse  et  le  montant  de  i5  pesetas  à  M.  Miguel  A.  Salvador,  Secrétaire  du 


284  LE   MUSÉE  BELGE. 


Comité  d'organisation  (Plaza  de  Aragon,  7,  Saragosse)  :  les  personnes  appartenant  à 
la  famille  d'un  des  membres  peuvent  aussi  faire  partie  du  GMigrès  en  envoyant  le 
montant  de  S  pesetas  ;  elles  auront  aussi  le  droit  d^assister  aux  séances  du  Congrès 
et  jouiront  des  bénéfices  accordés  aux  membres,  mais  n'auront  pas  droit  à  recevoê- 
les  publications  du  Congrès. 

Les  membres  auront  le  droit  de  recevoir  leur  titre,  des  instructions  pour  le  voyage 
et  leur  séjour  à  Saragosse,  excursions  etc.  et  le  compte  rendu  du  Congrès  dans  leqod 
seront  publiés  les  actes  des  séances  et  les  communications  envoyées  au  Congr<». 

Dans  la  période  d'organisation,  le  Comité  publiera  un  Bulletin  qui  sera  cstroji 
gratis  aux  membres  pour  leur  donner  des  notices  se  référant  au  Congrès. 

Le  Comité  d'organisation  procurera  activement  des  bénéfices  aux  membres  pour 
leur  voyage  et  séjour  en  Espagne  pendant  la  célébration  du  Congrès. 

219.  —  Le  neuTième  centenaire  de  la  mort  de  Notger,  prince-éiréqve 
de  liièg^e.  L'appel  que  l'historien  de  Notger,  M.  Godefroid  Kurth,  a  adressé  de 
Rome  aux  Liégeois  et  que  nous  avons  publié  ci-dessus  (p.  5-6)  d*après  le  |oumal  La. 
Dépêche^  a  été  entendu.  La  ville  dont  Notger  fut  le  vrai  fondateur,  n'a  rien  fait,  il  est 
vrai,  pour  fêter  le  neuvième  centenaire  de  sa  mort.  Ce  sont  les  deux  sociétés  archéolo- 
giques liégeoises,  avec  le  concours  de  l'Église  de  Liège,  qui  ont  pris  l'initiative  :  k 
12  juillet,  V Institut  archéologique  liégeois  et  la  Société  ttart  et  d'histoire  du  diocèse 
de  Uége  ont  célébré  avec  éclat  cet  anniversaire. 

  10  heures,  une  grand 'messe  pontificale,  suivie  d'un  Te  Deum^  a  été  cbaotée  à 
la  cathédrale.  On  s'est  rendu  ensuite  à  la  salle  académique  de  l'Université,  qui  STait 
de  la  peine  h  contenir  la  foule  des  assistants.  Ici,  comme  au  Te  Deum^  les  autorités 
religieuses,  civiles  et  militaires  étaient  représentées. 

M.  Le  Paige,  président  de  l'Institut  archéologique  et  du  comité  organisateur,  a 
souhaité  la  bienvenue  aux  auditeurs,  puis  a  donné  la  parole  à  M.  Godefroid  Kurth; 
l'arrivée  à  la  tribune  de  l'éminent  directeur  de  l'Institut  historique  belge  à  Rome  est 
saluée  par  une  intermmable  ovation. 

La  conférence  de  M.  Kurth  a  été  écoutée  avec  une  religieuse  attention.  Parlant 
d'abondance,  parfaitement  maître  de  son  sujet,  le  conférencier  a  tenu  son  vaste  audi- 
toire sous  la  charme  de  sa  parole  colorée  et  d'une  correction  impeccable,  pendant 
plus  d*une  heure.  Il  est  vrai  que  ce  n'est  pas  l'orateur  enthousiaste,  aux  superbes 
envolées,  que  l'on  a  entendu  ;  c'est  le  professeur  exact,  sûr,  précis,  l'historien  airide 
de  vérité,  maître  en  l'art  de  la  dégager,  et  de  la  faire  reconnaître  et  accepter.  L'inté- 
rêt allait  croissante  mesure  qu'il  développait  les  faits  principaux  de  la  carrière  de 
Notger  et  lorsqu'il  descendit  de  la  tribune  les  applaudissements  retentirent  pendant 
plusieurs  minutes. 

Il  était  12  h.  1/2  lorsque  prit  fin  cette  conférence,  véritable  régal  littéraire  et  his- 
torique, dont  le  souvenir  demeurera  dans  la  mémoire  de  tous  ceux  qui  eurent 
rheureuse  fortune  d'y  participer.  En  voici  un  fidèle  résumé,  que  nous  empruntons 
au  journal  Le  XX*  Siècle  : 

ce  La  célébration  des  grands  anniversaires  publics,  a  dit  M.  Godefroid  Kurth,  est 
devenue  pour  la  civilisation  moderne  une  habitude  à  laquelle  elle  ne  renoncera  plus. 
Ces  haltes  périodiques  sur  le  chemin  des  destinées,  pour  mesurer  Tespace  parcouru 
et  pour  revivre  la  vie  des  âges  écoulés,  sont  le  trait  caractéristique  des  collectivités 
qui  ont  conscience  d'elles-mêmes.  Elles  alimentent  le  patriotisme,  elles  entretiennent 
la  fierté  nationale,  elles  intensifient  la  vie  intellectuelle  de  la  foule,  elles  constituent 
au  plus  haut  degré  une  œuvre  d'éducation  populaire.  Par  elles  nous  nous  maintenons 
en  possession  de  notre  passé  et  nous  affirmons  l'identité  de  notre  personnalité  natio- 
nale à  travers  les  siècles.  C'est  la  raison  de  la  fête  qui  nous  réunit  aujourd'hui. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  285 

Pourquoi,  me  demandera  peut-être  quelqu'un,  a-t-on  choisi  pour  célébrer  Notger 
l'anniversaire  de  sa  mort  ? 

Je  répondrai  que  nous  nous  sommes  conformes  à  une  habitude  que  la  société 
laïque  a  décidément  empruntée  à  l'Église.  Celle-ci  célèbre  touiours  ses  saints  au 
,  jour  anniversaire  de  leur  mort  ;  bien  plus,  de  ce  jour  elle  fait  celui  de  leur  naissance, 
parce  que  c'est  celui  où  ils  naissent  à  la  vie  éternelle.  Dans  Tordrtf  temporel,  ne 
pourrions-nous  pas  dire  que  le  jour  de  la  mort  des  grands  hommes,  c*est  celui  du 
couronnement  de  leur  carrière  et  celui  de  leur  entrée  dans  la  gloire  ?  Le  neuvième 
centenaire  de  la  mort  de  Notger  peut  donc  être  célébré  à  double  titre  en  cette  année  ; 
il  est  presque  un  saint,  et  il  est  de  toute  manière  un  grand  homme. 

Je  ne  vous  raconterai  pas  sa  carrière. 

Ce  serait  long,  et  je  ne  ferais  que  résumer  le  livre  que  j'ai  écrit  il  y  a  quelques 
années.  Mais  j'entreprendrai  de  vous  donner  une  idée  de  sa  prodigieuse  activité  et 
je  vous  en  ferai  connaître  les  principaux  aspects. 

On  peut  envisager  sous  trois  points  de  vue  la  figure  de  Notger,  selon  qu'on  voit 
>en  lui  le  grand  vassal,  le  chef  d*État  ou  le  fondateur  de  villes. 

Je  me  bornerai  à  indiquer  rapidement  les  deux  premiers  aspects  et,  comme  de 
juste,  j'insisterai  sur  le  troisième. 

Comme  grand  vassal,  Notger  a  été  le  génial  collaborateur  des  princes  de  la  maison 
de  Saxe.  Il  a  fait  quatre  fois  pour  eux  le  voyage  d'Italie,  et  il  a  mis  la  main  à  toutes 
les  grandes  choses  de  leur  règne.  Il  y  a  môme  un  moment  où  Ton  peut  dire  qu*il  a 
été  le  sauveur  de  leur  dynastie  :  c'est  lorsque  Otton  II  vient  de  mourir,  laissant  un 
héritier  en  bas-âge  dont  la  couronne  est  convoitée  par  de  dangereuses  ambitions. 
Sans  Notger  et  sans  le  célèbre  Gerbert,  le  futur  pape  Silvestre  II,  Otton  III  était 
v^perdu.  C'est  la  fidélité  de  ces  deux  hommes  qui  a  raffermi  le  trône  ébranlé  et  défendu 
l'intégrité  du  royaume.  Il  y  a  là  des  souvenirs  bien  lointains  et  qui  peuvent  laisser 
indifférent  notre  peuple  détaché  depuis  longtemps  du  royaume  d'Allemagne.  Mais 

•  si  vous  ouvrez  la  correspondance  de  Gerbert  et  si  vous  lisez  entre  les  lignes  ces 

•  lettres  nerveuses  et  concises  où  il  y  a  tant  de  sous-entendus  et  d'allusions,  vous  ne 
pourrez  vous  défendre,  à  la  longue,  de  l'émotion  qu'inspire  tout  combat  pour  la 

^justice,  et  vous  prêterez  l'oreille,  avec  un  intérêt  passionné,  au  dialogue  que  pour- 
suivirent à  distance  ces  deux  grands  hommes  qui  sauvèrent  le  trône  d'un  enfant  et  la 
prospérité  d'une  nation. 

Ce  qui  intéresse  davantage  les  Belges,  c'est  la  création  de  la  principauté  de  Liège. 
Les  principautés  ecclésiastiques  sont  l'œuvre  de  la  dynastie  de  Saxe,  qui  voyait 

-  dans  les  évêques  des  vassaux  plus  fidèles  et  des  serviteurs  plus  utiles  que  les  féo- 
daux laïques.  I^i  principauté  de  Liège  est  un  des  fruits  de  la  politique  impériale,  et 
elle  a  eu  pour  premier  prince  Notger.  Il  a  acquis  les  domaines  qui  en  ont  été  le 

'  noyau  ;  il  l'a  fortifiée  à  Thuin,  à  Fosses,  à  Malines  ;  il  Ta  protégée  en  abattant  les 
bastilles  féodales,  comme  celle  de  Chèvremont  ;  il  a  pourvu  à  sa  défense  en  créant 
un  budget  dont  le  tiers  passe  en  fiefs  aux  gens  de  guerre  qui  doivent  la  défendre. 

-Cette  principauté  qui  traversera  huit  siècles  présente  un  ensemble  de  caractères  bien 
intéressants  parce  qu'ils  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  patrie  belge  d'aujourd'hui. 
Comme  la  Belgique,  elle  manque  de  frontières  naturelles.  Comme  la  Belgique,  elle 
se  passe  de  l'unité  de  langue  et  repose  sur  la  fraternelle  union  des  Wallons  et  des 

"f^lamands.  Comme  la  Belgique,  elle  cherche  son  salut  dans  la  paix,  et  elle  reven- 
dique son  droit  à  la  neutralité  entre  les  puissances  rivales  de  France,  d'Espagne  et 
d'Allemagne.  Comme  la  Belgique  encore,  elle  jouit  d'un  régime  de  liberté  extraor- 
dinaire, au  pomt  de  justifier  le  mot  que  la  veille  de  1789  Mirabeau  disait  aux  révo- 


J 

i 


286  LE    MUSÉE   BELGE. 


lutionnaires  liégeois  :  a  Nous  faisons  une  révolution  pour  conquérir  les  libertés  dont 
vous  jouissez  ».  Telle  est  la  principauté  de  Liège,  État  modèle,  digne  de  l'admira- 
tion de  rhistoire.  Sans  doute,  je  n'attribuerai  pas  au  seul  Notger  ni  à  ses  successeurs 
rhonneur  exclusif  de  cette  création  politique  ;  cet  honneur  revient  à  la  collaboration 
permanente  des  princes  et  du  peuple,  et  parfois  le  progrès  se  présente  comme  une 
transaction  entre  leurs  aspirations  opposées.  Mais  enfin,  c'est  Notger  qui  a  créé  cet 
État,  et  c'e5t  lui  qui  a  inauguré  ce  gouvernement  paternel  dont  on  a  pu  dire  qu*  «  il 
faisait  bon  vivre  sous  la  crosse  ». 

J'arrive  à  la  troisième  partie  de  mon  sujet  .  «  Notger  second  fondateur  de  la  ville 
de  Liège.  »  Remarquez  d'abord  que  Liège  est  de  toutes  les  villes  de  Belgique  la 
seule  qui  puisse  célébrer  les  anniversaires  de  sa  fondation  et  qui  garde  le  souvenir 
de  scs  lointaines  origines.  Liège  était  un  village  comme  tant  d'autres  lorsqu'un  jour, 
sortant  de  l'enceinte  fortifié  de  Maestricht,  un  cortège  solennel,  guidé  par  Tévôque 
saint  Hubert,  remonta  la  vallée  de  la  Meuse  au  chant  des  cantiques  et,  aux  acclama- 
tions des  habitants,  y  rapportera  les  reliques  de  saint  Lambert.  Hubert  s'établit 
auprès  de  ces  reliques  et  fit  de  Liège  une  cité,  c'est- à-iire  une  résidence  èpiscopale. 

Cette  cité,  toutefois  n'était  qu'une  bourgade  ;  il  était  réservé  à  Notger  d'en  faire 
une  ville.  Il  la  fortifia,  il  y  bâtit  ou  y  acheva  tout  un  ensemble  d'églises  magnifiques. 
Il  y  ajouta  un  hospice  pour  les  pauvres  et  pour  les  malades,  des  demeures  pour  le 
chapitre,  un  palais  pour  le  prince.  Il  fit  de  la  ville  un  chef-lieu  de  circonscription 
indépendant  en  lui  donnant  un  tribunal  de  14  échevins,  seule  juridiction  de  Uquelle 
relèveront  les  Liégeois.  Il  y  encouragea  et  développa  les  arts  et  si  les  fruits  de  cène 
activité  ont  péri,  un  évangèliaire  toutefois  nous  reste  comme  pour  attester  l'alliance 
féconde  du  génie  artistique  et  de  l'esi^rit  religieux.  Il  donna  un  essor  prodigieux  à 
l'instruction  publique  et  éleva  les  écoles  de  Liège  au  premier  rang  des  écoles  euro- 
péennes. Liège  est  un  foyer  lumineux  où  l'on  accourt  de  toutes  parts  chercher  la 
science  et  d'où  l'on  la  porte  partout,  à  Paris,  à  Utrccht,  à  Worms,  à  Wurzbourg.  à 
Prague,  à  Brescia.  Il  n'y  a  pas  de  ville  en  Belgique  et  en  Hollande  qui  puisse  rivali- 
ser avec  Liège  au  xi«  siècle  :  elle  est  la  plus  grande  et  la  plus  belle  ville  des  Pays- 
Bas,  elle  devance  toutes  les  autres  dans  les  arts  de  la  paix  et  dans  les  bienfaits  de  la 
civilisation.1- 

Telle  est  l'œuvre  de  Notger.  Le  vers  fameux  adressé  à  la  ville  de  Liège  : 

Tu  dois  Notger  au  Christ  et  le  reste  à  Notger 

n'est  donc  que  l'expression  de  la  reconnaissance  enthousiaste  qu'il  méritait.  Il  ne  l'a 
pas  rencontrée. 

Nul  grand  homme  n'a  plus  à  se  plaindre  de  l'ingratitude  de  la  postérité.  Environ 
deux  cents  ans  après  sa  mort,  une  légende  populaire,  née  sans  doute  sur  les  bords 
de  la  Vesdrc,  trouve  accueil  dans  les  chroniques  et  prétend  nous  raconter  la  manière 
dont  il  parvint  à  délivrer  Chèvremoni.  Comme  toutes  les  légendes  populaires,  celle- 
ci  était  vague,  flottante,  invraisemblable,  en  contradiction  avec  les  démographes 
contemporains  et  avec  le  caractère  du  personnage  historique,  mais  elle  était  drama- 
tique et  colorée,  et  cela  sufiit  pour  la  faire  circuler.  On  l'mtroduit  par  fraude  dans 
les  récits  de  nos  vieux  chroniqueurs  Anselme  et  Rupert  et  de  là  elle  passa  partout. 
La  chose  serait  en  elle-même  un  fort  petit  accident  historiographique,  si  elle  n'avait 
défiguré  d'une  manière  cruelle  la  vieille  physionomie  de  l'excellent  pontife  en  faisant 
de  lui  un  fourbe  sanguinaire  et  sacrilège.  Tous  ses  services  ont  été  oubliés  ;  le  crime 
qu'on  lui  imputait  était  si  noir  qu'il  épouvantait  jusqu'aux  panégyristes.  Et  que  dire 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


287 


des  autres  !  Il  faut  lire  les  frères  Henaux  :  Ferdinand,  le  pseudo-historien,  et 
Etienne,  le  poète.  Selon  le  premier,  «  depuis  la  renaissance  de  la  critique,  on  n'a 
plus  osé  faire  Tapologie  de  ce  prélat  coupable  de  si  odieuses  violences,  et  qui  a 
aissé  de  si  pénibles  souvenirs  ».  Quant  au  poète,  ses  strophes  ne  respirent  pas  une 
moindre  indignation. 

Tout  ce  pathos  fait  une  impression  bien  comique  aujourd'hui  que  la  critique  a 
balayé  la  légende  et  que  Ton  a  pu  établir  ce  que  j'appellerais  volontiers  la  genèse  de 
la  fraude.  Et  cela  nous  amène  à  notre  conclusion. 

Il  ne  faut  jamais  désespérer  de  Thistoire.  Elle  pourra  se  tromper  pendant  des 
siècles,  au  point  de  sembler,  selon  une  expression  célèbre,  «  une  conspiration  per- 
manente contre  la  vérité  ».  N'impone  :  il  viendra  un  jour  où  elle  biffera  elle-même 
ce  qu'elle  a  écrit,  et  où  elle  rendra  justice  à  ceux  qui  ont  été  ses  victimes. 

Ce  jour  est  venu  pour  Notger.  La  tache  unique  mais  affreuse,  qui  déshonorait  sa , 
mémoire,  a  disparu.  L'histoire,  par  ma  bouche,  fait  amende  honorable  à  ce  grand 
homme  si  longtemps  calomnié.  La  ville  de  Liège,  représentée  ici  par  son  élite  intel- 
lectuelle, proclame  tout  haut  qu'il  a  bien  mérité  d'elle.  Elle  peut  être  fière  de  son 
second  fondateur  :  w  son  nom  est  une  des  plus  pures  gloires  de  son  pays  d'adoption, 
u  et  un  des  plus  grands  de  l'histoire  de  Belgique  »  (1). 

220.  —  L'enseignement  public  en  Allemagne.  En  igoS  l'Allemagne  comptait  : 

Gymnasien  525,  ayant  ensemble  i58,3ii  élèves. 

Realgymnasien  i36  —  34,693      — 

Oberrealschulen  74  —  34,693      — 

Progymnasien  104  —  9.855      — 

Realprogymnasien  5i  —  ^,739      — 

Realschulen  32 1  —  80,985     — 

1201  330,341 

La  dépense  totale,  en  l'année  scolaire  1905,  s'éleva  à  96  millions  de  marks. 

Il  y  avait  28,281  professeurs  ;  le  nombre  des  élèves  par  professeur  était  de  16,  la- 
dépense  par  élève  de  290  m. 

Le  nombre  des  Technische  Hochschulen  était  de  16,  les  plus  importantes  sont 
Berlin  avec  2395  étudiants,  Munich  avec  2188,  Darmstadt  avec  1589,  et  KaHsruhe 
avec  1483  ;  les  autres  en  comptent  moins  de  mille. 

Le  nombre  des  universités  est  de  21.  Celle  de  Berlin  avait,  en  1905,  81 88  élèves  ; 
viennent  ensuite  Munich  avec  5567, Leipzig  4466.Bonn  2992, Halle  225o,Bres1au  1845, 
Goettingue  i83i,  Fribourg  1744,  Strasbourg  i653,  Heidelberg  1603,  Mûnsier  i5^3, 
Tûbingen  i522,  Marbourg  i5o3,  Wûrzburg  1407,  lena  1275,  Kônigsberg  1140, 
Kiel  1140,  Giessen  1097,  Erlangen  io56   Greifswald  827,  Rostock  645. 

Le  nombre  des  écoles  primaires  était  en  1905  de  59,348  ;  celui  des  élèves  de 
8,924,779.  Il  y  avait  124.027  instituteurs  et  22.5i3  institutrices,  donnant  en  moyenne 
l'enseignement  chacun  à  61  élèves.  Les  dépenses  pour  l'enseignement  prïmaire 
étaient  de  420  millions  de  marcs,  soit  47  marcs  par  élève. 

221.  —  Le  Recueil  de  travaux  publiés  par  les  membres  des  Conférences  d'histoire 
et  de  philologie  de  l'Université  de  Louvain,  en  est  arrivé  à  son  vingtième  fascicule. 
Voici  les  titres  des  deux  derniers  : 
i9«  fascicule  :  C.  P.  X.  Smits,  De  kathedraal  van  '5  Hertogenbosch,  10  fr. 


(1)  G.  KuRTH,  Notger  de  Liège,  t.  I,  p.  357. 


2S8  LB   MUSÉB  BELGE. 


2o«  fascicule  :  J.  B.  Groetstonv^ers,  S.  J.,  Les  métiers  de  Namur  sous  randea 
régime,  344  pp.  4  fr.  5o, 

Le  2i«  fascicule  est  sous  presse  :  M.  Vaes,  La  papauté  et  t église  franqm  à 
Vépoque  mérovingienne. 

S'adresser  aux  Bureaux  du  Recueil,  36,  rue  de  Bériot,  à  Louvain. 

222.  «  Les  Mélanines  Godefiroid  Knrtli  (2  vol.,  gr.  in-S»  )èsus,  d'eoTîroo 
5oo  pages  chacun)  publiés  par  la  Faculté  de  philosophie  et  lettres  de  rUnhrersiié 
de  Liège  en  l'honneur  de  réminent  directeur  de  Tlnstitut  historique  belge  à  Rome, 
vont  sortir  de  presse. 

On  peut  encore  souscrire  au  prix  de  10  fr.  le  volume,  chez  M.  Jules  Qotoii, 
chargé  de  cours  à  l'Université,  Avenue  Blonden,  6,  à  Liège,  ou  chez  VaiDaiit- 
Carmanne,  imprimeur,  6,  Rue  Saint-Adalbert,  à  Liège.  Le  premier  volume  cootieiit 
des  travaux  historiques  ;  le  second  comprend  les  travaux  d'histoire  littérmire,  de 
philologie  et  d'archéologie.  Aussitôt  après  la  publication,  le  prix  sera  p(»té  à  1 2  £r.  5o* 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  289 


PARTIB  PÉDAGOGIQUE. 

LES  COURS  DE  VÂGANG8S  Â  LUNIVBRSITÉ  DE  LOUVAIN 

par  A.  JANSEN,  professeur  au  Collège  Saint- Pierre,  à  Louvain 


Son  Éminence  le  Cardinal- Archevêque  avait  institué  Tan  dernier  des 
cours  de  vacances  pour  les  professeurs  de  l'enseignement  moyen  de 
son  diocèse.  Ces  cours  comprenaient  l'enseignement  de  la  péda- 
gogie, du  grec,  du  latin  et  de  Thistoire.  Ils  furent  couronnés  d'un^ 
plein  succès.  Cette  année,  aux  vacances  de  Pâques  dernières,  ils  ont 
été  repris,  et  le  Vénéré  Cardinal -Archevêque,  qui  a  voué  à  l'enseigne- 
ment une  sollicitude  aussi  éclairée  que  profonde,  a  voulu  leur  donner 
une  extension  plus  grande  et  une  importance  plus  marquée.  Non 
seulement  les  branches  précitées  en  firent  le  sujet,  mais  presque  toutes 
les  matières  portées  au  programme  de  nos  humanités  furent  traitées 
dans  ces  intéressantes  leçons.  Des  professeurs  duniversité  dont  la 
compétence  n'échappe  à  personne  et  dont  le  dévouement  est  au-dessus 
de  tout  éloge,  se  sont  généreusement  chargés  de  ces  cours.  En  voici  un 
aperçu  sommaire  avec  le  titulaire  de  chacun  d'eux. 

M.  Collard  :  i*»  Méthodologie  (les  instruments  de  bibliographie  péda- 
gogique, les  méthodes  actives,  la  concentration  ;  l'enseignement  de  la 
langue  maternelle  (dictée,  rédaction  et  élocution);  l'enseignement  du 
latin,  principes  fondamentaux  et  interprétation  des  auteurs  latins. 

2**  Langue  grecque  :  Explication  d'une  page  de  Xénophon  (Ana- 
base),  d'Hérodote,  de  Démoslhène  (Olynthiennes),  d'Homère  (Iliade) 
et  de  Sophocle  (Œdipe  roi). 

M.  Sencie  :  L'enseignement  de  l'histoire  grecque  et  de  l'histoire 
romaine. 

M.  Mayence,  suppléant  de  M.  Remy  (i)  :  L'art  antique  en  rapport 
avec  l'interprétation  des  auteurs  (Les  palais  mycéniens  et  Homère,  le 
temple  grec,  le  théâtre  grec  et  romain,  les  sculptures  du  Parthénon) 
avec  projections  lumineuses. 

M.  Maere  :  L'art  chrétien  dans  l'enseignement  et  visites  des  monu- 
ments de  Louvain. 

M.  Doutreponl  :  L'explication  d'auteurs  français  (XVIl«  et  XIX«  siè- 
cles) et  l'enseignement  de  la  littérature. 

(1)  M.  Remy  était  parti  pour  lltalie  et  la  Tunisie;  M.  Gauchie  pour  Naples. 
M.  Bang  était  en  Ali(  magne. 


^9^  LE   MUSÉE  BELGE. 


M.  Lecoutere   :  L'enseignement  de  la  langue  et  de  la  littérature 
flamande  :  but,  méthode,  bibliographie. 

M.  De  Vocht,  suppléant  de  M.  Bang  :  L'enseignement  de  Talle- 
roand  et  de  l'anglais. 

M.  Terlinden,  suppléant  de  M.  Gauchie  :  Étude  des  sources  histo- 
riques et  histoire  contemporaine. 

Les  cours  ont  commencé  le  lundi  matin  pour  finir  dans  Tapr^-midi 
du  vendredi.  Les  auditeurs  furent  nombreux.  Les  professeurs  de  Tarchi- 
diocèse  n'y  avaient  pas  été  seuls  invités;  NN.  SS.  les  Évêqucs, 
à  la  suite  de  l'illustre  Primat  de  Belgique,  y  avaient  convié  les  profes- 
seurs de  leurs  diocèses  respectifs.  Un  grand  nombre,  surtout  des 
diocèses  de  Malines  et  de  Namur,  répondirent  à  l'appel  des  Évéqufâ 
et  n'hésitèrent  pas  à  renoncer  à  quelques  jours  de  vacances  pour  revivre 
de  la  vie  d'élève  et  se  familiariser  davantage  avec  les  connaissances 
indispensables  aux  professeurs.  Notons  aussi  parmi  les  auditeurs  plu- 
sieurs religieux  de  la  Compagnie  de  Jésus,  de  l'Ordre  de  saint  François 
et  de  saint  Norbert. 

Les  cours,    professés   avec  une  supériorité   incontestable,    furent 
suivis  avec  une  assiduité  remarquable  et  un  réel  plaisir.   Qu*il    me 
soit  permis  au  nom  de  tous  les  auditeurs,  frères  dans  le  sacerdoce, 
d'acquitter  ici  la  dette  de  très  respectueuse  gratitude  envers  notre 
bien-aimé  Cardinal- Archevêque,  qui,  à  de  vastes  connaissances,  joint 
éminemment  l'art  sublime  du  dévouement  se  prodiguant,  inlassable, 
aux  intérêts  du   diocèse,    et    envers    NN.    SS.    les    Évêques    qui, 
parmi  les  multiples  œuvres  réclamant  leur  zèle,  donnent  une  pré- 
férence marquée  aux  questions  d'enseignement  et  à  la  prospérité  de 
leurs  collèges.  Nous  nous  plaisons  aussi  à  payer  un  juste  tribut  de 
reconnaissance  aux  professeurs  d'université  qui  se  sont  chargés  des 
cours  et  qui  se  sont  entièrement  mis  à  la  disposition  de  leurs  audi- 
teurs.   Ne  voulant   pas  alarmer  la   modestie  de  M.  le   Professeur 
Collard'en  retraçant  tous  les  titres  qu'il  a  acquis  à  notre  gratitude, 
nous  tenons  cependant  à  le  remercier  tout  spécialement  non  seulement 
pour  l'aide  si  puissante  qu*il  a  prêtée  à  l'organisation  des  leçons,  mais 
aussi  pour  le  désintéressement  et  l'empressement  dont  il  a  fait  preuve 
et  auxquels  nous  rendons  publiquement  hommage. 

Dans  les  quelques  pages  qui  suivent,  je  voudrais  montrer  toute 
l'utilité  et  tout  l'intérêt  de  chacun  des  cours;  la  chose  n'est  cependant 
pas  aisée;  car  ce  qui  caractérise  particulièrement  les  leçons  de 
vacances,  c'est  l'abondance  de  la  matière,  la  concision  de  l'exposé  et 
le  nombre  des  renseignements  bibliographiques. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  29 1 


M.  le  Professeur  Collard  a  ouvert  la  série  des  cours  et  souhaité  en 
termes  heureux  et  cordialement  sincères  la  bienvenue  à  ses  nouveaux 
auditeurs. 

Il  a  commencé  son  cours  de  pédagogie  par  un  aperçu  très  neuf  des 
réformes  préconisées  dans  l'enseignement  moyen  en  ces  dernières 
années.  Conservateurs,  réactionnaires,  progressistes,  révolutionnaires, 
anarchistes,  tous  défilent  rapidement  devant  nous.  En  quelques  mots, 
brefs  et  précis,  ils  sont  caractérisés  et  jugés  :  il  a  suffi  d'une  heure  pour 
passer  en  revue  toutes  les  réformes  «  possibles  ou  impossibles  ».  Et  la 
conclusion  ?  Que  faire  pour  améliorer  notre  enseignement  moyen  î 
«  N'attendez  pas  tout, dit  M.  Collard,  de  la  rédaction  d*un  programme; 
ayez  surtout  confiance  dans  une  bonne  méthodologie.  Et  pour  cela, 
étudiez  d'abord  notre  enseignement  primaire  ;  il  a  fait  ses  preuves  ;  il 
est  à  la  hauteur  des  progrès  modernes.  Empruntez-lui  les  méthodes 
actives,  Tart  d'interroger,  l'enseignement  de  la  dictée,  de  la  rédaction, 
de  la  géographie,  etc.  Après  avoir  pris  chez  nous,  adressez-vous  à  nos 
voisins,  quand  leurs  méthodes  sont  fondées  en  raison  et  justifiées  par 
une  longue  et  solide  expérience.  N'imitez  jamais  à  la  légère.  » 

Un  professeur  de  collège  doit  se  tenir  au  courant  de  tout  ce  qui  se 
publie  dans  la  domaine  de  ses  études.  Comment  connaître  la  littéra- 
ture pédagogique,  qui  est  immense?  Nous  avons  des  revues  belges, 
allemandes,  françaises  et  anglaises  —  M.  Collard  les  énumère,  —  puis 
certains  répertoires,  par  ex.,  Kehrbach,  Das  gesammte  Er^^tehungs- 
und  Unterrtchtsn^esen  in  den  Làndern  deutscher  Zunge,  Rethwisch, 
Jahresbericht  uber  das  hôhere  Schulwesen,  le  dictionnaire  de  Buis- 
son, les  encyclopédies  de  Schmid  (Gotha),  de  Loos  (Vienne,  2«  édition), 
de  Rein  (Langensalza,  dont  la  seconde  édition  est  en  cours  de  publi- 
cation). Il  est  regrettable  qu'on  n'ait  pas  pour  la  pédagogie  de  l'ensei- 
nement  moyen  une  bibliotheca  du  genre  de  la  bibliotheca  philologica. 
Il  était  impossible  d'exposer,  même  succinctement,  les  principes  de 
la  méthodologie  générale^  qui  est  très  vaste.  Il  fallait  choisir  quelques 
questions.  M.  Collard  en  a  pris  deux  :  les  méthodes  actives  et  la 
concentration. 

Sous  la  forme  humoristique  de  souvenirs  de  la  vie  d'un  collège  il  y 
a  trente  ans,  il  a  montré  ce  qu'étaient  autrefois  les  méthodes  pas- 
sives ;  puis  il  leur  a  opposé  fort  habilement  le  même  enseignement 
soumis  aux  méthodes  actives. 

Le  principe  de  la  concentration  a  été  magistralement  exposé  aux 
auditeurs,  qui  ont  pu  voir  comment  il  doit  se  comprendre,  qu'il 
s'agisse  de  l'enseignement  soit  d'une  branche,  soit  d'une  classe,  soit 
de  l'ensemble  des  classes.  La  rédaction  d'un  programme  conforme 
au  principe  de  la  concentration  se  heurte  à  beaucoup  de  difficultés; 


292  LE   MUSÉE   BELGE. 


il  faut  bien,  pour  le  moment,  se  contenter  d'une  concentration  non 
pas  absolue,  mais  relative.  En  tout  cas,  plus  les  rapprochements  sont 
naturels,  plus  ils  ont  de  valeur.  Tout  ce  qui  est  forcé,  doit  être  banni 
soigneusement. 

Passant  à  la  méthodologie  spéciale  de  la  langue  maternelle  et  du 
latin,  M.  Collard  nous  a  dit  tant  de  bonnes  choses  que  je  voudrais 
pouvoir  les  esquisser  rapidement;  malheureusement, même  une  simple 
esquisse  me  mènerait  beaucoup  trop  loin  ;  je  dois  donc,  à  mon  grand 
regret,  me  contenter  de  dire  un  mot  des  principales  questions  traitées. 

La  dictée  a  fait  1  objet  d*une  leçon  bien  intéressante.  Le  professeur 
a  montré  que  le  souvenir  complet  d'un  mot  comprend  quatre  sou- 
venirs, un  souvenir  auditif,  un  souvenir  d'articulation,  un  souvenir 
visuel,  enfin  un  souvenir  graphique.  Il  a  ensuite  déterminé  l'impor- 
tance comparée  de  ces  divers  souvenirs,  et  il  en  a  déduit  toute  la  métho- 
dologie de  la  dictée  (i). 

La  composition  est  un  exercice  bien  plus  difficile.  M.  Collard  s'est 
surtout  occupé  ici  de  la  gradation  des  sujets  et  de  la  correction 
collective  des  devoirs. 

Comme  il  l'avait  fait  Tan  dernier  (2),  il  a  pris  pour  base  de  son 
exposé  des  leçons  faites  au  Collège  Saint- Pierre.  Les  sujets  devant  être 
puisés  successivement  dans  le  monde  concret,  le  monde  moral  et  le 
monde  intelligible,  il  avait  choisi,  en  6^^  une  promenade  en  hiver  à 
Louvain  ;  en  3«,  les  impressions  optimistes  et  pessimistes  que  l'hiver 
éveille;  en  rhétorique,  l'utilité  de  l'hiver.  Le  compte  rendu  détaillé  de 
ces  leçons  a  été  suivi  de  l'énumération  de  quelques  sujets  gradués  de  la 
même  façon  :  \^  description  d'une  roule;  propos  d'une  route;  utilité  des 
voies  de  communication;  2°  description  d'une  gare;  un  voyage  en 
chemin  de  fer  ;  utilité  des  voyages  ;  3<>  le  facteur  rural  ;  l'arrivée  du 
facteur  au  village  ou  voyage  d'une  lettre  ;  utilité  de  la  poste,  etc.  (3). 

(1)  Voir  F.  Collard,  Méthodologie  de  V enseignement  moyen,  Bruxelles,  Cas- 
taigne,  p.  68  et  suiv. 

(2)  F.  Collard,  La  rédaction  aux  cours  de  vacances  de  Louvain  (Pâques,  1907), 
dans  la  Revue  pratique  du  diocèse  de  Bruges ,  1907. 

(3)  M.  Collard  a  signalé  à  ses  auditeurs  un  certain  nombre  de  Recueils  de  compo- 
sitions françaises  :  KiNET,  La  pratique  du  style  à  l'école  primaire,  Liège,  Dessaio  ; 
Toisoul  et  Wallon,  Cours  méthodique  de  style  et  d'analyse  littéraire,  Livre  du 
maître,  Namur,  Lambcrt-De  Roisin;  Fassotte-Pbtry,  Cours  de  style,  Dison, 
Debois  ;  Lejuste,  La  rédaction  à  l'école  primaire,  partie  du  maître,  Tamincs, 
Duculot-Roisin;  Colinge  et  Bardiaux,  Exercices  de  langage  et  de  rédaction,  livre 
du  maître,  Namur,  Wjsmael-Charlitr  ;  Caulle,  L'enseignement  de  la  rédaction  à 
Véco/e  primaire,  Rouen,  Langlois  ;  M.  T.  D.,  Méthode  pratique  de  style  et  décom- 
position littéraire,  Cours  moyen  (maître),  -Lyon,  Viite  ;  Morllt  et  Dupuis,  Cours 
complet  de  langue  française,  style  tt  rédaction.  Cours  moyen,  Livre  du  maître^ 


PARTIE   PÉDAGC^GIQUE.  agS 


Non  content  d'exposer  comment  le  professeur  doit  procéder,  selon 
la  classe,  pour  la  recherche  et  la  disposition  des  idées,  M.  CoUard  a 
montré,  au  moyen  d*un  exemple,  le  facteur  rural,  la  façon  de  mener 
l'exercice  de  Télocution. 

Au  degré  inférieur,  les  rédactions  étant  prises  dans  le  monde 
concret,  il  faut  apprendre  à  l'enfant  à  observer.  Entrant  dans  cet 
ordre  d'idées,  un  ancien  élève  de  Louvain,  M.  l'abbé  Wathelet  a 
recommandé  les  excursions  scolaires,  qui  développent  chez  les  élèves 
Tesprit  d  observation  et  forment  leur  goût.  M.  CoUard.  a  esquissé  à 
grands  traits  comment  le  professeur  de  Saint- Roch  comprend  les 
excursions,  pour  qu'elles  soient  vraiment  utiles. 

A  l'heure  actuelle,  la  culture  de  la  langue  parlée  a  acquis  une 
importance  considérable.  C'est  dès  les  premières  classes  qu'il  faut  faire 
des  exercices  d'élocution  :  c  est  alors  que  les  élèves  osent  ;  passé  un  cer- 
tain âge,  ils  deviennent  timides.  La  méthode  à  suivre  ici  a  été  exposée 
avec  un  réel  talent  par  d  anciens  élèves  de  Louvain,  MM.  Gérard 
et  Gérardin. 

Tels  sont,  pour  la  méthodologie  de  la  langue  maternelle,  les  divers 
points  qui  ont  été  surtout  traités  par  le  savant  professeur. 

Dans  renseignement  du  latin,  deux  questions  sont  actuellement  fort 
discutées  :  Faut-il  faire  la  guerre  au  mot  à  mot  ?  Faut-il  apprendre  le 
latin  d  après  la  méthode  directe  ?  Ces  deux  questions  résolues,  M.  Col- 
lard  passe  en  revue  toute  la  méthodologie  du  latin  :  grammaire,  voca- 
bulaire, thème,  version,  explication  des  auteurs.  Dans  cet  exposé 
rapide,  —  il  pouvait  renvoyer  à  sa  Méthodologie  de  renseignement 
moyen,  p.  120  et  suiv.  —il  s'est  attaché  surtout  à  la  leçon  de  lecture,  qui 

Paris,  Dclagrave  ;  Badré,  Le  deuxième  et  le  troisième  livre  de  composition  fran- 
çaise^ Paris,  Nouvelle  librairie  ;  Laportb,  Cours  de  composition  française^  degré 
supérieur  (maître),  Paris,  Delaplane;STiBRi«ET,  Rédaction^  2«  année,  Liège,  Dessain; 
Kirsch,  La  rédaction  française  au  concours  général  des  écoles  moyennes,  Gand, 
Hoste  ;  Richardot,  Nouveaux  sujets  de  composition  française^  Paris,  Delagrave  ; 
M'i«  C.  JuRAN VILLE,  Manuel  de  style  et  de  composition.  Cours  moyen  et  troisième 
degré  (maître),  Paris,  Larousse;  Bujadoux  et  Benne,  Recueil  de  narrations  fran- 
çaises t  maître),  Paris,  Poussielgue  ;  Morlit  et  Léuonon,  Nouveau  recueil  français, 
Paris.  Delagrave  ;  Gasquy,  La  narration  française,  Marseille,  Lafitte  ;  Lepetit, 
Principes  et  exercices  gradués  de  composition  française  (maître).  Cours  gradué  de 
style,  !'■'»  et  2«  année,  Paris,  Boyer  ;  Jarach  et  Mouchbt,  La  composition  française^ 
Paris,  Nathan;  Lanson,  Études  pratiques  de  composition  française^  Paris,  Hachette; 
Pecqueur,  Manuel  pratique  de  dissertation  française,  Namur,  Wesmacl-Charlier  ; 
Bille,  Les  hommes  et  les  choses,  Bruxelles,  Lebègue  ;  Arnaud,  Recueil  méthodique 
décomposition  française,  Marseille,  Lafitte  ;  Ancelin  et  Vidal,  La  composition  fran- 
çaise, nouveau  recueil  de  sujets  développés,  Paris,  Nouvelle  librairie  ;  Lhommb  et 
Petit,  La  composition  française  aux  examens  du  baccalauréat  de  l'enseignement 
secondaire  moderne,  Paris,  Nony,  etc. 


294  L^    MUSEE   BELGB. 


est,  quoi  qu'on  pense,  la  plus  difficile;  elle  ne  sera  une  qu'à  la  condi- 
tion  de  séparer  trois  exercices  :  la  préparation,  la  lecture  proprement 
dite  et  les  exercices  de  répétition. 

L'élaboration  de  ce  que  nous  appelons  la  bonne  traduction,  est  un 
travail  d'une  grande  importance,  mais  très  délicat.  M.  CoUard  nous 
en  a  donné  un  exemple  très  frappant,  très  réussi,  en  prenant  l'exorde 
de  la  3«  Olynthienne. 

Grâce  aux  visites  qu'il  a  faites  dans  beaucoup  d'établissements,  grâce 
surtout  aux  exercices  didactiques  qu'il  dirige  avec  tant  de  dévouement, 
depuis  i8  ans  dans  toutes  les  classes  du  Collège  Saint-Pierre,  M.  Col- 
lard  peut  imprimer  à  ses  leçons  de  méthodologie  un  caractère  essentiel- 
lement pratique: ce  sont  toujours  toutes  choses  vécues,  de  vraies  classes. 


En  dehors  du  cours  de  méthodologie,  M.  CoUard  s'était  chargé  de 
l'explication  des  auteurs  grecs.  A.vec  une  compétence  peu  ordinaire,  il 
a  développé,  comme  introduction,  quelques  considérations  érainera- 
ment  pratiques,  déterminant  le  caractère  des  explications  qu'on  doit 
faire  prédominer  d'après  le  degré  d'avancement  des  élèves  et  le  genre 
de  composition. 

Xénophon  a  été  le  premier  auteur  étudié,  et  le  passage  choisi,  la 
bataille  de  Cunaxa.  M.  CoUard  situe  le  chapitre,  en  fait  ressortir 
l'importance,  insiste  sur  la  difficulté  de  narrer  exactement  une  bataille, 
alors  même  qu'on  y  a  pris  part,  divise  nettement  tout  le  chapitre, 
détermine  les  explications  à  donner,  signale  particuHèrement  celles 
qui  sont  généralement  oubliées,  résume  le  chapitre,  fait  quelques 
réflexions  sur  la  marche  de  la  bataille,  montre  la  beauté  du  récit  de 
l'historien  grec  et  en  discute  la  valeur  historique.  Suiven:  d'intéres- 
sants exercices  de  répétition  sur  la  lexigraphie  et  la  syntaxe,  sur 
l'armée  des  Grecs  et  des  Perses,  sur  Xénophon  et  Cyrus;  entîn  des 
exemples  de  concentration  et  des  sujets  de  rédaction  tirés  ou  chapitre. 

En  particulier,  ce  qui  nous  a  plu  et  intéressé  beaucoup,  c'est  l'expli- 
cation au  point  de  vue  de  Fart.  Que  doit-on  expliquer  sous  ce  rapport? 
Comment  doit -on  le  faire?  M.  CoUard  nous  l'a  dit  avec  beaucoup  de 
précision  et  nous  a  recommandé  à  ce  sujet  l'excellent  guide  de  Mal- 
fertheiner,  Realerklàrung  und  Anschauungs-Unterricht  bei  der 
Lekture  der  griechischen  Classiker,  Wien,  1899. 

Passant  à  Hérodote,  nous  avons  pu  voir  comment  cet  auteur  con- 
tinue VAnabase  et  prépare  l'étude  d'Homère.  Il  nous  a  été  aussi  montré 
comment  cet  auteur  se  prête  aisément  à  l'exercice  de  concentration  et 
quel  est  le  genre  d'interprétation  qu'il  réclame.  Nous  avons  été  parti- 
culièrement heureux  d'entendre  expliquer  la  bataille  des  Thermopyles 
après  Celle  de  Cunaxa. 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  295 


Les  heures  se  sont  écoulées  si  rapidement  que  M.  Collard  n'a  pu 
lire  quelques  pages  d'Homère  et  de  Sophocle,  et  qu'il  a  dû  terminer  en 
interprétant  quelques  paragraphes  de  la  i»"e  Olynthienne.  Ici  encore, 
l'interprétation  était  fort  intéressante.  Dans  sa  traduction,  le  profes- 
seur s  attachait  à  rendre  avec  netteté  et  énergie  toutes  les  nuances  du 
texte  grec;  dans  son  interprétation,  fort  bien  appropriée  à  l'auteur  et 
à  une  rhétorique,  il  restreignait  le  commentaire  grammatical  aux  par- 
ticularités de  la  langue  de  Démosthène;  il  faisait  découvrir,  par  de 
bonnes  explications  réelles  ou  historiques,  toute  la  valeur  de  l'argu- 
mentation de  l'orateur,  et  il  terminait  par  une  analyse  littéraire  très 
pénétrante. 


Les  trois  leçons  ou  conférences  de  M.  le  Professeur  Sencie,  d'un 
caractère  essentiellement  pratique,  avaient  pour  objet  l'application  à 
l'enseignement  de  l'histoire  grecque  des  règles  générales  de  la  métho- 
dologie de  l'histoire. 

Il  appelle  d'abord  l'attention  de  ses  auditeurs  sur  les  deux  faits  qui 
dominent  l'enseignement  de  l'histoire  ancienne  dans  les  humanités 
gréco-latines  des  collèges  épiscopaux.  Le  premier,  d'ordre  général, 
c'est  le  rôle  de  l'histoire  ancienne.  Le  second  concernant  spécialement 
l'enseignement  libre,  c'est  le  programme  adopté  dans  cet  enseignement. 

I.  Le  rôle  de  Ihistoire  ancienne.  Il  est  doublement  important  : 
a)  le  cours  d'histoire  ancienne  doit  préparer  la  lecture  et  l'intelligence 
des  auteurs  classiques;  b)  il  doit  donner  une  certaine  connaissance  de 
l'antiquité.  Cette  connaissance  ne  peut  se  borner  aux  principaux 
événements  pohliques  et  militaires  ;  elle  doit  comprendre  aussi  des 
notions  de  géographie  ancienne  et  des  notions  de  la  vie  religieuse, 
morale,  intellectuelle,  artistique,  sociale  et  privée,  en  un  mot  de  la 
civilisation  des  peuples  anciens. 

Ces  différents  points  sont  successivement  développés  et  démontrés 
par  le  conférencier.  Il  parcourt  la  liste  des  auteurs  grecs  qui  con- 
stituent le  canon  habituel  de  nos  humanités,  dans  leur  ordre  chrono- 
logique :  Homère,  Sophocle,  Hérodote,  Lysias .  Xénophon  et 
Démosthène,  et  montre  comment  le  professeur  préparera  de  loin  la 
lecture  de  chacun  de  ces  auteurs. 

Le  cours  d'histoire  grecque  débutera  par  la  géographie  de  la  Grèce. 
Les  leçons  consacrées  à  ce  sujet  sont  de  la  plus  haute  importance; 
elles  seront  pour  ainsi  dire  le  résumé  de  toute  l'histoire;  en  tout  cas, 
elles  doivent  jeter  une  lumière  abondante  sur  la  route  à  parcourir.  En 
conséquence,  elles  demandent  une  préparation  sérieuse.  On  donnera 
les  divisions  du  pays  ;  on  indiquera  les  noms  des  Étals,  des  villes  et 


296  LE   MUSÉE    BELGE. 


bourgades  que  Ton  rencontre  au  courant  de  Thistoire.  Cela  ne  suffit 
pas.  On  fera  connaître  la  constitution  physique  du  pays,  son  climat, 
ses  productions  et  Tinfluence  que  toutes  ces  circonstances  réunies  ont 
exercée  sur  les  destinées  du  peuple  grec.  L'atlas  historique  est  id 
indispensable. 

M.  Sencie  examine  ensuite  quelles  «sont,  en  dehors  des  grands  faits 
politiques  et  militaires,  les  notions  qu'il  est  nécessaire  de  donner  aux 
élèves  pour  leur  retracer  du  peuple  grec  une  image  exacte  et  fidèle.  Il 
en  donne  le  programme  et  indique  les  moyens  à  mettre  en  œuvre  pour 
exécuter  ce  programme.  Parmi  ces  moyens  on  peut  surtout  recom- 
mander la  visite  d'une  ville  grecque  à  l'aide  de  l'image.  On  s'arrêtera 
aux  monuments  et  endroits  principaux  :  acropole,  agora,  gymnase, 
temple,  théâtre,  en  expliquant  la  place  qu'ils  occupent  dans  la  vie  da 
peuple.  En  tout  cas,  l'enseignement  ici  sera  intuitif  à  outrance. 

II.  Le  programme  de  renseignement  de  l'histoire  dans  les  collèges 
épiscopaux.  Presque  partout  existe  le  cours  unique.  L'histoire 
grecque  n'y  est  donc  enseignée  qu'une  seule  fois,  et  cela  dans  une  des 
classes  inférieures.  Ce  fait  ajouté  à  celui  de  l'importance  spéciale  de 
l'histoire  ancienne  dans  les  humanités  gréco-latines  entraîne,  comme 
double  conséquence,  la  nécessité  absolue  d'une  préparation  soignée  et 
la  nécessité  d'une  bonne  méthode. 

Les  règles  de  cette  méthode  ont  été  exposées  avec  beaucoup  de  com- 
pétence par  M.  Collard  dans  son  cours  de  Méthodologie  (pp.  388  sqq.). 
C'est  sur  elles  que  s'appuie  le  conférencier  dans  toute  cette  partie  — 
la  plus  importante  peut-on  dire  —  de  son  exposé.  Il  les  cite  une  à 
une,  les  commente  et  montre  par  une  quantité  d'exemples  bien  choisis 
comment  il  faut  les  appliquer  à  l'enseignement  de  l'histoire  grecque. 
Ainsi,  la  bonne  méthode  exige  que  l'enseignement  ne  se  perde  pas 
dans  une  quantité  de  faits  et  de  détails.  Cette  règle  est  appliquée  à  la 
guerre  du  Péloponnèse,  guerre  longue  et  compliquée.  Le  professeur 
d'histoire  aura  soin  de  faire  ressortir  les  points  principaux  :  la  cause 
et  le  caractère  de  la  lutte,  son  importance,  sa  longue  durée,  le  plan  de 
campagne.  Pour  le  reste,  il  se  contentera  de  raconter  les  grandes  opé- 
rations militaires,  mais  se  gardera  bien  de  surcharger  la  mémoire  de 
ses  élèves  par  le  récit  détaillé  des  actions  secondaires. 

Autre  exemple.  La  méthodologie  veut  que  l'enseignement  soit  pit- 
toresque, que  notamment  il  fasse  ressortir  les  personnages  principaux 
en  retraçant  d'eux  un  portrait  vivant  et  caractéristique.  M.  Sencie  cite 
la  série  des  personnages  de  l'histoire  grecque  qui  méritent  les  honneurs 
du  portrait  ;  il  caractérise  brièvement  leur  politique,  le  rôle  qu'ils  ont 
joué,  l'idée  qu'ils  ont  représentée,  l'influence  qu'ils  ont  exercée  sur  la 
vie  de  la  nation. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  297 


Dans  la  dernière  partie  de  ses  leçons  M.  Sencie  s'est  longuement 
appuyé  sur  une  règle  utile  entre  toutes  :  «  L'enseignement  de  Thistoire 
sera  une  démonstration.  Le  professeur  par  cela  même  qu'il  choisit 
entre  ces  faits  les  groupe  en  vue  d'une  démonstration...  il  doit  chercher 
la  synthèse  dans  chaque  leçon,  dans  chaque  période  et  dans  l'ensemble 
du  cours  »  (1). 

Quelle  est  la  synthèse  du  cours  d'histoire  grecque?  Que  faut-il  dé- 
montrer ?  —  Le  cours  d'histoire  grecque  doit  faire  connaître  le  rôle 
civilisateur  du  peuple  grec  dans  le  monde.  Il  montrera  cette  civilisa- 
lion  dans  ses  origines  et  dans  son  développement,  ses  centres  successifs, 
sa  marche  ascendante,  son  extension  progressive.  Il  démontrera  com- 
ment la  civilisation  de  ce  peuple  extraordinaire  est  devenu  le  patri- 
moine de  l'humanité.  Voilà  l'idée  maîtresse  qui  dominera  tout  le  cours, 
reliera  tous  les  faits,  les  expliquera  et  les  gravera  profondément  dans 
rintelligence  des  élèves.  A.  la  lumière  de  celte  démonstration,  certains 
fairs  trop  souvent  négligés  ou  laissés  dans  l'ombre,  tel  le  fait  de  la 
colonisation,  acquerront  une  importance  considérable  ;  d'autres,  qui 
bien  souvent  restent  isolés,  comme  les  guerres  médiques,  qui  ont  pré- 
paré l'œuvre  d'Alexandre,  trouveront  leur  place  dans  l'ensemble  et 
seront  d'autant  mieux  compris  et  retenus  par  les  élèves. 

Voilà  un  résumé  très  succinct  de  ces  leçons  si  pratiques,  si  instruc- 
tives et  si  intéressantes.  Ajoutons  qu'au  courant  de  son  exposé,  le 
conférencier  a  signalé  à  ses  auditeurs  un  grand  nombre  d'ouvrages  et 
de  collections  qui  peuvent  rendre  service  au  professeur  d'histoire 
ancienne  dans  les  classes  d'humanités. 


M.  le  professeur  Mayence,  qui  vit  chaque  jour  se  presser  sur 
les  gradins  de  lauditoire  de  l'Institut  d'électricité  un  nombreux  public, 
a  traité  dans  ses  cours  de  l'art  mycénien,  du  temple  grec,  du  théâtre 
grec  et  des  sculptures  du  Parihénon.  Des  projections  dont  les  sujets 
étaient  judicieusement  choisis,  illustraient  et  complétaient  les  doctes 
leçons  du  jeune  professeur. 

La  première  conférence  traita  de  l'art  homérique  ou  mycénien. 
Basée  principalement  sur  les  fouilles  faites  à  Cnosses,  à  Mycènes,  à 
Tirynthe,  elle  nous  familiarisa  avec  larchitecture ,  la  sculpture  et 
même  la  peinture  mycéniennes. 

Le  temple  grec  fut  Tobjct  de  la  deuxième  conférence.  Le  sym- 
pathique professeur  en  fit  une  description  complète  et  nous  décrivit 
ses  différentes  parties.  Il  montra  les  caractères  distinctifs  du  temple 

(  1  )  CoLLARD,  Méthodologie^  p.  3g2. 


298  LE    MUSÉE    BELGE. 


dorique  et  du  temple  ionique,  et  les  monuments  les  plus  remar 
quables  des  deux  styles.  Une  courte  explication  du  style  corinthien, 
qui  n'est  qu'une  variété  du  style  ionique,  termina  la  leçon. 

Dans  une  troisième  conférence,  on  a  particulièrement  goûté  l'expose 
très  méthodique  de  la  théorie  de  Dôrpfeld  sur  le  théâtre  grec.  On 
expliqua  aux  auditeurs  les  différentes  parties  du  célèbre  théâtre  de  Dio- 
nysos :  la  scène,  Torchestre  et  le  théathron  proprement  dit.  Disons 
ici  que  le  professeur  souleva  la  question  si  les  acteurs  jouaient  entre 
l'orchestre  et  la  scène,  sur  le  q[îéme  niveau  que  le  chœur,  ou  bien  sur 
la  plate-forme  haute  de  deux  à  trois  mètres  surmontant  le  proskénion. 
Les  assistants  virent  alors  défiler  devant  eux  les  principaux  théâtres 
grecs  et  romains.  Puis,  l'intéressant  conférencier  traita  du  matériel  de 
la  représentation  :  décors,  costumes,  chaussures,  masques  etc. 

Les  sculptures  du  Parthénon  traitées  dans  la  quatrième  conférence, 
ont  causé  aussi  un  vif  plaisir.  M.  Mayence  y  parla  surtout  des 
métopes,  des  deux  frontons  où  Phidias  sculpta  la  naissance  d*Atbéoa 
et  sa  victoire  sur  Poséidon,  puis  de  l'inimitable  frise  de  la  cella, 
représentant  la  procession  des  grandes  Panathénées,  enfin  de  la 
fameuse  statue  chryséléphantine  d'Athéna,  qui  se  trouvait  à  Tintérieur 
du  Parthénon. 

Inutile  d'ajouter  que  ces  leçons,  accompagnées  de  vues  bien  choisies 
et  bien  claires,  ainsi  que  d'une  bibliographie  de  l'art  grec,  eurent  un 
succès  mérité.  Les  nombreux  auditeurs  de  ces  magnifiques  conférences, 
auront,  nous  n'en  doutons  pas,  emporté  la  conviction  que  les  monu- 
ments figurés  de  l'art  ancien  contribuent  puissamment  non  seulement 
à  l'intelligence  de  la  civilisation  ancienne,  mais  encore  à  celle  des 
auteurs  classiques. 

Après  ce  cours,  on  visita  le  musée  d'art  ancien  de  l'Université:  on 
put  y  voir  une  petite  collection,  mais  fort  intéressante  de  statuettes 
et  de  vases  grecs;  et  le  dévoué  professeur  y  ajouta  toutes  les  explica- 
tions désirables. 


M.  le  professeur  Maere  donna  un  résumé  clair  et  complet  de 
l'art  chrétien  ;  il  en  exposa  les  transformations  et  développements  suc- 
cessifs depuis  les  catacombes  jusqu'à  la  Renaissance.  Il  s'attacha  de 
préférence  à  l'art  de  notre  pays,  et  il  montra,  par  de  nombreux 
exemples,  quelle  lumière  la  connaissance  de  l'art  chrétien  projette  sur 
l'histoire,  en  particulier  sur  la  civilisation  dont  l'art  est  le  fruit 
principal. 

Afin  de  mieux  faire  saisir  ces  intéressantes  explications,  M.  le 
chanoine  Maere  conduisit  ses  élèves  à  plusieurs  monuments  de  Lou- 
vain  et  leur  en  expliqua  toutes  les  beautés  artistiques.  Entre  autres. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  2g9 


>n  visita  Saint- Pierre,  une  des  églises  gothiques  les  plus  remar- 
)^tia.l:>Ies  du  pays;  ladmirable  hôtel  de  ville  et  son  musée,  ainsi  que 
les   halles.  En  résumé,  leçon  pratique  très  réussie. 


Rassant  au  cours  de  littérature  française,  je  me  trouve  fort  à  l'étroit 
pour  retracer  dans  un  résumé  succinct  les  fécondes  et  si  substantielles 
leçons  de  M.  le  professeur  Doutrepont.  Tant  de  choses  intéressante?, 
présentées  avec  une  clarté  remarquable  ont  constitué  pour  les  auditeurs 
un  véritable  régal  scientifique  et  littéraire;  aussi  virent-ils  leur  nombre 
s'accroître  chaque  jour,  et  ce  fut  toujours  au  grand  regret  de  tous,  que, 
r heure  écoulée,  on  voyait  partir  le  maître  si  écouté. 

Dans  une  première  conférence,  M.  Doutrepont  nous  a  donné 
q^uelques  vues  d'ensemble  sur  l'histoire  de  la  littérature  française,  ainsi 
que  sur  la  manière  dont  elle  doit  être  comprise  et  enseignée.  Il  les  a 
fait  suivre  de  quelques  conseils  sur  l'interprétation  des  auteurs. 

Les  deuxième  et  troisième  leçons  ont  été  consacrées  au  sujet  que  voici: 
le   théâtre  classique  et  le  théâtre  romantique  envisagés  dans  les  deux 
oeuvres:  Britannicus  de  Racine  et  Ruy  Blas  de  Victor  Hugo.  L'étude 
de  chaque  pièce  a  été  précédée  d'un  exposé  des  caractères  généraux  de 
la  littérature  classique  et  de  la  littérature  romantique.  Ces  considé- 
rations furent  savamment  présentées  par  le  maître,  et  au  cours  de  ce 
double  exposé,  il  a  réussi  à  faire  toucher  du  doigt  les  tendances  spé- 
ciales que  manifestent  l'une  et  l'autre  littérature  dans  leurs  composi- 
tions dramatiques.  Pour  rendre  l'intelligence  des  deux  pièces  la  plus 
complète  possible,  chaque  étude  a  été  accompagnée  d'une  analyse 
adroitement  menée  de  Tœuvre  prise  comme  type.  M.  Doutrepont  a 
fait  délicatement  sentir  les  traits  vraiment  distinctifs  des  deux  systèmes 
dramatiques  en  présence.  Pour  couronner  ces  deux  études,  le  profes- 
seur les  a  complétées  par  une  lecture  habilement  nuancée  de  quelques 
passages  caractéristiques  des  deux  pièces  de  Racine  et  de  V.  Hugo. 

A  ces  conférences  si  applaudies,  a  succédé  un  exposé,  court,  il  est  vrai, 
mais  suffisamment  complet,  de  la  critique  littéraire  et  des  principaux 
représentants  du  genre,  au  XIX«  siècle.  M.  le  professeur  Doutrepont  a 
entretenu  ses  auditeurs  des  différentes  révolutions  littéraires  qui  se 
sont  opérées  dans  ce  domaine,  et  de  la  différence  entre  la  critique  du 
Xixe  siècle  et  celle  qui  a  précédé.  Puis  traitant  des  trois  écrivains, 
Sainte-Beuve,  Taine,  Brunetière,  il  a  habilement  commenté  leur 
système,  le  mérite  qu'il  offre  et  les  objections  qu'il  provoque. 

La  partie  bibliographique  n'a  pas  été  oubliée.  M.  Doutrepont  a 
donné  à  son  auditoire  quelques  indications  éminemment  utiles  et 
pratiques. 


3oO  LE   MUSÉE   BELGE. 


Les  cinq  leçons  qu'a  faites  avec  beaucoup  de  succès  M.  le  professeur 
Lecoutere  ont  eu  pour  objet  l'enseignement  de  la  langue  et  de  la 
littérature  néerlandaises. 

Dans  une  courte  introduction,  M.  Lecoutere  a  démontré  la  néces- 
sité d'une  formation  spéciale  pour  l'enseignement  des  langues  vivant», 
donc  également  pour  l'enseignement  du  néerlandais.  La  connaissance 
pratique  de  la  langue  est  indispensable,  mais  ne  saurait  suffire.  La 
formation  spéciale  nécessaire  doit  être  à  la  fois  scientifique  et  pédago- 
gique, et  c'est  r Université  seule  qui  soit  à  même  de  la  donner.  A  défaut 
de  celte  préparation,  le  professeur  des  humanités  doit  s'efforcer,  par 
une  étude  personnelle  bien  conduite,  de  parvenir  aux  connaissances 
requises  pour  s'acquitter  convenablement  de  sa  tâche.  Mais,  qu'il  ait 
passé  par  l'Université  ou  non,  il  se  souviendra  toujours  qu'en  matière 
d'enseignement  —  comme  dans  n'importe  quelle  branche  de  l'activité 
humaine  —  Ton  travaille  sans  cesse  à  atteindre  une  plus  grande 
perfection  ;  d'où  le  devoir  de  se  tenir  au  courant. 

Le  premier  point  qui  a  été  traité  fut  l'enseignement  de  la  gram- 
maire. 

L'on  peut  définir  la  grammaire  :  Tétude  des  règles  pour  parler  er 
écrire  correctement  une  langue.  M.  Lecoutere  examine  longuement 
cette  définition,  pour  en  déduire  plusieurs  conséquences  importantes. 
Il  prouve  d'abord  que  la  grammaire  traditionnelle  a  tenu  beaucoup 
trop  peu  compte  de  la  langue  parlée  ;  elle  est  fondée  trop  exclusivement 
sur  les  phénomènes  que  présente  la  langue  écrite.  Il  insiste  ensuite  sur 
le  caractère  complexe  et  relatif  de  la  grammaire  :  celle-ci  n'a  nullement 
comine  base  des  principes  immuables  ;  toutes  ses  règles  sont  déduites 
a  posteriori  ;  elle  nous  apprend  donc  l'usage  d'aujourd'hui  et  d'hier, 
mais  pas  celui  de  demain  ;  de  ce  qui  est,  on  ne  saurait  conclure  à  ce  qui 
sera,  encore  moins  à  ce  qui  doit  être.  L'explication  des  faits  de  la  gram 
maire,  si  elle  prétend  être  scientifique,  sera  donc  historique.  C'est 
ainsi  que  le  professeur  doit  la  comprendre;  il  importe  qu'il  ait  une  idée 
claire  et  exacte  de  ce  que  c'est  une  langue  et  de  la  manière  dont  il  fiaut 
en  observer  le  mécanisme. 

Comment  enseignera-t-il  la  grammaire  à  ses  élèves?  M.  Lecoutere, 
sans  entrer  dans  tous  les  détails  de  la  méthodologie  de  cette  branche, 
a  indiqué  fort  bien  comment,  dans  les  différentes  classes,  le  professeur 
s'inspirera  des  considérations  précédentes  pour  ne  pas  présenter  sous 
un  jour  faux  les  phénomènes  grammaticaux.  Il  a  déterminé  ensuite 
quel  sera  le  caractère  de  cet  enseignement  (dogmatique  et  systématique, 
occasionnel  pour  certaines  parties)  et  dans  quelle  mesure  il  différera 
d'après  les  classes  et  le  degré  d'instruction  des  élèves  ;  il  a  insisté  sur 
le  principe  fondamental  que  l'enseignement  de  la  grammaire  ne  sera 
jamais  considéré  comme  but,  mais  toujours  comme  moyen. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  3oi 


Une  revue  critique  des  grammaires  néerlandaises  a  terminé  cette 
première  partie  du  programme. 


M.  Lecoutere  a  parlé  ensuite  de  la  lecture  et  de  l'interprétation  des 
auteurs  en  classe.  Il  Ta  fait  avec  un  vrai  talent  en  répondant  aux  trois 
questions  suivantes  :  pourquoi  ?  comment  ?  quoi  ? 

Il  fallait  d  abord  rechercher  pourquoi  on  lit  les  auteurs  ;  en  effet, 
c'est  le  but  qui  détermine  les  moyens.  Or,  la  tin  que  Ton  poursuit 
par  Tétude  des  textes  n*est  qu'une  fin  relative,  subordonnée  au  but 
général  des  humanités.  La  lecture  et  l'explication  d  auteurs  néerlandais 
d«vra  donc  concourir  à  atteindre  ce  but,  et  non  pas  viser  à  donner  aux 
élèves  des  connaissances  spéciales.. 

Comment  interpréter  les  auteurs  ? 

Il  faut  d  abord  savoir  Hre  ;  un  texte  bien  lu  est  à  moitié  interprété. 
Delà,  l'importance  de  l'art  de  la  lecture.  Le  professeur  doit  pouvoir 
apprendre  à  lire  à  ses  élèves,  le  savoir  donc  très  bien  lui-même.  C'est 
un  point  que  Ton  néglige  communément  beaucoup  trop. 

Vient  ensuite  l'explication.  Ici  M.  Lecoutere  entre  dans  beaucoup  de 
détails.  Il  distingue  les  différents  genres  de  lecture  et  d'interprétation, 
d'où  il  conclut,  qu'il  faut  se  garder  d'expliquer  tout  ce  qu'on  lit  d'une 
méthode  uniforme,  indépendamment  de  la  différence  des  classes, 
d'auteurs,  etc.  Il  fait  ressortir  ensuite  que  tout  texte  doit  être  inter- 
prété de  telle  manière  qu'il  ne  reste  plus  rien  d'obscur,  de  non  compris; 
il  faut  donc  l'expliquer  tant  au  point  du  fond  (realia)  que  de  la  forme  ; 
il  faut  y  ajouter  l'interprétation  littéraire  et  esthétique.  C'est  de  cette 
dernière  surtout  qu'a  parlé  M.  Lecoutere,  parce  qu'elle  est  très  impor- 
tante et  qu'on  la  donne  trop  souvent  d'une  manière  superficielle  et 
en  dépit  de  toutes  les  règles  d'une  saine  interprétation.  Autre  grand 
principe  :  le  professeur  doit  s'abstenir  de  tout  expliquer  lui-même  ;  il 
doit  faire  trouver  le  plus  possible  par  les  élèves  et  se  borner  aux  indica- 
tions indispensables  dans  ces  recherches.  Qu'il  évite  aussi  la  monotonie 
en  variant  les  exercices  d'interprétation  d'après  le  genre  et  la  difficulté 
des  textes.  Enfin  qu'il  ne  néglige  jamais  d'appliquer  ici,  chaque  fois  que 
la  chose  est  possible,  le  principe  de  concentration  ;  qu'il  sache  choisir, 
dans  ce  but,  des  auteurs  et  des  morceaux  qui  ne  sont  pas  sans  rapport 
aucun  avec  les  autres  matières  de  l'enseignement  A  côté  de  ces  pré- 
ceptes positifs,  il  y  en  a  de  négatifs.  Ce  que  le  professeur  évitera  p.  ex. 
c'est  de  s'arrêter  à  1  etymologie  des  mots;  très  rares  sont  les  cas  où  une 
explication  étymologique  contribue  vraiment  à  l'intelligence  d'un  texte. 
—  L'interprétation  des  auteurs,  surtout  dans  les  classes  supérieures, 
n'est  pas  toujours  facile;  elle  n'est  possible  que  si  le  professeur  trouve 


302  LE    MUSÉB   BELGE. 


à  sa  disposition  tous  les  moyens  pour  indiquer  rapidement  la  solution 
aux  difficultés.  C'est  pourquoi  M.  Lecoutere  a  ajouté,  à  cette  théorie  de 
l'explication  des  auteurs,  des  indications  bibliographiques  très  com- 
plètes. 

Reste  la  troisième  question  :  que  lire!  M.  Lecoutere  n'a  traité  le 
canon  des  auteurs  que  d'une  façop  sommaire.  Il  s'est  borné  à  exposer 
quelques  principes,  à  discuter  quelle  espèce  de  textes  convient  le  mieux 
à  l'enseignement  moyen.  Il  a  développé  la  théorie  qu'il  faut  donner 
la  préférence  aux  auteurs  modernes  et  contemporains,  qu'il  faut  choisir 
les  chefs  de  file  et  de  façon  à  avoir  des  représentants  de  tous  les 
genres  littéraires.  Excluons  donc  le  moyen  âge,  les  auteurs  secon- 
daires, et  n'admettons  pas  trop  de  morceaux  du  même  genre. 

La  dernière  question  discutée  fut  celle  de  la  chrestomathie.  Fa  ut- il 
l'admettre  et  dans  quelles  classes?  Quelles  conditions  doit-elle  remplir! 
En  même  temps,  M.  Lecoutere  a  passé  en  revue  les  principaux  livres 
de  ce  genre  et  en  a  exposé  les  desiderata. 


L'histoire  Httéraire,  d'après  M.  Lecoutere,  n'appartient  pas,  à  pro- 
prement parler,  à  l'enseignement  moyen.  On  ne  peut  donner  là  qu'une 
vue  générale  sur  l'évolution  de  la  littérature;  on  indiquera  les  grandes 
périodes,  en  ne  négligeant  pas  les  rapports  de  l'histoire  littéraire  avec 
l'histoire  politique,  etc.  Ce  qui  intéresse  le  plus  les  élèves,  ce  qui  con- 
court efficacement  à  leur  formation,  c'est  l'étude  de  la  littérature 
moderne  et  contemporaine  On  leur  exposera  donc  surtout  l'histoire 
de  la  littérature  au  XIX«  siècle,  de  i83o  environ  jusqu'à  nos  jours. 
L'essentiel,  c'est  de  leur  montrer  le  développement  historique;  trop 
souvent,  on  leur  sert  un  catalogue,  une  nomenclature  d'auteurs  et 
d'ouvrages.  Ici  surtout,  le  professeur  ne  peut  pas  se  borner  à  parler 
seulement  de  ces  auteurs,  de  ces  ouvrages;  il  doit  les  faire  connaître 
autrement  et  mieux,  le  plus  possible,  directement,  soit  en  lisant  lui- 
même  des  extraits  devant  les  élèves,  soit  en  leur  indiquant  des  ouvrages 
à  lire  chez  eux,  lecture  dont  ils  devront  rendre  compte  en  classe. 

M.  Lecoutere,  dont  les  leçons  si  nettes  et  si  pratiques  ont  beau- 
coup plu,  a  terminé  cette  dernière  partie  du  programme  comme  les 
autres,  à  savoir,  par  un  examen  critique  des  manuels  d'histoire  de 
la  littérature  néerlandaise,  employés  dans  les  établissements  belges. 


M.  le  professeur  De  Vocht  a  commencé  son  cours  en  traitant  de  la 
méthode  propre  à  l'enseignement  des  langues  modernes.  Il  a  étudié 
avec  nous  les  parties  principales  de  cet  enseignement  et  nous  a  signalé 
les  moyens  d'acquérir  une  prononciation  pure  et  correcte.  Une  longue 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  3o3 


série  de  fautes  de  prononciation  commises  parles  élèves  fut  discutée  et 
corrigée. 

Dans  une  deuxième  leçon,  le  professeur  a  parlé  de  l'orthographe. 
Celle-ci  doit  aller  de  pair  avec  la  prononciation  et  ne  peut  nullement 
en  être  séparée,  comme  le  veulent  les  partisans  de  la  Neuere  Richtung, 
Quant  à  la  grammaire,  elle  doit  contribuer  efficacement  à  mieux  faire 
comprendre  les  textes  à  lire  et  à  mieux  utiliser  les  connaissances 
acquises.  On  a  examiné  longuement  les  principales  règles  qui  sont  en 
souffrance  à  cause  de  la  grande  ressemblance  des  langues  modernes 
avec  les  langues  maternelles. 

La  question  du  vocabulaire  a  été  longuement  traitée  dans  une  de 
ces  intéressantes  leçons.  M.  De  Vocht  a  clairement  exposé  à  ses  audi- 
teurs comment  les  élèves  peuvent  enrichir  le  vocabulaire  et  se  le 
rendre  familier.  La  lecture  doit  servir  de  base  au  vocabulaire;  celle-ci, 
en  effet,  permet  à  l'élève  d'apprendre  les  mots  les  plus  usuels;  au  pro- 
fesseur, d  expliquer  à  cette  occasion,  avec  une  sage  réserve,  les  règles 
de  grammaire  en  se  basant  sur  des  exemples  vivants  et  réels.  La  lec- 
ture est,  en  outre,  si  elle  esl  judicieusement  choisie,  une  sauvegarde 
contre  le  grand  danger  de  s'approprier  des  tournures  et  des  construc- 
tions qui  sont  diamétralement  opposées  au  génie  de  la  langue  et  qui 
se  multiplient  dans  les  manuels  de  lecture  édités  en  Belgique  et  en 
France  ;  elles  se  glissent  aussi  presque  nécessairement  dans  la  conver- 
sation du  professeur.  La  connaissance  de  l'allemand  et  de  l'anglais 
appris  de  cette  façon  est  rendue  plus  complète  et  plus  stable  au  moyen 
de  thèmes  d'imitation,  de  causeries,  de  courtes  rédactions,  etc. 

Le  sympathique  professeur  s'est  étendu  longuement  aussi  sur  le  choix 
d'un  livre  de  lecture  à  adopter  dans  les  classes.  Il  ne  suffit  pas  que 
celui-ci  soit  irréprochable  au  point  de  vue  de  la  langue:  il  faut  encore 
qu'il  contribue  au  but  moral  et  éducatif  qu'on  doit  se  proposer  dans 
l'enseignement  des  langues  modernes  ;  il  faut  en  outre  qu'il  donne  à 
l'élève  une  idée  aussi  exacte  que  possible  des  peuples  voisins,  de  leur 
caractère,  de  leurs  coutumes,  de  leur  idéal,  de  leur  histoire.  On  peut 
déduire  de  là  la  nécessité  pour  le  professeur  d'être  versé  dans  la  science 
des  realia  ;  —  pour  que,  en  apprenant  à  connaître  les  autres,  les 
élèves  se  perfectionnent  eux  mêmes  et  se  familiarisent  en  même  temps 
avec  leurs  coopérateurs  sur  le  vaste  champ  de  la  civilisation  européenne. 
Ces  conférences,  présentées  avec  tant  de  verve,  ont  hautement  inté- 
ressé l'auditoire. 


M.  le  professeur  Terlinden   s'était  chargé  de  nous  faire  connaître 
«  les  sources  de  l'histoire  contemporaine  ». 


304  LE    MUSÉE   BELGE. 

Dans  une  première  conférence,  il  nous  entretint  des  rapports  de 
l'Église  et  de  l'État  en  France  de  1789  à  1801,  d  après  le  récent 
ouvrage  de  M.  Poullet  «  Les  institutions  françaises  de  1795  à  18 14  ». 
Cet  exposé  prouva  à  l'évidence  que  les  différents  régimes  qui  se  suc- 
cédèrent à  l'époque  de  la  Révolution,  y  compris  la  Convention  et  le 
Directoire,  n'étaient  pas  partisans  de  l'État  laïque  hostile  à  tout  culte» 
comme  le  sont  les  maîtres  actuels  de  la  France. 

Dans  une  deuxième  conférence,  le  jeune  professeur  nous  parla  de  la 
reconstitution  des  États  pontificaux  en  181 5,  d'après  les  travaux  du 
P.  Rîgneri,  «  Il  congresso  di  Vienna  e  la  Santa  Sede.  n  II  fit  bien  res- 
sortir toutes  les  péripéties  par  lesquelles  passèrent  les  États  de  TÉglise 
en  1814-15,  et  comment  la  diplomatie  du  cardinal  Consalvi  parvint  à 
obtenir  la  restauration  du  pouvoir  pontifical. 

La  troisième  conférence  nous  dépeignit  la  situation  de  l'Eglise 
catholique  dans  le  Royaume  des  Pays-Bas  de  181 5  à  i83o;  question 
que  M.  Terlinden  a  magistralement  traitée  dans  son  beau  livre 
f  Guillaume  I«,  roi  des  Pays-Bas  et  l'Église  catholique  en  Belgique  ». 
Il  nous  fut  tracé  un  tableau  complet  de  tout  ce  que  la  religion  catho- 
lique eut  à  souffrir  dans  notre  pays  de  la  part  de  Guillaume  I**".  et 
nous  vîmes  quelle  place  importante  occupa  l'idée  religieuse  parmi  les 
causes  de  la  Révolution  de  i83o. 

L'œuvre  monumentale  de  M.  Goyau  u  L'Allemagne  religieuse  *  fut 
analysée  dans  la  quatrième  leçon.  M.  Terlinden  expliqua  l'état  déplo- 
rable de  l'Église  en  Allemagne  au  commencement  du  XIX«  siècle. 
Mais  Rome,  aidée  du  peuple  allemand,  resté  catholique,  sauva  la 
religion.  Il  y  eut  des  luttes,  des  épreuves  pleines  d'angoisses,  mais 
finalement  l'Église  triompha. 

En  s'attachant  à  ce  point  de  vue  spécial,  où  ses  travaux  antérieurs 
lui  ont  acquis  une  compétence  reconnue,  M  le  professeur  Terlinden 
a  trouvé  le  moyen  de  rendre  ses  conférences  extrêmement  intéressantes 
et  très  profitables. 


A  l'occasion  des  cours  de  vacances,  la  Bibliothèque  Choisie 
(17,  Grand'  Place,  Louvain)  avait  organisé  une  exposition  de  livres, 
cartes  et  estampes  en  rapport  avec  les  différentes  branches  enseignées. 
La  direction  de  cette  exposition  était  confiée  à  M.  L.  Mallinger, 
professeur  de  Rhétorique  latine  à  l'Athénée  royal  de  Louvain,  à  qui 
M.  Lecoulere,  professeur  à  l'Université  de  Louvain,  et  M.  De  Vocht, 
professeur  au  Collège  Saint- Pierre,  suppléant  de  M.  Bang,  avaient 
prêté  leur  concours. 

Elle  remplissait  quatre  places  et  plusieurs  corridors  et  comprenait 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  3oS 


les  sections  suivantes  :  Philosophie. —  Apologétique.  —  Pédagogie  — 
Auteurs,  grammaire  et  histoire  Httéraire,  grecs  et  romains,  français, 
néerlandais,  allemands,  anglais.  —  Antiquités  grecques  et  romaines. 
—  Littératures  étrangères.  —  Histoire  ancienne  et  contemporaine.  — 
Géographie  —  Histoire  de  Tart. 

Le  catalogue  de  l'exposition  va  paraître  incessamment  ;  il  sera  adressé 
gratuitement  à  tous  ceux  qui  ont  participé  aux  cours  de  vacances. 

* 

Kn  résumé,  les  cours  de  vacances  ont  été,  au  plus  haut  point,  inté- 
ressants, instructifs,  pratiques  et  riches  en  renseignements  bibliogra- 
phiques. Rien  d'étonnant  qu'ils  aient  été  fort  goûtés.  Un  complément 
nécessaire  de  cet  enseignement  ex  cathedra,  ce  sont,  ce  me  semble,  les 
réunions  annuelles  du  Cercle  pédagogique.  Ne  convient-il  pas,  en 
effet,  qu'après  avoir  été  des  auditeurs  passifs,  nos  professeurs  de  l'en- 
seignement libre  prennent  part  activement  aux  travaux  d'un  Cercle 
dont  les  discussions  ont  pris,  dès  la  première  année,  un  caractère 
essentiellement  pratique  (i)? 


DICTÉES   FRANÇAISES 

par  F.  COL  LARD,  professeur  à  1*  Université  de  Louvain. 
(Suite.) 


43.  Fragilité  de  la  vit  humaine. 

Mille  accidents  déchirent  le  tissu  délicat  de  la  vie,  avant  même 
qu'elle  ait  acquis  l'étendue  qui  lui  est  propre.  Combien  d'enfants  qui 
venaient  de  naître  sont  tombés  et  se  sont  réduits  en  poussière  !  Com- 
bien de  jeunes  gens  qui  donnaient  les  plus  belles  espérances,  ont  été 
moissonnés  dans  leurs  plus  beaux  jours  !  Une  maladie  violente  ou  un 
événement  imprévu  les  a  précipités  dans  le  tombeau.  Les  dangers  se 
multiplient  avec  les  années  :  la  négligence  ou  les  excès  enfantent  des 
germes  de  maladie,  et  disposent  le  corps  aux  atteintes  cruelles  des 
épidémies.  Le  dernier  âge  est  en  butte  à  plus  de  maux  encore.  En 
un  mot,  l'homme  ne  fait  que  paraître,  et  la  moitié  de  ceux  qui  naissent 
devietment  victimes  de  la  mort  dans  le  coiut  espace  des  dix-sept  pre- 
mières années. 

D'après  la  population  approximative  du  globe,  et  l'estimation  qu'on 

(1)  On  peut  s'inscrire  chez  M.  Collard  ou  chez  M.  Mallinger,  professeur  à  lathé- 
née.  La  cotisation  est  de  3  francs. 


3o6  LE    MUSÉE   BELGE. 


a  faite  du  cours  de  la  vie  humaine,  il  meurt,  dans  l'espace  d'enviroa 

trente-trois  ans,  mille  millions  d'hommes  ;  dans  une  année,  à  peu 

près  trente  millions  ;  chaque  jour,  quaire'vingt'àeux  mille  ;  chaque 

heure,  trois  mille  quatre  cents;  chaque  minute,  soixante;   chaque 

seconde,  un  homme. 

(D'après  Coutin-Despréaux.) 

Expliquez  la  variabilité  ou  rinvariabilité  des  mots  italiques. 

44.  Supériorité  de  V homme  sur  Us  animaux. 

Quelle  que  soit  la  beauté  physique  de  Thomme,  elle  est  si  frappante 
pour  les  animaux  mêmes,  que  c'est  à  elle  surtout  qu'est  dû  l'empire 
qu'il  a  sur  eux  par  toute  la  terre  :  les  faibles  viennent  se  réfugier  sous 
sa  protection,  et  les  plus  forts  tremblent  à  sa  vue.  Plus  d'une  alouette 
s'est  sauvée  au  milieu  des  troupes  d'hommes  après  avoir  aperçu  des 
oiseaux  de  proie.  Na-t-on  pas  vu  un  cerf,  pressé  par  une  meute  de 
chiens,  chercher,  en  bramant,  du  secours  dans  la  pitié  des  passants  ? 
J'en  ai  eu  moi-même  l'expérience  à  l'Ile  de- France,  comme  je  l'ai 
rapporté  dans  la  relation  que  j'ai  donnée  au  public  de  ce  voyage.  Si 
nous  ne  voyons  pas  des  effets  plus  fréquents  de  la  confiance  des  ani- 
maux, c'est  que  le  bruit  de  nos  fusils  ou  des  persécutions  continuelles 
les  ejfrayent  dans  nos  campagnes.  Avec  quelle  familiarité  les  singes 
et  les  oiseaux  ne  s'approchent- ils  pas  des  voyageurs  dans  les  forêts 
de  rinde  ? 

J'ai  vu  au  cap  de  Bonne- Espérance,  dans  la  ville  même  du  Cap, 
les  rivages  de  la  mer  couverts  d'oiseaux  de  marine  qui  se  reposaient 
sur  les  chaloupes  ;  et  un  grand  pélican  sauvage  qui  se  jouait  auprès 
de  la  douane  avec  un  gros  chien,  dont  il  prenait  la  tète  dans  son  large 
bec. 

Mais  les  animaux,  quelque  dangereux  qu'ils  soient,  sont  saisis,  au 
contraire,  de  crainte  à  la  vue  de  l'homme,  à  moins  qu'ils  ne  soient 
jetés  hors  de  leur  naturel  par  des  besoins  extrêmes.  En  Asie,  un  élé- 
phant se  laisse  conduire  par  un  petit  enfant.  Le  lion  d'Afrique 
s'éloigne  en  rugissant  de  la  hutte  du  Hottentot  ;  il  lui  abandonne  le 
terrain  de  ses  ancêtres,  et  va  chercher  a  régner  dans  des  forêts  et  des 
rochers  inconnus  à  l'homme.  La  baleine,  toute  grande  qu'elle  est,  au 
milieu  de  son  élément,  tremble  et  fuit  devant  le  canot  d'un  Lapon. 
Ainsi  s'exécute  encore  cette  loi  toute  puissante  qui  conserva  l'empire 
à  l'homme  au  milieu  de  ses  malheurs  :  u  Que  tous  les  animaux  de  la 
terre  et  les  oiseaux  du  ciel  soient  frappés  de  terreur  et  tremblent 
devant  vous,  avec  tout  ce  qui  se  meut  sur  la  terre  ;  j'ai  mis  entre  vos 
maiiis  tous  les  poissons  de  la  mer.  » 

(  ly'apris  Bernardin  de  Saini-Pierrc.j 

Kxpliquez  l'orthugraphe  des  mois  italiques. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  3o7 


45.  Merveilleuse  organisation  du  corps  humain. 

Il  n'y  a  genre  de  machine  qui  ne  se  trouve  dans  le  corps  humain. 
Pour  sucer  quelque  liqueur,  les  lèvres  servent  de  tuyau,  et  la  langue 
sert  de  piston.  Notre  gosier  est  une  espèce  de  flûte  douce  d  une 
fabrique  particulière,  dont  l'anche,  s'ouvrant  plus  ou  moins,  modifie 
l'air  et  diversifie  les  tons.  La  langue  est  un  archet  qui,  battant  sur 
les  dents  et  sur  le  palais,  en  tire  des  sons  exquis.  L'œil  a  ses  humeurs 
et  son  cristallin  ;  les  réfractions  s'y  ménagent  avec  plus  d'art  que  dans 
les  verres  les  mieux  taillés  ;  sa  prunelle,  ainsi  qu'un  voile  délicat  et 
élastique,  se  dilate  et  se  resserre;  tout  son  globe,  comme  les  lunettes  à 
longue  vue,  s*allonge  ou  s  aplatit^  selon  que  l'éloignement  ou  le  rap- 
prochement des  objets  V exige.  L'oreille  a  son  tambour  ;  la  peau,  qui 
est  d'une  tension  et  d'une  délicatesse  uniformes^  résonne  au  moindre 
contact  d'un  petit  marteau  que  la  plus  petite  secousse,  le  plus  petit 
bruit  agite  instantanément;  elle  a,  dans  un  os  fort  dur,  des  cavités 
pratiquées  pour  faire  retentir  la  voix,  de  la  même  sorte  qu'elle  retentit 
parmi  les  rochers  et  dans  les  échos.  Les  vaisseaux  ont  leurs  soupapes 
tournées  en  tous  sens  :  les  os  et  les  muscles  ont  leurs  poulies  et  leurs 
leviers  :  les  proportions  y  sont  observées  avec  une  précision,  une 
justesse  qui  excite  l'admiration.  En  un  mot,  nul  ciseau,  nul  tour,  nul 
pinceau  ne  peut  approcher  de  la  tendresse  avec  laquelle  la  nature 
tourne  et  arrondit  ses  sujets. 

(D'après  Bossuei,  dans  Lepetif,  a™»  année.) 

Expliquez  l'orthographe  des  mots  italiques. 

46.  Le  magistrat  et  le  voleur. 

Quoi  quen  aient  dit  certains  moralistes  à  l'humeur  chagrine,  toute 
charité,  toute  bonté  n'est  pas  encore  bannie  de  la  terre.  Témoin  plu- 
sieurs actes  d'une  générosité,  d'une  bienfaisance  fl^/wtV/zè/^,  que  nos 
historiens  se  sont  plu  à  nous  rapporter,  et  parmi  lesquels  j'ai  choisi 
celui-ci. 

En  mil  six  cent  soixante-deux,  Paris  fut  en  proie  à  une  disette,  à 
famine  horrible,  quelque  empressés  que  fussent  les  soins  du  gouverne- 
ment d'alors.  Vous  ne  sauriez  vous  faire  une  idée  des  tourments  et 
des  angoisses  que  de  pauvres  pères  de  famille  ont  éprouvés  à  cette 
époque.  Un  soir,  le  vingt- quatre  août,  un  magistrat  revenait,  suivi 
de  son  domestique,  d'une  promenade  que  son  médecin  lui  avait  con- 
seillé de  faire  chaque  jour  pour  rétablir  sa  santé  qu'avait  altérée  une 
longue  maladie.  Un  homme  Taborde  le  pistolet  à  la  main,  et  lui 


3o8  LE    MUSÉE   BELGE. 


demande  la  bourse  ou  la  vie.  «  Cette  demande  et  cette  menace,  hii 
dit  le  magistrat,  vous  les  eussiez  certainement  mieux  adressé€s  à  Umit 
autre  personne  ;  ce  n'est  certes  pas  moi  qui  vous  rendrai  plus  riche. 
Voilà  les  trois  seuls  écus  que  j'aie  ;  je  n'en  ai  pas  emporté  davantage  ; 
prenez,  je  vous  les  abandonne.  » 

Le  voleur  paraît  se  contenter  de  cette  somme,  toute  médiocre 
qu'elle  était,  et  se  retire  aussitôt.  «  Suis  cet  homme,  dit  le  magistrat 
à  son  domestique,  observe  bien  les  rues  qu'il  aurs. prises,  et  ne  manque 
pas  de  venir  me  rendre  compte  des  remarques  que  tu  auras  faiUs,  • 
Après  trois  ou  quatre  rues  obscures  rapidement  traversées,  le  voleur 
entre  chez  un  boulanger,  achète  des  pains  qu'il  a  vus  exposes  en  vente, 
et  paye  avec  un  des  écus  qu'il  a  volés.  A  quelques  pas  de  là,  il  entre 
dans  une  sombre  et  tortueuse  allée,  monte  au  quatrième  ou  au  cin- 
quième étage,  jette  les  pains  au  milieu  de  la  chambre,  et,  tout  en 
larmes,  dit  à  sa  femme  et  à  ses  enfants  :  c  Vous  ne  sauriez  croire  les 
sacrifices  que  ces  pains  m'ont  coûtés  ;  si  j'avais  eu  dix  mille  francs,  et 
qu'ils  me  les  eussent  coûté,  je  les  aurais  payés  beaucoup  moins  cher. 
Rassasiez  vous -en  et  ne  me  tourmentez  plus.  Je  souflfre  mille  mar- 
tyres; non,  il  n'y  a  pas  de  martyr  qui  ait  souflfert  autant  que  moi.  Un 
de  ces  jours,  je  serai  pendu,  et  vous  en  serez  la  cause.  »  La  femme, 
toute  triste,  tout  éplorée,  s'efforce  de  l'apaiser,  et  distribue  du  pain  à 
ses  quatre  enfants  exténués  et  mourants  de  faim. 

Informé  de  ces  détails,  qu'il  n'avait  pas  écoutés  sans  émotion,  le 
magistrat,  au  lieu  de  livrer  ce  malheureux  à  la  rigueur  des  lois,  va 
prendre,  le  lendemain,  des  renseignements  sur  lui.  Il  apprend  que 
c'est  un  brave  et  honnête  homme,  mais  qu'il  est  chargé  d'une  nom- 
breuse famille,  et  si  pauvre  qu'on  ne  peut  l'être  davantage.  Il  se 
dirige  vers  la  demeure  du  malheureux,  il  monte,  et  frappe  à  la  porte  ; 
on  ouvre  ;  une  femme  à  demi  morte  de  privations  et  de  misère,  des 
enfants  nu-bras,  nu  jambes,  gémissant,  pleurant ^  voilà  le  spectacle  qui 
s'offre  à  ses  yeux.  Au  même  instant,  le  voleur  reconnaît  celui  qu'il  a 
dépouillé  la  veille.  Il  se  jette  à  ses  pieds,  et  lui  demande  grâce, 
a  Point  de  bruit,  lui  répond  le  magistrat;  je  ne  suis  pas  venu  ici  pour 
vous  perdre.  Vous  êtes  cordonnier,  je  le  sais  ;  acceptez  ces  trente 
pistoles  et  demie,  achetez  du  cuir,  travaillez  à  gagner  de  quoi  nourrir 
les  enfants  que  Dieu  vous  a  laissé  élever  jusqu'à  présent,  et  surtout 
ne  leur  donnez  pas  de  mauvais  exemples.  » 

(Poitevin,  Cours  de  dictées.) 

Expliquez  la  variabilité  ou  l'invariabilité  des  mots  italiques. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

3  ULIE  ADAM,  Der  Naturainn  in  der  deutschen  Dichtung.  Neue  Folge.  Voû 
Lenaa  bis  auf  unsere  Tage.  Vienne,  Braumueller,  1908.  4  m. 

I^.|BALDENSPERQËR»  Études  dliistoire  littéraire.  Pari8,Hachette,1907.3  fr.50. 

C3.  BLOCH,  L'assistanco  de  TÈtat  en  France  A  la  veille  de  la  Révolution.  Paris, 
Picard,  1908.  10  fr. 

•J  •  DÉCHBLBTTE,  Manuel  d'archéologie  préhistorique  celtique  et  gai lo  romaine. 
I.  Archéologie  préhistorique.  Paris,  Picard,  1908.  1  vol.  de  748  pp. 

L.  V.  GOFFIOT,  Le  théâtre  au  collège  du  moyen  âge  à  nos  jours  avec  biblio 
graphie  et  appendices.  Le  Cercle  français  de  TUniveriité  de  Harvard.  Nom- 
breuses planches  hors  texte.  Préface  par  Jules  Claretie.  Paris,  Champion, 

1907.  7  fr.  50. 

F.  JUNCKER,  Éléments  du  stjle  dans  2e  mobilier.  Namur,  Wesmael-Charlier, 

1908.  123  pp.  2  fr.  50. 

R.  KNORR,  Die  verzierten  TerraSigillataGemsse  von  Rottweil.  Mit  32Tafeln. 

Hrsg.  vom  Altertumsverein  Rottweil.  Stuttgart,  W.  Kohlhammer,  1907. 5  m. 
S.  LEDERER,  Index  in  T  Macci  Plauti  militem  gloriosum.  58  pp.  8«.  Prague, 

Taussig,  1909.  2  m. 
H.  LOOEMAN,  Tennis  en  Media.  Over  de  stemverhouding  b\j  konsonanten  in 

moderne  talen.  Oand,  Van  Ooetem,  1908.  (Recueil  de  travaux  publiés  par  la 

Fac.  de  philosophie  et  lettres  de  TUniv.  de  Oand,  36*  fasc.). 
J.  MANSION,  Die  Etjmologio  von  .«holen  ».  Halle,  E.  Karra»,  1908.  Tiré  des 

Beitraege  zur  Gesch.  der  doutschen  Sprache  und  Literatur,  33,  3,  pp.  547-570. 
R.  MULDER.  De  conscientiae  notione  et  qualis  fuerit  Romanis.  Thèse  de  TUniv. 

d'Amsterdam.  Lejde,  Brill,  1908. 

E.  PRÇ^SCHEN,  Vollstândiges  griechisch^deutsches  Handwôrterbuch  zu  den 
Schriften  des  Neuen  Testaments  und  der  Obrîgen  urchrist lichen  Literatur. 
Giessen,  A.  Tôpelmann,  1908.  I  Lfg.  vm  pp.  et  160  col.  gr.  8<>.  1  m.  80.  (Il 
y  aura  environ  7  fasc.) 

A.  SAUVEUR,  Étude  historique  sur  la  Legio  VI  Victrix.  Louvain,  Ch.  Peeters, 

1908.  92  pp.  2  fr.  50. 
V.  STRAZZULA,  La  Sicilia  e  Messana,  Roggio,  Locri  nelle  due  spedizioni 

ateniesi.  Messana,  D'Amico,  1908. 
G.  VAN  DER  ELSEN,  Epitome  historiae  sacrae  door  C.  F.  Lhomond.  2«  druk. 

Leiden,  J.  W.  Van  Leeuwen,  1908.  0  fl.  75. 
J.  P.  WALTZING,  Grammaire  latine  de  G.  Landgraf  traduite  en  français  et 

adaptée  au  programme  des  athénées  et  collèges  belges  2^  édition.  Ouvrage 

autorisé  par  le  Conseil  de  perfection nomen t.  Liège,  Dessain,  1907.  3  fr. 
A.  WERNËR,  Jean  de  la  Taille  und  sein  Sauel  le  Furieux.  Leipzig,  Deichert, 

1908.  3  m.  60.  (Muenchner  Beitraege  zur  rom  u.  engl.  Philologie  hrsg.  von 

H.  Brejmann  und  J.  Schick,  40  Heft). 

F.  L.  K.  WEIGAND,  Deutsches  Wœrterbuch.  5*«  Aufl.  neu  bearbeitet  von 
K.  V.  Bjihder,  H.  Hirt,  K.  Kant,  hr^g.  von  H.  Ilirt.  Giessen,  TOpelmann, 
1908,  1-2  Lief.  L*ouvrage  aura  environ  12  livr.,  à  1  m.  60  par  souscription. 

A.  ZAUNER,  Altspanisches  Elementarbuch.  Heidelberg,  C.  Winter,  1908. 
3  m.  80.  (Sammlung  romanischer  Elementar-  und  HandbQcher  hrsg.  von 
W.  Meyer-Lûbke). 


SOMMAIRE. 

MÉLANGES, 

Albert  Cumtson,  Les  mots  emprunté*   1»  La  Jette  de  I  allemand.  Suitt*    . 

PARTIE   BIBLlOGRAPHtQUE. 

À  ntiq  uité  classique  * 

1 5  a,  P.  Caiifr»  Pftlaesira  Vita«(K.  Remy)       •.,*••        ,     »16 

i53.  U,  V,  Wihnwmt^t  Greek  historicil  wrîdng  anJ  Apollo  (A,  HuTupere)    . 

154'  A.  Engtli,  Die  oratio  vàPiaia  bci  Paysftnias  (Le  mêmcl    *         .         .         . 

1 55.  J.  CAiiiiicwjr.  Quelques  racines  Krecqy es  (Le  même)        ♦         . 

i56,  A.  Boxîer^  Insùtutiofiâ  de  la  Grèce  et  de  Rome  (L,  Haiktn) 

157.  V.  Ckapot,  U  ffonliêrc  de  TEuphrâie  (Th.  Stmar)  .... 

lis.  R,  Cagnat,  les  deuit  camps  de  U  îégîon  111=  (H.  Van  de  W<s<;rii)    . 

i5g.  G.  Pifacco^  De  mulierum  Roînanarum  cultu  (R.  Niliard) 

i6o.  G.  W.  Van  EleeK\  Carmina  sepulcraiîa  Latlna  (M.  Laurent} 

iGi.  G.  Schmtd,  Das  uniedrdisch;  Rom  (J.  P*  Wj 

162.  F.  Ottrol,  Diciionnaire  d'archéologie  chrétienne  (Le  môtiic)    .         .         •     -^^ 

i63.  £"*  Eeich^  Atlas  Antiquua  (Le  même) .     î5S 

Langues  ei  littirûtures  ro^nàntA, 


164, 
(J 
i65. 
1C6. 
167. 


J.  Vûn  Dùoren,  Anthologie  illustrée  des  poÈtes  tî  proiateurs  françjifi 
.  rieuriauîi)        ,♦..,*,.♦-. 
H.  Zrrartijtfri,  Sully- Prudhomme  (G.  Doutreponl)  ,        ,        . 
M.  Gratnmont^  Traiié  de  versifi nation  française  (ï^  même) 
A/,  Sa«^H/^r,  Atix  sources  de  l'éloquence  (A,  Mfliiva)      . 

Lûnguei  et  Httératures  germaniques, 

P.  Pa«n  P^tïte  phonétique  comparée  (A.  Grégoire  j       .        .        ,         . 
G.  Wu'stmjm,  Sprachdumtnheiieri  (H.  Biachoff)    .         .        ,        .         , 
K.  HoUva^t,  Nederlendsche  Spraakkunst  (C,  Lecoutcre) 
A.D.'  GicA-en*/.  Tt-Hmck,  Ktndcrspelen,  kinitrlust.  VI-XV  (Le  oiêroê) 

Notices  et  aimanees  bibliogrâpMqoes. 

173-311,  Publicatoiî  de  E.  Drerup,  H.  Grinim^  J,  P.  Kirsch,  TH.  Abelc, 
H,  Francoitc,  H  Wcber,  H.  von  H-^rw^rd^n,  H,  Thélen.ît,  L.  Cdntiirclli, 
W.  Lcrman,  F.  Cumom,  P.  Gnecdiu  K.  Thiem.%  G.  C«pi;Hafvus,  W.  Kroli. 
R,  Htntc,  K.  Hdm.LVdn  den  Gh^yn.  A,  Sauveur.  P   Hûtfl.iriia,  AWtrrver, 

E.  Friedrich,  K.  Mantzius^  F.  Vial,  comte  d'Haussonvillc^  H*  Gatlïard  de 
Champris,  G.  Jacquemoùe,  J,  Lejeune ,  J,  Haust,  F»  Ulrix,  J.  Pnqway, 
P.    Berger,   J.    Douais,    F,   von  der   Leyen ,  J,  A,  Worp,  G,  Wu&îmar.n, 

F.  Muîiciter,  A,  Biese,  M»  F*  Satchcll^  E.  âc  Borchgr^  *e,  A,  Luch^îrc, 
M.  Nûvarre^  A.  Parmentier,  P.  Oergct,  A,  Michel,  ï,  Gclli,  U  Houlkvigue 

CHRONIQUE. 

ai 5- 333.  Bourses  de  voyage  hgo8),  Gaston  Boissier,  Fouilles  de  Sparte,  Ct»n* 
grH  historique  de  Saragossc.  Centenaire  de  Notger.  I/eryseigticmeni  pijblic 
en  AUemaene.   Recueil  de  travaux:  de  l  Universilii  de   Louvain.  Mulaiige» 


en  Allemttpne. 
Godefroid  Kurth 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE* 

A.  Jansett^  f.es  cours  de  vacances  à  rUnivcrmlé  de  Louvait) 
F.   CollarJ^   Dictées  françaises  (suite)     ,        ,         »        .        . 


,Mib 


i 


Doi  ZIÈME  ANf^ÉE.   —   N"  8. 


i5  Octobre  1908. 


BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 


DU 


MUSÉE  BELGE 


REVUE   DE    PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


PUBuis  sot^s  LA  nmicnojt  m 


F,  GOLLARB 


J,  P.  WALTZING 


PHÛFSt^biaR.  A  lJt}HlVl£SL$n'à  DE  LÙUVAiN         .  PttOFSS&EUI)   A  l' UNI VEJtSlTé  DE  UEGi 


faralrtenl  loui  \w  mois,  à  raicépUon  du  ntoli  d'aoOl  si  d§  saptambr* 


LOUVAIN 
CHARLES  PEETERS,   LIBRAIRE  ÉDITEUR 


PARIS 

A,    FONTEMOING 

4,  TUâ  Le  GofiT 


10,    aUE    DE   HâlfUl|    30 


BERLIN 

R.  FRIEDLAENDER  ET   FILS 

Cvlsiraue,  1 1,  N.  W 


-.â. 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  "W.,  professeur  b  rUniverf>ilé  de  Louvnin. 

Bayot,  A  ,  charj;ê  de  cours  b  l'Universilé  de  Louvnin. 
Bischoff,  H.,  professeur  îi  l'Uiiiversilé  de  Liège. 

Béthune,  Baron  F.,  professeur  à  l'Univeitilé  de  Lojvoin. 

Gauchie,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Gloson,  J..  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Li^ge. 

GoUard,  F.,  professeur  à  l'Universilé  de  Louvain. 

Gounson,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Gand. 

De  Geuleneer,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

de  la  Vallée  Poussin,  L..,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

t  Delescluse,  A.,  chargé  de  cours  ù  l'Université  de  Li.^ge. 

Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 

Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Francotte.  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 

t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 

Halkin,  L.,  professeur  a  l'Université  de  Liège. 

Hanquet,  K.,  professeur  à  l'Uni vrrsi té  de  Liège. 

JanssenSf  E.,  chargé  de  cours  ii  l'Université  de  Liège. 

Lecoutere,  Gh.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Lefort,  Th.,  chargé  de  cours  h  l'Université  de  Louvain. 

Maere,  R.,  professeur  à  1  Université  de  Louvain. 

Martens,  Ch.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvaîn. 

Mayence,  F.,  chargé  de  cours  h  l'Université  do  Louvain. 

Mœller,  Gh.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Poullet,  Pr.,  professeur  ii  TUniversité  de  Louvain. 
Remy,  E.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 

Roersch,  A.,  professeur  à  rUniversité  de  Gand. 

Sencie,  J.,  professeur  h  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  i\  l'Universilé  de  Gand. 
"Waltzing,  J.  P.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
'Willems.  J.,  professeur  h  l'Université  de  Liège, 
t  "Willems,  P.,  professeur  U  l'Université  de  Louvain. 
SECîiÉrAiRE  :  J.  P.  WALTZING,  9,  rue  du  Parc,  k  Liège. 


0:1  est  prié  d'adresser  tout  ce  q  li  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  Tarticlos,  co!nî)tes  rendus,  ouvrages)  à  M.  J.  P.  Waltzin^,  professeur 
à  l'Universilé  de  Liège ^  9,  rue  du  Parc,  Liège. 

Les  articles  destinés  h  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  îi  M.  F.  Collard 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Lèopold,  22,  Louvain, 

En  Belgique,  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg,  le  prix  d*abon- 
nemment  est  lixé  à  10  fr.  pour  le  Musée  et  le  Bulletin  réunis.  Dans  ks  autres  pays,  on 
peut  s'abonner  à  la  première  partie  seule  au  prix  de  8  fr.,  et  aux  deux  parties  réunie  aa 
prix  de  12  fr.  S'adresser  à  M.  Cir.  Peetehs,  libraire,  rue  de  Naraur,  20,  à  Louvain. 

Les  onze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  3:Î0  à  480  page?,  son*  en 
vente  au  prix  de  10  fr. 

Provisoire  m  eut,  les  uboiiiiéi»  pourront  80  procurer  une 
ou  plusieurs  de  ces  onze  années  au  prix  de  T  Tr»  S?0  par 
année,  lo  port,  en  sus. 


Douzième  année.  —  N©  8.  i5  Octobre  1908. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE    BELGE. 

MÉLANGES. 

Concours  général  de  l'Enseignement  moyen 

en  1908. 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (section  grecque-latine). 

Version  grecque  (sans  dictionnaire). 

Socrate  se  défend  devant  le  tribunal  contre  l'accusation  d'avoir  corrompu  la  jeu- 
nesse d'Athènes. 

Socrates  verdedigt  zich  vôor  de  rechibank  tegen  de  beschuldiging  Athene's  jeugd 
te  hebben  bedorven. 

...  'AXV  ôiLiuuç  crû  |Lie  qprjç,  li  MéXr|T€  (i),  TOiaûia  èTnTrjbeûovra  (2) 
Toùç  véouç  biacpGeîpeiv  ;  KaiTOi  èTnaidiLieGa  |Lièv  bnirou  Tiveç  eicri  véuuv 
biaqpOopai-  au  5è  eiTiè  eï  Tiva  oîcrGa  un  é^oû  T^ïevriiLiévov  î>  èE  eiiCTe- 
Poûç  àvôaiov  fi  €K  aujqppovoç  uppiairiv  ^  il.  eùbiaiiou  TToXubàTravov 
f|  èK  ^eTplOTTÔTOU  oivôqpXuTa  f|  èK  qpiXoTrôvou  juaXaKÔv  f|  (ïXXrjç  TTOvripdç 
f|bovnç  fiTTTHLiévov.  'AXXà  val  |Lià  ùà\  l(^r\  à  MéXriToç,  éKeivouç  olba 
ouç  cru  TT€TTeiKaç  croi  TieiGeaGai  lactXXov  r|  toîç  T^ivaiuévoiç  (3).  *  OjLio- 
XoTtu,  cpdvai  tôv  ZujKpàTrjV,  Trepi  fe  Tiaibeiaç'  toûto  y^p  ïcramv  è|Lioi 
pe|ueXr|KÔç'  Trepi  bè  ÙYieiaç  toîç  laipoiç  jLidXXov  01  dvGpuuTTOi  TreiGovTai 
f|  Toîç  Toveûcrr  Kai  èv  Taîç  èKKXriaiaiç  fe  TidvTUJç  oî  'AGrjvaîoi  Trdvieç 
bnTTOu  Toîç  q)povi|LiujTaTa  XéYOuai  rreiGovrai  iiidXXov  fi  toIç  irpcariKOu- 
CTiv  [i).  Où  Ydp  brj  Kai  crrpaTrjYOÙç  aipeîcrGe  Kai  Trpô  TTaiépuuv  Kai  TTpô 
dbeXqpiùv,  Kai  vai  jud  Aîa  y^  ujneîç  irpô  ujhûjv  aÙTiùv,  ouç  dv  fjYtlcrGe 
Trepi  Tuiv  TToXemKUJV  cppovi)LiuuTdTOuç  eîvai  ;  Gùtoi  y«P/  çdvai  tôv 
MéXrjTov,  lu  ZujKpaT€ç,  Kai  crufiicpépei  Kai  vo\x{leTa\.  Oùkouv,  eiTieiv  tôv 

(1}  Un  des  accusateurs  de  Socrate.  —  Een  der  beschuldigers  %'an  Sokrates. 

(2)  éiiiTr\he\J[i),studiose  fado. 

(3)  y €iyd\iey/o\,  parentes, 

(4)  TTpoariKOVTۍ,  cognati. 


3lO  LE   MUSÉE   BELGE. 


ZiWKpdTTiv,  Gau^aaiôv  xai  toOtô  aoi  feoK€î  €Îvai,  t6  èv  ^èv  raîç  Skkmç 
irpoEem  \xi\  iiiôvov  (aojioipiaç  ruTxaveiv  toùç  Rpaxiarouç,  àXXà  Kcd 
TTpoT€Ti)Lifi(T9ai,  è^è  bl,  ÔT€  Tiepi  Toû  'fXefiaTOv  àTa9oô  àvOpujTroiç,  TTcpi 
Tiaibeiaç,  péXTiatoç  eîvai  ùttô  tiviwv  TTpoKpivofbiai,  toutou  ?veKa  Oavdrrou 
Ù7TÔ  (TOÛ  biujKeaOai  ;  XÉs.,Apoi.,  19-21 

Rhétorique.  Humanités  andetines  (sections  réunies). 
Version  latine  (sans  dictionnaire). 

Réponse  de  Sénèque  aux  attaques  des  envieux.  —  Seneca*s  antwoord  op  de  atn- 
vallen  zyner  benijders. 

At  Seneca  criminantium  non  ignarus,  prodentibus  iis  quibus  aliqua 
honesti  cura,  et  familiaritatem  ejus  magis  aspernante  Caesare,  tempus 
sermoni  orat,  et  accepto  ita  incipit  :  «  Quartusdecimus  annus  est, 
Caesar,  ex  quo  spei  (i)  tuae  admotus  sum,  octavus,  ut  imperium 
obtines  :  medio  temporis  tantum  honorum  atque  opum  in  me 
cumulasti  ut  nihil  felicitati  meae  desit  nisi  moderatio  ejus.  Uterque 
mensuram  implevimus,  et  tu,  quantum  princeps  tribuere  amico 
posset,  et  ego,  quantum  amicus  a  principe  ace i père.  Cetera  (2) 
invidiam  augent.  Quae  quidem  ut  omnia  mortalia,  infra  tuam 
magnitudinem  jacet,  sed  mihi  incumbit,  mihi  subveniendum  est. 
Quomodo  in  militia  aut  via  fessus  adminiculum  (3)  orarem,  ita  in  hoc 
itinere  vitae,  senex  et  levissimis  quoque  curis  impar,  cum  opes  meas 
ultra  sustinere  non  possim,  praesidium  peto.  Jubé  rem  per  procura- 
tores  tuos  administrari,  in  tuam  fortunam  recipi.  Nec  me  in  pauper- 
tatem  ipse  detrudam  ;  sed,  traditis  quorum  fulgore  perstringor,  quod 
temporis  hortorum  aut  villarum  curae  seponitur,  in  animum  revo- 
cabo  (4).  Superest  tibi  robur  ;  possumus  seniores  amici  quietem 
reposcere.  Hoc  quoque  in  tuam  gloriam  cedet,  eos  ad  summa  vexisse, 
qui  et  modica  tolerarent.  Tac,  Ann.,  14,  54. 

1.  Juventuti  tuae  eximia  spe  praeditae,  2.  ultra  meritummeum,  "i.firmamenlum. 
4.  animo  excolendo  impendam, 

^Seconde.  Humanités  anciennes  {section  grecque- latine). 

Version  grecque  (sans  dictionnaire). 

Fermeté  inébranlable  de  Solon.  —  Solo's  onverzettelijke  standvastigheid. 

'0  bè  lôXuuv  if]br]  \xiy  r\v  crqpôbpa  figujv,  Kai  toùç  porieoOvTaç  oùk 
€Îxev,  ôjLiujç  bè  TTpofjXeev  eîç  dTOpàv  (1),  kqi  bieXéxOn  Tipôç  toùç  ttoXi- 

(1)  Pisisirale  vient  d'obtenir  du  peuple  une  garde  du  corps  de  5o  hommes.  Solon 


PARTIE   BIBLICGRAPHIQUB.  3l  I 


Ta^,  Ta  jLièv  KaKi2Iiuv  Tr|v  àpouXîav  aÙTiîjy  Kai  ^aXaKiav,  rà  bè  Tiapo- 
Eûviwv  en  Ktti  TtapaKaX'l'v  ^r)  7Tpoé(J9ai  Tr)v  èXeuBepiav  ôt€  Kai  tô 
pvrmov€u6|bievov  (2)  emev,  ibç  irpubriv  jièv  r^v  eù^apécnepov  (3)  aÙTOîç 
TO  KiuXûcrai  Tf)v  rupavviba  cruviotajiévriv,  vOv  bè  ixeilôv  èOTi  Kai  Xaju- 
7rpÔT€pov  èKKÔvi/ai  Kai  àveXeîv  cruveaTuKTav  f\b\]  Kai  TieqpuKuîav.  Oùbe- 
vôç  bi  TTpoaéxovTOç  aÙTUj  bià  tov  cpôpov,  dîrfiXGev  eiç  Tf|v  oiKiav  Tf|v 
éauTOû  Kai  Xapiuv  là  ÔTiXa,  Kai  irpô  tiûv  Oupiùv  Géinevoç  eiç  tôv 
oreviuTTÔv  (4),  «  *Ejioi  ^èv,  eÎTiev,  ibç  buvarôv  î^v  P€por|9r|Tai  Tfj 
irarpibi  Kai  toîç  vô^Olç.  >»  Kai  tô  Xomôv  fjcruxîav  ?\^e'  Kai  tiùv  qpiXiuv 
q)€ÙT€iv  irapaivouvTUJv,  où  Trpocreîxcv,  àXXà  TTOiiiiLiaTa  Tpdcpuuv  ibveîbiZie 
Toîç  'AOrivaîoiç- 

Et  bè  TTcnôvGaxe  \uYpà  h\  O^iexépnv  KaKÔrnTa 
^n  Ti  Geoîç  TOÛTUJv  ^loîpav  éita|ui<p^p€T€  (5). 

AÙToi  Tûp  TOÙTOuç  Y\\}^Y\naT  épû^ara  bôvT€ç».(6). 
Kai  bià  raOra  koki^jv  ëaxere  bouXoaùvrjv. 

*E7ri  TOÙTOiç  bè  TToXXûjv  vouGeTOÙvTiuv  (7)  aÙTÔv  ibç  àîToOavoùjievov 
ÛTTÔ  ToO  Tupàwou,  Kai  TTUv9avo|Liévujv,  Tivi  mcTTeùiuv  ouruuç  àïrovoeî- 
xai  ;  «  TO)  xnpa  "  .  tÎTiev.  Plut.,  Solon,  3o. 

Seconde,  Humanités  ancieuttes  (sections  réunies). 
Version  latine  (sans  dictionnaire). 
Bene  qui  latuit,  bene  vixit. 

O  mihi  care  quidem  semper,  sed  tempore  duro 

Cognite,  res  postquam  procubuere  meae, 
Usibus  edocto  si  quicquam  credis  amico. 

Vive  tibi  et  longe  nomina  magna  fuge. 
Crede  mihi,  bene  qui  latuit,  bene  vixit,  et  intra  5 

Fortunam  débet  quisque  manere  suam. 
Non  foret  Kumedes  orbus,  si  filius  ejus 

Stultus  Achilleos  non  adamasset  equos... 
Tu  quoque  formida  nimium  sublimia  semper, 

Proposi tique,  precor,  contrahe  vêla  tui.  10 

seul  a  eu  le  courage  de  s^opposer  à  cette  mesure  par  laquelle  la  tyrannie  se  trouve 
virtuellement  établie.  —  Pisistratos  heeft  zooeven  van  het  volk  eene  lijfwacht  van 
5o  man  bekomen.  Solo  had  alleen  den  mocJ  zich  tegen  dien  maatregel  te  verzetten 
welke  de  tyrannie  als  van  zelf  in  't  leven  roept. 

(2)  Scil.  f)fma  =  dictum.  —  (3)  eùiuapriç  =  facilis.  —  (4)  ô  aT€vaJir6ç  =\via 
(angusta),  —  (5)  ëiravaqpépuj  =  refero  —  tô  épO|na  =  praesidium  ;  hic  »<  Pisistrati 
custodia  »  signijtcatur,  —  (7)  vou9eTéu)  =  moneo. 


3l2  LE    MUSÉE    BELGE. 


Nam  pede  inoffenso  spatium  decurrere  vitae 

Dignus  es  et  fato  candidiore  frui. 
Quae  pro  te  ut  voveam,  miti  pietate  mereris 

Haesuraque  fide  tempus  in  omne  mihi. 
Vidi  ego  te  tali  vultu  mea  fata  gementem,  i8 

Qualem  credibile  est  ore  fuisse  meo. 
Nosira  tuas  vidi  lacrimas  super  ora  cadentes, 

Tempore  quas  uno  fidaque  verba  bibi. 
Nunc  quoque  summotum  studio  défendis  amicum, 

Et  mala  vix  ulla  parte  levanda  levas.  20 

Vive  sine  invidia,  mollesque  inglorius  annos 

Exige,  amicitias  et  tibi  junge  pares, 
Nasonisque  tui,  quod  adhuc  non  exulat  (i)  unum, 

Nomen  ama  :  Scythicus  cetera  pontus  habet.  24 

Ovid.,  Trist,,  III,  4- 
1.  Exulare  =^  in  exilium  agi. 
Les  élèves  ont  trois  heures  pour  faire  leur  travail. 

Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  récriture   laisse 
désirer. 

La  traduction  du  présent  texte  peut  être  rédigée,  aux  choix  des  concurrents, 
en  français  et  en  Hamand. 

Rhétorique,  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 
Rhétorique.  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  française,  flamande  ou  allemande. 

PREMIÈRE  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

La  pierre  du  foyer  est  la  base  de  Tédifice  social. 

De  hoeksteen  van  den  haard  is  de  grondslag  van  de  samenleving, 

Der  Eckstein  des  Herdes  ist  die  Grundfeste  der  Gesellschaft. 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 
Rhétorique.  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  française. 

SECONDE  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

Wie  voor  de  hinderpalen  wijkt,  brengt  nooit  iets  groots  tôt  stand. 

Wer  von  den  Schwierigkeiten  zurûckweicht,  bringt  nie  etwas 
Grosses  zustande. 

Celui  qui  recule  devant  les  difficultés  ne  produit  jamais  rien  de 
grand. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3x3 


Rhétoriqtu,  Humanités  anciennes  (section  grecque-latine). 
Rhétorique,  Humanités  modernes  (section  scientifique). 

Composition  flamande,  allemande  ou  anglaise. 

TROISIÈME  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

De  arbeid  is  des  menschen  vriend. 
Die  Arbeit  is  dem  Menschen  heilsam. 
Labour  is  the  friend  of  man . 

Seconde.  Humanités  anciennes  (sections  réunies). 
Seconde,  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

Composition  française,  flamande  ou  allemande. 

PREMIÈRE  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

Ayons  la  passion  du  beau. 
Beminnen  wij  het  schoone. 
Lasset  uns  das  Schoene  lieben. 

Seconde,  Humanités  anciennes  {sections  réunies). 
Seconde.  Humanités  modernes   {sections  réunies). 

Composition  flamande,  allemande  ou  française. 

SECONDE  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

Soberheid  in  't  wenschen  is  's  levens  geluk. 

Die  Maessigkeit  im  Wûnschen  ist  des  Lebens  Gluck. 

Modérez  vos  désirs,  vous  serez  heureux. 

Seconde,  Humanités  anciennes  (section  grecque-latine). 
Seconde,  Humanités  modernes  (sections  réunies}. 

TROISIÈME  LANGUE  (SANS  DICTIONNAIRE). 

De  courant.  —  Die  Zeitung.  —  The  newspaper. 

N.  B.  Le  règlement  spécial  du  concours  de  langues  a  été  donné  dans  ce  Bulletin^ 
«907»  PP-  359  et  s. 

Histoire  et  Géographie. 
Geschiedenis  en  Aardr^lisliunde. 

Rhétorique.  Humanités  anciennes  (section  latine). 
Rhétorique,  Humanités  modernes  (sections  réunies). 

I .  Montrez,  en  vous  appuyant  sur  quelques  faits  saillants  tirés  de 


3 14  LE   MUSÉE   BELGE. 


l'histoire  des  trente  dernières  années,  l'iniportance  toujours  croissante 
du  facteur  économique  dans  la  politique  générale  des  États. 

2.  Montrez  le  contraste  que  présente  Tannée  1848  dans  notre  pays 
et  ailleurs  en  Europe.  Faites  en  ressortir  les  causes. 

3.  Faites  ressortir  le  rôle  de  Henri  de  Dinant  et  de  Pierre  Coute- 
reel  dans  la  politique  de  leur  temps. 

4.  Exposez  les  faits  principaux  de  la  lutte  des  Provinces -Unies 
contre  l'Espagne  depuis  Tavènement  des  Archiducs  jusqu'au  traité 
de  Munster. 

1 .  Montrez  que  l'inégale  répartition  des  hommes  sur  le  globe  est 
le  résultat  de  causes  naturelles  :  climat,  relief,  ressources  naturelles. 
Appuyez  votre  réponse  d'exemples  pris  dans  les  différentes  parties 
du  monde. 

2.  Indiquez,  en  les  expliquant,  les  différences  qui  existent  entre  la 
Basse  Belgique  et  la  Haute  Belgique  aux  points  de  vue  suivants  : 
régime  des  eaux,  régime  des  pluies,  ressources  agricoles,  densité  de 
la  population,  productions  animales. 

3.  Quelles  sont  les  conditions  de  possibilité  des  éclipses  de  soleil 
et  de  lune  ? 

1 .  Steunende  op  eenige  treffende  feiten  uit  de  geschiedenis  der 
laatste  dertig  jaren,  toon  het  altijd  klimmende  belang  aan  van  de 
economische  toestanden  in  de  algemeene  politiek  der  Staten. 

2.  Toon  de  tegenstelling  aan  welke  het  jaar  1848  hier  te  lande 
aanbiedt  met  hetzelfde  tijdverloop  in  andere  landen  van  Europa. 
Welke  zijn  daar  de  redenen  van  ? 

3.  Welke  roi  speelden  Hendrik  van  Dinant  en  Pieter  Coutereel  in 
de  politiek  van  hunnen  tijd  ? 

4.  Doe  de  voornaamste  gebeurtenissen  kennen  van  den  strijd  door 
de  Vereenigde  Provinciën  tegen  Spanje  gevoerd,  van  de  regeering 
der  Aartshertogen  af  tôt  het  verdrag  van  Munster. 

1.  Bewijs  dat  de  ongelijke  verspreiding  der  menschen  op  de  aarde 
het  gevolg  is  van  natuurlijke  oorzaken  als  daar  zijn  klimaat,  bodems- 
hoogte  of  -laagte,  natuurvoortbrengselen.  Staaf  uw  antwôbrd  met 
voorbeelden  aan  de  verschillende  werelddeelen  ontleend. 

2.  Beschrijf  en  verklaar  het  onderscheid  tusschen  laag  en  hoog 
België  ten  opzichte  van  de  wateren,  de  regens,  de  landbouwvoort- 
brengselen,  de  dichtheid  der  bevolking,  de  dierenteelt. 

3.  Onder  welke  voorwaarden  worden  zons-  en  maansverduisterin- 
gen  mogelijk  ? 

Seconde.  H  amanites  anciennes  (section  latine), 

I.  «  Je  rendrai,  disait  Cromwell,  le  nom  d'Anglais  aussi  grand  que 
Ta  jamais  été  celui  de  Romain.  »  Expliquez  ce  mot  et  dites  ce  que 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3l5 

Cromwell  au  xvii^  siècle,  ce  que  TAngleterre  au  xviii®  siècle,  ont 
iait  pour  réaliser  ce  programme. 

2.  Justifiez  le  titre  de  Messager  de  Paix,  «  Angélus  Pacis  »,  donné 
à  saint  Louis  par  le  pape  Innocent  IV. 

3,  Caractérisez  le  souverain,  à  votre  avis  le  plus  remarquable,  qui, 
pendant  la  première  moitié  du  xvi«  siècle,  occupa  le  trône  dans  les 
pays  suivants  :  Angleterre,  Allemagne,  Espagne,  États  de  TÉglise, 
France,  Turquie.  Montrez  les  résultats  généraux  du  règne  de  chacun 
d'eux. 

1.  Montrez  que  dans  chacune  des  grandes  régions  naturelles  de 
l'Asie,  les  productions  végétales  et  animales  sont  en  rapports  étroits 
avec  le  milieu  physique. 

2.  Faites  ressortir  le  rôle  que  les  voies  ferrées  sont  appelées  à  rem- 
plir en  Afrique. 

3.  Faites  connaître  les  colonies  des  États-Unis  de  l'Amérique 
du  Nord. 

1.  «  'k  Zal,  zei  Cromwell,  den  naam  van  Engelschman  zoo  groot 
maken  als  die  van  den  Romeinschen  burger  ooit  geweest  is  ».  Ver- 
klaar  die  woorden  en  zeg  wat  Cromwell  in  de  xvii*  eeuw  en  Engeland 
in  de  xviii«  gedaan  hebben  om  dat  plan  te  verwezenlijken. 

2.  Zeg  in  hoeverre  Lodewijk  de  Heilige  den  titel  van  Bode  des 
Vredes,  «  Angélus  pacis  »,  verdiend  heeft,  hem  door  Paus  Innocen- 
tius  IV  gegeven. 

3.  Kenmerk  den  volgens  u  merkwaardigsten  vorst  die,  in  elk  der 
volgende  landen,  tijdens  de  eerste  helft  der  xvi«  eeuw  regeerde  : 
Engeland,  Duitschland,  Spanje,  de  Kerkelijke  Staten,  Frankrijk, 
Turkijë.  Duid  de  algemeene  gevolgen  van  ieders  regeering  aan. 

1.  Bewijs  hoe,  in  ieder  der  groote  natuurlijke  streken  van  Azië,  de 
planten-  en  de  dierenwereld  met  het  physisch  midden  in  eng  ver- 
band  staan. 

2.  Welke  roi  is  aan  de  ijzerenwegen  in  Afrika  toegewezen  ? 

3.  Doe  de  coloniën  der  Vereenigde  Staten  van  Noord-Amerika 
kennen. 

I.  Les  élèves  ont  4  heures  pour  faire  leur  travail. 

3.  Les  réponses  peuvent  être  rédigées,  aux  choix  des  concurrents,  en  français  ou 
en  flamand. 

3.  Le  jury  est  autorisé  à  retrancher  des  points  aux  travaux  dont  Torthographe  ou 
récriture  laissent  à  désirer. 


3l6  LE   MUSÉE   BELGE. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 


Antiquité  classique. 


223.  —  E3.  Gavaig^Dac,    Eludes  sur  V  histoire  financière  d^  Athènes  au  V^ 

siècle.  Le  trésor  d'Athènes  de  480  à  404.  Paris,  Fontemoing,    190S. 

(Bibl.  des  Écoles  françaises  d'Athènes  et  de  Rome.  ioo«  fasc.). 

Voici,  sur  un  sujet  obscur  en  lui-même  et  compliqué  par  toutes 
les  discussions  des  érudits,  un  livre  d'une  remarquable  clarté  et 
plein  d'intérêt  en  une  matière  d'aspect  plutôt  rébarbatif.  Ce  sont 
des  séries  de  problèmes  hérissés  d'inconnues  :  nous  possédons 
quelques  textes  d'auteurs  anciens,  des  inscriptions  la  plupart  du 
temps  incomplètes  et  nous  voulons  dresser  le  budget  des  Athéniens  ! 
L'entreprise  est  difficile,  mais  elle  vaut  d'être  tentée.  On  s'y  est  repris 
bien  des  fois  :  après  Bôckh,  Kirchhof  et  tout  récemment  Ed.  Meyer. 
C'est  aux  travaux  de  celui-ci  que  se  rattache  M.  Cavaignac  et  il  a 
pris  soin  de  marquer  lui-même  les  points  où  il  est  en  désaccord  avec 
réminent  professeur  de  Berlin  :  i^  vers  480,  il  n'y  avait  pas  de  trésor 
monnayé  d'Athèna  ;  2*"  le  trésor  de  la  Ligue  de  Délos  fut  transporté  à 
Athènes  vers  464  ;  il  contenait  des  réserves  importantes  que 
M.  Cavaignac  cherche  à  évaluer  ;  3"  il  n'y  a  jamais  eu  plus  de  6000 
talents  sur  TAcropole  ;  4°  une  reconstitution  partielle  du  trésor  a  eu 
lieu  après  la  paix  de  Nicias. 

Ces  conclusions  supposent  de  nombreuses  discussions  sur  des  points 
de  détail  :  il  y  en  a  dans  le  texte  et  dans  les  appendices  ;  signalons 
parmi  ces  dernières,  celle  où  M.  Cavaignac  s'efforce  d'établir  la 
population  de  l'Attique  au  v«  siècle  et  aboutit  à  des  résultats  qui  se 
rapprochent  de  ceux  de  Beloch.  J'attire  encore  l'attention  sur  l'Intro- 
duction où  sont  étudiées  les  sources  :'on  y  trouvera  soigneusement 
classées  les  inscriptions,  et  souvent  d'excellentes  reproductions  en 
photogravure,  le  tout  accompagné  d'une  foule  d'utiles  observations 
sur  la  date  ou  sur  le  contenu,  ou  sur  le  rapport  des  différents  textes 
entre  eux.  On  trouvera  aussi  en  annexe  plusieurs  inscriptions  publiées 
dans  l'ordre  que  M.  Cavaignac  assigne  aux  fragments  qui  nous  en 
sont  restés,  ainsi  les  comptes  du  Parthénon,  IG,  I,  3oo  3ii,  les 
listes  des  tributs. 

Je  crois  avoir  clairement  indiqué  les  mérites  de  cet  ouvrage  et  les 
services  qu'il  peut  rendre  :  il  repose  sur  une  étude  directe  des  sources  ; 
il  contribue  largement  à  enrichir  et  à  préciser  la  connaissance  que 
nous  en  avions  par  les  publications  antérieures.  De  plus,  il  les  utilise 
avec  beaucoup  de  méthode  et  les  conclusions  qu'il  en  tire  doivent 
retenir  l'attention. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  3x7 


Je  ne  sais  s'il  est  bien  utile  de  m'arrêter  à  quelques  observations 
de  détail  que  j'ai  faites  au  cours  de  ma  lecture.  A  propos  du  décret  de 
Callias,  IG,  I,  32,  M  Cavaignac  assigne,  avec  raison,  je  crois,  une 
date  différente  à  la  face  A  et  à  la  face  B  ;  mais  n'aurait-il  pas  dû 
chercher  à  expliquer  comment  la  même  pierre  peut  porter  deux 
décrets  d'époques  différentes,  mais  gravés  au  même  moment  ? 
M.  Cavaignac  reprend  les  calculs  de  Pedroli  sur  les  tributs  payés  en 
454-3  :  il  obtient  un  total  de  525  t.  au  moins,  chiffre  supérieur  à 
celui  de  son  devancier  ;  j'avoue  que  les  règles  suivies  me  laissent  un 
doute  et  le  résultat  me  paraît  ne  pas  concorder  avec  l'interprétation 
donnée  p.  43  aux  460  t.  du  phoros  d'Aristide. 

^  A  la  p.  74  de  l'Introduction,  l'auteur  présente  une  nouvelle  recon- 
stitution du  §3  de  VAnonymus  Argeniiuensis  :  est-elle  suffisamment  jus- 
tifiée par  le  commentaire  à  la  p.  114  ?  Je  ne  vois  pas  la  traduction 
exacte  que  M.  Cavaignac  donne  de  son  texte. 

La  date  assignée  par  M.  Meyer  à  IG,  I,  541,  me  semble  plus 
exacte  que  celle  que  propose  M.  Cavaignac  :  416/5  plutôt  que  427/6. 

Henri  Francotte. 

224.  —  U.  von  WlIamO\^itZ-MœlIendorff,  Greek  historkal 
Wriiing  and  Apollon.  Two  lectures  delivered  before  the  University  oj 
Oxford,  (Trad.  anglaise  de  Gilbert  Murray  )  Oxford,  Clarendon 
Press,  1908.  2  sh. 

Dans  le  Bulletin  précédent  (pp.  241-3),  j'ai  résumé  la  première  de 
ces  conférences.  Il  me  reste  à  parler  de  la  seconde,  intitulée  A  polio  ^ 
qui  est,  en  partie,  le  développement  d'un  article  que  M.  Wilamowitz 
a  publié,  en  1903,  dans  VHermes  (pp.  575-586). 

Apollon  n'est  pas  «ce  qu'un  vain  peuple  pense»,  et, par  vain  peuple, 
j'entends  le  peuple  charmant  des  poètes  et  des  artistes.  On  crut  long- 
temps en  effet,  et  cette  légende  est  entrée  dans  l'art  et  la  littérature, 
que  l'Apollon  grec  fut,  de  tout  temps,  le  dieu  de  la  poésie,  de  la 
musique,  de  la  danse,  que  sais-je  encore  ?  de  la  beauté  physique. 
Mais  les  Grecs  de  l'Iliade  ne  le  concevaient  pas  comme  ceux  du 
iv«  siècle,  et  encore  moins  comme  les  Romains  ;  c'est  que  les  dieux, 
s'ils  naissent,  se  transforment  en  vivant  et  pour  vivre,  changent  avec 
le  temps,  les  lieux  et  les  mœurs. 

Pour  les  mieux  informés,  les  philologues,  Apollon  est  avant  tout 
un  dieu  solaire.  Ce  qui  paraissait  confirmer  cette  hypothèse,  c'est  que 
les  Grecs  le  surnomment  sans  cesse  Aùkioç,  AuKrjTevriç,  Ooîpoç,  Eaveôç 
épithètes  qui  font  toutes  allusion,  disait  on,  à  son  rôle  lumineux.  On 
expliquait  aussi  l'épisode  capital  de  sa  légende,  sa  victoire  sur  le 
serpent  Python,  comme  le  triomphe  de  la  lumière  sur  la  nuit  ;  ou 


3l8  LE    MUSÉE   BELGE. 


encore,  d'après  Forchhammer  (Ann.  deW  Iftst,  arch,,  X,  p.  284),  le 
dragon  que  le  dieu  perça  de  ses  flèches,  c'est  le  torrent  qui  traverse 
Delphes  et  dont  les  eaux  s'évaporent  aux  rayons  brûlants  du  soleil. 
Mais  comment  un  dieu  solaire  peut- il  se  présenter,  comme  dans 
riliade  (A,  47),  vuktI  FcFoikUjç,  semblable  à  la  nuit,  —  à  la  nuit  «  sou- 
daine et  irrésistible  m  de  la  mer  Egée  ? 

Dans  Homère,  Apollon  est  un  dieu  terrible,  armé  de  Tare  dont  le 
seul  frémissement  fait  trembler.  De  même,  dans  Thymne  homérique 
à  Apollon   Délien  (€iç  Att.  Ai^Xiov,  v.   2-1 3),  tous  les  dieux  s'enfuient 
d  effroi  à  son  apparition,  sauf  son  père  et  sa  mère,  Zeus  et  Léto.  — 
Les  Grecs  de  Tlliade  le  craignent,  car  il  combat  pour  les  Troyens  ; 
il  a  une  demeure  chez  eux,  sur  leur  citadelle.  C'est  d'ailleurs  en  Asie 
qu'il  possède  ses  premiers  sanctuaires  ;  car  Délos,  où  il  fut  honoré  de 
très  bonne  heure,  appartient  géologiquement  et  ethnographiquement 
à  l'Asie  Mineure.  Sa  mère  Léto  porte  le  nom  d'à  Asiatique  1  dans 
une  inscription,   non  encore  publiée,  originaire  d'Argos.  Très  tôt, 
Apollon  reçut  le  surnom  de  Anxoîbnç  et  nous  savons  que  seuls   les 
Lyciens  portaient  le  nom  de  leurs  mères    Enfin  la  Lycie  honore 
particulièrement  Apollon  comme  son  dieu  ancestral.  —  C'est  que, 
avant  l'arrivée   des   Grecs   devant   Troie,  le   culte   d'Apollon   s'est 
répandu  en  Asie  Mineure,  en  même  temps  que  celui  de  sa  mère,  et 
de  sa  sœur  Artémis.  De  là  il  gagna  Délos  et  la  Crète.  Nous  le  trou- 
vons plus  tard  dans  le  panthéon  hellénique,  soit  que  les  Grecs  aient 
adopté  purement  et  simplement  le  dieu  venu  de  l'étranger,  soit  qu'ils 
l'aient  identifié   avec   une   de   leurs   divinités  ancestrales.    Faisons 
remarquer,  avec  O.  Gruppe  (Bursians  Jahresber,^  n**  187,  1908,  p.  402), 
qu'il  faut,  pour  admettre  la  thèse  de  M.  v.  Wilamowitz,  rejeter 
comme  des  additions  postérieures  assez  bien  de  passages  des  poésies 
homériques  et  oublier  que,  dans  la  forme  la  plus  ancienne  que  Ion 
puisse  reconstituer  de  la  légende  troyenne,  les  héros  grecs  partent 
pour  Troie  sous  la  protection  d'Apollon. 

Une  fois  en  Occident,  le  nouveau  dieu  s'empare  peu  à  peu  de  tous 
les  sanctuaires  ;  il  chasse  le  dragon  de  Delphes,  c  est -à-dire  qu'il  y 
supplante  un  ancien  dieu.  Il  se  répand  alors  partout,  sous  le  nom 
de  TTOGioç.  Et  ce  fait  est  capital  :  il  devient  un  dieu  commun  aux 
États  grecs.  Telle  est  la  foi  des  Hellènes  qu'aussitôt  après  600  avant 
Jésus-Christ,  le  dieu  de  Delphes  provoquera  en  sa  faveur  un  mouve- 
ment national,  une  guerre  sacrée.  D'étranger,  il  est  devenu  Hellène. 
Le  dieu  ennemi  que  les  Grecs  durent  d'abord  apaiser  et  conjurer  par 
des  sacrifices,  rend  maintenant  des  oracles  pour  les  diriger  ;  bien 
plus,  si,  à  l'origine,  tous  les  sanctuaires  apolliniens,  d'Asie  et  de 
<jrèce,  possédaient  des  prophètes,  il  n'en  est  plus  de  même  ;  désor- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  BiQ 


mais,  c'est  à  Delphes  seule  qu'il  rend  des  oracles  inspirés.  On  l'honore 
par  des  processions  et  des  danses,  puis  par  des  chants  ;  et  comme 
les  oracles  étaient  versifiés,  il  devient  insensiblement  le  dieu  de  la 
poésie,  de  la  musique  et  de  la  danse. 

Mais  un  dieu  vaut  surtout  par  l'influence  morale  qu'il  exerce.  Si 
les  Grecs  s'adressaient,  non  seulement  à  Delphes,  mais  à  Dodone  et 
ailleurs,  pour  connaître  la  solution  de  leurs  difficultés  privées,  c'est 
à  Delphes,  à  Delphes  seule,  qu'ils  soumettent  les  cas  de  conscience, 
et  que  les  États  demandent  la  façon  de  terminer  les  guerres,  les 
séditions,  les  épidémies.  L'appel  au  dieu  est  fondé  sur  cette  idée  que 
le  mal  dont  on  souftre,  a  pour  cause  quelque  faute,  même  incon- 
sciente, commise  envers  Apollon.  Le  dieu  indique  aux  fidèles  qui 
veulent  se  réconcilier  avec  lui,  les  rites  purificateurs  à  accomplir.  On 
lui  adresse  dès  lors  cette  prière  :  «  Seigneur,  enseigne-nous  comment 
nous  devons  vivre,  pour  vivre  en  pureté  » .  L'un  de  ses  commande- 
ments est  de  vivre  conformément  aux  coutumes  des  ancêtres,  de 
respecter  les  dieux  traditionnels  de  la  famille  et  de  la  cité.  C'est  un 
dieu  conservateur  ;  et  c'est  pourquoi,  lui  qui  est  pourtant  au-dessus 
des  partis,  il  préfère  la  conservatrice  Sparte  à  la  mobile  Athènes. 
Dans  la  guerre  du  Peloponèse,  il  exprimera  publiquement  cette 
préférence.  Cela  n'empêchera  pas  Athènes  de  lui  demander  conseil 
dans  les  affaires  d'ordre  spirituel. 

Le  commandement  capital  du  dieu,  celui  qui  a  influé  le  plus  sur 
la  vie  morale  et  intellectuelle  du  Grec,  c'est  le  tvûGi  aauxôv  qui  con- 
tient en  lui  et  qui  provoque  l'intraduisible  aojqppoouvri  avec  ses  corol- 
laires obligés,  «  Garde  la  mesure  »,  «  Sois  résigné  »,  «  Pense  à  ta 
fin  ».  L'homme  doit  se  rendre  compte  de  sa  fragilité  ;  car,  sans  la 
divinité,  qu'est-ce  que  l'homme  ?  Pindare  répondra  à  la  fin  de  sa  vie, 
en  fidèle  dévot  d'Apollon  :  «  le  songe  d'une  ombre  ».  o  Vis  comme  si 
tu  devais  mourir  demain,  et  pourtant  comme  si  tu  avais  encore 
cinquante  années  devant  toi  «>,  dira  Apollon  à  Admète. 

Le  dieu  purificateur  s'élève,  se  moralise  et  se  purifie  ;  il  accepte 
toutes  les  offrandes,  mais  ce  qu'il  préfère,  c  est  le  don  modique  d'un 
pieux  paysan.  Il  fait  bon  marché  des  rites  extérieurs  et  on  peut  lui 
appliquer  les  mots  suivants  écrits  dans  le  sanctuaire  de  son  fils,  à 
Épidaure  :  «  Piir  doit  être  celui  qui  entre  dans  ce  temple  ;  mais  la 
pureté  consiste  àavoit  de  saintes  pensées  ».  La  catharsis  est  surtout 
un  examen  de  conscience.  Sans  doute,  les  prêtres  imposent  encore 
des  ablutions  aux  pèlerins.  Mais  on  connaît  les  belles  paroles  de  la 
Pythie  :  a  Pour  l'homme  de  bien,  une  petite  goutte  suffit;  quant  au 
méchant,  l'Océan  tout  entier  ne  le  laverait  pas  avec  ses  flots  » 
(Anthol.  Palat.,  XIV,  71.  cf.  Bouché-Leclercq,  Histoire  de  la  Divina- 
tion dans  VAntiquité.  Paris,  1880,  t.  III,  p.  i5i). 


320  LE   MUSÉE   BELGE. 


Cette  religion  s  adresse  à  la  raison  seule  :  elle  est  sans  «  surnaturel  ». 
Elle  ignore  le  mysticisme,  la  communion  du  ciel  avec  la  terre, 
l'extase,  tout  ce  qui  entraîne  Thomme  au-dessus  de  lui-même  ;  pas 
davantage,  elle  ne  satisfait  le  cœur  qui  a  besoin  de  croire  à  Tau-delà, 
par  amour  de  la  survie,  par  affection  pour  les  proches,  par  désir 
d'une  justice  posthume.  Jusque-là,  les  Grecs  ont  cru  que  la  mort  met 
fin  à  tout.  Mais  vers  600  avant  Jésus- Christ  une  nouvelle  doctrine 
leur  apporte  le  surnaturel  qui  manque  à  leur  religion  raisonnable.  Le 
culte  de  Dionysos  se  répand  en  Grèce,  et  avec  lui  la  soif  de  Tinfini. 
la  croyance  à  l'au-delà,  tout  ce  qui  constitue  le  mysticisme  va  trouver 
à  se  satisfaire.  La  religion  d'Apollon  ne  répond  plus  désormais  aux 
besoins  des  âmes.  Elle  ne  vif  plus  que  d'une  vie  conventionnelle, 
factice.  Elle  entre,  on  peut  le  dire,  dans  le  culte  administratif.  Les 
Romains  qui  l'adoptèrent  très  tôt,  avaient  trop  peu  le  sens  du  religieui 
pour  lui  insuffler  la  vie  qui  lui  faisait  de  plus  en  plus  défaut. 

«  Nous  savons,  dit  M.  v.  Wilamowitz,  que  les  esprits  ne  parlent 
que  quand  ils  ont  bu  du  sang  ;  les  esprits  que  nous  évoquons,  nous 
historiens,  demandent  le  sang  de  nos  cœurs.  Nous  le  leur  donnons 
avec  joie  ;  mais  si  alors  ils  se  laissent  interroger,  quelque  chose  de 
nous  est  entré  en  eux  ;  quelque  chose  d'étranger,  qui  doit  être  rejeté 
au  nom  de  la  Vérité  !  »  C'est  par  cette  légende  naïve  que  M .  v.  Wila- 
mowitz explique  ce  qu'il  y  a  de  personnel  et  par  suite  de  transitoire 
dans  l'œuvre  historique  la  plus  objective.  Les  esprits  que  l'illustre 
philologue  a  évoqués  pour  composer  ses  deux  belles  conférences,  lui 
ont  été  propices  ;  ils  lui  ont  accordé,  les  lecteurs  s'en  convaincront, 
le  don  de  plaire  toujours  et  de  durer.  Arthur  Humpers. 

225  —  Ern^t  Krause.  Diogenes  von  Apollonia,  L  Teil.  Beilage  zu  dem 
Jahresberichte  des  kôniglichen  Gymnasiums  zu  Gnesen.  Ostem 
1908.  Posen,  Merzbachsche  Buchdruckerei .  16  pp. 
Ce  supplément  au  programme  du  Gymnase  de  Gnesen  contient, 
comme  son  titre  l'indique,  la  première  partie  d'une  étude  philoso- 
phique sur  Diogène  d'Apollonie.  (2®  partie  du  v^  siècle  avant  J.  Cl 
Ce  philosophe  est  un  des  derniers  représentants  des  cpuaiKoi  dont  les 
systèmes,  basés  sur  une  théorie  cosmologique,  varient  surtout  d'après 
r  (c  élément  »  choisi  comme  source  de  tous  les  êtres.  Après  avoir 
réfuté  l'opinion,  qui  attribue  à  Diogène  d'autres  ouvrages  que  le 
«  Trepi  cpûaeujç  »  et  indiqué  la  division  probable  de  ce  dernier,  E.  Krause 
commence  à  exposer  la  cosmologie  du  philosophe  grec.  Elle  fait  de 
l'air  respirable  Télément  fondamental  de  l'univers  :  cet  air  est  doué 
d'intelligence,  comme  le  prouvent  l'ordre  de  l'univers  et  la  nature  de 
l'âme  humaine.  La  composition  des  corps,  la  vie  et  la   sensation 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  321 


s'expliquent  par  les  deux  phénomènes  de  la  dilatation  et  de  la  raré- 
faction de  l'air,  combinée  avec  son  humidité  ou  sa  sécheresse.  Nous 
avons  affaire  à  un  système  assez  simpliste  bien  que  fort  ingénieux 
dans  son  a-priorisme.  Nous  y  reviendrons  quand  aura  paru  la 
deuxième  partie  de  cette  étude.  J.  Creusen  S.  J. 

226-227.  —  Félix  Gafflot.  Ecqui  fuerit  SI  particuîat  in  interrogando 

latine  ttsus  disputavit  F.  Gaffiot.  Paris,   Klincksieck,   1904.  52  pp. 

Thèse. 
—  Le  prétendu  emploi  de  SI  inierrogatif  en  latin.  Revue  de  Philologie, 

t.  32,  janv.  1908,  p.  47-58. 

Nous  avons  coutume  de  considérer  nos  grammaires  grecque  et 
latine  comme  de  petits  Évangiles.  Nous  croyons  en  quelque  façon  à 
leur  infaillibilité  et  c'est  aveuglément  que,  souvent,  nous  nous  fions  à 
leur  parole. 

En  réalité,  il  n'y  a  pas  de  conception  qui  soit  plus  fausse  et  qui  ait 
de  plus  fâcheuses  conséquences.  Les  règles  de  la  grammaire  ne  sont, 
en  effet,  rien  d'autre  que  le  résultat  des  inductions  et  des  analogies 
qui  ont  été  faites  par  les  grammairiens  anciens  et  modernes.  Dans 
toutes  les  sciences,  nous  voyons  sans  cesse  que  tantôt  l'une,  tantôt 
l'autre  des  conceptions  reconnues  jusqu'ici  comme  indiscutables  sont 
renversées  par  quelque  nouvelle  découverte.  C'est  que  l'induction 
qui  était  à  leur  base  avait  été  mal  faite  et  qu'un  examen  plus  attentif 
des  faits  avait  conduit  à  des  conclusions  tout  autres. 

Longtemps  la  grammaire  échappa  à  ce  sort  ;  c'est  assez  tard  que, 
sur  la  base  des  statistiques,  on  s'est  mis  à  recommencer  toutes  les 
inductions,  méthodiquement  et  lentement,  pour  renouveler  toute  la 
face  de  cette  science.  Malgré  ce  travail,  dans  lequel  l'érudition  alle- 
mande surtout  s'est  distinguée,  il  subsiste  encore  çà  et  là  des  erreurs 
qui,  une  fois  signalées  par  les  recherches  d'un  grammairien, 
devraient  disparaître  de  l'enseignement. 

Nos  grammaires  latines  relèvent  un  emploi  de  5/  comme  particule 
interrogative  et  constatent  que,  souvent,  le  verbe  de  l'interrogation 
indirecte  introduite  par  si  est  à  l'indicatif.  On  concède  que  cet  emploi 
nest  pas  très  commun,  mais  il  se  rencontrerait  pourtant  chez  les 
auteurs  les  plus  classiques  et  aux  meilleures  époques. 

C'est  contre  cette  théorie  que,  tout  récemment,  un  savant  français, 
M.  Gaffiot,  déjà  connu  par  des  travaux  originaux  sur  des  questions 
grammaticales,  est  parti  en  guerre.  Dans  sa  thèse,  présentée  à  la 
Faculté  des  Lettres  de  Paris,  il  entreprend  de  montrer  que  l'emploi 
de  la  particule  si  dans  une  interrogation  indirecte  n'est  pas  latin. 

Pour  étayer  sa  thèse,  M.  Gaffiot  ne  pouvait  choisir  une  méthode 


i 


322  LE   MUSÉB   BBLGB. 


plus  loyale  et  plus  scientiûque,  que  d'exposer  le  travail  inductif  de 
ses  recherches  Reprenant  tous  les  passages  des  auteurs  que  Ton 
citait  comme  exemples  du  si  interrogatif,  il  a  montré  qu'on  pouvait 
les  expliquer  sans  recourir  à  cette  hypothèse.  Toujours,  à  cette  par- 
ticule, qui  semble  introduire  une  interrogation  indirecte,  on  p>eut 
donner  le  sens  conditionnel.  L'hypothèse  du  si  interrogatif  est  extra- 
ordinaire et  anti-naturelle,  parce  qu'après  cette  particule  on  rencontre 
souvent  l'Indicatif,  bien  que  ce  soit  dans  une  interrogation  indirecte. 
Comme  il  faut  toujours,  dans  une  science,  réduire  autant  qu  il  est 
possible  le  nombre  de  lois  qui  régissent  les  phénomènes,  et  éliminer 
les  hypothèses  qui  ne  sont  pas  nécessaires,  on  doit  rejeter  Thypothèse 
du  si  interrogatif  et  adopter,  toutes  les  fois  qu'elle  est  possible» 
l'explication  plus  naturelle  du  si  conditionnel. 

Voilà  ce  que  M  Gaffiot  aurait  pu  faire  remarquer  avant  de  com- 
mencer ;  car,  fort  souvent,  malgré  ses  efforts,  il  n'y  a  pas  de  raison 
pour  préférer  l'explication  du  sj  conditionnel  à  celle  du  si  interrogatif. 

On  peut  ramener  tous  les  cas  qui  se  présentent  à  un  certain 
nombre  de  types  : 

i®  Le  plus  simple  et  le  plus  commun  est  celui  du  si  employé  après 
un  verbe  qui  peut  introduire  une  interrogation  indirecte  : 

Eadem,  sacerdos  Veneria  haec  si  quid  amplius  scit^ 
Si  vidcro,  exquisivero  ;  faciei  me  certiorem. 

Plaut.,  Rud,^  329. 

La  propositon  si  scit  ne  dépend  pas  de  exquisivero^  mais  elle  forme 
une  condition.  Le  personnage  qui  est  en  scène  ne  cherchera  pas  si 
la  prêtresse  sait  quelque  autre  chose  ;  mais  il  l'interrogera  et  si  elle 
sait  autre  chose,  elle  confirmera  ses  conjectures. 

2**  Très  souvent,  dans  la  langue  de  la  comédie,  qui  emprunte 
beaucoup  de  tours  de  phrase  au  langage  familier,  on  rencontre  l'ex- 
pression si  placet,  employée  après  un  verbe  qui  peut  amener  une 
interrogation  indirecte.  Sed  vide  consilium,  si  placet.  (Plaute,  Trinummus^ 
V.  763).  La  faute  que  l'on  commet,  c'est  de  faire  dépendre  si  placet  du 
verbe  vide,  au  lieu  d'y  voir  une  expression  analogue  au  français  «  s'il 
vous  plaît  ». 

3**  Beaucoup  de  cas  se  ramènent  à  ce  type  :  visam  eum  si  domist^ 
qu'on  traduit  par  a  je  verrai  s'il  est  à  la  maison  »,  mais  qu'il  faut 
évidemment  traduire  ainsi  :  «  j'irai  le  voir  {visere  n  est  pas  videre  d'ail- 
leurs), s'il  est  (pourvu  qu'il  soit)  à  la  maison  ». 

40  Enfin,  voici  un  cas  plus  rare,  mais  qui  se  rencontre  pourtant. 
On  sait  que  le  latin  emploie  quelquefois  une  proposition  condition- 
nelle là  où  nous  ferions  usage  d'une  proposition  relative.  Au  lieu  de 
dire  :  c  il  faut  prendre   ce  qu'on  peut  prendre  »,  le  latin  dira  :   «  il 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  325 


faut  prendre,  si  Ton  peut  prendre  quelque  chose  »,  capicndum  est,  si 
quid  capi  possit.  Lorsqu'on  rencontre  cette  construction  après  un  verbe 
qui  peut  introduire  une  interrogation,  on  croit  ordinairement  saisir 
dans  le  si  un  sens  interrogatif.  C'est  à  tort.  Ainsi,  dans  cette  phrase  : 
si  quid  ex  conjeciurali  aut  ex  aîia  comtitutione  sumi  possit,  videre  oportehit. 
(Cicéron,  De  Inv.  Or.,  II,  29,  87),  si  possit  ne  dépend  pas  de  videre, 
mais  Ton  doit  comprendre  ainsi  :  oportehit  id  videri  quod  sumi  potest,  si 
quid  sumi  possit,  «  il  faudra  voir  quel  parti  on  peut  tirer  de  la  conjec- 
ture, etc.,  si  toutefois  on  peut  en  tirer  parti  ». 

M.  Gaffiot  a  examiné  les  prétendus  exemples  du  si  interrogatif, 
successivement  dans  Plante,   Térence,    Cicéron,  Virgile,    Horace, 
Xi  te  Live,  Lygdamus  et  Properce.  L  examen  des  passages  de  Tite- 
Live  offre,  pour  sa  thèse,  des  difficultés  spéciales  :  on  rencontre  trois 
cas  où  il  faut  bien  avouer  que  si  a  le  sens  interrogatif.  Mais  il  est 
remarquable  quon  ne  trouve  cette  construction  qu'après  le  verbe 
quaerere;  or,  ce  verbe  n'a  pas  seulement  le  sens  de  demander,  il  y  a  en 
lui  une  nuance  d'essai,  de  tentative^  et  l'on  sait  que  l'emploi  de  si  (con- 
ditionnel d'ailleurs)  est  régulier  après  les  verbes  tentare^  scrutari,  etc. 
Dans  un  passage  des  œuvres  de  Properce,  on  signale  un  exemple 
de  si  interrogatif  après  perdiscere  ;  il  faut  y  voir  sans  doute  une  har- 
diesse de  style  et  un  des  nombreux  effets  de  l'influence  du  grec,  pré- 
pondérante chez  Properce. 

M.  Gaffiot  conclut  en  affirmant  que  l'emploi  de  si  comme  particule 
interrogative  n'est  pas  latin  ;  on  n'en  rencontre  qu'un  seul  exemple 
dans  toute  la  latinité,  mais  on  peut  le  considérer  comme  un  hellé- 
nisme. 

Beaucoup  de  philologues  et  de  grammairiens  ont  adopté  ces  con- 
clusions. Un  petit  nombre,  tout  en  reconnaissant  qu'il  faut  réduire 
singulièrement  la  liste  traditionnelle  des  cas  où  si  est  interrogatif, 
persistent  à  croire  qu'il  en  existe  encore  quelques-uns.  Pour  répondre 
aux  critiques  qui  lui  ont  été  faites,  M.  Gaffiot  a  publié  dans  la  Revue 
de  Philologie  un  article,  dont  je  vais  brièvement  souligner  les  points 
importants. 

Beaucoup,  pour  maintenir  l'existence  du  51  interrogatif  latin,  con- 
sidèrent son  emploi  comme  un  des  nombreux  effets  de  l'influence  de 
la  langue  grecque  sur  la  langue  latine.  On  sait,  en  effet,  qu'en  grec 
d  (==  très  souvent  le  latin  si)  est  la  particule  qui  introduit  les  interro- 
gations indirectes. 

En  général,  on  a  beaucoup  abusé  de  cet  argument  de  l'hellénisme, 
dans  la  solution  des  questions  de  grammaire  et  exagéré  l'importance 
de  l'influence  grecque.  Depuis  longtemps,  un  courant  qui  entraîne 
les  meilleurs  esprits,  s'est  formé  contre  cette  théorie  et  actuellement  » 


324  ^^    MUSÉE    BELGE. 


on  réduit  généralement  dune  façon  considérable  sa  part  dans  le 
développement  de  la  langue  latine.  M.  Gaffiot  ne  ménage  pas  les 
partisans  de  l'hellénisme;  il  considère  cette  théorie  comme  une  des 
plus  grosses  erreurs  de  conception  générale  qu'on  puisse  apporter  en 
grammaire.  Pour  le  cas  qui  nous  concerne,  il  fait  remarquer  que  les 
Grecs,  n'avaient  à  leur  disposition  que  la  particule  ci  pour  les  inter- 
rogations indirectes,  tandis  que  les  Latins,  ayant  à  la  fois  w«i»,  ne^  an^ 
ne  devaient  éprouver  nul  besoin  de  leur  adjoindre  si. 

Au  surplus,  —  et  cela  aurait  dû  mettre  en  défiance,  —  la  plupart 
des  prétendues  interrogations  indirectes  introduites  par  si  ont  leur 
verbe  à  T Indicatif,  alors  qu'une  interrogation  indirecte,  par  essence, 
demande  le  subjonctif. 

Quelques  grammairiens  tirent  parti  de  l'usage  de  la  langue 
française  où  la  particule  si  a  supplanté  toutes  les  autres  pour  les 
interrogations  indirectes.  Ils  pensent  que  ce  devait  être  une  construc- 
tion du  latin  vulgaire  qui  aurait  laissé  des  traces  dans  la  langue  de 
toutes  les  époques. 

Mais  cet  emploi  particulier  de  st,  dont  les  origines  sont  fort 
obscures  encore,  ne  commence  qu'à  la  décadence;  à  cette  époque,  ce 
sont  des  étrangers  qui  écrivent  et  parlent  le  latin  et  le  grec  exerce 
une  puissante  influence  :  cette  double  circonstance  explique  en 
partie  le  développement  postérieur  du  latin. 

Il  semble  que  la  règle  traditionnelle  du  si  interrogatif  était  basée 
sur  une  collection  de  fausses  inductions  et  que  l'examen  de  M. Gaffiot 
a  décidément  montré  la  fausseté  de  cette  théorie.  Il  est  à  souhaiter 
que,  sans  tarder,  on  adopte  ses  conclusions,  en  rendant  hommage  au 
service  qu'il  a  rendu  à  la  science  grammaticale.  A.  Delatte. 

228.  —  J.  E.  Demarteau.  Le  Vase  planétaire  de  pupille.  Extrait  des 
Mélanges  Godefroid  Kurth,  Fasc.  II»  pp.  i5-26,  avec  une  planche. 
M.  J.  E.  Demarteau  a  publié  dans  les  Mélanges  Godefroid  Kurtk  une 
intéressante  étude  sur  le  Vase  planétaire  de  Jupille,  Ce  vase  découvert 
en  1S72  est  conservé  actuellement  au  musée  archéologique  de  Liège. 
Il  a  déjà  été  décrit  par  M.  de  Villenoisy  (BtilL  de  rinst,  arch.  liégeois^ 
XX III)  et  M.  Demarteau  vient  de  le  soumettre  à  un  nouvel  examen. 
Malgré  tout  l'intérêt  que  présente  cette  savante  étude,  l'auteur  n'est 
pas  parvenu  à  me  convaincre,  et  au  lieu  d'y  voir  un  vase  planétaire^  je 
suis  porté  bien  plus  à  admettre  que  ce  précieux  monument  repré- 
sente les  divinités  des  sept  jours  de  la  semaine  qui  ne  sont  du  reste 
que  des  divinités  planétaires.  La  distinction  est  peut  être  subtile,  mais 
elle  n'en  a  pas  moins  son  importance.  La  monument  viendrait  ainsi 
s'ajouter  aux  XIX  monuments  décrits  par  le  baron  de  Witte  dans  son 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  325 

savant  travail  sur  les  divinités  des  sept  jours  de  la  semaine  {Gaz^ 
archéoLy  1877  et  1879).  Pour  ceux  qui  désireraient  étudier  la  question, 
je  signalerai  le  texte  capital  de  Dion  Cassius  (XXXVII,  17,  18), 
l'article  Dies  de  Humbert  dans  le  Dictionnaire  de  Daremberg  et  Saglio 
et  l'article  Planeten  dans  le  Lexikon  der  gr,  und  roem.  Mythologie  de 
Roscher.  Adolf  De  Ceuleneer. 

229.  —  Karl  Brandi,  Das  Werden  der  Renaissance,  Rede  zur  Feier  des 
Geburtstages  seiner  Majestàtdes  Kaisers  u.Kônigsam  27  Januar  1908 
gehalten.  Gôttingen,  Vandenhoeck  et  Ruprecht,  1908.  27  pp. 
Karl  Brandi  nous  donne,  dans  ce  discours,  un  exemple  remar- 
quable des  évolutions  que  subit  la  conception  historique  du  passé 
aux  différentes  époques  et  à  la  même  époque  chez  les  différents  his- 
toriens. 

Le  mot  ((  Renaissance  »  (rinascità,  restitutio,  reformatio)  n'a  pas 
toujours  évoqué  l'idée  qu'il  évoque  communément  aujourd'hui.  Il 
désigna  d'abord  le  merveilleux  essor  que  prit  la  vie  politique  dans 
les  puissantes  communes  du  Moyen  Age  en  Italie.  Les  littérateurs 
-^rent  les  premiers  à  appeler  de  ce  nom  la  résurrection  des  lettres  et 
des  arts  anciens,  des  «  studia  humanitatis  ».  Il  est  toujours  resté 
quelque  chose  de  cette  conception.  Cependant  la  littérature  et  Tart 
nationaux  semblèrent  à  plusieurs  constituer,  plutôt  que  le  renouvel- 
lement "des  études  antiques,  la  véritable  Renaissance  et  jusqu'au 
xviiic  siècle  cette  manière  de  voir  eut  une  prépondérance  marquée, 
non  seulement  en  Italie,  mais  aussi  en  France.  Après  un  retour  à 
son  interprétation  précédente,  ce  terme,  d'une  si  riche  compréhension, 
reçut  de  Jakob  Burckhardt  sa  consécration  définitive.  Depuis  1  ap- 
parition de  la  «  Kultur  der  Renaissance  »  (1860),  il  évoque  l'image  de 
-cette  civilisation,  exubérante  dans  tous  les  domaines,  dont  l'Italie  nous 
offre  l'exemple,  surtout  aux  xiv«  et  xv«  siècles.  Les  Romantiques  et 
leurs  partisans  refusent,  il  est  vrai,  aux  Italiens  paganisés  l'honneur 
d'avoir  renouvelé  la  civilisation  européenne  et  l'attribuent  tout  entier, 
non  sans  beaucoup  de  raisons,  à  ceux  qui  furent  les  auteurs  de  la 
«  Renaissance  religieuse  »  du  xi«  au  xiii*  siècle.  Cependant  l'éclat 
avec  lequel  Burckhardt  a  décrit  ce  que  nous  appelons  désormais  la 
a  Renaissance  n  semble  devoir  assurer  une  durée  assez  longue  à  sa 
conception,  aujourd'hui  la  plus  répandue.  J.  Creusen  S.  J. 

^3o.  —  Eduard  Meyer.  Humanistische  und  geschichtliche  Bildung, 
Vortrag,  Berlin,  Weidmann,  1907.  41  pp.  pf.  0.60. 
Cette  conférence  comprend  deux  parties  :  la  première  raconte 

comment  l'antiquité  résolut  le  problème  de  la  culture  supérieure  et 


326  LE   MUSÉB   BELGE. 


applique  la  solution  à  nos  temps  modernes  (pp.  i-i5),  la  seconde 
caractérise  l'esprit  historique,  ses  avantages  moraux,  de  nos  jours 
surtout,  et  en  Allemagne  plus  qu'ailleurs  (pp.  i5-4o). 

Au  v«  siècle  avant  notre  ère,  les  Grecs  se  trouvaient  en  pleine  crise 
sociale  et  politique  :  on  se  rendit  compte  qu'il  fallait  désormais 
préparer  la  jeunesse  aux  luttes  de  la  vie  par  d'autres  méthodes  que 
l'apprentissage  naïf  et  admiratif  de  toute  sagesse  auprès  des  vieux 
poètes  (p.  5).  Les  sophistes  apparurent  ;  ils  croyaient  fournir  les 
armes  nécessaires,  en  apprenant  à  Tindividu  qu'il  n'existe  rien  au- 
dessus  de  lui,  qu'il  est  la  mesure  de  toutes  vérités  :  l'homme  sera 
d'autant  plus  grand  qu'il  poursuivra  plus  impitoyablement  son  intérêt 
personnel  ;  la  raison  en  est.  qu'il  n'existe  point  de  vérité  transcen- 
dante :  les  choses  étant  ce  qu'elles  paraissent  à  chacun  (pp.  6-7). 
Socrate  intervint  ;  il  soumettait  l'homme  aux  principes  supérieurs  du 
bien  général,  du  vrai  absolu. 

Tandis  que  les  sophistes  prétendaient  à  lomniscience,  se  disaient 
en  possession  complète  de  toute  vérité,  Socrate  assignait  comme  but 
suprême  à  l'activité  de  l'homme,  la  recherche  incessante,  la  poursuite 
sans  fin  des  vérités  suprêmes,  qui  se  découvient  toujours  plus  vastes 
et  plus  profondes,  plus  éloignées  de  la  connaissance  humaine,  au  far 
et  à  mesure  qu'on  les  possède  davantage. 

C'était  créer  l'esprit  de  recherche,  1  esprit  scientifique,  la  culture 
humaine,  die  humanistische  Bildufig,  en  opposition  avec  la.  culiure 
encyclopédique,  l'esprit  de  repos  dans  les  connaissances  toutes  faites, 
die  allgemeine  Bildung  (p,  10).  Mais  le  jeune  homme  avait  besoin  des 
aptitudes  pratiques,  données  par  les  sophistes,  aussi  bien  que  de 
l'esprit  philosophique  d'un  Socrate.  Les  deux  systèmes  d'éducation, 
furent  donc  contraints  de  se  faire  des  emprunts  mutuels  :  l'un,  pour 
rester  pratique,  l'autre  pour  n'être  pas  inintelligent  (p.  10).  Les  deux 
systèmes  subsistent  côte  à  côte  jusqu'à  nos  jours.  Quelle  est,  dans  nos 
gymnases,  la  part  qui  revient  à  chacun  d'eux  ?  Il  suffit  pour  répondre 
de  se  dire,  avec  Meyer,  que  le  gymnase  doit  surtout  donner  à  l'es- 
prit la  trempe  nécessaire  aux  études  d'université  et  de  la  vie  entière 
(p.  i2-i3).  Les  compilations,  les  chrestomathies  des  iii«  et  iv<^  siècles 
de  notre  ère,  font  voir  à  quelles  encyclopédies  ineptes  en  vient  une 
société  qui  substitue  progressivement  à  la  formation  scientifique  le 
souci  d'apprendre  au  jeune  homme  à  pouvoir  parler  de  tout. 

En  même  temps  que  finissait,  grâce  à  Socrate,  l'ère  du  scepticisme 
triomphant,  Thucydide,  dans  le  domaine  des  faits,  mettait  un  terrae 
aux  doutes  ignorants,  à  la  critique  rationaliste  et  subjective.  Ce  fut 
l'éveil,  Aristote  et  Platon  le  montrent  bien,  de  l'esprit  historique 
(p.   i5-iS).  En   nos  temps  modernes,  au  xix^  siècle  plutôt,  l'esprit 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  327 


historique  fait  partie  intégrante  de  l'esprit  scientifique,  la  conception 
historique  du  monde  fait  corps  avec  sa  conception  philosophique  (p .  1 8). 

Tandis  que  le  xviii*  siècle,  en  prétendant  résoudre  par  la  seule 
connaissance  des  caractères  abstraits  et  universels  du  genre  humain, 
les  problèmes  concrets  de  l'histoire,  en  revenait  au  rationalisme  et 
aux  doutes  arbitraires  d'avant  Thucydide,  le  xix^  siècle,  se  rendant 
compte  que  l'histoire  est  faite  d'actions  et  de  réactions,  concrètes  et 
individuelles,  reconnaît  qu'il  faut,  pour  Tétudier,  la  même  attention 
à  ce  fait  individuel  et  concret,  qui  est  requise  dans  les  sciences 
appliquées,  dans  les  arts  de  la  médecine  ou  de  l'architecture  (pp.  21- 
22)  Et  de  juste,  puisque  deux  facteurs  dominent  l'histoire  :  le 
hasard  et  la  volonté  libre.  (M.  Meyer  déclare  faire  abstraction  des 
questions  métaphysiques  ;  il  a  raison,  puisque,  quoi  qu'on  pense  du 
déterminisme  ou  de  la  prédestination  ou  de  la  Providence,  on  doit 
admettre  ses  conclusions).  Ils  la  dominent,  parce  que,  tout  en  laissant 
subsister  dans  l'intégrité  de  leur  action  les  lois  universelles  qui 
régissent  l'humanité,  ils  introduisent  dans  la  série  des  faits,  des  don- 
nées impossibles  à  prévoir,  points  de  départ  ou  causes  initiales  de 
nouvelles  séries  d'actions.  Ce  sont  ces  deux  facteurs,  indéniables,  en 
dépit  des  sophistes  modernes  (p.  23),  qui  font  de  l'étude  historique 
une  étude  de  faits  individuels,  autant  que  de  faits  généraux. 

Meyer  s'excuse  ici  (p.  25)  de  ne  pouvoir  qu'indiquer  ses  vues.  Nous 
ne  nous  arrêterons  donc  pas  nous-même  à  en  montrer  la  justesse. 

Quels  sont  les  avantages  de  la  culture  historique  ?  Elle  fournit  des 
exemples,  sans  doute,  des  leçons  pratiques  (pp.  25-26),  mais  bien 
plus  et  mieux  que  cela,  elle  nous  donne  l'intelligence  vivante  et  vécue 
de  ce  que  nous  sommes,  à  la  place  et  au  moment  que  nous  occupons 
dans  l'histoire  de  l'humanité  (pp.  26-28)  Pratiquement,  est-ce  la  con- 
naissance des  institutions,  de  la  a  culture  1,  die  Kulturgeschickte,  ou 
bien  celles  des  hommes  marquants,  die  polilische  Geschichte,  qui  nous 
donnera  cette  intelligence  ?  La  distinction,  dit  Meyer,  est  artificielle 
(p.  29)  ;  selon  les  époques,  ce  furent  tantôt  les  individus  et  leurs 
actes,  tantôt  les  groupements  et  leur  situation,  qui  dominèrent  l'his- 
toire ;  à  l'historien  d'accuser  les  reliefs,  suivant  la  réalité. 

Quel  est  enfin,  au  gymnase,  l'esprit  dans  lequel  il  faut  enseigner 
l'histoire  ?  Quelle  part  faut- il  y  donner  à  la  culture  encyclopédique,  au 
bagage  des  connaissances  nécessaires  ?  quelle  part  à  l'esprit  de 
recherche  ? 

Evidemment,  il  faut  fournir  au  jeune  homme  les  cadres  généraux 
des  résultats  acquis,  mais  cela  ne  suffit  pas  :  il  faut  aussi  Tinitier  aux 
recherches  historiques.  Pratiquement,  la  chose  est  possible,  si  l'on 
fait  un  choix  (pp.  3o-3i). 


328  LE   MUSÉE   BELGE. 


L'histoire  nationale  s'impose,  mais  qu'on  se  garde  de  nationaliser, 
à  rencontre  du  vrai,  le  passé  d'un  peuple  î  L'histoire  de  l'antiquité 
offre  un  champ  précieux  et  facile,  puisque  Télève  est  obligé  de  manier 
les  sources,  et  qu'on  y  peut  suivre  une  société  jusqu'à  sa  fin. 

Meyer  termine  par  quelques  considérations  sur  les  avantages 
moraux  de  l'histoire  :  elle  prémunit  contre  l'esprit  de  critique,  en 
initiant  aux  difficultés  que  présentaient  les  problèmes  à  ceux  qui 
durent  les  résoudre  ;  elle  fait  contrepoids  aux  idées  creuses  des  dis- 
ciples de  Nietszche,  en  opposant  à  leur  individualisme,  la  réalité 
grandiose  des  hommes  qui  firent  leur  œuvre. 

Ce  travail  —  Meyer  nous  en  avertit  lui-même  —  devrait  être 
approfondi  et  complété  ;  il  n'a  d'autre  prétention  que  de  soulever  à 
la  lecture  les  réflexions  qu'il  provoquait  à  l'audition.  Tel  quel,  mal- 
gré son  exiguité,  il  traite  à  fond,  nous  paraît-il.  les  caractères  \Tais 
des  études  historiques  ;  il  met,  en  son  vrai  jour,  la  question  du  gym- 
nase —  celle  de  nos  humanités.  —  Le  lecteur  instruit  pourra  suppléer 
aisément  par  lui-même,  les  compléments  nécessaires,  et  creuser  les 
questions  amorcées.  P.  M.  Claevs  Boûûaert. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

23 1.  —  C  G.  N.  de  Vooys,  Hisiorische  scheis  van  de  N ederlandscke 

îeiterhunde^  voor  schoolgebruik  en  koo/dacie-studie.  Groningen,  J.  B.Wol- 

ters    igo8  xii  -*-  204  pp.  in-8^,  i,  75  fl. 

Ce  nouveau  manuel  de  l'histoire  de  la  littérature  néerlandaise  se 
distingue  par  des  qualités  très  sérieuses,  qui  lui  vaudront  une  place 
d'honneur  parmi  les  ouvrages  du  même  genre. 

Contrairement  à  ce  qu'ont  fait  ses  devanciers,  M.  de  Vooys  accorde 
une  importance  capitale  au  mouvement  littéraire  contemporain  (de 
i83o  environ  jusqu'à  nos  jours).  Il  a  donc  réduit  considérablement 
le  moyen  âge  et  même  le  xvii^  siècle,  le  u  siècle  d'or  »,  afin  de  pou- 
voir traiter  avec  plus  de  développement  du  xix^  siècle,  qui  prend,  à 
lui  seul,  la  moitié  du  livre  (moyen  âge  et  xvi'"  siècle,  pp.  4-27  ; 
xvii^  siècle,  pp.  27-40  ;  xviii®  siècle  et  xix^  jusqu'en  i835,  pp.  49-79  ; 
xix^î  siècle  et  premières  années  du  xx^,  pp.  80-169).  Cest  peut-être 
exagéré  —  nous  en  reparlerons  tantôt  —  mais  on  sera  unanime,  je 
pense,  à  admettre  le  principe  pédagogique  sur  lequel  est  fondée  cette 
répartition,  à  savoir  que,  dans  une  histoire  littéraire  destinée  à  l'en- 
seignement, c'est  à  la  période  moderne  et  contemporaine  qu'il  faut 
attribuer  la  place  prépondérante. —  Sans  doute  aucun,  on  sera  encore 
unanime  à  louer  l'autre  innovation  de  l'auteur.  Elle  consiste  en  ced 
que  M.  de  Vooys  a  réuni,  dans  un  appendice  (pp.  170-204),  des  indi- 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  329 


cations  bibliograhiques  (éditions,  livres  à  consulter,  monographies, etc.  ) 
et  des  renseignements  divers  sur  la  lecture  des  auteurs,  qui  rendront 
de  précieux  services  à  ceux  qui  désirent  étudier  l'histoire  de  la  litté- 
rature d'une  façon  plus  approfondie.  D'autres  manuels,  par  exemple, 
celui  de  M.  W.  Van  Neylen,  que  nos  lecteurs  connaissent  (voyez 
Btt//.,  t.  VII,  pp.  301-302),  donnent  des  renseignements  bibliogra- 
phiques, mais  aucun  ne  le  fait  d'une  façon  aussi  méthodique  et  aussi 
complète.  —  Enfin,  il  faut  également  relever  ce  point,  M.  de  Vooys 
est  compétent  dans  la  matière.  Il  s'est  fait  estimer  par  des  travaux 
originaux  remarquables  sur  l'histoire  des  lettres  néerlandaises  ;  pour 
certaines  parties  de  son  manuel,  il  a  dû  se  fier  à  d'autres,  mais  il  a 
su  choisir  ses  guides  (  i  ) . 

La  critique  la  plus  grave  que  Von  pourrait  faire  à  cette  publication, 
c'est  que  M .  de  Vooys  est  allé  trop  loin  en  consacrant  la  moitié  de  son 
manuel  aux  soixante- dix  dernières  années.  Ce  n'est  pas  tant  un  man- 
que de  proportion  qu'on  regrettera  ;  ce  qu'on  lui  reprochera  plutôt, 
c'est  que  cette  partie  est  trop  complète,  contient  trop  de  noms  d'auteurs 
et  de  titres  d'ouvrages,  relève  trop  de  faits  insignifiants,  au  point  de 
ne  plus  être  un  aperçu  du  développement  historique  de  la  litté- 
rature. Le  but  de  l'auteur,  c'était  indiquer  la  marche  générale  du 
mouvement  littéraire,  sans  faire  attention  à  ce  qui  n'a  eu  aucune 
influence  appréciable  sur  cette  marche.  Or,  eu  mentionnant  jusqu'aux 
écrivains  les  plus  jeunes,  les  plus  récents,  ceux  de  nos  jours,  ce  n'est 
plus  une  histoire  qu'il  écrit,  c'est  un  inventaire  qu'il  dresse  (2).  Et, 
en  toute  hypothèse,  quelle  peut  être  l'utilité  d'une  simple  nomenclature? 
En  revanche,  M.  de  Vooys  n'insiste  pas  assez  sur  les  rapports  entre 
les  littératures  étrangères  et  la  nôtre.  Au  lieu  de  se  borner  à  quelques 
remarques,  comme  en  passant, il  n'eût  pas  fait  de  besogne  superflue  en 
y  insistant  davantage,  de  temps  à  autre,  dans  un  paragraphe  spécial. 
—  On  pourrait  encore  trouver  que  l'auteur,  en  respectant  scrupuleu- 
sement l'ordre  chronologique,  a  parfois  nui  à  la  clarté  de  l'ensemble  ; 
il  est  d'ailleurs  peu  méthodique  de  traiter  d'un  même  écrivain  dans 
des  paragraphes  appartenant  à  des  chapitres  différents  ;  que  gagnent 
bien  ces  auteurs  à  être  ainsi  coupés  en  deux  ?  —  Dans  l'appendice 
bibliographique,  une  remarque  critique  sur   la  valeur  de  quelques 

(1)  Cela  ne  Ta  cependant  pas  préserve  de  toute  inexactitude.  Ainsi,  p.  ex.,  ce  qu'il 
dit  dans  sa  note  bibliographique  au  §  2  (p.  171)  est  erroné.  Ajoutons  encore  que, 
tout  en  reconnaissant  la  haute  compétence  de  Tauteur,  nous  ne  saurions  souscrire  à 
toutes  ses  appréciations. 

(2)  A  côté  de  cela,  certaines  omissions  sont  singulières.  Est-ce  que,  par  exemple. 
Max  Rooses  ne  méritait  pas  d'être  cité  parmi  les  prosateurs  belges  ?  Et  Wazenaar 
A.  de  Vos)  ?  Et  R.  Snieders  ? 


33o  LE    MUSÉE    BELGE, 

publications  n'eût  pas  été  .inutile.  Évidemment,  M.  de  Vooj'S  n'a 
pas  visé  à  être  complet  ;  cependant  certains  livres  auraient  pu  être 
signalés,  comme,  entre  autres,  les  ouvrages  de  Derudder  sur  Caîs 
et  de  Looten  sur  Vondeî  (§§  20  et  24)  ;  au  §  48,  l'auteur  eût  pu  citer  le 
Keus  van  redevoeringen  uit  J,  H,  van  dir  Palm,  Gand,  i856  ;  au  §  14, 
il  aurait  fallu  renvoyer  aussi  à  Fr.  Van  Duyse,  De  Rederijkkamtrs  in 
Nederland,  Parmi  les  ouvrages  généraux,  celui  de  M.  J.  Stecher  n'est 
pas  cité,  pas  même  au  §  91,  où  le  livre  de  M.  Hamelius  sur  le 
mouvement  flamand  méritait  aussi  d*être  mentionné.  Parfois  enfin 
M.  de  Vooys  aurait  pu  préciser  davantage  ;  au  lieu  de  dire,  par  ex., 
que  J.  ten  Brink  a  écrit  une  étude  sur  Coornhert  (§  17),  pourquoi  ne 
pas  en  donner  le  titre  exact  } 

Ces  quelques  remarques,  je  les  ai  formulées,  non  pas  pour  me 
donner  le  plaisir  de  critiquer,  mais  pour  montrer  à  M  de  Vooys  à 
quel  point  je  m'intéresse  à  son  manuel.  Une  deuxième  édition  —  je 
le  souhaite  vivement  —  deviendra  bientôt  nécessaire;  sans  doute 
aucun,  elle  l'emportera  de  loin  sur  la  première.  Et  si  l'auteur,  outre 
les  modifications  et  corrections  qu'il  y  aura  apportées,  joint  à  la  fin 
du  volume  une  table  alphabétique  des  auteurs  et  ouvrages  cités,  ses 
lecteurs  lui  en  sauront  gré  ;  cela  rendra  le  livre  encore  plus  pratique. 

C.  Lecoutere 

232.  —  Ej.  BaUTVens,  S.-J.  Modemen.  Bloemlezing  uit  de  heden - 
daagsche  Zuid-  en  Noordnederlandsche  schrijvers,  met  levens- 
schetsen  en  beoordeelingen,  dienende  tôt  aanhangsel  bij  het  derde 
deel  van  «  Zuid  en  Noord  ».  Brugge,  Desclée,  De  Brouwer  et  O. 
viii-284  pp.  In-8o,  I  fr.  25. 

Ce  volume  est  le  complément  de  la  chrestomathie  «  Zuid  en  Noord  •. 
Le  P.  Bauwens  y  a  réuni  des  i  extraits  »  empruntés  à  Tœuvre  d'une 
vingtaine  de  «  modernes  »  hollandais  et  d'une  douzaine  de  a  modernes  • 
belges  ;  ils  sont  suivis  d'une  demi  douzaine  d'extraits  de  discours 
d'orateurs  modernes.  A  chaque  auteur  est  consacrée  une  notice  ; 
parfois  le  collectionneur  a  ajouté  aux  textes  des  remarques  explica- 
tives ou  même  morales,  le  cas  échéant.  Une  introduclion  de  24  pages 
précède  cette  anthologie  ;  le  P.  Bauwens  y  fait  connaître  le  mouve- 
ment littéraire  des  trente  dernières  années,  principalement  au  moyen 
de  citations  empruntées  aux  auteurs  de  la  nouvelle  école  ;  après  quoi 
il  y  ajoute  quelques  pages  de  critique. 

Le  P.  Bauwens  a  eu  raison  de  publier  ce  volume.  On  ne  peut  pas 
passer  sous  silence,  dans  l'enseignement  secondaire,  la  littérature 
contemporaine  ;  il  faut  être  de  son  temps  et  de  son  pays.  Il  convient 
donc  de  renseigner  les  élèves,  et  de  le  faire  d'une  façon  prudente. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  33 1 


A  ce  point  de  vue,  le  P.  Bauwens  est  un  guide  sûr  et  son  livre  suffit 
à  atteindre  le  but  qu*il  s'est  proposé.  Le  choix  des  auteurs  et  des  mor- 
ceaux est,  en  général,  fait  avec  goût  et  discernement,  bien  qu'il 
puisse  prêter  le  flanc  à  la  critique  ;  mais  nous  devons  nous  abstenir 
de  discuter  ce  point.  C.  Lecoutere. 

233.  —  Th.  Goopman  en  Jan  Broeckaert,  Bibliographie  van 
den  Vlaamschen  taalstrijd.  Vol.  V.  i863-i372,  n®»  3784-4459.  Gand, 
Sifïer,  190S.  352  pp   in-8°. 

Tout  le  bien  que  nous  avons  dit  ici  de  cette  publication  antérieure- 
ment s'applique  aussi  à  ce  nouveau  volume.  Les  auteurs  continuent 
leur  travail  de  bénédictins  avec  le  même  soin  et  la  même  exactitude. 
A  mesure  que  la  bibliographie  se  rapproche  de  la  période  actuelle,  elle 
gagne  en  intérêt  et  aussi  en  importance.  Ce  cinquième  volume  con- 
tient quantité  d'indications  sur  des  faits  déjà  quelque  peu  oubliés  ;  je 
ne  citerai  que  la  description  si  peu  flatteuse  des  Flamands  par  Taine  et 
le  réplique  qu'en  fit  A.  Siret  dans  le  journal  des  Beaux-Arts  (n®  38x6), 
l'affaire  Fleron  et  le  flamand  devant  la  justice  militaire  (383i),  l'étu- 
diant louvaniste  qui  en  1868  n'obtient  pas  du  Jury  combiné  la  dis- 
tinction parce  qu'il  s'exprimait  incorrectement  en  français  (3848-3849). 
Ce  qui  rend  surtout  le  cinquième  volume  intéressant,  ce  sont  les 
nombreux  extraits  de  journaux  et  les  reproductions  de  certaines 
discussions  qui  se  produisirent  à  la  Chambre.  Je  signalerai  surtout  le 
célèbre  discours  de  de  Maere,  que  les  auteurs  reproduisent  en  entier, 
de  même  que  les  répliques  auxquelles  il  donna  lieu  et  les  diverses 
appréciations  des  journaux  (14  janvier  1869,  ^^^  ^9^^  et  suiv.)  et  la 
discussion  provoquée  par  Gerrits  au  sujet  de  l'enseignement  en  1871 
(4102-4132).  Mentionnons  encore  la  curieuse  appréciation  de 
M.  C.  Lemonnier  (3985)  et  celle  de  M.  Kurth,  ainsi  que  le  résumé 
par  M.  L.  Hymans  du  célèbre  livre  de  Lytton  Bulwer  sur  lord  Pal- 
merston  (p.  184-198  n'^  4084),  si  intéressant  pour  l'histoire  de  la 
Belgique  en  i83i.  Mais  il  faudrait  tout  citer,  tant  les  renseignements 
fournis  par  les  auteurs  sont  intéressants.  Nous  ne  pouvons  que 
souhaiter  que  les  savants  auteurs  puissent  mener  leur  grande  entre- 
prise à  bonne  fin.  Ils  auront  rendu  un  immense  service  tant  à  l'his- 
toire du  mouvement  flamand  qu'à  l'histoire  générale  de  notre  pays. 

Adolf  de  Ceuleneer. 

Histoire  et  Géographie. 

234.  —  Mélanges  Godefroid  Kurth.  Rectuil  de  mémoires  relatifs  à 
V histoire,  à' la  philologie  et  à  V archéologie^  publié  par  la  Faculté  de  PhiUh 
Sophie  et  Lettres  de  V Université  de  Liège,   L   Mémoires  historiques* 


332  LE   MUSÉE   BELGE. 


cxii  466  pp.   II.  Mémoires  littéraires,  philologiques  et  archéolo- 
giques XCI 1+460  pp.  Impr.  Vaillant-Carmanne,  Liège  ;   Honoré 
Champion,  Paris,  1908.  i2,5o  fr.  le  volume  (10  fr.  par  souscriptioii, 
chez  rimprimeur).  (Bibliothèque  de  la  Faculté  de  philosophie  et 
lettres  de  l'Université  de  Liège.  Série  gr.  in-S®  (jésus).  Fasc.  I-II). 
Ces  deux  beaux  volumes  ont  été  publiés  par  la  Faculté  de   Liège 
en  l'honneur  de  M.  God.  Kurth,  à  l'occasion  de  sa  promotion   à  Té- 
méritat.  Les  Préliminaires  sont  communs  aux  deux  volumes.  Ils  com- 
prennent :  une  dédicace,  le  comité  d'honneur,  le  comité  exécutif, 
la  liste  des  souscripteurs,  puis  une  étude  remarquable  sur  roeuvre 
historique  de  M.  Kurth  par  un  de  ses  élèves  les  plus  distingués, 
M.  Karl  Hauquet,  enfin  la  bibliographie  à  peu  près  complète   des 
travaux  du  maître,  liste  de  5o4  livres,  articles  ou  comptes  rendus 
sortis  de  la  plume  savante  et  féconde  de  M.  God.  Kurth. 

Quatre -vingt  sept  collaborateurs,  collègues,  amis,  anciens  élèves 
ou  admirateurs  de  M.  Kurth,  ont  répondu  à  Tappel  du  Comité  exécu- 
tif et  lui  ont  envoyé  des  travaux  relatifs  à  l'histoire  ou  à  la  philologie. 
Nous  ne  pouvons  analyser  ici  tous  ces  mémoires  et  nous  nous 
contentons  aujourd'hui  d'en  donner  une  liste  complète. 

FASCICULE  I.  ~  MÉLANGES  HISTORIQUES. 

Grafé,  Alfred,  de  son  vivant  professeur  à  P Université  de  Liège,  Quel- 
ques mots  sur  la  philosophie  de  l'histoire I 

de  la  Vallée  Poussin,  Louis,  professeur  à  VUniversité  de  Gand,  Un 
point  de  contact  entre  le  Christianisme  et  le  Boudhisme  .     .        i3 

Delehaye,  Hippolyte,  S.  J.,  Bollandiste.  La  «Translatio  S.  Mer- 
curii  Beneventum  » i5 

Demarteau,  Joseph,  rédacteur  en  chef  de  la  Gazette  de  Liège,  La  vie 
la  plus  ancienne  de  Saint  Lezin,  évêque  d'Angers,  et  les  vies 
de  Saint  Amulphe  et  de  Saint  Lambert    .......       25 

Liégeois.  Camille,  professeur  à  V Athénée  royal  d'Ixelles,  La 
légende  de  Saint  Badilon , 41 

Lahaye,  Léon,  conservateur  des  Archives  de  VEiat  à  Liège,  Un 
diplôme  de  Charles  le  Gros 53 

Simenon,  Guillaume,  professeur  au  grand  Séminaire  de  Liège,  Les 
Chroniqueurs  de  l'Abbaye  de  Saint-Trond 61 

Moeller,  Charles,  professeur  à  VUniversité  de  Louvain,  Godefroid 
de  Bouillon  et  l'avouerie  du  Saint- Sépulcre 73 

Poncelet,  Albert,  S.  J.,  Bollandiste.  Vie  ancienne  de  Guillaume 
de  Saint-Thierry 85 

Marchai,  chevalier  Edmond,  secrétaire  perpétuel  de  V  Académie 
royale  de  Belgique,  Lambiers  Fatras 97 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  335 


Pirenne,  Henri,  professeur  à  VUniversité  de  Gand.  Quelques 
remarques  sur  la  Chronique  de  Gislebert  de  Mons  .     .     .     .     io3 

Vander  Linden.  Hermann,  professeur  à  r Université  de  Liège,  Trois 
documents  du  xii*  siècle  relatifs  à  Thopital  de  Louvain     .     .     ii3 

Vanné  rus,  Jules,  conservateur  des  Archives  de  rÉtat,  à  Anvers.  Les 
avoués  d'Arlon i23 

Closon,  Jules,  chargé  de  cours  à  VUniversité  de  Liège.  Les  événe- 
ments politiques  liégeois  pendant  les  années  1 229-1230    .     .      i37 

Poncelet,  Edouard,  conservateur  des  Archives  de  VÉtat,  à  Mons.  Le 
soulèvement  de  Maubeuge  en  1293  et  les  premiers  sceaux  de 
la  commune 149 

Fairon,  Emile,  attaché  aux  Archives  de  F  État,  à  Liège,  L'abolition 
des  guerres  privées  au  pays  de  Liège.  Une  ordonnance  iné- 
dite du  24  septembre  i334 iSy 

de  Borman,  chevalier  Camille,  membre  de  la  Commission  royale 
d^ histoire.  Le  Tribunal  des  Douze  Lignages  au  Pays  de 
Liège,  1 335-1467 169 

Berlière,  O.  S.  B.,  dom  Ursmer,  directeur  honoraire  de  l'Institut 
historique  belge  à  Rome.  La  Commende  aux  Pays-Bas     .     .     .     i85 

de  Witte,  Alphonse.  Les  Jetons  de  Jean- Sans- Peur,  comte  de 

Flandre  (1405- 14 17).  Avec  deux  gravures 2o3^ 

Vander  Haeghen,  Victor,  conservateur  des  Archives  de  la  ville  de 
Gand,  Les  députés  de  Tournai  auprès  de  Louis  XI  et  d'Oli- 
vier le  Dain,  en  juillet  1477 207 

Brouwers,  D.  D.,  conservateur  des  Archives  de  VÉtat^  à  Namur.  La 
reconstruction  de  Dinant  à  la  fin  du  xv«  siècle 2i3 

Dony,  Emile,  professeur  à  V Athénée  royal  de  Mons.  L'ancienne 
industrie  du  fer  au  pays  de  Chimay 223 

Fayen,  Arnold,  membre  de  Vlnstitut  historique  belge  à  Rome,  Une 
supplique  du  xvi^  siècle  pour  la  création  d'un  Collège  Belge 
à  Rome 233 

Balau,  Sylvain,  membre  de  la  Commission  royale  d'histoire.  Jean  de 
Brusthem 241 

Frédericq,  Paul,  professeur  à  VUniversité  de  Gand,  Les  placards 
du  14  octobre  et  du  3i  décembre  1529  contre  les  protestants 
des  Pays-Bas 25S 

Van  Bastelaer,  René,  conservateur  du  Cabinet  des  Estampes  à  la 
Bibliothèque  royale  de  Belgique.  Sur  Torigine  de  la  dénomina- 
tion des  Gueux  au  xvi«  siècle.  Avec  deux  gravures  .     .     .     .     25^ 

Hymans.  Henri,  conservateur  en  chef  de  la  Bibliothèque  royale  de 
Bruxelles,  La  plus  ancienne  vue  générale  de  Bruxelles.  (Une 
planche  hors  texte) 273 


334  ^^    MUSÉE    BELGE. 


Gauchie,  le  chanoine  Alfred,  professeur  à  V Université  de  Louvain. 
Relations  d'un  Père  Jésuite  réfugié  en  Flandre  sur  la  situa- 
tion de  la  France  au  début  de  iSgS.  27g 

De  Smedt,  Charles,  S.  J.,  Bollandiste.  Les  fondateurs  du  Bol- 
landisme 295 

Brants,  Victor,  professeur  à  r Université  de  Louvain,  Une  page  de 
rhistoire  de  l'impôt  dans  les  Pays-Bas  au  xvii«  siècle  .     .     .      3o5 

Lonchay,  Henri,  professeur  à  T  Université  de  Bruxelles.  Les  États 
Généraux  de  1619  1620 32r 

Vanden  Gheyn.  S.  J.,  cofiservateur  des  manuscrits  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Bruxelles,  Le  registre  du  marquis  de  Castel  de  Rodi- 
go  pour  la  contribution  volontaire  de  1646 33 1 

Hansay,  A.,  conservateur  des  Archives  de  VÉtat  à  Hasselt,  Les 
«  Tentes  »  en  pays  lossain  au  xviie  et  au  xviii«  siècle  .     .     .      335 

Van  Houtte,  Hubert,  chargé  de  cours  à  V Université  de  Gand.  Un 
Colbert  belge.  Jean  de  Brouchhoven,  comte  de  Bergeyck 
(1644. 1725) 343 

Hubert,  Eugène^  professeur  à  V  Université  de  Liège  Le  protestan- 
tisme dans  le  duché  de  Luxembourg  à  la  fin  de  TAncien 
Régime 355 

Carlot,  Armand,  attaché  aux  Archives  de  F  Etat  ^  à  Mofis.  Le  cha- 
pitre de  Sainte  Waudru  à  Mons  et  ses  doyennes  (1786-1789).     36 1 

Bigwood,  Georges,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Bruxelles, 
avocat  à  la  Cour  d'Appel,  Un  physiocrate  belge  inconnu      .     .     376 

Ulens,  Robert,  docteur  en  droit.  Tentatives  d'organisation  de 
la  circulation  fiduciaire  dans  les  Pays-Bas  Autrichiens  .     385 

Magnette,  Félix,  professeur  à  V Athénée  royal  de  Liège.  Les  pre- 
mières relations  entre  les  «  patriotes  »  liégeois  et  l'Assemblée 
Constituante.  La  mission  de  Reynier  à  Paris,  juillet  et 
décembre  1790 391 

Poullet,  Prosper,  professeur  à  l'Université  de  Louvain,  Un  conseil 
d'arrondissement  sous  le  Consulat  et  TEmpire 4»! 

Cuvelier,  Joseph,  attaché  aux  Archives  de  VÉtat,  à  Bruxelles. 
Gachard  et  la  colonie  belge  du  Guatemala,  1841     .     .     .     .     425 

Ansiaux,  Maurice,  professeur  à  V  Université  de  Bruxelles,  collabora- 
teur de  r  Institut  de  Sociologie  Solvay,  Le  crédit  à  la  spéculation 
financière 433 

Halkin,  Joseph,  professeur  à  l'Université  de  Liège.  Les  monogra- 
phies de  village 441 

<ie  Cepeda,  Rodiguez  Rafaël,  professeur  a  VUniversiié  de  Valence 
(Espagne).  Quelques  considérations  sur  les  révolutions  .     .     .     447 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  335 

FASC.  IL  -   MÉLANGES   D'HISTOIRE  LITTÉRAIRE, 
DE  PHILOLOGIE  ET  D'ARCHÉOLOGIE. 

Francotte,    Henri,  professeur  à  V Université  de  Liège.  Les  taxes 

du  vingtième  et  du  dixième  dans  la  Ligue  de  Délos    ...         i 
Graindor.  Paul,  ancien  membre  étranger  de  V  École  française  d'Athènes. 

Note  sur  un  décret  de  la  Confédération  des  Nésiotes    ...         7 

De  marteau,  J.  R.,  professeur  émérite  de  V  Université  de  Liège.  Le 
vase    planétaire    de    Jupille.    Étude    archéologique.    (Une 

planche  hors  texte) •     .     ,     .       l5 

Audollent,  Auguste,  professeur  à  l'Université  de  Clermont-Ferrand. 

Lettre  à  M.  Kurth  sur  le  temple  du  puy  de  Dôme  ....       27 

Lejay,  Faul,  professeur  à  V Institut  catholique,  à  Paris  Les  origines 
de  l'Église  d*Afrique  et  l'Église  romaine 41 

Ladeuze,  le  chanoine  P.,  professeur  à  V Université  de  Louvain. 

Caius  de  Rome,  le  seul  Aloge  connu 49 

Al  lard,  Paul,  directeur  de  la  Revue  des  Questions  historiques.  La 
passion  de  Saint  Dioscore 61 

Van  den  Ven,  P.,  attaché  aux  Musées  royaux  de  Bruxelles.  Un 
opuscule  inédit  attribué  à  Saint  Nil 73 

Guillaume,  le  chanoine  L  ,  directeur  de  la  Collection  «  Lès  clas- 
siques comparés  m  .  Romanos  le  Mélode    .  83 

Henquinez,  Henri,  docteur  en  philosophie  et  lettres.  De  l'histoire  à 
l'épopée qS 

Laurent,  Marcel,  chargé  de  cours  de  V Université  de  Liège,  Christus 
belliger  insignis.  (Une  planche  hors  texte) io3 

Brassine,  Joseph,  sous  bibliothécaire  à  l'Université  de  Liège.  Un 
poème  de  Rodulf  de  Saint- Trond ii3 

Morin,  dom  Germain,  O.  S.  B..  à  Maredsous,  Le  Psautier  de 
Sainte  Wivine.  Manuscrit  conservé  à  Orbais,  en  Brabant  i39 

Sepet,  Marius,  bibliothécaire  au  Département  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale^  à  Paris.  La  moralité  exemplaire,  genre 
dramatique  du  moyen- âge 145 

Bethune,  baron  P.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain,  De  quel- 
ques points  de  contact  entre  la  poésie  du  midi  de  la  France 
et  celle  du  Nord i55 

Doutrepont,  AyxgusXt,  projesseur  à  V  Université  de  Liège.  Hemri- 
ricourt  et  Salbray 173 

Bayot,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvain.  Sur  lexem- 
plaire  des  Grandes  Chroniques  offert  par  Guillaume  Fillastre  à 
Philippe  le  Bon i83 

Doutrepont,  Georges,  professeur  à  l  Université  de  Louvain.  Jason 
et  Gédéon,  patrons  de  la  Toison  d'Or 191 


336  LE    MUSÉE   BELGE. 


Waltzing,  J.  V.,professeur  à  r Université  tU  Liège.  Un  humaniste 
arlonais.  Petnis  Jacobi  Arlunensis  (i  459-1509).  Avec  quatre 
gravures 209 

Bâcha,  Eugène,  attaché  au  département  des  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque royale,  à  Bruxelles.  Les  Heures  de  Notre-Dame  dites 
d'Hennesy 233 

Roersch,  Alphonse,  professeur  a  V Université  de  Gand.  De  Gand  à 
Rome  en  1624 239 

de  Bethune,  baron,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Courir  ai.  Le  théâtre 
dans  les  anciens  collèges  de  Belgique 25 1 

Grégoire,  Antoine,  professeur  à  V Athénée  de  Huy.  Une  question 
de  méthode  en  linguistique 267 

Roland,  le  Chanoine  C.-G.  Question  de  toponymie  :  Astanetum.     291 

Mansion,  Joseph,  chargé  de  cours  à  V Université  de  Liège.  Die  Ety- 
mologie  von  m.  engl  «  hàlien  » 295 

Feller,  Jules,  professeur  à  V  Athénée  royal  de  Verviers,  Notes  d'éty- 
mologie  wallonne 3o3 

Haust,  JesLTï,  professeur  à  V  Athénée  royal  de  Liège.  Étymologies 
wallonnes.  Notes  sur  le  Dictionnaire  de  Grandgagnage    .     .     3i5 

Counson,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Gand.  De  la  légende 
de  Kant  chez  les  romantiques  français 327 

Legrand,  Georges,  professeur  à  VIftstitut  agricole  de  FÉiat^  à  Gem- 
bloux.  Joseph  de  Maistre  et  l'ancien  régime,  d'après  quelques 
lettres 33S 

Hamelius,  Paul,  chargé  de  cours  à  V  Université  de  Liège.  The  rheto- 
rical  structure  of  Layamon's  verse 339 

Bang,  W.,  professeur  à  V  Université  de  Louvain.  Zu  Jonsons  Quellen 
fur  seinen  Volpone 35i 

Matthias,  D^  Theodor  von,  Rektor  in  Plauen.  Widerklânge 
zwischen  Goethes  «  Faust  n  und  Schillers  «  Wallenstein  »    .     35; 

Seemueller,  Joseph,  professeur  a  V  Université  de  Vienne  (Autriche). 
Lieder  von  Walther  und  Hildegund 365 

Saalfeld,  D^  Gunter,  Gymnasial-Ober lehrer  (Friedenau-Berlin). 
Natur  und  Muttersprache.  Ein  Beitrag  zur  Lautnachahm- 
ung 373 

Bischoff,  Henri,  professeur  à  r Université  de  Liège.  Erlebnis  und 
Dichtung  bei  N.  Lenau 385 

Wueliing,  D^  J.  Ernst,  professeur  à  l'Université  de  Bonn.  Aus  Kon- 
rad  Ferdinand  Meyers  Wortschatz 397 

d'Arbois  de  Jubainville,  H., membre  de  r  Institut,  professeur  au  Col- 
lège de  France.  Deux  sections  des  Macgnimrada  Conculainn. 
Exploits  de  Cûchulainn  enfant 409 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  337 


Tourneur,  Victor,  attaché  à  la  Bibliothèque  royale  de  Belgique.  La 

Formation  du  Tâin  bô  Cùalnge 4 1 3 

Chauvin,  Victor,  processeur  à  V Université  de  Liège,   Charles   Bor- 

romée  Houry,  orientaliste  luxembourgeois 425 

Bricteux,  A.  chargé  de  cours  à  V Université  de  Liège,  Les  manus- 
crits persans  de  la  Bibliothèque  de  TUniversité  de  Liège.     .     433 

Pierens-Gevaert,  H.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège,  Le 

clair-obscur  dans  la  peinture  des  xv^,  xvie  et  xvii«  siècles  .     .     43g 

235.  —  Max  Rlntelen,  Schuldhaft  und  Einlager  im  Vollstreckungs- 
verfahren    des    altniederlàndischen    und    sàchsischen   Rechtes,    Leipzig, 

Dunker  und  Humblot,  1908.  xv-237  pp.,  in-S^.  6  m. 

La  question  de  la  contrainte  par  corps  et  des  arrêts  forcés,  que 
M .  R.  examine  dans  l'ouvrage  qui  nous  occupe,  présente  un  intérêt 
avant  tout  historique.  Le  droit  moderne,  en  effet,  ne  recourt  à  l'em- 
prisonnement pour  matière  civile  que  dans  le  cas  où  tout  autre 
moyen  d'exécution  fait  défaut.  L'ancien  concept,  confondant  bien 
souvent  la  personnalité  avec  l'avoir  matériel,  s'est  modifié  ;  les  moyens 
d'exécution  se  sont  spécialisés  chaque  jour  davantage  s'accommodaat 
à  la  nature  du  droit  de  poursuivre  en  chaque  cas  particulier,  m&me 
sans  le  concours  du  débiteur  ;  enfin  droit  civil  et  droit  pénal,  long- 
temps confondus  ou  au  moins  connexes,  se  sont  séparés  de  plus  en 
plus  dans  le  cours  des  temps. 

Disons-le  tout  de  suite,  M.  R.  borne  ses  investigations  aux  anciens 
droits  des  Pays-Bas  et  de  la  Saxe  ;  ces  législations,  en  effet,  pîus 
longtemps  que  les  autres,  sont  restées  indemnes  de  toute  infiltration 
de  droit  étranger.  Toutefois  l'auteur  ne  néglige  pas,  quand  l'occasion 
se  présente,  les  rapprochements  avec  d'autres  stipulations  de  droit 
civil. 

Le  premier  texte  que  M.  R.  commente  et  qui  lui  sert  de  point  de 
départ  est  emprunté  au  titre  58  de  la  Loi  Salique  :  De  chrencauda. 
On  y  lit  :  le  criminel,  qui  n'est  pas  en  état  de  payer  le  wergeld  auquel 
il  a  été  condamné  et  dont  les  parents  refusent  de  l'acquitter  pour  lui, 
est  livré  à  titre  de  gage  à  son  créancier  ;  celui-ci,  après  avoir  produit 
le  débiteur  quatre  fois  devant  le  tribunal  sans  que  l'acquittement  de 
la  dette  s'en  soit  suivi,  est  investi  du  droit  de  mettre  à  mort  1  otage- 
Ce  ne  sont  donc  pas  les  pouvoirs  publics  qui  poursuivent  l'exécution  : 
elle  est  confiée  à  une  personne  privée  ;  il  ne  s'agit  pas  non  plus 
d'une  exécution  purement  civile  :  la  première  sentence  a  dû  prendre 
d'abord  une  teinte  de  peine  criminelle  :  après  tout,  c'est  le  droit  de 
vengeance.  Nous  n'allons  pas  suivre  le  savant  professeur  de  Leipzig 
dans  toutes  les  transformations  que  subit  cette  législation  primitive. 


338  LE  MUSÉE    BELGE. 


Contentons-nous  d*indiquer  qu'il  étudie  dans  une  première  partie 
Temprisonnement  d'après  les  anciennes  législations  des  Pays-Bas  ;  h 
seconde  partie  est  consacrée  à  l'examen  de  la  même  question  d'après 
le  droit  saxon  ;  la  troisième  aux  arrêts  forcés.  Dans  chacune  de  ces 
parties,  Tauteur  montre  comment  la  législation  primitive  évolue  et  se 
développe,  comment  le  caractère  pénal  des  premiers  temps  s'efface  de 
plus  en  plus,  comment  aussi  l'intervention  de  l'État  dans  les  exécu- 
tions pour  matière  civile  devient  constamment  plus  considérable.  A 
chaque  page,  M.  R.  invoque  à  l'appui  de  ses  assertions  les  textes 
législatifs  anciens  et  il  les  interprète  avec  sagacité.  C'est  assez  dire  le 
mérite  de  cette  contribution  à  l'histoire  du  droit. 

J.   B.  GOETSTOUWERS,   S.   J. 

236.  —  M.  Denucé,  Les  iUs  Lequios  [Formosc  et  Riu  Kiu)  et  Opkir. 
Bruxelles,  1907.  3i  pp.  (Extr.  du  Bull,  de  la  Soc,  royale  d-e  géogr.. 
Le  nom  des  îles  Lequios  n'apparaît  sur  les  cartes  qu'au  commence- 
ment du  xvie  siècle.  Elles  avaient  été  reconnues  en  i5\j  par  le 
voyageur  portugais  Jorge  de  Mascarenhas.  L'auteur  fait  l'histoire 
cartographique  de  l'archipel  (240-290  L.  N.)  que  Mercator  le  premier 
fixa  avec  exactitude  sur  sa  mappemonde  de  iSôq  en  établissant  la 
position  exacte  du  Japon  et  des  îles  entre  le  Japon  et  Formose. 
Barbosa  et  Magellan  ayant  identifié  les  Lequios  avec  Ophir, 
M.  Denucé  recherche  les  diverses  identifications  proposées  par  les 
savants  dans  les  Indes  Orientales,  et  arrive  à  la  conclusion  qu'Ophir 
signifie  une  terre  très-éloignée  et  riche  en  métaux  précieux  Seule- 
ment nous  devons  faire  observer  que  de  cette  manière  la  question 
n'est  pas  résolue  Même  en  admettant  que  telle  soit  la  signification 
du  mot  Ophir,  il  n'en  faut  pas  moins  rechercher  où  se  trouvait  l'en- 
droit d'où  les  vaisseaux  de  Salomon  rapportaient  les  métaux  précieux* 
Préciser  semble  impossible  ;  mais  tous  les  renseignements  nous  con- 
duisent vers  l'Inde  ;  et  probablement  vers  la  presqu'île  de  Malacca  où 
se  trouvait  très-vraisemblablement  l'entrepôt  central  de  l'or  prove- 
nant des  îles  telle  que  Formose  et  les  Riu-Kiu.  Le  travail  de 
M.  Denucé  est  très  suggestif  et  constitue  une  étude  cartographique 
des  plus  savantes.  Adolf  de  Ceuleneer. 

Histoire  de  l'Art. 

237.  —  R  Van  Bastelaer  et  Georges  de  Loo  [Hulin),  Pela 

Bruegd  l'Ancien^  son  autre  et  son  temps,  Bruxelles,  Van  Oest,  190S. 

400  pp.  in-4''  et  102  planches.  jS  frs. 

Cet  ouvrage  est  d'une  importance  capitale  pour  Ihistoire  de  l'école 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SSq 


flamande  de  peinture.  L'œuvre  de  l'élève  de  Pierre  Boeck  a  été  étu- 
diée sans  toutes  ses  faces.  M.  Van  Bastelaer  compare  Breugel  à 
Jérôme  Bosch,  nous  dit  en  quoi  il  ressemble  au  maître  brjibançon  et 
en  quoi  il  en  diffère  ;  il  nous  le  représente  non  pas  comme  un  peintre 
de  drôleries,  mais  bien  comme  le  plus  réaliste  des  Flamands,  qui  ne 
subit  aucune  influence  étrangère,  qui  dans  ses  tableaux  de  mœurs 
néglige  la  forme  pour  la  force  d'expression  et  le  caractère,  mais  qui, 
dans  sa  seconde  manière,  recherche  un  peu  plus  d'harmonie  et  sim- 
plifie les  groupements  L'œuvre  de  ce  grand  maître  fut  immense.  Une 
grande  partie  de  l'ouvrage  est  consacrée  au  catalogue  raisonné  des 
dessins  et  de  l'œuvre  gravée  de  Bruegel.  Le  catalogue  de  l'œuvre 
peint  est  dressé  avec  le  plus  grand  soin  et  avec  une  connaissance 
approfondie  du  sujet  par  M.  Hulin.  On  peut  considérer  ce  travail 
comme  définitif.  De  nouvelles  recherches  pourront  peut-être  modifier 
certains  détails»  compléter  cà  et  là  les  catalogues,  mais  après  le  tra- 
vail de  MM.  Van  Bastelaer  et  Hulin,  une  nouvelle  étude  sur  Breugel 
n'est  plus  à  faire.  C'est  par  erreur  que,  p.  338.  M.  Hulin  écrit  que  le 
catalogue  flamand  des  tableaux  trouvés  à  la  mortuaire  de  Rubens  est 
l>erdu.  Ce  catalogue  est  imprimé  (p.  316-340)  dans  la  Historische 
L^evcnsbeschrijving  van  Petriis  Paulus  Rubens^  publiée  à  Amsterdam  en 
1774  chez  Johannes  Smit. 

La  même  librairie  a  commencé  la  publication  d'une  collection  des 
grands  artistes  des  Pays-Bas  (3,5o  fr.  le  volume).  Les  deux  premiers 
volumes,  splendidement  illustrés,  sont  consacrés  à  Quinten  Metsys, 
étude  de  Af .  /.  de  Busschere,  et  à  Thiery  Bouts  par  Arnold  Goffin.  Ce  sont 
d'excellentes  études  de  vulgarisation.  M.  J.  Weale  a  cru  cependant 
devoir  faire  certaines  réserves  au  sujet  du  Thiry  Bouts  dans  la  Bur- 
lington Magazine  (XH,  38i).  Adolf  De  Ceuleneer. 

Pédagogie. 

238.  —  Louis  Delpérier,  avocat  à  la   cour  d'appel  de   Paris,  Les 
colonies  de  vacances  y  Préface  de  M.  E.  Cheysson,  membre  de  l'Insti- 
tut. Paris,  LecofFre,  1908.  (Bibliotljèque  d'économie  sociale). 
L'œuvre  des  colonies  de  vacances  est  de  date  relativement  récente, 
puisque  c'est  en  1876  que  le  pasteur  Bion  de  Zurich  en  a  fait  la  pre- 
mière application  ;  mais  son  idée  n'a  pas  tardé,  par  une  heureuse 
contagion,  à  gagner  les  pays  voisins,  et  de  proche  en  proche,  elle  a 
successivement  envahi  toutes  les  contrées  civilisées.  Elle  jouit  aujour- 
d'hui d'une  faveur  véritablement  universelle.  Pareil  succès  ne  doit 
pas  étonner  ;  car  les  colonies  de  vacances  sont  des  œuvres  d'hygiène 
à  la  fois  phN'sique,  morale  et  sociale. 


340  LE    MUSÉE    BELGE. 

Il  existe  deux  modes  principaux  d'organisation.  Le  premier  consiste 
à  placer  les  colons  isolément  dans  des  familles  de  cultivateurs  et  à  les 
faire  surveiller  pendant  les  jeux  et  les  promenades  par  Tinstituteiir  de 
la  localité.  Le  second  consiste  à  envoyer  les  enfants  par  groupées  plus 
ou  moins  nombreux,  de  12  à  25,  et  sous  la  direction  d'instituteurs 
et  d'institutrices  dans  des  locaux  aménagés  en  vue  de  cette  villégia- 
ture :  hôtels  ou  maisons  louées  ou  bien  villas  scolaires  acquises  ou 
construites  spécialement  pour  cette  destination  par  des  comités. 

Si  le  placement  familial  présente  l'avantage  d'être  un  prolonge- 
ment de  la  famille  et  de  laisser  ainsi  l'enfant  dans  son  cadre  naturel, 
la  colonie  collective  facilite  l'action  morale  exercée  sur  l'enfant  :  aussi 
est-elle  la  règle,  et  le  placement  familial  l'exception. 

La  durée  doit  être  au  moins  de  vingt-et-  un  à  vingt -huit  jours  pour 
être  profitable.  Pendant  les  premiers  jours,  l'enfant  ne  profite  pas  ou 
peu.  Il  traverse  la  période  d'adaptation  au  milieu.  Ce  n'est  que  dans 
la  seconde  période  de  son  séjour  que  les  forces  lui  reviennent,  et 
c'est  précisément  le  moment  qu'on  choisit  souvent  pour  le  ramener 
dans  la  mansarde  où  il  étouffe,  dans  la  rue  où  il  absorbe  les  microbes 
avec  la  poussière  qu'il  avale. 

Les  colonies  de  vacances  ne  sont  pas  toutes  sans  danger.  Elles  ont 
été  aussi  parfois  des  foyers  d'irréligion.  M.  Delpérier,  dans  son  livre 
remarquable  sur  les  colonies  de  vacances,  relève  à  ce  sujet  des  faits 
typiques  :  «  dans  une  colonie  municipale  de  la  ville  de  Paris,  un 
colon  étant  mort,  l'enfant  fut,  sur  le  désir  des  parents,  enterré  à 
l'église  ;  mais  les  directeurs  de  la  colonie  ne  laissèrent  pas  pénétrer 
dans  l'église  les  autres  colons  «  pour  ne  pas  froisser  les  consciences 
de  ceux  qui  n'y  sont  pas  habitués  »  :  dans  d'autres  colonies,  on  voit 
des  surveillants  organiser  des  promenades  à  l'heure  même  où  des 
enfants  de  telle  ou  telle  religion  doivent  pratiquer  leur  culte.  Dans 
d'autres  œuvres  municipales,  il  existe  «  une  dangereuse  promiscuité 
entre  les  enfants  des  deux  sexes  «». 

Les  ressources  des  colonies  sont  très  diverses  :  ordinairement,  les 
plus  importantes  sont  fournies  par  des  dons  d'étrangers  et  par  des 
subventions  de  villes. 

Dans  les  pays  un  peu  étendus,  la  question  des  transports  intéresse 
au  plus  haut  degré  le  succès  des  colonies,  et  c'est  toujours  à  l'obten- 
tion d'une  forte  réduction  de  tarif  qu'un  organisateur  de  colonie  con- 
sacre ses  premières  démarches.  De  cette  réduction,  en  effet,  dépend 
non  seulement  le  lieu  de  la  colonie,  mais  aussi  le  nombre  des  colons. 
La  gratuité  est  rarement  accordée  ;  mais  la  réduction  varie  de  5o  */. 
à  jSojo. 

Pendant  le  séjour  en  colonies  de  vacances,  les  enfants  peuvent  être 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  34I 


victimes  d'accidents,  comme  ils  peuvent  facilement  en  être  les  auteurs  : 
jusqu'à  quel  point  ces  faits,  heureusement  rares,  engagent-ils  la  res- 
ponsabilité civile  des  directeurs  ?  Il  n'existe  pas,  que  je  sache,  de 
jurisprudence  en  cette  matière  très  spéciale.  La  prudence  commande 
donc  aux  directeurs  de  s'assurer  contre  les  conséquences  d'accidents 
pouvant  survenir  à  leurs  colons  ou  causés  par  eux. 

Le  séjour  dans  une  colonie  étant  forcément  restreint  et  le  nombre 
des  colons  minime  relativement  à  la  population  scolaire,  des  hommes 
éminents  ont  préconisé  des  compléments  et  des  prolongements  de 
la  colonie  de  vacances,  tels  que  les  écoles  en  plein  air,  comme  à  Char- 
lottenbourg,  les  demi-colonies  ou  séjours  hebdomadaires  à  la  cam- 
pagne, les  jardins  d*enfants,  donnant  à  la  jeunesse  une  occupation 
utile  et  attrayante  au  bon  air. 

A  leur  tour,  les  colonies  peuvent  compléter  certaines  œuvres  qui 
y  puiseront  un  élément  de  force  et  de  succès  :  par  exemple,  les 
patronages,  les  écoles  ménagères,  les  écoles  d'apprentissage,  les  con- 
férences de  Saint  Vincent  de  Paul.  A  New-York,  par  exemple,  la 
société  de  Saint  Vincent  de  Paul  envoie  des  enfants  en  colonies  de 
vacances. 

En  voyant  Téclosion  journalière  d'oeuvres  catholiques  de  colonies 
de  vacances,  «  nous  ne  doutons  pas,  dit  M.  Delpérier,  que  dans  un 
prochain  avenir,  tous  les  catholiques  français  s'intéressent  à  une 
œuvre  qui,  mieux  que  toute  autre,  répandra  pour  le  bien  du  pays» 
des  semences  d'énergie  physique  et  morale  dans  les  classes  ouvrières.  » 
Ces  quelques  lignes  suffisent,  je  pense,  pour  faire  pressentir  tout 
l'intérêt  que  présente  le  bel  ouvrage  de  M.  Delpérier  :  en  lisant  ses 
pages  si  judicieuses,  écrites  d'une  plume  alerte,  on  devient  avec  lui 
un  apôtre  de  la  colonie  des  vacances.  Charles  Collard. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

23j.  —  Pierre  Guzmaa,  L-x  villa  d'Hadrien  près  de  Tivoli.  Guide  et  Description, 
suivi  d'un  catalogue  des  œuvres  d'art.  Paiis,  Hachette,  igoS.  171  pp.  In-S". 
M.  Guzman  a  publié  en  1904,  chez  Fontemoing,  un  ouvrage  in-4<»,  orné  de 
616  gravures,  La  villa  impériale  de  Tibur^c\u\  a  été  couronné  par  l'Académie 
fiaiçaise.  Ce  nouvel  ouvrage  s'adresse  à  un  public  plus  étendu  et  son  but  est  diffé- 
rent :  guider  le  visiteur  ou  aider  celui  qui  veut  étudier  chez  lui  la  villa  d'Hadrien. 
I  contient  une  notice  historique  sur  la  construction  de  la  villa  et  sur  son  histoire 
lusqu'à  ce  jour  (18  pp.)  ;  puis  une  description  des  nombreuses  œuvres  d'art  qu'on  a 
retrouvées  dans  les  ruines,  d'après  l'ordre  topographique  ;  enfin,  un  itinéraire 
descriptif  pour  visiter  les  ruines  (pp.  41-1 10).  L'ouvrage  est  orné  de  120  gravures  et 
plans  en  noir,  1  plan  en  couleur  et  9  dessins  de  l'auteur  ;  il  se  termine  par  un  cata- 
logue de  3o3  œuvres  d'art  provenant  de  la  villa. 


342  LE  MUSÉB  BBLCE. 


240.  —  La  maison  Hachette  vient  de  publier  le  41*,  fascicule  du  Dictionnaire  des 
antiquités  grecques  et  romaines  de  Daremberg  et  Sjglio  II  renferme  les  articles  de  U 
lettre  R  et  ceux  de  S  jusqu  à  Sacrificium,  Parmi  les  principaux  articles  nous  signa- 
lerons Regio.Rcx^Rei  vindicatio^  Relat  o,  Religio,  Romanorum  respublica^Sacerdos 
et  surtout  Rustica  res  par  M.  Sorlin  Dorigny  qui  constitue  un  véritable  traité 
d'agronomie  antique  (58  col.)  ainsi  que  Sacrificium  par  M.  Legrand  pour  la  Grèce 
(34  col.)  et  que  M.  Fontaine  commence  pour  Rome.  Adolp  ok  Cculenkem. 

341.  —  M.  Rodolfo  Liaiiciaiii  public  chez  Loescher  à  Rome  fous  le  titre  de  Sto- 
ria  degli  scavi  di  Roma  e  notifie  intorno  le  coUe^iom  romane  di  antichità  (  10  fr. 
le  vol.)  une  histoire  par  ordre  chronologi  ]ue  des  fouilles  et  découvertes  faites  à  Rome 
et  dans  les  environs  depuis  le  xi*  siècle  jusqu'en  1870,  ainsi  que  de  la  formatico 
et  du  développement  des  collections  romiines  tant  publiques  que  privées.  Les 
notices  sont  établies  sur  des  notes  reproduites  souvent  textuellement,  extraites  des 
diverses  archives  de  Rome,et  d'indications  que  l'auteur  a  pu  recueillir  dans  les  prin- 
cipales bibliothèques  de  l'Europe.  La  partie  la  plus  utile  est  certes  celle  qui  nous 
renseigne  sur  les  monuments  figurés.  Grâce  à  ces  indications,  on  peut  souvent 
;denti6er  et  connaître  l'origine  de  quantité  de  statues  qui,  d'abord  conservées  dans 
des  collections  romaines,  sont  maintenant  dispersées  dans  divers  musées  de  TEurope 
Ce  travail  n*aurait  été  que  d'une  utilité  relative,  si  l'auteur  n'avait  eu  soin  d'ajouter  à 
chaque  volume  d'excellentes  tables  qui  facilitent  les  recherches.  Le  premier  volume, 
paru  en  1902,  va  de  l'an  tooo  à  i53o  ;  le  second,  paru  en  igoS,  de  i53o-i549,  et  le 
troisième,  paru  en  1907,  de  i35o  à  i563.  Ce  travail  de  bénédictin  rendra  les  plus 
grandes  services  à  l'histoire  de  la  topographie  romaine  et  aussi  à  l'histoire  de  Part 
antique,  ainsi  qu'à  la  muséographie.  Adolf  de  Ceuleneeu. 

242-4.  —  Le  32*  fascicule  du  beau  Dictionnaire  de  ta  Bible  de  Vigonroux  vient 
de  paraître  (Pl-PRI).  Nous  citerons  parmi  les  principaux  articles  répitres  de  S.  Pierre, 
Ponce  Pilate,  poids,  bibles  polyglottes,  porte,  poterie,  pourpre,  prétoire,  prêtre, 
prière. 

Tous  ces  articles,  tout  en  constituant  des  études  fort  scientifiques  sont  la  plupart 
moins  étendus  que  ceux  du  Dictionnaire  d'Archéologie  chré.ienne  et  de  liturgie 
de  dom  Gabx*ol,  lesquels  sont  si  développés  que  bien  des  fois  on  psut  les  con- 
sidérer comme  de  véritables  traités  sur  la"  matière.  Du  plus  récent  fascicule  du 
Dictionnaire  de  Cabrol  (XV.  Bibl.-Bret,)  nous  signalerons  les  études  sur  le  manus- 
crit connue  sous  le  nom  de  Missel  de  Bobbio,  rédigé  par  S.  Colomban  entre  Co3  et 
61 5,  actuellement  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  (23  col.),  sur  l'épigraphie  de 
Bolsène,  la  bonté  chrétienne  (46  col.),  étude  épigraphique  des  plus  savantes  ;  Bor- 
deaux, Brescia  et  le  commencement  d'un  travail  très  complet  sur  la  Grande  Bre- 
tagne. 

Le  même  libraire  Letouzey  annonce  maintenant  la  publication,  pour  le  mois 
de  novembre,  du  premier  fascicule  d'un  troisième  Dictionnaire,  publié  dans  le  même 
esprit  et  dans  le  mêm:  format  et  qui  sera  le  complément  des  Dictionnaires  de 
Vigouroux  et  de  Cabrol.  Ce  sera  un  Dictionnaire  d'histoire  et  de  géographie 
ecclésiastiques  publié  sous  la  direction  de  Mgr  Baudrillart,  le  Recteur  de  l'Institut 
catholique  de  Paris.  Tout  comme  pour  li?  autres  dictionnaires,  le  prix  sera  de  5  fr. 
par  fascicule.  Adolp  de  Ceuleneek. 

245.  —  M.  Ghr.  Stapelkamp,  qui  a  déjà  éJité,  dans  la  collection  «  Klassiek 
Letterkundig  Panthéon  »,  plusieurs  poésies  de  J.  Da  Costa  (cfr.  Bt///.,  t.  XI,  p.  237), 
vient  d'y  publier  un  autre  poème  du  même  auteur,  celui  qu'on  regarde  communé- 
ment comme  son  chef-d'œuvre .  De  slag  bij  Nieuwpoort  (Zutfen,W.  J.  Thiemc  et  C'\ 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3j^3 


190S.  In- 16,  100  pp.  o  fl.  3o).  Cette  édition  est  faite  dans  le  même  esprit  cl  sur  le 
môme  plan  que  celtes  dont  nous  avons  rendu  compte.  D'abord  une  introduction 
développée,  qui  comprend,  outre  la  notice  historique  sur  révénement  en  question, 
un  aperçu  sur  la  genèse,  le  contenu,  l'importance  do  ce  chant  politique;  puis  le 
texte,  suivi  de  notes  explicatives  nombreuses,  trop  nombreuses  peut-être,  bien  que 
ce  texte  difficile  en  réclame  beaucoup.  L'ensemble  constitue  un  travail  soigné, 
nuquel  nous  ne  voulons  pas  marchander  nos  éloges.  C.  Lecoutere. 

246.  —  On  vient  de  distribuer  aux  membres  de  la  Sociéîé  d'Art  et  d'Histoire  du 
diocèse  de  Liège,  la  première  partie  du  tome  XVII  de  ses  Bulletins.  Elle  forme  un 
volume  de  270  pages  consacrées  par  le  M.  le  professeur  Simenon  à  l'histoire  des 
paroisses  qui  dépenda*ent  de  1  abbaye  de  Saint-Trond  :  Aelst,  Berbroeck,  Bevingen, 
Borloo,  Buvingen,  Donck,  Engelmanshoven,  Exel,  Grand- Bragel,  Halle,  Halmael, 
Helchteren,  Kcrkom,  Laer,  Linck'.iout,  Melveren,  Mielen  sur  Aelst,  Necrpelt,  Peer, 
SchaflFen,  Scny,  Staden,  la  collégiale,  les  églises  paroissiales  et  les  chapelles  de  Saint- 
Trond,  même  Wcbbecom  et  Wychmael.  Inutile  de  dire  que  l'érudition  soigneuse 
du  savant  professeur,  a  remis  au  jour,  sur  toutes  ces  localités,  force  détails  des 
plus  curieux. 

247.  —  M.  H.  Vanderlinden  vient  de  publier  à  part  une  note  sur  l'Université 
de  Louvain  eti  i568  (Bruxelles,  1908.  3o  pp.  extr.  des  Bull,  de  la  comm,  roy. 
dhist.),  reproduisant,  d'après  un  ms.  de  la  Bibliothèque  du  Ministère  de  la  Justice, 
no  1 154,  comparé  avec  le  ms.  n»  2294  des  Archives  générales  du  royaume,  une  lettre 
du  duc  d'Albe  du  iG  janvier  i568  au  Conseil  et  au  Recteur  de  l'Université  de 
Louvain  demandant  des  renseignements  sur  l'état  de  l'Université  et  la  réponse  des 
autorités  académiques  du  3:  janvier  i568,  à  laquelle  est  jointe  un  rapport  qui  donne 
les  renseignements  les  plus  précis  sur  le  programme  des  ccurs  en  i3'')8  pour  les 
cinq  Facultés.  Cette  pièce  est  des  plus  intéressantes  pour  nous  former  une  idée  de 
ce  qu'était  l'enseignement  universitaire  dans  la  seconde  moitié  du  xvi^  siècle. 

248.  —  Anciens  comptes  de  la  ville  de  Gand,  De  1 874-1 883,  MM.  Vnylsteke 
et  Nap.  De  Pan'W  publièrent  en  3  volumes  les  comptes  de  la  ville  de  Gand  de 
la  période  de  Jacques  Van  Artevclde  fi336-i349);  peu  de  temps  après,  M.  Vuyl- 
stcke  fut  chargé  par  la  ville  de  publier  les  comptes  de  la  période  directement  anté- 
rieure (i  280-1 336).  Cette  nouvelle  publication,  faite  avec  le  plus  grand  soin,  parut 
en  1900  (2  fascicules  de  1048  p.).  Elle  comprend  les  comptes  de  la  ville  et  ceux  des 
baillis;  les  premiers  en  flamand,  les  seconds  en  français.  A  la  mort  de  M.  Vuyl- 
stekc,  il  n*existait  qu'un  premier  canevas  de  table.  M.  Van  VVerveke  fut  donc  obligé 
de  refondre  complètement  le  iravail  commencé  par  M.  Vuylstcke,  travail  de  béné- 
dictin, fait  avec  une  précision  et  une  exactitude  vraiment  remarquables.  Celte  table 
vient  de  paraître.  C'est  un  volume  de  333  p.  sur  deux  colonnes  de  petit  texte.  Il 
constitue  un  vrai  modèle  du  genre  et  rendra  les  plus  grands  services  à  ceux  qui  s'in- 
téressent à  l'histoire  de  la  ville  de  Gand  au  xiii*  siècle,  car  sans  celte  table  il  était 
quasi  impossible  de  consulter  avec  fruit  les  comptes  publiés  par  M.  Vuylstrke. 

2 19.  —  Les  Bulletins  de  la  Gilde  de  Saint  Thomas  et  de  Saint  Luc  constituent 
ddns  leur  ensemble  la  description  la  plus  complète  et  la  plus  scientifique  des  monu- 
ments de  la  B-lgique  et  des  pays  limitrophes.  C'est  donc  un  réel  service  qu'a  rendu 
M.  le  Baron  J.  de  Bethune  en  dressant  des  tables  très  complètes  et  tiès  conscien- 
cieuses des  35  Bulletins  de  la  Gilde  (i8G3- 1901).  Ces  tables  forment  un  beau  volume 
in-4ode  171  p.  (Bruges,  Descléc),  et  tous  les  archéologues  sauront  gré  à  M.  de 
B.-thune  du  grand  service  qu'il  leur  a  rendu.  Adolf  de  Ceuleneer. 


344  ^^  MUSéE  BELGB. 


25o.  —  M.  X.  de  Haerne  vient  de  publier,  en  tirage  à  part,  une  bien  curieuse 
étude,  qui  a  paru  dan»  le  Bull,  du  Cercle  historique  et  archéologique  de  Courtrai, 
sous  le  titre  :  Médailles  d'infamie.  1829.  (la  p.),  et  qui  traite  d'un  épisoJe  peu 
connu  de  la  dernière  année  du  règne  de  Guillaume.  Celui-ci  se  trouvant  à  I.iége,  le 
a3  juin  1824,  traita  le  mouvement  pétitionnaire  de  conduite  infâme.  A  iVxcmple  de 
ce  qu'avaient  fait  les  gueux  au  xvi»  siècle,  Constantin  Rodenbach  créa  un  ordre 
de  Vinfamie  le  9  juillet  à  Bruges  et  Ton  grava  des  médailles  carrées  en  argent  repré- 
sentant d*un  côté  la  Loi  Fondamentale  avec  la  devise  :  Fidèle  jusqu'à  V  infamie  ^q\  de 
l'autre  le  nom  du  membre  suivi  de  IVpithète  infAme  et  du  millésime  1829.  Les 
médailles  étaient  numéroteras.  Le  chiffre  le  plus  élevé  est  48,  mais  il  est  probable 
que  le  nombre  des  affiliés  fut  plus  considérable.  Adolf  de  Ceulfneeb. 

CHRONIQUE. 

25 1.  —  Selon  les  statuts,  le  deuxième  Congrès  de  V Association  Belge  des  Pro- 
fesseurs de  Langues  Vivantes  devait  avoir  lieu  au  mois  de  septembre  190S. 
Malheureusement,  le  Comité,  charcé  d'organiser  ce  Congres  à  Liège,  a  rencontré 
plusieurs  obstacles  qui  l'ont  mis  dans  Timpossibilité  de  se  conformer  aux  statuts.  Il 
a  donc  décidé  de  remettre  le  Congrès  à  Tannée  prochaine  (septembre  1908). 

252.  —  Concours  universitaire  pour  1 908-1 9 1 0  (délai  :  dix-huit  mois). 

Questions  à  traiter  à  domicile.  (Moniteur  du  3i  juillet  1908).  —  Les  universités 
ont  proposé  les  questions  suivantes  pour  être  traitées  à  domicile  en  vue  du  concours 
universitaire  pour  1908-1910  : 

A.  -  FACULTÉ  DE  PHILOSOPHIE  ET  LETTRES. 

Premier  groupe.  Philosophie  classique.  —  1»  Réunir  les  données  fournies  par 
les  papyrus  sur  le  culte  et  renseignem:nt  à  Oxyrhynchus. 

2^  Raconter,  en  faisant  l'étude  critique  des  sources,  les  causes  et  l'histoire  de  la 
dispersion  des  Pythagoriciens  dans  la  Grande-Grèce  au  v«  siècle. 

3^  Exposer  la  phonétique  et  la  morphologie  du  dialecte  crétois. 

40  Déterminer  l'idée  de  Sacramentum  dans  Tertullien. 

Deuxième  groupe.  Philologie  orientale.  —  i*>  On  demande  une  étude  sur  Vaj- 
rapâni-Vajrasatitva  (doctrine  et  iconographie). 

2«  Le  Code  de  Hammourabi. 

3<>  Traduire  et  annoter  la  vie  de  Har  Aba  I,  éditée  par  Bedjan  (Histoire  de  Har- 
Jabalaka,  de  trois  autres  patriarches,  etc.  Paris,  1895). 

4»  Résumer  et  criiiquer  les  derniers  travaux  sur  les  voyelles  à  quantité  variable 
dans  le  Rig-Veda. 

Troisième  groupe.  Philologie  romane,  —  i»  L*in6aencc  de  Shakespacre  sur  les 
principaux  romantiques  français. 

2^  Faire  une  étude  linguistique  sur  les  écrits  français  de  Ma'nix  de  Sainte- Alde- 
gonde. 

3"  De  l'influence  de  Zola  sur  le  roman  contemporain  en  France  et  à  Tétranger. 

40  On  demande  une  étude  sur  le  Théâtre  de  Victor  Hugo. 

Quatrième  groupe.  Philologie  germanique,  —  i«  Esquisser  dans  son  ensemble 
l'influence  de  la  littérature  anglaise  sur  la  littérature  française  à  partir  de  Voltaire 
(Lettre  sur  les  Anglais). 

20  Etudier  l'emploi  du  pronom  relatif  dans  les  œuvres  en  prose  de  Goethe  (édition 
jubilaire  Cotta). 

30  Recherches  sur  les  rapports  entre  les  écrits  de  Eckhard  et  ceux  de  Ruusbroec. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  345 

40  On  demande  une  étude  sur  les  œuvres  de  Guillaume  de  Hildegaersberch  dans 
leurs  ra;'ports  avec  la  littérature  de  Tépoquc. 

Cinqmhne  groupe.  Philosophie  et  droit  naturel,  —  i»  La  doctrine  du  libre  arbitre 
dans  la  philosophie  de  Descartes. 

2©  Faire  l'exposé  et  la  critique  de  la  théorie  de  l'émotion  de  William  James. 

3*  Exposer  la  philosophie  morale  de  Simmcl  et  la  situer  parmi  les  tendances  direc- 
trices de  la  morale  contemporaine. 

40  On  demande  une  étude  sur  la  Vôlkerpsychologie  chez  Lazarus,  Stcinthal  et 
Wundt. 

Sixième  groupe.  Histoire,  —  i^'  On  demande  une  étude  sur  Torganisation  et  les 
attributions  des  Étals  généraux  avant  le  règne  de  Charles-Quint. 

2^  Éiudicr  la  vie  et  Tœuvrj  du  légat  Onufre. 

30  Exposer  lorganisation  et  la  compétence  du  conseil  des  Finances  des  anciens 
Pays-Bas. 

40  On  demande  une  étude  sur  le  sujet  suivant  :  les  Pays-Bas  et  le  mouvement 
ligueur  depuis  la  mort  d*Alexandre  Farnèse  jusqu'au  gouvernement  de  l'archiduc 
Albert.  On  demande  de  donner  une  attention  particulière  à  la  situation  économique. 

B.  —  FACULTÉ  DE  DROIT. 

Premier  groupe.  Droit  romain,  —   i<»  Exposer  la  théorie  du  damnum  injuria 
datum, 
20  Exposer  la  théorie  de  la  j'uris  possessio, 

3^  On  demande  une  étude  de  la  notion  des  fruits  en  droit  romain. 
4**  Exposer  l'histoire  et  la  théorie  du  nexum, 

353.  —  Université  de  Liège.  —  Aux  termes  de  trois  arrêtés  royaux  : 

i^  M.  Halkin  Léon,  professeur  extraordinaire  à  la  faculté  de  philosophie  et 
lettres,  est  chargé  de  faire,  dans  celte  faculté,  indépendamment  de  ses  autres  attri- 
butions, le  cours  d'histoire  de  la  pédagogie  et  méthodologie  ; 

2<*  M.  Janssens  Edgard,  chargé  de  cours  à  la  faculté  de  philosophie  et  lettres,  est 
chargé  de  faire,  dans  cette  faculté,  indépendamment  de  ses  autres  attributions,  le 
cours  de  logique  et  les  parties  du  cours  d'étude  approfondie  de  questions  de 
psychologie  actuellement  sans  titulaire.  Il  fera,  en  outre,  le  cours  de  logique  dans  )a 
faculté  des  sciences  ; 

3°  M.  Nève  Paul,  docteur  en  philosophie  et  lettres,  est  chargé  de  faire,  dans  la 
faculté  de  philosophie  et  lettres,  les  cours  d'histoire  de  la  philosophie  ancienne  et  de 
la  philosophie  moderne,  de  métaphysique,  d'encyclopédie  de  la  philosophie  et 
d'analyse  critique  d'un  traité  de  philosophique  (en  partage). 


346  LE   MUSÉE   BELGE. 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE. 


Comment  développer  rimpressionnisme  chez  nos  élèves  ? 

par  M.  Tabt^é  WATHELET,  professeur  au  Petit  Séminaire  de  Sainl-Roch. 

L'impressionnisme!  Qu'entendez-\ous  au  juste  par  ce  terme? 
va  t  on  nous  demander.  Parlant  de  la  peinture,  un  auteur  le  définit  : 
«  La  rétine  du  peintre  interprétée  par  le  cerveau  du  spectateur  (i)  *. 
Pour  nous,  dans  cet  article,  nous  plaçant  plutôt  au  point  de  vue 
littcraire,  nous  prendrons  l'impressionnisme  pour  «  la  rétine  de 
l'artiste,  du  littérateur,  interprétée  par  son  propre  cerveau,  mais  sur- 
tout par  son  cœur,  sa  sensibilité  i,  ou  plus  simplement,  pour  la 
faculté  d'émotion  en  même  temps  que  pour  le  talent  de  rendre,  dans 
un  style  approprié,  les  impressions  reçues  à  la  vue  d'un  spectacle  (2). 

Perfectionnons  la  rétine  de  nos  jeunes  gens,  nous  développons 
V e'ipr il  d* observation.  Dans  un  article  précédent  (3),  nous  avons  proposé 
un  moyen  de  le  faire  :  Vcxcursion  esthétique.  Mais  nous  n'avons  encore 
fourni  par  là  que  la  matière  d  une  œuvre  littéraire  :  cette  matière  est 
devenue  plus  réelle, plus  ftette.pour  employer  le  terme  d*A.Theuriet(4). 

L'élève  ne  prend  plus  un  bibelot  représentant  une  feuille  de  vigne 
pour  la  feuille  elle-même,  toute  frissonnante  de  vie.  Par  le  moyen 
des  excursions,  il  prend  contact  avec  la  réalité;  il  la  palpe,  s'en  rend 
un  compte  exact  :  l'œuvre,  fruit  de  son  observation,  sera  moins  fac- 
tice, plus  vraie. 

Cela  suffit-il?  Mais  non.  Cette  matière  doit  recevoir  s^  forme  :  une 
âme  doit  traverser  cet  amas  confus  de  matériaux  d'un  souffle  vivi- 
fiant (5). 

C'est  ce  souffle,  que  nous  essayerons  de  faire  passer  en  dévelop- 
pant l'impressionnisme  chez  nos  jeunes  gens. 

La  rétine  de  nos  élèves,  nous  le  disions,  doit  être  interprétée  par 
leur  cerveau,  mais  surtout  par  leur  cœur,  leur  sensibilité.  Comment 
y  arriver?  Partiellement  du  moins,  par  V excursion  esthétique.  Un  spec- 
tacle de  la  nature,  que  nos  jeunes  gens  ont  observé  minutieusement, 
les  émeut.  Ils  doivent  acquérir  une  conscience  de  plus  en  plus  nette 
de  cette  émotion  et  l'exprimer  dans  un  style  de  plus  en  plus  approprié. 

Et  cela  n'est-il  pas  de  première  nécessité?  S'il  faut  se  plaindre  de 

(1)  G.  De  Lescluse.  Les  secrets  du  coloris,  p.  198.  Bruges,  Demoîin,  1904. 

(2)  G.  Pellissier,  Histoire  de  la  langue  et  de  la  litt.  françaises  (Petit  de  JuIIc- 
villc),  t.  VIII.  p.  184. 

(3)  Voir  Bulletin  bibl.  et  pédag.^  Janvier  1908. 

(4)  Pages  choisies,  p.  82.  Paris,  Colin. 

5)  Verest,  Manuel  de  littérature^  n.  120,  3»  éd.  1908. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  347 


leur  banalité  dans  leurs  descriptions,  ne  faut-il  peut-être  pas  le  faire 
davantage  encore  de  la  froideur  de  leurs  travaux  littéraires,  du 
manque  total  de  sentiment,  de  souffle?  Leur  penâée,  et  par  consé- 
quent leur  style,  manquent  non  seulement  de  cachet,  mais  encore  de 
chaleur. 

Gemment  le  leur  faire  obtenir?  Chose  délicate  entre  toutes,  parce 
qu'il  n'est  rien  de  plus  rebutant  que  To  emprunté  »,  rien  de  moins 
émotionnant  que  r«  artificiel  »,  rien  de  plus  faux  que  le  sentiment 
de  commande. 

Il  s*agit  donc  de  toucher  le  cœur,  sans  qu'il  s'en  rende  compte  ; 
une  fois  l'impression  produite  comme  à  son  insu,  l'élève  devra  en 
acquéiir  la  conscience  par  la  réflexion.  Il  s'agit  de  faire  vibrer  la 
harpe  juste  assez  pour  que  le  son  corresponde  à  la  puissance  de 
l'instrument. 

Or,  nous  avons  à  manier  des  instruments  de  nature  bien  différente. 
Cette  faculté  d'émotion  est  si  variable  d'individu  à  individu  I 

Tout  d'abord,  il  faut  se  résigner  à  laisser  de  côté  certains  élèves, 
qui  ne  donnent  aucune  prise  aux  impressions  littéraires  Le  décou- 
ragement trop  brusque  à  leur  égard  n'est  pas  de  mise,  c'est  vrai, 
mais,  avouons- le,  nos  humanités  sont  encombrées  par  des  sujets 
d'une  aptitude  plutôt  douteuse.  Il  faudra  cependant  passer  par  toutes 
les  gammes  d'impressions  :  ime  note  peut  faire  vibrer  l'instrument, 
jusqu'alors  insensible.  Nous  en  avons  fait  plusieurs  fois  l'expérience. 

Par  contre,  certains  jeunes  gens  sont  très  impressionnables,  mais 
timides  dans  l'expression  de  leurs  sentiments.  Et  à  les  juger  par  leur 
style,  ils  sont  froids  et  apathiques.  Une  chose  à  remarquer,  c'est  que 
souvent  un  rire  gêné  s'ébauche  sur  leur  physionomie,  quand  devant 
eux  vous  émettez  une  idée  qui  les  touche. 

Par  des  encouragements,  par  la  suggestion,  faites  leur  vaincre 
cette  gêne.  Une  fois  qu'elle  est  vaincue,  ils  se  sçntent  tout  autres,  ils 
se  sont  révélés  à  eux-mêmes  ;  des  sentiments  insoupçonnés  se  font 
jour  :  souvent  vous  pourrez  fonder  de  belles  et  légitimes  espérances 
sur  leur  avenir  littéraire. 

Pour  d'autres,  ce  n'est  pas  la  timidité  qui  empêche  la  manifesta- 
tion des  sentiments,  c'est  une  certaine  insouciance,  un  manque  de 
réflexion,  propre  au  jeune  âge.  Leur  attention  a  interne  »,  dirais-je, 
leur  réflexion,  devra  être  éveillée.. 

Et  enfin,  les  privilégiés  !  Ce  sont  les  jeunes  gens  bien  doués,  qui 
unissent  à  une  intelligence  et  une  imagination  bien  développées,  un 
goût  littéraire  délicat,  une  sensibilité  modérée,  mais  consciente. 

Voilà  bien,  semble- 1- il,  une  esquisse  rapide,  mais  exacte  des  classes 
ordinaires  de  nos  humanités,  considérées  au  point  de  vue  qui  nous 
occupe. 


348  LE    MUSÉE   BELGE. 


Maintenant  que  nous  avons  devant  les  yeux  le  but  à  atteindre  et 
les  éléments  dont  nous  disposons,  comment  nous  y  prendre  pour 
fortifier,  sans  la  blesser  ;  pour  modérer,  sans  la  supprimer,  cette  déli- 
cate faculté  d*émotion? 

Nous  disons  :  a  pour  fortifier,  sans  la  blesser  »,  parce  qu'il  ne 
s'agit  pas  de  faire  de  nos  élèves,  des  sensitifs  à  la  J.-J.  Rousseau, 
versant  des  larmes  d'attendrissement  sur  une  pervenche  qui  fleurit, 
ou  à  la  façon  de  certains  romantiques  d'une  sensibilité  maladive. 
D'autre  paît,  chez  certains  jeunes  gens,  la  faculté  devra  être  modérée, 
et  on  pourrait  si  facilement  l'anéantir,  ou  mieux  la  paralyser,  par  des 
critiques  acerbes,  des  plaisanteries  humiliantes 

Le  premier  sujet  à  traiter  dans  nos  excursions  et  que  nous  propo- 
sons, ce  sont  les  quatre  saisons  de  l'année. 

Pour  montrer  l'avantage  à  en  retirer,  au  point  de  vue  de  l'impres- 
sionnisme, il  suffit  d'en  appeler  au  témoignage  d'un  de  nos  grands 
écrivains  belges,  C.  Lemonnier  :  «  Je  pense  en  arabesques  luxu- 
»  riantes  et  en  musiques  heureuses,  si  c'est  Tété;  les  mots  seront 
»  clairs,  légers ,  attendris  ;  je  me  défends  d'exprimer  par  de  tels 
»)  moyens  les  silences  gelés  de  l'hiver.  Le  style  est  un  rythme  et  ce 
»  rythme  est  le  mouvement  même  de  mon  âme  en  correspondance 
))  avec  Tunivers  (i)  ». 

Que  nous  mettions  les  âmes  de  nos  élèves  en  correspondance  avec 
l'univers  et  aussitôt  nous  obtenons,  pour  employer  le  terme  de 
C.  Lemonnier,  un  mouvement,  une  émotion,  dont  l'expression  sera 
rythmée  :  nous  aurons  un  style  adapté  au  sentiment,  un  style  vivant. 
Et  comme  les  spectacles  de  l'univers  varient  d'après  les  saisons^ 
nous  trouvons  déjà  là  une  source  d'impressions  propres  à  former  la 
sensibilité. 

Le  tout  est  précisément  d'obtenir  cette  correspondance  des  âmes 
avec  les  aspects  variés  de  la  nature. 

L'automne  dernier,  par  un  temps  plutôt  brumeux,  automnal  véri- 
tablement, nous  avons  fait  une  excursion,  avec  comme  objectif  prin- 
cipal de  provoquer  chez  nos  élèves  l'impression,  si  naturelle  à  cette 
saison,  de  mélancolie  profonde,  de  sourde  tristesse. 

La  conversation  s'amorce  comme  de  coutume:  la  température  en  fait 
les  frais  :  «  il  commence  à  faire  froid  !  »  première  constatation.  Car  il 
nous  faudra  débuter  par  l'observation  de  ce  qui  nous  entoure,  il  faudra 
«  vivre  »  l'automne,  dirais-je,  en  remarquant  tout  ce  qui  le  caracté- 
rise. Autant  que  possible,  nous  cherchons  le  pittoresque  et,  comme  à 
souhait,  se  présentent  à  nous  une  vieille  femme,  portant  un  sac  de 
feuilles  mortes;  une  autre,  chargée  de  bois  mort;  plus  loin,  un  culti- 

(1)  Préface  de  C.  Lemonnier  dans  le  Labeur  de  la  prose,  par  Gust.  Abel,  Paris, 
Stock. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  $49 


valeur,  occupé  au  dernier  labour  d'automne  (à  lire  en  passant  :  le 
labour  de  septembre,  dans  la  Terre  gui  meurt)  ;  un  autre  conduisant 
son  cliarriot,  altelé  d'un  bœuf  (à  lire  :  le  Char,  par  Albert  Bonjean  (i). 

Nous  nous  dirigeons  vers  un  parc  ravissant,  planté  de  grands 
arbres  d'essences  très  variées. On  l'aperçoit  bientôt  :  le  feuillage,  dans 
le  lointain,  a  une  teinte  rougeâtre  :  tons  et  demi-tons  se  confondent. 
Plus  on  approche,  mieux  on  distingue  toutes  les  couleurs  fondues  de 
Tarrière- saison. 

Sans  trop  insister,  nous  dénommons  le  mieux  possible,  en  nous 
aidant  des  descriptifs  comme  Delille,  les  variétés  nombreuses  de 
teintes  et  demi  teintes.  Il  est  très  utile  de  faire  trouver  des  compa- 
raisons aux  élèves  pour  rendre  les  couleurs  qu'ils  distinguent. 

Nous  pénétrons  dans  le  parc  :  quel  site  intime  I  Les  feuilles 
tombent  une  à  une  ;  quelques  branches  sont  dépouillées  et  laissent 
apercevoir  un  ciel  moutonné.  Nous  nous  arrêtons  et  après  l'examen 
de  ce  qui  nous  entoure,  je  lis  de  la  manière  la  plus  expressive,  en  la 
mettant  ainsi  dans  son  véritable  cadre,  la  belle  poésie  de  Millevoye  : 
a  La  chute  des  feuilles  »  : 

Tombe,  tombe,  feuille  éphémère  ! 
Voile  aux  yeux  ce  triste  chemin  ; 
Cache  au  désespoir  de  ma  mère, 
La  place  où  je  serai  demain  (2). 

Pui§  je  fais  ressortir  avec  quelle  délicatesse  l'auteur  a  rendu  son 
sentiment  de  tristesse  profonde,  sans  procéder  par  de  froides  affirma- 
tions, par  de  plaintes  formelles.  L'impression  doit  se  trahir  dans  la 
description  même,  sans  qu'on  ait  besoin  de  fades  exclamations  à  la 
Delille  pour  le  faire  apparaître.  Ce  commentaire  des  extraits  lus  con- 
sistera donc  à  montrer  aux  élèves  le  talent  des  auteurs  de  rendre 
discrètement  ce  que  leur  àme  ressent,  d'éviter  les  interjections 
sonores,  expression  bien  primitive  de  nos  sentiments. 

Pour  nous  résumer,  dans  ces  promenades,  ayant  pour  but  spécial 
de  développer  la  faculté  d'émotion  chez  nos  jeunes  gens,  il  faut  en 
premier  lieu  rechercher  ce  qui  caractérise  chacune  des  saisons,  puis 
l'observer  attentivement.  Une  fois  l'observation  orientée  vers  l'impres- 
sion à  produire,  lire  des  extraits  appropriés  ;  et  enfin,  terminer  par 
le  commentaire  dont  nous  venons  de  dire  un  mot. 

Qu'on  ne  nous  objecte  pas  que  l'étude,  ainsi  comprise,  des  quatre 

(1)  Bni)  ères  et  Clarines,  Paris,  Messein, 

(2)  On  pourrait  terminer  sur  une  note  moins  triste  en  citant  !a  poésie  de 
de  Laprade  :  «  Feuilles^  tombe^n, 

«  Soufflez,  ô  vents  !  que  Dieu  si  tôt  déchaîne. 
»  Feuilles,  tombez  ;  laissez-moi  voir  les  cieux  !  » 

(Cf.  Procès,  Modèles  français,  III  P.,  p.  620  ) 


35o  LE    MUSÉE   BELGE. 


saisons  va  devenir  bientôt  fastidieuse,  que  ce  sera  du  ressassé  la 
seconde  année  I 

Ce  serait  bien  mal  connaître  le  cœur  humain  que  la  succession  des 
saisons  fait  changer  comme  tout  le  reste  et  plus  pendant  la  jeunesse 
que  dans  la  suite. 

«  Une  année  de  plus,  ce  n'est  pas  seulement  du  temps  qui  est 
»  ajouté  à  notre  vie,  c'est  un  changement  qui  s'est  fait  en  nous,  un 
»  accroissement  de  pensée,  mystérieux  et  invisible,  mais  aussi  réel  que  cette 
»  croissance  interne  des  arbres,  qui  se  mesure  aux  cercles,  toujours 
»  élargis  par  la  montée  de  la  sève  sur  l'écorce  (i)  ». 

Le  second  sujet  d'étude,  que  nous  proposons,  sont  les  phénomènes 
atmosphériques,  influant  sur  l'aspect  des  paysages  et  celui-ci  à  son  tour 
influant  sur  nos  impressions  pour  les  renforcer  ou  les  adoucir. 

C'est  A. Theuriet,  n'est-ce  pas, qui  jusque  quinze  jours  avant  sa  mort, 
nota,  chaque  jour,  dans  un  carnet  le  temps  qu'il  faisait,  avec  la  diffé- 
rence de  coloration  que  le  degré  changeant  de  lumière  donnait  aux 
choses  environnantes  :  ouvrage  de  fine  observation  et  qu'un  dilet- 
tante de  son  talent  a  entrepris  avec  succès.  Sans  négliger  ce  point  de 
vue  d'observation  pure,  nous  considérons  plutôt  ici  ces  aspects  variés 
de  la  nature,  comme  reflétant  les  dispositions  intimes  du  cœur.  Car, 
pour  tout  homme,  qui  a  une  culture  suffisante,  dont  l'àme  est  quel- 
que peu  émue  au  contact  de  la  beauté,  il  est  dans  la  nature  dés 
teintes,  que  ses  yeux  ne  peuvent  percevoir,  il  est  des  contours,  des 
mouvements,  que  son  observation  la  plus  fine  n'atteint  pas  :  son 
cœur  seul  est  capable  de  les  y  trouver,  parce  qu'il  existe  des  afllnités 
secrètes  entre  un  paysage  contemplé  et  notre  état  d'à  me  ;  des  affinités, 
qui  résultent  de  l'accord  comme  du  désaccord,  du  contraste,  si  vous 
voulez,  qui  existe  entie  nos  sentiments  et  l'aspect  gai  ou  triste  de  la 
nature. 

C'est  ce  qui  a  fait  dire  qu'un  paysage  est  «  un  état  d'àme  ». 

Il  nous  est  si  naturel  de  faire  participer  tout  ce  qui  nous  entoure  à 
notre  tristesse  ou  à  notre  joie  :  il  nous  semble  voir  s  animer  tous  les 
êtres  pour  aviver  nos  douleurs  ou  les  calmer,  pour  donner  à  notre 
bonheur  un  charme  particulier  et  amener  un  sourire  sur  nos  lèvres. 
La  nature  qui,  objectivement,  d'après  les  phénomènes  atmosphé- 
riques, a  des  teintes  agéables  ou  attristantes,  revêt  en  plus  un  aspect 
que  notre  âme  lui  prête. 

C'est  le  petit  Trott,  l'enfant  convalescent,  qui  aux  premiers  beaux 
jours  du  printemps, semble  entendre  les  petits  flotsde  la  mer  lui  chanter 
gaîment  :  Trott  est  guéri  !  —  entendre  les  petits  nuages,  emportés 

(i)  Annales  poiiti(^ues  et  littéraires,  22  mars  1908. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  35 1 


sur  Taile  du  vent,  dire  aux  autres  partout  :  «  Trott  est  guéri  (i)! 
C'est  Driot,  rentrant  au  foyer  après  une  longue  absence  :  «  La 
»  campagne  accueillait  son  enfant.  Pour  lui,  toute  sa  jeunesse  épaise 
»  dans  les  choses  s'éveillait  et  parlait.  Il  n*y  avait  pas  une  motte  de 
-  terre  qui  ne  lui  criât  bonjour,  pas  un  ajonc  de  fossé,  pas  un  orme 
9  ébranché  qui  n'eût  un  regard  ami  (2)  ». 

Le  calme  et  la  sérénité  d'une  belle  nuit  ne  font  qu'augmenter 
l'inquiétude  fiévreuse  de  Philippe  (Sous  Bois,  A.  Theuriet)  (3). 

La  beauté  des  fleurs  qui  s'épanouissent  devant  lui,  rend  Tristan 
plus  mélancolique  (id.)  (4).  Dans  Raymonde^  d*A.  Theuriet  (5),  quelle 
charmante  description  des  préparatifs  du  départ  du  fils  unique  pour 
la  ville  :  la  vieille  mère  apprêtant  les  effets  dans  la  malle  et,  toute  en 
éplorée,  faisant  ses  dernières  recommandations,  tandis  qu'au  dehors 
le  vent  d'automne  arrache  les  feuilles  et  les  lance  éplorées  par  les 
champs. 

On  pourrait  multiplier  les  citations  qui  montreraient  de  façon  bien 
vivante  (cela  est  si  vécu  !)  la  secrète  entente  de  nos  cœurs  avec  la 
nature. 

Ce  fait  est  important,  quand  il  s'agit  d'impressionnisme,  parce  que 
nos  élèves,  devant  un  paysage,  ont  une  émotion,  dont  ils  ont  plus 
ou  moins  conscience  et  qu'en  tout  cas  il  leur  est  très  difficile  d'ex- 
primer et  pourtant,  si  cette  émotion,  rudimentaire  nous  le  voulons 
bien,  pouvait  traverser  leurs  travaux  littéraires,  combien  ceux  ci  per- 
draient de  leur  terne  froideur  ! 

Et  pour  nous  placer  à  un  point  de  vue  plus  élevé,  n  est  V:e  pas 
contribuer  à  leur  formation,  que  de  développer  chez  nos  jeunes  gens 
cette  faculté  d'émotion,  de  rendre  leur  âme  de  plus  en  plus  apte  à 
goûter  et  sentir  les  beautés  de  la  nature  ?  Seulement,  pour  les  enfants 
(pour  combien  d'entre  nous  aussi  !),  ces  impressions  existent  à  l'état 
latent.  Il  faut  leur  en  faire  obtenir  la  conscience  bien  nette  et  avant 
tout,  attirer  leur  attention  sur  le/ait  du  rapport  intime,  existant  entre  la 
nature  et  nos  sentiments. 

Comment  y  arriver?  Ce  n'est  certes  pas  en  dogmatisant!  Nous 

(1)  LiCHTENDERGER,  Mon  petit  Trott,  p.  199-205  :  cette  description  est  un  petit 
chef-d'œuvre  !  —  (Paiis,  Pion), 

(2)  H.  Bazin,  La  terre  qui  meurt,  p.  i38-i4i  (Paris,  Calmann-Lévy). 

(3)  Ouvr.  cité,  p.  io5. 

(4)  Ouvr.  cité,  p.  89  90. 

(5)  A  propos  de  ce  roman  Raymondc,  nous  signalons  la  collection  d'ouvrages 
français,  adaptés  à  renseignement  du  français  dans  les  gymnases  allemands,  chez 
Velhagen  et  Klasings,  Biclefeld  et  Leipzig.  On  y  trouvera  des  œuvres  à  mettre 
entre  les  mains  de  nos  élèves  comme  :  Tariarin  de  Tarascon,  Don  Quichotte, 
Monique,  Pêcheur  d'Islande,  choix  de  nouvelles  modernes,  etc.  Malheureusement, 
toutes  ces  brochurettes  ne  sont  pas  également  bien  expurgées. 


352  LB   MUdÉE  BELGE. 


obtiendrions  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  faux,  quelque  chose  de  cxwtra- 
dictoire  dans  les  termes  :  le  sentiment  de  commande. 

Il  faut  employer  la  lecture  expressive  d'extraits  d'auteurs,  qui  montres* 
de  manière  bien  naturelle,  qu'«  un  paysage  est  un  état  d^âcne  ». 

Nous  insistons  sur  ce  point  que  par  ces  exemples  bien  chobis 
nous  montrons  à  nos  jeunes  gens  quil  existe  des  liens  entre  nos  senti- 
ments et  nos  perceptions  visuelles.  A  eux  de  développer  leur  faco'te 
par  le  moyen  de  rédactions  appropriées,  comme  :  Impressions,  après 
un  trimestre  d'absence,  à  la  vue  du  pays,  de  la  maison  paternelle. 
par  un  temps  gai  —  par  une  pluie  battante  —  dans  les  différentK 
saisons.  —  Adieux  au  foyer  paternel,  qu'on  est  forcé  de  vendre  (teaii 
compte  de  la  saison,  du  temps.  Voir  F.  Coppée,  La  bonne  s&mffrasa, 
p.  73). 

La  difficulté  des  excursions  dans  ce  cas,  est  la  ressemblance  des 
dispositions  de  nos  élèves  et  le  factice,  qui  se  mêle  à  l'observation  de 
la  nature,  quand  tous  ensemble  ils  doivent  contempler  un  paysage 

Ajoutons  que  ce  sujet  d'études  permet  de  faire  toucher  du  d<»gî 
\ influence  de  milieu  climalologique  sur  les  tendances  et  les  productions 
artistiques  d'un  peuple  (teintes  chaudes  de  Técole  italienne,  teintes 
plus  crues  de  Técole  flamande,  etc.). 

Les  auteurs  comme  Chateaubriand,  Bernardin  de  Saint- Pierre, 
A  Theuriet,  R.  Bazin,  H.  Bordeaux  et  les  romanciers  régiona 
listes  (i),  qui  commencent  à  faire  école,  pourraient  utilement  être 
étudiés  à  ce  point  de  vue  «  impressionnisme  ». 

Et  si  nous  prenions  nos  auteurs  belges,  nous  aurions  là  un  excel- 
lent moyen  d'éveiller  el  de  nourrir  chez  nos  élèves  un  vif  sentiment 
d'affection  pour  «  le  visage  aimé  de  la  mère  patrie  ». 

On  nous  recommande  instamment  de  ne  pas  négliger  dans 
l'éducation  de  nos  jeunes  gens,  la  formation  du  sentiment  patriotique. 
Eh  bien  !  voici  un  moyen  excellent  de  l'obtenir  avec  autant  de  sûreté 
que  de  discrétion.  Car,  selon  la  remarque  de  M.  Carton  de  Wiart  (2 , 
«  lorsqu'ils  pensent  à  la  patrie,  ce  n'est  pas  à  une  grande  assemblée 
»  d'hommes  noirs  et  bruyants  qui  gesticulent  sous  la  lueur  des  sun- 
»  burners  pailementaires  ou  à  de  petits  groupes  d'hommes  noire  et 
))  silencieux  qui  écrivent  derrière  les  cloisons  ou  les  grillages  de 
n  l'administration.  C'est  aux  édifices  que  leurs  pères  leur  ont  légués, 
»  en  témoignage  de  leurs  sentiments,  de  leurs  mœurs,  de  leur  art. 
M  C'est  aux  vastes  étendues  de  champs  ou  de  bois,aux  ondulations  des 

(i)  On  voit  par  là  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  Tctude  du  ronoan  en  3««  latine. 
(2)  Pourquoi  et  comment  difenJre  nos  paysag;s?  —  Revue  ^énérate,   octobre 
1905,  p.  567. 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  353 


»  collines,  aux  eaux  courantes  des  fleuves,  aux  villages  égrenés  sur  la 
»  route,  aux  fumées  des  hameaux  montant  dans  la  paix  des  soirs. 

»  C'est  à  ces  signes  sensibles  que  se  rattachent  le  plus  instinctive- 
»  ment  l'amour  de  là  patrie,  le  souvenir  de  ses  gloires  et  le  respect 
»  de  ses  traditions. 

»  Plus  la  vision  paraîtra  belU^  plus  chère  apparaîtra  la  patrie  dont  elle  est 
rimage, 

»  Et  c'est  pourquoi  faire  connaître  et  aimer  la  figure  même  de  la 
»  patrie,  en  respecter  et  en  perpétuer  les  traits,  c'est  respecter  et  for- 
»  tifier  ridée  de  patrie,  c'est  faire  mieux  connaître  et  mieux  aimer  la 
»  patrie  elle  même  » . 

Dieu  merci  I  l'école  belge,  qui  nous  dépeint  les  beautés  du  sol 
patrial,  commence  à  s'affirmer  et  nous  permettra  de  puiser  de  plus 
en  plus  dans  ses  œuvres  pour  la  formation  des  jeunes  générations. 

Pour  suivre  la  gradation,  il  nous  reste  à  étudier  deux  sujets,  très 
suggestifs  au  point  de  vue  «  impressionnisme  »  :  l'homme  et  la  natuie 
—  puis,  comme  couronnement,  l'étude  de  l'idéal  chrétien.  Dieu  dans 
son  œuvre  magnifique,  dans  son  temple  grandiose. 


TROIS  LEÇONS  DE  RÉDACTION 

par   F.  COLLARD,   professeur  à  l'Université  de   Louvain, 

Au  cours  de  mes  exercices  didactiques  de  l'année  écoulée,  j'ai 
chargé  un  de  mes  étudiants,  le  R.  P.  Mativa,  de  donner  le  même 
sujet  de  rédaction,  rhiver,  aux  trois  degrés  du  Collège  Saint-Pierre. 
Conformément  aux  principes  que  j'ai  exposés  à  ce  sujet  dans  ma 
Méthodologie^  les  élèves  de  sixième  latine  se  sont  contentés  dune 
description  purement  extérieure  des  objets;  la  manifestation  des 
sentiments  a  été  réservée  à  la  troisième,  et  le  raisonnement  à  la 
rhétorique. 

Voici,  en  résumé,  la  marche  qui  a  été  suivie  dans  les  trois  leçons. 

A.  Classe  de  sixième. 

I.  Introduction.  —  Le  sujet  de  notre  rédaction,  c'est  :  «  Une 
promenade  en  hiver  à  Louvain  ».  Nous  allons  décrire  successivement 
la  ville,  le  bois  d'Héverlé,  la  campagne,  les  étangs  de  Parc. 

IL  Invention.  —  Je  divise  le  tableau  noir  en  deux  parties  inégales. 
Dans  la  plus  grande,  j'inscris  successivement  les  idées  que  me 
donnent  les  élèves  en  suivant  l'ordre  général  indiqué  ci-dessus. 


354 


LE  UUSÉE  BELGE. 


Le  bois 
d'  Héverlé 


bise,  son  bruit  lugubre, 
arbres  décharnés, 
givre. 

trace  de  gibier, 
corbeaux ,     merles ,     moi- 
neaux. 


Pendant  ce  travail  d'invention,  j'ai  l'occasion  de  donner  aux  élèves 
quelques  explications  :  ainsi,  je  leur  dis  ce  que  c'est  que  la  neige  et 
le  givre;  je  leur  fais  remarquer  que,  dans  les  champs,  le  tapis  neigeux 
préserve  de  la  ficelée  les  sem^jnces,  et  que  celles-ci  sont  soumises  en 
hiver,  malgré  les  apparences,  à  un  travail  de  germination  intense. 

III.  Disposition.  —  Le  travail  est  ici  fort  simple  ;  car,  quand  il 
s'agit  du  récit  d'une  promenade,  le  seul  ordre  rationnel  est  Tordre 
chronologique  :  on  décrit  les  objets  au  fur  et  à  mesure  qu'on  les  ren- 
contre. C'est  la  marche  que  nous  avons  dû  suivre  dans  la  recherche 
des  idées.  Il  suffit,  partant,  de  quelques  questions  pour  mettre  un 
peu  plus  d'ordre  dans  les  idées  qui  ont  pris  place  dans  le  développe- 
ment de  chacune  des  grandes  divisions  du  sujet.  Nous  obtenons  ainsi 
le  plan  suivant,  que  j'inscris  dans  la  seconde  partie  du  tableau. 

I.  Introduction. 

II.  Corps  du  sujet, 
ciel  gris  et  surbaissé, 
définition  île  la  neige, 
rues  boueuses. 

a)  Départ  :  J  passants  emmitoufflés. 
la  ville      \  mendiants  nombreux, 
bons  hommes  de  neige, 
boules  de  neige, 
glissoires. 

plaine  uniformément  blanche, 
chemins    creux    combles    de 
neige, 
c)  La        J  neige  scintillant  au  soleil, 
campagne     )  ruisseaux  gelés, 
solitude, 
silence, 
germination  souterraine. 

III.  Conclusion  :  Bonté  et  sagesse  de  Dieu. 

J'emploie  le  reste  du  temps  à  des  exercices  d'élocution  :  par 
exemple,  je  fais  chercher  une  introduction,  une  conclusion,  des 
transitions. 

B.  Classe  de  troisième. 

I.  Introduction.  —  Le  sujet,  c'est  L'hiver.  Je  fais  remarquer  aux 
élèves  et  je  leur  répète  à  satiété  durant  l'exercice  qu'ils  ne  peuvent 
pas  se  contenter  d  une  description  extérieure  de  la  nature,  mais 
qu'ils  doivent  pousser  plus  avant  et  nous  faire  part  surtout  des  seNti- 
mcnis,  des  impressions  que  le  spectacle  de  la  nature  en  hiver  éveille 
en  eux. 

Pour  faire  comprendre  le  genre,  je  lis  aux  élèves  l'une  ou  l'autre  des 
descriptions  de  saison  qu'on  rencontre  en  si  grand  nombre  dans 


d)  Les  étangs  de  Parc  :  patineurs. 


e)  Rentrée 
en  ville 


obscurité 
rues  désertes, 
veillée  à  la  maison. 


PARTIE   PéDAGOGIQUE.  355 


l'œuvre  d'Octave  Pirmez,  où  la  description  de  la  nature  est  accom- 
pagnée de  la  manifestation  des  sentiments  que  sa  vue  suscite  dans 
Tàme  de  l'auteur. 

Après  cette  lecture,  j'explique  comment  il  se  fait  que  la  nature 
puisse  nous  parler  et  nous  impressionner  à  la  façon  d'une  personne 
humaine.  La  nature  est  tout  entière  symbolique.  Elle  est  à  la  fois 
l'image  de  Dieu,  son  créateur,  et  Timage  de  l'homme  auquel  elle  a 
été  donnée  comme  théâtre  de  son  existence.  De  là,  des  correspon- 
dances mystérieuses,  mais  réelles  entre  l'âme  humaine  et  ce  qu'on 
appelle  métaphoriquement  l'âme  de  la  nature.  Certains  paysages 
nous  provoquent  à  la  joie,  d'autres  à  la  tristesse;  certains  nous  con- 
seillent le  courage,  d'autres  semblent  insinuer  en  nous  le  décourage- 
ment. Tout  homme  comprend  plus  ou  moins  ce  langage  de  la  nature. 
L'artiste  s'efforce  de  le  comprendre  de  plus  en  plus  exactement 
et  de  le  sentir  de  plus  en  plus  profondément.  Tâchons  de  saisir 
quelque  peu  la  symbolique  de  l'hiver,  d'éprouver  et  d'exprimer  les 
impressions  qu  elle  doit  éveiller  en  nous. 

IIL  Invention.  Je  divise  lé  tableau  en  deux  parties.  En  tête  de 
Tune,  j'inscris  comme  titre  :  a  Impressions  pessimistes  »,  en  tête  de 
l'autre  :  o  Impressions  optimistes  » . 

Il  est  certain  que,  pour  l'ensemble  des  hommes,  la  première 
impression  qui  se  dégage  d'un  paysage  d'hiver,  n'est  pas  très  gaie, 
et  cela  parce  que  l'hiver  est  l'image  de  la  mort.  En  recourant  à  la 
méthode  socratique,  je  fais  détailler  par  les  élèves  tout  ce  qui, 
dans  un  paysage  d'hiver,  rappelle  la  mort  : 

sol  recouvert  d'un  linceul, 
ruisseaux  gelés  et  silencieux, 
végétation  arrêtée. 

arbres  décharnés  comme  des  squelettes, 
troncs  abattus  gisant  comme  des  cadavres, 
oiseaux  chanteurs  disparus, 
croassement  des  corbeaux, 
gémissements  et  hurlements  du  vent, 
pas  ou  peu  de  promeneurs, 
ciel  gris,  surbaissé,  funèbre. 

Avant  de  passer  à  la  seconde  partie,  je  demande  aux  élèves  si  la 
nature  est  réellement  morte  en  hiver.  Non,  elle  sommeille,  elle  se 
réveillera,  et  déjà,  dès  maintenant,  sous  terre,  elle  fait  un  travail  très 
intense,  celui  de  la  germination.  Les  élèves  sont  ainsi  amenés  à 
énoncer  une  série  d'idées  et  d'impressions  que,  faute  d'un  qualificatif 
plus  exact,  je  rangerai  sous  la  rubrique  a  Impressions  optimistes  ». 


la  mort  de  la  nature  est  apparente. 

elle  sommeille,  elle  se  réveillera. 

nous  aussi,  nous  nous  réveillerons  dans  Téternité. 


356  LE   MUSÉE  BELGE. 


dès  maintenant,  travail  souterrain  intense  de  la  nature  —  qui  prépare  l'épa- 
nouissement et  les  splendeurs  de  la  belle  saison. 

imitons-la  durant  les  années  obscures  de  notre  jeunesse;  plus  tard,  nous  aussi. 
nous  pourrons  nous  épanouir. 

la  plaine  immaculée  n'évoque  pas  seulement  le  suaire;  elle  est  aussi  un  symbole 
de  pureté  et  de  paix. 

les  mendiants  nous  rappellent  le  devoir  actuel  de  la  charité  indivi.luelle  et  k 
devoir  futur  de  la  charité  sociale. 

Conclusion,  Quand  nous  contemplons  la  nature,  ne  nous  laissons  pas  tromper 
par  les  apparences,  ou  bien  :  ne  recherchons  pas  uniquement  dans  la  contemplatioa 
de  la  nature  la  jouissance  esthétique  ;  tâchons  d'en  retirer  aussi  des  leçons  moraks. 

Je  répète  encore  qu'il  s'agit  avant  tout  de  manifester  les  sentimeun 
et  les  impressions,  et  qu'on  ne  peut  se  contenter  d'une  simple  et  sèche 
énumération  d'idées.  C'est  sur  ce  point  surtout  que  je  fais  porter 
l'exercice  d'élocution  pour  me  rendre  compte  si  les  élèves  ont  bien 
saisi  le  genre,  et  leur  en  donner  moi  même  des  exemples,  s'ils  ne  l'ont 
pas  encore  bien  compris. 

C.  Classe  de  rhétorique. 

Je  dis  aux  élèves  qu'ils  ont  à  faire  une  dissertalion  sur  XUiiliU  ai 
Vhiver,  donc  un  travail  où  le  raisonnement  a  la  première  part. 

Comme  nous  sommes  en  rhétorique,  je  n  ai  pas  à  faire  d'une  façon 
détaillée  le  double  travail  de  l'invention  et  de  la  disposition.  Je  puis 
me  borner  à  proposer  le  sujet  sous  la  forme  suivante. 

Je  suis  journaliste,  et,  au  début  de  l'hiver,  on  me  demande  pour 
la  première  page  un  article  fantaisie  sur  la  saison  commençante. 

Voici  l'hiver  et  son  lamentable  cortège...»  et  je  fais  d'abord  se 
plaindre  les  vieillards,  les  malades,  les  pauvres  et  aussi  les  simples 
grincheux.  J'accorde  que  les  trois  premières  catégories  ont  quelque 
raison  de  se  plaindre  de  l'hiver  ;  mais  de  la  quatrième  je  me  moque 
un  peu,  et  je  lui  expose  successivement  tous  les  bons  côtés  de  l'hiver. 
On  peut  en  distinguer  de  trois  espèces  :  i)  les  plaisirs;  2)  les  jouis- 
sances esthétiques  ;  3)  les  enseignements  moraux.  Ici  j'interroge  les 
élèves  pour  qu'ils  me  détaillent  ces  trois  grandes  divisions.  Pour  la 
seconde  et  la  troisième,  je  dois  refaire  en  grande  partie  l'exercice  de 
la  classe  de  troisième,  mais  en  me  souvenant  qu'il  ne  s'agit  plus 
d'une  manifestation  de  sentiments  ou  d'une  description  esthétique, 
mais  d'un  travail  de  raisonnement. 

En  terminant,  j'insiste  sur  la  simplicité  du  ton,  sur  la  justesse  des 
idées,  sur  la  rigueur  du  raisonnement  et  sur  l'exactitude  de  l'expres- 
sion. 


LIVRES  NOUVEAUX. 

R.  ACKERMANN,  Percy  B.  Shollejr,  Prometheus  Unbound.  A  lyrical  drama 
ia  fonp  acts.  Ersto  kriiische  Ausgabe  mit  Einleitung  und  Kommcntar.  lïjidel- 
b3rg.  Wintor.  1908  (Eogl.  T0Xtbib\  hrsg.  von  J.  Iloop-î.  13). 

A.  G.  AMATUCCI,  Plauti  Au'ularia.  Teslo  liveduto  o  commentalo.  Prato, 
Albergbelti.  1908.  (Bibl   dei  cla^sici  Intini  ad  uso  délie  scuole.)  1  fr, 

Aihen.  Die  bemetkenswertesten  Bjudenkmaler,  Bildvverke,  An-^ichton.  Berlin- 
Steglitz,  Verlag  der  neuen  pbotogr.  Gesellgchaft,  A.  G.  In  zwei  M  «ppen  zu 
20  m.  einzelne  Bliitter  0  m.  50;  bel  Partiebezug  0  m.  40. 

A.  AUDOLLENT,  Lo  musée  de  Clermont  Ferrand.  40  pp.  —  Examîn  crit'que 
<le  doux  textes  anciens  supposés  relatifs  au  (emple  du  Puy  de  Dôm**.  16  pp.  — 
Les  tahellae  defixionum  récommant  découvertes  à  Sousse  (Tunisie).  32  pp. 

CH.  E.  BALE,  The  syntax  of  the  genitive  case  in  tbe  Lindisfarno  Gospel? .  Thèse. 
The  State  Univ.  of  lowa,  1907.  (lowa  Siudies  in  l.nguage  and  ;i  craturo,  l.) 

F.  CABROL,  L'Angleterre  chrétienne  avant  les  Normands.  Paris,  Lecoffre 
Gabalda  et  C'*,  1909.  3  fr.  50.  (Bibl.  do  l'ensoign  de  l'histoire  ecclésiastique.) 

E.  CAMMAERTS  et  CH.  VAN  DE.\  BORREN,  Guilo  Gezelle.  Poèmes  choisis 
(1858-1809),  traduits  du  flamand.  Louvain,  Ch.  Peeters,  1908.  3?2  pp.  8°. 

P.  FRACCARO,  Studi  Varroniani.  Dj  gento  populi  Romani  libri  IV.  Padoue, 
D 

F.  FREY,  Fuhrer  durch  die  Ruinen  von  Augusta  Raurica.  Mit  3  Tafoln  und 
:i\  AbViM.  Liestil,  Gebr.  LQdin,  1907.  91  pp.  8^  1  fr   85. 

C.  HILLE,  Die  doutsche  KomôJie  unter  der  Einwirkung  des  Aristophanos. 
Leipzig,  Quelle  und  Meyer,  1907.  180  pp.  8°.  5  m.  75.  (Breslauer  Beitiu^e 
zur  Literaturgeschichte,  hrsg.  von  M.  Koch  und  G.  Sarrazin,  N.  F.,  II.) 

A.  HARTMANN,  De  inventione  Juvenalis  capita  tria    Diss.  Bisel. 

PIL  MARTINON,  Sophocle.  Electre.  Trad.  en  vers.  Paris,  Fontemoing,  1907. 
oG  pp.  2  fr.  LE  MÊME,  Les  drames  d'Euripide.  Trad.  en  vers.  I.  Alceste, 
Ilôcubo,  Hippolyto.  II.  Les  doux  Iphigénies,  Môdée.  Paris,  Fontemoing,  1908. 
2  vol.  â  2  fr.  50. 

H.  PETBRSEN,  Vergloichende  Grammitik  Jor  keltisehen  Sprachon.  I  BJ. 
Einleitung  uni  Liutlehre.  Erstor  Teil.  Gùitln.çîn,  Vandenhoeck  et  Ruprecht, 
1908.  6  m.  40.  (Gôtt.  Sammiung  indogerm.  Grammitiken.) 

P.VUL  REGNAUD,  Dictionnaire  é'ymologique  du  latin  et  du  grec  dans  ses  rap- 
ports avec  le  latin  d*aprôs  la  méthode  cvolntionni>to  ^linguistique  européenne 
appliquée).  Lyon,  Rey;  Paris,  L'jroux,  1908.  404  pp.  gr.  8^.  10  fr.  (Annales 
«le  riniv.  de  Lyon,  nouv,  série    IF.  Droif.  Loitref»,  fasc.  19.) 

R.  REITZENSTEIX,  Werden  uni  Wescn  d.T  II  imanitat  im  Altertum.  Stras- 
bourg, Heitz.  1907.  32  pp.  1  m. 

EUG.  RIGAL,  Moliéro.  Pari.s  Hachetto,  1008.  2  vol.  à  3  fr.  50. 

A  RUESCIL  Guida  illustrata  del  Musco  Nazionalo  di  Nopoli.  Napics,  1908. 
Munich,  Buchholz.  500  pp.  8°.  25  fr. 

F  VON  DER  MUEHL,  De  Appuloio  Salurnino  tribune  plebis.  Diss.  Bàlo, 
Werner-Riehro,  190G.  108  pp. 

OTTO  BOECKEL,  iïandbuch  des  deut-schon  Volksliedes.  Zugleich  4'«  Au?g.  von 
Vilmars  Handbfuhloin  fur  Freunde  des  deutschcn  Volksliedos.  Maiburg, 
Elvverf,  1903.  5  m. 


SOMMAIRE. 

MÉLANGES. 
Concûirs  ginérât  âc  1  Ivns^'ign im^nt  moyen  en  igoS 

PARTTE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  et  astique. 

aî3*  E.  Cav&ignac^  L* histoire  finaticicfe  d*Alhcnes(H,  Ftiincottc). 

3Î1,  O  v^  WilamQwi*^X-MottimdQrf^  A  potion  (A.  Humpcrs)  . 

aaS*  E»  Krause^  Dtogencs  von  Apollonîa  (J,  Cr<îusenj 

226-7.  ^^  Oû^vt^  t.c  préu^nJii  empoi  Je  Sr  înlerfôgAtif  (A,  Ddilte}, 

318,  J.  H,  DemarteaUf  Le  vase  pinnétaîre  âe  iupUk  f  A^  d«  Geiilcnttt) 

2>9*  A'»  Brandi,  Das  Wtr3en  dtr  Renaissance  U,  Creusen)    . 

alo,  £1  Meyêr^  llumflnblkehâ  BUduiig  (P»  M.  CJaeys  fioûdiert)  . 

Lûng-ttfs  ei  fitiératures  gçrmdntquçs, 

àÎK  C.  de  Vooys,  Nedcrlandschc  ktïcrkunJc  fC.  Le;oulere). 

232.  £,  Hmm'e»f,  Modsrnen  (Le  miîm^) 

333.  7^/^  C£>(jp»H^/j  rti  /.  B^ofCkaert^  B^bltographie  van  dtîn  Vlâims^hfj)  uai^ 
Mrjjd  {A.  de  Ciîulenecr) 

Histoire  et  géographie, 

234,  M^fUngcaGodcfroid  Kurih       .        ,        , îîJI 

2J5t  3/.  Rintefeih  Schuldhaft  und  Einlager^J.  B,  Gôetsrouwcfs)    * 
a 36.  J/.  Dtnucé,  Les  îJes  Ltq  jb*  1  A»  De  Ceuîcnecr)      ,        •        , 

Histoire  de  fArt, 

237.  /î,  K^/i  Bastetaerei  G,  De  Loa^  Peler  Brucgel  l'Ancien  (Le  m^mc) 

Pédagogie. 

2">S.  L.  De!pêrfer^  Lïs  cobtiL*!  de  vaca<içes  (Ch.  CollarJ, 

Notices  et  annonces  bibliogriphiqnes^ 

2l}-3o,  Pub!icUiois  di;  Gu^min^  Darcmbcrg  et  Sigliô^  Lîiiiclam,  Vîgournuî, 
dam  Cibro',  St  ipL'lliimp,  Simenon,  VanJ^rOfiJen,  De  Pauw.  VuvblAc, 
de  Haerre     *         ,         •        « 

CHRONIQUE. 

â5i-3.  Association  des  proreaseurs  de  langues  vivânics,  Programme  du  cou* 
cours  uni  cTSïlïiîre  ((1308' 10).  Université  de  Liège  *        .        .  S||l 

PARTIE   PÉDAGOGIQUE, 

Abàé  Wathetet^  Comment  d^f^clopper  rtmpreafiionn^ame  chez  nos  élèves f 
F.  ColtarJ^  Trois  leçons  de  roJaction      * 


V 


DoUZlfeME  ANNÉE,  —  N^s  9-10,       l5  N0VEMBRE-l5  DÉCEMBRE  I908. 

BULLETIN 
BIBLIOGRAPHIQUE  ET  PÉDAGOGIQUE 

DU 

MUSÉE  BELGE 

REVXfE   DE   PHILOLOGIE   CLASSIQUE 


F.  GOLLAUD 


J,  P.  WAI.TZING 


Pirt^cunl  IMI  lu  moli,  I  l'«xMpll»n  d«i  mttii  tf'aoâl  il  de  i«pt«mbn 


LOUVAIN 
CHARLES   PEETERS,   LIBRAIRE  ÉDITEUR 

PARIS 


A,   FONTEMOINC 
â.  rue  L«  ûotf 


BERLIN 

R.  FRIEDLAENDER  ET    FILS 

CirUtraue,  11,  N.  W 


COMITE  DE  REDACTION. 

MM.     Bang,  W.,  professeur  à  TUDiversité  de  Louvain. 

Bayot,  A  ,  chargé  de  cours  à  l'Universilé  de  Louvnin. 
Bischoff,  H.,  professeur  ^  l'Universilé  de  Liège. 
Béthune,  Baron  F.,  professeur  îi  rUniversité  de  Louvain. 
CSauchie,  A.,  professeur  i  rCniversilé  de  Louvain. 
Gloson,  J.,  chargé  de  cours  à  rUniversilé  de  Liège. 
Gollard,  F.,  professeur  à  l'Universilé  de  Louvain. 
Counson,  A.,  chargé  de  cours  à  IlTniversité  de  Gand. 
De  Genleneer,  A.,  professeur  à  rUniversilé  de  Gand. 
de  la  Vallée  Poussin.  L.,  professeur  à  rUniversité  de  Gand. 
t  Delesclnse,  A.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège. 
Doutrepont,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Uége. 
Doutrepont,  G.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Francotte.  H.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  de  Groutars,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Halkin,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Lié^e. 
Halkin,  L..  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Banquet,  K.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Janssens,  E..  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège. 
Lecoutere,  Gh.,  professeur  k  l'Université  de  Louvain. 
Liefort,  Th.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvain. 
Maere,  R.,  professeur  à  rUniversité  de  Louvain. 
Martens.  Gh.,  docteur  en  Philosophie  et  Lettres  et  en  Droit,  à  Louvain. 
Mayence,  F.,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Louvain. 
Mœller,  Gh.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Poullet,  Pr.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Remy.  B.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Roersch,  A.,  professeur  k  rUniversité  de  Gand. 
Sencie,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Houtte,  H.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Van  Hove,  A.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Van  Ortroy,  F.,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 
Waltzing,  J.  P.,  professeur  à  l'Université  de  Liège. 
Willems,  J.,  professeur  à  l'Université  de  Liège, 
t  Willems«  P.,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
Secrétaire  :  J.  P.  WALTZING,  9,  rue  du  Parc,  à  Liège. 


On  est  prié  d'adresser  tout  ce  qui  concerne  la  rédaction  du  Musée  Belge  et  du  Bulletin 
bibliographique  (articles,  comptes  rendus,  ouvrages)  à  M  J  P.  Walt^ng,  professeur 
à  l'Université  de  Liège,  9,  rue  du  Pare,  Liège, 

Les  articles  destinés  à  la  partie  pédagogique  doivent  être  adressés  à  M.  F.  CoUard 
professeur  à  l'Université  de  Louvain,  rue  Lèopold,  22^  Louvain, 
Prix  de  l'abonnement  : 

i    Belgique  !  mitqé'p         \     Belgique  7.50 

Pays-Bas  I     Étranger         S.- 

Luxembourg 10  fr. 
RiiiiFTr\      )     ^\mvi^         6.50 
Autres  pays    12-  BULLETIN      J     ^^^^^^^         ^^ 

Les  douze  premières  années,  comprenant  chacune  2  vol.  de  320  à  480  pages,  sont  en 
vente  au  prix  de  10  fr.  le  port  en  sus. 


Douzième  année.  —  N^^  9-10.     i5  Novembre-i5  Décembre  1908. 

Bulletin  Bibliographique  et  Pédagogique 

DU 

MUSÉE    BELGE. 


IffÉLANGBS. 


LE    CONGO. 

La  bibliographie  du  Congo  est  déjà  assez  étendue  et  cependant 
cette  immense  contrée  est  encore  si  insuffisamment  connue  qu'il 
faudra  attendre  bien  des  années  avant  de  pouvoir  écrire  un  ouvrage 
complet  et  exact  faisant  connaître  et  le  pays  et  sa  population 
sous  ses  divers  aspects.  Les  écrits  actuels  constituent  les  premiers 
jalons  de  cette  œuvre  de  Tavenir.  Nous  tenons  à  appeler  Tattention 
de  nos  lecteurs  sur  trois  ouvrages  récents  présentant  chacun  un 
caractère  bien  dififérent  et  qui  se  complètent  réciproquement.  Au 
Coftgo.  Carnet  de  campagne.  Épisodes  et  impressions  de  i88ç  à  i8çy  par  le 
4;ommandant  Michaux  (Bruxelles,  Falk,  1907.  in-12  de  403  pp.,  3  fr.  5o). 
Ce  sont  des  vrais  commentaires  militaires  auxquels  je  ne  pourrai 
faire  que  le  seul  reproche  de  ne  pas  être  illustrés  par  une  carte  qui 
permette  de  suivre  plus  aisément  les  diverses  expéditions.  Le 
commandant  Michaux  a  fait  deux  séjours  au  Congo  (1889  j  893, 
1894- 1897),  et  chaque  fois  Lusambo,  sur  la  Sankuru,  fut  son  lieu 
de  séjour  principal,  d'où  il  rayonna  au  loin  pour  ses  multiples  expé- 
ditions. Pendant  son  premier  séjour,  il  eut  à  prendre  une  part  aussi 
active  que  glorieuse  dans  la  lutte  contre  les  Arabes  ;  pendant  le 
second,  il  eut  à  soumettre  et  à  réduire  à  Timpuissance  les  soldats 
révoltés  du  Kasaï.  Ses  principaux  exploits  sont  sa  victoire  surGongo, 
l'allié  des  Arabes,  dont  il  finit  par  se  faire  un  ami  ;  la  défaite  du  chef 
arabe  Sefu  à  la  bataille  de  Chigé  sur  le  Lomani  (21-22  nov.  1892) 
et  la  prise  de  la  capitale  des  Arabes  Nyangv^é  sur  le  Lualuba 
(21  janvier  1893).  Pendant  son  second  séjour,  il  lutte  contre  Kalamba 
et  les  Kiokos,  les  plus  affreux  esclavagistes  et  les  pires  forbans  du 
monde  (p.  346),  soumet  les  soldats  révoltés  (juillet  1895),  combat  les 
Batétéla  (8  septembre)  et  livre  une  bataille  décisive  le  6  novembre, 
soutenu  par  Lothaire. 

Par  après,  il  fait  une  tournée  plus  ou  moins  pacifique  pour  faire 
'  reconnaître  Tautorité  de  l'État  et  punir  ceux  qui  avaient  favorisé 


358  LE   MUSÉE   BELGE. 


la  révolte.  Il  est  admirablement  bien  reçu  à  Kabinda,  s'empare  des 
bornas  de  N*Gongo  et  de  M'Pogna  et  reprend  sa  lutte  contre  les 
Batétéla. 

Tous  ces  faits  d'armes  sont  racontés  avec  tant  de  naturel,  le  style 
est  si  vif,  si  imagé  et  en  même  temps  si  simple,  que  le  livre  se  lit 
comme  un  roman.  Le  récit  des  expéditions  militaires  est  entrecoupé 
d'aventures  de  chasse  et  de  descriptions  des  beautés  de  la  nature 
congolaise.  En  maint  endroit  fauteur  reconnaît,  avec  une  franchise 
toute  militaire»  les  immenses  services  rendus  par  les  missionnaires 
catholiques.  D*un  autre  côté  il  parle  avec  louanges  des  soldats 
congolais  qu'il  définit  par  ces  mots  (p.  342)  :  a  Le  soldat  congolais  est 
un  être  primitif,  admirablement  doué,  capable  des  actes  les  plus 
follement  braves  et  des  dévouements  les  plus  complets.  »  Ce  nest 
pas  sans  émotion  qu'on  lit  le  suprême  hommage  qu'il  a  rendu  au 
malheureux  sergent  Dehase ,  traîtreusement  tué  par  son  caporal 
(p.  354).  La  lecture  de  bien  peu  de  livres,  publiés  sur  le  Congo, 
laissent  une  impression  aussi  agréable.  Il  est  exempt  de  toute  ten- 
dance, on  sent  qu'on  a  affaire  à  une  œuvre  écrite  par  un  vrai  mili- 
taire qui  a  conscience  de  sa  responsabilité,  qui  sait  narrer  tout  ce  qui 
s'est  passé  avec  sincérité  et  aussi  avec  sentiment.  Lorsqu'on  ferme  ce 
livre,  on  se  dit  que  nos  officiers,  qui  ont  dû  participer  aux  luttes 
contre  les  Arabes  et  contre  les  révoltés,  ont  été  à  bonne  école  :  ils  se 
sont  montrés  dignes  de  leur  mission  et  se  sont  fortement  aguerris. 

Le  livre  du  sous-lieutenant  J.  Flamme  (Notes  de  voyage.  Dans  la 
Belgique  Africaine,  Bruxelles,  Lesigne,  1908.  in  S**  de  3i6  pp.  4  fr.i 
présente  un  tout  autre  caractère.  Ici  nous  n'avons  pas  une  narration 
de  nombreuses  expéditions  militaires,  mais  bien  une  description  du 
pays  parcouru  et  de  nombreuses  indications  sur  la  flore,  la  faune 
du  pays  et  les  habitudes  des  Congolais.  Il  considère  les  Bangala 
comme  de  bons  travailleurs  :  les  Upota  et  Mobali  sont  connus 
comme  bons  pêcheurs  et  pagayeurs.  Pendant  un  séjour  de  trois  ans 
(1899-1902),  M.  Flamme  a  parcouru  le  Congo  jusqu'au  lac  Albert. 
La  route  de  Borna  à  Stanleyville  a  été  décrite  bien  des  fois  et  nous  ne 
nous  y  arrêterons  pas.  La  partie  la  plus  curieuse  du  récit  de  Fauteur 
est  le  voyage  de  Stanleyville  au  lac  Albert,  accompli  quelque  peu  en 
pirogue  sur  les  eaux  de  la  Liki,  l'Aruwinï,  l'Ipokuta  et  en  grande 
partie  à  pied,  dans  une  contrée  quasi  inconnue  et  occupée  par  des  tri- 
bus insoumises,  qui  dressent  dans  les  sentiers  des  traques,  trous  recou- 
verts de  terre  et  de  feuillages  dont  le  fond  est  garni  de  pointes  de  fer 
empoisonnées.  D'Avakubi  par  Kilo  jusqu'au  lac  Albert,  le  voyage 
à  pied  fut  de  près  de  deux  mois  (11  juillet  et  3i  septembre).  Au  lac 
Albert,    M.   Flamme  fonda   le  nouveau  poste  de  Mahagi  et  nous 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  35g 


renseigne  en  détail  sur  son  organisation  Sa  description  géogra- 
phique du  lac  Albert  est  bien  intéressante.  Il  parvint  à  soumettre  les 
tribus  voisines  du  lac  et  se  fit  même  Tami  du  sultan  Tjulu. 

Une  reconnaissance  de  la  rive  gauche  du  Nil  fut  des  plus  fruc- 
tueuses; et,  lorsque  M.  Flamme  quitta  Mahagi,  il  prit  pour  son 
voyage  de  retour,  cette  partie  de  la  grande  forêt  équatoriale  occupée 
par  les  nains  et  habitée  par  un  quadrupède,  encore  peu  connu,  qui 
n'est  autre  que  TOkapi.  Pour  autant  qu'on  a  pu  l'étudier  jusqu'ici, 
l'Okapi  est  un  ruminant  qui  se  place  entre  le  samothérium  et  la 
girafe.  Il  semble  que  cet  animal  était  connu  des  Égyptiens,  car  on 
croit  reconnaître  dans  la  tête  du  dieu  Seth  une  tête  d'Okapi. 

La  narration  de  M.  Flamme  présente  surtout  de  l'intérêt  par  suite 
des  observations  faites  par  l'auteur  sur  la  faune  des  contrées  qu'il  a 
parcourues.  Les  zoologues  y  trouveront  bien  des  choses  à  glaner, 
d'autant  plus  que  l'auteur  a  eu  soin  d'ajouter  d'excellentes  reproduc- 
tions des  animaux  qu'il  nous  signale. 

Un  livre  non  moins  intéressant  est  celui  publié  sous  le  titre  de 
Congo  en  Indië,  De  Beîgische  Jezuiien  in  de  Misi>iên  Kwango  door 
E.  Antonis,  Ceylon  door  A.  Torfs  ;  West-Bengalen  door  L.  Reypens 
(Bruxelles,  Buelens,  1908.  in-S»,  xiii-3oi  pp.  2  fr.).  La  seule  partie  de 
cet  ouvrage  sur  laquelle  nous  voulions  appeler  ici  l'attention  est  celle 
relative  à  la  Mission  du  Kwango.  Nous  y  apprenons  comment  les 
Missionnaires  s'y  prennent  pour  civiliser  les  pauvres  nègres.  Il  suffit 
de  parcourir  ces  pages  pour  se  rendre  compte  du  bien  immense  qu'ils 
font  dans  la  contrée  et  pour  se  convaincre  de  l'inanité  des  attaques 
dont  ils  ont  été  l'objet  :  elles  ont  été  faites  à  la  légère  par  des 
personnes  mal  renseignées  ou  systématiquement  poussées  à  la 
critique.  Pour  développer  davantage  leur  action  civilisatrice,  un  des 
leurs,  le  Père  Van  Hencxthoven,  a  inventé  l'organisation  des  fermes- 
chapelles,  dirigées  par  de  jeunes  catéchistes.  Chose  curieuse,  un 
système  analogue  fut  mis  en  pratique  au  Mexique  lorsque  notre 
franciscain  gantois,  le  Frère  Pedro  de  Gante,  évangélisa  les  peu- 
plades de  TAnahuac.  Je  ne  voudrais  pas  terminer  cet  article  sans 
rappeler  la  lecture  faite  par  M.  Jules  Leclercq  à  l'Académie  royale  de 
Belgique  sur  Une  législation  coloniale  (Bruxelles, igoS.  3g  pp.)-  L'auteur 
étudie  l'organisation  des  colonies  hollandaises  des  Indes  orientales 
et  cherche  à  établir  jusqu'à  quel  point  on  pourrait  s'en  inspirer  pour 
notre  colonie  du  Congo.  Ce  que  dit  M  Leclercq  sur  la  nécessité 
d'établir  le  Conseil  des  Indes  dans  la  colonie  même  et  non  dans  la 
mère-patrie  est  parfaitement  exact.  Seulement  j'estime  que  Ton  ne 
pourrait  imiter  en  cela  ce  qua  fait  la  Hollande  que  lorsque  la 
colonie  du  Congo  se  sera  développée  davantage. 

Adolf  de  Ceuleneer. 


36o  LE   MUSÉE   BELGE. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

253.  —  C.  Robert,  Der  Neue  Menander,  Berlin,  Weidmann,   1908. 

146  pp.  4  m.  5o. 

Dans  les  Szenen  ans  Menanders  Komoedien  (Berlin,  Weidmann,  1908, 
2  m.  40),  M.  Cari  Robert  avait  offert  au  public  allemand  une  traduc- 
tion des  nouveaux  fragments  de  Ménandre.  Il  suffisait  de  la  comparer 
au  texte  de  l'édition  princeps  pour  s'apercevoir  aussitôt  qu'il  avait  cru 
bon  de  s'écarter  parfois  de  celle-ci. 

M.  Robert  publie  aujourd'hui  le  texte  de  Ménandre,  précédé  d'une 
étude  sur  la  reconstitution  des  pièces  et  d'une  autre  sur  la  reconstitu- 
tion du  manuscrit,  et  suivi  d  un  apparat  critique  qui  a  le  mérite  d'être 
au  courant  de  la  littérature  ménandrienne,  déjà  si  riche.  Pour  son 
édition  des  Menandri  quatuor  fabularum  fragmenta  nuper  reporta  (Lejde, 
A.  W.  Sijthoff,  1908),  M.  van  Leeuwen  n'avait  eu  à  sa  disposition 
que  les  articles  de  Crusius  (Liier.  Zentralblatt,  3o  nov.  1907),  de 
von  Wilamowitz-Mœllendorff  {Sitzungsberikte  der  kg.  preu^s.  Aknd.  àtr 
Wissenscka/tân,  5  déc.  1907), de  van  Herwerden  (-B^/./At/o/.  WocJunsckr,, 
18  janv.  1908).  Depuis  lors,  tani  de  philologues,  dans  tous  les  pays, 
se  eont  occupés  de  ce  texie,  que  M.  van  Leeuwen  a  été  amené  à 
publier  une  seconde  édition  et  que  celle  de  M  C.  Robert  ne  paraîtra 
pas  inutile. 

En  effet,  M.  Robert  a  eu  l'idée  originale  de  représenter  par  la  pagi- 
nation la  disposition  des  feuillets  du  papyrus,  telle  du  moins  qu*il 
Tenlend.  Cela  nous  vaut  quelques  pages  blanches,  dans  lesquelles  il 
a  fait  entrer  tout  ce  qui,  des  autres  fragments  de  Ménandre  ou 
d'auteurs  inconnus,  lui  a  paru  répondre  à  la  situation,  sans  prétendre 
d'ailleurs,  conmie  il  a  soin  de  le  déclarer  «  que  ces  fragments  aient 
éléî  remis  à  leur  place,  ni  même  qu'ils  soient  de  Ménandre  ».  II  y  a 
plus  d'un  loup  au  bois,  et  plus  d'un  Chaerestralos  dans  les  pièces  de 
la  comédie  nouvelle  ;  il  serait  abusif  d'attribuer  aux  Chaeresiratos  de 
Ménandre  des  paroles  que  certains  fragments  ont  pu  mettre  dans  la 
bouche  d'un  de  leurs  nombreux  homonymes. 

Je  ne^  vois  pas  ce  qui  obligeait  M.  Robert  à  comprendre  ces 
fragments  intercalés  dans  la  numérotation  des  vers.  Il  eût  été  bien  plus 
simple,  bien  plus  pratique  de  conserver  les  chiffres  de  l'édition /mmo;^. 
Si  l'exemple  donné  par  M.  Robert  était  suivi,  comme  on  est  loin  d'être 
d'accord  sur  la  place  de  tel  ou  tel  fragment,  chaque  nouvelle  édition 
aurait  sa  numérotation,  différente  des  autres  ;  ce  qui  n'aurait  pas  pour 
résultat  de  faciUter  les  recherches. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  36 1 

M.  Robert  a  indiqué,  p.  146,  les  passages  sur  lesquels  il  avait  jugé 
bon  de  changer  d*avis  depuis  la  publication  de  ses  Szenm.  Ceux  qui  se 
serviront  de  ce  dernier  ouvrage  feront  donc  bien  de  tenir  compte  de 
ces  changements  assez  nombreux.  Sinon,  ils  risquent  d'attribuer  à 
M .  Robert  des  opinions  qu'il  ne  partage  plus. 

Il  nous  reste  maintenant  à  attendre  la  nouvelle  copie  que  M.  A.  Kôrte 
est  occupé  à  faire  du  manuscrit.  Si  bien  qu'ait  travaillé  le  premier 
éditeur,  M.  Lefebvre,  —  et  nous  sommes  heureux  de  lui  rendre  l'hom- 
mage que  son  travail  est  remarquable  —  la  tâche  était  lourde,  et  ce 
n'est  pas  en  méconnaître  la  valeur  ni  le  mérite  que  de  prévoir  que  le 
nouveau  lecteur  fera  disparaître  plus  d'une  incertitude,  enlèvera  du 
chemin  plus  d'une  crux  embarrassante.  A.  Humpers. 

aSj^    —  Th.    Zielinski,  Le  monde  antique  et  nous.  Traduction  par 

E.  Derume,  Louvain,  Uytspruyst,  1908.  144  pp.  in-S®.  2  fr.  5o. 

Ce  livre  contient  huit  conférences  données  à  l'université  de  Saint- 
Pétersbourg  par  M.  Zielinski,  professeur  à  la  même  université.  En 
Russie,  pays  travaillé  par  un  besoin  morbide  de  changement  illimité, 
existe,  plus  violente  que  chez  nous,  une  réaction  contre  l'éducation 
traditionnelle  des  humanités  gréco-latines.  C'est  devant  un  auditoire 
composé  d'adversaires  déclarés  —  on  le  voit  à  maints  endroits  de  ses 
premières  leçons  —  de  ces  études  que  M .  Zielinski  a  prononcé  son 
apologie  des  humanités  anciennes.  Il  fallait  pour  tenter  cette  entre- 
prise, avoir  la  science,  le  beau  talent  d'exposition  du  savant  pro- 
fesseur, et,  on  peut  le  dire,  son  courage  puisé  dans  ses  convictions 
scientifiques.  Je  voudrais  que  quelqu'un,  ayant  plus  d'autorité  que 
je  n'en  ai,  recommandât  ce  livre  à  la  Commission  de  réforme  des 
humanités  et  à  son  chef.  Les  membres  de  la  Commission  n'y  trouve- 
ront pas  les  raisons  ordinaires,  excellentes  d'ailleurs,  mais  auxquelles 
ils  ne  se  rendent  pas,  par  lesquelles  on  défend  chez  nous  les  huma- 
nités gréco-latines.  Ce  sont  des  raisons  neuves,  que,  pour  ma  part, 
je  nai  vues  exposées  nulle  part  avec  cette  largeur  et  cette  clarté. 
L'auteur  est  non  .seulement  un  philologue  de  marque,  mais  un 
homme  auquel  rien  n'est  étranger  de  la  culture  de  son  temps,  en 
particulier  la  science  sociologique. 

Il  faut  féliciter  M.  Derume  d'avoir  mis  ce  beau  livre  à  notre  portée 
par  une  bonne  traduction.  Si  un  jour  la  question  des  humanités  se 
traite  au  Parlement,  les  députés  trouveront  dans  l'ouvrage  de 
M.  Zielinski  de  quoi  s'éclairer.  Car  la  connaissance  du  monde 
antique  est  examinée  sous  toutes  ses  faces  :  i^  sa.  valeur  éducative; 
2®  sa  valeur  civilisatrice  ;  3°  sa  valeur  scientifique. 

Sa  valeur  éducative  consiste  en   ce    que,   mieux  et  plus  que 


r 


362  LE    MUSÉE   BELGE. 


n'importe  quelle  autre  branche  de  l'enseignement,  elle  donne   d« 
connaissances  utiles,  et  cela  d'une  manière  rationnelle,  adaptée  à  la 
nature  de  Tesprit  humain.  Qu'on  veuille  bien  remarquer  la  thèse  de 
M.  Zielinski     elle  ne  déprécie  pas  les  connaissances,  au  contraire  ; 
mais  ce  qu'elle  estime  particulièrement  dans  les  humanités.  c*est  que 
ces  connaissances  sont  acquises  d'une  manière  rationnelle,  par  la  voie 
inductive.  La  démonstration  de  M.  Zielinski  envisage  les   langues. 
la  littérature,  l'histoire  et  en  grénéral  toutes  les  branches  du    savoir 
humain.  Je  me  permets  d'appeler  l'attention  sur  ce  dernier  point  ;  il 
est  capital,  bien  que  trop  souvent  oublié.  La  littérature  antique  doit 
ce  dernier  avantage  à  cette  circonstance  que  la  culture  de  T homme 
antique,  moins  spéciale  que  celle  de  1  homme  moderne,  ne  séparait 
pas  comme  aujourd'hui  la  science  et  les  arts  et  même  comprenait  une 
connaissance  de  toutes  les  sciences  alors  existants.  Les  professeurs 
trouveront  ici  de  précieuses  indications  sur  l'étude  de  la  littérature 
antique  et  sur  la  lecture  exégétique  des  auteurs.  On  devra  conclure. 
entr'autres  choses,  qu'il  faut  accorder  beaucoup  moins  de  part  à  la 
lecture  dite  cursive  ou  à  la  lecture  non  accompagnée  d'explications 
réelles  suffisantes.  On  constatera  aussi  que  Téminent  professeur  attend 
de  l'analyse  littéraire,  dont  le  but  est  toujours  de  faire  connaître  et 
goûter  un  écrivain,  d'autres  résultats  infiniment  précieux  f>our  la 
formation  générale  de  l'adolescent. 

On  Ta  dit  et  répété  t  le  mouvement  d'hostilité  aux  études  gréco- 
latines  a  été  inspiré  et  alimenté  par  des  préoccupations  utilitaires. 
Ceux  qui  le  dirigent  demandent  :  A  quoi  cela  nous  sert-il  de  con- 
naître le  monde  antique,  surtout  par  les  textes  originaux  ?  La 
2«  partie  du  livre  répond  à  cette  question.  La  thèse  de  M,  Zielinski 
vaut  la  peine  d'être  remarquée,  non  pas  par  sa  nouveauté,  mais  par 
l'heureuse  précision  des  termes  :  le  monde  antique,  dit- il,  doit  être 
pour  le  monde  moderne  non  pas  une  norme,  mais  une  semence.  Il 
est  en  effet  un  fait,  dont  on  peut  contester  l'explication  peut-être, 
mais  qui  n'en  reste  pas  moins  acquis,  c'est  que  les  peuples  qui  ont 
laissé  se  relâcher  les  liens  qui  les  unissent  à  l'antiquité  ont  vu  baisser 
leur  niveau  intellectuel  et  scientifique,  et  l'inverse  est  également 
vrai.  En  manière  d'expHcation,  M.  Zielinski  fait  voir,  avec  toute  la 
puissance  de  sa  science,  combien  il  est  nécessaire  pour  la  culture 
moderne  de  connaître  la  religion  antique,  sa  mythologie  comprise, 
la  littérature,  l'histoire,  la  philosophie  et  les  arts  de  l'antiquité.  J'avais 
l'intention  de  signaler  certains  de  ces  chapitres  à  l'attention  du 
lecteur  :  j'y  renonce;  il  faudrait  tout  citer.  Je  me  borne  à  les  recom- 
mander instamment  aux  professeurs  de  littérature  et  d'histoire,  et  en 
général  à  tout  homme  cultivé  qui  s'intéresse  à  l'éducation  des  classes 
dirigeantes  de  son  pays. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  363 

La  3«  partie,  écrite  pour  les  philologues,  est  un  succinct  et 
chaleureux  exposé  de  la  philologie  classique.  C'est  une  mise  au  point, 
générale  sans  doute,  mais  bien  instructive,  que  liront  avec  fruit  les 
professeurs  des  classes  supérieures  des  athénées  et  des  collèges  ;  elle 
leur  servira  à  orienter  avec  sûreté  les  vocations  de  leurs  élèves. 

La  dernière  conférence  est  consacrée  à  défendre  les  humanit  es 
anciennes  au  point  de  vue  social  Même  à  travers  la  traduction, 
d'ailleurs  souple  et  vivante  de  M.  E.  Derume,  on  sent  la  chaleur  de 
la  parole  de  l'orateur.  Nous  nous  permettons  encore  dç  convier  à  la 
lecture  de  ce  chapitre  les  sociologues,  membres  de  la  Commission  de 
réforme.  M.  Zielinski  se  met  en  eflfet,  particulièrement  ici,  sur  le 
terrain  sociologique  ;  il  examine  franchement  la  question  au  point  de 
vue  de  la  loi  de  la  sélection  sociologique.  Si  je  ne  m'abuse,  cette 
dernière  conférence  s'élève  jusqu'à  l'éloquence,  j'oserais  même  dire 
la  grande  éloquence 

Tout  le  livre  est  d'ailleurs  écrit  avec  une  chaleur  communicative  ; 
un  large  et  bienfaisant  optimisme  l'anime  tout  entier. 

La  traduction  de  M.  E.  Derume,  à  part  quelques  distractions  (i), 
me  paraît  très  bonne.  Il  a  eu  la  bonne  pensée  d'ajouter  à  l'original 
un  index  détaillé  des  multiples  questions  de  grammaire,  de  littéra- 
ture et  d'histoire  auxquelles  a  touché  M.  Zielinski.  E.  Remy. 

255.  —  K.    J.    Freeman,  Schools   of  Hellas.   An  Essay  on  the 

practice  und  theory  of  ancient  greek  Education  from  600  to  3oo 

b.  C.  Illustré.  Londres,  Macmillan  et  C»«,  1907. 

Il  est  toujours  intéressant  de  savoir  comment  les  Grecs,  nos  éduca- 
teurs, firent  leur  propre  éducation.  C'est  ce  qu'a  recherché  un  jeune 
philologue  anglais,  H.  J.  Freeman,  mort  à  24  ans,  en  1906,  sans 
avoir  pu  publier  lui-même  le  résultat  de  ses  recherches. 

Dans  ce  livre  sur  les  écoles  de  la  Grèce,  l'auteur  a  presque  entière- 
ment omis  les  travaux  de  seconde  main  ;  et  cela  volontairement 
Pour  un  jeune  philologue,  c'était  une  entreprise  hardie  que  de  se 
refuser  ainsi  les  lumières  de  ses  prédécesseurs,  mais  c'était  aussi, 
pour  qui  sait  lire  et  comprendre,  un  moyen  de  renouveler  son  sujet. 
11  est  bon  de  revenir  à  l'étude  des  textes,  sans  les  lire  et  les  com- 
prendre, comme  on  fait  trop  souvent,  par  les  yeux  et  le  cerveau 
d'autrui.  Si  dans  des  matières  souvent  traitées  —  et  l'éducation 
grecque  est  de  celles-là  —  on  ne  fait  pas  alors  de  découverte,  —  et 
je  dois  dire  que  M.  Freeman  n'en  a  pas  fait  —  on  les  vivifie  de  ses 

(1)  P.  e.  p.  11.  ligne  8,  lire  ces  au  lieu  de  les,  qui  est  inintelligible  ;  p.  76,  ligne  6, 
se  détacha  au  lieu  de  détacha,  p.  io5  1.  10  ;  le  singulier  est  peu  intelligible. 
L'original  a  le  pluriel.  La  diphthongue  latine  ae-cst  souvent  imprimée  œ. 


364  ^^   MUSÉE  BELGE. 


propres  impressions,  on  les  remplit  de  sa  vie,  on  les  transforme 
par  la  mise  en  œuvre.  Le  beau  livre  de  M.  Freeman  a  tous  ces 
mérites. 

Voyez  avec  quel  brio  Tauteur  brosse  et  enlève  le  portrait  de  Xéno- 
phon.  «  Dans  beaucoup  de  paroisses  d'Angleterre,  il  y  a.  comme 
figure  centrale,  un  major  général  ou  un  colonel  retraité.  Il  est  le 
pilier  de  l'église  de  sa  paroisse,  il  lit  l'Écriture  sainte  pendant  roflSce 
dominical,  enseigne  à  l'école  du  dimanche,  distribue  les  prix  aux 
fêtes  scolaires  célébrées  dans  ses  propriétés,  et  est  Tâme  de  toute 
souscription,  tandis  qu'il  consacre  ses  loisirs  à  compiler  un  ou  deux 
mémoires  militaires,  et  peut-être,  s'il  est  un  esprit  très  littéraire, 
quelques  courtes  histoires.  Tel  fut  exactement  Xénophon  ».  On  ne 
reprochera  pas  à  ce  portrait  de  manquer  d'originalité,  mais  jusqu'à 
quel  point  est-il  vrai  ? 

De  même,  l'auteur  trouvera,  pour  expliquer  le  mépris  dans  lequel 
les  Athéniens  tenaient  l'éducation  Spartiate,  et  la  terreur  qu'elle  leur 
inspirait,  une  comparaison  bien  personnelle  et  bien  moderne. 
L'Athénien,  habitué  à  une  éducation  facile,  considérait  la  formation 
sérieuse  du  jeune  Spartiate  a  avec  les  mêmes  sentiments  qu'un 
Français  visitant  une  école  publique  anglaise  »,  où  l'enfant  est  élevé 
plus  rudement. 

L'éducation  athénienne,  dont  le  type  prévaut  dans  le  monde  grec 
civilisé,  sauf  à  Sparte  et  en  Crète,  ignore  l'utilitarisme.  Évitons^ 
d'y  voir  une  preuve  de  la  supériorité  du  génie  grec  siu:  le  nôtre. 
C'est  à  notre  société  industrielle  et  commerçante,  imbue  de  principes 
économiques,  qu'il  faut  savoir  gré  de  conserver  encore  le  culte  des 
études  désintéressées.  S'il  en  est  de  même  à  Athènes,  c'est  que 
l'éducation  est  réservée  à  une  classe,  à  une  aristocratie  héréditaire, 
non  de  la  richesse,  mais  de  la  naissance.  Elle  est  réservée  aux  seuls 
citoyens.  L'Athénien  pauvre,  obligé  de  vivre  d'un  métier,  comme 
l'esclave,  l'enseigne  à  ses  enfants  —  ou  encore  met  ceux-ci  en 
apprentissage  chez  un  autre  citoyen,  qui  reçoit  pour  sa  peine  im 
salaire  déterminé.  L'enseignement  professionnel  n'existe  donc  pas  ; 
pas  davantage  les  théories  utilitaires.  Cela  est  dû  au  mépris  qu'inspire 
à  tout  Grec  bien-né  le  métier  manuel. 

L'éducation  ne  tend  pas  à  préparer  l'enfant  à  la  vie  d'affaires,  au 
commerce,  mais  à  la  vie  civile,  c'est-à-dire  à  la  vie  militaire  et  poli- 
tique ;  elle  vise  à  faire  de  l'Athénien  un  citoyen  utile  à  l'État.  Car 
c'est  faire  tort  à  la  morale  grecque,  et  c*est  la  méconnaître,  que  d'y 
voir  simplement  la  satisfaction  des  instincts,  c'est-à-dire  le  bonheur 
individuel.  Par  a  bonheur  n,  le  Grec  entend  le  bonheur  de  l'État^ 
Aussi  sait-il  se  sacrifier  à  l'intérêt  public. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  365 

La  femme  n  est  pas  destinée  à  la  vie  politique  :  Téducation  ne 
s'occupera  pas  d'elle.  Le  futur  artisan  apprend  son  métier  chez  son 
père  ;  la  future  femme  de  ménage  se  forme  de  même  près  de  sa  mère. 
L'Athénienne  vit  dans  la  retraite,  comme  une  femme  orientale,  et  ne. 
vise  qu'à  ne  pas  faire  parler  d'elle.  C'est,  dit  l'auteur,  la  Haus/rau 
idéale.  Pour  le  fils,  la  mère  n'est  rien;  il  la  voit  très  peu,  retirée 
qu'elle  est  dans  un  appartement  spécial.  Le  père  est  rarement  chez 
lui.  Il  n'y  a  pas  de  vie  de  famille.  Le  Grec  apprend  ainsi  à  vivre  de 
la  vie  publique,  à  s'associer  à  ses  concitoyens. 

On  comprend  qu'ainsi  élevée,  la  mère  ne  pouvait  rien  enseigner  à 
ses  enfants,  pas  même  la  musique.  Ce  mépris  de  la  femme  ou,  plus 
exactement  —  car  faut- il  voir  dans  cette  courte  vue  une  marque  de 
mépris? —  cette  conception  du  rôle  de  la  femme,  si  elle  eut  pour 
effet  l'abaissement  de  celle-ci,  donna  naissance,  chez  l'homme,  à  une 
formation  plus  complète,  plus  eurythmique  que  les  spécialisations 
hâtives  ne  le  permettent  à  notre  éducation.  Les  arts  d'agrément,, 
aujourd'hui  la  propriété  presque  exclusive  de  la  femme,  étaient 
cultivés  par  les  hommes.  Alors  on  pouvait  être  artiste  et  savant, 
général  et  poète  tragique.  En  outre,  comme  le  citoyen  devait  se  pré- 
parer à  la  guerre,  —  on  accorde  une  importance  primordiale  à  la 
formation  physique.  Et  comme  le  mauvais  soldat  est  un  mauvais 
citoyen,  on  en  vint  à  considérer  la  beauté  physique  a  comme  un  signe 
de  beauté  morale.  »  C'est  une  idée  bien  grecque  que  nous  trouvons 
déjà  dans  l'Iliade  :  Thersite  est  laid  et  méchant. 

Aussi,  dès  l'éducation  primaire,  l'enfant  était-il  livré  à  la  fois  au 
grammatistès,  qui  lui  enseigne  la  lecture,  l'écriture,  un  peu  d'arith- 
métique et  lui  explique,  puis  lui  fait  réciter  par  cœur,  des  passages  de 
grands  poètes,  au  kitharistès,  professeur  de  musique,  et  au  paido- 
tribès,  professeur  de  gymnastique.  Et  ni  la  musique  ni  la  gymnas- 
tique n'étaient  des  parties  accessoires  de  l'éducation;  on  ne  s'en 
occupait  pas  de  loin  en  loin,  pour  l'agrément  ou  par  hygiène.  Elles 
étaient  considérées  comme  essentielles.  Notez  d'ailleurs  que  les 
œuvres  des  poètes  lyriques  se  chantaient,  de  sorte  que  l'éducation 
musicale  rentrait  dans  la  formation  littéraire.  Par  là,  les  Grecs  con- 
naissent, sans  s'en  douter,  ce  que  la  pédagogie  moderne  appelle 
la  concentration  des  cours. 

Au  début,  l'éducation  primaire,  avec  son  triple  but,  se  poursuivait 
jusqu'à  i8  ans.  A  la  fin  du  v<^  siècle  se  constitua  ce  que  nous 
pourrions  appeler  l'éducation  secondaire.  Elle  n'était  guère  réservée 
quaux  enfants  riches.  Ceux-ci  y  apprenaient,  de  14  à  i8  ans,  les 
mathématiques»  la  critique  littéraire,  un  peu  d'histoire  naturelle  et  de 
science,  les  lois  et  la  constitution  d'Athènes,  un  peu  de  philosophie» 


366  LE    MUSÉE   BELGE. 


de  morale,  de  politique  et  de  métaphysique,  et  surtout,  la  rhétorique. 
A  celle-ci  va  tout  Thonneur.  L'enseignement  de  Thistoire  n'existe 
pas. 

Le  croirait  on?  Le  troisième  degré  de  l'éducation,  renseignement 
supérieur,  était  réalisé  par  le  service  militaire.  Cela  se  produisit  après 
la  victoire  de  la  MacéJoine.  Alors,  au  lieu  de  s  exercer  uniquement  à 
l'art  de  la  guerre  et  à  la  gymnastique,  Téphèbe  suivit  des  cours  régu- 
liers de  philosophie  et  de  littérature 

Dans  les  programmes,  nous  ne  voyons  pas  figurer  l'enseignement 
de  la  religion.  C  est  que  la  religion  grecque  n'est  pas  une  foi,  mais 
un  rite,  et  la  pratique  ne  s'en  apprend  qu'en  participant  aux  fêtes  et 
aux  cérémonies.  Les  mythes  revêtaient  tant  de  formes  diverses  qu'on 
ne  pouvait  songer  à  en  imposer  une  version  orthodoxe.  Et  où  il  n'y  a 
pas  de  dogme,  il  n'y  a  pas  d'hétérodoxie. 

L  État  laissait  l'enseignement  à  l'initiative  privée.  Les  parents 
choisissaient  les  écoles  suivant  leurs  ressources,  leurs  visées,  leurs 
préférences.  C'étaient  donc  nécessairement  des  écoles  payantes. 
L'éducation  primaire  coûtait  d'ailleurs  peu  et  était  à  la  portée 
des  moins  riches.  Exceptons -en  cependant  la  musique  et  la  g3rmnas- 
tique,  qui  durent  peut  être  leur  vogue  à  ce  fait  qu'elles  étaient 
coûteuses.  II  était  de  bon  ton  d'en  faire!  Heureusement,  si  l'État  ne  se 
préoccupa  nullement  de  l'enseignement  littéraire,  il  bâtit  par  contre, 
à  ses  {T2Lis,  des  gymnasia  et  des  palatstrai  publics  et  gratuits.  C'était-là  ce 
que  nous  appellerions  une  œuvre  post-scolaire.  En  outre,  renseigne- 
ment des  exercices  athlétiques  aux  éphèbes,  —  comme  celui  de  la 
danse  et  des  chants  dans  les  chœurs  —,  constituait  une  liturgie.  L'État 
décernait  aussi  des  prix  annuels,  prix  de  rhapsodie,  de  lecture,  de 
peinture,  de  récitation  tragique,  de  déclamation  comique,  de  calli- 
graphie, etc.,  comme  nous  le  voyons  à  Téos. 

Les  maîtres  d'école  étaient  très  méprisés.  Il  y  a  à  cela  une  excel- 
lente raison.  C'est  que,  dépendant  du  public,  comme  de  véritables 
salariés,  ils  étaient  contraints  de  ménager  Télève  :  celui-ci  représen- 
tait, et  il  le  savait  bien,  une  somme  d'argent.  Les  enfants  venaient  à 
l'école  «  avec  leurs  agneaux,  leurs  chiens  et  leurs  chats,  et  jouaient 
avec  eux  pendant  les  leçons.  Paresseux  et  musards  s'y  rendaient, 
comme  aux  échoppes  du  marché,  pour  jaser  et  regarder,  troublant 
les  leçons...  Malgré  leur  pouvoir,  souvent  exercé,  d'infliger  des 
<:hâtiments  corporels,  les  maîtres  paraissent  avoir  été  à  la  merci  des 
élèves  et  de  leurs  amis  » .  De  même,  l'élève  était  accompagné  pour 
aller  en  classe  et  en  revenir,  d'un  pédagogue,  mélange  équivoque 
a  de  nourrice,  de  laquais,  de  chaperon  et  de  précepteur  »,  esclave 
d'ailleurs  et  par  suite  généralement  méprisé.  Au  reste,  le  pédagogue 
n'était  pas  toujours  le  «  sel  de  la  terre  » . 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  36/ 


On  le  voit  :  il  y  a  dans  Téducation  athénienne  à  prendre  et  à 
laisser.  On  pourrait  lui  prendre,  avec  des  vues  plus  égalitaires» 
le  culte  de  la  formation  littéraire  et  artistique  ;  avec  moins  d'excès, 
celui  de  la  formation  corporelle.  Nous  devons  lui  laisser  son  anti- 
féminisme étroit,  et  d'ailleurs  inconscient  Art.  Humpers. 

256.  —  John  E.  SandyS,  A  history  of  classicaî  scolarship.  Vol.  Il-III. 

Cambridge,  Universitv  Press   igo8.  8  s.  6  d.  le  volume. 

Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  a  paru  en  içoS  et  nous  Tavons 
annoncé  dsois  ce  Bulletin,  tome  VIII,  p.  232.  Il  a  eu  une  seconde 
édition,  aue^mentée  (xxîv-702  p.),  en  igo6.  Les  deux  volumes  qui 
viennent  de  paraître,  ne  manqueront  pas  d'avoir  le  même  succès. 
Ils  ont  les  mêmes  qualités  que  leur  aîné  :  une  information  vaste  et 
sûre,  mais  très  condensée,  sans  que  l'exposé  cesse  d'être  exact,  clair, 
intéressant  et  même  élégant.  Le  second  volume  traite  de  la  Renais- 
sance en  Italie,  du  xiv®  au  xvi®  siècle  et  mène  l'histoire  de  la  philo- 
logie classique  jusqu'à  la  fin  du  xvin«  siècle  Le  troisième  est  con- 
sacré au  xîx*  siècle.  Dans  ces  six  siècles,  l'auteur  distingue,  suivant 
l'habitude,  quatre  périodes  successives,  qualifiées  d'italienne,  fran- 
çaise, anglaise  et  hollandaise,  allemande,  d'après  le  pays  où  règne 
la  plus  grande  activité  dans  le  domaine  de  la  philologie.  Mais  la 
division  de  son  livre  ne  correspond  pas  à  cette  distinction  :  c'est  par 
siècles  que  l'auteur  procède  et  dans  chaque  siècle,  par  pays,  réservant 
parfois  un  chapitre  spécial  à  un  homme  dont  l'influence  a  été  prépon- 
dérante, tel  qu  Erasme,  Hermann  et  Boeckh.  L'Allemagne  occupe  la 
moitié  du  troisième  volume;  ici,  une  subdivision  s'imposait  et 
l'auteur,  après  avoir  étudié  F. -A.  Wolf,  Hermann  et  Boeckh,  passe 
en  revue  les  grammairiens,  les  éditeurs  de  classiques  grecs,  les  édi- 
teurs de  classiques  latins,  la  grammmaire  comparée,  les  archéologues 
et  les  géographes.  Systématiquemnt,  les  vivants  sont  omis  et  une 
notice  est  consacrée,  dans  les  Addenda ^  à  ceux  qui  sont  morts 
récemment,  multum  nuper  amisimus  (Quint. ,  X,  i ,  90)  :  Zeller,  Kirch- 
hofF,  Dittenberger,  Hartel,  Furtwângler,  Bucheler,  Schwabe,  Bois- 
sier,  Hauvette,  Headlam. 

Il  me  semble  que  c'est  par  le  détail  que  vaut  cet  ouvrage  :  l'auteur 
a  compulsé  les  moindres  notices  écrites  sur  chacun  des  philologues 
dont  il  parle  et  il  trace  de  chacun  un  petit  portrait  en  pied.  Quelques- 
uns,  qui  ont  cultivé  plus  d'un  domaine,  sont  présentés  en  plusieurs 
fois  et  c'est  réellement  dommage  quand  il  s'agit  d'un  homme  tel  que 
Mommsen.  Nous  oserions  adresser  une  autre  observation  à  l'auteur. 
Il  s'est  entouré  de  multiples  informations  et  il  a  tiré  grand  profit,  par 
exemple,  des  notices  biographiques  écrites  après  la  mort  d'un  savant 


368  LB   MUSÉB    BELGE. 


par  un  de  ses  collègues.  Ces  notices  sont  détaillées  et  élogieuses  : 
elles  assignent  souvent  au  défunt  une  place  qu'il  ne  conservera  pas. 
dans  rhistoire  générale  de  la  philologie. 

Nous  attirons  l'attention  de  nos  lecteurs  belges  sur  le  ch.  XXXVII, 
2,  consacré  à  la  philologie  au  xix«  siècle.  Il  est  exact  et  clair  comme 
tout  Touvrage.  Les  noms  que  M.  Sandys  met  en  lumière,  les  savants 
dont  il  retrace  la  carrière  sont  :  le  baron  de  Witte  (1808- 1889), 
Roulez  (1806- 1878),  Gantrelle  (i  809-1893),  Wagner  (1829-1895), 
Roersch  (1831-1891),  Fuss  (1782-1860),  Bekker  (1792-1837),  Félix 
Nève  (1816-1893),  Thonissen  (1816  1891)  et  Pierre  Willems  (1840- 
1898). 

Ce  bel  ouvrage  est  orné  de  62  portraits  hors  texte,  très  réussis. 

J.  P.  W. 

257-258.  —  Ph.  Martlnon.  Sophocle,  Electre.  Trad.  en  vers.  Paris, 

Fontemoing,  1907.  56  pp.  2  fr. 
—  Les  Drames  d'Euripide.  Trad.  en  vers.  I.  Alceste,  Hécube,  Hippolyie, 

II.  Les  deux  Iphigénies,  Médée.  Paris,  Fontemoing.  1908.  2  vol.  à 

2  fr.  5o. 

C'est  toujours  une  entreprise  ardue  qu'une  traduction.  Pour  £aire 
œuvre  originale,  on  doit  traduire  autrement  que  ses  prédécesseurs, 
et  ce  n'est  pas  toujours  le  moyen  de  bien  traduire.  On  use  alors 
d'artifices,  employant  des  périphrases,  des  circonlocutions  élégantes 
là  où  le  mot  propre  a  déjà  été  trouvé,  le  mot  propre  au  lieu  des 
périphrases  ;  mais  ceci  est  une  bonne  fortime  trop  rare.  C'est  pour- 
quoi je  plains  les  traducteurs. 

Je  les  plains  d'autant  plus  qu'on  leur  sait  peu  gré  de  leurs  efforts. 
L'helléniste  et  le  latiniste  qui  lisent  l'original  se  rendent  compte  que, 
dans  la  lutte  inégale  entre  l'auteur  et  le  traducteur,  celui-ci  succombe 
à  chaque  ligne,  enlaidit  souvent,  donne  de  l'esprit  à  Démosthènes, 
des  teintes  d'archaïsme  et  de  poésie  parnassienne  à  Homère,  qui  n'en 
peuvent  mais,  embellit  parfois,  et  dès  lors,  parant  le  texte  d'une 
grâce  qu'il  n  a  pas  au  détriment  de  celle  qu'il  a,  produit  des  traduc- 
tions qui,  plus  que  celles  de  Perrot  d'Ablancourt,  méritent  d'être 
appelées  les  tt  belles  infidèles  ». 

Plaignons  donc  les  traducteurs.  S'ils  traduisent  Euripide,  ils 
doivent  être  hellénistes  et  poètes,  et  ce  n'est  pas  tout.  Leur  génie  — 
car  le  talent  ne  suflBt  pas  pour  traduire  un  poète  —  doit  être  assez 
souple  pour  se  plier  à  l'inspiration  d'autrui,  leur  vol  assez  varié, 
assez  puissant  et  assez  sûr  pour  suivre,  sans  faiblir,  dans  ses  élans 
et  dans  ses  chutes,  le  vol  d'un  poète  étranger. 

Mais  que  dire  d'une  traduction  en  vers  ?  C'est  une  troisième  chaîne,. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SÔÇ 

la  plus  lourde,  —  en  français  surtout  où  Tinversion  est  si  malaisée, 
et  la  rime  si  exigeante  —  qui  s'ajoute  aux  autres.  Ne  nous  étonnons 
donc  pas  qu'il  y  ait  si  peu  de  bonnes  traductions  en  vers.  Y  en  a-t-il 
même  en  notre  langue?  Ne  soyons  pas  surpris  que  M.  Martin  on, 
malgré  tous  ses  efforts  et  tout  son  talent,  n*ait  pas  toujours  réussi  à 
nationaliser  Sophocle  et  Euripide. 

Aussi  bien,  M.  Martinon  ne  doute- t-il  de  rien.  Il  nous  a  donné  la 
traduction  littérale  en  vers  des  Élégies  de  Tibidle  (Paris,  Fontemoing. 
Ouvrage  couronné  par  T Académie  française),  des  Amours  d^ Ovide,  des 
Drames  d^Eschyle,  Le  voici  qui  entreprend  maintenant  la  traduction 
en  vers  de  Sophocle  et  d'Euripide.  C'est  peut-être  beaucoup  de  vers 
pour  un  seul  homme. 

Mais  où  son  entreprise  frise,  que  dis-je,  atteint  Théroïsme,  c'est 
quand  il  versifie  VIphigénie  à  Aulis,  Et  cette  fois,  il  faut  le  dire,  il  y  a 
-des  comparaisons  qui  écrasent.  Comparons  donc  : 

LE  VIEILLARD 

Me  voici  : 
Ma  vieillesse  est  encore  solide  et  résistante  : 
Mais  qui  donc  si  matin  te  chasse  de  ta  tente? 
Tout  repose  en  Aulis  ainsi  qu'aux  environs. 
Et  la  garde  est  toujous  à  son  poste.  Rentrons. 

AGAUBMNON 

Heureux  vieillard,  que  je  t'envie  et  que  j'envie 
Tous  ceux  qui  comme  toi  peuvent  passer  leur  vie 
A  Tabri  des  dangers  que  cause  la  grandeur  ! 
Qui  ne  songerait  en  lisant  ces  vers  aux  divins  vers  de  Racine  ? 

ARCAS 

*est  vous-même,  seigneur  !  Quel  important  besoin 
Vous  a  fait  devancer  l'aurore  de  si  loin  ? 
A  peine  un  faible  jour  vous  éclaire  et  me  guide. 
Vos  yeux  seuls  et  les  miens  sont  ouverts  dans  l'Aulide. 
Avez-vous  dans  les  airs  entendu  quelque  bruit  f 
Les  vents  vous  auraient-ils  exaucé  cette  nuit  ? 
Mais  tout  dort,  et  Tarmée,  et  les  vents,  et  Neptune. 

AGAMEMNON. 

Heureux  qui,  satisfait  de  son  humble  fortune. 

Libre  du  joug  superbe  où  je  suis  attaché, 

Vit  dans  l'état  obscur  où  les  dieux  l'ont  caché  I 

Sans  doute,  M.  Martinon  s'approche  plus  du  texte  que  Racine. 
Mais  il  doit  s'en  éloigner  parfois.  Et  puisqu'il  est  tout  de  même  obligé 
de  s'en  écarter,  par  suite  de  l'esclavage  auquel  la  forme  métrique  le 
soumet,  pourquoi  n'en  pas  prendre  une  bonne  fois  son  parti  ?  Entre 
la  belle  poésie,  infidèle  par  moments,  et  la  prose  rimée  dont  la  fidé- 
lité, d'ailleurs  relative,  s'achète  au  prix  de  la  beauté,  nous  n'hésitons 
pas  ;  nous  dirons  même  que  si  Racine,  dans  le  passage  cité,  ne  rend 


370  LE   MUSÉE   BELGE. 


pas  le  mot  à  mot  d'Euripide,  il  en  rend  quand  même  le  sens,  et 
surtout  Tâme.  Sa  traduction,  moins  littérale,  mais  plus  poétique, 
produit  sur  nous,  mieux  qu'ifne  prosaïque  et  peu  littéraire  trans- 
cription, l'impression  que  l'original  dut  produire  à  Athènes.  Et  c'est 
là  la  véritable  fidélité,  le  but  auquel,  comme  dans  les  limites  mathé- 
matiques, on  doit  tendre,  sans  espérer  d*y  atteindre  jamais.  Tradutiore^ 
traditore^  ce  n'est  pas  seulement  un  jeu  de  mot,  c'est,  je  le  crains,  un 
verdict,  un  verdict  justifié  et  sans  appel. 

Après  cela,  on  me  pardonnera  de  ne  pas  admirer,  si  littéraux  qu'ils 
puissent  être  —  et  ils  ne  le  sont  pas  tous,  —  les  vers  suivants  : 

Faut-il... 

Leur  plonger  à  tous  deux  un  poignard  dans  \tfoie? 

ou 

Mais  si  demain  tu  n'es  pas  hors  de  la  frontière. 
Dès  le  matin,  tu  périras  dans  les  tourments. 
Femmes,  souienez-/a,  la  tenant  dans  vos  bras. 
Descends  d\x  char  :  d2Lï\s  ta  beau/é  tu  dois  paraUre. 
C'est  toi  qui  l'a  /e  p/us  aimé... 

et  d'innombrables  prosaïsmes  : 

Je  crains  qu*au  fond  tu  ne  rumines  ta  vengeance. 

et  ce  mot  de  reine,  de  reine  qui  parle  en  vers  : 

Et  tu  pourras  après  pleurer  tout  ton  content. 
Sois  le  maître  dehors  et  devant  tes  soldats, 
J'y  consens  :  mais  pour  ta  maisjp,  c'est  mon  affaire. 
On  ne  mariera  pas  ma  fille  sus  sa  mère. 

et  les  vers  brisés,  en  si  grand  nombre,  qui  font  de  la  traduction  {une 
sorte  de  roman  feuilleton  ou  de  contrat  de  notaire  rimé  : 

Ce  mariage  est  trè>  avantageux  pour  nous, 
et  cette  naïveté  énorme  de  Médée  qui  n'est  pas  dans  Euripide,  qui 
s'y  fût-elle  trouvée,  devait  y  rester  : 

Ah  !  j'ai  beau  les  tuer,  mon  amour  n'est  pas  moindre  î 

Je  pourrais  ajouter  d'autres  remarques.  Mais  elles  relèvent  du  cours 
de  poétique.  C'est  ainsi  que  M.  Martinon  termine  une  grande  période 
par  un  vers  brisé,  chose  possible  en  grec  où  le  rythme  est  tout  inté- 
rieur, désagréable  à  l'oreille  française  qui  demande  alors  un  vers 
plein  et  sonore.  Enfin  ces  archaïsmes  à  la  Victor  Hugo  sont-ils  de 

mise  : 

Ai-)e  pas  des  enfants  ?  Sais-je  pas  que  nous  sommes... 
Veux-tu  pas...  {  Ktc. 

Si  je  me  permets  ces  remarques  minutieuses,  ce  n'est  pas  que 
l'œuvre  de  M.  Martinon  soit  sans  mérite  :  non  les  Muses,  se  sou- 
venant qu'elles  sont  grecques,  ont  souventes  fois  souri  au  traducteur. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  3yi 


Mais  M.  Martinon  est  accueillant  à  la  critique.  Il  tiendra  compte  de 
ces  observations.  Il  choisira  entre  la  traduction  poétique  et  la  versi- 
fication fidèle  et  prosaïque.  Les  amis  des  lettres  françaises  lui  en 
sauront  gré;  les  hellénistes,  qu'il  en  soit  sûr,  ne  s'en  plaidront  pas. 

Il  y  a  déjà  un  effort  en  ce  sens  dans  les  coupes  qu'il  a  faites  dans 
les  stichom)rthies  :  là,  il  a  eu  le  bon  goût  de  supprimer  beaucoup  de 
répliques  tt  enfantines,  presque  niaises  »,  auxquelles  l'artifice  de  la 
stichomythie  donne  lieu  surtout  dans  Euripide. 

Arthur  Humpers. 

aSg.  —  J  Vahleni  prof  essor  is  Berolincnsis  Opuscula  academica.  Pars 
posterior.  Prooemia  indicibus  lectionum  praemissa  xxxiv-lxih  ab 
anno  1892  ad  annum  1906.  Leipzig,  Teubner,  1908.  12  m.  ;  relié 
14  m.  5o. 

Il  serait  inutile  de  redire  de  ce  deuxième  volume  ce  que  nous 
avons  dit  du  premier  [BulL^  1906,  p.  a8o).  Voici  la  liste  des  auteurs 
dont  M.  Vahlen  s  occupe  dans  ces  trente  dissertations  : 

Théocrite  (vu,  xii  et  xvii);  Platon  (Gorgias,  Phédon);  Euripide 
(Hercule)  ;  Sophocle  (Electre  et  Antigone)  ;  Aristophane  (Equités)  ; 
Aristote  (Rhétorique,  scholies)  ;  Plaute  (Ménechmes)  ;  Ennius,  Minu- 
cius  Félix,  Valère  Maxime,  Catulle,  Accius,  Cicéron,  Pacuvius, 
Horace,  Virgile. 

Tantôt  M.  Vahlen  étudie  une  question  générale  relative  à  un 
écrivain  (telle  la  jolie  étude  sur  les  tours  qu'affectionne  Catulle,  sur 
ses  répétitions  favorites), ou  il  examine  une  œuvre  dans  son  ensemble; 
tantôt  il  discute  ou  propose  une  série  de  corrections  dans  le  texte 
d'un  auteur.  Aucune  de  ces  études  d'occasion  n'a  perdu  de  sa  valeur 
ni  de  son  intéiêt  et  nous  devons  remercier  M.  Vahlen  d'avoir 
recueilli  ces  programmes  en  deux  beaux  volumes.  J.  P.  W. 

260.  —  Ch.  Van  de  Vorst,  Grammaire  grecque  élémentaire.  Nouvelle 

édition   de   la   grammaire   grecque   du   P.   J.   Janssens.    Liège, 

H.  Dessain,  1908.  i  vol.  in-8",  171  pp. 

En  remaniant  la  grammaire  grecque  du  P.  Janssens,  le  P.  Van  de 
Vorst  a  voulu  rédiger  un  manuel  moins  touffu,  ne  renfermant  que 
les  particularités  dont  la  rencontre  est  possible  au  collège.  La  dispo- 
sition des  matières  a  gagné  également,  surtout  dans  la  syntaxe. 
L  auteur  a  naturellement  conservé  l'excellente  idée  des  exemples  mis 
en  tête  de  chaque  paragraphe  et  destinés  à  servir  d'aide- mémoire. 

Plusieurs  appendices  donnent,  l'un  des  notions  sur  la  langue 
d  Homère,  les  autres  un  résumé  sur  la  syntaxe  des  cas,  quelques 
notions  sur  les  mesures  itinéraires  et  les  monnaies,  les  règles  princi- 
pales de  l'accent  premier,  enfin  une  table  alphabétique  des  verbes 
irréguliers  ^avec  leurs  temps  primitifs). 


372  LE   MUSÉE   BELGE. 


Puisque  Tauteur  veut  bien  faire  appel  aux  observations  de  ses 
collègues  de  renseignement,  je  me  permettrai  de  lui  proposer  Taddi- 
tion,  après  les  verbes  en  ^\,  d'un  petit  tableau  réunissant  les  quatre 
aoristes  de  tarriMi,  avec  leur  signification.  Les  élèves  ignorent  gé- 
nérsilement,  et  en  tout  cas  oublient  sans  cesse  la  distinction  très 
importante  qui  doit  être  faite  entre  ces  formes.  La  remarque  que  Ton 
trouve  à  la  page  67,  à  savoir  que  «  le  parfait,  le  plus-que-parfadt,  le 
futur  passé,  et  Taoriste  second  de  rorrmi  ont  une  signification  intran- 
sitive :  se  tenir  debout  (stare)  »,  cette  remarque  n'est-elle  pas  insuffisante 
pour  mettre  en  relief  im  phénomène  aussi  digne  d'attention  ? 

Le  résumé  de  la  syntaxe  des  cas  (appendice  A)  me  paraît  être  une 
innovation  très  heureuse  en  Belgique.  Mais  ne  vaudrait-il  pas  mieux 
encore  étendre  ce  résumé  à  toutes  les  règles  de  la  syntaxe,  à  l'exemple 
des  abrégés  que  MM.  Kaegi,  Sormani  et  Versmeeten  ont  ajouté  l'un 
à  la  fin  de  sa  grammaire,  les  deux  derniers  au  vocabulaire  de  leurs 
exercices  ?  En  somme,  ce  résumé,  ou  mieux  ce  choix  à'idiotistmes 
rendrait  plus  de  services  à  l'élève  que  l'ensemble  forcément  un  peu 
compact  de  la  syntaxe  complète.  Sans  doute,  l'étudiant  aura  parfois 
besoin  de  renseignements  plus  détaillés,  surtout  dans  les  classes 
supérieures,  pour  élucider  tel  cas  spécial  ;  mais,  avec  les  méthodes 
actuelles,  l'intervention  fréquente  du  professeur  diminue  beaucoup 
le  nombre  de  ces  occasions.  Aussi,  ce  n'est  plus  que  très  rarement 
que  l'on  feuillette  la  syntaxe,  dont  la  matière  occupe  cependant  la 
moitié  de  toutes  les  grammaires.  Par  contre,  un  résumé  des  princi- 
pales règles,  des  règles  que  l'élève  ne  peut  ignorer  et  qu'il  doit  revoir 
x:onstamment,  lui  servirait  de  mémento  commode  pendant  la  durée 
de  ses  études. 

Enfin,  je  dois  encore  regretter  la  même  lacune  que  j'ai  signalée 
dans  ce  Bulletin  à  propos  d  une  autre  syntaxe  grecque.  Il  me  semble 
que  l'ouvrage  du  P.  Van  de  Vorst  est  trop  bref  sur  la  théorie  des 
corrélatifs.  Tune  de  celles  qui  sont  le  plus  remplies  de  pièges  pour 
nos  élèves  et  qu'ils  ne  retiennent  pour  ainsi  dire  jamais.  Le  petit 
tableau  de  la  page  38  ne  suffit  pas.  Il  faudrait  des  exemples  montrant 
à  la  fois  la  difiérence  des  significations  et  celle  des  fonctions.  Les 
corrélatifs  sont  plutôt  du  domaine  du  vocabulaire,  je  le  sais,  mais 
quand  il  s'agit  d'un  livre  classique,  c'est  à-dire  pratique,  ne  peut-on 
se  permettre  de  faire  sauter  le  cadre  ? 

Les  lignes  qui  précèdent  ne  renferment  aucune  critique  qui 
s'applique  spécialement  au  nouveau  manuel.  On  pourrait  les  adresser 
à  la  plupart  des  grammaires  grecques.  Le  livre  du  P.  Van  de  Vorst 
n'en  reste  pas  moins  un  excellent  traité,  sobre,  clair,  et  de  plus,  très 
bien  imprimé  par  un  éditeur  belge,  M.  H.  Dessain  (i). 

Ant.  Grégoire. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUB.  3/3 

q6i.  —  JOS.  Janssens,  S.  J.  Grammaire  latine.  Sixième  édition, 

entièrement  refondue  par  Ch.   Van  de    Vorst,   S.   J.   Alost, 

Spitaels,  1908.  266  pp.  gr.  in-S®. 

En  ce  moment  où  les  Humanités  subissent  de  redoutables  assauts , 
il  faut  de  solides  convictions  et  un  courage  confiant  pour  entreprendre 
€t  terminer,  au  prix  de  laborieuses  et  délicates  recherches,  un  travai  1 
<:omme  celui  qu'a  effectué  le  Père  Van  de  Vorst. 

Ce  m'est  un  bonheur  d'annoncer  ici  Toeuvre  de  notre  compatriote. 
Pour  faire  valoir  ses  qualités,  je  pourrais  procéder  par  voie  de  com- 
paraison, et  la  mettre  à  côté  d*autres  grammaires  d'auteurs  belges  ou 
étrangers,  qui  ont  chacune  leurs  mérites  et  leurs  côtés  faibles.  Je  m'en 
abstiens,  et  me  contente  d'affirmer,  sans  crainte  d'être  contredit,  que 
le  Père  Van  de  Vorst,  qui  avait  déjà  bien  mérité  de  l'enseignement 
et  de  la  philologie  par  la  publication  de  sa  Grammaire  grecque^  s'est 
l  acquis  un  nouveau  titre  à  la  gratitude  des  maîtres  et  des  étudiants  : 
on  peut  garantir  que  son  travail  produira  d'heureux  fruits  dans  les 
classes. 

Je  viens  de  rapprocher  de  ce  volume  la  deuxième  édition  de  la 
Grammaire  latine,  celle  dont  nous  nous  servions  au  collège  —  l'auteur 
et  moi  —  voici  vingt-cinq  ans.  Ce  rapprochement  me  paraît  instructif. 

Que  de  changements  !  Ils  révèlent  les  progrès  réalisés  depuis  par 
les  études  linguistiques  et  philologiques,  ainsi  que  les  résultats  acquis 
et  passés  dans  le  domaine  de  la  vulgarisation  ;  ils  montrent  aussi 
les  progrès  de  la  méthode  et  de  la  didactique,  pour  la  netteté  de 
l'exposé,  et  la  disposition  typographique  des  textes. 

«  Élaguer  tout  ce  qui  est  de  pure  érudition,  présenter  d'une  façon 
claire  et  exacte  la  grammaire  de  l'époque  classique»  en  particulier 
celle  de  Cicéron  et  de  César  »,  tel  est  le  double  but  que  l'auteur  a 
poursuivi 

Signalons  quelques  particularités  de  cette  édition.  Ce  sont,  notam- 
ment, la  prononciation  plus  italienne  du  latin,  le  soin  donné  à  l'accen- 
tuation, une  partie  spéciale  consacrée  à  la  stylistique,  des  notions  de 
prosodie  et  de  métrique.  Les  notions  d'analyse  —  excellente  chose  ! 
—  ont  été  précisées.  La  notion  du  temps  absolu  et  du  temps  relatif  a 
été  introduite.  On  appréciera  ces  remaniements  et  ces  additions  : 
ainsi,  les  pages  sur  la  stylistique  et  la  métrique,  déjà  intéressantes 
en  elles-mêmes,  seront  d'un  précieux  appoint  dans  l'explication  des 
auteurs  et  des  poètes,  qu'elles  prépareront  ou  compléteront  d'après 
les  circonstances  ;  cet  exposé  donnera  sans  doute  à  maint  élève  la 
clef  de  la  langue  et  de  la  littérature  latines. 

Bref,  au  point  de  \'ue  didactique,  cette  Grammaire  donnera  satis- 
faction aux  plus  exigeants,  et  pour  y  découvrir  des  erreurs  ou  des 
lacunes  d'ordre  philologique,  il  faudrait  la  soimiettre  à  un  examen 
très  approfondi,  C.  Caeymaex* 


i 


374  ^^   MUSÉE  BELGE. 


262.  —  P.  DOr'W&ld,  Beitràge  sur  Kunst  dês   Uebersetzens  und   zum 

grammatischen  Unterricht,  Ein  Hilfsbuch  fiir  den  griech.  Unterricht 

in  Obersekunda.  Weidmann,  Berlin,  1907.  vi  et  64  pp.  gr.  in-8. 

I  m.  20. 

Dans  son  livre  intitulé  :  Die  Kunst  des  Uebersetzens  (Berlin,  Weid- 
mann.  xi  et  166  pp.  in-8<>,  3«  éd.  igoB,  3  m.  60),  Paul  Cauer  avait 
traité  les  questions  générales  de  Tart  de  traduire.  Le  petit  ouvrage 
de  M.  Dôrwald,  directeur  de  gymnase  à  Neubrandenburg,  a  des 
visées  plus  modestes.  C'est  un  guide  pratique  pour  la  traduction  de 
deux  auteurs,  Homère  et  Xénophon. 

M.  Dôrwald  prend  ses  exemples  dans  TOdyssée  et  dans  les 
Mémorables.  Voici  les  conseils  qu'il  donne,  appuyés  de  nombreuses 
citations. 

Il  faut,  dans  la  traduction,  conserver  autant  que  possible,  la  coor- 
dination —  la  parataxe,  disent  les  hellénistes  —  qui  est  le  propre  de 
la  phrase  homérique.  Faire  autrement,  ne  serait  pas  seulement 
enlever  de  sa  couleur,  défigurer  sa  physionomie,  ce  serait  souvent 
risquer  de  traduire  à  contre  sens.  Exemple  :  Od  ,  XIII,  38 1,  où 
l'emploi  de  la  subordination  —  de  l'hypotaxe,  si  vous  préférez  — 
serait  une  faute. 

Avec  la  parataxe,  conservons  la  place  des  mots.  Ce  conseil  est  plus 
facile  à  suivre  en  allemand  qu'en  français  ;  en  outre,  traduisons  le 
participe  mot  à  mot;  n'oublions  pas  non  plus  que  l'article  a  souvent 
gardé  chez  Homère  sa  valeur  primitive  de  démonstratif.  Les  parti- 
cules subiront  un  traitement  différent  :  nous  rendrons  les  particules 
affirmatives,  dont  l'emploi  a  pour  but  de  donner  plus  de  vraisem- 
blance au  récit  épique;  pour  les  autres,  nous  serons  prudents  et  nous 
nous  souviendrons  qu  a  vouloir  rendre  les  nuances  délicates  dont 
elles  recouvrent  la  phrase  grecque,  nous  produirions  une  phrase 
lourde  et  ridicule.  Enfin,  et  surtout,  gardons  dans  la  traduction  la 
plastique  de  la  langue  d'Homère,  n'en  volatilisons  pas  le  texte,  c'est- 
à-dire,  n'en  faisons  pas  disparaître  les  fortes  et  vivantes  images  sous 
une  abstraction  inanimée.  Tel  est,  en  résumé,  et  sans  ses  exemples 
de  traduction  si  intéressants,  le  contenu  du  premier  chapitre. 

Le  second  mérite  d'attirer  plus  encore  l'attention  des  professeurs 
et  des  élèves.  Qui  d'entre  nous  n'a  pas  été  arrêté  dans  sa  lecture,  par 
le  sens,  ou  plutôt  par  les  sens  multiples  d'une  expression  psycholo- 
gique d'Homère  ?  Si  9pév€ç  par  exemple,  est  au  propre,  le  diaphragme, 
puis,  par  extension,  la  poitrine,  il  revêt  aussi  les  innombrables  sens 
de  a  intelligence  »  (jugement,  bon  sens,  finesse,  habileté,  etc.).  Que 
dire  de  ©^Môç,  qui  est  tantôt  identique  à  qppëveç,  tantôt  à  Kpab(n,  tantôt 
à  H'uxn  ?  Le  plus  souvent,  il  signifiera  a  les  sentiments  et  les  eensa- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHigUE.  375 

tions  du  cœur  humain  »,  souvent  aussi,  quoique  plus  rarement,  ce 
que  nos  philosophes  appellent  «  la  faculté  appétitive  ». 

Les  Mémorables  de  Xénophon,  quoiqu'il  n'y  paraisse  guère,  ne  sont 
pas  plus  faciles  à  bien  traduire.  Comment  un  élève,  habitué  aux  lec- 
tures historiques,  connaissant  le  vocabulaire  de  la  vie  publique, 
n'aurait-il  pas  besoin  de  guide  pour  parcourir  un  monde  si  nouveau, 
tout  rempli  d'expressions  de  la  vie  morale,  àraô^^Ç*  koXôç,  koXôç  KàtaSôç, 
0iuq)poaùvr),  qppoveîv,  KttKÔç,  etc.?  Le  plus  dangereux,  c'est  qu'il  croit  com- 
prendre quand  il  a  traduit  par  exemple  auKppoauvr)  par  «  sagesse  ». 
M.  Dôrwald  a  bien  fait  de  lui  enlever  cette  illusion,  dans  les  deux 
chapitres  qu'il  consacre  à  Xénophon. 

Dans  le  dernier  chapitre,  M.  Dôrwald  s'occupe  —  mais  en  se 
plaçant  à  un  tout  autre  point  de  vue  —  des  VI',  VI I^  et  VIII«  livres 
d'Hérodote.  C'est  que  son  ouvrage  est  une  contribution  à  l'étude 
du  grec  en  Obersekunda,  Il  a  classé  dans  l'ordre  des  règles  de  la  syn- 
taxe grecque,  les  passages  d'Hérodote  qui  peuvent  servir  d'exemples 
et  d'applications.  Il  a  rangé,  groupé  Hérodote  dans  l'ordre  gram- 
matical. Les  Allemands  possèdent  plusieurs  ouvrages  de  ce  genre 
qui  permettent  au  professeur  et  à  l'élève,  de  répéter  la  syntaxe  en 
même  temps  qu'ils  traduisent  tel  ou  tel  auteur.  Je  signalerai  entre 
autres,  les  trois  ouvrages  suivants,  parus  à  Berlin,  chez  Weidmann  : 
Fûgner,  Càsarsàtze  zut  Einiibung  dcr  lat.  Syniax  in  Tertia,  2*  éd., 
I  m.  ;  W.  Bôhme,  Nepossàtze  id,  in  Quarta,  1889,  i  m.  ;  L.  Koch, 
Xenophonsàize  sur  Einiibung  der  griech,  Syntax  in  Tertia  und  Sekunda,  1890, 
I  m.  20.  Il  est  pédagogique  de  faire  concorder  l'étude,  la  répétition 
de  la  grammaire  avec  l'auteur  lu  en  classe. 

Exprimons,  en  terminant,  le  vœu  que  nous  possédions  bientôt, 
pour  chaque  année  d'études,  un  ouvrage  dans  le  genre  de  celui  de 
M.  Dôrwald.  Arth.  Humpers. 

a63.  — Anton  Elter.  Uinerarstudien.  l  u.  II,  Bonn,  Georgi,  1908. 

76  pp.  in-40.  Deux  programmes  de  l'Univ.  de  Bonn,  27  janv.  1908 

et  3  août  1908. 

Dans  ces  programmes  très  intéressants,  M.  Elter  s'occupe  de  trois 
itinéraires  :  Vitinerarium  Antonini,  liste  des  routes  de  l'Empire  avec 
indication  des  distances  d'une  localité  à  l'autre  ;  Vitinerarium  Hieroso 
lymitanum  de  Bordeaux  à  Jérusalem  et  d'Héraclée  à  Rome  ;  enfin  la 
carte  de  Peutinger  qui  donne  les  routes,  les  stations  et  les  distances. 

Ces  itinéraires  semblent  avoir  reçu  leur  forme  actuelle  au  iv«  siècle  ; 
le  second  est  de  l'an  333.  Mais  tous  sont  basés  sur  des  documents 
plus  anciens.  Quelle  était  leur  destination  sous  leur  forme  défini- 
tive ?  M.  Elter  répond  par  une  thèse  nouvelle,  d'un  haut  intérêt. 


376  LE    MUSÉE   BELGE. 


que  nous  ne  pouvons  qu'indiquer  sans  la  discuter.  Pour  le  second, 
la  réponse  est  certaine  :  c'est  un  guide  du  pèlerin  gaulois  qui  veut 
visiter  d'abord  Jérusalem  et,  à  son  retour,  la  capitale  de  l'Empire, 
Rome.  M.  Elter  soutient  que  les  deux  autres  itinéraires,  qui  eurent 
d'abord  un  autre  but  et  qui  conservèrent  accessoirement  ce  but, 
furent  arrangés  au  iv«  siècle  de  telle  façon  qu'ils  purent  également 
servir  de  guide  au  pèlerin  qui,  d'un  point  quelconque  de  l'Empire, 
voulait  entreprendre  un  voyage  en  Terre  Sainte.  M.  Elter  ne  prouve 
pas  en  détail  cette  thèse  nouvelle  :  la  place  lui  manquait,  car  il  aurait 
fallu  faire  une  étude  complète  de  toutes  les  routes.  Il  en  dit  assez 
pour  que  sa  thèse  mérite  un  examen  sérieux  et  approfondi. 

J.  P.  W. 

264.  —  R.  Mulder,  De  conscimHae  notione  quae  et  qualis  fuerit  Romanis, 

Thèse.  Leyde,  Brill,  1908.  127  pp. 

La  notion  de  la  conscience  n'a  pas  toujours  été  pour  les  hommes 
ce  qu'elle  est  aujourd'hui  pour  nous  ;  confuse  et  rudimentaire  che* 
l'homme  primitif,  elle  se  précise  et  s  approfondit  dans  la  vie  civilisée. 

L'histoire  de  ce  concept  a  déjà  tenté  la  plume  de  nombreux  psycho- 
logues M.  Mulder  y  apporte  aujourd'hui  une  contribution  d'autant 
plus  importante  qu'elle  porte  la  lumière  sur  un  terrain  peu  exploré 
par  ces  psychologues,  le  monde  romain. 

L'auteur  envisage  à  deux  points  de  vue  l'histoire  du  concept  de  la 
conscience  ;  il  examine  d'abord  les  rapports  de  la  conscience  avec  la 
religion  et  poursuit  ensuite  dans  la  vie  morale  des  Romains,  les 
diverses  étapes  de  son  développement.  On  pourrait  tenter  d'enfermer 
dans  quelques  idées  générales  les  résultats  acquis  par  cette  étude. 
La  religion  romaine,  par  son  caractère  formaliste,  et  la  vieille  morale 
romaine,  grâce  à  l'autorité  exagérée  qu'elle  reconnaît  à  la  raison 
d'État,  ont  empêché  la  notion  de  la  conscience  de  se  développer 
librement.  Cette  idée  reste  longtemps  à  l'état  embryonnaire.  Il  faut 
attendre  la  réforme  religieuse  et  morale  des  Stoïciens,  qui  met  en 
relief  toute  la  valeur  du  moi.  pour  assister  à  la  formation  philoso- 
phique et  au  complet  épanouissement  du  concept  de  la  conscience. 

Ces  thèses  sont  étayées  d'une  argumentation  solide.  Chaque  page 
nous  montre  que  Fauteur  a  beaucoup  de  lecture.  Il  y  paraît  même 
trop,  peut-être.  On  ne  peut  sans  doute  méconnaître  le  caractère 
loyal  et  scientifique  de  sa  méthode  qui  consiste  à  ne  pas  énoncer  une 
affirmation  sans  produire  ses  témoignages.  Cet  appareil  d'érudition, 
qu'on  relègue  habituellement  dans  le^  notes,  les  citations  nombreuses 
envahissent  ici  le  texte.  Il  eût  été  préférable  —  mais  plus  difficile  — 
de  les  fondre  dans  le  texte,  dans  l'exposé  des  thèses. 


PARTIS   BIBLIOGRAPHigUB.  377 


Nous  nous  permettons  de  signaler  un  autre  défaut  de  rédaction  : 
c'est  que  plusieurs  discussions  forment  dans  le  texte  de  vrais  hors- 
d'oeuvre.  Comment  qualifier  autrement  la  longue  discussion  sur 
Tétymologie  du  mot  religion  (p.  64  sq  j  ?  Une  note  eût  suffi  pour 
résumer  une  argumentation  qui  n'a  que  des  rapports  indirects  avec 
la  thèse. 

Malgré  ces  quelques  taches,  la  thèse  de  M.  Mulder  reste  un  travail 
solide  que  consulteront  avec  profit  ceux  qu*intéresse  la  vie  morale  et 
philosophique  des  Romains.  A.  Dblattb. 

265.  —  Thomas  Elsaesser,  O.  S.  B..  Nos  in  sckola  latine  loquimur. 

Roulers,  Jules  de  Meester,  1906.  428  pp.  4  fr.  5o. 

Je  me^fais  un  plaisir  de  présenter  aux  lecteurs  du  Bulletin  un 
excellent  et  copieux  recueil  de  leçons-modèles  de  conversation  latine. 
Cette  ars  latine  loquetidi  due  à  la  plume  d'un  savant  bénédictin  doublé 
d'un  professeur  habile,  rendra  des  services  très  appréciables,  notam- 
ment à  ceux  de  mes  collègues  qui  pratiquent  dans  leur  cours  de  latin 
la  méthode  directe  concurremment  avec  les  anciens  modes  d'ensei- 
gnement. Pour  ma  part,  je  regrette  de  n'avoir  pas  connu  Touvrage 
du  P.  Elsaesser  avant  d'avoir  introduit  dans  mes  classes  la  conversa- 
tion latine,  dont  je  traite  dans  Modernisons  renseignement  des  langues 
anciennes,  paru  dans  le  numéro  de  décembre  1907  de  la  Revue  des 
Humanités  ;  la  lecture  de  cet  intéressant  volume  eût  simplifié  ma 
tâche. 

L'espace  me  manquerait  pour  rendre  compte  en  détail  de  Nos  in 
schola  latine  loquimur.  Il  faut  le  lire  intégralement  et  attentivement 
pour  avoir  une  idée  exacte  de  la  matière  abondante  qu'il  renferme. 
Aussi  pour  ne  point  m'exposer  à  encourir  le  reproche  inéluctable 
de  ne  donner  qu'un  maigre  et  très  incomplet  aperçu  de  la  mine  si 
riche  que  constitue  ce  travail,  je  me  contenterai  de  dire,  avec 
l'éditeur,  qu'a  il  est  un  panorama  vivant,  animé,  de  la  vie  scolaire  », 
et  d'attirer  spécialement  l'attention  du  lecteur  sur  les  chapitres 
.  suivants  :  I  Colloquium  de  schola  ;  IV.  De  scriptione  ;  XXII  Interrogandi 
ad  grammatices  rudimenta  pertinentes  formulae  ;  XVII.  De  excursione  ad 
Mosam  facta;  LIV.  De  interjectionibus  ;  LVI.  De  vocihus  animalium  ; 
LXV.  Colloquium  de  epistola;  LXVI.  De  vatiis  pariibus  epistolae  ; 
LXVII.  Epistolam  tuam  superiorem  accepi  (les  chapitres  LXV  à  LXVII 
exposent  d'une  manière  irréprochable  la  théorie  de  la  lettre,  en  latin). 
LXXI.  Proverbia  ;  etc. 

A  remarquer  aussi  quelques  conversations  instructives  sur  la  valeur 
et  l'emploi  de  certains  mots  ou  expressions,  comme  a  je  regrette  » 
(chap.  LIX),  «  avoir  raison,  avoir  tort  •  (chap.  LX),  etc.,  etc. 


378  LB   MUSÉE  BELGE. 


Néanmoins,  s'il  ne  me  semblait  que  l'auteur  ne  sadresse  guère 
qu'à  des  élèves  chez  qui  ses  conversations  présupposent  les  connais- 
sances lexicologiques  et  syntaxiques  enseignées  en  7*,  6«,  5*,  je  me 
permettrais  quelques  légères  critiques  D'abord,  les  fautes  d'impres- 
sion sont  encore  assez  nombreuses  ;  mais  c'est  là  un  défaut  ancxlin, 
inséparable  de  toute  première  édition  et  auquel  on  remédiera  aisé- 
ment dans  une  prochaine  édition.  Des  conversations  destinées  aux 
apprentis'latinistes.  donc  pour  les  deux  premières  années  de  latin, 
c'est  à-dire  pour  l'époque  des  essais,  des  tâtonnements,  eussent  été 
les  bienvenues  :  elles  nous  auraient  initiés  aux  procédés  à  employer 
pour  familiariser  insensiblement  les  débutants  avec  les  difficultés  de 
cet  exercice  si  utile  de  la  conversation  latine  ;  en  outre,  l'auteur 
aurait  pu  multiplier  les  sujets  empruntés  à  la  vie  de  l'écolier  au 
dehors  de  l'école,  soit  d  après  des  choses  vues  par  eux  à  la  maison, 
à  la  ville,  aux  champs,  soit  d'après  des  gravures  intuitives  ou  artis- 
tiques (tableaux  Hoelzel  ou  reproductions  de  tableaux  de  maîtres), 
soit  encore  sur  des  textes  appris  par  cœur  ou  bien  simplement 
traduits  tantôt  à  domicile,  tantôt  en  classe  (versions  écrites  ou  faites 
«  ex  abrupto  »  et  de  vive  voix). 

Mais  je  m'empresse  d'ajouter  que  le  P.  Elsaesser  n'a  certainement 
pas  eu  la  prétention  d'épuiser  un  sujet  qui,  de  sa  nature,  est  inépui- 
sable et  que  je  n'exprime  que  des  desiderata  auxquels  on  pourra 
donner  soi-même  satisfaction  et  qui  n'enlèvent  rien  au  mérite  intrin- 
sèque et  extrinsèque  de  l'ouvrage,  dont  je  ne  saurais  trop  vivement 
recommander  la  lecture  aux  professeurs  de  latin.  Ceux-ci  y  trouveront 
beaucoup  de  moyens  pour  vivifier  un  enseignement  qui  doit,  sous 
peine  de  mort,  se  dépêtrer  vigoureusement  des  ornières  de  la  routine 
et  rentrer  résolument  dans  les  anciennes  voies  remises  à  neuf,  avec 
des  matériaux  de  notre  temps,  par  la  méthodologie  moderne. 

A.    POISSINGER. 

266.  —  Georg  Finsler,  Homer,  Aus  dem  Erlâuterungswerk  «  Aus 
deutschen  Lesebuchem  ».  Leipzig,  Teubner,  1908.  Relié  :  7  m. 
On  pourrait  appeler  ce  livre  le  vade-mecum  du  professeur  appelé  à 
expliquer  Homère.  Tout  ce  que  la  critique  a  produit  depuis  l'anti- 
quité et  surtout  depuis  F.  A.  Wolf  y  est  mis  à  profit.  Mais  ce  n'est 
pas  là  le  but  de  lauteur  :  fournir  au  professeur  tous  les  éléments 
d'une  explication  à  la  fois  historique  ou  «  réelle  »  et  littéraire,  voilà 
ce  qu'a  voulu  faire  M.  Finsler.  Il  s'adresse  avant  tout  aux  écoles  où 
le  grec  n'est  pas  enseigné,  où  on  lit  Homère  dans  une  traduction,  et 
aussi  à  tous  les  esprits  cultivés  que  la  littérature  grecque  intéresse. 
Il  veut  faire  comprendre  Homère  par  la  lecture  et  l'explication  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  379 

longs  passages  et  par  une  description  méthodique  de  la  civilisation 
homérique. 

Il  commence  donc  par  résumer  Tlliade  et  TOdyssée,  chant  par 
chant,  terminant  ce  chapitre  par  un  plan  synoptique  de  l'un  et  l'autre 
pK>ème.  Puis,  il  explique  des  passages  choisis  assez  longs,  neuf  de 
l'Iliade  et  sept  de  l'Odyssée  :  l'explication  est  surtout  littéraire,  mais 
tient  compte  des  théories  diverses  émises  par  la  critique. 

Sous  le  titre  de  a  questions  préliminaires  »,  il  traite  ensuite  de  la 
géographie  homérique  :  l'idée  qu'Homère  se  fait  de  la  terre,  le  pays 
des  guerriers  achéens,  celui  des  Troyens  et  de  leurs  alliés,  les 
voyages  d'Ulysse.  Puis  il  expose  les  faits  historiques  que  les  deux 
poèmes  supposent  connus  :  la  fondation  des  colonies  asiatiques, 
l'histoire  troyenne,  la  conception  qu'il  faut  se  faire  du  sujet  des  deux 
épopées.  Ensuite  il  étudie  les  légendes,  au  point  de  vue  du  fond  et  de 
la  forme  (la  langue  épique),  les  traditions  sur  Homère,  l'ancienneté 
de  l'écriture.  Pages  176-247. 

Le  a  monde  homérique  »,  tel  est  le  sujet  qu'il  aborde  alors  et  qu'il 
divise  en  quatre  longs  chapitres  :  la  nature  et  la  vie,  l'homme  à 
l'époque  d'Homère,  la  société  et  l'État,  la  religion.  Pages  248-475. 

Enfin  il  expose  les  caractères  propres  à  la  poésie  homérique  et  il 
fait  l'histoire  de  la  critique  d'Homère  depuis  l'antiquité. 

Nous  ne  pouvons  ici  entrer  dans  le  détail.  Disons  seulement  que, 
suivant  l'opinion  la  plus  répandue  aujourd'hui,  la  personnalité 
d'Homère,  auteur  de  l'Iliade,  ne  fait  aucun  doute  pour  M.  Finsler. 

Nous  recommandons  la  lecture  de  ce  livre.  Il  est  un  peu  long  et 
nous  doutons  que  les  écoliers  et  les  gens  instruits,  même  en  Allemagne, 
le  lisent  d'un  bout  à  l'autre,  mais  pour  les  professeurs  il  constitue  un 
bon  exposé  de  toutes  les  questions  qui  se  rattachent  à  Homère. 

J.  P.  W. 

267.  —  Maurice  BeSDier,  Les  catacombes  de  Rome,  Avec  20  planches 
hors  texte.  Paris,  E.  Leroux,  1909.  290  pp.  3  fr.  5o. 
a  J'ai  voulu  simplement,  nous  dit  M.  Besnier,  exposer  les  résultats 
généraux  des  travaux  archéologiques  et  critiques  dont  les  catacombes 
de  Rome  ont  été  l'objet  depuis  un  demi-siècle.  Il  m'a  semblé  qu'il  ne 
serait  pas  inutile  de  tracer,  une  fois  de  plus,  cette  esquisse  rapide. 
De  nouvelles  découvertes  et  d'érudites  publications  ont  notablement 
modifié,  ces  dernières  années,  l'aspect  et  les  données  des  problèmes 
que  soulève  l'étude  des  anciens  cimetières  chrétiens  de  la  Campagne 
romaine  ;  il  est  bon  que  de^temps  à  autre  le  public  lettré  soit  mis  au 
courant  de  l'état  de  ces  questions  et  renseigné  sur  l'enrichissement 
progressif  de  nos  connaissances  ». 


38o  LB  MUSÉE  BBLGB. 


Nous  venons  de  «  dévorer  i  ce  volume,  comme  on  dévore  un 
roman  :  tant  il  est  clair  et  intéressant.  On  peut  dire  que  tout  y  est  : 
l^istoire  des  catacombes  depuis  leur  origine,  l'histoire  de  leur  explo- 
ration depuis  Bosio  jusque  J.-B.  de  Rossi  et  Mgr  Wilpert,  la  des- 
cription générale  (à  quelle  distance  de  Rome  et  dans  quel  terrain  on 
les  a  creusées,  comment  leurs  galeries  ont  été  construites  et  quels 
aspects  y  présentent  les  tombes),  les  souvenirs  de  S.  Pierre  et  S.  Paul 
aux  catacombes  ;  la  description  des  catacombes  les  plus  célèbres, 
celles  de  Priscille  et  dç  Domitille  et  celle  de  Calliste  ;  les  dernières 
catacombes  du  iii«  et  du  iv«  siècle  ;  enfin  Tart  des  catacombes,  la 
peinture,  la  sculpture  et  les  arts  mineurs.  Dans  ce  plan  rentrent 
toutes  les  questions  qui  intéressent  l'histoire  ou  la  religion  et  qui  ont 
été  soulevées  par  l'étude  des  catacombes.  Nous  avons  admiré  la 
clarté  et  la  compétence  avec  lesquelles  chacune  de  ces  questions  est 
exposée  et  tranchée,  si  une  solution  certaine  est  possible. 

Parmi  tous  ces  chapitres  vraiment  intéressants  et  instructifs,  s'il 
fallait  en  tirer  un  hors  de  pair,  nous  choisirions  celui  qui  concerne  la 
décoration  et  l'art  des  catacombes.  «  Les  catacombes  romaines,  dit 
très  bien  l'auteur,  ne  sont  pas  intéressantes  seulement  par  le  témoi- 
gnage qu'elles  apportent  sur  l'histoire  du  christianisme  naissant; 
elles  ont,  en  outre,  une  importance  extrême  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire de  l'art.  Nous  avons  remarqué  déjà  que,  prises  en  elles-mêmes 
et  examinées  dans  les  principes  et  la  technique  de  leur  construction, 
elles  présentent  une  adaptation  méritoire  de  la  science  architecturale 
aux  conditions  matérielles  les  plus  difficiles  et  les  plus  défavorables. 
Il  faut  ajouter  qu'elles  renferment  ime  décoration  très  riche  et  très 
variée,  dont  les  différents  éléments  constituent  les  premières  mani- 
festations authentiques  de  l'art  chrétien  en  Occident.  Ces  documents 
précieux  doivent  être  comparés  à  la  fois  aux  œuvres  païennes  anté  • 
rieures  ou  contemporaines,  dont  ils  procèdent  et  aux  œuvres  du 
moyen  âge  qu'ils  annoncent.  Classique  par  son  point  de  départ  et 
ses  procédés,  novateur  par  son  inspiration  et  ses  tendances,  l'art  des 
catacombes  fait  la  transition,  pour  ainsi  dire,  entre  l'art  de  Pompéi 
et  l'art  byzantin  et  romain  ;  il  explique,  dans  une  certaine  mesure,  le 
passage  de  l'un  à  l'autre.  »  Pages  169-170.  Et  voici  la  conclusion.  Cet 
art  n'était  pas  né  caduc  et  vieillot,  comme  on  l'a  dit.  «  Il  nous 
semble,  au  contraire,  qu'il  offre  im  mélange  singulier  et  attrayant 
d'éléments  anciens  qui  ne  sont  pas  encore  caducs,  et  d'éléments 
nouveaux,  vraiment  jeunes  et  féconds.  Les  artistes  chrétiens  ne 
pouvaient  se  dispenser,  au  début,  de  continuer  les  pratiques  et  de 
suivre  les  errements  de  leurs  prédécesseurs  païens  ;  mais  très  vite,  ils 
ont  insufflé  aux  vieilles  formes  un  esprit  original.  Par  la  faute  même 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUB.  38 1 


des  temps  de  décadence  où  ils  vivaient,  leur  technique  est  souvent 
gauche,  bien  qu'elle  dénote  cependant  par  endroits...  une  merveil- 
leuse adresse.  Leur  inspiration  est  constamment  élevée  et  généreuse. 
Sur  leurs  fresques,  leurs  sarcophages,  leurs  verres  dorés,  ils  ont 
traduit  avec  sincérité,  avec  émotion  les  idées  et  les  sentiments  du 
christianisme  naissant.  Ils  nous  font  pénétrer  plus  avant  dans  Tintel  • 
ligence  d'une  époque  lointaine  et  difficile  à  connaître.  Ils  nous  aident 
à  mieux  comprendre  ce  qu'étaient  et  ce  que  pensaient  les  hommes 
qui  ont  creusé  les  catacombes  romaines  et  qui  y  dorment  leur 
dernier  sommeil  ».  Page  25 1. 

Deux  appendices  donnent  une  liste  des  principales  publications 
relatives  aux  catacombes  et  une  liste  générale  des  catacombes  de 
Rome.  Elles  sont  indiquées  sur  un  plan  des  environs  de  Rome. 
Vingt  planches  hors  texte,  sur  papier  couché,  sont  empruntées  aux 
ouvrages  de  Mgr  Wilpert  et  de  M.  Orazio  Marucchi.       J   P.  W. 

Langues  et  Littératures  celtiques. 

a68.  —  John  Rliys,  The  celtic  inscriptions  qf  France  and  Itaîy.  Londres 

[1908].  Extrait  des  Proceedings  qf  the  British  Academy,  II.    loi  pp. 

in-8.  7  sh.  6. 

M.  John  Rhys  a  parcouru  la  France  et  le  nord  de  l'Italie  pour  y 
examiner,  avec  la  collaboration  de  M^^  Rhys,  les  inscriptions  gau- 
loises qui  s'y  rencontrent. 

Ce  sont  les  résultats  scientifiques  de  ce  voyage  qu'il  expose. 

M.  et  M»«  Rhys  se  sont  livrés  à  un  travail  extrêmement  méticuleux; 
chaque  pierre  a  été  soumise  par  eux  à  un  examen  approfondi  ;  ils 
ont  étudié  les  caractères  des  inscriptions  dans  tous  leurs  détails  ; 
M.  Rhys  rend  compte  de  ces  observations  avec  le  plus  grand  soin, 
et  son  livre  sera  extrêmement  précieux  pour  tous  ceux  qui,  à  l'avenir, 
s'attaqueront  aux  inscriptions  gauloises. 

L'auteur  ne  s'est  pas  borné  à  ce  travail  d'éditeur  ;  il  interprète  les 
textes  constitués  et  s'est  livré,  pour  fixer  le  sens  des  mots,  à  des 
recherches  considérables.  Il  est  impossible,  dans  les  limites  de  ce 
compte  rendu,  de  discuter  les  nombreuses  interprétations  nouvelles 
proposées  par  Tauteur;  M.  Rhys  procède  avec  sa  hardiesse  habi- 
tuelle, et  manie  avec  brio  la  grammaire  comparée  non  seulement  des 
langues  celtiques,  mais  encore  celle  des  langues  indo-européennes 
en  général. 

Il  est  cependant  im  point  sur  lequel  je  dois  insister  tout  particu- 
lièrement :  d'après  M.  Rhys,  la  plupart  des  inscriptions  gauloises 
seraient  métriques.  La  mesure  qui  les  régit  serait  un  hexamètre  basé 
sur  laccentuation.  Ainsi  l'inscription  de  Beaune  se  scanderait  : 


382  LE   IfUSÉB  BELGE. 


Jccàvos  I  Oppia\nicnos  i  |  éuru  Bri]gindofti  \  cànilon  (p.  iiK  La  pierre 
porte  canialon,  mais  il  y  aurait  élision  du  second  a  dans  la  scansion  ; 
il  en  serait  de  même  dans  Mag'lu  pour  Magalu  de  l'inscription  du 
vase  de  Sérancourt  que  M.  Rhys  présente  sous  la  forme 

Bûscilla  I  sosio  \  légas\it  in  i  Alixie  \  Màg'lu  (p.  55). 

M.  Rhys  a  traité  cette  question  en  long  et  en  large  dans  le  Cymm- 
rodor  (XVIII,  19  j5),  que  je  n*ai  malheureusement  pu  consulter;  il  y 
établit  notamment,  paraît -il,  que  le  gaulois  aurait  accentué  les  mots 
sur  Tune  des  deux  dernières  syllabes,  comme  c'est  le  cas  en  gallcns 
Ces  conclusions  sont  de  la  plus  haute  importance  ;  mais  avant  de  les 
accepter,  il  serait  de  toute  nécessité  de  soumettre  l'argumentation.  <te 
M.  Rhys  à  un  examen  approfondi;  seules  les  recherches  ultérieures 
pourront  nous  dire  ce  qu'il  faut  penser  des  «  découvertes  •  du  savant 
professeur  de  l'Université  d'Oxford.  Victor  Tourneur. 

269.   —  Eriu^  The  Journal  qf  the  School  of  irisk  learning,  Dublin,  éd. 

by  Kuno  Meyer  and  Osbom  Bergin.  T.  IV,  i.  Dublin,  1908. 

6  sh. 

En  1903,  eut  lieu  la  première  session  de  la  Sgoiî  drd-Uighinu  na 
Gaedhilge  (université  irlandaise),  dirigée  par  M.  Kuno  Meyer,  profes- 
seur à  l'Université  de  Liverpool.  Le  but  de  cette  fondation  est  de 
créer  des  cours  d'enseignement  supérieur  ayant  pour  objet  la  philo- 
logie irlandaise,  la  littérature  et  l'histoire  de  l'Irlande. 

Dès  la  première  année  de  son  existence,  l'Université  irlandaise 
piublia,  sous  le  nom  d'Eriu,  une  revue  réservée  à  la  philologie  irlan- 
daise Les  trois  premiers  volumes  ont  paru  sous  la  direction  de 
MM.  Kuno  Meyer  et  John  Strachan.  Ce  dernier  étant  mort  Tan 
dernier  d'une  manière  tout  à  fait  prématurée,  a  été  remplacé  par 
M.  O.  Bergin. 

Les  trois  premiers  volumes  contiennent  un  grand  nombre  d'articles 
consacrés  à  l'étude  de  points  de  grammaire,  à  des  publications  de 
textes,  à  des  identifications  topographiques,  etc.  Le  quatrième  ne 
sera  inférieur  en  rien  aux  précédents.  Le  premier  fascicule,  qui  vient 
de  paraître,  renferme  plusieurs  mémoires  importants. 

M .  Kuno  Meyer  recherche  les  sources  des  informations  relatives  à 
l'Irlande  qui  sont  contenues  dans  le  Spéculum  regale  un  livre  vieux- 
norrois  écrit  vers  i25o  av.  J.-C.  Il  arrive  à  la  conclusion  que  la  ver- 
sion vieux  norroise  de  ces  traditions  irlandaises  est  entièrement  basée 
sur  la  tradition  orale. 

M.  W.  Stokes  publie  les  Scéla  Conchohair  maie  Nessa  avec  traduc- 
tion et  une  introduction  où  il  établit  entre  autres  l'existence  en 
Irlande  àujus  primae  nocHs, 


PARTIS  BIBLIOGRAPHIQUE.  383 

M.  Ch.  Plumner  donne  une  traduction  de  texte  de  la  Càin  Emine 
Bain,  d'après  le  texte  publié  par  M.  O'Keeffe  dans  les  Anecdoia  from 
ifish  manuscripts.  Il  y  propose  plusieurs  corrections  de  texte  impor- 
tantes. 

M.  KuNO  Meyer  consacre  une  savante  étude  au  nom  de  Brian 
Boru  ou  mieux  Boruma.  Il  démontre  que  le  nom  du  célèbre  défen- 
seur de  l'indépendance  irlandaise  est  d'origine  bretonne.  Quant  à 
Boruma,  le  surnom  de  Brian,  on  le  traduisait  d'ordinaire  par  a  du 
tribut  ».  Ce  n'est  rien  d'autre  que  le  nom  d'une  localité  disparue,  qui 
s'élevait  autrefois  sur  les  bords  de  la  Shannon,  environ  un  mille  au 
nord  de  Killaloo. 

M,  O.  Anscombe  étudie  l'origine  lombarde  de  St.  Sechnall,  jusqu'à 
présent  contestée  ;  il  arrive  à  la  conclusion  que  la  sœur  de  Saint- 
Patrick  avait  réellement  épousé  un  Lombard  de  Gaule. 

Enfin,  diverses  publications  de  textes  complètent  cette  livraison  : 
Tochmarc  Ferbe  par  M.  O'Neachlain  ;  Echta  mac  EchdachMugmedoin.  par 
M"«  Maud  Joynt;  The  harrowing  of  Hell  par  J.  O.  Bergin,  et  un 
hymne  par  M.  K.  J.  Bert.  Victor  Tourneur. 

Langues  et  Littératures  romanes. 

270.  —  P.  Villey,  Les  sources  et  révolution  des  Essais  de  Montaigne. 
Thèse  doctorale  présentée  à  la  Faculté  des  lettres  de  Paris.  Paris, 
Hachette,  1908.  2  vol.,  x-422  et  563  pp.  20  fr.  (Bibl.  de  la  fonda- 
tion Thiers,  fasc.  XIV). 

Depuis  quelques  années,  Montaigne  a  été  l'objet  d'études  très 
minutieuses.  On  ne  se  borne  plus  à  reconnaître  les  mérites  littéraires 
du  charmant  auteur  des  Essais,  on  a  vu  en  lui  un  représentant  fidèle 
de  l'esprit  de  la  Renaissance  et  un  curieux  type  de  l'émancipation 
philosophique  qui  caractérise  cette  période  de  transition.  M.  For- 
tunat  Strowski  (i)  avait  tracé  à  grands  traits  le  portrait  de  Montaigne 
philosophe  et  moraliste,  mais  il  fallait  attendre  la  constitution  d'im 
bon  texte  des  Essais,  pour  espérer  des  résultats  sérieux.  M.  P.  Villey 
qui  collabore  avec  M  Strowski  à  l'édition  municipale  de  Bordeaux, 
vient  de  nous  donner,  je  pense,  une  étude  définitive.  Quelques 
détails  nouveaux  ou  inaperçus  s'ajouteront  peut-être  çà  et  là  ;  quel- 
ques affirmations  risquées  subiront  des  rectifications,  mais,  dans  son 
ensemble,  l'œuvre  de  M.  Villey  est  fondamentale  et,  dès  aujourd'hui, 
son  nom  est  inséparable  de  celui  de  Montaigne. 

Le  travail  que  s'est  proposé  le  jeune  historien,  exigeait  une  sûreté 

(1)  Pascal  et  son  temps.  Paris,  1907.  i^e  partie.  De  Montaigne  à  Pascal. 


384  LE    MUSÉE   BELGE. 


de  critique  extraordinaire  et  iine  connaissance  approfondie  de  l'auteur. 
Il  s  agissait  de  suivre  pas  à  pas  la  pensée  de  Montaigne,  de  montrer 
son  éclosion,  son  évolution  et  son  épanouissement.  Tâche  délicate, 
s'il  en  fut  I  C'est  la  première  fois,  me  semble-t-il,  que  Ton  scrute  au 
microscope  de  l'esprit  l'action  mystérieuse  de  lantiquité  sur  un  sage 
de  la  Renaissance.  Comment  ce  courant  classique  a-t-il  sapé  peu  à 
peu  les  fondements  du  formidable  édifice  médiéval  au  point  qu'à  un 
moment  donné,  il  s'écroule,  pour  faire  place  au  monde  moderne  ? 
C'est  ce  qu'a  fait  M.  Villey.  Il  a  recherché  avec  soin  quelles  furent 
les  lectures  de  Montaigne  et  comment  ces  lectures  engendrèrent, 
puis  développèrent  ses  idées  philosophiques.  Notons  que  pareille 
étude  est  difficile  et  semée  d'écueils.  L^auteur  ne  se  dissimule  pas 
lui-même  combien  ses  raisonnements  frisent  parfois  l'hypothèse  (  i). 
Cependant,  il  manie  avec  tant  de  dextérité  l'arme  de  la  critique,  que 
beaucoup  de  points  sont  définitivement  acquis.  Il  recourt  aux 
procédés  suivants  :  allusion  à  des  faits  dont  la  date  est  déjà  connue, 
lectures  dont  on  peut  préciser  la  date,  indications  hypothétiques  tirées 
de  l'ordre  des  Essais  et  de  leur  caractère. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  sur  les  conclusions  très  savantes 
auxquelles  aboutit  M.  Villey.  Il  est  établi  que  Montaigne  a  lu  ou 
consulté  certainement  271  ouvrages  dans  l'espace  des  trois  éditions 
successives  des  £95at!s  (i58o,  i58S,  iSgS),  que  sa  culture  est  surtout 
latine,  italienne  assez  bien,  grecque  un  peu,  française  presque  pas. 

Les  moralistes,  les  politiques  et  les  historiens  ont  la  place  d'hon- 
neur. Sénèque,  Tacite,  Plutarque  (2)  sont  les  écrivains  préférés. 
Parmi  les  modernes,  notre  Juste- Lipse  est  fort  goûté  du  philosophe 
français.  C'est  probablement  la  publication  première  des  Essais  qui 
mit  Montaigne  en  rapport  avec  l'auteur  des  Politiques.  Ils  s'appré- 
ciaient tous  deux  très  aimablement  :  pour  Lipse,  Montaigne  est  le 
Thaïes  français  et  celui-ci  proclame  notre  compatriote  «  le  plus 
i  sçavant  homme  qui  nous  reste,  d'un  esprit  très  poly  et  judicieux, 
»  vrayment  germain  à  son  Turnebus.  »  M.  Villey  a  constaté  que 
Montaigne  avait  emprunté  à  son  ami  une  foule  de  citations  des 
Politiques  et  qu'il  y  avait  dans  les  derniers  Essais  des  réminiscences 
palpables  du  fameux  livre  de  controverse,  Adversus  dialogisiam  liber 
(iSgo).  Au  surplus,  Lipse  et  Montaigne  se  ressemblaient  sous  bien 

(1)  Les  sources,  etc.,  I,  p.  3 14-1 5. 

(3)  Juste- Lipse  considère  aussi  les  historiens,  moralistes  ou  politiques  comme 
les  écrivains  les  plus  nécessaires  à  Téducation  d*un  humaniste.  Ses  lectures  préférées 
étaient  également  Tacite  et  Sénèque.  V.  notre  Notice  sur  les  livres  de  Juste^Lipse 
conservés  à  la  bibliothèque  universitaire  de  Leyde,  dans  la  Revue  des  Bibliothèques 
(Paris),  novembre-décembre  1907. 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  385 


<îes  rapports.  Nous  les  retrouverons  plus  loin  à  côté  Tun  de  l'autre . 
Laissant  de  côté  les  énumérations  érudites,  mais  arides,  abordons 
immédiatement  la  synthèse. 

Nous  avons  dans  le  Montaigne  de  M.  Villey  la  figure  la  plus 
expressive  d'un  humaniste  du  xvi*  siècle.  La  Renaissance  française 
a  eu  comme  partout  un  résultat  inattendu.  Elle  a  voulu  rendre 
l'homme  meilleur.  Elle  a  voulu  organiser  la  vie  à  la  lumière  de  la 
seule  raison,  en  renversant  le  principe  d'autorité,  parce  que  la  morale 
païenne  part  d'un  fait  qui  est  en  nous»  d'un  fait  de  conscience  et  non 
d'un  texte.  Jamais,  même  au  moyen  âge,  pour  répandre  la  morale 
révélée,  l'Église  n'a  manqué  de  s  aider  de  ces  deux  puissants  leviers 
de  la  volonté  humaine,  la  conscience  et  la  raison.  Seulement,  si  l'on 
exagère  le  rôle  de  la  raison,  on  risque  de  lui  accorder  trop  de  terrain 
au  détriment  de  l'autorité.  Il  y  a  entre  deux  une  limite  mal  déterminée 
qu'un  homme  clairvoyant  seul  peut  distinguer  sans  effort  :  o  La 
»  philosophie  morale  à  l'étroit  rongera  les  mailles,  étendra  la  lande 
»  concédée,  accaparera  peut-être  la  conscience  entière  et  reléguera 
»  la  foi  religieuse  dans  une  arrière  boutique  où  elle  s'éteindra  parfois, 
»  où  parfois,  encore  vivante,  mais  énervée,  elle  assistera  aux  actes 
»  de  la  vie  sans  y  participer  que  faiblement  et  de  loin  en  loin.  »  C'est, 
en  un  mot,  l'indifférence  en  matière  de  religion.  La  morale  du  Christ 
est  remplacée  par  une  éthique  plus  ou  moins  vague,  empruntée  à 
l'antiquité,  très  souvent  creuse  et  déclamatoire.  Montaigne  n'est  pas 
de  ces  pédants  ou  de  ces  rhéteurs,  dit  M.  Villey.  Son  activité 
s'applique  perpétuellement  aux  problèmes  de  la  vie  pratique  et  sa 
réflexion  sérieuse  est  exempte  de  prétentions  littéraires.  Est-ce  tout  à 
fait  sûr  ?  Montaigne  était-il  à  ce  point  détaché  des  préoccupations  de 
l'époque  ?  Ce  point  me  semble  douteux. 

Au  contraire,  je  trouve  très  intéressante  et  très  juste  la  critique  des 
opinions  du  philosophe  vis-à-vis  du  christianisme  :  «  La  plupart  des 
»  esprits  qui  ont  travaillé  à  la  révolution  que  nous  venons  d'exposer 
»  (le  rationalisme),  sont  restés  chrétiens,  au  moins,  ils  ont  cru  rester 
»  chrétiens  ;  ils  ont  reconnu  les  dogmes  du  christianisme.  Et  pourtant 
»  c'est  aussi  complètement  que  possible,  la  manière  de  vivre  des 
»  philosophes  païens  qu'il  (Montaigne)  ressuscite.  Son  œuvre  est  le 
»  couronnement  de  l'humanisme  français.  Elle  adapte  les  principes 
»  de  la  morale  ancienne  aux  conditions  de  la  vie  moderne  »  (i).  Pas 
de  préoccupations  métaphysiques  I  C'est  le  mot  d'ordre  de  l'époque. 
Juste- Lipse,  par  exemple,  ne,  méconnaît  pas  la  valeur  intrinsèque 
des  dogmes  chrétiens,  mais,  avec  un  dédain  que  ses  phrases  étriquées 

(i)  Les  sources^  etc.,  l,  p.  32. 


'386  LE   MUSÉE   BELGE. 


déguisent  mal,  il  les  laisse  en  dehors  de  son  système  :  !<>  parce  quils 
sont  au-dessus  de  la  raison  (i),  2^  parce  qu'ils  manquent  de  certitude 
positive,  va  que  les  théologiens  ignares  disputent  avec  rage  les  uns 
contre  les  autres,  sans  aboutir  à  une  seule  conclusion  sûre  (2). 

Donc,  la  raison,  éclairée  de  la  seule  expérience,  dictera  aux  deux 
philosophes  la  règle  de  leur  conduite  morale.  Voyons  maintenant 
comment  Montaigne  est  arrivé  à  conquérir  parmi  ses  conteni{>orains 
cette  originalité  de  pensée  qui  en  fait  le  plus  personnel  des  moralistes 
du  temps.  Cette  personnalité,  disons-le  tout  de  suite,  est  due  à  trois 
choses  :  un  grand  intérêt  pour  les  questions  morales,  une  g^rande 
sensibilité,  le  goût  du  libre  examen. 

Dès  la  première  édition  des  Essais,  cette  personnalité  se  dégage  des 
banalités  courantes  auxquelles  les  latinistes  nous  ont  habitués  dès  le 
début  de  la  Renaissance.  Montaigne  se  débarrasse  d'abord  du  stoïcisme 
dont  il  n'a  pas  Tétoffe.  Montaigne  stoïcien  serait  un  non-sens  !  Sa 
conception  de  la  vie  est  moins  hautaine  ;  elle  ne  formera  pas  des 
héros,  loin  de  là.  Dans  Fessai  sur  la  vanité,  il  répond  à  Lipse  qui.  en 
sombre  fataliste,  déclarait  que  rien  ne  servait  de  s'expatrier  pendant 
la  guerre,  puisque  ce  qui  devait  arriver,  arriverait  infailliblement. 
Il  valait  mieux,  disait  il,  envisager  froidement  les  malheurs  possibles 
et  les  regarder  sans  crainte.  Très  bien  I  répond  Montaigne,  mais  moi 
les  voyages  me  plaisent  et  je  préfère  m'en  aller  que  d'être  exposé 
dans  ma  maison  à  ne  pas  me  réveiller  le  lendemain.  Votre  sagesse, 
je  l'admire  (3),  mais  je  ne  la  pratique  pas. 

Montaigne  combat  donc  le  stoïcisme  au  nom  de  la  bonne  nature. 

M.  Villey  a  étudié  le  sens  du  mot  «  nature  »  et  il  a  trouvé  que 
Montaigne  lui  donnait  trois  acceptions  différentes  :  a)  parfois,  il 

(1)  Je  remarque  un  exemple  typique  de  l'effroi  du  surnaturel  dans  Afonita  et 
exempla  politica.  Jeannj  d'Arc,  l'auguste  vierge  de  Homnémy,  est  suspecte  à  Lipsc. 
Il  se  demande  si  vraiment  elle  fut  inspirée  du  ciel  ou  si  elle  n'a  pas  usé  de  quelque 
nlalétice  pour  accomplir  ses  exploits  extraordinaires  !  Pauvre  homme  qui  n*a  pas 
songé  à  la  «  suggestion  »!  Elle  aurait  fait  si  bonne  figure  dans  lo  tableau  ! 

(2)  Adversus  dialogistam  liber  (Opéra  omnia,  t.  IV,  Wescl,  1675),  p.  294  et  3 10. 
—  Voy.  aussi  De  Constantia^  p.  556-57. 

(3)  Il  est  étrange  de  voir  Juste-IJpse  poser  au  héros,  quand  il  parle  en  stoïcien, 
alors  qu'il  semble  réprouver  l'amour  de  la  foi  poussé  jusqu'au  martyre  {Op.  cit,, 
p.  34).  Le  succès  du  stoïcisme  au  xvi«  siècle  est  dû  en  partie  aux  infortunes  de 
l'époque  :  «  Il  est  certain,  dit  M.  Villey,  que  les  malheurs  du  temps  ont  développé 
»  beaucoup  la  mode  de  stoïcisme  qui  sévit  à  la  dn  du  xvi«  siècle,  et  parfois,  ils  ont 
»  donné  à  ces  grands  sentiments  un  accent  de  vérité  qui  leur  manquait  trop  souvent. 
»  Ils  ont  beaucoup  contribué  à  susciter  les  écrits  de  Juste-Lipse  et  de  Du  Vair...» 
(Il,  63).  Telle  est  la  thèse  favorite  de  M.  Strowski.  Mais  je  pense  qu'il  y  a  là 
un  peu  de  rhétorique  et  qu'il  faut  chercher  dans  l'humanisme  la  source  de  ce 
stoïcisme  phraseur. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  387 


entend  par  là  ce  qui  s'oppose  essentiellement  à  Tart  des  hommes,  à 
la  raison  humaine.  —  Est  naturel  tout  ce  que  Tart  humain  n'a  pas 
contaminé.  Par  conséquent,  c*est  chez  les  animaux  et  les  sauvages 
qu'on  trouve  les  traces  les  moins  corrompues  de  la  nature.  Il  proteste 
donc  contre  la  civilisation.  Cest  du  Jean- Jacques  avant   l'heure. 

b)  La  nature  est  la  raison  de  tous.  Il  faut  vivre  comme  tous  les 
hommes  vivent.  Dans  cette  conception,  Tusage  et  la  tradition  sont 
les  moteurs  de  la  vie  et  le  moi  demeure  complètement  passif. 

c)  La  nature  s'identifie  avec  la  réalité  psychologique.  Suivre  la 
nature  signifie  donc  s'incliner  devant  la  force  du  fait,  se  conformer 
aux  exigences  du  moi.  Il  faut  en  conséquence  étudier  le  moi  jusque 
dans  ses  derniers  replis.  Cest  la  doctrine  ordinaire  de  Montaigne  (i). 
Lors  de  la  seconde  édition,  les  Essais  ont  pris  le  caractère  personnel 
et  original  qui  s'annonçait  en  i58o. 

Les  questions  morales  restent  la  grande  préoccupation  de  l'auteur, 
mais  maintenant,  il  les  examine  dans  l'image  que  réfléchit  le  miroir 
de  sa  personnalité  ! 

Grâce  à  cela»  tout  est  transformé  :  style,  composition  et  allure 
générale.  Montaigne  écrivit  d'abord  de  petites  leçons  comme  les 
autobiographies  des  Italiens,  lentement  il  les  inclina  vers  la  médita- 
tion personnelle  et  de  plus  en  plus  il  jeta  les  matériaux  de  sa  vie 
intime  dans  le  cadre  traditionnel. 

Sa  philosophie  est  pratique.  Il  cherche  une  direction  morale  en 
lui-même,  mais  à  la  lumière  de  l'érudition  païenne.  Il  doit  beaucoup 
au  stoïcisme,  à  Tépicuréisme,  au  platonisme  même  et  à  l'Académie  ; 
mais  s'il  a  essayé  les  idées  anciennes,  la  pierre  de  touche  sur  laquelle 
il  les  a  éprouvées,  c'est  la  réalité  directement  perçue  en  lui-même, 
en  son  moi. 

Son  idéal,  c'est  l'honnête  homme,  l'homme  poli,  l'homme  distingué, 
tel  que  le  sera  //  Cortegiano  de  Baldassare  Castiglione.  Le  plaisir  de 
la  conversation,  l'équitation,  les  exercices  physiques,  l'étude  des 
langues,  etc.,  forment  le  code  d'à  humanitas  »  à  l'usage  des  snobs 
de  l'époque  (2). 

Il  y  aurait  encore  bien  des  remarques  à  faire  sur  l'intéressant 

(i)  M.  Villey  remarque  tiès  justement  que  Montaigne  attaque  le  Portique  en 
qualité  de  naturaliste.  Or,  aucune  secte  n*a  usé  plu^ souvent  du  mot  Natura^  mais 
elle  l'a  interprété  dans  un  sens  panthéiste  et,  partant,  très  vague.  Cf.  l'excellent  livre 
de  Ch.  Huit,  La  philosophie  de  la  nature  che^  les  anciens.  Paris,  1901. 

(2)  Il  y  a  sur  cttte  conception  de  r«  humanitas  »  dans  l'antiquité  et  conséquem- 
ment,  pendant  la  Renaissance  une  dissertation  nouvelle  que  je  me  permets  de 
signaler  aux  lecteurs  du  Bulletin  :  R.  Reitzenstein,  Das  Werden  und  Wesen  der 
Hwnanitàt  im  Altertum,  Strassturg,  1907. 


( 


388  LB   MUSÉE   BBLGB. 


ouvrage  de  M.  Villey.  Nous  pourrions  signaler  la  méthode  critique 
de  Montaigne,  cette  méthode  positive  qui  n'admet  que  des  faits  :  la 
religion  et  la  politique,  par  exemple,  il .  les  examine  parce  que  ce 
sont  des  faits.  C'est  la  méthode  expérimentale  que  Roger  Bacon 
mettra  en  œuvre  quelques  années  plus  tard.  Ce  positivisme  radical 
rejette  naturellement  partout  Tinfluence  du  merveilleux.  Montaigne 
est  tout-à-fait  moderne  lorsqu'il  refuse  de  croire  aux  sortilèges,  aux 
opérations  magiques  des  sorciers,  aux  prétendus  phénomènes  surna- 
turels que  la  superstition  des  contemporains  découvrait  à  chaque 
instant  (i). 

En  politique,  Montaigne  a  des  théories  «  admirables  •  :  il  ne  £aut 
pas  combattre  le  mal,  mais  en  profiter.  Dans  certains  cas,  la  tromperie 
et  la  trahison  sont  nécessaires.  C'est  du  machiavélisme  mitigé,  tou- 
jours comme  chez  Juste-Lipse  (2).  Ce  sont  des  idées  que  la  diplomatie 
moderne  s'est  chargée  de  mettre  largement  en  pratique. 

Bref,  voici  la  conclusion  du  savant  français  sur  son  illustre  com- 
patriote :  «  Sa  part  dans  le  travail  de  la  Renaissance  est  d'avoir 
»  appliqué  la  morale  rationnelle  des  anciens  à  la  pratiquede  la  vie  et 
»  de  l'avoir  fait  en  ressuscitant  non  un  système  déterminé,  mais  la 
»  méthode  psychologique  qui  est  commune  à  tous  les  s)rstèmes.Par  là, 
»  il  a  préparé  les  voies  à  toute  notre  littérature  du  xvii*  siècle.  En  même 
»  temps  le  souci  de  préciser  la  méthode  de  sa  science  particulière  a 
D  engagé  Montaigne  dans  l'examen  du  problème  de  la  connaissance. 
»  Sa  critique  de  la  raison  humaine  semble  être  le  point  de  départ  des 
»  différentes  méthodes  qui  ont  été  élaborées  au  xvii®  siècle.  Elle  a 
»  peut-être  eu  quelque  action  sur  celle  de  Descartes  qui  part  do 
»  doute  provisoire  :  elle  a  préparé  celle  de  Pascal  qui  s'affirme  par 
»  réaction  contre  le  doute  des  mondains,  mais  surtout,  Montaigne 
»  annonce  la  méthode  expérimentale  de  Bacon  qu'il  semble  avoir 
»  entrevue.  »  Th.  Simar. 

(1)  La  fin  du  xvi®  siècle  est  signalée  par  une  recrudescence  des  procès  de  sorcel- 
lerie (Villey,  II,  345-47).  Juste-Lipse  lui-même,  l'incrédule  très  crédule,  cite  des 
cas  de  sortilège  à  Louvain  [Physiologiae  stoicorum,  l,  p.  890-91  de  Téd.  cit,). 
Pourtant,  il  réprouve  lui-même  les  superstitions  populaires  qu'il  appelle  aniles 
persuasiunculae  (Montta  et  exempla  politica^  p.  207). 

(2)  M.  P.  ViLLARi  (Machiavelli  e  il suoitempi,  Firenze,  1892,  II,  p.  433)  recoonaît 
À  Lipse  le  triste  honneur  d'aVfcir  le  premier  défendu  Machiavel  avec  Bacon  de 
Verulam.  Seulement,  le  maître  belge  s'est  montré  très  circonspect  sur  ce  terrain 
brûlant.  Quant  au  célèbre  positiviste  anglais,  il  disait  avec  une  brutale  franchise  que 
Machiavel  avait  montré  aux  hommes  non  ce  qu'ils  devraient  faire,  mais  ce  qulls 
font  {De  argumentis  scientiarum,  VII,  2). 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  389 


^71-  —  Le  môme,  Les  livres  d^histoire  moderne  utilisés  par  Montaigne. 
Contribution  à  l'étude  des  sources  des  Essais.  Paris,  1908. 
261  pp.  6  fr. 

Nous  avons  enfin  une  bonne  étude  française  sur  l'historiographie 
de  la  Renaissance  (i).  En  eflfet,  M.  Villey  n'a  pas  seulement  recherché 
les  ouvrages  historiques  consultés  par  Montaigne,  mais  il  a  donné 
sur  la  conception  de  l'histoire  à  cette  époque  des  aperçus  très  ingé- 
xiieux  et  très  précis. 

L'histoire  chez  Montaigne  a  un  but  éminemment  pratique  :  comme 
toutes  les  sciences,  elle  apprend  à  se  conduire  raisonnablement  dans 
la  vie.  Or,  l'histoire  c'est  la  vie  emmagasinée  dans  les  livres.  Elle  est 
un  prolongement  indéfini  de  notre  expérience  sous  tout  rapport.  Elle 
recueille  dans  le  passé  ce  qu'il  a  de  plus  instructif,  elle  le  condense 
pour  nous  permettre  de  le  vivre  à  nouveau  et  d'en  tirer  mille  ensei- 
gnements. Ce  sont  des  théories  fort  en  vogue  pendant  la  Renaissance 
Tacite  et  Plutarque  sont  très  appréciés,  parce  que  le  premier  est  le* 
plus  grand  des  psychologues  et  le  second  le  plus  fin  des  moralistes  (2). 
Les  qualités  maîtresses  de  l'historien  sont  la  véracité,  la  sincérité' 
l'impartialité.  Cependant  Montaigne  lui  accorde  lexamen  des  faits 
d'après  son  tempérament  et  son  caractère.  Ainsi,  l'impartialité 
disparaît  plus  ou  moins  devant  le  préjugé  ou  le  parti-pris.  La  véracité 
<ians  le  récit  des  faits  n'est  pas  non  plus  très  soupçonneuse  ;  Mon- 
taigne lui-même  accepte  sans  discussion  des  contes,  des  légendes 
des  choses  extraordinaires.  Le  motif  s  en  devine  aisément  :  «  L'expé- 
»  rience  d'un  homme  du  moyen  âge,  dit  M.  Villey,  était  très  limitée. 
»  Ses  idées  étaient  assez  simples  ;  elles  formaient  un  petit  monde 
»  facile  à  connaître  et  presque  clos.  Or,  ce  petit  monde  venait  de' subir 
»  de  profondes  révolutions  qui  l'avaient  bouleversé  de  fond  en  comble  • 
»  coup  sur  coup,  la  découverte  de  l'antiquivé,  puis  la  découverte  des 
»  Indes  orientales  et  occidentales  avait  jeté  dans  la  circulation  une 
u  masse  de  faits  nouveaux,  d^idées  nouvelles.  L'imprimerie,  nouvelle 
»  elle  aussi,  avait  répandu  partout  ses  connaissances  troublantes, 
»  difficiles  à  assimiler.  Les  anciens  cadres  de  l'esprit  s'étaient  brisés 
»  sous  les  chocs  répétés  ;  la  nature  n'était  donc  pas  ce  que  l'on 

(1)11    y   a   une    excellente    monographie    dans    la    Weltgeschichte    d'Oncken 
F.  VON  Wbgele,  Geschichte  der  deutschen  Historiographie.  Munich    i885 

(2)  Ce  sont  les  idées  de  Bodin.  de  Lipse,  de  Puteanus,  de  Budé,  etc*  Voici  un 
passage  de  l'Institution  du  Prince  de  Budé  :  «On  voit  clerement  par  ce  que  dit  est 
»  et  autrement  que  les  histoires  anciennes  sont  les  inventaires  et  registres  des  actes 
.D  et  appomciemenis  qui  se  donnent  par  les  jugemens  de  Dieu  et  des  faitz  et  ordon- 
»  nances  de  la  providence  divine,  mémoire  et  ramenievance  de  la  vertu  des  hommes 
.»  et  advertissement  de  la  variété  et  puissance  et  instabilité  de  fortune  »  Delaruelle 
Guillaume  Budé  (Pans,  1907),  p.  207. 


SgO  LE  MUSÉE    BELGE. 


»  pensait  :  chaque  jour,  des  faits  nouveaux  la  démontraient  plus 
B  diverse  »  (i).  De  là  des  hésitations,  des  tâtonnements,  de  mysté 
rieuses  frayeurs  (2)  :  les  esprits  plus  vigoureux  que  mobiles,  plus 
logiques  que  discursifs  penchent  vers  l'incrédulité,  par  exemple 
Juste-Lipse.  Les  intelligences  compréhensives,  les  âmes  sensibles 
penchent  vers  la  crédulité. 

M.  Villey  recherche  alors  suivant  la  méthode  indiquée  ci- dessus, 
les  livres  historiques  utilisés  par  Montaigne  :  i**  avant  i58o-  Je  cite 
quelques  noms  :  Joinville,  Froissart,  Monstrelet,  les  Du  Beîlay, 
Guichardin,  Bouchet,  Bodin,  Paul-Emile,  Paolo  Giovio,  etc.  ; 

2^  entre  1 58o  et  i588  :  Commynes,  Lebelski,  Lopez  deGomara,  etc.  ; 

3<»  entre  i588  et  i5g5  :  Osorio,  Lopez  de  Castaneda,  Casparo  Balbi, 
Gonzalez  de  Mendoza,  Guillaume  Postel,  etc. 

Si  je  me  suis  étendu  plus  que  de  raison   sur  les    ouvrages  de 
M.  Villey,  c'est  que  j'ai  voulu  montrer  ce  que  peut  rapplication 
sérieuse  de  la  critique  historique  et  de  l'érudition  moderne  à  Tétude 
de  la  période  humanistique.  Il  est  temps  d'en  finir  avec   ce    ridicule 
préjugé  qui  regarde  a  priori  les  hommes  de  la  Renaissance  comme 
des  détraqués  dont  toutes  les  capacités  se  bornaient  à  latiniser  leur 
nom,  à  écrire  un  latin  irréprochable,  à  prononcer  d'inutiles  discours 
et  à  traîner  Aristote  aux  gémonies  (3).  Les  hommes  de  la  Renaissance 
ont  grandement  contribué  à  l'émancipation  de  la  pensée  humaine  et, 
comme  tels,  ils  ont  droit  à  notre  gratitude.  Rien  n  empêche  de  signaler 
leurs  erreurs,  s'ils  en  ont  commises,  mais  puisqu'ils  ont  réussi  après 
bien  des  efforts  à  briser  les  barrières  que  la  culture  étroite  du  moyen 
âge  imposait  à  l'humanité,  ils  revendiquent  à  juste  titre,  dans  l'histoire 
de  la  civilisation,   une  place  que  personne  ne  peut   leur    refuser. 
M.  Villey  a  donné  cette  place  au  célèbre  auteur  des  Essais  et  je  l'en 
félicite  de  tout  cœur.  Th.   Simar. 

Langues  et  Littératures  germaniques. 

272.  —  Jahrbuch  des  deutschen  V éteins  zur  Hebung  und  PJlege  der  Muiitr- 
sprache  im  deutschredenden  Belgien.  Herausgegeben  vom  Vereinsvor- 
stande.  Arel,  Willems,  1908.  88  pp. 

Le  Deutscher  Verein  n'est  pas  une  société  militante  ;  il  ne  travaille 
pas  à  l'extension  d'une  langue  au  détriment  d  une  autre.  Il  a  pour 
but  de  cultiver  la  langue  allemande,  qui  est  la  langue  maternelle  de 

(1)  Villey,  p.  29-30. 

(2)  Juste-Lipse  se  demande  s'il  faut  attribuer  à  l'inspiration  d*un  cire  surnafurd 
[Genius)  l'invention  de  Timprimerie  ou  de  la  boussole. 

(3,  Croirait-on  que  M,  Langlois  exprime  encore  cet  avis  dans  son  Manuel  de 
bibliographie  historique^  par  ailleurs  excellent  t 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SqI 

ce  petit  coin  de  terre  dont  Arlon  est  le  centre.  Quel  précieux  avan- 
tage pour  les  Arlonais  que  de  pouvoir  apprendre  à  la  fois,  sans 
peine,  deux  langues  aussi  importantes  que  le  français  et  lallemand  ! 
Et  quel  tort  ils  ont  eu  de  dédaigner  et  d'oublier  la  langue  que 
parlaient  leurs  pères!  Raviver  l'amour  de  la  langue  maternelle,  la 
cultiver,  en  entretenir  l'usage  :  tel  est  le  but  de  ce  paisible  Verein, 
fondé  il  y  a  quelque  dix  ans,  par  l'initiative  de  M.  Godefroid  Kurth. 
Il  se  compose  de  gens  instruits,  appartenant  aux  professions  libérales 
et  au  clergé.  Son  action  s'exerce  par  des  conférences  et  par  la  publi- 
cation d'un  Annuaire,  Le  nombre  des  membres  est  de  io8;  il  va 
augmentant. 

Le  beau  rapport  sur  Texercice  1907,  fait  par  M,  Warker,  secrétaire, 
prouve  la  vitalité  du  cercle.  La  brochure  contient  une  étude  intéres- 
sante et  approfondie  sur  un  poète  luxembourgeois,  Wilhelm  Goergen, 
par  notre  collaborateur,  M.  Bertrang,  professeur  à  TAthénée  d' Arlon  ; 
puis  une  savante  conférence  sur  l'introduction  du  christianisme  dans 
le  pays  luxembourgeois  par  l'abbé  Ad.  Reiners,  bien  connu  par  ses 
travaux  d'histoire  et  d'archéologie  ;  enfin  les  statuts  de  la  société. 

Ces  deux  travaux  de  MM.  Bertrang  et  Reiners  nous  montrent  ce 
que  sont  les  conférences  du  Deutscher  Verein  :  des  études  d'histoire  et 
de  littérature  locales.  De  pareils  sujets  sont  bien  appropriés  au  but  du 
Verein.  Les  conférenciers  sont  libres,  du  reste,  de  traiter^des  sujets 
plus  généraux.  Ainsi,  nous  voyons  que  M.  Bertrang  a  entretenu 
ses  auditeurs  de  Dickens,  que  M.  l'abbé  Goedert  a  parlé  du  rôle  de 
la  mère,  que  M    Perbal  a  parlé  du  «  lundi  bleu  et  de  l'ivrognerie  ». 

Le  Deutscher  Verein  s'occupe  aussi  des  intérêts  de  nos  compatriotes 
allemands,  au  nombre  de  plus  de  60,000,  au  point  de  vue  de  la 
langue  Plusieurs  fois,  il  s'est  adressé  au  Gouvernement  et  il  a 
demandé  —  qui  ne  lui  donnera  raison  ?  —  que  les  Belges  allemands 
soient  administrés,  jugés  et  enseignés  en  allemand,  que  les  fonction- 
naires qui  sont  en  relations  journalières  avec  le  peuple  allemand 
connaissent  l'allemand. 

La  mission  que  s'est  assignée  le  Deutscher  Verein  est  noble  et  belle  ; 
personne  ne  peut  désapprouver  ses  moyens  d'action.  Qu'il  vive  et 
prospère!  Tel  est  le  vœu  que  nous  formulons.  J.  P.  W. 

273.  —  Dem  Andenken  Eichendorffs.  Dr  et  «  OsienHefte  »  mit  Eichendorff- 
Beitraegen.  (Mai-Décembre  1907.)  Oscar  Hellmann,  Jauer  in 
Schlesien. 

Le  26  novembre  1907,  il  y  avait  cinquante  ans  que  s'éteignait 
doucement  à  Neisse,  Joseph  von  EichendorfF,  le  dernier  des  poètes 
romantiques  allemands.  La  Silésie  ne  pouvait  laisser  passer  cette 


( 


392  LE   MUSÉB    BELGE. 


date  mémorable  sans  rendre  à  son  illustre  enfant  des  hommage 
dignes  de  son  génie  :  des  hommes  de  talent  répondirent  à  son  appeL 
Ce  fut  VOsten  qui  déploya  la  plus  grande  activité  en  consacrant  au 
poète  trois  numéros  entiers  ;  bien  plus,  elle  eut  Texcellente  idée  de  les 
publier  séparément,  sous  ce  titre  :  A  la  mémoire  d'Eickendorff. 

Je  dois  rendre  hommage  à  la  vaillante  direction  de  cette  revue, 
dont  les  collaborateurs  eurent  à  cœur  de  glorifier  leur  illustre  com- 
patriote. Ce  ne  fut  pas  d'ailleurs  la  seule  preuve  de  leur  admiration 
et  le  zèle  qu'ils  déployèrent  pour  faire  élever,  à  Breslau,  une  statue  à 
EichendorfF,  leur  a  déjà  mérité  d'appréciables  louanges. 

Les  articles  qui  forment  cette  brochure,  possèdent  une  réelle 
valeur  :  des  noms  tels  que  ceux  de  Paul  Albers,  Paul  Keller,  Hans 
Zuchhold.  etc.,  jouissent  en  effet,  d'un  certain  renom.  Ces  courtes 
dissertations  ouvrent  parfois  des  horizons  nouveaux  et  peuvent 
devenir  des  guides  pour  des  travaux  plus  développés.  Sans  parler 
d'un  joli  prologue  en  vers  de  Cari  Biberfeld,  passons  rapidement  en 
revue  les  articles  où  Eichendorff  est  envisagé  sous  les  aspects  les 
plus  variés. 

Paul  Keller,  après  une  courte  notice  biographique,  nous  oflBre  un 
aperçu  général  de  l'étonnante  activité  du  poète,  que  ses  occupations 
administratives  n'empêchèrent  pas  d'exercer  son  talent  dans  les  genres 
les  plus  divers. 

Il  écrivit  même  une  remarquable  histoire  de  la  littérature  poétiqne 
en  Allemagne,  que  W.  Koch  essaya  de  remettre  en  vogue  (Kempten 
et  Miinchen,  1906,  chez  Jos.  Kôsel);  de  l'avis  d'Oscar  John,  qui 
étudie  ce  côté  de  l'écrivain,  ce  fut  un  véritable  échec;  il  explique  les 
causes  de  cet  échec  et  examine  ce  qu'il  y  aurait  à  faire  pour  rendre  cet 
ouvrage  «  up   to  date  » . 

La  situation  d'Eichendorff  vis-à-vis  du  romantisme  est  envisagée 
par  Paul  Albers,  qui  introduit  son  étude  par  un  parallèle  un  peu  long, 
mais  utile,  entre  a  le  moderne  »  et  «  le  romantique  ». 

Ne  nous  étonnons  pas  de  voir  parler  avec  plus  d'insistance  des 
chansons  de  cet  «  amant  de  la  nature  »  ;  c'est  là,  en  effet  son  œuvre 
capitale  et  je  me  permettrai  de  m'arrêter  quelque  peu  à  un  article  de 
Franz  Fassbinder  sur  La  Lyrique  d  Eichetidorff  et  la  chanson  populwt. 
La  parenté  qui  existait  entre  l'esprit  de  celle-ci  et  l'âme  du  poète  fat 
encore  resserrée  par  ses  relations  très  suivies  avec  Amim  et  Bren- 
tano.  Aussi  toutes  ses  poésies  nous  montrent  elles  l'influence  que  la 
poésie  populaire  exerça  sur  son  propre  génie  :  telle  est  la  thèse  dont 
Fassbinder  esquisse  la  démonstration.  Il  envisage  en  premier  lieu,  les 
sujets  qu' Eichendorff  emprunte  à  cette  poésie,  ensuite  les  expressions 
littérales,  ce  qui  lui  permet  de  faire  ressortir  la  préférence  que 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  SqS 

montra  le  poète  pour  l'emploi  du  dialogue,  de  l'assonance,  de 
l'inversion  et  de  Tellipse,  par  imitation  des  poètes  populaires. 

Deux  autres  études  se  rapportent  aussi  au  talent  lyrique  d*Eichen- 
dorff  :  l'une,  de  R.  Pissin,  est  une  remarquable  étude  psychologique 
intitulée  :  Eickendorff^  r  enthousiaste  du  bonheur  à  voyager  et  du  printemps; 
l'autre  :  Dans  la  patrie  ffEichendorff^  par  Âlfons  Nowack,  donne  une 
description  très  suffisante  de  la  patrie  du  poète. 

Si  nous  y  ajoutons  deux  ou  trois  poésies  gentiment  tournées  et 
particulièrement  une  poésie  inédite  du  compositeur  Peter  Cornélius 
«  à  Joseph  von  Eichendorff  » ,  nous  aurons  donné  une  idée  assez 
complète  de  ces  trois  numéros.  Ad.  Corin. 

374.  —  A  VerV7ey,  H  et  testament  van  Potgieter  :  Gedroomd  Paardrijden, 
Met  inleiding  en  aanleekeningen  1er  gelegenheid  van  Polgielers 
eerste  eeuwfeesl  uirgegeven.  Amsterdam,  Maas  et  Van  Suchtelen, 
1908.  36o  pp.  in-8®.  2  fl.  90. 

Le  centenaire  de  Potgieter  n'a  pas  passé  inaperçu  chez  nos  voisins 
du  Nord  On  ne  Ta  pas  commémoré  par  des  fêtes  grandioses  ;  mais  il  a 
donné  naissance  à  une  série  de  publications  diverses  (articles  de  revue, 
discours,  etc.)  sur  ce  poète  éminent.  Parmi  ces  publications,  la  plus 
importante  est  sans  contredit  l'édition  que  M.  Verwey  a  donnée  de 
l'une  des  œuvres  capitales  de  Potgieter  :  Gedroomd  Paardrijden. 

Parmi  les  contemporains,  personne  n'était  si  bien  préparé  à  assumer 
celle  lâche  difficile,  et  M.  Verwey  s'en  est  acquitté  d'une  façon  admi- 
rable. Il  ne  s'est  pas  borné  à  publier  le  texte  tel  quel  ;  il  Ta  soigneuse- 
ment coUationné  sur  le  manuscrit  ;  il  y  a  joint  un  commentaire  indis- 
pensable, dont  il  faut  louer  à  la  fois  la  sobriété,  la  perspicacité  et  la 
précision  ;  il  l'a  fait  précéder  en  outre  d'une  longue  introduction 
(i25  pp.),  dont  rétendue  se  justifie  amplement.  Elle  explique  la 
genèse  de  l'œuvre  et  guide  le  lecteur  à  travers  cette  composition  nulle- 
ment simple  et  qui  le  dérouterait  vite  s'il  n'était  pas  bien  orienté. 

Potgieter  n'est,  comme  on  sait,  pas  du  tout  un  auteur  facile  ;  on  ne 
le  choisit  pas  lorsqu'on  veut  se  donner  une  distraction.  Il  demande  à 
être  lu  attentivement,  à  tête  reposée  et  exige  un  lecteur  instruit.  Grâce 
au  travail  de  M.  Verwey,  il  est  facile  maintenant  de  goûter,  sans 
devoir  s'imposer  trop  de  peine,  une  de  ses  créations  les  plus  magni- 
fiques. Gedroomd  paardrijden  appartient,  comme  son  commentateur  le 
fait  ressortir  à  bon  droit,  au  grand  art;  pour  en  jouir,  un  regard 
distrait,  une  lecture  superficielle  sont  insuffisants.     C.  Lecoutere. 


394  LE    MUSÉE   BELGE. 


Histoire  et  Géographie. 

275.  —  Arnold  Fayen,  Lettres  de  Jean  XXII  {i3i6  13S4).  Tome  I 
i3i6-i324).    Rome,    Bretschneider  ;     Bruxelles,     Dewit  ;    Paris, 

Champion,  1908.  lxix  et  756  pp.  in-8.  (Analecta  Vaticano-Belgica, 

vol.  II.) 

Dans  le  premier  volume  de  la  collection  éditée  par  l'Institut  histo- 
rique belge  de  Rome,  dom  Ursmer  Berlière  avait  publié  les 
Suppltques.de  Clément  VI  concernant  la  Belgique;  le  Second,  qui  vient 
de  paraître,  est  le  résultat  du  dépouillement  d'un  autre  fonds,  non 
moins  important,  des  Archives  du  Vatican,  celui  de  la  Chancellerie 
pontificale,  pour  le  pontificat  du  pape  Jean  XXII. 

Dans  son  Introduction  y  l'éditeur  nous  donne  des  renseignements  sur 
les  registres  des  Papes  du  xiv"  siècle  et  spécialement  sur  ceux  de 
Jean  XXII,  dont  il  fait  une  description  minutieuse;  il  expose  les 
différentes  catégories  de  lettres  pontificales  et  fait  connaître  les 
principes  et  le  plan  suivis  dans  cette  publication;  suit  un  Formulaire 
dans  lequel  sont  imprimés  tn-extenso  3i  documents  qui  permettront  de 
reconstituer  intégralement  les  actes  analysés. 

Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  comprend  les  lettres  des  n  eu 
premières  années  du  pontificat  de  Jean  XXII,  au  nombre  de  i63o; 
la  plupart  sont  simplement  analysées  ;  les  autres  données  inextenso, 
soit  à  cause  de  leur  importance,  soit  parce  qu'elles  ne  se  prêtaient 
pas  à  une  analyse  à  la  fois  claire  et  complète.  C'est  un  recueil  pré 
cieux  pour  la  connaissance  de  l'histoire  ecclésiastique  de  notre  pays 
à  cette  époque  ;  on  y  trouve  aussi  quantité  de  documents  concernant 
l'histoire  politique,  et  spécialement  les  guerres  entre  la  France  et  la 
Flandre  ;  c'est  enfin  une  mine  inépuisable  de  renseignements  pour 
l'étude  de  nos  anciennes  corporations  ecclésiastiques,  chapitres, 
abbayes,  prieurés. 

L'ouvrage  se  termine  par  un  index  des  noms  de  lieux  et  de  per- 
sonnes, très  détaillé,  qui  permet  de  manier  ce  volume  avec  la  plus 
grande  facilité. 

Cette  nouvelle  publication  montre  l'activité  de  notre  Institut  histo- 
rique de  Rome  qui  poursuit  avec  une  belle  régularité  le  programme 
qu'il  s'est  tracé.  Le  second  volume  des  Lettres  de  Jean  XXII  est  déjà 
sous  presse  et  on  nous  annonce  deux  nouveaux  volumes  :  les  Sup- 
pliques de  Clément  VI  par  D.  Ursmer  Berlière,  et  les  Lettres  de  Benoit  Xîh 
par  M.  Alphonse  Fierens.  X. 

276.  —  Cyr.  Van  Overbergh  et  Ed.  De  Jonghe,  Les  Mayombc. 

(État  indépendant  du  Congo).  Bruxelles,  De  Wit,  1907.  XVI-470PP. 

in-80.  10  fr. 

Nous  avons  signalé,  ici  même,  le  premier  volume  dune  collection 


PARTIE    BIBLIOGRAPHIQUE.  3gS 


<3e  monographies  ethnographiques  publiée  par  M.  Cyr.  Van  Over- 
iDergh  et  qui  traitait  des  Bangala.  Nous  avons  exposé  alors  la  méthode 
T/raiment  scientifique  suivie  pour  ces  études  ethnographiques,  pour 
<res  travaux  de  sociologie  descriptive.  Le  second  volume,  dont  nous 
"voulons  dire  quelques  mots,  est  relatif  aux  Mayombé  et  a  été  conçu 
<i*après  le  même  système  que  celui  des  Bangala.  Les  auteurs  ont 
négligé  tout  ce  qui  est  relatif  aux  Mayombé  des  possessions  portu- 
g'aises  et  françaises,  les  renseignements  à  leur  sujet  étant  trop  insuffi- 
sants, et  ne  s'occupent  que  des  Mayombé  de  TÉtat  du  Congo.  Mais 
encore  pour  ceux-ci  la  bibliographie  est  bien  moins  étendue  qu'elle  ne 
l'^était  pour  les  Bangala  :  ces  derniers,  habitant  le  long  des  deux  rives 
du  Congo,  sont  plus  connus,  tandis  que  les  Mayombé  sont  une  peu- 
plade de  la  forêt  tropicale.  L  enquête  est  basée  bien  plus  sur  des 
renseignements  fournis  par  des  explorateurs  que  sur  des   notices 
publiées.  A  certaines  questions  il  a  été  donné  bien  plus  d'importance 
que  dans  le  premier  volume  et  Ton  ne  saurait  qu'en  remercier  les 
auteurs.  La  partie  géographique  a  été  tout  particulièrement  soignée  : 
on  y  trouve  des  indications  très  précises   sur  la  situation   géogra- 
phique, les  peuplades  voisines,  la  météorologie,  l'hydrographie,  la 
flore,  la  faune  et  la  géologie  de  la  contrée  qui  s'étend  entie  le  Luki 
et  le  Shiloango,  et  qui  est  fort  bien  résumée  par  notre  collègue 
M.  Cornet,  bien  connu  par  ses  études  géologiques  sur  le  Katanga, 
Nous  signalerons  aussi  l'extension  donnée  à  la  vie  sociale  et  notam- 
ment aux  relations  avec  l'extérieur.  Espérons  que  de  nouvelles  en- 
quêtes sur  d'autres  tribus  paraissent  bientôt  :  ce  ne  sera  pas  seulement 
le  meilleur  moyen  de  parvenir  à  connaître  les  diverses  peuplades 
de  notre  colonie,  mais  ces  volumes  constitueront  aussi  une  indication 
sérieuse  pour  les  mesures  à  prendre  afin  de  les  amener  à  la  civilisa- 
tion et  d'éviter  des  erreurs  qui  pourraient  être  fatales.  Dans  ce  sens, 
les  auteurs  de  ces  monographies  rendent  un  grand  service  tant  à  la 
science  qu'à  notre  pays.  Nous  ne  voulons  pas  terminer  sans  signaler 
à  nos  lecteurs  une  bien  intéressante  et  suggestive  brochure  publiée 
par  M.   De  Jonghe  sur  V Activité  ethnographique  des  Belges  au   Congo 
(Bruxelles,   Hayez,  1908,  26  pp.),  parue  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
belge  d'études  coloniales.  C'est  une  étude  historique  des  plus  savantes  et 
que  consulteront  avec  fruit  tous  ceux  qui  s'occupent  de  l'ethnographie 
du  Congo.  Adolf  de  Ceuleneer. 

277.  —  V.  Fris,  Essai  d'une  analyse  des  Commentarii  sive  Annales  terum 
Flandricarum  (Annales  Flandriae  iSâi)  de  Jacques  de  Meyere.  Gand, 
1908,  xiv-223  p.  in-8.  9  fr.  5o  (Recueil  des  travaux  de  la  Faculté 
de  Philosophie  et  Lettres  de  l'Université  de  Gand,  fasc.  37). 
Voici  une  savante  étude  sur  les  soiu'ces  auxquelles  a  puisé  le  père 


396  LE  ICUSÉB   BBLGB. 


de  rhistoire  de  Flandre  pour  la  rédaction  de  son  œuvre,  fort  appréciée 
par  tous  les  historiens  à  cause  de  son  impartialité  et  à  cause  aussi  des 
nombreux  ouvrages  dont  le  curé  de  Blankenberghe  s  est  servi  et  qui 
sont  considérés  comme  perdus.  De  Meyere  est  plus  qu'un  cfaxoni- 
queur,  c'est  déjà  un  historien  qui  critique  les  sources  dont  il  dispose 
et  apprécie  les  faits.  M.  Fris  cherche  à  prouver  que,  malgré  la  graxide 
valeur  des  Annales,  l'auteur  est  moins  impartial  qu'on  ne  l'admet 
généralement  et  que  nous  possédons  bien  plus  d'écrits  dont  de  Meyere 
s'est  servi  qu'on  ne  le  croyait.  Le  travail  de  M.  Fris  témoigne  d  une 
grande  érudition  et  d'une  connaissance  scientifique  de  la  valeur  des 
sources  de  l'histoire  de  Flandre.  Nous  nous  réservons  de  l'apprécier 
d'une  manière  approfondie  lorsqu'aura  paru  le  second  volume  que 
l'auteur  nous  promet.  Celui-ci  contiendra  une  analyse  des  Annales  et 
une  étude  sur  la  valeur  historique  de  Tœuvre  de  Jacques  de  Meyere. 

Adolf  De  Ceulenebs. 

378.  —  J.  Laenen,  Joseph  II  en  zijne  regeering  in  de  Nederlandm^ 
Antwerpen, Nederlandsche  boekhandel,  1908. 40  pp.  in-i2.  o  fr.  25 . 
Voici  un  excellent  petit  livre,  publié  par  la  Vlaamsche  Katkolûks 
Hoogeschooluitbreiding  d'Anvers,  qui  apprécie  d'une  manière  fort  impar- 
tiale les  réformes  introduites  par  Joseph  II.  Après  avoir  reconnu 
que  jusqu'ici,  à  part  MM.  Hubert  et  Schlâtter,  dont  les  écrits  se 
distinguent  par  une  grande  objectivité,  tous  ceux  qui  se  sont  occu- 
pés de  Joseph  II  ont  rivalisé  de  partialité,  soit  pour  soit  contre  cet 
empereur,  l'auteur  constate  le  caractère  idéaliste  du  prince  qui 
s'était  laissé  influencer  par  les  idées  humanitaires  des  Encyclopé- 
distes, et  dont  le  voyage  dans  nos  provinces  en  1781  fut  assez  long 
pour  lui  permettre  de  se  rendre  compte  des  nombreux  abus,  mais 
pas  assez  pour  apprendre  à  connaître  l'esprit  de  nos  populations. 
Joseph  II  crut  à  tort  que  notre  pays  se  trouvait  dans  la  même  situa- 
tion que  l'Autriche  où  les  abus  étaient  bien  plus  graves  et  plus  nom- 
breux, et  estima  que  le  seul  remède  consistait  dans  le  renforcement 
du  pouvoir  du  prince.  Il  était  du  reste  imbu  des  idées  de  Febronius 
assez  généralement  répandues,  et  même  enseignées  à  Louvain,  à  la^ 
fin  du  xviii«  siècle.  L'édit  de  tolérance  mécontenta  bien  des  gens  et 
était  de  peu  d'utilité  dans  notre  pays  où  les  quelques  protestants  qui 
s'y  trouvaient  pratiquaient  librement  leur  culte.  L'auteur  estime,  avec 
raison,  qu'on  a  jugé  trop  sévèrement  la  suppression  d'une  centaine 
de  couvents,  jugés  inutiles  par  l'empereur.  L'argent  qu'il  retira  de 
cette  réforme  lui  permit  de  fonder  la  caisse  ecclésiastique,  nous 
dirions  aujourd'hui  un  budget  du  culte,  qui  rendit  de  réels  services. 
Bien  plus  sévèrement  doit-on  juger  son  séminaire  général  (16  oct.. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  Sgf 

X786),  car  en  le  fondant,  il  s'occupait  de  choses  qui  ne  le  regardaient 
pas.  Dans  sa  politique  extérieure,  il  fut  des  mieux  intentionné  à 
regard  de  nos  provinces.  Il  ne  réussit  pas  dans  ses  efforts  pour 
afiranchîr  TEscaut  et  chercha  à  neutraliser  les  effets  du  traité  de  la 
Barrière.  Il  transforma  complètement  l'organisation  politique  et 
judiciaire.  La  plupart  de  ces  mesures  furent  mal  vues  d'une  partie 
de  la  population.  En  fait,  le  peuple  fut  injuste  à  l'égard  de  Joseph  II, 
qui  cherchait  véritablement  le  bien  public  ;  mais  il  eut  le  tort  de 
vouloir  aller  trop  vite  et  de  ne  pas  tenir  assez  compte  des  nombreuses 
susceptibilités  qu'il  devait  rencontrer  et  des  intérêts  qui  étaient  lésés. 
Le  travail  de  M.  Laenen  repose  sur  une  connaissance  exacte  du 
sujet;  c'est  le  résumé  le  plus  impartial  qu'on  ait  écrit  jusqu'à  main- 
tenant. L'auteur  sait  rendre  justice  à  Joseph  II,  tout  en  signalant  les 
fautes  qu'il  a  commises.  Adolf  De  Ceuleneer. 

279.  —  Christian  Sohmitt,  Cardiml  Cusanus.  CoblenZy  Scheid, 

1907.  27  pp.  in- 80.  I  m. 

L'intérêt  qui  s'attache  à  la  personne  et  aux  œuvres  du  célèbre 
cardinal  allemand,  nous  engage  à  signaler  l'étude  du  professeur 
Sohmitt.  Cest  une  mosaïque  de  tout  ce  que  le  savant  auteur  a  pu 
trouver  d'écrit  sur  le  cardinal  Nicolas.  Dans  la  première  partie  nous 
avons  les  résultats  de  ses  lectures  assidues  sur  «  la  vie  et  l'activité 
ecclésiastique  du  cardinal  de  Cusa  »,  puis  la  seconde  partie  nous  montre 
son  i  importance  scientifique  ».  On  se  demande  si  c'est  dans  cette  par- 
tie que  l'auteur  a  voulu  donner  des  aperçus  sur  l'état  actuel  des 
recherches  faites  au  sujet  du  cardinal  Cusa,  comme  il  semble  l'anon- 
cer  au  commencement  de  son  travail.  Pour  une  telle  orientation,  ne 
devrait-on  pas  d'abord  passer  en  revue  les  ouvrages  importants  et  en 
faire  la  critique  ?  Or,  c'est  seulement  au  cours  du  travail  lui-même 
qu'on  nous  fait  connaître  les  nombreuses  publications  que  le  distingué 
professeur  a  vues  et  lues  toutes.  Nous  reconnaissons  volontiers  que 
le  but  que  se  proposait  l'auteur  et  l'occasion  de  sa  brochure  ne  lui 
permettaient  pas  d'élargir  son  cadre  dans  ce  sens.  Telle  quelle  est, 
celle-ci,  loin  d'être  inutile,  sera  un  instrument  bibliographique  pré- 
cieux pour  les  travaux  futurs.  C.  M . 

280.  —  H.  MeuffelS.  Les  tnarfyrs  de  Gorcum.  Paris,  Gabalda  et  O^^ 

1908.  209  pp.  in-80.  2  fr.  Collection  0  Les  Saints  ». 

Ce  n'est  pas  une  histoire  purement  édifiante,  mais  une  œuvre 
d'histoire  proprement  dite  que  le  R.  P.  H.  MeufFels  nous  offre  en 
écrivant  dans  la  collection  «  Les  Saints  »  son  livre  attachant  «  Les 
Martyrs  de  Gorcum.  » 


398  LE    MUSÉE   BELGE. 


S'il  a  profité  des  œuvres  plus  récentes,  il  s'est  fait  un  devoir  de 
contrôler  leurs  affirmations  dans  les  sources  indépendantes  et  s'est 
mis  à  même  par  des  renseignements  recueillis  sur  place  de  faire 
revivre  sous  nos  yeux  le  spectacle  de  ce  douloureux  mais  glorieux 
martyre,  qui  commencé  à  Gorcum  devait  se  consommer  à  Brielle. 

La  vérité  strictement  historique,  pour  faire  ressortir  leurs  faiblesses 
et  leurs  défaillances,  ne  porte  aucunement  ombrage  à  leur  vertu 
héroïque  et  ne  fait  que  mieux  accentuer  les  secours  de  la  grâce  qui 
les  fit  triompher  des  cruautés  inhumaines  aussi  bien  que  des  instances 
importunes  des  leurs  et  de  la  fragilité  de  leur  propre  nature  humaine. 

Le  public  à  qui  l'auteur  s^adresse  nous  a  valu  sans  doute  les  petits 
hors-d'œuvre  à  certain  point  de  vue,  bien  qu'intéressants  et  utiles, 
tels  que  le  chap.  II,  où  l'auteur  nous  retrace  dans  ses  grands  traits 
rhistoire  religieuse  du  pays  ;  comme  aussi  les  dernières  pages  du  livre, 
qui  nous  racontent  les  espérances  catholiques  actuelles.  On  ne 
prendra  pas  de  mauvaise  part  que  le  patriotisme  de  l'auteur  Tincite 
à  noter  en  passant  les  grands  noms  et  les  faits  glorieux  des  héros  de 
la  patrie,  et  l'on  trouvera  bien  naturel  de  voir  cet  exilé,  en  relatant 
les  iniquités  des  persécuteurs,  porter  ses  regards  vers  cet  autre  pa3r^ 
sa  seconde  patrie,  qui  ne  se  lasse  pas  de  persécuter  dans  ses  fils 
cette  même  religion.  A.  Terstappen. 

281.  —  Jacques  Flach,  Le  droit  romain  dans  les  Chartes  du  IX'  au 

XI^ siècle  en  France,  Montpellier,  Imprimerie  générale  du  Midi,  1908. 

39  pp.  (Extrait  des  Mélanges  Fitiing), 

La  thèse  de  M.  Flach  est  que,  contrairement  à  l'opinion  de  M.  Fit- 
ting,  on  ne  peut  admettre  une  survie  effective  de  la  théorie  juridique 
romaine  en  France  du  vi*  au  xii®  siècle.  On  peut  s'en  convaincre  par 
l'étude  des  chartes  du  ix^  au  xi*"  siècle. 

En  effet,  l'autorité  du  droit  romain  n'est  que  fictive  ;  la  proposition 
que  l'Église  au  moyen  âge  vivait  selon  la  loi  romaine  est  singulière- 
ment restreinte  ;  on  ne  peut  soutenir  avec  Loening  qu'elle  lui  ait 
reconnu  une  force  obligatoire  ;  la  division  de  la  France  en  pays  de 
droit  écrit  et  pays  coutumier  n'est  pas  fondée.  Le  droit  est  amal- 
gamé dans  les  capitulaires  et  les  décrétales  et  surtout  dans  les  recueils 
de  Benoit  Lévite  et  du  Pseudo- Isidore.  Ce  qui  reste  de  droit  ro- 
main est  emprunté  non  pas  au  Code  de  Théodose  ni  aux  collections 
de  Justinien,  mais  à  l'interprétation  du  Bréviaire  et  à  ses  épitomés, 
parfois  aux  Sentences  de  Paul. 

Les  emprunts  faits  à  la  loi  romaine  sont  d'ailleurs  rares  dans  les 
chartes,  et  ils  dénotent  un  manque  de  compréhension  du  texte  juri- 
dique. Que  ces  allégations  aient  trait  à  la  Hberté  de  disposer,  à  Tir- 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  Sqç 

révocabilité  des  actes  et  à  la  clause  pénale,  à  la  nécessité  de  récriture, 
à  l'échange  et  à  la  vente,  à  laffranchissement  et  au  servage,  on  n'est 
pas  en  présence  d'un  principe  de  droit  romain,  mais  du  résultat  de  la 
déformation,  de  la  confluence,  de  Tamalgame  de  différents  droits 
sous  la  pression  de  l'utilité  et  des  nécessités  du  moment. 

La  langue  des  chartes  est  le  bas  latin  si  incohérent  ou  la  langue 
vulgaire  si  fruste,  que  leur  action  a  été  délétère  sur  ce  qui  pouvait 
subsister  de  droit  romain 

Enfin  les  conditions  politiques,  matérielles  ou  morales  de  la  société 
permettent  aussi  de  suivre  la  dégénérescence  du  droit  romain  et  de 
ses  principes.  Le  fond  des  institutions  a  complètement  changé,  elles 
sont  bien  éloignées  de  la  théorie  romaine.  Quant  à  la  forme,  la  charte 
n'est  plus  qu'un  rite,  un  symbole,  elle  ne  détermine  même  pas  la 
nature  et  l'objet  du  droit. 

Donc  en  France,  dans  les  chartes  du  ix^  au  xi"  siècle,  le  droit 

romain  n'est  qu'à  l'état  sporadique  et  momifié.  Le  fait  triomphe  sur 

"  le  droit  par  ignorance  juridique,  par  absence  d'une  autorité  puissante, 

capable  de  régler  les  rapports  entre  les  hommes  d'après  l'équité  et  la 

justice,  et  non  d'après  l'intérêt  personnel. 

Telle  est  la  thèse  du  savant  auteur  des  Origines  de  Vancienne  Fronce, 
Familiarisé  par  de  longues  années  passées  dans  Tétudedes  ix«,  x*^  et  xi« 
siècles,  M.  Flach  a  traité  avec  toute  la  compétence  et  le  sens  juri- 
dique, que  l'on  peut  exiger,  ce  point  controversé  de  l'histoire  du 
droit.  L'opinion  de  l'auteur  est  que  l'Eglise  exerça  une  influence 
néfaste  sur  l'évolution  du  droit  en  France  !  L'autorité  du  droit  romain 
était-elle  aussi  fictive  que  M.  Flach  veut  le  prouver?  On  continuait  à 
l'invoquer,  d'une  façon  erronée,  il  est  vrai  ;  mais  ce  droit,  après  les 
invasions,  n'avait-il  pas  en  France  fait  Tobjet  d'une  quasi- réception, 
et  V interpretatio  du  Bréviaiie  qui  le  fit  connaître  aux  ix®  et  x®  siècles, 
ne  pourrait-elle  être  appelée  Vusus  modernus  pandeetarum  ? 

F.  Hubert. 
Varia. 

282.  —  Aug.  Bruck,  Fondations  de  Bourses  d'études  instituées  en  faveur 
des  Luxembourgeois,  2®  édit.  remaniée  et  complétée.  Luxembourg, 
J.  Beffort,  1882-1907.  I  vol.  de  XXX  +  2  +  1082  pp.  gr.  in  8°. 
12  fr.  5o. 

Il  existe  actuellement  102  bourses  fondées  en  faveur  des  étudiants 
luxembourgeois.  Dans  le  compte  rendu  détaillé  que  M.  Tabbé  Blum 
a  publié  {0ns  Hémecht,  14  juin  1908,  pp.  229-238)  de  l'ouvrage  de 
M.  Bruck,  le  capital  de  ces  bourses  est  évalué  au  joli  total  de 
i,3oo,ooo  fr    Les  plus  anciennes  remontent  au  Collège  des  Jésuites 


400  LB   MUSÉE   BELGE. 


ouvert  à  Luxembourg  en  i6o3;  le  plus  grand  nombre  est  de  date 
assez  récente.  Ils  sont  nombreux,  les  Luxembourgeois  qui  peuvent 
élever  des  prétentions  à  Tune  ou  à  l'autre  de  ces  bourses.  C'est  à  leur 
intention  surtout,  comme  aussi  à  l'intention  des  administrateurs,  que 
M.  Bruck  a  fait  cet  énorme  travail.  On  y  trouvera,  après  une  intro- 
duction contenant  l'histoire  des  bourses  et  des  notions  générales  sur 
leur  administration,  la  liste  alphabétique  des  99  bourses  qui  existaient 
en  (907  et  pour  chaque  fondation  :  i^  l'acte  institutif,  2^  le  montant, 
3**  la  liste,  souvent  très  longue,  des  personnes  qui  en  ont  joui  ou  qui 
peuvent  être  appelées  à  en  jouir,  40  les  collateurs;  enfin,  les  disposi- 
tions législatives  et  réglementaires  qui  concernent  les  bourses  d'études, 
avec  un  sombiaire  des  arrêts  judiciaires  rendus  en  cette  matière. 

Ces  brèves  indications  suflSsent  pour  montrer  lextrême  utilité  du 
livre  de  M.  Bruck.  Il  faut  louer  la  clarté  du  plan  qui  n'oublie  rien  et 
met  chaque  chose  à  sa  place,  de  telle  façon  qu'on  trouve  facilement  ce 
qu*on  cherche.  La  li^te  des  noms  de  famille  qui  termine  le  volume 
rendra  de  grands  services  à  ce  point  de  vue. 

Nous  ajouterons  deux  remarques.  La  première,  c'est  qu'il  existe  en 
Belgique  six  bourses  fondées  en  faveur  des  Luxembourgeois  :  Mylius, 
Busleiden,  Fontaine  (Bertrand),  Dubois  (Natalis),  Ruyther  et  Damen. 
Le  livre  de  M.  Bruck  reproduit  tous  les  documents  qui  les  concernent. 

La  seconde,  c'est  que  cet  ouvrage  rendra  d'autres  services  encore 
que  ceux  qu'il  a  en  vue.  Les  renseignements  généalogiques  sur  la 
famille  des  fondateurs  et  sur  leurs  descendants,  qui  se  comptent  sou- 
vent par  milliers,  seront  utiles  à  tous  ceux  qui  doivent  ou  qui  veulent 
s'occuper  de  généalogie.  Les  secrétariats  communaux,  les  archives 
paroissiales,  les  bibliothèques  publiques  devraient  le  posséder.  Presque 
tous  les  Luxembourgeois  y  trouveront  une  généalogie  de  leur  famille 
et  un  jour  ce  livre  deviendra  un  document  historique  de  grande  valeur. 

J,  P.  W. 

283.  —  La  Vleuvllle,  Essat  de  Psychologie  japonaise,  Paris,  Challa- 

mel,  1908.  182  pp.  in-8**. 

J'ai  plaisir  à  signaler  ce  charmant  petit  livre,  écrit  d'une  plume 
très  désinvolte,  très  sûre,  et  exempt  de  tout  pédantisme  malgré  le 
titre  un  peu  prétentieux.  Mais  je  crois  bien,  en  vérité,  que  Tàme  japo- 
naise se  révèle  dans  ces  croquis  menus,  amusants  et  suggestifs,  dans 
ces  études  précises  des  notions  religieuses,  de  la  langue,  des  poèmes 
en  3i  syllabes,  des  lois  de  la  vie  sociale,  des  kakémonos  et  des 
ivoires  sculptés.  Voici  une  page  prise  au  hasard  : 

«  Le  Japonais  qui  excelle  aux  petites  choses,  qui  fait  rêver  avec 
trois  coups  de  pinceau,  et  rend  jusqu'à  l'indéfinissable  avec  presque 


PARTIS  BIBLIOGRAPHIQUE.  4OI 

rien,  manie  avec  une  rare  habileté  ces  trente  et  une  syllabes,  et  il  est 
possible  de  deviner,  même  à  travers  une  traduction  presque  impra- 
ticable, quelque  chose  du  charme  de  Toriginal.  Tendrement  épris  de 
la  nature,  c'est  elle  qu'il  peint  en  vers  comme  il  la  peint  sur  un 
kakémono  ou  un  fusuma.  Il  y  a  quelque  chose  de  la  grâce  suggestive 
de  ses  lignes  dans  ses  vers.  Un  bambou  qui  frissonne  au  vent  siu: 
une  porte  à  coulisse  ou  un  bambou  décrit  en  17  S3'llabes,  vous  donne 
la  même  sensation  de  plaisir  prolongé  en  rêve.  Ce  n'est  qu'un 
bambou,  et  à  peine  indiqué,  et  cela  touche  à  l'infini  :  le  tout  est 
percevable  dans  l'infime  partie.  Peut-être,  pour  nous  qui  ne  pouvons 
apprécier  le  son  des  vers  japonais  et  l'ingénieux  agencement  des  mots, 
leur  trouvons-nous  justement  le  charme  des  dessins  qu'ils  suggèrent 
et  nous  voyons  tout  de  suite  apparaître  une  adorable  feuille  de 
paravent  dans  : 

Une  nuit  d'autoaine.  Et  la  lune 

Qui  éclaire  une  à  une  les  oies  sauvages 
Les  ailes  entrecroisées 

Qui  volent  sur  les  nuages  blancs. 

Avec  un  peu  de  poudre  d'or,  vous  avez  cela  chez  vous  et  vous  aimez 
à  le  regarder.  »  On  voit  que  notre  auteur  est  pénétrant  et  spirituel. 
Mais  le  Japonais  laisse-t-il  vraiment  apercevoir  son  âme  dans  sa 
littérature  et  dans  son  art  ?  Y  goûte-t-il  ce  que  nous  y  goûtons  ?  Ne  le 
comprenons- nous  pas  mieux  qu'il  ne  se  comprend  lui-même  ?  Et  ne 
sommes-nous  pas  sans  cesse  avertis  qu'il  n'y  a  rien  de  commun  entre 
nous  et  des  gens  qui  disent  :  a  L'honorable  estomac  est  vide  »  au  lieu 
de  «  J'ai  faim  »?  Ils  sont  jolis;  ils  travaillent  joliment;  ils  sont  fort 
policés  :  de  même  aussi  les  fourmis.  —  Cependant  on  n'a  pas 
à  craindre  de  faire  de  la  critique  impressionniste  quand  on  examine 
la  manière  dont  les  Japonais  comprennent  le  devoir,  la  mort,  le  rôle 
de  la  femme.  Et  il  apparaît  fort  nettement  que  leur  civilisation  tient 
par  im  respect  héroïque  de  la  coutume,  par  un  optimisme  résigné, 
par  une  ignorance  profonde  de  la  prétendue  égalité  des  sexes.  Sur 
ces  graves  sujets  on  trouvera  aussi  des  observations  très  justes,  sans 
que  le  ton  se  hausse  (i).  L.  de  la  Vallée  Poussin. 

Notices  et  annonces  bibliographiques. 

384-285.   —  MM.  Bertold  Maurenbrecher  et  Reinhold    "Wa^er    ont 

entrepris  de  refondre  le  Triennium  philologicum  de  Freund  sous  ce  litre  nouveau  : 
Grund\ûge  der  klassischen  Philologie,  (Stuttgart,  W.  Violet).  Deux  livraisons  ont 
déjà  paru  : 
Bd.  I.  Grundlagen  der  klassischen  Philologie^  von  B,  Maurenbrecher.  1908. 

(1)  Les  pages  173  et  suivantes  sur  la  mentalité  des  peuples  pasteurs  sont  fort 
dieureuses;  je  me  plaindrai  pourtant  de  quelque  exagération,  p.  176-177. 


40i  LE    MUSEE    BELGE. 

6  m.  Voici  les  divisions  de  ce  volume  :  EncyclopéJie;  histoire  de  la  philologie;  les 
sources  et  les  monuments;  critique  et  paléographie;  herméneutique;  grammaire 
générale;  grammaire  comparée;  lexicologie  comparée. 

Bd.  II.  1*"  Abieilung  :  Grund:^ùgeder  griechischen  Grammatik^von  R. Wagner. 
1908.  218  pp.  3  m.  5o. 

La  deuxième  partie  du  volume  II  (grammaire  latine)  et  le  volume  III,  en  deux 
parties  (histoire  de  la  littérature  grecque  et  latine^  son\  annoncées  pour  la  lin  de 
Tannée  1909. 

La  même  librairie  a  publié  un  guide  de  l'étudiant  en  philologie  classique  : 
Otto  Immisch,  Wîe  studiert  man  klassische  Philologie,  2  m.  5o. 

C'est  une  sorte  de  petite  encyclopédie;  de  la  philologie  classique,  avec  des  conseils 
et  des  directions  très  utiles  aux  débutani>. 

2<S6.  —  Adolf  Michaelis,  Eût  Jahrhundert  kunstarchàologischer  Eutdeckungen. 

Zweite  Aufl.  Leipzig,  Seemann,  190H.  3()6  pp.  Relié  :  lo  m. 

Ce  beau  livre  a  paru  en  1906  sous  ce  titre  :  Die  archaeologischen  Enideckungen 
des  neun^ehnten  ^  ahrhundertSy  et  le  Bulletin  en  a  rendu  compte  (Tome  XI,  p.  3Ô7). 
Il  est  donc  inutile  d'exposer  le  plan  du  livre.  Dans  cette  seconde  édition,  complétée 
et  corrigée,  plus  encore  que  dans  la  première  édition,  l'auteur  dépasse  la  limite  du 
XIX*  siècle  et  voilà  pourquoi  il  a  cru  devoir  changer  le  titre.  L'auteur  s'adresse  amjl 
archéologues  de  profession,  mais  aussi  aux  étudiants  et  à  la  partie  du  grand 
public  qui  s'intéresse  à  l'hi.sloire  de  l'art  grec  («  archéologie  »,  po  jr  lui  veut  dire,  ici 
du  moins,  «  histoire  de  Tari  »).  11  a  cru  pouvoir  supprimer  la  bibliographie,  mais  il 
a  ajouté  en  marge  de  nombreux  renvois  aux  illustrations  du  Handbuch  der  Kunst- 
gefchichte  des  Altertums  d'Anton  Springer,  dont  il  a  lui-même  donné  en  1907  la 
huitième  édition,  et  à  Franz  Winter,  Kunsîgeschichte  in  Bildern  (Tome  1,  ukx» 

Le  frontispice  est  orné  d'un  très  beau  portrait  de  l'archéologue  anglais  C  T. 
Newton. 

287.  —  Otto  und  Else  Kern,   Cari  Otfried  Mûller.   Lebensbild  in   Briefen  an 

scm^  Litcrn.  Mu  3  Bildnissen  und  1  Faksimile.  Berlin,  Weidmann,  1908.  Relié  : 

10  m. 

C.  O.  Mûller  naquit  à  Bricg  le  28  août  1797  et  mourut  à  Athènes  le  i^^août  1840. 
Sa  tombe  se  trouve  à  Golone.  Cette  courte  vie,  si  bien  remplie,  qui  donnait  encore 
de  si  belles  espérances  est  retracée  tout  entière  dans  ces  lettres  qu'il  écrivit  à  ses  pa- 
rents, comme  étudiant  au  gymnase  de  Brieg,  à  l'Université  de  Breslau,  pendant  son 
séjour  à  Dresde,  comme  professeur  à  Gôitingue  (depuis  1819),  pendant  ses  voyages 
en  Angleterre,  en  Hollande  et  en  France  et  puis  jusqu'à  son  voyage  en  Grèce, 
A  partir  d'ici,  les  lettres  sont  remplacées  par  le  journal  qu'il  tint  pendant  son  voyage 
à  travers  l'Italie  et  la  Grèce, 

Ce  volume  est  orné  des  portraits  de  C.  O.  Mûller,  de  son  père  et  de  sa  femme, 
ainsi  que  de  deux  gr.ivures  qui  reproduisent  sa  maison  de  Gôttingue  et  le  monument 
élevé  sur  sa  tombe  à  Colone. 

28S.  —  Fernand  Neuray.  Quinze  jours  en  Egypte,  Vromant,  éditeur,  18,  rue 

des  Paroissiens,  Bruxelles. 

Au  commencement  de  décembre  1907,  les  fondateurs  de  la  nouvelle  Héliopolis 
qui  s'élèvera  bientôt  à  une  dizaine  de  kilomètres  du  Caire,  dans  un  jardin  verdoyant 
créé,  comme  par  un  coup  de  baguette  magique,  en  plein  désert,  invitèrent  quelques 
journalistes  à  aller  voir  leur  ville  sortir  de  terre.  M.  Neuray,  rédacteur  en  chef 
du  XX^  Siècle  de  Bruxelles,  était  de  cette  caravane.  Ses  impressions  de  voyage  ont 
été  publiées  dans  son  journal.  Il  réunit  aujourd'hui  ces  articles  en  un  élégant  volume. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  403 

On  lira  avec  plaisir  ces  pages  alertes,  semées  d'à  iecdot<.*s  pittoresques  et  de 
réflexions  originales.  On  y  verra,  d'après  des  photographies  prises  sur  place,  quel- 
ques uns  des  monuments  les  plus  célèbres  de  l'antiquité  égyptienne  dont  le  grand 
public  ne  connaît  guère  que  le  nom.  Ces  photographies  sont  l'œuvre  personnelle  de 
M.  Jean  Capart,  conservateur-adjoint  du  musée  du  Cinquantenaire  de  Bruxelles. 
M.  Capart  les  a  rapportées  des  missions  scientifiques  qu'il  a  remplies  en  Egypte 
pour  le  compte  du  gouvernement  belge,  avec  un  éclat  qui  lui  a  valu  dans  le  monde 
des  égyptologucs,  une  enviable  renommée. 

289.  —  P.  S.  Allen,  Sélections    fvom  Er.ismus   pnnctpaily   from    his  eptstles, 

Oxford,  Clarcndon  Press,  1908.  i')0  pp.  3  b.  6.  d. 

M.  Allen  a  entrepris  de  publier  un  recueil  complet  des  lettres  d'Krasme  ;  Opus 
epistolarum  Dex,  Erasmi  Roterodami  denuo  recogmtum  et  auctum,  (Tom.  I,  1484- 
i3i4,  Oxtord,  1906.  itS  s,).  L'élégant  petit  volume  qu'il  nous  oUre  aujourd'hui  con- 
tient 2<)  extraits  des  œuvres  d'Erasme,  des  lettres  surtout,  choisis  parmi  les  passages 
qui  illustrent  la  vie  anglaise.  On  sait  combien  les  œuvres  d'Erasme  sont  riches  en 
renseignements  sur  les  hommes  et  les  choses  de  son  temps,  avec  quelles  vives 
couleurs  et  avec  quel  naturel  il  peint  les  uns  et  les  autres.  Ce  p-tit  volume  est  donc 
d'une  lecture  aussi  instructive  qu'agréable.  Les  extraits  sont  suivis  d'un  commen- 
laire  grammatical  et  historique,  d'un  lexique  des  mots  que  ne  donne  pas  le  diction- 
naire de  Lewis  et  d'une  liste  des  noms  de  lieu.  Ils  sont  ornes  de  trois  portraits  et 
d'un  fac-similé  de  l'écriture  d'trasme. 

290  291.  —  Chez  Weidmann,  à  Berlin,  vient  de  paraître  :  Herodotos  erklàrt  von 
H,  Stein,  Viericr  Band,  Buch  Vil  1^1908.  3  m.).  C'est  la  sixième  édition.  La  même 
hbrairie  puoiic  la  troi&ieme  édition  de  Tkukydides  erklàrt  von  J.  Glassen. 
Vil  Band.  VU  Bu:h.  (1908.  3  m.'.  Ceitc  tioisième  édition  est  de  J.  Steup  ;  le 
commentaire  a  été  développé  en  beaucoup  d'endroits  ;  l'appendice  critique  comprend 
plus  de  5o  pages,  ce  qui  s  explique  par  les  dirticuliés  particulièrement  nombreuses 
que  présente  la  tradition  manuscrite  de  ce  septème  livre  de  Thucydide,  que  Macau- 
lay  regardait  comme  the  ne  plus  ultra  0/  human  art, 

La  même  maison  a  donné  au  public  la  cinquième  édition  des  Odes  et  Kpodes 
d'Horace  par  Richard  Heinz-  :  Q>.  Horatius  Flaccus  erklàrt  von  Adolf  KiessUner* 
Krster  Teil  :  Oden  und  tpoden.  Kûnfte  AuHage  be.orgt  von  Richard  Heinze. 
Berlin,  Weidmann  1908.  3.  m.  80.  On  sait  que  M.  Heinze  a  refondu  entièrement  le 
C(»minentaire  des  Satires  et  des  Epitrcs.  Lcditiun  nouvelle  des  Odcs  et  Epodes  étant 
devenue  nécessuire  aussiiôi  après  la  publication  de  celle  des  Satires  et  Kpitres, 
M.  Heinze  s'est  borné  ici  à  des  changements  de  détail,  assez  nombreux  d'ailleurs. 

Lnfin  la  nouvelle  édition  des  Annales  de  Tacite  par  Nipperdey  vient  d  être  com- 
plétée par  la  publication  du  deuxième  volume  ;  P.  Cornélius  Tacitus  erklàrt  von 
K.  Nipperdey.  Zweiter  Band.  Ab  excessu  divi  Augusti  xi-xvi.  Scchste  Auri.  von 
G.  Andresen.  Berlin,  Weidmann,  1908.  2  m.  80.  M.  Anaresen  a  soumis  le  texte  à 
une  révision  très  sérieuse,  comme  le  prouve  la  statistique  suivante  qu  il  a  dressée 
lui-même  :  «  Le  texte  de  la  3<=  ediiion  a  eie  niodilié  en  cent  passages  environ.  Dans 
75  de  Ces  passages,  la  leçon  des  manuscrits  a  été  rétablie.  La  leçon  des  manuscrits 
na  cédé  la  place  à  une  conjecture  qu'en  cinq  passages;  en  11  passages,  la  conjecture 
reçue  )usqu  ici  a  éié  remplacée  par  une  autre.»  Le  nombre  des  conjectures  nouvelles, 
propres  à  l'éditeur,  est  de  six.  1- n  ce  qui  concerne  l'oithographc,  M.  Andresen  a 
buivi  plus  exactement  la  tradition  manuscrite;  elle  a  été  souvent  corrigée,  surtout  en 
ce  qui  concerne  les  personnes,  au  moyen  de  la  Prosopographia  împeni  Homani.  Un 
ap|.>tndice  donne  le  discours  de  Claude  sur  les^wj?  honorum  des  Gaulois  d'après  la 
lablc  de  bronze  de  Lyon  iClL.  XI 11,  iv,68). 


404  LE   MUSÉE  BELGE. 


292.  —  Deux  traductions  des  Pensées  de  Marc-Aurèle  ont  pmru  assez  récem- 
ment :  celle  d'Auguste  Couat,  publiée  par  P.  Fournier  (Bordeaux,  1904)  et  ciUe  de 
John  Jackson  publiée  à  Oxford  en  1906.  Voici  une  nouvelle  édition  du  texte,  qtn 
paraît  dans  Scriptorum  classtcorwn  Bibliotheca  Oxoniensis  : 

M.  Antoninus  imper ator  ad  se  ipsum.  Recognovit  brevique  adnotatiooe  crhict 
instruxit  J.  H.  Leopold.  Oxford,  Clarendon  Press.  Londres,  H.  Frowde,  ignBu 

M.  Leopold,  professeur  à  Rotterdam,  a  soumis  le  texte  à  une  revision  complète. 
Le  commentaire  critique  est  sobre,  suivant  le  plan  de  la  belle  collection  d^Oxfent 
Un  index  des  noms  propres  termine  le  volume. 

^93.  —  G.  Ammon,  Lateinische  Grammatik- Anthologie,  Munich,  Lindauer,  1907, 

i34  pp. 

Ce  livre  est  destiné  à  la  classe  de  quatrième,  où  les  élèves  doivent  étudier  la  syn- 
taxe des  temps  et  des  modes.  Suivant  les  grammaires  de  Landgraf  et  d*Engelmaim, 
l'auteur  donne,  pour  toutes  les  règles,  une  série  d 'exemples  choisis  dans  les  auteurs 
de  répoque  classique  ou  post-classique,  pourvu  qu'ils  soient  conformes  à  la  sjntaxe 
classique.  Son  premier  but  est  d'inculquer  la  règle  par  l'exemple,  par  la  multiplicité 
des  exemples.  Son  but  accessoire  est  de  <c  taire  comprendre  l'esprit  de  la  civilisatioa 
antique  »  :  la  plupart  des  exemples  font  connaître  un  fait  caractéristique  ou  con- 
tiennent une  idée  morale,  une  maxime  qui  se  grave  facilement  dans  l'esprit  det 
élèves. 

A  ce  double  point  de  vue,  ce  livre  sera  utile  aux  professeurs  de  latin. 

294.  —  Bibliotheca  di  geogr  afia  storica  pubbltcata  sotto  la  dire\ione  di  Qàxùiù 
Beloch.  Vol.  MU. 

Depuis  1901,  il  existe,  à  l'Université  de  Rome,  un  cours  de  géographie  ancienne^ 
dont  le  titulaire  est  M.  Giulio  Beloch.  Cet  enseignement  nouveau  a  trouvé  de  nom- 
breux auditeurs  et  plusieurs  jeunes  docteurs  y  ont  choisi  le  sujet  de  leur  thèse  doc- 
torale. M.  Beloch  a  jugé  qu'il  était  utile  de  réunir  ces  travaux  dans  une  collectioa 
qu'il  a  intitulée  :  Biblioteca  di  geografia  antica.  Les  auteurs,  nous  dit-il,  prendront 
pour  sujet  de  leurs  monograp^lies  leur  propre  pays  :  ils  seront  ainsi  bien  préparés  et 
parieront  en  connaissance  de  cause.  Ils  auront  d'ailleurs  toute  liberté,  M.  Beloch  ne 
prenant  d'autre  responsabilité  que  celle  de  la  méthode.  Dé)à  trois  travaux  ont  paru 
en  1906  et  en  1907,  chez  E.  Loescher,  à  Rome.  Ce  sont  : 

I.  G.  Ck>la8aiiti,  Fregellae.  Storia  e  topografia,  Con  Prefezione  di  G.  Beloch. 
J906.  226  pp.  et  une  carte.  6  fr. 

H.  G.  Golasanti,  Pinna,  Ricerche  di  topografia  e  di  storia  con  una  pianU.  1907. 
122  pp.  5  fr. 

m.  E.  Grossi,  Aquinum.  Ricerche  di  topografia  e  di  storia.  Con  due  ta  vole  e 
sette  incisioni.  1907.  210  pp.  8  fr. 

D'autres  volumes  sont  sous  presse.  Dans  une  autre  collection  dirigée  par 
M.  Giulio  Beloch,  les  Studi  di  Storia  antica.  a  paru  également  une  étude  de 
géographie  historique  :  G.  Napoletani,  Fermo  nel  Piceno.  Con  una  pianta  e  tre 
tavoie.  Rome,  Loescher,  1907.  190  pp.  8  fr.  Fasc.  VU  de  la  collection. 

295.  —  N.  Hohl^^ein,  Les  papyrus  grecs  et  V Egypte  province  romaine.  Bruxelles, 
Goemaere,  1908.  23  pp.  {Rev.  générale^  Oct.  1908.) 

Dans  cet  article,  M.  Hohlwcin  s'efforce  de  montrer  que  les  papyrus  sont  pour 
nous  des  témoins  de  la  civilisation  égyptienne,  surtout  à  l'époque  gréco-romaine. 
Par  des  exemples  choisis,  il  montre  quels  services  la  papyrologie  est  appelée 
à  rendre  à  l'histoire. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  405 

296.  —  Transactions  and  proceedings  of  the  american  philological  Association  ^ 
1907.  Vol  in- 38.  Boston,  Ginn  and  C»,  1906.  i3o  +  82  pp. 

Ce  nouveau  volume  montre  Tactivité  qui  règne  au  sein  de  TAssociation  philo- 
logique américaine.  Il  contient  huit  dissertations,  parmi  lesquelles  nous  remarquons 
les  suivantes  :  Une  étude  complète  sur  la  répartition  des  cultes  orientaux ^  en  Gaule 
et  en  Germanie^  par  C.  H.  Moore  (pp.  log-iSo);  une  autre  sur  Vinftuence  du 
théâtre  sur  la  politique  romaine  à  l'époque  républicaine,  par  F.  F.  Abbott  (pp.  49-56); 
des  notes  sur  la  lapidation  chez  les  Grecs  et  les  Romains,  par  A. -S.  Prase  (p.  5- 18)  ; 
sur  les  formes  parallèles  luscinia  et  ruscinia  (rossignol),  par  E.  W.  Martin  (pp.  3i- 
40);  sur  la  critique  des  orateurs  attiques  par  Photius,  par  la  Rue  van  Hook 
ipp.  41-48),  etc. 

Les  proceedings  donnent  un  simple  résumé  des  discussions  qui  ont  lieu  aux 
assemblées  :  vingt-neuf  sujets  ont  été  traités.  Quelques-unes  de  ces  lectures  seront 
ou  ont  été  publiées  dans  V  American  journal  ofphilology, 

297.  —  Mary  CSoravin  Liane»  Index  to  the  fragments  of  the  greek  elegiac  and 
iambic  poets,,  Cornell  Studies  of  Classical  Philology,  N»  XVIII.  Ithaca  (New- 
York),  Longmans,  1908.  128  pp. 

Ce  lexique  des  poètes  élégiaques  et  lambiques  grecs  est  basé  sur  VAnthologia 
lyrica  de  Bergk,  édition  d  Otto  Crusius,  publiée  chez  Teubner  en  1907.  Il  ne  donne 
que  les  formes  qui  se  rencontrent  dans  \  Anthologie  et  ne  traduit  pas  les  mots;  il  se 
borne  à  indiquer  les  passages. 

298.  —  Erwin  Preuschen,  Vollstàndiges  Griechisch-Deutsches  Handwôrter- 
buch  :çu  den  Schriften  des  neuen  Testaments  und  der  ùbrigen  urchristlichen  Lite^ 
ratur,  I,  Lieferung:  a  bis  dpYupoKÔTTOç.  Giessen,  TOpelmann,  1908.  160  colonnes, 
1  m.  80. 

Comme  son  titre  l'indique,  ce  lexique  donnera  tous  les  mots  grecs  du  Nouveau 
Testament  et  des  Pères  apostoliques,  y  compris  les  évangiles  non  canoniques.  Les 
significations  de  chaque  mot  sont  classées,  de  telle  manière  qu'on  s'y  retrouve  facile- 
ment ;  le  sens  figuré  est  distingué  du  sens  propre.  D'autre  part,  les  articles  sont 
rédigés  avec  la  plus  grande  concision  possible  et  les  exemples  de  la  littérature  pro- 
fane et  des  Pères  plus  récents  sont  exclus.  Le  texte  suivi  est  celui  de  Nestlé  ;  pour 
les  Pères  apostoliques,  c'est  l'édition  de  Gebhardt-Harnack-Zahn  qui  sert  de  base  ; 
pour  les  fragments  noa-canoniques,  Tauteur  suit  ses  Antilegomena,  Les  autres  édi- 
tions critiques  ont  fourni  maintes  variantes.  Ce  lexique,  qui  sera  le  bienvenu,  aura 
environ  12  livraisons  à  1  m.  80. 


299.  —  Gust.  Koertiner^  Etymologisches  Woerterbuch  der  fram^ôsischen  Sprache, 
Paderborn,  Schoeningh.  Paris,  Gamber,  1908.  1  vol.  414  pp.  in-4.  u  m. 
L'auteur  du  Lateinisch- Romanisches  Woerterbuch  (3*  éd.,  Paderborn,  1907)  a 
voulu  composer  un  manuel  pratique,  permettant  de  trouver  immédiatement  l'étymo- 
logie  des  mots  français.  Ce  nouveau  dictionnaire  se  borne  donc  à  donner  pour 
chaque  mot  français  i<>  la  traduction  allemande,  2^  l'étymologie  sans  aucune  expli- 
cation ni  discussion.  S'il  y  a  doute,  l'auteur  renvoie  à  son  Lat^-Rom,  Woerterbuch, 
Sont  omis  :  les  noms  propres,  les  formes  dialectales,  les  termes  d'argot,  les  mots 
particuliers  au  vocabulaire  des  sciences,  des  arts  et  des  professions,  et  les  mots  com- 
posés par  juxtaposition.  Tel  qu'il  est,  ce  dictionnaire  répond  à  son  but  ;  on  peut 
regretter  que  le  prix  soit  si  élevé,  car  il  nuira  à  la  dilîusion  de  cet  utile  ouvrage. 


406  LE  UDSÉE   BELGE. 

3oo.  —  Victor  Giraml,    Taîne.  Pages  choisies.    Avec   une  introduction,  des^ 

Notices  et  Sotes.  Pam  Hachette,  1908.  Vt\  vol.  în-16,  br.,  3  fr.  5o. 

\'oici  un  livre  que  le  grand  public  réclamait  depuis  fort  longtemps  :  un  livre  q.J 
ramassât  en  un  seul  volume  les  plus  belles  et  1rs  plus  significatives  pages  de  Taire, 
et  qui  fût,  par  sa  disposition  même,  la  vivante  illustration  de  lliistoire  intelïecruel!e 
et  morale  du  grand  écrivain. 

M.  Victor  Giraud,  dont  TAcadémie  française  couronnait,  il  y  a  quelques  années  ^-i 
«  solide  et  brillant  n  Eisai  sur  Taine  3*  édit.  Hachcne,  3  fr.,,  s'est  acquitté  de  cctie 
tâche  délicate  avec  beaucoup  de  conscience  et  de  soin. 

Dans  son  introduction,  dans  les  notices  qui  précèdent  chacun  des  ou%xages  qull  a 
successivement  tt  extraits  »,  dans  les  notes  qu'il  a  mises  au  bas  des  pmges.  u  s'est 
efforcé  de  rassembler  toutes  les  indications  d'ordre  historique  ou  psychologique  qu' 
peuvent  servir  à  l'intelligence  d  une  œuvre  considérable  entre  toutes.  Et  ainsi,  ce 
recueil,  cet  Esprit  de  Taine ^  comme  on  n*eût  pas  manqué  de  l'appeler  jadis,  ne  sera 
pas  inutile  à  ceux-là  mêmes  qui  connaissent  le  mieux  Thistonen  de  la  LittéraZurt 
anglaise  cl  des  Origines. 

3oi.  —  J.-B.  Schepers,  Woordkunst  van  on^e  tijd.  SchUders-met-de-pen.  I. 
Oudcre  dichiers.  Amsterdam,  S.  L.  Van  Looy;  W.  Versluys,  1908.  iv-06  pp.  v. 

0  H.  60. 

Le  but  de  l'auteur  est  de  faire  connaître  et  apprécier  la  poésie  néex landaise 
contemporaine  dans  une  série  de  brochures,  dont  voici  la  première.  lî  commence 
par  les  poètes  qui  ont  u  peint  »  par  leurs  vers  le  monde  extérieur,  non  le  «  moi  *; 
après  eux  viendront  les  lyriques,  enrin  les  auteurs  dramatiques.  —  Les  premiers,  il 
les  divise  un  peu  arbitrairement  en  «  vieux  »  et  «  jeunes  »  ;  les  t  vieux  »  ce  sont  ceux 
qui  ont  commencé  leur  carrière  vers  1H80  ou  en  tout  cas  au  siècle  passé.  Il  nous  en 
présente  dans  cet  opuscule  une  bonne  douzaine;  sur  la  plupart  il  émet  quelques 
considérations,  puis  donne  des  extraits  dordinaire  assez  peu  étendus,  de  leurs 
œuvres.  C'est  donc  une  espèce  de  chresiomathie,  accompagnée  de  réflexions  litté- 
raires. C.  Lecoctejif. 

3o2  —  B.  E.  Bouw^man  et  Th.  A.  Verdenius.  Seuere  Prosa,  II.  Tier- 
gcschichten,  Groningen,  J.  B.  Wolters,  1908.  Texte,  58  pp.  in-8».  «  Hilfebuch  », 
52  pp.  o  H.  qo. 

Ce  second  volume  de  la  série  Neuere  Prosa  contient  quatre  nouvelles  empruntées 
à  des  auteurs  contemporains.  Au  bas  des  paires,  il  y  a  des  notes  explicatives  ea  alle- 
manii;  le  Hilfsbuck^  qui  s'emboîte  dans  le  volume,  contient  encore  d'autres  notes, 
également  en  allemand,  mais  d'un  autre  genre.  Nous  signalons  volontiers  ccite 
publication  aux  professeurs  d'allemand.  C.  L. 

3o3.  —  M.  G.  Van  Poppel  vient  de  réunir,  dans  un  petit  volume  de  40  pp.,  les 
laits  esscniitls  de  la  grammaire  allemande  :  paradigmes  des  déclinaisons  et  conju- 
gaisons, etc,  (Test,  dans  l'intention  de  Tauteur,  un  aide-mémoire  pour  les  classes 
supérieures.  En  voici  le  titre  :  De  hoofdjaken  der  duitsche  spraakleer.  Een  repc- 
tiiieboekje  voor  de  hoogste  klassen  van  gymnasia,  H.  B.  S.  en  middelbare  handel- 
scholen.  Groningue,  J.  B.  Wolters,  iyo8.  40  pp.  8**.  C  L. 

304. — H.  Log^eman,  7V/1UI5  en  Media.  0\tv  de  Stemverhouding  bij  Konsonantea 
in  moderne  talen,  met  een  Aanhangsel  over  de  foneticse  Verklaring  der  Wct- 
ten  van  V^erner  en  Grimm.  Recueil  des  Travaux  publiés  par  la  faculté  Je  Philoso- 
^ihie  et   Lettres  de  l'Université  de  Gand,   fasc.  35.;  Gand,  Van  Goeihem,  1908, 

1  vol.  de  206  pp.  8  fr. 

Ce  travail  s'adresse  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de  la  phonétique  générale  et  de 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  407 


celle  d'une  des  langues  germaniques  ou  du  français,  le  «  degré  de  vocabiiité  »  des 
consonnes  de  ces  langues  y  étant  étudié. 

L'auteur  arrive  à  des  conclusions  qui  diffèrent  sensiblement  des  résultats  considé- 
rés comme  acquis.  Appliquant  ses  résultats  à  un  point  dominant  de  linguistique 
indo-germanique,  l'auteur  étudie  dans  un  chapitre  à  pari  l'explication  donnée  par 
le  Danois  Verner  des  exceptions  constatées  par  lui  à  la  «  Loi  de  Grimm  »  et  essaie 
de  montrer  que  cette  explication,  dite  «  Loi  de  Verner  »  ne  peut  se  soutenir. 

La  transcription  phonétique  est  celle  de  TAssociation  phonétique  internationale  de 
Paris. 

305.  —  G.  Grupp,  Kulturgeschichte  des  Mittelalters,  II.  Band.  Zweite  Aufl.  Mit 
48  lUustrationen.  Paderborn,  Schœningh,  1908. 

Ce  deuxième  volume  de  l'histoire  de  la  civilisation  médiévale  commence  à  Charle- 
magne  et  va  jusqu'au  xi«  siècle.  Ce  n'est  pas  un  récit  des  faits  politiques  ou  militaires, 
mais  une  description  des  institutions  et  une  peinture  des  mœurs.  L'organisation  de 
l'Empire,  les  classes  sociales,  les  mœurs,  les  arts,  la  religion,  la  vie  économique, 
voilà  cô  que  M.  Grupp  étudie  en  a8  chapitres,  qui  se  lisent  avec  un  intérêt  croissant 
et  qui  sont  illustrés  d'après  les  documents  contemporains. 

306.  —  Le  R.  P.  Pierre  Albers,  Manuel  d'histoire  ecclésiastique.  Adaptation  de 
la  seconde  édition  hollandaise  par  le  R.  P.  René  Hbdde,  O.  P.  Paris,  Lecolïre, 
1908.  2  forts  volumes  in- 12  de  près  de  700  pages.  8  frs. 

Depuis  longtemps  déjà,  on  réclamait  pour  les  étudiants  ecclésiastiques  un  instru- 
ment de  travail  approprié  à  leurs  besoins,  d'un  maniement  facile,  répondant  exacte- 
ment au  plan  et  aux  exigences  du  cours  d'Histoire  ecclésiastique.  Ce  nouveau 
Manuel  est  appelé  à  le  leur  procurer. 

L'ouvrage  du  P.  Albers,  dont  l'édition  hollandaise  a  été  dès  son  apparition  adoptée 
dans  la  plupart  des  séminaires  et  scholasticats  des  Pays-Bas,  est  au  courant  des 
derniers  travaux  historiques.  Tout  en  recherchant  la  concision  nécessaire  dans  ce 
genre  d'ouvrage,  on  s'est  efforcé  d'être  très  complet  ;  ce  qui  ne  se  rapporte  pas 
directement  à  l'histoire  ecclésiastique  a  été  rigoureusement  éliminé;  de  cette  manière 
il  a  été  possible  de  réunir  en  deux  volumes  d'un  format  réduit  et  d'un  prix  peu  élevé 
les  connaissances  si  souvent  dispersées  en  de  nombreux  et  gros  ouvrages. 

L'histoire  intérieure  de  l'Église  est  traitée  avec  un  soin  particulier,  la  bibliographie 
s'étend  à  tous  les  ouvrages  principaux,  les  divisions  méthodiques  par  époques  et 
par  matières,  les  tables  très  complètes  permettront  au  lecteur  de  trouver  immédiate- 
ment ce  dont  il  a  besoin. 

307,  —  Dom  F.   CabroL  UAngleterre  chrétienne  avant  les  Normands.  Paris, 

Lecoffre  et  Gabalda,  1908.  3  fr.  5o.  (Bibliothèque  de  l'Enseignement  de  l'histoire 

ecclésiastique,  j 

L'introduction  du  christianisme  en  Angleterre  a  été  l'événement  le  plus  important 
de  Vhistaire  de  ce  grand  pays,  du  iv«  au  xi«  siècle.  Le  christianisme  a  donné  sa  marque 
à  cette  civili'sation,  il  a  façonné  ces  peuples,  il  a  transformé  leur  caractère.  Par  deux 
fois,  l'Église  a  pris  possession  des  races  qui  sont  le  fond  de  la  population  an^'laise, 
d'abord  la  race  celtique,  ou  bretonne,  puis  la  race  des  Anglo-Saxons.  Des  Celles 
bretons,  elle  avait  fait  un  peuple  chrétien  ;  elle  lui  imprima  si  profondément  son 
sceau,  que  la  marque  en  est  restée  indélébile. 

Quand  les  Saxons  et  les  Anglais  païens  eurent  refoulé  devant  eux  celte  race 
bretonne,  l'Église  convertit  encore  ces  pirates  et  en  fit  un  peuple  civilisé.  Ce  que  les 
Anglais  ont  fait  de  grand  durant  cette  période,  ils  l'ont  fait  par  l'Église  et  avec 
l'Église. 


408  LE   MUSÉE   BELGE. 


LMntérét  de  cette  étude  est  de  tout  premier  ordre.  Les  deux  races  qui  se  sog 
combattues  ont  l'une  et  l'autre  leur  originalité. 

En  étudiant  les  origines  lointaines  du  christianisme  dans  ces  contrées,  on  verra  de 
quelle  manière  il  s'adapta  au  génie  anglo-saxon,  quelles  grandes  œuvres  il  opéra, 
comment  il  fondit  en  une  grande  nation  homogène,  des  éléments  étrangers  et 
souvent  hostiles,  et  le  passé  pourra  peut-être  ainsi  fournir  quelques  luoiières  pour 
Tavenir. 

3o8.  —  J.  Trésal.  Les  Origines  du  Schisme  anglican  (1509-1371).  Paris,  Lecoffire 

etGabalda,  1908.  1  vol.  3  fr.  5o.  (Même  bibliothèque). 

Ce  livre  n'est  ni  une  apologie  en  faveur  de  l'Église  catholique,  ni  une  dissertatioo 
philosophique  sur  les  origines  doctrinales  du  schisme  anglican,  mais  un  récit  impar- 
tial, clair,  intéressant,  trafique  parfois,  des  événements  qui  ont  provoqué  ou  accocs- 
pagné  la  rupture  de  l'Angleterre  avec  le  Saint-Siège  et  la  formation  très  laborieuse 
de  l'Église  schismatique  anglicane. 

L'auteur  met  en  pleine  lumière  les  motifs  qui  poussèrent  Henri  VIII  à  rcj«er 
l'autorité  du  Pape,  et  le  sans-géne  avec  lequel  ce  souverain  en  usa  avec  la  vie  de  ses 
sujets,  les  biens  de  l'Église  et  des  monastères.  Jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1547. 
Henri  VIII  avait  imposé  tout  l'ensemble  du  dogme  catholique,  moins  Tartick 
concernant  le  Pape.  Les  ministres  de  son  fils  Edouard  VI  (1547-1 552)  imposèrcot 
jes  doctrines  luthériennes  et  calvinistes.  La  reine  Marie  (i 552- 1 558)  ramena  le  royaume 
à  l'obédience  du  Saint-Siège.  Mais  elle  mourut  avant  d'avoir  eu  le  temps  de  conso- 
lider son  œuvre.  Sa  sœur  Elisabeth  (i55b-i6o4)  reprit  la  politique  religieuse 
d'hdouard  VI.  Elle  fil  approuver,  en  1571.  par  le  Clergé  et  le  Parlement,  les 
XXXIX  articles  de  religion  et  le  book  of  Common  prayer,  L'Église  anglicane,  en 
possession  de  sa  déclaiation  dogmatique  et  de  son  rituel,  était  définitivement  consti- 
tuée. Cette  même  année  1571,  le  Pape  sanctionnait  la  rupture  définitive  en  excom- 
muniant Elisabeth. 

3q9.  —  Il  ne  sera  pas  inutile  de  rappeler  ici  les  volumes  précédemment  parus 
dans  la  même  bibliothèque.  (3  fr.  5o  le  vol.) 

Le  Christianisme  et  l'Empire  romain,  de  Néron  à  Théodose,  par  M.  Padl  Aixarb. 
Septième  édition. 

Histoire  des  Dogmes  :  I.  La  théologie  anténicéenne,  par  M.  J.  Tueront,  doyen 
de  la  Faculté  catholique  de  théologie  de  Lyon.  Quatrième  édition  revue  et  corrigée. 

Anciennes  littératures  chrétiennes  :  I.  La  littérature  grecque,  par  Mgr  Piestas  Ba- 
TiFFOL.  Quatrième  édition. 

Anciennes  littératures  chrétiennes  :  II.  La  littérature  syriaque, par  M.Rubeks  Duval, 
professeur  au  Collège  de  France.  Troisième  édition  revue  et  augmentée. 

L'Afrique  chrétienne ,  par  Dom  H .  Leclercq.,  bénédictin  de  Famborough. 
Deuxième  édition.  2  volumes. 

L'Espagne  chrétienne,  par  Dom  H.  Leclercq.  1  vol. 

Le  Christianisme  dans  l'Empire  perse,  sous  la  dynastie  Sassanide  {224-632),  par 
M.  J.  Labourt,  docteur  en  théologie  et  docteur  es  lettres.  Ouvrage  couromié pir 
l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres.  Deuxième  édition. 

L'Église  byzantine  de  527  à  847,  par  le  R.  P.  C.  Pargoire,  des  Augustins  de 
l'Assomption.  Deuxième  édition. 

L'Église  et  l'Orient  au  moyen  âge  :  Les  croisades,  par  M.  Louis  Bréhibr,  pn^es- 
seur  d'histoire  à  l'Université  de  Clermont-Ferrand.  Deuxième  édition. 

Le  grand  Schisme  d'Occident,  par  M.  L.  Salembier,  professeur  à  la  Faculté  catho- 
lique de  théologie  de  Lille.  Quatrième  édition. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE.  4O9 

L'Église  romaine  et  les  origioes  de  la  Renaissance,  par  M.  Jean  Guirauo,  profes- 
seur à  rUniversité  de  Besançon.  Ouvrage  couronné  par  l'Académie  française.  Troi- 
sième édition,  augmentée  d'une  préface  et  d'une  nouvelle  bibliographie. 

3 10.  — André  Baudrillart,  Saint  Séverin,  apôtre  du  Norique  (453-482).  Paris, 
Lecoffre  etGabalda,  1908.  1  vol.  in-ia.  3  fr.  (Les  Saints.) 

«  Vivant  au  milieu  d'un  peuple  demeuré  enfant  et  à  demi  sauvage,  dans  une 
contrée  désorganisée  et  sans  cesse  exposée  aux  horreurs  de  l'invasion  ou  de  la 
famine,  saint  Séverin  parvint,  sans  autre  ascendant  que  le  prestige  de  son  habileté  et 
de  son  dévoûment,  à  assurer  l'existence  de  cette  province  et  à  la  doter  d'une  admi- 
nistration civile  et  religieuse.  Par  une  fortune  bien  rare  pour  les  personnages  de 
cette  époque,  l'histoire  de  saint  Séverin  nous  a  été  transmise  par  Eugippius,  auteur 
contemporain,  bien  mformé,  précis,  sobre  de  merveilleux.  Malgré  des  circonstances 
si  spécialement  favorables,  cette  vie  n'avait  encore  été  écrite  par  aucun  historien 
français,  et  les  quelques  auteurs  qui  s'en  étaient  occupés  ou  l'avaient  esquissée 
rapidement  ou  s'étaient  permis  trop  de  libertés  en  interprétant  Eugippius.  Bonne 
mise  en  œuvre  de  la  biographie  ancienne,  l'ouvrage  de  M.  Baudrillart  sera  bien  venu 
auprès  des  lecteurs  français,  auxquels  il  présente  de  façon  très  distinguée  le  grand 
et  aimable  saint,  »  Analecta  Boilandiana,  t.  XXVII,  août  1908. 

3 11.  —  M.  Mantenay.  Saint  Benoit-Joseph  Labre,  Deuxième  édition.  Paris, 
LecolTre  et  Gabalda,  1908,  1  vol.  in- 12.  2  fr.  (Les  Saints.) 

Le  récit  très  vif  et  cependant  très  complet  de  M.  Mantenay  nous  fait  bien  com- 
prendre Benoît  Labre  aspirant  de  lui-même  à  la  paix  et  à  la  discipline  du  cloître, 
voyant  à  regret  se  fermer  devant  lui  les  portes  des  Chartreuses  et  des  Trappes, 
poussé  malgré  lui  à  une  existence  voyageuse,  réduisant  dès  lors,  jusqu'à  le  supprimer 
presque,  le  soin  de  sa  personne  physique  et  l'entretien  de  sa  vie  matérielle,  mais 
exaltant  de  plus  en  plus  sa  vie  intérieure  et  l'intensité  de  sa  prière,  mettant  l'une  et 
l'autre  par  ses  miracles,  au  service  des  infortunes  qu'il  rencontre  :  tout  cela,  joint  à 
la  description  des  lieux  et  aux  nombreux  incidents  de  ses  divers  séjours,  donne  un 
livre  vraiment  attrayant. 

3 12.  —  Achille  Lnchaire,  Innocent  III.  Le  Concile  de  Latran  et  la  réforme  de 
rÉglise.  Avec  une  bibliographie  et  une  table  générale  des  six  volumes.  Paris, 
Hachette.  1908.  3  fr.  5o. 

Voici  la  fin  de  l'œuvre  consacrée  par  M.  Luchaire  à  la  mémoire  d'Innocent  llf.  Ce 
sixième  volume  comprend,  avec  une  étude  détaillée  sur  le  Concile  de  Latran  et  la 
politique  ecclésiastique  du  Pape,  une  bibliographie  et  une  table  générale  des  noms 
de  lieux  et  de  personnes  qui  portent  sur  l'ensemble  de  la  publication. 

Dans  y  Avertissement  qui  esi  en  tète,  l'auteur  justifie  sa  méthode  et  dit  nettement 
ce  qu'il  a  voulu  faire  :«  donner  au  public  soucieux  du  passé,  dans  un  ouvrage  de  for- 
mat commode  et  d'exposition  courante,  la  claire  intelligence  de  ce  que  fut,  au  moyen 
âge,  l'action  d'un  grand  Pape.  » 

3i3.  —  M.  René  Van  Bastelaer  vient  de  compléter  le  bel  ouvrage  sur  Bruegel 
l'Ancien  que  nous  annoncions  il  y  a  quelque  temps,  par  un  splendide  in-40  reprodui- 
sant, en  278  planches,  avec  un  excellent  texte  explicatif,  les  Estampes  de  Bruegel 
r Ancien,  Bruxelles,  Van  Oest,  1908.  20  fr. 

314.  —  Ant.  Gréfi^oircu  Les  vices  de  la  parole.  Paris,  Champion.   Bruxelles^ 

Lebègue,  1908.  120  pp. 

Ce  petit  traité  a  été  écrit  dans  un  but  exclusif  de  vulgarisation.  L'auteur  veut 
attirer  l'attention  sur  les  défauts  de  la  parole  et  montrer  la  facilité  relative  des 


4IO  LE    MUSEE    BELGE. 


remèdes  que  la  science  préconise.  11  suppose  les  faits  du  langage  ignorés  du  lecteur 
et  ne  fait  appel  qu'à  l'observation.  Cependant  dans  un  court  chapitre  de  phonétique 
rejeté  vers  la  fin,  il  résume  les  données  élémentaires  de  cette  science;  car  il  ne 
s'adresse  pas  seulement  aux  malades,  mais  aussi  aux  maîtres  et  aux  médecins. 

Après  quelques  considérations  générales,  l'auteur  aborde  son  sujet  et  traite  du 
zézaiement,  du  chliniement,  du  nasonnement,  du  grasseyement  et  des  autres 
défauts.  Après  un  chapitre  de  phonétique  élémentaire,  il  parle  du  bégaiement,  des 
accents  locaux,  des  accents  étrangers,  etc. 

La  bibliographie  qui  termine  le  volume  sera  utile  à  ceux  qui  voudront  approfondir 
ce  sujet,  intéressant  pour  tous. 

3i  5.  —  TVilliain  van  lBràhB,nt.  Amérique  du  Sud,  La  Bolivie.  Bruxelles,  Le  bègue . 

1908.  I  vol.  in-8'*  de  476  pp.  160  illustrations.  10  fr. 

Malgré  les  difliculiés  énormes  de  se  renseigner  exactement,  en  dépit  de  la  rareté 
des  sources  documentaires  très  disséminées,  l'auteur  de  ce  livre  est  parvenu  à  nous 
faire  pénétrer  dans  ce  pays  neuf,  hier  encore  inconnu.  Son  livre  est  pour  l'Europe 
comme  une  révélation  d'autant  plus  précieuse  qu'elle  arrive  à  son  heure  pour  nous 
faire  connaître  une  contrée  destinée,  par  la  force  des  choses,  à  entrer  dans  le  concert 
économiq\ie  des  nations. 

C'est  aux  sources  othcielles,  à  La  Paz  de  Ayacucho  môme,  aussi  bien  que  dans 
ses  études  personnelles,  que  l'auteur  a  puisé,  pour  nous  montrer  la  Bolivie  sous 
tous  ses  aspects,  intéressant  à  la  fois  Thistorien,  le  géologue,  l'économiste,  Tingénieur, 
l'industriel,  le  médecin,  l'agriculteur,  le  capitaliste,  l'émigrant,  le  soldat,  l'éducateur, 
en  un  mot  tous  les  ordres  sociaux. 

L'auteur  a  fait  une  sélection  rigoureuse  dans  la  documentation  éparse  et  conçue 
généralement  en  langues  étrangères  ;  il  a  établi  une  classification  claire,  méthodique. 
Il  a  réussi  à  mettre  en  pleine  lumière  l'organisme  complet  d'un  hiat  neuf,  dont  les 
richesses  sont  incomparables. 

3 16.  —  H.  Goupin,  Les  Métamorphoses  de  la  Matière.  Un  vol.  illustré.  Paris. 

A.  Colin,  1908.  I  fr.  5o. 

S'il  est  une  collection  de  livres  qui  mérite  d'être  recommandée  en  vertu  de  la 
célèbre  maxime:  a  instruire  en  amusant  »,  c'est  bien,  certes,  cette  Petite  Bibliothèque 
imaginée  par  la  librairie  Armand  Colin  et  qui  compte  aujourd'hui  dix  volumes  aussi 
amusants  et  aussi  instructifs  les  uns  que  les  autres.  Celui  qui  vient  de  paraître  es: 
dû  à  la  plume  d'un  vulgarisateur  connu  déjà  par  une  multitude  d'ouvrages  qui  font 
la  joie  des  petits  et  des  grands.  Il  nous  apprend  toute  une  série  de  faits  intéressants, 
sur  les  objets  familiers  qui  nous  entourent,  sur  la  transformation  des  matières 
premières  et  sur  la  façon  dont  le  génie  de  l'homme  a  su  en  tirer  parti. 

CHRONIQUE. 

317.  —  Les  études  toponymiques,  —  Depuis  le  jour  où  M.  Godefroid  Kurth  traça 
le  programme  de  ces  études,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  elles  ont  pris  en  Belgique 
une  extension  considérable. 

Nombreux  sont  les  travailleurs  qui,  dans  les  dépôts  d'archives,  viennent  rechercher 
les  anciennes  formes  des  noms  des  lieux  de  leur  commune,  aux  fins  de  publier  c^ 
utiles  glossaires  toponymiques  qui  permettent  de  reconstituer  la  physionomie  de 
notre  pays  au  moyen  âge  et  même  aux  époques  romaine 'et  celtique.  Aussi  ne  stu- 
rait-on  trop  appuyer  la  Revue  des  Bibliothèques  et  Archives  de  Belgique  (T.  VI, 
1908.  p.  291),  lorsqu'elle  demande  que  le  gouvernement  veuille   bien  doter  les 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  ^it 


archives  générales  du  royaume  et  les  archives  de  l'État  dans  les  provinces  d'un 
exemplaire  de  l'excellem  plan  cadastral  des  communes  belges  par  M.  Popp. 
Non  seulement  pour  les  études  toponymiques,  mais  comme  valeur  documentaire  au 
point  de  vue  général,  ce  plan  a  sa  place  marquée  dans  tous  nos  dépôts  d'archives  et 
il  est  à  espérer  que  M.  le  Ministre  des  Sciences  et  des  Arts  ne  tardera  pas  à  combler 
cette  importante  lacune  dans  nos  riches  collections  historiques. 

Nous  souhaitons  que  le  Gouvernement  en  fasse  don  aussi  aux  bibliothèques  de 
nos  doctorats  en  philosophie  et  lettres  et  de  nos  séminaires  géographiques. 

3j8.  —  Université  de  Liège.  —  Aux  termes  de  deux  arrêtés  royaux  du 
19  octobre  1908  : 

1®  M.  Michel.  Charles,  professeur  ordinaire  à  la  faculté  de  philosophie  et  lettres, 
est  déchargé,  sur  sa  demande,  des  cours  de  langue  et  littérature  sanscrites  et  de 
grammaire  comparée,  spécialement  de  grammai  re  comparée  du  grec  et  du  latin 
(partim). 

2°  M.  Mansion,  Joseph,  chargé  de  cours  à  la  faculté  de  philosophie  et  lettres,  est 
chargé  d'y  faire  le  cours  de  grammaire  comparée,  spécialement  de  gramma  ire 
comparée  du  grec  et  du  latin  (partim),  et  le  cours  facultatif  de  langue  et  littérature 
sanscrites. 

319  —  Le  22  décembre  lyoS,  M.  Ulrich  v.  TVilamowitz-Moellendoiil 
fêtera  le  6o«  anniversaire  de  sa  naissance.  Ses  collègues,  anciens  élèves,  amis  et 
admirateurs,  d'Allemagne  et  de  l'étranger,  sont  invités  à  donner  à  cette  occasion,  à 
Tillusire  professeur,  un  témoignage  de  leur  estime.  A  cet  effet,  une  souscription  est 
ouverte,  dont  le  montant  sera  remis  au  jubilaire  pour  être  consacré  à  une  entre- 
prise scientifique  de  son  choix.  C'est  ainsi  qu'on  a  honoré  précédemment  Mommsen 
et  Usener.  Les  souscriptions  peuvent  être  adressées  à  M.  le  D^  E.  Voilert^  Berlin^ 
S.  W.  68^  Zimmerstrasse,  Ç4,  sous  la  désignation  de  Wilamowit:( -Fonds ^  jusqu'au 
1er  décembre  prochain.  La  liste  des  souscripteurs  sera  remise  à  M.  v.  Wilamowitz. 

320.  —  Au  palais  de  Théodoric,  à  Ravenne,  —  Au  cours  des  fouilles  opérées  dans 
les  ruines  du  palais  de  l'empereur  des  Ostrogoths,  Théodoric-le-Grand,  à  Ravenne, 
on  a  mis  au  jour  des  pavements  en  mosaïque,  admirablement  conservés.  A  l'heure 
qu'il  est,  les  dallages-mosaïques  de  sept  grandes  salles  et  d'un  corridor  ont  pu  être 
enlevés.  Chose  curieuse  :  sous  ce»  planchers,  il  s'en  trouvait  un  second,  également 
en  mosaïque.  Les  archéologues  supposent  que,  pour  prévenir  l'invasion  de  l'eau  dans 
le  palais,  les  dallages  du  rez  de-chaussée  ont  dû  être  surélevés  et  qu'un  second  dal- 
lage aura  été  placé  deux  ou  trois  pieds  au-dessus  du  premier. 

Des  fouilles  ont  également  été  commencées  à  la  Porta  aurea,  érigée  par  Tibère. 
On  est  parvenu  à  reconstituer  intégralement  le  plan  de  ce  monument  célèbre. 

321.  —  Les  Universités  en  Europe,  Il  y  a  en  Europe  i23  universités,  fréquentées, 
l'année  dernière,  par  228,732  étudiants.  C'est  l'université  de  Berlin  qui  est  la  plus 
peuplée;  elle  compte  13,884  inscrits,  puis  vient  Paris  avec  12,983.  Suivent  alors 
Pesth  avec  6,55 1  élèves  et  Vienne  avec  6,2o5.  L'Allemagne  ne  compte  pas  moins 
de  21  universités  et  49,000  étudiants  environ.  La  France  en  a  16  et  32, 000 étudiants. 
L'Auirichc-Hongric  11  avec  3o,ooo  élèves;  l'Angleterre  i5  avec  24,000;  l'Italie 
2>  fort  petites  généralement  avec  24,000  étudiants  ;  la  Russie  9 avec  23.ooo  inscrits; 
l'Espagne  9  avec  12,000;  la  Suisse  9  avec  6,5oo;  la  Belgique  4  avec  6,000  ;  la 
Hollande  5  avec  4,000  ;  la  Roumanie  2  avec  5, 000  et  la  Suède  3  avec  3,ooo  élèves. 
La  Grèce,  le  Portugal,  la  Bulgarie  et  la  Serbie  ne  possèdent  chacune  qu'une  seule 
Ainiversité, 


4^2  LE   MUSÉE  BELGE. 


322.  —  Les  cours  pratiques  d'archéologie  organisés  dans  les  locaux  des  Musées 
royaux  du  Cinquantenaire,  à  Bruxelles,  du  mois  d'octobre  1908  au  mois  de  mai  1909 
(cinquième  année),  comportent  un  droit  d'inscription  fixé  à  5  francs.  A  raison  de 
la  nature  spéciale  des  leçons,  qui  seront  données  directement  sur  les  objçts  £Bisant 
partie  des  collections  du  Musée,  le  nombre  des  inscriptions  à  recevoir  est  laissé, 
pour  chaque  cours,  à  l'appréciation  du  professeur.  Les  personnes  désireuses  de 
suivre  les  cours  sont  priées  de  s'inscrire  personnellement  ou  par  lettre,  au  moins 
huit  jours  avant  l'ouverture  du  cours,  auprès  du  professeur  dont  elles  voudraient 
suivre  les  leçons.  Les  jours  et  heures  de  leçons  annoncés  au  programme  pourront 
être  modifiés,  le  cas  échéant,  suivant  les  convenances  réciproques  du  professeur  et 
de  ses  auditeurs.  Voici  le  programme  fixé  pour  cette  année  : 

a)  Côté  droit  (Pavillon  de  l'Antiquité). 

Antiquités  égyptiennes, —  L'archéologie  funéraire.  M.  Jean  Capart,  conservateur- 
adjoint  des  Musées  royaux,  vingt  leçons,  le  jeudi  à  3  h.,  à  partir  du  5  novembre. 

Antiquités  grecques  et  romaines.  —  La  céramique  grecque,  d'après  les  vases  du 
Musée.  M.  Jean  De  Mot,  attaché  des  Musées  royaux,  vingt  leçons,  le  jeudi  à  3  h.,  à 
partir  du  5  novembre  ;  M.  Franz  Cumont  ne  donnera  cours  qu'au  second  semestre. 

Art  décoratif,  —  La  figure  hybride.  M.  Henry  Rousseau,  conservateur-ad^int 
des  Musées  royaux,  vingt  leçons  (avec  projections),  le  jeudi  à  3  h.,  à  partir  du 
5  novembre. 

b)  Côté  gauche  (Musée  des  plâtres,  etc.). 

Belgique  ancienne.  —  L  La  Belgique  avant  l'histoire  ;  II.  La  Belgique  romaine  ; 
III.  l^  Belgique  franque.  Excursions  et  fouilles  :  baron  Alfred  de  Loé,  conservateur 
des  Musées  royaux,  vingt  leçons,  le  dimanche  à  lo  h.,  à  partir  du  mois  de  janvier. 

Histoire  des  arts  industriels  en  Belgique.  —  Cours  de  deux  ans.  —  I.  Ortèvre- 
ries,  émaux,  dinanderies,  ferronnerie,  verrerie,  céramique  ;  II.  Mobilier,  sculpture 
industrielle;  III.  Tapisseries  et  broderies.  Des  excursions  seront  organisées  dans  le 
pays.  M.  Joseph  Destrée,  conservateur  des  Musées  royaux,  vingt  leçon»,  le  di- 
manche à  10  h.,  à  partir  du  8  novembre. 

N.B.  —  Le  programme  détaillé  des  différents  cours  sera  adressé  à  tous  ceux 'qui 
en  feront  la  demande  au  conservateur  en  chef,  M.  Eugène  Van  Overloop. 

323.  —  Leprix  quinquennal  de  littérature  française  (1903-1907)  a  été  décerné  à 
M.  Fernand  Séverin,  chargé  du  cours  d'histoire  de  la  littérature  française 
à  l'Université  de  Gand,  auteur  de  poèmes  vraiment  remarquables  réunis  sous  les 
titres  :  «  Le  don  d'enfance  et  La  solitude  heureuse  ».  Ce  prix  a  été  antérieurement 
attribué  à  MM.  Lemonnier,  Verhaeren,  Eekhoud  et  Giraud. 

324.  —  Mélanges  GodefE*oid  Kurth.  —  Le  8  novembre,  la  Faculté  de 
Philosophie  et  Lettres  de  l'Université  de  Liège  s'est  transportée  à  Bruxelles,  pour 
remettre  à  M,  Godefroid  Kurth,  les  deux  volumes  qu'elle  a  publiés  en  son  honneur 
et  que  nous  avons  décrits  plus  haut  (p.  33 1).  M.  Oscar  Merten,  doyen  de  la  Faculté 
en  1906-1907,  M.  KarJ  Hanquct,  secrétaire  de  la  Faculté,  et  M.  Cyr.  Van  Overbergh, 
directeur  général  de  l'enseignement  supérieur,  au  nom  du  Ministre  des  Sciences  cl 
des  Arts,  qui  lui  avait  remis  une  lettre  de  félicitations,  ont  prononcé  des  discours, 
où  ils  ont  fait  ressortir  le  but  de  cette  manifestation  et  les  services  rendus  par 
M.  Kurth  à  l'enseignement,  à  la  science  et  à  la  patrie.  La  Faculté  avait  invité  à 
prendre  part  à  celte  féie  les  nombreux  collaborateurs  des  Mélanges  Gode/roid 
Kurth^  ainsi  que  les  amis  du  jubilaire.  Tous  les  participants  ont  admiré  Pexemplaire 
de  luxe,  sur  papier  de  Hollande,  magnifiquement  relié,  sortant  des  presses  de  U 
maison  Vaillant-Carmanne  de  Liège,  qui  a  été  remis  à  M.  Kurth.  Le  banquet,  très 
cordial,  a  réuni  une  centaine  de  convives. 

Les  discours,  ainsi  que  la  réponse  émue  de  M.  Kurth,  ont  été  publiés  par  le 
journal  Le  XX^  Siècle. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  4l3 


Nous  saisissons  cette  occasion  pour  réparer  un  oubli.  Nous  avons  omis  de  men- 
tionner (p.  335)  la  contribution  de  M.  Léon  Halkin  au  II«  volume  des  Mélanges 
Godefroid  Kurth.  Elle  a  pour  titre  :  V inscription  dédicatoire  de  CÉglise  de  Loo:^ 
(pp.  121-138). 

325.  —  Cours  d*Art  et  d'Archéologie.  —  Local  «  Patria  »,  ancien  Hôtel  de 
Chimay^  Bruxelles^  i6^  rue  du  Parchemin.  Année  1908-1909  (novembre-mai). 

La  durée  des  études  est  de  quatre  années  :  deux  années  de  candidature,  une  année 
de  licence  et  de  doctorat. 

Programme  et  horaire  des  conra. 

CANDIDATURE. 

Les  Origines  de  l'Art  et  l'Art  oriental  (2«  partie),  par  M.  Jean  Capart,  chargé  de 
cours  à  l'Université  de  Liège,  conservateur-adjoint  aux  Musées  royaux  des  Arts 
décoratifs  et  industriels.  —  Vingt  leçons.  Le  lundi,  à  4  h.  1/2,  à  partir  du 
23  novembre , 

U Art  flamand  du  XV^  au  XVI Jl^  siècle  et  P  École  vénitienne,  par  M.  Fierens- 
Gevaert,  chargé  de  cours  à  l'Université  de  Liège,  secrétaire  de  la  Commission  des 
Musées  royaux  de  peinture  et  de  sculpture.  —  Vingt  leçons.  Le  mardi  à  4  h,  1/2, 
à  partir  du  24  novembre. 

L'Esthétique  et  la  Philosophie  de  VArt  (2«  partie),  par  M.  De  Wulf,  professeur 
à  l'Université  de  Louvain.  —  Vingt  leçons,  le  mercredi,  à  4  h.  1/2,  à  partir  du 
a5  novembre. 

L'Art  du  moyen  âge,  par  M.  Paul  Graindor,  élève  diplômé  de  l'École  des 
Hautes- Etudes  de  Paris,  ancien  membre  de  l'École  française  d'Athènes,  professeur 
à  TAthénée  royal  de.  Bruxelles.  —  Vingt  leçons.  Le  jeudi,  à  4  h.  1/2,  à  partir  du 
26  novembre. 

Éléments  d Archéologie  (cours  pratique),  par  M.  Paul  Graindor.  —  Vingt  leçons. 
Le  jeudi,  à  5  h.  1/2,  à  partir  du  26  novembre. 

Le  programme  de  la  Candidature  constitue  la  matière  du  premier  examen  pour 
les  élèves  nouveaux,  et  du  second  examen  pour  les  élèves  de  deuxième  année. 

LICENCE. 

Histoire  de  rArchitecture.  —  *  U Archéologie  funéraire  dans  l'ancienne 
Egypte,  par  M.  Jean  Capart. 

V Architecture  de  la  Renaissance  et  des  temps  modernes,  par  M.  Paul  Saintenoy, 
professeur  à  l'Académie  royale  des  Beaux-Arts,  à  Bruxelles. 

Histoire  de  la  Sculpture.  ~  La  Sculpture  en  Belgique  (i''«  partie,  depuis 
Charlemagne  jusqu'à  la  fin  du  xv®  siècle),  par  M.  Joseph  Destrée,  conservateur  aux 
Musées  royaux  des  arts  décoratifs  et  industriels.  —  Quinze  leçons. 

La  Sculpture  florentine,  des  origines  aux  grands  maîtres  réalistes  du  XV^  siècle 
(Ghiberti,  Donatello  et  Lucca  délia  Robbia,  —  Michel  Ange),  par  M.  Arnold  GoflSn. 
—  Quinze  leçons. 

Le  Bas-relief  dans  Part  gréco-romain^  par  M.  F.  Mayence,  chargé  de  coursa 
l'Université  de  Louvain,  ancien  membre  de  l'École  française  d'Athènes.  —  Vingt 
leçons. 

L'Art  bys[antin,  par  M.  P.  Van  den  Ven,  ancien  membre  de  l'École  françaisa 
d'Athènes,  attaché  aux  Musées  royaux  des  Arts  décoratifs  et  industriels.  —  Vingt 
leçons. 

*  L'Archéologie  funéraire  dans  V  ancienne  Egypte,  par  M.  Jean  Capan. 

Histoire  de  la  Peinture.  —  Le  Maître  du  Triptyque  de  Mérode,  par 
M.  Verlant,  directeur  général  des  Beaux-Arts.  —  Vingt  leçons. 


4^4  LE   MUSÉE   BELGE. 


La  Peinture  flamande  du  XV*  siècle.  Études  des  facteurs  matériels  et  moraux 
qui  ont  influencé  la  formation  des  diverses  écoles  régionales  et  locales,  par 
M.  G.  Hulm,  professeur  à  l'Université  de  Gand.  —  Quinze  leçons. 

La  Peinture  contemporaine  {Visïtes  au  Musée  Moderne),  par  M.  Fierens-Gevacrt. 
—  Dix  leçons. 

Histoires  des  Arts  appliqués.  —  L'Art  de  la  Miniature,  par  le  R.  P.  \*aii 
den  Gheyn,  conservateur  des  manuscrits  à  la  Bibliothèque  royale.  —  Six  leçons. 

L'Art  du  Médailleur  et  de  la  Gravure  sigillaire,  par  M.  Al  vin,  conservateur  da 
Cabinet  des  médailles  à  la  Bibliothèque  royale.  —  Huit  leçons. 

La  Gravure,  ses  origines,  ses  évolutions  dans  les  diverses  écoles,  les  procédés 
modernes,  par  M.  R.  Van  Bastelaer,  conservateur  du  .Musée  des  estampes  k  U 
Bibliothèque  royale.  —  Cinq  leçons. 

*  L' Archéologie  funéraire  dans  r  ancienne  Egypte,  par  M.  Jean  Capart. 

*  Histoire  des  Arts  industriels  en  Belgique  (Cours  de  deux  ans),  par  M.  Joseph 
Destrée,  conservateur  aux  Musées  royaux  des  arts  décoratifs  et  industriels.  —  Vingt 
leçons. 

Histoire  de  la  Musique.  —  Première  partie  :  Eléments  d'acoustique  et  l'esthé- 
tique musicales.  Histoire  générale  de  la  musique  depuis  les  origines  jusqu'au 
xvi«  siècle,  par  M.  E.  Closson,  conservateur-adjoint  du  Musée  instrumental  du 
Conservatoire  de  Musique  de  Bruxelles.  —  V^ingt  leçons. 

L'Esthétique  et  la  Philosopuie  de  l'Art.  —  L'Esthétique  de  Richard 
Wagner,  par  M.  Fierens-Gevaert.  —  Dix  leçons. 

Indépendamment  des  cours  proprement  dits,  des  visites  seront  organisées  aux 
Musées  du  Cinquantenaire;  dans  le  département  de  la  dentelle  par  M.  le  conserva- 
teur en  chef  M.  Van  Overloop,  dans  le  département  de  la  sculpture  par  M.  Destrée, 
et  dans  le  département  égyptien  par  M.  Capart;  à  la  Bibliothèque  royale,  par  le 
R.  P.  Van  den  Gheyn  ;  aux  Musées  de  peinture  et  à  la  Galerie  d'Arenberg,  par 
M.  Fierens-Gevaert  ;  au  Cabinet  des  médailles,  par  M.  Alvin  ;  au  Musée  instru- 
mental du  Conservatoire,  par  M.  Closson. 

335  —  Académie  royale  de  Belgique,  —  Classe  des  lettres  et  des  sciences  morales 
et  politiques,  —  Programme  pour  le  concours  annuel  de  içTi  et  prix  perpétuels. 

Section  d'histoire  et  des  lettres. 

Première  question  :  Étudier  le  sentiment  de  la  nature,  en  France,  depuis 
Bernardin  de  Saint- Pierre  jusqu'en  i83o.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Deuxième  question  :  On  demande  une  étude  sur  les  principaux  rhétorictens 
néerlandais  du  xv*  et  du  xvi«  siècle,  notamment  :  Jan  Van  Hulbt,  Anthonis  de 
Roovere,  Cornelis  Everaert,  Mathijsde  Casteleyn,  Edouard  de  Dene  et  Jean  Baptiste 
Houwaert.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Troisième  question  :  Établir,  d'après  les  récentes  découvertes,  le  synchronisme 
des  faits  relatifs  à  l'histoire  de  l'Egypte  et  à  celle  de  la  Chaldée,  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  l'invasion  des  Hyksos.  Discuter  les  hypothèses  relatives  aux 
origines  des  civilisations  égyptienne  et  chaldéenne.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

Quatrième  question  :  Faire  l'histoire  de  la  grande  peste  du  xiv«  siècle  et  exposer 
ses  conséquences  religieuses,  morales  et  sociales.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Cinquième  question  :  On  demande  une  étude  sur  la  bourgeoisie  foraine  (buten-  ou 
haghepoorteriej  dans  les  provinces  belges  depuis  le  xiv«  siècle  jusqu'à  U  6n  de 
l'ancien  régime.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Section  des  sciences  morales  et  politiques. 
Première  question  :  Exposer  et  discuter  les  théories  modernes  sur  l'origine  de 
la  famille.  —  Prix  :  six  cents  francs. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  4l5 


Deuxième  question  :  Exposer  les  théories  relatives  à  la  personnalité  civile. 
Rechercher  les  applications  de  ces  théories  à  l'état  social  actuel.  —  Prix  :  huit 
cents  francs. 

Troisième  question  ;  On  demande  une  étude  sur  la  condition  des  classes  agricoles 
au  XIX»  siècle  dans  une  région  de  la  Belgique.  —  Prix  :  six  cents  francs. 

Quatrième  question  :  Exposer  le  développement  du  droit  international  privé 
pendant  les  cinquante  dernières  années.  Mettre  en  relief,  à  ce  sujet,  les  principes 
constitutifs  de  cette  science  et  la  place  qu'elle  occupe  dans  l'ensemble  des  disciplines 
juridiques.  —  Prix  :  huit  cents  francs. 

Cinquième  question  :  Les  conventions  et  les  projets  de  conventions  internationales 
relatives  à  la  circulation  monétaire;  leur  histoire  et  leur  avenir.  —  Prix  t  hui 
cents  francs. 

Les  mémoires  seront  adressés,  franc  de  port,  avant  le  i*""  novembre  1910,  à 
M.  le  Secrétaire  perpétuel,  au  Palais  des  Académies,  à  Bruxelles 

Conditions  réglementaires  communes  aux  concours  annuels  et  aux  prix  perpétuels 
de  la  Classe,  —  Les  mémoires  peuvent  être  rédigés  en  français,  en  né«rlandai8,  en 
allemand  ou  en  latin. 

Les  concurrents  sont  libres  de  signer  leur  travail  ou  d'y  inscrire  une  devise 
reproduite  sur  une  enveloppe  cachttée  qui  contiendra  leur  nom  et  leur  adresse. 
Ils  y  joindront  une  déclaration  attestant  que  le  mémoire  est  inédit  et  n'a  pas  obtenu 
de  récompense  dans  un  autre  concours. 

Sauf  dispositions  contraires  résultant  de  clauses  spéciales,  les  manuscrits  soumis 
à  la  Classe  restent  déposés  dans  les  archives. 

11  est  permis  aux  auteurs  d'en  prendre  copie  au  Secrétariat. 

PRIX  PERPÉTUELS. 

Prix  de  Stassart  (600  francs).  {Notice  sur  un  Belge  célèbre  } 

{Sujet  de  la  X^  période  :  i^oô-iQio). 

Notice  sur  Jehan  Boutillier^  auteur  delà  Somme  rurale,  (Déterminer  la  nature  et 

la  portée  de  ses  fonctions  de  lieutenant  du  baillage  de  Tournai-Tournaisis.  — 

Indiquer  les  sources  auxquelles  il  a  puisé.  — Comparer  ses  solutions  et  ses  décisions 

avec  celles  des  juristes  du  temps.  —  N.  B,  Il  y  aura  peut-être  lieu  de  les  mettre  en 

rapport  avec   les  décisions   des   échevins  d'Ypres  sur  le   référé  des  échevins  de 

Saint-Dizier.) 

Délai  pour  la  remise  des  manuscrits  :  i»""  novembre  igio. 

Prix  de  Stassart  (^3,ooo  francs),  (Histoire  nationale.) 
Sujet  de  la   VII*  période  :  1895-1900,  prorogée  jusqu'au  i»»"  novembre  1910.) 
Etude  sur  l'organisation  économique  d'un  grand   domaine  du  xiv*  siècle  jusqu'à 
la  fin  du  xvi«. 

Prix  de  Saint-Génois  (1,000  francs). 
{Sujet  de  la  IV*  période  :  Î898-1907,  prorogée  jusqu  au  \*^  noveMre  1910.) 
Faire  l'histoire  de  la  période  calviniste  à  Gand  (1576-1584). 

Prix  Teirlinck  { 1 ,000  francs), 
{Sujet  de  la  IV*  période  :  1892-1896,  prorogée  jusqu'au  i*""  novembre  1910). 
Faire  l'histoire  de  la  prose  flamande  avant  l'influence  bourguignonne,  c'est-à-dire 
jusqu'à  l'époque  de  la  réunion  de  nos  provinces  sous   Philippe  de  Bourgogne, 
vers  1430. 

Prix  Bergmann  {2,000  francs), 
{Sujet  de  la  IV*  période  :  21  mars  1907-21  mars  1912.) 
Monographie  en  néerlandais,  manuscrite  ou  imprimée,  d'une  ville  de  plus  de 
5,000  âmes,  de  la  partie  flamande  du  pays. 


4^^  LE   MUSÉE   BELGE. 


L*ouvrage  doit  avoir  paru  dans  la  période  précitée. 

Les  auteurs  étrangers  au  pays  ne  sont  pas  exclus,  pourvu  que  leur  ouvrage  soit 
écrit  en  néerlandais  et  édité  en  Belgique  ou  dans  les  Pays-Bas. 

Les  auteurs  sont  invités  à  envoyer  leur  ouvrage  franco  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
de  l'Académie,  avant  la  date  ci-dessus. 

Prix  De  Keyn  (trois prix  de  i,ooo  francs  chacun). 
(XV«  concours.  Première  période  :  1907-1908,  réservée  à  V enseignement primatre. 
Délai  pour  la  remise  des  livres  ou  des  manuscrits  :  3i  décembre  1908.) 
Prix  Castiau  {1,000  francs),  (X'  période  1908-1910.  Déiai  :  3i  décembre  1910). 
Pour  le  meilleur  travail  sur  les  moyens  d'améliorer  la  condition  morale,  intel- 
lectuelle et  physique  des  classes  laborieuses  et  des  classes  pauvres. 

Les  travaux  concernant  la  petite  bourgeoisie  peuvent  prendre  part  au  concours. 
Dans  le  cas,  dit  le  règlement,  où  Touvrage  couronné  serait  inédit,  Tauteur   ne 
recevra  le  prix  que  contre  la  présentation  du  premier  exemplaire  imprimé. 
Prix  Gantrelle  {Z, 000 francs), 
(Sujet  pour  la  IX*  période  :  1907-1908,  expirant  le  3i  décembre  190S). 
L*histoire  du  pag:.ni8me  dans  l'empire  d'Orient  depuis  le  règne  de  Théodore  le 
Grand  jusqu'à  l'invasion  arabe. 

(Sujet  pour  la  X^  période  :  1909-1910,  expirant  le  3i  décembre  1910). 
La  légjon  romaine,  son  histoire  et  son  organisation. 

Prix  Emile  de  Laveleye  (2,400  francs), 
(La  III*  période  :  1907-1912,  expirera  le  3i  décembre  1912). 
Ce  prix  sera  décerné  tous  les  six  ans  au  savant  belge  ou  étranger,  vivant,  et  dont 
l'ensemble  des  travaux  sera  considéré  par  le  Jury  comme  ayant  fait  faire  des  progrès 
importants  à  l'économie  politique  et  à  la  science  sociale,  y  compris  la  science  fînan- 
cière,  le  droit  international  et  le  droit  p.jblic,  la  politique  générale  ou  nationale. 
Prix  Eugène  Lameere  (5oo  francs). 
{II* période  :  1908-1913,  expirant  le  \*^  mai  1913). 
Destiné  au  meilleur  ouvrage  d* enseignement  de  l'histoire  dans  lequel  Vimagejoue 
un  rôle  important  pour  Vintelligence  du  texte. 

Prix  Charles  Duvivier  (\  ,200  francs), 
(Sujet  pour  la  II*  période  :  1908-1910,  expirant  le  3i  décembre  1910.) 
On  demande  une  étude  sur  le  régime  périodique  et  économique  du  commerce  de 
l'argent  au  moyen-âge. 

Ne  seront  admis  au  concours  que  des  auteurs  belges. 

Les  mémoires  doivent  être  inédits;  ils  peuvent  être  écrits  éiï  français  ou  en  flamand. 

Les  manuscrits  ne  peuvent  être  signés. 

Prix  Polydore  De  Paepe  (i,Soo  francs). 
Pour  la  philosophie  spiritualiste. 

Première  période  :  1908-1911.  Délai  pour  la  remise  des  livres  ou  manuscrits: 
3i  décembre  19^  1. 

Prix  Ernest  Discailles  (5oo  francs). 
(/«  période  ;  1907-191 1.  Délai  pour  la  remise  des  travaux  :  3i  décembre  191 1.) 
Pour  le  meilleur  travail  imprimé  ou  manuscrit  sur  l'histoire  de  la   littérature 
française  paru  de  1907  à  la  fin  de  1^1 1. 

Prix  Ernest  Bouvier  Parvillej  (1,200  francs)  (I*  période  :  1908-1912.) 
Destiné  tous  les  quatre  ans  au  littérateur  belge  dont  les  oeuvres,  déjà  publiées, 
attesteront  une  activité  littéraire  prolongée. 
Le  prix  sera  décerné  en  mai  1912. 

Les  conditions  réglementaires  en  ce  qui  concerne  les  manuscrits  soumis  aux 
concours  pour  les  prix  perpétuels  sont  les  mêmes  que  pour  les  concours  annuels  de 
la  Classe.  Les  livres  doivent  avoir  été  publiés  pendant  la  période. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  417 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 

LEÇON  DE  RÉPÉTITION  EN  i'  LATINE 

(Xénophon,  Anabase^  liv.  1*^  ch.  2.) 
par  F.  COLLARD,  professeur  à  TUniversité  de  Louvûin(i). 

L'objet  de  cette  leçon  est  une  répétition  du  second  chapitre  du 
premier  livre  de  VAnahase. 

Nous  divisons  notre  leçon  en  quatre  parties. 

Dans  la  première  partie,  nous  résumons,  à  trois  reprises,  le  chapitre  : 
c'est  ime  sorte  d'introduction  qui  replace  les  élèves  au  milieu  des  faits 
et  des  détails  sur  lesquels  nous  allons  les  interroger  d'une  manière 
approfondie  pendant  une  heure. 

Dans  la  seconde  partie,  nous  étudions,  d'après  le  chapitre,  l'orga- 
nisation militaire  des  Asiatiques  et  des  mercenaires  de  C3rrus. 

Dans  la  troisième  partie,  nous  groupons  certains  détails  propres  à 
donner  aux  élèves  une  idée  de  lempire  du  Grand  Roi  et  de  C3rrus, 
coi;isidéré  surtout  comme  chef  d'expédition. 

La  quatrième  partie  est  consacrée  à  une  courte  étude  sur  l'écrivain, 
que  nous  considérons  tour  à  tour  comme  auteur  militaire,  patriote 
et  homme  religieux. 

PREMIÈRE  PARTIE, 

RÉSUMÉ  DU  CHAPITRE. 

A.  Analyse  des  paragraphes. 

§  1-4.  Cyrus  rassemble  son  armée  à  Sardes.  Tissapherne  l'annonce 
au  roi. 

§  5-i8.  Marche  de  Sardes  à  travers  la  Lydie  et  la  Phrygie. 
a)  %  5  et  6,  jusqu'à  Colosses. 

^)  %  7*9»  Cyrus  à  Célènes.  Détails  sur  le  parc  et  le  château,  ainsi 
que  sur  la  fable  de  Marsyas. 

c)  §  10-12.  Marche  sur  Peltes,  Kéramôn- Agora  et  Caystropédion. 
Rencontre  de  C5^nis  et  d'Epyaxa,  femme  de  Syennesis. 

d)  §  i3-i8.  Marche  sur  Thymbrion  et  Tyriaeon  ;  grande  revue 
en  présence  d'Epyaxa. 

§  19-20.  Cyrus  s'avance  jusqu'aux  frontières  de  la  Cilicie. 

§  21-27.  Cyrus  pénètre  en  Cilicie  ;  Syennesis  se  joint  à  lui. 

B.  Questiofts  de  répétition. 

I.  Quel  était  tout  d'abord  le  but  avoué  de  l'expédition  de  Cyrus? 

(i)  Cette  leçon  a  été  faite  au  Collège  Saint- Pierre  pendant  les  cours  de  vacances 
(1907) 


4l8  LE    MUSÉE   BELGE. 


—  La  soumission  des  Pisidiens  ;  aussi  Cyrus  s'avance-t-il  jusqu'à 
leurs  frontières. 

2  Que  savons-nous  des  préparatifs  de  l'expédition  ?  —  Toutes  les 
troupes  ne  sont  pas  encore  réunies  ;  Cyrus  doit  les  attendre  ;  de  plus» 
il  lui  manque  de  Targent. 

3.  Qu  en  concluez- vous  ?  —  Il  s'est  trop  hâté  de  se  mettre  en 
marche. 

4.  Pourquoi  s'est  il  empressé  de  partir? —  Il  a  craint  d'éveiller 
les  soupçons  du  Grand  Roi. 

5.  Qui  avertit  le  Grand  Roi  ?  —  Tissapherne,  qui  devine  le  but 
réel  de  l'expédition  de  Cyrus. 

6.  Une  fois  la  Pisidie  dépassée,  quel  est,  d'après  Cyrus,  le  but  de 
l'expédition  ?  —  Il  veut  combattre  Syennesis.  —  Xénophon  le  dit-il 
clairement  ?  —  Non,  il  le  laisse  entendre. 

7.  De  qui  Cyrus  reçoit-il  de  l'argent?  —  Epyaxa,  femme  de  Syen- 
nesis, lui  apporte  de  l'argent,  pour  que,  en  cas  de  succès,  Cyrus  se 
croie  lié  par  la  reconnaissance. 

8.  Quelles  sont  les  diverses  impressions  que  produisit  la  revue 
devant  Epyaxa  ? 

La  reine  est  ravie  de  la  belle  tenue  et  de  la  discipline  de  1  armée,  et 
Cyrus  enchanté  de  Veffroi  que  les  troupes  grecques  ont  causé  aux 
Perses. 

9.  Pourquoi  une  halte  de  trois  jours  à  Iconion?  —  L'armée  doit 
avoir  été  épuisée  par  trois  jours  de  marche  fort  rude  à  travers  la 
plaine  déserte  qui  s'étend  de  Tyriaeon  à  Iconion. 

10.  Pourquoi  Cyrus  traite-t-il  les  Lycaoniens  en  ennemis?  — 
Les  Lycaoniens  n'avaient  jamais  été  complètement  soumis  au  roi 
des  Perses. 

11.  Était-il  facile  de  pénétrer  en  Cilicie  ?  —  Non.  —  Pourquoi? 

—  Le  chemin  qui  y  conduit,  quoique  accessible  aux  charrois,  est 
raide,  impraticable  à  une  armée  qui  trouve  la  moindre  résistance.  On 
disait  même  que  Syennesis  était  sur  les  hauteurs  pour  défendre  le 
passage.  —  Quelle  précaution  Cyrus  a-t-il  prise  ?  —  Il  a  envoyé  en 
avant  Ménon,  qui  devait  attaquer  les  derrières  de  Syennesis,  si  le 
roi  de  Cilicie  voulait  défendre  le  passage. 

12.  Pourquoi  Syennesis  se  trouve-t-il  dans  une  situation  difficile 
vis-à-vis  de  Cyrus  ?  —  Il  ne  peut  prévoir  qui  sera  vainqueur  de  Cyrus 
ou  d'Artaxerxés.  Aussi,  d'une  part,  il  envoie  sa  femme  à  la  rencontre 
de  Cyrus  et  lui  fait  remettre  de  fortes  sommes  d'argent  ;  d'autre  part, 
il  fait  mine  de  s'opposer  à  sa  marche  à  travers  la  Cilicie. 

i3.  Quel  secours  Cyrus  attend-il  des  vaisseaux  lacédémoniens  ? 

—  Il  veut,  le  cas  échéant,  appuyer  Ménon.  —  Xénophon  insiste-t-il 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  419 

sur  la  présence  de  la  flotte  Spartiate  ?  —  Non  ;  c'est  une  sorte  de 
remarque  faite  en  passant.  Les  Spartiates  prêtaient  officiellement 
leur  concours  ;  mais  Xénophon  en  parle  comme  s'il  s'agissait  d'une 
entreprise  privée.  Au  moment  de  la  publication  de  VAnabase^  il 
importait  beaucoup  aux  Spartiates  d'avoir  l'amitié  du  roi  des  Perses  ; 
or  c'était  encore  Artaxerxès  qui  régnait  alors. 

14.  Pourquoi  Cyrus  fait  il  des  cadeaux  royaux  à  Syennesis  ?  — 
Il  veut  lui  montrer  qu'il  croit  sincèrement  que  l'avenir  est  à  lui  ;  il 
agit  déjà  en  roi. 

C.  Synthèse  ou  résumé  général, 

Cyrus  rassemble  à  Sardes  une  partie  de  ses  mercenaires  grecs  et 
ses  troupes  asiatiques  et  marche  prétendument  contre  les  Pisidiens. 
A  leur  frontière,  il  s'arrête  assez  longtemps  pour  attendre  les  troupes 
grecques  qui  lui  manquent.  Sur  ces  entrefaites,  Tissapherne  est 
arrivé  auprès  du  Grand  Roi,  qui  se  prépare,  de  son  côté,  à  la  défense. 
C3'rus  quitte  les  frontières  de  la  Pisidie  pour  gagner  la  grande  route 
à  travers  l'Asie  Mineure  ;  puis  il  marche  sur  Tyriaeon,  comme  s'il 
voulait  attaquer  Syennesis.  La  femme  de  ce  roi  vient  à  sa  rencontre 
et  lui  apporte  de  l'argent  ;  ce  qui  lui  permet  de  payer  ses  troupes. 
A  la  demande  de  la  reine,  il  passe  une  revue  de  ses  troupes,  qui 
impressionne  beaucoup  Epyaxa  et  effraie  les  Perses. 

Cyrus  franchit  les  frontières  de  sa  satrapie  et,  traversant  la 
Lycaonie,  il  arrive  aux  Portes-de-Cilicie.  Ayant  appris  que  Syennesis 
était  sur  les  hauteurs  pour  défendre  le  passage,  il  envoie  Ménon  par 
un  autre  chemin  au  delà  de  la  montagne, puis  il  apprend  que  Syennesis 
a  abandonné  le  passage,  et  il  arrive  à  Tarse,  qui  est  abandonné  par  le 
roi  de  Cilicie  et  ses  habitants.  Dans  le  trajet  des  montagnes  qui 
conduisent  à  la  plaine,  deux  des  loches  de  Ménon  périssent.  Sur  les 
instances  de  sa  femme,  Syennesis  se  rend  auprès  de  Cyrus,  qui  lui 
fait  des  présents  royaux. 

DEUXIÈME  PARTIE. 

ORGANISATION    DES    TROUPES    ASIATIQUES    ET    GRECQUES. 

Armée.  —  De  quels  éléments  les  troupes  de  Cyrus  se  composent- 
elles  ?  —  D'Asiatiques  et  de  Grecs.  —  Citez  le  passage.  —  ûepoicei  tô 
T€  pappapiKôv  Kai  Tô  *  EXXnviKÔv  (§  i).  —  Cette  division  ne  se  retrouve- 
t-elle  pas  ailleurs  ?  —   '  EE^raoïv   noiciTai  xiùv  '  EXXiivujv  Kai  tujv  tîap^tipujv 

(§14)- 

Armée  perse.  — Xénophon  nous  donne-t-il  des  détails  aussi  complets 
sur  les  Asiatiques  que  sur  les  Grecs  ?  —  Non.  —  Pourquoi  ?  —  D'une 
part,  son  ignorance  de  la  langue  perse  et  son  mépris  tout  hellénique 


420  LE   MUSÉE   BELGE. 


pour  le  Barbare  Tont  éloigné  de  tout  rapport  avec  ces  Asiatiques. 
D'autre  part,  pour  lui  les  Grecs  sont  tout  (i).  —  Ces  Asiatiques  sont- 
ils  nombreux  ?  —  On  doit  le  supposer,  puisque,  quand  Tissapheme, 
observant  les  mouvements  des  troupes  qui  se  concentraient  à  Sardes, 
jugea  ses  préparatifs  trop  considérables  pour  une  expédition  contre 
les  Pisidiens,  ce  n'étaient  pas  les  dix  mille  Grecs  mercenaires  qui 
pouvaient  le  faire  trembler  pour  le  trône  de  son  souverain  (2).  —  Où 
Cyrus  passe-t-il  en  revue  ses  troupes  asiatiques  ?  —  A  T5rriaeon.  — 
Comment  l'infanterie  est-elle  divisée  ?  —  En  compagnies,  xarà  réBeti, 

—  La  cavalerie  ?  —  En  escadrons,  Kaxà  ÏXaç.  —  Qu'entend- on  par 
TdKivdKnç  ?  —  Une  sorte  de  glaive  à  lame  peu  large  et  droite,  suspendu 
à  la  ceinture  du  côté  droit. 

Armée  grecque.  —  A  combien  d'hommes  s'élève  l'armée  grecque  ?  — 
A  la  revue  de  Celènes,  ils  sont  11.000  hoplites  et  2000  peltastes.  — 
Ce  chiffre  global  concorde-t-il  avec  l'effectif  des  divers  détachements  ? 

—  Non,  car  le  nombre  des  troupes  s'élève,  au  §  3,  à  7300  hoplites 
{Xénias,  4000;  Proxène,  i5oo;  Sophénète  (1000)  ;  Socrate  (5oo)  ; 
Pasion,  3oo  ;  et  800  peltastes  (Proxène,  ooo  et  Pasion,  3oo).  — 
C'est  exact  ;  mais  d'autres  troupes  vinrent  plus  tard  les  rejoindre,  — 
Oui,  Ménon  (§  6),  avec  1000  hoplites  et  5oo  peltastes  ;  Kléarque  (§  9), 
avec  1000  hoplites  et  1000  peltastes;  Sosis,  avec  3oo  hoplites  et 
Agias,  avec  1000  hoplites.  Nous  avons  ainsi  10600  hoplites  et 
23oo  peltastes.  —  Comment  expliquez -vous  donc  la  différence?  — 
Les  chiffres  sont  partout  des  chiffres  ronds  ;  de  là  peut-être  la  diffé- 
rence. Il  est  possible  aussi  qu'il  faille  ajouter  400  exilés  de  Milet,  ce 
qui  donnerait  précisément  les  iiooo  hoplites.  —  Quelles  sont  les  rai- 
sons qui  poussent  ces  hommes  à  se  mettre  à  la  solde  d'un  Barbare  ? 

—  Le  bannissement  des  uns,  le  dénûment  des  autres  ;  parfois  aussi  le 
désir  d'aventures.  —  Citez  les  officiers  auxquels  Cyrus  s'est  adressé 
pour  enrôler  des  Grecs.  —  Cléarque,  Proxène,  etc.  —  Où  ces  officiers 
prennent -ils  leurs  hommes  ?  —  Dans  le  pays  où  ils  ont  quelque 
attache,  ordinairement  dans  leur  pays  natal.  —  D'où  viennent  donc 
les  mercenaires  grecs  }  —  De  l'Arcadie  (Xénias,  Sophénète,  Agias)  ; 
de  l'Achaïe  (Socrate),  de  la  Béotie  (Proxène),  etc.  En  résumé,  il  y 
avait  surtout  des  Péloponnésiens  ;  les  Béotiens  et  les  Athéniens 
étaient  en  très  petit  nombre.  —  Comment  les  officiers  procèdent-ils  ? 

—  Ils  enrôlent  leurs  hommes  :  les  uns,  des  hoplites  ;  d'autres,  des  pel- 
tastes ;  d'autres,  des  archers  ;  d'autres,  des  frondeurs.  —  Comment  la 
^concentration  de  l'armée  se  fait-elle  ?  —  Aussitôt  que  Cyrus,  qui  a  fait 

(1)  Voyez  6.  Cousin,  Kyros  le  jeune  en  Asie»Mineure.  Paris,  igoS,  p.  io8. 

(2)  G.  Cousin,  ouv.  cité,  p.  109, 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  42  Z 


-enrôler  des  soldats  mercenaires,  a  résolu  d'entreprendre  son  expédi- 
ât! on,  arpaxeOeaeai,  il  rassemble  son  armée  (depofZeiv  tô  OTpdTcu^a).  A  cet 
effet,  il  envoie  Tordre  aux  différents  stratèges  chargés  de  l'enrôlement 
de  lui  amener  eux-mêmes  ou  de  lui  envoyer  les  troupes  qu'ils  ont 
levées  et  exercées  ;  immédiatement,  elles  se  mettent  en  marche  et 
arrivent  avec  armes  et  bagages  au  lieu  désigné  (Xapôvraç  xà  ôirXa 
xrapeîvai)  (i).  —  Que  reçoivent  les  soldats  ?  —  Comment  se  paie  la 
solde  ?  —  Par  mois.  —  Montrez-le.  —  §  ii  et  §  12  (2). 

Quels  sont  les  différents  corps  de  troupes  ?  —  Les  hoplites  et  les 
peltastes  (§9).  —  Cest  la  grande  division  ;  l'auteur  ne  parle-t-il  pas 
d'autres  troupes  ?  —  Il  cite  les  gymnètes  (§  3),  les  archers  (§  9).  Les 
g^mnètes  sont  les  troupes  armées  à  la  légère  ;  elles  comprennent, 
entre  autres,  les  archers  pourvus  d'un  arc  et  d*un  carquois.  Les 
peltastes  en  diffèrent  en  ce  qu'ils  ont  comme  arme  défensive  un  petit 
bouclier  appelé  -nékn]. 

Occupons-nous  davantage  des  hoplites,  que  nous  pourrions  appeler 
Vinfanierie  de  ligne.  —  De  qyelle  couleur  est  leur  tunique  ?  —  Couleur 
pourpre  (§16  xi^iûvaç  q)oiviK{ouç).  —   Quelles  sont  leurs  armes  défen- 
sives ?  —  Le  casque  de  métal  (Kpdvoç  ;  §  16  Kpdvn  xaXKâ);  les  jambières 
(Kvr|l^îî>eÇ/  id.);  le  bouclier  (daTrfç,  id.).  —  N'ont-ils  pas  une  cuirasse  ?  — 
Ils  ne  l'ont  pas  revêtue,  pour  que  l'effet  des  tuniques  rouges  soit  plus 
grand.  —  Quelle  remarque  l'historien  fait-il  au  sujet  des  boucliers 
pendant  la  revue  ?  —   Il  dit  :  xàç  dairibaç  éKK€KaXu|ui|uiëvaç.  En  efifet, 
pendant  la  marche,  les  boucliers  étaient  recouverts  d  une  sorte  de 
fourreau  que  l'on  enlevait  avant  le  combat  et  dans  les  revues.  — 
Quelles  sont  les  armes  offensives  des  hoplites  ?  —  L'auteur  ne  les 
indique  pas  ;  il  se  sert  du  mot  rd  ÔTrXa,  qui  désigne  à  la  fois  le  bouclier 
et  la  pique. 

Passons  à  V organisation  générale  de  Varmée,  Les  régiments  placés  sous 
les  ordres  d'un  stratège  sont-ils  égaux  en  nombre  ?  — .  Non.  Ainsi 
Xénias  a  4000  hoplites  ;  Proxène,  i5oo  hoplites  et  5oo  gymnètes; 
Sophénète,  1000  hoplites,  etc.  —  Comment  le  régiment  est-il  divisé  ? 

—  Il  est  divisé  en  loches  (Xôxoi),  de  100  hommes  chacun.  —  Comment 
deux  loches  réunis  s'appellent-ils  ?  —  TdEiç.  —  Et  le  commandant? 

—  TaÇlapxoç. 

Xénophon  nous  parle  de  la  transmission  des  ordres.  Comment  se 
iait-elle  ?  —  Au  moyen  de  la  trompette,  ^wel  éadXmTHe. 

Voyons  les  manœuvres.  Elles  se  font  au  §  i5  par  loche.  Quel  est 

(  I  )  Pascal,  Étude  sur  Varmée  grecque,  p.  Sg. 

(2j  En  lisant  le  chap.  3,  le  maître  complétera  ces  renseignements  ;  les  élèves 
apprendront  de  combien  est  la  solde,  et  ils  pourront  alors  calculer  approximati- 
vement ce  que  coûte  l'armée  grecque.  (Voir  Cousin,  p.  188.) 


422  LE   MUSÉE   BELGE. 

son  front  ?  —  Le  loche,  n'ayant  que  4  hommes  de  profondeur, 
èm  TCTTdpujv,  a  un  front  de  24  hommes. 

Le  chapitre  nous  fournit  quelques  détails  sur  la  phalange. 

Qu'est-ce  que  la  phalange  ?  —  Quand  plusieurs  divisions  marchen: 
en  file  à  côté  Tune  de  Tautre,  comme  pour  le  combat,  elles  consti- 
tuent ce  qu'on  appelle  une  phalange,  La  profondeur  de  la  phalange 
est  ordinairement  de  4  ou  8  hommes,  c  est-à-dire  de  4  ou  8  rangs. 

Une  vraie  discipline  militaire  n'existait  pas  chez  ces  mercenaires  que 
guidait  l'intérêt  bien  plus  que  le  patriotisme.  Pourriez- vous  trouver 
dans  notre  chapitre  des  exemples  de  l'esprit  de  liberté  et  d^indépen- 
dance  qui  règne  chez  eux?  —  Ils  osent  réclamer  souvent  leur  solde 
(§  II)  ;  lors  de  la  revue  à  Tyriaeon,  ils  chargent  sans  commandement 
(§  17)  ;  à  Tarse,  furieux  de  la  fuite  de  leurs  camarades,  ils  pillent 
la  ville  et  le  palais  de  Syennesis  (§  26). 

Marche.  —  On  marche  par  étapes  déterminées  >  aTaeiaoùç  ou  (JTa9^ôv 
^HeXaOveiv).  —  De  quelle  longueur  sont  les  étapes  ?  —  Elles  sont 
d'ordinaire  de  5  parasanges  —  Que  vaut  un  parasange  ?  —  5  kil.  565. 

—  Que  valent  donc  les  5  parasanges  ?  -^  Par  trois  fois,  dans  le 
chapitre,  l'étape  est  de  5  parasanges.  N'est-elle  pas  quelcjucfois  plus 
longue  ?  —  Elle  est  de  6  (î^§  10  et  19),  d'un  peu  plus  de  6  (,^§  7,  19, 
20,  23),  de  plus  de  7  (§  6),  de  8  (§  6)  et  même  de  10  (j^  1 1).  —  Quelle 
est  la  durée  des  repos  ?  —  Elle  varie  :  7  jours  à  Colosses  ;  3o  à 
Célènes  ;  3  à  Peltes;  5  à  Caystiopédion;  3  à  Tyriaeon;  3  à  Iconion; 
3  à  Thoana.  —  D'où  vient  cette  différence?  —  Du  but  de  ces  haltes  : 
généralement,  on  veut  reprendre  des  forces  et  se  ravitailler  ;  d'autres 
fois,  on  attend  les  troupes  retardataires,  par  exemple  :  Ménon  (§  6), 
Cléarque  (§  9),  et  Ton  fait  un  recensement  ou  une  revue  (î$.^  9  et  14;. 
D  autres  fois  encore,  on  célèbre  une  fête  religieuse  (§  10).  —  Pourquoi 
s'arrête-t-on  un  jour  dans  la  plaine  avant  de  pénétrer  dans  la  Cilicie? 

—  On  craint  une  attaque  de  Syennesis  :  iXi^çjo  bè  nai  lu^wemç  €îvai 
éiri  Tuùv  ÛKpujv  cpuXdTTtuv  Tîiv  €iapoXr|v  (§  2l) 

Subsistances.  —  Comment  les  soldats  se  procurent-ils  des  vivres? 

—  Ils  les  achètent.  Les  vivres  sont,  en  effet,  mis  en  vente  par  des 
marchands.  Tant  que  les  Dix  mille  furent  à  la  solde  de  Cyrus,  celui-ci 
se  chargea  d'entretenir  un  marché  (àTopd)  :  la  plupart  de  ces  mar- 
chands étaient  Lydiens.  —  Une  ressource,  c'est  le  pillage.  Citez  uq 
exemple.  —  Cyrus  permet  aux  Grecs  de  piller  la  Lycaonie  (§  19).  — 
Un  autre  exemple  ?  —  Les  soldats  de  Ménon  se  sont  livrés  au  pillage 
(§§  25  et  26).  —  Une  troisième  allusion  ?  —  Le  traité  avec  Syennesis 
stipule  :  Tfjv  x«iJpav  unK^n  àpTrdleaGar  xà  be  i^pwaauéva  àvbpdTtoba,  fiv irou 
évTUTxdvujaiv,  dTToXaupdveiv. 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  42$ 


TROISIÈME  PARTIE. 
A.  Organisation  de  l'empire  perse. 

Comment  Tempire  est -il  partagé  ?  —  En  satrapies.  —  Quels 
satrapes  connaissez- vous  ?  —  Tissapherne  et  Cyrus.  —  Tous  les  pays 
qui  dépendaient  d'eux,  étaient-ils  entièrement  soumis  ?  —  Non.  Les 
Pisidiens  faisaient  de  fréquentes  incursions  dans  les  pays  voisins  ;  la 
Cilicie  était  plus  ou  moins  indépendante  ;  la  Lycaonie  était  aussi  un 
pays  de  montagnards  insoumis. 

B.  Cyrus  le  jeune. 

1 .  A  quels  sports  Cyrus  s'adonne- t-il  ?  — A  la  chasse  et  à  la  course 
à  cheval. 

2.  Sait-il  le  grec  ?  —  Non  ;  car  il  a  un  interprète,  à  moins  qu'il  ne 
regarde  comme  en  dessous  de  sa  dignité  de  parler  officiellement  grec. 

3.  Donnez  des  exemples  de  sa  générosité  envers  ses  soldats.  —  Il 
est  visiblement  contrarié,  quand  il  ne  peut  payer  la  solde  des  soldats  : 
où  Tcip  ?iv  iTpôç  ToO  KOpou  Tpôirou  ^xovTa  iiii^  dirobibôvai,  et  dès  qu'il  a  de 
l'argent,  il  leur  donne  une  solde  de  quatre  mois. 

4.  Comment  traite-t-il  ses  amis  ?  —  Il  leur  fait  des  cadeaux  splen- 
dides,  comme  à  Syennesis. 

5.  Comment  punit-il  les  traîtres  ?  —  Il  met  à  mort,  par  exemple, 
Mégapherne  et  un  autre  officier  royal. 

6.  Que  faut-il  pour  réussir  dans  une  expédition  ?  —  Il  faut  de 
l'argent  et  des  soldats.  —  Cyrus  a-t-il  l'argent  nécessaire  ?  —  Cyrus  a 
mal  pris  ses  précautions  ;  car  l'armée  n  a  pas  quitté  Sardes  depuis 
plus  de  cinquante-quatre  jours  qu'il  est  dû  aux  soldats  grecs  plus  de 
trois  mois  de  solde  (§  ii),  et  Cyrus,  importuné  par  les  réclamations 
qui  venaient  se  faire  entendre  à  la  porte  même  de  sa  tente ,  n'avait 
déjà  plus  d'argent  à  Kaystropédion  le  29  avril.  Heureusement, 
Epyaxa  lui  fit  présent,  dit-on,  de  sommes  considérables,  et  le 
prince  put  payer  aux  mercenaires  la  solde  de  quatre  mois  (j!;?  11 -12). 
De  plus,  Syennesis  lui  donna  encore,  de  son  côté,  de  fortes  sommes 
d'argent  (§  27). 

7.  Que  valent  ses  troupes  asiatiques  ?  —  Elles  prennent  la  fuite  en 
voyant  les  Grecs  charger  (§18).  —  Que  valent  les  mercenaires  grecs  ? 

—  Ils  sont  bien  armés,  bien  exercés,  mais  ils  sont  indisciplinés  et 
pillards. 

8.  Si  Cyrus  montre  trop  de  présomption  en  partant  sans  avoir 
l'argent  nécessaire,  il  montre  aussi  trop  de  précipitation.  Prouvez-le. 

—  A  deux  reprises,  il  doit  attendre  en  route  les  troupes  qui  lui 


424  LE   MUSÉE   BELGE. 


manquent  :  Ménon  et  Cléarque.  Il  n'a  donc  pas  fait  assez  vite  la 
concentration  de  ses  troupes.  —  Lui  importait -il  d'aller  vite  ?  — 
Oui  ;  car  Tissapherne  est  parti  pour  avertir  le  Grand  Roi. 

9.  Ce  sont  là  deux  fautes  ;  mais  Cyrus  fait  preuve  de  certaines  qua- 
lités. Montrez-le.  —  Il  dissimule,  à  deux  reprises,  le  but  véritable 
de  son  expédition  ;  il  recourt  au  mirage  des  promesses  (§  2)  ;  il  permet 
de  piller  la  Lycaonie  pour  s'attacher  les  soldats  ;  il  fait  la  revue  des 
troupes  pour  effrayer  les  troupes  asiatiques  ;  il  traite  en  roi  avec 
Syennesis  pour  lui  montrer  qu'il  est  sûr  de  la  victoire  ;  il  envoie  en 
avant  Ménon  et  il  fait  longer  les  côtes  par  sa  flotte  et  celle  des 
Lacédémoniens  pour  passer  sans  difficulté  les  Portes-de-Cilicie. 

QUATRIÈME  PARTIE. 

Xénophon. 

Quels* sont  les  renseignements  qu'il  donne  ? 

i**  Troupes,  —  Il  donne  des  détails  circonstanciés  sur  les  dififérentes 
unités  helléniques  qui  viennent  se  ranger  sur  les  ordres  de  Cyrus. 
Il  ne  parle  pss  de  la  mobilisation  des  troupes  indigènes.  C'est  à 
Tyriaeon  seulement,  quand  l'armée  est  partie  depuis  plus  de  deux 
mois,  qu'ils  nous  montre  Cyrus  passant  la  revue  des  Grecs  et  des 
Asiatiques  (§  14). 

2°  Deux  revues,  —  Pourquoi  deux?  —  L'une  est  un  simple 
dénombrement  ;  l'autre  est  un  dénombrement  et  une  parade  qui 
doit  impressionner  la  reine  et  les  troupes  asiatiques. 

3<>  La  longueur  des  marches. 

4**  La  largeur  d'un  fleuve  et  le  moyen  de  le  traverser  :  toutou 
(Méandre)Tô  eOpoç  bùo  irXëôpa  *  T^q)upa  bè  éTrf|v  éirrà  éEeuTiuiëvTi  irXoloiç  (§5); 
ToO  MapoOou  TÔ  eupôç  éaTiv  efKom  kqI  irëvTc  irobuj  v  (§  8);  cupoç  bùo  nXëOpuiv  (§  23). 

50  La  difficulté  de  traverser  une  montagne^  surtout  à  cause  des 
voitures  de  bagages  :  ôbôç  àiuaîiTôç  ôp0(a  CoxupiOç,  xal  dimrixavov  cioeXOciv 
aTpaT€Û|LiaTi,  €Ï  tiç  éKibXucv  (§21)  —  tô  ÛKpo,  Ta  ôpr|. 

6°  Les  points  fortifiés  :  paalXcia  épu^và  (§  8)  ;  ^poç  ôxupôv  Kd  ùmit^v 
(§  21)  —  cU  xw'piov  ôxupôv   (§  24). 

/*  Les  productions  du  sol  :  pourvu  qu'ime  plaine  produise  du  sésame,  • 
du  millet,  du  blé  et  de  lorge,  elle  est  belle. 

8°  L*état  des  villes  habitées  ou  désertes  :  irôXiv  olKOu^iévriy,  eùbai^ova  ital 
M€TdXTiv(§§6,7,2o). 

Que  concluez-vous  de  tous  ces  détails  ?  —  Xénophon  est  im  officier 
qui  étudie  toutes  les  questions  pratiques,  qui  recherche  tout  ce  qui 
facilite  ou  retarde  la  marche. 

Cet  officier  est  en  même  temps  un  patriote.  Montrez -le.  —  l\  est 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  425 


constamment  préoccupé  de  mettre  en  relief  l'armée  grecque  (cf.  la 
revue)  et  de  laisser  si  bien  dans  l'ombre  les  Asiatiques  qu'on  finit 
par  les  oublier.  Il  y  a  plus,  il  saisit  l'occasion  de, rappeler  la  défaite 
<le  Xerxès  à  Salamine. 

Xénophon  est  aussi  un  homme  religieux.  Quels  cultes  rappelle-t-il  ? 
—  Zeus,  par  la  mention  des  jeux  lycéens  en  l'honneur  de  Zeus 
Lrykaios  ;  Dionysos,  par  la  légende  de  Midas  ;  Apollon  et  Athéné, 
par  celle  de  Marsyas. 

En  résumé,  Xénophon  nous  donne  des  détails  surtout  sur  les 
troupes  grecques  (effectif  et  armement^  sur  la  marche  de  l'armée,  sur 
les  contrées  qu'il  traverse  ;  il  ne  parle  pas  du  changement  de  direction 
dans  sa  marche)  ;  il  touche  brièvement  à  deux  fables  (Marsyas  et 
Midas),  à  la  bataille  de  Salamine  et  à  la  fête  des  Lycéennes  ;  mais  il 
décrit  en  détail  la  revue  devant  Epyaxa. 


DICTÉES   FRANÇAISES 

par  F.  COL  LARD,  professeur  à  TUnivcrsité  de  Louvain. 
(Suite.) 

44.  La  veuve  anglaise. 

Il  y  a  quelque  vingt  ans,  dans  un  village  situé  à  dix  milles  et  demi 
environ  de  Londres,  mourut  subitement  et  sans  avoir  fait  aucun  acte  de 
dernière  volonté  le  mari  d'une  vieille  dame.  Le  défaut  de  cet  acte  allait 
priver  la  veuve  d'une  succession  assez  belle  qu'elle  avait  espéré  recueillir, 
lorsqu'elle  s'avisa  d'un  expédient  assez  singulier  :  elle  cacha  la  mort  de 
son  mari  et  engagea  un  pauvre  savetier,  son  voisin,  qui  ressemblait 
quelque  peu  au  défunt,  à  se  mettre  au  lit  chez  elle,  seulement  une  heure 
et  demie.  Dans  cette  position,  il  devait  dicter  un  testament,  et,  par  un 
legs  dûment  en  forme,  donner  tout  son  bien  à  sa  future  veuve.  On 
mande  le  notaire.  Il  arrive  au  bout  d'un  demi-ht\iTt  et  trouve  la  dame 
iftf-téte  et  tout  en  pleurs.  Elle  adresse  alors  au  soi-disant  moribond  les 
questions  nécessaires  pour  qu'il  manifeste  sa  dernière  volonté  Le 
savetier  soupire  profondément,  feint  d'être  près  de  rendre  l'âme  et 
répond  d  une  voix  demi-éltmlt  :  «  Mon  intention  est  de  laisser  l'usu- 
fruit de  tous  mes  biens  à  ma  femme,  et  la  Mi^-propriété  au  pauvre 
savetier  qui  demeure  en  face  de  ma  maison  ;  c'est  un  hrave  homme 
chargé  de  six  enfants  dont  le  dernier  n'a  pas  deux  ans  et  dimi;  il  mérite 


426  LE    MUSEE   BELGE. 


d'être  secouru  ;  il  m'a  d'ailleurs  rendu  tous  les  services  qu'il  a  pu  ».  A 
ces  mots,  la  veuve  fut  frappée  comme  d'un  coup  de  foudre  ;  mais  eOc 
n'osa  souffler  mot,  dans  la  crainte  de  tout  perdre,  et  se  vit  forcée  de 
partager  avec  le  rusé  savetier  le  fruit  d'un  stratagème  dont  elle  avai: 
espéré  garder  pour  elle  seule  tous  les  avantages. 

(Lepetit,  2*  année. 
Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 

45.  La  famine  sur  un  vaisseau. 

Les  flots  mugissants  étaient  tombés  :  on  n'entendait  plus  les  siffle- 
ments aigus  des  vents  soufflant  avec  violence,  ni  les  craquements  des 
mâts  retentissant  avec  fracas  dans  leur  chute  ;  on  ne  voyait  plus  devant 
soi  les  abîmes  béants,  tout  prêts  à  vous  engloutir.  Mais  à  ces  dangers 
en  avaient  succédé  de  bien  plus  graves,  de  bien  plus  menaçants.  La 
faim  aux  traits  hideux  et  repoussants,  l'horrible  faim,  enveloppant  le 
navire  comme  d'un  réseau  de  mort,  s'était  abattue  sur  notre  malheureui 
équipage,  et  y  exerçait  des  ravages  tels  qu'il  ne  peut  être  donné  à  une 
bouche  humaine  de  les  décrire  ou  de  les  raconter.  Non, vous  n'assisterez 
jamais  à  des  spectacles  plus  navrants  que  celui  que  nous  avons  eu  alors 
sous  les  yeux.  La  plupart  des  matelots  étaient  là  gisants,  confondus 
pêle-mêle  avec  les  passagers.  Les  uns,  déjà  mourants  et  ne  tefiant  plus  à 
la  vie  que  par  un  vain  souffle, ressemblaient  plus  à  des  spectres  ou  à  des 
cadavres  qu'à  des  êtres  vivant  encore.  D'autres,  d'une  complexion  plus 
forte,  voyant  devant  eux  la  perspective,  et  sous  leurs  yeux  le  spectacle 
des  maux  auxquels  ils  étaient  destinés,  s'abandonnaient  à  toute  la 
fureur  du  désespoir.  On  les  voyait  errant  çà  et  là  sur  le  navire,  poussait 
des  cris  déchirants  ;  ou  bien,  à  genoux  et  tremblants,  étendant  \Q\iTsbT2,% 
vers  le  ciel,  et  demandant  à  Dieu  de  les  délivrer  de  leurs  maux.  Telle 

était  notre  situation  quand  nous  fûmes  secourus. 

(Gallien.) 
Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 

46.  Rouen. 

A  sept  heures  moins  un  quart  nous  arrivions  à  la  gare  du  chemin 
de  fer  de  Rouen,  et  deux  minutes  plus  tard  nous  partions  sans  notre 
bagage  ;  mais,  grâce  à  la  dextérité  du  commissionnaire  obligeant  et 
diligent  qui  nous  avait  reçus  en  descendant  de  voiture,  et,  il  faut  bien 
l'avouer,  mes  coudes  et  ceux  de  mes  compagnons  aidant,  tout  s'ar- 
rangea pour  le  mieux.  Nous  montons  gaiement  en  wagon,  et  me  voilà 
écarquillant  les  yeux  pour  saisir  au  passage  les  délicieux  points  de  vue 
répandus  à  profusion  sur  la  route.  A  onze  heures  et  demie  nous  étions  à 
Rouen  ;  mais  le  temps,  qui  commençait  à  se  brouiller,  vint  tempérer 


PARTIE    PÉDAGOGIQUE.  427 


la  joie  qui  nous  avait  animés  jusque-là.  Cependant,  comme,  à  tout 
prendre,  la  mauvaise  humeur  n'avait  pas  le  pouvoir  d'apaiser  cette 
pluie  malencontreuse,  qui  tombait  alors  comme  si  toutes  les  cataractes 
du  ciel  se  fussent  entr* ouvertes,  nous  eûmes  bientôt  bravement  pris 
notre  parti  ;  et  une  fois  nos  bagages  installés  sur  le  pyroscaphe  qui 
devait  nous  conduire  au  Havre,  nous  commençâmes  nos  explorations, 
non  sans  avoir  préalablement  fort  bien  déjeuné  de  bifteck  et  de  café 
au  lait. 

Connais-tu  Rouen  ?  Dans  le  cas  contraire,  si  jamais  tes  affaires  ou 
ton  plaisir  t'y  appelle,  imite  notre  exemple  ;  et  au  lieu  de  te  briser  les 
pieds  sur  les  cailloux  pointus  de  ses  longues,  étroites  et  tortueuses 
rues,  va  visiter  la  cathédrale  ;  vas-y  de  prime-abord  :  fais-toi  ouvrir 
les  portes  de  ses  tours  ;  gravis  les  deux  cent  quatre-vingts  marches  qui 
conduisent  au  sommet.  Prends  bien  garde,  chemin  faisant,  que  le 
vertige  ne  te  saisisse  ;  aie  la  précaution  de  ne  pas  quitter  la  corde,  qui, 
toute  sale  et  tout  usée  qu'elle  est,  n'en  est  pas  moins  un  soutien  solide. 
On  a  vu  des  gens  négligents  qui,  négligeant  cette  précaution,  se  sont 
laissés  choir.  Une  fois  arrivé  sur  la  plate-forme  qui  s'avance  en  saillie, 
c'est-à-dire  qui  saille  en  dehors,  tu  me  remercieras  du  charmant  coup 
d'oeil  dont  je  t'aurai  fait  jouir  ;  car,  n'en  déplaise  aux  Rouennais, 
bourgeois,  fabricants  de  rouenneriés  ou  autres  habitants  fabriquant 
quoique  ce  soit, c'est  le  seul  point  de  vue  sous  lequel  leur  ville  apparaisse 
avec  quelque  avantage. 

(Lévi  Alvarès  et  Rivail,  Dictées  normales,) 

Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 

47.  Le  favori. 

Le  roi  de  Perse  avait  un  favori  ;  mais  quelque^  grandes  que  fussent^ 
les  dignités  qu'il  avait  accumulées  sur  sa  tête,  de  quelques  richesses 
qu'il  Vei^t  comblé^,  l'âme  de  ce  favori  s'était  (chose  bien  rare  !)  conservée 
pure  et  sans  tache  au  milieu  des  séductions  que  la  cour  lui  avait 
offertes.  Il  avait  des  manières  toutes^  simples,  tout  aimables  qui  auraient 
dû  le  faire  chérir  de  tous  les  courtisans,  quels  qu'ils  fussent.  Il  aimait 
véritablement  son  roi,  et  les  services  qu'il  avait  rendus  à  l'Etat  n'avaient 
point  été  inspirés  par  l'ambition.  Sa  conduite,  tout  humble  et  toute 
simple  qu'elle  étaii^,  avait  excité  la  jalousie  des  envieux  qui  avaient  déjà 
fait  pour  le  perdre  tous  les  efforts  qu'ils  avaient  pu^;  mais  il  s'en  fallait 
de  beaucoup  que  le  roi  fût  disposé  à  renvoyer  cet  excellent  ministre, 
pour  lequel^  il  avait  une  estime  et  un  attachement  extraordinaires,  une 
amitié  à  toute  épreuve.  Cependant  quelques  grands  services  qu'il  eût 
rendus  à  ce  prince,  quel  que  fût  son  dévoûment  pour  lui,  les  moyens 


428  LB   MUSÉE  BBLGB. 


perfides  que  les  courtisans  avaient  résolu  d'employer  contre  lui  finirent 
par  obtenir  le  succès  qu'ils  en  avaient  espéré  ;  et  le  ministre  fut  con- 
damné à  l'exil,  tant  est  peu  solide  le  terrain  de  la  faveur  des  grands  ! 

(Dictées  normales.) 
Donnez  les  explications  syntaxiques  demandées  relativement  aux  mou  icaliqun  : 
1,  mot  variable  ou  invariable  :  pourquoi  î  —  2,  mode  ei  temps.  —  3,  mode  et  temps  ; 
de  quoi  ce  temps  est-il  formé?  —  4,  nature  et  orthographe.  —  5,  mode,  différeoce 
de  sens  entre  tout  humble  qu'elle  était  et  quelque  humble  qu^  elle  fût,  —  6,  variabilité 
ou  invariabilité.  —  7,  par  quoi  lequel  pourrait-il  être  remplacé  ?  Lequel  des  deux  est 
préférable  ? 

48.  Une  bonne  action. 

Une  pauvre  femme,  toute  jeune  encore,  avec  un  enfant  de  qusîqtu 
sept  à  huit  ans«  s'était  venue  placer  dans  une  avenue  des  Champs 
Elysées,  espérant  obtenir  quelques  secours  de  la  charité  des  passants. 
Elle  s'est  mise  aussitôt  à  chanter,  mais  tout  émue  et  si  tremblante 
qu'à  peine  sa  voix  pouvait-elle  être  entendue.  Quant  au  petit  garçon, 
avec  une  gravité  qui  eût  prêté  à  rire  dans  une  tout  autre  circonstance, 
il  tirait  d'un  mauvais  violon  je  ne  sais  quels  sons  aigres  et  criards,  qui 
ont  bientôt  fait  fuir  tous  les  promeneurs  ;  de  sorte  que  les  deux  mal- 
heureux n'ont  pas  tardé  à  se  trouver  dans  un  complet  isolement.  Seule» 
une  jeune  dame,  que  j'avais  vue.  s'apitoyer  en  les  regardant,  avait 
continué  à  passer  et  à  repasser  devant  eux,  appuyée  au  bras  d'un 
homme,  jeune  aussi,  et,  comme  sa  compagne,  vêtu  avec  une  extrême 
élégance.  Plusieurs  fois  je  les  avais  vus  jeter  dans  la  sébile  quelques 
pièces  de  menue  monnaie,  et  cela  avec  une  sorte  d'afifectation,  comme 
s'ils  avaient  cru  appeler  d'autres  offrandes,  en  piquant  d'honneur,  faute 
de  mieux,  l'amour-propre  et  la  vanité.  Mais  ils  n'y  avaient  point  réussi  ; 
et  leur  expédient,  comme  leur  bonne  intention,  était  testé  sans  eSet. 
Tout-à-coup,  voilà  que  la  jeune  dame  s'est  mise  à  la  place  de  la 
pauvresse  tout  ébahie,  et  que  la  rauque  machine  du  petit  bonhomme 
a  passé  dans  les  mains  du  monsieur,  qui,  après  quelques  sons  vigou- 
reux qu'il  a  fait  jaillir  du  chétif  instrument,  prélude  et  commence. 
Bientôt,  à  sa  voix  ample  et  sonore  s'est  mariée,  comme  une  âme  répon- 
dant à  une  âme,  une  autre  voix  timide  d'aboi:d,  puis  hardie  et  vibrante; 
et  toutes  deux,  confondues  et  distinctes,  montent  et  s'élèvent,  comme 
la  prière  vers  le  ciel,  répandant  au  loin  autour  d'elles  des  flots  d'une 
indéfinissable  harmonie.  A  l'instant,  les  promeneurs  qui  avaient  fui,  se 
sont  rapprochés,  pressés,  entassés,  pour  entendre  et  pour  voir  ;  les 
dons  ne  se  sont  pas/ait  attendre,  et  ils  se  sont  succédé  rapides  dans  la 
sébile  devenue  trop  petite  ;  puis  les  deux  virtuoses,  jugeant  leur  mission 
et  leur  rôle  Jînis,  se  sont  éclipsés,  envolés,  comme  des  anges  que  sans 

doute  ils  étaient. 

(GaUien.) 
Rendez  compte  de  l'orthographe  des  mots  italiques. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE.  429^ 

49.  Aventure  d^Attale. 

1.  C'était  une  rude  vie  que  celle  que  Ton  menait  pendant  les 
premiers  siècles  de  Texistence  de  notre  nation.  Il  fallait  que  chacun 
luttât  continuellement  pour  conserver  sa  liberté  ou  pour  la  recouvrer  ; 
car  il  n'était  pas  rare  qu'on  la  perdit^  à  quelque  rang  de  la  société  que 
Ton  appartint.  Témoin  Attale,  neveu  du  bienheureux  Grégoire,  évéque 
de  Langres,  devenu  l'esclave  d'un  barbare  des  environs  de  Trêves.  Le 
bon  évéque  aurait  donné  tout  ce  qu'il  possédait  pour  qu'on  lui  ramenât 
le  captif. 

2*  Aussi  Tun  de  ses  serviteurs,  nommé  Léon,  résolut-il  de  tenter 
l'aventure,  et  voici  ce  qu'il  imagina  :  «  J'exige  de  ton  amitié,  dit-il  à 
l'un  de  ses  compagnons,  que  tu  viennes  avec  moi  et  que  tu  me  vendes 
à  ce  barbare,  maître  d' Attale.  Le  prix  de  la  vente  sera  pour  toi.  »  Après 
bien  des  hésitations^  l'autre  y  consentit.  Mais  tout  n'était  pas  fini  : 
pour  que  Léon  réussit  dans  son  projet,  il  était  nécessaire  qu'il  gagnât 
la  faveur  du  barbare,  et  qu'il  devint  en  quelque  sorte  son  intendant.  En 
moins  d'un  an,  il  arriva  à  ce  poste,  grâce  à  ses  talents  culinaires.  Le 
seigneur  franc,  pourvu  qu'il  fit  bonne  chère,  s'inquiétait  peu  de 
l'origine  et  des  antécédents  de  ses  principaux  serviteurs.  «  C'est  main- 
tenant, pensa  Léon,  qu'il  convient  que  je  me  mette  à  l'œuvre.  » 

3.  Il  se  rendit  dans  la  prairie,  située  proche  de  la  maison  où  Attale 
gardait  les  chevaux,  et,  se  couchant  à  terre  à  quelque  distance  et  \\jX 
tournant  le  dos,  afin  qu'on  ne  s  aperçût  pas  qu'ils  parlaient  ensemble  : 
•  Il  est  temps,  dit-il  au  jeune  homme,  que  nous  songions  à  retourner 
dans  notre  patrie.  Il  faut  que  tu  l'apprêtes  à  partir  cette  nuit  même, 
dès  que  je  t'appellerai.  »  Le  soir  venu,  Léon  et  Attale  s'échappèrent, 
non  sans  avoir  enlevé  au  maître,  dans  la  chambre  où  il  dormait,  son 
bouclier  et  sa  framée. 

4.  On  devine  quelle  diligence  il  leur  fallut  faire  pour  qu'ils  ne/M55^^ 
pas  rattrapés  par  le  chef  barbare,  qui  s'était  mis  à  leur  poursuite. 
Cependant  les  obstacles  se  multipliaient  devant  eux.  La  troisième  nuit 
était  survenue  depuis  leur  départ  sans  qu'ils  eussent  pris  la  moindre 
nourriture.  Ils  allaient  succomber  à  la  faim,  quand  Dieu  permit  qu'ils 
trouvassent  un  arbre  couvert  de  prunes.  Ils  en  mangèrent,  et  s'étant  un 
peu  soutenus  par  ce  moyen,  ils  continuèrent  leur  route  vers  la 
Champagne. 

Comme  ils  avançaient,  ils  entendirent  un  bruit  de  chevaux.  Ils  se 
blottirent  derrière  un  grand  buisson  de  ronces,  leurs  épées  nues  à  la 
main,  afin  que,  s'ils  étaient  attaqués,  ils  pussent  se  défendre.  Les  cava- 
liers s'arrêtèrent  près  du  buisson  d'épines.  C'était  le  barbare,  leur 
maître,  qui  était  à  leur  recherche. 


43o  LE   MUSÉE   BELGE. 


5.  Cependant  les  chevaux  ne  tardèrent  pas  à  s'éloigner,  au  grand 
soulagement  de  Léon  et  d'Attale.  Le  danger  passé,  Léon  et  Attale  se 
remirent  en  route  et  ne  s'arrêtèrent  plus  jusqu'à  ce  qu'ils ^s^«/  arrivés 
à  Langres,  chez  Tévéque  Grégoire.  Le  pontife  pleura  sur  le  cou  de 
son  neveu,  il  voulut  qu'on  affranchît  sur-le-champ  Léon  et  les  siens,  et 
qu'on  lui  donnât  des  terres  en  propre  dans  lesquelles  il  vécut  libre  le 
reste  de  ses  jours  avec  sa  femme  et  ses  enfants. 

(Larive  et  Fleury,  La  deuxième  année  de  grammaire.) 
Rendez  compte  de  Torthographe  des  mots  italiques. 

5o.   Une  excursion. 

Me  voici  de  retour  d'une  excursion  en  plaine  campagne  et  en  pleine 
mer.  J'allai,  à  trois  milles  de  Londres,  chez  un  ami  qui  possède  ud 
magnifique  château  et  un  parc  rempli  de  garennes  dont  il  a  l'usufruit, 
et  sa  tante  la  n%u  propriété.  Plus  d'un  Anglais  affirme^  et  la  plupart  des 
voisins  assurent  qu'il  n'y  a  rien  d'aussi  beau  que  tout  cela  à  dix  lieues 
de  là.  Devant  le  château,  où  le  plus  grand  nombre  des  statues  représente 
des  sujets  mythologiques,  et  où  la  plus  grande  partie  des  bosquets 
porte  des  inscriptions  latines  ou  françaises,  il  y  a  mille  ruisseaux  arro- 
sant et  rafraîchissant  d'admirables  boulingrins  (pièces  de  gazon)  tout 
semés  de  dahlias,  de  rosiers,  de  marguerites  et  de  pensées.  Autour 
du  parc,  que  protègent  contre  les  maraudeurs  de  nombreux  gardes- 
chasse^  se  déploie  une  vaste  étendue  de  terres  labourables  dont  la 
plupart  sont  affermées,  de  père  en  fils,  à  de  très  anciens  cultivateurs. 
Une  foule  de  troupeaux,  conduits  par  leurs  bergers,  dépouillent  l'herbe 
à  belles  dents,  et  enrichissent  de  leurs  produits  fermiers  et  propriétaires. 
Jamais  je  n'en  ai  tant  vu  paître  ensemble;  jamais  je  n'en  ai  tant  rwi- 
sidéré  d'un  seul  regard.  Il  est  rare,  en  effet,  de  voir  dans  nos  pays  un 
si  grand  nombre  de  brebis  appartenant  au  même  domaine,  et  qui 
paissent  ensemble  sur  un  même  territoire, 

(De  Grisy,  Nouveau  cours  de  dictées  françaises.) 
Expliquez  Torthographe  des  mots  italiques. 

5i,  La  fabrication  de  V acier. 

Quelques^  grandes  recherches  qu'on  ait  faites'^,  on  n'a  trouvé  aucun 
renseignement  sur  l'origine  de  la  fabrication  de  l'acier;  mais  une 
opinion  qui  s'est  fort  accréditée,  la  fait  remonter  aujourd'hui  à  une 
époque  bien  antérieure  à  notre  ère.  Dans  l'antiquité,  c'étaient^  les 
Indiens  qui  excellaient  à  travailler  l'acier,  et  c'était  de  leurs  usines  que 
sortaient*  la  plupart  de  ces  fameuses  lames  d'épée  appelées  lames  damas- 


PARTIE   PÉDAGOGIQUE.  ^3l 


SUS,  non,  comme  il  n'est  pas  rare  qu'on  le  croie^,  parce  qu'elles  se 
faisaient  à  Damas,  mais  parce  que  c'est  de  cette  ville  que^  les  Euro- 
péens les  tiraient  anciennemenl.  La  fabrication  de  iWier  fut  également 
très  avancée  chez  les  Egyptiens,  témoin  les  monuments  de  granit  dont 
les  innombrables  sculptures  n'ont  pu  être  exécutées  qu'avec  des  outils 
d'acier.  Les  Grecs  se  vantaient  d'avoir  inventé  l'acier  ;  mais  c'était  à 
tort,  car  il  est  certain  que  l'Egypte  ou  TOrient  le  leur  avaif  fait  con- 
naître. Les  procédés  des  Grecs,  si  toutefois  ils  en  ont  eu^,  ne  pénétrèrent 
jamais  chez  les  Romains,  qui  attribuaient  aux  Espagnols  l'invention 
de  Tacier.  En  effet,  pendant  les  dix  siècles,  qu'a  duré^  le  moyen  âge, 
l'Espagne  a  excellé  dans  la  fabrication  du  métal  dont  il  s'agit  ;  quelques 
aciéries  s  étaient  cependant  élevées  dans  plusieurs  pays  d'Europe; 
mais  la  France  n'en  a  possédé  qu'à  une  époque  toute  moderne  ;  la 
première  aciérie  y  fut  créée,  dit-on,  vers  mil^^  six  cent,  sur  la  rivière 
des  Gobelins,  à  Paris. 

(  D'après  le  Grand  Dict.  univ,  du  XI X*  siècle,  dans  Lepetit, 
Dictées  littéraires,) 
Faites  les  remarques  syntaxiques  auxquelles  donnent  lieu  les  mois  italiques  : 
1,   variabilité  ou   invariabilité;   2,   mode   et    temps;    3  et  4,   accord  du  verbe; 
5,  mode  ;  6,  pourrait-on  remplacer  que  par  dont  ?  7,  accord  du  verbe  ;  8  et  9,  varia- 
bilité ou  invariabilité;  10,  orthographe. 

52.   Une  trombe  d'air. 

Représentez- vous  une  masse  d'air  prise  tout  à  coup  entre  deux  vents 
contraires,  et  tournant  avec  rapidité  sur  elle-même,  comme  le  sabot 
sous  le  fouet  impitoyable.  Dans  ce  mouvement,  elle  sest  rétrécie 
à  sa  base,  et  ouverte  à  sa  partie  supérieure  en  forme  d'un  immense 
cratère.  La  voilà  qui  s'élève  en  tournoyant,  emportée  avec  une  vitesse 
effrayante  par  le  milieu  des  airs.  Tous  les  objets,  quels  quWs  soient^ 
qu'elle  a  rencontrés  devant  elle  et  autour  d'elle,  sables,  pierres,  arbres, 
habitations  même,  elle  les  a  saisis,  entraînés,  engloutis  dans  ses  vastes 
flancs. 

Alors,  malheur  au  pays  sur  lequel  aura  passé  la  tempête  !  car  les 
autres  fléaux  ne  sont  rien  auprès  de  la  trombe  d'air  :  ni  les  tremble- 
ments de  terre;  ni  la  foudre;  ni  la  grêle  détruisant  tout  sur  son  pas- 
sage ;  ni  les  torrents  et  les  rivières  débordés,  inondant  les  campagnes  et 
couvrant  d'une  vase  épaisse  les  guérets  ensemencés,  seule  espérance 
du  laboureur  ;  ni  enfin  aucune  des  autres  calamités  sans  nombre  par 
lesquelles  la  terre  s'est  vue  si  souvent  ravagée. 

O  vous,  à  qui  il  est  arrivé  de  parcourir,  après  le  passage  d'une 
trombe,  la  contrée  malheureuse  sur  laquelle  s'est  exercée  sa  fureur. 


432  LE   If  USÉE   BELGE. 


dites-nous  si  quelque  chose  a  été  respecté^  même  la  moisson  du  pauvre^ 
si  une  seule  demeure  s'est  vu  épargner,  même  la  maison  de  Dieu. 

(GaUien.) 
Donnez  les  explications  grammaticales  que  demandent  les  mots  italiques. 

53.  Les  fourmis. 

Les  fourmis  sont  de  petits  insectes  qui  vivent  en  société  ;  elles  pré- 
sentent trois  sortes  d'individus  :  les  mâles  et  les  femelles,  chargà  de 
la  reproduction  de  l'espèce,  et  les  neutres  ou  fourmis  ouvrières^  qui 
doivent  pourvoir  aux  besoins  de  toute  la  société,  rassembler  les 
matériaux  de  la  fourmilière,  procéder  à  sa  construction,  réunir  les 
Tivres  nécessaires  à  la  nourriture  des  larves  et  à  celle  des  individus  par- 
faits. Toujours  en  mouvement,  elles  marchent  à  la  suite  les  unes  dc& 
autres  et  sur  deux  files  :  d'un  côté  se  trouvent  celles  qui  s'éloignent  de 
la  fourmilière,  et  de  l'autre  celles  qui^  reviennent.  Les  unes  roulent 
kborieusement  des  grains  quelquefois  plus  gros  qu'elles  ;  àHautres  se 
réunissent  pour  voiturer  une  paille,  un  brin  d'herbe  ou  de  bois.  Pen- 
dant ce  temps,  celles  qui  sont  restées  au  logis  continuent  à  creuser  des 
galeries,  les  étançonnent,  et  construisent  des  magasins  oii  leurs  larves 
trouveront  les  provisions  nécessaires. 

Les  fourmis  se  nourrissent  surtout  de  matières  sucrées  ;  aussi  les 
voit-ofî  souvent  envahir  par  bandes  innombrables  les  armoires  w  Ton 
serre  des  confitures,  du  sucre,  du  miel.  Elles  donnent  la  chasse  d'une 
façon  fort  curieuse  aux  petits  insectes  appelés  pucerons,  que  l'on  trouve 
particulièrement  sur  les  rosiers,  les  pêchers  :  non  pas  qu'elles  fassent 
leur  proie  des  animaux  eux-mêmes  ;  elles  se  bornent  à  leur  dérober 
une  matière  gommeuse  et  sucrée  qui  enduit  leur  corps.  Elles  sont 
d'autant  plus  à  leur  aise  pour  dépouiller  ces  insectes,  que  ceux-ci 
restent  à  peu  près  invariablement  fixés  sur  la  branche  ou  la  feuille  où 
ils  sont  éclos. 

On  exagère  beaucoup  le  tort  que  les  fourmis  font  à  la  culture.  Elles 
ne  dévorent  point  les  feuilles  des  arbres  ;  tout  au  contraire,  elles  font 
la  guerre  aux  insectes  qui  les  dépouillent  ;  elles  n'attaquent  presque 
jamais  les  fruits,  et  n'y  touchent  que  lorsque  d'autres  insectes,  comme 
les  guêpes  ou  les  perce-oreilles,  ont  commencé  à  les  entamer.  Mais  en 
creusant  les  fourmilières  au  pied  des  arbres,  elles  fouillent  le  terrain, 
dépouillent  les  racines,  et  quelquefois  même  les  coupent  pour  percer 
leurs  galeries. 

Les  fourmis,  à  l'approche  des  froids,  s'enferment  dans  la  fourmilière 
et  y  demeurent  ensevelies  dans  un  sommeil  léthargique,  que  partagent 
aussi  les  pucerons  élevés  par  elles  en  captivité.  Leurs  provisions  ne 


PARTIE  PÉDAGOGIQUE.  433 

sont  donc  pas  faites  particulièrement  en  vue  de  la  saison  d'hiver, 
puisqu'alors  elles  n*en  peuvent  jouir.  Ainsi  la  fable  de  la  Cigale  et  la 
Fourmi,  toute  charmante  qu'elle  est,  a  le  grave  tort  de  donner  aux 
enfants  deux  idées  fausses  ;  car  la  cigale  meurt  à  l'automne  et  la  fourmi 
s'endort  pendant  l'hiver.  Nous  ne  parlons  pas  de  ce  vice  d'égoisme 
dont  elle  semble  faire  un  mérite  à  la  fourmi. 

(Garrigues.) 
Donnez  les  explications  grammaticales  que  demandent  les  mots  italiques. 

54.  La  baleine. 

La  nature  s'est  plu  à  fabriquer  à  la  baleine  sur  les  deux  côtés  de  la 
mâchoire  supérieure,  en  compensation  des  dents  qu'elle  ne  lui  a  pas 
données,  un  des  appareils  les  plus  extraordinaires  que  vous  ayez  entendu^ 
décrire.  Sur  les  bords  de  la  bouche,  la  baleine  porte  un  grand  nombre 
de  lames  cornées  qu'on  a  nommées  fanons,  et  que  l'industrie  humaine 
a  utilisées  de  mille  et  une  façons.  Au  sommet  et  sur  les  bords  des 
fanons,  les  fibres  élastiques  dont  ils  se  composent,  se  détachent  de  la 
lame,  et  on  les  yoil  pendre^  hors  de  la  bouche  comme  des  touffes  de 
crin.  Quand  la  baleine  veut  faire  un  repas,  elle  étale  à  la  surface  de 
Teau  ses  fanons,  dans  les  barbes  desquels  accourent^  st  jouer*  une  foule 
de  tout  petits  animaux  marins.  Tout  à  coup^^  au  moment  où  la  troupe 
est  au  complet,  le  colosse  ouvre  sa  gueule  toute^  grande,  et  Teau  de  la 
mer  s'y  précipite  comme  dans  un  gouffre,  entraînant  avec  elle  les  petits 
imprudents,  qui  disparaissent  à  jamais.  Seulement,  comme  l'estomac 
de  la  baleine,  quelque"^  écartées  quV«*  soient  les  parois,  serait  trop 
gorgé  d*eau,  il  a  été  pourvu  d'un  appareil  particulier  qui  obvie  à  cet 
inconvénient.  Tout  le  liquide  superflu  est  rejeté  de  l'arriére- bouche, 
et  s'élance  en  longs  jets  par  les  fosses  nasales. 

(D'après  Xavier  de  Maistre,  dans  Lepetit,  Dictées  littéraires,) 
Faites  les  remarques  grammaticales  auxquelles  donnent  lieu  les  mots  italiques  : 
1)  mode  et  temps  ;  2  et  4}  fonction  ;  3)  accord  ;  5)  comparez  avec  tout  d'un  coup  ; 
6  et  7)  nature  ;  8)  emploi. 

55.  Le  chien  du  lépreux. 

Depuis  quelque^  deux  ans,  un  petit  chien  s'était  donné  à  nous  ;  ma 
sœur  l'avait  pris  en  affection,  et,  depuis  que  la  mort  me  l'avait  ravie, 
ce  pauvre  animal  était  une  consolation  pour  moi.  Nous  devions  sans 
doute  à  la  laideur  que  lui  avait  donnée  la  nature,  le  choix  qu*il  avait 
fait  de  notre  demeure  pour  son  refuge.  Riches,  pauvres,  tout  le 
monde  Yavait  rebuté'^;  mais  il  était  encore  un  trésor  pour  la  maison  du 
lépreux.  En  reconnaissance  de  la  faveur  que  Dieu  nous  avait  accordée 


4^4  •  LE    MUSÉE   BELGE. 

en  nous  donnant  cet  ami,  ma  sœur  et  moi  l'avions  nommé  MiracU  ; 
et  son  nom,  qui  contrastait  avec  sa  laideur,  autant  que  sa  gaieté 
naturelle,  nous  avait  distraits^  de  nos  chagrins.  Quelle  que  y»/*  notre 
surveillance,  il  s'échappait  quelquefois,  et  je  n'avais  jamais  pensé  que 
cela  pût^  être  nuisible  à  quelqu'un.  Cependant  plusieurs  habitants  de 
la  ville  s'en  étant  alarmés,  crurent  qu'il  pouvait  les  iafecter  du 
germe  de  ma  maladie;  ils  se  plaignirent  au  commandant,  qui  ordonna 
que  mon  chien  /ùt  tué^.  Des  soldats  passèrent  une  corde  au  cou  du 
pauvre  animal,  et  l'entraînèrent  ;  ils  voulaient  le  noyer,  mais  la  popu- 
lace qui  s'était  amassée  devant  la  porte  l'assomma  à  coups  de  pierres*. 
Je  passai  le  reste  de  la  journée  et  la  nuit  suivante  tout'  entière  dans 
une  agitation,  une  fièvre  brûlante*. 

{D'après  J.  Macé,  dans  Lepetit,  Dictées  littéraires.) 
Faites  les  remarques  syntaxiques  auxquelles  donnent  lieu  les  mots   italiques  : 
i)  nature  ;  2  et  3)  accord  ;  4,  5  et  6)  mode  et  temps  ;  7)  nature;  8»  accord. 

56.  L'Afrique  septentrionale, 

L'Afrique,  qu'on  a  reconnu^  être  beaucoup  plus  petite  que  l'Asie,  est 
la  contrée  qu'on  a  le  moins  explorée  ;  son  climat  brûlant,  ses  déserts 
affreux,  ses  habitants  tout'^  barbares  ou  tout  stupides,  l'ont  fait  passer 
longtemps  pour  la  dernière  des  contrées  du  globe.  Cependant  une 
partie  de  cette  terre  désolée  s'est  enorgueillie  d'être  les  délices  du 
monde,   et  un  de  ses  peuples,   qui  a  bien  dégénéré  depuis,  nous  a 
donué^  les  premières  notions  des  sciences.   L'Egypte,  en  effet,  tout 
amoindrie  et  toute  déchue  qu'elle  est,  a  été  le  berceau  des  connaissances 
humaines  ;  et  la  côte  de  Barbarie,  appelée  aussi  et  avec  plus  de  raison 
Berbérie,  s'est  vw*  surnommer  le  jardin  du  monde,  pendant  toute  la 
période  de  temps  qu'a  duré  la  fortune  de  Carthage  et  de  Rome.  C'est 
aussi  là  que,  dans  des  temps  plus  reculés,  la  mythologie  avait  placé  le 
jardin  des  Hespérides  avec  ses  pommes  d'or  gardées  par  un  dragon. 
Traçons  en  quelques  mots  les  différentes  révolutions  qu'il  y  a  eu^  dans 
cette  contrée.   Les  anciens  n'ont  point  connu  le  contour  entier  de 
l'Afrique,  quoique  plusieurs  historiens  aient  avancé  que  les  Phéniciens 
et  les  Carthaginois  en  avaient  fait  le  tour  ;  car  la  plupart  de  ceux  qui 
ont  écrit  sur  la  géographie  ancienne  se  sont  tus  sur  ces  voyages  ou  les 
ont  révoqués  en  doute.  QuoiquhX  en  soit,  on  peut  dire  que  les  Grecs  et 
les  Romains  n'ont  connu  de  l'Afrique  que  la  côte  septentrionale.  Nous 
parlerons  une  autre  fois  des  peuples  qui  s'y  sont  succédé. 

{Dictées  normales.) 
Donnez  les  explications  grammaticales  relatives  aux  mots  italiques. —  i,  2,4, 
5.  Variabilité  ou  invariabilité.  —  3.  Accord  du  verbe  et  du  temps.  —  6.  Orthographe. 


TABLE  DES  MATIERES. 


PARTIE  BIBLIOGRAPHIQUE. 


I.  Noms  des  Auteurs, 


Abbott,  F.  F. 
Abele,  Th.  . 
Achelis,  Th. 
Albers,  R.  P. 
Albers,  Paul 
Allard,  P.    . 
AUcn,  P.  S. 
Allô,  B. .     . 
Aliéna,  Ch. 
Ammon,  G. 
Andresen,  G. 
Ansiaux,  M. 
Antonis,  E. 
AudoUent,  A. 
Aulard,  A.  . 


Bâcha,  E.    . 
Balau,  S.     . 
Bang,  W.    , 
Barrés,  M. . 
Batiffol,  P.  , 
Baudrillart,  A. 
Baur,  Chr. . 
Bauwens,  E. 
Bayot,  A.     . 
Bechtel,  F. 
Becker,  A.  . 
Bédier,  J.   . 
Beloch,  G. 
Berger,  P.  . 
Bergin,  D.*. 
Berlièrc,  U. 
Bertrang 
Besnier,  M. 
Bcthune,  F. 
Biberfeld,  C. 


.  4o5 

.  269 

.  209 

.  407 

.  35i 
335, 408 

.  4o3 

.  i55 

.  i5o 

.  404 

,  4o3 

.  334 

.  35q 

.  335 

.  209 


.  336 

.  333 

.  336 

.  210 

.  408 

.  409 

•  »49 

.  33o 

.  335 

.  208 

.  81 

.  209 

.  404 

.  274 

.  382 
333,  394 

.  390 

.  379 

.  335 

.  391 


Biese,  A.     . 
Bigwood,  G, 
Biré,  E. .     . 
Biron,  R.    , 
Bischoff,  H. 
Bodin,  L.    . 
Bouwman,  B. 
Boxler,  A.  . 
Brandi.  K.  . 
Brants,  V.  . 
Brassine,  J. 
Bréhier,  L. 
Breiter,  Th. 
Bremond.  H. 
Bricteux,  A. 
Broeckaert,  J. 
Brouwers,  D. 
Brûck,  A.    . 
Buecheler,  F. 
Buitenrust  Hettema 


Burghard,  G. 
Cabrol,  F.  58, 
Cahen,  A.    . 
Gagnât.  R,  . 
Cantarelli,  L. 
Capellanus,  G. 
Carlot,  A.    , 
Garra  de  Vaux 
Gauchie,  A. 
Gauer,  P.    . 
Gavaignac,  £. 
Gavallera,  F. 
Gevolani,  G. 
Chaineux,  J. 
Ghapoi,  V.  . 


258, 


277 

334 

22 

2l3 

1,336 


192 
406 
246 
325 
334 
335 
4-8 
81 

2l3 

337 
33 1 
333 
3y9 
208 
F. 
141 

l52 

342,407 

73 
25o 


Chauvin,  V. 
Glassen,  J.  . 
Clerget,  P.  . 
Gloson,  J.   . 
Cohen,  G.    . 
Colasanti,  G. 
Coopman,  Th, 
Cornélius,  P. 
Couailhac,  M. 
Couul,  A.    , 
Counson,  A. 
Coupin,  H, 
Cramer,  F, 
Cumont,  F, 
Cuvelier,  J. 


337 

403 
279 
333 

32 

404 
33i 

3o 
404 
336 
410 
208 
271 
334 


272 
334 

33 
334 
236 
3i6 

82 
208 

247 


d'Arbois  de  Jubainville,  H. 

ly 

Daremberg  et  Saglio  342 
de  Bethune  .  .  .  336 
de  Borchgrave,  E.  .  277 
de  Borman,  C.  .  .  333 
de  Cepeda,  R.  R.  .  334 
De  Cock.  A.  ...  268 
de  Félice,  Ph.  .  .  194 
de  Haerne,  X.  .  .  344 
De  Jonghe,  E.  26,  27,  394 
DelarucUe,  L.  .  .  i2h 
de  la  Vallée  Poussin,  L. 

332 

Delpérier,  L.  .  .  .  339 
Delehaye,  H.  .     .     .     332 

de  Loo,  G 338 

de  Marchi,  A.  .  ,  .  193 
Demarteau,  J.  E.  324,  335 
Denucé,  M.      .     .     .     338 


436 


LE   MUSÉE  BBLGB. 


De  Pauw,  N.  .    .    .  343 

De  Ridder,  A.      .    .  191 

Derume,  E.  ,  .  .  36i 
de  Stainlein-Saalenstein,  V. 

49 

de  San,  L 35 

de  Smedt,  Ch.      .     .  334 

de  Vooys,  C.  G.  N.  .  328 

deWitte,A.     ...  333 

d'Haussonville  .  .  273 
Diehl,  Ch.  .     .     .   81,209 

Dimoff^  P 199 

Dorwald,  P.    .    .    .  374 

Donady,  J. .     .     .     .  274 

Dony,  E 333 

Doutrepont,  A.     .    .  335 

Doutrepont,  G.  .  .  335 
Drerup,  E.       .     ,  268,  269 

Dubois,  Ch.     .     .     .  188 

Dufourcq,  A.  .     .     .  i5o 

Duval,  R 408 

Dybolski,  R.    .     .     .  76 

Elsaesser,  Th.      .     .  377 

Elter,  A 375 

Engeli,  Ad.      ...  244 

Ernout 2i5 

Fairon,  E 333 

Fassbinder,  F.  .  .  392 
Fayen,  A.    .     .     .  333,  394 

Feller,  J 336 

Fierens-Gevaert,  H.  337 

Finsler,  G.       ...  378 

Fiske,  W 82 

Flach,  J 398 

Flammarion,  C.   .     .  97 

Flamme.  J.      ...  358 

Fonsny,  J 72 

Fontaine      ....  342 

Forrer,  R i33 

Fournier,  P.  .  .  .  404 
Francotte,  H.  .  .  269,  335 
Frcdericq,  P.  .     .212,33 

Freeman,  K.  J.    .     .  363 

Friedrich,  E.   .     ,     .  272 

Fris,  V 395 

Fritsch,  O.       ...  208 

Gaffiot,  F.  ...  321 
Gaillard  de  Champris,   H. 


273 

Garriguet,  L.  .     .    .  83 

Gelli,  J 279 

Gezelle,  G.      ...  151 

Gilliard,  Ch.     .     .     .  117 

Girardin,  J.     .     .    .  21 
Giraud,  V.  .     .     .    21,406 

Gnecchi,  P.      ...  271 

Grupp,  G 212 

Goetstouwers,  J.  B. .  288 

Goessler,  P.     .    .    .  i53 

Golther,  W.     .     .    .  81 

Goodspeed^  E.  J.      .  81 

Gougaud,  L.    .     .     .  i54 
Goyau,  G.  .     .     .    33, 149 

Grafé,  A 332 

Graindor,  P.    .     .  187,  335 

Gram,  J 211 

Grammont,  M.     .     .  261 

Grégoire,  A.    ,     .  336,  409 

Grimme,  H.     ,     .  268,  269 

Grossi,  E 404 

Grupp,  G 407 

Grûumacher,  G.       .  82 

Gudeman,  A.  .     .     .  148 

Guillaume,  L,      .     .  335 

Guillevic,  A.    .     .     ,  20 

Guiraud,  J.      ...  409 

Guth,  G i52 

Guzman,  P.     ...  341 

Hadzidakis,  G.  D.    .  190 

Halflants,  P.    .     .     .  272 

Halkin,  J 334 

Halkin,  L 41$ 

Hamelius,  P.  .     .     .  336 

Hansay,  A.       ...  334 

Haust,  J.     .     ,     .  274,  336 

Hedde,  R 407 

Heinze,  R.       ...  4o3 

Helm,  K i5i 

Helm,  R.     .     .     .  148, 272 

Henkens,  P.     .     .     .  i52 

Henquinez,  H.     .     .  335 

Henze,  R 272 

Herdcr  .     .    ,     .     .  83 

Heyne i5o 

Hodgman,  A.  W.      .  i5 

Hoffmann,  O.  .     .     ,  208 

Hohlwein,  N.       ,     .  404 

Holtvfist,  K.     .     .     .  267 


Honunel,  F.    . 
Houllevigue,  L. 
Hubert,  E. 
Hulin,  G.    . 
Hymans,  H. 

Immisch,  O. 


Jackson,  J. 
Jacquemotte,  E. 
Jakob,  F.  . 
Janssens,  J. 
John,  O.  . 
Jullian,  C.  . 
Jugé,  C.      . 


Kalff,  G.      . 
Kaufmann,  F. 
Relier,  P.    . 
Kerne,  O.  et  E 
Kiessling,  A 
Kirsch,  J.  P 
Kluyver,  A. 
Kochendoerffer 
Koening,  G 
Krause,  E. 
Kretschmer,  P 
Kroll,  W.    . 
Krueger,  E. 
Kugéas,  S. 
Kurth,G 


209 
380 
334 
338 
333 

402 


•  404 

.  274 

.  32 

371,  373 

.  391 

.  61 

.  i36 


.  142 

.  205 

•  391 
.  40a 
.  405 

•  268 
.  211 

.  .  i5i 

.  4o5 

.  320 

.  207 
193,  272 

.  208 

.  208 
5.  35,84, 


274,  284,  390,  410,  412 

Labourt,  J.      ...  408 

Ladeuze,  P.    .     .     .  335 

[,aenen,  J 396 

L  ahaye,  L.       .     .     .  332 

I.anciani,  R.     ...  342 

Lane,  M.  C.     .     .     .  406 

la  Rue  van  Hook       .  4o5 

Laurand,  L.     .     •     .  16 

Laurent,  M.     ...  335 

La  Vieuville    ...  400 

Lavisse,  E.      ...  33 

Leclercq,  H.    •    .    •  408 

Leendertz,  P.  .     .     .  23 

Le  Goff",  P.      ...  20 

Legrand      ....  342 

Legrand,  G.    ...  336 

Lehmann,  P.   .     .    ,  Sy 

Lejay,  P 335 


TABLE   DES   MATIÈRES. 


437 


C-cjeune,  J. 
I^eopold,  J.  H. 
^ermann,  W.  . 
Liégeois,  C.  . 
X^getnan,  H.  . 
Lonchay^  H.  . 
Lorin,  H,  .  . 
•Luchaire,  A.    . 


"Magnette^  F.    . 
3iaUinger,  L.  • 
Mantion,  J. 
Mantenay,  M. 
Mantzius,  K.    . 
Marchai,  E.     . 
Maréchal,  Ch. 
Martin,  E.  W. 
Maninon,  Ph. 
Marx,  E.     .    . 
Masqueray,  P. 
Matthias,  Th.  v. 
Maurenbrecher, 
Mazon,  P.   .    . 
Meillet,  A.  .    . 
Mclsted,  B.  Th. 
MeufiFels,  H.    . 
Meyer    .     .     . 
Meyer,  E.   .    . 
Mcyer,  F.   .     . 
Meyer,  K.  .     . 
Michaelis,  A.  . 
Michaux.     .     . 
Michel,  A.   .     . 
Mitteis,  L.  .     . 
Moeîler,  Ch.    . 
Molien,  L.  A.  . 
Moore,  C.  H.  . 
Morin,  G.    .     . 
Muldcr,  R. 
Muncker,  F.     . 

Napoletani,  G. 
Navarre,  M.  . 
Neuray,  F. 
Newman,  Le  card 
Nicole.  J.  .  , 
Nipperdey,  K. 
NoNvack,  A. 


OehIer.R. 


Pandelakis  . 


.  274 
24, 404 
.  271 

198,  332 
.  406 
.  334 
.   34 

278, 409 


334 
198 
336 
409 
273 
332 
i36 

405 

368 
142 

81 

336 

461 

192 

80,  214 

.   78 

213,397 

34,  i55 

325 

i5i 

382 

402 

357 

279 

148 

332 

22 
405 
335 
376 
277 

404 
278 
402 

2l3 

3i 
4o3 

39. 


Paquay,  J. 
Paquier,  J.-B, 
Pargoire,  P.  C, 
Partnentier,  A 
Parsy,  J.     . 
Passy,  P.    . 
Pianigiani,  O. 
Pijper,  F.    . 
Pirennc,  H. 
Pitacco,  G. 
Pissin,  R.    . 
Poelhekke,  F. 
Poncelet,  A. 
Poncelet,  E. 
Poullet,  P. 
Prastf,  A.  S. 
Preuschcn,  E. 


Reich,  E.     . 
Reiners,  A. 
Renault,  J. 
Reypens,  L. 
Riczlcr,  K. 
Rintelcn.  M. 
Robert,  C.  . 
Roersch,  A. 
Roland,  C.  G. 
Rosegger    . 
Rhys,  J.     . 


Saalfeld,  G.      . 
Salembier,  L. 
Sangnier,  M.    . 
Sandys.  J.  E.  . 
Satchcll,  F.      . 
Sauveur,  A. 
Schaefer,  A,     . 
Schamberger.  M, 
Schepers,  I.  B. 
Schmitt,  C. 
Schmid.  G. 
Smiis,  C.  F.  X. 
Schwartz.  E.    . 
Secnmelier,  J. 
Seilcr,  F.     .     . 
Sepet,  M.     .     . 
Simenon,  G.     . 
Skucsch,  F. 
Solmson,  F.    . 
Sommer,  F.     . 
Sorlin-Dorigny 
Souriau,  M.     . 


211 

333 

252 
391 

74 
332 
333 
2o5,  334 
405 
405 


274 
214 
408 
278 

27 
263 


258 
390 

32 

359 

ii5 
337 
36o 
336 
336 
75 
38i 


336 
408 
262 

367 

277 
272 
60 
56 
406 
397 

237 
287 

'49 
336 

181 

335 

332,  343 

207,  208 

.     208 

.     208 

.     342 

.     i37 


Springer,  A.     .     .     .  34 

Stamm i5o 

Stapelkamp,  Ch.  .    .  342 

Stern,  A 78 

Steup,  J 4o3 

Stokes,  W 21 

Strong.  A i3 

Strowski,  F.     .     .     .  214 

Sûtterlin,  L.     ...  140 

Teirlink,  I.      ...  268 

Thédenat.  H.  .     .     .  270 

Thieme,  K.      ...  271 

Thouverez,  E.      .    .  33 

Thiele.  R 208 

Tixeront,  J.     ...  408 

Torfs,  A 359 

Tourneur,  V.  .     .     .  337 

Trésal,  J 408 

Uhlenbeck,  C.  C.      .    211 

Ulens,  R 334 

Ulrix,  E 274 

Vaes,  M 288 

Vahlen,  J 371 

Valois,  N 146 

Van  Bastelaer,  R.  333,  338, 

409 

Van  Bleek,  G  W.  .  254 
van  Brabant,  W.  .  .410 
Van  den  Gheyn,  J.  84,  272, 

334 

VandeGraft,  C.  C  .  i52 
Van  den  Ven,  P.  .  335 
Van  der  Essen,  L.  .  i53 
Vander  Haeghen,  V.  333 
Vander  Lindcn,  H,  333,343 
Van  de  Vorst,  Ch.  371,  373 
Van  de  Weerd,  H.  .  149 
Van  Dooren,  J.  .  72,  259 
Van  Hcrwerden,  H.  270 
Van  Houtte.  A.  .  .  334 
Van  Loghcm,  M.  .  211 
Van  Mien,  L.  .  .  61 
Vannérus,  J.  .  .  .  333 
Van  Overbergh,  C.  26,  391 
Van  Poppel,  G,  .  .  406 
Verdam,  J.  .  .211,212 
Verdenius,  Th.  .  .  406 
Verwey.  A,  .  .  .  393 
Vial,  F 273 


438 


LE   MUSÉE   BELGE. 


Vierhout.  C.  J.     .    .     i5o 
Vigoureux.      .    .    .    342 

Vnicy,  P 3«3 

von  dcr  Leycn,  F.     .     274 

VoUmer 208 

von  Wilamowitz-Moellen- 

dorC  U.  .    .      241,  217 

VuyUteke    ....    843 


Wahner,  J. 
Waltzing,  J.  P. 
Warker,  N.     . 
Wcber.H.       . 
Weigand,  F.  L. 
Wendland,  P. 
Wcrner,  A. 
Woerner,  R.    . 
Wolter,  K.      . 


Wagner,  R. 


82  Worp,  J.  A.     ...  273- 

336  Wredc,  F.       .    .    .  tbo 

390  Wright,  C.       ...  139. 

269  WucIfingvJ.    ...  335 

204  Wustmann,  G.       276,  264 
119 

272  Zielinski,  Th.  .     .    .  ?6i 

t8  ZucbholdrH.  .     .    .  3qi 

32  Zyromtki,  E.  .    .    .  26 r 


401 


H.  Mélanges, 

Albert  Counson^  De  la  question  de  savoir  si  un  Allemand  peut  avoir  de  L'esprit.  8- 

Le  même.  Le  génie  poétique  de  Taine,  ses  admirateurs  et  ses  déuacteurs    .  97 

£e  Wm^.  Les  mots  empruntés 181,  229^ 

A,  De  Ceuleneer,  Le  Congo  (Bibliographie) 357 

Godefroid  Kurth^  Le  neuvième  centenaire  de  Notger           ...  5,  284 

Le  même,  Une  encyclopédie  catholique        .        .        .        .      * .        .        .  35 

il (pA. /?o*r5c/r,  La  vie  universitaire  en  1 522          .        .        ...        .  11 

J,  P,    Wfl//fm^,  Les  nouveaux  fragments  de  Ménandre     .        .        .        .  217 

E,    Wiimeur,  Un  poète  inconnu.  M««  la  comtesse  Valérie  de  Stainlein- 

Saalenstein 49- 

Concours  général  de  T  Enseignement  moyen  en  1908 309. 


III.  Publications  périodiques, 

Biblioteca  di  geografia  storica  pubbl.  sotto  la  direzione  di  G.  Beloch   .        .  404 
Bibliothèque  de  la  Faculté  de  Philosophie  et  Lettres  de  T Université  de 

Liège,  XVII .        .  18Ô 

Bu{letin  de  la  Société  d*Art  et  d'Histoire  (Liège)                    .        .        .         .  343 

Cornell  Studies  of  classical  philology 4o5* 

Glotta.  Zeitschrift  fur  griechische  und  lateinische  Sprache    ....  207 
Jahrbuch  des  deutschen  Vereins  zur  Hebung  und  Pflege  der  Munersprache 

im  deutschredenden  Belgien .         .  $90 

Jahresberichte  fur  neuere  deutsche  Literaturgeschichte.  Bd.  XIV.        .  24,  276- 

Mûnchener  Beitrage  zur  romanischen  und  englischen  Philologie  hrsg  von 

H.  Breymann  und  J.Schick,  XXXVII 3a 

Mûnchener  neueste  Nachrichten.  Beilage 276- 

Roemisch-germanisches  Korrespondenzblatt 208 

Recueil  de  travaux  publiés  par  l'Université  de  Louvain.  XIX-XXI       .         «  287 

Studi  di  Storia  antica  (G.  Beioch) 404 

Studien  zur  Geschichte  und  Kultur  des  Altertums 26S' 

Transactions  and  proceedmgs  of  the  american  philological  Association         .  405 
Verslagen  en  mededeelmgen  der  kg.  Akademie  van  Wetenschappen.  Letter- 

kunde  (Amsterdam)           .        .        .        , 211 

Wissenschaftliche  Beilage  zur  allgemeinen  Zeitung 276* 


TABLE   DES    MATIÈRES.  489^ 


IV.  Collections  et  Manuels, 

Album  belge  de  paléographie,  par  J.  Van  den  Gheyn  ....  84,  372 

Catholic  Ifncydopedia  . 34 

Collection  linguistique  (Paris,  Champion) 214 

DeutscheTextedes  Mittelalters,  Vin,  IX,  XIII i5i 

Dictionnaire  d'archéologie  chrétienne,  par  dom  Cabrol         .        •    58,  258,  342, 407 

Dictionnaire  de  la  Bible,  par  Vigouroux 342 

Dictionnaire  des  Antiquités  grecques  et  rpmaines,  par  Daremberg  et  Saglio.        342 
Dictionnaire  général  de  la  langue  wallonue  ........  38^ 

Goldene  Klassiker-Bibliothek  (Bong) 277 

Gymnasinl-Bibliothek,  45-48 208 

Herders  Konversationslexikon.  3*«  Aufl.        . 83 

Mélanges  Godefroid  Kunh 288,331,410 

Meyer^s  Grosses  Konversationslexikon,  XVI-XVIII      ....  34,  i5S 

Middelnederlandsch  handwoordenboek  (J.  Verdam) 212 

Réclamas  Universalbibliothek •        •        •        •        276 

Sammlung  romanischer  Elcmentai;-  und  Handbûcher  hrsg.  von  Meyer- 

Lûbke .         ^1 


V.  Chronique, 

Académie  royale  de  Belgique.  Programme  de  ses  Concours        ,.        ,        .  414 
Académie  royale  flamande.  Programme  de  ses  Concours      .        .        .         157,216 

Album  belge  de  paléographie,  par  J.  Van  den  Gheyn 84 

Ateliers  monétaires  de  l'Empire  romain 2i5 

Allemagne  : 

Enseignement  public 287 

Production  livresque •    .  276 

Représentations  théâtrales 376 

Bible  :  vieux  manuscrits 2i5 

Concours  des  Bourses  de  voyage  (1907).  Résultats 38 

—                         Mémoires  envoyés  au  Concours  de  1908    .  280- 

CoDCOurs  universitaire  1908-1910.  Questions 344 

Congrès  de  TAssociation  belge  des  professeurs  de  langues  vivantes.  Compte 

rendu  du  Premier  Congrès 82 

—  Deuxième  Congrès  ajourné 344 

Congrès  historique  international  de  l'indépendance  espagnole       .        .        .  283 

Cours  d*art  et  d'archéologie  au  local  «  Patria  »              .        •        .        .        .  41 3 

Cours  pratiques  d'archéologie  au  Cinquantenaire 41 3 

Katholieke  Vlaamsche  Hoogeschool-uitbreiding  van  Antwerpen.  Gedenk- 

boek 37 

Mélanges  Godefroid  Kurth 288,331,412 

Ménandre.  Les  nouveaux  fragments.  Bibliographie 217 

Modernisme.  Documents  sur  sa  condamnation i55 

Nécrologie  :  Alfred  Grafé 84 

—  Gaston  Boissier 281 

Notger.  Neuvième  centenaire 5,284 


440 


LE   MUSéE  BELGE. 


Prix  quinquennal  de  littérature  française      . 412 

Société  royale  de  littérature  de  Londres  :  G.  Kurth,  E.  Verhaeren,  M.  Mae- 
terlinck nommés  correspondants 84 

Société  internationale  de  dialectologie  romane 37 

Sparte.  Fouilles .  282 

Tbéodoric.  Le  palais  de  Théodoric,  à  Ravenne '411 

Toponymie.  Glossaires .  274 

Etudes  toponymiques 410 

Université  de  Liège.  Nominations       ......  38,  34S,  411 

Les  Universités  en  Europe .,  411 

Wilamowitz- Fonds 411 

PARTIE  PÉDAGOGIQUE. 


F.  Collard,  Dictées  françaises 47,  226,  3o5,  425 

Le  même,  Trois  leçons  de  rédaction 353 

Le- même.  Leçon  de  répétition  en  4«  latine .  417 

V.  Gérard,  Lqs  premières  pages  du  Pro  Milone,  Essai  d'analyse  littéraire  .  iSq 

H.  Gérardy^  Explication  d*un  morceau  de  français  pour  la  4^  ou  la  3«         .  89 

Le  même.  Devoirs  français 94 

il.  Jan^e^t,  Les  cours  de  vacances  a  l'Université  de  Louvain          .        .        •  289 

il.  Po/s5/n^er,  Leçon  de  conversation  latine  en  sixième       .        .        .         .  219 

Wathelet^  Un  moyen  de  former  le  goût  chez  nos  élèves       ....  39 

Le  même.  Comment  développer  l'impressionisme  chez  nos  élèves         .         .  346 


faria, 

282.  A,  Bruck,  Bourses  d^études  en  faveur  des  Luxembourgeois  (J.  P.  W.)   .    399 

283.  La  VieuviUCy  Psychologie  japonaise  (L.  de  la  Vallée-Poussin).        .        .    400 

Notices  et  annonces  bibliographitiaes. 

284-316.  Publications  de  Maurenbrecher  et  Wagner,  Immisch,  Michaelis,  Otto 
et  Else  Kerné,  Neuray,  Allen,  Classcn  et  Steup,  Kiessling  et  Heinze, 
Nipperdey  et  Andresen,  Leopold,  Ammon,  Beloch,  Colasanti,  Grossi, 
Hohlwein,  Lane,  Preuschen,  Koerting,  Giraud,  Schepers,  Bouwman  et 
Verdenius.  Van  Poppel,  Logeman»  Grupp,  Albers  et  Hedde,  Cabrol,  Trésal, 
Baudrillart,  Mantenay,  Luchaire,  Van  Bastelaer,  A.  Grégoire,  van  Brabant, 
Coupin ••..•....    401 

CHRONIQUE. 

317-335.  Études  toponymiques,  Nominations  à  TUniversité  de  Liège,  Fonds 
Wilamowitz,  Ravenne,  Universités  en  Europe,  Cours  d*art  et  d*aJchéologie, 
Prix  quinquennal  de  littérature,  Mélanges  G.  Kurth,  Concours  de  TAcadé- 
mie  royale  (programme) ,        .        .        .410 

PARTIE   PÉDAGOGIQ.UE. 

F.  Collard,  Leçon  de  répétition  en  4*  latine    .        •        .        .  .        •417 

Le  même.  Dictées  françaises  (suite) ,        .•       .        .    425 

Table  des  matiIcres  du  voliaib  XII       .        . 435 


Mélanges  Godefroid  Kurth 

PUBLIÉS  PAR  LA   FACULTÉ   DE  PHILOSOPHIE  ET  LETTRES 
DE  l'université   DE  LIEGE 

Tome  I.      Mélanges  historiques. 

Tome  II.    Mélanges  littéraires,  philologiques  et  arohéologiques. 

Deux  volumes  gr.-8<»  jôsu9,  de  550  pp.  chacun.  Cet  ouvrage  a  été  publié 
par  souscription.  Il  reste  quelques  exemplaires,  qui  sont  en  vente  au  prix 
de  12  fr.  50  le  volume,  chez  Vaillant- Carmanne^  6,  rue  Saint- Adalbert^  à 
Liège;  Albert  Detoit,  rue  Royale,  à  Bruxelles;  Honoré  Champion,  quai 
Malaquais,  5,  d  Paris. 


SOMMAIRE. 


MELANGES. 

A.  De  Ceuîeneer,  Le  Congo.  Ouvragos  de  Michaux,  Flamme  et  Anionis  . 


35  7 


253, 
254 
255, 
256. 
257 
259, 
260, 
261. 
262. 

203. 

2G4, 
265. 
26Ô. 
267. 


PARTIE   BIBLIOGRAPHIQUE. 

Antiquité  classique. 

,  C.  Robert^  Dcr  Neue  Mcnander(A.  Humpers  . 

,   Th.  Zieîinski^  Le  monde  aniique  et  nous  (E.  Rcmy) 

,  K,  J,  Freeman^  Schools  of  Hcllas  (A.  Humpcrs)     . 

J,  E  Sandys^  A  history  of  classical  scolarshîp  (J.  P.  \V.) 
8.  Ph.  Martinon,  Sophocle,  Electre.  Drames  d'Kuripidc^A.  Humpcrs) 

J.  Vahlen^  Opuscula  Academica.  H  (J.  P.  W.) 

C//.  Van  dt  Voi-s/,  Gfammaire  grecque  (A,  Grégoire) 

Ch,  Van  de  Vorst^  Grammaire  latine  (G.  Caeymaex) 

P,  Dônvald,  Kunst  des  Ueb^rsetzens  (A^  Hu]Tipers) 

A.  FJter,  Itinerarsludien  (J.  P.  W.) 

R,  Muldei\  De  conscientiae  noiione  (A.  Delaite)     , 

Tli,  Elsaesscr,  Nos  in  schola  latine  loquimur  (A.  Poissinger) . 

G.  F2»i5/^r,  Homer(J.  P.  W.) 

M.  Besnier,  Les  catacombes  (J.  P.  W.)  .... 


Langues  et  littératures  celtiques. 


3t.D 

3t;3 

3Ô7 

37' 
37« 

374 

375 

3r'* 
377 
378 
379 


268.  J.  Rhys,  Cellic  inscriptions  (V.  Tourneur) 

269.  K,  Mcycr  et  O,  Bergin,  Erni  (Le  même) 


38 1 
383 


Langues  et  littératures  romanes. 

270.  P,  Villey^  Les  sources  et  l'évolution  de  Montaigne  (Th.  Skiiar)       .         ,  383 

271.  Le  mém?,  Livres  utilisés  par  Montaigne  (Le  même) 3So 

Langues  et  littératures  germaniques, 

272,  Jahrbuch  des  deutschen  Vereins  (J.- P.  W.) 3.io 

273,  Dem  Andenkcn  EichendorlTstAd.  Corin) 391 

27  J.  A.  Verwey^  Het  testament  van  Potgieter  (G.  Lecoutere}  ....  3<^3 

Histoire  et  géographie. 

275.  A.  Fayen,  Lettres  de  Jean  XXII  (X.) 3i^ 

27Ô.   C.  Van  Overberghet  E.  De  Jonghe,  Les  Mayombé  (\.  De  Ceulenecr)    .  3g| 

277.  V.  Fm,  Annales  rerum  Flandricarum  (Le  même) 39? 

278.  J.  Laenen,  Joseph  II  (Le  mêm»)     ..,'.,"•.         .  3*|6 

279.  Ch  Schmitt^  Cardinal  Cusanus  (C.  .M.) '^7 

280.  //.  Meuffels,  Les  martyrs  de  Gorcum  (A.  Terstappen)    .         .         ,         ,  ?u7 

281.  J.  F/acA,  Le  droit  romam  dans  les  chartes  (F.  Hubert)    ....  3^^ 


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THE  NEW  YORK  PUBUC  LIBRARY 
REFERENCE  DEPARTMENT 


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