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Onzième année. — N« i.
i5 Janvier 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PEDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBUiB SOUS LA DDtHCTION Dl
F. GOLLARD
A L*UNIVKRSITi DB LOUVAIM
J. P. WALTZINO
PROFBSSBUft A L'uNIVERSiré DB UBGB
Paralcsut tout les nois, à rexospUoa dss mois d'aofll et ds ssptsmbrs
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
20, RUB DB NAMUR, 20
BERLIN
PARIS
A. FONTEMOING
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R. FRIEDLAENDER ET FILS
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à l'Université de Liège, 9, rue du Pmx, Liège.
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Provtaolremeiit, les abonnés pourront se procuror une
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BULLETIN
BIBUOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBUÉB SOUS LA DIRECTION DE
GOLLARD
L A L'umvBRsrri db louvaim
J. P. IVALTZINO
I PKOPBSSBUR A l'UNIVERSIT^ DB UBOB
Onzième Année. — Tome XI
1907
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
30, KUB DB NAMURy 20
BERLIN
PARIS
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THE NEW YORK
PUBLIC LIBRARY
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ASTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS
I{ 1927 JL
Onzième annéb. — No i. i5 Janvier 1907.
Bnlletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
IfÉLANGES.
Fouilles de Délos en 1906.
Le déblaiement de l'antique Délos se poursuit d'une façon
continue et méthodique. Chaque année, de nouy^ux. nionuments
sortent de terre, des quartiers entiers de Tancienne ville sont mis à
jour ; les statues, les inscriptions, les objets mobiliers de toutes sortes
s'accumulent, au point que le musée, à peine construit, devient déjà
trop étroit. La campagne de 1906 n*a été ni moins intéressante, ni
moins fructueuse que les précédentes. Deux édifices, situés au Nord
du sanctuaire, ont été entièrement déblayés ; c'est d'abord une vaste
construction en granit, sorte d'entrepôt commercial, dans le genre
de la sckola des Italiens et de rétablissement des Poseidoniastes,
précédemment fouillés ; ensuite le Portique des Cornes^ ainsi appelé à
cause des têtes de taureaux qui en décoraient les thglyphes. On a eu
l'heureuse chance de mettre la main sur plusieurs fragments de
Tinscription monumentale qui était gravée sur l'architrave. Le
quartier de la ville qui s'étend entre le théâtre et le sanctuaire, est
maintenant presque complètement fouillé. Parmi les nombreuses
découvertes quon y a faites au cours de la dernière campagne, il
convient surtout d'en signaler une : dans la cour d'une maison, on a
trouvé, in situ^ une base inscrite, ayant supporté les statues du pro-
priétaire Dioskouridès, et de son épouse, Cléopâtre. D après l'inscrip-
tion, il est établi que la maison, et par conséquent, tout le quartier
auquel elle se rattache, date de la fin du ii« siècle avant Jésus-Christ.
C'est là un repère chronologique de la plus haute importance. Les
statues de Dioskouridès et de Cléopâtre ont été retrouvées au milieu
des déblais ; quoique d'une facture un peu banale, elles sont cepen-
dant intéressantes, surtout au point de vue de l'étude de la draperie
à la frn de la période hellénistique. Outre ces statues, il faut encore
mentioimer au nombre des principales œuvres de sculpture prove-
nant des dernières fouilles : une tête colossale de Dionysos ; une
Artémis à la biche ; une Polymnie ; un Hermès drapé ; un Priape
LE MUSÉE BELGE.
hermaphrodite ; et enfin six lions archaïques, qui décoraient ixne
terrasse située à TOuest du lac sacré. Des sondages, pratiqués daxis
différents endroits du sanctuaire, ont amené la découverte cl*un
grand nombre de fragments de vases archaïques. F. Mayencb.
PARTIB BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
I. — A. Dleterlch, Mutter Erde. Ein Versuch iiber Volksreligûm.
Teubner, Leipzig, igoS. 124 p. 4 m.
M. Dieterich dans ce livre publie la première partie d'une étude
sur les religions populaires ; l'ouvrage complet comprendra un
deuxième chapitre sur les Formes du rite magique et un troisième
sur les Formes de la révélation divine.
Les premières pages sont consacrées à Texposé des grandes lignes
de la méthode qu'il entend suivre dans son étude. Nous y reviendrons.
L'objet du livre est de faire connaître les traces du culte de la Terre-
Mère, principalement dans le monde gréco-romain. Il commence
par Texposé de trois usages rapportés par des écrivains latins : Tenfant
était déposé à terre après sa naissance et relevé ; — les petits enfants
n'étaient pas incinérés mais inhumés ; — un malade en danger de
mort était déposé sur le sol. M. Dieterich s'efforce, par des rappro-
chements avec des usages similaires dans le monde civilisé et chez
les peuples sauvages, de prouver que ces coutumes sont autant de
manifestations d'un culte de la Terre-Mère, c'est-à-dire de la Terre
considérée comme celle qui donne la vie, et comme celle qui la
reçoit et la dispense ensuite.
L'analyse de ces faits concrets précède l'exposé de la thèse géné-
rale. M. Dieterich prouve d'abord l'existence d'une Terre-Mère en
Grèce par des témoignages d'écrivains, puis par le culte. Ces faits
cultuels sont empruntés à l'Attique. L'auteur passe ensuite (III, p. 5g)
au reste du monde grec. Ici, comme il le dit, les faits ne prouvent
pas toujours clairement l'existence d'une Terre- Mère, mais seulement
ou bien l'adoration de la Terre ou l'adoration d'une déesse Mère.
En conséquence, M. Dieterich divise son exposé et traite séparément
du culte de la Terre et d'une Mère. Nous retombons ici dans des
preuves de l'existence d'une Terre- Mère dans le monde grec.
M. Dieterich en poursuit les traces dans la littérature chrétienne
jusque S. Grégoire de Nazianze. Dans ce chapitre se trouve déve-
loppée cette idée que c'est autour d'une divinité-mère que se sont
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
formés et développés les mystères ; une de leurs idées maîtresses était
que l'homme devenait Tenfant de la divinité.
L auteur passe dans son § IV au monde romain, dans lequel il
rencontre le culte de la Terre-Mère sous le nom de Telltts ou Terra
MûUr, Cette divinité s'est effacée devant d'autres qui ont pris sa place
/sis, Magna Mater. Dans ces divinités plus individualisées, l'idée de
la Terre était affaiblie, mais celle de la Mère restait. Cette dernière
idée s'est encore effacée ; les divinités mères ont dû reculer devant
llnvasion de divinités masculines, venant de l'orient perse (Mithra)
et des contrées sémitiques. Le christianisme leur a donné le coup de
grâce.
Le culte de la Terre-Mère, principe fécond de toute vie, appelait
celui du principe fécondant, le ciel, d'où tombe la pluie et d'où part
le rayon de soleil. Une assimilation, sur laquelle l'auteur revient avec
complaisance, entre le phénomène de la germination et celui de la
procréation des animaux, a amené le culte du phallos et l'usage de
rites phalliques. Ils sont nombreux ; il ne dépend pas de M. Dieterich
qu'ils le soient plus encore, comme le montre l'interprétation brutale
et extravagante du symbolisme usité par l'Église dans la bénédiction
de l'eau le Samedi-Saint (pp. 114 et ii5). Le § VII est consacré à
rechercher les dernières traces du culte ou plus exactement de l'ado-
ration d'une mère dans le christianisme. Celui-ci, M. Dieterich le
reconnaît, a combattu avec décision cette forme d'un culte latrique.
Toutefois, dit M. Dieterich, il se trouva trop faible pour comprimer
ce besoin invincible qu'a lliumanité d'une déesse mère. Et M. Diete-
rich s'en va déterrer comme preuve, dans la traduction d'un texte
araméen de l'Évangile des Hébreux, le genre féminin et le. nom de
mère donnés au S^Esprit, alors qu'en fait tout se réduit à une erreur
grammaticale ou plutôt à une traduction trop matérielle. Il en donne
une autre preuve plus inattendue : c'est le titre de Mère donnée à
l'Église dans les premiers écrivains ecclésiastiques et sans interrup-
tion depuis lors (pp. 117 et 118).
La foi chrétienne, M. Dieterich aurait dû dire juive, à la résurrec-
tion des morts, doit quelque éclaircissement, pense-t-il, au culte de la
Terre-Mère. Il en apporte comme preuve cette comparaison de
S. Paul I Cor. i5.35, pourtant si naturelle, entre le corps mis en terre
et en sortant rajeuni — et le grain jeté dans le sillon et donnant
naissance à une nouvelle plante.
Tel est le résumé du livre. Il contient de bonnes choses. Je signale
cntr'autres l'interprétation de la levatio, de la depositio ; l'hypothèse
de l'origine populaire des religions mystérieuses ; l'existence des
restes phalliques dans les cérémonies d'initiation ; on comprend par
LE MUSÉE BELGE.
Texplication de M. Dieterich comment ces rites immoraiix ont pu
s'allier à la pensée d'une renatio. En particulier, il y a, p. 1 12 et suiv.,
une nouvelle et heureuse interprétation de Tobscure inscription dix
Metrôon de Phaistos (Athen. MiU.^ XVIII, p. 272).
Mais la lecture du livre est laborieuse. M. Dieterich ne vise, dans
la composition, ni à la clarté ni à une suite d*idées bien logique. I^^gs^
digressions, les retours sont fréquents. De plus, M. Dieterich n'a pas
voulu être complet, vraisemblablement. Ce n*est pas un tat>leau
achevé des manifestations du culte de la terre que contient son
livre ; les lacunes dans les sources littéraires et dans les sources
figurées sont nombreuses, et Ton se demande, sans trouver une
explication suffisante, pourquoi certaines sources sont citées par
M. Dieterich et d'autres sont omises. Je crois que Texplication
dernière en est que M. Dieterich a voulu donner surtout un spéci-
men de sa méthode, en esquissant d'après elle les grandes lignes
d'un sujet d'histoire religieuse. C'est sous cet aspect que nous allons
considérer le livre et le discuter.
La méthode d'histoire religieuse suivie par M. Dieterich comprend
des principes fondamentaux, des postulats, d'où découlent des critères
particuliers. Les uns et les autres peuvent être ramenés à quatre.
1** La religion de l'homme primitif était la magie ; la magie est même
l'explication de tout ou à peu près tout l'homme primitif. 2^ Là où
l'on a le plus de chances et même la quasi certitude de retrouver cette
religion primitive, c'est dans la religion des couches inférieures, les
moins cultivés de la société. Celles-là en effet sont très peu exposées
aux influences capables d'altérer leurs croyances. La religion qu elles
professent, c'est l'ancienne religion que les classes cultivées n'ont
pas conservée. Abandonnée par les gens instruits, mais conservée
routinièrement par les classes inférieures, elle est devenue supersti-
tion. Ce sont donc les superstitions qu'il faut étudier pour retrouver
la religion primitive. 3° Des deux parties que contient toute religion,
les dogmes et le culte, M. Dieterich préconise la supériorité du culte
comme représentant des idées religieuses d'un peuple. Tandis que
les croyances évoluent sous des causes diverses, le culte reste immo-
bile. Les actes du culte qui relèvent le mieux le caractère d une reli-
gion sont ceux qui concernent la naissance, le mariage et la mort.
40 M. Dieterich est franchement de l'école comparative anthropolo-
giste. Pour expliquer les usages religieux gréco-romains, il recourt
non seulement à la civilisation germanique, mais encore et même
surtout aux mœurs des peuples non civilisés.
Je vais reprendre chacun de ces postulats et les discuter; j'aurai
l'occasion, au coiws de cette discussion, de rencontrer certaines affir-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
mations ou conclusions particulières éparses dans le livre de M. Die-
terich.
I* L^homme primitif avait la magie comme religion. Cette idée
n'est pas personnelle à M. Dieterich; elle a pour auteur principal
M. Frazer. M. Dieterich ne doute aucimement de sa vérité. Selon
les habitudes de Técole, il reconstitue l'état mental et moral de
l'homme primitif; il décrit avec assurance ce qui lentourait et l'im-
pression que cela faisait sur lui. Les phénomènes naturels appa-
raissaient à l'homme primitif comme autant d'actes magiques ; contre
eax il se défenditpar d'autres actes magiques. Tout cela est affirmé
avec une sérénité d'ailleurs très compréhensible, attendu que
le contrôle de ces affirmations est impossible ; ces constructions
sont des créations presque ex nihilo. Pourtant, non I L'école
prétend avoir un fondement, elle croit avoir trouvé un type
de l'homme primitif dans le sauvage. On peut le nier purement
et simplement. Le sauvage n'est pas l'homme primitif ; il a derrière
lui un passé de milliers et de milliers d'années, et ce passé est
absolument inconnu. Même le type sauvage n'existe pas. Il y a des
sauvages; mais, quand au moyen des types particuliers on veut
constituer le concept général du sauvage, le t)rpe se simplifie telle-
ment que Ton en arrive à la notion purement négative de non-civi-
lisé. L'abus que l'on fait de l'expression homme primitif n'a d'égal que
celui qui se pratique du mot magie. Ici encore et surtout, le vague du
concept facilite les fantaisies et les extravagances. Dans le dernier n*>
de ÏAfchiv fUr Religionswissenscha/t, p. 417 et suiv., M. R. M. Meyer
en a dressé une longue liste, qui n'a pas épuisé la matière. Je me
hâte d'ajouter que M. Dieterich ne tombe pas dans ces excès ; je ne
sais cependant si certaines pages (p. e. 32 à 35) n'en approchent pas.
20 M. Dieterich a sur la nature des religions populaires des idées
qui me paraissent aussi très contestables. Tout d'abord l'expression
elle-même religion populaire a un sens vague qui permet tous les équi-
Toques. Dans une société où il y a deux classes de personnes, l'une
aristocratique, l'autre plébéenne, je sais bien où sera la religion popu-
laire. Mais sera-t-elle d'une autre nature que la première ? pas néces-
sairement. S'il s'agit au contraire d'une société homogène, où sera la
religion populaire ? Je crois que M. Dieterich veut dire a religion
d'une société non cultivée ». Je ne sais pas d'ailleurs si lui-même a
toujours bien présent à l'esprit, et cela dans toute sa netteté, le concept
de « religion populaire ». S'il Ta, alors la valeur de certaines sources
où il prétend la trouver est tiès contestable, p. e. Hésiode, Pindare,
Euripide, Xénophane des inscriptions ftihéraires métriques et les
écrits de l'orateur très cultivé S. Grégoire de Nazianze. M. Dieterich
lO LE MUSÉE BELGE.
aurait dû, en tête de cette dissertation sur un sujet si spécial et si
obscur, passer en revue les sources littéraires, épigraphiques e*
figurées et préciser celles qui lui paraissent contenir d*une façon
certaine ou probable la religion populaire, celles qui l'excluent. L<es
quelques indications qu'il donne sur ce point sont manifestemexit^
insuffisantes. M. Dieterich a aussi sur la religion des classes non
cultivées des idées que je ne puis partager. Il peut se faire qu'uno
forme religieuse abandonnée par les classes instruites plus souples
soit conservée dans les classes inférieures. Mais le contraire peut
aussi avoir lieu ; il n est pas vrai que celles-ci ne se transforment pas.
Où est la preuve de cette affirmation de M. Dieterich? Tout changée
sur la terre. Il n'est pas vrai non plus qu'elles ne sont pas accessibles
aux influences; elles sont accessibles à l'influence des exemples,
des conseils, etc., qui leur arrivent des classes supérieures. L'histoire
religieuse de tous les peuples n'est-elle pas la démonstration de
cette vérité? En vain donc M. Dieterich espère-til trouver dans la
religion des couches non cultivées la forme ancienne de la religion.
Si dans un cas donné cela peut être vrai, c'est faux comme postulai,
comme principe général propre à diriger les recherches ; ce critère
ne donne aucune assurance. En fait M. Dieterich verse dans
l'erreur commune à toutes les écoles d'exégèse m)^hologique qui se
sont succédé ; chacune a transformé un icas particulier en système,
en dogme, et a voulu adapter les faits particuliers à ce lit de
Procuste. Quand donc M. Dieterich est arrivé à établir que tel
usage appartenait à la religion du peuple, il lui reste à prouver que
cette forme religieuse est ancienne, et pour cela le critère dont il
use n'a aucune valeur, il doit procéder par l'enquête historique.
Je sais bien que celle-ci, dans un très grand nombre de cas, ne
donne aucun résultat, parce que les recherches nous conduisent
immédiatement au-delà des limites de l'histoire. C'est malheureuse-
ment vrai. Il est des choses que nous devrons toujours ignorer;
c'est sagesse de se résigner à cette ignorance et c'est loyauté de
l'avouer; on épargne ainsi à soi-même et au reste de l'humanité
une grande perte de temps. L'école anthropologique l'oublie trop
souvent. Voilà pourquoi je crains bien qu'il ne reste fort peu de
choses des grands efforts que nous la voyons tenter.
3® Il y a une grande part de vérité dans l'importance qu'apporte
M. Dieterich au culte comme témoin des idées religieuses ; il est
certain que le culte est en effet plus stable. Mais la chose n'est pas
cependant aussi simple que le pense M. Dieterich, fidèle en cela
d'ailleurs à la façon simpliste usitée dans l'école. D'abord, il n'est pas
exact que le culte, même le culte populaire, se cristallise, ne subisse
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. II
aucune modification ; les influences extérieures et intérieures
amènent des changements soit par accroi&<«ement, soit par diminu-
tion, soit par transformation. Puis, ces formes, il reste encore à les
comprendre. Pour beaucoup, nous ne connaissons plus les circon-
stances qui ont motivé leur institution. La première règle de Tinter-
prète dans son travail délicat d*exégèse, c'est donc de tenir présents
à l'esprit toutes les explications possibles ; quand il s*est décidé en
faveur d'une, il doit contrôler son hypothèse par les faits, entr*autres
par l'histoire des rites. On verra tout à l'heure si M. Dieterich
observe cette prescription élémentaire de la logique de rh)rpothèse.
Les actes du culte trouvent leur explication naturelle dans les
paroles liturgiques. Sur ce point, l'interprétation de M. Dieterich a
pour caractère une tendance marquée à donner aux symboles et aux
métaphores un sens propre. Il va moins loin sous ce rapport dans la
Mutter Erde que dans la Mithraslitutgie ; mais il n*en tire pas moins
ici encore des métaphores et des symboles des conclusions absolu-
ment inattendues, (i) Exemple. Quoiqu'en pense M. Dieterich. il
n'est rien de plus naturel que l'assimilation de la germination des
plantes et de la procréation des animaux. Il est possible que certains
peuples, frappés de cette ressemblance, aient attribué à la terre et au
ciel une action commune analogue au phénomène de la reproduction
dans le règne animal. Mais interpréter, sans plus, les métaphores de
ce genre comme des survivances d'un culte de la Terre Mère, c'est
de la fantaisie, c'est faire violence à la nature des choses. En voici
une preuve. De l'aveu de M. Dieterich, les peuples sémitiques et en tout
cas les Hébreux ont été antipathiques au culte maternel. Or, combien
de fois cette métaphore ne revient elle pas dans les livres de l'ancien
testament, et cela sous des couleurs vivaces que ne lui ont jamais
données les peuples occidentaux I In stillicidiis ejus terra îaetabitur germi-
nans, lit on dans un psaume.
La façon simpliste dont M. Dieterich use des métaphores comme
critères amène quelquefois des méprises un peu plaisantes. Dans les
premiers siècles du christianisme, l'Église a été appelée une mère, et
Ton a continué depuis. Croirait-on que M. Dieterich y voit une
preuve de la perdurance dans le monde chrétien du besoin d'une
divinité mère, et de la réapparition de cette divinité sous cette forme
adoucie, malgré la compression exercée sur ce sentiment par le
christianisme héritier en cela des idées sémitiques ? Or, il se fait que
si l'Eglise a été regardée comme une mère, c'est que le mot était du
(i) On peut lire la réfutation de cette manière de raisonner dans E. Bittlinger,
Die Materialisirung religiôser Vorstellungen Tûbingen igoS.
12 LE MUSÉE BELGE.
genre féminin. Imagine-t-on que Ton dise : V Église^ mon phre ! Sxx'jp -
posez que le mot ait été masculin, on aurait probablement appelé
tout aussi métaphoriquement rÉglise /^^, et alors M. Dieterich, avec
son S3rstème, y aurait pu voir une preuve de lapuissance avec laquelle le
christianisme avait combattu l'idée d'une déesse mère et de la substi -
tution qu'il avait opérée pour l'expulser. Ce serait tout aussi vain !
Au nombre des interprétations forcées, je mets encore le passage de
Cic. de Leg. II 63 (p. 48) où l'adverbe quasi montre clairement le
sens métaphorique donné par Cicéron à sa citation.
4® M. Dieterich use largement de la méthode comparative ; les
termes de ses comparaisons, il les cherche de préférence chez les
peuples non civilisés, qui — c'est un dogme de l'école — représentent
le plus exactement l'homme primitif. Il n'est pas dans ma pensée de
condamner ces rapprochements ; mais il l'est tout aussi peu de leur
attribuer une valeur probante quelque peu sérieuse. Cette méthode
a le défaut de procéder par abstraction. Un usage, quel qu'il soit, ne
se comprend que dans son milieu moral, dogmatique, économique, etc.
Or la méthode comparative trop souvent extrait un usage du milieu
qui l'explique, et ainsi isolé l'interprète ; elle a naturellement beau
jeu alors pour lui donner tel ou tel sens selon les exigences de la
thèse à démontrer. C'est là un défaut radical, essentiel. Il fait que
beaucoup de ces rapprochements, très ingénieux d'ailleurs, n'ont pas
une valeur supérieure à celle de curiosités ethnographiques L'école
comparative, malheureusement, ne les considère pas comme telles,
mais bien comme de véritables conclusions. Celles de M. Dieterich,
à part Tune ou l'autre absolument déconcertante, ne sont pas plus
irrationnelles que celles qu'on lit habituellement. Comme les spécia-
listes en cette matière, il ne se fait aucun scrupule d'enlever un
phénomène à son milieu connu et de l'interpréter comme une abstrac-
tion. On peut dire que pratiquement, si pas théoriquement, l'histoire
compte très peu pour l'école comparative anthropologiste : une
ressemblance extérieure suffit ; immédiatement, sans plus d'investi-
gations, on se précipite à la conclusion. En voici deux exemples.
M. Dieterich, on se le rappelle, a parlé de mourants que Ion dépose
sur le sol avant leur dernier soupir, afin, dit Servius, qu'ils rendent
leur âme à la terre, trésorière et dispensatrice de toute vie. Un évêque
allemand du xi« siècle et S. François d'Assise, à leur dernier moment,
se sont fait mettre aussi sur le sol. M. Dieterich rapporte les deux
faits à un endroit de son livre où ils doivent apparaître comme des
suivivances, absolument inconscientes d'ailleurs, du culte de la
Terre. On cherche vainement une preuve. Oui, M. Dieterich dit que
S. François a emprunté des usages à la vie populaire (p. 26, n« 2).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l3
Mais est ce que dans le voisinage de S. François cet usage existait ?
M. Dieterich cite cet usage en Allemagne, pas en Italie. Puis,
dans ces pays du nord, quelle valeur attribuait-on à cette pratique!
Et enfin, M. Dieterich, bien qu'il n'en dise mot, n'oserait contester
que Tévêque allemand et le saint d'Assise ont été mus exclusivement
par des pensées d'humilité et de pénitence. Au reste il serait facile
d'accroître ici l'érudition de M. Dieterich. S. Louis doit être mort
de la sorte à Tunis ; toutes les Carmélites meurent encore de cette
façon humiliée, ainsi que les Trappistes. Toute cette documentation
serait peut-être aussi curieuse que les deux exemples apportés, mais
tout aussi vaine. Le second fait de survivance inconsciente du culte
de la Terre-Mère c'est, dit M. Dieterich, le cas du « fanatique évêque
de Metz interdisant la sépulture d un protestant dans le cimetière
catholique de Fameck » (p. 52 sq.). M. Dieterich l'affirme sur un
simple rapprochement avec ime interdiction prononcée par le
droit athénien d'inhumer en terre attique les auteurs de certains for-
faits particulièrement graves. Cette prescription est vraie ; mais
qu'elle se rattache au culte de la Terre, c'est l'interprétation person-
nelle de M. Dieterich ; pour être ingénieuse, elle n'en est pas prouvée
pour cela. Puis, en la supposant vraie, il faudrait encore prouver
que l'interdiction ecclésiastique dont il parle a bien la même origine.
Or cette question est rigoureusement historique ; im simple rappro-
chement ne la résoud pas. On voit ici sur le vif la manière éminem-
ment simple de l'école comparative. Pour trop de savants, spécialistes
en cette matière, du moment qu'ils saisissent ime ressemblance, sans
recherche ultérieure, ils concluent. Mais si la ressemblance est un
critère suffisant en histoire des religions, cette branche de l'activité
humaine porte faussement le nom d'histoire, et je ne sais plus même
quel nom lui donner ; elle ne me paraît plus qu'un stérile amusement
qu'on peut laisser à ceux qui n ont rien de mieux à faire. Dans ce
cas-ci, le souci élémentaire de l'histoire aurait éveillé la pensée des
catacombes, des premiers cimetières chrétiens. Était-ce aussi un
attachement inconscient au culte de la Terre qui leur faisait désirer
d'être réunis dans la mort après l'avoir été dans la joie et la souf-
france durant la vie ? Cette interdiction d'ailleurs, comme toute insti-
tution, a son histoire, et dans son histoire apparaissent les principes,
les sentiments qui l'ont inspirée. Rien n'eût été plus facile à
H. Dieterich que de la trouver dans les excellents manuels allemands
de droit ecclésiastique tels que Hinschius, etc. (i).
C'est à la même insouciance de l'histoire qu'il faut attribuer le peu
1) J'ai consulté Schcrer, Handb, d, Kirch.. 11, p. 604.
14 LE MUSÉE BELGE.
de critique apporté trop souvent dans l'utilisation des textes, je veux
dire des témoignages soit oraux soit écrits. Jusqu'ici Ton est et pexxt-
être longtemps encore on sera en droit de demander quelle foi méri -
tent les témoignages qui nous parviennent sur la civilisation, sur les
usages, sur l'état d'àme des peuples non civilisés; la plupart dix
temps nous sommes dans l'impossibilité de juger d'une façon critiqixe
leur valeur. Les témoignages de M. Dieterich échappent-ils à cette
condition commune? Quoi qu'il en soit, il est des textes que
M. Dieterich utilise, en tenant trop peu compte de leur valeur.
A deux endroits (pp 69 et 75), M. Dieterich invoque comme preuves
des épigrammes métriques. Je ne saurais les admettre sans de for-
melles réserves. M. Dieterich sait fort bien que dans la composition
des épigrammes funéraires les formules toute faites ont joué un grand
rôle ; qu'on a composé souvent ces inscriptions en copiant dans les écri-
vains ou les cahiers de modèles des bouts de phrases et des expressions
qu'on accolait. Ces petits poèmes ainsi composés peuvent donc refléter
tout autre chose que la foi des familles et même des rédacteurs. Plu-
sieurs de ceux que cite M. Dieterich (p. 75)ont manifestement ce carac-
tère; le n. 1477 contient même une contradiction qui montre que le
corpus de corporc sumptum est une figure de rhétorique aussi vide que
beaucoup de celles qu'on trouve souvent dans les écrits du temps.
Je signale encore comme une hardiesse excessive la synthèse
donnée par M. Dieterich sur la succession des cultes masculins et
féminins dans le monde romain (p. 88 et 89). Sans doute la vogue
du culte viril de Mithra a été grande ; mais l'admission d'Attis, à
côté de la Magna Mater n'a pas relégué celle-ci à Tarrière-plan, et, à
côté de Sérapis, Isis est restée en possession non troublée de la
vénération et de la confiance des fidèles.
Dans ce compte rendu, qui m'a entraîné plus loin que je ne le
pensais, j'ai voulu discuter, comme M. Dieterich le demande, la
méthode employée par lui. J'ose dire que personne n'estime plus
que moi l'érudition et l'ingéniosité brillante de M. Dieterich. C'est
la raison pour laquelle je regrette qu'il se laisse séduire par la ten-
tation de l'ethnographie, et abandonne le terrain sûr et solide des
interprétations philologiques et des constructions fondées sur elles.
E. Remy.
2. — Gustave Gl0tZ> La solidarité de la famille dans le droit crimi-
nel en Grèce, Paris, Fontemoing, 1904. 620 pp. in-S®. 7 frs 5o.
Lire un aussi gros volume, d'un bout à l'autre est déjà une affaire :
en rendre compte en est une autre. Je viens de terminer la première
et je ne regrette pas le temps que j'y ai mis. J'aborde la seconde avec
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l5
quelque appréhension : comment, en effet, condenser en quelques
lignes la matière de tant de centaines de pages ? Essayons cependant.
Si nous admettons que la famille a été la première forme d'organi-
sation sociale, il va de soi qu'à lorigine aussi, elle a exercé le pouvoir
judiciaire et spécialement pour la répression des délits. Si cela est,
le droit criminel doit garder les traces de cet ancien ordre de choses
et les rechercher sera une tâche intéressante et très utile. Mais ce
régime n'a pas toujours duré : après nous être appliqués à le recon-
struire, nous aurons à en suivre la démolition et à contempler l'édi-
fice nouveau qui aura été établi sur ses ruines. Voilà, en termes très
généraux, Tidée qui a inspiré M. Glotz.
Entrons un peu plus avant dans le sujet. Le livre premier est
intitulé : « Période primitive, la famille souveraine. » Ces mots disent
tout ; mais de quelle famille s'agit-il ? M. Glotz l'appelle t^voç. Et il
entend par là : a une communauté où des parents de plusieurs
générations et de plusieurs branches vivent souvent sous le même
toit, en tout cas sur la même terre, de la même substance, et, par
extension , un groupe composé de patriciens ou Eupatrides qui
prétendent tirer leur origine d'un ancêtre commun ; tP la petite
Camille, au sens moderne ». Et il ajoute en note : «Nous sommes donc
obligés d'employer continuellement le mot t^voç dans les deux sens
que lui a imposés l'usage hellénique. Dans les cas où il est nécessaire
de distinguer, nous opposerons au T^voç large la famille restreinte ».
L'auteur a pris cette attitude conciliante pour nous épargner une
discussion sur Torigine du t^voç hellénique. Il faut lui en savoir
gré ; mais il y a de ces questions que l'on ne peut éviter. Celle-ci
est du nombre. Et dans la première définition, j'en trouve déjà au
moins deux : i® ime communauté familiale ; tP une gens aristocra-
tique. Aussitôt une foule de questions surgissent : les Eumolpides,
IcsCéryces, les Etéobutades, autant de genè, d'un caractère bien net,
car ils sont aristocratiques : ont-ils été des communautés familiales,
ou le sont-ils restés dans une certaine mesure ? Tous les Athéniens
n'étaient pas dans les genè : sans aucun doute, puisqu'il n'y aurait
eu alors que des Eupatrides. Les citoyens appartenant aux classes
inférieures ont-ils vécu dans des communautés familiales, ou, pour
eux ces groupements, s'ils ont jamais existé, se sont-ils dissous de
très bonne heure ? Puis les genè ne sont pas isolés, mais groupés en
phratries et en phylai. Quelle est l'origine et quel est le caractère
de ces groupements ? M. Glotz touche bien à tous ces points, mais
sans s'arrêter.
Contentons-nous donc d'une notion un peu vague, d'une impres-
sion que nous traduisons par les mots : « communauté patriarcale »
l6 LE MUSÉE BELGE.
qu*emploJe à plusieurs reprises M. Glotz. Cette absence de précision,
nous la retrouverons plus tard. Livre II, où est étudiée la traixsâ—
tion du régime ancien au nouveau qui se caractérise par la sou^v^^-
raineté de la cité ; mais nous tâcherons d'en détourner nos regards»
pour les fixer sur une foule de questions intéressantes, qui se
détachent très nettes.
Je signalerai les principales : ceux qui le voudront trouveront
ici à s'instruire sur la répression du meurtre aux diverses époque
sur le combat judiciaire, sur les réformes de Dracon et de Solon,
la compKJsition légale, sur Tordalie, sur la confiscation. Je cite un pcvL
au hasard de mes souvenirs. Je me rappelle encore Tinterprétation
approfondie de la loi éléenne que Szanto a publiée le premier et
aussi le chapitre consacré à la cojuration. Ce ne sont là que des
exemples : en réalité, dans le texte et dans les notes, il y a beaucoup
d'autres choses et je regrette bien que l'auteur n'ait pas dressé une
table alphabétique qui aurait constitué l'inventaire de tous les trésors
d'érudition rassemblés dans ce volume.
Je voudrais dire un mot de la méthode suivie. M. Glotz, n'est
pas seulement un érudit très documenté, c'est encore un esprit très
pénétrant, et je me demande s'il ne lui arrive pas de voir au-delà des
choses. On lira, avec beaucoup d'intérêt, les pages 275 et suivantes
où il est question du combat judiciaire, particulièrement dans
l'Iliade ; mais je m'arrête lorsque je vois les jeux, notamment les
jeux funéraires ramenés à cette institution. Mon hésitation augmente,
quand je lis cette phrase : « Les jeux funéraires ont été à l'origine,
un moyen, bien conforme aux mœurs héroïques, d'opérer un par-
tage de succession ».
Voici encore un passage qui m'a fait réfléchir : les Grecs n'ont pas
connu la coutume du parricide légal ou du suicide obligatoire ; 1»
enfants ont toujours été tenus à honorer leurs vieux parents. « Mais
à une époque où le juge était aussi le chef de guerre, quand il n'avait
plus la vigueur exigée par sa fonction, il pouvait être renfermé dans
une retraite honorable par la déchéance de la puissance paternelle ». Ce
serait le cas de Laërte dans l'Odyssée.
Par contre, dans le chapitre « La vengeance de famille à famille »,
on admirera, je pense, l'interprétation que reçoit la légende d'Oreste.
Mais, de nouveau, je me heurte à cette interprétation du décret de
Chios : « On y lit que les tyrans vainqueurs n'osèrent pas renverser
la statue du tyrannicide Philitis ; mais ils lui enlevèrent son épée,
le désarmement des citoyens était la précaution usuelle des tyrans ».
Ceci donné comme preuve de la puissance des idées animistes chez
les Grecs.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 17
Je multiplierais inutilement les citations : comme dans toutes les
œuvres humaines, il y a, dans ce gros volume, à prendre et à
laisser ; et vraiment Fauteur aurait bien de la chance si, sur un sujet
de ce genre, et en autant de pages, il n'éveillait jamais de contradiction.
L essentiel pour lui est qu'il ait écrit un livre utile et qui mérite
d'être lu par tous ceux qui s'intéressent à l'étude du droit et de l'his-
toire grecque. Henri Francotte.
3. — Mary HAmilton, Incubation^ or ihe cure of desease in pagan
Umples and Christian chur dus, London, Simpkin, igo6. 223 pp. in-8®.
5 sh.
Pour la première fois, nous avons un livre qui s'efforce de retracer
lliistoire de l'incubation à travers les âges chez les peuples de culture
gréco-romaine. L'ouvrage est divisé en trois parties : la première est
consacrée à l'étude de l'incubation dans les temples païens; la
seconde et la troisième traitent respectivement de l'incubation dans
les églises chrétiennes, au moyen âge et aux temps modernes. De
ces trois parties, la première est de loin la plus longue (io8 pp.) et
peut-être la plus intéressante. Avec beaucoup de bon sens, l'auteur
a su utiliser la littérature si touffue de la question pour nous présenter
un exposé simple, clair et satisfaisant. Il ne s'est cependant pas
contenté de faire ime pure compilation ; ce qui constitue un des
charmes et un mérite incontestable du livre, ce sont les nombreux
faits dont le récit est émaillé; il est même un chapitre entier, le
troisième, consacré aux discours sacrés d'Aristide, qui comprend
simplement une série de faits groupés sous diverses rubriques.
A propos d'Aristide, il n'est peut-être pas sans intérêt de faire
remarquer qu'il est un écueil que l'on n'évite pas toujours dans la
critique de cet auteur; M. Hamilton n'a pas complètement échappé
à ce danger (par exemple, p. 103). Dans Aristide, en effet, il y a
pour ainsi dire deux mentalités distinctes : celle du philosophe-
théologien et celle du pieux dévot.Tandis que les diverses pratiques de
dévotion d'Aristide, telles qu'on les trouve exposées dans ses discours
sacrés, ne semblent pas différer de celles du vulgaire, ses conceptions
s'épurent, au contraire, dans les hymnes à tel point qu'elles nous
étonnent. C'est ainsi que dans l'hymne à Zeus, il émet sur la divinité
suprême des idées auxquelles pourrait presque souscrire un scholas-
tique du moyen âge : Zeùç xà irdvTa éTroincre xal Aiôç ia-zw ëpta ocra i(5T\
ïïdvra... ^TTodiae irpiùTOç aùxôç éauTÔv... ôbe iojX irpùiTÔç xe xal upcapÙTaroç xal
QpXHT^TTiç Tûiv TrdvTiuv, aOxôç il aûroO Tcvôfievoç. ôttôtc bè èfëv€TO oûk ëonv
diiâv, dXX' rjv t€ 6pa il dpx^Ç Kal ëaxai e(oaei, aÙTOTrdxujp t€ kqI M£iz:ujv fj il
oXXou T€Tovëvai. kt\. Mais dans un autre hymne, c'est Asklépios qui
est proclamé ô tô ttûv frfiwv xai véiniuv aiuT^ip tOùv ÔXujv kqx <pùXaE xiJDv
l8 LE MUSÉE BELGE.
àBavdruiv,... Oibtxuy xd t€ ôvra àé xal xà TiTvÔM€va. Quand il chantera, les
louanges de Sarapis, il reprendra à peu près les mêmes idées qui
sont au fond panthéistiques. Faute de tenir compte de ces tendances
et d'embrasser les écrits religieux d'Aristide dans leur ensemble, on
risque d'exagérer la portée de ses expressions, et même, d attribuer à
toute une génération des idées ou des croyances propres à quelques
individus.
A cette remarque on pourrait ajouter que, de temps à autre, une
information un peu plus minutieuse n'aurait pas nui au travail de
M. Hamilton; par exemple, il est impossible de discuter la destina-
tion de la Tholos d'Epidaure sans tenir compte des études de
Svoronos (Journ. d^arch, numism,, 1901, pp. 5 ssq.) et de Dôrpfeld
(Hermès, 1902, pp. 249 ssq. ; 483 sqq.); dans Tétude des Kdroxoi on
ne peut pas négliger les travaux de Preuschen (Moenchtum und Sara-
piskult) et de W. Otto (Priester und Tempel im hellenistichen Aegypien).
On ne voit pas non plus clairement la raison de Tordre adopté
pour traiter de l'incubation dans le culte d'Asklépios ; cet ordre
n*est en effet ni chronologique, ni logique.
La seconde et la troisième parties, au fond, n'en constituent qu'une
seule, comme le titre du livre Tindique. Tout en constatant que
l'auteur y a déployé les mêmes qualités que dans la première partie»
on doit ici faire des réserves sur la méthode. Il s'agit de rechercher
la survivance de Tincubation et des rites païens en général dans
le culte des saints. Or dans l'étude des relations de ce genre, la
critique doit se défier des rapprochements trop superficiels ou forcés ;
ainsi parce que saint Artémidos était honoré à Céos et saint Dio-
nysios à Naxos, peut-on sérieusement conclure que ces deux saints
sont simplement Artémis et Dionysos canonisés? Et cela sous prétexte
que les noms se ressemblent, que Dionysos était né à Naxos et
qu' Artémis comme saint Artémidos était 0 the child rearer » (p. 174).
S'il m'était permis d'user du langage quelque peu barbare des scho-
lastiques, je dirais que l'on base souvent des conclusions sur des res-
semblances on analogies purement matérielles, sans se demander si les
deux choses que Ton rapproche ne sont pas/ormellement incompatibles:
est-on nécessairement frères parce que l'on porte le même costume ?
Il est d'ailleurs inutile d'insister ici sur ce point puisque la méthode
à suivre dans ces sortes de sujets a été magistralement exposée par
H. DeiéhdLye ( Légendes hagiographiques, Bruxelles, 1905; 2*^« éd., 1906)
dans un petit livre que l'on ne peut se dispenser de méditer avant
d'aborder l'étude des survivances païennes dans le christianismet
Malgré tout, il n'en reste pas moins que le livre de M. Hamilton,
sans apporter de solutions originales, se révèle toutefois comme le
Iruit d un esprit clair, pondéré et sérieusement mformé.
Th. Lefort.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I9
4. — G. PaSCiuOCO, Marcia^ concubina di Commodo, S. Maria Capua
Vetere. igoS, in-S®, 22 pp.
M. Pasciucco vient de consacrer une savante et intéressante étude
à la maîtresse préférée de Commode. Sur la plupart des points, il
conûrme les idées que j'ai émises au sujet de Marcia dans une étude
publiée en 1876 et que Tauteur m'a fait l'honneur d'examiner avec
le plus grand soin. Il me corrige heureusement pour certains détails
et réfute diverses opinions émises par Aube dans la Revuâ archéologique
(1879). L'auteur admet, tout comme moi, que les deux inscriptions
d'Anagni (CIL, X, 5917 et 5918) se rapportent à Evhodus, le père
nourricier de Cararalla, et à la Marcia de Commode ; il prouve que
ces deux liberti étaient des affranchis de Marc Aurèle et de L. Verus.
Les noms des deux affranchis le prouvent à l'évidence ; et le Ceonia
et Marcia ne peut avoir rapport qu'à L. Verus. Je ne vois aucune
raison pour admettre avec l'auteur qu'Evhodus pourrait être le père
de Marcia ; c'est une pure hypothèse, émise par Mommsen, qui ne
résulte aucunement du texte des deiix inscriptions. Evhodus et
Marcia sont tous deux des affranchis des deux Augustes et les in-
scriptions d'Anagni ne nous autorisent pas à en déduire rien de plus
au sujet de leur état civil. Il ne nous parait pas que Marcia fut aussi
attachée à Commode que l'auteur veut bien le dire. Ce n'était après
tout qu'une courtisane qui, après avoir été la maîtresse de Quadra-
tus, passa à Commode et trompa son impérial amant avec Eclectus,
qu'elle épousa après qu'elle eut contribué à l'assassinat de Commode.
Les paroles prononcées par Pertinax au Sénat Q. Capitolinus,
Pert,^ 5 : paruerunt inviti Commodo, sed ubi habuerunt facultatcm, quid
umpif voluerint, ostenderunt) au sujet de Laetus et de Marcia me
paraissent devoir être interprétées dans le sens que Marcia fut bien
plus poussée par son propre intérêt que par son amour pour
Commode à rester la maîtresse de celui-ci. Ce sont là du reste des
questions d'un intérêt accessoire, et, comme M. Pasciucco le recon-
naît très franchement, si tant d'écrivains se sont occupés de cette
concubine, l'intérêt qu'ils lui ont porté est causé par la sympathie
que Marcia témoigna aux chrétiens et par les gratids services qu'elle
leur rendit. L'auteur adopte ici l'opinion, dont j'avais cherché à
fournir les preuves, que Marcia n'a jamais été chrétienne ; et l'inté-
rêt nouveau que présente l'étude de M. Pasciucco réside surtout
dans la recherche qu'il fait des raisons qui peuvent avoir engagé
Marcia à défendre les chrétiens. Il en trouvet rois : la bonté natu-
relle de son caractère, sa sympathie pour les idées chrétiennes et
enfin des raisons politiques. Il est évident que le fait d'avoir protégé
les chrétiens prouve que Marcia, malgré sa vie déréglée, n'avait pas
20 LE MUSÉE BELGE.
perdu les sentiments d'humanité, de bonté, de clémence si naturels
à tout être humain ; elle n avait rien de la cruauté de son amant et
put exercer sur lui une heureuse influence. On comprend que
pour des motifs politiques, on puisse punir à mort des citoyens
dont les idées peuvent devenir nuisibles au pouvoir existant, mais
tôt ou tard la nature reprend ses droits et l'on se sent forcé de recon-
naître qu'il est inhumain de faire disparaître un homme pour le seul
motif que ses idées religieuses ou politiques sont le contrepied de
celles que nous professons. Si Marcia était sympathique aux chré-
tiens c'est, comme du reste lé dit fort bien l'auteur, qu'elle était
entourée de chrétiens. J'ajouterai qu'elle fut élevée par Hyacinthe,
dont je ne veux pas faire un prêtre comme Friedlànder {SUiengesch, ,
I, iio) vu qu'il était eunuque (airdbovTi irpcapuTëpqj. Phiîosoph.^ IX, 12),
mais dont le christianisme ne saurait être mis en doute ; et je suis
convaincu que, si Marcia protégea les chrétiens, ce fut grâce surtout
et peut-être même uniquement à Tinfluence de cet Hyacinthe. Je ne
saurais admettre les raisons politiques suggérées par M. Pasciucco.
Pour lui, Marcia se disait qu'elle devait avant tout chercher à rester
la maîtresse de Commode, que si Ion persécutait les chrétiens, cette
persécution pouvait provoquer des émeutes et que du reste
plusieurs chrétiens avaient pris part à la conjuration qui amena
l'assassinat de Domitien. Cette dernière assertion nous paraît toute
gratuite. Marcia, connaissant les chrétiens, devait savoir que ce
n'était pas parmi eux que Ton trouvait ces inspirations. De plus, le
souvenir de la mort de Domitien ne devait plus être bien vivace, car
plus d'un siècle s'était écoulé depuis ; et, si certains historiens sont
tentés de faire participer des chrétiens à la conjuration de Tan-
née 96 (ainsi Aube, Hisi. des persécutions, p. 184), cette opinion repose
sur une interprétation bien peu sérieuse d'un mot de Suétone
(Suét., Domtt., XV) et des vers de Juvénal (IV, i53) :
Sed periit, postquam cerdonibus esse timendus
Coeperat : hoc nocuit Lamiarum caede madenti.
Ctrdo, signifie artisan, mercenaire et par extension cordonnier :
Ruperti (H, 191) interprète le cerdonibus de Juvénal par hominibus
infimis ac sordidis; et. dans ce sens Juvénal emploie le même mot dans
sa Satire iVHI, 182) Le scholiaste l'interprète comme suit (Cf.,
Mayor, I, 241) : ignobilibus cerdo est proprie turpis lucri cupidus. Dans ce
sens, on peut avoir quelquefois dit des chrétiens que c'étaient des
cerdones, tout comme on donnait le nom de cerdo à des esclaves
(Wilmanns, 1273, iSyS c.) ; mais absolument rien ne nous autorise
à dire que Juvénal ait voulu désigiier ici les chrétiens, pas plus qu'il
ne nous est permis de supposer que Stephanus, le meurtrier de
Domitien, tout en étant \e procurator de Domitilla, ait été chrétien.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 21
Nonobstant ces observations et ces remarques de détail, je recon-
nais bien volontiers que le travail de M. Pasciucco est fort suggestif
et constitue une contribution des plus savantes à l'histoire du règne
de Commode. J'aurais désiré que Tauteur eût complété son travail
par rindication des divers monuments qui nous rappellent la célèbre
concubine, les monnaies ainsi que les pierres gravées. A côté de la
belle intaille en améthyste du cabinet des Médailles 35io (et non 35i
comme le dit lauteur), dans laquelle Ch. Lenormant (Rtv. num,, iS5y,
p. 212: a reconnu Marcia alors qu'on y voyait auparavant une repré-
sentation de Sappho, je signalerai un camée en onyx sur lequel
Marcia est représentée en Omphale portant sur la tête la peau du lion
de Némée dont les griffes disparaissent sous les cheveux, découvert
en i883 à Caerleon on Usk (Angleterre) [Philologische Wockeiischr.,
i883, p 629), camée qui n'est pas sans ressemblance avec les
médaillons publiés par Froehner (Médaillons de l'Empire Romain,
p. 140 142, 1431, mais dans lesquels ce numismate ne veut pas recon-
naître Marcia. Peut-être y a t-il encore d'autres monuments qui la
représentent. Adolf de Ceulener.
5. — A. Gartault, A propos du Corpus Tibullianum, Un siècle de
philologie latine classique. Paris, F. Alcan, 1906. 18 fr. (Univ. de
Paris. Bibl. de la Faculté des Lettres. XXIII).
Ce gros volume sur Tibulle se divise en quatre chapitres précédés
d'une introduction et suivis des conclusions. Avant d aborder le sujet
proprement dit, il fallait rechercher ce qui a été publié sur Tibulle
avant le xix' siècle. M. Cartault remonte aux éditions de Scaliger (la
première est de 1577) et s'arrête aux éditions de Broekhuisen (1708),
à la Viia Tibulliana d'Ayrmann (1719), à l'édition de Volpi (1749) et
à celles de Heyne (1755- 1798). Au xix'* siècle, il divise l'histoire des
études tibulliennes en quatre périodes nettement séparées par l'édi-
tion Lachmann (1829), les Tibullische Blàtter de Baehrens (1876) et
rédition Hiller (i885).
M. Cartault suit l'ordre chronologique et lentement il déroule
devant nous les progrès de la critique. Le travail auquel il s'est livré
est immense : nous assistons à un très long défilé de toutes les
éditions, de tous les travaux critiques, de tous les comptes rendus
qui ont été publiés de ces éditions et de ces travaux. C'est une
bibliographie analytique et critique complète. La tâche à laquelle
s'est astreint M. Cartault incombe à tout philologue qui entreprend
une étude approfondie de Tibulle. Aux lecteurs qui veulent se mettre
au courant, M. Cartault a rendu un grand service et c'est le premier
mérite de son vaste travail. On pourra s'y rendre compte, en peu de
f
122 LE MUSÉE BELGE.
temps, de ce qui a été écrit jusqu*ici sur Tibulle et des résultats
obtenus, de Tétat actuel de la science. Voici ces résultats en résumé :
lo Depuis la découverte du Codex Ambrosianus par Baehrens, nous
possédons un texte de Tibulle sensiblement meilleur que celui de nos
devanciers, mais qui repose pourtant sur une tradition fautive. Nous
n'avons pas les moyens de remonter au-delà de cette tradition. On ne
saurait actuellement compter que sur la critique conjecturale, dont les
moyens sont restreints.
2" Le commentaire qui a le plus fait pour Tintelligence de Tibulle,
c'est celui de Dissen ; mais il reste à faire un commentaire répondant
aux exigences de la science moderne. Les travaux de Lachmann, de
Haupt, de Vahlen, de Léo, de Wilhelm en sont une excellente
préparation; ils ont étudié le problème de la comf)osition des élégies,
l'art secret avec lequel s'expriment les sentiments; ils ont éclairé
l'évolution psychologique de la pensée de Tibulle et déterminé les
sources de son inspiration.
3" La biographie de Tibulle, débarrassée des fables et des hypo-
thèses, s'est simplifiée et appauvrie. Il faut renoncer à établir la
chronologie des élégies du pr livre. La question de Glycera, celle
de la publication du II* livre, celle de la formation du Corpus
Tibulîianum sont des énigmes qui resteront probablement insolubles.
4° On a fait des progrès sur les questions à' authenticité. Il est établi
que Lygdamus n'est pas Tibulle, mais on n a pu l'identifier. Le
Panégyrique qui date de l'an 3i avant J. C, n'est pas de Tibulle,
mais il se faut se résigner à en ignorer l'auteur. Les élégies sulpi-
ciennes se divisent en deux groupes ; l'un appartient à Sulpicia et
l'autre à Tibulle, mais on ne s'accorde pas sur les limites des deux
groupes.
5° Enfin, dans les dernières pages de son livre, M. Cartault
détermine la part que les savants de chaque nation ont prise à la
solution des problèmes qu'il a exposés et étudiés. C'est la part de
l'Allemagne qui est de beaucoup la plus importante ; c'est à elle que
reviennent tous les résultats importants de ces dernières années.
M. Cartault trace ici un tableau intéressant de l'activité allemande ;
nous en détachons ces lignes : « Ce qui est admirable en Allemagne,
c'est l'organisation du travail : des maîtres illustres, indépendants
les uns des autres, donnent du haut de leurs chaires des directions
et des exemples ; leurs élèves apportent les prémices de leur éducation
scientifique ; plus tard, dans les gymnases ou les écoles, ils donnent
encore les fruits de la culture acquise à l'Université ; de nombreux
périodiques expriment et entretiennent une vie scientifique très
développée; il se trouve des éditeurs pour publier les travaux les
plus spéciaux ».
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23
Le livre de M. Cartault est autre chose encore qu'un excellent
guide pour celui qui veut se mettre au courant : c'est aussi une étude
dTiistoire et de méthodologie, c'est un chapitre de l'histoire de la
philologie classique pendant les cent dernières années. En un sens,
c'est plus qu'un chapitre, car « Tefifort fait sur un terrain restreint
comme celui du Corpus Tibullianum est représentatif (M. Cartault le
dit avec raison) des principes et des directions de la philologie, de
sorte que cette étude partielle approfondie vaut dans une certaine
mesure pour l'ensemble et l'éclairé ». Cela est très vrai et c'est le
deuxième et grand mérite du travail de M. Cartault La place nous
manque pour le faire ressortir. Qu'on lise ces pages où le détail ne
fait pas perdre de \aie les grandes lignes, qui sont tracées avec un
dessin très ferme et très précis : on verra que M. Cartault a fourni
une originale contribution à l'histoire externe et interne, comme on
dit, de la philologie classique au xix« siècle. J. P. Waltzing.
Languis et Littératures celtiques.
6. — G. Dottin, A'dnuel pour servir à V étude de V antiquité celtique,
Paris, Champion, «)o6. 407 pp. In- 12. 5 frs.
Roget de Belloguet avait réuni dans son Ethnogénie gauloise parue
de 1 858 -1873, tout ce que l'on savait des Celtes à son époque. Bien
que son auteur eût travaillé avec un soin extrême, l'ouvrage n'était
pas sans défauts à cause du manque de formation philologique de
Roger de Belloguet. Depuis lors, près de quarante ans se sont
écoulés ; de nombreux travaux ont renouvelé notre connaissance de
l'antiquité celtique, et le livre de Roger de Belloguet est tout à fait
vieilli. C'est pourquoi M. G. Dottin a entrepris non pas de le remettre
au courant, mais de le refaire entièrement avec une méthode philo-
logique rigoureuse. C'est ainsi qu'est né son « Manuel pour servir à
l'étude de l'antiquité celtique » .
Le livre est divisé en sept chapitres. Le premier étudie les sources
et expose la méthode de travail : le deuxième, la langue ; le troisième,
les antiquités privées ; le quatrième, l'organisation de l'État ; le
cinquième çt le sixième, la religion ; le septième, le rôle des Gaulois
dans rhistoire ancienne.
M. Dottin fait fort bien ressortir les grandes difficultés qui se pré-
sentent quand on étudie l'antiquité celtique : on ne sait ni comment
ni dans quelles proportions on peut faire coïncider les données de
l'histoire, de l'anthropologie et de l'archéologie ; en effet, la forme du
crâne, par exemple, ne permet pas de déterminer quelle langue
parlait l'individu à qui il a appartenu, pas plus qu'un motif d'orne-
mentation ou la lame d'une épée n'est suffisante pour permettre de
24 LE MUSÉE BELGE.
reconnaître la nationalité de son ancien possesseur. De là, la néces-
sité d*étre extrêmement prudent et de ne se servir des sciences
auxiliaires de l'histoire que pour commenter et vérifier les données
de celle-ci.
M. Dottin passe ensuite en revue le matériel linguistique que nous
ont légué les anciens Celtes; celui-ci peut être éclairé dans une
certaine mesure par la comparaison avec les langues celtiques
modernes, mais il ne faut pas se dissimuler que nous savons bien
peu de chose du gaulois, car la conjugaison du verbe nous y esr
totalement inconnue. Ici cependant, M. Dottin exagère peut-être un
peu Tobscurité des inscriptions gauloises
La suite de l'ouvrage est consacrée d'abord au portrait physique,
moral et intellectuel des Celtes par les anciens, aux habitations, à la
nourriture, aux vêtements, à la famille, à Tagriculture, à la chasse et
au commerce; puis, vient l'organisation politique et militaire. Les
textes qui font allusion à ces dernières matières sont assez clairs,
mais quand on aborde l'étude de la religion, on se trouve en présence
de véritables énigmes suscitées par le manque de documents pure-
ment celtiques et Tabsence ou tout au moins l'extrême pénurie
d'éléments de comparaison chez les Irlandais et les Gallois.
Enfin, M. Dottin, après avoir commenté les témoignages des
anciens sur les pays occupés par les Celtes, place l'habitat primitif
de ceux-ci dans l'Europe centrale, puis en retrace les invasions dans
les Iles Britanniques, en Gaule, en Espagne, en Belgique, s'occupe
de l'empire d'Ambigatus et de l'expédition de Brennus, et enfin,
termine par un rapide exposé de la décadence de la puissance
celtique.
M. Dottin a pris la peine d'indiquer très soigneusement dans des
notes nombreuses les passages des auteurs anciens et modernes sur
lesquels il s'appuie. Des indices fort complets facilitent le manie-
ment de l'ouvrage.
Les conclusions de l'auteur sont peut-être un peu pessimistes : « La
superposition des images que nous fournissent l'histoire, la linguis-
tique et l'archéologie, écrit- il, ne laisse des Celtes, qu'un portrait
confus. » C'est exagérer le côté quelque peu négatif de son livre ; si
nous ne connaissons pas les anciens Celtes aussi bien que les Grecs
ou les Romains, nous en avons une idée déjà très satisfaisante et les
travaux des érudits modernes dissipent et dissiperont de plus en plus
« les brouillards glacés » dans lesquels ils apparaissent à M. Dottin
comme perdus. Victor Tourneur.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 25
7. — H. GaidOZ, Pour le centenaire de Gaspar Zeuss^ fondateur de la
philologie celtique. Paris, 1906. 32 pp. In-8°. Tiré à 100 exemplaires.
Aux fêtes du centenaire de Zeuss qui a cté célébré par TAcadémie
de Munich, le 14 mars 1906, M. H. Gaidoz a eu la pieuse attention
d'envoyer une brochure qu'il a fait imprimer en l'honneur du fon-
dateur de la philologie celtique : il y reproduit d'abord les notices
qu'il avait consacrées autrefois à Zeuss et à Gluck dans la Revue
celtique^ et il les fait suivre de recherches fort curieuses sur les
comptes rendus dont fut Tobjet la Grammatica celttca, lors de son
apparition. M. Gaidoz y a joint la reproduction d'un portrait à
ITiiiile de Zeuss conservé dans la famille du grand philologue, dont
M. Kuno Meyer avait fait prendre des photographies lors d'une visite
à la maison de Vogtendorf près Kronach, où Zeuss naquit et mourut.
Victor Tourneur.
8. — V. Lederer, Ueber Heimat und Ursprung der mekrstimmigen
Tonkunsi. Vorrede. Keltische Renaissance, Leipzig, Siegel, 1906.
56 pp. In-8«.
Cette brochure de M. Lederer est, comme celle de M. Gaidoz,
destinée à commémorer le centenaire de Gaspar Zeuss. C'est la pré-
face d'un ouvrage d'ensemble dans lequel l'auteur se propose de
démontrer que la musique à plusieurs voix a son origine dans la
musique celtique, de même que, d'après lui, notre culture intellec-
tuelle devrait plus aux anciens Bretons et Écossais, aux Gallois et
aux Irlandais qu'aux Grecs, aux Romains et à tous les Orientaux
réunis.
Ce prologue ne fournit aucune preuve en faveur de la thèse ; il
renvoie aux chapitres et aux livres qui suivront. M. Lederer expose,
dans un style plus incohérent que scientifique, la manière peu
méthodique dont il conduisit ses recherches. Il raconte ensuite lon-
guement un songe qu'il fit une fois qu'il avait eu la tête surchauffée
par ses lectures.
Espérons que l'ouvrage lui-même sera conçu et exécuté avec une
méthode plus rationnelle et plus critique, sans quoi on se verra obligé
de le condamner sansappel, en employant une formule que M. Lederer
écarte en plaisantant : Keltomania rediviva. Victor Tourneur.
Langues et Littératures romanes.
9. — Edmond Biré, Chateaubriand, Victor Hugo, H. de Balzac,
Lyon et Paris, E. Vitte, 1907. 358 pp. 3 fr. 5o.
Les nombreux travaux consacrés à l'histoire littéraire du xix*' siècle
par M. Edmond Biré lui ont fait une réputation de critique-biographe
très consciencieux et remarquablement informé. Il possède sur les
26 LE MUSÉE BELGE.
écrivains de cette période des renseignements qixi son
d'excellentes sources et qui prêtent à tout ce qu'il piibJi<
solide intérêt. Le nouvel ouvrage qull vient de donne;
montre dans un domaine qu'il a déjà maintes fois exploré ;
quel est le prix de cet ouvrage et quel en est l'agrément. II i
trois parties, comme l'indique le titre. La première, qui eî
longue, se compose de huit chapitres sur Chateaubriand;
discute la sincérité religieuse de Fauteur du Génù du Christiaï
connaître ses rapports avec Tabbé Lacordaire et Alfred Ne
prouve l'exactitude des Mémoires d* Outre-Tombe^ examine la \
V Itinéraire de Paris à Jérusalem,., par Julien (le valet de cha
Chateaubriand qui, à côté de son maître, a tenu un journal d<
raconte les relations du brillant écrivain avec M™« de Cm
Mme Bayart (née Sophie-Josèphe de Wilte), démontre sa sup
intellectuelle et morale sur Michelet, et décrit les maison
a occupées. Dans la seconde partie, qui est la moins étendue
avons Victor Hugo, c'est-à-dire que M. Biré nous y parle de Te
du grand poète, de ses manuscrits, et du jugement porté sur i
Edmond About (i). La troisième est réservée à Balzac, soi\
chapitres intitulés : Le Prêtre dans les romam de Balzac — C/»
perdue de Balzac (c'est son Voyage de Paris à Java) — La genès,
roman de Balzac (il s'agit des Paysans) — Un nouvel écrit sur B
l'étude M. André Le Breton, igoS) — Les logis de Balzac,
Le livre de M. Biré est, comme on le voit, un recueil d'arti<
ils ont paru de 1892 à igoS et plusieurs ont été écrits à pr<
d'ouvrages relatifs aux trois illustres auteurs du xix* siècle. Tel
par exemple, celui qui est placé en tête et qui est intitulé :
sincérité religieuse de Chateaubriand, Il a été fait à roccasion de la ih
doctorale portant le même titre et qui est due à labbé G. Berl
(1900). On sait comment ce dernier a mis en doute la siiuérité
Sainte-Beuve : M. Biré reprend la question et montre que si, ci
le célèbre critique, « le talent était grand, il n'en allait pas de mêi
du caractère n. Je m'étonne qu'il n'ait pas dit un ipot de la polémiqi
soulevée au sujet de la fameuse page des Mémoires à' Outre-Tombe, qi
Sainte-Beuve a reproduite d'après des notes extraites du manuscr
même en 1834 et qui ne se retrouve pas dans l'œuvre imprimé d
Chateaubriand (2). G. Doutrepont.
(1) Ce chapitre sur About et Hugo a surtout pour objet l'étude d'un livre qu<
M. Joseph Reinach a fait sur le premier de ces écrivains en 1892.
(2) Voir, dans la Revue d'histoire littéraire de la France du i5 juillet 1900,
l'article de Jules Troubat, Sainte-Beuve et les Mémoires d'Outre- Tombe.
Rappelons à nos lecteurs que M. Biré est l'auteur d'une nouvelle et excellente
édition des Mémoires d'Outre- Tombe, édition sur laquelle ils trouveront un très
bon chapitre dans l'ouvrage de M. Victor Giraud, Chateaubriand^ Études littéraires,
Hachette, 1904.
partie bibliographique. ^^
Langues et Littératures germaniques.
10, — H. Van der Linden et W. de Vreese, Lodemjk van Vel-
tkem*s VoorUetting van dm « Spiegeî historiael » (1248-1316) opnieuw
mtgegtven. Eerste deel. Bruxelles, Hayez, 1906. i vol. in -4**, xiv-
486pp. 12 frs. (Publ. de la Comm. roy. d'histoire).
Sous les auspices de la Commission royale d'histoive a paru le premier
volume d'une nouvelle édition du Spiegel historiael de Velthem (i).
Cette publication sera reçue avec empressement par ceux qui
sadonnent à Tétude de lliistoire et de la littérature du moyen âge
flamand. Depuis longtemps le besoin s'en faisait vivement sentir ;
de cette œuvre, importante à tant d*égards, nous ne possédions que
le texte défectueux qu'en avait donné L Le Long au commencement
duxviii* siècle (1727). Il y a lieu de nous féliciter que cette entreprise
ait été confiée à des mains adroites et expérimentées ; quand elle sera
achevée, cette édition — à en juger par cette première partie —
constituera un monument imposant élevé par le science philologique
belge.
La publication complète des huit livres du Spiegel (environ
So.ooo vers) formera trois volumes. Celui dont nous parlons con-
tient les deux premiers livres (c'est-à-dire environ 8400 vers), où
sont racontés, dans une suite peu méthodique et encore moins
chronologique, les principaux événements arrivés pendant le troisième
quart du xiii« siècle (de 1248 à 1272 environ), entre autres, l'histoire
de Guillaume II de Hollande et en partie celle de Jean I de Brabant
et d'Edouard I d'Angleterre, une histoire résumée de l'empire germa-
nique, etc.
Le texte a été établi par M. de Vreese d'après le manuscrit unique
complet conservé à Leyde ; il va de soi que Téditeur a utilisé aussi
tous les fragments connus. Nous devons au même savant le com-
mentaire philologique ; les remarques historiques et géographiques
ont été rédigées par M. van der Linden. La compétence nous
manque f)our apprécier comme il convient le travail du professeur
(1) Le titre (Velthem' s voort^etting van den Spiegel historiael) a de quoi sur-
prendre, puisqu'il sagit ici d*une œuvre qui n'est que pour une petite part la
continuation du Spiegel par Velthem, à savoir cette partie, que Velthem appelle
lui-méme la cinquième partie (cfr IV» 48, 65 ; IV» 49, 47 ; IV» 56, 5o ; I V« 56, 67 et
^i et V. I de Vordinantie, p. 1 de cette édition présente). Pour le reste c'est une
œuvre originale; le Spéculum de Vincent de Beauvais s'arrête à i25o; Velthem
poursuit l'histoire de son temps jusqu'en i3i6. Le fait n'a pas grande importance;
il mérite cependant d'être signalé. L'avertissement, placé en tête du volume, nous
apprend que M. de Vreese n'en est pas responsable, sinon, on n'en croirait pas ses
yeux.
28 LE MUSÉE BELGE.
liégeois ; mais on le jugera, pensons-nous, très réussi et atteignant
parfaitement son but parce que ces indications, qui sont le fruit d'un
immense labeur et de connaissances extrêmement étendues et variées,
sont données à propos et dans une juste mesure. Toutefois, quels
que soient les mérites de cette partie, nous croyons ne pas nous
tromper en affirmant que c'est surtout l'annotation philologique de
son collègue gantois qui donne à cette nouvelle édition sa grande
valeur. En effet, c'est au point de vue philologique que la publication
est remarquable et caractéristique.
Les premiers éditeurs belges de textes flamands du moyen âge
(J. F. Willems, David, Bormans, Snellaert, etc.) commencèrent par
donner des éditions dites critiques ; mais ces travailleurs n'étaient —
du moins dans ce domaine — que des dilettantes, mal préparés
pour leur tâche et s'en acquittant d'après une méthode qui n'avait
rien de scientifique. Dès lors, quoi d'étonnant si leurs publications
ont été sévèrement jugées par les savants hollandais et allemands ? —
Ceux de la génération suivante, devenus plus prudents, se conten-
tèrent d'éditions diplomatiques ; c'était avouer leur impuissance.
D'ailleurs, dilettantes eux-mêmes, tout aussi mal au courant des
études philologiques et ne comprenant pas les exigences scientifiques,
ils n'auraient pas pu fournir davantage.
S'il est donc incontestable que, dans le domaine de la philologie
néerlandaise, les Belges sont restés, pendant tout le xix<^ siècle,
inférieurs à leurs voisins du Nord, il n'en est pas moins vrai que, par
cette publication du Spiegel de Velthem , l'école belge prend une revanche
éclatante. Jusqu'à présent, les Hollandais n'ont pas à y opposer une
publication de valeur supérieure, nous oserions même dire, de valeiu"
égale ; car, tout en reconnaissant les mérites éminents de maîtres tels
que M. de Vries, Verdam, Franck, van Helten, Moltzer, etc., il est
permis de dire que leur méthode de critique et d'interprétation
n'est pas toujours irréprochable.
Ainsi nons aurons, quand Velthem sera publié en entier, la
première édition vraiment scientifique belge d'un texte important en
moyen néerlandais. Assurément, la tâche est longue et difficile ; pour la
mener à bonne fin, il faut non seulement être un linguiste consommé,
mais encore posséder des connaissances solides en paléographie,
critique et exégèse. De tout cela. M. de Vreese a fait amplement
preuve dans cette première partie de l'édition. Ne pouvant songer
à entrer dans un examen détaillé, bornons -nous à indiquer briève-
ment, comme qualités principales de son travail : 1° la méthode
rigoureusement scientifique ; 2° l'exactitude la plus scrupuleuse ;
3° une critique perspicace, fondée sur un examen paléographique
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 29
attentif, et dont le plus beau trait n'est pas une audace facile,
mais un sage conservatisme ; 4^ Tintelligence complète du texte,
qui suppose un savoir multiple et varié : connaissance de
la langue en général et de Vusage grammatical particulier
de Fauteur ; connaissance des mœurs, institutions, croyances,
littérature, sciences, etc. de l'époque. Grâce à cette heureuse asso-
ciation de critique prudente et d'interprétation adéquate, M. de Vreese
est parvenu à corriger en une foule de passages le texte altéré de
Velthem (i) et à le rendre presque partout intelligible (2). Nous n'hé-
sitons pas à dire qu'il a exécuté la tâche qui lui incombait d'une
manière qui ne mérite que des éloges et qui lui assure la première
piace parmi les néerlandistes de notre pays.
En lui présentant, ainsi qu'à son distingué collaborateur, nos
sincèies félicitations, nous formulons le souhait qu'ils n'auront pas
montré en vain à nos compatriotes comment s'élabore l'édition
scientifique d'un texte. Puisse donc être définitivement close la série
des publications dans le genre de celles de la vieille école !
C. Lecoutere,
n. — N. Marais-HOOgenhoUt, Praktisckes Lehrbuch der Kaphol-
làndisckm Sprache (Burensprachc), Sprachîehre^ Gespràche, Lesestiicke
ttttd Woertetbuck, Vienne et Leipzig, A. Hartleben, 1906. 2 m. (Die
Kunst der Polyglottie. N» 84).
Vingt-huit pages sont consacrées à la grammaire; environ cent
cinqiiante à la chrestomathie, aux « conversations » et au vocabulaire ;
il en suit que l'auteur veut surtout initier à la pratique de la langue.
Pour abrégée que soit la grammaire, elle est suffisamment complète ;
on sait que la langue des Boers se distingue par une grande simpli-
cité du système grammatical ; dans ces 28 pages, M. Marais trouve
même assez de place pour écrire un chapitre sur la formation des
mots et un autre sur la syntaxe.
Il va de soi que, dans un espace si restreint, l'auteur n'a pu donner
qu'un exposé des formes de la langue telle qu'elles existent aujour-
d'hui; en d'autres termes, il a dû s'abstenir de considérations histo-
riques et d'explications quelconques ; de même, il n'a pas mentionné
les dififérences dialecticales. — L'anthologie offre un choix de textes
(1) Parmi ces nombreuses corrections, un certain nombre s'indiquaient d'elles-
mémts; d'autres sont d'heureuses trouvailles, à quelques-unes desquelles revient le
3001 de conjectures palmaires; d'autres enfin, et ce n'est pas un mince mérite de les
iToir signalées, sont uniquement dues à une lecture exacte du manuscrit
2) Mentionnons, par exemple, le commentaire du chap. 64 du premier livre, qui
doit avoir demandé à l'interprète uuc étude attentive de la théologie scolastique.
3o LB MUSÉE BELGE.
très variés et gradués; chaque morceau est suivi de remarques, qui
ont pour but d'aplanir les difficultés.
En résumé, ce manuel peut donner, en peu de temps et avec peu
de peine, une idée suffisante de la langue du Transvaal et du Cap.
C. Lecoutere.
12. — Fr. Kauffmann, Deutsche Grammatik, KursgefassU Laut-
und Formenlekre des Gotischen, Alt-, Mittel-, und Neuhochdeutscken.
4* Auflage. Marbourg, N. G. Elwert, 1906. 2 m. 25.
Nos lecteurs connaissent déjà ce manuel; il a été signalé ici
même à deux reprises (cfr t. I, p. i3 et t. VI, p. 120). Cette nouvelle
édition se distingue de la précédente par des corrections de détail et
des additions à quelques paragraphes. L'auteur, qui avait inséré
dans la troisième édition des indications bibliographiques, les a
soigneusement complétées, en citant surtout les ouvrages où le
débutant trouvera des informations sûres pour pousser plus loin ses
études. La rapidité avec laquelle se sont succédées les deux dernières
éditions de ce manuel démontre qu'il a obtenu le succès qu'il mérite.
C. Lecoutere.
i3. — H. HUDgerland, Das wissenschaftlkhe Studium der deutscken
Sprache und Literatur, Ein Wegweiser fUr Studierefide. Lund,
Hj. Môller, 1906. i fr. 5o.
Cette brochure n'est que la reproduction de deux articles qui ont
paru, dans le courant de Tannée passée, dans le périodique Skandi-
navisk Manadsrevy for undervisning % de ire hufvudspraken (n®» de février
et de mars 1906). Après quelques pages d'introduction, l'auteur groupe
ses renseignements en une vingtaine de rubriques : phonétique ;
étude de la langue, de la grammaire; interprétation des auteurs;
histoire de la langue allemande ; psychologie du langage ; linguistique
générale ; étude de la littérature ; la métrique ; les realia, etc. L'ordre
n'est peut-être pas très logique, mais peu importe. Rarement M. Hun-
gerland se contente d'énumérer des titres de livres, de revues, etc. ;
d'habitude, il donne une bibliographie raisonnée, accompagnant ses
indications de remarques pratiques. Malheureusement, le sens cri-
tique lui fait souvent défaut et l'exactitude laisse aussi à désirer ;
dans certaines paragraphes, il cite comme ayant paru des publica-
tions qui ne sont qu'annoncées, tandis qu'ailleurs son information
est insuffisante. C. Lecoutere.
14. — T. F. Henderson, Robert Bums' Poems, selected and ediied
wtth notes, xxxvi-171 pp. in 8°. 3 m. C. Winter, Heidelberg, 1906.
(Knglische Textbibliothek, hrsg. von J. Hoops).
Ce qui fait la gloire de Robert Burns sur le continent et ce qui
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3l
a fait l'admiration de Goethe, ce sont ses chansons. A travers les
difficultés du dialecte écossais, que les étrangers ne comprennent
qa*à moitié et prononcent très mal, à travers les faiblesses des
traductions dont s'aident les lecteurs que rebute l'étude du patois, le
rythme cadencé du vers de Bums , les élans soudains de son
imagination gardent encore l'énergie qui nous transporte et nous
ravit. Mais seules les strophes du lyrisme le plus intense peuvent
résister à une pareille épreuve.
Les pièces descriptives et satiriques, où sont croqués des types et
des scènes de la vie populaire écossaise, sont encore plus difficilement
accessibles à l'étranger que les chansons. C'est pour elles surtout
que sont utiles les savants commentaires de M. T. F. Henderson, et
les détails précis contenus dans la présente édition sur l'origine et le
sujet de ces petits chefs-d'œuvre. M. Henderson a limité son choix
k 17 de ces poèmes et a exclu presque toutes les épigrammes où
rmgéniosité ciuelle du poète a mis à nu les nullités prétentieuses
qui ont eu le malheur de se trouver sur son chemin. Nous ne
pouvons que recommander chaudement cette petite édition, dont
Texcellence est du reste suffisamment garantie par le nom de
l'éditeur. Il serait impertinent de notre part de nous permettre des
réserves ou des critiques en présence d'une pareille autorité, et dans
mi domaine aussi spécial et aussi peu abordable à l'étranger.
Une transcription phonétique de la prononciation dialectale ne
rendrait' elle pas certains services à ceux d'entre nous qui s'eflForcent,
avec plus ou moins d'illusions, à lire Bums dans l'original ? Où est
le philologue écossais dont l'enthousiasme et le savoir suffiraient
i pareille tâche ? P. Hamelius.
Histoire, et Géographie
i5. — Ph. Lauer, Les Annales de Flodoard publiées d'après les manus-
crits^ avec une introduction et des notes, Paris, Alph. Picard, 1906.
LXVIII-300 pp. in-8o. 8 frs. (Coll. de textes pour servir à l'étude et
à renseignement de l'histoire. Fasc. Sç).
Parmi les chroniqueurs du x« siècle, Flodoard tient une des
meilleures places. Né en SgS ou 894, probablement à Épernay, il fut
formé à l'école de Reims, très florissante alors. Entré parmi les clercs
de la cathédrale, il eut une grande influence dans l'entourage des
archevêques qui se succédèrent sur le siège de saint Remy. Pourtant,
lorsque Herbert de Vermandois, par un coup de force, imposa
comme archevêque son fils Hugues, encore en bas âge, Flodoard
connut la disgrâce, car il demeura fidèle à Artaud, nommé par le roi
Raoul. La victoire de son parti lui rendit ses honneurs et ses biens.
Il mourut en 966.
32 LE MUSÉE BELGE.
Il a laissé plusieurs ouvrages en vers et en prose. Citons son
poème De ChrisH iriumphis apud Itaîiam^ qui nous a conservé de nom-
breuses épitaphes des papes, relevées durant un voyage à Rome
(936-937) ; son Histoire de V Église de Reims composée à Taide des
archives dont il avait la garde, semblet-il; enfin ses Annales.
Celles-ci forment une sorte de Journal, écrit par un homme bien
informé sur les événements politiques contemporains. Elles vont de
919 a 966. Les mentions sont fort brèves, parfois même trop concises
pour être bien claires. L'ordre suivi dans le récit est presque toujours
Tordre chronologique, l'année commençant le 25 décembre ; cepen-
dant il y a des exceptions. Les Annales sont écrites dans une langue
et dans un style médiocres, bien que Tauteur fût un latiniste dis-
tingué, comme l'attestent ses autres ouvrages. Comme historien,
Flodoard fait preuve d une grande impartialité au milieu des passions
qui divisaient son temps.
Cet ouvrage avait déjà été édité à plusieurs reprises par Pierre
Pithou (i588), A. du Chesne (i636), Dom Bouquet (1752), Pertz (iSSç)
et Bandeville (i855). M. Lauer, a repris cette tâche, et son travail
surpasse celui de tous ses devanciers. Nul, plus que lui, n'était
préparé à le mener à bonne fin, car sa belle étude sur Le règne de
Louis IV (COutre-Mcr (Paris, 1900), lavait familiarisé avec l'histoire
du x« siècle
Pour établir le texte, il a tenu compte des sept manuscrits connus,
après avoir fixé leur filiation et leur valeur respective. Celui de
Montpellier lui a paru le meilleur, et il Ta pris pour base ; il a utilisé
les variantes de ceux d'entre les autres qui représentent une tradition
indépendante.
Une introduction, des notes nombreuses et très riches en rensei-
gnements historiques et géographiques (cf. par exemple, Tidentifica-
tion de Mom calaus, p. 26. n. 6), des appendices contenant des textes
utiles pour l'illustration des Annales, une table très détaillée font de
cet ouvrage un très précieux instrument de travail.
Notons, en terminant, l'interprétation donnée par M. Lauer à la
numérotation grecque fragmentaire des Annales, Selon lui, ces lettres
représentent les deux derniers chiffres des dates indiquant l'ère mon-
daine byzantine. Elles seraient placées, non en tête, mais à la fin
des paragraphes relatant les événements d'une année.
M. Jacquin, O. p.
16 — M BrantS, Geschiedenis van H onafhankelijk Belgié door een
groolvader aan zijne kleinkinderen verteld. Gent, Vanderpoorten, 1906.
in-^o 217 p 2 f r
Parmi les nombreuses publications parues à l'occasion du soixante-
quinzième anniversaire Je notre indépendance pour célébrer les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 33
progrès accomplis pendant ces trois quarts de siècle, une des meilleures
est certes le livre consacré par M. Brants, professeur à l'Athénée
de Bruxelles, à l'histoire de notre pays depuis i83o. Le but de
Fauteur est de donner, sous une forme populaire, une idée exacte et
précise de tout ce qui a été fait de plus marquant pendant cette
période. Pour rendre cette histoire attrayante, il a cru ne pouvoir
mieux faire que de la présenter au public sous la forme d'un récit
dans lequel un grand-père raconte à ses petits enfants tous ses
souvenirs depuis la date de sa naissance en i8i5 jusqu'en içoS. Ce
récit est fait avec un rare talent. L'auteur a su grouper tous les faits
tant ceux de la vie politique que de la vie sociale, artistique et litté-
raire. On lit ce livre comme un roman et lorsqu'on en a parcouru le
premier chapitre on est tenté d'en continuer la lecture jusqu'à la
dernière page. Le récit repose sur une connaissance sérieuse du
sujet et, quoiqu'on puisse différer avec l'auteur sur certaines appré-
ciations émises, on doit cependant reconnaître que ce récit histo-
rique est vraiment impartial. A aucun point de vue, ce n'est un livre
à tendances, mais bien une publication populaire qui respire le plus
pur patriotisme. Nous ne saurions assez la recommander et nous
espérons qu'on la répandra le plus possible. Nous ajouterons que,
à côté d'un mérite scientifique véritable, l'auteur a fait preuve d'un
talent littéraire vraiment remarquable. La langue est pure, châtiée
et imagée. En français nous ne possédons pas de livre populaire sur
ce sujet qui puisse lui être comparé. Adolf de Ceuleneer.
Notices et annonces bibliographiques.
17. — J. A. Shaixryer, The Menexenus of Plato. Oxford, Clarendon Press
(Londres, H. Frowde) 1906. 2 sh.
Le texte et Tapparat critique de cette édition sont empruntés aux Oxford Oas-
sical Texts. Dans une introduction de 32 pages, M. Shawyer examine ces trois
questions : 1^ le but de ce dialogue; 2*^ les allusions historiques; 3° la critique
litiéraire des Orateurs chez les Grecs. Le commentaire (24 pages) est concis, mais
explique toutes les difficultés historiques, grammaticales et stylistiques.
18. — H. Mqgjk, Ein archàologischer Schuîatlas, Wien, Brzezowsky, 1904,
23 pp. (Extr. du Jahresber. ûber das k. k. Elisabcthgymn. in Wien.)
L'enseignement de% langues classiques doit être intuitif : c'est un principe univer-
sellement admis, que M. Muzik a défendu dans plusieurs ouvrages déjà signalés par
le Bulletin. Dans cette nouvelle brochure, il s'occupe des moyens de le réaliser.
Ces moyens sont les moulages, les projections, les tableaux muraux, les photo-
gnphiet, les atlas. Le plus commode lui paraît être un atlas ou livre d'images et il
recherche comment l'atlas doit être composé, ce qui doit y entrer. Quelles sont les
notions de mythologie, d'antiquités religieuses, politiques, privées, militaires, les
portraits d'hommes célèbres, les œuvres d'art, les plans de villes, les sites qu'il est
utile de mettre sous les yeux des élèves? Pour résoudre cette question, il dresse la
LE MUSÉE BELGE.
liste des notions et objets de ce genre qu'on trouve dans Cornélius Népos, Quinte-
Curce, César, Tite-Live, Ovide, Cicéron, Salluste, Virgile, Tacite, Horace, Plaute
«t Térence, puis il dresse la liste des choses qu'il a rencontrées le plus fréquemment
dans ces auteurs. Voilà un travail préparatoire des plus utiles, fait avec soin et avec
compétence. Celui qui voudrait publier un Bilderatlas ou se former seulement une
collection à montrer aux élèves, tirerait le plus grand profit de la lecture de cette
brochure.
19. — Transactions and proceedings of the american Philological Association^
1905. Vol. XXXVI. Ginn and C<», 29, Beacon Street, Boston, 238-cviii pp.
La Société américaine de philologie est très prospère. Elle a pour but le progrès
«t la diffusion de la philologie. Elle compte actuellement 678 membres, divisés en
deux groupes, car les professeurs de la côte du Pacifique, trop éloignés, ont formé
une section à part composée de 74 membres. Elle a un budget de plus de
46000 frs. La société tient une réunion annuelle à New- York ou ailleurs : on y fait
des lectures sur des questions de philologie et chaque année ces lectures sont
publiées in extenso (Transactions) ou en résumé (Proceedings) dans un beau
volume dont nous avons transcrit le titre ci-dessus. Le 36" volume, celui de Tannée
1905, vient de paraître et il donne une idée très favorable de l'activité américaine,
de plus en plus grande, dans le domaine de la philologie classique. Si celle-ci était
un jour bannie de l'Europe par nos militaristes, elle trouverait un refuge en
Amérique !
Voici les sujets traités dans les neuf articles que reproduit ce volume. 1. H. A.
Sanders, L'Epitome de Tite-Live trouvé à Oxyrynque. 2. C. L. Meander, Formes
typiques de la construction de la phrase dans les prosateurs latins. 3. D. R. Stuart,
L'importance du dies natalis dans les inscriptions des temples restaurés. 4. C. E.
Bennett, L*ablatif d'association (avec les verbes signifiant joindre^ attacher, méler^
communiquer^ accoutumer^ accumuler^ jouer ^ changer^ marier). 5. A. G. Har-
KNESS, Du rapport entre l'accent et Télision dans les vers latins. 6. S. E. Bassett,
La diérèse bucolique. J. C. Watson, Les didascalies de Térence dans Donai.
8. R. S. Radford, La synizèse dans Plaute (brevis coalescens), 9. F. W. Kelset,
Le titre de l'ouvrage de César sur la guerre des Gaules et sur la guerre civile.
A la réunion tenue en décembre 1906 dans les locaux de la Cornell University,
à Ithaca, 36 lectures ont été faites. Elles sont résumées aux pages v-li. De son côté
V Association of the Pacific Coast s'est réunie à San- Francisco et 22 de ses membres
ont fait une lecture. A San-Francisco, comme à Ithaca, c'est la philologie classique
qui fournit la plupart dés sujets.
20. — H. Lud'wig, Lateinische Phraséologie, Unter Berûcksichtigung der
Sprichwoerter und Fremdwoerter. Stuttgart, A. Bonz, 1906. 3 m. 60.
Ce livre est destiné à faciliter la traduction en latin, le thème latm et la rédaction
latine. Les dictionnaires allemands-latins, dit l'auteur, sont insuffisants quand
s'agit de trouver le mot latin, l'expression latine rendant les idées modernes, les
expressions proverbiales, les mots étrangers. Ce sont ces trois catégories que
l'auteur a en vue et il en a dressé une liste alphabétique de i63 pages à deux
colonnes. Les traductions qu'il propose sont tirées des auteurs classiques, de
Sénèque et de Quintilien. Les soui*ces ne sont indiquées que par des initiales.
21. — S. Doe^fleP, Beitraege ^u einer Topik der roemischen Elegiker, Progr.
XXXIII. Staatsgymn. Nikolsburg, i()o6. 16 pp.
L'auteur étudie quelques-uns des lieux communs traités par les élégiaques latins.
Pour décrire l'amour, ils empruntent la terminologie de la guerre, du service mili-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 35
nirt; ils présentent Tamour comme un esclavage, une maladie morale; d'autres
comparaisons sont tirées de la navigation et de la chasse ; Tamour est tantôt le plus
grand des biens, tantôt le plus grand des maux. L*auieur passe en revue les variations
sur ces thèmes quil a trouvées dans Catulle, Properce et Ovide, et il conclut que ce
dernier use plus de ces figures que les deux premiers, parce que, moms le
teotiment est vrai et profond, plus il a besoin de recourir à la rhétorique. M. Siegler
conaaîi les travaux allemands de Ribbeck, Mallet, Mûller, Rohde, Brandt, mais il
ignore l'ouvrage capital de R. Pichon, De sermone amatorio apud Latinos elegia-
nm scriptores, Paris, Hachette, 1902 (Voy. ce Bm//., VII, p. 197).
23. —A. Gamoy. Le latin d'Espagne d'après les inscriptions. Étude linguistique.
2«ci. revue et augmentée. Bruxelles, Misch et Thron, 1906. 293 pp. 8 fr.
Le Bulletin (1906, p. 232) a rendu compte de la première édition de cette étude.
Publiée d*abord dans le Afuséon et tirée à part, elle a reçu un excellent accueil
luprès des latinistes et des romanistes. Voy. Romania^ 1903, p. 307. Archiv fur
ht. Lejc,, XII, p. 21,4, et XIII, p. 598. Indogerm. Forsch., XVII, p. 20. Berl.pkil.
Woch , 1902, n» 52. Dans cette seconde édition , plusieurs chapitres ont été
entièrement remaniés et enrichis de faits nouveaux. Une étude sur la morphologie,
U syntaxe et la lexicographie des inscriptions espagnoles complète heureusement
Tcnqucte phonétique de Touvrage et apporte beaucoup de renseignements iniéres-
unts pour riiistoire du latin et pour celle de lespagnol. Des index très complets
rendront beaucoup plus aisée la consultation de l'ouvrage.
23.— P. Stro'wski, Montaigne. Paris, F. Alcan, 1906. 6 fr. (Les grands
philosophes).
Ce livre est le premier où « la méthode historique et génétique soit appliquée à
U pensée de Montaigne ». Chargé de VËdition Municipale de Bordeaux, l'auteur a
pu « démêler l'embrouillement des Essais, distinguer du fond de i58o l'apport de
i588 et l'apport manuscrit d'après i588 » : ce qui lui a permis de faire V histoire de
h pensée de Montaigne.
On voit, par cet ouvrage, que Montaigne a passé de répicuréism2 à une sorte de
stoïcisme tout païen, du stoïcisme à une forme de scepticisme rationnel qui le
ramène vers la foi, du scepticisme lui-même au dilettantisme ; et sous quelles
influences internes ou externes s'est opérée cette suite singulière de métamor-
phoses. Rien de plus curieux d'ailleurs que les idées de Montaigne sur les passions
humaines, sur la nature du moi, sur la portée de notre raison, sur l'éducation et la
politique, il y a là une foule de vues où nous retrouvons nos préoccupations
actuelles et qui, considérées dans leur ensemble, valent mieux qu'un système à
formules liturgiques, fùtil celui d'un Kant.
24. — G. Paris, Esquisse historique de la littérature française au moyen âge
depuis les origines jusque la fin du xv« siècle). Paris, Colin, 1907. xi-3i9 pp.
3,!>o fr.
Cet ouvrage posthume du regretté maître expose la littérature française depuis
les origines jusqu'à la fin du xv® siècle, alors que son manuel bien connu : La litté-
rature française au moyen âge (republié en 1905, troisième édition) n'arrivait
quauxiv». C'est une simple esquisse, dit le titre, mais die n'en constitue pas moins
un travail de haute valeur et qui sera utilisé par touj ceux qui s'intéressent au
mouvement des lettres françaises avant la Renaissance
î5-28. — M Michel, La chanson de Roland et la litt'^.ture chevaleresque.
Pans, Pion. 11-319 pp. 3,5o fr.
Un bon livre à recomm.ndcr.
36 LE MUSÉE BELGE.
Mûnchener Beitràge :;ur romanischen und enpïischen Philologie, von Breymann
und Schick. xxvi Heft : D' J. Mensch, Das Tter in der Dichtung Marots.
Leipzig, Deichert, iqo6. ioo pp. l,8o m.
Etude détaillée et consciencieuse sur les animaux dans l'œuvre poétique de Marot.
A. Albalat, Louis Veuillot^ Pages choisies, avec une introduction critique. Lyon
et Paris, Vitie, 1906, xxix-SgS pp. 5 fr.
L'introduction que M. Albalat a écrite ici et le choix de pages quMI nous donne,
mettent en vive lumière les mérites du grand polémiste et du grand écrivain que
fut Louis Veuillot.
G. Gasella et B. Gaubert. La Nouvelle Littérature (iSçS-içoS). Paris, Sansot,
1906. 307 pp. 3,5o fr.
Une revue de la nouvelle littérature française, qui est faite par deux Jeunes et
dans un esprit jeune.
29. — A l'occasion du soixante-quinzième anniversaire de noire indépendance
nationale, le Willemsfonds a décidé la publication d'un ouvrage illustré consacré
à l'histoire et à la description delà Belgique flamande depuis i83o M comprendra
une trentaine de chapitres, qui seront lous écrits par des spécialistes connus. Une
première partie en a paru jusqu'ici, comprenant cinq chapitres; cette partie constitue
en même temps le premier volume des publications de la « fondation Victor
De Hoon». En voici le titre : Vlaamsch Belgiè sedert iS3o, Studièn en schetsen
bijeengtbracht door het Algemeen Bestuur van het Willems- Fonds ter gelegenheid
van het jubeljaar içoS. Eerste decl f = - Uitgave van het Vicor De Hoon-Fonds.
Eerste deel). Gand, J. Vuylsteke, 1905 (In-S®, xn-232 pp.). Ce volume contient,
après une courte préface, où la direction du Willemsfonds expose les motifs. le but
et le plan de cette publication, une vue sur la Belgique flamande à vol d'oiseau
(Belgiè in vogehlucht) par M. G. D. Minnaert (pp. 1-68) ; un aperçu de l'histoire
des provinces flamandes jusqu'en 181 3 par M. le professeur P. Fredericq
(pp. ^>9-84), puis trois chapitres dûs à la plume de M. V. Pris, relatant les destinées
de notre patrie sous Guillaume l»»" (pp. 85-144), l'histoire de la révolution de i83o
(pp. 145-187) et la fondation du royaume de la Belgique (pp. 188 202).
Nous ne pouvons qu'applaudir à l'entreprise et souhaiter qu'elle soit menée à
bonne fin. Nous avons constaté avec plaisir que les auteurs se sont efforcés d'ex-
poser impartialement les f^its ; leur ion est calme et modéré. Le point de vue
est parfois discutable, de même que l'appréciation ; quelques expressions malheu-
reuses auraient pu être évitées sans nuire à l'effet recherché.
Une carte de la Belgique, indiquant la frontière linguistique est iointe au volume;
il est de plus illustré d'une bonne quarantaine de gravures. Le choix de Cis illustra-
tions est astez bien fait, mais l'exécution laisse quelque peu à désirer.
Ce qui précède était écrit, quand nous avons reçu un deuxième volume compre-
nant une histoire du mouvement flamand par M. Paul Fredericq (Schets
eetier geschiedenis der Vlaamsche Beweging ; 1906, 256 pp.). Dans son « avan-
propos» l'auteur, tout en réclamant l'indulgence du lecteur pour un ouvrage qui a
dû être composé à la hâte, déclare qu'il a essayé d'être impartial, conformément à
l'adage de Cicéron : « ne quid falsi audeat, ne quid veri non audeat historia ». Nous
ne pouvons pas entrer dans un examen critique du livre. Disons cependant que,
malgré tous ses eftbrts d'impartialiié, M. P. Fredericq laisse trop ouvertement
paraître vers quel côté le portent ses préférences personnelles. Pourquoi s'arrête-t-il
en 18S8? Il ne s'explique pas là-dessus, ce qui semblera étrange; car en 1888,
rhisioire du mouvement flamand ne finit pas ; elle devient même très intéressante.
C. L.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3y
3o. — Nous nous empressons de signaler à nos lecteurs la troisième édition,
récemment parue, de la grammaire historique du néerlandais de M. le professeur
J. Vercoallie de Gand : Sckets eener historische grammatica der Nederlandsche
ri^.Dcrde,2eer vermjerderde uitgave (Gand, J.Vuylsteke, 1906; 2 frs 5o). L'auteur ne
SCSI pas borné à apporter à son manuel des corrections et modifications de détail,
lân de le maintenir au courant des derniers résultats des recherches scientifiques ;
il a enrichi cette nouvelle édition de deux chapitres importants : la syntaxe et la
formation des mots. Son « esquisse » est ainsi devenue complète, et possède par là un
titre de plus à la faveur du public auquel elle est destinée. Quant au caractère de
Il publication, il n'a pas varié; M Vercoullie se borne à un exposé succint (cfr.
Bulletin, V, 80). 5>ouhaitons que, convaincu par le succès croissant de son
«esquisse», il se décide, à une prochaine édition, à la transformer en un traité
plus étendu, avec tous les développements et explications utiles ; il aura encore plus
<k droit à la reconnaissance de tous ceux qui étudient le néerlandais.
G. Lecoutere.
3i. — M. N. Barone, chef de Section aux Archives de TEtat à Naples, a extrait
des richesses que constituent les Registres de la Chancellerie angevine, deux docu-
ments des plus intéressants qu'il a publiés dans le Moyen Age (année igoS). Sous
le titre Deux Privilèges de Raymond Bérenger / V, comte de Provence et de For-
calqukr en faveur de la commune de Seyne^ confirmés par le roi Charles II
d'Anjou, Le diplôme confirmatif du roi Charles, inséré au fol, VIII du registre 59
de la chancellerie angevine, contient ces deux documents dans le corps du texte,
transcrits par la main d'un notaire. La ville de Seyne, située aux confins de la
Savoie, dans les limites du comté de Provence, et comprise dans le diocèse de
Digne, formait une commune à l'image des républiques italiennes du Moyen Age.
Le 38 novembre 1222, Raymond Bérenger IV, comte de Provence et de Forcalquier,
par un privilège, daté de Digne, régla le mode de succession des bourgeois et régle-
menta certains droits et devoirs des hôtes qui habitaient dans la commune de Seyne.
Par un autre privilège du 5 août i223, le même comte concéda à la commune des
franchises et libertés et promulgua un certain nombre de règles relatives au con-
sulat et à l'administration de la justice civile et criminelle, sous réserve des droits
souverains. En revanche, les consuls de Seyne, promettent d'élever la tour du
cbâieau comtal d'un étage. Le 25 juin 1292, le roi Charles II d'Anjou, à la requête
des consuls, confirma les deux privilèges de son aïeul maternel. Ce sont ces deux
intéressants documents que M. N. Barone a publiés, pour contribuer à éclairer
ITustoirc de cette Provence médiévale, si intéressante par sa position mitoyenne
entre le reste de la France et l'Italie. L. Van der Essen.
3^. — A. Michel. Histoire de VArt depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à
nosjours. Tome IL Formation, expansion et évolution de l'art gothique. Première
partie. Paris, Colin, 1906. i5 frs.
Le deuxième volume de ce splendide ouvrage sera consacré à l'art gothique. La
première moitié de ce volume, qui vient de paraître, raconte la formation de l'art
gotlnque et son expansion au xin« siècle. L'introduction est de M. André Michel,
qui définit, d'une manière générale, l'art gothique. M. Camille Enlart, dans le
chapitre l»*", s'occupe de l'architecture gothique : il en expose les origines et les
carartères généraux, puis il montre comment elle s'est propagée, dans le cours du
loi* siècle, en France, son point de départ, dans les Pays-Bas, en Allemagne, en
Scandinavie, en Grande-Bretagne, en Italie, en Suisse, en Espagne et en Portugal
^ jusque dans l'Orient latin. A l'architecture se rattache la sculpture gothique : au
38 LE MUSÉB BELGE.
chapitre II, MM. A. Michel, C. Enlart et E. Berteaux étudient cet art en France^
en Angleterre et en Espagne. Le chapitre III est consacré aux miniatures, aux
vitraux et à la peinture murale. Au chapitre IV, M. A. Pératé fait l'histoire de la
peinture italienne avant Giotto. Le chapitre V enfin est une étude des ivoires
gothiques par R. Koechlini
Les gravures dans le texte sont au nombre de 333 pour 5o5 pages ; il y a, en
outre, cinq planches hors texte. Une bibliographie (p. 5o5-5o8) permettra au lecteur
de faire des recherches plus approfondies.
Nous souscrivons au jugement exprimé par M. S. Reinach dans la Revue Archéo-
logique : « Si la suite de ce grand ouvrage répond aux espérances qu'autorisent la
première partie et le nom de M. André Michel, la France possédera, d*ici quelques
années, une histoire de Tart que rAUemagne et Tltalie pourront à bon droit lui
envier. Non seulement les chapitres sont au courant de la science, non seulement
l'illustration qui les éclaire est à la fois abondante, luxueuse et intelligemment
choisie ; mais, qualité plus rare, le texte se lit avec facilité et agrément, sans être
ni frivole, ni superficiel...»
Rappelons que VHistoire de VArt formera huit tomes in-8o grand Jésus, divisés
chacun en deux parties ou volumes. Chaque volume sera i;nis en vente séparément*
Le fascicule 3i (i«' fascicule de la deuxième partie du tome II) a paru le 5 novem^
bre 1906. Prix du fasc. i,5o fr.
33. — maz Schmid, Kunstgeschichte des XI X^^ Jahrhunderts. Leipzi,
E. A. Seemann, 1904-1906. 2 vol. de 366 et 488 pp. 8 m. et 9 m. 5o (reliés :
9 et 1 1 m.).
Les' monographies sur Part du xix« siècle se sont multipliées dans ces dernières
années, mais il manquait un travail d'ensemble, où chaque artiste et chaque œuvre
fût mis à la place qui lui revient. M. Schmid a voulu faire ce travail et il a fait
entrer dans son cadre tous les artistes de quelque valeur, ceux qu'il appelle les
étoiles de deuxième et de troisième grandeur. Cest par la vue qu'on juge les
œuvres d'art, et, sous ce rapport, M. le professeur Max Schmid était un des rares
savants qui sont préparés à une pareille entreprise . il a fait le tour de 1* Europe pour
écrire son livre et il parle toujours de visu. Il se borne du reste à l'art français,
allemand et anglais. Le premier volume s'arrête à i85o et le second va jusque vers
1870. Dans celui-ci, un chapitre est réservé à l'art belge depuis 1848 (pp. 91-1 18).
Un troisième volume traitera de l'art moderne depuis 1870 jusqu'à nos jours. Quand
il sera achevé, cet ouvrage sera l'histoire générale la plus complète de l'art du
XIX* siècle. Il est d'ailleurs bien illustré. Le premier volume est orné de 262 gra-
vures dans le texte et de 10 planches coloriées; le second volume a 376 gravures
dans le texte et 17 planches coloriées.
34. — J. Helbig^, Vart mosan depuis l'introduction du christianisme jusqu*à la
fin du XVI 11^ siècle. Publié par les soins de Joseph Brassine. Tome I. Des
origines à la fin du xve siècle. Bruxelles, G. Van Oest et 0«, 1906. 40. 20 fr.
Dans cet ouvrage, qui constitue le couronnement de la carrière de l'éminent
savant que fut M. Jules Helbig, l'auteur traite des diverses manifestations de l'art au
pays de Liège et sur les bords de la Meuse : peinture, sculpture, gravure, architec-
ture, enluminure, dinanderies, mobilier, émaillerie, orfèvrerie religieuse, etc. Après
l'importante exposition d'art ancien à Liège en 1905, ce livre est appelé à un grand
succès. Nous en reparlerons.
L'ouvrage sera complet en deux volumes, de format in-40 et est illustré de
65 planches hors texte, en héliogravure, en phototypie et en typogravure et de
120 reproductions dans le texte. Le tome II paraîtra en 1907.
On ne souscrit qu'à l'ouvrage complet (40 fr.).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Sg
35. — Notre collaborateur, M. A. Gralé vient de publier une deuxième édition,
lerue et augmentée, du résumé du cours de Psychologie quMl professe à TUniver-
litéde Liège : Notes pour un cours de psychologie^ 2^ éd. 70 pages (Louvain,
Ch. Peeters, 1907).
36. — A. Fen^ère, Lamennais avant F Essai sur V Indifférence^ d'après des docu-
ments inédits (1782-1817). Etude sur sa vie et sur ses ouvrages suivie de la liste
chronologique de sa correspondance et des extraits de ses lettres dispersées ou
inédites. Bloud et 0% 4, rue Madame, Paris. 10 fr.
Void un livre que tous ceux qui s'intéressent à Lamennais, — et ils sont fort
nombreux de nos jours, — ne pourront se dispenser de lire et d'avoir constamment
i portée de la main. Il comprend d'abord une étude très fouillée et très précise sur
k période la moins connue et la plus obscure de la vie de Lamennais : à Taide de la
correspondance de l'écrivain, de ses premiers ouvrages ignorés, de ses articles
perdus, et de tous les documents extérieurs qu'il a pu recueillir, M. Anatole Feugère
t'est efforcé de reconstituer dans leur réalité vraie ces trente-cinq années de forma-
tion et d'apprentissage, et, comme il le dit très heureusement, d'en « déromancer »
l'histoire. Puis dans une seconde partie, il a eu l'excellente idée de dresser pour
•tnsi dire l'inventaire chronologique de toute la correspondance de Lamennais, et,
par des analyses et des extraits d'innombrables lettres dispersées ou inédites, de
suppléer très utilement à la publication intégrale, et sans doute bien lointaine, de
cette volumineuse et suggestive correspondance. {Revue des Deux-Mondes^
i5 septembre 1906.)
37. — C. Bouvier, Henri de Tourville (1842-IÇ03). Bloud et 0«, 4, rue Madame,
Paris. i,5o fr.
De son vivant comme après sa mort, arrivée il y a trois ans, il semble que le
prêtre d'élite qui eut nom Henri de Tourville, ait réussi à dépister la curiosité du
grand public, si empressé d'ordinaire à surveiller l'éclosion de la gloire. Hors du
groupe restreint, quoique très agissant et très ouvert, des bons ouvriers de la Science
sociale^ hors des rares cénacles où la 6délité posthume de quelques disciples entoure
sa mémoire de cultes fervents, mais hélas, trop particuliers, Tourville est encore
un inconnu. Il fut cependant un des cerveaux les plus puissants, une des consciences
les plus hautes de ce temps. Et c'est en toute justice qu'on a pu dire que son nom
mérhait de prendre place «à côté des plus grands dont l'humanité conserve le
souvenir ». Voici enfin un livre qui permettra de prendre contact avec cette belle
ime en même temps que de s'initier aux doctrines sociales qu'élabora dans son
«manoir » de Calmont ce brillant émule de Le Play. Après avoir étudié les prépara-
tions lointaines de H. de Tourville à son œuvre, M. Claude Bouvier examine suc-
cessivent en lui, le sociologue, Vapologiste, le directeur d'âmes. Au cours de cet
exposé, il trace un délicat portrait de l'homme et l'achève par le récit de sa mort.
Le lecteur demeure sur cette impression de grandeur simple, de paix, de reposante
lumière qui nous vient de la fin d'une noble entreprise et d'une vie silencieuse
mais pleine.
38. — André Pidoux, Sainte Colette. Paris, V. Lecoffre, 1906, 1 vol. in- 12. 2 fr.
Si U touchante fondatrice de l'ordre des Clarisses, sainte Claire d'Assise, n'a pas
assez vécu pour fournir la matière d'un volume, on peut se dédommager en lisant
la vie de la réformatrice de son ordre, sainte Colette, de Corbie. Rien de plus vivant
que cette histoire qui commence dès les jeunes années de l'hérome et se poursuit
tour à tour en Picardie et en Franche-Comté. M. Pidoux, archiviste-paléographe,
a trouvé, dans sa situation près de la personne même du Souverain Pontife, à Rome,
)e moyen de se faire communiquer bien des documents. Son livre est donc un livre
neuf, très soigné et plein d'enseignements édifiants.
40 LE MUSÉE BELGE.
3g. — E. Lecanuet, L'Eglise de France sous la troisième République (18701878^.
Vve Ch. Poussielgue, rue Cassette, i5, Paris. 1906. 5 fr.
Le grand ouvrage dont M. TAbbé Lecanuet nous donne aujourd'hui la première
partie est Thistoire complète et saisissante de la guerre engagée depuis trente ans
entre l'Eglise et la Libre Pensée. L^auteur expose en ce livre les causes et les débuts
de cette lutte. D'autres volumes raconteront le pontificat de Léon XIII et la période
actuelle. E^t-il besoin d'insister sur l'imporance et l'intérêt d'un tel travail ?
40. - Abbé Désers, Nos devoirs envers Dieu, instructions d'apologétique. Pous-
sielgue, rue Cassette, i5, Paris. 2,5o fr.
Ce volume, d'une lecture facile, est le sixième de la série d'instructions d'apologé-
tique commencée il y a quelques années. Il plaira par sa forme vivante et moderne,
mais il instruira plus encore, car rien n'est sacrifié de la doctrine à exposer ou à
défendre ni des devoirs à préciser. L'intérêt de certains sujets tels que le spiritisme^
le vœu, le serment^ le dimanche^ est renouvelé par rhistorique qu'en fait l'auteur.
CHRONIQUE.
41. — La Question du Latin aux Etats-Unis. — La question du latin commence
à préoccuper les Américains. Ils la discutent, et même avec chaleur, mais à un
point de vue qui surprendra bien des personnes. Ils ne se demandent pas, comme
on pourrait le supposer, s'il ne conviendrait pas de supprimer les humanités dans
les collèges ; ils se demandent, tout au contraire, s'il ne serait pas à propos de les
renforcer, et de les rendre obligatoires dans certains cas où elles ne l'étaient pas ;
par exemple, pour les jeunes gens qui se préparent à faire leur médecine ou qui se
destinent à être ingénieurs ( 1 ). Chose curieuse, il semble que ce soient les professeurs
de sciences — autant qu'on peut en juger de si loin — qui poussent à l'étude du
grec et du latin. En tout cas, les six professeurs d'Université, dont nous allons
résumer les opinions, ont tous pour métier de former des médecins et des ingé-
nieurs, et c'est au nom de leur expérience qu'ils prennent la parole. C'est parce
qu'il leur arrive trop d'élèves incapables de profiter de leur enseignement, qu'ils en
sont venus à célébrer « la valeur des humanités », en tant que discipline mentale et
préparation aux études supérieures.
Ils disent, en substance : a L'esprit utilitaire a envahi nos Universités. Les jeunes
gens qui s'occupent d'art ou de littérature n'y échappent pas plus que ceux qui
apprennent à couper une jambe ou à construire un bateau. Ils n'ont qu'une question
à la bouche : « A quoi me servira telle étude? Qu est-ce qu'elle me rapportera? »
Aux Etats-Unis, les collégiens ont le droit de dresser eux-mêmes leur plan d'études.
Non seulement on les y autorise mais on les y encourage, de sorte qu'on entend les
enfants discuter avec assurance les cours à suivre ou à ne pas suivre, et se décider
diaprés des raisonnements de la force de celui-ci : u L'allemand pourra me servir à
quelque chose; mais à quoi me servirait le latin? Personne ne parle latin. »
Argument irréfutable, et qui a confirmé nombre de petits bonshommes dans leurs
préventions à priori contre les humanités.
Celles-ci, en effet, sont généralement mal vues des garçons pressés de gagner de
l'argent, à cause du temps considérable qu'elles exigent, pour être sérieuses. De
sorte que le seul moyen de les ramener au grec et au latin serait de leur démontrer
qu'ils y gagneront du temps pour devenir de grands médecins ou de très bons ingé-
nieurs; et c'est ce qu'entreprennent ceux de leurs maîtres dont j'ai l'argumentation
sous les yeux.
(i) J'emprunte ces détails et ceux qui vont suivre à une revue universitaire de
Chicago, The School Review (Juin 1906).
PARTIE BIBLlOGRAPHidtjE. 4I
Ces derniers les convient tout d*abord à se rendre compte de ce qui leur manque,
avec une préparation qui n'accorde plus rien à « la culture générale ». A les en
croire, Tingénieur américain est «incapable d'exprimer sa pensée»; c'est sa
grande lacune. Il ne sait pas sa langue, et il ne sait pas écrire. Personne ne lui
demande d'avoir « un style élégant et littéraire » ; mais on lui demande de savoir
£iire un rapport, d*être clair et concis : autant de choses dont il est incapable. Dans
toutes les affaires où il y a des ingénieurs « la plupart des procès viennent de ce
quMs se sont mal expliqués », en termes trop vagues, ou en termes impropres et
prêtant à confusion.
Un reproche analogue s'adresse aux étudiants en médecine qui n'ont point fait
d'humanités. Trop peu d'entre eux sont en état de noter une observation médicale,
ou une expérience de laboratoire, avec l'exactitude et la précision voulues. 11 y a
deux raisons à cela, une petite et une grande. La petite, c'est qu'on est facilement
gêné par le langage technique de la profession médicale, lorsqu'on ne sait ni le grec
ni le latin :
u G>mbicn de milliers de fois, nous dit un professeur de chirurgie, n'ai-je pas du
inintcrrompre pour expliquer à mes élèves les mots techniques dont je me
servais !... Quand je fais passer des examens, je m'aperçois souvent que le candidat
ne sait pas le sens du terme qu'il emploie; il dit juste le contraire de ce qu'il vou-
drait dire ».
Ces jeunes gens ont, en effet, une difficulté de plus, mais une difficulté qui n'est
pas insurmontable avec un dictionnaire et un peu d'ingéniosité. Passons à la grande
raison.
Ces mêmes étudiants, qu'embarrassent les mots nouveaux tirés du grec et du
latin, n'ont pas pris au collège l'habitude de soigner leur besogne, et la suite de
leurs études s'en ressent.
Le collégien américain s'attache en général à n'apprendre que juste l'indispen-
sable pour obtenir un diplôme. 11 se reprocherait comme une sottise toute étude
désintéressée. Pourvu qu'il arrive rapidement à empocher des dollars, il se résigne
à n'être qu'un avocat médiocre, ou l'un de ces médecins inférieurs qu'il ne faut pas
faire sortir de leur routine. 11 aurait pu s'élever plus haut dans sa profession, il n'en a
pas eu l'ambition; « il fait de la médecine comme il ferait de l'épicerie ». L'Améri-
cain du vingtième siècle ne tient pas assez à être « un homme distingué », comme
lïous disons e.i France; et c'est, au fond, le grand reproche que lui font les savants
et les hommes de science de son pays.
Ils lui crient casse-cou, parce que l'avenir intellectuel de leur pays les inquiète.
Les études baissent dans les collèges et les élèves aussi. Leur intelligence est «de
moins bonne qualité » qu'il y a une dizaines d'années, et elle manque cruellement
de discipline. Ils ne savent plus apprendre, outre qu'ils n'en ont plus envie ; ils
redoutent l'effort, rechignent devant une étude difficile, n'approfondissent rien, et
quittent les bancs sans avoir l'ombre de culture. Leur bagage intellectuel se réduit
à des a bribes» de notions positives. Beaucoup de parents se figurent aussi que ces
«bribes» sont très précieuses, et qu'elles feront plus tard la carrière de leur fils.
Je voudrais qu'ils vissent le mépris avec lequel en parlent tous ces professeurs
américains, sans exception. A leurs yeux, il est absolument indifférent qu'un garçon
en possède un peu plus ou un peu moins à l'âge où il se spécialise. Qu'il sache
apprendre et qu'il ait « de l'éducation », tout est là. Ces messieurs reconnaissent que
ce sont des exigences nouvelles. Il y a vingt ans, les industriels américains se
défiaient des ingénieurs à diplômes ; ils leurs préféraient les jeunes formés par la
pratique, et peu leur importait que cts dernieis eussent des manières de contre
maîtres. Aujourd'hui, le vent tourne. L'ancien système a encore ses partisans, mais
leur nombre diminue d'année en année. Les employeurs se rendent compte que les
42 CE MUSEE BELGE.
développements pris par la science ne permettent plus de négliger la théorie, si bien
que « la majorité des grandes entreprises n'acceptent plus personne qui n*ait ses
diplômes». Autre nouveauté : «Il y a une demande pour des hommes ayant de
l'éducation... Pratiquement tous les grands travaux qui intéressent le public en
général ont pour auteurs des ingénieurs responsables ». Ce public est souvent inter-
national, et a il faut être en contact avec lui, avoir des relations de société, aussi
bien que d^affaires; avec des gens de toutes les classes, de tous les métiers » et de
tous les pays. « Il faut pouvoir aller avec tout le monde, selon une expression fami-
lière, et nombre d'm^énieurs en seraient bien en peine i>. Un homme n est à sa place
partout qu'à condition a d'être un homme cultivé, sMntéressanc à autre chose qu'à
son métier»; autrement dit, à condition de posséder un certain raffinement d'esprit
qui ne s'acquiert point de nos jours, ou trop rarement, dans un collège américain.
La conclusion pratique de ces discours, c'est qu'il est urgent de ranimer les
«études classiques», puisqu'on n'a pas encore trouvé le moyen de les remplacer en
tant que gymnastique intellectuelle. Le doyen d'une Faculté de Médecine améiicaine
déclare la version latine « sans prix » pour aiguiser l'esprit et pour l'accoutumer à la
précision ; plus un médecin en aura fait au collège, et mieux il s'en trouvera plus
tard, au chevet d'un malade aussi bien que dans un laboratoire.
Un confrère de la Faculté des Sciences, le professeur d'hydraulique propose
d'imposer aux collèges un programme de sa façon, où le latin occupe la place
d'honneur, avant la géométrie, la physique et l'algèbr^. Tant pis pour les cours que
les élèves seront obligés de lui sacrifier, car aucun n'en approche pour l'utilité
pratique.
En somme, les partisans de ces idées ne se proposent rien moins que de convertir
à la politesse de l'esprit et à la science désintéressée un grand peuple qui s'était
contenté jusqu'ici d'être l'un des premiers du n'.onde pour la civilisation matérielle.
L'entreprise est noble et le monde entier applaudirait à son succès ; mais elle est
vaste et difficile. Arvède Barine.
42. — Dans son 3« discours rectoral, M. P. Thomas, ancien recteur de l'Université
de Gand, a traité Du mode de nomination des professeurs dans les Universités de
VEtat, (Université de Gand. Année académique 1906-1907. Gand, Annoot, 1906,
19 p.). L'art. 1 3 de la loi de 1849 dit : i Le Roi nomme les professeurs ». Les
Facultés ne sont pas consultées. En réalité, le gouvernement ne fait aucune nomi-
nation sans prendre l'avis du recteur et de l'administrateur-inspecieur. Le rappor-
teur de la loi de i835 voulait laisser entière la responsabilité du gouvernement et
empêcher l'action de l'esprit de camaraderie et de caste. Sous ce rapport, M. Thomas
est optimiste. 11 ne craint pas « l'esprit de coterie, de camaraderie, de routine, de
népotisme, la domination d'une individualité puissante », et il propose de moditier
lartide i3 comme suit : « Le Roi nomme les professeurs et les chargés de cours,
sur les avis motivés de la faculté intéressée, du recteur et de l'administrateur-
inspecteur ». La responsabilité du gouvernement restera entière, dit-il, du moment
qu'il sera libre de suivre ou de ne pas suivre l'avis de la faculté. On ne voit pas, en
effet, en quoi pourrait consister la responsabilité de la faculté et c'est le défaut du
système, car la faculté aurait un droit, elle exercerait une influence, sans assumer
aucune responsabilité réelle. Si le gouvernement suit l'avis de la faculté, il sera
couvert par elle ; s'il ne le suit pas, il gardera toute la responsabilité et sa situation
peut être difficile. En réalité d'ailleurs, l'influence légitime de la facuhé se fait
sentir actuellement par l'intermédiaire du recteur et de l'administrateur-inspecteur.
— Cet intéressant discours a été reproduit par la Revue de V Instruction publique en
Belgique, 1906, p. 353-370.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
43. — Aux musées du Cinquantenaire, La section des antiquités égyptiennes
àa musée du Cinquantenaire, à Bruxelles, s'est enrichie d*un mausolée datant de
réfw>que des Pharaons. Ce monument sera bientôt exposé. Il a été acquis en Egypte
par M. J. Gipart, conservateur des antiquités égyptiennes. Ce ne fut pas une mince
affaire que de transporter d* Afrique en Europe ce monument haut de quatre mètres,
profond de trois et qui pesait plus de 24,000 kilogrammes. Il fallut détacher les
pierres Tune de Tautre pour faciliter rembarquement, travail délicat, qui fut mené
à bien par M. Quibell, inspecteur du service des antiquités à Saggarah.
Tel qu*il se présente aujourd'hui, le mausolée égyptien fait grande impression
déjà. Oo accède dans la chambre mortuaire par un couloir étroit pratiqué dans la
^ade, dont les colonnes massives sont dominées par une sorte de fronton. Détail à
noter et qui explique la valeur du monument : le Mastaba date de Tan 4000 avant
l'ère chrétienne. Au point de vue de l'histoire de Tart, le document est extrêmement
précieux. Les sculptures qui décorent entièrement l^s parois intérieures ont, en
effet, conservé toute leur finesse et toute leur beauté originaire. Les amateurs d'an-
tiquités pourront admirer là des reliefs dont le temps ne paraît guère avoir altéré la
pureté, des figures et des dessins qui ont conservé leur élégance et leur netteté
primitives. On y voit représenté, dans une série de scènes champêtres, le travail du
lin, Tarrachage, la mise en gerbes, le changement et le transport de la récolte. Plus
loin des tableaux nous initient à la cueillette du raisin, à la capture des oiseaux.
Voici des âniers, des muletiers, des danseuses. Mais les portraits du mort avec
l'indication de ses noms et de ses titres, celui de la femme et de ses enfants, solli-
citent surtout Tattention. Ils sont environnés de fresques où sont représentés
d'autres personnages, des joueurs de flûte et de harpe, ainsi que des serviteurs
portant des offrandes variées. Ces scènes sont expliquées par des légendes taillées
dans la pierre, et dont récriture est semblable à celle que nous ont révélée les
anciens papyrus. Le gouvernement belge vient de confier à M. Capart une nouvelle
mission en Egypte. M. Capart ira diriger les fouilles que les autorités égyptiennes
l'ont autorisé à entreprendre sur une étendue de mille hectares, à Tendroit où
s'élevait jadis Heliopolis, la grande capitale religieuse de l'Egypte. On cherche
à retrouver la nécropole de l'antique cité, et les tombeaux de ses grands-prêtres où
tant de documents précieux doivent être enfouis; des missions de tous les pays
poursuivent ces recherches auxquelles la Belgique va collaborer dans quelques
semaines. M. Capart sera accompagné par M. Fernand Mayence, docteur en philo-
sophie et lettres de TUniversiié de Louvain, membre étranger de l'Ecole française
d'Athènes.
44. — Manifestation en Vhonneur de M. le Chanoine X, Gauchie. — Dimanche,
16 décembre, a eu ï\i\x une manifestation de sympathie en l'honneur de M. le
professeur A. Cauchie, à l'occasion du X* anniversaire de la réorganisation de son
Séminaire historique.
Le matm, à 1 1 heures, une séance solennelle avec remise du portrait a eu lieu
à la Salle des Promotions de l'Université. Outre un grand nombre de professeurs
de l'Université de Louvain et des diverses séminaires et scolasticats de Bcigiqne,
MM. Kurth, professeur à l'Université de Liège; Closon, chargé de cours à la même
Université; Van Houtte, chargé de cours à l'Université de Gand et dom G. Morin,
del'Abbaye de Maredsous, assistaient à cette solennité.
M. l'abbé Laenen, archiviste de l'archevêché de Malines et président du comiié
organisateur, a fait ressortir, dans un magnifique discours, les mérites du professeur
dont les élèves, accourus des pays étrangers comme de tous les coins de fci patrie,
de concert avec la Revue d'histoire ecclésiastique^ proclament partout la haute
valeur scientifique.
44 LE MUSEE BELGE.
M. Kurth a pris la parole après M. Laenen et, à son tour, a félicité M. CaucHîe»
Après que M. Ph. Van Isacker, candidat en philosophie et lettres, eut célébré
l'esprit d'abnégation et de dévouement qui anime M. Gauchie à l'égard de ses
élèves, celui-ci, très ému, a répondu longuement aux divers orateurs. Il a rend u
hommage tour à tour au talent de M. Kurth et aux mérites de ses maîtres, MM. les
processeurs Mœller, Brants, PouUet et Jungmann, ainsi qu'aux membres du cotnité
organisateur et à l'artiste, M. Van Halen, qui a gravé son portrait.
L'après-midi, à i heure, un banquet réunissait autour du jubilaire une centaine
de ses amis, collègues, disciples, anciens élèves.
45. — Mélanges Godefroid Kurth. — La Faculté de Philosophie et Lettres de
l'Université de Liège a décidé de publier dans sa Bibliothèque un recueil de travaux
dédié à M. Godefroid Kurih, qui vient de prendre sa retraite. C'est un hommage
auquel seront invités à prendre part, outre les membres de la Faculté, les savants
belges et étrangers, anciens élèves ou amis de l'illustre historien qui a rendu
à rUniversité de Liège, à l'enseignement belge et à la science en général, des
services si éminents.
46. — Institut historique belge dft Rome. — Par arrêté royal est acceptée la
la démission présentée par Dom Ursmer Berlière, de ses fonctions de directeur de
l'Institut historique belge de Rome. Par arrêté royal de la même date, M. G. Kurth,
membre de l'Académie royale de Belgique, professeur émérite de l'université de
l'Etat, à Liège, membre de la Commission royale d'histoire, est nommé directeur
de l'Institut historique belge de Rome.
47. — Enseignement supérieur. Bourses de voyage. Concours de 1906. Résultats,
Les jeunes gens désignés ci-après, ayant subi avec succès les épreuves du con-
cours de 1906, ont été classés dans l'ordre suivant t
Docteurs en philosophie et lettres,
1. M. de Moreau, Edouard (université de Louvain, groupe : histoire).
3. M. Gérard, Emile (université de Liège, groupe : philologie romane j.
3. M. Simar« Théophile (université de Louvain, groupe ; philologie classique).
4. M. Weemacs, René (Louvain. groupe : histoire").
b. M. Van de Wijer, Joseph (Louvain, groupe : phil. germanique).
6. M. Behcn, Jean (Louvain, groupe : phil. romane).
Docteurs en droit,
1. M. CoUard, Charles (Louvain).
2. M. Hcnrion, G., né à Jupille (Liégd).
Trois bourses sont disponibles pour la philosophie et deux pour le droit. Le jury
a exprimé le vœu que, le cas échéant, les bourses qui sont de 4000 frs pour deux
ans, puissent être divisées en deux bourses d'un an, atin qu'un plus grand nombre
de jeunes gens puissent en jouir.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
L'ENSEIGNEMENT MOYEN A L'ÉTRANGER
par F. GOLLARD, professeur à l'Université de Louvain.
(Suite.)
3* SAXE.
Les établissements dlnstructioa moyenne sont le gymnase, le
réalgymnase, la réalschule et deux écoles réformistes.
a) LE GYMNASE.
Religion
Allemand
Latin
Grec
Français
Géographie
Histoire
Calcul et mathématiques
Histoire oaturelle
Physique
Écriture
Dessin
Giant
Gymnastique
Total
VI*
V
IV
IIP
IIP
IP
IP
P
P
inf.
>up.
inf.
•up.
inf.
■up.
3
3
2
2
2
2
2
2
2
4
3
3
2
2
2
3
3
3
9
9
8
8
8
8
7
7-8
7-8
-
—
7
7
7
7
6-7
6-7
—
—
5
3
hiver
2
été
2
2
2
2
I
2
2
3
2
_
î=
3
3
2
2
2
^
2 2
3
4
3
3
été
4 4
hiver
4
4
4
2
2
2
J
2
2
2
2
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2
1
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—
— 1 —
-
—
—
—
2
2
—
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—
—
—
2
2
1
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ire une heur
1
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1
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2
2
2
2
2
2
2
2
2
3o
32
33
'33
33
33
34
33-25
33-35
Total
20
25
71-73
40-42
18
28
33
16
— — 3
4
12
18
296-300
Cours facultatifs : hébreu et anglais (11« supérieure et 1« inférieure,
2 heures, et I« supérieure, 1-2 heures); sténographie (Il 1« supérieure,
1-2 heures, et Il« inférieure, i heure); dessin (11^ supérieure,
1*2 heures).
A la Thomasschule de Leipzig, on lit, en 4*, Cornélius Népos; en
3« inférieure. César, de bello gall.^ I-lll ; en 3« supérieure, César, de
46 LE MUSÉE BELGE.
bello gall.y IV-VII, et Ovide, Métamorphoses; en seconde inférieure,
Cicéron, in Catilinam, I, III et IV; pro Roscio Amerino; Ovide,
Métamorphoses et autres morceaux choisis; en seconde supérieure,
Salluste, Guerre de Jugurtha, Cicéron, Phil. II; Virgile, Enéide ; en
première inférieure, Cicéron, /?ro Murena; Salluste, Guerre de •/«#-
gurtha; Horace, orfes; en première supérieure, Tacite, la Germanie et
Annales^ I ; Cicéron, pro Milone; Horace, odes et satires , 00 y
ajoute aussi Térence, Adelphi ou Andria,
Les auteurs grecs sont, en 3* supérieure, Xénophon, Anabase^ I ;
dans la section B, I, II et, dans la section C, III, i et 2; en 2« infé-
rieure, Anabase II, III et IV; Homère, Odyssée, I et II; en
2« supérieure, Hérodote, VI-VIII, extraits ; Lysias, XII, i-36 et
XXIV; Homère, Odyssée, III-XI; XIII-XVII; XIX-XXIII: quelques
extraits seulement des derniers livres; dans les sections B et C, ce
sont les mêmes auteurs, mais les parties qu'on lit, sont autres; en
!• inférieure, Homère, Iliade \ Platon, Apologie et Protagoras;
même remarque pour les sections B et C ; en i« supérieure, Sophocle,.
Œdipe roi, Antigone et Electre; Platon, Apologie, Phédon (début
et fin), Démosthène, Olynthiennes, I et 1 1 ; même remarque pour les
sections B et C.
Les auteurs français sont : La Fontaine, Béranger, Feuillet, Le
village; Malin, Un collégien de 1870; Souvestre, Au coin du feu;
Scribe, Le verre d'eau; Sandeau, Mademoiselle de la Seiglière;
Rousset, Guerre de 1870; Coppée, Les vrais riches; MigneuHistoire
de la révolution française; Theuriet; Racine, Britannicus; Corneille,
Le Cid; Saint-Simon, Mémoires ; Y ohsLÏrCt Zaïre; Taine, Ancien
Régime; Molière, Fourberies de Scapin; Racine, Phèdre; une His-
toire de la littérature française.
A la Nicolaischule de Leipzig, nous retrouvons à peu près les
mêmes auteurs latins. Voici les différences. On y lit, en 3* supérieure,
le pro Archia poeta; en 2* inférieure, le de imperio Cn. Pompei;
Ovidt, Fastes, Tristes Qi Métamorphoses (choix); en 2« supérieure,
les élégiaques Tibulle, Ovide et Properce; en i« inférieure, Cato
major, pro Sestio, pro Ligario; Tértnct, Andrienne; en i« supérieure,
Tacite, Histoires.
Même remarque pour les auteurs grecs. On lit Thucydide, Euri-
pide (Médée et Iphigénie en Tauride v. 727-850^, Eschyle {Les Perses,
privatim) et des extraits de poètes lyriques.
Pour le français, nous relevons de légères différences, la lecture, par
exemple, de Sarcey, Le siège de Paris; d'Hérisson, Journal d'un
officier d ordonnance; Molière, Le bourgeois gentilhomme.
PARTIS PÉDAGOGIQUB.
47
b) LE RÉALGYMNASE.
1
VI-
V
lY*
m-
inf.
m-
•up.
II-
inf. 1
II*
lup.
I-
inf.
I-
■up
Total
ReUgion
3
3
2
2
2
2
2
2
2
20
Allemand
r
4'
3
3
3
3
3
3
29
Utin
9
9
7
6
4
4
4
4
5i
Fraoçais
—
—
5
6
4
4
4
4)
3i
Anglais
—
—
—
•5
4
3
3
i8
Histoire
1
1
2
2
2
2
2
3
»7
Géographie
2
2
2
2
2
1
1
—
—
i3
Histoire naturelle, Chimie
2
2
2
2
2
2
2
_
2
i8
Physique
—
—
"—
2
3
3
11
Calcul, Mathématiques
4
4
4 5
5
5
5
5
4»
Dessin linéaire
Dessin à main levée
— 2
1 ""
2
1
2
2
2
2
:i
i6
Écriture
2
1
1
—
—
—
—
—
—
—
3
Chant
2
2
1
1
1
1
1
1
1
11
Gymnastique
2
2
2
1
2
2
2
2
2
2
i8
Total
3i
32
32
33
34
34
34
34
34
2^
Cours facultatifs : dessin à main levée (2 heures, en II« supérieure,
et dans les deux premières); sténographie (2 heures en III« inférieure et
I heure en III« supérieure) ; enseignement complémentaire du latin
(2 heures, dans les deux dernières classes).
Les crochets indiquent que renseignement de ces matières doit être
autant que possible réuni ; les accolades, qu'on peut diminuer d*une
heure le français et augmenter d*une heure Tanglais.
Les auteurs latins lus à YAnnenschule de Dresde, qui est un réal-
gymnase, sont : Cornélius Népos, César, Ovide, Métamorphoses^
Salluste, Guerre de Jugurtha; Tite-Live, Virgile, Cicéron, De
imp, Cn. Pomp. ou Orator ; Horace. On lit privatim certains
auteurs.
48
LE MUSÉE BELGE.
c) REALSCHULE.
VI' 1 V
IV
III*
II*
I*
Total
Religion
3 3
3
2
2
2
l5
Allemand
8 ! 6
(
5
4
4
4
3i
Français
- ! 6
6
6
5
5
28
Anglais
1
—
4
4
12
Géographie et histoire
3 \ 4
4
4
4
23
Histoire naturelle
î:
2
2
2
1
5
lO
lO
Calcul et mathéaiatiques
5
4
6
6
5
3i
Dessin
2
2
2
2
2
12
Écriture
3
2
2
—
—
7
Chant
2
2
2
1
1
1
9
Gymnastique
2 I 2
i
2
2
2
2
12
Total
3o
32
34
33
35
35
200
af; ÉCOLES RÉFORMISTES.
Des arrêtés ministériels ont autorisé dans ces dernières années les
modifications suivantes pour deux établissements.
lo DRESDE : DREI-KOENIG-SCHULE (REALGYMNASE).
VI*
V*
IV
III' III*
inf. »op.
II*
inf.
II*
sup.
I'
inf.
I*
sup.
Total
Allemand
7
6
5
— : —
■
—
~"
—
36
Latin
—
—
—
9
9
5
5
5
5
38
Français
5
6
7
4
4
3
3
3
3
38
Anglais
—
—
—
—
—
5
5
4
4
i8
Géographie
1
3
—
—
—
—
—
—
i3
Calcul et Mathématiques
1 —
—
5
—
—
—
—
—
—
43
Dessin à main levée
1 2
—
..
—
_
12
Écriture
1
1-
1
—
1
-
—
—
—
4
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 49
Le nombre total des heures de leçon s'élève à 258 ou, si on com-
prend le dessin, l'écriture, le chant et la gymnastique, à 3io.
Les auteurs latins sont : César (en 3* supérieure) ; César, Cicéron,
Cat. I; Ovide, Met. (en 2« inférieure); Ovide, Métamorphoses; Cicé-
ron, Cato Major (en 2* supérieure); Cicéron, in Verrem IV; Salluste,
Jugurtha; Virgile, Enéide (en i« inférieure); Tacite, Annales, \\
Horace, Satires.
L'enseignement du français se fait, à l'aide de Reum, fran^.
Uebungsbuch et de la grammaire de Stern. On emploie les tableaux
Hoelzel dans le début, et on lit Bruno, Le Tour de la France par
deux enfants; Girardin, La joie fait peur ; A. Daudet, Le petit Chose;
Souvestre, Au coin du feu; Scribe, Le verre d'eau; Loti, Pêcheur
d'Islande; Augier, Le gendre de M. Poirier; D'Hérisson, Journal
dun officier <t ordonnance; Molière, V avare. Les Précieuses ridi-
cules; Taine, Napoléon Bonaparte.
La liste des travaux écrits a libres » est intéressante.
I« inférieure a : \. Les nuages. 2. V. Hugo et le romantisme.
3. L'union fait la force. 4. « Demain n, d'après V. Hugo. 5. Les élec-
teurs de Saxe à Tépoque de la Réforme.
I« supérieure b : \, Souvenirs d'enfance. 2. Riccaut de la Marlinière,
d'après Lessing. 3. Le dénoûment de l'Avare. 4. Éloge du Feldmaré-
chal de Moltke. 5. Qu'est-ce qu explique l'entousiasme général avec
lequel Gôtz von Berlichingen fut reçu lors de sa publication ?
!• inférieure a : \. Analyser les deux premiers actes du « Gendre de
M. Poirier». 2. a) L'union fait la force; b) La circulation de l'eau.
3. Comment la situation géographique de l'Italie explique- t-elle le
grand rôle que ce pays a joué dans l'histoire? 4. Une aventure au
cimetière (d'après Tom Sawyer, par Marc Twain).
I« inférieure b : i. Les deux premiers actes du « Gendre de M. Poi-
rier ». 2. L'hiver approche. 3. L'otage. 4. Racontez l'histoire de la
conquête de l'Angleterre par les Normands.
1I« supérieure a : 1. Un épisode du 3 septembre 1870. 2. Le postil-
lon. 3. M. Comprends-pas. 4. Taillefer.
\U supérieure b : i. Récit de Sylvestre Moan. 2. Vengeance d'un
candidat académique. 3. Le postillon. 4. Jours d'épreuve. 5. Maud
MûUer.
20 PLAUEN : RÉALGYMNASE.
VI* V IV 111* III- II* II* 11* V Total
I ' '
Allemand [ 6 6 — — — — . _ — — 33
IV
m*
m-
II-
II'
I-
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mf.
•up.
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7
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1
1
3
3
1
1
Uun I _ — '7 7 35 5 I 5 5 39
Français 11^ 5 3 ' 3 ' 3 I 3 3 39
5o
LE MUSÉE BELGE.
On lit, en 3« supérieure et en 2« inférieure, César; en 2* supérieure,
Salluste, Jugurtha et Cattlina: Ovide, TibuUe et Martial (extraits} ;
en !• inférieure, Cicéron, in CatiL 1 et /F, Tite-Live; V\v%\\t, Enéide;
en i« supérieure, Horace, odes et Vépode i3; Cicéron, de imperno
Cn. Pompei et extraits des œuvres philosophiques.
4* WURTEMBERG (l).
Les établissements d'instruction moyenne sont le gymnase huma-
niste, le réalgymnase et Técole réale supérieure.
a) LE GYMNASE HUMANISTE.
!•
11»
III*
IV
V
VI-
VII*
VIII
IX*
Total
Religion
2
2
2
2
2
2
2
2
2
18
Allemand
3
3
2
2
2
2
2
3
3
22
Propédeutique philosoph.
—
—
—
—
—
—
—
—
^
2
Latin
10
10
9
8
8
8
7
7
7
74
Grec
—
—
—
6
6
6
7
7
6
38
Français
—
—
4
3
3
2
2
3
'
>9
Histoire
Géographie
i'
!'
î'
2
2
2
2
h
Calcul et mathématiques
4
4
3
3
3
4
4
4
4
33
Sciences
^
2
2
—
2
2
2
2
>4
Dessin
—
—
2
2
2
—
—
—
—
6
Écriture
2
1
.
—
—
—
—
—
_
4
Chant
>
1
1
—
—
—
—
—
3
Total
25
26
29
29
29
30
3o
3o
3o
258
Devoirs scolaires
6
6
9
9
11
12
12
12
12
89
Enseignement et devoirs
scolaires
3i
32
38
38
40
42
42
42
42
347
(0 Lehrplanfûr die Gymnasien und Lycéen Wûrttembergsvom lÔFebruariSçiy
Stuttgart, 1902; circulaires ministérielles du 3i mai 1906, avec les nouveaux plans
d'études du 16 juin 1906, du 28 juin 1906 (n©" 7975 et 7976); Staats-An^^eiger fur
Wûrttemberg ^11 juin 1906; Wunder, Entwurf eines neuen Lehrplatts fur die hôheren
Lehranstalten Wûrttembergs, dans Sûdwestdeutsche Schulblàtter, 1906, n» 4, p. 145
et suiv.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
5l
Il faut y ajouter, comme obligatoire, la gymnastique, et comme
faculiatiÉs, Thébrcu, l'anglais, le dessin et la sténographie.
b) LE RÉALGYMNASE.
!•
n«
m-
IV
V
VI.
VII*
VIII
IX'
ToUl
Religion
2
2
2
2
2
2
2
2
2
18
Allemand
3
3
2
2
2
2
2
2
2
20
Propédeoticne philosophique
—
—
—
—
—
—
—
1
1
Latin
10
10
9
8
8
6
6
5
5
67
Français
—
—
4
5
5
4
3
3
3
■ •
27
Anglais
—
—
—
—
—
3
3
3
2
1]
Histoire
—
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2
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Géographie
'
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Calcul
4
4
4
3
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—
—
—
—
>7
Algèbre
—
—
—
—
—
3
3
—
—
6
Analyse
-
—
—
—
—
—
2
3
5
Géooétrieélémentaira et destin
géooiétriqae.
—
—
—
2
4
2\
—
—
\
Géométzie analytique
—
—
—
—
—
-|
2
2
2
(25
Géooétrie de l'espèce (stéréomé-
tiie et géom^tne deicriptiTe)
""
—
—
—
2/
3
3
3
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Trigonométrie
_
—
—
—
—
—
1
2
—
3
Histoire naturtlle
2
2
1
2
•
—
—
2
iQ
Physique et chioie
—
—
—
—
2
2
3
3
lO
Dessin à main le^ée
—
—
2
2
2
2
2
2
2
>4
Écriture
a
1
1
—
—
—
—
—
—
4
Chant
25
1
26
29
3o
3o
3i
3i
3i
32
3
Total
265
DevoifB scoUixes à domcile
6
3i
6
32
9
38
8
38
10
40
11
42
11
42
11
42
10
42
81
Enseignement et devoirs
347
Il faut y ajouCr, comme obligatoire, la gymnastique, et, comme
facultatifs, la stérographie, le dessin à main levée et l'histoire natu-
relle en VII K
52
LE MUSÉE BELGE.
cj É
COLI
: RÉ
II«
ALE
II I-
SUPÉRIEURE.
IV V
VI-
VII*
VIII
IX-
Total
Religion
2
2
2
2 2
2
2
2
1 ^
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Allemand
5
4
4
3 ; 3
3
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3
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—
—
— 1 —
—
—
—
! 2 ,
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•
Français
8
8
8
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54
Anglais
—
—
4
4
4
3
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1 1
2 1
Histoire
Géographie
1
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2
2
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2
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2
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3
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Calcul
4
5
4
3
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—
—
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Algèbre
—
—
—
—
—
3
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Analyse
_
—
—
—
—
—
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S
Géométrie
)
)
2
1 — ,
i-
et dessin géométrique
—
—
—
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—
—
—
1
Stéréométrie
et géométrie descriptive
—
—
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—
2
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3
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Trigonométrie et géographie ma-
—
-
—
—
—
1
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4
Géométrie analytique
_
—
—
—
—
2
2
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6
Histoire naturelle
2
2
2
2
2
—
—
2
2
14
Physique et chimie
—
—
—
—
—
3
2
7
3
1 1
Dessin à main levée
__
3
2
2
3
2
2
2
16
Écriture
2
'
_ 1 _
—
—
—
— ;
4
Chant
1
'
I
3
Total
25
26
28
3o ' 3o
3i
3i
3i
32
264
Devoirs à domicile
6
6
10
8 10
11
11
11
10
83
Enseignement et devoirs à domi-
cile
3i
32
38
38
40
42
43
42
43 .
347
Il faut y ajouter encore, comme branche obligaloirl, la gymnastique;
comme branches facultatives, la sténographie, le dessin à main kvéc
et le dessin géométrique en VI«.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 53
Le programme du Wurtemberg est tout récent : il est de 1906.
Avant de reviser Tancien programme, on s'est dit qu'on devait déter-
miner le maximum de travail (leçons et devoirs scolaires) qu*on peut
exiger de la moyenne des élèves. Tenant compte que Tannée com-
prend 23o jours de classe et i35 jours de congé, le Ministre,
d'accord avec la Commission médicale, a fixé ce maximum à 8 heures
par jour, soit 48 heures par semaine, pour les élèves des classes
supérieures. Ce chiffre a été diminué proportionnellement pour les
classes moyennes et inférieures.
Ce premier point établi, on ne pouvait perdre de vue que les cours
tMTultatifs (hébreu, dessin, sténographie) sont suivis par un grand
oombre d'élèves, et cela sur le conseil même des autorités, que
certains de ces cours doivent être suivis, comme Thébreu, par les
futurs théologiens, et qu'enfin la gymnastique est, en principe, obliga-
toire. On devait donc compter 6 heures par semaine pour les cours
facultatifs et la gymnastique, et il restait, en conséquence, comme
maximum pour les branches obligatoires et le travail à domicile,
42 heures dans les classes supérieures, 40 heures pour la V*, 3o heures
pour la IV« et la nie. 32 et 3 1 heures pour la II« et la !«. C'étaient
là les heures à partager d'une façon convenable entre les différentes
branches, défalcation faite de celles qu*on attribuait au travail à domi-
cile.
A la suite de cette revision du programme, le nombre des heures de
leçon se trouve abaissé de 267 à 258 heures, et si on compte les
heures de travail à domicile, de 374 à 347.
Dans les gymnases^ le latin perd 7 heures sur neuf années, et le
grec 2 sur six ans; comme conséquence de cette diminution, on a
supprimé le thème grec dans les classes supérieures, et on demande
que, pour les thèmes latins, on soit moins exigeant au point de vue
de la grammaire et du style. En somme, malgré cette suppression de
7 heures de latin et de 2 heures de grec, le Wurtemberg a encore le
chiffre le plus élevé pour le latin et le grec : la Prusse a 68 heures de
latin et 36 heures de grec ; le Grand duché de Bade 72 heures de latin
et 36 heures de grec; la Bavière 66 heures de latin et 36 heures de
grec; Hambourg 69 heures de latin et 36 heures de grec; la Hesse
68 heures de latin et 36 heures de grec; la Saxe 71-73 heures de latin
et 40-42 heures de grec. On le voit : seule la Saxe a plus d'heures de
grec que le Wurtemberg.
Le français gagne i heure ; l'histoire et la géographie perdent
ensemble 1 heure; le chant perd également i heure.
Dans les Real gymnases, le nombre des heures de latin tombe de 73
à 67 : on a rogné les heures de la 111»^, de la IV^, de la V« et de la VI^;
LE MUSÉE BELGE.
seules sont restées intactes les heures des deux premières clas
et des deux dernières. L'enseignement des mathématiques dans les
classes moyennes a été quelque peu modifié ; on a supprimé les
questions qui sont sans importance particulière pour les mathéoaa-
tiques des classes supérieures; on a rattaché étroitement le dessin
géométrique à renseignement de la géométrie, et on a rendu îm
géométrie descriptive facultative pour les élèves qui ne se destinent
pas aux Écoles spéciales. Ces modifications et quelques autres de pen
d'importance ont eu pour résultat de faire descendre de 280 à 265 le
nombre des heures de leçon, et, si on y comprend les devoirs scolaires,
<le 388 à 347.
Le programme des Écoles réaies supérieures avait été remania
provisoirement en 1903 à Teffet de renforcer les langues et Thistoire.
Cette fois, on a diminué le nombre des heures de leçon en procédant
comme dans les réalgymnases pour les mathématiques, le dessin
géométrique et la géométrie descriptive. Au lieu de 280 heures, on
en a 264; au lieu de 388 heures, devoirs compris, on en a 347.
Pour que le temps devenu libre profite au développement physique
des élèves, il est prescrit, pendant le semestre d'été, pour les classes III
à IX, de consacrer par semaine 2 heures d'un après-midi à la gymnas-
tique en plein air, abstraction faite des heures ordinaires de gymnas-
tique, soit 16 heures au gymnase, 20 heures au Réalgymnase et 17 a
rÉcole réale supérieure. De plus, les devoirs à domicile sont suppri-
més cet après-midi (i).
Le Ministre s'est contenté de circulaires pour faire connaître aux
établissements les modifications apportées dans certaines parties du
programme par suite de la diminution du nombre des heures de leçon ;
mais il s*est bien gardé de publier le programme tout entier : il attend,
avant de faire cette publication, qu*on ait appliqué un certain temps
les mesures nouvelles, et qu'on lui ait fait part des résultats obtenus.
Le programme de 189 1 (2) ne prescrit des auteurs latins que pour trois
classes : en III«, Cornélius Néposet un livre de lecture; en IV«, Cor-
nélius Népos, Lhomond, deViris illustribus; César ^ Guerre des Gaules
«t une chrestomathie poétique; en V«, la Guerre des Gaules, Tite-Livc
ou Cicéron et une chrestomathie poétique. En ce qui concerne les
classes supérieures, on s'en tiendra, dit le programme, à la liste des
auteurs qu'il est d'usage de lire. La circulaire ministérielle du 16 juin
(i) WuNDKR, Die Einrichtung des Spielnachmittags an der hôheren Lehranstalten
Wûrttembergs fur das Sommer halbjahr 1906, dans Sûdwestdeutsche Schulblàtter^
igo6, n. 4, p. 149, article très intéressant.
(2) Lehrplan fur die Gymnasien und Lycéen Wûrttembergs vom 16 Februar
i8çi.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 55
1906 se contente de faire observer qu'on n'impose plus VÉnéide^ mais
qu'on n*en exclut pas la lecture.
La Ibtc de auteurs grecs est plus complète : en V«, une chrestoma-
ihieou YAnabase\ en VI*, une chrestomathie, VAnabase et VOdys-
sée;tn VII*, Xénophon (Lysias), Hérodote, V Odyssée (la circulaire
ministérielle fait ici observer que la lecture d*un écrivain attique n'est
plus nécessaire) ; en VI 11% dialogues faciles de Platon, Démosthène,
passages faciles de Thucydide, Homère, Iliade (choix), Sophocle
(Euripide); en IX«, Démosihène, Platon, Thucydide, Sophocle
(Eschyle). Pour la lecture privée, on recommande Homère. On veut
qu*au sortir du lycée, les élèves aient lu YOdyssée en entier et les
les parties les plus importantes de VIliade.
5* ALSACE- LORRAINE.
L*ancien règlement ne connaissait que deux espèces d'établisse-
ments d*instruction moyenne : i* les gymnases, progymnases (i) et
écoles latines (2); 2^ les écoles réaies. Celui de içoS en connaît
trois : |0 les gymnases ou progymnases; 2* les Réalgymnases; Z^ les
6:ole$ réaies et les écoles réaies supérieures. Le plan d'études des
gymnases est resté le même, et celui des écoles réaies supérieures
est quelque peu modifié : sept heures sont données en plus aux
sciences, si on compte en même temps une légère augmentation à
l'école réale, et trois heures sont enlevées au dessin.
(1) Le progymnase est un gymnase incomplet auquel il manque deux ou trois des
innées supérieures.
(a) L'école latine est également un gymnase incomplet auquel il manque plus
<k trois des années supérieures.
56
LE MUSÉE BELGE.
a) LE GYMNASE.
VI'
V
IV
III*
inS.
IÏI«
snp.
inf.
sup.
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Total
Religion
2
2
2
2
2
2
2
2
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2
2
2
2
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7
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—
4
4
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2
2
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Géographie
Histoire
2
2
3
3
3
3
3
3
3
25
Calcul
4
3
2
—
—
—
—
""
—
9
Mathématiques
—
—
2
4
4
4
4
4
4
26
Sciences naturelles
3
2
a
2
2
2
2
2
2
18
Écriture
2
—
_
—
—
_
^
—
2
Dessin
—
2
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—
—
—
—
—
4
Chant
3
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—
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Gymnastique
2
2
^
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2
2
2
2
2
18
Total
28
3o
32
^^
32
32
32
3.
32
282
Cours facultatifs
Dessin
2
—
2
2
3
2
2
2
Écriture
—
2
—
_
—
—
—
—
—
Chant
—
—
2
^
2
2
2
2
Anglais
—
—
—
—
—
2
2
2
Hébreu
—
—
""
—
2
2
2
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
b) LE RÉALGYMNASE.
Religion
Allemand
Latin
Français
Anglais
Géographie
Histoire
Calcul
Mathématiques
Sciences naturelles
Giimie
Physique
Écriture
Dessin
Chant
Gymnastique
Cours iacultatift
Écriture
Dessin
Chant
Total
VP
V
IV
m-
iaf.
m-
•np.
II-
inf.
II-
sap.
I-
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I-
sup.
Total
2
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2
2
2
2
2
2
2
i8
5
3
3
3
3
3
3
3
3
29
7
8
8
4
4
4
4
4
4
47
—
4
4
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4
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2
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2
2
2
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■
2
58
LE UUSéB BELGE.
c) UÉCOLE RÉALE
ET 1
L'ÉCOLE RÉALE SUPÉRIEURE.
CLASSn
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VI
V
IV
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4
4
4
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Français
5
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5
4
4
4
4
4
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Anglais
—
—
—
5
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3
3
3
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Géographie
Histoire
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3
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2
2
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2
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Calcul
Mathématiques
4
5
6
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5
5
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5
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Sciences naturelles
2
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2
2
2
2
2
2
18
Chimie
—
—
—
—
2
2
2
^
2
10
Physique
—
—
—
—
—
2
3
3
3
11
Écriture
3
2
2
—
—
—
—
—
7
Dessin
—
2
2
2
2
2
2
2
2
16
Chant
2
2
2
—
—
—
—
—
—
.6
Gymnastique
2
2
2
2
2
2
2
2
2
18
Total
28
3o
32
32
32
33 33
33
33
286
Cours facultatifs
2
—
—
—
—
—
—
—
—
Dessin
—
—
—
—
—
—
2
2
2
Laboratoire de chimie
—
—
—
—
—
—
2
2
Chant
—
—
—
2
2
2
2
2
2
Le travail à domicile ne peut dépasser par semaine, en 6« et en 5«
(10 et II ans), 8 heures; en 4» et en 3« (12, i3, 14 ans), 12 heures, en
2« et en i« (i5, 16, 17 et 18 ans), de 12 à 18 heures.
Le matin, on ne donne pas de devoirs pour Taprès-midi. Le
dimanche, pas de devoirs à domicile.
Dans l'interprétation réelle des auteurs grecs et latins, on se propose
spécialement de faire connaître aux élèves la vie publique et privée
des anciens ; on a soin aussi de leur montrer quel était Tidéal des Grecs
dans l'art et la littérature.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 5g
J'ai sous les yeux le programme du Lycée de Metz que je dois à
rextréme obligeance de son éminent directeur, M. Herrmann, et je
constate qu*on lit les auteurs suivants : !• supérieure, Cicéron,27ra
Sestio et de officiis^ I ; Tacite, la Germanie ; Horace, odes choisies
des livres III et IV, quelques satires et quelques épîtres; Démosthène,
Z^ Philippique ; Platon^ Apologie; Homère^ Iliade, i3-i4, passages
choisis; Sophocle, Antigène; cursivemcni Xénophon. — I« infé-
rieure : Cicéron, Pro Milone et Laelius; Tacite, Annales I et II,
passages choisis; Horace, Odes choisies, I et II; Démosthène, i®et
2*0lynthiennes et i« Philippique ;P\aLXon, Apologie et Criton; Homère,
Iliade^ !• moitié, passages choisis; Sophocle, Oedipe roi; cursivement„
Hérodote et Xénophon.
!!• supérieure, Cicéron, de imp. Cn. Pomp,, Tite-Live, XXI, eit
partie; Virgile, Enéide^ V et VI, passages choisis; Hérodote et Xéno-
phon, Hellenica, passages choisis; Homère, Odjrssée.Yll à XXI,
choix. — II* inférieure, Cicéron, pro Rose, et CatiL /, Tite-Live,XXI,
extraits; Ovide et Virgile, Enéide, passages choisis du i«r livre; Xéno-
phon, Anaàase, livres II-IV, passages choisis; Homère, Odyssée, I
à X, passages choisis.
III* supérieure. César, de b. G., I à VI ; Ovide, Métamorphoses,
passages choisis ; Xénophon, Anabase, passages choisis. — III^ infé-
rieure. César, de b, G. Mil ; Ovide, I, 1-80.
Le français s enseigne d'après la méthode directe. Les auteurs lus
sont : Bruno, Le tour de la France par deux enfants; Scribe, Le
rerre dCeau; Feuillet, Roman d'un jeune homme pauvre; Thiers,
Histoire de la campagne d^ Italie (Marengo); Ponsard, L'honneur et
forgent.
60 GRAND-DUCHÉ DE BADE.
a) Les gymnases.
Les gymnases sont appelés ici Gelehrtenschulen. Le total des heures
s'élève à 293. Notons que Tahemand a 22 heures, le latin 72, le grec
36, le français 20, Thistoire et la géographie 26, le calcul et les mathé-
matiques 33, les sciences naturelles 18, la philosophie propédeutique 2.
L'âge requis pour la classe inférieure est de 9 à 11 ans.
b) Les réalgymnases.
Le total des heures est également de 293. L'allemand a 26 heures,
le latin 56, le français 26, l'anglais 18, Thistoire et la géographie 24,
le calcul et les mathématiques 47, les sciences naturelles 10, la phy-
sique 8 et la chimie 4.
c) Les Oberrealschulen et les Realschulen.
Le total des heures est de 296. L'allemand a 39 heures, le français 46,
l'anglais 24, Thistoire 17, la géographie 10, les sciences naturelles lo,
la chimie 8, la physique i3, le calcul et les mathématiques 45, la
descriptive 8.
6o LE MUSÉE BELGE.
d) Les hôhere Burgerschulen.
Ce sont des écoles moyennes réaies, ayant moins de 6 années. £-<
plan d'études est celui du réalgymnase (avec latin) ou celui de l'école
réale (sans latin).
e) Les écoles réformistes.
Ici, sur une base commune, comprenant les cinq premières années,
sont greffés un gymnase et un réalgymnase, dont les cours durent
quatre années.
Dans les années communes, on étudie, dès le début, comme langues,
l'allemand (5 heures en Vl« et V«, 4 heures en IV*^ et 3 heures en If f«
inférieure et supérieure) et le français (6 heures en VI«, V« et I V«, et
3 heures dans les deux troisièmes); le latin vient s'y ajouter dans les
deux troisièmes, à raison de 10 heures chaque année.
Au gymnase, le latjn n'a plus que 8 heures pendant quatre ans ; le
grec a le même nombre d'heures que le latin ; le français n'a plus que
deux heures; l'anglais et Thébreu sont facultatifs.
Au réalgymnase, l'allemand n'a pas plus d'heures qu'au gymnase :
3 heures par année; le français en gagne 2 ; car il comporte 3 heures
en seconde inférieure et supérieure; le latin perd 11 heures : au
lieu de 8 heures comme au gymnase, chaque année, il a 6 heures en
seconde inférieure et 5 heures les trois dernières années. L'anglais
devient obligatoire et a en tout 19 heures. L'histoire naturelle et les
mathématiques obtiennent quelques heures en plus. Le dessin est
obligatoire.
Dès la seconde année, c'est-à-dire en 3« supérieure, on aborde un
auteur latin. César, Guerre des Gaules^ dont on lit les quatre pre-
miers livres en entier. En seconde inférieure, on lit le cinquième livre
jusqu'au chapitre 14, le livre VI, de 1 1 à 28; le livre Vil, de i à 6,
10, 14 à 3i ; 34 à 36; 43 à 53 ; 63 à 90 ; de plus, au gymnase, Ovide,
Métamorphoses, 1000 vers; Cicéron, or. Cat.^ i et 2; Salluste, Jm-
gurtha, 5-16, 20 42 ; 84-114; au réalgymnase, 800 vers d'Ovide. —
En seconde supérieure, Cicéron, de imp. Cn. Pomp., en outre, au
gymnase, Tite-Live, XXI et XXII jusqu'au ch. 20; Virgile, Enéide^
I et 11, avec peu d'omissions ; au réalgymnase, Tite-Live. XXI, i à
20 ; Virgile, Enéide^ II. — En I^ inférieure, au gymnase, Tite-Live,
XXII, du ch. 25 à la fin; Tacite, la Germania et les Annales, I, 172;
11, 5-26, 39, 40; Cicéron, pro Archia; Horace, Odes choisies. I-III;
quelques 5tirires; au réalgymnase, Tite-Live XXI, Sallusie, Jugurtha
et Horace, odes choisies. — En I« supérieure, au gymnase, Cicéron,
Tusculanes, I et en partie V; Tacite, Germanie ti Annales, II et III,
1-18; Horace, choix de satires et à'épîtres; au réalgymnase, Tite-
Live, XXII et des passages du livre XXIII ; Tacite. Germanie, et
Horace, choix de satires. (a suivre.)
LIVRES NOUVEAUX.
Ad. BARTELS, Die Deutsche Dichtung der Oegenwart. Die Âlten und die
Jungen. 7^ Âufl. Leipzig, Ed. Âvenarius, 1906.
Paul RONNEFON, Portraits et récits. Extraits des prosateurs français du
XVII» siècle. Paris, A. Colin. 1906. 2 fr. ZO.
J. BICK, Horazkritik seit 1880. Leipzig, Teubner, 1906. vi 89 pp. 1 m. 80.
A. COUXSON, Glossaire toponymique de Francorchamps. Liège, Vaillant-
Carmanne, 1906. 58 pp.
P. DE LABRIOLLE, L^ physiologie dans Tœuvre de Tertullien. 12 pp. 4®
(Extr. des Archives générales de médecine, 1906).
LE MÊME, La polémique antiroontaniste contre la prophétie extatique. Paris,
A. Picard, 1906. 50 pp. (Extr. de la Rev. d'hist. et de litt. relig., XI, 1906).
LE MÊME, Tertullien jurisconsulte. Paris, L. Larose, 1906. 27 pp. (Extr. de
la Nouv. rev. hist. du dr. fr. et étr., 1906;.
J. FÈVRE et H. HAUSER, Leçons de géographie (Progr. des écoles normales
primaires et du brevet supérieur), l*** année. Géographie générale, Amérique,
Océanie, Asie, Afrique. Avec 217 grav. et cartes. Paris, F. Alcan, 1907, 4 fr.
C. D. FISHER, Comelii Taciti Annalium ah excessu divi Augusti libri.Recogn.
brevique adnotatione critica instruxit G. D. F. Oxford, Glarendon Press,
1906 viii-422 pp. 5 sh
0. FREDERSUAUSEN, De jure Plautino et Terentiano. Gap. I. Diss. inaug.
Goettingen, Goldschmidt, 1906. 76 pp.
M. HALBWAGH3, Leibniz, Paris. Delaplane,1906. 0 fr. 90. (Les philosophes).
H. HOEFFDING, Histoire de la philosophie moderne. Traduit de l'allemand
pir P. Bordier. Tome II Parif>, Alcan, 1906. 10 fr. (Bibliothèque de philo-
sophie contemporaine).
K HUEMER, Der Geist der altklassischen Studien und die Schriftstellerwahl
boi der Schullektûre. G. Fromme, Wien u. Leipzig, 1906. 80 pp,
JoBL DB LYRIS, Le choix d*une bibliothèque. Guide de la lecture. Avignon,
Aubanel, 1906. 200 pp.
A. KRETSGHMAR, De Menandri reliquiis nuper reperiis. Diss. Leipzig.
Fr. KLINGKSIECK, Ghrestomathie der frnnzôsischen Literatur des 17. Jh.
Leipzig, Reuger, 1906. Relié 4 m.
C. LEGOIJTERE, Een nieuw fragment van Lodewgk VanVelthem's Spiege
Hifitoriael. 16 pp. Gand, Siffer, 1906. ^
H. LENGRAND, Bpicure et l'Epicurisme. Bloud, 4, rue Madame, Paris. 1906.
0 fr. 60 (Science et Religion).
E. LANGE, SokrateF. Guetersloh, Bertelsmann, 1906. 1 m. (Gymn.-Bibl. 43).
J. LUTZ, Les verrières de Tancienne église do S. Etienne à Mulhouse, Avec
6 planches. Leipzig, G. B3ck, 1906. (Suppl. au Bull, du Musée hist. de
Mulhouse, t. 29).
M MENTAUDON, Segantini. Mit 97 Abbild. und 4 farbigen Bildern. 2t«Aufl.
BielefelJ, Velhagen et Klasing, 1906. 4 m.
H. MBUSEL, G. Jalii Gaesaris commintarii de belle civili. Erkiaert von
F. Kraner und F. Hofmin. Il*» Aufl. Barlin, Weidmann. 1906. 3 m. 40.
M.- P. NILSSON, Griechische Texte von religiôser Bedeutung mit Ausschluss
der attischen. Leipzig, Teubner, 1906. vi-490 pp. 12 m.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
Fouilles de Déios en 1906 (F, Mayence) 5
PARTIE BIBLlOGRAPHIdUE.
Antiquité classique,
1. i4. D/e/enc/r, Mutter Erde (E, Remy) G
2. G. Glot^^ La solidarité de la famille en Grèce (H. Francotte) . . .14
3. Af. //jm/7/on, Incubation (Th. Lefort) . , . . . . .17
4. G» P^scittcco, Marcia (A. t)e Ceuleneer) 10
5. A. Cartauît^ A propos du Corpus Tibullianum (J. P. W.). . . ,21
Langues et littératures celtiques,
6. G. Dottin^ Manuel p. servir à l'étude de Tanliquité celtique (V, Tourneur) . 23
7. H, Gaido^, Pour le centenaire de G. Zeuss (Le même) . , . . aS
8. V, Lederer^ Keliische Renaissance (Le même) aS
Langues et littératures romanes,
9. E, Biré, Chateaubriand, Victor Hugo, Balzac (G, Doutrepont) , . .25
Langues et littératures germaniques.
10. H. Van der Linden et W, De Vreese^ Lolewijk Van Velihem (C. Lecoutere) 27
11. iV. A/araw-^oo^e/iAoM/, KaphoUandische Sprache (Le môme) ... 2g
12. F. iCaif^mawn, Deutsche Grammatik (Le môme) 3o
i3. H, Hungerland^ Das wissenschaftiiche Studium der deutschen Sprache
(Le même) 3o
14. T, F, Henderson^ Robert Burn's Poems fHamelius) 3o
Histoire et Géographie.
0
1 5. P//. LjMcr, Les Annales de FlodoarJ (M. Jacquin) 3i
iG. M. Brants^ Ges;h. van *t onafhankelijk Belgié (A. De Geuleneer) . . 32
Notices et annonces bibliographiques.
17-40. Publications de J. A. Shawyer, H Muzik, Amer, philol. Association,
H. Ludwig, S, Dœrflir, A. Carnoy, F. Strowski, G. Paris, M. Michel,
J. Mcnsch, A. Albalat, G. Casella et E. Gaubert, Willemsfonds, J. VercouUie,
N. Barone, A. Michel, M. Schmid, J. Helbig, .L Brassine, A. Grafé,
A. Fougère, C. Bouvier, A. Pidoux, E, Lecanuet, Désers . . . .33
CHRONIQ.UE.
41-47. Le latin en Amérique. Nomination des professeurs d'Université, Musées
du Cinquantenaire. Manifestation Gauchie. Mélanges God. Kurth. Institut
historique belge à Rome. Bourses de voyage 40
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
F, Collard, L'Enseignement moyen à l'étranger (suite) 46
''^'J>
ONZTÈME ANNÉE. — N» 2.
y
i5 FÉVRIER 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE O-ASSIQUE
:5-Y
P. CSOLLARD
A L'uiOTIBMTi DB LOUVAIM
J. P. WALTZING
pftOPBtsBi» A L'mmmsrré db ukam
HnkmKA Imm lit Mit, à l'aBOtpIlM ëtt bmIs i'MM •! d« Mpttaibrt
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
ao, BUB DB MAICUB, 20
BERLIN
PARIS
A. FONTEMOING
4tnML«Goff
R. FRIEDLAENDER ET FILS
CarlttntMb ii, N. W
LIVRES NOUVEAUX.
W. BANG et H. DE VOCHT, Klassik^r und HumaDtsfen aU QaoIIon aoUoror
Dramatiker. Extrait de EDglischo Studien, B 1. 36, 1906.
L. M. CAPELLI, Pétrarque, Le traité De suis ipsius ei muUorum ignorantia,
Paris», Champion, 1906.
G. FERUâRA, La filologia latina nel più récente moTimento seientifieo. Turin,
Lœscher, 1906. 2 fr.
E. FOELZER, Die Hjdria. Ein Beitrag zur griechiscben Vascnkunde. Leipzig,
Seemann, 1906. 120 pp. et 10 pi.
J. GESSLER, Bibliographie van het Limbargâch Dialoct. Hasselt, St-Quintinae
drukkerij, 1905. 26 pp.
A. GRENIER, Habitations gauloises et villas latines dans la cité des Môdioma-
trices. Étude sur le développement de la civilisation gnllo-romaino dans une
province gauloise, avec plans. Parif», Champion, 1906. 6 fr. (Bibl. de TÈjole
des Hautes Études. Fasc. 157).
E T. A. HOFFMANN, Contes, récits et nouvelles tiréi des frères de Sérapion.
Paris, Garnier, 1906. 1 vol. 3 fr. 50.
LE MÊME, Contes fantastiques. Choix de contes, récits et nouvelles. Paris,
Garnier, 1906. 1 vol. 3 fr. 50.
J. KOCH, Roemische Geschichte. 4'* Aufl. Leipzig, Goeschen, 1906. 0 m. 80.
KOECHER, Das MQnzwesen im alten Gallien. Progr. n» 330, der stâit Real-
schule. Magdebourg, 1906.
E. LANGE, Sokrates. Mit einem Titelbilde. Bertelsmann, Gûtersioh, 1906.
1 m. (Gymn.-Bibl., 43).
LANGREHR, Plautina. Progr. n9 828, des Gjmn. zu Friedland, 1906.
F. LOES, Arel unter roemischer Herrschift. Schiuss. Die roemischen Ansiedo-
lungen in der Umgegenl von Arel. Pages 101-146. (Jahrb. dos deutschen
Vereins. Arel, Willems).
MESTWERDT, Die roemischen Thongefaesse der Altertumssammlung in Cleves.
MI. Progr. Clôve 1899-1906.
G. NICOLE, Catalogue de vases cypriotes du Musée de Constantinople. Genève,
Kûndig, 1906. 44 pp.
C. PASCAL, Seneca. Catania, Battiato, 1906. 88 pp.
H. PLENKERS, Untorsuchungen zur Ueberlieferungsgeschichte der aelte&ten
latoinischen Môachsregeln. T. Die Regolba^ber Beniddikts von Aniane. II. Die
Régula S. B3neiikti. Mit2Tafdla in Lichtiruek, Munich, C. H. Beck, 1906.
3 m. 15. (Quellen und Untersuch. zur laf. Philologie des Mittelalters, lirsg.
von L. Traube. I. 3).
H RAEDER,Platons philosophische Eatwickolung. Leipzig, Teubner, 1905. 8 m.
E. REMY, Le maintien de la langue grecque au programme de l'enseignement
moyen. 20 pp. Louvain, Ch. Peeters, 1906.
R. REPPE, De L. Annaeo Cornuto. Diss. Leipzig, Noske, 1905. 1 m. 80.
A. RETTORE, Tito Livio Patavino precursore doUa decadenxa délia lingua
latina. Prato, Alberghetti. 1907. 1 fr. 00.
A. RIVAUD, Le problème du devenir et la notion de la matière dans la philoso-
phie grecque depuis les origines jusqu'à Théophraste. Paris, A Ica", 1906. 10 fr.
M. C. P. SCHMIDT, Stilistische Boitraego zur Kenntnis und zum Gibrauch der
Onzième année. — N® 2. i5 Février 1907.
Bnlletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉI.AM6BS.
- y
Angelo Fumagalli.
M. Nicola Barone, professeur de diplomatique et de paléographie
à l'Université de Naples et chef de section à VArchivio di Siato de la
même ville, connu par ses recherches sur l'histoire de ses études
favorites, autant que par son ai&bilité envers les travailleurs qui
visitent les richesses confiées à ses soins, vient d'écrire un mémoire
intitulé Angelo Fumagalli e la culiura paleografica et diplomaiica dei suoi
tempiin Italia (Extrait des Attideir Accademia Ponianiana, vol. XXXVL
Naples, F. Giannini, 1906. In-4", 23 p.).
Paolo Carlo Ambrogio Fumagalli naquit à Milan, le 28 avril 1728,
d'une famille de négociants. Il fit sa première éducation au Collège
des Oblats de Gorla Minore, pour continuer bientôt ses études chez
les Jésuites, au Collège Patellani. L'an 1745 il prononça les vœux de
Cistercien dans le monastère de Chiaravalle, à trois milles de Milan,
et échangea son nom de baptême contre celui d'Angelo. Après avoir
terminé ses études de philosophie à l'abbaye de San Ambrogio, il fut
envoyé à Rome, pour suivre les cours de théologie au monastère de
la Sainte-Croix de Jérusalem ; il y apprit aussi le droit ecclésiastique
*€t surtout l'hébreu et le grec, sous la direction de Raphaël Vernazza,
scfiitore de la Vaticane. En 1760, il retourna à Milan pour enseigner
aux jeunes religieux de son ordre la philosophie, d'abord à Chiara-
valle, ensuite a San Ambrogio. Dans ces deux monastères, pourvus
de bibliothèques et riches en archives, Angelo Fumagalli prenait
plaisir à déchiffrer les vieux parchemins, à copier des chartes, à col-
lationner des documents et acquit une telle dextérité paléographique
et diplomatique, que beaucoup de savants lui soumettaient des cas
difficiles et des documents quasi indéchiffrables.
(iiPromu lecteur en théologie, il se rendit de nouveau à Rome, où,
dans la réorganisation de la bibliothèque du monastère de Sainte-
Croix, il eut le bonheur de se mettre en contact avec des documents
précieux du vu* au x« siècle. En 1773, il fut rappelé à San Ambrogio
62 LE MUSÉE BELGE.
de Milan, où, grâce à la protection éclairée de Timpératrice Mari^^—
Thérèse, il put instituer une imprimerie. En 1783, il y fonda une écal^
de diplomatique pour Tétude des archives du monastère et rendit:
accessible aux travailleurs la bibliothèque de San Ambrogio, pour y
étudier pendant les jours de fermeture des bibliothèques Brera et
Ambrosienne. Bientôt, il fut nommé abbé de Chiaravalle. Sa mo-
destie excessive, son humilité, son érudition, ses aptitudes à gou-
verner avec douceur l'appelèrent, en 1786, à la présidence de^
Cisterciens et à Tabbatiat de San Ambrogio. Malgré l'activité que
réclamaient les soins économiques et disciplinaires de quinze mona—
stères et Texercice des droits féodaux du monastère milanais, qui
groupait trois fiefs comme monastère impérial, Don Angelo trouva
encore moyen de s'occuper de ses études favorites, sans nuire aucu-
nement à ses devoirs monastiques.
En 1796, âgé de soixante-huit* ans, il se démit de ses charges, et
se retira dans la petite abbaye de Saint- Luc. Il en fut bientôt chassé
par les sécularisateurs de la République Cisalpine, dont Milan était
devenue la capitale, sous le contrôle de Napoléon Bonaparte. La
révolution le chassa aussi, en 1799, de San Ambrogio. Il se retira
probablement chez un de ses neveux, Camillo. Le gouvernement de la
République Italienne, qui avait remplacé la Cisalpine, ne laissa point
d'honorer ses travaux scientifiques, et, par décret du 17 août 1802,
rhumble Cistercien fut nommé membre de l'Institut national de
Bologne, fondé en 1797, et prit sa place marquée à côté d'un Volta
et d'un Monti. En 1804, le 23 janvier, le Ministre de l'intérieur
rendit une fois de plus hommage au savant Cistercien en lui deman -
dant officiellement son avis sur un travail de l'archiviste Michel
Daverio, intitulé Memoria sulla storia delV ex ducato di Milano, ouvrage
que Fumagalli apprécia avec sa courtoisie et sa modestie habituelles.
Atteint par une maladie inexorable, Angelo Fumagalli mourut peu
après , le 1 2 mars 1 804 . 5on ami Carlo Amoretti fit son éloge
funèbre à la séance du 10 juillet de l'Institut bolonais et à Toccasion
des fêtes célébrées à Milan lors du couronnement de l'empereur
Napoléon, on inaugura un monument dédié à la mémoire de
l'illustre Italien qui reposait dans la tombe.
Après avoir retracé la vie de cet émule de Mabillon, M. Barone
s'occupe de ses travaux, qui présentent en général une empreinte
de sobre érudition. Sans nous arrêter à ses traductions de classiques
grecs et à ses ouvrages d'hydrostatique — il avait étudié la physique
— signalons les corrections qu'il apporta à l'histoire médiévale de
Milan, comme elle était racontée par VArt de vcriûer les dates, sur la
demande du cardinal Dugnani, nonce près de la Cour de France.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 63
N'oublions pas non plus sa savante dissertation sur lorigine de
Tidolâtrie, sa traduction italienne d'un manuscrit du xiv« siècle,
contenant la liturgie ambrosienne, sa contribution à la Storia deîV arte
deir antichità (1764), etc. Mais ses œuvres paléographiques et diplo-
matiques sont les plus importantes.
L'ordre cistercien en Italie, possesseur de riches archives et de
diplômes d*un prix inestimable, se sentait surtout attiré vers la
diplomatique. Les moines de San Ambrogio, après la fondation de
l'imprimerie dans leur monastère, prirent Tinitiative de compiler un
traité de diplomatique italo-langobarde, et de cette entreprise sortit
une belle histoire de la guerre de Milan contre^Frédéric Barberousse,
qui fut pourvue d'ime introduction diplomatique écrite par Fuma-
galli et imprimée en 1778. L'œuvre du traité de diplomatique,
entravée quelque temps par une cabale suscitée contre Thistoire de
la lutte avec Frédéric Barberousse, fut partiellement reprise en 1792
par l'édition de deux volumes ^Antichità lattgohardiche milane^e^ suivis
de deux autres en 1793. Le traitéjrde diplomatique proprement dit,
auquel Fumagalli travaillait depuis longtemps, fut terminé en 1796,
lorsqu'il eut fixé sa demeure à l'abbaye de Saint-Luc, mais les évé-
nements politiques en empêchèrent l'impression jusqu'en 1802. Avec
la mort de Ludovico Antonio Muratori et de Scipion^^MafFei s'était
terminée en Italie la première période des études originales de
diplomatique. Le xviii« siècle vit l'influence des travaux étrangers,
surtout du Nouveau traité de diplomatique des Bénédictins de Saint-
Maur. Le Délie Istitutione dipiomatichtldi Attgelo Fumagalli, già abhatc
di S. Ambrogio e présidente dti Cisterciesi, vint -donc combler une lacune
regrettable. Après avoir décrit l'œuvre, M. Barone fait remarquer
que l'originalité de ce travail se trouve surtout dans les notices par-
ticulières sur la diplomatique italienne : la partie générale, compre-
nant aussi la paléographie, est moins originale. C'est aussi l'opinion
de Foucard, de Bresslau et de Giry. Après la publication de son
traité, Angelo Fumagalli voulut présenter au public un essai de
diplomatique pratique et se mit à recueillir d'anciens diplômes et
des chartes du viii« et du ix® siècle, tirés des archives de San
Ambrogio . De là sortit son Codice diplomatico santambfosiano , où
se remarque le plus strict scrupul à garder les solécismes et les
barbarismes, les fautes d'orthographe et le style barbare des vieux
documents.
Cette étude du professeur N. Barone, écrite con amore, révèle
une fois de plus l'historien consciencieux et le spécialiste de valeur
qui s'était montré dans ses notices antérieures sur l'histoire de la
diplomatique et de la paléographie en Italie. L'auteur ne s'est pas
64 LS MUSÉE BELGE.
contenté en efiet de puiser à la source ordinaire de toutes les notioes
sur Fumagalli, les mémoires de Carlo Amoretti, qui fut ami du
savant Cistercien pendant quelque trente ans, mais il s'est copieuse-
ment docimienté dans la ville d'origine de Fumagalli, à TAmbro-
sienne et aux archives de TEtat à Milan, grâce aux indications de
deux autres travailleurs bien connus, le D' Ratti et le D»" Colombo.
Le sympathique et savant chef de section de VArchivio di Stato de
Naples mérite la reconnaissance des historiens pour son excellent
mémoire sur Angelo Fumagalli, l'initiateur d'une science dont
M. Barone est lui-même un si digne pratiquant.
L. Van der Essen.
PARTIE BIBU06RAPHIQUB.
Antiquité classique.
48. — FlofUegium patristicum digessit vertit adnotavit 6. RauSOben.
Bonn, P. Hanstein, 1904- 1906. 6 fasc. ont paru.
Fasc. I. Monumenta aevi apostolici. 89 pp. 1904. 1 m. 30; cart. 1 m. 40.
Fasc. II. S. Jusiini Apologiae duae. 101 pp. 1904. 1 m. 5o; cart. 1 m. 70.
Fasc. III. Monumenta minora saeculi secundi. 106 pp. 1905. 1 m. 5o; cart.
1 m. 70.
Fasc, IV. TertuUiani iiber de praescrtptione haereticorum, 69 pp. 1906. 1 m.
cart. 1 m. 20.
Fasc. V. Vincentii Lerinensis Commonùoria. 71 pp. 1906. 1 m. 20; cart. 1 m. 40.
Fasc. VI. TertuUiani Apologetici recensio nova, M^ pp. i9'*6. 2 ni.
C'est une utile et belle entreprise à laquelle se dévoue
M. Gérard Rauschen, professeur à la Faculté de théologie catho-
lique de r Université de Bonn, encouragé par son Eminence le car-
dinal Fischer : composer un florilège des écrits patrologiques à
Tusage des étudiants en théologie et des ecclésiastiques, et pouvant
servir à tous ceux qui s'intéressent à Thistoire primitive du christia-
nisme. Les philologues eux-mêmes, généralement trop peu versés
dans cette littérature, accueilleront ce florilège avec reconnaissance,
car M. Rauschen s attache à présenter un texte critique, parfois
spécialement revu et collationné sur les manuscrits, et à expliquer
les difficultés par une commentaire perpétuel, aussi exact que concis.
Sa publication, commencée en 1904, avance rapidement comme on
voit, car en trois ans six fascicules ont paru. Nous ne pouvons qu'in-
diquer brièvement le contenu des cinq premiers, pour nous arrêter au
sixième.
Le premier fascicule donne un choix des Pères apostoliques (texte
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 65
grec et traduction latine), la Doctrine des douze Apôtres (Aibaxi'i^
l'épître de S. Ignace aux Romains, le martyre de S. Polycarpe, des
extraits de la lettre à Diognète, de Papias et du Pasteur d'Hermas.
Le fascicule deux contient les deux Apologies de S. Justin, texte
grec et traduction latine. Dans le troisième, nous trouvons le frag-
ment de Muratori, les Logia Jesu, le fragment récemment retrouvé
de l'Evangile de S. Pierre, l'inscription d'Abercius, les actes du
martyre de S. Apollonius (en grec) et quelques autres actes du
!!• siècle. Ces textes sont précédés d'une introduction en latin. Le
quatrième fascicule donne une recension nouvelle d un célèbre écrit
dogmatique de Tertullien : De la prescription contre les hérétiques,
suivi de deux chapitres de S. I renée, Adversus haereses (III, 3-4). Enfin
le fascicule V« contient les Commonitoria de S. Vincent de Lérins
<texte collationné sur les quatre mss connus).
La nouvelle édition de l'Apologétique de Tertullien (fascicule VI)
sera la très bien venue. Depuis de longues années, nous attendons
la recension promise par le Corpus sctiptorum eccîesiasticorum latittorum
de Vienne, mais Reifferscheid est mort et ses successeurs, MM. Kroy-
mann et Wissowa, ne sont pas encore parvenus jusqu'à l'Apologétique.
L'édition Oehler est tout à fait insuffisante; la collation des mss.
faite par Oehler est incomplète et défectueuse. M. Rauschen a
vraiment renouvelé le texte de l'Apologétique d'après trois manuscrits.
Il a collationné lui-même un des meilleurs, le Parisinus i623, du
x* siècle, ainsi que le Moniispessuîanus du xi« siècle. Il a étudié avec
soin les variantes du Codex Fuldensis (perdu) que Franciscus Junius
nous a conservées dans l'appendice de son édition de 1597 et il est
arrivé à des conclusions un peu dififérentes de celles de M. Callewaert
qui a eu récemment le mérite de démontrer l'excellence du Codex
Fuldensis (i) : comme M. Callewaert. il regarde ce mss. comme supé-
rieur à tous les autres, mais il n'admet pas qu'il ait été exempt de
corrections intentionnelles. Il a donc fallu faire un choix parmi les
variantes conservées, et, pour nous permettre de juger, M. Rauschen
indique en note la leçon du Codex Fuldensis chaque fois qu'il ne l'admet
pas dans le texte.
De ces collations et de ces études est sorti un texte de TApolo-
gétique absolument différent de celui que nous avions jusqu'ici. Que
de difficultés ont disparu! Que de passages obscurs sont devenus clairs !
Je n'hésite pas à déclarer que le texte de M. Rauschen est presque
toujours supérieur à celui d'Oehler, à ceux des anciennes éditions, et
c'est un grand service que le nouvel éditeur nous a rendu (2).
(i) Revue d'hist. et de lltt, religieuses^ 1902, p. 322-353.
(2) 0.1 peut se demander s'il ne fallait pas plus souvent encore suivre le Codex
66 LE MUSÉE BELGE.
Son introduction (p. ig) nous apprend le nécessaire sur le sujet
et la date de l'Apologétique, sur les manuscrits, sur les éditions et les
travaux modernes. Le commentaire est destiné à des théologiens
plutôt qu'à des philologues, ce qui ne veut pas dire qu'il esquive les
particularités grammaticales, mais qu'il les explique le plus briève-
ment possible, sans y insister. Il fait de même pour les mots que
Tertullien emploie dans un sens nouveau : un synonyme mis au bas
de la page suffit pour éclairer le lecteur (par ex. rétro =^ antea; iniuria =
damno.
En résumé, l'Apologétique de M. Rauschen ne répond pas
seulement à son but ; elle est plus qu'une édition facile à lire : c'est
une recension nouvelle. J. P. Waltzing.
49. — G. B. Cottino, Laflessione dei nomi greci in Virgilio. Turin,
Casanova, 1906. 2 fr.
Il existait, à l'époque de Virgile, deux écoles poétiques : Técole
moderne et l'école ancienne. L'une se prévalait des poètes conteni-
porains de Catulle que Cicéron avait dédaigneusement baptisés de
a modernes » (poetae novi) ou de a rabâcheurs de l'Alexandrin Eupho-
rion » (cantores Euphortonis), Laissant de côté les grands poèmes,
l'épopée et le drame, ils s'ingéniaient à ciseler avec un art raffiné de
petites pièces à l'imitation des Alexandrins. L'autre école prenait
pour modèles les anciens, Ennius surtout, le père et créateur de la
langue poétique des Latins. A certain point de vue, on peut qualifier
l'une d'école nationale et d'autre d'école grecque. Il arrivait à celle-ci,
comme dit Cicéron, de parler grec en latin (graece loqui in latino ser-
monây Tusc, I, i5), et, spécialement, elle déclinait les noms grecs
d'après la déclinaison grecque, tandis que les puristes de l'ancienne
école préféraient latiniser les mots grecs en leur donnant droit de
cité. Quintilien fait encore cette observation (I, 5, 58) : a Consultez
un grammairien partisan de l'antiquité : il dira qu'on ne doit rien
changera la déclinaison latine... Les grammairiens modernes ont
établi en principe de donner aux noms grecs les déclinaisons grecques,
ce qui pourtant n'est pas toujours possible. Quant à moi, j'aime
mieux qu'on adopte la déclinaison latine, tant qu elle n'a rien de
choquant. »
A laquelle de ces deux écoles appartenait Virgile? Voilà l'intéres-
Fuldensis. Ainsi au chap. 2, 1, il porte ; cum debet^ au lieu de cum deberet, ei l'on
sait que Tertullien met l'Indicatif avec cum causal (H. Hoppe, Syntax des Tertul-
liarit p. 80). Chap. 2, 5 : de falso^ au lieu de cwm /a/50, pour dire c faussement». On
compare cum falso à cumjîde; on peut comparer defalso à ex fide qui se trouve au
même chap., § 17.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 67
santé question d'histoire littéraire que M. Cottino étudie. Il a paru,
en 1903, un travail sur ce sujet : Sniehotta, De vocum graecarum apud
^œtas laiinos daciylicos ab Enni usque ad Ovidi tempora usu (Breslauer
philol. Abh., IX, 2). Des erreurs de méthode font tort à cette disser-
tation d'ailleurs consciencieuse. Il y a, en effet, une difficulté très
grande à établir la forme que Virgile a donnée aux noms grecs, car
là, plus qu'ailleurs, il y a divergence entre les différents mss, et aux
mss viennent se joindre les commentateurs et les grammairiens qui
•citent des vers de Virgile. M. Sniehotta donne souvent la préférence
à un ms. isolé ou à un grammairien. M. Cottino a mis un soin parti-
culier à établir la forme des mots dans chaque passage.
Dans la première partie de son travail, il dresse la liste des mots
grecs qu on rencontre dans Virgile, les classant par déclinaisons et
par cas; dans la deuxième, il examine et discute les formes que
Virgile préfère. Et quelles sont ses conclusions?
C'est que Virgile ne peut être rangé ni parmi les anciens ni parmi
les modernes, mais qu'il a une tendance à suivre les modernes. Il
préfère ordinairement la forme grecque. Cette forme s'impose parfois
pour des raisons de métrique ; il est aussi des cas où Ton ne peut
décider si Ton a affaire à la forme grecque ou à la forme latine, la
quantité étant indécise, à la fin du vers, par exemple (Menaîca^
vocatif). Mais ces cas étant mis à part, il résulte de l'étude de
M. Cottino que, si Virgile subit l'influence de l'école grecque, il est
loin de s'y soumettre toujours. Ce n'était pas un moderne intransi-
geant, ni même résolu, et cela est conforme à son caractère. Dans
cette question spéciale, comme dans son Enéide, au dire de Sénèque,
€ il voulait plaire aux nombreux partisans d'Ennius, en donnant un
air d'antiquité à des poésies nouvelles », ut Ennianus populus adgnos-
zerei in novo carminé aliquid antiquitatis (Gell., XII, 2, 10). J. P. W.
5o. — Robert StadthauS, De prologis fahularum Plautinarum,
Progr. Friedeberg Nm, Eisermann. 1906. 19 pp. in-4°.
C^est la première partie d'une étude sur les prologues de Plaute.
L'auteur commence par une courte introduction qu'on pourrait
intituler l'évolution du prologue, où il caractérise le prologue avant
JEuripide, chez Euripide, et dans la comédie nouvelle, d'où il a
passé à la comédie latine. Le but essentiel du prologue de la
<x>médie est d'indiquer le sujet de la pièce ; cette définition servira
plus tard de critérium dans l'examen particulier de chaque prologue.
L'auteur examine ensuite quelques indices qui permettent de vérifier
l'authenticité des prologues : laissant de côté la métrique et la langue,
il discute la question de savoir si la mention du nom du poète suffit
68 LB MUSÉE BELGE.
à faire rejeter l'authenticité du prologue, en comparant Tusage do
Térence, dont il analyse le prologue de VHeautonHmorumenos^ et il
conclut par la négative. Quant à certaines indications du nom du
poète grec, de celui du poète latin, du titre des pièces, faites à la
manière des didascalies, il les rejette comme introduites lors d'uno
reprise au ii* siècle avant notre ère. Il conclut aussi de l'examen de
ces diverses indications qu'elles n'étaient pas le but du prologue
chez Plaute.
Après ces généralités, l'auteur annonce qu'il étudiera successive-
ment les prologues débités par un personnage de la pièce, par une
divinité créée expressément dans ce but, par un o prologue spécial »
et enfin les pièces qui n'ont pas de prologue. Il examine ensuite les
prologues de V Amphitryon et du Metcator en s'appuyant sur les prin-
cipes posés dans l'introduction et en usant d'un conservatisme assez
large dans sa critique. Telle est cette première partie de l'étude de
M. Stadthaus. que nous croyons conduite d'une main sûre et dont
les qualités nous font vivement désirer la suite. A. Delatte.
5i. — Samuel B. Platner, The topography and monuments of Ancient
Rome. Boston, Allyn et Bacon, 1904. Un vol. in-8 de xiv-5i4 p.;
89 gravures, 9 cartes et plans; i5 fr.
Ce manuel fait partie d'une nouvelle collection d'ouvrages classiques
éditée par la librairie Allyn et Bacon de Boston et publiée sous la
direction de M. John C. Rolfe, professeur à l'Université de Pennsyl-
vanie. Il est principalement destiné aux étudiants en philologie latine
et doit leur faciliter une première orientation dans l'examen des
questions relatives à la topographie de Rome ; c'est à leur intention
que l'auteur à multiplié au bas des pages, à côté de nombreuses
références bibliographiques, les renvois aux sources anciennes,
auteurs et inscriptions.
Les trois premiers chapitres de l'ouvrage peuvent être considérés
comme formant une introduction générale ; ils traitent respectivement
des sources du sujet, de la topographie de la campagne- romaine, de
la nature des matériaux de construction employés par les architectes
romains, des procédés qu'ils ont adoptés dans Tart de bâtir, et
enfin des accroissements successifs de la ville.
La topographie de chacune des régions est exposée dans un cha-
pitre spécial ; l'emplacement des monuments y est discuté et précisé
avec soin et les plus importants d'entre eux sont l'objet d'une des-
cription détaillée. Le chapitre consacré au Forum est de loin le plus
étendu (pp. 164-258); il révèle chez l'auteur une parfaite connais-
sance des résultats des fouilles les plus récentes et des controverses
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 69
ardentes qu'elles ont suscitées (i). Ici, comme dans tout son ouvrage
d'ailleurs, la méthode qu'il a suivie mérite une entière approbation ;
il expose impartialement les hypothèses divergentes, fait ressortir les
points sur lesquels l'accord s'est établi et signale ceux qui restent
encore obscurs; s'il lui arrive de prendre position dans le débat, il ne
manque pas d'alléguer les raisons qui ont déterminé son attitude.
Au reste, M. Platner n'a pas eu la prétention de composer une
œuvre absolument complète et originale; il ne fait pas difficulté d'en
avouer les lacunes et de reconnaître tout ce qu'elle doit aux travaux
de ses nombreux devanciers, dont il s*est contenté le plus souvent de
contrôler, de résumer et de coordonner les résultats. Sa dette est
particulièrement considérable envers la Topographie det Stadt Rom
de Richter, dont il a emprunté la disposition des matières et les
conclusions principales. C'est donc une compilation ; mais il faut
proclamer qu'elle a été faite de main de maître. A la simple lecture,
on s'aperçoit vite que l'auteur est un archéologue de valeur, qu'il a
mis à profit ses longs séjours dans la ville éternelle pour s'y consacrer
à l'étude des monuments antiques, et qu'il a patiemment dépouillé
l'énorme littérature du sujet. Il n'est certes pas téméraire de prédire
que la simplicité du plan adopté, la clarté et l'agrément de l'exposé,
la rigueur impeccable de la méthode, le choix et l'exécution soignée
des gravures ouvriront au manuel de M . Platner l'accès d'un cercle
de lecteurs beaucoup plus étendu que celui qu'il a eu principalement
en vue d'intéresser et de guider. En dépit d'un certain nombre de
menues erreurs et d'inexactitudes de détail , presque inévitables dans
un travail d'un telle envergure (2), il sera souvent consulté par
tous ceux — historiens, philologues ou simples curieux — qui
n'auraient pas le loisir ou le moyen de recourir à des traités plus
étendus, et qui voudraient se renseigner d'une façon sûre et rapide
sur une question obscure ou controversée de topographie romaine.
Peut-être même, plus d'un touriste yankée songera-t-il à lui ménager
dans sa valise une petite place à côté de l'indispensable Baedeker,
dont il sera un complément hautement apprécié. Léon Halkin.
52. — R. CSagnat, Les Bibliothèques Municipales dans V Empire Romain,
Paris, Klinksieck, 1906. 3o pp. in 4. 2 f. 10 (Extrait des Mémoires
de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Tome XXXVIII).
On connaissait depuis longtemps l'existence de bibliothèques
municipales dans l'empire romain, mais ce que l'on ignorait jusqu'à
(1) Je m'étonne seulement que M. Platner n*ait pas jugé digne d'une mention le
magistral ouvrage de M. l'abbé Thédenat, Le Forum romain^ dont une 3« édition a
été publiée en 1Q04.
(ai Cf. The americ, journal o/philol,, l. XXVI, p. 21 3, et The classical review,
t. XIX, p. 232.
70 LE MUSÉE BELGE.
présent, c'est le plan de constructions de ce genre et les détails
d'aménagement, soit de la salle de lecture, soit du dépôt de livres.
De récentes découvertes ont permis de combler cette lacune.
M. Cagnat commence par dresser la liste des 23 bibliothèques
municipales connues, en y ajoutant le nom des bienfaiteurs et des
fondateurs. Les textes prouvent, en effet, que les bibliothèques étaient
souvent dues à la libéralité des particuliers et aussi que la plupart
étaient établies dans les dépendances de temples. Quant aux prix
qu'elles coûtent, la plus chère est celle de Côme, qui coûta à Pline le
Jeune un million de sesterces (25o ooo fr.); pour celle de Dyrrachium,
qui est la plus simple, on dépensa 170.000 sesterces.
Ensuite M. Cagnat prend trois bibliothèques et les étudie séparé-
ment, avec beaucoup de soin. Il nous donne, avec plan à lappui, force
détails sur la disposition intérieure et extérieure de la bibliothèque
d'Ephèse, retrouvée par l'Institut archéologique autrichien. De là,
il passe à celle de Timgad, découverte en 1901, et parvient à la
reconstituer entièrement, tout en faisant remarquer ce qui la diffé-
rencie de celle d'Ephèse. En troisième lieu, il étudie une construction
<ie Pompéi, dont on ignorait la destination, et, en la comparant avec
les bibliothèques d'Ephèse et de Timgad, il réussit à établir que
c'était non un laraire public mais une bibliothèque.
M. Cagnat termine son travail par la description des deux parties
-essentielles qui constituaient une bibliothèque municipale : la salle
de lecture et le dépôt de livres On n'a pas de données précises sur
les bibliothécaires et Ton ne peut faire, à leur sujet que des conjec-
tures : c'étaient probablement des esclaves et des affranchis de la ville,
suivant une hypothèse déjà émise par M. L. Halkin dans ses
Esclaves publics chez les Romains, p. 178. Deux superbes planches
reproduisent les ruines des bibliothèques d'Ephèse et de Timgad.
F. Hakin.
53. — H. Schindler, Prœparationen zu den InsHtutiones Justiniani.
Buch I, II. Leipzig, Hirschfeld, igo5. i m. 5o et 2 m. 80.
M. Schindler présente au public, en deux fascicules, le texte et la
traduction des deux premiers livres des Insti tûtes de Justinien,
accompagné de notes explicatives.
L'utilité de pareille entreprise ne peut être envisagée que du
point de vue de l'organisation de l'enseignement en Allemagne et
M. Schindler s'en explique dans sa préface.
Le travail est établi avec soin, la traduction est claire, les notes
sont, en général, concises et exactes.
Qu'il me soit permis cependant de signaler certaines erreurs.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 71
certaines fautes de distraction, que l'auteur pourra aisément corriger
dans une édition ultérieure.
Voici quelques exemples tirés du premier livre : Titre VI. § 7
après septimum, le mot decimum est tombé. — Titre VIII, note initiale :
l'auteur dit que ce titre s'occupe de la patria poUstas^ alors qu'il n'y est
question que de la dominica potestas. — Titre XI, § 7, note 35 : Le
motif de la nécessité du consentement du âls n'est pas que le petit-
fils deviendrait co- héritier, mais bien suus hères de ce fils môme. — Au
même titre, § 10, note 42, Jîlio pour ftliae. La puissance maritale a
disparu du droit de Justinien. Au surplus, la femme peut être sui
juris, — Titre XV, § 2 et note 6, la traduction de ab intestato en
vom Reckiswegen est très libre. — Titre XXII, § 2, note 9, l'effet de la
condicio pourrait être défini plus heureusement. — Titre XXIII, § 6,
note 19, pactorem pour actorem, — Titre XXIV, § 2. note 26 : Ce n'est
que contre le magistral inférieur que se donne l'action subsidiaire,
notamment contre celui qui doit veiller à ce que le tuteur fournisse
une caution, et une caution solvable. J. Willems.
54. — JOS. Bach, Homers Ilias und Odyssée fiir den Schuîgebrauch in
verkurzUr For m bearhettet von D^ J, Bach. I. Text. II. Kommentar.
III. Prâparationen zu Homers Odyssée IV. Homerische Gram-
matik. Aschendorff, Munster in W., 1 900-1906. 2 m. 5o, 2 m. 20,
I m. 40,1 m.
Nous croyons rendre service à nos lecteurs en leur signalant la
belle collection des classiques édités par la maison Aschendorff de
Munster (Aschtndorffs Sammlung lateinischer und griechischer Klassiker).
Homère y comprend six volumes, publiés par J. Bach. En voici un
rapide aperçu.
Les deux premiers volumes nous donnent le texte abrégé de l'Iliade
et de l'Odyssée. Le but de cette édition abrégée est de faire lire dans
les classes les principaux passages des deux épopées de façon à don-
ner aux élèves une vue d'ensemble sur l'œuvre homérique.
L'auteur s'est inspiré des idées de Scotland (Die Odyssée in der Schule.
Strassburg 1888-1897), il a justifié son système dans ses préfaces et
dans un article assez étendu auquel nous renvoyons (dans la revue
Gymnasium, 1895, nP 3 et 4).
Chacun de ces deux volumes comprend, outre le texte, une intro-
duction très substantielle sur Homère et ses épopées, un index des
noms propres et un répertoire très utile pour l'étude des realia
homériques.
Dans ses commentaires, M. J. Bach a voulu faire gagner du temps
aux élèves en leur épargnant des recherches fastidieuses dans de gros
72 LE MUSÉE BELGE.
dictionnaires, surtout au commencement. Les explications du i*»" livre
sont presque exclusivement des explications de mots; ces mêmes
explications deviennent graduellement moins nombreuses dans les
commentaires des autres livres.
C'est ce but que l'éditeur s'est également proposé en donnant ses
deux petits volumes de Préparations à TOdyssée. En étudiant ces
pages, rélève acquiert bientôt un vocabulaire assez riche pour entre-
prendre à la lecture cursive d'Homère.
L'explication des mots est basée autant que possible sur Tétymo-
logie; quant à l'explication des formes, l'auteur renvoie le plus souvent
possible à sa Grammaire homérique, Jean Gessler
Langues et Littératures romanes.
55. — Paul Bonnefon. Portraits et Récits extraits des prosateurs
français du XVI' siècle, Paris, Colin, 1906. i vol. in- 18, 2 f. 5o.
Dans deux autres ouvrages. M. Bonnefon a dépeint les xvii« et
xviii« siècles. Aujourd'hui il remonte au xvi«. Les trois recueils sont
conçus dans le même esprit : évoquer la société passée en s'adressant
aux écrivains de ces époques et en donner ainsi une vision précise.
De cette façon, il a recueilli des scènes vivantes, des manifestations
directes de l'activité et des mœurs d'alors. Et comme le xvi* siècle est
beaucoup plus riche qu'on ne le croit généralement, en héroïsmes, en
actions vigoureuses et en faits expressifs, la difficulté n'était pas de
trouver des épisodes intéressants et bien contés; c'était plutôt de
distinguer parmi tous ces traits de caractère individuel, ceux qui
marquent le mieux l'aspect général des goûts et des passions du
temps. Le choix une fois fait, quelques lignes exphcatives situent
chaque extrait pour en faciliter la compréhension. L'auteur a sup-
primé tout commentaire et n'a ajouté que de rares notes. Peut-être
a-t-il voulu laisser ce travail à l'initiative du maître ; mais la critique
ne lui en fera t-elle pas un reproche?
Comme son but a été, nous l'avons dit, de ressusciter la société du
xvi« siècle avec sa mentalité ordinaire, ses tendances et ses aspira-
tions coutumières, et non de présenter un tableau général de la litté-
rature à cette époque, il s'ensuit que beaucoup de grands noms y
manquent. D'autre part, pour ne point dérouter ou fatiguer les jeunes
intelligences par une graphie ancienne, il a presque toujours adopté
l'orthographe moderne. Les récits n'en conservent pas moins ce
pittoresque et cette saveur particuliers au style primitif.
Quant au fond, impossible de le résumer. C'est le Loyal Serviteur
qui raconte la mort de Bayart, le chevalier sans peur et sans reproche;
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
c'est Fleuranges, le jeune aventureux, comme il s'appelle lui-même^
qui détaille la fameuse entrevue du drap d*or entre François I et
Henri VIII d'Angleterre; c'est le Journal d'un bourgeois de Paris
qui retrace la vie de cette cité depuis les menus détails de son exis-
tence journalière jusqu'à Témotion qui la saisit après le désastre de
Pavie et la captivité du roi ; c'est Brantôme qui rapporte les plaisan-
teries, souvent excessives, de Bousquet, fou du roi, et d'un Maréchal
de France ; c'est Henri Estienne qui parle des modes italiennes en
France ; Ambroise Paré, de ses premières cures et Bernard Palissy
de ses premiers travaux, etc., etc.
Le tout, tiré des mémoires, des chroniques, des récits du xvi« siècle.
N'est-ce pas suffisant pour assurer le succès du livre ?
J. Fleuriaux.
56. — F. Klincksieck. Chrâstomatkie de la littérature française au
XVII* siècle. Leipzig, Gebhardt et Wilisch, 1906. Relié, 4 m.
Après une chrestomathie de la littérature française au xix* siècle,
en voici une du grand siècle. Dans la préface, écrite en allemand,
M. Klincksieck nous dit qu'il n'y a pas en Allemagne de recueil
consacré exclusivement au xvii" siècle. Aussi compte -t- il être utile
aux étudiants et aux amis des lettres françaises de son pays.
Il ne s'est naturellement pas borné aux écrivains de tout premier
ordre ; il a réservé une place à ceux qui, sans appartenir à la litté-
rature mondiale, ont cependant leur valeur dans l'ensemble du
tableau.
De même* que, dans son recueil du xix« siècle, il avait laissé de
côté la partie dramatique, ainsi fait-il aujourd'hui pour Corneille,
Molière et Racine, dont les œuvres sont dans toutes les mains.
Quant au texte, il s'est surtout inspiré de l'édition des Grands
Ecrivains de France, dont il a également suivi l'orthographe. Enfin,
comme sources critiques, il signale particulièrement l'Allemand Kôr-
ting et les Français Morillot et Lanson.
Si nous ajoutons que dans les extraits des romans, l'auteur a intro-
duit, d'après un exemplaire de la Bibliothèque nationale de Paris,
une carte coloriée de Tendre pour l'illustration du fameux roman Clèlie
de M^*« de Scudéry, nous aurons suffisamment caractérisé l'économie
du livre.
Pour être plus complet, citons quelques représentants des genres
littéraires : comme romanciers, d'Urfé, Madeleine de Scudéry,
Scarron, Furetière, Mad. de la Fayette ; comme orateurs, Bossuet,
Bourdaloue, Fléchier et Massillon ; comme penseurs et moralistes,
Dascanes, Pascal, La Rochefoucauld, La Bruyère, Saint-Simon ;
74 l'S MUSÉE BELGE.
comme poètes, Régnier, Malherbe, Voiture. La Fontaine, Boil^^a^^x 7
comme épistoliers Mad. de Sévigné et Mad. de Maintenon. Yc:^xl^ â,
peu près la liste des noms et une façon assez juste de les cla^?^ï^5X" i
et ces noms suffisent pour peindre un siècle, de même que I^xjli'S
œuvres suffisent à le comprendre et à le connaître.
Quelques remarques. L'élégie de Malherbe à Du Perier est entiè-
rement reproduite dans le recueil de M. Klincksieck. Est-ce un h>i^n,
est-ce un mal? En France, la plupart des éditeurs suppriment un gr^nci
nombre de strophes, d'ailleurs faibles. Ensuite nous regrettons vi^v^^—
ment pour les étudiants l'absence de toute notice biographique ^n.
tête des extraits et la rareté des explications ou notes au cours ci^s
morceaux, soit sur l'ouvrage d'où ceux-ci sont extraits soit sur lo
personnage dont il y est question.
Disons, pour finir, que l'exécution matérielle est irréprochablo »
beau papier^ belle impression, belle reliure en toile.
J. Fleuriaux.
Langues et Littératures germaniques.
57. — Th. COOpman en Jan Broeckaert, Bibliographie van den
Vlaamschen Taaîsirijd, III Deel. i853-i86o. Gent, Siffer, 1906.
35o p. 3 fr. 5o.
Le troisième volume de cette Bibliographie de la lutte pour
la langue flamande, qui vient de paraître, contient tout ce qui a été
publié de i853 à 1860 (n^s 1925-2935) et le contenu en est au moins
aussi important que celui des volumes précédents. A mesure que les
auteurs avancent dans leur travail de bénédictin, leur œuvre présente
plus d'intérêt, parce que le mouvement flamand se développe de plus
en plus et que les événements se compliquent. C'est ainsi que dans
ce troisième volume nous trouvons des renseignements aussi inté-
ressants que complets sur la polémique suscitée à l'occasion de la
brochure de Le Masson, Les limites de la France et de l'écrit anonyme
de La Belgique et le mariage autrichun, deux publications dont le
but était de prouver que la Belgique devait être absorbée par la
France. Signalons encore les discussions de la Chambre en 1857 au
sujet du notariat et de la nécessité pour les notaires de fournir la
preuve qu'ils connaissent la langue de la région où ils peuvent
instrumenter ; puis le discours de H. Hymans à la Société d'Émula-
tion de Liège, l'activité du Comité central flamand àe Bruxelles. Mais
ce qui domine toutes les autres questions c'est la bibliographie rela-
tive à la Commission Flamande instituée par arrêté royal du 27 juin
i856 (no 2248) et le célèbre rapport déposé par celle ci. Les auteurs,
signalent l'édition de Verbruggen de Bruxelles (n*» 2656-2657); seu-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. jS
lement ils oublient de noter que le texte officiel est celui publié dans
le Recueil des pièces imprimées par ardre de la Chambre des Représentants
(Session i858- iSSg. I n® 42). Il en est de même pour les observations
du gouvernement signées par Rogier (Recueil III, n** i23) et où se
trouve le célèbre rapport du procureur général Leclercq. La traduc-
tion française du Recueil diffère en plusieurs points de celle publiée
par Verbruggen. Celui-ci publia aussi tous les discours prononcés^
au Banquet du 25 avril iSSç offert aux membres de la Commission
(Beschrijf van de heiooning en het banket van den 25 april i85ç.,.), brochure
qui complète heureusement Tarticle signalé au n^ 2717. Mentionnons
en£n le n'' 2746, qui reproduit la célèbre cantate satirique composée
par Em. Moyson à l'occasion de l'inauguration de la Colonne du
Congrès. Nous avons insisté antérieurement sur les grands mérites
scientifiques de l'ouvrage ; nous ne pouvons que souhaiter que les
volumes subséquents ne se fassent pas trop attendre, afin d'obtenir
bientôt les tables qui faciliteront les recherches.
Adolf De Ceuleneer.
58. — S. Singer, Heinrichs von Neustadt Apollonius von Tyrland
nach der Gothaer Handschrift, und Gottes Zukunft und Visio Pkili-
herti nach der Heidelberger Handschrift herausgegeben. Berlin,
Weidmann, 1906. 534 pp. g»" in 8. i5 m. (Deutsche Texte des
Mittelalters hrsg. von der kgl. pr. Akad. der Wiss. Bd. VII).
Voici la première édition complète des œuvres de Heinrich von
Neustadt, un médecin poète viennois du xiv" siècle. Son œuvre
principale « Apollonius von Tyrland » qui comprend exactement
20898 vers, est un roman d'aventures d'origine grecque, déjà connu
au ix« siècle dans une traduction latine, au Xi« dans une version
anglo-saxonne et au xii« en texte allemand, d'après ce que rapporte
Lambrecht dans son poème sur Alexandre. Le vaste poème, rempli
de récits merveilleux orientaux, n'avait été publié jusqu ici que
par fragments. Les quatre manuscrits de ce poème sont, à ce
que l'éditeur dit dans la préface, tous très fautifs ; il a choisi celui de
Gotha y parce qu'il est le plus complet.
Plus intéressante que cette œuvre, qui ne se distingue en rien des
poèmes similaires, est le poème allégorique et mystique Gottes
Zukunft. La source de cette œuvre est VAnticlaudianus d'Alanus
ab Insulis. Une plus grande variété y règne par le mélange de la
poésie lyrique avec la poésie épique. Mais le grand intérêt consiste
dans la peinture détaillée des mœurs de l'époque et particulièrement
de* la vie dissolue dans la ville natale de l'auteur ; il intimide ses
lecteurs par le jugement dernier et ne recule devant aucun réalisme
d'expression et de couleur pour les amener à contrition.
76 LE MUSÉE BELGE.
Le troisième poème, beaucoup plus court, que M. Singer attribiue
à Heinrich von Neustadt, contrairement à l'opinion de M. Khull, est
un dialogue, aussi très intéressant, entre Tâme et le corps, et qui traite
Téternel sujet de la lutte entre l'esprit et la chair.
L'intérêt principal de ce volume réside dans la publication de deiiic
des œiwres les plus sérieuses de la poésie didactique du moyen-âge,
que nous connaissons beaucoup .moins que la littérature épique et
lyrique et qui offre encore un vaste champ aux travailleurs.
Le volume est illustré par des planches photot)rpiques, repro-
duisant deux pages et deux illustrations des manuscrits.
H. BiSCHOFP.
59. — Moriz Heyne. Deutsches WœrUrbuch. 2^ Auflage. II«- und
III*«" Band. Leipzig, S. Hirzel, 1906. i238 et 1464 pp. g<* in-8.
10 m. par vol.
Le professeur Heyne, de l'université de Goettingue, a pu achever
avant sa mort, survenue le 2 mars de cette année, le manuscrit de la
seconde édition de son dictionnaire allemand. Celui-ci a paru complet
à la date annoncée par l'éditeur, c'est à dire en automne 1906. Toute
l'activité scientifique du professeur Heyne, comme éditeur critique et
traducteur de poèmes anciens et moyen haut-allemands, ses grands
travaux sur la civiUsation primitive allemande et enfin sa collaboration,
plus active que n'importe quelle autre, au grand dictionnaire de
Grimm, désignaient l'auteur pour la tâche qu'il a pu mener à bonne
fin, l'ime des plus utiles au point de vue scientifique, comme au point
de vue pratique. Cette tâche était de composer un dictionnaire alle-
mand pour l'usage courant tant du monde savant et des spécialistes
<iue du grand public, intermédiaire entre l'encyclopédie trop vaste et
l'in-folio trop concis, instrument indispensable du philologue autant
que livre de famille, tel que le rêvaient les frères Grimm.
J'ai rendu compte ici (t. X, p. 355-56). du premier volume de cet
ouvrage. Le second comprend les lettres H à Q, le troisième les
lettres R à Z. Le dernier volume débute par une indication des
sources, donnant d'abord la liste des documents littéraires consultés
et ensuite celle des dictionnaires, revues et encyclopédies techniques ;
cette liste, qui constitue une bibliographie précieuse, ne comprend
pas moins de 26 pages.
11 n'y a pas d'ouvrage plus indispensable aux bibliothèques de
nos établissements d'instruction, dans lesquelles on enseigne l'alle-
mand, que le dictionnaire de Heyne et il ne devrait manquer dans la
bibliothèque privée d'aucun professeur d'allemand. H. Bischoff,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. ']^
60. — O, Schrader, SprachvergUichung und Urgeschichte, Linguis-
tisch-historische Beitràge zur Erforschung des indo-germanischen
Altertums. Dritte neubearbeitet Auilage. I.Teil : Zur Geschichte und
Méthode der littguistisck- htstorischen Forsckung, Jena, H. Costenoble,
1906. 8 m.
En i883 a paru la première édition de cet ouvrage de M. Schrader :
Comparaison des langues et histoire primitive. En 1890, une seconde
édition, très augmentée et entièrement remaniée, a vu le jour.
Le but principal de Tauteur est, au fond, le même que poursuivit
Ad. Pictet, le fondateur de la a paléontologie linguistique » qui
voulait, au moyen de la comparaison linguistique, nous faire
connaître les origines indo-européennes, nous exposer la situation
géographique, les relations ethnographiques, la civilisation maté-
rielle, la vie sociale, intellectuelle, religieuse et morale des Aryens
primitifs, c'est-à-dire des Aryens à l'époque où ces ancêtres des
peuples indo européens formaient encore un groupe indivis. Mais
quelle différence entre l'entreprise des deux savants ! Pictet avait
commencé (i 859-1 863) une synthèse sur un plan très vaste, alors que
le travail d'analyse était loin d'être assez avancé. M. Schrader
a profité des progrès remarquables de la grammaire comparée, des
découvertes de l'anthropologie et de l'archéologie préhistorique.
Aussi bien, son livre est, d'un bout à l'autre, une réfutation du volu-
mineux ouvrage de son prédécesseur, et la conclusion à laquelle il
aboutit, totalement différente ; que le portrait qu'il trace des Aryens
primitifs ressemble peu à la peinture idéale qu'en avait faite Pictet I
La seconde édition du travail de M. Schrader, qui forme un
volume de près de 700 pages, était divisée en deux grandes parties :
la première, un exposé historique et critique des études entreprises
sur les origines indo-européennes, l'autre, les investigations person-
nelles du savant allemand, les faits et les résultats. Les quinze ans
qui se sont écoulés depuis ont été une période fertile en recherches
sur l'histoire primitive des peuples aryens ; nombreux sont les savants
qui ont attaqué l'une ou l'autre partie de ce problème complexe.
Pour ne pas devoir grossir démesurément la troisième édition de son
ouvrage, M. Schrader a résolu de le diviser en deux tomes; le
premier, — le seul que nous ayons reçu, et dont nous avons transcrit
le titre — correspond à la première partie de l'édition de 1890 et
constitue à lui seul un tout complet.
Nous y distinguons deux grandes divisions. La première est un
aperçu historique des études de paléontologie linguistique (pp. i -129) ;
nous y retrouvons les quatres chapitres de l'édition précédente, mais
revus et modifiés en maint endroit; le quatrième surtout a été
78 LE MUSÉE BELGE.
entièrement refondu. La seconde partie du volume est ime revue
critique de la méthode suivie dans ces recherches et des résultats
obtenus (pp. 131-232); elle a été encore plus remaniée que la
première, et coinprend dix chapitres (contre sept seulement en 1890).
Ces détails prouvent que M. Schrader est un savant consciencieux;
il est admirablement au courant des multiples travaux des dernières
années, il n'a épargné aucune peine pour en tracer un tableaa
raisonné, clair et complet. On ne saurait donc se fier à un meilleur
guide pour connaître l'état actuel de ces études si captivantes, qui
intéressent à la fois les linguistes, les philologues, les anthropologistes
et les historiens. C. Lecoutere.
Varia.
61. — Victor BrantS, La Faculté de droit de V Université de Louvain
à travers cinq siècles (1426-1906). Louvain, Ch. Peeters, 1906. i vol.
in- 12 de XIV- 216 p. 3 fr. 5o.
L'influence exercée par la Faculté de droit de Louvain sur les
destinées de la Belgique a été très active ; elle a formé les personna-
lités les plus considérables ; elle a imprégné la vie publique et la vie
privée, en modelant le droit, en pénétrant les intelligences.
M. Brants, notre éminent collègue, qui nous a déjà donné L'Uni-
versité de Louvain t coup d'œil sur son histoire et ses institutions^ Bruxelles,
1 900, a retracé ici , à grands traits, l'histoire et le caractère de cette
puissante institution à travers les cinq siècles à peine interrompus de
son existence.
On comprendra sans peine, comme l'auteur le fait du reste remar-
quer, pourquoi la part du texte n'est pas proportionnée à la durée
des périodes ; par l'action exercée, par la nature des études, la situa-
tion acquise, le xvi^ et surtout le xvii« siècle sont les plus intéres-
sants. La partie contemporaine présente aussi un intérêt très vif;
mais la difficulté, la délicatesse d'apprécier des hommes, des mé-
thodes, des enseignements qu'on a parfois côtoyés, dont les traditions
se perpétuent, abrègent la tâche par l'impossibilité même d'y fort
insister.
M. Brants n'a pas voulu faire une histoire du droit ou des sciences
politiques en Belgique. Il s'est placé au point de vue de la Faculté
de Louvain; son seul désir a été d'esquisser son action dans ce
domiine; il y a donc des juristes éminents qui échappent à son
étude ; il ne s'agit pas non plus d'étudier les théories ou les systèmes
en eux-mêmes, ce qui remplirait plusieurs volumes, mais de signaler
la part prise par Louvain dans le mouvement intellectuel.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 79
Inutile de dire qu'en historien consommé, M . Brants s'est parfai-
tement documenté.
Du xv« au XVIII® siècle, le droit romain est la base de renseigne-
ment. Sa vogue tient surtout à son caractère international. L'ensei-
gnement, les méthodes et la collation des grades, l'activité juridique
et scientifique, l'œuvre législative, l'édit perpétuel, les sciences mo-
rales et politiques, la politique au xvi« siècle, les auteurs du |xvii«,
les controverses politiques au xvii* siècle, l'économie politique, l'acti-
vité littéraire, ce sont là autant de chapitres extrêmement intéres-
sants et instructifs, qui se résument difficilement, tant ils sont riches
en faits.
Au XVII i« siècle, l'auteur note l'afifaiblissement relatif de l'Univer-
sité : c'est une période de luttes entre l'Université et le Joséphisme;
de i8i6-i83o, Louvain est le siège d'une université officielle; en
1834, l'Université catholique est fondée. A la différence des autres
Facultés, celle de droit se recrute dès l'abord tout entière en Belgique.
Une matière actuellement rattachée à cette Faculté, mais alors
inscrite à celle de philosophie, l'économie politique, fut seule con-
fiée à un étranger, le comte de Coux. Les Ernst, de Coux, Quirini,
Smolders défilent ici sous nos yeux; après eux, Delcour, Périn
et Thonissen. Quelque délicat que soit le sujet, l'auteur s'en tire
habilement. Après ces noms commence la génération actuelle, celle
des vivants, sauf ceux qu'une mort prématurée a enlevés , mais
qui ne peuvent encore, par leur place même dans les phases
du temps, relever de l'histoire qu'à titre individuel. Parmi ces
disparus, M. Brants salue Albert Nyssens, le premier titulaire du
Ministère du travail, et deux professeurs de la Faculté de philo-
sophie, mais qui se rattachent au Droit par la nature de leurs tra-
vaux, Pierre Willems et Edmond Poullet.
Après cet aperçu de l'activité des professeurs, M. Brants dit un
mot de l'enseignement. L'œuvre capitale de la loi de 1876 fut la
suppression de l'institution des cours à certificat. Désormais le droit
public, le droit des gens, l'économie politique, le droit naturel, jus-
qu'alors relégués au rebut, entraient dans la place légitime qui leur
revenait. La loi de 1890 fut, quant au programme, l'objet des débats
les plus animés. La création de cours facultatifs, d'une École de
sciences morales et politiques, de cours pratiques ou séminaires,
dont le premier en date est le cours pratique d'économie sociale,
d'une École supérieure commerciale et consulaire, voilà le bilan de la
Faculté de droit en ces dernières années. Son enseignement, on le
voit, s'est élargi et fortifié.
M. Brants est bien modeste ; son bel ouvrage n'est, à ses yeux,.
8o LE MUSÉE BELGE.
qu'une ébauche. Il se trompe : c est un aureoltis îibeîlus^ digne de la
Faculté de droit. On aime à lire ces pages substantielles, claires,
nettes, précises, écrites d'une plume alerte et élégante.
F. COLLARD.
62. — Joël de LyrlS, Le choix d'aune bibliothèque. Avignon, Aubanel
frères, igo6.
Voici une plaquette d'une lecture agréable, — ce qui peut sembler
étonnant à cause du titre. C'est que l'auteur n'a pas procédé à une
sèche nomenclature ; il ne précise qu'exceptionnellement des noms ;
toujours il formule des principes qui doivent guider dans le choix
des lectures. Il se borne en littérature aux ouvrages classiques et aux
chefs-d'œuvre étrangers ; il bannit rigoureusement les romans, parce
qu'il n'y en a pas de bons, en ce sens que même les meilleurs
exercent sur l'intelligence, le jugement et la raison, une action plus
ou moins débilitante. Inutile d'ajouter que les écoles contemporaines,
romantiques et réalistes, ne figurent pas dans la représentation des
livres. Sans doute, cette sévérité de M. Joël de Lyris est excessive ;
mais songeons au nombre incalculable de mauvais écrits à notre
époque et à leur influence néfaste sur l'individu, la famille et la
société.
Dans l'introduction, nous apprenons qu'il se fait une production
moyenne d'environ deux cents livres nouveaux par jour. Impossible
de tout lire, notre vie est si courte. D'où nécessité de faire un choix;
mais aussi, nécessité d'un bon guide. Le grand défaut de la plupart
des guides, en cette matière, c'est qu'ils sont trop généraux ; ce qu'il
faut, dit l'auteur, c'est un guide sûr permettant à chacun de se consti-
tuer la bibliothèque dont il a besoin en raison de son âge, de son
sexe, de sa profession, etc. Et c'est de ce principe qu'il est parti,
pour diviser son opuscule en chapitres suivant ce qui convient
à l'enfant, au jeune homme, à la jeune fille, à la femme, aux
bibliothèques professionnelles et aux bibliothèques communes.
La première règle à observer dans le choix des volumes destinés
à l'enfance a été formulée depuis longtemps par le poète : Maxima
debetur puero reverentia. Aussi M. Joël de Lyris écarte-t-il non
seulement ce qui est nuisible, mais même simplement inutile. De là
découle l'impérieux devoir de ne jamais mettre un ouvrage entre les
mains des enfants sans l'avoir lu avec attention depuis la première
ligne jusqu'à la dernière.
Autre principe : la bibliothèque de l'enfant doit être composée de
telle sorte qu'elle puisse lui être utile toute la vie. A notre avis, il
faut ici distinguer. Si ces livres scolaires ou de lecture peuvent
encore servir plus tard à ceux dont les études s'arrêtent avec les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 8l
classes primaires, ils ne seront d'aucune utulité à ceux qui aborde-
ront les éludes moyennes.
Chicanons Tauteur sur un autre point. Les Contes de Perrault,
dit-il, ne peuvent-ètre mis entre les mains d'un enfant qu'à lage
de 12 ans, parce que ce sont des fictions et qu'avant 12 ans il ne sai^
pas distinguer le fictif du réel. Mais, au contraire, à cause de cette
harmonie même entre la mentalité enfantine et ces récits, ne faut-il
pas les lui laisser lire ? Cette lecture faussera-t-elle irrémédiablement
son jugement ? La vie ne se charge -t- elle pas de lui faire discerner
le mythe de la réalité ? N'enlevons pas à lenfant ses illusions, ses
rêves ; nous risquerions de lui ravir le charme de sa poésie et de son
ingénuité. Assez tôt, — toujours trop tôt, hélas ! — il subira l'âpreté
de l'existence, en laissant peut-être de sa chair aux buissons du
chemin.
Au jeune homme (entre i5 et 20 ans), il faut inculquer l'esprit
philosophique, dans le bon sens du mot. former sa volonté et déve-
lopper en lui les facultés du goût. Comme il s'agit pour lui d at-
teindre un but, il doit vouloir ce but qu'il s est fixé conformément à
ses aspirations, à ses capacités et à son devoir. Il s'agit donc de
bannir tout livre qui ne serait pas apte à le conduire à ce but.
Nous ne pouvons suivre l'auteur dans ses autres chapitres. Disons
seulement qu'à la fin de sa plaquette il montre comment on doit lire
pour tirer des bons livres le meilleur parti possible, puis comment il
faut les traiter, les protéger, les mettre en ordre.
Mais il est un conseil que nous voulons rappeler après lui, parce
qu'on l'oublie trop souvent ; ce sont les lois physiologiques de la
lecture. Ne lisez pas pendant des heures entières sans vous reposer,
ménagez vos yeux. Par intervalles, fermez-les pendant quelques
secondes, ou mieux encore posez le livre, levez vous et faites
quelques pas dans Tappartement. Ne lisez jamais dans un endroit
sombre ; évitez les attitudes dans lesquelles il faut pencher le corps
en avant ou le rejeter en arrière, attitudes qui fatiguent fortement.
Voilà ce que commande l'hygiène. J. Fleuriaux.
63. — L. Liévy-Bruhl, La morale et la science, des mœurs, Paris,
Alcan, 1903. 3oo pp 5 fr.
Ce livre n'est pas de ceux que l'on peut analyser en quelques lignes.
Trop de vues et de faits s'y trouvent accumulés, développés ou sug-
gérés. Donnons-en au moins la thèse fondamentale, — qui est celle
de l'école positiviste.
Pour l'auteur la morale est et ne peut être que l'application à notre
conduite des lois tirées de l'observation des faits sociaux, de mieux
82 LE MUSÉE BELGE.
en mieux obsen'és et connus. A cette thèse M. Lévy-Bruhl prête
une forme qui a besoin d'être expliquée, savoir que Tidée courante
d'une science à la fois normative et théorique ne se soutient pas. X^a.
science, dit-il, ne s'occupe pas de ce qui doit être, mais de ce qui est.
D'habitude « ce n'est pas ainsi que Ton représente la morale. Celle-ci
serait une science normative précisément par sa partie théorique, sera.it
« législatrice en tant que science. » Or, c'est là confondre leffort pour
connaître avec l'effort pour régler l'action : c'est une prétention irréa-
lisable. En fait les systèmes de morale théorique ne le réalisent point.
Jamais à aucun moment ils ne sont proprement spéculatifs. Jamais
ils ne perdent de vue l'intérêt pratique pour rechercher, d'une façon.
désintéressée les lois d'une réalité (empirique ou intelligible) prise
pour objet de connaissance. » (p. 12.)
Cette critique serait applicable peut-être aux systèmes de Kant et
de ses adhérents, entre autres à celui de M*"* Coignet déclarant qu'il
faut partir du devoir comme d'un fait qu'on ne discute pas et du
libre arbitre comme d'un autre fait également indiscutable ; mais elle
n'atteint pas d'autres doctrines, par exemple celles qui font consister
le caractère moral de nos actes dans leur dépendance essentielle d'un
ordre objectif absolu. Sans doute la morale, sous peine de cesser
d'être, ne peut identifier son point de vue avec celui de la métaphy-
sique ; mais elle doit, selon nous, s'appuyer sur cette science et sur
d'ai^tres encore. Il y a là, d'après l'auteur, un genre de relation très
complexe, très obscur et qui ne peut le plus souvent être éclairci
sans le secours de l'analyse sociologique (p. i3).
J'accorde, d'une manière générale, que l'inférieur trouve son expli-
cation dans le supérieur, la partie dans le tout, une phrase littéraire
ou musicale, par exemple, dans l'œuvre d'où elle est tirée. Mais il
s'agit de savoir ici si Thomme est tout bonnement un produit du
milieu social, un simple organe du grand corps de l'humanité, ou s'il
n'a pas en dehors et au dessus de ce corps d'autres fins qui expliquent
encore mieux ce que c'est que la conscience morale. Et pût- on même
réduire la « réalité morale » à des faits sociaux, comme le voudrait
M. Lévy-Bruhl, il me paraît singulièrement osé d'identifier la repré-
sentation objective de ces faits avec l'idéal de société dont nul philo-
sophe, s'appelât-il Spencer ou Auguste Comte, ne parvient jamais à
se dégager entièrement : cet idéal procède, si l'on veut, de la connais-
sance du positif, mais dépasse toujours celui-ci ; et puis, nous restons
physiquement libres, quoi qu'on dise, de tenter ou non la réalisation
de cet idéal.
Une morale vraiment « intégrale » doit considérer tous les côtés du
problème. S'il en résulte quelque complication, c'est au moraliste à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 83
tenter de la débrouiller, sans supprimer pour cela l'objet formel
propre du débat. M. Lévy-Bruhl, qui se défend — avec beaucoup
d'esprit — de faire de la métaphysique, s'attache exclusivement aux
manifestations observables et sociales de la vie morale (à prendre
cette dernière épithète dans le sens assez large et assez vague qu'il a,
par exemple, dans l'expression de sciences morales). Son livre rentre
plutôt dans le cadre de la sociologie, qu'il traite avec les procédés de
M. Durkheim. A ce point de vue il est d'un intérêt intense, bien que
dans cette science toute nouvelle la part d'hypothèse demeure toujours
considérable et même prépondérante. D'ailleurs, je le répète, sa cri-
tique n'envisage qu'un des côtés de la question ; elle néglige le parti
qu'on pourrait tirer et qu'on a tiré, pour l'explication de certains
faits, de la distinction entre la moralité formelle et la moralité maté-
rielle des actes humains Elle enveloppe dans une même condamna-
tion toutes les morales idéalistes indistinctement : ceci soit dit, par
exemple, à propos des deux postulats que l'auteur prétend trouver à
la base de toute morale à la fois spéculative et normative (ch III).
Le premier de ces postulats est que la nature humaine est toujours
identique à elle-même, en tout temps et en tout lieu; le second, que
le contenu de la conscience morale forme un ensemble harmonieux
et organique. Au dernier de ces points on pourrait opposer l'avis des
théologiens de toute nuance (en dehors des pélagiens et peut-être de
quelques sémi-pélagiens). Sur le premier point il faudrait entendre
les spiritualistes (et ils sont nombreux) pour qui l'âme humaine
est un tout en puissance^ capable d'exprimer l'univers (ce qui ne veut
pas dire qu'elle exprime cet univers actuellement, ni partout, ni tou-
jours, avec la même perfection). La distance n'est pas si grande de
cette conception à celle de « l'unité de structure mentale dans l'espèce
humaine 0, unité non pas admise à priori, mais obtenue à la suite
« d'une enquête positive sur toute la diversité vivante que nos moyens
d'investigation peuvent atteindre dans l'humanité actuelle et dans
rhistoire » (p. 83). L'enquête est commencée depuis longtemps ; la
science moderne peut (i) la reprendre avec un supplément d'infor-
mation et en bénéficiant des progrès de la méthode ; mais il semble,
à en juger, par la dernière citation, que ses conclusions ne diffèrent
pas essentiellement de celles de la science antique largement com-
prise. A. Grafé.
( ij Se défier, par exemple, des histoires des sauvages que l'on comprend souvent
fon mal et à qui, sur la foi du premier venu. Ton fait parfois dire et pratiquer toutes
'Sones de choses extraordinaires. Cf. Cathrein. Moralphilosophie, t. II. Appendice.
84 LE MUSÉE BELGE.
64. — Dr Bruno Bauch, Luther und Kani. Berlin. Reuther elr
Reichard, 1904. 191 pp. in- 8. 4 m.
La méthode comparative envahit ailjourdliui toutes les sciences
historiques, particulièrement Thistoire littéraire : voilà qu elle pénètre
dans la philosophie, celle-ci se trouvant maintenant, par un singulier
retour, à la remorque des sciences spéciales. Aux temps de Fénelon
et même de Renan, on confrontait les grands hommes et les auteurs
illustres dans les Champs-Elysées, et on leur faisait prononcer des
dialogues plus ou moins philosophiques; le parallèle était alors uix
exercice de rhétorique, et presque un genre littéraire. Les critiques
actuels rapprochent des écrivains pour chercher ce que Tun doit à.
l'autre, ou des penseurs pour éclairer Tune par l'autre les théories et
en mesurer la portée. Cest ce qu a fait excellemment M. Bauch, Témi-
nent directeur des Kant-Studien. Luther et Kant sont deux grands
noms assez complaisamment réunis dans les généralités creuses du
chauvinisme et du dilettantisme; et il serait trop long de rappeler
toutes les formules ronflantes dont ils furent Tobjet ou le prétexte.
Qu'est-ce que ces deux hommes eurent en réalité de commun, et en
quoi diffèrent-ils ? Ce sont leurs diiférences et leur contrastes qui
frappent tout d'abord : entre le moine du xvi« siècle et le penseur du
XVI ne, on n'aperçoit, à première vue, de ressemblance que dans des
traits si vagues qu'ils appartiennent aussi bien à tous les penseurs, à
un saint Thomas, par exemple. Tout docteur qu il était, ou plutôt
parce que docteur, le moine de Wittenberg n'était rien moins que
philosophe. Il s'attache à la lettre de l'Écriture, et il dogmatise litté-
ralement : Kant, tout au contraire, raisonne a priori. Luther édifie
sa morale et toutes ses conceptions sur sa théologie : Kant, au
rebours, bâtirait la religion sur la morale, c'est-à-dire, pour lui, sur
la raison humaine, notre entendement étant la base et la mesure de
toute doctrine comme de toute connaissance. Kant et Luther, c'est
donc, semôlerait- il, le rationalisme et le dogmatisme, c'est-à-dire le
jour et la nuit. M. Bauch a-t-il donc voulu faire un livre d'une anti-
thèse ? Loin de là. En philosophe ingénieux, il a parfaitement com-
pris, comme l'avait compris Bossuet sans avoir vu Kant, que la
Réforme devait être dépassée par son principe, et qu'elle contenait
en germe le libre examen : le droit que s'arrogeait le docteur
Martin Luther, chacun pouvait en user d'autre manière, et pour des
fins que n'avait pas prévues le réformateur Dans cet individualisme
de la pensée, dans cette application de la raison personnelle à la révé-
lation et, de là, à toute vérité, se trouve la source de certaines res-
semblances entre le traducteur de la Bible et le critique de la raison
pure. M. Bauch a su les déduire avec habileté, non sans faire les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 85
restrictions nécessaires sur les désaccords qu'aurait certainement
amenés entre les deux hommes l'application pratique d'un principe
même commun. Son origine catholique le préservait d'ailleurs de
tout fétichisme en cette matière. S'il s'était fait historien à la manière
de son maître et ami Kuno Fischer, il aurait pu donner à son sujet
une forme historique, et opposer deux hommes, deux vies, deux
siècles. Mais c'eût été un tout autre livre, peut-être moins profond
que celui-ci : et M. Bauch appartient à ces heureux esprits qui
contemplent sans voiles les idées pures, dans les régions sereines de
la philosophie transcendentale. A. C
65. — Abbé Elle Blanc, Dictionnaire de philosophie ancienne et contem-
poraine^ contenant environ 4000 articles disposés par ordre alpha-
bétique dans le corps de l'ouvrage, complété par deux tables
méthodiques. P. Lethielleux, 10, rue Cassette, Paris. 640 p. sur
deux colonnes. 12 fr., relié 16 fr.
Cet ouvrage n'est pas un simple Lexique ou Vocabulaire, mais il
embrasse, avec les définitions et les notions complémentaires qui les
accompagnent, les doctrines elles-mêmes et la discussion des opi-
nions. Une large place est donnée à l'histoire : tous les philosophes
marquants y sont mentionnés avec leurs ouvrages et appréciés, sans
en excepter ceux qui vivent et enseignent sous nos yeux (i). La
philosophie contemporaine et française est évidemment l'objet d'une
attention particulière, mais aucune branche de la philosophie et de
son histoire n'a été négligée. Malgré son étendue relativement con-
sidérable, ce dictionnaire n'est qu'un abrégé si on le compare aux
vastes recueils antérieurement publiés en Allemagne, en Angleterre,
et en France. L'œuvre la plus considérable qui ait été publiée en
France est le Dictionnaire des sciences philosophiques de Frank, dont la
deuxième édition, parue en 1875, est devenue tout à fait insuffisante
pour ceux qui s'occupent de philosophie. On peut dire, en toute
sincérité, que ce nouveau Dictionnaire de Philosophie est complet dans
sa brièveté : il embrasse également l'histoire et les doctrines. Très au
courant de la littérature philosophique contemporaine, M. l'abbé
Blanc, professeur de philosophie à l'Université catholique de Lyon,
a su la mettre largement à profit et a pu choisir ce qu'il y avait de
meilleur et de plus instructif dans les ouvrages et les articles de
revues les plus récents, sans négliger l'histoire ancienne et les
auteurs autres que les contemporains. La partie bibliographique a
(1) Parmi les hommes dont parle ce dictionnaire, il en est même qui ne sont'pas
des philosophes à proprement parler : tels ceux qui ont écrit l'histoire en philo-
sophes, comme God. Kurth.
86 LE MUSÉE BELGE.
a été particulièrement soignée ; les ouvrages philosophiques d^
quelque importance y sont tous signalés, et nous ne croyons pSLS
qu'il existe actuellement, en langue française, une œuvre similaire
aussi au courant de la littérature philosophique. Il aurait été util^
d'indiquer aussi, pour chaque auteur, Touvrage où Ton peut Tétudier
d'une manière plus approfondie.
Ce Dictionnaire ne s'adresse pas seulement aux professeurs et auic
étudiants dont il sera le manuel indispensable ; mais il intéressera,
encore tous les esprits soucieux de suivre le mouvement des idées.
La philosophie, en effet, n'est pas une science réservée à quelques
spécialistes : nul ne doit rester indiffèrent aux questions qu'elle agite
et à leur solution; car il y va de la morale, de la religion, du droit,
de l'avenir de la famille et de la société, de tous nos intérêts en un
mot.
Deux tables mélhodiques terminent l'ouvrage. La première est une
table logique et encyclopédique^ qui permet de bien voir les relations
essentielles du Dictionnaire philosophique avec le Dictionnaire de la
langue et tous les Dictionnaires particuliers. Une seconde table,
analytique^ permet de saisir d'un coup d'œil les différents aspects de
la question étudiée. Cette table se rapporte surtout à l'histoire de la
philosophie, dont elle donne un tableau très intéressant en quelques
pages. Quiconque saura lire ces tables avec l'attention qu'elles
méritent, se rendra compte de l'intérêt de l'œuvre.
Ajoutons que l'éditeur a choisi pour cet ouvrage un format des
plus Commodes. Rompant avec les usages reçus, il nous donne un
Dictionnaire d un format manuel mesurant i8 sur 24, imprimé sur
<ieux colonnes, en caractères très nets et très lisibles, et le tout à un
prix abordable pour un ouvrage de cette nature.
En résumé, cette œuvre fait honneur à la littérature philosophique
française, et elle est assurée de rencontrer le succès qu'elle mérite à
tous égards. F. W.
Notices et annonces bibliographiques.
66. — Studia Pontica, Sous ce titre, la librairie Lamertin de Bruxelles avait
publié en igoS un premier fascicule (A Journey of exploration in Pontus^ 4» de
104 p. 16 pi. et 9 cartes 7 fr. 5o) donnant les résultats archéologiques d'un voyage
entrepris en 1899 dans l'ancien royaume du Pont par MM. Anderson, Munro et
"Welsh de TUniversité d'Oxford. Le second fascicule, qui vient de paraître, est
consacré au voyage entrepris dans le Pont et la Petite Arménie en 1900 par le
Prof. Cumont et par son frère (p. loS-SyS, 18 cartes, nombreuses gravures et 16 pi.
17 fr. 5o). Un 3« fascicule reprduira un petit corpus de près de 5oo inscriptions et le
4« fascicule nous fournira l'introduction et les tables. Ces deux derniers fascicules
paraîtront encore cette année. Nous tenons à signaler dès maintenant cet important
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 87
ouvrage sur une contrée aussi peu connue que le Pont, nous réservant de faire
connaître en détail les résultats obtenus, dès que l'ouvrage aura paru au complet.
Nous pouvons déjà dire cependant que le travail de M. Cumont est une œuvre de
premier ordre qui fera le plus grand honneur à Térudition belge.
Adolf de Ceuleneer.
67. — Le 39* fascicule du Dictionnaire d'antiquités grecques et romaines de
Daremberg et Saglio vient de paraître et renferme les articles pistor à principa-
tus. Il est en tous points digne des fascicules antérieurs et fait regretter de plus en
plus que la publication avance avec une lenteur vraiment excessive. Parmi les prin-
cipaux articles, nous citerons pnyx^ poena^ pomerium^ pondus^ pons^ pontijices^
portorium^ portus, praefectuSy praetor, praetoriae cohortes, principatus,
Adolf de Ceuleneer.
68. — G. E. Ruelle, Bibliotheca latina. Bibliographie annuelle des études latines.
Tome I. 2* semestre i904-i« semestre igo5. Paris, A. Eichler, 21, rue Jacob,
igoS. 72 pp.
Nous avons annoncé cette publication, ainsi que les conditions de Tabonnement
(Bull., 1906, p. 42). Elle est faite à peu près sur le même plan que la Bibliotheca
phildogica classica publiée chez Reisland à Berlin; elle ne donne pas seulement
les livres, mais aussi les articles de revues, classés en quatorze sections : Généra-
lités, Histoire littéraire. Philosophie, Sciences, Auteurs latins, Epigraphie, Paléo-
graphie, Grammaire, Musique et Métrique, Histoire et Géographie, Religion,
Institutions, Art et Archéologie, Numismatique et Métrologie.
69. — Ij. Bodin et P. Mazon, Scènes choisies d'Aristophane, Traduction
nouvelle. Paris, Hachette, 1906, 180 pp.
Il y a quelques années, MM. Bodin et Mazon ont publié des Extraits d'AristO'
phane dont ce Bulletin a rendu compte. Les scènes choisies sont une traduction des
Extraits, destinée avant tout à faciliter la lecture du texte grec, et, par surcroît, à
foire goûter Aristophane de ceux qui ne peuvent aborder directement l'original.
Elles sont précédées d'observations critiques et d'une introduction sur le théâtre
dans la vie athénienne, sur les comédies d'Aristophane au théâtre, et sur la compo-
sition de ces comédies. Les Extraits de chaque pièce sont précédés d'un argument.
L'un des auteurs, M. Mazon a publié antérieurement un Essai sur la composition
des comédies d'Aristophane (Hachette, 4 fr.).
70. — H. "W. Jobiistoii, The prtvate life of the Romans, Chicago, Scott, Fores-
man and C<», 1905. 344 pp. (The Lake Classical Séries).
Ce livre est destiné aux étudiants qui lisent les auteurs latins en classe, à ceux qui
étudient l'histoire romaine et aux gens instruits qui veulent avoir des notions sur la
vie romaine. Il embrasse le temps de la République et du Haut Empire. Afin d'être
compris de tous, l'auteur évite autant que possible les termes latins, excepté les
termes techniques. Il traite successivement de la famille, des noms, du mariage et
de la condition de la femme, des enfants et de l'éducation, des esclaves et des clients,
de la maison romaine, du vêtement, des repas, des amusements et des bains, des
voyages et des livres, des sources de revenus et des professions, enfin des funé-
railles. L'ouvrage est orné de 2o5 figures dans le texte, très nettes malgré leurs
petites dimensions et bien choisies.
71. — G. N. Olcott, Thésaurus linguae latinae epigraphicae. A dictionary of the
latin inscriptions. Fasc. 5-7. Rome, Loescher, 1906. 2 fr. le fasc.
Ces trois nouveaux fascicules (p. 97-168) conduisent le dictionnaire de M. Olcott
88 LE MUSÉE BELGE.
jusqu'au mot aes. On est presque effrayé de la grandeur de la tâche, mais cette tâche
est si utile qu'il faut féliciter M. Olcott de l'avoir entreprise et de s'y consacrer avco
un zèle infaiigaole. Un écueil à éviter dans un pareil ouvrage est de savoir s'en lenît-
à la langue épigraphique et de ne pas y mêler ce qui est du ressort d'un dictionnaire
d'antiquités : car ces deux choses sont souvent étroitement liées. M. Olcott y a
réussi : voyez, par exemple, l'article aedilis, — Dans le même article, nous faisons
remarquer que l'édile du C. vi, 9288 et 9289 appartient à un collège o'esclaves ; et
non à une ville; de même : ob honorent aedUitatis (III 633). - Sur le mot aenea-
torum que les uns prennent pour le génitif d'aeneatores et les autres pour le génitif
d'aeneati, nous nous permettons de renvoyer à notre Etude sur les corporations
romaines, vol. IV, pp. 4-5. J. P. Waltzing.
72. — Aemidius Martini et Dom. Bassi, Catalogus codicum graecorum
Bibliothecae Ambrosianae, Tomes I et II. Milan, Hoepli, iqo6. 3o fr.
La plupart des manuscrits grecs de la bibliothèque ambrosienne viennent de la
collection réunie par le cardinal F. Borromée. La bibliothèque possède actuellemect
1093 mss. grecs et elle les possédait presque tous en 1Ô09, quand le cardinal
Borromée la rendit publique. Il n'en existait jusqu'ici pas de catalogue complet, et
c'était, pour les philologues, un grand inconvénient. Ils seront reconnaissants à
MM. Martini et Bassi d'avoir enfin publié ce catalogue dressé avec le plus grand
soin et bien imprimé par la maison Hoepli.
73. — Basile Modestov, Introduction à V histoire romaine (V ethnologie préhis-
torique^ les influences civilisatrices à l'époque préromaine et les commencements
de Rome), Édition traduite du russe par Michel Delines, revue et augmentée
par l'auteur, et précédée d'une préface de Salomon Reinach. Paris, F. Alcan,
no6. In-40 avec 39 planches hors texte et 3o figures dans le texte. i5 fr.
Depuis trente ans, les études préhistoriques et protohistoriques ont pris un essort
extraordinaire en Italie, mais on n'avait pas encore présenté d'esquisse générale
bien informée pouvant guider le savant spécialiste ou le débutant dans le vaste
domaine de la préhistoire de ce pays. — Cette œuvre a tenté M. Modestov,
auquel un long séjour en Italie a permis d'étudier l'immense matériel archéologique
et palethnologique réuni à la suite des nombreuses fouilles pratiquées à Rome
même et dans d'autres parties du pays.
Grâce à ses études, il a pu faire reculer devant lui le point de départ de l'histoire
romaine. Aux monts Albains il a retrou /é les traces d'une période en grande partie
antérieure à la vie historique de lEsquilin et du Quirinal ; dans le sud-ouest de
l'Etrurie, il a rencontré l'époque des Falisques, les plus proches parents des Latins.
Les terramares de la vallée du Pô, les habitations sur pilotis en terre ferme et les
palafites des lacs Vénètes lui ont présenté les vestiges des premières colonies
aryennes établies sur le sol italien. Enfin il a reconnu les traces des Sicules signalés
par les historiens comme ayant occupé ce territoire avant la race indo-européenne,
et les fouilles pratiquées en Sicile lui ont révélé une civilisation se rattachant à
l'époque néolithique. D'importants développements sont donnés à l'étude des'
Etrusques qui occupent une large place dans l'Italie préhistorique et au sujet
desquels M. Modestov se trouve en désaccord avec Mommsen et d'autres savants.
Les discussions sur ce point constituent une des parties originales et intéressantes
du livre.
De nombreuses gravures reproduisent les objets et les monuments les plus
instructifs qui servent de base à cette préhistoire. Enfin l'auteur a enrichi celte
édition de faits inédits qui en font une véritable édition nouvelle. Le nombre des
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 89
personnes qui ne sont pas devenues indifférentes aux enseignements de la culture
classique est encore gr^nd, aussi ce livre aura-t-il sa place marquée dans toutes
les bibliothèques historiques et ethnographiques et dnns celles de tous les curieux
d'histoire et de science.
74. — Dans la collection intitulée Zwolsche herdrukken, dont nous avons parlé
ici à différentes reprises, a paru récemment la seconde édition d'un choix de poésies
de I . Da Costa commentées par M. J. H. van den Bosch (Hagar, — Wachter !
wat 15 er van den nacht? — En andere poépen van M. Isaac Dà Costa uitgegeven
door J. H. van den Bosch. Tweede druk. N® VIII des «Zwolsche herdrukken »,
Zwolle, \V. E, J. TicnckWillink ; ofl. 70). Le contenu n*est pas tout à fait le même
que celui de la première édition ; une pièce d'assez peu de mérite a disparu ; en
revanche, Téditeur a admis une demi-douzaine de nouvelles, entre autres le morceau
caractéristique : Wachter ! wat is er van den nachi ? de sorte que cette anthologie
renferme maintenant un bon spécimen de la poésie dite « politique » de Da Costa.
Comme d^habitude, M. van den Bosch y a joint un commentaire solide et très déve-
loppé, tout en s'abstenant de détails superflus. Nous n'avons que des éloges à
décerner à ce travail; la seule remarque que nous nous permettons est un simple
vœu ; nous souhaiterions que le savant commentateur ajoutât à la fin du volume un
vocabulaire, tel que ceux qu'il a joints à d'autres éditions de la même collection,
noti»mment à son édition de la Granida de Hooft, dont une nouvelle édition
(la troisième), vient également de paraître (P. C. Hooft*s Granida uitgegeven door
J. H. van den Bosch. Derde druk. N» II de la collection des ce Zwol. herdr. ».
Même éditeur; o fl. 70). Cette réimpression contient — outre une introduction
développée, écrite en i8go, mais tenue au courant dans les notes — l'édition critique
de la pastorale de Hoolt, un commentaire et un vocabulaire, le tout traité de la
même manière sûre et approfondie, qui rend toute recommandation superflue.
C. Lecoutere.
75. — Il vient de paraître une nouvelle édition, sensiblement modifiée, de la belle
étude que M. P. D. Chantepie de la Saussaye a consacrée à Nicolas Beets
(Het leven van Nicolaas Beets. Met een volledige lijst zijner geschriftcn, bijeen-
gebracht door Mr. D. Beets en Mej. A. Beets. Tweede geheel herziene druk.
Harlem, Erven F. Bohn, 1906. 4 fl.). Ce livre est sans contredit ce que nous
avons de plus complet et de miciux documenté sur cette remarquable figure. C'est
une biographie méthodique, qui suit pas à pas la longue carrière de Beets
(1814-1903). L'auteur veut nous retracer une fidèle image, non pas seulement de
lauteur illustre de la Caméra obscura et du poète distingué, mais de l'homme tout
entier et de son activité. Historien impartial qui ne recherche que la vérité, il
n'emploie aucun artifice pour cacher les côtés faibles de l'homme et les imperfec-
tions de l'écrivain. Pourquoi l'aurait-il fait? Cela n'aurait pas modifié la sympathie
profonde que tous nous ressentons pour Beets ni accru les titres qu'il a pour occuper
une place honorable dans notre histoire littéraire. C'est d'ailleurs en nous faisant
le portrait non flatté de Beets que l'auteur pouvait le plus sûrement atteindre le but
qu'il indique lui-même : engager le public à lire ses œuvres. C. L.
76. — Les Gesta Romanorum forment un recueil d'historiettes et de contes qui
jouit d'une grande popularité au moyen âge. Composée très probablement en
An^Lierrc vers la fin du xiii« siècle, cette collecti^^n se répandit vite sur le continent ;
elle y obtint un immense succès, fut rem .niée plus d'une fois et enrichie de mainte
nouvelle histoire. On en connaît plusieurs rédactions, et des traductions françaises,
go LE MUSÉE BELGE.
anglaises, allemandes et néerlandaises, remontant toutes aux xv* et xvi« siècles. Grasse
en avait publié en 1842 une version complète en langue allemande; une seconde édi-
tion en avait paru depuis ; mais depuis longtemps cet ouvrage très recherché était
devenu rare. C'est ce qui a décidé l'éditeur P. Allicke de Dresden d'en donner une
réimpression ; elle a paru il y a quelques mois, et est en tous points conforme à l'édi-
tion originale de 1842. J'en trattscris le titre, bien qu'il soit un peu long, parce qu'il
est comme une table de matières en raccourci : Gesta Romanorum^ das àltest^
Màhrchen- und Legendenbuch des Christlichen Mittelalters :çum ersten Mate
voUstàndig aus dent Lateinischen in s Deutsche uebertragen, aus gedruckten wid
ungedruckten Quellen vermehrt^ mit Anmerkungen und einer Abhandlung ueber
den waren Verfasser und die bisherigen A usgaben und Ueberset^ungen desselben
versehen von Di'J. G. Th. Graesse. 3. Ausgabe. Unverânderter Neudruck der
Original-Ausgabe von 1842 (Leipzig, P. Allicke, igoô. 2 vol. in-8, 268et3i8pp. ;
10 m.). On peut regretter que de cette importante publication on n'ait donné qu'une
simple réimpression, au lieu de la mettre au courant ; mais telle quelle, cette réédi-
tion sera la bienvenue, parce qu'elle remplace un ouvrage qui était devenu presque
introuvable. C. Lecoutere.
77. — I. Greurts. Proeven van letterkundige ontledingen van nederlandsche
leesstukken, 2« deel. Hasselt, St-Quintinus-drukkerij, 1906. 4 fr. 5o.
Voici le deuxième volume de l'excellent ouvrage de M. Gcurts. Le choix des
morceaux prouve l'éclectisme de l'auteur : les modernes y sont largement repré-
sentés (Perk, KI008, Verwey, H. Swarth) et nos compatriotes (Gezelle, Rodenbach,
Streuvels, Cuppens, Rutten) occupent une place prépondérante, ce dont il faut
féliciter l'auteur.
Quant à l'analyse elle-même, je n'ai plus à en faire l'éloge. Tout, dans ce livre,
trahit le profond seniiment tsihétique et le travail consciencieux de l'auteur. Qu'on
parcoure, pour s'en convaincre, l'analyse du dernier morceau, De Rijnstroom^
le chef-d'œuvre lyrique de Vondel : le commentaire est digne du poème.
Cette analyse seule, ou n'importa quelle autre, prise au hasard, sufl&t pour faire
connaître les grandes qualités de cet ouvrage, que je voudrais voir entrer les mains
de tous les professeurs de littérature néerlandaise. Jean Gessler.
78. — A. ^Weese, Mûnchen, Eine Anregung zum Sehen. Mit 160 Abbildungen.
Leipzig, Seemann, 1906. (Bcrûhmie Kunsistaetten, 35).
Dans la galerie des « Villes d'art célèbres », Munich obtient enfin la place qui reve-
nait à la capitale artistique de l'Allemagne du Sud. C'est M. Arthur Weese, profes-
seur d'histoire de l'art à l'Université de Berne, qui est l'auteur de ce volume composé
con amore. H remonte jusqu'aux origmes de la ville, en l'an ii58, et en décrit les
monuments et les œuvres d'art par ordre chronologique, depuis l'empereur Louis
de Bavière jusqu'au roi Louis I, s'arrêtant aux œuvres principales et rattachant*
toujours le développement de l'art à l'histoire de la ville elle-même : l'église Notre-
Dame (xv« siècle), l'ancien hôtel de ville, l'église S. Michel (xvi« s.), la résidence ou
palais du gouvernement construit sous Maximilien l" (i 597-1651), l'église des
Théatins (xvii* s.), puis les palais et châteaux construits par les princes électeurs au
xvne et au xviii» siècle, par le roi Louis I**", à l'imitation de Versailles, enfin la
transformation moderne de Munich, avec les musées et autres édifices civils qui font
aujourd'hui l'ornement de la capitale bavaroise. Ce volume, qui n'est pas seulement
l'œuvre d'un connaisseur, mais d'un auteur amoureux de son sujet, comptera parmi
les plus intéressants de lu collection. Il contient 160 gravures.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 9I
-g, — Die SHmme, Centralblatt fur Stimm- und Tonbildung^ Gesangunterricht
rnnd Stimmhygtene. l'année, n^ i, octobre 1906. Berlin, Trowitzsch u. Sohn.
Mensuel, 5 m. par an.
Otte revue nouvelle s'adresse surtout, à en juger d'après les articles et la liste
des collaborateurs, aux personnes qui s'occupent du chant, dans un but pratique ou
scieotiiîque. La première livraison renferme 1) un article de M. H. Gutzmann sur
U distinction à faire entre les deux termes Stimmeinsat:^ et Stimmansat:^^ distinction
qui n'est pas neuve, sans doute, mais qu'il est bon ue rappeler, à l'intention du
public, cur ces deux mots, comme beaucoup d'expressions techniques allemandes,
sont terriblement vagues, le second surtout ; 2) un exposé très^clair de M. W. Berg
sur lart de la parole chez les anciens (i** article) ; 3) K. Roeder, la préparation des
professeurs de chant ; 4) un article un peu touffu de M. A. Gusinde sur ta valeur de
la syllabe Ij. dans le langage et dans l'enseignement du chant ; puis des communi-
cations.
La rédaction annonce pour les numéros suivants des articles sur la mue de la
voix; féducation de U voix de chant chez les femmes; la, pédagogie nouvelle du
chant artistique ; la phonasthénie professionnelle des chanteurs et des «orateurs, etc.
Sur la liste très longue des collaborateurs, on ne voit figurer pour ainsi dire le nom
d'aucun phonéticien. Je me demande s'il ne faut pas le regretter. Les phonéticiens
ont d'abord été à l'école des physiologistes, mais il y a longtemps qu'ils sont éman-
cipés, et leurs enseignements, surtout parce qu'ils partent d'un autre point de vue
que celui des anatomistes, des hygiénistes et des musiciens, ne seraient pas, je
crois, sans intérêt ni sans utilité pour les lecteurs de cette revue.
ANr. Grégoire.
CHRONIQUE.
80. — Cours d'art et d'axv^héologie au local Patria, & Bruxelles (suite).
Fréquentation des cours, — Conditions. — Le droit d'inscription pour les
aspirants au grade de « candidat n est de 20 francs par an. Cette rétribution leur
donne droit à la fréquentation de tous les cours. Toutefois, le cours pratique est
réservé aux élèves ayant subi avec succès la première épreuve de la Candidature.
Des conditions spéciales peuvent être faites aux élèves des établissements
«renseignement supérieur, ainsi qu'aux membres du personnel enseignant de tous
les degrés. Le droit d'inscription est fixé pour eux à 5 francs.
Pour les auditeurs libres, il est fixé à 10 fr. par cours et à 20 francs pour les
quatre premiers cours.
Les cours marqués d'un astérisque font partie des cours pratiques d'archéologie
organisés par les musées royaux du Cinquantenaire. Ils se donnent dans les locaux
du Musée. Une inscription spéciale pour ces cours doit être prise, mais cette
inscription est gratuite pour les auditeurs des cours d'art. (Pour l'horaire de ces
cours, voir le programme spécial des cours pratiques d'archéologie des musées du
Cinquan tena i re ) .
Les élèves inscrits pour la Licence sont autorisés à suivre tous les cours de ce
programme spécial. Ils sont autorisés également à se faire interroger, à l'examen,
sur l'un ou l'autre de ces cours. Dans ce cas, le diplôme fera mention, dans un
paragraphe additionnel, de ces matières complémentaires.
En principe, les cours de Licence ne sont accessibles qu'aux élèves porteurs du
diplôme de Candidat. Néanmoins, les auditeurs libres qui justifieront avoir suivi
les leçons de Candidature, pourront eue autorisés à se faire inscrire au cours de
Licence.
92 LE MUSÉE BELGE.
Le droit dMnscripiion est le même que pour le cours de la Candidature.
Les personnes qui veulent bien, par une souscription annuelle de 5o francs au
moins, concourir généreusement au but de l'œuvre, portent le titre de membres
protecteurs. Ce titre leur confère le droit d'assister à tous les cours et à toutes le»
visites.
81. — Ferdinand Brunetiere, — Le Polybiblion^ Revue bibliographique universelle
(Paris, rue de Saint-Simon, 5), consacre à Bruneiière, dans son n» de Janvier, un
article nécrologique que nous reproduisons :
M. Ferdinand Brunetiere est mort à Paris, le 9 décembre, à Sy ans. Sa disparition
est un deuil pour les lettres et pour la pensée française. Né à Toulon en 1849,
M. Brunetiere commença ses études à Marseille et vint les compléter à Paris, au
lycée Louis le Grand. En i86g, il se présenta à TÉcoIe normale supérieure et
échoua. Sans ressources, sans protections, sans grades universitaires, il ne dut qu*à
un incessant labeur l'éclat de sa carrière littéraire qui débuta par une collaboration
à la Revue Bleue et à la Revue des Deux Mondes, vers 1875. Il avait 2b ans lorsqu'il
prit dans cette dernière revue la plume on, pour ainsi dire, la férule de la critique
littéraire. On sait avec quelle rudesse il la mania pendant une vingtaine d*années.
Champion de la France du xvii« siècle, c'est avec une vigueur incomparable qu'il
sut exalter la grandeur majestueuse et la fermeté austère des doctrines littéraires,
artistiques et philosophiques des Bossuet, des Pascal, des Boileau, aux dépens des
théories humanitaires des Rousseau, des Voltaire et des autres écrivains du
xvme siècle. En 1886, il fut nommé maître de conférences à cette École normale où
il n'avait pu entrer comme élève. En iSgB, il remplaça John Lemoinne à TAcadémie
française, et la même année l'assemblée des actionnaires de la Revue des Deux
Mondes le mit à la tête de ce périodique en qualité de directeur-gérant.
On se souvient de la façon éclatante dont M. Brunetiere, que rien n'arrêtait une
fois sa conviction faite, revint au catholicisme, et de l'éloquence qu'il déploya pour
développer les « raisons de croire ».
On n'a pas oublié non plus que, si ses opinions religieuses et politiques l'ont fait
exclure du Collège de France, cet échec n'a fait que le grandir encore aux yeux de
ceux qui aiment la justice et méprisent les coteries mesquines et tracassières.
M. Ferdinand Brunetiere laisse une œuvre considérable qui se distingue par
Textrême variété des sujets. Voici les titres de la plupart des volumes dont elle se
compose : Etudes critiques sur l'histoire de la littérature française, La littérature
frafiçaise du moyen âge ; Pascal^ iV/™« de Sévigné^ Molière^ Racine^ etc. Ouvrage
couronné par l'Académie française. Paris, 1880, in- 12.
Nouvelles études critiques sur l'histoire de la littérature française ; les Précieuses,
Bossuet et Fénelon^ Massillon, Marivaux, la Direction de la librairie sous Maies-
herbes, Galiani^ Diderot, etc. Ouvrage couronné par l'Académie française. Paris,
1882, in-i2.
Sermons choisis de Bossuet, collationnés sur les meilleures éditions , disposés dans
leur ordre chronologique, accompagnés d'une introduction, de notices et de notes,
Paris, 1882. in-12.
Le Roman naturaliste, Paris, i883, in-12.
Histoire et littérature, Paris, 1884-1885, 2 vol. in-12.
Etudes critiques sur l* histoire de la littérature française, 3« série : Descartes,
Pascal, Le Sage, Marivaux, Prévost, Voltaire et Rousseau, Classiques et roman-
tiques. Paris, 1887, in-12.
Ojuvres poétiques de Boileau avec une introduction et des no:es, Paris, 1889, in-4.
Nouvelles questions de critique. Pans, 1890, in-12.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. qS
ZJÉvolution des genres dans Phistoire de la littérature. Leçons professées à
rÉcole normale supérieure, Paris, 1890, in- 12.
Études critiques sur l'histoire de la littérature française, 4«, 5«, 6« séries. Paris,
1891-1896, 3 vol. in-12.
^Évolution de la poésie lyrique en France au XIX^ siècle. Leçons professées à
ia Sorbonne, Paris, 1894, 2 vol. in-12.
La Science et la Religion, Réponse à quelques objections, Paris, 1895, in- 12.
Discours de réception. Réponse de M, le comte d'Haussonville. Séance de l'Aca-
démie française du 5 février 1894. Paris. 1894, in-12.
£ssais sur la littérature contemporaine, Paris, 1893, in -12.
Éducation et instruction, Paris, 1896, in-16.
Conférences de l'Odéon, Les époques du théâtre français (i636-i85o). Paris,
1893, in-!2.
La Renaissance de l'idéalisme. Conférence prononcée à Besançon. Paris,i896, in-12.
La Moralité et la doctrine évolutive, Paris, 1896, in-8.
Manuel de l'histoire de la littérature française. Paris, 1897, in-8.
L'Idée de patrie. Conférence prononcée à Marseille, le 28 octobre 1896. Paris.
1897, in-12.
Après le procès. Réponse à quelques intellectuels. Paris, 1898, in-12.
L'Art et la Morale, Paris, 1898, in-12.
Les Ennemis de l'âme française. Conférence faite à Lille, Paris, 1899, in-16.
Le Génie latin. Conférence faite à Avignon ^ le 3 octobre 1899, à l'occasion des
fêtes religieuses et musicales de la Schola cantorum. Paris, 1899, *"'^-
Discours académiques. Paris, 1900, m- 16.
L'Art poétique de Boileau, précédé d'une notice littéraire et accompagné de notes,
Paris, 1901, in 8
Extraits de Chateaubriand^ publiés avec une introduction^ des notices et des
notes. Paris, 1901, in-16.
Morceaux choisis de prose et de poésie du XVI* au XIX* siècle. Paris, 1901 , in-18.
Discours de combat. Les Raisons actuelles de croire; Vidée de solidarité;
r Action catholique ; l'Oeuvre de Calvin ; les Motifs d'espérer ; l'Oeuvre critique de
Taine ; le Progrès religieux. Paris, 1903, in-16.
L'Action sociale du christianisme. Paris, 1904, in-16.
Sur les chemins de la croyance, Paris, «904, in-16.
Réponse au discours de réception à l'Académie française de M. R. Ba^in. Paris,
1904, in-16.
Variétés littéraires. Paris, 1905, in-18.
Honoré de Balj^ac (1799-1850). Paris, 1906, in-18.
82. — Académie royale de Belgique. Qasse des lettres et des sciences morales et
politiques. Pro£pramme du concours pour Taimée 1909.
Section d'histoire et des lettres, i'« question : On demande une étude sur l'exo-
tisme dans la littérature fr&nçaise du xviii« siècle. ~ Prix : 800 fr.
2* Question : Faire la classification des parlers wallons de Belgique au triple
point de vue de la phonétique, de la morphologie et du vocabulaire. — Prix : 800 f.
3* Question : Faire Thistoire des invasions en Belgique au moyen de Tétude
systématique des dates fournies par les trouvailles de monnaies dans les ruines de
Tillas, dans les tombeaux et dans les trésors enfouis. — Prix : 800 fr.
4« Question : On demande une étude sur la valeur liitéraire des pamphlets du
xvi« siècle, en langue néerlandaise. — Prix : 800 fr.
94 L£ MUSÉE BELGE.
Section des sciences morales et politiques, i""* Question : On demande une étude
sur les unions internationales. — Prix : 600 francs.
2« Question : Étudier les méthodes préconisées par les principaux représentants
de la science économique en Allemagne à l'heure présente (Knies, Schmoller,
Wagner» Menger). — Prix : 800 fr.
3^ Question : On demande une étude sur les coutumes, la législation et les usages
commerciaux d'Anvers sous Tancien régime à partir de l'impression de la coutume.
L'élude ne portera point sur le droit maritime, mais comprendra, pour le surplus,
une appréciation critique ainsi que l'exposé des rapports du droit commercial en
vigueur avec notre législation commerciale actuelle. — Prix : 800 fr.
4« Question : On demande une étude critique sur la philosophie de Guyau et ses
applications. — Prix : 600 fr.
Les mémoires seront adressés, franc de port, avant le i*»" novembre 1908, à M. le
Secrétaire perpétuel, au Palais des Académies, à Bruxelles.
83. — Projections lumineuses, — Aux professeurs qui veulent illustrer leur
enseignement par des projections lumineuses, nous recommandons les diapositifs
(Skioptikonbiider) et ks publications d'A. Fichiers Witwe und Sohn (Vienne,
Margaretenplatz, 2, et Leipzig, Querstrasse, 4-ô). Il y a deux séries, l'une pour
Rome, l'autre pour Athènes :
!*> Rome^ par Dr. F. "PevscïdsïSlL^.SS Skioptikonbiider (>^ 1/2X8 1/2 cm.).Texte
de la conférence : 1 m. 2^. Manuel de l'élcve (Schùlerhandbuch) contenant 64 pp.
de texte et une réduction des 88 projections : 1 m. 70. Les diapositifs coûtent 1 m.
la pièce et o m. 83 par 20 pièces.
2« Athènes^ par Dr. F. Prix, yô Skioptikonbiider (mêmes dimensions). Texte de
la conférence : i m. Manuel de l'élève, contenant 74 pp. et 76 projections : i m. 70»
Prix des diapositifs : comme ci-dessus.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. qS
PARTIS PÉDAGOGIQUE.
L'ENSEIGNEMENT MOYEN A L'ÉTRANGER
par F. COLLARD, professeur à TUnivcrsité de Louvain.
(Suite.)
Pour le grec, dès la première année, donc en II" Inférieure, on lit
Xénophon, Anabase, I et des passages du liv. II. En II® supérieure,
on lit Xénophon, Anabase, II (la fin), III et IV; Homère, Odyssée^
I-XIII, et Hérodote, VII, passages choisis. En U« inférieure, Homère,
Odyssée, XIII, 187-XXIV; Iliade, I-VI (d après les extraits de Keim) ;
Hérodote.VII, 10 i-VI II, 70 (les passages les plus importants); Platon,
Criton; Sophocle, /lw//^o«e. — En I« supérieure, Platon, Criton,
JEuthyphron, Phédon, i à 34, Sg, 40. 64 et suiv. ; Thucydide, VI, i -74;
88-104 c^ quelques passages du livre VII ; Démosthène, I^^ Olyn-
thienne ; Homère, Iliade, XI, XV, XVI, XIX-XXI (passages choisis),
XVIII, XXII, XXIV (en entier) ; Sophocle, Antigone,
L'étude de la lexigraphie latine se fait en une année; on la répète
et qu'on la développe,tout en poursuivant Temploi des cas, qu'on aborde
dès le début. La syntaxe est terminée en I !•* supérieure. Des notions de
stylistique s enseignent dans la II« supérieure et au gymnase, dans la
I« intérieure. Dans les deux dernières classes, on répète la grammaire.
La lexigraphie grecque est étudiée en un an; il est vrai qu'on la revoit
et qu'on la développe la seconde année; mais on ne s'en contente pas;
car, après avoir vu dès la première année les règles les plus importantes
de la syntaxe, on apprend, en seconde année, l'emploi des cas et des
modes. On répète, pendant les deux dernières années, la grammaire (i).
L'enseignement du français se fait d'après la méthode directe. On
emploie, au début, les tableaux Hôlzel. Le manuel adopté, c'est le Lehr-
buch der jran^bsischen Sprache de Rossmann-Schmidt. Les auteurs
choisis sont, pour le gymnase : Duruy, Biographie d hommes célèbres ;
Thiers, Campagne d'Italie, en 1900; Scnbe, Le verre d'eau; Sarcey,
Siège de Paris; Racine, Athalie, Britannicus; Molière, Les Femmes
savantes; Lanfrey, Campagne de 1806; ipOMvXtiéàl^ymndiSt: Daudet,
Le petit Chose; Barrau, Scènes de la révolution française; Girardin,
La joie fait peur; Halévy, L'invasion; Corneille, Horace ; Lanfrey,
Campagne de 1809; Coppée, Les vrais riches; Molière, V avare,
(1) Voyez le programme du Realgymnasium mit Gymnasialabteiiung de Karls-
ruhe (sog. Reformgymnasium mit Gabelung.)
96
LE MUSÉE BELGE.
7« GRAND DUCHÉ DE HESSE.
a) LE GYMNASE.
VI '
1
V
IV
.«p.
III
inf.
II
snp.
II '
inf. .
Itup.
linf.
Total
Religion
2 1
1
2
3
3
2
3
3
3
3
i8
Allemand
4 1
4
3
'
3
3
3
3
3
27
Latin
9
9
8
7
7
7
7
7
7
68
Grec
—
—
—
6
6
6
6
6
6
36
Français
—
—
5
3
3
3
3
3
3
33
Histoire
Géographie
3
3
3
3
1'
3
3
3
3
3
1
II-'
Calcul
Mathématiques
3
4
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4
4
4
1 ^
4
1 ^
1 j 35
Histoire naturelle
3
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3
1-
_
1
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1
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Physique
—
—
—
—
3
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Dcsfiin
2
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•
—
—
' —
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Écriture
3
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-
—
-
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1
1 >
Chant
2
3
3
3
3
3
3
3
1 3
i -8
Gymnastique
2
3i
3
33
3
34
3
34
34
3
34
3
3
i 3
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Total
34
34
: 34
1 '^'
CoUFB faculratifs
—
—
-
—
—
—
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—
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1
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Hibreu
—
—
—
—
—
—
—
3
3
1
Anglais
—
—
—
—
—
—
3
3
1 3
1
1
En 1V«» on lit les vies de Miltiade, de Thémislocle et d'Hannibal;
des (ables choisies de Phèdre; en Ille inférieure, César, Guerre des
Gauies, I» i ; 3o-54 ; Il . Ovide, Métamorphoses (extraits); en III*
supérieure, César, Guerre des Gaules, III, IV, V, VII (extraits;;
O^iJe, Métamorphoses (choix); en II» inférieure, Tite-Live, II et V
c oh}; Cicéron, Dp imp, Cn. Pomp. ; Virgile, Enéide, I et II
fettraits); en 1 1= supérieure, Tite- Live, I, II, XXI et XXII (extraits);
Salfusie, Jugurtha (extraits), Virgile, Lnéide, III-XII (extraits); en
I" inférieure, Cicéron, de oratore, I et II (extraits), Horace, Odes^
PARTIE PÉDAGOGigUB.
97
I-IV (choix) ; en !'« supérieure, Horace, Odes^ I-V, Satires et Épttres;
Tacite, Annales^ I, II et III (extraits); Germania.
Les auteurs grecs sont : en III* supérieure, Xénophon, Anabase^
I, 6 et 9; Homère, Odyssée, I, i-25i ; en II* inférieure, Homère,
Odyssée, la fin du chant I, II, V-VIII (choix;, Xénophon, Anabase,
II, III ch. I et 2; en II« supérieure, Homère, Odyssée, X-XXIV (choix),
Hérodote I-IX (choix) ; en I" inférieure, Démosthène, i^e Olyn-
tkiermetl 3^ Philippique ; Homère, Iliade, I-XII (extraits); Sophocle,
Ajax; en I"^ supérieure, Sophocle, Ajax ^ Platon, Apologie de
Socrate, Criton, Homère, Iliade, la fin (extraits), Thucydide, I et II
(extraits).
Les auteurs français sont : Bruno, Le tour de la France, Erckmann -
Chatrian, Histoire dun conscrit, le Gendre de M. Poirier, Molière,
Le bourgeois-gentilhomme, Taine, L'Ancien Régime, un choix de
nouvelles modernes et de poésies françaises.
b) LE RÉALGYMNASE.
VI
V
IV
in
m
•up.
II
inf.
n
tup.
I inf.
Itup.
Total
Religion
2
3
2
2
2
2
2
2
2
18
Allemand
0
5
4
3
3
3
3
3
3
33
Latin
8
8
7
6
6
5
5
5
5
5î>
Français
—
—
5
5
5
4
4
4
4
3i
Anglais
—
—
—
3
3
3
3
3
3
18
Histoire
—
—
2
2
2
2
2
2
2
>4
Géographie
3
3
2
2
2
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1
I
»4
Calcul
5
4
3
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—
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—
—
i5
Mathématiques
—
2
2
5
5
5
5
5
29
Histoire naturelle
3
3
2
2
2
2
—
—
—
12
Chimie
—
—
—
—
—
2
2
2
6
Physique
—
—
—
—
—
3
3
3
3
12
Écriture
3
2
—
—
—
—
—
—
—
4
Dessm
—
3
2
2
2
2
2
2
2
16
Chant
1
2
2
2
2
2
2
2
2
»7
Gymnastique
3
2
2
2
'
2
2
2
2
18
Total
3o
3i
35
36
36
36
36
36
36
3l2
98
LE MUSÉE BELGE.
c) L'ÉCOLE RÉALE ET L'ÉCOLE RÉALE SUPÉRIEURE.
i
CLASSES RÉALES
CLASSB»
RBALBS
SUPE-
«IBUKBS
Religion
Allemand
Français
Anglais
Histoire
Géographie
Calcul et mathématiques
Histoire naturelle
Physique
Chimie
Dessin à main levée
Dessin géométrique
Écriture
Chant
Gymnastique
Total
Cours facultatifs
Commerce
Exercices de chimie
Exercices de physique
VI
I
I 2
1
1 10
I
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I 2
1
I
1
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2 2
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2 I 2
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II
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18
33 34 34 , 35 I 35 > 3o3
I
2 —
-t.
— i' 1
8» GRAND-DUCHÉ DE MECKLEMBOURG-SCHWERIN.
Un plan unique n'est pas prescrit. On trouve dans ce grand-duche*
le gymnase ordinaire, le réalgymnase, le gymnase et le réalgymnase
à base commune, la réalschule.
10 Le §^mnase ordinaire, par exemple le Fridericianum à Schwerin,
consacre à l'allemand 24 heures, au latin 71 heures, au grec 40, au
français 9, à l'histoire 18, à la géographie 12, aux mathématiques 36,
aux sciences naturelles 14. Total 289, y compris la gymnastique.
2° Le réalgymnase de Schwerin accorde à l'allemand 28 heures, au
PARTIE PEDAGOGIQUE. Qg
latÎD 5i, au français Si, à l*anglais i8, à l'histoire et à la géographie
32« au calcul et aux mathématiques 42, aux sciences naturelles 3o h.
30 Le gymnase et le réalgymnase à base commune sont organisés
de la façon suivante.
La base commune comprend trois années (VI®, V« et IV^) : à côté de
la langue maternelle (3 heures), on enseigne le latin (9 heures en VI« et
en V«; 8 heures en IV®) et le français, en IV^, à raison de 5 heures.
Le gymnase proprement dit comprend 6 classes : le latin a 8 heures
pendant les trois premières années et 7 pendant les trois dernières;
ce qui, avec la base commune, lui donne 71 heures. Le grec a 7 heures
pendant quatre ans et 6 pendant deux ans, en tout 40. Le français a
3 heures dans les deux troisièmes et 2 heures dans les quatre classes
suivantes. L'anglais s'enseigne, à partir de la seconde, à raison de
2 heures. Total : 293 heures, y compris la gymnastique.
Le réalgymnase accorde au latin 5 heures, au français 5 heures
dans les deux troisièmes, et 4 heures dans les quatre dernières années.
L^anglais commence dès la 3^ inférieure, à raison de 3 heures. Les
mathématiques, les sciences naturelles, la physique et surtout le
dessin obtiennent les heures de grec du gymnase. Total 294 heures
avec la gymnastique.
40 Dans Vécole réale, par exemple celle de Rostock, qui comprend
6 classes, le total des heures s'élève à 21 1 : i3 de religion, 28 d'alle-
mand. 3i de français, 16 d'anglais, 11 d'histoire, 12 de géographie,
16 de calcul, 16 de mathématiques, 18 de sciences naturelles, 6 d'écri-
ture, 10 de dessin, 22 de chant, 12 de gymnastique.
90 GRAND-DUCHÉ DE MECKLEMBOURG-STRELITZ.
Il n'y a pas de plan d'études général. Les divers établissements
suivent plus ou moins les programmes prussiens.
lO» GRAND-DUCHÉ D'OLDENBOURG.
On se propose, dit Horn (1), d'adopter les programmes prussiens.
Il» GRAND DUCHÉ DE SAXE-WEIMAREISENACH.
Ce grand-duché ne possède pas de plan d.'études général. En con-
sultant les programmes particuliers, on voit, par exemple au gymnase
de Weimar, que sur un total de 297 heures, le latin en a 72, le grec 40,
le français 18, l'allemand 23, l'histoire et la géographie 28, le calcul et
les mathématiques 33, les sciences naturelles 18. Au réalgymnase de
Weimar, on consacre 64 heures au latin, 33 au français, 20 à l'anglais
sur un total de 3o8 heures. La réalschule d'Apolda accorde à l'alle-
mand 24 heures, au français 35, à l'anglais i3, sur 198 heures.
(1; HoRN, Das hôhere Schulwesen der StaatenEuropas,
^3744
lOO LE MUSÉE BELGE.
120 PRINCIPAUTÉ DE LIPPE-SCHAUMBOURG.
Le gymnase de Buckebourg se bifurque, dès la 4* année, en gymnase^
proprement dit et en réalgymnase. Notons que les premières années
ou années communes, on enseigne le latin, à raison de 8 heures par
semaine et, à partir de la 3« année, le français. Nous retrouvons la
même organisation dans le gymnase Ernestinum à Gotha et dans le
Katharineum à Lubeck.
l3o VILLE LIBRE DE HAMBOURG.
fo Au gymnase, l'anglais est obligatoire pendant les quatre «der-
nières années.
^^ Le réalgymnase ne commence le latin que la 4® année; il enseigne
le français dès la première année, et Tanglais dès la troisième année.
30 L'école réale enseigne comme première langue le français ou
Fanglais.
IL - AUTRICHE.
a) Le gymnase autrichien a huit années, et Page requis pour
l'admission est 10 ans.
Les auteurs latins sont, en 3« : Cornélius Népos. quelques vies, ou
un choix de passages de Quinte-Curce ; en 4* : César, Guerre des
GauleSy 3 livres, Ovide; en 5« : Tite-Live, le livre I et le 2i« ou le
22% ou des passages importants se rapportant à la lutte entre les patri-
ciens et les plébéiens ; Ovide, extraits des Métamorphoses et des
Fastes; en 6", Salluste, Jugurtha ou Catilina; Cicéron, f" Catili-
naire; César, Guerre civile; Choix d^églogues et de passages des
Géor giques y Enéide ; en 7^, Cicéron, au moins deux discours, un
petit dialogue ou un extrait d'un grand ; Virgile, Enéide ; en 8« r
Tacite, la Germanie (1-27), et passages assez étendus des Annales et
des Histoires^ ou bien de Tun de ces deux ouvrages ; Horace, choix
d'odes^ d*épodeSy de satires et â'épttres.
Les auteurs grecs sont, en 5«, donc après deux années d'études :
Xénophon, Anabase ou une chrestomaihie faite avec les œuvres de
Xénophon; Homère, Iliade, passages choisis, deux ou trois chants;
en 6^y passages choisis de VIliade, cinq ou six chants ; Hérodote,^
les points principaux de l'histoire des guerres médiques, cursive-
ment Xénophon ; en 7^, trois ou quatre petits discours politiques de
Démosthène; passages choisis de VOdyssée, six livres; en 8«, Platon,.
YApologie de Socrate^ deux petits dialogues (par exemple, Criton^
Lâches, Euthyphron^ Lysis, Charmides) ou un grand dialogue, par
exemple Protagoras, Gorgias, une tragédie de Sophocle, et éventuel-
lement continuation de la lecture de YOdvssée.
Voici le plan d'études :
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
lOl
GYMNASE DfPfolEUa
GYMNASE
BUPÉRIEim
I
H
ÏIÏ
IV
V
VI
VII
VU!
Total
Rdigion
3
2
2
2
2
2
2
2(3)
i6 (17)
Latin
8
8
6
6
6
6
5
5
5o
Grec
—
—
5
4
5
5
4
5
28
AUemand
4
4
3
3
3
3
3
3
26
3
4
3
4
3
4
3
3
27
Madbématiques
3
3
3
3
4
3
3
2
24
Hîstotre naturelle
2
3
2
au second
semestre
—
■2(3)
2
—
—
9(io>
Pfayûque
—
—
2
an premier
semestre
3
"~
— "
3
3
lO
—
—
—
—
—
—
2
2
4
Total
33
23
24
25
25
25
25
25
194
—
—
—
—
(26)
—
—
(26)
(196)
A ces heures viennent s'en ajouter d*autres, qui ne sont pas obliga-
toires dans tous les gymnases, 4 heures de dessin en I«, II*, III« et
1V% I heure de calligraphie en 1* et, éventuellement, en 11% et 2 heures
de gymnastique dans toutes les classes.
Sont relativement obligatoires ou libres les langues du pays, le
français et l'anglais, le dessin à main levée dans les classes supérieures,
le chant et la sténographie.
G)mme on le voit, le grec est enseigné dès la troisième année ;
aucune langue vivante n'est obligatoire, et la propédeutique philoso-
phique obtient 4 heures.
b) LE RÉALGYMNASE.
Le réalgymnase n'est qu'un u gymnase inférieur » modifié ; le
dessin à main levée est obligatoire ; l'histoire naturelle gagne une heure
en i^ et en 2« au détriment de lallemand ; le grec est remplacé par
nne langue vivante, d'ordinaire le français. Ces quatre années servent
de base à un gymnase supérieur et à une école réale supérieure.
c) UECOLE RÉALE.
La réalschule a sept années, dont 4 pour l'école réale supérieure et
3 pour l'école réale supérieure.
X02
LE MUSÉE BELGE.
Le certificat de tnaturité du gymnase est requis pour Tadmission
<lans une Université et dans d'autres établissements d'instructioo
supérieure; toutefois pour fréquenter les cours d'une École spéciale,
on doit subir un examen supplémentaire sur la géométrie descriptive
et le dessin à main levée.
Le certificat de maturité de l'école réale ouvre l'accès des Écoles
spéciales. Les porteurs de ce certificat ne sont admis à T Université
que s'ils subissent un examen supplémentaire sur le latin, le grec et Li
propédeutique philosophique, devant une Commission d'examens
spécialement instituée dans les villes universitaires. Cependant ils ne
sont autorisés à le subir qu'un an après l'obtention du certificat de
maturité.
ni. — HONGRIE.
La Hongrie possède deux types d'établissements secondaires, le gym-
nase classique et l'école réale, comportant l'un et l'autre huit années
d'études. L'âge d'admission est de dix ans.
a) LE GYMNASE.
Religion
Hongrois
Latin
Grec
A la place du grec
Allemand
Histoire
Géographie
Histoire naturelle
Physique
Mathématiques
Dessin géométrique
Propédeutique philosophique
Écriture
Gymnastique
Total
I
[I
ni
IV
V
VI
VII
vm
Total
2
2
2
2
2
2
2
2
16
5
5
4
4
3
3
3
3
3o
()
6
T)
6
6
5
5
4
44
—
5)
5)
5)
4)
—
—
—
—
J
5)
s!
j
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—
—
4
3
3
3
3
3
«9
—
3
3
3
3
3
3
18
3
3
2
—
—
—
—
—
8
2
2
—
3
3
3
4
4
i3
8
4
4
3
3
3
4
3
2
26
3
3
2
2
—
—
—
—
10
1
i
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_
"~~
"^
*""
3
3
2
2
2
2
2
2
2
2
2
16
28
28
28
28
3o
3o
3o
3o
233
PARTIE PEDAGOGIQUE.
io3
Depuis 1890, le grec est facultatif : il est remplacé, éventuellement,
par la lecture de classiques grecs traduits, Thistoire de la littérature et
de Part grecs, et par Tétude de poètes épiques et d'historiens hongrois.
Le grec est obligatoire pour les jeunes gens qui se destinent à la
théologie, à la philologie et à l'histoire.
Le français est facultatif.
Dans quatre classes, V-VIIl, on donne le dessin en le rattachant à
rhistoire de Tart.
b) L'ÉCOLK RÉALE.
I
II
III
IV
V
VI
Vil
VIII
Total
Religion
2
2
2
2
2
2
2
2
16
Hongrois
5
5
3
3
3
3
3
3
28
Allemand
5
5
3
3
3
2
2
2
23
Français
—
—
3
5
4
3
3
4
24
Histoire
—
—
2
3
3
3
3
3
t?
Géographie
3
3
2
—
—
—
—
—
8
Histoire naturelle
2
2
—
—
3
3
—
—
10
Chimie et minéralogie
—
—
—
—
3
3
2
—
8
Physique
—
—
2
2
—
—
4
4
12
Mathématiques
4
4
3
4
5
4
4
3
3i
Dewtn çféométrique et géométrie
descriptive.
4
4
2
2
—
3
3
2
20
Dessin à main levée
—
—
2
2
2
2
2
2
12
—
—
-
-
—
-
—
3
3
Échiure
1
1
—
—
—
—
—
—
2
Gymnastique
2
2
2
2
2
2
2
2
16
Total
28
28
28
28
3o
3o
3o
3o
232
Un enseignement facultatif du latin peut être établi dans les quatre
classes supérieures. En outre, le chant, la sténographie et l'hygiène
sont ici, comme au gymnase, des branches facultatives.
En rendant le grec facultatif dans les gymnases et en établissant des
cours facultatifs de latin dans les écoles réaies, on a tendu à rapprocher
les deux types d'enseignement. M. Finaczy, le pédagogue hongrois
bien connu, a voulu pousser plus loin cette pensée d'unification et
I04 LE MUSÉE BELGE.
a présenté à la commission d'enquête un projet ainsi conçu (i) : i^ l^cs^
gymnases et les écoles réaies seront remplacés par des écoles d'ensei-
gnement secondaire où Ton enseignera des matières obligatoires pour*
chaque élève et des matières à option ; 2^ les matières obligatoires
seront : a) l'instruction religieuse et la morale, b) langue et littéra-
ture hongroises, c) langue et littérature latines, d) langue et littérature
allemandes, e) histoire de Hongrie, f) histoire universelle, g) géogra -
phie, h) histoire naturelle, i) mathématiques, k) physique, l) dessin à
main levée; m) philosophie, n) gymnastique; dans les établissements
dont la langue de renseignement n*est pas le hongrois, on ajoutera la
langue et la littérature de la nationalité (rouniain, allemand, slave) ;
3<> outre ces matières obligatoires, chaque établissement qui a plus de
quatre classes, doit enseigner au moins deux matières à option. Ces
matières sont : a) langue et littérature grecques, b) langue et littéra-
ture françaises, c) langue et littérature anglaises, d) langue et littéra-
ture italiennes, e) géométrie descriptive, f) chimie ; 49 chaque élève
doit choisir une de ces matières pendant le second cycle de ses études
(de la V« à la VIII« classe), cependant cette matière ne fera pas partie
de Texamen de maturité; 5" le nombre des heures est fixé, pour le
premier cycle (de la !« à la IV« classe), à 26 aU maximum, dans le
second cycle à 28 au maximum, non comprises les heures consacrées
à la gymnastique et aux jeux ; 6° Texamen de maturité, quelle que
soit la matière à option choisie par l'élève, donne droit d'accès à
toutes les écoles Renseignement supérieur. Actuellement le certificat
des gymnases ouvre l'Université; celui des écoles réaies les Écoles
spéciales.
Ce projet, soumis à la commission d'enquête au mois de janvier
1906, a été rejeté par la majorité.
IV. — GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG.
a) LE GYMNASE.
Les \t<ions facultatives sont : le chant (2 heures, en VU* et en VI«),
le dessin (2 heures, en V«, IV« et III«; une heure, en Ils et 3 heures
en I«). la gymnastique (2 heures en V«-le), l'anglais (2 heures en III«
et Il«), l'escrime (5 heures en 1«).
En résumé, il y a sept années de latin et cinq années de grec. Seuls
l'allemand et le français sont obligatoires; l'anglais est facultatif.
(1) Voir J. Ko NT, La réforme de l'enseignement secondaire en Hongrie^ dans la
Revue internationale de renseignement^ Si® vol. (1906), p. 433.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
io5
Vil
VI
V
IV
III
II
I
Total
ReUgion
2
2
2
2
2
2
2
14
Allemand
4
4
3
2
3
3
3
22
Français
8
8
6
4
3
3
3
35
Latin
7
7
7
7
7
7
7
49
Grec
—
—
5
5
4
4
4
22
Histoire
2
2
2
2
2
2
2
>4
Géographie
1
1
1
1
1
1
1
7
Calcul et
2
2
2
—
-
—
—
6
Mathématiques
—
—
—
3
4
4
4
i5
Histoire naturelle
—
—
—
2
2
—
—
4
Physique et chimie
—
—
—
—
—
3
3
6
Dessin
2
2
—
—
—
—
—
4
Gymnastique
2
2
—
—
—
—
—
4
Total
3o
3o
28
28
28
29
29
202
En VK on lit le De Viris de Lhomond; en V«, Cornélius Népos;
en IV«, outre Cornélius Népos, César, Guerre des Gaules^ I cl II, et
Phèdre; en 111% César, les cinq derniers livres, Tile-Live, XXI, et
Ovide, exuaits; en II«,Tite-Live, XXII, Salluste, Catilina, Enéide, I,
II, VI et extraits des chants VIII, IX et XII ; en K«, discours choisis
de Cicéron (par exemple, les Catilinaires, le Pro lege Manilia, ïcpro
Milone)^ Tacite, Germania, Horace, odes^ épodes^ satires et épUres.
En IV«, on traduit des fables d'Esope et quelques extraits de
Xénophon (édition Schenkl); en III«, on lit Xénophon, Anabase, les
trois premiers livres et des extraits des autres livres ; Homère. Odys-
sée^ !•«■ chant; en II«, Xénophon, Helléniques, I et II ; Hérodote,
extraits; Odyssée, extraits; Iliade, chant I«**. en Ir«, Démosihène, les
trois premières Philippiques ; Thucydide, extraits; Lysias et Isocrate,
extraits; Iliade, II-XXIV, passages choisis.
L'enseignement systématique de la grammaire latine prend quatre
années : deux années de lexigraphie, deux années de syntaxe. Des
heures spéciales y sont consacrées : 7 heures en VII", 3 en VI«, 4 en
V« et 3 en IV«- Dans les trois dernières classes, on étudie la méthode
de la version latine (2 heures en Ill«, i heure en II« et I«), et on fait
des exercices de style et des thèmes d'imitation.
L'enseignement de la grammaire grecque, qui dure quatre années,
^st distribué comme pour le laiin. La cinquième et dernière année de
grec, il n'y a plus de grammaire.
ïo6 LE MUSÉE BELGE.
L'âge d'admission est 12 ans, et la préparation se fait à Técole pri-
maire. Voici les matières de Texamen d'admission en Vile,
Doctrine chrétienne : Le catéchisme diocésain et les principaux
faits de l'ancien et du nouveau testament.
Langue allemande : Lecture correcte et couJante, et intelligence
d'un morceau facile en prose et en vers; les parties du discours :
déclinaison, comparaison et conjugaisons ; reproduction par écrit
d'une narration facile.
Langue française : Lecture correcte et coulante d'un morceau
facile; connaissance des principales règles de la lexigraphie : substan-
tif (pluriel), adjectifs qualificatifs (féminin et pluriel), article, adjectifs
déterminatifs, pronoms, verbes auxiliaires, les quatre conjugaisons
régulières avec les particularités orthographiques, verbes irréguliers à
l'exclusion des verbes défeciifs et de leurs composés; traduction de
phrases faciles de l'allemand en français et du français en allemand;
dictée facile.
Arithmétique : Numération des nombres entiers et des nombres
décimaux; les quatre opérations fondamentales des nombres entiers,
des nombres décimaux et des fractions; système métrique; problèmes
faciles sur la règle de trois simple et la règle d'intérêt.
Le certificat de maturité ouvre l'accès des u cours supérieurs, section
des lettres ». Ces cours ont pour objet : le latin (explication d'auteurs
et aperçu de la littérature latine); le grec (explication d'auteurs); Talle-
niaad (histoire de la littérature et explication des chefs du Xill«, du
XVIll® et du XlX*^ siècles); le français (histoire de la littérature, expli-
cation de morceaux choisis et d'auteurs français; la philosophie
(logique, psychologie et morale; analyse et interprétation d'ouvrages
philosophiques); l'histoire contemporaine et l'histoire nationale; les
antiquités romaines.
Les langues véhiculaires sont l'allemand et le français.
La langue allemande est la langue véhiculaire pour le catéchisme,
les langues allemande, grecque et latine (jusqu'en 111^ inclusivement),
la langue anglaise, l'histoire (dans les trois classes inférieures), la
géographie (dans les quatre classes inférieures) et la philosophie.
La langue française est la langue véhiculaire pour la bible, la langue
française, les mathématiques, les langues grecque et latine à partir de
la 11% l histoire à partir de la IV% là géographie à partir de la III«,
les antiquités, l'histoire naturelle, la physique et la chimie.
PARTIE PEDAGOGIQUE.
107
b) L'ÉCOLE INDUSTRIELLE ET COMMERCIALE DE LUXEMBOURG.
DIVISION
INFÉRIEURE
Religion
Allemand
Français
Anglais
Calcul
Mathématiques
Histoire naturelle
Physique
Chimie
Histoire
Géographie
Écriture
Dessin
Chant
Gymnastique
Sténographie et dactylo-
Cnphie.
Comptabilité
Sciences commerciales et
correspondance com-
merciale.
Droit commercial
Mcrcéologie
Economie
Total
VI
2
5
7
5
32
32
IV
2
5
6
DIVISION SUPÉRIEURE
Cl) b)
Section industrielle Section commerciale
III
2
5
3
3
32
12)
Total
12
26
3i
20
22
1
3
4
192
32
3o
-2)
3o
Total
12
25
3o
20
i«S
I
10
1
3
3
»9
6
4
4
188
Le cours de calligraphie a été supprimé en VI^ et en V«, et un cours
temporaire de calligraphie a été créé pour les élèves dont l'écriture
laisse à désirer.
I08 LE MUSÉE BELGE.
Cours facultatifs : Titalien et l'espagnol. De plus, il y a un cours
accessoire d'allemand pour les élèves étrangers, et un cours accessoire
pour les élèves qui n*ont pas suivi le cours d^anglais des classes infé-
rieures.
L'examen de maturité de l'école commerciale et industrielle ouvre
l'accès aux cours supérieurs^ section des sciences naturelles ou sec^
tion des sciences mathématiques.
Les matières de la section des sciences naturelles sont : la philo-
sophie, la zoologie, la minéralogie, la géologie, la phytologie, la
microscopie, la physique, Ja statique, la chimie minérale, la chimie
organique, les manipulations chimiques et l'analyse chimique.
Les matières de la section des sciences mathématiques sont : la phi-
losophie, la géométrie analytique, la géographie descriptive, le calcul
différentiel et intégral, l'algèbre supérieure, l'astronomie, la physique,
la statique, la chimie minérale, la chimie organique, les manipula-
tions chimiques, la chimie analytique.
Les élèves qui se proposent d*entrer dans la section comnierciale ou
de quitter l'établissement après la IVs sont dispensés de suivre les
cours de mathématiques et de dessin qui sont remplacés par les cours
suivants : i® cours de mathématiques pratiques, 2 heures; 2« éléments
de physique et de chimie, 2 heures ; 3° arithmétique commerciale,
3 heures; 40 notions élémentaires de droit commercial.
Les élèves qui quittent l'établissement après la 1V« classe pour se
vouer à une carrière pratique autre que celle du commerce, peuvent
suivre le cours de dessin en remplacement de ceux d'arithmétique
commerciale et de notions élémentaires de droit commercial.
La langue française est la langue véhiculaire pour les branches
suivantes : langue française, mathématiques, sciences physiques et
naturelles, levé des plans, arithmétique commerciale, droit commer-
cial, économie politique et mercéologie.
La langue allemanJe est la langue véhiculaire pour les branches
suivantes : langue allemande et langue anglaise.
La langue française et la langue allemande servent de véhicule à
l'enseigrement des branches suivantes : docirine chrétienne, histoire
et géographie, compiabiliié, sciences commerciales, correspondance
xrommerciale. (A continuer,)
lateinischen Spraehe, seinen Primanern and seinen Stadenten gewidmet.
I. Heft. Binfùhning in die Stilistik. Leipzig, DQrr, 1907. 1 m. 40.
0. SCHIAPpOLI, Metrica e proBodit latina esposte seconde gli stadi più recentii
Tarin, I<œselier, 1904. 108 pp.
0. SCHNEIDER, Der IJealismas der HeUeaen and seine Bedeutung fQr den
gymnasialen Unterricht. Progr. Oymn. Oera, Th. Hoffmann, 190Ô.
J. SCHMATZ, Baiae, Das erste Lazusbad der Roemer. I a. II Teil* Progr. des
k. Neaen Gymn. in Regensburg. Regensburg, Sehiele, 1905 et 1906.
M. C. P. SC3MIDT, KuKarhistorische Beitraege zar Kenntniss des griecliischen
and roemiscben Altertams. Leipzig, Dûrr, 1906.
W. SCHOTT» Stadien zar Oeschichte des Kaisers Tibenas. I a. II Haeifte.
Progr. des k. Neaen Ojmn. in Bamberg. 1904 et 1905.
O. SCHRADER. TotenhochzeK. Vortrag. lena, Costenoble, 1904. 38 pp.
A. SCHULTEN, Vom antiken CaUater. Berlin, Weidmann, 1906. 44 pp.
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P. SKOK, Die mit â%a Saffixen -Ocum, -(vium, -ascum and -usoum gebildeten
soed/ransoesiachen Ortsnamen. Halle a. S., M. Niemejer, 1906. 10 m.
(Beihefte sar Zeitschr. f. rom. Phil., 2 Heft).
J. SCHMAUS, Charakteristische Zaege der ersten roemiscben Kaiser (31 v. Chr.
bis 68 n. Chr.). Progr. des k. Alton Oymn. in Bamberg. 1905.
A. TACCONE, Bacchilide. Ëpinici, ditirambi e frammeati con introdoiione,
comento e appendice critica. Tarin, Lœacber, 1907. 3 (t. 50, (CoUezione di
classid greci e latini con noté italiane).
C. TOSATTO, De infiniti?i historici asa apad Cartiam Rafum et Plorum et
Salpiciam Sereranu Padoae, Dracker, 1905. 36 pp.
y. TOURNEUR, Une monnaie de nécessité des Bellovaqaes. Brax., Polleanis,
1906. 13 pp.
P. RAOHPAfÎL, Wilfaelm von Oranien and der niederlândische Aufstand. I Bd.
Mit eine Karte. Halle a S., M. Niemeyer, 1906. 16 m.
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Londres, C. P. Clay, 1906. 6 sb.
F. SMITH, Die roemische Tlmokratie. Berlin. G. Naack, 1906. 3 m.
E. ULRIX, La légende de la Belle aa Bois dormant. Brazelles, Qoenuiere,
1906. (Re? ae Générale.)
V. USSANI, La qaestione e la critica del cosl dette Egesippo. Florence, Seeber.
1906 (Eztr. des Stadi iuliani di Filologia classica. XIV.)
P. WERNER, De incendiis arbis Romae aetate imperatoram. Diss. Leipzig,
R. Noske. 1 m. 60.
C. WEYMANN, Vier Epigrammen des hl. Papstes Damasas 1. Festgabe.
Manchon, Lindner, 1905. 1 m. 40.
G. WINTFR, De mimis Ozyrhynchiis. Diss. inaag. Leipzig, Soele et C®, 1906.
H. WOLF, pie Religion der alten Griechen. Gaetersloh, Bertelsmann, 1906.
1 m. 50(0ymn.-Bibl., 41).
B. WOLFF, Le siège de Laxemboarg (28 avril 4 juin 1684) diaprés des doca-
ments inédits. Progr. Laxemboarg, J. Beffort, 1905. 52 pp. 4^ et an plan.
B. ZIEBARTB, Kaltarbilder aas griechiscben Stâdten. Leipzig, Teabner, 1906.
1 m. (Ans Natar and Geisteswelt).
J. ZWICKER, De vocabalis et rebas gallicis sive Transpadanis apad Vergiliam.
DiM. Leipzig, Graefe, 1905, 1 m. 20.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
L, Van der Essen^ Angslo Fumagalli 6t
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique,
48. G Rauschen^ Florilegium patristrcum (J, P. Waltzing) . . . .64
4g, G. B. Coitino, Nomi greci in Virgilio (Lç même) 66
5o. R. Stadthaus, De prologis fabularum Plautinarum (A. Delatte) . . «67
bi. S, B. Platner, The topography oi anciept Rom (L. Halkin) . . .68
53. R. Cagnat^ Bibliothèques dans Tempire romain (P. Hakin) . . «69
53. H, Schindler, Praeparationen zu den Institutiones Justinianî (J. Willems) . 70
54. J. Bach, Homers llias und Odyssée (J. Gessier) 71
Langues et littératures romanes.
55. P. Bonne/on, Portraits et récits extraits des prosateurs français (J. Fleuriaux) 72
56. F. Klincksieck, Chrestomathie de la littérature française (Le même) . . 73
Langues et littératures germaniques,
57. Th, Coopman et J. Broeckaert, Bibliographie van den Vlaatnschen taal*
strijd (A. De Ceuleneer) 74
58. S. Singer, Deutsche Texte des Mittelalters (H. BischofiF) .... 75
Sg.'il/. //eyne, Deutsches Woertcrbuch(Le môme) 76
60. O. Schrader, Sprachvergleichung (C. Lecoutere) 77
78
80
81
84
85
Varia.
61. V. Braits^ La Faculté de droit de Louvaîn (F. Côïlard)
62. J. de Lyris^ Choix d'une bibliothèque (J. Fleuriaux) .
63. L. LévX'Bruhl^ La morale (A. Grafé) ....
64. B. Bauch, Luther und Kant (A. C.) . . . .
65. E. Bljnc, Dictionnaire de philosophie (F. W.) .
Notices et annonces biUiographiqaes.
66-79. Publications de F. Cumont, Dirembcrg et Saglio, Ruelle, Bodin et
Mazon, Johnston, Olcott, Martini et Bassi, Modcstov, Van den Bosch,
Chantepie de la Saussaye, Graesse, Geurts, Weese. Die Simme . . .86
CHRONIQUE.
8o-83. Cours d'art et d'archéologie. F. Brunetière. Programme du concours de
TAcadémie royale (1909). Projections lumineuses 91
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
F, Collard, L'Enseignement moyen à l'étranger (suite) 95
Onzième année. — N«>s 3-4.
i5 MARS-j5 AVRir, 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PEDAGOGIQUE
DU
MUSEE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRBCTION Dl
F. COLLARD
PROV'iafrk'im A l'uNIVKRSITÉ DB LOUVAIN
J p. WAL.TZING
PROFESSEUR A L*UNlVER8ITé DE UÈGE
PartlcMiit tottj les mois, à l'excepUon des mois d*aoûl et do septembre
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
20, RUE DE NAXUR, 20
PARIS
A. FONTEMOING
4, rue Le Goff
BERLIN
R. FRIEDLAENDER ET FILS
Carlstrasse, ii, N. W
COMITE DE REDACTION.
MM. Bang, W., professeur k l'Université de Louvain.
Bischoff; H., professeur à l'Université de Liège.
Béthune, Baron P., professeur à l'Université de Loavain.
Gauchie, A., professeur à l'Université de Louvain.
CoUard, F., professeur à l'Université de Louvain.
De Ceuleneer, A., professeur à l'Université de Gand.
de la Vallée Poussin, L., professeur à l'Université de Gand.
t Delescluse, A., chargé de cours à l'Université de Liège.
Doutrepont, A., professeur à l'Université de Liège.
Doutrepont, G., professeur à l'Université de Louvain.
Francotte, H., professeur h l'Université de Liège,
t de Groutars, J., professeur à l'Université de Louvain.
Halkin, J., professeur à l'Université de Liège.
Halkin, L., professeur à l'Université de Liège.
Hanquet, K., professeur à l'Université de Liège.
Iiecoutere, Ch., professetir k l'Université de Louvain.
Maere, R., professeur à l'Université de Louvain,
Martens, Ch., docteur en Philosophie et Lettres et en Droit, à Louvain.
Mœller, Ch., professeur à l'Université de Louvain.
Poullet, Pr., professeur k l'Université de Louvain.
Remy, E., professeur k l'Université de Louvain.
Roersch, A., chargé de cours à l'Université de Gand.
Sencie, J., professeur k l'Université de Louvain.
Van Houtte, H., chargé de cours k l'Université de Gand.
Van Hove, A., professeur k l'Universilc de louvain.
Van Ortroy. F., professeur h l'I^iiversité de Gand.
Waltzing^, J. P., professeur k l'Université de Liège.
"Willems, J., professeur k l'Université de Liège,
t Willems, P., professeur k l'Université de Louvain.
SECRÉTAffiE : J. P. "WAL.TZING, 9, rue du Parc, k Liè^e.
On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) k M. J. P. Waltzing^, professeur
à V Université de Liège, 9, rue du Parc, Liège,
Les articles destinés k la partie pédagogique doivent être adressés k M. F. GoUard,
prolessjur à l'Université de Louvain, rue Léopold, 22, Louvain,
En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d'abon-
ncmment est fixé k 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans W autres pays, on
peut s'abonner k la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser k M. Gn. Peeters, libraire, rue de Namur, 20, k Louvain.
Les dix premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 k 480 pages, sont en
vente au prix de 10 fr.
Provisolromeiity les abonnés pourront se procurer une
ou plusieurs de ces dix. années au prix de T fk*« SSO par
année* le port en eus.
Onzième année. — N^» 3-4. i5 Mars- 1 5 Avril 1907.
Bolletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANGES.
Le Musée Belge a été fondé pour favoriser le développement et le •
progrès des études classiques ; il porte un intérêt spécial à toutes les
questions d*enseigoement moyen. C'est pourquoi il s*empresse de repro-
duire le manifeste adressé à M. le Ministre de Tlnstruction publique, par
environ 200 professeurs de nos quatre universités et par plus de 1500 pro-
fesseurs des athénées et collèges, en faveur des Humanités gréco-latines.
POUR LES HUMANITÉS GRÉCO-LATINES.
l/cDseignement moyen subit, dans notre pays, une crise qui ne
peut échapper à rattention de personne. Un plan de réforme,
qui embrasse la totalité du programme, est actuellement discuté,
et le rôle qu'il faut assigner aux langues et aux littératures grecques
et latines dans Téducation est mis en question.
Nous ne voulons préjuger en aucune manière les décisions que
prendra la Commission instituée pour étudier la réforme des Huma-
nités, mais nous croyons de notre devoir de faire connaître notre
opinion sur la plus grave des questions d'enseignement, le maintien
ou la suppression des Humanités gréco-latines.
Nous ne nions en aucune façon que l'organisation de notre
enseignement soit susceptible de changements et de progrès ; et
sar les détails de ces réformes, nous réservons la liberté d'action et
d'opinion de chacun des signataires, mais nous sommes tous
d'accord sur les points suivants.
Nous voulons d'abord affirmer notre foi absolue dans l'efficacité
des Humanités gréco-latines pour l'éducation des classes supérieures.
Noos avons la conviction profonde qu'il importe aux intérêts les
plus élevés de notre pays, à sa culture intellectuelle, esthétique et
morale, que la. jeunesse des écoles, destinée à constituer un jour
l'élite de la nation, reste soumise, par l'étude des langues et des
IIO LB MUSÉB BBLGB.
littératures classiques, à Tinfluence de la pensée littéraire et artis
tique des Grecs et des Romains. Aucun intérêt respectable, pas plui
l'intérêt économique qu'un autre, ne peut être par là compromis
Nous croyons, au contraire, que Tabandon d'un système d'éducation
consacré par l'expérience de plusieurs siècles, serait un reçu
pour notre pays. Nous demandons qu'on n'en fasse pas téméraire-
ment le sacrifice, alors surtout que les principales nations quj
s'efforcent d'étendre leur influence économique, l'Allemagne e(
l'Angleterre par exemple, se refusent à trancher définitivement
cette grave question.
Le grand péril est dans l'esprit utilitaire, hostile à toute étude
vraiment désintéressée, et qui tend à ramener tous les problèmes
d'enseignement à une valeur appréciable en monnaie. Sans doute,
l'école doit préparer le jeune homme à la vie, mais à toute la vie,
et bien à plaindre seraient les nations où il n'y aurait plus d'autre
idéal que l'argent h gagner, où toute l'éducation se réduirait à la
recherche des meilleurs procédés pour s'enrichir, soit dans le pays,
soit au dehors, où, dans un but d'expansion mondiale, on arrêterait
l'expansion de la science et de l'intelligence.
A cette déclaration théorique, nous voulons joindre une demande
d'un ciiractère pratique. Sans nous occuper ici des détails d*un
programme d'études ni de la méthode, nous demandons que le
programme des Humanités continue à tenir compte de l'importance
essentielle des langues et des littératures grecques et latines, qu'il
leur accorde un nombre d'années et d'heures qui réponde à leur
éminente valeur.
Les soussignés ont cru utile d'exposer leur opinion en cette ma-
tière à M. le Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique et
de remettre une copie de la présente déclaration à M. le Président
de la a Commission pour l'étude et l'examen des réformes qu'il
conviendrait d'introduire dans l'enseignement moyen du degré
supérieur ».
W. BANG, professeur î» la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
L. BECKER, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
A. BEHAEGHEL. professeur à la Faculté de droit, Bruxelles.
L. BECO, chargé de cours à la Faculté de médecine, Liège.
J. BIDEZ, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
P. BIOURGE, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
R. BODDAERT, professeur émérite à la Faculté de médecine. Gand.
E. BOISACQ, professeur ù la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
PARTIB BIBLIOGRAPHIQUE. fil
A. BONDROrr, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
S. BOflMANS, professeur émérite à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
L. BOSSU, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
L. BRÊDA, professeur à la Faculté technique, Liège.
A. DRICTEUX, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
G BRtYLANTS, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
A. CARNOY, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
A. CASTELEIN, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
A. GAUCHIE, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
G. CE5AR0, professeur à la Faculté des sciences, Liège.
S. CHAINEUX, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
V. CHAUVIN, proTesseur à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
L. CLOQUET, professeur à la Faculté des sciences, Gand.
P. COLIN ET, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
Q. COPPIETERS, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
J. CORBIAU. professeur à la Faculté de droit, Louvain.
G. CORNIL, professeur k la Faculté de droit, Bruxelles.
E. CRAHAY, professeur à la Faculté de droit, Liège.
K. CUMONT, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
P. DAUBRESSE, professeur à la Faculté des sciences, liOuvain.
T. DEBAISIEUX, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
J. DE BBGKER, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
V. DE BRABANDERE, professeur à la Faculté de droit, Gand.
V. DEBROUX, professeur à la Faculté de philosophie et lettres. Institut Saint-Louis,
Bruxelles.
G. DE BRUYNE, professeur à la Faculté des sciences, Gand.
A. DE GEULENEER, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
J. DE GOGK, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
U. DE DORLODOT, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
II. DEFOURNY, professeur à la Faculté de droit, Louvain.
H. Dc GREEF, professeur à la Faculté des sciences, Namur.
M. DELAGRE, professeur à la Faculté de médecine, Gand.
W. DE LA ROYÈRE, professeur à TËcole de Génie civil k Gand.
C. DE LA VALLÉE POUSSIN, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
L. DE LA VALLÉE POUSSIN, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
L. DE LOGHT, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
S. DEMANET, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
J. DE3IARTEAU, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
D. DE MOOR, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
R. DE IIUYNCK, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
V. DENEFFE, professeur émérite à la Faculté de médecine, Gaod.
J. DENYS, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
S. DEPLOIGE, professeur à la Faculté de droit, Louvain.
P. DEREUL, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
E DE RIDDER, professeur à la Faculté de droit, Gand.
J. DERUYTS, professeur à la Faculté des sciences, Liège.
A DESGHAMPS, professeur à la Faculté des sciences, Namur.
A. DE SENARCLENS, professeur k la Faculté de droit, Liège.
G. DES MAREZ, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
H. DE STELLA, professeur k la Faculté de médecine, Gand.
G. DE VREESE, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
112 LB MUSÉE BELGB.
M. DE WULP, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvaln.
F. DIERCKX, professeur à la Faculté des sciences, Namur.
G. DUGUET, professeur à la Faculté des sciences, Liège.
A. DUMONT, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
L. DUPRIEZ, professeur à la Faculté de droit, Louvain.
A. DUREZ, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
L. DUROUSSEAUX, professeur à la Faculté de philosophie et lettres. Institut Saint-Louis,
Bruxelles.
G. DUSAUSOY, professeur à la Faculté des sciences, Gand.
G. DWELSHAUVERS, professeur à la Faculté de philosophie, Bruxelles.
E. EEMAN, professeur k la Faculté de médecine, Gand.
P. ERRERA, professeur à la Faculté de droit, Bruxelles.
A. FABRI, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
J. FORGET. professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
F. FRAIPONT, professeur à la Faculté de médecine, Liège.
H. FRANCOTTE, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
X. FRANCOTTE, professeur k la Faculté de médecine, Liège.
T. FRATEUR, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
L. FRÉDËRIGQ. professeur à la Faculté de médecine, Liège.
P. FREDERIGQ. professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
G. GALOPIN, professeur à la Faculté de droit, Liège.
F. GEVAERT, directeur du Ck)nservatoire royal de musique, Bruxelles.
A. GILKINET, professeur k la Faculté de médecine, Liège.
E. GILSON, professeur à la Faculté de médecine, Gand.
G. GILSON, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
A. GRAFÉ, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
A. GRAVIS, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
V. GRÉGOIRE, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
A. HABETS, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
L. HALKIN, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
E. HANSSENS, professeur k la Faculté de droit, Bruxelles.
J. HA VET, professeur k la Faculté de médecine, Louvain.
P. HEGER, professeur k la Faculté de médecine, Bruxelles.
J. HEMERYCK, professeur k la Faculté de philosophie, Louvain.
L. HENRY, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
P. HENRY, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
H. HUBERT, professeur k la Faculté technique, Liège.
M. HUISNAN, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
M. IDE, professeur k la Faculté de médecine, Louvain.
F. JANSSENS, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
G. JUUN, professeur k la Faculté de médecine,' Liège.
F. KAISIN, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
F. KEELHOFF, professeur k la Faculté des sciences, Gand.
J. KRUTWIG, professeur k la Faculté technique, Liège.
A. KUGENER, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
P. LADEUZE, professeur k la Faculté de théologie, Louvain.
A. LAMEERE, professeur k la Faculté des sciences, Bruxelles.
J. LAMINNE, professeur k la Faculté de théologie, Louvain.
M. LAURENT, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
H. LEBOUGQ, professeur k la Faculté de médecine, Gand.
L. LEGLËRE, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Il3
C LSCOUTERE, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Lou?ain.
F. LEFEBVRE, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
T. LCFORT, chargé de cours à la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
.L. LEGRAND. chargé de cours à la Faculté des sciences, Liège.
A. LEMAIRE, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
R. LEMAIRE, chargé de cours à la Faculté des sciences, Louvain.
E LEPLAE, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
N. LEQUARRÉ. professeur émérlte à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
M. LOHEST, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
H. LONGHW, professeur à la Faculté de philosophie et letti'es, Bruxelles.
F. LUCAS, professeur k la Faculté des sciences, Namur.
R. MAERE, professeur k la Faculté de théologie, Louvain.
Lu HABILLE, professeur à la Faculté de droit, Louvain.
£. MAHAIM, professeur à la Faculté de droit, Dège.
L. MALOU, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
J. MANSION, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
£. MASOIN, professeur k la Faculté de médecine, Louvain.
V. MASIUS, professeur émérite k la Faculté de médecine, Liège.
J. MEEUWISSEN, chargé de cours k la Faculté des sciences, Gand.
A. MEUNIER, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
L. MEURIGE, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
G MICHEL, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
C MOELLER, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
P. NOLF, chargé de cours k la Faculté de médecine, Liège.
0. ORTU, professeur émérite de r Université, Liège.
L. PARMENTIER, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
J. PIERAERTS, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
F. PLATEAU, professeur k la Faculté des sciences, Gand.
H. PONTUIËRE, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
L. PREUD*HOMME, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
F. PUTZEYS, professeur k la Faculté de médecine, Liège.
F. RANWEZ, professeur k la Faculté de médecine, Louvain.
E. REM Y, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
A. ROERSCH, chargé de cours k la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
A. ROLIN, professeur k la Faculté de droit, Gand.
G. ROMMELAERE, professeur k la Faculté de médecine, Bruxelles.
A. SCBARPË, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
F. SCUIFFERS. professeur k la Faculté de médecine, Liège.
R. SCHOCKAERT, professeur k la Faculté de médecine, Louvain.
J. SENCIE, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Louvain.
J. SERVAIS, professeur k la Faculté de droit, Bruxelles.
N. SIBENALER, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
\V. SPRING, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
A. SWAEN, professeur k la Faculté de médecine, Liège.
A. THEUMS, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
F. T1IIRY, professeur k la Faculté de droit, Liège.
F. TILHAN, professeur k la Faculté de philosophie et lettres, Namur.
P. TROISFONTAINES, professeur k la Faculté de médecine, Liège.
C VAN BAMBEKE, professeur émérite k la Faculté des sciences, Gand.
E. VAN BENEDEN, professeur k la Faculté des sciences, Liège.
J. VAN fil£R\XIET, professeur k la Faculté de droit, Louvain.
114 ^^ MUSÉE BELGE.
G. VAN DEN BOSSGHE, professeur à la Faculté de droit, Gand.
L. VAN DER HAEOHEN, chargé de cours à la Faculté de philosophie et lettres. Gaud.
G. VAN DER MENSBRUGGHE, professeur émérite à la Faculté des sciences, Gand.
E. VAN DER REST, professeur à la Faculté de droit, Bruxelles.
P. VAN DURME, chargé de cours à la Faculté de médecine, Gand.
D. VAN DUYSE, professeur a la Faculté de médecine, Gand.
E. VAN ERMENGEM, professeur à la Faculté de médecine, Gand.
A. VAN GEHUGIITEN, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
A. VAN IIOONACKER, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
H. VAN liOUTTE, chargé de cours à la Faculté de philosophie et lettres, Gand.
A. VAN HOVE, professeur à la Faculté de théologie, Louvain.
F. VAN IMSCHOOT, professeur à la Faculté de médecine, Gand.
F. VAN ORTROY, professeur à la Faculté des sciences, Gand.
J. VAN RYSSELBERGHE. professeur à la Faculté des sciences, Gand.
P VAN WETTER, professeur à la Faculté de droit, Gand.
M. VAUTUIER, professeur à la Faculté de droit, Bruxelles.
L. VERHELST, professeur k la Faculté des sciences, Louvain.
A. VERMEVLEN, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
G. VERRIEST, professeur à la Faculté de médecine, Louvain.
G. VERRIEST, professeur à la Faculté des sciences, Louvain.
G. VERSTRAETEN, professeur à la Faculté de médecine, Gand.
A. voii WINIWARTER, professeur à la Faculté de médecine, Liège.
J. VOSTERS, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, institut Saint-Louis,
Bruxelles.
J. WALTZING, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Liège.
A. WiLLEMS, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Bruxelles.
J. WILLE3IS. professeur à la Faculté de droit, Liège.
L. WODON, professeur â la Faculté de droit, Bruxelles.
F. WOLTERS, professeur à la Faculté des sciences, Gand.
G. WOLTERS, administrateur-inspecteur honoraire de l'Université, Gand.
M. ZECH, professeur à la Faculté de philosophie et lettres, Institut Saint-Louis, Bruxelles.
COLLÈGE SAINT-JOSEPH, AERSCHOT : MM A. Raeymaekers, J. Van Aerden, F. Glaze-
makers, J. Hallez, J. Hammenecker, F. De Jong, J. Berghmans, professeurs.
COLLÈGE SAINT-JOSEPH, ALOST : MM. Ed. Marchai, recteur ; Ch. Taepper, J. Van
Eecke, J. Nieuwenhuyzen, P. Lallemand, E. Fleerackers, Ch. De Visser, F. Gillemon,
Ev. Bauwens, P. Ottevaere, J. L'Hôte, H. Demain, E. Van Hoof, A. Debil, A. Verwimp,
L. Ilumbiet, professeurs.
COIXKGE NOTRE-DAME, ANVERS : MM. L. Serigiers, recteur ; A. Jaspers, A. Boone,
J. Pouitens, A. Grootaert, J. Goetstouwers, R. Mortier. A. Acart, F. Dwelshauwers.
S. De Visser, A. Prop, J. Jacobs, A. VVaterkcyn, F. Vandamme, C. Van Wymeersch,
D. Schurmans, professeurs.
COLLÈGE ÉPISCOPAL SAINTJEAN BERGHMANS, ANVERS : MM. Kinon, directeur;
E. Aerts. V. Leclef, E. Anciaux, F. Van Uoeck, A. Van Langendonck, L. De Coster,
G. Glénisson. L. Van Loey, E. Jansscns, J. Lcfever, C. Elebaers, A. Bruynsecls,
J. Lauwers, professeurs et surveillants,
INSTITUT SAINT-IGNACE, ANVERS : MM. F. De Cleyn, supérieur; A. Wunsch, F, Torfs,
J. Hardy, A. Slracke, J. Dykmans, F. Schepens, L. Campens, J. Van Caster, J. Schul,
Th. Brulin, S. Vermculcii, Th. Beernaert, A. Van Campenhout, C. Druyls, J. Charles,
P. Dassonvllle, R. Wachtelacr, J. Wachlelaer, J. Busschots, J. Berghmans, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, ARLON : MM. O.Terfve, préfet des études; M. Brosius, J.-J.-A. Ber-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Il5
trand, V. Birnbaum. A. Le Roy. P. Altenhoven. N. Warker, J.-J. Van Dooren,
A. NoUet, P. Haine, J. Schock, E. Kayser, J. Sandler, J. Fabritius, A.-L. Legrand,
G. Kaiisbausen. J. Kayser, F. De Bougne, professeurs et surveillants.
1>LLKGE ÉPISCOPAL, ATH : MM. A. Saubain, directeur; E. Besengez. préfet des
études ; J. Delnesle, A. Dolphens, A. Crépin. A.-J. Monvoisin, N. Delcroix, L. Kamps,
O. ilaaroy. J. Glautriau. A. Donckerwolcke, Gh. Van de Wattynes, L- Lenoir,
L Meunier. 0. Alsteen, professeurs.
OLI.KGE SAINTE-MARIE, AUOENARDE : MM. A. Van Herrewege, supérieur:
F. D'Hollander. E. Verrue, J. Walters, P. De Handschutter, B. Wauters, H. De Wetter,
C. Dauwe, I. Loof. J. Vander Vennet, G. Van Hoorebeke, P. Van Driessche, professeurs
«*t surveillants.
•ETIT SÉMINAIRE. BASSE- WAVRE : MM. J. De Raedt, supérieur; L. Dupuis, L. Mayné,
H. Fraipont, L. Doyen, A. Godts, J. Van Engeland, L Govaerts, E. Leirs, J. Van Lan-
gendoiick, A. Detbiëge, J. Van Reusel. J. Allard, G. Pietquin, professeurs.
PEl IT SÉMINAIRE. IIASTOGNE : MM. J.-B. Jacques, supérieur ; Gonrotte, J. Flamion,
G. Bouchât, A. Arend, N. Wagner, A. Petit. L. André, E. Depierrcux, G. Lifrange,
J. Claude, A. Pochet, fl. Noël, V. Enclin, J. Kimus, Bossart, professeurs et surveillants.
COLLEGE COMMUN \L, BEERINGEN : MM. E. Nulen§, directeur; E. SmeeU, P. Rubens,
J. Winants, V. Lemmens, L. Denis, Th. Glaessens, Th. Gos, professeurs.
COLLEGE ÉPISCOPAL, BINCHE : MM. J. De Meester, directeur; Th. Bondroit, préfet
des études, L. Deroubaix, F. Fleurquin, P. Bourgeois, Gh. Daubresse, J. Gorlia,
J. Liétar, G. Piron, E. Suys, Gh. Van Bever, professeurs.
PETUSÉMINAIRE, BONNE-ESPÈRANGE.MM. V. Garlier, président ; E. Derume, préfet des
étades ; A. Grégoire, A. Labeau, P. Delforge, L. Braeckman, P. Fauconnier. P. Lonfils,
A. Lesire, A. De Meester, H. Dupont, I. Penninck, A. Goquiart, H. Legrain, V. Scohier,
F. De Bruxelles, 0. Daumont, F. Gilmant, H. Petit, V. Schollaert, E. Golson,
C. Dehauffe, A. Delroisse, J. Ypersiel, J. Alard. L. Deblocq, E. Deneufbourg, J. Scohier.
COLLEGE NOTRE-DAME, BOOM : MM. J. Sceldrayers, directeur; J. Raeymaekers,
F. Jacobs, L. Meerls, G. Jansen, J. de Rooy, V. Janssens, G. Van den Ven, J. Devos,
J. De Wachter, professeurs.
COLLEGE COMMUNAL, BOUILLON : MM. R. Forlemps. préfet des éludes ; Lycops,
M. Fontaine, Ant. Stappers, J. Hardy, J. Galozet, V. Van Keymeulen, E. Charles,
C. Cordier. professeurs.
COU.ÈGE ÉPISCOPAL, BRÉE (LIMBOURG) : MM. F. Goffin, directeur; H. J. Moonen,
E Put, G. Vrancken, J. Forlemps, P. Kubben, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, BRUGES : MM. 0. Adant, préfet des études ; Em. Slaes, Em. Son-
nevillc, J. De Meyere, L. Paulus, A. Van den Hove, F. Sosset, A. Baugniet, Edm. Chot,
A. Fonte>Tie, professeurs et surveillant.
ATHÉNÉE ROYAL. BRUXELLES : MM. F. Séverin, H. Dupont, E. Hamels, D. De Moor,
E. Godineau, M. Mirgain, E. Loos, H. Lonchay, F. Philippens, professeurs et surveil-
lants.
1:^ST1TUT SAINT-BONIFACE, BRUXELLES : MM. F. Schoovaerts, directeur ; A. Van
Leeuw. préfet ; J. Decorte, P. Renkin, R. Baeckelmans, L. Cleeremans, W. Helsmoortel,
L. Arendt, L. Gaeymaex, L. Raty, R. Maes, IL Gevers, S. Scalais, G. Kempenaers,
J. Gollin, 0 Heuninckx, Gh. Constant, P. Damiens, J. Aertssens, J. Fierens, J. Key-
molen, professeurs et surveillants.
IXSTITUT SAINT-LOUIS, BRUXELLES : MM. F. Cocheteux, directeur ; A. Richardson,
C. Foulon, R. Mary, Em. Geets, A. Osselaer, E. Mottart, H. Van Heraelryck, A. Grooy,
A. Geeiis, A. Corvilain, G. Anciaux, A. Persenaire, A. De Longueville, J. Naulaerts.
H. Bellen, A. Dacosse, E. Steenackers, F. Steenackers, E. Demeurichy, P. de Clety,
B. Ghoiset, E. Musette, 0. Claeskens, F. Denaycr, V. Eggers, D. Hallez, J. Jannes,
professeurs et surveillants.
Il6 LB MUSÉE BELGB.
œUiXÎE SAINT-MICHEL, BRUXELLES : MM. J. De Vos. provincial de la (?« de Jésus ;
Edm. Leroy, recteur ; J. DebarveDg, J. Melotte, J. Bourseaux, £. Taelmao.
M. Martial, E. Rembry, A. Servranckx, G. Humenry, H. Bosmans, A. de Ghellinck,
L. Willaert, R. Allard, I. de Pierpoût, L. Pira, P. Biebuyck, E. Lambo, H. Vervirr,
E. Emonds, A. Glouden, H. Gelin, H. Van Weyenberghe, G. Bruneel, J. Gorbisier^
A. Lyon, N. Hamés, professeurs.
ANCIEN COLLÈGE SAINT-MICHEL, BRUXELLES : MM. C. Dallemagne, supérieur ;
L. Van Bambeke, L. Hardy, A. Boone, A. Francken, L. Arnoult, U. Delattre,
P. Ghion, E. Chabeau, L. Schovaers, L. De Keyser, L. Dejardin, H. Cordier, A. Chassot «
E. Straven, N. Hames, A. Hainaux, E. Marroyen, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, CHARLEROI : R. GaUet, J. Grisard, N. Hohiwein, V. Hartmann,
A. Defoumy, J. Pourbaix. F. Wagner, A. Detourpe, N. Malget, A. Coulon, G. Aussems,
E. Crespin, L. Gravis, L. Bardîaux.
COLLÈGE DU SACRËCOEUR, CHARLEROI : MM. E. Looppe. recteur ; Ë. Renaud,
A. Cools, J. Brasseur, E. Nagant, Ph. Palmers, H. Huysman, E. Verreux, I. Dupont,
G. Michaux, J. Cbarloteaux, J. Gilliard, J. Fabri, J. Wins, R. Moreau. A. Decbamps,
A. Massart, R. Sonet, J. Philippe, V. Cambier, J. Rochette, E. Barbé, J. Sottiaux,
J. Dewez, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, CHIMAY : MM. E. Valentin, préfet des études ; V. Naveau, Ch. Bolen,
F. Baudouin, J. Merten, E. Peeters, E. Rolland, M. Graindor, J. Gessler, S. Ka;rser,
G. Happart, A. Rox, V. Walsch, T. Preud'homme, Ch. Ceyssens, F. Vanden Bossche.
A. Lamotte, P. Frélinckx, H. Persien, professeurs et surveillant.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, CHIMAY : MM. H. Leroy, principal ; G. Mariage, préfet des
études ; A Sotiaux, 0. Dufaux. E. Biot, E. Canivez, A. François, D. Conreur, J. Toriet,
M. Juniaux, 0. Delacollette, A. Dupuis, J. Mortelmans, M. Potiaux, R. Daublain,
J. Varlet, M. Pauporté, professeurs et surveillants.
COLLÈGE ÉPISCOPAL SAINT-AMAND, COURTRAI : MM. C. Delaere, principal ; G. Ver-
schuere, J. Eghels, F. Dewitte, C. Verfaille, A. Dederq. M. Lefevre, A. Bouckaert,
N. Nollet, A. Breyne, H. Callewaert, A. De Keyser, I. Boedt, C. Houdmont, J. Bostyn,
A. Dewilde, C. Gezelle, E. Van Cappel, professeurs et surveillants.
COLLÈGE COMMUNAL, DIEST : MM. N. Welter, F. De Wael, professeurs.
COLLÈGE SAINT-JEAN BERCHMANS, DIEST : MM. Th. Verhaegen, directeur; J. Van
Herck, H. Félix, J. Van Noten, E. Goemans, E. Peeters, K. Rommens, A. Huypens
professeurs et surveillants.
COLLÈGE COMMUNAL, DINANT : BiM. J. Lecloux, préfet des études ; L. Petit jean,
J. Nollet, J. Bastin, W. Hoebanx, professeurs et surveillants.
COLLÈGE BELLE-VUE, DINANT : MM. P. Nicolas, principal ; F. Bertrand, J. Delhise,
Mahy, J. Hames, E. Delcour. E. Beauloye, A. Nonnon, E. Burton, X. Poty, L. Grégoire,
0. Pierre, J. Sainmont, C. Bertrand, J. Daiche, Gérard, J. Paul, A. Sommelette,
A. Tasiaux, E. Renard, professeurs et surveillants.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, DIXMUDE : MM. S. Hoel, principal ; V. Ronse, Th. Plouvier,
F. Woutermaertens, C. Baelden, A. Van Elslande, R. Bostyn, professeurs.
INSTITLT SAINT-JOSEPH. DOLHAIN : MM. G. Rener, directeur; J. Wermeestcr,
H. Valentin, J. Toussaint, H. Stouten,T. Huynen, N. Nadcnnon, J. Clesse, professeurs
et surveillants.
COLLÈGE SAINT- VINCENT, EECJXK) : MM. C Smet, supérieur ; R. Brys, C. Walckien,
A. De Wulf, C. Borreman, G. Cornelis, R. Van Waeyenberghe, R. De Vildere,
H. Serraris, T. Steyaert, A. Himschoot, E. Pattyn, professeurs et surveillants.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, ENGHIEN : MM. 0. Botteldoom, directeur; E. Debacker, préfet
des études ; J. Darlois, D. Demarbaix, E. Brasseur, A. Baudet, F. Demaret, A. Allart,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II7
A. Bièvelez, P. Otlet, L. Mattbys, A. Grispeels, J. Bauwens, G. Gilloteaax, G. Plancq,
A. Waalhy, E. Hennebcrt, L. Kcmeghaire, L. Pollart, 0. Ameels, A. Florent,
J. Lefebvre, J. Mascart, J. Ladeuze, A. Marcq, U. Levéque, J. Fasker, J. Montcnez,
professeurs et surveillants.
PETIT SÈBUNAIRE, FLOREFFE : MM. A. Robeaux, supérieur; G. Sorée, E. Francotte,
V. Baseil, A. Antoine, A. Roland, L. Marloye, L. Theis, E. Mignon, T. Tagnon,
L. Motus, L. Joie, 0. Pieltin, E. Jassogne, A. Glosset, A. Boucbat, L. Lambert,
V. Lambert, E. Radome, E. Glausset, professeurs et surveillants.
œLLEGE ÉPISGOPAL, FURNES : MM. J. De Vos, principal ; A. Hosten, A. Bruncel,
V. Eesteloot, J. De Visscher, H. Tangbe, R. Gallewaert, G. Sobry, R. Rouseré,
professeurs.
ATHENEE ROYAL, GAND : MM. Eug. Glevers, préfet des éludes; L. Preud'bomme,
H Vermander, L. Maréchal, J. Justice, J. Hombert, E. Bruyninx, E. Soens,
J. D. Lboneux, G. Pulin'ckx, H. Balieus, A. Wygaerts, E. Hinderycks, L. Gavens,
E. Van Soest, E. De Ville, professeurs.
COLLÈGE SAINTE-BARBE, GAND : MM. E. De Heel, recteur ; 0. Steyaert, E. Van
Hoeymissen, J. de Gheldere, E. Dutry, F. Mulkens, Gh. De Geusler, J. Lauwcreyssens,
J. Willem, G. Van den Broucke, H. Rubens, J. Van der Reydt, II. Moris, H. Rous-
seeuw. Ad. De Graef, professeurs.
COLLEGE SAINT-LIÉVIN, GAND : MM. F. Vanden Gheyn, supérieur; J. Tytgat,
R. Goetbals, A. Scheiris, A. Bruggeman, J. Sadones, J. Beeckman, M. Van Waeyen-
bergbe, A. De Reu, 0. Eeckman, G. Burm, P. Verhelle, A. Vandcr Mynsbrugghe,
professeurs.
GOIXEGE ËPISGOPAL, GlIEEL : MM. F. Adriaensen, directeur; F. De Bie, L. Denckens,
Fr. Van Crombruggcn, A. Raeymaeckers, A. Van Eepoel. X. Peeters, P. Van der Blolen,
L. Van Roey, E. De Meulder, FI. Dom, Z. De Smet, professeurs et surveillants.
COLLFXÎE DÉS JOSÉPHITES, GRAMMONT : MM. F. VUeghe, supérieur général;
H. Baudts, supérieur; E. Baudts, E. Scbelfaut, H. Ausloos, A. De Wolf, G. Douveroux,
A. Dcliour, R. Kannaerts, A. Van den E>Tide, E. Van der Scbueren, 0. De Paepc,
J. Konz, L Dereymacker, J. De Paepc, A. Brackenier, B. De Vos, R. Vandeven,
A. Musschool, G. Trémérie, B. Schmidt. St. Peire, E. Plancke, V. Gavereel, G. Van
Lommel. V. Verstraete, J. Van de Walle, Th. De Paepe, U. Gbarlier, D. Gratzbom,
G. Rock, Ranwez, professeurs.
COLLEGE SAINTE-GATHÉRINE, GRAMMONT : MM. G. De Vos, supérieur ; J. Ryckaert,
P. Soens, E. Glaus, G. De Graene, 0. Buysse, J. De Beck, F. Bouqué, B. Brackelaire.
A. Grick, G. Van Puyvelde, J. De Plecker, A. Drieghe, G. Dufour, professeurs et
surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, IIASSELT : MM. G. ybbrecht, préfet des études; M. J. Robben,
E. Graninx, G. Remacle, Janssens, F. Moulin, L. Ballet, E. Moureau, E. Philrppens,
E. Dinsart, E. Asnong, M. Martin, professeurs et surveillants.
GOU.FX;e ÉPISGOPAL, HASSELT : MM. P. Noelmans, directeur; T. Lambrechts,
C. Wauters, L. Mélotte, D. Glod, V. Vranken, A. Joris, P. Broeckx, J. Gcrrits.
J. Geurts, G. Dcbruche, L. Lamproye, J. Daenen, professeurs et surveillants.
œLLÉGE ÉPISGOPAL, IIÉRENTHALS ; MM. E. Laurent, directeur; J. Verschueren,
A. Dewinter, A. Bulckens, L. Kcnnes. K. De Puydt, A. Wynants, J. Gilis, J. Deschutter,
E. Dom, professeurs et surveillants.
COLLÈGE MARIE-TUÉRÉSE, HERVE : MM. V. Simon, directeur ; L. llans, H. Lemairc,
L. Quaedvlieg, M. Schanck, II. Sticners, G. Michoel, G. Hubaux, A. Antoine, J. Vreuls,
A. Maquinay, A. Bonhomme, M. Stassen, J. Hauseux, A. Dôme, G. Thomas, professeurs
et surveillants.
Il8 LE MUSÉE BELGE.
PETIT SÉMINAIRE, HOOGSTRAETEN : MU. Aug. Desmedt, supérieur; J. Jansen, J. Van
Hoeck, Al. Walgrave, Jos. Hellemans, L. Smolderen J. Van Ballaer, L. Van Opstal,
V. Raeymaekers, El. Vandersijpeii, J. Uydens, 0. Leroux, Aug. Van Doren, V. Mceusen,
T. De Bie, Ëm. Broes, E. De Schutter, Al. Pultemans, J . Michielsens, J. Doms, A. Wyck-
mans, B. Schroyens, R. Willems, professeurs et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, HUY . MM. J. Gaye, préfet des études; L. Lepage, P. Fincœur,
L. Janssens, D. Cosyns, A. Jaspar, C. Leclère, A. Berland, H. Demoulin, G. Chintelot,
J. Waulers, A. Grégoire, C. Rouche, professeurs et surveillants.
COLLÈGE SAINT-QUIRIN, HUY : MM. L. Deseille, directeur; L. Coffart, E. l»oukens,
P. Monschau, V. Conrard, J. Feron. A. Houyet, A. Kersten. L. Detry, J. Joris,
N. Rompff, J. Bertrand, E. Denis, J. Knapen, Em. Uack, professeurs et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, IXELLES : MM. A. Buisseret, préfet des études; V. Wittmann,
P. Monet, M. Nicaise, Ch. Lambot, A. Toppet, F. Painparé, H. Dumont, A. Laustre-
bourg, A. Dolhen, E. Boucher, J. Nannan, E. Sibret, professeurs et surveillants.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, KAIN : MM. N. Saussez, supérieur; J. Dion, E. Florent, préfets
des études; A. E. Hannart, F. Déléhouzée, L. Cogneau, J. Gilmant, J. Bouvart,
G. Heyndrickx, L. Wangermez, L. Navarre,G . Wanty, J. R. De Deurwaerder, L. Lahaise,
E. Druez, J. B. Waulhy, A. Crame, P. J. Debacker, L. Detournay, 0. Dulrieux,
E Foucart, professeurs et surveillants.
INSTITUT SAINT-JOSEPH, LA LOUVIÈRE : MM. J. Blampain, directeur ; C. Hontoir,
préfet des études; C. Godessart, G. Frère, F. Dubuisson, 0. Popeler, F. Leroy,
(i. Brohée, L. Lemirre, J. Hublet, J. Moreels, A Dumoulin, J. Farvacque, L. Magnie.
V. Delalou, J. Melon, L. Cornil, A. Themmen. F. Albert, P. François, L. Deltombe,
J. Conreur, H. Blampain, R. Bauduin, L. Dupire, L Prudhomm?, professeurs et sur-
veillants.
ATHÉNÉE ROYAL, LIÈGE : MM. A. Drumaux, préfet des études; L. Molitor, J. Haust,
E. Régnier, 0. Pecqueur, A. Masson, A. Listray, P. Graindor, E. Bernard, J. Foidart,
C. Noirfalise, T. Bouhon, H. George, M. Vandenrydt, A. Blarique, J. Hermans, J. Leûls,
J. Capitaine, G. Kemna, professeurs et surveillants.
COLLÈGE SAINT-LOUIS, LIEGE : MM. A. Renard, recteur; J. B. de Géradon, C. Lambo,
P. Delwaide, E. Lermusieaux, F. Keyeux. C. Neut, G. de Strycker, L. Gillet, A. Molhant,
0 Gathy, B. Wilkin. E. Boulanger, professeurs.
COLLÈGE SAINT-SERVAIS, UÊGE : MM. C. Jacobs, recteur; C. Semail,
J. Boone, F. Brouwers, V. Cornet, P. Bessières, M. Viller, P. Casier, J. Antoni,
L. Mahiat, T. Leyhausen, N. Hcndriks, F. Hinnisdaels, F. Thibaux, E. Ladmirant,
D. Ley, J Gavage, F. Sterken, A. Barreau, C. Louwers, J. Taepper, C. O'Kelly,
P. Begasse, T. Van Haeren, A. Forget, F. Godsseels, A. Gulikers, E. Tercelin, L. Morel,
J. Thonon, J. Haut, E. De Laet, F. Boulanger, J. Servais, J. Flabat, L. Vatriquant,
P. Vrfjdaghs, E. Lamy, professeurs.
COLLÈGE ÉPISCOPAL DE SAINT-GOMMAIRE, LIERRE : MM. F. Aerlgeerts, directeur ;
Ed. Heuvelmans, L. Dupont, A. Heymans, L. Van der Auwera, Goossens, Jos. Van de
Velde, D. Dams, Th. Voordeckers, G. Simons, H. Smolderen, F. Van Ililst, professeurs
et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL. LOUVAIN : MM. Gelders, préfet des éludes ; F. Olten, L. Mallinger,
J. Gillain, B. Vossen. A. Bormans, II. I^jeune, J. Hodru, J. Witvrouwen, V, Sonder-
vorst. H. Van den Eynde, C. Weemaes, professeurs et surveillants.
COLLÈGE DE LA TRÈS SAINTE TRINITÉ. LOUVAIN : MM. E. Billiau. supérieur ; A. Van
Cauwenbcrghe, A. Verboke, J. Cox. C. Van de Weghe, P. De Vos, I. VVillebroodt,
A. Berlot, R. Bowles, 0. Meos, V. Van de Weghe, L. Michaux. J. De Basse, A. De Vuyst,
L. Vcrstraelen, B. Aigrit, P. Kcyaerls, G. Van llaen, 0. De Rycke, J. Van der P« rnn,
N. Grégoire, J. Willot, E. Dumazie, C. De Mey, F. Van Esch, professeurs,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II 9
œiXÊGE THÉOLOGIQUE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS, LOUVAIN : MM. E. Thibaut,
recUfir; G. Lahousse. A. de Villers, J. de Ghellinck, G. Huyghe, F. Goussens,
A. Dumont, J. Boller, S. De Hacker, K. Jansen, B. Lefebvre, J. Thirion, V. Schaffers,
E. Devroye, V. Meurs, J. Maréchal, E. de Moreau, F. Willacrt, A. Rœlandts,
J. Pauwels, G. Schmitz, professeurs.
COLLEGE SAINT-PIERRE, LOUVAIN : MM. J. Fleurbay, directeur; A. Jansen, J. Petit,
H. De Lantsheere, H. De Vocht, V. Desclez, J. Bricbaux, Alph. Paridaens, R. Caret te,
U. Naets, E. Maes, N. Laddyn. G. Noblesse, J. Meuldcrs, G. Detilleux, A. Haemels,
P. Michottf , i. Widdershoven, D. Dubois, professeurs et surveiliants.
ATHÉNÉE ROYAL. MALINES : MM. J. Jumpertz, P. Iserentanl, P. Herbillon, J. De
Gronckel, R. Weemaes, E. Rome, G. Meyer, P. Legros, A. Colinet, H. De Bruyn,
L Maes, A. Castin, professeurs et surveillants.
C»LLEGE SAINT-ROMBAUT, MALINES : MM. T. Janssens, directeur; A. Mortier,
F. Tessens, J. Bûls, A. Van Meel, R. Van den Eeckhout, G. De Glerk, A. De Bie, J. Van
Assche, J. De Grool, J. Noyon, E. Kennes, E. Wouters, G. De Prins, J. Dclescluze,
J. Spruvt, J. Pals, B. Ilaeck, E. Van Loey, professeurs et surveillants.
PETIT SÉMINAIRE. MALINES : MM. J. De Goster, supérieur ; 0. Jeghers, J. De Bie,
L Lauwers, J. Van Molle, J. De Smet, L. Vermeirsch, L. Van de Weghe, G. Vcrhoeven,
L. Gaers, J. Van Oeckel, J. De Nayer, J. van Kerckhoven, L. Van den Wyngacrl,
U Appelmans, E. De Myttenaere, Op de Beeck, professeurs et surveillants.
INSTITUT SAINT-REMAGLE, BIARGHE : MM. L. Bologne, directeur; 0. MillarJ, L. Melin,
E. Pcrrad, H. Molinc, professeurs.
ABBAYE BÉNÉDICTINE, MAREDSOUS : Dom H. Casier, préfet des études ; H deMoreau,
£. Vandenr, B. Lebbe, 0. Golenvaux, R. Proost, Gh. Naniot, H. Mariage, G. Dirks,
M. De Vidts, A. Vincart, professeurs et surveillants.
COLLEGE DES JOSÉPBITES, MEU.E : MM. R. De Sadcleer, directeur; A. VVicart,
préfet des études ; F. Massart, H. Feytens, E. Van Ilecke, G. Moureau, V. Mestdag,
J. Hermans, H. Op de Beeck, H. Sterckx, F. Devyver, D. Van Blaere, A. Desmet,
J. Jardinet, G. De Loos, A. Dirckx, F. Maes, L. Guddorf, V. Maistriaux, J. Mathys,
U. Ulenaers, B. Ditten, P. Meers, J. Morgan, Gh. Gornewall-Jones, T. Cambresier,
Mazy.
COLLEGE SAINT-LOUIS, MENIN : MM. H. Hollebecq, principal ; G. Bonté, A. Dierick,
S. Vande Weghe, IL De Guypere, V. Dereere, G. Van Besien, A. Brys, H. Van Cauwen-
berghe, P. Dewaele, R. Deryckere, R. PoUie, A. Poullet, A. Meuleman, professeurs et
surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL. MONS : MM. F. Marchai, préfet des études ; A. Bocquet, E. Lindeman,
J. Crowet, J. Michot, L. Hasey, E. Dony, 0. Stiénon, A. Dubois, E. Deltombe, E. Puis-
sant, C. L'hoir, A. L*Hoir, E. Barbier, J. Jarquemotte, J. Gabriel, J. Ectors. E. De-
paifve, E. Fiêvez.
COLLEGE SAINT-STANISLAS, MONS : MM. A. de Woutrrs, recteur; E. Capelle, A. Fabri,
P. Lefèvr^, J. Rouzet, G. Gomeliau, P. Cordier, J. Paquot, H. Degrelle. L. Bacckel-
nians, J. Van Dorsl, J. Gounet, F. Deghilage, A. Urbain, A. Degembe, A. Thiran, A. De-
lacollette, F. I^uppe, professeurs.
COLLEGE ÉPISCOPAL SAINT-JOSEPH , MOUSCRON : MM. 1. Goemaere , principal ;
0. Verstraete, A. Caesens, R. Caesens, 1. Dechièvro, C. Bondue, S. Moulaert, A. Vau
Kerschavcr, A. Cattebcke, C. Dujardin, H. Roedt, J. Morel, B. Lommez, professeurs
et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, NAMUR : MM. S. Malerm, L. Pielte, F. Berchcm, A. Blarneffe,
J. Dossart, G. Bolinne, X. Mathieu, A. Goblet, E. Dubois, J. Decroupet A. Maréchal.
COLLEGE N. D DE LA PAIX, NAMUR : MM. E. Procès, recteur; H. Falloii, E Lambelin,
I20 LE MUSÉE BELGE.
E. Versichèle, E. Courtois, A. Barbier, P. Poncclet, G. Dirks, S. Meunier, E. Loappe,
A. De Vriendt, L. Renchoii, C. DegrcUe, P. de Vivie, L. Sèle, A. du Bourg. A. Delc-
hayc, D. Dethy, L. Divoy, A. Daiche, H. Bolgelot, R. Bertrand, V. Fontaine, L. Mar-
baix, F. Kirsch, E. Quertinier, professeurs.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, NIEUPORT : MM. Jos. Iserbyt, principal ;R. Loyette, R. Dupont,
R. Cerf, 0. Lagae, A. Desquiens, Cl. Scherpereel, professeurs.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, NLNOVE : MM. F. De Ruyck, supérieur; J. Vander Vennet,
A. De Vos, L. De Wildeman, A. Goedertier, C. Michiels, 0. Houlappel, professeurs.
COLLÈGE COMMUNAL, NIVELLES : MM. S. Baude, préfet des études; J. Thirion,
L. Demeur, J. Smets, A. Tordeur, E. Jamsin, R. Pittomvils, E. Chignet, F. Duckerts,
A. Mottard. C. De Baere, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, OSTENDE : MM. Gilleman, préfet des études; B. Maas, G. Feytmans,
H. Brocka, P. Toussaint, E. Van Passel, J. Michiels, J. Steppe, E. Legler, J. Macs,
E. Willière, A. Callens, F. Stocq, J. Fréson, L. Bragard, F. Fourmarier, G. Lybeer,
professeurs et surveillants.
INSTITUT SAINT-LAMBERT, PEER : MM. 1. Bierkens, directeur; A. Lamotte, L. Aerts,
J. Sak, J. Toppet, P. Lemmcns, professeurs.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, POPERINGHE : MM. J. Vanderstichele, principal; N. Vroman,
J. Dubois. P. Candaele, Edm. Verhamme, P. Vanden Driessche, F. Loosbergh,
M. Lammens, V. Wyckaert, M Lambrecht, R. Verduj-n, E. Van Ticghem, F. Hondeghem,
professeurs.
CCLLÈGE ÉPISCOPAL, RENAIX : MM. C. Poppe, supérieur; M. De Cock, 0. Hanssens,
T. Muyshondt, C. Caltoir, B. Van Eerdenburgh. professeurs.
PETIT SÉMINAIRE, ROULERS : MM. H. De Vroe, supérieur; ;e. De Wispelaere,
A. De Cuypere, A. Dierick, L. De Lcu, A. Deroy, A. Maes, F. Vansteenbrugge, M. Dclrue,
N. Barbe, R. Delaere, A. Louwagie. E. De Saegher, J. Lobel, A. Coussement,
C. Braekevelt, C. Bourgeois, C. Halleux, J. Destrooper, L. Ketele, A. Dumoz, H. Callens,
HuUebusch.
PETIT SÉMINAIRE, SAINT - NICOLAS (WAES) : BIM. R. De Groote, supérieur;
E. De Hovre, H. De Bruyn, F. Van Acoleyen, S. Baert, G. Faelens, I. Pannier.
L. Delfosse, R. Rosseel, A. De Witle, J. Reynaert, A. Van den Fonteyne, E. Strgeant,
professeurs.
PETIT SÉMINAIRE, SAINT-ROCH (FERRIÈRES) : MM. J. Hankcnne, directeur ; L. Pirard,
M. Lamotte, L. Wathelet, L. Kittel, E. Fréson, M. Thimister, G. Demal, J. Hauben,
J. Keunen, M. Heeser, H Peters, J. Tillieux, professeurs et surveillants.
COLLÈGE COMMUNAL, SAINT-TROND : MM. A. Ballings, directeur; P. Géradin,
Th. Jadoul, L. Champagne, J. Vosscn, M. Roovers, J. Van Agt, J. Vrydaghs,
A. Duchateau, F. Hoebanx, A. Matthys, J. Peuskens, professeurs et surveillants.
PETIT SÉMINAIRE, SAINT-TROND : MM. Em. Bentein, directeur; L. Kerkhofs, Th. Thibeau,
R. Rulten, J. Lenssen, L. Schoolmeesters. F. Pennings, J. Debraz, A. Postelmans,
A. Frins, J. I^avigne. J. Peeters, C. de Moffarts, L. Leusch, J. Leunissen, professeurs.
COLLÈGE SAINTE-MARIE, SCHAERBEEK : MM. Kips, directeur; P. Hainants, A. Zech,
C. Van Ni-spen, J. Lens, H. De Groof, J. Tastenhoye, A. Peeters, E. Lacourt,
G. Van Herwegen, Michiels, J. Van Munster, R. Bogacrts, J. Botlin, J. Rooses,
H. Struyven, professeurs et surveillants.
COLLÈGE ÉPISCOPAL, SOIGNIES : MM. E. J. Dardenne, directeur; A. Michel, préfet des
études; J. Haustrate, F. Lambert, J. Rayez, E. Pottiez. A. Guffin, C. Fiévez,L Beernacrt.
J. Friart, F. Cougnct, P. Scarmure, B. Venquier, A. Caty, A. Coignez, professeurs.
INSTITUT SAINT- REMACLE. STAVELOT : MM. V. Albert, directeur; J. Barla, J. Bastin,
L. Roex, N. Bissot, E. Ahn, professeurs et surveillants.
PARTIB BIBLIOGRAPHIQUE. I2I
GOLLÊGE ÉPISGOPAL, TERMONDE : BfM. De Rycke, supérieur; J. Van de Velde,
G. De Manck, G. Cathelyn, I. Carié, G. Vande Roy. B. Brondcel, G. Muyshondt,
P. Goppieters, A. de Muynck, J. Orban, A. De Mets, professeurs.
OOIXEGE ÈPISCOPAL, THIELT : MM. A. De Poorter. directeur; A. MosUert, G. Desmet,
G. Valcke, Ë. Muylle, J. Priem, Pr. Moncarey, R. Vandenbussche, A. Roose, Jos. Leleu,
H. Blondeel, FI. Vermeersch, Gyr. Verschaeve, Ach. Lauwers, J. Kestcloot, professeurs
et surveillants.
SECTION D^ATHÉNËE, THUIN : H. Glacsener, G. Beuze, J. Quangel, R. Tordoir,
G. Schmitz, J. Ghot, professeurs.
COLLEGE COMMUNAL, TIRLEMONT : MM. Gh. Groos, préfet des études; 0. Melon,
G. Lambert. J. Renard, R. Denys, A. Baerts, F. Vaes, Th. Gerrets, L. Lefort,
J. Boinem, E. Deltombe, P. Van den Eynde, professeurs et surveillants.
COLLEGE NOTRE-DABiE, TIRLEMONT : MM. F. Neyens, directeur; L. Halflants,
J. Simons, L. Wamau, E. Van Malderen, P. Spillemaeckers, Fr. Debrouck, V. Schijvens,
P. Schamme], J. Gaeyberghs, A. Meurrens, professeurs et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, TONGRES : MM. D. Mercken, A. Winckert, I. Hendrickx, H. Van
de Weerd, professeurs et surveillant.
COIXÉGE NOTRE-DAME, TONGRES : MM. Gh. Lemmens, directeur; L. Defresne,
C. Deschoolmeester, T. Schouteden, A. Glaes. J. Beets, J. Jorissen, H. Van de Weerd,
professeurs et surveillants.
ATHÉNÉE ROYAL, TOURNAI : MM. G. Valentin, préfet des éludes; A. Dauby, A. De
Longneville, L. Delmoitié, G. Hoyois, J. Deltombe, P.-J. Doyens, L -P. Patemoster,
A. Ducarme, H. Bya, professeurs et surveillants.
COLLÈGE NOTRE-DAME, TOURNAI : MM. 0. Feron, recteur ; A. Tassart, L. Le Grand,
R. Jacopssen, P. Houyet, P. Dours, E. Ghauffert, B. Gollart, E Lahaye, E. Bovine,
G. François, F. Courtois, L. Tillieux, H. Grothen, professeurs.
ÉCOLE SUPÉRIEURE D'HUMANITÉS DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS, TRONGHIENNES :
MM. A. Petit, recteur ; J. Verest, G. Van de Vorst, P. Lefebvre, H. Thielemans, profes-
seurs.
COLLEGE SAINT-JOSEPH, TURNHOUT : MM. G. De Pcuter, recteur; M. Veys,
J. Dierckx, Gh. Van den Bossche, A. Guetens, E. Van der Linden, A. Van Emelen,
C. Vîncken, J. Weicherding, L. Opdebeeck. J. Philips, R. Hardeman, A. Bossaers,
A.Bourlier, L.Delporte, A. Delva, A. Demonceau, J. Mertens, J. Verraeiren, professeurs.
ATHÉNÉE ROYAL, VERVIERS : MM. A. Mathieu, préfet des études; J. Krins. J. Riquire,
Z. Populaire. E. Bels, L. Antheunis, S. Le Roy, J. Feller, E. Gorissen, E. Gillet,
A. Goffinet, M. Fastré, H. Michiels, G. Gérard. R. Sluse, A. Gajot, A. Koumoth, pro-
fesseurs et surveillants.
COLLfXÎE SAINT-FRANÇOIS-XAVIER, VERVIERS : MM. E. Gulikers, recteur; F. Assen-
macher. A. Milcamps, P. Lefebvre, H. Meunier, J. Bourguignon, L. Degrellc, J. Ilias,
J. Nonet, G. Parent, F. BrOhl, G. Feron, E. LetcUier, A. Van den Bosch, H. Schmitz,
J.-B. Thibaux, F. Gerckens, L. Marbaise, L. Delbascourt, professeurs.
COLLEGE COMMUNAL, VIRTON : MM. Gh. Even, préfet des études; L. Dupont, A. Ney,
Vandendwye, F. Carrez, L. Lavallé, A. Semai, S. Becker, professeurs et surveillants.
COLLÈGE SAINT-JOSEPH, VIRTON : MM. E. Crousse, directeur; E. Bilocq, B. Baelde,
T. Becker, M. Pirot, E. Guillaume, L. Loreau, P. Hennuy, N. Colin, A. Docq,
L. Etienne, G. Gobert, J. Van Luyten. J. Courtois, H. Gabeau, F. Bobon, J. Gheza,
H. Herl, A. GoUin, E. Dubois, professeurs.
COLLÈGE SAINT-HADELIN, VISÉ : MM. Bovens, directeur; L. Desonay, A. Pauchenne,
R Simons. P. Lambrecht, A. Smeets, L Engelen, A. Jongen, J. Baguette, professeurs
et surveillants.
122 LB MUSÉE BELGE.
COLLÈGE SAINT-LOUIS, WAREMME : MM. E. JadouU directeur; J. CardoUe, J. Bossy,
J. Herraan, J. Thoelen, Ch. Wesmacl, F. Kempeneerâ, F. Van Dorpe, J. Marchai.
G. Lange, P. Rcginster, professeurs ot surveillants.
COLLEGE ÉPISCOPAL, YPRES : MM. J. Claeys, principal ; J. Desaegher, J. Laridon,
P. De Raedt, J. B. Ougardyu, Ose. Vanden Abeele, F. Lesy, A. Van Brrgen.
G. Deceuninck, A. Tanghe, H. Vanneste, Jos. Desmedl, P. De Lodder, It. Faict,
professeurs.
LES HUMANITÉS GRÉCO-LATINES.
Avis de U Faculté de Médecine et de la Faculté des Sciences
des Universités de Qand et de Liège.
Le gouvernement vient de distribuer le Rapport trimnal sur la
Situation de V Enseignement supérieur donné aux frais de VÉtat (Années 1901,
1902 et igoS). Nous y lisons :
.Université de Gand.
a Invitée par le gouvernement à se prononcer sur la question de
rôpportunité, en vue de l'admission à l'Université, des études gréco-
latines et de leur remplacement par les langues modernes, la Faculté
de Médecine, à la suite d'une discussion à laquelle tous ses membres
prennent part, conclut à une modification de l'enseignement des
langues anciennes qui permette de mieux assurer celui des langues
modernes. Elle estime qu'on ne saurait assez insister sur le maintien des
langues anciefines ; mais une réforme des méthodes pédagogiques
s'impose » (Page cxlv).
a La Faculté des Sciences examine la question : Y a-t il lieu de conti-
nuer à exiger des étudiants en sciences naturelles un certificat
d'humanités gréco-latines ?
Après discussion, les propositions suivantes sont mises aux voix :
10 Y a-t-il lieu de renoncer aux humanités gréco- latines pour les
étudiants en sciences naturelles ?
La Faculté, par i3 voix contre i, répond affirmativement,
2* Ne conviendrait-il pas d'admettre les jeunes gens qui ont fait
leurs humanités latines, c'est-à-dire les jeunes gens qui ont étudié le
latin et remplacé l'étude du grec par le cours fort de mathématiques
ou le cours fort de chimie ?
Par i3 voix contre i, la Faculté répond aifirmativement.
3» Ne conviendrait-il pas d admettre aux études de sciences natu-
relles les jeunes gens qui ont des connaissances spéciales en langues
modernes, c'est-à-dire les jeunes gens qui ont fait les études de la
section scientifique ?
Par 8 voix contre 7, la Faculté répond affirmativement » (Page cxliii).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 123
Université de Liège.
« La Faculté de Médecine décide, en réponse à un questionnaire que
lui a envoyé le Gouvernement :
i» Qu'il ny a pas lieu de remplacer les éludes gréco -latines par Tétude des
langues modernes pour les futurs médecins et pharmaciens.
2<> Qu'il faut itKiintenir Vobligation des études d\'iumanità latims pour les
jeunes gens qui aspirent aux grades de médecin et de pharmacien.
Ces deux décisions ont été prises à l'unanimité. L'avis suivant a
été exprimé à une forte majorité :
3* Qu'il 3' a lieu de maintenir Vobligation des études gréco- latines pour
les mêmes jeunes gens » (Page clii).
« A la demande de M. le Ministre, la Faculté des Sciences a examiné
les questions suivantes et a émis un avis sur chacune d'elles :
4® Y a-t-il lieu de continuer à exiger la production d'un certificat
d'humanités gréco-latines des jeunes gens qui aspirent au grade
académique de docteur en sciences naturelles ?
Cette importante question a fait l'objet d'un examen approfondi de
la Faculté, qui a adopté à l'unanimité le rapport rédigé par M. le
professeur Le Paige, rapport concluant qu'*7 n'y a pas lieu d'admettre
aux examens des divers doctorats en sciences naturelles les jeunes gens qui
n auraient pas terminé leurs humanités gréco latines » (Page cli).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
84. — P. Prhr. Hiller von Gaertrlngen, Inschriften von Fritte,
unter Mitwirkung von C. Frederich, H. von Prott, H. Schrader,
Th. Wiegand und H. Winnefeld, herausgegeben. Mit 8i Abbil-
dungen in Text und 3 Beilagen. Berlin, Reimer, 1906. 25 m.
Quittant son domaine favori des îles de la mer Egée, M. Hiller
von Gaertringen a fait avec succès une incursion en Asie Mineure.
Les Inschriften von Friene montrent que les textes de la Grèce asiatique
ne lui sont pas moins familiers que les inscriptions de Rhodes ou des
Cyclades.
Le nouveau recueil comprend 379 numéros, dont une cinquantaine
à peine étaient connus avant les fouilles allemandes. Dix- neuf d'entre
eux (36 1 -379) ne proviennent pas de Priène même, mais de Thèbes
du Mykale.
Les documents les plus anciens ne remontent pas au delà de la
f
124 ^K MUSÉE BELGE.
deuxième moitié du iv* siècle. Les textes d'époque antérieure ne
proviemient pas des fouilles, mais ont été trouvés dans les environs
de Priène. La préface (v-xxiii) qui retrace avec beaucoup de netteté
l'histoire de Priène, rappelle en eflfet que Tancienne Priène a échappé
à toutes les recherches : les fouilles n'ont dégagé que la ville nouvelle,
bâtie vers le milieu du iv« siècle.
Les InschrifUii von Priène appartiennent à la même collection que
les Insckriften von Magnesia et présentent en gros le même plan et les
mêmes dispositions. Mais que de progrès réalisés depuis la publi-
cation de Kern, rien qu'au point de vue typographique ! Au lieu du
timide titre, presque perdu entre le texte et le commentaire, nous
trouvons ici un titre et une date bien apparents, en tête de tous les
textes importants. Cette modification, inspirée sans doute par des
manuels comme ceux de Hiks et de Michel, facilite les recherches,
oriente l'esprit en résumant le texte et le commentaire. On regrette
parfois que Dittenberger ne l'ait pas adoptée dans ses recueils.
Non moins heureuse est l'idée de remplacer, là où c'était possible
ou utile, les points des lacunes par un chiffre donnant approxima-
tivement le nombre des lettres perdues. Peut-être aurait-on pu
étendre un peu plus l'emploi de ce procédé, si commode pour ceux
qui tenteront de pousser plus loin la restitution des textes de Priène.
Les inscriptions n'étant pas reproduites en caractères épigra-
phiques, les plus importantes ont été dessinées ou photographiées et
l'on saura gré à l'éditeur d'avoir multiplié les dessins et les photo-
typies, qui sont d'ailleurs excellentes.
Pour la constitution du texte, la tâche de l'éditeur n'était pas aisée.
Les pierres paraissent être très souvent d'une lecture malaisée. Puis,
les lapicides de Priène semblent avoir été bien peu attentifs, et
nombreux encore sont les passages ou plutôt les groupes de lettres
incompréhensibles, énigmes qui attendent et attendront peut-être
toujours leur Oedipe. Le travail de déchiffrement avait, il est vrai,
été fait en grande partie par von Prott, à qui devait incomber le soin
de publier les textes de Priène. Mais M. Hiller von Gaertringen a
tout ou presque tout revu. Là où il n'a pas réussi à reconstituer le
texte, il a pris soin de nous donner les renseignements les plus précis
sur l'état du marbre. Le souci de l'exactitude a été poussé ici très loin.
C'est ainsi qu'il ne s'est pas contenté de donner en caractères épigra-
phiques les débris de lettres dont le sens était obscur : il nous indique
encore souvent la manière probable d'interpréter ces débris suscep-
tibles de plusieurs interprétations.
On ne peut guère lui reprocher que d'avoir montré un peu de
hardiesse dans les restitutions. Le commentaire est sobre et précis :
PARTIE BIfiLIOÛRAPHiQUfi. 12S
on y trouvera souvent de judicieuses observations de Wilamowitz, à
qui Ton doit aussi bon nombre de restitutions.
Les témoignages anciens ont été lejetés à la fin de Touvrage. Ils
ont été réunis avec le plus grand soin. On a eu Theureuse idée de
ne pas séparer l'histoire de Priène de celle du Panionion et de la
ligue ionienne. L'éditeur ne s'est pas borné à réunir chronologique-
ment les textes littéraires : il a introduit parmi eux les renseignements
fournis par les textes épigraphiques de Priène même, et a coordonné
l'ensemble en rappelant les principaux événements historiques
contemporains.
Ces textes ont subi un travail critique d'où ils sortent souvent
améliorés.
Des indices copieux (227*304) achèvent de faire des InsckrifUn von
Priène un instrument de travail du maniement le plus commode.
Nous ne trouvons pas à Priène une série de textes comparable à
celle des décrets relatifs au droit dWle et aux Leukophryéneia de
Magnésie; par contre, l'ensemble présente beaucoup plus de variété
et l'heureuse prolixité de certains décrets nous permet de pénétrer
plus profondément dans l'intimité de la cité. Ce qui domine ici ce
sont les décrets en faveur de juges de Priène ou de juges venus du
dehors.
Parmi les textes principaux, il faut citer la lettre d'Alexandre (i),
déjà connue, mais que nous retrouvons ici très améliorée; la dédicace
du même roi à Athéna (i56), dont il avait fait bâtir le temple à ses
frais, dédicace déjà publiée, elle aussi, mais dont on nous donne une
excellente reproduction ; le décret en l'honneur d'Antigone alors qu'il
n'était pas encore roi (2); un décret pour Lysimaque (14) et une
lettre de ce roi (i5); un jugement des Rhodiens entre Samos et
Priène pour des territoires contestés 07); une dédicace du roi
Orophemès de Cappadoce (204) et d'un architecte, Hermogénès, qui
est peut-être le même que l'auteur des Temples de Magnésie, du
Méandre et de Téos (207).
La mort de von Prott, qui devait être l'éditeur des inscriptions de
Priène, n'a guère retardé la publication de celles-ci et il faut savoir
gré à M. Hiller von Gaertringen, d'avoir, grâce à son activité bien
connue, mené si vite à bien la tâche souvent ingrate d'un Corpus et
d'avoir publié sans retard un recueil qui, sous bien des rapports,
peut passer pour un recueil modèle.
Nous avons réservé pour la fin quelques observations que nous a
suggérées une première lecture des textes.
N. I Lettre d'Alexandre. L. 10. Peut-être pourrait-on restituer
[x\a\ TTe[bidba xod n^v ûXXnvI x^poy. Il s'agirait des TT£biet<; habitant sur
120 LB MUSÉE BELGE.
le territoire de Priène. Cf. 3, l, 14. Malgré ses sympathies pour la
cité, Alexandre aurait d'autant plus facilement réimi au domaine
royal cette partie du territoire qu'elle était en grande partie peuplée
de barbares (p. xiii).
N. 4, 1. 26. Je restituerais, d'après les 11. 17-20 :
On préférerait peut-être Otr^ani, mais cf. 108,1.29, où <)noaTif\aaaQa\ est
employé dans un sens très voisin.
N. 8, 11. II-I2 : je remplacerais K[a|eiaTdv]ai par K[a|Ta<TTî^alai, qui
est plus fréquent avec ônôvoiav. Cf. 61, 1. n. Cest la même formule
qu'il faut lire dans IG, XII, V, i, 7, 1. 5, où nous restituerions :
[clç ô|Liôvotav KaTaa]Tf^[a]ai irdvra xaOdiç iTponpoO[^€6a].
N. 12, 11. 2 3. La restitution [irpJofcbpCov] ne paraît pas tout à fait
certaine. Il pouvait y avoir eu ime formule comme [Trp]orç]|[Toîç xx^xioiç
t]oîç ë^trpoaOc bcboiiiëvoiç.
N. 16, 1. i3. D'après la 1. x, lire plutôt [Kdi|Li]aç que fxil'Plaç.
N. 17, 1. 5. Restituer [ol rjaXdTai Trap6[v^paXov dçl T[f|T] x^l'poT- On
trouve ce verbe avec le sens de faire irruption dans Polyb., 29, 7,
8, etc. D après l'éditeur, la cinquième lettre pourrait être, soit un a,
soit un T* ce qui semblerait montrer qu'il s'agit plutôt du reste d'un
PL ou d'un V. En tout cas, le Tropett^vovro] de Dittenberger est trop
faible pour désigner l'arrivée des Gaulois et iTap€a[Trëaov] est bien
difficile à admettre.
L. 27. Au lieu de lèpùaalTo ou [éHclXcjTo, on peut songer à [éXûaaJro :
c'est de beaucoup le plus fréquent des trois dans le sens de délivrer
des prisonniers (Dittenberger, 5y//., m, 16; 226, 19; i35, 11, etc.)
et il s'accorde assez bien avec les restes de lettres.
N. 23, l. 3 : D'après le n. 19, 1. n, il faut sans doute lire : xiûv
T€ q)pou|[piÛv irpoevônoEv iv t€ toîç âXXoiç xal].
L. 16. Le sens doit être à peu près le suivant :
[dvaKHpOHai bi xal xàç Tl^àç T]àç ùnà toO b^jinou
[b€6o|Liëvaç nul Biavn xaG' IxaaTov Qtoç.
Cf. 107, 38; 108, 340.
N. 68. Décret de Samothrace pour un poète épique de Priène,
Hérodès. Il faut en rapprocher un autre décret de la même ville pour
Dymas, poète tragique de lasos, Michel, 352. Les deux textes se
ressemblent beaucoup.
Ll. 7-9. Peut-être pourrait-on aussi restituer :
[dç Toùç àd iTpoa]tpou^6^ouç xi\y Oirdpxouaav raîç irô-
[X€<n q>iX{av ëiraûEeiv, à€( ti iTpdTT]ovTdç t[€] xal Xérovraç ircpl toOtuiv
[dtaGôv xal ô bf^iiioçj x. t. X.
PARTIE filBLIOGRAPHlQUE. 1^7
N. 69. Décret de Priéne en réponse au précédent. Ll. 5 sq. La
restitution probable nous est fournie par le décret pour Dymas,
11. 18-19 :
TëTpaq)€v b[è]
[Kod iTpaT|iaTe(av iv ëircoi Ttîiv irepl A]dpbavov Kal 'Aertuiva irpdHcujv
[xàç incT^oraç ^vr^^ooOvaç xal ircpl tiûv iTpd£]€UJT Kctb^iou xal 'Ap^o[v{aç|
[ouv^ToHcv] —
Dymas et Hérodès avaient donc tous deux traité la légende de
Dardanos.
L. 16. La restitution ireiroinvrai [hé ainodç xal irpoëévouç xal eOcpTéTa]^
Tf\<i iTÔXcux; ncr^xovraç k. t. X. ne se comprend guère puisquUl n'est ques*
tien que du seul Hérodès dans les lignes précédentes : pour la
maintenir, il faudrait supposer que la 1. i5 devrait se restituer xal
^KTÔvoiç aOroO], ce qui n'est guère compatible avec la formule qui suit
immédiatement. Peut-être doit-on lire :
Tr€iro(nvTai [bè aOxôv xal èKfà]'
[vouç aÙToO iToX(Ta]ç Tf\ç trôXcujç ncTéxovraç Trdv[TUJv ôawv xal ol ftXXot]
[iroXirai lucTëxoumv] • irapaxaXoOdv t€ ^iidç hxà to[0 irpea^curoO] —
L. 21. Je lirais plutôt :
[èmiivf^a]Gat nèv tôv 6f\[nov tôv laiiioOpdixuJv éiri Tf|i €Ù]-
[vo(ai î^v lx€i wpôç Ti?m iTÔ]\iv xal èrdr — . Cf. 70, 1. 9.
N. 70. Ll. 67. Lire firapaxoXëaai hé xa( Ia|Liobpâi]|[x€ç] au lieu de
[TTpi|nv€Îç]?
Ll. 19-20. â[vaTpdHiai rà bûo Hin<plcJ|Lia|Ta tô t€ irapà IJa^oOpdixujv xal tô
wap' i\\iwy [dç a-tyjXnv].
N. 79, 1. 2 : Vva bè xal TT[pinv€îç cCbiùaixà | i\\fr\(p\apLéva éXëaÔ]ai irpeapcuràç
6(vbpaç (nombre)) —
Cette restitution rend impossible la substitution de tr[dvT€<;] à TT[pin-
vdçj. Elle montre qu'il ne s'agit pas d'un décret pour une ambassade
de Priéne, mais, cas plus simple, de Tenvoi d^une ambassade à
Priéne pour y porter un décret.
N. 108, 1. 45 : lbUJx[€VTf^l TTÔXCl TTupiûv]. Cf. 1. 86.
Ll. 103-4. Il est ici question d'intérêts à payer par Priéne à la
lig^e ionienne. M. Hiller von Gaertringen pense qu'il s'agit d'intérêts
dont Priéne devait payer sa quote-part comme membre de la ligue,
Wilamowitz pense à des sommes empruntées à la caisse fédérale.
Je crois que cette hypothèse est la vraie. S'il s'agissait d'une quote-
part à payer par Priéne à la ligue, on ne parlerait pas d'intérêts, mais
d'une somme quelconque. Puis, on peut comparer la caisse de la
ligue ionienne à celle du temple d'Apollon de Délos, qui servit pour
ainsi dire de banque d'état à la confédération des Nésiotes.
N. 364. On ne peut qu'admettre, à la 1. 2, la lecture toO Aiôç
128 LE MUSÉE BELGE.
ToO*HXiou, qui paraît la seule compatible avec la lecture de von Prott.
Si Ton ne peut, à cette époque, songer à Zeus Hélios, on pourrait
ponctuer ToO Aiôç,TOû *HX(ouKai toO TToaeibiJùvoç. Si l'on ne donne pas
d'épithète à Poséidon, il est vraisemblable qu'on n'en donnait pas
non plus à Zeus et qu'il s'agit de trois divinités différentes. Cf. le
décret d'Athènes, Dittenberger, SylL, 114, 1. 39 : [ôfivuni vi?i tôv Aia]
Kal "HXiovKttl TToa6i[b]iî>, où les trois dieux se trouvent réunis.
N. 536. Décret de la confédération ionienne, pour un citoyen
d'Erythrées, l. 2 : in^\hi\ tujv e€iwpo[bo'lKoûvTUJv ENOIZ 'ATioUôboToç.
Wilamowitz corrigerait ' E[pu9pa(JoK. Dans le groupe de lettres evoiç,
on croit distinguer deux éléments, une préposition ev et le reste d'un
datif oiç qu'en dépendait. Ne conviendrait- il pas de lire év [TTaviujviJoiç ?
On comprendrait mieux pourquoi la confédération avait voté le
décret. Paul Graindor.
85. — Ad. DelSSmann, Die Septuaginta-Papyri und andere altchrist-
liche Texte, Heidelberg, Cari Winter, 1905. i vol. in -4, ix-io7 pp.
et 60 phototypies. (Verôffentlichungen aus der Heidelberger
Papyrus-Sammlung. I.).
La collection des papyrus de la Bibliothèque de l'Université de
Heidelberg date de quelque dix ans. Elle a été formée par l'acquisi-
tion, en 1897, d'une partie de la collection du vice- consul allemand
Reinhardt, par les dons (1904) de Fr. Schott, son héritier, et par
divers achats (1905). D'une très grande variété au point de vue de la
provenance des textes et de la langue dans laquelle ils sont écrits, la
collection comprend aussi de nombreux ostraka, des parchemins et
des tablettes de bois.
La publication des documents chrétiens a été confiée à M. Ad.
Deissmann, professeur à l'Université de Heidelberg. Grâce à la
munificence du Ministère grand ducal badois, M. Deissmann a pu,
dans un luxueux volume, reproduire in-extenso d'excellentes photo-
typies des six documents qu'il publie avec des commentaires
étendus.
Le no I est un long fragment des Septante, acheté au Caire en
1889 par Th. Graf (Vienne). Il serait, au dire des marchands arabes,
originaire du Fayoum, et comprend 27 feuilles écrites des deux
côtés. Il contient à peu près tout Zacharie, 4, 6 à la fin, et le début
de Malachie, I, i à 4. L'éditeur en donne une description détaillée
et, dans le commentaire, montre quelle est, pour l'histoire des
recensions des Septante, l'importance de ce texte qui, d'après l'écri-
ture, peut être reporté au vn« siècle de notre ère.
Le no 2, un parchemin gréco-copte, contient Exod, i5 et
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 12g
I Sam. 2 (?); probablement du vu* siècle, à en juger par l'écriture,
il est surtout intéressant, parce qu'il a dû être employé comme
amulette. Le texte grec seul est publié.
Viennent ensuite, sous les n©» 3 et 4. deux petits fragments de
parchemin : le n° 3 contient l'Évangile S. Marc, 6, 30-42, et serait
du vi« siècle (Kenyon) ; l'autre, du v^ siècle (?) donne la fin des Actes
des Apôtres 28, 3o et 3i et l'Épître S. Jacques, i, 11.
Le n^ 5 est un fragment d'OnomasHcon sacrum. Il a probablement
servi d'amulette à un chrétien et reproduit une série de noms hébreux
en transcription grecque et avec explications. Il est important en ce
qu'il montre la tradition chrétienne dans un fragment qui fut écrit
environ 80 ans avant le Liber interprdationis hebraïcorum nominum de
S. Jérôme et 5o ans après Origène et Philon qui sont ses sources.
Le dernier texte, n® 6, est particulièrement intéressant pour les
profanes : c'est une lettre chrétienne sur papyrus, dans laquelle un
certain Justin se recommande aux prières de Paphnuce. Elle présente
sous le rapport de l'écriture, des formules, de l'orthographe, de
grandes analogies avec certaines pièces de la fameuse correspon-
dance de Flavius Abinnaeus (Genève, Londres) et peut ainsi être
reportée au iv® siècle de notre ère.
Dans le commentaire de cette lettre, comme partout dans le
volume, M Deissmann montre une profonde connaissance de la
littérature et des antiquités chrétiennes, un domaine qu'il peut
parcourir en toute sécurité, parce qu'il Tétudie depuis longtemps
avec soin et avec conviction. N. Hohlwein.
8687. — Li. Cantarelli, La Série dei prefetti di Egiito, I. Da
Ottavio Augusto a Diocîeziano (a. 3o av. Cr. — a. d. 288). Roma, tip.
délia r. Ace, dei Lincei, 1906. 78 pp. 8°.
Arthur Stein, Die Stellvertretwig im Olerkommando von Aegypten.
Archiv fiir Papyrusforschung, IV, 1907, p. 148 i55.
Le premier travail est extrait des Mémoires de l'Académie des Lincei
(1906). Il a été inséré sur le rapport de MM. Huelsen et Gatti, lu
dans la séance du 18 février 1906. Continuant ses études (voy. ce
Bull. ,Wll, p 36o) sur les fonctionnaires de l'Empire, M. CantarelP
a dressé la liste chronologique des gouverneurs d^Egypte que les
textes littéraires, les inscriptions et les papyrus nous font connaître •
On sait que l'Egypte devint province romaine en l'an 3o av. J.-C. :
le règne des Lagides se terminait avec la mort de la reine Cléopâtre.
Auguste, successeur des Ptolémées, conserva, dans ses grandes lignes,
l'organisation administrative de l'Egypte. Il donna une situation
spéciale à la province nouvelle, car il la fit entrer dans son domaine
l3o LE MUSÉE BELGE.
privé, et excluant les sénateurs du gouvernement, il mit à sa tête un
simple chevalier, qui portait le titre spécial de praefectus Alexandreac d
Aegyp(iousïmi>\ement praefectus Aegvpti. Le préfet d'Egypte qui n'était,
à l'égard d'Auguste, qu'un procurateur ou intendant impérial, était
aux yeux des Egyptiens un vrai vice roi, successeur des Ptolémées.
Il était investi du pouvoir civil et militaire, d'un imperium ad similitu-
dinemprocousulis, dit Ulpien, il résidait à Alexandrie; la durée de ses
fonctions dépendait du bon plaisir de l'empereur. Le premier titulaire
de cette charge fut le poète élégiaque C. Cornélius Gallus, qui
la remplit pendant trois ans. La préfecture d'Egypte, créée en l'an 3o
avant J. C, continua d'exister jusqu'à la prise d'Alexandrie par les
Arabes en 642, donc pendant 672 ans.
Le premier essai pour reconstituer la longue succession des préfets
d'Egypte fut tenté par Giovanni Labus de Brescia, en 1826.
Mommsrn a insinué dans son Etude sur Pline le Jeune que le véritable
auteur de ce travail était Borghesi, mais M. Cantarelli prouve que
Labus ne reçut de son ami que des notes pour compléter son
mémoire. La rectification était nécessaire, car l'insinuation de
Mommsen était devenue une certitude pour d'autres (S de Ricci,
Revue des études grecques, 1902, p. 420). Depuis Labus, que de décou-
vertes nouvelles, que de travaux sont venus compléter cette liste !
M. Cantarelli qui a tout lu, tout dépouillé, a donné la liste de ces
travaux au commencement du sien. Cette première partie va
d'Auguste à Dioclétien et comprend 88 préfets. Sur chacun, M. Can-
tarelli donne quelques renseignements biographiques, et il s attache
à recueillir tout ce que nous savons de son administration, de son
activité comme gouverneur. En tête sont citées et transcrites les
sources : passages d'auteurs, inscriptions, papyrus. En note sont
discutées ou indiquées les questions douteuses. Exactitude et clarté :
telles sont les qualités du nouveau mémoire de M. Cantarelli, qui
jette une lumière nouvelle sur beaucoup de questions encore obscures
et controversées. C'est une précieuse contribution non seulement à
l'histoire de l'Egypte, mais aussi à celle de l'Empire romain en géné-
ral : tel est le jugement flatteur porté sur lui par Huelsen et Gatti
dans leur rapport à l'Académie des Lincei et ce jugement sera ratifié
par tous les lecteurs
Dans certains cas. le gouverneur d'Egypte devait être remplacé,
par exemple, s'il mourait, s'il était chargé d'une autre fonction par
l'empereur ou rappelé subitement par disgrâce. Son remplaçant
portait alors le titre de vice-préfet, vice praefecti Aegypti. Nous savions
par une inscription (CIL., VI i638)que c^é\A\\.\^juridicus Alexandreac^
fonctionnaire chargé de ren4re la justice, qui remplissait cçs fonctions
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE l3l
passagères. M. Arthur Stein a fait des recherches sur le vice-gouver-
neur d'Egypte, sur les circonstances qui amenaient sa nomination,
sur les personnages (il en a trouvé cinq) qui furent investis de ces
fonctions. J. P. Waltzing.
88. — Joseph SchmatZy Baiœ, das erste Luxusbad der Roemer.
I. u. II. Teil Progr. des k. neuen Gymn. in Regensburg, 1906.
Regensburg, H. Schiele, igoS et 1906. 62 et 44 pp.
Dans ces deux programmes, M. J. Schmatz a voulu nous faire con-
naître la principale ville d'eaux des Romains, c'est-à-dire Baïes, sur le
golfe de Pouzzoles. Ce rivage célèbre est aujourd'hui presque désert ;
dans l'antiquité, il était couvert de villas splendides et il fut témoin
d'un luxe et d'un faste dont nos villes de bains ne peuvent donner
qu*une idée lointaine. La première partie du travail de M. Schmatz
est géographique et archéologique : il décrit le golfe de Naples et
celui de Pouzzoles, marque la situation exacte de Baïes sur ce rivage
délicieux, éclairé par le beau soleil de Campanie, il raconte son
origine et l'histoire de son développement. Dans la seconde partie,
il cherche à faire revivre la population de Baïes et à dépeindre
l'existence que menaient ses habitants et ses nombreux visiteurs,
hôtes d'un jour ou d'une saison, malades qui venaient chercher la
santé, et pîus encore gens avides de plaisirs qui venaient dépenser
de colossales fortunes dans ce diversormm vitiorum^ dans ce lieu quem
sibi celebrandum luxuria suscepsit^ que jamais un sage ne choisira pour
retraite (Sénèque). On lira avec un grand intérêt tous les détails que
M. Schmatz a recueillis dans les auteurs, et le tableau souvent
piquant de ces mœurs raffinées. Un reproche qu'on pourrait lui
faire, c'est d'avoir insisté trop longuement sur beaucoup de généralités
relatives au luxe des repas et au faste chez les Romains, qui ne se
rapportent pas plus à Baïes qu'à Rome ou qu'à une autre ville de
luxe ou de plaisir. J. P. W.
89. — LiUdV7lg Hahn, Rom und Romanismus im griechisch roemiscken
Osten. Leipzig, Dieterich, 1906.
C'est sur un terrain peu exploré que M. Hahn a porté ses investi-
gations ; car si quelques points spéciaux de cette question du roma-
nisme et de l'influence romaine sur le monde grec et oriental avaient
été étudiés en ces dernières années, il y avait encore bien des lacunes
et l'auteur a dû jeter la lumière dans de nombreux coins restés
obscurs. D'autre part, ce livre est le premier ouvrage d'ensemble sur
ce côté de l'histoire si nouveau et si intéressant.
Deux plans s'ofirent à celui qui veut étudier à fond les manifesta-
l32 LB MUSÉE BELGE.
tions de Taction morale d'un peuple sur un autre : examiner, dans des
chapitres spéciaux, les dififérents domaines où elle s*exerce, les
diverses espèces d'influences, religieuses, littéraires, morales et autres;
ou diviser l'histoire de cette influence en périodes, et, traitant
chacune à part, étudier les différents phénomènes qui y apparaissent.
C'est ce plan chronologique, qui n'est pas sans écueil, que M. Hahn
a préféré : s'il a l'avantage de mieux marquer les progrès de cette
influence en la poursuivant à travers les siècles et, en soulignant ses
étapes et ses acquisitions nouvelles, de permettre une exactitude
historique plus sévère, par contre, il oblige de reprendre à chaque
nouvelle période chacun des points traités dans la précédente au
degré de développement où on l'a laissé, et cela ne va pas sans des
répétitions fastidieuses ou des obscurités inévitables. Disons pourtant
que M. Hahn s'est efforcé d'éviter autant qu'il était possible cet
écueil. Cette étude est donc divisée en cinq périodes correspondant
chacune à un des grands tournants de l'histoire romaine, eu égard
au point de vue spécial de l'ouvrage : la période italique, qui s'étend
jusque Pyrrhus et met aux prises les Romains avec les Grecs d'Italie ;
une seconde période va jusque Polybe, le premier écrivain grec qui
traite des choses romaines, et en admirateur; une troisième se pro-
longe jusqu'à la bataille d'Actium; l'époque d'Auguste forme la
quatrième et la dernière va jusque Trajan.
L'étude de chaque période se développe sur un plan à peu près
uniforme : l'auteur établit d'abord les progrès de la conquête romaine,
la marche des affaires militaires et politiques ; il continue par l'étude
des influences exercées par Home sur les peuples vaincus qu^elle
tâche d'assimiler. Ce sont les influences commerciales : l'adoption
des unitées de mesure et de monnaie, du calendrier ; — juridiques et
administratives : le droit romain, l'organisation de l'armée et du
gouvernement des provinces ; — religieuses : le culte de Rome et de
l'Empereur, la religion d'État ; plus loin l'influence sur les mœurs et
les coutumes : combats de gladiateurs, jeux et fêtes, adoption de la
mode romaine ; et les influences intellectuelles : sur l'art, la littérature,
la philosophie. L'étude du côté linguistique, du progrès de la langue
latine en Orient, des latinismes et des mots latins dans les inscrip-
tions et certains écrivains grecs forme la partie la plus documentée,
la plus riche de l'ouvrage et sera utile pour la composition du Thésau-
rus linguae latinae.
L'auteur n'a pas omis non plus de parler des facteurs de cette
influence, des agents de la propagande romaine; les soldats, les
marchands, les ambassadeurs, les otages et les colonies de Rome.
Comme on le voit, il n'y a pour ainsi dire pas de point que M. Hahn
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l33
ait négligé, il n'y en a pas non plus qui soit traité superficiellement ;
cette étude bien documentée est le fruit d'une érudition solide et sera
d'un précieux secours à ceux qui voudront traiter des rapports entre
THellénisme et le Romanisme. A. Delatte.
go. — Pr. L16O9 Die Originaliiaet der roemischen LiUeratur. FesUtde^
un Namen der Georg-August-Universitât zur Academischen Preis-
vcrteilung am 4. Juni i904.Goettingen,Vandenhoeck et Ruprecht,
1904.
Dans ce discours d'apparat M. Léo traite magistralement deux
questions très intéressantes : la reconnaissance du génie latin par
les Allemands et la réhabilitation de la littérature latine.
Deux choses ont contribué à faire dédaigner la littérature latine
par les Allemands : la Renaissance et Topinion d'un illustre savant,
Th. Mommsen. Cette assertion peut paraître paradoxale : elle ne
l'est pas. Jusqu'à la Renaissance, l'Occident était imprégné de deux
œuvres romaines : le Droit romain, qui avait façonné les peuples, et
l'Histoire romaine, qui les avait guidés et affermis en les unifiant.
Le monde grec, révélé par les premiers humanistes sous ses couleurs
les plus belles, ses aspects les plus séduisants, fit pâlir le génie
romain, qu'on trouvait trop pratique, trop positif, trop terre à terre.
Les premières comparaisons, faites dans cet esprit, jetèrent la
déconsidération sur les auteurs latins pendant longtemps, sans
toutefois les déprécier tout à fait. Puis vint Tarrêt rendu par
Mommsen : ce fut presque un arrêt de mort. En effet, Tillustre
maître ne put qu'esquisser, dans son Histoire romaine^ le développe-
ment de la littérature et il le fit d'une façon peu impartiale. Son
ouvrage n'atteignit pas le siècle d'Auguste, et Cicéron apparut à
l'historien non pas comme l'effloraison parfaite de la prose, comme
l'apogée de la culture gréco romaine, mais comme un esprit creux
et sans idées.
Cet arrêt ne fut pas admis par tous et un revirement s'est fait : on
cherche maintenant en Allemagne des preuves positives en faveur
de l'originalité de la littérature latine. M. Léo, dans la seconde
partie de son discours, fait lexamen rapide des principaux auteurs
latins, Plante, Térence, Cicéron, Virgile, Horace, Tibulle, Properce
et Ovide, et essaie de montrer ce qu'ils ont de propre, d'original, de
spontané. Tâche bien difficile et qui demanderait un développement
plus considérable. Mais on peut dégager de chacun des cas que
M. Léo examine la thèse de l'auteur et la résumer à peu près en ces
termes. Il n'y a qu'une seule littérature — la grecque — qui soit
strictement originale ; car les Grecs ont fondé les genres littéraires.
l34 LE MUSÉE BELGE.
Mais, de même qu*on ne peut pas dire que les poètes grecs qui
suivirent Homère, Eschyle, Sophocle, Euripide. Pindare, Théocrite,
et les prosateurs grecs qui suivirent Xénophon, Platon, Hérodote et
Thucydide, ont imité servilement leurs prédécesseurs, mais qu'ils les
ont continués, ainsi on ne peut pas dire en toute justice que les
écrivains latins ont copié leurs modèles grecs, mais bien qu'ils les ont
continués en se les assimilant et en créant, grâce à cette assimilation,
des œuvres adaptées au génie romain et marquées de son empreinte.
Telle est la thèse de M. Léo. Elle paraît d'une vérité indiscutable
et elle est exposée avec une force qui entraîne la conviction.
J. HUBAUX.
gt. — A. Becquet, Bol en bronze émaillé f!I' siècle) trouvé dans une
tombe romaine à la Plante (Namur). — La bijouterie ckex les Francs,
( V* et VI^ siècle). Les pendants d'oreilles. — Tête en bronze (II'' siècle)
trouvée à Mettet (Namur). Tirés à part du t. XXVI des Annales de la
Société archéologique de Namur. Namur, 1906.
M. Becquet, le sympathique et savant conservateur du Musée de
Namur, étudie dans ces trois articles des objets qui se trouvent dans
ce musée. A chacun est joint une superbe planche illustrée, irrépro-
chable d'exactitude et de bon goût.
Les deux premières plaquettes se rapportent, la première à l'art
gallo-romain, la deuxième à l'art franc. M. Becquet est un archéo-
logue qui a non seulement le don de voir, mais encore celui de
décrire. Ses doBcriptions sont des modèles de précision et de netteté
élégante. Le bol en bronze a ceci d'intéressant qu'il est un des rares
spécimens de pièces émaillées de grande dimension qui sont connus.
Il soulève la question toujours pendante des centres de la fabrication
de Témaillerie à l'époque romaine. M. Becquet, qui a fouillé avec
une sagacité remarquable la villa d'Anthée, y a découvert un atelier
d'émailleur. Mais cette question attend encore un travail d'ensemble,
qui permette un classement géographique.
La belle tête de bronze découverte à Mettet m'a particulièrement
intéressé M. Becquet est tenté d'en rapporter la fabrication aussi à
la fonderie d'Anthée. L'idée qu'a voulu exprimer l'artiste n'apparaît
pas avec clarté. Les oreilles font penser à un Silène. N'est-ce pas une
divinité gauloise ? Nos connaissances de la religion gauloise sont
encore trop peu avancées pour que Ton puisse rien affirmer. Les
rapprochements que fait M. Becquet avec les numéros 83 et 117 du
catalogue du musée de S. Germain sont instructifs. Son premier
aspect ma fait penser à une tête de Zeus-Ammon (Overbeck, Kunst-
mythologie, I, pi. III, 7). Il y a sans doute des différences notables
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l35
entre ces deux figures, mais il me paraît difficile de contester leur
parenté. Braun (Overbeck, /. /., vol. II, p. 280) faisait remarquer que
cette tête d'Ammon rappelait certains types de la suite de Dionysos.
Peut-être les deux dérivent-elles d'un môme original.
Puisque l'occasion se présente, il n'est pas inutile, pensons-nous,
de signaler aux lecteurs du Musée belge, en particulier aux professeurs
d'histoire, le beau musée de Namur. Il est, semble-t-il, trop peu
connu dans notre pays. M. Becquet, avec des ressources médiocres,
mais servi par une volonté et une entente remarquables, a pu y
réunir une riche collection d'archéologie nationale hautement instruc-
tive. On sait trop peu dans notre pays, mais on le sait à l'étranger,
que Tarrangement du musée de Namur est un modèle de classement
scientifique, permettant de saisir sans efifort l'évolution de l'art indi-
gène à ces temps reculés de notre histoire.
Les richesses archéologiques accumulées et classées par M. Becquet
sont malheureusement entassées dans un local où la place et la
lumière manquent. Si une ville d'Allemagne possédait une collection
de cette importance, elle n'épargnerait rien pour la mettre en valeur
et en permettre Tétude. Ce n'est pas le zèle qui a fait défaut à
M. Becquet, et ce ne sont pas les ressources qui manquent à notre
riche pays. Il y a d'ailleurs des situations pires que celle de Namur,
où du moins rien ne se perd. En parlant ainsi, nous pensons à
Tongres, dont les inappréciables richesses archéologiques, malgré le
zèle de l'archéologie locale, restent toujours exposées à se disperser
sans retour. E. Rem y.
92. — A. Michel, Syntaxe grecque abrégée. Le môme. Tableaux
mwaux. Tournai, Casterman, 1906.
A l'heure où les études grammaticales ont, plus que jamais, besoin
d'être encouragées, on ne saurait trop féliciter M. Michel d'avoir
contribué, par la présente publication, à rendre plus aisée l'étude de
la syntaxe grecque et à en fixer plus solidement la connaissance dans
la mémoire des élèves.
L'auteur n'admet pas renseignement systématique d'une syntaxe
détaillée et réserve à bon droit les particularités et les exceptions
à l'enseignement occasionnel. En prenant comme base les meilleurs
manuels en usage dans nos établissements officiels et libres,
M. Michel groupe autant que possible les règles les plus essentielles ;
il les présente d'une façon claire et succincte et les fait suivre d'un
paradigme facile et frappant, avec renvoi aux sources. Règles simples,
exemples simples ; la matière se trouve ainsi considérablemet réduite.
Une petite lacune à signaler : la théorie des propositions interroga-
tives aurait dft, nous semble-t-il, trouver place dans le précis.
l36 LE MUSÉE BELGE.
Pour rendre cet enseignement plus intuitif, M. Michel a eu Tidée
fort heureuse de recourir aux tableaux muraux. Imprimés en carac-
tères très lisibles et conçus avec la même clarté et la même méthode
que l'abrégé, ces tableaux, au nombre de 12, résument avec une
concision remarquable l'emploi des cas, des modes et des temps ; ils
peuvent servir tant à la répétition d'un groupe de règles qu'à l'ensei-
gnement occasionnel de la syntaxe.
Somme toute, une publication dont l'élève et le professeur retire-
ront le plus grand avantage. P. Schock.
Langues et Littératures celtiques.
93. — B. WindiSCh. DU altiriscJu Heldensage, Tdin bâ Cûalnge,
Leipzig. Hirzel, igo5. xc-1120 pp. in 80. 45 m.
M. E. Windisch vient de publier un volume de plus de 1200 pages,
qui depuis de longues années est attendu avec impatience par tous
les amis des études celtiques ; c'est une édition du morceau capital
de l'épopée irlandaise, le Tdin hô Cûaînge^ ou Rapt des bêtes à cornes de
Cooley.
Dix ans. Grecs et Troyens se sont entretués sous les murs de Troie
pour une femme et cette guerre a été chantée par toute l'Hellade. La
mort de Roland au scindes gorges des Pyrénées, fit résonner la chrotte
des trouvères français ; les aventures de Siegfried et des Nùbeîungen
ont charmé l'Allemagne. Pourquoi donc les bêtes à cornes ont-elles
été le partage de l'Ile Verte ? C'est qu'en Irlande elles constituaient
la principale source de richesse, servaient à évaluer les fortunes, et
jouaient en réalité un rôle de grosse monnaie. Aussi, quand on saura
que les bêtes à cornes dont il s'agit ici sont, en l'espèce, un taureau,
et de plus, un taureau extraordinaire, le plus puissant de toute
rirlande. le fameux Dond de Cualnge, on comprendra que quatre
des provinces de l'Irlande se soient coalisées contre la cinquième
pour le lui enlever ; les événements qui s'en suivirent furent terribles,
à en juger par l'impression qu'ils firent sur ces populations aux idées
relativement primitives; à en croire la légende, l'expédition aurait
coûté la vie à des milliers d'hommes, et tout cela en vain, puisque le
poème se termine par la mort du fameux Dond de Cualnge. Mais,
un court exposé de la matière fera comprendre mieux, que tout le
reste, la nature et l'importance du sujet.
Un soir, la reine de Connacht Medb et son mari Ailill, eurent une
discussion sur le point de savoir lequel était le plus riche des deux ;
il faut savoir qu'ils étaient mariés sous le régime de la séparation
des biens ; comparaison faite de leurs fortunes, il se trouva qu' Ailill
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. lij
était le maître d'un taureau comme sa femme n'en avait pas. Ayant
appris qu'un chef de TUlster du nom de Date en possédait un célèbre
dans tout le pays, Medb lui envoya des ambassadeurs pour lui de-
mander de le lui prêter pour un an ; par suite de Toutrecuidance de ses
envoyés, sa requête fut repoussée avec dédain. Résolue à s'emparer
de force de l'animal, la reine réunit ses armées, invita le Leinster et
les deux provinces de Munster à se joindre à elle pour attaquer
rUlster.
La marche de l'armée est décrite avec précision ; une cinquantaine
de localités par lesquelles elle passa sont énumérées ; au prix des plus
grandes difficultés, elle arriva ainsi aux frontières de l'Ulster, après
avoir traversé les plaines boisées des environs de Kells, où les troupes
souffrirent tout particulièrement de la neige.
Alors, le grand héros de TUlster Cuchulin, sans se montrer,
commença à harceler l'envahisseur ; il grava une formule ogamique
sur un tronc d'arbre, y fixa les têtes de trois guerriers qu'il avait tués,
et plaça le trophée sur la route de l'armée. Cette nuit-là, Ailill et
Medb se firent donner des détails sur leur terrible adversaire par les
proscrits de l'Ulster qui se trouvaient dans leur suite. Tour à tour,
Fergus, Cormac Conlingeas et Fiacha racontent la vie et les exploits
du jeune Cuchulin. Ces récits forment une longue digression, qui
occupe environ un sixième de l'œuvre toute entière, mais ils sont
loin de constituer la partie la moins intéressante du Tain,
Cuchulin était seul ; Medb pour envahir l'Ulster, avait profité du
moment où le roi et les guerriers ennemis étaient sous le coup d'une
mystérieuse maladie périodique, qui les rendait faibles comme des
femmes et incapables de porter les armes. Le mal leur était envoyé
a époque fixe comme punition par la déesse Mâcha qui, alors qu'elle
était enceinte, avait été obligée par les guerriers de l'Ulster, à lutter
de vitesse avec les chevaux du roi.
Cuchulin suivait l'armée sans se montrer, mais, chaque nuit, il tuait
cent hommes à l'aide de sa fronde. Medb, pour mettre fin à ce car-
nage, lui demanda une entrevue ; n'ayant pu l'acheter, elle conclut
avec lui un traité d'après lequel l'armée resterait dans son camp, et
chaque jour, un des champions des envahisseurs se mesurerait avec
Cuchulin.
Un grand nombre de combats singuliers ont lieu ; Cuchulin abat
successivement tous les adversaires qui lui sont opposés ; pendant sa
lutte avec l'un de ceux ci, le grand Loch, la déesse de la guerre la
Môr-rigu vient attaquer le héros de l'Ulster; mais, de même que,
dans l'Iliade, Diomède atteint de sa lance la déesse Cypris, ici
Cuchulin crève un œil à la déesse, dont cependant l'intervention
avait permis à Loch de le blesser grièvement.
l38 LB MUSéB BELGE.
A la suite de cette affaire, Medb rompit le traité, en envoyant six
hommes contre Cuchulin qui était exténué. Le héros de TUlster en
vint à bout, mais au sortir de cette lutte, poussé par le désespoir, et
affaibli par les blessures, la fatigue et les veilles, il monta sur son
char pour se précipiter seul au milieu des ennemis où il aurait infail-
liblement succombé. A ce moment, un personnage surnaturel, visible
de lui seul dans la plaine, fit tomber sur lui un sommeil qui dura trois
jours et trois nuits.
A son réveil, en proie à une rageî et à une fureur nouvelles, il fit
un carnage effroyable des ennemis, et tua entre autres, avec l'aide de
son compatriote Fiachra, qui était accourru à son secours^ le druide
Cailitin et ses vingt fils. C'est alors que Medb lui opposa son ami
Ferdiad, un des proscrits de TUlster. Le combat fut long et terrible,
il dura plusieurs jours, Cuchulin ne triompha qu'au prix des plus
grands efforts, et encore était-il tout couvert de blessures. Après sa
victoire, les fils de Géadh le transportèrent à Muirthemne, et le
plongèrent dans des eaux salutaires qui guérirent ses plaies.
Alors, tandis qu'à la suite de tragiques événements Findabair, la
fille de Medb et d^Ailill, mourait au milieu du camp des alliés, les
guerriers de l'Ulster se rassemblaient dans les plaines de Meath.
Medb envoie Mac Roth reconnaître l'ennemi, et l'espion vient faire
un rapport circonstancié, qui rappelle le catalogue des vaisseaux
de l'Iliade. Il décrit au roi et à la reine les différentes troupes qui se
concentrent et Fergus les identifie une à une d'après la description.
Alors éclate la bataille, furieuse, désordonnée; des prodiges de valeur
sont faits de part et d'autre ; après être restée longtemps indécise,
grâce à l'inaction de Fergus, la victoire se décide pour les guerriers
de rUlster; Medb ne doit la vie qu'à la générosité de Cuchulin;
l'armée des alliés bat en retraite sur Cruachan. Mais Medb a réalisé
son dessein : pendant le combat, le fameux Dond de Cualnge a été
conduit à Cruachan.
L'épopée semble terminée ; mais im dernier épisode la clôt : arrivé
à Cruachan, le célèbre Dond, apercevant le taureau d'Ailill, fond sur
lui; pendant toute la journée, sous les yeux de l'armée, les deux
animaux se battirent avec acharnement sans parvenir à triompher
lun de l'autre; pendant la nuit, ils traversèrent une grande partie de
l'Irlande sans cesser de se battre ; au jour, le Dond était vainqueur
et se dirigeait vers Cualnge avec les restes de son ennemi sur les
épaules. Arrivé chez lui, il s'adossa à une colline, et, poussant un
formidable mugissement de triomphe, il mourut; le cœur lui avait
éclaté dans la poitrine, et des flots de sang s'échappaient en torrent
de sa bouche et de ses naseaux.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. iSq
Telle est, dans ses grandes lignes, la matière de cette épopée qui
a entraîné dans son orbite un grand nombre de récits épiques de
rirlande.
Son importance est considérable pour l'étude de l'antiquité cel-
tique : c'est en Irlande que la vieille civilisation celtique s'est main-
tenue le plus longtemps, parce que seule, de toutes les contrées jadis
habitées par les Celtes, l'Irlande échappa à la conquête romaine, et
aux invs^ions des barbares; le seul événement qui modifia, dans une
certaine mesure, la civilisation irlandaise, ce fut au iv« siècle Tintro-
duction du christianisme; plus tard, les invasions des Normands
exercèrent également une certaine influence ; mais, grâce à l'existence
de véritables écoles de poètes, le souvenir du passé se transmit de
génération en génération.
Lra lecture de l'épopée montre combien on a été fidèle à la tradi-
tion; ainsi, par exemple, les principaux héros, tels que le roi Con-
chobar, Cuchulin, Fergus, Conall Cernach, Bricriu, Ailill, Medb,
ont toujours le même caractère, dans quelque épisode qu'on les ren-
contre. D'autre part, des contradictions de détail, dans la chronologie
de l'épopée, ou dans certains faits d'importance secondaire montrent
que le Tain n'est pas Tœuvre d'un seul poète, mais le produit d'une
collaboration de plusieurs siècles.
L'œuvre est entremêlée de prose et de vers; c'est la prose qui
forme le corps du récit, mais elle est toujours écrite dans une langue
conventionnelle, abondante en clichés et phrases stéréotypées; les
morceaux en vers sont des dialogues, des chants de triomphe ou de
deuil ; bref, il a manqué un génie pour faire la toilette définitive de
l'épopée irlandaise ; elle est d'une étape en arrière de V Iliade et de
YOdyssée^ mais, précisément à cet égard, elle mérite une attention toute
particulière.
Les origines du Tain sont obscures et doivent être reportées à
l'époque païenne, mais, naturellement ce n'est pas sous sa forme
ancienne que le poème nous est conservé. Il semble que ce soit vers
le vi« siècle qu'il fut mis par écrit ; néanmoins longtemps encore la
tradition resta mi-orale, miécrite; dans nos manuscrits, il est encore
fréquemment fait appel à l'autorité des scélaighe^ ou narrateurs. D'après
certains indices, la forme que le Tain possède actuellement lui aurait
été donnée dans la première moitié du vn« siècle de notre ère par le
poète Senchân Torpeist. Toutefois, la prose est une matière qui
évolue facilement ; mais au cours des siècles suivants, les copistes
remplacèrent dans les manuscrits les formes et les mots tombés en
désuétude par des expressions plus modernes et plus compréhensibles,
de là, l'aspect relativement jeune de la prose, par opposition aux
I4O LE MUSÉE BELGB.
poëmes qui, à cause de la métrique, ne pouvaient être modifiés.
Les manuscrits du Tain sont au nombre de seize environ ; ils se
groupent en trois recensions.
La première, celle dont la langue est la plus ancienne, comprend
le Leahkar na h'Uidri, le Livre jaune de Lécan, TEgerton 1782, et
TEgerton 114.
La seconde version est conservée dans le Livre de Leinster, le
manuscrit Stowe 984. Le manuscrit H. i, i3 du Collège de la Trinité
à Dublin, le manuscrit additionnel 18748 du Musée britannique, et
TEgerton 209.
Un grand fragment d'une troisième version se trouve dans les
manuscrits H. 2, 17 du Collège de la Trinité, et Egerton 93.
C*est la version du Livre de Leinster, que M. Windisch a prise
comme base de son édition ; sans doute, celle du Leabhar na k'Uidri
est plus ancienne, mais elle est beaucoup moins complète ; les lacunes
qui existent dans le récit du Livre de Leinster ont été comblées
principalement au moyen du manuscrit Stowe 984 et des autres
manuscrits de la même classe; M. Windisch, qui aurait pu donner
dans son édition divers épisodes qui manquent dans le manuscrit de
la deuxième recension et ne sont contenus que dans ceux de la
première — tels quatre exploits de Cuchulin enfant racontés par le
Leabhar na h'Uidri, — s en est abstenu pour respecter la tradition qu'il
reproduisait.
Quant à Tédition elle-même, c'est un chef-d'œuvre de clarté et de
probité scientifique. L'introduction ne comporte pas moins de quatre-
vingt-dix pages. L auteur y étudie successivement la géographie du
Tain, sa valeur historique, la concordance de Tépopée irlandaise avec
les témoignages des auteurs anciens relatifs aux Celtes, la tradition
épique irlandaise, et enfin les manuscrits du Tain.
Vient ensuite l'édition du texte. Il comprend quatre parties :
lo Le texte irlandais, avec indication par la typographie, des réso-
lutions des abréviations.
2*^ Un apparat critique, dormant toutes les variantes des manuscrits
de la même recension.
3« Une traduction allemande serrant le texte d'aussi près que
possible et enfin
4<> de nombreuses notes explicatives d'une grande richesse et d'une
érudition profonde. Elles concernent la langue, les institutions, les
coutumes, le folklore, etc. L'auteur n'y esquive aucune difficulté ;
là où la science actuelle est arrêtée, il le dit carrément et ce n'est pas
un des moindres titres qu'il s'est acquis à notre gratitude.
L'ouvrage est terminé par un glossaire de plus de i5o pp. de mots
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I4I
rares ou obscurs, par une liste des noms géographiques, et enfin, une
table des noms de personnes.
Depuis la publication de ses Irische Texte et de sa Petite Gram-
maire irlandaise^ M. Windisch s'était créé beaucoup de titres à la
reconnaissance des celtisants ; la publication de son édition du Tain
Bo Cualnge restera un monument impérissable de sa science et de sa
puissance de travail. C'est le livre le plus considérable et le plus mar-
quant qu'aient produit les Etudes celtiques depuis l'apparition de la
Grammatica celiica. Victor Tourneur.
Langues et Littératures romanes.
94. — J. Bastin, Les voyelles latines dans leur passage comme sons en
français. A. Zinserling, Saint-Pétersbourg, 1906. 23 pp. 3o cop.
Dans cet opuscule de 23 pages, M. Bastin s'est attaché à résumer,
comme l'indique le titre, le chapitre le plus important de la phonétique
historique du français. La compétence indiscutable de l'auteur, dont
un récent Précis de phonétique a été remarqué, est un sûr garant de la
valeur scientifique de cet exposé très fouillé et très touffu. Fouillé et
touffu, ce sont bien les mots propres, car on a rarement fait tenir en
si peu de pages tant de règles et de remarques. Je ne dirai pas que
la clarté n en souffre jamais : il est tel endroit où Ton doute que
rélève retrouve facilement le fil conducteur dans le dédale des sub-
divisions parfois peu nettement indiquées (Page 8, rétablir un 40 au
commencement de la ligne 9). C'est aussi là, en partie du moins, la
faute de la forme adoptée dans cet ouvrage. Plutôt qu'un véritable
manuel classique, M. Bastin nous a donné une causerie fort savante
à la vérité, mais parfois un peu désordonnée. C'est ainsi que les
questions de graphie et de prononciation viennent sans cesse se
greffer sur les questions de pure phonétique. A coup sûr, l'exposé
oral s'accommode fort bien de pareils rapprochements : si l'on en
avait laissé l'initiative aa professeur, le plan de l'ouvrage y eût
gagné, à notre avis, en rigueur et en clarté. Il est juste d'ajouter que
l'auteur a prévu cette critique et s'en excuse : « cette étude ne
contient, nous assure t il que l'enseignement pratique donné, en
Russie à la jeunesse des écoles». Voilà de quoi faire rêver les
professeurs de notre enseignement moyen, à la porte duquel l'étude
historique du français attend toujours le Dignus es intrare !
A un autre point de vue, il manque parfois à M. Bastin de savoir
douter. Il lui arrive d'avancer des solutions personnelles dans des
questions discutées. De quoi il faut le féliciter, car elles sont souvent
fort plausibles et méritent d'être prises en sérieuse considération.
142 LE MUSÉE BELGE.
Nous voudrions seulement que, dans cet ouvrage de vulgarisation,
il les donnât comme des solutions personnelles, sans plus, et qu'en
général il distinguât plus nettement ce qui est résultat acquis de ce
qui est simple hypothèse. Ainsi le commençant ne pourrait jamais
déduire de l'exposé de la formation de Timparfait de l'indicatif (p. 9)
qu'il y ait la moindre incertitude, sur les conditions de ce processus
linguistique On sait pourtant si la question est obscure encore et
discutée 1 Où M. Bastin tranche si décidément, M. Brunot (Histoire
de la langue française, I, p. 2o3) n'avance rien que sous le couvert de
prudentes formules dubitatives.
Ces réserves faites, — et Ton voit qu'elles sont d'ordre purement
pédagogique, — nous n'hésitons pas à recommander aux maîtres de
français la lecture de l'opuscule de M. Bastin. Ils y trouveront sur
les origines de la langue des données justes dont ils pourront enrichir
leur enseignement. Et ce ne sera pas le premier service dont ils
seront redevables à ce vétéran de la philologie française.
G. CUARLIER.
95-96. — V. Albert et E. Sody, Grammaire française à Vusage
des classes gréco-latines , Huy, Bourguignon, 1907.
Les mômes, Grammaire française à Vusage des Écoles moyennes et des
classes professionnelles des athénées et des collèges.
Partant de ce principe qu'il ne convient pas d'imposer le même
manuel de grammaire française aux élèves qui étudient le latin et à
ceux qui ne Tétudient pas, MM. Albert et Sody ont composé deux
ouvrages différents. Quand on s'adresse à des élèves qui étudient le
latin et le grec, on peut remonter aux sources de la langue française,
ce qui n'est pas possible dans les Humanités Modernes.
Disons donc un mot de chacun de ces ouvrages.
Nous n'aurons que des éloges pour la grammaire française à l'usage
des classes gréco -latines. Elle constitue en Belgique une heureuse
innovation qui familiarisera les élèves avec les éléments de grammaire
historique et de grammaire comparée. Par là, l'étude de la grammaire
est élevée à la hauteur d'une science : on raisonne, on explique, on
intéresse. Comme le dit éloquemment dans la préface M. le Chanoine
Tombeur, Inspecteur des Collèges diocésains : « les élèves voient
» que la grammaire qu'ils apprennent n'a pas toujours été ce qu'elle
» est aujourd'hui ; ils commencent à comprendre qu'une langue
» vivante est im organisme qui, comme tout ce qui vit, se transforme
» continuellement. Le latin, par contre-coup, paraît moins aride
» aux élèves : ils entrevoient quelque utilité à le connaître ; les deux
» vocabulaires se compénètrent et sunissent pour soutenir l'effort de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 1^3
1 la mémoire. Enfin cet aperçu sur la façon dont la grammaire
• française s*est peu à peu formée, élargit les idées et ouvre des
B horizons nouveaux : c'est une initiation à l'étude d'autres gram-
■ maires ; l'élève pressent une science générale des grammaires ».
Ces lignes étaient trop expressives pour n*être pas reproduites
intégralement. Oui, utilisons les renseignements précieux que fournit
la grammaire historique. Ne craignons pas d'entrer dans cette voie
qui nous a été trop longtemps fermée. Toutefois, évitons d'empiéter
sur renseignement universitaire ou plus exactement de donner à nos
leçons un caractère trop savant. Ceci est chez le maître afiaire de
tact et de mesure.
Il en est de même des premiers éléments de syntaxe que les auteurs
ont intercalés dans la lexigraphie. C'est au professeur à juger s^il est
opportun ou non de les utiliser. L'idée, en tout cas, nous semble
bonne.
Quant aux tolérances orthographiques décrétées naguère en France,
les auteurs ne les ont pas signalées, ce dont nous les louvons. Il
est, à notre sens, prématuré d'intervenir dans im débat où les solutions
proposées sont loin d'avoir réuni l'unanimité des avis.
Nous concluons donc que ce manuel mérite toute l'attention des
professeurs d'Humanités Anciennes, et que l'avenir lui appartient.
Nous ne serons pas aussi dithyrambique à l'égard du second
manuel. Pourquoi ? parce qu'il ne se distingue guère de ceux dont
on se sert aujourd'hui II est donc comme les autres : alors convient-il
de changer ? Puisque la grammaire française semble et est si difficile
pour les élèves qui ignorent le latin et le grec, pourquoi ne pas leur
faciliter cette étude au moyen de tableaux synoptiques qui frapperont
davantage l'esprit et se graveront aisément dans la mémoire ? De
plus, les auteurs parlent du gérondif. Pourquoi introduire ce nouveau
terme qui ne dit rien aux élèves des Humanités Modernes ?
Une dernière remarque : on lit dans la table des matières : Pré-
face, puis Introduction ; et dans l'ouvrage on ne trouve ni Introduc-
tion ni Préface. Petite distraction des auteurs.
Quant à l'exécution matérielle des deux manuels, disons qu'elle
est soignée : beau papier et belle impression, — cela a bien aussi
son importance. J. Fleuriaux.
Langues ET Littératures germaniques.
97. — D' W. Streitberg, Gotischss EUmentarbuch. Zweite verbes
serte und vermehrte Auflage. Heidelberg, C. Winter, 1906. xvi-
35o pp. in-8o, 4 m. 80. (Sammlung germanischer Elementar- \md)
Handbiicher, hrsg. von W. Streitberg. I. Reihe : Grammatiken. 2.
144 ^^ MUséE BELGB.
La première édition de cet ouvrage, publiée en 1897, pouvait
passer, même en français, pour un manuel élémentaire. Depuis, les
EîementarbUcher de M. Holthausen pour le vieux saxon, de M. Kahle
pour l'islandais, et surtout de M. Bûlbring pour Tanglo-saxon ont
modifié entièrement Taspect de la collection à laquelle appartient la
grammaire gotique (i) de M. Streitberg. Ce ne sont plus des
ouvrages élémentaires, mais des traités très savants et très complets
relatifs à chacune des anciennes langues germaniques; et le petit
volume si net, si substantiel, mais en même temps si commode et si
pratique qu'était le Gotisches Elementarhitch de 1897 s*est trouvé en
quelque sorte dépaysé en si docte compagnie. Il nous revient aujour-
d'hui en deuxième édition et complètement transformé : sous sa
forme actuelle, le manuel gotique n'a plus rien à envier aux autres
volumes de la série. Le nombre des pages a passé de 200 à 35o;
l'introduction, la phonétique, la morphologie, la syntaxe, les mor-
ceaux de lecture se sont accrus dans des proportions considérables.
Ces changements toutefois ne représentent pas un progrès au point
de vue pédagogique. En 1897, M. Streitberg nous avait donné un
excellent livre de l* élève; si remarquable que soit le livre du mailre
qu'est l'édition actuelle, il ne saurait remplacer le premier manuel.
Et les professeurs, tout en appréciant les services que leur rendra le
livre nouveau, regretteront de ne plus pouvoir se servir de l'ancien
pour la première initiation des élèves.
Cette réserve faite, on serait mal venu de marchander les éloges
au Gotisches Elementarhuch. Sa valeur s'est accrue en même temps que
son volume, et c'est devenu maintenant un abrégé des plus complets
de tout ce que l'on sait sur la langue des Goths. Les indications
bibliographiques relatives à chaque chapitre sont plus riches, certaines
parties de l'ouvrage sont entièrement remaniées. L'Introduction, très
succincte dans la première édition, nous donne maintenant toute la
matière du chapitre consacré par M . Streitberg à la littérarure gotique
dans le Grundriss der germanischen Philologie, Avec son talent d'exposi-
tion habituel, M. Streitberg retrace l'histoire primitive des Goths
(chap. II), et la vie agitée de Wulfila, il nous parle de ses travaux
et de la position prise par lui dans la question arienne (chap. III) ;
puis viennent des détails sur la bible gotique, son original grec,
l'influence de la version latine (chap. IV), enfin sur les autres
monuments de la langue et le gotique de Crimée (chap. V).
(1) Il peut paraître pédantcsque d'écrire gotique et Goths (avec th)\ mais il
importe de ne pas confondre ce qui appattient aux Goths avec ce qui est gothique^
comme Tart gothique qui n*a aucun rapport avec le peuple goth. On peut, si Ton
veut, justifier le th du nom propre par Gutthiuda « peuple, terre des Goths j>.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. 145
La Phonétique et la Morphologie ont subi relativement peu de
transformations, mais ces changements mêmes sont significatifs, car
ils nous montrent dans quel esprit Fauteur a voulu modifier le plan
de son ouvrage. En 1897,1e chapitre sur la prononciation du gotique
ne comprenait pour chaque lettre de l'alphabet que l'indication de sa
prononciation normale, avec quelques détails complémentaires pour
justifier la solution adoptée dans les cas diflSciles; deux pages en
appendice exposaient les principales règles de transcription des noms
propres grecs, et un chapitre suivant était consacré aux particularités
orthographiques que présentent les manuscrits gotiques. Dans l'édition
nouvelle cet ordre se trouve renversé : un premier chapitre (le VII*)
traite avec une grande abondance de détails de la transcription
gotique des noms propres bibliques, le suivant (VIII«) est consacré
aux variantes orthographiques des manuscrits gotiques ; et ce n'est
quaprès nous avoir fourni ainsi les éléments de la solution que
l'auteur aborde dans le chapitre IX« le problème de la prononciation
du gotique* en donnant cette fois aux discussions sur la valeur de
chaque lettre des développements assez considérables. La disposition
plus dogmatique de la première édition offrait des avantages au point
de vue pédagogique; mais ici comme ailleurs, M. Streitberg a voulu
suivre un ordre plus logique et partant plus scientifique, en commen-
çant par l'exposé des faits dans toute leur complexité pour formuler
seulement en dernier lieu la théorie qui s'en dégage. Les chapitres
suivants (X-XIII) de la Phonétique ne dififèrent guère de ceux de
l'édition de 1897 consacrés aux mêmes matières (rapport entre les
voyelles gotiques et les voyelles proto-germaniques ; apophonie ; les
consonnes gotiques comparées aux consonnes proto- germaniques ;
traces de lois proto-germaniques dans le consonantisme gotique).
Remarquons qu'il est parlé d'une loi nouvelle, celle de la dissimi*
lation des spirantes en syllabe non tonique (p. 84 et suiv.) : dans les
mots à suffixe en -u/ni, -ubiti, par exemple, on a ô ou /suivant que la
syllabe radicale se termine en consonne sourde ou en sonore :
witulni^ connaissance (t — h)^ mais waldufni^ puissance (d — f). Cette
loi est importante, car elle rend raison jusqu'à un certain point du
caractère capricieux en apparence des alternances de spirantes en
gotique, alternances que la loi de Verner n'explique pas entièrement.
La deuxième partie du manuel, la Morphologie, n'a subi extérieu-
rement aucune modification; on ne le regrettera pas, car les qualités
d'exposition qui faisaient de la première édition un petit chef-d'œuvre,
apparaissaient surtout dans celte partie morphologique si complète
et si claire à la fois, si bien faite pour donner à l'avance une idée de
la déclinaison et de la conjugaison germaniques tout entières,
146 LE MUSÉE BELGE.
M. Streitberg s'est borné à compléter chaque paradigme de la flexion
des noms, des pronoms et des verbes, en indiquant avec une exacti-
tude scrupuleuse les formes réellement attestées dans les textes. Une
comparaison attentive des deux éditions montre avec quel soin
minutieux cette revision a été faite (cf. p. 100. 104, io5, 106, etc.).
L'emploi de Tastérique après un mot dont la forme citée est recon-
struite, alors que le mot lui-même ne se rencontre que sous une autre
forme, souligne d'une manière frappante ce souci d'une plus paifaite
exactitude. On peut néanmoins aller trop loin même dans cette voie.
Dans la liste des numératifs figure le nombre trente neuf, rendu en
gotique par fidwor tiguns ainamma wananSy c'est-à-dire quarante moins
un, d'après 2 Cor. 11, 24. Le grec et le latin connaissent cette façon de
compter à rebours, mais cet unique exemple ne prouve pas qu'elle fût
en usage en gotique. On pourrait aussi bien soutenir que la plupart
de nos langues modernes disent normalement « quarante moins un »
pour trente- neuf, sur la foi du même passage : en effet toutes les
traductions que j'ai sous la main, anglaise, française, néerlandaise,
danoise reproduisent littéralement la tournure de l'original. Dans
l'appendice final de la Morphologie, il est donné quelques détails sur
les composés : pour être très brefs encore dans la nouvelle édition,
ces quelques paragraphes sont néanmoins plus riches d'informations
que les numéros correspondants de l'ancienne et comprennent un
plus grand nombre d exemples.
Une modification importante apportée aux morceaux de lecture
qui terminent le volume est l'adjonction du texte grec original aux
extraits de la bible gotique. On sait que les recherches de M. KaufF-
mann, pour ne parler que des plus récentes, ont permis de déterminer
avec une approximation très satisfaisante à quelle recension apparte-
nait le manuscrit grec qui a servi de base à la version gotique. Dès
lors, il devient de la plus haute importance de n'étudier la bible
gotique qu'en s'éclairant, autant que possible, de l'original (i).
L'édition parallèle de E. Bernhardt donnait et pour le gotique et
pour le grec un texte arbitrairement modifié selon les vues person-
nelles de l'auteur; elle ne peut inspirer par conséquent qu'une
médiocre confiance. A l'avenir, on aura à continuer dans la voie
indiquée par M. Streitberg en se servant parallèlement au texte
goHque d'un texte grec établi aussi rigoureusement que possible.
Les morceaux de lecture se terminent par un appendice qui comprend
le chapitre deuxième de l'évangile de Saint Luc en quatre textes
(i) Parmi les rares fautes d'impression, j'en noie une qui est importante : p. 230,
1, 3, lire ùmîiv pour fmuîv.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I47
parallèles, grec, gotique, anglo-saxon et vieux-haut-allemand. Ce
rapprochement des trois plus anciennes langues germaniques donnera
lieu certainement à des comparaisons curieuses et instructives ; mais
pour une étude tant soit peu fouillée.il faudra comparer chaque texte
à son archétype.c'est- à-dire séparer les évangiles anglo-saxon et vieux-
haut-allemand du gotique pour les comparer isolément à la Vulgate
latine. Le même appendice contient en outre un extrait des fragments
de Monsee, ainsi que le fameux passage de Busbeck où il raconte
son entrevue avec deux Goths de Crimée et cite quelques mots de
leur langue.
Il nous reste à parler de la troisième partie du manuel de M. Streit-
berg^ la Syntaxe, qui, avec T Introduction, a subi les remaniements
les plus importants. Les o notions de syntaxe » (Syntaktisches) de
1 897 comprenaient en une trentaine de pages un précis de syntaxe
nécessairement très succinct mais d'une doctrine remarquablement
nette et ferme. Aujourd'hui, M. Streitberg nous donne une syntaxe
beaucoup plus étendue (près de loo pages) et qui vise à être complète.
Aucun ouvrage, à notre connaissance, depuis Texposé de J. Grimm
et celui de von der Gabelentz et Loebc dans leur Grammaire de la
langue gotique de 1846, n'a repris l'étude de la syntaxe gotique dans
son ensemble. C'est donc un grand service que nous rend M. Streib
berg, qui est, du reste, on ne peut mieux qualifié pour entreprendre
ce travail, tant par les recherches de détail qu'il a entreprises précé-
demment que par la méthode claire et sûre dont il s'inspire. On a
souvent négligé de considérer à son véritable point de vue la langue
gotique que nous connaissons et les études de syntaxe surtout ont eu à
souffrir de ces erreurs. La langue de Wulfila n'est pas le parler
quotidien dont se servaient les Goths ses contemporains, c'est une
langue littéraire artificielle créée de toutes pièces pour servir de langue
religieuse, à la fois liturgique et théologique. Chez les autres peuples
germaniques, l'idiome barbare a été façonné peu à peu, au fur et à
mesure des besoins, à exprimer des idées chrétiennes. Chez les
Gotlis il y a eu une introduction brusque de la langue nationale
dans le culte et dans la liturgie dès les premiers jours du chris-
tianisme, et Wulfila a été amené par la force des choses à faire
violence au génie de sa langue à un degré que nous pouvons
à peine deviner. La tâche du traducteur peut paraître aisée
quand il n a affaire qu'aux récits relativement simples des évangiles ;
mais elle est d'une difficulté qu'on pourrait qualifier d'insurmontable
quand il s'agit de rendre avec précision, dans une langue encore
inculte, les notions abstraites de la théologie de Saint Paul. Le
résultat auquel est parvenu Wulfila est très remarquable, mais il ne
148 LE MUSÉE BELGE.
faut pas oublier, en étudiant sa version des Livres Saints, qu elle ett
en grande partie artificielle. Un exemple nous montrera combien est
imparfaite notre connaissance de la langue gotique, malgré l'impor-
tance des fragments que nous en avons conservé. Le mot lathon^
appeler, se rencontre dans vingt passages, ce qui peut paraître suffi-
sant pour en déterminer la signification. En réalité, sur ces vingt
passages, il en est dix neuf où le mot désigne l'appel divin, la voca-
tion à une destinée surnaturelle, et le substantif correspondant
lathons, appel, s'emploie de même pour « vocation divine » . C'est dire
que nous ignorons le sens véritable du mot : nous connaissons le
concept théologique auquel Wulfila la adapté dans sa langue artifi-
cielle, mais nous ne pouvons aller au delà de la lettre morte du texte
pour retrouver la notion vivante du parler réel. Ce qui est vrai du
vocabulaire. Test aussi, muiatis mutandis, de la syntaxe. Bien souvent
la phrase gotique est un décalque si parfait de la phrase grecque,
les constructions de la version coïncident si exactement avec celles
de l'original, que Ton est forcé d'admettre qu'il y a eu imitation
presque servile. Comment alors distinguer les tournures empruntées
de celles qui étaient originales? La méthode de M. Streitberg
est la suivante : il faut d'abord s'efforcer de connaître aussi exacte-
ment que possible le modèle grec dont Wulfila nous a donné la
copie ; puis, donner toute son attention aux constructions qui
s'écartent de l'original, les seules qu'on ne puisse suspecter d'être
imitées du grec. Celles ci, bien comprises, donneront souvent la clef
des autres difficultés et permettront fréquemment de décider s'il y a
eu, oui ou non. imitation.
Dans cette nouvelle édition, les premiers chapitres relatifs à la
syntaxe des noms, des pronoms et des adjectifs ne sont guère plus
développés qu'ils ne l'étaient en 1897. Ce n'est pas à dire qu'ils
n'aient été retouchés : par exemple toutes les explications concernant
le génitif ont été remaniées, la classification a été bouleversée pour
devenir plus savante, sinon plus pratique. Les paragraphes de
l'adjectif et du pronom ont pris un peu plus d'ampleur, mais sans
changements profonds. Au contraire, la doctrine du verbe a été
entièrement transformée. Un chapitre spécial traite du verbe dans
les propositions absolues, un autre est consacré à la phrase composée.
La notion difficile que l'on appelle aspect du verbe dans les langues
slaves (en allemand Aktion, Aktionsart) a également en gotique une
grande importance, et pour la même raison. Dans ces langues, la
pauvreté de la conjugaison est corrigée par le jeu assez complexe
d'un système de composés ajoutant à la notion du verbe Vaspect
imperfectif, duratif, inchoatif. etc., qui chez nous s'attache plutôt à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I49
un temps détenniné, imparfait, passé défini, etc. Les deux modes
d'expression ne coïncident du reste qu'en gros : pour nous, l'idée
temporelle (présent, passé, futur) est la chose essentielle que nous
omettons rarement d'indiquer; dans les langues slaves, et, pour
autant que nous pouvons nous en rendre compte, en gotique, laspect
de Taction verbale passe au premier plan et l'élément temporel est
à proprement parler sous-entendu, quoique il se laisse deviner sans
en-eur possible. On ne reprochera pas à M. Stieitberg d'avoir
consacré des pages nombreuses à définir ces notions qui nous sont
peu familières, et qu'il est d'ailleurs difficile de délimiter d'une
manière précise : car il semble que le gotique n'ait pas su profiter
autant que les langues slaves des ressources des aspects verbaux.
La syntaxe des modes, moins malaisée à saisir, n'en soulève pas
moins de multiples problèmes. Tant pour les propositions principales
que pour les subordonnées, l'emploi de l'optatif ou de l'indicatif est
lié à des lois qui sont loin d'être complètement élucidées. Sans
y parvenir toujours, M. Streitberg s'est efforcé d'être complet : il est
rare de rencontrer dans un texte gotique une difficulté dont son
manuel ne donne une solution, généralement satisfaisante. Je signa-
lerai, parmi ces constructions que M. Streitberg néglige d'expliquer,
l'emploi de et avec l'indicatif après saihwan « se garder de » dans
Me. 8, 1 5 : saihwith ei aisaihwith izwis . . . , et dans une proposition de
but, Joh. 14,3 : ei ... sijuih, E. Bernhardt note déjà ces anomalies
sans résoudre la difficulté : il eût été intéressant de connaître l'avis
de M. Streitberg sur ces passages difficiles (i).
En résumé, l'ouvrage de M. Streitberg est un livre nouveau, très
complet, sur la langue gotique. Il s'adresse non plus à des débutants,
mais à tous ceux qui, pour leurs études ou leur enseignement, veulent
approfondir la plus ancienne des langues germaniques. Indispensable
à tous les travailleurs grâce à sa syntaxe complète, le nouveau
manuel sera consulté avec fruit à chaque page, autant pour la sûreté
des renseignements qu'il fournit qu'à cause de l'excellence de la
méthode dont l'auteur s'inspire. Nous possédions jusqu'ici un assez
grand nombre d'ouvrages de valeur sur la langue de Wulfila : on
peut dire que celui de M. Streitberg réunit les avantages de chacun
d'eux. Joseph Mansion.
98: 02. — M. LiOke, Les versions néerlandaises de Renaud de Montauhan
étudiées dans leurs rapports avec le poème français. Toulouse, E. Privât,
1906, 190 pp. 8".
(0 L'adjectif reiArj* dont on rencontre la forme reikjane Nch. 6, 17 est oublié au
lexicjuc.
l50 LE MUSÉE BELGE.
H. BoU'WIIian, Verklarende en tehstcritische aantukeningên op Maerlunh
« Historié van den Grale n enu Merlijns hoeck * . Groningen, M . de Waal,
1905. vin-212 pp. S^.
FI. E. J. M. Baudet, De maalHjd en de keuken in de middeleeuwen.
GeïlJustreerd met authentieke af beeldingen. Leiden, A. W. Sijthoff,
[1906], x-f66 pp. 8®.
P. H. Van Moerkerken Jr, De satire in de Nederlandsche kunst dit
middeleeuwen, Amsterdam, S. L. Van Looy, 1905, vi-244 pp. 8".
J. A. N. Knuttel, Het geestelijk lied in de Nederlanden voor de kcrk-
hervorming. Rotterdam, W. L. et J. Bnisse, 1906 xvc-544 pp. 8*.
Parmi les dissertations doctorales qui ont paru en ces derniers
temps, et qui sont consacrées à Texamen d'une question de philologie
néerlandaise, signalons d'abord quelques-unes se rapportant à la
littérature néerlandaise du moyen- âge. — Dans sa thèse de doctorat,
présentée à la Faculté des Lettres de l'Université de Toulouse,
M"e M. Loke s'occupe des Versions néerlandaises de Renaud de Mcntau-
ban, étudiées dans leurs rapports avec le poème Jrançais. Elle divise son
travail en deux chapitres, dont le premier (pp. 7-58) est consacré à
Texamen de la version moyen -néerlandaise, ses différentes rédactions,
leur filiation et leur composition. Cette version est représentée par
quatre textes, dont deux sont écrits en néerlandais, deux en allemand;
dans chaque langue. Tune des rédactions est en prose, lautre en vers.
Par Tétude détaillée de ces quatre textes, lauteur veut établir que
les deux rédactions rimées remontent probablement à une source
commune (x), et les deux rédactions en prose à une autre (y),
lesquelles toutes les deux remontent à leur tour à une version primi-
tive fjr^. Nous avons donc d'un côté le texte français, publié par
Michelant (1862); de lautre. le groupe des textes néerlandais; les
différences entre les deux sont examinées au deuxième chapitre
(pp. 59 i85). M'ïe Loke étudie d'abord séparément les différents
épisodes (section I), puis passe à la comparaison générale de la ver-
sion française et de la version néerlandaise supposée (z); « je crois
avoir démontré, dit-elle en terminant, que, si la comparaison détaillée
des différents épisodes des deux versions rend probable l'antériorité
de la rédaction néerlandaise, l'analyse littéraire conduit au même ré-
sultat; qu'elle nous présente le texte français comme une œuvre plus
voulue, plus littéraire, et par conséquent comme postérieure à celle
qui a servi de base à la rédaction néerlandaise » . Cette conclusion
s'écarte de l'opinion généralement admise jusqu'aujourd'hui, d'après
laquelle la version néerlandaise serait la plus récente.
M. H. Bouwman nous présente, dans sa dissertation doctorale, une
série de remarques critiques et exégétiques sur le texte de deux
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. l5l
romans de Jacques de Maerlant, datant de sa première période, à
savoir « Thistoire dugraaln et le «livre de Merlin ». Ces remarques
ont pour but tantôt d'éclaircir le sens d'un passage , tantôt de corriger
le texte, etc. Ce travail, de l'aveu même de Fauteur, ne saurait être
définitif. Il est clair en effet que, pour aboutir à des résultats certains,
M. Bouwman aurait dû se servir du manuscrit (unique) dans lequel
nous sont transmises ces œuvres, vu que le texte édité par Van
Vloten n'offre pas la moindre garantie d'authenticité. Malheureuse-
ment, le possesseur actuel de ce manuscrit a refusé net de le commu-
niquer, que dis-je ! même de le laisser voir à M. Bouwman, de
sorte que celui-ci a bien dû se contenter du texte imprimé.
M. Bouwman se proposait d'entreprendre une édition critique du
Grale et du Merlijn ; ce refus l'a forcé d'y renoncer pour le moment,
mais ne l'a pas découragé au point d'abandonner aussi la préparation
de cette édition, à savoir l'étude du texte, malgré le caractère provi-
soire que devait revêtir cette besogne. On lui en sera reconnaissant;
ces deux romans ont été beaucoup trop négligés jusqu'à présent.
Comment nos aïeux prenaient-ils leurs repas ? Qu'est ce qu'on
mangeait et buvait au moyen âge ? Comihent était organisé le a labo-
ratoire » où se préparait ce que l'on servait à table ? A cette triple
question M"« FI. E. J. M. Baudet a essayé de répondre dans la
publication qui lui a valu le titre doctoral. Son livre est intéressant
à lire ; les gravures qu'elle y a insérées, et qui ne constituent certai-
nement pas un luxe superflu, ont été empruntées à des imprimés du
xvi« et xvii« siècles, mais se rapportent à des usages qui sont décrits
plusieurs centaines d'années auparavant. Un travail de ce genre n'a
pas seulement exigé de longues et patientes recherches ; il ne pouvait
être mené à bonne fin qu'avec une grande circonspection dans le
choix et l'interprétation des textes. Il y a fort longtemps déjà que
Jonckbloet a commencé à étudier les reaîia dans nos auteurs du
moyen âge, mais, à part sa publication et le petit livre de J. te Winkel
(Hd kasUel en de derHende eeuw^ Groningue, 1879), presque rien n'a
été fait dans cet ordre de choses. Il est à souhaiter que l'exemple de
M''« Baudet trouve des imitateurs.
C'est un sujet très vaste qu'a choisi M. P. H. Van Moerkerken Jr
comme thèse doctorale. Par « satire », l'auteur entend (pp. 1-2) toutes
les manifestations du comique, même quand l'intention directement
satirique est absente; de même, il prend le terme d'« art » dans un
sens large : la littérature et les arts du dessin ; enfin le moyen âge ne
s'arrête pas à la fin du xv« siècle ; en matière d'art, l'esprit de cette
époque subsiste encore plus tard, alors qu'une nouvelle façon de
penser et de concevoir les choses se fait jour dans les autres domaines;
l52 LE MUSÉE BELGE.
c'est pourquoi il faudra en poursuivre les manifestations bien loin
dans le xvi« siècle. Après le chapitre d'introduction (pp. 1-9), où
M. Van Moerkerken expose ses vues et trace son plan, il étudie, dans
les suivants, la satire grave et sérieuse chez Maerlant et ses disciples
Boendale et Jean de Weert (chap. II, pp. 10-37), la satire mordante
et spirituelle, Tironie fine du roman du Renard (chap. III, pp. 38-53),
la satire plus âpre et d^habitude plus grossière des chansons, contes,
fabliaux (chap. IV, pp. 54-88). enfin Télément satirique dans la
littérature dramatique et les fêtes populaires (chap. V, pp. 89-120). Le
diable, la mort et les danses macabres forment le sujet de deux autres
chapitres étendus, très intéressants (chap. VI et VII, pp. 121-182) ;
les deux derniers sont consacrés à la satire dans les arts du dessin
(chap. VIII, pp. 183-216) et aux satiriques qui forment la transition
du moyen âge aux temps nouveaux, en particulier Erasme, Anna
Bijns et P. Brueghel l'ancien (chap. IX, 217-239). Ce court aperçu,
qui est loin de donner une idée du riche contenu de cet ouvrage,
permettra cependant de conclure à l'importance des sujets qu'aborde
M. Van Moerkerken. Ajoutons que son livre, qui prouve des connais-
sances solides et une excellente méthode, est d'une lecture facile et
agréable, ce qui ne gâte aucune de ses qualités.
Très remarquable aussi est le volumineux travail de M. J. A. N.
Knuttel sur les chansons religieuses du moyen âge ; c'est un digne
pendant à la dissertation que M. Kalfif a écrite, il y a plus de vingt
ans, sur la chanson profane de la même époque. M. Knuttel connaît
bien son sujet, il la étudié d'une façon approfondie; il n*a rien
oublié d'important ; son livre est complet. Le savant auteur trace,
dans un chapitre servant d'introduction (pp. 1-47), les grands traits
de l'histoire de la chanson religieuse, et croit pouvoir conclure que
la plupart de ces productions sont originaires de la Hollande ; il
passe ensuite en revue (pp. 48-83) les sources d'où elles proviennent
(manuscrits et collections imprimées). Toutes les pièces conservées
sont divisées en huit groupes (pp. 84-86) et examinées en détail dans
les huit chapitres suivants (pp. 87-433). On pourrait discuter le bien
fondé de cette division ; mais c'est un point tout à fait secondaire.
L'important c'est que M. Knuttel étudie pour ainsi dire une à une
les principales chansons de chaque catégorie, n'épargnant aucune peine
pour élucider toutes les questions qui s'y rattachent ; par exemple les
origines, la date, les difiFérentes rédactions et leur filiation, la compo-
sition, la signification, la valeur littéraire, etc. Un grand nombre de
ces poésies exigent, si Ton veut les comprendre, que l'on se soit
familiarisé avec la théologie mystique du moyen âge ; M . Knuttel n'a
reculé devant aucun effort pour y parvenir et arriver par là à la pleine
PARTIE BIBLIOGRAPHtQUB. l53
intelligence des textes. Maintes fois il a pu ainsi expliquer des
passages difficiles ; quelquefois cependant il nous semble avoir fait
fausse route (t). Enfin, les deux chapitres suivants traitent respecti-
vement de rinfluence des chansons profanes (pp. 434-470) et des
hymnes religieuses latines (pp. 471-489), tandis que le dernier a pour
objet les relations entre les chants religieux de nos pays et ceux de
l'Allemagne (pp. 490-512).
(La fin au prochain numéro.) C. Lecoutere.
io3. — J. Koopmans, Letterkundigc studiën, I. Hooft als allegorist.
Vondel als christen-symbolist. Amsterdam, W. Versluys, 1906.
In-8, VIII-320 pp. 2 fl. 75.
Dans différents périodiques hollandais, M. Koopmans a publié
une suite d'études sur des auteurs importants et des œuvres remar-
quables de la littérature néerlandaise. Le présent volume — le pre-
mier d'une série — contient quelques-unes de ces études, à savoir
une sur Hooft {pp. 1-89) et une autre, beaucoup plus étendue, sur
Vondel (pp. 90-317). Du premier de ces auteurs, M. Koopmans
examine les Nederlandscht Historien et trois œuvres dramatiques (Baeto^
Geeraeri van Velzen et Granida) ; il les considère comme formant, au
fond, de vastes allégories, dont il cherche à démêler la signification.
— Quant à Vondel, Tauteur attribue à l'œuvre presque entière du
grand poète un sens symbolique ; il en essaye la démonstration par
Tétude de ses poésies didactiques, religieuses et politiques, mais ce
sont surtout les tragédies qui sont invoquées à Tappui de la thèse.
Ce livre n'est pas d'une lecture facile. Il ne saurait être complète-
ment compris et goûté que par ceux qu'un long commerce a tout à
fait familiarisés avec les ouvrages de Hooft et de Vondel. Puis, quel
style tourmenté ! A force de ne rien vouloir dire de banal, M. Koop-
mans en arrive à se donner un mal intense pour exprimer des choses
fort simples ; ses raisonnements abstraits exigent aussi beaucoup d'ef-
forts. J'accorde que l'auteur ne se contente pas d une étude superfi-
cielle, qu'il va au fond des choses, et que, sous ce rapport, ce qu'il dit
mérite d'être pris en sérieuse considération. Je me demande cepen-
dant s'il ne lui arrive pas, en plus d'une occasion, d'être trop profond,
trop subtil, au point de découvrir dans les textes qu'il scrute un sens
qu'ils n'ont pas. Beaucoup de ses interprétations me semblent contes-
tables; mais on y rencontre aussi des vues très justes, et, à tout
(i) Ainsi, par exemple, nous ne saunons admettre son interprétation de la stroplic
citée p. 190-291. Les vers 2-3 ne sont qu*une périphrase des heiligen v. wonJen du
vers 3, et eemchs woorts = Jésus (ce génitif ne me paraît pas être surprenant). Le
sens reste le même, si on lit oircondeit au lieu de teeken.
l54 LB MUSÉE BELGE.
prendre, on lira ce volume avec profit, si Ton est assez au courant du
sujet traité pour pouvoir discerner la part de vérité qui entre dans les
affirmations et conclusions de Tauteur. C. Lecouterb.
Histoire.
104. — Ed. de Moreau, S. J., Chartes du XII* siècle de V abbaye de
Villers-efhBralant. Louvaîn, igoS. (Analectes pour servir à l'histoire
ecclésiastique de la Belgique, 2« section, 7* fasc.)
L'abbaye de Villers a été fondée en 1 146. Les chartes publiées par
le R. P. de Moreau sont au nombre de 5o et s'échelonnent de cette
date à l'an 1 200 : elles appartiennent donc à l'époque de la formation
domaniale. Dès lors, apparaissent les granges, qui se développeront
surtout durant le siècle suivant, Itex, La Boverie, Mellemont,
Neuve-Cour, Schooten, Velp, etc.
Ces documents n'ont pas un simple intérêt local. Ils permettent
tout d'abord de rechercher jusqu'à quel point les règles si précises de
Citeaux sur l'acquisition et l'organisation des terres ont été observées.
En outre, l'histoire du droit et l'histoire économique pourront y puiser
d'utiles renseignements. — La dépendance juridique de Villers vis-à-
vis du chapitre de Nivelles, à raison de certaines terres, est détaillée
dans plusieurs actes, et nous paraît intéressante. Il y a encore (bien
qu'en petit nombre) des donations en pure aumône. Les modes de
transfert de propriété ne paraissent pas très formalistes. — Au point
de vue économique, l'accord conclu entre Villers et Siger de Gand
mériterait une étude approfondie. La charte qui le relate, analysée
par le P. de Moreau (p. 37), est d'une complication extrême.
L'éditeur s'est soumis pour sa publication aux règles formulées par
la Commission royale d'histoire. Le texte est suivi d'une double table.
La première range chronologiquement les bulles pontificales, les
chartes générales, et les chartes des différentes granges. La seconde
est consacrée aux noms propres de personnes et de lieux. La
topographie et l'histoire de nos maisons seigneuriales pourront
avantageusement utiliser cette dernière table. C. H.
Notices et annonces bibliographiques.
io5. — J. Hombert et A. Masson, Lysias. — Discours choisis, Decallonoe-
Liagre, Tournai, 1906. 3 frs.
La librairie Oecallonne-Liagre vient de publier, en un très élégant volume, la
3* édition des Discours choisis de Lysias par MM. Hombert et Masson.
Nous rappelons que l'ouvrage se compose d'une notice biographique, d*une intro-
duction historique très complète, des cinq discours contre Eratosthène, contre
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l55
Agoratos, contre Nikomachos, pour Mantitheos, pour rinvaliJe, d'un dictionnaire
<ks noms propres et des termes relatifs aux institutions et aux usages, en6n d'un
c&urt appendice consacré aux variantes.
Lt première édition, déjà recommandée par le conseil de perfectionnement, a
encore subi d^heureuses modifications. Le commentaire est séparé du texte et rejeté
avec le dictionnaire historique, en un fascicule s'adaptant par emboîtage au volume.
Les notes de traduction ont été réduites à un minimum extrême et le texte conformé,
ou à peu près, à celui de Thalheim.
Telle qu'elle se présente aujourd'hui, cette édition classique met à la disposition
de rélève les éléments de sa préparation, tout en lui réservant l'obligation de la
recherche et de Teffort personnel. Cest une sorte de livre modèle. L. Molitob.
ic6. — M. Schans, Geschichte der roemischen Litcratur, I, i. 3^ Aufl. Munich,
C. H. Beck, 1907. 7 m. (Handbuch der klass. Altertumswiss., VI II, 1, 1).
Le grand ouvrage de M. Schanz obtient un succès mérité. Voici déjà la troisième
éditioD du tome I^ L'auteur tient son livre au courant et le développe à chaque
édition nouvelle. Le tome I' contient la littérature de la république ; la 3« édition
comprend 433 pages. Voici que cette matière ne tient plus en un volume, car
M. Schanz a cru devoir deviser ce tome en deux parties. La première s'arrête à la
guerre sociale et comprend 363 pages au lieu de i5o. Sous cette forme nouvelle, ce
premier tome, dont nous n'avons encore que la moitié, correspondra mieux aux
tomes suivants, où M. Schanz avait déjà dépassé les bornes primitivement assignées
à un Manuel. U n*y a pas une page qui n'ait reçu des additions, et des paragraphes
nouveaux ont été intercalés. La bibliographie est complétée et mise à jour; le petit
texte où sont exposées les questions controversées, a reçu aussi des développements
uMiveaux. Nul doute que cette 3* édition ne soit bien accueillie : elle rendra plus de
services encore que les précédentes.
107. — Paul Graindor, Les fouilles de Ténos en ipoS, Louvain, Ch. Pceteis.
1907. 104 pp. 3 fr. 5o.
M. Graindor a réuni en un volume les deux articles du Musée Belge où il décrit
les résultats importants des fouilles qu'il a faites à Ténos, sur les lieux mêmes où
M. Demoulin avait découvert le temple de Poséidon. Ses trouvailles sont divisées
en quatre catégories : Architecture et topographie. Monuments figurés. Monnaies,
Monuments épigraphiques. La trouvaille principale de la campagne a été sans
coQtredit une horloge solaire de marbre blanc, oeuvre de l'astronome Andronikos
de Kyrrhos, le constructeur de la Tour des Vents à Athènes -, au revers de Thorloge
est gravée une épigramme en triœètres iambiques. La brochure est ornée de
24 figures. NtMM félicitons M. Graindor de ses découvertes et de la célérité qu'il a
mise aies faire coimaître au public.
108. — Fr. Gomont, Les religions oriintales dans le paganisme romain. Confé-
rence faites au Collège de France. Paris, E. Leroux, 1907. 336 pp. (Annales du
Musée Guimet).
En novembre igoS, M. Cumont fut appelé à inaugurer, au Collège de France, la
série des conférences instituées par la fondation Michonis. Le HibberUTrust invita
également M. Cumont à développer à Oxford certaines questions qu'il avait touchées
t Paris. Le nouveau volume que publie le savant et infatigable professeur de l'uni-
versité de Gand contient ces deux séries de leçons. Kn voici le sujet : \^ Rome et
rOrient. 3» Pourquoi les cultes orientaux se sont propagés. 3® Cultes de l'Asie
Mineure (Cybèle, Bellone. etc.). 40 Cultes de 1 Egypte (Sérapis). S* Cultes syriens.
6* Cultes perses (Magdéisme et Mithra). 70 L'astrologie et les magies. S» Transfor-
l56 LE MUSés BELGE.
mat^on du paganisme. Ces conférences sont suivies de notes qui indiquent les textes
anciens et les ouvrages modernes sur lesquels l'auteur appuie ses assertions.
La propagation des cultes orientaux est, avec le développement du néoplatonisme,
le fait capital de Thiscoire morale de l'Empire romain, et c'est Tinâuence de cei
cultes sur le paganisme romain que M. Cumont étudie. Il laisse à dessin de côté k
christianisme, bien qu'il en dise quelques mots dans sa préface. Il veut montrer que
« le culte païen de l'Orient favorisa le long eflbrt de la société romaine vers des
formes plus élevées et plus profondes de la dévotion 9.
109. — E. Ganives et O. DelacoUette, Caesaris realia ad de bello gallico
libres Ily IV, VI, VII illustrandos, Bruxelles, V. Ernult-Doncq, 46 pages, i fr.
Les auteurs, qui sont professeurs au Collège Saint-Joseph, à Chimay, ont réuni
dans Cwtte brochure 43 planches — guerriers romains, gaulois, germains, macbioes
de guerre, plans de bataille — destinées à illustrer en partie les livres II, IV, VI et
VII des commentaires de César sur la guerre des Gaules. Heureuse idée, qui a pu
leur être suggérée par la belle édition française des commentaires de César par
Benoist et Dosson (Hachette, 1899); mais les auteurs ont eu la bonne inspiration de
réunir ces gravures dans une brochure séparée, ce qui en facilite singulièrement
Tusage. Si l'on reproche à ces gravures de n*étre pas la reproduction de statues ou
de sculptures antiques, les auteurs vous répondront que le présent travail n'est pas
fait pour un cours d'art, mais qu'il a uniquement pour but de montrer à l'élève,
avec toute la clarté possible, des choses réelles, qui lui seront un grand auxiliaire
pour l'intelligence du texte latin. A. Masson.
uo. — Henry S. 'Wellcome, Ancienne médecine Kymrique^ Londres, Burroughs
Wellcome et O^, 1906.
Cette brochure de 5i pcges est la réimpression d*un souvenir historique publiée
l'occasion du Congrès de la British médical association qui a été tenu à Swansia,
au pays de Galles.
L'éditeur s'occupe de l'étude des méthodes primitives dans l'art de guérir, même
che2 les peuples sauvages, et il s'applique à rechercher l'origine de l'emploi des
remèdes administrés : observation pratique, accident, imagination ou croyance
superstitieuse ?
Pour nous, cette brochure a un autre intérêt ; elle renferme un grand nombre de
gravures relatives aux Druides, à leurs attributions, à leurs croyances, à leurs
sacrifices, à leur science et à leur cosiume. C'est à ce titre qu'elle mérite dêire
signalée ici. A. Masson.
111. — Henri Hauvette, Littérature Italienne. A. Colin, rue de Mézières, 5,
Paris, 1906. Br. 5 fr. relié fr. 6,5o. (Histoires des Littératures.)
Présenter en cinq cents pages un tableau d'ensemble de la littérature italienne,
n*étalt pas une tâche aisée. L'auteur a triomphé avec un rare bonheur de cette
difficulté, et son livre clair, méthodique, élégant dans la meilleure acception du moi,
est sans contredit le plus remarquable qu'on ait encore présenté, en cette matière,
au public français. Son but a été, en donnant une place importante aux poètes et
aux penseurs les plus connus et les plus représentatifs, de caractériser surtout les
grandes époques et les principaux courants d'inspiration qui constituent la véritable
originalité de la littérature italienne.
Pour en rendre le développement, si complexe et si varié, plus facile à saisir,
l'exposé en a été divisé en quatre parties correspondant à quatre étapes de la pensée
et de la civilisation depuis le milieu du xiii« siècle jusqu'au commencement du xx^
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I Sj
Là littérature moderne et contemporaine a été traitée par M. Hauvette avec un soin
particulier : il lui a semblé utile de donner une nomenclature assez riche des
écrivains les plus distingués de Theure actuelle, avec des renseignements précis sur
leur âge, sur la date de leurs publications les plus importantes, sur leurs tendances
artistiques.
La compétence de Tauteur et la richesse de son information, son goût délicat et
sûr, son talent d'écrivain assurent auprès du public lettré le succès de cet ouvrage,
qui vient prendre très heureusement sa place dans la collection d'Histoires des
Littératures.
113. — O. SchnltB-Gora, Aitprovetnçaiisches Elementarbuch . Heidelberg,
C Winter, 1906, 188 pp. 3 m. 60.
Ce volume forme le 3« volume de la collection dirigée par W. Meyer-Lûbke et
intitulée : Sammlung romanischer Elementar^und Handbuecher, Nous en repar*
lerons.
ii3. — F. Bnmot, Histoire de /j langue française^ des Origines à içoo, Paris,
A. Colin, 1907. Tome II, Le Seizième Siècle, Un vol. in-S» de 5oo p. avec
8 planches hors texte. Br. i5 fr. ; relié 20 fr.
M. Ferdinand Brunot nous donne, un an après le premier, la deuxième volume
de sa grande Histoire de la Langue française. Ce volume est consacré tout entier
au XVI* siècle ; son importance est capitale, non pas seulement pour les philologues
et les grammairiens, mais aussi pour les historiens de la littérature. Fruit d'un long
et patient labeur, cette œu\re se place hors de pair par Tampleur de la composition,
la richesse de la documentation, la clarté du style.
Ce deuxième volume contient 8 planches hors texte donnant des spécimens de
quelques systèmes de graphie proposés au xvi« siècle par de hardis novateurs. C*est
à ce moment que se pose pour la première fois en France la question de l'ortho-
graphe, encore et plus que jamais à Tordre du jour ; et il est curieux de constater
que cette question avait déjà, il y a plus de trois cents ans, le privilège de déchaîner
des passions ardentes. Le magistral exposé de M. Brunot met en pleine lumière les
données historiques du problème, et c'est à son livre qu'il faut se reporter pour en
prendre une idée exacte et complète.
1 14. — Handelingen en Mededeelingen van de Maatschappij der Nederlandsche
letterkunde te Leiden, Leyde, E. J. Brill, 1906. i32 pp. in 8°.
Ce volume nous apporte, outre les renseignements et documents habituels et le
discours prononcé par le président, M. J. E. Heeres, à la réunion annuelle de
|uin 1906, une étude très intéressante de M. le professeur L. Knappert sur les
anciennes traductions néerlandaises des psaumes : Oude Nederlandsche psalmbe-
rijmingen^ pp. 27- 56. L'auteur nous entretient des traductions du xvi« siècle : Lucas
d'Heere, Marnix, W. van Zuylen van Nijeveld, Uienhove, Daihenus. La version de
ce dernier, bien qu'inférieure aux autres, fut adoptée ; la cause en est qu'elle apparut
à un moment propice, a comme tombée du ciel » ; ce fut en i566. On s'explique plus
difficilement comment Daihenus ne fut jamais détrôné. On a voulu le rajeunir au
ivii« siècle (Trommius, Smout); en 1773 on essaya (Voet, Schutte et autres) de le
remplacer, mais ce fut un effort impuissant. M. Knappert s'occupe ensuite de la
musique des psaume; , puis des chants religieux des dissidents, ce qui l'amène à dh-e
quelques mots des psaumes traduits en vers par D. Camphuysen, Oudaen. Roo-
leeuw, Vondel. En appendice, il nous donne des traductions parallèles de cinq
psaumes (à savoir les psaumes 8, 42, 87, io3, i33 et de chacun à peu près une
dizaine de versions), ce qui permet de faire des comparaisons très instructives.
l58 LB MUSÉE BELGE.
Les Levensherichten der afgestorven medeleden van de Maatschajppij ^ qui ont
paru en même temps que les Handelingen^ contiennent une dizaine de notices
consacrées à des membres décédés; nous relevons parmi elles, la notice de
M. H, Kern sur L. J. A. Brandes (1857-1905), qui s>st distingué par des travaux
sur les langues maléo-polynésiennes (pp. 3o 5i), celle de M. L. \V. Bakhujzen vam
DEN EfiiNK sur J. J. van Toorenenbergen (iSaa-igoB), dont la publication principale
fut l'édition des œuvres de Marnix de Sainte Aldegonde (pp. 1 33- 159), et enfin Us
pages consacrées par M. N. P. van dbn Bebg (pp. 58-126) à la biographie de l'ancien
ministre des colonies E. de Waal (1821 1905), auteur de plusieurs ouvrages sur le
régime colonial. C. LscocrrEBE.
ii5-iiG. — A. £Uoer, Hygiénisch Spreken, Théorie en methodisch gerangschikte
oefeningen voor het onderwijs in hygiénisch spreken. Zutphen, M. G. Sjoer,i9o6,
o fl. 75.
K. Veldkamp, Spreekoefeningen, Groningen, J. B. Wolter^, 1907. 1 fl. 40.
Le titre du premier de ces deux ouvrages en indique suffisamment le contenu-
A côté d'un exposé théorique et de quelques remarques pratiques on y trouve,
pour les différents sons et leurs principaux groupements, des exercices grad Jés. Le
livre de M. Veldkamp, écrit surtout pour être employé aux écoles normales, ne
contient que des exercices,à part une introduction théorique d'une douzaine de pages.
Ces livres pourraient-ils rendre des services dans nos établissements d'instruction
secondaire? Je crois quç le professeur de néerlandais qui se soucie de faire acquérir
par ses élèves une prononciation correcte, y trouvera un bon choix de renseignements
utiles et surtout des exemples et des exercices en nombre suffisant. C'est pourquoi
je crois opportun d'attirer son attention sur ces deux ouvrages. .C. Lbcouterb.
117. — 6. R. Deelman, Kleine Lautlehre des Neuhochdeutschen fur Niederlànder
bearbeitet, 2^^ vermehrte und verbesserte Auâage. Breda, P. B. Nieuwenhuijs,
1906. 1 fl. 75.
L'appendice sur la phonétique, qui originairement faisait partie de la grammaire
allemande de Léopold et qui, dans la dernière édition, en avait été supprimée
(cfr. Bulletin, t.IV p.i 12), a été depuis publié comme livre distinct par M. Deelman.
'C'est de la seconde édition de cet ouvrage qu'il s'agit ici. Il y a une vingtaine de
pages consacrées à des généralités (i4Aru5ftsc/re Vorbemerkungen ; das menschliche
Sprachorgan; Einiges ùber die Sprachlauten im allgemeinen) ; la partie spéciale
(die deutschen Sprachlauten) prend au delà de cent pages. On y trouve une biblio-
graphie, un « Sachregister » et un '< Wortregister » très pratiques, et des gravures
très bien exécutées et très utiles, nécessaires même pour se rendre compte des
phénomènes décrits En résumé, c'est un manuel bien fait, suffisamment complet
(la partie spéciale comprend, outre les chapitres sur les sons mêmes . voyelles,
consonnes, groupement des phonèmes, un chapitre sur l'accent et un autre sur
l'orthographe) ; il est méthodique, clair, et, ce me semble, correct. Il rendra les
plus grands services aux professeurs chargés d'enseigner la prononciation de l'alle-
mand ; spécialement rédigé pour être employé par les élèves dont le néerlandais
est la langue maternelle, U convient aux athénées et collèges de la partie flamande
de notre pays. C. Lecouterb.
1 18. — Paul Stapfer, Etudes sur Goethe. Paris, A. Colin, 1907. 3 fr. 5o.
Ces études sur Goethe sont au nombre de six. Dans les deux premières, l'auteur
donne une idée d'ensemble du génie et du caractère de Goethe en le comparant et
en l'opposint au plus grand de ses prédécesseurs imméliats et au plus grand de
ses contemporains, à Letsing et à Schiller. Les quatre piincipaux chefs-d'œuvre de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. x59
Goethe, Werther^ Iphigénie en Tauride^ Hermann et Dorothée, Faust^ sont ensuite
les objets d'une analyse détaillée et approfondie. Les circonstances biographiques
de la composition de Werther et de Faust^ particulièrement intéressantes et utiles à
connaître, tiennent autant de place que Tappréciation littéraire dt ces deux ounngcs»
L'étude d^Ipkigénie est 1 occasion d'un rapprochement instructif avec Tart drama-
tique dts Français et des Grecs. Le copieux commentaire d* Hermann et Dorothée
ne lêkst dans Tombre aucune des curieuses beautés du poème ; il rappelle Tatten-
tions des lecteurs sur Lessing et sur son admirable traité du Laocoon, dont Goethe
a supérieurement mis en œuvre la doctrine excellente et sûre, trop trabHée de aoa
jours.
Connaissance approfondie du sujet, sûreté et rectitude du jugement, sentiment
délicat et pénétrant de la beauté littéraire, toutes ces quaiitéa ^ -priaées dans les
ouvrages antérieurs de M. Paul Stapfer, assurent le succès de son ncmveau livre.
119. — Av^. Molinier, Les sources de l'histoire de France des Origines aux
guerres d'Italie (1494), VF. Table générale, par L. Polain. Paris. Picard, 1906.
318 pp, 5 fr.
Ce volume vient compléter la première partie des Sources de Vhistoire de France.
A b page CXXXV de son introductioA, Auguste Molinier avait esquissé le plan de
celte Uble générale telle quil l'avait conçue. M. Polain a cru devoir y apporter
certaines modifications pour ne pas grMsir ce volume outre mesure. La table se
compose d'une seule série alphabétiqoe, comprenant à la fois comme vedette les
nooft de personnages, de lieux, les fifte historiques, les titres des chroniques et
écritt anonymes et d'autres rubriques eacore. Ces noms divers sont distingués par
des caractères dlmprimerM différents.
ûans chaque article, les «sentions sont rangés par ordre alphaWtîque. On a adopté
la forme française pour les noms de lieux, aussi bien que pour les noms de
personnes. Les éol^ns nHKlemes ne sont pas mentionnés dans la table : ils ne sont
pas des sources de rhhtoire.
120. — A. Demangeon, Béctionnaire-manuel-illustré de Géographie, A. Colia%
rue de Mézières, 5, Paris, 1907. Un vol. in- 18 de 860 pp., relié toile, tr. rouges.
6 fr. (Dict.-Manuels illustrés.)
Ce livre, vraiment original, d*une science sûre et au courant des acquisitions h»
plus récentes, est cependant d'une lecture aisée : il est indispensable à quiconque
▼cul connaître « La Terre et l'Homme». — M. Demangeon, chargé de Cours à
rUniversité de Lille, s'est adjoint comme collaborateurs des géologues et des
géographes d'une compétence éprouvée.
L'originalité du livre est de donner, outre la nomenclature des noms de lieux que
doit donner tout dictionnaire de géographie, un choix de fioms de choses, de défini-
tions, de renseignements relatifs aux différentes branches de la géographie.
On trouvera dans ce livre les notions élémentaires et les définitions simples dont
rintelligence devient indispensable à tout esprit cultivé. Ces notions et ces définitions
concernent aussi bien la géographie naturelle que la géographie économique et
humaine, que l'histoire de la géographie; l'atmosphère; les mers; le relief des
continents ; la géologie ; les roches ; la végétation ; les animaux domestiques ; les
peuples et les races; les populations; les cultures ; les industries; le commerce; les
géographes ; les explorateurs ; la cartographie.
C'est une véritable encyclopédie géographique, illustrée de cartes et de nombreuses
figure», et il n'en a point encore été publié, à un prix aussi modique, d'aussi complète
et d'aussi riche en renseignements d'une réelle valeur scientifique et pratique.
l6o LE MUSÉE BELGE.
121. — H. Bremond, Gerbet. Paris, Bloud, 1907. 3 fr. 5o.
De La Mennais à Sainte-Beuve et à Louis Veuiilot, les meilleurs juges ont toujours
fait le plus grand cas de Tabbé Gerb&t. Mieux que d'autres auteurs plus éloquents
et plus populaires. Tautïur des Conudérations sur le dogme générateur et de
PEsquisse de Rome chrétienne est en eÉFet, au cours du xix« siècle français, un des
représentants les plus considérables de la Pensée Chrétienne. Malheureusement, ci t
écrivain, ce philosopha, ce théologien s^ désintéressa toujours de sa propre gloire.
Ses nombreux articles dorment dans de vieilles revues où personne n*ira les lire, et
tel chef-d'œuvre de lui — le Coup d'œil sur ta controverse chrétienne^ — est aujour-
d'hui presque introuvable. M. Brémond a eu l'heureuse pensée de réunir quelques-
uns de ces textes oubliés, et il leur a fait une place d'honneur dans le volume qu'il
vient de consacrer à Gerbcrt. Forçant une peu le cadre habituel de la Pensée Chré*
tienne^ M. B. a fait de la première partie du volume une sorte de biographie littéraire
de Gerbet. Le lecteur ne s'en plaindra pas, mais il goûtera davantage encore, dans
la seconde partie, la synthèse originale et suggestive qui ramène à deux ou trois
idées infiniment fécondes l'enseignement de Gerbet.
123. — Bm Horn, Das hoehere Schuîwesen der Staaten Europas, Berlin,
Trowitzsch, 1906. m S^. viii-201 pp.. 8 fr.
Au moment où l'on s'occupe en Belgique de la réforme de l'enseignement moyen,
l'ouvrage de M. Horn rendra de sérieux services à tous ceux qui désirent se rensei-
gner d'une manière exacte sur l'organisation établie dans d'autres pays. Les ouvrages
sur les questions d'enseignement sont nombreux dans tous les pays, chaque auteur
cherche à faire prévaloir ses opinions pédagogiques. Mais l'ouvrage de M. Horn a
un tout autre but. C'est un travail de statistique dans lequel l'auteur a dressé, d'après
des documents officiels, le tableau du nombre d'heures attribuées à chaqne matière
dans les divers établissements d'enseignement moyen de tous les pays de l'Europe.
En tête de chaque pays on trouve l'indication des livres que l'auteur a consultés.
C'est la première fois qu'un pareil travail a été publié et son étude est des plus
suggestives. Il sera le vade-mecum de tous ceux qui s'intéressent aux questions
d'enseignement. Adolf dk Ceulfnefr.
133-134. — La maison Poussielgue, de Paris, ne néglige pas les intérêts de la
philosophie. Sans parler d'ouvrages déjà anciens, mais dont le temps n'a fait que
confirmer la valeur, tels que ceux du P. Regnault, la morale pratique de Mgr
Drioux, le petit traité de morale à l'usage des écoles primaires, de M. Audley.
la dissertation philosophique^ de M. Gonraud et d'autres livres encore, arrêtons-
nous à des productions plus récentes.
Quelques-unes de celles-ci sont élémentaires comme les leçons de philosophie^
signées J. M. J. A. (iQoS), le précis de philosophie, de F. F. («904) et n'aspirent
qu'à terminer le cycle des études primaires ou à servir d'aide- mémoire pour la
préparation au baccalauréat et au brevet supérieur.
Parmi les publications plus importantes, signalons celles de M. l'abbé Durand :
et d'abord ses éléments de philosophie scientifique et morale (1900), lequcls ne se
bornent pas à enseigner ce qu'il faut savoir pour subir avec succès l'examen de
bachelier es sciences, mais encore ce qui peut provoquer la réflexion des étudiants et
favoriser dans leur esprit le goût de la culture des idées, surtout de celles qui sont
bonnes pour la direction de la vie. Par là se justifient certains aperçus qui semblent
dépasser le programme et les développements donnés à quelques points de philo-
sophie morale, lesquels nous conduisent en métaphysique, en théodicie et jusqu'au
seuil de la théologie révélée. Il suffit de parcourir ce traité pour voir quelle science
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l6l
l'auteur y déploie, quelle pénétration, quelle habitude de l'enseignement, quel don
ds mettre les notions les plus abstraites à la portée des jeunes intelligences.
l^s mêmes qualités se trouvent dans V histoire de la philosophie^ du même auteur
(1903, 3oo pages). Pour M. Durand cette étude est utile aux historiens aussi bien
qu'aux philosophes, et même de première nécessité pour les uns et pour les autres :
ce qui ne veut pas dire qu'il faille réduire Tétude de la philosophie à celle de son
histoire. L*ordre suivi est Tordre chonologique, que M. Durand combine dans une
certiine mesure avec Tordre systématique, subdivisant chaque époque en écoles dans
lesquelles il réunit tous les penseurs de même tendance ou de même méthode, même
ails n*ont pas abouti aux mêmes conclusions. Nous devons louer ici encore d'autres
qualités de notre auteur, notamment Tart avec lequel il nous conduit des origines de
la spéculation hellénique jusqu'aux dernières années du xix* siècle, s'arrêtant aux
maîtres (Descartes a 21 pages, Aristote 12), mais ne négligeant pas les noms de
second ou de troisième ordre, citant même ceux qui, sans être philosophes de
profession, tels les savants de la Renaissance, ont exercé une influence réelle sur le
mouvement des idées. Les détails biographiques, les citations suggestives alternent
avec Texposé et la critique des doctrines, ce qui fait un livre de lecture agréable ; et
si Tautcur l'a destiné spécialement aux élèves des classes supérieures, le public
lettré le lira avec autant de plaisir que de profit.
Histoire et système sont réunis par M. l'abbé Le Roux en un volume, intitulé
Eiéments de philosophie (448 p., igoS). Cest un bon résumé, clair et bien informé,
contenant beaucoup de choses en peu de mots. Comme pour les autres ouvrages
dont nous parlons en cet article Tesprit est ici franchement spiritualiste, et chrétien,
avec des attaches plus ou moins profondes à la théorie scolastique.
Signalons, pour finir, deux écrits de date un peu plus ancienne, mais très
intéressants pour des raison bien différentes. L'un de ceux-ci a pour titre : Notions
de psychologie à l'usage des jeunes Jîlles, par M. labbé Salembier. C'est le fruit
d'un travail personnel et original, composé pour élever les âmes et les préparer
«c aux graves devoirs de cette vie et aux admirables destinées de l'autre, n Sous les
mains de l'auteur, le cadre de la psychologie s'élargit jusqu'à embrasser des éléments
de logique, de morale et d'esthétique ; et l'heureux choix des citations empruntées à
rélite des penseurs anciens et modernes, le charme du style, tout contribue à
l'agrément de ce livre et rappelle sa gracieuse origine. L'autre ouvrage est un cours
de philosophie,pub\\é sous les initiales F. F. par des frères de la Doctrine chrétienne.
C'esi une mine abondante, un vaste répertoire de vuesphilosophiques,de documents,
d'extraits d'œuvres les plus variées. Mais, pour éviter de gêner les débutants par
rabondance même de ces matériaux, les auteurs ont disposé les choses comme
suit : d'abord l'essentiel, imprimé en gros caractères ; puis, en petites lettres, les
développements utiles, voire même nécessaires à l'intelligence du texte ; en6n nous
avons, sous le nom de notes complémentaires et dans les renvois au bas des pages,
les pensées, maximes et tout l'appareil des indications, suggestions, lectures recom-
mandées, problèmes, travaux à faire, etc. Ce sont comme trois cercles concen-
triques, partant du cœur même de la philosophie pour se disperser à l'infini. Mais
ce qui nous ramène à l'unité de cette philosophie, ce sont les tables analytiques
placées à la fin de chaque leçon. L'ensemble de ces tableaux, qui a été publié à part,
constitue tout un corps de doctrine, un résumé substantiel et excellent pour ceux
qui veulent saisir les grandes lignes de ce cours et les 6xer dans leur mémoire. De
plus, après Tofdinaire table des matières vient une table alphabétique rappelant les
grandes questions traitées dans ce livre et formant comme lin vocabulaire des
fermes les plus usuels de la philosophie. A. Grafé.
102 LB MUSÉE BBLGB.
CHRONIQUE.
125. — Commission royale d'histoire, — Extrait du Moniteur du i"" mars. — L41
démission offerte par M. Gilliodts-Van Severen de ses fonctions de membre de la
commision royale d^histoire, est acceptée. (^ prénommé est autorisé à conserver le
titre honoriâque des dites fonctions.
Dom Ursmer Berlière et M. le chanoine A. Caucbte, membres suppléaau, sont
nommés membres effectifs de la commission royale d'histoire, en remplacement de
MM. Gilliodts-Van Severen, démissionnaire, et Léon Vanderkindere, décédé.
— Sont nommés membres suppléants de la commission royale d*bistoire : MM. le
chevalier Camille de Borman, député permanent, président du Conseil provincial
du Limbourg ; Paul Fredericq. professeur à l'Université de l'Etat à Gand, et Sylvain
Balau, curé à Pepinster.
126. — Découverte archéologique à Arlon, — Un jardinier d'AHoo, occupé è
défoncer un terrain,rencontrait récemment un objet en or, à une profondeur mioime.
La trouvaille était faite sur le territoire mime de la ville, à une centaine de mètres
de la source ia plus éloignée de la Semois, en un jardin finissant au « chemin des
Espagnols ». M. A. de Loé, conservateur au Musée du Cinquantenaire, s^et* assuré
la possession de cette pièce vraisemblablement unique. C'est une sorte de diadème
formé d'un simple fil terminé aui deux bouts par des palettes très minces et unies,
façonnées au marteau. L'or est de couleur jaune pâle ; l'objet mesure 38 centimètres
de tour et pèse 19 grammes.
On se demande à quoi sert le Musée archéologique d*Arlon, si le Musée de
Bruxelles lui enlève tout ce qu'oh trouve d^intéressant dans le Luxembourg.
127. — Une langue internationale, — Récemment, M. Paul Mansion, professeur à
l'université de Gand a fait une communication à la Société scientifique de Bruxelles
sur une langue auxiliaire internationale. Le volapuk est mort ; Tesperanto ne vivra
pas ; un groupe de savants parisiens, aussitôt appuyés par plus d*un millier d'adhé-
rents, réclame l'adoption, comme langue auxiliaire Internationale, du latin simplifié
inventé par un savant italien. Quelle position le bon sens demande-til de prendre
en face de cette tentative?
Le savant professeur croit à l'avenir d*une langue auxiliaire internationale, mais
seulement pour des ternoes commerciaux, scientifiques, sportifs, et non pas comme
expression de la vie affective de Inhumanité. Cette langue peut rendre, pratiquement,
dans CCS trois domaines, de très grands services. Il serait chimérique de lui deman-
der autre chose.
On peut lire sur cette question la brochure de L. Couturat, Pour la langue inter-
nationale (Coulommiers, Impr. Paul Brodard, 1906, 62 pp.), qui est envoyé sur
demande. S'adresser à M. Couturat, 7, rue Pierre Nicole, Paris,
128. — Parmi les Manuscrits qui furent détruits en 1871, lors de 1 incendie de la
Bibliothèque du Louvre, il en est un dont la disparition fut rendue d'autant plus
sensible qu'on ne sut exactement mesurer l'étendue de la perte qu'on en 6t*: nous
voulons parler de l'original des Vies des poètes françois par ordre chronologique^
depuis 120Ç jusquen 1647, par Guillaume CoUetet, recueil autographe formant
5 volumes in 4®, côtés F. 2398.
Là, a-t-on dit, se trouvaient les biographies d'un grand nombre de poètes, ou
simplement de personnages ayant commis quelques vers dans le cours de leur vie ;
de nombreux extraits représentant parfois tout ce qui reste des auteurs mentionnés
ajoutaient encore au prix de l'ouvrage.
Chose singulière, ce manuscrit incessamment feuilleté et qui fournit à des histo*
Mens de lettres, entre autres Sainte-Beuve, des matériaux inestimables, n'avait point
PARTIE filBLIOGKAPHIQUE. l63
été inventorié en détail, dépouillé pièce à pièce, si bien qu*on ne cessa pendant
longtemps d'errer sur sa composition et sur les ressources qu*il avait offertes aux
chercheurs. 11 ne fallut rien moins que la perspicacité et la patiente érudition de
deux critiques, feu Léopold Pannier et M. Paul Bonnefon, pour borner l'étendue
du désastre qui, en nous privant d'un documeht d'une inappréciable valeur, jetait
un manteau d'oubli sur les origines de l'histoire poétique française.
On sait aujourd'hui que sur 44^ biographies composant en réalité l'ouvrage de
Guillaume CoUetet, 312 environ peuvent être assfei facilement resthuées. C'est peu,
dirm-t-on. mais c*est assez pour justifier notre intérêt, surtout si l'on considère qu'il
te trouve là une source d'informations nouvelles sur une ^ule d'écrivains du temps
des Valois et des premiers Bourbons, dont les noms se spnt parfois perdus.
Bien que ceux qui nous ont conservé, soit sous forme de copie, soit en tirages
restreints, quelques-unes de ces pages, n'aient poinl toujours obéi à une méthode et
poursuivi un but déterminé, il est facile de se rendre compte par certaines collations
•" la version imprimée faisant parfois double emploi avec un manuscrit de seconde
main conservé à la Bibliothèque Nationale — que qous possédons un texte intégral,
k Tabri de tout soupçon.
La célébrité dont a joui, au cours de deux siècles, te recueil des Vies des Poètes^
n'avait point été sans provoquer la curiosité des éditeurs, et, à maintes reprises, le
£iroeux ouvrage fut sur le point d'être imprimé. Cq fui chaque fois, hâtons-nous de
le dire^ un projet que rendirent vain des difficultés sans nombre, dont la moindre
tint, sans doute, à Timportance de l'entreprise.
Néanmoins, des copies partielles circulèrent ; les untà alimentèrent des ouvrages
de critique ou bien parurent séparément ; les autres, sous forme de notices, enri-
chirent des réimpressions de nos vieux poètes. Il y eut des analyses d'A. Barbier et
d'Achille de Rochambeau, des publications ordonnées par Tamizey de Larroque,
Prosper Blanchemain, Dezeimeris, Gellibert des Seguibs, etc. Enfin des versions
eaapruntées à la leçon originale par Taschereau et Edouard Tricotel demeurèrent
inédites et le sont encore.
La réunion de tous ces matériaux épars, jointe aux ressources offertes par la copie
de la Bibliothèque Nationale, signalée plus haut, qui contient 147 notices copiées
pour Aimé Martin, ont permis, dans une large mesure, de reconstituer une notable
partie du fameux manuscrit.
L'éditeur Honoré Champion (5, Quai Malaquais, Paris) va publier dans toute leur
intégralité, et selon l'ordre chronologique, les notices qui restent, les corrigeant en
ce qu'elles ont de fautif, non sans donner les motife de ces corrections, les éclairant
de notes précises et les faisant suivre de documents inédits et d'une bibliographie
qui trop souvent faisait défaut et rendait le texte pçu intelligible.
Publié avec soin et digne non seulement d'enrichir la bibliothèque du savant,
mais encore le cabinet du bibliophile, cet ouvrage, véritable monument d*histoirc
littéraire, viendra à son heure et provoquera la curiosité de tous ceux qui s'inté-
ressent non seulement aux lettres mais à l'histoire et à la tradition nationales.
Le regretté Gaston Paris disait : v,„ Nous voulons espérer encore que le livre de
Golletet nous sera quelque jour donné en entier ; si cette publication dépasse les
forces d'un particulier, c'est au gouvernement à s'en charger. L'histoire des poètes
français fait partie intégrante de la nation elle-même... »
En souscription :
Vies des poètes françois de Guillaume Colletet. Restitution de 312 Vies de Poètes
des xiii«, XI v«, xv«, XVI* et xvn« siècles, d'après un ms. unique conservé à la Biblio-
thèque Nationale et diverses versions relevées sur les originaux de l'ancienne
Bibliothèque du Louvre. Publiées intégralement, annotées et mises au point selon
kt ressources de la critique contemporaine, précédées d'une Etude sur Guillaume
164 LE MUSéE ËELGE.
Colletct et ses ouvrages et suivies : t° d*une bibliographie relative à chaque poète ;
20 de Tables alphabétiques, méthodiques et chronologiques et 3^ d'une Carte de la
France poétique du xiv« au xvii« siècle, par Ad. Van Bever.
L'ouvrage, tiré sur papier alfa, à 35o exemplaires numérotés, formera 5 volumes
grand in-8 et sera mis en vente au prix de i5 francs le volume (pour les souscrip-
teurs seuls). Très prochainement le prix des volumes sera élevé à 100 francs. Chez
H. Champion, 5, Quai Malaquais, Paris.
.129. — Paul Guiraud. — Le haut enseignement et la science historique sont
cruellement frappés par la mort prématurée de M. Paul Guiraud, professeur d'his-
toire ancienne à la Sorbonne et membre de l'Académie des Sciences morales et
politiques. M. Guiraud était un des plus brillants élèves de Fustel de Coulanges.
auquel il a consacré une étude qui fait honneur à la fois au maître et au disciple. Il
avait emprunté à l'illustre auteur de la Cité antique la méthode rigoureuse, hostile
aux sentiers battus, et cette clarté d'exposition qui est la probité du savant. Il fmut
se donner beaucoup de peine pour en épargner au lecteur, et c'est un effort que
beaucoup d'érudits affectent de considérer comme indigne d'eux. C'est pourtant à ce
prix seulement qu'on arrive au public, et toute science qui ne dépasse pas un cercle
étroit d'initiés manque à une moitié de sa tâche, surtout en matière historique.
M. Paul Guiraud s'était consacré à l'étude de l'antiquité classique, et spécialement
du monde grec. Mais de ce champ constamment moissonné, il avait su tirer une
récolte nouvelle. Il est un de ceux qui ont étudié avec le plus de pénétration et
d'originalité les questions économiques et sociales, longtemps laissées au second plan
dès qu'il s'agissait des anciens. L'histoire grecque à la Plutarque ne suffit pas à nos
curiosités contemporaines. A côté de la narration des événements politiques, plus ou
moins agrémentée d'épisodes pittoresques, nous voulons qu'une place soit faite, —
et de plus en plus grande, — à l'évolution des intérêts matériels d'où naissent la
plupart des conflits internationaux ou sociaux. Presque tous les travaux de
M. Guiraud ont porté sur ce point. Son premier ouvrage capital, qui lui valut le prix
Bordin, traite de la Propriété foncière en Grèce. C'est l'assise solide et jusqu'ici
inébranlable sur laquelle ses autres livres se sont appuyés. Mais'la Propriété n'est
qu'une face du problème économique, l'autre est le Travail. Et c'est pourquoi la
seconde œuvre de M. Guiraud roule sur le Travail en Grèce. Il a déployé dans
l'élude de ces questions délicates les ressources variées d'un esprit naturellement
ouvert à toutes les idées, mais gardé contre les générations hasardeuses par la
sévérité de la méthode et les scrupules de la conscience.
Rien n'est facile ni dangereux en pareille matière comme de glisser sur la pente
des rapprochements ou des allusions que vingt siècles d'intervalle rendent d'autant
plus piquantes. M. Guiraud s'en est toujours gardé. Même dans son dernier volume,
les Etudes économiques sur Vantiquité, plus particulièrement destiné au grand
public, M. Guiraud a laissé au lecteur le soin de tirer les conclusions et les applica-
tions présentes que chaque page peut suggérer. Il nous montre à merveille comment
le mépris du travail manuel, considéré comme « servile » et qui l'était effectivement
à cette époque, a entraîné le citoyen à vivre aux frais de TEtat et à considérer le
budget de la République comme uniquement destiné à subventionner les budgets
particuliers. Mais il dédaigne de se lancer à ce propos dans une charge à fond contre
les a politiciens ». Ce n'est pas le rôle ni le ton qui conviennent à l'histoire. Tout au
plus, il se permet d'indiquer que l'histoire, « en nous montrant dans le passé cer-
tains cifets produits par certaines causes, peut nous aider à éviter bien des fautes et
à conjurer bien des dangers ». Cette réserve achève de donner à l'œuvre de M. Gui-
raud un caractère de haute distmction qui s'accorde avec la précision sobre de son
style et qui est la suprême élégance d'un talent nourri à l'école de l'atticisme.
A. Al.BEBT-PETrr.
LIVRES NOUVEAUX.
A. AUSSERER, De clausulis Minncianis ot de Cicoronianis qaae quiJom inve-
niantur in lib3llo de senectute. Innsbrueck, Wiignor, 1907. 1 m. 70.
PR. BERNITT, Lateiniscli Caput uni 'capum nobst ihrcn Wortsippon ira
Franzôsischen. Kiel, R. Cordes. 1906. 229 pp. 6 m.
R. DYBOSKl. Tennysons Sprache und Stil. Vienne, Braiimiiller. 1907. 15 m,
(Wiener Beitriige zur englisch-în Philologie hrsg. von J. Schippcp. XXV).
J. FÈVRE et H. MAUSER, Leçons de gôogr<aphio conformes au programme du
4 août 1905 pour les Ecoles normales primaires et pour la préparation au
brevet supérieur, l" annéo : Géographie générale. Amérique, Océanie, Asie,
Afrique. Avec 217 gravure?. Paris, Alcan, 1907. 4 fr.
J. OEFFCKEN, Zwei griechischo Apologeten. (Aristide.'. Athonagoras). Leipzig,
Teubner, 1907. (Sammlung wissenschaftl. Kommentiire).
B. GOSSART, Espagnols et Flamands au xvi« siècle. La domination espagnole
dans les Pays-Bas à la fin du régne do Philippe II. Brux , Lamertin, 1906. 4 fr.
P. GRAÏNDOR, Histoire de l'île de Skyros jusqu'en 1538. Liôgp, Vaillant-
Carmanne, 1906. 3 fr. (Bibl. de la Faculté de philosophie et lettres do l'Univ.
de Liège. XVII).
CH. GUIGNEBERT, Manuel d'histoire ancienne du christianisme. Les Origine?.
Paris, Picard, 1906. 4 fr.
P. HALFLANTS, La littérature française au xix« siôclo. U* Partie : le roman-
tisme (1800-1850). Bruxelles, Deijvit, 1907. 3 fr. 50.
J. HALKIN, Quelques peuplades du district de TUélô (Congo). Monographies
ethnographiques avec carte ethnogr., planches et photographies. Fasc. I.
Introduction. Les Ababua. Liège. Cormans, 1907. 156 pp. 2 pi. et une carte.
J. HEALY, The Valerian persécution. A stuJy of tho relations betwecn church
and stafe in the third century. Londres, Constable, 1905, 304 pp. 8. 6 f>.
\V. JAMES. Causeries pédagogiques. Trad. de l'anglais par L. S. Pidoux.
Paris, Alcan, 1907. 2 fr. 50.
G. KALFP, Geschiedenis der nederlandsche letterkunde. Tweedo deel. Wo!ter.«,
Groningen, 1907. 6 fl. 50.
C. LECOUTERE, Eene légende over den oorsprorg der Begijnen. Gand, Sifler,
1907. 42 pp. (Kon. vlaamscho Akademie).
H. SCHNEIDER, Kultur und Denkon dor alten Aegypter. Leipzig, Voigtlander,
1907. 12 m. 50. (Entwickelung<geschichte dor Menschheif. I).
L. SERBAT, Les assemblées du clergé de France. Origines, organisation, déve-
loppement. 1561-1615. Paris, Champion, 1906. 12 fr. (Bibl. de l'Ecole des
Hautes Études. 154* fasc).
A. SOLARI, Ricerche Spartaoe. Livorno, R. Guisti, 1907. 5 fr.
Uoiversité catholique do Louvain. Séminairo historique. Rapport sur les travaux
pendant Tannée académique 1905*1906. Louvain, Van Linthout, 1907. (An-
nuaire de l'Université, p. 314-394).
J. VAHLEN, Uebar Horatius Brief an die Pisonen. Sitzungb3r. der prcuss.
Akad. derWiss., 1906, p. 589-614. 16 pp.
W. WACKERNAGEL, Poetik. Rhetorik und Stilistik, 3e Aufl. Halle a. S..
Buchh. des Waisenhauses, 1906. 10 m.
J. P. WALTZING, Studia Minuciana. Études sur Minucius Félix. Louvain,
Ch. Peeters, 1906. 3 fr. 50.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
Paget
Pour les Humaniiés gréco-latincs , no
Les Humanités gréco-latines. Avis des Facultés de médecine et de sciences de
Gand et de Liège . . . . , 12a
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
84. F. Hiller v. Gaertringen^ Inschriften von Priene (P. Graindor)
83. A, Deissmawty Die Sepluaginta-Papyri (N. Hohlwein)
86*7. L. Cantarelli^ La scrie dei prefctti d*Egitto. A» Stein, Stellvertretung
im Oberkommando in Acgypten (J. P. Waltzing)
88. J.ScAma/f, Baiae(J. P. W.)
89. L, Hahn^ Rom und Romanismus (A. Delatte)
9\ F. Leo^ Originalitaet der roem. Literatur (J. Hubauz)
91. i4. J5<rr^Mef, Articles divers (E. Remy)
92. A, Michel, Syntaxe grecque abrégée. Tableaux (P. Schock)
ii3
128
129
i3i
i3i
i33
134
4 35
Langues et littératures celtiques,
93. E, Windischy Die altirische Hcldensage (V. Tourneur) . , . . i36
Langues et littératures romanes,
94. J, Bastin^ Les voyelles latines en français (G. Charlier). . . . .141
95 6. V, Albert et E, Sody^ Grammaire française (J . Fleuriaux) . . . 142
Langues et littératures germaniques,
97. W, Streitberg^ Golisches Elementarbuch (J. Mansion) . . . .143
9S-102. Ouvrages de M, Loke^ H, Bouwman^ F. Baudet, P, Van Moerkerken
et J, Knuttel (C. Lccoutere). . . 149
io3. J. /ToopmiHS, Letterkundigc studiCn (Le même) i53
Histoire,
104. F. </tf A/oreiiw, Abbaye de Villers(C. H.) ...... 164
Notices et annonces bibliographiques.
105-24. Publications de J. Hombert et A. Masson, M. Schanz, P. Graindor,
F. Cumont. E. Canivez et O. DelacoUettc, H. S. Wellcome, H. Hauvette,
O. SchultzGora, F. Brunot, J. Heeres, L. Knappcrt, A. Sjoer, L. Veldkarap,
G. Deelman, P. Stapfcr, A. Molinier, A. Demangeon, A. Bremond, E. Horn,
Drioux, Audley, Durand, Leroux, Salembicr i54
CHRONIQUE.
125-29. Commission royale d'histoire. Découverte à Ai Ion. Une langue inter-
nationale. Vie des poètes françois. P. Guiraud .«•••. 162
'OHZIÈME année. — N" 5. i5 Mai 1907
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DUtECTlON Dl
F. GOLIâARD I J. P. WAL1TZXN6
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LIVRES NOUVEAUX.
J. BASTIN, Nouvelles glanurcs grammalicates. Riga, Tvp. Mûllcr, 1907.
88 pp. 10 cop.
D. BLANCHET et J. TOU TAIN, Histoire «le l'Orient ot do la Grèce. Sommaires.
Récifs. Lectures. Second Cycle. Classe de 2'*«. 2« édit. 406 pp. Paris, Belin,
1904. (Cours complet d'histoire à Tusage de l'enseignement secondaire.)
D. BLANCHET et J. TOUTAIN, llistoiro romaine et histoire du mojen âge
Jusqu au x« siècle. Sommaires. Récits. Lectures. Second Cjcie. Classe do 1"*.
2* édit. 454 pp. Paris, Belin, 1905. (Couis complet d histoire à Tusage de
renseignement secondaire.)
D. BLANCHET et J. TODTAIN, Histoire do France et histoire générale depuis
les origines jusqu'à la Révolution Pari», Belin frères, 1906. In-12, 584 p.
4 fr. (Cours complet d'histoire à l'usage des Ecoles normales primaires.
1" année.)
V.CTOR CHAPOT, Séleuciode Piérie. Paris, 1907. (Extrait des Mémoires de la
Société nationale des Antiquaires de France, t. LXVI.)
Em. CHATELAIN, Les secrets des vieilles reliures. Paris, Champion, 1906.
32 pp (Revue des Bibliothèques, juill.-aoùt 1906.)
Ad. CUÈMIEUX et J J. THOMAS, Cours d'histoire rédigé conformément aux
programmes du 31 mai 1902. Le moyen âge et le commencement des temps
modernes (3951498). Classe de 5«. 2« éd. 3 fr 50. — Temps modernes (1498-
1789). Classe de 4«. 4 fr. 50. — Histoire contemporaine (1789-1689). Classe
de 3\ Relié 4 fr. 75. Maritillo, Feiran jeuno.
0. R. DEELMAN, Kleine Lautlehe dos AeuhochdeutscLen, 2*« Aufl. Breda,
Nieuwenhuys, 1906. 1 fl. 75.
J FINOT, Erude historique sur les relations commerciales entre la Flandre et
la République de Gênes au moyen âge. Paris, Picard, 1906. 384 pp.
H. GRISAR, Histoire do Rome et des papes au moyen âge. T. I. Rome au
déclin du monde antique. Livre 1*^. Traduit de l'allemand, avec l'autorisation
et des corrections de l'auteur, par E. G. Lodos. Paris, Desclée, 1906. In-8.
465 p. 140 fig. Livres II V. In-8°. 456 pp. avec 84 fig. et plans.
G. GRUPP, Kulturgeschichte des Mittelalters. 1 Bd. £<• Aufl. Mit 45 Illustr.
Paderborn, Schoeningh, 1907. 8 m. 60.
Paul HEUKENS, S J., Lectures allemandes. Ouvrage refondu par Werner
von und zur Muhlen, S. J. 7« éd. 1' Partie à l'usage dea cours inférieurs»
Liège. H. Dessain, 1907. 116 pp.
J. Ph. KREBS, Antibarbarus der lateinischen Sprache. F.A. von J. H. Scbmalz.
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W. KROLL, Bas Studium der klassischen Philologie. Rathschlâge fur
tngehende Philologen. 2^« Aufl. Greifswa'd, Jul. Abel, 1906 24 pp. 0 m. ZO.
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Leipzig, Freytag, 1907. 1 m. 50.
A. KUTSCHER, Friedrich Hebbel als Kritiker des Dramas. Seine Kritik und
ihre Bedeutung. Berlin, Behr, 1907. 4 m. CBebbel-Forschungen hrsg von
Werner u. Bloch-Wunschmann.)
L LAESSER, Die deutsche DorfJichtung von ihrcn Anfaengen bis zur Oegen*
wart. Salzungen, Scheermesser, 1907. 1 m. 80.
Onzième année. — No 5. i5 Mai 1907.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
130. — E. Pottler, Musée du Louvre. Catalogue des vases antiques de
terre cuite. Troisième partie : l'école attique. Paris, 1906. 2 frs.
L'éminent professeur de l'École du Louvre a dressé dans ce
volume le catalogue de la belle collection de terres cuites (école
attique) que renferment les salles F et G du musée du Louvre.
Cette étude fait suite à la description des poteries primitives
conservées dans les salles A (Dipylon) à E (Attico- Corinthiens).
M. Pottier ne sest pas contenté d'une sèche énumération ; il a fait
avec Térudition qu'on lui connaît l'historique de la poterie à figures
noires (F) et de la poterie à figures rouges (salle G). Son étude
embrasse la vaste période qui s'écoule de Pisistrate à la prise
d'Athènes (fin de la guerre du Péloponèse). Il est inutile d'insister
sur l'intérêt que présente à cette époque l'histoire de l'école de poterie
attique ; c'est l'histoire de ses progrès, de sa prépondérance sur les
ateliers des États rivaux, de son efiflorescence et de sa chute.
M. Pottier nous met surtout en garde contre ime tendance accréditée
par beaucoup d'archéologues enthousiastes : la prétention d'admirer
sans cesse dans ces monuments figurés l'expression de la beauté
artistique.
Ce sont avant tout des raisons pratiques qui expliquent la substitu-
tion de la couleur rouge à la couleur noire des figures. L'amphore,
le lécythc, l'œnochoé sont surtout des objets de commerce et le
dessinateur s'efface devant le chef d'atelier. C'est le chef de fabrique,
le patron qui signe éwoieaev, c est le dessinateur qui signe èxpa^icv.
« On a pris l'habitude, dit M. Pottier, de considérer tout signataire
B de vase comme un artiste dessinateur. On parle couramment du
« style de Nicosthènes, du style de Hiéron, du style de Brygos. Or,
j» aucune des inscriptions que nous possédons ne permet d'affirmer
» que Nicosthènes ou Hiéron ou Brygos aient peint eux-mêmes les
ji vases qui étaient fabriqués dans leur atelier et marqués de leur
l66 LE MUSÉE BELGE.
• estampille (èirolcaev) » (p. 704-705). Il faut donc se garder de fonder
toute une théorie de la céramique grecque sur l'histoire de peintres
prétendument artistes qui ne furent souvent que d'obscurs potiers.
C'est encore une tendance instinctive aux archéologues d'identifier
autant que possible les œuvres qu'ils étudient et de les attribuer
à tel ou tel artiste. C'est ainsi que Ihistoire de la céramique devient
forcément l'histoire de chaque artiste, abstraction faite des circon-
stances, du milieu des influences prédominantes. Sans nier les
variations du style dans l'œuvre d'un même artiste, jusque dans
l'intérieur de la même composition, on ne peut contester qu'il existe
une communauté étroite entre les productions d'un même temps ou
d'un même atelier. C'est la découverte de cette caractéristique d'un
style ou d'une école, de cette note paticulière qui constitue l'essence
même de l'histoire de l'art à toutes ses périodes.
Ce n'est pas seulement dans ces observations justes que gît le
mérite de l'étude de M. Pottier.
Il donne de précieux aperçus sur la technique : tournage, mode-
lage, cuisson, dessin, sur la condition sociale des fabricants et des
ouvriers. Il dresse une nomenclature des noms qui nous sont
conservés, en distinguant autant que possible l'ouvrier et le dessina-
teur. Il examine avec beaucoup de soin les rapports mutuels de la
céramique avec la peinture et la sculpture. Bref, ce catalogue est
indispensable à qui veut étudier avec fruit les riches collections de
poteries du Louvre. Th Simar.
i3i. — S. WitkO'WSki. Epistulae privatae graecae quae in papy ris
aetatis Lagidarutn servantur, Adjecta est tabula phototypica. Leipzig,
Teubner, 1907. 3 m. ao.
M. Witkowski a réuni, dans ce petit volume de 144 pages, les
lettres grecques de caractère privé que les récentes découvertes de
papyrus ont mises au jour et qui remontent aux trois derniers siècles
avant notre ère. Ces pièces ont été classées par ordre chronologique,
mais lauleur n'a pas séparé les lettres qui, par leur sujet, ont entre
elles quelque affinité. C'est ce que fera voir ce petit tableau :
lo) in« siècle avant notre ère : A) Lettres de Cléon l'Architecte et
de sa famille ; B) Autres lettres du même siècle. 2") ii" siècle :
A) Letti es ayant rapport au grand Sérapeion : Lettres adressées au
reclus Hephestion ; Lettres du reclus Ptolémée ; Lettres de Myrullas
et de Chalbas à un reclus ; B) Les autres lettres du même siècle.
3) ler siècle.
Pour établir le texte, M. Witkowski a fait de nouvelles recensions;
il a corrigé en beaucoup d'endroits un texte défectueux et complété
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 167
de nombreuses lacunes. Il a tenu à joindre au texte un apparat
critique presque complet. Enfin il a accompagné cette édition de
notes latines de brève étendue, mais suffisantes : il y donne avant
tout la signification des mots rares et difficiles, quelquefois des expli-
cations de choses (institutions, antiquités, etc.) ou des remarques
grammaticales. Enfin, chaque lettre est précédée d'une brève notice
qui donne un résumé rapide de la pièce et qui indique Tendroit de
la trouvaille, le musée où l'original est conservé et les éditions
ant rieures.
En une dizaine de pages concises, à la fin du volume, Tauteur
a disposé des Observations grammaiicalôs précieuses : il y étudie la
phonétique, la lexigraphie, la syntaxe, et la formation des mots dans
les lettres qu'il publie.
Enfin, deux index complets, l'un des noms propres, Tautre de tous
les mots grecs du volume occupent la fin de ce livre et faciliteront
singulièrement les recherches.
Une telle édition de ces lettres sera accueillie favorablement :
pour les philologues et les historiens, leur simple lecture donnera,
bien mieux que celle des grandes œuvres littéraires, une juste idée
de la mentalité, de la culture intellectuelle, des mœurs, des mille
particularités de la vie privée de l'époque ; pour les grammairiens et
les historiens de la grammaire, ce sera un recueil facile à compulser
de monuments de la langue familière et journalière. Enfin, peut-être,
ne serait-il pas sans utilité d'en donner quelques faciles exemples
à étudier aux jeunes gens qui apprennent le grec. A. Delatte.
i32. — A. Ansserer, De Clausuîis Minucianis et de Ciceronianis quae
quidem inveniantur in lihello de Senectute. Innsbruck, Wagner, 1906.
Cette étude, très complète et très consciencieuse, des clausules
métriques de Minucius Félix et du De Senectute est le premier fascicule
d'une collection nouvelle, les Commentationes Aenipontanae, publiée par
MM. E. Kalinka et A. Zingerle.
M. Ausserer a repris et complété le travail de M. H. Bornecque,
publié dans le Musée Belge, VII, 247 sqq., mais il a traité le sujet d'une
façon différente.
Prenant pour base l'édition Boenig parue en igoS dans la collection
Teubner, il a dressé une liste de 679 clausules, alors que M. Bor-
necque n'en avait relevé que 642, parce que, dit-il (p. 41, note), il a
tenu compte des membres de phrase peu étendus chaque fois que le
sens était complet.
L'auteur distingue, parmi les clausules de Minucius, quatre genres
ou types :
l68 LB MUSÉB BELGE.
2) — -|— ^1
3) a;----^|-^
h) ••••--I-
4) a}-\-^
b) --|— ^.
Il place à trois endroits la forme - ^ ^ | -^ -, q^^i donne un glyco-
nique et trouve cinq clausules fautives qui se scandent comme des
fins de vers.
En négligeant ces cinq passages, Ausserer trouve :
322 clausules de la première forme
178 de la seconde
iSg de la troisième a)
149 de la troisième b)
1 8 de la quatrième a et b
en tout 679.
Donc Minucius avait une préférence très marquée pour la clausule
. v/ - I •* ^
Cette statistique est dressée avec beaucoup de soin et d'après une
méthode très claire ; elle peut servir de modèle aux travaux de ce
genre pour d'autres auteurs Au point de vue de l'établissement du
texte, l utilité de cette étude est très grande, puisqu'elle a permis de
fixer la lecture d'un grand nombre de passages discutés ; en eflfet, à
la page 96, l'auteur récapitule les passages examinés : jS pour Minu-
cius Félix et i6 pour le De senectute, La conclusion à tirer du travail
de M. Ausserer, c'est que l'unique manuscrit de Minucius renferme
beaucoup moins de fautes qu'on l'a cru jusqu'ici.
La seconde partie de cette intéressante étude traite du De senectute.
Ce dialogue est examiné avec la même exactitude et d'après la même
méthode. Les conclusions de la comparaison des deux ouvrages sont
curieuses : la proportion est celle-ci : pour les formes II et III, on a :
Cato : II) 24, 9 0/0, III) 22, 35 ''/o ; Mm. : II) 26 "/o, III) a 21, 4 7o.
Les clausules de la quatrième forme sont très rares ; quant à la forme I)
on trouve Cato, : 29, 5 **/o ; Min, : 46, 6 %. J. Hubaux.
i33. — Ch. Huelsen, Topographie der Stadi Rom tm Alterthum von
H. Jordan. P^^ Bd. Dritte Abteilung bearb. von Ch. Huelsen.
Mit II Tafeln. Berlin, Weidmann, 1907. 710 pp. 16 m.
Il y a 22 ans que parut la deuxième partie de ce premier volume
de la topographie de Rome par PI. Jordan. L'auteur mourut en 1887.
M. Ch. Huelsen, qui venait d'être nommé secrétaire de l'institut
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 169
archéologique allemand, fut chargé de continuer l'œuvre commencée.
Son séjour au Capitole, au centre de la ville éternelle, à proximité
des monuments et d'une admirable bibliothèque archéologique, la
plus riche qui existe, devaient lui faire paraître la tâche facile. Jordan
avait écrit la partie générale ; des 14 régions de Rome, il n'avait achevé
que la description de la huitième. Il en restait treize à décrire, pour
lesquelles il n'existait que des notes fragmentaires de Jordan.
M. Huelsen, savant très consciencieux» vit bientôt que presque toute
cette partie était à faire, et le temps avançant, il fallut aussi revoir
soigneusement la partie générale. De là ce grand retard. Depuis
1870, les a excavations » systématiques et les trouvailles faites à
roccasion des démolitions et des reconstructions qui ont transformé
la Rome papale, ont fourni une masse énorme de renseignements nou-
veaux, dont le nombre s'augmente encore tous les jours. M. Huelsen
lui-même a mis en relief beaucoup de ces trouvailles dans ses savants
articles parus dans les Mitteiîungen des roemischeii Instituts et dans le
BulUttino délia commissione comunale. Il a publié les inscriptions dans
le sixième volume du Corpus inscriptionum latinarum. Dans l'intervalle,
M. R. Lanciani a publié son grand plan de Rome (Forma urbis
Ramae) commencé en r 8g3 et aujourd'hui terminé.
Ne nous plaignons pas du retard, car si le volume avait paru il y a
vingt ans, il serait aujourd'hui à refaire.
Le plan adopté par Huelsen tient compte à la fois de la conforma-
tion physique de la ville et. des divisions administratives. Voici les
sujets des différents chapitres. Partant de la Vélie, il nous fait monter
sur le Palatin, traverser la vallée qui sépare le Palatin de lAventin,
puis visiter l'Aventin et les greniers ou entrepôts publics situés entre
TAventin et le Tibre ; de là nous gravissons la colline située au sud
de l'Aventin et les thermes de Caracalla, puis la vallée qui conduit
de l'Aventin au Célius, puis le Célius, l'Esquilin, l'Oppius et le
Colisée, la Subura, les Esquilies ou l'Esquilin en dehors du mur de
Servius, le Viminal, le Quirinal, le Pincius, le Champ de Mars et
enfin l'île du Tibre. Onze plans très clairs servent à guider le lecteur.
L'exposé est à la fois descriptif et historique ; pour l'Esquilin et
pour le Champ de Mars, auquel sont consacrés quatre chapitres, la
description et l'exposé historique sont distingués.
Il serait difficile de montrer ici tout ce que ce volume contient de
science minutieuse et nouvelle : il faudrait analyser et entrer dans
des détails pour lesquels la place nous manque. Disons que, de tous
les archéologues romains, personne ne connaît mieux l'ancienne
Rome que M. Ch. Huelsen et que celui-ci s'entend à donner, sous
une forme concise et claire, les résultats des fouilles et les conclusions
170 LE MUSÉE BELGE.
les plus sûres des nombreuses discussions auxquelles les fouilles ont
donné lieu. Résultat d'un labeur immense, d'une science aussi
étendue que profonde, ce volume sera accueilli avec reconnaissance
et avec joie par les archéologues et les historiens.
J. P. Waltzing.
1 34-1 35. — Léon Legras, Etude sur la Thébaïde de Stace. Paris,
Georges Bellais, igoS. 35i pp.
Le môme. Les 9 Puniques n et la « Thébaïde ». Bordeaux, Fréret, igo5.
32 p in-8** (Revue des Études anciennes, tome VII, igoS).
Livre d'une lecture agréable et d'une érudition touffue, ou l'auteur
fait revivre la curieuse physionomie de Stace. Il analyse le charmant
talent du poète, déformé hélas I par l'éducation littéraire, absolument
fausse, qu'il reçut à Técole des grammairiens et des rhéteurs de son
époque, et par les exigences d'un public porté plutôt veis les œuvres
de longuje haleine, inspirées de la Grèce, et qui, chose bizarre, mais
fréquente aux époques de décadence, s'attachait surtout à la splen
deur de la forme, à la recherche de l'expression, à la richesse des
ornements, négligeant presque totalement la solidité et la noblesse
du fond.
M. Legras nous montre Stace, que son imagination peu puissante
et sa tendre sensibilité destinaient à la composition de gentilles et
délicates mièvreries, s'éreintant à bâtir péniblement l'édifice boiteux
d'une grande épopée ! Ce n'est pas la faute du pauvre poète s'il n'a
guère réussi dans sa titanesque tentative. Et pourtant, l'œuvre de
Stace remporta auprès de ses contemporains, dans les lectures
publiques qu'on en faisait, un succès éclatant : on se pâmait devant
la joliesse alambiquée des vers, la suavité du rythme, l'éclat somp-
tueux des comparaisons, et Ton oubliait l'incohérence, les obscurités,
les ridicules puérilités du récit...
Le livre de M. Legras est méthodiquement composé. Dans la
première partie, l'auteur expose le sujet et indique les sources de la
Thébaïde; il refait l'historique de la légende avant le poète romain,
qui s'inspira principalement de la Thébaïde d'Antimaque. Chant par
chant, M. Legras dissèque l'épopée de Stace, avec une sûreté de
main, une précision admirables : impitoyablement, il la dépouille
des parures et des joyaux, dérobés à Virgile, ou à Homère ou à
Ovide, dont Stace « déguisant à peine ses emprunts » l'avait ornée.
Il rapproche des vers, des passages entiers; il compare, accable
l'écrivain latin sous le nombre des citations implacablement alignées,
et de cette exécution impitoyable, sort un peu de pitié pour le
malheureux poète, dont on voit s'anéantir le talent jadis porté aux
nues.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I71
Dans la seconde partie de son livre, M. Léguas, toujours avec la
même richesse d*énidition, la même sagacité, examine la mise en
-œuvre. La composition na pas d'unité. Pourquoi? Parce que la
tragédie épique qui se déroule, manque d'un pivot, d'un axe central
sur lequel elle puisse se mouvoir : il eût fallu, comme Homère fit
dans l'Iliade avec Achille, détacher, mettre au premier plan Etéocle
-et Poljmice, les deux frères ennemis. Par suite, comme le poème n*a
pas de centre, l'incohérence régnera dans cette longue histoire :
l'intérêt qu'on y prendra sera par conséquent bien restreint, pour ne
pas dire plus. Stace, dont le souffle trop court ne lui permettait pas
de réaliser une vaste et homogène conception, n'a guère fait « que
mettre en épigrammes le siège de Thèbes » (p. 154) ; il a spécialement
soigné les fins de chants, y accumulant u sentences » ingénieuses,
édncelantes comparaisons, chatoyantes métaphores : c'était du reste
dans le goût de Tauditoire des salles de lecture, qui s*en retournait
sur une favorable impression.
M. Legras montre ensuite l'importance du merveilleux dans la
Thébaïde : là encore, Stace se contredit souvent ; il suit tantôt Virgile,
tantôt Homère, tantôt les Stoïciens, croit à l'influence du fatum et de
la divination sur les événements humains, mais il tient, en somme,
fort peu à ses idées Pour la morale, il semble recommander la nature
comme guide (naturamque ducem). Sur la physique, il a quelques idées,
peu originales du reste, mais on peut en tout cas affirmer que Stace
• ne fat pas absolument étranger à la science et à la philosophie de
son temps ».
Des personnages, aucun ne se grave dans notre mémoire : c'est en
vain que le poète s'est efforcé d'en exagérer la grandeur. Ces héros
gigantesques se démènent comme des fantoches, pompeux mais sans
vie, que mène à son gré la fantaisie de Stace. Tout au plus, pour
Capanée livrant « son combat surhumain contre Thèbes épouvantée
et contre la foudre même n (p. 217), peut-on relever quelques vers
bien sentis et énergiquement martelés, pleins d'une sève virile.
M. Legras, continuant son analyse minutieuse et très intéressante
de la Thébaïde, montre comment, dans ce sujet préhomérique, des
anachronismes — excusables du reste et presque nécessaires même
— se sont introduits ; les mœurs, les usages antiques se sont quelque
peu modernisés, ont revêtu une teinte romaine.
M. Legras explique ensuite l'importance — disproportionnée —
des ornements épiques dans l'œuvre de Stace ; comparaisons innom-
brables, métaphores multiples, expressions hardies cachent à tout
moment Vidée sous leur fouillis inextricable.
f C'est le style d'un bel esprit, dit M. Legras, bien doué, souple et
172 LE MUSÉE BELGE.
savant, apte à prendre, ou plutôt à imiter tous les tons, mais n'ayant
pas en somme de ton personnel i. Pour terminer, le distingué pro-
fesseur passe en revue le vocabulaire de Stace, qui, s'il imite en
général son modèle principal, Virgile, s'est payé le luxe de changer
quelque peu le sens et l'arrangement des mots, de forger de nouveaux
verbes...
Dans sa conclusion, M. Legras résume ses impressions en quelques
réflexions très justes : Si Stace, dit-il, n'avait pas sacrifié aux goûts
de l'époque, il eût été sincère, ému et fin. Ses contemporains l'eussent
méconnu, mais la postérité l'eût déclaré exquis. Hélas ! on n'échappe
guère à son temps. Paul Henen.
Dans une brochure de 32 pages, extraite de l'excellente Revue des
Études anciennes, M. Legras reprend la question des rapports entre
Stace et Silius Italiens. Il établit que les douze premiers chants des
Puniques furent publiés entre les années 90 et 92, un peu avant la
Théhaïde ; les cinq derniers parurent après le poème de Stace. entre
92 et 96. M. Legras relève toutes les ressemblances qu'il a pu
découvrir entre les deux poèmes : elles ne sont pas toutes concluantes-
et les deux poètes contemporains ont pu puiser à un fonds commun
d'idées et d'expressions, créé par la littérature et par les écoles de
déclamation. M. Legras conclut que l'influence réciproque de ces
deux épopées n'a pas été très sensible. J. P. W.
i36. ~ Barthel 'Winand, Vocabulorum latinorum quae ad moriem
speciani historia, Marbourg, Koch, 1906. 71 pp.
Intéressant sujet de thèse, et qui ne manque pas de poésie, mélan-
colique et recueillie. Dans toutes les langues, l'idée de la mort
apparaît, rendue dans des termes presque identiques, exprimée au
moyen de métaphores toujours les mêmes. Il était curieux d'étudier
dans la littérature latine, les mots qui désignent cette idée, de
rassembler dans les œuvres les plus typiques des principales périodes
de la latinité, les expressions variées, évocatrices de l'ultime voyage.
Cest ce qu'a tenté de faire M.B.Winand dans un travail remarquable
de clarté et de méthode, d'une érudition abondante, d'une lecture
facile et je dirai même parfois agréable.
M. B. Winand ne pouvait guère lire et annoter, avec un soin
égal, tous les auteurs latins. Une sélection, judicieusement faite,
s'imposait. Dans sa préface, du reste, M. Winand nous explique
son choix : a Inquisitio originem ducit a Plauto descenditque ad
Suetonium ; ipse perlegi Plautum, Terentium, Cornelium Nepotem,
Lucretium, carmina epigraphica; Suetonium, Senecae philosophi
tragoediis exceptis omnia opéra; ceterum lexicis nitor ». Son ouvrage
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. lyS
est divisé en trois parties : dans la première, il passe en revue les
mots du langage ordinaire (voas cotidiano usu adhibiia») : mort, demori^
mari^ imUrmori, mors, letum, perire, interire ; dans la seconde, il examine
les mots employés aminis causa : defungi^ f^^gh àûs, hora^ quies. fatum^
sorSf foriuMa (je relève ici seulement les expressions sur lesquelles s'est
étendu avec un soin tout particulier M . Winand) ; dans la troisième
partie, de beaucoup la plus considérable, défilent les innombrables
termes et expressions figurées (vocâs poeticae vel tropi). Ici, du reste,
M. Winand avait un guide, le livre de Hoffmann : Die auf den Tod
huUglichên AusdrUcke in den roemischm Dichtern (Berlin, 1875). Il est
vrai de dire que M. Winand s'est appliqué à relever les figures
employées par les prosateurs surtout. Le grand mérite de cette
thèse est de nous donner, condensée en quelques pages, la matière
d'un lexique que j'appellerai « funèbre » ou « mortuaire » , où
l'histoire de chaque mot est retracée avec une sûreté, une science
réelles, où chaque vocable, chaque terme, chaque expression revit,.
dans sa signification primordiale, s'anime, murmure en son langage
mélancolique on ne sait quel triste et lointain requiem,..
Ma mémoire me rappelle quelques expressions que je n'ai pas
trouvées dans la thèse de M. Winand et qui ont été passées sous
silence peut-être pour l'un ou l'autre motif qui m'échappe. Tout
d'abord ienebrae, quoiqu'on le trouve très rarement dans le sens de
«Mrs, peut signifier parfois aussi : a ténèbres de la mort, mort ».
Voyez Plante {Pseudolus, go) : Certûmsi mihi ante Unehras ienebras
Persequi. L expression tenebras pérsequi correspond évidemment à mortem
ptruqui.
Voyez aussi Properce (édit. Mueller, III, i3, 17) où ienebrae
a encore le sens de a mort » : Me tibi ad extremas mansurum, vita,
ftÊubras, — Nox, quelquefois signifie également, « nuit éternelle,
mort, ombres de la mort ». Je citerai deux exemples tirés des odes
d'Horace :
Sed omnes una manet nox, et calcanda semel vita leti (I, 8, i5).
Jam iepremet nox fabulaeque Mânes (I, 4, 16).
Je citerai aussi discedere qu'on trouve dans Minucius Félix (Octa vins,
I, 3) avec le sens de « mourir ». Il est vrai que quelques critiques
ont voulu corriger ici discedere en décéder e; mais la leçon discedere est
excellente et ne présente aucune difficulté : Nec immeriio discedens vir
êximius ti sauctus immensum sut desiderium nobis reliquit. Mais je ne veux
pas paraître chicaner M. Winand à propos d'un ou deux oublis très
excusables ; et je ne puis que louer encore la méthode de l'auteur et
nsister sur l'intérêt de cette thèse lexicologique. Paul Henen.
174 ^^ MUSÉE BELGE.
137. — - B. P. Ban'Wens, S. J., Vertalingen uii hei Latijn voor het
schoolgebniik : SallusHus, Livius en TacUus : Tien redevoeringen
aan deze gcschiedschrijvers ontleend, fr. 0,40. — Ciuro : Pro
Ligario, fr. o,3o. De vier redevoeringen tegen Catilina (elke
afzonderlijk). Brussel, Alb. Dewit, 1907.
Le R. P. Bauwens destine-t-il aux élèves ses traductions d'auteurs
latins ? Ce qu'il dit à ce propos dans l'introduction à la première
Catilinaire suppose que non ; car il exprime Tespoir qu'en les enten-
-dant lire les élèves pourront suivre facilement sur le texte. Quoi qu'il
en soit, ils se les procureront certainement. Et nous ne le regrettons
pas. Le système anglais a ses inconvénients; mais un professeur
habile sait y parer. Il a aussi ses avantages. Les bonnes traductions
permettent de voir plus de texte; en économisant le temps, elles
rendent plus aisée la perception de la beauté des chefs-d'œuvre
antiques ; elles offrent enfin des exemples concrets et palpables des
joutes pénibles que se livrent l'expression et la pensée. Mais ces
avantages ne sont réels que si les traductions sont vraiment bonnes ;
c'est-à-dire, si elles ne s'attachent pas seulement à la pensée abstraite^
mais rendent jusqu'aux moindres nuances, et jusqu'à la vie de la
pensée. C'est le principe que le P. Bauwens a suivi : serrant le latin
d'aussi près que possible, respectant l'ordre et la construction des
différents membres de phrase, la place et la modalité des mots. Sa
langue, un peu guindée parfois, reste d'ordinaire correcte, pure,
idiomatique. Le néerlandais, qui se plie admirablement, on le sait,
aux exigences des langues classiques, est un instrument remarquable
pour l'appréciation de leurs littératures.
Aussi nous espérons qu'à notre époque surtout, où l'étude du néer-
landais s'impose de plus en plus dans nos collèges, ces traductions^
fruit de longues années d'enseignement, auront chez les élèves et chez
les professeurs la vogue qu'elles méritent. Ils y trouveront en outre
toutes les notions supposées pour l'intelligence du texte : un exposé
succinct des circonstances de chaque discours ; un plan détaillé et
complet. J« V. M.
138. — Harvard Studies in Classical Phiîology. Vol. XVII. 1906.
Published by Harvard Univ., Cambridge, Mass., U. S. A. Lon-
dres, Longmans, Green and C<> ; Leipzig, Harrassowitz. 6 m. 5o.
Ce volume est dédié, en témoignage d'affection et d'estime, à
M. C. L. Smith, qui fut professeur de latin à la Harvard Universify
pendant 34 ans et que des raisons de santé ont obligé de prendre sa
retraite (1904).
Il renferme onze articles, dont voici les sujets :
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 175
M. H. Morgan, Notes sur Vitnive (p. r-14) : notes critiques sur
quelques passages, explications nouvelles de certains mots, remarques
tendant à fixer Tépoque où écrivait Vitruve, enfin lemploi qu'il fait
des mots fanum^ iempîum et aedes^ conforme à celui du siècle d'Auguste.
E. K. Rand, Catulle et les poètes de l'âge d'Auguste. Ces poètes,
notamment Virgile et Horace, n'étaient pas les ennemis de Catulle et
de l'école alexandrine, comme le soutenait L. MûUer en 1880.
M Warren, De cinq nouveaux manuscrits du Commentaire de
Térence par Donat (p. 31-42). Ce sont des mss. découverts par
l'auteur à Rome, un dans la bibl. Vaticane, trois dans la bibl. Corsini,
et un dans la bibl. Chigi. Les quatre premiers sont du xv« siècle; le
cinquième est le plus important : il est du xin« siècle.
C. H. Moore, De l'origine du taurobole (p. 43-48). Bien qu'en
Occident on ne trouve le taurobole dans le culte de la Magtta Mater
qu'au commencement du ii* siècle de notre ère, l'auteur pense que
ce genre de sacrifice a pris son origine dans le culte de Cybèle : il ne
fut accepté en Occident que lorsque ce culte eut pris une grande
extension.
H. W, Smyth^ Aspects du conservatisme grec (p. 49-74).
W. W. Goodwin, La bataille de Salami ne (avec cartes et figures,
p. 75-102).
y. W. Withe^ Un acteur inconnu jusqu'ici de la comédie grecque
(p. io3-i29). Dans beaucoup de comédies, le chœur est divisé en
deux groupes : au lieu d'un coryphée, il faut en admettre deux. Cette
question est étudiée dans Aristophane. L'article se termine par la
liste des passages qu'il faut attribuer à l'un et à Tautre coryphée dans
dix pièces du même poète.
y. H. Wright^ L'allégorie de la caverne dans Platon, République^
VII, p. 5 14-5 16. Quel est l'inventeur de cette allégorie célèbre?
C'est Platon lui-même. L'auteur recherche si aucune des cavernes
fameuses de la Grèce n'a pu en donner l'idée.
G. H. Chase, Une amphore du Musée de Boston (p. 143-I48). On
y voit deux Athènes portant un bouclier : sur l'un, on lit : TTieiwv koX/i;
sur l'autre : NCkti KaXy|.
C. P. Parker, Sacer inira nos spiritus sedet, maîorum honorumque nos-
trorum observator et custos. Interprétation de cette phrase de Sénèque,
Epist. 41 (p. 149-160).
A, A. Howard, Valerius Antias et Tite-Live. Examen des fragments
attribués h Valerius par Peter. Conclusion : Valerius est la source
d'une part ic considérable de l'œuvre de Tite-Live qui le suivit aveu-
glément au moins dans les premiers livres. J. P. W.
176 LB MUSÉE BELGE.
Langues et Littératures celtiques.
139- — V. H. Friedel et Kuno Meyer, La vision de T ondoie
(Tnudgal). Textes français, anglo-normand et irlandais. Paris,
Champion, 1907. xx-i55 pp. in-S©. 7 fr. 5o.
En 1882, M. A. Wagner a publié les textes latins et allemands de
la Vision de Tondait ; en iSgS, le même savant en a publié la version
anglaise ; MM. Friedel et Kuno Meyer se sont entendus pour
compléter cette série d'éditions en publiant ensemble en un seul
volume, le premier deux récits en prose française et un fragment
d'un poème anglo-normand, le second deux traductions irlandaises
de la même matière.
Le premier récit fut rédigé en latin en 1149, ainsi que rétablissent
définitivement les éditeurs, par un moine irlandais, originaire du
comté de Munster. Il latinise son nom en Marcus ; on ignore
complètement sa vie ; on ne sait même pas comment il s^appelait en
irlandais. Le seul point qu'il soit possible d'établir d'une manière à
peu près certaine, c'est qu'il écrivait à Ratisbonne.
Tondale, dont Marcus rapporte le mystérieux voyage au Pays des
âmes, était d'après le narrateur, né à Cashel (comté de Tipperary) et
son âme aurait quitté son corps pendant qu'il se trouvait chez un
ami dans la cité de Cork. M. Kuno Meyer établit que le nom irlandais
de Tondale a dû être Tnûtkgal.
Écrit dans le sud de l'Allemagne, ce conte se répandit vers l'occi-
dent, et ce n'est, chose curieuse, qu'en tout dernier lieu qu'il rentra
dans le pays d'où étaient partis ensemble et l'auteur, et le sujet.
Les deux versions françaises sont indépendantes l'une de l'autre.
La plus importante des deux est celle qu'a fournie le manuscrit de
Londres (Brit. Mus. add. 9771, xiv^ siècle) c'est la transcription
française d'un texte du N.-E. ; elle se tient très près de l'original
latin.
La seconde est conservée par un manuscrit de Paris (B. N. Ms.
frç. 763 [anc. 7181* ; Lancelot i3o, xiv« siècle]) ; elle présente un
tjrpe assez net de français du S.-E , mais omet fréquemment les
détails concernant l'Irlande et les Irlandais.
Le fragment anglo-normand est conservé dans un recueil de la
Bibliothèque de Trinity Collège de Dublin (n» 3x2, xiv« siècle) ; il
contient 364 vers et demi. C'est un travail assez banal de rimeur bien
au courant du métier. L'auteur a traduit directement du latin.
La traduction irlandaise de la légende fut faite par Maurice O'Mul-
conry qui appartenait à une famille bien connue du Connacht et qui
mourut en 1543. Lui aussi partit du texte latin.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 177
M. Kiino Meyer publie deux manuscrits qui nous ont conservé
cette traduction. Le premier est le H. 3. 1 8. de la Bibliothèque du
Collège de la Trinité à Dublin (xvii* siècle) ; le second est le Stowe
Ms. C. II. 2 (xvi« siècle). Quoique le premier soit plus récent que le
second, il présente des mots et des tournures de phrases plus
archaïques.
Le livre de MM. Friedel et Kuno Meyer est une excellente contri-
bution à l'étude des Visions du moyen âge. Victor Tourneur.
140. — TVh. Stokes, The Bitth and Life of S^ Moling. Paris, Cham-
pion, 1906. 56 pp. in-8«. 2 fr. 5o. (Extrait de la Revue celtique).
M. WTi. Stokes publie d'après un manuscrit de Dublin, le Liber
ûavus Fergussiorum (xiv«-xve siècle) de TAcadémie royale d'Irlande, et
d'après un manuscrit de Bruxelles transcrit en 1628 et 1629 par
O'Clery, une vie de S^ Molling. Quoique plus récent, le manuscrit
de Bruxelles présente quantité de leçons supérieures à celles du
premier.
La légende de la vie de S* Molling est intéressante par le pitto-
resque de certains épisodes, et par le jour qu'elle jette sur les
coutumes, les croyances et la moralité des Vieux -irlandais.
La traduction anglaise qui accompagne le texte, et le glossaire qui
réunit les mots rares et peu connus ont été exécutés avec le soin et la
compétence dont M. Wh. Stokes fait preuve dans tous ses travaux.
Victor Tourneur.
Langues et Littératures germaniques.
141- — P- Bourg, Systematiscke deutsche Grammatik auf Grundlage der
direkten Méthode fur Lehranstalten des mittleren Unterrichts, Liittich
H. Dessain, 1907. v-200 pp. 2 fr. 5o.
142- — P. Bourg, Uehungshuch zur deutschen Grammatik. Lùttich,
H. Dessain, 1907. im32 pp. i fr. 5o.
Jusqu'ici nous ne possédions pas, en Belgique, de grammaire
allemande, méthodique et complète, répondant parfaitement aux
besoins des élèves de nos athénées et collèges.
Ainsi que pour une foule d'autres manuels, concernant l'enseigne-
ment des langues modernes, il fallait toujours recourir à des ouvrages
étrangers, entachés d'un double défaut : ils traitaient à fond des
parties intéressant fort peu nos élèves, et ils négligeaient des
questions qui, pour eux. sont de la plus haute importance. Voilà
pourquoi j'ai parcouru avec plaisir la Systematiscke detttscJie Grammatik,
que vient de publier M. Bourg, professeur de langues modernes à
178 LE MUSÉE BELGE.
Tathénée royal d'Ath. Il y a condensé les fruits de son expérience
professorale et merveilleusement adapté la matière au programme
de nos classes et aux desiderata de nos jeunes gens.
Avec ce nouveau manuel, ils apprendront la grammaire allemande
d'une manière systématique, chose qu'on a fort négligée en ces
derniers temps, où l'enseignement occasionnel, poussé à l'excès,
a eu des conséquences déplorables.
Ainsi que l'auteur en exprime Tespoir dans sa préface, la méthode
qu'il préconise, obligera l'élève à trouver lui-même les règles, car
tout con système est pour ainsi dire basé sur les tableaux de Hôlzel,
expliqués aujourd'hui dans toutes les classes élémentaires. Ainsi la
leçon aura le double avantage de servir d'exercice de conversation
et de raviver le souvenir des matières vues antérieurement.
Vu l'usage pratique auquel doit servir le livre de M. Bourg, je ne
vois aucun inconvénient à ce que l'auteur ait changé la succession
ordinaire des parties du discours, et traité le genre des substantifs
ainsi que les prépositions dès le début. Seulement, je me permettrai
de faire quelques remarques à propos de la déclinaison des substan-
tifs et de la conjugaison des verbes forts.
Je n'approuve pas tout à fait la manière de diviser les 'substantifs,
adoptée par l'auteur. La déclinaison, ou mieux encore, le pluriel
des substantifs est certes la partie la plus aride et la plus ingrate de
la grammaire allemande. £n dépit des règles les plus simples et les
plus claires, il faut une pratique très longue de la langue, avant
qu'on se soit approprié et assimilé cette matière compliquée. Il importe
donc de suivre la méthode la plus élémentaire, tout en respectant
l'exposé traditionnel et scientifique des matières.
Au plan de M. Bourg, je substituerai le suivant. Me basant sur
le genre, je diviserai d'abord, comme lui, les substantifs en trois
classes primordiales. Quant au reste, je procéderai comme suit, en
donnant chaque fois des listes aussi complètes que possible ; en effet,
la grammaire doit fournir à l'élève la clef de toutes les difficultés qui
peuvent se présenter.
1. — SUBSTANTIFS MASCULINS.
Substantifs faibles.
Règle : n ou en k tous les cas du singulier ou du pluriel à partir du génitif sing.
Sont faibles : 1. Tous les noms masculins en e ; Affe, Bube, Lôwe.
2. Tous les noms autrefois terminés en e : Ahn, Bâr, etc.
3. Les noms étrangers avec l'accent sur la dernière syllabe : Advokat, Student.
4. Les noms de peuples en ar et er dont IV final se trouve déjà dans le nom du
pays : Baier, Ungar.
N. B. 1. Kase est fort au singulier et invariable au pluriel.
2. Quelques substmtifs en e prennent en au génitif singulier ; Balke, etc.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 179
Substantifs forts.
Tous les autres substantifs masculins sont forts et se déclinent de la manière
suivante ;
a) Au singulier ils prennent :
1. Au génitif e^ ou s.
3. Au datif e ou rien.
3. A l'accusatif rien.
N. B. 1. Prennent toujours s au génitif et n'ont rien au datif les substantifs enW,
en, er et les noms étrangers tn or.
2. Prennent généralement es au génitif et e au datif les substantifs en b, p, f; —
g, k. ch : — d, t, th ; — s, sch, ss, z.
3. Les autres prennent es ou s au génitif, e ou rien au datif suivant Teuphonie.
b) Au pluriel ils prennent e et TUmlaut : dcr Kopf, die Kôpfe.
Exceptions à la règle de la formation du pluriel des substantifs forts.
I. Prennent e sans Umiaut : Aal, Accord, Achat, Amboss, etc.
3. Les substantifs en e/, en^ er sont invariables : der Malcr, die Maler.
a) Les suivants prennent TUmlaut : Apfel, Acker, Boden, etc.
b) Lts suivants prennent n : Bauer, Gevatter, etc.
c) Le substantif Charakter fait au pluriel Charaktére.
3. Prennent er avec l'Umlaui, si possible :
a) Ceux en tum : der Irrtum, die Irrtûmer; der Reichtum, die Reichtûmer.
b) Les suivants : BOsewicht, Dorn, Geist, Gott, Leib, etc.
4. Prennent en et appartiennent à la dite déclinaison mixte :
a) Les suivants : Akt, Bolz, Lorbeer, etc.
b) Les noms en or excepté Major : die Professoren; die Majore.
c) Quelques noms étrangers tels Augur, Faun, etc.
5. Le mot Mann fait au pluriel Manner. Dans les noms composés il fait au
pluriel : — leute, — manner (à expliquer).
II. — SUBSTANTIFS FÉMININS.
Tous les substantifs féminins sont invariables au singulier : die Frau, der Frau
dcr Frau, die Frau.
Au pluriel, on distingue deux groupes : les forts et les faibles.
Sont forts : 1. Ceux en sal et nis qui font — sale et — nisse.
3. Les M Umlautenden », la plupart monosyllabiques, ont e : Axt, etc.
3. Mutter et Tochter font au pluriel Mûtter et TOchter.
Sont faibles • tous les autres substantits fémmins; ils prennent au plurieljra ou en',
(donc tous leh monosyllabiques sans Umla-^t et tous les polysyllabiques à part
Mutter, Tochter et ceux en sal et ni&).
N. B. 1. Prennent n ceux en el et er ; Feder, Federn.
3. Ceux en in font — tnnen : Bâuerin, Bauerinnen.
III. — SUBSTANTIFS NEUTRES.
Au singulier^ les substantifs neutres se déclinent tout à fait comme les substantifs
masculins forts. Seulement Herz fait au génitif H erzens et au datif Herfe;t.
Au pluriel, on trouve les terminaisons suivantes :
1. Prennent e :
a) Les suivants, tous monsyllabiques sans Umlaul : Beet, etc.
b) Ceux composés des piérixcs ge, wn, «r, er ; Gesetz.
c) Les dérivés en sal et nis laisant — sale, — nisse.
d) Les mots étrangers en em, e/, ment, ter om, or : Dekret.
iBo LE MUSÉE BELGE.
2. Pr-ennent er avec Umlaut, si possible :
a) Tous les monosyllabiques excepté ceux cités en i. a. Blatt, BlAtter.
h) Les dérivés en ium ; Bistum, Bistûmer.
c) Les polysyllabiques suivants : Gastmahl, Gemahl, etc.
3. Prennent en :
à) Les suivants : a) Bett, Hemd, Herz, Leid, Ohr.
p) Auge, Ende, Fossil, Insekt, Interesse, Mobel, Pistol, Statut.
h) Les substantifs en — al et —«m font — ^alien et — en Minerai, Mineralien;
Muséum, Museen.
c) Les mots Dogma, Drama et Prisma font Dogmen, Dramen et Prismen.
4. Restent invariables sans Umlaut :
a) Les substantifs en e/, e/i, er, chen et lein.
h) Les dérivés en e avec le préBxe ge = GebAude
5. Les deux substantifs Chor et Kloster font ChOre et KlOster.
Aux numéros, où je ne donne qu'un ou plusieurs exemples suivis
de etc., il faut chaque fois mettre la liste complète de tous les sub-
stantifs suivant cette règle. Si l'on ajoute à cet exposé les substantifs
à double forme plurale ainsi que ceux qui prennent 5, on aura un
ensemble complet de la déclinaison des noms allemands, auquel on
pourra avoir recours en toute confiance.
Aux pages i36 et 187 de sa grammaire, l'auteur aurait pu réunir
la 6e et la 7* classe de verbes forts en une seule, en ajoutant cette
remarque très pratique au point de vue des élèves, que les verbes
forts en i + liquide + cons. ont toujours a à l'imparfait, tandis qu'au
participe passé ils ont u quand les deux consonnes suivantes sont
diflférentes, et 0 quand ces consonnes sont identiques.
A la suite de cette série de classes de verbes forts, j'aurais voulu
trouver une liste alphabétique des verbes forts, ce qui aurait rendu
la recherche des temps primitifs oubliés beaucoup plus facile et plus
expéditive.
A sa grammaire, M. Bourg a ajouté un livre d exercices, aussi
remarquables au point de vue du fond que de la forme ; outre l'appli-
cation des règles grammaticales, ils enrichiront l'esprit des élèves
d'une foule de notions morales, historiques et géographiques.
Quoique le thème ne soit plus de mode, j'aurais cependant désiré
voir, dans ce livre d'exercices, une série de passages flamands ot
français à traduire en allemand. Il ne faut pas toujours appliquer les
principes avec la plus extrême rigueur ; et, dans l'enseignement direct
des langues vivantes, on ne doit pas être radical à l'excès, et, ici,
comme partout, il faut parfois se rallier au parti du juste milieu.
A part ces quelques observations, je ne puis que féliciter M. Bourg
des deux excellents manuels qu'il vient de faire paraître. De cette
façon, nous avons enfin, pour la langue allemande, des ouvrages
nationaux, répondant parfaitement aux besoins de nos établissements
. d'instruction moyenne.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l8l
Espérons que, parmi nos professeurs de langues modernes, d'autres
suivront l'exemple de M. Bourg ainsi que de MM. Duqué, Rivière,
Burvenich et Melon, pour que, dans un avenir prochain, nous ayons
des grammaires, des anthologies et des éditions d'auteurs classiques
allemands, anglais et néerlandais publiées en Belgique.
A. Bertrang
143. — GuidO Gezelle, Verzen, 2« dmk. Antwerpen, De Neder-
landsche Boekhandel, 1907. 3 vol. in-4, 65o p. 5 fr. 5o.
La librairie néerlandaise d'Anvers vient de publier la seconde
édition de l'Anthologie de G. Gezelle. Nous saluons avec joie son
apparition : l'ouvrage est digne du poète dont il nous donne les admi-
rables chefs-d'œuvre et de la maison qui le publie.
Le choix est très riche et bien fait : nous n'avons remarqué aucun
oubli. Une introduction, due à la plume très littéraire du professeur
G. Verriest, nous donne la bibliographie du prêtre-poète. Les mots
dialectaux, que Gezelle aimait à semer dans ses poèmes, sont
recueillis et expliqués à la fin de louvrage, dans un Index alpha-
bétique qui nous dispense de recourir aux gros DiaUctica et facilite
considérablement la lecture du poète-linguiste.
Au point de vue matériel, ce sont des volumes splendides : format,
papier, caractère et portrait sont irréprochables. On ne saurait faire
mieux. Puisse cette seconde édition s'écouler aussi rapidement que
la première et contribuer à faire connaître et aimer davantage le plus
grand et le plus sincère de nos poètes flamands modernes.
Jean Gessler.
144. — E. Sulger-GrebiDg, Goethe und Dante. Berlin, A. Duncker,
1907. 122 pp. 3 m.; par souscr. 2 m. 5o. (Forsch. zur neueren
Literaturgesch von Dr F. Muncker. XXXII).
II y a longtemps que M. Sulger-Gebing, professeur à l'école
polytechnique de Munich, s'occupe de l'influence exercée par Dante
sur la littérature allemande. En 1895, il publiait une étude sur
Dante et K littérature allemande du xviii* siècle (Zeitschr./, vergl,
Litgesch,, N. F. Bd. IX- Xj. Dans les Germanistische Forschungen, que
les élèves et les amis de M. Hermann Paul offrirent à ce savant en
1902, figurait un article de M. Sulger-Gebing sur A. W. Schlegel et
Dante. Dans le dernier fascicule des Forschungen de M. F. Muncker,
il étudie l'influence exercée par Dante sur Goethe, par le plus grand
poète du moyen âge sur le plus grand poète de l'Allemagne. Dans
une première partie, il réunit 52 passages des œuvres de Goethe où
celui-ci parle de Dante et de sa poésie et il en dégage les conclu-
sions ; dans la seconde, il cherche dans les poésies mêmes de Goethe
l82 LE MUSÉE BELGE.
Tinfluence de Dante, les empnints, les imitations dantesques. Il
conclut que Goethe admirait Dante et voyait en lui un génie extra-
ordinaire; mais ce génie, surtout les conceptions terribles de ce
génie, ne lui étaient pas sympathiques. Goethe ne sut pas comprendre
entièrement Dante. Pourtant il lui fit des emprunts considérables,
surtout à la fin de son Faust. Il disait : « Toute la nature appartient
au poète ; or, toute création du génie fait partie de la nature et les
poètes qui suivent ont le droit d'y puiser. » ]• F.
Histoire et Géographie.
145. -- G. Hanotaux, Histoire de la France conUfnporaine (187 1- 1900).
T. III, la Présidence du Maréchal de Mac Mahon : la constitution de
18 j5. Paris, Société d*Education contemporaine, 1906 : 73i p.
in-8, 7 fr. 5o.
M. Hanotaux poursuit avec une activité qui ne se ralentit pas
l'œuvre importante qu'il a entreprise. Voici que paraît le troisième
volume de sa monumentale histoire de la troisième République. Monu-
mentale n'a rien d'excessif, si on songe que le tome III, grâce à ses
développements considérables, n'embrasse qu'une durée d'environ
deux années, 1875-1877.
Deux événements dominent cette période : le vote de la constitu-
tion républicaine et la première application du nouveau régime sous
les ministères Dufaure et J. Simon, jusqu'à la journée historique du
16 mai. Je me demande si les proportions que prend l'ouvrage ne
déroutent pas un peu l'auteur et ne dépassent pas les limites du
cadre qu'il avait tout d'abord entrevu Ce n'est pas une critique que
j'émets, c'est une impression qui m'est dictée par la crainte que
M. Hanotaux n'ait quelque peine à mener son œuvre à bonne fin.
N'était ce souci, je ne songerais pas à en taire la remarque, tant il y
a d'art dans ce livre, de mouvement et d'intérêt dans le récit. Je ne
répéterai pas les éloges que j'ai eu l'occasion de formuler ici même
à propos des volumes précédents (voir Bulletin, i5 juin 1904 et
i5 février 1906). Cette fois encore, j'ai subi le charme dune langue
admirable et d une mise en scène remarquable. C'est l'histoire écrite
à la façon d'un drame, avec une intensité de vie prodigieuse et un
intérêt empoignant. Les personnages revivent sous nos yeux, nous
les voyons avec la fougue ou la placidité de leur tempérament, la
distinction ou Tétrangeté de leur allure, le tour particulier de leur
éloquence; nous les entendons marteler leurs imprécations, manifes-
ter leurs craintes ou affirmer leurs espérances ; bref, nous avons avec
le spectacle des partis et de leurs aspirations contradictoires, la
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l83
phot(^praphie des hommes qui, pendant deux ans, ont joué un rôle à
visage découvert sous le feu des discussions publiques ou bien qui se
soQt agités sourdement dans Tombre des coulisses extra-parlemen-
taires. £t quels hommes ! quelle diversité de talents parmi ces per-
sonnalités qui ont nom BufFet, de Broglie, d'Audiffret-Pasquier,
Chesnelong, d une part ; Wallon, Laboulaye, Challemel-Lacour,
Dufaure, J. Simon, Gambetta« d'autre parti Quels événements,
quelles tragédies plutôt que les délibérations douloureuses et le vote
résigné de la constitution républicaine par une majorité qui y est
hostile, puis les premiers essais du nouveau régime, victorieux à la
Chambre, mais en butte à l'opposition déclarée ou latente de la
Présidence et du Sénat.
Si M. Hanotaux s'était borné à faire de l'histoire purement objec-
tive avec le don d'évocation qui lui est propre, il aurait déjà droit à
nos éloges ; pourtant il faut admirer encore la solidité de sa méthode
et la vigueur de son talent. Avec quelle subtilité il dégage le principe
fondamental de la constitution de 1875, consacrant moins au fond la
forme républicaine que la magistrature suprême du Président. Sui-
vant pas à pas les grands débats parlementaires, il s'engage sur tous
les terrains et il n'en est aucun où il ne se meuve à Taise : il fait du
droit constitutionnel, puis du droit administratif, il expose les pro-
blèmes d'enseignement, puis les questions religieuses, ramenant
toujours les opinions qui se heurtent et les principes qui se combattent
à l'antagonisme de l'idée républicaine et de la thèse monarchique.
Au fond, c'était là Terreur de la constitution : « Elle avait prétendu
conciUer la République et la Monarchie. Le 16 mai, c'est la crise
fatale d'interprétation de la constitution de 1875 ». « L'histoire est
logique, elle arrive tard et lentement comme la jxistice, mais elle
marche droit et elle arrive. » Cette conclusion est bien celle qui
découle du livre de M. Hanotaux. L'auteur a pris soin de la for-
muler, il a fait plus et mieux : il Ta imposée au lecteur par la savante
ordonnance de son récit, l'unité puissante de sa pensée, l'enchaîne-
ment rigoureux de ses déductions. A. Dutron.
146. — Giuseppe La Mantia, Le Pandette delU Gabelle régie antiche
t nuove di Sicilia nel secolo XIV ^ raccolte e pubblicate. Palerme,
1906. LiiMiS p. in-8 et une phototypie.
L'auteur de ce travail, M. G. La Mantia, archiviste de l'État à
Palerme, a bien mérité de l'histoire de la Sicile par plusieurs publica-
tions sur l'histoire médiévale de cette région, par exemple par des
éditions d'anciennes coutumes locales, par des études de diploma-
tique sur la chancellerie du royaume de Sicile, des Normands à
184 LE MUSÉE BELGE.
Frédéric III d*Aragon (ii3o-i377), sur les actes des rois argonais
(1202- 1355), etc.
Les documents qu'il publie dans le volume dont nous nous
occupons sont des plus importants pour l'histoire des institutions et
l'histoire économique du royaume de Sicile au moyen âge. Ce sont
les pandectes, les codifications des anciennes gabelles du xiv« siècle.
Par le terme de « gabelle antiche » on entendait au xiv« siècle, les
gabelles qui dataient de Tépoque normande et qui furent en partie
modifiées et augmentées par Frédéric III de Souabe. et maintenues
par les Angevins. Par « gabelle nuove » on désignait les gabelles
établies depuis le commencement du règne de Frédéric II d'Aragon
pour les besoins de la guerre, et qui furent définies en iSiy et i3i8
par des édits spéciaux.
Dans une longue introduction (pp. iii-liii), M. La Mantia nous
indique d'abord les manuscrits qui contiennent ces précieux docu-
ments, puis s'attache à établir la date de chaque Pandecte de
gabelles, pour autant que les caractères diplomatiques externes et
des allusions à des institutions contemporaines permettent de le faire.
Il traite les questions discutées qui se placent à propos de leur origine
et relève pour chacune d'elles l'importance respective, surtout au
point de vue de l'histoire économique.
La Pandecte des gabelles de Messine semble compilée entre i3o5
et i3i2; celles de Trapani, Girgente et Terronova remontent à une
époque antérieure à i3i2; celle de Palerme date du 24 juin i3i2;
celle d'Alcamo — en langue vulgaire — pourrait remonter à 1367.
Pour la ville de Syracuse on ne possède que le texte des chapitres
relatifs à la gabelle de la teinturerie, en langue vulgaire ; cette gabelle
remonte à Frédéric III (i375). Voilà pour les gabelles, appelées
ff anciennes ».
Les documents, représentant des gabelles « nouvelles » com-
prennent la pandecte de Palerme, d'avant i328, celle de Messine,
pas beaucoup postérieure aux édits des rois agonais de i3i7 et i3i8,
celle d'Alcamo (i367), les chapitres réglant la gabelle du vin à Len-
tini (1400). les gabelles de Corleone (i336).
Ces gabelles « nouvelles » remontent, quant à leur origine juri-
dique, à la fin du xii^ siècle, lorsque, par suite des guerres conti-
nuelles contre les Angevins qui tâchaient de reconquérir la Sicile,
les rois aragonais se virent forcés d'imposer de nouvelles taxes.
Cette introduction historique, diplomatique et juridique est faite
avec beaucoup de soin et révèle chez l'auteur une connaissance
approfondie de la littérature du sujet, érudition qui représente la
somme de travail de multiples années. Les notes, qui illustrent les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l85
pages de Tintroduction, renvoient à de nombreux ouvrages imprimés
et à des sources inédites, avec une méthode qui montre que l'auteur
a concentré toutes ses recherches autour des intéressants documents
qu'il publie.
Le texte des gabelles est édité de suite après Tintroduction (pp. i-
102). En note, l'éditeur indique d'abord les divers manuscrits qui lui
ont servi pour rétablir le texte, puis donne les variantes. L'édition
est faite avec beaucoup de soin. Un seul point est à critiquer. Pour
les variantes, M. La Mantia les fait précéder de numéros. Or ces
numéros ne renvoient pas au mot dont la note indique une variante,
mais bien aux lignes qui comprennent ce mot illustré par la note. Ce
procédé, assez singulier, rend le remaniement de cette annotation
quelque peu difficile.
Après le texte des pandectes des gabelles, M. La Mantia s'est
donné la peine d'ajouter celui des chapitres de location des gabelles
de Païenne, approuvés par Frédéric II en i328 (pp. 74-83), et les
mêmes chapitres de YOfficio del Secreto de Sicile, approuvés par ce
même roi aragonais en iSio (pp. io3-iii).
Avant l'édition des textes, l'auteur a inséré une reproduction paléo-
graphique du manuscrit des gabelles de i3i2. C'est une assez belle
écriture du xiv« siècle.
M. G. La Mantia a droit à la reconnaissance de tous les histoiiens,
parce qu'il a mis au jour des documents d'une haute importance pour
l'histoire des institutions et Ihistoire économique.^ On ne saurait se
figurer tous les renseignements précieux que contiennent les textes
qu'il a publiés. £t ajoutons que son édition est faite avec un soin,
dont les travaux de ce genre ne peuvent pas toujours se vanter en
Italie. L. Van der Essen.
147. — J. Halkin, U Enseignement de la Géographie à r Université
de Liège (Travaux du Séminaire de Géographie, fascicule VI).
Liège, Cormaux, 1907. 39 pp. in-8<*.
148. - J. Pèvre et H. Hauser, Leçons^[de Géographie, i'* année.
Paris, Alcan, 1907. 744 pp. in- 12. 4 fr.
Peut-être cette petite brochure et ce gros volume seront- ils une
révélation pour beaucoup de lecteurs. On ne se doute généralement
pas de la transformation qui s'opère, depuis quelques années, dans
l'enseignement de la géographie et, pour peu qu'on s'informe, on
reste tout surpris du chemin déjà parcouru.
M. Halkin met les choses au point pour ce qui concerne l'ensei-
gnement supérieur. Son travail se divise en deux parties : d'une part,
un aperçu historique de l'enseignement géographique à l'Université
i
l86 LE MUSÉE BELGE.
de Liège depuis 1890; d'autre part, les progrès accomplis postérieure-
ment à la création d un doctorat spécial. De l'enquête rétrospective
à laquelle le distingué professeur s'est livré, il résulte que jusqu'en
1890, l'enseignement de la géographie existait à peine : quelques
cours disparates et mutilés, sans lien comme sans sanction, formant
un amalgame assez incohérent et incomplet. Est venue ensuite la loi
de 1890 1891. Elle a posé les bases d'un enseignement rationnel et
scientifique, elle a institué, sur un plan largement conçu, toute une
série de cours nouveaux ne laissant de côté aucun des aspects si
étonnamment variés de la science géographique.
Nous renvoyons pour le détail à l'analyse de M. Halkin, toutefois
nous ajouterons qu'il ne nous donne pas que le squelette d'un
enseignement complet de la géographie, mais qu'il en détermine
soigneusement l'orientation et les tendances et qu'il en dégage avec
netteté les principes essentiels. Suivant ses expressions cet enseigne-
ment doit être à la fois scientifique et humain. L'étude de la géographie
trouve son point d'appui dans les sciences naturelles, physiques et
mathématiques ; le fait géographique par lui-même n'est rien si nous
ignorons sa raison d'être. Un enseignement rationnel doit montrer,
à chaque pas, l'interdépendance qui existe entre la constitution
géologique du sol, son allure extérieure, ses conditions climatiques
et ses diverses productions ; il doit envisager surtout les phénomènes,
quels qu'ils soient, dans leurs rapports avec Thomme. En effet, dans
la conception actuelle, l'homme est le pivot, le centre de tout l'en-
seignement géographique, de Vanthropogéographie^ comme on dit
aujourd'hui. Telle est la voie ouverte par les travaux des Allemands
Ritter et Ratzel, mais que de temps il a fallu pour que ces réno\'a-
teurs fissent école en France d'abord, en Belgique ensuite. Pour peu
que M. Halkin et ses savants collègues du Séminaire géographique
annexé à l'Université de Liège forment des disciples, pour peu que
ces néophytes aient l'occasion de vulgariser les leçons de leurs maîtres,
nul doute que dans l'enseignement moyen, puis dans l'enseignement
primaire, la géographie, mieux exposée et mieux apprise, ne produise
les meilleurs fruits, tout en développant le goût de l'expansion et en
suscitant d'audacieuses et fécondes vocations.
En France, la semence a déjà germé. L'enseignement même infé-
rieur est en train de se renouveler sous la poussée de l'enseignement
supérieur. Nous n'en voulons pour preuve que le livre de* MM. Fèvre
et Hauser. S'adressant aux Écoles normales primaires, il est, sous
une forme plus accessible et moins savante, l'adaptation à un degré
inférieur du haut enseignement dont M. Halkin a décrit le cadre
et ébauché le programme. Les tendances sont identiques. La
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 187
géographie est transportée des livres, des cartes et des atlas sur le
terrain, elle est liée étroitement à l'observation personnelle et directe
et aux excursions géographiques. Les auteurs auraient pu mettre en
épigraphe la devise qui résume la méthode suivie à Liège : « un
minimum d'enseignement théorique et un maximum de tr^^vail
pratique *. Ils sont bien de la même école et, à défaut d'ouvrages
nationaux, leur manuel est pour nous une bonne fortune. La première
partie, la seule qui ait paru à ce jour, contient outre un aperçu de la
géographie générale, la géographie particulière de l'Amérique, de
rOcéanie. de l'Asie et de l'Afrique. Il ne manque pas en France
dautres ouvrages presque aussi récents et rédigés dans le même
esprit Mais ils s'adressent aux élèves des lycées, tandis que celui-ci,
écrit pour de futurs maîtres de la jeunesse, a une allure pédagogique
— nous ne disons pas pédante — qui se recommande spécialement
aux gens d'enseignement. Indépendamment de la façon nouvelle dont
l'étude de la géographie est conçue et exposée, chaque leçon, accom-
pagnée de cartes et croquis qui sont plus une « interprétation »
qu'une « illustiation » du texte, est suivie de références bibliogra-
phiques, de l'indication d'exercices et de devoirs, d'extraits choisis
avec autant de discernement que de variété et, brochant sur le tout,
d'utiles directions méthodologiques. En attendant que se réalise le
vœu de M. Halkin de voir les chaires de géographie occupées par
des spécialistes, les titulaires actuels qui n'ont pas reçu une prépara-
tion immédiate, trouveront dans ce livre un moyen prompt et facile
de suppléer partiellement tout au moins à TinsufHsance de leur
formation. Nous ne croyons pas pouvoir décerner aux deux collabo-
rateurs de plus bel et de plus juste éloge. A. Dutron.
149. — Gbarles Moeller, Histoire du moym âge depuis la chute de
r empire romain jusqu'à la fin de V époque franque (4y6-ç5o après J. C.)
Dernière partie. Les Carolingiens. Louvain, Ch. Peeters; Paris,
A. Fontemoing, 1898- igoS. In-8, 83oxiii pp. i5 frs
En 1899, nous avons présenté ici même (t. III, pp. 162-166) la
première partie, du grand ouvrage du savant et sympathique profes-
seur de Louvain M. Ch. Moeller. L'œuvre est achevée depuis quelque
temps déjà et l'ensemble des parties forme aujourd'hui un volume
unique. La section qui n'a pas encore été renseignée ici (pp. 262830),
comprend les chapitres VI-XII de ce travail aussi remarquable par
la lucidité de l'exposition, que par la richesse, la solidité, l'ordre et
Tenchaînement des informations sur l'histoire générale des événe-
ments, sur le développement des institutions de l'Europe et sur les
relations de l'Occident avec l'Orient depuis le début du vu» siècle
jusqu'à la fin du x«.
l88 LE MUSÉE BELGE.
A côté de quelques légères observations analogues à celles que
nous avons formulées jadis, nous ne pouvons que répéter et accen-
tuer le vif éloge que nous avons fait alors de cet important manuel,
où se trouvent accumulés et classés les trésors d'érudition et de science
recueillis depuis trois quarts de siècle par l'illustre Jean Moeller et
par son digne continuateur et savant fils, M.Ch. Moeller. (i) A. C.
( 1 ) Voici comment ce manuel est apprécié dans le Rapport du Jury chargé de
juger le dernier concours quinquennal d'histoire (Moniteur du 20 janvier 1907) :
« L'ouvrage de M. Moeller est un manuel d'enseignement supérieur exposant
l'histoire du haut moyen flge. Elle est, on le sait, extrêmement complexe : à vouloir
raconter tous les faits qui, du v« aa x« siècle, ont composé la trame de l'histoire, en
Occident et en Orient, on court le risque de se perdre dans les détails, de ne pas faire
comprendre aux lecteurs l'enchaînement, la continuité des événements. Grâce à un
plan judicieux, à une méthode précise, M. Moeller échappe à ce danger; il a su
grouper les faits, les situer, les classer d'après leur imponance et faire autant de
sjmihèse que d'analyse.
Après avoir, à larges traits, déterminé les origines du monde moderne, après
avoir décrit les migrations des Barbares et la chute de TEmpire d'Occident, il passe
en revue les dominations germaniques, l'empire d'Orient au vi« siècle, et il insiste
sur l'entrée des nations du Nord dans l'Eglise chrétienne. L'étude de l'Islamisme et
des conquêtes arabes l'amène à exposer l'histoire des premiers Carolingiens,
celle de Charlemagne et celle de ses successeurs dans tous les Etats issus du
partage de Verdun. Un dernier chapitre réunit les faits relatifs à l'histoire des
Anglo-Saxons et des peuples Scandinaves, des Slaves et des Hongrois, de l'empire
byzantin et des Etats arabes au ix* et au x« siècle.
M. Moeller a cru devoir conserver à son œuvre le cadre établi par son père, le
professeur Jean Moeller, dans son Manuel d'histoire du moyen âge publié en i838.
S'il est permis de penser que ce cadre eût pu, dans certaines de ses parties, être
avantageusement modifié, du moins, hâtons-nous de le dire, l'ouvrage de M. Ch.
Moeller n'est pas une réédition nouvelle. A ceux d'ailleurs qui pourraient regretter
l'absence de considérations un peu détaillées sur les institutions et les faits écono
miques, il convient de faire remarquer que l'auteur s'est proposé d'atteindre un but
nettement délimité. En donnant à son œuvre le titre d'histoire politique générale il
l'a conçue comme une description de la formation des Etats; et il a réservé à son
enseignement oral l'étude des institutions juridiques et économiques.
Au mérite qu'il doit à la vaste érudition et à la solide critique de son auteur, le
livre de M. Moeller en joint un autre — exceptionnel, si on le compare aux autres
manuels en usage. Il ne se borne pas à des indications bibliographiques générales,
au début du volume, à des bibliographies spéciales en tête de chapitre; il justifie,
par des références perpétuelles aux sources citées ou reproduites en note, les faits
exposés dans le récit. Par là il rendra de sérieux services, non seulement, comme
l'écrit I auteur, aux étudiants en histoire, mais encore à tous ceux qui veulent, de
prcmièie main, étudier un sujet déterminé.
Le rapport qui vous a été présenté en 1901 par le jury des sciences historiques
faisait déjà ressortir la valeur de l'œuvre, alors en cours de publication, de
M. Moeller. Nous souscrivons au jugement favorable que nos prédécesseurs
poriaiei.t sur ce livre. Il tiendra une place importante dai^s le labeur du savant
professeur de l'Université de Louvain. »
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 189
Varia.
i5o. — J. Verest, S. J., Vers la suppression de la liberté d'enseigne-
memt Bruxelles, A. Dewit, 1907. 56 pp.
Cette brochure de 56 pages est due à un homme dont toute la
carrière a été consacrée à renseignement moyen. Il a rendu à celui-ci
de très grands services par son enseignement, par ses livres; en
écrivant cette brochure, il lui en aura rendu un immense, si ceux
dcmt elle défend les droits essentiels veulent s'en inspirer et entrer
résolument en action. Ceux-là sont tous ceux, parmi les Belges, qui
aiment la liberté, la veulent pour tous et détestent la contrainte d où
qu'elle vienne. Il semble que depuis quelques années on veuille, dans
les sphères administratives, en matière d'enseignement, comme en
beaucoup d'autres, habituer le pays à la contrainte, et malheureuse-
ment, celui-ci parait accepter avec indifférence ou résignation cette
ingérence autocratique contraire à toutes nos traditions nationales.
C'est contre cet esprit que s'insurge lauteur de cette courageuse et
solide brochure. S'insurger est peut-être trop fort : la protestation
est ferme, les coups sont droits et vigoureux, mais il est impossible de
ne pas rendre justice au sentiment de loyauté, de respect et de
sympathie vraie pour ses adversaires qui ne cesse d'animer le
P. Verest dans les discussions les plus vives. C est à mon sens un
modèle de polémique unissant à ime dialectique serrée le respect le
plus sincère des personnes.
La brochure se divise en deux grandes parties.
L'auteur, qui a étudié à fond les documents, établit textes en main,,
quel est l'esprit et la lettre de la constitution et des lois sur l'ensei-
gnement qui se sont succédées depuis i83o, en particulier de la loi
de 1890 qui nous régit. L'exposé me paraît absolument décisif : toute
contrainte en matière d'enseignement est anticonstitutionnelle et
illégale. L auteur, qui s'est borné à citer les documents, en les reliant
historiquement et en soulignant les textes importants, en résume les
ccmclusions avec une parfaite netteté dans les pp. 27 et 28.
La 2^ partie de la brochure est polémique. Le P. Verest montre
que peu à peu on est entré dans la voie de la contrainte et de la main
mise de l'État sur la liberté d'enseignement. Je cite p. 3o. aTrois étapes
ont été franchies jusqu'ici. Elles sont marquées : i^ par la tendance
à empiéter que manifeste le jury d'homologation ; 2° par le dépôt du
projet de loi Coremans; 3" par les agissements de certains hauts
fonctionnaires qui se sont arrogé la mission de réformer les hvuna-
nités. » Il ne peut être question de suivre ici le vigoureux et clair
dialecticien qu'est le P. Verest dans son exposé et sa discussion. La
i
igO LE MUSÉE BELGE.
simple indication des titres suffira, croyons-nous, pour en montrer
le haut intérêt et pour recommander la brochure à la lecture des
professeurs de l'enseignement et de tous ceux qui ont le souci de la
liberté. Je tiens cependant à rendre hommage à l'auteur pour son
courage. Il y a là dans cette brochure des vérités qu'il fallait dire,
des abus de. pouvoir qu'il fallait dénoncer au pays. Beaucoup, tout
le monde peut-être les connaissaient. Le P. Verest est à ma connais-
sance le seul qui les ait dites et dénoncées sans ambages, avec une
franchise que j'appellerai chevaleresque. Qu'il soit sûr qu'il a produit
un véritable soulagement. Je ne sais à quelle page, l'auteur — et Ton
sent que ce n'est pas une vaine rhétorique — dit la peine qu'il
éprouve à la pensée que sa brochure va lai susciter des inimitiés
Qu'il me permette d'abord d'en douter. Ceux qu'il atteint pourront
difficilement refuser leur estime à ITiomme droit et sincère qui, en
combattant leurs idées, a respecté leur personne et leurs intentions.
Et puis, il n'y a pas en Belgique que des ennemis de la liberté et
des humanités gréco-latines. Grâce à Dieu, l'une et l'autre ont
encore des amis qui ne le cèdent aux advei*saires ni en nombre ni en
conviction. Leurs sympathies seront pour le P. Verest une compen-
sation. E. Rbmy.
i5i. — Paul Bourget et Michel Salomon, Bonald. Paris,
Bloud, 1905. 3 fr. 5o.
Ce livre fait partie de la collection intitulée La Pensée chféHenm^
destinée, dans l'esprit de ses fondateurs, à promouvoir l'étude positive
du Christianisme, non par le moyen de travaux apologétiques, mais
en nous présentant des extraits abondants et caractéristiques directe-
ment empruntés aux penseurs chrétiens. Cette collection, qui se
divise en quatre groupes (biblique, patristique, scolastique et
moderne) compte déjà une vingtaine de volumes, dont le premier est
précisément celui que je viens de mentionner.
Ce volume s'ouvre par une introduction de M. Paul Bourget,
attirant l'attention du lecteur sur le côté positif, réaliste et synthétique
des idées politiques de l'auteur, par opposition aux tendances rationa-
listes, idéalistes, individualistes des partisans de la Révolution. Les
fragments qui suivent et constituent le corps même de l'ouvrage
contiennent surtout des applications du traditionalisme bonaldien
à la sociologie. Chaque chapitre est précédé d'un « argument », dans
lequel on rétablit le lien entre les morceaux cités et les replace dans
l'ensemble du système. Nous n'avons pas à apprécier ce système ici,
les auteurs du recueil se défendant de faire rien de semblable et
prétendant rester dans les bornes de « l'objectivité ». Signalons au
PARTIE BIBLIOGKAPHIOUE. I9I
moins, pour les lecteurs habituels du Musée belge, une note très
intéressante de M. Tabbé Rousselot, du Collège de France, lequel
arrive par la voie de ses recherches de laboratoire sur Torigine et la
formation des langues aux mêmes conclusions que le métaphysicien
gentilhomme (p. 71).
Voici quelques unes de ces conclusions : « i" Il n'existe pas dans
le cerveau humain de centre du langage. 2® Il n y a pas dans Thomme
d'organe propre du langage. 3® Au point de vue phonétique Thomme
ne crée actuellement aucun son articulé nouveau 40 Non seulement
l'homme n'invente rien, mais il ne peut même pas conserver le
langage tel qu'il lui a été transmis. C'est donc en une déformation
continuelle que consiste précisément l'évolution du langage (i).
5« Aussi loin qu'on peut remonter dans l'étude des langues, on les
trouve parfaites. 70 La création humaine du langage, en admettant
qu'elle fût possible, exigerait une antiquité de Thomme que la
géologie semble nous refuser. Quel temps ne devons-nous pas
accorder à la constitution de nos systèmes linguistiques si Ton songe
qu'en certains points le français actuel est plus archaïque que le grec
d'Homère ? »
Certaines de ces thèses, après explication, deviennent moins para-
doxales qu'elles ne le semblaient d'abord. Je me permets de sou-
mettre les autres aux jugements des philologues et des linguistes.
A. Grafé.
i52. — Abbé A. Grégoire, Moyens faciles de former à la diction.
Accents — nuances — actiofi. Tournai, H. Casterman, 1906.
M. Brunetière disait un jour de Legouvé : « Il travaillait à répandre
lArt de la lecture ou de la récitation, qu'il tenait pour un grand
arcane, et que je définirais, sans tant de mystère, l'art de comprendre
ce qu'on lit et de le faire sentir aux autres. » Certes, c'est définir en
maître! Mais ce n'est un mystère pour personne, du moins pour
quiconque l'enseigne aux élèves, que l'art de la lecture et de la diction
est un grand, un très grand arcane. M. Grégoire a raison : a Pour
savoir bien lire, il est nécessaire d'y être éduqué. » Et cela est telle-
ment vrai que tous les pédagogues sérieux font de la « lecture 1»
le centre de toute éducation humanitaire. C'est un art, d'ailleurs, qui
doit s'apprendre, qui a ses principes. Ce sont ces principes que
l'auteur a réimis, autant que le permet un rapport de Congrès, dans
ime petite brochure de vingt pages. A ceux qui, selon le mot de
i 1) Serait-ce une évolution dans le sens pessimiste» à l*instar de celle qui régit le
monde physique d'après les lois de Clausius sur Tentropie ou la fixation de
rénergie ?
192 LE MUSÉE BELGE.
M. Henri Brémond ont passé la crise du dédain universel où les
t jeunes » jettent leur gourme, je me permets de conseiller ce t vade
mecum n de tout bon lecteur ou a diseur ». Il n'est pas d'un simple
amateiu-, mais d'un fin et délicat psychologue, d'un patient et adroit
observateur. Tout a été 0 vécu » je pense, et Ton sent, d'un bout
à l'autre, la passion de « réaliser » le naturel, tout simplement. Vous
trouverez sans peine le « suc » clairement filtré de tout l'art « réalisé »
à Bonne-Espérance, aux solennelles interprétations des grandes
tragédies classiques, qui restent comme des a documents » d'esthé-
tique vraiment humaine, ou, si l'on me passe cette rencontre de mots,
des a faits pédagogiques » évocateurs de Vie sainement passionnée
Après avoir recherché, en compagnie de Ricquier, de Jean Blaize,
et surtout de Legouvé (son auteur de prédilection, on le sent), les
moyens de faciliter lanalyse, base de toute bonne lecture, après avoir
fixé les moyens de ■ faire jaillir » l'idée mère, d'évaluer l'importance
de chaque proposition, celle de chaque mot, M. Grégoire applique sa
• traduction en équivalents i et sa « restitution des sous- entendus t
à des exemples empruntés à 0 Polyeucte » . Cinq pages (le a clou »
de cet ouvrage) suffisent à exposer nettement les a nuances affectives
et descriptives » bien connues de Legouvé, mais vivement résumées
ici. L'on préférera les dernières pages où sont courtement, mais claire-
ment exposées la théorie et la pratique du geste et du mouvement
expressif, à bien des traités a spéciaux » si longs à parcourir.
D'ailleurs, si la brochiu-e invite à faire la connaissance d'un Legouvé
ou d'un Ricquier, elle peut les remplacer entre les mains de nos
élèves. C'est un vrai manuel. L'on pourra trouver que la matière
n'est pas épuisée, que certaines phrases sont fort substantielles, que
certains petits détails sont discutables, oui, soit, mais personne
n'attaquera, je pense, les vues de l'auteur, dune justesse qui n'a
d'égale que la clarté qui les enveloppe. Th. Bondroit.
i53. — Paul Doumer, Livre de mes fils. Paris, Vuibert et Nony,
I906. 344 pp. in-80.
Aux yeux de certains, M. Doumer a le tort d'être lui-même. Le
succès d une carrière brillante et rapide lui a fait beaucoup d'envieux.
Bousculé sur le terrain politique, il n'a pas été épargné davantage
comme écrivain. Son livre a été l'objet de critiques acerbes, trop
systématiques même pour qu'on n'en sentît pas le parti-pris. Au fond,
elles sont injustes. L'auteur n'a pas eu la prétention d'écrire une
œuvre académique ou un traité de philosophie morale. Il s'est borné,
comme il le dit, à condenser un ensemble de « règles de conduite
données par un père à ses fils dans la simplicité un peu confuse des
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. IÇS
conversations familiales ». Â défaut de brillantes amplifications ou
de savants exposés de doctrines, il a écrit dans un langage net, sobre
et grave un livre de bon sens clair et robuste et de saine morale,
■ morale de braves gens » s'entend, exclusivement laïque et sans base
religieuse. Sous ces réserves nécessaires et qui n'échapperont à aucun
lecteur, son livre est, sur le ton de la causerie familière, un exposé
des devoirs naturels qui incombent à tous : devoirs envers soi-même
ou individuels, envers les parents ou domestiques, envers la patrie
ou civiques, avec un chapitre final traitant du patriotisme si vivement
vilipendé aujourd'hui. Bien que s'adressant à la jeunesse française et
par cela même légèrement teinté de chauvinisme, Touvrage sera lu
avec profit par les jeunes gens de tous pays Tous pourront retirer
d'excellentes leçons de ce manuel sans sécheresse où l'exemple appuie
souvent la règle et dans chaque page duquel se reflètent un jugement
dioit, une sensibilité délicate, une âme foncièrement honnête et
loyale, ayant avec le respect d'elle-même le culte du foyer et l'amour
ardent de la patrie. A. Dutron.
Notices et annonces bibliographiques.
154. — Nous venons de recevoir le Volume I*' des Atti del Congresso interna^io-
naie di Science storiche (Roma, 1-9 Aprile igoS). Parte Générale, Roma, Tip.
délia r. Ace. dei Lincei, 1907. 10 fr. Ce volume !«'' paraît en dernier lieu. Les Atti
ou comptes rendus du Congrès comprennent douze volumes (i23 fr. chez
E. Locscher, Rome), qui sont tous publiés maintenant.
Ce volume qui vient de paraître, contient les « généralités ». Il s*ouvre par une
Préface du Président du Congrès, le sénateur Pasquale Villari. Puis il traite de
Torigine et de Torganisation du Congrès, donne la liste des membres (236o souscrip-
teurs, parmi lesquels on retrouve toutes les illustrations des sciences philologiques
et historiques), le programme des séances, la liste des questions discutées et des
communications, les procès-verbaux des séances. Le 2 avril eut lieu une séance
solennelle au Capitole; le roi d'Italie y inaugura la Forma Urbis dont les fragments
épars ont été habilement réunis et encastrés dans les parois du Musée des Conser-
vateurs. Voici l'inscription qu'on y a mise : Fragmenta formae Urbis Impp. Severo
et Antonino marmoreis tabulis insculptae S, P, Q. R, hic disponenda et conlocanda
curavit, Opus absolutum dedicatum XI Kal. Matas a, MDCCCCIII ab urbe cond,
MMOCLVI, Une planche, insérée dans le volume, reproduit l'ensemble et 4 gra-
vures donnent les fragments les plus mtéressants. Ensuite nous trouvons Jes détails
sur les fêtes et les réceptions, les excursions, la liste des vœux émis et enfin le bilan
(recettes 42000 frs; dépenses : 39000), et enfin des tables détaillées des douze
volumes.
i55. — M. P. Nilsson. Die Kausalsàt^e im Griechischen bis Aristoteles, /. Die
Poésie. Wûrzburg, A. Stuber, 1907 146 pp. 8", 5 m. 5o. (Beitrage zur histor.
SynifaX der griech. Sprache hrsg. von M. v. Schanz. xvnij.
Ce premier fascicule embrasse les poètes : Homère, Hésiode, les trois tragiques,
l'indare et Bacchyiide. Le deuxième s'occupera des prosateurs antérieurs à Aristote
«t sera suivi des tables détaillées. Dans l'introduction, Tautcur s occupe de l'inHuence
194 LE MUSÉE BELGE.
de la logique sur la langue (p.i-i3). Nous attendrons la seconde partie pour analyser
cette très intéressante étude.
i36. — Otto Kern. Die Entwickelung der klass, Altertumswissenschaft an der
Universitdt Rostock, Rede. Rostock, Adlers Erben, 1906.
Le 6 novembre igoôjes instituts de philologie classique de IXJniversité de Rostock
ont été installés dans de nouveaux et spendides locaux. A l'occasion de Tinaugura-
tion, M. Otto Kern a prononcé un discours où il a retracé Thistoire de renseignement
philologique à Rostock. Cest en 1828 que fut institué le séminaire de philologie
classique et son premier directeur tut F. V. Fritzche, né le 2G janvier 1806, qui
présida longtemps seul au destinées du Séminaire. Il eut enBn pour aide et puis pour
successeurs Octavius Clason, R. Focrster, G. Kaibel, et F. Léo, élèves de Bûcheler
et d'Usener à Bonn, Gustav Koerte. Actuellement le séminaire comprend quatre
instituts. M. Otto Kern donne à tous ses prédécesseurs un souvenir ému, il décrit
leurs méthodes et leurs idées : c'est l'histoire de la philologie classique pendant
un siècle qu'il retrace à grands traits.
157. — M. le chevalier Edmond Blarchal, le savant secrétaire perpétuel de
TAcadémie royale de Belgique, vient de faire tirer à part la notice qu'il a consacrée,
dans V Annuaire de l'Académie^ au baron J. J. A. M. de Witte. Il retrace la vie si
bien remplie, l'activité si féconde du premier, du plus grand des archéologues belges
et fait suivre la notice biographique d'une bibliographie complète de ses œuvres.
Voici le titre de la brochure x.Le Baron Jean-Joseph-Antoine-Marie de Wi//e (i8o8«
1889), Bruxelles, Impr. Hayez, 1907. 96 pp. avec portrait.
i58. — M. S. Reinach vient de rééditer pour la quatrième ioU son petit ouvrage :
Apollo, Histoire générale des arts plastiques (Paris, Hachette, 3 fr. 5o.) Il w*i a
renouvelé la bibliographi;: qui s'est enrichie de tous les travaux récents sur l'histoire
de l'art. On ne saurait trop recommander ce petit manuel à ceux qui ne peuvent
consulter des ouvrages plus coi sidérablcs. Th. Simar.
159. — M. P. de Nolhac donne une seconde édition avec remaniements de son
étude magistrale : Pétrarque et l* humanisme (Paris, Foniemoing, 1907, 3 fr. 5o).
Cette monographie dispense de consulter beaucoup d'ouvrages même généraux sur
cette matière. La pt^rsonnalité de Pétrarque domine toute la période humanistiqui
italienne et son historien l*a fait revivre avec tout son talent d'écrivain et toute son
érudition. Th. binAR.
160. — Le volume XI II du Corpus inscript ionum latinarum^ qui contient les inscrip-
tions des trois Gaules et des deux Germanies, est à peu près complet ; on vient de
distribuer la Pars 11^ fasc. If, Inscriptiones Germaniae inferiorised, Alfr, Domas-
3[ewski. Miliaria Galliarum et Germaniarum edd. Th. Mommsen (f), O. Hirsch-
feld, A. Domaszewski (pp. 3i-38 et 5o5-7i3). Cart. 23 m. Il ne reste plus à pubUcr
que les Tables.
161. — Dans la collection d*auteurs classiques publiie à Oxford (Scriptorum classi-
corum bibliotheca Oxoniensis) ont paru deux volumes nouveaux, les œuvres
d'Hypénde que les papyrus d'Egypte nous ont rendues et les Commentaires d'Asco-
nius Pedianus sur Cicéron :
F. G. Kenyon, Hyperidis orationes et fragmenta, Recognovit brevique adnota-
tione cntica instruxit. Oxtord, Clarendon Press, 1907.
A. C. Clark, Q. Ascomi Pediani orationum Ciceronis quinque enarratto,
Oxford, Clarendon Press, 1907.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. igS
i6x. — La carrière si féconde de Pillustre Henri Wallon a été retracée par M. G,
Pcrrot. Sa Notice historique sur la vie et les travaux de M, Henri A, Wallon
a paru dans les Comptes rendus des séances de TAcadémie des Inscriptions (igoS)
et à part chez A. Picard, à Paris, iqoS. 64 pp.
i63. Dans les Textes et documents pour Vétude historique du christianisme,
publiés par M ^». H. Hcmmer et P. Leiay, a paru un nouveau volume contenant le
fameux traité de Tertullien sur la prescription contre les hérétiques :
P. de Ijabriolle, Tenullicn. De praescnptione haereticorum. Texte latin, tracî,
franc., mtroduction et index. Paris, Picard, 1907. 2 f.
164-165. — Nous signalons à nos lecteurs qui s'intéressent à la domination romaine
en Gaule, deux importants ouvrages, dont nous comptons parier plus longuement
une autre fois :
A. Grenier, Habitations gauloises et villas latines dans la cité des Médioma-
trices. Étude sur le développement de la civilisation gallo-romaine dans une
province gauloise, avec plans. Paris, Champion, 1906. 6 frs. (Bibl. de l'Ecole des
Hautes Etudes, iSy* fasc.).
Adrien Blanchet, Les enceintes romaines de la Gaule. Etude sur l'origine d*un
grand nombre de villes françaises, Paris, Leroux, 1907. i5 fr.
M. Blancnct réfute définitivement les théories que le président Schuermans avait
soutenues dans de nombreux articles sur l'origine des remparts romains d'Arlon et
et de Tongres.
166. — Ed. Kosch-witz, Anleitung ^um Studium der fram^oesischen Philologie
fur Paludier ende^ Lehrer und Lehrerinnvn. 3*« Aufl. von G. Thurau. Marbourg,
Elwcri, 1907. 2G8 pp.
Ce livre, connu en Allemagne de tous les romanistes, n'est pas un Manuel^ mais
un Guide de l'étudiant en philologie française. Divisé en deux parties, l'étude scien-
tifique et l'étude pratique, il instruit l'étranger des meilleuis moyens à employer, de
la voie à suivre, des livres à lire, des voyages à faire, des personnes à consulter,
pour parvenir à une connaissance parfaite du français. Rien ne manque, jusqu'aux
aJresscs d<.s personnes et aux prix des logements et des pensions. Ljvre k:uneui
émir.emmcnt pratique, admirablement approprié à son but.
167. — Abbé Paul Halflants, Littérature française au XIX* siècie. 1« partie ;
Le Romantisme (i8oc-i85o). Bruxelles, bewit, )907. 1 vol. de xv-2,*^4 pp. Kcijure
anglaise : 3 tr. 5o.
Les manuels d' Histoire de la Littérature française sont nombreux, miHià. ils Jont
généralement la part trop petite au xix* siècle. Il conviendrait cependant ae ren*
seigner plus amplement les étudiants sur les écrivams dont les norns reviennent
journellement dans la conversation.
Voilà pourquoi, sans négliger les coups d'œil d'ensemble ni l'étude de Tûvolution
littéraire, l'auteur de cet ouvrage s'attache uniquement aux écrivains (ts pios mar-
quants du XIX* siècle. En se restreignant aux sommités, il se donne le Loisir Je les
étudier de façon plus complète. Pour Victor Hugo, par exemple, il apprécie succts-
iivement le poète lyrique, le poète épique, le poète saurique, l'uuteur dramatique
et le romancier»
Les principaux ouvrages sont analysés de façon a en donner une conitissance
suffisante. Ccst ainsi quj, dans l'œuvre si touilue ae Balzac, l'auteur a choisi un
roman-type de chacune des catégories de la Comédie humaine, pour ensuite tirer de
igô LE MUSÉE BELGE.
Tanalyse de ces six ou sept ouvrages une appréciation générale, étayée d'ailleun,
comme pour les autres auteurs, par un heureux choix de ciutions.
Ceci a son importance. L*épigraphe de l'ouvrage, empruntée à F. Brunetière, le
dit fort bien : « Qu'est-ce qu'un commentaire sans le soutien du texte qu'il essaye
d'expliquer ? » Les citations corrigent ce qu'un manuel de ce genre aurait de trop
didactique. Elles permettent le contrôle des jugements littéraires; elles provoquent
l'eflort personnel, sans lequel il n*y a pas de science, mais seulement de la mémoire.
C'est la raison pour laquelle ces citations ne sont pas toujours les plus belles qu'on
pourrait faire, ni les plus dignes de figurer dans les anthologies ; mais elles sont
les plus propres à particulariser la manière de chaque auteur. On ne peut critiquer
leur longueur; trop réduites ou morcelées, elles seraient des bases incertaines
d'appréciation.
Bien que ce volume ne prétende donner que la première moitié du siècle, c'est-à-
dire le romantisme, il empiète nécessairement sur la seconde moitié, parce que
l'auteur a cru préférable de présenter chaque écrivain en bloc^ pour achever du coup
son portrait.
Constatons que les écrivains belges ne sont pas exclus. Il est vrai qu'André Van
Hasselt seul s'y trouve étudié. Mais l'on sait que l'efflorescence de la liitérature
belge d'expression française ne date que de la seconde moitié.
L'exécution typographique a été particulièrement soignée. Les ciutions se
détachent à première vue du commentaire; une bonne table alphabétique des
ouvrages appréciés clôt le volume, et, — ce qui ne gâte rien, — chaque monographie
est illustrée d'un bon portrait.
En somme, Cct élégant manuel prouve, une fois de plus, qu'on ne peut reprocher
à nos collèges catholiques de laisser systématiquement dans l'ombre la littérature
moderne. Mais en outre, le livre si méthodique de M. l'abbé Halflants sera utile à
tous ceux qui désirent se rendre compte de la littérature contemporaine, et se
former, au sujet des principaux écrivains, une opinion raisonnée au point de vue
religieux et moral.
168. — Julien Boitel, Les littératures étrangères. Paris, Hachette, 1906. 5o4 pp
4 fr.
Ce gros volume contient des extraits, traduits en français, des pfus grands écrivains
de l'Italie, de l'Espagne, du Portugal, de l'Angleterre, de l'Amérique, de l'Alle-
magne, de la Russie et des pays Scandinaves, Les morceaux forment un tout et sont
reliés les uns aux autres par une petite histoire et des analyses littéraires. Les
écrivains sont donc replacés dans leur milieu; les pages choisies sont celles qui
donnent le mieux une idée de leur talent et de leur caractère. Quelques traductions
sont nouvelles; les autres sont empruntées à des auteurs cités. Les notes bibliogra-
phiques, assez sobres, seront utiles. En somme, ouvrage très recommanJable.
169. — Dans la monumentale collection : Allgemeine Staatengeschichte, inaugurée
en 182g par Uckert, continuée par Giesebrecht et actuellement éditée par K. Lam-
precht, chez F. A. Perthes à Gotha, la première section, on le sait, est consacrée
à l'histoire des États et l'on y trouve traitée séparément par des spécialistes l'histoire
de tous les pays de l'Europe. Cette section s'est récemment enrichie en 1907 de
plusieurs volumes importants. Signalons :
J. Dierauer. Geschichte der schivei^^erischen Eidgenossenschaft. T. II I.
1516-1648.
H. Pirenne. Geschichte Belgiens, Traduit du français par F. Arnhbiii. T. III,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I97
Vom Tode Karls des Kûhnen (1477) ^** ^^^ Ankunft des Herzogs v. Alba {iS&j),
zxi-6o6 p. in-8<>, 16 m.
On retrouve dans ce troisième volume de M. Pirenne la science et le talent dont
ce Bulletin (III, 1899, P* 363-370) a fait jadis Téloge, lors de l'apparition du premier
volume. Deux chapitres sont particulièrement intéressants : celui qui est consacré
à la Renaissance (pp. 360-403), et plus encore celui qui expose la situation écono-
mique (pp. 369-359). 11 y aurait cependant à faire des réserves du même genre que
celles présentées ici jadis.
170. — P.-J. MaaSy Geschiedenis van Neeroeteren. Roeselare, 1905*1906.3 vol. 8<».
Après s'être fait connaître pas plusieurs brochures historiques, intéressant parti-
culièrement l'histoire Itmbourgeoise ( 1 ), M. Maas publie actuellement une histoire
détaillée de la commune de Neeroeteren. Cette monographie est une mine où tout
le monde pourra puiser avec profit, parce que Tauteur a rattaché l*histoire
du village è l'histoire générale du pays. M. Maas remonte aux sources, qu*il utilise
avec discernement; ses indications bibliographiques sont claires et complètes;
40 pages de supplément nous donnent m extenso les documents les plus intéres-
sants. Un Index détaillé facilite toutes les recherches. Uouvrage est largement
illustré (plans, vues, reproductions de monnaies, etc.). En un mot, une bonne
monographie historique. Jkan Gbssler.
171. — Paul Groiiset, Four et Contre le Baccalauréat. A. Colin, rue de
Méxières, S, Paris. 1907. 1 fr. 5o.
La question de la réforme, de la suppression ou du maintien du baccalauréat,
depuis longtemps agitée dans les milieux les plus divers, semble à la veille de rece-
voir une solution, le gouvernement français ayant annoncé le dépôt d'un projet de
loi dont la presse a fait connaître au public les dispositions générales. Le travail que
nous présente M, Paul Crouzet emprunte à ces circonstances un intérêt et une
portée exceptionnels. L'auteur y a clairement, méthodiquement et impartialement
consigné les résultats de la grande enquête instituée par la Revue Universitaire.
C^est là qu'il faut chercher, et qu'on trouvera, les éléments d'une opinion raisonnée
pour ou contre dans une question dont 1 importance sociale apparaît aux yeux de
tous.
173. — A. Rollicla, Les Esckoliers du Temps Jadis, A. Colin, rue de Mézières, 5,
Paris, 1907, 58 grav. 1 fr. 5o; rché toile 2 tr. 10.
Personne ne connaît mieux le vieux Pans que l'écrivain et le maître artiste qu'est
Kooida ; personne n'en saurait mieux retracer, par la plume ei le crayon> les mul-
tiples et grouillants aspects. C'est dire l'instruction solide et la verve amusante qu'il
a déployées dans la peinture de ses Esckoliers du Jemps jadis, dont l'ardeur au
travail n'avait d'égales que la gaieté désordonnée et la turbulence. Toute la vie, si
mouvementée, si dure parfois et si misérable de ces étudiants enthousiastes et de
leurs maîtres^ est ici exactement et pittoresquement évoquée. A chacune des pages
de ce livre l'agréable le dispute à l'utile, le document se tait essenuellement piiio*
resque et amusant. Les maîtres, les écoliers, et tous ceux qu'intéresse l'histoire des
mœurs d'autrefois trouveront dans cet ouvrage à s'intsruire et à se récréer.
(1) Het Munthuis van Thorn (Hasselt, CroUen 1903); Une sortie armée des
habitants de Husselt^en 1441 (io. i9o3j; Marlborough dans la Campme limbourgeoise
Mb. 1904); Une forme germanique de la propriété collective dans le Limbourg (10.
198 LE MUSÉE BELGE.
iy3. — o. Merten, L'état présent de la philosophie, Namur, Wesmael-Charlier.
1907. 118 pp. 1 fr. 5o.
Dans ce volume, M. Merten a réuni les trois discours qu'il a prononcés à TUni-
versiié de Liège comme recteur en 1904, !9o5 et 1906. Le premier traite de Tcsprit
critique en philosophie, le second expose les destinées de la psychologie et le
troisième applique les principes généraux de la philosophie à la conception moderiie
de l'Etat. Ces trois discours viennent heureusement compléter Touvrage du même
auteur sur les Limites de la Philosophie.
174. — Clodius Piat, De la croyance en Dieu F. Alcan, Paris, 1907. 3 fr. 5o.
Depuis Kant surtout, il y a deux théories de la croyance : la première qui se fonde
uniquement sur la raison, la seconde qui prétend ne relever que de l'expérience
intime. Ces deux théories tendent de plus en plus à s'exclure l'une Tauire, à mesure
qu'elles démêlent davantage leur principe originel : ce qui arrive toujours lorsque
les chercheurs, pour expliquer un même ordre de phénomènes, partent de poiats
de vue trop étroits.
M. C Piat (agrégé de philosophie, docteur es lettres, professeur à l'école de»
Carmes), analyse successivement les conditions intellectuelles et les conditions
morales de la croyance en Dieu et montre comment les deux doctrines en conflit se
réconcilient dans une synthèse supérieure où toutes nos facultés trouvent place dans
l'harmonie.
Au cours de son enquête, il rencontre naturellement sur sa route le principe de
causalité, celui de finalité, le problème du mal; et nous croyons pouvoir dire qu'il
les éclaire d'aperçus nouveaux.
Sa méthode est historico-critique. Elle consiste à noter les principales étapes des
questions, à les prendre ensuite au point même où la spéculation les a laissées pour
les pousser plus avant et leur trouver une solution plus satisfaisante.
,-73. — Grondbegimelen der scheikunde door P. X. B. S. J. Brussel, Alb. Dewit,
1907. 19 p.
Ces quelques pages ont comme but de familiariser les élèves avec la terminologie
néerlandaise de la chimie. Elles s'imposent donc dans les collèges où l'on veut
suivre les instructions épiscopales sur l'enseignement du néerlandais. J. V. M.
CHRONIQUE.
176. — M. Franz Cumont, conservateur au Musée du Cinquantenaire et profes-
seur à rUniversiié de Gand, a entrepris un voyage d'exploration scientifique,
en Asie Mineure; ce voyage t'ait suite à la mission archéologique dont il fut chargé
en 1900 dans la Petite Arménie. M. Cumont se rend cette fois dans le Nord de la
Syrie et en Cilicic où il photographiera les monuments antiques en même temps
qu'il s'occupera d'estamper des inscriptions dans différents villayets.
177. — Dans ra séance publique du 8 mai, la Classe des Lettres de l'Académie
royale de Belgique a proclamé les résultats de ses concours.
Une médaille d'or de 800 frs a été décernée à M. Désiré Nys, professeur à l'Uni-
versité de Louvain, pour un mémoire en réponse à cette question : La nature de
l'espace^ d'après les théories modernes^ depuis Descartes,
Le Prix Gantrelle de philologie chssique (VIII* période 1905-1906) a été
décerné à M. .î. Bidez pour un mémoire sur cette question : Faire un recueil
Critique des fragments philosophiques de Porphyre le Néo-platonicien,
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 199
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
Les Cours de Vacances à l'Université de Louvain,
par A. JANSEN, professeur au Collège St- Pierre, à Louvain.
Son Éminence le Cardinal-Archevêque, à peine élevé au irône
archiépiscopal, a montré une sollicitude vraiment éclairée et paternelle
pour toutes les œuvres existant dans son vaste diocèse. Néanmoins, il
en est une qu'il affectionne d'une façon toute spéciale : c'est l'éducation
morale et intellectuelle des jeunes gens qui peuplent les nombreux
collèges libres soumis à sa juridiction, et, pariant, la formation la plus
parfaite possible de ceux qui y sont préposés. Naguère encore, présen-
tant au Pape le pèlerinage belge, lëminent Primat prenait, devant
Sa Sainteté et devant son pays, l'engagement de consacrer son acti-
vité à la prospérité de ses Collèges, afin de procurer à la génération
actuelle la culture scientifique, morale et religieuse que réclament
d'elle les temps présents.
Dans ce but, une heureuse innovation dans l'enseignement moyen
s'est faite déjà aux vacances de Pâques dernières. Son Éminence le
Cardinal- Archevêque a institué des cours de vacances auxquels étaient
invités les professeurs de l'enseignement moyen de l'archidiocèse. Ces
cours ont compris l'enseignement de la pédagogie, du grec, du latin
et de l'histoire. Trois professe'urs d'université en ont été chargés : les
leçons de pédagogie et de grec ont été confiées à M. Collard, celles de
latin à M. le chanoine Remy et celles d'histoire à M. le chanoine
Cauchie. Disons ici que cette initiative de notre vénéré Cardinal
a réussi au delà de toute espérance. Pendant une semaine, une
centaine de professeurs de l'enseignement moyen, une vingtaine
d'élèves du séminaire de la quatrième année d'études et plusieurs
religieux de la Compagnie de Jésus ont suivi ces leçons avec une
scrupuleuse régularité et y ont joui d'un véritable régal littéraire.
Aussi considèrent-ils comme un doux, mais impérieux devoir d'ex-
primer leurs respectueux sentiments de profonde reconnaissance à leur
bien-aimé Archevêque et leurs sincères remercîments aux savants pro-
fesseurs qui ont montré un dévouement à toute épreuve et ont su
intéresser si vivement leurs auditeurs.
Il ne nous est pas possible de reproduire ici d'une façon sufti-
samment complète ces leçons ; contentons-nous d'y relever quelques
points importants.
Les premières leçons de M. le professeur Collard ont été consacrées
200 LE MUSÉE BELGE.
à la méthodologie générale : il a exposé le principe de la concentration
auquel renseignement doit être soumis; il a montré comment les trois
genres de concentration sont étroitement unis et il a fait voir les grands
avantages qui résultent de ce système, comme aussi les difficultés qu*il
présente. Pour faire saisir sur le vif ce problème délicat, M. Collard a
étudié ensuite la concentration telle qu'elle est appliquée à Giessen,
et il a recherché comment nous pourrions organiser en 4' latine un
enseignement soumis à ce principe.
Passant à la méthodologie spéciale et traitant de la langue mater-
nelle, le professeur a donné à ses auditeurs des conseils éminemment
pratiques touchant la rédaction ; il a insisté surtout sur la gradation
des sujets d'après les cours auxquels ils s'adressent, et il a montré par
un exemple comment un même sujet, considéré à différents points de
vue, peut être traité dans différentes classes. Il a ensuite insisté sur la
nécessité de grouper les rédactions dans la même classe, et a essayé
de le faire en énumérant une centaine de sujets. Cet exposé a été suivi
d'un relevé très complet des recueils de compositions.
N'oublions pas de dire que les exercices d'élocution et de récitation
ont eu également une large part au cours de méthodologie sur la
langue maternelle.
Quant à l'enseignement du latin, il a été recommandé surtout de le
simplifier en imprimant aux divers exercices une unité rigoureuse; de
le fortifier en le rattachant étroitement aux différentes branches ; de
le synthétiser en dégageant des auteurs un tableau vivant de la civili-
sation de Rome et d'Athènes, et de le moderniser en faisant ressortir
les traits communs à l'antiquité et aux temps modernes.
Disons aussi que l'éternel mot à mot a été condamné sans pitié et
remplacé par l'analyse.
Quoique les matières à traiter fussent très vastes et les heures comp-
tées, M. Collard a trouvé l'occasion de placer quelques explications
très intéressantes sur l'enseignement de la géographie et surtout sur les
avantages qu'offre la lecture de la carte. Côté non moins utile et pra-
tique de ces leçons : les meilleurs auteurs qui ont traité ces matières,
ont été signalés aux intéressés.
Abordant l'enseignement du grec, M. le professeur Collard a traité
du choix des auteurs à lire, puis il a interprété des passages des
différents auteurs portés au programme de nos collèges, Xénophon
(Anabase), Hérodote, Démosthène (Olynthiennes), Homère (Iliade) et
Sophocle (Oedipe roi). Chaque leçon d'interprétation a été précédée
d'un exposé de la méthodologie spéciale de l'auteur qui en faisait
l'objet. La bibliographie de la philologie grecque a terminé ce cours.
Dans son cours de latin, M. le chanoine Remy a montré les liens
nécessaires existant entre l'étude littéraire des auteurs latins et grecs,
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 201
relie qu'on la fait au collège, et la philologie proprement dite. La pre-
mière, quoique distincte de la seconde, la suppose, sous peine de
fausser le caractère et la pensée des auteurs anciens. Cet exposé, très
court d*ailleurs, Ta amené à donner une idée des branches que com-
prend la philologie classique. Il a trouvé ainsi l'occasion d'indiquer,
pour chacune des branches, les livres auxquels les professeurs pou-
vaient recourir dans la préparation de leurs classes. Ces livres étaient
exposés, ainsi que les collections d'intuition, dans la salle du Collège
du Pape affectée au musée antique, où tout le monde a pu les voir et
les manier. A ces indications théoriques, M. Remy a joint l'interpré-
tation de l'introduction de Cornélius Népos, de la i" ode d'Horace,
et de Texorde de la 3« Catilinaire. L'analyse du fond et de la forme de
la phrase de Cicéron a présenté le plus haut intérêt pour les auditeurs.
En dehors des explications qui ont fait l'objet des classes de latin ,
M. Remy a traité quelques questions qui ne sont pas de moindre
utilité, telles que le soin qu'il faut apporter, dans l'analyse littéraire
des auteurs anciens, à la reconstitution du milieu, c'est-à-dire — indé-
pendamment des institutions politiques, sociales et religieuses — à la
connaissance des idées qu'ont eues les anciens en littérature, notam-
ment en matière de style et de genres littéraires ; il a signalé aussi la
sérieuse attention que méritent la géographie antique et les monu-
ments figurés.
Dans une première leçon du cours d'histoire, M. le chanoine Gau-
chie, après avoir brièvement indiqué la place et le rôle de l'histoire
dans le programme des humanités, s'est attaché à donner à ses audi-
teurs une idée exacte de la science historique et de ses principales
divisions. Il a parlé des disciplines auxiliaires; de l'histoire proprement
dite; de l'interprétation philosophique des événements qui font la
trame de l'histoire. Les leçons suivantes ont été consacrées à un examen
des conditions scientifiques et de la méthode du travail historique.
Au lieu d'une étude purement théorique, M. Cauchiea préféré avec
raison nous faire saisir les principes sur le vif à l'aide de l'Histoire de
Belgique de M. Pirenne. Il a donc, après une analyse succincte du
jer volume du professeur de Gand, recherché quel usage y était fait
des sciences auxiliaires, quelle méthode et quel souci s'y révélaient
dans la recherche et la critique des sources, quelle rigueur de critique
s'y manifestait, comment le travail de synthèse avait été compris et
réalisé, signalant à la fois les mérites et les défauts de cette œuvre.
Restait à dire comment acquérir la science historique nécessaire dans
l'enseignement moyen. Faute de temps, M. Gauchie n'a pu guère
donner au cours général que quelques breis conseils, qui, grâce aux
précédentes leçons, ne seront pas sans profit.
Mais, dans des leçons pratiques, qui s'adressaient à un nombre plus
202 LE MUSÉE BELGE.
restreint, il a mis sous nos yeux les principaux instruments de travail
et exposé la manière de s'orienter dans les recherches historiques;
enfin la lecture en commun d'un diplôme impérial, dont chacun avait
une reproduction phototypiée à sa disposition, lui a permis de mon-
trer concrètement quels sont les principes et les procédés à appliquer
dans l'étude analytique des sources aussi bien que dans leur utilisa-
tion en vue d'un travail synthétique.
Après les heures de cours ordinaires, les professeurs ont encore
réuni autour d'eux ceux dVntre leurs auditeurs que les questions
traitées intéressaient plus spécialement et leur ont donné tous les
renseignements désirables.
Il nous reste, pour être assez complet, à rappeler qu*on a visité la
bibliothèque de TUniversité, l'Institut de bactériologie de M. Denys
et les archives de Tabbaye du Parc, et que, comme compléments du
cours de méthodologie, des leçons ont été faites pendant les mois
d'avril et de mai au Collège St-Pierre. Ces leçons, confiées aux
étudiants du doctorat, ont eu pour objet : l'exercice de vocabulaire en
6«, le thème oral et le thème instantané en 5«, une répétition de César
et de Xénophon, en 4», l'interprétation d'un passage de Virgile en a^,
la géographie de la Suisse en 4«. et le cours de l'Escaut, en 5«. Les
leçons ont été discutées comme le sont tous les exercices didactiques
du doctorat.
L'ENSEIGNEMENT MOYEN A L'ÉTRANGER
par F. COLLARD, professeur à l'Université de Louvain.
(Suiie.)
V. — HOLLANDE.
L'enseignement moyen comprend : i» renseignement classique
dont les établissements portent le nom de gymnases (6 années) ;
20 L'enseignement réal : ce sont les hoogere burgerscholen (5 an-
nées ou 3 années).
Dans les hoogere burgerscholen de trois années, l'enseignement
est à peu près le même que celui des trois premières années des écoles
de 5 années : quelques heures de moins pour les mathématiques,
quelques heures de plus pour les sciences naturelles, la tenue des
livres et l'économie politique.
Lage d'admission dans un gymnase est dou:{e ans, en sorte que la
première classe correspond à la 3« inférieure de la Prusse. Dans les
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 2o3
deux classes supérieures, le gymnase est divisé en deux sections, la
section A et la section B. Ce n'est pas une bifurcation proprement
dite ; car le latin et le grec restent obligatoires de part et d'autre ;
mais la section A consacre un plus grand nombre d'heures au latin
et au grec, et une heure de plus à l'histoire; la section B consacre un
plus grand nombre d'heures aux mathématiques et aux sciences natu-
relles.
La section A ouvre l'accès aux Facultés de théologie, de droit et de
philosophie; la section B ouvre l'accès aux études de médecine et
des sciences mathématiques et naturelles. Les élèves peuvent suivre,
s'ils le désirent, les deux sections.
Les auteurs latins sont, au gymnase de La Haye : César (en i»^«);
César et Phèdre (en 2"«) ; Cicéron et Ovide (en 3«) ; Cicéron, Sallusie
et Ovide, élégies {en ^^) ; Cicéron, Tite-Live, Phnc le-Jeune; Térence,
Virgile, Bucoliques et Géorgiques, et, pour la section A, Cicéron,
Tacite et Horace (en 5*), Cicéron, Tite-Live, Horace, odes et satires,
Virgile et Plaute; et, pour la section A, les antiquités romaines et
l'explication de passages de Tite-Live et d'Aulu-Gelle ; Horace,
Epttres, Cicéron et Tacite (en 6«).
Les auteurs grecs sont,au même gymnase de La Haye : Xénophon,
Anabase (en seconde); Xénophon et Arrien (en 3«); Xénophon,
Histoire grecque^ Lysias, Homère, Isocrate, Xénophon, Scripta
minora, et Anacréon (en 4«); Homère, Xénophon, Cyropédie, Lucien,
Hérodote, et, pour la section A, Démosthène, Platon et Euripide
(en 5«) ; Homère, Hérodote, Thucydide et poètes lyriques, et pour la
section A, Pluîarque, Platon, Démosthène et Aristophane (en 6^).
Au gymnase de Rolduc, nous relevons la liste suivante, pour le
latin : L'homond, epitome, (en i* classe) ; L'homond, Urbis Romae
viri illustres et Cornélius Nepos (en 2^ classe) ; Cornélius Nepos,
César et une chrestomathie de poètes romains (en 3« classe) ; César,
Sallustc, Virgile, Tite-Live et une chrestomathie de poètes romains (en
4« classe); Virgile, Cicéron, Tite-Live et, pour la section A, les anti-
quités romaines et des thèmes latins (en 5® classe); Tite-Live, Cicéron,
Virgile, Ovide, et pour la section A, Horace, Tacite ; antiquités
romaines et thèmes (en 6^ classe).
Pour le grec : Xénophon, Cyropédie, Anabase, Helléniques, et
Homère, Odyssée (en 4«); Homère, Xénophon, orateurs attiques (en
5« pour les deux sections); Xénophon, Homère, orateurs attiques, et
pour la section A, Démosthène, Platon et Euripide (en 6* classe).
En somme, on est libre dans le choix des auteurs pour les diffé-
rentes classes; cependant la loi donne les prescriptions suivantes pour
l'examen final.
a04 LB MUSÉE BBLGB.
Section B. Grec : traduction et explication d'Homère et d'un pro-
sateur (par exemple, Xénophon, Lysias, Isocrate et Hérodote.)
Latin : traduction et explication d*un prosateur (Cicéron, Salluste
et Tite-Live) et d'un poète (Ovide, Tibulle et Virgile).
Section A. Outre le programme ci-dessus.
Grec : traduction d'un prosateur plus difficile, tel que Platon ou
Démosthène, ou d'un poète dramatique;
Latin : traduction d'un prosateur ou d'un poète présentant plus de
difficulté (Tacite, Sénèque, Horace et Lucrèce); un thème; les anti-
quités romaines.
VI. — ANGLETERRE (i).
Il est difficile (2) de se rendre compte exactement de l'organisation
et de la valeur de l'instruction moyenne en Angleterre. L'enseignement
secondaire y est absolument libre, en sorte que chaque établissement
a son organisation propre, ses programmes, ses méthodes, son tarif
inême.
Les étrangers sont tentés de juger des études classiques d'Outre -
Manche par quelques- unes des grandes écoles, qui sont essentiellement
aristocratiques, ec qui ne reçoivent qu'un nombre limité de jeunes
gens riches. Souvent aussi ils ne s'occupent que des classes les plus
élevées. L'opinion qu'oa se fait alors de l'enseignement, est tout à fait
erronée. Nous ne pouvons faire abstraction du travail d'écoles moins
brillantes, mais supérieures pédagogiquement parlant, fréquentées par
des jeunes gens qui, par suite de leur peu de fortune, savent que leur
avenir dépend de leurs succès scolaires. Nous ne pouvons non plus
négliger les classes inférieures et moyennes, qui se rapprochent davan-
tage des nôtres.
L'enseignement moyen (secondary ou intermediate éducation)
comprend un grand nombre d'écoles très différentes.
On peut grouper ces écoles de diverses façons.
i® Au point de vue de l'organisation extérieure, on distingue les
internats (boarding schools) et les externats (day schools). Les
(1) Karl Breul (Cambridge) et Ph.D. (Berlin), Grossbritannien, A.England^ dans
Baumeister, Handbuch der Erpehungs und Unterrichslehre fur hôhere Schulen^
Munich, p. ySy et s. ; Max Leclerc. L éducation des classes moyennes et dirigeantes
en Angleterre^ Paris, Colin; Pierre de Coubertin, L'éducation en Angleterre^ Col-
liges et Universités^ Paris, Hachette; B. Minssbn, Le collège de Harrow, dans la
Revue internationale de l'enseignement^ iqoS. I, p. 374, 536; jgoS, II, p. 68, 248,
328; 1906, I, p. 121 ; Michael E. Sadler, Le grec à Oxford et à Cambridge, dans
la même revue, igoS, I, p. 484.
(2) HoRN, p. i56, a renoncé à exposer cette organisation.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 205
internats sont les écoles les plus fréquentées: mais le prix de la pen-
sion en est fort élevé.
2^ Au point de vue du droit de patronage, on distingue les écoles
uioiées (endowed schools) et les écoles privées.
Les écoles dotées sont en partie très vieilles : ce sont presque exclu-
sivement des • écoles de grammaire » (grammar schools)^ qui ont
admis depuis un certain temps des sections modernes.
A la tête de ces écoles de grammaire dotées (endowed grammar
schools)^ se trouvent les grandes écoles publiques (public schools).
Pendant un temps, on n'accorda ce titre qu'à neuf écoles, les plus
célèbres et les plus riches des grammar schools, devenues peu à peu
les éducatrices des classes dirigeantes : Elon, Harrow, Winchester,
Westminster, Chaterhouse, Saint-Paul, Merchant Taylors', Rugby,
Schwersbury. Mais peu à peu l'acception s'est singulièrement élargie :
toute école qui s*élève au-dessus du commun, et dont la réputation
dépasse les frontières de sa province, est baptisée /?m^//c sc/roo/. En
général, Técole publique est un internat qui admet à un prix très élevé
un grand nombre de pensionnaires et qui enseigne sur le patron des
neuf écoles indiquées ci-dessus (i). Elle est indépendante de l'État et
de ses agents. Elle est publique seulement en ce sens qu elle n'est pas
la propriété, la chose .d'un particulier, mais une fondation d'intérêt
général accessible à quiconque peut payer le prix de la pension ou
remplir certaines conditions imposées par le fondateur (2). Elle recrute
ses élèves dans les classes dirigeantes du pays et des colonies.
Le mot public s'oppose à private. Les écoles privées sont l'œuvre
d'une société d'actionnaires (proprietary schools) ou d'un homme
{private schools dans le sens restreint).
Les proprietary schools ont introduit dans leurs programmes les
sciences physiques et naturelles, les langues vivantes; elles préparent
directement aux écoles militaires et aux concours pour le service civil
de la métropole et de l'Inde; elles envoient aussi des étudiants aux
universités. Les meilleures écoles de ce genre sont Cheltenham, Clif-
ton, Malborough, Haileybury et quelques autres.
Les écoles privées pullulent ; car l'enseignement est libre en Angle-
terre. On en trouve de deux espèces : les unes sont des écoles com-
plètes^ dont quelques-unes sont bonnes, même très bonnes, mais dont
beaucoup sont sans valeur; les autres sont des écoles préparatoires
(1) A Rueby, on paie 1000 firancs par trimestre, abstraction faite des dépenser
supplémentaires. A Harrow, le minimum des dépenses est de 144 livres. A Elon,
la dépense annuelle moyenne est de 55oo francs et peut aller jusqu'à 7000 francs,
-Quelques élèves moins fortunés entrent cependant dans ces collèges grâce au grand
nombre de bourses dont ils disposent et qui sont obtenues au moyen d'txamens.
(2; Voyez M. Leclesc, ouvr. cité, p. 6, note 2.
2o6 LE MUSÉE BELGE.
aux grandes Public schools et à quelques autres établissemenls : ces
écoles sont presque toutes entre les mains d'hommes capables.
3° Une autre division des établissements d'instruction moyenne
a pour base l'âge des élèves à la sortie de 1 école. Selon que les élèves
peuvent terminer leurs études à 19 ans, à 17 ans ou i5 ans, on dit que
l'école est du premier degré, du second ou du troisième.
Les écoles du premier et du second degré sont quelquefois appelées
higher et intermediate secondary schools. Celles du troisième degré
ne diffèrent guère des écoles primaires supérieures.
Les écoles du premier degré préparent à l'Université, à l'armée et
aux emplois civils. Elles gardent les élèves jusqu'à 18-19 ans.
Les écoles du second degré préparent surtout à l'industrie et au
commerce : on en sort à 16-17 ans.
Les écoles du troisième degré forment les gens de métier : on les
quitte à 14-15 ans.
Dans chacune de ces écoles, on retrouve les écoles dotées, les écoles
de corporation et les écoles privées que nous avons distinguées plus
haut.
4** Il y a encore les écoles préparatoires, preparatory schools, dans
lesquelles on se prépare aux écoles du premier degré, et dans lesquelles
on reste jusqu'à 14 ans. On y apprend les éléments des deux langues
anciennes et d'une ou de deux langues vivantes, les mathématiques,
en un mot tout ce qui est exigé pour subir l'examen d'entrée aux
grandes écoles. Les connaissances acquises dans une école préparatoire
sont à peu près celles d'un élève de quatrième en Allemagne.
Outre les écoles préparatoires, on compte : i® les écoles élémen-
taires supérieures (higher-grade elementary schools), dont le pro-
gramme comprend l'histoire, les mathématiques, la physique, le latin
et le français, et qui gardent, en règle générale, leurs élèves jusqu'à
i5 ans; 2° les organised science schools, qui sont au haut de lechelle
de l'enseignement primaire et qui correspondent en quelque sorte aux
Realschiilen ; 3° les écoles techniques, qui donnent un enseignement
industriel ou commercial ; 4® les écoles de perfectionnement du soir
(evening continuation schools).
* *
♦
Maintenant que l'organisation générale nous est connue, voyons de
près l'organisation intérieure des établissements d'instruction moyenne.
Les enfants apprennent chez eux les éléments avec un maître parti-
culier ou bien ils fréquentent un jardin d'enfants. Entre sept et neuf
ans, ils entrent dans une école préparatoire; car généralement les
écoles secondaires n'admettent les enfants qu'à un âge plus avancé :
tel est, en effet, le cas dans les grands internats ; les externats ont
généralement un ^junior department », qui sert d'école préparatoire.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 207
Les enfants restent d'ordinaire jusqu a 14 ans à Técole préparatoire
ou au junior department. Dans les écoles qui ont un junior départ-
ment^ la section supérieure de Pécole s'appelle senior department ou
upper schooL La durée des études y est de 4 à 5 ans.
Dans presque toutes les grandes écoles, on dislingue au moins deux
sections principales, une section classique, classical side, et une section
moderne, modem side. En outre, selon le caractère de l'école et le but
que Ton poursuit, on y trouve encore une section militaire, military
side ou armjr side. ou une section commerciale, commercial class, ou
une section scientifique, science department.ou une secMon pour ingé-
nieurs, engineering department. Les écoles ne se divisent donc pas,
comme en Allemagne, en gymnases, réalgymnases, reaischulen. L'en-
seignement, après avoir été commun, se bifurque selon les besoins
locaux : ici l'école a un caractère commercial ; là, elle s'occupe surtout
des sciences.
Chacun des trois degrés, supérieur, moyen et inférieur, comprend
un certain nombre de classes, forms. Chaque enfant fait partie d'une
classe déterminée, form, dans laquelle le form master enseigne un
certain nombre de branches. Ces branches sont la religion, l'anglais,
rhistoire, la géographie, le latin et, dans la section classique, le grec.
Les autres branches s'apprennent dans des « sets », c'est-à-dire des
groupes formés d'enfants de différentes classes d'après leurs connais-
sances dans la branche en question. Les mathématiques, le français,
l'allemand, les sciences naturelles, etc., sont enseignés d'ordinaire
dans des « sets ou divisions ». Parfois on donne le nom aborder à une
branche qui n'est pas considérée comme l'objet d'une /orm, et qui est
enseignée à travers toute l'école dans des sets : tel. est, par exemple, le
cas de l'allemand à Cheltenham.
« Les appellations des classes sont bizarres (i). La plus basse
s'appelle la quatrième et la plus haute la sixième ; entre les deux, il y
a, en avançant vers le sommet, les Shells^ les Removes et la cinquième
qui conduit à la sixième, ou classe supérieure, i/élite de cette dernière
classe forme la classe des Dou\e, les élèves les plus brillants du collège
et dont la plupart sont des moniteurs. Ces dénominations curieuses
sont des survivances d'anciennes habitudes aujourd'hui disparues. On
dit que le mot de Shell (coquille) vient de la forme d'une des classes
du collège de Dinchester, dont l'extrémité en demi-voûte affectait
l'aspect d'une coquille marine ou d'une conque. Cette salle était le
puigatoire où l'on plaçait les nouveaux élèves jusqu'à ce qu'un examen
leur permît de passer en cinquième, /^emove signifie seulement ^/m/on,
c>st-à-dire que c'était primitivement une division intermédiaire.
Chaque classe a deux divisions.
(i) Ml^ssEM, art. cité, Revue internationale de l'enseignement, iqoS, 2, p. 25 1.
208 LE ICUSÉE BBLGB.
Ainsi on arrive à la classification suivante de haut en bas : les
Douze» VI„ VI„ V4, V„ R4, R„ S,, S„ IV,, IV,. Pour renseigne-
ment moderne, on a la même série parallèle. Un élève, à moins de
sauter une classe, doit passer successivemeàt dans toutes ces divisions,
par exemple de la seconde quatrième à la première quatrième, et de
celle-ci à la seconde coquille, etc. 11 passe dans chacune un trimestre
au moins et généralement une année. •
Bien que le terme sixth form désigne toujours la classe la plus
élevée, il n'en résulte nullement, que le nombre de classes soit six r
la sixth form peut comprendre plusieurs divisions et être précédée
d'un nombre fort variable de classes. A S'-PauFs School, il y a huit
classes, comprenant chacune deux divisions, et la huitième, la plus
élevée, a quatre divisions. Au Winchester Collège, les classes sont
moins nombreuses, comme à Rugby. C'est à Eton Collège qu'on
compte le plus grand nombre de classes (i).
Les plans d'études sont dressés en pleine liberté par le directeur.
Dans cette rédaction, il doit cependant tenir compte des besoins
locaux, de la nécessité éventuelle de recevoir des subsides de TÉtat et
des exigences des examens des grandes Universités {Local Examina-
tions cl Joint Board Examinations).
Comme nous l'avons dit, on distingue deux enseignements, ren-
seignement classique et renseignement moderne. Les élèves de ce
dernier enseignement qui ont Tintention d'aller à Oxford ou à Cam-
bridge, peuvent acquérir aisément le peu de grec (2) que l'on exige
pour l'entrée de ces Universités. A Londres, le grec n'est plus obliga-
toire; il en est de même de l'Université de Manchester (Victoria
University) et de latiouvelle Université de Galles.
(A continuer.)
(1) Je dois ces renseignements à mon savant collègue. M. A.Camoy.
(3) « Vous n'ignorez probablement pas que la somme de grec exigée est bien. petite.
Le fait suivant vous permettra de juger jusqu'à quel point il l'est : il y a quelques
années un élève commença à étudier le grec avec moi vers la fin de juin, et passa
l'examen des auteurs grecs au mois de décembre suivant ! » (Le grec à Oxford et à
Cambridge^ dans la Revue internationale de l'enseignement^ i9o5,p.487). «L'examen
qui ouvre la porte d'Oxford ou de Cambridge est très facile », dit M. Minssen, Revue
internationale^ 1902, 2, p. 338. — M. A. Carnoy croit qu'on a tort d'exagérer la faci-
lité de cette épreuve, La question du grec en Angleterre^ dans la Revue des Huma-
nités^ mars 1897, p. 40.
OioRQKS LEGRAND, La criso de la morale. Bruxellos, A. Dowit, 1907. 61 pp.
0 fr 75.
A. LINSCNMAYER, Die Bekampfung: des Christenthum? durch den roeiD*
Staat bis sum Tode des Kaisers Julian (363). Munich, Lentnor, 19D5. 301 pp.
In- 8». 5 m. 50.
A. MALET, Histoire de France et notions sommairos d'histoire générale de
1610 a 1789. Paris, Hachette et C'«, 1900. 3 fr. 50. (Enseignement secondaire
des jeanes filles. 2® année.)
S. OLCHEWSKY en J. GARSOU, Leopold II, koning der Relgon, zijn leven
en z'jne regeering (1835- 1905V In 't Vlaamsch bowerkt door P. Vax Lan-
GKNDONCR Brussel, Vanderlindon, 1907.
F. PIQUET, Précis de phonétique historique de lullemand, accompagné de
notions de phonétique descriptiv<>. Avec 2 lig. et une carte coloriée. Paris,
Klincksieck, 1907. (Nouvelle coUaction à Tusage des cl»sse«, 2* série, V.)
M. ROUSTAN, La composition française : les genres. VII. Conseils généraux
(Préparation à Tart d'écrire). Paris, Delaplane, 1907. 1 fr. 60.
O. SEECK, Die Briefe des Libanius zeitlich georJnet Leipzig, J C. Hinrichs,
1906. (Texte und Unterschungon zur Goschichte der altchristlich'^n Literatur,
hrsjg. Yon Gebhardt und Harnack. XV, 1-2).
P. STACHEL, Seneca und das deutsche Renaissancedrama. Studien zur Litera-
tur- und Stilgeschichte des 16 und 17 Jahrhunderts. B.rlin, Maycr et Mullcr,
.1907. 11 m. (Palaestra. XVI).
G. VEITU, Geschichte der FeldzCige C. Julius Caesais. Mit einen Bildnisse
Caesara und 46 Bdilagen. Vienne, L. W. Seidel, 1906. 25 m.
A.VBRMEYLEN, Les lettres néerlandaises en Belgique depuis 1830. Conférence.
BnixelleF, Lamertin, 1907. 38 pp.
W. VOLKMANN, Untersuchungen zu Schriftstellern dos klass. Altertums.
1 Teil. Vergil. Horaz und Cicero. Pxogr. des Gymn. zu St-MariaMagdalena.
Breelau, 1906.
P. WENDLAND, Die hellenistisch-rocmische Kultur in ihrem Beziehungen
zom Judentum und Christentum. Bogon 1*6. Tubingen, M >hr, 1U07. 1 m. 80.
UNIVERSITE DE LIEGE
COURS DE VACANCES
DE
JUILLET-AOUT 1907
Comme les années précédentes, ces cours comprendront deux séries :
Première série, da 22 juillet au 10 août.
Deuxième série, da 12 août au 31 août.
Demander le programme à M. JOSEPH BRASSINNE, Sous-bibliotbôcaii e
de rUniversitô, RUE NYSTEN, 30, LIÈGE.
SOMMAIRE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
i3o. E. Pottier^ Catalogue des vases antique» de terre cuite (Th. Simar)
i3i. 5. Witkowski, Epistulae privatae graecae (A. Dclattc) .
i33. A, Ausserer^ De clausulis Minucianis (J. Hubaux) .
i33. Ch. Hueisen, Topographie dcr Stadt Rom. î, 3 (J. P. Walizing)
i34-5. L. Legras^'Lû ThcbaiJe de Suce (Paul Hencn) .
i36. B. Winand, Vocabula latina quae ad mortem spectant (Le même)
137, E. P, Bauwens, Vertalingen uit het latijn (J. V. M.j
i38. Harvard studics in classical philology. XVII. (J. P. W.)
Langues et littératures celtiques.
139. V. H. Friedel et K. Meyer^ La vision de Tondale (V. Tourneur)
140. W, Stokes^ The birth and life of S* Moling (Le môme) .
Langues et littératures germaniques.
141-2. P. Bourgs Deutsche Grammatik. Ucbungsbuch (A. Bertrang) . .177
143. G. Ctffe//r, Verzen(J. Gcssler) 181
144. E. Sulger-Gebingy Gotthe und Dante (J. F.) 181
Histoire et géographie,
145. G. Hanotaux\ Histoire de la France contemporaine. IH (A. Dutron)
Paif«i
i65
166
167
168
170
172
>74
Ï74
17O
»77
182
i83
i85
187
146. G. La Mantia^ Gabelle régie di Siciiia nel secoîo xiv (L. Van der Essen)
147-8. J. Halkin^ L'enseignement de la géographie à 1" Université de Liège
J. Fevre et H. Hauser, Leçons de géographie (A. Dutron)
149. Ch, Moeller^ Histoire du moyen âge (A. C;
Varia,
iSd. j, Verest, Vers la suppression de la liberté de l'enseignement (E. Rcmy) 180
i5i. P. fîoiir^tf/ et 3/. S<i/omow, Bonald (A. Grafé) 190
iSa. A, Grégoire^ Moyens faciles de former à la diction (Th. Bondroit). . 191
î 53. P. Dowmer, Livre de mes fils (A. Dutron) 192
Notices et annonces bibliographiques.
154-75. Atti du Congrès historique de Rome. Publications de MiM. P. Nilsson,
O. Kern, E. Marchai, S. Remach, P. de Nolhac, v. Domaszewski, P. G. Ke-
nyon, A. C. Clark, G. Perrot, P. de LabrioUe, A. Grenier, A. Blanchet,
E. Koscliwitz, P. Halflants, J. Boitel, J. Dierauer, H. Pirenne. P. J. Maas,
P. Crouzet, A. Robida, O. Merten, C. Piat 193
CHRONIQUE.
176-7. Voyage scientifique. Prix de l'Académie royale de Belgique.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
A. Janscn^ Les cours de vacances à l'université de Louvain .
F, Collard, L'enseignement moyen à l'étranger (suite) .
. 198
199
202
Onzième année. — N« 6.
i5 Juin 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉS SOUS LA DIRBCriON DB
F. COLIJLRD
PB3PBt&KUM A L'UNIVBBSITi DB LOUVAIN
J. P. WALTZI29G
PBOFBSSBUB A L'UNIVBRSITÉ DE UBOB
PartlcBMt tout les mois, à rtxMpUoa des mois d*aofll et de teptjmbrt
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
30, BUB DB NAMUB, 30
BERLIN
PARIS
A. FONTEMOING
4,rueLeGûff
R. FRIEDLAENDER ET FILS
Carliirue«i ii, N. W
COMITE DE REDACTION.
•
MM. Bans:, W., professeur b rUnivcrfité de Louvaîn.
Bischoff, H., professeur k TUniversité de Liège.
Béthnne, Baron F., professeur ï l'Université de Louvain.
CSauchie, A., professeur à i'Universilé de Louvain.
Collard, F., professeur à l'Université de Louvain.
De Ceuleneer, A., professeur b TUiiiversilé de Gand.
de la Vallée Poassin, L., professeur ii TUniversilé de Gand.
t Delescluse, A., chargé de cours à TUnivcrsilé de Liège.
Doutrepont, A., professeur à l'Université de Liège.
Doutrepont, G., professeur ii l'Uni versilé de Louvain.
Francotte, H., professeur à l'Université de Liège,
t de Groatars. J., professeur ii l'Université de Louvain.
Halkin, J., professeur i l'Université de Liège.
Halkin, L., professeur ii l'Université de Liège.
Hanquet, K., professeur k rUnivrrsitè de Liège.
Liecoatere, Gh., professeur ià l'Université de Louvain.
Lefort, Th., professeur à l'Université de Louvain.
Maere, R., professeur à l'Université de Louvain.
Martens, Ch., docteur en Philosophie et Lettres et en Droit, à Louvain.
Mœller, Ch., professeur ii l'Université de Louvain.
Ponllet, Pr., professeur ii l'Université de Louvain.
Remy, B., professeur à l'Université de Louvain.
Roersch, A., chargé de cours à l'Uni versilé de Gaod.
Sencie, J , professeur h TUniversité de liOuvain.
Van Hoatte, H., chargé de cours à ru.iivorsité de Cand.
Van Hove, A., professeur ii l'Univeriitô de Lo ivain.
Van Ortroy, F., professeur à rUnivcrsiic de Gand.
Waltzins^. J. P., professeur à rUuiversité de Liège.
Willems, J., professeur à TUniversité de Liège,
t Willems, P., professeur à l'Université de Louvain.
Secrétàuie : J. P. WALTZING, 0, rue du Parc, à Liège.
On est rrié d'à Iresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) à M. J. P. Waltzin^, professeur
à l'Université de Liège, 9, rue du Pare, Liège,
Les articles destinés à la partie pédagogique doivent être adressés ii M. F. CSoUard,
pro/esseur à l'Université de Louvain, rue Léopold^ 22, Louvain.
En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d^abon-
nemment est fixé à 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans 1<^ autres pays, on
peut s*abonner à la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser à M. Ch. Peeters, libraire, rue de Namur, 20, à Louvain.
Les dix premières années, comprenant chacune 3 vol. de 320 à 480 pages, sont en
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement, les abonnés pourront se procureur une
ou plusieurs de ces dix années au pris de T fk*. tlO par
année» le port en sus.
Onzième année. — N® 6. i5 Juin 1907.
Balletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE B'ELGE.
MÉLANGES.
L'ÉTUDE DE LÀ PHILOLOGIE CLASSIQUE EN ALLEMAGNE
CONSEILS AUX ÉTUDIANTS EN PHILOLOGIE
Traduit de l*allemand de
W. KROLL, professeur ordinaire à l'Université de Munster (').
L'étude de la philologie classique passe généralement pour difficile
et non sans raison. On l'appelle aussi « la science de l'antiquité »,
et, comme ce nom l'indique, le philologue doit avoir pour but
d'arriver à une vivante compréhension de l'antiquité. Il ne peut lui
suffire de connaître la langue et la littérature des anciens ; il doit
chercher à embrasser leur civilisation tout entière. C'est une grande
et noble tâche, qui, une fois accomplie, procure une vive satisfaction
intérieure, mais qui n'est pas sans présenter des difficultés considé-
rables à surmonter. Aussi beaucoup trouveront plus facile et plus
rémunérateur d acquérir une connaissance approfondie des langues
étrangères, que Ton considère généralement comme le but principal
de la philologie moderne. Il faut ajouter que les exigences des
examens, dans la plupart des Universités, ne sont pas minces. Et
pourtant il manque un plan d'études, comme il en existe pour
d'autres branches, et les cours ^e sont la plupart du temps pas
organisés de manière à fournir les connaissances nécessaires pour
passer les examens ; ils se bornent à donner des directions et à mettre
les auditeurs au courant de l'état des questions. Pour ces raisons et
{'} Das Studium der klassischen Philologie, Ratschlàge fur angehende Philo-
loge», von WiLHELM Kroll, ord. Prof, an der l'niversitflt Munster. Zweite
vermehrte Auflage. Greifswald, Julius Abel, 1906. 24 pp. o m. 5o. — Nous
remercions M. le Professeur W. Kroll tt son éditeur de nous avoir permis de
publier cette traduction, tlle intéressera certainement les lecteurs du Bulletin, car
ce petit ouvrage montre sur le vif les différences qui existent entre notre enseigne-
ment supérieur et celui de l'Allemagne. Même pour nos étudiants il est d'ailleurs
rempli d'excellents conseils.
2IO LE MUSÉE BELGE.
pour d'autres encore, il m'a semblé désirable de réunir quelques
conseils pratiques pour Tétude de la philologie classique, surtout
qu'il n'existe, à ma connaissance, aucun bon livre de ce genre (i).
L'étudiant qui a terminé ses Humanités (Ahiturient) et qui se sent
du goût pour la philologie classique, doit s'interroger sérieusement
avant de prendre une résolution définitive. Qu'il songe bien que, si
l'antiquité constitue encore un facteur important de notre civilisation,
il n'en est plus le facteur le plus important et qu'elle n'a que des
rapports très éloignés avec les questions qui agitent aujourd'hui les
esprits de la foule. Celui-là seul qui a du goût et de l'enthousiasme
pour cette étude, y trouvera un dédommagement pour les avantages,
réels ou imaginaires, qu'elle ne lui procurera pas. Avant tout, on ne
devrait jamais se vouer à ces études sans une véritable vocation et pour
la seule raison qu'elles offrent au moment même des chances d'avenir ;
les étudiants de cette espèce atteignent toujours plus facilement leur
but en s'adonnant à d'autres branches. Ensuite chacim doit se poser
cette question : si, outre son enthousiasme pour l'antiquité, il est
capable d'une application et d'une persévérance assez grandes pour
étudier toutes sortes de 'choses qui n'ont peut-être pas beaucoup
d'attraits en elles-mêmes, mais qui seules peuvent donner une base
solide. Tels sont, par exemple, les travaux de grammaire et de
critique, sans lesquels on ne peut étudier les langues anciennes,
bien qu'ils aient cessé de constituer l'alpha et l'oméga de cette étude.
La première question qui se pose ensuite c'est le choix d^uiu Univer-
sité, Dans ces dernières dizaines d'années, il s'est établi une habitude
qu'on ne saurait assez louer, c'est que, dans le cours de leurs études,
les étudiants changent au moins une fois d'Université. Chacun
devrait se dire d'avance qu'il visitera deux ou trois Universités et
faire déjà son choix. Et, chose qui arrive souvent, il ne faudrait pas
se laisser guider par la considération que des condisciples de X ou
d'Y vont aussi à Berlin ou à Munich. Sortir du cercle familier
auquel on est habitué, sera au premier moment peu agréable, mais
est une condition indispensable d^une formation intellectuelle com-
plète. Qu'on ne sHmagine pas qu'on pourra réparer plus tard cette
lacune ; peu de gens conservent assez de souplesse d'esprit pour qu'à
l'âge mûr ils puissent changer en changeant d'entourage. Il est
superflu de donner des conseils plus précis, mais quelques indications
(i) On ne peut que mettre en garde contre le Triennium philologicum de Freund
et contre son ouvrage : Wie studiert man klassische Philologie ? — Je prie d'aiU
leurs qu*on n'accepte pas mes conseils sans discernement et qu'on réfléct&isse qu*il
peut se présenter tel cas où ils seraient sans valeur. Je tiens à dire aussi qu'outre
ies livres que j'indique il en existe d'autres qui sont recommandables.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 211
générales ne seront pas inutiles. Elles n*ont de valeur que pour ceux
qui veulent réellement étudier. Celui qui a l'intention de s*amuser
pendant un ou plusieurs semestres, trouvera facilement de lui même
une ville qui s y prête. Cest une chose qu'il faut déconseiller au
philologue plus qu'à tout autre, car il doit mettre son temps à profit
dès le commencement. Le temps et l'occasion de se récréer ne
manqueront d'ailleurs pas même à celui qui suit sérieusement un
certain nombre de cours, surtout pendant les premiers semestres.
Pour le début, une petite Université est à recommander sans aucun
doute : là, le jeune étudiant aura l'occasion de prendre conseil sur
ses études auprès de ses professeurs. Celui qui se rend tout de suite
à une grande Université s'expose à suivre au hasard des cours, qu'il
n'entendra peut-être que par intérêt ou par sentiment du j devoir,
mais qui ne lui donneront pas une idée exacte de la nature de la
philologie classique, faute dun guide quelconque qui lui montre
le bon chemin. Il peut d ailleurs arriver qu'il s'en trouve personnelle-
ment très bien et qu'il s'imagine avoir acquis beaucoup de connais-
sances; mais quand il s'agira ensuite d'entrer au séminaire, il
reconnaîtra qu'il doit recommencer au commencement. Pourj le
choix de la première Université, on peut demander conseil aux
icunes professeurs de gymnase, et non aux anciens, qui ne sont que
trop exposés à envisager la situation d'il y a trente ou quarante ans
à X ou à Y. On peut aussi s'adresser à des élèves en Iphilologie déjà
avancés dans leurs études, mais à ceux de qui l'on peut attendre une
appréciation sur autre chose que sur les brasseries. Il est utile, cela
s'entend, d'examiner les programmes des cours. Ontles trouvera dans
les Hochschuînachtichten (Munich, Âkademischer Verlag) sous la forme
la plus commode et au meilleur compte ; on peut aussi les obtenir au
secrétariat des différentes Universités. Mais il ne faut pasj^se décider
uniquement d'après l'intitulé des cours. Ce n'est pas seulement le
sujet qui fait le cours, c'est aussi et plus encore le professeur. Un
cours de grammaire, qu'on tient pour aride, peut;être très intéressant,
tandis qu'un cours d'histoire de l'art peut distiller un mortel ennui.
Si l'on a des doutes sur quelque point que ce soit, qu'on s'adresse
sans késitaiian à celui-là même qui fait le cours : c'est un conseil qu'on
ne saurait trop répéter. On ne doit pas regarder leprofesseur
comme im être d'une espèce supérieure, indifférent à tous les intérêts
purement humains; il faut, au contraire, présupposer chez lui un vif
intérêt pour le bien de ses auditeurs et dès V arrivée dans la ville uni-
versitaire, on fera bien de se rendre chez lui, à l'heure fixée pour les
réceptions, ne fût-ce que pour se présenter.
Quand on est familiarisé suffisamment avec sa branche, ce qui
n'est possible qu'après deux semestres, on peut utilement se rendre
212 LE MUSÉE BELGE.
dans une grande Université, où Ton ne peut guère compter
sur des relations suivies avec les professeurs. Pour la choisir, il faut
tenir compte de ceci : celui qui habite une petite ville ne doit pas
négliger de passer un semestre à Berlin; l'Allemand du Nord doit
apprendre à connaître la vie de l'Allemagne du Sud et de TOuest, et
vice versa. Là aussi il faut chercher à ne pas rester isolé, et fréquenter
au moins quelques condisciples en philologie, ceux-là surtout, si
possible, qui ont visité d'autres Universités et en ont rapporté
d autres directions. Après quelques semestres, il faut se demander
s'il est utile de continuer ses éludes à cette université, d'y passer son
examen (ou ses examens) ou de changer encore une fois. Cela dépend
de la question de savoir si l'on a l'espoir de devenir membre effectif
du séminaire et si le séminaire est organisé de telle façon qu'on
puisse y faire de réels progrès. L'affluence au séminaire est- elle telle-
ment grande qu'on ne peut y prendre une participation personnelle
et active, on fera mieux de retourner à une Université moins impor-
tante. Il faut le faire au plus tard au sixième semestre, car on doit
rester membre d'un séminaire pendant deux à trois semestres. Je prie
qu'on ne me comprenne pss de travers ; je ne veux pas dire que ce
plan d'études soit le seul bon, mais pour des jeunes gens de force
moyenne il est à peu près le plan normal et chacun agira bien en ne
se faisant pas une trop haute idée de ses capacités. Le primus omnium
qui. avant de commencer ses études, se croit sûr d'arriver au profes-
sorat ordinaire, n'est souvent devenu qu'un étudiant médiocre (n.
Autre question délicate : faut-il entrer dans une société estudùintine ?
Il n'arrive que trop souvent que le a bleu » (Fucks) se fasse recevoir
dans une corporation parce que des condisciples y jouent un rôle
actif ou qu'arrivant dans la petite ville, il est d'avance retenu par une
association et y entre bon gré mal gré, avant d'avoir vu d'autres cor-
porations et d'avoir pu se faire une idée de la vie universitaire. Ce
sont deux erreurs profondes que plus d'un a déjà amèrement regret-
tées. Les conseils que Polonius donne à Laerte avant son départ,
sont toujours dignes d'être médités Dans la plupart des Universités,
il y a des cercles de philologie où l'entrée ne sera pas nuisible à celui
qui veut étudier sérieusement. Mais ici même il ne faut rien préci-
piter : qu'on ne juge pas d'après les Statuts mais d après l'impression
que font les membres. Celui qui tombe dans une association unique-
ment occupée à s'amuser, par exemple dans une petite association
portant couleurs, de deux ou trois membres, doit compter sur une
'0 Celui qui a en vue l'enseignement universitaire fera bien de suivre le même"
plan d'études que les autres, et dans tous les cas de passer l'examen d'Etat.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE, 21 3
perte de plusieurs semestres et manquera souvent la correspondance
tout-à fait. Dans aucun cas, on ne doit entrer dans une association
où Ton est seul de sa branche, car l'isolement est presque toujours
désastreux pour un philologue classique.
Le plus souvent, les études auront pour but Yexamen de professeur
de renseignement moyen (OberUhrer), mais il n'est pas bon que ce
but soit fixé dès le commencement. Les étudiants qui, dès le début
de leurs études, se procurent le programme des examens et Vont
principalement en vue dans tout le cours de leurs études, c'est à-dire
qxii n entendent et ne font que ce qui est exigé par ce programme,
ne font que trop facilement naufrage, parce qu'ils^ ferment de gaieté
de cœur leur esprit aux directions précieuses et n'ont à exhiber à la
fin qu'un amas de connaissances stériles sans aucun lien intellec-
tuel. Pour éprouver une véritable satisfaction pendant et après ses
études, il faut cultiver la science pour elle-même et acquérir une connais-
sance précise de Tantiquité — sur laquelle le programme des examens,
à la vérité, est muet. L'étudiant ne saura qu'une seule chose : c'est
que le grec et le latin sont ses branches principales ; plus tard, il
fera définitivement choix des branches accessoires qui figurent au
certificat à'Oberlehrer. Il ne sera pas mauvais pour lui si, dans les
premiers semestres, il entend des leçons intéressantes sur Tun ou
Tautre sujet (i) et s'il se décide ensuite seulement pour les branches
de l'examen. En tous cas, c'est aux branches principales qu'il doit
tout d'abord s'appliquer. Or la situation est telle que le grec et le
latin ne forment, en un certain sens, qu'une seule branche et ont un
séminaire commun ; pour comprendre le rôle de la civilisation
antique dans l'histoire universelle, il faut cultiver également l'un et
l'autre. Il est donc à recommander, même pour des raisons pratiques,
de travailler également ces deux branches. Au moins faut- il, si l'on
veut obtenir le diplôme de professeur de latin dans les classes supé-
rieures, tâcher d'obtenir celui de professeur de grec dans les classes
inférieures, ou vice vefsa, bien que le programme des examens ne
le prescrive pas. (Au contraire, on pourra tâcher d'obtenir en même
temps le diplôme pour le grec et le latin dans les classes inférieures,
parce qu'il n'exige pas une connaissance scientifique approfondie.)
Les cours varient le plus souvent d'une année à l'autre; en effet, les
sujets sur lesquels peuvent se faire les leçons sont très nombreux et
les anciens professeurs eux-mêmes choisissent souvent des matières
(i) A Berlin surtout, il existe des cours publics d'une heure par semaine sur des
questions d*un intérêt général, et ces cours ne manquent nulle part. Ce serait une
faute cependant de s'inscrire pour toutes les leçons de ce genre, car l'expérience
prouve que Tintérêt dure rarement jusqu'à la tîn.
k
214 LE MUSÉE BELGE.
nouvelles. Ordinairement les professeurs s'entendent pour que les
cours faits pendant le même semestre sur la science de l'antiquité se
complètent les uns les autres et constituent un bon choix des diffé-
rentes branches. Il y a le plus souvent trois représentants de la phi-
lologie classique, un archéologue et un historien : Téliidiant se trouve
donc en présence de toute une série de cours spéciaux entre lesquels
il doit choisir. Qu on ne se fasse inscrire en aucun cas sans prendre
conseil; quon s'adresse à un jeune professeur de renseignement
moyen, qui a assisté aux cours de la même Université, ou à un con-
disciple plus ancien. Il ne faut d'ailleurs pas suivre leurs conseils
aveuglément, mais assister au cours pendant une semaine au moins :
c'est un droit que le règlement accorde. Celui qui se sentira incapable
de suivre ou qui ne trouvera aucun intérêt à ce qu'il entendra, fera
mieux de ne pas s'inscrire. Un conseil important pour les débutants
c'est que, dès le premier semestre, ils doivent prendre part aux exer-
aces ou cours pratiques. Il y a deux espèces à considérer : les exercices
de style et le proséminaire. Depuis nombre d'années, les exercices de
style ont été introduits partout, parce que le gymnase ne procure
plus la même facilité à écrire les langues anciennes qu'auparavant.
Le débutant ne peut en aucun cas négliger d'y prendre part et ne
pourra s'en dispenser que quand il se sentira sûr dans l'usage du
grec et du latin, car cette assurance est une condition nécessaire du
succès des études. Plus d'un ne s*en aperçoit qu'au moment
où il entreprend un travail de séminaire ou une dissertation et
qu'il ne réussit pas à mettre en un latin intelligible les idées les
plus simples - ou quand on lui impose, à l'examen d'État, comme
travail final, un thème grec ou latin et qu'il n'est plus même en état
de satisfaire aux exigences de l'examen de sortie (Ahiturientenexamen).
Ces exercices se font souvent au proséminaire, ou bien il faut y avoir
participé avec succès pour être admis au proséminaire, où l'on n'entre
alors qu'au deuxième ou troisième semestre. Quoi qu'il en soit, il
faut en tous cas entrer le plus tôt possible au proséminaire et tâcher
de bien profiter des exercices qu'on y fait. Car c'est là qu'on s'initie
le plus vite et le plus facilement à la science ; c'est là qu'on acquiert
un tour de main qui viendra à point plus tard ; c'est là qu'on se met
au courant des questions qui sont agitées dans les sciences philolo-
giques ; c'est là — last nol least — que l'on apprend à connaître les
manuels et tous les instruments de travail qu'il faut savoir employer
avec assurance. Là enfin on entre en relation avec les professeurs qui
trouvent l'occasion de distinguer les aptitudes de leurs élèves pour
les diriger dans leurs études. Le plus souvent c'est de la participation
à ces exercices que dépend l'autorisation de fréquenter la biblio-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 5
thèque du séminaire. Les étudiants, qui ne disposent généralement
pas d'une riche bibliothèque particulière, doivent s'habituer à tra-
vailler dans ce local, et parfois, on passera utilement les heures où
Ton ne se sent pas disposé à un travail sérieux, à parcourir les rayons
de la bibliothèque du séminaire.
Il serait beaucoup plus difficile de donner des conseils précis sur
le choix des cours à suivre. Qu'on se garde avant tout de trop entre-
prendre ; pendant les premiers semestres il ne faut pas assister à plus
de 24 leçons par semaine; plus tard, quand on est occupé par les
travaux du séminaire, il faut encore diminuer le nombre des leçons.
On rencontre des étudiants capables de suivre jusque trente leçons
par semaine, mais ils ne peuvent s'assimiler qu'une faible partie de
ce qu'ils entendent. En effet, il faut se garder de croire qu'il suffit
d'assister, fût-ce régulièrement, à un cours ; il faut, si possible, s'y
préparer et en tous cas le repasser après. Veut-on suivre Tinterpréta-
tion d'un auteur, il faudrait, pendant les vacances qui précèdent le
semestre, lire l'ouvrage qui sera interprété; ou bien, avant chaque
leçon, il faudrait étudier le passage qui va être expliqué, pour pou-
voir suivre sans peine. Plus tard, pendant les vacances, on pourra
lire des livres qui se rapportent aux leçons qu'on aura entendues ;
ainsi, par exemple, si Ion a entendu expliquer une pièce d'Aristo-
phane ou de Térence, on pourra lire quelques autres pièces de ces
auteurs. Si le titre de certains cours indique qu'ils sont destinés aux
débutants (par exemple « Introduction à la philologie classique t),
on les suivra naturellement. D'autres, au contraire, paraîtront trop
difficiles ; ainsi, par exemple, Pindare, Eschyle, Plante ne convien-
dront pas poiu" le premier semestre. Cependant d'habiles professeurs
réussissent à rendre ces matières accessibles aux commençants.
Même s'il s'agit de leçons grammaticales, on fera d'abord un essai
pour voir si Ton est en état de suivre. Pour ce qui est des cours
théoriques, tels que l'histoire littéraire, les antiquités, la mythologie,
ils seront le plus souvent compris des débutants, surtout si ceux-ci
prennent la peine de comparer avec un bon manuel. C'est une
opinion assez répandue que de pareils cours sont superflus, parce
qu'il y a, dit-on, des manuels excellents. Cela peut être vrai dans
certains cas, mais le plus souvent le professeur aura soin de donner
dans son cours précisément ce qui manque dans les manuels, ou de
présenter les choses sous un jour nouveau, de les envisager d'une
manière différente, ou de les rendre plus vivantes ou plus intelligibles.
Mais il n'existe pas de bons manuels pour toutes les branches impor-
tantes. Il n'y en a pas, par exemple, pour la métrique, où les vues
sont en train de se modifier complètement. L'histoire de la littérature
2l6 LE MUSÉE BELGE.
grecque de Christ ne rend pas superflu un bon cours sur cette
matière II sera difficile à la plupart des étudiants de s'initier aux
questions de mythologie et d'histoire religieuse dans les ouvrages
même excellents (tels que ceux de Robert, Gruppe et Wissowa).
Une autre opinion également fausse, c'est que les cours sur les
auteurs classiques sont les seuls qui aient une valeur réelle. Il ne
faut pas considérer ce qui pourra plus tard être d une utilité directe
et pratique, mais les bonnes directions que Ton reçoit (i).
(A continuer.)
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
178. — Maurice Croisât, Aristophane et les partis à Athènes, Paris,
Fontemoing, 1906. 3 fr. 5o.
M. Maurice Croiset a écrit sur Aristophane un livre charmant. Le
sujet n'est pas nouveau et M. Croiset rappelle lui-même l'ouvrage
où M. Couat avait essayé de le traiter à fond, mais dont les solutions
ne paraissent pas tout- à-fait satisfaisantes.
M. Couat se représentait Aristophane comme un homme poli-
tique, inféodé à un parti et se servant de la comédie pour faire de la
polémique, comme en ferait un journaliste et un journaliste d'un
tempérament bouillant, animé de passions violentes et même
haineuses.
Qu'il y ait eu des hommes de cette trempe dans une démocratie,
comme la démocratie athénienne, rien d'étonnant; qu'on les ait
laissés parler, qu'ils aient même été applaudis, encouragés, que
beaucoup d'autres auteurs comiques aient repris les mêmes thèmes,
toujours avec le même succès, cela est plus remarquable; et
M. Croiset l'a parfaitement vu, ce n'est pas seulement Aristophane
qui est un problème, c^est encore son public. Considérons donc
d'abord ce public. A Vekklesia, aux grands jours où Cléon sévit à la
tribune, ce sont les hommes de métier, les ouvriers du Pirée, les
petits marchands, dont, d'après Socrate qui veut encourager le craintif
Charmide, le jugement n'est pas à craindre. Aux grands jours des
Dionysies, les grosses réserves de la démocratie athénienne ont
donné. Les ruraux sont arrivés en foule. La politique ne les intéresse
guère ; ils la laissent d'ordinaire aux citadins ; eux n'interviennent
que dans les grandes occasions. Les ruraux constituent la majorité
([) D ailleurs on fklt dt:^ cours sur tous les auteurs classiques qui s'y prêtent. Les
éludjanis doivent se ^iiftit;r de croire qu'ils connaissent tellement bien leur Horace,
leur Sophock ou leur Demosthène, qu*un cours sur ces auteurs ne puisse leur ouvrir
des horjïonâ nouveaux.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2\J
de la population de TAttique, car, comme le dit Thucydide, « le plus
grand nombre des Athéniens avaient une habitude ininterrompue de
vivre à la campagne ».
Cherchons à nous représenter le tempérament de ces paysans
athéniens. Au fond, ils sont démocrates, mais ils le sont avec calme
et avec sagesse. Ils veulent l'égalité de tous, mais ils ne l'entendent
pas à la façon des démagogues. Ceux-ci font systématiquement la
guerre à toutes les supériorités : les paysans ont gardé le respect des
grandes familles qui vivent au milieu d'eux.
Les campagnards ont en outre des habitudes et des tendances
conservatrices : en ville, on est porté vers toutes les nouveautés ; ce
qui était hier ne vaut rien. Le campagnard croit que le passé, qui
a pour lui le fait même de son existence, mérite d'être respecté et
ménagé. Le citadin a un faible pour ce qui n'a pas encore été tenté :
le campagnard ne se prête qu'à contre-cœur à des expériences. Il a
des traditions : il cultive son champ d'après les méthodes de ses
ancêtres : il comprend difficilement qu'en politique on ne s'y prenne
pas de la même façon.
N'oublions pas entre le campagnard et le citadin une certaine
opposition d'intérêt. Le second fait de la politique son affaire, il en
vit, il s'en amuse. Le premier, pendant ce temps-là, travaille.
Enfin, aux Dionysies, si le paysan est venîi en ville, c'est pour son
plaisir, a La comédie athénienne a été essentiellement rurale par ses
origines ». Elle a d'abord été une mascarade rustique qui cherchait
à faire rire un public tout disposé à s'égayer. Elle a toujours gardé
de ses origines la parodie audacieuse, la satire hardie, la plaisanterie
très libre.
Voilà sommairement décrit le public. Aristophane, lui-même,
d'après ce que rappelle M. Croiset, en est par ses origines et par ses
tendances : c'est essentiellement un rural, épris de la campagne, en
comprenant toute la beauté, s assimilant l'esprit, les façons de penser
de ses habitants.
Il est surtout, pourrait-on ajouter, un auteur dramatique, c'est-
à-dire que ses théories ou ses préférences personnelles sont subor-
données dans une large mesure au succès de ses pièces. Somme
toute, il fait un métier, très beau et très noble, mais dont le but est
d'arriver à plaire. Ce n'est point un philosophe que la contradiction
soutient et excite, ni un orateur, ui un avocat qui défend une cause :
c'est un poète qui veut se faire applaudir, qui doit être applaudi,
dnon il a perdu son temps. C'est un amuseur, pas à la façon de
Scribe qui ne voulait être que cela ; mettons à la façon d'Alexandre
Dumas fils, avec des préoccupations sérieuses, la très haute prétention
2l8 LE MUSÉE BELGE.
de moraliser, mais aussi avec la crainte très légitime d ennuyer et le
<iésir non moins légitime d'amuser. En d autres termes, quand on
est un auteur dramatique, il faut plaire. Or, il y a deux façons de
plaire : la première est d*être de lavis des gens à qui on parle, et la
seconde est d'être de l'avis contraire, à une condition essentielle,
c'est que les gens que Ton contredit soient de bonne humeur ; s'ils
sont dans ces dispositions, et que l'on ait soi-même beaucoup desprit,
ou leur fera passer leur propre caricature; ils s'applaudiront eux-
mêmes sur la scène, sous les travestissements et la charge.
Si on applique tout cela à Aristophane, on en conclura, ce me
semble, que ses opinions, ses théories, telles que les expriment ses
<:omédies, sont faites de pièces et morceaux : une partie vient de lui,
une autre de son public là où il est d'acco:d avec lui, une autre du
public encore, mais par réaction.
Je reviens au livre de M. Croiset : il analyse successivement toutes
les pièces d'Aristophane et y relève toutes les attaques et toutes les
allusions politiques qu'elles renferment. Je ne puis pas le suivre
dans cette analyse extraordinairement intéressante par sa finesse et
convaincante par sa justesse. J'en retiens là conclusion. M. Croiset
a, dans son introduction, décrit la situation politique d'Athènes :
à gauche, les démagogues, Cléon, plus tard, Cléophon, soutenus
par les électeurs urbains ; à droite, les oligarques, divisés en droite
modérée que représentent Théramène et les auteurs de la constitution
des 400, et extrême droite dont l'auteur du pamphlet qui figure
parmi les œuvres de Xénophon représente bien les tendances. Entre
deux, formant un centre, la grosse masse des électeurs ruraux,
mais un centre qui incline vers la gauche, car il se méfie de la droite,
et un centre gauche qui critique, qui proteste, mais qui finit toujours
par laisser faire. M. Croiset montre qu'Aristophane ou plutôt ses
comédies, car ce n'est pas la même chose, appartiennent à ce centre
gauche, ou plutôt encore, n'appartiennent pas du tout à la droite.
Henri Francotte.
179. — H. Lechat, Phidias et la sculpture grecque au V^ siècle, Paris,
Librairie de l'art ancien et moderne, s. d. 3 fr. 5o.
Quelques mérites que puisse avoir l'archéologie allemande, il est
des qualités par lesquelles, sans conteste, je crois, les archéologues
français les dépassent, c'est la clarté de la pensée, la finesse et la
sûreté du goût. Ce sont ces mêmes qualités qui, jointes à une érudi-
tion complète, distinguent les livres de M. Lechat. Celui que nous
annonçons n'est pas le premier. Je connais de lui un travail de haute
science, Au Musée de r Acropole (igoS), dont on peut contester certaines
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2I9
théories, peut-être trop absolues, mais qui témoigne en tout cas d'un
archéologue de tout premier ordre — et un autre petit volume de
vulgarisation : Le temple grec (Paris, Leroux, 1902), que je ne saurais
assez recommander à ceux qui, sans faire de longues études, veulent
connaître et comprendre le temple grec (Voy. ce Bull,^ 1902, p. 387).
Le livre que nous annonçons aujourd'hui est aussi un livre de
vulgarisation. J'hésite à employer ce mot qui peut paraître un peu
défavorable. Car le livre de M. Lechat est rempli de science et de
documentation. Les discussions en ont été écartées, mais les résultats
en sont donnés avec une précision, une mesure, qu'un savant comme
lui, familiarisé depuis longtemps avec la matière, peut seul apporter.
Le centre du livre et son objet est Phidias. Mais M. Lechat ne le
laisse pas isolé. Comme tous les génies, Phidias a été préparé. Il est
Taboutissement et le résumé du labeur des générations précédentes
et, quand il disparaît, son œuvre continue à inspirer les artistes qui
lui succèdent. S'inspirant de cette idée, M. Lechat fait à grands
traits rhistoire artistique des siècles qui ont précédé Phidias. Natu-
rellement, dans cette histoire, il ne perd pas de vue le grand homme
dont il veut faire comprendre l'œuvre. Phidias, c'est, avec le génie
en plus, la réunion splendide et harmonieuse des qualités natives de
la sculpture dorienne et ionienne. Ce sont ces deux courants dont
M. Lechat veut faire l'histoire dans la période antérieure au grand
sculpteur d'Athènes. Phidias ayant embrassé dans son œuvre la
statuaire décorative soit en ronde bosse soit en relief, M. Lechat
suit l'évolution de ces genres durant le vii«, le vi^ et le v® siècle
jusqu'en 480.
L'œuvre de Phidias est ensuite analysée en détail.
La troisième partie est consacrée à l'influence exercée par le grand
artiste sur la génération qui l'a suivi. Après lui il y eut une renais-
sance ionienne, ou plutôt un retour partiel vers l'élégance ionienne.
Les œuvres postérieures à Phidias présentent donc, avec un reflet
plus ou moins apparent de la grandeur, de la majesté idéale des
sculptures du maître, des marques plus ou moins visibles du goût
ionien pour la grâce, pour l'élégance, pour le joli. Cette partie n'est
pas la moins intéressante du livre. Voilà, dans ses grandes lignes,
le contenu du beau livre de M. Lechat. Ce que notre sèche et courte
analyse ne dit pas, c'est la chaleur avec laquelle le livre est écrit, et,
malgré cette éloquence, la précision, la netteté de la pensée et la
complète absence de phrases inutiles. On emporte de sa lecture
l'impression très saine d'avoir appris à observer, à réfléchir, à com-
prendre et de voir plus clair dans le fouilli un peu embroussaillé des
productions grecques des vii^ et vi* siècles.
220 LE MUSÉE BELGE.
Et ce n'est pas un livre qu'on laissera après Ta voir lu. Il contient
d'abord une table chronologique qui met les œuvres d'art en rapport
avec les faits historiques ; puis une bibliographie, indiquant, pour
chacune des œuvres d'art citées les reproductions photographiques
ou autres qui en ont été faites et enfin un index très complet, qui
permet de retrouver chaque détail du livre. A ces mérites, il joint
une illustration très satisfaisante. Ce petit livre de 174 pages contient
27 gravures d'une exécution irréprochable. E. Remy
180 — R C. Kukula, Alkmans ParthenHon. Ein Beitrag zum lako-
nischen Artemiskulte. Leipzig, Weicher, 1907. 3i p. o m. 80.
(Philologus, LXVI).
Éclairer Tœuvre encore si obscure d'Alkman en retrouvant l'occa-
sion qui l'a fait naître, tel est le but de cet article. L'auteur croit,
avec beaucoup de vraisemblance, que ce Partheneion était destiné
à être chanté pendant une procession qui aurait eu lieu annuellement
à Sparte en l'honneur d'Artémis Orthia, procession où Ton portait le
vêtement sacré de la déesse et pendant laquelle avait lieu un repas
sacré (i) Il puise ses arguments dans le texte lui-même (v. 96, 'OpOia •
«pâpoç. ff vêtement » et non « charrue », comme le veut le scoliaste;
v. 116, GiwaTï^pia, repas sacré) et dans la comparaison avec le culte
d'Artémis d'Éphèse, où Ton retrouve la même procession et les
mêmes cérémonies.
Peut-être pourrait- on reprocher à l'auteur d'avoir un peu trop
allongé son commentaire : il y a beaucoup de notes, intéressantes
d'ailleurs, mais qui trouveraient mieux leur place dans une édition
annotée du Parthénion que dans une étude de ce genre (v. 71-74,
82, 87, etc.). Certaines interprétations paraissent bien hypothétiques
(par ex., v. 95 : on n'a pas de preuve suffisante que le chœur qui
chantait le Parthénion était le chœur des Pléiades, ni surtout qu'il
était opposé à un chœur rival d'Hyades). L'interprétation de
àbcuTëpa (v. 93) comme nom propre lève bien des difficultés, mais
pour séduisante qu'elle soit, la présence de l'article que l'on ne
trouve pas devant les autres noms propres de cette pièce et qui
paraîtrait moins justifié ici que dans les autres passages, reste une
difficulté.
La paraphrase qui suit chaque strophe paraîtra peut-être aussi un
peu trop libre.
11 n'en est pas moins vrai que l'interprétation nouvelle de l'en-
(1,1 Je me permets de rappeler ici la dédicace à Artémis Orthosia publiée dans
celle revue, VU, p. 73 (et. X, p. 42} cl doni la découverte esi postérieure au travail
de T.iorasen, Orthia^ «902, cité par M. Kukula.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 221
semble, sans résoudre toutes les difficultés d'une œuvre qui en est
hérissée, jette un peu de clarté sur le Parthénion d'Alkman et en fait
un document précieux pour la connaissance du culte d'Artémis
Orthia. M. Kukula a fait d'une pierre deux coups : c'est là un beau
résultat. Paul Graindor.
i8i. — A. Michel, Syntaxe grecque abrégée. 2^ édit. Tableaux muraux.
Hauteur : 1,45 m. \ longueur : i mètre).!. Emploi des cas. II. Emploi
des Modes et des Temps. Tournai, Casterman, 1906.
Au moment où quelques profanes, rêvant le triomphe de Tutilita-
risme, prononcent la déchéance des littératures anciennes, il est
réconfortant de voir que d'intelligentes initiatives surgissent, amélio-
rant, simplifiant les méthodes, afin de rendre plus accessibles aux
jeunes gens tant de chefs-d'œuvre qu'on voudrait ravir à notre
civilisation.
On doit savoir gré à M. Michel d'avoir contribué largement à
cette tâche en publiant pour les élèves d'humanités sa Syntaxe grecque
abrégée et surtout ses Tableaux^ fruit d'une, longue expérience et de
patientes recherches (i).
« Donner à l'élève la solution des difficultés qu'on rencontre
couramment dans la lecture des auteurs », tel est, d'après la Préface
de la seconde édition, le but que l'auteur s'est proposé. M. Michel
ne veut d'enseignement systématique de la Syntaxe que pour les
règles essentielles : « Nous n'admettons pas, dit il, qu'on impose à
l'élève V étude d une Syntaxe détaillée : les particularités, exceptions,
remarques ne peuvent faire l'objet d'un enseignement systématique ».
Je crois qu'il a raison. La surcharge des programmes, — le temps
si restreint qu'on accorde à la lecture des auteurs grecs, — le peu de
ressources dont disposent les élèves médiocres, rendent difficile sinon
impossible l'étude d'une Syntaxe développée. A quoi bon, d'ailleurs,
exiger cette connaissance ? L'enseignement de la grammaire n'est
qu'un moyhi d'arriver à la lecture des auteurs. Et n'est -il pas à
observer que ce qui arrêta d'ordinaire dans la traduction, c'est, avec
le vocabulaire beaucoup trop négligé, l'ignorance des règles fonda-
mentales ? Et s'il s'agit de particularités, de remarques, ne suffit-il
pas que le professeur indique le numéro de la grammaire complète
où Ton trouvera la solution de ces difficultés ? « Ces notions, dit la
Préface, seront l'objet d'un enseignement occasionnel ». C'est logique.
D'abord, ces notions sont de moindre importance. Ensuite, si elles
se représentent fréquemment au cours des exercices formels ou réels,
(1) Si le Bulletin revient sur cet ouvrage, c'est qu'il juge utile de mettre en
lumière l'ingénieuse innovation de M. A. Michel.
222 LE MUSÉE BELGE.
rélève les connaîtra par Tusage ; si leur emploi est rare, l'élève les
perdra de vue, mais il peut les ignorer sans inconvénient.
Adopterons-nous donc dans nos classes deux manuels, une gram-
maire complète et une Syntaxe abrégée ? — M. Michel voudrait voir
dans les grammaires classiques un précis de quelques pages^ exposant
les grandes règles que tous les élèves doivent connaître parfaitement.
Déjà, dans les manuels en usage chez nous, la différence des textes
grand, moyen et petit, permet de distinguer les règles importantes
des notions accessoires ; il n'en est pas moins vrai que cette disposi-
tion enlève à l'énoncé tout caractère synoptique, et que la suite des
règles ainsi espacées est difficile à saisir. « Si les grammaires adoptées
dans nos établissements présentaient le résumé que nous réclamons,
dit M. Michel, nous n'aurions pas publié notre Syntaxe ». C'est donc
avant tout à la vulgarisation d'une idée que l'auteur travaille : Futilité
d'un résumé très court mais complet, joint à la Syntaxe détaillée.
Qu'on se garde pourtant de croire que M. Michel se soit borné à
un simple travail de transcription, a Notre abrégé, dit- il, résume^
ordonne, erplique^ complète, suivant les cas, les notions contenues dans
les grammaires renseignées au titre » . De là, les subdivisions absolu-
ment neuves et rédigées d'après un ordre plus distinct, par exemple,
dans les chapitres : Règles d'accord; Emploi de V article; Questions de
Temps et de Lieu. De là encore sur la Valeur des Temps et des Modes^ sur
les Sens de V article des aperçus d'une grande netteté, mais que l'auteur
regrette d'avoir dû introduire dans son abrégé. Quoi qu'il en soit, ces
notions seront très utiles sinon indispensables aux professeurs. Pour
couper court à toute discussion, peut-être eût- on mieux fait de les
placer en Appendice.
Plus intéressante encore est l'innovation qui nous apporte les
Tableaux muraux de Syntaxe grecque : imprimés en grandes
capitales pouvant être lues à distance, et destinés à servir au cours
de chaque exercice, de la Cinquième à la Rhétorique, ils faciliteront
singulièrement la tâche du maître et celle de Télève.
Ici, les règles fondamentales de la Syntaxe grecque, rien de plus.
L'exposé en est méthodique, d'une grande concision mais d'ime telle
clarté qu'on arrive, en s'aidant des titres et sous-titres, à formuler
sans peine les règles étudiées au préalable dans le manuel. Au reste,
la meilleure part des Tableaux est réservée aux exemples déjà connus;
les caractères employés, larges et forts permettent de les utiliser dans
les classes les plus nombreuses, c La règle ne se comprend et ne se
rappelle que par l'exemple » écrivait M. Féron (i).
(i) a Quelques mots d*obs2rvations au sujet de la Syntaxe complète ».
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 223^
Ces tableaux sont donc vraiment intuitifs, « Ils doivent servir, dit
M. Michel, tant i** à la répétition d'un groupe de règles qu*à 2° ren-
seignement occasionnel de la S3mtaxe. soit dans la lecture des auteurs^
soit dans les exercices formels ». Nous ajouterons qu'ils ne se prêtent
pas moins à la comparaison ci fructueuse des règles (p. ex. de l'emploi
des mêmes modes, dans les conditionnelles et les temporelles; de
Taccusatif, dans les questions de temps et de lieu) et à la synthèse des
notions concernant un point déterminé (p. ex. l'emploi de ôv dans
les différentes propositions) .
Intuition, répétition, comparaison, synthèse, si ces procédés sont
d'une importance capitale et que les Tableaux de M. Michel en
exigent l'application constante, on peut se promettre de leur emploi
de rapides progrès et une sérieuse connaissance de la syntaxe grecque.
Toutefois Tétude de la Syntaxe ne suffit pas. Il faudrait aussi des
tableaux aplanissant les principales difficultés de la Lexigraphie :
Que M. Michel ne s'arrête pas à mi-chemin ! Enfin, il faut que le
Maître profite soit de V extemporale, soit de la revue des auteurs, pour
étendre de jour en jour le vocabulaire des élèves. C'est un point sur
lequel en terminant je me permets d'appeler la sérieuse sollicitude
des professeurs qui veulent relever les études grecques dans leurs
classes et faciliter à leurs élèves la lecture des auteurs. E. Remy.
182. — Li. Fahz, De poetarum Romanorum doctrina magica quaestiones
seUctae, Giessen, Tôpelmann, 1904. 64 p. (Religionsgeschichtliche
Versuche und Vorarbeiten.)
Ce livre appartient à une collection de travaux sur l'histoire des
religions que dirigent MM. A. Dieterich et R. Wûnsch. L'auteur se
propose de rechercher les traces des pratiques magiques dispersées
dans les œuvres des poètes romains et de déterminer ensuite quelle
a été leur connaissance de la magie. Ce mot de magie est un de ces
termes, à signification vague et flottante, dont on abuse beaucoup
dans les travaux sur l'histoire des religions M. Fahz, pour définir
l'objet de sa dissertation, expose ce qu'il entend par magie (p. 3) :
m^gi^ dit-il, id spectant ut^ quae supra hominum vires sunt^ deorum, imprimis
im/erorum. auxilio adipiscantur. N'était là restriction imprimis in/erorum
(et encore!), quelle dififérence M. Fahz met-il entre la religion et la
magie ? D'après sa définition, toutes les fois que l'homme demande à
la divinité des choses dépassant l'efficacité des moyens purement
humains, c'est de la magie. Cela est inacceptable. Quelques convictions
religieuses que Ton ait, c'est un fait qu'il y a des hommes, et ils sont
nombreux, qui repoussent toute magie et toute attache à la magie, et
qui cependant recourent à la divinité et en attendent avec une humble
224 ^^ MUSÉE BELGE.
confiance, excluant toute idée de contrainte, des efifets dépassant les
forces humaines. La définition de M. Fahz les décrète de magie.
C'est par trop sommaire. Combien est plus nette au fond la vieille
définition que donne Apulée dans VApologia (ch. iS et 26)? Sans
remonter si haut, Bouché -Leclercq, dans ses Leçons d*histoire grecque,
(p. i3), en présente une définition qui a le mérite de distinguer
les deux domaines voisins, mais bien distincts et séparés. Si M. Fah^
voulait s'en tenir rigoureusement à sa définition, c'est toutes ou
presque toutes les manifestations de la religion qu'il devrait rechercher
dans la littérature poétique.
Heureusement le développement de la thèse est plus logique que
la définition. Comme le titre l'indique, M. Fahz s'est borné à une
partie des pratiques magiques, la nécromancie et la magie amoureuse.
Ce sont les deux grandes divisions. Les moyens employés sont les
sacrifices, les prières, les phylactères, c'est-à-dire des moyens propres
à prévenir une contre-action magique, et enfin les pratiques de la
magie sympathique. Telles sont les quatre subdivisions de chacun
des deux premiers chapitres. L'auteur, à propos de sacrifices, énu-
mère les choses sacrifiées, puis expose les rites ; — à propos, des
prières, il énumère les divinités auxquelles on s'adresse. Chaque poète
est cité avec des références utiles aux travaux qui peuvent l'expliquer.
Dans le troisième chapitre, M. Fahz traite des sources des poètes.
Les poètes sont classés en deux catégories. D'abord ceux dont les
œuvres présentent des traces des pratiques de la magie amoureuse,
notamment Horace (Epodes V et XVH. Satire 1,8) et Virgile (Bue. 8
et Enéide IV). M. Fahz croit que Virgile a eu recours à la littérature
spéciale de la magie (p. 39) Quant à Horace, si je comprends bien
la pensée de M. Fahz (p. 40), il doit sa connaissance de la magie
surtout aux poètes comiques.
Parmi les écrivains qui ont fait des emprunts à la magie nécro-
mantique, c'est Lucain qui est surtout étudié. La thèse de M. Fahz
(p. 60) est que le poète latin, dans le sixième livre de sa Pharsale, a
fait des emprunts à d'autres poètes latins antérieurs, mais qu'il a
utilisé aussi un traité particulier de magie, impossible à préciser
aujourd'hui.
La dissertation de M. Fahz est une œuvre utile. Elle présente un
bon classement de faits intéressants qui peut rendre de réels services
non seulement dans l'étude de la magie antique, mais dans l'inter-
prétation des auteurs. Il est regrettable que l'auteur n'ait pas cru
devoir faciliter le maniement du livre en y ajoutant un index rerum
détaillé. E. Remy.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 225
i83. — Emory B. Lease, TUi Livi ah urhe condita libri I, XXI ^
XXII. New- York, University publishing Company, 1905. i vol.
in- 12 de LXxii-438 pp. (Gildersleeve-Lodge Latin Séries.)
Tite Live occupe une place importante dans l'histoire de la langue
latine : contemporain à la fois des dernières années de la République
et du début du Principat, il réunit les traits caractéristiques de cha-
cune de ces époques et forme en quelque sorte la transition entre le
latin de l'âge d'or et celui de Vâge d'argent, entre la prose de Cicéron
et de César et celle de Sénèque et de Tacite. Mais son activité litté-
raire s'étendant sur une période de plus d'un demi-siècle, on constate,
entre les premiers et les derniers livres de son ouvrage de notables
différences de style, qui prouvent que la langue de Tite Live elle-
même a subi une certaine évolution.
Cette considération à elle seule pourrait suffire pour justifier
M. Lease d'avoir accordé la préférence, dans l'édition classique de
Tite Live qu'il vient de nous donner, aux livres I, XXI et XXII; ce
sont d'ailleurs ceux que Ton lit le plus souvent dans les humanités.
Le but du nouvel éditeur, en effet, a été surtout d'attirer l'attention
des élèves sur les particularités de la grammaire et de style de l'his-
torien. Aussi l'étude des différents phénomènes lexicographiques,
S3mtaxiques et stylistiques, qui se rencontrent dans les trois livres
choisis, absorbe- 1- elle la majeure partie de l'Introduction (pp. xxix à
Lxvi). L'auteur y a tiré un excellent parti des multiples travaux,
parus dans ces dernières années, qui ont pour objet la langue des
auteurs latins et notamment celle de Tite Live et qui s'inspirent de
cette féconde méthode de statistique dont Woelfflin fut l'un des
principaux initiateurs, que Riemann vulgarisa en France et qui
est pratiquée aujourd'hui avec une maîtrise incomparable par les
philologues américains. Sous ce rapport, le Tite Live de M. Lease
marque un progrès considérable sur les meilleures éditions annotées
que nous possédions jusqu'ici ; c'est une contribution d une valeur
inestimable à l'étude historique de la langue latine. C'est dire que
cette édition ne s'adresse pas uniquement aux jeunes humanistes; les
étudiants en philologie classique et les professeurs auront le plus
grand profit à la consulter.
Le texte adopté reproduit simplement celui de Weissenbom-
Mueller pour les livres I et XXI, et celui de Woelfflin pour le
livre XXII. L'exécution des cartes et des plans est très satisfaisante;
l'impression est soignée. Quant au Commentaire, qui se trouve rejeté
à la fin du volume et qu'il eût été préférable de publier à part avec
l'Introduction, il est presque exclusivement consacré à résoudre les
difficultés d'ordre grammatical. Un Index très complet facilite les
recherches. Léon Halkin.
226 LE MUSÉE BELGE.
Langues et Littératures germaniques.
184-190. — B. van Halteren, Het pronomtn in het Nederlandsck der
zestienàe uuw, Wildervank, H. K. van Halteren, 1906 In-8°, viii-
82 p. I fl. 5o.
J, O. S. van der Veen, Htt TaaUigen van Bredero, Eene bijdrage
tôt de syntaxis van het Nederlandsch der zeventiende eeuw.
Amsterdam, Gebr. Binger, 1905. In 8^ xviii-(38 p. 2 fl,
J. L. Walch, De vatianten van Vondel s Palamedes. Eene bijdrage tôt
de ontwikkelingsgeschiedenis van den dichter. s Gravenhage,
M. NijhofF, 1906. In-80, viii-204 p. 2 fl.
R. JaCObsen, Carel van Mander (15481606), dichter en prozaschrijver.
Rotterdam, W. L. et J. Brusse, 1906. In-80, viii-26o p. 3 fl. 90.
Ch. van SchOOnneveldt, Over de navolging der klassiekfranscJu
tragédie in nederîandsche treurspelen der achttiende eeuw, Doetinchem,
Uitgevers-M^ « G. Misset », 1906. In-S'*, viii-210 p. 2 fl. 25.
M. Schttnfeld, Proeve eener kriiische verzameling van Germaansche voîks-
en persoonsnamen^ vocrkom^^nde in de littéraire en monumentale overlevering
der Grieksche en Romeinscke oudheid, Groningen, M. de Waal, 1906.
In 8°, XXVII1-126 p.
H. Smout, Het Antwerpsch dialecte met eene schets van de geschie-
denis van dit dialect in de 17* en de i8« eeuw. Gent, J. Vuylsteke,
1905. In-80, 162 p.
Sur le néerlandais du xvr siècle, nous avions deux monographies :
Tune, de M. I. B. KolthofF, sur le substantif (Het substantief in kd
Nederlandsch der 16^ eeuw^ Groningue, 1894), l'autre, de M. A. E. Lu-
bach, sur le verbe [Over de verbuiging van het werkwoord in het Neder-
landsch der zestiende eeuw, Groningue, 1891); toutes deux avaient été
suggérées par M. le professeur W. L. van Helten et élaborées sous
sa direction. Sous la conduite du même maître expert, M. B. van
Halteren a étudié un troisième chapitre de la grammaire de cette
époque, à savoir le pronom Je ne dirai pas que pareil travail, qui
ne consiste qu'en une nomenclature « raisonnée » des formes em-
ployées dans les principales œuvres tant en prose qu'en vers de ce
temps, soit attrayant et agréable à lire; mais il est très utile et
même intéressant au point de vue de lliistoire de la langue. Nous
voilà donc, grâce à cette troisième étude, à peu près renseignés sur
la morphologie du néerlandais au xvi* siècle, du moins d'une façon
générale ; il reste encore à étudier la syntaxe.
On sait que le distingué professeur que nous avons cité tantôt
nous a donné, en 1886 déjà, le premier essai de syntaxe historique
par son étude sur la langue de Vondel. La partie syntaxique de cet
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 227
ouvrage pouvait être regardée en même temps comme une syntaxe
générale du néerlandais au xvii* siècle. Mais depuis longtemps Ton
reconnaît qu'il est urgent d'étudier la syntaxe des autres auteurs
remarquables de cette époque. Un premier pas vient d'être fait dans
cette voie par M. van der Veen, qui a choisi pour matière de sa
dissertation doctorale la syntaxe de Brederode. Mais tandis que son
prédécesseur avait suivi la méthode historique, c'est-à-dire que, pour
expliquer les faits observés chez Vondel, était remonté à la période
antérieure du néerlandais et même jusqu'aux anciens dialectes ger-
maniques, M. van der Veen s'est contenté d'une syntaxe purement
descriptive ; il expose simplement, en adoptant le plan qu'ont tracé
dans leur grammaire MM. feu Cosijn et Te Winkel, ce qu'il a trouvé
chez Brederode; il ne recourt au moyen- néerlandais que dans
quelques cas et essaye rarement d'expliquer les phénomènes qu'il
décrit. Ce n'est pas ici le lieu de discuter le bien fondé de cette
méthode, ni de rechercher si notre auteur examine avec toute l'at-
tention nécessaire les faits qu'il constate. Quoi qu'il en soit, l'étude
de M. van der Veen n'en reste pas moins une contribution utile à
l'histoire du la néerlandais.
Il a paru sur Vondel un nombre incalculable d'écrits de toute sorte,
de toute étendue et de toute valeur ; cependant on est loin d'avoir
tout dit. Nous en avons une fois de plus la preuve par le livre parti-
culièrement intéressant de M. Walch. Le titre : l'examen des
variantes du « Palamedes », pourrait nous induire en erreur sur la
portée réelle du livre ; il s'agit, en effet, d'ime question littéraire qui
vaut la peine d'être traitée d'une façon approfondie et complète. —
Vondel a écrit son Palamedes en i625; en i652. il en donne une
édition entièrement remaniée. Entre temps il s'était converti au
catholicisme; il avait passé la soixantaine; ses idées sur beaucoup
de choses, et notamment en matière d'art et de poésie, s'étaient sensi-
blement modifiées. Si l'on «songe que Vondel était un auteur con-
sciencieux, qui, dans la revision de ses œuvres, n'agissait pas à la
légère, on se demande : Que nous apprennent les changements
multiples, mais parfois presque insignifiants, qu'il a fait subir à la
première rédaction de cette tragédie ? L'étude de M. Walch est la
réponse à cette question.
L'auteur groupe sous trois rubriques les variantes de la rédaction
de i652. Nous avons d'abord les modifications qui ne concernent
que la langue, et qui sont dues au désir de Vondel d'arriver à un
néerlandais plus pur et entièrement conforme à celui qui, à Amster-
dam, était parlé par des gens de bon ton. — Viennent ensuite les
changements auxquels on peut assigner un motif littéraire: suit
228 LE MUSÉE BELGE.
pour arriver à une diction plus parfaite, plus mélodieuse ; soit pour
donner plus d'harmonie au vers, soit encore pour rendre le
ton plus digne de la tragédie, soit enfin pour d'autres motifs de ce
genre. En dernier lieu, nous trouvons les corrections imputables à
une autre cause quelconque, coihme par exemple les circonstances
de temps, le changement dans les idées de Vondel sur une foule de
questions, etc. — La conclusion à laquelle arrive M. Walch, c'est
que Vondel, en remaniant son œuvre, s est laissé guider par des
principes bien arrêtés en fait de grammaire, de style, de versifi-
cation, etc., mais nullement par des considérations d'ordre esthé-
tique, nullement par une émotion poétique. Cette conclusion est
fondée et valable, non seulement pour l'édition retouchée du Pala-
medes, mais en général pour toutes les modifications que Vondel
apportait à la rédaction primitive de ses œuvres. Toutefois cette
constatation, ajoutons-le aussitôt, n*est pas de nature à amoindrir
notre estime et notre admiration pour le génie du grand poète.
Le « rhétoricien » Carel van Mander, peintre et écrivain (1548-
1 606), une des plus remarquables figures du xvi^ siècle, a, lui aussi, fait
l'objet de mainte étude. Pourquoi trouvons-nous l'auteur du SchUder-
bock si digne d'intérêt ? Parce qu'il constitue, pour ainsi dire, le
trait d'union entre deux époques bien distinctes de notre histoire
littéraire ; il appartient à la fois au moyen âge et à la période de la
Renaissance. C'est surtout l'évolution que nous voyons s'accomplir
dans le a rhétoricien » de la vieille école qui vaut la peine d'être
observée de près, et voilà ce que M. Jacobsen étudie principalement
dans son travail sur Carel van Mander. Il s'occupe donc avant
tout du poète et de ses théories sur la poésie et la versifi-
cation néerlandaise; l'on sait qu'à ce dernier point de vue. Van
Mander a inauguré une technique nouvelle. Il va de soi que les
autres aspects de cette figure originale sont examinés avec le soin
nécessaire ; mais c'est le côté que l'on avait négligé le plus jusqu'à
présent qu'il s est attaché à mettre en lumière. Sa monographie
mérite à tous égards d'attirer notre attention ; elle témoigne d'une
connaissance complète du sujet, d'un goût sûr et d'un sens critique
éveillé.
A toute époque, l'influence de la littérature française sur la nôtre
a été considérable; elle atteint son apogée au xviii« siècle, du moins
en ce qui regarde le théâtre. Vers t68o on commença à traduire les
tragédies de Corneille, de Racine et d'autres ; une vingtaine d'années
après, on se mit aussi à composer des œuvres originales sur le modèle
de ces pièces françaises. C'est à l'examen de cette littérature d'imita-
tion que M. Ch. van Schoonneveldt a consacré sa dissertation docto-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 22g
raie. Bien qu'il ne présente pas une importance capitale, le sujet n'en
est pas moins instructif. Après un chapitre d'introduction, l'auteur
détermine d*abord les caractères de la tragédie française classique,
puis étudie comment elle fut comprise et imitée par les dramaturges
néerlandais : chapitre très intéressant , malgré le petit nombre
d aperçus nouveaux que nous y trouvons. Une douzaine d'imita-
tions de tragédies françaises sont examinées d'une façon détaillée au
troisième chapitre, tandis que dans le dernier, M. van Schoonneveldt
traite de l'influence de la langue des tragiques français sur le néer-
landais des imitateurs ; c'est une riche moisson de gallicismes qu'il
récolte.
Le travail entrepris par M. Schônfeld, à savoir une « liste critique
des noms propres d'origine germanique qu'on rencontre dans les
sources tant monumentales que littéraires de l'antiquité classique »,
est appelé à rendre de sérieux services aux historiens et aux philo-
logues. L'auteur admet dans son onomasticon les noms de personnes
et de peuples (tribus, etc.), à l'exclusion des noms de pays, de fleuves,
de montagnes, etc. Il exclut aussi les dénominations non-germaniques
d'individus d'origine germanique (comme par ex. Claudius Civilis,
Italiens), mais a ajouté, à la fin de son ouvrage, les noms germa-
niques d'individus d'une autre origine (par ex. Attila). Pour dresser
cette liste, il a excerpé les écrivains grecs et romains jusqu'à l'époque
de Justinien, ainsi que les recueils d'épigraphie ; il n'a pas négligé
non plus les inscriptions des monnaies ni d'autres sources secondaires.
Dans la publication dont il s'agit ici, qui est une thèse doctorale,
M. Schônfeld ne nous donne qu'une partie de ce travail, à savoir
l'introduction, la liste des sources et les noms commençant par les
deux premières lettres de l'alphabet. Ce spécimen suffit toutefois
pour nous donner Tassurance que l'onomasticon du jeune savant
sera une œuvre scientifique et constituera par conséquent un excellent
instrument de travail.
Nous terminerons cette revue en signalant une dissertation gan-
toise : l'étude de M. H. Smout sur le dialecte d'Anvers. Ce travail a
paru en igo5 ; la préface est datée de 1898. Il n'y a rien à reprendre
au point de vue de la méthode ; en ajoutant un appendice sur les
particularités syntaxiques de ce patois et un autre sur son histoire
aux xvn« et xviii* siècles, l'auteur a donné à son travail une portée plus
considérable et en a augmenté l'intérêt. Mais les faits eux-mêmes ne
paraissent pas toujours observés avec toute l'exactitude requise ; un
certain nombre sont très contestables. Je ne puis pas entrer ici dans
un examen détaillé ; je me borne à quelques exemples. Il est, je crois,
inexact que le ee de stien se prononce i et le 00 de schoon comme û
2 3o LE MUSÉE BELGE.
(c'est à dire le où du français goût). On ne prononce pas non plus
(§ 38) 2ég9m mais zég^ttj ; la terminaison -aar dans bedelaar, etc. (§ 59)
ne devient pas 9r, mais èr (avec un è que je ne trouve pas signalé
par M. Smout); shàppr (p. 12, note) n'est guère anversois, et je doute
que mérd^h (§ 63) soit la forme la plus généralement employée. En
dépit de ces erreurs et de quelques autres qu'on pourrait relever, la
monographie de M. Smout est une œuvre de valeur sérieuse, dont
les qualités seront très appréciées par ceux qui s'occuî)ent de Tétude
des dialectes. C. Lecoutere.
Histoire et Géographie.
191. — Publications relatives à la ville de Gand. — Au
moment où le XX* Congrès de la Fédération archéologique et histo-
rique de Belgique va se tenir à Gand. il peut être intéressant
d'appeler brièvement l'attention sur quelques publications qui ont
paru dans ces derniers temps sur l'histoire, l'archéologie et la topo-
graphie de la ville de Gand.
M V. Fris a fait paraître, sous les auspices de la Société d'histoire et
d'archéologie de Gand, une Bibliographie de V histoire de Gand depuis les
origines jusqu'à la fin du XV'^ siècle (Gand, Vyt, 1907, xvi-25o p. 5 fr ).
C'est un répertoire méthodique et raisonné des écrits anciens et
modernes concernant la ville de Gand au moyen âge. La ville de
Gand, malgré son importance prépondérante dans l'histoire de notre
pays, et peut-être même à cause de cela, ne possède pas encore une
histoire qu'on puisse comparer à celle de Wauters pour Bruxelles ni
à celle de Mertens et Torfs pour Anvers. Seulement les études parti-
culières sont excessivement nombreuses et la savante et méthodique
bibliographie de M. Fris constitue le premier jalon d'une histoire
définitive de l'antique cité. Nous espérons que l'auteur ne voudra
pas s'en tenir à ce premier travail, mais qu'il tâchera de publier aussi
la bibliographie de la période moderne et même de l'époque con-
temporaine.
M. V. Tourneur vient, à l'occasion même du Congrès, de publier
une notice sur VHistoire et Vétymologie du nom de Gand (Gand, Sififer,
1907, 12 p.). Tout en faisant les plus expresses réserves sur ce que
dit l'auteur de la ville de Gand à l'époque romaine, je reconnais bien
volontiers que le rapprochement fait entre Gand, Ganth et le mot
celtique latinisé Condate est d'autant plus suggestif que Condate,
confluent, convient fort bien à un endroit situé au confluent de
l'Escaut et de la Lys.
MM. V. Van der Haeghen et G. Van Werveke viennent de
publier et de compléter le commentaire commencé par Vuylsteke
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23 I
de ses comptes de la ville et des baillis de Gand (i 280-1 3 36), vrai tra-
vail de bénédictin qui rendra les plus grands services. Les comptes
avaient paru en 1900 et le complément a été publié en 1906 (Oorkon-
ioîbock der Stad Cent. I. Gentsche stads- en baljuwsrekeningen 1280-
i336. XIII- 1048 p. et 247 p.). Le travail sera complété par des tables
détaillées qui paraîtront sous peu. Dans la seconde série du Cariulaire
d€ la ville de Gand (Chartes et documents), M. A.Fayen, membre de TÊcole
belge de Rome, a publié en 1906 un premier volume le Liber traditio-
fmm Saticti Pétri Blandiniensis (xii-3io p.). C'est le livre des donations
faites à T Abbaye de saint-Pierre depuis ses origines jusqu'au xi« siècle,
avec des additions jusqu'à 1273, d'après un manuscrit des Archives
de VÉtat à Gand. La plus grande partie en fut écrite au xi« siècle,
probablement par un moine de saint Pierre. Cette publication d un
intérêt capital pour l'histoire gantoise était d'autant plus nécessaire
que les éditions antérieures étaient bien fautives. M. Fayen y a de
plus ajouté quantité de notes pour éclairer le texte et a fait suivre son
savant travail d'un Index très détaillé et fort complet qui facilitera
les recherches.
En 1904, M. Maurice Heins, déjà connu par diverses études gan-
toises, a publié une Petite histoire de la ville de Gand et de ses institutions
(Gand, Hoste, 67 p. 2 fr.), bonne histoire populaire, fort bien illustrée et
qui, sans prétentions scientifiques, est en général exacte. Elle est d'une
lecture aussi agréable qu'instructive et sera lue avec intérêt par tous
ceux qui s'intéressent à l'évolution de l'ancienne capitale des
Flandres.
Comme livre scolaire nous renseignerons les Wandelingen door Gent
voor sckoolgebruik de M. Vermast (Gent, Vanderpoorten, 1905, 2 fr.):
C'est une brochure de 12 planches topographiques qui doivent servir
à faciliter les promenades faites par les maîtres avec leurs élèves.
Une feuille blanche accompagne chaque planche pour permettre à
ceux ci de consigner les observations faites pendant chaque excursion.
Le système est excellent et devrait être imité pour d'autres cités.
C'est un excellent moyen pour faire connaître aux élèves la ville qu ils
habitent et l'importance des monuments qu'elle possède.
M. De Wael, le restaurateur du Château des Comtes, et M. Van
Werveke. l'architecte-adjoint de la ville, ont publié en 1906 un
Guide du visiteur du Château des Comtes de Flandre (Gand, Hoste, 58 p,
o.Sofr.). C'est une excellente description de ce monument, unique
en Europe, qui permet de parcourir avec fruit toute les parties de
l*antique forteresse de Philippe d'Alsace. Les auteurs ont émaillé
leur description de quantité d'aperçus historiques qui ne peuvent
que rendre leur travail plus intéressant et plus utile. M. Armand
232 LE MUSÉE BELGE.
Heins vient de publier aussi (1907) une description du Château des
Comtes, splendidement illustrée (2 fr.), et qui complète le guide de
MM. De Waele et Van Werveke.
En, 1906 M. Celis fit paraître, en français et en flamand, une petite
description de la Cathédrale de Saint-Bavon (La Cathédrale de Saint-
Bavon, Guide du visiteur, Gand, Siffer, 1906, 5i p. o 75) qui résume fort
bien les travaux plus étendus de A. Goetgebuer et surtout la splen-
didç publication du Chanoine Van den Gheyn.
Comme guides généraux, nous signalerons d'abord la Promenade
pittoresque à Gand de MM. P. Bergmans et Armand Heins (Gand,
Vanderhaeghen, 1904. 36 q.). C'est un excellent petit livre, fort bien
illustré, écrit par deux érudits qui connaissent leur ville dans les
moindres détails. Mais il nous faut appeler surtout Tattention sur
Gand, guide illustré^ publié sous les auspices de la Commission locale des
Monuments (Gand, Vanderhaeghen, 1906. 175 p. 3fr.). Peu de villes du
pays possèdent un guide aussi exact, aussi savant et aussi brillamment
illustré ; aussi en peu de mois une seconde édition a-t-elle été rendue
nécessaire. Ce qui donne à ce travail un haut degré d'exactitude, si
rare dans les publications de ce genre, c'est que chaque partie a été
rédigée par un spécialiste dans la matière ; et ce n'est qu'en Téplu-
chant à la loupe qu'on a pu lui adresser quelques rares critiques de
détail. C'est un guide qu'on pourra, dans les éditions ultérieures,
développer, mais qu'on ne devra que peu ou point perfectionner.
En 1905, M. Paul Bergmans a publié une savante étude sur Le
Campanile du Beffroi de Gand (Gand, Vyt, 45 p. 4 fr.). Ce travail,
admirablement illustré, n'est que le développement d'une lecture
faite par l'auteur à la Société Archéologique. M. Bergmans a eu
l'heureuse idée de faire du campanile une étude iconographique
comparant celui de Gand avec les beffrois existant en Belgique et
dans le Nord de la France. Non moins suggestive est l'étude de
M. Armand Heins, Une Vue de Gand par Hubert Van Eych (Gand,
Heins, 1907. 59 p. et nombreuses planches. 6 fr.), travail savam-
ment documenté et rendu vivant par de nombreuses illustrations.
L'auteur y étudie la vue peinte sur le revers d'un des volets de
l'Agneau mystique de Van Eyck et prouve que cette vue ne
représente pas la place Van Eyck de Bruges, comme l'avait admis
jadis M . Weale ; mais le carrefour de la Vierwegschude (Rue courte
du Jour).
L'infatigable auteur a annexé, à son savant mémoire un plan à
grande échelle du Quartier Saint- Jean tel qu'il était au commence-
ment du XV ^ siècle, vrai travail de bénédictin, indiquant toutes les
maisons avec leurs noms, ceux de leurs propriétaires et la date de
construction.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 235^
N*oublions pas non plus de mentionner les divers grands plans
anciens de Gand dont des reproductions ont été publiées dans ces
dernières années. Il existe plus d'un plan ancien de la ville de
Gand. Le plus beau de tous est le grand panorama peint, on ne
sait par qui, en i534, et conservé à la Bibliothèque de l'Université,
n donne une idée parfaite de ce qu'était la ville avant que, par son
ofdonnance de 1540, Charles-Quint lui fît subir de nombreuses
transformations. M. Armand Heins a eu l'heureuse idée d'en
publier une reproduction en fac-similé, à laquelle M. V. Vander-
haeghen a ajouté un intéressant texte explicatif (La grande vue
pmmamique de la ville de Gand en i534, Bruxelles, 1896. 25 fr.).
En 1900, les mêmes archéologues ont publié un autre plan, lequel,
sans avoir la valeur artistique de celui de i534, n'en présente pas
moins un intérêt majeur pour l'histoire de la ville {Grootplan van Cent
gtmaaki in iSlg door den landmeter Jan Horenbauit. Gent, 1900. 3o fr.).
Horenbault avait dressé ce plan à la demande de la ville pour la
somme de 5o livres gros. L'original en est aussi conservé à la Biblio-
thèque. En 1904 MM. Heins et Vanderhaeghen ont publié aussi
la reproduction de la Carte du district de Gand, gravée par Henri Hondius
m 1641, et celle du Grand plan de Gand par Sanderus et E. Hondius de
la même année. L'exécution et l'interprétation ne laissent rien à
désirer; et grâce à l'activité de MM. Heins et V. Vanderhaeghen
nous possédons actuellement de Gand une véritable collection de
reproductions topographiques comme aucune ville du pays ne
pourrait en présenter.
La Commission de monuments de Gand vient de faire éditer la
première série d'une nouvelle publication tout aussi importante que
la reproduction des cartes dont nous venons de dire quelques mots :
Anciennes façades gantoises. Texte historique par V. Vanderhaegen, repro-
ituiioHs lithographiques exécutées sous la direction de Armand Heins.
(Gand, N. Heins, 1907, fol. 11 p. et 5o pi. i5 fr.)
Les planches des façades dont se compose ce recueil sont emprun-
tées aux dossiers des bâtisses conservés aux archives de la ville et
dont les plus anciens remontent à la fin du xvi« siècle. En 16 18, on
défendit de construire encore et même de restaurer des façades de
bois. La plus ancienne des façades reproduites date de 1671, la plus
récente de 1786. On a aussi reproduit quelques portes et quelques
cheminées. Plusieurs de ces façades existent encore, mais plus d'une
est dans un bien mauvais état ou a reçu des ajoutes peu en harmonie
avec Tensemble. Cette publication permettra de restaurer très conve-
nablement les façades encore existantes et pourra être étudiée avec
le plus grand fruit par les architectes pour s'en inspirer dans leurs
234 LS MUSÉE BELGE
constructions nouvelles, afin de leur donner un véritable cachet d'ar-
chitecture gantoise. A tous les points de vue la publication rendra les
plus grands services ; et Ion ne peut qu'applaudir à l'idée de la Com-
mission de répandre dans le public les trésors de l'art gantois ancien
enfouis jusqu'à ce jour dans les Archives.
Je ne puis terminer ces notes sans dire quelques mots d'une
publication d'une grande . importance historique et qui comptera
parmi les plus belles et les plus splendides qui aient été faites en
Belgique depuis de longues années. Je veux parler des Mémoires d'un
patricien gantois sur les troubles religieux en Flandre, 1 566-1 568 par Marc
Van Vaernewyck. (Gand, N. Heins, 1905-1906. 2 vol. 4*». xi-6i8 et
617 p. et nombr. pi. 60 fr.) Le manuscrit des Van die Beroerlicke Tijden
in die Nederlanden en voornamelijk in Ghendt fut retrouvé en 1 869 (actuel-
lement à la Bibliothèque de l'Université) par M. Ferd. Vander
Haeghen et pubUé par lui de 1872 à 1881 (5, vol.). Feu M. Hermann
Van Duyse en fit une traduction française que vient de publier
M. Maurice de Smet de Naeyer. Cette œuvre de Vaernewyck, la
plus importante de l'auteur de YHistorie van Belgie est un journal de
tout ce qui se produisit à Gand et aussi en Flandre de juillet i566 au
18 novembre i568 (il mourut le 20 février 1569). Ces années comptent
parmi les plus mouvementées de nos luttes religieuses; c'est le temps
où les iconoclastes détruisent en Vandales tous les monuments artis-
tiques que les siècles de foi avaient accumulés dans nos églises, et
où les prêches des calvinistes excitent le peuple contre tout ce qui est
catholique. Vaernewyck était on ne peut mieux placé pour connaître
les événements. Il fut échevin de la Keure en 1564, fabricien de
Saint-Jacques, chef- homme de sept corporations et échevin des
parchons. Son journal n'était pas destiné à la publicité et la manière
même dont il relate et apprécie les événements nous fournit la
garantie la plus sûre de l'authenticité de son récit et de son impar-
tialité. C'est assez dire la grande importance que présentent les neuf
livres de ces Mémoires pour l'histoire gantoise et même pour l'his-
toire de la Flandre. Mais à côté de cette valeur historique, l'édition
de M. de Smet de Naeyer constitue une œuvre artistique de pre-
mier ordre. L'illustration, empruntée à des documents authentiques,
constitue un splendide album de Gand et de la Flandre au xvi« siècle
(43 planches hors texte et 619 gravures dans le texte). L'exécution,
dirigée par M. Armand Heins, est parfaite, et l'ensemble de l'œuvre
est un monument historique et artistique d'une importance inappré-
ciable. Adolf de Cbulenber.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 235
Enseignement.
192. — Le Chanoine Guillaume, Que voulons-nous? Société Saint-
Augustin, Lille-Paris-Bruges, 1906. 25 pp.
Aux nombreuses brochures que M. le chanoine Guillaume avait
déjà publiées pour faire connaître et défendre VOmire des classiques
comparés qu'il dirige, il vient d'en ajouter une nouvelle. Ses idées n'ont
pas toujours été bien comprises ; la discussion lui a d ailleurs fourni
l'occasion de les préciser et il veut ici dissiper les derniers malenten-
dus. Que voulons-nous? — « Ce que nous voulons, dit-il en termi-
nant, ce n'est pas seulement faire de nos enfants des jeunes gens supé-
rieurement instruits^ par l'étude approfondie et comparée des deux
antiquités chrétienne et païenne, mais encore et avant tout des
hommes^ et des hommes complets^ c'est-à-dire des chrétiens^ par une forma-
tion intellectuelle de tous les jours et de tous les instants et pratiquée
dans le sens chrétien. » Il n'est pas un maître chrétien à coup sûr qui
ne convienne que ce soit là l'idéal à atteindre ; ce que beaucoup
contestent encore, c'est l'utilité, la nécessité ou la possibilité de
l'étude de l'antiquité chrétienne. Il y a pourtant là, comme le dit
M. Guillaume et comme l'a montré M. Kurth, un moyen de rendre
nos humanités plus vivantes en leur donnant un air plus moderne,
car l'antiquité chrétienne est le pont qui relie le monde antique au
monde moderne. Il ne s'agit pas du reste, M. Guillaume le déclare
formellement, de déprécier les païens, mais de les placer dans le jour
qui est le seul vrai pour nous, par la comparaison avec les chrétiens.
A ce point de vue, comme au point de vue esthétique et littéraire,
M. Guillaume préconise la méthode si féconde de la comparaison.
— Il y a là aussi un moyen, le seul efficace, d'orienter la formation
intellectuelle dans le sens chrétien. On ne forme pas un enfant avec
des méthodes négatives, dit très bien M. Guillaume ; il ne suffit pas
de lui montrer l'erreur et de lui dire que c'est l'erreur ; il faut que la
vérité resplendisse à ses yeux et pas seulement une ou deux heures
par semaine, dans un cours de religion. Il faut donner à la jeunesse,
dit encore M. Guillaume, le sens et l'amour du beau, la passion de
l'idéal — mais de l'idéal chrétien. Il faut donc que cet idéal soit tou-
jours mis en regard de l'idéal païen. — Pratiquement, il faut débar-
rasser les humanités de l'appareil philologique et il faut se servir
d'une anthologie.
Toutes ces idées sont connues ; ici, elles sont exprimées avec ime
netteté et une précision qui ne laissent place à aucun doute. Elles
sont mises en pratique, et avec succès, au Collège Saint-Joseph à
Virton ; M. Guillaume nous dit comment et c'est le paragraphe de
son opuscule qui m'a le plus intéressé (p. 10- 11).
236 LE MUSÉE BELGE.
La brochure donne enfin des extraits de jugements favorables,-
émis sur l'œuvre des classiques comparés^ ou d'opinions qui concordent
avec celles de M. Guillaume. Ces extraits sont de G. Kurth, P. Tho-
mas, L. Preud'homme, Mgr de Harlez, A. Proost, G. Dwelshauwers,
Ch, Tilman, Gustave Gérard. Ch. Saroléa, U. Benigni, R. P. Cha-
ruau, R. P. Orlando, L. Guérard, U. von Wilamowitz-Moellendorff,
Mgr Freppel, des Études religieuses et de J. P. W.
Notices et annonces bibliographiques.
igS. — Le fascicule 55 de "W.-H. Roscher, Aus/uehriiches Lexikon der grie-
chischen und roemischen Mythologie (Leipzig, Teubner, 1907) vient de paraître
(14 mai). Il va de Poséidon à Prometheus. Les articles les plus importants sont :
Poséidon, Praxidike^ Priamos^ Priapos, Prokne et Prometheus (inachevé).
194. — R. 'WolIT-Beckh, Kaiser Titus und der jûdische Krieg, Berlîn-Steglitz,
G. B. Wolff-Beckh, 1905. 1 m. 80.
Cette étude sur Titus a d'abord reçu l'hospitalité dans les Neue Jahrhûcherfùr
das klass, Aitertum. L'auteur soutient un paradoxe : Titus, le destructeur de Jéru-
salem et de la nation juive, était fou. Les preuves, les voici . devenu empereur,
Titus se conduisit tout autrement qu*il ne l'avait fait croire avant ; pendant les der-
nières semaines qui précédèrent sa mort, il était assailli d'idées noires. Voilà à peu
près tout ce que M. Wolff parvient à tirer des documents. C'est insuffisant pour
prouver sa thèse. Il a du reste soigneusement dépouillé Suétone, Josèphe et toutes
les sources et il a réuni sur Titus et sur la guerre des Juifs des détails intéressants
pour les historiens.
195. — Chez l'éditeur B. Schwabe, à Bâle, paraît une septième édition de VAnti,
barbarus der lateinischen Sprache de Krebs-Schmalz. Le premier volume, qui a
paru, se termine à la lettre M.
196. — A. Vermeylen, Les lettres néerlandaises en Belgique depuis i83o. Con-
férence faite à l'exposition universelle de Liège en içoS, Bruxelles, H. Lamertin,
1907 (38 pp.).
N'est-ce pas un vrai tour de force que de vouloir donner, en une « conférence »
unique, une histoire de la littérature néerlandaise en Belgique depuis i83o ? Aussi
bien, pour l'exécuter, M. Vermeylen a dû se borner à indiquer à gands traits
l'évolutimi des lettres flamandes. U ne nous invite pas à explorer avec lui un monde
nouveau, où il y a des découvertes surprenantes à faire. Les faits, les personnalités
les œuvres dont il nous parle sont connus ; le conférencier ne peut que les rappeler*
à peine lui est-il permis de s'arrêter quelques instants devant les figures les plus
remarquables et aux • tournants » de cette courte histoire. Mais il a parfaitement
atteint son but qui était de donner une vue d'er.ssmble et une caractéristique géné-
r«^e- C. L,
197. — Dans le cours élémentaire de danois que viennent de publier MM»'®»
M. Meyboom et I. Trede [Leercursus voor het Deensch met spreekoefeningen in
geluidschrift, Groningue, P. Noordhotf, 1907, fl. 0.76), la théorie grammaticale a
été réduite au minimum. Chaque oc leçon » renferme un texte avec traduction en
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 237
regard. Ces textes constituent même la majeure partie du manuel, qui est, pour
ainsi dire, un livre de lecture en langue danoise, avec les remarques grammaticales
nécessaires pour saisir le mécanisme de la langue. Les auteurs ont pris grand
soin de la prononciation ; les morceaux des cinq premières leçons ont été transcrits
en orthographe phonétique. Pour éviter des mécomptes, nous devons faire observer
que ce manuel n'a pas été fait en vue de l'étude privée ; il suppose l'assistance d'un
professeur. C. L.
198. — Nos lecteurs se rappelleront que M. Th. J. Bosman a édité, dans le
Klassiek letterkundig Panthéon^ un choix de poésies de Potgieter [Bulletin^ 1906,
p. 36). Il vient d'y ajouter un second recueil : Gedichten van E. J. Potgieter met
aantsekeningen. Tweede Bundel, Zutphen, VV. J. Thieme et O», 1907, fl. o.3o.
Il a été, ce me semble, très heureux dans le choix des morceaux. Nous y trouvons
tout d'abord les Liedjes van Bontekoe^ une suite de poésies où se révèle, sous
toutes ses faces, le talent souple et varié de Potgieter ; on sera unanime à approuver
M. Bosman de les avoir fait précéder d'une partie du Journael de Bontekoe. En
dehors de ces liedjes^ le recueil contient trois autres poèmes ( Ter gedachtenisse,
Sronbeek^ et eene revue in het bois de Boulogne), L'éditeur a fait accompagner
chaque morceau d'introductions, de résumés, de remarques, afin de les rendre
facilement intelligibles. C. L.
199. — Dans la même collection M. Ghr. Stapelkamp a publié deux poèmes
de I. Da Costa: Hagar (met inlciding en aanteekeningen, 96 pp.) et Vijf-en-twintig
aren ; Een lied in 1840 (met inleiding en aanteekeningen, 82 pp. Ibid.^ chaque
volume o fl. 3o;. De l'une et l'autre de ces pièces il existe déjà plusieurs éditions
connmentées ; à côté d'elles, celle de M. Stapelkamp ne fera pas tropmauvaise figure.
Une introduction assez développée oriente le lecteur sur la genèse et la signification
générale de l'oeuvre; le texte est suivi de notes explicatives, qui regardent surtout le
fond, le contenu, tout en ne négligeant pas trop la forme. Le but du commentateur
a été simplement d'aider à faire comprendre le poème, non d'en donner une
édition «savante ». On pourrait peut-être lui reprocher d'avoir trop multiplié ses
notes, au point d'expliquer des choses assez claires par elles-mêmes. C. L.
200. — La première édition complète des œuvres de J.-V. von Scheffel a
commencé à paraître chez A. Bonz à Stuttgart. Elle comprendra six volumes.
(1 m. 5o par vol. broché, 2 m. 40 relié.) Le premier, qui contient une biographie
du poète, par M. J. Proelss, et la première partie à'Ekkehard a paru. Le second
volume contiendra la deuxième partie â'Ekkehard avec Us notes historiques; le
troisième, les nouvelles historiques Hugideo^ Juniperus et les Reisebilder ; le qua-
trième, les épures (Episteln); le cinquième, \q célèbre Trompeter von Sàkkingen
avec les cycles lyriques Waldeinsamkeit et Bergpsalmen ; le sixième, les* cycles
lyriques Aventiure et Gaudeamus, L'avantage le plus notable de cette publication
est que l'on pourra se procurer pour 9 marks des œuvres qui auparavant en coû.
taieot 60, plusieurs n'existant que dans des éditions de luxe.
I Scheffel est le poète le plus populaire de la littérature allemande moderne. Nous
lui devons, quoi qu'on puisse dire, la meilleure épopée idyllique et le meilleur
roman historique de la littérature allemande post-classique, et comme poète lyrique
ilgconiinue d'occuper tout au moins une place en vue. Les qualités maîtresses de sa
poésie sont la fraîcheur, la verve et l'entrain, la gaîté et l'humour. La joie de vivre
éclate souveraine dans les poésies de ce grand mélancolique, qui ne savait pas vivre
et qui a gaspillé et sa vie et son talent. Six années seulement de véritable production
238 LE MUSÉE BELGE.
poétique '1854-39) est peu pour une vie de soixante ans, qui n'a pas été marquée
par des soucis, ni par des troubles sérieux. Si encore les encouragements lui avaient
manqué ! Tout au contraire, le succès de Scheffel fut sans exemple; du vivant du
poète, mort en 1886, le Trompeter atteignit 140 éditions. VEkkehard 90, Gaudea--
mus 5o. Ces chiffres ont plus que doublé depuis. Le cadeau de Noéi préféré de
)'Allem.<nd est encore de nos jours un volume de Scheffel. On prévoit facilement
Timmense succès auquel cette édition complète est appelée. Il n'y en aura pas de
plus mérité, car les œuvres de Scheffel constituent la lecture la plus captivante —
et rajoute une des plus saines et des plus réconfortantes — que l'on puisse imaginer.
Chez nous, M. Henri Francotte a attiré l'attention sur Scheffel dans un excellent
arûdc de \si Revue généraie (\uiï\et 1900) Je renvoie le lecteur désireux de plus
amples détails à cet article, ainsi qu'à celui de M. J. Bourdeau dans la Revue des
Deux M ondes t i5 août i883, et j'engage vivement le lecteur, qui ne connaît pas
Scheffel, à profiter de la bonne aubaine qui lui est offerte. H. B.
aoi. — La revue î Deutsche Erde, Zeltschrift fur Deutschkunde ^ publiée par
M. le professeur P. I-anghans chez Perthes à Gotha, a donné dans la 2« livraison
de sa VI» année (1907), en première page, une notice biographique sur M. Gk>d.
Kurth, avec portrait. On y relève notnmment les mérites de .M. G. Kurth pour la
renaissance de notre troisième langue nationale.
202. — Le petit ouvrage di M. BronnST, Grwtjjûge der geschichi lichen Gram-
ma! ik der deutschen Sprache {Siùiichcn^ ) .Lindaucr, vin-ii3 pp.) est, d'après la
préface, destiné aux professeurs d'allemand des école?; Je la Haute- Allemagne.
L'auteur ne s'étend donc pas seulement sur le développement de la langue hors du
moyen-haut-allemand et de l'ancien haut-allemand en langue littéraire commune,
mais il traite aussi de Thistoire de la phonétique et de la flexion des dialectes du
Sud. Ceci donne une valeur particulière à l'ouvrage, non seulement parce que
les exposés d'ensemble des particularités grammaticales de groupes de dialectes
modernes sont rares, mais au^si parce que l'auteur développe des vues personnelles
remarquables à propos de l'explication phonétique des anciennes orthograp.hcs et à
propos d'accentuation et de métrique.
203. — Parmi les ouvrages grammaticaux récents, il y a Heu de citer notamment
la nouvelle édition, considérablement augmentée, du livre célèbre de G. Wnst-
mann, Aller hand Sprachdummheiten (Leipzig, Grunow, 2 m. 5o), qui mène une
campagne si piquante contre les sottises et le pédantisme de la « langue du papier »
et notamment des journaux et prêche d'une façon si pittoresque le retour à la sim-
plicité et au langage vivant du peuple. Très utile est aussi Gnmo'W'5 Gramma-
tifiches Nachschlagebuch (même éditeur, 390 pp. 2 m. 5o) basé sur Touvrage de
Wustmann et qui constitue un conseiller très pratique et un guide précieux dans le
dédale de la grammaire allemande.
204. — Parmi les oeuvres posthumes de M. W. Wackernagel, professeur de linc-
rature allemande à l'université de Bàle, auquel nous devons une excellente histoire
de la littérature allemande, s'est trouvé un traité étendu sur la poétique, la rhéto*
rique et la stylistique, firuit de conférences faites en 1 836-37 ^ l'université de Bàle,
Ce traité a été publié pour la première fois en 1873" par M. L. Sieber ; une seconde
édition a vu le jour en 1888 et une troisième vient de paraître : Poetik^ Rhetorik
und Stilistik, Akademtsche Vorlesungen von 'W. 'Wackernagel. (Halle 1. S.^
Buchhandlung des Waisenhauses, 1907. 6o3 pp. 6». 8 m.j Après une introductioa
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23g
générale, dans laquelle l'auteur définit notamment les concepts du beau et de l'art
et compare la poésie aux arts plastiques, il passe à l'étude spéciale de la poétique.
Un premier chapitre traite de la poésie en génér&l (essence de la poésie, âge et
origine, dénominations), un second de la poésie en particulier (poésie épique,
lyrique et dramatique). Une subdivision analogue est adoptée pour les traités sur
la rhétorique et la stylistique. Le livre sur la rhétorique traite d'abord de la prose
en général, puis de la prose en particulier (prose narrative, prose didactique) ; le
livre sur la stylistique étudie de même d*abord le style en général puis le style en
particulier (style de l'esprit, style de l'imagination, style du sentiment). Depuis
l'ouvrage de M. Wackernagel, de nombreux traités plus étendus ont paru sur la
poétique, mais pour les deux autres branches que l'auteur étudie, son exposé est
resté le meilleur que nous possédions et môme son travail sur la poétique se dis-
tingue par une solide base philosophique qui fait souvent défaut à ses successeurs.
3o5. — Un instituteur allemand M. Louis Li&sser (pourquoi pas Ludwig)^ à
Altenbreitungen, publie une élude sur la poésie villageoise allemande : Die deutsche
Dorfdichtung von ihren Anfângen bis fwr Gegenwart, (Salzungen, L. Scheer-
messer, 1907. 141 pp. 80. i m. 80.) L'auteur s*est donné beaucoup de peine pour
rassembler tous les noms d'auteurs qui entrent en ligne de compte ici, et comme
cette li»te est très longue et l'ouvrage très court, il n*a pas pu donner beaucoup plus
qu*uQe nomenclature, excepté pourtant pour la partie de la littérature ancienne, qui
peut être envisagée à la rigueur comme littérature villageoise. Au point de vue
bibliographique le travail consciencieux de M. Lasser constitue une mine précieuse.
Mb. — D*un caractère analogue est l'ouvrage que vient de pub iir une institutrice
autrichienne, M'i« Julie Adam : Der Natursinn m der deutschen Dtchtung, (Wien
u, Leipzig. W. Braumûller, 1906. 232 pp. 8<*. 2 m. 40.) Elle s*est efforcée de re-
cueillir les poésies allemandes sur la nature et elle nous en offre une intéressante
anthologie, depuis les temps les plus reculés jusqu'à Heine, qu'elle encadre d'un
texte explicatif, tant soit peu superficiel qui se termine par cette phrase : « Qu'y a-
t-il de plus beau que de contempler la nature avec les yeux du poète et de voler à
travers le monde sur les ailes de la poésie ». M^'^ Adam ne pense-t-elle pas que son
compatriote f^nau a contemplé la nature avec des yeux de poète et pourquoi a-t-elle
négligé de le citer?
207. — Le volume XIII (année 1906) d*Euphorion^ Zeitschrift fikr Literaturge-
schichte (Vienne, C. Fromme. 883 pp. 16 m.) marque un progrès considérable de
cette importante revue. Il contient des travaux approfondis, de longue haleine, sur
des suiets tels que la légende de Griseldis dans la littérature du xix« siècle iVVid-
iDannj, des études sur Fischart (Hauffcn), sur les contes de Goethe (ElOsser-Inster-
burgj, sur les fragments de Novalis (Hugenstein), Kant et l'école romantique (Hans),
les rapports entre Wieland et Horace (Stemplinger), la métrique du xvi» et du
z?n« siècle (Baesecke), les théories de la pléiade française et leur inHuence sur la
littérature allemande (Wenderotb), des contributions nouvelles à la vie et aux œuvres
de Schenkendort (Czygan), etc. Nombreuses sont les publications de correspon-
dances inédites d'écrivains allemands. Les mélanges abordent une foule de sujets
importants; les comptes rendus ne négligent aucun ouvrage récent de quelque
importance et la bibliographie signale non seulement les livres, mais aussi les articles
de revues et de journaux. Une livraison bupplémentaire a pu être ajoutée cette
année. Otto Rommel y étudie une publication autrichienne, le Wiener Musenalma^
*^^ (ï777"*79'^)i l'organe central de la poésie allemande en Autriche à la fin du
240 LE MUSÉB BELGE.
xviu« siècle. Ce document littéraire sert de base à Tauteur pour une étude très
approfondie, riche en données nouvelles, sur les rapports entre la littérature autri-
chienne et la littérature allemande à cette époque, depuis la un de Técole anacréon-
tique jusqu*à la naissance du classicisme et pour un examen comparatif de la |>ro-
duction littéraire autrichienne et de celle de la grande Allemagne.
H. BiSCHOFF.
208. — P. Blartroye, Genséric : La Conquête vandale en Afrique et la destruc-
tion de PEmpire d'Occident, Hachette et C'«, Paris, 1907. 7 fr. 5o.
Entre l'ancienne domination des Romains et la conquête Byzantine, l'Afrique du
Nord a été soumise par Genséric et les Vandales, qui, de cette position, ont attaqué
l'Empire romain et ont été les principaux agents de sa destruction en Occident.
Quoique des travaux importants aient été publiés, en France et en Allemagne,
sur rétat de l'Afrique au cinquième siècle, sur le rôle politique de Genséric et sur
son gouvernement, ces questions, en France, n'avaient point été traitées d'ensemble
avec les ressources dont dispose l'érudition contemporaine. Le livre de M. Martroye
comble cette lacune ; son exposé historique est fondé sur les données scientifiques
les plus complètes. Son ouvrage ne peut manquer dMntéresser tous ceux dont l'at-
tention se porte sur les questions religieuses, sur les études d'ancienne administra-
tion et sur l'histoire politique du monde romain à son déclin.
209. — Histoire de l'art depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours^
publiée sous la direction de M. André ICichel. Tome II. Formation^ Expan-
sion et Évolution de V Art gothique. Seconde partie. Armand Colin, Paris, 1907.
Un vol. gr. in-8 de 490 pp. Broché : i5 fr.; relié : 22 fr.
Dans cette seconde partie du tome II de V Histoire de l'Art se poursuit, jusqu'à
la fin du XIV* siècle, l'évolution de Part gothique, dont la première partie nous avait
montré la formation et l'expansion dans le monde occidental. M. Camille Enlart
expose en un substantiel chapitre le développement de l'architecture. M. Amile
Bertaiix étudie la sculpture en Italie et, avec une ample moisson de documents
dont beaucoup sont interrogés pour la première fois, la sculpture en Espagne ;
M. André Michel, la sculpture en France et dans les pays du Nord. C'est à
M. André Pératé que revenait la tâche de présenter dans toute sa magnificence
le développement de la peinture italienne au xiv« siècle ; le beau chapitre qu'il a
consacré à cette élude sera un des attraits de ce volume. L'orfèvrerie et l'émaillerie
ont trouvé en M. J.-J. Marquai de Vasselot un historien du goût le plus suret
le plus informé. Ce superbe volume est orné de 262 gravures dans le texte et de
7 planches en taille- douce hors texte. L'Histoire de l'Art tient les promesses de ses
débuts et réalise avec éclat le souhait qu'avaient exprimé, lors de l'apparition de son
premier volume, les critiques les plus compétents.
210. — l^ sixième édition de Meyers Grosses Konversationslexicon a par-
couru les trois quarts de sa route; les quinze premiers volumes ont paru; il en reste
cinq à paraître. Le volume XIV (928 pp. à deux colonnes. 10m.) débute par le mot
Mittewald (village du Tirol) et finit par le mot O/im^eW (contribution de cabaretier).
On remarque tout au commencement un article copieusement illustré sur le mobi-
lier, avec une abondante bibliographie. Plus loin on rencontre un articulet sur
l'écrivain belge A. Mockel. La bibliographie sur Molière signale l'ouvrage de notre
compatriote H. Davignon, mais omet celui de Kreiten (Freiburg, Herder, 1887).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 24I
L'économiste belge de Molinari, né à Liège en i8ig, reçoit une notice biographique
d'une demi-colonne. Quatre belles planches et une carte illustrent le mot Mond
(luoe). L'article sur Ni arc Monnier pourrait indiquer ses traductions de poésies
allemandes, à propos du recueil Vers Bellettriens, paru après sa mort. Pol de Mont
est mentionné. La magnitîque planche coloriée à propos du mot Moose mérite
d*être signalée. L*article sur Moresnet Neutre devrait citer le travail de M. Lequarré
paru dans La Wallonie, L'article sur le poète allemand Môrike apprécie en d'ex-
cellents termes et à sa juste valeur son œuvre lyrique, dont l'importance est consi-
dérablement exagérée de nos jours. Six planches accompagnent le mot Mùn:(e\ la
première est consacrée aux monnaies grecques, la seconde aux monnaies romaines.
Une grande planche en couleur indique au mot Nahrungsmittel, la composition
chimique et la valeur nutritive des aliments. Les découvertes scientifiques faites
depuis 1 100 avant J. Ch. jusqu'à 1903 sont énumérées et datées dans un supplément
au mot Naturwissenschaft, On trouve de superbes planches au mot Nebel^ ainsi
qu'à Muskel^ Nerv et Nut^^hol^er, De bons résumés de l'histoire littéraire sont
adjoints au noms de pays Norwege^ Néerlande^ Amérique du Nord, Pays du Nord
(littérature nordique), sur lesquels le lexique s'étend longuement.
Le volume XV qui finit au mot Plakatschriften s'arrête dés le début long-
temps au mot Ohr et à ses composés et les illustre par une très belle planche.
Un plan des fouilles accompagne l'article Olympie. Deux grandes planches coloriées
se trouvent à l'article Orchidées^ trois à l'article suivant ordres ; un supplément
donne une nomenclature complète des distinctions honorifiques. Le volume est
particulièrement riche en planches coloriés et illustrations de tout genre; les
premières se suivent rapidement aux moX% faune orientale^ ornements (4 planches).
Nombreuses et très nettes sont aussi les cartes et les plans de villes, telle une
carte géologique, ethnographique, agricole, industrielle, historique et politique de
l'Autriche-Hongrie, dont la description occupe quarante pages. Une grande place,
dans laquelle l'illustration a une part notable, est prise par des mots tels que Océanie,
paléographie, Pan^erschiffe, papier et ses composés, pape, Paris (avec 2 cartes),
parlement, patente. Plus loin on trouve un plan détaillé de la ville de Péking, puis
un article étendu sur la Perse, avec carte, et exposé sommaire de l'histoire littéraire.
Abondamment illustrés sont les articles Pferd, Pûam^en, ce dernier avec ses
nombreux composés, Pflug ; suivent des exposés historiques sur l'évolution de la
philologie, de la philosophie, avec portraits des principaux philosophes. Des sup-
pléments suivants s'occupent aes appareils photographiques, du photomètre, etc.
Trois tableaux coloriés et quatre planches accompagnent l'article sur les cham-
pignons (Pil^e) et le volume se termine par des articles assez copieux sur la
physique et la physiologie. H. Bischofp.
CHRONIQUE.
au. — Une nouvelle Revue. La Société belge de Sociologie avait publié jus-
qu'ici les résultats des travaux de ses membres dans une collection intitulée les
Annales de Sociologie^ dont deux tomes ont déjà paru (1902 .et 1905) et dans un
Bulletin bibliographique trimestriel (1899-1906) Sur la proposition de son prési-
dent, M. Cyr. Van Overbergb, la Société a décidé de fusionner ces deux publications
en un seul organe : Le Mouvement sociologique international (Bruxelles, A. De Wit,
éditeur ; abonnement : 12 fir. par an). La nouvelle revue comportera quatre fascicules
par an, d'environ 200 pages chacun. On y trouvera, outre des études originales et
une partie documentaire, l'analyse et la critique de tous les ouvrages importants
qui peuvent intéresser les sociologues.
242 LE MUSÉE BELGE.
Le I«' fascicule, qui vient de paraître, fait bien augurer de Tavenir du Mouvement
socioogigue. Voici un aperçu sommaire des matières qu'il renferme. Il s*ouvre par
un article sur la Documentation en matière de sociologie générale (pp. 5 à 14);
M. Van Overbergh y préconise un système de fiches mobiles, aussi ingénieux que
pratique, dont le but est de permettre la comparaison aussi parfaite que posiiible
des théories émises par les diverses écoles sociologiques sur toutes les questions
essentielles. Le livre capital de rAraéricain Lester F. Ward {Sociologie pure, trad.
Weil, 1906) a fait l'objet d'une première application de cet essai de dépouillement
méthodique, dont là réalisation ne pourra manquer de contribuer efficacement à
Tavancement de la science (pp. i5 à 83).
Sous ce titre, bien fait pour piquer là curiosité : Essai sur révolution politique^
économique^ morale et intellectuelle de l'Europe moderne, M. H. Van Houtte donne
la première partie d'un mémoire dans lequel il s'attache à démontrer que Thistoire
de l'Occident, depuis l'établissement de la Féodalité jusqu'à nos jours, marche dans
le sens d'une concentration progressive des unités politiques et sociales (pp. 85 à
i3o). Le Bulletin aura prochainement l'occasion de revenir sur cette étude originale,
solidement documentée et d'une haute portée philosophique, lorsqu'elle aura été
publiée intégralement.
En 1905, la Société avait lancé le projet d'une enquête ethnographique
et sociologique sur les peuples de civilisation inférieure, et elle avait tait imprimer
à plusieurs milliers d'exemplaires un Questionnaire général qui fut distribué
à des explorateurs, missionnaires et voyageurs, avec prière de répondre par
écrit aux demandes qu'il renfermait. Peu après, le Congrès de Mons consacrait cette
initiative et décidait la création d'un Bureau ethnographique international dont le
siège serait fixé à Bruxelles. Cependant la Société poursuivait son enquête propre et
confiait à l'un de ses membres M. Jos. Halkin, l'auteur du Questionnaire, la mission
de colliger et de grouper tous les renseignements qu'il était possible de se procurer
sur la région septentrionale de l'État indé(>endant du Congo. Ce sont les premiers
résultats de ce travail qui sont publiés ici dans un article intitulé : Quelques peu-
plades du district de rUelé. I. Les Ababua (pp. lai à 271) Chaque catégorie de
renseignements fait l'objet de fiches spéciales, qui peuvent être aisément détachées
et se prêtent par conséquent aux classements les plus variés. Le dépouillement des
sources, tant manuscrites qu'imprimées, a été effectué avec un soin extrême et une
méthode rigoureuse ; l'exécution de la carte du district et des photogravures ne
laisse rien à désirer. Bref, cette monographie, qui n'est présentée que comme un
essai, soumis à la discussion, constitue en réalité la meilleure démonstration de
l'utilité de l'enquête entreprise par la Société.
Les dernières pages du fascicule sont consacrées à des comptes rendus d'ouvrages
de sociologie générale, religieuse, politique, économique, démographique, crimi-
nelle, littéraire, anthropologique et ethnographique (pp. 373 à 352). Ils sont signés
par MM. Bayot, Bricteux, Damoiseaux, De Lannoy, de la Vallée Poussin, P. Eva-
ristc, Goltier, J. Halkin, Jacquart, Pedrinelli, Van Houtte et Van Overbergh.
Le Musée Belge souhaite la bienvenue et présente ses meilleurs vœux de succès
au Mouvement sociologique international. Il est heureux de constater que le comité
de rédaction de la nouvelle revue compte dans son sein bon nombre de ses plus
fidèles collaborateurs. L. Halkin.
212. — Importante découverte au Palatin, — M. le professeur Bartoli vient de
mettre en lumière l'existence d'une église dont on avait perdu toute trace depuis le
XV* siècle : l'église de Saint-Césaire.
Une excavation pratiquée au Palatin sous la villa Mills a fait découvrir des fresques
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2^^
du moyen âge qui permettent d*assurer que l'on se trouve en présence de la célèbre
église dont Torigine remonte au v« siècle.
Elle a commencé par servir d'oratoire aux premiers empereurs chrétiens. Quand
la capitale fut transférée à Byzance, ils continuèrent à y faire représenter leurs
portraits.
Au huitième siècle, elle devint un monastère grec. Deux papes y furent élus :
Scrgius et Eugène lll.
21 3. — Aux environs de Mayence on a trouvé un diplôme militaire du i5 avril de
Tan 78. Far une loi portant cette date, Vespasien accorde les privilèges ordinaires
aux soldats pérégrins qui étaient en garnison dans la Germanie inférieure, sous le
commandement de Q. Julius Cordinus Gallicus, ami du poète Stace qui lui dédia
une pièce où Ton voit qu'il avait réussi à faire prisonnière la fameuse Velléda. Le
diplôme se termine par ces mots : Descn'ptum et recognitum ex tabula aenea quae
fixa est Romae in Capitolio post casam Romuli, Il en résulte que la casa RomulisQ
trouvait sur le Capltole. Cest la première fois qu'on voit l'original de la loi affiché
en ce lieu. Voy. A. v. Domaszewski, Roem. Germ, Central MuÈeum^ V, p. i8i sqq.
214. — Bibliographie de M. Paul Guiraud (voy. ci -dessus, p. 164) :
Le dilTérend entre César et le Sénat 59-49 avant J. C. Paris, 1878, 8°.
De Lagidarum cum Romanis societate. Paris, Hachette, 1879. 8°.
De la réforme des comices centoriates au iii« s. avant J. C. Paris, 1881, 8^. Avec
G. Lacour-Gayet.
De la condition des alliés pendant la première confédération athénienne. Paris,
i883. 8\
Histoire romaine depuis la fondation de Rome jusqu'à l'invasion des barbares.
Paris, 1884. 8°.
Les Assemblées provinciales dans l'Empire romain. Paris, 1887. 80, Couronné par
l'Académie des sciences morales et politiques.
La Vie privée et la vie publique des Grecs. Paris, 1890. 8°.
La Vie privée et la vie publique des Romains. Paris, 1890. 8*^.
La propriété foncière en Grèce jusqu'à la conquête romaine. Paris, 1893, 8°.
Couronné par l'Institut.
Fustel de Coulanges. Paris, 1896. 12°. Couronné par l'Académie française.
La main d'œuvre industrielle en Grèce. Paris, 1900. 8°. Dans la Bibl. de la Fac.
des Lettres de TUniv. de Paris. Voy. ce Bull. VI, p. 6-8.
Etudes économiques sur l'antiquité. Hachette, 1906, i2<'. Voy. ce Bm//., IX, p. 128.
Histoire ancienne et histoire du moyen âge du v« au x« s. Paris, 1903. 18". Avec
G. Lacour-Gayet.
21 3. — Parmi les lectures faites à V Académie des Inscriptions et Belles- Lettres y
nous signalons les suivantes :
Le i5 mars, M. Georges Perrot donne lecture d'un rapport de M. Jonckler, qui
vient de découvrir à Rome, les restes du lucus Furrinae^ où s'est tué Caius Gracchu^,
Ces vestiges sont situés dans la villa Sciarra, sur le versant est du Janicule en face
de TAvcntin,
Le 27 mars, M. Héron de Villefosse entretient TAcadémie de la découverte iàht
par le P. Delattre à Carthage, de la pierre tombale de Sainte Félicité, Sainte Per-
pétue et leurs compagnons. — M. Mispoulet parle de la Coutume des mines au movm
âge et de la similitude de ce statut avec le droit romain tel qu'il resuite des réf;îc-
ments miniers récemment découverts en Portugal.
216. — L'Ange d'or de Jeanne de Brabant, — Le 19 avril dernier, à la vente «Jcâ
monnaies de M. Coster, qui a eu lieu à Bruxelles, le cabinet des médailles Jl Li
244 L^ MUSÉE BELGE.
Bibliothèque royale de Belgique a pu faire une acquisition de la plus haute
importance.
On vendait (n<> i3o du catalogue) une pièce rarissime, ou plutôt absolument
unique, VAnge dCor aux deux écus pour Jeanne, duchesse de Brahant,
Jeanne de Brabant, épouse de VVenceslas, duc de Luxembourg et roi de Bohême,
fut inaugurée duchesse de Brabant en i355 et mourut en 1406. \JAnge d'or de
Jeanne de Brabant a été déterré aux environs de Malines dans une propriété
des hospices qui le firent vendre publiquement. La pièce fut alors acquise pour
1400 francs par .M. Coster.
La pièce a gardé toute sa valeur, car c'est seulement au prix de i35o francs que
M. Alvin, conservateur du cabinet des médailles, a pu s'en rendre acquéreur.
On doit se réjouir de ce qu'un document monétaire de pareil intérêt historique
sorte des collections privées pour enrichir le patrimoine national.
217. — Académie Royale de Belgique. Classe des Lettres et des Sciences Morales
et Politiques. Programme du concours pour Vannée ipoç.
Section d*histoire et des lettres, i»"® question : On demande une étude sur
l'exotisme dans la littérature française du xviii» siècle. — Prix : huit cents francs.
2« question : Faire la classification des parlers wallons de Belgique au triple point
de vue de la phonétique, de la morphologie et du vocabulaire. — Prix : huit cents
francs.
3* question : Faire l'histoire des invasions en Belgique au moyen de l'étude
systématique des dates fournies par les trouvailles de monnaies dans les ruines de
villas, dans les tombeaux et dans les trésors enfouis. — Prix : huit cents francs.
4« question : On demande une étude sur la valeur littéraire des pamphlets du
XVI® siècle en langue néerlandaise. — Prix : huit cents francs.
Section des sciences morales et politiques, i^* question : On demande une étude
sur les unions internationales. — Prix : six cents francs.
2« question : Étudier les méthodes préconisées par les principaux représentants
de la science économique en Allemagne à l'heure présente (Knies, Schmollcr,
Wagner, Menger). — Prix : huit cents francs.
3^ question : On demande une étude sur les coutumes, la législation et les
usages commerciaux d'Anvers sous l'ancien régime à partir de l'impression de la
coutume.
L'étude ne portera point sur le droit maritime, mais comprendra, pour le surplus,
une appréciation critique ainsi que l'exposé des rapports du droit commercial en
vigueur avec notre législation commerciale actuelle. — Prix : huit cents francs.
4« question ; On demande une étude critique sur la philosophie de Guyau et ses
applications. — Prix : six cents francs.
Les mémoires seront adressés, franc de port, avant le i"" novembre 1908, à M. le
Secrétaire perpétuel, au Palais des Académies, à Bruxelles.
Nous attirons l'attention sur les conditions réglementaires communes aux concours
annuels de la Classe, parce qu'ils ont été modifiés :
Les mémoires peuvent être rédigés en français, en néerlandais, en allemand ou
en latin.
Les concurrents sont libres de signer leur travail ou d'y inscrire une devise
reproduite sur une enveloppe cachetée qui contiendra leur nom et leur adresse. Ils
y joindront une déclaration attestant que le mémoire est inédit et n'a pas obtenu de
récompense dans un autre concours.
Sauf dispositions contraires résultant de clauses spéciales, les manuscrits soumis
à la Classe restent déposés dans ses archives. Il est permis aux auteurs d'en prendre
copie dans les bureaux du Secrétariat.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 2^5
PARTIS PÉDAGOGIQUE.
L'ENSEIGNEMENT MOYEN A L'ÉTRANGER
par F. COLLARD, professeur à TUniversité de Louvain.
(Suite.)
ANGLETERRE
« Un élève entre au collège vers Tâge de 14 ans. Il déclare à l'avance
lequel des deux enseignements il veut suivre et passe l'examen d'entfée
de Tun ou de l'autre (i). Il peut plus tard se faire transférer de Tun à
Tautre, s'il vient à changer d'intention pour la carrière à venir; mais
pour obtenir ce changement, il doit passer un examen sur les parties
spéciales enseignées dans la classe classique ou moderne dans laquelle
il veut entrer.
Pour l'enseignement, la grande difficulté, c'est que Tannée scolaire
est partagée en trois trimestres inégaux, séparés par les congés de
Noël, de Pâques et les grandes vacances. A la fin de chaque trimestre,
des élèves quittent le collège et d'autres sont promus dans la classe
supérieure. Chaque classe se renouvelle donc en partie trois fois par
an et ne se renouvelle jamais entièrement, ce qui rend difficile de
professer t un cours » proprement dit. L'enseignement se fait surtout
par le livre, que le professeur explique ou commente, mais qu'il ne
remplace pas (2).
(1) A Eton, l'examen d'admission comprend une version latine, un thème latin, la
grammaire latine, la grammaire grecque élémentaire, l'arithmétique élémentaire,
des notions élémentaires d'histoire et de géographie.
A Harrow School, l'examen d'admission porte sur le latin, le grec, le français et
les mathématiques.
(2» Chaque trimestre, à la rentrée, dit M. Minssen, Revue internationale de ren-
seignement^ igo3, 1, p. SyS, le conseil des professeurs prend connaissance du nombre
d'élèves ayant quitté le collège, de celui des nouveaux et de la classe à laquelle ils
ont été assignés d'après l'examen d'entrée. Si un élève se voit refuser l'avancement
pendant plusieurs trimestres de suite et atteint la limite d'âge, fixée pour une classe,
la fiamille est prévenue de ce fait, et elle doit retirer te retardataire à la fin du tri-
mestre... Aucun élève ne peut rester au collège après ses 19 ans révolus. L'inconvé-
nient du système, c'est d'empêcher le professeur de faire un cours proprement dit,
puisque trois fois par an il a devant lui un tiers ou un quart ou un cinquième
d'élèves nouveaux. L*avantage de la méthode consiste à permettre à un élève brillant
d'arriver plus rapidement aux classes supérieures et à ne pas engendrer les queues
de classe, puisque les élèves médiocres ou paresseux ne montent pas en bloc avec
ieurs camarades. » Cf. même revue, igoS, 2, p. 248.
246
LE MUSÉE BELGE.
Les matières de l'enseignement classique sont : la religion, l'anglais,
le latin, le grec, le français, Thistoire, la géographie, le calcul, les
mathématiques, les sciences naturelles (c'est-à-dire la chimie et la phy-
sique), le dessin et le chant. D'autres matières, telles que rallemand,
sont presque partout facultatives.
Par suite de la complication du système des classes et des grandes
modifications qu'il subit dans les différents collèges, il est difficile
d'indiquer le nombre exact des heures affectées aux langues anciennes
et aux autres branches du programme.
Une heureuse circonstance nous permet cependant de donner quel-
ques renseignements précis à ce sujet. Il y a trois ans, il s'est constitué,
sur l'initiative de quelques universitaires appartenant surtout à l'Uni-
versité de Cambridge, la Classical Association ofEngland and Wales
dans le but de maintenir et d'améliorer les études classiques. Une des
premières tâches de l'Association, ce fut de rechercher quelle était la
part réservée aux langues anciennes dans les différents établissements.
Voici le résultat de cette enquête (i).
Dans les collèges de première importance, la première classe où l'on
étudie le grec (ce sont des enfants de 1 3 ans en moyenne), consacre
12 heures aux langues anciennes et 14 aux autres branches, et la
classe la plus élevée avant qu'on puisse se spécialiser (jeunes gens de
iC ans et demi), accorde i5 heures aux langues classiques et 1 1 heures
et demie aux autres matières.
Dans les collèges de moindre importance, la répartition des heures
se fait d'après le tableau suivant, dressé par le comité d'enquête.
NOMBRE D'HEURES
\ NOMBRE D'HEURES
AGE MOYEN
ACCORDÉ EN MOYENNE
1 ACCORDÉ EN MOYENNE
DES ÉLÈVES
AUX
j AUX
LANGUES ACCESSOIRES
1 AUTRES BRANCHES
14-13
8 heures
1
1 20 1/2 heures
i5m4
9 1/2 »
1 19 »
i6-i5
12 1/4 »
! 16 1/4 »
17..6
i3 1/2 »
i5
18-17
18 1/2 »
10 M
On voit que le temps consacré aux langues anciennes va croissant à
mesure qu'on monte de classe.
(11 Je dois ces détails à l'extrême obligeance de mon collègue, M. A. Carnoy.
PARTIE PEDAGOGIQUE. 247
Dans certains collèges, les dernières années sont de véritables écoles
de philologie classique réservées seulement à quelques élèves ; car la
plupart quittent le collège sans fréquenter ces classes.
Ajoutons à ce tableau général Thoraire d'un collège, par exemple,
deHarrow (i) : première quatrième, 5 h. 45 de grec et 5 h. de latin ;
première coquille, 6 h. 3o de grec et 8 h. 3o de latin; seconde remove
(i5 ans et 9 mois), 7 h. i5 de grec et 8 h. de latin; cinquième supé-
rieure, g h. 3o de grec et 5 h. i5 de latin.
Voici quelques détails que nous empruntons à M. Minssen (2) : ils
concernent spécialement le collège de Harrow, mais ils s'appliquent
aussi à un grand nombre d'établissements. « L'anglais est fort peu
enseigné et ne l'est pas méthodiquement. C'est le point faible. L'ortho-
graphe est médiocre et le style négligé. Les élèves font peu de nar-
rations, de discours, de dissertations dans leur propre langue. Les
rédactions qu'on leur donne à faire, ont en vue le fond plutôt que
la forme. Par exemple, un devoir d'histoire (3) comportera parfois huit
ou dix questions et non une seule. L'élève devra en choisir quatre ou
cinq et y répondre aussi brièvement que possible, parfois en quelques
lignes. Ce système ne prête pas au développement et à la phrase. On
ne donne pas non plus de versions dans lesquelles le traducteur doit
lutter de clarté, d'élégance et de concision avec un texte classique. On
lui donne souvent un passage assez étendu d'un poète grec ou latin à
préparer, mais la traduction orale qu'il en donne, est parfois lâche e^
médiocre ou verbeuse, et ne contribue guère à perfectionner sa connais-
sance de la langue maternelle. L'anglais en souffre.
Mais le latin et le grec gagnent tout ce que perd la langue mater-
(1) Minssen, art. cité, 1905, 2, p. 252. Nous avons compris en partie les heures
dites études (Pupil Room),
(2) Article cité. Revue internationale^ igoS, 2. p. 24g.
(3) « On est d'accord pour reconnaître que la culture intellectuelle des Anglais est
inférieure à la nôtre. Tout le monde a pu constater par expérience que les Anglais ne
savent pas les langues vivantes. Même ignorance en ce qui concerne l'histoire et la
géographie : un grand brasseur de Manchester demandait à M. Max Leclerc si le
Brésil n*avaît pas été colonie française et si Napoléon n'y avait pas envoyé Maximi-
lien ; un homme distingué, membre du Parlement, assurait gravement à un de nos
romanciers français les plus originaux, dont je tiens l'anecdote, que les meilleures
institutrices françaises venaient de Hanovre; enfin quepenserdelordPalmerston,un
des brillants élèves du collège de Harrow, qui, nommé ministre des Colonies, dut
se les faire montrer sur la carte? Cest que les éducateurs ont fort peu de temps à
leur disposition : en raison des fatigues qui sont imposées aux professeurs, les
vacances occupent environ le tiers de l'année ; pendant les termes scolaires, deux,
après-midi par semaine au moins, en dehors du dimanche, sont consacrées aux jeux
physiques; les autre?: jours, il n'y a guère que six heures en tout consacrées réelle-
ment au travail.» (Bornecque, Avons -nous quelque chose à prendre à l'enseigne.-
ment secondaire anglais ? dans la Revue universitaire^ '902, 2, p. 222).
248 LE MUSÉE BELGE.
nelle. Les études anciennes comportent non seulement la théorie et la
préparation des auteurs classiques dont les élèves lisent des ouvrages
entiers et nombreux, mais elles comprennent aussi des exercices en
prose et en vers dans les deux langues. En prose grecque et latine, on
encourage surtout les élèves à s'écarter des tournures anglaises pour
chercher Tidiotisme classique, le latinisme ou l'hellénisme. En
vers ils font non seulement des hexamètres, mais des vers lambiques,
alcaïques, des strophes sapbiques, etc. Les commençants retournent
des vers dont on leur donne le texte, puis reproduisent en latin ou en
grec des vers de poètes anglais qu'ils paraphrasent plutôt qu'ils ne tra-
duisent ; enfin dans les classes supérieures ils « composent » dans le
mètre demandé des pièces de vers sur un sujet donné... (i) Il reste au
Jeune anglais peu d'heures pour Thistoire, les mathématiques, le fran-
çais, et surtout langlais.
(( Dans renseignement moderne, on ne fait que peu de latin et pas
de grec. Ces langues sont remplacées par lallemand (qui ne figure pas
dans l'enseignement classique), un accroissement d'heures pour le fran-
çais, les mathématiques, les sciences naturelles et l'anglais. De même
que, dans l'enseignement classique, le professeur de classe enseigne le
grec et le latin, de même, dans l'enseignement moderne, il enseigne le
français et l'allemand. L'avantage de cette organisation est de donner
aux langues vivantes plus d'importance aux yeux des élèves, d'en faire
des matières principales et non accessoires du programme ; mais la
difficulté est grande de trouver des professeurs qui, après avoir fait
des études classiques complètes, ont aussi su s'assimiler deux langues
vivantes.
Pour ces dernières on cherche avant tout à inculquer une connais-
sance de la langue contemporaine et usuelle. En français on traduit
du Loti, du Victor Hugo, du Daudet, du Dumas, etc. ; ce n'est que
dans les classes supérieures que Ton aborde les auteurs classiques du
XVI l« siècle.
Quand un élève atteint les classes supérieures, il peut se spécialiser
jusqu'à un point. Il passe moins d'heures en classe et il a plus de lati-
tude pour l'emploi de son temps libre. De plus, il a la faculté de choisir
les matières qu'il désire étudier et les cours qu'il veut suivre. Le choix
une fois fait, il doit s'y conformer.
(i) Voyez E. Stropbno, L'enseignement public en Angleterre à propos d'un livre
récent, dans la Revue internationale de renseignement, 1894, p. 265. — Texte, La
question du latin en Angleterre, dans la Revue internationale, 1889, 1, p. 495, dit :
« Les vers sont rarement pratiqués autrement que sous forme d'exercices élémentaires
de métrique. Quand ils le sont, on peut dire ce qu'en disait, il y a longtemps, le
philologue Cobet : Carmina graeca quae neque graeca sunt, neque carmina. »
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 249
L'un fera des mathématiques ou de la chimie, l'autre se consacrera
aux langues modernes ou à l'histoire. Il doit en tous cas choisir au
moins quatre matières et consulter son tuteur qui l'encouragera dans
une direction déterminée en raison de ses projets d'avenir et de ses
aptitudes (i).»
*♦*
11 nous reste à dire un mot de la méthodologie des langues anciennes.
Les exercices écrits sont le thème latin, le thème grec et la composi-
tion de vers latins et de vers grecs. Ils prennent une place presque
aussi importante que la lecture des auteurs.
On fait traduire par écrit, en classe, séance tenante, un texte grec ou
latin qu on tire d'un recueil de morceaux choisis.
Les auteurs expliqués sont traduits de vive voix. On n'en impose la
traduction écrite que comme pensum.
A l'explication approfondie des auteurs s'ajoute la traduction cursive
de passages fort étendus, afin que les élèves puissent lire des œuvres
complètes.
En fait de méthode, les Anglais ont encore beaucoup à apprendre (i).
A l'école St-Paul, qui est fort renommée, on corrige les thèmes de
la façon suivante. Les thèmes étant remis au professeur, celui-ci dis-
tribue à ses élèves un texte modèle qu'il explique. Les élèves doivent
Tétudier pour le lendemain de façon qu'ils soient capables de le repro-
duire en ayant sous les yeux le texte anglais. Ce n'est qu'après cet
exercice que les copies corrigées leur sont rendues. Les élèves peuvent
alors amender convenablement, dit-on, leur propre texte. Franche-
ment, ce n'est pas ainsi qu'on corrige la copie d'un élève, pas plus
qu'on ne corrige un devoir de style avec un recueil de modèles. Nous
procédions ainsi il y a bien des années ; heureusement, on ne le fait
plus. Ailleurs, à Eton, le professeur corrige les thèmes à domicile, les
remet aux élèves avec une note appréciative, et présente quelques
observations. Franchement encore, ce n'est là qu'une demi-correciion,
Pour la préparation des auteurs latins et grecs, on permet aux élevés,
dans beaucoup d'écoles, de se servir de traductions imprimées, k atin
de leur faciliter, dit-on, la première intelligence du texte.» On ajoute
que le maître, persuadé de l'inutilité de la défense, ne veut pas leur
donner l'occasion d'essayer de le tromper.
(1) MiNSSEN, art. cité, dans la Revue internationale de l'enseignement, irjo5, a,
p. 520.
(21 uLa méthode suivie dans renseignement des classiques aurait besoin, duns
plus d'un collège, de subir des réformes que les amis des humanités appetlem de
tous leurs vœux. » A. Carnoy, art. cité, p. 32.
25o LE MUSÉE BELGE.
Enfin, on reproche à renseignement anglais de ne pas apprendre à
rélève à réfléchir, à travailler d'une façon indépendante, a L'enseigne-
ment se borne,dit M. Texte (i), à inculquer aux élèves un certain nombre
de faits et de notions précises, et à s'assurer le lendemain que ces faits
ont été retenus » .
Les Anglais reconnaissent, du reste, que leur méthodologie laisse
encore beaucoup à désirer, et ils sont d'avis que certaines réformes sont
nécessaires pour que le latin et le grec puissent donner de meilleurs
résultats. Mon collègue, M. A. Carnoy me signale, à ce sujet, quelques
réformes essayées à la Perse School de Cambridge par M. Rouse. Dans
les classes inférieures, on ne s'occupe guère que de la langue maternelle.
On aborde ensuite le français, qu'on étudie sérieusement dans deux divi-
sions avant d'apprendre le latin. On commence le grec en quatrième,
et on y consacre un temps suflisant pour qu*à la fin de Tannée les élèves
soient en état de traduire des auteurs faciles. Dans les deux divisions
de la sixth form où l'élève se spécialise, presque tout le temps est
consacré aux langues anciennes pour ceux qui prennent le classical
side.
M. Rouse s'attache à faire lire rapidement quelques grandes œuvres
en entier; il prépare les thèmes en classe, avant de les faire écrire à domi-
cile, afin d'éviter un trop grand nombre de fautes. 11 fait apprendre par
cœur beaucoup de grec et de latin, et habitue les élèves à la conver-
sation grecque ou latine.
On le voit, le besoin de réformes se fait sentir au delà de la Manche(2).
Ce n'est pas étonnant : s'il sort des écoles anglaises un certain nombre
de jeunes gens qui ont du latin et du grec une connaissance suffisante,
il n'en est pas moins vrai que beaucoup arrivent à Oxford avec un
bagage très médiocre (3).
En étudiant l'école anglaise, nous avons eu surtout en vue forcément
l'enseignement des langues anciennes. Quelle qu'en soit la part consi-
dérable, là n'est pas l'important pour les Anglais. Ils veulent avant tout
« préparer à la vie », en sorte que l'enfant ait un corps sain, robuste et
résistant, et qu'il soit une volonté et un caractère. De là, un temps
(i) Texte : La question du latin en Angleterre^ dans la Revue internationale
de l'enseignement^ 1889, 1, p. 497.
(2) « La Classical Association voudrait rendre la lecture des auteurs plus vivante,
par exemple par des explications d'ordre historique, des notions sur la civilisation,
et surtout la diriger dans un sens plus littéraire. » A. Carnoy, art. cité, p. 42.
(3) Texte, art. cité, p. 497. Voyez Ch. Bastide, Le régime du baccalauréat en
Angleterre, dans la Revue universitaire ^ i3 février 1907, p. 142 «t suiv.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 25 1
assez considérable donné aux exercices physiques, et une discipline
discrète, laissant du jeu à la responsabilité, faisant appel chez l'enfant
au o respect de soi-même » (i).
VIL — SUISSE.
Quand on veut étudier Tinstruction moyenne en Suisse, on ren-
contre la même difficulté qu'en Angleterre. Il n'y a, ici comme là, ni
organisation uniforme, ni plan d'études unique. On doit donc prendre
connaissance des divers programmes et tâcher d'en tirer quelques
règles générales.
L'organisation des établissements varie beaucoup. A Genève, les
3 premières classes forment une division commune, et les 4 dernières
comprennent deux sections, l'une classique, l'autre réale. Winterthur
a deux années communes ; puis la troisième année, on se divise en
section grecque, section nonrgrecque et section non-latine ; dans les
classes 4, 5, 6 et 7, on ne trouve plus que les deux premières sections.
A Zug, Bâle, Saint- Gall, Solothurn, Zurich, Scbafifhouse, le gymnase
se divise en gymnase inférieur de 4 classes et en gymnase supérieur
de 5 classes ou de 4 ou de 3 ou 2 1/2 ou de 2. A Berne et à Coire, on
distingue le progymnase avec 4 classes ou 2, et le gymnase avec 3
ou 5. Lucerne a un gymnase de 6 classes et un lycée de 2; Lausanne
un collège de 6 classes et un gymnase classique de 2 ; Neuchâtel un
collège classique de 5 classes et une section littéraire de 3. Frauenfeld
n'a ni division, ni section.
Il résulte de cette organisation multiple que la durée des études
n'est pas la même. Les établissements ont 6 années, ou 6 1/2, ou 7,
ou 8, ou 8 1/2. La somme totale des heures varie ainsi naturellement
beaucoup : elle oscille entre i83 et 260. La moyenne est 23o ou 240.
Les classes ont généralement 3o, 3i, 33 heures; le chiffre 35 est assez
exceptionnel (2).
L'âge d'admission diffère également; ici, 10 ans (Bâle, Lausanne,
Neuchâtel); ailleurs, 1 1 ans (Lucerne), ou 12 ans (Genève, Saint-Gall,
Zurich, Winterthur, etc.), ou i3 ans, comme à Schaffhouse; mais
dans ce dernier cas, on exige la connaissance de la lexigraphie latine.
Le nombre des heures de latin est loin d'être uniforme : 32 1/2
{Berne), 34 (Schaffhouse), 39 (Neuchâtel), 42 (Zurich, Solothurn et
(i) E. BouTMT, Avant-propos, p. viii, de l'ouvrage de M. Leclerc, L'éducation des
classes moyennes et dirigeantes en Angleterre.
(2) A La-Chaux-de-Fonds^ la 1" année a 3i heures ; la 2® 33 heures; la 3e égale-
ment ; la 4« 34 heures ; la 5« 39 heures ; la 6* 3j heures et la 7* année 40 heures.
A Soleure, le nombre d'heures est fort élevé.
252 LE MUSÉE BELGE.
Saint-Gall), 44 (Coire et Genève). 46 (Frauenfeld), 48 (Zug). 53
(Lucerne et Lausanne), 61 (Bàle).
Le grec s enseigne d'ordinaire pendant 5 années, quelquefois pen-
dant 4 (Genève) ou 4 1/2 (Berne), parfois aussi pendant 6 années
(Neuchâtel, Lausanne, Lucerne). Le nombre d'heures est donc varié :
23 (Solothurn), 24 1/2 (Berne), 25 (Genève et Lucerne), 26-27 (Saint-
Gall), 28 (Coire et Zug), 29 (Neuchâtel), 3o (Schaffhouse, Lausanne,
Bâle), 3i (Zurich), 33 (Frauenfeld).
Si rétablissement ne compte pas diverses sections, le grec est
souvent facultatif : il peut être remplacé par langlais et Titalien.
La liste des auteurs grecs et latins est à peu près la même qu'en
Allemagne. 11 faut noter que dans un bon nombre d'établissements
on lit Cicéron, du moins certains de ses discours, avant Tite-Live,
qu*on considère comme assez difficile.
La langue maternelle, c'est l'allemand, dans certains cantons ; le
français, dans d'autres ; l'italien à Lugano. La seconde langue, c'est,
dans les cantons allemands, le français ; dans les cantons français,
l'allemand.
L'allemand s'enseigne dès la première année, excepté à Lausanne,
où il est admis au programme de la seconde année : il lui est attribué
20 heures (Schaffhouse), 23 (Zug et Zurich), 24 (Bâle, Frauenfeld et
Genève), 25 (Saint-Gall), 26 (Lucerne), 28 (Saint-Gall), 3o (Neuchâtel)
et 35 1/2 (Berne).
Le français s'enseigne concurremment avec l'allemand la première
année à Zug, Schaffhouse, Berne, Genève, Lausanne, Neuchâtel ; la
seconde année, à Lucerne, Frauenfeld, Saint-Gall, Solothurn, Zurich
et Bâle. 11 lui est attribué 19 heures (Schaffhouse et Saint-Gall), 20
(Lucerne et Frauenfeld), 21 (Zurich), 23 (Zug), 25 (Bâle), 26 (Solot-
hurn), 28 (Neuchâtel), 3o (Genève), 35 1/2 (Berne), 42 (Lausanne).
Dans les leçons d'allemand, on étudie d'ordinaire l'ancienne langue ;
cela se fait parfois pour le français ; généralement l'histoire littéraire
des deux langues est inscrite au programme.
On remarquera qu'on fait une place moins grande à l'enseignement
de la langue nationale qu'à celui du latin et du grec. Cette différence
est frappante en particulier dans les écoles de langue allemande, où la
place accordée à l'idiome national est relativement peu considérable.
D'autre part, on consacre beaucoup de temps à l'enseignement d'une
ou de plusieurs langues étrangères, soit le français, soit l'allemand»
L'anglais n'occupe nulle part une place très considérable, et dans bon
nombre de collèges, on n'enseigne pas du tout l'italien ( i ). (A suivre.)
(1) Voyez le Rapport sur la réorganisation du collège classique de Neuchâtel^
Neuchâtel, 1907, p. 40.
LIVRES NOUVEAUX.
A. G. AMATUCCI, Hellas. DÎMgno storîco délia civiltà greca. Vol. I. Daî
tompi piu antichi al secolo V avan»i Cristo. 2» edizione. Bari, G. Laterza,
1907. 3 fr.
A. BBRTRANG. A new engliah reader for (he use of Belgtan pupils especiallj
for the use of thèse of the !•' and 2°** year. Arlon, A. Willeras, 1907. 56 pp.
R. BRUNHUBER, Das moderne Zeitangswesen. (System der Zeitungslehre.)
L-^îpiig. Gôjchen, 1907. 0 m. 80.
F. C. BURKITT, Urchristentum im Orient. Deutsch von E. Preuschen.
TQbingen, Mohr, 19:)7. 3 m.
E. COSTA, Storia del diritto romano pubblico. Florence, G. Barbôra, 1906.
2 fr. 50. (Mmaali Barbera di se. giurid soc. e politiche )
A. CRÈMIEIIX et J. THOMAS, Précis d'histoire de l'époque contemporaine,
1789 1906. pour la classe de trois'ômo. (Premier cycle. Divisions A et B.)
Mirt«ille, Ferran Jeune, 1906 In-16, 680 p. avec port r., fig. et pi.
E DRIAULT, L'époque contemporaine (1789-1902). PariP,Alcan, IC03. In-l?,
11-442 p. avec 67 grav. et 39 cartes. 3 fr. 50.
Ch. GILLIARD, Quelques réformes de Selon. E^sai de critiqvie hi'storiqn''.
Lausanne, G. Bridel et C»«, 1907. 324 pp. in-8".
A. PRITZSCH, Ilirodotus. MV. Textausgabe fur den Schulgebrauch. Mit
Titelbild. Leipzig, Teubner, 1900. 2 m. 40. (Bibl. Teubneriana. Scliultexte.)
S. R. GARDINER et J. BASS MULLINGER, Introduction of the study of
englith history. Nouv. édit. Londres, Trûbner et C'«. 7 sh. 6.
R. HILDEBRAND, Vom deutschen Spracliunterricht in der Schule und von
deuticher Erziehung und Bildung ûberhaupt. Mit einem Anhang Qber die
Fremdworter. 10^ Aufl. Uipzig, Julius Klinkhardt, 1906. 280 pp. 3 m.
R. HIRZEL, Themis, Dike und Verwandtes. Ein Beitrag zur Geschichte der
Rechtsidee bei den Griecbeb. Leipzig, S. Hirzel, 1907. 10 m.
P. MONCEAUX, Enquête sur Tépigraphie chrétienne d'Afrique. Parlii, Klinck-
aieck, 1907. 7 fr. 50.
M. SCHNVEISTBAL, Histoire de la maison rurale en Belgique et dans les
contrées voisines, l'» partie, 17 pp., 2* partie, 1 13 pp. Brux , Vromant, 1905-
1906. (Ann. de la Soc. arch. de Bruxelles, t. 19 et 20.)
A. STRONG, Roman sculpture from Augustus to Constantin. Londres, Duck-
woHh et Co. 1907. 18 sh.
A. THALAMAS, Précis dliistoire moderne (second cycle, classes de seconde
A, B, C, D). L'Europe du x« siècle à 1715. Paris, Paclot et C'«. In-16, 338 p.
avec grav et cartes dans le texte.
H. VAN DE WEERD, Etude historique sur trois légions romnines du Bas-
Danube (V* Micelonica, X« Claudia, {• Italica). Louvain, Cb. Peeters, 1906.
7 fr. 50.
J. VAN WAGENINGEN, Album Terentianum picturas continens ex imagine
pbototypi Logdunensis Terentii codd Ambrosiani H 75 et Parisini 7899
sumptas et lithographice expressas. Groningen, P. Noordlioff, 1907. 6 m,
LE MÈ.ME, Scaenica Romana. làid., 1907. 1 m. 80.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
W, Kroll^ L'étude de U phiIo!ogU classique. Conseils aux étudiants
PARTIE BIBLlOGRAPHrCiUE.
Antiquité classique.
178. A/. Croiset^ Aristophane et les partis à Athènes (H, Francottc)
179. H, Lechat, Phidias et la sculpture grecque (E. Remy) .
180. R, C. Kukula, Alkmans Pa'-thcneion (P. Graindor).
181. A, Michel^ Syntaxe grecque abrégée (£. Remy) . . ,
183. L. Fah{^ De poetarum Rominorum doctrina magica (Le mém^)
i83. E. B. Lease, Titi Livi libri L XXI, XXII (L. Halkln) ,
209
2t6
218
220
221
223
225
Langues et littératures germaniques»
184-190. Ouvrages de B. Van Halteren, J. O. S. Van der Vcen, J. L. Walch,
R. Jacobsen, Ch. van Schooneveldt, M. SchOnfeld, H. Smout (C. Lecoutere) 226
Histoire et géographie.
191. Publications relatives à la ville de GanJ, de V. Fris, V. Tourneur,
V. Van der Haeghen et G. Vai Wervekc, M. H.ins, Vcrmast, De Wacl,
Celis, P, Bergmans et A. Heins, M, de Smet de Naeycr < \. De Cculeneer) 23o
Enseignement.
192. L. GM///aMme, Que voulons-nous? (J. P. W.) 235
Noticôs et annonces bibliographiqnet«
193-210. Publications, de W. H. Roschjr, R. WollT-Beckh, Krebs-Schanz,
A. Vermeylen, M. Mcyboom et J. Trede, Th.-J. Bosman, Ch. Stapeikamp,
J. Proelss (SchefFel), Brenner, G. Wustmann, Grunow, W. Wakernagel,
L. Lasser, Julie Adam, P. Martroye, A. Michel, Euphorion^ Deutsche Erde,
M<:yers Konversationslexikon , 236
CHRONIQUE.
211-217. Le mouvement sociologique interna* nal. Découvertes archéolo-
giques. Bibliographie de P. Guiraud. Acadéi.tie v. i Inscriptions. Ange d*or
de Jeanne de Brabant. Concours de TAcadémie royale de Belgique (Pro-
gramme pour 1909) . , ... . • . . . . 241
PARTIE PÉDAGOGlv^UE.
F. CollarJ, L'enseignement moyen à l'étranger («ujt-
245
A'/^îî
Onzième année. — N*» 7.
i5 Juillet 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRICnON DB
F. COLLARD
PR IFEftfcEUB A L UNIVERSITE OS LOUVAIN
J. P. WALTZIN6
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ParaIrsEnf tout les mois, à rnospUtn das mois d'août at da aaptambra
LOUVAIN
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20, RUE DE NAMUR, 20
BERLIN
PARIS
A. FONTEMOING
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R. FRIEDLAENDER ET FILS
Carlttrasie» ii, N. W
LIVRES NOUVEAUX.
Association balge des profdssours <!•) langues vivantes. Premier Congrès tenu à
Gind du 18 au 22 septembre 1906. Compte rendu. Gand, Hoste, 1907, 220 pp.
J. BAUDOT, La princesse Yolan lo et les ducs de Bar de la famille des Valois,
V partie : Mélusine. Paris, Picard. 6 fr.
0. COMPAYRÉ. Le P. Girard et Téducation par la langue maternelle. Paris,
Delaplane, 1907. 0 fr. 90. (Les grands K lucateurs.)
HENRIETTK DACIEli. Saint Jean Chrjrsostom3 et la femme chrétienne au
IV* siècle de TEglise grecque. Paris, Falquo, 1907. 3 fr. 50.
E. ESPÈRANDIEU, Recueil général des bas-reliefs de la Gaule romaine.
Tome I : Alpes Maritimes, Alpos Coltionnes, Corso, Narbonnai^e. Paris,
Irapr. nat , 1907, 1 vol. in^*» de x-330 PP. et environ 800 grav, (Documents
inédits sur Tbistoire de France.)
E. J. GOOSPEED, Index patristicus sive clavis patrum apostolicorum operum
ex editione minore Gcbhardt, Ilarnack, Zahn lectionibus editionum minorum
Funk et Lighfoot admissis. Leipzig, Henrichs, 1907. 3 m. 80.
0. HENKE, Vademekum filr die Homerlektiire. Mit 4 Kârtchen im Text.
Leipzig, Teubner, 1906. 80 pp.
D. C. HESSELING, Essai sur la civilisation byzantine. Traduction franc, par
G. Schlumberger. Paris, Picard, 1907. 3 fr. 50.
F. KNOKE. Neue Beitrage zu einer Gescbichte der Romerkriege in Deutscb-
land. Mit 2 Tafeln Abbildungen. Berlin, Weidmann, 1907, 2 m.
K. KROGH-TONNING, Essay?. I. Platon als Vorlaufer des Christentum».
IL Leibniz aïs Theolog. Kempten, Jos. Kôsel, 1906. .4 m. 50.
G. KURTH, L'entrée du parti populaire au conseil communal de Liège en 1303.
Liège, Poncelet, 1907, ',iO pp. extr. du Bull, de llnst. arch, liégeois, vol. 36.
C. H. LAMBERT, Fables de Lafontaine. Ed. classique revue sur les textes les
plus corrects et augmentée de nombreuses notes explicatives. Zwolle, Tjeenk
Willink, 1907. 35 cts.
B. LOSCHAERT, Répertoire d'orthographe latine. 52 pp. (Nouveaux essais
pédagogiques. I*"" volume. Supplément.)
W. A. MERRILL. T. Lucreti Cari de rerum natura libri VI. New- York, Ame-
rican Book Co.
W. MKYER RINTLEIN. Die Schopfung der Spracho. Leipzig. Grunow, 1905.
256 pp.
G. MEYER VON KNONAU, JahrbQchcr des deutschen Reiches unter Ilein-
ricb IV und Heinrich V. VI Bd. : 1 106-1 1 16. Leipzig, Duncker und Humblot,
1907. 10 m. 40.
J. RENAULT, Louis Veuillot. Avec un portrait. Paris, Lethielleux, 1907. 2 fr.
CH. RENEL, Les religions de la Gaule avant le christianisme. Paris, 1906.
D. M. ROBINSON. Ancient Sinope. An historical account. With a Prosopogra-
phia Sinopensis and an Appendix of Inscriptions. Baltimore, The Johns
Hopkins Presa, 1906.
Onzième annéb. — N® 7. i5 Juillet 1907.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉULNGES. .
rÉTUDE DE LÀ PHILOLOGIE CLASSIQUE EN ALLEMAGNE
CONSEILS AUX ÉTUDIANTS EN PHILOLOGIE
Traduit de Tallemand de
W. KROLL, professeur ordinaire à TUniversité de Munster.
(Suite et fin.)
Si l'étudiant suit environ trois cours et exercices philologiques, il
lui reste assez de temps pour s'occuper des branches qui forment
des parties intégrantes de la « Science de l'antiquité » et qui, dans la
pratique, sont traitées comme des sciences auxiliaires de la philologie.
Ainsi, il doit entendre quelques cours d'histoire ancienne et il fera
bien de suivre, au moins pendant un semestre, des exercices sur cette
matière. Il est désirable que ces exercices n'aient pas lieu pendant
qu'il prend part à ceux d'un séminaire ; en règle générale, il faut
déconseiller la participation simultanée à plusieurs séminaires ou à
plusieurs sortes d'exercices qui exigent une sérieuse préparation.
Ainsi encore, l'étudiant doit suivre des leçons et des exercices
d'archéologie^ même si son intérêt se porte surtout vers les questions
^ammaticales ; en effet, il y a des époques entières de l'antiquité
dont les œuvres d art donnent une idée plus exacte et plus rapide
^ue les autres monuments. C'est ce que Helbig a fort bien montré
pour l'époque alexandrine dans ses Untersuchungen Uber die campanische
Wandmalerei, Dans les classes, on se sert beaucoup aujourd'hui de
moyens intuitifs, que l'étudiant doit apprendre à connaître dès
l'Université (par ex. Helbig, Das homerische Epos aus den Denkmàlern
^làutert). Les débutants ne devraient jamais manquer d'assister aux
exercices archéologiques, de prendre part aux visites dans les musées
et collections, etc.. surtout dans les villes où l'art classique est
représenté par des œuvres originales. On peut aussi se procurer les
254 LB MUSÉE BELGE.
catalogues et visiter les collections soi-même, avec leur aide(i).
Dans ces universités, plus d*un s'intéressera vivement à Tart antique,
et se sentira disposé à en faire l'objet principal de ses études. Après
quelques semestres, on devra se demander si l'on veut devenir
archéologue ou philologue» et dans le premier cas, il ne sera pas
toujours possible de subir l'examen d'État (2). Il est nécessaire de ne
pas tarder à prendre une décision ; car, même pour les mieux doués,
la régularité des études est une chose très désirable. Il est plus diffi-
cile de déterminer l'importance d'une troisième branche, la. grammaire
comparée, La grammaire des langues grecque et latine repose aujour-
d'hui entièrement sur le fondement jeté par la grammaire comparée.
Les étudiants doivent au moins se familiariser avec les principes
essentiels, mais on ne peut exiger d'eux qu'ils approfondissent cette
science. Dans la plupart des Universités, il existe maintenant des
cours de grammaire comparée qui peuvent être compris par un
auditeur de force moyenne, c'est à dire par un étudiant qui ne
connaît ni le sanscrit ni les autres langues indo européennes : le
philologue doit suivre ces cours En outre, des leçons sur la vie du
langage, intitulées « Introduction à la linguistique » ou autrement, lui
seront d'une grande utilité ; car une vieille expérience nous apprend
que l'homme sait très peu de chose de la nature du langage, qu'il
semble, à première vue, devoir connaître. Tout philologue doit s'as-
similer les idées fondamentales les plus importantes, telles que la
phonétique, l'action analogique, l'assimilation, etc. (3) C'est une toute
autre question si l'étudiant doit apprendre le sanscrit. Il doit l'ap-
prendre sans aucun doute, s'il veut s'appliquer spécialement à la
grammaire comparée, et s'il est assez bien doué pour consacrer,
pendant une série de semestres, une partie de son temps à cette
langue ; mais si l'on ne compte s'occuper du sanscrit qu'accessoire-
ment pendant un ou deux semestres, on fera mieux d'y renoncer tout
simplement.
L'étude de la philosophie exige une mention spéciale. Aucun philo-
(1 j Là où il n'y a pas d'originaux et où les moulages .«ont insuffisants, les leçons
accompagnées de projections lumineuses pourront les remplacer ertîcacemeni.
(2) Celui qui se voue entièrement à l'archéologie doit songer à temps aux consé-
quences pratiques; ici encore, il faudra consulter sans tarder ses professeurs.
(3) La lecture de Delbrûck, Einleitung indas Sprachstudium (3*« Autl. Leipzig,
iSq3), est à conseiller aux débutants. En outre on peut conseiller : \\ itney, Leben
und Wachstum der Spraclie (trad. en allemand par Jolly); Max iMûLLER, Vorle-
$ungen ûber die Sprachwissenscha/t (très suggestif). Les étudiants avancés ne
peuvent pas négliger d'étudier à fond H. Paul, Prin^tpien der Sprachgeschtchte,
[UAbrc^^e de grammaire comparée des langues indo-turopéennes de K. Brugmann a
été tra luit en français par MtiLUEi et Gauthiot. Paris. Klinksieck. lyoi). N. D. T.J,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 255
logue ne peut se passer d'une connaissance approfondie du dévelop-
pement de la philosophie grecque, qui a joué un rôle prépondérant
dans la vie intellectuelle du monde antique et qui a exercé sur toutes
les sciences particulières, une influence à première vue étonnante
pour nous. Ne trouve- t-on pas tout de suite l'occasion de suivre un
cours de philosophie ancienne, qu'on lise au moins des textes philo-
sophiques (Platon et les textes insérés par von Wilamowitz dans son
Lesduch), Ritter-Preller, Hisiaria p.'iilosophiae graecaâ, et Tesquisse si
remarquable de Windelband (Iwan Mûller, Handbuch^ V, i). Plus tard
on étudiera avec fruit les V orsokratiker de Diels et les premiers volumes
de Touvrage monumental de Zeller sur la philosophie des Grecs.
Mais, pour bien comprendre les problèmes philosophiques, il faut
connaître la philosophie moderne, et le philologue classique, dont les
connaissances doivent former un tout vivant, doit ici aussi aller jus-
qu'au fond et ne peut se contenter de chercher quelques semaines
avant lexamen un abrégé insignifiant. On peut le dire d'une manière
générale : plus solides sont les fondements jetés pendant la jeunesse,
plus grande sera la joie qu'on trouvera plus tard dans sa vocation,
quelle qu elle soit. Aussi, tout en travaillant sérieusement sesJbranches
spéciales, on doit trouver le temps de s'occuper de la littérature natio-
nale, de l'art moderne et de beaucoup d'autres choses, sans lesquelles
on ne peut comprendre la civilisation moderne. Celui-là est peut-être le
plus heureux qui peut dire avec Goethe : Wie gliicklich mich meine Art
die IVclt anxusehen^ mac ht ^ ist unsàglich, und was ich tàgîich îerne und wie
dock mir/ast hine Exisienz ein Ràtsel ist, « Je ne puis dire quel bonheur
me procure ma façon d'envisager le monde, et ce que j'apprends tous
les jours, et ce fait qu'aucune existence n'est pourtant une énigme
pour moi. »
Le jeune étudiant, à côté des leçons et des préparations, doit aussi
s'occuper à' études personnelles et spécialement des auteurs anciens. Il
sera utile de former, avec quelques condisciples, un cercle de lecture.
C'est un avantage d'être forcé de garder libres certaines heures ; puis
l'un rend l'autre attentif à certaines difficultés qu'on ne voit pas si
l'on est abandonné à soi-même. On choisira de préférence les auteurs
dont il existe de bons commentaires : Sophocle et Euripide (Bruhn),
Aristophane (Kock), Horace (Kiessling;, Térence (Spengel, Ilauler,
Kauer). Une fois habitué à la lecture, on lira avec fiuit d'autres
textes, sans Taide d'un commentaire. L'important c'est de lire beau-
coup et d'arriver ainsi à se rendre maître sans peine des textes de
difficulté moyenne. Il faut vivement recommander l'étude du Grie-
chisckes Lesebuck de v. Wilamowitz, qui est destiné à la véiité aux
classes supérieures du gymnase, mais peut aussi rendre service aux
256 LE MUSÉE BELGE.
jeunes étudiants. Plus tard, on lira l'Hercule d'Euripide (v. Wila-
mowitz), TElectre de Sophocle (Kaibel), le III« chant de Lucrèce
(Heinze), le VI* chant de l'Enéide (Norden) (i). Pour d'autres textes,
les débutants peuvent consulter une traduction, par exemple, les
tragédies grecques par Wilamowitz (pour les étudiants avancés, la
métaphysique d'Aristote par Bonitz), l'Aristophane de Droysen, les
comédies romaines et l'Horace de Bardt, le Catulle de Heyse ; oa
peut aussi prendre la Satura de Blûmmer (Horaz, Juvénal, Perse),
pourvu qu'on s'en serve avec circonspection. Cependant on aurait
tort de croire qu'on puisse acquérir une connaissance suffisante de
n'importe quel auteur ancien dans une traduction ; qu'on lise donc
d'abord tout le texte et puis seulement la traduction. On peut lire
aussi des travaux philologiques modernes et peut-être vaut-il mieux ne
pas commencer par des dissertations spéciales, mais par des ouvrages
généraux, propres à servir d'orientation et d'introduction : l'Histoire
romaine de Mommsen, Psyché de Rohde (puis, plus tard, un roman
grec), Mutter Erde de Dieterich, les chapitres les plus faciles des tra-
vaux de Wilamowitz, Griechenium und Christentum de Hatch, BUd und
Lied de Robert, Roemische EHchtung de Ribbeck, Stttengeschichte de
Friedlânder, Populàre Aufsàtxe de Lehrs, et l'on pourra facilement
allonger cette Hste. Ici encore les jeunes professeurs et les membres
du séminaire seront prêts à guider les débutants (2).
Après quelques semestres, il faut cesser d'être seulement «réceptif».
Dès le proséminaire, il est à recommander de s'essayer à de petits
travaux personnels^ dont on se fera toujours indiquer les sujets par des
professeurs. On tâchera surtout d'avoir des idées claires et de les
exprimer en un latin correct et intelligible. Peu réussiront, dès ce
moment, à faire des observations originales, si ce n'est peut-être dans
le domaine de la grammaire et de la critique. Il est donc à recom-
mander en général de choisir, pour ses prémices, un sujet dans c^
domaines et de s'occuper plus tard de questions plus difficiles, par
exemple, de questions d'histoire littéraire. Une fois qu'on se sentira
assez de maturité et que les professeurs en donneront le conseil, oa
tâchera d'être admis au séminaire^ après trois semestres, dans le cas le
plus favorable, mais en général après quatre ou cinq. On se fera
(i) Je cite encore le Platon de Sauppe tt Gercke, l'Apologie de Schanz, le Plaute
de brix et de Lorenz, le Tacite de Nipperdey, l'Ovide d*Ehwald, le Juvénal et le
Pétrone de Friedlânder, le Thucydide de Classcn, le Cicéron, de ojficiis, de Mûller
avec d'excellentes notes grammaticales.
(2) On peut lire aussi des biographies de philologues : Welcker^ par Kékulé ;
RitschI, par Ribbeck ; M, Haupt, par Bslger ; Curtius, Ein Lebensbild in Briefen,
E. Rohde^ par Crusius, etc.
^V^.
^M
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. aSj
indiquer un sujet par un professeur, par exemple, par celui sous la
direction duquel on a travaillé en dernier lieu dans le proséminaire.
Un premier échec ne doit pas décourager, car souvent le nombre des
candidats est beaucoup plus grand que celui des places vacantes (le
nombre des membres est ordinairement limité à 1 2) et les travaux ne
peuvent être appréciés que d'après leur valeur relative. Au semestre
suivant, on sera plus heureux et Ton fera son entrée au séminaire.
Pas n'est besoin de parler longuement du séminaire, puisque là
Tétudiant travaille sous la direction des professeurs et reçoit de
ceux-ci les indications nécessaires. Cependant nous ferons quelques
observations. On ne négligera jamais de préparer le passage qui doit
être interprété, c'est le seul moyen pour qu'il y ait une discussion
fructueuse. On prendra toujours la parole quand on aura quelque
chose d'utile à dire; on ne se laissera pas arrêter par timidité ni
déconcerter par la première objection venue. Si Ton doit discuter des
travaux, il faut se préparer d'avance sur l'objet de la discussion. Le
rapporteur a pour devoir de traiter son sujet de telle façon que tous
ses auditeurs soient au courant de l'état de la question et puissent
suivre jusque dans les détails. Cela n'est pas toujours facile, mais
c'est une excellente préparation pour un futur professeur. Quant aux
sujets des travaux de séminaire, si Ton ne tombe pas soi-même sur
un sujet convenable, il faut se les faire indiquer dès la fin du semestre
précédent afin que l'on puisse terminer, pendant les vacances, les
travaux préparatoires; car, plus on avance en âge, plus on doit
songer à mettre à profit, par un travail intelligent, les vacances si géné-
reusement accoidées. Dès les premiers semestres, il faut les employer
à revoir les cours et à lire les auteurs; plus tard, il faut les mettre à
profit poiu" combler les lacunes de sa formation scientifique et pour
se préparer au séminaire ou même à l'examen. Si l'on est empêché de
travailler chez soi — et le cas est fréquent — on fera bien de retour-
ner avant la reprise des cours dans la ville universitaire, qui est alors
déserte et paisible, et où Ton trouvera l'occasion de travailler fiuc-
tueusement. Il sera utile de ne pas attendre le dernier jour pour
remettre le travail exigé pour l'admission au séminaire (Bewerhungs-
arbeit), mais de le remettre quelques jours auparavant.
Celui qui a mis à profit les années d'études et surtout les semestres
de séminaire, ne sera guère efifrayé par l'examen. Voilà pourquoi le
débutant ne doit pas commencer par l'étude du programme d'examen
(voy. plus haut), il doit chercher à acquérir une vue d'ensemble de
sa science et à se familiariser avec ses méthodes, afin de pouvoir
prendre utilement part aux exercices du séminaire.
Jusqu'ici je n'ai pas parlé du doctorat^ que beaucoup ont en vue,
258 LE MUSÉE BELGE.
soit comme leur but unique, soit comme un second but à côté de
Texamen d'État. Il n'est obligatoire que pour celui qui veut plus tard
sliabiliter ou entrer dans une bibliothèque. Mais, même parmi ceux qui
voient dans Texamen d'État l'aboutissement de leurs études, il y en
a beaucoup qui se font recevoir docteur ; malheureusement, ce qui les
guide, ce n'est pas toujours un réel intérêt pour la science. Plus d'un
tient surtout au titre de docteur, qui est très agréable à porter, surtout
pendant les difficiles années de professeur auxiliaire (HilfsUhrer) ;
d'autres s'imaginent — à tort — qu'ils se rendront Texamen d'État
plus facile, s'ils ont été reçus docteurs avant, parce qu'on leur compte
ordinairement leur dissertation doctorale comme travail pour l'exa-
men. Si le professeur devine ces mobiles chez l'étudiant, il ne consen-
tira probablement pas à indiquer un sujet, mais c'est un abus qu'on
ne parvient pas à empêcher complètement. En réalité, chacun devrait
être pénétré d'un tel amour, d'un tel enthousiasme pour sa science,
qu'il désire produire un travail original ; même s'il ne peut exploiter
qu'un domaine restreint, il aura du moins appris à étudier un pro-
blème, à concentrer les forces de son esprit sur un sujet, et c'est un
gain intellectuel qui durera. // ne faut jamais se faire indiquer trop tôt un
sujet de dissertation, c'est-à-dire pas avant la fin du 5* semestre ; en
effet, on néglige souvent la culture scientifique et intellectuelle géné-
rale, si l'on se restreint trop tôt à un domaine étroitement délimité. Je
dis « se faire indiquer b, car c'est le cas le plus général, et, même si
un étudiant, au cours des exercices du séminaire, rencontre lui-même
un sujet de dissertation, il le soumettra toujours au maître, qui sera
en état de lui donner d'utiles indications. Qu'on n'entreprenne jamais
un travail où l'on ne trouve pas une réelle satisfaction et dont on déses-
père d'avance de tirer quelque chose pour l'avancement de la science.
Les travaux qui ne demandent qu'un agencement inintelligent, tels
que ceux qui servaient naguère de dissertation ou que l'on rencontre
aujourd'hui encore dans d'autres branches, ne procurent aucun véri-
table avantage, aucun profit intellectuel. Un sujet bien choisi, au
contraire, sera le meilleur moyen de s'initier à un domaine spécial de
la science, et l'impulsion qu'on en reçoit dure souvent toute la vie.
Même ceux, et ils sont nombreux, qui ne trouvent pas plus tard les
loisirs nécessaires aux travaux scientifiques, ne pourront que gagner
d'avoir été une fois au service de la science et d'y avoir cherché la
vérité pour elle-même. Ces avantages compensent amplement le pro-
longement des études que nécessite le doctorat ; en effet, il faut bien
se dire d'avance qu'un philologue classique a ordinairement besoin
de neuf semestres pour passer le doctorat et Texamen d'État. Cepen-
dant je n'hésite pas à déconseiller un prolongement inutile des études ;
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 25g
ceux qui après le huitième semestre, ne suivent plus de cours, mais
se préparent à lexamen chez eux, pendant des années et « systéma-
tiquement », perdent ordinairement tout contact avec TUniversité ;
ils « s'abrutissent » et réussissent mal à l'examen.
Il me reste à dire un mot de l'acquisition de livres. On peut le dire
ouvertement, les étudiants en philologie classique ne roulent
ordinairement pas sur Tor et la plupart ne peuvent pas se faire une
bibliothèque qui mérite ce nom. Mais le moins fortuné ne peut
T^égliger de se procurer les moyens de travail indispensables, avant
tout des édtiions à bon marché et des lexiques suffisants, puis les prin-
cipaux manuels (i). C'est une triste manière de travailler, et bien
insuffisante, que de devoir courir à la bibliothèque du séminaire ou
de l'Université pour chaque mot qui ne se trouve pas dans le vieux
dictionnaire classique I En outre, l'étudiant doit songer à se procurer
quelques textes d'auteurs, afin que les murs nus de sa chambre
n'aient pas Tair de le regarder en baillant et pour qu'il ne soit pas
hors d'état de travailler s'il habite une ville sans bibliothèque, où l'on
a de la peine à se procurer des livres.
Il y aurait encore maintes choses à dire^ mais il vaudra mieux
peut-être de résumer les conseils les plus importants.
Premièrement : Le philologue classique a besoin des conseils
d*hommes expérimentés et il les trouvera le mieux chez les profes-
seurs dont il suit les cours et les exercices.
Secondement : La philologie classique ne consiste pas dans un
nombre limité de réponses à des questions d'examen ; elle a pour but
la compréhension de la civilisation à la fois la mieux délimitée et la
plus riche que l'histoire du monde ait vue. Celui qui aura sans cesse
ce but devant les yeux, ne s'égarera jamais complètement.
(i) La plupart des manuels du Handbuch d'I. Mûller peuvent être recomman-
dés. Celui que préparent Gercke et Norden sera préférable parce qu*il sera moins
étendu. Le volume intitulé Die Altertumswissenschaft im leti^ten Vierteljahrhun-
dert (Bursians Jahresberichte^ Bd. 124) donne une vue d*ensemble des principaux
progrès de la philologie classique depuis un quart de siècle. [C'est M. W. KroU qui
-a dirigé ce recueil. N. D. T.]. Citons encore : Griechische Mythologie, de Preller-
^hert; Griechische AUeriûmer de Schoemann-Lipsius; Griec/r/sc/rc Sprachlehrt
■de G. Meyer ou de Hirt, et Lateinische Grammatik de Lindsay ou de Sommer.
aÔO LE MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBIilOGRAPHIQUB.
Antiquité classique.
ai8. — J. Haverfleld, The Romanizatùm of the Roman Britain (From-
the Proceedings of ihe British Academy^ voL II), London,i9o5. 3+ pp-r
i3 fig. 3 fr. 25.
Parmi les ouvrages et articles qui traitent de l'introduction et des^
progrès de la civilisation romaine dans les différentes provinces de
TEmpire, peu m*ont paru réunir autant de qualités que celui-ci. Par
la science, la méthode, la clarté de lexposition et la rigueur de Targu-
mentation, la brochure de M. Haverfield est un modèle du genre.
La civilisation de la Bretagne romaine présente plusieurs analogies^
avec celle de la Belgique. Ainsi.' les villas découvertes en Bretagne
furent bâties sur le même plan fondamental que celles dont les sul>-
structions ont été mises au jour dans notre pa3's. Les poteries ordi-
naires, celles qui furent fabriquées dans les manufactures locales, —
je ne parle pas des poteries en terre samienne, qui offrent partout les-
mêmes caractères, — présentent certaines ressemblances frappantes.
Sur quelques fibules, urnes et autres objets provenant de Brough,
New-Forest et Castor, on voit des dessins qui trahissent une influence
de l'art celtique préromain. Beaucoup d'objets découverts en Bel.-
gique et dans le Nord de la France prouvent aussi la survivance de
certains caractères de l'antique art national. Je rappelle encore que
plusieurs objets, dits de Castor et analogues à ceux trouvés en Bre-
tagne, ont été recueillis en Belgique. Enfin, l'organisation admini-
strative de la Bretagne était la même que celle du Nord de la Gaule
et, en particulier, il semble que là comme ici le territoire des dvitates^
créées par les Romains, a correspondu au territoire possédé avant la
conquête par les peuples dont la cité porte le nom {civitas Silurum^
dvitas Tungrorum, etc.). Ces analogies et d'autres, que je passe, font
que la brochure de M. Haverfield nous intéresse à un haut degré et
justifient la longueur de ce compte rendu.
L'intention de l'auteur n'a pas été de faire une description détaillée
des nombreux objets et substructions de l'époque romaine mis au jour
en Bretagne, mais de dégager dans un court exposé les conclusions
principales qui découlent des découvertes faites jusqu'ici. Après
quelques observations préliminaires sur la différence, quant à la
romanisation, entre les provinces occidentales et orientales, sur les-
agents propagateurs de la civilisation romaine, dont les uns sont
officiels, les autres non officiels, sur les grandes conséquences de
cette romanisation, M. Haverfield aborde son sujet propre.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 201
Son travail peut être divisé en quatre parties : i) trois remarques
préalables : 2) un coup d*œil sur la romanisation de la Bretagne par
l'étude du langage, de la civilisation matérielle, de l'administration
civile et politique du pajrs; 3) la chronologie du processus; 4) les
conclusions.
Voici les trois remarques préliminaires :
a) Il est nécessaire de faire une distinction entre la partie mon-
tagneuse de la province, la partie occidentale et septentrionale, où
étaient établies les garnisons militaires, et la partie basse du pays, à
Test et au sud, qui n'était pas occupée par Tarmée. Dans la première,
il n'a existé ni villes ni villas et il est donc inutile d'y chercher des
traces de romanisation.
b) Par la qualité, la civilisation romano -britannique est compa-
rable à celle du Nord de la Gaule. Elle en diffère sous le rapport de
la quantité, car en Bretagne les villes sont moins nombreuses, les
villas moins opulentes, les objets découverts moins riches qu'en
Gaule.
c) A l'intérieur même de la Bretagne, la distribution de la civili-
sation romano-britannique est singulièrement inégale.
La seconde partie est de loin la plus longue et la plus intéressante.
Et d'abord, quelle influence Rome a-t-elle exercée sur la langue de
la Bretagpie ? Il faut nécessairement faire une distinction entre la
langue oâidelle et la langue usuelle. La première a été sans conteste
le latin. Quant au langage usuel, il faut encore distinguer entre celui
des villes et celui des campagnes. M. Haverfield croit que toutes les
classes des populations urbaines ont parlé le latin. Il invoque les
découvertes faites à Calleva, qui prouveraient, d'après lui, que les
classes inférieures de cette ville connaissaient la langue latine. Ce
sont les suivantes : quatre petites inscriptions, graffiti^ tracées au
moyen du doigt ou d'un objet pointu quelconque sur des fragments
de briques et de poteries {saiis, sur une brique ; ClemmHnus fecit iubum,
sur une tuile; fur, sur un tesson de poterie samienne ; /«^//am, sur
une brique de fabrication grossière). Il oppose à ces découvertes
l'absence complète de graffiti en langue celtique.
Cette argumentation appelle certaines réserves. D'abord, la partie
positive me paraît faible et défectueuse : faible, parce qu'elle s'appuie
sur un nombre de faits trop peu considérable; défectueuse, parce
que Tauteur suppose que ces graffiti ont été faits par des ouvriers ou
des personnes appartenant aux basses classes de la population de
Calleva, ce qui n'est point prouvé, et aussi parce qu'il a perdu de
vue que les classes inférieures de la société romano-britannique ont
dû ignorer l'écriture. Je crois que les persoimes de ces classes infé-
-202 LE MUSÉE BELGE.
rieures qui savaient écrire formaient des exceptions. Lors même que
ces granit auraient été faits par des ouvriers de Calleva, il n'en reste
pas moins vrai qu'ils ne peuvent être invoqués pour prouver que les
classes inférieures de la population de cette ville auraient parlé la
langue latine, car conclure des exceptions à la règle est illogique.
Quant à la partie négative, l'argument ex sileiiiio, il n'a pas une
grande valeur démonstrative précisément à cause de ce qui vient
d'être dit. D'ailleurs, les fouilles sont loin d'être terminées en Angle-
terre et peuvent nous réserver des surprises.
On peut admettre avec M . Haverâeld que les habitants des villas
de la campagne ont adopté le latin comme langage usuel, puisque le
plan de ces demeures, leur agencement intérieur, les ustensiles, les
objets d'ornement, les inscriptions y découvertes accusent une roma-
nisation complète. Il n'est pas possible de déterminer de quelle
langue les classes inférieures de la campagne se sont servies.
Quant à la civilisation matérielle, j'entends les habitations et leur
ameublement, les objets artistiques et décoratifs, le milieu enfin dans
lequel les habitants de la province romaine de Bretagne ont passé
leur vie, elle était presque totalement romaine. Les monuments
publics, les basiliques, les temples, les fora, étaient naturellement
construits sur des modèles romains et le plus souvent avec des maté-
riaux provenant de l'Italie. Les maisons privées des villes et des
campagnes étaient bâties suivant le même plan que celles du Nord
de la Gaule et ce dernier type était, comme on sait, essentiellement
différent des villas de l'Italie et des provinces méridionales de l'Em-
pire. Au contraire, l'agencement intérieur, l'architecture, la décora-
tion étaient en tous points conformes à ceux des maisons italiennes.
Les poteries, les ustensiles, les objets d'ornement étaient faits d après
les modèles romains, mais avaient certaines caractéristiques propres
à la province de Bretagne. La survivance de l'art celtique pré -romain
se manifeste dans les fibules de Brough, dans les urnes, présentant
de curieuses ornementations de feuillage, découvertes à New-Forest,
<lans les objets trouvés à Castor (i) et connus sous ce nom et enfin,
pour ce qui regarde la sculpture, dans une intéressante tête de
(i) On a trouvé des objets « dits de Castor », portant des caractéristiques de l*art
celtique prif-rumajn, en Belgique comme dans le Nord de la Gaule et dans le voisi-
nagt du Rhin. Pour la Belgique, M. Haverfîeld ne s'est documenté que dans
De Bast, Antiquités romaines trouvées dans la Flandre (Gand, 1808). Ce travail est
suranné, car ce n'âst que depuis une cinquantaine d'années que les études surTanti-
quLté mmâînc ont été poussées avec vigueur dans notre pays et que les principales
fouilles ont été opérées. I-es résultats de ces fouilles sont consignés dans le Bulletin
dts commjsjiûMA royales d'art et d'archéologie et dans différentes revues locales.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 203
Gorgone masculine trouvée à Aquae Sulis, ainsi que dans quelques
autres pierres sculptées (i).
M. f laverfield examine en troisième lieu ce qu'il appelle la a char-
pente légale et économique de la vie romano- britannique ». Au point
de vue administratif, la Bretagne romaine se divisait en trois parties.
On y trouvait d'abord des municipes, ensuite des terres dépendant
du donudne impérial et enfin des civilaies dont l'étendue paraît avoir
correspondu à celle des anciens cantons celtiques. A la campagne le
S3^ème des grandes propriétés foncières, des villas, a prévalu. Ce-
pendant il est possible, mais on n'en possède pas la preuve, qu'un
autre système de propriété a existé à côté de celui-ci.
Après les remarques préliminaires et l'étude de la civilisation maté-
rielle, M. Haverfield indique les grandes phases de la romanisation
de la Bretagne. Commencée sous l'empereur Claude, qui fit la
conquête du pays, elle fut favorisée beaucoup par Agricola. En
l'an 85, le pays était si bien pacifié que le gouvernement put dimi-
nuer la garnison d une légion et de quelques troupes auxiliaires. Au
second siècle, plusieurs insurrections arrêtèrent plus ou moins le
progrès de la civilisation, mais pour donner un nouvel essor à la
prospérité aux 3« et 4« siècles. C'est entre les années 25o et 35o après
J--C. que se place l'âge d'or de la province romaine de Bretagne (2).
Enfin en Tan 405-406, celle-ci fut définitivement séparée de l'Empire.
Il résulte de tout ce qui précède les deux conclusions suivantes :
i) Rome a traité la Bretagne comme toutes les autres provinces en y
introduisant sa langue, ses mœurs, sa civilisation ; 2) Tinfluence de
la romanisation n'a pas été uniforme sur toutes les classes de la
société.
M. Haverfield clôture son intéressant travail par quelques indica-
tions sur l'époque postérieure à l'an 405-406 de notre ère, qui est
caractérisée par le réveil de la nation celtique.
Tel est le résumé de l'intéressante brochure de M. Haverfield. J'en
conseille fortement la lecture à nos archéologues belges.
H. Van de Weerd.
219. — Martin Bang^, Die Germanen im toemischen Dietist bis zum
Regi^rungsantritt Constantins I. Berlin, Weidmann, 1906. 1 1 1 pp. 6 fi:.
C'est avec un vif intérêt que j'ai lu ce livre de M. Bang, qui expose
avec beaucoup de clarté et de méthode une question traitée il y a
(1) On consultera avec intérêt sur les antiquités nationales de la Gaule, S. Rei-
HACH, Antiquités nationales» Description raisonnée du musée de Saint-Germain^
en-Laye, Paris, Didot.
(3) Les monnaies trouvées dans les villas de la Bretagne s'arrêtent aux environs
des années 35o-36o.
264 LE MUSÉE BELGE.
25 ans déjà, mais d'une façon succincte, par O. Staeckel et reprise
après lui partiellement par Mommsen, Jullian, Cichorius et d'autres.
La valeur de ce travail ne réside donc pas dans la nouveauté du
sujet ni des conclusions ; il est surtout utile parce qu'il réunit en
quelques pages les nombreux renseignements dispersés ailleurs. Ce
n^est pas à dire cependant que nous avons affaire ici à un simple
ouvrage de condensation ; l'auteur discute et pèse, complète et
corrige, s'il y a lieu» les opinions de ses devanciers et glane çà et là,
aux détours des chemins battus qu'il suit, quelques rares nouveautés.
Au reste, voici la nomenclature des principaux chapitres : appeUa-
tion des soldats germains et indication du lieu d'origine (i) dans
les inscriptions ; — les Germains dans l'armée auxiliaire et dans les
milices locales et provinciales sous la République et sous l'Empire ;
— courte histoire des troupes auxiliaires d origine germanique. Cette
partie amène l'auteur, p. 36 et 38, à corriger deux hypothèses de
Cichorius (2) ; — les cor port cuslodes d'origine germanique ; — les
Germains dans la flotte, les légions, l'armée de la capitale ; — les
Germains ayant occupé des dignités équestres. M. Bang annonce
qu'il continuera son travail et qu'il recherchera dans une seconde
partie quel fut le rôle joué par les Germains dans l'armée romaine
postérieure à Constantin. En résumé, M. Bang a fait un travail
sérieux, utile et complet. H. Van de Weerd.
220-221. — J. Van Wag^Bningen, Album Terentianum picturas con-
tinens ex imagine phototypa Lngdunensi Terentii codd, Amhrosiani H yS et
Parisini 78ÇQ sumptas ei lithograpkia expressas, Praefatus et picturas
latine interpretatus est J. v. W. Groningue, P. Noordhoff, 1907.
In-fol., 88 pp. 7 fr. 5o.
Scaenica Romana, scripsit Jacobus Van Wageningen. Même éditeur,
1907. Gr. in-8, 68 pp. 2 fr. 25.
U album Terentianum contient tous les dessins qui ornent le ms. mila-
nais Ambrosianus H 75 (F) ; mais, comme ce ms. est incomplet (il y
m?iTi(\ueYAndrienm, V Eunuque ']Msqjû!^^x v. 416 et la fin du PhormUm
(depuis le v. 832), M. Van Wageningen l'a complété au moyen
des dessins du Codex Parisinus ySçç (P). Le premier de ces mss. a été
reproduit entièrement par la phototypie dans le magnifique volume
publié, avec une préface d'Éric Bethe, par l'éditeur A. W. Sijthoff
de Leyde : Terentius, Codex Ambrosianus H y 5 inf, (Codices graeci et
(1) Sa conclusion confirme celle de Mommsen, Conscriptionsordnung der roem^
Kaiser jeit, Hermès, 19, 1884, P» ^3 et suiv.
2 ' P*ulv-\Vjssowa, 5. V. cohors.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 265
latini phototypice depicti duce Scatone de Vries ; Tomus VIII) (i).
Mais cette publication coûte si cher (rio florins), qu'elle n'est pas
accessible à beaucoup de gens. M. Van Wageningen a obtenu la
permission d'en reproduire les dessins seuls, sans le texte, par un
procédé beaucoup moins coûteux, la lithographie.
UAmbrosianus fut copié et illustré au commencement du x« siècle,
on ne sait où. Chaque scène y est précédée d'un dessin qui occupe
im espace de lo à 13 lignes et qui est fait à la plume et au pinceau,
car le dessin une fois fait à la plume, le copiste Ta orné de deux cou-
leurs (bleu et rouge). Le Parisinus paraît être du ix« siècle et provient
probablement de Reims. Ses dessins ne sont pas coloriés, mais
Tartiste s*est servi également de la plume et du pinceau. Il a copié
avec beaucoup d'art un vieux modèle.
Nous avons une douzaine de mss. illustrés de Térence. Les dessins
se ressemblent tellement qu'on croit qu'ils proviennent tous d'un
même archét3rpe. Il y a pourtant entre eux des différences qui ont
permis de les diviser en trois classes provenant de trois copies diffé-
rentes de l'archétype. A la i^* classe appartiennent le V aiicanus 3868^
le Parisinus 7899 et un Oxonwtsis du xii« siècle ; à la 2«, VAmbrosianus^
et à la 3*, les autres. L'archétype, suivant Bethe, fut écrit au iii« siècle;
les trois copies existaient au ix® ou au vin« siècle. En effet, l'usage du
masque étant général dans les illustrations des mss. de Térence,
celles-ci furent faites après le commencement du i^r siècle avant J.-C.
(C'est alors que fut introduit l'usage du masque, persona, larval)^ et
avant le temps de Donat, c'est-à-dire avant le iv« siècle de notre ère
(car alors les acteurs jouaient sans masque). Certaines indices, que
lauteur énumère dans sa préface, d'après Bethe, prouvent qu'elles
remontent au ii« ou au iii« siècle de notre ère.
Les reproductions lithographiques, sans valoir celles de la photo-
typie, sont bien exécutées et très claires ; les couleurs manquent
naturellement. Chaque page en porte deux; l'auteur a ajouté une
courte description, où il précise la scène qui est représentée, explique
le costume et les gestes des personnages.
Les Scoinica Romana que M. Van Wageningen publie en même
temps, sont un complément nécessaire de son album. L'auteur y a
réuni, sur le théâtre au sens matériel et sur les acteurs des détails
qui ne sont pas nouveaux pour la plupart, mais qui n'avaient pas
encore été rassemblés. Il parle d'abord du pulpitum ou de lestrade où
jouaient les acteurs et il soutient que cette estrade, haute de cinq
fi) Le P. F. Ehrie se propose de publier de même façon le Codex Vaticanus
3868 (C), qui est en huit couleurs, et la librairie £. Leroux, à Paris, annonce la pabli-
catîoa prochaine des dessins du ms. latin 7899 (ibi planches, i5 frs).
266 LB MUSÉE BELGB^
pieds et reliée au théâtre proprement dit (carea) par un escalier, fut
empruntée par les Romains à la Campanie avec les atellanes, et que
la Campanie l'emprunta à la Grande Grèces, particulièrement à
Tarente, où elle était en usage pour jouer le genre de pièces inventé
par Rhinton et désigné sous le nom d'hilarotragédie ou <pXùaK€ç. Les
Atellanes osques pourraient elles-mêmes tirer leur origine de cette
parodie dramatique. — Le chapitre intitulé : De cavea et de scaenae
ornamenta, raconte l'histoire du théâtre (le premier théâtre permanent
ne fut bâti qu'en 55 av. J.-C.) et décrit la scène telle qu'elle fut peu
à peu constituée et les changements qu'elle subit. — La seconde
partie du livre traite des acteurs, du chef de troupe et de la troupe,
des rôles des acteurs, de la condition et de la vie des acteurs, de la
vie de quelques acteurs illustres (Ambivius Turpio, Roscius, Aeso-
pus, etc.), des masques, des vêtements des acteurs, des gestes des
acteurs, du chant et de la musique. Les Romains ne connaissaient
pas l'usage du masque au commencement, et à l'époque de Plaute et
de Térence ils ne s'en servaient pas encore. M. Van Wageningen
suppose que le masque fut introduit pat les acteurs grecs, dont le
nombre devint grand au début du premier siècle avant notre ère. —
Pour étudier le vêtement des acteurs, les dessins des manuscrits sont
d'un grand secours. Nous ne pouvons entrer dans ces détails. Parlons
seulement des gestes que les dessins et les grammairiens font con-
naître. Il > a des gestes typiques que M. Van Wageningen classe de
la manière suivante :
i) gestus abeuntis vel ahituri ; 2) gestus cogitantis; 3) gestus observantis ;
4) gestus stomachantis ; S) gestus offerentis; 6) parasiti gesticutatio ; 7) gestus
servilis ; 8) gestus prologi , 9) gestus narrantis; 10) gestus adolescentis secum
colloquentis etfortunam suant querentis; 11) gestus muîieris flcuiis veî lamen-
tautis. Tous ces gestes se retrouvent dans les dessins de V album Teren-
tianum.
La double publication de M. Van Wageningen sera d'une très
grande utilité à tous ceux qui voudront comprendre le théâtre romain.
J. P. Waltzing.
222. — GlOViS Lamarre, Histoire de la littérature latine, au temps
d'Auguste. Paris, J. Lamarre, 14, rue Drouot, 1907. 4 vol. 40 fr.,
reliés : 48 fr.
En 1901, M. Clovis Lamarre a publié son Histoire de la littérature
latine depuis la fondation de Rome jusqu'à la fin du gouvernement républicain^
en 4 forts volumes. Voici que paraît la seconde partie de l'œuvre
étendue qu'il a entreprise et il annonce une troisième et dernière
série de volumes qui conduiront l'histoire de la littérature latine
jusqu'à la fin de l'Empire d'Occident.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 267
On le voit, l'entreprise est vaste : une douzaine de volumes con-
sacrés à rhistoire de la littérature latine ! L'Allemagne possède deux
ouvrages de ce genre, celui de Teuffel, qui est traduit en français, et
surtout celui de M. Martin Schanz, qui ne le cédera guère en étendue
à celui de M. Lamarre quand il sera terminé. M. Lamarre a eu
l'ambition de doter la France d une histoire développée et complète,
car il n'existe en France que des manuels faits pour les classes, très
remarquables d'ailleurs, et des ouvrages étendus sur des périodes
isolées ou sur des auteurs déterminés. Mais il procède tout autrement
que les savants allemands et son but est différent. Ceux-ci n'exposent
pas seulement les destinées de la poésie et de la prose latines : ils
nous mettent à même de refaire le travail qu'ils ont fait et de contrôler
chacune de leurs opinions : de là, cet immense appareil bibliogra-
phique et érudit qui vient rompre à chaque instant le grand texte
pour résumer en quelques mots les questions controversées et
indiquer les passages d'auteurs et les livres modernes que l'on peut
consulter. Rien de tout cela dans l'ouvrage de M. Lamarre. Sa
science est vaste pourtant, mais elle ne s'étale pas et l'auteur nous
donne les résultats de ses études sans nous conduire dans son cabinet
de travail. L'exposition est lumineuse, le plan si vaste est d'une
parfaite régularité. L'ouvrage comprend cinq livres. Le premier
logiquement est consacré à Auguste auquel se joignent nécessaire-
ment ses deux principaux auxiliaires dans le gouvernement de
l'empire. Agrippa et Mécène. Le deuxième et le troisième ont pour
sujet l'un Virgile et l'autre Horace. Le quatrième traite de tous les
autres poètes, dont le nombre est grand, notamment de TibuUe,
Properce, Ovide. Le cinquième embrasse toute la prose, éloquence,
histoire, érudition. Le quatrième volume est une chrestomathie, qui
donne des passages (texte et traduction) tirés de chacun des écrivains
qui sont appréciés dans les trois premiers volumes.
Les quatre volumes qui viennent de paraître méritent les éloges
que la critique a adressés aux quatre premiers. Nous ne pouvons
analyser ici cette vaste histoire et nous nous bornerons à transcrire
l'opinion d'un juge compétent, de M. Chabert, qui a consacré à la
première partie de l'ouvrage une longue étude dans les AnnaUs de
f Université de Grenoble : « Constatons que nous avons lu comme un
roman cette histoire, dont l'érudition ne décourage personne, dont
la documentation rassure, dont la modération tranquillise, dont la
cohésion retient son lecteur jusqu'au bout... Sous la netteté des
conclusions, Ion distingue fort bien le sens, la portée et le détail des
arguments, on ne se perd ni dans le fouillis des documents, ni dans
1l68 LB MUSÉE BELGE.
la confusion des généralités mal soutenues, mais on se prend à
aimer l'ouvrage, son objet et son auteur i.
Nous souhaitons que M. Clovis Lamarre mène rapidement à bonne
fin sa grande et belle entreprise. J. P. W.
Langues et Littératures romanes.
223. — Emile Souvestre, Causeries littéraires sur le XI X^ siècle
(l8oo-i85o)^ ouvrage inédit publié par M«« A. Beau, née Souvestrb.
Préface de L. Dugas. Paris, H. Paulin, 1907. xi-479 PP« ^ fr« 5o.
Emile Souvestre est mort en 1854. Ainsi que le dit la Préfau du
livre que voici, il est c connu et estimé comme romancier et comme
révélateur de l'âme poétique de la Bretagne, de ses légendes et de
^es mœurs, mais il ne s'est guère présenté au public sous la forme la
plus éminente et la plus typique de sa personnalité, comme orateur,
•comme professeur, comme vulgarisateur dUdées ». Il a, en effet,
passé par renseignement, enseignement privé et enseignement
d'État, en France et en Suisse. Un cours qu'il a fait, en i853, sur
l'histoire des littératures anciennes a paru chez Michel Lévy sous le
titre de Causeries historiques et littéraires. Il devrait être suivi d^un autre
sur la littérature contemporaine. C'est cet autre, resté inédit, que
publie aujourd'hui M™« A. Beau, fille de Técrivain.
Ajoutons qu'il est édité d'après les matériaux que Souvestre a
laissés, d'après les leçons qu'il avait rédigées, au moins en partie :
a Le texte sans doute, dit également la Préface^ n'en est pas défini-
tivement fixé ; la pensée apparaît sous sa forme première, parfois
négligée, familière, mais piquante et toujours vive et spontanée. Le
livre (si on peut appeler ainsi un recueil de notes d'ailleurs très
soigneusement prises et d'impressions souvent artistement rendues),
le livre est inachevé. Des chapitres entiers manquent ; le plan indiqué
n'est ni exactement suivi ni pleinement exécuté. C'est ainsi que, dans
cette histoire littéraire de la première moitié du dernier siècle, la
poésie figure à peine et en ses moindres représentants, et le roman
pas du tout. D'autres fois, au cours d'un chapitre, le développement
n'est qu'indiqué, l'auteur s en remettant sans doute à l'inspiration de
la parole, à la facilité de l'improvisation qui, chez lui, étaient
grandes » (i).
Je ne crois pas pouvoir mieux faire, pour donner une idée du livre,
que de reproduire ces lignes de M. Dugas. Reste à savoir si, comme
(1) Les sujets traités sont : La littérature sous rtmpire — L'éloquence; la
presse ; les pamphlets ; Béranger ; les cours à la Sorbonne et au Collège de France ;
la philosophie ; l'histoire; la poésie sous la Restauration et la Monarchie de Juillet.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 269
il le pense, ce livre en vieillissant n'a pas perdu de son intérêt. Assuré-
ment, le préfacier dit d'excellentes choses au sujet de la valeur d'un
cours de ce genre, cours fait sur une littérature par quelqu'un qui Ta
vécue. D'autre part, la critique de Souvestre se présente avec ses
mérites propres. Elle est surtout franche, encore que l'auteur ne soit
pas et ne prétende pas être impartial, car il a les passions politiques
et littéraires de son temps, il a son tempérament et ses goûts person-
nels. Toutefois, même sous ce rapport, louvrage conserve de l'intérêt
et il est d'une réelle portée historique. Mais il garde néanmoins le
défaut d'être vieux. C'est une étude faite à une époque où les auteurs
étudiés avaient une signification qui n'est plus la même pour
nous, à une époque où n'apparaissaient pas nettement la faiblesse
on l'importance des idées qu'ils ont exprimées, la force de résistance
ou l'imperfection des œuvres qu'ils ont écrites. Ainsi Béranger en
1907 n'est plus le Béranger de i85o. Nous voyons bien la place qu'il
a occupée dans les lettres en son temps ; on le faisait l'égal des
grands poètes, et le livre de Souvestre a le tort, pour nous lecteurs
de 1907, de le laisser à ce rang. L'observation pourrait s'appliquer
encore, par exemple, à Casimir Delavigne qui est aussi de ceux qui
ont baissé. En revanche, nous trouvons qu'il y aurait mieux à dire
sur Louis Veuillot. Souvestre met trop de passion contemporaine
dans le jugement qu'il lui consacre, et il montre trop, quand il parle
du brillant polémiste et ailleurs encore, qu'il n'aime pas le « parti
clérical ».
Mais si même le recul lui a manqué pour bien apprécier l'histoire
littéraire de 1800 à i85o, son livre a la valeur documentaire que
nous avons dite. C'est, de plus, le livre d'un critique pénétrant,
intelligent, qui a le don d'évocation et de vie, le trait spirituel et
mordant, un stj'le facile et animé, des points de vue originaux (i).
Georges Doutrepont.
224-225. — Johannes Schlaf, ÉmiU Verhaeren. Berlin et Leipzig,
Schuster et Loeffler [1906], 78 pp. i m. 5o ; relié : 2 m. 5o.
(Die Dichtung. Eine Sammlung von Monographien hrsg. von
Paul Remer. Bd. XXXVIII (2).
Léon Bazalgette, ^mt/^ Verhaeren. Paris, Sansot, 1907. 72 p. i fr.
{Les célébrités d'aujourd'hui) (3).
(1) Pour faire de cet ouvrage un utile instrument de travail, M. Beck, professeur
au lycée de Rennes, y a joint un index biographique.
(2) Illustrée de plusieurs portraits de Verhaeren et d'un autographe.
(3) L'étude biographique est complétée par une suite d'opinions caractéristiques
et par une bibliographie méthodique des œuvres publiées, des collaborations
diverses et des ouvrages à consulter. Bibliographie signée Ad. B. (Ad. van Bevcr)
270 LE MUSÉE BELGE.
Pour envisager E. Verhaeren sous son jour le plus vrai, il ne faut
pas, semble-t-il, l'étudier uniquement comme un poète belge ou
français, mais comme un Weltempfinder^ selon le mot allemand, si
expressif, comme « un artiste qui œuvre avec le sentiment du monde » .
Plus encore que dans les pays dont il écrit la langue, sa réputation
a grandi à l'étranger : TAUemagne, l'Angleterre, l'Espagne, le Dane-
mark, la Russie, l'Amérique même, lui rendent d'éclatants hommages
et il y est accepté par l'élite comme le sont depuis longtemps déjà
Ibsen, Gorki, Hauptmann et quelques autres. Aussi bien, par ce qu'il
a mis d'universel en son art, déborde-t-il a les limites d'une patrie ou
de deux» et, de New- York à Moscou, fait- il 0 vibrer les mêmes
fibres intra -humaines ».
C'est à ce point de vue surtout, moderne, européen, universel,
que se sont placés le romancier, poète et critique J. Schlaf et
M. L. Bazalgette dans les monographies qu'ils ont consacrées à
notre grand poète, et, malgré l'enthousiasme peut-être excessif de
certaines pages trop ferventes, elles sont les plus suggestives de celles
qui jusqu'ici ont propagé le nom de Verhaeren, et elles caractérisent
le plus exactement son œuvre.
Il ne nous est pas possible, cependant, de faire nôtres toutes les
appréciations qu'elles renferment, et nous ne partageons pas l'admi-
ration des critiques pour cette conception panthéiste à laquelle
Verhaeren croit que la poésie doit prochainement aboutir et vers
laquelle, depuis les Villages illusoires, son œuvre est, comme par étapes,
un acheminement. Quelque grandeur que la poésie de Verhaeren
emprunte à cette conception, je regrette que tant de pièces en soient
imprégnées et que le poète ait écrit : « Les anciennes divisions entre
l'âme et le corps, entre Dieu et l'Univers, s'effacent,... l'homme
devient en quelque sorte, à force de prodiges, ce Dieu personnel
auquel ses ancêtres croyaient ».
L'étude de M. Bazalgette porte particulièrement sur la seconde
partie de l'œuvre de Verhaeren. Les premiers recueils. Les Flamandes
(i883). Les Moines (1886), puis la trilogie maladive et douloureuse,
Les Soirs (1887), Les Débâcles (1888), Les Flambeaux noirs (1890), y sont
rapidement analysés ; l'auteur ne fait que mentionner Les Apparus
dans mes chemins (1891) et les Campagnes hallucinées (1893), les pages
d'apaisement après celles de douleur et d'orgueil exaspérés ; il a hâte
d'aborder les recueils qui annoncent clairement des préoccupations
nouvelles : Les Villages illusoires (1894) où le poète « immensifîe » les
petites gens jusqu'à en faire des types symboliques d'humanité ; Les
Villes tentaculaircs (1895), lagonie du vieux monde et la naissance de
celui qui aspire à le remplacer ; Les Visnger de la vie (1899), livre de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 27 1
lainière et d'essor, tranquille, large, profond ; Les Forces tumultueuses
(1902) qui s'achèvent par l'inoubliable pièce où passe le navire de
l^umanité.
Larges voiles au vent, ainsi que des louanges,
La proue ardente et fiére et les haubans vermeils,
Le haut navire apparaissait, comme un archange
Vibrant d'ailes qui marcherait dans le soleil.
(Cf. V. Hugo, La Légende des Siècles : Plein ciel.)
Au contraire, J. Schlaf s'arrête surtout à l'étude des premières
oeuvres et il les analyse merveilleusement ; mais pour ce qui concerne
les grands cycles, c^est ainsi qu'il dénomme Les Campagnes hallucinées ^
Les Villes tentaculaires et Les Forces tumultueuses^ il se borne à en dégager
la conception générale, de sorte que ces monographies se complètent
mutuellement.
Dans la biographie de Verhaeren dont Schlaf fait précéder son
étude critique, je découvre une erreur étrange, que je ne conçois pas
qu'il ait commise. L'écrivain allemand puise ses renseignements dans
A . Mockely Emile Verhaeren, avec une note biographique par P. Vielé-Grijffin.
Paris, Mercure, iSgS ; or Vielé-Griffin écrit (p. 8) : « Verhaeren fut
un précoce (ses premiers essais datent de la quatrième) », ce qui se
traduirait : a Verhaeren war ein frùhreifes Kind : seine ersten Aufsâtze
datieren aus der Quarta ». Schlaf traduit : a ... aus seinem vierten
Lebensjahr » !
Un mot encore. On a déjà fait remarquer qu'à Theure actuelle, ce
sont deux Belges, deux Flamands, qui sont les représentants les plus
admirés de la littérature française. Ce sera Tœuvre de l'avenir de
détenniner la part de talent, voire de génie, que doivent nos écrivains
à la fusion en eux des races latine et germanique ; peut-être les
critiques futurs y trouveront-ils l'explication, au moins partielle, de
leur supériorité. C. Liégeois.
226. — F. Li. MarCOU, Recueil de morceaux choisis de prose et de vers du
XVI'' au XIX'^ siècle, Paris, Garnier frères.
Sous ce titre modeste, l'auteur nous présente une excellente chres-
tomathie française; car le livre de M. Marcou se distingue par les
qualités fondamentales requises pour ces sortes d'ouvrages, quel que
soit le public plus ou moins spécial auquel ils s'adressent : Tordre, la
clarté, la proportion nous font voir l'écrivain dans son milieu et au
rang dû à son mérite.
Le recueil, qui suit l'ordre chronologique, comprend quatre parties
correspondant aux xvi® (loo pages), xvii^^ (i3o pages), xviii* (90 pages)
et XIX* siècles (3oo pages), ainsi qu'une introduction sur le moyen-àge
2/2 LE MUSÉE BELGE.
(46 pages). Un tableau sommaire de la littérature précède chaque
siècle, tandis qu'une notice biographique, accompagnée de l'indica-
tion des principales œuvres, est consacrée à chaque écrivain en tête
de ses extraits. « Les lectures isolées sont ainsi reliées et coordonnées
par une trame historique qu'esquissent des tableaux généraux de
chaque siècle et qu'achèvent les notions individuelles consacrées aux
écrivains cités. » L'auteur a pris soin de donner aux morceaux de
chaque écrivain l'ampleur que réclame son talent, évitant ainsi de se
laisser entraîner à donner à un poète ou à un prosateur de troisième
ordre ime place prépondérante, parce que ses œuvres paraissent
mieux convenir à la jeunesse.
Le livre de M. Marcou est destiné aux écoles d'enseignement pri-
maire supérieur et aux écoles normales ; il conviendrait également à
l'enseignement secondaire.
Deux observations cependant. D'abord le xix« siècle, malgré son
abondance dont il faut certes tenir compte, y semble trop toufiu en
comparaison du xvii« et du xviii^^ ; plusieurs extraits pourraient faci-
lement disparaître. En second lieu, le moyen-âge et le xvi« siècle y
ont conservé leur langue, les extraits ne sont pas traduits en français
moderne : la difficulté de comprendre le texte ne nuira-t-elle pas à
l'intelligence des beautés littéraires? Cette réserve se comprendra peut-
être mieux en Belgique qu'en France où l'étude du vieux français est
en honneur. D'ailleurs ces critiques n'enlèvent rien à la valeur du
livre auquel nous souhaitons un grand succès. A. Masson.
Histoire et Géographie.
227. — H. Pirenne, Histoire de Belgique. T. IIL Bruxelles, Lamertin,
1907. VIII 489 p. In-80. 7 fr. 5o.
Un critique autorisé, M. Ch. Mœller, a déjà fait remarquer (Revue
bibliographique belge, avril-mai 1907) que ce volume « surpasse encore
les précédents en richesse d'informations et en intérêt dramatique ».
Cette appréciation, qui ne surprendra personne, suffit à l'éloge d'un
livre appelé comme les deux autres à être bientôt dans toutes les
mains. Il paraît donc superflu de vanter à nouveau la vigueur et
l'élégante précision du style, l'abondante documentation, la sobriété
et en même temps l'a -propos des citations qui ont presque toujours,
avec la saveur d'une langue archaïque, la netteté de formules lapi-
daires et définitives. Mais, outre ces qualités communes, ce volume,
qui va de l'avènement de Marie de Bourgogne à l'arrivée du duc
d'Albe (1482- 1567), se distingue avant tout par sa belle ordonnance,
son admirable composition, sa logique puissante, sa forte unité.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2yS
L'auteur, sans s'écarter presque de Tordre chronologique, est amené
par le développement même de son sujet à examiner la situation de
la Belgique à quatre points de vue successifs. Tour à tour il analyse
les tendances politiques qui se heurtent et se combattent dans le pays
à la fin du xv* siècle, puis il décrit son orientation économique, son
essor intellectuel et finalement la révolution religieuse du xvi« siècle.
Il parcourt ainsi quatre domaines différents et, au premier aspect,
totalement indépendants Tun de Tautre. On l'aurait pensé jadis, on
le penserait encore si les volumes précédents ne nous avaient fami-
liarisés avec la conception historique de Técole nouvelle qui consiste,
on le sait du reste, à faire pivoter toute Thistoire politique et sociale
autour des phénomènes économiques. Plus M. Pirenne avance dans
Texposé de notre histoire nationale et plus l'interdépendance des
événements corrobore sa théorie fondamentale. Quelques citations
empruntées textuellement à son livre suffiront à le démontrer.
Au lendemain de la mort de Charles le Téméraire, il se produit
dans les Pays-Bas une réaction violente contre le despotisme de la
maison de Bourgogne. Nous assistons, pour employer le langage de
l'auteur, au a conflit que se livrent le principe médiéval de l'auto-
nomie particulariste et le principe moderne de la centralisation
monarchique». Or, ne nous y trompons pas : les auteurs de ce
mouvement rétrograde, ce sont les artisans, les corporations de
métiers qui, subordonnant tout à leurs préjugés de classes, songent
moins à sauvegarder les libertés nationales que leurs intérêts privés.
Sur le terrain économique, la lutte change à peine d'objet. Le'travail
réglementé et familial, circonscrit aux agglomérations urbaines,
s'insurge contre l'industrie individuelle et capitaliste, entraînant dans
son orbite les populations rurales sous la forme d'un prolétariat
salarié. En fin de compte, « les artisans urbains considèrent leurs
franchises comme une panacée contre les progrès du capitalisme
naissant et ils se flattent, en usant de contrainte, de ramener les
marchands « qui toujours désirent libertéz ». Dans l'ordre politico-
économique,le particularisme«local, le protectionnisme tracassier sont
en opposition avec les aspirations nationales, des institutions plus
larges et ime pratique plus généreuse de la liberté ; le passé confiné
dans ses habitudes sédentaires et routinières lutte contre l'avenir qui
s'abandonne au vent du large.
Répercussion remarquable ! dans le domaine de la pensée, « il en
va du mouvement des idées comme de celui des marchandises et des
capitaux. De même qu'Anvers est la plus cosmopolite des villes du
xvi« siècle, de même Erasme est l'écrivain le plus universel de ce
temps... L'on y retrouve, par une rencontre significative, cette même
274 L^ MUSÉE BELGE.
alliance de Tindividualisme et du cosmopolitisme que chez les capita-
listes et les banquiers d'Anvers ». Les artistes emboîtent le pas aux
gens de lettres et aux marchands. La liberté artistique se déploie à
côté de la pensée libre et de l'individualisme industriel et commercial.
Comme le fabricant, Tartiste produit à sa guise ; il secoue le jougr d^
métier pour ne plus suivre que sa fantaisie.
A son tour, la Révolution religieuse reflète le même esprit et
procède du même mouvement qui entraîne tout avec lui. s Les
nouvelles tendances religieuses trouvèrent le terrain tout préparé par
la Renaissance dans les classes supérieures, par les transformations
sociales au sein du peuple. — De toute part, elles y affluent et s'y
rencontrent comme les marchands de toutes les nations affluent et se
rencontrent à la Bourse d'Anvers, en sorte que l'histoire de la Réforme
dans les Pays-Bas atteste elle aussi le caractère européen de leur
civilisation ».
Ainsi, organisation politique, mouvement économique, rénovation
intellectuelle, révolution religieuse, tout dérive d'une impulsion
commune, comme tout s'enchaîne et se tient par des liens d'inéluc-
table répercussion et de nécessaire dépendance. Peut- être certains
esprits qui expliquent la marche de l'histoire par les simples jeux du
hasard ou par l'action directrice de certains individus, se défieront-ils
d'un système qui ramène les événements les plus divers à des facteurs
économiques. Peut-être d'aucuns seront-ils tentés de trouver dans
l'œuvre de M. Pirenne, avec un grand talent de mise en scène,
un peu de convention et d*artifice. Que du moins ils fassent crédit à
l'auteur jusqu'après lecture de son ouvrage et je me tromperais fort
s'ils résistaient à sa logique serrée, à sa dialectique démonstrative, à
la rigueur de ses déductions. D'ailleurs, lui-même laisse le champ
libre à la discussion. Il ne réclame que le bénéfice a d'indiquer des
points de vue nouveaux et de proposer des hypothèses que les
recherches futures rectifieront peu à peu ». On ne peut rehausser
un grand talent par plus de modestie. Les points de vue nouveaux
abondent, par exemple dans la façon dont il explique la marche de
la révolution du xvi« siècle, et quant aux hypothèses, elles découlent
si naturellement, si logiquement, des faits, de plus elles s'enchaînent
dans une S3nithèse si harmonique, que je me plais à penser que les « re-
cherches futures », au lieu de les ébranler ne feront que les confirmer.
A. DUTRON.
aaS, — P. Doppler, Schepenbrieven van het kapiitel van S, Servaas U
Maastricht. Maestticht 2 vol. in-S» de 5i3 et 5i5 pp. 1902 et 1907.
Les archives de l'ancien chapitre de S. Servais de Maestricht,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 27S
conservées au dépôt de l'État de cette ville, sont particulièrement
riches en chartes échevinales depuis le milieu du xiii« siècle. Ce sont
des contrats passés devant les cours échevinales et seigneuriales de
Maestricht même ou des villages des environs, se rapportant aux
matières les plus diverses de droit privé : constitutions de rentes,
fermages^ ventes, échanges de terre, etc.
Les actes analysés jusqu'à ce jour par M. Doppler s'élèvent déjà
au beau total de iSiô chartes et l'auteur est à peine arrivé à Tannée
1469; le plus ancien document date du 12 mai 1257 et a été publié
en entier ainsi que quelques autres de la même époque.
Toutes ces pièces sont intéressantes pour la diplomatique des
chartes échevinales de la capitale du Limbourg hollandais, la chro-
nologie des Pays-Bas au moyen âge et la sigillographie maestrichtoise
du xrv* et du xv« siècle. Nous ne pouvons retenir ici de ces détails,
importants pour les spécialistes, que quelques particularités plus
générales. Les chartes échevinales sont des actes en parchemin
scellés, habituellement, par deux échevins au moins. Comme beau-
coup de ces pièces ont encore conservé leurs sceaux, on devine le
prix qui s'y attache pour la sigillographie et l'héraldique de l'époque.
La langue dont il est fait usage dans les brieven est généralement le
latin jusque vers 1395 ; à partir de 1400, le flamand (du dialecte lim-
bourgeois) le remplace complètement. Dans certaines cours de justice
villageoises le flamand apparaît déjà avant i38o; par contre, les
échevins de la cour seigneuriale du Vroenho/de Maestricht libellent
leurs actes en latin jusqu'en 1430.
Dans le tome II de son ouvrage, M. Doppler a consacré l'intro-
duction à l'exposé des systèmes chronologiques suivis à Maestricht
dans les documents diplomatiques : Bijdrage tôt de gtschiedenis der tijd-
rekmkunde te Maastricht in de middeleeuweft (pp. i-xix). Les échevins de
la ville renouvelaient le millésime de l'année à Pâques jusqu'en i388,
date à laquelle ils adoptèrent le style de la Nativité, obligatoire à
Maestricht seulement pour le clergé. L'attachement au style braban-
^n ou de Pâques doit sans doute s'expliquer par ce fait que la ville
formait un condominium partagé entre l'évêque de Liège et le duc de
Brabant.
Les deux forts volumes dont nous rendons compte constituent une
mine très riche de renseignements pour l'histoire topographique et
économique de Maestricht aux xiv« et xv« siècles. Pour bien apprécier
la valeur des détails historiques qu'on trouve dans ces documents, en
apparence dénués d'intérêt, il sufl&t de rappeler l'heureux parti
qu a su tirer jadis Edmond Poullet des registres de la cour échevi-
nale de Louvain et des environs dans son article : Les juridictions
27^ LE MUSÉE BELGE.
gi la propriété foticièfe au XV^ siècle dans le quartier de LouDain{M,ém.
in-S^ de VAcad. de Belgique^ t. XVIII). Mais si l'histoire, assez banale
d^ailleurs, du chapitre de S. Servais ne doit pas bénéficier beaucoup
de la publication des Schepenhrieven^ on trouvera néanmoins dans
ceux-ci quelques pièces relatives à Inorganisation religieuse du cha-
pitre, telles que des fondations d*autels, de chapellenies. On y cher-
chera donc beaucoup de noms de chanoines, de bienfaiteurs, de curés
et de vicaires, titulaires de ces bénéfices ecclésiastiques qu'il serait
bien difficile de trouver ailleurs.
M. Doppler s'est acquitté avec le plus grand soin du travail qu'il a
entrepris. Les analyses sont claires et renseignent sur tout ce qui est
nécessaire de connaître des chartes échevinales : objet de Tacte, noms
des parties, description des propriétés avec indication des tenants et
aboutissants. Parfois, Fauteur fait suivre d'un très instructif commen-
taire certaines pièces. En somme, publication exécutée avec une
remarquable minutie qui dispense désormais de recourir aux chartes
échevinales mêmes. H. Nelis.
229. — Lespagnol, Nouveau cours de géographie. Paris, Delagrave,
1906. 7 vol. in-8*>.
La librairie Delagrave de Paris publie un Nouveau cours de géogra-
phie^ conformément au programme de 1902, sous la direction de
M. Lespagnol^ professeur à la Faculté des Lettres de Lyon, et avec
la collaboration de MM. Fallex, Maisey et Heutgen. Des sept
volumes, (de 4 à 5 fr. chacun), un par classe, cinq ont paru. 11 ne
manque plus que les deux volumes relatifs à la France. Ce manuel
peut être considéré comme un des meilleurs qui aient été publiés.
Il est clair, précis, complet ; la lecture en est agréable et l'illustration
ne laisse rien à désirer. On est heureux de constater, — ce qui est
exceptionnel pour les manuels de géographie, — que les erreurs de
détail sont des plus rares et de bien minime importance. On peut
regretter que les auteurs aient cru devoir pousser Tesprit d'une soi-
disante neutralité au point de ne pas prononcer dans leurs volumes ni
le mot Dieu ni celui de Créateur. Pour tout ce qui concerne les races
et les origines, ils se contentent d'exposer les diverses théories qui
ont été émises, mais prétendent ne rien affirmer. A part cela, nous
estimons que ce nouveau cours de géographie rendra de sérieux
services aux professeurs et aux étudiants des Universités; mais il ne
saurait être question de le mettre entre les mains des collégiens.
Chaque volume a de 5oo à 600 pages ; c'est assez dire que la matière
est traitée d'une manière trop complète pour que ces volumes puissent
servir de livre de classe. Nous plaignons les lycéens français qui ont
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. 27/
à travailler avec des volumes si étendus : c'est là le vrai surmenage
qui ne peut que produire de mauvais résultats et contre lequel on ne
saurait trop mettre en garde ceux qui ont la responsabilité de ren-
seignement moyen. Adolf de Ceulenebr.
Art et Archéologie.
a3o. — AusODla, Rivista délia società Ualiana di archeologia e storia
deir arts. Anno I. MCMVI. Roma, Tip. dell* Unione coop. édi-
trice, 1907. Chez Loescher et C»«. 204 p. in-40 et 4 pi. i5 fr.
Le i«r septembre 1905, un groupe d'archéologues et d'amateurs
d'histoire de l'art résolut de fonder en Italie une société qui pnt le
nom de Società Ualiana di archeologia e storia delf arte et qui a son siège
à Rome. Promouvoir et encourager les recherches, les études et les
publications relatives aux sciences dont elle porte le nom^ réveiller
Vintérêt public et privé pour les trésors artistiques du pays et con-
courir ainsi à les conserver : tel est son but. Elle élut président
M. le professeur D. Comparetti, sénateur, et secrétaire M. le pro-
fesseur Lucio Mariani. Elle publie la revue dont nous annonçons le
premier volume : imprimée sur papier glacé, ornée de gravures et de
planches, elle est digne d'une société qui s'occupe d'art en première
ligne. En tête, nous trouvons un rapport sur la fondation et sur les
statuts de la société. La moitié du volume est occupée par des articles
de fond, dont voici les sujets :
P. Orsi, Nouveaux documents de la civilisation prémycénienne et
mycénienne en Italie (p. 5- 12).
D. Comparetii, Inscription archaïque de Cumes : où Oëmç évroOSa
KdoOoti (€)( mA "^àv papaxxc^M^vov, c'est-à-dire : non licet hic sepeliri nisi ini-
tiâtmm (p. i3-2o).
E. Brizio^ La statue d'adolescent de Subiaco et le Niobide Chiara-
monti (p. 21-32).
G. Patroni^ Une hydrie attique avec le mythe de l'hydre de Lerne
(p. 33-35).
P. Ducaii, Une ariballe du Musée de Berlin (p. 36-5o).
B. Nogara^ La prétendue Byblis trouvée dans les fouilles de Tor
Maranda à Rome en 1817 (p. 5i-55).
F. Grossi-Gondi^ Sépulture et villa des Furii à Tusculum : CIL.,
XIV, 2577-2588 (p. Sô-Sg).
P. Toesca^ Objets d'origine barbare au Musée de Lucques (p. 60-67).
Lisetta Ciaccio^ La fin de la sculpture gothique à Rome (p. 68-92).
L. Venturi, Une représentation de la légende d'Auguste et de la
Sibylle de Tibur au xiii* siècle (p. 93-95).
278 LE MUSÉE BELGE.
R. Lanciani^ Souvenirs inédits d'artistes du xvi« siècle (p. 96-102).
La seconde partie comprend les rubriques suivantes :
Variétés, E. Ghislanzoni nous parle des bronzes qui décoraient les
navires romains du lac de Nemi.
Fouilles et découvertes. Il est rendu compte des fouilles de Crète par
L. Pernier, d'Etrurie par B. Nogara, de Rome par G. Stara Tedde.
Bulletin bibliographique. On fait connaître brièvement les ouvrages
principaux récemment publiés sur la préhistoire italique, la civilisa-
tion étrusque, la sculpture grecque, l'histoire hellénistique et romaine,
la céramique grecque, Tépigraphie grecque, ITiistoire et les antiquités
romaines, la topographie romaine, l'archéologie chrétienne, l'archéo-
logie byzantine, la peinture italienne du xvi« au xix« siècle, l'icono-
graphie, les intailles et dessins, enfin la tapisserie.
Compte-rendus de huit ouvrages et, pour finir, Nouvelles archéolo-
giques. J. P. W.
Notices et annonces bibliographiques.
23 1 . — J. Van den Gheyn, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale
de Belgique, Tome I-VI. Bruxelles, Lamertin, 1901-1906. 12 fr. le vol.
C'est une œuvre utile entre toutes qu'a entreprise le R. P. J. Van den Ghejm,
conservateur de la Section des manuscrits à la Bibliothèque royale de Belgique. La
Bibliothèque royale possède plus de 20,000 manuscrits et il n*en existait qu'un cata-
logue vieilli et incomplet. Dresser un catalogue complet et méthodique, donnant
une description de chaque manuscrit, indiquant exactement son contenu, et autant
que possible sa date, voilà ce que le P. Van den Gheyn a voulu faire. Il a com-
mencé sa publication en 1900 et déjà 6 forts volumes in-8<» ont paru. Voici le plan
suivi : Vol. I, Écriture sainte et liturgie, (692 pp.) ; Vol. II, Patrologie (418 pp.) ;
Vol. III, Théologie (514 pp.); Vol. IV, Jurisprudence et Philosophie (408 pp.);
Vol. V, Histoire, Hagiographie (702 pp.) ; Vol. VI, Histoire des ordres religieux
et des églises particulières (778 pp.).
L'activité et la science de Téminent conservateur sont vraiment admirables :
jusqu'ici il a; catalogué et décrit 4539 manuscrits. On peut espérer qu1l mènera à
bonne fin cette œuvre colossale, appelée à rendre d'immenses services à tous les
chercheurs.
232-233. — A. Monchard et C. Blanchet, Les auteurs grecs du baccalauréat
es lettres. Études littéraires, Paris, Poussielgue. 3 fr. 5o.
Les mêmes, Les auteurs latins du baccalauréat, Ibid., 1903. 3 fr. bo.
Supposez que le baccalauréat soit supprimé en France : ces deux volumes conser-
veront leur valeur. Destinés aux classes, ils contiennent une série d*études qui
resteront utiles aux élèves et seront toujours une lecture attachante pour les gens
instruits. Les auteurs sont au courant des travaux d'histoire littéraire les plus
récents et ils en ont fait entrer les résultats dans ces deux beaux volumes, écrits
avec un goût sûr, dans une langue élégante et claire. Ils passent en revue Homère,
Eschyle, Sophocle, Euripide, Aristophane, Hérodote, Thucydide, Xénophon, Pla-
ton, Démosthène, Plutarque, Lucien — Plaute, Térence, Lucrèce, Virgile, Horace,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 279
Océron, Titc-Livc, Sénèque, Tacite et Pline le Jeune. Chacun des deux volumes
oontient en outre une histoire abrégée de la littérature grecque ou latine, compre-
nant la littérature chrétienne.
^34. — - H. Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker, Griechisch und Deutsch.
a" Aufl. I Bd. Berlin, Weidmann, 1906. 10 m.
Eo 1903 8 paru la première édition de cet ouvrage. Son succès a été si grand
qu'une seconde édition est devenue nécessaire après trois ans. M. Diels voulait que
son livre fournît avant tout une base à l'enseignement de la philosophie grecque :
pour s'initier aux systèmes, il faut avoir sous les yeux les documents originaux.
Malheureusement, des philosophes présocratiques, nous n'avons que des frag-
ments ou des résumés, et ce sont ces fragments, ces résumés que M. Diels a
tecueillis soigneusement, sous la forme la plus correcte possible et accompagnés
d'une traduction au bas des pages, qui vaut le meilleur des commentaires. Ce pre-
mier volume contient 63 philosophes, depuis Thaïes de Milet, le pn'nceps philoso-
phiae, jusqu'à Bion d'Abdère et Bolos de Mendès.
i35. — N. Hohl'weiii, Les papyrus grecs d'Egypte. Besançon, Typ. Jacquin,
1907. 44 pp. (Extrait du Bibliographe moderne^ 1906).
Sous ce titre, M. Nicolas Hohlwein a publié dans le Bibliographe moderne (sept.-
déc.1906) un article fort intéressant, où il fait excellemment ressortir tout le parti que
Ton peut tirer de ces précieux documents pour les études tant littéraires qu'histo-
riques et juridiques. Un cours historique des découvertes papyrologiques et une
bibliographie d'ouvrages relatifs aux papyrus complètent cet article sur lequel nous
appelons l'attention.
236. — A. Rivand, Le problème du devenir et la notion de la matière dans la
philosophie grecque depuis les origines jusqu*à Théophrasie. (Collection historique
des Grands Philosophes). Paris, Alcan, 1906. i vol. in-8». 10 fir.
Cet ouvrage contient une étude sur l'histoire de la physique grecque depuis ses
origines légendaires jusqu'à sa forme achevée chez Aristote.
L*auteur passe en revue les diverses théories scientifiques et philosophiques des
Grecs, en s'efforçant de dégager, pour chacune d'elles, d'après les travaux critiques
les plus récents, les contributions nouvelles qu'elle apporte à la solution des pro-
blèmes physiques. Ces analyses détaillées le conduisent à des vues générales sur la
conception grecque des choses. Il veut établir que cette conception est fort diffé-
rente, par certains côtés, de nos explications modernes. Notamment, il lui apparaît
qu'en Grèce la notion de la matière n'a joué un rôle aussi considérable que dans les
théories qui nous sont femilières.
Toute la science grecque née, d'après lui, de l'ancienne cosmogonie, est dominée
par un problème qui n'est point le problème de la matière, mais celui du passage
du désordre primitif ou du chaos, à l'ordre actuel, au Cosmos.
Il discute pour le montrer, un très grand nombre de textes scientifiques ou litté-
raires et les interprétations qui en ont été proposées. Des index complets permettent
de retrouver ces textes et d'utiliser la bibliographie qui accompagne ce livre.
337. — Brich Ziebarth, Kulturbilder aus griechischen Stàdten. Mit 23 Abbild.
Leipzig, Teubner, 1907. 1 m. ; relié : \ m. 25.
Cet ouvrage fait partie d'une collection populaire intitulée : Aus Natur und
Oeisteswelt^ qui comprend déjà un grand nombre de volumes traitant les sujets les
plus divers. Il est sorti d'une série de conférences faites à Hambourg surThéra,
Pergame, Priène, Milet et le temple d'Apollon à Didyme. Ces cinq chapitres sont
28o LE MUSÉE BELGE.
précédés d*une introduction sur les archives antiques. Ces archives, oo le devine^
sont les inscriptions. Le volume se termine par un curieux chapitre sur l'Egypte et
la vie égyptienne d'après les papyrus, où M. Ziebarth a suivi une lecture faite par
M. R. Cagnat à TAcadémie des Inscriptions (Comptes rendus^ 1901, p. 78^ et suiv.)
et intitulée : Indiscrétions archéologiques sur les Égyptiens de V époque romaine.
Les plans et les gravures permettent de suivre l'auteur dans ses promenades à travers
les villes antiques qu'il cherche à reconstruire et à faire revivre.
238. -^ J. Vahleni professons B^rolinensis Opuscula acaJemica. Pars prior »
Prooemia indicibus lectionum praemissa i-xxxiii ab a. 1875 ad a. 1891. Leipzig,
Teubner, 1907. 12 m., relié 14 m. 5o.
Cest l'usage dans les universités allemandes que le programme semestriel de^
études soit accompagné d'un munus litterarium^ d'un court travail d'un professeur.
Depuis 3o ans,rillustre vétéran de la philologie classique, M. Vahlen enrichit les pro-
grammes de Berlin d'une étude critique sur un auteur grec ou romain, écrite dans
un latin d'une merveilleuse clarté, d'une correction irréprochable et d'une rare élé-
gance. Chacun de ces «programmes » apporte quelque chose de neuf et constitue une
acquisition pour la science. Il était utile de les recueillir, car il devient difficile de les
trouver. Le recueil formera deux volumes et le premier, qui vient de paraître,
s'arrête à l'année 1891. Donnons seulement la liste des auteurs examinés : Aristote^
Platon, Théocrite, Tite-Live, Ennius, Verrius Flaccus, Suétone, Cicéron, Tacite,
Lucrèce, Catulle, Lucien, Sophocle, Térence, Juvénal, Aristophane, Horace, Pro-
perce, Euripide, Virgile, Callimaque. Il y a quelques études générales : Du rôle de
la ponctuation dans la critique : des vers répétés ; de l'abondance du style chez les
Romains ; Des inversions dans les poètes latins, etc.
Ce qui est au moins aussi important que les nombreuses corrections ou interpré-
tations, si plausibles, que propose M. Vahlen, c'est la méthode qu'il suit et qu'il
recommande : comprendre et non deviner, telle est sa devise. A ce point de vue, ses
opuscula sont précieux : c'est la meilleure leçon de méthode critique qu'on puisse
trouver. Que nos critiques divinateurs les lisent et les méditent I
239. — Th. Mommsen, Le droit pénal romain. Traduit de l'allemand avec l'auto-
risation de la famille de l'auteur et de l'éditeur allemand par J. Duquesne, profes-
seur à la faculté de droit de Grenoble. Paris, Fontemoing, 1907. 2 vol. in-8.20 frs.
Cet ouvrage, par son importance, s'adresse à de nombreux lecteurs qui n'ont pas
une connaissance suffisante de l'allemand pour lire aisément les phrases complexes
cl abstraites de Mommsen. C'est un appendice de la traduction française de rûeuvre
de Marquardt-Mommsen, quoique le Rômisches Strafrecht du savant philologue
n'appartienne pas à la même collection allemande. Le droit pénal servira néanmoins
de complément au droit public romain.
Les seules additions que le traducteur se soit permises, ont consisté à renvoyer
aux traductions françaises d'ouvrages allemands cités par Mommsen. A quelques
endroits, il a opéré des rectifications personnelles. Bref, la réputation dont jouit la
traduction de Marquardt-Mommsen fait bien augurer de l'accueil qui sera fait à
l'œuvre si utile de M. Duquesne. Th. Simab.
240. — R. Pichon, Études sur l'histoire de la littérature latine dans les Gaules,
Les derniers écrivains profanes. Les Panégyristes. Ansone. Le Querolus. Rutilius
Namatianus. Paris, Leroux, 1906. 7 fr.5o.
M. Pichon se propose d'étudier l'histoire de la littérature latine dans les Gaules et
de consacrer à cette étude trois volumes. Le premier, qui a paru, traite des derniers
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 28 1
écrivaios profanes ; le second traitera des derniers écrivains chrétiens et le troisième,
des écrivains du V siècle. Voici comment son ouvrage est conçu. Ce n*est point une
« histoire » complète, où soient accumulés tous les renseignements, relatifs à toutes
les (suvres. La question que M. Pichon se pose devant les Panégyriques, les opus-
cules d*AusoDe, la comédie du Querolus où le poème de Rutilius, est celle-ci : qu*est-
ce que ces textes nous apprennent sur Tétat d'âme de leurs auteurs et des contem-
porains, sur rhistoire morale et sociale de la Gaule du iv« siècle? A cette question,
il répond dans les cinq chapitres de ce livre, qui est d'une lecture attachante. Les
titres des chapitres en indiquent clairement le sujet. Introduction : La littérature
gallo-romaine et les origines de Tesprit français : i^ Le monde des écoles dans la
Gaule romaine d*après le recueil des Panégyriques ; 2^ Les Panégyristes et la poli-
tique impériale ; 3» La société mondaine au iv« siècle d'après les poésies d'Ausone ;
4* Une comédie de société gallo-romaine : le Querolus ; 5» Un grand fonctionnaire
gallo-romain : le poète Rutilius Namatianus. Les Appendices traitent des questions
spéciales de critique : l'origine du Recueil des Panégyriques, le texte des Panégy-
riques et la prose métrique, les points douteux de Thistoire d'Ausone, et des obser-
vations sur le texte de ce poète. J. P. W.
041. — Victor Girand, Les idées morales d'Horace, Bloud, 4, rue Madame,
Paris, 1907. o fr. 60. (Collection Science et Religion, série des Philosophes,
Penseurs et Grands Ecrivains, n» 451).
Le poète Horace n'est assurément pas un philosophe, ni même un penseur au
sens rigoureux du mot, et ses idées générales sur le monde, sur l'homme et sur la
vie manquent un peu de profondeur et d'originalité. Mais, en un certain sens, elles
n'en sont que plus intéressantes : elles nous renseignent d'abord sur le caractère du
poète, qui est essentiellement un épicurien avec des velléités de stoïcisme; ensuite,
sur son temps, dont il reflète les tendances contradictoires avec une singulière
fidélité; et enfin sur une disposition permanente de l'humanité qu'Horace symbolise
excellemment. La morale d'Horace, en effet, s'appelle de son vrai nom la morale
des honnêtes gens ; et on lira avec intérêt les pages suggestives où, en retraçant à
travers l'histoire des idées, les vicissitudes successives de cette morale, M. Victor
Giraud montre que la fortune et le renom d'Horace en sont inséparables.
242. — A. Marx, Senecas Apokolokyntosis. Fur den Schulgebrauch herausge-
geben. Karlsruhe, Gutsch, 1907. 16 pp. o m. 40.
Au gymnase de Carlsruhe, on lit le pamphlet de Sénèque comme complément de
Tacite. Pour ne pas forcer les élèves d'acquérir un Sénèque ou l'édition Buecheler,
M. Marx a fait imprimer à part le texte de TApokolokyntose. Il suit la petite édition
Buecheler et s'abstient de commentaires. Le volume eût coûté trop cher et il existe
d'ailleurs un excellent commentaire de hutchtXtT {Symbola philologorum Bonnen-
sium in hon. F. Ritschelii^ p. 3i sqq.). M. Marx exprime le vœu que ce petit ce chef-
d'œuvre » de Buecheler soit publié à part.
143. — Xenia Romana. Scritti difilologia classica olTerti al secondo convegno
promosso dalle Società italiana per la diffusione e l'incoraggiamento degli studi
classici. Rome, Albrighi, Scgati e Co, 1907. 170 pp.
Il existe en Italie une société pour la diffusion et l'encouragement des études
classiques, qui a tenu son deuxième congrès annuel à Rome du i** au 3 avril. Il fut
ouvert en présence du Ministre de l'Instruction publique ; de nombreux hommes
politiques et des philologues plus nombreux encore y prirent part. Voici les vœux
principaux qui furent votés : i^ exiger une année de stage après le doctorat pour
les jeunes gei.s qui se destinent à l'enseignement; 2^ promouvoir des cours popu-
1
282 LE MUSÉE BELGE.
laires de latin ; 3<> bannir Tusage des traductions des humanités classiques, mais les
employer dans les autres classes ; 4** rendre aux examens de sortie des humanités
un caractère sérieux.
Aux membres du Congrès, on distribua les comptes rendus du Congrès précédent,
tenu à Florence, et un volume de travaux offerts aux congressistes par 14 meaibres
Romains de la société : Xenia Romana, Voici les sujets de ces travaux. C. Rarba-
gallo. Le prix des fruits dans l'antiquité classique. M, Barone^ Sur un passade de
l'Astronomicon de Manilius. V, Brugnola^ Les servi Venerii. F. Caccialan^a, Sur
Thucydide et sur Isée. L. Cantarelliy Flavius Epiphanius. A . CosattinU ' EmbciiCTUccL
Herondaea. G. Costa^ La (in de l'ère romaine. B, Coironei, Néo classicisme dans
Foscolo. L*ode « AU' amica risanata ». N, Festa, Postille ail* Agamemnone.
i/. Fuûchi^ SuUa tecnica epica di Ennio. M, Guidiy Di alcuni codici délia vita di
S. Eustazio. G. Pasquali^ Parerga. \^ Les mimes d'Hérondas étaient destinés à la
lecture; 2*^ Une glose du commentaire de Proclus in Crat, p. 43-44 Boias. ; 3<* La
prétendue métaphysique d'Hérennius et Andréa Darmario. A. Sabatucci ^ Les
scholies du Cod. Laur. gr. 60, i5 et le texte des Progymnasmi d*Aphtbonîus.
R, Valentini, Controverses chronologiques sur des questions humanistiques ( Valla
et Facio).
244. — J. Rivière, La propagation du christianisme dans les trois premiers
siècles. Bloud, 4, rue Madame. Paris, 1907. 1 fr. 20. (Collection Science et Reli-
gion. Dp* 454-455.)
Parmi ces grands faits qui servent d'arguments à l'apologétique traditionnelle, un
des plus saillants comme aussi des plus exploités a toujours été la propagation du
christianisme dans TEmpire romain. Des apologistes du ii« siècle à M. Paul Allard,
il n'est aucun des défenseurs de notre foi qui ait négligé de mettre en valeur cette
preuve de sa divinité. Cette preuve, cependant, résiste- t-elle à l'étude sérieuse et
désintéressée de l'histoire, telle que notre siècle, fécond en travaux critiques, l'a
instituée? M. Rivière, directeur au grand séminaire d'Albi. a pensé qu'il serait bon
de montrer, en utilisant les travaux d'un savant moderne et peu suspect d'une sym-
pathie exagérée pour la thèse traditionnelle, que cette thèse n'a aucunement perdu
de sa force. C'est sur les ouvrages de M. Harnack qu'il s'appuie. Il montre que pour
cet historien, malgré les explications qu'il en a données, le fait de la propagation du
christianisme reste un phénomène a étonnant ». En mettant ce fait au nombre de
ceux qui justifient le téinoignage de l'Église et font qu'elle est elle-même a un grand
et perpétuel motif de crédibilité », le Concile du Vatican a donc confirmé un argu-
ment que la critique impartiale n'ébranlera jamais.
245. — P. de Labriolle, Saint Jérôme^ Vie de Paul de Thebes et Vie d'HUarion,
Traduction, Introduction et Notes. Bloud, 4. rue Madame, Paris, 1907. o fr. 60.
(Collection Science et Religion, n» 436).
Traduire et annoter les vieilles chroniques et les textes hagiographiques de
premier ordre, rééditer dans leur français naïf ou grandiloquent, ces anciennes Vies
que les bibliophiles se disputent, grouper autour d'un même saint populaire
quelques discours ou quelques poésies de choix, tel est, en quelques mots, le but
poursuivi par les directeurs de cette nouvelle série hagiographique.
Parfaitement adaptée aux nouveaux points de vue que la psychologie religieuse,
dont la renaissance se fait sous nos yeux, découvre chaque jour dans l'histoire intime
de la sainteté, cette collection satisfera en même temps aux respectables besoins des
âmes pieuses. A un tel programme, nul hagiographe, mieux que saint Jérôme, ne
pouvait prêter un solide appui. M. de Labriolle a choisi, dans son œuvre immense.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 28S
deux opuscules véritablement délicieux, dont le charme pénétrant et le parfum
d^antiquité ne sauraient manquer dVnchaoter le lecteur.
346. — C. Maréchal, Lamennais et Lamartine. Bloud et 0«, 4, rue Madame,
Paris, igoy. 3 fr. 5o.
M. Christian Maréchal, qui avait montré dans de précédentes publications Tin-
âuence de Lamennais sur Sainte-Beuve et sur V. Hugo, étudie ici ses relations avec
Lamartine et son action sur lui. Une analyse minutieuse des correspondances et des
oeuvres, le recours aux sources inédites, lui permettent d'établir pour la première
fois, sur les preuves les plus solides, que Lamennais fut véritablement et dans toute
Tacception du terme, le directeur de conscience religieuse et philosophique, politique
et sociale de Lamartine pendant plus de vingt années. Dans chacune des désiarches
essentielles où notre grand poète a'eogagea tout entier, dans sa conversion, dans son
évolution politique vers le libéralisme chrétien^ dans sa rupture enfin avec TÉglise
et son inclination de plus en plus Sensible pour tes formes révolutionnaires du
Christianisme social^ Tauteur montre la présence évidente ou occulte de Lamennais.
Les principales Méditations* plusieurs Harmonies^ la Politique rationnelle, le
Voyage en Orient^ Jocelyn, la Chute d'un Ange, sont replacés dans le cadre
lamenoatsien qui leur rend à la fois leur véritable signification et toute leur valeur.
On saura gré à M. Maréchal d'avoir, dans la mesure où une telle étude le compor-
tait, sans rien sacrifier non plus du scrupuleux souci du vrai — fait effort pour
mettre dans son ouvrage de Tâme et de la vie.
247. — B. Hugn^et, Petit Glossaire des classiques français du XVI l^ siècle.
Hachette, Paris, 1907. 5 fr.
On sait combien la langue française s'est modifiée depuis le xvii* siècle. Quand
on Ut Corneille ou Molière, on peut faire des contresens si Ton attribue toujours aux
mots le sens qu'ils ont aujourd'hui. On évitera ce danger en feuilletant ce petit
Glossaire, où l'on trouvera des définitions tirées des principaux dictionnaires du
XVII* siècle et des exemples empruntés aux meilleurs écrivains du temps. L'auteur
prend l'expression « classique » dans le sens large et il emprunte beaucoup de
citations à des auteurs qu'on ne désigne pas sous ce nom, Scarron par exemple ;
mais il ne le fait que quand elles viennent à Tappui de citations empruntées aux
classiques. La période qu'il envisage va des premiers écrits de Corneille aux der-
niers de Fénelon. Les définitions sont empruntées aux trois grands dictionnaires de
la fin du xvii< siècle, ceux de Richelet, de Furetière et de l'Académie (i« éd.); quand
aucun des trois ne fournissait une définition correspondant aux exemples recueillis,
l'auteur donne celle qui lui semble résulter des textes, mais il la met entre crochets.
Il a noté 'tous les mots et tous les sens qui ont vieilli. Son ouvrage sera indispen-
sable à tous les professeurs de français.
148. — Abbé Th. Delmont, Ferdinand Brunetière, V homme, le critique^ V ora-
teur, le catholique, P. Lethielleux, éditeur, 10, rue Cassette, Paris, 1907. 2 fr.
Brunetière a tenu une si grande place dans la critique et l'enseignement littéraire,
ainsi que dans l'apologétique contemporaine, qu'il est tout naturel qu'au lendemain
de sa mort prématurée on cherche à fixer les traits immortels de V homme ^ du cri-
tique^ de Xorateur^ du catholique^ qu'il a été si noblement et si courageusement à la
fin de sa carrière.
C'est la vie laborieuse de ce travailleur acharné, le portrait de cet homme si loyal,
et si bon sous des apparences un peu rudes, que trace d'abord l'abbé Delmont, en
un style vif et alerte. Puis il parcourt avec indépendance et impartialité toute l'oeuvre
284 LE MUSÉE BELGE.
du critique éminent de la Revue des Deux Mondes, du professeur et de rhtstorîen
littéraire dont le style ne vaut pas les idées si saines et si fermes.
Vorateur est glorifié à juste titre depuis ses conférences à TOdéon jusqu*à ses
discours de combat et à ses conférences fameuses sur PEncyclopédie.
Le catholique venu de bien loin à la foi, est représenté au vif dans sa marche
ascendante vers la lumière intégrale dont il disait si bien : « Je me suis laissé faire
par la vérité et par Bossuet ». Et Ton voit ensuite ce néophyte converti en apôtre,
non pas infaillible, mais aussi éloquent qu'intrépide, faire au jacobinisme maçon>
nique une guerre dont celui-ci s'est misérablement vengé.
Une table alphabétique des noms propres en 24 colonnes indique la richesse d'une
documentation aussi vaste que précise, et permettra d'utiliser ce volume pour une
infinité de recherches.
249. — H. Taine, Sa vie et sa correspondance. Tome IV. L'Historien (suite). Les
dernières années (1876-1893). Paris, Hachette, 1907, 3 fr. 5o.
Ce nouveau volume comprend les lettres des dix-sept dernières années de la vie
de Taine. c'est-à-dire d'une période aussi riche de faits qu'aucune de celles qui
l'ont précédée : c'est, dans la vie politique de la France, les luttes du 16 mai,
l'avènement définitif du parti républicain, et, plus tard, le boulangisme ; — dans
la vie privée et dans la vie littéraire de Taine, c'est son entrée à l'Académie française
(que de curieux détails sur les dessous de cette élection !), la publication de la
Révolution^ puis des chapitres qu'il eut le temps d'achever du Régime Moderne^
les dissentiments pénibles qui s'en suivirent, la rupture avec la princesse Mathilde,
acceptée non sans tristesse, mais sans repentir.
Aussi bien Taine apparatt-il ici dans sa grandeur désormais incontestée : tout le
mouvement de la pensée contemporaine se résume dans ces lettres, qui le font
revivre au milieu d'un monde d'illustres émules et d'illustres admirateurs, dont
quelques-uns furent des disciples : ce n'est pas seulement l'histoire du génie de
Taine, c'est l'histoire intellectuelle du xix« siècle lui-même qu'on n'écrira plus sans
avoir recours à cette Correspondance.
25o. — Nous devons à M. Nagel, professeur au gymnase de Steyr en Autriche,
l'intéressante et très utile entreprise d'un atlas de la littérature allemande : Deutscher
Literaturatlas, die geographische und politische Verteilung der deutschen Dich-
tung in ihrer Entmckelung nebst einem Anhang von Lebenskarten der bedeutend-
sten Dichter auf iS Haupt- und 3o Nebenkarten, (Wien und Leipzig, Cari Fromme,
1907. 6 m.) La carte n» 1 nous montre les centres de la littérature ancienne-haute-
allemande, couvents et évêchés, presque tous situés dans le Sud de l'Allemagne et
en Autriche. Les cartes 2 et 3 se rapportent à la littérature moyen ne- haute-alle-
mande, l'une à la poésie épique, l'autre à la poésie lyrique; la littérature, toujours
principalement concentrée dans le Sud, gagne peu à peu le Nord. Les cartes 4 et 5
se rapportant à la littérature de la réforme, montrent un changement surprenant.
La littérature se retire presque complètement dans l'Ouest de l'Allemagne. Elle
meurt en Autriche d'abord, dans l'Allemagne du Sud ensuite. Les cartes 6 et 7
illustrent l'époque de la guerre de Trente ans et témoignent de la prédominance de
l'Allemagne moyenne ; les centres littéraires sont constitués par les Sprachgesell^
scha/ten. A la fin du xvii« siècle le Sud renaît modestement à la vie littéraire, à
l'exception de l'Autriche, où particulièrement les guerres contre les Turcs tuent
toute vie intellectuelle. La carte no 8 donne un tableau de la vie littéraire à l'époque
de Gottsched. Leipzig est la capitale littéraire de l'Allemagne. La réaction contre les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 285
tendances de Gottsched vient de la Suisse ; l'Autriche, sous Marie-Thérèse, se joint
au mouvement littéraire suisse, sans pouvoir pourtant entamer la prédominance du
Nord, où brille Tétoile de Klopstock, de Wieland et Leasing ; la carte 9 illustre
<cnc situation, qui précède Técole classique. Les dernières cartes, à partir du n^ 10,
montrent comment dans les temps modernes les capitales Berlin et Vienne, attirent
peu à peu à elles tout le mouvement littéraire. Autour de Schiller, Goethe et Herder
se forment encore trois groupes provinciaux: mais à partir du début du xix« siècle,
Beirlin et Vienne deviennent les vraies capitales littéraires, à côté desquelles sub-
sistent encore le groupe souabc et Francfort-sur-le-Main, berceau de la jeune Alle-
magne. La renaissance récente de la littérature villageoise brise l'influence des
grandes villes et rétablit les centres littéraires provinciaux. A côté de ces i5 cartes
principales, Tatlas en contient 3o accessoires, parmi lesquelles il y a lieu de citer
celles qui se rapportent à la vie des grands écrivains, tels que Waher von der Vogel-
weide, Klopstock, Wieland, Leasing, Goethe, Schiller, Kleist, Hebbel et Grillparzer.
L'ouvrage de M. Nagel est précieux pour l'enseignement et mérite les plus vifi
encouragements. Je souhaite que ces derniers soient tels que l'auteur puisse, dans
une seconde édition, continuer son intéressant travail jusqu'à l'époque moderne et
le couronner par une grande carte de l'Allemagne littéraire au xx« siècle. Sait-il
qu'il a eu un prédécesseur dans le baron de BieUéld qui joint une carte littéraire
de l'Allemagne à son ouvrage : Progrès des Allemands dans les sciences, les belles-
lettres et les arts, particulièrement dans la poésie, Véloquence et le théâtre. 3« édi-
tion. Liège, chez Bassompière, 1768. Elle ne signale, il est vrai, que des noms de
villes et ne diffère pas sensiblement d*une carte ordinaire. Une tentative analogue a
été faite il y a une vingtaine d'années par M. G. Flaischlen, qui a publié un tableau
littéraire graphique, représentant l'influence des littératures étrangères sur la poésie
allemande. {Graphische Literatur-Ta/el, Stuttgart. GOschen, 2« édit. 1890.) H. B.
35 1. — Dans la Revue des deux Mondes, i5 janvier 1907, M. Georges Ooyan
a publié un article intitulé : Un historien belge. M, Godefroid Kurth. Dans ces
trente pages, c'est toute la carrière du plus illustre de nos historiens que l'auteur a
voulu embrasser, et ce n*est pas seulement l'historien, c*est l'homme tout entier
qu'il considère. Comme ceux qui ont fêté M. Kurth l'an passé, il n'a voulu «infliger
aucune brisure, ni même aucun morcellement à Tunité de sa vie n) (p. 368). Et
d'abord, la création des cours pratiques d'histoire, qui ont eu pour résultat la nais-
sance d'une école historique belge, avant même qu'ils eussent reçu la consécration
de la loi. Et puis la merveilleuse activité littéraire de M. Kurth : le chercheur, à qui
sont dues Unt de découvertes, Thistorien et l'écrivain qui ordonne et groupe les
fiaits par un puissant esprit de synthèse. M. Goyau passe en revue les innombrables
ouvrages et publications de M. Kurth en prenant pour fll conducteur leurs idées
maîtresses. Des Origines de la civilisation moderne^ il dit : « Nulle part, on ne
trouverait un tableau plus large et en même temps plus fouillé, plus exact et en
même temps plus coloré, de l'histoire du monde entre le iv«et le v* siècle» (p. 385).
Elnfin, c'est le catholique et le démocrate qu'il fait connaître aux lecteurs français.
Nous ne pouvons résumer cet article plus longuement. Disons seulement qu'il est
documenté comme un article savant, que l'auteur cite jusqu'aux journaux belges, et
reproduisons la dernière phrase : » Si ce qui fait le prix de beaucoup d'œuvres litté-
raires, sur les bords de l'Escaut gu de la Meuse, en est le caractère indigène et
traditionnel, historique et terrien, Ton peut dire que M. Godefroid Kurth, par sa vie
de travail, de rêve et de prière, par l'assimilation constante de son âme à l'âme
•héroïque des grands âges chrétiens, et par l'élan vigoureux dont lui sont redevables
286 LE MUSÉE BELGE.
les étUiies d'histoire nationale a largement contribué à préparer aux littérateurs une
somptueuse matière d*arts, la plus précieuse peut-être qu'ils pussent souhaiter ».
252. — Dans un article du Gids intitulé : Hedendaegsche geschiedschrijvers, Lam-
precht^ LavissCy Pirenne (mai 1907, t. II, p. 319-341), M. T. H. Ctolenbrander
établit une comparaison très intéressante entre ces trois historiens qui jouissent en
ce moment d'une vogue très méritée. — M. Lamprecht, enthousiaste patriote et
représentant des mieux doués de l'Allemagne intellectuelle, a de l'histoire de son
pays une conception profondément géniale, mais très vague dans ses contours et
bien imparfaitement réalisée dans sa Deutsche Gesckichte, Celle-ci est une philoso.
phie de l'histoire où les faits ne prennent que tout juste la place nécessaire pour
étayer et illustrer sa théorie. L'œuvre est très inégale et pour les détails souvent
erronée. Ce qui n'empéwhe que Lamprecht a complètement renouvelé l'histoire de
rAllemagne par les problèmes qu'il soulève et la manière dont il les pose. —
A l'autre pôle, M. Lavisse est purement descriptif; mais il a une conception claire
et bien précise de l'œuvre à réaliser; dans un cadre nettement délimité, il présente
les faits avec beaucoup d'exactitude et la plus rigoureuse impartialité. Son Histoire
de France est un modèle de composition. — Entre ces deux extrêmes, M. Pirenne
est philosophe peut-être moins profond que Lamprecht, écrivain peut-être moins
brillant que Lavisse ; mais, apparenté à ces deux esprits dissemblables et profitant
des meilleures qualités de l'un et de l'autre, il constitue un historien vraiment
original et mieux accompli que chacun d'eux.
Nous ne discuterons ni dans ses considérants ni dans sa conclusion la valeur de
cette courte étude comparative, aimant mieux dire que tous les trois, bien que pour
des motifs divers, nous les confondons en une commune et très haute estime.
E. V. d. M.
253. — Ernest Gossart, Espagnols et Flamands au XVI' siècle, La domination
Espagnole dans les Pays-Bas à la fin du règne de Philippe II, Bruxelles,
Lamertin. 1906, vin-3o3 pp. 4 fr.
Ce volume fait suite à celui que l'auteur a public, en 1903, sur les origines de la
révolution du xvi« siècle dans ses rapports avec la politique générale : Espagnols
et Flamands au XVI* siècle, L'Établissement du régime espagnol dans les
Pays-Bas et l'Insurrection. Le premier correspond à l'apogée de la puissance
extérieure de l'Espagne ; le second, au déclin de cette suprématie transmise par
Charles-Quint à Philippe II et dont le maintien était subordonné à la possession
des Pays-Bas. C'est la nécessité de conserver ces provinces qui explique surtout
les moyens violents employés pour étouffer le mouvement insurrectionnel ;
c'est la raison de l'efifort colossal fait pour réduire celles du Nord après leur sépa-
ration, en 1579.
Impuissant à soumettre le prince d'Orange par la force des armes, le roi
d'Espagne met sa tête à prix : l'assassinat du Taciturne ne ramène pas une seule
ville à l'obéissance. Philippe II cherche alors à reconquérir les Provinces-Unies
par le moyen de l'action à l'étranger. Dès ce moment, l'histoire des Pays-Bas est
très étroitement mêlée à celle de l'Invincible Armada et des expéditions d'Alexandre
Farnèse en France, vastes entreprises qui échouent : les dépenses énormes qu'el. es
occasionnent ne servent qu'à épuiser l'Espagne, à affaiblir sa situation au nord de
l'Europe, à lui faire perdre le rang de puissarvce prépondérante.
Un dernier moyen imaginé pour soumettre les provinces séparées de la généralité,
la cession des Pays-Bas aux archiducs, échoue comme les autres. L auteur montre
que cette cession ne constitue pas, en réiliic, d'interruption dans l'histoire de la
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 287
domination étrangère qui fait Tobiet des deux volumes : Espagnols et Flamands
au XV h siècle.
Le second volume comprend dix chapitres, dont voici les titres : I. Tentative de
conciliation après la Terreur. — II. La Pacification de Gand et TÉdit perpétuel. —
m. Anarchie. — IV. Séparation des provinces du Nord. — V. Assassinat du prince
d'Orange. — VI, LTnvincible Armada. — VII. Expéditions en France. — VIII. Ces-
sion des Pays-Bas aux archiducs. — IX. Les provinces obéissantes à la (in du
xTi* siècle. — X. Philippe II souverain des Pays-Bas.
154. — Achille liUChaire, Innocent III, La Question d'Orient^ Paris, Hachette,
1907. Un vol. in-16, broché. 3 fr. 5o.
Ces études sur Innocent III, où revit, avec sa physionomie vraie et dans son cadre
authentique, la personnalité puissante qui a fondé la domination politique et terri-
toriale des papes, ont une portée qui dépasse celle d*une simple biographie. Sous
une forme concrète et vivante, on y trouve posées et discutées toutes les grandes
questions qui ont passionné le moyen âge.
Hier, il s'agissait de la création du pouvoir temporel du Saint-Siège en Italie, de
la querelle du Sacerdoce et de l'Kmpire, c'est-à-dire du conflit du pouvoir religieux
et du pouvoir civil.
Au)0urd'hui, dans ce quatrième volume, il est traité de la croisade et de faction
de l'Occident sur TOrient Les rapports de Rome avec les chrétiens de Syrie et les
Grecs de Byzance, la quat(ième croisade et la fondation de l'empire latin, les efforts
de la papauté pour ramener à elle l'Église grecque et unifier les deux grandes
fractions du christianisme, tel est le spectacle émouvant et varié auquel nous convie
l'historien.
Par l'intérêt du récit, l'importance des aperçus, l'impartialité des jugements, ce
nouvel ouvrage trouvera sans aucun doute, auprès des savants et du public instruit,
l'accueil favorable qui a fait le succès des trois précédents.
255. — Le Schilderboeck de K. Van Mander constitue une des sources principales
de l'histoire de nos anciens peintres. Il est pour la peinture flamande ce que Vasari
est pour les Ecoles italiennes. En 1884, M. Hymans en publia une traduction
française, accompagnée de notes précieuses. M. Fioerke vient d'en faire paraître
une traduction en allemand a'après l'édition de 1617 : Das Leben der Niederlàn-
dischen und Deutschen Maler von Carel Van Mander. Munich, G. Muller, 1906.
2voL i5 tr. Cette traduction présente sur celle de M. Hymans le grand avantage
que M. Fioerke a publié le texte original à côté de la traduction, que l'on peut donc
toujours contrôler. Les notes sont courtes et généralement cxactes.mais s'appuient
trop exclusivement sur celles de H. Hymans. M. Fioerke semble ne pas connaître
divers écrits parus depuis 1884. Je signalerai : Grève, De bronnen van Carel van
Mander (La Haye, igoS); Jacobsen, Carel van Mander (Rotterdam, 1906; et
surtout L. Pleitinck. ^tudièn over het leven en de werken van Karel van Mander^
dichter^ schilder en kunstgeschiedschrijver ^ dont la 3« édition a paru à Gand chez
Siffcr en 1893. Adolf De Ceuleneer.
1^). — Abbé Li. Rouzic, Essai sur V amitié. Lethielleux, 22, rue Cassette, Paris,
1907. 340 pp. in 12. 2 tr.
Cet élégant petit volume nous donne sur cet aimable sujet tout ce qui a été dit de
meilleur. Il y a dans ccs pages quelque cnose de la sérénité des dialogues antiques,
avec je ne sais quoi de plts profond, de plus austère et de plus fort qui vient du
christianisme.
^88 LE MUSÉE BELGE.
Les anciens ont fort bien parlé de ramitié; ils l'ont moins bien pratiquée et saint
Augustin, qui avait feuilleté tous les ouvrages des grands écrivains, refusait, nous
dit M. Rouzic, d^adnnettre l'existence de la véritable amitié dans Tantiquité. Le foit
est que si les anciens ont bien vu que l'amitié a pour fondement la vertu, seul le
christianisme lui a assuré cette base. Un écrivain moderne, un écrivain catholique,
un prêtre, traitant ce sujet, a donc devant lui une matière infiniment plus relevée et
plus solide qu'Aristote ou Cicéron ; et s*il écrit pour la jeunesse, comme c'est le cas
de notre auteur, il donnera des conseils d*une portée bien supérieure à ceux des
moralistes anciens. On le voit bien en lisant Topuscule exquis où M. Tabbé Rouzic
réunit et commente ce qui a été dit de plus délicat sur Tamitié, mais en éclairant ses
commentaires à la lumière de TÉvangile : que de bonnes lectures il offre aux jeunes
gens!
Nature, conditions, vie, trésors, histoire, durée et transformation de ramitié :
tout ce qu'on peut dire sur le sujet se trouve réuni dans ce livre. Puisse-t-il multi-
plier le nombre des vrais amis !
257. — Graston Paris, Newman, Grammaire de V Assentiment, Traduction
française, Bloud, 4, rue Madame, Paris, 1907. 6 frs. (Collection Études de Philo*
Sophie et de Critique religieuse).
On sait la place que la Grammaire de l'Assentiment occupe au centre de l'œuvre
de Newman et que toute la philosophie religieuse de Tauteur y est incluse. Cepen-
dant ce monument de la pensée du maître d'Oxford était, jusqu'à présent, demeuré
inaccessible aux lecteurs français, car il n'a été publié en langue française aucune
traduction de la Grammaire, Les extraits que M. Henri Bremond en a donnés sous
le titre de q Psychologie de la Foi » en les éclaircissant par des passages empruntés
aux autres livres de Newman, ne devaient constituer, dans Tesprit même de
l'auteur, qu'un instrument d'initiation et avaient pour but essentiel de préparer les
lecteurs à l'œuvre intégrale qu'il n'est guère facile d'aborder ex abrupto^ si l'on n'est
point familiarisé avec la terminologie spéciale du célèbre oratorien. Désormais
il sera facile à tous d'entreprendre l'étude de celte « Somme » des îemps modernes,
ou, mieux peut-être, de ce nouveau « discours de la méthode » tout imprégné de
christianisme, car la Grammaire est moins un exposé systématique qu'une peinture
des démarches de l'esprit dans la recherche de la vérité. Et ce ne sera pas non plus
un des moindres mérites de cette publication que de nous mettre en contact direct
avec le texte même de Newman et de nous aider à dirimer le conflit qui s'est naguère
élevé entre les newmanistes français les plus autorisés et les ennemis plus ou moins
déguisés de Newman. On y verra que les interprêtes français de Newman n'ont
point dénaturé la pensée du Maître et que c'est à bon droit que le public et la
critique indépendante ont rendu justice à la rare pénétration de leurs aperçus.
258. — Paul Bureau. La Crise morale des temps nouveaux. Préface de M. Alfred
Croiset, Membre de l'Institut, Doyen de la Faculté des Lettres de l'Université de
Paris. Bloud et D«, 4, rue Madame, Paris, 1907. i vol. de 480 pp. 4 fr. (Collection
Études de morale et de sociologie).
Le problème moral est si vaste et si complexe qu'il est toujours possible de l'en-
visager d'un point de vue nouveau. C'est ce que vient de faire M. Paul Bureau,
professeur à la Faculté libre de Droit de Paris et à l'École des Hautes Etudes
sociales ; dans un ouvrage où il s'est délibérément confiné sur le terrain social, se
bornant à une analyse méthodique des pht nomènes sociaux.
Les deux premières parties sont consacrées à l'étude objective des maladies
morales et de leurs causes : on présente « le bilan de l'immoralité » et on recherche
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 289
les responsabilités qui incombent aux « enfants de Tesprit nouveau » et aux ce enfants
de la tradition ».
Dans la troisième partie, Tauteur se livre à un examen critique de la morale
évolutionniste et de la morale de la solidarité, et il démontre que la solidarité, loin
de pouvoir être le fondement de notre vie morale, est au contraire l'auxiliaire dévoué
de nos désertions et de nos lâchetés.
Enfin. M. Paul Bureau demande au fait social lui-même de nous indiquer dans
quelle direction peut être trouvée la solution cherchée, et le portrait du «bon
dtojen de la cité moderne n n'est pas un des chapitres les moins attachants de son
livre. D'après son témoignage, le sentiment religieux est nécessaire à l'homme pour
le décider à vivre socialement,
GHRONIQUS.
aSg. — La seconde partie des Tebtunis Papyri^ édités par P. P. GrenfeU et
A. 8. Hnnt, avec le concours d'B. J. Goodspeed, de Chicago paraîtra incessam-
ment chez H. Frowde à Londres. La première partie, contenant les papyrus qui
proviennent des momies de crocodiles, a été publiée en 1902 ; le nouveau volume
renfermera les papyrus trouvés dans les maisons d'Umm-el-Baragât (Pancienne
Teptynis) ; la plupart appartiennent aux trois premiers siècles de notre ère. Il y a
on texte littéraire important : un fragment du texte grec perdu de Dictys de Crète.
D'autres papyrus jettent une nouvelle lumière sur les relations des temples avec
rÉtat à l'époque romaine et sur les taxes. On se rappelle que les fouilles ont été
entreprises au nom de l'Université de Californie au moyen des fonds fournis par
Mn. Phoebe A. Hearst.
260. — A Arlon. Importantes découvertes archéologiques.
Au mois de juin, on a déblayé des terrains situés entre les ateliers du chemin de
fer et Tancien cimetière d*Arlon, pour agrandir les voies de garage des marchan-
dises. Les ouvriers ont découvert de nombreux squelettes avec des monnaies du
IV* siècle principalement au type de l'empereur Constantin.
Une découverte beaucoup plus importante a été faite. Il s*agit de bains romains,
qui s^étendaient sous Tancien cimetière. On a déblayé une salle complète, de forme
rectangulaire ou d*un double rectangle dont le plus grand est posé dans le plus petit
et ménage des entrées des deux côtés allongés.
Cette piscine est parfaitement dallée et les parois sont couvertes d*un ciment
romain composé de brique pilée et de gravier très fin. Dans le fond se trouve encore
scellé dans la maçonnerie un gros tuyau de plomb d'environ dix centimètres de dia-
mètre, orné d*une embouchure en cuivre par lequel on vidait le bassin quand il
fillait renouveler Teau. Il faudrait savoir s*il s*agit de bains publics ou privés.
En soulevant Tune des dalles, on a remarqué quUl s*y trouvait un bas-relief repré-
sentant un maître d*école, à la mine sévère, qui surveille sa classe, pendant qu'un
écolier lève la main pour écrire au tableau. Le magister porte le manteau, muni
du capuchon gaulois (bardocucullus).
Ces dalles, d*un grain très fin, dont le dessus est poli comme du marbre, pro-
viennent d'un monument funéraire, qui a été scié en tranches pour faire des carrés
parfaits, monument du i^^" ou du ii« siècle, comme toutes ces nombreuses pierres
tombales trouvées au xvi^, au xvii* et au xix* siècles dans les remparts d' Arlon, et
employé au iv« siècle pour construire cet établissement de bains. On a trouvé des
fragments importants de l'inscription des thermes, ainsi que d'autres bas-reliefs
plus anciens placés dans les murs de cette construction.
290 LE MUSEE BELGE.
261. — Académie royale de Belgique, — Classe des lettres et des sciences morales
et politiques» — Programme pour le concours annuel de içio.
Section d'histoire et des lettres.
Première question ; Les classes rurales et le régime agraire aux xiv«, xv* et
xvi^ siècles, dans l'une des principautés des Pays-Bas méridionaux.
Deuxième question : Étudier la légende de Godefroi de Bouillon, ses origines et
son développement littéraire.
Troisième question : On demande une étude critique sur les sources de l'histoire
de la Flandre ou du Brabant.
Quatrième question : On demande une étude sur Zuster Hadewyck.
Cinquième question : Recueillir dans les papyrus et les ostraka grecs les termes
techniques relatifs aux institutions politiques et administratives de TEgypte romaine
et en donner l'explication.
Sixième question : Étudier Tart provincial qui s'est développé dans le nord de la
Gaule à l'époque romaine.
Section des sciences morales et politiques.
Première question : Étudier et classer les causes de guerre dans l'histoire moderne
et contemporaine. Distinguer notamment les causes qui peuvent être légitimes et
celles qui sont contraires à la justice ou au droit des gens.
Deuxième question : On demande une étude sur les ententes internationales rela-
tives aux conditions du travail, et spécialement les traités de travail.
Troisième question : On demande une étude sur la question de la déclaration de
guerre.
Quatrième question : Faire une étude critique des « Premiers principes » de
Spencer, en tenant compte de l'application qu'il en a faite dans ses autres ouvrages.
Cinquième question : On demande de nouvelles recherches sur le texte, la compo-
sition et le plan de la métaphysique d'Aristote.
Prix Joseph Gantrelle fondé pour la philologie classique.
Dixième période (délai : 3i décembre 1910).
La légion romaine, son histoire et son organisation.
N. B. On ne demande pas une série de monographies sur les légions romaines,
mais une étude d'ensemble faisant ressortir le rôle que la légion romaine a joué
dans la conquête du monde et dans la conservation de l'Empire.
Nous avons publié le nouveau règlement des concours de l'Académie ci -dessus,
p. 244. Les prix du concours annuel sont de 800 frs ; le prix Gantrelle est de 3ooo frs.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 29 1
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
L'ENSEIGNEMENT MOYEN A L'ÉTRANGER
par F. COLLARD, professeur à TUniversiié de Louvain.
(Suite.)
L'histoire est enseignée plus d'une fois au moyen de cours concen-
triques. Quant à l'histoire de la .Suisse, elle fait Tobjet d'un cours
annuel particulier, ou bien d'heures spéciales à côté de l'histoire
générale, ou bien encore elle est rattachée à l'histoire générale.
Il arrive qu on enseigne aussi les institutions politiques de la Suisse
ou l'histoire de l'art ou l'histoire de la civilisation.
Exceptionnellement, on lit des sources, par exemple à Lucerne, où
l'on peut même à cet effet distraire une heure de l'enseignement de
Tallemand.
Le nombre d'heures varie entre 14 (Schaflhouse) et 23 (Bâle) ;
d'ordinaire, c'est 18 ou 17.
Les cours concentriques sont également en usage en géographie.
Dans certaines localités, la géographie est rattachée à l'histoire.
La philosophie figure dans plus d'un programme, par exemple à
Schaflhouse et à Frauenfeld (2 heures), à Genève et à Lausanne
(3 heures), à Ncuchâtel (4 heures), à Solothurn (5 heures) et à Lucerne
(8 heures). Le programme de Lucerne est fort étendu, on le conçoit :
encyclopédie, psychologie, logique, morale, droit naturel, métaphy-
sique générale et spéciale ; ailleurs, on est plus modeste.
La diction figure au programme de Genève.
L'enseignement des sciences naturelles est fort diversement organisé.
Tantôt, on le trouve dès la première année, comme à Coire, Genève,
Zurich, Ncuchâtel et SchafRiousç ; tantôt, la seconde année, comme
a Frauenfeld et à Saint-Gall ; tantôt la troisième année, comme à
Berne et à Zug, tantôt la cinquième année, comme à Lucerne. Parfois
l'enseignement est interrompu pendant un an, par exemple à Genève
et à Zurich, après deux années, ou à Frauenfeld, après une année.
A Neuchâtel, l'interruption est même de deux années.
Le nombre d'heures varie : 4 (Schaffhouse), 6 (Lausanne), 8 (Genève
et Frauenfeld), 9 (Zurich), 10 (Lucerne, Coire et Berne), 1 1 (Neuchâtel),
voire même i3 (Saint-Gall et Solothurn). D'ordinaire, il y a, en plus,
4 heures de chimie, parfois 3 (Saint-Gall) ou 2 (Lausanne). La phy-
sique a généralement 6 heures, une fois 6 1/2 (Zurich), ou 8 (Lucerne),
ou 9 (Zug), deux fois 5 (Genève et Solothurn), voire même 2 (Lausanne).
Les mathématiques ont un chiffre assez uniforme : 26. En dessous,
je trouve Zurich, avec 25 1/2 ; Frauenfeld et Zug avec 23, Schaffhouse
292 LE MUSÉB BBLGB.
avec 19; au-dessus Saint-Gall avec 27, Bâle avec 29, Neuchâtel^avec
33 et Berne avec 43.
Généralement» la première année, on consacre 4 heures aux mathé-
matiques ; exceptionnellement, 5 (Berne et Zurich) ou 6 (Saint-Gall).
La géométrie est au programme de la première année à Genève et k
Zurich (1 heure), à Saint-Gall et à SchafFbouse (2 heures), à^Solo-
thum (3 heures) ; au programme de la seconde année, à NeuchâteU
Lucerne, Frauenfeld, Winterthur ; à celui de la troisième année, à
Zug et à Bâle ; de la quatrième, à Berne (3 heures), de la cinquième,
k Lausanne (2 heures).
La géométrie, enseignée dès la première année, est présentée souvent
selon la méthode intuitive ou réduite à des éléments.
De ces considérations générales, passons en revue quelques établis-
sements.
|0 AARAU
Il y a dans le canton d'Argovie des écoles de district qui préparent
au gymnase cantonal d'Aarau. Le gymnase cantonal a 4 ans d*études ;
les écoles de district ont également 4 classes. Dans les écoles du district,.
le latin, le grec, Tanglais et Titalien sont facultatifs. Le latin s'enseigne,
à partir de la II« classe, 5 à 6 heures, puis 5 et 5 heures; le grec,
seulement à partir de la IV®, 5 à 6 heures.
20 BALE
Le gymnase se divise en gymnase inférieur (4 années) et en gymnase
supérieur (4 années). Toutes les leçons sont obligatoires, à Texception-
de la religion, et, dans le gymnase inférieur, du grec pour les élèves
qui n'ont pas l'intention de fréquenter le gymnase supérieur. Le grec
est alors remplacé par l'anglais ou d'autres leçons supplémentaires.
Le latin a 7, 7, 8, 8, 8, 8, 8 et 7 heures ; le grec, dans la dernière
classe du gymnase inférieur, 6 heures, puis dans les 4 classes d\Jt
gymnase supérieur 6 heures ; l'allemand 4, 3, 3, 2, 3, 3, 3, 3 heures ;
le français, à partir de la II« classe, 5, 5, 3 heures, puis 3 heures dans^
les 4 classes du gymnase supérieur.
Les auteurs latins sont : Cornélius Népos, César, un Tirociniunty
Tite-Live, Ovide, Virgile, Cicéron, (Catilinaires, Deimp. Cn. Pomp.^.
PhilippiqueSf de bfficiis)^ Horace et Tacite.
Les auteurs grecs sont : Xénophon, Anabase^ Memorabilia^
Homère, Odyssée et Iliade, Lysias, Hérodote, Sophocle, Démos-
thène, Platon, Apologie.
/
PARTIE PÉDAGi>GIQU£. açj
3<^ BERNE
Le g3rinnase communal de Berne se compose de 4 groupes : un
progymnase, qui sert de base commune aux trois autres sections,
savoir : une école de commerce, une école réale et une école littéraire.
Le progymnase a 4 classes, et Técole littéraire, 5, dont la dernière de
six mois seulement. La durée des études gyrtinasiales complètes est
ainsi de 8 1/2. Dans le progymnase, le latin est facultatif, ainsi que
l'anglais; dans Tëcole littéraire, le grec, l'hébreu, l'anglais et l'italien
sont facultatifs.
Les auteurs latins sont : César, Tite-Live, Ovide, Salluste, Cicéron,
(in Verrem /F, de amicitia, de senectute)^ Virgile (Enéide). Horace,
Tacite. Les auteurs grecs sont Xénophon (Anabase et Helléniques)^
Homère (Odyssée et Iliade)^ Hérodote, Thucydide, Sophocle, Platon
(Gorgias).
40 COIRE
Coire possède, entre autres établissements, un progymnase (2 années)
et un gymnase (5 années). Au progymnase, les élèves apprennent le
latin. Au gymnase, le grec est facultatif. Les élèves qui étudient le
grec, apprennent le français dès la IV«.
Les élèves qui ne suivent pas les leçons de grec, apprennent deux
langues étrangères. Ils commencent Tétude de ces langues en III® et
ils y ont le choix entre l'italien et le français. En IV«, ils abordent la
seconde langue étrangère et peuvent choisir entre le français et
l'anglais.
Les élèves de langue italienne peuvent opter entre le cours de langue
moderne organisé pour toute la classe ou un cours spécial de langue
maternelle.
L'enseignement de la grammaire latine prend trois années ; puis on
la répète et on lapprofondît. Dans toutes les classes, on se sert des
exercices d'Ostermann- Millier. Dans les deux dernières, on donne des
notions d'histoire littéraire. Les auteurs sont : César et Phèdre
(en II I«); César, Salluste, Catilina, et Ovide (en IV*); Tite-Live,
Ovide, Salluste, Catilina, Virgile, Enéide (en V«) ; Cicéron, de
imperio Cn. Pompei et Catilinaires, I, III et IV; Virgile, Enéide;
Horace, Odes et Épodes (en VI«); Cicéron, de senectute, Tacite,
Germania, Virgile, Enéide, Horace, Satires et Épîtres, en VI I®.
L'enseignement de la grammaire grecque prend quatre années ; on
voit, en deux ans, la lexigraphie et les éléments de la syntaxe ; on
consacre ensuite une année à la théorie des cas, et également une
294 LE MUSÉE BELGE.
année à la théorie des temps et des modes ; la dernière année, on répèle
la syntaxe. Des exercices écrits, se rattachant à la lecture des textes,
^e font dans toutes les classes : c*est du moins la prescription du règle-
ment ; car, dans le programme, il n'en est plus question pour les deur
dernières classes. Dans les deux dernières années, on donne des
notions d'histoire littéraire.
Les auteurs grecs sont : Xénophon, Anabase (en IV«) ; Homère,
Odyssée, Wilamowiiz-MôUendorf (Esope, Lucien et Platon (en V') ;
Xénophon, Anabase, Hérodote, Odyssée (en VI«); Lysias, Platon,
Apologie et Criton, Homère. Odyssée^ Euripide, Médée; lecture
^ursive des Helléniques (en VII«).
Au progymnase, on voit Thistoire de la Suisse en tenant compte
des parties de Thisloire universelle qui sont nécessaires pour la com-
prendre. Au gymnase, on voit successivement, en quatre ans, Thistoire
de l'antiquité et du moyen âge, l'histoire moderne et contemporaine ;
on étudie enfin l'histoire pragmatique depuis les Grecs et les Romains.
50 FRAUENFELD
Le gymnase de Frauenfeld a 7 classes. L'âge d'admission est 12 ans
accomplis avant le i" avril de Tannée. Le grec est facultatif depuis
Tannée scolaire 1 905-1906. Les élèves qui ne le suivent pas, le rem-
placent de la façon suivante : en III®, deux heures d'allemand, une
heure de français et trois heures de calcul ; en IV'«, trois heures
d'anglais, deux heures d'allemand (lecture d'Homère), et deux heures
de dessin en hiver ; en V«, trois heures d'anglais et trois heures d'ita-
lien ; en VI«. trois heures d'anglais et trois heures d'italien ; en VI I«,
trois heures d'anglais, deux heures d'italien et une heure d'allemand
{lecture de traductions de tragiques grecs). A l'examen de maturité,
les élèves qui ne présentent pas le grec, doivent être interrogés sur
Tanglais.
Les auteurs latins sont, en III*, Cornélius Népos et César; en IV*,
César, Tite-Live, Phèdre et Ovide (Siebelis, Tirocinium poeticum) ;
en V«, Tite-Live, Salluste, Catilina, Siebelis, Tirocinium^ quelques
passages ; Virgile, Enéide; en VI«, Cicéron, Catilinaires, 1, II et IV;
pro Archia; lettres choisies; Horace, Odes et Epodes; en VII«,
Tacite, Annales, Cicéron, pro Ligario ; Horace, Satires et Epîtres ;
Catulle, Tibulle, Properce et Ovide (extraits).
Les auteurs grecs sont, en IV^, Xénophon, Anabase; en Vs
Homère, Odyssée^ Xénophon, Anabase, Lysias; en VI«, Sophocle,
Antigone, Platon, Criton, Homère, Odyssée et Iliade; en VII«,
Démosthène, i^e Philippique et 3* Olynthienne, Thucydide. En VI«
et en VII®, il y a quatre heures communes aux deux classes.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 296
60 FRIBOURG
Le collège Saint-Michel comprend, entre entres, un gymnase litté-
raire français de six années d'étude, auquel fait suite un lycée de deux
ans ; en outre, une section à l'usage des élèves de nationalité française,
organisée daprès les programmes officiels de la France. Dans le
gymnase, on enseigne le latin, à partir de la !»"«, g heures, puis 8, 6,
5. 6, 6, heures; le grec, à partir de la II« classe, i heure, puis 5, 5, 5,
5 heures ; le français, 6 heures, puis 5, 4, 4, 4, 4 heures ; l'allemand,
2 heures, puis 4, 3, 3, 3, 3 heures.
70 GENÈVE (1)
Le collège de Genève comprend deux groupes superposés. Le
premier, qui fait suite à la 3** année de l'école primaire, et dans lequel
on entre à Tâge de 12 ans, comprend trois ans d'études. Le second
groupe, dans lequel on entre à Tâge de i5 ans, comprend quatre
sections parallèles, de 4 années chacune : la section classique, la
section réale, la section technique et la section pédagogique.
Le cycle des études secondaires est donc de 7 ans d'études.
Dans la division inférieure (3 années), le français comprend 5 heures
par semaine, le latin 6 heures, lallemand 4 heures ; les mathématiques
également 4 heures ; les sciences physiques et naturelles 2 heures. Le
nombre d*heures hebdomadaires de ces trois classes est de 3i.
Dans la division supérieure, section classique, le français comprend
3 heures pendant les 4 ans : le latin 7 heures pendant 2 ans, puis
6 heures pendant les 2 dernières années ; le grec, qui est obligatoire,
comprend 7 heures pendant la première année^ puis 6 pendant les
3 dernières ; l'allemand 3 heures pendant 4 ans ; les mathématiques,
4 pendant 2 ans, puis 3 pendant 2 ans également ; les sciences natu-
relles 2 heures en 3« et en 2« année ; la physique 2 heures en 3« et
4« année.
Le nombre d'heures hebdomadaires est le suivant: en IV*, in«
€t II« classes. 33 heures, et en !''«, 32 heures.
Le latin commence donc en 7*, en sorte que les élèves apprennent
dans cette classe trois langues. On aborde le grec en 4*.
Dans renseignement du latin, Tétude du vocabulaire est prescrite
pendant les trois premières années. Des exercices oraux et écrits
figurent au programme de chaque classe. Dans les deux dernières
classes, on recommande la comparaison de la phrase latine et de la
(1) Cf. Rapport cité, p. 22.
296 LE UUSÉB BELGE.
phrase française au moyen d exercices. On étudie, en seconde* les
institutions romaines (traits essentiels) et, en première, Tbistoire de la
littérature (grandes époques et principaux écrivains). L*étude de la
métrique porte sur Thexamètre et les mètres d'Horace.
Les auteurs latins sont : en 6«, de Viris et Phèdre ; en 5°, César ,^
de bello gallico, Ovide, Métamorphoses^ Selectae de Heuzet ; en 4«,
Salluste, Catilina ; Cicéron, de Signis, Virgile, Enéide, I à V ; en 3^,
Tite-Live, Cicéron, Pro Roscio i4mermo, Térence, Virgile, Enéide^
VI à XII; en 2*, Cicéron, Lettres; Tite-Live (XXIII à XXV),
Horace, Satires et Êpîtres ; Plaute ; en i^c, Tacite, Annales^ II ;
Cicéron, extraits des Œuvres morales, Horace, Odes, Sénèque,
Lettres à Licilius.
Dans renseignement du grec, on suit les mêmes principes que pour
le latin. L*étude des mots vus dans les lectures est recommandée
pendant trois années. Des exercices oraux et écrits sont prescrits dans
toutes les classes. On étudie, en seconde, les institutions grecques^
(traits essentiels) et, en première, l'histoire de la littérature (grandes
époques et principaux écrivains).
Les auteurs grecs sont : en 3«, Xénophon, Anabase, Homère,
Odyssée, l à XII, Lucien, Dialogues des morts; en 2% Homère,
Odyssée^ I à XII, Euripide, Alceste, Hérodote; en i'«, Homère,
Iliade^ I à XII ; Sophocle, Œdipe-roi, Plutarque, Hommes illustres.
g** LAUSANNE
Le collège cantonal comprend 6 classes auxquelles viennent
s'ajouter deux années de gymnase classique, ce qui fait un cycle
de 8 années d*études. Lenseignement du latin est réparti comme
suit : 9, 7, 7, 6, 6, 6 heures ; celui du grec commence en 5« avec
5 heures, puis 5, 4, 4, 4. Il est fait une place importante au français :
8, 5, 5, 5, 5, 5 heures. Quant aux mathématiques, elles sont repré-
sentées par 3 heures pendant les 4 premières années et 4 pendant tes
deux dernières. Il n*y a qu*une heure de sciences naturelles pendant
la dernière année. Enfin il n*y a pas de leçons d'anglais ou d'italien.
En VI«, V« et IV«, on étudie la mythologie de Humbert ; en 111%
II« et I«, les antiquités romaines et grecques, c'est-à-dire ce qui est
nécessaire pour l'intelligence de la tâche d'interprétation ; en ir«,
quelques chapitres de l'histoire de la littérature latine.
Les auteurs latins sont : César, Phèdre, Ovide, Tite-Live, Cicéron,.
Virgile ; les auteurs grecs, Xénophon, Homère et Lucien.
(1) Cf. Rapport indiqué, p. 21.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 297
Le gymnase classique a deux classes. On trouve, au programme,
l^histoire de la littérature latine et de la littérature grecque ; Virgile,
Horace, Salluste, Tacite, Cicéron {Lettres et Orator) ; — Euripide,
Homère, des extraits des orateurs attiques, Thucydide, Aristophane.
90 NEUCHATEL
Le collège est divisé en 5 classes. Le latin s'apprend à partir de la
seconde année, en IV«, à raison de 5 heures, et dans les trois classes
suivantes, à raison de 6 heures. Dès la première année (en IV^), on
aborde le de Viris. En III«, on interprète Phèdre et César, et Ion lit
cursivement le de Viris. En II«, les auteurs sont César et Ovide,
auxquels s'ajoute la lecture cursive de César. En i", on interprète
Tite-Live et Virgile, et on lit cursivement Salluste et Ovide.
On aborde le grec en IIP : déclinaison et conjugaison simple;
thèmes et versions d'après Kaegi ; en II«, étude complète de la con-
jugaison, revision de la déclinaison, thèmes et versions, interprétation
de Xénophon ; en I'*, revision de la flexion, étude élémentaire de la
syntaxe ; introduction au dialecte homérique ; thèmes et versions ;
interprétation de Xénophon et de TOdyssée.
Le gymnase a trois classes. Dans la classe inférieure ou 111% on
étudie les éléments de littérature; on lit Tite-Live, Virgile (^£'/i^irfe,
Eglogues et Géorgiques) ; Cicéron, Pro Roscio Amerino ; à vue,
Salluste, Catilina, Cicéron, de seneciute. En Il«, on continue les
éléments de littérature ; on voit : Cicéron, de officiis, Horace, odes et
épodes; à domicile, Tite-Live; à vue, Virgile. En If«, les auteurs
sont Horace, Satires^ Tacite, Annales, Plaute, Trinummus; à domi-
cile ou à vue, Virgile, Cicéron, pro Roscio Amerino ; éléments de
littérature et d'antiquités. A noter qu on fait ici des thèmes tirés
d'auteurs français.
Langue grecque : en I1I«, verbes irréguliers et syntaxe ; Homère,
Hérodote, Lysias ; à domicile ou à vue : Xénophon et Homère;
mythologie. En Ih, syntaxe, Platon, Apologie de Socrate; Euripide,
Iphigénie à Aulis; à domicile ou à vue, Xénophon, Homère ; anti-
quités grecques. En I*"*, répétition de la syntaxe, Démosfhène, sur la
paix^ Philippiques ; Sophocle, Ajax; Thucydide ; à vue ou à domi-
cile : Homère, Iliade, et Xénophon, Memorabilia ; antiquités
grecques. Dans les trois classes, on fait des thèmes.
La réorganisation du collège classique est mise à Tétude. On
critique le programme, dans l'ensemble et dans[!les détails, et on croit
• ')ttiVoyc2 le rapport indiqué plus haut.
298 LE MUSÉE BBLGE.
que les méthodes d'enseignement, doivent être réformées : plus d'unité,
plus d'entente, plus de suite, moins de grammaire, moins de thèmes
latins, beaucoup plus de lecture, un enseignement moins formel,
partant plus vivant, voilà ce qu'on y réclame. Comme organisation,
on propose que le collège comprenne : a) deux classes préparatoires
dans lesquelles on attribuera une importance capitale à Tétude de la
langue maternelle ; b) trois classes dans lesquelles on étudiera, à côté
des matières des deux premières classes, le latin et le grec. Cette
dernière branche pourra être remplacée par l'anglais ou l'italien (i).
100 SAINT-GALL
L'école cantonale de Saint-Gall comprend un gymnase, une section
technique, une section commerciale et un séminaire pour renseigne-
ment secondaire.
Le gymnase fait suite au sixième cours de l'école primaire et com-
prend 7 années.
Dans les 4 classes inférieures, toutes les branches sont obligatoires ;
dans les trois dernières, l'hébreu, l'anglais, le dessin, la physique et la
chimie sont facultatifs.
Les élèves de la dernière classe qui suivent la chimie et le labora-
toire, ont deux heures de grec et de latin en moins.
L'enseignement y est réparti comme suit : latin, 7, 6, 6. 6, 6 et
5 heures ; grec, à partir de la III®, 6, 5, 5, 5, 5 heures ; allemand 5»
4, 3, 3, 3. 4, 3 heures ; français, à partir de la II® classe, 5, 5, 3, 3,
2, 3 heures ; anglais, à partir de la V« classe, 2,2,2 heures ; mathé-
matiques, 6, 4, 4, 4, 3, 3. 3 heures ; histoire naturelle, à partir de la
II« classe, 3, 3, 3, 2 heures; pas de leçons en 4®, puis 2 heures en VU® ;
physique, à partir de la IV*", 3, 3 et 1 heure facultative en VI 1<^ classe;
chimie, 3 heures en VI*-*, 3 heures en VII«; en outre, 5 heures de
laboratoire ; cosmographie, 2 heures en VI® classe.
La lecture cursive est en usage pour le latin et le grec. En VI®, on
prescrit un coup d'oeil sur le développement de l'éloquence chez les
Grecs ; en Vil®, sur l'histoire chez les Grecs et sur le drame grec ; en
VII®, une courte esquisse de la littérature latine et une répétition
synthétique des chapitres importants des antiquités romaines.
ix^ Zurich
L'école cantonale de Zurich comprend trois sections : le gymnase,
recelé industrielle et l'école de commerce.
Le gymnase de Zurich était divise en deux groupes : un progym-
nase avec 4 classes et un gymnase avec 3 classes, dont la dernière
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 299
d*une demi année en été. Le cycle des années comprenait donc
6 1/2 années. A partir du mois de mai 1906, une modification impor-
tante est survenue : les 2 classes inférieures* du progymnase sont
devenues classes préparatoires de deux écoles nouvelles comprenant
chacune 4 1/2 années d'études : un gymnase littéraire, qui correspond
à l'ancien gymnase, et un gymnase réal, un établissement nouveau.
L'âge d'admission dans la classe inférieure du progymnase est
de 12 ans révolus.
Voici quelques détails sur la répartition des heures : latin 10 heures
et 8 heures dans le gymnase inférieur ; dans le gymnase, littéraire,
6» 7» 6, 6, 7 heures ; dans le gymnase réal 6, 4, 4, 4, 4 heures ; grec,
seulement dans le gymnase littéraire, 7, 7, 6, 6, 7 heures ; allemand,
dans le gymnase inférieur, 4 et 4 heures ; dans le gymnase httéraire,
3, 3, 4, 4, 3 heures ; dans le gymnase réal, 3, 3, 4, 4, 3 heures ;
français, seulement dans les deux gymnases, dans le gymnase litté-
raire 6, 6, 3, 3, 3 heures ; dans le gymnase réal, 5, 4, 5, 4, 4 heures ;
anglais, dans le gymnase littéraire, obligatoire pour ceux qui ne
prennent pas le grec, à raison de 3 h. dans les 4 dernières classes,
dans le gymnase réal obligatoire, à raison de 4 h. en 1V«, puis
3. 3, 3 heures.
En latin, après César et Ovide, on lit, dans les classes V-VII, les
auteurs qui sont particulièrement importants pour la connaissance de
la civilisation antique, Cicéron, Salluste, Tite-Live, Tacite, Virgile,
Horace et d'autres lyriques. Le choix de ces auteurs pour chaque
classe se fait dans la conférence des professeurs.
Pour le grec, après Xénophon et Hérodote, on fait lire, dans les
classes V-VII, Thucydide, Platon, Homère, Sophocle, Euripide,
Lysias, Démosthène, Lucien et des chrestomathies.
(A suivre»)
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COLLARD, professeur à TUniversité de Louvain.
(Suite,)
28. Le père Bridaine,
L'un des prédicateurs /«• plus populaires qui soient montés dans
la chaire chrétienne, l'iin des plus puissants orateurs que nous ayons
eus, cest le père Bridaine, qui naquit en mil sept cent un. Quelques
sujets qu'il ait traités, son auditoire Ta toujours trouvé bizarre, inégal,
audacieux, mais sublime dans son éloquence. Il eut de bonne heure
300 LE lfUSé£ BELGE.
la vocation d*un véritable missionnaire ; il n'avait reçu que le
diaconat, et ses supérieurs l'envoyèrent prêcher dans toutes les
provinces de la France, surtout dans les campagnes. QudU que fût
sa jeunesse, il comptait sur son talent précoce ; mais ce jeune ecclé-
siastique, qui n'avait pas d'antécédents, éloigna d'abord les auditeurs,
qui se seraient imaginé perdre leur temps en venant l'écouter, lors-
qu'un jour, saisi d'une inspiration subite, Bridaine sort de l'élise,
armé d'une clochette qu'il agite avec force. La foule accourt avec des
huées. L'orateur commence son discours : il parle de la mort dans
un langage effrayant, mais solennel ; les rires ont cessé, l'inquiétude
y a succédé, la terreur s'est mêlée à l'admiration, et chactm se retire
ému, pénétré et plein de conviction. Cet homme n^a pas fait moins
de deux cent cinquante missions dans sa vie.
(Dictées normales,)
Faites les remarques syntaxiques auxquelles donnent lieu les mots italiques.
29. Les saurs de charité.
Une des plus utiles institutions religieuses qui aient été créées, la
plus noble qui ait existé, c'est, sans contredit, celle des sœurs de la
charité, dont l'établissement date de Tan i633. C'est à saint Vincent
de Paul, ce modèle de la charité chrétienne, que nous devons l'insti-
tution de ces sœurs. Que d'abnégation ces pieuses filles n'ont-elles
pas montrée dans toutes les épidémies qui ont désolé !a France!
Nous les avons vues se dévouer, lorsque la fièvre jaune s'était
déclarée de la manière la plus intense dans une contrée voisine des
provinces méridionales de la France, et y décimait la population de
Barcelone. Que disje? décimer! Les trois quarts des habitants de
cette malheureuse ville ont péri. Ce n'étaient pas pourtant leurs
compatriotes qui les y appelaient, ces nobles femmes, c'étaient leurs
frères en Jésus-Christ.
Plus tard, quand le choléra-morbus, avec son hideux cortège, vint
jeter l'épouvante et l'effroi dans tous les langs de la société, leur
sollicitude ne connut plus de bornes. Tout effrayants qu'étaient les
symptômes de cette peste, probablement la même que celle qui est
connue dans l'histoire sous le nom de peste noire, et qui ravagea
l'Europe en 1348, quelles qu'en fussent les suites, elles ne se sont
pas laissé ébranler. Le soulagement qu'elles apportent aux douleurs
morales et physiques, est la plus douce récompense qu'elles attendent
de leur abnégation et de leur désintéressement des choses d'ici-bas*
(Dictées normales,)
Donnez trois explications grammaticales.
K. ROTH, Gescbichte der chrlstlîchen BilkaQstaatea (Bulgarien, Serbien.
Rumaaien, Monténégro, Griechenland). Leipzig, Gôschen, 1907. 0 m. 80.
J. SEMBRIA, Dogme, hiérarchie et culte dans rËglise primitive. Trad. de
ritalien par 1 abbé F. Richermoz. Paris, Lethielleuz, 1907.
M. SCHUSTHR, Valerius Catullus, sâmtlicho Dichtungen in deatscher Ueber-
tragung nebst ausfuhrl. Erliiuterungen. Vienne, R. Papanschek (M. Ostrau).
H. USENER. Vortriige uni Aufiiltze. Leipzig, Teubner, 1907. v-259 pp. avec
|x>rtrait. 5 m. ; relié : 6 m.
F. VAN KALKEN, La fin du régime espagnol dans les Pays-Bas. Étude d'his-
toire politique, économ. et sociale. Thèse. Brux., Lebôgue, 1907. 292 pp. 8<*.
K. VELDKAMP, Spreokoefeningen. Groningue. J. B. Wolters. 1907. 1 fi. 40.
L. VBNTLJRf, Tarquinio il Superbo. Saggio di interpretazione délia storia di
Roroi antichissima.'Milano, Pallestrini, 1907. 84 pp. (Bibl. stor.e geogr. n^ 6.)
K. WOLTER, Alfred de Musset im Urteile George Sands. Eine kritische Unter-
suchung aber den historischen Wert von George Sands Roman « Elle et Lui •
Berlin, Weidmann, 1907. 2 m. 40.
i. P. VVALTZIXG, Grammaire latine de G. Landgraf, traduite de Talle-
mand et adaptée au programme dés athénées et collèges belges.
2* édition. Liège» Dessain, 1907.
On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) k M. J. P. Waltzing, professeur
à VUniversiU de Liège, 9, rue du Pare, Uége.
Les articles destinés à la partie pédagogique doivent être adressés à M. F. CSoUard,
profeiseur à l'Université de Louvain, rue Léopold, 22, Louvain,
En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d*abon-
nemment est fixé k 10 (r. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans les autres pays, on
peut s*abonner à la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser à M. Ga. Peeters, libraire, rue de Namur, ^, à Louvain.
Les dix premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 k 480 pages, sont en
vente an prix de 10 fr.
Provisoirement, les oboanés pourront se procurer une
ou plusieurs de ces dix. années au prix de T flr« ttO par
année, le port en sus.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
W. KroU^ L'étude de la philologie classique. Conseils aux étudiants (fin) . 233
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique,
2 18. J, Haverfîeld, The romanization of ihe Roman Brliain (H. Van de Weerd) 260
219, M, Baug, Die Germancn in roemischen Dienst (Le même) . . . 263
220-221. J, Van Wageningen^ Album Terentianum. Scaenica Romana
(J. P. Waltzing) 264
222. C. Lamarre^ Hist. de la littérature latine au temps d'Auguste (Le même) 266
Langues et littératures romanes,
223. E, Souvestre^ Causeries littéraires (G. Doutrepont) 268
224-225. J, Schlaf^ E. Verhaeren. L, Bal^çagette, E. Verhaeren (C. Liégeois) 269
226. F. L. MarcoUf Morceaux choisis (A. Masson) 271
Histoire et géographie.
227. H, Pirenne^ Histoire de Belgique, III (A. Dutron) 272
228. P, Doppler, Schepcnbrieven van het kapittel van Sint-Servaas te Maas-
tricht (H. Nelis) ; .... 274
229. Lespagnol, Cours de géographie (A. De Cculeneer) 276
Art et archéologie,
230. Ausonia. Rivista délia Soc. ital. di arch. e storia deir arte (J. P. W.) . 277
Notices et annonces bibliographiques.
23i-258, Publications de J. Van den Gheyn, A. Mouchard et C. Blanchet,
H. Diels, N, Hohhvein, A, Rivaud, E. Ziebarth, J. Vahlen, Th. Mommsen
(Trad. J. Duquesne), R. Pichon, V. Giraud, A. Marx, J. Rivière, P. de
Labriolle, C. Maréchal, E. Huguet, Th. Delmont, H. Taine, Nagel,
G. Goyau, H. Colenbrander, E. Gossart, A. Luchaire, Floerke, L. Rouzic,
G. Paris, P. Bureau. Xenia Romana 278
CHRONIQUE.
259-261. Les papyrus de Teptynis, IL Découvertes archéologiques à Arlon.
Concours de l'Académie royale (1910). Prix Gantrelle (1910) . . . 289
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
F, Collard^ L'enseignement moyen à l'étranger (suite) 291
Le mâme^ Dictées françaises (suite) 299
r.^îj
Onzième année. — N^» 8.
i5 Octobre 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PEDAGOGIQUE
DU
MUSEE BELGE
REVTTE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLliE SOUS LA DreSCTION DB
F. GOLULHD
PR3FSft&EUR A l'université DB LOUVAiN
J. P. WALTZING
PROFESSEUR A l'uNIVERSITÉ DE UEGB
Pftinirjfint tout les mois, à l'exospUon dss mois d'août et do toplembro
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
20, rue de NAMUR, 20
PARIS I BERLIN
A. FONTEMOING
4, rue Le GoT
R. FRIEDLAENDER ET FILS
CarlstFMfc, II, N. W
COMITE DE REDACTION.
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Bischoff; H., professeur à l*(Jniversité de Liège.
Béthune, Baron F., professeur ii l'Université de Lo.ivain.
Gauchie, A., professeur h i'Cniversilé de Louvain.
Gollard, F., professeur ù rUiiiversilé de Louvain.
De Genleneer, A., professeur à l*Lîniversilé de Gand.
de la Vallée Poussin, L., professeur à TUniversilé de Gand.
t Delescluse, A., chargé de cours à rUniversilé de Li.%T.
Dotttrepont, A., professeur à i*Uuiversité de Uégc.
Doutrepont, G., professeur ù l'Université de Lou>*ain.
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t de Groutars, J., professeur à rUniversité de Louvain.
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Sencie» J , professeur h l'Université de I^ouvain.
Van Houtte, H., professeur à l'Université de Gand.
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"Waltzing. J. P., professeur à l'Université de Liège.
"Willems, J., professeur à l'Université de Liège,
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Secrétaire : J. P. WAIjTZING, 9, rue du Parc, à Liège.
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bibliographique (artich'S, comptes rendus, ouvrages) à M. J P. Waltziag, pro/esseur
à l'Université de Liège, 9, rue du Pare^ Liège.
Les articles destinés h la partie pédagogique doivent être adressés à M. F. GoUard.
professeur à l'Universilé de Louvain, rue Léopold, 22, Louvain.
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nemment est lixô à 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans l'»s autres pays, on
peut s'abonner h la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser h M. Cii. Pej^ters, libraire, rue de Namur, 20, à Louvain.
Ijcs dix premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 à 480 pages ^^nt en
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement, les abonné* pourront se procureur uiio
ou plusieurs de ces dix auu6e« uu prix <le T fr. S»0 finr
nnné», lo pr>rt en sus.
Onzième année. — N<> 8. i5 Octobre 1907.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉIiANGES.
Concours général de l'Enseignement moyen
en 1907.
Rhétorique, Humanités anciennes (section grecque-latine).
Version grecque.
Gouvernement de Pisistrate. — Mesures prises par lui pour empêcher le
dépeuplement de$ campagnes au profit de la ville. — Le a territoire exempt ».
Regeering van Pisistratos. -^ Maatregelen door hem genomen om de ontvolking
van den buiten ten voordeele der stad te verhinderen. — Het a ontslagen grood-
gebied » of de « vrijplaats ».
AiiÙKei ô TTeicrtcrTpaToç ty\v ttôXiv |Li€Tpiu)ç Kai jiiâXXov ttoXitikujç f\
TUpOWlKUÙÇ- Iv T€ jàp TOÎÇ âXXotÇ (piXdvGpWTTOÇ T^V Kttl TTpdOÇ Km TOÎÇ
à|LiapTàvou(Ti (TuTTViwjLioviKÔç, kqI b^ Kai toîç àîrôpoiç TrpO€Î)dv€i2:€ (l)
XPnMûTa TTpôç ràç èpTOCTiaç (2), Oûote biorpéqpcaOai T^uipTOÛvraç.
ToÛTO 5*è7Tofei buoîv xàpxv, ïva mite èv xd» dcTtei bictrpfpwaiv, àXXà
bucmapjLiévoi Kaxà Tf\v x^pav, Kai ônwç eûnopoûvreç tujv jLiexpfwv Kai
TTpôç TOÎÇ ebioxç ôvreç junt' èTnGujLiujm juVire oxoXdZuxTiv èTri^eXeîcrOai
Tiîiv Koivuiv ô^a 5è auv€paiv€v aÙTUj Kai toç Trpoaôbouç (3) TÎTVcaGai
fieiîouç èHepTa2:o|LAévr|ç ttJç x^9^Ç' èirpàrreTO yàp àîrô tujv titvô^€vujv
bcKOTiiv. Aiô Kai Toùç Katà bniiiouç KaTeOKeùacTe biKaoràç Kai aÙTÔç
èJqei TToXXdKiç eîç ttiv xwpav èmaKOTriùv Kai biaXùwv toùç biaqpepOjLié-
vouç, ôiTUJç }i9\ KaxapaîvovTeç efç tô doTu TrapajLieXujm tiûv dxptùv.
ToiauTTiç xdp Tivoç iEôbou tu» TTeiaiarpdTiu xurvo^évriç (TujLiprivai qpacTi
TÔ nepi TÔv èv Tif» 'YinriTTiM T^tupTOÛvra tô KXr|Gèv uOTepov x^Jplov
-dTcXéç. * Ibibv Ydp Tiva èTTi)LieXu)Ç iréTpaç (4) aKdîrrovTa Kai èpTa2:ô|Li€-
302 LE MUSÉB BELGE.
vov, b\à TÔ Gau^daai tôv iraîba (5) èKéXeu6v épéaGai ti TÎTvetai Ik toO
XU)piou' ô y « ôaa KQKà Kai ôbùvai » Iqpr), « Kai toùtujv TTeiaiOtparov
bel Xapeîy Tf|v beKarriv. « '0 jLièv oùv (ïvGpujTTOç àTreKpivaxo aùtôv
drvoOùv, 6 bè TTtiaîorpaToç ncrOeiç bià ttîv TrappncTiav Kai Tr|v q>tXep-
TÎav àreXfj àTrdvrwv éîroiricTev aùtôv. Aristotc, Ath. Poi„ 16.
(1) avancer = leenen, voorschieten.
(2) 8.-€. Tf^ç.
(3) revenus - inkomsten.
(4) sol pierreux = steenachtige grond.
(5) esclare -^ slaaf
Rhétorique. Humanités anciennes (secttofis réunies).
Version latine
Heureux choix de remplacement de Rome. — Rome'sligging uitstekend gekozen.
Urbi locum, quod est ei, qui diuturnam rem publicam serere
conatur, diligentissime providendum , incredibili opportunitate
Romulus delegit. Hoc vir excellenti providentia sensit ac vidit, non
esse opportunissimos situs maritimos urbibus eis, quae ad spem
diuturnitatis conderentur atque imperii. Primum quod essent urbes
maritimae non solum multis periculis oppositae, sed etiam caecis.
Nam terra continens adventus hostium, non modo exspectatos, sed
etiam repentinos multis indiciis et quasi fragore quodam et sonitu
ipso an te dcnuntiat; neque vero quisquam potest hostis advolare
terra, quin eum non modo esse, sed etiam quis, et unde sit, scire
possimus. Maritimus vero ille et navalis hostis antc adesse potest,
quam quisquam venturum esse suspicari queat; nec vero quum
venit, prae se fert aut qui sit aut unde veniat aut etiam quid velit.
£st autem maritimis urbibus etiam quaedam corruptela ac
demutatio morum : admiscentur enim novis sermonibus ac disciplinis,
et importa ntur non merces solum adventitiae, sed etiam mores, ut .
nihil possit in patriis institutis manere integrum. Jam qui incolunt
cas urbes, non haerent in suis sedibus, sed volucri semper spe et
cogitât tone rapîuntur a domo longius; atque etiam quum manent
corpore, animo tamen excurrunt et vagantur.
Sed tamen in his vitiis inest illa magna commoditas : et, quod
ubique gentîum est, ut ad eam urbem , quam incolas, possit
adnate(i), et rursus, ut id quod agri efferant sui, quascumque velint
in terras porta re possint ac mittere.
Qui potuit igitur divinius et utilitates complecti maritimas
i
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3o3
Romulus et vitia vitare quam quod urbem perennis amnis et aequa-
bilis et in mare late influentis posuit in ripa, quo posset urbs et
accipere ex mare, quo egeret, et reddere, quo redundaret ?
Cic, Derep., II, 3.
( i) adnare = arriver par eau, — over zec aangebracht worden.
N. B. 1. — I.C8 élévet ont trois heures pour faire leur travail.
2. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'écriture
laisse à désirer.
3. — La traduction du présent texte peut être rédigée, au choix des concurrents.
en français ou en flamand.
Troisième. Humanités anciennes (section grecque- latine).
Version latine.
Après un roi guerrier, un roi législateur occupe le trône de Rome, — Na eenen
kri|ger stijgt een wetgever op Rome*s troon.
Quibus(i) quum esse praestantem Numam Pompilium fama
ferret , praetermissis suis civibus , regem alienigenam sibi ipse
populus adscivit, eumque ad regnandum , Sabinum hominem,
Romam Curibus (2) accivit. Qui homines Romanos instituto Romuli
bellicis studiis ut vidit incensos, existimavit eos paulum ab illa
consuetudine esse revocandos. Ac primum agros, quos bello Romulus
ceperat, divisit viritim civibus docuitque sine depopulatione atque
praeda posse eos, colendis agris, abundare commodis omnibus;
amoremque eis otii et pacis injecit, quibus facillime*justitia et âdes
convalescit, et quorum patrocinio maxime cultus agrorum perceptio-
que frugum defenditur.
Idemque Pompilius et auspiciis majoribus (3) inventis, ad pristi-
num numerum duo augures addidit, et sacris e principum numéro
pontifices quinque praefecit ; et animos propositis legibus his, quas
in monumentis habemus, ardentes consuetudine et cupiditate bel-
landi religionum caerimoniis mitigavit; omnesque partes religionis
statuit sanctissime. Idemque mercatus, ludos, omnesque conveniendi
causas et celebritates (4) invenit; quibus rébus institutis, ad humani-
tatem atque mansuetudinem revocavit animos hominum studiis bel-
landi jam immanes ac feros. Sic ille, quum undequadraginta annos
summa in pace concordiaque regnavisset, excessit e vita, duabus
praeclarissimis ad diutumitatem reipublicae rébus confirmatis, reli-
gione atque clementia. Cic, De rep,. II, i3.
(1) se, virtufe et sapientia.
. , ^ . \ capitale du pays des Sabins.
(2) Cures, lum . ^^ ^ ^i , ,, ' . ..
/ noofsiad van het land der Sabijnen.
304 LE MUSÉE BELGE.
^v * • t S réservés aux magistrats supérieurs.
(3) Auspicla maiora { ., ^. *^ .lj
/ aan de hoogere magistraten voorbebouoen.
/ V i- 1 L * ( solennité.
N. B. 1. — Les élèves ont trois heures pour fiaire leur travail.
3. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont !*écrittire
laisse à désirer.
3. — La traduction du présent texte peut être rédigée, au choix des concurrents,
en français ou en âamand.
Troisième, Humanités anciennes. Section latine.
Thème latin (sans dictionnaire).
Des devoirs de VEnfance. — Chaque âge a ses devoirs : ne doutez
pas que l'enfance même n'ait les siens qui commencent aussitôt
qu^elle est apte à s instruire. Ce serait ime erreur de penser qu'il
faille toute la maturité des ans pour comprendre le bien et le mal.
En effet, cette intelligence naît et croît avec nous, ^éducation (i) et
Texemple la fortifient, mais elle fut déposée par Dieu au fond de notre
cœur. Ne craignez donc pas de trop vous adresser à la conscience (2) de
l'enfant; craignez bien plutôt de ne pas Témouvoir assez. Il n'est
rien d'utile et de bon qu'il ne soit facile de persuader à la jeunesse,
il n'est pas d'obligation qu'on ne puisse lui rendre aimable et douce.
L'étude même peut devenir pour elle un amusement et une source
de bonheur. Ce ne sont pas seulement les mots d'une langue étrangère,
que l'enfant apprend : ce sont des idées dont il nourrit son esprit.
Plus il étudie, plus il conçoit par lui-même des choses nouvelles,
plus aussi il jouit de sa raison. Son cœur est pur, sa vie dégagée de
soins et d'inquiétudes, et il n'aura jamais à se repentir de ses
premières années, s'il les applique à un travail utile et quotidien.
Latj^nsch Tbema (zonder woordenbœk).
Over de Plichten der Kindsheid. — ledere ouderdom heeft zijne
plichten : twijfel niet of de kindsheid zelve heeft de hare, welke
beginnen zoodra het kind tôt leeren bekwaam is. Men zou zich ver-
gissen, mocht men denken dat gansch de rijpheid der jaren noodig
is om te weten wat goed en wat kwaad is. Die wretenschap wordt
inderdaad met ons geboren en groeit op met ons. De opvoeding(i) en
het voorbeeld versterken die, maar zij werd door God in 't diepste
van ons hart neergelegd. Vrees dus niet 's kinds geweien te veel in
aansptaak te nemen (2) ; vrees veeleer zijn geweten niet genoeg te roeren.
Er is niets nuttigs, niets goeds waartoe het niet gemakkelijk is de
M
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3o5
jeugd over te halen, aile verplichtingen vermag men haar beminnelijk
en zoet te maken. De studie zelve kan voor haar een vermaak en
eene bron van geluk worden. Het zijn niet alleen de woorden eener
vreemde taal welke het kind aanleert : het zijn denkbeelden waarmêe
zijiï geest gevoed wordt. Hoe meer het kind leert, hoe meer nieuwe
dingen het door zich zelf begrijpt en hoe meer ook het van zijn ver-
stand genot heeft. Zijn hart is zuiver, zijn leven vrij van zorgen en
kommemissen, en het zal nooit zijne jonge jaren te betreuren hebben,
indien het deze aan een nuttig en dagelijksch werk besteedt.
(i) Institutio, — (a) Conscientiam interrogare,
N. B Les élèves ont trois heures pour faire leur travail.
Rhétorique, Humanités modernes (section scientifique).
Histoire et Géographie.
I. Montrez que le xvii« siècle a été, pour la Belgique, un siècle de
malheur.
II. A quelle époque et dans quelles circonstances fut consommée
la ruine politique et économique de Louvain, Dinant et Bruges?
III. Qu'appelez- vous principe des nationalités? — Quelle est son
origine ? — A la faveur de quelles circonstances s'est-il développé ? —
Quels changements l'application de ce principe a-t-elle amenés dans
la carte de l'Europe du xix« siècle ?
IV. Faites ressortir les conditions dans lesquelles se trouve le port
d'Anvers. Traiter spécialement les points suivants : i** situation géo-
graphique de ce port ; — 2» importance de son aire commerciale ; —
3* ses installations et son outillage ; — 4** son mouvement d'importa-
tion et d'exportation.
V. Comment ferez-vous pour marquer sur une sphère tous les lieux
situés à 555 kilomètres de Bruxelles ?
N. B. 1. — Les élèves ont quatre heures pour faire leur travail.
2. — Les réponses peuvent être rédigées, au choix des concurrents, en français
ou en flamand.
3. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou récriture laissent à désirer.
3o6 LE MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
262. — B. P. Grenfell, A. S. Hunt et E. J. Groodspeed, Tk^
Tebtunis Papyri. Part. IL With map and two collotype plates.
Londres, H. Frowde, 1907. 45 sh.
Les fouilles d'Umm-el-Baragât, Tancienne Teptynis, eurent lieu
en hiver 1899-1900. Elles furent faites par MM. Grenfell et Hunt,
sous les auspices de l'Université de Californie, avec des fonds fournis
par M" Phoebe A. Hearst. Les papyrus provenant de momies de
crocodiles et datant du ii* et du i« siècle avant notre ère furent publiés
en partie en 1902 dans le volume premier; ils seront continués dans
le troisième volume. Au début des fouilles, c'est dans les maisons de
la ville antique que Ton recueillit les papyrus que M M . Grenfell et
Hunt publient dans ce deuxième volume.avec Taide de M.Goodspeed,
de l'Université de Chicago. Ils appartiennent presque tous aux trois
premiers siècles de notre ère. Le déchiffrement, commencé dès 1900
par M. Goodspeed, fut continué en 1904 par MM. Grenfell et
Hunt, et rimpression fut commencée dès lors.
Les fragments littéraires (n^» 265-278) ne sont pas importants. Un
seul fait exception : ce sont 106 lignes, malheureusement mutilées,
du Beîlum Trojanum de Dictys de Crète, dont nous n'avions qu'une
traduction latine (publiée par F. Meister, chez Teubner, 1872) Le
reste sont des fragments de l'Iliade, de Démosthène, Defaîsa lega-
tione, des fragments médicaux, astronomiques, astrologiques et une
formule magique.
Les documents occupent la plus grande partie du volume. Viennent
d'abord quelques pièces de l'époque ptolémaïque, puis 140 documents
de l'époque impériale suivis d'une description sommaire de 265 pièces
non reproduites. Beaucoup de ces documents ressemblent à ceux que
nous connaissons, mais il y en a aussi qui sont entièrement nouveaux.
Nous ne pouvons les passer tous en revue et nous devons nous
borner à en signaler quelques-uns. Au no3i6, nous trouvons une
série de déclarations faites par écrit et sous la foi du serment, par des
éphèbes d'Alexandrie. Elles sont toutes datées de la y année de
Trajan (an 99) et rédigées d'après une formule uniforme. L'éphèbe
donne son nom, sa tribu, son dème, le numéro de sa symmorie et le
nom de son symmoriarque; puis il certifie qu'il a été admis seize ans
auparavant parmi les éphèbes et dans la symmorie indiquée, qu'il n y
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3oy
a pas eu de fraude, qu'il a reçu un certificat officiel; ensuite il dit si
sa mère jouit du droit de cité romaine ou alexandrine, il indique sa
profession, son âge, ses marques distinctives ; enfin il s'engage à
notifier, le cas échéant, son changement de domicile au symmoriarque
et il indique sa résidence actuelle. Cette pièce est d'une importance
capitale pour l'étude de Téphébie alexandrine.
Au no 285, nous avons un rescrit de Gordien, qui déclare que
l'omission de l'inscription des enfants à l'état civil ne suffit pas pour
les rendre illégitimes (Cod. Just.^ 7, 16, i5).
Vingt-cinq documents cuncement les prêtres de Soknebtunis
{nos 29i-3i5) ; ils jettent un jour nouveau sur les relations des temples
avec l'État à l'époque romaine.
Trente-cinq documents sont relatifs aux impôts (n^ 336-37 1). On
sait que nulle part on ne trouve une variété d'impôts aussi grande
que dans l'Egypte ancienne. Ces nouveaux documents apportent des
renseignements nouveaux sur leur nature et leur perception. En
appendice (p. 339), les auteurs publient le papyrus 372 du British
Muséum, encore inédit, qui fournit également des détails nouveaux
sur le montant de certains impôts.
Parmi les contrats, nous distinguerons deux nouveaux contrats
d'apprentissage. Dans l'un, de l'an 10 après J.-C, un jeune garçon
nommé Pasion est placé chez un tisserand pour un an. L'autre est
de Tan 117 : une mère fait apprendre le même métier à son fils. Ces
deux contrats sont à ajouter aux cinq pièces du même genre que
nous possédions.
Dans un appendice important (pp. 343-425), les auteurs ont dressé
une liste des noms de lieux du Fayoum, destinée à compléter celle
que Wessely a donnée dans sa Topographie des Faijûm (Denkschr.
d. k. Akad. in Wien, 1904). Enfin, les tables détaillées occupent
60 pages : elles groupent alphabétiquement les renseignements de
toute nature que contient le volume. J. P. W.
263. — ESmlliO Costa, Storia del diritto romano puhbîico, Florence,
G. Barbera, 1906. Un vol. in-i8 de xiv-334 pages. 2 fr. 5o. (Ma-
fiuali Barbera di scienze giuridiche, sociali e politiche, N° VII),
En dépit du titre qu'il porte, ce nouvel ouvrage du savant profes-
seur de r Université de Bologne ne comprend en réalité que l'histoire
de la constitution politique de Rome. L,ejus publicum, en effet, n'y est
étudié que dans son sens rigoureusement propre et technique, en
opposition avec le jus privatum^ c'est-à-dire comme l'ensemble des
règles juridiques relatives à l'organisation, au gouvernement et à
l'administration de l'État. Or à Rome, l'existence même de l'État
3o8 LE MUSÉE BELGE.
impliquait nécessairement trois éléments fondamentaux : le peuple
considéré au moins théoriquement comme le dépositaire de la souve-
raineté, le sénat dont la collaboration est exigée pour la validité des
décisions des comices populaires, les magistrats qui sont investis du
pouvoir exécutif. C'est donc à retracer les vicissitudes par lesquelles
ces trois éléments ont passé et à étudier leurs rapports réciproques
que M. Costa a borné sa tâche.
En restreignant ainsi de propos délibéré le cadre de son manuel,
il lui assurait l'avantage d'un plan aussi simple que méthodique. La
matière y est en effet répartie en cinq livres qui correspondent aux
principales périodes de l'histoire romaine : les Origines (pp. 45*61),.
la République jusqu'à la guerre sociale (pp. 63-2o3), le dernier siècle
de la République (pp. 205-262), l'Empire (pp. 263-3o3), la constitu-
tion de Dioclétien et de Constantin (pp. 3o5 324).
Le volume s'ouvre par une Introduction générale (pp. 1-43), à
laquelle l'auteur a donné un développement relativement considérable;
c'en est du reste une des parties les plus intéressantes et les plus
originales. On y trouve d'abord un aperçu sommaire des sources
anciennes auxquelles doit puiser Thistorien du droit public : textes
littéraires, juridiques et épigraphiques, monnaies, pap3rrus, monu-
ments figurés; puis, une revue critique de la littérature du sujet,
depuis les compilations des antiquaires du xv« siècle jusqu'au Staats
recht de Mommsen. Les jugements portés par M. Costa sur les
travaux de ses devanciers paraissent généralement équitables et
suffisamment motivés. Je pense cependant qu'il n'a pas assez mis en
relief Timportance de l'œuvre de Louis de Beaufôrt ; dans sa célèbre
Dissertation (qui n'est même pas signalée), l'érudit français appliquait
pour la première fois d'une façon systématique les règles de la cri-
tique historique aux traditions plus ou moins légendaires qui encom-
braient le champ des annales de Rome, et par là- même il ouvrait la
voie à l'étude scientifique de l'histoire romaine tout entière, tant in-
terne qu'externe ; au reste, il y abordait aussi l'examen de plusieurs
problèmes intéressant directement le droit public, comme par exemple
le nombre des tribus, l'origine de la dictature, de la questure et du.
tribunat de la plèbe.
C'est une tâche malaisée et périlleuse que celle de retracer la physio-
nomie exacte de la constitution de l'époque royale : M . Costa s'en est
acquitté avec un rare bonheur ; je note particulièrement le parti très
habile qu'il a su tirer de l'étude des survivances constatées aux temps
historiques et de la comparaison avec les institutions primitives
d'autres peuples indo-européens, placés dans des conditions analogues
de développement. L'auteur se sépare nettement ici des tenants de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Sog^
l'école h3rpercritîque, qui dénient toute valeur au témoignage de la
tradition et ne la considèrent que comme le produit artificiel de
combinaisons et de falsifications de Tépoque récente. A cet égard,
l'attitude prise par M. Costa mérite d'être signalée ; elle montre que
le mouvement de réaction inauguré en Italie, il y a quelques années,
contre les exagérations de certains disciples de Mommsen, continue
à rallier de précieuses adhésions.
Le livre consacré aux institutions de la République est de loin le
plus important de l'ouvrage; M. Costa en décrit avec autant et pré-
cision que d^exactitude le mécanisme compliqué et délicat. Par une
innovation dont il convient de le féliciter, il s'occupe dans un livre
spécial des multiples changements qui s'introduisent dans la consti-
tution romaine à la faveur des luttes civiles du dernier siècle et
qui finissent par amener, sous l'étiquette fallacieuse de dictature,
l'établissement d'une véritable monarchie militaire de caractère ab-
solutiste.
Par contre, la constitution impériale n'est étudiée par M. Costa que
d'une façon sommaire, dans ses lignes principales. Mais il n'a rien
oublié d'essentiel, et son esquisse suffit à montrer que, contrairement
à l'opinion défendue par Mommsen et Willems, le régime instauré
par Auguste et ses successeurs immédiats « n'a que les apparences
d'une dyarchie ; en réalité, les pouvoirs souverains y sont déjà con-
centrés entre les mains du prince ; sur la scène politique, les comices
et le sénat lui-même ne remplissent désormais que le rôle accessoire
de figurants sans importance véritable.
En élaborant ce petit manuel, M. Costa — est- il nécessaire de
rajouter? — n'a pas eu la prétention de renouveler notre connais-
sance des institutions politiques de Rome ; c'est un but plus modeste
qu'il s'est assigné. Il a voulu fournir aux juristes, aux économistes,
aux historiens, comme aussi au grand public cultivé, une synthèse
rapide, mais cependant fidèle et suffisamment complète, des prin-
cipaux résultats auxquels ont abouti les récentes études sur le droit
public romain. C'est dans cette préoccupation qu'il faut chercher
l'explication et la justification des procédés d'exposition adoptés par
l'auteur. Indépendamment de la bibliographie générale donnée dans
l'Introduction, il a fait précéder chaque chapitre de l'indication des
travaux modernes qu'il convient de consulter ; mais dans le cours
de son ouvrage, il évite systématiquement d'examiner, voire même
de signaler, les innombrables controverses que soulèvent le désaccord^,
l'obscurité ou l'incertitude des sources anciennes. Quant à ces
sources elles-mêmes, l'auteur prend soin d'y renvoyer souvent le lec-
teur et d'ordinaire il reproduit en note les textes les plus importants;
3lO LE MUSÉE BELGE.
mais ici encore, il ne signale que les passages qui corroborent Topi-
nion à laquelle il s*est arrêté et il passe les autres sous silence. On
n'aperçoit que trop les inconvénients de celte méthode, et il est inu-
tile d'y insister ; ils sont en quelque sorte inévitables et constituent la
rançon obligée des avantages très réels que les ouvrages de ce genre
possèdent à d'autres points de vue.
Au reste, j'ai hâte d ajouter que les spécialistes eux-mêmes ne
consulteront pas sans profit ce petit volume. Ils y rencontreront des
aperçus originaux, des conjectures ingénieuses, des considérations
judicieuses et profondes. Ils regretteront sans doute que M. Costa
ait été empêché de les mettre à même de contrôler toutes ses asser-
tions, de connaître et de peser ses arguments, de discuter ses hypo-
thèses ; ils se consoleront à la pensée que le savant auteur du Corso di
storia del diritto romane se trouve moralement engagé, par la publica-
tion de ce manuel, à reprendre dans un traité approfondi l'histoire de
la constitution romaine et à faire bénéficier ainsi leurs études de pré-
dilection des ressources de sa science et de son érudition.
Léon Halkin.
264, — E Espérandieu, Recueil général des has-reliefs de la GauU
romaine. Tome l'r. Alpes maritimes. Alpes cottiennes. Corse. Nar-
bonnaise. Paris, Impr. nat., 1907. Chez Leroux, rue Bonaparte
128. 25 frs,
tt Quel dommage, disait il y a une douzaine d'années, M. Camille
Jullian, que nous ne possédions pas un catalogue complet de toutes
les sculptures gallo-romaines, statues et bas-reliefs, religieuses et
civiles, politiques et funéraires, conservées en si grand nombre dans
nos musées provinciaux ! Quel plus grand dommage encore qu on
n en publie pas, avec reproductions, un Corpus détaillé, analogue à
celui que M . Le Blant a donné pour les sarcophages chrétiens ! On
aurait là une merveilleuse collection, unique peut-être, pour l'histoire
de nos antiquités nationales. Les musées de Sens, de Langres,
d'Épinal, de Bordeaux, d'Arlon, de Trêves et bien d'autres, sans
parler de ceux du Midi, renferment encore des trésors inexplorés de
nos archéologues. Ceux d'entre eux qui s'occupent d'archéologie
romaine trouveraient dans un recueil de ce genre, pour les métiers,
les costumes, les instruments, des détails que ne leur offrent pas les
musées de Rome et de Naples. Les amis des choses gauloises ver-
raient revivre nos ancêtres dans leurs croyances, leurs professions,
leurs maladies et leurs luttes pour la fortune, et ceux-là surtout de
nos ancêtres dont parlent peu les textes et les inscriptions, les gens
de métier, les petits et les déshérités. »
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3ll
M. Espérandieu reproduit ces mots dans son Introduction et ils
expliquent fort bien Tutilité de la grande entreprise à laquelle il con-
sacre ses efforts. L'ouvrage comprendra cinq volumes in-40. Le
premier volume, que nous avons sous les yeux, a 490 pages in-4<* et
contient une description de 835 bas- reliefs, reproduits par la simili-
gravure. Les Alpes maritimes, les Alpes cottiennes et la Corse n'ont
fourni que les 23 premiers ; le reste appartient à la Narbonnaise. Le
Corpus des inscriptions latines a servi de modèle pour le plan : comme
dans le Corpus des inscriptions latines, M. Espérandieu a cru, avec
infiniment de raison, qu'il fallait tout donner, parce que tout bas-
relief peut avoir, à un moment donné, son intérêt ; qu'il fallait suivre
Tordre géographique et rendre aussi sobre que possible le texte qui
accompagne chaque sculpture. Les discussions sont du ressort des
monographies archéologiques. Il nous donne donc les indications
suivantes : origine, place actuelle, nature de la pierre, dimensions,
bibliographie, puis la reproduction avec une courte description. Nous
ne pouvons, même sommairement, dresser ici la liste des richesses
que nous offre M. Espérandieu et qui feront la joie des archéologues
et des historiens de l'art gallo-romain Nous lui souhaitons, dans
notre intérêt, de mener à bonne fin, et le plus rapidement possible,
cette vaste et belle entreprise. J. P. W.
265. — The University of Chicago, Studies in classical philology. Vol. IV.
Chicago. Univ. Press. 1907.
Ce volume contient deux travaux intéressants, l'un sur la Sandae
Silviac Peregfinatio par E. A. Bechtel, l'autre sur l'administration
civile et militaire du Norique et de la Rétie par Mary B. Peaks.
La Pcregrinaiio ad Loca Sancta fut découverte à Arezzo et publiée
par Gamurrini en 1887. Elle fut reprise dans le Corpus script, eccl, par
P. Geyer en 1898. Ce voyage à Jérusalem fut écrit vers la fin du
IV* siècle par une femme, sainte Silvie d'Aquitaine : c'est du moins
ce qu'on admet généralement avec le premier éditeur. Son intérêt est
à la fois topographique, historique et grammatical. C'est à ce dernier
point de vue que se place M. Bechtel. L'auteur raconte son voyage
dans la langue parlée de son temps ; elle écrit comme elle parlait et
l'on se rendra aisément compte de l'importance d'un pareil ouvrage
pour l'histoire de la langue et de la grammaire latine. M. Bechtel a
trouvé insuffisantes les éditions de Gamurrini et de Geyer qui ne
concordent pas et il commence par donner une édition nouvelle,
d'après une collation soigneuse de Tunique manuscrit faite pour
lui par M. Washbum. Il a tâché de reproduire exactement le ms.
et son apparat critique indique les différences qui séparent son texte
3l2 ' LE MUSÉE BELGE.
de ceux de ses prédécesseurs. D'après ce texte nouveau, il étudie
ensuite (pp. /S-i 57) toutes les particularités qu'il présente : ortho-
graphe et prononciation, formation des mots, déclinaison et conju-
gaison, syntaxe, enfin le style et le vocabulaire. Les historiens de la
langue latine et ceux des langues romanes trouveront une ample
moisson à faire dans ce travail consciencieux et complet.
M"« Mary B. Peaks a entrepris une Histoire du Norique et de la
Rétie et elle nous donne ici les chapitres II et III de son étude,
ceux qui traitent des gouverneurs et de Tarmée jusqu'à l'époque de
Constantin. C'est une étude principalement épigraphique. L'auteur
a réimi les matériaux avec un soin méticuleux et les a classés avec
ime grande clarté, complétant les renseignements épigraphiques par
les textes littéraires : c'est le mérite de son travail. Il lui reste à
écrire l'histoire administrative et militaire de ces deux provinces
d'après ces matériaux. Elle est d'ailleurs au courant de tout ce qu'on
a publié sur l'administration des provinces romaines et nous souhai-
tons que son travail complet paraisse bientôt. J. P. W.
266. — W. M. Lindsay, Syntax of Plautus. Oxford, J. Parker,
1907, i3g pp. (St Andrews Univ. Publ., n® IV).
C'est encore l'ouvrage de Holtze, publié en 186 1 (Syntaxis priscorum
scriptorum laiinorum usque ad Terentium. Leipzig) qu'il faut consulter si
Ton étudie la syntaxe latine de l'époque archaïque. Or, en 1861, le
texte des auteurs antérieurs à l'époque classique n'était pas établi. Il
est vrai que, depuis lors, il a paru, en Allemagne surtout, une quan-
tité énorme de dissertations spéciales : c'est une raison de plus pour
que le travail d'ensemble de Holtze soit repris et refondu. M. Lindsay,
bien connu par ses ouvrages sur la Langue latine et sur Plante, dont
il a donné une édition, nous offre une Syntaxe de Plante où il tient
compte de Térence et des débris de littérature archaïque. Mais
comme le titre l'indique, c'est bien de la syntaxe de Plante quil
traite avant tout : le reste ne vient qu'à titre de comparaison. Le
plan est simple : après avoir traité de la syntaxe d'accord et de
l'emploi des cas, il passe en revue les constructions qui concernent
l'adjectif, le pronom, le verbe, l'adverbe, la préposition, la conjonc-
tion, l'interjection. L'exposé est sobre, précis, exact ; les exemples
sont bien choisis, mais en petit nombre ; la bibliographie est réduite
au nécessaire (l'auteur cite l'ouvrage principal et le plus récent sur
chaque question). C'est ainsi que M. Lindsay a pu résumer en
i35 pages tout ce qu'il y a d'essentiel à dire sur la syntaxe de Plante.
Partout on reconnaît, non seulement un savant qui a tout lu, mais
qui connaît son Plante à fond et qui s'est fait sur chaque question
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. * 3l3
une opinion personnelle. Ce ne sont pas seulement les lecteurs de
Plaute, mais encore tous ceux qui s'occupent de grammaire latine
<IVLÏ seront reconnaissants à M. Lindsay : il a admirablement montré
<}ue beaucoup de constructions classiques ne peuvent s'expliquer que
si Von remonte à l'époque archaïque (i). ]• P* Waltzing.
267. — Li. Delaruelle, Guillaume Budé (1468-1540). Les origines»
les débuts, les idées maîtresses. Paris, Champion, 1907. (Bibl, de
r École des Hautes Études. Fasc. 162).
C'est un modèle de thèse humanistique que vient de publier
M. Delaruelle. Cette étude est basée sur une connaissance très
approfondie de l'auteur. M. Delaruelle a lu et étudié avec une
patience inlassable les traités volumineux de Budé, dont le style
lourd et obscur rebuterait les plus intrépides et il en a extrait tout ce
•qui peut intéresser l'histoire de la Renaissance française à ses débuts.
Il a examiné successivement dans Budé l'homme, le chrétien, le
patriote. Budé n'a pas les enthousiasmes exubérants des humanistes
italiens pour la civilisation antique. Il ne pousse pas l'amour de la
philosophie païenne jusqu'à vivre en païen et à rejeter à l'arrière-
plan la religion et la morale chrétiennes. Sa sagesse encyclopédique
a pour fin et pour couronnement l'explication sûre des Saintes-
Écritiu-es.
Sa prédilection pour l'éloquence cicéronienne ne l'entraîne pas
à se griser de belles phrases et à localiser étroitement dans des
exercices de style tout le profit qu'on peut retirer des études antiques.
Au contraire, ce sont des faits que Budé demande aux auteurs, il
veut qu'on les comprenne avant qu'on les goûte, il attire l'attention
des érudits vers les problèmes que la civilisation antique soulève et,
dans ce but, il commente les écrivains qui sont les porte- voix de cette
civilisation. Beaucoup plus logique que les Italiens, il cherchera à
fusionner les idées antiques avec les conceptions modernes, loin de
vouloir reculer de seize siècles et jeter dans un moule antique im
monde diamétralement opposé.
M. Delaruelle l'a bien remarqué, mais nous aurions voulu qu'il fît
(1) Citons des exemples : lo le supin. Plaute dit encore spectatum eo, spectatu
redeOf spectatui pulcher, Cest le nom verbal en tus décliné. La langue classique n*a
conservé que l'accusatif et Tablatif, que les grammairiens ont appelés supin actif et
passif. 2® quominus, Plaute dit quo magis dans une proposition affirmative et quo
minus^ dans une proposition négative : quo magis credas^ quo nuptiae fiant minus*
La langue classique n'a conservé (\\ie quominus, — Ajoutons que, pour M. Lindsay,
le latin de Plaute n'est pas le latin vulgaire, mais la langue que parlaient les
Romains bien élevés de son temps, la langue de la bonne société.
3l4 . LE MUSÉE BELGE.
ressortir davantage cette distinction essentielle : Budé n'est pas un
promoteur de la Renaissance, purement artistique ou esthétique ; il
est un humaniste précurseur de la civilisation moderne : c'est
l'Érasme français.
Budé est aussi im patriote ; il aime la France, il revendique pK>ur
elle rhonneur d'occuper le même rang que T Italie dans la république
des lettres. Les Italiens ne seront plus seuls les ûls et les successeurs
des Romains ; il faut en finir avec leur prétendue supériorité sur les
<f barbares » transalpins.
Nous avons dit plus haut que Budé est TÉrasme français. Ce
sont les mêmes attaques contre la philosophie tant scolastique
qu'averroïste, contre les moines ignorants et les théologiens, contre
les juristes ignares glossateurs et bartolistes, contre le jargon barbare
et inintelligible etc. Mais est-ce la même causticité, la même ironie,
la même largeur de vues, la môme finesse, la même perspicacité, la
même audace peut être risquée, le même style enjoué et badin ? On
n'aperçoit rien de tout cela dans Budé. Bien des questions brûlantes
de son temps paraissent lui avoir échappé, ou au moins, ne pas
ravoir frappé J'en conclurais que Budé fut un grand savant (il suffit
pour s'en convaincre de lire Tétude très minutieuse que M. Delanielle
a consacrée aux Annotatioiis sur les Pandedes et au de Asse)^ mais un
petit esprit (i).
Ce que M. Delaruelle a réussi à mettre en relief, ce sont les
services de Budé particulièrement pour la connaissance du grec, en
montrant que la littérature ancienne n'avait guère le chance de
prendre pied en France sous ses prédécesseurs, Lefèvre d'Étaples,
Gaguin et d'autres.
Budé apparaît vraiment comme le restaurateur attitré des études
antiques en ce pays.
Aussi, attendons -nous avec impatience la seconde partie de l'étude
sur Budé et la grande étude sur l'humanisme français dont le présent
ouvrage p'est qu'une esquisse, mais une esquisse brillante.
Th. Simar.
(i) J'ajoute une petite remarque bibliographique. M. Delaruelle rend longuement
compte des mérites de Budé pour Tinterprétation de Pline le Naturaliste. Je signale
à ce propos une édition rare et curieuse de Pline où figurent les annotations de
Budé. Elle fut imprimée à Paris en i5i6 chez Regnault Chaudière, 4*\ avec les
remarques de Sabellicus, de Beroaldus, d'hraame, de Budé, de Longueil et d'autres.
Elle se trouve à la Bibl. Mazarine, n» 3872.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3i5
' Langues et Littératures romanes.
268-269. — J. Bitter et P. Valkhoff, Vers et prose. Ckrestomathie
des poètes et des prosateurs français, illustrée de 24 portraits. Première
partie. Des Serments de Strasbourg à Fénelon, 1 vol. in-8. 255 p.
Deuxième partie. De Le Sage àVerhaeren. i vol. in-8. 440 p. Zwolle,
W. E. L Tjeenk Willink, 1907. i fl. 40 et i fl. 90.
XjBS mêmes. Précis de Vhistoire de la littérature française. 1 vol. in-8.
117 p. I fl.
Dire que la Ckrestomathie de MM. Bitter et Valklioff réalise Tidéal
serait excessif, et nous aurons quelques critiques à formuler à son
sujet; elle constitue toutefois une œuvre de grand mérite, qui initiera
les élèves aux beautés des lettres françaises et leur fournira le moyen
de se faire une idée assez nette des principaux auteurs, en leur met-
tant sous les yeux, soit des morceaux isolés qui forment un tout, soit
des fragments étendus, reliés entre eux par un résumé succinct des
parties omises. Quant au Précis, malgré certaines lacunes inévitables,
et, en particulier, malgré l'absence d*une table des matières et d'une
liste des auteurs et des œuvres, il constitue un manuel clair, simple,
propre à guider et à soutenir les élèves dans une étude délicate et
complexe, mais qui, bien comprise et intelligemment conduite, pro-
duirait d'heureux résultats.
Ce n'est pas le moindre mérite des auteurs de la chrestomathie que
d'avoir réservé une place importante à la littérature du moyen âge et
du XVI* siècle, d'y avoir choisi les œuvres les plus caractéristiques
parmi lesquelles je regrette toutefois de ne pas voir figurer la Conquête
de Constantinople par Villehardouin (Les croisés à Venise — L'arrivée
à Constantinople), et de s'être bornés, selon le système suivi par
MM. Clédat et Faguet, à rajeunir les œuvres plutôt que de les tra-
duire en français moderne.
MM. Bitter et Valkhoff ont cru devoir reproduire de longs frag-
ments des tragédies de Corneille et de Racine et des comédies de
Molière. C'est un tort selon moi. Corneille, Racine, Molière sont
dans toutes les mains, partout il en existe des éditions classiques, et
récemment M. Fr. Klincksieck publiant à Leipzig une excellente
Ckrestomathie det franiôsiscketi Liieratur des ly. Jakrkunderts justifiait
par le grand nombre d'éditions classiques existantes l'exclusion des
grands dramaturges du xvii® siècle. Les 65 pages que MM. Bitter et
Valkhoff leur consacrent auraient pu être réservées à d'autres écri-
vains, à Bossuet qui n'est représenté que par deux courts fragments
des oraisons funèbres de Condé et de la duchesse d'Orléans, aux
autres orateurs de la chaire dont il n'est pas fait mention.
3l6 LE MUSÉE BELGE.
Parfois les auteurs se sont départis de la règle qu*ils s'étaient
imposée dès le début de faire précéder les extraits reproduits de
l'analyse de Tœuvre à laquelle ils appartiennent ; il en est ainsi pour
Calvin, pour Bossuet, pour Montesquieu, pour Mad. de Staël, pour
les historiens du xix* siècle, et Tinconvénient est d'autant plus sen-
sible que les textes signalés ne sont précédés d'aucune notice sur les
écrivains. En effet, la chrestomathie ne comprend que les textes; les
notices biographiques et littéraires ainsi que les vues d'ensemble sur
le développement de la littérature sont renvoyées au Précis dont
MM. Bitter et Valkhoff font l'indispensable complément du recueil.
Ce système, assez fréquemment adopté en Allemagne, ne me paraît
pas présenter beaucoup d'avantages. L'étude des œuvres littéraires
ofiBre plus d'intérêt pour l'élève et devient plus fructueuse lorsqu'une
notice simple, claire, concise, qui caractérise l'écrivain et apprécie
son œuvre» accompagne les fragments dont le choix a été fait pour
justifier en quelque sorte les opinions émises dans la notice.
S'agirait-il de caractériser l'œuvre poétique de Th. Gautier — je
choisis Gautier parce que la chrestomathie le passe sous silence, —
après avoir donné les quelques notes biographiques indispensables,
je rappellerais cette pensée exprimée par le poète lui-même et qui le
caractérise si pleinement : u Mon rôle à moi, dans cette révolution
littéraire (le romantisme), était tout tracé : fêtais U peintre de la bande w.
C'est le trait général; j'entrerais alors dans le détail de l'œuvre.
Cependant, ajouterais- je, Gautier débuta par la littérature sentimen-
tale : son premier recueil de Poésies commence a par un soupir et par
un regret ». (Texte : Virginité du cœur). Mais certaines pages le mon-
trent déjà tel qu'il sera surtout dans la suite : « un homme pour qui
le monde extérieur existe n. (Soleil couchant). Son Voyage d* Espagne
l'aida à « dépouiller la sentimentalité romantique » ; il rapporta de
ce pays « des paysages admirablement nets et objectifs » {pétais
monté plus haut), et de o très curieuses impressions d'art » (RUmra),
Les Émaux et Camées témoignent d'un nouveau développement dans
sa manière : « Gautier ne fait plus de tableaux : il peint sur émail, il
grave en pierres fines; le travail est minutieux et large; chaque pièce
est d'un fini qui étonne ». (Symphonie eti blanc majeur). Sa poétique tout
entière, la doctrine de l'art robuste s'y trouve formulée en des vers
d'une facture remarquable. (VArt.) Toutefois ce stoïcien de lart n'a
pas toujours su se défendre contre une émotion sincère et communi-
cative : Les Vieux de la Vieille sont une des pièces « où le calme du
dilettante s'eist le plus démenti ». (D'après G. Lanson : Histoire de la
littérature française) .
Contrairement au système des notices placées en dehors du recueil,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3l7
•ce procédé offre encore le grand avantage d'habituer l'élève à ne pas
-séparer l'étude de l'histoire littéraire de la lecture des œuvres.
Le XIX* siècle est brillamment représenté dans la chrestomathie
par ses poètes ; mais les œuvres dramatiques y paraissent sacrifiées
à. la poésie l3rrique. Seuls, Hugo, Musset, Augier et Rostand
représentent le théâtre et le choix de leurs œuvres que fournit le
recueil ne me semble pas des plus heureux. De Hugo, MM. Bitter
et Valkhofif citent de longs fragments de Ruy Blas^ mais ils négligent
Hirnani (p. ex. la scène des portraits), Lucrèce Borgia (la scène des
<:ercueils), Les Burgraves (Barberousse paraissant chez les Burgraves);
de Musset, ils reproduisent presque entièrement Fantasio^ mais ils
oublient Lorenzaccio dont tant de belles pages sont à citer qui comptent
parmi les plus originales du théâtre romantique; de Rostand, ils
transcrivent les Romanesques qu'ils appellent « une petite pièce ingé-
nieuse et puérile » [Précis, p. io8), mais ils négligent La Samaritaine
et Cyrano de Bergerac, les deux pièces qui, je pense, sont du meilleur
Rostand.
Je n'insiste pas sur le reproche d'avoir omis des noms dignes de
figurer dans cet ouvrage. Les auteurs ont déjà répondu à cette cri-
tique : « Cette absence que nous sommes les premiers à regretter,
écrivent-ils, ne provient pas d'un oubli : la cause en est purement
matérielle, le livre ne devant pas, pour des raisons pédagogiques et
pécuniaires, dépasser un nombre de pages plutôt restreint. »
Quant au reproche de n'avoir pas glané de ci de là des fragments
dans les principales œuvres des dramaturges du xix« siècle, les auteurs
ne pourraient y répondre qu'il est préférable de reproduire des pas-
sages étendus d'une seule pièce de théâtre que de détacher quelques
pages de chacune des œuvres marquantes d'un écrivain ; il n'importe
pas, selon moi, qu'une chrestomathie renferme des fragments si
importants, mais il faut que, par un choix judicieux de morceaux,
elle donne l'idée la plus nette possible des diverses manières d'un
écrivain, des divers aspects de son talent.
On le voit, c'est généralement sur la question de méthode que je
suis d'un avis différent de celui de MM. Bitter et Valkhoff, mais
comme je l'ai dit au début de cette rapide analyse, je reconnais les
hautes qualités de leur travail et je ne doute pas qu'il rende de
grands services à l'enseignement des lettres françaises dans les écoles
de Hollande auxquelles il est destiné. C. Liégeois.
ajo, — Fortunat Strowsky, professeur à la Faculté des Lettres
de Bordeaux, Pascal et son temps, i^' partie : De Montaigne à Pascal.
Histoire du sentiment religieux en France au xvi^ et au xvii* siècle.
Paris, 1907. 280 pp.
3l8 LE MUSÉE BELGE.
C'est un livre bien curieux et bien intéressant que celui de
M. Strowsky, car c'est une étude psychologique qui dénote une
connaissance profonde du xv!"* siècle et de ses états d'âme étranges.
Ce siècle de l'enivrement produit par la Renaissance est aussi le
siècle des guerres fratricides, des haines et des violences barbares.
La sécurité matérielle n'existe plus, personne n'est assuré du lende-
main, l'inquiétude et la crainte régnent partout. D autre part, le
trouble a saisi les consciences, on ne sait plus où est la voie et la
vérité. Faut-il se tourner du côté de TÉglise ou du côté de la Réforme ^
L*homme du xvi® siècle n'en sait rien, mais, malgré tout, il est
religieux et il veut croire. De là, il est plein d'aspirations vers la
divinité, dont il attend consolation et réconfort. Ces aspirations
réveillent le sentiment religieux, le font vivre, lentretiennent dans la
vitalité. On dispute sur l'efficacité de la grâce, sur l'attitude. de l'âme
seule à seule avec Dieu. Les réformés admettent l'irrésistible effet de
l'action divine et par le fait même, suppriment la liberté. Du côté
des catholiques, il y a les mystiques représentés par saint François
de Sales, qui résout le problème par l'amour. L'action divine s'exercera
chaque fois que l'âme aimante, loin d'y mettre obstacle, y aidera de
tout son cœur; les œuvres, les images, les sacrements que la réforme
rejette comme empêchant cette influence d'en haut, saint François
les conserve comme y contribuant.
Ceux-là ne sont que le petit nombre. Il y a, à côté d eux les
indifférents, gens tranquilles, probes, honnêtes, écœurés du triste
état des choses ; ils désirent de tout cœur la concorde et la paix et
n'ayant plus confiance dans l'autorité traditionnelle de la religion
catholique qu'ils personnifient dans la Ligue, ils demandent à la
philosophie antique, sinon l'oubli de leurs maux, du moins la force
nécessaire pour les supporter II n'y avait qu'une école capable de
répondre adéquatement à leurs vœux ; c'était Técole stoïcienne de
Sénèque et d'Épictète. Les deux plus illustres représentants en sont
au xvi« siècle Juste-Lipse et Montaigne.
Montaigne est stoïcien, mais d'un stoïcisme individuel et person-
nel qui ne peut s'enseigner dogmatiquement comme une science.
L'homme qui parachève l'œuvre de Montaigne et érige en système
la doctrine du Portique, c'est Juste-Lipse. La doctrine du maître
belge est d'un stoïcisme fort accentué sans doute, mais il a eu soin de
le clarifier, de l'épurer, de le christianiser. S'il était permis d'adresser
une légère critique à M . Strowsky , nous dirions qu'il appuie
trop peu sur le caractère éminemment pratique de la philosophie
lipsienne. En théorie, la sagesse de Juste-Lipse consiste dans
l'ensemble de toutes les connaissances divines et humaines ; c'est
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3ig
une encyclopédie, qui embrasse dans sa vaste conception toutes les
branches du savoir. Mais il y a une partie pratique à laquelle toute
la doctrine est subordonnée. L*adepte, par le fait même qu*il a, pour
ainsi dire, lomniscience doit être plus capable que le vulgaire de
discerner le bien du mal, la vertu du vice ; ses connaissances doivent
donc lui frayer un chemin vers cette vertu désirée, la tranquillité et
le calme au milieu des orages de la vie. Dans ses dernières œuvres,
Lipse va jusqu'à dire que la science est inutile et superflue, si elle
n'a la vertu pour fin et pour objet.
M Strowsky insinue aussi que Tépicuréisme fut représenté à
Louvain par Erycius Puteanus. C'est une erreur. Erycius Puteanus
eut, certes, l'intention de réhabiliter Épicure. Mais il abandonna
très vite ce projet qui aurait soulevé de vives oppositions, et il se
rabattit sur un éclectisme vague qui préconisait, comme Juste- Lipse,
une certaine vertu où la science devait tendre par toutes ses voies.
Après nous avoir dépeint Tapogée du stoïcisme introduit dans les
sphères officielles, pour ainsi dire, par Du Vair, dans la littérature
par Balzac, Descartes, voire même Corneille dont les personnages
farouches et formidables sont de vrais Thraséas, M. Strowsky nous
montre grandissant à côté de lui le parti de Tépicuréisme, de l'impiété
et de l'irréligion avouée. Ames passionnées et faibles, beaux esprits
indifférents, libertins avérés, les adeptes de cette philosophie dégoûtés
du passé et incertains de l'avenir ne songent qu'à jouir du présent.
Le plus beau spécimen de cette classe est Vanini, âme h)rpocrite et
vile, nature méchante, esprit fort dont l'influence est grande sur la
jeunesse dorée et jouisseuse qui raille par pose et qui va puiser dans
la Sagesse de Pierre Charron des arguments pour saper les fondements
de la religion.
Chose étrange, ce P. Charron, bouc émissaire de Timpiété de son
siècle, est loin d'avoir écrit son livre dans un but irréligieux. Il
préconise la sagesse humaine a une droiture, belle et noble com-
9 position de Thomme entier en son dedans, en son dehors, ses
• pensées, paroles, actions et tous ses mouvements : c'est l'excellence
■ et perfection de l'homme comme' homme » (p. i86). Malheureuse-
ment, il exclut la sagesse divine et subordonne la religion à sa
sagesse laïque.
Si la vertu n'est pas solidaire de la religion, il est clair que la
religion peut être écartée de la vertu et que la vertu peut exister sans
elle. Charron veut aussi que le sage ne se laisse guider que par la
raison, qu'il juge et pèse les choses sans s'attacher à aucune. Il es
ainsi, sans le savoir, le premier des libres-penseurs.
Après Charron, l'idole des libertins c'est, chose curieuse, Mon*
320 LE MUSÉE BELGE.
taigne que nous avons rangé dans les stoïciens. C'est alors qu'on lui
attribue une philosophie toute épicurienne, la doctrine de la « bonne
nature » qu'il faut suivre sans trop se préoccuper du reste. Cette
théorie tronque la pensée de Montaigne, M. Strowsky en donne des
exemples typiques.
Nettement stoïcien pendant la majeure partie de sa vie, ainsi que
le prouvent les notes (i) marginales du précieux exemplaire de
Bordeaux, Montaigne dans sa vieillesse aimait à se perdre dans les
souvenirs du jeune âge, à se donner un air d'épicurien, qui lui a
valu une réputation philosophique imméritée.
Au moment même où le parti de l'irréligion paraît le plus fort, il
s'émiette et croule par son insouciante négligence ; il ne sait que rire
et s'amuser, tandis que ses adversaires catholiques ont pour eux la
science, l'énergie et l'action (saint Vincent de Paul, les Jésuites).
Ce n'est donc pas dans Timpiété ou lathéisme que sont les germes
de décadence de la religion catholique au xvii« siècle, c'est dans
l'ardeur des études théoJogiques et de la casuistique, d'où sortiront
le molinisme et le jansénisme.
Ainsi M. Strowsky nous a amené peu à peu jusqu'au génie où
viennent aboutir les idées religieuses d'im siècle entier, jusqu'à
Biaise Pascal.
Il est inutile d'insister sur la valeur du travail de M. Strowsky.
Nous l'avons dit et le répétons encore : seul un savant rompu à la
connaissance des idées qui avaient cours au xvi« siècle, pouvait tenter
une étude aussi délicate que celle du sentiment religieux en France
à cette époque. L'éminent professeur de Bordeaux y a pleinement
réussi. Th. Simar.
Langues et Littératures germaniques.
271. — P. Piquet, Précis de phonétique historique de l' allemand,
accompagné de notions de phonétique descriptive, Paris, C. Klincksieck,
1907. In-i2, xvi-244 pp. 3 fr.
« Ce Précis, dit l'auteur dans §a « préface », s'adresse avant tout
aux étudiants et professeurs curieux de connaître l'histoire — et par
suite de mieux entendre le sens — de la langue qu'ils apprennent ou
enseignent. A quelques-uns de ces lecteurs il suffira, offrant les faits
essentiels du chapitre le plus important delà grammaire historique
de l'allemand. Aux autres (il faut souhaiter que cette catégorie soit
(1) C'est sur cet exemplaire préparé par Moi taigne lui-même pour réJition
définitive des Essais qu'est faite lédition municipale de Bordeaux. M. Strowsky
went d'en publier le premier \olume. C'est un modèle sous tout rapport.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 321
la plus nombreuse) il servira d'introduction à Tétude de la philologie
germanique... Il y a aussi lieu de croire que les élèves des classes
supérieures des lycées et collèges le feuilletteront avec intérêt et
profit.
« On ne trouvera dans ce modeste exposé rien qui ne soit connu
et, il faut l'espérer, assuré. Du premier coup d'œil on aperc3vra ce
qui en fait l'originalité. C'est le souci de donner, pour une bonne
partie des exemples, les formes indo-européenne, germanique, ancien-
haut- allemande et moyen- haut- allemande, de façon qu'apparaisse
dès l'instant et dans le même mot la diversité des aspects que mani-
feste la langue depuis le passé le plus lointain. C'est ensuite la pré-
occupation de choisir les exemples témoignant de l'état indo-européen
dans le latin, très proche de nous, et de donner la préférence à ceux
qui survivent dans des mots français, pour que le lecteur qui
ignorerait le latin, ne soit pas désorienté. C'est aussi la presque
constante exclusion des exemples pris dans des dialectes germaniques
autres que le gotique, langue aisée, nettement délimitée et se prêtant
merveilleusement à l'explication des phénomènes qui intéressent
l'histoire de l'allemand. C'est, enfin, la fréquente opposition de mots
français et de mots allemands qui ont ensemble quelque rapport
étymologique, par quoi naît une persistante et intéressante compa-
raison des deux langues n.
Pouvaisje mieux faire connaître le but et le caractère de cet
ouvrage qu'en reproduisant ces lignes de la préface ? Je n'ai plus
qu'à ajouter que le Précis est divisé en trois parties; la première
(pp. 1-24) est une esquisse de Torigine et de l'évolution de l'allemand ;
la seconde (pp. 2J-74) donne des notions de phonétique descriptive ;
la troisième, de loin la plus étendue (pp. 75-202), forme la phonétique
historique de la langue allemande.
Cette troisième partie contient à son tour trois sections, consacrées
respectivement à l'histoire des voyelles et des diphtongues, à celle des
consonnes et à celle des sonantes depuis l'indo-européen jusqu'au
haut allemand moderne.
Enfin, quatre appendices des plus utiles, entre autres un tableau
représentant les deux mutations consonantiques et un second indi-
quant l'origine des sons actuels de l'allemand, suivent cet exposé,
tandis qu'un double index (index des ii\pts cités de l'allemand
moderne et index des mots français cités à cause de leurs relations
avec les mots allemands) termine le volume. En tête de l'ouvrage se
trouve un aperçu bibliographique, mentionnant les ouvrages auxquels
doit recourir celui qui, après avoir étudié le Précis^ désire acquérir une
connaissance plus approfondie du sujet traité.
Depuis quelques années, nous constatons en France des essais
322 LE MUSÉE BELGE.
très louables en vue de faire progresser renseignement de la lang^ue
allemande, et à coup sûr Ton ne pourrait mieux y réussir qu*en
mettant à profit les résultats de la science allemande. Le manuel
dont il s'agit ici en est une nouvelle preuve. Nous lui souhaitons de
tout cœur le succès qu'il mérite. C. Lecoutere.
272. — G. Kalff, Geschiedenis der Nedcrlandsche IdUrkutide, T. II.
Groningen, J. B. Wolters, 1907. In-S», viii-536 pp. 6 fl. 5o.
Le second volume de l'histoire de la littérature néerlandaise de
M. Kalff est consacré, en majeure partie, à la période des t rhétori-
ciens » (seconde moitié du xvc et commencement du xvi* siècle).
L'auteur termine d'abord la littérature du moyen âge par l'examen
des productions dramatiques de cette époque ; puis il aborde rorigine
des chambres de rhétorique, leur constitution, leur activité : poésie
lyrique, théâtre, œuvres en prose. Il s'arrête au moment où commence
à se faire sentir l'influence de la Renaissance et de la Réforme.
Je n'ai pas à revenir sur ce que j'ai dit lors de l'apparition du pre-
mier volume de cette histoire (cfr. BulL, t. X, p. 127-129). On trouve
dans celui-ci le même caractère, la même méthode, les mêmes qualités
maîtresses. M. Kalff se meut ici dans un milieu qu'il connaît à fond
depuis de longues années; rien de surprenant donc si, sous plus d'un
rapport, ce volume l'emporte même sur l'autre. C. Lecoutere.
273. — P. Staohel, Scneca und das dtuische Renaissanudrama'
Studien zur Literatur- und Stilgeschichte des 16. und 17. Jahr-
hunderts. Berlin, Mayer und Mûller, 1907. In 8°, x-388 pp. 11 m.
(Palaestra, vol XL VI).
Le premier chapitre de cet ouvrage est consacré à un examen,
succinct mais complet, des tragédies de Sénèque, pp. 4-29; dans les
trois autres, M. Stachel traite de l'influence de Sénèque sur le drame
scolaire en Allemagne (pp. 3o-i36), sur le théâtre hollandais (pp 137-
179) et sur la littérature allemande du xvn« siècle (pp. i8o-35o).
Comme on voit par cet aperçu, l'auteur a pris deutsch dans le sens
étendu qu'en Allemagne on donne souvent à ce mot. Il a eu tort. En
effet, il a été amené par là à écrire son troisième chapitre : Tinfluence
de Sénèque en Hollande. C'était inutile après l'excellente monogra-
phie de M. Worp sur ce sujet; aussi bien, malgré tout le soin
consacré à cette partie de son travail ( i), l'auteur ne nous apprend rien
de nouveau. Dans le deuxième chapitre se constatent aussi les con-
séquences de ce défaut de méthode.
(1) Cependant les pages où l'auteur parle de l'influence de Sénèque sur Vondel ne
nous ont pas entièrement satisfait ; ce nous semble ni assez clair ni assez exact.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 325
Ce qui donne au livre sa valeur, c'est le dernier chapitre, de loin
le plus important, où est examinée, d'une façon détaillée et appro-
fondie, rinfluence de Sénèque sur le théâtre allemand du xvii« siècle.
C'était là, à proprement parler, la question que M. Stachel avait à
résoudre, afin d'atteindre le but qu'il se proposait à lui-même (p. 3).
Fort heureusement, il n*y a que des éloges à lui décerner. Il a épuisé
le sujet ; il nous donne en abondance des résultats définitifs. Il les a
obtenus, grâce à une connaissance complète de la matière et à la
méthode irréprochable avec laquelle il se sert des documents et
matériaux accumulés avec autant de zèle que de perspicacité (i).
G. Lecoutere.
Histoire et Géographie.
274-275. — D. Blancbet et J. TOUtain, Histoire de France et
Histoire générale depuis les origines jusquà la Révolution. — Ecoles
normales primaires. Première année, i vol. in- 18 de i-58i pages.
Paris, Belin, 1906.
A. Malet, Histoire de France et Notions sommaires d* Histoire généraU de
1610 à Ij8ç. (Enseignement secondaire des jeunes filles, deuxième
année), i vol. in- 16 de i-35i pages. Paris, Hachette, 1906.
En ce moment où, en Belgique, la réforme de l'enseignement
moyen est à l'ordre du jour, il nous est particulièrement agréable de
signaler ces deux ouvrages excellents, destinés, l'un aux écoles nor-
males primaires, l'autre à l'enseignement secondaire des jeunes filles.
Tous deux sont rédigés conformément aux programmes de 1905 :
l'histoire du moyen âge est réduite à de justes, mais suffisantes
proportions, et l'histoire moderne reçoit des développements consi-
dérables; en outre, l'histoire politique proprement dite a cédé à
l'histoire de la civilisation la place prépondérante qu'elle occupait.
Une analyse détaillée de ces deux livres serait superflue. Cepen-
dant, afin de donner une idée exacte de leur valeur intrinsèque,
nous reproduisons, dans un tableau comparatif, le sommaire des
matières pour le xviii" siècle.
Blanchet et TouTAiN Malet
La Régence de La France sous Louis XV (La Monarchie
Philippe d'Orléans, absolue; les Parlements)
Dubois, Fleury.
(1) M. Stachel paraît bien au courant des travaux modernes; toutefois il ne
cite pas la monog'-aphie de M. Mallinger sur la Médée (Louvain, 1898;.
324
LE MUSÉE BELGE.
La France et l'An-
gleterre au dix- hui-
tième siècle.
La Prusse et TAu-
triche au dix-huitième
siècle,
La Russie au dix-
huitième siècle; Pierre
leGrand, Catherine IL
La fin du règne de
de Louis XV.
L'esprit public au
dix-huitième siècle.
Les préliminaires de
la Révolution; Louis
XVL
L'Indépendance des
États Unis.
L'Angleterre au dix-huitième siècle. (Le-
Régime parlementaire).
La Prusse. — Frédéric IL
L'Autriche. — Marie- Thérèse et Joseph II ^
L'Empire russe. — Pierre le Grand.
Catherine IL
La Politique continentale au dix-huitième-
siècle. (La fin de la succession d'Espagne i
la Succession de Pologne; Lutte entre la
Prusse et l'Autriche; Partage de la Pologne).
La Politique coloniale au dix-huitième
siècle. (Lutte entre la France et rAngleterre,
— Les Indes et le Canada. — L'Indépen-
dance des États-Unis).
La France avant la Révolution. (L'État
matériel : villes et campagnes. Les Artistes.
Les Idées nouvelles. — Les Écrivains. —
L'Opinion et le Gouvernement).
Louis XVI. — La Crise financière. — Les
Convocations des États Généraux.
Ainsi qu'on peut en juger, les auteurs, et M. Malet tout particuliè-
rement, ont eu en vue de décrire la marche générale de la civilisation»
en prenant pour base l'histoire de France. Pour cela, ils ont limité^
leur choix aux choses essentielles, qu'ils ont ensuite groupées dans
un exposé remarquable par son objectivité et son impartialité. Voilà:
pour le caractère général de ces deux ouvrages. Faisons connaître,
pour chacun d'eux en particulier, leur valeur pédagogique par
Texamen du plan général, de la méthode, des illustrations et du style.
L Blanchct et Touiain, — Le sujet de ce livre est l'histoire de France
envisagée en elle-même et dans ses rapports avec l'histoire générale.
Par conséquent, la partie consacrée au moyen âge (1-196 pages) n'est
que l'histoire spéciale de France et des quelques faits généraux qui
rintéressent, par exemple, l'empire arabe, la papauté, les Croisades.
L'horizon s'élargit avec les temps modernes (197-575 pages) : la
France est intimement mêlée à la politique européenne, quand elle
ne la dirige pas, et, désormais, c'est l'histoire de l'Europe sur le
continent et aux colonies que nous avons sous les yeux. En même
temps que les vicissitudes politiques de la France, ses transforma-
tions administratives, sociales et économiques reçoivent des dévelop-
pements appropriés à leur importance respective.
La méthode est remarquable par son unité et par le soin avec
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 325
lequel elle a départagé les diverses opérations que comporte l'en-
seignement de l'histoire. Chaque chapitre comprend : un plan
sommaire, un récit où les points indiqués sont largement traités ; des
lectures empruntées aux meilleurs historiens; l'identification des
termes géographiques, ce qui tient lieu de cartes et suppose l'usage
de Tatlas ; im questionnaire pour les exercices oraux et un choix de
sujets de devoirs écrits; enûn, l'indication des principaux ouvrages à
consulter.
L'illustration, assez simple, se réduit à peu près aux portraits des
personnages illustres ; il nous plaît, cependant, de signaler la repro-
duction dé quelques vitraux de la cathédrale de Chartres représentant
différents corps de métiers. La simplicité et la clarté du style de ce
manuel en rendent la lecture agréable et l'assimilation facile. C*est, à
notre avis, le meilleur éloge que Ton puisse adresser aux auteurs, car
ils peuvent être assurés d'avoir atteint leur but.
II. Malet, — L'ouvrage de M. Malet séduit dès l'abord par son
élégance et son originalité bien françaises, contrastant quelque peu
avec l'aspect didactique du manuel classique de MM. Blanchet et
Toutain. Il est vrai qu'il s'adresse, non à de futurs instituteurs péné-
trés déjà de Timportance de leur mission, mais à des jeimes ûlles, et
il se devait de revêtir cet extérieur particulièrent attrayant qu'a su lui
donner la maison Hachette.
Les matières traitées vont de 1610 à 1789 ; il en résulte que c'est un
cours d'histoire générale avec l'histoire de France pour pivot. Préoc-
cupé avant tout de retracer les étapes successives de la civilisation.
Fauteur se défend d'adopter la division chronologique par siècles ou
par règnes. Il groupe les manifestations de l'activité des peuples en
catégories commandées par les divers facteurs de la civilisation, et de
la sorte, il parvient à fusionner les faits si complexes en plusieurs-
synthèses entre lesquelles l'enchaînement est très apparent. Ainsi,
son cours renferme à la fois l'histoire politique, militaire, artistique,
littéraire, économique et sociale de l'Europe.
La méthode est simple. Un aperçu succinct des matières ^traitées
dans chaque chapitre précède le développement où l'auteur se révèle
un maître qui sait utiliser, avec un art consommé, toutes les res-
sources dont il dispose. Ce n'est pas un exposé ordinaire où Ton sent
l'effort de l'écrivain : c'est plutôt une mise en scène des hommes et
des événements. Quoi de plus frappant, pour les élèves, que la des-
cription des batailles de Rocroi, de Neerwinden et de Rosbach ? ou
que l'expression « travailler pour le roi de Prusse » par laquelle le
langage contemporain caractérisa le traité d'Aix-la-Chapelle (1748),
ou encore le surnom de « vide-gousset » donné au piètre financier
que fut labbé Terray ?
326 LE MUSÉE BELGE.
Ces exemples pourraient être multipliés, et, à eux seuls, ils suffi-
raient pour affirmer la haute valeur de ce manuel. Mais celle-ci est,
en outre, rehaussée par une illustration superbe. Point de ces gra-
vures banales qui lassent vite l'attention, mais des reproductions»
exécutées avec finesse, d'estampes, de tableaux, de portraits, d'ameu-
blements, de scènes de la rue, de monuments. Mentionnons, à titre
d'exemples, « la distribution de pains au Louvre, lors de la disette
de 1693 », — u Noble et paysan vers i65o », — « Paysan sous
Louis XIV 0 Ces figurations suggestives et le plus souvent contem-
poraines des événements , sont accompagnées d'un commentaire
explicatif. Enfin, pour compléter la partie intuitive, des cartes nouâ
renseignent sur les modifications géographiques de l'Europe poli-
tique.
Le style est alerte et vivant; l'exposé est émaillé de courts extraits
/des historiens et de citations empruntées aux mémoires des person-
nages eux-mêmes. Jusque dans les moindres détails, tout est présenté
avec clarté et simplicité : on lit ce livre sans effort, on l'étudié avec
plaisir.
En résumé, c'est un véritable cours d'histoire dont la portée est
éminemment éducative, car la relation entre le passé et le présent y
est constamment apparente. Il apprend à aimer et à juger sainement
la situation actuelle.
Ainsi que nous l'avons dit en commençant ce compte rendu, ce
sont deux ouvrages excellents, et nous exprimons le vœu d'en voir
paraître bientôt la suite (i).
Notes critiques — Relevons quelques erreurs ou négligences tou-
chant l'histoire de Belgique. MM. Blanchet et Toutain continuent
de fixer à Tolbiac la bataille où Clovis vainquit les Alamans, alors
qu'elle a eu lieu dans les environs de Strasbourg (Kurth. Clovis); ils
disent que Philippe le Bel ne confisqua que la Flandre française, et
que la bataille de i3o2 eut lieu près du canal (?) de Courtrai (et non
Courtray) : en réalité, le roi de France confisqua toute la Flandre, et
le champ de bataille de Courtrai était entrecoupé de fossés et de
marécages (Pirenne. Hist, de Beîgiqiu), Enfin, quelques noms géo-
(1) M. Albert Malet publie également chez Hachette un Cours complet d'histoire
à l'usage de l'Enseignement secondaire (programme du 3i mai 1902), en sept
volumes. Trois volumes ont pa^u : L'Antiquité (6® A et B). 3 frs. Le Moyen Age
et tes Temps modernes jusqu'en 14Ç8 (5« A et B). 3 frs. Les Temps mode* nés jus-^
qu'en 178c, 3 fr. 5o. Il reste à publier : L'Kpoque contemporaine (3« A et B).
Histoire moderne {2^^), Dix-huitième siècle : Révolution et Empire (1") Dix-
neuvième siècle ( l'hilosophic).
Dft leur côté, MM. D. Blanchet et J. Toutain publient un Cours complet (f histoire^
chez Belin frères, en neuf volumes.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 327
graphiques sont mal orthographiés dans les deux manuels : Héristal
pour Mental, Steinkerque pour Steenherque, Oudenarde pour Audefiarde,
Haucour pour Rocour. C. Leclère.
276. — Ch. Nimal, Thuin sur le déclin du régime hollandais, pettdant la
révoluiion et au début du règne de Léoppld I'^, 182c 18JS, Mémoire tiré
des archives de la ville et publié à l'occasion du Jubilé national de
1905, avec un succinct aperçu de tous les événements qui ont
amené, accompagné et suivi la révolution de i83o. Liège,
H. Dessain, 1907. In-S® de 97 p.
Cette publication appartient à la série déjà nombreuse des mono-
4^raphies locales consacrées à évoquer les épisodes d'une cité lors du
soulèvement national. Comme l'auteur l'indique sur le titre, son
mémoire est tiré des archives de la ville; cette source fournit indubi-
tablement des éléments nombreux d'informations, mais pour la
période du 27 août au 17 septembre i83o, même les rapports confi-
dentiels adressés par le bourgmestre Martin au gouverneur de
Hainaut ne peuvent être acceptés comme caractérisant exactement
Tétat des esprits de la petite ville hennuyère. En effet, Albert Gérard
Martin, dont M. Tabbé Nimal fait Téloge comme administrateur et
s'attache à défendre la mémoire contre les assertions du D^ Rombaut,
décédé archiviste communal, était très attaché au gouvernement
hollandais, au point qu'aux élections communales du 20 octobre la
presque unanimité des électeurs choisit un autre bourgmestre ; ses
rapports reflètent donc ses sentiments orangistes et les attribuent à
toute la population de Thuin. Loin de faire des réserves sur l'entière
exactitude de ces documents officiels et de chercher à les contrôler,
soit par les journaux du temps (ils étaient rares, il est vrai), soit par
les souvenirs traditionnels, M. l'abbé Nimal leur accorde une créance
trop prononcée,
La ville de Thuin, comptant à cette époque une population de
36oo habitants, fournit un contingent de 5j volontaires qui partici-
pèrent aux combats de septembre à Bruxelles. Ce fait atteste que la
population thudinienne ne professait pas un amour bien vif pour la
dynastie orangiste, comme pourraient le faire croire les rapports de
Martin.
Reconnaissons, malgré cette observation, que M. l'abbé Nimal a
groupé d'une manière intéressante, spécialement pour ses conci-
toyens, des particularités inédites sur les événements survenus à
Thuin et fournit quelques notices biographiques sur des volontaires
qui se sont distingués aux combats de la révolution et des renseigne-
ments utiles sur les hommes influents de la cité. E. Matthieu.
328 LE MUSÉE DELGB.
Philosophie.
277. — Santé de SantlS. Die Mimik des Denkens. Trad. autorisée
par J. Bresler. Un vol. in-8 de 184 pages, avec 44 gravures dans
le texte. Halle a. S., Cari Marhold, 1906.
Il y a, sur l'expression des émotions et en général des états d'âme
chez l'homme et chez les êtres inférieurs, toute une littérature très
vaste et déjà assez ancienne. Les œuvres de Léonard de Vinci et les
conférences du peintre Le Brun (1667) ont fourni leur contribution
à ce genre d'étude, et les contemporains essaient de donner à ces
recherches plus de précision et de certitude, employant à ces fins les
procédés et les instruments dont on use dans les laboratoires de
physiologie. M. Santé de Sanctis estime que, pour le cas dont il
s'occupe (la mimique de l'attention), l'emploi exclusif de ces engins
oblige le chercheur à n'opérer que sur des sujets de choix et à placer
ceux-ci dans des conditions exceptionnelles et artificielles. Pour lui,
combinant plusieurs méthodes, il s'est adressé d'abord à l'anatomie
et à la physiologie proprement dites, puis a observé les animaux
supérieurs, confrontant ses remarques avec celles d'autrui. Il étudie
ensuite la question chez les enfants et chez les vieillards, la creuse et
la fouille chez l'adulte, comparant toujours le résultat de ses enquêtes
à ceux qu'ont obtenus ses prédécesseurs : l'attention concentrée et la
diffuse, l'extase, l'influence de la race, du sexe, des habitudes sont
tour à tour l'objet de ses investigations. L'auteur termine son travail
par l'examen d'un certain nombre de malades et de dégénérés,
aveugles, aliénés, idiots, faibles d'esprit combinant toujours l'étude
directe de sujets nouveaux avec l'étude de ceux que lui fournit la litté-
rature actuelle de la psychologie. Le tout est entremêlé de reproduc-
tions photographiques, croquis, descriptions d'oeuvres d'art, citations
peu banales et très littéraires, qui en font un livre de lecture agréable
du moins pour ceux qui s'intéressent à ce genre de problème.
La conclusion ? — C'est que : i'* le rôle principal dans le jeu de la
physionomie attentive est joué par les muscles peauciers de la zone
de l'œil, surtout par le muscle sourcilier (ce qui n'est pas une entière
nouveauté). 2* Ce dernier muscle n'a pas exercé originairement cette
fonction : il a d'abord exprimé la douleur; puis, lorsque la mimique
de l'attention d'abord diffuse et répandue par tout le corps, spéciale-
ment dans le tronc et dans les membres, s'est resserrée, c'est dans
l'œil qu elle s'est concentrée, et le muscle dont il s'agit a restreint Je
champ de la vision pour permettre de mieux voir ou pour protéger
Tœil ; enfin il a joué le rôle que l'on sait. Dans la première phase de
l'activité connaissante, dans celle de l'attention aux choses exté-
rieures ou attention proprement dite, le mouvement domine, et l'or-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SSQ
gane s*adapte à l'objet ; dans la seconde phase, celle de la réflexion
ou méditation, c'est le repos qui remporte, et tout ce qui peut gêner
ou distraire le travail de la pensée est écarté par le sujet. Mais ce
n'est pas toujours sans peine; les deux tendances peuvent coexister
-et prendre tour à tour l'avantage. Ainsi s'explique le débat entre ceux
poxir qui l'attention est essentiellement liée à un mouvement de lor-
ganisme et ceux qui la caractérisent par le repos du corps ; déjà,
dans l'introduction (pp. 4 8), M. de Sanctis avait signalé à ce propos
d'assez piquantes contradictions entre ceux qui se sont occupés de la
question même s^u point de vue expérimental. Mais tout cela est
plutôt pour les psychologues de profession ; lartiste et le pédagogue
se contenteront de butiner dans ces pages — )a chose en vaut la
peine (i ) — ce qui se rapporte à leur étude.
Il convient, en finissant, de louer le traducteur pour la clarté et
l'élégance de sa version, vraiment remarquable à ce point de vue.
A. Grafé.
Notices et annonces bibliographiques.
278. — Jalius Koeh, Roemische Geschichte, Leipzig, igoS, 4* édit. ; un vol.
in-32 de 191 pages. Prix : 80 pf, (Sammlung Goeschen^ n» 19).
Cette nouvelle édition d'un ouvrage très justement apprécié ne diffère pas consi-
dérablement de la précédente. La plupart des changements que l'auteur y a intro-
duits ne portent que sur des points secondaires : correction de menues erreurs,
suppression de conjectures hasardées, développement de passages que la forme
concise de l'exposé rendait obscurs, etc. Pour s'acquitter de cette tâche délicate,
M. Koch a tenu compte des critiques dont son ouvrage avait été Tobjet, et il a utilisé
judicieusement les résultats des meilleurs travaux d'histoire romaine parus depuis
1902. La bibliographie, qui est rejetée maintenant à la fin du volume, a été revisée
avec soin et mise à jour. Bref, il ne manque à ce petit manuel, pour devenir un
modèle du genre, qu'un Index alphabétique des matières, dressé sur le plan de
celui qui termine la Griechische Geschichte que M. Swoboda a publiée dans la
même collection ; le tableau chronologique des principaux faits de l'histoire interne
et externe, dont M. Koch a enrichi cette nouvelle édition, ne peut évidemment en
tenir lieu. L. H.
279-282. — Parmi les nouvelles publications de la maison Weidmann, à Berlin,
nous signalons les suivantes :
Vergils Gedichte crklaert von Th. Ladewig und C. Schapcr. l*»"" Baendchen :
Bukolika und Georgika. VllP" Auf). von Paul Deuticke. 1907. 3 m. La septième
édition avait paru en 1882; depuis lors, de nombreux travaux ont été publiés sur
les Bucoliques et les Gcorgiques; personne n'était mieux à même d'en tenir compte
que M. Deuticke.
(i; Signalons, entre autres, l'indication d'un moyen pour éveiller et développer
l'attention chez ks entants arriérés (p. 168), tt Texamcn du point de savoir si la
marche ou l'exercice modéré sont fa\orables au jeu de I intelligence (p. 96).
33o LB MUSEE BELGE.
Sophokles eMtien von F. W. Schneidcwin und A. Nauck. VII*«« Baendchen -
Phfloktetes. io<« Aufl. von L. Radermacher. 1907. 1 m. 80. L'introduction es^
restée ce qu'elle était; dans la préface, M. Radermacher indique quelques points
de vue nouveaux. En revanche, le commentaire a subi beaucoup de changements.
Die Sermonen des Q. Horatius Flaccus, Deutsch von C. Bardt. 3'« Aufl. 1907.
4 m. Les traductions d*auteurs latins que M. Bardt a présentées au public (Plaute,
Térence et Horace) sont des modèles. M. Bardt rend en vers allemands la pensée
du poète latin avec une aisance telle qu'on ne s'aperçoit pas qu'il traduit.
K. Staedler. Horaz' lamben- und Sermonen-Dichtung vollstdndig in heimischen
Versformen verdeutscht. 1907. 3 m. L'auteur avait pubhé en 190 1, chez G. Reimer.
une traduction des Odes d'Horace. Ce volume vient donc compléter le premier. Le
principe du traducteur est celui-ci : rendre fidèlement la pensée et les sentiroeot»
d'Horace, mais dans la langue allemande, c'est à dire en se servant du mètre et des
ressources que fournit cette langue.
283. — G. Koerting , Lateinisch-romanisches Woerterbuch, (Etymologisches
Woerterbuch der romanischen Hauptsprachen). 3^AuH. Paderborn, Schoeningh,
1Q07. Paris, Gamber. 26 m.
La deuxième édition de cet ouvrage avait paru en 1901. Voici déjà une troisième,
considérablement augmentée, car, au lieu de 1262 colonnes, elle en comprend 1374»
C'est une liste de 12.469 mots, latins surtout, mais aussi grecs, allemands, arabes,
hébreux, etc., qui ont fourni des mots aux principales langues romanes, suivis
chacun des mots qui en dérivent. La troisième édition donne plus de 12.469 mois,
mais les mots nouveaux ont été intercalés et les numéros ne sont pas changés.
L'index des mots romans qui termine le volume permet de les retrouver : il y en a
plus de 84.000. Et pourtant, comme précédemment, M. Koerting a laissé de côté
les dialectes et les patois, estimant que le travail eût dépassé les forces d'un seul
homme. Tel qu'il est, augmenté et amélioré, son ouvrage ne peut manquer d'ob-
tenir un succès toujours plus grand.
284. — Dom P. Gabrol, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie,
Fasc. XII : B-Baptême. Paris, Letouzey et Ané, 1907. 288 col. 5 frs.
Avec ce nouveau fascicule commence le deuxième volume. Il contient les articles
suivants : B B et B.M, sigles épigraphiques; B et V permutant ; Baaibeek, Bebcl,
Babiska, Babouda (église de), Baccano, Bacchanales, Bagaouat (p. 3 1*62), Bagna-
cavalo, Baguette, Bâillon (dom H. Leclcrcq), Bains (dom H. Dumaine), Baiser
(dom F. Cabrol), Bakirha. Balaam, Balance, cimetière de Balbine, Balcon, Bal-
daquin, Bâle (mss. liturgiques), Baléares, Bamberg (mss. liturg.), Bamouqqa,
Banaqfour, Bancs (H. Lcclercqj, Bangor (antiphonaire de) par F. Cabrol ; Banos
(baîiiUque de S. Juan Bautista en), Banque, Banquirs (H. Leclercq)» Baouit
(J, Clédai), Baptême (dom de Puniet). Le fascicule contient les gravures iiSg à
i3S6. On voit que l'ouvrier principal est touiours dom Leclercq, qui vient de
publier en même temps un Manuel d'archéologie chrétienne depuis les origines
msqu'au 17//" siècle, 2 forts vol. de 600 et 670 pp.. 408 grav. Même éditeurs.
20 ITS.
2t^3. — L'ouvrage si remarquable et si remarqué du P. Hipp. Delebaye sur les
L^i^endi-a hagiographiques a eu les honneurs d'une traduction allemande : Die
ha^'tfigraphtschen Legenden von Hippolyte DelehayCy S, /., ûberseti^t von E. A.
Sttickelberg. Kempten et Munich, J. KecS;:!, 1907. 3 m.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 I*
«86. — Ifaroel Dieulafoy, Le Théâtre édifiant en Espagne. Cervantes, Tirsn
de MoLna^ Calderon, Bloud, 4, rue Madame, Paris, 1907. 1 vol.fgr. in- 16. 3 fr. ^o.
(Collection La Pensée chrétienne).
Personne n*avait étudié dans ses manifestations si multiples et si captivantes le
théâtre religieux de TEspagne et les chefe-d^œuvre enfantés durant le Siècle d'Or,
Il fallait connaître les terrains divers où s'alimenta dès sa naissance la civilisation
espagnole et découvrir les raisons qui inclinèrent TEspagnc tantôt vers la France
orthodoxe, tantôt vers Tlslam vaincu et repoussé. Cest le cas de M. Diculafoy,
membre de l'Institut. Aussi bien les travaux qu'il a entrepris depuis de longues
années sur la renaissance espagnole ainsi que ses belles et fructueuses recherches
sur le moyen âge en France et en Perse l'ont-ils conduit à s'occuper des œuvres
édîitantes portées à la scène de Pun ou de l'autre côté des Pyrénées.
Dans quel esprit et dans quel dessein ces pièces furent-elles composées? Quelle
fut l'origine et la caractéristique de l'évolution du genre remarquée en Espagne au
début du XVII* siècle? Quels sont les matériaux étrangers qui furent utilisés en cette
circonstance? Quel profit l'esprit public et la religion tirèrent-ils du théâtre édifiant
espagnol ? Telles sont les questions posées et résolues ici avec l'ampleur qu'elles
exigent et avec cette pénétration toute personnelle, et cette science sûre et stans
aridité qui donnent tant de prix aux travaux de M. Dieulafoy.
l/éminent écrivain prouve que la pensée chrétienne fut la directrice et le guide
de l'évolution du théâtre édifiant ; mais il montre aussi que la traduction des
Miracles de Notre Dame et de la Légende Dorée furent mis à profit et même cer-
taines solutions données par les docteurs musulmans de problèmes où la foi n'était
pas en péril. Il établit ensuite que le théâtre ainsi transformé devint un auxiliaire
précieux dans la lutte entreprise contre le luthérianisme; il dit enfin avec quelle
ardeur, quel talent, quelle sincérité les grands poètes dramatiques, les illustres
représentants du Siècle d'Or répondirent aux intentions du pouvoir et comment ils
surent allier dans leurs œuvres le charme à l'intérêt, la beauté souveiaine à Tcxpo-
si lion des thèmes sévères.
De courtes notices relatives à trois des grands tragiques — Cervantes, lirso de
Molina et Calderon — qui prirent part à cette sorte de croisade littéraire et la tra-
duction fidète, complète et respectueuse du Truand béatifié^ du Damné pour
tnanque de confiance et de La Dévotion à la Croix complètent ce travail et mon-
trent par des exemples décisifs que le théâtre édifiant espagnol, sans rival par sa
richesse, son originalité et sa supériorité littéraire, est uniqCte par sa haute portée
morale et sa valeur religieuse.
287. — H. L. Th. Festen, Eene leesles met Candidaat'Hoo/doudenvijiçers .
Zutphen, W.-J. Thieme en O», 1907. o fl. 75.
Je signale volontiers ce petit ouvrage aux lecteurs de ce Bulletin ^ bien qu'il ne
s'adresse guère à eux. - A l'usage de ceux qui, en Hollande, préparent i'examcn de
koo/donderwtj:;er^ ce qui veut dire à peu près (car rien n'y correspond exactement
chez nous) instituteur de premier rang, M. Festen étudie un poème de 1. da
Costa : Wachter ! wat is er van den nacht ? Il joint au texte une série de questions,
auxquelles l'étudiant doit essayer de répondre ; celui-ci peut contrôler lui-même
jusqu'à quel point il y est parvenu, en recourant aux solutions qui se trouvent à la
fin du volume.
Ce n'est pas le lieu ici de discuter ce procédé ni même d'examiner si le question-
naire est bien dressé, si les réponses sont toujours adéquates. Mais il me semble
que le travail de M. Festtn, malgré les réserves qui nous devons faire, sera utile
au public uès spécial auquel il est destné. C. L.
332 LE MUSÉE BELGE.
288. — D' J. van der Valk, On^e Letterkunde. Over^icht der Nederlandsche
ietterkunde met bloemlepng^. Rotterdam. J. M. Bredée. Fasc. i-3 (le fiasc. de
80 pp. o fl. 40).
Le titre de cette publication en indique suffisamment la nature et le conteou.
M. van der Valk se propose de nous donner, en trois volumes d'environ 400 pages
chacun, une histoire résumée de la littérature néerlandaise, accompagnée d'extraits
étendus des œuvres les plus remarquables. Les cinq livraisons que nous avons
reçues embrassent presque toute la poésie du moyen âge. M. van der Valk y suit
le plan adopté par J. te Winkel et nous donne successivement quelques détails sur
les romans de chevalerie (cycles classique, franc, breton, etc.), la littérature narra-
tive religieuse, les fables et le roman du renard, la poésie didactique, pour arriver
à Maerlant et à son école. Viennent alors les chansons (pp. 267-381), puis les
boerden et sproken. Et chaque fois il nous fait connaître Ics œuvres dont il parle
par des extraits annotés, et reliés parfois entre eux par une courte analyse.
Pour juger cette.entreprise, il nous faut attendre qu'elle soit plus avancée, d'autant
plus que l'autcur ne nous donne pas la moindre explication ni de son plan ni de sa
méthode. Nous devons donc nous borner actuellement à une simple annonce.
C. Lecoutebe,
289. — P. H. Van Moerkerken, Keur uit Vondels lyrische en dramatische
poé:{ie. Tweede druk, bezorgd door D** 6. A. Nauta. Sneek, J. F. van Druten,
1907. 1 fl. 5o
Cette deuxième édition de la Chrestbomathie de feu M. van Moerkerken Q*cst
<)u'un « rajeunissement » de la première. M. Nauta n'en a pas modifl le contenu;
jl s'est borné à revoir l'annotation et a ajouté, à la fin du volume (pp. SSq-SqS),
^quelques nouvelles remarques. L'ouvrage est divisé en trois parties. Les 48 pre«
mières pages sont consacrées à une biographie du poète : elle est formée par une
suite d'extraits empruntés au Vondels leven de G. Brandt (i683). Les poésies
lyriques sont disposées systématiquement (satires ; poésies se rapportant à des
personnes déterminées, à des événements, etc.). Enfin la partie dramatiqne contient
des extraits de quatre tragédies (PalamedeSy Gysbrecht^ Joseph in Dothan^ Lucifer)
et de la pastorale de Leeuwendalers^ reliés entre eux par un résumé des passages
omis. C. L.
290296. — On a célébré récemment, chez nos voisins du Nord, le cent-cinquantième
anniversaire de la naissance de Bilderdijk (7 sept. 1756). Ces fêtes ont donné lieu à
une exposition de BUderdijkiana à Amsterdam. Inutile de dire que cette commé-
moration a suscité une foule de publications consacrées au grand écrivain et poète :
articles, discours, brochures, etc. Nous nous bornons à relever les deux antho-
logies des œuvres poétiques de Bilderdijk rassemblées par M. Van Elrin^,
Bloemle:{ing uit de gedichten van Willem Bilderdijk (Amsterdam. P. N. Van
Kampen en Zoon; 224 p. i fl. 2b) et par W. Kioos, Bloemle^ing uit Bilderdijkt
gedichten (Amsterdam, G. Schreuders, 243 pp. o fl. 40;, toutes deux précédées
<i'une introduction et accompagnées de remarques (la notice de Kloos sur Bilder-
dijk est importante sous plus d'un rapport); le beau discours que M. le pro-
fesseur J. te Winkel a prononcé lors de l'inauguration du buste de Bilderdijk, à
Am'îterdam (W. Bilderdijk als dichter gehuldigd, Amsterdam, HOveker et Worm-
ser, 26 pp. o fl. 3o), celui de l'ancien ministre A. Ki4)per (Bilderdijk in j(ijne natio-
nale beieekenis, ibid., 87 pp. o fl. 90) et le livre de M. le Dr. H. Bavinck, Bilderdijk
ixls denker en dichter (Kampen, J. H. Kok, 1906; o fl. 2b). Après avoir consacré le
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 333
-premier chapitre à tracer les traits distinctifs du caractère de Bilderdijk, il traite dans
les suivants de son système philosophique, de ses spéculations sur la divinité, la
nature, Tharmonie de Tunivers, Thomme, etc., pour passer à Texamen de ses idées
«ur la religion, la morale, le droit, le devoir, la famille et la société, le langage et la
poésie, et terminer par un chapitre sur la façon dont Bilderdijk entendait et pratiquait
rhistoire. Pour justifier son entreprise, M. Bavinck fait observer que, malgré le grand
nombre d*écrits de toute sorte et de toute étendue qui ont paru sur Bilderdijk, cette
grande figure est très insuffisamment connue. Ce qu'il était réellement, ce qu*il pen-
sait, ce à quoi il tendait par son œuvre, aucun de ses nombreux biographes ne Ta
examiné d*une façon complète et approfondie. On peut expliquer cela, d*une part par
Timmense quantité des productions de Bilderdijk, d'autre part par la complexité, et
la singularité des idées et opinions de ce polygraphe : il en coûte pour se mettre à son
point de vue. II va de soi que M. Bavinck, pour arriver à sa fin, doit recourir tout
autant aux écrits en prose qu'aux œuvres poétiques de Bilderdijk, que le plus possible
il lui laisse la parole, se bornant au rôle de fidèle rapporteur, et se réservant à déga-
ger, dans un chapitre final, les conclusions auxquelles aboutissent ses investigations.
Quelles que soient les réserves que nous devons faire sur l'appréciation de certains
faits et la justesse de certains jugements, nous n'hésitons pas à dire que le livre de
M. Bavinck est un ouvrage sérieux, qui nous fait réellement mieux connaître l'étrange
personnalité que fut Bilderdijk.
Signalons enfin l'album très remarquable dû à la collaboration d'un certain nombre
d'admirateurs de Bilderdi|k (W. Bilderdijk, Uitgegeven op machtiging dcr Bilder-
<iijkcommissie ; Amsterdam, Ho^eker et Wormser ; 468 pp., 3 fl. 90) ; c*est une suite
d'articles et de contributions diverses sur Bilderdijk, sa personne et ses œuvres. Le
contenu, très varié, ne permet pas d'entrer ici dans un examen détaillé.
C. Lecoutere.
2v37. — G. Rivière, La Terre des Pharaons, Paris, Schleicher. 1907. 3 fr. 5o.
Cet ouvrage contient toute l'histoire politique et sociale de l'Egypte ancienne.
Après avoir donné des renseignements très complets sur la civilisation égyptienne,
la langue et les écritures, l'organisation politique et religieuse, l'auteur examine
l'art et la littérature des Égyptiens. Ensuite, il reprend l'histoire mouvementée de
ce peuple remarquable depuis son origine assez nébuleuse jusqu'à la conquête
romaine et à l'occupation anglaise.
En dehors des gros volumes de Maspero et de quelques savants, il n'existait pas
d'ouvrages portatifs sur cette brillante civilisation. Aussi l'ouvrage si complet de
M. Georges Rivière rendra-t-il de réels services à tous ceux qui s'occupent d'histoire
ou d'orientalisme.
298. — Adolphe Régnier, Saint Martin (316-397). Victor LecofTre, J. Gabalda
et C*«, rue Bonaparte, 90, Paris. 1 vol in- 12. 2 fr. (« Les Saints»),
Saint Martin, le grand apôtre des Gaules, avait été l'objet de recherches longues
et minutieuses. Nous n'avions pas sur lui de livre clairement, agréablement résumé
et définitif. Ce livre, M. Régnier, docteur ès-letires, sous-bibliothécaire de l'Institut,
vient de nous le donner. On y suivra avec un intérêt passionné la lutte entreprise et
menée à bien par saint Martin pour délivrer les Gaules des dernières superstitions
païennes et fonder partout le culte spirituel du vrai Dieu. Il n'est guère de région
en France, en Belgique, dans l'Allemagne catholique qui n ait des églises dédiées à
saint Martin. Un ouvrage aussi sûr que celui qui vient de paraître y sera exception-
•nellement bien accueilli.
334 ^^ MUSÉE BELGE.
299. — Paul Parsy, Saint Éloi (590-659). V. LccofFrc, J. Gabalda et 0% 90, rue
Bonaparte, Paris. 1 vol in- 12. 1 fir. (a Les Saints»).
M. Paul Parsy (de la Croix de Paris) nous donne dans la collection des «Saints >»
un livre qui nous manquait sur saint Éloi. Le grand artiste, le conseiller des rois,
révêque revivent ici tour à tour dans un cadre richement dessiné. L'auteur nous
transporte successivement dans le Limousin, à Paris, dans le nord de la France :
partout il met sous nos yeux toute la civilisation de cette époque féconde pour
l'avenir de la monarchie française et pour l'Église de France. Son héros y est vrai-
ment restitué à Thistoire de son temps, à Thistoire des arts, à l'histoire du pays.
300. — Baron Kervyn de Lettenhove, La Toison d'Or. Origines et histoire de
l'ordre depuis son institution en 1429 jusqu*à Tannée 1559. Bruxelles, Van Oest^
1907. i vol. m-40. 5 fr.
Au moment où V Exposition de la Toison d'Or et de VArt néerlandais sous les
ducs de Bourgogne, faisait Tadmiration des savants et des amateurs accourus de
partout, une monographie de l'ordre de la Toison d'Or s'imposait. M. le BaroD
Kervyn de Lettenhove, l'infatigable président de l'Exposition de la Toison d'Or,
rérudit sagace et averti, qui fut également l'organisateur de VExposition des Primi»
tifs Flamands^ est l'auteur de ce travail. Puisant aux sources les plus sûres, il
retrace les origines et l'institution de cet ordre fameux, en donne l'historique
jusqu'en l'année i559 et montre le rôle que Tordre joua dans l'histoire de la civilisa-
tion à la fin du moyen âge. Le texte est complété par l'adjonction des listes des
chefs et souverains et des chevaliers de la Toison d'Or durant la période 142g- 1559,
pendant laquelle Tordre eut pour chefs : Philippe le Bon, Charles le Téméraire,
Maximilien d'Autriche, Philippe le Beau, Charles-Quint, Philippe IL
L'illustration de cet ouvrage comporte 42 planches toutes hors texte, tirées en
typogravure et reproduisant un certain nombre des plus beaux portraits des chefs
et souverains et de chevaliers illustres de Tordre, des miniatures célèbres, des
estampes de Tépoque. des armures, des sculptures, une des célèbres tapisseries
d*Espagne. etc. La plus grande partie de cette documentation a été choisie parmi
les chefs-d'œuvre exposés à Bruges de juin à octobre 1907.
CHRONIQUE.
3oi. — Académie royale de Belgique y Programme du Concours pour içio. Aux
questions reproduites ci-dessus, p. 290, il faut ajouter celle-ci :
Sixième question (section des sciences morales et politiques) : Étudier, d'après les
inscriptions grecques et latines, les idées sur la vie future qui a /aient cours dans
l'Empire romain, et les influences sous lesquelles ces idées se sont formées.
La valeur des médailles d'or attribuées à la solution de chacune des questions sera
de huit cents francs.
Les mémoires seront adressés, franc de port, avant le i^^ novembre 1909, à
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie, au Palais des Académies, à Bruxelles.
Prix Teirlinck, Littérature flamande (délai : 1 nov. 1910). Mille francs.
Faire l'histoire de la prose flamande avant l'influence bourguignonne, c'est-à-dire
jusqu'à Tépoque de la réunion de nos provinces sous Philippe de Bourgogne,
vers 1430.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 335
3o2. — Programme du concours universitaire pour 1907 «1909 (Délai : 1" février
Faculté de Philosophie et Lettres.
Premier groupe, — Philologie classique,
1® On demande une étude sur la doctrine de VEpinomis ;
Y* La vie et Tœuvre du poète comique Cœcilius ;
30 On demande une étude sur Hypatie ;
4<» La critique littéraire au temps d^Horace.
Deuxième groupe. — Philologie orientale,
|0 Théorie de la connaissance d*après le Nyâya ;
30 L'esclavage en droit musulman ;
30 On demande une étude sur Théodore bar Koni ;
40 Rechercher dans la littérature épique persane et dans les ouvrages peblvis les
traces de traditions relatives aux Achéménides.
Troisième groupe, — Philologie romane,
i<» On demande une contribution à l'histoire de Torthographe française;
2® André de la Vigne, sa vie et son œuvre ;
3<> Bourdaloue et la Bible.
(Quatrième groupe, — Philologie germanique,
1** Faire une étude sur les nouvelles de Th. Storm ;
ao Étudier les caractères des vices dans les plus anciennes moralités anglaises ;
3^ Étude sur les visions de Sœur Hadewijch.
Cinquième groupe, — Philosophie et droit naturel,
lO Exposer et critiquer la Philosophie de VArt de H. Taine ;
2<* Faire une étude critique sur les travaux philosophiques d'Élie Rabier;
30 Faire une étude critique des idées de Spinoza et des origines historiques sur
la connaissance du troisième genre ;
4<> Analyser le sentiment de l'efFort et examiner si nous y avons conscience de
notre activité.
Sixième groupe, — Histoire,
1® On demande une étude sur les châtelains dans le comté de Flandre avant le
XXV* siècle ;
2^ Faire Thistoire de saint Albert de Louvain, avec étude spéciale du Vita Alberti.
30 Faire Tétude de Torigine et du développement des châtelains en Flandre ;
40 On demande une contribution à Thistoite de la contre-Réforme dans les Pays-
Bas catholiques.
Faculté de DRon.
i« Exposer la théorie de la garantie du chef d'éviction;
19 On demande une étude sur les conditions du prix de vente ;
3° On demande une étude de la mora créditons ;
40 Étudier les origines et le développement de la querela non numeratae pecuniae,
N. B. Les docteurs ayant reçu leur diplôme tinal en juillet ou en août 1905
peuvent prendre part à ce concours.
Les mémoires peuvent être manuscrits ou imprimés. Trois thèses, prises en
dehors du sujet du mémoire, mais se rattachant à la même science que le sujet du
mémoire, doivent y être annexées.
336 LE MUSÉE BELGE.
303. — Un Congrès international des sciences historiques sera tenu à Berlin du
6 au 12 août 1908. Il comprendra huit sections : Histoire de TOrient (président .
E. Sachau), histoire de la Grèce et de Russie (E. Meyer), histoire politique du
moyen âge et des temps modernes ( D. Schafer), histoire de la civilisation médiévale
et moderne (G. Roethe), histoire du droit et histoire économique iO. Gierke), his-
toire de 1 art (K. WoelfHin), sciences auxiliaires de l'histoire (M. Tangl).
Les membres dn Congrès paient une cotisation de 23 marks. Les mémoires
doivent être adressés au comité d'organisation. Celui-ci publiera le journal du
Congrès qui donnera les procès-verbaux des séances. Les mémoires ne seront pas
publiés par le Congrès.
S'adresser au secrétaire D»" Érich Caspar. Privat-dozent an des Univ. Berlin,
Kaiserallee, 17, et pour ce qui concerne les sections, aux présidents de celles-ci.
304. — Une nouvelle revue. Sous la direction de MM. P. Kretschmer et
F. Skutsch, paraît une nouvelle revue consacrée aux langues grecque et latine •
Glotta^ Zeitschrift fur griechische und lateinische Sprache, Gottingen, Vandenhoeck
et Ruprecht. Elle formera 4 fascicules par an et Tabonnement coûtera 12 m.
305. — Enseignement moyen. Nous appelons Tattention de nos lecteurs sur les
judicieuses et importantes observations présentées à la Chambre par M. Woeste
au cours de la séance du 24 juillet. L'honorable ministre d'État, s'est exprimé en
ces termes :
Le problème de la réforme de l'enseignement secondaire est à l'ordre du jour. Le
Congrès mondial de Mons s'en est occupé et là, comme dans tous les Congrès,
beaucoup d'idées ont été remuées. Seulement, le Congrès de Mons a offert l'incon-
vénient de presque tous les Congrès ; c'est que, dans le désir d'arriver à une entente
et à un accord général ou quasi général, on a fini par proposer et voter des solutions
vagues, qui ne peuvent pas constituer un guide pour le législateur, lequel se trouve
aux prises avec les difficultés pratiques. Quand on lit les discussions qui ont eu heu
à Mons à ce point de vue» on doit reconnaître qu'elles ont présenté une certaine
incohérence : et le même défaut se rencontre dans une publication qui a paru
postérieurement au Congrès de Mons et qui, sous prétexte de résumer les délibéra-
tions de ce Congrès, les a présentées, d après mon sentiment personnel et celui
d'autres personnes, sous un aspect vraiment trop partial.
Quoi qu'il en soit, parallèlement aux faits que je rappelle en ce moment, on a
constitué au département de l'intérieur une commission chargée d'examiner tous
les projets de réforme de l'enseignement secondaire.
Cette commission a été constituée d'après certaines idées que je crois utile de
signaler brièvement.
Il y a, dans notre pays, actuellement, un^ école qui est hostile aux lettres anciennes
et il n'est pas douteux que la commission a été constituée sous Tinspiration de cette
préoccupation. On a appelé dans cette commission des hommes sans contredit très
capables : il y a là des officiers, quelques professeurs d'université, des industriels,
des fonctionnaires, mais il n'y a, chose étonnante, que très peu d'hommes d'enseigne-
ment et dès lors on peut appliquer à cette commission le mot fameux de Beau-
marchais : « 11 fallait un calculateur, on prit un danseur. »
Ce qu'il a de particulièrement fâcheux c'est que, dans la commission dont il s'agit,
il n'y a pas un directeur, un principal ou supérieur, pas un préfet des études, pas
un professeur de l'enseignement libre. L'on a le dioit de s'étonner que l'on ail en
quelque sorte sybtématiquemei.i écarté les personnes les plus compétentes pour se
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 337
prononcer sur ce que comporte renseignement secondaire. Et à peine cette com-
mission a-t-elle été réunie, d'après les renseignements qui nous sont arrivés de
toutes parts, que de grands efForts ont été faits auprès d'elle et dans son sein pour
l'amener à se prononcer contre les lettres classiques.
Les ctioses ont été si loin que la plupart des professeurs des universités et
de l'enseignement moyen s'en sont émus et que 189 professeurs d'université et
1,1 55 professeurs des établissements d'enseignement moyen ont pétitionné auprès
du ministre pour que l'importance des cour:» classiques ne soit pas diminuée.
Ce plébiscite a sans contredit sa valeur. Assurément, messieurs, des réformes
peuvent être introduites et ce n'est pas moi qui m'opposerai au remaniement des
programmes et des méthodes d'enseignement secondaire, qui ne doit, pas plus que
tout enseignement quelconque, rester stationnaire ; mais il ne faut que sous prétexte
de réformes, on cherche à modifier radicalement ce qui, dans tous les pays et dans
le nôtre comme ailleurs, a été considéré comme une des conditions de la haute
éducation intellectuelle, comme une condition indispensable de la formation désin-
téressée de la jeunesse studieuse.
Messieurs, ce qui doit surtout fixer l'attention, aj point de vue de la réforme de
renseignement moyen, c'est la fixation d'un programme rationnel, c'est-à-dire, qui ne
soit pas trop chargé et qui tienne compte du but essentiel des humanités ; ce but,
c*est, ce doit être le développement, l'exercice des facultés intellectuelles de l'enfant.
On a chargé extraordinairement les programmes d'enseignement moyen, comme
s*il n'y avait plus dans l'enfant qu'une seule faculté, la mémoire. Cette mémoire se
trouve actuellement encombrée d'une quantité de choses que l'enfant ne parvient
pas à s'assimiler, ou qull ne s'assimile que momentanément et avec de grands
efforts ; quand les études sont finies, il oublie ce dépôt indigeste qu'a porté avec
grand'peine sa mémoire pendant quelque temps ; et en attendant, ses fa:ultés
intellectuelles sont presque restées en friche.
Il y a au frontispice d'un collège anglais, cette devise en vieil anglais : u Ici on
fait des hommes ». Eh bien, ce doit être là surtout le but de l'enseignement secon-
daire. On paraît aujourd'hui l'oublier trop facilement. On avait compris que
c'était surtout par l'étude raisonnée des langues qu'on pouvait arriver à faire des
enfants des hommes. Je voudrais, autant que possible, que Ton revienne à cette idée
fondamentale de toute bonne éducation, et je me permets, sans vouloir développer
davantage ces considérations, d'appeler sur ce point l'attention anxieuse de M. le
ministre des sciences et des arts. Il a lui-même un nom dans les lettres et tiendra à
honneur, )'en suis convaincu, de ne pas affaiblir ce qui constitue la force, le mérite,
rhonneur d'un enseignement secondaire éclairé.
A ce point de vue, je me permets de lui demander, comme conclusion de ces
brèves observations, s'il n'est pas disposé à examiner de près la composition de la
commission de l'enseignement moyen dont je parlais tout à l'heure, commission qui
a été constituée par l'ancien département de l'intérieur, et s'il ne conviendrait pas
d'après lui de la compléter, le cas échéant, de manière que les hommes d'ensei-
gnement puissent y être entendus et qu'ainsi le travail sorti de ses délibérations se
présente à nous avec des garanties suffisantes.
Assurément, il ne s'agit pas là de vouloir lier l'opinion définitive ni du gouverne-
ment, ni des Chambres; mais je demande que nous soyons saisis d'un travail
sérieux et compétent et je crains que la composition de la commission, telle que je
la signalais tout à l'heure, ne nous permette pas d'espérer que ses conclusions
présentent ce caractère.
Je prie M. le ministre des sciences et des arts de fixer son attention sur cet
mportant objet et je me laisse aller à espérer qu'il tiendra à honneur de signaler
338 LE MUSÉE BELGE.
son passage au pouvoir en cherchant, non pas à altérer les conditions traditionnelles
de notre enseignement secondaire, mais au contraire à les renforcer, de manière à
atteindre le but que doit avoir en vue toute haute éducation intellectuelle.
3o6. — La librairie Bloud et 0« publie t Les langnea vivantes » Revue bi-men-
suelle illustrée d'enseignement pratique.
Le but de cette revue est de rendre attrayante Tétude des langues ctrangères en
fournissant aux professeurs et aux élèves, des anecdotes, des traits de mœurs et des
articles humoristiques.
Elle publie des chroniques littéraires et politiques, des extraits annotés des revues
et des journaux étrangers pour ceux qui veulent, par la lecture, augmenter et entre-
tenir leurs connaissances acquises.
Elle aide, par des cours de correspondance commerciale, des corrections de
devoirs et des échanges de correspondances ceux qui, pour leur formation person-
nelle ou leurs affaires, veulent se perfectionner dans Tétude des langues étrangères.
Elle organise des voyages d'études à l'étranger.
Elle paraît en cinq langues : anglais, allemand, espagnol, italien, français.
Le prix de Tabonnement varie suivant le nombre de langues auxquelles on
s'abonne ; il est de 3 francs pour une langue et de 7 fr. 5o pour la Revue complète.
Un spécimen gratuit est envoyé, sur simple demande, par MM. Bloud et 0«, rue
Madame. 4, Paris.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. SSq
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
UTILITÉ DUNE ÉTUDE RESTREINTE DU GENRE ROMAN
en 3'"'' latine
par M. l'abbé WATHELET, profeiseur au Petit Séminaire St-Roch.
Nous voudrions, dans le présent article» montrer les avantages
que présente en 3°>« latine, comme en poésie et en rhétorique, Tétude
d'un genre littéraire. Et le genre littéraire, dont nous nous proposons
-de montrer toute l'utilité à notre époque, est le genre roman.
Pour bien préciser l'état de la question, nous disons que cette étude
du genre roman doit être restreinte. Qu'entendons-nous par ce mot
restreinte ? On peut lui donner un quadruple sens ou, si l'on veut,
on peut faire quatre restrictions dans l'étude du genre roman. Au
reste, ces quatre restrictions s^appliquent tout autant aux grands
genres étudiés dans les deux classes supérieures de nos humanités.
i» On devra étudier uniquement les œuvres principales (classiques,
dirait-on, s'il s'agissait d'un genre plus ancien) et laisser de côté, au
point de vue de la formation littéraire des jeunes gens, les romans
tels que ceux d'un J.Verne, d'un F. Cooper ou d'un Pierre L'Eermite.
De même que pour la poésie lyrique, on n'ira pas étudier les œuvres
d'un Népomucène Lemercier ou d'auteurs de trente-sixième ordre,
et pour l'éloquence des discours d'un Dufaure ou d'un Danton.
2° Un choix judicieux d'œuvres s'impose tant au point de vue
moral qu'au point de vue pédagogique.
3* Il faudra nécessairement se borner à deux ou trois longues
<£uvres, puis à des extraits plus ou moins nombreux ; il en est de
même pour les genres étudiés en poésie et en rhétorique.
4® Depuis Sainte-Beuve et surtout Brunetière, la critique littéraire
en France a pris une nouvelle tournure : on étudie particulièrement
les œuvres au point de vue de leur influence sur l'évolution du genre,
auquel elles appartiennent, en d'autres termes, on s'explique l'œuvre
non plus seulement en elle-même, ou par son milieu historique, par
la vie, l'éducation de l'auteur, mais encore par son o milieu litté-
raire », dirais-je, par l'histoire du genre, auquel elle appartient.
Évidemment, une étude du genre roman (i) à ce point de vue,
(i) Voir pour cette étude la collection Évolution des genres. Le Roman^ pa
Levbault. Paris, Delaplane.
340 LE MUSÉE BELGE.
demande à être très restreinte : on ne s'adresse qu'à des élèves, qui
ne sont pas encore formés.
Nous croyons cependant que même à ce point de vue, l'étude, si
elle doit être restreinte, ne doit pas être complètemet rejetée. Mais
nous nous expliquerons plus loin à ce sujet.
Ne préjugeons pas un point important, qui doit être éclairci, parce
qu'il fournira certains éléments à notre thèse :
Le roman est-il un genre?
Et nous répondons : Certainement, et de plus en plus.
Pour le prouver, sans entrer dans des discussions littéraires à ce
sujet, nous en appellerons au témoignage d'un des hommes les plus
compétents sans conteste : Brunetière, dans son dernier livre sur
Balzac (i), s'exprime comme suit : « Si l'on a pu dire de Molière
qu'il était non seulement le plus grand des auteurs comiques, mais
la comédie même, on peut dire de Balzac qu'il a été non seulement
le plus grand, le plus fécond et le plus divers de nos romanciers,
mais le roman même et l'objet de présent volume, dit Brunetière,
est de montrer qu'en le disant, on ne dit rien que d'absolument et
d'exactement vrai. » Et il montre dans l'ouvrage qu'une grosse part
de l'originalité de Balzac tient à ce que celui-ci est parvenu à consti-
stuer le roman dans une indépendance entière des genres voisins,
à le sacrer ou à le créer « genre » lui-même.
Au reste, l'admission toute récente de Maurice Barrés à l'Académie
française est un signe des temps. Barrés, qui ne vaut que par ses
romans, est reconnu grand auteur et il na pas fallu attendre
l'admission de Barrés à l'Académie pour reconnaître l'importance
du roman actuellement au point de vue littéraire : René Bazin et
bien d'autres le prouvaient suffisamment.
Personne d'ailleurs ne conteste aujourd'hui que le roman devient
le grand genre (au point de vue littéraire, comme au point de vue
de la popularité des œuvres qu'il comprend), surtout depuis qu'un
Balzac, un Feuillet, un Bourget. un Bazin, un Loti, un Daudet,
un Huysmans et tant d'autres lui ont donné des tendances de plus-
en plus artistiques.
Comme base de notre argumentation, nous prenons comme défini-
tion du roman, celle que le P. Verest en donne avec autant d'exacti-
tude que de brièveté, quand il dit : « Le roman est l'épopée
moderne (2) m.
N'est il pas vrai que le roman, quand il constitue une œuvre
(i) BRtjNi-TiÈRE, Honoré de Balzac, Paris, Calmann-Lévy, igo6.
(2) Manuel de littérature^ 1^^ édition, p. 371.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3^1
littéraire de réelle valeur, est un reflet de la société actuelle, tout
comme l'étaient les épopées anciennes pour la société de leur époque ?
Pour être un véritable chef-d'œuvre, ne doit- il pas en outre (nous
employons ici les termes mêmes de Téminent P. Verest) être un
« tableau, fait en prose fortement colorée », second trait de ressem-
blance avec les grandes épopées ?
L'histoire de ce genre comprend deux grandes époques :
1° Il plonge ses racines dans Tépopée et a un premier épanouisse-
ment du xii« au xv« siècle.
2© Son épanouissement complet date du xix« siècle.
Nous allons examiner les avantages de l'étude, avec les quatre
restrictions faites pour commencer, du genre roman à ces deux
époques :
Du xii«-xv« et même xvi® siècle, on a de longs récits, adaptés au
goût de l'époque, reflétant les mœurs de l'époque et surtout écrits
dans la langue de l'époque.
On pourrait faire d'extraits de ces romans une double analyse :
littéraire et linguistique principalement. Cette seconde analyse est
tout à fait d'accord avec l'étude de la grammaire historique, étude
très recommandée, récemment encore (i), à propos de la discussion
sur le programme des humanités anciennes. Pour bien graver dans
l'esprit des jeunes gens les principales règles de la formation de
notre langue, des exercices linguistiques très fructueux pourraient
être faits pendant le i«»" trimestre.
Quant à la période de transition entre le xvi* et le xix* siècle, elle
est précisément remplie par le grand siècle, dont l'étude est réservée
à la poésie et à la rhétorique. Le roman servirait à l'étude du début
de rhistoire littéraire et de sa fin. Nous voudrions appliquer ici la
quatrième de nos remarques préliminaires : nous disions qu'une
étude de l'évolution du genre, tout en étant très restreinte, ne devait
pas être totalement supprimée. Ainsi, pour prendre l'exemple du
xvii« siècle, on pourrait rapidement faire l'histoire du roman, assez
informe, nous le voulons bien, à cette époque et en tirer des conclu-
sions très pratiques pour les rédactions des élèves (narrations). Il
nous semble trouver là une méthode attrayante, facile et suggestive
d'enseignement des préceptes français.
Nous arrivons à la seconde période du roman, la plus importante :
le xix« siècle.
On peut ramener à trois, les grandes tendances des romanciers^
contemporains :
(i) Revue des humanités ^ mars 1907, pp. 5i-52
3^2 LE MUSÉE BELGE.
1° Une tendance à faire ce que Von est convenu d'appeler des
romans à thèse : à étayer une proposition au moyen d'une narration
de grande envergure, une narration quand même, un récit, qui doit
avoir toutes les qualités propres à la narration.
2" Une tendance « descriptive n, dirions-nous ; les auteurs ont à.
des degrés, différents s'entend, ce talent qu'attribue le P. Longhaye
à Pierre Loti : « la faculté de voir la création matérielle, de la
sentir, d'en aspirer et d'en renvoyer les effluves, naturelle en soi et
légitime, étouffée chez le paysan, le soldat, le matelot par raction
et le métier, quelque peu comprimée par la sévérité des vieilles
littératures, exaltée aujourd'hui jusqu'à l'ivresse, à l'hallucination
-sensuelle et raffinée jusqu'à la névrose (i). » Cette dernière remarque
indique la nécessité d'une grande discrétion dans le choix des extraits.
3° Une tenôsLïïce psychologique^ d'observation interne, que possède
au plus haut degré Paul Bourget, et que nous retrouvons à un degré
éminent chez André Lichtenberger {Mon petit Trott, etc.)
De ces trois tendances, on peut tirer une série d'avantages pour
la formation littéraire des jeunes gens. Pojur plus de clarté, nous
suivrons Tordre des facultés :
[O Formation de la raison. Comme beaucoup de romans contien-
nent une thèse, qu'ils développent, il y a tout un travail de raison-
nement dans la recherche de cette thèse, des moyens employés par
Tauteur pour arriver à la prouver, dans l'examen de l'agencement
des parties, du concours des incidents au but final Remarquons, du
reste, que nous ne sommes qu'en 3°»« et que cette faculté, si elle doit
déjà être mise en activité et développée alors, doit l'être plus parti-
culièrement en poésie et en rhétorique.
Pour ne pas rester dans la théorie pure et montrer le rôle que la
raison peut jouer dans l'étude des romans à thèse, voici deux spéci-
mens de devoirs qui me semblent très bien convenir à ce point de
vue : Nous prenons comme exemple la « Terre qui meurt n de René
Bazin et nous supposons que les élèves n'ont pas l'ouvrage entre les
mains. Quand on a lu du livre assez pour que les élèves voient déjà
se dessiner les caractères, la trame du roman, quand d'autre part on
leur a fait connaître la thèse de l'auteur, on pourra leur donner en
rédaction, avec un petit canevas, le chapitre, qui suit celui qu'on
a lu en dernier lieu : l'élève devra faire avancer le roman, compliquer
rintrigue, tout en tenant compte du caractère des personnages, du
but proposé.
De même, la lecture de l'œuvre terminée, on pourra exiger, sous
(i) Esquisses littéraires^ tome IV, p. 140.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 343
forme de rédaction, un résumé général, faisant ressortir le but de
Tauteur et les moyens employés.
2* F'armaiùm de Vimaginatùm (i). Ce n'est pas la lecture des
romans qui fournira à Télève une sensation véritablement réelle et
nouvelle. Il faudra avant tout qu'il se soumette à la nature ; car pour
apprendre à imaginer et décrire ce qui ne tombe pas directement
sous nos sens, le moyen le plus sûr est d'apprendre à bien voir ce
qui nous entoure. Or, les romans contemporains, étant donné la
tendance descriptive, qui les caractérise, suggéreront à Télève Tidée
d'examiner attentivement ce qui se passe autour de lui, lui appren-
dront à nommer ses sensations et lui donneront un vocabulaire, qui
lui permette de communiquer à d'autres ce qu'il voit et sent lui-même.
30 Formaiiati du sentiment : nous n'allons pas insister sur ce
point, quitte à y revenir plus loin. Nous ferons remarquer que la
tendance psychologique des auteurs modernes sera d'une grande
utilité pour sa formation. L'étude des sentiments en sera beaucoup
facilitée et rendue plus attrayante parce que le romancier place
devant un caractère un verre grossissant (2), comme le fait si bien
Lichtenberger devant son petit Trott (3). L'imagination et le senti-
ment ne pourraient être que trop développés par l'étude des romans :
au professeur de veiller sur ce point.
Faisons remarquer en passant, à propos de la formation du senti-
ment, l'accord parfait de l'étude du roman avec le programme ordi-
naire des rédactions de 3™«. Celui-ci a comme caractère distinctif
l'étude du cœur humain (4). Ce qu'on demande aux élèves, c'est de
faire voir dans un récit à la fois court et simple, les manifestations
d'un sentiment ou d une passion, les traits distinctifs d un caractère»
qu'ils ont pu observer, soit seuls, soit avec le concours du professeur
dans Tétude d'une œuvre littéraire. Cette observation suffit à montrer
clairement toute l'utilité des romans psychologiques.
4® Quant à la Jormation du goût, qui, dans les choses littéraires,
joue le rôle, que, dans les choses morales, joue la conscience, il
nous semble que l'étude simultanée d'œuvres entières et d'extraits
d'œuvres est bien propre à lui donner de l'ampleur, comme à l'affiner.
A lui donner de l'ampleur d'abord, en faisant sentir à l'élève
Taccord des parties avec le tout ou parfois un certain désaccord,
(1) Nous appliquons ici les notions d'un excellent article, Revue de renseignement
chrétien. Avril 1907. Formation de l'imagination,
(1) Rivue néO'SCOlastique : février 1906. Le plaisir du roman, par Arth. Legrand.
(3) Il va sans dire que ce roman sera lu aux élèves avec les corrections nécessaires.
(4) N. GiLLET, Des procédés à employer pour assurer et hâter les progrès en
rédaction française^ p. 11. Huy, Charpentier, 188Ô et F. Collard, Méthodologie de
r Enseignement moyen, p. 100.
1
$44 ^^ MUSÉE BELGE.
l'agencement des parties etc. C'est ainsi, par exemple, que dans
l'étude de la « Terre qui meurt », l'élève goûtera certaines scènes, si
fraîches, qui vont droit au but de l'auteur : comme l'appel au maître,
la vigne arrachée. Par contre, il trouvera, ou on lui fera trouver, si
c'est nécessaire, une faute de goût dans le caractère de Mathurin :
ce caractère est une « charge » ; le contraste est trop grand entre ce
perclus en révolte contre tout et les autres personnages plus
« humains ». Pourquoi du reste cette association, qui semble à
certains inévitable, de laideur physique et de laideur morale?
Ensuite, on affinera le goût des élèves, mais plus spécialement par
Tétude approfondie d'extraits choisis. Inutile d'insister sur ce point
S'il n'avait pas l'avantage de bien former les jeunes gens, au point
de vue littéraire, le genre roman devrait être impitoyablement rejeté,
quels que puissent être ses autres avantages.
Maintenant que ce premier point est établi, on peut rapidement
indiquer d'autres considérations, que l'on est en droit de faire entrer
en ligne de compte.
!*• Ce genre est un genre classé : c'est le genre prédominant, le
genre actuel. Pourquoi ne pas initier nos jeunes gens à la production
littéraire de leur époque, puisqu'elle a des beautés incontestables ( i ) ?
2<> La curiosité existe de plus en plus : de plus en plus» on veut
lire les romans. Nous croyons que la bonne médecine des passions
consiste non à les supprimer (c'est impossible !), mais à les bien
diriger. Pourquoi ne pas donner une bonne direction à la curiosité
de nos élèves ? Pourquoi ne pas l'élever autant que possible, en leur
faisant examiner certaines œuvres à un point de vue très noble ?
30 Signalons enfin la conclusion d'une brochure intitulée : Pour-
quoi le roman à la mode est- il immoral ? et pourquoi le roman moral
n'est- il pas à la mode ? « Il s'agit, dit l'auteur, d'imposer un peu.
comme c'est notre droit, à ces gens qui en imposent, de remiser
notre timidité coutumière et dans la mesure de nos facultés, de faire
du bruit autour des bons livres, comme les gens frivoles ou corrompus
savent si bien en faire des mauvais »> (2) Le professeur pourra, dans
ce but, faire remarquer toutes les beautés artistiques des œuvres de
nos écrivains vraiment moraux.
Nous voudrions, pour terminer, rencontrer certaines objections
qu'on ne manquera pas de nous faire, examiner certains inconvé-
nients de l'étude du genre roman.
Nous remarquons, au préalable, qu'il n'existe aucun genre, dont
(1; Bulietin bibliographique et pédagogique, i5 mai iSyy.
(2) D'AzAMBUJA, Collection Science et religion, no 42, p. 61. Paris, Bloud et Barrai.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 345
l'étude ne présente absolument aucun inconvénient. La question est
de voir si les inconvénients, opposés à l'étude, que nous défendons,
sont de nature à en modifier suffisamment la suppression ou la non-
introduction.
Des inconvénients, Louis Veuillot en aurait certes trouvé ; car il
se demanda par deux fois si le chrétien peut faire des romans et sa
réponse fut plutôt sévère. Le P. Longhaye fait remarquer, à ce
propos, que le roman chrétien n'a aujourd'hui qu'une médiocre
chance auprès du grand public. « On ne peut, dit-il (i), le multiplier,
Tofïrir en aliment quasi-habituel, sous peine d'altérer plus ou moins
le sens vrai, pratique, vigoureux, chrétien de la famille et de la
vie ; il est d'ailleurs assez difficile de le garder absolument chaste
et inoffensif. Mais après tout, continue le P. Longhaye, le difficile
n'est pas l'impossible et pour sa part, L. Veuillot Ta démontré au
moins trois fois. (Pierre Saintive^ Vhofinéie femme, Corbtn et d*Aubecourt,) »
Et après L. Veuillot, plusieurs auteurs ont montré qu'on peut
faire des romans où le sens chrétien n'est pas altéré : Bazin, Monlaur,
par exemple et à des degrés moindres : Feuillet, Bourget, Huysmans,
du moins dans certaines de leurs œuvres. Ce n'est pas évidemment
qu'on puisse mettre tous ces ouvrages entre les mains des élèves.
Non, mais on peut en lire, soit en entier, soit en partie. Et l'expé-
rience prouve qu'il est très possible de faire une analyse soignée
d'une œuvre littéraire, sans que celle-ci soit entre les mains des
élèves. Naturellement, cette analyse ne sera pas fouillée : pareille
analyse sera réservée pour des extraits, que les élèves pourront aisé-
ment se procurer.
Un second inconvénient se retrouverait peut-être dans la difficulté
excessive du genre.
Mais quel genre littéraire ne contient pas de difficultés trop grandes
pour nos élèves ? Le genre dramatique, le genre lyrique, l'éloquence
ne sont-ce pas là des genres étudiés dans nos humanités ? Faudra-t-il
les bannir parce qu'ils contiennent des œuvres d'une portée trop
élevée pour nos élèves ? D'ailleurs, c'est un fait reconnu que le genre
épique (que constitue actuellement le roman) est un genre plus
attrayant pour les élèves : le serait-il s'ils y trouvaient de difficultés
insurmontables ? Que le professeur ait soin, nous l'avons déjà dit, de
faire un choix judicieux d'œuvres ou d'extraits d'œuvres à étudier ;
judicieux au double point de vue moral et pédagogique.
On insistera en disant : Nos élèves, si jeunes, ne vivent que de
l'imagination et vous leur jetez en pâture une bien grande tranche
(i) Esquisses littéraires^ tome IV, p, 356.
346 LE MUSÉE BELGE.
saignante de vie humaine. Du moins, dans nos œuvres classiques,
l'amour, qui en est le ressort, est- il « un amour de tête •.
Cette objection est sérieuse. Écartons d abord un malentendu, qui
pourrait aisément se produire ici. Une œuvre littéraire, telle qu'un
roman, est susceptible de dififérentes études, suivant le point de vue
auquel on se place.
Plaçons-nous au point de vue de l'intrigue des idées, des ten-
dances, d'accord, pareille étude sera souvent dangereuse même,
pour les élèves de 3«»«, et trop difficile, surtout s'il s'agit d'œuvres
contenant une thèse trop philosophique ou de portée trop générale,
comme l'Étape et le Divorce de Paul Bourget, le Fils de l'esprit de
Fonsegrive, l'Isolée de René Bazin ; mais combien d'autres pourront
être comprises sans difficulté ni danger par nos élèves, même à ce
point de vue 1
Que si nous considérons l'œuvre au point de vue des descriptions
qu'elle contient, qu'il s'agisse de descriptions de caractères ou de
scènes de la nature, en d autres termes si nous considérons l'œuvre
au point de vue psychologique, comme au point de vue descriptif,
le genre n'est plus alors trop difficile pour la 3™«, pas plus que le
genre lyrique pour la poésie. Et sur nos chrestomathies, l'étude d'un
genre a le grand avantage d'être plus attrayante, plus alléchante
pour nos élèves, plus vivante, plus suggestive et plus une.
Au surplus, veillons à ce que la conclusion ne dépasse pas les
prémisses. Cette objection ne pourra amener comme conclusion
logique que la suivante : qu'en 3™«, le professeur s'efiforce de trouver
des œuvres, bien à la portée de ses élèves et laisse aux professeurs
des classes supérieures le soin de continuer discrètement par des
lectures appropriées, une étude, déjà faite de façon assez approfondie
dans une classe précédente.
On pourrait encore objecter une difficulté d'ordre pratique : Com-
ment étudier de longues œuvres, que ne possèdent pas nos élèves ?
Nous avons déjà répondu plus haut à cette difficulté ; il suffit d*en
appeler à l'expérience de ceux qui l'ont fait.
Et puis, où trouver une anthologie convenable ? Remarquons que
les éditions populaires se multiplient de plus en plus. La dactylo-
graphie ne pourrait elle au besoin venir au secours des professeurs ?
Faut-il enfin pour une difficulté passagère (formons-en le vœu !)
sacrifier l'étude d'un genre estimé utile ? Le moment n'est-il [pas
venu de donner un genre littéraire à la 3°»«, comme à la poésie et à
la rhétorique ? Nous le croyons.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 347"
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COLLARD, professeur à l'Université de Louvain.
(Suite.)
3o. Les savants.
Il y a, par le monde, un petit nombre d'hommes qui paraissante
n'être rien du tout. Ils parlent un langage à faire sauver les enfants,
les plus braves même. Ils pèsent de* petites poudres noires dans des*
balances de pharmacien, trempent des plaques de cuivre dans une
eau qu'ils ont rendue piquante tout exprès, et regardent passer dans
des tubes de verre recourbés de légères boules d'air, quelquefois
aussi dangereuses que des boulets de canon*. On en a vu qui^ grat-
taient des os qui> ne servent à rien, et qui^ coupaient en quatre des
fétus gros comme des têtes d'épingle. J'en ai vu moi même qui
tenaient^ leurs yeux braqués pendant des demi-heures, des heures tout
entières même, sur des lunettes à trente-six verres ; et quand j ai été
voir au bout, je n'y ai rien vu. A les regarder travailler dans ime
grande pièce que je /«' ai entendus nommer leur laboratoire, on
dirait qu'ils sont fous. Et quand tout cela est fini, il se trouve, un
beau matin, qu'ils ont obtenu des résultats que personne n'avait
espérés, enrichi les peuples par centaines de millions à la fois, et
révélé à l'humanité des lois que le Créateur a imposées à la nature.
Tels sont les avantages que procure la science.
[D'après Macé, dans Lepetit, Dictées littéraires,)
Explications grammaticales : i, accord. — 2 et 3, article. — 4, nombre.
5, construction. — 6, accord. — 7, pourrait- on remplacer ce pronom par un autre
l>ronom personnel ?
3i. Traité de V existence de Dieu^ par Fénelon.
Après le Télémaque^ le plus important des ouvrages que nous a
laissés Fénelon, c'est le Traité de l'existence de Dieu. L auteur y a
répandu des trésors d'élégance, iKa peint la nature, il en^ a égalé
Us* richesses et les couleurs par l'éclat de son style ; quant aux senti-
ments tendres et passionnés, langage naturel de son cœur, il les a
baissés* s'échapper avec abondance. Maints endroits sont empreints
de cette logique lumineuse et pressante qu'il a fait* éclater dans
ses différends avec Bossuet, modèles d'une discussion sincère et
343 LE MUSÉE BELGE.
convaincante ; enfin, comme le style est la phjrsionomie de Tâme, il
est toujours simple, d^une grâce et d*une douceur mcmmp^rmbU^ ;
c'est celui d'un homme qui a possédé la vérité, qui Ta exprimée
comme il l'a sentie, du fond de son âme. Et, quoique dans notre
siècle on admire de préférence une composition soignée, marquée au
sceau du travail, il est permis de croire que le style de Fénelon, plus
rapproché du caractère de notre langue, suppose un génie plus rare
et plus hetireux.
{tfofna \lllemain.)
' s, 7, 3, 4 et 5. Faites les remarques syntaxiques auxquelles donnent lieu les mots
tuliqués.
32. — Le voyagé sur mer.
Tu me demandes quelles impressions j*ai ressenties dans mon
dernier voyage par mer ; quelle que soit ma répugnance à parler de
moi, et Umt infidèle qu'est ma mémoire, je ne veux point échapper à
l'obligation que m'a imposée la promesse que j'ai dû te faire. Voici
d'abord quelques détails qui, tout vrais qu'ils sont, ne te paraîtront
pas tous dignes d'attention. L'embarquement a quelque chose de solem-
nel : une espèce d'huissier ou de héraut, à la voix de Stentor, au ton
emphatique, fait un appel général, et, au fiir et à mesure, chacun va
prendre possession de son appartement. C'est une étroite cellule dont
tout le mobilier consiste en un matelas, un coff"re ou un bahut, et une
chaise qu'ont fixés au plancher des clous très solides ; quant au lit,
un ingénieux mécanisme le maintient de niveau ; et une fois la tête
sur l'oreiller, on dort aussi bien que dans le réduit obscur d'ime
alcôve enfoncée. Il y a un salon de compagnie que la peinture et la
sculpture se sont disputé Thonneur d'embellir. Des glaces à profu-
sion semblent agrandir le local, et l illusion serait complète, si quel-
ques défauts de tain ne venaient la détruire ; néanmoins, je les ai
trouvés rares, bien que des personnes s'y soient laissé tromper.
(Levi Aivarès et Rivail, Dictées normales.)
Faites les remarques grammaticales auxquelUs donnent lieu les mots italiques.
LIVRES NOUVEAUX.
EUG. ALBERTINI, Fouilles dElcbe. Extr. du Bulletin hispanique 1906 et 1907.
nordea«iX. Ferot et fi'*», 1907. Parip, Fontemoîng, 72 pp. et 8 planche?.
LUDWIG ADAM, Uobcr dio Unsicherhoit dos lircrarischen Eigeiîtums bei
Gfiechon und Rooroern. Diliseldoif, Schaub, 1907. 220 pp. 3 m.
L BOULARO, Los in^îtructions écrites du magistrat au juge-commissairo dans
l'Kgypto romaine. Paris, Loroux, 1906, 128 pp.
A. A. BRYANT. Boyhood and youth in the days of Aristophanes (Harvard
Smdios in Class. Philology, XVIII, 1907, p. 73-122).
A. CARNOY, La question du grec on Anglotorre. Docalonne-Liagre, Tournai.
24 pp. (Extr. de la Revue des Eumanitéi en Btlgique, 1907).
M. CLERC, La bataillo d'Aix. Études critiques sur la campagne de Caius Marius
en Provence. Paris. Fonlemoing, 1906. 284 pp. 8o et 4 plans.
F. COMMELIN, Nouvelle mythologie grecque et romaine. Paris, Garnier, 1907.
ix-516 pp. avec 63 prav. 3 fr. 50.
E. COSTA, I papiri fiorentini. Venise, Ferrari, 1907. 28 pp. (Atli dol r. Inst.
Veneto di scienzo etc. Tome 66, pp. 90-118).
HENRIETTE DACIER. Saint Jean Chrysostome et la femme chrétienne au
iv« siècle de TÈglise grecque. Paris, Falque, 1907. 3 fr. 50.
M. D*AMICO, Cinzia di Propeizio. Saggio sullo elegio del poeta. Con lettcra di
G. Roissier. Remo Sandron, Palermo, 1907, 128 pp.
CH. DE LANNOY et H. VAN DER LINDEN, Histoire de lexpansion coloniale
des peuples européens. Ouvrage qui a obtenu le Piix du Roi. Portugal et
Espagne jusqu'au début du xix* siécb. l vol. 8<* de 451 pp. et 4 grandes
cartes. Bruxelles, Lamertin, 1907. 8 frs.
G DK SANCTIS, Storia dei Romani. La Conqui^ta del Primate in Italia. Vol. I-
II. Toiino. Frflf. Bocca, 1907) 24 p.
RICHARD FRESSEL, Das Ministerialenrccht «1er Orafon von Tecklenburg. Ein
Beitrag zur Verfassungs- und Stândegeschichle des Mittelalters. Kliinster i. W.,
F. Coppenrath, 1907. 84 pp. (Mûnstersche Beitrago zur Geschichtsforschung
1ir.-g. Ton A. Meister. Neue Folge. XII).
A. B. HERSMAN, Studios in greek allegorical interprétation. I. Sketch of allc-
goricaî interprétation before PJutarch. II. Plutarch. Disfertalion de TUniv. de
Chicago. Chicago, the Blue Sky Press, 1906. 64 pp.
F. HOLTHAUSEN, Beowulf nebUdem Finnsburg-Bruchstueck. Mit Einleitung.
Glossar und Anmirkungen. Heidelberg, C. Wiater, 1906 (Alt- und mittel-
englische Texte hrsg. von L. Morsbach und F. Holihausen. 2-). 2 m. 80.
A. KRETSCHMAR. De Menandri loliquiis nuper repertis. Diss. Leipzig, 1006.
121 pp
G. LANDGRAF, Grammaire latine. Traduite en français et adaptée au pro-
gramme des athénées et collèges belges par J. P. WALTZING £• édition.
Liège, Dessain, 1907. 316 pages.
EDG. LANNOY, English classbook for beginner*. A l'usage des écoles moyennes,
des classes inférieures des athénéjd et collèges. Gand, Vanderpoorten, 1907.
170 pp.
L. LESCŒUR, Appel aux pères de famille. La mentalité laïque et IVoIe. Pré-
face do M. Keller. Paris, Téqui, 1906, 3 fr. 50.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
Concours général de l'enseignement moyen en 1907 ....
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique,
262. B, P. Grenfelt, A, S. Hunt et E, J. Goodspeed, Tcbtunis Papyri II
(J. P. Waltzing)
2G3. E, Costa, Storia del diritto romano pubblico (L. Halkin)
264. E, Espérandieu, Bas-reliefs de la Gaule (J. P. W.) ,
263. The Univ. of Chicago, Siudies in classical philology (Le môme)
266. W, M. Lindsay^ Syntax of Plautus (Le môme)
267. L. DelarueilCy Guillaume Budé (Th. Simar) ....
Paffes
3oi
Langues et littératures romanes,
268-9. J' Bitter et P, Valkhoj^, Vers et prose. Précis de l'histoire de la litté-
rature française (C. Liégeois)
270. F, Strowsky, Pascal et son temps (Th. Simar) .....
Langues et littératures germaniques,
271. F. Piquet y Phonétique historique de Pallemand (C. Lecoutere)
272. G. Kaljf^ Nedcrlandsche leiterkunde (Le môme)
273. P, Stachel, Seneca und das dcutschs Renaissancedrama (Le môme)
3o6
307
3io
3ii
3l2
3i3
3i5
3i7
320
322
322'
Histoire et géographie,
274-3. D. Blanchet et J, Toutain, Histoire de France. A, Malet, Histoire de
France (C. Leclère) . . . . • . . . . . . . 323
27G. Ch, Nimal, Thuin sur le dé;lin du régime hollandais (E. Matthieu) . 827
Philosophie,
277. S, de SantiSy Die Mimik des Djnkens (A. Grafé) 328
Notices et annonces bibliographiques.
27S-300. ru'3licaiions de .L Ko:h, P. Dcuticke, L. Radermachcr, C. Bardt,
K. Staedler, G. Koerting, F. Cabrol, K. A Siûckclberg, M. Diculafoy,
H Fesien. J. van der Valk. P. Van Moeikerken, G. Rivière, A. Régnier,
P. Parsy, B»" Kervyn de L.tlcnho e 329
CHRONIQUE.
3oi-3o6. Concours de l'Acad. royale. Concours universitaire (1909). Congres
des sciences historiques. Glotta. Discours de M. Woeste sur la réforme
des Humanités. Les langues vivantes '. . . 334
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
LAbbé Wathelet, Utilité d'une éiudc restreinte du genre roman en 3« latLie . 339
F, Gj/ZarJ, Dictées franc lises (suit.-) 347
yf
ft
b
Onzième ANNÉE. — N" 9- 10. i5 Novembre- 1 5 Décembre 1907.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PEDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVTTE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRECTION DB
F. GOLLARD
PR »FBft.sEUR A L*UNlVERSITé DB LOUVAIN
J. P. WALTZING
PROFESSEUR A L*UNIVERSITé DE LJEGE
Parairtcnl tous las mois, h Texcopllon des mois d'août et do soptsmbro
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
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BERLIN
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PARIS
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COMITE DE REDACTION.
MM. Bang, W., professeur h rUniversité de Louvain.
Bischoir, H., professeur k lUniversité de Liège.
Béthone, Baron F., professeur k l'Université de Louvain.
Gauchie, A., professeur à l'Université de Louvain.
Gollard, F.« professeur à l'Université de Louvain.
De Genleneer, A., professeur à l'Université de Gand.
de la Vallée Poussin, L., professeur h l'Université de Gand.
t Delescluse, A., chargé de cours h l'Universilé de Lic^ge.
Doutrepont, A., professeur à l'Université de Liège.
Doutrepont, G., professeur à l'Université de Ijouvain.
Francotte, H., professeur ^ l'Université de Liège,
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Halkin, J., professeur à l'Université de Liège.
Halkin, L.. professeur à l'Université de Liège.
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Mœller, Gh., professeur h l'Université de Louvain.
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Roersch, A., professeur à rUnivcrslté d9 Gand.
Sencie, J., professeur h l'Université de I^ouvain.
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Waltzing, J. P., professeur à l'Université de Liège.
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Secrétaire : J. P. WALTZING, 0, rue du Parc, à Liège.
On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) à M J P. Waltzing, pro/esseur
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Les articles destinés à la partie pédagogique doivent être adressés à M. F. Gollard,
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nemment est lixé à 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans les autres pays, on
peut s'abonner à la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser à M. On. Peeters, libraire, rue de Namur, 20, k Louvain.
Les onze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 à 480 pages, sont en
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Provlsolremciity les abonnés pourront se procurer une
ou plusieurs de ces onze années au prix de t fk*» KO par
année, le port en sus.
1
Sapplément aa a Bulletin du Masée Belge », Novembre-Déoembre 1907.
A NOS ABONNÉS
Nous allons mettre en circulation nos quittances postales
pour 1908. Elles suivront la réception du présent fascicule.
Nous nous permettons d'en avertir nos lecteurs. Qu'ils
veuillent bien faire bon accueil à cette quittance et continuer
ainsi à notre œuvre leur encouragement et leur appui !
Espérant qu'ils nous resteront fidèles, nous les prions de
donner des ordres pour que la quittance soit payée à la
première présentation.
S'ils ne désirent plus s'abonner, qu'ils veuillent bien par
carte postale en aviser l'éditeur. Le simple mot « refusé »
inscrit sur la quittance, n'est pas assez explicite ; il peut
signifier l'absence momentanée du destinataire, ce qui nous
oblige aux frais d'un second ou d'un troisième envoi.
Onzième année. — N^» 9-10. i5 Novembre- 1 5 Décembre 1907.
Bnlletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
BfËLANGES.
Guillaume d'Orange et la Révolution des Pays-Bas.
Nous avons déjà signalé ailleurs la recrudescence d'intérêt dont la
révolution des Pays-Bas au xvi« siècle est l'objet depuis quelque
temps, et nous avons eu l'occasion d'appeler l'attention sur la grande
part que les historiens allemands peuvent revendiquer dans ce mou-
vement. Nous avons cité alors le nom de M. Félix Rachfahl. C'est à son
livre, Wiîlielm von Oranien und der niederlàndische Auf stand ^ que nous
voudrions consacrer quelques lignes aujourd'hui (i).
M. Rachfahl n'est pas un inconnu sur le terrain de l%istoire de la
révolution du xvi« siècle. On se rappellera le magistral petit ouvrage
qui parut, en 1898, à Munich, sous le titre Mat garda von Parma^
Statthalterin der Nitderlande (iSSp-iSôy). Composé pour VHistorische
Bibîiotkek, qui se propose de présenter les conclusions de recherches
originales comme avant- goût ou résumé xie travaux plus étendus ,
l'ouvrage de M. Rachfahl ne prétendait qu'à éclaircir la politique de
Marguerite de Parme, et à exposer la conception qu'il se fait
de son gouvernement, au moins dans les grandes lignes. Ce
n'était qu'un travail préparatoire, fruit des patientes recherches que
M. Rachfahl avait entreprises sur l'histoire de la révolution dans son
ensemble ; il annonçait d'ailleurs un ouvrage de vaste envergure où
la révolution et le rôle prépondérant qu'y joua Guillaume d'Orange
seraient étudiés de plus près. C'est le livre qui a paru, sous le titre
cité plus haut.
M. E. Gossart s'est occupé aussi de Guillaume d'Orange et de la
révolution des Pays-Bas dans ses deux études Espagnols et Flamands
au XVP siècle. L'établissement du régime espagnol auz Pays-Bas et
l'insurrection. (Bruxelles, 1905) et Espagnols et flamands au XV I^ siècle,
La domination espagnole dans les Pays-Bas à la fin du règne de Philippe II
(i) F. Rachfahl, Wilhelm von Oranien und der niederlàndische Au/stand
M. Niemeycr, Halle a. S., 1906. Vol. i"" xi-642 pp. et une carte.
35o LB MUSÉE BELGE.
(Bruxelles, 1907). Le savant académicien ne nous semble pas avoir
retracé le rôle de Guillaume d'Orange avec toute la vigueur que
celui-ci dut avoir en réalité. Si le Taiseux s'est toujours habilement
tenu derrière les coulisses, il n'en est pas moins vrai que son action
sur la marche des événements fut des plus efficaces. Voilà ce qui
ne ressort pas assez des études de M. Gossart, comme si celui-ci eût
voulu réagir contre la tendance de ses prédécesseurs qui ont toujours
accusé ou défendu le prince d'Orange, selon la diversité de leurs
convictions politiques et religieuses, et qui se se sont attachés avant
tout à mettre en relief la grande figure du prince d'Orange. D'autre
part, M. Pirenne, dans la troisième partie de V Histoire de Belgique^
s'il a consacré son attention aux agissements du Taciturne, dès le
commencement de l'opposition nationale contre Philippe II, n'en
proclame pas moins au début que « si grande qu'elle ait été,
l'importance des protagonistes du conflit (Philippe et Orange) se
subordonne à celles des deux grandes forces collectives qu'ils
représentent (p. 362). » Et bien que dans les quelque cent pages,
que M. Pirenne consacre aux débuts de la révolution, il mette en
lumière sa position vis-à-vis de Guillaume d'Orange, M. Kurth a
reproché au savant historien 0 d'avoir diminué le génie politique
de Guillaume d'Orange pour sauver son caractère moral » (Archives
Belges, n® de juillet, p. 17 3).
M. Kurth, dans le même article, exprimait le désir de voir un
jour tenter l'entreprise, « qui consisterait à reconstituer la révolution
des Pays-Bas telle qu'elle a existé dans les rêves et dans les projets
du Taciturne, bien des années avant qu'elle trouvât sa réalisation
dans rUnion d'Utrecht. » Ou nous nous trompons fort, ou l'œuvre
de M. Rachfahl est appelée à réaliser ce vœu. Ce n'est pas que
M. Rachfahl se soit décidé à l'entreprise, parce que le rôle de
Guillaume d'Orange aurait été trop négligé par les historiens ; son
point de départ est autre.
Il lui a paru, que, par suite du nombre immense des publications
de documents et de monographies concernant le xvi« siècle, et parce
que les derniers ouvrages d'ensemble datent déjà de loin, il était
absolument nécessaire de combiner les détails et les aperçus nou-
veaux que ces documents et ces études ont mis au jour. Il voulait
former ainsi une œuvre d'ensemble où tous les renseignements, tant
nouveaux que déjà acquis , seraient classés de façon à donner un
tableau, répondant à la conception actuelle de la révolution du
xvi* siècle. De plus, comme il le fait judicieusement remarquer, les
derniers grands travaux sur cette période sont trop empreints d'esprit
de parti et étrangers à des préoccupations purement scientifiques.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 35 1
Poussé par ces excellentes considérations, M, Rachfahl s*est attelé
à la tâche : il veut nous décrire la révolution dans Tensemble de son
histoire et indiquer, dans la mesure du possible, les motifs qui ont
poussé les auteurs, en les réportant à leur individualité ou aux circon-
stances et aux situations de l'époque. Uauteur fera donc raisonnable-
ment la part à l'influence des individus et à l'influence des facteurs
collectifs : c'est, de fait, comme nous le verrons, ce que nous offre
son livre. Et dès lors, il est fort important de constater que, tout en
tenant compte — et largement — des circonstances de temps et de
lieu, il n'hésite pas à proclamer la part prépondérante qui; revient à
Guillaume d'Orange dans la révolution des Pays-Bas. Il n'avait en
vue que l'histoire de la révolution en général, et voilà que « plus il
approfondissait l'étude, plus il acquit la conviction qu'Orange se
trouve au centre de toute l'évolution, et qu'une histoire de la défection
des Pays-Bas jusqu'en 1584 s'identifie de fait avec une histoire de
Guillaïune de Nassau lui-même (p. vu). »
Conçue de cette façon, l'œuvre de M. Rachfahl se divisait naturelle-
ment en quatre parties : l'histoire de la jeunesse de Guillaume de
Nassau jusqu'en iSSg, lors du départ de Philippe II pour l'Espagne,
et du conflit ouvert entre le roi et les seigneurs ; ensuite la période
de son opposition au système politico- religieux de la couronne,
jusqu'à sa fuite des Pays-Bas et son passage déclaré au Protestan-
tisme (1567) ; la période de ses luttes jusqu'à son triomphe à la Paci-
fication de Gand (iS/ô); enfin, sa vie depuis ce moment jusqu'à sa
mort (1584). C'est la première partie de ce plan que M. Rachfahl a
traitée dans le tome I, dont nous nous occupons pour le moment.
Dans une courte introduction, l'auteur rappelle surtout que c'est à
Guillaume le Taciturne que les Pays-Bas — ou du moins une impor-
tante partie de ces territoires — durent leur autonomie et un rang
prépondérant en politique et en civilisation parmi tous les peuples
d'Europe. Il insiste sur le fait que, si le Taciturne fut poussé par des
tendances et des mouvements généraux de l'époque, on ne peut oublier
qu'il les avait partiellement suscités lui-même, ou qu'il avait ime part
prépondérante dans leur conservation ou leur renforcement; de
plus, il sut toujours les conduire de telle sorte qu'ils ne le submergèrent
pas, mais qu'il en resta au contraire le maître dans les circonstances
les plus difficiles, fidèle à sa divise : Tranquillus saevis in uttdis.
Dans un premier livre, intitulé : Der Ursprung des Maures Nassau.
Seine Wirksamheit in den Niedetlanden vor dem Jahre 1544^ M. Rachfahl
nous raconte l'histoire de la maison de Nassau, dont l'origine remonte
au moins jusqu'au xi© siècle. Il poursuit l'histoire de la famille en
Allemagne, et s'occupe plus spécialement de la ligne cadette, qui
352 LE MUSÉE BELGE.
vint s'établir aux Pays-Bas et jeta les bases de la haute situation que
les Nassau devaient conquérir dans ces contrées. Son histoire dans les
Pays-Bas commence avec Englebert de Nassau, seigneur de Breda,
ce partisan fidèle de Jacqueline de Bavière, dont la lutte contre
le duc de Brabant Jean IV fut comme une prophétie lointaine du
duel gigantesque de son descendant, Guillaume de Nassau, avec
Philippe IL Englebert fut le premier Nassau fixé dans les Pays-Bas :
il est à la tête de cette glorieuse lignée, dont le sort fut dans la
suite si intimement lié à l'histoire de nos provinces. Après la mort
d'Englebert (3 mai 1344), nous rencontrons son fils, Jean IV. Celui-ci
nous apparaît comme conseiller fidèle et favori du duc Philippe
le Bon. Il se distingua à la bataille de Montenaeken et assista au sac
de Dinant par Philippe le Bon et Charles le Téméraire (1466,. Soldat
intrépide, il ne lui manquait pas le goût des choses de l'esprit : il se
forma une bibliothèque où les livres d'histoire étaient majorité. Il
mourut le 3 février 1475. Englebert II lui succéda. Chevalier de la
Toison d'Or, il servit courageusement dans l'armée de Charles
le Téméraire et fut fait prisonnier lors du désastre de Nancy (1477).
C'est à lui que revient une grande part de la décision qui solutionna
la succession de Charles de Téméraire dans un sens favorable à la
maison de Habsbourg, mérite que Guillaume d'Orange ne manquera
pas de mettre plus tard en lumière dans son Apologie. Il eut une
grande part dans la convocation de la conférence de Francfort (1489),
qui résolut temporairement le conflit aigu entre Charles VIII et
Maximilien. Aussi ne s'étonne-t-on pas de le trouver, pendant
l'absence de Maximilien, chargé du maintien de Tordre en Flandre,
et de le voir compté comme le premier des grands vassaux sous
Philippe le Beau.
Il méritait bien ces honneurs, pour avoir été le seul des grands
feudataires du pays, qui resta inébranlablement fidèle à Marie de
Bourgogne, à son mari Maximilien et à leur fils Philippe. Il mourut
le 3i mai i5o4, après avoir mis en pratique, par sa loyauté et son
courage, la devise qu'il avait choisie comme chevalier de la Toison
d'Or : Ce sera moi, Nassau ! Comme Englebert ne laissait pas de
successeurs légitimes, ce fut son neveu, le comte Henri III de
Nassau- Dillenbourg qui lui succéda. Il fut le conseiller et le soutien
de Marguerite de Savoie, à laquelle Maximilien avait confié le gou-
vernement des Pays-Bas après la mort de Philippe-le-Beau (i5o6).
Il se distingua surtout sous Charles-Quint. Celui-ci l'aimait beaucoup,
et l'envoya en mission diplomatique chez le roi de France François I,
pour commencer la politique d'entente avec la France dont Charles-
Quint attendait beaucoup au début de son règne. C'est à la cour de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 353
Paris que Henri de Nassau se fiança avec Claudine, fille de Jean
de Chàlon, prince d'Orange. C'est de cette époque (i5i5) que datent
les droits des Nassau sur la principauté d'Orange. Lorsque Charles-
Quint eût répudié la politique d'entente avec la France pour se
tourner vers Henri Vni. Henri de Nassau se distingua dans la
guerre contre la Gueldre. En iSig, il fut à la tête de la mission diplo-
matique envoyée en Allemagne, pour obtenir l'élection de Charles-
Quint à l'Empire. En i52i, il conquit Tournai et le Tournaisis à la
dynastie des Habsbourg. En i53o, il fut un des exécuteurs testamen-
taires de Marguerite d'Autriche. Et en général, on peut dire que,
avec Chièvres, Gattinara et Granvelle, le comte Henri de Nassau
appartint au cercle des conseillers intimes de l'empereur Charles-
Quint. Il mourut le i5 septembre i538; sous son fils René, les titres
et biens des maisons de Châlon, Orange et Nassau-Breda furent
réunis définitivement.
On voit que ce premier livre, où M. Rachfahl a condensé une foule
énorme de détails, est de nature à mettre en pleine lumière comment
la maison de Nassau avait acquis droit de cité dans les Pays-Bas et
combien son sort est intimement lié à l'histoire de ces provinces. Et
il est sans doute fort intéressant de constater la fidélité et le dévoue-
ment inébranlable que les souverains des Pays-Bas trouvèrent tou-
jours chez ces comtes de Nassau, dont un descendant devait plus
tard travailler si opiniâtrement à détacher ces pays de leur seigneur
légitime.
L'histoire de la famille de Guillaume d'Orange a permis en même
temps à M. Rachfahl de nous faire assister aux grands faits de l'his-
toire des Pays-Bas à la fin du moyen âge et au début de l'époque
moderne : c'est une préparation utile pour comprendre leur situation
au xvi« siècle.
Le second livre est consacré à la jeunesse de Guillaume d'Orange, Il
nous fait connaître d'abord le comté de Dillenbourg et son château,
où demeurait le père de Guillaume d'Orange, le comte Guillaume
le Riche, frère cadet d'Henri HI de Nassau, que nous avons ren
contré près de Charles-Quint. M. Rachfahl nous expose ensuite les
tenants et les aboutissants du procès que le comte Guillaume soute-
nait contre le landgrave de Hesse, à propos de la succession de
la maison éteinte de Katzenelnbogen. Comme ce procès intervient
souvent dans la jeunesse de Guillaume le Taciturne, il était indis-
pensable de nous initier à cette situation de famille, avant de
commencer l'histoire du jeune prince.
Le 24 avril i533, Guillaume de Nassau naquit à Dillenbourg. Dès
le premier instant de sa vie, on rencontre déjà cette duplicité qui
354 ^^ MUSÉE BELGE.
devait plus tard envelopper plusieurs de ses actions. Comme ses
parents, protestants éprouvés, tenaient encore par dilettantisme ou par
habitude aux cérémonies du culte catholique, le baptême du jeune
Guillaume se fit avec une messe chantée. Mais l'éducation de Tenfant
fut franchement protestante. A Tâge de 1 1 ans, le destin appela le
jeune Guillaume à recueillir la succession de son cousin, René de
Nassau, mort le 21 juillet 1544. JL'empereur et le conseil privé des
Pays-Bas mirent à la succession la condition expresse, que le prince
serait désormais élevé dans le catholicisme. La succession ne pouvait
revenir à un hérétique : les possessions de René furent donc vio-
lemment enlevées au reste de sa famille par la volonté de l'Empereur.
Malgré ses protestations et ses démarches désespérées, Guillaume
le Riche dut s'incliner. Il obtint à grand* peine de pouvoir présenter
quelques candidats, pour régenter pendant la jeunesse du prince,
son fils, les revenus et les biens de la succession de Nassau- Breda.
Le conseiller Jean de Mérode, Claude Bouton, seigneur de Cor-
baron, et le coadjuteur de Cologne, Adolphe de Holstein-Schauen-
burg, furent choisis comme régisseurs st tuteurs.
Nous assistons ensuite aux négociations de Guillaume le Riche
pour conclure un accord concernant l'emploi des revenus du jeune
prince : mais le père se vit refuser toute allocation et eut à s incliner
une fois de plus devant la dure réalité.
Le jeune Guillaume devint le protégé de la gouvernante Marie de
Hongrie. D'accord avec ses tuteurs, elle prit soin d'introduire
dans sa maison des habitudes d'épargne, que nécessitaient les charges
dont la succession était grevée, mais surtout, elle travailla à lui faire
donner une éducation catholique.
M . Rachfahl montre très bien que Guillaume fut de fait catholique
à cette époque. Sans doute, devenu adolescent, il ne se montra pas
particulièrement zélé : il ne s'occupait que médiocrement de choses
religieuses. Son esprit était surtout tourné vers les choses pratiques
de son entourage et ne se consacrait point au surnaturel. En cela, il
ne différait guère de la plupart de ses contemporains, rudes seigneurs
et batailleurs pour la plupart, influencés par les idées érasmiennes,
catholiques de nom, mais corrompus souvent, buveurs intrépides et
joyeux compagnons. Et chez Guillaume d'Orange, pendant son
séjour à la cour de Charles- Quint, on rencontre déjà une indifférence
religieuse, inspirée par des considérations politiques. Ne voyait-il
pas souvent la politique impériale franchement opposée au Pape?
Et son entourage était composé de ces seigneurs flamands, chez
lesquels l'indifférentisme régnait en maître. La religion de son
enfance ne pouvait avoir laissé de traces sérieuses chez lui ; le catho-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 355
licisme, étant donnés son caractère et son entourage, ne pouvait que
rémouvoir superficiellement.
A cette époque, il s'occupa, de concert avec son père, du procès
que la famille soutenait pour la succession de Katzenelnbogen ; cette
affaire, lors de la guerre de Charles-Quint contre la ligue de Schmal-
kalden, fut partiellement résolue en faveur des Nassau grâce à
l'intervention personnelle de l'Empereur (i55i).
En 1548, Maximilien, comte de Buren, mourut et exprima comme
dernière volonté que sa fille Anne épousât le prince d'Orange. C'était
apparemment un beau parti pour Guillaume de Nassau. Les con-
seillers allemands du prince à Breda furent d'avis que c'était pour
lui le moment de faire son entrée à la cour de l'Empereur, et de se
créer une maison avec train particulier. Ils jugèrent opportun de le
faire passer sous la protection d'un grand de la cour, Jérôme Perre-
not, seigneur de Champigny, frère de l'évêque d'Arras, Granvelle.
Marie de Hongrie et les conseillers néerlandais, tenant compte de la
situation financière du prince, auraient préféré voir cette combi-
naison remise à plus tard. Mais grâce à l'intervention de Granvelle,
le prince obtint sa maison et son conseil particulier et put enfin se
marier avec Anne de Buren en i55o. Il entra dès lors au service de
Charles- Quint.
D'abord capitaine d'une compagnie de cavalerie, formée en dehors
des bandes d'ordonnance, puis chef d'un régiment de cavalerie d'or-
donnance, il participa à diverses opérations militaires, sans toutefois
pouvoir se mesurer avec l'ennemi. En i555, lors du siège de Mariem-
bourg, il fut nommé, en l'absence d'Emmanuel- Philibert de Savoie,
capitaine général de l'armée.
Avant de nous raconter les opérations de Guillaume d'Orange
dans cette campagne, M. Rachfahl nous donne un vivant tableau de
l'organisation défectueuse de l'armée à cette époque, dont les vices
internes étaient en rapport intime avec les difficultés financières. Il
y a ici des pages fort instructives et captivantes. Puis, il nous retrace
minutieusement, avec beaucoup de détails, les opérations de
Guillaume contre les Français en sa qualité de commandant de
larmée de la Meuse, campée à Givet.
Ce n'est pas pour le plaisir de fournir tous ces détails d'histoire
militaire que M. Rachfahl s'arrête à ces opérations : c'est pour
montrer, que, si pendant ces opérations, le prince d'Orange n'accom-
plit pas des actions d'éclat, la faute en est surtout à l'état misérable
de Tarmée, aux intempéries, aux ordres de la cour qui réglaient ses
mouvements malgré lui, à l'organisation défectueuse de l'armée en
général. En somme, l'auteur veut nous montrer que son héros n'était
pas dépourvu de qualités militaires et stratégiques.
356 LE MUSÉE BELGE.
Pendant la campagne, le 2 5 octobre i555, Guillaume avait assisté
à labdication de Charles-Quint à Bruxelles, en présence des États
Généraux. On connaît la scène : Charles-Quint, vieilli et cassé,
s'appuyant sur l'épaule du jeune prince d'Orange, et faisant en san-
glotant ses adieux à ses sujets des Pays Bas...
La trêve de Vaucelles, en i556, vint suspendre les hostilités : parti
en campagne au service de Charles-Quint, Guillaume d*Orange
passait au service de Philippe II.
M. Rachfahl nous décrit ensuite la vie du prince, depuis le chan-
gement de souverain jusqu'à la paix de Câteau-Cambrésis (i559). Ce
qui est surtout intéressant dans ce chapitre, c'est le tableau des
revenus du prince et de son train de maison. Après avoir longuement
et soigneusement inventorié ses possessions domaniales, M. Rach-
fahl calcule que l'ensemble de ses revenus se montait à 200.000 livres,
ce qui supposait un capital de 4 millions environ. Mais des dettes
et des dépenses considérables engloutissaient la majeure partie de ces
revenus : néanmoins, sa fortune en général était assez grande pour
lui créer une position beaucoup plus favorable qu'on le dit d'ordi-
naire.
La mission d'Orange en Allemagne en i55y est importante, parce
que c'est à Francfort qu'il noua des relations avec plusieurs princes
allemands, surtout avec l'Électeur de Saxe. D'une grande importance
dans sa vie fut aussi la mort de son épouse Anne de Buren, le 24 mars
de la même année. En effet, si elle était restée en vie, on peut croire
que la rupture violente du prince avec le catholicisme aurait pu être
évitée. En tous cas, cet événement amena le mariage du prince
d'Orange avec Anne de Saxe, et les circonstances qui entourèrent
celui-ci ont eu une influence indéniable sur ce changement dans la
conduite du prince.
Enfin, un moment de la cairière de Guillaume de Nassau a surtout
attiré l'attention et a servi à maint historien pour faire remonter le
plan révolutionnaire de Guillaume d'Orange déjà à cette époque.
En juin i559, il dut se rendre à Paris, avec le duc d'Albe et le comte
d'Egmont, en qualité d'otages pour la conclusion de la paix de
Câteau Cambrésis. Or, d'après ce que Guillaume d'Orange raconta
plus tard dans son Apologie, il aurait alors, dans une conversation du
roi Henri II avec le duc d'Albe, qui se tint en sa présence, surpris
un commun projet d'introduire l'Inquisition d'Espagne en France
et dans les Pays-Bas. Prévoyant les effets de ce plan diabolique, il
aurait juré, dès ce moment, de chasser les Espagnols des Pays-Bas.
M. Rachfahl montre très bien que dans ce récit du prince, il faut
faire la part de la légende, que plus tard, Guillaume, en composant
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 337
son Apologie^ a dij s'embrouiller dans ses souvenirs et qu'il a pu de la
sorte faire remonter ses plans d'indépendance et de révolte à une
époque, où il ne pouvait pas encore en être question.
C'est par cet épisode que Fauteur finit l'histoire de la première
partie de la carrière du Taciturne. Mais ce n'est là qu'un tiers du
livre. Les deux tiers restants comprennent une description détaillée
et minutieuse des Pays-Bas vers le milieu du xvi^ siècle.
L'auteur n'a pas voulu, dans ce tableau, nous offrir des recherches
originales, mais nous donner, d'après les résultats déjà acquis,
une description de la scène sur laquelle va se mouvoir le prince
d'Orange. Il a surtout eu en vue de nous montrer que, dans
tous les aspects de la civilisation des Pays-Bas à cette époque, on
retrouve surtout cette caractéristique de l'esprit populaire, le sens des
choses pratiques et positives, l'esprit de rationalisme et de tolérance,
qui jouèrent un rôle important dans la marche de la révolution.
Nous ne pouvons songer à donner une idée quelque peu concrète
de cette intéressante description des Pays-Bas. Bornons-nous à dire
que M. Rachfahl décrit d'abord le pays et ses multiples richesses
naturelles, l'aspect physique des diverses provinces , les travaux
artificiels qui aidaient la nature à féconder le pays. Il s'occupe
des diverses classes d'habitants, paysans, seigneurs, citadins ou
poorters, etc., décrit leur situation sociale et politique, nous fait
connaître leurs mœurs, leur genre de vie, leurs aspirations. Le
tableau qu'il trace de la noblesse est des plus intéressants. Signalons
que M. Rachfahl montre combien il est inexact d'attribuer en grande
partie l'opposition des seigneurs contre Philippe II à leur mauvaise
situation financière. Ce motif peut tout au plus avoir existé chez le
comte de Homes, qui avait dépensé 400 ooo écus de sa fortune au
service du roi, sans pouvoir rentrer dans ses fonds.
M. Rachfahl nous décrit ensuite les institutions et la vie écono-
mique urbaines : un chapitre spécial et des plus intéressants est
consacré aux institutions et au commerce d'Anvers. Et pour ne pas
laisser des ombres dans ce brillant tableau de la civilisation flamande
au xvi^ siècle, l'auteur nous dépeint aussi l'esthétique de la vie
urbaine, les institutions charitables, la situation de la fortune de
ses habitants, les édifices religieux et civils, l'organisation militaire
et corporative, la vie intellectuelle et artistique. Il y a là. des pages
savoureuses, qu'on ne se lasse pas de relire. Signalons que plusieurs
pages sont consacrées au rôle que joua l'Université de Louvain
dans la défense de l'orthodoxie contre les infiltrations érasmiennes
et protestantes.
Suit alors le tableau de la situation religieuse au xvi* siècle.
358 LE MUSÉE BELGE.
L'auteur traite du système politico-religieux de la couronne, de
l'institution de Tlnquisition par Charles-Quint, de l'expansion du
protestantisme dans les Pays-Bas II y a là sur les différentes sectes,
et notamment sur les nremiers « luthériens » des Pays-Bas, des
aperçus fort originaux. M. Rachfahl s'occupe longuement de l'Inqui-
sition. Il montre qu'il ne faut pas exagérer le nombre des victimes,
et que, principalement sous Charles-Quint, l'institution procéda par
grands coups d'éclat, destinés à effrayer les délinquants, pour retomber
ensuite dans de longues périodes d'apathie et de laisser-aller, sous
l'influence de Tesprit de tolérance des Flamands, et parce que la
sévérité draconienne des placards en empêchait l'exécution rigou-
reuse. Il n'y a que l'inquisiteur Titelman en Flandre qui suivit à la
lettre les prescriptions de sa charge. Enfin M. Rachfahl, s'occupe du
courant rationaliste qui se manifestait aussi parmi les catholiques,
et consacre une étude approfondie au système d'Erasme, à ses
démêlés avec les théologiens de Louvain et le nonce Aléandre, à ses
disciples Cassandre, Veluanus, Dirk Volkerts Koornhert. etc. C'est
ici un des chapitres les mieux conçus et les plus instructifs de
l'ouvrage. On voit comment l'indifférentisme, l'esprit rationaliste et
frondeur, les infiltrations protestantes avaient énervé toutes les
classes de la société et l'on comprend que la révolution dut trouver
ici un terrain des plus propices pour croître et grandir graduellement.
Dans un dernier livre, M. Rachfahl étudie les institutions centrales
et provinciales du pays et consacre enfin un examen minutieux
aux États Généraux de i557, pendant lesquels apparut clairement
la banqueroute de Philippe II, et où se manifestèrent les premiers
symptômes d'indépendance et d'opposition nationale contre le régime
espagnol. On voit ici que les débuts ou, si l'on veut, les signes
avant- coureurs de la révolte ne révèlent encore aucune préoc-
cupation religieuse : la question se pose sur le terrain national, sur le
terrain des prérogatives autonomistes. La question économique aussi
reste à l'arrière -plan.
Il serait intéressant de comparer le livre de M . Rachfahl avec ceux
de M. Gossart et de M. Pirenne. Nous ne pouvons songer à le faire
ici. Mais nous ne pouvons terminer ces lignes sans proclamer que
M. -Rachfahl, grâce à ses patientes recherches, à ses méditations
approfondies, à son magistral exposé, nous a donné un livre capital
sur la révolution des Pays-Bas. Nous espérons que les volumes
suivants ne tarderont pas trop à paraître. C'est avec une légitime
impatience, mais avec confiance, que nous attendons l'achèvement
de ce monument élevé à la gloire du fondateur des Provinces- Unies,
conçu dans un esprit d'impartialité que nous ne saurions assez
admirer.
à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 359
La seule critique que nous ayons à faire, c'est que Tauteur repré-
sente rjnquisition comme une conclusion, une conséquence rigou-
reuse tirée du dogme catholique, alors qu'elle n'est que le résultat
-du système politico religieux inauguré par Charles Quint. Nous
regrettons aussi que l'auteur n'ait pas consacré quelques pages à la
contre-réforme catholique, sans lesquelles le tableau de la situation
religieuse est trop unilatérial. Le livre de P. Kalkoff, Die Anfànge
dit Gegenreformaiion in den Niederlanden, lui eût fourni assez de données
pour cette ajoute nécessaire. Enfin, l'auteur déforme trop souvent les
noms néerlandais de familles, de personnes ou de lieux. Ainsi, il
écrit Archot pour Aersckot, Berleymoni pour Berlaymont, St Armand pour
Si Amand, HofidscoU pour Hondschoote^ etc.
En annexe, M. Rachfahl publie un mémoire des États Généraux
de i557, tiré des Archives du Royaume à Bruxelles, et l'instruction
pour le commissaire Antoine Van Straelen, provenant des archives
communales de Gand. Une carte du théâtre de la campagne contre
les Français en i555 termine le i*"" volume de ce magistral ouvrage.
L. Van der Essen.
Concours général de TEnseignement moyen
en 1907.
Rhétorique. Humanités anciennes (sections réunies).
Rhétorique. Humanités modernes (sections réunies).
Composition française, flamande ou allemande.
première langue (sans dictionnaire).
La vraie science et la vraie étude de Thomme c'est Thoinme.
De ware wetenschap en de ware studie des menschen is de mensch.
Die ware Wissenschaft und das ware Studium des Menschen ist
der Mensch.
N. B, I. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
2.*— Les compositions doivent être faites en français, en flamand ou en allemand,
selon que les élèves appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne,
dans la région flamande ou dans la région allemande. Ceux des élèves des Athénées
d*Anvers, d'Arlon, de Bruxelles, d'Ixelles et de la section latine annexée à l'École
imoyenne de St-Gilles qui suivent les cours du régime wallon, sont obligés de faire
eur composition en français.
3. — L'emploi des caractères alleminds est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4» ~ Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'écriture ou
l'orthographe laissent à désirer.
36o LE MUSÉE BELGE.
Rhétorique. Humanités anci€4nes ^sections réunies).
Rhétorique. Humanités modernes (sections réunies).
Composition flamande, allemande ou ft^ançaise.
SECONDE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Een leven in ledigheid gesleten is een vroege dood.
Ein unnutz Leben ist ein fruher Tod.
Une vie oisive est une mort anticipée.
N. B. 1. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
2. — Les compositions doivent être faites en flamand ou en allemand si les élèves
appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne, suivant que c'est le
flamand ou l'allemand qui est officiellement adopté comme seconde langue, et en
français s'ils appartiennent à un établissement de la région tîamande ou allemande.
Ceux des élèves des Athénées d'Anvers, d'Arlon, de Bruxelles, d'hcelles et de la
section latine annexée à l'école moyenne de Saint-Gilles qui suivent les cours du
régime wallon, sont obligés de faire leur composition en tiamand ou en allennand.
Les travaux des élèves qui ne se conformeront pas à la présente instruction
seront annulés.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou récriture laissent à désirer.
Rhétorique. Humanités anciennes (sections réunies).
Composition flamande, allemande ou anglaise.
TROISIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Wetenschap is macht. — Wissenschaft ist Macht. — Knowledge
is power.
N. B. 1, — Les élèves ont quatre heures pour faire leur travail.
2. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou l'écriture laissent à désirer.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
Rhétorique. Humanités modernes (sections réunies).
Composition flamande ou allemande.
TROISIÈME LANGUE 'SANS DICTIONNAIRE).
De arbeid is 's menschen zegen.
Die Arbeit ist der Menschen Segen.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 36l
Rhétorique, Humanités modernes (section industrielle et commerciale).
Composition anglaise.
QUATRIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
"Where there is a will there is a way.
N. B. 1. — Les élèves de la section scientifique ont quatre heures pour faire leur
travail : les autres ont six heures pour faire leurs deux compositions.
2 — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou récriture laissent à désirer.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
jdlemande. Le jury est autorisé à attribuer l'io des points à une écriture lisible.
Troisième. Humanités anciennes (sections réunies).
Composition française, flamande ou allemande.
PREMIÈRE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Le Vent. — De Wind. — Der Wind.
N. B. I. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
2. — Les compositions doivent être faites en français, en flamand ou en allemand,
selon que les élèves appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne,
dans la région flamande ou dans la région allemande.
Ceux des élèves des Athénées d'Anvers, d'Arlon, de Bruxelles, d'Ixelles, et de la
section latine annexée à l'école moyenne de St-Gilles qui suivent les cours du régime
wallon sont obligés de faire leur composition en français.
Les travaux des élèves qui ne se conformeront pas à la présente instruction seront
annulés.
. 3. — I /emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'écriture ou
Torthographe laissent à désirer.
Troisième. Humanités anciennes (sections réunies).
Composition flamande, allemande ou française.
SECONDE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Door een onweder verrast. — Ueberraschung vom Gewitter. —
Surpris par l'orage.
N. B. 1. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
2. — Les compositions doivent être faites en flamand ou en allemand si les élèves
appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne, suivant que c'est le
flamand ou l'allemand qui est officiellement adopté comme seconde langue, et en
français s'ils appartiennent à un établissement de la région flamande ou allemande.
362 LE MUSÉE BELGE.
Ceux des élèves des Athénées d'Anvers, d'Arlon, de Bruxelles, d*Ixenes et de la
section latine annexée à l'école moyenne de St-Gilles qui suivent les cours du régime
wallon, sont obligés de faire leur connposition en flamand ou en allemand.
Les travaux des élèves qui ne se conformeront pas à la présente instruction seront
annulés.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont Tortographe
ou l'écriture laissent à désirer.
Troisième. Humanités anciennes (section grecque- latine).
Composition flamande, allemande ou latine.
TROISIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Dorp en stad in den zomer. — Dorf und Stadt im Sommer. — The
village and the town in summer.
N. B. I. — Les élèves ont quatre heuies pour faire leur travail.
2. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux. travaux dont l'orthographe
ou l'écriture laissent à désirer.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer 1/10 des points à une écriture lisible.
Seconde, Humanités modernes (sections féunies).
Composition française, flamande ou allemande.
PREMIÈRE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
L'amour maternel. — De moederliefde. — Die Mutterliebe.
N. B. 1. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
2. — Les compositions doivent être faites en français, en flamand ou en allemand,
selon que les élèves appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne,
dans la région flamande ou dans la région allemande.
Ceux des élèves des Athénées dAnvers, d'Arlon, de Bruxelles, d'ixelles, et de la
section latine annexée à l'école moyenne de St-Gilles qui suivent les cours du régime
wallon, sont obligés de faire leur composition en français.
Les travaux des élèves qui ne se conformeront pas à la présente instruction,
seront annulés.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'écriture ou
l'orthographe laissent à désirer.
Seconde, Humanités modernes (sections réunies).
Composition flamande, allemande ou française.
SECONDE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
O zalig een kind nog te zijn ! — O selig èin Kind noch zu sein I —
Heureuse enfance !
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 363^
N. B. I. — Les élèves ont six heures pour faire leur travail.
a. — Les compositions doivent être faites en flamand ou en allemand si les élèves
appartiennent à un établissement situé dans la région wallonne, suivant que c'est le
flamand ou l'allemand qui est officiellement adopté comme seconde langue, et en
français s'ils appartiennent à un établissement de la région flamande ou allemande.
Ceux des élèves des Athénées d*Anvers, d'Arlon, de Bruxelles, d*lxelles et de la
section latine annexée à l'école moyenne de St-Gilles qui suivent les cours du régime
wallon, sont obligés de faire leur composition en flamand ou en allemand.
Les travaux des élèves qui ne se conformeront pas à la présente mstruction
seront annulés.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande. Le jury est autorisé à attribuer i/io des points à une écriture lisible.
4. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou récriture laissent à désirer.
Seconde. Humanités modernes (seeiion industrielle et commerciaL),
Composition flamande ou allemande.
TROISIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
De Oogsl. — Die Ernte.
N. B. 1. — Les élèves ont quatre heures pour faire leur travail.
2. — Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont l'orthographe
ou récriture laissent à désirer.
3. — L'emploi des caractères allemands est obligatoire pour la composition
allemande; Le jury est autorisé à attribuer 1/10 des points à une écriture lisible.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
307. — Oskar Henke. Vademekum fur die Homerlekture, Mit
4 Kaertchen im Text. Leipzig u. Berlin, B. G. Teubner, 1906.
Ce petit livre est destiné spécialement aux professeurs et aux élèves
des classes supérieures des gymnases. L'auteur croit, en effet, qu'il
ne suffit pas de faire lire aux jeunes gens les poésies d'Homère, mais
qu'il faut les initier quelque peu à cette civilisation a mycénienne » à
laquelle sont empruntés les décors des scènes homériques. Cela est
très juste. On peut même ss demander si le peu de goût qu'ont
beaucoup d'élèves pour l'Iliade et l'Odyssée ne provient pas en partie
de leiu- ignorance du milieu où se passent les événements racontés
dans ces poèmes. Si les élèves se représentaient mieux ce qu'ils
lisent, si la vie homérique cessait de leur être étrangère, ces récits
/
i
304 LE MUSÉE BELGE.
n*auraient-ils pas plus d'intérêt pour eux? Quoi qu'il en soit, ces
notions ne seront jamais inutiles, et il serait à désirer quil y eût en
français un ouvrage similaire. Celui-ci naturellement ne contient que
les données fondamentales : au besoin, les professeurs pourront les
expliquer, les développer. Nous ajouterons — sans crainte de nous
tromper — que ce petit volume sera lu aussi avec beaucoup de
plaisir — et peut-être avec beaucoup de profit — par tous ceux qui
par profession ou par goût s'adonnent encore à l'étude de l'antiquité.
L'ouvrage contient tout d'abord un résumé chronologique, très
succinct, de l'Iliade et de l'Odyssée. A ce premier résumé, l'auteur
en joint un second plus détaillé, plus complet : c'est un exposé clair,
d'une lecture agréable.
Vient ensuite ce qu'on pourrait appeler la deuxième partie de ce
livre : une sorte d'aperçu sur la civilisation homérique. M. Henke
a recueilli les notions sur la géographie, sur la société, sur la vie
religieuse, économique, etc., que l'on trouve chez Homère.
Il décrit d'abord le monde comme le concevaient les anciens, et
d'après ces données il explique les voyages d'Ulysse et de Ménélas.
Un second paragraphe du même chapitre est consacré à la question
de l'emplacement de Troie que l'auteur place non loin du village
actuel de Burnarbaschi. plutôt que près d'Hissarlik ; il croit que
l'aspect de la plaine de Troie d'après l'Iliade, correspond ^très bien
à la topographie des environs du premier de ces villages et non à
celle du second. Sur la situation de l'île d'Ithaque il donne tiois
hypothèses et il adopte la dernière : la position d'Ithaque dans
l'archipel qui l'entoure concorde avec celle de l'île actuelle de Santa
Maura, mais le poète aurait emprunté la topographie intérieure
d'Ithaque à l'île qui porte aujourd'hui ce nom. Les quatre cartes que
l'auteur joint à cet exposé aident beaucoup à l'intelligence de son
texte, elles peuvent être aussi d'une grande utilité pour la lecture de
l'Iliade et de l'Odyssée.
Dans le chapitre suivant, M. Henke donne quelques notions sur
les différentes classes de la société homérique et sur la vie privée :
mariage, vie de famille, hospitalité, bienfaisance. Pour ce qui est de
la religion et du culte, il résume en quelques lignes les idées
religieuses avant Homère, à son époque et après lui; puis il passe en
revue les différentes divinités, leurs liens de parenté, leurs attributs, et
il termine par un court aperçu sur le culte : prière, sacrifice, lieux
du culte, prêtres, serment. L'auteur consacre aussi quelques chapitres
à décrire d'une façon assez détaillée : i) la demeure d'Ulysse, 2) un
vaisseau fà cette description M. Henke joint celle du radeau
d'Ulysse), 3) l'habillement masculin et féminin, 4; l'armure, 5) le pro-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 365
cessus d'une bataille. Il est à regretter que l'auteur n'ait pas illustré
de quelques vignettes ces descriptions, entre autres celle du vaisseau.
M. Henke termine son travail par une étude sur la psychologie
d'Homère : il cherche à expliquer les différentes significations des
mots employés par le poète pour désigner les facultés de l'âme : tâche
assez ardue, car chez Homère les mêmes mots servent à peu près
indifféremment pour indiquer l'une ou l'autre fonction de l'âme.
En résumé, M. Henke a composé un petit livre très utile, très inté-
ressant, et qui peut rendre de grands services aux classes.
R. NiHARD.
3o8. — M. Bréal, Pour mieux connaître Homère, Paris, Hachette,
1906. 309 pp. 3 fr. 5o.
Cet ouvrage est divisé en deux parties. Dans une première étude,
M. Bréal reprend la question de l'âge et de Porigine des deux grands
poèmes homériques. Il est inutile de rappeler les controverses qu'elle
a suscitées depuis Wolff, Otfried Muller, Lachmann et d'autres. Au
milieu des discussions et des divergences, on reconnaît cependant la
tendance à faire remonter la composition des deux épopées à une
antiquité reculée, insaisissable, qui ne donnait presque aucune prise
à la critique. Cette supposition, en effet, comme le dit M. Bréal,
imposait silence à la critique : une terminologie abstraite faisait
évanouir la notion même d'auteur.
Un autre problème aussi intéressant se posait de toute nécessité :
la personnalité d'Homère. Bien des savants se laissaient entraîner à
des idées de poésie populaire et spontanée, éclose tout à coup du
cerveau des masses impressionnées par quelque grand événement.
La théorie pouvait peut-être s'appliquer à des poèmes rudes et
barbares comme les Niebeîungefi ou la Chanson de Roland. Pouvait- elle
s'appliquer à des chefs-d'œuvre comme l'Iliade et l'Odyssée? Telles
sont les questions que se pose une fois de plus M Bréal. Il s'adresse
avec raison à tous ceux qui ont lu attentivement Homère Les
théories philologiques modernes peuvent être très ingénieusement
conçues et très bien développées, elles peuvent même exciter l'admi-
ration du lecteur ; elles ont le grand tort de ne pas persuader. Tous
ceux qui ne sont pas égarés par des préjugés ou des systèmes, tous
ceux qui étudient les épopées grecques sans parti- pris de leur cher-
cher querelle ou de les plier aux exigences de leurs théories, seront
tentés de répéter avec Goethe, écoutant F. A. Wolff dans sa chaire
de Halle : Où t^p irciaeiç, oôb' f|v ireiariç. « Même en me persuadant,
tu ne me persuaderas pas ». Telle est la thèse de M. Bréal. Dans
riliade et l'Odyssée, les preuves d'une intelligence consciente et
366 LE MUSÉB BELGE.
maîtresse d'elle-même frappent à chaque pas ; tout montre que les
deux épopées sont le fruit d'une civilisation déjà avancée, l'œuvre
d'un génie dans sa maturité, Tefflorescence d'une littérature épique
éclose depuis longtemps.
L'objection de la simplicité et de la rudesse des mœurs homé-
riques n'a pas de valeur aux yeux de M. Bréal; la simplicité est de
convention, dit-il, elle est inhérente au caractère de la poésie épique ;
voyez l'Enéide. Les personnages de l'Iliade sont idéalisés, ce sont
des paladins de roman à la façon des chevaliers du moyen âge.
Religion, mythologie, usages, idées du gouvernement, des castes et
des relations sociales, tout fait songer à une civilisation rafl&née, qui
sert de cadre à un monde idéal et fictif, peuplé de héros romanesques
par l'imagination du poète.
La langue elle-même témoigne par sa richesse et son abondance
d'un long usage et d'une rare perfection. « Nous n'avons pas affaire
» ici, dit M. Bréal, à quelque population primitive qui, pour expri-
» mer ses pauvres idées, n'aurait juste que la provision de mots et
» de flexions nécessaires. L'Iliade et l'Odyssée nous présentent le
» plus riche trésor verbal qui ait jamais été au service de la poésie. »
D'après les conclusions de la linguistique, aucun trait essentiel ne
sépare la langue d'Homère de l'époque postérieure, même dans les
formes dialectales si variées et si étranges. Aussi, M. Bréal n'hésite
pas à rapprocher de la grande civilisation hellénique la date de
composition des poèmes. L'âge d'Homère se place, d'après lui, avec
le plus de vraisemblance au commencement du vu* siècle. Remonter
plus haut, penser aux vm®, ix^ ou même x** siècle, c'est méconnaître
tout ce qui atteste une civilisation déjà mûrement développée.
Aboutissant à cette* conclusion, Téminent auteur devait faire aussi
justice des théories vagues sur la production et le développement
spontanés de la véritable épopée, sur sa prétendue puissance d'orga-
nisme, sur son évolution dynamique, etc. Armé de sa finesse fran-
çaise, parfois un peu méchante, M. Biéal fait remarquer que l'alle-
mand se prête merveilleusement à ces formules qui, en leur obscurité,
ont quelque chose d'impérieux. Mais le nuageux exclut le positif, et
qu'y a-t-il de plus positif qu'une épopée de seize mille vers comme
l'Iliade? Il est matériellement impossible que la poésie populaire
dont les inspirations courtes, désordonnées, diverses par le rythme
et le dialecte répondent aux impulsions primitives de la nature
humaine, ait produit une composition comme l'Iliade présentant le
triple caractère d un long sujet traité avec suite, d une langue toujours
la même et d'un mètre invariable. Sans nier les interpolations et
additions successives qui s'expliqueraient par l'élaboration poétique
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 307
continuelle de corporations, de « pléiades » de rhapsodes travaillant
la même matière épique, ayant même esprit et mêmes traditions,
(il se pourrait même que ces poèmes aient été conservés, augmentés
et développés par une corporation de prêtres de Tlonie d^Asie)
M. Bréal insiste sur la nécessité d'un chantre inspiré, d'un grand
p>oète sans lequel Tunité, le plan, la structure de l'œuvre ^ne se
comprendraient pas. Croyons, avec M. v. Wilamowitz que ce poète
fut Homère et que « la renommée ne s'est pas trompé d'adresse.'^»
En un mot, les observations saines et justes de M. Bréal trahissent
les tendances de Tesprit nouveau ; il est temps de revenir des'Jécarts
que la critique moderne s'est permise dans l'enthousiasme de ses
découvertes, et de raisonner suivant les principes de la vraie logique,
voire même du simple bon sens.
La seconde partie du volume est un lexique oùjM. Bréal s'efforce
d'expliquer philologiquement une foule d'expressions et de vocables
fréquents chez Homère. En général, il a cru devoir faire rentrer^ dans
le giron hellénique des mots pour lesquels ses devanciers s'étaient
adressés à des idiomes plus éloignés. Ce petit dictionnaire rendra
surtout service aux professeurs de l'enseignement moyen, et il est
fait avec le soin et l'érudition que nous connaissions à l'auteur de
l'Essai de sémantique. C'est assez dire. Th. Simar.^
309. — A. MlCbaeliS, Die archaeologisckefi Entdeckungen des XIX"
Jaktkunderts, Leipzig, E. A. Seemann, 1907. vi-325 pp.
L'auteur de cet ouvrage est un des mieux préparés pour traiter cet
intéressant sujet. Par sa carrière, il a été mêlé activement aux travaux
archéologiques, en particulier à ce vaste mouvement d'explorations
et de fouilles dont les résultats sont en train de renouveler sur tant
de points notre connaissance du monde antique. Et le sujet est traité
avec une clarté, une compréhension et un intérêt vivant, qui attestent
chez l'auteur une longue et intime familiarité avec lui.
ïA, Micliaelis commence par fixer l'état de l'archéologie au début
du XIX* siècle : il expose ce que sont devenus au moyen âge les débris
survivants de l'antiquité. Avec la Renaissance, on voit se former les
grandes collections romaines, privées et publiques. Les touristes qui
visitent les musées d'Italie, surtout les philologues qui en utilisent
aujourd'hui les monuments, apprécieront l'utilité de ces pages, d'une
lecture à la fois si facile et si instructive, surtout qu'à la fin une
bibliographie abondante leur permettra de compléter et de préciser
les faits généraux donnés par l'historien.
Au xviii* siècle, Winkelmann donne l'essor à une science nouvelle,
celle de l'art antique. Mais Winkelmann ne put visiter et connaître
r
368 LE MUSÉE BELGE.
que les musées et les sites italiens. Vers le même temps, la société
anglaise des Dilettanii organise ses expéditions en Grèce et réveille
pour ce pays l'intérêt que Winkelmann avait suscité par Tltalie.
Ces entreprises nous amènent au seuil du xix« siècle, dont les
premières années sont remplies par les guerres de Napoléon. Le
grand César n'était pas qu'un capitaine de génie; il avait aussi l'am-
bition de la gloire des sciences et des arts. On se souvient avec quelle
absence totale de scrupules, il dépouilla les peuples vaincus de leurs
trésors artistiques nationaux; la Belgique en sait quelque chose.
Ainsi fut fondé et s'enrichit le Musée Napoléon. La chute de lempire
ne rendit pas aux peuples dépouillés tout ce que le général, abusant
de sa victoire, leur avait pris. M Michaelis fait remarquer avec
raison que d'autres peuples, en de semblables circonstances, ont eu
dautres mœurs, à leur grand honneur d'ailleurs.
Mais les guerres de Napoléon eurent heureusement d'autres résul-
tats que l'accaparement et la saisie des richesses artistiques des nations
vaincues. L'exploration de TÉgypte et de ses monuments fut une des
conséquences de la fameuse expédition française en ce pays. Dans
le même temps, les fouilles de Pompéi recevaient une impulsion
profonde d'un membre de la famille Bonaparte.
Le recouvrement de la Grèce, comme dit M Michaelis, fut l'œuvre
et l'honneur de l'Angleterre. Le chapitre où ces entreprises sont
racontées est un des plus intéressants du livre. Les rapts commis par
Lord Elgin (M, Michaelis, dont les sympathies pour l'Angleterre sont
de longue date, le défend et, à mon sens, sur plusieurs points, avec
un plein succès), les célèbres explorations d'Egine, de Bassae
(Phigalie), sont l'objet de narrations animées. Entretemps l'archéo-
logue allemand, Ed. Gerhard, était en Italie, faisait ses célèbres
explorations en Etrurie et fondait l'institut archéologique allemand,
qui a donné et qui a coutume de donner la plus vive impulsion
aux travaux archéologiques, surtout depuis qu'il a reçu comme
complément (en 1875) une division athénienne
Le chapitre cinquième est consacré aux fouilles de l'Orient. Dans
les trois chapitres suivants, l'auteur ne suit plus l'ordre géographique,
mais ordonne ses récits d'après le genre des monuments ; chap. VI, les
lieux du culte; chap. VII, l'emplacement des villes; chap. VIII, les
temps préhistoriques. Je me permets d'appeler lattention surtout sur
la fin de chacun de ces chapitres. M. Michaelis y expose les résultats
généraux acquis à la science par les fouilles particulières. On peut y
voir combien elles ont accru nos connaissances sur la construction
et l'aménagement des temples, sur le plan des villes et des maisons
dans l'antiquité. Ce sont des chapitres qu'aucun professeur de littéra-
PARTIE BIBLIOQRAPHIQUE. SÔg
ture antique et d'histoire dans les humanités ne lira sans le plus grand
fruit.
L'auteur reprend aux chapitres IX et X Tordre chronologique
pour donner l'histoire des fouilles dans les pays classiques et hors de
ces pays.
Le chapitre XI conclut dignement le livre. L'éminent archéologue
y expose les transformations subies par la science elle-même de
l'archéologie, les conceptions nouvelles qui se sont fait jour dans
rétude des œuvres dart. C'est un chapitre où il y a beaucoup à
apprendre pour tous, mais en particulier pour les professeurs
dliumanités qui croient devoir donner à leurs élèves une certaine
connaissance de Fart antique.
Le livre se termine par ces registres copieux et variés que les
Allemands ont mis à la mode et qui donnent à leurs livres una
utilité si durable. M. Michaelis a réuni aussi à la fin de son livre
une bibliographie complète. E. Kemy.
3io. — B. Ziebarth, Kulturhilder aus grUchischen StàdUu. Teubner,
Leipzig, 1907. 120 pp. I fr. 5o,
Ce petit volume est extrait d'une collection intitulée : Aus Natur
und Geistcsweît, Ce recueil a pour but de vulgariser la science ; mais
il s'agit dune vulgarisation comme Térudition allemande Tentend,
c'est à dire qu'elle est confiée à des hommes d'une science incontestée.
M. Ziebarth n'est pas, en effet, un inconnu ; il a exécuté, sous la
direction de M. Théodore Wiegand , des fouilles intéressantes à
Milet, et il a pu constater sur place l'importance de l'archéologie
pour Ihistoire générale de la civilisation hellénique. Aussi Milet fait-
elle l'objet d'une dissertation écrite de main de maître. Pour Thera,
M. Ziebarth s'est servi de l'ouvrage de M. Hiller von Gaertringen.
Le plan et les gravures de Pergame sont empruntés aux maîtres de
l'archéologie, Doerpfeld et Conze. L'histoire de Priène est extraite
du grand ouvrage de Th. Wiegand et H. Schrœder. L'auteur a
résumé ^rhistoire des fouilles faites près de Milet dans le temple
d'Apollon de Didyme par B. HaussouUier et E. Pontremoli. Comme
il examine rapidement la t:ivilisation des villes grecques en Egypte,
la papyrologie lui a été d'un grand secours et toutes ses conclusions
sont basées sur les travaux de MM. Von Wilamowitz et Cagnat
(hdiscrétions archéologiques sur les Egyptiens de V époque romaine. C. R. de
l'Académie des Inscriptions, 1901)
C'est ainsi que M. Ziebarth fait à grand traits l'histoire de la
culture à Théra, à Pergame, à Priène, à Milet et dans les villes
grecques d'Egypte.
r
370 LE MUSÉE BELGE.
Ces aperçus sont le résumé d'un cours qu'il a professé dans un
gymnase de Hambourg ; ils seront donc utiles à nos collèges et athé-
nées. Ajoutons que le texte est accompagné de 22 planches exécutées
d'une façon irréprochable d'après des photographies. Œuvre de vul-
garisation, ce petit livre est en même temps à la portée de toutes
les bourses. Th. Simar.
311. — L. Laurand, De M. TulH Ciceronis studiis rhetoricis. Thesixn
facultati litterarum Universitatis Parisiensis proponebat L. L.
Paris, Picard, 1907.
Lliistoire de la rhétorique, dit en substance M. Laurand dans
son avant-propos, doit être connue de tous ceux qui étudient l'anti-
quité, vu l'importance de cet art dans- la formation de l'esprit chez
les Romains.
Parmi les auteurs anciens qui traitèrent de la rhétorique, Cicéron
occupe certes une grande place : il ne se borna pas à reprendre dans
ses ouvrages les préceptes des rhéteurs grecs, il apporta quelque
chose de neuf; en outre, c'est lui qui a eu le plus d'autorité en cette
matière.
Que pensa Cicéron de la rhétorique et des rhéteurs, quelle part de
ses idées doit- il aux autres, quelle part lui revient en propre,
comment sa doctiine a t-elle évolué, et quelle fut leur destinée après
lui : telles sont les questions auxquelles répond Fauteur. Cicéron n'a
pas fait la guerre aux rhéteurs et à la rhétorique. Il na écrit le
De Oratore ni contre les rhéteurs grecs ni contre les rhéteurs latins,
comme plusieurs l'ont soutenu ; son but a été de montrer que la rhé-
torique seule, sans le talent, sans l'exercice et surtout sans la science
(philosophie, histoire, droit), est insuffisante.
On peut résumer sa doctrine en disant qu'il jugeait la doctrine des
« Anciens » (Isocrate, Platon, Aristote) de beaucoup supérieure à
celles des rhéteurs de son temps.
Aussi M. Laurand a-t-il divisé très justement les sources de Cicéron
en deux catégories : les anciens et les auteurs récents. En général,
Cicéron s'est servi des derniers pour composer ses premières œuvres
{De Inventione, Partiiiones, Topica), tandis que le De Oratore et VOrator
contiennent plutôt les idées des anciens. Mais, bien que Cicéron ait
voulu surtout remettre en honneur les anciens, tombés dans loubli
— ego me saepe nova videri dicere intellego, cum perveiera àicam sed inaudita
pîerisque {Or,, 3, 12), — il est certain cependant aujourd'hui qu'il a
plus emprunté aux autres qu'à ceux-là, et cela en vertu de cette loi
de l'histoire tant littéraire que politique, que tout homme, si laudator
temporis acti soit-il, subit toujours l'influence de son époque, de ses
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 1
<x>ntemporains. Parmi les anciens, Platon et Isocrate lui apprirent
que, pour être éloquent, le talent est nécessaire avant tout et qu'il
faut joindre l'exercice à Tétude de la rhétorique ; Platon, Isocrate et
Aristote lui apprirent que l'éloquence s'appuie sur la philosophie ; il
^it dans Platon, dans Isocrate et dans Théophraste combien est
iinj>ortante pour Vorateur la connaissance des passions humaines;
enfin chez Isocrate, chez Aristote et chez Théophraste il se rendit
compte de l'utilité des eéaciç (discussions d'un caracère universel) et
de la nécessité de donner à la phrase un certain rythme, qui doit être
^utre que le vers.
De la doctrine d'Hermagoras, l'un de ces écrivains o plus récents »,
■Cicéron reprit beaucoup de préceptes dans son De Invmtione^ mais
plus tard il les modifia ou même les rejeta complètement. Il emprunta
aux Asiatiques et aux Rhodiens certaines clausules métriques (le
dichorée, le crétique, le paeon) ; aux Stoïciens, avec qui il est d'accord
pour dire que l'éloquence est une vertu, il doit certains préceptes de
dialectique et certaines idées sur le décorum nécessaire à l'orateur ;
aux Académiciens, il doit les Partitiones oratoriae ; c'est là aussi pro-
bablement qu'il puisa le goût de l'étude des anciens. Il eut en main,
sans doute, les livres des rhéteurs latins, qui lui fournirent entre
autres choses certaines expressions grecques relatives à la rhétorique,
bien qu'il n'en fasse pas mention. Il y a aussi dans les œuvres de
Cicéron beaucoup de détails qui n'appartiennent en propre à aucun
auteur, mais que l'on retrouve chez tous et qui constituent une sorte
de patrimoine commun, dont a profité Cicéron. Quant à déterminer
si c'est à tel ou à tel auteur qu'il a emprunté l'un ou l'autre précepte,
c'est souvent chose impossible ou tout au moins téméraire.
Cicéron n'a pas traduit littéralement quelques livres grecs, pas plus
qu'il n'a écrit sous la dictée d'un maître quelconque, comme on l'a
prétendu ; bien plus, il a mis du sien dans ses œuvres : outre son
élégance de style, et cette fusion en un seul tout de tant de théories,
ce sont tout d'abord des modifications, des additions — parfois
importantes — faites à ces théories : par exemple à la connaissance
de la philosophie, jugée nécessaire par Platon et Isocrate, il joint celle
du droit et de l'histoire; ce sont aussi ces petits moyens de réussir
que son habitude du forum lui avait appris : le souci de plaire aux
auditeurs, lusage des mots plaisants, etc.
L'esprit de Cicéron comme son caractère était très mobile : ici
aussi son opinion n'a pas toujours été la même — et cette lois à son
honneur. Au début, il ne connaissait pour ainsi dire que l'art des
rhéteurs pour former à l'éloquence ; plus tard, l'ayant jugé insuffisant,
il adopta la doctrine des anciens et y ajouta ses propres idées, fruits
•de son expérience.
372 LE MUSÉE BELGE.
C'était là, à son avis, la méthode destinée à faire de solides
orateurs. Mais s'il espéra que les autres penseraient comme lui, il se
trompa. Si l'on excepte Tacite et Quintilien, on ne connut plus de
ses œuvres sur Téloquence a que le De Inventione ^ cette œuvre de
jeunesse que Cicéron lui-même avait en quelque sorte reniée, et les
rhéteurs n'enseignèrent que les préceptes de la rhétorique n. Mais»
dit en terminant M. Laurand, justice a été enfin rendue à Cicéron,
et aujourd'hui on a reconnu son éminente supériorité sur tous ces
« auteurs de traités » .
Les citations nombreuses et bien choisies", une démonstration sûre
et méthodique, un style clair et élégant font le mérite de cette thèse :
il faut la lire pour en saisir toute la valeur et l'intérêt.
R. NiHARD.
3 12, — H. GrOelzer, C. Julii Caesaris Commeniarii de hello gallico.
Nouvelle édition à l'usage des classes. Paris, Garnier, 1907.
492 pp.
Cette nouvelle édition est « publiée d'après les meilleurs travaux
de la critique, avec des notes explicatives portant sur la langue,
l'histoire et la géographie » ; elle est « suivie d'un index des noms
propres historiques et géographiques et ornée de vingt cinq cartes et
de quatre planches ». Ajoutons que ces planches nous mettent sous
les yeux les officiers et soldats de l'armée romaine avec leurs armes
diverses, les machines et les travaux de siège. A la fin, une grande
carte d'après Kiepert : La Gaule au temps de César,
On le voit, cette nouvelle édition est pourvue de tous les moyens
d'intuition sans lesquels on ne conçoit plus aujourd'hui une édition
classique de César. Ce qui en fait la nouveauté, suivant nous, c'est
le commentaire. On ne trouve en tête ni un résumé de la vie de César,
ni une appréciation critique des Commentaires, ni une étude sur
l'armée à l'époque de César. Pour tout cela, M. Goelzer s'en réfère
à des livres spéciaux et même à des professeurs spéciaux, à ceux qui
enseignent l'histoire et la littérature latine. Il a eu raison de ne
pas charger son livre de toutes ces notions : le professeur de latin ne
peut se dispenser de les donner en classe, oralement, et l'élève les
retrouvera dans ses manuels, puisque l'histoire de la littérature latine
fait partie du programme des études classiques, en France du moins.
Les noms propres historiques et géographiques sont expliqués dans
un Index qui termine le volume (p. 449 488). Dans les notes expli-
catives, M. Goelzer a en vue les élèves. Il s'est demandé avant tout
« quelles sont les difficultés insurmontables à des élèves et dans
quelle mesure il faut leur venir en aide. En effet, dit M. Goelzer, ils-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SjS
ont besoin d*être aidés et aujourd'hui plus que jamais ». Autrefois,
les élèves de quatrième étaient plus forts en latin ; on leur donnait
des éditions dépourvues de notes grammaticales. On pouvait compter
sur leurs connaissances — et Ton y comptait même trop, car a peut-
être César n'est-il pas aussi facile que certains le croient ». Il faut
donc aider Télève qui doit préparer l'explication de César ; il faut lui
donner le moyen de faire sa préparation dans de bonnes conditions.
« J'ai cru, dit M. Goelzer, comparant sa méthode à celle dun de ses
prédécesseurs, devoir donner plus de développement aux notes
lilstoriques et beaucoup plus d'importance aux notes grammaticales.
Celles ci portent non seulement sur la syntaxe, mais aussi sur le
vocabulaire. Pour montrer aux élèves la valeur des expressions chez
César, j'ai multiplié les rapprochements qui permettent de distinguer
le véritable sens d'un mot et d'une tournure et d'en déterminer les
diverses nuances. Enfin, pour les familiariser avec certaines difficultés
de S3mtaxe, j'ai procédé de la même manière Bref, j'ai toujours
tâché de leur expliquer César à l'aide de César lui-même. »
M. Goelzer s'attache, d'une part, à faire découvrir quand César est
de bonne foi et quand il manque de sincérité, chose nécessaire pour
juger de la valeur historique des Commentaires, puis à rendre claires
les descriptions souvent si concises et si sobres que les élèves ne
peuvent les comprendre.
Quant au style de César, on en loue la clarté. Le vocabulaire est
d'une netteté admirable, mais encore faut- il connaître le sens précis
des mots, que l'étymologie et le sens primitif peuvent seul expliquer.
Dans le mot composé, le préfixe a un sens précis, mais ce sens doit
être connu. La syntaxe est souvent compliquée et si les mots sont
admirablement choisis, ils sont arrangés en propositions, liées
ensemble pour former des phrases et construites de telle façon qu'il
n*est pas toujours aisé d'en saisir l'ensemble : il faut en démêler les
rapports réciproques.
Voilà tout ce que M. Goelzer s'attache à expliquer dans un com-
mentaire d'une nouveauté complète et d'une admirable netteté. C'est
un vrai service qu'il a rendu à l'enseignement du latin et nous
recommandons son édition aux professeurs de quatrième.
J. P. W.
3i3. — J. Blck, Horazkritik seit 1880. Leipzig, Teubner, 1906.
89 p. I m. 80.
Concernant la critique d'Horace, trois questions surtout ont fait
l'objet de discussions très vives, depuis l'apparition — en 1880 — des
EpUegomena d'Otto Keller. Ce sont : la recension dé Mavortius, la
3/4 LE MUSÉE BELGE.
crédibilité de Cruquius et la valeur du VetustissimuSy enfin la classifi-
cation des manuscrits d'Horace. Faire l'historique de ces questions
et surtout les résoudre, tel est le but de M. Bick.
I. Les corrections de Mavortius comprennent des changements de
texte, d'orthographe et de ponctuation On peut les fixer en toute cer-
titude pour les œuvres lyriques (seconde classe de Keller). Mavortius
a-t-il recensé aussi les satires, les épîtres et Tart poétique ? Keller le
croit tout en penchant plutôt pour la négative, M. Bick reste dans le
doute. Le mauvais état des manuscrits de la seconde classe ne per-
met pas de donner de solution certaine. Les corrections de Mavortius
sont-elles purement et simplement des conjectures, ou bien n'y aurait-il
pas parmi elles des leçons d'un autre manuscrit ? M . Bick n'y voit
que des conjectures. Malheureusement les raisons sur lesquelles il
s appuie ne sont pas péremptoires, et pas plus le texte de Mavortius
que la nature de ses corrections ne nous autorise — me semble-t-il —
à trancher nettement cette question . La façon de procéder de Félix
pour la recension de Martianus Capella, ne nous porterait-elle pas
plutôt à croire qu'il y eut aussi pour la recension d'Horace, un
second manuscrit ?
n. Reprenant le débat Kukula-Hâussner au sujet de la crédibilité
de Cruquius, M. Bick montre le bien fondé des arguments et de la
conclusion de M. Haiissner. Les erreurs, négligences et omissions
nombreuses constatées dans les citations — faites par Cruquius —
du codex Divad ne nous permettent pas d'avoir la moindre confiance
dans les citations du Vetustissimus, Jamais, en tout cas, on ne peut
attribuer à Horace une leçon donnée uniquement par les manuscrits
Blandiniens. Quant au Vetustissimus^ c'est à tort qu'il porte ce nom.
Il remonte tout au plus au x« siècle et nous avons plusieiu^
manuscrits d'Horace qui lui sont antérieurs. M. Bick oublie de faire
remarquer que le Vetustissimus pouvait très bien être le plus vieux
manuscrit connu par Cruquius, alors qu'il ne l'est plus pour nous.
HL On sait les protestations et les essais de contre-systèmes qui
accueillirent la classification des manuscrits proposée par Keller et
Holder. M. Bick reprend ces attaques et ces contre-systèmes (Gow,
Christ, Léo, Vollmer, etc.). Il les analyse et réfute successivement
et conclut — avec raison, me semble-t-il — qu'aucun argument bien
solide n'a été élevé contre les trois classes de Keller. D'ailleurs, si les
adversaires de Keller rejettent son système il ne se font pas faute
d'approuver son texte d'Horace et son appréciation des manuscrits,
le Vetustissimus excepté. — J'aurais voulu que M. Bick précisât
quelque peu la nature du Zweiklassenprinzip , Ce principe ne peut
nullement être invoqué pour l'établissement du texte. C'est tout sim-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 37 5
pleixient une constatation générale tirée des discussions qu'amène
-ohaque leçon en particulier. Telle est, en résumé, la belle et très
utile étude de M. Bick. Léon Debatty.
314. — M Steyns, Étude sur les Métaphores et les Comparaisons dans
les œuvres en prose de Sénèque le Philosophe. Gand, Vuylsteke, 1906.
S'il est vrai que ce qui constitue l'originalité d'un écrivain, ce n'est
pas ce qu'il dit, si juste, si ingénieux, si sensé que cela puisse être,
mais la manière, plus ou moins habile, plus ou moins nouvelle, dont il
exprime ses pensées, la thèse de H. Steyns présente pour nous cet
intérêt capital, qu'elle met vivement en relief la forte personnalité de
Sénèque le Philosophe, s'affirma nt jusque - et surtout — dans les
métaphores et les comparaisons dont est semé son style. Car ce qui
caractérise Sénèque, ce ne sont pas les idées dont il se fit le champion
et qu'il emprunta à Zenon de Cittium, mais la forme dont il les a
revêtues et parées. Les images qu'emploie Sénèque, jaillissent, rigides
et austères. d*une imagination ardente de méridional, tempérée par
les doctrines sévères, mais généreusement humaines du stoïcisme ;
ces images révèlent — admirablement, parce qu'on les sent spon-
tanées — un esprit solidement trempé, fécond en hautes aspirations,
en nobles idées. Et il se fait ainsi que Tétude de M. Steyns, dont
au premier abord le point de vue peut paraître restreint, fait surgir,
derrière le fouillis immense et chatoyant des métaphores et des com-
X>araisons enchâssées dans les sentences viriles de Sénèque, la figure
elle-même du philosophe.
Je viens de dire « fouillis », mais c'est une façon de parler, car
dans son travail, le jeune docteur gantois s'est eflforcé de classer,
de répartir par groupes, j'allais dire par parterres distincts, cette
multitude bariolée de fleurs, cueillies, en une ample moisson, dans
le vaste champ des œuvres en prose de Sénèque. La tâche n'était
point commode. Pourtant l'auteur a surmonté allègrement toutes les
difficultés, grâce à une méthode sûre d'elle-même et à une connais-
sance parfaite du sujet traité.
Dans un premier chapitre, M . Steyns étudie les Métaphores et les
Comparaisons empruntées à la vie militaire. £n regard des autres, ce
chapitre apparaît le plus long, le plus important. Et cela n'étonnera
î)ersonne, si l'on songe d'abord au caractère foncièrement militaire
des Romains et si l'on se rappelle ensuite la tendance agressive,
combative du stoïcisme, qui, par là-même, devait si bien s'adapter
au tempérament fougueux, épris d'action, des descendants 4®
Romulus (i).
(1) Chose étrange, le doux Marc Aurèle lui même n'hésite pas à reconnaître la
dure nécessité du struggle for life : « L*art de vivre ressemble plus à celui des
37^ LE MUSÉE BELGE.
Féru de cette idée que la vie est une lutte incessante, Sénèque,
tenaillé peut-être aussi par le souvenir de ses erreurs de jeunesse,
accablé de remords, attaque avec une sauvage énergie, les passions,
cause de ses anciens débordements Sa volonté, qu'il exalte jusqu'au
paroxysme, réprimera enfin, après un douloureux combat, les élans
désordonnés de ses sens, et victorieux, c'est avec une joie indicible
qu'il savourera longuement la défaite, dans son a moi », des tendances
animales, de l'instinct, et le triomphe de sa mâle énergie. Que les
comparaisons militaires virilisent le style de Sénèque et lui impriment
un cachet de belle véhémence et de fougue extraordinaire, c'est bien
ce qui ressort des observations de M. Steyns.
Dans le second chapitre, l'auteur, très logiquement, passe à lana-
l3'se des Métaphores et des Comparaisons empruntées à la Médecine, u C'est
sous l'Empire, l'époque troublée où tous les hommes ont l'âme
atteinte de plaies profondes, que se généralise la médecine spiri-
tuelle » (P. 52).
Sénèque nous apparaît, avec Epictète, comme le plus habile
chirurgien des maladies morales de son temps, chirurgien rude,
n'ayant cure des cris du patient, préoccupé seulement du succès
final de l'opération tentée, mais bon pourtant dans sa brusquerie, et
aimant malgré tout cette humanité qu'il voudrait guérir à jamais des
vices et des passions funestes.
Il n'est pas étonnant de rencontrer chez Sénèque de multiples
images, devenues banales depuis, où la vie est comparée soit à un
voyage pénible, soit à un chemin, douloureux comme un calvaire,
avec, au bout, « un précipice affreux » ( i).
Je m'en voudrais de ne pas signaler l'intérêt particulier du cha-
pitre IV de l'étude de M. Steyns, consacré aux Comparaisons juridiques.
On connaît le goût des Romains pour la jurisprudence : on retrouve
des traces fréquentes de cette passion dans toute la langue latine,
chez tous les écrivains indistinctement. « Le droit devenu lieu com-
mun, s'insinue partout, dans la Poésie comme la Prose » (P. 89).
Sous l'influence irrésistible de l'atavisme, des leçons des rhéteurs
bouirées d'enseignements sur la jurisprudence, comme aussi des*
études spéciales de droit auxquelles il se livra, Sénèque put recourir
facilement — et souvent — aux comparaisons juridiques ; elles four-
millent dans son œuvre. A chaque instant, l'avocat, qui tient à faire
lutteurs qu'à celui de la danse, puisqu'il faut se tenir préparé et armé contre les
coups subits et imprévus» (^ Pensées, Livre 7, 61. Traduction Pierron, Paris. Char-
pentierj.
(2; On se rappwUo le morceau célèbre de Bossuet : La vie humaine, (Esquisse
d*un bi-rmon préihc à Mcaux le jour de Pâques, i685.)
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 877
étalage de ses connaissances techniques, se dresse derrière le grave
philosophe, et cela ne manque ni de piquant, ni de pittoresque
originalité.
Dans les quatre derniers chapitres de son travail, M. Steyns passe
en revue les Métaphores et les Comparaisons empruntées à V Agriculture et à
la vie des champs, aux Arts et aux Métiers, celles tirées de la Mythologie, de
la Religion et de la philosophie (et consistant surtout en réminiscences
littéraires), celles tirées de la Nature, témoignant d'un grand esprit
d'observation, enfin celles empruntées aux moeurs, aux coutumes, et en
général à l'homme et où « Sénèque a su puiser avec succès dans les
trésors de son expérience si large et si variée » (P. 154).
Telle est. trop sèchement résumée, la thèse de M. Steyns, très
complète, me semble-t il, très fouillée en tous cas, et qui nous fait
vivre dans l'intimité, dans le 0 moi » d'une des individualités les
plus fortes de l'antiquité. Paul Henen.
3i5. — Petrus Mosellanus, Paedologia, hrsg. von Hermann
Michel Berlin, Weidmann, 1906 (Lateinische Litteraturdenk-
mâler des XV und XVI Jahrhunderts, hrsg. von Max Hermann.)
Noble figure que ce Petrus Mosellanus, un des plus vaillants
prosélytes de l'Humanisme allemand Sa vie, si tôt écoulée, ne fut
qu'un long combat; tout entière consacrée au travail, âprement
sérieuse et presque monacale, et, dès les premiers jours, semble t il,
vouée aux privations, à l'amertume d'un dur labeur, elle s'offre
à nous comme une virile et féconde leçon. Son existence, infaviga-
blement laborieuse, force le respect. Pierre Schade (i) naquit à
Briittig près de Coblence en 1493. Ses parents étaient pauvres et ils
avaient quatorze enfants à nourrir. On comprend dès lors aisément
que les premières années de Mosellanus furent pénibles. Sa jeune
conscience se heurta très tôt aux dures réalités. Peut-être ne faut-il
pas s'en plaindre : dans cette atmosphère acre et rude, se forgea,
énergique et sérieuse, lame de Mosellanus; son intelligence précoce
se développa rapidement; son esprit, habitué tiès tôt à la réflexion,
avide de savoir le pourquoi des choses, se tourna très vite vers
l'étude : du reste, le jeune homme sentait que dans la poursuite d'un
idéal désintéressé, il pourrait facilement, à force d'application
constante, oublier ses mécomptes et ses peines. L'Humanisme alle-
mand, à cette époque, exhumait des ruines du passé les œuvres des
f i) Le coutume deTépoqUi; exigeait que Ls savants poi tassent un nom ïatinii^é ou
gréc'sé, Pierre Schade s'appela N'osellanus d'apiès la rivière qui baignait ^a urre
natale.
378 LE MUSÉE BELGE.
plus nobles génies de l'antiquité; la Germanie, à la suite des Italiens,
se souciait déjà de devenir « le pays de la philologie ingénieuse et
patiente et d'opposer des savants aux savants d'Italie, des éditions
à leurs éditions » (2).
Mosellanus comprit toute la grandeur de cette entreprise ; dès lors,
ses rêves, ses aspirations se précisèrent, s'orientèrent vers un but :
contribuer, lui aussi, pour sa part à répandre en terre allemande, le
goût des chefs-d'œuvre du génie attique et de l'esprit romain, le goût
de la philologie classique en un mot.
Un de ses oncles, confiant dans le bel avenir réservé à son neveu,
plaça le jeune Mosellanus à l'Université de Cologne où il fit, en peu
de temps, des progrès étonnants. Il resta trois ans à Cologne qu'il
quitta en 1 514. Il se rendit avec son condisciple Caspar Bornera
Fribourg (où Rhagius Aesticampius venait d'ouvrir une école latine),
pour y expliquer en qualité de professeur, les classiques romains;
malheureusement, les élèves ne venaient guère, et Mosellanus songea
à s'assurer un gagne-pain moins problématique. C'est ainsi que,
à vingt-deux ans, nous le retrouvons comme professeur de philologie
classique à l'université de Leipzig ; il y fut remarquable surtout, avec
l'Anglais Richard Crocus, comme helléniste ; il sut imprimer aux
études grecques un élan superbe. Les brûlantes questions religieuses,
qui tourmentaient tous les grands esprits du temps ne le laissèrent
pas non plus indifférent ; plus d'une fois, au beau milieu de l'expli-
cation des auteurs, il intercalait la discussion d'un point de théologie.
Pourtant il ne se laissa pas gagner par Luther. Une mort prématurée,
résultat d'un constant excès de tension des facultés intellectuelles, vint
briser (en 1024) une carrière brillante, qui sans doute, le fût devenu
plus encore. M. Hermann Michel a caractérisé avec beaucoup de
justesse de talent, la physionomie sympathique de Mosellanus : « Il
fut, d'abord et surtout, un philologue, d'un esprit clair, à la concep-
tion rapide, d'une infatigable activité. La science et l'enseignement lui
ont tenu lieu de tout ». (Voir pp. xvxvi).
Qu'est ce que la Paedologiat
Un Manuel de latin classique tout bonnement. Mais ce n'est pas
ime grammaire, un ensemble très sec de règles très ennuyeuses. C'est
une série de dialogues animés et vivants, servant à l'étude pratique du
latin. Mosellanus y met en scène des écoliers auxquels se mêle par-
fois le ludimagisier, qui s'entretiennent soit de leurs études, soit
d'objets s'y rapportant plus ou moins. Ainsi au dialogue XXVI,
(2) N ISARD, Éioge de la Folie, traduit du latin d'Érasme, précédé de l'histoire
d'Érasme et de ses écrits (Paris, 1843), p. 168.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 379-
il est question des cierges que Ton portait à la procession de la
Sainte Vierge; on nous parle de jeûnes et d'abstinence (XXIII,
XXVIII), de vendange et de tenderie aux oiseaux (VIII), des
cloches dont les sonneries intempestives troublent le sommeil (XIV),
des spectacles variés de la rue (XXII), de fêtes de saints (XVIII,
XXI. XXXIV). A côté de cela, on nous montre de graves écoliers
s'informant des auteurs qu'on traduira au prochain semestre (IX) ou
dissertant sur les ressources de Tesprit humain (XIII).
La matière est donc choisie dans le cercle d'idées des élèves et
intéressante pour eux. Mais Mosellanus se préoccupe surtout de faire
parler à ses... disons à ses acteurs (mais de grâce, n'allez pas croire
que ses dialogues soient de petites, voire même de minuscules
comédies ; l'auteur n'y prétend pas) un latin aussi pur, aussi correct
que possible. Il vise surtout à enrichir le trésor verbal des élèves,
à leur faire acquérir la proprieias de Térence et la facilitas de Cicéron.
Toute la latinité — celle du moins qui était nécessaire à l'usage
journalier, courant — est condensée dans le Paedologia. : Outre
Cicéron, mis largement à contribution, et Térence, on y retrouve
des expressions familières à Plaute, Quintilien, Pline, Aulu-Gelle,
Macrobe, Prudence et Virgile.
Il serait excessif de croire que dans la Paedologia, dont le but pri-
mordial était pédagogique, aucune trace d'art ne se révèle. Mosel-
lanus sait, par endroit, colorer son style de réflexions pittoresques,
de traits piquants (Dial. I, III, XIII), y greffer quelque sentencieuse
et docte formule (Dial. VI, VII), sertir dans sa phase quelque adroite
et jolie comparaison; il trouve aussi de très harmonieuses combinaisons
de sons, de mots, celle-ci par exemple : lam tintinnabula ultimum
iilucularis sacrificii signum dederunt,,. (Dial. XIV.) Parfois même, des
souvenirs de jeunesse, soudain évoqués, remplissent de mélancolie la
phrase qui s'attendrit, émue doucement... (Dial. VIII). A la rigueur
pourtant, on peut contester à la Paedologia de vrais mérites littéraires.
Persoime en tout cas ne pourra s*empêcher de l'admirer comme un
précieux manuel pédagogique : ce fut l'avis du xvi® siècle, comme
le prouve le grand nombre des éditions qu'eut ce petit livre.
Paul Henen.
3 16. — J. Toutaln. Les cultes païens dans f Empire romain. Première
partie; les provinces latines. Tome i«r ; les cultes officiels; les
cultes romains et gréco-romains. Paris, Leroux, 1907. (Bibl. de
rÉcole des Hautes Études. Sciences religieuses. Vol. XX).
Passer en revue les innombrables cultes païens de l'Empire
romain, décrire leur organisation et montrer leur diffusion, ce n'est
38o LE MUSÉE BELGE.
pas un sujet qu'on puisse traiter en quelques pages. M. Toutain y
consacrera plusieurs volumes. Dans celui qui vient de paraître, il ne
s'occupe que des cultes officiels et des cultes romains ou gréco-
romains dans les provinces latines. Il liii restera à parler des cultes
étrangers ou barbares dans ces mêmes provinces et puis à faire ce
double travail pour les provinces orientales ou grecques. Le plan,
comme on voit, est très vaste. Quant au but, il est clairement et
sagement précisé dans la Préface et nous ne résistons pas au plaisir
de citer ici ces pages si nettes, que plus d*un de nos inventeurs de
systèmes pourra méditer utilement :
« La base indispensable de la science des religions est Thistoire
deb religions. Or, cette histoire est aujourd'hui même très loin d'être
faite. Sans doute, depuis un siècle environ, la philologie, l'archéo-
logie, l'épigraphie, la numismatique, la papyrologie, le folklore ont
éclairé d'une vive lumière les religions et les mythologies des peuples
de rinde védique, de Tlran, de l'Asie antérieure, de TÉgypte, de la
Grèce, de l'Italie, de la Gaule et de la Germanie ; sans doute aussi,
la lecture et le dépouillement de nombreux récits de voyages en
Amérique, en Afrique, en Océanie, ont permis d'ajouter aux docu-
ments de l'antiquité une masse considérable de renseignements d'une
nature différente et d'un intérêt au moins égal. Mais de ces matériaux,
il en est beaucoup qui sont encore à l'état brut, et qui n ont été
soumis à aucune critique méthodique, d'autres ont été trop souvent
utilisés dans l'intention exclusive d'y trouver des arguments à l'appui
de telle ou telle théorie préconçue ; d'autres enfin ont également
servi à étayer des systèmes contradictoires. Il n'y a pas un quart de
siècle que Ton a découvert le totémisme, lopinion des savants com-
pétents est loin d'être unanime ou même fixée sur cette forme parti-
culière de religion ; pourtant l'on veut déjà en tirer une théorie
générale des origines de la religion. Une telle hâte à systématiser
des faits imparfaitement connus et insuffisamment approfondis nous
paraît tout à fait préjudiciable aux progrès de la science des religions.
Loin d'en accélérer le développement, elle le retarderait peut-être.
A notre avis, la méthode, qui à Theure actuelle est appelée à
rendre les plus grands services, c'est la méthode historique. Il
convient et il conviendra peut-être pendant longtemps d'étudier
chaque religion dans son cadre géographique, dans son milieu social,
telle que nous la font connaître les documents que nous possédons
sur elle. Il nous paraît sage et prudent d'étudier, par exemple, les
cultes et les mythes helléniques dans la Grèce de Tépoque historique
et non tels qu'ils pouvaient être alors que les ancêtres des Hellènes
n'avaient pas encore atteint les rivages de la mer Egée et de la mer
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 38 1
Ionienne ; d'observer la religion totémique chez les tribus de l'Australie
et chez les Indiens de TAmérique du Nord, sans vouloir à toute force
retrouver des survivances de la même conception chez les Hébreux,
les Égyptiens, les Grecs, les Romains, les Gaulois ou les Bretons de
l'antiquité classique ; de ne point comparer, en raison d'analogies
souvent très superficielles, des rites en usage dans les cités de la
Grèce, de l'Asie Mineure ou de l'Italie, avec des coutumes religieuses
pratiquées par des populations aussi sauvages que les tribus austra-
liennes ou les insulaires polynésiens.
Telles sont les raisons pour lesquelles, malgré la faveur qui
s'attache depuis quelques années aux généralisations hardies des
Lang, des Tylor, des Frazer, des Jevons, des Reinach, nous avons
pris la résolution de ne présenter ici qu'un essai purement historique.
Nous nous sommes enfermé de propos délibéré dans les limites
géographiques et chronologiques du sujet que nous avons choisi.
Nous n'avons pas tenté d'élargir ce sujet par des comparaisons
ambitieuses ou piquantes ; nous n'avons pas recherché les origines
préhistoriques ou extra-historiques des cultes que nous avons étudiés.
On ne trouvera ici rien de plus qu'une tentative aussi consciencieuse
que possible pour écrire un chapitre de l'histoire des religiqns du
monde antique. » (p. iii-iv).
Tel est le but. Quant au sujet, M. Toutain ne s'occupe pas des
cultes de l'État romain, mais des cultes répandus dans les provinces.
Ces cultes sont de deux sortes : A mesure que la domination et
l'influence de Rome s'étendent, ses cultes officiels et ses cultes non
officiels se répandent chez les peuples soumis. Quelle fut l'attitude
(les populations provinciales à l'égard de la religion romaine ? Voilà
un premier point. D'autre part, les peuples vaincus, tout en honorant
les dieux du vainqueur, n'oublient pas les leurs. Les religions
nationales continuent à vivre. Comment le gouvernement impérial
les a-t il traitées ? Quelle a été sa politique à l'égard des cultes
nationaux et locaux du monde méditerranéen ? Voilà une deuxième
question. Enfin il y eut entre les différents peuples soumis à Rome
des relations fréquentes ; il y eut un continuel échange d'hommes,
de productions du sol et de l'industrie, et aussi d'idées, notamment
d'idées religieuses. Les cultes locaux furent transplantés par les
soldats, par les eslaves, par les commerçants. Ont- ils pris racine hors
de leur pays d'origine et quel fut leur rôle dans la vie religieuse de
l'Empire ? Voilà une troisième question. En résumé, diffusion dans
l'Empire de la religion romaine, survivance dans les provinces des
religions nationales et locales, relations religieuses entre les diverses
.parties du monde romain, tels sont les problèmes essentiels que pose
382 LE MUSÉE BELGE.
rhistoire religieuse de l'Empire, si Ton se restreint aux cultes païens,
et ce sont les problèmes que M. Toutain examine.
Un court examen fait découvrir une distinction nécessaire entre
ritalie, Rome et la Grèce, les provinces latines. L'Italie se confond
avec Rome. En Orient, Rome emprunte sans rien donner ; elle
s'enthousiasme très tôt pour la religion grecque et plus tard pKDur les
cultes asiatiques et le problème à résoudre se pose ainsi : Quelle fut
la nature et la portée de l'influence exercée en matière religieuse par
rOrient sur l'Occident ? Dans les provinces latines ou occidentales,
au contraire, les sujets subirent l'influence de Rome. Cette influence
fut plus ou moins efficace, plus ou moins durable suivant les régions,
mais elle fut partout sensible ; les cultes qu'elle avait adoptées s 7
répandirent, sans détruire pourtant les cultes nationaux et il y a lieu
d'étudier la place qu'y occupent les uns et les autres. Cette dififérence
essentielle entre l'Orient et l'Occident justifie pleinement la division
en deux parties que M. Toutain a introduite dans son ouvrage.
Il a raison aussi de ne pas suivre l'ordre géographique, de ne pas
faire le tour des provinces en étudiant les cultes répandus dans
chacune. Il a préféré grouper les cultes par catégories : i® les^cultes
officiels de l'État romain ; 2® les cultes de la religion gréco- romaine ;
30 les cultes d'origine orientale ; 4° les cultes nationaux ou locaux.
Ce volume est consacré aux deux premiei-s groupes.
Les sources sont les auteurs, surtout les historiens, les géographes
et les Pères de l'Église — aucun n'a traité ce sujet ex-prqfesso — puis
et surtout l'épigraphie et l'archéologie, deux mines très riches.
Il nous reste à parcourir rapidement ce premier volume pour
donner une idée des matières qui y sont traitées.
Dès la république on voit naître le culte de la déesse Rome en Asie
mineure. Au n^ siècle avant J.-C. plusieurs cités asiatiques mirent
cette déesse au rang de leur divinité ! Le même honneur fut rendu aux
généraux et aux proconsuls romains. C'était une imitation du culte
que l'Orient rendait à ses rois et c'est là qu'il faut chercher l'origine
du culte rendu à la déesse Rome et aux divinités impériales. A^Rome
même. César fut le premier à recevoir des honneurs divins de son
vivant. Après sa mort le nom de divus lui fut attribué par une loi.
Auguste fut, lui aussi, traité comme un dieu de son vivant et officiel-
lement élevé au rang de divinité après sa mort. Dès lors, l'adoration
du maître de l'État, de son vivant et après sa mort, devint l'une des
formes, on peut même diie la forme principale du culte officiel. Les
trois éléments essentiels de ce qu'on peut appeler la religion d'empire
sont le culte de la déesse Rome, le culte de l'empereur vivant, le
culte des empereurs morts. Cette religion se répandit rapidement
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 383
dans les provinces occidentales ; elle s'ajouta à l'ancien culte officiel
de la République, celui de Jupiter Capitolin, protecteur de Rome et
de son empire. Voilà les cultes dont M. Toutain étudie la diffusion,
les formes, l'organisation, l'histoire et le rôle dans son livre I.
Les cultes non officiels, italiques et romains, puis gréco-romains
font l'objet du livre II. M. Toutain en recherche les traces dans les
provinces latines et il arrive à cette conclusion que ces cultes n'y ont
pas été également populaires. La diffusion sociale de ces mêmes
cultes présente également une grande variété : les uns ont pour
adeptes les fonctionnaires et les soldats ; les autres sont célébrés de
préférence par les magistrats et les prêtres ; d'autres enfin recrutèrent
leurs fidèles parmi les petites gens. ^
Cette inégalité dans la répartition géographique et dans la diffu-
sion sociale prouvent, dit M. Toutain, l'abstention du gouvernement
et de ses représentants en pareille matière. La faveur dont certains
cultes ont joui dans certains pays et dans certaines classes, avait sa
cause dans des circonstances locales : ces dieux et ces déesses,
invoqués sous des noms latins, étaient d'anciennes divinités de la
région, affublées d'un nom et d'un costume romain, mais en faveur
avant Tinfluence romaine ; le culte, en apparence gréco-latin, puisait
par d'antiques racines toute sa vitalité dans le sol provincial.
M. Toutain constate aussi que les cultes importés et les cultes
greffés vécurent en parfait accord : la tolérance réciproque est un des
caractères généraux du paganisme.
Le volume II sera consacré aux cultes orientaux importés dans
l'Empire et aux cultes nationaux et locaux. J. P. Waltzing.
317. — Jos. De Decker 9 Contribution à l'étude des Vies de Paul de
Tkèbes, Gand, J. Vuylsteke, igoS. In- 8, 87 p. (Université de Gand.
Recueil de travaux publiés par la faculté de philosophie et lettres,
3r fasc).
La première Vie de Saint latine, écrite par saint Jérôme, eut une
heureuse fortune. Non seulement elle s'est conservée en latin, mais
on en faisait encore des traductions grecques, syriaques, coptes. —
M. Bidez a essayé le premier d'établir systématiquement la descen-
dance et la parenté des différentes traductions et de leurs manuscrits.
Le point principal de ses recherches était la constatation que H (Vie
latine de saint Jérôme) était en effet le point de départ des autres
manuscrits. Mais bientôt M. Nau (Analeda Boll., XX, 1901, 1 21-157)
crut pouvoir soutenir que h (second texte grec) était le texte original
et que par conséquent, saint Jérôme qui se disait auteur n^était que
traducteur. Contre cette hypothèse s'élevèrent MM. Van den Yen
et Kugener, et M. De Decker vient de reprendre leur tâche pour
i
384 ^^ MUSÉE BELGE.
Tachever. C'est en effet H qui doit être considéré comme texte
primitif. De plus, M. De Decker a examiné trois nouveaux textes grecs,
qu'on a trouvés dans ces derniers temps. C'est d'abord un Cod. Vati-
canus gr. 2000, de Tan 1102, qui représente une copie de h. Ensuite
le Cod, Messanefisis gr. 42, xii^ siècle, qui contient aussi une rédaction
fort peu fidèle de i, et qui est un exemple intéressant du travail de
simplification progressive, que subissaient souvent les Vies de Saints.
Enfin, le Cod. Paris, gr. 919, xiv« siècle, se rapproche du texte a
(Ter texte grec), en tant qu'il avait déjà subi quelques-unes des modi-
iications. que l'on retrouve dans b. Ce copiste n*a pas rangé les
différents épisodes dans leur ordre habituel, et il s'est fort peu
soucié de la fidélité aux phrases, aux tournures et aux mots de l'ori-
ginal. M. De Decker donne de chaque manuscrit des variantes
servant de base pour fixer la place de chacun d'eux dans le nombre
total des manuscrits conservés. Il y a dans ce schéma encore assez
d'inconnues, mais ces recherches de l'auteur seront toujours une
contribution très précieuse pour la reconstitution finale du texte
primitif. Dom Chr. Baur, O. S. B.
Erdington.
Langues et Littératures romanes.
3 18 — Ph. Rossmann, Handhuch fur einen Siudieiiaufenthaîi im
franzosiscken Sprachgehiet (unter Mitwirkung von A. Brunnemann).
3« Aufl. von « Ein Studienaufenthalt in Paris ». Marburg, Elwcrt,
1907. 193 pp. 2 m. 80.
De tous temps les Allemands furent grands voyageurs, curieux de
connaître les villes et l'esprit des hommes ; et depuis longtemps, de
Sébastien Munster à Baedeker, ils composent d'utiles manuels et
guides de voyage M. Rossmann renseigne abondamment ceux de ses
compatriotes qui voudraient apprendre le français en France, et
comprendre la vie intellectuelle des Parisiens. On trouvera dans son
petit livre d'intéressantes recommandations et indications sur la
manière de se mettre en route, sur l'installation à l'étranger, sur les
écoles et la politesse, sur le roman moderne et l'architecture, sur la
phonétique, l'opéra et la prédication. Tout cela est fort pratiquement
conçu, de nature à orienter l'Allemand à Paris, et de nature aussi
à intéresser ceux qui aiment à voir une nation observée par un
étranger intelligent. J'en dirais plus si j'étais encore en Allemagne
et si je parlais encore à des étudiants allemands. En ma qualité de
Belge, je prierai M. Rossmann d'améliorer, dans une 4® édition
(prochaine, je l'espère), ce qu'il dit de notre pays. Le passage qu'il
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 385
lui consacre est désastreux (p. 22) : « La Belgique est la moins
propre à un séjour d*études, parce que la prononciation y est fort
défectueuse et qu'on y a trop peu d'occasion d'entendre parler. . . »
L'auteur ajoute, il est vrai, que c'est Liège qui présente le plus
d'avantages, et il mentionne les cours de vacances. Mais nous
voudrions bien que le séjour de Liège fût mieux qu'un pis aller
de troisième ordre. L'expérience nous permet d'affirmer que des
étudiants allemands ont excellemment appris le français à Liège.
La prononciation des bords de la Meuse vaut mieux que celle de
Provence ou de Gascogne ; et « cette petite France de Liège 0,
comme Michelet l'appelait après l'Allemand Georges Forster, serait
à divers points de vue (bon marché exceptionnel de la vie, proxi-
mité de l'Allemagne) le meilleur séjour pour les mois d'apprentissage
que M Rossmann veut faciliter et rendre profitable. A. C.
3i9 — G. Compayré, Montaigne. Paris, Delaplane, 1907. i vol.
in-i8 broché, fr. 0,90.
Voici une excellente brochure de vulgarisation. Il est bon de faire
connaître la série des éducateurs, surtout à une époque où l'éducation
est trop négligée, pour ne pas dire tombée dans Toubli. La for-
mation intellectuelle — mal comprise — a fait rejeter à l'arrière-plan
et même hors cadre, la formation morale, et nous en subissons
maintenant les conséquences. On Ta lancé depuis longtemps, ce cri
d alarme : « Le respect s'en va. » Il faut donc réagir le plus possible
contre ce courant désastreux et à éet égard la brochure de
M. Compayré est très opportune.
Tout le monde sait que les Essais de Montaigne sont une sorte
d'autobiographie où ce noble périgourdin, traitant incidemment de
l'institution des enfants, raconte avec sincérité sa vie, ne cachant
point ses fautes, ses défauts, pour corriger les autres.
M. Compayré a divisé son étude en trois parties : la première traite
du caractère et des idées générales de Montaigne ; la deuxième, de
sa pédagogie, et la troisième de son influence et de ce qu'il y a de
moderne çn ses idées. Et, disons- le tout de suite, les trois parties
sont également intéressantes, d'une lecture agréable, exposées en un
style heureux, avec clarté et méthode.
M. CompajTé a interprété Montaigne en s appuyant sur les extraits
de l auteur lui-même. C'est pourquoi, à cette grave question : Que
fut Montaigne ? sceptique ou rationaliste ? épicurien ou stoïcien ? il
répond qu il fut tout cela à la fois. Par la mobilité ondoyante de ses
pensées et de ses goûts, il échappe à toute classification. Ainsi
s'expliquent les jugements contradictoires portés sur ce vrai Protée.
386 LE MUSÉE BELGE.
Pour finir, signalons quelques points particulièrement remar-
quables. Tout comme nos pédagogues modernes, Montaigne s'élève
coiitre l'instruction purement livresque ou formaliste; nous devons
cultiver le jugement, en apprenant à penser. Penser par soi même,
n'est ce pas là le fait de l'homme intelligent? N'est-ce pas là ce que
nous devons apprendre à nos élèves ? En ce qui concerne les langues
mortes, Montaigne pensait déjà comme certains esprits actuels :
« C'est un bel agencement sans doute que le grec et le latin, écrit il,
mais on l'achète trop cher. » Il leur préfère les langues vivantes,
apprises surtout par les voyages et le séjour à l'étranger.
Quoique le sentiment de l'art ne fût pas dominant chez Montaigne,
il était partisan de la décoration des classes; il voulait y a faire
pourtraire sur les murs la Joie, l'Allégresse, et Flore et les Grâces. »
N'est il pas étonnant que trois siècles après Montaigne, ces mêmes
questions soient encore à l'ordre du jour ?
Elle serait encore bien de notre éducateur, cette pensée philoso-
phique donnée comme sujet de dissertation en Rhétorique au
Concours général : « La vraie science et la vraie étude de l'homme,
c'est l'homme » En effet, à la suite de Socrate. Montaigne recom-
mandait la méditation, le repliement intérieur. « Regardez dans vous;
reconnaissez-vous », dit-il. Quant à la morale, dont je parlais en
commençant, il demande qu'elle soit enseignée de bonne heure aux
enfants en un cours élémentaire et familier. J. Fleuriaux.
320. — M Roustau, Omseils généraux, Paris, Delaplane, 1907.
I volume, in-i8 broché, i fr. 60.
M. Roustan termine la série de ses opuscules sur la composition
française (méthode et applications) par cette brochure de 25o pages.
Celle-ci constitue, dans l'intention de l'auteur, une préface synthétique
et condense les conseils généraux relatifs à l'art d'écrire. A la prépa-
ration générale basée sur l'éducation de la raison, de la sensibilité,
de l'imagination et de la mémoire, sur la lecture mentale et la lecture
à haute voix, — pour la rendre plus complète, M. Roustan ajoute
d'abord la Conversation. Cette idée qui nous paraît nouvelle, est
incontestablement juste. Pas de conversation sotte ou grossière;
aimons à causer de tout avec nos égaux : cela contribuera à notre
formation réciproque Ensuite la Lettre qu'on ne peut plus considérer
aujourd'hui comme un genre, vu la fréquence et la variété des corres-
pondances.
Formulons quelques remarques particulières.
Le 3* chapitre de la i^^ partie est consacré à l'éducation générale,
— sensibilité, imagination, mémoire — questions intéressantes mais
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 38/
^rès abstraites pour des étudiants. Au chapitre ler de la 2« partie
M . Roustan recommande Tétude des auteurs grecs et latins ; mais, en
ce qui concerne certains écrivains grecs, tel Homère, il n'est pas
téméraire d'affirmer que leurs beautés ne sont pas entièrement senties
par les élèves ; elles ne peuvent l'être que par des maîtres. Et pourquoi
oublier le livre des livres, la Bible, dont se sont inspirés la plupart
des grands écrivains, à commencer par Hugo ? Le chapitre 3 déve-
loppe cette théorie qu'il y a du profit à retirer de la lecture d'ouvrages
faibles. Cet exercice que d'aucuns condamnent, exige naturellement
beaucoup de prudence et d'expérience: il n'usurpera jamais la
première place, réservée aux artistes du vers ou de la prose. Mais
est-il vrai, comme le prétend M. Roustan, qu'il fera mieux acquérir à
l'apprenti la technique du métier ?
A propos de la lecture^ M. Roustan dit avec raison que si la lec-
ture mentale est féconde pour l'éducation du cœur et de l'esprit, la
lecture à haute voix est un exercice excellent pour l'éducation de
l'oreille. C'est une vérité trop souvent méconnue dans nos classes, où
les élèves se contentent d'ânonner au lieu de lire avec expression.
Pour conclure, nous recommandons vivement cette plaquette très
documentée, aux professeurs de français : ils la liront avec intérêt et
avec fruit. J. Fleuriaux.
Langues et Littératures germaniques.
321 322. — Th Abellng, Das Nibelungenlied u;id seine Literatur.
Eine Bibliographie und vier Abhandlungen (= Teutonia, Arbeiten
zurgerman. Philologie. 7. Heft). Leipzig, G. Avenarius, 1907. viii-
258 pp. 8 m.
R. von Muth, Einhitung in das Nibelutigenlied. Zweite Aufl., her-
ausgegeben mit des Verfassers Nachtrâgen und mit literarischen
Nachweisen bis zur Gegenwart von J. W. Nagl. Paderborn,
F. Schôningh, 1907. x-5o2 pp. 8 m.
Nombreuses sont les publications qu'a suscitées l'étude des Nibe-
îungen. Dans la première partie.de son livre, M. Abeling en dresse la
longue liste (pp. i-i33; 1272 numéros). Cette bibliographie serait
certainement utile si elle répondait aux exigences actuelles. Ce n'est
malheureusement pas le cas. Il est même inadmissible que de nos
jours on présente au public un travail de ce genre, où l'on affiche
pareil dédain de la méthode et de la critique. — La première des
quatre dissertations qui forment le reste du volume est consacrée
aux manuscrits des Nibelungen et à leur histoire (^p. 134-192); elle
laisse aussi beaucoup à désirer au point de vue de l'exactitude. —
Quant aux essais suivants, dans lesquels l'auteur examine d'abord les
388 LE MUSÉE BELGE.
rapports de l'épopée germanique avec l'histoire (pp. 193-222), puis
l'origine, la genèse, la composition du poème (pp. 223-241), ils ne
semblent pas constituer un progrès sensible ; enfin, les trois pages sur
la valeur esthétique de l'œuvre (pp. 242-245) sont assez superficielles
et à coup sûr insuffisantes.
A première vue, il parait un peu étrange de rééditer, comme intro-
duction à l'étude des Nibelungen, un ouvrage datant de 1877. Sans
doute, les corrections de détail et les additions assez nombreuses du
nouvel éditeur, M. Nagl, ont, autant que possible, mis le livre au
courant ; elles n'en ont cependant pas fait une introduction idéale,
suffisant d'une façon parfaite aux besoins de l'heure présente. Toute-
fois, cette constatation ne peut pas nous faire perdre de vue les
mérites de ce compcndium (c'est ainsi que l'auteur appelle lui-même
son travail), mérites assez sérieux pour en légitimer la réimpression.
On trouvera dans cet ouvrage l'exposé de toutes les questions qui se
rattachent à l'examen de l'épopée, à part celles qui ne regardent que
la forme (grammaire et métrique). Les trois sections qu'il contient
traitent respectivement de la saga des Nihdungen (pp. 1-134), des ori-
gines et de la transmission du poème (pp. 135-144) et de sa valeur au
point de vue esthétique et moral (pp. 412-502). C. Lecoutere.
323. — M J. Koenen, Verklannd handwoordmhoek der Nederlanduke
taaî (tevens woordentoîk}^ vooral ten diensU van het onderwijs, Zesde her-
ziene en aangevulde druk. Groningue, J.-B. Wolters, 1907. In-80,
vin-744 PP- 2 fl 53.
La première édition de ce dictionnaire explicatif de la langue
néerlandaise a paru en 1897; voici déjà la sixième C'est une
preuve concluante que ce livre rend des services sérieux chez nos
voisins du Nord. Il est appelé à rendre les mêmes chez nous ; il rem-
placerait avantageusement des ouvrages similaires de moindre valeur.
Chaque nouvelle édition était en progrès sur les précédentes ; c'est
encore le cas maintenant. Le nombre des pages est monté de 678 à
744 ; mais, ce qui vaut infiniment plus, le livre tout entier a été revu
avec soin. Il renferme énormément de matière, habilement con-
densée. Le format est commode, l'impression est particulièrement
soignée et correcte; cette publication fait honneur à la firme qui
l'édite.
Si je ne me trompe, ce dictionnaire est à peu près inconnu en
Belgique; c'est regrettable. Je souhaite sincèrement qu'il obtienne
chez nous le succès qu'il mérite (i). C. Lecoutere.
(1) Qu'il me soit permis d'aiouter, afin de bannir certaines défiances, qu'il est.
d'autant que )*ai pu en juger, irréprochable au point de vue de ce qui regarde la
religion catholique ; il n'a rien qui puisse blesser nos susceptibilités légitimes.
partie bibliographique. ssg
Histoire et Géographie.
324. — Abbé A. Vbh Hove, Les statuts synodaux liégeois de 1S8S. Un
document inédit de la nonciature de Bonomi à Cologne^ publié par Tabbé
A. Van Hove, professeur à l'Université catholique de Louvain.
Louvain, Impr. P. Smeesters, 1907. In-8, 102 p. Extrait des
Analëctes pour servir à l'histoire ecclésiastique de Belgique.
3« série, III (XXXIII de toute la collection), 1907.
Le document que vient de publier M. Van Hove n*est pas sans
importance pour l'histoire religieuse du diocèse de Liège. Quand on
compare Tétat juridique et moral de son clergé secondaire lors de la
réunion du Concile de Trente à la situation nouvelle que les statuts
du nonce Bonomi devaient lui faire, on comprend aisément que des
tiraillements se soient produits au synode liégeois de i585. Depuis
le privilège de Jules IL daté du 4 août i5i2, les collégiales étaient
complètement soustraites à la juridiction de Tévêque, même en ce
qui avait rapport aux charges dames et à l'administration des sacre-
ments. L'exemption était réelle et personnelle; elle s'étendait au
droit de visite et de correction ; des visiteurs spéciaux étaient donnés
au clergé secondaire ; leurs doyens jouissaient de la juridiction ordi-
naire; enfin les décisions du Capui volentes d'Innocent IV étaient
supprimées. Ce dernier privilège avait déjà été accordé par Sixte IV,
Le concile de Trente signale comme un abus « magnus et minime
tolerandus » les empêchements mis au droit de visite et de correc-
tion des évêques. Mais quand il fut question dans les différentes
sessions de réglementer cette matière, on fut loin de se trouver
d'accord : certains Pères voulaient faire table rase des anciens privi-
lèges, d'autres ne voulaient qu'une limitation prudente Ce dernier
avis prévalut. On reconnut aux évêques le droit de faire la visite
canonique des exempts chaque fois qu'ils la jugeraient nécessaire, et
d'infliger les corrections légitimes. Hors le cas de visite l'Ordinaire
exerçait encore sur eux la juridiction contentieuse. Dans la dernière
session on exigea pourtant qu'il se fît assister par deux chanoines ; en
cas de désaccord on choisirait un arbitre pour trancher le différend.
Pour jouir de l'exemption, il fallait être une « dignité » ou être a de
capitulo » ; le « Caput volentes » était remis en vigueur ; dans les
causes civiles, les exempts pouvaient être cités devant l'Ordinaire, s'ils
n'avaient pas des juges spéciaux délégués par le Souverain-Pontife, et
dans l'hypothèse contraire, l'évêque pouvait toujours intervenir « in
causis civilibus mercedum et miserabilium personarum ». Enfin, on
restreignait les droits des juges conservateurs.
Le concile avait force obligatoire indépendamment de toute pro-
SgO LE MUSÉE BELGE.
mulgation dans les synodes diocésains. Grégoire XIII le fit observer
à Ernest de Bavière dans un bref du 2 juin i582; néanmoins, il
l'engageait vivement à faire cette promulgation en signe de sou-
mission à Tautorité pontificale. Dans l'Empire d'ailleurs, on se préoc-
cupait peu des décrets de Trente; certains évêquesse refusaient à les
publier, prétextant le défaut d'ordres impériaux ; d'autres objectaient
les difficultés que les protestants ne manqueraient pas de susciter.
Cette dernière raison, au dire même du vicaire général Torrentius,
ne valait pas pour Liège, et l'évêque lui-même ne songeait pas à la
produire.
Sur ces entrefaites, la nonciature de Cologne avait été créée, qui
devait veiller spécialement aux intérêts religieux des provinces avoi-
sinantes, parce que, perdu dans les soucis qui lui venaient des luttes
protestantes, le nonce de l'Empire ne pouvait guère se préoccuper
d'intérêts trop particuliers. Le premier titulaire de Cologne fut Jean
François Bonomi, évêque de Verceil.
En i585, il vint à Liège pour publier le Concile de Trente. Le
clergé secondaire n'y était pas hostile, mais il voulait faire la réserve
de son exemption. C'est ce qui motiva une démarche des députés du
clergé primaire et secondaire auprès du nonce, le 6 juillet i585.
Bonomi voulait bien entremettre ses bons offices auprès du pape
pour adoucir les décrets touchant la pluralité des bénéfices et les
privilèges en général, mais il voulait avant tout remplir sa mission.
Aussi, le 20 juillet, il fit afficher un décret convoquant au 3 octobre
un synode diocésain; puis il quitta la principauté. Mais quand il
rentra à Liège après trois mois d'absence, la situation était tendue.
Le clergé refusait de laisser publier le Concile avant que le pape
n'eût accordé la dispense demandée. Sur la remarque du nonce, qu'il
était impossible d'obtenir un induit en un si bref délai, il exigea une
déclaration portant que les privilèges resteraient debout. Bonomi s'y
refusa, arguant de son incompétence. Un scandale était à craindre.
Dès lors, le nonce s'engagea à ne pas urger l'exécution des décrets en
cause avant la décision du pape, et à user de son influence auprès de
lui afin d'obtenir une réponse favorable.
Le 3 octobre, le synode s'ouvrait; on y publiait les statuts nou-
veaux. Ce sont ceux-ci que M. Van Hove nous met sous les yeux.
Une introduction succincte nous fait connaître le manuscrit, trouvé
dans la bibliothèque Casanatensis de Rome; ignoré de plusieurs
historiographes de Liège, tout au plus mentionné par d'autres, mais
signalé déjà par M. Borgnet dans un inventaire sommaire de cette
bibliothèque sous la désignation vague de Synodm diocesana Leodiensis,
Le titre exact du manuscrit porte a Decreti synodi dioecesanae Léo-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 301
diensisper Reverendissimum et illustrissimum DD Joannem Francis-
cum episcopum Vercellensem, in partibus Germaniae nuncium apos-
tolicum cum potestate legati de latere concepta necdum promulgata».
Mais le texte de ce manuscrit n*est pas celui qui fut lu par le
nonce au synode. En ce moment la rédaction des statuts n'était pas
achevée ; Bonomi s*était réservé le droit de les compléter et de les
publier dans la suite. Surpris par la mort, le 25 février i587, il n'eut
pas le temps de compléter l'œuvre commencée, ainsi que semblent
l'indiquer des renvois à des textes qu'on chercherait en vain dans le
manuscrit. Son travail de revision resta inachevé.
Tels qu'ils sont, les statuts comportent 42 titres traitant du culte, de
l'instruction, surtout des personnes, de l'administration de la juridic-
tion gracieuse et contentieuse.
Dans des nc.tes pleines d'érudition, M Van Hove cite les docu-
ments auxquels il est fait allusion, explique les points les plus
difficiles.
Ne faut il pas regretter que le développement forcément restreint
de ses notes ne lui ait pas permis d'établir la comparaison entre la
nouvelle et Tancienne législation. Tait forcé de se borner à signaler
la violation du privilège d'exemption ? Peut-être aussi quelques expli-
cations complémentaires sur les pouvoirs des différent? dignitaires
eussent-elles alors trouvé avantageusement leur place.
Ce texte est suivi de quelques extraits des décisions capitulaires de
saint Lambert qui ont rapport à la nonciature de Bonomi.
L'œuvre de ce dernier n'eut pas tout le succès qu'il eût pu espérer.
Fidèle à sa promesse, il avait parlé en faveur du clergé liégeois et
de ses privilèges, sans espoir d'ailleurs de succès ; il l'avoue lui-
même. Quelques jours plus tard des envoyés de Liège, recommandés
par lui encore, demandaient au pape de déroger au Concile. Le
Saint Père ne voulut pas approuver expressément une dérogation,
mais il laissa les choses au point où son nonce les avait mises De
fait, à l'époque moderne, le clergé secondaire jouissait encore d'une
exemption presque aussi étendue qu'au temps de la réforme de
Trente.
Il ne faut pas l'en féliciter. Nombreux étaient les abus que l'obser-
vation des statuts de i585 eût fait disparaître.
Nous en avons l'attestation dans la rédaction même de ces statuts,
comme dans ces paroles de François Orano au cardinal de Como,
du i3 mai i583. « Les ecclésiastiques sont dissolus, peu observants
de la continence, d'où de graves inconvénients sont à redouter ».
Mais la situation n'était pas plus mauvaise à Liège que dans le reste
de l'Empire et à côté d'abus réels on peut constater un grand zèle
392 LE MUSÉE BELGE
pour la religion, une lutte acharnée contre l'hérésie, une ardeur de
combat qui ont préservé le diocèse de Teffrondrement de lantique
foi chrétienne.
En somme, cette publication, enrichie de ses notes précieuses,
contient tout un épisode des longues luttes du clergé secondaire
contre les princes-évêques de Liège. G. Kisselstein.
325. — Godefroid Kurth, VentrU du parti populaire au conseil com-
munal de Liège en iJoJ. Liège, Poncelet, 1907, in-8 de 3o pp.
(Extrait du Bull, de VInsi arch, liégeois, t. XXXVI, pp. 193-220).
A Liège, comme dans toutes les communes du moyen âge, le
pouvoir a d'abord appartenu à l'aristocratie : c'était fatal, c'était
justice aussi. Les métiers n arrivèrent pas aux honneurs politiques
avant le début du xiv^ siècle, A cette époque-là, le parti populaire,
après de laborieux efforts, vit enfin triompher une partie de ses
revendications. Il obtint le droit d'élire la moitié des conseillers com-
munaux et lun des deux maîtres de la cité. Les a petits » furent
désormais placés sur un pied d'égalité avec les « grands. »
A quelle date précise se produisit cette importante révolution
constitutionnelle dans la cité liégeoise.? Les historiens ont succes-
sivement proposé trois dates : i3o2, i3oi ou i3o3, mais sans preuve
sérieuse à l'appui. Le problème, en effet, paraissait insoluble, tant
sont confuses et laconiques les données de la seule source sur
laquelle nous puissions et nous devions tabler à l'exclusion des autres :
la chronique de Jean Hocsem.
M. Kurth apporte des pièces diplomatiques au débat. Elles lui
permettent d'établir irréfutablement que l'avènement à Liège dun
conseil communal mi-parti , ayant à sa tête deux maîtres dont Tua
est choisi par les métiers, doit se placer entre le 29 avril et le
24 juillet i3o3 A noter cette observation intéressante : « Ce sont les
excès du patriciat qui ont provoqué la crise d'où surgit le régime
nouveau. Et ce régime nouveau ne put s'établir qu'avec le concours
du clergé liégeois : la démocratie liégoise a été tenue sur les fonts
par le chapitre de Saint- Lambert. » J. Closon.
Notices et annonces bibliographiques.
326. — Institut papyrologique de l'Université de Lille. Papyrus grecs publiés sous
la direction de Pierre Joug^et. avec la collaboration de Paul Collart, Jean
Lesquier et Maurice Xoual. Tome i*»", fasc. l»'. Paris, Leroux, 1907. 66 pp 4**.
Grâce à M. Pierre Jouguet, l'UnivcrsiU de Lille possède un Institut papyrologique,
dont voici la première publication. Ce beau fascicule fait honneur à Tinitiative et à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SqS
la science de M. Jouguct. Il contient neuf papyrus qui proviennent presque tous
des fouilles faites par lui au Fayoum en 1901 et 1903. Ces neuf pièces datent du
II|e siècle avant .l.-C. et ont pour sujet : 1. Plan et devis de travaux. 3. Arpentage
de terres. 3. Correspondance du basilicogrammate. 4. Correspondance relative aux
-ctérouques. 5. Ordre de distribution de semences. 6. Déclaratipn relative à un vol.
7. Pétition au roi. 8. Mémoire d'un cultivateur royal. 9. Mémoire d'un fermier du
monopole de l'huile.
Les textes sont transcrits, ponctués, accentués et complétés autant que possible.
Ils sont précédés d'une étude approfondie, suivis d'une traduction et de notes. Ce
premier fascicule est édité par MM. Pierre Jouguet et Jean Lesquier. On peut dire
qu'il ne laisse rien à désirer ni pour le fond, ni pour la forme, car l'exécution maté-
têrielle est splendide. .1. P. W.
327. — Camille Jnllian. Histoire de la Gaule. I, Les invasions gauloises de la
Colonisation grecque, II. La Gaule indépendante, Paris, Hachette, 1907. 2 vol.
— Chaque volume in-8, broché, 10 fr.
M. C. Jullian nous donne les deux premiers volumes d'une Histoire de la Gaule
quMl espère conduire jusqu'aux invasions des Barbares. Le premier est consacré à
la géographie de la Gaule ancienne, à Tétude des peuples qui ont précédé les Celtes,
à rétablissement des Celtes en Gaule et en Europe, à la fondation et à l'Empire de
Marseille, au passage d'Hannibal. Deux chapitres intéresseront surtout les cher-
cheurs, à cause de la vogue particulière des questions traitées, celui des voyages de
Pythéas et celui du passage des Alpes par Hannibal. Le second volume est un
tableau de la Gaule avant César au point de vue politique, économique, moral et
géographique.
L'idée nouvelle de ce travail a consisté à voir dans la Gaule, non pas seulement
une expression géographique mais un État déjà constitué, avec ses lois et ses
habitudes propres, une patrie complète, vraiment formée, que la conquête romaine
allait détruire. Mais, à côté de l'histoire générale de la Gaule, l'auteur s'est efforcé,
sans détruire l'unité du volume, de tracer l'histoire propre des principales provinces,
comme la Bretagne et l'Auvergne, et celle des principales villes de France, comme
Lyon, Paris et Marseille.
Nous reviendrons sur ce magistral ouvrage.
328. — M. Léon Halkin vient de publier, dans le n® 3 du Mouvement sociologique
international une très intéressante et solide notice sur Paul Goiraud (Tiré à part
chez A. Dewit, à Bruxelles, 19 pages in-8). 11 y analyse les œuvres principales du
regretté historien, signale les problèmes qui sollicitèrent particulièrement son
attention et met en relief l'impulsion nouvelle qu'il imprima en France aux études
d'histoire ancienne. Il insiste sur l'influence que Fustel de Coulanges exerça sur
Guiraud et montre fort judicieusement comment et pourquoi le disciple pratiqua la
méthode du maître avec plus de sûreté, sinon avec plus de puissance. La notice se
termine par une Bibliographie complète des ouvrages, livres, mémoires et articles
sortis de la plume féconde de Guiraud (Voir supra ^ n® 314).
329-330. — L'Université de Munich a fait une grande perte par la mort de
P. Traube, professeur de philologie latme du moyen âge. Il y a peu d'années, il
avait fondé le recueil intitulé : Quellen und Untersuchungen :{ur lateinischen
Philologie des Mittelalters, que nous avons annoncé dane ce Bulletin. Un ouvrage
posthume de Traube forme le second volume de ce recueil : Nomina sacra, Versuch
^iner Geschichte der christlichen Kûr^ung, Munich, Beck, 1907. 296 pp. i5 m.
394 LB MUSÉE BELGE.
C'est une œuvre paléographique, où sont étudiées toutes les abréviations des nomma
sacra^ grecs et latins, jusqu'à la fin du moyen âge. Il entend par nomina sacra ceux
que Thompson appelle sacred and liturgical contractions (Jésus, Christus^ deus,
dominus, etc. etc.).
En même temps paraît le premier fascicule du Volume III : Franciscus Alodius
aïs Handschriftenforscher von Paul Liehmaiin. Munich, Beck, 1908. i5a pp. 7 m.
Celte intéressante étude contient une biographie du philologue flamand François
de Maulde, où l'auteur rend pleine justice aux travaux de notre compatriote
A. Roer^ch, puis une triple étude sur les publications philologiques de Modius, sur
ses voyages et ses recherches, sur les nombreux mss dont il se servit.
33 1. — D. C. Hesseling, Essai sur la civilisation byzantine. Trad. franc.
autorisée par 1 auteur. Avec Préface par G. Schlumberger. Paris, Picard, 1907,
3 fr. 5o.
Les études d'histoire byzantine sont en faveur et les érudits de France, d'AUc*
magne et d'Angleterre ont public de nombreuses monographies sur l'empire de
Byzance. On a traité les divers règnes ou des points spéciaux de l'histoire de
l'économie politique, de la religion, des arts, des lettres, du commerce, des mœurs
et des coutumes. Mais toute espèce d'étude d'ensemble sur l'empire grec d'Orient a
fait jusqu'ici complètement défaut. M. Hesseling. professeur à l'Université de Leydc
a tenté, nous dit M. Schlumberger qui présente cette traduction au public, de
réaliser quelque chose de pareil en nous donnant un aperçu d'ensemble de ce que
fut jusqu'à sa chute définitive l'empire fondé par Constantin. On pourra, en lisant le
livre de M. Hesseling, se faire une idée de cette grande monarchie et de sa civilisa-
tion durant ses trois principales périodes, à son origine, à son apogée, à sa déca-
dence ; de ce que furent également à ces trois époques sa littérature et son histoire.
332-333. — Dans la Collection des Textes et Documents pour l'étude historique du
christianisme publiés sous la direction des abbés Hemmer et Lejay, ont paru deux
nouveaux volumes :
Tertullien, De praescriptione haereticorum^ pBT Pierre de LabPioUe, profes-
seur à l'Université catholique de Fribourg, en Suisse. (Paris, Picard, 1907, 2 frs).
Les Pères apostoliques. Doctrine des Apôtres. Epître de Barnabe, par
H. Hemmer. 6. Oger et A. Laurent. 2 fr. 3o.
On se rappelle que les éditions de cette collection donnent le texte latin d'après les
meilleures éditions, une traduction française en regard du texte, une Introduction
et un Index.
33^. — Le volume XVII des Dissertationes philologicae Halenses (Halle a. S.,
Niemeyer, 1907) contient quatre travaux dont voici les sujets :
P. MELCHER,/)esermonfe Epicteteo quibus rébus ab attica régula discedat {p.i- 114).
J. Bertheau, De Platonis epistula septima (pp. 1 i5-23o). M. SchaMberger, De P,
Papinio Statio verborum novatore (pp. 23i-33(3). A. Loerscher, De composittone et
fonte libri Ciceronis qui est defato,
335, — Le quarantième fascicule du Dictionnaire des antiquités grecques et
romaines de Daremberg et Saglio vient de paraître et termine la première partie
du quatrième volume. (N-Q). Parmi les articles principaux nous signalerons
procurMor, prosodoi, provincia, proxenia, pugilatu^^ purpura., Pythia, quin-
quatrus. On y rencontre aussi quelques articles relatifs à la mythologie, tels que
Prometheus, Proserpina, Psyché. Quand donc pourra-t-on annoncer le dernier
fascicule de cet indisp'»nsable dictionnaire i
. PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SçS^
336. — M. G. "Wissovra vient de publier le Xl« demi-volume de la nouvelle
édition de Pauly^s Real-Encvclopadie der classischen Altertumswissenschaft
(Siuiigart, 1907. i536 col. i5 m.). H contient les mots Ephoros à Eutychos. Parmi
les principaux articles, signalons : Epigramm (40 col.); Epikuros (22)/, équités (40);
Eratosthenes (3o), Eros (5o), Esel (5o), Etrusker (73), Eukleides (5o), Euphrates
(20), Eurfpides (48), Eusebios von Caesarea (69). Eustathios (35).
337. — Le 29» fasicule du Dictionnaire de la Bible de Vigouroux a paru et parmi
les principaux articles nous signalerons : Origène, pain« palais, et surtout Tarticle
très-complet sur la Palestine (pas moins de 74 colonnes, encore Tarticle n'est-il pas
achevé). On sait que ce dictionnaire est des plus complets et peut-être' bien souvent
consulté avec le plus grand fruit pour les études de Tantiquité classique. (5 fr. par
fascicule).
338. — Le i3« fascicule du Dictionnaire d*archéologie chrétienne et de liturgie
de dom F. Gabrol a paru. La valeur de cet ouvrage est trop unanimement
reconnue pour qu'il faille encore en faire l'éloge. Signalons, entre autres, les articles
baptême (95 col.), baptême de Jésus, baptistère (86 col.), basilique (72 col.). Plusieurs
de ces études constituent des traités complets sur la matière. L'illustration de ces
deux difitionnaires ne laisse rien à désirer.
339. — M. TAbbé Meunier vient de publier une intéressante brochure sur VHis-
toire du nom de lieu de Chaulgnes, canton de la Charité-sur-Loire (Nièvre). Ne vers,
1907, 32 p. L*auteur cherche à remonter à la forme primitive de Chaulgnes dont la
graphie la plus ancienne connue (1287) est Chooigne qui n'est qu'une transforma-
tion des graphies Chavigne^ Oiavanna, Cavania, Cavannus, Cavannus est un
mot celtique qui signitie « hibou. » L'auteur fait observer que les noms d'animaux
étaient souvent donnés comme surnoms, puis comme noms de famille, à des per-
sonnes. Le surnom Cavannus est devenu ainsi la gentilice Cavannius, Ceci nous
amène à admettre que là où plus tard se développa Chaulgnes,se trouvait à l'époque
romaine une villa ou domus Cavania , propriété d'une famille Cavania. Le
travail de M. Meunier est très intéressant et constitue une savante étude étymolo-
gique. Il est assez curieux de constater qu'un travail aussi érudit sert d épithalame
d'un nouveau genre que l'auteur dédie à un de ses amis à l'occasion de son mariage.
Adolf de Cel'lemebb.
340. — M. Masson. Alfred de Vigny, (Académie française. Prix d'éloquence
IÇ06). Essai accompagné d'une note bibliographique et de lettres inédites. Paris,
Bloud, 1907. I fr.
Cette étude est le discours sur Alfred de Vigny que l'Académie française a cou-
ronné en 1906 au concours d'éloquence. C est avant tout un essai d'explicauon
intérieure de la vie et ae l'œuvre du poète. H y a chez Vigny comme un va-et-vient
douloureux de sentiments, d'idées et de goûts, une lutte incessante et triste de son
àme contre sa destinée. Ce « sombre duel » où il connut, en l'aimant, la consolante
« majesté des souffrances humaines » — l'auteur a essayé de le décrire. Il a cherché
les éléments de cette histoire non seulement dans les poèmes de Vigny, dans ses
nouvelles et son théâtre, mais dans sa correspondance encore si peu lue et pourtant
si précieuse. Le portrait ainsi esquissé se rapproche beaucoup plus de la vérité,
semble t-il, que le portrait traditionnel.
L'étude cit accompagnée de nombreuses notes, de cinq lettres inédites et d'une
bibliographie qui pourra suppléer, en une certaine mesure, aux éditions si incom-
plètes et si delectueuses de Vigny.
396 LE MUSÉE BELGE.
341. — L. "Woltmann. Die Getmane» in Frankreich, Eine Untersuchung â*rr
den Einfluss der Germanischen Russe au f die Geschichte und Kuitur Frankreicks,
Mit 60 Bildnissen berûhmter Franzosen. Jena. 1907. E. Diederichs. ln-8»,
VIII- 1 52 pp. et 60 grav. 7 m. 5o.
Dans cet ouvrage, M. Woltmann veut prouver que tout ce que la France a produit
d*hommes remarquables dans les différentes sphères de Tactivité humaine, que ses
hommes d'État, ses généraux illustres, ses philosophes, ses savants, ses historiens,
ses écrivains, ses artistes sont à peu près tous d'origine germanique, ou plus exacte-
ment encore d'origine allemande. C'est presqu'à tort que les Français se considèrent
comme « nation gauloise » et se croient de <c race latine » (pp. 3-4). Comment
l'auteur démontre-t-il cette thèse parad«»xale ? Il recourt à une suite de considérations
empruntées à l'anthropologie, l'histoire politique et sociale, l'évolution de la langue
et de la littérature. Ces considérations, qui doivent faire l'office d'arguments
sérieux, sont malheureusement ce qu'il y a de plus superficiel; il ne faut être
spécialiste consommé dans aucun domaine pour le constater. D'ailleurs les procédés
et la méthode de M. Woltmann révèlent le dilettantisme le plus dangereux et l'absence
de critique. Dans ces conditions, il est superflu d'examiner de plus près ses
affirmations pour y découvrir la part de vérité que peut-être elles contiennent.
C. Lecouterb.
342. — L'excellent périodique Taal en Letteren, fondé en 1890 par un groupe de
«jeunes», a cessé de paraître depuis le mois de décembre dernier. C'est très regret-
table. Heureusement, il n'est pas mort tout-à-fait. Un groupe de collaborateurs a
fondé aussitôt, pour le remplacer dans le mesure du possible, une nouvelle revue,
plus modeste, mais animée du même esprit. Elle marchera dans la même direction,
c'est à-dire elle sera résolument progressiste en matière scientifique. Ce nouvel
organe s'appelle De nieuwe taalgids (pour empêcher la confusion avec l'ancien taai'
gids, qui a existé de iBSg à 1868) ; les rédacteurs en chef sont MM. \t D' C. G N. de
Voo^s (d'Assen) et M. J. Koopmans (de Dordrecht). Elle paraît tous les deux
mois en fasicules d'au moins 48 pp. chez l'éditeur J,-B. Wolters à Groningue
{fl. 3,5o par an). Nous avons reçu jusqu'à présent cinq fascicules; le contenu varié
et les qualités solides des articles et menues contributions nous font souhaiter que le
Nieuwe taalgids obtienne un succès légitime et qu'il recueille, en Belgique surtout,
de nombreux lecteurs et abonnés. C, L.
343-344, — C. R. C. Herckenrath, Fransch Woordenboek, Eerste deel :
Fransch-Nederlandsch^ xn-476 pp. Tweede deel : Nederlandsch-Fransch ^
vi-624 pp. Groningue, J. B. Wolters, 1907 (chaque volume 2 fl. 25).
K. R. Gallas, FranschWoordenboek, Eerste deel : Fransch-Nederlandsch^
V111-814 PP' Tweede deel : Nederlandsch-Fransch^ vni-886 pp. Sneek, J. F. van
Druten, 1907 (chaque volume 2 fl. 90),
En fait de dictionnaires des langues française et néerlandaise, nous n'étions pas
très riches jusqu'en ces derniers temps. A part celui de Kramers-Bonte, qui a déjà
quelque peu vieilli, nous en avions à peine un seul qui fût à la hauteur des
besoins de nos jours. C'est donc avec une vive satisfaction que le public a salué
l'apparition des deux nouveaux dictionnaires dont nous indiquons ci-dessus les
titres; ils se distinguent par des qualités solides qui expliquent l'accueil empressé
qu'on leur a fait.
Je ne songe pas à établir une comparaison entre ces deux ouvrages. Si celui de
M. Gallas l'emporte peut-être en ce sens qu'il est plus complet, je veux dire qu'il
donne, à beaucoup d'articles, plus de locutions, de synonymes, etc., en revanche
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 397
M. Herckenrath inJique toujours la prononciation, point qui a aussi son impor.
tance. Au demeurant, l'un et l'autre sont rédigés avec beaucoup de soin ci prouvent
que les auteurs étaient bien préparés, par des études étendues et une longue
pratique, à la tâche qu'ils ont assumée.
Les mérites principaux de chacun de ces dictionnaires consistent en la méthode,
la bonne distribution des articles, une grande exactitude; enfin, l'abondance des
matières : on y trouvera énormément de termes techniques et, en général, le voca-
bulaire, les expressions de la langue de nos jours. Bref, ce sont deux ouvrages qui,
malgré des différences inévitables, ont des titres égaux à un plein succès.
C. Lecoutebe.
345. — On sait que le poète G. Gezelle s'occupait activement de recherches
étymologiques et de l'étude des dialectes de sa province. En 1881, il fonda le pério-
dique Loquela^ qui exista jusqu*en i8g5 et enregistrait, mois par mois, ce que le
« maître » et ses collaborateurs avaient trouvé. Insensiblement furent accumulés
ainsi des matériaux très divers et de tqute valeur; l'ivraie s*y mêla en très forte
proportion au bon grain, à tel point que celui-ci ne saurait être découvert que par
un œil exercé. Il a semblé à quelques disciples de Gezelle que ces matériaux
pourraient être employés plus facilement et rendre ainsi de plus réels services si, au
jieu d'être entassés pêle-mêle dans les numéros du périodique, devenu assez rare,
ils étaient disposés, en un ordre déterminé, dans un répertoire. Ils ont donc décidé
de publier le contenu des quatorze années de Loquela sous forme de dictionnaire,
qui s'appellera aussi Loquela, et paraîtra en une douzaine de livraisons de 48 pages
chacune (Anvers, Nederlandsche Boekhandel). Nous en avons reçu deux. La
première s'ouvre par un « avant-propos » de M, J. Craeynest, qui nous renseigne
sur le but et le caractère de la publication, et nous apprend entre autres que le
texte de la revue sera réimprimé intégralement, bien que l'on ait constaté que beau-
coup d'articles n'ont aucune valeur scientifique. C. L.
346. — De la nouvelle publication Teutonia. Handbuch der german, Filologie^
herausg. von A. von Salten, bearbeitet von R. Douffet, nous avons reçu la
3« livraison : Ueber deutsche Wortforschung und Wortkunde (Leipzig, Teutonia-
Verlag, 1907, in 8, vi-216 pp. M. 3. 60).
Celte encyclopédie sera complète en quatre livraisons; on en annonce l'apparition
encore avant la fin de cette année. Nous les attendrons avant de nous prononcer
sur ce nouveau manuel. Cette simple annonce peut suffire pour le moment.
C. L.
347. — Le Mittelhochdeutsches Hûlfsbuch de M. O. Men8ing(Dresdert, L. Ehler-
mann, 1907; in-8, 78 pp. 1 m. relié) est un petit livre pratique. En dehors
dune introduction (pp. 6g), où sont donnés quelques renseignements sur les dia-
lectes et les périodes historiques de l'allemand, il est divisé en deux sections. La
première (pp. io-53) est une grammaire complète (phonétique, morphologie,
syntaxe); elle est très succincte, mais en même temps claire, et suffit aux débutants,
la seconde section (pp. 54-73) renferme les faits les plus marquants de l'histoire de
la langue allemande.
Ce manuel a été écrit pour les élèves des gymnases prussiens où, depuis 1901, le
professeur a la faculté de lire les Nibelungen et Walther von der Vogelweide dans
le lexte original ; il a donc été rédigé expressément en vue de l'étude de ces œuvres.
Chez nous, il pourrait être employé avec succès par nos futurs professeurs d'alle-
mand ; c'est à ce titre que je le signale. C. L.
SgS LE MUSÉE BELGE.
348. — La collection que publie la maison Weidmann sous le nom de Deutsche
Texte des Mittelalters hrsg,von der kg, preuss, Akademie der Wissenschaften s*e8i
enrichie de deux volumes :
Bd. VIII. Heinrich von H ester, Apokalypseaus der Dan:{iger Handschrift hrsg.
von Karl Helm mit 2 Taf. im Lichtdr.. 1907. 12 m.
Bd. IX. Tilor von Kulm, Gedicht Von Siben Ingesigeln, aus der Kœnigsbcrgcr
Handschrift. von Karl KocbendcerlTer. Mit i Taf. 1907. 3 m. 60.
34q. — Gk>deflpoid Kurth, La lèpre en Occident avant les Croisades, Paris, Bloud,
1907. o fr. 60. (Science et Religion, n» 457.)
On a maintes fois reproché aux Croisades d*avoir introduit la lèpre en Occident.
En 1891, au Congrès scientifique international des catholiques tenu à Paris,
M. Kurth prouvait très savamment et sans contradiction possible que la lèpre et les
léproseries étaient répandues en Occident avant les Croisades. Son travail, enfoui
dans les comptes rendus du Congrès passa presque inaperçu et était difficile à
trouver. C'est donc une heureuse idée qu'il a eu de le confier à l'excellente collection
Science et Religion, qui lui procurera sans aucun doute une fortune meilleure.
35o. — En mai dernier, M. Alfred Lefort, le distingué historien du Grand-Duché
de Luxembourg, a lu à l'Académie de Reims un intéressant discours intitulé :
GODEFROID KURTH : V Étudiant, le Professeur, l'Historien^ le Démocrate-
chrétien^ r Homme privé. M. Lefort a eu l'excellente idée de publier en tirage à pan
(Bruxelles, Dewit, 34 pp.. içi^f^ son étude, digne pendant de celle que M. Georges
Goyau consacrait récemment à M. Kurth dans la Revue des Deux- Mondes. Nul
doute que les nombreux amis et admirateurs du plus grand de nos historiens ne
veuillent se la procurer.
35i. — Le P. Pierling, S. J., La Russie et le Saint-Siège, Tome IV. Pierre U
Grand. — La Sorbonne, — Les Dolgorouki, — Le Duc de Liria, — Jubé de la
Cour, Pans, Pion, 1907. 464 p. 7 fr. 5o.
Ce volume est dominé par la grande tîgure de Pierre l«^ La politique débutante
du hardi réformateur a besoin de Taide de l'Autriche contre les Turcs et de celle de
la Pologne contre la Suède; c'est pourquoi le tsar flatte le Vatican jusqu'à lui laisser
concevoir l'espoir d'un retour de la Russie à l'unité religieuse. Mais, après Poliava,
ses vrais desseins se révèlent; ce qu'il veut fonder, c'est uniquement la nationalité
russe sur la base d'une autocratie sans limite. 11 est curieux de suivre le développe-
ment de ce plan dans le récit serré que le P. Pierling nous donne des relations
oflficielles du tsar avec Rome. Puis, l'action janséniste entre en scène, encouragée
par la visite de Pierre le Grand à la Sorbonne en 1717. soutenue par la princesse
Dolgorouki, personnitîée par un délégué de la secte, labbé Jubé dit de la Cour. Bn
môme temps arrivent à Moscou le duc de Liria, ambassadeur d'Espagne, et son
aumônier, le père Ribcra. Ces trois hommes se réunissent partois pour opposer le
laiinisme à l'orthodoxie byzantine en voie de désagrégation. Cette propagande parut
séditieuse et aboutit à une persécution sauvage. Le catholicisme devait revenir au
système des missions. Mais la Russie ne cesse pas pour cela de regarder du côté de
Rome. Que'lque solide que paraisse la constitution de son Eglise particulière, la
diversité des nations qu'elle a soumises au sceptre de ses empereurs soulève inces-
samment des problèmes de conscience qui la torccnt de compter avec le Saint-Siège.
332. — Dans la collection « Beruehmte Kunststaetten », qiie publie la maison
E. A. beeinann, à Leipzig, ont paru deux volumes nouveaux : n" 37, Mantua^ von
8. Brinton («5 gravures;, ci n^ 38, Koeln^ von E. Renard (188 gravures).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 399
353. — L. R. P. J.-B. Semeria, Barnabite. Dogme^ hiérarchie^ culte. Traduit
et adapté de l'italien^ par labbé Richbiimoz, Supérieur du Petit Séminaire de
Moutiers. P. Lethielleux, Éditeur, 10. rue Cassette, Paris (6«), 1907. 5 fr.
Le nom et les ouvrages du Père Semeria sont fort connus et appréciés en Italie.
Ct livre est le plus populaire de tous ceux qu*il a publiés. La lecture en est agréable,
facile et singulièrement entraînante. L*auteur cherche à montrer les deux mouve-
ments qui caractérisent l'Église primitivi. ; un mouvement d^expansion qui constitue
rhistoire extérieure de TÉglise ; et un mouvement intime de formation qui manifeste
sa vie intérieure ; ce dernier le retient plus particulièrement ; il est si actuel et si
discuté ! Il note avec finesse le mal de notre critique actuelle : « Partout c'est le fait
substitué à Tidée, la recherche, l'intuition, l'effort laborieux au génie, l'érudition au
vrai savoir ».
a La science moderne n'est pas positive^ quoi qu'elle en dise, mais positiviste^ ne
voulant pas sortir du fait matériel. Erreur profonde, fatale de l'évolutionnisme
moderne ! Au moyen âge, nous dit le Père Semeria, pouvait manquer la science
historique; ce qui nous manque aujourd'hui c'est la science philosophique ; il étudie
rhistoire de T Eglise naissante avec une méthode hisiorico-philosophique ; on pour-
rait dire aussi historico-dogmatique ; il l'étudié • avec une âme loyale et avec des
méthodes sévères » mais aussi avec une âme religieuse^ avec une âme chrétienne^
qui reconnaît dans rhistoire de l'Église une histoire dilTérente des autres, bien
supérieure aux luttes de Rome et de Carthage , capable , suivant le parti que
Ton prend à son endroit, de modifier totalement notre vie. Il était bon de rap-
peler ces sages principes à une heure où tant d'autres prétendent étudier les
questions bibliques avec cette sérénité olympienne dégagée des précautions confes-
sionnelles qui dissimule mal parfois de secrètes trahisons. Solidement établi sur
cette base, le Père Semeria peut aborder, avec la science critique la plus rigoureuse,
l'étude du mouvement intime de l'Église. Quelles belles thèses que celles de la
Venue de Saint Pierre à Rome, et de V Origine de VEpiscopatl
Monsieur l'Abbé F. Richermoz a apporté à la traduction de cet ouvrage, prc cédée
d'une intéressante préface de Monseigneur Lacroix, toute la dextérité d'une plume
très exercée, fidèle et élégante ; on dirait, à la lire, une rédaction personnelle de
premier jet.
354. — L'abbé Verdunoy, V Évangile : Synopse^ Vie de Notrt-Seigneur^ Com-
mentaire, Avec 2 plans et une carte. Paris, V. Lecoffre, 1907. 3 fr. 5o.
Trois difficultés arrêtent d'ordinaire dans la lecture de l'Évangile; on veut lire,
d'un même coup d'œil, les incidents que racontent à la fois plusieurs évangélistes,
on souhaite trouver une vie suivie de Notre-Seigneur, enfin on cherche une expli-
cation aussi pleine que possible des passages obscurs. L'Évangile de M. Verdunoy^
supérieur du petit Séminaire de Dijon, répond à ce triple désir.
Après une introduction sur l'inspiration, la formation et le caractère propre des
quatre évangiles, l'auteur accompagne d'explications très serrées chacun des épisodes
formant un tout. Grâce à la valeur des notes, à la disposition du texte, traduit avec
bonheur du grec, et à la force du commentaire, les pages évangéliques les plus
ardues, le grand discours eschatologique; par exemple, ou les apparitions du jour
de Pâques, sont d'une clarté et d'une richesse étonnantes.
355. — Henriette Dacier, Saint Jean Chrysostome et la Femme au /V© siècle
de l'Eglise grecque, H. Falque, i5, rue de Savoie, Paris, 1907. 3 fr. 5o.
Saint Jean Chrysostome ne fut pas seulement un saint, un homme de génie, un
orateur incomparable. Cest aussi une des plus grandes figures de l'histoire. De
400 LE MUSEE BELGE.
grands écrivains, depuis Erasme jusqu'à M. Aimé Pucch, ont écrit sa vie. Madame
Henriette Dacier, reprenant ce beau sujet, le traite à un point de vue presque
entièrement neuf et à un point de vue d'un intérêt actuel, puisque la question
féministe occupe aujourd'hui tous les esprits. Elle a divisé son livre en trois parties :
Saint Jean Chrysostome et sa mère, Saint Jean Chrysostome et l'impératrice
F.udoxie, Saint Jean Chrysostome et les Diaconesses. Le but de Tauteur est de faire
fleurir dans les cœurs les viriles et généreuses vertus que prêche Saint Jean Chrysos-
tome. Puisé aux sources, savamment composé, purement et remarquablement écrit,
son nouveau livre prendra sa place à côté de la Femme d après saint Ambroise, qui
a paru précédemment (Même éditeur, 3 fr. 5oj.
356. — G. Gaifi^net. Le prétendu Mariage de Bossuet, Étude critique, Paris,
Bloud, 1907. o fr. 60. (Collection Science et religion),
La misérable question du Mariage de Bossuet semblait depuis longtemps résolue,
lorsque, naguère, elle fut de nouveau mise en avant, non sans exciter quelque
scandale. Aussi les Bossuetistes se sont-ils trouvés mis en demeure de réfuter à
nouveau cette calomnieuse légende. Pour la ruiner, il suffisait d'ailleurs de distinguer
le fait historique certain qui demeure, de la rumeur éphémère et du i racontar »,
qui tombent. C*est ce que fait Tauteur en étudiant successivement : i^ les témoins
ou accusateurs ; 2^ les témoignages et les accusations ; 3° l'origine, la nature vraie,
le motif des relations de Bossuet avec M^i» de Mauléon.
357. — Paul Vulliaud. Balianche, Pensées et Fragments» Extraits des Œuvres
et des Manuscrits inédits^ avec une Introduction, Paris, Bloud, 1907. o fr. 60.
(Collection Science et Religion).
A première vue il semblera étrange à quelques-uns qu'on ait pu songer à faire
figurer Balianche, cet « Orphéw » moderne, parmi les maîtres de la littérature
chrétienne. Nous ne doutons pas qu'après avoir lu ce recueil de Pensées^ extraites
de ses œuvres complètes et en partie inédites, on ne revienne à une appréciation
plus équitable. On s'étonne même de l'actualité de cette philosophie originale où
l'on trouverait plus d'une solution harmonieuse aux questions religieuses et sociales
qui font l'objet de nos disputes journalières. Et on ne manquera pas d'admirer
l'accent profondément chrétien qui donne son ton à l'œuvre entière du « saint
Balianche », de celui qui, avant Chateaubriand, avait présenté et défini le Génie du
Christianisme. En tous cas on souscrira certainement au jugement de Nodier :
« Balianche est une des plus puissantes intelligences comme un des plus grands
écrivains de tous les âges. Voilà tout. »
358. — A. de Lapparent. Les Silex taillés et l'Ancienneté de l'homme. Paris,
Bloud, 1907, fr. 1.20. (Science et Religion, n»» 452-453)
Le présent opuscule contient un exposé logiquement enchaîné des vicissitudes
que la préhistoire a traversées depuis le jour où elle s'est imposée à l'attention des
hommes de science. Si, dans le prmcipe, l'auteur avait pris la plume surtout pour
faire ressortir les déconvenues récemment infligées à ceux qui se plaisent à réclamer
pour l'espèce humaine une antiquité fabuleuse, du moins il s'est efforcé de séparer
le bon grain de 1 ivraie et de distinguer avec soin ce qui peut être considéré comme
acquis des affirmations où la passion a plus de part que la science proprement dite.
Le savant auteur, dans une première partie, fan une revue et une mise au point des
problèmes que soulève, d'une manière générale, l'étude de la. préhistoire. Dans la
seconde, il examine particulièrement la question de l'ancienneté de l'homme.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 401
359. — M. Gnéchot, Types populaires créés par les grands écrivains. Paris,
A. Colin, 1907. 1 fr. 5o.
Qui ne connaît le bon chevalier Don Quichotte et son légendaire écuyer, Sancho
Pança t Qui ne connaît Tartarin, Panurge, Figaro, Scapin, et M. de la Palisse, et
Jocrisse, et Gribouille, et Jérôme Paturot, et Ga roche? Tous ces personnages de
légende sont bien plus réels que beaucoup d*êtres vivants, et nous n'avons aucune
peine à nous les figurer en chair et en os. (Vest que les grands écrivains sont des
créateurs et qu'ils donnent un corps et une âme à nos instincts, à nos passions, à
nos rêves.
Tout à la fois des plus instructifs et des plus amusants, l'ouvrage de M. Guéchot
nous raconte comment furent créés ces personnages que nous évoquons si souvent.
Les gravures nombreuses qui l'accompagnent, nous montrent, à côté de la figure de
l'écrivain créàteur,celle du type créé par lui,telle que nous nous plaisons à l'imaginer.
36o-36i. — A lire, dans la Revue des Questions historique,, 1907, une série de mono-
graphies sur les ports anciens et modernes et leur fonction économique, et notam-
ment Délos, par A. Roersch, Gênes au moyen âge^ par J. Hanqaet, Londres^
par G. Eeckhout, Marseille^ par G. Blondel. (Tirage à part : Les ports et leurs
fonctions économiques. Tome II. Louvam, 11, rue des Récollets, 1907. 124 pp.).
Dans VArchiv fur Studium der neuern Sprachen und Literaturen, Bd, CXIX,
Heft 1-2 (1907). p 199 2o5, un articulet de M. Albert Counson sur l'origine et le
sens du mot de Victor Hugo : Ceci tuera cela.
362. — Le septième volume du Konversations Lexikon de la maison Herder
(à Fribourg en Brisgau) a paru. Nous avons fait ressortir précédemment (Bull.^
1905, p. 294) les qualités le ce bel ouvrage, dont la troisième édition sera bientôt
complète en huit volumes. Le vol. VII va de Pompejus à Spinner et comprend
1840 colonnes. Comme les précédents, il est richement illustré par 900 gravures et
cartes. Nous y remarquons une M adonna del Granduca (Raphael),en couleurs, qui
est de toute beauté ! Du même peintre on reproduit le Spo^ali^io, la Madonne
sixtine (à Dresde) et l'Ecole d'Athènes. Au mol Reliquarium^ reproduction de dix-
sept reliquaires. Au mot Renaissance^ il y a 116 gravures (architecture, sculpture,
peinture). Au mot Rome^ il y a une carte de Rome et de ses environs, un plan de
Rome ancienne et un plan de Rome moderne. Etc.
363. — Dan^ un article de la Revue des Bibliothèques et Archives de Belgique^ \goy^
fasc. 4 , M. Victor Tourneur fait l'histoire du Cabinet des Médailles de l'État,
Il en montre l'importance et proteste avec raison contre certain projet de démem-
brement : il s'agirait d'en disjoindre la collection de Hirsch et de la reléguer au
Cinquantenaire.
CHRONIQUE.
364. — Une Comédie de Ménandre, — On sait qu'on a retrouvé naguère, dans des
Papyrus égyptiens, des fragments assez considérables du poète comiqur grec
Ménandre, qui, fort prisé en son temps, ne nous était plus connu que parles appré-
ciations des anciens. M. Maspcro nous donne, dans les Débats^ l'analyse de la meil-
leure scène du plus étendu de ces fragments, scène de V Arbitrage.
Malgré la variété des noms, le personnel des comédies présente aussi peu d'im-
prévu que les situations mêmes, dit-il.
Aussi bien n'était-ce pas l'invention qui faisait pour les auditeurs et pour les
lecteurs le mérite de Ménandre : c'était l'habileté à renouveler par la peinture des
402 LE MUSÉE BELGE.
mœurs et par la vivacité du langage les types créés et usés presque entièrement
déjà par ses prédécesseurs. Pour ne citer que V Arbitrage, Smikrinès était cité à la
fois comme le modèle du bon juge et celui de l'homme avare, sordide et grognon.
Et de fait, la scène de V Arbitrage est la meilleure peut être de toutes celles qui nous
ont été restituées si inopinément. Smikrinès s'en allait par la rue à ses affaires,
lorsque le berger Daos et Syriskos le charbonnier l'interpellent et le prient de
trancher avec équité le différend qui les partage. H les envoie pendre t )ut d'abord :
— Vous préambulez en discutant des points de droit, vous pauvres diables qui
portez des sayons de peau !
Ils insistent, et sur l'engagement qu'ils prennent de respecter la sentence, il se
résigne à les entendre, a car après tout rien ne m*empéche », et il donne la parole à
Daos, qui lui paraît le moins bavard des deux. Daos raconte donc qu*il y a un mois
de Cela, paissant son troupeau, il ramassa dans le bois prochain un petit enfant qui
portait un collier et des parures. Là-dessus, Syriskos veut s'entreposer dans le
dialogue, mais Smikrinès ne l'y autorise point.
— Si tu interromps, je te frapperai de mon bâton.
Daos poursuit son discours; après avoir recueilli l'enfant, il se repent de son
mouvement charitable, et rencontrant Syriskos, il lui confie son souci.
— Alors, avant même que j'eusse fini, il me suppliait : « Puisses-tu réussir, Daos,
dans tous les desseins I » Et il énumérait tout ce que je pouvais souhaiter. « Donne-
moi Tenfani, et puisses-tu par là être heureux, puisses- tu être libre ! J'ai une femme,
ajouta-t-il, qui est accouchée récemment, mais dont l'enfant est mort. » Il voulait dire
cette femme-ci, qui a l'enfant dans les bras.
Smikrinès. — 'Tu le suppliais, Syriskos î
Syriskos. — Oui certes t
Daos. — Tout le )our il m'assomma, m'enjolant et m'endoctrinanl si bien, que je
consentis. Je lui donnai l'enfant; il partit, me souhaitant mille félicités, même il me
prit les mains et il les embrassa.
Smikrinès. — Tu le fis ?
Syriskos. — Je le fis.
Tout bien réfléchi, Syriskos s'avisa qu'ayant la charge de l'enfant, il devait avoir
aussi celle des objets, mais Daos ne l'entendit pas de cette oreille :
— Seul, j'ai fait la trouvaille, et toi qui n'étais pas là, tu veux tout avoir, et que moi
je n'aie rien? Pour en finir, je t'ai donné volontiers quelque chose qui était mien.
Si ce quelque chose te plaît encore, garde-le, mais s'il ne te plaît plus et que tu t'en
repentes, rends-le, et ainsi tu n'es point lésé par moi ni ne me lèses ; en tout cas, tu
ne peux pis tout obtenir, moitié de gré à gré, moitié en me contraignant. J'ai dit ce
que j'avais à dire.
Snikrines. — Il a dit... N'entends-tu pas? Il a dit.
Syriskos. — Certes ! Donc, à mon tour maintenant.
Il confirme la teneur du récit, mais, parlant au nom de l'enfant et comme son
tuteur, il réclame les objets, non pour son profit propre, mais afin qu'ils servent plus
tard à établir l'identité; et il cite l'exemple de Nélée et de Pélias, ces héros fameux,
qui, dans un cas pareil, de bergers devinrent rois : «J'ai dit. Juge selon qu'il te
semble équitable. »
Smikrinès. — Mais c'est chose facile a juger I Tout ce qui a été exposé avec
l'enfant lui appartient, )'en décide ainsi.
Daos. — Bon, mais l'enfant même ?
Smikrinès. — Je ne déciderai pas qu'il doit te revenir, à toi qui lui veux du mal,
mais à celui-ci plutôt qui prend son intérêt et le défend contre toi qui cherches'à lui
nuire.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 4o3
Daos se récrie, et pourtant il est bienlbrcé de se soumettre. Smikrinès lui enlève
le s^c qui contenait la fortune du pauvret, il le remet à Syriskos, puis il s*en va sans
-plus 8*inquiéter de ses clients. Les plaidoyers sont d'un tour heureux, mais ce qui
•est plus heureux encore, c'est la façon dont Smikrinès remplit sa fonction de hasard.
Il desserre à peine les dents pendant que les plaideurs se répandent en propos
•éloquents, mais les quelques questions qu'il pose à Syriskos sont bien pour mettre
en relief la bonté et le désintéressement du brave homme. A voir l'adresse avec
laquelle la scène est conduite, on comprend pourquoi il demeura le type de
Tarbitre équitable aussi longtemps que V Arbitrage eut des lecteurs dans le monde
-gréco-romain.
Et maintenant une question se pose. Jusqu'en ces années dernières, c'était
uniquement d'après les anciens que nous rangions Ménandre parmi les grands
écrivains d'autrefois. Cest somme toute une position enviable que celle des poètes
qu'on est réduit à juger sur leur réputation ; on rassemble d'eux les fragments les
plus menus avec une piété attendrie qui prédispose à l'indulgence et les jolis
-passages qu'on y distingue çà et là augmentent les regrets qu'on ressent de ne pas
avoir conservé le tout. Le nôtre est de ceux pour lesquels l'épreuve d'une résur-
rection est le plus re<loutable, j'estime pourtant qu'il n'en sortira pas trop à son
désavantage. Le mot de Jules César, que Térence est une moitié de Ménandre,
me paraît caractériser celui-ci aussi exactement celui-là, maintenant que nous
possédons de très longs passages empruntés à plusieurs pièces ; on reconnaît en
effet chez lui les mêmes qualités de délicatesse et de grâce, mais sublimées pour
ainsi dire et mariées généreusement à cette force comique dont César déplorait
l'absence chez le latin. Les héros sont dessinés d'un trait plus appuyé, les situations
sont enlevées avec plus de verve, le dialogue plus rapide, le style est plus nerveux.
Les raffinés qui se plaisent encore au commerce de Térence éprouveront une
douceur très vive à lier connaissance avec Ménandre, mais je crains que le gros des
lettrés n'y soit désappointé. Les sujets sont médiocrement intéressants, et les
personnages sentent la convention ; ce qui rachetait jadis la faiblesse du drame,
c'était, plus encore que la justesse et la drôlerie de l'observai ion, la pureté du
langage et son allure spirituelle, c'est-à-dire, en vérité, ce qu'il y a de plus difficile
k sentir d'instinct dans une langue morte depuis longtemps. Ils sont rares en
Europe ceux qui possèdent si foncièrement le grec qu'ils liront ces morceaux tout
4'une baleine, comme il faut le faire pour en jouir vraiment ; et parmi ceux-là
tnême combien en comptera-t-on qui seront capables de goûter naturellement toute
la saveur du sel attique? Ces privilégiés exceptés, les autres devront s'appliquer à
la tâche, gloser, conjecturer, composer ou consulter des commentaires savants. Où
il est nécessaire de tant peiner pour saisir les finesses d'un auteur, son charme
s'évapore et on y regarde à plusieurs fois avant de l'aborder ; Ménandre deviendra
^c régal de quelques-uns qui témoigneront volontiers de ses mérites, mais il
restera pour les autres ce qu'il était hier encore, un grand homme sur la foi d'autrui.
G. Maspero.
363. — Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, Cours d'art et
d Archéologie, içoy-içoS, Programme des Cours.
Art Oriental. — J. Capart. Les origines de l'art et Vart égyptien. Le mercredi
de 4 à 5 h.
Le même. 'La découverte de Karnac et la sculpture égyptienne. Le mercredi
<le3à4h.
Art Gréoo-Romain. — M. Laurent. Histoire de Vart grec et de Vart romain,
•Le mardi de 5 à 6 h.
404 LE MUSÉE BELGE.
C Michel. 'Eléments d'archéologie. Le jeudi de 3 à 4 h.
Le même. * Exercices pratiques d'archéi»logie,\.c jeudi de 4 à 5 h.
Art Médiéval. - M. LeLurent,' Archéologie du moyen-âge (exercices pratiques).
Le mardi de 31/2841/2 h.
Le même. * Introduction à r histoire du Symbolisme médiéval Le Symbolisme
dans les catacombes. Le mardi de 2 1/2 à 3 i/s h.
Art de la Renaissance et des Temps Modernes. — H . Fierens-Gcvaert,
Histoire de Vart à Vépoque de la Renaissance en Italie. Le samedi de 3 1/234 12 h.
Le même. "Histoire de la peinture : Rubens, Le samedi de 11 à 12 h. (novembre,
décembre janvier).
Le même. 'Histoire de la musique : Les étapes du drame lyrique. Le samedi
de 10 à 11 h.
Esthétique. — H. Fierens-Gevaert. Éléments généraux d'esthétique. Le
samedi de 2 1/2 à 3 1/2 h.
Le même. 'L'esthétique de Taine. Le lundi de 10 à 11 h. (février, mars, avril).
Les cours commenceront le mardi 5 novembre. — Ils sont accessibles à toutes
les personnes qui se sont fait inscrire au rôle d«is étudiants. Le droit d'inscription
est de i5 francs. — Les cours désignés par un astérisque ne peuvent être suivis
qu avec Tautorisation préalable du professeur.
366. — Académie flamande. Programme de ses concours (1909-1914). —
Voor 1909. — I. — Middelnederlandsch. Klankleer van'het Zeeuwsch dialect
in de middeleeuwen.
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
2. — Geschiedenis. Geschiedenis van het huisgei^in in Vlaamsch-Belgiè.
Hoofdzakelijk wordt verlangd : een levendig beeld van ons zedehjk leven in het
verleden : de ontwikkcling van het huisgezin ; zijne roi in de samenicving; zijn
invloed op onze letlerkunde ; zijn strijd om het dagelijksch brood op economisch
gebied ; zijne rechien bepaald in a Costumen en keuren » ; de plaats en de invloed der
vrouw ; de opvoeding van het kind ; eigenaardige gebruiken en zeden, feesten, cnz.
— (Zie o. a. : Fr. dk Potter's proeve : Huiselijk leven on\er voorvaderen ; — Ribbe :
La Famille ; — Letourneau : Evolution de la Famille,)
Prijs : 750 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
3. - OnJerwijs. Verhandelmg over de Kinderliteratuur ; hare geschiedenis
(breed geschetst) m de meeste beschaafde landen ; hare voornaamste voortbreng-
selen hier en elders; haar doel en hare vereischten ; middelen tôt aanmoediging,
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
4. — Kunstgcschiedenis. Geschiedenis van de Vlaamsche Schilderkunst te Brugge'
Prijs : 760 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde. (Het met goud
bekroond werk zal de Koninklijke Vlaamsche Académie laten illustreeren naar de
aanwijzingen van den schrijver.)
5. — Vak- en Kunsiwoorden. Eene voUedige lijst van de Nederlandsche vak-
woorden van de B^lomponmaker^ (BlloefkapperU), met opgave van de gewest-
woorden, en met vcrmelding, zooveel mogelijk, van de Fransche en Hoogduitsche
benamingen. Tôt opheldering wordt de af beelding van het gerecdschap en van de
voorwerpe.i verlangd.
(Voor gevvesiwoorden, plaats of streek aangeven).
Prijs : 3oo fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
6. — Vak- en Kunstwoorden. Eene volledige Vak- en Kunstwoordenltjst over het
I«andbouw^bedriJf, met in begrip van Veeteelt en Paardenfokkery, zooveel
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 40S
TDOgelijk met bijvoeging van de afbeelding dcr opgegeven voorwerpen en van de
Fransche benamingen.
Priis : 800 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op dezQ prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1908 ingezon-
dcn te worden. A continuer.
Voorwaarden. — Voor de wedstrijden worden enkel handschriften en nog niet
uitgegeven stukkcn aanvaard. De werken dienen leesbaar gcschreven en in hct
Nederlandsch gesteld te zijn.
De schrijver zct zijnen naam op zijn werk niet; hij voorziet dit slechts van eene
kenspreuk, weike hij, met opgave van naam en woonplaats, op een bricfje ondcr
ccn gesloten omsiag, dal dczeUdc spreuk tôt opschritt heeft, hcrhaalt. Voldoet hij
aan de laatste bepaling niet, dan kan de prijs hem geweigerd worden.
De mededingende handschriften dienen vrachtvrij ten lokale dcr Académie,
Koningstraat, 18, Cent, ingezonden te worden v6ôr den 1 Februari van hct jaar van
den wedstrijd.
Voor de volgende Prijsvragcn echtor dienen de antwoorden ingezonden te worden
uiterlijk :
N'6, 3i December 1908;
N"7, 8 en 10, 3i December i90(j;
N" 12, i3 en 14, 3i December loio;
N" 17 en 18, 3i December 1911 ;
N» 19 en 20, 3i December 1912 ;
N' 21, 3i December 191 3.
Stukken< nâ den bepaaiden dag ontvangen, of dezulke, waarvan de Schrijver zich
op eenigerlei wijze bekend maakt, worden uit den wedstrijd gesloten.
Aile inge:^onden werken behooren van de noodige inhuudstafels voorjien te :{ijn,.
Den medcdingers wordt aanbevolcn een vollcdig afschrift van hun werk te
bewaren. om dit te kunnen benuttigen ingeval de keurraad het bekronen&waardig
zou achten, maar wijzigingen of bijvoegingen zou bedingen voor tôt drukken kan
overgegaan worden. In geen geval wordt het bekroonde handschrift den inzender
terugegeven.
Zijn er aan eenig werk, dat bekronenswaardig gekeurd wordt, wijzigingen toe te
brengen, dan zal het bedrag van den prijs niet vroeger uitgekeerd worden dan nadat
de keurraad het handschrift drukvaardig zal verkiaard hebben.
De Académie eischt de grootste nauwkeurigheid in aanhalingen en verwijzingen ;
niet alleen decl en bladzijde, ook de uitgave dcr aangehaalde boeken, dient te
worden opgegeven.
De Koninklijke Vlaamsche Académie vestigt er de aandacht op, dat, ingevolge
tri. 44 van hare wet, aile op prijsvragen ingezonden antwoorden haar eigendom en
diensvolgens in haar arcbi-f bewaard blijvcn.
Van de met ter uitgave bestemde stukken, al of niet bekroond, kunn<;n d^
Rchrijvers, op hunne kostcn, een afschrift bekomcn. Desvoorkomend wende tncn
zich tôt de Bestendigen Secretaris.
Ingezonden antwoorden, die in opzicht van taal, stijl en spelling mochicn te
wenschen overlaten, zullen, ingevolçe bijzondere beslissing der Académie, met mecr
in aanmerking komen ( Verslagen en Mededeelingen^ Jaargang, 1907, blz. i55).
406 LE MUSÉE BELGE.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
Un Pédagogue catholique de lÂllemagne contemporaine :
0. WILLMANN (i),
par L. MALLINGKR, professeur à l'Athénée royal de Louvain.
1. Son importance.
On a souvent constaté que la plupart des manuels d'histoire poli-
tique ou littéraire pèchent par la même lacune : Tépoque contempo-
raine y est négligée au profit de périodes, de faits, de personnages
certainement moins importants, moins intéressants et moins utiles à
connaître. I^a même remarque s'applique à l'histoire de la pédagogie.
Parmi les hommes de valeur de noire temps, c'est à peine si H. Schill^
est pris en considération chez nous, grâce aux écrits de notre péda-
gogue national, M. Collard (Pédagogie à Giessen, Méthodologie).
D'autres noms, cependant, méritent de fixer notre attention, et, en
toute première ligne, celui de O. Willmann, qui est avec H. î^chiller,
un des pédagogues les plus éminents de l'Allemagne coniemooraine Si
la carrière de ces deux grands travailleurs, de ces spécialistes hors ligne
offre certaines analogies, on relève dans leurs théories des différences
radicales, de sorte qu'on peut voir en eux les représentants de deux
conceptions pédagogiques, de deux tendances d'esprit diamétralement
opposées. C'est même là le côté le plus attachant que présente l'étude
de la vie et de l'œuvre de Willmann.
2. Biographie et œuvres.
Otto Willmann, fils de magistrat, est né la même année que
H. Schiller, le 24 avril 1839, à Lissa en Posnanie, mais il devait passer
la plus grande partie de sa carrière hors de sa patrie. Il fit ses études
universitaires à Breslau et à BerUn, se consacrant d'abord aux mathé-
tiques et aux sciences naturelles, puis à la philologie et à la philoso-
phie; de là, la grande variété de ses connaissances. Ses maîtres furent,
entre autres, Bôckh, M. Haupt, Fr. Bopp, Steinthal, Trendelenburg.
Promu docteur à la suite de la soutenance d'une thèse latine Defiguris
(1) Voir le n© d'octobre igol de la revue pédagogique Der Schuîfreund (Hamm
en W Breer tt Thiemann)^ n» entièrement consacré à Willmann; l'article de
Messer, Zwei paedagogische Charakterkôp/e, dans Hochland du i®»" févr. 1904
(Kempten, J, Kôsel\ et l'étude de A. Steeger sur O. Willmann, dans VAllgememe
Rundschau (Munich, A. Kausen) du 28 oct. igoS.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 407
grammaticis, Willmann — et ceci est assez curieux — n entra jamais
dans renseignement moyen, mais débuta par lécole primaire pour
passer sans transition à Tuniversité. Cest son goût pour la pédagogie
<jui l'avait poussé vers l'enseignement élémentaire : désireux de
connaître le système d'Herbart par la pratique, dans les écoles de ses
principaux adhérents, il entra comme instituteur, à lâge de 24 ans, à
fécole d'application d'un maître renommé, Ziller, à Leipzig, #»ù il
dut instruire les enfants de six ans. L année suivante, nous le trou-
vons à rétablissement d'un autre Herbartien, Barth, en même temps
qu'il remplissait les fonctions de moniteur au séminaire de Ziller.
Dès cette époque, Willmann se fait connaître au delà des limites de
l'école par des conférences pédagogiques, parues en 1868 sous le titre
de Conférences pédagogiques sur t accroissement de V activité intel-
lectuelle par renseignement (Pàdagogische Vortràge Uber die
Hebung der geistigen Tàtigkeit durch den Unterricht) ; une 3« édi-
tion corrigée et augmentée, vit le jour en 1896. Il y analyse, dans une
langue simple, mais convaincante, les principaux facteurs de l'ensei-
gnement, sous forme d'idylles didactiques. Avant ses conférences déjà,
Willmann avait publié dans diverses revues des articles sur la Linguis-
tique et r école {Die Sprachu^issenschaft und die Schule), le Système
pédagogique de Ziller (Zillers Pàdagogik), de Locke. Il fit paraître
■ensuite un opuscule sur l'Odyssée étudiée au point de vue éducatif
{Die Odyssée im er:^iehenden Unterricht. 1868), un Livre de lecture
lire d'Homère (Lesebuch aus Homer, 6« édit. 1889) un autre, d'Héro-
dote (Lesebuch aus Herodot), En guise d'introduction à ce dernier
ouvrage, il composa une brochure sur VEnseignement élémentaire
de l histoire (Der elementare Geschichisunterricht, Leipzig, 1872.
En 1868, la ville de Vienne fonda une École normale pour donner
à ses instituteurs une meilleure formation théorique et pratique et
relever le niveau de l'enseignement (Pàdagogium). On en confia la
direction à un sectaire mesquin et haineux, Dittes, et comme Will-
mann était connu pour ses solides connaissances classiques et son
grand talent de pédagogue, on le nomma professeur; l'établissement
— et, partant, l'enseignement viennois — aurait certainement bien
autrement prospéré si l'on avait préféré Willmann à Dittes. Ce der-
nier s'ingéniait en effet à mettre des bâtons dans les roues à son colla-
borateur catholique, chargé, en dehors de ses cours à l'École normale,
de l'organisation et d'une partie de l'enseignement d'une école
d'application rattachée à l'École normale, ce qui portait à 35 le
nombre d'heures qu'il avait à donner par semaine. Malgré la
mauvaise volonté de son chef, qui allait jusqu'à déconseiller aux
parents de mettre leurs enfants à cette école modèle, qu'il ne prit
408 LE MUSÉE BELGE.
d'ailleurs jamais la peine d*inspecter, Willmann parvint, par sa maî-
trise pédagogique et éducative, à porter le nombre des élèves de i3
(i*"® année) à 43 (2^ année) et même à 100 (3^ année); la 4* année, on
dut refuser beaucoup d'élèves. Néanmoins, il finit par résigner ses
fonctions, et tandis qu'il exerçait dorénavant, depuis 1872, sa bienfai-
sante action à Prague, où le ministre lavait nommé professeur de
philosophie et de pédagogie. TÉcole normale de Vienne oublia le
noble idéalisme de Willmann et toute idée chrétienne, et devint le
jouet des partis poliliques. Récemment, le gouvernement, désirant
réorganiser l'École normale de Vienne, voulut charger Willmann de
cette mission de confiance, mais il la déclina en alléguant son âge;
toutefois, il consentit à faire partie de la commission de réorgani-
sation.
Plus encore que ses fonctions précédentes, la chaire qu'il occupa à
Prague fournit à Willmann l'occasion de déployer une féconde activité
scientifique. Ses cours n'étaient pas seulement suivis par un grand
nombre d'étudiants, mais des instituteurs, des professeurs, des prêtres
allaient y puiser des conseils pédagogiques et des exemples moraux :
c'est qu'il révélait dans ses conférences une forte personnalité et un
caractère chrétien.
Reprenant en même temps la série de ses publications savantes, il
édita les Écrits pédagogiques (Pàdagogische Schriften) d'Herbart,
avec une introduction, des notes et une table comparative (tome 1,
1873. — 11, 1875 ; 2« édition, 1880). Cet ouvrage fut suivi de ses deux
maîtresses -oeuvres, remarquables par la profondeur de la science et
l'originalité du style : La Didactique envisagée comme science de
téducation^ dans ses rapports avec la sociologie et f histoire de
finstruction (Didaktik ais Biidungslehre nach ihren Bepehungen ^ur
Socialforschung und ^ur Geschichte der Bildung) l, I, 1882, H, 1889;
3« édit., 1903, et V Histoire de lidéalisme (Geschichle des Idealismus),
3 vol. 1894-97, complément de l'ouvrage précédent.
Il composa ensuite, pour les gymnases et I étude privée, un Manuel
élémentaire de philosophie {Propàdeutik), dont la première partie
seule, la Logique^ a paru, 1901. Nombreux sont les articles qu'il
donna dans diverses revues, et ses conférences de vulgarisation; citons
Le devoir social de V Université {Die sociale Aufgabe der hôheren
Schulen, 1891); — L'étude de la logique {Ueber das Studium der
Logik, 1898); La Pédagogie élevée au rang de science {Ueber Erhe^
bung der Pàdagogik ^ur Wissenschaft); L'école primaire et la
question sociale {Die Volksschule und die sociale Frage). V institu-
teur en face de l'esprit moderne. {Der Volksschullehrer gegeniiber
dem modernen Zeitgeist); La démocratie chrétienne base de iédu-
PARTIE PEDAGOGIQUE 409
cation de la jeunesse (Christliches Volkstum als Grundlagc der
Jugendbildung, 1898-1900. Ces quatre dernières études ont été
réunies sous le titre de « Vigilate, dédié aux instituteurs chrétiens »,
[Den christlichen Lehrern gewidmet.) Mentionnons enfin ses contri-
butions à V Encyclopédie pédagogique de Rein, aux « Lehrgànge et
Lehrproben^ » à la Christ liche Schul- und Eltern\eitung.
Nommé conseiller aulique en 1901, Willmann prit sa retraite en
1903 et alla s'établir à Salzbourg, où il continue ses travaux scien-
tifiques.
3. Le Séminaire Pédagogique de Prague (i).
Comme H. Schiller, et la même année que lui, en 1876, Willmann a
fondé — et ce ne fut pas sans difficultés — un séminaire pour la for-
mation des maîtres de l'enseignement moyen. Schiller avait doté ainsi
la Hesse de son premier établissement de ce genre, Willmann rendit
le même service à TAutriche. Son séminaire, qu'il a dirigé avec succès
pendant plus de 25 ans, était annexé à T Université de Prague, Déjà
à l'Institut de Ziller. ensuite à Vienne, Willmann avait eu l'occasion
de se convaincre de Futilité, de la nécessité d'une préparation technique
pour les futurs professeurs. Son cours théorique exigeait donc, comme
complément, des exercices pratiques. Mais sa nouvelle œuvre n'avait
pas encore d'école d'application, et il n'était pas encore question de
lannexer à un établissement d'instruction existant.
Pour combler cette lacune, Willmann procura d'abord à presque
tous les élèves du séminaire l'occasion d'assister à l'étranger à des
leçons modèles. Des bourses officielles, conférées d'après ses propo-
sitions, leur permettaient d'entreprendre des voyages en Allemagne,
<ie visiter les classes des Fondations Franche, à Halle, le gymnase de
Nikolai et VEcole Thomas à Leipzig, V Ecole de la Croix à Dresde.
Grâce aux recommandations de leur maître, ils étaient partout bien
accueillis et pouvaient se perfectionner à loisir en voyant fonctionner
ces établissements modèles. Rentrés à Prague, les étudiants rendaient
compte de leurs voyages à leurs condisciples, et Willmann complétait
leurs rapports, redressait des erreurs éventuelles. Ces voyages consti-
tuaient ainsi un puissant stimulant, grâce auquel les jeunes gens s'inté-
ressaient pendant le reste de leur carrière à toutes les questions
d'enseignement. Observer ce qui se fait à l'étranger c'était là la
première des trois étapes qui, dans le système de Willmann, comme
déjà chez Aristote, caractérisent tout le processus de la formation
(1 V. Willmann, Das Prager paedagogische Universitàtsseminar in dem ersten
Vierteljahrhundert seines Bestehens, 1901.
41 0 LE MUSÉE BELGE.
pédagogique : rataenaiç, le voOç, rôpcHiç. C'est au sein du séminaire que
s'accomplissait la seconde phase : la mise en pratique raisonnée de ce
qu on avait observé; à ce propos, Willmann expliquait le pourquoi
des diverses organisations d'enseignement, des programmes, des
méthodes, et ainsi il éveillait chez ses auditeurs le désir de faire à leur
tour Tessai des procédés en usage. Cependant, des années se passèrent
avant que Willmann pût conduire ses étudiants dans une école.
Profitant de cette circonstance qu'un de ses anciens élèves était
professeur au gymnase allemand du nouveau Quartier de Prague, il
composa, avec des élèves volontaires, une classe devant laquelle, cer-
tains jours de congé, les futurs professeurs expliquaient, à tour de rôle,
un texte soigneusement préparé. Ce complément nécessaire des exer-
cices du séminaire manquait encore de vie réelle, en ce sens qu'on
avait affaire à une classe imaginaire et que le texte à commenter n'était
pas tiré des matières de la classe. Le pas décisif fut fait en 1899. Un
ancien élève de Willmann ayant été chargé de la direction du gymnase
allemand de la Vieille Ville à Prague, les exercices pratiques y furent
transportés, et dès lors les candidats se mettaient en rapport avec les
professeurs des différentes classes, assistaient à leur enseignement, et,
le jour de leur propre leçon, ne faisaient que se substituer au pro-
fesseur; cet exercice pratique était suivi d'une discussion approfondie
au séminaire.
Les anciens élèves de Willmann nous ont renseigné plus d'une fois
sur les qualités et la méthode de leur maître. Willmann savait captiver
l'intérêt et provoquer l'activité des étudiants en philologie au point
qu'ils auraient presque négligé les cours principaux pour prendre part
aux exercices qui formaient comme le corollaire de ses cours. Il leur
inspirait l'amour de la pédagogie en les mettant dès Tabord en face de
questions concrètes, adaptées à leur forces. C'est ainsi qu'il leur faisait
examiner attentivement le projet d'organisation des gymnases autri-
chiens et discuter, par exemple, la manière dont les cours de langues,
de mathématiques ou d'histoire devaient se faire dans telle ou telle
classe. Tout différent de Schiller, peu aimable et raide, qui ne voyait
dans rindividu qu'un moyen d'assurer le progrès de la civilisa-
tion, Willmann, qui estimait dans chacun la personnalité, lame
immortelle, écoutait patiemment les opinions parfois bien naïves
qu'émettaient ces jeunes gens sur l'importance et la méthodologie des
différentes branches, et intervenait avec indulgence quand il les voyait
se décourager par suite des critiques de leurs condisciples. Ses anciens
élèves sont unanimes à rendre un hommage ému à ses qualités de
caractère et à sa force d'excitation. Il avait en lui quelque chose de
persuasif, d'entraînant, de créateur; il possédait lui-même à un degré
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 411
éminent ce qu'il louait, sous ce rapport, chez Aristote et chez Platon :
c'était, comme on dirait aujourd'hui, un professeur d'énergie. Tous
ceux qui entraient en relation avec lui subissaient, comme une espèce
de contagion, l'influence de son esprit et de son caractère, se transfor-
maient dans l'un ou l'autre sens. Il savait surtout donner des vues
d'ensemble, grouper les dérails en un tout organique, apprendre à
discerner les points de contact, à établir des liaisons, de façon à doter
l'âme de l'enfant de notions harmonieuses. Tout son enseignement
était, d'un côté, rationnel, convaincant, d'autre part conservateur. Il
avait le respect de la tradition, des sources, le sens historique. Il mon-
trait à ses élèves la valeur'des systèmes pédagogiques des anciens,
recherchait avec eux les précieuses indications que contiennent et la
République de Platon et les ouvrages d'Âristote, et les habituait à
discerner dans les nouveautés ce qui est vraiment neuf et ce qui est dû
au passé.
4. Les Humanités anciennes.
Tandis que Schiller, dans ses théories pédagogiques, représente le
point de vue novateur, Willmann est le type du conservateur. C'est
ce qui apparaît surtout dans la grande question qui est à l'ordre du
jour depuis un quart de siècle : à savoir la place qui revient, dans
l'enseignement, aux cours de latin et de grec. Pour comprendre l'atti-
tude respective des deux grands pédagogues, il faut distinguer ici une
double conception des études anciennes, des humanités : celle du
Moyen âge, qui avait christianisé l'antiquité, et celle qui date de la
Renaissance. La civilisation avait été apportée aux Germains par des
clercs de l'empire romain qui avaient reçu une éducation latine et par-
laient latin. Pour tout le Moyen âge, et même plus tard encore, le
latin était la langue scientifique; il fallait la posséder parfaitement
pour pouvoir participer à la vie scientifique ; le latin formait donc le
centre de l'enseignement. C'était une langue vivante, qui évoluait avec
la pensée ; dans les ouvrages littéraires, la forme était d'ailleurs plus ou
moins sacrifiée au fond. La Renaissance ou humanisme provoqua une
transformation radicale. C'est le paganisme qui renaît, avec son sens
esthétique délicat, son art de la forme : le latin classique de Cicéron
prend dans les écoles la place du latin moyenâgeux des scolastiques.
Le grec conquiert sa place au programme, quelque restreinte qu'elle
soit d'abord ; pendant la seconde moitié du XVilie siècle, il gagne con-
sidérablement en influence, grâce aux efforts des néo-humanistes, dont
furent Goethe et Schiller, du moins temporairement, et qui voyaient
dans l'hellénisme la plus belle expression d'humanité. Pour plusieurs
412 LE MUSÉE BELGE
de ses principaux représentants, tels que Fr.-Aug. Wolf.Guill. de Hum-
boldt, A. Bôckh, ce néo-humanisme devint une vraie religion, celle de
l'humanité, qui faisait abstraction de Tau delà. Pareille conception est
en désaccord formel avec la doctrine catholique, qui n attend le plein
épanouissement de la nature humaine que dans une autre vie. Et ainsi,
en vertu de ses convictions religieuses CQmmede ses tendances conserva-
trices, Willmann devait se prononcer contre cette nouvelle forme de
rhumanisme et en faveur de la conception moyenâgeuse. Il n'est pas
enthousiaste de la Grèce,mais revendique la suprématie pour le latin. Il
en fait la base de renseignement moyen et, comme telle, le lien pédago-
gique des nations européennes. Schiller, au contraire, est absolument
néo-humaniste : il place le grec bien au-dessus du latin, et il réprouve
la méthodologie appliquée dans l'étude de cette dernière langue par
les partisans de l'humanisme d'autrefois : thèmes latins, exercices de
conversation, rédactions, vers latins, tout cela, d'après lui, a fait soo
temps; il ne faut plus viser à écrire en latin, il suffit qu'on parvienne
à comprendre des textes latins ; tous les exercices doivent donc être
subordonnés à la lecture des auteurs. Avant de commencer l'étude du
latin, il faut d'abord se familiariser avec la langue maternelle; le latin
ne doit pas encore être enseigné en 6®. Schiller a d'ailleurs fini par
se laisser emporter de plus en plus par tous les courants hostiles aux
études classiques; celles-ci doivent être restreintes, dit-il, au pro6l
d'éléments éducatifs modernes : langues maternelle et étrangères,
sciences naturelles, etc. Aussi n a-t-il point hésité à reconnaître l'équi-
valence du gymnase, du realgymnase et de TOberrealschule, en
d'autres termes des humanités anciennes et modernes. Willmann, lui,
ne veut ni d une transformation, ni d'un amoindrissement des études
latines. Il est pénétré de la valeur formelle éducative de ces études,
abstraction faite du fond de la littérature romaine.
On peut, selon ses goûts personnels, préférer l'attitude conservatrice
de Willmann ou les concessions faites par Schiller aux idées modernes.
Ce qu'on ne saurait nier, c'est que le défenseur des études classiques
est plutôt Willmann que Schiller.
5. La Pédagogie sociale.
Nous touchons ici à un des caractères dislinctifs des théories péda-
gogiques de Willmann : la pédagogie sociale. La chose est vieille
comme l'éducation elle même, nous la trouvons au Moyen âge comme
dans l'antiquité, mais le problème pédagogique qui s'y rattache, ne
date que de la publication, en 1882, du premier volume de la Didac-
tique de Willmann : c'est lui qui a exposé d'une manière convaincante
PARTIE PéDAGOGIQUE. 413
la nécessité et Timportance de la pédagogie sociale ou conception
sociale de la pédagogie, qui s*oppose à la pédagogie individualiste ou
conception individualiste de la pédagogie.
La pédagogie individualiste se propose l'éducation de l'individu pour
lui-même, selon un idéal donné : la pédagogie sociale, l'éducation de
Tindividu pour la communauté ou société» éducation donnée par un
délégué de la société, qui veille ici à sa propre conservation. Dans la
première conception, la société dont Tindividu, devra dans tous les cas,
faire partie, apparaît comme un mal inévitable, une charge nécessaire;
dans la seconde, comme un bien vers lequel on a le devoir de tendre.
La conception individualiste, avec ses lacunes et son exclusivisme, —
car elle est en opposition avec la nature et Thistoire, — avait dominé en
pédagogie depuis le XVIII« siècle; ce fut celle de Rousseau et de Locke.
Pour ces pédagogues, TÉtat, le droit, la religion ne sont que des insti-
tutions conscientes, voulues, d'individus indépendants; dans l'éducation
de la jeunesse, ils ne considèrent que l'individu, les rapports indi-
viduels entre maître et élève, et éliminent l'influence éducatrice de tous
les groupements sociaux, même de la famille. Telle est aussi, au fond,
la conception de Herbart (première moitié du Xix« siècle), professeur
de philosophie et de pédagogie à Gôttingue et à Kônigsberg, qui
cherchait à faire de la pédagogie non plus une collection d'expériences
pratiques et de bons conseils, mais une science. Willmann et Schiller
ont dû l'un et l'autre à Herbart leur initiation pédagogique, mais ils
n'ont jamais adopté aveuglément et sans critique le système d'Herbart
et de ses disciples; ils ont su sauvegarder leur indépendance. Mais
tandis que Schiller, homme pratique, recherchait les moyens qui
doivent conduire au but, et évitait les questions générales et théoriques,
Willmann, avant tout philosophe, aimait à discuter les fins mêmes de
l'homme et leur importance respective. Schiller ne s'est guère préoc-
cupé de conception individualiste ou sociale de la pédagogie — il était
plutôt partisan de cette dernière, — mais Willmann a approfondi avec
prédilection cette question philosophique qui est à la base de l'édu-
cation, et la solution qu'il lui a donnée, marque un progrès appréciable
sur son maître Herbart, dont il avait reconnu l'exclusivisme et l'insuffi-
sance au point de vue moral, un profit manifeste pour la science péda-
gogique; il lui a ouvert de nouvelles perspective sen affirmant pour la
première fois scientifiquement la portée sociale de la pédagogie. A la
place de (la manière de voir du XVIII^ siècle, rationaliste et nullement
historique, il a mis la conception historico- sociale que le XIX<^ siècle
avait inaugurée dans d'autres domaines déjà. Il a reconnu que l'État
et les groupements sociaux, de même que les grandes institutions de la
communauté humaine, telles que langue, mythologie, mœurs, droit.
414 L^ MUSÉE belge:
ne sont pas une création consciente des individus, mais des orga-
nismes qui sont nés et se sont développés ; que ce n'est pas la raison
individuelle, ni Tégoîsme, mais lautorilé et la tradition qui ont groupé
les hommes. L'éducation, elle aussi, doit donc tenir compte de la
société et de ses besoins, viser à sa conservation et à la transmission
de son héritage — sans d'ailleurs faire abstraction de l'individu, qu'il
faut rendre vertueux. — Entre autres, ce n'est donc plus seulement
l'intérêt de Tindividu qui doit décider du choix et de Timportance des
matières à étudier, mais il y a des biens d'une valeur objective qui,
indépendamment de l'individu, doivent se propager d'une génération
à l'autre, qui ne peuvent se perdre à aucun prix ; telles sont la foi
religieuse, la langue maternelle, la littérature, les coutumes nationales,
les conquêtes de la science et de l'art, en un mot : de la civilisation.
Ces biens méritent d'être sauvegardés et augmentés pour eux-mcmes
et de ne pas être considérés seulement comme des moyens d'éducation
destinés à opérer dans l'individu certains effets subjectifs, d'assurer son
développement.
La conception sociale de la pédagogie a pour conséquence la trans-
formation de l'idée qu'on se faisait de la plupart des branches d'en-
seignement, et de leur méthodologie. En général, elle renverse le régne
trop exclusif du point de vue purement formel dans l'éducation. Ainsi,
le cours de religion ne sera plus un simple moyen de former le cœur,
mais il doit enseigner les vérités religieuses, initier les enfants à la vie
de l'Église. Le cours de langue maternelle ne se proposera plus
seulement de développer l'intelligence et la parole par des exercices
logiques et grammaticaux ; il doit introduire aussi dans là vie intellec-
tuelle et morale de la nation, en transmettant à la jeunesse, en lui
faisant apprécier les perles de la littérature de la patrie. L'enseignement
des langues classiques ne se bornera plus à être une gymnastique pour
le cerveau, mais il doit léguer aux futures générations les trésors de la
pensée antique, qui ont inspiré notre philosophie et toute notre civili-
sation actuelle.
11 pourrait sembler à première vue que la conception sociale de la
pédagogie justifie les revendications des uiiliiaristes modernes, telles
qu'elles se manifestent surtout dans l'organisation des humanités
modernes et dans les écoles professionnelles. Il faut mettre lécole en
contact avec la vie contemporaine et ses besoins, rendre la jeunesse apte
à travailler pour la société, établir donc de nouveaux cours : travaux
manuels, sténographie, agronomie, technologie, droit, économie
domestique, etc. Mais ce serait aller tiop loin, dépasser singulièrement
la pensée de Willmann. Le premier objectif de la pédagogie sociale»
c'est de transmettre à la postérité le legs imposant de la civilisation du
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 4l5
passé. Pour pouvoir travailler avec succès pour la société, il faut en
connaître les bases durables; toute science spéciale doit être en
connexion avec son histoire et la science des principes, toute vérité
partielle doit s'insérer dans l'ensemble de la vérité.
Il ne faut pas non plus confondre la pédagogie sociale avec la péda-
gogie de rÉtat, ni exalter outre mesure l'État moderne à cause de ses
mérites, d'ailleurs multiples, en matière d'instruction. L'État n'est
qu'un des nombreux groupements qui constituent l'organisme social.
L'éducation n est pas l'afiaire exclusive de l'État, mais elle est liée à
la famille, à la commune, à la patrie, à l'Église, à la nationalité;
tous ces facteurs doivent intervenir dans l'organisation de renseigne-
ment. L'État ne crée pas, il ne fait que protéger, tout au plus régle-
menter les aspirations pédagogiques qui procèdent de l'acquis de la
civilisation.
Il faut encore moins penser, à propos de pédagogie sociale, au socia-
lisme contemporain, qui reproduit plutôt la conception individualiste
de la pédagogie, car ses principes sur l'État et la société sont les
mêmes que ceux des pédagogues individualistes du XYlll^ siècle : il ne
voit pas dans l'État un organisme, mais une association arbitraire
d'individus ; il rejette la famille et la patrie, ne reconnaît ni liens reli-
gieux, ni ces liens essentiels de la société : lautorité, la tradition.
L'éducation, pour lui, n'est pas la transmission des biens de la civili-
sation, des biens idéaux de la vie nationale : religion, histoire, natio-
nalité, droit-; il ne vise qu'à la possession des biens matériels et à la
puissance politique. Par une étrange aberration, le socialisme voudrait
cependant récolter les fruits des arbres qu'il déracine violemment, les
vertus sociales qu'il étouffe dans leur germe : l'obéissance, l'amour de
Tordre, le civisme.
En quoi consiste donc, d'après Willmann, le devoir social de
l'éducation ? Il faut assurer, autant que possible, aux classes infé-
rieures la participation à ces biens idéaux dont la possession assure
aux membres d'une nation l'unité et la solidarité. A une condition
toutefois : c'est qu'on donne à ces biens nationaux une base religieuse,
qu'on rende à la religion la place fondamentale qui lui revient dans
la société. Il ne faut pas que ces biens soient regardés par le peuple
comme un luxe, comme une prérogative des lettrés, tandis que seuls
les biens matériels seraient à rechercher par lui. La religion sera
comme le lien naturel entre les savants et le peuple. La raison la plus
profonde du danger socialiste, a-t-on dit, ne réside pas dans la diffé-
rence de fortune, mais dans le contraste en matière d'éducation ; toute
réforme sociale doit partir de là : relever le genre de vie, la moralité,
les connaissances, les capacités des basses classes. Car la divulgation
41 6 LE MUSÉE BELGE.
de rinstruction parmi le peuple aura pour effet une amélioration
morale.
La tâche sociale de la pédagogie ne doit d'ailleurs nullement faire
oublier sa tâche individuelle. L'organisme social se distingue des
autres organismes de la nature en ce que les unités qui le composent,
ne sont pas seulement, comme les cellules, des parties d'un tout qui
n'auraient pas d'existence propre ; les unités de lorganisme social sont
douées d'une conscience propre, d'une vie personnelle. L'individu n'est
pas uniquement là pour la société, ni la société pour l'individu ; le
monde moral a deux pôles : la personnalité individuelle et la com-
munauté intellectuelle et morale. La société n'existant que pour un
temps, l'individu, au contraire, pour l'éternité, il en résulte que
l'organisation de la vie sociale dépend du but final des existences
individuelles et lui est subordonné. La première tâche de l'éducateur
est la formation de l'individu, dont Tâme a un prix inestimable, mais
en tenant compte de la fin sociale de cet individu, qui est de servir le
mieux possible les associations sociales variées dont il devra faire
partie. La pédagogie sociale présuppose donc la pédagogie individuelle.
6. La philosophie de Wilimann,
Toute pédagogie comporte une certaine conception du monde.
C'est la philosophie idéaliste de Wilimann qui nous explique à la fois
son caractère affable, son attitude dans la question des humanités
classiques et ses idées pédagogiques en général.
Herbart admettait une âme substantielle simple et rejetait les
différentes facultés de l'âme. Schiller, étranger à la religion et ne
connaissant que la vie terrestre, néglige celte question comme pure-
ment métaphysique et se tourne vers les sciences naturelles et la forme
contemporaine et pratique de la psychologie : la psychologie physiolo-
gique et expérimentale, telle qu'elle est représentée par Wundt de
Leipzig, et, plus encore, par Ziehen d'Utrecht. Il n'observe et n'étudie
donc que les phénomènes psychiques qui peuvent être contrôlés par
l'expérience, leurs rapports avec les phénomènes physiques et physio-
logiques, leurs applications à la pédagogie.
Wilimann, tout au contraire, est convaincu de l'existence des
diverses facultés de l'âme, de la liberté humaine, de la loi morale. En
cela, comme dans toute '.sa philosophie, il est absolument d'accord
avec la philosophie chrétienne, entendue dans un sens assez large
pour embrasser aussi les grands penseurs de l'antiquité, Platon et
Arislote ; en d'autres termes, la philosophe néo-thomiste, procédant
d'Aristote. Le croyant ; Wilimann est un des champions les plus
PARTIE PÉDAGOGIQUB. 417
distingués de l'idéalisme. Seidenberger a extrait de ses deux ouvrages
principaux (Didactique et Histoire de Pidéalisme) les Fondements
dtune conception idéaliste du monde. (Grundlinien idealer Weltan-
schciuung^ Brunswick, 1902.)
L^a conséquence, au point de vue pédagogique» des convictions
pliilosophiques de Willmann, c*est qu a la différence de la plupart des
pédagogues modernes, qui nient Inexistence d'une pédagogie générale
o\i philosophique ou en imaginent une de bien précaire, fort contes-
table et manquant d'un point d*appui sûr, Willmann a pu risquer
une théorie de pédagogie générale et scientifique, valable pour tous
les temps ; c'est celle basée sur la philosophie chrétienne. La péda-
gogie chrétienne, qui affirme le devoir de Téducation, donne une idée
bien plus claire et plus parfaite de Tessence de l'éducation que les
systèmes antérieurs ou hostiles au christianisme ; elle concilie la
conception individualiste et la conception sociale de l'éducation, elle
embrasse le point de vue philosophique en même temps que le point
de vue historique, le monde matériel et le monde spirituel, l'existence
terrestre et la fin surnaturelle de l'homme, elle unit sagement la
théorie et la pratique : ses règles ont été suivies pendant des siècles et
dans les endroits les plus divers. L'éducation chrétienne constitue le
plus grand monument historique et le plus durable dans l'évolution
de la pédagogie, et de la Didactique de Willmann, qui donne la
théorie générale de cette éducation chrétienne, on a dit qu'il n'y a pas,
à l'heure présente, de système pédagogique offrant plus d'unité,
formant un ensemble plus harmonieux.
A première vue, il semble peut-être que la pédagogie soit exclusi-
vement une science pratique et que la conception de Schiller doive
donc l'emporter infiniment sur celle de Willmann. Mais n'exagérons
rien. L'un des deux systèmes complète plutôt l'autre. Il n'importe pas
seulement de connaître les recettes de détail de l'enseignement, il faut
encore se rendre un compte exact de l'essence, du but, de l'importance
de l'éducation, de ses rapports avec la philosophie sociale, de son
évolution historique. Quand le professeur veut échapper pour un
instant aux préoccupations mesquines, aux soucis, aux déboires que
lui apportent presque journellement ses fonctions, quand il veut
respirer un air plus pur et puiser de nouvelles forces dans la méditation
de la noblesse de son humble tâche, c'est, plus que tout autre ouvrage,
la Didactique de Willmann qu'il devra lire et relire. Et c'est surtout
dans un pays porté plutôt vers les préoccupations matérielles, comme
la Belgique, que cette lecture idéale et philosophique est à recom-
mander.
à
4l8 LE MUSÉE BELGE.
7. Les cours de vacances de Sal!(bourg (i).
La dernière œuvre de Willmann, et non la moindre, c'est l'établis-
sement, en 1905, de cours de vacances à Salzbourg, où Téminent
pédagogue a élu domicile. Depuis lors, des centaines d'instituteurs
affluent chaque année, pendant les grandes vacances, dans la jolie
ville autrichienne pour écouter les instructives leçons de Willmaxin
et de ses tafentueux collaborateurs, parmi lesquels nous citerons
L. Habrich, professeur d'école normale à Xanten et traducteur de la
Psychologie de S. E. le cardinal Mercier ; R. Hornich, directeur du
Paedagogium de Vienne, R. von Kralik, F. Weigl, etc.
Ces cours de vacances ont une haute portée intellectuelle et
marquent un progrès très appréciable au point de vue de la science
catholique. Rein, professeur à l'Université d'iéna, avait déjà institué
des cours du même genre, couronnés d'un plein succès. Mais si les
instituteurs apprenaient là à discuter une question pédagogique selon
les méthodes scientifiques, les catholiques n'y trouvaient pas tous
leurs apaisements, car la conception pédagogique de Rein est celle du
protestantisme. A Salzbourg, au contraire, tout l'enseignement est
pénétré des principes catholiques.
Le programme offre toujours une riche variété. Les cours qui
provoquent le plus d'enthousiasme, sont ceux de Willmann, qui a
parlé en 190 5 de la logique envisagée comme science auxiliaire de la
didactique. (Die Logik als Hilfswissenschaft der Didaktik, 4* fasci*
cule des Pàdagogische Zeitfragen éditées par F. Weigl, Munich) ;
il mettait la logique, injustement négligée, au même rang que la
psychologie. L'année suivante, il traitait de la méthodologie logique
et didactique,
Habrich donna d'abord un cours sur la psychologie pédagogique,
celle qui est issue de la doctrine scolastique et qui tient compte des
conquêtes contemporaines : psychologie de l'enfant, psychopathologie
et psychologie expérimentale. En 1906, il choisit comme sujet la
liberté de la volonté et sa formation. Giese rectifia les degrés formels
d'Herbart, Pôtsch donna une introduction à la didactique de Will-
mann et consacra une séance à démontrer la nécessité d'une alliance
de tous les pédagogues chrétiens : instituteurs, professeurs d'enseigne-
ment moyen et d'Université. Cette idée fut immédiatement traduite
en pratique par la fondation d'une Société de pédagogie chrétienne^
dont Willmann fut nommé président d'honneur et qui se propose de
fournir un travail vraiment scientifique, tout en s'inspicant des prin-
cipes de la religion chrétienne.
(1) V. Allgemeine Rundschau du !> A. Kausen (Munich). 10 sept. iqoS et
8 sept. 1906.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 419
EN FAVEUR DU GREC.
A Monsieur le Président et à Messieurs les Membres de la Com-
mission instituée par arrêté royal « pour l'étude et Texamen des
améliorations qu'il conviendrait d'introduire dans Torganisation de
renseignement moyen du degré supérieur ».
Messieurs,
Le problème grave et délicat entre tous que vous êtes appelés à
élucider, n'intéresse pas seulement les maîtres chargés de former, à
des degrés divers, Télite intellectuelle du pays; il engage leur respon-
sabilité.
N^avez-vous pas droit, en effet, à ce quHls vous signalent les données
qu^ib peuvent vous fournir, si elles sont de nature à vous aider à
découvrir la bonne solution avec plus de sûreté ?
C*est dans cet esprit que le Cercle pédagogique des professeurs de
renseignement moyen, officiel et libre, sortis de TUniversité de Louvain,
a cru devoir discuter à fond la réorganisation des humanités.
Il s'est trouvé unanime pour reconnaître que les études gréco-latines
restent la base nécessaire de toute éducation vraiment libérale et
complète ; que, d'autre part, des améliorations sont désirables, mais
qu^ elles doivent avoir pour objets non les matières, mais les méthodes.
Au nom du Cercle, Messieurs, nous prenons la respectueuse liberté
de porter cette résolution à votre connaissance, et nous osons appeler
Totre attention sur les motifs, décisifs à nos yeux , qui nous Tont
dictée.
Un premier fait nous a vivement frappés : c'est que nos observations
personnelles et journalières sont en pleine harmonie avec l'expérience
des nations étrangères.
Faut* il vous rappeler, Messieurs, que, par deux fois, la France n'a
pas eu à se louer d'avoir introduit l'équivalence des Humanités
•modernes et des Humanités anciennes; que le Wurtemberg, ayant
aboli le grec, a été amené à le rétablir; que, malgré certaines appa-
420 LE MUSÉE BELGE.
rences contraires, rAngleterre et rAllemagne demeurent obstinément
fidèles à leurs traditions classiques; qu'en Amérique — cette terre du
modernisme à outrance — se dessine chaque jour davantage un
mouvement très significatif vers Tadoption des mêmes principes péda-
gogiques ?
Autre fait non moins impressionnant et non moins générai : ce sont
les professeurs des facultés de médecine et des sciences, les ingénieurs
aussi, qui se font les champions les plus convaincus et les plus ardents
de ces revendications. Et ils motivent leur attitude en invoquant les
constatations qu'ils font, soit dans leurs cours, soit dans la conduite
des afiaires : les étudiants qui n'ont pas été préparés par les^ études
classiques, ne les comprennent pas, se font mal comprendre; ils ont
peine à suivre leurs maîtres ; ils manquent de pénétration, d'enver-
gure, de maturité... Le grec paraît à ces hommes éminemment pra-
tiques un instrument sinon indispensable, du moins extraordinairement
précieux pour Tassimilation et Tintelligence de la terminologie tech-
nique.
Que si nous portons nos regards vers les autres domaines de Tacti-
vité humaine, la science et les arts, nentendons-nous pas de partout
les voix les plus autorisées se prononcer invariablement dans le mêcoe
sens?
N'a-t-on pas prouvé par des arguments péremptoires que l'étude
approfondie de la philosophie, des mathématiques, de Tallemand exige
la connaissance de la langue des Hellènes? Isadora Duncan et Jaques-
Dalcroze ne se sont-ils pas mis à Técole des Grecs pour leur ravir le
secret de cette eurythmie et de cette callisthénie si prisées par nos
contemporains sous le nom de gymnastique, et notre Gevaert n'est-il
pas allé puiser dans Eschyle et dans les autres tragiques son admi-
rable savoir musical ?
Quant à l'histoire, il suffit de la nommer : personne ne soutiendra
qu'on peut l'aborder en ignorant le grec ou le latin.
Pour les beaux-arts et la littérature, la chose n*est pas moins évi-
dente. Voyez à l'œuvre la légion de savants allemands, anglais^
américains, qui fouillent partout les restes de l'antiquité avec un fruit
qui répond à leur merveilleuse ardeur. Prenez ensuite les œuvres des
grands écrivains, des poètes, des orateurs, nous ne disons pas des
Ronsard, des Corneille, des Racine, des Bossuet, des Goethe et des-
Schiller, mais de nos contemporains : Leconte de Lisle, Heredia,
Sully Prudhomme, de Régnier, Samain... Si Ton visait à une
énumération un peu complète. Ion n*en finirait pas.
En un mot, dans tous les grands pays, la haute culture intellectuelle
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 42 L
repose toujours sur la base de Tantiquité, et c'est aussi de cette
antiquité qu'elle tire la sève qui la vivifie.
Nous ne nous en étonnons pas, nous professeurs d'athénée ou de
collège. Chaque jour, nous expérimentons que Ton n*a encore rien
imaginé qui puisse efficacement remplacer le grec et le latin comme
base de Téducation littéraire, esthétique et scientifique, de la formation
de Tesprit, du goût et du caractère.
Les œuvres grecques — nous le voyons si bien — se prêtent
incomparablement à l'initiation de la jeunesse au grand art : originales
dans le sens le plus élevé de ce terme, reflétant la jeunesse du monde,
peignant des mœurs, des états d'âme infiniment moins compliqués et
moins factices que dans nos sociétés modernes, elles sont plus à la
portée des jeunes intelligences ; mieux qu'aucune autre littérature,
elles constituent Técole de la vraie esthétique dans ce qu'elle a de per-
manent, d'universellement humain.
D'autre part, sans le grec, l'intelligence, la compréhension des lettres
latines n'est pas possible ; et cependant, pour nous, peuples latins
ou tout imprégnés de la civilisation latine, la pensée latine, dans le
développement et la perfection qu'elle, atteignit à l'âge classique, est
la discipline indispensable pour que le cerveau du jeune homme
arrive à sa pleine formation.
Mieux qu'aucune autre branche, le grec et le latin classiques font
contracter les habitudes mentales qui, dans leur ensemble, caracté-
risent le véritable esprit scientifique ; en même temps, ils mettent le
jeune homme en possession de ce qu'on appelait jadis la politesse :
la finesse de la pensée, l'élégance de l'expression, le style.
Leur génie diffère notablement de celui de nos langues modernes :
assez pour que la lecture et la traduction nécessitent un effort salu-
taire, et néanmoins pas tellement que la tension réclamée dépasse les
forces d'un adolescent ou mette sa volonté à une trop rude épreuve.
L^esprit est ainsi aiguisé ; il éprouve le besoin de la précision et de la
probité dans le travail. Le profit moral n'est pas moins grand : la
volonté s'aguerrit ; le caractère se forme.
Enfin, la littérature classique a cette propriété unique d'exprimer avec
simplicité et exactitude ces idées générales, fond de toute vie intellec-
tuelle et morale, que lès modernes et plus encore les contemporains ne
peuvent plus rendre qu'avec des raffinements au dessus de la portée
d'un cerveau de 12 a 18 ans.
Il se fait ainsi que même défectueusement enseignées, imparfaitement
apprises, les langues classiques conservent une efficacité qui n'appar-
tient qu'à elles.
422 LE MUSÉE BELGE.
Quoi qu^on en dise, Messieurs, môme en Belgique, l'opioioo
publique continue à partager cet avis. Tandis que les athénées oat*
dans leur section gréco-latine, i332 élèves, les collèges libres en
comptent 10,672. Et. sans aucun doute, ils maintiendraient le grec
et le latin, même si on les supprimait dans les établissements officiels.
Voudrait-on mettre ceux-ci dans une situation d'infériorité aussi
déplorable?
Pour toutes ces raisons. Messieurs, nous avons la conviction pro-
fonde que diminuer ou compromettre l'enseignement du grec et du
latin dans les humanités serait appauvrir les sources mêmes de la vie
intellectuelle et morale de la nation, et nous osons exprimer U
-confiance que votre sagesse saura nous préserver de cette calamité.
Nous vous,prions, Messieurs, d'agréer l'expression de nos sentiments
■très distingués.
Pour lb Cercle PfeAOOGiQUB :
Le Secrétaire^
L. MALLINGER.
TABLE DES MATIERES.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
I. Noms des Auteurs,
Abeling, Th.
Adam, Julie
Albalat, A. .
Albert, V. .
Audley . .
Ausserer, A.
Bach, J. .
Baesecke
Bakhuizen van
L. W. .
Bang, M. .
Barbagallo, C.
Bardt, C. .
Barone, M.
Barone» N.
Bassi, D. .
Bastin, J. .
Bauch, B. .
Baudet, FI. E.
Bauwens, E. F
Bavinck, H.
Bazalgette, L.
Bechtel, E. A.
Becquet, A.
Bergmans, P.
Bertaux, E.
fiertbeau, J.
Bick, J.. .
Biré, E. . .
Bitlcr, J. .
Blanc, E. .
Blanchet, A.
Blanchet, C.
Blanchet, D.
Blondel, G.
den
J.
M
387 Bodin, L 87
239 Boitel, J. .... 196
36 Bonnefon, P. . . . 72
142 Bosman, Th. J. . . 23;
160 Bourdeau, J. ... 238
167 Bourg. P 177
Bourget, P. ... 190
ji Bouvier, C. . . . 39
239 Bouwman, H. . . i5o
Brink, Brants, M 32
i58 Brants, V 78
263 Brassinne, J. . . . 38
282 Bréal, M 365
33o Brenner 238
282 Bremont, H. . . . 160
37 Brinton, S. ... 398
88 Brizio, E 277
141 Broeckaert, J, . . 74
84 Brugnola, V. . . . 282
,5o Brunot, F 157
174 Bureau, P 288
332
269 Cabrol, F. . . 33o, 395
3ii Caccialanza, F. . . 282
i34 Gagnât, R 69
232 Ganivez, E. . . . i56
240 Gantarelli, L. . .129, 282
394 Garnoy, A 35
373 Qark, A. G. ... 194
25 Gartault, A. . . . 21
3i5 Casella, G 36
85 Gelis 232
195 Ghantepie de la Saussaye,
278 P. D 89
323 Ghase, G. H. . . . 175
401 Qaccio, L 277
Glédat,J. . . ,
'. 33o
Golenbraiider, T.
H. 286
Golletct, Guill.
. 162
Gompayré, G.
. . 385
Gomparetti» D.
. . 277
Goopman, Th.
. . 74
Gosattini, A. .
. . 28a
Gosta, E. . .
. 307
Goita, G. . .
. . 282
Gotronei, B. .
. . 282
Cottino, G. B.
. . 66
Gounson . . .
. 401
Groiset, M. .
. . 216
Grouzet, P, .
. . 197
Gumont, F. .
. 86, i55
Gzygan . . .
. . 239
Dacier, H. . .
• • 399
Daremberg .
. 87, 394
de Bielfeld . .
. . 285
De Decker . .
. . 383
Deelman, G. R.
. . i58
Deissmann, A.
. . 128
de LabrioUe, P.
. . 195,
282,394
Delacollette, E.
. i56
Delaruelle, L.
. . 3i3
de Lapparent, A.
. 400
Delehaye. H. .
. 33o
Delmont, Th. .
. . 283
de Lyris, Joël .
. . 80
Demangeon, A.
. . 159
de Moreau, Ed.
. . i54
de Nolhac, P. .
. . 194
de Puniet, dom ,
. 33o
deSantis, S. .
. 328
424
LE MUSÉB BELGE.
N.
Désers, abbé ... 40
de Smet de Naeyer, M.
. 334
Deuticke, P.
de Vooijs, C. G.
de Vreese, W.
De Wael .
Diels, H. .
Dierauer, J.
Dieterich, A.
Dieulafoy, M.
Doerfler, S.
Domaszewski,
Doppler, P.
Dottin, G. .
Doufifet, R.
Doumer, P.
Drioux, . .
Ducati, P. .
Dumaine, H.
Durand
Eeckout, G.
Elosser . .
Enlart, C. .
Espérandieu, E.
Fahz, L. .
Fayen, A. .
Festa, N. .
Festen, H. L.
Feugère, A.
Fèvre, J. .
Flaischlen, C,
Floerke
Francotte, H.
Fredericq, P.
Friedel, W. H
Fris. V. .
Fuochi, M.
Gaignet, G.
GaUas, K. R.
Gaidoz, H.
Gaubert, E.
Geurts, L. .
Gezelle, G. .
Ghislanzoni, E.
Giraud, V.
Glotz, G.
Th
329
396
27
. 23l
272
. 196
6
. 33i
. 34
V. 194,
. 243
. 274
. 23
. 397
. 192
. 160
. 277
. 33o
. 160
401
239
240
3io
. 223
. 23l
. 2$2
. 33i
. 39
. i85
. 285
. 287
. 238
. 36
. 176
36, 23o
. 282
. 400
. 396
. 25
. 36
. 90
181, 397
. 278
. 281
. 14
Goelzer, H. ... 372
Goodspeed, E. J. 289, 3o6
Goodwin, W. U. . . 175
Gossart, E. . 286, 35o
Gouraud, .... 160
Goyau, G 285
Graesse, J. G. Th. . 90
Grafé. A 39
Gratndor, P. . • . i55
Grégoire, abbé A. . 191
Grenfell, P. F. . 289, 3o6
Grenier, A. . . . 195
Grossi-Goudi, F. . 277
Grunow .... 238
Guéchot, M. . . . 401
Guidi, M 283
Guillaume, L. . . 235
Hahn, L i3i
Halfiants, P. . . . 195
Halkin, J. . . i85, 242
Halkin, L 393
Hamilton, M. . . . 17
Hanotaux, G. . . . 182
Hanquet, J. . . . 401
Hans, 239
Haufien, .... 239
Hauser, H. ... 189
Hauvette, H. . . . i56
Haverfield, J. . . . 260
Heeres, J. E. . . . i57
Heins, A, . . . 23i-233
Heins, M 23 1
Helbig.J 38
Helm, K 398
Hemmer, H. . . . 394
Henderson, T. F. , 3o
Henke, 0 363
Herckenrath, C. R. C. 396
Héron de Villefosse 243
Hesseling, D. C. . . 394
Heyne, M 76
Hiller von Gaertringen, F.
123
Hirschfeld, O. . . 194
Hohlwein , N. . . 279
Hombert, J. . . . i54
Hom, E 160
Howard, A, A. . . 175
Huelsen, Ch. ... 168
Hugenstein, . . . 239
Huguet, E. . . . a83
Hungerland, H. . . 3o
Hunt, A. S. . . 28Q, 3o6
Hymans, .... 287
Jacobsen, R. . . . 226
Johnston, H. W. . . 87
Jouguet, P. . . . 39a
Jullian, C 3o3
KalCf, G 322
Kauffmann, F. . . 3o
Kenyon, F. G. . . 194
Kern, H i5S
Kern, 0 194
Kervyn de Lettenhove, 334
Klincksieck, F. . . 7?
Kloos. W 332
Knappen, L. ... 1^7
Knuttel, J. A. N. . i5o
Koch, J 329
Kochendoerffer, K. . 398
Koenen, M. J. . . 388
Koerting, G. . . . 33o
Koopmans, J. . i53, 396
Koschwitz, E. . • 195
Krebs 263
Kretschmer, P. . . 336
Kuijper, A. • . . 333
Kukula, K. C. . . 220
Kurth, G. 238, 285, 392, 3y8
Lasser, L. . . .
. 239
La Mantia, G. .
. i83
l amarre, Q. . .
. 266
Lamprecbt . . .
Lanciani, R. . .
286
. 277
Lauer, Ph. . .
3i
r^urand, L. . .
370
Laurent, A. . . .
Lavisse, E. . .
286
Lease, E. B. . .
225
Lecanuet, E. . . ,
40
Lechat, H. . . ,
218
Leclercq, H. . . .
Lederer, V. . . .
33o
25
Lefort, A
Legras, L. . . 17)
Lehmann, P. . . .
Léo, F
398
E>» 172
i33
Le Roux
161
i
TABLE DES MATIÈRES.
425
Lespagnol.
i-csquier, J. .
Lcvy-Bruhl, L.
Undsay, W. M.
Loerscher, A
Loke, M. . .
276 Oger, G 394 Schanz, M. . . . i55
392 Olcott, G. N. . . . 87 Schefifel, J. V. . . 237
81 Orsi, P 277 Schindler, H. . . . 70
3i2 Schlaf, J 269
394 Paris, G. . . . 35, 288 Schmalz 236
149 Parker, G. P.. . . 175 Schmatz, J. . . . i3i
Liichaire, A 287 Parsy, P 334 Schmid, M. ... 38
Ludwig, H. . . . 34 Pasciucco, G. . . . 19 SchOnfeld, M. . , . 226
Pasquali, G. . . . 282 Schrader, O. . . . 77
Patroni, G. . . . 277 Schuitz-Gora, O. . . ib-j
Maas, P.J. ... 197 peaks, MaryB. . . 3ii Semeria, J.-B. . . 399
^*^^' ^ ^^^ Pératé, A 240 Shawyer, J. A. . . 33
Marais-Hoogenhout, N. 29 p^^^j^^^ L. . . . 278 Singer, S 75
Marchai, E. ... 194 perrot. G. . . 195,243 Sjoer, A ,58
Marcou, F. L. . . 271 perschinska, F. . . 94 Skutsch, F. . . . 336
Maréchal, C. . . . 283 pi^hon, R 280 Smout, H. .
Marquet de Vasselot, J. J. pid^^x, A 39 Sniyth, H. W.
^11 Pierling, le P. . . 398 Sody, E.
Piot, C 198 Souvestre, E.
Proelss, J 237 Stara Tedde, G.
Mariini, Ae. . . \ 88
Martroye, P. . . . 240 p^yet, F 323 Stachel, P
^«"' ^ ^^* Pirenne, H. 196, 272, 286 Stadthaus. R. .
Masson, A. . . . i54 piatner, J.-B. . . . 68 Staedler, K. .
Masson, M. . . . 395 p^^i^j,^ g i65 Stapelkamp, Chr.
Mazon, P 87 p^^^^ p ^ Stapfer, P.
Melcher, P. . "" '
Mensch, J.
Mensing, M. O.
Merten, O.
Meunier, abbé
Meyboom, M. .
Mcyer, K 176 Régnier, A.
Michaelis, A. . . . 367 Reinach, S.
Michel, A. 37, 135,221,240 Renard, E.
Michel, H. . . . 377 Richermoz .
226
175
142
268
322
67
33o
237
i58
278
Stein, A 129
349 Stemplinger,
239
394
36
397 Rachfahl, F. .
198 Radermacher, L. . 33o Steyns, M 375
395 Rand, E. K. . . . 175 Stokes, Wh. ... 177
336 Rauschen, G. . . , 64 Sireitberg, W. . . 143
333 Strowski(etnonStrowsky),
»94 F 35,317
398 Siûckelberg, E. A. . 33o
399 Sulger-Gebing, E. . 181
Michel, M. ... 35 Rivaud, A 279
Minnart, G. D. . . 36 Rivière, G, . . . 333 Taine, H 284
Mispoulet, J. ... 243 Rivière, J 282 te Winkel, J. ... 332
Modestov, B. . . . 88 Robida, A. . . . 197 Thomas, P. . . . 42
Moeller, Ch. . . . 187 Roersch, A. . . . 401 Toesca, P 277
Molinier, A. ... 159 Romnnel, O. . . . 239 Tourneur. V. . 230,401
Mommsen, Th. 194,280 Roscher, W. H. . . 236 Toutain, J. . 323,379
Moore, C. H. . . . 175 Rossmann, Ph. . . 383 Traube, F. . . . 393
Morgan, M. H. . . 175 Roustan, M. . . . 386 Trede, 1 236
Mouchard, A. . . . 278 Rouzic, L 287
Muth, R. von . . . 387 Ruelle, C. E. . . . 87 Vahlen, J 280
Muzik, H 33
Sabatucci, A. . .
Nagel 284 Saglio . . . .
Nilsson, M. P. . . 193 Salembier . . .
Î4imal, Ch 327 Salomon, M. . .
Nogara, B. . . 277, 278 Schamberger, M.
Valentini, R. . . . 282
. 282 Valkhofif, P. . . . 3i5
87, 394 Van Bever, Ad. . . 164
. 161 Van den Berg, N. P. i58
. 190 Van den Bosch, J. H, 89
. 394 Van den Gheyn, J, . 278
426
LB MUSÉE BELGE.
Van der Haeghen, F, 234
Van der Haeghen, V. 23o,
233
Vanderlinden, H. . 27
Van der Valk, J. .332
Van der Veen, J. O. S. 226
Van Duyse, H. . . 234
Van Elring, M. . . 332
Van Halteren, B. .226
Van Houtte. H. . . 242
Van Hove, A. . . 389
Van Mander, K. . . 287
Van Moerkerken, P. H.
i5o, 332
Van Overbergh, C. 241-242
VanSchooneveldt,Ch. 226
Van Vae^ne^vyck, . 234
Van Wageningen,
Van Werveke, G.
Veldkamp, A.
Venturi, L.
Vercoullie, J.
Verdunoy, .
Verest, J. .
Vermast, .
Vermeylen, A.
Vigouroux,
Villari, P. .
Von Salten, A.
Vulliaud, P.
J. 264
23o, 23 1
. i58
. 277
. 37
. 399
. 189
. 23i
. 236
. 395
. 193
. 397
. 400
Warren, M. .
Weese, A, . .
Welcome, H. S.
Wenderoth
Widmann . .
Winand, B. .
Windisch, E. ,
Wissowa, G. .
Witbc,J. W. ,
Witkowski, S.
Wolff-Beckh, R.
Woltmann, L.
Wright, J. H.
Wustmann, G.
Xoual, M.
Wackernagel, W. . 238
Walch, J. L. . . . 226
Ward, L. F. . . . 242 Ziebarth, E.
. 90
. i56
. 239
. 2Î9
. 172
. i35
. 395
. 166
. a36
. 396
. 175
. 238
392
279, 36^
II. Mélanges.
A, De Ceuleneer, Publications relatives à la ville de Gand .... 23o
W. Krolly L'Etude de la philologie classique en Allemagne. Conseils aux
étudiants 209, 253
G. Maspéro^ Une comédie de Ménandre 4o5
F, Mayence, Fouilles de Délos en 1906 5
L, Van der Essen, Angelo Fumagalli 61
Le même, Guillaume d'Orange et la révolution des Pays-Bas . , . 349
Concours général de l'Enseignement moyen en 1907 . . , . 3oi, 359
Les humanités gréco-latines. Avis des Facultés de Médecine et des Sciences
de Gand et de Liège 122
Manifeste en faveur des Humanités gréco-latines 109
III. Publications périodiques.
Ausonia. Rivista délia società italiana di archeologia e sloria dell' arte. I . 277
Biblioiheca latina 87
Deutsche Erde, Zeitschrifi fiir Deutschkunde, VI 238
Dissertationes philologicae Halenses. XVII , 3q4
Euphorion, Zeitschritt iûr Literaturgeschichte 239
Glotta, Zeitschrift fur griechische und lateinische Sprache .... 336
Handelingen en mededeelingen van de Maatschappij der Nederlandsche
letterkunde te Leiden, 1906 . . . i57
Harvard Studies in Classical Philology. XVII 174
Les langues vivantes. Revue bi-mensuelle . , 338
Le mouvement sociologique international 240
Mûnchener Beitrage zur romanischen und englischen Philologie, XXVI , 3i
De nieuw^e taaigids Sgô
Quellen und Untersuchungen zur lateinischen Philologie des Mittelalters . 393
TABLE DES MATIÈRES. 43/
Die Stîname 91
Studies in Classical Philology (Univ. of Chicago), IV 3ii
Teutonia. Handbuch der germanischen Philologie 397
Transactions and proceedings of american Philological Association, XXXVI 34
IV. Collections et Manuels,
Allgemeine Staatengeschichte igô
Atti del Congresso intemazionale di Scienze storiche (Roma 1903). Vol. I. . 193
Corpus Inscriptionum latinarum. XIII 194
Deutsche Texte des Mittelalters 398
Dictionnaire d'archéologie chrétienne et de liturgie .... 33o, 39$
Dictionnaire de la Bible (Vigouroux) 395
Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Daremberg et Saglio . 394
Dictionnaire-manuel illustré de géographie, par A, Demangeon . , . 159
Gesta Romanarum 89
Hcrder's Konversationslexikon 401
Histoire de l'Art depuis les premiers temps chrétiens jusqu'à nos jours
(A. Michel) 240
Meyers grosses Konversationslexikon 240
Pauly*s Realencyclopaedie (G. Wissowa) 395
Scriptorum classicorum bibliotheca Oxoniensis 194
Studia Poniica • . 86
Textes et documents pour l'étude historique du christianisme . . 195, 394
Thésaurus linguae latinae epigraphicae ....... 87
Vlaamsch Belgiê sedert i83o 36
Xenia Romana. Scritti di filologia classica offerti al secondo convegno pro-
mosso dalle Società italiane ecc. 281
Zwolsche herdrukken 89
V. Chronique,
Académie flamande. Programme de ses concours 404
Académie royale de Belgique. Classe des Lettres .
Programme du concours pour 1909 9^,244
Programme du concours pour 1910 290,334
Prix décernés en 1907 198
Académie des Inscriptions et Belles- Lettres. Lectures 243
Ange d'or de Jeanne de Brabant. 243
Bilderdijk. i5o« anniversaire. 332
G. CoUetet, Vies des poètes françois depuis 1209 jusqu'en 1647 . , . 162
Commission royale d'histoire. Nominations. ...... 162
Concours universitaire 1907-1909. Programme. . . • . . 335
Concours des Bourses de voyage de 1906. Résultats 44
Congrès international de Sciences historiques 336
Cours d'art et d'archéologie à Bruxelles 91
Cours d'art et d'archéologie à l'Université de Liège 4û3
Découverte archéologique à Arlon . . » , . . . 162, 3Sy
j
428 LE MUSÉE BELGE.
Découvertes à Carthage (Sainte Félicité, etc.) .*.-.. 243
'Découverte du Lucus Furrinae 243
Découvertes au Palatin : l'église de Saint-Césaire ' . 243
Diplôme militaire du i5 avril 78 X43
Enquête ethnographique 241
Exposition de la Toison d*or 334
Humanités anciennes. Manifeste en faveur des études gréco-latines . . 109
Discours de M. Woeste 336
La question du latin aux États-Unis 40
Institut historique belge à Rome. Nomination du directeur ... 44
Institut papyrologique de l'Université de Lille 392
Godefroid Kurth. Notice biographique 338» 285
Mélanges Godefroid Kurth 44
Langue internationale 162
La question du latin aux États-Unis (A. Banne) 40
Manifestation en Thonneur de M. le Chanoine A. Gauchie .... 43
Une comédie de Ménandre (G. Maspéro) 401
Mission archéologique en Syrie (F. Cumont) 198
Une nouvelle revue. Le mouvement sociologique international . . . 241
Musée du Cinquantenaire (section égyptienne) 43
Nécrologie. Paul Guiraud. Notices et Bibliographie . . . 164, 243, 393
Ferdinand Brunetiere, Notice et bibliographie. ..... 92
I^omination des professeurs dans les universités de TÉtat . « . . 42
Prix de l'Académie royale décernés à MM. Désiré Nys et J. Bidez . . 198
Prix Gantrelle. Programme pour 1910 290
PrixTeirlinck 334
Projections lumineuses 94
Règlement minier découvert en Portugal 243
Tebtunis Papyri II . : , , 289
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
F, Coîlard^ L'Enseignement moyen à l'étranger. , . 45, 95, 202, 24$, 291
Le même, Dictées françaises 299, 347
A, Jansen^ Les cours de vacances à l'Université de Louvain . . . 199
Z.. Mallinger^ Un pédagogue catholique de l'Allemagne contemporaine :
O. Willmann 406
.Le même, En faveur du grec 41
-Abbé Wathelet^ Utilité d'une étude restreinte du genre roman en 3® latine . 339
Mélanges GODEFROID KURTfl
A loccasioa de ladmlssion de M. Godefroid Kurlh à
Téméritat, la Faculté de Philosophie et Lettres de TUniver-
sité de Liège a décidé de publier, en son honneur, dans la
Bibliothèque de la Faculté, un recueil de travaux, qui portera
le titre de Mélanges Godefroid Kurth. Elle a invité à
y collaborer les anciens élèves de Téminent historien et ses
admirateurs, en Belgique et à l'étranger.
Près -de cent collaborateurs ont répondu à cet appel. Les
Mélanges Godefroid Kurth formeront deux volumes,
gr. 8° de 500 pages environ, dont Tun comprendra dos
travaux historiques, et lautre des travaux cChistoive
littéraire et de philologie. Le prix de chaque volume est
fixé à 10 ï\\
Le Comité s adresse à tous les anciens élèves de M. God.
Kurth, à ses amis et à ses admirateurs, et les invite à s as-
socier à cette manifestation académique de gratitude et
d'estime, en souscrivant aux deux volumes ou au moins î\
Tun d'eux.
Adresser les souscriptions à H. Jules Gloson, chargé de
coars à l'Université, avenue Blonden, 6, à Liège.
SOMMAIRE.
MELANGES.
Pacet
L, Van der Esscn^ Guillaume d'Orange et la révolution des Pays-Bas , . 349
Concours de renseignement moyen en 1907 (fin) ..... . SSç
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique,
307. O. Henke, Vademekum fur die Homerlekiûre (R. Nihard) . . . 363
308. M, Bréal^ Pour mieux connaître Homère (Th. Simar) .... 365
309. A. MichaeliSfD'ic archaeologischen Entdeckungcn des xix Jh. (E. Remy) 3Ô7
3 10. E. Ziebarth^ Kulturbilder aus griechischen Stadten (Th. Simar) . . y*^
3ii. L. Laurand^ De M. Tullii Ciceronis studiis rheto'icis (R. Nihard) . . 370
3i2 H. Goeljer, G. Julii Caesaris Comm de bello gallico (J. P. W.) . . 37a
3i3. J. B/cA-, Horazkritik seit i88o(L. Debatiy) 373
314. 3/. Steyns^ Étude sur Us Métaphores de Sénèque le Phil. (P. Henen) . 375
3i5. //. 3//c//^/, Petrus Mosellanus, Paedologia (Lç même) .... 377
3i6, J. Toutain, Les cultes païens dans l'Empire romain (J. P. W.; . . 379
317. J. De Decker^ Les vies de Paul de Thèbes (dom Baucr). . , . 383
Langues et Uttératures romanes,
3 18. Ph. Rossmann, Studienaufenthalt im franz. Sprachgebiet (A. Counson) . 383
319. C, Compayré^ Montaigne (J. Flcurlaux) ....... 383
320. M, Roustan, Conseils généraux (Le même) 386
Langues et littératures germaniques,
321. Th. Abeling, Das Nicbelungenlied und seine Literalur (C. Lecoutere) . 387
322. R. von Muth, Einleitung in das Niebelungenlied (Le môme) . . . 387
323. M. J, Koenen, Handwoordenboek der Nçderlandsche taal (Le même) . 388
Histoire,
324. A. Van HovCy Statuts synoianx liégeois de i585 (G. Kisselstein) . . 389
325. God, Kurth^ L'entrée du parti populaire au conseil communal liégeois
en 1303 (J. Closon) 392
Notices et annonces bibliographiques.
326-393. Publications de B. Jouguct, C. Jullian, L. Halkin, F. Traube,
P. Lchmann, D. C. Hess;;ling. P. de Labriolle, H. Hemmer, G. Oger,
A. Laurent, P. Mclcher, J. Beriheau, M. Schamberger, A. Locrscher,
Darcmberg et Saglio, G. Wissowa, Vigouroux, Cabrol» Meunier, M. Masson,
Wollmann, de Vooijs, J Koopmans, Herckenrath, Gallas, Gezelle, von SaU
isn, DouflFct, Mensing Helm, KochendoeriTer, Kurih. Lefort, Pierling, Brin-
ton, Renard, Semeria, Vcrdunoy, Dacier, Gaignet, VuUiaud, de Lapparent,
Guéchot, Roersc'% J. Hanquei, G, Eeckhoui, Blondel, Counson, Herder,
Tourneur 39Î
CHRONIQUE.
364-366. Une comédie de Ménandre. Cours d'art et d'archéologie à Liège.
Programme des concours de l'Académie flamande 4o5
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
L. MaUinger^ Un pidagogue caiholiqui de l'Allemagne contemporaine :
O. Willmann 406
Le mc'we, En faveur du grec 419
DOUZlEMb: ANNÉE. — NM .
1 5 Janvier 1908.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PEDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBUÉE SOUS LA DtKBCTlON DB
F. GOLUkRD
PROPBUKUR A L*UNIVKRSn*A DB LOUVAIN
J. P. WAIiTZINO
PROFB8SBUR A l'université DB ukOB
Paralrtant lo«i Im mois, à rexMpUon dat mois d*aoâl ol do soptomkro
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
30, RUB DB NAMUR, 20
PARIS
K. FONTEMOING
^ rue Le Goff
BERLIN
R. tRlEDLAENDER ET FILS
Carlstrasse, i4^ N. W
COMITE DE REDACTION.
MMl. Ba^iSTi W., professeur h TUniversité de I^ouv^în.
Biaohoff, H., proft'ss "ur k rUiilviTsIlé de Liège.
Bôthune, Baron P., professeur ii rUiilver>ilé de Lo:iva!n,
Gauchie, A., professeur à TUiilversité de Louvaln.
Gollard, P.. professeur à rUiilvcrsiic de Louvniii.
De Cauleneer, A., professeur b rUiiiversilé de (;a!id.
de la Vallée Poussin, L., professeur à rUniversilé de Gand*
t Delescluse, A., chargé de cours ii TUniversilé de Li jge.
Doatrepont, A., professeur à rUniversité de Lié^e.
Doutrepont, G., professeur ii TUniversité de Lotivain.
IVancotte, H., professeur à l'Université de Liège,
t de Oroutars, J., professeur k l'Uni ersité de Louvain.
Halkin, J., professeur à l'Université de Liège.
Halkin, L., professeur à l'Université de Liège.
Hanqaet, K., professeur à l'Université de Liège.
Lecoatere, Gh., professeur k l'Université de Louvain.
Lefort, Th., chargé de cours b l'Université de Louvain.
Blaere, R., professeur k rUniversité de Louvain.
Martens. Gh., docteur en Philosophie et Lettres et en Droit, b Louvnin.
Mœller, Ch., professeur à l'Université de Louvain.
Poullet, pp., professeur k l'Université de Louvain.
Remy, E., professeur k l'Universilè de Louvain.
Roersch, A., professeur k l'Université de Gand.
8encie, J., professeur k l'Université de Louvain.
Van Houtte, H., professeur k l'Université de Gand.
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Waltzing, J. P., professeur k l'Université de Liège.
Willems, J., professeur -k l'Université de Liège.
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Secrétaire : J. P. WALT2aNO, 0, rue du Parc, k Liège.
On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du BuUtUn
bibliograpkique (articles, comptes rendus, ouvrages) k M. J P. Waltzing, professeur
à l'Université de Uége^ P, rue du Pare, Uége,
Les articles destinés k la partie pédagogique doivent être adressés k M. P. Gollard,
fFro/esseur à VUniversUé de Louvain, rue Léopold, 22^ Louvain,
En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d'abon-
lemment est fixé k 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans les autres pays, on
peut s'abonner k la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser k M. Gh. Peeters, libraire, rue de Namur, 20, k Louvain.
Les onze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 820 k 480 pages, sont en
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement^ les abonnés pourront se procureur une
ou plusieurs de ces onze onnées au prix do T fk*. tSÔ par
année» le port en sus.
BULLETIN
JBIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
ilEVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBLIÉE SOUS LA DIRKCTION DI
F. GOLUkRD I J. P. WAIiTZINO
PKOFBS8EUR A L'UNTVBBSiré DB LOUVAIN | PROPB88BUR A L'UNITERSITé DB UBOI
Douzième année. — Tome XII
1908
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE-ÉDITEUR
20, RVK DB NAMUB, 20
PARIS BERLIN
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R. FRIEDLAENDER ET FILS
Carlttrana, 11, N. W
IDOUZIÈME ANNÉE. — N® I. l5 JANVIER IQOS.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANOES.
LE NEUVIÈME CENTENAIRE DE NOiaER.
Uannée 1908 ramènera un anniversaire dont aucun Liégeois ne
peut se désintéresser.
Le 10 avril de cette année, il y aura neuf cents ans qu'à pareil
jour se terminait la carrière de Notger, créateur de la principauté et
second fondateur de la Cité de Liège.
La principauté a cessé d'être après huit siècles d'une existence
à laquelle n'a manqué aucune gloire.
Quant à la ville, arrivée à l'apogée de sa prospérité, elle entrerait
dans le chemin de la décadence le jour où elle viendrait à oublier
son passé et son principal bienfaiteur.
Avant saint Hubert, Liège était un village. Avant Notgçr, elle
était une bourgade. C'est lui qui en a fait une ville, la plus grande
et la plus florissante des Pays-Bas.
Enumérer ce qu'elle lui doit, ce serait long.
Le moyen-âge le disait dans une formule d'ime expressive beauté.
C'est le vers fameux d'un poète anonyme s'adressant à la ville de
Liège :
Tu dois Notger au Christ et le reste à Notger.
Durant plusieurs siècles cependant, la gloire dé ce grand homme
a traversé une éclipse.
c Grand homme tant que vous voudrez, répondait-on à ceux qu
le glorifiaient. Il a fondé la ville, soit, il Ta fortifiée, d'accord ; il a
bâti tous ses édifices civils et religieux, il a creusé le canal de 1&
Meuse, il a créé des hospices ; il a ouvert des écoles, il a allumé sur
les bords de la Meuse un lumineux foyer d'instruction publique
qui éclairait toute l'Europe occidentale, c'est parfait, mais... il y a
ChèvremontI »
Eh bien I non, il n'y a pas Chèvremont !
r
LE MUSÉE BELGE.
Il n'est pas vrai que Notger ait pénétré dans cette forteresse grâce
à un stratagème indigne de son caractère sacré.
L'histoire de la prise de Chèvre mont est une légende fabriquée
vers la fin du xii* siècle, c'est-à-dire environ deux cents ans après la
date où elle est censée s*être passée.
Et il faudra bien se résigner à ne pas rencontrer une seule tache
sur la figure du plus grand homme de Thistoire de Liège.
Voilà ce qu'il n est pas inutile de redire aux Liégeois, au seuil
d'une année qui va leur rappeler d'une manière pressante cette
illustre mémoire.
Que vont- ils faire pour Thonorer ?
Je n'ai pas la prétention de le leur apprendre, mais je leur demande
la permission de rappeler ici ce que récemment on faisait ailleurs,
dans un cas semblable.
Hildesheim est une des plus belles villes de l'Allemagne, et des
plus intéressantes. Elle n'a de rivale que Nûrnberg. La beauté de
ses édifices religieux, l'aspect pittoresque de ses maisons à pignon de
bois sculpté et historié, les innombrables souvenirs qui s'évoquent
à chaque pas dans ses rues et qui se concrétisent en quelque sorte
dans le poétique symbole de son rosier de mille ans y tout cela lui donne
le charme d'une ville de rêve, qu'on aurait inventée pour le plaisir
des poètes et des artistes.
Cette ville a été créée, il y a neuf siècles, par son évêque Bernward,
tout comme Liège a été créée par son évêque Notger.
Elle est encore toute remplie de monuments et d'objets d'art qui
sont l'œuvre de ce grand homme, le contemporain, l'ami, et peut-être,
comme créateur de villes, le disciple de Notger.
Eh bien, lorsqu'en 1893 revint le neuf centième anniversaire de
l'intronisation de saint Bernward comme évêque de Hildesheim,
les protestants de cette ville, qui forment les deux tiers de la popula-
tion, se sont unis aux catholiques pour célébrer dans des fêtes
grandioses l'auteur de leur civilisation urbaine.
Et la belle statue du saint, qui se dresse aujourd'hui devant le
portail de la cathédrale, est l'œuvre collective des deux confessions
religieuses, unies dans un même élan de patriotisme et de reconnais-
sance envers le père de la patrie.
^ Ce qu'on a fait à Hildesheim, ne peut-on pas le faire à Liège?
Liège serait- elle moins fière de son passé, moins juste envers ses
grands hommes, moins capable d'imposer silence à la voix des partis
quand s'élève la voix de la patrie ?
Je n'en crois rien, et je me plais à croire que les Liégeois célébre-
ront le neuvième centenaire de Notger. Godefroid Kurth.
PARTIE BIBLIOGRAPHigUE.
De la question de savoir si un Allemand peut avoir de l'esprit.
Il y a trois ans, le Times, à propos des relations franco-allemandes
et de la conversation du chancelier avec un journaliste parisien,
rappelait qu'autrefois les Français discutaient la question de savoir
si un Allemand peut avoir de l'esprit : le journal anglais ajoutait
immédiatement que cela se passait avant Heine et M. de Bûlow. Il y
a en effet bien longtemps de cela ; et cette vieille histoire, si elle peut
encore fournir un bon mot à un publiciste, intéresse surtout aujoiu:-
dliui la littérature comparée : aussi en retrouvons- nous la mention
ou le souvenir dans l'excellent Goethe en France de M. Baldensperger
comme dans les travaux de Joseph Texte, de Sûpfle et de V. Rossel(i).
C'est généralement le Père Bouhours qui passe pour Tauteur et le
théoricien de cette question subtile ; et nous verrons que sa réputation
à cet égard est assez ancienne. Nous lisons dans Les Entretiens d'Ariste
et d'Eugène cet échange de vues : a II faut du moins que vous confes-
siez, dit Ariste, que le Bel esprit est de tous les païs et de toutes les
nations ; c'est à dire : que comme il y a eu autrefois de beaux esprits
Grecs et Romains, il y en a maintenant de Français, d'Italiens,
d'Espagnols, d'Anglais, d'Allemands même et de Moscovites*. C'est
une chose singulière qu'un Bel esprit Allemand ou Moscovite, reprit
Eugène, et s'il y en a quelques-uns au monde, ils sont de la nature
de ces esprits qui n'apparaissent jamais sans causer de l'étonnement.
Le Cardinal du Perron disait un jour, en parlant du Jésuite Gretser,
// a bien de P esprit pour un Allemand, comme si ç'eûst été un prodige
qu'un Allemand fort spirituel. — J'avoue, interrompit Ariste, que les
beaux esprits sont un peu plus rares dans les païs froids, parce que
la nature y est plus languissante et plus morne pour parler ainsi.
Avouez plutôt, dit Eugène, que le bel esprit tel que vous l'avez
défini, ne s'accommode point du tout avec les temperamens grossiers
et les corps massifs des peuples du Nord. — Ce n'est pas que je
veuille dire, ajouta-t'il, que tous les Septentrionaux soient bestes;
il y a de l'esprit & de la science en Allemagne & en Pologne, comme
ailleurs : mais enfin on n'y connaît point nôtre Bel esprit, ny cette
belle science dont la politesse fait la principale partie : ou si cette
(i) J. TixTB, Les relations litt. de la France avec Véiranger au XV II h siècle,
(Hist. de la langue et la litt. française de Petit de Julleville, t. VI, p. 771) : « Il (le
xvin« siècle) s'est intéressé à cette Allemagne si méprisée du xvii« siècle que le
K Bouhours lui refusait « cette belle science dont la politesse fait la principale
partie.» La question de Topinion française à l'égard des Allemands a été reprise
par Klaus Weidenkaff, Die Anschauungen der Fran:çosen ûber die geistige Kuitur
der Deutschen im Verlaufe der 18, und zu Beginn des iç, Jahrh. Gotha 1906.
8 LE MUSÉE BELGE.
belle science, & ce bel esprit y sont connus, ce n'est seulement qtie^
comme des étrangers, dont on n'entend point la langue ; & avec qui
on ne fait point d'habitude » (ij.
Ainsi raisonnait Eugène sur la plage flamande où la compa^^nie
d'Ariste lui faisait perdre de vue la langue du pays et la solitude.
Son sage interlocuteur s'étonnait qu' a un homme qui craignait tamt
de se mettre mal avec les Grecs et les Romains s'attirât ainsi sur les^
bras de gayeté de cœur les Espagnols, les Italiens, les Allemands^
les Polonais, les Moscovites, & toutes les autres nations de la terre » ;
il le trouvait « bien hardi de faire ainsi le procès à tous les Etrangers w .
— Ariste l'avait bien dit : les paroles téméraires eurent des échos en
France et à l'étranger, et nous en entendons aujourd'hui les derniers
retentissements.
Mais remarquons tout d'abord que le Père Bouhours n'est pas si
germanophobe dans le texte même que dans la tradition ; qu'il met
à côté du dédain d'Eugène la tolérance d'Ariste, qu'enfin et surtout
il représente en l'occurrence l'opinion de tous les contemporains et de
tous ses prédécesseurs : non seulement dans les Perroniana^ mais dans
vingt auteurs de la Renaissance et du xvii« siècle on trouverait la-
même sévérité sur la lourdeur, la stupide lenteur des Allemands.
Bien plus, on dirait que l'humanisme, en remettant en vigueur tant
d'idées antiques, a contribué à l'assimilation des Allemands modernes
aux Barbares germains. Cette assimilation plus ou moins consciente
devait aboutir à des expressions comme celle de vandalisme^ consacrée
par l'abbé Grégoire à l'époque révolutionnaire, et aux plaisanteries
connues de H. Heine sur les corporations d'étudiants de G5ttingen
et leurs noms barbares. Il n'est pas impossible qu'elle se soit mêlée,
avant Bouhours, à la question de l'esprit allemand. Le mot de
du Perron, si souvent rapporté depuis Bouhours jusqu'à M. Siipfle,
est déjà dans la Germante de Tacite. Celui-ci dit, au chapitre XXX,
en parlant des Cattes : a Multum {ut inter Germanos) raiionis ac solleftiae :
praeponere electos^ audire praepositos, nosse ordiner..,,n (2). Or, on connaît
assez l'immense diffusion de la Germanie depuis le temps de Jean de
Spire jusqu'à celui de Philippe V. — Panckoucke n'écrit- il pas encore
en 1824 : « César et Tacite ont été les panég3rristes des Germains; et
(1) IV» Entretien : Le Bel Esprit (Les Entr. d'A. et d*E., nouvelle édition,
Amsterdam, Paris et Bruxelles 16g 1, p. a3 1-232). Le texte porte en marge, à côté
de la citation de du Perron : Perroniana,
(2) L*antiquité, malgré l'universel préjugé de la barbarie étrangère, n*a pas>
laissé de comprendre ce que cette notion avait de contestable; et Ton connaît le jeu
de mots de Velleius Paterculus {Hist, rom,, II, 108, 2) sur le Germain (Marcoman>
Maroboduus : « Maroboduus natione magis quan ratione barbarus».
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
le caractère de cette nation, tel qu'ils nous Tont dépeint, s'est conservé
jnsqu'à nos jours » (i).
Le caractère de l'esprit allemand semble se conserver, ou plutôt
empirer, à la suite du P. Bouhours. Et les Chevraeana contiennent la
page suivante, qui résume les préjugés en vogue en donnant la plus
gpnande importance à ceux d'Eugène : « Tilenus pour un Allemand, parle
et écrit bien François, dit Scaliger : Gretzer a bien de Vesprit pour un
Allemand^ dit le Cardinal du Perron; et le P. Bouhours met en
question, si un Allemand peut être bel esprit? On ne doit juger ni bien
ni mal d'ime Nation par un particulier, ni d'un particulier par sa
Nation. Il y a des Allemands comme des Français qui n'ont point
d*esprit ; des Allemands qui ont sçû plus d'Hébreu, plus de Grec que
Scaliger, et le Cardinal du Perron. J'honore fort le P. Bouhours qui
a du mérite : mais j'ose dire que la France n'a point de plus bel esprit
que Madame la Duchesse de Hanover d'aujourd'hui, ni de personne plus
solidement savante en Philosophie que l'étoit Madame la Princesse
Elixaheth de Bohême, sa saur ; & je ne croi pas que l'on refuse le même
titre à beaucoup d'Académiciens d'Allemagne, dont les ouvrages
meriteroient bien d'être traduits. Il y a d'autres Princesses en
Allemagne qui ont infiniment de l'esprit; mais on s'est mis en tête
qu*elles n'en ont point, parce qu'elles ne sont ni enjouées, ni
coquettes, et qu'en France on juge souvent du bel esprit par la belle
humeur. — Les Français disent, cest un Allemand, pour exprimer un
homme pesant, brutal ; et les Allemands, comme les Italiens, c'est un
François, pour dire un fou et un étourdi. Nous disons encore, c'est un
Italien^ pour marquer un fourbe; et un Anglois, pour marquer un
traître. C'est aller trop loin, et il est certain qu'il y a en France des
gens fort sages ; des gens éclairez et penetrans en Allemagne ; d'autres
de fort bonne foi en Italie ; et en Angleterre des gens de bien. Ainsi
le Cardinal du Perron n'avoit plus qu'à dire : le Père Gretzer avoit bien
de r esprit, c'est dommage qu'il fût Allemand, comme le Prince de Salé
dît de Ru3^er : // est honnête homme, c'est bien dommage qu'il soit chrétien
(Chevraeana. Amsterdam, 1700, t. I, p. 91 92).
Les Allemands du xviii« siècle lisaient trop les livres français pour
ne pas savoir tout le bien qu'on pensait d'eux au pays de Bouhours,
de Dubos et de Voltaire. Dans le texte d'un professeur de Gôttingen
nous trouvons même Bouhours employé, au pluriel, comme nom
générique de ces Français déraisonnables qui contestent aux étrangers
tout esprit. A la 4" édition de Joh. Jacob Schmauss (prof. Gôttingen),
Compendium juris publici 5. R. /., le professeur J. H. Chr. von Selchow
{i) La Germanie traduite de Tacite par C, L, F, Panckoucke, p. viii (Introd.).
lO LE MUSEE BELGE.
{également prof. Gôttingen) met un avant-propos où il parle du
succès obtenu par le Compendium, et de la traduction française qxii a
été faite de cet ouvrage allemand : « Selbst Auslânder haben es
bewundert, und die von dem Herrn Ritter von Buat davon gemachte
franzôsische. wiewohl freie, Uebersetzung, welche unter dem Titul :
Tableau du gouvernement actuel de V empire d'Allemagne z\i Paris im Jahr
1755 auf 402 Octavseiten herausgekommen ist, gibt einen Bevreis
ab, dass dièses Buch selbst bey einer Nation geschâtzt ist, unter
welcher es noch immer urivernûnftige Bouhours gibt, welche noch
zweifeln : ob es in Teutschland verniinftige Leute gebe (i) ? » Singulière
traduction, et singulière interprétation du mot du P. Bouhours : dans
les récriminations du brave Selchow les Français ont l'air de mettre
en doute la raison même des Allemands, et cela quinze ans avant la
publication de la Critique de la raison pure !
Est-il besoin de rappeler que les Français étaient encouragés dans
leurs préventions par toute l'Europe, et particulièrement par les
gens de Frédéric ? Le baron de Bielefeld écrivait de Breslau à son
ami Jordan, le 12 octobre 1741 :
De trois beaux esprits allemands,
Grands parleurs et grands gourmands.
Fut renforcée la compagnie.
Les plats exquis qu*on nous servoit
Excitoient fort leur gloutonnerie,
Mais le sel attique manquoit
A tous les plats de leur génie 12).
Pour Bielefeld, évidemment, il y avait en Allemagne des « beaux
esprits » : il ne leur manquait que Tesprit. Eugène et Ariste se
seraient peut être mis d'accord sur cette interprétation. Les Entretiens
du P. Bouhours représentent la suffisance et les subtilités du classi-
cisme français à son apogée : dans cette fin du xvii* siècle, où
s'ouvre la querelle des Anciens et des Modernes (les Français n'ont
plus de rivaux que dans un passé très lointain), les critiques ont une
notion du bel esprit que réalise à la perfection l'esprit français.
L'Allemagne a beau avoir alors Leibnitz et recueillir les calvinistes
« réfugiés » : on n'aperçoit chez elle que lourdeur et pédantisme; et
Voltaire y retrouvera dans un demi-siècle Candide et Pangloss. En
attendant, le P. Bouhours et ses compatriotes ont beau jeu de faire
(1) Comp. jur, publ. S, R. I. \um Gebrauch der akademischen Lektionenj
4«, verbesserte Auflage, mit Anmerkungen im J. H. Chr. v. Selchow, Gôttingen
1766, Vorrede des Herausgebers, Blatt 5.
(1) Bielefeld, Lettres familières^ t. II, p. 56 (lettre LU).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II
le procès aux nations étrangères; les Femmes savantes, parues depuis
p>eii d'années, ont trouvé l'attitude à prendre :
Nul n'aura de Tesprit que nous et nos amis.
Aux circonstances historiques qui encadrent les Entretiens à'Ariste
et éT Eugène ^ il faut ajouter le caractère permanent de Tesprit national.
Le P. Bouhours et le bel esprit. Voltaire et son ironie ont passé,
Blûcher et Mme de Staël ont changé bien des choses; Heine a
trouvé les Français philosophant (i), parlant de Kant, Fichte, Hegel,
et devenant philistins. Et malgré tout il est resté en France un esprit si
peu répandu ailleurs que son nom même est intraduisible en alle-
mand. L'autre jour encore, M. Huret, rentré de Dûsseldorf, et gour-
mande par la presse rhénane, geignait dans une note explicative :
« Ingénuité désarmante .. Comment se risquer jamais de plaisanter
avec les Allemands? Il en est pourtant de bien spirituels. — à
Munich et même à Berlin » (2). Plaisanterie et esprit, art et goût : la
question de savoir si tout cela existe en Allemagne se ramène tou-
jours, chez M. Huret comme chez le P. Bouhours, à la question de
savoir ce qu'on entend par « avoir de l'esprit ». A. Counson.
La vie universitaire en i522.
Sous ce titre : Some letters 0/ Masters and Schoîars i5oo-i53o.
M. P. S. Allen, le très savant éditeur de la correspondance d'Érasme,
publie dans Tke english historicaî review, n^ d'octobre 1907, quelques
lettres latines inédites qui contiennent de curieux renseignements
sur la vie universitaire dans les premières années du xvi^ siècle. Nous
y remarquons trois épîtres envoyées de Louvain, en i522, à Henry
Golde, à Cambridge, par son ami Nicolas Daryngton, senior fellow
du St-John s Collège à Cambridge. Les originaux reposent au Bri-
(1 j Dans le temps même de Deutschland^ ein Wintermàrchen, les admirateurs de
la philosophie allemande n*oubliaient pas le P. Bouhours ; un traducteur de Fichte
rappelle le passé de la manière suivante : « L*esprit général de la nation allemande était
lui-même mis en cause. On lui reprochait des* tendances vagues, indécises : on lui
refusait cet indéfinissable achèvement des facultés intellectuelles, que l'on appelle
goût, esprit, jugement, sens pratique, suivant que Ton parle des arts, de la conduite
ou des affaires. Mais à l'impertinente et spirituelle question du père Bouhours^ si
souvent posée depuis deux siècles^ l'Allemagne elle-même n'a-t-elle pas péremptoire-
ment répondu? N'est-il pas douteux aujourd'hui qu'écrivain ni poète puisse jamais
avoir plus d'esprit et de goût que Goethe?...» (P. Grimblot, Préface du traducteur,
p. u, de la Doctrine de la science. Principes fondamentaux de la science de la
connaissance par } , G. Fichte, Paris, Ladrange, 1843).
(2) Jules Huret, En Allemagne, Rhin et Westphalie, Fasquelle 1907, p. i83, n. 1.
12 LE MUSÉE BELGE.
tish Muséum et au Record Office. Voici les réflexions que sug^gèrent
au voyageur anglais quelques mois de séjour en la cité brabançonne :
c Agimus nunc Louanii in Brabantia parum féliciter et cum tem-
poris dispendio ; Parisiis enim immorari non siuit belli seuicia fama
quam re maior. Sic insecuti sumus hucusque bonas litteras quasi
fugientes amatorem suum. — Sunt hic mihi parum iocunda théologie
exercitamenta. Frigide legunt, frigidius disputant, omnia, vt fenint»
cum modestia ; quam laudarem, si esset absque tarditate et suis nuga-
mentis. Parisiis clamatur vere Sarbonice et voce, quod dicitur^
Stentorea : fremunt aliquando ad spumam vsque et dentium stri-
dorem; medio igitur tutissimus ibis.»
a Est Louaniense oppidum situ quam populo magis gratum. Loca
sunt pulchra et menia prospectu amenisslma. Sed gentis amor ranis
et is vnicus fauor qui pecunia emitur. Egregii sunt potatores, ventris
inquam animalia. Maximam gloriam putant in maxima gula; quo
quisque est bibacissimus, eo fortissimus. Fecundos calices nunquam
purgare desistunt donec manus pedes oculi lingua ab officiis deficiant;
ac hostis es, si exhaurienti non respondeas. Cibus apponitur impurus,
impinguatus, incrassatus et vt vix loquar ex omni parte butyratus;
monstniosum plane foret prandium sine butyro.»
a Ecce descripsimus tibi felicitatem Teutoniconim. Nos intérim
solum admittimus secretum et priuatum studium; nisi quod Mêle
cosmographiam audiamus sub preceptore non vulgariter docte,
nomine Viue, Hispano génère ; sub quo et didicimus Julii Cesaris
vitam a Suetonio miro artificio conscriptam. Sentio preterea minus
perturbatum bonum studendi ocium hic quam vestre Cantabrigie... »
Suivent quelques détails sur les mœurs des étudiants de Cambridge
et quelques indications sur les faits du jour : Charles- Quint songe à
passer en Angleterre ; on vient de condamner, à Louvain, un frère
augustin, disciple de Luther, à la peine du feu pour hérésie... nisi
resipiscerei. » Et l'auteur ajoute avec un flegme tout britannique : Ignis
fidem extorsit quam non potuit rationis vis. De Louvain, 14 février
i522. (Brit. Mus. Ms. Harl. 6989. 7.) A. Roersch.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l3
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB.
Antiquité classique.
I. — Mrs Arthur Strong, Roman Sculpture from Augustus to
Constantine, London, Duckwoith, 1907. xvi-4o8 p. in-S®. 10 sh.
Mrs Strong, qui s*estfait un nom en archéologie, s'en tient ici rigou-
reusement à l'objet qu'annonce le titre de son livre; elle a négligé tout
ce qui, dans la sculpture de l'époque impériale, constitue une imitation
directe ou ime copie de Tart grec et s'est attachée exclusivement aux
œuvres d'inspiration romaine. La grande partie de celles-ci est
composée de bas-reliefs, entr'autres ceux qui décorent les colonnes
de Trajan, de Marc-Aurèle, et les Arcs de Triomphe. Un dernier
chapitre est consacré à l'étude des portraits.
Ce livre est à la fois le fruit d'observations personnelles et de
lectures étendues ; dans la partie qui traite de l'art romain aux
iii«, iv« et v« siècles, il expose et défend les idées émises par A. Riegl
dans son ouvrage monumental Die spàtràmische Kunstindustrie (Wien,
1901). Tous ceux qui ont abordé ce livre admirable, mais d'une
lecture si laborieuse, sauront gré à Mrs Strong d'avoir exposé dans un
style clair et animé les idées de l'archéologue autrichien. A. Riegl et,
après lui, Mrs Strong n'admettent pas les idées courantes en cette
matière, à savoir que lart romain, depuis la fin du ii' siècle, accuse
une décadence complète et presque subite, que les formes sèches qui
se détachent isolées sur un fond nu ou qui se groupent en masses un
peu confuses avec des oppositions très fortes de lumière et d'ombre,
témoignent d'une impuissance qui ramène souvent l'art à ses origines.
A. Riegl y voyait ime évolution consciente de l'art romain, la mani-
festation d'une esthétique différente de celle qui a dirigé l'art dans
les époques précédentes. Mrs Strong est convaincue de la vérité de
cette opinion ; elle l'expose et la défend avec chaleur.
Le livre de Mrs Strong — et ce n'est pas son moindre mérite —
est aussi le premier essai complet, à ma connaissance, d'un classement
chronologique des œuvres de l'art romain. Il est à souhaiter que ce
travail soit continué. De nombreuses questions, non seulement d'ar-
chéologie figurée, mais d'histoire religieuse, restent insolubles à cause
de l'obscurité et des incertitudes qui régnent en cette matière
L'illustration du livre suffirait à elle seule pour lui donner une
grande valeur. Il contient i3o reproductions irréprochables d'oeuvres
romaines que l'on ne pourrait se procurer qu'en achetant les grandes
publications d'où elles sont tirées. E. Remy.
LE MUSÉE EELGE.
2. — J. C. Bruce. The Hatid-book to he roman wall, F'* edit%4m
ediUd by Robert Blair. London, Longmans, 1907. 12® de x-277 p.
I carte et nombreux plans et gravures. 5 sh.
Si TAllemagne a son Limes^ qui constitue la frontière de Tempire
romain du Rhin au Danube et dont la direction exacte a pu être
établie grâce aux fouilles qu'on y exécute depuis plusieurs années,
la Grande Bretagne possède entre l'Angleterre et TEcosse de magni-
fiques ruines, bien mieux conservées que celles du Limes germartiqu4^
d'une double limite de l'empire (vallum et wall), construite en 117
par Hadrien et restaurée en 209 par Septime Sévère et allant du
Solway Firth jusqu'à l'embouchure de la Tyne. Bruce, après avoir
publié, de i85i à 1867, trois éditions d'un grand ouvrage sur les
ruines du mur romain (Roman Wall) et de 1870 à 1875 le Lapi-
darium Septentrionale reproduisant et commentant les inscriptions
découvertes dans le Nord de l'Angleterre et dont la plus grande
partie est conservée au Musée de Black Gâte de Newcastle-upon-Tyne,
fît paraître en i863 un résumé de ses travaux sous le titre de
The wallet book 0/ the roman wall dont la seconde édition parut en 1884,
et la troisième en i885. Après sa mort, ce fut M. Robert Blair, le
savant secrétaire de la Society of antiquaries 0/ Newcastle-upon-Tyne, qui
se chargea d'éditer la quatrième édition en 1895 et qui vient d'en
faire paraître une cinquième, mise au courant des dernières décou-
vertes et des résultats des fouilles entreprises, principalement sous la
direction de la Société de Newcastle, surtout de celles du grand camp
de Houtesteads (Borcovicus) et du rempart de tourbe dans le Cum-
berland, analogue à celui d'Antonin en Ecosse.
Après une introduction historique de la question^ l'auteur étudie
le mur de pierres (wall) et le vallum de terre qui se rencontre au Sud
de celui- ci,ainsi que la voie militaire qui a été reconnue à une certaine
distance en deçà du vallum; vient ensuite une étude détaillée des
diverses parties, de l'Est à l'Ouest, et des antiquités et inscriptions
qu'on y a découvertes. Nous signalerons surtout les curieux restes du
pont sur la Tyne près de ChoUerford, l'étude de Cilurnum (Chesters)
et du camp de Borcovicus, L'auteur examine ensuite les diverses
théories émises au sujet de la construction du vallum et du wall et
arrive à cette conclusion que les deux ont été élevés par Hadrien et
que Septime Sévère n'a fait que restaurer le mur de pierres (wall).
Le livre de M. Blair expose très savamment l'état de la question et
l'auteur est d'une rare prudence dans ses conclusions. Mais à côté
des difficultés de détail, un point qui n'est pas encore éclairci est
celui de savoir pourquoi derrière ce beau mur de pierres, et cela à
des distances variables, on a construit en même temps un rempart
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l5
en terre. Il est à espérer que, lorsque les fouilles du Limes seront
terminées et qu'on pourra écrire un travail définitif sur celui-ci, il
sera possible d'établir une comparaison scientifique entre les deux
systèmes défensifs de TAUemagne et de l'Angleterre et arriver ainsi à
résoudre divers problèmes au sujet desquels on ne peut encore
émettre maintenant que des hypothèses plus ou moins probables.
Quoi qu'il en soit, le livre de M. Blair est certes ce qui a été écrit de
mieux jusqu'ici sur ces vénérables ruines qui peuvent être rangées
parmi les restes romains les plus intéressants qui existent.
Adolf de Ceulenser.
3. — A. ^JV. Hodgman. Verb forms in Plautus. The Classical
Quarterly. Vol. I. July 1907. 49 pp.
Il serait difficile de résumer cette étude, car ce n'est qu'un catalogue
des formes verbales remarquables que l'on trouve dans Plaute.
L'auteur les a groupées avec soin, méthodiquement, ajoutant ^ de ci,
de là, un bref commentaire, ime courte observation. Il a surtout
voulu prouver que ce qu'on s'était habitué à considérer comme des
irrégularités dans la conjugaison plautinienne, est au contraire la
règle générale, l'usage communément suivi par le grand comique
latin. M. Hodgman montre un grand respect pour les manuscrits;
les leçons que d'autres avaient rejetées comme inadmissibles, il prend
à tâche de les expliquer. A l'époque de Plaute, la langue n'était pas
fixée : beaucoup de verbes, par exemple, pouvaient se conjuguer
d'après deux conjugaisons ; d'autres avaient à la fois la forme active
et la forme déponente. M. Hodgman en a noté 18 de la première
catégorie et 26 de la seconde. C'est donc une erreur de croire qu'en
pareil cas et dans beaucoup d'autres, les copistes se sont trompés,
quand ils n'ont fait que conserver des» formes possibles à l'époque de
Plaute. Quelques remarques intéressantes : M. Hodgman considère
faxo comme un futur simple (fac-so, comme XO-ouj)^ ainsi que les
formes en asso^ tels que amassOy aiicasso, Lindsay, du reste, (Die
LaUinische Sprache, bearbeit. von Nohl, Leipzig, 1897. p. 535), sans
être aussi affirmatif, avait insinué la même idée : « On peut consi-
dérer comme des futurs passés les formes en -(s)so de la i« pers. sing.
Ainsi on trouve faxo à côté de fecero chez Plaute, fr. 77 g : peribo si
nonjecero^ si faxo vapulabo, Capt. 695 : Pol si istuc /axis, haud sine poefia
feceris. Mais ces formes sont employées, aussi bien du reste que le
fiitur passé régulier, avec la signification du futur simple, par les
poètes dramatiques, et cela fréquemment; ex., Plaut., Poen.^ 888 :
nisi ero uni meo indicasso : je le dirai seulement à mon maître ».
M. Hodgman avait publié précédemment (dans la Classical Review^
i6 LB MUSÉE BELGE.
1902 et 1903) un travail semblable sur les formes des noms, des
adjectifs et des adverbes. Joints à la Syntax of Plauius de Lindsay,
ces deux articles nous donnent une grammaire complète de Plaute,
la morphologie et la syntaxe. Paul Hbnbm.
4. — L. Laurand, Études sur le style des discours de Cichon^ avet
une esquisse de rhistoire du Cursus, Paris, Hachette, 1907, xxxix-
388 p. in-8.
Ce livre est un de ceux dont la lecture doit être recommandée
avec insistance aux professeurs des athénées et collèges, qui ont
quelque discours de Cicéron à étudier dans leur classe. Il forme,
avec celui de J. Lebreton. Études sur la langue et la grammaire de Cicé-
ron (Paris, 1901), rinstrument indispensable à qui veut comprendre
et goûter le grand orateur romain.
Il n'est plus besoin de le dire aujourd'hui : tout n'est pas fiait,
quand Cicéron a été traduit, pas même, bien que cela soit indispen-
sable , quand on a replacé la pensée de l'orateur dans son « milieu •,
c'est-à-dire quand on a expliqué , d'une manière aussi vivante que
possible, les détails des faits et des institutions. Il faut encore que le
professeur découvre l'art particulier à Cicéron. Or cet art n'est pas
entièrement personnel à Torateur romain ; les principes en ont été
empruntés par lui à la Grèce ; sa part personnelle, c'est l'application
qu'il en a faite. Si l'interprétation d'un auteur doit consister — et
Ton se demande ce qu'elle pourrait bien être d'autre — à donner
ridée la plus exacte possible de son talent, il faut bien qu'elle
mette en lumière les principes esthétiques dont il s'est inspiré, c'est-
à-dire ceux qu'il doit au milieu dans lequel il a vécu et ceux qui lui
sont personnels. On parle beaucoup aujourd'hui d'esthétique à propos
des arts figurés et de la littérature. Si l'étude de l'esthétique ne veut
pas dégénérer en une élaboration vaine, artificielle et forcée de for-
mules abstraites et trompeuses, elle doit s'appuyer sur le terrain
solide de l'hisloire littéraire, c'est-à-dire tendre à donner une idée
claire des théories esthétiques dont se sont inspirés, aux différentes
époques, les génies qui ont illustré et les arts plastiques et les arts
littéraires.
Les théories de Cicéron ont été exposées par l'orateur dans les
œuvres de critique littéraire, dont les principales sont le Br$Uus, le
de Oratore et VOrator, ouj pratiquées par lui dans ses discours, bien
qu'il ne les ait pas exposées théoriquement dans ses autres écrits.
Pendant longtemps, sous l'influence du romantisme et par réac-
tion contre le classicisme, les modernes les ont traitées avec dédain.
Il semble bien qu'on en revienne et que, sur ce point encore, on
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I7
reconnaisse aux anciens la connaissance vraie des conditions natu-
relles de l'éloquence et l'intelligence du secret de sa force. Chose
remarquable, conscient ou non, ce retour à la rhétorique est venu
non pas de la société cultivée, mais au contraire des classes popu-
laires ; il a pour cause dernière l'avènement du peuple au pouvoir.
L'éloquence politique a cessé de s'adresser exclusivement à la partie
cultivée de la population, que son éducation même met en méfiance
contre le prestige de l'éloquence ; elle a dû se tourner vers le peuple
pour l'instruire, pour l'entraîner. Alors s'est lévélée aux orateurs
rinsuffisance de l'éloquence sèche, dédaigneuse de l'art, et la puis-
sance de la parole cultivée, sachant mettre en œuvre toutes les
ressources de l'art de bien dire, la puissance, en un mot, de l'élo-
quence dont Cicéron a tracé et pratiqué le technique dans ses œuvres.
Car, comme le dit quelque part M. Laurand, encore que certaines
de ces théories soient l'expression de cet esprit de curiosité qui a
souvent inspiré les Grecs dans leurs analyses , Cicéron , avec l'esprit
pratique des Romains, ne les expose que comme des moyens de
persuasion.
Le livre de M. Laurand rendra de grands services aux professeurs
qui voudront faire pénétrer leurs élèves dans l'esprit de l'éloquence
antique et particulièrement de l'éloquence de Cicéron. On trouvera
peu de syntaxe et peu de ce que nous appelons maintenant stylis-
tique. Ces parties ont été traitées par J. Lebreton. Mais on lira une
étude approfondie du vocabulaire et surtout de la rhétorique.
La première étude est comprise dans le livre I sous le titre de
Pureté de la langue. Ce livre contient une comparaison entre le voca-
bulaire des discours, des lettres, des traités et des citations.
Le livre II est consacré au nombre oratoire, dont les divers éléments
sont étudiés les uns après les autres : la partie la plus développée est
celle des clausules. Dans le livre III, dont la matière appartient aux
deux livres précédents, l'auteur étudie dans quelle mesure les pres-
criptions relatives à la pureté de la langue et au rythme oratoire sont
observées dans les discours. L'étude de M. Laurand, dans cette
partie, s'étend aux différents discours, à divers passages des mêmes
discours et aux parties que j'appellerai techniques de tout discours,
Fexorde, la narration, l'argumentation, la péroraison. Puis vient une
étude particulière sur le style des Philippiques, et enfin un aperçu du
plus haut intérêt, encore que bref, de ce que Cicéron doit aux
Atticistes et aux Asianistes.
J'essaierais vainement de doimer une idée complète de toutes les
questions générales et particulières traitées par M. Laurand dans son
Kvre clair et substantiel. Elles portent non seulement sur les questions
l8 LE MUSÉE BELGE.
essentielles du rythme oratoire avec tous ses éléments, sur la langue
littéraire, vulgaire et familière, mais encore sur d'autres points
spéciaux, tels que la composition du Pro Murcna^ p. 9, la première
Catilinaire, p. 7, etc. Et chacune de ces questions est traitée par
l'auteur avec un esprit critique, une rigueur, que montre un écrivain
en pleine possession de la méthode philologique.
Enfin le livre est pourvu d'une bibliographie générale et particu-
lière de Cicéron, qui suffirait à elle seule pour donner de la valeur
au livre de M. Laurand. E. Re my.
5. — Lateinischc Litteraturdônkmàler des XV » und XVI, Jahrhunderls,
N^ 17. Adrianus RouleriuS Siuarta tragoedia, Herausgegeb, von
Roman Woerner. Berlin, Weidmann, 1906, xx-65 pages,
pet. in-8\
Ce petit volume reproduit une tragédie en cinq actes, en vers
latins, œuvre de notre compatriote Adrien de Roulers, humaniste
de la Flandre française ; la Stuarta sive Cades Maria serenissima Scot,
Regina in Angl. perpetrata, qui fut représentée le i3 septembre iSgS
par les étudiants du collège de Marchienne à Douai. Elle parut à
Douai la même année chez la Veuve Boscard. Les exemplaires de la
première édition sont aujourd'hui rarissimes. M. Woerner n'en con-
naît que deux : ceux de Douai et de Wolfenbùttel. Je puis lui en
signaler un à la bibliothèque de la ville de Tournai (n'' 12169 du
catalogue de M. Am. Wilbaux).
Qu'est-ce qui a valu à la pièce d'Adrien de Roulers l'honneur
d'être reproduite au xx« siècle? L'éditeur nous l'explique en une
introduction fort intéressante et fort bien faite. En écrivant sa Stuarta,
notre compatriote portait sur la scène, six années après son accom-
plissement, un fait contemporain : la sanglante tragédie de Fothe-
ringhay. C'était la première fois qu'apparaissait au théâtre la douce et
mélancolique figure qui devait, par la suite, inspirer si fréquemment
les dramaturges. La Marie Stuart de Campanella, seconde en date,
ne vit le jour qu'en 1598. Elle est, d'ailleurs, aujourd'hui perdue.
La première Stuarta se recommande par les qualités les plus
sérieuses. M. Woeiner le dit avec raison, p. iv, la grande scène du
troisième acte l'emporte en puissance dramatique sur toutes celles
qu'écrivirent les successeurs de l'auteur, Schiller y compris.
Le souci d'exactitude historique et l'accent de vérité qui régnent à
travers toute l'action sont particulièrement frappants. M. Roman
Woerner prouve péremptoirement que la pièce repose sur des docu-
ments authentiques et que les détails si caractéristiques que l'on y
relève sont tiiés d'une relation du procès de Marie Stuart publiée à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. IÇ
Londres en i53y et du texte même d'une lettre écrite par la Reine
à larchevêque de Glasgow, peu avant son exécution.
M . Woerner s'est acquitté de sa mission d'éditeur avec tout le soin
désirable. Pourquoi faut- il que son travail soit déparé par une bévue
malencontreuse ?
L'auteur a lu quelque part les mots Adrianus de Roulers S et cette S
Tintrigue. Qu'est-ce que cela veut bien dire? « Das S (Sacerdos?) und
die Amtellungtn in Lille (Adrien de Roulers, après avoir enseigné la
poésie au collège de Marchienne, devint recteur du Séminaire de
Saint- Pierre et curé de Saint- Sauveur, à Lille) lassen vieil leichù auf
einefi Weltgei si lichen schliessen. Aller dings ist das O. S. B, in Frankreich
moifte bénédictin als Zusatz hinier dem Namen verhàltnismàssig jung, das
hlosse S, demnach hein sicherer Beweis (p. V, note 2). Où M. Roman
Woerner a-t-il trouvé cette S énigmatique ? Nous avons repris tous
les textes et avons retrouvé Tunique source possible. En tête de Tépître
dédicatoire de la Stuarta nous avons lu avec stupéfaction : Nohili et
sapienti viro Domino Antonio Blondelio , Cuinciorum domino et barofti^
pairono suo, Adrianus de Roulers S. n S =^ donc Salutem. C'est pousser
la distraction un peu loin. Alphonse Roersch.
Langues et Littératures celtiques.
6. — H, d'ArboiS de Jubainville. Tdin bô Cûalnge. Enlèvement
[du taureau divin et] des vaches de Cooîey, Traduction, Première livrai-
son publiée avec la collaboration de M. Alex. Smirnof. Paris,
Champion, 1907. 83 pp. in- 80.
M. H. d'Arbois de Jubainville, cet admirable travailleur sur qui ni
l'âge, ni la maladie ne semblent avoir de prise, a entrepris de traduire
en français le Tdin bô Cûalnge. Il dédie son œuvre au premier éditeur
du texte, M. Ernest Windisch (i). La traduction est aussi littérale que
possible, tout en restant française. Elle est complète, avec cette
restriction que M. d'Arbois a supprimé un chapitre intitulé « Route
suivie pour l enlèvement » qui, dans le texte irlandais, se compose dune
simple énumération de noms de lieux. « Ce chapitre, écrit le traduc-
teur, très intéressant pour ceux qui veulent étudier la géographie
ancienne de l'Irlande, nous a semblé inutile à mettre en français. La
géographie historique de l'Irlande est un sujet spécial qui, hors
d'Irlande, n'attirera pas beaucoup de lecteurs ».
On sait que M. d'Arbois, il y a longtemps déjà (2) , a proposé
(1) Voy. le compte rendu de cette édition capitale, dans le Buii, bibl, du Musée
belge, 1907, p. i36.
(2) Revue celtique, XIX, 245-So.
20 LE MUSÉE BELGE.
d'identifier le dieu Lug au Mercure gaulois, Cuchulin au Bûcheron
qui, sur les bas-reliefs de Paris et de Trêves, abat un arbre à coups
de hache, et le Dond de Cualnge au Tarvos Trigaranos du Musée de
Cluny. Cest pourquoi, il a illustré son texte de cinq planches qui
reproduisent les bas-reliefs de Paris et de Trêves, le Mercure de
Melun, et celui de Kemuz (Finistère).
Enfin, il a fait précéder sa traduction d'une longue introduction.
Il montre d'abord comment l'antique corporation àesfilid a conservé
les œuvres épiques ; il étudie les trois procédés de divination
enseignés dans les écoles, puis le rôle des druides dans la version du
Livre de Leinster ; bien qu'ils fussent mal vus du clergé chrétien, ils
continuent à jouer im rôle important dans Tépopée. M. d'Arbois
compare ensuite la religion druidique et la religion homérique et
termine une première partie par un rapprochement entre le Mino-
taure et le Taureau de Cooley.
Il établit ensuite im parallèle entre Cuchulin et les Cyclopes grecs,
puis aborde un point qui intéresse directement l'histoire de notre
pays. Il est en eflfet dans le Tàin fait mention des Galiôin parmi les
alliés de la reine de Connacht. Ces Galioin avaient été conduits en
Irlande, d'au-de-là des mers par Labraid Longsech. Il les avait ame-
nés de la terre du roi de Menia. M. d'Arbois propose de voir dans
M enta la Ménapie. Comme la question est trop importante pour être
traitée dans les limites d'un simple compte-rendu, je me propose de
la reprendre ailleurs.
La fin de l'introduction est consacrée à la coutume qu'avaient les
guerriers celtes de couper la tête à leurs ennemis tués, et d'en aban-
donner les dépouilles à leurs serviteurs.
Espérons que le savant professeur du Collège de France conduira
jusqu'au bout sa courageuse tentative. Victor Tourneur.
7. — P. Le GrOflf et A. Guillevic. Vocabulaire breton-français et
français-breton du dialecte de Vannes, Vannes, Lafolye, 1907.
Ce vocabulaire vient compléter la Grammaire vannetaise et les Exer-
cices des mêmes auteurs. En rendant compte de ces ouvrages (i), j'ai
dit toute l'utilité qu'ils présentaient. Cette dernière partie sera pré-
cieuse pour tous ceux qui voudront apprendre à connaître le dialecte
de Vannes : on y trouve non seulement les mots qui figurent dans
les exercices, mais encore la plupart des termes du vocabulaire usuel.
Espérons qu'un franc succès récompensera les laborieux auteurs
de la peine qu'ils ont prise. Victor Tourneur.
(i) Voy. Bull, bibl. du Musée beige, igoS, p. 409; 1904, p. 17b.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 21
8. — ^JVh. Stokes. Tke birth and life of St Moling. Londres,
Harrison, 1907. (Spécimens of middle-irish Literature^ n® i). 68 pp.
in-80.
Cette publication de la Vie de Si Moling est en quelque sorte une
seconde édition de la vie publiée par le même éditeur dans la Revue
celtique^ xxvii-260-304 pp. Elle en diffère en ce que le texte a été amé-
lioré, et en ce que les nombreux poèmes que Ton trouve intercalés
dans la prose, sont, cette fois, donnés in-extenso.
M. Wh. Stokes a utilisé deux manuscrits. Le plus ancien, le Liber
/lavus Fergussiorum est du xiv« siècle ; le second est un manuscrit en
papier du xvii« siècle conservé à la Bibliothèque royale de Bruxelles.
Ce dernier, malgré son âge récent, est de beaucoup le meilleur : il a
été copié fidèlement par Michel 0*Clery sur un très vieux manuscrit
aujourd'hui perdu, le Livre de Timulling.
La légende est mtéressante; elle est précieuse pour Tétude des
mœurs, des croyances et de la moralité des Vieux-irlandais.
La langue présente des particularités remarquables; M. W. Stokes
avec sa compétence bien connue, a réuni à la fin de l'ouvrage un
index des mots et des formes rares ou remarquables.
Victor Tourneur.
Langues et Littératures romanes.
9-10.— Victor Giraud et Joseph Girardin. Chateaubriand. Atala.
Reproduction de Védiiion originale, avec une étude sur la jeunesse de Cka-
Uaubriand, d'après des documents inédits, Paris, Fontemoing, 1906.
LXii (introduction), xxiv (préface d' Atala), 210 p. 3 f.
Les auteurs se proposent de publier un peu plus tard, quand ils
en auront recueilli tous les éléments, ime édition critique d'Atala (i).
En attendant qu'ils puissent réaliser leur projet, ils ont cru devoir
mettre sous les yeux du public le texte de l'édition originale du
célèbre récit de Chateaubriand, édition devenue introuvable. Pour
que l'illusion fût complète chez le lecteur, ils ont voulu tout repro-
duire du petit volume qui, le 12 germinal an IX (3 avril 1801), sortait
des presses de Migneret (2). Aussi Tont-ils fait réimprimer dans le
format, avec la justification, l'interlignagejes caractères.rorthographe,
la ponctuation de l'édition princeps. Idée originale et heureuse assu-
rément, et dont on ne saurait trop les féliciter ! Par là, ils nous pro-
( 1 ) Voir déjà un essai partiel de cette édition dans V. Giraud, Chateaubriand ^
Études littéraires^ p. 145-147 et 173-177. Paris, Hachette, igoS.
(2) On se rappelle qu'il a paru un an avant le Génie du Christianisme^ comme
« ballon d'essai ».
22 LE MUSEE BELGE.
curent, en quelque sorte, les fines et douces jouissances du patient
bibliophile qui a découvert une a rareté », et ils nous permettent de
revivre pleinement les sensations des contemporains de Chateau-
briand.
L'œuvre que nous promettent, après celle ci, MM. Giraud et
Girardin, nous réserve évidemment d'autres impressions. Elle nous
montrera Tun des travaux d'art les plus curieux de la littérature
française, c est-à-dire la refonte, par le génial prosateur, de son menu
roman, refonte qui a consisté en des corrections et des retouches
incessantes (i). Faut-il ajouter que les deux éditeurs sont bien pré-
parés pour mener la tâche à bonne fin? Faut- il redire combien sur-
tout M. Giraud s'est révélé jusqu'ici critique pénétrant, délicat et bien
informé pour tout ce qui regarde Chateaubriand ? C'est là un sujet
qui lui appartient, pour ainsi s'exprimer, par droit de conquête. Il le
prouve encore dans l'étude sur la jeunesse du grand écrivain, qu'il
donne ici comme introduction (2). Espérons donc qu'il ne tardera pas
à publier son Christianisme de Chateaubriand qui est en préparation et
qu il pourra également faire paraître bientôt, avec son érudit colla-
borateur, l'édition critique à'Atala. G. Doutrepont.
Une note pour annoncer un autre livre sur Chateaubriand, livre
qui ne se réclame pas des mêmes principes scientifiques, et qui n'a
pour objet que de mettre l'œuvre du prosateur à la portée d'un grand
nombre de lecteurs. C'est une anthologie due à M. L. A. Molien :
Pages choisies. L'auvre de Chateaubriand, extraits, analyses, études , Tours,
A. Cattier, 1907. L'auteur, suivant un usage qui se répand de plus
en plus pour ce genre d'ouvrages, introduit ses extraits ou les relie
entre eux par des analyses et des études diverses. De plus, il annote,
quand il le faut, le texte de Chateaubriand. G. D.
II. — Edmond Biré, Ecrivains et Soldats. Paris, Falque, 1907.
2 vol., 23o et 21 3 p., à 3 fr. chacun
Edmond Biré est mort au début de l'année dernière. Sous le titre
qu'on vient de lire, l'éditeur Falque a recueilli des articles divers qui
sont dus au regretté critique, mais sans expliquer aux lecteurs les
raisons d'être de cette publication. Nous ne songeons pas à entre-
prendre l'examen détaillé de ces articles où sont étudiés, à différents
points de vue, des écrivains comme le P. Gratry, Benjamin Constant,
Félix Arvers, Cuvillier-Fleury, Jules Simon, Taine, Thiers, Mgr Frep-
(1) Cf. H. Châtelain, Les critiques d'Aiala et les corrections de Chateaubriand^
dans la Revue d'histoire littéraire de la France, juillet-septembre 1902.
(2,. Cette étude avait été publiée déjà dans le Correspondant du 10 août igoS.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23
pel, Guizot, des soldats comme le Général de la Motte- Rouge, le
maréchal Canrobert, le duc de Nemours, ou encore un créateur
d'œuvres comme E. Lelièvre. Il nous suffira de rappeler que Biré était
un publiciste bien documenté, qui avait vu beaucoup d'hommes et
appris beaucoup de choses. C'est dire la valeur des deux volumes qui
viennent de paraître. Notons toutefois que tel des articles qu'ils
renferment remonte à 1886, et que d'autres sont des années 1892,
1895, 1897, 1898 (i). C'est, par conséquent, dire aussi que, depuis
qu'ils ont été écrits, une « littérature » nouvelle s*est faite autour de
certains sujets qu'ils abordent. Exemple : l'étude sur le poète Arvers
qui est datée de 1897 et qui est composée d'après un livre publié en
cette même année. On devine qu'elle a quelque peu perdu de son
intérêt après l'ouvrage de M. Léon Séché sur Alfred de Musset, de 1907,
ouvrage où figure l'écrivain du célèbre sonnet avec d'autres camarades
du groupe romantique. Quoi qu'il en soit, Biré avait assez d'infor-
mations et d'idées personnelles pour qu'on trouve de l'agrément et
du profit à le lire, et de cela nous donnerons aussi un exemple : c'est
l'article où il rectifie le Journal intime de Cuvillier- Fleury (I, p. i32).
Nous pourrions faire la même observation pour son autre article sur
Canrobert (p. 162). G. Doutrepont.
Langues et Littératures germaniques.
i2-i3. — P. Leendertz, Jr , Middelnederlandsche dramatische poêzie.
Leiden, A. W. Sijthoff, s. d. (1907). ccxviii-696 pp , in- 8. i5 fl.
Le même, Lanseloot van Denemerken, Zwolle, W. E. J . Tjeenk Wil-
link, s. d. (1907). 72 pp. in- 12. o fl. 35 (Zwolsche herdrukken^
2* reeks, n* 6).
La volumineuse publication de M. Leendertz contient tout le
répertoire dramatique de la littérature néerlandaise du moyen âge
(sauf une pièce, la Eerste hliscap van Maria, dont M. le professeur
De Vreese a retrouvé le manuscrit et qu'il publiera séparément) (2).
Le texte des pièces et les appendices (prologues, variantes, etc.) rem-
plissent près de 5oo pages: les notes et le lexique environ 200. L'in-
troduction, très étendue, nous renseigne sur toutes les questions que
soulève l'étude de ces textes. Le savant auteur traite d'abord de la
façon dont nous sont parvenus ces précieux documents (manuscrits,
vieilles impressions), des traductions et remaniements qu'on en a faits,
(1) Le reste a été fait en 1900, igoS, igoS et 1906.
,2) Je ne serai pas le seul, je pense, à le regreit^-r. Les deux bîiscappen qui nous
ont été conservées — la première et la septième — appartiennent à un même cycle
de pièces ; il eût été préférable, à tous points de vue, de les éditer ensemble.
24 LB MUSÉE BBLGB.
des éditions modernes qu*on en a données, puis passe à Texamea
même des pièces : la façon dont elles furent jouées, leur composi-
tion, date, auteurs, les sources d'où elles dérivent; enfin, il termine
par ime étude détaillée de la forme {langue et versification).
La tâche entreprise par M. Leendertz était difficile et délicate; il
mérite nos plus vives félicitations pour l'avoir menée à bonne fin.
Son travail est digne Vie la science actuelle. L'établissement du texte,
l'annotation, l'introduction, tout est à louer, parce que tout est fait
avec soin. M. Leendertz ne s'est épargné aucime peine pour nous
donner quelque chose de définitif; il n'a négligé aucun des problèmes,
très compliqués parfois, qui se rattachent à ce chapitre si intéressant
de notre littérature médiévale.
Dans la collection des Zwolsche hârdrukken, le même savant a donné
ime édition séparée d'une des pièces les plus attrayantes du théâtre
profane. La destinant à un public non spécialiste, il a ajouté au texte
de nombreuses notes, qui aident le lecteur à le comprendre ; il le fait
précéder d'une introduction, où il examine la pièce au point de vue
du contenu, de la valeur littéraire, de la langue, sans oublier les
détails nécessaires sur le représentation. Cette édition, dégagée de
tout étalage d'érudition et de tout appareil philologique, d'un format
commode et d'un prix qui la met à la portée de toutes les bourses, ne
manquera pas d'obtenir beaucoup de succès auprès de ceux qui ne
peuvent s'adonner à l'étude approfondie de tout le théâtre du
moyen-âge. C. Lecoutbrb.
14. — J. Leopold Hz., Lehrhuch der deuischen Sprache, hearheiUtfur
nicderlàndische hoeherc Lehranstaltm und zum SelhstunUrricht, 6* Aufl.
Breda, P. B. Nieuwenhuijs, I907. viii-332 pp. in-8. 2 fl. 90.
J ai annoncé ici -même la cinquième édition de ce Lehrhuch (voir
Buîl.^ t. IV, p. m). L'auteur, qui n'avait pu la préparer en entier
lui-même, n'y survécut pas longtemps. Les modifications de l'édition
présente sont dues à M. van Julsingha; elles sont assez importantes,
mais nont malheureusement pas enlevé à l'ouvrage son unique
défaut : celui d'être touffu. On peut regretter que M. van Julsingha
n'ait pas donné suite à son plan de remaniement total. On regrettera
aussi qu'il ait supprimé, à la fin du volume, le Wortregister, qui
rendait de réels services. Au demeurant, le livre a gardé ses qualités
solides qui le placent, malgré ses imperfections, au premier rang des
ouvrages similaires. C. Lecoutere.
i5. — Jahresherichte fUr neutre deutsche Literaturgeschichie. Bd. XIV
(Jahr 1903). Berlin, B. Behr, 1906-1907, 876 pp.
La principale publication critique concernant l'histoire de la litté-
rature allemande se présente à nous dans une complète et très heu-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SS*
rense refonte. Pour rattraper la distance trop grande entre la date de
publication d'un ouvrage et le compte rendu dans les Jahresherichte^
la rédaction a décidé de publier tout d'abord la bibliographie, ensuite
dans une livraison ultérieure l'appréciation critique et enfin dans une
dernière livraison la table des matières. La bibliographie, à elle seule,
rend de grands services, telle qu'elle nous est présentée.
Les indications bibliographiques sont des plus consciencieuses»
pas le moindre détail n^est omis ; au surplus, une note, à la suite du
titre, indique le contenu exact de l'ouvrage, chapitre par chapitre, et
souvent aussi les comptes rendus critiques. Pas la moindre disserta-
tion, pas un article de revue ou même de journal n*est passé sous
silence ; il y a parfois exception pour les études parues à l'étranger.
La rédaction adresse un appel pressant à tous les érudits, les priant
de lui donner communication de leurs publications ; il est à souhaiter
que cet appel soit entendu, notamment en Belgique, où trop de
publicistes se préoccupent trop peu de faire connaître leurs travaux
à l'étranger et particulièrement dans le pays que leurs études con-
cernent. Il se trouve dans les JahresherichU un chapitre très intéressant
c La littérature allemande et l'étranger i , où il est rendu compte des
études parues à l'étranger sur la littérature allemande et de celles^
publiées en Allemagne sur les littératures étrangères. Le rapporteur,
M. K. Jahn, analyse soigneusement les publications sur la littérature
belge en Allemagne — elles sont au nombre de 54 — mais il passe
sous silence les articles parus en Belgique sur la littérature allemande;
ces derniers sont pourtant cités assez complètement dans la partie
bibliographique.
La partie critique comporte quatre grandes divisions : partie géné-
rale, littérature allemande du i5« au i7« siècle, puis du i7« au i8«,
enfin du i8« jusqu'à l'époque contemporaine.
La partie générale comprend des chapitres spéciaux notamment
sur l'histoire de la philologie, de l'enseignement et de l'éducation,
de la langue allemande, de l'art, etc. L'esthétique et la poétique, la
littérature scolaire, la métrique, etc. y sont également traitées. On
voit que les Jahresherichtc peuvent intéresser loin au delà du cercle
étroit des philologues et des spécialistes en littérature allemande.
Les subdivisions des autres parties se règlent généralement sur celles
des différents genres poétiques; les grandes personnalités comme
Luther, Lessing, Herder, Goethe et Schiller sont traités à part. Pour
Goethe, sur lequel 769 travaux ont paru pendant l'année en ques-
tion, une subdivision (partie générale, vie, poésie lyrique, épique,
dramatique) s'est même imposée. Je note encore les chapitres consa-
crés aux grands savants, aux humanistes et poètes néo- latins, à
10 LE MUSÉE BELGE.
l'histoire de Topera, à l'école romantique, à Heine et la jeune Alle-
magne. Les différents chapitres sur la littérature didactique des
divers siècles rendent compte des ouvrages les plus divers et reflètent
exactement tout le mouvement intellectuel de l'Allemagne, que ron
ne trouvera nulle part aussi nettement exposé que dans les jfahres-
herichU fur deutsche Literaiurgeschichte. H. Bischoff.
Histoire et Géographie.
i6. -- C. Van Overbergh et Ed. De Jonghe. Les Bangala
(Etat- Indépendant du Congo). Bruxelles, De Wit, 1907. In-8 de xv-
458 p. et I carte. 10 fr.
Le Congrès de Mons émit le vœu de voir créer un bureau inter-
national d'ethnographie dans le but de centraliser les résultats d'une
enquête ethnographique, faite d'après un questionnaire conçu sur
un même plan ; et chargea une commission internationale de le réa-
liser. M. Van Overbergh vient de publier une monographie ethno-
graphique sur les Bangala, en collaboration avec M. E. De Jonghe,
constituant le I^ volume d'une collection de monographies ethno-
graphiques et pouvant servir de modèle aux monographies futures.
Les auteurs ont extrait de nombreux livres publiés sur les Bangala
toutes les notices ethnographiques et les ont groupées dans un ordre
idéologique correspondant aux 202 numéros du questionnaire de la
Société belge de sociologie. Ils ont soumis à un examen spécial
chaque paquet de fiches, ont fait un triage, ont classé chaque fiche
de chaque groupe selon son importance ; et, afin de donner à chaque
notice une valeur de documentation définitive et quasi-indiscutable,
ils ont soumis ces fiches à l'examen de quelques spécialistes, —
savants ou explorateurs, — afin d'en vérifier l'exactitude et de leur
donner les compléments nécessaires. Les réponses ont de nouveau
été contrôlées avant l'impression définitive des fiches. La publication
est faite par fiches détachables de manière à pouvoir, dans la suite,
compléter l'enquête et la tenir à jour.
Chaque renseignement est publié dans la langue choisie par son
auteur. En tête de l'ouvrage se trouve une bibliographie générale
sur les Bangala, qui ne comprend pas moins de i5 pages, suivie
d'une bibliographie systématique spéciale. Les renseignements sont
publiés sous les sept rubriques suivantes ayant en tout 202 subdi-
visions : Renseignements géographiques et ethnographiques géné-
raux, vie matérielle, vie familiale, vie religieuse, vie intellectuelle,
vie sociale et caractères anthropologiques. Cette publication a une
importance et une valeur scientifiques de premier ordre. La somme
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 27
de travail, pour arriver au résultat que les auteurs avaient en vue, est
immense. La méthode est parfaite et de la plus grande rigueur
scientifique; aussi peut- on considérer ce volume comme un modèle
du genre. Pour ne parler que du Congo : lorsque nous posséderons
des monographies analogues à celle-ci sur les principales peuplades
congolaises, il y aura moyen d'écrire une synthèse ethnographique
vraiment scientifique de l'Afrique centrale.
Adolphe de Ceuleneer.
17. — E. de* Jonghe, Les sociétés secrètes au Bas-Congo. Bruxelles,
1907. 74 pp. (Extrait de la Revue des Questions scientifiques).
Après Frobenius et Schurtz, dont les théories sont sérieusement
discutées, M. E. de Jonghe vient d'étudier, dans ce savant travail,
les rites de la puberté par lesquels on transmet aux jeunes Congolais
les traditions religieuses et on les prépare à la vie publique, dans
leurs rapports avec les sociétés africaines L'auteur examine succes-
sivement, pour les deux institutions, le Nkimba et le Ndembo, l'aire
d'extension et le nom, l'âge des adeptes, le choix des adeptes, la
durée des épreuves, le lieu des épreuves, les cérémonies d'entrée, les
noms donnés aux Nkimba, les déformations artificielles, l'éducation
et l'instruction, les prescriptions et les défenses, les cérémonies de
sortie, les conséquences des épreuves, et arrive à cette conclusion que
dans l'état actuel de nos connaissances et par suite de l'insuffisance
des documents que nous possédons, il n'y a pas moyen d'arriver à
une solution définitive sur ces deux institutions. Il a réuni tous les
faits connus jusqu'à ce jour, et admet provisoirement que le Nkimba
est un organisme d'instruction religieuse et de formation civique, une
institution normale et régulière, tandis que pour le Ndembo, moins
connu du reste, les cérémonies paraissent plutôt anormales et
irrégulières et se rapprochent de la magie. Ce travail constitue une
contribution fort importante aux études ethnographiques du Bas-
Congo. Une bibliographie fort complète, qui n'occupe pas moins de
1 1 pages, termine cette suggestive étude.
Adolf de Ceuleneer.
18. — Jean Parsy. S. Éloi, Paris, Lecoffre, 1907, 190 pp. 2 fr.
(Collection « Les saints ))).
Le culte, la légende et la chanson se sont ligués pour rendre saint
Éloi éminemment populaire en France, dans le Tournaisis et dans
la Flandre. Cependant nous n'en avions pas jusqu'à ce jour une
véritable biographie. M. Paul Parsy vient de combler cette lacune
hagiographique dans la collection « les saints ».
28 LE MUSéB BELGE.
Il faut lui savoir gré de ne pas s'être découragé devant les difl5-
cultés du sujet. L'auteur n'avait comme document fondamental que
la « VitaEligii «Jadis attribuée à saint Ouen, l'ami et le collègue
de saint Éloi à la cour et plus tard son confrère dans TÉpiscopat,
Aujourd'hui, après les travaux de Vacandard et de Krusch, il reste
acquis que l'œuvre primitive est perdue et que le document littéraire
en notre possession en est un remaniement, dû à un moine de
l'époque carolingienne. On connaît la mentalité de ces remaniexirs
du moyen âge et l'on sait combien leur intervention maladroite est
fâcheuse pour l'historien. Pour eux, la sainteté est une marche
constante sur les flots, c'est une vie remplie de merveilleux, c'est un
miracle en permanence. « Les faits ordinaires de la vie, par lesquels
on voit que si les saints furent grands, il furent aussi ce que nous
sommes, et dont la conclusion est que ce qu'ils ont été, peut-être
nous pourrions le devenir de même, ces faits qui, cependant, encou-
ragent à vivre et soutiennent dans la lutte pour la vertu, ces faits- là
de parti pris, on les supprimera, et l'on croira bien faire (p. vi) ».
C'est conformément à cet esprit que le moine de Noyon a malen-
contreusement noyé dans sa prose et ses pieuses enluminures le
travail primitif de Tévêque de Rouen, sans se soucier davantage de
la chronologie ni de l'ordre des faits.
L'art de l'historien doit tirer cependant de ces monuments impar-
faits la physionomie morale et la psychologie du Saint. M. Parsy Ta
tenté avec un réel succès pour saint Eloi. Ressusciter à treize siècles
de distance un homme remarquable dans sa personnalité et dans ses
œuvres n'était pas chose aisée. Plus d'une fois, le lecteur voudrait
une vision plus nette. L'auteur le sait bien et il nous en prévient
dans sa préface. « A travers les lentilles par lesquelles nous voyons
le passé, jamais l'image que nous en avons n'est parfaitement mise
au point (p. viii) ». Néanmoins, le résultat est digne d'éloges.
Né à Chaptelat vers Sgo, d'une famille de travailleurs, Éloi s'élè-
vera à la notoriété et à la gloire par son talent et son labeur. Des
bâtiments d'une exploitation agricole, le modeste ouvrier passe bien-
tôt dans les ateliers d'orfèvrerie et de monnayage, établis à Limoges
par les rois mérovingiens ; et de là, à Paris. C'est dans cette dernière
ville qu'il rencontre le trésorier royal Bobbon, avec lequel il entre
en relations. Ici se place l'épisode du fauteuil de Dagobert. Ce prince
voulait qu'on lui fît un siège en or, enrichi de pierreries. Bobbon
propose pour cette œuvre particulièrement délicate le jeune Limousin
dont il a pu apprécier la valeur d'artiste. Éloi accepte ; et avec la
quantité d'or mise à sa disposition, il fabrique deux fauteuils au lieu
d'un, par un miracle de Dieu, un miracle de son art ou un miracle
PARTIE BIBLIOGRAPHigUB. 29
de sa probité. Désormais Torfèvre a conquis toute Testime et toute la
confiance de son roi. « C'est un côté de la vie de saint Éloi qui n'est
point fait pour déplaire à notre époque démocratique que celui-ci, où
nous voyons un jeune homme, sorti d'une famille roturière, arriver
aux charges les plus hautes, aux fonctions les plus enviées dans l'État
mérovingien (p. 57) ».
A la cour des rois mérovingiens, Éloi use de son crédit auprès
de Dagobert pour fonder le monastère de Solignac, racheter de
nombreux esclaves, embellir des sanctuaires célèbres, organiser des
œuvres hospitalières pour les pèlerins. Avec quelques nutricii du roi,
il formait, parmi les fonctionnaires entraînés par le tourbillon des
affaires et celui des plaisirs, un groupe d'élite qu'unissait la fascination
d un même idéal : vivre parfaitement dans le christianisme et accom-
plir fidèlement les devoirs d'état. Ces palatins exceptionnels devaient
presque tous illustrer plus tard des sièges épiscopaux : S. Ouen,
celui de Rouen; S. Sulpice, celui de Bourges; Béthaire, celui de
Chartres; Rusticus et Didier, celui de Cahors; S. Éloi, celui de
Tournai -Noy on, réuni depuis quelque temps.
Bâtisseur de monastères, apôtre de la perfection et de la christia-
nisation des peuples quand il vivait encore dans l'état laïc, Éloi
devait l'être plus encore dans le cours de son épiscopat. Ici les
détails abondent; et nous devons renoncer à un résumé qui nous
mènerait trop loin.
Sans doute, il n'y a dans le livre de M. Parsy rien de bien neuf;
mais c'est une excellente mise à point des travaux accomplis sur ce
sujet depuis quelques années ; et il sait mettre en son récit le pitto-
resque qui lui rend l'éclat du réel. Convaincu que l'âme réfléchit le
monde au milieu duquel s'écoule l'existence, comme le ruisseau
reflète la vie qui s'anime au bord de ses rives, il a bien situé son
héros et il a retiré de précieuses ressources de ce que l'on pourrait
appeler, le cadre du sujet : tel que la topographie du pays, l'histoire
de l'orfèvrerie, les institutions mérovingiennes.
Quelques inexactitudes, du reste peu nombreuses, se sont glissées
sous la plume de l'auteur. Ainsi, c'est par distraction probablement
que M. Parsy fait vivre Hériman de Tournai au xiii^ siècle (p. i33).
Hériman devint abbé de Saint-Martin en 1127. Parti vers 1147 à la
croisade, il s'arrêta pour certaines affiaires à Rome au palais de
Latran, où il écrivit le livre auquel M. Parsy fait allusion. Nous
maintenons le doute que nous avons exprimé autrefois à propos de
ces origines lointaines de la grande abbaye toumaisienne. Nous
restons également sceptique pour ce qui concerne la fondation de
Dunkerke par saint Éloi (p. Si et svv.). D'abord cette localité était en
30 LE MUSÉE BELGE.
dehors de sa double circonscription ecclésiastique ; et la prodigieuse
activité du saint Évêque pouvait à peine suffire aux premiers besoins
de son immense diocèse de Tournai- Noy on. Ensuite le nom lui-
même proteste contre cette thèse. Tout le long de la côte, depuis
Dunkerke jusqu'à Bruges, s'éparpille une série de communes qui
tirent leur nom de leur église kerk, avec un radical emprunté tantôt
à une circonstance matérielle tantôt au fondateur de Téglise ou au
patron. On a fait observer que cette particularité du littoral belge
appartient à une des catégories les plus récentes de la toponymie.
M. Parsy place la mort de saint Éloi au i^"" décembre 659, sous
prétexte qu'un privilège d'Emmon pour Saint-Pierre-le • Vif , en 660,
porte déjà la signature du successeur, saint Momelin (p, 168). Nous
préférons la date de 660 (i*"^ décembre). Car il est une autre charte
d'Emmon en faveur du monastère de Sainte-Colombe, du 26 août 660,
laquelle présente encore la souscription de saint Éloi. Pour concilier
le premier fait avec le second, il suffit d'admettre l'hypothèse très
ordinaire d'un retard dans l'expédition.
Enfin, dans la vie posthume de son héros, nous aurions voulu voir
l'auteur insister davantage sur le culte que lui ont voué les popula-
tions du Tournaisis et de la Flandre, où il occupe un rang particu-
lièrement honoré, en compagnie de saint Amand, le missionnaire du
Nord, et de saint Martin, lapôtre des Gaules.
En tous cas, M. Parsy aura prouvé une fois de plus par son livre
que ce n'est pas toujours ressembler au chasseur qui court deux
lièvres que d'essayer de composer à la fois une œuvre édifiante et un
ouvrage historique. J. Warichez.
Philosophie.
19. — Marlus Couallhac. Maine de Biran. Paris, Alcan, 1905.
I vol. in 8. 7 fr. 5o. (Collection des Grands Philosophes.)
Quelle place faut-il assigner à ce penseur parmi les princes de la
philosophie? Cousin le proclamait « notre maître à tous » et « le
plus grand métaphysicien du siècle ». L'Allemagne en revanche (i)
et même l'Angleterre ne paraissent pas avoir fait tant de cas de sa
doctrine. En France, après des fortunes variées, son rôle et sa valeur
semblent plus justement appréciés de nos jours quand on en fait le
rénovateur de la psychologie (Ruyssen) : j'ajouterai surtout de celle
qui s'appuie sur l'observation intérieure. Quelle pénétration n a-t-il
(1) Trois livres sur lui en cent ans, ceux de Kônig '^iSSg), de Kûhtmann ''1901)
et d'Alb. Lang (igoB. C'est peu, si l'on compare cette «littérature » à celle des
autres philosophes même étrangers à l'Allemagne.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3l
pas déployée sur ce terrain ! Que d'énergie et de subtilité dépensées
pour saisir, dans leur racine et suivre dans leur développement la
vie du moi et nos autres genres de vie I Je n'oserais dire qu'il n'a
jamais perdu le fil qui peut nous conduire à travers ces dédales.
Quant à son point de départ, — même en admettant la correction
d'Ampère, qui ne voulait pas réduire le fait primitif ou l'effort à un
effort purement musculaire, — il reste acquis que le caractère contin-
gent de ce point de départ se communique à Tœuvre tout entière :
M. Merten signalait déjà la chose en 1867 dans son livre sur Maine
de Biran (p. 97 et passim). Au fond qu'est-ce que ce « moi », sur
lequel l'auteur français prétend asseoir tout son système ? — Pour
lui, c'est plus qu'un phénomène, et c'est moins qu'une substance.
Alors quoi? Tertium non datur. Mais M. Couailhac n'insiste pas sur
ces difficultés : son but, comme celui de la collection à laquelle
appartient cet ouvrage, est de nous faire connaître le philosophe
objectivement, tel qu'il est, fans se placer à un point de vue qui n'est
pas le sien. Pour cela, il use moins des travaux qui ont paru sur lui
que des écrits mêmes de ce philosophe, y compris ceux qu'on a
publiés naguère, notamment du traité Science et psychologie^ édité
par M. Bertrand en 1887. Armé de ces documents, il nous présente
d'abord le milieu intellectuel et social qui a préparé Téclosion de cet
esprit ; puis il décrit l'évolution même de cette pensée s'afFermissant
et s'élevant d'une manière continue, bien qu'avec un peu de lenteur
et parfois avec une certaine hésitation. Il suit son auteur pas à pas à
travers ces diverses étapes, avant tout préoccupé de montrer comment
il passe de l'une à l'autre et comment celles-ci se relient, se subor-
donnent et finissent par former un tout organique. C'est même le
trait saillant de ce livre, M. Couailhac se refusant de scinder, comme
d'autres font, la carrière philosophique de Biran en trois périodes
nettement séparées et même contraires, celles du sensualisme, du
spiritualisme et du mysticisme.
La mort a empêché le sagace et consciencieux critique de mettre
la dernière main à un ouvrage qui contient déjà tant de parties
remarquables. Elle l'a empêché également de recevoir la récompense
que lui a décernée pour ce beau livre l'Académie des sciences
morales et politiques. t A. Grafé.
Notices et annonces bibliographiques.
20. — Jules Nicole, U Apologie d'Antiphon ou XÔTOçirepl jucTaaTdaeiwç d'après
des fragments inédits sur papyrus d'Egypte. Genève, Georg et C'«, 1907, 55 p.
Le discours qu'Antiphon de Rhamnonte, le plus ancien des orateurs athéniens,
FroQonça pour sa défense en Tan 411 ou 410 av. J.-C, lorsqu'il fut accusé du crime
32 LB MUSÉE BELGB.
de haute trahison après la chute du gouvernement oligarchique dit des Quatre Otttx,
était, au jugement de Thucydide, le chef-d'œuvre du genre. On n*en possédait plin
rien sauf deux passages insignifiants cités par un grammairien de basse époque.
Dans son dernier voyage en Egypte, M. le Prof. Nicole en a retrouvé et acheté
pour la bibliothèque publique de Genève de beaux fragments conservés sur papyrus,
ils permettent de reconstituer le plan du discours, d*en apprécier le caractère et
forment une contribution aussi précieuse qu'inattendue, non seulement à la connais-
sance des lettres grecques, mais encore à celle d'une des époques les plus obscures
iusqu*ici de Thistoire d'Athènes.
Un fac-similé en phototypie du nouveau papyrus de Genève illustre utilement
rétude complète consacrée par M. J. Nicole à V Apologie d'Antiphon.
21. — A paru, dans une collection bien connue de nos lecteurs (Mûnchener Bei-
tràge :(ur romanischen und englischen Philologie hrsg. von H. Breymann und
J. Schick, xxxvii Heft), une étude de Fr. Jakob, DieFabel von Atreus und Thjrestes
in den wichtigsten Tragôdien der englischen, framçôsischen und italienischen Ute-
ratur. Leipzig, A. Deichert, 1907. 4 m.
23. — La fameuse aventure des « Amants de Venise » a fait éclore une nouvelle
enquête : Alfred de Musset im Urteile George Sand's. Eine kritische Untersuchumg
ûber den historischen Wert von George Sand's Roman « Elle et Lui»^ par M. Kom-
BAD WoLTER, (Berlin, Weidmann, 1907, 2 m. 40). C'est un livre composé avec
méthode et conscience, qui occupera une bonne place dans la bibliographie si abon-
dante de l'affaire George Sand- Musset.
23. — G, Cohen. Geschichte der Ins^enierung im geistlichen Schauspiele des
Mittelalters in Frankreich, Ins Deutsche ûbertragen von D' C. Bauer. Leipzig*
1907, W. Klinkhardt.
Nos lecteurs connaissent, par le compte rendu qui a paru dans ce Bulletin (1906,
p. 353-4), l'ouvrage de M. Cohen, Histoire de la mise en scène dans le théâtre reli-
gieux français du moyen âge. Nous ne redirons donc plus quels sont ses mérites,
et nous nous contenterons d'annoncer la présente traduction, dans laquelle l'auteur
déclare avoir introduit ( malgré Paccueil favorable qui a été fait à l'édition française)
bon nombre d'additions et d'améliorations, qu'il doit en grande partie à la critique.
24 — J. Renault, Louis Veuillot. Biographie populaire, In-8®, raisin, avec por-
trait, 2,00. franco, 2,35. P. Lethielleux, 10, rue Cassette, Paris.
Ce volume est une étude sérieuse et complète sur la vie et l'oeuvre du grand chré-
tien et du maître écrivain que fut Louis Veuillot.
Dans les travaux de ce genre, recueil à éviter, c'est l'ornière des généralités
banales qui ne caractérisent particulièrement aucun acte. On ne pourra certes pss
adresser ce reproche à cette œuvre, qui est vraiment une œuvre personnelle de
consciencieuse analyse.
Le manuscrit de cet ouvrage fut soumis à Eugène Veuillot, frère du grand polé-
miste et, dans un feuilleton qu'il lui consacra dans V Univers du 8 avril 1905, il féli*
cita vivement l'auteur de cette œuvre chaleureuse oit un « catholique dévoué et lettré
loue un maître ».
%. « M. Jules Renault, écrivait-il, fait une biographie brève et animée de Louis Veuil-
» lot ; il s'applique avec succès à montrer en même temps l'homme privé et l'homme
» public, rhomme de la famille et Técrivain de combat, le poète, le penseur, le
» soldat. )>
Ce livre, dans lequel l'auteur a intercalé avec bonheur quelques-unes des plus
belles pages de Veuillot, a sa place toute marquée dans les bibliothèques familiales.
PARTIE BIBLIOGRAPHigUB. 33
Sa lecture sera pour tous un régal littéraire, pour beaucoup une révélation et, pour
la jeunesse, à plus d'un titre, une haute et tangible leçon de courage patient, de
f>ersévérante énergie, de valeureuse intrépidité et de dévouement sans bornes.
25. — E. Lavisse, Histoire de France, Tome septième, II. Louis XIV. La
Religion. Les lettres et les arts. La guerre. 1843- 1685, par E. Lavisse. Paris,
Hachette, 1907. 6 frs.
Cette seconde partie du tome septième est de M. Lavisse lui-même. Il s*occupe dans
les deux premiers livres du gouvernement de la religion (jansénisme, gallicanisme,
protestantisme) et du gouvernement de l'intelligence (administration intellectuelle,
académies, les lettres et les arts, Térudition et les sciences). Le livre suivant est
consacré à la politique extérieure (l'Europe en 1661, la force militaire, la politique
extérieure depuis 1661 jusqu'à la trêve de Ratisbonnej. Ce volume qui termine
une période, se termine lui-même par un livre intitulé : La fin éCune période.
Retour sur l'histoire politique i6ôi-i685. L'État en i685. La vie privée du Roi. La
0>ur en i685 et la vie de Cour.
a6. — E. Thouverez, Charles Darwin. 1 vol. in- 13 (Collection Science et Religion
no» 438-439). Librairie Bloud et C>*, 4, rue Madame, Paris (VI«). 1 fr. 20.
On trouvera, dans ce volume, en même temps qu'un exposé critique et complet
^u Darwinisme, une sorte de biographie psychologique, succincte, mais singulière-
ment suggestive, de Darwin. L'auteur étudie successivement l'Hérédité des Darwin,
puis VÉducation de Charles Darwin, son Voyage autour du monde, sa vie pendant
le Séjour à Londres^ enfin les Dernières années à Down. Passant à l'examen du
système, M. Thouverez consacre un premier chapitre aux prédécesseurs de Darwin:
Erasme Darwin en Angleterre, Goethe en Allemagne, Lamarck et Buffon en France.
Ainsi il arrive à l'exposé et à la discussion des idées émises par Darwin dans le livre
sur VOrigine des espèces et présentées analytiquement dans les Variations. Après
un bref résumé des ouvrages publiés postérieurement, vient l'hiçtoire du Darwi-
nisme chez les disciples de Darwin jusqu'à nos jours. L'auteur termine par une
critique du système qu'il définit *< une certaine forme entre plusieurs possibles, du
transformisme qui est en lui-même une forme de l'évolution», et montre comment
on peut établir, sur la théoi*ie évolutionniste, une thèse qui concilie les exigences
techniques et positives de l'intelligence spéculative avec les exigences métaphysiques
et religieuses de la volonté morale.
27. — Le baron Carra de Vaux, Newton, i vol. in- 12 (Collection Science et
Religion, séné Philosophes et Penseurs^ no 437). Librairie Bloud et O; 4, rue
Madame, Paris VI». Fr. 0,60.
Les résultats des travaux de Newton sont pour la plupart entrés dans l'enseigne-
ment classique; mais ils y sont répartis d'une façon quelquefois un peu artificielle
entre les enseignements élémentaire, spécial et supérieur; et ils n'y sont pas toujours
exposés avec la méthode même de l'auteur. Dans ce livre, tout en recherchant la
simplicité autant que de pareilles questions le comportent. M. Carré de Vaux a
rendu à ces résultats leur groupement et leur unité originels; il a fait voir comment
le génie de Newton les avait obtenus et sur quels antécédents il s'était appuyé. Il a
d'ailleurs mis en relief la physionomei philosophique et morale du gra.id savant, et
montré chez lui, à côté du génie qu'on ne peut qu'admirer, des qualités comme le
scrupule scientifique, l'honnêteté civique, la foi religieuse, que le plus modeste
travailleur peut et doit imiter.
28. — Georges Goyau, Ketteler. Bloud, 4, rue Madame, Paris, 1907. 1 vol.
3 fr. 5o. (La Pensée chrétienne).
Ce que s'est proposé l'auteur de ce volume, c'est de faire connaître par des frag-
ments bien groupés, Ketteler doctiur social. L'Eglise et les temps nouveaux; r£glise
LE MUSÉE BELGE.
et les diverses variétés d'absolutisme; l'Eglise et le problème de la propriété; l'Eglise
et la question ouvrière ; la politique sociale ; telles sont les cinq rubnques sous
lesquelles viennent se ranger d*abondantes citations de Tœuvre de Ketteler
éclairées, et commentées par une longue prélace historique. « Mon âme tout
entière, écrivait le grand évêque de Mayence, est attachée aux formes nouvelles,
que les vieilles vérités chrétiennes créeront dans Tavenir pour tous les rapports
humains.» Et ce qui fait précisément l'intérêt de ce livre, c'est le spectacle de
Ketteler adaptant sans cesse ces « vieilles vérités» aux «formes nouvelles»,
appelant l'antique thomisme à la rescousse des revendications sociales et faisant
de la plus pure tradition chrétienne un actif instrument de progrès.
ag. — Henri Lorin , L'Organisation professionnelle et le Code du Travail,
Étude sur les principes du catholicisme social, vol in- 12. (Collection Science et
Religion, n® 442). Librairie Bloud et C'^, 4, rue Madame, Paris (VI»), o fr. 60.
L'Encyclique Rentm novarum, après avoir rappelé les principes de justice
qui doivent présider à la réglementation des rapports économiques, indique
formellement les deux moyens pratiques de réaliser ces principes dans le monde
contemporain : i® l'organisation professionnelle ; 2» l'intervention législative de
l'Etat. Quels doivent être les principes de l'organisation professionnelle, quels
doivent être, relativement à la question fondamentale du salariat, les principes
de l'Etat interventionniste, rédacteur d'un code du travail, c'est ce que l'auteur de
ce travail, qui est le président de V Union d'Études des catholiques sociaux, s'est
efforcé de marquer ici avec autant de précision que de force.
3o. — A. Springer, Handbuch der Kunstgeschichte, l, Das Altertum. Achte
Aufl. von Adolf Michaelis. Leipzig, Seemann, 1907, 9 m.
La septième édition de ce bel ouvrage avait paru en 1904. Elle comptait 464 pages,
783 gravures dans le texte et 9 planches coloriées. La huitième a 497 pages,
900 gravures dans le texte et 12 planches coloriées. M. Michaelis a revu l'ouvrage
d'un bout à l'autre, corrigé et amélioré une foule de passages. Il a eu pour colla-
borateurs MM. Spiegelberg pour l'art égyptien, Messerschmidt pour l'art babylonien
et assyrien, Andréas pour l'art perse, Karo pour l'art égéen. Il a donné au livre une
rédaction qu'on pourrait appeler détinitive, si dans ce domaine les découvertes ne
se succédaient pas sans interruption. Nous avons précédemment fait connaître le
but et le plan de cet histoire de l'art ancien, qui forme le premier volume de la
Kunstgeschichte en cinq volumes, et nous n'avons pas à y revenir.
3i. — Le volume XVI de Meyers Grosses Konversationslexikon (Leipzig. Biblio-
graphisches Institut. gSa pp. à deux colonnes. 10 m.) débute par le mot Plaketten.
Nous remarquons, dès la page 3, la belle planche et les cartes qui illustrent le mot
planète. L'article sur la poétique comporte une bibliographie complète, mais dans
laquelle les ouvrages scientifiques et les manuels de poétique à l'usage de renseigne-
ment auraient pu être distingués. Une large place est accordée aux mots «pôle» et
«polarisation» et des illustrations de tout genre, parmi lesquelles de magnifiques
planches coloriées, sont intercalées dans le texte. L'histoire de la «Pologne» est mise
sous les yeux par quatre cartes historiques ; 14 colonnes sont consacrées à un exposé
de l'histoire de la littérature polonaise, autant à l'histoire de la poésie portugaise.
Plus loin nos compatriotes Potvin et A. Prins reçoivent l'honneur d'ur.e longue
notice. Oes plans accompagnent les articles sur les villes, telles que Posen, Prague,
Potsdam. Très étendu est l'article sur la Prusse (46 pages), trop bref et sans
bibliographie celui sur le pronom. L'actualité du lexique se remarque à des articles
tels que celui sur la psychométrie. L'article sur la rhétorique ne sigrn'e pas l'ouvrage
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 35
belge de Baron. La biographie et notamment celle des écrivains est très soignée et
très complète. De nombreuses planches sont consacrées à la zoologie et aux inven-
tions techniques les plus modernes. H. Bischoff.
32. — M. li. de San, chef de bureau au Ministère des Sciences et des Arts qui en
1900 avait publié un Recueil des lois, arrêtés , circulaires et décisions de principes
qui régissent renseignement moyen en Belgique ^ vient de faire paraître sous le titre
àt y Enseignement moyett en Belgique, lois organiques coordonnées et commentées,
(Lierre, Van In, 1907 in-40 de XLvin-656 p.) un ouvrage du plus haut intérêt pour
tous ceux qui s'occupent de l'organisation de l'enseignement moyen. Après avoir
reproduit le texte des lois et en avoir fait un exposé succinct coordonné, Tauteur
publie de chaque loi un commentaire comprenant Texposé des motifs, le rapport de
la Section centrale à la Chambre et le rapport de la Commission au Sénat et un
commentaire de chaque article basé sur les discussions des Chambres. Ce travail
est fait avec beaucoup de méthode et évitera des recherches souvent longues et
difficiles. Adolf de Ceuleneer.
CHRONIQUE.
33. — Une Encyclopédie catholique, — Nous lisons dans le journal Le XX^ Siècle:
Il nous manquait une Encyclopédie catholique. Le xix« siècle s'est écoulé sans nous
la donner. La voici qui nous vient d'Amérique, et j*ai le plaisir de la présenter aux
lecteurs.
Qu'une entreprise de cette importance ait pu être tentée et réalisée avec succès
par les jeunes catholiques des Etats-Unis, c'est une rare preuve d'activité religieuse
et intellectuelle. Et c'est en même temps une petite humiliation pour nous autres,
catholiques d'Europe. Nous sommes battus par les Américains sur un terrain où il
eût pu sembler que nous avions l'avance pour longtemps encore. Et nous voilà
devenus, pour l'étude des choses catholiques, tributaires du Nouveau-Monde. Tant
que nous n'aurons pas l'équivalent de leur ouvrage en langue française, il faudra
bien que nous recourions à la Catholic Encyclopedta (New- York, Robert Appleton
Company, 1907),
La préface sobre et substantielle placée en tête du premier volume, récemment
parU) nous renseigne sur le but et sur le programme de l'ouvrage. Je le laisse parler :
La Catholic Encyclopedia, comme l'indique son nom, se propose de fournir à
«es lecteurs des informations complètes et autorisées sur le cycle entier des intérêts
catholiques, des œuvres catholiques, des doctrines catholiques. Ce que TÉglise
enseigne et a enseigne, ce qu'elle a fait et continue à faire pour le bien de l'huma-
nité, ses méthodes dans le passé et dans le présent, ses combats, ses triomphes,
ainsi que les actes de ses divers membres, les services qu'elle a rendus au dêvelop-
pcrocnt des sciences, des lettres et des arts, tout cela est du domaine de l'Encyclo-
pédie catholique. Celle-ci, d'autre part, n'est pas exclusivement un répertoire
ecclésiastique et ne se limite pas aux choses d'Eglise ni aux gens d'Eglise. Elle veut
faire connaître tout ce que les catholiques ont fait, non seulement sur le terrain de la
charité et de la morale, mais aussi pour le développement intellectuel de l'humanité.
Sous ce rapport, elle diffère de la plupart des autres encyclopédies catholiques. Les
éditeurs n'ignorent pas qu'il n'y a pas à proprement parler de science catholique,
^ue les mathématiques, la chimie, la physiologie et les autres branches du savoir
humain ne sont ni catholiques ni juives ni protestantes.
Mais puisque l'on entend si souvent soutenir que les principes de la foi catholique
sont un obstacle aux recherches scientifiques, il leur a semblé qu'il est opportun et
/
36 LE MUSÉE BELGE.
même indispensable de mettre en lumière la part que les catholiques ont prise dans
le progrès de chaque branche de nos connaissances.
Nul de ceux qui s'intéressent à Thistoire de Thumanité ne peut ignorer TÉglise
catholique. Elle a été pendant près de deux mille ans l'instituteur central du monde
civilisé, et elle a exercé une action décisive sur ses destinées religieuses, littéraires,
scientifiques, sociales et politiques. D'autre part, elle est une puissance de fait dont
rinfiuence et l'action s'étendent sur toutes les parties du globe.
Les intérêts vitaux des catholiques et des protestant» exigent qu'ils soient renseig-
nés sérieusement sur une société qui pèse d'un tel poids dans les destinées du
monde. »
^ On ne saurait mieux dire, et si les ennemis déclarés de l'Église catholique
méditaient ces paroles, ils ne feraient pas si souvent preuve, en matière de religion,
de cette monstrueuse ignorance qui est une des sources les plus fécondes, comme
un des symptômes les plus lamentables du fanatisme anti-clérical.
Le plan de l'Encyclopédie est excellent. La distribution des matières atteste une
connaissance à la fois vaste et profonde de l'immense domaine à explorer. Rien
n'est abandonné au hasard. Les articles sont demandés aux savants catholiques du
monde entier, à chacun selon sa spécialité, les Américains restant toutefois, cela vi
sans dire, en grande majorité. Les différentes catégories d'articles se font d'après
un plan uniforme qui a tout prévu : les proportions matérielles, l'ordre et la nature
des renseignements h fournir, le ton à garder, les procédés à suivre dans les réfé-
rences bibliographiques, etc. Le volume premier, qui est sous nos yeux et qui
contient en 826 pages compactes à deux colonnes, les articles allant de « Aachen »
(Aix-la-Chapelle) à u Assize», montre avec quelle scrupuleuse fidélité les collabora-
teurs se sont conformés aux instructions reçues, avec quelle sévérité rigoureuse les
éditeurs ont veillé à ce qu'elles fussent suivies. Ce que j'admire surtout, c'est l'exacte
proportion réalisée entre l'importance des articles tt leur étendue. C'est ici la pierre
de touche de toute œuvre faite en collaboration. Il est telle encyclopédie dont
les éditeurs se sont ruinés pour n'avoir imposé au zèle indiscret de leurs colla-
borateurs des limites infranchissables. Je désire qu'un sort semblable n'attende pas
les éditeurs de tel ou tel dictionnaire que je ne veux pas nommer, et qui, malgré
son incontestable mérite manque d'une qualité essentielle : la mesure. Vous voulez
consulter un article, et on vous sert tout un livre ! Or, c'est précisément parce que
vous n'avez pas le temps de lire le livre que vous vous adressez à l'article. \ous
jetez le volume avec mauvaise humeur, et il y a apparence que vous ne rouvrirez
plus.
Une autre qualité non moins indispensable à une Encyclopédie, c'est une absolue
objectivité. Il est essentiel qu'elle inspire une pleine confiance au lecteur, et qu'il
puisse considérer comme avéré tout ce qu'il y lit. Toute polémique, de quelque
nature qu'elle soit, religieuse ou scientifique, doit en être rigoureusement baooie.
Il faut qu'elle sache résister à la tentation de faire de Tapologétique, c'est à dire de
plaider au lieu d'exposer. J'ose dire qu'au surplus sa valeur au point de vue apolo-
gétique sera d'autant plus grande qu'elle mettra plus de soin à se garder d'une
préoccupation de ce genre. Et c'est avec une vive satisfaction que je constate la
sérénité qui règne d'un bout à l'autre de ce volume. Tout le monde s'est conscien-
cieusement conformé aux intentions et aux prescriptions formelles des éditeurs.
C'est un livre de science et exclusivement un livre de science qui est sorti de leurs
mains : il honore la foi catholique autant qu'il les honore eux-mêmes. Il est irrépro-
chable à la fois au point de vue de l'orthodoxie et à celui de la valeur scientifique.
Il paraît avec l' a imprimatur » de l'archevêque de New- York, qui a donné aux éii-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. 37
teurs une preuve de sympathie et de confiance extraordinaire en les chargeant eux-
mêmes de la censure ecclésiastique. Les noms des collaborateurs sont pour Tœuvre
UDe garantie de première valeur. Il ne peut pas être question de donner ici la nom-
breuse liste de ceux qui ont signé les articles du premier volume; je me contenterai
de relever, pour la Belgique, ceux du R. P. Ch, Desmedt et de MM. Ch. Moeller,
V. Brants et Cyr. Van Overbergh (et, ajoutons-U, God. Kurth).
Knfin, l'exécution matérielle mérite tous les éloges. Le papier, les caractères,
illustration ne laissent rien à désirer. L*ouvrage paraîtra en quinze volumes d'envi-
ron 800 pages chacun et sera, selon des prévisions qui n*ont rien d'optimiste, entiè-
reirient achevé dans les cinq ou six ans. L'édition ordinaire coûte 90 dollars, ou, si
Ton paye d'avance, 81 dollars (406 francs). Il est à désirer quMl se trouve en Bel-
gique une maison de librairie qui se charge de placer Touvrage chez nous. Nous
n'avons, pas le droit de nous désintéresser de la « Catholic Encyclopedia » ; nous
devons chacun dans sa mesure, aider au succès d'une entreprise qui a une telle
portée au point de vue de nos intérêts religieux et intellectuels. C'est dans cette
conviction que j'ai écrit cet article : il m'a semblé que je remplissais un devoir.
GoDEFROiD Kurth.
34. — Parmi les diverses Extensions universitaires , qui cherchent depuis quelques
années à vulgariser en Belgique les connaissances scientifiques, une des plus actives
est certes celles qui existe à Anvers sous la dénomination de Katholieke Vlaamsche
Hoogeschooluitbreiding van Antwerpen, Le i»*" novembre de cette année, elle a fêté
le dixième anniversaire de son existence, a tenu à cette occasion un congrès dans le
but de propager l'œuvre dans d'autres villes flamandes et publié un Gedenkboek
(Antwerpen. Nederlandsche Boekhandel. 188 p. 1 fr.) qui fournit des renseigne-
ments très intéressants sur la marche et l'activité de l'institution. La première
année, les leçons et conférences furent suivies par 280 auditeurs, la neuvième le
nombre en fut de SySo et pendant les neuf années il y eut en tout Bii 10 auditeurs.
Dès la seconde année on organisa un enseignement populaire et professionnel, qui
ne fut suivi d'abord que par 120 personnes pour atteindre en 1907 le chiffre fort
respectable de 5440 auditeurs. Les principales conférences furent publiées sous
lorme de brochure à o,25 paraissant mensuellement. Il en a été publié jusqu'à ce
jour 99; le Gedenkboek constitue la ioo«. L'ensemble de ces brochures, dont plu-
sieurs sont des monographies des plus intéressantes ont été publiées au nombre de
76400 exemplaires. Ces brochures ont pour sujet des questions de théologie, d'his-
toire, de sciences naturelles, de science morale, de médecine et de droit. Souhaitons
que l'institution puisse se développer encore davantage et servir de modèle à des
institutions analogues, tant en Flandre que dans les provinces wallonnes.
Adolp de Ceulemeer.
35. — Société internationale de dialectologie romane, — Sous ce titre, une nou-
velle association scientifique internationale vient de se créer, ayant son siège social
à Bruxelles.
Cette Association se propose d'assurer aux patois et aux parlers provinciaux la
place importante qu'ils doivent occuper dans les recherches de linguistique romane.
On sait que les philologues appellent i romans » les dialectes qui sont dérivés du
latin, tels, par exemple, les patois parlés dans la moitié dans notre pays.
La Société aura pour organes la Revue de dialectologie romane et le Bulletin de
dialectologie romane t dont le lieu d'édition sera Bruxelles.
Le comité de rédaction est composé de quinze personnes : on a réparti l'ensemble
du domaine roman en onze divisions et accordé quatre rédacteurs aux pays non-
romans, qui s'adonnent à l'étude des dialectes romans. Chaque rédacteur dirige et
centralise le travail dialectologique dans sa région.
38 LE MUSÉE BELGE.
Ont été désignés : MM. Sakioni (Italie), Gauchat (Suisse), GiUiéron (France),
Menendez Pidal (Espagne), Ri vard (Canada), Densusianu (Roumanie), Meyer-Lûbke
(Autriche), etc.
Le secrétariat a été fixé à Halle-sur-la-Saaîe et confié à M. B. Schadel, Privaido-
cent à l'Université de cette ville.
La Belgique est représentée par M. Auguste Doutrepont, professeur à l'Univer-
sité de Liège, auteur de travaux estimés de dialectologie wallonne.
36. — Le Dictionnaire général de la langue wallonne, — La Société liégeoise de
littérature wallonne élabore, depuis plusieurs années, un dictionnaire général de la
langue wallonne, qui formera l'inventaire complet et détaillé des richesses dialec-
tales de la Wallonie.
Pour assurer la publication de ce précieux et savant recueil, M. le baron Des-
camps-David, ministre des sciences et des arts, vient d'accorder au Dictionnaire
wallon une subvention égale à celle que son département alloue au Nederlandsck
Woordenboek, édité à Leyde, c'est-à-dire mille francs par livraison.
37. — Université de Liège, M. Vanderlinden, chargé de cours à la faculté de
philosophie et lettres, est nommé professeur extraordinaire dans cette faculté.
M. Janssens , agrégé à l'institut supérieur de philosophie de l'université de
Louvain, est chargé de faire, dans la faculté de philosophie et lettres, les cours de
philosophie morale et de psychologie.
38. — Enseignement supérieur des sciences et des lettres, — Bourses de voyage.
— Concours de 1907. — Résultats, — Ont été classés dans l'ordre suivant ;
I. — Docteurs en philosophie et lettres : 1. M. Fierens, né à Anvers, reçu docteur
par l'université de Louvain ; 2. M. Destoop, né à Anvers, reçu docteur par l'univer-
sité de Gand ; 3. M. Delhaxhe, né à Liège, reçu docteur par l'université de cette
ville ; 4. M. Prickartz, né à Verviers, reçu docteur par l'université de Louvain.
H. — Docteurs en droit : 1. M. Boseret, né à Dinant, reçu docteur par l'univer-
sité de Louvain; 2. M. De Muelenaere, né à Ardoye, reçu docteur par l'université
de Louvain; 3. M. Dorff, né à Bruxelles, reçu docteur par l'université de Louvain;
4. M. Genis, né à Schaerbeek, reçu docteur par le jury central.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3g
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
UN MOTËN DE FORMER LE GOUT CHEZ NOS ÉLÈVES (i)
par M. l'abbé WATHELET, professeur au Petit Séminaire de St-Roch.
Dans la revue de VArt à r école et au foyer {2), on recommandait
dernièrement les excursions scolaires pendant les vacances et Ton
prônait particulièrement la visite des bords de la Meuse, de la
Semois , de la Lesse , de TOurthe, de TAmblève , de la Sûre. On ne
peut, ce nous semble, qu'applaudir à ces desiderata.
Mais ne devrait-on pas, comme cela se pratique dans plusieurs
établissements, avant de faire des excursions pendant les vacances,
en faire durant Tannée scolaire? Outre que ces excursions post-
scolaires sont forcément restreintes et exclusives, elles ont Tincon-
vénient de n'avoir pas de résultat pratique immédiat. Ce sont là trois
inconvénients, nous le voulons bien, compensés par l'avantage
immense de former le goût esthétique de nos élèves ; mais il serait
encore préférable de parer à ces trois inconvénients. Et nous croyons
que cela est possible grâce à l'organisation de promenades, faites par
le professeur avec ses élèves au cours de l'année scolaire.
Ce sont ces promenades, que nous proposons comme moyen de
former le goût chez nos jeunes gens. Nous voudrions en montrer le
but, l'utilité et indiquer les principes qui doivent nous guider dans
leur préparation, comme dans leur exécution.
Par ces excursions, que nous appellerions volontiers « esthétiques »,
il faut entendre des excursions, faites par le professeur avec ses élèves,
durant Tannée scolaire, dans dififérents buts :
I o Faire goûter les beautés de la nature environnante et apprendre
à rendre les observations faites, les impressions perçues au cours de
la promenade.
20 Faire apprécier la beauté d'une peinture, en examinant atten-
tivement le coin de la nature, dont elle est la reproduction plus ou
moins fidèle et par là, faire entrer les élèves dans les beautés mysté-
rieuses de la nature.
3<> Faire servir l'excursion de base à une étude approfondie d'un au-
teur, comme Chateaubriand, Bernardin de St-Pierre, René Bazin etc.
(1) Lecture faite au Cercle pédagogique des anciens étudiants de VUniversité
de Louvain,
(2) Juillet 1907 ; L'esthétique de la montagne, par C. Dubois.
r
40 LE MUSÉE BELGE.
Il va sans dire que chacun de ces buts sera obtenu par une-
promenade spéciale : nous^ne voulons parler ici que de ces excur-
sions où l'on vise le premier but : faire goûter les beautés de la
nature environnante et apprendre à rendre les observations faites, les
im resslons perçues au cours de la promenade.
Nous ajoutons que ces excursions doivent souvent se terminer par
un travail fait par les élèves : soit rédaction, soit anal3rse littéraire
d'un morceau, soit analyse artistique d'un tableau. Nous disons
souvmt et non pas toujours, pour que ces promenades ne deviennent
pas un épou vantail pour les élèves, à cause du travail qui en serait
la conclusion inévitable. Au reste, quand nous avons mis ceux-ci en
contact avec les beautés de la nature, quand nous les leur avons fiait
goûter, n avons-nous pas déjà obtenu un résultat très appréciable?
Le goût ne se développe- 1- il pas par la communion fréquente et
de plus en plus intime avec la beauté ?
L'énoncé même des différents buts qu'on se propose dans ces
excursions, fait ressortir déjà bien clairement toute leur utilité. Pré-
cisons cependant ce point.
Un premier avantage à recueillir (et il est fandamenial, quand il
s'agit de former le goût) est de développer l* esprit d'observation^ de donner
plus d'acuité aux sens et plus spécialement à la vue et à l'ouïe.
Que de fois nos élèves, dans leurs promenades, se suivent comme
des moutons de Panurge! A leur rentrée, vous leur demandez :
€ Eh bien! où avez-vous été? — a Je ne sais pas moi- même I
répondent-ils. — Ce a moi-même » montre si clairement l'aveu embar-
rassé de leur « évaporation ». Qu'en résulte- 1- il au point de vue qui
nous occupe? C'est que, par suite de ce manque d'observation, leurs
rédactions ne contiennent que des poncifs, des formules banales,
dont les mots, et non le sens, les ont frappés ; de là, ces comparai-
sons stéréotypées, ces expressions figées : ciel d'azur; prairie ver-
doyante, émaillée de fleurs; rayons bienfaisants du soleil, etc. :
manque absolu , ou peu s'en faut, de pittoresque et de sain réalisme.
Pour combler cette lacune, rien de tel que d'associer nos élèves à
la vie de la nature : d'un mot bien senti, la leur faire voir et admirer
à toute heure, dans les matins indécis, les midis fulgurants et les
couchants pleins de gloire des jours limiineux. Il faut les intéresser
au cycle magnifique des saisons.
Il n'est pas jusqu'à l'hiver qui ne doive être utilisé pour le but
que nous nous proposons, a Contre l'obscur, le ténébreux hiver je ne
• blasphémerai pas, dit Maurice Barrés (i). L'hiver élimine l'éphé-
(i) Au service de TAlIemagne, p. 53. Paris, Fayard,
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 4I
» mère , met en vue les solidités. Voici les troncs, le sol. les rochers.
» J'embrasse mieux l'ensemble dans ce qu'il a de persistant, n
Cet esprit d'observation est comme la base du goût : celui-ci sera
dirigé^ affiné par ces excursions.
Le goût, espèce de conscience ethétique, qui doit toujours se
guider d'après les règles immuables de la morale chrétienne et de la
véritable beauté artistique, le goût, disons- nous, on ne peut le former
qu'avec beaucoup de tact.
Il lui faut de Yamphur comme de la délicatesse. De l'ampleur, pour
juger sainement une œuvre d'art quelconque dans son ensemble ; de
la délicatesse, pour admirer jusqu'aux moindres détails d'un chef-
d'œuvre, comme pour être choqué de la moindre imperfection.
Quel moyen plus approprié à sa formation que la contemplation
d'un vaste paysage, où l'élève s'habitue à retrouver les grands traits
du pinceau créateur, l'harmonie des couleurs, la profondeur de la
perspective, etc.? Quel moyen plus approprié à sa formation que
l'examen minutieux d'un petit coin de nature, dont on fait admirer
les moindres beautés : un nid de fourmis — un nid d'oiseaux — une
fleur ? Il est tel morceau, tiré des descriptifs, que les élèves savourent,
quand, avec notre aide, ils examinent d'un peu près la réalité que
le morceau dépeint. Pour citer des exemples : des extraits de
Bernardin de St-Pierre — le labour de septembre dans la Terre qui
meurt — la moisson dans le Blé qui lève. Ajoutons, en passant, à ces
premiers avantages, deux autres très importants dans les internats.
Que de fois n'avons-nous pas à nous plaindre de la banalité des
conversations de nos élèves? Le respect humain, la gêne empêchent
fréquemment l'un ou l'autre d'entre eux plus sérieux, mieux formé
de traiter des sujets plus relevés. On peut, par ces excursions, leur
faire contracter l'heureuse habitude de parler de ce qui les entoure,
de discuter les beautés du paysage. Evidemment, il ne faut pas se
payer d'illusions et croire que l'on va obtenir des résultats merveilleux.
Si, du moins, l'on arrivait à faire secouer cette gêne à l'un ou
l'autre, à enlever ce cachet de pédantisme à certaines conversations
qui ne le revêtent qu'à cause de leur rareté, si du moins l'on suggérait
quelques idées plus larges à certains et si Ton inspirait des sentiments
plus nobles à d'autres, il semble bien que pareil résultat compenserait
déjà beaucoup de peines.
Mais voici un second avantage très appréciable : c'est de faire
descendre le professeur de son piédestal et de montrer à ses élèves,
qu'il n'est pas un dieu de l'olympe qu'ils doivent adorer — ou haïr,
comme un être d'une autre nature qu'eux. Les liens se resserrent, la
confiance s'en accroît d'autant.
r
42 LE MUSÉE BELGE.
Nous en arrivons à la méthode de préparation . Faisons remarquer tout
d'abord qu'il n*est pas question de donner classe : c*est affaire de
goût, d'appréciation personnelle. Dès lors, pas de dogmatisme, jusqu'à
un certain point. Nous disons : jusqu'à un certain point, parce que,
comme le fait remarquer le Père Verest (i) : « chaque spectacle a un
)) caractère et un symbolisme qui lui sont propres. Tout le inonde
» ne les découvre pas, ou, du moins, ne parvient pas à les démêler
» avec netteté ; mais lorsque quelqu'un les exprime ou prétend les
» exprimer, il suffit d'avoir du bon sens pour reconnaître s'il dit vrai
» ou s'il se trompe. Il faut absolument se conformer à ce jugement
0) universel. »
Ce caractère et ce symbolisme, propres au spectacle, seront comme
le ton dans lequel on- devra accorder les harpes éoliennes que
constituent les âmes de nos élèves. Il faudra alors laisser ces harpes
vibrer plus ou moins fort, selon la délicatesse de l'instrument ; bien
des modulations se mélangeront : tant mieux !
Citons un exemple : les ruines ont toutes leur caractère et leur
symbolisme propres ; leur vue donne à tous la sensation de la
brièveté et de la fragilité de la vie, de la rapidité du temps ; elles
inspirent le regret du passé. Ce caractère sera perçu plus ou moins
vivement par les élèves d'après la délicatesse de leur âme, d'après
leur tempérament littéraire, dirais-je ; à ces sensations fondamentales,
que l'on a plus ou moins consciemment et à des degrés divers,
pourront s'adjoindre d'autres accessoires; mais il en sera toujours
certaines, plus universelles et plus essentielles au spectacle. Relative-
ment à celles-ci, le professeur pourra un peu dogmatiser, .surtout au
début.
Pour préparer sa promenade, le professeur devra évidemment la
faire lui-même, en premier lieu. 11 en profitera pour bien observer :
pour une première fois, il faut laisser le moins de part possible à
l'improvisation dans l'excursion ; on risquerait sans cela de s'égarer
dans des considérations inutiles et de faire un vain étalage d'érudi-
tion. Naturellement, il ne s'agira pas de rejeter une bonne idée qui
surgirait au cours de la promenade, une observation à faire, un fait
à constater. Non ! mais il faut une étude préliminaire assez fouillée
des paysages à examiner, une suite bien enchaînée d'observations à
faire, d'objets à signaler, de contours à faire ressortir.
La route à suivre jusqu'au point de vue pourra du reste être
émaillée de remarques intéressantes, pittoresques sur le paysage.
Puis, il taudra bien fixer ce paysage, le délimiter, déterminer Vendroit
(i) Manuel de littérature, p. 228.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
d'où on le contemplera, le point de vue auquel on se placera pour le
dépeindre, l'ordre à suivre dans la description (partir du premier plan,
ou de rhorizon, etc )
Ce sont-là d'ailleurs les règles élémentaires à observer pour toute
bonne description (i). Il faudra enfin prépdir er des extraits d'auteurs^
s'adaptant le mieux possible au paysage à examiner.
Quels auteurs choisir ? Avant tout, prendre dans la chrestomathie
que les élèves ont à leur disposition, les morceaux les plus appropriés.
L'analyse qu'on en fera, sera si attrayante et si fructueuse !
Ensuite les descriptifs s'imposent : Bernardin de St Pierre, Chateau-
briand, André Theuriet (particulièrement recommandable), telle page
de G. Sand, René Bazin, etc.
Enfin, pourquoi ne ferions-nous pas connaître nos auteurs belges ?
C. Lemonnier, G. Virrès, Eeckhoud, Kurth, Rodenbach, Carton
de Wiart, Maurice des Ombiaux, Picard, et tant d'autres, qui ont
écrit sur les différentes régions de notre pays.
Terminons par la méthode d'exécution.
Avant tout, plaçons-nous devant la réalité : abstenons-nous de
lembellir, ne soyons pas non plus trop pessimistes.
Nous nous trouvons devant un groupe de jeunes élèves, frétillants
à ridée d'avoir une bonne partie de plaisir : c'est cela pour eux avant
tout, ne nous le dissimulons pas.
L'imagination est un peu en fièvre, les sentiments sont très spon-
tanés, les impressions assez vives : autant de leviers, dont il faudra
se servir pour les élever dans leurs idées et leurs sentiments.
D'autre part, outre qu'il faut tenir compte des natures apathiques,
parmi celles qui sont plus exubérantes, que de banalité ne rencon-
trerons-nous pas? Que de remarques saugrenues ne nous fera t-on
pas ! Patience 1 à la seconde excursion, nous verrons déjà du chan-
gement.
Un point important, auquel il faut veiller, est que la gaité règne :
l'attention n'en sera que plus aisée et plus agréable, les impressions
plus fraîches.
On devra provoquer le plus possible de remarques intéressantes, pitto-
resques, chez les élèves. Mais une première fois, ils sont tellement
dépaysés, qu'une réelle difficulté se présente de leur faire desserrer
les dents. Un bon moyen de vaincre cette difficulté est, selon nous,
de lire une belle page qui provoque des réflexions sur le spectacle.
Nous avons fait, un jour, une excursion, dont le résultat devait
être une rédaction sur « la forêt au printemps ». Nous avons com-
(i) Vbriîst, ouvrage citJ, p. 226 et 236.
i
44 LE MUSEE BELGE.
mencé par lire une page de Kurth (i). Cette page, pleine d*un
réalisme savoureux, a fait l'objet d'une petite analyse par manière de
conversation. La glace était rompue ; la conversation était amorcée.
Comment continuer? Ici, un grand principe intervient : les facultés
de nos élèves sont très variées ; en matière de goût, une fois qu'on a
maintenu les règles imprescriptibles de Tart et de la morale, il faut
laisser un libre champ aux talents de nos élhes.
Si Ton ne doit pas, comme nous l'avons dit plus haut, déballer
tout un fatras d'érudition, il est nécessaire cependant que chacun y
trouve son compte. Pour cela, il îaiut/aire remarquer avec ordre différentes
catégories d'objets.
Pour continuer Texemple cité tout à Theure : la forêt au printemps,
on pourrait faire remarquer, outre le paysage plus spécialement choisi,
le bruit du vent dans les arbres ; les diflférentes manières dont sont
agités les arbres par le vent; les couleurs des nuages; le vol des
oiseaux et leurs chants ; les différentes teintes du feuillage, lorsque la
brise montre le retroussis des feuilles; un nid de fourmis, etc.
Après chacune des catégories examinées, le mieux serait de lire
un extrait approprié. Pour cette excursion, nous avions lu du Ber-
nardin de St- Pierre, Maurice de Guérin, Theuriet spécialement ^
G. Sand, Van Tricht.
Il est curieux de voir combien tel élève est frappé par telle obser-
vation qu un autre a à peine remarquée. C'est là une condition
indispensable pour sauvegarder Voriginalité de chaque élève. Cette origi-
nalité sera maintenue et favorisée par Yaccueil sympathique /ait à toute
remarque : il faut veiller ici, comme dans la correction des rédactions,
à être indulgent et à stimuler le plus possible. L'encouragement a
des effets bien meilleurs que la moquerie, le dédain ou la sévérité.
Tout en cheminant tranquillement, gaîment surtout, nous voici
parvenus au paysage que l'on a choisi. Une fois qu'il a été bien
délimité, comment le faire comtempler par nos élèves ? Laissons -les
d'abord deux ou trois minutes tout entiers à Texamen de ce qu'ils
voient. La chose est tellement neuve pour eux, ils sont tellement peu
habitués à fixer leur attention sur un objet, que plusieurs seront
distraits : un peu d'indulgence, alors ! Il est bon qu'ils sentent qu'ils
doivent à l'aise comtempler un spectacle pour le graver dans leur
imagination.
Pour leur faciliter ce travail de mémoire sensible, un principe que
nous croyons utile d'appliquer,estde comparer les grandes choses aux petites.
Nous croyons trouver une preuve de la nécessité de l'application
de ce principe dans notre langage courant, dans ces expressions
(i) E. Procès : Modèles français, tome III, p. SgS. Z^ éd. Schepens.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 45
-figées, rien moins que neuves, mais qui précisément par leur emploi
-continuel prouvent la tendance naturelle de notre esprit à rapprocher
un vaste tableau de petits objets examinés à Taise*. D'un paysage,
noois disons (et c'est banal) qu'il est bordé d^ arbres : l'idée de bordure
^st empruntée au petit parterre, que nous pouvons sans bien grande
difiSculté nous représenter, et cette allée de sapins, par exemple, qui
borne notre horizon, nous apparaît comme une bordure de buis
autour d'un parterre où se trouvent des bouquets d'arbres, seconde
comparaison analogue. Qu'une route poudreuse s'étale blanche et
serpentante au milieu du paysage et nous croirons y voir le ruban qui
orne une toilette de demoiselle.
Nous prenons, au hasard, dans R. Bazin des comparaisons qui
confirment notre assertion : « Le soleil était déjà très penché. Il allait
» atteindre la ligne d'ormeaux qui bordait le champ vers l'ouest, tiges
» émondées, courbées par le vent de mer, terminées par une tou£fe
it de feuilles en couronne, qui les faisait ressembler à de grandes
j) reines-marguerites. » (i).
« Au-dessous des terres plates, le soleil s'abaissait. On ne voyait
» plus de son globe devenu rouge qu'un croissant mordu par les
» ombres, et sur lequel un saule d'horizon, un amas de roseaux, on
» ne sait quoi d'obscur, dessinait comme ime couronne d'épines, » (2).
Faisons de ces comparaisons avec nos élèves, mais surtout faisons-
les leur trouver et nous verrons que le paysage leur apparaîtra plus
clair et plus compréhensible.
Il faudra alors rechercher les éléments de beauté du paysage : c'est ici
qu'on doit laisser un libre essor aux facultés esthétiques des jeunes
gens. L'un admirera im troupeau occupé à paître dans un pré; un autre,
le ruisseau qui va se perdre dans les fouillis. Quelques-uns discute-
ront entre eux (oh I bien simplement) sur la beauté d'un bois de sapin.
En voici un qui voudrait ne pas voir cette nuée 'de corbeaux qui va
s'abattre sur un champ. A ce propos, faisons remarquer la beauté
particulière de chaque objet d'après le cadre donné : cette nuée de
corbeaux sera très bien dans son cadre, lorsqu'il s'agira de ruines,
par exemple.
Qu'il nous soit permis, pour terminer, de donner un exemple de
rédaction, obtenu par ce procédé. Elle est faite par un élève de
troisième latine : la voici sans retouche :
LA FORÊT AU PRINTEMPS.
Une immense nappe verdoyante recouvre la montagne, laissant
ressortir des taches brunes par quelques déchirures. Au milieu des
(i) La terre qui meurt f p. 6, Paiis, Colmann-Lévy.
(2) Ouvr. cité, p. 177.
46 LE MUSÉE BELGE.
ondulations, causées par le vent, se détachent, sombres, des guir-
landes de sapin, qui, dirait- on, ne parviennent que difficilement à
surmonter les flots des autres arbres.
Le plus majestueux de tous, le roi de la forêt, c'est le chêne- Ses
branches rigides, il les tient parallèles au sol, comme si de son bras
puissant, il levait le sceptre pour commander aux autres arbres
Rarement, le vent parvient à balancer ses branches, en dessous
desquelles, comme sous Tégide d'un puissant protecteur, se sont
groupés différents arbustes.
Plus loin, au milieu du taillis, se balance mollement le bouleau,
au tronc cuirassé de plaques blanches ; plus loin encore, des arbres,
dont on ne voit que la tige et qui sont disposés sans symétrie aucune
comme des colonnes d'un colossal édifice, jetées pèle mêle. Les pins,
sans courage» laissent pendre tristement leur vert feuillage : aucun
rayon de soleil ne peut pénétrer ce tissu de verdure, fermé à la joie.
Tous ces arbres assistent, sans en pouvoir jouir, à un concert
gigantesque. Depuis le coucou avec sa plaintive mélodie jusqu'au
rossignol, qui lance ses accords au hasard, tout est ravissant. Tantôt
un crescendo enlève 1 ame, pour subitement la rejeter dans sa mélan-
colie première par un ralentissement imprévu. Tantôt c'est une petite
voix fraîche qui s'élève : la mésange redit sa chanson.
En bas. sur le sol, ce n est plus Toreille qui est satisfaite ; c'est la
vue qui se complaît. Ce n'est qu'une mousse, de cette mousse douce
et ouatée qui voit éclore les plus humbles, mais les plus belles fleurs :
depuis longtemps, les violettes exhalent leur baume enivrant; depuis
longtemps les pervenches ont ouvert au soleil leur calice bleu;
depuis longtemps le myosotis azuré cache dans l'herbe sa petite tête.
C'est au milieu de ces rivages enchanteurs que coule, en riant de
joie, le petit filet d*eau : il vient, revient, se tortille, comme s'il lui
en coûtait de quitter ce palais féerique, comme s'il voulait, une
dernière fois, se plonger tout entier dans le plaisir. Et puis les papil-
lons : grands et petits, bleus, gris, blancs, jaunes, bnms, noirâtres
même. Ne dirait-on pas des fleurs qui volent?
Ils se posent sur une violette, prisent l'odeur, s'envolent, reviennent,
font un demi-cercle ; mais ils doivent rendre visite à d'autres fleurs,
ils entendent d autres appela et s'envolent plus loin, grisés du parfum
qu'exhale la forêt.
Et — le soir apparaît — le vent devient plus glacial ; les fleurs ont
soin de se fermer et de rassembler un nouveau baume pour le lende-
main; les papillons ont hâte de s'enfuir; les oiseaux ne chantent
plus; le ruisseau, qui tantôt riait, est impressionné maintenant par
le silence qui plane sur la forêt ; il clapote plus fort pour faire du
bruit : ses petits bords dorment toujours comme la forêt.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 47
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COLLARD, professeur à l'Université de Louvain,
(Suite,)
33. — Les souvenirs.
Bien des années s'étaient passées, me disait ma mère, depuis le
our où je m'étais éloignée des lieux qui m avaient vue^ naître, et
pourtant ils étaient toujours présents à ma pensée. Je voyais encore
le vieux presbytère, les arceaux du clocher, Taiguille du cadran, la
mare où venaient se jouer les canards du village ; puis c'étaient^ les
fasse-temps^ agrestes dans lesquels s'était écoulée notre enfance, à ma
sœur et à moi. Ensemble nous avions cultivé des jardins, arrosé des
fleurs, nourri des oiseaux, abattu des noix. Pas un cerisier du verger
qui ne se distinguât pour moi de tous les autres, par les mille* souve-
nirs qui s'y rattachaient.
Quelque nombreuses que fussent les années qui s'étaient succédé^
depuis les jours de mon enfance, je me rappelais toujours la figure
des deux gardes champêtres, figure dure, sévère et maussade. Je me
souvenais des scènes que je les avais entendus faire aux petits pâtres,
quand ces pauvres enfants ne retiraient pas assez vite leurs'' troupeaux
des champs ensemencés ou de la lisière des jeunes taillis. Ces choses
simples, naturelles, uniformes, toutes entières dans mon souvenir,
n'existent plus ; les deux gardes étaient morts, une fabrique rempla-
çait le jardin, une maison avait été exhaussée sur remplacement de
l'ancienne église, et moi seul semblais survivre à tout ce que j'avais
aimé.
{Dictées normales, p. 112.)
I . Eicpliqucz la varia'bilité ou l'invariabilité de ce mot. — 2. Expliquez l'accord du
verbe. — 3 et 4. Rendez compte de l'orthographe de ce mot. — 5 et 6. Pourquoi
ce mot est-il variable ou invariable ? — 7. Expliquez remploi du nombre.
34. — Le monde social.
Le monde social, de même que le monde physique, se trouve^
figuré par une énorme sphère soutenue dans le vide par la loi toute-
puissante^ de l'équilibre. Cette sphère, telle du moins que nous l'avons
Gonçue, tourne et se meut sur un axe qu'on nomme argent, et doni^
les deux pôles sont l'intérêt et la vanité. Le besoin est le méridien
ou point de départ que Ton est convenu de choisir pour compter un
nombre infini de degrés en lesquels* est subdivisée l'étendue de notre
48 LB MUSÉE BELGE.
monde. La fortune est Téchelle dont les hommes se sont servis le
plus communément pour mesurer la distance que la naissance ou le
hasard a mis^ entre eux. Cet horizon qui s'éloigne à mesure que Ton
approche et qui déjà s'est évanoui quand on arrive, s'appelle poéti-
quement Tespérance ; c'est un nuage , un feu-follet qui nous attire
insensiblement vers l'immense gouffre où^ tout va périr, en lé couvxant
de sa vapeur illusoire. Quant aux éléments, on en a distingué deux,
que je me suis proposé de vous faire connaître : ils se nomment le
bien et le mal. On appelle antipodes la folie et la raison. On désig^ne
sous le nom d'hommes onze à douze cents^ millions de créatures à
face blanche, jaune ou noire, que se croient des géants et ne scMit
que des pygmées qui apparaissent, s'agitent, se choquent et dispa-
raissent pour faire place à d'autres.
{D'aprèi Bréant dans Lepetit, Cjouts supérieur,)
Faites les remarques grammaticales suivantes : 1) accord du verbe; 2) ortho-
graphe grammaticale de cet adjectif composé ; 3) emploi de ce pronom ; 4) id ;
«pourrait-on dire en qui ou en quoi ! 5) accord du participe; 6) emploi de ce mot;
pourquoi est-il préférable à dans lequel T 7) variabilité ou invariabilité.
35. — Conseils aux jeunes gens.
Jeunes gens, si vous aimez la liberté et le pays qui vous a vus^
naiiré^f il faut que vous fuyiez ce qui les a perdus. Loin de vous cette
triste philosophie qui prêche le matérialisme^ comme une doctrine
nouvelle destinée à régénérer le monde : elle tue, il est vrai, mais
elle ne régénère point, quoi qu^*on puisse dire. Soyez aussi persuadés
qu'une liberté sans frein mène droit au désordre et à la dictature. Ne
demandez donc qu'une sage liberté ; et, quand vous l'aurez obtenue,
^ttacheZ'Vous-y^ de toutes les puissances de votre âme. Ne fléchissez
pas le genou devant la fortune, mais accoutumez- vous à vous incliner
devant la loi, quelle (\\x'en soit la^ rigueur. Entretenez en vous le
noble sentiment du respect ; sachez admirer ; ayez le culte des graudsfi
hommes et des grandes choses. Repoussez cette littérature énervante,
tour à tour grossière et raffinée, qui semble s'être plu dans la peinture
des misères de* la nature humaine, qui caresse toutes nos faiblesses,
qui'^ fait la cour aux sens et à l'imagination, au lieu de parler à l'âme
et d'élever la pensée. Enfin défendez-vous de la maladie qui s'est
emparée de notre siècle, ce goût fatal de la vie commode, incompa-
tible avec toute ambition généreuse.
Explications grammaticales : 1, variabilité ou invariabilité; 2, fonction;
3, orthographe; 4, singulier; 5, emploi; 6, place; 7, répétition.
{A suivre»)
LIVRES NOUVEAUX.
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Langues et littératures romanes.
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de Chateaubriand (G. Doutrepont) .21
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Langues et littératures germaniques,
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van Denemerken (C. Lecouiere) .23
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CHRONIQUE.
33-38. Catholic Encyclopaedia. Extension universitaire. Dialectologie romane,
bictiohhaire wallon. Université de Liège : nominations. Bourses de voyages :
lauréats . . . 35
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
VAbbé Wathelety Un moyen de former le goût chez nos élèves , . .39
F. Collardf Dictées françaises (suite) 47
l5 FÉVRIER 1908,
BULLETIN
eiBLIOGRAPHIDilE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PimUÉX. SOUB LA MUCnOM M
F, GOLLAHH
J. P. WALTZING
pttorsssim a Cumrtmsrvé de uegi
^■TEltSAdl toui fM mh, k rii6i|»fl«ii un m«li Û'*aûl tf d« |ipt»nihri
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE ÉDITEUR
30, lUl DI llAMtlft, 30
PARIS H BERLIN
A. FONTEMOING R. FRIEDLAENDER ET FILS
A, rue Le Goff \\ CirkiruM, 11, N. W
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Secrétawe : J. P. "WAIiTZING, 9, rue du Parc, à Liège.
On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bullettn
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) à M J P. Waltsing, professeur
à l'Université de Uége, 9, rue du Pare, Uége,
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professeur à l'Université de Louvain, rue Léopold^ 22^ Louvain,
En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d'abon-
nemment est fixé à 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans les autres pays, on
peut s'abonner à la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
prix de 12 fr. S'adresser à M. Gh. Peetebs, libraire, rue de Namur, !20, à Louvain.
Les onze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 à 480 pages, sont «a
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement» îem abonné* pourront se procar«%r une
ou plusieurs de ces onze années au prix de T fï*« XIO par
année» le port en sus*
Douzième année. — No 2. iS Février 1908.
Balletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MtiliANGBS.
UN POÈTE INCONNU.
J^oésies par Madame la Comtease V. de Stainlein Saalenstein, précédées d'une
préfiice de M. A. Thiernesse, curé d*Oneuz. Paris, Fischbacher, 1908. 281 pp.
3 fr. 5o.
A notre époque d'intense production littéraire, où Ton voit le
marché inondé d'œuvres souvent artificielles» dont les auteurs sont
poussés par l'intérêt ou la vanité, on est heureux de pouvoir saluer
la venue d*un livre comme les Poésies de la Comtesse de Stainlein,
où nous reconnaissons le vrai poète qui chante comme Toiseau
chante, par nécessité intérieure, pour rétablir l'équilibre rompu, pour
épancher le trop-plein de son cœur, sans aucune préoccupation du
public. Ces vers, en eflfet, qui s'étendent sur une période de plus de
soixante ans (1842-1905) restèrent cachés à tous pendant de longues
années ; plus tard, ils furent connus et en partie seulement de quelques
privilégiés ; ils ne voient le jour à présent qu'en exécution d'ime
promesse faite par l'auteur à son fils mourant. Aussi sommes-nous
tout de suite frappés par leur accent de sincérité, par leur caractère
de spontanéité L'artiste, pour s'aflfranchir de sa pensée, l'a martelée
dans une forme rythmique, elle a crié sa plainte pour Tapaiser, elle s'est
abandonnée au rêve pour échapper à la réalité ou se complaire dans
le charme d un heureux souvenir du passé.
Ceux qui ont l'honneur de connaître la Comtesse de Stainlein
verront à chaque page de ce livre des traces de sa haute et vaste
intelligence, préoccupée des grands problèmes philosophiques; ils
sentiront parfois palpiter ce noble cœur dont la bonté restera sans
égale. Quant aux autres, les amis, les intimes, ils la retrouveront
tout entière; ils pénétreront plus avant dans cette âme complexe
toujours tourmentée, et lorsque par la pensée ils jetteront un coup
d'œil d'ensemble sur cette longue existence si semblable à elle-même
aux différentes époques, ils comprendront mieux celle qui a passé au
milieu de ses frères heureux,
Comme une âme errant dans un songe.
Loin de la terre et loin des cieux. p. 1 12
5o LB MUSÉE BELGE.
Aurait-on soupçonné que la jeune fille fortunée, belle, exception-
nellement douée, si recherchée par le monde, extérieurement si
enjouée, si enthousiaste, si charmeuse enfin, avait dans l'âme un mal
indéfinissable qui la minait, grandissait avec sa raison, ravageait son
intelligence et ne lui faisait accorder qu une valeur bien relative aux
avantages de la fortune ou de la naissance et même aux splendeurs
de la création? Comme elle a dû souflfrir de cette constante contra-
diction, voilée seulement par les apparences et qui creusait un abîme
entre elle et son entourage, entre son état d'âme réel et sa manière
de paraître 1
« J*ai parfois dit au monde une sainte pensée;
On se scandalisa de son étrange ardeur ;
On voulait enseigner à mon âme oppressée
L'humbU frivolité, la modeste froideur...
S*ils savaient que le soir, je pleure sur ma couche.
S'ils savaient qu*en priant je me plains à mon Dieu...
Ah sMls savaient combien ma croyance m'est chère,
Mais si je le disais, ils ne me croiraient pas ! p. 64-63
Pour satisfaire cet esprit infatigablement scrutateur qui, bondissant
par dessus et à travers toutes les contingences, voulait pénétrer jusqu'à
Tabsolu et saisir lessentiel, la philosophie, lliistoire, la sociologie ne
suffisaient pas. Les connaissances ordinaires vite absorbées brûlèrent
comme des brindilles dans cette flamme dévorante qui aurait voula
embraser le monde entier pour le débarrasser de ses scories. La
mélancolie qui en résulta, ce mal de Dieu, si je puis ainsi dire,
cette soif d'infini n*a rien de commun avec le satanisme de Lord Byron,
ni avec la tristesse désabusée de Musset ; ce n est pas non plus le
Weltschmerz d'un Werther ou d'un René ; nous entendons ici une
nouvelle corde de la lyre romantique :
J'aime, non comme vous d'une passion folle.
Pleine d'enivrements et de transports jaloux,
Car autour de mon cœur rayonne l'auréole,
D'un lointain idéal que j'implore à genoux ;
Pressentiment divin, mystérieuse essence,
Cet immortel amour au parfum virginal,
Aussi profond que l'âme, aussi pur que l'enfance,
Connaissez-vous ce mal ? p. 126
Qu'est-ce qui sauva notre poète du naufrage fatal? Quelle planche
de salut lempêcha de sombrer ? Ce fut d'une part la foi, d'autre part -
l'imagination : la foi, d'abord et longtemps inquiète, tourmentée qui
finit par devenir la foi naïve et simple des petits enfants, s'agenouil-
lant respectueusement devant Dieu ; l'imagination, cette superbe
puissance, pour parler avec Pascal, qui a ses heureux, ses sains, ses
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 5l
riches et nous remplit d'une satisfaction bien autrement pleine et
entière que la raison.
Je vois sous les forêts, sous les lointaines branches,
Passer, ô visions, passer vos robes blanches.
Et sur mon cœur la nuit descend ;
Mais vous m'avez laissé Tespoir et la prière,
Vous m'avez allumé des flambeaux sur la terre,
Des flambeaux du ciel, en passant ! Les Rêves^ p. 78.
Ainsi j'ai traversé les océans de Tâme,
Et leurs pôles de glace et leurs zones de flamme.
Vide où meurt la pensée, où disparaît la croix.
Où l'éternelle mort m'a dit en vain : Silence 1
Je les ai traversés comme U mer immense,
Et, pauvre enfant, j'ai dît à l'intini : Je pense !
J'ai dit à Dieu : Je crois 1 Dieu du passée p. iSg.
Une tendance qui aurait pu aboutir sinon à la folie, dujmoins à
un orgueil coupable, se trouve ainsi ennoblie, tempérée et ramenée
dans des limites plus humaines. Mais combien tragiques furent ces
luttes intérieures, ces alternatives continuelles de compréhension
tranquille et de désespérance passagère devant rindéchiflfrable I Nous
le sentons en parcourant ces pages vibrantes, nous le lisons entre
les lignes.
O ! qu'elles sont frêles,
Les ailes
De l'esprit s'élançant toujours !
O I qu'elles sont lentes,
Tremblantes !
Que de chutes et de retours !
C'est en vain que l'âme
S'enflamme
Pour un idéal adoré ;
Sans cesse elle tombe.
Succombe,
Dans un effort désespéré. Les Ailes^ p. 258.
Que de lambeaux de cœur saignant laissés sur le douloureux
chemin de la vie, surtout quand le doute, ce noir fantôme, voulant
ressaisir sa proie, venait exaspérer les dispositions naturelles d'indé-
pendance et de liberté, qui avaient toujours veillé dans le cœur du
poète I
O vous qui me parlez de vos brûlantes larmes,
De vos chagrins protonds dans le cœur refoulés,
De vos nuits sans r^pos, de vos jours pleins d'alarmes,
De l'amour qui flétrit vos printemps désolés....
Autrefois, j'ai compiis votre mv.lancolie.
Et sur vos fronts pâlis j*ai répandu des pleurs.
Mais il est d'autres maux poui lesquels on oublie
L'amour et toutes scs douleurs. Le Doute^ p. i3u
52 LE MUSÉE BELGE.
Le doute ! Ah que ce nom, ce seul nom disparaisse.
Et le ciel n'entendra que mes cris de bonheur !
Je verserai la vie aux cœurs morts de tristesse,
Et mes yeux, dans la nuit, ne verront que splendeur !
Bravant des passions la cruelle puissance,
Calme, je marcherai sur vos lames de feu,
Et, veillant sur ma foi qui donne Tespérance,
Seule, je m*en irai vers Dieu I Ibid. p. i33-i34.
Ajoutez à ce drame intime de la pensée aux péripéties sans cesse
renouvelées, les douloureuses déceptions éprouvées par im esprit
noble et généreux, qui, souffrant de ne pouvoir résoudre d'une
manière satisfaisante les grands problèmes philosophiques et sociaux,
aurait au moins voulu créer une œuvre magistrale en musique, en
peinture ou en poésie.
Si j'avais une voix, une voix grande et pure !
Si j'avais une harpe, une harpe de feu !
Si j'avais les accords dont vibre la nature
Quand la foudre et les vents chantent leur hymne à Dieu !
Oui, s'il pouvait chanter, ce cœur qui se déchire,
Si ma longue douleur pouvait gémir enfin !
Cet amour de mon Dieu, doux et brûlant martyre,
S'il trouvait un langage, un langage divin I
Un seul écho mourant de ta voix, Lamartine ! Désir ^ p. 104-105.
Mais hélas, ici encore, il fallait se heurter contre les barrières
imposées par les limites des dons naturels. Oui, pour ime âme
éminemment sensible, dans laquelle les Psaumes de David, les
poésies de Lamartine ou de Musset, d'Eichendorif ou de Novalis
avaient un profond retentissement, pour un cœur exalté jusqu'à
l'ivresse par les compositions d'un Mendelssohn, d'un Beethoven ou
d'un Chopin, pour une artiste guidée par un goût infiniment sûr et
pouvant juger en connaissance de cause un Raphaël ou un Michel-
Ange — sentir de toutes parts des bornes vous couper les ailes, voilà
certes un sort riche en conflits pathétiques et qui, avec la douleur,
vous crée poète
« Je voulais bien souffrir, mais j'espérais chanter ». p. 118.
« Adorant la lumière, il faut languir dans 1 ombre ». p. lao.
Ces tourments d'esprit et de cœur qui semblent être réservés aux
privilégiés exempts de tout souci matériel et physique, font place plus
tard à la douleur, aux regrets et à la mélancolie causés par la mort
d'une mère tendrement aimée et qui n'avait jamais quitté sa fille.
Cette plaie semble à peine cicatrisée quand survient le dernier coup,
le plus terrible : la mort à 32 ans d'un fils unique, admirablement
doué et qui avait laissé naître tant d'espérances. Qu'on lise par ex.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 53
cette petite pièce sur la prairie où la mère et le fils se sont promenés
peu de temps avant l'issue fatale, et Ton pourra jeter un regard dans
Tinfini de ce deuil.
i< Aimer, de tant d'amour aimer une prairie,
Las et mourant d'exil la choisir pour patrie.
D'en haut dès le réveil se pencher pour la voir,
Et rêver tout le jour d'y pleurer tout le soir...
C'est triste, j'en conviens, — c'est étrange, sans doute,
C'est fou, pour le passant, si le passant m'écoutâ !
Et le monde sourit, si le monde m'entend !...
Et, plus que je n'ai dit, plus folle est ma folie,
Plus douloureux l'amour, le charme qui me lie.
Mais nul sage ici-bas ne me console autant.
Et le ÛX de la Vierge a tissé ses doux voiles.
Sur la blanche aubépine et ses gerbes d'étoiles... p. 335
Lisons aussi le beau sonnet V Alcyon et nous serons attendris en
pensant à la pauvre mère solitaire, poursuivie par le souvenir de son
cher fils disparu :
Si blanc sur les flots noirs et si bleu sur la nue.
Fait pour l'immensité de l'azur et des mers.
Tu fuis, tu fuis toujours, âme ailée, éperdue,
A qui ne suffit point cet immense univers.
Plus prompt que l'ouragan, vers l'espoir et l'issue
Tu fends l'air et la foudre ; aux soleils, aux hivers,
Aux peuples dispersés, aux rivages déserts
Demandant à longs cris une zone inconnue !
Du fond de notre abîme un éternel eiîort,
Lutte et s'élance et monte et retombe sans trêve ;
Alcyon, Alcyon, est-ce à jamais un rêve?...
Non, — mais de l'infini si lointaine est la grève !
Pour l'atteindre mon ange a pris un autre essor :
La seule aile rapide est celle de la mort. p. 232
Après les conflits intérieurs, les doutes métaphysiques, les alarmes,
les scrupules, après les malheurs et les deuils que reste-t-il dans le
cœur du poète? Est-ce le pessimisme d'Alfred de Vigny, est-ce le
désespoir ou la révolte, est ce l'amurtume ou Tennui ? Non, dans ces
strophes abondantes et faciles, pleines d'espérance et de réconfort ,
on dirait que l'on respire le parfum bienfaisant de la forêt humide
réchatifïée par le soleil qui a succédé à l'orage. Toutes les dissonances,
même celles qui ont exaspéré et fait vibrer à se rompre les cordes les
plus sensibles et les plus intimes se résolvent chez la Comtesse de
Stainlein en un harmonieux accord. Sous ce rapport, plus encore
que dans la forme, elle est bien de Técole de Lamartine. Il ne pouvait
LB MUSÉE BELGE.
du reste en être autrement chez une personne qui« par son idéale
bonté, a désarmé les ennemis et rempli les amis d'une admiration
respectueuse.
Et maintenant que nous possédons ce volume de Poésies, le nom
de la Comtesse Valérie de Stainlein vivra et son doux souvenir restera
pour toujours attaché à plus d'une page de son beau livre.
Emile Witmeur.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
39. — Raimund Oehler, Bilder-Atlas zu Câsars BUchern de Belle
Gàllico, Leipzig, Schmidt et Gûnther, 1907.
Aujourd'hui que l'enseignement intuitif prend de jour en jour une
plus grande extension, nous voyons paraître un peu partout des
livres destinés à cet enseignement. Et non seulement en France,
mais en Allemagne, en Angleterre et en Italie, nous constatons, dans
tous les domaines, les progrès de ces idées nouvelles.
Le livre dont nous allons parler est un atlas illustré pour l'étude
de César.
Un atlas! Mais est-ce là chose si extraordinaire, va-t-on dire!
Certes, si ce volume ne contenait que des gravures sèches et jetées sans
ordre, avec une ligne apprenant à Télève ce que chacime représente,
ce ne serait guère neuf, car ce travail a été fait depuis longtemps.
Mais c'est tout autre chose.
D'abord l'auteur, savamment, nous décrit d'une façon très com-
plète l'armée romaine que César commandait. Et après avoir lu cette
véritable dissertation, nous avons une idée bien nette de ce qu'était,
en général, l'armée consulaire.
L'auteur nous explique alors l'ordre de bataille, c'est-à-dire la
place qu'occupait au combat chaque légion, puis la tactique de
César et de ses lieutenants, la marche de l'armée en pays ennemi,
l'établissement d'un camp, l'importance des troupes alliées dans
l'armée, la disposition des divers campements (infanterie-cavalerie),
le système de fortification des Romains, la constitution des postes
(diurnes et nocturnes), les rondes, les punitions, les récompenses,
l'ordre des différents grades, les genres d'attaque, de défense, l'o ar-
tillerie » de campagne, etc.
Le second chapitre est consacré à la flotte romaine. L'auteur en
ime langue claire et précise, nous fait connaître la flotte de guerre
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 55
^n général ; il nous décrit, spécialement, Tune après l'autre toutes les
parties dW navire. Il nous donne une classification très complète
des vaisseaux composant la flotte romaine (moneres^ hivernes^ etc.). Il
nous détaille la façon de combattre sur mer des Romains ; il nous
dit l'aménagement des ports de guerre, c'est-à-dire ceux où l'on
garait les navires de guerre et enfin il nous parle des naves oneratiai.
Puis M. Oehler passe à l'ai mement des Gaulois. Cette partie est
nécessairement moins longue pour la bonne raison que le chapitre
n'a pas besoin de tant de développement, vu l'état plus barbare et
moins raffiné des habitants de la Gaule de cette époque. L'auteur se
borne à nous indiquer l'équipement des soldats gaulois et à nous
décrire leurs armes défensives et offensives
Alors viennent les explications des 82 gravures et des 3 cartes qui
se trouvent à la fin du volume.
Je ne puis évidemment pas entrer ici dans tous les détails de ces
commentaires savants et d'ailleurs trop nombreux. Ce serait infi-
niment trop long. Je me contenterai — pour en donner une idée —
de citer quelques gravures particulièrement intéressantes et bien
reproduites. Commençons par dire que ces gravures ne sont pas de
simples dessins plus ou moins bien faits par un dessinateur plus ou
moins habile qui, d'après un texte, essaie de reconstituer la chose
qui l'occupe. Non, ce sont des photogravures, des reproductions
authentiques de pierres tombales, d'objets de musées, de bas- reliefs,
de haut- reliefs, de motifs de colonnes, de chapiteaux, de peintures
murales, de monnaies etc., toutes chosess dont on peut voir l'ori-
ginal à Mayence, à St- Germa in-en-Laye, à Rome, à Aix-la-Chapelle,
à Orange, à St-Remy, etc. Il faut remarquer une ou deux gravures
particulièrement réussies. Je veux parler des gravures 48 et 52, l'ime
représentant le pont de César sur le Rhin (une reconstitution qui se
trouve au musée de St- Germain), l'autre, une birème romaine {biremes
tut figera).
Cette dernière est la reproduction d'un relief du temple construit à
Préneste* en l'honneur de la Fortune après la bataille d'Actium,
relief qui se trouve aujourd'hui au musée du Vatican. Puis, il y a
encore la photogravure d'une statue fameuse appartenant au musée
Capitolin à Rome et représentant un Gaulois mourant. Cette œuvre
anonyme fut achevée, dit-on, par le grand Michel-Ange. Ces trois
gravures ont une puissance d'évocation particulière et sont remplies
d'une intense poésie. Toutes du reste — peut-être sèches en appa-
rence — deviennent profondément éloquentes par le savant et
détaillé commentaire qu'en donne l'auteur.
Enfin nous trouvons à la fin de l'atlas le plan de quelques batailles
56 LE MUSÉE BELGE.
célèbres : la défaite des Helvètes (Bell, gall., I, 23-26) — la défaite
d'Arioviste (I, 42-53) — combat sur TAisne (II, 6-io) — la défaite
des Nerviens (II, 16-27), — le plan de quelques villes dont César
parle : Avaricum (VII, 14-31), Alésia (VII, 68-90), et ime carte du
plateau de Gergovia. Ces cartes sont également très bien commentées
par Tauteur.
Bref, en tous points, ce livre est très intéressant, d'autant plus
qu'il nous montre et qu'il nous explique les plus récentes découvertes
ayant trait aux expéditions de César.
Je suis persuadé que cet atlas historique rendra de très grands
services aux professeurs et surtout aux élèves.
J. J. Van Dooren.
40. — M. Schamberger, De L. Papmio Statio verborum navatore.
M. Niemeyer, Halis Saxonxun, 1907.
Dans le premier chapitre. Fauteur caractérise les poètes de la
seconde moitié du premier siècle de notre ère : ce sont moins des
poètes que des rhéteurs. Ils n'ont pas l'originalité des idées et de
l'expression qui distingue les poètes de l'époque classique, Catulle,
Virgile, Horace et Ovide. Ils sont réduits à demander à la rhétorique
le moyen de dire, d'une façon artificielle et maniérée, des banalités
désespérantes II n'y a qu'un seul poète qui fasse exception : cest
Martial. Ces poètes ont pourtant quelque chose de remarquable : ils
ont forgé une nouvelle terminologie, en créailt de toutes pièces un
vocabulaire spécial, ou bien en faisant passer dans leur langue des
mots grecs, des tournures atUques, ou enfin en rajeunissant quelques
termes de la langue archaïque.
Après cette introduction générale, l'auteur traite, dans une première
partie, des emprunts faits par Stace à la langue grecque. Pour ce qui
est des noms communs, Stace en a introduit peu dans la langue
latine. M. Schamberger les a recueillis et il les a classés d'après leur
sens en cinq catégories :
i) des termes techniques employés par les rhéteurs grecs ; 2) des
vocables désignant des esculenia ou des unguenta ; 3) se rapportant aux
aedificia et arttficia ; 4) au supellex ; 5) des varia.
. Quant aux adjectifs patronymiques grecs, introduits dans la langue
latine par Stace, avec une terminaison à peine diflférente, leur emploi
est beaucoup plus fréquent.
Dans la seconde partie l'auteur traite des nouveaux mots latins :
substantifs terminés a) en ior et trix qui commencent à se multiplier
dans la langue post- classique ; b) en tio et 510, peu nombreux dans
Stace du reste ; c) en tus et sus qui sont des abstraits ; d) en w«i, etc^
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Les adjectifs nouveaux se terminent en arts et alis ; en anus et ianus ;
en inus, etc.
Les adjectifs composés étaient fort en honneur chez les poètes
épiques, tels que Virgile et Ovide ; les poètes postérieurs n'en ont
guère ajouté. La plus grande partie de ces adjectifs sont composés
de la particule négative in et d'un adjectif.
Pour les adverbes, le vocabulaire de Stace présente peu d'innova-
tions.
En ce qui concerne la crjéation de verbes simples, Stace a été très
réservé. Il est étonnant qu'il se soit abstenu de former de nouveaux
verbes inchoatifs, ces verbes étant recherchés des poètes épiques. Au
contraire, les verbes fréquentatifs se rencontrent en plus grand nombre
chez lui. La multiplication des verbes composés est un phénomène
caractéristique de tous les auteurs post classiques et ici Stace est allé
plus loin que ses contemporains : c'est surtout à l'aide des préposi-
tions qu'il a formé de nouveaux verbes.
Enfin Stace donne à beaucoup de verbes une signification différente
de celle qu'ils avaient chez les grands classiques. Les uns, qui étaient
intransitifs. deviennent transitifs; d'autres se construisent avec un
infinitif, tandis que le latin classique employait un supin ou ad avec
le gérondif : la tournure française apparaît déjà. Les verbes composés
d'une préposition ont un accusatif comme régime direct, tandis que
le latin classique répète la préposition.
En résumé, la thèse de M. Schamberger est une contribution utile
à l'étude de la lexicologie latine. L Lucassen.
41. — P. Lebmanil, Franciscus Modius als Handschriftenforscher,
Mûnchen, O. Beck, 1908. i52 pp. gr. 8°. 7 m. (Quellen und
Untersuchungen zur lateinischen Philologie des Mittelalters, von
Ludwig Traube, III Band, I Heft.)
Cet ouvrage est le fruit de longues et patientes études. L'auteur
s'est efforcé d'identifier les manuscrits que l'humaniste belge
Franciscus Modius a pu connaître, et de déterminer les bibliothèques
qu'il a visitées.
L'utilité d'ouvrages de ce genre est incontestable ; les humanistes
et les érudits du xvi^ siècle ont connu bien des bibliothèques dont les
collections sont aujourd'hui- dispersées ou totalement disparues et les
renseignements qu'ils nous donnent permettent de reconstituer ou au
moins d'essayer la reconstitution de ces riches bibliothèques.
Modius fut un de ces infatigables chercheurs dont l'humanisme nous
offre de si curieux types ; tantôt seul, tantôt en compagnie de son
ami Carrion, il visita successivement les bibliothèques de Bamberg,
5S LE MUSÉE BELGE.
de Bonn, de Bruges, de Fulda, de Heisterbach, de Gembloux, de
Cologne, de Combourg, de Mayence, de St. Bertin, de Siegbourg,
de Ter Doest, de Wûrzbourg, y copiant et y collationnant des
manuscrits.
Parfois, il recourait aux collections privées de ses amis, J. Susius,
J. Postius, J. Weidnerus; lui-même possédait au reste une biblio-
thèque précieuse, dont le catalogue nous est heureusement conservé.
M. Lehmann a pu, grâce aux lettres publiées ou inédites de
Modius, grâce à ses éditions nombreuses d'auteurs antiques, refaire
rhistoire des expéditions scientifiques de notre compatriote et
retrouver dans plusieurs bibliothèques modernes les manuscrits qu'il
avait utilisés. Ce travail de bénédictin est digne de tout éloge ; il est
fait avec le soin et la méthode qu'on reconnaît à la science allemande.
Il a encore un autre mérite, celui de Toriginalité. Il inaugure pres-
que ce genre de recherches en Allemagne. A l'heure actuelle, on ne
s'occupe guère que des bibliothèques des humanistes italiens,
Pétrarque, Boccace, Latino Latini, Muret, Fulvio Orsini, et ces
travaux sont à peu près tous l'œuvre des savants français. Le succès.
et l'importance des recherches de M. Lehmann prouve que l'activité
de nos humanistes mérite d'attirer notre attention et que les « bar-
bares » du Nord ont autant fait pour la science et la civilisation que
les hardis travailleurs du midi, (i) Th. Simar.
42. — Dom Fernand Gabrol, Dictionnaire d'archéologie chrétienne et
de liturgie» Fasc.-XIII. Baptême- Bassus . Paris, Letouzey et
Ané, 1907. 5 fr. le fasc.
Ce fascicule XIII'' forme les colonnes 289 à 608 du tome IL II
contient vingt articles de longueur très inégale ; en effet trois d'entre
eux, Baptême, Baptistère et Basilique forment presque un volume chacun.
Il semble qu'il y ait excès pour un dictionnaire, ce genre d'ouvrages
étant destiné surtout à être consulté rapidement. Mais ce n'est pas
ainsi que l'entendent dom Cabrol et ses collaborateurs, dont le
principal et le plus fécond est toujours dom Leclercq. Ils traitent à
fond les articles importants, citent les sources et les discutent même,
et mentionnent les travaux modernes. Ceux qui sont pressés de voir
la fin de l'entreprise et ceux qui demandent avant tout un livre
donnant en peu de mots Tétat de la. science, se plaindront sans
aucun doute. Les archéologues, gens patients, qui aiment à tout
approfondir, attendront avec résignation et. . . ne seront plus là pour
(1) Ajoutons que M. Lehmann n'a pas manqué de mettre à profit les travaux de
notre collaborateur, M. Alph. Roersch, à qui le livre de M. Lehmann a fourni
Toccasion d'une nouvelle étude sur Modius (Musée Belge, i5 janv. igo8).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Sq
voir la fin. N'insistons pas : ce n*est pas à nous de tracer un plan
à dom Cabrol, et disons qu'il continue à bien remplir celui qu'il
s'est tracé.
Dom P. de Puniet donne la fin de son article sur le Baptême^
commencé dans le fascicule précédent (col. 251-346). Ils étudie les
rites orientaux (alexandrin, syrien, byzantin) et occidentaux (romain,
africain, ambrosien, gallican, mozarabe, celtique), puis l'acte baptismal
et sa formule dans les différentes liturgies. La bibliographie occupe
les deux dernières colonnes.
Un article spécial est consacré par dom H. Leclercq au Baptême
de Jésus (col. 346-380). Il étudie d'abord les textes, puis les repré-
sentations artistiques de cet épisode. Il distingue l'influence occidentale
(fresques, bas-reliefs, mosaïques, ivoires) et les influences égyptiennes
(ivoires, miniatures, haut- relief, fresques, menus objets). Cet article
est illustré de 3o gravures.
La question du Baptême des morts ou pour les morts est traitée par
W. Henry (col. 38o-382). Celles du baptême des cloches et des enfants
sont renvoyées aux mots Cloches et Enfants.
Le Baptistère a été l'objet d'un long article de dom H. Leclercq.
Nous en donnons le sommaire : baptistères improvisés, domestiques ;
leurs noms; leur distinction de l'église. Architecture. Dispositions.
Adduction et écoulement de l'eau. Décoration. Distinction des sexes.
Conciles dans les baptistères. Autels. Dédicace. Vocable. Admission.
Droit d'asile. Droit d'étole. Fermeture. Baptistère provisoire, dans
les catacombes. Baptistères à Rome, et dans les difiîérents pays.
Article richement illustré de 60 figures.
De dom Leclercq encore une notice sur l'église de Baqouza^
dans la Syrie orientale (col 469-478), sur Barahbas (col. 478), sur
la Barbe (col. 478-493) et sur Bardesane (col. 493-495). Le curieux
article sur la barbe traite de la barbe chez les anciens (port, coupe et
rasure), chez les chrétiens, les moines, les barbares, dans la liturgie.
Suivent quelques mots sur la Barette, coifi'ure ecclésiastique, par
W. Henry. Dom Cabrol traite de la légende et du culte de l'apôtre
saint Barnabe (col. 496-498). Baronius est renvoyé au Dictionnaire
dliistoire ecclésiastique. L'article sur saint Barthélémy (identification
avec Nathanôl. Légendes. Reliques et Fêtes) est du P. B. Zimmer-
mann. Le P. Pargoire est Tauteur des dix colonnes sur saint Basile de
César ée et les Basiliens, Il expose l'idéal monastique de S. Basile, son
action monastique, examine ses écrits ascétiques, l'influence de la
tradition basilienne et des écrits basiliens.
Enfin les articles Basilic (lampes et ivoires représentant le Sauveur
foulant aux pieds un animal fabuleux. Ps, go, i3), les Basilidiens
I
6o LB MUSÉE BBLGB.
(objets se rapportant à la secte basilidienne) et Basilique sont de la
plume infatigable de dom H. Leclercq. Nous avons ici un traité
complet sur la basilique chrétienne, avec 5g figures. Le sujet a été
récemment étudié par Fauteur dans son Manuel ifarchéologie chréitenne,
un livre qui mérite d'être signalé (Paris, 1907. 2 vol.). Dom Leclercq
recherche l'origine de la basilique chrétienne; il en décrit les divers
types, les parties et les dépendances. Nous ne ferons qu'une obser-
vation de détail. Les textes païens, dit-il, nous montrent des païens
réunis dansl maison d'un des membres de la confrérie dont les ims
et les autres font partie. Une inscription, ajoute-t-il, mentionne la
réunion dun collège dans la maison de Sergia Paullina. Et il cite le
Collegium quod est in domu Sergiae Paullinae, Nous avons sept inscriptions
qui mentionnent ce collège (i). Son nom n'a pas le sens que lui
attribue dom Leclercq : il désigne tout simplement un collège
domestique (2), c'est-à-dire composé des esclaves et des affranchis de
Sergia Paullina, qui n'en faisait naturellement pas partie elle-même.
Quod est in domo ne signifie rien d'autre. J. P. W.
43. — A. Schaefer, EinfUhrung in die Kulturwelt der alien Griechen
und Roemer. Hannover, List et Berlin, Cari Meyer, 1907. 270 pp.
in-80. 3 m.
Ce livre s'adresse aux élèves qui n'apprennent pas le grec ni le
latin. M. Schaefer est d'avis que la connaissance de la civilisation
antique est nécessaire à la haute éducation intellectuelle. Il se rend
bien compte aussi que les jeunes gens qui n'ont pas vécu dans l'anti-
quité sont incapables de rien comprendre à Homère ou à Virgile, à
Sophocle ou à Térence, à la littérature classique en général. Il veut
donc les a introduire » dans le monde antique. Il leur décrit la Grèce
et il leur raconte les fables mythologiques et héroïques ; puis il leur
dit quelques mots des auteurs anciens et des écoles de philosophie.
Le livie est bien fait et instructif. C'est ainsi que la description de
la Grèce n'est pas purement géographique ; quand l'auteur parle
de rÉlide, il fait connaître le sanctuaire d'Olympie, le Zeus de
Phidias, etc. On est étonné de voir tout ce qu'il a réuni de notions
intéressantes en 242 pages. Dans son texte, il a enchâssé les plus
beaux passages des auteurs grecs et latins, traduits en allemand (en
vers, si ce sont des poètes). Mais, après ces éloges, nous lui ferons
une objection. Ou les élèves apprennent le grec et le latin et ils
auront le temps de s'assimiler toutes ces notions et aussi ils seront
(i) Cfr. J. P. Waltzing, Etude sur les Corporations professionnelles des Romains^
t. IV, p. 172.
(2) Ibid.^ p. J 53- 177.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 6l
en état de les comprendre ; ou ils n'apprennent pas le grec et alors
leur temps est consacré à autre chose : lantiquité restera à peu près
pour eux un livre fermé. J. P. W.
44. — L. Van Miert, S. J., Blomlezing uit Ovidius, Caiullus, Tihul-
lus, Properttus, Martialis en Juvenalis^ voor de middelste en hoogste
klassender Gymnasia bewerkt. Leiden, Théonville, 1907. 340 pp. 8".
2 fl. 45.
Ovide occupe la plus grande partie de ce volume : après une
introduction sur la vie d'Ovide, sur sa grammaire et son style et sur
sa métrique, nous trouvons 37 extraits des Métamorphoses (174 pp.)>
19 des Tristes (5o pp.) et i3 des Fastes (35 pp.). Le reste du volume
(environ 75 pp.) est pris par 18 passages de Catulle, 4 de TibuUe,
2 de Properce, 37 épigrammes de Martial, 3 extraits assez longs de
Juvénal et quatre pages de sentences tirées d'Ovide et de Juvénal.
Les extraits de chaque poète sont précédés d'une courte notice sur sa
vie et sur le mètre qu'il a employé.
Les textes sont empruntés aux bonnes éditions ; le commentaire
est d'une sobriété et d'une concision voulues, mais il donne, avec
exactitude, ce qui est nécessaire aux élèves pour préparer la lecture.
Les morceaux sont bien choisis. Cette anthologie est, du reste,
destinée à des établissements où les Métamorphoses d'Ovide ne sont
pas inscrites au programme. J. P. W.
Langues et Littératures celtiques.
45. — C. Jullian, Histoire de la Gaule, l. Les Invasions gauloises et la
Colonisation grecque. II. La Gaule indépendante. Paris, Hachette 1908.
2 vol. de 53o et 557 PP« in-8**. Chaque vol. 10 frs.
Depuis plusieurs années, on savait que M. C. Jullian préparait un
travail d'ensemble sur l'histoire de la Gaule. Mais nul, je pense, ne
s'imaginait qu'il aurait les proportions monumentales que lui a
données son auteur : deux volumes sont publiés, et ils nous conduisent
seulement au moment où César va apparaître. Le savant professeur
du Collège de France en annonce quatre autres encore pour nous
amener jusqu'à la fin de l'empire romain. Jamais on n'aurait pensé
qu'il était possible de retracer avec une telle ampleur, et ce, exclusi-
vement à l'aide des sources de première main, le passé ténébreux des
terres gauloises.
On a beaucoup écrit sur les Gaulois, depuis Dom Martin et Siméon
Pelloutier ; le xix^ siècle a vu la production de toute une bibliothèque.
Et cependant que de points restent encore obscurs. Le travail de
62 LE MUSÉE BELGE.
M. Jullian apporte des solutions nouvelles en beaucoup de cas; il
n'expose jamais que la manière de voir de son auteur ; il ne réfute
pas les opinions contraires, mais on trouve celles-ci soigneusement
mentionnées dans les notes. C'est au lecteur de juger; il a en main
toutes les pièces du procès, et M. Jullian expose ses thèses dans une
langue si noble, si élevée, avec des arguments si logiques et si persua-
sifs, que, bien souvent, on ne songe même pas à discuter ses
conclusions. Comme beaucoup de théories sont nouvelles, c'est sur
elles que j'insisterai tout particulièrement.
Le premier volume s'ouvre par un exposé net et précis de la
géographie physique de la Gaule dans l'antiquité, puis de la situation
spéciale qui y était faite, à l'homme à la fois par la position de ce terri-
toire dans le monde ancien, et par les ressources et les obstacles que
la nature présentait aux habitants. Il y a là trois chapitres qui me
paraissent absolument définitifs (i).
Les premières populations historiques que rencontre M. Jullian
sont les Ligures. C'est une ihéorie qui a été énoncée pour la première
fois par Roger de Belloguet, qui a été reprise par M. d'Arbois de
Jubain ville, et que ^L Jullian développe avec plus de précision
encore. D'après lui, — et les auteurs anciens qu'il cite à l'appui de ses
dires semblent lui donner raison — non seulement la Gaule toute
entière mais encore la Belgique aurait été couverte par les Ligures.
Pour étayer sa thèse, M. Jullian a voulu se servir de la linguistique.
Sur ce terrain, il a été moins heureux : il est difficile de tirer profit
d'une langue dont on ne connaît que cinq mots.
L'auteur a voulu en expliquer un, le nom ligure du Pô, et il s'est
laissé induire en erreur par la trompeuse analogie de forme qu'il
présente avec un mot allemand (2). De même, dans l'étude de la
toponymie ligure, M. Jullian s'est laissé entraîner par sa « vision
ligure »>, et il s'est certainement égaré sur beaucoup de points : les
noms Dives, Divonnes, Divettes, Bièvres, Beuvrons, Ardennes etc.,
appartiendraient d'après M. Jullian, non point au celtique, mais à la
langue des Ligures. Or, tandis que nous ignorons quels furent les
prototypes ligures de ces mots, la grammaire comparée des langues
celtiques nous permet u« les interpréter. On les attribue donc avec
(i) A propos (les sources i ,.tiv «. on pourrait ajouter à toutes celles qui sont
énumérées celle q»»e l'iiiiv l'Anci n signale dans la civitas Tungrorum^ et citer tout
au mo s If nom le Spa, le Vichy belge.
(2) l'âge 123. -8 'f^/wcMS ^=^oif^w/o5. Malheureusement ail. Boden = sert budhnas,
lat fundus^ v. irl bond^ soit un idg. bhudhno ou bhvdnm{tt)no, et non une racine
bod — comme le croît M. Jullian. En n'tst pas un suffixe, dans boden^ il fait partie
de la rncine
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 63^
raison au gaulois, tandis qu'il me paraît y avoir ime défaillance de
méthode à interprêter ohscurum per obscurius. Le problème de la langue
et de la toponymie ligure devrait être étudié à nouveau en dehors
tout esprit de système par un indo-germaniste qui aurait approfondi
au préalable tout ce que nous savons de l'histoire de ce peuple.
Cette réserve faite, l'évocation que fait M. Jullian de la civilisation
ligure en Gaule est très neuve, très vivante et très vraisemblable,
bien que parfois exclusivement basée sur l'hypothèse. Tout ce qu'il
dit du tempérament physique et moral de ce peuple, de l'agriculture,
de Part et de l'industrie, est étayé sur de solides preuves ; le tableau
qu'il fait de la religion et des rites est très croyable, et celui qu'il
trace des sépultures ligures est une bonne synthèse archéologique. Il
a sur les monuments mégalithiques en général et particulièrement sur
ceux de l'Armorique des aperçus tout à fait personnels. Jusqu'ici, on
n'a pas, que je sache, expliqué de manière satisfaisante l'accumulation
formidable de dolmens et de menhirs que l'on observe en Armorique.
M. Jullian voit la cause de ce phénomène dans les croyances reli-
gieuses des Ligures. Il remarque d'abord que plus on approche du
rivage plus ces monuments sont nombreux; que d'autre part les plus
considérables s'entassent sur quelques lieues de littoral. Il en conclut
que c'est l'Océan qui a attiré le monde des trépassés. Les plus anciens
peuples de l'Europe barbare ont cru que les morts immortels s'en
allaient par de là T Océan vers des îles lointaines et bienheureuses ;
les Ligures auraient eu la même croyance ; or, l'Armorique était la
partie du pays qui s'avançait le plus loin dans la mer ; c'est dans le
Morbihan que l'Océan pénètre le plus profondément avec ses courants
rapides. Pour éviter à leurs défunts un long voyage par terre, les
Ligures auraient enterré leurs morts au bord de cette mer qu'il fallait
traverser, et ceux de l'intérieur auraient transporté leurs défunts les
plus illustres jusqu'à l'endroit le plus favorable pour commencer la
mystérieuse traversée d'outre- tombe. L'hypothèse, on le voit, est des
plus séduisantes : elle dissipe lobscurité qui entoure le colossal cime-
tière qu'est l'Armorique.
Après avoir ensuite retracé l'histoire de la fondation de Marseille,
M. Jullian aborde le problème de l'origine des Celtes. Tout d'abord,
il renverse complètement la théorie actuelle. Celle ci, qui a été surtout
exposée par M. d'Arbois de Jubainville, plaçait l'habitat primitif des
Celtes sur le Haut-Danube et le Mein, en s'appuyant sur la topo-
nymie. Reprenant la tradition druidique, connue par Amnien Mar-
cellin, M. Jullian situe le domicile des Celtes avant l'invasion sur les
côtes extrêmes de la Mer du Nord, Frise et Jutland. Par Celtes il
n'entend que les Gaulois ; il se refuse à ranger sous ce nom les
-64 LE MUSÉE BELGE.
populations de Grande-Bretagne et d'Irlande parlant des idiomes
que nous appelons aujourd'hui celtiques ; il voit en elles les descen-
dants de Ligures : je fais à cet égard les mêmes réserves que j*ai
formulées à propos de la toponymie ligure : nous ne connaissons pas
la langue des Ligures, tandis que la grammaire comparée des langues
celtiques contemporaines explique le Gaulois. C'est là, à mon sens,
ce qui indique la parenté des populations. Ceci n'empêche nullement
qu'il y ait eu antérieurement des Ligures en Irlande et en Grande-
Bretagne.
i.es Celtes semblent avoir été chassés de leurs demeures par
quelque gigantesque raz de marée. Tous cependant ne quittèrent pas
leur sol cette première fois ; une partie d'entre eux seulement se
-dirigea vers^ le sud en suivant les côtes, semble-til ; ils franchirent le
Rhin, traversèrent la Belgique et allèrent s'établir dans la Gaule
centrale. Une rapide fusion se fit entre Ligures et Celtes, tandis que
dans le nord de la Belgique les Ligures repeuplaient leurs terres
dévastées par l'invasion. C'est de la Gaule que partirent ensuite les
peuplades qui conquirent l'Italie et mirent Rome un moment en
danger, puis celles qui s'établirent sur le Danube et en Orient, et
enfin celles qui s'emparèrent du nord de TEspagne.
Tandis que les Cel es s'étendaient au sud et à Test, les Belges, qui
formaient le rameau celtique resté dans les plaines de la Basse-
Allemagne, se mirent à leur tour en mouvement; une séparation de
plusieurs siècles avait fait se dififérencier leurs mœurs et leur langage
de celui de leurs frères partis antérieurement. Ils formaient un inter-
médiaire entre eux et les Germains. Les Belges s'établirent dans la
Belgujue actuelle, refoulèrent diverses peuplades qui s'étaient fixées
<)a s le sud de noire pays, se déversèrent dans les vallées du Doubs
et de la Saône, et le lon^ des lacs de Neuchâtel et de Genève, tandis
qur leurs tribus avan< ées occupant le Valais pénétraient jusqu'en
Italie.
i\idis, les Celtes ne turent pas les seuls barbares qui envahirent la
Gaule Du sud vinrent les Ibères qui en occupèrent le sud-ouest
A cette invasion se rattache le problème de l'origine des Basques et
de leur langue Vcskuura, La plupart des auteurs qui se sont occupés
de cette question voient dans les Basques les descendants des Ibères,
e' c est. je pense, lopinion qui fait autorité. Quelques autres dont le
ciitt est M. Vinson, reculent la formation de ce peuple mystérieux
juMju aux temps préhistoriques; d'autres enfin la reportent au moyen
a^i A. Jullian émet une hypothèse nouvelle. Il voit dans la com-
jicAi 11 physique et morale des Basques un produit de leur situation
g j^iaphique et des» conditions politiques dans lesquelles a vécu leur
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 65
pays. Quant à la langue, il constate que quatre cinquièmes des mots
se ramènent au latin, au celtique, à Tespagnol et au gascon, «langues
qui ont résonné sur les côtes et les grandes routes du Pa3rs Basque ».
Le dernier cinquième se composerait de sédiments laissés par les
Ibères et les Ligures qui formeraient le fond de la population. Malgré
l'ignorance dans laquelle nous sommes de Tibère et du ligure, c'est
là llijrpothèse la plus vraisemblable de toutes celles qui ont été
formulées.
Le premier volume renferme en outre un tableau de la civilisation
g^auloise hors de la Gaule, c'est à dire en Thrace et en Phrygie, sur
le Pô et le Danube ; l'auteur constate que l'immense empire celtique
(M. Jullian dit le monde gaulois) ne constitua jamais ni un état ni une
îfédération ; chaque cité vivait par elle-même et pour elle-même ; tout
état gaulois prit insensiblement une physionomie propre déterminée
par les conditions de voisinage ; il n'y eut pas d'unité politique
celtique.
Vient ensuite une histoire de l'Empire de Marseille, de ses luttes
contre Carthage, les Etrusques et les Gaulois, et de l'extension de
son commerce. Le voyage de Pythéas vers le nord y est retracé avec
précision et clarté.
Enfin, après avoir suivi pas à pas Hannibal et les Barcas dans
leurs traversées de la Gaule, M. Jullian examine ce qu'était la Gaule
après les guerres puniques et pourquoi cette contrée devait sous peu
succomber devant les légions romaines.
Les guerres puniques avaient donné aux Romains le goût de
l'expansion guerrière ; elles avaient provoqué la conquête définitive
de la Gaule du Pô, et la soumission de l'Espagne; d'autre part Rome
devenait de plus en plus l'incarnation de l'hellénisme et l'unité abso-
lue de son empire lui donnait un formidable avantage sur les popu-
lations gauloises.
Rome avait en Gaule une alliée, Marseille ; Marseille, soit faiblesse,
soit intérêt mal compris, laissa fréquemment intervenir Rome en sa
place, et, jusque dans son monnayage, finit par subordonner ses
traditions commerciales aux affaires des Romains. Tout en paraissant
se désintéresser de la Gaule, Rome y faisait donc déjà sentir son
influence.
Et quant à la Gaule elle-même, pendant le siècle qui sépare l'inva-
sion d'Hasdrubal de celle des Cimbres, elle vécut pour ainsi dire
sédentaire; Celtes et Belges, maintenus dans le territoire qu'ils
s'étaient conquis, s'y organisèrent une vie locale, déterminée par
leur caractère, leurs traditions et la nature du pays.
C'est cette civilisation que M. Jullian étudie dans son deuxième
66 LE MUSÉE BELGE.
volume. Pour Téclairer, il renonce à se servir des documents du
moyen âge irlandais et gallois, pour plusieurs motifs qu'on ne peut
passer sous silence : i* aucun historien ancien ne nous apprend que
les Gaulois (lisez Celtes) aient pénétré dans les Iles britanniques ; la
conquête belge y fut incomplète, et rien ne prouve que la civilisation
des Belges et des Celtes s'y soit propagée par le commerce ; 2" douze
siècles se sont écoulés entre la rédaction des documents celtiques
modernes et Tépoque gauloise : tout a pu changer ; 3<> les documents
irlandais et gallois sont des œuvres artificielles, pleines de fantaisies
et de remaniements; 4® les analogies constatées entre le monde
gaulois et irlandais ne seraient pas différentes de celles que Ton peut
retrouver entre la civilisation irlandaise et la civilisation grecque ou
germanique.
Ces arguments ne sont pas décisifs : la parenté des langues cel-
tiques modernes avec le gaulois, parenté qui a été démontrée d'une
manière tout à fait certaine par la grammaire comparée, établit celle
des peuples ; de ce que aucun historien ancien ne nous a conservé le
souvenir du passage des Celtes en Angleterre et de là en Irlande, il
ne suit nullement que ce passage n'ait pas eu lieu. Remarquons que
M. Jullian situe le berceau des Celtes, précisément à Tendroit d'où
sont partis bien des siècles plus tard les Angles et les Saxons. Pour-
quoi, alors que la linguistique nous l'indique, les Celtes n auraient-ils
pas frayé la voie maritime qui conduit de l'embouchure de l'Elbe
aux côtes d'Angleterre? Evidemment M. Jullian a raison detre très
prudent par rapport aux documents irlandais et gallois: ils sont tardifs
et altérés par des influences poétiques ; mais ce n'est pas une raison
pour les déclarer inutilisables, ils renferment des traditions précieuses.
Le dernier argument de M. Jullian est en effet exagéré : les analogies
que l'on découvre entre le monde gaulois et le moyen âge irlandais
sont autrement précises que celles dont on a constaté l'existence entre
les civilisations irlandaise, d'une part, germanique et grecque d'autre
part. Ce n'est pas le lieu de les exposer. Je renvoie pour cela à l'intro-
duction que M. E. Windisch a mise en tête de son édition du Tain
hô Ciïali ge (Leipzig, 1905) et en général aux divers ouvrages de
M. IL d'Arbois de Jubainville.
M. Jullian montie la population des Gaules qui, d'après lui,
s'élevait à environ 20 à 3o millions d'hommes, répartie en tribus et
en peuplades; celles-ci faisaient partie de fédérations permanentes
dans le sud, temporaires dans le nord. Il expose très clairement
commeni le groupement par peuplade paraît avoir été déterminé par
les I dations straté<^iques et économiques, mais les pages qu'il consacre
aux noms de ces peuplades sont de celles qui comptent parmi les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 6j
plus malheureuses de l'ouvrage : elles sont pleines détymologies
inexactes et contradictoires (i).
La tribu avait ses institutions propres et une autonomie relative.
L'esprit d'indépendance des Gaulois et les rivalités entre les tribus
d'une même peuplade furent une des causes de la faiblesse des
peuplades ; anciennement, à la tête de celles-ci se trouvait un roi ; au
II* siècle avant Jésus Christ ce dernier fut remplacé par les magistrats,
surtout dans la Celtique. Le pouvoir se trouva dès lors partagé entre
les magistrats, les sénateurs ^t le peuple. Les membres de la cité
devaient conformer leur vie aux principes reconnus bons par les
générations qui les avaient précédés. La vie politique créa des lieux de
défense et de rendez-vous qui étaient comme le cœur de la peuplade ;
il y avait donc chez les Gaulois un acheminement vers le régime
municipal. L'établissement de ce régime fut entravé par l'organisation
de la société et par la religion.
La première était composée d'esclaves et d'hommes libres, mais ces
derniers formaient la plèbe et la noblesse, et la noblesse, elle aussi,
comportait une hiérarchie ; ceux de ses membres autour desquels
la richesse, la naissance ou la bravoure groupe la plus grande somme
de compagnons ou de serviteurs, tiennent en échec la justice, les
lois, le magistrat.
D'autre part, dans la cité, les druides formaient une puissance
concurrente du pouvoir politique. Pour expliquer l'origine des
druides qui n'apparaissent que dans la seule Gaule, M. Jullian émet
une hypothèse nouvelle. Pendant les guerres de conquête.on remarque
que les rois sont à la fois généraux et grands -prêtres. Après l'établisse-
ment des Celtes en Gaule, les rois n'exercent plus d'attribution reli-
gieuse. M. Jullian en conclut, qu'après la fin des migrations (entre
3oo et 200) la séparation des pouvoirs s'est faite, et que les fonctions
religieuses ont été dévolues aux diuides. Comme évolution parallèle,
il signale à Rome l'institution du Rex Sacrorum, en Attique les cp^^o-
(i ; Petrocorii et Tricorti n'ont rien a faire avec les Tarbilli Quattuorbignaui k.\ Us
Cocosates Sexstgnani de Pline IV, 108; la vraie élymolo^ic est celle que M. Jullian
dédaigne (irl. cuire armée), on ne pcui pas songer à quelque chose comme curtisou
curia (=^ co-uiria); Kburones (cf v. irl. ibha* if, c'est-à-dire ceux de l'if, proba-
blement les fils de Tifj n'est pas traduit de moins de quatre manières différentes en
deux pages : les descendants d'Eburos, les tîls du Sanglier, les fils de VU et les
iMeurtriers! Les Bituriges Cubi n'ont jamais été traités de Cubes, pour la bonne raison
que le cubus latin est une dérivation latino-grecque d'une racine indo-européenne
qub'Ou qubh-dont le sens est s'infîéchir. Vip-isci n'a rien à voir avec le latin viscum^
gui; son radical parait être celui du v. irl.^w, dignus ; viscum — (Eôç; Pûtones ne
peut être rapproché du Uiin pkti : Ptctones -^ quiet m. irl. cicht^ gai lois /7z7/r, breton
piz, etc.
68 LE MUSÉB BELGE.
pooiXeîç ; il aurait pu y joindre l'archonte PaoïX^ç. Mais, dans tous les
cas où la chose est certaine, le nom de roi est conservé au fonction-
naire religieux. S*il en avait été ainsi en Gaule, nous retrouverions
sans doute dans le nom des druides le mot rix, roi en gaulois. Je
m'étonne que M. Jullian, qui attache toujours une importance capitale
aux renseignements que nous ont fournis les Anciens, ne s*en soit
pas tenu à Topinion de César (VI, i3, ii ; cf. 12), daprès lequel le
druidisme serait originaire de [Grande] Bretagne. M. JuUian fait
observer que César ne parle que de 4a doctrine, et que la doctrine
et le clergé d'une religion peuvent avoir des berceaux fort différents.
Si cela est vrai pour le christianisme, ce ne peut l'être pour le
druidisme : il faudrait admettre que les héritiers du pouvoir religieux
des rois seraient allé chercher une doctrine tout à fait étrangère, dans
un. pays d'une civilisation tout autre — d'après M. Jullian — , pour
venir l'imposer à leur peuple. C'est tout à fait invraisemblable ; il est
pour ainsi dire certain que les druides sont venus de [Grande]
Bretagne ; on les y retrouve dans les documents gallois, et l'épopée
irlandaise fait même mention d'im druide de Bretagne appelé
Maincheiîn. M. Jullian idéalise beaucoup trop les druides; il en fait
les apôtres d'une doctrine supérieure et leur retire les attributions de
prophètes, devins, cueilleurs d'herbes magiques, etc. Il assigne
celles-ci à des prêtres subalternes. Là encore il va à rencontre des
témoignages des documents irlandais qui éclairent les textes peu
explicites de Pline : en Irlande, de même qu'en Gaule, les druides
ont exercé eux-mêmes ces pratiques inférieures.
La religion des Gaulois a dû être un mélange des croyances des
Celtes et de celles des Ligures. Le plus grand des dieux fut Teutatès,
ancêtre et législateur, gardien, arbitre et défenseur des tribus ; à
côté de lui se mouvaient toute une série de divinités masculines et
féminines qui personnifiaient les éléments. Tous ces dieux avaient
des personnifications locales. A côté d'elles, on adorait a les forces
immuables et innombrables qu'engendrait la multitude des choses
du sol. » Cette religion ne porte aucun caractère d'originalité; la
conception qu'elle avait des dieux se retrouve partout dans les
religions antiques.
M. Jullian expose ensuite ce qu'était l'art de la guerre chez les
Gaulois, il montre les causes de leur combativité, décrit leur arme-
ment, l'organisation du commandement, le service de campagne, les
forteresses et les sièges. Il consacre également quelques pages à la
marine de guerre.
Il montre ensuite l'importance des questions économiques dans la
vie gauloise : la cause en est dans le fait que la Gaule possédait un
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 69
vaste réseau commode de voies naturelles. La navigation sur les voies
fluviales était fort développée ; la vie maritime n'était pas moins
active, autant sur la Méditerranée que sur TOcéan ; les routes de
terre étaient devenues les organes des transports internationaux :
le mouvement commercial amène la naissance de nombreuses places
de marché. Si la route est destinée à unir des centres habités,
réciproquement elle créé des groupes dTiabitations : auberges,
relais, etc.
M. Jullian détermine huit causes d'origine des villes :
lo le régime de la tribu avait créé des places fortes ;
2** celui de la cité avait développé les centres des tribus confédérées ;
30 des bourgades se sont formées autour des habitations des nobles
et de leur clientèle ;
4^ les nécessités stratégiques ont amené la fondation de nouvelles
places fortes pour défendre les frontières des États ;
5^ des sanctuaires fameux se sont peu à peu entourés d'habitations ;
60 les exploitations agricoles ont donné naissance à des bourgades;
70 les places de marché se sont peuplées ;
et 80 les auberges, relais, péages, contrôles, gués, ponts, ports, etc.
ont concentré les habitations.
Naturellement, tous ces lieux d'habitation ne furent pas égale-
ment peuplés et prospères ; les circonstances politiques, les relations
internationales, les révolutions économiques modifièrent au cours
des âges leur importance ou la nature de leur vie. Les seuls qui
disparurent furent les places fortes perchées sur les rochers abrupts,
à l'écart des voies de communication.
L'une des bourgades fondées les plus tardivement fut Lyon (i)
qui, malgré les avantages que présentait la position géographique
ou elle s'éleva, ne fut établie que vers i5o avant Jésus-Christ.
Enfin dans tout ce que M. Jullian dit des noms de ces villes, il règne
une obscure confusion tout à fait regrettable entre ligure, celtique et
ibère, Alesia, Nemausus, BibracU^ Genava, etc. sont celtiques et non
ligures ; Illiberis est ibère et non celtique ; Lugudunum n*a jamais
signifié la « montagne claire » dans aucune langue.
Dans les bourgades et dans les campagnes, la vie en Gaule était
fort active ; elle se manifestait jusque dans les forêts et les marécages.
M. Jullian décrit les procédés et les instruments de culture, l'élevage
du bétail, la chasse et la pêche, les industries de l'alimentation et du
(1) Soit dit en passant, le nom de Lyon, Lugudunum^ n*a aucun rapport avec le
latin iucidus^ qui dérive d'une racine indoeuropéenne /eue-, dont vient le gaulois
Leucetios, Par conséquent, Lugudunum n*a jamais pu être un équivalent de
Clairville.
70 LE MUSÉE BELGE.
vêtement ; puis passant à Texamen des mines, il dit le travail des
métaux, bronze et fer, or et argent; à propos de la parure, il montre
remploi du corail, de Témail et de la verrerie ; et il termine ce chapitre
en étudiant la céramique, l'architecture, le mobilier ; déjà les cités
de la Gaule nourissaient un prolétariat d'ouvriers et une bourgeoisie
de marchands.
Les produits industriels, grâce aux nombreuses voies de communi-
cation se répandaient par toute la Gaule. Les transactions étaient
facilitées par la monnaie. Celle-ci apparaît en Gaule dès le vi« siècle
avant Jésus-Christ. Elle n'est pas originale : elle imita les pièces des
peuples limitrophes de la Gaule, et surtout le statère d'or de Philippe
de Macédoine qui y avait été introduit en grandes quantités par le
commerce international. M. Jullian expose d'une manière très claire
et très substantielle ce que nous savons de la monnaie gauloise. Je
n'ai à ce sujet qu'une légère remarque à présenter : se méfier des
« lyre ou harpe qui accompagne les chants des prêtres », des trépieds,
chaudrons, vases à sacrifice, et des « formes célestes qui rappellent
une vertu divine : roue solaire, rosace stellaire, etc. » Ces signes n'ont
pas la signification que leur avaient attribué Lelewel, Hucher et les
autres propagateurs du symbolisme gaulois. Leur origine est beau-
coup plus simple : tantôt, ce sont des dégénérescences de différents
monétaires variés qui se trouvent sur les prototypes grecs. Exemple,
la prétendue lyre est une déformation du diota. Tantôt, ils sont
produits par la méthode enfantine de dessin que pratiquaient les
monnayeurs ; dans l'impossibilité de dessiner un ensemble, ceux-ci
gravaient chaque détail séparément ; de là des résultats bizarres.
Exemple, la roue dite solaire : devant reproduire le bige du statère
macédonien, le graveur commence par dessiner le cheval ; son
dessin terminé, il n'y a plus place pour la roue du char derrière
l'animal. D'après sa conception, pour que son dessin soit complet,
il y faut une roue ; c'est pourquoi il la grave soit au-dessus, soit au-
dessous de l'animal. On voit donc que ce prétendu symbole n'a rien
de solaire.
M. Jullian passe ensuite à la vie intellectuelle; il reconnaît aux
Gaulois une intelligence vive et un tempérament oratoire, mais gâté
par trop d'emphase et trop d'esprit. Il parle ensuite de la langue
gauloise; il admet la parenté du gaulois avec l'irlandais, le Gallois
et le Breton, théorie qui se concilie difficilement avec les assertions
précédentes de l'auteur d'après lequel (II, p. 1 3, n. 5) « c'est la chose
du monde la plus hypothétique que l'origine gauloise des êtres et
des traditions de ces pays ». Les remarques de M. Jullian sur la
difficulté d'utiliser ces langues à cause de l'évolution qu'elles ont
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 7I
subie avant de nous être connues, sont très justes; j'irai même plus
loin que lui : je n'oserais pas affirmer que dede corresponde à dedit^
ieuru^ iorebe à erexit, erigit : nous ne savons absolument rien de la
morphologie gauloise ; seule la phonétique nous en est connue. Cette
langue s'est écrite au moyen des alphabets grec, latin et étrusque,
mais la littérature était purement verbale ; elle était pratiquée par les
bardes. Quant à Tart, il se réduisit d'abord au dessin géométrique,
puis il s'appliqua à imiter la nature, mais il resta toujours rudi-
mentaire.
La dernière partie du second volume est consaciée d'abord à Tétude
de la famille; l'auteur explique la persistance de l'individualisme
dans rÉtat, nous fait assister aux différents actes de la vie familiale, et
montre que la femme était non l'esclave, mais l'auxiliaire de l'homme.
Il étudie ensuite le tempérament gaulois, puis recherche les causes
de la tendance à l'unité gauloise ; il découvre une conscience com-
mune à toutes les tribus associées, des liens de parenté entre les
peuplades et une communauté de traditions, d'institutions, d'en-
seignement et d'espérances.
Enfin, pour terminer, M. Jullian examine la répartition des
différents peuples sur le sol de la Gaule. C'est un dernier et très
important chapitre de géographie historique et ethnographique.
En ce qui concerne la Belgique, je ne suis pas du tout d'accord
avec M. Jullian : pour lui, la peuplade des Germant de César était
germanique, les Nerviens et les Trévires s'étaient fusionnés à de
nombreux émigrants germains. Je crois que cette théorie est fausse :
il s'est produit dans l'antiquité une confusion entre deux emplois du
nom de Germant.
Ce mot, — tous les gens compétents sont d'accord à ce sujet aujour-
d'hui, je pense, — est celtique ; il s'appliquait à l'origine à une peuplade
belge, donc celtique, qui passa le Rhin au iii« siècle avant J.-C. à
l'arrière- garde des Belges, s'établit -en partie dans la forêt des
Ardennes, puis écoula le reste de ses forces par la vallée du Rhin
supérieur, jusque dans le Valais d'où ses guerriers pénétrèrent en
Italie. Cette peuplade qui s'étendait sur la rive gauche du Rhin,
vit appliquer son nom par les gens du midi à toutes celles qui avaient
leurs demeures au delà du Rhin; mais celles-là ne parlaient pas la
même langue; le même nom s'attacha donc à deux sortes de gens
différents les uns des autres, et la communauté de nom amena la con-
fusion entre les personnes. C'est pourquoi les Germant belges dont
tous les noms connus sont celtiques furent déclarés germains par
César. César semble ne s'être pas douté de la distinction à établir ;
Tacite, le dernier des auteurs qui parlent des Germant belges, est le
72 LB MUSÉE BBLGE.
seul écrivain de l'antiquité qui ait saisi l'historique de révolution des-
acceptions de leur nom. Je crois que la distinction a totalement
échappé aux modernes, c'est pourquoi il importe d'insister sur ce
sujet (i).
Si j'ai tenu, au cours de ce compte rendu, à combattre certaines
doctrines de M. Camille Jullian, c'est à raison de Timportance
extrême de cet ouvrage, et l'auteur me pardonnera certainement
d'opposer parfois mon humble opinion à la sienne. La nouvelle His-
toire de la Gaule annule tous les travaux précédents ; c'est le manuel
auquel on ne pourra se dispenser de recourir pour s'éclairer sur
l'histoire de l'indépendance gauloise. Toutefois, l'œuvre du savant
professeur du Collège de France présente des points faibles : tout ce
qui touche à la linguistique devra être sévèrement contrôlé avant de
pouvoir être adopté. M. Jullian n'est pas linguiste; à notre époque
où la spécialisation est poussée extrêmement loin, il est bien difiScile
de posséder toutes les sciences auxiliaires de l'histoire. Il est regret-
table que l'auteur n'ait point songé à soumettre certains chapitres à
la critique de l'un ou l'autre de ses collègues versés dans la gram-
maire comparée des langues celtiques ; il nous eût donné une histoire
de la Gaule absolument définitive. Victor Tourneur.
Langues et Littératures romanes.
46. — I. Fonsny et J. Van Dooren, Anthologie des prosateurs
français de France et de r étranger. Préface de M. Lanson. Verviers,
Hermann, 1907. v-g85 pp. 7 fr.
Les lecteurs du Musée belge connaissent Y Anthologie des poètes lyriques
français de France et de V étranger que MM. Fonsny et Van Dooren ont
publiée en 1902. Elle leur a été annoncée ici même (Bull, de févr. 1903)
et ils savent assurément avec quelle faveur elle a été accueillie dans
le monde de l'enseignement et parmi les gens de lettres. En réalité,
nous ne leur apprendrons rien en leur parlant de V Anthologie des
prosateurs^qui est destinée à faire pendant à celle des Lyriques, Elle est
bibliographiée d'avance. Elaborée d'après le plan des on aînée, elle a
été l'objet des mêmes soins et elle est évidemment appelée au même
succès. MM. Fonsny et Van Dooren y prennent la prose à ses origines
et ils la suivent, comme ils disent, dans ses évolutions ou mani-
festations jusqu'en ces tout derniers temps. Mais ils ne limitent pas
(1) P. 465 n. 4. Aduatuca n'est pas Tongres. Voy. l'exposé des raisons qui
s'opposent à cette identification dans Holmes, Caesar's Conquest of Gaul, Londres
1899, p. 334-348.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 7^
leur choix aux seuls écrivains de France. Ils consacrent près de
i5o pages aux prosateurs de l'étranger.
Sans doute il y a, dans cette anthologie comme d'ailleurs dans tout
recueil de l'espèce, des « admissions » qui peuvent être discutées.
Chaque lecteur d'un livre de morceaux choisis est toujours en droit
de se demander avec certain personnage de Beaumarchais : o Pourquoi
ces choses et non pas d'autres .^ » Il est toujours en droit de réclamer
pour ses auteurs préférés qu'il ne juge pas suffisamment représentés
dans le florilège qu'on lui offre. C'est ainsi que le préfacier lui-même
déclare regretter quelques absences. Mais on aurait tort d^nsister
là dessus, et Ton ne peut que louer la largeur de vues qui a présidé
à la composition de cette Anthologie. Elle est bien la plus riche et la
plus variée que l'on possède pour la prose de France, cette prose que
M. Lanson ne craint pas de qualifier d'« incomparable » et de définir
• un trésor qui n'a pas de pareil ». N'oublions pas d'ajouter que les
extraits sont accompagnés de copieuses notices biographiques et
littéraires, qu'au bas des pages apparaissent d'autres morceaux sur
les mêmes thèmes, et qu'outre ces rapprochements l'on a encore des
indications sur quantité d'auteurs dont MM. Fonsny et Van Dooren
n'ont pu rien reproduire, faute de place. G. Doutrepont.
47. — Albert C&h6Il, Morceaux choisis des auteurs français à l'usage
de l'enseignement secondaire des jeunes filles. 6« édition. Paris,
Hachette, igoS. Cours élémentaire, un volume : 3 fr. 5o. Cours
supérieur, deux volumes, a) Prose : 4 fr. h) Poésie : 3 fr.
Morceaux choisis des auteurs français à l'usage de l'enseignement secon-
daire des garçons. 8« édition. Paris, Hachette, 1907. Premier
cycle, un volume : 4 fr. Deuxième cycle, deux volumes, a) Prose :
4 fr. b) Poésie : 3 fr. 5o.
M. Cahen n'a fait entrer dans ces recueils que des « morceaux
vraiment dignes d'être lus et admirés, empruntés aux pages des
écrivains français que nul n'a le droit de ne pas connaître ou qui lui
ont paru les plus propres à faire apprécier leur génie. »
Présenter à la jeunesse la littérature française sous ses aspects les
plus variés, voilà son but. Et il Ta réalisé avec tact et méthode, sans
se laisser tenter de donner à ses livres un intérêt de pure curiosité
ou de leur imprimer un caractère d'originalité. Si nous ajoutons que
la culture morale y a été l'objet d'autant de soins que la culture
littéraire, nous pourrons déclarer que ces recueils de morceaux
choisis constituent une excellente chrestomathie française. Le succès
qu'ils ont obtenu en France est d'ailleurs prouvé par la succession
rapide des éditions.
74 LE MUSÉE BELGE.
La première édition conservait l'ancienne orthographe jusqu*au
xvii« siècle ; les nouvelles ont adopté l'orthographe moderne, sauf
dans le cours supérieur pour les auteurs du moyen âge
Le cours élémentaire forme un volume qui contient prose et poésie:
en tête des morceaux, bien appropriés au degré d'avancement des
élèves, figure une biographie succinte de chaque écrivain.
Le cours supérieur consacre un volume à la prose et un autre
à la poésie. Les extraits y sont plus longs, plus difiSciles, et les
biographies d'auteurs beaucoup plus développées. Le volume de
prose, dans une introduction de 5o pages, donne un tableau som-
maire de l'histoire de la littérature française : tableau clair, bien fait,
ni trop long ni trop concis, sauf cependant pour le xix« siècle où ime
longue énumération, accompagnée d'appréciations trop concises,
doit jeter le trouble et le découragement dans lesprit de l'élève.
Tel est le fond commun à l'enseignement des deux sexes. En
comparant le cours élémentaire pour les filles et le premier cycle
pour les garçons — le deuxième cycle ne nous est pas parvenu, —
nous avons pu admirer l'art qui a présidé au choix des morceaux
propres à intéresser les jeunes filles. Deux règles ont guidé l'auteur
dans ce choix : d'abord il y a introduit un plus grand nombre
d'écrivains féminins (M'i^ de Scudéry, M^^^ Pericr, de Motteville,
de la Fayette, de Lambert, du Deffand, de Rémusat, eic.) ; ensuite
il a choisi chez quelques auteurs qui figurent dans les morceaux
choisis pour les deux sexes, les pages qui pouvaient le mieux toucher
l'âme des jeunes filles (A. Daudet, Le Nabab : La famille joyeuse ;
G. Sand, La mare au diable : Marie endort Petit Pierre ; P. Loti,
Pécheurs d'Islande : Le départ et la mort de Sylvestre Moan. etc.)
Ces volumes plaisent à la vue par leur format pratique, leur joli
cartonnage toile et les soins typographiques ; la maison Hachette a
voulu que l'élégance de la forme répondît à la solidité du fond.
A. Masson.
Langues et Littératures germaniques.
48. — F. J. Poelhekke, VondeVs dichtjuweelen. Met een voorrede
van G. F. Drabbe. Tweede, vermeerderde druk. Leiden, J. W. van
Leeuwen, 1907. In-S®, xii-568 pp. i fl. 5o.
Les anthologies de Vondel ne font pas défaut. Par l'abondance
extraordinaire, le choix judicieux et la grande variété des textes, celle
dont il s'agit ici est certainement à même, plus peut-être qu'aucime
autre, à faire connaître le grand poète sous tous ses aspects. La
majeure partie du volume (pp. 187-564) est consacrée au théâtre de
Vondel. Outre des extraits de cinq tragédies, M. Poelhekke donne
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 75
six pièces entières .; c'est tout ce qu'il faut pour permettre une appré-
ciation motivée. On pourrait s'étonner de ce que. dans l'autre moivié
de son recueil, M. Poulhekke n'ait pas appliqué davantage le même
procédé: je veux dire qu'au lieu d une longue série de poésies fugitives,
à côté de quelques extraits des poèmes didactiques et descriptifs, il eût
été préférable d'insérer en entier, soit Tun ou l'autre de ces morceaux
brillants (p. ex. Geboortklock van Willem van Nassau ou Inwydinge van
'i Stadthuis), soit un chant complet de Johannes de Bodgezant ou des
Altaergeheimnissen. La place n'aurait pas manqué, car, sans inconvé-
nient aucun, bon nombre des petits poèmes auraient pu être omis.
Le système de ne présenter que les plus belles pages ne me semble
pas le meilleur, ni en général, ni en particulier quand il s'agit de
Vondel. Evidemment, tout dépend ici du point devue, des principes
qui servent de base à un travail de ce genre, sans parler des préfé-
rences personnelles
Quoi qu'il en soit, l'anthologie de M. Poelhekke sera la bienvenue
tant aux professeurs qu'aux élèves; aux uns, elle offrira un choix
assez varié pour l'explication en classe ; aux autres, elle permettra de
se familiariser avec le prince des poètes néerlandais ; ils ne pourront
que gagner à ce commerce.
Gardons nous d'oublier de féliciter l'éditeur; l'exécution typogra-
phique est excellente, et le prix de ce beau volume est vraiment
modique. C. Lecoutere.
49 — Rosegger, Waldjugend, Schulausgabe. Texte allemand,
publié avec une introduction et des notes par Ch. Feuille.
3« édition. Paris, Hachette et C»e, 1907.
Ce petit volume (petit in 16, x-i56 pp.) contient neuf historiettes,
extraites d'un des derniers volumes du poète styrien. « Nous aurions
voulu, dit M. Feuille dans la notice qui précède ces extraits, repro-
duire le volume entier, avec quelques-unes au moins des belles
gravures qui illustrent le texte; mais la modestie de notre format
nous en a empêché. Nous avons donc dû faire un choix. Comme le
dialecte styrien est souvent assez éloigné du hochdeutsch. nous nous
sommes permis, mais avec la plus extrême réserve, de modifier
parfois une terminaison ou un mot inconnu dans les plus gros diction-
naires. Les notes, au bas de la page, éviteront aux élèves et aux
professeurs des recherches longues et pénibles. »
Je ne pouvais mieux faire connaître le caractère de cet ouvrage
qu'en reproduisant ces mots de l'introduction ; si j'y ajoute que
M. Feuille a choisi les nouvelles qui conviennent le mieux à la
catégorie de lecteurs qu'il a en vue, j'aurai dit assez pour recom-
mander son édition à l'attention de nos lecteurs. C. L.
76 LE MUSÉE BELGE.
5o. — Roman DybOSki, Tennysons Spracke und Stil. Vienne,
Braumûller, 1907. xxxvn-544 pp. i5 m. (Wiener Beitràge zur
englischen Philologie. Bd. XXV.)
Les philologues qui se consacrent à Tétude des langues modernes
ne sont nullement d'accord sur la méthode à suivre dans Texplication
des auteurs, exercice inscrit dans tous nos programmes d enseigne-
ment. Tandis que les auteurs anciens, conservés dans des manuscrits
corrompus, offrent de nombreuses variantes, qui fournissent l'occa-
sion d'une étude approfondie, nos textes modernes, imprimés souvent
sous la direction de leurs auteurs, nous sont parvenus en assez bon
état, et ne nécessitent guère de conjectures.
Quel procédé doit donc employer le professeur pour prévenir les
lectures hâtives, superficielles, et par suite infructueuses? Sur quels
points doit-il arrêter l'attention fuyante de ses auditeurs ? L'étymo-
logie, ressource favorite des érudits qui préfèrent s'arrêter aux mots
plutôt qu'aux idées, distrait les lecteurs de leur texte, au lieu de le faire
mieux comprendre, et va donc à rencontre du but, qui est de
pénétrer aussi avant que possible dans la pensée et les intentions de
l'auteur étudié. La chasse aux allusions biographiques et historiques,
éminemment utile en elle-même, n'est pas toujours possible, et
aboutit souvent à des excursions à cent lieues du texte. Cependant
l'explication historique est celle qui jouit de la faveur des commen-
tateurs, et qui figure en bonne place dans les éditions autorisées. Pour
le reste, ces éditions, surtout celles qui nous viennent d'Angleterre,
sont d'une sobriété déconcertante. Un passage ambigu ou obscur
reste le plus souvent inexpliqué. Quant aux particularités du style
et de la prosodie et aux imitations de modèles antérieurs, ils sont .
presque toujours passés sous silence. Un savant anglais nous a même
soutenu que les notes ne servent à rien et que l'étudiant ne les lirait
pas. Le lecteur curieux, celui qui veut savoir le pourquoi des choses,
n'a guère de lumière à attendre de l'éditeur britannique : devinez,
cherchez, si vous ne trouvez pas, tant pis pour vous. Cet état d esprit
n'est heureusement pas celui des éditeurs américains, qui nous
envoient parfois des commentaires touffus et suggestifs des grands
classiques.
Mais le présent livre, qui nous vient d'Autriche, est plus et mieux
qu'un commentaire : c'est Tapplication aux études littéraires de la
méthode d'observation minutieuse et exacte des naturalistes, abou-
tissant à une description systématique et complète de l'objet observé.
Pour la méthode, M. Dyboski se proclame l'élève de Richard
Heinzel, et c'est à l'œuvre moderne de Tennyson qu'il applique les
procédés inaugurés par son maître pour l'étude de textes écrits dans
des dialectes disparus.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. ^^
Si les intentions de M. Dyboski ne méritent que des éloges, nous
ne pouvons pas en dire autant de la façon dont son livre est composé.
Sa familiarité avec l'organisme compliqué et subtil qu*est l'anglais
moderne n'a pas été à la hauteur de sa bonne volonté. Pour déter-
miner ce que Texpression de Tennyson a de caractéristique et de
frappant, M. Dyboski conjecture d'abord ime formule typique du
langage commun, celle qui serait venue à l'esprit du premier venu,
et détermine la façon dont Tennyson s'est écarté de ce soi-disant
type normal. Or, il arrive à tout moment que la normale inventée
par M. Dyboski pour représenter l'anglais ordinaire n'est ni plus
idiomatique ni plus familière que la formule employée par Tennyson.
Elle est souvent plus logique, mais chacun sait combien les lois du
langage s'écartent des règles de la logique abstraite.
Cette première difficulté du travail de notre auteur était inévitable,
et n'eût pu se tourner qu'en omettant un grand nombre d'exemples
instructifs, quoiqueé pineux. D'autres faiblesses du livre de M. Dyboski
tiennent à une étude incomplète de l'anglais contemporain. Par ex.
advowson (p. 432) n'est nullement un terme de droit vieilli : le mot est
bien vivant, comme l'institution qu'il désigne. L'emploi de l'abstrait
pour le concret (p. 72), du prétérit pour le plus- que-parfait (§ 49)
sont tout ce qu'il y a de plus courant. Le mot iouck (p. 47) veut dire
aussi bien peindre que toucher. Le mot honey*d (p. 78) est un adjectif
en -ed^ non un participe. Il est inutile de fatiguer le lecteur en multi-
pliant les exemples. Qu'il suffise d'insister de nouveau sur l'extrême
délicatesse de la langue littéraire anglaise et sur la nécessité de la
pratiquer longuement avant d'entreprendre un travail de stylistique.
Nous aurions du reste mauvaise grâce à éplucher jalousement im
travail aussi complet et aussi réussi.
Reste à discuter une grave question d'exposition. Le plan de
l'ouvrage est systématique : Première partie. Syntaxe, avec les sub-
divisions d'usage. — Deuxième partie, Style. L Brièveté et Abon-
dance. IL Intensité. III. Le Concret et l'Abstrait. IV. Ornements. —
Troisième partie, Formation des mots. — Quatrième partie. Emploi
des mots.
Là façon dont ce plan est travaillé dénote une somme de réflexion
et im savoir très étendus. Il est précieux et très utile. Mais n'essayez
pas d'y découvrir un mot, une tournure de phrase ou un passage de
Tennyson qui viennent d'arrêter votre attention ! Autant chercher
l'aiguille dans la botte de foin du proverbe.
M. Dyboski n'eût-il pas fait sagement, tout en maintenant les
considérations générales dans l'ordre systématique qui leur convient,
de classer ses exemples dans l'ordre alphabétique, de façon à les
78 LE MUSÉE BELGE.
rendre accessibles au lecteur qui désire consulter souvent son travail,
après avoir une fois eu le plaisir de le lire? Peut être un éditeur
anglais serait- il heureux de publier un dictionnaire des locutions de
Tennyson, reproduisant dans un classement plus pratique les maté-
riaux patiemment analysés par M. Dyboski. Ce serait plus et mieux
qu'une concordance, et pourrait encourager les imitateurs qui ne
manqueront pas de se produire. P. Hamelius.
5i. — L'historien Boga Th. Melsted vient de publier une
2« édition de son excellent manuel de littérature islandaise : StuU-
hensîuhôk i Islendinga sôgu handa byrjendum (Reykjavik, Prentsmidjan
Gutenberg. 1907), que nous avons signalé dans ce Btdletin (t. IX,
p. 237). Cette nouvelle édition contient en plus des reproductions
de paysages, un grand nombre de portraits d'Islandais illustres
(du xvie siècle à nos jours) et un chapitre supplémentaire sur l'orga-
nisation de la société dans l'Islande actuelle C'est un livre classique
écrit en islandais moderne. Dans une douzaine de tableaux, il
présente un aperçu clair et substantiel de l'originale culture intellec-
tuelle et de tout le développement moral et social d'Islande depuis
l'époque de la colonisation au ix« siècle. — A ceux qui sont tant soit
peu familiarisés avec la langue, nous recommandons l'usage du
dictionnaire islandais-anglais, très complet, de G. T. Zoëga, IsUnzh-
ensk ordabôk (Reykjavik, S. Kristjânsson). Voy. ce Bulletin^ t. IX. p. 236.
F. \V.
Histoire et Géographie.
52. — Alfred Stern, Geschichte Europas seit den VerUàgen von iSi5
hi^ zum Frankfufter Frieden von iSyi. Zweite Abteilung : GesckickU
Europas von iSJo bis 184S. Tome I. Stuttgart, J. G. Cotta, 1905.
J'ai déjà plusieurs fois recommandé aux lecteurs du Bulletin (i)
VHisioirc de V Europe depuis les traités de 18 1 S jusqu'à la paix de Francfort
en iSyif par M. Alfred Stem, professeur à l'École polytechnique
de Zurich. Cette savante publication s'est naguère enrichie d'un
4e volume, formant le tome I^r de la 2« partie, consacrée à la période
1830-1848.
Ce volume embrasse l'histoire interne et externe de la plupart des
pays d'Europe pendant les années i83o à i835. On y retrouve les
qualités d'érudition, de méthode et de clarté que j'ai déjà eu l'occasion
de louer dans les précédents.
Sur douze chapitres, il y en a deux qui intéressent directement
, 1) Voir le Bulletin^ année 1898. p. 322, et année i<jo3, p. 212.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 79
l'histoire de notre pays. Dans lun (ch. II, pp. 75-128), M. Stem trace
une esquisse remarquable des discordes qui, séparant dès 181 3 les
Belges et les Hollandais, s'aggravèrent d'année en année pour aboutir
à Vunion des catholiques et des libéraux et aux journées d'août et de
septembre i83o; il résume ensuite l'attitude des grandes puissances
à regard d'une révolution de nature à exposer la paix européenne
aux plus graves périls, et expose les travaux de la Conférence de
Londres jusqu'au protocole du 20 décembre i83o annonçant l'indé-
pendance future de la Belgique. Le second chapitre consacré à
l*liistoire de notre pays (ch. V, pp. 234-266) achève l'histoire de la
Conférence de Londres, et relate en même temps la marche des
événements en Belgique : l'élection du duc de Nemours, celle de
Léopold I«r, la campagne de dix jours, le traité des 24 articles, etc.
Glissant très rapidement sur la politique intérieure, l'auteur conduit
son exposé jusqu'i-u règlement définitif de la question belge par les
traités de 1839.
Voici maintenant les matières traitées dans les chapitres qui ne
concernent pas directement la Belgique. Le chapitre I^"* est consacré
à la France, à la révolution de juillet, à la reconnaissance de Louis-
Philippe par r Europe et aux difficultés intérieures et extérieures qui
agitèrent le royaume jusqu'à l'avènement du ministère Casimir Périer,
le i3 mars i83r. Le chapitre III traite de la Révolution de Pologne,
qui contribua si puissamment à entraîner l'adhésion des ambassadeurs
des cours orientales au protocole du 20 décembre relatif à l'indépen-
dance de la Belgique. M. Stem étudie les affaires de Pologne jusqu'à
la réorganisation de ce pays par le statut du 26 février i832, décrété
après l'écrasement de la révolution. Le chapitre IV s'occupe de la
péninsule italique et met en lumière le contre coup de la révolution
de juillet dans cette région. L'Autriche ayant porté secours aux princes
débordés par les émeutes^ et les soulèvements, le gouvernement
français y répondit par le célèbre coup de main sur la citadelle ponti-
ficale d'Ancône. La confédération germanique ne fut pas moins
ébranlée que l'Italie par les événements de Paris : le chapitre VI
expose. État par État, leur répercussion en Allemagne, jusqu'aux
conférences de Vienne de 1834, convoquées à l'initiative de Metter-
nich, afin de réduire ou de contrecarrer, dans la mesure du possible,
les velléités libérales. Après avoir [résumé, dans le chapitre VII,
l'histoire de la Suisse depuis i8i5[et les changements constitutionnels
y survenus après i83o, M. Stern consacre une vue d'ensemble
(chap. VIII) à l'attitude des grandes puissances à l'égard de l'Europe
libérale. C'est l'époque où les cours absolutistes se concertent à
Mûnchengraetz et où les affaires de Berne soulèvent en matière de
•8o LE MUSÉE BELGE.
politique d'intervention et de non intervention les questions d'appli-
cation les plus délicates. Le chapitre IX est consacré à l'Espagne, si
gravement troublée à partir de Tavènement d^Isabelle (i833) par
l'insurrection carliste, et au Portugal. Les événements d'Orient
(chap. X) ne divisent pas moins les grandes puissances que ceux
d'Espagne : la Turquie, menacée par le pacha d'Egypte Mehemet Ali,
conclut avec la Russie à Unkiar Skélessi une alliance offensive et
défensive qui provoque les protestations des cours de France et
d'Angleterre et l'envoi de leurs escadres dans l'Archipel. Le cha-
pitre XI traite de l'Angleterre, du Reformbill de 1 83 2 et de ses suites;
le chapitre XII et dernier enân, nous ramène en France et nous
montre le gouvernement de Louis-Philippe aux prises avec les partis;
le chapitre se termine à l'attentat de Fieschi et aux lois restrictives
-de la liberté de la presse votées en septembre i835.
En annexe, l'auteur publie quelques documents inédits, dont
plusieurs concernent notre pays (l'un d'eux est relatif au rôle du
Prince d'Orange, au début de la Révolution).
L'exposé de M. Stern a, dans une très large mesure, pour base des
sources inédites. Les principales de ces sources sont les corres-
pondance des agents diplomatiques, que Tauteiu: a dépouillées à
Paris, à Vienne, à Londres, etc. etc. C'est là, comme on sait, au
point de vue de la sûreté de l'information, une source de premier
ordre. Aussi l'ouvrage de M. Stern brille-t-il entre tous les travaux
similaires par une grande exactitude, non seulement dans les tableaux
d'ensemble mais encore dans les détails. Trop souvent les histoires
générales même bien faites, lorsqu'elles embrassent les pays les plus
divers, sont déparées par une multitude de fautes, de confusions,
de lapsus de détail, dont il n'y a pas de trace chez M. Stem.
Si je ne puis souscrire à tous les jugements de l'auteur, spécialement
dans les questions politico religieuses, je n'en admire pas moins sans
réserve le caractère objectif de son œuvre, ainsi que le ton serein et
impartial de l'exposé. Prosper Poullbt.
Notices et annonces bibliographiques.
53. — A. Maillet, Introduction à l'étude comparative des langues indth
européennes, a» éd. corrigée et augmentée. Paris. Hachette, 1908. 464 pp. lo fr.
La première édition a paru en igoB (434 pp.). L'ouvrage a gardé la roéme
physionomie générale ; mais beaucoup de corrections de détail y ont été apportées
et aucune page ne reproduit exactement une page de la première édition.
La morphologie a été divisée en trois chapitres. Quelques exemples et quelques
détails sans importance générale en ont été effacés : maintenant c[\ic V Abrégé de
grammaire comparée de M. Brugmann est traduit en français, il e^t facile de se
renseigner sur toutes les particularités notables de Tindo-européen, et l'objet du
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 8l
présent livre est seulement de faire apparaître les grandes lignes de ce système
linguistique.
Un chapitre nouveau a été ajouté : Sur le développement des dialectes indo-euro*
péens ; il est peu étendu, mais il suffit à montrer en quel sens ont évolué les langues
de la famille.
54. — Hermann Diels, Die Fragmente der Vorsokratiker. Griechisch und
Deutsch. 2*« Aufl. 11*»^ Bd., !*• Haîfte. Berlin, Weidmann, 1907. 10 m.
Ce volume contient : i^ la poésie cosmologique du vi« siècle (Orphée, Musée,
Épiménide); a» la poésie astrologique du vi® siècle (Hésiode, Phokos, Cléostrate) ;
30 la prose cosmologique et gnomique (Phérécyd^ de Syros, Théagène, Akusilaos,
les Sept Sages ; et enfin 4" les premiers sophistes, Protagaros, Gorgias, Prodicus, etc.
Après des remarques sur les fragments du premier volume (p. 651-734), viennent
deux tables, des passages cités et des noms. La troisième table, la plus volumineuse,
formera la seconde panie de ce tome II : c'est celle des mots.
55. — M. Theodor Breiter a entrepris de publier une nouvelle édition de
Manilius : M. Manilii Astronomica, I. Leipzig, Weicher, 1907. 3 m. 80. Le premier
volume, qui a paru, contient le texte, une courte préface et un apparat critique
succinct. Le deuxième volume donnera le commentaire.
56. — Edgar J. Ooodspeed, index Patrisiicus sive Clavis Patrum apostoli*
corum operum, Leipzig, Hinrichs, 1907, viii-261 pp. 3 m. 80: relié, 4 m. 80.
Ce livre est sorti des exercices sur les Pères apostoliques faits à l'Université de
Chicago sous la direction de E. D. Burton. M. Kdgar Goodspeed et ses collabora-
teurs — ils sont dix en tout — ont voulu fournir à l'étude des Pères apostoliques,
un instrument de travail comme il en existe pour beaucoup d'auteurs classiques, un
index complet des mots. Ils ont pris pour base Yeditio miner de Gebhardt-Harnack-
Zahn, en tenant compte de celles de Punk et de Lightfoot. Ils se sont acquittés de
leur tâche avec grand soin ; l'exécution matérielle mérite tous les éloges.
57. — Paul Bfasqueray, Euripide et ses idées, Paris, Hachette, 1908. 1 vol,
in-8<*. 10 frs.
M. Masqueray professeur de littérature grecque à l'Université de Bordeaux, a
étudié les idées d'Furipide. Il a cherché dans ses tragédies ce qu'elles exprimaient
de l'âme et de la vie des hommes de ce temps-là, ce qui demeure en elles d'éternelle-
ment jeune et vivant. £n d'autres termes, il a essayé de retrouver dans le passé
la source vive du présent. Nous reparierons de cet ouvrage.
58. — M. Meyer-Lûbke, le savant professeur de Vienne, a entrepris la
publication d'une série d'ouvrages consacrés à la philologie romane : Sammlung
romanischer Elementar- und Handbùcher (Heidelberg, C. Winter). Il a paru, dans
cène collection, un livre de Ph. Aug. Becker sur l'épopée nationale française :
Grundriss der ali/ran^ôsischen Literatur^ 1. Teii, Aelteste Denkmàler. Nationale
Heldendichtung, 3 m.
Sa signature suffit à le recommander, et assurément il rendra de bons services à
ceux qui sont chargés de l'enseignement de l'ancienne littérature.
59. — "W. Golther, Tristan und /solde in den Dichtungen des Mittelalters und
der neuen Zeit, Leipzig, S. Hirzel, 1907. 8 m. 5o.
Ouvrage savant et intéressant, par undeâ spécialistes les plus entendus en al
matière.
82 LB MUSéS BELGE.
60. — Aux amateurs de lettres islandaises nous signalons les quatre séries de
Bibliographical Notices de TVillard Fiske, dont la dernière vient de paraîn-e
(Ithaca, New- York). Ce sont des index d'ouvrages imprimés dans différentes localités
d'Islande de iSyS à 1844, avec Texacte reproduction des titres et des indications très
minutieuses relatives à la nature et à la valeur du contenu. Cette dernière livraison
comprend 48 pages et offre un répertoire de tous les noms et titres mentionnés dans
les quatre séries. — W. Fiske, mort en 1904, était un bibliophile distingué. Il a con-
sacré sa fortune et ses vastes connaissances linguistiques à de profondes études
bibliographiques dans les principaux centres intellectuels d'Europe et à la formation
d'importantes collections d'ouvrages. Sa bibliothèque islandaise, léguée à TUniversité
d'Ithaca, comprend 85oo volumes. Les nombreux travaux qu'il a laissés constituent
des répertoires méthodiques et consciencieux de haute valeur. F. W.
61 . — J. 'Wahner, Aufgaben aus Lessings und Herders kleinen Schriften. Leipzig^
Engelmann, 1907, x-iiy pp. 1 m. 20.
Voici le Çfi volume de la série de dissertations allemandes publiées par Prohasel et
Wahner. Il y a quelque temps, je faisais ici même l'éloge des premiers volumes de
cette intéressante collection. Tous les sujets sont tirés des œuvres des prosateurs
lus ou expliqués en rhétorique. Le présent numéro, dû à M. Wahner, donne une
suite de thèmes à dissertations morales, littéraires et psychologiques, tirés des
œuvres secondaires de Lessing et de Herder. En ce qui concerne la méthode, la
valeur intrinsèque et l'utilité pratique du livre, je ne puis que répéter les observations
faites à propos des premiers volumes; je renvoie donc à l'article bibliographique en
question. A. Bertrang.
62. — Nos lecteurs savent que du 18 au 20 septembre 1906 s'est tenu à Gand le
Premier Congres de V Association belge des Professeurs de Langues vivantes. Le
Compte rendu vient de paraître chez Hoste, à Gand.
63. — G. Grûtzmacher, Hieronymus. Eine biographische Studie zur alten Kir-
chengeschichte. MI Bd. Berlin, Trowitsch, 1901 et 1906. 6 m. et 7 m.
Cet ouvrage aura trois volumes. Le premier a paru en 1901. Il traite de la vie et
des écrits de saint Jérôme jusqu'en 385. Une centaine de pages sont consacrées aux
sources de la biographie et à la chronologie de la vie et des écrits de saint Jérôme.
Sa jeunesse, sa vie d'ermite, son séjour à Constantinople, puis à Rome de 382 à
385 : voilà le contenu de ce volume. Le second parle des voyages de saint Jérôme
jusqu'à son établissement à Bethléem et des relations renouées avec Rome jusqu'à
la querelle avec Origène (an 40'i). Les écrits de cette époque, éxégétiques, archéo-
logiques, littéraires, la querelle avec Jovmien, la correspondance sont naturellement
étudiées. L'exposé est attachant, agréable à lire, et destiné aux philologues aussi
bien qu'aux théologiens. L'auteur s'efforce de tracer un tableau de la fin du iv« siècle,
en même temps qu'il fait le portrait de saint Jérôme. Le troisième volume ira de
400 à 420, jusqu'à la mort de saint Jérôme. Nous l'attendons pour revenir sur cette
intéressante biographie.
5^. — p. Gavallera, Saint Athanase, Paris, Bloud et C^», 4, rue Madame. 1908.
I vol. in- 16 de la Collection La Pensée chrétienne, 3 fr. 5o.
II est inutile de rappeler quel grand rôle a joué samt Athanase dans les contro-
verses dogmatiques du iv« siècle. Nul n'a apporté à la défense du dogme trinitaire et
de la divinité de Jésus-Christ un talent plus convaincu et plus persuasif, nul n'a écrit
des pages plus élevées sur la doctrine du salut par l'Incarnation et la Rédemption.
M. Cavallera a recueilli les plus beaux passages du docteur alexandrin sur ce double
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 85
Buiet. Une troisième partie fiait connaître, dans la mesure où le permettent les
documents, Texégèse, la doctrine ascétique et la théologie pastorale de saint Athanase .
Ce volume précédé d*une introduction où sont discutées les opinions les plus
récentes sur le rôle doctrinal de Tévêque d'Alexandrie, n'a point seulement un intérêt
historique. Les lecteurs sérieut goûteront le charme de cette parole lumineuse ^
si sobre et si précise dans lexposé des mystères, et dont la simplicité éloquente olTre
le plus vif contraste avec les subtilités des hétérodoxes que saint Athanase eut
à réfuter.
65. — I*. Garrignet, Traité de Sociologie d'après les principes de la théologie
catholique. I. Régime de la propriété. Paris, Bloud et C^®, 4, rue Madame. 1908.
3 fr. 5o. (Etudes de Morale et de Sociologie).
Nombreux sont ceux qui soutiennent que les problèmes économiques et sociaux
ont un caractère absolument amoral et relèvent uniquement de la science; que, pour
les étudier et les résoudre, on n*a à se préoccuper ni des données religieuses, ni des
principes moraux ; qu'on peut donc, en les abordant, déposer toute préoccupation
théologique et les traiter avec une absolue indépendance d'esprit.
C^est là incontestablement une erreur. L'objet de la théologie morale s'étend
à tout ce qui concerne la régulière conduite de la vie, l'observation des lois divines
et humaines, le respect de ce qui eKt droit, juste, honnête et bon; dans ces con-
ditions, est-il sérieux de dire qu'elle n'a rien à voir dans les problèmes sociaux et que
ceux-ci relèvent uniquement de la science ?
L'Eglise a un admirable corps de doctrine sociale. C'est cette doctrine si élevée, si
supérieure à toutes les autres conceptions que Ton essaie de mettre en lumière dans
ce nouveau Traité de Sociologie.
Les problèmes sociaux qui s'agitent autour de nous peuvent se ramener tous à une
des deux grandes questions suivantes : la question de la Propriété et la question du
Travail. D'où la division de cet ouvrage en deux parties. La première, que est
présentée aujourd'hui au public, constitue un traité complet de la Propriété.
66. — Herder's, Konversations-Lexikon. Dritte Auflage. Reich illustriert durch
Textabbildungen, Tafeln und Karten. Fribourg en B., Herder, 1907. 8 vol. à 2
colonnes, reliés à 12 m. 5o.
L.e huitième et dernier volume de cette Encyclopédie vient de paraître et nous
saisissons cette occasion de revenir sur cette belle entreprise. Ce volume contient
1912 colonnes et 1 100 gravures; tout l'ouvrage est orné de 6640 gravures.
Les deux mérites particuliers que possède le Dictionnaire de Herder sont les
suivants. D'abord, il n'est pas trop étendu ni trop restreint; il occupe le milieu entre
les vastes et coûteux ouvrages de Meyer, la Grande Encyclopédie ou encore
Larousse, et Us petits dictionnaires qui ne peuvent que définir ou décrire en
quelques mots. S'il faut chercher un pendant en France, nous penserons au
Nouveau Larousse illustré en sept volumes.
Le second mérite est tel que ce Dictionnaire n'a son pendant nulle part : il est
conçu dans un esprit franchement catholique. Il en résulte d'abord qu'il parle des
choses religieuses et de tout ce qui touche de près ou de loin à la religion dans un
esprit vraiment orthodoxe. En second lieu, il en résulte qu'il accorde une mention
à beaucoup d'hommes et de choses que les autres encyclopédies n'ont pas jugé
dignes d'être nommés. A ce point de vue, le Dictionnaire de Herder est plus complet
qu'aucun autre. Il faut ajouter que tous les articles sont traités avec une complète
objectivité et une rare impartialité, si bien que tout le monde pourra chercher ici
les renseignements qu'on chercherait vainement ailleurs.
84 LE MUSÉE BELGE.
Pour le reste, on ne peut que louer le plan et l'exécution; il faut admirer qoeîtc
quantité énorme de matériaux sont contenus dans ces huit volumes, avec quelle
clarté les articles sont rédigés malgré une condensation extrême. Dans celte troisictne
édition, tous les articles ont été revus et mis à jour, beaucoup d'articles sont entière-
ment nouveaux et l'on peut dire que le Dictionnaire de Herder est vraiment au
Courant. Nous lui souhaitons le succès quMl mérite.
CHRONIQUE.
5^, — j. Van den Gheyn, Album belge de paléographie. Recueil de spécimens
d'écritures d'auteurs et de manuscrits belges (vii-xvi« siècles).
Cet Album belge de paléographie comprendra une collection de reproductions dt
documents typiques écrits en nos contrées au cours des âges (Sa planches grand b«,
avec feuilles explicatives). Il fournira un spécimen des manuscrits les plus intéres'
sànts de nos bibliothèques, de façon à représenter les différents genres d'écritures
qui furent successivement en usage dans nos provinces depuis le vii« siècle jusqu'au
milieu du xvi«. î-a plupart des textes seront empruntés à des manuscrits de date
précise et d'auteurs connus; c'est là ce qui donnera à ce recueil son caractère de
spéciale originalité. Chaque planche reproduira très fidèlement un spécimen paléo-
graphique distinct et sera accompagnée d'une feuille explicative contenant les indi-
cations relativts au type représenté, au scribe, à l'âge du volume, ainsi que des
observations paléographiques et la transcription du document. Rien n a été négligé
pour que cet ouvrage constitue, en même temps qu'une utile contribution pour les
cours de paléographie, une page curieuse de l'histoire littéraire ancienne de la
Belgique.
Parmi les planches qui seront publiés dans ce recueil, nous citons : un feuillet de
Vévangéliaire d'Eyck^ écrit au vu* siècle par les saintes Harlinde et Relinde,
conservé dans le trésor de l'église de Maeseyck, témoin unique de l'écriture anglo-
saxonne, que les moines irlandais importèrent dans notre pays ; la lettre de Notger,
évoque de Liège, à Womare, abbé de Saint- Pierre à Gand, écrite en 980, un bon
spécimen de l'écriture carolingienne du x« siècle ; viendront ensuite nos principaux
chroniqueurs et historiens, Sigebert de Gembloux, Gilles d'Orval, Maurice de Neuf-
moustier, Guillaume de Vottcm, Jean et Raoul de Rivo, Jean de Stavelot, Corneille
de Zanifliet, Adrien d'Oudenbosch, etc. ; enfin un fac-similé d'une lettrede Charles-
Quint, écrite à Henri de Nassau et datée de i5i8.
L'élaboration de ce recueil a été l'objet des plus grands soins et les reproductions
des documents, d'une fidélité remarquable, ont un vrai cachet artistique. Nous
aimons à croire que cette œuvre, éminemment utile et qui a sa place marquée dans
toute bibliothèque, sera bien accueillie des paléographes et des historiens de II
Belgique et de l'étranger.
Le prix de souscription en est fixé à i5 francs. Les éditeurs se réservent d'aug-
menter ce prix dès que l'ouvrage aura paru. Les souscriptions sont reçues chez
L. Vandamme, éditeur, à Jette-Bruxelles.
6S. — Les lettres belges. La Société royale de littérature de Londres t
nommé correspondants à l'étranger : MM, Godefroid Kurth, Emile Verhacren.
Maurice Maeterlinck, pour la Belgique.
ALFRED GRAFE.
Le 2 décembre dernier est mort Alfred Grafé, professeur à
l'Université de Liège, emporté par une affection cardiaque dont il
souffrait depuis plus de quatre ans. Il avait exprimé le désir que ses
funérailles fussent des plus simples et il n'a pas voulu qu'un suprême
et solennel hommage fût rendu à sa mémoire. Le Muséâ Beîge^ dont il
fut un collaborateur assidu, ne peut toutefois s'abstenir de retracer
brièvement sa carrière.
Jean Marie Alfred Grafé naquit à Namur le ii septembre i855.
Son père, professeur de Rhétorique latine à l'athénée royal de
Namur, était un des maîtres les plus estimés de notre enseignement
moyen. C'est à l'athénée de Namur qu'Alfred Grafé, guidé par les
conseils paternels, fit de très brillantes humanités II continua ses
études avec le même succès à l'ancienne École Normale des Huma-
nités, d'où il sortit, en 1877, avec le grade de professeur agrégé de
l'enseignement moyen du degré supérieur. Le jury, composé en
grande partie des maîtres qui l'avaient vu à l'œuvre pendant quatre
ans, le jugea digne d'aller achever ses études dans les Universités
étrangères et proposa au gouvernement — distinction très rare alors
— de lui conférer une bourse de voyage. Alfred Grafé étudia donc
pendant deux ans à Paris et en Italie. Il fut aussi un des très rares
Belges qui visitèrent alors la Grèce. Elève de l'École Normale, dont
l'enseignement, à la fois philologique, littéraire et philosophique,
formait surtout des philologues, il avait voulu voir les pays où, depuis
son enfance, il avait vécu en esprit. Du rapport qu'il adressa au
gouvernement, il détacha un fragment important, qu'il publia sous
ce titre : V Ecole Normale de Pise et les Écoles de Magistère en Italie.
A son retour, il fut nommé professeur de rhétorique française à
l'athénée royal de Hasselt, puis (3o déc. 1882), à l'athénée royal de
Liège.
Dès l'École Normale, Alfred Grafé avait senti s'éveiller en lui une
vocation pour la philosophie. Tout le temps qu'il pouvait dérober à
ses occupations professionnelles si absorbantes, il le consacrait
désormais à la philosophie, qu'il étudiait avec une persévérante
ardeur. Il comprit tout d'abord que les leçons purement théoriques
de nos Facultés d'alors ne suffisaient pas et il voulut voir de près
l'enseignement philosophique si renommé de l'Allemagne. Il obtint
un congé et visita les principales Universités allemandes, surtout
86 LE MUSÉE BELGE.
celles où enseignaient les maîtres les plus célèbres : il alla interroger
ceux-ci, assister à leurs leçons» les voir à Tœuvre dans leurs cours
pratiques. £n 1886, il publia son rapport sur VEnseignem€nt de U
philosophie en Allemagne. Il semble que, dès lors, les leçons de Wundt
l'avaient gagné à la psychologie expérimentale ; c'est à ce domaine
qu'appartient son premier travail, dont l'Académie royale de Belgique,
après une intéressante discussion, décida l'impression dans ses
Mémoires en 1889 : Sur quelques paralysies if origine psychique. C'est encore
à la psychologie expérimentale que se rapportent la plupart des
travaux qu'il publia depuis lors et que nous énumérons plus loin.
Au mois de décembre 1890, les chaires de psychologie et de philo-
sophie morale devinrent vacantes à l'Université de Liège, par la
mort d'Arsène Dechamps. Le gouvernement y appela Alfred Grafé
le 3i janvier 1891. Il fut nommé professeur extraordinaire le
23 février 1893 et professeur ordinaire le 17 octobre 1898. Il était
également chargé des cours de littérature française et de psychologie
pédagogique à la Section normale de régentes à Fragnée (Liège).
Il ne nous appartient pas d'apprécier les travaux philosophiques
d'Alfred Grafé. Ce que nous pouvons dire, c'est que la modestie, la
bonté et la douceur, la noblesse du cœur et l'élévation de l'esprit
faisaient le fond de sa nature. Doué de facultés peu communes,
possédant une science aussi solide qu'étendue, il avait gardé une
timidité nîaturelle qui l'empêcha peut-être de se faire valoir selon ses
mérites. La maladie le frappa en pleine efflorescence de son talent.
En littérature, il avait des connaissances précises, un goût sûr et une
sensibilité exquise. Philosophe, il suivait avec soin le mouvement
contemporain. Cultivant avec prédilection la psychologie expérimen-
tale, il avait les convictions spiritualistes dont s'honoièrent tous les
maîtres qui l'avaient précédé dans les chaires de Liège. Il se faisait
une très haute idée de la responsabilité morale du professeur et il
s'acquittait de sa tâche avec une conscience rare. La souffrance
physique ne parvint pas à l'éloigner de sa chaire. Nous garderons un
souvenir ému à cet ami sûr, à ce vaillant qui est resté sur la brèche
jusqu'au dernier moment, et nous prenons une grande part au deuil
cruel qui frappe sa jeune famille. Nous pouvons dire de lui, avec
confiance, ce qu'il disait d'un autre collègue prématurément ravi,
d'Alph. Delescluse : a Déjà sans doute son ardent amour de la science
et de la vérité a trouvé sa récompense en la possession de ce Foyer
de vérité et de lumière vers lequel il n'a cessé dç lever les yeux. »
J. P. W.
Bibliographie d'Alfred Grafé.
I. — MÉMOIRES ET ARTICLES.
L* École normale de Pise et les écoles de Ma^^istère en Italie. Revue de l'InstruC'
tion publique en Belgique. Tome 25 (1883), p. 186-198 et 339-246.
De renseignement de la philosophie dans les universités allemandes. Revue de
i'Instr.publ, en Belg, Tomes 39 (1886) et 3o (1887). A part, 66 pages.
Étude sur quelques paralysies d'origine psychique. Essai de psychologie expéri-
mentale. Bruxelles, P. Hayez, 1889. Extrait du tomeXLHI des Mémoires couronnés
et autres mémoires publiés par l'Académie royale de Belgique, 1889). 121 pp. Voyex
les rapports des commissaires dans les Bull, de l'Académie^ même année.
Note sur un aveugle de naissance opéré de la cataracte à l'âge de quinze ans.
Extrait de la Revue scientifique. Paris, juillet 1892. 3o pp.
Un peu de philosophie à propos du dernier Congrès scientifique international des
catholiques. Revue Générale, i*' août 1893. 33 pp.
Note sur deux cas récents d'aphasie. Revue de Médecine, juillet 1893 (Paris,
F. Alcan), p. 535-53 1.
De l'influence des sensations subjectives de la vue sur le cours de l'imagination.
Note sur un point de psychologie expérimentale. Extrait du Compte rendu du
3* Congres scientifique international des catholiques, tenu à Bruxelles du 3 au
8 septembre 1894. Bruxelles, Polleunis et Ceuterick, 1895. 9 pp.
Note sur un cas d'audition colorée. Revue de Médecine, ï897. Paris, Alcan.
Note sur un nouveau cas d'audition colorée. Revue de Médecine, Paris, Alcan,
1897. Pages 193-195.
Note sur un nouveau cas d'aphasie. Revue de Médecine, mai 1897. Paris, Alcan.
Défense du libre arbitre contre l'argument tiré de certains faits hypnotiques.
Compte rendu du 4* Congres scientifique international des catholiques, tenu à
Fribourg (Suisse) du 16 au 30 août 1897. Fribourg, 1898. n pp.
Note sur un cas de pseudo-photoesthésie d'origine optique. Revue de Médecine^
10 mai 1898. Paris, Alcan.
Sur un cas à rattacher à ceux d'audition colorée. Revue de Médecine, Paris, Alcan,
1898. Pages 335-338.
Un nouveau liseur de pensée. Contribution à l'étude de l'hyperesthésic. Compte
rendu du /V« Congrès international de Psychologie, tenu à Paris en 1900.
Bétes et gens. Note résumant une série d'expériences sur un point de psychologie
comparée. Akten des V, intem. Kongr esses katholischer Gelehrten, Munich, 1901.
Discours prononcé aux funérailles d'Alph. Delescluse {Bull, du Musée belge, 1903,
p. 370-0.
Un peu de psychologie. Revue générale, juin 1905.
Notes pour un cours de psychologie. Louvain, Ch. Peeters, 1904. 38 pp. Deuxième
édition, Louvain, Ch. Peeters, 1907. 67 pp.
Quelques mots sur la philosophie de l'histoire. Mélanges Godefroid Kurth.
Mémoires historiques, p. i-i3. Liège, 1908. (Posthume.)
88 LE MUSÉE BELGE.
II. — Analyse critique d'ouvrages philosophiques.
A. Castelein, Cours de philosophie. Logique (Revue de VInstr, publ, en Belg.
3i, 1888, p. i33-i36).— Philosophie morale {Ibid,, t. 34, 2» livr., 1891).— Psycho*
logie {Ibid,, t. 33, 4» livr. de 1890 j.
Abbé Du RoussAUX, Éléments de logique {Ibid,^ t. 35, 1894, p. 3i4-3i9.)
Ch. Bonmy, Platon. Phédon (Bull, bibîiogr, du Musée Belge, 11,1898, p. 3o7-3io).
Ch. Rbnouvier et L. Prat, La nouvelle monadologie (/^., IV, 1900, p. 87-90).
M. Evbrs, Auf der Schwelle zweier Jahrhunderte (/&., p. 198-202;.
A. Bertrand, L'enseignement intégral (/^., V, 1901, p. 52-54).
G. Kurth, L'Église aux tournants de l'histoire (Ib,, p. 147-148).
L. Prat et M. Renouvier, Le mystère de Platon (/^., VI, 1902, p. 36-37).
F. Pillon, Année philosophique (/d., p. 37-38).
Nouvelles collections d'ouvrages philosophiques (76., p. 463).
C. Hémon, Éléments de psychologie pédagogique (Ib., VII, 1903, p. 33 1-332).
R. P. SouBEN, Les manifestations du Beau dans la Nature (Ib,, VIII, p. 41-42).
W. Turnbr, History of philosophy (Ib,, p. 436-438).
H. HoEPFDiNG, Morale (/d., IX, 1905, p. 184-187).
J. Laminne, Les quatre éléments {Ib,, p. 291-294).
D. Mercier, Psychologie (ib., p. 289, 291).
L. Favre, L'esprit scienti6que (Ib,, X, 1906, p. 26-29).
J B. Garassini, Pedagogia teorica (Ib., p i36).
E. Claparède, Psychologie de l'enfant (Ib,, p. 137).
B. Petronievics, Metaphysik (7^., p. 193-194).
Philosophische Aufsaize hrsg. von der philos. Ces. zu Berlin (Ib,, p. 36o-36i)*
L. Lévy-Bruhl, La morale et la science des mœurs (Ib,, XI, 1907, p. 8i-83).
Manuels divers de philosophie (7^., p. 160-161).
P. Bourget et M. Salomon» Bonald (7^., p. 190-191).
S. de Santis. Die Mimik des Denkens (Ib,, p. 328-329).
M. Couailhac, Maine de Biran (Ib,, XII, 1908, p. 3o).
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 89
PARTIE PËDAGOOIQUE.
EXPLICATION D'UN MORCEAU DE FRANÇAIS
POUR LA 4» OU LA 3'
par H. GÉRARDY, professeur à l'Institut Saint* Remacle à Stavelot.
La folle à V encensoir^ par U Père Van Tticht,
Je lisais dernièrement l'histoire touchante d'une folle. La pauvre
femme avait été mariée ; mais, bientôt après son mariage, devenue
veuve, elle était restée seule, avec un petit enfant, un fils. Elle avait
mis dès lors tout son cœur et toute sa vie à Télever bien ; et, en
vérité, à huit ans, c'était un ange si doux, si aimant, si bon, si pieux,
qu^on l'admirait et qu'on l'aimait dans tout le village. Le vieux curé
avait annoncé à la mère qu'il en ferait bientôt son enfant de chœur.
C^était le rêve de la pauvre veuve... Voir son fils à l'autel, dans la
petite soutane rouge, sous le surplis blanc, balançant des flots
d'encens, avec des sonorités argentines, devant le bon Dieu... Elle
lui fit de ses mains la soutane et le surplis... Ce fut long à travailler,
car elle voulut que même les dentelles sortissent de ses doigts...
Or, quand tout fut fait, la veille même du grand jour fixé,... elle
entendit tout à coup, près de sa porte, des bruits de voix contenues
et des pas étouffés... Elle ouvrit... Le pauvre enfant, jouant avec un
camarade de son âge, était tombé dans le grand étang où les troupeaux
s'abreuvaient. On était accouru bien vite, mais... on ne Tavait pu
retirer que trop tard, et maintenant l'on rapportait le petit mort à sa
mère.
Immobile, muette, les yeux grands ouverts, elle contempla ce
petit cadavre pâle et mouillé. Elle n'eut pas un cri, pas un mot, pas
une larme, mais sa raison s'évanouit avec ses espérances. Depuis lors
elle vit, seule, bonne, souriante et douce. Souvent elle sort; elle s'est
fait une robe rouge avec des lambeaux blancs, comme un surplis ;
elle tient dans ses mains trois petites cordes au bout desquelles elle
a attaché un vase à fleurs, et elle va à travers les champs, encensant
les arbres, les blés, les buissons d'églantiers et les aubépines. . . On
l'appelle la folle à l'encensoir. Pas un enfant ne rirait d'elle, car toutes
les mères la comprennent, et ont raconté à leurs petits sa douloureuse
histoire.
I. — Notes pour l'explication du morceau.
L'auteur. Cfr le Père Procès. Morceaux choisis /ass/w.
a) Le Père Van Tricht (1842- 1898). Né à Audenarde.
h) A 20 ans, entre dans la Compagnie de Jésus et passe par les
étapes ordinaires des études et de l'enseignement.
90 LE MUSEE BELGE.
c) Ordonné prêtre ; nommé professeur au Collège de la Paix à
Namur.
d) Au cercle de cette ville, il fit ses premières causeries scientifiques.
Son talent est celui du vulgarisateur.
e) Il parle dans toutes les villes en faveur des œuvres de charité.
J) Il a traité les questions morales et sociales avec autant de succès.
Il a publié une cinquantaine de causeries qui plaisent autant à la
lecture qu'elles plurent à Taudition.
g) Comme orateur, il posséda, à un grand degré, le talent d'exciter
et de renouveler l'attention, et de tenir sous le charme de sa parole
un auditoire parfois frivole, ne cherchant que le plaisir d une soirée
agréable.
II. — Explication de quelques mots.
Églantier^ qui porte des églantines, c'est-à-dire des espèces de roses
qui croissent dans les buissons.
Aubépine^ arbrisseau épineux qui porte de petites fleurs blanches.
III. — Résumé et plan.
1 . Cette narration est le début d'une causerie du Père Van Tricht
ik Prêtre et Religieuse » . Comment se rattache-t-elle à la causerie ?
a} Je connais l'histoire d'une mère dont tout le bonheur était de
voir son fils enfant de chœur.
h) Jadis, les mères aspiraient plus haut : elles voulaient voir un
de leurs fils prêtre.
c) Aujourd'hui, Tauréole qui entourait le prêtre pâlit de jour en
jour.
d) C'est cependant du prêtre que je veux vous parler.
2. Résumé : La mort terrible d'un enfant unique cause la folie de
la mère.
3. Plan. — Première partie : Combien la mère aimait l'enfant :
a) Parce que c'était l'unique enfant de sa mère veuve.
h) Parce qu'il était doux, aimant et pieux.
c) Marque spéciale de cet amour. (Le vieux curé... elle voulut)-
Deuxième partie : Mort de l'enfant :
a) Oïi rapporte Tenfant mort
h) Comment il est mort.
Troisième partie : La folie de la mère :
a) Première atteinte.
b) Vie de la folle (à la maison).
c) Sorties de la folle (son portrait — ses actions — on ne la
tourmente pas).
IV. — Qualités de la composition.
I, Unité, a) Toutes les idées s'enchaînent très bien. Après im début
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 9I
très simple, Fauteur arrive de suite au fait. C'est d'une pauvre veuve
^u'il s'agit, restée seule avec un petit garçon. Elle l'a très bien élevé ;
l'enfant a répondu aux soins de sa mère. Tout le monde Tadmire et
txiême Monsieur le Curé a annoncé qu*il le prendra comme enfant de
choeur. — Transition : C'était le rêve de la mère : elle veut lui faire
la soutane et le surplis, elle travaille longtemps. — Enfin nous
sommes à la veille du jour fixé. Pas de transition : On lui rapporte
l'enfant mort. — La mère devient folle : on la voit chez elle ; puis,
on la voit sortir et aller à travers champs.
b} Il ny a aupun détail étranger à l'histoire. Ainsi, où l'orateur
a-t-il lu l'histoire ? Qu'a été le mari de la pauvre femme ? Donne-t-il
des détails sur la manière dont elle a élevé l'enfant ? Sur la confection
<ies ornements ? Sur l'attitude des hommes qui rapportent l'enfant ?
Sur les efforts faits pour le sauver, sur sa mort ? Sur les actions de la
veuve à sa maison ? Non, pas de ces détails, nous les trouverons
bien par nous-mêmes, et le récit est beaucoup plus frappant dans sa
concise simplicité.
cj Voyez chaque phrase en particulier : vous n'y trouvez jamais
qu'une seule idée ; l'auteur ne met pas d'idées disparates dans la
même phrase.
2. Variété dans les idées, a) On nous montre d'abord l'enfant. Nous
le voyons aimant, bon, pieux, l'admiration de tous et du pasteur.
b) Autre genre d'idée : nous suivons la pauvre veuve dans ses beaux
rêves... c) Nous revoici dans la chaumière où, parmi la pau%Teté
nous voyons les belles couleurs de la soutane et du surplis, d) On
rapporte l'enfant., e) Nous voyons la scène près de l'étang (scène
évoquée, non décrite). /) Nous voyons la mère devant son enfant
mort, g) Nous la voyons quelques jours après chez elle, h) Nous la
suivons dans ses sorties.
3. Vérité dans les caractères, a) La veuve : jeune encore, chrétienne,
il est naturel qu'elle s'applique à bien élever son enfant. — bj L'enfant,
doux, aimant, pieux : peut exister. — c) Folie de la mère : bien
décrite : c'est une folie douce — elle ne fait de mal à personne ; ses
actions extravagantes. — d) L'attitude des enfants à l'égard de la
folle.
4. Proportion entre les parties. Il y a deux parties coupées presque
mathématiquement : a) bonheur et rêves de la mère ; b) malheur et
illusions détruites.
V. — Qualités du style.
1 . Correction, Remarquer quelques expressions : avait été mariée —
tombée veuve — il fallut longtemps — on était accouru — elle a
attaché (et non pendu)
2. Propriété des termes : a) touchante pour tout le monde, douloureuse
9 2 LE MUSÉE BELGE.
pour les mères qui comprennent mieux le malheur de la pauvre
femme ; b) voit son fils, de temps en temps ; le contempler (le reg^arder
longuement) ; cj Elle mit son cœur (c'est par la douceur, ce n'est pas
par l'esprit, le grand savoir qu'on éduque un enfant) ; d) annoncé
comme une bonne nouvelle ; non déclaré, ni signifié, ni simplement
dit ; e) rêve dit plus que pensée, désir ; f) bruits et non murmures :
les murmures peuvent être doux, les bruits sont toujours effrayants ;
g) étouffés plus mystérieux que lourds ; h) cordes et non ficelles, qui
indiquerait plus d'ordre ; i j comprennent et non connaissent, qui serait
indifférent.
3. Énergie : a) c'était un ange... c'était le rêve... b) le présent
employé dans la dernière partie.
4. Précision : a) pas trop de détails par exemple sur la mort de
Tépoux, sur la conduite de l'enfant, sur la confection des habits ;
b) peut-être pourrait-on supprimer les car ; c) pas de mots inutiles :
inutile de dire que la mère remercie le curé, de ses (propres^ mains,
elle ouvrit (la porte),. ses espérances (brisées), elle sort (de chez elle)...
5. Clarté : a) on comprend et on suit facilement, même les sonorités
argentines, même les églantiers (rouge) et les aubépines; b) pas de
parenthèses.
6. Naturel et simple : a) l'auteur ne tient pas à faire de l'effet ; il
raconte simplement une histoire émouvante par elle même ; b) pas
d'exclamations comme : que voit-elle? ô la malheureuse! c) peu d'in-
versions; d) style coupé.
7. Dignité : a) pas d'idée basse ; b) mots choisis : vase à fleurs, flots
d'encens, sonorités argentines.
8. Elégance : pas de verbes au passif, comme : il n'avait pu être
retiré, il était admiré, elle est appelée, son histoire a été racontée ;
b) peu de locutions renfermant le mot que : quand (pas lorsque) tout
fut fait ; c) peu de participes présents, aucun précédé de en ; d) les
phrases ne commencent pas toutes par le sujet.
9. Euphonie : l'auteur ne dit pas : en encensant...
VI. — Étude des détails.
jfe lisais : début simple, naturel : on croit généralement à ce qu'on
a lu. — Folle excite déjà l'intérêt : c'est mystérieux, la folie ; on s'arrête
quand on voit un fou ; on est attentif quand on entend parler d'un
fou ; c'est donc, au début d'une causerie, un bon moyen d'exciter
Inattention . — Pauvre ; a) je sais qu'elle est folle ; b) elle est devenue
veuve après peu de temps ; c) je devine qu'elle est vraiment pauvre :
d) ses inquiétudes pour son enfant. — Cœur : c'est avec son cœur et
non son esprit ; elle est une pauvre femme de la campagne, simple et
ignorante. Mais ce que possède toute mère, même la plus simple, c'est
PARTIE PÉDAGOGIQUE. gî
^ln cœur : le cœur d'une mère est tout pour ses enfants quand elle en a
plusieurs ; il est à plus forte raison tout pour son enfant quand l'enfant
est unique. « Savez- vous ce que c'est que d'avoir une mère ?.,. J'eus,
dans ma blonde enfance, hélas! trop éphémère... » (V. Hugo). —
Vie : c'est là l'occupation de sa vie ; le matin, pendant la journée, le
soir ; il est la joie et la souffrance de sa vie. Céiait un ange : a) il ne
faut pas abuser de ces appellations, ne pas appeler ange un enfant
uniquement parce qu'il est beau, parce qu'il a de gentilles manières,
parce qu'il est spirituel ; mais réserver le mot, comme ici, pour les
vertus, les beautés de 1 ame. Et dans ce sens, on peut le dire ; on le
dit de saint Louis, de saint Stanislas — Doux^ tranquille, ne faisant
pas de bruit, aimant d'être près de sa mère dans l'intimité ; — bon
pour tout le monde ; — pieux pour le bon Dieu et la sainte Vierge.
— Aussi on Vadmirait avec étonnement et on Yaimait dans tout le
village, on le citait comme modèle. Et même, se faisant l'organe de
cette admiration, le vieux curé^ le meilleur juge en cette affaire, \ieillard
expérimenté, qui connaît depuis leur enfance l'histoire de tous ses
paroissiens, qui sait les malheurs de la pauvre veuve, a annoncé comme
une bonne nouvelle... le rêve : elle n'osait croire que cela se fût réalisé ;
ce sont souvent des enfants riches qu'on prend... — Soutane rouge : un
peu d'orgueil, son fils sera si beau — balancer avec grâce, avec de
jolies ondulations du corps — des Jlots qui s'enrouleront autour de
l'enfant et qui monteront autour de l'autel qu'ils sembleront arroser *
— devant le bon Dieu : expressions des simples et des pauvres pour
désigner l'Éternel.
Elle lui fit de ses mains (trop pauvre pour aller chez le tailleur, pour
prendre une ouvrière, et puis, il lui semble que ce sera mieux fait).
Ce /ut long (ce n'était pas facile, elle voulait que ce fût parfait)... Que
même les dentelles (travail fin, délicat, qui demande tant de peine,
d'attention, de patience) — sortissent de ses doigts (bien choisi, mieux
que : ses mains).
Or (mystérieux, frappant, excite l'attention). — Grand jour (si désiré,
si attendu). Voix contenues (pas la voix joyeuse de son fils). Bien vite
(c'était l'enfant de la veuve, on l'admirait, on l'aimait). Un petit mort :
c'est la veille du grand jour fixé... C'est pour le petit mort qu'elle a
tant travaillé, pour le petit mort la belle soutane rouge et le surplis
blanc. Immobile : elle ne se précipite pas, elle est déjà folle. Elle con-
templa =» regarda longuement. Mouillé : ruisselant encore de l'eau de
l'étang. Elle n'eut pas un cri, pas un mot, pas une larme : gradation.
Et pourquoi ? C'est que sa raison s'est évanouie avec ses espérances.
Adieu donc les beaux rêves, les belles visions qui montraient à ses
yeux ravis un petit enfant à l'autel, dans sa soutane rouge, balançant
l'encensoir, agitant la clochette argentine. Adieu ! les beaux rêves,
ils sont évanouis.. •
94
LE MUSÉE BELGE.
Depuis lors, elle vit seule (tout à fait seule, l'enfant a rejoint le
père)... Souvent elle sort quand le vide du foyer se fait trop sentir. —
Elle s'est fait une belle robe rouge : ce fut la dernière de ses occupations
avant la folie; elle y a semé des lambeaux blancs et déchirés. Elle tient
dans ses mains trois petites cordes quelconques... et elle va, Tinnoccnte,
bonne, souriante et douce; à travers les champs, elle encense les
roses rouges qui se détachent sur les buissons d'églantiers et les fleurs
blanches des aubépines. Et demain, elle recommencera. On l'appelle
la folle à l'encensoir. — Sympathie qu'elle excite.
DEVOIRS FRANÇAIS
BECUEILL18 ET PROPOSÉS
par H. GÉRARDY, professeur à Tlnstitui Saint-Remacle à Stavelot.
I. — Dignité d'enfant,
1. Sur une plage. Le roi Edouard VII (actuel) jette dans la mer
des pièces blanches pour faire plonger de jeunes baigneurs.
2. A Técart, un enfant — timide et triste — pleure. Le roi lui oflre
des pièces blanches Mais l'enfant les refuse dignement : a Je ne les
^ point méritées. »
3. Un peu plus loin, des gamins (décrire la scène) noient un chien
qui va périr. L'enfant ose plonger et sauve le chien (détails). Au jeune
sauveteur, le roi donne une belle pièce d'or : « Celle-là, tu Tas
gagnée. »
N.B. — i) Discours direct.
2) Dialogue.
3) Pas commencer toutes les phrases par le sujet ; mais user de
Tin version.
II. — Seigneur et braconnier.
(Imitation de la fable « Le lion et le rat » ou « La colombe et la
fourmi ».
1, Le seigneur fait grâce à un braconnier que ses gardes ont pris
à Taffût. (N. B. Ne pas reprendre l'histoire de trop loin.)
2. Le braconnier sauve le seigneur d'un accident de voiture (ou
d'auto).
III. — La sonnette d'alarme.
Sujet : Un paysan fait fonctionner la sonnette d'alarme pour récla-
mer un parapluie qu'il a laissé à la gare du départ. On lui dresse
pjTOcès-verbal.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. gS
N.B. — Scènes à faire :
i) Arrivée tardive et pressée du voyageur.
a) Installation encombrée.
3) Agitation... il sonne.
4) Dialogue avec le chef- garde qui l'empêche de descendre.
5) Procès-verbal : nom, prénoms. 0 II n'y a plus de justice aujour-
d'hui. »
IV. — Le perroquet de la reine Victoria,
1 . La reine en voyage avec son chapelain. Cri du perroquet,
2. « Que dit-il? » demande la reine.
3. « Impossible de répéter. »
4. La reine insiste, le chapelain s'excuse.
5. La reine ordonne. Le perroquet dit : « Passe ton chemin, bonne
vieille sotte femme, »
V. — La pendule de Louis XIV.
1 . Le roi aperçoit, dans un salon de Versailles, un ouvrier en train
de décrocher une pendule.
2. Comme le parquet est glissant, le roi tient l'échelle,
3. L'ouvrier était... un voleur qui, sans se décontenancer, part, à
la barbe du roi, avec la pendule sous le bras.
N. B. — Les élèves pourraient imiter la lettre du madrigal de
M™« de Sévigné.
VI. — Le parapluie de la catastrophe.
1. Un accident de chemin de fer. La voie est obstruée.
2. Arrivée d'un train qui doit s'arrêter. Réclamations (inventer) de
voyageurs.
3. Le lendemain, un vieillard vient réclamer... un parapluie. (Je
suis une des victimes. — Qu'avez-vous perdu i un parent } un ami ? —
Non, un parapluie 1)
4. On retrouve le parapluie, « Allez, vous êtes heureux 1 » — « Oui,
deux baleines cassées ! »
VII. — Le serin de la catastrophe (même histoire).
Un voyageur, en fin de compte, réclame un*[canari qu'il J a fait
déposer dans le fourgon aux bagages. On le lui rend.
VIII. — Un pari.
1. « Je vais enfoncer le chapeau de ce monsieur 1 » Pari.
2. Il le lui enfonce ;,.. puis, s'enfonce aussi le sien bien bas dans
la tête.
3. Scène entre les deux escapés.
1
96 LE MUSÉE BELGE.
IX. — L'inspecteur des accises.
Dans un café, un monsieur attablé. Survient un quidam qui se
donne (dialogue) pour inspecteur officiel des accises, boit le verre du
client et s'en va... exercer plus loin en disant : a Excellente, excel-
lente consommation I »
X. — A Voctroi,
1 . L'homme arrive avec un sac. L'employé : a Ouvrez votre sac •
— « Mais mon chien s'échappera, n — « Je veux le voir. » — Le
chien se sauve.
2. Le lendemain, le même homme avec son sac. « J'ai eu bien de
la peine à rattraper mon chien. » — « C'est bon, passez, d — Il passe
avec un veau (marchandise prohibée).
XL — Scène de chemin de fer.
1. Une vieille dame, irascible, jette, par la portière, la pipe d'un
monsieur. (Toute une scène à faire.)
2. Par la même voie, le monsieur jette le chien de la dame.
3. Arrêt : On veut s'expliquer devant Je chef de gare, quand on
voit... le chien qui rapporte la pipe.
XI L — Monsieur V Hiver.
N.B. — C'est le sujet bien connu : les plaisirs de l'hiver. Seule-
ment la manière de le traiter (sous forme de petite comédie) est origi-
nale et plaira aux élèves.
Personnages : Monsieur l'Hiver (vieillard grelotant au coin du feu).
— Petits garçons de 10, 8, 9 et 3 ans. — Puis : saint Nicolas —
petit garçon qui représente les vacances (costume de touriste anglais)
— un autre qui porte l'arbre de Noël — un autre qui symbolise le
nouvel an — un autre apportant le gâteau des Rois.
Scène première : tous les enfants reprochent à l'Hiver de les priver
de bien des plaisirs.
Scène 2« : l'Hiver se redresse : a Petits ingrats ! et toutes les belles
fêtes que j'amène ? Je vais les faire paraître devant vous. »
Scènes 3*'-7« : Saint- Nicolas, les vacances, Nouvel an, gâteau des
Rois. (Chacun expose en quelques mots la fête qu'il représente,)
Scène 8* : Monsieur l'Hiver : « Voulez-vous encore me chasser ? •
— Tous les enfants : « Non, non, restez. » — Puis l'un d'eux pense
aux malheureux et il invite saint Nicolas et Noël à visiter les enfants
pauvres.
Remarque : le sujet a été traité dans les « Annales politiques et litté-
raires », supplément du 2 décembre 1902.
LIVRES NOUVEAUX.
Ta. A. ABELE, Dar Sénat unter AugQstua. Paderborn, Schoeningh, 1907.
80 pp. 2 m. 40 (Studien zur Oesch. and Kultur des Altertums hrsg. von
E. Drerup, H. Grimme u. J. P. Kirsch, 1,5.)
CEI. BASTIDE, Bayle est-il l'auteur de l'avis aux réfugiés. Fontenay-aux-Roaes,
imp. Bollenand, 1908. 20 pp.
J. \V. BECK. Horazstudien. Haag, Nghoflf, 1907. l fl. 75.
H. FRANCOTTE, La Polis grecque. Reôberches sur la formation et rorganisa-
tion des cités, des ligues et des confédérations dans la Grèce ancienne. Pader-
born, Schoeningh, 1907, 252 pp. (Studien zur Gesch. und Kultur des Alter-
tums hrsg. von E. Drerup, H. Grimme u. J. P. Kirsch. I, 3).
W. KROLL, L'étude de 1^ philologie classique en Allemagne. Conseil aux étu-
diants. Traduit de l'allemand. Louvaln, Ch. Peeters, 1907. 0 fr. 50.
P. MAQNETTE, Les émigrés français aux Pays-Bas (1789-1794). Bruxelles»
Laoïertin, 1907. 144 pp.
U. MANNUCCl, Irenaei adversus haereses libri V. Pars L Roma. Via dei Cres-
cenzi, 13. 1907. 3 fr. (Bibl. ss. Patrum et scriptorum •ecclesiasticonim.
Séries II : Scriptores graeci antenicaeni. Vol. III).
A. MERLIt^. Le temple d'Apollon à BuUa Regia. Paris, Leroux, 1908. 28 pp.
gr. in-4^ et 7 planches. (Protectorat français. Gouvernement tunisien. Notes
et documents publiés par la Direction des Antiquités.)
J. M. MEUNIER, L'emplacement de Noviodunum Aeduorum de César et le nom
de Nevers. Nevers, impr. G. Valliôre, 1907. 32 pp. 1 fr. (Revue du Nivernais).
W. NITSCHE. Demosthenes und Anaximenes. Berlin, Weidmann, 1906. 2 m.
A. PIEPER, Christentum, rômisches Kaisertum und heidnischer Staat. MQnster
i. W., Aschendorflf, 1907. 68 pp. 8«.
P. RASI, Le satire e le epistolo di Q. Orazio Flacco. Commento ad uso délie
scuole. Parte II. Lo epistole. Milan, R. Sandron. 1907, 2 fr. 50 (Nuova
raocolta di classici latini con note italiane. XXX IX).
CH. A. SECHEHAYE, Programme et méthodes de la linguistique théorique.
Psychologie du langage. Paris. Champion, 1908. 7 fr. 50.
M. TRESCH, Lafontaine naturaliste dans ses fubles. Luxembourg, Befifort, 1907.
144 pp. in-8*.
J. VAHLEN. Ueber Horatius Brief an die Pisonen. Sitzungsber. der Berl. Akad .
19 Jali 1906.
J. VAN DOOREN, Anthologie illustrée des poètes et des prosateurs français
(Franse et Belgique) depuis le xvit* siècle jusqu'à nos jours k l'usage des
écoles moyennes et des classes inférieurei dei collèges et des athénées. Préface
de Jules Claretie. Ouvrage orné de 75 planches hors texte reproduisant les
plus beaux tableaux des grands maîtres de toutes les écoles. Hermann, Ver-
viers, 1908, 400 p. 3 fr. 75.
J. P. WALTZING, Grammaire latine de G. Eandgraf traduite en français et
adaptée au programme des athénéis et collèges belges. Deuxième édition.
Liège, Dessain. 1907. 3 fr.
FR. V. WOLFF, Geschichtsbilder aus altchristlichtr Zeit. Berlin, Voss, 1907. 3 m.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
E, \Vitm*ttr^ Un poèti; inconnu : U s:oiit»:sse Valirij ek Sliiiilcîn'Saaknsicin , 4q
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique*
%), R. Oeh!ef\ Bîldcr-Ailas lu Cae&ar
40 A/, Schixmhergcr^ De SutJa verborum novatore (L» Luca&scn) *
4t. F. LcAm^MM, MoJitiB aïs H^ndschrififorscher (Th, Sim*fr) *
42. Dom F, Cahrol, Diction naîrc d'archJoIogic chrétienne (J^ P, W )
43. A, Sdtatft^r, Kinrûhrung in die KuUyrwdî dcr Allen (.t. P. WJ
44. L. Van Miert, Blocmle^ing uit Ovidius, eic. (J, F, W.) ,
3.
60
Languet H iftiératut-es celtiques .
45. C JuîUaii^ Histoire de la Gaule* 1-ïl (V, Tourneur) , , , * * 61
Langues et Huératures romanes,
46. J, Fomny et J. Van Doorat^ Ar.ïhoîogîe des prosauurs Tfançtis (G. Dou-
freponl) ,,,».., ^ *..-*. 73
47. ^. Caheti^ Morceaui choisis dei mutiîurs français (t\. Masson) « . •> 7^
Layigues et îîtiératttres germaniques,
48. F, J. PoelfiMe, VonJcl's dichljuwcclen (C. Lccoulerc} . • - * 74
49 Rosegger^ Waldj'jgcnd (Le ni^me) , * 7^
5o. /?» Dyboski^ Tennj seings Sprache und Stil ^P, Hamtlius) ♦ * . , 76
Si- i?. r. A/É?/5ff<f, Manuel dti iiUcrature islandaise (F. W») .... 78
Histoire et géùgi^Jphte^
Sa, 4,Sfer«, Gcschïduç Europsa seît j8i5. U» i {P. Poullet) , , , * 7^
Katicc^s el annoncés bibliographique Si
53-6Û, Publlcaiions d*A, Meillet, H. Dids^ Th, Brtiïcr, F. J. GooJfpced,
V. Masqueray, Ph, A. Becker, \\\ Goliher, W, Fisk-^ J. Wahner, G. GrûU-
mâcher^ F. Cavatk-ra, [., Garriguel, Herder ..,.,.. 80
CHRONIQUE.
ôy-GS. Album belge de paléographie. Les ietires belges « . • . « B4
Notice nécrologique : Alfred Grafé , , 85
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
//, Gérardy^ Ej^pLication d'un morceau de français pour ta 4* ou la 3*^ . * ^
Le tnéine^ Devoirs français » « * • 9^
Douzième année. — N** 3-4. rS Mars* 1 5 Avril 1908.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
rtnutc tout ui NAHiriOii ds
K©-
F. QOLLARB
J. P. WALTZINO
Ptt^CMAl tom IM iMfi, I rtmpUin du ni«u d'ivDt it df ftptimtirf
LOUVAIN
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Douzième année. — N**» 3-4. i5 Mars- 1 5 Avril 1908.
Bnlletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANGES.
/
Le génie poétique de Taîne, ses admirateurs et ses détracteurs.
Taine jouit d une grande gloire. Le modeste monument qui lui fut
élevé à Vouziers en igoS est une faible image de sa survivance dans
les esprits. L'auteur de VHistoire de la littérature anglaise^ de Vlnielli-
gence et des Origines de la France contemporaine a peuplé de ses fictions
les cervelles françaises : le milieu (i), qui a d'ailleurs d'autres parrains
que Taine, est la plus heureuse; la race a faussé bien des esprit; le
moment, troisième unité de la trilogie (2), est moins populaire; la
faculté maîtresse, le sucre et le vitriol auxquels sont comparés la
vertu et le vice (3), laurore boréale de V Intelligence \ le gorille féroce
et lubrique qui est dans l'homme, le Jacobin halluciné, le christia-
nisme qui donne des ailes à l'humanité, le condottiere qui se fait
centre {4), etc. (5), voilà des formules familières aux mémoires
ornées, et elles défraient même les polémiques. Elles ont la plupart
un aspect imagé et poétique, et elles indiquent déjà que Taine fut et
restera un poète en prose. La philosophie renouvelée de Spinoza
ou de Condillac, sa documentation plus variée que critique, ont
(1) <x. Par extension. Néologisme, L'ensemble de la société, Hes mœurs, des évé-
nements parmi lesquels a vécu une personne, s'est accompli un fait. Etudier un
personnage historique dans son milieu. » (Dictionnaire général de la langue fran-
çaise de D4RMESTETER, Hatzfeld, Thomas, S. V. mUieu, S II).
(2) Trilogie hégélienne au sens de M. Lasserre, Le romantisme français.
(3) On sait que Taine protesta lui-même contre remploi que certain député faisait
de cette parole. Il aurait trouvé excessives aussi les théories que des romanciers
naturalistes et ps^hologues devaient tirer de ses préfaces et articles.
(4) Un personnage du Lys Rouge d*A. France voit en Napoléon Thomme qui,
dans le récit de Taine, donne un coup de pied dans le ventre à V^olney.
(5) M. Lanson ! Hist, de la litt, fr,^ 8« éd., p. 140) dit du roi défini par Jean de
Meung : (( le roi n'est leur maître que pour leur ser\ice et leur sûrtté ; c'est le
gendarme de Taine ».
g8 LE MUSÉE BELGE.
disparu comme Téchafaudage dont il a parlé lui-même : le monument
littéraire étale les reliefs colorés de sa façade.
La Correspofidance de Taine permet de voir l'homme, et par là de
mieux comprendre l'artiste : M. Victor Giraud, dont l'Essai sur Taùu
est le plus soigneux exposé de la vie et de la doctrine du philosophe,
a dégagé dans un important article de la Revue des deux Mondes(i^ fév.)
la personnalité de son auteur, qui tout jeune rejette avec dédain
et témérité le christianisme, choisit le spinozisme comme la con-
ception la plus poétique, écrit pour gagner sa vie des articles et des
livres sur tous les sujets imaginables, et se grise de lectures, d'études,
de spéculations psychologiques.
Tandis que les lettres successivement publiées occupaient même li
presse quotidienne, les études se multipliaient, s'ajoutant à toutes
celles dont M. V. Giraud a dressé la riche bibliographie. Un Taine
de M. Michel Salomon est déjà entré dans la collection Bloud {Science
et Religion — Études pour le temps présent — Philosophes et penseurs,
n" 210); M. Lacombe a scruté la psychologie appliquée par Taine à
l'histoire littéraire (i). Et yoici qu'un historien, M. Aulard, dresse,
dans im cours public, puis dans un livre, l'acte d'accusation de Tatm
historien de la Révolutiofi française (Paris, Colin, 1907, 333 p., in-8*,
3 fr. 56). Le savant professeur parisien, qui a mis vingt ans à réunir
la documentation de son Histoire politique de la révolution française, s'est
de bonne heure méfié des Origines, dont la documentation ne prit
peut-être pas vingt mois pleins. Il devait s'en méfier d'autant plus vive-
ment que Taine est à tous points de vue (opinions politiques, idées
générales, méthodes, style) aux antipodes de M. Aulard. Celui-ci n'a
pas de peine à relever des erreurs dont fourmille l'œuvre historique de
Taine, et dont s'aperçoit quiconque aborde un sujet traité par Taine.
« A la Sorbonne, im candidat au diplôme d'études historiques ou au
doctorat se disqualifierait s'il alléguait Taine comme une autorité
dans ime question d'histoire » (p. viii). Seulement, les superstitions
démodées chez les docteurs vivent encore une génération chez les
bonnes femmes et les journalistes. Et lefgros public, paraît-il, est
encore impressionné par les notes et les cotes d'archives que Taine
mettait au bas des pages ; on ne courait guère à ces références ; mais
elles étaient là, solides d'aspect comme des fondations, redoutables,
ennuyeuses ; et l'ennui est le grand gage d'autorité, comme lejremar-
quent Heine et Pailleron. Puis le texte j[qui surplombe ces notes
(1) Paul Lacombe, La psychologie des individus et des sociétés che^ Taine histo-
rien des littératures (Alcan, 1906), 374 p.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 99
hérissées, se lisait comme un roman ; et il charmait dans leurs com-
plaisances politiques les acheteurs de livres coûteux, au point que
Taine, idole des frondeurs impies depuis les Philosophes français du
XIX^ siècle (1857) , est devenu le grand homme des conservateurs
à partir des Origines de la France contemporaine. C'est Taine historien
qui est le plus vivant, et c'est de celui-là que M. Roosevelt entre-
tenait l'autre jour un journaliste français (i).
« J'avais toutes les idées de mon père w, dit Jean Monneron à
M. Ferrand... « Mais déjà je ne les avais plus toutes. Mon évolution
datait d'une lecture, celle du livre de Taine sur les Origines de la France
contemporaine. Mon père me l'avait vu entre les mains et il m'avait dit :
• Tu lis ce pamphlet? C'est un monsieur qui a eu bien peur'pour ses
» rentes en 71 1 » Je ne vous cite ce mot, si injuste, que pour vous
faire comprendre combien cet homme excellent devient irritable,
aussitôt qu'il s'agit des points qui font dogme en lui. La foi dans
la Révolution en est un. La haine contre l'Eglise enj est un
autre » (2).
Les héros de M. Paul Bourgetsont, naturellement,'médiocres pen-
seurs; mais dans leur médiocrité congénitale ils représentent^assez
exactement des préjugés fort répandus dans la dernière génération
parmi les esprits de second ordre. A cet égard les romanciers de 1880
et de 1902 sont aussi instructifs que les pharmaciens de 1857 :
M. P, Bourget continue Taine comme M. Homais prolonge Vol-
taire. M. Homais fut décoré, parce qu'au fond le voltairianisme est
• conservateur en tout sauf en religion • ; et M. Bourget devint riche
et traditionaliste, [parce que le positivisme, jeu d'esprit amoraliste
chez les jeunesgensbesogneux.devient farouchement conservateur dès
que le positiviste a quelque chose à conserver. Le génie poétique de
(1) Le Temps a publié une lettre de M. André Tardieu (de Washington, 10 mars
1908) relatant Taudience accordée par le président des États-Unis : « Puis — par
quel détour? — c'est sur Taine que vient le propos. M. Roosevelt ne semble
raimer qu'à demi, critique ses parti-pris, parle de la révolution ».
(2) Paul Bourget, L'Étape, 34» mille, p. 47-48. — M. Waltzing m*a cité le cas
d'un professeur belge qui, aux environs de 1880, abhorrait Tauteur^des Origines de
la France cont.^ « qui bafoue tout ce que nous vénérons » : ce c< doctrinaire » belge
étoil un Monneron moins sectaire que le Français. — Quant à l'auteur de VÉtape^
il a répété pour son compte, et plus poliment, le jugement de Monneron père :
« L'eâfroyable tempête des deux guerres a passé sur Tasile sacré. Cette fois l'époux
et le père n*a plus opposé aux^coups du sort le stoïcisme du pur esprit... En trem-
blant pour son foyer, il a tremblé pour tous les foyers » (article nécrologique sur
M™« Taine, Figaro, i\ août 1903, cité par Aulard, p. 17).
lOO LE MUSÉE BELGE.
Taine s'éclaire maintenant par sa survie,parsa répétition chez des épi-
gones comme M. Bourget, par l'apparition de détracteurs comme
M. Aulard. Beaucolip de littérateurs, pareils à M. Henry Bordeaux
pèlerinant au tombeau de Taine, demandent au critique historien les
idées dont ils croient naïvement avoir besoin.
On connaît assez de jugements portés sur Taine depuis une généra-
tion. M. Aulard (Avertissement) en relève plusieurs, fort instructifs.
S'il ne s*était rigoureusement borné, en historien méthodique, au
Taine des Origines, il aurait pu relever l'influence du penseur dans les
ordres d'idées les plus opposés et dans les mondes les plus dififérents.
On a même pu croire qu il y avait au moins deux Taine, — que
le philosophe historien avait subi une fois le renouvellement que
Hugo s'appliquait à chaque génération. M. Giraud montre que le
théoricien déterministe et poétique a gardé d'un bout à l'autre une cer-
taine unité fondamentale ; mais la vie externe de sa pensée a traversé
dans sa métempsychose au moins une crise. Si l'on admet que l'un
de ceux qui connaissent et comprennent le mieux Taine, c'est Taine
lui-même, M. Giraud a grandement raison d'attacher une importance
Capitale à la lettre de Taine à M. Bourget sur Le Disciple, Le philo-
sophe caricaturé en Adrien Sixte écrivait à son disciple (qui a moins
mal fini que Greslou) : * Je ne conclus qu'une chose, c'est que le goût
a changé, que ma génération est finie... Peut-être la voie que vous
prenez, votre idée de l'inconnaissable, d'un au-delà, d'un noumène^
vous conduira-t-elle vers un port mystique, vers une forme du chris-
tianisme... » Taine est mort juste à point pour revivre sous des traits
nouveaux.
Je l'ai un jour entendu traiter de « calotin » : cette métaphore
aurait certainement étonné ses mânes — si jamais il a cru qu'il en
aurait. M. Aulard trouve mauvais qu'on traite d'historien, de grand
historien l'auteur des Origines. Celui-ci avait pour Mallet du Pan,
Gouverneur Morris, Burke et autres anti jacobins, une admiration
que M. Aulard trouve fort comique. Taine citait Tocqueville, et
citait sans hésitation d'après Tocqueville (Aulard, p. 47). C'est, on
on se le rappelle, le grand auteur de M^^ Paul Raymond ; celle-ci,
au besoin, fournissait du Tocqueville de son cru. Taine, lui, n'a pas
autant de ressources que M"»« Raymond ; il se plaint dans une lettre
que les Français n'achètent et ne lisent pas assez Tocqueville. Mais
M. Aulard trouve qu il le lit et le croit trop sur pafole. De même pour
tous les témoignages — fût-ce de M^^ de Genlis — qu'il choisit
et préfère en proportion de leur caractère tainien ou réactionnaire.
— Taine chérit les anti-révolutionnaires de 1789 et de 1793; et
le voilà à son tour chéri des anti-révolutionnaires de 1884 et de 1908.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. lOI
Un journal conservateur de Bruxelles affirmait, il y a quelques
années, Tinfluence de Taine sur les élections belges anti-jacobines de
1884. Mais il nappuyait cette affirmation d'aucune preuve.
Quant à l'étranger, si un professeur romain consacre à Taine
un livre considérable, s'il se trouve un Norvégien et un Allemand
pour traduire en allemand les Essais de critique et d'histoire ou même
Vlntelhgence (i), il faut dire pourtant que Toeuvre du critique, de Thisto-
rien et surtout du philosophe perd de son prestige au-delà des fron-
tières : elle partage en ce point le sort des œuvres poétiques. • En
Allemagne », affirme M. Aulard (p. ix), a où Técole réactionnaire
domine en histoire, on aime à jurer par Taine ». M. Aulard doit avoir
des documents abondants pour produire cette affirmation. Mais j ai
observé exactement le contraire pendant les onze semestres que j'ai
passés parmi les universitaires allemands (à l'université de Halle).
Il y a bien, pour les élèves de première des gymnases et des OherreaU
schulen, des éditions scolaires abrégées de ï Ancien Régime et de Napo-
léon Bonaparte ; mais elles ne démontrent que l'utilité d'un vocabulaire
riche et d'un style brillant pour l'enseignement du français : et
Lanfrey, Jules Sandeau et surtout Scribe sont beaucoup plus
employés dans le même but pédagogique. Quant aux philosophes et
historiens, mon ingénieux ami M . Bruno Bauch, rédacteur des Kant
Siudien, m'a dit plus d'une fois que Taine était un bonhomme fort peu
philosophe, et nullement criticiste ; que son déterminisme était fort
démodé. M. Hasenclever, qui enseigne l'histoire moderne à l'Univer-
sité de Halle, m'a dit qu'après avoir relu le Napoléon Bonaparte de
Taine il le considérait comme une caricature... J'ai rencontré aussi
un philologue allemand qui ignorait radicalement Taine et s'en
consolait. Enfin des étudiants allemands, auxquels j'ai fait lire la
préface de VHistoire de la littérature anglaise, trouvaient ridicule la défi-
nition du culte protestant et de l'àme germanique. Je pense donc que
peu de spécialistes prennent Taine au sérieux; et l'on pourrait
renouveler à son endroit la conversation sur Voltaire que nous a
conservée un auteur du xviii* siècle : pour le mathématicien, M. de
Voltaire est un grand génie, il n'a eu que le tort de s'occuper de
(1) Taine a été l'objet de diverses études allemandes, livres et articles de
revues; M. Julius Zeitler, dans son ouvrage Die Kunstphilosophievon Hippolyte
Adolphe Taine (Leipzig, Herm. Scemann Nachf., 1901), estime (p. 9) que Taine
est spécialiste (Fachmann) pour la littérature, mais pas pour l'art ; il ne laisse pas,
d'ailleurs, de rattacher Taine à une lignée où figurent iMontaigne et Napoléon; tous
ces personnages, comme les « Germains », les a races classiques » et autres héros
de Taine lui-même, ont, eiTectivement, des traits communs, ne fût-ce que la colonne
vertébrale. M. L. Poulain vient d'examiner Taine et l'Allemagne (BibL univ, et
rev, suisse, mars 1908).
I02 LE MUSÉE BELGE.
mathématiques; rhistorien pense que M. de Voltaire serait grand
homme tout à fait s'il ne s'était égaré dans l'histoire ; le métaph3rsicien
louerait sans réserve M. de Voltaire si celui-ci n'avait eu l'imprudence
de s'occuper de philosophie, et le littérateur estime que M. de Vol-
taire est tout ce qu'il veut excepté poète. Le tout n'empêche point
Voltaire d'avoir vulgarisé Newton, raconté Charles XII et le siècle de
Louis XIV, ridiculisé Leibnitz et bâclé des rhapsodies à succès. De
même Taine, qui ne fait autorité dans aucun genre, est grand vulga-
riseur dans tous; il est entre les laboratoires et les archives d'une
part et le gros public profane de l'autre, l'habile faiseur d'articles, le
truchement des savants, le poète en vogue : il est le Lucrèce du
déterminisme français, et son œuvre réalise en belle prose pour
les doctrines de Spinoza ce que le De natura rerum fit pour celles
d'Epicure.
♦ ♦
Quand Taine s'est efforcé de faire œuvre purement philosophique,
l'élément poétique devenant moindre, l'œuvre a été inférieure aux
autres : Vlntelligence importe moins à la gloire de son auteur que
les Origines^ comme le remarquait tout récemment encore M. Victor
Giraud. Ce n'est pas, d'ailleurs, qu'il n'y ait encore là beaucoup
de poésie, depuis l'allégorie des choses vues de l'Arc de triomphe
jusqu'à r « aurore boréale » que la nature présente à l'intelligence.
Les Origines de la France contemporaine représentent, en plus d'un
point, un travail de seconde main : le récit de la journée du lo août
est fait d'après Mortimer-Temaux (Aulard, p. 1S2). C'est là, comme
on sait, le procédé des grands penseurs et des vrais artistes : les
descriptions de Chateaubriand ne sont-elles pas éblouissantes là
où elles sont composées à l'aide de guides anglais et français ? La
vérité de Guillaume Tell n'est-elle pas, jusque dans le détail du
paysage, d'autant plus admirable que Schiller n'avait jamais mis
e pied en Suisse ? Taine est orateur comme son Tite-Live^ il est poète
épique comme le Michelet dont il a si bien parlé, il est généralisateur
régulier, classique comme Bossuet, philosophe comme Montesquieu,
dramatique comme l'auteur de Roméo et]Juliette^ dont il admire quelque
part le sens historique et divinatoire. Il avait le génie de l'a peu près,
comme le montre longuement M. Aulard, il avait même le don
d'autosuggestion .
Aussi quelle estime il fait de la littérature I et comme il a raison I
C'est aussi bien la grand'mère de George Sand que M™« de Genlis,
c'est Corneille et Rousseau qu'il invoque pour comprendre l'ancien
régime; c'est le crocodile de Clément d'Alexandrie (et de Chateau-
briand) qu'il peint pour caractériser le Jacobin (Aulard, p. 207).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I03
« Il faisait son siège, puis allait aux archives n, a dit M. Brunetière.
Sans doute ; mais il a plus de goût que Tabbé Vertot ; ce n'est pas le
siège de Rhodes qull raconte, et il fait son siège d'après les grands
auteurs, qui ont le mieux connu l'homme éternel. « J'ai pris de
l'estime pour la littérature et les renseignements qu'elle peut donner •,
4Scrivait-il, à son retour d'Angleterre, à Guillaume Guizot... « La vue
-des choses n'a point démenti les prévisions du cabinet... les formules
g^énérales restent, à mon avis, entièrement vraies... Un historien
possède dans les livres un instrument très puissant, une sorte de
photographie très fidèle capable de suppléer presque toujours à la
vue physique des objets ». Des livres pareils, Taine va en écrire à son
tour, en vrai poète, en visionnaire : « Il avait une sorte d'orgueil de
rintelligence, il aimait la gloire littéraire » (Aulard, p. 327).
En un style que colorent des connaissances encyclopédiques, il va
exprimer les généralisations auxquelles se complaît sa pensée spino-
ziste. La fiction sera plus animée et plus belle que la réalité; la
morne succession des faits n'ayant de sens et d'intérêt que par une
interprétation, par les lignes générales que lui donne notre esprit :
« nous ne vivons.écrit Taine à Cornélis de Witt, nous ne travaillons,
nous ne résistons que grâce à notre idée philosophique ». Cette idée
(« l'assimilation des recherches historiques et psychologiques aux
recherches physiologiques et chimiques ») pouvait donner une formule
romanesque comme les Affinités électives de Goethe ; Taine la mit en
allégories, en comparaisons, en poèmes historiques et philosophiques.
Poète, Taine l'a été par un certain manque de sens critique, par la
naïveté sereine de sa grande âme, par l'intensité de ses sensations (i),
par la délicatesse même de sa sensibilité, par son oreille musicale,
bien plus avertie que ses yeux myopes. Poète, il le fut par son besoin
de traduire toute pensée en image, par son b)rronisme et par son amour
infini de Musset. Peu d'auteurs peut-être ont eu sur lui une influence
aussi profonde que celui de Rolla et de la Confession d'un enfant du
siècle. Ou, s'il n'y a pas influence immédiate, il y a entre le poète et
le prosateur de telles affinités qu'elles révèlent une sensibilité presque
identique.
Ce n'est point là rencontre fortuite. On connaît assez l'immense
admiration de Taine pour Musset. Que n'aurait pas donné le jeune
critique pour pouvoir écrire des vers comme ceux de La Mi- Carême^
<:ités avec tant de complaisance dans La Fontaine et sesjables :
Le carnaval s*en va. les roses vont éclore...
(1) Voir Partie le de M. Victor Giraud dans la Revue des Deux Mondes du
aer février 1908.
I04 LE MUSÉE BELGE.
Dans le dernier volume de VHistoire de la littérature anglaise^ llioin-
mage lyrique à Musset (à propos de Tennyson) est assez significatif :
Taine se rappelle les vers de son poète préféré à tout propos, devant
un ciel de printemps comme devant les marches de marbre rose de
Versailles; il irait, sans plus raisonner, les relire s'il ne les savait p>ar
cœur. De 1849 ^ i863, Musset est le poète adoré des jeunes gens
délicats, sensibles et artistes. Taine était de ce nombre, et les idées
de Musset, traduction en style général d'une sensibilité déterminée,
vont se retrouver chez le critique.
M. Nayrac (i) cherchait dernièrement dans La Fontaine rorigine
d'une théorie développée dans V Intelligence (1870). Il serait bien plus
facile et plus juste de chercher une filiation entre les faits suivants.
Dans La Fontaine et ses fables et ailleurs, Taine explique que l'idée de
Dieu est déterminée à chaque époque par la forme de la société con-
temporaine ; en ce point il n'aurait eu qu'à se rappeler V Espoir en
Dieu qu'il connaissait si bien :
Sous les rois absolus je trouve un dieu despote;
On nous parle aujourd'hui d'un dieu républicain.
La même pièce disant aux philosophes qu'ils n'ont pas les ailes de
la foi, pouvait conduire à la fameuse tirade des Origines sur le chris-
tianisme. — Les nombreux rapprochements qu'il serait trop facile
d'établir porteraient souvent sur des lieux communs. L'attitude à
l'égard de la société est plus caractéristique :
La politique, hélas ! voilà notre misère !
Mes meilleurs ennemis me conseillent d'en faire...
Et Musset de s'y refuser à la veille de 1848. De même Taine, si
indifférent en 1849, déclare encore au temps des <t essais de critique
et d'histoire » qu'il aime beaucoup Thistoire et peu la politique. Le
moment vint pourtant d'agir en citoyen, donc de juger : en face de la
Commune et de 1793 et 1848, c'est à-dire devant la Révolution en
soi, il a les sentiments, donc les idées de Musset. Vous rappelez vous
la Confession d^un enfant du siècle et cette « introduction à la Montes-
quieu » que M . Faguet trouve si déplacée ? Elle contient l'allégorie et
la théorie qui font Tidée-mère des Origines, Un homme a détruit sa
maison de fond en comble — il cherche partout des matériaux pour
la rebâtir, et il est troublé par divers accidents : c'est là l'image de la
France pour Musset (2), et ce l'est aussi pour Taine. Les démolis-
(1) J.-P. Nayrac, La Fontaine. Paris, Paulin, 1908, p. 116 (sur «l'hallucination
vraie »).
(2) Exprimée de façon plus complète et plus saisissante que dans la métaphore
analogue de Burke signalée par M. Aulard (p. io3).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Io5
seurSf les niveleurs, les utopistes sont aussi antipathiques à l'auteur
de Durand et Dupont et des Lettres de Dupuis et Cotonet qu'à Thistorien
du jacobinisme. De même que certaines pages du Voyage en Italie rap-
pellent, et pour cause, Lorenzaccio, de même la psychologie des Saint-
Just et des Danton ressemble à celle de Dupont et Durand. Utopie
républicaine des deux côtés; oripeaux de Voltaire et de Lycurgue (i);
philosophie de vétérinaire; et tout cela, surtout, défendu par des
raies, par le a satyre fangeux » de Mirabeau, par des commis et des
maîtres d'école, par des gens qui auraient dû être employés à 3ooo fr.
et sont devenus hommes d'État, Le pauvre sire du dialogue de
Musset
Qui fut d'abord garçon chez un vétérinaire,...
etc., explique un peu o les rimeurs de carrefours et les polissons de
cafés » qui dans Taine viennent à la barre de la Convention (Aulard,
p. 268), et peut-être aussi Danton « petit avocat à Méry sur- Seine » (2)
(Aulard, p. 44). Les ressemblances de Durand et Dupont et du
Jacobin viennent des mêmes impressions faites, aux diverses époques,
sur des gens bien nés ou aisés, par les innovations de gens pauvres
ou vulgaires. Un pamphlet aristocratique de Tan II a fait avant
Musset la prosopopée (Dors- tu content...) à Voltaire : a O Voltaire !
auriez-vous pu conserver votre opinion si... » (Aulard, p. io3). Les
reproches lancés aux novateurs se font écho, et les injures de Taine
contre Brissot a né dans une boutique de pâtissier » font songer aux
paroles de ce duc cité dans La Fontaine et ses fables : a Cela veut rai-
sonner de tout, et cela n'a pas mille écus de rente ». M . Aulard
(p. i5o), qui veut mettre les boutades en théories, résume ainsi : a II
n'y a que les riches qui, selon Taine, aient le droit d'avoir une opi-
nion en politique ». Le fait est que les artistes, comme le remarque,
je crois, M. Bergeret, sont conservateurs ; après la Commune, les
Flaubert, les Renan, les Taine sont furieusement réactionnaires :
« Le premier remède, écrit Flaubert à George Sand le 8 septembre
187 1, serait den finir avec le suffrage universel, la honte de l'esprit
humain. Tel qu'il est constitué, un seul élément prévaut au détri-
ment de tous les autres : le nombre domine Tesprit, lïnstruction, la
race et même V argent, qui vaut mieux que le nombre »... Pour mépriser le
(1) Cette idée de l'utopie romaine ou Spartiate, du plutarquisme, a été formulée
par plusieurs poètes, notamment par A. de Vigny {Stella) et par V, Hugo
(A Alphonse Rabbe) :
Lycurgue qu'elle épousa enfante Robespierre.
(2) «Jamais Danton, que je sache, n'habita dans cette bourgade», dit M. Aulard.
Pourquoi Méry? Ce nom aurait-il le sens de « Landernau » ou de « Quimper-^
Corentin 9 du fabuliste?
<o6 LE MUSÉE BELGE.
« bourgeois », les littérateurs français du xix* siècle ne laissent pas
de révéler
Un esprit composé d'atomes bien bourgeois.
Mais avant ses écrits civiques, et même encore plus tard, Taine
avait eu un sentiment plus ardent que tous les autres, une vraie et
longue passion : celle de comprendre et d'expliquer. « Il comprend,
conçoit, juge et formule trop vite •, notait déjà son maître Vacherot;
il « aime trop les formules et les définitions, auxquelles il sacrifie
trop souvent la réalité, sans s*en douter, il est vrai, car il est d'une
parfaite sincérité » (i).
Le cousinisme, essai de philosophie éloquente, de spiritualisme
édulcoré et libéral, tyrannisait vers 1848 l'Université de France
Il fut particulièrement désagréable à Taine, qui dans la sincérité
<le son cœur sentait le caractère artificiel des théories redondantes
sur « le vrai, le beau, le bien ». L'auteur des Philosophes français du
XIX^ siècle s'acharne contre tout ce clinquant. Heine s'était égayé
avec plus de verve de Cousin, kantiste sans connaître Kant ; Louis
Veuillot avait secoué plus rudement ces philosophes qui, avant de
savoir s'ils existent, veulent être salariés par TÉtat (Les libres-penseurs).
Mais Taine apportait le plus sûr moyen de supprimer le cousinisme :
il allait remplacer cette superstition philosophique par une autre ;
avec lui l'idéologie contemporaine « changeait de fièvre ». Aux nobles
abstractions des universitaires, il substituait les réalités concrètes des
explications déterministes. Hegel, lu à Nevers, lui avait surtout laissé
un souvenir d'ivresse transcendantale. Mais Herder (traduit par
Quinet), Montesquieu, et vingt autres, étaient pleins d'idées et de
faits ; la physiologie faisait des progrès rapides. Spinoza, qui avait
été « le saint » de Gœthe, était l'ancêtre intellectuel des déterministes
nouveaux. Gœthe et Geoffroy Saint- Hilaire avaient fait triompher
l'idée de l'unité de composition organique de l'univers ; et Pangloss
revenant sur terre aurait trouvé tout s'enchaînant mieux que jamais.
C'est vers l'histoire littéraire que Taine se tourna d*abord ; en étu-
diant La Fontaine, il songe aux influences qui ont amené ce phéno-
mène ; il parle de l'action des aliments sur Thomme, mais il s'aperçoit
sans doute bientôt que c'est là une matière peu littéraire. N'est-il pas
plus beau d'aller par le chemin des écoliers, de décrire les bords du
Rhin, majestueux et poétiques, romantiques enfin, et de les opposer
à cette plate Champagne, où la vigne, triste plante bossue, tord ses
(1) Gabriel Monod, Les maîtres de l'histoire, p. 67; Aulard, p. 2.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I07
pieds entre les cailloux ? Dire le printemps et Tamour après Lucrèce,
La Fontaine, Musset ; s'amuser de cette solennelle représentation du
^and siècle, du lion qui est un peu le Louis XIV des bêtes, plus
tard de TAchille racinien, apprivoisé et dameret auprès de TAchille
homérique, homicide et dompteur de chevaux I Et Shakespeare I et
Tite-Live I et Xénophon I et TEspagne de M™e d'Aulnoy 1 Que de
récréations psychologiques I II ne suffit pas de montrer les galeries de
tableaux,il faut expliquer pourquoi tout cela ne peut pas être autrement.
L'opium fait dormir parce qu'en lui est une vertu dormitive ; en sol-
licitant un peu tel passage de Herder, en régularisant, en systémati-
sant ses obsei-vations, on constate que tout homme, que toute œuvre
est le produit de la race, du milieu, du moment. Taine oublie très
souvent et très heureusement ses formules ; mais toujours il a une
explication. Il sait, et il écrira encore à Gaston Paris, que si Ton s'en
tenait aux textes, il faudrait se résigner à n'être pas littéraire. Or, il a
des lettres et fait de la littérature.
Par dessus tout, il veut expliquer. Il se défend bien d'avoir un
système, il ne prétend appliquer qu'une méthode; mais le choix
même de la méthode implique et comporte la théorie, u Suivez bien
mon raisonnement » , disait Sganarelle à Géronte. Taine adjure
aussi ses lecteurs et critiques , et . interrompant les feux d'artifice de
ses articles, il explique sa a méthode » ; le raisonneur parle maintenant
la langue de Fausi : « Que le lecteur veuille bien faire Texpérience
sur une période quelconque... s'il s'habitue à voir clairement ces
qualités et ses situations générales qui étendent leur empire sur des
siècles et des nations entières... au bout de peu de temps, il embras-
sera d'un regard l'ensemble qu'elles gouvernent ; il ne les verra plus
comme des formules abstraites, mais comme des forces vivantes
mêlées aux choses, partout présentes, toujours agissantes, véritables
divinités du monde humain, qui donnent la main au-dessous d'elles
à d'autres puissances maîtresses de la matière comme elles-mêmes le
sont de Tesprit, pour former toutes ensembles le chœur invisible dont
parlent les vieux poètes, qui circule à travers les choses et par qui
palpite l'univers éternel (i). » Perpétuelle et d'ailleurs brillante péti-
tion de principe, qui affirme implicitement le déterminisme, et déroule
la succession des faits sans aller jamais au fond des choses, sans
poser, par exemple, la question de la Critique de la raison pure. Moins
intelligent que Renan, Taine ne comprend pas le kantisme; le
(i) Essais de critique et d'histoire^ Préf., p. xix (mars 1866). Cette préface est
.aussi instructive pour l'explication de Tœuvre de Taine que les «examens» et
a défenses» de Corneille pour sa dramaturgie.
r
I08 LE MUSÉE BELGE.
déterminisme avec son décor éblouissant de sensations coordonnées
ferme son horizon intellectuel. Et malgré Max MuUer et Berthelot et
d'autres, il restera fermé au criticisme : c'est bien vainement que
M. Barrés conduit Rœmerspacher, déraciné kantien, chez Taine !
Celui-ci n'écrit-il pas à Renan que V Intelligtnce détruit, en somme, la
théorie des jugements synthétiques a priori !
•
Le préjugé fondamental de Taine, c'est qu'il faut étudier les phé-
nomènes intellectuels et moraux comme les phénomènes physiques,
que l'histoire ou la philosophie doivent être calquées sur Tanatomie
et la physiologie (i). Méthode féconde en rapprochements ingénieux et
faiix. Comparaison n'est pas raison, et métaphore l'est moins encore.
En disant que la vertu résulte de longues élaborations comme le
sucre, que la révolution présente des métamorphoses comme un
insecte, etc., on ajoute des images poétiques au répertoire dantesque
ou lamartinien, et ce n'est pas faire peu. Mais pour l'idée toute nue,
ou bien elle constitue un lieu commun plus pittoresque que les autres
(c'est un grand profit), ou bien elle fausse le sens des phénomènes
humains. Depuis que l'histoire, la psychologie et surtout la critique
littéraire et artistique ont voulu se guinder au rang de « sciences »,
elles ont adopté le vocabulaire et les méthodes de la science la plus
en vogue dans chaque époque : c'était la philosophie esthétique du
temps de La Harpe (et cela au moins se rapprochait de la littérature),
c'est la physiologie du temps de Taine, c'est l'anatomie comparée du
temps de Brunetière, dont on connaît « l'évolution des genres » et
autres mythes pseudo- darwiniens. L'histoire physiologique est vers
i863 ce quêtait au début du xviii^ siècle l'astronomie galante de
Fontenelle, où la lune est une blonde et le soleil une brune. — Tous
ces auteurs oublient que, si la littérature est avant tout le miroir
de l'esprit humain, l'histoire est l'ensemble des souvenirs de l'hu-
manité, et que l'interpréter physiologiquement ou chimiquement, c'est
chercher le squelette d'une ombre. Leurs exposés ont le tort de
présumer, d'impliquer une certaine conception de l'homme, la
conception physiologique et déterministe dans le cas de Taine. Mais
puisque, dans son infirmité, Tesprit humain ne contemple son passé
qu'en se regardant lui-même à travers le prisme de l'esprit du temps,
Taine allait être le critique et l'historien le plus goûté des Français
au siècle des sciences naturelles. On connaît assez ses procédés et
(i) « Assez de zoologie... », disait finement le savant Dumas recevant Taine à
l'Académie. — Il y en a même trop. — Dès 1867, le Prince- Caniche de Laboulaye
(p. 2 et p. 20-21] persifle excellemment le «gros livre qui permet d*expliquer toutes
choses avec une seule idée *».
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. IO9
ses exposés de la Philosophie de l'Art, de V Histoire de la littérature
anglaise, etc. La théorie gâte parfois les choses vues (Voyage en Italie) ;
mais plus souvent l'auteur s*en dégage, oublie sa synthèse symétrique,
voit la ville et la province, écrit d'amusantes notes sur T Angleterre,
a l'esprit de Thomas Graindorge ou laisse partir tout son werthérîsme
dans le Campo Sanlo de Pise. Il a deux styles suivant qu'il expose
en tableaux réguliers les idées-mères ou qu'il note en impressionniste
des sensations.
Il a eu aussi deux parts dans son œuvre, Tune où il n'est, ne veut
être que savant, théoricien, artiste; l'autre où il abandonne incon-
sciemment l'impassibilité pour parler du pays qui est Je sien et qui
souffre, pour se faire historien de la maison qu'il habite : les par-
nassiens français n'ont pas eu, comme leur maître « Gœthe pendant
les guerres de l'empire » , le triste courage de chanter a pendant que
Rome brûle ».
Taine historien s'est défini lui-même par des formules successives,
suivant qu'il se représente embarrassé devant les manifestes électo-
raux de 1849, ou qu'il annonce l'impartialité qu'il aurait pour les
troubles d'Athènes et de Florence : il n'y a point là contradiction,
car on peut chercher son devoir en toute a objectivité », et réserver
son zèle pour le moment où l'on aura trouvé la vérité. Mais il est si
facile de croire, de slmaginer, que les textes seuls nous rendent
iconoclastes I Peut-être Taine comprenait-il mieux le faible des histo-
riens en regardant jadis les autres (Montalembert, Michelet, etc.)
qu'en parlant de lui-même et de son œuvre en cours d'exécution.
Écoutons-le en 1857 :
« Je me suppose grand amateur d'aristocratie, de démocratie, ou
de toute autre forme de gouvernement. Naturellement, j'écris un
livre pour défendre ce que j'aime. Comment faire un livre qui soit lu? —
Si j'arrange une grosse théorie, je vais mettre le public en fuite. Qui
est-ce qui voudra suivre aujourd'hui la déduction des droits du peuple
ou du gouvernement paternel ? Cela était bon sous Rousseau ou sous
M. de Bonald ; mais le Contrat social et la Législation primitive ne sont
plus que des parures de bibliothèque. Ma théorie irait les rejoindre
et personne ne se soucie d'aller dormir avec les morts. — J^e découvre
un moyen excellent, l'emploi de Vhistoire. Il faut bien que les Grecs et les
Romains servent à quelque chose ; ils me serviront de paravent, et
ce sera bien fait. Si j'aime la souveraineté populaire, je prouverai
que les Athéniens de Périclès furent les plus heureux des hommes.
I Si je goûte l'aristocratie, je montrerai que les sénateurs de Rome
furent les plus grands des politiques, ^aiderai un peu à la vérité, ce qui
I 4H aisé, car un écrivain croit aisément les choses quil désire, et f aurai la
satisfaction de composer^ comme M. Troplong et M. de Montalembert,
IIO LE MUSEE BELGE.
un livre animé, adroit, utile à ma cause, agréable au public, et qui ne fera
tort qu'à l'histoire (i). »
Vingt ans après, Taine, rente, marié, « arrivé » , était devenu
grand amateur de bourgeoisie et d'obligations au porteur (2). Faire
des livres qui soient lus, c est son éternelle occupation (3). Il s'occupe
de philosophie politique, comme il l'écrit à Georges Brandès (4), il
se fait vite une grosse théorie (5) et découvre un moyen excellent :
l'histoire de la Révolution. Moyen d'autant plus explicable que les
gens de 1871 continuent à « vivre » la Révolution, que V « anarchie
spontanée » réapparaît, que les flammes des Tuileries éclairent jus-
qu'aux jacqueries d'autrefois. Jules Lemaître ne distingue-t-il pas
deux groupes d'esprits français : ceux qui ont vu la guerre et ceux
qui ne l'ont pas vue ? Alphonse Daudet raconte qu'en entendant,
dans Paris désolé, un camelot crier « Les amants de la femme
Bonaparte », il eut le sentiment aigu de ce qu'est une révolution.
Taine fut dans un cas analogue. Mais, plus logicien que Daudet, il
remonta à la source du mal ; Renan jugeait alors que la France s'était
suicidée en guillotinant Louis XVI ; Taine croit et écrit qu'elle s'est
brisé l'épine dorsale en essayant sa Révolution. En condamnant les
Jacobins, vous oubliez, lui disent ses critiques, Tinvasion, le duc de
Brunswick... Que non I il ne les oublie pas, il les retrouve : il y a
bien des gens, écrit -il, qui préféreraient le règne de M. de Moltke à
celui des communards. Il est, sans aucun doute, de ces gens-là —
comme les émigrés, expropriés, préféraient le duc de Brunswick aux
sans-culottes. En 1789 ou 1793 comme en 187 1 , une doctrine s'impose
aux hommes par les promesses qu'elle leur fait bien plus que par le
sophisme qu'elle leur présente : c'est ce qu'observe l'historien de la
conquête jacobine, et c'est ce qu'il prouve par ses propres tendances.
Il est, bien entendu, de très bonne foi : « car un écrivain croit aisé-
ment les choses qu'il désire » .
De plus, ses inquiétudes personnelles en 187 1 comportent des
(i) Taine, M. Troplong [Chute de la République romaine] et M, de Montalem-
bert [De Ta venir politique de l'Angleterre], article d'avril iSSy {Essais de critique et
d'histoire, 3« éd., 1874. p. 269-270).
(2; Il écrit lui-même, le 9 octobre 1870 : « Presque toutes les familles aisées ou
riches fondent le principal de leur revenu sur quelques morceaux de papier inapri-
mes au nom d*une compagnie, et la maîtresse pensée de leur vie est le désir
d'assurer un capital et du bien-être à leurs enfants... La société française a trouvé
son assiette : c'est en politique, par l'instabilité de ses gouvernements, du côté du
comble, que l'éditîce demeura inachevé...» (Uopinion en Allemagne et les condi"
lions de la paix),
(3) Vie et correspondance, t, II, p. 19 : Allard, p. 9.
(4) et ;5) Ibid., passim.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II I-
I angoisses patriotiques » ; il se sent le cœur mort dans la poitrine ;
il ne savait pas qu'on aimât à ce point sa patrie. C'est la France qu'i^
voit déchirée, abaissée : il doit bien constater une fois de plus que
les troubles civils amènent finalement la défaite et l'invasion. La
Révolution et l'Empire ont conduit à Waterloo et à Sedan ; les
Cosaques et Wellington sont venus faire la loi aux anciens Jacobins
et ont ramené les Bourbons dans leurs fourgons ; et à la France privée
de deux provinces, c'est Bismarck qui procure la République, comme
Bebel le rappellera à Jaurès au Congrès d'Amsterdam. « Nous avons
été des jobards », disait Jules Favre dans la France occupée par les
Prussiens ; Taine va lui-même prononcer le mea culpa de la Révo-
lution. C'est dans le jacobinisme qu'il voit la racine du mal ; et il
condamne 1798 comme M. Lasserre, après Algésiras, condamne le
romantisme.
L'idée générale ou plutôt les idées principales étant données —
épuisement de l'ancien régime, combinaison de l'acquis scientifique,
de l'idéologie classique et de la rancune roturière, jacobinisme pour
tout dire; centralisation égoïste, militariste et administrative, et
débâcle finale — restait à faire rentrer les faits dans ces cadres solides.
Beaucoup n'y entrèrent pas du tout ; soit parce qu'ils n'étaient pas
visibles du point de vue élevé du philosophe, soit parce qu'ils ne
prêtaient guère à littérature, soit parce que Taine les ignorait. —
Quinet, bien qu'obsédé par la haine du Jésuite, savait que l'organi-
sation militaire avait eu une importance capitale verè 179 1 : Taine n'en
parle pas plus que de la marine. D'aucuns pensent que la révolution
fut une habile expropriation où les bourgeois détroussèrent le roi,
les nobles et les prêtres, et envoyèrent autant que possible les pauvres
diables à la frontière : Jacques Bonhomme travaillait pour la gloire
et pour des prunes, tandis que les acheteurs de biens noirs profitaient
de tous les régimes et de toutes les impunités. Taine a bien entrevu,
comme le souligne M. Aulard, que la Révolutionjfut une translation
de propriétés. Mais il ne s'arrête pas à cette idée. Il en a d'autres, qui
font plus d'efifet. Le procédé favori, c'est de considérer les faits sous
Taspect universel, de dégager l'idée maîtresse, d'y rattacher toutes
les autres en les superposant suivant l'importance du caractère ob-
servé. Rappelez- vous l'esthétique de la Philosophie de Part ou même
de La Fontaine ou de VHistoire de la littérature anglaise^ et vous aurez la
poétique des Origines,
« Les faits communiquent entre eux par|les définitions des groupes
où ils sont compris. . . Chacun d'eux est une action de cet homme idéal et
112 LE MUSÉE BELGE.
général antour duquel se rassemhlefit toutes les inventions et toutes les particu-
larités de r époque ; chacun d'eux a pour cause quelque aptitude ou
inclination du modèle régnant (i). » Taine formulait donc dès 1866
et érigeait en principe la tendance que M. Aulard (p. 124 et sv.) lui
reproche aujourd'hui, de construire un type idéal d'une époque : le
Jacobin (2), premier rôle des Origines, n'est nulle part dans les textes,
dit le critique. Sans doute, — il est partout incognito. S'il a un peu
l'aspect d*un traître de mélodrame, cela tient peut-être, en partie, au
caractère emphatique de la révolution elle-même : Taine croit tout le
monde sur parole. — Ujn reproche plus grave est celui de Sorel et de
M. Jules Lemaître (ce dernier pour Napoléon Bonaparte) : Taine immo-
bilise les époques, il peint 1789 avec des couleurs prises à toute la
palette du xviii« siècle ; son Napoléon est figé dans son triple aspect,
il est puissamment construit, il se transforme trop peu au cours de
la vie ondoyante et diverse. Ce défaut tient sans doute à la nécessité
de généraliser, à la passion de tout expliquer, de tout mettre en théo-
rème déterministe ; mais ce défaut, il faut le dire, tient à lart français
tout entier, a En France, on dirait que la logique est le fondement
des arts », disait M°»' de Staël. Alceste ou Philinte, les Horaces ou
Polyeucte, Achille ou Joad ont tous un caractère constant, consé-
quent, régulièrement déterminé par une idée essentielle. Leur carac-
tère peut se mettre sous une étiquette, et la littérature française
forme une étagère soigneusement ordonnée. MM. Faguet et Brisson
peuvent encore ergoter sur Tâge d'Alceste (il n en a pas !) ; je ne
sais si un Viollet-le-Duc trouverait a la vaste rhingrave » histo-
riquement choisie ; on a écrit de lourdes choses et des méchan-
cetés sur l'exactitude ou Terreur de Corneille et Racine historiens ;
M. Aulard relève mille lapsus dans le Jacobin : c'est qu en histoire
comme en dramaturgie il y a des classes, des genres, des degrés de
vérité, depuis la comédie de caractère jusqu'aux répertoires archéo-
logiques.
L'idée du Jacobin , Taine Ta prise, à coup sûr, dans son propre
esprit ; il l'illustre par les documents. Ce n'est pas à dire que son
ceuvre ajoute simplement à un idolum fori un idolum lihri. Car sa psy-
chologie est créatrice, elle est une vraie poésie ; le reproche le plus
grave qu'on puisse adresser à Taine, c'est de ne pas respecter la
distinction des genres ; mais il a commencé à lire à une époque où
l'esthétique de La Harpe était fort décriée ; il n'a pas plus séparé
l'histoire, la psychologie, la création dramatique, que les poètes
romantiques ne respectaient les limites de l'ode, de l'élégie, de la
(1) Essais de critique et d'histoire, pr-fa-e, p. xv (mars 1866 .
(2) Aulard, p. 124.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Il 3
"tragédie et de l'épopée Ou plutôt, sous toutes les formes, critique
littéraire, critique d*art, philosophie, histoire, il n'a jamais fait que de
la psychologie ; et il a élevé l'historiographie à la hauteur du drame.
Son Jacobin peut être vrai d'une vérité de type universel, comme
IDon Quichotte. Le donquichotisme politique a conduit la France à
Waterloo et à Sedan, aux barricades et à la Commune. Et Taine
estime que la sécurité à la frontière et à l'intérieur vaut mieux que
tous les droits transcendantaux de l'homme et du citoyen. Il ne faut
pas combattre les moulins à vent dans un pays où Ton peut rencon-
trer au coin d'une révolution Robespierre ou les pétroleuses, Blucher
ou Bismarck.
Amault, lisant les paroles du poète mourant de Lamartine, trou-
vait ce jeune homme bien infatué d'entretenir le public de sa maladie.
J'ai entendu M. Retté, après avoir récité Rolla :
O Christ! je ne suis pas de ceux que la prière...
ajouter : a Ce que cela nous est égal I n Quand Taine, épouvanté par
la Commune, rédige le convicium saeculiy MM. Monneron et Aulard
répondent : « En quoi vos sentiments intéressent-ils les historiens
comme nous? » Arnault, Retté, Aulard, Monneron, idéologues,
haussent les épaules devant la poésie lyrique ; le vieux classique de
1820 ou le critique de 1907 ont la même répugnance pour les roman-
tiques, que ceux-ci écrivent les Méditations ou les Nuits, V Intelligence
ou les Origines de la France contemporaine.
Ce serait là affaire de tempérament et de goût, si le dernier des
romantiques n'avait pas tout un bagage de triple savant, et des allures
de philosophe, et surtout s'il ne s'était pas appliqué successivement
à des époques différentes de Thistoire, à des phénomènes diverse-
ment appréciés de ses compatriotes. Dans sa première manière, tout
à l'ivresse du spinozisme, il répète : Les fables de La Fontaine et
les discours de Tite-Live. les croyances chrétiennes et les élégances
classiques^ les héros shakespeariens et les toiles vénitiennes, tout
est résultante, aboutissement fatal, « produit », comme le sucre et le
vitriol ; et les catholiques français se signent d'épouvante devant ces
blasphèmes mélodieux. — Mais le poète, secoué, continue tout à
coup : Les droits de l'homme et du citoyen, le jacobinisme vx ses
dogmes sont des résultats, des produits comme la dynamite, une
nitro-glycérine qui nous a éclaboussés ; et c'est au tour des descen-
dants de la Révolution de voiler leur barbe de 48, et de crier :
Malheur et profanation !
ZI4 LE MUSÉE BELGE.
Ce qui proteste en tous temps contre Taine, c'est la croyance au
libre arbitre, le christianisme (de Dupanloup, évêque d'Orléans), le
jacobinisme (christiaiiisme laïcisé et armé), le moralisme et le néo-
criticisme kantien^ enfin la pensée de tous ceux qui slndignent,
comme Victor Hugo,
Quand vous venez me dire : — Un creuset c'est tout Phoinme ;
Le destin est un feu, la fumée est la somme ;
Tout aboutit au même abîme universel ;
La vertu^ c'est du sucre^ et le crime est du sel ;
Au fond, nulle action n*est mauvaise ni bonne (i).
Au point de vue philosophique, Joseph de Maistre et Joseph Mon-
neron se ressemblent beaucoup plus qu'aucun des deux ne ressemble
à Taine. A M. Barrés voyageant en Ég)rpte, on a raconté que
M. Aulard avait dit au directeur d'un collège congréganiste qu'il visi-
tait : a Monsieur le directeur, votre idéal et le mien se combattent.
Mais, enfin, nous avons chacun un idéal. Nous avons choisi la meil-
leure part. Sans idéal, la vie ne vaut pas la peine d'être vécue (2). w
Taine aussi avait un idéal — fort différent de l'idéal chrétien du
religieux et de l'idéal civique du professeur : Taine trouvait le sou-
verain bien dans la volupté de comprendre et de penser ; or le
mandarinat intellectuel, cher aussi à Renan, peut être réalisé par des
moyens divers, et notamment par le bon despotisme. Taine et Eenan
ne crurent donc point, comme le général d'A. France, que la répu-
blique est le meilleur gouvernement parce qu'elle peut massacrer
80,000 Français sans devenir impopulaire; ils ne crurent pas, comme
le père de M. Bergeret et comme M. Bérard, que la république est
la justice. Ils jugèrent même que l'idéologie appliquée à la société
française est pernicieuse.
Les polémiques que suscite un philosophe peu critique et un histo-
rien poétique, ne sont point — comme le voudraient certains Alle-
mands — un signe de Tinfériorité intellectuelle de la France et de la
décadence latine. Je vois encore le sourire de pitié avec lequel im née-
kantiste prussien lisait que protestants et catholiques d'outre- Vosges
se disputaient l'auteur des Origines et de V Intelligence. En réalité, le
sort de Taine, comme celui de Montesquieu et de Rousseau, prouve
que les questions politiques ont Un intérêt plus intense en France
qu'ailleurs ; que le public français tend à réduire toute doctrine et
(1) Légende des siècles^ t. IV (Hetzcl), p. 177 : Les grandes lois (protesiaiion
contre le déterminisme de Taine, le darwinisme et les a lois » mises en vogue par
les c< cuistres »).
(2) Le Matin de Paris; reproduit par Le XX^ siècle de Bruxelles, 4 mars 1908.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Il5
toute pensée en facteur social ; qu'il réalise dans les temps modernes
l'antique définition du îuùov hoXitikôv ; et qu'enfin une interprétation
poétique et harmonieuse d'un grand fait historique intéresse beau-
coup plus les lecteurs de journaux que les profondes spéculations
métaphysiques. Puis, si le tableau tracé par Taine est « littéraire »,
il faut remarquer que c'était le moment ou jamais d'appliquer cette
méthode, la Révolution française étant elle-même a littéraire »,
livresque, raisonneuse plus qu'aucune autre : les révolutions trouvent
peut-être les historiens qu'elles méritent. Des gens qui abominent
les Origines de la France contemporaine n'ont-ils pas, jadis, trouvé profond
le mot de Michelet qui équivaut à l'action de la « raison raison-
nante » : « Un homme a fait la Révolution, c'est Descartes » ?
Taine, malgré qu'il en ait et qu'on lui en veuille, est de son temps,
de son pays, de sa littérature ; et après avoir écrit sa Ballade à la Iwu^
c'est-à-dire après avoir persiflé dans ses Philosophes français les sots
graves et pédants qui régentaient la France intellectuelle, il a écrit
les Origines à la suite de la guerre étrangère et civile, comme le poète
écrit ses Nuits après un malheur d'amour : il trouve alors la France
politique gouvernée non plus par des sots, mais par des fous furieux.
Il commence à se douter que le citoyen a autre chose à faire sur
terre que de calculer le jeu des effets et des causes. Malheureuse-
ment, il n'avait ni la puissance spéculative d'un Descartes ou d'un
Kant, ni le christianisme d'un Bossuet : ces dons conduisent, peut-
être, mieux que toutes les connaissances physiologiques et qi^e'le
zèle civique, à une compréhension sereine de l'esprit humain.
Albert Counson.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
69. — Kurt Riezler, Ueber Fiuanzen und MonopoWim alten Griechen-
land. Zur Théorie und Geschichte der antiken Stadtwirtschaft.
Berlin, Puttkamer et Mûhlbrecht, 1907. 98 pp. in-8". 2 m. 40.
Ces quelques pages me paraissent apporter à l'histoire économique
de l'antiquité une contribution d'une réelle valeur. EUes^sont l'œuvre
d'un esprit instruit, réfléchi et mûr ; peut-être, par ci par là, pourrait-
on souhaiter plus de simplicité et de clarté dans laSlangue ;îmais, en
général, le style est d'une remarquable précision|et l'exposé est pré-
senté avec beaucoup de suite et de logique. Voici le plan de l'ouvrage :
Il6 LB MUSÉE BELGE.
d'abord analyse du second livre de rÉconomique attribuée à Aristote;
puis groupement et interprétation des faits recueillis et, pour finir,
tentative de les utiliser pour une description générale de la situation
économique : je m'arrêterai à cette dernière partie.
L'auteur ne prend pas précisément position dans le débat Beloch-
Meyer-Bûcher : pour lui, si je le comprends bien, les deux théories
reposent sur des généralisations hâtives. Beloch et Meyer ont exagéré
l'importance de l'industrie et du commerce ; Bûcher Ta par trop
réduite ; l'heure n'est pas encore venue pour des systèmes ; il faut
procéder par des recherches sur des points spéciaux. Celui que
l'auteur a choisi consiste essentiellement dans les rapports entre les
formes politiques et les formes économiques. Essayons de dégager
sa pensée exacte.
La cité est la création du génie politique des Grecs. Ce qui la
caractérise dans ses relations avec les individus, c'est sa toute-
puissance. Contre son droit, il n'y a pas de droit particulier. Dans
le domaine économique, elle dirige, elle commande, elle organise,
comme dans tout autre domaine.
La Polis constitue une société fermée. On naît citoyen ; les natu-
ralisations sont rares, toujours mesurées de façon à ne pas étendre à
l'excès le nombre des citoyens ; car la petitesse de la cité est une des
conditions de son bonheur. De même, sous le rapport économique,
elle doit chercher à se suffire à elle-même. L'indépendance politique,
l'autonomie, l'indépendance économique, l'autarkie, se tiennent, sont
condition l'une de l'autre.
Cette définition de la Polis paraît perdre de bonne heure son exacti-
tude ; la population a augmenté et s'est répandue au dehors. Le com-
merce se développe ; l'échange inUrîocaî de biens, « qui avait toujours
existé pour des articles spéciaux, commence à s'étendre, à des objets
de consommation quotidienne, n L*autarkie de la Polis est en train
de disparaître. Que va faire l'État? Il aspire à l'autonomie : l'auto-
nomie politique ne va pas sans l'autonomie économique. Il n'y a que
deux solutions : se replier sur soi-même ou tenter de dominer les
régions dont les produits sont nécessaires à la consommation des
citoyens. Cette dernière solution est celle d'Athènes dans la Ligue de
Délos; la première est celle de Sparte, « la tyrannie économique ».
Les deux systèmes ont ceci de commun que l'État y est le guide, le
régulateur, le maître de tous les intérêts économiques et que sa gestion
se termine de toute façon par la banqueroute. La cité avait d'abord
eu comme caractères « l'homogénéité et le parallélisme des intérêts i :
l'homogénéité disparaît, c'est-à-dire que les distinctions de fortune se
marquent plus nettement ; de là, la lutte des classes.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II7
La cité, ensuite, avide d'indépendance. Test tout autant d'hégé-
monie ; de là, des guerres continuelles.
Puis, les individus ne cessent de réclamer d'elle des services de
plus en plus nombreux.
En un mot, tandis que la guerre détruit la richesse, tarit les
sources de la production, les charges financières de la cité s'aggravent.
Elle est obligée de recourir à tous les expédients, monopoles,
emprunts forcés, etc.
Ce résumé succinct, qui a dû négliger maintes observations utiles,
maintes constatations intéressantes, font ressortir combien les idées
de l'auteur se rapprochent de celles de son maître, M. Pôhlmann ;
mais elles y ajoutent cependant quelque chose. M. Pôhlmann, dans
son admirable livre sur le Communisme dans fantiquité, a surtout relevé
les faits de l'ordre moral : avidité, avarice, dureté des riches, passion
générale de l'argent, tout ce que Platon et Aristote ont vu de vices
chez leurs contemporains et c'est d'après ces indications qu'il a
reconstruit le monde économique, allant des hommes aux choses.
M. Riezler est loin de négliger ce facteur moral : il insiste plus
particulièrement sur le facteur politique que M. Pôhlmann, d'ailleurs,
n'avait pas manqué de signaler.
Je me garderai bien d'entrer en discussion avec un tel disciple d'un
tel maître. Je me bornerai à cette seule observation : Qui a défini
la cité se suffisant à elle-même, possédant l'autarkie ? — Aristote. —
Existait-elle encore de son temps, cette autarkie? — Non, car toute
l'évolution s'est faite contre elle. — Quand a-telle existé? — Il y a
bien longtemps, puisque déjà la fondation des premières colonies
devait avoir pour effet de la rompre. On pressent ma conclusion :
la cité se suffisant à elle-même existait encore du temps d'Aristote ;
l'autarkeia était encore l'idéal de la cité. Si cela était vrai, il en fau-
drait conclure de nouveau que l'histoire grecque n'a guère changé
et que les luttes sociales, notamment, n'ont jamais commencé ni
cessé, parce qu'elles ont toujours duré ; mais elles y ont changé de
forme et d'objet. J'ai essayé de développer et d'établir tout cela dans
mon Industrie dans la Grèce anciemu. C'est même l'une des raisons pour
lesquelles ces quelques pages m'ont si vivement intéressé : j'apprécie
d'autant plus la science de l'auteur que je ne suis pas d'accord avec
lui, et j'admire la force avec laquelle il défend sa thèse, si même je
ne puis me résoudre à l'adopter. Henri Francotte.
70. — Charles Gilliard, Quelques réformes de Solon, Lausanne,
G. Bridel, 1907. 323 pp. in-8.
L'auteur de ce volume n'a aucune prétention à l'originalité ; il a
Il8 LE MUSÉE BELGE.
choisi un sujet qu'il considérait lui-même comme rebattu ; il ne se
vante pas i d'être arrivé à des résultats définitifs ou à des conclusions
nouvelles ». Il n'en a pas moins entrepris une tâche très utile. La
discussion finit par embrouiller la question la plus claire et qu'en
sera-t-il quand elle ne l'est pas? On s'est tant chamaillé, en France,
en Allemagne et ailleurs, autour des réformes de Solon que, p>our
finir, on pourrait bien ne plus voir que le nuage de poussière qui
enveloppe les combattants. M. Gilliard veut nous rendre le service de
percer ce nuage, de séparer les combattants et de régler leurs diffé-
rends. Je ne dis pas que cet essai de pacification soit facile ni déci-
sif, mais il en restera toujours quelque chose, quand ce ne serait que
de préciser les problèmes, d'énumérer les solutions et de marquer
les points où commencent et où finissent les dissentiments.
L'auteur me paraît s'être préparé à sa tâche par une vaste lecture ;
il n'y a à regretter que la connaissance un peu tardive qu'il a eue
du livre de M. Swoboda, Beitràge zur gruch. RechtsgeschichU^ Zeitschrift
der Savigny-Sii/tung. igob. Cet auteur a renouvelé, je pense, l'étude
de la situation économique à l'époque de Solon, par l'emploi de la
méthode comparative, la seule qui puisse suppléer à l'insufiisance
des sources. M. Gilliard n'a lu ce livre qu'au moment où sa disserta-
tion allait être mise sous presse ; il a pu ajouter quelques notes ; mais
je pense que, s'il en avait été encore temps, c'est le texte lui-même
qui aurait pn utilement être modifié, développé, rectifié.
Tout ce que nous savons de la situation économique, à ce moment,
est, il faut bien le reconnaître, rempli de contradictions.
La terre était à quelques-uns, dit Aristote ; les pauvres réclamaient
im nouveau partage des terres ; la propriété était chargée de stèles
h)rpothécaires, horoi ; mais d'autre part, les quatre classes censitaires
reposent sur la fortune immobilière et attestent la division du sol en
domaines d'importance inégale.
Solon a introduit la faculté de tester ; mais, d'autre part, le pro-
priétaire qui ne pouvait disposer de sa terre pour cause de mort,
pouvait l'hypothéquer.
La contrainte par corps existait, « les débiteurs étaient tenus sur
leur corps » : n'est-ce pas une preuve que l'hypothèque n'existait pas
encore ?
Les hecUmoroi cultivaient la terre moyennant une redevance :
comment expliquer qu'ils pussent être chargés de dettes ?
Voilà quelques-unes de ces contradictions, et, pour les résoudre,
il faut aborder les plus graves problèmes : origine de la propriété, sa
répartition, la législation, le servage, le colonat, l'origine des dettes,
modes de garantie, etc. De ces difficultés, aucune n'a échappé à
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. II9
M . Gilliard ; mais les textes relatifs à Solon n'offrent que des moyens
insuffisants pour les résoudre. Il y a quelque probabilité que ce qui
se passait à Athènes se passait encore dans d'autres régions de la
Grèce et je ne vois qu'une seule méthode d'approcher de la solution
vraie, c'est de se servir des analogies qu'offrent par exemple les hilotes
<ie Sparte, les colons d'Asie mineure, les serfs de la loi de Gort)me.
L'auteur ne s'est pas limité à cette question, bien que, comme il est
juste, elle occupe une grande partie de son livre. Il consacre encore
plusieurs chapitres à la réforme des monnaies, des poids et des
mesures, aux changements apportés à la constitution. Dans tous ces
chapitres, nous rencontrons la même méthode prudente et concilia-
trice, la même connaissance des sources et des travaux antérieurs.
Henri Francotte.
71. — P. Wendiand. Dû Hellcnistisch-Ràmische Kuîtur in thren
Beziehungeii zu Judentum und Christentum. Mohr, Tûbingen, 1907.
7 fr. 5o.
M. Wendland s'est proposé dans cet ouvrage non pas d'étudier en
détail telle ou telle manifestation du génie grec, mais de présenter en
une vaste synthèse l'ensemble de la culture et de l'influence grecques
depuis la période hellénistique jusqu'au n« siècle après J.-C, et
surtout, comme le titre de l'ouvrage l'indique, d'exposer les rapports
qui existent entre la culture hellénistico-romaine d'une part et le
judaïsme et le christianisme d'autre part. Et d'abord, M. Wendland
fait connaître l'époque hellénistique et trace sobrement, mais vigou-
reusement, les différentes tendances qui caractérisent cette période
troublée. Si l'époque hellénistique est une époque de cosmopolitisme,
si des idées humanitaires s'infiltrent dans la société grecque grâce à la
destruction des barrières nationales et des préjugés nationalistes, il
ne faut néanmoins pas perdre de vue que c'est aussi une époque
d'individualisme, de réalisme, de naturalisme (Ch. I-II-III)
De la Grèce l'auteur passe à Rome, pour parler de l'invasion de
l'hellénisme. Cependant les Romains, grâce à leur don d'assimilation,
ont appliqué les données de la littérature grecque à leurs intérêts
nationaux, à tel point que la littérature romaine finit par l'emporter
(IV). Dans le chapitre suivant, M. Wendland nous parle de la pro-
pagande et de l'histoire de la diatribe. Tel est le relevé sommaire de
ce que nous pouvons appeler la première partie du livre. Ces pages,
à notre avis, sont les meilleures, quoiqu'il faille regretter à plusieurs
endroits l'absence de cohésion, d'enchaînement. Les subdivisions
des chapitres font souvent penser à des articles séparés qu'on a fait
entrer forcément dans un cadre qui ne leur était pas destiné.
I20 LE MUSÉE BELGE.
Je nai pas l'intention de m'y arrêter davantage. J'exposerai plus
longuement et discuterai les idées exposées par M. Wendland dans
les chapitres suivants qui traitent des religions antiques.
Le chapitre VI est consacré à une histoire sommaire de la religion
grecque. Homère n'est pas le témoin de la forme primitive de h
religion grecque. Tout le monde est d'accord sur ce point. La ques-
tion est de savoir quelle est la forme primitive. M. Wendland afifirme,
avec bien d'autres, qu'un point nous est acquis, à savoir que le
monothéisme ne fut pas la forme primitive de la religion grecque,
pas plus qu'il ne fut la forme primitive des autres religions La
preuve est celle qui se lit dans les livres de l'école anthropologiste,
évolutionniste. Elle repose sur un postulat historiquement et philoso-
phiquement indémontrable, à savoir, que des tendances monothéistes
ne peuvent être le résultat que d'un long développement religieux :
le monothéisme aurait succédé — par voie d'évolution — au poly-
théisme, comme celui-ci a succédé au polydémonisme. Quand je dis
indémontrable, je crois être modéré. Car que de la religion égéenne,
telle que les fouilles de Mycènes (i) et de Cnossos la révèlent, à la
religion d'Homère et de Phidias il y ait, au point de vue religieux,
un progrès, c'est ce qu'on peut contester. Sans doute, le polythéisme
anthropomorphe de l'époque historique est plus brillant que Tani-
misme. finissant d'ailleurs, de l'époque égéenne. Mais les formes peu
nombreuses et sèches de cette période semblent bien plus près du
monothéisme que les formes splendides et multiples de la poésie
homérique.
En tout cas, l'individualisation et la multiplication des dieux dans
les arts figurés se développent surtout à partir du v« siècle. Et ce
n'est pas un progrès philosophique vers l'unité, mais au contraire un
fractionnement de l'idée divine en formes bien distinctes. Le déve-
loppement des fables mythologiques n'a pu qu'accentuer cette dégra-
dation de l'idée religieuse. Je ne dirai qu'un mot de l'argument tiré
de la religion des sauvages. Le sauvage, dont la civilisation est
extrêmement compliquée, n'est pas l'homme primitif. D'ailleurs la
proposition, répétée par M. Wendland après beaucoup d'autres,
devrait être examinée de près. Elle prête à une équivoque. Que le
polythéisme ait succédé au polydémonisme, c'est un fait. Mais cette
affirmation est toute différente de celle-ci : le polythéisme est sorti du
polydémonisme. En parlant de la sorte, on ne se borne pas à affirmer
(i) Arthur Evans, The Mycenaean tree and pilîarcult and its Mediterranean
relations. London, igoy. — G. Karo, a Altkretische Kunststàtten n dans Archiv
fur Religionswissenschaft ^ VII, 117 sqq.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 121
la succession des faits ; on en donne la cause et celle ci serait révolu-
tion naturelle des deux formes religieuses. Or que telle soit la cause,
on ne Ta pas démontré, parce qu'on n'a pas démontré que des causes
extérieures, étrangères à la religion elle-même, n'ont pas provoqué le
changement. On ne l'a pas fait, sans doute parce que ce changement
est antérieur â ITiistoire et par conséquent échappe à nos investiga-
tions ; mais je crains bien que ce soit aussi parce que ce prétendu
changement intérieur est précisément le contraire de la vérité.
Un fait de la religion grecque, fait appartenant à une époque histo-
rique, semble le prouver. Au vu* et vi« siècle des tendances vers
le monothéisme et le mysticisme se manifestent dans la religion.
Sont-elles le résultat d'une évolution du sentiment religieux, je veux
parler d'un changement dû à l'action des causes internes ? L'histoire
nous fait voir que ce double progrès est dû à la philosophie et à
l'invasion de religions étrangères, entre autres d'une religion thrace.
Or ce sont là des influences étrangères à la religion polythéiste
gprecque. La philosophie grecque, en effet, n'est pas sortie de la reli-
gion, et l'orphisme est une importation du dehors.
Selon toutes les apparences, la transformation du polydémonisme
en polythéisme s'est opérée de la même façon. Il faut sans aucun
doute se demander quels sont les facteurs auxquels cette transfor-
mation est due. Mais ces facteurs il faut les chercher de préférence
dans des causes extérieures, causes que l'on ne découvrira peut-être
jamais avec certitude, faute de documents.
En citant ces faits, j'empiète sur la critique de la thèse principale
de ce chapitre : à savoir que les tendances monothéistes sont issues
du polythéisme.
Résumons en quelques mots Texposé de M. Wendland. La religion
anthropomorphe d'Homère s'élève au vi» siècle à un certain mysti-
cisme, grâce aux influences orphico-pythagoriciennes (doctrine de la
palingénésie — purification ^ migration des âmes). Bientôt la reli-
gion anthropomorphe est attaquée par les premiers philosophes
ioniens parmi lesquels il convient de citer Xénophane et Heraclite.
Au v« siècle commence le désaccord entre la science et la] religion
et nous assistons à des tentatives d'explications philosophiques.
A l'époque hellénistique, époque de trouble et d'instabilité, la pre-
mière tendance vraiment remarquable vers le monothéisme, se fait
jour dans le culte de la rùxn. H faut joindre à cette manifestation
monothéiste l'influence des religions étrangères et celle des diflîé-
rentes philosophies, surtout celle de la philosophie stoicienne et^de la
philosophie panthéiste. Cette dernière philosophie s'élève jusqu'au
monothéisme panthéiste : le Kôa^oç. Par suite de la double influence
122 LE MUSÉE BELGE.
des philosophies et des religions orientales, il se forme un syncrétisme
qui va toujours grandissant. Il y eut une identification de certains
dieux étrangers avec des divinités grecques, identification dont le
résultat devait être la substitution de formes abstraites aux personna-
lités divines. Rome, elle aussi, eut à subir les mêmes influences. Sous
l'Empire, ses doctrines religieuses aboutissent à un véritable syncré-
tisme (Ch. VIT).
Voilà les faits ; ils prouvent qu*à des idées nettement polythéistes
ont succédé des tendances monothéistes. Les facteurs du change-
ment sont la philosophie, et l'introduction d'idées religieuses venues
d ailleurs, ^ais tout cela, je le répète, c'est le contraire de la thèse
qui fait du monothéisme l'aboutissement nécessaire de l'évolution
naturelle du polythéisme. Le développement de l'idée religieuse dont
il est ici question n'est pas un développement intrinsèque, mais bien
plutôt extrinsèque, extérieur et juxtaposé. C'est un progrès qui découle
de la philosophie et des religions orientales. Encore ne faut il pas
exagérer son importance Les philosophes sans doute ont fait pro-
gresser le concept d'unité, mais jamais ils ne se sont élevés jusqu'au
concept d'un dieu personnel. Les dieux des stoïciens, en effet, tout
comme les divinités populaires, étaient inséparables de la nature, et
l'on peut se demander quel progrès ces philosophes panthéistes ont
fait faire aux idées monothéistes en confondant la divinité avec le
monde. Quant aux religions orientales, elles ont introduit des idées
nouvelles, des idées plus élevées et d'une plus grande valeur de vie ;
grâce à elles surtout, il se forme un syncrétisme. Mais ce syncré-
tisme demeura toujours intellectuel, aristocratique, il ne prévalut
jamais dans le culte, ne pénétra jamais jusqu'au peuple et, loin
d'être un acheminement vers l'unité, il fut plutôt une cause de déca-
dence religieuse, puisque infailliblement il devait aboutir — et il
aboutit — à une superposition, à une confusion et à un enchevêtre-
ment de toutes les divinités du paganisme.
Passons à l'analyse sommaire des trois derniers chapitres, inti-
tulés respectivement hellénisme et judaïsme (VIII), hellénisme et
christianisme (IX), syncrétisme et gnosticisme (X). Ces chapitres
-constituent la partie la plus faible et la moins soignée de l'ouvrage.
Ce n'est pas que l'auteur soit à court d'érudition, mais le manque
quasi absolu de logique dans l'ordonnance, de netteté et de précision
dans l'exposé rend la lecture de cette partie très pénible. D'autre
part, la position prise par l'auteur vis-à-vis du Christianisme est si
fugitive, si ondoyante, qu'elle devient pour ainsi dire insaisissable.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 123
M. Wendland s'est engagé dans une impasse ; de là ces allées et
venues, ces multiples redites, ces fluctuations d'idées, ces phrases
qui disent trop ou qui disent trop peu, voire même ces contradictions
an moins apparentes. C'est tout un travail de reconstitution qui
exigerait une étude approfondie, et ce travail dépasse les limites d'un
simple compte rendu. Soulignons néanmoins quelques idées maî-
tresses. D'après M. Wendland. le contact des peuples avait montré
que l'humanité était en possession de tout un trésor de doctrines
communes et le judaïsme lui aussi avait contribué à donner au monde
ce trésor commun. Le christianisme doit beaucoup au judaïsme et au
syncrétisme, mais il est impossible de tracer une ligne de démar-
cation entre ce que le christianisme doit au paganisme et ce qu'il doit
au judaïsme. Le christianisme ou plutôt l'enseignement du Christ
a d'abord traversé une phase orientale : Jésus, en effet, est le fils de
son peuple et des éléments persans et babyloniens forment des parties
substantielles des croyances populaires juives. Cependant le Christia-
nisme a pris la succession de la diaspora et a adopté les spéculations
de Philon. Saint Paul saisira les affinités qui unissent le christianisme
à l'hellénisme, aussi va-t-il écarter du christianisme tout danger de
retomber dans le judaïsme. Le christianisme entre décidément dans
une phase hellénique et les apologistes l'ont affermi définitivement
daos cette phase. Reconnaissons enfin que, si les religions orientales
ont joué le rôle de pionniers, quant à la substitution de la religion
universelle aux religions nationales, il faut reconnaître au christia-
nisme le mérite d'avoir défendu cette doctrine avec vigueur et avec
héroïsme. Aucune religion n'était plus propre que la religion chré-
tienne à s'assimiler et à synthétiser les tendances intimes et les
besoins les plus impérieux des individus et des peuples. Son
triomphe résulte de la supériorité de sa doctrine et de sa morale. En
un mot, le christianisme ne semble être, d'après M. Wendland, que
l'aboutissement final et naturel d'un long développement religieux.
Telle est — si nous avons bien saisi la marche du raisonnement de
M. Wendland — la synthèse des conclusions qui se trouvent éparses
dans les trois derniers chapitres.
Nous ne voulons pas contester à l'auteur un grand sens de modéra-
tion ni une grande probité scientifique. M. Wendland a le mérite de
ne pas toujours se laisser guider par des constructions subjectives,
par des systèmes tout faits; il sait voir ou du moins il a un grand
souci de voir les choses objectivement. Aussi rejette-t-il impitoya-
blement VhypercriHqtie de Baur et les conclusions de Havet. Mais
avouons que ce n est qu'un minimum. La première chose qui frappe
l'esprit du lecteur, c'est l'inutilité du vain étalage d'érudition et de
124 LE MUSÉE BELGE.
la mise en scène des ressemblances entre le christianisme et le paga-
nisme hellénico oriental. Notons quon pourrait aisément accroître
le nombre de ces rapprochements et cela sans plus d'utilité. Avant
de pouvoir aboutir à des conclusions définitivement acquises ou
même plus ou moins satisfaisantes, il faudrait pousser l'étude plus
loin, entrer dans le cœur même de la question et voir quelles étaient
les croyances des religions orientales, et au moment où celles-ci
prirent contact avec la civilisation hellénistique et au moment de
la naissance du christianisme. Attendons que de nouvelles décou-
vertes aient fait leur œuvre et que des monographies solides et pers-
picaces aient jeté une lumière plus vive sur ces questions. Dans l'état
actuel de nos connaissances, une synthèse sérieuse semble impossible
et M. Wendland eût mieux fait d'élaborer lentement une œuvre digne
de lui, au lieu de lancer au public une œuvre hâtive, trop indigeste
pour être un ouvrage de vulgarisation, et trop peu profonde, trop peu
sûre pour avoir le caractère d'un livre vraiment scientifique.
Personne ne le contestera, les religions orientales, les sectes
philosophiques et le christianisme offrent dans leurs doctrines et dans
leurs cérémonies de certaines ressemblances, qui, au premier coup
d'œil, semblent curieuses et même frappantes. Notons au passage le
dualisme, l'angelologie et la démonologie, le baptême et la cène,
l'exorcisme, lextase, les mortifications, la chasteté... La vie de Jésus
aussi bien que celle d'Osiris et d'Attis nous présente le spectacle d un
Dieu souffrant, mourant, ressuscitant.
Mais ce ne sont là bien souvent que des analogies apparentes,
purement extérieures et qui s'expliquent par l'existence chez tous des
mêmes inftincts religieux. Il suffit d'ailleurs d'un peu d'attention
pour voir se creuser des différences énormes entre la mort volontaire
de Jésus - Rédempteur et la fin involontaire des jeunes dieux ou
demi-dieux dont la mort n'a aucune efficacité de rédemption.
Ensuite, quand on examine les idées doctrinales et morales de ces
diverses religions, on constate qu'une terminologie identique exprime
des idées qui n'ont entre elles rien de commun.
M. Wendland s'est-il rendu compte de ce fait ? C'est ici précisément
que la question s embrouille, et qu'il y a lieu de dire un mot des
fluctuations et des contradictions auxquelles je faisais allusion plus
haut.
« Nous constatons, dit M. Wendland, des parallélismes et des
convergences. . mais nous sommes devenus plus sceptiques et nous
ne concluons plus si facilement à une dépendance historique... Les
mêmes idées ou des idées semblables ont été pensées à différentes
reprises ». Et ailleurs : « Le Christianisme et l'Hellénisme n'ont pas
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 125
entre eux de rapports intimes... » (p. 127). Ce sont là des déclarations
solennelles. Cependant M. Wendland ne les aurait-il pas quelque
peu oubliées et dans tout le cours de son développement et en parti-
culier, quand, par exemple, il assimile le christianisme à Tune quel-
conque des nombreuses formes gnostiques, ou bien quand il déclare
que des éléments persans et babyloniens constituent des parties sub-
stantielles des croyances juives, ou bien encore quand il parle de
l'influence assez profonde exercée sur saint Paul par Thellénisme et
par la mystique et la gnose orientales Ces contradictions ne sont-
elles pas déplorables ? Car il s'agit bien ici de dépendance et non plus
de ressemblances.
Enfin, M. Wendland reconnaît Tincon te stable supériorité du chris-
tianisme, et c'est par cette supériorité qu il explique naturellement
son triomphe sur les autres religions. Il y aurait peut-être une étude
plus intéressante à faire : ce serait de monter un peu plus haut, et
de nous montrer d*abord d'où vient cette incontestable supériorité.
Ce serait de nous expliquer ensuite, en admettant qu'il y ait des *
emprunts, comment et pourquoi le christianisme a pris et a pu
prendre tout ce qu il a trouvé de bon dans les autres religions et a
laissé de côté toutes les inepties et toutes les obscurités. Dire que
le christianisme s'il voulait triompher, devait faire ce triage ne suffit
pas ; ce serait faire une pétition de principe et professer un optimisme
bien singulier. Les religions orientales satisfaisaient Thomme tout
entier, sa sensibilité, son intelligence, sa conscience et même — ce
n'est peut-être pas un léger avantage — ses instincts les plus grossiers.
De plus — au moins sous les empereurs — elles étaient tolérées, voire
même choyées. Cependant le christianisme les a effacées toutes et
s'est attaché irrésistiblement les individus et les peuples. Enfin il
faudrait expliquer — toujours dans la même hypothèse — la haute
intelligence qui a présidé à la sélection et qui a donné le jour non
pas à je ne sais quoi de disparate et d'incohérent, mais à une œuvre
une et harmonieuse.
Nous voilà peut-être un peu loin de l'ouvrage de M. Wendland,
Nous n'avons cependant pas la prétention d'indiquer à Fauteur quel
est le livre qu'il aurait dû et qu'il aurait pu écrire ; je me permets
cependant de dire que l'ouvrage de M. Wendland fait l'effet d'une
œuvre manquée. L'érudition est incontestable, mais les qualités indis-
pensables de toute bonne synthèse, la logique, la clarté, la perspica-
cité et la profondeur font défaut. Si l'auteur, à de certains endroits,
semble faire un pas en avant, il en fera bientôt deux en arrière, et
nous éprouvons en finissant le désappointement de n'avoir fait que
piétiner sur place. A. Thomissen.
126 LB MUSÉE BBLGB.
72-73. — L. Delarueile, Répertoire anûlytiquâ d chronologique de la
correspondance de Guillaume Budé, Toulouse, Privât, et Paris» Cornély,
1907. 25 1 pages, in-80, deux fac-similés.
Le même, Guillaume Budé {1468-1540), Les origines^ les débuts ^ les idées
maîtresses. Paris, H. Champion, 1907. 290 pages, in-8*^, deux fac-
similés (Bibliothèque de V École des Hautes -Études, 162*^ fascicule).
« Nous n'avons point encore sur Budé le livre qu'il mériterait, et
comme Érasme ou plus encore qu'Érasme, Tauteur du De Studio
litterarum instituendo et du De Transitu hellenismi ad christianismimif
porte la peine d'avoir écrit en latin et quelquefois en grec. » Cette
phrase de Ferdinand Brunetière, parfaitement exacte quand il l'inséra
en 1 904, dans son Histoire de la littérature française classique (tome l^,
!«■« partie, p. 75), ne répondra bientôt plus à la réalité et l'illustre
conseiller de François I«»", le rival européen d'Érasme, aura bientôt
« le livre qu'il mérite ». M. Louis Delaruelle, maître de conférences
à la faculté des lettres de Toulouse, a assumé la tâche délicate et
périlleuse de l'écrire. Merveilleusement outillé pour le faire, il vient
de terminer déjà la première partie de l'entreprise. Les deux volumes
que nous annonçons aujourd'hui constituent plus qu'une promesse,
ils sont. un gage assuré de succès.
Tout d'aboi d les travaux d'approche : le Répertoire de la correspon-
dance, ou inventaire et étude des 175 épîtres qui forment toute la cor-
respondance, jusqu'aujourd'hui connue, de Guill. Budé.
Ces épîtres. l'auteur les classe, d'abord, suivant Tordre chronolo-
gique : besogne fort malaisée, car elles ne portent généralement dans
les éditions originales d'autres dates que celles du jour et du mois,
sans aucune indication d'année. Il en donne ensuite une analyse fort
bien faite : besogne malaisée encore une fois, parce que la plupart
de ces documents sont en un style prolixe et obscur, farci de méta-
phores et d'allusions difficiles à débrouiller. Enfin, dans des notes au
bas des pages, M. Delaruelle donne les explications complémentaires
indispensables et groupe quantité de renseignements fort instructifs
sur les choses et les hommes du xvi« siècle, en particulier sur les
correspondants de Budé.
Deux petites remarques, au passage : P. 27, note 2, M. Delanielle
écrit : « Pierre Gilles (1490-1555), le secrétaire de la municipalité
d'Anvers... ». Les deux dates données sont, en réalité, celles de la
naissance et de la mort de Pierre Gilles, d'Albi, père de la zoologie
française, que l'auteur connaît fort bien, voir p. i88, note 5. Pierre
Gilles, d'Anvers, naquit en i486 et mourut en i533 : voir Britz,
Messager des sciences historiques^ Gand, 1864, pages 181-208 ; Biographie
nationale, notice Gillis, PierVe, par J. De le Court, t. VII, col. 780-
PARTIE BIBLtOGRAPHIQUE. I27
783, et les sources indiquées par Fœrstemann et Gûnther, Briefe an
Disiderius Erasmus, Leipzig, igOi^, p. 290 (Beihefie zum Zentraîblait fur
Bibliothekswesm^XXVll). — P. 67, en note : « Jean Visagier(F«//««s^ ».
Vulteius ou Voulté s'appelait non Visagier, mais Faciot. Nous ne fai-
sons cette observation que pour attirer l'attention sur ce très curieux
poète latin, d'origine belge, né en 1 5 10 à Vandy- sur- Aisne, mort
assassiné en 1542 ; voir la piquante étude de Boulliot, Biographie
ardennaise, Paris, i83o, t. II, p. 426 ; Kenouard, Bibliographie de&
idUions de Simon de Colines, Paris, 1894, pages 298-299.
En 1905, M. Delaruelle a publié ici même (Musée Belge^ tome IX,
pages 32i-35i) une étude sur les relations de Budé et d'Érasme
d'après leur correspondance. Nos lecteurs n'ont, certes, pas oublié
ce travail remarquable, où les idées, les sentiments, les aspirations et
jusqu'à la physionomie morale des deux ardents propagateurs de
l'humanisme étaient évoqués avec tant de pénétration et de justesse.
A ce souvenir, ils comprendront tout l'intérêt que présente VOpus
^isiolarum de Budé, avec ses 175 documents, adressés à 56 corres-
pondants, dont d'aucuns s'appellent Alciat, Georges d'Armagnac,
Bembo, Nicole Bérault, Claude Chansonnette, Joh. Cochlaeus,
Etienne Dolet, Érasme, Lascaris, Longueil, Thomas Morus, Rabe-
lais, Sadolet, Vives. Sans doute, tous ne portent pas des noms aussi
connus, mais tous, ils apportent des témoignages bien précieux pour
l'histoire de la vie politique, intellectuelle et littéraire dans le monde
latin du xvi« siècle.
Passons à l'examen du second ouvrage.
M. Delaruelle y donne une biographie très complète de Guillaume
Budé, depuis sa naissance, le 26 janvier 1468, jusqu'à la date à
laquelle il offrit à François \^^ son Itecueil d'Apophtegmes, soit les
premiers mois de Tannée 1519. D'abord, des détails sur ses origines,
sa jeunesse, ses études, ses débuts dans la carrière de la science et
des lettres ; puis, les renseignements les plus circonstanciés sur ses
premières publications : les Annotations aux Pandectes^ de i5o8, le
DeAsse, de i5i4 (ancien style), le Recueil d'apophtegmes, de i5i9, devenu
plus tard le livie de l'Institution du Prince. Mentionnons aussi les
traductions de plusieurs opuscules de Plutarque, i5o3- 1 5o5, et d'une
épître morale de saint Basile à Grégoire de Nazianze ; M. Delaruelle
en caractérise excellemment les défauts et les mérites et considère
ces travaux comme les premiers symptômes du réveil des études
grecques en France.
L'auteur étudie à fond les trois premiers ouvrages de Budé, parce
qu'ils reflètent exactement, dit- il, ses idées essentielles, ils ont la
128 LE MUSÉE BELGE.
valeur d*un manifeste, et il clôt son volume à iSig, parce qu'à
partir de cette année commencera une période nouvelle dans l'exis-
tence de son héros • c'est alors qu'il acquerra sur François !«• toute
rinfluence que Ton sait.
Faut-il dire toute notre pensée ? — Si le mémoire que nous venons
d'analyser présente quelque défaut, il pèche par Texagération d'une
qualité. Il est de-ci de-là un peu encombré, un peu touflfu. Le modèle,
avec son immense érudition, a quelque peu déteint sur son biographe.
Nous ne reviendrons pas ici sur les • idées maîtresses » de Budé,
telles que M. DelaruelU les expose, après ce que M. Simar en a dit
dans cette revue ( Bulletin ^ octobre 1907, n® 267). Nous accorderons
plutôt toute notre attention au chapitre premier du livre, dans lequel
l'auteur étudie les Précurseurs de Budé : il y a là, en cinquante
pages, une esquisse très neuve, très précieuse et très réussie de
rhistoire des origines de l'Humanisme français.
A l'examen de ce chapitre, le lecteur pourra se faire une idée de
l'ensemble du travail de M. Delaruelle : il verra comment Tauteur y
a poussé avant l'étude de son sujet et combien il est au courant de
tout ce qui, de près ou de loin, est susceptible de s'y rattacher. Aussi
bien, cette partie du volume est- elle celle qui nous paraît la plus
capable d'instruire et d'intéresser nos compatriotes : ils y feront
ample moisson de renseignements utiles; de plus, ils éprouveront,
peut-être, un sentiment de fierté patriotique, faiblesse bien excusable
si c'en est une , en voyant l'importance qu'un savant français accorde
aux humanistes flamands dans le mouvement des études à Paris, à
l'aurore des temps modernes.
Dans un travail récent (i), nous avons étudié les origines de la
renaissance des lettres en Belgique et dans les pays voisins et nous
sommes arrivé à cette conclusion que le mouvement humaniste est
produit, dans nos provinces, avec une certaine spontanéité, que son
développement y a été, en quelque sorte, autonome et que l'influence
des humanistes italiens, a été, chez nous, beaucoup moindre qu'on le
croit généralement. Certes, l'Italie doit être considérée comme la terre
des « survivances » classiques, comme le lieu d'élection de tous les .
fervents de l'humanisme : mais, c'est nous qui sommes allés y cher-
cher de notre propre initiative et inconsciemment peut-être le goût
de l'antiquité classique.
Nous sommes allés à la source]: elle n'est pas venue à nous. Ques-
tion de mots, dira-t-on. Non! il y a là plus qu'une nuance et nous
voudrions pouvoir l'indiquer. Certes, dès la première moitié du
(1; Les Humanistes belges de la Renaissance, Revue Générale^ juillet 1906.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 129
quattrocento, les études classiques brillent dans la Péninsule d'un
vif éclat, mais Thumanisrae n*y a pas encore la force d'expansion
nécessaire pour se répandre au-delà des Alpes jusqu'à notre sol glacé,
où affluent cependant, les marchands, les financiers et les artistes.
Notre pays est l'un des plus riches de l'Europe, la civilisation y est
brillante, nous avons des princes éclairés, généreux et magnifiques,
les Frères de la Vie Commune ont admirablement préparé le terrain
par la fondation de leurs nombreux collèges : nous avons, nous, la
force d'expansion nécessaire pour aller au loin communier avec les
humanistes italiens dans le culte de l'antiquité. Dès Ip début de la
première Renaissance en Italie, écrivions-nous, nous constatons
dans ce pays la présence de nos compatriotes ; loin de s'y comporter
en barbares^ comme on eût dit alors, ils s'y distinguent, ils sont
savants, érudits, capables de voir, susceptibles de comprendre et
d'enrichir leur propre fonds. Chose curieuse, nos savants et nos
hommes d'école, tout comme nos imprimeurs, sont à Paris, à Lyon
et de par toute la France, en même temps que les Italiens ou plutôt
même avant eux, parmi les plus ardents et les plus heureux propa-
gateurs de l'Humanisme.
Sur ces questions délicates, et à la suite de recherches exécutées
tout à fait indépendamment des nôtres, M. Delaruelle nous paraît
être arrivé aux mêmes conclusions que nous. Le fait ne vaut- il pas
la peine d'être remarqué? Nous reprendrons donc l'argumentation
du savant auteur et nous lui laisserons, à l'occasion, la parole.
Personne ne contestera plus sérieusement aujourd'hui que le
moyen âge ait eu la connaissance de l'antiquité, mais il n'en eut jamais
à aucun degré, le sens. On ne faisait point à cette époque des œuvres
des anciens l'objet d'une étude désintéressée et qui fût à elle-même sa
propre fin Ce qu'on recherche surtout dans les auteurs, ce sont des
tt histoires i ou exemples moraux. A Paris, l'étude de la théologie
prime tout et les trois hommes qui connaissent le mieux les auteurs
latins, en cette ville, à la tin du xiv^ siècle, les Pierre d'Ailly, les Jean
Gerson, les Nicolas de Clamenges. ne sont en rien des humanistes :
ce sont des théologiens. Jean de Montreuil (1354V-1415) présente déjà
bien plus les traits essentiels du véritable humaniste : ce chancelier de
Charles VI, ambassadeur en Italie, grand admirateur de Pétrarque
et des humanistes italiens se forme une bibliothèque de choix,
recherche les œuvres des anciens, et non pas seulement celles que
le moyen âge connaissait et admirait, mais celles aussi qui sont introu-
vables par delà les monts. Mais Montreuil est « un isolé et son cas
» montre fort bien que la France n'est pas mûre encore pour la
«5 Renaissance. En Italie même, l'humanisme n'a pas encore porté
l30 LE MUSÉE BELGE.
» ses fruits ; il faut attendre le milieu du xv* siècle. Alors, il aura la
» force d'expansion nécessaire pour se répandre au delà des Alpes.
» Mais, entre les deux pays, il faudra de longues années de contact
» pour qu*il se forme en France une classe lettrée, nettement favo-
» rable à ces tendances nouvelles. Les agents les plus sûrs de
» cette évolution, ce sont les grands évêques français à qui leurs
» talents ou leur science assurent un rôle politique (i) ». Tel le
bénédictin Jean Jouffroy, entré de bonne heure au service des ducs
de Bourgogne, ambassadeur auprès du Saint-Siège, évêque d'Arras,
puis cardinal, qui fit de longs séjours en Italie.
Ainsi, écrit encore M. Delaruelle, les o barbares » devenaient sen-
sibles au charme de la culture italienne ; de ce jour, les humanistes
faméliques songèrent à les exploiter. Ils allèrent chercher en France
ces pensions que les princes italiens commençaient à leur mar-
chander.
D'abord, c'est un grec misérable, Argyropoulos , qui ne fit que
passer; puis, en 1456, Gregorio Tifernate, lequel, nommé par l'Uni-
versité à une chaire de grec en 1458, quitta la France à la fin de 1459
S'il put, en aussi peu de temps, jeter quelque semence dans les esprits,
il appartenait à d'autres de la faire fructifier ; et tout spécialement
à Guillaume Fichet, bibliothécaire de la Sorbonne, recteur de l'Uni-
versité (1467), né en Savoie en 1433, et à Robert Gaguin, né à Galonné
sur la Lys, aux confins de la Flandre et de l'Artois, en 1433, général
des Trinitaires (1473), doyen de la faculté de décret, chargé de
plusieurs ambassades à Rome, en Allemagne, en Angleterre.
Le premier fit ses études à Avignon, la ville italienne où le
souvenir de Pétrarque était encore vivant et où, nous l'avons
remarqué (2), quarante ans après Pétrarque, avait séjourné Gérard
De Groote, fondateur des Frères de la Vie Commune, né à De venter
en 1340. Arrivé à Paris en 1455, puis chargé dune mission diploma-
tique auprès du duc de Milan Galeas Marie Sforza, Fichet fut, avec
Jean Heynlin ou de la Pierre, né à Stein (grand duché de Bade) (3 ,
l'introducteur de l'imprimerie en France. On sait qu'à leur demande
Martin Krantz, Ulrich Gering et Michel Friburger installèrent en
1470 l'atelier de la Sorbonne ; mais ce qu il faut remarquer, c'est
que la première œuvre qui sortit de leurs presses fut celle d'un
humaniste et que, pour la plus grande partie, leurs productions
furent des livres destinés à l'enseignement des belles- lettres. Gaguin
(1) Pages 6 et suiv.
(2) Les Humanistes belges^ page 7 du tiré à part.
(j>) A. Clauuin, Histoire de l'Imprimerie en France, Pari?, 1900, r. I., pages 17
et suiv.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I 3 1
y prit la plus large part. Lorsqu'en 1472, Fichet partit pour
ritalie à la suite de Bessarion pour n'en plus revenir, ce fut l'illustre
trinitaire qui reprit, pourrions- nous dire, sa succession et qui
représenta le mieux dans le monde de l'Université parisienne les
tendances encore incertaines de l'humanisme naissant.
Il devint le champion le plus ardent et le propagateur le plus
influent des idées nouvelles.
Il suffit pour s'en convaincre de parcourir l'admirable ouvrage que
M. Louis Thuasne a consacré récemment à ce personnage dans la
Bibliothèque littéraire de la Renaissance publiée par MM. Dorez et
de Nolhac : Roherti Gaguini epistoîe et orationes. Paris, Bouillon, igoS.
Un fait est extrêmement frappant : parmi les correspondants
de R. Gaguin, parmi ceux qui cultivèrent avec lui les études
d'humanités, figurent un très nombre de savants et d'humanistes
originaires des Pays-Bas et tout particulièrement de la Flandre :
Martin de Delft, né à Utrecht, recteur de l'Université de Paris (1479),
Guillaume Hermann, né à Gouda, et son oncle Cornélius Gérardus,
de Gouda également, condisciple d'Érasme à Ste)m, Pierre Burry, né
à Bruges en 1427 ou 1430, Charles et Jean Fernand, nés également à
Bruges au milieu du xv« siècle, Arnold de Bost ou Van Vaerne-
wyck, né en Flandre en 1470, Érasme, Badius Ascensius, etc.
Les deux derniers sont trop connus pour que nous insistions sur
leurs noms et leurs mérites. Mais, il nous faut revenir sur Burry, les
deux Fernand et Arnold de Bost et nous laisserons au savant
professeur de Toulouse le soin de les présenter au lecteur :
« Pierre Burry est un simple chanoine d'Amiens ; ses vers lui font
un nom dans le monde littéraire parisien. On recherche avec avidité
ses poésies morales, ses hymnes, ses péans en l'honneur de la Vierge;
dans l'édition de Josse Bade, ils ont l'honneur d'un commentaire
suivi, et ils sont, sans nul doute, expliqués dans les écoles. Ses amis
le proclament l'Horace de la France. Ce sont les mêmes qui, dans
Charles Fernand voient un nouveau Cicéron. Tout jeune encore.
Fernand enseigne les humanités à l'Université parisienne ; on vante
son a éloquence admirable » et cette rare érudition « plus suave que
le miel » dont ses auditeurs étaient enchantés. Son frère Jean n'a
guère moins de succès comme professeur. Les étudiants se pressent
à son cours sur Térence; avec eux des personnages de marque
viennent écouter l'orateur en vogue. Pour achever d'asseoir sa
renommée, Charles Fernand publie lui-même un recueil de ses lettres
familières suivant une pratique, nouvelle en France, des humanistes
italiens. Il est jeune encore, tous les espoirs, lui sont permis; des
chagrins de famille jetteront les deux frères au cloître où leur vie
s'achèvera •.
l32 LE MUSÉE BELGE.
« Des relations s'établissent bien vite entre ce petit monde et
les lettrés des pays voisins. Les nôtres sont souvent d'origine
flamande, et cela les rapproche du foyer de culture que sont encore les
Pays-Bas bourguignons. Puis, à cette époque, les écrivains de langue
latine sont toujours des clercs et souvent des moines; d'un pays à
l'autre, le lien que l'Église établit entre eux les prépare à s'en-
tendre et à s'apprécier. Lorsque notre Gaguin se rend en Ailemagne,
il est, à Heidelberg, accueilli par des vers louangeurs où on le
remercie d'avoir amené « Apollon parmi les Germains », il compte
Jean de Trithème, le célèbre abbé de Spanheim, parmi ses correspon-
dants. Un homme semble avoir été Tâme de cette confrérie inter-
nationale, c'est le Flamand Arnold de Bost. Sa vie s'écoule tout
entière à Gand dans un couvent de l'ordre du Carmel ; mais le renom
de ce simple moine franchit bien vite les murs de son couvent,
et toute l'Europe savante connaît Arnold de Bost. Ermolao Barbaro
lui adresse un de ses ouvrages; Gaguin lui écrit assez souvent et
soigne les lettres qu'il lui envoie ; c'est grâce à Arnold qu'il est lié avec
Trithème. Du fond de sa cellule, le moine gantois régente ses corres-
pondants; il entretient leur zèle pour l'étude, il stimule, au besoin il
dirige leur activité littéraire. Il décide Gaguin à écrire, sur la Concep-
tion de la Vierge, un poème qui doit répondre à Tœuvre du domini-
cain Bandello. Il institue entre tous ses amis un vrai concours
poétique en l'honneur de Saint Joachim ; Gaguin, Bibaut, Clichtove
sont les Français qui répondent à son appel. C'est un fait, à notre
point de vue, intéressant que ce tournoi poétique organisé par im
Flamand. Le moment nest pas venu où l'influence littéraire de la
« Germanie » sera définitivement remplacée par celle de l'humanisme
italien. »
(I Cependant, dans notre pays, s'annonce l'invasion italienne... •
et les humanistes de la Péninsule vont se succéder, notoires ou
médiocres : Philippe Béroalde, V u effronté » Balbi, Cornelio Vitelli,
Fausto Andrelini, « type parfait de l'humaniste à la fois présomptueux
et médiocre », Paul Emile, pensionné du roi.
La citation qui précède est un peu longue, mais elle nous a paru
si intéressante et si démonstrative que nous avons cru pouvoir la
donner tout entière. Nous n'avons pu malheureusement reproduire
ici les notes si nombreuses et si curieuses sur lesquelles le savant
auteur étaie ses affirmations. On aura remarqué que M. Delaruelle
signale comme Français, Gaguin, Bibaut, Clichtove. Il faut s'entendre :
nous savons déjà ce qu'il faut penser de la nationalité de Gaguin ;
quant aux deux autres, ils étaient dr Thielt et de Nieuport. A propos
des deux frères Fernand, M. Delaruelle aurait dû citer le travail très
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l33
complet et très remarquable de Dom Berlière, Mélanges iT histoire béné-
dictine, 3® série, Maredsous, 1901, pages 142-165 (demeuré également
inconnu à M. L. Thuasne, op, cii,). Aux pages 45 et suiv., le savant
auteur caractérise admirablement l'esprit et les tendances de Lefèvre
d'Étaples. il aurait pu renvoyer à la notice si consciencieuse de
M. F. van der Haeghen, Bihliotheca Beîgica (verb, Clichtove, Lefèvre
d'Étaples)
Tel est en France, à la fin du xv^ siècle, le groupe des précurseurs
de l'humanisme. Ils sont, dit M. Delaruelle, par l'amour des lettres
en avance sur leur temps, mais il subsiste dans leur attitude des con-
tradictions significatives. Un Gaguin, malgré toutes ses sympathies
pour les tendances nouvelles, n*a jamais songé ou osé songer à modi-
fier de fond en comble l'enseignement universitaire. Les études
d'humanisme ne pourraient être encore leur but à elles-mêmes et, si
Ton introduit quelque changement dans les programmes, ce sera
avec autant de timidité que de circonspection. Aussi, en i5oo,
l'Université est-elle restée à peu près ce qu elle était un siècle plus tôt
« c*est toujours la même formidable machine construite au Moyen
Age pour fabriquer les théologiens. » —
Et cependant un air nouveau circule partout et des ferments de
« modernité » sont dans tous les esprits distingués ! Les humanistes
vont l'emporter sur les théologiens, les philosophes et les juriscon-
sultes aux théories arriérées et aux méthodes surannées : ce qui n*a
pas été fait par ces derniers se feia en dehors d'eux et contre eux. La
semence jetée par les Précurseurs a germé. Les hautes classes sont
conquises et éblouies par la culture italienne, de simples bourgeois se
remettent à l'étude du latin et entreprennent celle du grec et l'un
d'entre eux est à la veille de se révéler comme le premier helléniste
de France, premier par le mérite aussi bien que par la date. C'est
l'homme qui , devenu le conseiller influent de François I , lui
suggérera l'idée d'ouvrir à Paris — sur le modèle de ce qui depuis
i5i8 se fait à Louvain — un collège pour l'enseignement des langues
anciennes : le Collège de France. C'est Guillaume Budé.
On voit par ce simple compte rendu, si incomplet et si imparfait,
tout ce qu'il y a à prendre et à apprendre dans le mémoire de
M. Delaruelle. Jamais, pensons-nous, monographie d'humaniste
n'aura été plus consciencieusement préparée, plus approfondie, et
plus évocatrice. Alphonse Roersch.
74. — Robert Forrer, Reallexikon der praehisiorischen^ klassischen
und friihchnstlichen AlUrtUmer, Mit 3ooo Abbildungen. Stuttgart,
W. Spemann, 1908. 944 pages à 2 colonnes.
l34 LE MUSÉE BELGE.
1
Quiconque veut s*adonner aux études archéologiques est souvent
arrêté par un vocabulaire spécial qui s'est étendu surtout dans le
dernier quart de siècle. Un lexique définissant ces termes sera donc
bien accueilli des archéologues et surtout de ceux qui s'intéressent à
l'archéologie sans être spécialistes en cette matière. M. Rob. Forrer
a cru devoir comprendre dans son gros volume les antiquités préhis-
toriques, classiques et chrétiennes : ces trois domaines, longtemps
séparés, sont unis aujourd'hui par des liens si nombreux que celui
qui cultive lun doit connaître les deux autres et qu'on ne pouvait
faire œuvre vraiment utile qu'en les envisageant tous les trois. On
peut dire qu'en cela consiste la grande nouveauté, mais aussi la
grande difficulté du travail entrepris et mené à bonne fin par
M. Rob. Forrer. Tous les mots qui désignent spécialement et tous
ceux qui rappellent un objet, une idée du domaine de larchéologie
sont admis dans ce lexique et rangés alphabétiquement : il y en a
plus de 2000 et beaucoup d'entre eux ne se trouvent encore dans
aucune espèce de dictionnaire La limite que M. Rob. Forrer s'est
tracée dans le temps est le vi^ ou vu* siècle : les invasions barbares
et arabes ont mis fin au monde antique.
Un grand nombre d'articles de ce lexique ont naturellement rap-
port à des noms propres. En effet, les noms des localités où des
découvertes ont été faites sont à leur place alphabétique, mais seule-
ment les plus importants. Il fallait faire un choix et chacun, suivant
ses préférences, signalera des lacunes. Pour m'en tenir à notre pays
et ne citer qu'un exemple, je suis étonné que le nom d'Arlon (Oro-
launum vicus) manque, alors que j'en rencontre de moins importants.
Mais laissons cette critique : de pareilles lacunes sont inévitables, à
moins qu'on ne soit tout à fait complet, et pour être tout à fait com-
plet, il eût fallu un ou deux volumes de plus. L'auteur s'est efforcé
de n'oublier au moins aucun des noms de lieu qui sont devenus
caractéristiques pour désigner une époque ou un genre d'antiquités
(Hallstatt, La Tène, etc.).
Dans un si grand nombre d'articles rangés alphabétiquement, il y
a des répétitions inévitables. Il y en a peut-être quelques unes qui
pouvaient être évitées. Sous le mot Kreuziguiig Christi (p. 428) nous
lisons au 3^ alinéa : « La plus ancienne représentation de la cruci-
fixion, c'est la parodie pi. 109, fig. 5, où l'on voit le « crucifix blas-
phématoire ») du Palatin : le Christ y est représenté sous la figure
d'un homme à tête d'âne, les bras étendus attachés à la croix, les
pieds soutenus par une planche. C'est un graffito du ni« siècle,
aujourd'hui au Museo Kircheriano, à Rome. Voy. aussi l'article
Spottkruziûx. — Or, à cet article revient la même description, un peu
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l35
>lus complète, avec une bibliographie (p. 756). Il semble qu'à la
;> 426, un renvoi à la p 756 aurait suffi. Ajoutons une autre cri-
ique : la bibliographie est incomplète, elle s'arrête en 1894 au bel
ouvrage de MM. Forrer et Mliller, et on ne nous dit rien de la nou-
velle explication donnée par Wûnsch [Sethianische Verfluchungsiafeln)
de ce graffito fameux. Ce serait un dieu égyptien à tête d*âne,Typhon-
Seth. Bien que cette hypothèse ait été diversement appréciée et plutôt
rejetée qu'admise, elle devait être mentionnée (i). Mais chacun trou-
vera, suivant ses études, à faire des observations de ce genre dans ce
grand nombre de notices.
Aussi bien, l'auteur n'a-t-il pas la prétention ni même l'intention
d'être complet. Il s adresse à la fois aux archéologues et au grand
public et donne à ses articles une forme intelligible pour tout le
inonde. Il ne discute pas, il expose, il ne prend pas parti dans les
questions encore douteuses, à moins qu'il n'ait quelque chose de
neuf à dire. Pourtant tous les articles ont une forme personnelle : on
voit tout d'abord qu'ils ne sont pas empruntés, mais rédigés par un
homme du métier qui dit ce qu'il sait et ne se borne pas à répéter ce
que d'autres ont écrit.
Les articles sont naturellement de longueur inégale : beaucoup ne
sont qu'une définition du mot, quelques-uns forment une petite étude
et comme le canevas de tout un ouvrage. Ils se terminent par une
courte bibliographie qui indique les ouvrages les plus récents et les
plus importants, et ils sont accompagnés de figures. On connaît les
publications si nombreuses et si bien illustrées de la maison Spe-
mann ; elle a orné ce lexique de plus de 3ooo gravures, dont 652
dans le texte et les autres sur 295 planches hors texte. On trouvera
naturellement ici un grand nombre de clichés connus, mais il y a
aussi beaucoup de figures nouvelles, inédites.
Citons au hasard quelques-uns des articles les mieux illustrés et
les plus étendus. D'abord Achmin, dans la Haute-Egypte, célèbre par
ses tombeaux, que M. Forrer a étudiés dans de nombreuses publica-
tions, Akropolis (p. 16-22), Altàre (autels), Armbànder und Ringe (brace-
lets et anneaux), Assyrische Denkmàler, Acxte (haches), Bernstein (ivoire),
Bogen (arc, archers), Bologna^ Bronzezeit, Byzantinische Kunst, Dipy-
Imiil, Etrusker, GrahstHne, Griechische Kunsi, Hallstattzeii^ Rom, Statum
und Statuetten, SchlUssel, Schrift, Schwerter und Schwertschciden, Totenbe-
skituug, Vasenmalerei^ IVandmalerei, Wohnhaus^ Zeitalter dcr menschlichen
Kuliur (avec tableaux).
(i) L. Bréhier. Les origines du crucifix dans Part religieux, p. 16-17. Paris,
Bloud, 1904. (Collection Science et religion).
l36 LE MUSÉE BELGE.
Concluons que ce premier essai d'un lexique archéolojfique nous
semble bien réussi. Dans une seconde édition, qui ne peut manquer
d'être prochaine, l'auteur aura l'occasion de combler quelque*
lacunes. J. P. Waltzing.
75. Abbé Clément Jugé^ Nicolas Denisot du Mans (i5i5-i55c).
Essai sur sa vie ei ses œuvres. Thèse présentée à la Faculté des Lettres
de Caen. Le Mans, A. Bienaimé et Paris, A. Lemerre, 1907.
164 p. in-8*». 5 fr.
Nicolas Denisot, peintre et poète, géographe et homme ou plutôt
agent politique, séduisant, audacieux, aventureux, précepteur de
trois princesses anglaises, filles du duc de Somerset, est une person-
nalité originale et attachante de la Renaissance française.
Ses éditions latine et française du Tombeau poétique de la Reine
de Navarre, ses œuvres, noëls, cantiques, prières, panégyrique des
rois d'Angleterre Edouard VI et Plenri VIII, publiées sous le pseu-
donyme de comte d'Alsinois, anagramme par à peu près, méritaient
certes un sérieux examen. Et de même, les différents épisodes de son
existence, mouvementée comme celle d'un héros de théâtre ou de
roman, étaient bien dignes d'être mis en lumière.
Le livre de M. l'abbé Jugé constitue une étude biographique, his-
torique et littéraire fort instructive. Il est écrit d'une plume alerte et
avertie et est d'une lecture fort attrayante. Alphonse Roersch.
Langues et Littératures romanes.
76-77. — Cbr. Maréclial, Lamennais et Lamartine. Paris, Bloud,
1907, viii-38o pp., in- 16. 3 fr. 5o.
Le même. Le Véritable « Voyage en Orient » de Lamartine d'après les
manuscrits originaux de la Bibliothèque Natioftale (Documents inédits),
Bloud, 1908, viii-2i3 pp., in-8.
Lamartine ignorant qui ne sait que son âme...
a dit un jour Sainte-Beuve, voulant ainsi définir Taède primitif que
fut le poète des Méditations et des Harmonies, Mais ne fut-ce qu'un aède
primitif? Est-ce que vraiment Lamartine n'a su que son âme?
Assurément pas, et si même personne ne lui refuse des dons souve-
rains de spontanéité et de création, voilà toutefois beau temps déjà
que la critique s'est chargée de nous dire qu'il s'était inspiré de
ses devanciers ou de nous montrer qu'il avait su autre chose que son
âme. A son tour, M. Maréchal intervient dans le débat avec un li\Te
d'une érudition large et solide, d'un sens littéraire remarquablement
sûr et délicat.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 13/
Comme on le devine par le titre de Lamennais et Lamartine^ l'objet
en est de prouver que Lamartine a subi l'influence de Lamennais,
et cette influence est considérable. Après un avant-propos assez
étendu et d'un vif intérêt sur là jeunesse sentimentale et religieuse du poète,
il le suit dans sa carrière littéraire depuis les Premières Méditations
(1820) jusqu'à la Chute d'un Ange (i838), et il le fait voir qui s'imprègne
du système politique et philosophique du puissant dialecticien de
V Essai sur V indifférence. Lamennais, déclare-t-il (et il le démontre
par de nombreuses citations), a pendant plus de vingt ans coloré
la flamme poétiqiue de Lamartine des formes de sa pensée. Mais
cependant d'après lui, ce dernier ne sortirait pas diminué d'une
semblable étude : il aurait néanmoins son originalité puisque, sur les
thèmes fournis par Lamennais, il a mis ses rythmes merveilleux et
ses grands, ses nobles sentiments. C'est là une conclusion à laquelle
il est peut-être difficile de souscrire sans réserve, et que peut-être l'on
trouvera excessive, parce que trop bienveillante.
Mais d'autre part, on jugera peut-être aussi que M. Maréchal cède
trop quelquefois à la tendance qui le pousse à voir partout du
Lamennais chez Lamartine et que certains de ses rapprochements
sont contestables. Quoi qu'il en soit, son enquête est bien conduite,
et il a fait un livre durable. De même en est-il pour le Vidage en Orient.
Ici, il publie le texte imprimé du récit célèbre de i835 et la leçon
manuscrite (mais incomplète) de la Bibliothèque Nationale. Des diff'é-
rences notables les séparent, et elles permettent d'observer que
Lamartine ne se contentait pas du premier jet et même qu'il se
corrigeait soigneusement. C'est ce que l'on savait déjà à propos de ses
vers. Désormais Ton saura qu'en prose il na pas été non plus, un
génial improvisateur qui ne se relisait pas. La publication de
M. Maréchal indique en outre que l'auteur du Voyage en Orient recher-
chait surtout le pittoresque et le dramatique dans ses corrections.
Enfin, nous constatons par la comparaison des deux leçons qui sont
placées sous nos yeux que le pèlerinage chrétien qu'était avant tout
le voyage de i832, devient, dans sa pensée, en 1834 (au moment de la
mise au point du manuscrit) un pèlerinage poétique, et que d'une
date à l'autre sa foi religieuse s'est notablement altérée sous l'action
de Lamennais. Georges Doutrepont.
78. — Maurice Souriau, Les Idées morales de Victor Hugo (Phi-
losophes et penseurs). Librairie Bloud, Paris, rue Madame, 4,
1908, 10 1 p. petit in- 8. o fr. 60.
Pour l'utile et économique collection des « Philosophes et pen-
seurs » M. Souriau a accepté de consacrer aux Idées morales de Victor
Hugo une étude objective ; et l'histoire littéraire, d'après lui, a cette
l38 LE MUSEE BELGE.
qualité, « une étude sur Pascal, sur Bossuet ou sur Voltaire n'est
scientifiquement faite que si le lecteur est incapable, à la fin du livre,
de deviner si le critique est janséniste ou moliniste, catholique ou
protestant, religieux ou sceptique » : voilà la définition que donne
M. Souriau dans un autre livre, Moralistes et poètes, dont nous reparie-
rons.
Le savant éditeur de la Pré/ace de Cromwell ne suppose ni n'oppose
rien à son auteur : il Texpose. Il suit les évolutions du liseur et de
l'écrivain, les constate par des textes bien choisis. Victor Hugo jeune
méprisait infiniment Bonaparte, ce « despote, empereur d'un camp ».
Il déplorait que « durant les onze années de son ombrageuse tyrannie,
un Corse gardé par un Mameluck, n*eût pu rencontrer le poignard
d'un Français » (p. lo). Peu d'années après, le même Hugo com-
posait VOde à la Colonne, puis déifiait Napoléon, et il écrivait :
Je garde le trésor des gloires de l'empire :
Je n'ai jamais souffert quon osât y loucher.
M. Souriau. qui rappelle ces vers (p. 43), ne se demande pas si
V. Hugo était un menteur ou un amnésique ; il a raison : les poètes
ne relèvent pas de la logique vulgaire. V. Hugo était sans doute de
bonne foi, et serein.
Les idées ae V. Hugo : ces mots pourraient faire sourire. Encore
qu'elles aient occupé la critique de Renouvier, ces idées ont été trop
souvent résumées de façon simpliste. Taine manifeste sa répugnance
pour le « charlatanisme métaphysique n des Contemplations ; M. Faguet,
après avoir analysé de très belles strophes (La vie est courte. Le
bonheur pour les jeunes filles est dans la vertu, etc.), trouve que
V. Hugo métaphysicien dit un peu longuement ce que le personnage
de Molière exprimait ainsi : Peste ! où prend mon esprit toutes ces
gentillesses? — Heine demanda un jour à un cocher de fiacre qui
venait de prononcer le mot Idu, ce qu'il appelait de ce nom ; « c'est,
répondit le cocher bourru, une bêtise qu'on se fourre dans la tête » ;
et Heine reconnut qu'effectivement le mot avait cette acception dans
les Idées sur le droit constitutionnel, titre d'un ouvrage composé par je
ne sais plus quel professeur de Gôttingen. Heine était subtil exégète.
Comme M. Souriau Test aussi, il constate (p. 9) que « l'exposition
des idées morales de Victor Hugo est surtout l'histoire de ses varia-
tions » ; il se fait le Bossuet de ces variations, mais ce n'est point,
comme l'historien du protestantisme, pour rendre le Protée mépri-
sable. Sarcey disait que V. Hugo s'était renouvelé quatre ou cinq
fois; on dirait aujourd'hui qu'il « évoluait », qu'il évoluait infatiga-
blement, comme s'il avait lu VOrigine des espèces. Autant chercher la
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. iSq
pliilosophie d une ancienne gazette que celle du grand poète ; seule-
inent, les lieux communs trombones par le génie peuvent recevoir
<ies formules frappantes : et la philosophie proprement dite en laisse-
t-elle beaucoup plus ?
M. Souriau nous présente successivement i) V. Hugo légitimiste
et catholique (i8i8 1829), 2) V. Hugo chrétien, monarchiste et libéral
(1829-1832), 3) V, Hugo déiste, bonapartiste et républicain (i832-
i85 1), 4) V. Hugo anticatholique et républicain socialiste (i852-i885),
5) le testament moral de V. Hugo.
La pensée du poète est à la remorque de son temps. Parmi les
plus curieuses influences qu'elle subit, remarquons celle de Lamen-
nais. Celui-ci décide (p. Bg) l'auteur de Noire Dame à supprimer delà
première édition de février i83i les deux chapitres symboliques
« Abbas beati Martini et « Ceci tuera cela » (formule que nous avons
étudiée dans VArchiv de Herrig, 1907) Lamennais exerça une action
considérable sur le christianisme de Lamartine, de Hugo, et même,
un instant, de Sainte-Beuve, qui donnait à tous de belles espérances
rapidement déçues. Le cas de Hugo a été élucidé par le livre de
M. Chr. Maréchal, Lamennais et Victor Hugo
Echo sonore mis au centre des polémiques, V. Hugo répète ce qui
fait beaucoup de bruit. Il ignore la science de son siècle; et des
philosophes il ne comprend guère que le nom propre; il se trompait
facilement sur les titres mêmes de leurs œuvres.
Si Ton cherchait une formule générale de ses idées successives, on
y trouverait, comme dans les spiritualismes de MM. Victor Cousin,
Homais, Jules Simon, Joseph Monneron, un christianisme débaptisé
et édulcoré, préparé pour les bonnes gens La niaiserie candide est
souvent évitée par le fait que le poète, au lieu de forcer son talent en
philosophant, s'abandonne à des émotions harmonieuses, et atteint à
la grandeur mystique des simples, des enfants, et de l'âne de Balaam :
car son génie mythogène voit le vrai à Toeil nu.
D après des théologiens aussi suspects qu'Ernest Renan et Arsène
Houssaye, Hugo se croyait sûr d'aller retrouver Dieu dans son
paradis ; et si, en y entrant, il n'a aperçu qu'un fauteuil, il s'y sera
hardiment assis. Vous répondrez : Amen, quand vous aurez lu l'ex-
cellent exposé de M. Souriau. A. Counson.
Langues et Littératures germaniques.
79-80. — C. Wright, Historical german grammar. Vol. I : Phonology^
Word ' formation and accidence (The student's séries of historical
and comparative grammars, vol. I). Oxford, University Press
(H. Frowde), 1907. In-80, xvi-3i6 pp. 6 sh.
n
I4O LE MUSÉE BELGE.
Li. Sfltterlin, Die deutsche Sprache der Gegenwart Ein Handbuch fur
Lehrer, Studierende und Lehrerbildunganstalten. Zweite, stark
verânderte Auflage. Leipzig, R. Voigtlânder, 1907. In •8'*, xxviii-
452 pp. 7 m.
Voici deux publications pour Tétude de la langue allemande qui
méritent de fixer Tattention des professeurs de l'enseignement moyen
et de tous ceux qui s'occupent de l'étude approfondie de l'allemand.
Le livre de M. Wright est le premier volume d'une série de
manuels, à l'usage des étudiants à l'Université, sur la grammaire his-
torique et comparée des langues germaniques, et en même temps le
premier volume d'une grammaire historique complète de l'allemand.
Le titre en indique le contenu ; les trois grandes divisions du livre
sont consacrées respectivement à la phonétique, à la formation des
mots et à la morphologie. Pour être complet, il ne manque à l'ouvrage
que la syntaxe; ^L Wright nous apprend, dans son avant-propos,
que cette partie sera traitée par son collègue le D^ Fiedler et qu elle
paraîtra probablement dans le courant de cette année. — Quels sont
les mérites de ce manuel? Une disposition méthodique de la matière;
ime grande clarté dans l'exposé; un contenu très riche : M. Wright
ne se borne pas à des indications sommaires ; il explique tout au long,
avec une profusion d'exemples à l'appui. A la fin du volume se trouve
une liste des mots et locutions traités ; elle en renferme environ 4000.
C'est à l'usage des commençants que l'auteur a écrit ce manuel ; il ne
leur donne que des résultats acquis, des faits incontestables, évitant
d'entrer dans Texamen des difficultés spéciales et des points contro-
versés. Par suite, pas de discussions dans son livre, ni de références;
rien qu'un exposé suivi, dogmatique.
Bien différent est l'ouvrage de M. Sutterlin. Tout d'abord, il
s'adresse à un public dont l'allemand est la langue maternelle, qui se
trouve donc dans des conditions tout autres. Ensuite, il embrasse une
matière beaucoup plus vaste, poursuit un autre but et est conçu sur
un autre plan A part l'introduction (pp. 1-21). où l'auteur examine
brièvement ce que c'est que la langue, la grammaire, la place
qu'occupe l'allemand dans le groupe germaniqne et les grandes
divisions de son histoire, le livre se compose aussi de trois parties.
La première comprend la phonétique (p. 22-85); la seconde la mor-
phologie (pp. 86-281 ), et correspond donc aux deux autres du manuel
anglais; le troisième traite de la syntaxe (pp. 282-421). M. Sutterlin
n'a nullement voulu écrire une grammaire historique de l'allemand,
mais un exposé de ce que c'est que l'allemand de nos jours, comment
on le parle et comment on l'écrit, interprétant les phénomènes obser-
vés au moyen des renseignements de l'histoire de la langue, de la
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I4I
psychologie, de la linguistique générale. Cest avant tout à l'intention
ci es professeurs et futurs professeurs qu'il a entrepris ce travail, et
<^eux-ci en tireront grand profit. L'ouvrage a eu du succès; en rela-
t:ivement peu d'années, la première édition a été épuisée. L'auteur a
soigneusement revue celle-ci, il l'a modifiée en beaucoup d'endroits ;
3.insi il a profité des dernières recherches pour corriger et compléter la
première partie (phonétique); dans le traité de la formation des mots,
il a fait ressortir davantage le côté sémasiologique ; enfin la syntaxe
a. été presque entièrement remaniée. C. Lecoutere.
81. — A. De Ridder, Sttjn Streuvels. Zijn îeveii en zijn werk. Tweede
vermeerderde en omgewerkte druk. Amsterdam, L.-J. Veen, s. d.
(1907). In-80, 204 pp. 2 fl.
Stijn Streuvels est sans contredit l'écrivain flamand le plus puissant
et le plus original de l'époque contemporaine. M. De Ridder lui a
consacré une monographie, qui a été épuisée en quelques mois et
<lont il nous présente une nouvelle édition, sensiblement modifiée
et beaucoup plus étendue, enrichie de plus d'un certain nombre de
portraits et gravures. C'est surtout la première partie (la partie bio-
graphique) qui a reçu des développements. L'étude est divisée en
cinq chapitres ; les deux premiers traitent de « l'homme » et les deux
suivants de son u œuvre n ; le dernier est une espèce de synthèse, assez
malheureusement intitulée : a Streuvels et l'art flamand ». Cest un
livre qui intéresse surtout à cause du sujet; quant à l'appréciation de
M. De Ridder et à ses principes de critique littéraire, qu'il n'est pas
possible de discuter ici, ils sont plus d'une fois contestables.
C. Lecol'tere.
82. — F. Buitenrust Hettema, Taal- en dickter étudies. Zwolle,
W. E. J. Tjeenk Willink, 1908. In-8«, viii-264 PP- ^ ^ 9^.
Dans ce volume, M. Buitenrust Hettema a réuni un certain
nombre d'articles qui avaient paru dans l'excellent périodique Taal en
Lettcren (de 1890 à 1906). Le contenu en est assez varié, bien que tous
aient pour objet l'étude de la langue et de la littérature néerlandaises.
Tous sont conçus dans le même esprit et fondés sur les mêmes prin-
cipes. M. Buitenrust Hettema est un rénovateur; il prêche une
nouvçUe méthode d'enseigner la grammaire et la littérature, méthode
qui tienne compte des données de la linguistique, de la psychologie
et de l'histoire et s'appuie, non sur des théories admises sans contrôle,
mais sur l'observation consciencieuse et impartiale des faits eux-
mêmes. Sans aucun doute, il faut lui donner raison, mais son zèle le
pousse parfois trop loin. Malgré quelques exagérations — qui ne
142 LE MUSéE BELGE.
portent d'ailleurs que sur des points de détail, non sur les questions
principales — son livre mérite d'être lu et médité ; bien plus, qui-
conque veut échapper, dans l'enseignement des matières dont il
s'agit, à la fatalité de devenir un esclave de la routine, devra slnspirer
de ses considérations et ne pas trop les négliger dans la pratique.
C. Lecoutere-
83. — G. Kalff, Geschiedenis der Nederlandsche letterkundc^ 3« deel.
Groningen, J.-B. Wolters, 1907. In-8*, viii-58o pp. 6 fl. 5o.
M. Kalff poursuit sa belle entreprise avec une ardeur et un zèle
qu'on doit admirer. Les volumes de sa magnifique histoire se
succèdent les uns aux autres plus rapidement qu on n aurait osé
l'espérer. Nos lecteurs connaissent le caractère général de cet ouvrage
(voyez Bulldin, X, 127-129; XI, 322); il suffira de leur indiquer que
ce troisième volume embrasse la plus grande partie du xvi® siècle
(de i520 environ à 1600) : la période de la Réforme et de la Renais-
sance. Il forme le livre IV de tout l'ouvrage, et M. Kalff l'intitule :
tt la littérature pendant la formation de l'État hollandais ». Nous
voyons, en effet, pendant le courant de ce siècle, les centres de la
vie littéraire se déplacer insensiblement. Des origines jusqu'alors,
les provinces flamandes étaient restées à la tête de la littérature
et de la vie intellectuelle en général; à la fin du xvi* siècle,
elles ont perdu cette prépondérance. C'est dans les provinces septen-
trionales que fleuriront désormais les belles lettres, et entre le Sud et
le Nord il ne régnera plus, comme auparavant, une unité morale ;
au contraire, sous presque tous les rapports il y aura séparation.
C'est ainsi que se termine la première période de l'histoire de la
littérature néerlandaise.
La Réforme et la Renaissance, voilà les deux grands facteurs qui
qui ont déterminé la marche et le caractère de la littérature pendant
la période traitée ici par M. Kalff". C'est donc à démêler ce qui est dû
à leur influence que le savant auteur consacre cette partie de son
travail. Seulement l'action de ces facteurs n'a pas été si simple ; il y
eut alors des courants qui se croisaient en tous sens. L'impression
que laisse la lecture de ce volume, c'est qu'il s'y agit d'une époque
très compliquée et qu'il était difficile de faire ressortir clairement
l'enchaînement, l'évolution et les rapports des faits multiples qu'elle
embrasse. * C. Lecoutere.
Histoire et Géographie.
84. — Ernest Marx, Studien zur Geschkhte des niederîàndischen Auf-
stanacs, Leipzig, Duncker et Humblot, 1902. In-S<», viii-482 p.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I43
10 m. 80. (Leipziger Studien aus dem Gebiete der Geschichte hrsg.
von G. Buchholz, K. Lamprecht, E. Marcks, G. Seeliger. III, 2).
11 n'est jamais trop tard pour présenter aux lecteurs du Bulletin un
ouvrage aussi capital que le présent travail ds M. E. Marx sur les
antécédents de la révolution du xvi*^ siècle aux Pays-Bas. L'auteur a
cru que le meilleur moyen de préparer une étude critique sur les
sources de la première partie des mémoires de Joachim Hopperus(i),
était d'établir les faits qui se sont déroulés dans nos contrées de i55g
à 1 564, d'après les données sérieusement confrontées des documents
imprimés de l'époque.
Ce qui recommande le travail de M. Marx, c'est, à côté de la con-
naissance et de la mise en œuvre à des points de vue nouveaux des
sources volumineuses de cette période, une richesse extraordinaire
d'information, une appréciation impartiale des hommes et des
événements, un exposé clair et méthodique, une critique pénétrante.
Ces qualités ont permis à l'auteur de contrôler l'autorité des chroni-
queurs et des auteurs de mémoires, de corriger une foule,[d'erreurs
commises par ses devanciers, et d'établir d'une façon [que nous
croyons définitive, plusieurs points de cette époque troublée de notre
histoire.
La figure de Philippe II, prince espagnol et catholique, ^esprit
clairvoyant, mais caractère irrésolu et toujours enclin à des mesures
dilatoires ; le rôle de Granvelle, incarnation de la politique^absolutiste
espagnole et chef incontesté du gouvernement ; la place de la Consulta
dans la direction des affaires ; les mobiles de l'opposition dont les
intérêts personnels se confondaient avec nos intérêts nationaux j le
problème des convictions religieuses du prince d'Orange ; les détails
sur la personnalité de Simon Renard ; la résistance du haut clergé
régulier à la création et à la dotation des nouveaux évêchés ; le
changement d'attitude de Marguerite de Parme à l'égardj'de son
premier ministre ; les circonstances du départ de Granvelle, toutes
ces questions sont traitées mieux que partout ailleurs dans le présent
ouvrage. Ajoutons que le point de vue économique est largement
pris en considération et que l'influence réciproque des facteurs
religieux et politiques, tant du côté de Philippe que de celui^ de
l'opposition est excellemment mise en relief.
Nous croyons utile de résumer brièvement ce beau livre.
Après avoir exposé l'organisation politique et religieuse des Pays-
Bas (chap. I et II), l'auteur fait le tableau de la situation déplorable
de nos provinces au début du règne de Philippe II (chap. III). Les
(1) Cette ci^de n'est, que j- sache, pas encore publiée.
r
144 LE MUSÉE BELGE.
sources de la richesse nationale étaient taries ; la détresse ûn^ndèœ
du gouvernement était extrême ; les provinces étaient épuisées par les
levées d'impôts. D*où naquit parmi la population un vif ressentiment,
accru encore par le maintien trop prolongé des troupes espagnoles.
Les chapitres suivants traitent plus spécialement des causes qui
provoquèrent l'opposition des diverses classes de la société au Goa-
vernement. Au point de vue pécuniaire, les nobles, endettés par un
luxe effréné et la passion du jeu , espéraient trouver dans un change-
ment de régime une amélioration de leurs finances ; au point de vue
politique, les griefs de l'aristocratie, accumulés depuis la régence de
Marie de Hongrie n'étaient pas seulement d'ordre personnel, mais ils
trouvaient aussi leur origine et leur justification dans un S3rstème de
gouvernement représenté par la personne de Granvelle. Les adver-
saires, Guillaume d'Orange en tête, ne pouvaient se résigner à être
mis à l'écart des affaires publiques. La prédominance de Granvelle,
l'homme de confiance de Philippe II et de Marguerite, le maître de
la Consulta, avait excité parmi eux une hostilité irréductible et
toujours grandissante, qui se justifiait aisément par la nécessité de
défendre le pays sacrifié aux intérêts de la monarchie d'Espagne.
L'opposition se trouva renforcée par la création et principalement
par le projet de dotation des nouveaux évêchés, mesure religieuse-
ment et politiquement nécessaire, mais mal accuellie et dont Todieux
fut rejeté à tort sur Granvelle. Le haut clergé, surtout régulier, y vit
une lésion de ses droits acquis, les nobles un moyen de les exclure
des dignités épiscopales et un danger pour l'indépendance de l'État,
le peuple une voie pour introduire l'Inquisition espagnole. Aussi la
résistance (chap. VIII), qu'opposèrent à ces innovations les prélats
réguliers soutenus par les États de Brabant, fut des plus violentes.
Le refus de payer les impôts consentis et d'accorder les aides fut l'arme
principale des adversaires pour modifier de fond en comble le projet
de dotation et restreindre considérablement le droit de nomination
aux bénéfices majeurs, concédé au Roi par induit pontifical. Cette
résistance des États de Brabant eut son contrecoup dans les provinces
du Nord. Les magistrats d'Anvers s'opposèrent aussi avec acharne-
ment à l'érection d'un évêché dans cette ville.
La politique d'intervention de Philippe II en France, motivée par
des raisons politico- religieuses, troubla encore davantage la situation
des Pays-Bas (chap. VI). Le conseil d'état fait échec aux ordres du
roi d'envoyer deux mille hommes des bandes d'ordonnance et de
lever des troupes allemandes pour soutenir les Médicis, par crainte,
disait-il, d'une invasion de l'Allemagne dans nos provinces. Il se fit
ainsi que l'intérêt de la conservation de notre pays tt les relations de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
l'aristocratie néerlandaise avec les Huguenots de France et les pro-
testants d'Allemagne unirent les adversaires du Gouvernement et les
-ennemis anticatholiques de TEspagne dans une commune opposition à
- ce royaume. C'est dans ce chapitre, que l'auteur examine le problème
-<ies dispositions religieuses du Prince d'Orange. Ce fut en religion
un indifférent, qui se convertit au protestantisme par ambition et
pour des visées politiques. Au chapitre suivant, l'auteur décrit l'acti-
vité incessante des factieux dans leur lutte contre Philippe et Gran-
velle. Les adversaires exploitent avec habileté la détresse financière
<iu gouvernement pour arriver à plus d'influence dans la direction
<les affaires et diminuer le pouvoir royal : il lui enlèvent la libre dis-
position des aides consenties par les Ëtats; ils forment le projet de
mettre le prince d'Orange à la tête des États de Brabant, en lui en
attribuant le protectorat ; ils travaillent à changer les États généraux
en corps constitutionnel et délibératif ; ils mettent en branle tous les
corps de la nation, ils trouvent griefs sur griefs, accusations sur accu-
sations à l'adresse de Granvelle, contre lequel ils se liguent, pour
travailler à sa chute et à son éloignement. L'inimitié qui divisait
Oranvelle et Simon Renard se rattache à ce chapitre.
Le premier ministre et ses protecteurs ne pouvaient opposer à une
attaque aussi formidable que de faibles moyens de défense (chap. IX).
Les tentatives faites pour diviser l'opposition restent vaines, les me-
sures de temporisation de Philippe sont mal accueillies ; les seigneurs
refusent d'exécuter les ordres du Roi et de participer encore aux
affaires publiques. Le revirement qui se produisit dans le camp car-
dinalice précipita les événements. Marguerite de Parme, persuadée
que le bien du pays exigeait le renvoi de Granvelle, abandonna
son premier ministre. Le départ de celui-ci fut décidé, nonobstant
le conseil du duc d'Albe de ne point céder à l'opposition . Celui-ci
voyait juste en disant que le départ de Granvelle ne serait que le
prélude de nouvelles prétentions.
Bien que cette étude se caractérise par les qualités que nous avons
fait remarquer plus haut, elle n'est pas cependant en tous points défi-
nitive. Elle s'occupe trop des chefs de l'opposition, sans examiner
suffisamment si ce mouvement avait atteint la masse de la nation ;
• elle appuyé trop sur le rôle des États de Brabant, sans tenir assez
compte des autres provinces. Nous croyons aussi qu'un peu plus de
synthèse aurait montré plus clairement les mobiles surtout personnels
du parti séparatiste et principalement de son chef, Guillaume le
Taciturne. M. Marx nous semble un peu sévère pour juger la con-
duite de Granvelle, comme aussi son appréciation des nouveaux
évêques nest pas assez éclairée. Nous regrettons enfin l'absence de
bonnes tables. A. De Meester.
146 LE MUSÉE BELGE.
85. — N. Valois, Histoire de la pragmatique sandùm de Bourges som
Charles VIL Paris. A. Picard, 1906. In-8, cxcii-288 p. 10 fr.
(Archives de Vhistoire religieuse de France^ t. IV).
De Dément V jusqu'à la soustraction d'obédience à Benoît XIII,
bien qu'en principe, au xiv« siècle, les papes d'Avignon se soient
réservé le droit de pourvoir à la presque totalité des bénéfices fran-
çais, en fait, il exista une sorte de concordat tacite entre eux et les
pouvoirs publics, les grands du royaume, les coUateurs ordinaires et
les corps constitués, comme les Universités. Pour les bénéfices
mineurs, des rôles étaient adressés au Pape qui généralement les
confirmait ; quant aux bénéfices majeurs, le roi désignait ses candi-
dats par le moyen d'ambassadeurs, de courriers, ou de lettres, dont
celle adressée par Charles VI à Benoît XIII, que je publiais récem-
ment (i), peut servir de modèle.
La soustraction d'obédience bouleversa entièrement cet état de
choses. Au nom des libertés gallicanes, les collateurs ordinaires
prétendirent recouvrer leurs droits de provision et les chapitres élire
les abbés ou les évêques.
La nature des rapports, qui semblaient devoir exister entre les
princes chrétiens et la papauté, ne fut pas nettement fixée par les
pères de Constance, et Martin V se contenta de passer avec les
diverses nations du concile des transactions provisoires. Celle qui
fut consentie à la France le 2 mai 141 8 reconnut, en certains cas, le
droit des électeurs et partagea entre les collateurs ordinaires et le
Saint-Siège la provision aux bénéfices non électifs. Ce régime,
Martin V conserva toujours le secret espoir de le modifier à son avan
tage : ce but, il l'atteignit après d'habiles et pointilleuses négociations.
Dans la partie de la France soumise à l'Angleterre, malgré des
résistances, le concordat de 1418 fut appliqué; bien plus, en 1425
et 1430, il fut amélioré au mépris des principes gallicans. Les
collateurs ordinaires ne conservèrent le droit de pourvoir aux béné-
fices mineurs que dans les mois de mars, juin, septembre et
décembre. Dans les provinces françaises , tout autre fut lattitude du
gouvernement : ayant d'abord afiiché une indépendance absolue à
l'égard du Saint-Siège, il tenta de s'en rapprocher, se repentit de son
esprit de conciliation, puis finalement conclut la convention de
Genazzano (21 août 1426), semblable à celle qui avait été agréée
en 1425 par le régent anglais. Ce nouveau régime, qui marquait une
victoire pour la politique de Martin V, resta en vigueur jusqu'à la
mort du pontife.
(i) Une lettre close inédite de Charles V/dans le Moyen âge^ 1906, 3oi-3o3.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I47
Dès son avènement, Eugène IV s'empressa de proroger la conven-
tion de Genazzano. Dans les provinces, anglaises le régent, sacrifiant
ikcilement l'intérêt du clergé, préféra accepter de nouveau un régime
qui lui était largement favorable. Charles VII, au contraire, profita
des difficultés que créait au Saint-Siège le concile de Bâle, pour
reg^agner le terrain perdu sous le pontificat de Martin V. L'accord
passé avec ce pape était, prétendait-il, tombé en désuétude par le fait
même du décès d'un des contiactants. D'autre part, il ne souciait pas
de s'entendre avec Eugène IV, bien qu'il prodiguât de bonnes paroles
par ses ambassadeurs. Il lui était, en effet, plus avantageux de solli-
citer Vintervention du Saint-Siège quand une élection contrariait ses
intérêts ou d'accepter des candidats qui étaient choisis presque
toujours parmi ses favoris; quitte, par ailleurs, à protester énergique-
ment contre toute provision qui ne lui conviendrait pas.
Cependant le régime imprécis qu'avait préféré Charles VII ne
pouvait durer. Le roi assembla quelques membres de son clergé à
Bourges et, sans entendre au préalable ni Eugène IV ni les pères de
Bâle, il sanctionna de son autorité la fameuse Pragmatique Sanction,
qui restreignait notablement l'intervention romaine dans les affaires
ecclésiastiques du royaume, réduisait les taxes pontificales au cin-
quième de ce qu'elles étaient avant le concile de Constance et faisait
rentrer les électeurs et les collateurs ordinaires dans leurs anciens
droits.
Jusqu'ici les historiens répétaient que la Pragmatique Sanction
avait été intégralement appliquée par le pouvoir royal. M. Valois a
prouvé péremptoirement qu'il n'en fut rien. La Pragmatique Sanction
ne fut qu'une machine de guerre. Selon les intérêts de la politique,
elle fut ou observée ou violée outrageusement. Comme par le passé,
le Saint-Siège pourvut à des évêchés ou intervint dans des élections
siu le désir du roi. Le principe des élections ne fut qu'un leurre :
les électeurs se virent contraints d'obéir à leur souverain et de faire
violence à leurs préférences. A Saintes, le temporel de l'évêque fut
saisi, parce que le favori de la cour n'avait pas été élevé à une dignité
qu'il ambitionnoit. Le droit d'expectative enlevé au pape fut immé-
diatement rétabli au profit du roi. Plus que jamais, entre clercs les
procès se multiplièrent. De même qu'au temps du Grand Schisme, le
mot mélancolique du chroniqueur n'était que trop juste : o Ainsi
Sainte Église, quand l'un la tond, l'autre Técorche » (i).
Malgré qu'une telle situation lui fournît des avantages précieux,
(1) Cfr Ch. Samaran et G. Mollat. La fiscalité pontificale en France au XIV*
siècle. I*ari8, igoS, p. 162.
148 LE MUSÉE BELGE.
Charles VII, peut-être pour mettre sa conscience à Tabri de reproches,
négocia à diverses reprises un nouveau concordat avec Eugène IV,
Nicolas V, Calixte III et Pie II ; mais toutes les tentatives de rap-
prochement échouèrent par suite de l'intransigeance du Saint-Siège,
qui exigeait labrogation officielle de la Pragmatique Sanction et
surtout aussi par suite de l'opposition des prélats gallicans. En 1450,
par exemple, craignant qu'un accord ne se fît, le parti libertaire n'en
vint-il pas jusqu'à imaginer de présenter à l'assemblée du clergé
réunie à Chartres la célèbre Pragmatique Sanction de saint Lx>uis?
M. Valois n'a pas de peine, après bien d'autres, à prouver le faux.
Il est plus intéressant de noter qu'il se refuse à en rejeter la respon-
sabilité sur Thomas Basin et qu'il en rend responsable quelqu'un de
l'entourage de Gérard Machet, adversaire passionné de Rome,
confesseur du roi, qui dès 1445 y fait allusion dans un discours
retrouvé à la Bibliothèque Nationale. Autre détail curieux; quoique
dès l'abord elle eût été suspectée, la Pragmatique Sanction de saint
Louis n'en devint pas moins ime arme redoutable pour la défense des
théories gallicanes. G. Mollat.
Notices et annonces bibliographiques.
86. — La maison Teubner a confié à Rudolf Helm le soin de faire une nouvelle
édition des œuvres d*Âpulée. Jusqu^ici les métamorphoses seules ont paru (1907).
Chose curieuse, Tauteur a repris presque toutes les conjectures des philologues
anciens. Dans V Index virorum doctorum, quorum coujecturae in apparatu critico
commémorant ur^ on relève les noms d'Aide, Politien, Acidalius, Brantius, Calvius,
Dousa, Elmenhorst, Faber, Gruter, H^insius, Lipse, etc. Vapparatus criticus est
considérable ; il paraît même un peu chargé, quoique bien conçu. L*auteur nous
expliquera probablement les motifs et le but de ses nouveaux procédés dans la pré-
face qui paraîtra en tête de l'édition des Florides.
87. — A. Gudemaji, Grundriss ^ur Geschichte der klassischen Philologie,
Teubner, Leipzig, 1907. v-224 pp. 8".
Traduction d'un ouvrage anglais : Outlines of the History of Classical PhilologY
(Boston, 1897), remanié et mis au courant des travaux récents. Ce n*est pas uo traité
complet mais une esquisse de l'histoire de la philologie; cependant ce sera un excel*
lent complément à l'encyclopédie de Hûbner (1882) ; il rendra service aux étudiants
qui veulent se mettre au courant du mouvement p'iilologique de notre siècle, autant
qu'à ceux qu'intéresse l'étude de la philologie dans l'antiquité, au moyen âge ou
à l'époque humanistique.
88. — Ludwig^ Mitteis, Rômisches Privatrecht bis auf die Zeit Diokletians,
\f Band : Grundbegriff und Lehre von den juristichen Personen. Leipzig. Dunckcr
und Humblot, igo8. xvi-416 pp.
Ce livre nouveau fait partie de la grande collection publiée par Binding (Handbuck
der deutschen Rechiwissenschaft), L'auteur s'est efforcé de donner à son étude le
plus de clarté possible. Sa bibliographie, très complète, n'oublie aucun des travaux
récents sur ces questions.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I49
89. — Georges Groyau, Sainte Mêlante (383-439), Lecoffre, rue Bonaparte, 90,
Paris, 1908. 1 volume in-ia de x-21 1 pp. 2 fr. (Colleciion a Les Saints »).
La vie de sainte Mélanie la Jeune et de son mari Pinien est un des épisodes
les plus attachants du progrès des idées chrétiennes au déclin de Tempire romain,
Les découvertes archéologiques du Cardinal Rampolla étaient récemment venues
l^éclairer d'une lumière nouvelle. La science consommée et le talent d'exposition de
M. Georges Gayau y ajoutent des rapprochements d'un grand intérêt historique. On
suivra donc avec curiosité et émotion les efforts que les deux jeunes gens, si ten-
drement unis, ont dû faire pour se dépouiller, malgré les lois romaines qui le leur
défendaient, de leur immense, de leur fabuleuse fortune ; on les retrouvera mêlés à
toutes les grandes œuvres et à tous les illustres personnages de leur époque. Plus
historique que les livres si populaires de Fabiola et de Quo Vadis, puisque c'est un
livre où tout est rigoureusement authentique, ce nouveau volume de M. Goyau ne
sera pas trouvé moins attrayant.
90. — Eduard Sch'wartz, Eusebius Kirchengeschichte. Kleine Ausgabe. Leipzig,
Hinrichs, 1908. 4 m. ; relié toile : 4 m. 80.
En même temps que paraît le second volume de Y Histoire ecclésiastique d'Eusèbe,
publiée par M. Schwartz dans la collection des Griechische christ liche Schri/tsteller,
la maison Hinrichs met en vente une petite édition du même ouvrage en un seul
volume. Le texte est le même que celui de la grande édition, et les pages de celle-
ci sont indiquées en marge ; il en résulte que les Prolégomènes et les Index^ qu»
paraîtront Tan prochain pourront servir à l'une et à l'autre. Le texte delà traduction
latine de Rufin, revu par Th. Mommsen pour la erande édition, est ici laissé de côté.
L^apparat critique donne un choix des variantes les plus importantes.
91. — Dans la Berliner philologische Wochenschrift (igo8, p. 342-345), M. F. Haug
a rendu compte de l'ouvrage important que M. H. Van de Weerd a publié sous
ce titre ; Étude historique sur trois légions romaines du Bas-Danube. Il conclut :
Somme toute, nous quittons ce livre en exprimant la haute estime que nous avons
pour la prudence et le soin dont l'auteur a fait preuve, comme aussi pour la justesse
de ses vues et la clarté de son exposé.
92. — Chr. Baur, O. S. B., Saint Jean Chrysostome et ses œuvres dans l* his-
toire littéraire. Essai présenté à l'occasion du xv« centenaire de saint Jean
Chrysostome. Louvain, 36. vue. de Bériot; Paris, Fontemoing, 1907. In-S», xii-
3i2 p. 5 fr. (Université de Louvain. Recueil de travaux publiés par les membres
des conférences d'histoire et de philologie.)
Dans cette étude, le R. P. Chr. Baur a groupé et critiqué toute la littérature
de l'Église grecque et de 1' [église latine sur la vie et les œuvres de saint Jean Chry-
sostome. Le plan est si vaste qu'on n'est pas étonné de trouver quelques lacunes
dans son exécution ; on peut aussi relever quelques inexactitudes de détail ; au sur-
plus, les négligences typographiques laissent deviner que l'impression du travail
s'est faite hâtivement.
Toutefois l'ouvrage est un morceau d'histoire littéraire de grande valeur. L'auteur
s'est livré à un immense labeur de dépouillement et de lecture; sa critique est sobre
et généralement judicieuse ; les matériaux ont été heureusement disposés.
On souscrira volontiers au jugement déjà formulé par M. S. Haidacher, professeur
au Séminaire de Salzbourg, l'un des savants les plus instruits au sujet de saint
Jean Chrysostome : « l'ouvrage de Dom Baur... est le meilleur travail bibliogra-
phique sur saint Chrysostome et qui dépasse de loin tous les travaux antérieurs
de ce genre... • I. V.
l5o LE MUSÉB BELGE.
93. — Albert Diifonrcq, Histoire comparée des religions païennes et de la reH-
gion juive, jusqu'au temps d'Alexandre le Grand, 1 vol. in- 16. 3 fr. 5o. Paris.
Bloud et C^*, 4. rue Madame.
L'ouvrage de M. Dufourcq, professeur à TUniversité de Bordeaux, naguère pubtié
8OUS le titre de L'Avenir du Christianisme^ a ootenu un si prompt et si rmoc succès
qu'une nouvelle édition est devenue nécessaire. C'est le premier volume de cette
édition que nous présentons aujourd'hui au public. Le cadre de l'ouvrage s'est con-
sidérablement agrandi, puisque la matière du précédent volume in-8 sera répsrtîe
en quatre volumes in- 13. Le premier tome, qui vient de paraître, étudie Cépoqm
orientale du Passé chrétien. Six chapitres sont consacrés : i» aux religions égjrp-
tiennes; 2° aux religions sémitiques (Babylonic, Arram, Palestine); S"» aux religioos
aryennes (Grèce, Rome, Gaule; ; 40 à la religion juive au temps des patriarches et
de Moïse ; S» à la religion juive au temps des prophètes ; ô® à la religion juive an
temps de l'Église d'Israël, rêvée par Ezéchiel et construite par Néhémic- Une courte
conclusion compare l'un avec l'autre les deux développements religieux et dééan
leurs rapports par le mot divergence.
L'auteur — dans ce livre aussi bien que dans ses autres ouvrages — a entcndi:
faire une œuvre rigoureusement objective et critique ; les idées qu'il expose lui ont
été inspirées par l'étude impartiale des faits. Comme il n'a pu lui-naêone, pour
construire une aussi vaste synthèse, lire tous ses textes, il s'est astreint à n'utiliser
que les travaux de première main, ceux de Maspéro, du R. P. Lagrange, de Chan-
tepie de la Saussaye, de Wissowa et du Dictionary of the Bible d^ Hastings ; un
hébralsant éminent a bien voulu revoir tout ce qui touche à l'histoire d'Israél. Une
bibliographie très abondante permet le recours immédiat, soit aux documents, soit
aux travaux autorisés. Cet ouvrage ne peut manquer d'attirer l'attention de ceux qui
savent que l'histoire des religions est le terrain sur lequel semblent devoir se livrer^
entre croyants et incrédules, les plus rudes et les plus prochains combats.
94. — StammHeyne's Uljîias oder die uns erhaltenen Denkmàler- der gotiscken
Sprache, Text, Grammatik, Worterbuch. Neu herausgegeben von F. Wrede
(Bibl. der àltesten deutschen Literatur- Denkmàler, BJ. I), ii«édit. Padcrborn,
F. Schoningh, 1908. In-S®, xxvin-490 pp. 5.6o m.
Nous avons signalé dans ce Bulletin (t. VU, p. SjS) la dixième édition de VUlJîlas
de Heyne, à laquelle M. Wrede avait collaboré dans une assez large mesure. Après la
mort du professeur de Gôitingue, c'est ce collaborateur qui a assumé la charge de
préparer les éditions subséquentes. Du vivant de Heyne, M. Wrede avait déjà
refondu la grammaire ; dans celte nouvelle édition, il a soumis le texte à une revi-
sion complète, tout en se plaçant à un point de vue conservateur. Le dictionnaire
surtout a subi des modifications, bien que l'auteur déclare lui même, à la p. xv, qu'il
reste encore beaucoup à revoir dans cette partie de la publication. Toutes ces cor-
rections, qui ne regardent que des points de détail, prouvent que M. Wrede suit
avec attention le mouvement scientifique et applique, dans une mesure prudente,
les résultats acquis. De cette façon, il atteindra son but, à savoir que le manuel
continue, longtemps encore, à initier les jeunes germanistes à l'étude du gothique.
C. L.
95. — Unterrichtsbriefe fur das Selbststudium der niederlàndischen Sprache^
bearbeitct von C. J. Vierhout und Ch. Aliéna. Berlin, G. Langenschcidt,
1908 (paraît par fascicules de 32 pp. j gr. m 8. Le fasc. : 1 m.
La firme Langenscheidt de Berlin publie une collection de manuels pour ap-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l5ï
-prendre les langues étrangères sans le secours d*un professeur. Ils consistent en
uine série de « lettres », chaque lettre contenant deux leçons, et chaque leçon ren-
:f«rmant un texte avec traduction et remarques diverses, une partie grammaticale
«ivec toutes les explications nécessaires, puis des exercices variés et des devoirs, dont
l.e corrigé est donné dans une leçon suivante. Ces manuels ont été rédigés à Tin-
Mention du public allemand et s'adressent à des adultes instruits.
Je ne veux pas apprécier en ce moment cette méthode; Toccasion s'offrira d'elle-
même, quand sera achevée la publication du cours de langue néerlandaise, dont on
n'a adressé les deux premières «lettres» (leçons 1-4). Les deux collaborateurs
auxquels a été confiée la rédaction de ce cours sont en état de nous renseigner avec
exactitude sur la manière dont on parle et écrit le néerlandai» ; de ce côté il y a,
parait-il, suffisamment de garanties. Tout dépendra donc de l'exécution, de la mé-
thode, de la distribution de la matière. Les deux premiers fascicules (l'ouvrage
coniplet en aura 36) ne permettent pas un jugement. L» partie grammaticale s'occupe
principalement du substantif et du pronom ; la première leçon est consacrée tout
entière à la description détaillée des sons isolés et à l'accentuation. Par là ce
chapitre n'est pas terminé ; en effet, la prononciation des sons isolés, spécialement
des consonnes, se modifie sensiblement par la rencontre d'autres sons dans la
phrase ; on pourrait donc s'étonner que, dès l'abord, les auteurs n'aient pas consacré
4quelques paragraphes aux lois du sandhi. Peut-être donneront-ils ces indications
nécessaires dans une leçon suivante ; ils auront eu sans doute leurs motifs pour les
différer jusque-là. C'est pourquoi il semble prudent de suspendre notre apprécia-
tion ; une soixantaine de pages d'un livre qui doit en contenir un millier, c'est trop
peu pour se prononcer. Force nous est donc d'attendre les livraisons suivantes.
CL.
96. — Loquela van G. Grezelle tôt woordenboek omgewerkt, Anvers, Nederland-
sche boekhandel. Fasc. 3-5 (pp. 97-240). Le fasc. : 1 fr.
Nos lecteurs savent (Bulletin^ t. XI, p. 397) que quelques disciples de Gezelle ont
entrepris de rééditer le contenu du périodique Loquela (publié par Gezelle de 188 1
à 1895) sous forme de dictionnaire, de répertoire alphabétique,pcrmettant beaucoup
de retrouver plus facilement les articles (mots et locutions). Depuis que nous leur
avons annoncé cette entreprise, trois nouvelles livraisons ont paru ; elles nous
mènent jusque vers le milieu de la lettre K (kegge). On le voit, la publication se
poursuit régulièrement. Nous aurons à y revenir quand elle sera achevée. C. L.
97. — Fried. Meyer, Ver^eichnis einer Gœthe-Bibliothek, Leipzig. Dycksche
Buchhandlung, 1908.
Beau volume, grand 8<*, de 707 pages, contenant une bibliographie complète des
écrits relatifs à Gœthe. Elle commence en l'année 1749 et finit en 1905 ; elle ne
comprend pas moins de 7683 n<», livres, articles de revues, de journaux, etc. Il est
inutile de faire ressortir l'importance d'un travail si considérable. Ceux qui s'occu-
peront désormais de Gœthe trouveront dans ce catalogue tous les renseignements
indispensables à leurs études.
98-100. — Ont paru les volumes VIII, IX et XIII des Deutsche Texte des Mit-
telalters publiés par l'Acndémie de Berlin (Berlin, Weidmann, 1907). Le volume VIII
contient VApokalypse de Heinrich von Hesler publiée par Karl Helni; après un
examen minutieux des mss, celui-ci a cru devoir prendre pour base le ms. de la
bibliothèque de Danzig. Dans le volume IX, Karl Kochendoerffer publie le
poème intitulé : Von Siben Ingesigeln que Tilos von Kulm (magister Tylo de
•Culmine) composa au xiv® siècle en l'honneur de Luder von Braunschweig et de
l52 LE MUSÉE BELGE.
rOrdre tcutonique. C'est une imitation d*un modèle latin, le Libellus septetn sigillo-
mm : l'un et Tautre sont conservés par un ms. de Kœnigsberg. Enfin, dans le
volume XI II, qui vient de paraître (1908, 4 m.), M. G^ost Guth publie Der Grosse
Alexander diaprés le ms. de Wemigerode dont deux pages sont reproduites en
héliogravure. — Sur cette collection, voy. ce Bulletin, t. IX, p. 345.
101. — M'i* G. G. Van de Grait vient d^éditer. dans le Klassiek Letterkundig
Panthéon^ une des tragédies les moins étudiées de Vondel : J. v, Vondels Afaeghden
uitgegeven en toegelicht. Zutphen, W. J. Thieme et 0«, s. d. (iqo8). In- 16. i3a pp,
o.3o fl. Elle a joint au texte un commentaire explicatif, qui a le mérite d'éviter tout
ce qui est superflu pour Tintelligence des passages expliqués, qui n'est donc pas
soi-disant c< savant » ; une étude sur la pièce, spécialement sur la légende de sainte
Ursule, ouvre .le volume. C. L.
103. — G. Burghard, Die Meistenverke der deutschen Literatur (von KIopstock
bis zur Gegenwart) in Ausjçûgen. Classes de seconde et de première. Paris,
E. Cornély, s. d. (1908). In-16. vi-SSô pp. 3 fr. 5o.
a Le présent volume a été rédigé conformément au paragraphe suivant du pro-
gramme officiel des auteurs allemands pour les classes supérieures des lycées :
Lectures choisies dans les principaux chefs-d'œuvre de la littérature... Nous avons
commencé cette étude des chefs-d'œuvre de la littérature allemande à une époque
où la langue de nos voisins s*est fixée, c'est-à-dire avec le deuxième âge classique, et
nous Tavons conduite jusqu'à la période tout à fait contemporaine à laquelle nous
avons, dans un souci d actualité, fait une part très-large. »
Voilà ce que dit, dans sa préface, Fauteur de cette collection d'extraits. Apparem-
ment, il donne un sens très large au mot chef-d'œuvre , et bien que l'énoncé du
paragraphe susdit : « principaux chefs-d'œuvre» implique une restriction, il semble
d'avis qu'il ne faut pas être sévère. Dans les 55o pages de son recueil, il donne
l'hospitalité à une bonne centaine d'écrivains, soit en moyenne 5 pages par créateur
de chefs-d'œuvre ; beaucoup même n'obtiennent qu'une ou deux pages. N'eût-il
pas été préférable de limiter le nombre des auteurs et des œuvres, mais de donner
en revanche de copieux extraits de productions réellement remarquables et de valeur
incontestée? C. L.
io3. — P. Henkens, S. J. Lectures allemandes. Ouvrage refondu par W. von
und zur Mûhlen, S. J. Septième édition, revue et corrigée. 3« partie, à l'usage du
cours supérieur. Liège, H. Dessain, 1907. In-80, viii-486 pp.
Depuis de nombreuses années, les Lectures allemandes du P. Henkens sont
employées dans un certain nombre de collèges, entre autres dans ceux des Jésuites,
où l'enseignement de la langue allemande, purement facultatif d'ailleurs, est divisé
en un « cours inférieur » et un « cours supérieur ». Cet enseignement est sans lien
aucun avec les autres branches du programme, les langues modernes étant toujours
considérées comme ne faisant pas partie intégrante des humanités. Il faut se sou-
venir de cette organisation pour juger avec équité le livre du P. Henkens. Bornons-
nous à dire que ces Lectures^ qui visent, d'après la « préface », non seulement à
instruire l'élève, mais encore à l'intéresser, sont divisées en deux grandes parties ;
la première (pp. 1-228; est consacrée aux genres en prose (narrations, idylles»
descriptions, portraits, lettres, etc.), l'autre (pp. 329-443) à la poésie : genres didac-
tiques, lyrique, épique et dramatique. Ce dernier, comme presque toujours dans
des livres de cette espèce, est mal représenté. Le P. Henkens lui donne 43 pages,,.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l53
que remplirsent des extraits de six pièces classiques ; l'auteur aurait-il vraiment
▼oulu donner par ces quelques bribes une idée du genre dramatique ?
Un résumé de l'histoire de la littérature allemande (pp. 444-475) termine le volume.
C. Lecouterb.
104. — P. Gtoessler, Das roemische Rottweil hauptsàchlich auf Grund der
A'usgrabungen vont Herbst içoô. Stuttgart, Metzler, 1907. 2 m.
Est-ce que Rottweil sur le Ncckar est bâti à l'emplacement d'Arae Fiaviae, dont
Torigine remonte à l'un des trois empereurs Flaviens, probablement à Vespasien ?
La question est discutée, mais l'établissement des Romains sur ce point, dès le
i^ siècle, est prouvé par les trouvailles nombreuses qu'on y a faites. Des fouilles
forent exécutées à plusieurs reprises de 1784 à 1906. Les dernières furent entreprises
en igoôsous les auspices d'une commission officielle et surveillées par M. le D' Peter
Goessler, qui en publie le compte rendu. Après avoir rappelé les différentes ques-
tions historiques et archéologiques que soulève la ville de Rottweil, il fait l'historique
des fouilles antérieures et décrit minutieusement celles qu'il a dirigées en 1906.
Elles n'ont permis de résoudre aucune des questions douteuses, pas même celle de
ridentification d'Arae Flaviae et de Rottweil. Elles ont été fructueuses cependant.
On a trouvé d'abord un fragment d'une grande inscription impériale, qui est peut-
être de Vespasien et de ses tils, et puis les fondations de trois grandes et riches
villas, qui fournissent des éléments nouveaux sur ce genre de construction et sur
les exploitations agricoles chez les Romains. Il est à souhaiter que ces fouilles
soient continuées. La brochure contient 3 plans, une planche et 16 gravures dans
le texte. J. P. W.
io5. — L. Van der Essen, Étude critique et littéraire sur les Vitae des saints
mérovingiens de l'ancienne Belgique Louvain, 36, rue de Bériot ; Paris,
A. Fontemoing, 1907. In-8, xx-446 p. 7 fr. 5o. (Recueil de travaux publiés par
les membres des conférences d'histoire et de philologie. Fasc. 17.)
Sous le nom de saints mérovingiens, M. Van der Essen entend les saints qui ont
vécu, d'après leur Vita, pendant la période qui s'étend de l'avènement des rois francs
de la dynastie mérovingienne au couronnement de Pépin ijSi). Dans le cadre de
Tancienne Belgique, il place ceux de ces personnages qui appartiennent aux antiques
diocèses de Liège, Cambrai-Arras, Tournai, Térouanne, Utrecht. En ce qui concerne
ce dernier diocèse, saint Willibrord seul est étudié : c'est que parmi les saints du
nord, lui seul peut être vraiment regardé comme saint de l'ancienne Belgique.
Pour donner une idée plus concrète de l'objet matériel du travail, il paraît utile
de relever ici les noms des saints étudiés.
I. Diocèse de Liège : Ste Gertrude, S. Arnoul de Metz, S. Lambert, S. Hubert,
SS. Ursmer et Ermin, S. Bertuin, S. Trond, S. Remacle, SS. Wiron, Otger et
Plechelm, Stes Harlinde et Reinule, S. Bérégise. S. Hadelin, S. Landelin, S. Do-
don, S. Théodard, S. Monon, S. Foillan, S. Monulphe, S. Gondulphe, S. Domitien,
Ste Landrade, Ste Amelberge, vierge, Ste Begge, Ste Ragenufle, Ste Ode d'Amay,
veuve, Ste Ode, vierge, Ste Rolende, S. Evermar.
II. Diocèse de Cambrai-Arras : S. Géry, S. Vaast, Stes Aldegonde et Waudru,
S. Sauve, S. Ghislain, S. Rictrude, S. Eusébie, S. Mauronte, S. Amé, S. Jonas,
S. Aubert, S. Vindicien, S. Maxellende, Stes Aldetrude et Madelberte, S. Vincent
de Soignies, S. Landri, S. Humbert, Stes Gudules, Rdnelde, Amelberge, veuve,.
S. Etlon ou Zè, Stes Pharaîlde, Ermelinde, Berlinde, Bertille, Dimphne et Alêne.
m. Diocèse de Tournai: S. Éloi, S. Amand, S, Bavon, S. Landoald, S. Liévin,
S. Mommelin, fe. Gérulphe, S. Basin, S. Éleuthère, S. Arnoul de Cysoing.
l54 LB MUSÉB BELGB.
IV. Diocèse de Térouanne : S. Orner, S. Bertin, S Winnoc, S. Josse, S. Vulmer,
S. Silvin, S. Lugle, S. Luglien, Ste Berthe, S. Bertulphe, S. Erkembodon.
V. Diocèse d'Utrecht : S. Willibrord.
Le travail comprend cinq chapitres, consacrés respectivement aux saints des cinq
diocèses mentionnés. Dans chaque chapitre, M. Van der Essen examine les Vitœ
dans Tordre chronologique : les saints dont la Vita apparaît la première sont étudiés
en premier lieu. De plus, pour chaque saint en particulier, il donne d'abord une
courte biographie critique du personnage, puis il examine toutes les Vitae qui oot
célébré les gestes de ce saint depuis Tépoque mérovingienne jusqu'au xv« siècle.
A part les saints du diocèse et pays de Liège, les personnages étudiés dans ce
mémoire n*avaient pas encore fait Tobjet d*un examen approfondi et leurs Vitae
n'avaient pas encore été suffisamment examinées au point de vue de la provenance
et de la valeur.
De cette étude il ressort que peu de Vitae contemporaines nous ont été conser-
vées : la majeure partie des biographies sont postérieures, et souvent de plusieurs
siècles, à la mort du héros qu'elles célèbrent. De là, la grande part de l'élément
légendaire dans toute cette littérature hagiographique. A propos de chaque saint,
M, V^an der Essen cherche à démêler les données légendaires : il les examine i
partir de leur apparition dans les Vitae consacrées au saint, et en détermine le
développement à travers toutes les productions subséquentes. Il est ainsi amené à
étudier de près les procédés littéraires des hagiographes : de cet examen ressort
une conclusion d'une grande hnportance. C'est que toutes ces Vitae sont en relation
littéraire les unes avec les autres : elles forment de véritables cycles. Cette conclu-
sion a été rendue plus palpable par l'ajoute d'un tableau graphique où se dessinent
ces divers cycles littéraires et s'aperçoivent leur interdépendance, même d'un diocèse
à l'autre. En finissant, l'auteur explique l'origine de ces cycles, il en donne les types
caractéristiques, et montre que. sur l'ensemble de l'hagiographie mérovingienne,
ce sont les anciennes Vitae de sainte Radegonde, de saint Eloi. de saint Arnoul de
Metz et la Vita Richarii d'Alcuin qui ont exercé une grande influence.
Une table alphabétique des saints et une table détaillée des matières termine cette
savante et importante étude.
Jusqu'ici nous n'avons cependant que la partie analytique de l'œuvre entreprise
par M. Van der Essen. Un second volume est annoncé sous le titre La formation et
le développement de l'hagiographie mérovingienne en Belgique. Souhaitons que ce
travail de synthèse ne tarde pas à paraître. Nous nous permettons aussi de conseiller
au sympathique auteur de donner une attention particulière à l'amélioration de son
style et de ses procédés d'exposition. I. V.
106. — Dom Ij. Grougaud a publié, dans la Revue des Questions historiques
{octobre, 1907), une fort intéressante notice sur les Xoms anciens des Iles Britan-
niques, En voici les conclusions :
1) L'Irlande s'appelait, à lépoque du vieil irlandais, Eriu, Le nom (VErin^ déno-
mination poétique de nos jours, n'est que le datif d'Eriu, Eriu a fourni posté-
rieurement £ri, Erie^ Ire^ d'où l'on a formé, à l'époque saxonne, les composés
Eireland^ Irlande qui apparaissent au xi« et xii« siècles, chez Adam de Brème et
Orderic Vital, En latin, lîle s'appelle, exceptionellement,dans la Confessio et VEpis-
tola de Saint Patrice, Hiberio. Les noms ordinaires sont Hibernia, Scottia, Ce
dernier vocable a donné lieu à beaucoup de méprises, et non moins son dérivé
Scotti, employé pour désigner les missionnaires et voyageurs irlandais qui ont abordé
au continent. Le terme Scotti n'apparaît que dans la seconde moitié du iv« siècle,
et, jusqu'au x* siècle finissant, c'est exclusivement aux Irlandais qu'il s'applique.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l55
2) Alba^ c'est le nom que portait anciennement Hle de Bretagne tout entière. Les
Orecs et les Latins disaient Albion. Vers le xi« siècle, le nom se restreignit à la partie
septentrionale de l'île, et la dénomination Scotia, qui devait prévaloir, commence
aussi à être employée à cette époque. Au ii* siècle avant notre ère, nous trouvons le
nom latin de Britannia, A Tarrivée des Anglo>Saxons, ce nom, tout en continuant à
désigner llle tout entière, s'applique plus spécialement au pays des Bretons de
rOuest, tandis que les territoires anglo saxons se nommèrent Anglia, Saxonia,
transmarina Saxonia , parfois Germama. Quant au composé ethnique Anglo'
sajcon. le savant auteur en a retrouvé la première mention dans VHistoria de gestis
Langobardorwn de Paul Diacre (f 783) [III, 23].
Cette étude, qui a dû coûter de patientes recherches, est appelée à rendre d'ap-
préciables services à tous ceux qui auront besoin d'interpréter ces (dénominations
dans les écrits et les documents du moyen âge. Au point de vue hagiographique, la
contribution de Dom L. Gougaud est des plus précieuses.
L. Van der ëssen.
107. — Bernard AIlo, Foi et systèmes, Paris, Bloud et C*«, 4, rue Madame.
3 fr. 5o. (Collection Études de philosophie et de critique religieuse),
L*auleur, qui est professeur à l'Université de Fribourg (Suisse), a voulu
distinguer la Foi, connaissance toute divine dans son principe et son objet,
du bloc des systèmes humains dont le plus vrai est loin d'atteindre au carac-
tère absolu de la Foi. Harnack a parlé d'une « Essence » du christianisme, d'un
fait de doctrine primordiale et intangible, à distinguer dans la masse des idées
religieuses des chrétiens. L*auteur, catholique, ne lui donne pas tort en cela. Il sait
bien que, à travers le flux et le reflux des opinions philosophiques et autres, il y a le
fait Immuable de la révélation du Christ, qui, dans l'Église catholique, n'a pas
changé depuis dix-neuf siècles. Sans doute ce n'est pas à la façon du protestant
Harnack qu'il conçoit ce fait. Mais lui aussi le croit indépendant de toutes les rela-
tivités historiques postérieures, et sait que tous les développements ce authentiques»
de la doctrine ne servent qu'à rendre ce fait plus lumineux pour nous, à nous foire
mieux pénétrer dans son essence. Telle est Tidée centrale de ces pages, dans les-
quelles l'auteur, en traitant de cet unique problème sous difllérents aspects, et en
touchant même à quelques questions préliminaires ou connexes, s'est efforcé de
n'user que de la vraie critique « réaliste » qui est la seule de mise là où les intérêts
les plus graves de l'âme humaine sont en jeu. Après la récente Encyclique ponti-
ficale qui montre si éloquemment la nécessité, pour les catholiques, de dégager la
a Foi » de certains c< systèmes 9, et qui même leur impose le devoir de faire un
ce choix » parmi les « systèmes », le livre de M. Allô, si lumineux, si libre de toute
compromission, sera le bienvenu auprès de tous ceux qui ont senti toute la gravité
d'une question qui intéresse la conscience de tous les chrétiens.
108. — Sous le titre Condamnation du modernisme. Documents, la librairie
Casterman (Tournai et Paris, 1907) a publié une brochure de 121 pages, qui contient
les pièces suivantes : i» Encyclique Pascendi; 2° Décret du Saint-Oflice Lamenta^
bili sane; 3° Instruction du Saint-Office pour l'exécution de ce décret; 4*^ Allocution
consistoriale du 17 avril 1907 ; 5° Condamnation du Rinnovamento^ 29 avril 1907;
6® Instruction de la S. C. des Evéques et Réguliers du 21 juillet 1896, sur la fréquen-
tation des Universités civiles; 7° Constitution jDe F/i/e du Concile du Vatican. En
regard du texte latin se trouve une traduction française. La brochure porte Vimpri'
matw de l'évéché de Tournai.
109. — Le volume XVII de Meyer^s Grosses Konversationslexikon, qui va jus-
qu'au mot Schônebeck^ consacre dès le début une notice à Rogier et à Rolin-Jacque-
l56 LE MUSÉE BELGE.
myns. Très remarquable est Tarticle sur Rome (i5 pages); il est accompagné d'an
plan du vieux Rome, du forum et du Palatin, d'un plan de la nouvelle ville et de
ses environs, d'un registre des noms de rues etc. Suit Immédiatement un excellecr
aperçu sur Thistoire du roman, suivi d'une bibliographie, dans laquelle Touvraige
de Kreyssig aurait pu être mentionné à côté de celui de Rehorn. Outre un article
sur les langues romanes, il s'en trouve un, très intéressant, sur la métrique romane.
La bibliographie sur l'école romantique est absolument complète et la notice est
illustrée des portraits des romantiques allemands. Une amélioration sensible consis-
terait à indiquer dans la bibliographie par quelques mots la nature, la tendance et
la valeur de l'ouvrage cité. L'empire romain est amplement traité. On remarque
d'abord un exposé de l'histoire de sa littérature, puis un article sur les monnaies,
ensuite sur la mythologie, le droit, l'histoire, ce dernier illustré de cartes historiques.
Deux planches d'une grande finesse et netteté montrent sous neuf faces les résultats
des rayons Roentgen. L'écrivain flamand M. Rooses est cité; quatre colonnes sont
accordées à Rubens. La Roumanie et particulièrement sa littérature sont traitées en
dix pages ; la carte géographique, qui comprend aussi les pays avoisinants, fixe
l'attention. L'article sur les runes est illustré. De nombreuses cartes et illustrations
de tout genre accompagnent les articles concernant la Russie (60 pp.). A l'article
sur la Saxe sont adjointes trois cartes, représentant le royaume, la province et les
duchés saxons. Comparativement aux autres articles littéraires, celui sur la satire
paraît un peu maigre. Les progrès de cette édition sur la précédente se mesurent à
des articles comme celui sur le poète Scheffel, article qui laisse tout au plus à désirer
quelques détails sur les chagrins intimes du poète, dont il est fait mention. L'artictdT
sur le mot Schiff mérite une mention à cause de sa riche illustration ; il en est de
même des articles à propos des mots Schlangen, Schlingpflanzen, Schmarotzer-
pflanzen, Schmetterlingen, Schmicdekunst, Schmucksachen, Schnecken, Schnell-
pressen, où l'on trouve une abondance de magnifiques tableaux en couleurs.
110. — Les hasards de l'alphabet amènent dans le volume 18, qui est entièrement
consacré à la lettre S, une abondance d'articles sur les pays, tels que T Ecosse, la
Souabe, la Forêt-Noire, la Suède, la Suisse, la Sicile, le Siam, l'Espagne, la Serbie,
la Styrie ; ces notices sont en général très copieuses, accompagnées de jolies cartes
en couleurs. Le premier de ces articles, celui sur l'Ecosse, expose, par exemple,
tour à tour la formation des côtes, la nature du sol, la géologie, le climat, le règne
végétal et animal, la superficie et la population, le commerce, la constitution et
l'administration, l'histoire, la littérature et la langue du pays. Des mots rtches en
dérivés et en composés, tels que Schrift^ Schule^ Schut:^^ See^ Staat^ occupent une
place considérable, que l'illustration encadre abondamment. Citons dans cet ordre
les tableaux concernant l'écriture des principales langues, les moyens de défense
des plantes et des animaux, les cartes maritimes, et ultérieurement les magnifiques
planches, qui accompagnent les articles soleil, analyse spectrale, squelette, forma-
tion de la houille et des lacs, et de nombreux noms de plantes et d'animaux. Il y a
lieu de mentionner en outre la carte géologique de la Forêt Noire, la carte linguis-
tique générale, la carte de la constitution politique mondiale, celle des gisements
de minerais, etc., etc.
Les littérateurs flama.ids Sleeckx et Snellaert reçoivent une notice biographique,
ainsi que Stecher. Vu la richesse de l'information sur les écrivains contemporains
allemands de quelque marque, on s'étonne de ne pas rencontrer le nom du poète
suisse Cari Spitteler. beaucoup plus important que maint autre dont il fait mention.
La bibliographie à propos de l'article Sprachwissenschaft aurait pu mentionner
l'ouvrage de Mauthner, Beitràge -fM einer Kritik der Sprache, L'un des nombreux
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. ïSj
-suppléments spéciaux de ce volume est consacré à la sténographie et comprend
quatre tableaux illustrés. H. B.
m. — Camille Flammarion, Initiation astronomique, ouvrage orné de 89 fig.
Paris, Hachette et 0«, 1908. 2 fr.
II n'est pas nécessaire d'ennuyer le lecteur pour l'instruire, et si, pendant tant de
siècles, Vastronomie, la plus belle des sciences, celle qui nous apprend où nous
sommes et qui nous dévoile les splendeurs de l'univers, est restée à peu près ignorée
de rimmense majorité des habitants de notre planète, c'est parce qu'elle a toujours
été mal enseignée. Rendons la intéressante, et aidons maîtres et élèves, parents et
enflants à bien lire le grand livre de la nature.
C'est dans ce but que ce petit livre a été écrit. Il est modestement destiné « aux
éducateurs de l'enfance, aux parents, à la jeune mère de famille, au père, à l'insti-
tuteur, à ceux qui ont, entre leurs mains, ces petites têtes curieuses à éclairer, ces
iimes inexpérimentées à guider, ces questionneurs incessants à satisfaire. »
Il forme le second volume de la Collection des initiations scientifiques, fondée
par C. A. Laisant.
CHRONIQUE.
112. — Académie flamande. Programme de ses concours. Suite. (Voir tome XI,
p. 404-405.)
VooP 1910. — 7. — Middelnederlandsch. Klankleer van het Hollandsch
dialect in de middeleeuwen.
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op dcze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1909 ingezon-
den te worden.
8. — Gewesttaal. Idioticon van het 8t-Truidensch dialect.
Prijs : 600 fi*., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behoorer. uiterlijk op 3i December iqog inge-
zonden te worden.
q. — Geschiedenis. Een volksboek over de geschiedenis der beschaving in
Vlaamsch'Belgiè.
(De Schrijver zal de verdiensten onzer vaderen op het gebied der beschaving doen
uitschijnen; hun geesteslevcn : godsdienst, kunst, letteren; hunnen strijd voor de
vrijheid en voor het stoffelijk bestaan in het licht stcllen. — Het verlangde boek
rooet derwijze opgevat en bewerkt zijn, dat het een voortreifelijke leiddraad wezen
kan voor de leeraars van het Middelbaar Onderwijs.)
Prijs : 1000 fr., of een gouden gedenkpenning van geli)ke waarde.
10. — Onderwijs. Geschiedenis (van zuiver pazdagogisch standpunt) van het
4>nderwijs in drie graden^ in Belgié, tijdens de Fransche overheersching en onder
de regeering van Willem /.
Prijs : 600 fr,, of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1909 inge-
zonden te worden.
11. — Vak- en Kunstwoorden. Eene volledige lij'st van de Nederlandsche vak-
woorden van het Spelden- of Kant'werken, met opgave van de gewcstelijke
woorden en met vermelding, zooveel mogelijk, van de Fransche, Hoogduitsche en
Engelsche benamingcn. Tôt opheldering worden de afbeelding van het gebruikt
:gcreedschap en teekeningen van kantwerk verlangd.
(Voor de gewestwoorden, plaats of slreek aangeven).
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
l58 LE MUSÉB BELGE.
VooP 1911. — 12. — Middelnederlandach. Klankleer van het Overysdsdk
dialect in de middeleeuwen ,
Pnjs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op dtzt prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1910 inge-
zonden te worden.
i3. — Dialectstudie. Topographische grens van het West- en Oostviaamsck
dialect,
Prijs : 400 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op dtze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1910 inge-
zonden te worden.
N. B. Deze vraag is de eerste van eene reeks die aile Ncderiandsche diaiectea
zal omvatten. Bij gebleken belangstelling, is het de bedoeling der Académie eerst
de hoofddialecten, daarna de onderdialecten in kaart te brengen.
14. — Letterkunde. Repertorium der Verhandelingen en bijdragen betreffende
de Nederlandsche Letterkundt in de i6«*«, i;*»», iS*»», ig**» en begin 20» eeuw^ het^
af:(onderiijk, het:^if in tijdschriften en mengelwerken tôt op 1910 verschenen,
Prijs : 600 fr,, of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Als model voor de stoffelijke uitvoering kan dienen : Louis D. Pbtit's Reperto-
rium der Verhandelingen en bijdragen van de geschiedenis des Vaderlands (Leideo,
Brill, 1905. vlgg.).
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1910 inge-
zonden te worden.
t5. — Vak- en Kunstwoorden. Eene volledige lijst van de Nederlandsche vak»
woorden van de Brou'werU, met vermelding, zooveel mogelijk, van de gewest-
woorden en van de Fransche, Hoogduitsche en Engelsche benamingen. Tôt
opheldering wordt de afbeelding van de werktuigen verlangd.
Voor de gewest woorden, plaats of streek aangeven.
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
PARTIS PÉDAGOGIQUE. iS^
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
LES PRExMIERES PAGES DU PRO MILONE
ESSAI D'ANALYSE LITTÉRAIRE
par V. GÉRARD, professeur au Collège N.-D. de Bellevue, à Dinant (i)
On regarde généralement le Pro Milone comme le chef-d'œuvre
oratoire de Cicéron. Ce qui, de tout temps, a valu à ce plaidoyer les
suffrages des lettrés, c'est le talent qui s'y déploie dans Tingénieux
enchaînement des parties, la belle ordonnance de la composition, la
puissance et la profondeur du sentiment, la perfection du style. Nous
admirons tout cela sincèrement avec les anciens ; mais nous sommes
moins sensibles aujourd'hui à un autre mérite, que Tantiquité prisait
très haut, et qui à nos yeux constitue bien moins un sujet d'admira-
tion qu'un objet de curiosité : la prodigieuse souplesse d'un esprit
délié et subtil, les ressources inépuisables d'une dialectique insidieuse.
Nous nous ferions scrupule de ne point condamner ouvertement, au
nom de la morale, cet art prestigieux de 1 avocat retors, qui, prenant
sciemment pour point de départ un mensonge flagrant, lui donne, à
force d'habileté, mais au prix de mille mensonges de détail, toutes les
apparences de la vérité. Cette réserve faite, nous pensons qu'il n'est
pas sans utilité d'examiner de près, et pour ainsi dire à la loupe, cette
trame ténue et compHquée : à ce travail d'analyse et de critique
l'esprit s'aiguise, le jugement s'affine et s'affermit.
Nous poursuivons donc ici un double but : d'abord, mettre en
lumière les moindres détails du plan, dans la partie du discours qui
nous paraît la plus travaillée ; en second lieu, suivre dans tous ses
circuits la marche tortueuse de la pensée, pour en pénétrer les secrets,
en apprécier la valeur, en déjouer les ruses De là deux parties dans
ce travail : le plan détaillé et l'analyse critique.
(i) Ouvrages consultés : G. Boissier, Cicéron et ses amis^ 1 1^ édition. Parti,
Hachette, 1899. — L. Laurand, Études sur le style des discours de Cicéron, Paria^
Hachette, 1907. — Krekelberg et Remy, Les formes typiques de liaison et ctargU'
mentation dans Véloquence latine. Namur, Wesmael, 1896. — Marcel, Analyse
oratoire du plaidoyer de Cicéron pour Milon. Paris, Hachette, i833. — Éditîan
Halm-Laubmann, Berlin, Weidmann, i885; Lechateluer, Paris, Poussielgue, i^oS :
J. Martha, Paris, Colin, 1896; R. Nollet, Paris, Belin (sans date); A. Wagemer^
Bruxelles, Société belge d'éditions, 1898.
l6o LE MUSÉE BELGE.
EXORDE (§§ 1-5).
Plan.
ire Partie : L'orateur exprime sa frayeur : a Etsi vereor... pos-
simus. »
I. Il l'avoue et la condamne : « Etsi... non posse. »
II. Il l'excuse en en indiquant les motifs : « tamen... possimus. •
A. D'une manière générale : a tamen... requirunl, »
B. En insistant sur une circonstance : l'auditoire qui enloure
le tribunal : a Non enim... possimus. »
2«e Partie : L'orateur exprime sa confiance : « Quae si... infirin-
gendam. »
Transition : « Quae si... locum. »
I. Confiance inspirée par les intentions de Pompée : t Sed me...
poUicentur. »
A. Sentiments que l'orateur attribue à Pompée : a Sed me...
armare. »
B. Conséquence qu'il en tire : « Quamobrem... poUicentur. •
II. Confiance inspirée par les dispositions de la foule : « Reliqua
vero... neglexit. »
A. Les bons citoyens ont deux motifs d'être favorables à
Milon : a Reliqua... putat. n
B. L'hostilité des autres est une recommandation : « Unum
genus... neglexit. »
III. Confiance inspirée par les dispositions des juges : « Quam-
obrem... intrmgendam. »
Transition : « Quamobrem... deponite. »
A. Les juges sont de bons citoyens ayant à juger un bon
citoyen, persécuté pour sa vertu : a Nam si... recreemur. •
B. Cicéron insiste sur cette dernière idée et en tire une conclu-
sion en faveur de son client : « Quid enim... infringendam. t
Appréciation.
S'il fallait appliquer à cet exorde les dénominations en usage chez
les rhéteurs, nous pourrions peut-être le ranger parmi les exordes
pompeux. Dans certains passages, notamment dans ces phrases :
« Reliqua vero multitudo... » — « Nam si unquam... » l'orateur
affecte d'envisager son sujet d'un point de vue très élevé ; l'émotion
grandit et le ton se hausse. Cependant c'est Vinsinuation qui joue ici
le premier rôle.
Qu'on se rappelle dans quelles conditions ce plaidoyer a été com-
posé. Nous ne possédons pas le discours que Cicéron a prononcé.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. l6l
mais celui qu'il a écrit à loisir après le procès (i). Or on sait que,
devant le tribunal, Tavocat, intimidé par la présence des soldats et
par les clameurs des partisans de Clodius, avait perdu presque tous
ses moyens et était resté fort inférieur à lui-même. Il tenait donc à
réparer cette brèche faite à sa réputation d'orateur et à expliquer la
frayeur qui avait tant nui à son plaidoyer. Mais la tâche était délicate :
tout en introduisant dans l'exorde une explication plausible de son
écliec et en Tattribuant à des mesures d'intimidation, dont il rendait
Pompée responsable, lorateur devait rester dans les limites de la vrai-
semblance et en même temps respecter les convenances oratoires, en
ménageant le consul et les amis que celui ci comptait parmi les jurés.
C^est i ce double dessein que répondent les deux parties de Texorde.
£n outre, l'orateur s'accorde la satisfaction de se venger malicieuse-
ment de Pompée, en lui faisant entendre qu'il n'est pas dupe de sa
politique équivoque (2) : la phrase a Sed me recréât... », principale-
ment les mots « reum telis militum dedere... temeritatem multitu-
dinis auctoritate publica armare » sont pleins de sous-entendus. En
résumé, deux sentiments sont censés se partager l'âme de Torateur au
moment où il prend la parole : la crainte et l'espérance ; c'est lexpres-
sion habilement calculée de ce double sentiment qui constitue le fond
de l'exorde.
Même si le discours avait été prononcé tel qu'il est écrit, nous
devrions reconnaître que la situation de l'orateur était embarrassante.
11 s'adresse à un auditoire prévenu, composé, du moins en partie, de
juges dévoués à Pompée ou subissant son prestige; il a aussi à com-
battre le mauvais effet produit par l'attitude provocatrice de Milon;
enfin la faction de Clodius exerçait une pression redoutable. Aussi
fallait-il plus que jamais chercher à se faire écouter et surtout à gagner
la bienveillance de l'auditoire en luttant contre ses préventions. Quels
moyens Cicéron emploie-t-il pour y arriver?
D'abord, la crainte modérée qu'il exprime et son attitude, si diffé-
rente de celle de Milon, lui donnent un air de modestie, qui est de
nature à plaire aux auditeurs ; cette crainte ne doit pas nuire à son
client, car il l'explique comme une frayeur purement organique et non
comme une marque de méfiance; elle conciliera à l'orateur l'indul-
gence que Ton accorde volontiers à un homme intimidé. Avouons
cependant qu'il est quelque peu plaisant de lentendre plus loin attri-
buer aux juges la frayeur dont il a lui-même à rougir : « Timorem,
si quem habetis, deponite. n
(1) V. Laurand, o. c, p. 12, 17. — Éditions de Martha et de Nollet, Intro-
duction.
(2) V. Commentaire d'AscoNius, i3, 16, 22, dans Téd. de A, Wagener^ pp. 19,
-22, 27.
102 LB MUSÉE BELGE.
En second lieu, Cicéron a lart d'expliquer d'une manière favorable
k sa cause l'attitude de son client : c'est, dit -il, un effet de sa grandeur
d'âme et de son dévouement à la République.
En troisième lieu viennent les éloges adressés à Pompée, à la foule
des bons citoyens , aux jurés. Ceux-ci sont littéralement accablés
d'épithètes élogieuses; Cicéron va jusqu'à appliquer aux trois ordres,
parmi lesquels ils sont choisis, l'épithèle « amplissimus », ordinaire-
ment réservée à l'ordre sénatorial.
Enfin Milon est représenté comme une victime des mauvais citoyens.
L'orateur cherche à exciter la pitié des juges et, pour atteindre plus
sûrement son but, il se joint à son client et le fait bénéficier des sym-
pathies dont il jouit personnellement.
Nous devrions, pour être complet, parler du style de l'orateur, faire
voir avec quel soin extrême il a ciselé ces périodes harmonieuses, ces
phrases d allure si noble et d'un charme si enveloppant, dont la
musique exerçait une action si puissante sur un auditoire romain (i).
Dans réloquence classique, l'exorde n'a pas seulement pour objet
de conquérir les sympathies des auditeurs, mais aussi de les rendre
attentifs et dociles et de leur faire connaître sommairement le sujet.
Cicéron n'avait pas, cette fois, grand effort à faire pour remplir cette
tâche : l'intérêt était excité au plus haut point; Rome entière assistait
aux débats. Néanmoins il s'applique à faire profiter son client de
cette circonstance, lorsqu'il assimile sa cause à celle2de tous les bons
citoyens, à celle de la patrie même : a ...de se, de liberis^^^suis, de
patria, de fortunis, hodierno die decertari putat. ■ Quant au sujet, le
développement s'en trouve ici tout entier comme en germe : non
seulement Milon est innocent, mais il a mérité la reconnaissance de la
dté : ... non modo salutem (non) exstinguendam, sed etiam gloriam
(non) infringendam. »
PROPOSITION (§ 6).
L'orateur ne se borne pas à énoncer purement! et (simplement sa
proposition ; il indique les différents moyens de défense qui s'offrent
à son choix. Lt fait qui a donné lieu aux poursuites n'est pas en dis-
cussion ; il s'agit de prouver qu'il fut légitime, que Milon a pour lui
le droit. Or le droit de Milon peut être établi de troisjmanières :
I** En prouvant que Milon était en cas de légitime défense : « insi-
dias Miloni a Clodio factas » — « illius insidiae clarioresfJhaCjHuce »
— « vitam ab inimicorum audacia telisque impune liceat defenderc. »
C'est le moyen que les Anciens appelaient relatio criminis.
(i) V, L. Laurano, o. c, p. 3 14 et suiv.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. l63
2^ En prouvant, par les services que Milon a rendus à la république,
surtout pendant son tribunal, qu'il a droit au pardon : « T. Annii
tribunatu rebusque omnibus pro salute rei publicae gestis » — a ut
crimen hoc nobis propter multa praeclara in rem publicam mérita
condonetis. » C'est le moyen appelé deprecatio.
3° En prouvant que l'acte posé par Milon a sauvé la république et
que par conséquent il y a tout au moins compensation, si Ton ne
veut pas aller jusqu'à récompenser Milon : a ut, si mors P. Clodii
salus vestra fuerit, idcirco eam virtuti Milonis potius quam populi
romani felicitati assignetis. » C'est le moyen appelé comparatio ou
compensatio.
Entre ces trois moyens Cicéron se prononce pour le premier. Il y
est pour ainsi dire forcé par la position que les accusateurs ont prise.
Il ne parlait qu'après l'accusation; or on accusait précisément Milon
d'avoir tué Clodius avec préméditation et dans un guet-apens. Ce
système d'attaque était connu ; on n'en avait pas fait un secret ; le
défenseur crut ne pouvoir mieux agir qu'en le retournant contre ses
adversaires (i).
Le second moyen de défense aurait manqué de base solide : les
services de Milon n'étaient pas assez éclatants; de plus, l'accusé ne
paraissait pas du tout disposé à réclamer l'indulgence de ses juges.
Aussi, lorsque dans la Péroraison Cicéron adressera des supplications
au jury, il aura soin de se substituer à son client.
Le troisième moyen était prôné par Caton et par Brut us (2). Mais
Cicéron en sentait la faiblesse et le péril. Néanmoins il a l'habileté de
s'en servir au moment où il peut acquérir de la force. Il ne dit pas :
Milon voulait tuer Clodius et il l'a tué; mais : n'eût-il pas eu le droit
de le tuer, on devrait lui savoir gré d'avoir rendu un si grand service
à la république. Les esprits sont préparés, et cette progression est
assurément plus habile que la brusque franchise de Brutus : « Nisi
oculis videritis insidias Miloni a Clodio factas... postulaturi (sumus)
ut, si mors P. Clodii salus vestra fuerit, idcirco eam virtuti Milonis .,
assignetis. »
RÉFUTATION PRÉLIMINAIRE (§§7-23).
Il est d'usage, dans le discours classique, de placer ici la Narration.
Mais lorsque les auditeurs sont prévenus contre la cause, il est néces-
saire de combattre d'abord les préjugés qui fermeraient les oreilles aux
arguments qu'on se propose de développer ; on prépare ainsi le terrain
(1) V. Commentaire d'AscoNius, 3o, dans l'édition de A. Wageneb, p. 39.
(3) V. AscoNfus, ibid.
164 LE MUSÉE BELGE.
sur lequel on s*engagera ensuite à fond. Cette partie du discours s'ap-
pelle indififéremment Préparation ou Réfutation préjudicielle ou Réfu-
tation préliminaire. Or on avait mené contre Milon une campagne si
acharnée, et avec tant de succès, que plusieurs jurés devaient être
fortement prévenus contre lui. C'était Fidée même (Tune défense que
ses adversaires combattaient : on ne défend pas, disaient-ils, uo
assassin qui avoue son crime; on ne défend pas un homme que le
Sénat et Pompée ont condamné solennellement ! Si les jurés parta-
geaient cette manière de voir, il devenait parfaitement oiseux d'entre-
prendre la défense de Milon. Voilà pourquoi Cicéron se met en devoir
d'écarter tout d'abord cet obstacle de sa route. Il le fait avec une
habileté, une audace, une souplesse de pensée et de style, qu'on ne
retrouve, croyons- nous, au même degré, dans aucune autre partie du
discours.
Cette réfutation se divise naturellement en trois parties, correspon-
dant à trois objections préjudicielles posées par la partie adverse. Nous
les étudierons successivement, en en dressant le plan détaillé et en les
appréciant principalement au point de vue du fond.
PREMIER PRÉJUGÉ (§§ 7-J1).
Plan.
Transition : « Sed antequam... videre possitis. » Dans cette transi-
tion, l'orateur annonce la réfutation préliminaire, en donne le som-
maire et la division, et en indique la raison d'être.
I. ÉNONCÉ DE L'OBJECTION : 0 Negant intueri... fateatur. » En
s*avouant l'auteur du meurtre de Clodius, Milon se met ij^so facto
hors la loi.
II. RÉFUTATION : c In qua... judicaretur. »
A. Il y a des cas où le meurtre est légitime : « In qua... porrigi
legibus. »
ire preuve : L'acquittement d'Horace : « In qua... fateretur. •
2« preuve : Principe de jurisprudence en matière criminelle, en
vertu duquel on est admis ou à nier le fait ou à soutenir le droit :
« An est... defendi ? »
3« preuve : Groupe de faits ou de témoignages : le sentiment de
Scipion l'Africain, l'exemple de Servilius Ahala, de Scipion Nasica,
de L. Opimius, de C. Marins, du Sénat, d'Oreste absous par Minerve :
« Nisi vero... liberatum. »
4« preuve : La loi des Douze Tables permet formellement de tuer
dans certains cas : « Quodsi duodecim... porrigi legibus? »
B Le meurtre, qui dans certains cas est licite. Test surtout en cas
PARTIS PÉDAGOGIQUE. l65
de légitime défense ; il est même nécessaire dans ce cas : « Atqui...
judicantur. n
i^ Énoncé général de la thèse : « Atqui si... defenditur. »
2^ Preuves : a Pudicitiam... judicaretur. »
a) On peut tuer pour défendre sa pudeur : preuve constituée par
un acte de Marius : « Pudicitiam... liberavit. »
b) On peut tuer pour défendre sa vie; thèse énoncée : « Insidiatori
vero... nex » et démontrée ensuite :
ire preuve : la coutume de se faire escorter et de porter des armes :
« Quid? comitatus... licere^. »
2* preuve : la loi naturelle : « Est igitur... repetenda. d
«) définition oratoire de la loi naturelle : u Est igitur... imbuti
sumus. »
P) ce qu'elle autorise : « ut, si vita... salutis. » (i)
t) justification : o Silent enim... repetenda. »
3« preuve : la loi Cornelia de sicariis : « Etsi... judicaretur. »
III. Conclusion : « Quapropter... posse ». C'est le résumé delà
réfutation.
Appréciation,
Tel est Tordre apparent de cette première partie de la réfutation.
Mais il existe une autre classification des arguments, que lorateur,
d'après MARCEL (2), a eu le mérite de dissimuler. La voici. La thèse
des accusateurs peut ctre envisagée sous trois angles différents : Si
Milon a commis un assassinat^ la thèse lui est applicable ; mais la
question est précisément de savoir s'il faut appeler assassinat le meurtre
dont il est Tauteur; — la thèse ne lui est pas applicable, si Fon admet
qu'il était en état de légitime défense ; or c'est ce que l'orateur se pro-
pose de prouver ; — la thèse est au moins contestable, si Milon, en
tuant Clodius, a été le libérateur de la patrie ; or Cicéron se placera
aussi à ce point de vue. De là trois sortes d'arguments répondant aux
trois hypothèses énoncées : i» ceux qui ont pour but de prouver qu'un
meurtre n'est pas nécessairement punissable ; 2^ ceux qui établissent
le droit de tuer en cas de légitime défense ; S^ ceux qui prouvent qu'on
peut absoudre un assassin qui a tué pour délivrer sa patrie. Dans la
première catégorie, on rangera le principe de jurisprudence, la loi des
Douze Tables, le cas d'Oreste; dans la seconde, le cas du jeune
homme acquitté par Marius, la loi naturelle, etc. ; dans la troisième,
l'exemple de Scipion Nasica, de Servilius Ahala, et d'autres. Mais
(i) Sur le nombre oratoire de cette phrase, cfr. Laurano, o, c. p. 124.
(2) O. c, p. 71.
]66 LE MUSÉE BELGE.
Cicéron, au lieu de diviser et de subdiviser ses preuves dans un ordre
didactique, au lieu de suivre cette froide méthode scoiastique, au lieu
de spécifier ces trois aspects de la question, entremêle les ai^uments
au gré de son inspiration, « en fait une masse et la pousse avec toute
la vigueur de son bras ». De fait, grâce à la disposition adoptée ici,
la discussion a plus de vie, de naturel et de mouvement. Suivons-en
une seconde fois le cours, en nous arrêtant aux endroits les plus
remarquables; il nous sera permis après cela de constater que la sin-
cérité n'y est pas toujours à la hauteur du talent, que rargumenîatîon
a toutefois, dans son ensemble une force incontestable, mais qu'ici
l'art réside surtout dans l'agencement des détails, dans la manière de
présenter les arguments.
Le premier fait invoqué contre le préjugé des adversaires date des
origines mêmes de Rome ; c'est le premier cas qui se présente dans
l'histoire du peuple romain ; il y a donc de longs siècles que la thèse
soutenue par l'orateur est admise. Remarquons en outre que ce fait
s'est produit sous le régime monarchique, avant Tère de la liberté; que
c'est le peuple et non la partialité des juges qui a absous Horace; que
celui-ci avait cependant tué sa propre sœur, de sa propre main. Tout
cela est exprimé avec une assurance qui se traduit dans le a tandem •
respirant l'impatience, le « nempe » qui souligne la réponse et dans
l'épithète de « stultissimi » lancée comme un défi aux adversaires.
D'ailleurs ils sont bien ignorants ces hommes, qui sont seuls à ne
pas connaître la jurisprudence des tribunaux romains. Mais non, c'est
l'Africain qui avait perdu la tête, lorsqu'il pensait autrement qu'eux l
Puis vient cette accumulation de faits et de noms propres, qui ne
laisse pas le temps de réfléchir, mais qui se trouve combinée à dessein
pour faire impression sur les aristocrates, qui composent sans doute
la majorité du jury : les personnages, dont les noms sont ici rappelés,
ne sont pas tous des aristocrates, mais les actes auxquels lorateur fait
allusion avaient eu tout au moins l'approbation de ce parti. Le peuple,
il est vrai, en avait parfois jugé autrement, et par conséquent on
pourrait discuter l'usage que l'orateur fait ici de certains noms ; mais
une énumération rapide empêche de s arrêter à ces détails. De plus, un
fait est rapporté inexactement : Scipion avait répondu : « Si son
intention était de se rendre maître de la République, sa mort fut
méritée. » On le voit, c'est moins afïirmatif que Cicéron ne le laisse
entendre. En résumé, la logique, pas plus que la morale, n'autorisait
l'avocat à s'appuyer sur des actes, dont plusieurs étaient de véritables
assassinats politiques, que le peuple réprouva et punit. Ce n'est pas
la dernière fois que nous le voyons recourir à des raisonnements dont
il s'efforce de déguiser la faiblesse.
Voici maintenant une réminiscence littéraire, qui n'a pas non plus
PARTIE PÉDAGOGIQUF. lÔ/
grande valeur en elle-même, mais qui est de nature à plaire aux lettrés.
Ici encore toutes les circonstances du fait sont mises en relief : c'est sa
propre mère qu'Oreste a tuée ; ce n'est pas un dieu quelconque, c'est
la déesse de la sagesse elle-même qui Ta acquitté.
Lorsque l'orateur en vient à parler du cas de légitime défense, est-
ce sans arrière-pensée qu'il emploie les mots « insidiator » et « lalro »?
N'est-ce pas renvoyer à l'accusation les épithètes dont elle avait gratifié
-Milou, et n est-ce pas insinuer en passant que Clodius est l'auteur du
guet-apens? Cette dernière pensée, qui est capitale, lorateur a soin de
la rappeler chaque fois que l'occasion s'en présente, pour la faire
pénétrer peu à peu dans l'esprit des jurés.
La loi Cornelia de sicariis était bien celle à laquelle on aurait le
moins pensé pour y chercher un argument contre la thèse des accusa-
teurs. Mais qu'est-ce qu'un avocat ne peut pas faire dire à un texte de
loi? Le législateur n'avait pas songé à proclamer le droit de tuer en
cas de légitime défense; il avait simplement interdit l'assassinat et
l'emploi des armes avec préméditation homicide; de celte seconde
disposition Cicéron conclut, en sollicitant un peu le texte, que le
législateur a autorisé l'emploi de la force contre la force.
Il y a donc parmi les arguments invoqués par Cicéron des preuves
solides : telles les preuves tirées de la loi naturelle, de la loi des Douze
Tables, de la jurisprudence en matière criminelle; d'autres sont faibles,
ou parce qu'elles reposent sur des faits légendaires, voire sur des faits
qu'on pourrait aussi bien invoquer contre la thèse de l'orateur, ou
parce que les faits sont dénaturés, ou parce que la conclusion est
forcée. Mais il faut y regarder d'assez près pour découvrir sous les
dehors spécieux, dont l'orateur revêt son argumentation, les imper-
fections qu'elle présente. Ces faiblesses nous étonnent, nous autres
modernes, qui exigeons de nos orateurs une sincérité et une rigueur
dans le raisonnement, dont les Romains n'avaient pas l'idée. A Rome,
les avocats n'avaient point des devoirs de la profession l'opinion
que Ton s'en fait aujourd'hui. Il ne leur en coûtait aucunement de
soutenir successivement le pour et le contre sur une même question ;
ils n'avaient pas grand souci de la valeur des causes qu^ils défendaient,
ni de la valeur réelle des arguments dont ils se servaient. Cicéron ne
nous dit -il pas lui-même, par exemple [Pro Murena, V, 1 1) que c'était
^ne loi oratoire^ un lieu commun, d'attaquer la vie privée de son
adversaire? N'a t-il pas mis les fonctions civiles bien au-dessus des
fonctions militaires dans le Pro Archia^ et celles-ci bien au-dessus
des fonctions civiles dans le Pro Murena (i)? Quel scrupule aurait
( 1 ) Lire sur cette question G. Boissier, Cicéron et ses amis^ p. 44 et suiv. Cfi:
.L. Lauhand, o. c, p. i3.
l68 LE MUSÉE BELGE.
donc retenu un avocat romain, quand le besoin de la cause exigeait
qu'il dénaturât les faits , qu*il les interprétât tantôt dans un sens
tantôt dans un autre, ou même qu'il les inventât de toutes pièces ?
Tout lart consistait pour lui non pas à dire fortement la vérité, mais
à donner habilement au mensonge les apparences du vrai. Ajoutons
que quelques-uns des faits invoqués sont des lieux communs de la
Rhétorique ancienne; tel le cas d'Oreste et celui du soldat de Marins (i).
Ainsi s'explique le mélange de raisons solides et d'arguments douteux
ou sans valeur dans le passage que nous venons d'analyser.
DEUXIÈME PRÉJUGÉ (§§ 12-14)-
Plan.
La transition se réduit à un mot : « Sequitur ». Notons que le
préjugé n'est pas énoncé. L'orateur, au lieu de dire : Le Sénat a
condamné Milon, énonce l'un des deux faits sur lesquels les ennemis
de son client prétendent appuyer leur assertion, puis il entame immé-
diatement la discussion. Voici la tactique qu'il a adoptée : les fiaits
sont indéniables, donc il ne les contestera pas; mais il repoussera
l'interprétation qu en donnent les adversaires et y opposera la sienne.
I. RÉFUTATION DE L'ARGUMENT TIRÉ DU PREMIER FAIT :
« illud, quod... perditorum. »
A. Énoncé du fait : le Sénat a déclaié que la mêlée sanglante, dans
laquelle a péri Clodius, est une atteinte portée à la sécurité de l'État :
« illud, quod... esse factam. »
B. Réfutation : « Illam vero... perditorum. » Le Sénat s'est montré
favorable à Milon. L'orateur le prouve :
I® En rappelant en général les marques de sympathie données à
Milon par les Sénateurs : « Illam vero... comprobavit. »
20 En insistant sur les circonstances qui en font ressortir la valeur:
a) elles se sont produites fréquemment : « quoties... in senatu ! »
b) elles ont été à peu près unanimes et hautement exprimées :
« quibus assensionibus... probarent ? »
c) elles ont été si manifestes et si vives que nos ennemis accusent le
Sénat d'être à ma dévotion : « Déclarant..*, decernere. »
3** Parenthèse au sujet du crédit dont l'orateur jouit et dont il n'use
qu'au profit des bons citoyens : « Quae quidem... perditorum. »
II. RÉFUTATION DE L'ARGUMENT TIRÉ DU SECOND FAIT :
« Hanc vero... putasseî »
A. L orateur rappelle le fait et nie qu'il ait eu le Sénat pour
auteur : a Hanc vero... putavit. »
(1) V. Édition de Halm, p. 19, note 3; p. 20, note 3.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 169-
B. Preuves : « Erant enim... putasse. »
10 Pas de motifs pour faire agir le Sénat; il y avait des tribunaux
et des lois : « Erant enim... de vi. »
2^ Motifs pour ne pas agir : a nec tantum... putasse ? »
a) absence de sympathie pour Clodius : a nec tantum... constitue-
retur. » Évidemment ceci est une litote.
b) le Sénat avait une revanche à prendre : ne Tavait-on pas un
jour empêché d'établir un tribunal extraordinaire pour juger Clodius ?
« Cujus... putasse? »
III. Explication du premier fait : « Curigitur... notavi. »
A. Énoncé de Vexplication, amené par une question : Pourquoi le
Sénat a-til porté ce décret? Parce que tout acte de violence entre
citoyens atteint TÉtat : « Cur... publicam. »
B. Distinction qui précise cette explication : a Non enim... neces-
saria. »
C. Démonstration : « Nisi vero... rem notavi. »
i<> Par l'exemple de ceux qui ont tué les Gracques et Saturninus :
« Nisi... vulnerarunt. »
2*» Par la conduite de Cicéron lui-même au Sénat : en votant le
sénatus-consulte il blâmait remploi de la violence, mais il ne se pro-
nonçait pas sur les responsabilités ; il laissait ce soin aux tribunaux :
« Itaque .. notavi. »
IV. Explication du second fait : « Quodsi... sublata est. »
A. Énoncé sommaire de F explication : rétablissement d'un tri-
bunal extraordinaire est dû à l'intervention d'un tribun : « Quodsi..,
haberemus. »
B. Démonstration : a decernebat... sublata est. o
I® Intentions du Sénat ou seconde partie du projet de sénatus-
consulte : a Decernebat... quaereretur. »
2« Manœuvres du tribun :
a) il fait demander par un Sénateur la division du projet au moment
du vote : « divisa... proferre. »
b) il oppose son veto à la mise aux voix de la seconde partie :
« sic... sublata est. »
Appréciation.
11 était impossible de nier que le Sénat eût posé des actes impli-
quant, sinon une condamnation formelle de la conduite de Milon,
tout au moins un blâme sévère à son adresse. La seconde objection à
laquelle son défenseur sattaque a donc pour elle une forte vraisem-
blance. Mais l'avocat met tout de suite son auditoire en garde contre
une interprétation malveillante des actes du Sénat, en rappelant que
170 LE MUSÉE BELGE.
cette interprétation est due aux ennemis de Milon : ce sont gens pré-
venus ! Puis il s empresse d*y opposer juste le contrepied de ce qu'ils
affirment : « Mais au contraire, s'écrie t-il, le Sénat approuve Miloa.
Que l'on pèse les circonstances qui établissent la valeur de ses témoi-
gnages de sympathie, combien de fois ils lui ont été donnés, avec
quelle unanimité I Ces actes répétés ont été si manifestes qu^un tribua
les a reprochés au Sénat. » Voici l'occasion de jeter l'odieux et Je ridi-
<;ule sur l'adversaire ; Cicéron ne la manque pas: « hujus ambusti
tribuni plebis illae emortuae conciones »; « des démagogues incen-
diaires, voilà nos ennemis! tandis que nous, si nous avons du crédit.
nous ne le devons pas au crime et nous ne le mettons pas au service
^e la révolution. »
L'orateur triomphe. Il aime à rappeler son obligeance et se contiplait
dans la pensée du prestige dont il jouit. Ici du moins a-t-il pour eo
parler un motif plus sérieux qu'une simple satisfaction de vanité : il
se dit que son client profitera des sympathies et de la reconnaissance
que les bons citoyens lui accordent à lui-même. Mais la partie n'est
pas gagnée, loin de là. La question de l'établissement d'un tribunal
extraordinaire est fort délicate. Pompée doit être ménagé. Cicéron y a
pensé : « etsi non est iniqua » dit-il, en parlant de ce tribunal ; pré-
caution oratoire adroitement glissée dans la phrase. N'a-t-il pas appelé
Pompée : « vir justissimus » ? Quant au Sénat, il essaie de prouver
qu'il n'a pas trempé dans l'affaire. Les arguments qu'il apporte ici
n'ont pas grande valeur ; aussi cherche-t-il à les faire passer sous le
couvert de l'ironie : « Croyez-moi, le Sénat ne pleure pas Clodius. b
Il n'en est pas moins vrai que le Sénat, pour prendre des mesures
extraordinaires, avait des raisons qui devaient l'emporter sur son anti-
pathie à l'égard du fougueux démagogue. Mais l'occasion est si belle
<ie réveiller chez les jurés la vieille rancune qu'un certain nombre
devaient avoir gardée au profanateur impuni des mystères de la Bonne
Déesse, et ce sacrilège était si utile à rappeler !
On comprend néanmoins que la réponse donnée jusqu'ici ne pou-
vait suffire ; lorateur ne pouvait se borner à opposer affirmation i
affirmation, même en prouvant ses dires. Il restait à expliquer les faits,
qu'on ne pouvait nier, à faire disparaître la contradiction apparente
dont se trouvaient entachés les différents actes du Sénat. Malheureuse-
ment l'explication du premier fait n'est pas admissible ; elle a le défaut
d'être trop générale : la déclaration du Sénat constituait une mesure
exceptionnelle ; sinon, pareille déclaration aurait dû être faite chaque
fois qu'un acte de violence était commis publiquement. En réalité, le
Sénat avait voté l'exposé des motifs du projet, parce que les violences
avaient pris des proportions telles, que des mesures spéciales s'impo-
PARTIE PÉDAGOGIQUE. I7I
raient, aussi bien contre Milon que contre Clodius. L'orateur le sait ;
-voilà pourquoi il s'empresse de détourner l'attention des jurés et de
faire appel à la passion politique, en comparant Clodius aux plus
fameux adversaires de l'aristocratie, aux Gracques et à Saturninus.
D'ailleurs, rien qu'en rappelant le sénatus-consulte, il a eu Tadresse
de renverser l'ordre des faits et de placer en dernier lieu, comme un
point accessoire, le meurtre de Clodius, que Pompée et le Sénat
avaient visé en première ligne.
Lorsqu'il aborde Texplication du second fait, Cicéron renonce à ces
subtilités et ne garde plus avec ses adversaires aucun ménagement.
C'est qu'ici il s'attaque directement à eux ; c'est eux qu'il rend respon-
sables de la mesure dont ils veulent attribuer la paternité au Sénat.
Cependant, quelque empire qu'il accorde à sa passion, quoiqu'il donne
libre cours à son indignation et décerne à Munatius Plancus une de
ces épithètes qu'il réserve habituellement à Clodius lui même, il
conserve encore assez de sang froid pour empoisonner ses traits et
pour railler cruellement F. Calenus, dont il ne daigne pas citer le
nom, parce qu'il a ne vaut pas l'honneur d'être nommé ». Enfin, et
c'est le trait le plus sanglant, « si la victoire, dit-il, est restée aux
ennemis de Milon, c'est la plus honteuse des victoires, car elle est due
à la corruption : a empta intercessione ».
En résumé, dans celte seconde partie de la Réfutation, l'orateur a
raison, au fond : le Sénat avait témoigné à Milon plus d'indulgence
et de sympathie que d'hostilité; mais si les accusateurs tiraient de
certains faits des conclusions forcées, Cicéron, à son tour, ne se fait
pas faute d'exagérer dans le sens opposé, sauf à déguiser sous de mul-
tiples artifices les atteintes portées à la vérité ou à la logique.
TROISIÈME PRÉJUGÉ (§§ l5-22).
Plan.
l. ÉNONCÉ DU PRÉJUGÉ : a At enim... occisus esset. »
Les mots « At enim » forment la transition. Le préjugé est donc
introduit sous forme de prolepse.
A. Le préjugé : «Cn. Pompeius... judicavit.» Pompée a condamné
Milon en droit aussi bien qu'en fait.
B Le fait sur lequel il s'appuie : o Tulit enim... occisus esset. »
Ce qui le prouve, c'est qu'il a fait voter la loi établissant un tribunal
extraordinaire pour juger le meurtrier de Clodius. Les termes mêmes
de la loi sont rapportés.
IL RÉFUTATION :
Première Partie : « Quid ergo... non interitum putavit. » L'ora-
r
172 LE MUSÉE BELGE.
teur répond d'abord en faisant abstraction du caractère exceptionnel
des poursuites.
A. La loi dont on parle n'a pas la portée qu'on lui attribue :
f Quid ergo... dedisset. » Deux arguments établissent cette propo-
sition :
lo Argument disjonctif : Une loi ordonnant des poursuites a pour
objet de rechercher ou bien si le fait est réel, ou bien quel en est
Fauteur, ou bien si l'accusé a pour lui le droit. Or les deux premières
questions sont résolues. Donc la loi de Pompée a pour but de faire
rechercher si Milon n'avait pas le droit de tuer Clodius. Donc elle n a
pas la portée qu'on lui attribue : « Quid ergo... posse. »
2® Raisonnement par l'absurde : Supposons que Pompée n'ait pas
eu en vue la solution de la question de droit ; dans cette hypothèse, il
n'aurait pas laissé au tribunal la faculté d'absoudre ou de condamner;
or il la lui a laissée; donc... : « Quod nisi... dedisset. »
B. La loi de Pompée a pour objet d'indiquer aux jurés le point de
vue auquel ils doivent se placer^ à savoir la question de droit : « Mihi
vero... putavit. » Cette réponse ne diffère pas essentiellement de la
première ; celle-ci était négative, elle est reprise sous une forme posi-
tive : quand un accusé est en aveu, si on le croit coupable, on le
punit; si on lui accorde des juges, cest qu'on laisse aux tribunaux le
soin de se prononcer sur sa culpabilité.
Deuxième Partie : §§ 16-22. Ici l'orateur explique dans un sens
favorable à son client rétablissement d'un tribunal extraordinaire. Il
suppose qu'on peut attribuer cette mesure à deux causes : les égards
accordés à Clodius, les circonstances du moment ; il rejette la première
et admet la seconde. La question est posée dans cette phrase : « Jam
illud... tenxpori. » La réponse comprend donc deux points.
Premier Point : Ce n'est pas pour venger Clodius que Pompée a
fait établir un tribunal extraordinaire : §§ 16-20. Toute la démon-
stration de cette proposition peut se ramener à un syllogisme : Des
personnages illustres, dont la vie était précieuse pour la République,
ont été victimes d'attentats odieux. Or on n'a pas cru devoir, par
égard pour eux, exercer des poursuites extraordinaires. Donc à plus
forte raison Pompée n'a-t-il pas cru devoir le faire pour un homme
tel que Clodius. La majeure est une induction basée sur des faits, que
l'orateur énumère, en faisant suivre la mention de chaque fait, de la
mineure de son syllogisme; enfin il tire la conclusion.
i*^ fait : Mort de Livius Drusus : a Domi suae... a senatu est. »
A. Le fait^ avec ses circonstances aggravantes : « Domi suae...
occisus est. »
B. La mineure : a nihil... a senatu est. »
PARTIE PÉDAGOGIQUE. IjS
2^ fait : Mort de P. Scipion Emilien : «c Quantum... nuUa. »
A. Le fait : « Quantum... esse mortem? »
B. La mineure : « Num igitur... nulla. »
3^ fait : Meurtre de Papirius : « Quid ita?... imbuta est. »
A. Réfutation de deux objections : « Quid... latrocinarentur. »
A ne considérer que la forme donnée par l'orateur à sa pensée, nous
i^^avons pas ici une réfutation : c*est plutôt une justification de la
mineure de son syllogisme. Mais, au fond, les adversaires de Milon
-élevaient deux objections contre cette mineure : une objection de fait
et une objection de principe. Une objection de fait : il y a dans le
meurtre de Clodius une circonstance qui le rend particulièrement
odieux et qui justifie des mesures d'exception. Une objection de prin-
cipe : si Ton excipe de cette circonstance, pour réclamer des mesures
extraordinaires, c*est qu'on admet en principe qu'il peut exister une
différence spécifique entre tel meurtre et tel meurtre. L'avocat réfute
d'abord le principe, puis l'application qu'on en fait. Son argumenta-
tion est très serrée; il faut, pour en bien suivre Tenchaînement, lana-
lyser jusque dans les moindres détails.
lo Première réfutation : a Quid... sit interfectus. »
a) L'objection n'est rappelée que par ces deux mots : « Quid ita ? »
Pourquoi, dans les occasions précitées, n'a t-on pas pris de mesures
exceptionnelles ?
b) Principe opposé à celui de la partie adverse : « Quia non alio...
necantur. n
c) Concession : « Intersit... infimorum. »
d) Conséquence du principe soutenu par Torateur : « mors qui-
dem... legibus. »
e) Démonstration du principe par l'absurde :
a. Première conséquence absurde (l'absurdité de la conséquence est
exprimée par le tour ironique de l'expression) du principe opposé :
« Nisi forte... necarit. »
p. Seconde conséquence absurde : « aut eo mors atrocior... inter-
fectus. »
2° Seconde réfutation : « Hoc enim... latrocinarentur. »
L'application au meurtre de Clodius du principe repoussé par
Cicéron constitue la seconde objection, l'objection de fait. L'orateur
vient de l'exprimer en en faisant ressortir l'absurdité par Tironie de
l'expression. Mais il ne se borne pas à cette réfutation sommaire : il y
répond explicitement, en se plaçant, naturellement, à son point de vue,
en supposant prouvé que Clodius a tendu des embûches à Milon, et
en opposant le sarcasme au pathos de ses adversaires : a Autant dire,
5'écrie-t-il, que le fameux Appias Caecus a construit la voie Appienne
174 I^ MUSÉE BBLGB.
pour que ses descendants pussent y exercer impunément le brigan-
dage. »
B. Le fait de la mort de M. Papirius : « Itaque... imbuta est. t
Il est facile de voir que ce fait est rappelé ici, moins pour étayer la
majeure de l'argument, que pour répondre à Tobjection qui précède,
pour appliquer à un cas particulier la réponse exprimée dans cette
phrase : a proinde quasi... etc. » Aussi l'orateur conserve-t-il d'abord
le ton ironique.
\^ Ironiquement, Cicéron affirme que l'assassinat de Papirius
échappait aux poursuites, par le fait même qu'il avait été commis par
Clodius sur la voie Appienne : « Itaque... occiderat. »
2« Avec indignation, il met les déclamations actuelles de ses adver-
saires en opposition avec leur silence d'autrefois : « Nunc... imbuta
est. »
4^ fait : Tentative d'assassinat sur la personne de Pompée : « Sed
quid... nihilo minus, n Après quelques mots de transition : v Sed...
commemoro ? »
A. Lorateur rappelle le fait : « Comprehensus est... manibus. »
B. // énonce la mineure : « Caruit... décréta est? »
C. Il fait ressortir les circonstances du fait : « Atqui... conci-
dissent. >i
D. Il réfute une objection : « Nisi vero... minus. » Ce n'est pas
parce que la tentative n'a pas réussi qu'elle devait échapper à toute
répression.
5« fait : Tentatives d'assassinat sur la personne de Cicéron : « Quo-
ties... tulisset? »
A. Le fait : a Quoties... effugi. »
B. Mineure : « Ex quibus... tulisset ? »
Conclusion du Premier Point :
A. Récapitulation ironique des faits qui constituent la majeure :
• Sed stulti... audeamus. »
B. Énoncé ironique de la conclusion sous forme de contraste :
(( tolerabilia... desiderant. »
Deuxième Point : Cest aux circonstances du moment qû*il faut
attribuer les mesures d'exception prises par Pompée : §§ 2! -22.
A. Synthèse de tout le développement : « Non fuit... multa vidit. »
i® Lorateur exprime sans ironie, celte fois, et très énergiquement,
la conclusion du premier point : « Non fuit... ferendam. »
a® Il indique d'une manière générale et vague le véritable motif qui
a fait agir Pompée : a Sed homo... multa vidit. »
B . i ; I w ;< ; ( circonstance qui a influé sur la conduite de Pompée,
et comment elle a influé : « fuisse... gratiae. » Sa réconciliation
récente avec Clodius l'obligeait à se montrer sévère.
PARTIE PÉDAGOCJlQUE. 17S
C. Deuxième circonstance : « Multa etiam... documenta maxima. n
Après avoir répété rindication vague donnée plus haut : « multa
etiam alia vidit », Torateur indique la seconde circonstance : a Sed
illud maxime... judicaturos. » Le caractère et la situation des membres
du tribunal l'autorisaient à être sévère.
lo Les jurés : « Itaque... studiosos mei. »
a) Ils constituent Télite des premiers ordres de citoyens : o Itaque...
lumina. »
b) Ils ont été choisis avec impartialité : « neque vero... studiosos
mei. »
Ici Torateur dément le bruit d*après lequel Pompée aurait écarté
ses amis de la liste des jurés. Il y oppose deux raisons : Téquité même
de Pompée, et Timpossibiliié d'exclure d'une liste où ne figurent que
des honnêtes gens, les amis d'un homme qui a les sympathies de toua^
les honnêtes gens.
2* Le président : § 22.
a) Sous forme d'éloge, énumération des qualités d'un bon président :-
« Quod vero... fidem. »
b) L'orateur insiste sur une de ces qualités, la fermeté : elle est
nécessaire dans le procès actuel : a Tulit... temeritati; » — Domitius-
la possède, son passé le prouve : « ex consularibus... maxima. »
Appréciation,
La tâche de l'avocat était plus ardue dans cette troisième partie de
la Réfutation que dans les deux premières. Cette fois, il avait contre
lui l'évidence des faits. 11 fallait tout le cynisme d*un avocat romain
uni à la finesse d'un Cicéron pour réussir, ne fût-ce qu'à sauver les
apparences. Incontestablement Pompée avait pris une attitude hostile
k Milon. Il y a, pour le prouver, bien d'autres faits que la constitution
d'un tribunal extraordinaire (1); Cicéron se réserve d'en parler plus
loin (§ 64 et suiv.). Du libellé même de la loi de Pompée les adver-
saires tiraient une conclusion exagérée, lorsqu'ils prétendaient y voir
une condamnation complète et définitive de la conduite de Milon ; il
n'en est pas moins vrai que cette mesure, ajoutée à tous les autres
actes de Pompée, trahissaient des dispositions malveillantes et le désir
de voir Milon condamné. Cicéron eût donc dû, pour être franc, dire
aux jurés : « Pompée est hostile à Milon, soit, je le reconnais; mais
votre devoir est de n'envisager que le droit et la justice et d'écarter
toute considération personnelle et toute préoccupation politique. »
C'est le langage que tenait Berryer, lorsqu'il défendit le prince Louis-
(i) V, Commentaire d'Ascomus, 16-17, ^*"* Tédition de A. Wagbner, p. 22-23.
•176 LE MUSÉE BELGE.
Napoléon, contre le gouvernement de Louis-Philippe, devant U
Chambre des Pairs constituée en Haute Cour de justice. Mais pour
que ce moyen réussît à l'avocat romain, il eût fallu d'abord avoir la
certitude que les juges étaient disposés à juger en toute indépendance*
en second lieu, il eût fallu que la cause de Milon ne fût pas aussi
évidemment mauvaise. Or ces deux conditions ne se réalisaient nulle-
ment. L'orateur devait donc une fois de plus recourir à la ruse et
essayer de donner le change.
Il lui est assez facile de montrer que la loi de Pompée, ordonnant
des poursuites à propos du meurtre de Clodius, n'est pas Téquivalent
d'une sentence de condamnation Si Ton fait abstraction de ces deux
circonstances : que les poursuites sont Tobjet d'une loi spéciale, et
qu'elles s'exercent dans des conditions exceptionnelles, il n'y a aucune
induction à tirer contre Milon du fait de ces poursuites. Cicéron com-
mence par dissimuler la première circonstance. « Ces poursuites, dit-
il, comme toutes les poursuites judiciaires, ont pour objet de rechercher
ou le fait, ou l'auteur du fait, ou le droit. » C'est argumenter à côté
de la question ; c'est d'ailleurs là un des tours de passe-passe auxquels
l'orateur recourt le plus volontiers, lorsqu'il lui est impossible de
répondre à une objection. Nous en retrouvons un spécimen des mieux
réussis, dans le passage où il prétend expliquer pourquoi Milon a
affranchi ses esclaves (§ 57). Ici il affiche d'autant plus d'assurance, il
poursuit d'autant plus vivement l'adversaire de ses questions et de ses
réponses courtes et rapides, qu'il a plus de raisons de se donner les
dehors de la conviction la plus sincère (i). Il est à remarquer qu'en
rappelant avec insistance les prétendus aveux de Milon : « etiam in
confessione facti — quum videret nos fateri — non poenam confession!
dédit », l'orateur corrobore la réfutation du premier préjugé en s'ap-
puyant sur les actes de Pompée lui-même.
Le fait des poursuites expliqué, restent les conditions extraordi-
naires de la procédure à interpréter. « Ce n'est pas, remarque Cicéron,
une satisfaction accordée à Clodius. » Soit. Mais la question est de
savoir si ces mesures insolites (c'est le sens que nous attribuons à ces
mots : « quod sua sponte fecit » ; les mesures d'exception sont dues à
l'initiative de Pompée, tandis que le simple fait des poursuites n'est
que l'application des lois de pi, de caede), la question, disons-nous,
est de savoir si ces mesures insolites sont dirigées contre Milon, et
non pas si elles ont été prises par égard pour Clodius : ces deux aspects
sont absolument distincts ; le premier n'implique pas l'autre. Ici
encore, poser le problème comme il devait l'être était impossible;
(1) V. Laurand^ o. c, p. 129, p« 241 et suiv.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 177
ici encore, il fallait en dissimuler les termes et parler à côté de la
question.
Mais une fois ce terrain choisi, Cicéron a beau jeu. Aussi comme il
déploie toutes ses ressources ! Le contraste établi entre Clodius d'une
part, Drusus. Scipion, Pompée, Cicéron lui-même d'autre part, est
écrasant pour le premier. Les faits sont adroitement choisis : Drusus
était l'oncle de l'un des jurés les plus en vue, M. Caton; le second
Africain était un héros national et son souvenir était resté cher aux
partisans du Sénat. Rappeler la mort de Papirius, c*est un véritable
coup de maître : c'est tout à la fois réveiller Tanimosité de Pompée
contre un insolent qui l'a outrageusement bravé, contre l'assassin
d'un de ses amis intimes, c'est ridiculiser et même rendre odieuse la
pitié qu'on aurait voulu exciter en faveur d'un misérable qui faisait si
bon marché de la vie des autres. Quant à la tentative de meurtre
commise sur la personne de Pompée, n'est-ce pas une grande habileté,
que de mettre ainsi le consul lui-même en cause? Sans doute Cicéron
transforme en un fait avéré ce qu'Asconius rapporte comme un on-dit;
mais la conduite qu'avait tenue Pompée lui-même dans cette circon-
stance l'y autorise ; celui-ci avait feint de croire à ce qu'on racontait ^
Cicéron n'est sans doute pas fâché de rappeler au consul que Milon
n'est pas le premier qu'il a cherché à compromettre en affectant à son
égard de la méfiance et des craintes exagérées; enfin la façon dont
Cicéron exalte le rôle politique de Pompée ne pouvait déplaire à celui-
ci, ni aux flatteurs qu'il comptait parmi les jurés. En terminant,
l'orateur rappelle avec une feinte modestie qui n'est qu'un raffinement
de vanité, qu'il a failli lui-même, à plusieurs reprises, payer de sa vie
son dévouement à la patrie, dont la fortune semble se confondre avec
la sienne.
Si Ton examine maintenant la manière dont l'argumentation est
développée, dont les faits sont présentés, on constatera avec quel soin
toutes les circonstances sont exploitées, avec quel talent 1 orateur
manie tour à tour l'ironie et l'indignation. Pour ne citer qu'un
exemple, relisons le passage dans lequel il rappelle le meurtre de
Papirius. Les amis de Clodius prétendaient que le crime commis sur
la voie Appienne revêtait un caractère particulièrement odieux, parce
qu'il avait été perpétré en cet endroit. « Comme si Appius, riposte
Cicéron, avait construit la voie Appienne, non pour l'usage du peuple,
mais pour que ses descendants pussent y exercer impunément le bri-
gandage ! C'est pour cela sans doute que le jour où, sur cette même
voie Appienne, Clodius tua un chevalier romain des plus distingués,
je parle de M. Papirius, ce forfait dut rester impuni; car c'était un
homme appartenant à la noblesse, qui avait tué un simple chevalier
1^8 LE MUSÉE BELGE.
romain, sur une chaussée qui était sa propriété! » Quelle amertume
dans cette ironie, spécialement dans le dernier membre de phrase, où
tous les mots sont groupés de façon à former une antithèse suggestive:
(( homo nobilis in suis monumentis equitem romanum ». Puis l'ora-
teur passe brusquement de Tironie à la colère, explosion naturelle
d'un sentiment trop longtemps contenu : « Comédiens ! vous parlez
aujourd'hui avec des larmes dans la voix de celle fameuse voie
Appienne; vous n'en parliez pas lorsque, au lieu d'un brigand, on y
tua un honnête homme ! »
Des prémisses posées avec tant de force et d'habileté autorisent
l'orateur à conclure sur un ton d'ironie triomphante : « Mais qu'est-
ce qu'un Drusus, un Africain, un Pompée et nous-même en compa-
raison d'un Clodius? » Le contraste parle assez haut. Ce n'est pas
tout ; Cicéron, en veine de sarcasmes, achève sa victoire en faisant
un tableau plaisant de la désolation dans laquelle la mort de Clodius
a plongé la République ; ici encore tous les mots sont pesés : ce sont
d'abord trois petites phrases parallèles et d'une étendue graduée :
« luget senatus... desiderant »; puis ce sont les termes les plus éner-
giques pour peindre le deuil universel : « squalent, adflictantur ■ ;
enfin c'est une accumulation d'épithètes élogieuses et d'exclamations
on ne peut plus opposées à celles que méritait Clodius, un panégy-
rique enthousiaste , qui positivement a dû arracher un sourire à
Pompée lui-même.
Mais le consul aura son tour. Cicéron lui prépare un petit plat de
sa façon qui lui arrachera non plus un sourire, mais une grimace. Le
moment est venu d'aborder le point le plus scabreux de toute cette
discussion : il sera moins facile de dire pourquoi Pompée a recouru à
des mesures exceptionnelles, que de prouver que la personnalité de
Clodius n'y est pour rien. Impossible toujours de dire la vérité; tant
il est vrai qu'à bâtir sur un mensonge, on se condamne à accumuler
jusqu'au faîte sophisme sur sophisme. Les vrais motifs de la conduite
de Pompée sont connus ; Cicéron les connaît sans doute mieux que
plusieurs de ses auditeurs ; mais il ne pourrait les exprimer publique-
ment, sans admettre par le fait même le préjugé qu'il combat. D'autre
part, il doit, sous peine de s'avouer vaincu, donner une explication
plausible de la conduite de Pompée. Enfin il est permis de croire qu'il
a l'ambition de faire entendre au consul qu'il n'est pas dupe de ses
propres mensonges. Il allègue donc deux circonstances qui d'après lui
ont inspiré les mesures de Pompée.
Mais, on remarquera qu'avant de les indiquer, il fait allusion à
beaucoup d'autres circonstances, que Pompée aurait envisagées :
<c multa vidit »; et plus loin : « multa etiam alia vidit 0. J'imagine
PARTIE PÉDAGl^GIQUE. I/Ç
qu'en prononçant ces paroles — si toutefois elles ont été prononcées —
1* orateur se tournait vers Pompée et jouissait de sa petite vengeance :
« N'allez pas croire, Pompée, devait-il se dire, que je n*ai pas vu clair
dans toutes vos manigances; ce que je dis ici, c'est pour la galerie! »
Et, pour la galerie, après avoir attribué à Pompée un esprit prophé-
tique tt divina quadam mente praeditus », ce qui est encore bien d'un
maître ironiste, il cite une première circonstance : Pompée s'est rap-
pelé... qu'il venait de se réconcilier avec Clodius. On peut se demander
s'il y avait parmi les jurés des hommes assez naïfs pour admettre cette
misérable explication. Il est vrai que moins convaincante était la raison
alléguée par lorateur, plus sanglante était l'ironie des mots : « multa
vidil ». De plus, il fallait bien dire quelque chose. Cependant ceci est
vraiment fort peu de chose; car qui ne voit qu'il y avait de la marge
entre des témoignages de joie et les actes de sévérité posés à l'égard
de Tassassin de Clodius? Cicéron le sent bien et peut-être ces mots :
« multa vidit, multa etiam alia vidit », au lieu de renfermer une allu-
sion piquante aux arrière-pensées de Pompée, trahissent-ils tout sim-
plement l'embarras d'un homme, qui ne se dissimule pas le vide de
son explication : il cherche à se racheter par des affirmations vagues
et générales, qui ne le compromettent point et qui voilent légèrement
la faiblesse de ses raisonnements; alors, toute sa vengeance à l'égard
de Pompée aurait consisté dans ce rapprochement d'une amère ironie :
a (Clodium) sibi inimicum, familiarem Milonem ».
La seconde circonstance est celle-ci : le tribunal est composé de
citoyens que leur situation et leur caractère disposent à juger en toute
indépendance : explication qui n'a pas plus de valeur que la précé-
dente. Ce n'est même pas une explication : cette circonstance pouvait
faire croire à Pompée que sa sévérité ne nuirait pas à Milon, supposé
qu'il redoutât cette éventualité; mais elle ne rend pas raison de cette
sévérité; elle pouvait tout au plus rassurer Pompée sur les consé-
quences de sa conduite, supposé, encore une fois, qu'il n'eût pas d'in-
tention hostile à Milon. Il est vrai que Cicéron avait plus d'un motif
pour introduire ici ce développement : il importait de conserver ou de
conquérir autant que possible les sympathies des jurés ; vraisemblable-
ment le président attendait le compliment de rigueur; enfin Cicéron
suscitait par là une occasion de démentir le bruit d'après lequel
Pompée avait systématiquement exclu de la liste des jurés le nom de
plusieurs amis de l'orateur. De là cet éloge de la sagesse et du carac-
tère des jurés, de la fermeté du président; de là cette distinction entre
les « amici » et les « familiares » et cette conclusion un peu forcée qui
fait de tous les jurés des amis de Tavocat ; de là enfin ces exhortations
à la fermeté envers la canaille, à l'indépendance envers Pompée, dis-
crètement glissées sous les éloges.
l8o LE MUSÉE BELGE.
RÉCAPITULATION (§ 23).
Il est naturel, et ce n'est pas un usage propre à Téloquence clas-
sique, qu'après une longue discussion, Torateur rassemble en faisceau
les points essentiels de l'argumentation et mette nettement en lumiàie
le résultat obtenu. C'est ce que Cicéron fait dans ce paragraphe.
I. Résumé de la Réfutation (Collectio) : « Si neque omnis... dis-
ceptet. » Les trois préjugés sont brièvement rappelés; Toraieur insiste
à bon droit sur un point particulier, se rapportant au troisième : le
choix des jurés et du président.
II. Indication du résultat acquis (Conclusio) : « Quamobrem, ut
aliquando ad causam crimenque veniamus, reliquum est... fecerit. «
On se rappelle que l'orateur, en commençant la Réfutation, a indiqué
le résultat à obtenir : • ut, omni errore sublato, rem plane quae veniat
in judicium, videre possitis. » Le but est atteint; il est clair, à présent,
affirme Cicéron, qu'il ne s'agit plus que de savoir lequel des deux a
tendu des embûches à l'autre. Cette conclusion est forcée. De ce que
Milon peut être défendu, il ne s'ensuit pas que la question à résoudre
est de savoir qui est l'agresseur : raisonner amsi, c'est écarter a priori
Thypothèse d'une rencontre fortuite (i). Cicéron feint de ne pas même
éprouver la moindre hésitation. C'est pourtant là le défaut capital de
son premier système de défense. Mais, nous l'avons dit en analysant
la Proposition, laccusation avait, la première, porté le débat sur ce
terrain; la défense l'y a suivie.
III. Transition à la Narration [Transitio) : • Quod quo... atten-
dite. »
(i) V. AscoNius, 3o, dans l'éd. de A. Wagbnbb, p. Sg.
LIVRES NOUVEAUX
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G. N. HATZIDAKIS, La question de la langue écrite nôo-grecque. Athènes,
Sakellarioé. 1907, 200 pp.
H- HOEFFDING. Philosophes contemporain?. Paris, Alcan, 1908, 3 fr. 75.
KARL KRAUSE's Deutsche Grammatik fur Auslânder jeder Nationalitfit mit
bcsonderer Rucksicht auf auslundische Institute in Deutschland und deutsche
Institute im Ausiande neu bearbeitet von D*^ Karl Nrrqkr 6^^ Aufl. Breslau,
J. U. Kern, 1908, 3 m. 60.
M. LEVAILLANT, M. Tullii Ciceronis in L. Catilinam orationos quattuor.
Texte laiin publié avec une introduction historique, grammaticale et litté-
raire, des analyses et des notes. Paris, Hachette, 1907, 1 fr. 50.
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Publications, V. Oxford, Parker. 1908, 54 pp.
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G. RAMAIN, Ciccron. Choix de lettres. Texte latin,, publié avec une introduc-
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Hachette, 190S, 2 fr.
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TH. SIMAR. Notice sur les livres do Juetr-Lipse conservés dans la bibliothèque
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E. STAMPINI. La metrica di Orazio comparata con la greca e illnstrata su
liricbe ecelte del poeta. Con una appendice di Carmi di Catullo. Nuova trat-
taziono. Turin, Loescher, 1908, 104 pp.
EUG. ULRIX, De Gerraaansche Elementen in de Romaansche talen. Proeve
van een Germaansch-Romaansch Woordenboek. Gent, Siffer, 1907, 208 pp
(Kon. Vlaamsche Académie). 7 fr. 50.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
1
^beri Coumm. Le génie de Ttîoe, s. s admirateurs et Èti détracteurs
PARTIE BIBLtOGRAPHÏQUE-
Antiquité classique^
69, A\ Rîe^ler, Ueber Finanicn Iïtî tlten GricchenUnd (H, FftQCoUc) .
70. Ch, GiliUrd. Quiilques reformes de Sot on (Le même)
71 1 P^WendfanJ, Judenlum und Christcnium (A. Thomisicn) .
7î-7ï/l. DWitri*e//e, GmlUumeBiiié(Àlph. Ro^îfsch) . . - * _•
7 t. /îôfrcrf Forri-r. ReaUeiiltotï d.*r prâcHisionschcn, klissischeti und Irûh-
chfUllicben AlterïÛ.ncr{J. P. WiUzïng) . * * ^J J *
75, ^feèé a^rmf^rf Jugé, Nicolas Déniât du Mans (iSiS-ïSSg). Essai ^ur s»
vie et »es oeuvres, i A, Rocrscb) , - . *
Langues tt littératures romanes.
76 Or AfarAAa/, Lamennais et Limariinc (G. Dûuircpont)
77! Le ^e. Le véritable Voyage e» Orietit de Lam^tïne [U même) .
78. M. Souriau, Les idées morales de V, Hugo (\. Counaon)
Languei et littéraiurÊS germaniques.
70 C Wri^/it Histoncaî german |ramîtiar(C Lecûutere) . < • ^
80. l! SûtteHùt, Die dexjtsche Sprache dcr Gegcnwan (Le mime) .
81. A. De Ridder, Sijjn Streuvcls (Le même) .•--•*
8j. F. Btiitennist'Hettema, Taal- en dichrerstudics (Le même) .
H3, G. Katff, Nedcrtandache IcUerkunde (Le même)
Histoire et géographie,
84, E, Marx^ Dirr niederlûndiachc Aufstaod (\, De Meeater)*
Sa! iV. Valoh, Pragmaiî|uc sanction de Bourgci (G, MolUt) ,
NoUcdi et annonces bibUographiqaes.
86-ni Publîcali-ns de R. Hdm. A. Gudeman, U MitteU, G. Goyio,
E Schwan^ H, Van de Weerd, Chr. Bauf, A. Dufourcq, Stamm-Hcynf,
c" Vierboui et Ch. AUena. G. Geîelle, F- Meyer, K, Heim, K Ko*:hen-
dœrffer. C C. van de Graft, G. BurgbtrJ, P. Henkens, P. Uoc»s»er, L, Vâo
der Ksaeii, L, GougarJ, B. AUo, Mtyer, C. Ftammamn . , * .
CHRONIQUE.
Il 2« Programme Jes concours de r Académie tiamandc (1910-1911),
PARTIE PÉDAGOGiaUE-
K, Gérard, Les premières page» du Pm Mitone
ttl
117
it9
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»39
141
143
Douzième Année, — N*» 5.
iS Mai 190g,
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
P. C20LLAIIB
J. P, WâXTZING
PaaPlStKU» A l'uMI TIRAIT i HB LIÈG«
Pirmlevanl toyi lit m«lt, è l'ti«ipll»ii ûm mail d'Mai il il iipttmbrt
LOUVAIN
CHARLES PEÊTERS, LIBRAIRE ÉDITEUR
ao, ftU« DE ItAHUB, 30
PARIS
A. FONTEMOING
A. tut Lt Gaf
BERLIN
R. FRIEDLAENDER ET FILS
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Les onze premières années, comprenant chacune 3 vol. de 3â0 k 480 pages, son^ en
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement, les abonnés pourront se procur<»r une
ou plusieurs de ces onze années au prix de T fk*. ttO par
année» le port en sus.
Douzième année. — N^ S. iS Mai 1908.
Bnlletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANGES.
LES MOTS EMPRUNTÉS.
I. — La Dette de l'Allemand.
Un jour, dans un express prussien, une voyageuse française s'amu-
sait de reconnaître tant de mots de sa langue maternelle dans im
écriteau allemand apposé aux parois du coupé, a II faut savoir, lui
dit son mari en se rengorgeant, que Tallemand est une langue exces-
sivement pauvre, excessivement pauvre «. Philologie de revancheur,
direz-vous, et aussi informée que celle de Lamartine (i); mais,
comme toutes les sottises, elle est le reflet de faits véritables. L'alle-
mand, de même que les autres langues modernes, a enrichi son voca-
bulaire d'une foule de mots qu'il empruntait, avec les objets importés
et les institutions adoptées, aux Grecs et aux Romains, aux Français
et aux autres peuples étrangers. C'est donc ime idée très plausible et
féconde qu'a eue M. Fr. Seiler, de suivre « le développement de la
civilisation allemande dans le miroir du mot d'emprunt 0.Son livre,
Die Entwicklung ier deuischen Kuliur im Spiegel des deutschen Lehnworts
<Halle a. S., Waisenhaus, t. I* (iQoS), II* (1907), 118 et 263 pp.,
2 m. 30 et 2 m. So) est savant comme un dictionnaire , suggestif
et amusant comme une étude de mœurs.
Tout d'abord, pour l'Allemand d'aujourd'hui qui parle de Lehnwort
ou de Fremdwort, une question se pose qui n'est pas de pure spécu-
lation psychologique ou historique. Ne faut-il pas épurer la langue, et
un bon patriote ne doit -il pas bannir, autant que possible, les termes
exotiques? On sait qu'im mouvement puriste, nationaliste, agite
(1) Vivent les nobles fils de la grave Allemagne
Leur langue a les grands plis du manteau d'une reine;
La pensée y descend dans un vague profond.
l82 LE MUSÉE BELGE.
aujourd'hui bien des langues, depuis le flamand jusqu'à la langue
romaïque et au roumain. L allemand est en proie aux épurateurs.
Ceux-ci se sont groupés en une vaste association ; et chacun travaille
de son mieux à l'école, dans les administrations, dans les revues, à
« germaniser » le vocabulaire. Tel magistrat dit dans l'exercice même
de ses fonctions : « Herr Amtsgenosse, pour ne pas dire Collège.,, ». On
fabrique des composés à perte de vue, des mots longs dune toise,
pour remplacer les mots exotiques. M. Seiler, avec beaucoup de bon
sens, dit ce qu'il y a de factice dans ces efforts ; il préfère résolument
le mot tram à Dampfstrassenbahn et autres termes de la même élégance.
— La réaction est, en somme, aussi extrême, aussi excessive, que le
pédantisme des gens qui émai lient leur propos de mots étrangers
souvent mal compris et mal employés. Dans Die verlorene Handsckrift
de Gustav Freitrag, une femme savante de sous-préfecture, en con-
versation avec deux philologues, emploie côte à côte le terme exo-
tique et le terme indigène, mais choisit le premier avec tant d'igno-
rance que le mot allemand dit le contraire du mot latin ou français.
Le comique était alors dans la gallomanie ; on pourrait le trouver
aujourd'hui dans le purisme.
Le souverain a parfois favorisé le mouvement nationaliste en
matière de langage ; et de même que Guillaume IIi germanise,
paraît-il, le menu (Speisenfolge), la sauce (Tunke), etc., on annonce
que Victor Emmanuel IIJ se soucie de baptiser en italien le même
menu et d'autres. Ces monarques ne sont pas à cet égard sans anté-
cédents :
« Suétone raconte que Tibère portoit tel respect à sa langue que
voulant user en plein Sénat du mot de monopole ^ qui estoit emprunté
du grec, ce fut avecque une certaine préface, demandant congé de
ce faire ; et luy-mesme une autrefois fit effacer d'un Décret du Sénat
le mot d'emblème, comme estant mandié d'une autre^Langue que de
la Latine, enjoignant tres-estroitement que si l'on ne pou voit trouver
diction propre qui peust représenter celle-là en Latin, pour le moins
que l'on en usast par un contour de langage » (i).
Les décrets et les ukases ne sont pas toujours ratifiés par le souve-
rain maître du langage, l'usage; et Malherbe déclarait à Henri IV
que, tout absolu qu'il fût, il ne saurait changer le genre des mots.
En tous cas, si les rois voulaient appliquer logiquement aux langues
le protectionnisme, ils auraient à remonter le courant de bien des
siècles.
(i) tsiiENNE Pasqluier, Rccherches delà France, VIII, ch. I.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. l83
Une fois résolue — ou écartée — la question d'actualité, l'étude
des mots véritablement incorporés dans une langue reprend l'histoire
des diverses acquisitions nationales. Autant la philologie a dû enre-
gistrer de faillites quand elle a voulu reconstituer la préhistoire indo-
g"ermanique à l'aide des spéculations linguistiques, autant elle est
généreuse et animée quand elle compare les vocabulaires observables
des peuples modernes. Gaston Boissier a rappelé qu'à l'apparition du
dictionnaire de Littré, le public lisait avec avidité les divers articles,
trouvant dans la série des exemples et des sens l'histoire même de la
chose dénommée. Plus récemment M. A. Meillet a justement exposé
le caractère social du phénomène sémantique (i) : ce qui est vrai de
l'évolution des significations apparaît plus immédiatement évident
quand un mot passe d'une langue dans une autre. — Aussi bien, une
abondante « littérature » de l'emprunt est venue éclairer une foule de
sujets, depuis l'Orient sémitique ou grec jusqu'à l'Occident germain
ou latin : « Les livres d'Otto Keller, de Muss Arnolt et de H. Lewy,
en nous donnant la liste des mots empruntés par les Grecs aux
vocabulaires sémitiques, nous font soupçonner les emprunts de la
civilisation grecque aux civilisations orientales » (2). Et plus près de
nous, et plus sûrement, les vocabulaires sont scrutés au point de vue
des rapports entre Germains et Latins. M. Eugène Ulrix vient de
publier De Gcrmaansche Elementen in de romaansche taUn^ proeve van un
germaansch-romaansch woordenboek (Koninklijke Vlaamsche Académie
voor taal- en letterkunde, Gand, Siffer 1907, 208 p.). Il a recueilli
tout ce qui a été publié — ou à peu près — sur cette vaste matière,
et sans chercher à faire des chapitres d'histoire de la langue et de la
civilisation, il a mis ses nombreux documents en un dictionnaire
comme celui de Kôrting. Nous en reparlerons.
M. Seiler, lui, a entrepris la Kulturgeschichte. Comme une histoire
doit avoir des points de repère, des dates, il les cherche naturelle-
ment dans les grands phénomènes qui marquent les étapes de la
langue allemande. La Laulverschiehung, qui s'accomplit du v^ au
vue siècle, permet de situer avant, pendant ou après cette période les
mots empruntés, suivant la forme de leurs consonnes dentales,
labiales et palatales. Comme / passe à r, qu'ensuite p devient pf^
qu'enfin k donne cA, on peut dire que le latin porta (> ail. Pforte) est
(1 j Comment les mots changent de sens, dans V Année soàologique de Durkheim-
9« année, 1904-1905, Alcan 1906, pp. i-38 (voir notamment les exemples, boycott
ter, etc.).
(2) V. BÉRARD, Les Phéniciens et l'Odyssée^ I, p. 4-5; — O. Keller, Lateintsche
Volksetxmologte ; Lat. Etym.; Muss-Arnolt, Semitic Words in Greek and
Latin ; H. Lewy, Die semitischen Fremdworter im Griechischen.
184 LE MUSÉB BSLGB.
entré dans les parlers germaniques après révolution de /, avant celle
de py qu'il a subie. C'est après celle-ci qu'entre pium^ mais c'est
avant l'évolution de Cy puisque Pech a ck. Pforte nous reporte donc au
v« siècle, et Pech au vi« (I, 6). — Wiin (vinus), PF^i/^(villare),où le »
latin est rendu par w^ ont été importés plus tôt que Vers^ Vikar^ où
il est rendu par le » allemand (•=-/). — L'assibilation du c latin, à
laquelle Ch. Joret consacra jadis un énorme livre, et de laquelle on a
donné des explications si contradictoires, est placée par M. Seilerau
vi« siècle (I, 7). L'anglo-saxon complète à l'occasion les moyens de
dater les termes qui se retrouvent dans tout le domaine germanique.
Le premier volume de louvrage est consacré aux importations qui
ont précédé chez les Germains la Lautverschiebung, le christianisme et
la littérature.
Les Germains se trouvèrent d'abord en contact avec les Celtes —
qu'ils refoulèrent finalement, — et ils ont gardé de ces siècles loin-
tains plusieurs emprunts, et plusieurs mots. Les noms de peuples et
de pays sont de ceux qui se conservent et se transmettent le plus
facilement d'une langue à l'autre : les mots celtiques Boit (Boihaemmm)
et Volcae ( > Walah) survivent dans les noms allemands — et ensuite
français — de la Bohème^ des Welches, des Wallons. — C'est aux
Celtes encore que les Germains auraient emprunté les dénominations
du fer (Eiseu), du plomb (Blet), de la fourche (Gabel)^ du pot, — Dans
Tordre politique, il est assez curieux que les mots, aujoiu-dTiui si
« allemands », Amt et Reich^ remontent à des radicaux celtiques. Le
dernier représente le radical rig qui est conservé dans des noms
comme Vercingeto^rjif et, sans doute, kmhiorix.
Mais la culture celtique devait être résorbée dans l'empire romain,
qui allait donner, suivant la célèbre formule de Rutilius, patriam
diversis gentibus unam.
Qu*avez-vous appris aux Germains î
demandait le Paysan du Danube. Les sénateurs, n'étant pas philo-
logues, ne trouvèrent rien à répondre. Il y avait pourtant ample
matière, et M. Seiler le fait bien voir.
Le premier emprunt historique est le nom de Casar, qui est
devenu Kaiser. L'imagination des Barbares est surtout frappée par le
chef des envahisseurs, qu'il soit Alexandre ou Scipion ou Bonaparte
ou Boula-Matari ; et le nom propre latin est devenu nom générique
dans plusieurs langues — comme celui de Karl le deviendra du côté
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. l85
de la Lithuanie (i). — Du nom même de Roma les Germains tirèrent
le dérivé qui est devenu Roemer,
Dans l'enceinte du limes, la région du Neckar et du Main inférieur
se trouvait romanisée, et elle a gardé plus d'éléments romains que
le reste du pays ; après la ruine de l'Empire, la monarchie franque
et l'Église catholique — particulièrement les ordres monastiques —
favorisèrent les relations entre Barbares et Romans, et l'introduction
de termes latins.
Les rencontres sur le champ de bataille ont fait connaître le pilum
que lançaient les soldats romains, et le draco qui flottait sur les
cohortes ; aussi les Germains gardent-ils ces mots (Pfeil et Dracke),
comme ils donneront d'abord aux Gallo-Romans envahis des termes
de guerre (guerre, gonfanon, /teaume, haubert, etc.).
Les Romains étant aussi bons maîtres en matière de fortification
qu'en guerre ofifensive, les noms de vaîlum, palus, casiellum, sirata sont
restés sous la forme de Wall, Pfahl, Kastel, Strasse. Le nom même du
combat, Kampf, paraît bien être le campus latin.
L'administration impériale laisse sa trace dans Zoll (tolonea) et
Zoellner, Speicher (spicarium), Weiler (resté dans beaucoup de noms
de lieux, comme aussi Weiher — vivarium) : l'organisation de la
justice a répandu les mots de Kerker (carcer), Kette (catena), Pfand
(probablement = pannus), sicher (securus), kosen (causari), Pacht
(pactum).
L'emploi officiel des dates substitua à l'ancienne habitude germa-
nique de compter par nuits (2), les noms latins des jours de la
semaine ; seulement les Barbares les traduisirent, ou, si Ton veut, les
transposèrent en leur m3rthologie. Solis dies (que devait supplanter
dits dominica des Chrétiens) a été rendu par sunnundag, Sonntag; Martis
dies devint le jour du dieu Tkingsus : Dienstag, et ainsi de suite. —
Ce n'est que plus tard — à l'époque mérovingienne — que furent
adoptés les noms des mois ; Jànner, Marx, Mai, Augusi passèrent les
premiers, les autres mois, particulièrement ceux d'automne, conti-
nuant un certain temps à être désignés par les noms germaniques,
d'après leur production : TI^#W«w^wo«a/ désignait le mois des vendanges
— et fut plus résistant que le vendémiaire de Fabre d'Eglantine. En
wallon encore, l'automne (weyintin — temps des regains) est la seule
saison qui n'ait pas subi le baptême ordinaire (prétin, osté, ivier), —
Heumond (le mois du foin, juin) apparaît parfois encore dans l'alle-
mand poétique.
( 1 ) G, Paris, Histoire poétique de Charlemagne,
(2) Il en reste des traces daoB ftnglais /orrnt^Af et surtout dans rallemand Fast'
nacht, Weihnachten,
l86 LB MUSÉE BELGB.
Le vin, son commerce et sa culture, le bâtiment, ont fourni aussi
leur contingent d'emprunts latins au vocabulaire germanique : Keller
(cellarium), Kclch (calicem), Pfeiler (pilarius), etc.
L'Allemagne rustique elle-même porte des fruits qu'en sa langue
elle n'avait pas nommés. Ces jours-ci sans doute, M. Ferrero, en
voyant fleurir les cerisiers, a songé avec sa gratitude dliistorien à
Lucullus qui rapporta ces arbres d'Asie- M ineiu'e : le même nom de
ce fruit a passé en allemand (Kirsche, comme cerise =» * ceresi^^ adj.
dérivé d'une forme vulgaire de cerasum) ; et celui qui demande au café
im verre de Kirsch^ emploie un terme qui lui vient de Cérasonie par
l'intermédiaire des légionnaires romains et des distillateurs allemands.
La prune (Pflaume) est venue d'Italie ; et Cyioiua (ville de Crète) a
laissé son nom au Mf^Xov Kubdiviov , fruit-ôsiatique qui est notre coings
l'allemand Quitte. Le (malutn) Persicum est devenu P/irsich, en français
fiéchc : comme quoi un fruit, tout comme un homme, « peut être per-
san ». U abricot (ail. Aprikose) dut faire à peu près le tour du monde
pour arriver à son nom actuel : pracoquum (de pracox, le fruit précoce)
passa du bas-grec : irpaïKÔKKiov, à Tarabe dont il prit l'article ; alherqiq,
et de là au portugais : albaricoquê, d'où il est entré dans leâ diverses
langues : espagnol albricoque, etc. Si le fruit était « précoce », son
nom fut tardif, et ce n'est qu'au xvii* siècle qu'il prit sa forme
actuelle (I, 67).
La faune, par l'industrie humaine, est aussi errante que la flore :
le faisan (ail. Fasan) vient des bords du Phase (phasianus) ; et l'alle-
mand P/erd, flamand paard, français pale/roi^ représente paraveredus,
formé du préfixe grec Tiapd (à côté) et de veredus (le cheval qui traînait
sui* les routes romaines la reda, chariot celtique.
L'habillement et la cuisine ont subi les perfectionnements grecs et
latins, et partant ont emprunté des termes des langues antiques ; de
même la médecine, — et Varchiater de la cour de Byzance a passé
aux cours mérovingiennes et carolingiennes, d'où ce nom s*est
étendu à tous les médecins en général : Arxt,
Une conception civilisatrice plus universelle que celle même du
monde romain mêla bientôt les peuples en les conviant tous à entrer
dans la cité de Dieu : et si le christianisme, réalisant l'idée de la
Pentecôte, parle à toutes les races leur propre langage, il apportait
pourtant aux Barbares divers termes des langues (hébraïque, grecque,
latine) en lesquelles il s'était d'abord formulé.
(A continuer,) A. Counson.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 187
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
113. — Paul Graindor, Histoire de nie de Skyros jusquen i538.
Liège, Vaillant -Carmanne, 1907. 89 pp. (Biblioth. de la Faculté
de Philosophie et Lettres de l'Université de Liège. Fasc. XVIL)
Heureux les peuples qui n*ont pas d'histoire ! Cest un peu le cas
des habitants* de Skyros ; mais si la petitesse de leur île ne leur
permet pas d*avoir une histoire qui leur soit propre, les circonstances
mêlent leurs destinées à celles d'autres peuples et Skyros devient un
point favorable pour observer et étudier de nombreuses questions
d'un intérêt général.
Et d'abord, l'ethnographie ancienne des îles : Skjrros aurait été
habitée d'abord par des Pelages, des Cariens, des Dolopes. M. Grain-
dor recueille avec soin et commente avec sagacité les traditions des
Grecs sur tout cela. Il n'a pas voulu sortir de son sujet en traitant
dans son ensemble la question des Pelages, et, en recherchant si
pour beaucoup d'auteurs grecs, les Pelages ne sont pas tout simple-
ment, comme disent les Allemands, « un concept », ou mieux une
désignation commode pour une population anti-hellénique, réelle ou
supposée.
Skyros a joué un rôle plus important dans la légende que dans
l'histoire : Achille y résida à la cour de Lycomède ; Néoptolème y
fut élevé. Les légendes s'en sont donné à cœur joie et ce n'est pas
une mince besogne que de les débrouiller et d'arriver à retrouver la
forme première.
Au V* siècle, l'île est conquise par Cimon et cette fois c'est un pro-
blème de chronologie qui nous retient : M. Graindor me paraît le
traiter avec beaucoup de clarté et d'habileté.
A partir de cet événement, Skyros est une dépendance d'Athènes,
que ni Philippe, ni les Romains, semble-t-il, n'en détachèrent..
Des clérouques y avaient été établis aussitôt après la conquête : nos
connaissances sur les clérouchies ont été enrichies par des documents
trouvés en dehors de Skyros, particulièrement à Lemnos. M. Grain-
dor s'est surtout attaché à recueillir les renseignements que nous
possédons pour SkjTos. Peut-être, une étude d'ensemble sur ce point
intéressant du droit public athénien aurait-elle mérité de le tenter.
Il a préféré, comme dit le poète, boire dans son verre ; le verre est
petit ; mais la liqueur qu'il contient est de choix.
l88 LE MUSÉE BELGE.
Cette étude prend une place honorable dans la série trop peir
fournie encore de monographies consacrées aux cités insulaires.
L'Université de Liège ï)eut se réjouir d'avoir vu Tun de ses plus
brillants élèves se ranger à la suite de V. von SchôflFer et de
Pridik, dont les monographies de Délos et de Céos sont consultées
tous les jours. Nous souhaitons la même faveur à la monographie de
Skyros. Henri Francotte.
114. — Gh. Dubois, Pouzzoles antique (Histoire et topographie). Paris,
Fontemoing, 1907. xi-452 pp. (Bibl. des écoles franc. d'Athènes
et de Rome, fasc. 98).
Le livre de M. Dubois n'est pas seulement une œuvre d'érudition
solide et sûre, c'est encore un tableau pittoresque d'une de ces villes
municipales où la vie romaine avait jeté ses racines les plus pro-
fondes et où elle produisit ses fruits les plus merveilleux.
Les habitants de Pouzzoles seraient des Samiens qui, fuyant la
tyrannie de Polycrate, s'établirent en Italie vers 52 1 . Ils fondèrent une
colonie qui fut occupée par les Romains en même temps que la Cam-
panie. Désormais soumise à toutes les vicissitudes de la république
et de l'empire, la cité de Pouzzoles s'appela successivement Colonie
Neronensis et Colonia Fîavia, nom qu'elle garda par la suite. Réduite à
l'état de Municipe, elle fut gouvernée par des décurions dont l'auteur
nous donne la liste depuis 196 après J. C. Pouzzoles [Puteoli) était
surtout une ville commerçante et industrielle. Elle était fréquentée
par des marchands de tout pa)rs : Grecs, T)rriens, Héliopolitains,
négociants de Béryte, Nabatéens, Hébreux se donnaient rendez-vous
dans ses murs et sur ses marchés. En conséquence, ses industries
prenaient de l'extension : extraction de pouzzolane, céramique, tra-
vail du fer, préparation des couleurs, parfumerie, telles étaient les
principales occupations des ouvriers de Pouzzoles.
Après cela, nous passons à la vie religieuse. On trouve à Pouzzoles
le culte des dieux ordinaires, si je puis ainsi dire : Apollon, Poséi-
don, Demeter, Dionysos orientalisé. Comme d'habitude, les Nymphes,
Asklépios et Hygie, Jupiter Flagius (Flazzus, osque), Diana Locheria^
peut-être Venus Èrycine, Héraclès, la Bonne Déesse; le culte des
dieux romains, divinités abstraites comme Bona Mens, la Concorde,
l'Honneur, le Génie de la colonie, la Victoire Auguste, ou divinités
quasi concrètes, les empereurs; principalement le culte des dieux
orientaux, Sérapis, Isis, Anubis, Cybèle, Mithra, des Baals S5aiens,.
la Dea Caelestis de Carthage, les divinités dites de la semaine (Tages-
gôtter). Ici, un léger reproche à l'auteur. Cette énumération ressemble
trop à un catalogue : on préférerait une étude historique des cultes
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 189
qui se sont introduits successivement à Pouzzoles. On voudrait
savoir comment et par quelles péripéties ils se sont établis. Or, nous
n'avons là-dessus que des indications vagues et insuffisantes.
Ce qui est mieux traité, ce sont les origines de la communauté
chrétienne de Puteoli. Elles sont assez obscures. On sait seulement
avec certitude que St Paul passa par Pouzzoles en 6i après J.-C. et
qull y demeura plusieurs jours. Dès lors la jeune communauté pros-
péra, elle eut des évêques dont plusieurs sont connus, elle engendra
des martyrs dont le plus célèbre est saint Janvier, évêque de Béné-
vent et patron de Naples, mort pour la foi en avril 3o5.
La seconde partie de cette étude comporte la topographie de-
Pouzzoles et de ses environs. Pour l'établir, M. Dubois se fonde sur
plusieurs documents authentiques. D'abord deux vases, dits d'Ode-
mira et de Piombino, portent le dessin de la ville, du port et de ses
principaux édifices. £n outre, une peinture antique perdue, mais
connue par une copie dite de Bellosi, représente le port de Pouzzoles,
selon J.-B. de Rossi appuyé par M. Dubois, contrairement à l'opi-
nion de M. Huelsen, qui songe aux bords du Tibre du côté du
Forum Boarium et de TAventin. On se rallierait plutôt à l'idée de
M. Dubois et De Rossi. Enfin, M. Dubois s'appuie sur une peinture
antique de Gragnano.
Le territoire de Pouzzoles assez restreint sous la république fut,
sous Tempire, augmenté de la partie méridionale de Vager Campanus.
La ville elle-même avait une superficie de i3o à 140 hectares avec
une population d'environ 65ooo habitants. Elle était, comme la capi-
tale, divisée en regiones ou quartiers, et sillonnée de rues sur lesquelles
l'auteur nous donne de curieux détails.
Elle avait un port très important, puisqu'il fut longtemps le rival
d'Ostie. L'auteur nous décrit le port, la jetée, le bassin, la digue, les
quais, en termes techniques et avec la précision d'un ingénieur
compétent.
Nous appliquons la même remarque au chapitre IV qui traite des-
réservoirs et acqueducs, dont l'eau alimente la grande ville. Parmi
les monuments principaux, il faut mentionner le macelîum et l'amphi-
théâtre. On avait cru que ce macelîum était un temple de Sérapis : il
n'en est rien, c'est ou bien un marché ou bien gn établissement de
bains. M. Dubois se rallie à la première de ces hypothèses, sans
convaincre cependant. L*amphithéâtre est le monument le mieux
conservé. La description en est charmante et évocatrice : on s'inté-
resse particulièrement à ces détails neufs et précis sur le mécanisme
ingénieux qui servait à faire monter les bêtes des souterrains sur
l'arène.
r
IÇO LE MUSÉE BELGE.
Nous trouvons aussi d'amples renseignements sur des édifices
moins importants ou non encore déblayés : thermes, temples, maga-
sins, cirque, tombeaux décorés de mosaïques et de stuc.
L'ouvrage se termine par trois études complémentaires : i) Les
villas de Pouzzoles et des environs. On sait que plusieurs person-
nages célèbres eurent des propriétés dans les environs de Puteoli :
Antoine, César, Cicéron, Licinius Crassus, LucuUus, Pison, C. Lae-
lius, Hortensius, les deux villas de Cicéron, Tune au lac Lucrin,
l'autre appelée horti Cluviani, D'après les documents littéraires,
M. Dubois nous fait le tableau de la vie molle, voluptueuse et raf-
finée que ces riches oisifs menaient dans ces somptueuses propriétés.
Le second appendice intitulé a Les eaux minérales de Pouzzoles
et de Baïa », traite spécialement des stations d'eaux et des ruines de
bains entre Pouzzoles et Misène. Enfin, après quelques observations
géologiques sur les phénomènes dont cette partie de la Campanie est
le théâtre, l'auteur termine par un catalogue des objetstrouvés dans
les fouilles : sculptures, bas-reliefs et sarcophages, bronze, céra-
mique, stucs, fresques, objets en verre, camées, etc.
Le livre de M. Dubois est une œuvre excellente qui sera lue et
appréciée, non seulement par les spécialistes, mais par tous ceux
qui s'intéressent à l'archéologie. Évocateur du passé, M. Dubois a
fait sortir de ces ruines amoncelées une Pouzzoles vivante et pitto-
resque, telles que la virent les marchands orientaux qui se rencon-
traient sur ses marchés et les grands seigneurs qui villégiaturaient
dans les riches villas de sa voisine, Baïes. Th. Simar.
1 15. — G. D. HadzidaklS, La questmi de la langue écrite néo- grecque,
Athènes, Sakellarios, 1907. 200 pp.
M. Hatzidakis tient décidément à convertir les étrangers à la cause
de la langue « épurée » néo-grecque dont il est le principal cham-
pion : voici qu'il nous donne la traduction française (i) d'une brochure
allemande, parue en 1905 et dont il a été déjà rendu compte dans
cette Revue (Bulletin^ 1906, p. i65). Cette traduction s'est enrichie
d'une réponse à M. Thumb, qui est, avec M. Krumbacher, l'un" des
défenseurs les plus autorisés de la langue vulgaire.
On ne peut s'empêcher de trouver que cette querelle des puristes et
des vulgaristes commence à devenir bien longue et. bien fastidieuse.
De ces interminables débats que Ton qualifierait volontiers de « byzan-
tins », il résulte qu'on a, de part et d'autre, donné de fort bonnes
raisons en faveur des deux langues : c'est, je crois, parce qu'elles
(1) La forme de cette traduction aurait dû être sérieusement revue : elle abonde
«n héllénismes qui eh rendent la lecture pénible.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. ICI
ont toutes deux des droits sérieux à la vie. Les Grecs d'autrefois se
trouvaient eux aussi en présence de plusieurs langues issues d'une
même mère et ils ont résolu le problème en artistes plutôt qu'en
philologues : ils ont laissé aux chefs-d'œuvre le soin d'assurer la
répartition des dialectes entre les différents genres.
Pourquoi ne pas les imiter ? Pourquoi vouloir qu'une des deux
langues meure ? Elles ont chacune des qualités qui les rendent pour
ainsi dire toutes deux indispensables.
Quoi qu'en disent ses défenseurs, la langue épurée est loin d'être
parfaite et de répondre à tous les besoins actuels. Elle paraît froide,
sinon prétientieuse et pédante parfois : elle nous fait trop souvent, à
nous étrangers, l'effet de la grenouille qui veut s'égaler au bœuf :
plus elle cherche à se rapprocher de l'antique, plus aussi elle nous
amène à des comparaisons involontaires, mais toujours fâcheuses.
Mais est-ce une raison suffisante pour )a condamner ? Je ne le
crois pas. Elle possède des qualités qui manquent encore à la langue
populaire : elle se prête fort bien au langage de la science et en
général à la prose, tandis que la langue démotique s'accommode
assez mal de l'abstraction.
Mais dans la poésie et dans la prose narrative, la langue populaire
prend une incontestable supériorité : elle possède une couleur, une
£eur de jeunesse incomparables et il serait injuste de dire, comme on
l'a fait souvent, que le Grèce doit attendre un Dante ou un Victor
Hugo pour lui montrer la voie. En poésie, elle possède depuis long-
temps des trésors. Les incomparables chants klephtiques où s'est
retrouvée l'âme homérique suffiraient à promettre ce que la langue
dite vulgaire n auiait pas encore tenu. Mais il y a mieux que des
promesses et l'on peut affirmer que c'est dans cette langue et dans la
langue mixte qui s'en rapproche, que la poésie grecque moderne
compte ses plus nombreux chefs-d'œuvre. P. Graindor.
n6. — TTavreXdKiç/ EXXnviKiPl XPn<""OM<iQ«a (i^e partie). Athènes, Kok-
kinakis, 1907. 11 5 pp.
La chrestomathie de M. Pantelakis est destinée aux élèves de
première année des écoles helléniques : elle est pour les jeunes
Hellènes, ce que sont nos chrestomathies françaises pour les élèves
des classes inférieures de nos Athénées.
En conformité avec le programme officiel, elle renferme, dit la
préface, des fragments d'auteurs anciens de caractère didactique et
instructif, simplifiés en vue de ménager la transition entre l'étude de
la langue actuelle et celle de la langue ancienne.
La simplification a parfois été poussée si loin que des textes en
iga LE MUSÉE BELGE.
sont parfois complètement défigurés : il y a là du Lucien modemisé^
au point d'en être méconnaissable, ce qui ferait croire que cet auteur
ne convient pas à une chrestomathie élémentaire, même lorsqu'elle
s'adresse à de jeunes Grecs, pas plus qu'il ne paraît d'ailleurs appro-
prié au programme de nos quatrièmes.
M. Pantelakis ne me paraît pas suivre de règles bien fixes dans
son travail de simplification : des expressions qui se répètent à peu
d'intervalle sont tantôt respectées, tantôt modifiées. Exemple, page 1 1 :
ti^^aç bè rf^v est devenu XafOiv bè twaixa Tf^v et cependant on trouve un
peu plus bas * Pëav ti^^aç.
La chrestomathie débute par un choix de fables d'Esop>e, la
deuxième partie est consacrée à la mythologie (Apoliodore). Dans la-
troisième sont réunis des morceaux divers, récits, descriptions de
villes (d'après Dicéarque) et trois extraits de Lucien, éloge de la patrie,
dialogue de Solon et d'Ânacharsis, vie de Démonax.
Puis viennent quarante pages de notes pour soixante-dix de textes î
N'eût-il pas mieux valu se montrer plus sobre de commentaires, ne
pas empiéter autant sur la besogne du professeur et nous donner un
choix de textes plus large ?
Pour juger si l'œuvre de M. Pantelakis est en progrès, il nous
faudrait des points de comparaison qui nous manquent : nous n'avons-
pas à notre disposition les chrestomathies précédemment ei^ usage.
P. Graindor.
117. — L. Bodln et p. Mazon, Extraits d'Aristophane et de
Ménandre. a« éd. Paris, Hachette. 1908. a fr. 5o.
Les découvertes récentes d'importants fragments de Ménandre
font en ce moment les délices des hellénistes et aussi des latinistes
qui étudient Ménandre pour mieux comprendre Plante et Térence.
MM. Bodin et Mazon se sont hâtés d'ajouter à leurs extraits d'Aristo-
phane (voy. ce Bm//., 1902, p. 435) les scènes les plus intéressantes
du plus célèbre des poètes de la comédie nouvelle. Il faut leur savoir
gré de leur empressement à rendre accessibles aux écoliers les
fragments publiés par M. Lefebvre il y a moins d'un an. Ils ont
choisi trois scènes de Y Arbitrage (voy. ce Bull.^ 1907. P» 401) :
i© devant l'arbitre; 2® remords et désespoir de Charisios; 3® Smi-
crinès chez son gendre, et les deux cents premiers vers de la
Samienne. Une introduction de dix pages sur Ménandre nous parle
des récentes découvertes de MM. Nicole, Grenfell et Hunt, Jouguet
et Lefebvre, puis des sujets traités par Ménandre, de Tintrigue, des
caractères et de la langue. L'argument de Y Arbitrage et celui de la
Samienne sont reconstitués autant que possible. Le texte est bien
annoté et précédé d'un apparat critique. J. P. W.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. IqS
II 8. — A. De Marohi, Apologisti Cristiani sccîti e commentait, Con
introduzione , appendice ed illustrazioni. Milan, Vallardi, 1907.
336 pp. 3 fr. 5o (Collezione di Classici latini).
On comprend de mieux en mieux la valeur littéraire des auteurs
chrétiens qui ont écrit en grec ou en latin. Voici que M, De Marchi
publie une sorte de chrestomathie des apologistes latins et il la
destine aux classes supérieures d'humanités anciennes et aux hommes
studieux. Ce sont, dit-il, des documents vivants et parlants, d*une des
époques les plus importantes,les plus décisives de l'histoire de Thuma-
nité, sans compter qu'ils offrent de riches matériaux aux études
philologiques et des renseignements précieux sur les croyances
païennes et sur le christianisme naissant.
L'auteur n'a pas cru devoir détacher par ci par là une belle page :
il a préféré donner en entier VOctavius de Minucius Félix, une grande
partie de V Apologétique de Tertullien, l'opuscule Ad Donatum de
S. Cyprien, le livre IV d'Arnobe, Adversus gentes^ et le livre V de Lac-
tance, Instituiiones divinae. £n appendice (p. 277-334), il ajoute quel-
ques chapitres de S. Augustin, De civitate Dei^ quelques Relations de
Symmaque, la lettre de S. Ambroise contre Symmaque, quelques
pages du Contra Symmachum de Prudence, la lettre de Pline à Trajan
sur les chrétiens et les Actes des Martyrs scillitains.
Le texte est pris dans les bonnes éditions ; pour Tertullien, il est
-dommage que M. De Marchi nait pas eu à sa disposition l'édition
Rauschen (Bonn, Hanstein, 1906).
Le commentaire est assez étendu. Il est surtout historique et
explicatif; pour la grammaire et le vocabulaire, il pourrait être plus
philologique. Dans les classes surtout, où la langue classique doit
servir de norme, il faut rendre compte des différences que la langue
des apologistes présente avec celle des auteurs classiques. Ici, nous ne
trouvons le plus souvent qu'une traduction ou une explication du sens.
M. De Marchi semble surtout s'être placé au point de vue histo-
rique, et il a fait précéder son opuscule d'une introduction très inté-
ressante sur « le christianisme dans les auteurs païens », sur les
apologistes grecs, et sur la question de savoir qui est le premier en
date des apologistes latins, Tertullien ou Minucius Félix. Il se pro-
nonce pour Tertullien. L'œuvre ou les extraits de chaque auteur sont
précédés d'une notice sur sa vie et sur ses écrits.
Tel qu'il est, l'ouvrage de M. De Marchi rendra de grands services.
J. P. W,
119. — W. B[roll , Geschichte der klassischen Philologie. Leipzig,
Gôschen, 1908. i52 pp. o m. 80. (Sammlung Gôschen, n9 367.)
Nous nous empressons de recommander ce petit livre à nos lec-
194 ^^ MUSÉE BELGE.
teurs. En i5o pages. M. Kroll a essayé d'exposer, dans son évolutioQ
continue, l'histoire de la philologie classique, d'en dégager les ten-
dances, le caractère, d'en déterminer, dans leur incessante fluctua-
tion, les grands courants et de les rattacher à Thistoire générale de
la civilisation. M. Kroll a rappelé les noms et l'œuvre des principaux
savants qui ont fait progresser ou qui ont renouvelé les études philo-
logiques, se bornant à ceux dont la mort a consacré définitivement
la gloire ou le mérite. Ce livre rappelle, par la similitude des pro-
cédés, le Manuel de l'histoire de la littérature française de F. Brunetière.
L'auteur retrace d'abord (pp. 5-66) l'histoire de la. philologie clas-
sique dans l'antiquité ; cette première partie comprend quatre cha-
pitres : I . les précurseurs ; 2 . la philologie alexandrine ; 3 . la philologie
stoïcienne et post- alexandrine ; 4. les épigones ou successeurs.
Si le moyen âge, semble-t-il, a été quelque peu dédaigné par
l'auteur (pp. 66 yS), l'époque moderne, par contre, fait l'objet d'un
long développement (pp. 75-147) ; elle est divisée en trois périodes :
I. l'humanisme; 2. la renaissance de la philologie; 3. le néo-huma-
nisme et la « science de l'antiquité ». La nouvelle direction qu'a
prise la philologie au xix® siècle semble être un résultat du mouve-
ment intellectuel du xviii« siècle. La linguistique et l'archéologie ne
sont pas oubliées.
Ajoutons enfin que nous n'avons pas rencontré de parti-pris ni de
prévention : Pétrarque, Scaliger, Bentley et Valckenaer spnt appré-
ciés à leur juste valeur, aussi bien que Mommsen ou que Ritschl.
A la fin de cet excellent petit ouvrage, on trouvera quelques indica-
tions bibliographiques et un index des noms propres.
P. Henen.
Langues et Littératures celtiques.
120. — Philippe de Féiice, L'Autre monde. Mythes et Légendes, Le
Purgatoire de saint Patrice. Paris, H. Champion, 1906. In-8*> ,
193 pp. 6 fr.
Ce travail a été élaboré par l'auteur, principalement sous la direc-
tion de M. Hubert, à la section des sciences religieuses de l'École
des Hautes-Études. Il renferme la première partie d'une étude sur
le Purgatoire de saint Patrice. Après avoir raconté la légende, M. de
Félice en recherche les origines lointaines et montre la place qu elle
occupe dans l'ensemble des traditions relatives à 1' a autre monde » .
On sait ce que c'est que \e Purgatoire de saint Patrice, Au Nord-
Ouest de l'Irlande, dans la partie méridionale du comté de Donegal,
existe un lac sauvage, appelé le Lough Derg [Lac fouge), semé de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. IqS
petits îlots. L'un de ces îlots renfermait autrefois une grotte célèbre,
qu'on disait être une entrée de l'autre monde. La tradition racontait
que les audacieux, qui s'étaient introduits dans ce redoutable réduit,
avaient eu des visions leur révélant les tourments des méchants et
les joies des bienheureux. L'endroit devint, sous le nom de Purga-
toire de saint Patrice, un centre de pèlerinage pour la chrétienté la-
tine. Du xii« au xiii« siècle, les chanoines de Saint- Augustin en avaient
la garde et pour pénétrer dans le souterrain, il fallait se livrer à des
pratiques préparatoires, comme le jeûne, la prière, etc. Après quoi
le pèlerin était conduit processionnellement au « purgatoire » et s'y
laissait enfermer pendant une nuit. Le matin, la même procession
allait lui ouvrir l'entrée et, si on le retrouvait vivant, il était mené en
grande pompe à l'église de Réglis, située près de la grotte, pour y
offrir à Dieu des actions de grâces. La tradition voulait que quiconque
avait passé une nuit dans le souterrain, le cœur navré de repentir et
Tesprit tourné vers Dieu, était absous de ses fautes et sûr de goûter
les joies du Paradis, à condition de ne plus pécher dans la suite.
Dans un premier chapitre, l'auteur raconte la visite qu'il fit à l'île
du Lough Derg au mois de mars igoS. L'ancienne grotte n'existe
plus, mais l'endroit qui est considéré actuellement comme le « purga-
toire », sert de centre de pèlerinage, où l'on peut se procurer, d'après
la croyance des pèlerins, toutes sortes d'extraordinaires indulgences.
Dans le chapitre II. intitulé La légende du Purgatoire, l'auteur étudie
les premières manifestations littéraires de la tradition. C'est vers la
fin du xvi« siècle que trois auteurs mentionnent presque simultané-
ment l'existence d'un Purgatoire de saint Patrice. Le moine Jocelin,
dans sa vie de saint Patrice, composée entre 1180 et ii85, localise le
Purgatoire sur le mont Cruachan Aigle, en Connaught, et rattache
sa fondation à l'expulsion des mauvais esprits d'Irlande par saint
Patrice. Cette version n'eut pas d'influence sur l'évolution de la
légende. Giraud de Cambrie (f 1223), dans sa Topographia Hihernica,
est le second auteur qui mentionne le Purgatoire : il le place dans
une île, dans l'Ulster, et rapporte les visions des audacieux qui osent
passer une nuit dans le redoutable lieu. Mais le Purgatoire de saint
Patrice doit avant tout sa renommée au cistercien de Saltrey, qui
écrivit en prose latine le récit de la visite du chevalier Owein à la
grotte sacrée (vers 1 140). Après avoir donné quelques renseignements
sur l'anonyme qui écrivit ces visions, à une époque où précisément
le culte de saint Patrice subissait un regain d'influence, M. de
Félice nous montre la grande popularité acquise par Les Aventures
du chevalier Owein, en nous faisant connaître d'une façon très précise
les divers manuscrits qui les contiennent et les nombreuses traduc-
tions qui nous en restent.
^9^ LB MUSÉE BBLGE.
Au chapitre III, nous apprenons à connaître les aventures da
chevalier Owein, sa descente dans le Purgatoire, les horribles visions
et les tortures qui Ty assaillent, sa confiance en Dieu qui lui permet
de surpasser toutes les épreuves et de contempler les joies du Paradis.
Ce récit de la légende nous est fait d'après le texte de Roger de
Wendover, le manuscrit latin du British Muséum Roy. i3. B. VIII
et le poème anglais Owayn Milâs^ contenu dans le manuscrit Cotton.
-Calig. A. IL
Le chapitre IV nous retrace l'histoire fort intéressante du sanc-
tuaire de Lough Derg, les visites des pèlerins dont le nom nous a
été conservé, et qui ont parfois laissé le récit de leurs impressions.
On voit que la renommée du f Purgatoire » attirait des Français,
des Italiens, des Hongrois, et il est intéressant de signaler les lettres
d'Edouard III d'Angleterre, datées du 24 octobre i358, attestant que
deux gentilhommes italiens ont loyalement accompli tous les rites
réglementaires. Il ne manquait pas de pèlerins qui se montraient
sceptiques : notamment, Sir William Lisle confia au chroniqueur
Froissart qu'il ne pouvait s'empêcher de croire a que ce soit tout
fantosme ». En 1494, un moine d'Eymstadt, en Hollande, après
avoir vaincu des difficultés énormes, parvint à se faire enfermer dans
le souterrain, après s*être soumis au jeûne et aux prières réglemen-
taires. Une nuit entière, il resta accroupi, tremblant de peur et atten-
dant l'apparition des démons. Il ne vit rien. Profondément troublé,
il alla se plaindre à Rome au pape Alexandre VI. Celui-ci, bientôt
convaincu que le prétendu Purgatoire n'était qu'une impostiu^,
ordonna à l'archevêque d'Irlande de le démolir. En grande pompe,
cet ordre pontifical fut exécuté. Mais bientôt le sanctuaire se releva
de ses ruines, et regagna en faveur, malgré l'intervention répétée
des pouvoirs publics, et notamment du Parlement anglais. La visite
que M. de Félice a fait à l'île du Lough Berg, si elle nous apprend
que l'ancien souterrain n'existe plus et que les visions ont disparu
pour faire place à de simples indulgences de pèlerinage, n'en confirme
pas moins l'extraordinaire vitalité de cette vieille légende populaire
à travers les siècles.
Au chapitre V, l'auteur démontre que l'origine du sanctuaire doit
être cherchée dans l'existence d'un de ces souterrains artificiels, re-
montant à l'époque préhistorique des premiers habitants de l'Irlande,
ces mystérieux Tûatha De Danann, qui furent dans la suite regardés
comme des dieux. Ces cavernes ont donné naissance à des traditions
innombrables, parmi lesquelles se trouve la légende qui y localise les
esprits mauvais. Sans attribuer — comme le fait la légende — le
Purgatoire de Lough Derg à saint Patrice, on ne peut que constater
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I97
une fois de plus que le christianisme se servit des vestiges de la reli-
gion païenne, pour amener plus facilement les foules à la conversion.
De plus, si Ton peut supposer que le chevalier Owein, qui subit de
si étranges aventures dans le fameux Purgatoire, est un personnage
réel, son prototype doit être cherché dans le dieu païen Oengus, fils
de Dagdé, souverain des Tûatha De Danann, dont l'histoire légen-
daire et mythique doit avoir influencé la tradition à*Owayn Miles,
M. de Félice, après ces intéressants détails sur la légende et son
origine probable, entreprend de la rattacher à Tensemble des tiadi-
tions relatives à 1* « autre monde ». Il étudie donc, dans les chapitres
VI et VIL r « autre monde » chez les Ég3rptiens, les Chaldéens, les
Hébreux, les Grecs, les Romains, et pendant la période gréco-latine.
Nous trouvons ici un ensemble de renseignements des plus inté-
ressants et dont la recherche a dû coûter beaucoup de peine à
l'auteur. Mais, s'il est facile de rattacher l'ouvrage du cistercien de
de Saltrey à tous ces vieux mjrthes des religions disparues, dont les
éléments ont été transmis par une chaîne ininterrompue d'écrits et
de traditions, il n'en reste pas moins vrai que l'étude des croyances
des Celtes d'Irlande révèle sans aucun doute une action plus directe
sur son œuvre. M. de Félice étudie ces traditions au chapitre VII. Et
il ressort de cet examan que Henry de Saltrey a emprunté à l'Irlande
le mythe du Lough Derg et le nom du héros qui visite l'autre monde.
Mais les éléments dont il se sert pour décrire l'enfer, le purgatoire
et le paradis ont été fournis par les visions chrétiennes. La plus
ancienne de ces visions est l'Apocalypse de Pierre, antérieure au
milieu du ii* siècle. Elle présente des éléments qui ont dû inspirer la
légende du Purgatoire de saint Patrice, et on constate d'autre part
une étroite relation entre les visions de cette Apocal3rpse et les vieux
mythes de l'Orphisme L'influence de cette apocalypse fut étendue et
c'est précisément en Angleterre ou en Irlande que l'on rencontre la
plupart de ces visions, dont la série s'ouvre par celle de saint Fursy.
On peut conclure avec M. de Félice que l'ouvrage du cistercien
de Saltrey n'est plus un mystère lorsqu'on l'a replacé à son époque
et dans son milieu, et que le mythe du Purgatoire de saint Patrice
apparaît comme le résultat nécessaire d'un vaste ensemble de
croyances et de traditions.
Cette étude de folklore se distingue par de sérieuses qualités cri-
tiques : ce n'est pas toujours le cas pour les études de ce genre.
M . de Félice s'en tient à l'étude rigoureusement historique des monu-
ments écrits et s'il fait des excursions dans le domaine du folklore
universel, il sait se garder de confondre les noms avec les choses et de
tirer des conclusions intempestives de rapprochements hasardés et
superficiels. Néanmoins, on trouve chez lui des idées courantes, qui
igS LE MUSÉE BELGE.
régnent dans le milieu des historiens des religions, et qui n'ont d'autre
valeur que celle de lieux communs. C'est ainsi qu on voit apparaître
Taxiome que les populations sauvages d'aujourd'hui représentent
encore l'état des civilisations primitives d'il y a plus de deux ou trois
mille ans. C'est un postulat indémontré et indémontrable. Il nous
semble aussi que l'étude de l'autre monde chez les peuples de l'anti-
quité est un hors d'oeuvre. Sans doute, particulièrement chez les
Égyptiens et les Chaldéens, on retrouve des pratiques qui ressemblent
étonnamment à celles imposées aux pèlerins du purgatoire, mais ce
ne peut être là qu'une coïncidence intéressante. Il faut d'ailleurs
rendre justice à M. de Félice de ne pas en avoir tiré des conclusions
prématurées. Mais, en somme, il s'occupe spécialement du Purga-
toire de saint Patrice. Dès lors, ce sont surtout les traditions cel-
tiques et irlandaises qui auraient dû fixer son attention. De plus,
même à ce point de vue, l'auteur aurait dû accorder une plus grande
place aux légendes et visions chrétimnes. Lui-même constate que les
poètes anglo-saxons comme Cynewulf, Béowulf, etc., s'inspirent beau-
coup plus des traditions ecclésiastiques que de la vieille m3rthologie
païenne. Une étude plus approfondie des visions de Fursy, de Drint-
helm, de Wenlok, de Thurcill, etc., s'imposait. Or, l'auteur a consacré
la plus grande partie de ses efforts à ressusciter les croyances des
peuples de l'antiquité classique. Même ce tableau est incomplet, car
on n'y trouve pas les m3rthes des Germains et des peuples teutons en
général, croyances qui ont dû exercer une certaine influence sur les
littérateurs irlandais au xii« siècle.
Il reste néanmoins vrai que la légende du Purgatoire de saint
Patrice n'avait pas encore été étudiée avec toute l'envergure qui carac-
térise l'étude de M. de Félice. A la page 89, l'auteur suppose que, si
vraiment des pèlerins ne sortirent plus vivants du Purgatoire, les
moines, désireux de maintenir autour de leur sanctuaire une atmos-
phère de terreur, les auront « tout simplement supprimés 1». Il est
regrettable de devoir signaler cette hypothèse au moins déplacée
dans un livre qui se recommande d'ailleurs par une sérénité scienti-
fique, digne d'éloges. N'oublions pas d'ajouter que l'ouvrage est écrit
dans un style coloré et pittoresque, qui en rend la lecture particu-
lièrement attrayante. L. Van der Essen.
Langues et Littératures romanes.
121. — G. Liégeois et L. Mallinger, Le Théâtre et VÉloquenu en
Ffance et en Belgique. Chrestomaithie à l'usage de la classe de Pre-
mière. Namur, Wesmael-Charlier, 1908. 842 pp. in-80. 6 fr.
La chrestomathie nouvelle que nous donnent ici MM. Liégeois et
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. I99
Mallinger s'inspire de la louable préoccupation de faire connaître
aux élèves en vue desquels ils Tont composée, deux genres remar-
quables de la littérature française dans tout leur développement,
depuis les origines jusqu'à nos jours. Mais en même temps qu'ils
ont reproduit des fragments d'œuvres dramatiques et oratoires
appartenant à toutes les époques et à toutes les écoles, les auteurs
ont eu souci d'y joindre des commentaires et des analyses qui per-
mettent de bien saisir la marche, Y évolution de ces deux grandes
formes d*art Ainsi les professeurs trouveront- ils, dans ces morceaux
choisis et dans les exposés théoriques qui les précèdent ou les suivent,
la matière d'une interprétation à la fois rationnelle et historique de
multiples productions du théâtre et de l'éloquence.
Il va sans dire que tout recueil de l'espèce prête à discussion. En
effet, telle page choisie s'y rencontre que tel lecteur n'aurait pas admise.
Le contraire arrive aussi : ce même lecteur n'y aperçoit pas un texte
qu'il estime et qu*il aurait jugé digne des honneurs du florilège. Mais
l'important, en ces sortes de livres, est que la sélection ait été accom-
plie dans un esprit de bon éclectisme, de manière à placer sous les
yeux du public un ensemble bien conçu et bien ordonné de manifes-
tations littéraires plus ou moins caractéristiques. Ce qui est également
requis, c'est que les extraits soient accompagnés d'indications bio-
graphiques et critiques qui en fassent clairement comprendre la
nature et la valeur, ainsi que la portée qu'ils ont dans le livre d'où ils
proviennent Nous avons déjà dit comment MM. Liégeois et Mal-
linger ont entendu leur tâche à cet égard. Ajoutons que, pour cer-
tains exposés généraux retraçant une étape marquante d'un de leurs
deux genres littéraires, ils ont plus d'une fois cédé la parole à des
critiques justement réputés. Notons encore que, suivant un usage
qui s'adopte de plus en plus pour les anthologies, ils ont réservé une
place assez étendue à la littérature du jour et donné toute une série
de morceaux empruntés à des dramaturges et à des orateurs encore
vivants. Assurément, leur ouvrage renferme les éléments d'un cours
pratique d'histoire littéraire qui ne peut manquer d'intéresser vive-
ment les élèves de la classe de première auxquels il est destiné. De
précieuses qualités, comme on voit, le recommandent à l'attention et
le meilleur succès lui est assuré. Georges Doutrepont.
122. — Paul Dlmoff, Œuvres complètes d'André Chénier, publiées d'après
les manuscrits. T. I, Bucoliques. Paris, Delagrave, 1908. 3 f. 5o.
Dans son livre sur André Chénier, paru en 1902, Emile Faguet
disait qu'une édition complète d'André Chénier restait à faire. C'est
cette édition que M. Dimoff a résolu de nous donner ; il en publie
200 LE MUSÉB BELGE.
aujourd'hui le premier volume, qui contient les Bucoliques, Ainsi se
réalisera, dès le début du xx« siècle, Tun des vœux les plus ardents
du xix« : la publication d'un Chénier exact et complet, vers et prose.
M. Dimofif a eu naturellement recours aux manuscrits du poète;
une partie de ces papiers, celle qui servit à H. de Latouche pour son
édition, prétendument complète des Œuvres S André de Chénier (Paris,
Beaudouin frères, 1819, i vol. in-8<*), disparut pendant la guerre de
1870 ; l'autre demeura la propriété de la famille Chénier jusqu*à la
mort de la veuve de Gabriel de Chénier, qui légua les manuscrits à
la Bibliothèque Nationale : ils ne pouvaient être rendus publics avant
1892. Citons parmi les rares privilégiés qui furent autorisés à la
parcourir, Sainte-Beuve, Paul Lacroix, Emile Egger, Guillaume
Guizot. Si, en 1862, Becq de Fouquières put la voir, ce fut à la
condition de n'en rien publier ; aussi la belle édition critique des
Poésies d'André Chénier, qu'il fit paraître la même année, n'a-t-eUe
pas d'autre mérite que de corriger les fautes qui défiguraient le texte
de Chénier, et de contenir un admirable commentaire, désormais
classique. {Poésies d'André Chénier^ édit. crit., Paris, Charpentier
I vol. in 8° 1862 ; 2® éd., 1872, i vol. in-i8. Épuisée).
Ce fut un membre de la famille, le petit-neveu d'André, Gabriel
de Chénier, qui publia, pour la première fois, en 1874, tous les vers
du poète ; c'est ce qui donne tant de valeur à son édition d'ailleurs
mal faite et renfermant d'étranges méprises. (Œuvres poétiques d* André
de Chénier^ par Gabriel de Chénier, Paris, Lemerre, 1874, 3 vol.
in- 12). Gabriel de Chénier manquait de goût et de critique ; il avait
publié les poésies dans l'ordre, ou plutôt, dans le désordre des
manuscrits ; pour lui, tout ce qu'André avait écrit sur la même page
était destiné à faire partie d'un même poème ; c'était là un critérium
très simple, mais qui pouvait mener loin ; on en arrivait à mécon-
naître la méthode de travail d'André, qui jetait, sur la même feuille,
sans ordre, suivant une inspiration souvent capricieuse, les vers
les plus disparates.
Gabriel de Chénier écrivait cependant avec assurance, (T. II,
p. Il), dans son introduction : « Il ne pouvait y avoir aucune conf«*
sion dans le classement des morceaux qui se rapportent aux différents
genres de composition, parce que l'auteur a pris soin lui-même de les
rattacher entre eux par des signes particuliers. » Ainsi, quand nous
trouvons, en tête d'un morceau, l'abréviation pouK., nous sommes en
présence d'une Bucolique ou d'un fragment de Bucolique; sembla-
blement l'abréviation ëXer, indiquera que les vers suivants étaient
destinés, dans la pensée du poète, à faire partie d'une élégie.
Malheureusement, bien des fragments, bien des vers isolés, bien
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 20I
des notes ne portent pas ces signes précieux, et, plus d'une fois,
l'éditeur est embarrassé ; il ne sait s'il doit classer tel ou tel vers dans
telle ou telle catégorie de poèmes, dans les Bucoliques ou dans les
Élégies. Gabriel de Chénier lui-même, bien qu'il eût simplifié la
besogne en adoptant la méthode que j'ai critiquée, s'est vu obligé de
réunir à part, sous le titre de Poésies diverses^ celles dont il n'avait pu
établir l'attribution. A plus forte raison, M. Dimoff, dont la méthode
est plus rigoureuse, conservera- 1- il cette rubrique désagréable, mais
impossible à éviter.
M. Dimoff est cependant parvenu à restituer aux Bucoliques des
morceaux que G. de Chénier avait classés ailleurs ; on en trouvera
rénumération dans l'introduction, pp. xxix-xxxi.
Une seconde difficulté se présentait : le classement des Bucoliques
elles-mêmes. Les pièces de cette catégorie une fois bien déterminées,
de quelle manière devait-on les disposer ? Ici non plus, il ne pouvait
être question de respecter l'ordre des manuscrits. Becq de Fouquières
avait proposé {Documents nouveaux sur A. Chénier, etc. Paris, Charpen-
tier, 1875, I vol. in 18), la classification suivante : d'abord, un
premier groupe comprenant les pièces terminées, complètes ; pour
celles-ci, le classement était facile ; puis un second groupe, dans
lequel devaient entrer les fragments en vers ; enfin im troisième,
où trouveraient place les projets et les notes.
Mais ces fragments, ces projets et ces notes, comment les classer
à leur tour ? Par sujets, c'est-à-dire d'après le sujet traité ; par
exemple, viendraient en premier lieu les Débuts et envois d'Idylles ;
puis, ce qui concernait les Dieux, puis, ce qui traitait des Héros, et
ainsi de suite, dans une gradation descendante. C'est, à quelques
modifications près, le classement adopté par J.-M. de Hérédia, dans
son édition des Bucoliques de Chénier. (Paris, Charles Meunier,
1906. I vol. in 40, illustré par Pantin- Latour).
M Dimofi" a préféré réunir les pièces achevées, les fragments et les
notes de même espèce : c'est, si Ton veut, le système proposé par
Becq de Fouquières, mais avec cette différence que les morceaux
complets ne constituent pas une classe spéciale, indépendante des
fragments, pas plus que ceux-ci ne sont séparés des simples notes.
Becq de Fouquières considérait d'abord l'état d'achèvement des
pièces, puis, mais seulement après, le sujet traité. M. Dimoff ne tient
compte que de cette dernière condition ; il dispose le tout en divi-
sions qui répondent, dit-il, « aux grandes divisions de la vie antique,
et aux asp>ects de la vie champêtre » : les invocations poétiques, les
Dieux, les Héros et les Fables, les Chanteurs, les Enfants, etc. On
ne dissimulera pas ce que de pareilles divisions ont de factice ; elles
202 LE MUSÉE BELGE.
n'ont pas la prétention de correspondre au classement qu'André
s'était proposé ; ce classement- là, nous l'ignorerons toujours. Il est
évident, par exemple, que jamais Chénier n*a eu l'intention de réunir,
dans une même pièce, tous les fragments que M. Dimoff a réunis
sous le même titre (les Festins, par ex.). M. Dimoff a voulu simple-
ment, par un classement rationnel, permettre au lecteur et au cri-
tique, de se retrouver dans le fouillis des œuvres de Chénier. Ajoutez
que le rapprochement des pièces de même espèce suggère des
comparaisons intéressantes.
M. Dimoff a poussé le respect de son auteur jusqu'à nous avertir,
par une note, des changements qu'il a apportés à la ponctuation des
manuscrits ; la chose n'était nécessaire que pour les vers dans
lesquels le déplacement ou la suppression de la ponctuation avait pour
conséquence un changement dans le sens. Partout ailleurs, il faut
savoir corriger, sans en dire mot, ponctuation et orthographe.
M. Dimoff n'a pas touché à une virgule de Chénier, sans nous le
dire ; ce n'était pas le moyen d'alléger son livre ; car Chénier avait
une ponctuation très capricieuse, comme, j'imagine, M. Dimoff lui-
même dans ses brouillons.
Donnons un exemple. Vous lisez dans Chénier : Athamas, Ino,
Mélicerte, Glaucus, Palémon. Vous vous trompez : Chénier n'a pas
écrit cela ; les virgules sont de M. Dimoff, qui prend la peine de nous
en prévenir.
M. Dimoff a borné sa tâche à celle d'éditeur ; il s'en est acquitté
avec conscience et intelligence ; s'il a péché, c'est par excès de scru-
pule ; c'est un péché qu'on pardonne volontiers à un philologue.
Cependant j'aurais aimé que le texte fût accompagné — non seule-
ment de notes critiques — mais d'un commentaire, dans le genre de
celui de Becq de Fouquières, plus complet et profitant de tout ce qxii
a été écrit depuis 1872 sur André Chénier. M. Dimoff a préféré le
réserver pour le publier à part. Il lui a paru qu'une édition, ainsi
commentée, a ne pouvait être que le couronnement de patientes et
minutieuses recherches » . En attendant ce volume, nous serons donc
toujours obligés de recourir au commentaire de Becq.
Arthur Humpers.
123. — OttorinO Planigiani, Vocaholario etimologico délia lingm
italiana, con prefazione del Prof. F. L. PuUè. Roma-Milano,
Albrighi, Segati etc., 1907. 2 vol. gr. 8». 20 fr.
L'œuvre de Francesco Zambaldi, Vocabolario etimologico iialiano
(Turin, 1889), première synthèse étymologique de la langue italienne,
est-elle donc manquée ou vieillie, et la tentative de M. Pianigiani,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2o3
professeur de langues romanes comparées à l'Ateneo de Bologne, est-
elle destinée, selon la formule consacrée, à combler une la,cune
regrettable ?
Les deux ouvrages ont leur raison d'être : il existe, en effet, suivant
le but où Ton vise, deux façons de concevoir la disposition d'un
dictionnaire. Si Ton s'adresse aux seuls initiés, aux érudits, l'ordre
des étymons ou des familles de mots présente l'avantage d'être plus
logique, plus méthodique : ainsi procède Zambaldi. Mais a-t-on
surtout des visées pratiques, veut-on qu'un lecteur profane puisse de
suite et sans effort trouver le mot qui l'intéresse, veut- on avant tout
diriger ou raffermir le sentiment linguistique de ceux qui désirent
uniquement être fixés sur la valeur et l'origine de tel mot isolé, et
pouvoir ainsi s'exprimer avec exactitude et précision, alors la dispo-
sition alphabétique des dictionnaires d'usage est préférable. Ainsi se
justifie le travail de M. Pianigiani, œuvre considérable et longuement
méditée : elle ne vise pas à l'originalité (s'inspirant de modèles
français, allemands, anglais); elle n'apporte aux érudits aucune
nouveauté, aucune découverte : elle n'est et ne prétend être que
la synthèse, la condensation et la disposition systématique des
recherches antérieures des romanistes de tous pays, et la a Nota délie
principali opère consultate » indique que l'auteur s'est adressé à
toutes les bonnes sources importantes. Mais il expose sans dogma-
tisme et sans choix arbitraire les données de la science : s'il exclut
les hypothèses entièrement dépourvues de fondement; s'il manifeste
ses préférences dans les cas controversés, il a soin de mettre sous les
yeux du lecteur, mais dans une perspective favorable à sa thèse, les
différentes explications qui méritent de fixer l'attention.
M. Pianigiani a de cette façon, dans un exposé clair et abondant,
mis à la portée du public lettré les résultats acquis de l'étymologie
italienne, et par là il a fait œuvre nouvelle et grandement utile à ses
compatriotes et à la langue de son pays.
Apprécier dans sa valeur intrinsèque, après l'avoir seulement
feuilleté, un ouvrage qu'il faudrait pour cela avoir longuement manié,
serait chose dangereuse et prématurée (i). D'aucuns pourraient trouver
qu'une trop large place est accordée à la partie sémantique, quand elle
relève uniquement du dictionnaire d'usage. Mais excès de bien ne nuit
pas, et nous ne voudrions pas encourir le reproche de trouver la
mariée trop belle. A. Doutrepont.
(i) Pourquoi Tauteur, dans son tableau des langues romanes (p. xvi), néglige-t-il
It rhéto-roman et donne-t-il le valaque et le roumain comme deux langues diffé-
rentes ?
/"
4
204 LE MUSÉB BELGB.
Langues et Littératures germaniques.
124. — Fr. L. 'K.WelgBXid^Deutsches WoerUrbuch. 5* Âuâage. Nach
des Verfassers Tode vollstàndig neu bearbeitet von K. von Bahdsr,
H. HiRT, K. Kant. Hrsg. von H. Hirt. Livraisons 1-2 {A-drum].
Giessen, A. Tôpelmann, 1908 (L'ouvrage sera complet en 12 livr.
à I m. 60).
Il y a environ un demi siècle que Weigand entreprit son Di^ùm^
naire allemand dans le doublé but de renseigner sur Tétymologie des
mots et de donner lliistoire de leurs significations. Dès son appari •
tion, ce travail consciencieux, fruit de longues et patientes investi-
gations» fut accueilli avec une faveur marquée. Il n'existait pas
d'ouvrage similaire possédant une si grande valeur. Il ne fut dépassé
que bien longtemps après par les dictionnaires de Fr. Kluge et de
H. Paul, qui ne donnent chacun qu'une partie de ce que présentait
Weigand ; en effet, Kluge se bornait à Tétymologie et Paul au côté
sémasiologique. Lorsque parut la quatrième édition (i 881-1882),
l'auteur n'était plus en vie. Une revision en fut entreprise par K. von
Bahder, qui mourut avant d'avoir pu l'achever; un second continua-
teur, M. Kant, ne parvint pas d'avantage à préparer la nouvelle
édition ; enfin le professeur H. Hirt, bien connu par ses importants
travaux de linguistique indo-germanique, a eu le bonheur de com-
pléter et de terminer ce travail de refonte, si bien que cette
cinquième édition répond absolument, au point de vue scientifique,
aux exigences actuelles.
Il est vrai qu'elle ne ressemble plus que de loin à l'édition origi-
nale. Pourrait-il en être autrement? Le vocabulaire d'une langue
vivante se modifie constamment. Les continuateurs ont donc eu à
corriger des étymologies reconnues inexactes, à biffer beaucoup de
vocables qui n'appartiennent plus à l'allemand actuel, à en ajouter un
plus grand nombre d'autres, surtout les termes relatifs à la politique,
au commerce, etc. Celui qui comparerait, sous ce rapport, cette
cinquième édition à la précédente, serait frappé de la différence ; il
constaterait que, dans la première livraison seule, environ 270 mots
nouveaux ont été insérés, tandis qu'à peu près i5o autres n'y figurent
plus. Des mots comme Ambassade ont disparu ; en revanche, on y
rencontre Agrarier^ Antisemit et beaucoup d autres, que le dictionnaire
de Paul, paru en 1897, ne mentionne pas encore (i). A plus d'un
point de vue, cette comparaison serait intéressante et instructive.
(1) Une seconde édition du Deutsches Woerterbuch de H. Paul se publie
actuellement, également par fascicules; je ne suis pas à même de consuter si ces
mots y figurent maintenant.
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 205'
Sous une forme condensée, Touvrage donne le résultat d*immense&
recherches. Pour l'étude de Tallemand de nos jours, c*est un outil
indispensable. A mesure qu'on s'en sert, on en apprécie les hautes
qualités. Les renseignements que l'on y trouve sont multiples et
utiles; mais chaque mot a été posé; l'auteur ne donne rien de
superflu. Malgré l'extrême concision des articles, M. Hirt a ajouté
assez souvent des indications bibliographiques, à l'intention du
lecteur qui désire des renseignements complémentaires.
C. Lbcoutere.
125. — Fr. Kaoftnann, Dmtscke Metrik nach ihrer gêschichtlichvn Ent-
wicklung. Zweîte Auflage. Marbourg, N. G. Elwert, 1907. In-8,
viii-254 PP ^ ^- ^^•
Loi première édition de cet ouvrage a été annoncée ici* même*
{Bulletin^ t. I, pp. 173-175). Cette seconde édition n'en diffère que
par des modifications de détail, des renseignements bibliographiques
et quelques additions, qui ont accru le volume d'une vingtaine de
pages ; le plan, la division des chapitres, le nombre des paragraphes,
tout cela n'a pas été changé.
Nous devons ajouter que le manuel de M. Kaufmann a été assez^
vivement attaqué ; on a reproché à l'auteur de ne pas reconnaître
assez, dans l'évolution de la métrique allemande, l'influence des
littératures étrangères. Cette critique nous paraît exagérée et nou&
ne voyons aucun motif pour ne pas maintenir l'appréciation que
nous avons émise. C. Lbcoutere.
Histoire et Géographie.
ia6. — P. PouUet. Les Institutions françaises de iyç5 à 1814, Essai
sur les origines des Institutions belges contemporaines. Bruxelles,
Dewit, 1907. xi-975 p. 10 fr.
Dans son Histoire politique nationale, Edmond PouUet ne s*est occupé
de la période de la Révolution qu'au seul point de vue de la chute
des institutions de l'Ancien régime. Il a laissé de côté a la reconstruc-
tion de la société sur des bases nouvelles, qui mériterait, disait-il, de
faire l'objet d'im ouvrage indépendant. »
C'est cet ouvrage que M. Prosper PouUet, qui continue si bien les
traditions de son père, a essayé de faire. On y trouve l'esquisse des
institutions que la France, après avoir conquis nos provinces, y a
établies en remplacement de celles de l'Ancien régime, dont Tabro-
gation avait été systématiquement ordonnée par la République.
« Avant leur transformation définitive à la suite de la Révolution
206 LE MUSéE BELGE.
belge de 1 83o, les institutions imposées par la France à notre pays à
la fin du XVIII* siècle, subirent pendant la période française elle-même,
et après elle, pendant notre union avec la Hollande, des remanie-
ments d'une importance capitale et d'une portée souvent durable.
Un trait caractéristique distingue cependant, au point de vue de
l'évolution des institutions belges contemporaines, la période de
notre incorporation à la France de celle qui la suivit. Au cours de la
période française, nos provinces durent subir un régime imp>osé
d'autorité par la domination étrangère, et ceîle-ci ne se préoccupa en
aucune façon de l'adapter au tempérament national, non plus quaux
vœux et aux intérêts du peuple belge. Mais, après i8i5, la Belgique
ne pouvait plus être traitée dans le nouveau royaume des Pa5rs-Bas
comme un pays conquis. Le législateur, dans les transformations
qu'il fit subir aux institutions, sentit le devoir et eut le souci de
s'inspirer des besoins propres, des intérêts particuliers et des tradi-
tions de nos populations.
Dès que l'annexion à la République eut été officiellement décidée,
par le décret du 9 vendémiaire an IV (i«r octobre 1795), les départe-
ments réunis furent assimilés en tout et pour tout aux 89 départe-
ments de l'ancienne France. Il en résulte que le tableau des institu-
tions qui ont régi la Belgique pendant la réunion à la France se
confond avec celui des institutions qui ont régi la France elle-même.
De là, le titre de l'ouvrage de M. P. Poullet : « Les institutions
françaises de 1795 à 18 14; Essai sur les origines des institutions
belges contemporaines ».
Comme il y a souvent loin du texte légal à l'application pratique,
M. Poullet a cru avec raison devoir compléter l'exposé de l'organisa-
tion et du fonctionnement théoriques des institutions par des notes
relatives à leur application réelle, effective.
La Pasinotnic a servi au savant auteur de source principale pour le
texte des lois, décrets et arrêtés généraux. Pour les règlements
départementaux et locaux, il a recouru aux recueils contemporains
de Hayez ou de Huyghe.
Les sources que l'éminent professeur a consultées pour caractériser
les tendances de la législation et l'esprit qui a inspiré ses transforma-
tions, sont indiquées avec soin à propos de chaque matière.
Cette étude se bornant à esquisser les traits essentiels de l'époque,
il n'a pas été nécessaire, en règle générale, de recourir aux documents
d'archives. Cependant les détails donnés sur le fonctionnement du
Sénat conservateur sont, en grande partie, puisés dans les procès-
verbaux de cette assemblée, que M. Poullet a dépouillés aux Archiver
nationales à Paris.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 20/
« La domination française en Belgique a commencé aussitôt après
la victoire de Fleurus (26 juin 1794). ^^^^ la Convention n'a voté
officiellement l'annexion que le 9 vendémiaire an IV (i**" octobre 1795),
et rintroduction systématique des lois françaises n'a commencé qu'à
partir de cette époque. A cette date, la Convention était proche de
sa fin et le gouvernement révolutionnaire allait être remplacé par le
régime constitutionnel.
« Dans la plus grande partie de la Belgique, la domination fran-
çaise cessa de fait au cours des premiers mois de 1814. Elle ne prit
fin officiellement et d'une façon générale qu'à la suite de l'armistice
du 23 avril et de la conclusion de la paix de Paris (3o mai).
M. Poullet expose donc, dans son bel ouvrage, le pouvoir législatif
et le pouvoir exécutif pendant le consulat décem viral et le consulat à
vie, ainsi que sous l'Empire ; il passe ensuite successivement en revue
les tribunaux, les institutions départementales et locales, les finances,
la force publique, les libertés publiques et le régime des cultes, de
l'enseignement et de la bienfaisance.
Un tel livre ne se résume pas, tant la matière est à la fois abondante
et concise. C'est une œuvre à étudier, à consulter souvent. Nos profes-
seurs d'enseignement moyen feront bien d'en prendre connaissance
pour traiter avec plus d ampleur une période qui nous touche de si
près. L'œuvre de M. P. Poullet est tout à fait digne des travaux de
son illustre père. Tout y est net, précis, clair, lumineux, très docu-
menté ; aussi attendons-nous avec impatience une œuvre complémen-
taire, celle où le jeune et brillant professeur exposera les transforma-
tions que les institutions reçues de la France ont subies depuis 18 14
jusqu'à nos jours. F. Collard.
Notices et annonces bibliographiques.
127. — La nouvelle revue, déjà annoncée ici : Glotta, Zeitschrift fur griechische
und lateinische Sprache^ hrsg. von Paul Kretschmer und Franz Skutsch,
(GôUingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1907. 4 livr. par an. 12 m.) publie dans
son !«' fascicule les articles suivants :
F, Buecheler^ Grammatica et epigraphica, p. i-8.
P. Kretschmer^ Zur Geschichte der griech. Dialekte : 1. lonier und Achaer,
2. Die Apokope in den griech. Dialekten (p. 9*60).
F, Sommer, Zu den homerischen Aoristformen ékto, oi/ra, àirr^ùpa éyi^pa
(p. 60-61;.
O. Hoffmann, Die Medialendung aai in der thematischen Flexion (p. 67-68).
F. Skutsch, Die Flexion von TIZ (p. 69-70)
F, Bechtel, Beitrage zur griechischen Woriforschung: 1. àpXnxpôç, 2. ÛKViiairç,
3, ôpirnE, 4, TepiriK^pauvoç (p. 71-851.
F. Solmsen, Eine griechische Namensippe (p. 76-81).
F, Kretschmer^ Eine boeotiscbe Vaseninschrift (p. 82-85).
208 LE IfUSÉB BBLGB.
5. Kugéas, Herkunft und Bedeutung von neugriech. NiicXiâvoi und <^a^^TKX
(p. 86 io3).
F. Skutsch, Vom Pompejanischen Strassenleben (p. 104-112).
F. Vollmer, Zur lat. Konjugation : 1. est und ëtt, « ist » und « iszt », 3. Der
Impératif cap.
Dans le 4*. fascicule de chaque année, Glotta passe en revue les publications
relatives à la grammaire.
138. — Le Korresponden^biatt der Westdeutschw Zeitschrift a cessé de paraître. R
est remplacé par le Roemisch-germanisches Korresponden^blatt, Nachrichtenorgan
fuer die roemisch-germanische Altertumsforschung, publié par le directeur du Musée
archéologique de Trêves, M. B. Kmeflper. Le i«r fascicule a paru : il comprend
13 pages avec gravures, gr. 8". Chez Lintz, à Trêves, six fois par an, 3 m.
129. — M. 6. Gevolani, bien connu de nos lecteurs par les articles sur la syntaxe
latine que le Musée Belge et le Bulletin ont publiés, a donné, dans des revues
italiennes, une série d'études où il examine les opinions reçues, surtout en Italie, sur
différents points de syntaxe générale ou de syntaxe latine. Nous ne pouvons ici que
les énumérer :
6. Gevolani, Aitributo e apposi^ione. Note critiche di sintassi générale, (Extrait
de Classici e neo latini^ a. igo6). 47 pp. 8*».
Note critiche di sintassi générale sulla proposi^ione (Extrait de la même re^ue,
III, 1907, n** 3). 33 pp.
Qassiflcajioni erronée délie proposi^ione insegnate nelle grammatiche italiami
(Extrait de Gymnasium^ VI, 1907, n. 34). 33 pp. in §3.
La comune divisione délia proposi^ione in semplice^ composta, complessa^ ellit"
tica. Roma, Tip. Salesiana, 1907, 33 p. in- 13.
Sopra alcune specie di propositions subordinate. Note critiche di sintassi géné-
rale, Roma. ib., 1908, 66 pp. 80.
Com' è bistrattata dai grammatici la proposi^ione relativa, Roma, ib., 1908.
40 pp. 8».
Ùna/alsa conce^ione del cosl detto oggetto intemo. Roma, ib., 1908, 7 pp.
Questioncelle logico-sintattiche sopra alcuni elementi délia proposip'one, Roma,
ib , 1908, 18 pp.
Lo stra^io délia logica nelle ordinarie classificai^ioni dei complimenti. Estratto
del Gymnasium, anno VIII. Roma, ib., 1908. 75 pp.
i3o-i33. — Les quatre derniers volumes de la Gy^nasial-Bibliothek^ publiée par
C. Bertelsmann, à Gût«rslch, sous la direction de Hugo HolTmann, méritent une
mention particulière. Ils renferment la description illustrée des villes ioniennes de
l'Asie Mineure (Didyma, Milet, Priène, Ephèse, Smyrne), de TAfrique (Egypte et
le Nil, Carthage, les Romains dans le nord africain), de Délos, Hle d*Apollon, et de
Delphen, la ville sainte de l'oracle d'Apollon. Ces quatre volumes sont composés
d'après les résultats des fouilles récentes ; ils sont bi«n illustrés et seront utiles aux
professeurs de langues anciennes et à leurs élèves. En voici les titres :
N'o 45. R. Thiele, /m lonischen Kleinasien, Erlebnisse und Ergebnisse. Mit
3 Karten und 33 Bildern. 3 m.
N» 46. F. Cramer, Afrika in seinen Bei^iehungen ^ur antiken Kulturwelt, Mit
34 Abbild. und 3 Karten. 3 m. 40.
N'' 47. O. Fritach, Delos, Die Insel des Apollon. Mit 37 Abbild. 1 m. 5o.
N® 48. O. Fritach, Delphi, die Orakelst&tte des Apollon. Mit 47 Abbild. 2 m. 40,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 209
134. — Dans U collection Gôschen ont paru : la 3« édition de Fr. Hommel»
Geschichte des alten Morgenlandes (avec une carte et 9 gravures), 194 pp. ; la
2« édition de Th. Achelis, So^iologie^ 120 pp. Leipzig, Goeschen, 1908. o m. 80
le vol.
i35. — Charles Diehl, Figures byzantines. Deuxième série. Paris, Hachette,
iQo8. 3 fr. bo.
Après nous avoir montré dans une première série, ce que fut la société byzantine
avant les croisades, l'auteur étudie dans ce volume ce que fut cette même société
pendant et après les croisades. Il fait revivre les aspects divers, pittoresques ou
tragiques, les goûts dominants de ce monde disparu, les grandes ambitions poli-
tiques s'apaisant dans le culte des lettres ou dans la paix du cloître, les intrigues de
cour se mêlant à la splendeur des fêtes, les aventures de guerre ou d*amour s*ache-
vant dans les plus dramatiques révolutions. Dans cette galerie de portraits, où se
rencontrent les types les plus divers, tout le moyen âge grec revit dans son originale
et pittoresque complexité.
Voici les sujets traités : Byzance et l'Occident à l'époque des Croisades. — Anne
Comnène. — ^impératrice Irène Doukas. — Les aventures d'Andronic Comnène.
— Un poète de cour au siècle des Comnènes. — Princesse d'Occident à la cour des
Comnènes et des Patéologues. — Deux romans de chevalerie byzantins.
i36. — A. Aulard. Taine historien de la Révolution française. Paris, Armand
Colin, 1907. 3 fr. 5o.
L'autorité de Taine considéré comme historien de la Révolution française est
grande ; son ouvrage des Origines de la France Contemporaine ^ d'aspect si impo-
sant, lui a valu une universelle réputation d'historien, et cette réputation, cette
autorité ont eu, ont encore en France une grande influence politique. Il vaut donc la
peine d'examiner de près les titres de cette autorité, les fondements de cette réputa-
tion. C'est le but que s'est proposé M. Aulard dans ce livre qui ne peut manquer
d'avoir un grand retentissement.
Il a voulu passer au crible d'une critique impartiale, mais inflexible, non les
théories philosophico-politiques de Taine, mais son érudition d'historien, les procé-
dés de sa méthode de travail, le traitement qu'il applique aux sources, l'usage qu'il
fait des documents. Le talent de Taine est ici hors de cause ; hors de cause sa
bonne foi : il s'agit de savoir si, persuadé comme il l'était de l'excellence de ses
théories préconçues, il n'a pas été radicalement impuissant à voir dans les faits et
dans les documents autre chose que ce qu'il y cherchait à priori.
1 37. — Joseph Bédier, Les Légendes épiques. Recherches sur la formation des
chansons de geste. I. Le cycle de Guillaume d'Orange. Parif, Champion, igo8*
Un vol. de xvi-431 pp. 80. 8 fr.
Il n'est point prouvé, comme on le croit communément, que les romans de
chevalerie du xii* et du xiii* siècles dérivent, par une tradition littéraire ininter-
rompue, de « cantilènes » ou de (c chants lyrico- épiques », plus vieux de plusieurs
centames d'années ; que Roland, par exemple, ait été célébré, dès le lendemain de
sa mort, en 778, par des aèdes, dont les chants, sans cesse ampliflés et remaniés à
travers les âges, auraient fini par aboutir, vers l'an uoo, au poème qui nous est
parvenu.
Ce n'est pas nécessairement dans une hypothétique épopée contemporaine de
Charlempgne qu'il faut chercher les origines des romans du xit« et du xin« siècles
2IO LE MUSÉB BELGE.
c*e8t, à Pordinaire, dan» les sentiments et dans les idées, dans les goûts et dans les
intérêts des hommes du xii« et du xin* siècles. Les chansons de geste, colportées par
des jongleurs nomades, étaient surtout destinées à ces publics forains que des exhibi-
tions de reliques et des marchés attiraient autour des principaux sanctuaires. A peu
d'exceptions près, les légendes épiques du moyen âge se rattachent chacune à une
certaine abbaye, qui était alors but de pèlerinage, ou qui se dressait sur remplace-
ment ou sur le chemin d*une foire illustre. Cest là, aux abords de ces divers
sanctuaires, que les légendes épiques se sont formées, par TefTort combiné de
moines et de jongleurs pareillement intéressés à attirer et à retenir, à édifier et à
récréer un même public de marchands et de pèlerins.
Telles sont les vues qui semblent se dégager des recherches entreprises depuis
plusieurs années par Tauteur. Une étude des épopées françaises est, selon lui,
incomplète, si elle n*est pas pour une bonne part une étude des routes et des
croisées de l'ancienne France, de ses marchés, de ses pèlerinages, des lieux où les
hommes se rencontraient et s'arrêtaient, et où, de leur contact, naquirent tant de
formes nouvelles de la vie matérielle, de la pensée et de la poésie.
Cet ouvrage formera trois volumes, quatre plus probablement ; le second paraîtra
sans doute en avril 1908 : de Guillaume d*Orange à Girard de Roussilloo, de
Charlemagne à Raoul de Cambrai et à Roland, on y considérera tour à tour les
principaux héros des romans de chevalerie et toutes les grandes légendes du moyen
fige français, c*est-à-dire toutes celles des chansons de geste qui ne sont pas des
fictions récentes, purement imaginaires, toutes celles qui ont quelque fondement
historique ou quelque ancienneté.
i38. — Maurice Barrés, Vin gt'Cinq années de Vie littéraire. Introduction de
Henri Bremond. Paris, Bloud, 1908. 3 fr. 5o.
De tous les écrivains contemporains, il n'en est pas qui ait suscité, dès ses débuts,
plus d'admirations enthousiastes, et qui aujourd'hui, dans la pleine maturité de son
talent, compte plus de fidèles que M. Maurice Barrés. Les critiques lesjplus exigeants
s'accordent à reconnaître en lui un des maîtres de la langue française, et les catho-
liques saluent, dans l'auteur des Amitiés françaises^ le magnifique défenseur de
tout ce qui a fait la force de la France. Le jeune maître n'est encore qu'au
milieu de sa course ; il était bon néanmoins de mettre dès maintenant les plus
belles pages de son œuvre à la portée du grand public, et de choisir dans cette
longue série d'ouvrages un peu dispersés, une anthologie barrésienne qui fasse
mieux connaître et aimer ce noble talent. M. Barrés a désigné lui-même le critique
à qui il lui plairait que fût confiée cette tâche si particulièrement délicate. Tel qu'on
Ta compris, le présent volume contient les pages les plus caractéristiques que ren-
ferme l'œuvre de M. Barrés, depuis Sous Vœil des Barbares jusqu'au Discours de
réception à V Académie, Le lecteur y suit sans peine l'évolution littéraire et philoso-
phique de M. Barrés pendant vingt-cinq années. L'ingénieuse disposition des textes
fait de ce livre un ouvrage cohérent, dont l'unité vient de la continuité même de
l'œuvre barrésienne. On y retrouve des passages peu connus, qui, mis en leur pleioe
lumière, revêtent un aspect de nouveauté aux yeux même des lecteurs les plus fami-
liarisés avec les livres de M. Barrés. A ce point de vue ce livre constitue un ouvrage
vraiment original. Une introduction magistrale, qu'on a pu lire récemment dans la
Revue des Deux-Mondes, explique et justifie le groupement révélateur des pages
choisies. Dans cette introduction où il étudie en Maurice Barrés l'écrivain, le pen-
seur et l'homme d'action, M. Henri Bremond déploie toutes les qualités de fin lettré
et de pénétrant psychologue qui ont valu à sa biographi;: de Newman tant et de si
distingués sulTrages.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 211
139. — La revue littéraire de Berlin, Das literarische Echo^ dans son n» du i"" mars
1908. publie une correspondance littéraire belge de notre collaborateur, M. Henri
Bischoff, professeur à Tuniversité de Liège. Il passe en revue ce qui a paru de plus
important en Belgique dans le double domaine des lettres françaises et néerlandaises
depuis un an.
140. — Verslagen en mededeelingen der koninklijke Akademie van weienschappen ,
Afdeeling Letterkunde. 4e reeks, 8* deel. Amsterdam, Joh. MûUer, 1907. viii-
394 pp. in-8°.
Le dernier volume des h rapports et communications », publié par la classe des^
lettres de TAcadémie royale des sciences, établie à Amsterdam, contient des contri-
butions relatives à la philologie classique (par MM. J, J. Hartman et D. C. Hesse-
ling) Cl orientale (par MM. H. Kern et A. C. Kruyi), à l'histoire (par MM. P. J. Blok
et G. Heymans), à d'autres disciplines encore. Je ne m'y arrête pas et me borne à
signaler quelques autres études. D'abord deux articles du professeur J. Verdam
sur les mots néerlandais schaats (qui a la même origine que le mot français
échasse) et fer/r, dont il fait Thistoire. Ensuite une étude étymologique, très docu-
mentée, de M. A. Kluyver sur le terme massicot^ dénomination d'une couleur,
terme qui se retrouve dans le français et dans l'anglais, et dont ni les romanistes ni
les anglistes n'avaient pu indiquer la provenance. Enfin un travail du professeur
G. G. Ublenbeck sur les caractères de la grammaire du basque, travail qui
intéressera tous ceux qui s'occupent d'études linguistiques. On sait que le basque,
que l'on ne connaît qu'assez imparfaitement, n'appartient pas au groupe indo-
européen, n'a donc aucune affinité avec les langues romanes au milieu desquelles
il vit, et soulève des problèmes curieux et difficiles, à la solution desquels ont
travaillé des savants renommés. Disons aussi à ce propos que M. Uhlenbeck, avant
de lire ce mémoire devant ses collègues, avait déjà publié, dans les VerhandC"
lingen de l'académie, un travail plus étendu, formant un essai de grammaire
comparée des dialectes basques (Beitràge ^u einer vergleichenden Grammatik der
baskischen Dialecte [Verhandelingen der Kon. Akad. v. Wetensch.^ afd. Letter-
kunde, Nituwe Reeks, dl. V], Amsterdam. 1903; in-40, 106 pp.) C. L.
141. — Dans les Handelingen en mededeelingen van de Mit der Nederl, letter-
kunde te Leiden over het jaar içoô-içoy (Leyden, E. J. Brill, 1907 ; iv-i56 pp.
în*8^), nous relevons une étude de M. le professeur F. P^per, Erasmus en de
Nederlandsche Reformatie (pp. 3C-62). Partant du fait acquis qu'il faut distinguer,
dans l'histoire de la Réforme, un mouvement réformateur spécifiquement néerlan-
dais ou national, ayant une caractéristique nettement déterminée, il recherche quelle
a été l'influence du grand humaniste sur ce mouvement. A cette fin, il examine les-
écrits protestants qui parurent à cette époque dans les Pays-Bas et nous montre jus-
qu'à quel point ils ont été inspirés par ceux d'Érasme ; d'où il ne faudrait cepen-
dant pas conclure de suite, ainsi que le fait observer M. Pijper, qu'Érasme ait pro*
voqué ou conduit ce mouvement.
Les Levensberichten der a/gestorven medeleden, parus en même temps {ibid,,
in-S^*, tv-292 pp.) contiennent, entre autres notices, celles sur les auteurs néerlandais
connus L. Mulder 11822-1907) par M. Joh. Qram (pp. 95-ii8) et H. J. Schimmel
(1823-1906} par M. 6. Ij. van LtOghem (pp. 142-176). Conformément à la tra-
dition, ces notices sont avant tout des biographies, non pas des études appro-
fondies sur 1 œuvre de ces écrivains. Il est évident toutefois que la vie et les
œuvres se séparent difficilement ; aussi bien ces pages pourront rendre service à ceux
qui s'intéressent à l'histoire de la littérature néerlandaise. C. L.
212 LE MUSÉE BELGE.
142. — 11 existe, à la bibliothèque de Gand, deux magnifiques collections de pam-
phlets néerlandais du xvi* siècle, la plupart rares et peu connus. M. le professeur
P. Fredericq en a publié récemment un grand nombre, fournissant par là une
contribution aussi neuve qu*importante à Thistoire littéraire de cette époque : Het
Nederlandsch pro:ça in de jestiendeeeuwsche pamfletten uU den tijd der àeroerten.
Met eene bloemlezing (i 568- 1600) en een Aanhangsel van liedjes en gedichten uit
dien tijd. Bruxelles, Hayez, 1907. In-S®, xliv-4i2 pp.
Le professeur gantois fait précéder ces textes d*une étude assez étendue et fort
intéressante sur la provenance, le caractère et la valeur de ces documents ; il a mille
fois raison de réclamer pour ces écrits, beaucoup trop ignorés, une place et même
une place un peu en vue dans la littérature néerlandaise du xvi' siècle. Ea effet,
ces productions en prose, malgré les imperfections de la forme, l'emportent parfois
sur la poésie recherchée et peu sincère de Tépoque, parce qu'elles sont dues à une
conviction forte, à une émotion véritable, à une éloquence naturelle. M. Frédéricq
en a choisi les plus remarquables au point de vue littéraire ; à cause de l'intérêt
qu'elles présentent, il y a ajouté quelques autres, qui ne se trouvent pas dans les
collections susdites. Avant tout, Touvrage s adresse aux philologues ; mais il mérite
aussi Tattention des historiens, car il est évident que ces textes, inspirés par les
circonstances d'alors, sont d'une grande valeur pour la connaissance de ces temps
mouvementés. C. L.
143. — Nous avons reçu la première livraison (A-begriper) d'un nouveau diction-
naire du moyen -néerlandais : J. Verdam, Middelnederlandsch handwoordenboek,
La Haye, M. NijhofiP(23 à 3o livraisons gr. in-8 de 64 p. à deux colonnes; chaque
livraison o fl. 80).
On sait que le grand dictionnaire du moyen-néerlandais, entrepris en 1883 par
J. Verdam et E. Verwijs (et continué par Verdam seul après la mort de son colla-
borateur), n'est pas encore achevé ; le sixième volume, paru l'année passée, s'arrête
à la fm de la lettre R. Ce travail gigantesque, véritable trésor d'érudition, s'adresse
avant tout à ceux qui font leur spécialité de l'étude du moyen-néerlandais. Nombreux
sont ceux qui, sans se consacrer à la même étude, ont cependant besoin de se ren-
seigner sur l'existence ou la signification d'un mot ou d'une locution du flamand du
moyen âge. Aussi bien, la nécessité d'un dictionnaire moins volumineux et plus
facilement maniable se faisait vivement sentir.
Toutefois, l'ouvrage que nous annonçons ici n'est pas un simple résumé du
Middelnederlandsch woordenboek^ n'en différant que par Tabsence des indications
étymologiques et des citations. Depuis 1882, beaucoup de documents ont été trouvés
et étudiés, nous apportant une ample moisson de vocables inconnus et de signiâca-
tions ignorées. Le Middelnederlandsch handwoor denboek signalera tout ce que
M. Verdam a rencontré dans les textes publiés depuis l'apparition des différents
volumes de son grand lexique, de sorte que cette nouvelle publication sera en même
temps un complément de celui-là. C'est ainsi que, rien que dans les six premières
colonnes de la lettre b (b-ballastenj^ nous avons relevé au-delà de soixante nouveaux
articles, sans parler des modifiations (nouvelles significations, etc.), qu'ont subies
les autres.
Ces simples indications suffiront, croyons-nous, à faire comprendre à nos lecteurs
l'importance de cet ouvrage. Nous leur annoncerons les autres fascicules au fîir et
mesure de leur apparition. C. L.
144. — G. 6x*app, Kulturgeschichte des Mittelalters, I Bd. 2*«, vollstdndig neue
Bearbeitung. Mit 46 Ulustrationen. Paderborn, Schotningh, 1907. 8 m. Go.
Pour préparer cette refonte de son histoire de la civilisation au moyen âge.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 21 3
"M. Grupp a cru bon d'écrire d'abord une histoire de la civilisation des Romains, des
Celtes et des Germains, qui comprend 3 volumes (igoS-igoS) et que nous avons
annoncée (Voy. Bu//., 1904, pp. 117 et 38i). Il consacrera trois volumes au moyen
âge : voici le premier. Il est divisé en trente chapitres, consacrés chacun au déve-
loppement d'une idée, on pourrait dire trente « leçons ». La décadence de l'Empire
romain, la naissance des royaumes barbares et l'empire de Byzance : tel est le triple
domaine que M. Grupp étudie, et ce n'est pas l'histoire politique et militaire qu'il
déroule, ce sont les institutions, les usages, les coutumes, les idées qu'il expose, et
Texposé est clair, souvent neuf, toujours d'un grand intérêt.
145. — Cardinal Ne'wman, Saints d'Autrefois. Ouvrage traduit de l'Anglais.
Introduction de Henri Bremond. Bloud et 0«, Paris (VI«). 4 fr.
Cette élégante traduction est destinée à faire connaître Newman hagiographe.
C'est là un des aspects les moins étudiés du grand écrivain anglais. La foule ignore
ces pages, et plus d'un qui se réclame de Newman les ignore aussi. Mais entre
newroaniens authentiques, personne ne s'y trompe. Bien mieux que dans ses
oeuvres plus retentissantes, nous trouvons là le véritable Newman, dans la joie d'un
travail qu'il aime, dans l'épanouissement de ses dons. Aussi ce volume complétera-
t-il fort heureusement la série d'ouvrages dans lesquels de zélés admirateurs ont mis
à la portée du public français Tœuvre de Newman philosophe, de Newman théolo-
gien, de Newman prédicateur. Une délicate esquisse de M. Henri Bremond sert
d'introduction aux pages où Newman a retracé la vie des saints Basile, Antoine,
Grégoire, Jean Chrysostome, Benoit et raconté l'histoire des écoles bénédictines.
Un si aimable recueil ne peut manquer d'être chaudement accueilli non seulement
par les fervents de Newman, mais par tous ceux qui goûtent le charme si particu-
lier de la Vie des saints.
146. — H. Meuffels, Les Martyrs de Gorcum, Paris, Lecolîre, 1907, 2 fr. (Col-
lections « Les Saints ».)
Ce livre, écrit par un Lazariste hollandais qui a enseigné pendant neuf ans dans
les séminaires de France et qui est maintenant, dans son pays d'origine. Supérieur
d'une maison d'exilés, nous donne le récit d'un des drames religieux les plus
émouvants des temps modernes. Les héros de Gorcum, victimes de leur fidélité
catholique et particulièrement de leur croyance en l'eucharistie, forment un des
plus beaux anneaux de cette chaîne de martyrs qui va des premiers temps du Chris-
tianisme à nos missions contemporaines. Le rappel de cet épisode des fureurs
calvinistes ne troublera pas aujourd'hui la paix dont jouit la Hollande sous une
législation respectueuse de toutes les consciences ; mais il honorera toutes les
congrégations religieuses dont les membres, unis à des prêtres séculiers, ont payé
de leur sang les espérances catholiques de ce sage et courageux pays.
,4y. — Dom Reginald Biron, Saint Pierre Damien (1007-1072). Pans, Lecoffre,
1908. i vol. in- 12 de xii-204 pp. 2 frs. (Collection a Les Saints »).
Saint Pierre Damien est le grand réparateur de toutes les hontes dans lesquelles
faillit s'abîmer l'Église au commencement du xi» siècle, et sa vie est un des
témoignages les plus éclatants de ce que le catholicisme a toujours eu de force de
renouvellement; car entre les papes saint Léon IX et saint Grégoire V^II, qu'il a
secondés, encouragés ou suscités, nul n'a eu plus de part que lui à la réforme du
clergé. Sa vie, étonnamment austère, lui en donnait le droit, de même qu'elle
tempérait en lut une tougue naturelle qu'on a justement rapprochée de celle de saint
Jérôme. Le Père Réginald Biron, de l'Ordre des Bénédictins, fait revivre cette ori-
ginale et puissante figure dans un travail nourri, complet et aussi solide que le
méritait un pareil sujet.
214 L^ MUSÉE BELGE.
148. — F. Stro'wski, Saint François de Sales. Bloud et C'«, 4, rue Madamt,
Paris. 3 fr. 5o (Collection La Pensée chrétienne).
L'incomparable auteur de V Introduction à la Vie dévote a exercé sur la vie chré-
tienne une influence qui, depuis trois cents ans, semble devenir tous les jours plus
profonde et plus étendue. Il est non pas le seul maître, mais il est le plus grand
maître de la dévotion et de la piété. Or le secret de cette influence, il ne faut pas \t
chercher dans le tour d'imagination et de style de saint François de Sales. Il faut le
chercher dans sa pensée, dans ses idées, dans sa méthode. Si saint François de Saks
a droit à une place d'honneur dans l'histoire de la vie chrétienne, il a droit à uœ
place aussi haute dans l'histoire de la Pensée chrétienne. M. Strowski, professeur à
funiversité de Bordeaux, bien connu par ses travaux sur saint François de Saies et
sur l'histoire du sentiment religieux au xvii« siècle, s'est chargé de faire le choix des
extraits de substantielles notices. Son livre aidera à aborder saint François de Sales
par un biais nouveau, et d'où la flgure de l'évêque de Genève apparaît avec toute si
grandeur.
149. — J. B. Paquier, L'enseignement professionnel en France. Son histoire. Ses
résultats. Paris, Colin, 1908. 3 fr. 5o.
La question de l'enseignement professionnel et celle de l'apprentissage s'imposent
aujourd'hui de la façon la plus pressante aux préoccupations du public. De la solu-
tion qui leur sera donnée dépend l'avenir même de notre industrie, on pourrait dire
la sécurité de notre puissance économique.
M. J.-B. Paquier, ancien professeur au lycée de S. Louis, nous apporte, sur ces
deux questions, les résultats d'une enquête minutieuse, menée méthodiquement, qui
lui a permis d'étayer ses appréciations et ses jugements de faits nombreux et solide-
ment établis.
Quelques chapitres, consacrés à l'historique du sujet, expliquent pourquoi l'on a
si longtemps erré avant d'aboutir à des résolutions fermes. Puis, traitant des diffé-
rentes formes de cet enseignement en France, l'auteur en constate les résultats, en
signale les desiderata, résultats et desiderata rendus plus frappants par la compa-
raison avec ce qui se passe dans les pays voisins, notamment en Allemagne et en
Angleterre. Mais — et c est bien l'idée maîtresse qui se dégage du travail tout entier
— l'auteur montre qu'à côté de l'enseignement professionnel proprement dit, il en
est un autre que réclament les très nombreux « déshérités », comme il les appelle,
que la crise ou la ruine de l'apprentissage menace de laisser sans ressources en face
des dangers futurs.
CHRONIQUE.
i5o. — Collection linguistique, — La librairie Honoré Champion entreprend la
publication d'une Collection linguistique destinée à comprendre Us travaux origi-
naux des membres de la Société linguistique de Paris qui, soit par leur nature, soit
par leur étendue, se prélent mal à paraître dans les Mémoires ou dans le tiulletio.
Subventionnée par la Société et dirigée par son Bureau, en ce qui concerne le choix
des ouvrages publiés, mais entièrement difl'érente des publications directes de la
Société, Celte Collection est la propriété de M. Champion ; les membres de la
Société auront droit cependant à une remise de So "/o sur le prix d'un exemplaire
de chacun des volumes qui la composent, en s'adressant directement à Ai, H. Cham-
pion, éditeur, 5, quai Malaquais, Paris (6y,
Un premier volume, Les Dialectes Indo-européens, par M. A. Meillct, professeur
au Collège de France, directeur adjoiui à l'tcolc pratique ucs Hautes Etudes et
secrétaire adjoint de la Société de Linguistique de Pans, vient de paraître^(P*riî»,
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2l5
1908, in-8, iSg p.) au prix net de 4 francs 5o, soit 2 francs 25 pour les membres de
la Société, Pour recevoir le volume franco par la poste, il faut a)outer o fir. 20 pour
la France, o fr. 40 pour l'étranger.
La collection sera continuée dans le même format. Un second volume, de
M. Ernout, est déjà sous presse. Un autre encore est en préparation.
000. — Habitation préhistorique, — On vient de découvrir une habitation préhis-
torique, près de Berdorf, dans le grand-duché de Luxembourg. Dans l'épaisse
couche d'humus qui recouvre le fond de la caverne, on a retrouvé un vasi en pierre
polie contenant une série de menus objets d'un haut intérêt archéologique, des
monnaies et des bijoux celtiques, des pointes de tlèches et d'autres objets datant de
rage de la pierre polie. Au-dessus de la caverne, on vient de mettre à nu un dolmen,
un de ces monuments en pierre brute qu'on croit antérieurs à la période celtique et
dont un seul avait été trouvé jusqu'à ce jour dans le pays, près de Oiekirch. Le dol-
men était enfoui sous une couche de pierres et d*humus ; les soutiens sur lesquels
il est posé se sont en partie effondrés.
i5i. — Ateliers monétaires de l'Empire romain. — A l'Académie des Inscriptions
et Belles- Lettres de Paris, M. Mispoulet, maître de conférences à l'École des
Hautes- Études, a fait une communication sur les diocèses et les ateliers monétaires
de r Empire romain sous le règne de Dioclétien. Il a montré que, contrairement à
Topinion de Mommsen, unanimement adoptée depuis 1887, il n'y a pas eu, ni sous
Dioclétien, ni sous ses successeurs, de concordance réelle entre le nombre des
diocèses et celui des ateliers monétaires dePEmpire, et que l'organisation financière,
en particulier celle des monnaies, est toujours restée distincte de l'organisation
administrative.
i52. — Vieux manuscrits authentiques de la Bible, Au mois de janvier 1907,
M. Charles Freer, le grand industriel de Détroit (Michigan) États-Unis, visitait au
Caire les marchands. Il en est un bien curieux, qui occupe à Ghizeh plusieurs mai-
sons bondées des choses les plus hétéroclites amoncelées sous une épaisse poussière
Après d'interminables palabres, M. Ch. Freer parvint à se rendre possesseur de
plusieurs manuscrits découverts dans les ruines d'Akmin, dans la Haute- Egypte.
Seules la beauté ou la grâce des enluminures encore fraîches sur les parchemins,
la conservation des couvertures où pendaient encore des débris de chaînettes de
suspension, l'avaient enchanté. Grâce à d'astucieuses dissimulations, il put sortir
ces manuscrits d'Egypte, et quelques semaines après il les examinai: plus attentive-
ment en Amérique, dans son cabinet de travail, où se trouvaient réunis les plus
éminents professeurs des universités américaines.
Leur avis réfléchi fut qu'ils se trouvaient là devant des manuscrits de la Bible
que M. H. A. Sandcrs déclara pouvoir dater du quatrième au sixième siècle
de l'ère chrétienne et qui ont peut-être été sauvés de la bibliothèque d'Alexandrie
avant que les armées du calife Omar l'eussent dévastée.
Le premier manuscrit contient le Deutéronome et Josué. Le second contient les
Psaumes ; il semble bien plus complet que celui du Vatican et doit être le plus
ancien de la série. Le troisième renferme les quatre Évangiles en entier, probable-
ment écrits au cinquième ou sixième siècle. Le quatrième, en très mauvais état,
contient les Actes et les Épîtres. Deux des manuscrits sont écrits en grande onciale
et deux en petite.
La comparaison avec les fameux manuscrits alexandrins de la Bible conservés au
British Aiuseum est instructive. D'un côté comme de l'autre, quatre volumes, par-
chemin de même espèce, tous les( mots se suivant sans être espacés jusqu'à la lin du
paragraphe, les manuscrits de M. Freer étant un peu plus grands de format. Mail
ce qui fait le très grand intérêt de la découverte de M. Ch. Freer, c'est que ses
21 6 LE MUSÉE BELGE.
manuscrits compléteront considérablement les manuscrits du British Muséum où
beaucoup de mots manquent, où des fragments de texte souvent assez considérables
font défaut.
i53. — Académie flamande. Programme de ses concours. Suite. (Voir tome XI,
p. 4o3, et Xn, p. iSy).
Voor 1912. — 21. — Middelnederlandsch. Geschiedenis van de speUing der
lange klinkers in het Middelnederlandsch .
Prijs : 6oo fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1911 inge-
zonden te worden.
16. — Folklore. Vlaamsche Volksspelen. Eene :(00 volledig mogelijke ver^amt-
ling en nauwkeurige beschrijving van de oude en hedendaagsche « Volksspelen » w
Vlaamsch'Belgié, met de daarbij ge^^ongen liederen (woorden, en voor zoover
mogelijk, de muziek).
Prijs : 800 fir., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
(Zie, als voorbeeld, het werk : Kinderspel en Kinderlust in Zuid-Nederland, door
A. DE CocK en Is. Teirlinck).
Tôt leiddraad wordt navolgende, niet bindende, indeeling aanbevolen :
I. LoopSPELEN ! eierenrapen^zeerloopen, enz.,enz.. Springspelen : hinkspelen,eDZ.;
Dansspelen : volksdansen, dansliedjes, enz. — 11. Wbrpspelen : bolspelen, bal-
spelen, paletspelen, kegelspelen, enz. — III. Gezelschapspelbn : ambachtspelen,
kaartspelen ; domino, bak- en schaakspel, enz. — IV. Spelen met speeltuicem :
wapens (boog, geweer, enz.)» slinger, enz. — V. Mensch en natuur : Dicr (te paard
rijden, enz.); jagen ; visschen; winterspelen (schaatsen, enz.). — VI. Mensch en
Muziek : blaasinstrumenten, snaartuigen, enz. — VIII. Tergspelen, enz., enz.
17. - Vak- en Kunstwoorden. Eene volledige Nederlandsche vakwoordenlijst
van de Beeldende Konsten, t. w. Boaiv-, Beeldhou'w-, Schilder- (met
inbegrip der Glasschildering), Graveer- en Teekenkuost, met de Fransche,
Bngelsche en Hoogduitsche benamingen, en af beeldingen zoo talrijk mogelijk (De
archeologische termen worden niet verlangd). — (M en zie b. v. Jules Adbline :
Lexique des termes d'art, Paris Quantin.)
Prijs ; 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1911 inge*
zonden te worden.
. Voor 1913. — 24. — Folklore. De folklore bij VondeL
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1912 inge-
zonden te worden.
18. — Letterkunde. De geschiedenis van den invloed der Fransche pléiade op de
Nederlandsche letterkunde,
Prijs : 600 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1912 inge-
zonden te worden.
Voor 1914. — 26. — Geschiedenis. Repertorium der werken^ verhandelingen
en bijdragen betreffende de Geschiedenis des Vaderlands^ het^ij af^çonderlijk, het^
in tijdschri/ten.mengelwerken en uitgaven van geleerde genootschappen verse henen
tût en 7net igi2,
Prijs : 1000 fr., of een gouden gedenkpenning van gelijke waarde.
Antwoorden op deze prijsvraag behooren uiterlijk op 3i December 1912 inge-
zonden te worden.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 217
t54. — Les nouveaux flragments de Ménandre. Le poète le plus admiré
de la u comédie nouvelle » ne nous était connu que par des fragments, soigneuse-
ment recueillis par Meinecke, puis par Koch {Corn, att, fragm,^ III}, mais
insuffisants pour nous permettre d'apprécier le talent de Ménandre. Cest par Plaute
et par Térence qu'on jugeait la comédie nouvelle, sans savoir au juste lequel des
deux s'en rapprochait le plus ; mais, pour se rendre compte du degré d'originalité
de Plaute et de Térence eux-mêmes, il eût fallu posséder le texte de leurs modèles.
Et voici que les papyrus d'Egypte nous rendent coup sur coup d'importants frag-
ments de Ménandre. Nous dressons ici, à l'usage de nos lecteurs, la bibliographie
de ce qui a paru depuis un an sur les textes découverts par M. Lefebvre, et nous
renvoyons, pour les fragments publiés avant par Nicole, Jouguet, Grenfell et Hunt,
à la thèse d' Alfred Kretschmer, intitulée : De Menandri reliquiis nuper repertis
(Lipsiae, Noske, 1906, 122 pp.).
Vers la fin de l'année 1906, M. Gustave Lefebvre, inspecteur en chef du service
des antiquités de l'Egypte, découvrit, dans le village de Kôm Ischkaou, l'ancienne
Aphroditopolis (à 6 ou 7 kilomètres de la gare de Tema), les ruines d'une maison
romaine, dans laquelle il trouva beaucoup de manuscrits et notamment un papyrus
du 11* siècle après J. C, qui contenait plus de i3oo vers de Ménandre. Ce n'était
pas une pièce entière, mais des fragments de quatre pièces 'EinTpëtiovrcç, V Arbi-
trage (53o vers), TT€piK€ipo|LxëvTi, La Belle aux boucles coupées (3oo vers), Za|Lx(a»
La Samienne (33o vers), "Hpu)ç. Le Héros ou L'Ancêtre (argument et 70 vers).
Voy. ce Bu//., 1907, p. 401.
M. Lefebvre a mis un louable empressement à publier sa trouvaille et l'édition
princeps a paru en iqo7. Depuis lors, ces précieux fragments ont été l'objet de nom-
breuses publications, dont nous dressons la liste, certain qu'elle sera incomplète
quand elle paraîtra.
Éditions.
1. Service des Antiquités de l'Egypte. Fragments d'un manuscrit de Ménandre
découverts et publiés par M. Gustave Lefebvre. Le Caire, Impr. de l'Institut
franc. d*arch. orientale, 1907, 222 pages, 25 fr. (Textes en capitales , transcription,
traduction et notes).
2. Menandri quatuor fabularum Herois Disceptantium Circumtonsae Samiae
fragmenta nuper reperta, post G. Lefeburium éd. J. Van Leeuwen. Leyde,
Si|thofF, 1908, 1 12 pp. 6 fr. 5o.
3. Neue Reste von Komoedien Menanders. Von H. von Arnim in Wien. Zeitschr,
/l d, oest, Gymn.y 1907, p. 1057-1081. Édition des 'EiriTpëtiovTeç, avec notes
critiques et explicatives.
4. Extraits d'Aristophane et de Ménandre. Texte grec publié avec une introduc-
tion, un index et des notes par MM. Louis Bodin et Paul Mazon. Paris, Hachette,
1908, 2 fr. 5d. (Pages 269-336 : VArbitrage et la Samienne.) Voy. ci-dessus, p. 192.
Comptes rendus de Feditio princeps.
5. Literarisches Zentralblatt^ ïQo?» P- >543 (Croenert).
6. Journal des Savants, 1907, Oct. et Dec. (M. Croiset),
7. Archiv fuer Papyrus/or schun g ^ IV, 1908, p. 5o2 (A. Koerte).
8. Berlinerphil, Wochenschrift^ 1908, p. 32 1 (Sudhaus).
2l8 LE MUSÉE BELGE.
Traductions.
9. La première traduction a été donnée par Lepebvre. Voy. n» i.
10. S^enen aus Menanders Komœdien, Deuisch von Carl Robert. Berlin,\Vcid-
mann, 1908, 2 m. 40.
Études exégétiques et littéraires.
11. Ph. E. Leorand, Les nouveaux fragments de Ménandre, Revue des Études
anciennes, 1907, p. 3 12-334 et 1908, p. i-32.
12. F. Léo, Der neue Menander, Hermès, 1908, p. 120 et ss.
i3. Menozzi, SuU f^puiç di Menandro. Firenze, Carnesecchi, 1908.
14. U. V. WiLAMOwiTz-MoELLBifDORFF, Dcr Menander von Kairo, Neue Jahrb.
f. das klass. Alt., 1908. p. 34 et ss.
i5 N. Terzaghi, I nuovi frammenti di Menandro, Atene e Roma, 1908, p. 100
127. (Donne une bibliographie, que nous complétons ici).
Critique du texte et conjectures.
Outre les éditions et les études déjà signalées :
16. F. Léo, dans Nachrichten der Ges. der Wiss. fw Gôttingen, 1907, p. 3i5 et ss
17. J. Nicole, dans la Revue de Philologie^ 1907, p. 298 sq.
18. U. V, VVilamowitz-Mobllendorff, dans Sit^ungsber. der Berl. Akad.y 1907,
p. 860-872.
19. H. VON Arkim, dans Hermès^ »9o8, p. 168.
20. O. H. dans Berliner phil. VToc/r., 1908, p. i56, 253, 3 19 {Epitrepontes).
21. Van Hirwbrden, même revue, p. q3 et 188.
22. P. Mazon, Notes sur Ménandre. Revue de Philologie, 1908, p. 68-73 (Epitre-
pontes et Samia).
23. L. BoDiN, Notes sur l'Arbitrage. Ibid,, p. 73-76.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 2ig
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
XII KAL. SEXTILES 1907.
Regium Athen/eum Athense.
Sexta Schola latina. — Magister : D^ A. Poissinger.
Colloquium inter D^un Poissinger et eius discipulos de vita Numae« ad comme-
moranJa complementa loci et temporis, numéros, gradus signiiîcationis.interroga-
tionem simplicem et duplicem. — Quod colloquium, rogante coUega Poissinger, ad
verbum refcrt X.
M. = Magister; D. = Discipulus aut discipuli.
M. Amici, sumite libres. — Fernande, claude fenestram, quaeso.
— Hodie, locuturi sumus de vita Numae : Ubi est illa vita narra ta,
Mauriti? — D. Vita Numae est narrata in librum... — M. Corrige
aut emenda, Aemili ! — D. In libro. — M. Intellexistine, Mauriti ? —
D. Intellexi. — M. Mauriti, redde, id est die iterum, et perge res-
ponsum tuum. — D. In libro a De Viris ». — M. Die responsum
completum aut propositionem plenam. — D. In libro « De Viris >
vita Numae est narrata. — M. Die aliter, Johannes ! — D. In libro
qui nomen aut titulum habet « De Viris ». — M. Aut etiam, Paule?
— D. In libro eui nomen aut titulus est « De Viris ». — M. Cui est
liber ille de quo agitur ? — D. Est nobis. — M. Bene respondisti.
— Petre, utere alio verbo! — D. (Mutus stat). — M. Non prono-
mine « nobis », sed alio verbo utere; utere adjeetivo possessivo! —
D. Est noster liber. — M. Optime. Quis titulus est illi libro? —
D. Titulus 0 De Viris » est illi libro. — M. Die nobis titulum totum
aut eompletum. — D» (al ter) : De Viris illustribus urbis Romae ; (alter) :
a Romulo ad Augustum. — M. Cujus vitam jam vidimus in illo
libro? — D. Romuli vitam jam vidimus.
M. Quis erat Romulus? — D. Romanorum rex primus erat
Romulus. — M. Quis autem fuit Romanorum rex seeundus? —
D. Numa fuit Romanorum rex seeundus. — M. Cui sueeessit Numa?
— Sueeessit Romulo Numa Pompilius, vir inelyta justitia et reli-
gione. — M. Bene respondisti, sed nimium : nimis longum — aut
nimium, aut longius — est responsum tuum, die igitur brevius respon-
r
220 LE MUSÉE BELGE.
sum. — D. Successit Romulo Numa Pompilius. — M. Pone verbum
praecipuum in capite — aut in initio... Num intellexisti ? Die iteruin
responsum tuum! — D. Successit... — M. Interrogavi o eut succes-
sit » Ergo dices...? — D. Romulo successit Numa Pompilius. —
M. Omnes intellexerunt — aut...?— D. Intellexere! — M. Bene.
— Omnes intellexerunt aut intellexere? — D» (Annuunt omnes).
M. Utrum bello an pace civitatem auxit Numa? Fernande, res-
ponde! — D. (Mutus stat ) — M. Credo Femandum non intd-
lexisse, dico igitur iterum interrogationem latine : Utrum bello «
pace civitatem auxit Numa? — D. (Femandus non magis intellexisse
videtur.) — M. Paule! Die, gallice, meae interrogationis versioncm
aut conversionem. — D. Est-ce par la guerre ou par la paix que
Numa augmenta la ville? — M. Responde nimc, Fernande; tibi
respondendrun est latine. — D. Pace. — M. Responsum tuum est
nimis brève — aut brevius. — Desidero responsum totum — aut plé-
num — aut completum. — D. Numa auxit civitatem pace, non
bello. — M. Ponenda sunt verba praecipua in capite — aut in
initio — propositionis, sicut modo jam dixi. Interrogavi c Utrum
bello an pace civitatem auxit Numa». Respondebis igitur...? —
D. Pace, non bello, civitatem auxit Numa.
M. Quomodo possum aliter interrogare ? *— D. (Mutus statK —
M. Dixi ergo : « Utrum bello an pace civitatem auxit Numa ? » Usur-
pa vi « utrum » et « an » ; quomodo possem aliter, aliis verbis, interro-
gare? — D. Bellone an pace civitatem auxit Numa ? — M. Optimel
— Quod nomen datur — aut datum est — a grammaticis huic inter-
rogationi? — D. Interrogatio duplex. — M. Die responsum comple-
tum, quaeso ! — D. Grammatici dederunt huic interrogationi nomen
interrogationis duplicis. — M. Id est gallicum « le nom ifinterroga"
tion double » Sed, latine, dices... ? — D. Nomen interrogatio
duplex. — M. Nomen est accusativus casus, nam complementum
directumest : Grammatici dederunt nomeft.,. — D. Nomen interroga-
tionem duplicem. — M. Comple nunc responsum tuum. — D. Gram-
matici dederunt huic interrogationi nomen interrogationem duplicem.
— M. Bene. Melius tamen verba ponere potes; interrogavi enim
9i quod nomen datum est... ». Ergo respondebis...? — D. Nomen
interrogationem duplicem grammatici dederunt huic interrogationi.
— M. Optime.
M. (Ad Julium, mediocrem discipulum). Quam civitatem auxit
Numa? — D. Civitatem Romae. — M. Non intellexisti, Juli, quod
modo diximus; gallice, dices...! — D. La ville de Rome. —
M. Sane, id est gallicum, sed latinum...? — D. (Mutus stat). —
M. Verte flandrice ! — D. De stad Rome. — M. Bene : t de stad
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 221
Rome » non autem : a de stad van Rome » . Hic est latinum flandrico
simile. Ergo latine dices .. ? — D. Civitas Roma. — M. Accusativus
casus usurpandus est ! — D. Civitatem Romam. — M. Die iterum
— aut redde — propositionem completam, — D. Numa auxit civitatem
Romam. — M. Non interrogavi « quis auxit civitatem » sed « qtéam
civitatem auxit Numa ». Respondendum igitur tibi est... ? — D. Civi-
tatem Romam auxit Numa. — M. Jam melius est responsum tuum,
sed nondum optimum ; Respondisti enim « rivitaiem Romam auxit...»,
non autem interrogavi « quid auxit » sed a qunm auxit civitatem
Numa ». Dices igitur... ? — D. Romam civitatem auxit Numa. —
M. Optime. tandem! Intellexistine nunc, Juli? — D. Intellexi. —
M. (Ad omnes). Ponite semper in initio propositionis latinae nomen
quod meae interrogationi, quod verbo interrogativo, respondet.
M. Roberte, die mihi tempora primitiva verbi auxit. — D. Augeo,
es — auxii — auctum — augere. — M. Bonumne est hoc respon-
sum, Mauriti? — D. Minime : perfectum est auxi. non auxii. —
M. (Ad Robertum). Tertia persona est...? Adspice in libro! —
D. Auxit. — M. Ergo prima persona? — D. Auxi. — M. Verte
nunc, Roberte, « Tu auras accru ». — D. Auxeris. — M. Luciane,
t vous auriez augmenté :». — D. Auxisses. — M. Melius! « Vous » !
— D. Auxissetis.
M. Quando regnavit Numa? Léo! — D. Numa regnavit très et
quadraginta annos. — M. Malum est responsum tuum. Non enim
interrogavi o quamdiu » sed « quando » regnavit Numa. Responde
igitur meae interrogationi. — D. (Mutus stat). — M. Ignorasne quando
régna verit Numa ? Aperi librum in décima pagina ! Quid vides infra
titulum? Lege numéros latine! — D. Ab anno septingentesimo
decimo quinto. — M. Parvus numerus ponitur ante magnum ! —
D. Quinto decimo. — M. (Ad Leonem). Perge ! Ad quotum annum
regnavit? (Ad omnes). Num intellexistis ? De quo verbo dérivât
« quotum » (nominativus quotus, a, um)? — D. De « quot ». —
M. De a quot » sane ! quot cum littera t^ non d. — Quid autem
significat quot cum littera t, non dl — D. Combien de. — M. Et
tôt? — D. Autant de. — M. Quis est genitivus ! — D. Genitivum
non habet. — M. Habetne dativum? — D. Casus non habet. —
M. Bene. Quid ergo significat « quotus, a, um »? — Di. (Paulisper
muti sedent, cogitantes et quaerentes. Tum exsurgit et exclamât
unus) : Le quantième I — M. Optime ! Quotus significat « lequel tpar
rang, par ordre chronologique » id est etiam a le quantième ». Ergo
interrogationem reddo : Ad quotum annum regnavit Numa? Lege in
libro, Aemili! — D. Ad annum sescentesimum septuagesimum pri-
mum. — M. Optime! Responsum igitur coniple. — D. Ab anna
222 LE MUSÉE BELGE.
septlngentesimo quinto decimo ad annum sescentesimum septuagesi-
mum primum regnavit Numa — M. Tu numéros optime cognoscis,
Aemili ! — M. (Ad omnes). Utrum ante an post Christum natum
regnavit NumaPQuis intellexit? — D. Ego! — M. Kesponde igitur!
— D. Numa regnavit ab anno 71 5® ad annum 67 1'*"* ante Christum
natum. — M, Quoto anno Urbis conditae — aut ab Urbe condita —
coepit regnare Numa? D. (Mutus stat). — M . Die gallice ! — D. L'an
38 de la fondation de Rome. — M. Verte latine! — D. Annoduode-
quadragesimo Urbis conditae, aut ab Urbe condita. — M. Petre,
quando Roma condita est? — D. Anno septingentesimo quinquage-
simo tertio a. J. C. Roma condita est. — M. Quoto igitur anno post
U. C. natus est Jésus Christus? Responde, Juli! (Agitur de Julio,
mediocri discipulo jam supra citato). — D. (Mutus stat). — M. Con-
fer, Juli, gallice interrogationem notam. « De quelle couleur était le
cheval bai des quatre fils Aymon? » (Hic brevis digressio magistri :
Fils Aymon, héros légendaires des romans de chevalerie du moyen âge,
étaient tous les quatre montés sur un unique cheval, lequel était bai,
d'où son nom de « Bayard »). De quelle couleur était le cheval? Res-
ponde gallice, Juli! — D. (subridens). Il était bai! — M. Sane!
Item, aut pariter, aut similiter — quoniam modo diximus Romain
conditam esse anno 753<> ante Christum natum, ergo dices Jesum
Christum natum esse? — D. Anno septingentesimo quinquagesimo
tertio post U.C. — M. Optime, Juli !
M. Quandiu igitur rex fuit Numa? Responsum est meae interroga-
tion! in fine secundi capitis Vide, Eduarde, et lege! — D. Quadra-
ginta très annos — M. Aut, Fernande? — D. Très et quadraginta
annos. — M. Pone praepositionem aute numéros. — D. Per annos
très et quadraginta rex fuit Numa. — M. Bene : Praepositio usur-
pari potest, sed non est necessaria.
M. Léo, veni ad tabulam nigram scripturus numéros quos hodie
in hoc colloquio vidimus. — Paule, corriges aut emendabis (Disci-
puli ad tabulam nigram eunt). — M. Dico gallice yi5; Scribe nume-
ris romanis. — D. (Léo scribit) : LL... (Paulus corrigit aut potius
-corrigere tentât) : CC... (Tertius emendat) : DCCXV. — M. Léo et
Paule, discite rursus numéros romanos. Vobis discendi sunt rursus
numeri romani! -^ Dico gallice : 38. Scribe, Léo, numeris romanis.
XXXVIII. — M. Bene. — 48! — D XXXXIII. — M. Paule,
emenda! - D. XLIII. — M. 63 ! — D. XX... (Alius emendat):
LXIII. — M. Ergo, Léo, decem {X)post quinquaginta (L) significat...?
— D. Sexaginta. — M. Decem autem ante quinquaginta significat...?
— D. Quadraginta. — M. Discite omnes rursus numéros romanos 1
— Léo, redi in locum tuum.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 223
M. Unde accitus erat secundus rex Romanorum? — D. Venie-
batur... — M. Horribiîe dictu, Roberte! Corrige errorem, Léo! —
D. Venerat. — M. Ergo, Roberte, responde iterum. — D. Curibus
venerat secundus rex Romanorum. — M. Quid erant Cures? —
D. Oppidum Sabinorum erant Cures. — M. Bene. Cur dicis a oppi-
dum » non « urbs »? — D. (Mutus stat). — M. Responde gallicel
— D. Parce que c'était une ville fortifiée. — M. Die latine, Aemili !
— D. Quod Cures erant urbs muni ta. — M. Non jam cognoscis verbum
« munire » Roberte ! Ubi vidimus verbum illud ? — D. In vita
Romuli. — M. Cita propositionem ! — D. « Ut eam prius legibus
quam moenibus munir et ». — M. Dixisti igitur : Curibus accitus erat.
Cur est nulla praepositio ante « Curibus »? — D. Curibus est nomen
urbis. — M. Nomen commune? — D. Nomen proprium. — M. Die
ergo responsum completum. — D. Nulla praepositio est ante
« Curibus » quod « Cures » est nomen proprium urbis. — M. Die
nunc praeceptum aut regulam. — D. Nomina propria urbium nullam
praepositionem habent cum sunt complementa loci. — M. Bonum
quidem est responsum tuum, sed non sufficit. Comple, Pétrel —
D. Nomina propria urbium nullam praepositionem, nomina autem
regionum et locorum praepositionem habent, cum sunt complementa
loci. — M. Id est melius. — Deest tamen adhuc aliquid. Quis scit
totam regulam? — D. Cum sunt complementa loci, nomina propria
urbium nullam praepositionem habent, nomina autem regionum et
locorum praepositionem habent, praeter nomina « domus et rus »,
quae ul nomina propria urbium usurpantur. — M. Optime.
M. Quo venerat Numa, postquam Curibus profectus est ? —
D. Romam venerat. — M. Qua iter fecerat — qua, ex oppido Sabi-
norum, in urbem Romam transierat ? Die temere (id est : au hasard,
au petit bonheur) viam aut portam. Specta descriptionem Romae
quae inest in illo muro, dextra et supra. Die quod vis iter, quam-
libet viam aut portam. Lege nomina, Paule! — D. Legit ; Via
Sabinâ, Porta Collinâ. — M. Ergo fortasse venerat Numa...? —
D. Fortasse via Sabinâ et porta Collinâ venerat Numa. — M. Res-
ponde nunc propositione compléta. — Dico iterum interrogationem
totam : Unde, qua, quo venerat Numa? Primo : Unde; — D. Curi-
bus ; — M Secundo : qua ; — D. Fortasse via Sabinâ et porta Col-
linâ; — M. Tertio; quo venerat Numa? — D. Romam venerat
Numa. — M. Bene. Die nunc regulam nominum viarum responden-
tium interrogationi qua. — D. Nomina viarum aut itinerum aut
portarum respondentia interrogationi <« qua » ablativo casu vertun-
tur. — M. Optimp!
M. Nonne profuit Numa civitati, Mauriti? (Digressio). — Cur
à
224 LB MUSÉE BELGE.
dico Mauriti ? Cur modo dixi : Juli, Âemili ; Nominativus est Mau-
ritius, Julius, Âemilius. Quis casus est Mauriti? — D. Est cast2S
vocativus. — M. Cur vocativus est Mauriti, non Mauritie? —
D. Nomina propria quae finiunt... — M. Finiuntur! Aut, melius,
desinunt! (Unde dérivât Gallicum a désinence d), aut etiam termi-
nantur; quae desinunt quomodo, quibus litteris? — D. Nomina pro-
pria quae desinimt litteris tus habent vocativum in *. — M. Bene.
Melius dices : nomina propria quae habent in fine nominativi très
litteras i-us, habent in fine vocativi litteram f. — Intellexistine, Hen-
rice? — D. Non intellexi — M. Nonne (id est : Est-ce que ne pas),
nonne intellexisti, tu, Henrice ? Ergo redde — aut die iterum —
regulam, Aemili ? (Aemilius prius, deinde Henricus regulam reddunt).
Intellexisti nunc, Henrice? — D. Intellexi.
M. Reddo nunc interrogationem quam modo dixi : nonne profuit
Numa civitati? — D. Sane, profuit Numa civitati. — M. Quomodo?
— D. Pace profuit civitati. — M. Nonne aliis quoque rébus civitati
profuit? — D. Et legibus, et institutis quoque profuit. — M. Quo-
modo etiam? — D. (alius) : et justitia. — M. Postremo? — D. (alius)
et religione. — M. Quid etiam fecit ille rex? — D. Plurima sacra
instituit. — M. Enumera sacra praecipua, non omnia, quae instituit
Numa, et sacerdotes quos creavit. — D. Consecravit aram Vestae. —
M. Perge, Aemili î — D. Creavit flaminem Jovis, legit Salios,
Martis sacerdotes. — M. Ambo verbum in capite aut in initio
posuistis : verbum in fine propositionis, quaeso ! — D. Aram Vestae
consecravit, flaminem Jovis creavit et Salios, Martis sacerdotes, legit.
— M. Deinde, Eduarde? — D. Annum in duodecim menses descrip-
sit. — M. Postremo, Luciane? — D. Portas Jano gemino aedifîca-
vit. — M. Bene! Hoc caput bene scitis !
M. Cur omnia sacra illa instituit ? — D. Quod fuit rex... — M. Bel-
licosus? — D. Non bellicosus, sed... — M. Liber dicit : « erat vir
inclyta justitia et religione », id est : erat vir justus et... —
D. Religiosus! — M. Sane : religiosus erat aut...? — D. Pius. —
M. Pius : die comparativum et superlativum ejus adjectivi, Petre. —
D. Magis pius, maxime pius. — M. Uter duorum primorum regum
fuit magis pius : Romulus an Numa ? — D. Numa fuit magis pius;
erat rex maxime pius; Romulus autem rex bellicosus erat. —
M. Interrogationem reddo : Cur Nimia tôt sacra instituit ? —
D. Numa tôt sacra instituit quod erat rex religiosus aut pius.
M. Num in pugna periit Numa ? — Attende, Paule. Dixi : nnm
periit? Respondebis...? — D. Non in pugna periit. — M. Cur non
in pugna perire poterat? — D. Non gessit bella. — M. Bene, sed
die propositionem libri I — D. Bellum nuUum gessit. — M. Quomodo
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 225
mortuus est? — D. Morbo exstinctus, mortuus est. — M. Ubi sepul-
tus est? — D. In Janiculo monte sepultus est. — M. Quid eratmons
Janiculus? Altusne mons erat ? — D. CoUis erat. — M. Die
mihi tempora primitiva verbi sepelire. — D. Sepelio, is — sepelivi,
sepultum — sepelire. — M. Die rursus supinum. — D. Sepultum.
— M. Unde gallieum? — D. Sépulture. — M. Bene. Latinum :
sepultura.
M. Utnim duorum primorum regum Romanorum ma vis, Johan-
nes? — D. Numam. - M. Comple responsum tuum. — D. Numam
maio. — M. Bene. Non « malo Numam » eur? — D. Quod interro-
gavisti : a utrum mavis ». — M. Cur Numam mavis? — - D. Numam
malo quod paee, non bello, civitatem auxit. — M. Quis bello civita-
temauxit? — D. Romulus. — M. Quoniam paee eivitatem Numa
auxit, potest appellari rex...? — D^. (Muti sedent). — M, Non est diffi-
cile dietu : verbum latinum verbo gallieo simile est ! — D. Potest
appellari rex paeifieus. — M. Cur etiam Numam mavis ? Adde eausam
quoque, Henriee! — D. Quod fuit inclyta justitia et religione. —
M. Bene, sed utere adjectivis ; potest appellari, ut modo diximus...?
— D. Rex justus et religiosus aut plus. — M. Qualis... Roberte,
verte « qualis » galliee! — D. Quel. — M. Sane, sed i quis » signi-
ficat etiam u quel, qui ? » (id est : a quel est son nom, quelle est sa
profession, sa nationalité, ete... ») ; dein a quotus » significat « quel
(par rang, par ordre ehronologique, ut modo diximus : le quantième) ;
— u qualis » vero significat... ? — D. (Mutus stat). — M. Confer verbum
gallieum « qualité » derivans de « qualis » Ergo « qualis » signi-
fieat...? — D. De quelle qualité, qualis, id est : « quelles sont ses
qualités, de quelle espèce est-il ». — M. Verte a qualis » flandrice,
Aemilil — D. Wat voor een. — M. Optime. Qualis igitur fuit rex
Numa ? Enumera omnes ejus virtutes. — D. Numa fuit rex justus ae
religiosus aut pius; fuit etiam rex paeifieus. — M. Qualis autem fuerat
Romulus? — D. Bellicosus fuerat Romulus. — M. Bene. Adde
tamen adjeetivum : Romulus enim fratrem Remum interfecit ;
ergo fuit rex... ? — D. Crudelis rex fuit. — M. Bene, sed melius
dices «férus». Interrogationem igitur reddo, aut iterum dico; die
rosponsum eompletum aut propositionem plenam, Mauriti : « Utrum
duorum primorum regum Romanorum mavis ? Romulum an Numam?
Et cur ? — D. Duorum primorum regum Romanorum Numam malo,
quod fuit rex justus, religiosus et paeifieus, Romulus autem rex férus
ae bellicosus fuit. — M. Optime! Conelusio : Nos quoque, cari dis-
cipuli, paeem et virtutem amemus!
226 LE MUSÉE BELGE.
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COL LARD, professeur à l'Université de Louvain.
(Suite.)
36. — Imprudence et regrets.
Nous ne pourrons, je le vois bien, quoi que nous fiassions, nous
tirer du mauvais pas où nous ont fait tomber les imprudences nom-
breuses qu'il nous est arrivé de commettre. Ainsi, par notre faute,
sans que quelqu'un autre que nous puisse en être accusé, nous voilà
dans une situation des plus déplorables qui se soient vues^ sans
espoir que nos efforts, quels qu'ils soient, puissent nous en faire
sortir. Telle ne serait pas notre position si nous nous fussions montrés
moins confiants dans nos propres forces ; si , écoutant ceux qui
nous avaient conseillé avec un si véritable attachement de nous défier
de notre inexpérience, nous nous étions laissé guider par leurs sages
avis ; ou même si, ne prenant conseil que de nous-mêmes, nous nous
étions laissés aller aux seules impulsions de notre intelligence, plutôt
que de nous être abandonnés à la fougue d'une aveugle passion. Mais
quelque sages que fussent les conseils que nous nous sommes entendu
si souvent adresser, soit par nos amis, soit par notre propre rai-
son ; quelques nombreux avantages qu'ils nous eussent assurés si nous
n'eussions pas refusé de les écouter et de les suivre, nous n'en avons
écouté, nous n'en avons sujivi aucun ; et, de faute en faute, nous
sommes tombés par degrés dans un abîme de maux, d'où un miracle
seul peut désormais nous tirer.
(Gallien.)
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
37. — Dieu seul est grand.
Quelque grande que soit la puissance humaine, qu'est-elle auprès
de celle de Dieu? qu'est-elle auprès de cette puissance éternelle et
souveraine par laquelle toutes choses ont été créées ?
Un conquérant a porté au loin ses armes victorieuses ; toutes les
nations, quelque belliqueuses qu elles se fussent auparavant montrées,
ont fui d'épouvante à son aspect ! tous les rois réputés jusqu'alors
invincibles, ont tremblé devant son épée redoutable. C'est en vain
que, revenus d'un premier effroi, ces rois et ces nations se sont ligués
et concertés contre l'ennemi commun ; c'est en vain que la terre s'est
vue rougie de leur sang généreux ; ligues, efforts et vaillance, tout a
disparu, dissipé et anéanti par le glaive de ce nouvel ange extermi-
nateur ; tout a plié, tout s'est tu devant sa face, sous la verge san-
glante dont le ciel ou l'enfer avait armé sa main.
Eh bien, qu'est-ce que cette grandeur? Je l'ai demandé aux ruines
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 22^
mêmes dont elle s'est formée ; et les mines m*ont répondu : Naguère
il y a eu là quelque chose que les hommes ont longtemps appelé une
puissance ; ce quelque chose s*était établi il y a quelque dix-huit
C€nts ans, exactement comme vient de le faire la puissance qui lui a
succédé, et comme tant d'autres l'avaient fait auparavant, dans les
temps anciens. Toutes sont tombées ; et, avant peut-être qu'il se soit
écoulé bien des années, quelqu'un viendra aussi chercher cette gran-
deur, aujourd'hui proclamée impérissable, parmi les ruines où elle se
sera engloutie.
Hommes vains, dont la faiblesse est attestée par les monuments
mêmes qu'ils ont élevés à leur puissance !
(Gallien.)
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
38. — PoifU de bonheur par/ait sur la terre,
La Providence, ainsi qu'une bonne mère, répartit avec tant de
sagesse les biens et les maux de cette vie, que la plupart des hommes ,^
quelque heureuse que paraisse leur destinée, trouvent dans leur état
une foule d'amertumes qui en balancent toujours les plaisirs. Le
contentement, le bonheur parfait n'existe pas sur la terre, parce que
ce n'est pas ici le temps des consolations, mais le temps des peines.
L'élévation, aussi bien que l'obscurité, a des assujettissements et des
inquiétudes, des humiliations et des mépris ; le monde, aussi bien
que la retraite, a ses tristesses et ses ennuis ; le palais superbe, comme
le toit du pauvre et du laboureur, cache des soucis cruels; et, de
peur que notre exil ne nous devienne trop aimable, nous y sentons
toujours que notre bonheur a quelque chose d'incomplet.
(D'api es Massillon, dans Lepetit, 2« année.)
Soulignez une fois le verbe et deux fois le sujet, lorsque Taccord se fait d'après
une règle particulière.
Ajoutez deux remarques grammaticales à votre choix.
39. — La nature et V homme.
La nature est le trône extérieur de la magnificence divine :
rhomme qui la contemple, qui Tétudie» s'élève par degrés au trône
intérieur de la toute -puissance ; fait pour adorer le Créateur, il com-
mande à toutes les créatures ; vassal du ciel, roi de la terre, il l'ano-
blit, la peuple et l'enrichit; il établit entre les êtres vivants Tordre,
la subordination, l'harmonie; il embellit la nature même, il la cul-
tive, l'étend et la polit ; en élague le chardon et la ronce, y multiplie
le raism et la rose.
Voyez ces plages désertes, ces tristes contrées où l'homme n'a
jamais résidé, couvertes ou plutôt hérissées de bois épais et noirs
dans toutes les parties élevées : des arbres sans écorce et sans cime,
courbés, rompus, tombant de vétusté; d'autres, en plus grand
nombre, gisant auprès des premiers, pour pourrir sur des monceaux
228 LE MUSÉE BELGE.
déjà pourris, étouffent, ensevelissent les germes prêts à éclore. La
nature, qui partout ailleurs brille par sa jeunesse, paraît ici dans la
décrépitude ; la terre, surchargée par le poids, surmontée par les
débris de ses productions, n'offre, au lieu d'ime verdure fiorissaxU^
qu'un espace encombré, traversé de vieux arbres chargés de plantes
parasites, de lichens, d'agarics, fruits impurs de la corruption, dans
toutes les parties basses, des eaux mortes et croupissantes faute d'être
conduites et dirigées ; des terrains fangeux qui, n'étant ni solides ni
liquides, sont inabordables, et demeurent également inutiles aux
habitants de la terre et des eaux; des marécages, qui, couverts
de plantes aquatiques et fétides, ne nourrissent que des insectes
vénéneux^ et servent de repaire aux animaux immondes.
Entre ces marais infects qui occupent les lieux bas, et les forêts
décrépites qui couvrent les terres élevées, s'étendent des espèces de
landes, des savanes qui n'ont rien de commun avec nos prairies ; les
mauvaises herbes y surmontent, y étouffent les bonnes ; ce n'est point
ce gazon fin qui semble faire le duvet de la terre, ce n'est point cette
pelouse émaillée qui annonce sa brillante fécondité : ce sont des
végétaux agrestes, des herbes dures, épineuses, entrelacées les unes
dans les autres, qui semblent moins tenir à la terre qu'elles ne
tiennent entre elles, et qui, se desséchant et se repoussant successi-
vement les unes sur les autres, forment une bourre grossière, épaisse
de plusieurs pieds. Nulle route, nulle communication, nul vestige
d'intelligence dans ces lieux sauvages : l'homme obligé de suivre les
sentiers de la bête farouche, s'il veut les parcourir ; contraint de
veiller sans cesse pour éviter d'en devenir la proie, effrayé de leurs
rugissements, saisi du silence même de ces profondes solitudes, il
rebrousse chemin, et dit : « La nature brute est hideuse et mourante;
c'est moi, moi seul qui peux la rendre agréable et vivante. Desséchpns
ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler, formons-en
des ruisseaux, des canaux ; employons cet élément actif et dévorant
qu'on nous avait caché et que nous ne devons qu'à nous-mêmes;
mettons le feu à cette bourre superflue, à ces vieilles forêts déjà à
demi consommées ; achevons de détruire avec le fer ce que le feu
n'aura pu consumer : bientôt, au lieu du jonc, du nénufar, dont le
crapaud composait son venin, nous verrons paraître la renoncule, le
trèfle, les herbes douces et salutaires ; des troupeaux d'animaux bim-
dissants fouleront cette terre jadis impraticable ; ils y trouveront une
subsistance abondante, une pâture toujours renaissante ; ils se multi-
plieront pour se multiplier encore : servons -nous de ces nouveaux
aides pour achever notre ouvrage ; que le bœuf, soumis au joug, emploie
ses forces et le poids de sa masse à sillonner la teire; qu'elle rajeu-
nisse par la culture : une nature nouvelle va sortir de nos mains. »
(Butfon.)
LIVRES NOUVEAUX.
E- BOESCH, 0€U)pôç. Unter3uchung zur Epangolie griechischer Fesle. Berlin,
Wayer et Muller, 1908. 3 ro. 60.
O. COMPAYRÈ, L'ôducaîion infellectuelb et morale. Paris, Dolaplane, 1908,
456 pp. 12.
J. GABRIELSSON, Ueber die Quellen dos Clemens Alexandrinus, I Teil.
DisF. inaug. d'Upsala. Upsala, Appelberg. 1906.
M. GRAMMONT, Petit traité de versification franc lise. Puiis, Colin, 1908.
2fr.
Die latfcinischen Bibelversionen. Itala und Vulgata. Text in Urschrifc uni
deutscher Uebersetzung. I^ipzig, Verlag Lumen. 1908. 25 m.
K. LOPSTEDT, Beitrage zur Kenntniss der spaeteren Latinitaet. Diss. iniug.
d'Upsala. Stockholm, Suanbak, 1907.
N. LUNDQUIST, Studia Lucanea. Commentatio academica. Stockholm, Nur-
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J. C. N. LINDSTROM, Commentarii Plautini in fabulas legendas et ezplicandas
studia. Disputatio academica. Stockholm, Suanbak, 1907.
F. J. MILLER, The tragédies of Seneco, translated into english verse, to which
hâve been appende'l comparative analyses of the correspond ing greek and
roman plajs and a mjthological index, introduced hy an essay an the in-
fluences of the tragédies of Seneca upon early english drama by J. M. Manly.
Chicago, Tho Univ. of Chicago Press. Londres, Fisher Unwin, 1907. 3 d.
C. ROBERT, Szenen aus Menanders Komoedien. Deutsch. Berlin, Weidmann,
1908. 131 p. in-So. 2 m. 40.
MAX RODER, Die Akropolis von Athen und das Forum Romanum nach der
Natur gemalt. Phototypische Reproduktionen V. B. Kcihlens Kunstanstalt in
Mûnchen-Gladbach. Zwoi Blatterin Impérial-format à 6 m.
A. SAUVEUR, Étude historique sur la légion VI® Victrix. Louvain, Charles
Peeters, 1908. 92 pp. 2 fr. 50.
H. VANDER LINDEN, L'Université do Louvain en 1568. Bruxelles, Weissen-
bruch, 1908. 30 pp.
O, W. VAN BLEEK, Quae do hominum post mortem doceant carmina sepul-
cralia latina. Diss. Amsterdam^ Rotterdam, R. de Vries, 1907, 158 pp.
J. W. VAN HEESWIJK, Meys' Handleiding der Grieksche en Romeinsche
Mythologie. 3^^ druk. Leiden, J. W. Van Loeuwen, 1905, 1 fl. 25.
J. VAN LEEUWEN, Menandri quattuor fabularum fragmenta nuper repeHu.
Leiden, Sijthoff. 1908, 5 m. 50.
AUG. VEZIN, Eumenes von Kardiu. Eiu B^utrag zu Geschichte der Diadochen-
zeit. Miinster, Aschendorff, 1907. 3 m 25.
CHR. VOLQUARDSEN, Rom im Uebergange von der Ropublik zur Monarchlii
und Cicero als politischer Charakter. Rode. Kiel, Lipsius et Tischer, llH)7.
0 m. 60.
J. P. WALTZING, Un humaniste arlonais. Pelrus-Jacobi Arlunensis (1459^
1509) Liège, Vaillant- Carmanne, 1908. 28 pp. gr. 8° avec gravures. 1 fr.
L. WENGER, Zum Wohn- und Wirtschaftsrecht in den Papyri. Weitrmr*
Bôhlau, 1907. 13 pp. tirées de Aus Rômischem und BQrgerlichem Racht.
Festschrift E. I. Bekker gewidmet.
SOMMAIRE.
MELANGES.
Altert Coumùti, Let moti enipruntéi
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE*
Antiquité cl assigne,
ii3. P, Grahtdor\ Histoire de lUe de Skyros (H. Francotte) ,
i (4. Oh Diéoht Pouzrolcs anïique (Th, Simar) . . . ,
1 15, G. D. Hat^idakis, La langue écrite néo-grecque (P, Oratndor)
j i 6* Pendeiakis, Ch rcs lo m at Ki e h cl ivmq nt \ te m 5mc ) .
117. L. BoJm et F- ^fij^on, Aristophane et Ménandre (J, P. W,} .
nS, A. De Àljtcfttf Apologisii crîatianî sccïti (J* P, \V.)
ijg. W, AVo//, Gcfschichic der kless* Phiîoïogie {P. Henen) .
Langues et lîHératutfs cettiques^
iio* Pfh de Félice, Le Purgaioirc de S. Patrice {L. Vin der Etften)
Langues et littératures romanes,
12J, C Liégeois et L, .\fitltmger. Le Théâtre et TÉÎo^uence (G, Dûutn^f^^ym)
133. p, £>tmq^, Œuvres d'A, Chuoicr (A. Hurapcrs) * , * . •
133. O. Piamgiam^ VocabuNrio ctimotogico delln îrngua itisitana (A* Doutre-
pont) t ^ ..,.,.,,,. .
Langues et littératures germaniques.
13|. F. Weigand^ Deuuchei Woerlerbuch (C, Lecoutcrc) , * , .
uS» F, K3«_^iHa«rt, Deutsche Mctrik (Le tïiéme)
«9f
901
»5
Histoire et géùgrjphie.
j^6, P. Foidtet^ Les institutions frarîçaiscs diîpuîs 1795 â \Bi\ (F. CvjU*rJ) » aoî
Notic&â et anDoncGS bibliographiques.
117-148, Publictiioos dt Krctschmjr, Skutsch, Kniegcr, Cevôlanî, Thble,
Cramer, FriiSi:h^ Hommcî, Achelis^, DichI, BcJier^ AuUrJ, Barres > BÎ^«:hcifT.
Vtfnlatti^ Kli>yvL'r, Ulilenbeck, t'ijpcrH, Grarï>, van Loghem^ Frtfdtnctj,
N(fwman, Me4*fTtïs, Biron^ Slrowski^ Paquier ..,,_. strj
CHRONIQUE.
Cûlleciion linguistique, Halntaïion préhistoriqyc. Ateliers monétatr^s.
e In Bible, Académi
frigments de Ménandrc
i49*i5k
Ma. de In Bible, Académie fîdmande : programma de ses concours. Nouvrau
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
A, Pôissinger^ Regium Atht;nBcuni Athense Sexta schola latina
Ft Cotlard, Dictées Irançaiaea (suite)
2l4
DoUZtÈME ANhféE. — N*» 6-7.
i5 JUlN'iS JUILLET 1908
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
^lïBLtÉE M>Uft LA DtRlCTIOJI t»l
F. GOLLARD
rnoPVÊhUUtt A L'UMtVKKEJrl DE LOU7AU4
J, F, WAI^TZING
ParsiTMJil tout Itt rnfili, I TeK^fiUan doi maJi d^MAl il Û9 u^itmbn
LOUVAIN
CHARLES FEETERS» LIBRAIRE-ÉDITEUR
30, ftUB oe HAMum, 20
BERLIN
PARIS
A, FONTEMOING
4, me Le God'
R. FRIEDLAENDER ET FILS
Carlitrute» jt, N. W
COMITE DE REDACTION.
MH. Bang, W., professeur à rUniverslté de Louvain.
Bayot, A , chargé de cours à l'Université de Louvnln.
Bischoff; H., professeur k l*(Jniversité de Liège.
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On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) k M J P. "Walt^ng, professeur
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En Belgique, dans les Pays-Bas et dans le Grand-Duché de Luxembourg, le prix d'abon-
nemment est fixé k 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans les autres pa>*s, on
peut s'abonner k la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunies au
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Les onze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 k 480 pages, son^ en
vente au prix de 10 fr.
Provisoirement, les abonnés pourront se procurer une
ou plusieurs de ces onze années au prix de T fk*. tf O par
année, le port en sus.
DouziÈME.ANNÉE. — N^s 6 et 7. i5 Juin-Juillet 1908.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANGES.
LES MOTS EMPRUNTÉS.
I. — La Dette de l'Allemand.
(Suite).
On sait combien est caractéristique de Thistoire entière le nom de
Véglise : • le mot grec éKKXno(a (= assemblée), dans les milieiix chré-
tiens, a désigné spécialement l'assemblée des fidèles : il a passé en
ce sens dans la langue spéciale des chrétiens de Rome ; là il a désigné
rassemblée des chrétiens (i) ; d autre part le mot éKKÀnoia signifiait
« lieu de réunion des fidèles », exactement comme marché signifie
« lieu où on tient le marché » ... : le latin a pris aussi le mot grec en
ce sens; comme, en latin, le sens de réunion, convocation, n'était pas
attaché au mot, isolé de toutes ses connexions linguistiques par V emprunt, et
que ecclesia était im pur terme de langue particulière, sans usage dans
la langue commune, ces deux sens de « groupe des fidèles » et de « lieu
de réunion des fidèles » se sont fixés sans aucun mélange, et ils se
sont transmis aux langues romanes ou du moins au groupe occi-
dental des langues romanes. Sur le sol français, le mot église est
entré dans la langue commune, avec le christianisme qui est devenu
la religion de tous les habitants du pays » (2). — Même phénomène
en pays germanique, mais appliqué à un tout autre mot ; car le mot
éKKKr\G{(x qui était dans Ulfilas (aikklésjô) dans le seul sens de « commu-
nauté des fidèles » (il n'y a pas dans Ulfilas de mot pour le bâtiment
lui-même», éKicXrjda est complément supplanté en pays germaniques
par KupiaKôv (maison du Seigneur), t L'emprunt n'a pu se faire que
dans la région du Danube inférieur, par les Goths, qui ont transmis
le mot aux Allemands et aux Slaves. Ainsi s'explique aussi le féminin
(i) Voyez Kretschmer, dans Zs, f, vergl Sprachforschung^ XXXIX, SSg et sv.
(2) A. M BILLET, Comment les mots changent Je sens, p. 3y (Vannée sociologique^
année).
23o LE MUSÉE BELGE.
allemand ; car la terminaison grecque -ov devient en gothique,
dans les mots empruntés, la terminaison féminine -^ (p. e. cOott^io*
aîvaggêljô, adppaTov sabbatô). — Comme la Lautverschiebung est
accomplie, le mot Kitche doit avoir été introduit chez les Allemands
au plus tard au vi^ siècle ; l'anglo-saxon cyticc indique encore une
date antérieure. Le mot doit avoir été répandu chez les Germains de
l'Ouest dès la fin du iv« siècle. Il constitue un important témoignage
linguistique de Tinfluence exercée de bonne heure par le christia-
nisme gothique-arien sur les tribus allemandes. Cette influence a été
refoulée si complètement par le catholicisme venu des îles britan-
niques et de France, qu'elle est moins reconnaissable aujourd'hui
dans les documents historiques que dans les déductions linguis
tiques (i).
Le christianisme arien — qui avait probablement déjà transmis les
termes grecs irevriiKocnyï : Pfingstm^ iraTrâç : Pfaffen^ bid^oXoç : Teufd^
frfTcXoç : Engel^ fut supplanté par le christianisme catholique d'ex-
pression latine. Les emprunts furent autrement nombreux : ils se
multipliaient d'autant plus facilement que le latin est resté la langue
de rÉglise. Au nom même du Christ s'est substituée la forme savante
Christus, dont la diffusion par l'imprimerie assura le succès ; christia-
nus a donné finalement la forme abrégée actuelle Christ = chrétien.
La religion nouvelle, en transformant l'homme, créait des idées et
des vertus pour lesquelles il fallut trouver des noms. La traduction,
qui est l'un des grands procédés d'assimilation, de transmission
internationale (2), devint ici véritablement créatrice, a Un mot
comme le latin conscientia a pris dans la langue de l'école un sens bien
défini, et les groupes savants ont employé ce mot même en français ;
(i) Seilbr, l*, 104-105.
(2) On pourrait appliquer au vocabulaire commun ce qui a été dit de la transmis-
sion de termes géographiques dans la page suivante que me signale M. Alphonse
Roersch :
« D'un peuple à l'autre, les noms des lieux se transmettent de plusieurs façons...
Première manière : transcription. Le peuple emprunteur accepte ronomastique àa
étrangers telle qu'elle se présente à lui, tout entière, idées et vocables... Consonoes
et voyelles, les noms Espagne, | Italie, Syrie, Egypte, Chypre, Rhodes, Pélopooèsc,
Sicile, Baléares, etc. se sont exactement transmis de thalassocrates en thalassocrttes
depuis les origines helléniques jusqu'à nos jours. — Seconde manière : traductioo.
Le peuple emprunteur rejette les formes extérieures de l'onomastique étrangère ;
mais, gardant les idées, il traduit les vocables du voisin en sa propre langue. A ren-
trée dû détroit de Gibraltar, toutes les marines actuelles connaissent le Mont-auX'
Singes ; mais chacune lui applique un vocable différent : anglais, français, espagnol,
allemand. — Troisième manière : entre ces deux extrêmes, transcription ou traduc-
tion, souvent le peuple prend un moyen terme. Il ne sait pas traduire le nom qa'îl
emprunte. Il ne se contente pas de le transcrire. Il s'en empare et le pétrit, le rac-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23 1
les nécessités de la traduction des textes étrangers et le désir d'ex-
primer exactement la même idée ont fait rendre la même idée par
les savants germaniques au moyen de mith-mssci en gotique, de
giwizzani en vieux haut-allemand (allemand moderne Gewissm) Sou-
vent les mots techniques de ce genre sont traduits littéralement et
n'ont guère de sens dans la langue où ils sont transférés ; ainsi le
nom latin de l'homme qui a de la pitié, misericors, à été traduit litté-
ralement en gotique arma-hairts (allemand barm-herzig) et a passé du
germanique en slave, par exemple russe milo'serdyj. Ce sont là de
pures transcriptions cléricales de mots latins » A ces exemples ainsi
définis récemment par M. Meillet (/. /., p. 19), M. Seiler ajoute tout
un répertoire; il suit (II, i-io3 : Kap. I : Kirchliche und gelehrte
Bildung) surtout l'influence des ordres monastiques dans les divers
domaines moraux et matériels ; Técole, la cuisine, les plantes et les
minéraux, tout enfin se développe dans un moyen âge de culture
cléricale,
où d'un siècle barbare
Naquit un siècle d*or plus fertile et plus beau.
Dans ce monde naissant, comme jadis dans celui de la Genèse,
rhomme donne des noms aux autres créatures : l'homme est, cette
fois, un Barbare éduqué par des gens à latin. Les Germains seraient
restés des sauvages sans l'héritage de la civilisation gréco-latine, sou-
tenait, il y a peu d'années, le germaniste Rœthe : la fait est qu'ils ont
trouvé dans le latin le nom d'une foule d'acquisitions faites pendant
les treize premiers siècles de notre ère.
Si Rivarol fut mauvais prophète en parlant d'un univers français
succédant à un monde latin, son erreur pourrait s'excuser par le
spectacle de l'influence française en Europe dès le moyen âge. Le
monachisme clunisien, l'université de Paris, la chevalerie, la littéra-
ture épique puis courtoise, tout contribuait à la diflusisn des choses
de France. Les Pays-Bas servent d'intermédiaire vers le Nord-Est,
courcit, l'allonge ou le façonne, au gré de son imagination et d^ ses raisonnements :
il arrive, par calembour, à faire sortir un sens apparent de ce vocable incompris.
Les français prennent le Magara des Grecs el en font le port de la Maigre, Les
Anglais prennent le Livorno des Italiens et en font leur Leghorn (Corne de Jambe)...
Parfois de tels calembours sont à nouveaux traduits par quelque successeur : les
Italiens ayant pris VHymettos des Hellènes en firent par calembour leur Mont-du-
Kou, // Matto, que les Turcs traduisent en Deli Dagh : les Grecs modernes, ayant
traduit le mot turc, disent aujourd'hui Trelo Vouno, » (V, Bérard, Les Phéniciens
et l'Odyssée^ I, 48-49).
^32 LE MUSÉE BELGE.
et jusque chez les paysans autrichiens du xiii* siècle, il est, paraît-il,
de bon ton de « vîaemen » (II, io8).
« France mère des arts, des armes et des lois w
a fourni aux voisins les termes de danse et de musique, de chasse et
de cuisine, d armes et de tournois. Le français a donné des suffixes,
'iàty 'iâ, et cet -ieten dont les auteurs allemands abusent au sens de
Heine (i). — Des juristes d'Outre-Rhin discutent encore la question
de savoir si les usages du duel et de la Mensur continuent une
ancienne tradition germanique ou bien les us et abus chevaleresques
de France. Cettejdemière explication paraît fort plausible quand on
entend tout le jargon exotique des ferrailleurs. ContrakagCy Sekundûni,
Satisfaction, etc., font songer à des marquis niais à qui il a manqué
un Richelieu pour les faire pendre. — Mais cela se place à Tépoque
moderne, et M. Seiler nous conduit seulement à la fin du moyen
âge : souhaitons qu'il poursuive bientôt sa curieuse enquête.
En tous temps, la navigation, en rapprochant les peuples, a mêlé
les vocabulaires, et Ton a reconnu, dans la stratification de la topo-
nymie méditerranéenne, les résidus des thalassocraties successives,
phénicienne, grecque, turque, vénitienne, française, anglaise. « Durant
les derniers siècles, les Francs et les Italiens avaient peuplé l'Archi-
pel de leurs communautés italiennes et franques et de leurs doubles
ou triples ménages... Une population métisse et bilingue en était
résultée qui jargonnait ou comprenait les deux langues paternelle et
maternelle, et qui traduisait ou mélangeait le turc, le grec, l'italien et
le français en un sabir de Bourgeois Gentilhomme, Dans le langage des
Insulaires et dans l'onomastique des Iles, il est facile, aujourd'hui, de
retrouver les témoins de ce sabir... Pour la langue commerciale, il
suffit d'ouvrir un dictionnaire grec moderne : pdpxa barque^ PapKdpnç
batelier, papxaplîluj s embarquer, papëXi baril, Kdppouvov charbon, xdbpo cadre,
peinture^ Kavôvi canon, KdireXov chapeau, KamTdvoç capitaine, KaorëAi ckà-
teau,.. » (2)
La Méditerranée était le centre de la grande activité maritime ; et
c'est de là que bien des termes sont parvenus jusqu'à la langue alle-
(1) F. Brunot, Histoire de la langue française des origines à içoo, I, 387.
M. Brunot (p. 3S2, n. 2) rappelle les travaux de M. F, Piquet {De vocabuUs quae tn
duoJecimo saeculo et in tertii decimi principio a Gallis Germani assumpserînt.
Paris, 1898) et de M. H. Palander, Der fr:^. Einfluss auf die d, Spr, im XIL Jhdt
(Mém. Soc. néophilologique d' H elsingfors, 1902).
(2; V. Bérard, Les Phéniciens et VOdyssée, I, 400.
PARTIE BIBLIOGRAPHigUB. 235
mande, a Notre avenir est sur Teau », répète Guillaume II à ses
s\aj ets ; leur passé lexicologique s'y trouve aussi. Les Romains ont
<ionné aux Germains Insel et le nom de lancre (Anker), qu'eux-mêmes
ils tenaient des Grecs. Au moyen âge, les vaisseaux flamands et fri-
sons mettent le Nord en relations continuelles avec les mers que
«îésormais sillonne la « voile latine », comme dit Carducci de Jaufré
Rxidel. Ils rapportent de leurs expéditions autant de termes que
jsidis les Normands avaient pu en porter en France. Port^ Barke^
GaîeassCj Galère, Kaheî, Golf, Pilot, Kurs, Bai, Kap, Flotte, etc., perpé-
t\ient dans les dictionnaires des marins du Deutschland le souvenir des
tHalassocraties méridionales.
Par celles-ci, autant et plus que par les voies de terre, lOrient
transmettait ses produits, ses fruits, ses jeux, avant, pendant et après
les Croisades. Le jeu d'échecs, notamment, qui a laissé dans les
langues européennes son nom et plusieurs métaphores, a passé des
Fersans aux Arabes et des Arabes aux chrétiens bien avant les croi-
sades (II, 167) : on joue aux échecs dans le Ruodlieh, roman qu'écri-
vait, avant la naissance de Godefroid de Bouillon, un moine de
Tegernsee ; et les vieillards ont la même distraction dans la Chanson
de Roland,
L'ouvrage de M. Seiler, ouvrage d'histoire linguistique, écono-
mique et morale, intéressera tous ceux qui savent l'allemand ; ceux
qui savent à moitié cette langue la sauront mieux après avoir lu ce
livre : car les mots comme les hommes sont plus faciles à compren-
dre et à retenir quand on sait d'où ils viennent. Si M. Seiler avait
écrit pour une demi-douzaine de philologues, il aurait pu faire toute
la théorie phonétique et morphologique de l'emprunt.
Il faut — comme M. Salverda de Graeve l'a fait à propos du hol-
landais, — distinguer la transmission écrite et la transmission orale :
la prononciation allemande de Billard indique qu'on a lu ce mot
avant de l'entendre prononcer par des Français ; au contraire l'alle-
mand Pahst^ le hollandais paus^ remonte à l'ancienne prononciation
française de papes (avec s analogique du nominatif) ; et le premier
exemple allemand qu'on en ait [hâbes vers l'an looo dans Notger)
indiqne même une prononciation souabe du terme étranger. Car les
mots transmis oralement sont souvent étrangement entendus et ren-
dus. Un Anglais en conversation française avec un Belge employait
un terme qui semblait détonner dans le discours : le Belge compre-
nait Chat Noir ; s'étant fait répéter trois fois la chose, il comprit que
c'était pôle Nord, Plus récemment un auditeur de M. Grenfell enten-
234 LE MUSÉE BELGE.
dait un nom qui ressemblait plus à hybride qu'à ce qu'il était vérita-
blement [Hypétidé), Et vous connaissez sans doute l'histoire du
diplomate allemand discutant avec Gladstone, et déconcerté par la
prononciation anglaise de casus belîi (i). D'anecdotes de ce genre
Anstey a pu tirer des scènes fort amusantes ( Voces populi) ; la réalité
des emprunts n'est pas moins instructive que la fiction de l'humoriste.
Reconnaissez-vous schahtelakunt ? C'est tout simplement (ou plutôt :
c'était) cunt a chateî (comte à château, burgrave) (II, ii5), Schimpfienn
vient de l'ancien français desconfire (II, 124),
Influencé par Schimpf, sans doute ;
Mais il faut avouer aussi
Qu*en venant de là jusqu'ici
Il a bien dû changer en route.
Un membre de l'Institut démontrait un jour, irréfutablement, que
les chevaliers génois du xi« siècle, en rapports commerciaux avec les
Arabes, avaient une prédilection pour les faucons qui portaient une
plume blanche à l'aile droite. La communication de cet orientaliste
présentait tous les caractères scientifiques désirables : mais qu'en fût-
il resté s'il n'y avait pas eu de plumes de faucon ? Aussi peu de chose
que de mille détails d'érudition qui occupent pendant quelques
instants leurs inventeurs. L'étude des mots d'emprunt est d'un intérêt
moins précaire et plus généralement humain. Si même il n'y avait
plus en allemand lu mot Buttel, si Tunke supplantait partout Sauce,
si par exemple nous n'employons plus la rhingrave et si les guerriers
teutons ont parfaitement oublié glavie et schinelier (genouillère), il n'en
restera pas moins certaines habitudes et tendances que caractérise
l'emprunt linguistique, éclairant la psychologie sociale, nationale,
humaine. Le mot d'emprunt peut faire ressortir particulièrement
certains faits de sémantique. En effet, il est détaché de la langue
originelle, et ainsi soustrait aux évolutions purement logiques, méta-
phoriques, intellectuelles. Les changements de sens seront donc, en
lui, plus sûrement dus au changement du milieu où le mot est
employé. Et son cas rappellera suffisamment aux complaisants bio-
graphes de la « vie des mots » la pensée de Rabelais prise comme
épigraphe par Nyrop : « Les mots ne signifient pas par essence, mais
à plaisir ». Si par exemple irapapoXri a passé du sens de « comparai-
son » à son sens actuel parole^ ce n'est pas qu'il cachât dans son âme
de mot je ne sais quelle vertu extensive ou allégorisante ; mais c'est
(1) Iiiversement un Allemand aurait quelque peine à reconnaître les noms du
docteur Jutner etc., tels qu'on les prononce à l'Odéon {Vieil Heidelberg). Sarcey
n*a-t-il pas entendu une Parisienne nommer Vagné l'auteur de Tannhàuser î
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 235
que le mot employé par les raisonneurs grecs fut plus tard utilisé
par les propagateurs du christianisme, et après ceux-ci par des audi-
teurs profanes. De même les légionnaires et fonctionnaires romains,
les moines prédicateurs ou laboureurs, les marchands et les marins,
les chevaliers et les trouvères ont apporté aux Germains des objets et
des mots nouveaux, et ceux-ci ont pu subsister, changer d emploi et
de forme à mesure qu'ils pénétraient dans une classe moins restreinte,
dans une génération transformée ; en matière de vocabulaire, con-
trairement à l'adage évangélique, on met continuellement le vin
nouveau dans de vieilles outres. — En examinant de près les migra-
tions de mots, on évitera l'animisme scientifique qui se glisse par-
fois dans l'interprétation — darwinienne ou autre — de la a vie des
mots ».
La vie des mots n'est que l'écho de la vie humaine passant de
bouche en bouche. Comme les paroles reflètent les objets vus par les
hommes d'autrefois, et les pensées conçues depuis longtemps, elles
restent parmi nous les témoins des transmissions lointaines, de la
perpétuelle métempsycose que constitue la civilisation. Toute langue
comprend des alluvions successives et disparates ; les étudier, c'est
se rendre un compte plus exact de ses propres acquisitions, de la
solidarité internationale que tout progrès multiplie. Le « compara-
tisme » philologique et littéraire montre l'Allemagne singulièrement
accueillante à travers les siècles, et plus sage sans doute en cela que
certains zélateurs de Sprachverein d'aujourd'hui. En tout pays où Ion
cultivera les études comparatives, la curiosité du passé pourra con-
duire les hommes à une meilleure connaissance d'eux-mêmes.
A. COUNSON.
Sote (page i8ô : Kirsche), — L'importance du rôle de Lucullus et l'affirmation
de Pline ont été contestées ; et l'on aurait, paraît-il, déterré en Suisse des noyaux
de cerises plus anciens que le vainqueur de Mithridate (Kirschen^ von D' P. Cornels,
Sonntagsblatt der Coblenjer Volksi^eitung, 21 juin 1908). Mais l'illustre gourmet
peut fort bien avoir fait passer au fruit et à Tarbre le nom d'une variété dite de
Cerasus (Cérasonte). Les pêches ont un nom persan, même si Xerxès ni Xénophon
.ni Alexandre ne les ont apportées dans leurs provisions.
236 LE MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
i52. — P. Cauer, Palaestra vitae. Dos AUerium aïs Quelle prakiisciur
Geistesbildung. 2« édit. Berlin, Weidmann, 1907. i6g p.
Ce livre vient à son heure. Il est né de la pensée de défendre les
humanités gréco-latines contre les attaques dont elles sont Tobjet.
Voici comment Tauteur caractérise cette opposition : « Rien d'éton-
nant qu e la génération qui donne maintenant le ton dans le monde
intellectue 1 allemand, — pour dispersée qu'elle soit en divers groupe-
ment s, on trouve chez tous ceux qui la composent le goût du brillant,
de l'emphase, de la déclamation qui en impose au grand nombre, —
ne veuille plus entendre parler des anciens. Elle sent vaguement que
le commerce avec les anciens engendre une manière de penser
incompa tible avec elle et ses tendances. L'esprit gouvernemental de
Rome et le besoin de liberté qui anima la Grèce, quelque opposés
qu'ils soient entre eux, ont ceci de commun qu'ils sont les ennemis
irréc onciliables d'un esprit qui assigne pour but à la vie la possession
et la jouissance des biens matériels. L'éducation par les Grecs et les
Rom a ins doit nous préserver de ce travers de devenir les esclaves de
biens dont l'homme est destiné à être le maître » p. i35. C'est un
langag e sévère. Je n'oserais pas dire que sa sévérité est exagérée. II
est vrai que chez nous les adversaires des humanités gréco-latines se
recru cent surtout dans le monde occupé d'études commerciales et
économiques; que leur préoccupation, hautement avouée, est de
mu nir davantage les jeunes gens pour la lutte économique ; que,
pou r la plupart, ils veulent une éducation qui, moins soucieuse de
déve lopper les besoins intellectuels, oriente avec décision la jeunesse
vers la recherche de la fortune et du bien-être matériel. En Allemagne
aus si, semble-t-il, c'est, chez les adversaires des humanités gréco-
latins s, un dédain absolu pour les idées opposées aux leurs, un
mêm e parti-pris de passer outre, de faire fi de l'opposition. Il y a
entr e l'Allemagne et nous cette différence, qu'en Allemagne ces
que s tions de l'organisation de l'enseignement moyen occupent l'opi-
nio n publique. Chez nous, l'indifférence de ceux que cette question
in téresse essentiellement autorise les allures autoritaires de ceux qui
on t pris la direction du mouvement.
Le livre de M. Cauer est donc un livre d'actualité, dont la lecture
do it être reconunandée à tous les professeurs de littérature et d'his-
to ire anciennes. Elle les encouragera et les instruira.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 23/
Elle leur rendra d'abord la confiance en eux-mêmes et dans leur
travail professionnel, en leur montrant ce que valent pour la culture
générale d'un homme, pour son instruction, ces études tant décriées.
Car c'est sur le terrain même choisi par les adversaires que M. Cauer
accepte la lutte. Ceux-ci invoquent les nécessités d'une culture
plus positive, qui apprenne aux jeunes gens non plus les réali-
tés d'une antiquité éloignée, qu'ils proclament morte, mais celle
du temps présent. Voici la thèse que, pour leur répondra, défend
M. Cauer : L'éducation des classes dirigeantes doit se faire par les
auteurs classiques gréco- romains. Le but de leur lecture doit être de
les connaître et de les goûter. Mais, outre ce résultat, la lecture des
auteurs anciens en entraîne d'autres. Les auteurs anciens en effet
appartiennent à un temps où tous les éléments qui forment ce que
nous appelons aujourd'hui la civilisation ont apparu, où toutes
les questions dont l'étude forme l'apanage des peuples civilisés,
ont été soulevées et ont reçu des solutions diverses. A cause du
caractère de la culture antique, moins spéciale, plus universelle
qu'aujourd'hui, ces questions et ces solutions ne sont pas restées
confinées chacune dans une littérature spéciale ; elles ont pénétré
dans la littérature générale. Il se fait que la lecture simplement ration-
nelle, celle que l'on appelle l'analyse littéraire, a pour résultat prin-
cipal de donner aux jeunes gens la connaissance des éléments de
la civilisation antique, des questions artistiques et scientifiques,
historiques, politiques et économiques qui ont occupé les anciens.
Mais en plus, forcément, des comparaisons se font avec notre temps,
qui précisent les ressemblances et les différences et permettent de
distinguer dans nos conditions d'existence actuelle les parties essen-
tielles et celles qui sont secondaires. Et ce ne sont pas des mots ni
des avantages imaginaires. Il n'est pas de professeur, ayant lu
Cicéron, Horace, Homère, Tacite, Sophocle, Démosthène, bref les
auteurs classiques, qui n'ait remarqué combien de connaissances
élevées sur notre temps Télève retirait, sans effort et d'une manière
vivante, de ces lectures.
Il est vraiment difficile de ne pas sourire du parti pris ou de
l'ignorance des adversaires, quand on les entend décider que la lec-
ture des auteurs anciens doit ennuyer les jeunes gens, parce qu elle
les distrait du seul monde qui les intéresse, le monde contemporain.
La vérité est que l'étude du monde antique n'éloigne pas du monde
moderne, mais y ramène constamment, provoque d'incessantes com-
paraisons, plus efficaces pour comprendre notre temps que tous les
exposés dogmatiques que l'on voudrait mettre à sa place. C'est là
la thèse que M. Cauer défend dans son beau livre. Il n'a pas la pré-
238 LE MUSÉE BELGE.
tenlion d'épuiser le sujet; chaque lecteur trouvera dans son expé-
rience des souvenirs qui compléteront très heureusement ce que dit
Tauteur de la Palaestra. Son but est simplement de signaler à l'atten- '
tion ces avantages de Tétude de l'antiquité. En fait, on sort de sa lec-
ture avec une conscience plus nette, une perception plus claire de ce
qui doit être fait, notamment des conditions indispensables d'une
bonne lecture. Car ce livre est pénétré d'un bout à l'autre d'idées
pédagogiques très élevées, de ces idées dont l'oubli vicie, malgré
l'observation des autres prescriptions, la lecture des auteurs anciens
et la prive de ses heureux effets. Sans prétendre les relever toutes, je
signale la condamnation des anthologies, telles que celle de Wila-
mowitz, à laquelle il reproche, entre autres choses, d'introduire dans
les classes une littérature spéciale. A ce propos, M. Cauer renvoie
au cours de religion la lecture de la littérarature biblique, des épîtres
de S. Paul, des Évangiles et des Actes des Apôtres. Il insiste sur
la nécessité de l'étude sérieuse de l'histoire et de la géographie
anciennes. Combien il a raison I Si l'étude littéraire d'un auteur doit
consister à le faire connaître, la première condition est de reconsti-
tuer le milieu où il est né, où il a vécu, où il s'est formé.
Ce livre substantiel contient neuf chapitres dont nous allons
donner un aperçu. L'introduction, qui porte le titre de Puissance
vivifiante (Lehenshraft) de l'antiquité, expose le point de vue de l'auteur
et sa thèse. Je viens d'en parler.
Le 2« et le 3*^ sont consacrés aux sciences naturelles et aux sciences
astronomiques. La Grèce est la première qui a soulevé la question
de la nature de l'univers et des choses sensibles ; la première, elle a
découvert que le monde physique était soumis à des lois, dont elle
a perçu quelques-unes. L'étude de l'antiquité montre donc l'huma-
nité aux prises pour la première fois avec les mystères de la nature,
sollicitée par son spectacle à les scruter. Les quinze pages que
M. Cauer consacre à ce sujet sont très suggestives, elles sont loin
d'avoir dit tout ce que l'on peut en dire. Il suffirait, pour décupler ces
pages, de lire le beau livre de Ch. Huit, La philosophie dt la nature chez
les anciens (Paris, 1901), que tout professeur d'humanités devrait avoir
lu et médité. Evidemment, M. Cauer ne prétend pas que le jeune
homme sortira de la lecture des auteurs anciens, connaissant tous les
principes de la physique et des sciences naturelles. Mais il est des
principes fondamentaux que le jeune homme trouvera formulés avec
une précision parfaite par les vieux philosophes grecs ; il y verra de
plus, posées avec une netteté que nous avons rarement atteinte, les
questions essentielles, toujours ouvertes sur les fondements des
sciences naturelles ; il assistera à l'élaboration de grandes découvertes.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 239
verra les causes qui les ont produites ; surtout il sortira observateur
plus attentif et plus sympathique des phénomènes de la nature.
La démonstration devient plus évidente encore pour la géographie,
si on lui accorde, dans Tétude des auteurs anciens et en général dans
le programme, une place en rapport avec son importance. Continuel-
ment Télève y observe la nature et constate l'influence exercée par
elle sur l'homme, sur sa vie individuelle, politique et sociale. Si je
ne me trompe, c'est bien là la science géographique, très différente
dé la simple description de la nature physique. '
Et il ne faut pas avoir poussé bien loin les études de l'antiquité
pour voir y surgir aussi les grandes questions économiques qui sont
le souci du monde contemporain, la question du travail, du proléta-
riat, les rapports entre le capital et le travail, le socialisme d*État, la
question coloniale et l'expansion mondiale, la grande et la petite
propriété, la population et la natalité, les guerres avec leurs causes
économiques. Je n'exagère pas. Cornélius Népos soulève déjà nombre
de ces questions, et je voudrais bien voir comment on peut expliquer
rationnellement Cicéron (je parle de ses grands discours tels que \epro
Miiofie, de imperio Cn. Pompa, les Philippiques, les Verrines, les Catili-
naires), Salluste, Tite-Live, Horace, sans traiter ces questions. C'est
l'objet du 4« chapitre. Le 5« traite de la politique. Des jeunes gens
qui ont lu une portion convenable, c'est-à-dire étendue, d'Hérodote,
d'Homère, de Tacite, de Démosthène, d'Horace, de Cicéron, de
Tite-Live, ont dû réfléchir sur les différents régimes politiques,
l'aristocratie, la démocratie et la monarchie; il ont vu ces régimes
naître, vivre et mourir ; ils les ont vus se transformer ; ils ont observé
les causes qui amènent les révolutions, les fautes qui les rendent
inévitables et dont elles sont les châtiments; les avantages et les
inconvénients des divers régimes ; l'opportunisme et le radicalisme ;
les conventions, les apparences et les réalités de la politique ; la sépa-
ration des pouvoirs législatif et judiciaire, l'union ou la séparation de
la religion et de l'État. Il ne me serait aucunement difficilt*. d'indi-
quer, dans les auteurs cités plus haut, la place de ces nécessaires
explications et de beaucoup d'autres semblables.
M. Cauer parle ensuite de l'histoire ancienne. Il réclame avec
insistance une place plus importante pour cette discipline dans le
programme. Il a raison, même à se tenir au point de vue particulier
où il se place. Sans doute, l'étude de l'antiquité ne tend pas à former
des historiens ; il n'en est pas moins vrai cependant qu'elle peut,
mieux que n'importe quelle autre discipline, donner ces principes
historiques que tout homme instruit doit posséder. C'est la thèse de
M. Cauer, qu'il démontre par de nombreux exemples, et il est encore
240 LE MUSÉE BELGE.
vrai de dire avec lui, que Tétude de l'antiquité initie Télève, d'une
façon vivante et pratique, à ces principes généraux de critique qu'un
homme cultivé doit connaître pour lire un historien avec intelligence.
Je dois renvoyer, pour la démonstration, au chapitre VII de la
Palaestra Vifae, C'est un chapitre où le lecteur trouvera sur la lecture
des historié ns des indications précieuses.
L'art est traité longuement dans le chapitre VIII. La démonstra-
tion était ici facile ; celle de M . Cauer n'est pas cependant banale ; elle
touche à tous les principes d'esthétique en matière d'arts plastiques
et elle montre que, pour la culture artistique d'un homme, l'art grec
a une valeur que rien ne peut remplacer. Cette partie du livre de
M. Cauer a grande chance d'être bien accueillie. Les adversaires des
humanités gréco-latinef exceptent en effet de leur antipathie les arts
plastiques grecs, dont ils séparent ainsi la connaissance de celle
de la littérature et du reste de la civilisation : idée tellement
chimérique, qu'elle n'est pas même venue à l'esprit de M. Cauer et
qu'il ne la réfute pas. Mais il est opposé à l'extension exagérée que
Ton donne aujourd'hui aux arts plastiques dans l'enseignement
moyen. La place naturelle de l'analyse modérée des œuvres d'art,
c'est, en dehors des occasions qu'offre la lecture des auteurs, les
cours d histoire et de géographie, et il s'élève contre l'esthétique
dogmatique, vide et fausse, qui inspire trop souvent l'analyse des
œuvres d'art.
Le chapitre IX est intitulé Lebens/ragen, questions sur la vie et
sur la destinée humaine. Tout lecteur d'Homère, des Tragiques, de
Virgile, d'Horace voit continuellement surgir devant lui et sous tous
ses aspects le problème de la destinée humaine. Rien n'est plus sain
pour l'adolescent que cette contemplation de l'humanité se plaçant,
avec une inlassable insistance, devant le problème de ce qu'est
l'homme, sa vie, sa fin dernière. L'adolescent sort de ce spectacle
plus mûr, plus réfléchi, moins matériel, l'âme tournée davantage vers
les grands problèmes moraux et religieux. M. Cauer le dit avec
raison : certains esprits ont exagéré et dénaturé ce résultat de la lec-
ture des auteurs anciens ; ils ont prétendu que les anciens étaient
pour nous des représentants de l'humanité idéale. Ces exagérations
ne supportent pas l'examen. Elles ne sont pas possibles, si l'explica-
tion des auteurs est dirigée, non pas en vue de les faire admirer, mais
de les faire comprendre, ce qui d'ailleurs va beaucoup plus loin
qu'une traduction, même parfaitement raisonnée. Tel est le beau livre
de M. Cauer. Il est à sa seconde édition.
C'est d'un bon augure. Souhaitons qu'il se répande dans notre
pays; les professeurs qui le liront emporteront de sa lecture une con-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 24I
science plus élevée de leurs devoirs, une confiance plus ferme et plus
éclairée en la vertu éducative des classiques anciens, et une idée
plus nette de la méthode à suivre. E. Remy.
i53. — XJ. von AArilamOTVltz-Mœllendorff, Gruk historkal Wri-
ting and Apollo, Two lectures delivered before the Universify of Oxford.
(Trad. anglaise de Gilbert Murray.) Oxford, Clarendon Press,
1908. 2 sh.
M. von Wilamowitz-MoellendorfF a prononcé, les 3 et 4 juin der-
niers, à l'université d*Oxford, deux conférences qui ont été aussitôt
traduites et publiées en anglais, la première sur la littérature histo-
rique en Grèce, et la seconde, sur le dieu Apollon.
Il montre d'abord que les Grecs — et après eux les Latins — ne
sont pas arrivés à une conception scientifique de la recherche histo-
rique ; celle-ci n'est vieille que d'un siècle.
Hérodote mérite sans doute d'être appelé le pire de Vhistoire^ mais il
n'est pas le père de la critique historique. En publiant les recherches
4e son « Historié », il y a mis trop de lui-même ; on aperçoit, à
chaque page, ses convictions de démocrate, sa deisidaimonia, ses cri-
tiques inconsidérées et hâtives ; il limite son sujet à ce qu'il a vu,
négligeant l'Occident qu'il n'a pu visiter. Cette subjectivité se retrouve
dans Thucydide, Celui-ci choisit son sujet, non pour arriver à la dé-
monstration objective d'un nouveau fait ou d'une nouvelle date, mais
parce qu'il en prévoit l'incomparable importance. Il écrit pour l'in-
struction des hommes d'État à venir et, en écrivant, il entend faire
encore de la politique active, comme Machiavel écrit le Prince pour
montrer qu'il est capable de juger et de diriger les événements. Thu-
cydide choisit entre les faits ceux qui lui paraissent dignes d'être rap-
portés ; par là, il se différencie des chroniqueurs qui ne sont à vrai
dire que des intermédiaires par lesquels les événements se fixent
d'eux-mêmes, comme mécaniquement, par écrit. Mais par là aussi il
diffère du véritable historien qui ne fait pas de l'histoire un code de
politique ou de morale, mais la représentation la plus exacte et la
plus complète des faits passés.
Théopompe, qu'on a calomnié en l'unissant jusqu'aujourd'hui, sur la
foi des anciens traités de rhétorique, au peu profond Éphore, com-
bine en sa personne et en ses écrits Hérodote et Thucydide. Comme
x:elui-ci, il a été éloigné malgré lui de la politique active ; comme lui
encore, il expose les faits sans apprêts, ainsi que les causes et les
motifs, et soumet le tout à la critique. D'Hérodote il a l'humeur
voyageuse; il veut, comme lui, mettre par écrit les résultats de ses
voyages. Mais, à cette combinaison des deux historiens grecs, il
24^
LE MUSEE BELGE.
ajoute un élément qui lui est propre : il connaît à fond la rhétorique
poétique de son temps, ayant eu pour maître Isocrate. De plus, il a
vu comment Platon s'était efforcé de représenter, dans le Critias^ son
rêve de la société humaine à la fois idéale et possible ; et il a réalisé
ainsi ce que M. von Wilamowitz appelle avec bonheur, a non une
histoire, mais une Historié élevée à la n«« puissance, une chose en
soi. comme la trilogie de Platon : la République^ le Timée et le Criiias, »
Laissons de côté Epkorc, qui se contente de « pragmatiser » l'his-
toire et d'être souvent un intermédiaire inintelligent entre d'autres
historiens — qu'il ne complète pas — et son public.
La conquête de l'Orient par Alexandre était assurément un sujet
digne de susciter des historiens ; mais, pas plus que Napoléon après
l'expédition d'Egypte, et malgré des précautions scientifiques sem-
blables, Alexandre n'a eu son Homère ni son Thucydide. Il s'est
transformé pour devenir un héros légendaire à la façon d'Achille et
d'Ulysse et c'est sous cette image qu'il a traversé notre moyen âge.
Aristote comprit sans doute l'excessive importance qu'offraient,
pour la connaissance du passé, les chants populaires, les inscriptions
et les archives ; mais il s'est contenté de publier des collections et sa
Constitutim d'Athènes nous montre qu'il n'était pas un historien ; toutes
ses collections n'avaient d'autre but que de servir de fondement à ses
théories politiques et morales.
« Supposez , dit M. Wilamowitz , un historien moderne même
médiocre, travaillant dans la bibliothèque d'Alexandrie : quelle his-
toire de la Grèce ancienne, il pourrait composer, en puisant simple-
ment dans les livres ! » Les sava^nts de l'époque alexandrine se
contentent de compiler et, comme Hermippe, de mettre à la suite
les uns des autres, sans chercher plus, les récits les plus contradic-
toires. Ce sont les grammairiens qui sont chargés du commentaire
historique des écrivains, mais leur tâche se borne à ce qui est néces-
saire à l'intelligence du texte ; aussi n'est-ce le plus souvent que de
. l'histoire mythique.
Polybe, malgré l'autorité dont il a joui dans l'antiquité, et malgré
les lieux communs qu'il débite sur sa méthode et sur celle des histo-
riens antérieurs , borne ses recherches , dans la première guerre
punique par exemple, à l'étude de deux ouvrages, écrits par des
adversaires, et qu'il critique par des considérations d'ordre général.
Pourquoi les Grecs, si avisés d'ordinaire, ont-ils si complètement
ignoré les conditions de la véritable recherche historique ? On n'ex-
plique rien en attribuant cette anomalie à leur théorie de l'éducation
complète — qui ne comprenait pas l'étude de l'histoire ; car enfin
pourquoi en était- il ainsi?
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 243
La démocratie athénienne, qui contenait en elle les germes d'une
vie intellectuelle incomparable, eût sans doute donné naissance à la
critique historique ; mais elle s'écroula bientôt et sur ses ruines
naissent et grandissent la sophistique et la rhétorique, dont le but
n'est pas la recherche du vrai, mais du vraisemblable. L'histoire
réelle ne pouvait éclore dans une civilisation imbue de telles théories.
De plus, le Grec fut, de tout temps, incapable de pénétrer dans
l'âme d'autrui; il ne connaît que l'âme normale, c'est-à-dire, à son
avis, 1 ame du Grec même. Il ne comprend pas celle des êtres passés;
s'il s'en occupe, c'est pour la défigurer. Une pareille mentalité s op-
pK)se à une saine conception de l'histoire.
Enfin, depuis les Ioniens, l'histoire grecque ne se limite plus au
domaine de Thucydide ; elle embrasse ce que nous appelons le roman
et la nouvelle ; elle est la fille de l'épopée ; c'est l'Orient, ami des
contes et des fables, qui lui a apporté ou qui a accru cet élément ;
l'histoire devient donc un roman historique, non à la Flaubert, qui
dans Salammbô a déployé tant d'érudition, mais à la Walter Scott ;
c'est le roman historico-romanesque. Ainsi, chez les Latins, Tacite
accepte, sans l'éprouver, la tradition antérieure ; il s'efforce d'arriver
non à la vérité « vraie • , mafs à la vie ; il met tout son art dans la
peinture psychologique des caractères.
De même, un Posidonius, sans se soucier des détails, ne verra dans
l'histoire des Gracques, que l'occasion d'étudier, ou mieux de tracer
à sa guise, le développement de la passion politique chez Gaius. Pour
les anciens, et parmi les anciens nous comprenons Gibbon, l'histoire
n'est pas la recherche du vrai ; elle est, pour me servir de l'expression
de P. L. Courier, si Grec en toutes ses tendances, « un canevas sur
lequel on brode », soit un drame psychologique, soit des histoires
merveilleuses, soit, surtout, un conte d'amour. Elle n'est rien, sans
les <i ornements du goût ». Nous sommes devenus plus difficiles ;
nous ne choisissons plus un récit parce qu'il peut prêter matière à
beaux discours, à beaux tableaux et à beaux contes ; nous recher-
chons le vrai pour lui-même, et nous tâchons de le découvrir dans le
détail le plus minime et, à première vue, le plus insignifiant.
Tel est le contenu de la conférence de M. Wilamowitz sur le carac-
tère de la littérature historique en Grèce, à Rome et jusque dans les
temps modernes. Avec la même originalité et la même profondeur,
l'illustre philologue a voulu, dans sa seconde conférence, expliquer
la conception que les Grecs s'étaient faite, aux dififérentes époques^
de leur dieu Apollon. Nous y reviendrons. A. Humpers.
244 LE MUSÉE BELGE.
154. — Ad. Engell, Die Oratio variata hei Pausanias. Berlin, May«r
et Mùller, 1907. 4 m.
Le style de Pausanias renferme et combine, dans une mesure
qu'il était utile de préciser et d'expliquer, deux éléments disparates,
l'imitation frappante et la violation complète de l'art des écrivains
classiques. Boeckh, servi par un sens très fin de la langue grecque,
avait rapproché la manière de Pausanias de celle du chef de recelé
asiatique, le rhéteur Hégésias. Valckenaer a vu de son côté dans
Hérodote le modèle que l'écrivain s'était efforcé d'imiter.
Le genus Asianum fut vaincu par Tatticisme, auquel les Romains
cultivés s'étaient ralliés. Il renaît pourtant sous l'Empire, au 11^ siècle
après J.-C, dans la deuxième sophistique; le silence de la tribune
réduisait l'éloquence au discours d'apparat, qui se trouvait mieux de
la pompe fleurie du genus Asianum que de la simplicité des Attiques.
L'atticisme était alors représenté par Hérode Atticus ; c'est un atti-
cisme purement extérieur et qui se borne à « l'emploi exclusif de
mots attiques et, autant que possible, propres à lattique seul ■
(Schmid). Il y eut, dans ce but, des recueils de mots ; on coula ceux-ci
dans le moule asiatique.
Une tendance nouvelle ss produit alors, qui, plus libre et plus
audacieuse, ne se contenta pas de prendre pour modèles les prosa-
teurs attiques, mais encore les poètes et même les Ioniens. Cette
école eut aussi ses recueils de recettes et de formules ; elle imita sur-
tout, parmi les Ioniens, Hérodote; elle se permit, par atticisme, de
violer les règles de la grammaire, de relâcher et de décomposer la
phrase, de déplacer les mots.
Pausanias est de cette époque ; le fond de son style est asiatique,
son modèle est Hérodote surtout, parfois aussi Thucydide et quelques
autres ; mais il vise en outre au Xôtoç dcpeXi^ç, qui était la préoccupa-
tion des atticisants, et pour y parvenir, il emploie, entre autres
moyens, X oratio variata.
C'est cette oratio variata que M. Engeli, professeur au gymnase de
Winterthur , s'est proposé d'étudier. Il a examiné les formes diverses
et nombreuses qu'elle revêt chez Pausanias : emploi de synonymes,
changement dans le nombre, le temps et le mode, etc. (pe partie,
pp. 6-1 15), changement de construction (II« partie, pp. 1 16-142), ^
enfin anacoluthe (III« partie, pp. i44-i55).
Les exemples à' oratio variata sont si nombreux que M . Engeli y a
vu avec raison, non une négligence de style, mais un procédé voulu,
intentionnel. Ils se rencontrent là ou rien ne les appelait. Pausanias
écrira, par amour de la variété : arparriTol bè ?iaav — oOtoç yxb/ ëiri t^
ÏTiTTU), buvdiieujc; bè Tf|; irelf^ç ô ^AMppujacOç. (10, l, 8).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 24S
L'intérêt d'une pareille étude est de mettre en lumière, la valeur
très mince — de l'écrivain, ses préférences littéraires, son a école ».
Nous apprenons ainsi que Pausanias n*est ni un écrivain de génie,
ni vLiï écrivain original, qu'il a essayé de donner à son œuvre une
apparence, un extérieur scientifique, en la présentant au public parée
<i*iin style artificiel, formé, à l'imitation de la seconde sophistique,
sur les modèles classiques ; il évite les mots de la langue populaire
remplie de solécismes, mais il vise à ràq>éX€ia, à la simplicité.
Oa peut dire que, quand elle est complète et intelligente, l'étude
de la grammaire et du style d*un auteur a souvent pour effet de con-
damner les corrections que des critiques trop savants ont apportées
au texte ; il en sera ainsi pour l'œuvre de Pausanias. Là où le texte
sera douteux, on devra préférer, je ne dis pas seulement la lectio diffi"
cilior, mais la plus extraordinaire, la plus contraire à la concinnitas,
M. Engeli eût donné à son travail une portée plus pratique, s'il y
avait joint un index des passages d'écrivains classiques, imités par
Pausanias, et si, mieux encore, il avait réuni dans un index tous
ceux de Pausanias lui-même sur lesquels il avait attiré notre atten-
tion. Arthur Humpers.
1 55. — J. Chaineus:, S. J. Quelques racines grecques, 3« édit. West-
malle. Imprimerie de l'Abbaye cistercienne, 1907. o fr. 75.
Dans ce très utile opuscule de 66 pages, le P. Chaineux présente,
rangés dans Tordre alphabétique des racines, un assez grand nombre
de mots grecs ; il en rapproche les mots français, latins, flamands et
allemands (pourquoi pas les mots anglais ?), qui en dérivent ou qui
leur sont apparentés. Parmi ses sources, l'auteur aurait pu citer le
Dictionnaire grec-français de Bailly, qui se termine par une table des
racines (pp. 2201-2227', et le Dictionnaire étymologique latin de Bréal et
Bailly ; ce sont des ouvrages que les élèves peuvent consulter et aux-
quels il est bon de les renvoyer.
Ces observations faites, reconnaissons que nous avons réalisé
quelques progrès depuis le Jardin des racines grecques de Lancelot ;
<:eux qui ont respiré le parfum de ce « jardin » , n'ont pas oublié les
pauvres rimes de ce livre et sa poésie douteuse ; des vers boiteux et
baroques étaient chargés de faire pénétrer, dans les intelligences
rebelles, la matière d'un petit dictionnaire grec-français ; c'était le
triomphe de la mémoire mécanique aux dépens du bon sens et du
bon goût. Nous avons changé tout cela. Nous avons délaissé l'acro-
batie mnémotechnique; nous offrons aux élèves des vocabulaires
rangés scientifiquement, classés dans Tordre étymologique. L'ordre
étymologique — à condition que l'on use modérément des racines -—
246 LE MUSÉB BELGE.
a Tavantage de stimuler l'observation chez les élèves ; les mots rangés
par familles se retiennent plus facilement, « Tun portant l'autre », le
tirant après soi. MM. Matthieu et Grégoire s'en sont servis, avec bon-
heur et discrétion, dans leur Chrestomathie grecque. Il n'est pas seule-
ment scientifique, il est, si je puis dire, pédagogique, puisqu'il fait
appel à la loi des ressemblances.
Mais pour que celle-ci pût agir complètement et produire tous ses
effets, le P. Chaineux aurait pu joindre à son vocabulaire, un petit
traité de quelques pages sur la composition et la formation des mots;
élèves et professeurs eussent été heureux de posséder, en un même
volume, avec les racines et les mots qui en dérivent, la « clef » des
suffixes et des préfixes. C'est ce qu'ont fait Bréal et Bailly dans le
cours intermédiaire de leurs Mots latins groupés d'après le sens et
l'étymologie. Mais le P. Chaineux me dira probablement que tout
cela se trouve dans les grammaires et qu'il n'a pas voulu rendre
celles-ci inutiles. Arthur Humpers.
i56. — A. BOXler, Précis des institutions publiques de la Grèce et it
Rome anciennes, 2« édit. revue et corrigée. Paris, V. Lecoflfre, 1907.
xxvii-422 pp. in- 12. 3 f. 5o.
M. l'abbé Boxler, le distingué professeur de l'Institut catholique
de Paris, vient de publier une nouvelle édition de son excellent
Précisa la première édition, à laquelle les critiques les plus compétents
n'avaient pas marchandé leurs éloges, a été épuisée en moins de
quatre ans, et c'est incontestablement un véritable succès pour un
ouvrage de ce genre.
L'auteur a profité de cette réimpression pour soumettre son manuel
à une revision soigneuse, qui a porté sur de multiples points de détail ;
il n'est guère de chapitre qui n'ait ainsi bénéficié de notables
améliorations. Les retouches sont particulièrement nombreuses dans
la partie qui a pour objet les institutions romaines ; je signalerai
notamment la période des Origines, au sujet de laquelle M. Boxler
a sagement modifié lattitude trop confiante qu'il avait adoptée tout
d'abord à l'égard de quelques traditions manifestement légendaires
(voyez pp. 192, 204, 2o5, etc.),
La bibliographie générale qui a été augmentée et mise à jour pré-
sente cependant encore de regrettables lacunes; on y chercherait
vainement par exemple la mention de la Real-Encyclopaedie de Pauly-
Wissowa, du Dizionario epigrafico de De Ruggiero, de la Grieckiscàe
Mythologie de Gruppe, des Inscriptûmes latinae selectae de Dessau, de la
Rocmische Staatsverfassung de Herzog, de V Histoire de l'organisation fudi-
fia ire des Romains de Girard.
Le nombre des gravures, qui est resté fixé à 6g, me paraît abso-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 247
lument trop réduit dans un ouvrage qui est principalement destiné à
la jeunesse ; l'auteur pourrait aisément laccroître en consacrant
quelques planches à la reproduction photographique des édifices et
des monuments figurés qui offrent le plus d'importance pour l'étude
des antiquités classiques II est bien évident aussi que le plan hors-
texte de la Rome impériale est insuffisant ; il faudrait y joindre au
moins un plan détaillé du Forum et du Comitium où seraient signa-
lées les intéressantes découvertes qui y ont été faites au cours de ces
dix dernières années : Lapis niger, Lacus Juturnac, Nécropole archaïque,
Lacus Curtius, etc.
Je soumets ces desiderata à l'appréciation de l'auteur et je souhaite
qu'il puisse en tenir compte pour l'élaboration d'une troisième édition
qu'il n'est pas téméraire d'escompter pour une date très rapprochée.
Pour le moment» son Précis est sans conteste le meilleur des manuels
de cette espèce que Ton possède en langue française ; il serait à désirer
que son emploi se répandît davantage encore parmi les élèves des
classes supérieures d'humanités anciennes de nos collèges ; il leur ren-
drait singulièrement rapide et aisée l'exacte compréhension d'un des
aspects principaux de la civilisation antique ; car, comme M. Boxler
le dit judicieusement dans sa Préface, ce sont les institutions qui
nous font pénétrer dans l'âme même des peuples disparus, en nous
révélant leurs idées sur la religion, sur le principe de l'autorité
publique, sur la liberté, sur les rapports réciproques des personnes^
sur le fondement du droit. Léon Halkin.
157. — V. Chapot. La frontière de VEuphraU de Pompée à la conquête
arabe, Fontemoing, Paris, 1907. xv-402 pp. in-8. (Bibl. des Écoles
franc. d'Athènes et de Rome, fasc. 99).
M. René Cagnat publiait naguère un ouvrage considérable sur
VArmù romaine d'Afrique (i). Le savant épigraphiste étudiait la quan-
tité et la qualité des troupes casernées en cette province, la ligne de
défense et le réseau de forteresses dressées par les Romains pour s'y
retrancher contre les attaques de l'extérieur. M. Chapot a fait le
même travail pour la Mésopotamie et la frontière de l'Euphrate. Il fau-
drait examiner à tous les points de vue ce bon et beau livre pour en faire
apprécier la valeur; mais je sortirais des limites d'un compte rendu,
s'il me fallait résumer fidèlement chacun de ces chapitres substantiels.
L'auteur connaît admirablement son sujet : il y travaille depuis de
longues années (2), il s'est rendu sur le terrain, il a parcouru TArmé-
(1) Paris, 1892. 40.
(2) En 1904, M. Chapot a publié une longue étude sur la province romaine pro^
consulaire d'Asie des origines à la fin du Haut-Empire. (Bibl. de l'École des Hautes
Études, fasc. i5o.) Voy. ce Bull.^ igoS, p. 108 et i58.
j
248 LE MUSÉB BELGE.
nie, la Syrie et la Mésopotamie, du Pont-Euxin au Golfe Persiquc
Excellent archéologue doublé d'un énidit sérieux, M. Chap>ot a tom
vu, tout examiné et même, si j'osais faire une légère critique, je dirais
que Térudition est le plus grand défaut de son œuvre. Son livre est
d'une lecture assez difficile, parce qu'il se perd dans les menus
détails. Cette abondance des détails s'explique, je le veux bien, par
la complexité et Tétendue de la matière, comme aussi par la nécessité
de donner quelque précision à un sujet sur lequel nous sommes si
mal informés.
Je résume donc très brièvement l'ouvrage en faisant ressortir les
points les plus intéressants.
Puisque cette étude est surtout militaire, l'auteur nous décrit les
adversaires en présence : d'un côté, les Parthes, et, à partir de 226,
les Perses ; de l'autre, les légions romaines. Les Parthes, on le sait,
sont surtout de redoutables archers ; vifs et rapides dans leurs mouve-
ments, ils se plaisent à l'offensive courte et soudaine, la bataille
rangée ne les séduit pas.
Au iii^ siècle, l'armée des Sassanides est sensiblement la même : la
foule du peuple constitue toujours l'infanterie, tandis que la caval^ie
se compose de sagittaires. Seulement, cette cavalerie perd de son
importance ; elle est plutôt un objet de luxe, suivant les traditions
léguées par les premiers rois de Perse et les Séleucides à leurs
successeurs.
En face d'elles, ces troupes ont les légions romaines et les cohortes
alliées, dont M. Chapot nous donne la liste. Ceci est bien connu. Au
vi« siècle, les armées de Byzance se composent d'abord de corps
impériaux qui sont à la solde directe de l'empire et qui comprennent
beaucoup de recrues barbares versées dans les contingents romains,
ensuite de fédérés barbares qui gardent leur organisation particulière
tout en subissant la suzeraineté de Rome. Ils ont leurs chefs natio-
naux et leur formation militaire spéciale : leur solde, bien que tirée
des caisses romaines, leur est comptée par leur prince, qui les conduit
lui-même ou délègue un de ses officiers. En troisième lieu viennent
les buccellarii, troupes levées par les grands propriétaires eux-mêmes,
forcés de se défendre personnellement par suite de l'insuffisance des
pouvoirs publics (i).
Ces contingents particuliers sont parfois mis au service de l'empire
et renforcés par les milices locales que les villes arment pour leur
propre sûreté.
( 1 ) Ces buccellarii étaient aussi presque toujours des barbares d^autant plus fidèles
à leurs patrons qu'ils étaient plus complètement étrangers à la société ronaaine. Lan-
glois, Les origines de la noblesse en France, Re/ue de Paris, i5 oct. igoa, p. 831.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 249
Chose curieuse! larmement du vie siècle est complètement modifié
par les nécessités de la guerre ; les troupes sont bardées de fer et
elles ressemblent beaucoup moins aux troupes romaines du temps
des Antonins, par exemple, qu'à nos chevaliers du moyen âge occi-
dental; Tare est d'un usage presque universel.
Nous passons à l'étude des garnisons de la frontière. La discipline
militaire y souffre de rudes atteintes ; Téloignement, les résidences
agréables de la Syrie, les habitudes de luxe instaurées par les Séleu-
cides et conservées après eux, la douceur du climat, les ressources
qu'y trouvent le plaisir et l'immoralité, le peu de durée des guerres,
la condescendance des chefs, tout concourt au relâchement et à la
mollesse. A la basse époque, ce désordre s'aggrave, parce que la
multiplicité des chefs de race et de caractères différents met le géné-
ral à la merci de ses soldats en face d'un ennemi sûr et maître de
lui. L unité de commandement s'exerce difficilement dans une situa-
tion si délicate. Toutefois, il fut presque toujours exercé par les
hommes les plus en vue de la République, puis par les empereurs,
enfin par des généraux énergiques tels que Bélisaire et Narsès, ou
par leurs subordonnés immédiats. L'auteur considère ensuite l'armée
en campagne. Il nous fournit des renseignements très précis sur
l'ordre de marche, l'art de tracer les camps, la façon de monter à
l'assaut, l'organisation du génie (service des pionniers, établissement
du camp et travaux de siège, corps de pontonniers) et le système
d'espionnage.
Le chapitre VI traite du régime administratif et légal de l'armée,
des approvisionnements et du ravitaillement. Le service de l'annone
était d'une importance capitale pour l'entretien d'une armée dans ces
contrées désertes et incultes.
Le service sanitaire est peu organisé. Le Srategeticon de Maurice
donne à ce sujet de brèves dispositions dont l'idée essentielle est qu'il
faut désigner d'avance les ambulanciers, pour ne pas distraire les
hommes du combat. Il reste à savoir si ces règles ont été observées
dans ces guerres qui portent un caractère de sauvagerie assez
prononcé.
Comme d'habitude, le culte principal des armées est celui des
Césars.
La troisième partie de l'ouvrage est une description très savante,
mais assez sèche de la carte militaire et des forteresses, qui formaient
le boulevard de la défense romaine en Arménie, en Mésopotamie, en
Syrie (forteresses de seconde ligne), à l'extrémité du Pont-Euxin et
dans les régions caucasiques.
En fin de compte, cette frontière de l'Euphrate fut disputée âpre-
25o LB MUSÉE BELGE.
ment par les adversaires qui y cherchaient un solide point d'appui ;
en fait, elle demeurait imprenable pour tous deux. Après de longues
luttes, elle s'est fixée d'elle-même, elle s'est imposée aux belligérants :
c'est une ligne droite qui va du milieu du Caucase au fond du golfe
d*Abaka. Le réseau formidable des places fortes bâties en ce pays
formait une zone infranchissable pour les Romains et les Perses et
rendait vains tous les désirs de conquête.
Et ainsi au commencement du vii« siècle, les deux États s'étaient
épuisés de même sorte, sans rien pouvoir se dérober Tun à l'autre.
Les temps étaient mûrs pour un troisième larron qui devait les
mettre d'accord en les mutilant tous les deux. Ce troisième larron,
c'était le Musulman !
M. Chapot a renoncé à entreprendre l'étude longue et ardue des
étapes de la colonisation en ces contrées comme l'avait fait
M. Cagnat pour la Maurétanie. Il estime qu'avant celle-là, il y en a
une autre qui se pose : celle des étapes de Tévangélisation (i).
Th. Simar.
i58. — R. Gagnât, Les deux camps de la légion III^ Auguste à Lambèu
d'après les fouilles récentes. Extrait des mémoires de l'Acad. d. inscr. et
belles-lettres, tome XXXVIII, i« partie. Paris, Imprimerie natio-
nale, 1908. 63 pp. 4 frs.
Ce mémoire de M. Cagnat, basé sur les fouilles opérées dans le
camp de Lambèse pendant les quinze dernières années, complète et
rectifie l'étude que le savant français a insérée sur ce même camp
dans son grand ouvrage sur l'armée romaine d'Afrique. Il a été conçu
sur le même plan et dans le même esprit : c'est dire qu'il n'est pas ce
qu'on peut appeler un journal des fouilles, ofi'rant une description
détaillée, minutieuse, des constructions et des objets découverts, ni
une relation précise des opérations exécutées, mais un travail de
synthèse et d'identification, qui cherche avant tout à déterminer à
quel usage les nombreux bâtiments mis au jour ont été affectés à
Tépoque romaine. Les fouilles de Lambèse confirment celles de
Novaesium, en Allemagne, et les conclusions de M. Cagnat celles de
M. Koenen. Elles prouvent que les mêmes principes ont présidé à
la castramétation des Romains sur les bords du Rhin et sur les confins
du désert d'Afrique.
M Cagnat étudie successivement le premier camp légionnaire de
Lambèse et le grand camp légionnaire.
(1) L'ouvrage est accompagné d'une excellente carte avec les roules militaire*
anciennes, les noms anciens des villes ou forteresses et les noms modernes cntrt
parenthèses.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 25 1
Le camp provisoire de la légion III« Auguste est situé à l'Est du
<:amp définitif. Son enceinte, qui a 200 mètres de côté, ne consiste
pas, comme on Ta écrit, en une levée de terre, mais en une maçon-
nerie de moellons. Au centre se trouve un espace dallé, qui mesure
10 mètres de côté : c'est sur cette plate forme que reposait jadis
le monument où était inscrite la fameuse allocution adressée f)ar
Hadrien à l'armée d'Afrique.
Les fouilles exécutées dans le grand camp légionnaire ont enrichi
les connaissances que nous possédions sur les portes, les voies, le
prétoire et la praetmtura.
Jusqu'ici deux portes avaient été déblayées : celle du Nord et celle
de l'Est. On vient de mettre au jour les fondations de la porte de
l'Ouest. Son plan reproduit presque exactement celui de la porte de
l'Est, dont on peut trouver la description dans l'ouvrage cité de
M. Cagnat sur l'armée romaine d'Afrique.
La via principalis dextra et sinistra^ la via praetoria et plusieuirs voies
secondaires perpendiculaires et parallèles à la première ont été re-
trouvées. Ni les unes ni les autres n'atteignent aux mesures prescrites,
pour un camp de plusieurs légions, par Hygin dans son livre de muni-
iione castrorum. On peut retenir cependant qu'en général Vintervaîîum,
comme l'indique cet auteur, a la même largeur que les grandes
artères du camp. Ces dernières seules sont dallées.
C'est principalement sur le prétoire, le bâtiment central des camps
permanents, que les recherches ont porté ; il a été déblayé en entier
et M. Cagnat est parvenu à identifier la plupart des constructions
qui le composent, t» Le prétoire de Lambèse, écrit il, consistait en
une entrée affectant la forme d'un immense arc de triomphe à quatre
faces, en une première cour dallée, autour de laquelle étaient groupés
les magasins d'armes et de munitions, et en une seconde entourée
par la chapelle des enseignes, les bureaux des principales et les locaux
de réunion des collèges militaires. » Les grandes lignes de l'édifice
remontent à l'époque de la fondation du camp. Il peut y avoir eu,
notamment au début du m* siècle, changement dans l'utilisation de
l'ensemble, non dans son aménagement général.
La praetentura est l'espace du camp qui s'étend entre la via principalis
et le rempart septentrional. Elle est séparée en deux parties égales
par la via praetoria, qui relie le prétoire à la porte prétorienne. On y a
déblayé les fondations des logements des officiers, des casernes de
deux cohortes légionnaires, des écuries, d'un hangar pour chariots,
de latrines et d'une construction qui paraît être soit un valeiudinarium
soit un horreum.
Des plans et des vues du prétoire et de la praetentura sont annexés
à cette étude très documentée et très précise.
252 LE MUSÉE BELGE.
Tels sont les renseignements nouveaux que les fouilles de Lambèse
et le dernier ouvrage de M. Cagnat nous ont apportés sur les camps
permanents de la IIP Auguste. Si nous opérons un triage, en sépa-
rant les faits d'intérêt particulier et secondaire de ceux qui présentent
un intérêt général, trois points doivent retenir surtout notre attention:
i) la non- concordance des mesures prescrites par Hygin p>our un
camp de plusieurs légions et de celles relevées dans le grand camp
légionnaire de la III« Auguste ; 2) le plan du prétoire et l'identifi-
cation des différents locaux qui le composent ; 3) la découverte de
casernes dans un camp légionnaire du m* siècle. Cette découverte a
obligé M. Cagnat à modifier une théorie émise par Wilmanns (CIL.
VIII, p. 284) sur la destinée du camp de Lambèse au in« siècle et
reprise après lui par l'auteur dans son armée romaine d'Afrique
(p 451). A Tendroit cité, M. Cagnat écrivit, en 1892, que le droit de
mariage concédé aux légionnaires par Septime Sévère eut ime
influence considérable sur la vie des soldats, a Le camp cessa d'être
pour eux une cité commune.... ; ce ne fut plus qu'un lieu d'exercices
où ils se retrouvaient un moment pour le quitter le plus vite possible.
Leur seule demeure est désormais la ville voisine.... A partir de
Septime Sévère, le camp commença à s'emplir de constructions
parasites, notamment de salles de réunion pour sous-officiers ; celles-
ci occupèrent la place réservée précédemment au campement des
hommes et devenues libres par suite des réformes de l'empereur. •
Les fouilles récentes ont prouvé que ces conclusions sont exagérées
et même inexactes en partie. Les constructions destinées au campe-
ment des hommes n'ont pas disparu au temps de Septime Sévère ;
elles n'ont même pas subi de transformations importantes, ce qui
tend à prouver qu'au ni® siècle les soldats n'ont pas cessé de loger
au camp. L'autorisation accordée par Septime Sévère aux légion-
naires de contracter mariage et de cohabiter avec leurs épouses, n'a
donc pas eu sur la vie des soldats l'influence qu'on lui a attribuée.
Elle semble n'avoir fait que légaliser une situation tolérée jusque-là.
En tout cas, le camp ne fut pas déserté par les soldats et il ne s'est
pas couvert de constructions parasites
Il me reste à dire que le dernier travail de M. Cagnat porte la
marque de tous les écrits qui sortent de la plume du savant français:
clarté et méthode de l'exposé, étendue et sûreté de l'information.
H. Van de Weerd.
159. — G. PitacCO, De mulierum Romanarum cultu atque erudiiûmi.
75<*f Jahresbericht des k. k. Staatsgymnasiums in Gôrg, 1907.
49 pp.
C'est en considérant la grande influence qu'exercent parfois les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 253
femmes sur les mœurs et la littérature d'un peuple que M. Pitacco a
été amené à entreprendre cette étude de la culture intellectuelle fémi-
nine à Rome.
Cependant aucune nation n*a compté aussi peu de femmes célèbres
que la nation romaine : pour combler cette lacune, la plupart des
écrivains modernes ont brodé tout à leur aise sur les données, trop
maigres à leur gré, que leur fournissait l'antiquité. Dans le cours de
son travail, M. Pitacco a fait justice de ces fables ; pour dépeindre
les femmes romaines il a emprunté, comme il le dit, les termes
mêmes des auteurs anciens, et les quelques conjectures qu'il a prises
à d'autres ou que lui-même s'est permis de faire, s'appuient sur des
arguments sérieux et ne manquent pas de vraisemblance.
Dans un premier chapitre, l'auteur trace un tableau sommaire de
la condition et des mœurs des femmes aux différentes époques de
l'histoire romaine. Dans deux autres chapitres, il caractérise les
diverses phases du mouvement intellectuel féminin et passe en
revue les femmes qui se sont distinguées par leur talent et par leur
érudition.
A l'époque primitive, bien que le génie romain soit avant tout pra-
tique, déjà cependant apparaît la poésie : c'étaient des chants nup-
tiaux et funèbres,. auxquels les femmes prenaient part, et ces chœUrs
de jeunes filles qui dans les circonstances solennelles imploraient
l'assistance des divinités.
Sous la république, la culture intellectuelle fut le privilège de quel-
ques rares femmes qui étaient en relation avec les lettrés et les érudits
de leur temps. Elles étaient surtout remarquables par la distinction de
leur conversation ; telle cette Laclia, fille de C. Laelius Sapiens, dont
Cicéron se plaisait à entendre le langage un peu arcliaïque. Très peu
cultivèrent la poésie, quelques-unes s'adonnèrent aux lettres, comme
la trop fameuse Sempronia^ quelques autres à la philosophie : telles
Tullia et Caerellia, qui faisait partie du cercle intime de Cicéron. A la
fin de la république, quelques-unes allèrent jusqu'à prononcer des
discours en public.
L'auteur consacre une mention spéciale à Cornélie, la mère des
Gracques : il reprend à titre de curiosité et réfute les objections
faites contre l'authenticité des deux fiagments de ses lettres qui nous
sont conservés dans Cornélius Népos.
Sous Auguste, tout homme de haut rang aimait à s'entourer de
poètes ou de philosophes dont il se faisait le Mécène.
Les femmes ne restèrent pas étrangères à cette espèce d'engouement
pour la littérature : lexemple était donné par la famille d'Auguste
elle-même.
C'était d'ailleurs une érudition toute superficielle.
^54 LB MUSÉE BELGE.
La plus célèbre parmi les poètes est sans doute Suîpicia : elle était
peut-être la fille de Servius Sulpicius dont Ovide, Horace et Pline
rappellent les poèmes erotiques, et elle faisait partie probablement
du petit cénacle de Messala. Déjà Gruppe lui avait attribué les élé-
gies 8 à 12 du livre IV de Tibulle. M. Pitacco reprend cette hypo-
thèse en la modifiant un peu : il croit que les élégies 3, 5, 7 à la sont
de Suîpicia et la principale raison qu'il en donne c'est que la violence
avec laquelle l'amour y est exprimé ne permet guère de l'attribuer à
un autre poète ; les élégies i, 2, 4, 6, d'allure plus calme, seraient
d'un auteur inconnu et la disposition actuelle de ces douze élégies
l'œuvre d'un grammairien postérieur. Parmi les autres poètes que
signale l'auteur, citons encore Claudia, l'épouse de Stace, qui colla-
bora à la composition de la Thébaïde, une autre Suîpicia, qui vivait
sous Domitien et qu'on a appelée sans raison la « Sappho romaine §.
On lui a attribué un poème de soixante-dix hexamètres où il est
question de Domitien expulsant les philosophes de Rome.
L'auteur fait l'histoire de ce texte et conclut que ce poème, dont
la langue accuse une époque récente, est d'un poète inhabile du iv«
ou du v« siècle. Parmi les femmes qui se distinguèrent par leur talent,
on peut citer le nom d'Agrippine qui avait laissé des écrits sur sa vie
et les malheurs des siens. Quelques rares matrones, comme Arria^
Julia Domna, épouse de Septime Sévère, s'adonnèrent à la philo-
sophie; dans deux lettres découvertes en 1890, Ploiina, mère de
l'empereur Hadrien nous apparaît comme appartenant à la secte
d'Épicure.
L'auteur s arrête au règne de Constantin : le christianisme alors
transforme complètement les mœurs et la littérature, et l'examen de
la culture intellectuelle des femmes de cette période exigerait ime
étude spéciale.
La conclusion qu'on peut tirer de l'étude de M. G. Pitacco est que,
exception faite de Comélia et de la première Suîpicia (et pour cette
dernière, ce n'est encore qu'une hypothèse), aucune femme n'illustra
vraiment la littérature latine.
Les autres, dont le nom nous est parvenu, matrones de haut rang,
en relation avec des philosophes et des poètes, étaient poussées par
ceux-ci à étudier les lettres et la philosophie, mais trop souvent elles
n'y cherchaient qu'une parure. R. Nihard.
160. — G. W. Van Bleek, Quae de hominum post morUm condictotu
doceant carmina sepulcralia latina, Diss. inaug. Rotterdam, T. De
Vries, 1907. i56 pp.
On peut considérer comme un travail très consciencieux et très
utile la thèse de doctorat présentée par M. Van Bleek devant le jury
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 255
<îe Tuniversité libre d'Amsterdam. Elle est aride comme un théo-
rème, sèche comme une statistique, impersonnelle comme un bilan,
et son auteur n'a point désiré qu'on la lût avec complaisance, mais
qu'on la consultât avec sécurité. Il a voulu apporter un document.
Nous louons ce parti pris plein de modestie. Ce n'est pas seulement
la méthode qui est excellente, c'est aussi le procédé qui est beau.
Z)ans un sujet qui pouvait si facilement prêter à développements litté-
raires et à spéculations philosophiques, appliquer toutes ses forces à
des classements et à des comparaisons, cela indique une admirable
soumission à la méthode philologique ; mais quand on a établi tant
de faits indéniables, consigné tant d'observations précieuses, renoncer
à peu près complètement aux conclusions générales et aux vues d en-
semble, c'est faire preuve d'un désintéressement qui a quelque chose
d'héroïque.
Nous ne reprocherons donc pas à M. Van Bleek ce qui paraît
manquer de sagacité, de sensibilité et, disons le mot, de divination
dans son travail. Le fruit de ses recherches n'en subsiste pas moins
tout entier. Combien de philologues ont préparé des historiens!
Combien d'excellents maçons au service de douteux architectes î
Combien de pierres durables pour d'éphémères édifices !
Mais voici en quelques mots la façon dont l'auteur a conçu sa
tâche. Il a jugé que les Carmina latina de Buecheler offraient un
nombre suffisant d'épitaphes pour qu'on en pût tirer un résumé des
opinions professées sur la vie future à Rome et dans les provinces
de l'Empire. Quand il l'a fallu, soit pour confirmer la teneur des
textes, soit pour la compléter, il a eu recours aux Inscriptiones de
Dessau et aux Carmina sepulcralia de Cholodniak. Ces matériaux
étaient suffisants pour le travail que se proposait M. Van Bleek.
Les inscriptions sont classées en quatre catégories suivant qu'elles
répondent à l'un des points suivants : i. An sit vita post mortem.
2. Quid post mortem remaneat. 3. Uhi sit quod post mortem remanet.
4. Quo modo sit quod post mortem remanet. En sériant ainsi les ques-
tions, l'auteur a pu subdiviser à son gré les réponses. Ce plan donne
à tout le travail une grande clarté. Il sera facile de se servir des
textes qui s'y trouvent réunis et groupés. Mais qui ne le voit ? ces
problèmes ne font qu'un, ces questions étaient inséparables, et tandis
que M. Van Bleek réduit en fragments tant d'épitaphes aux vers
nombreux, aux sentiments variés, on a un peu l'impression d'âmes
mises en pièces pour faciliter des classifications. Il est vrai, ainsi que
le dit l'auteur (Introd. p. 3), que ce ne sont pas les opinions des
morts et de leurs parents qu'il faut chercher dans les carmina funé-
raires — rares, en effet, sont les cas où l'on se trouve en présence
256 LE MUSÉE BELGE.
d'une émotion spontanée ou d'une inspiration personnelle — mais la
somme des opinions professées dans la société tout entière 4 un
moment donné. Nous en convenons, les idées, les croyances, les
sentiments, les émotions de l'humanité devant la mort se retrouvent
dans les catégories établies par M. Van Bleek, mais en miettes. A
défaut d'un plan qui eût laissé intacte cette grande image, il fallait
la reconstituer dans la conclusion du travail. M. Van Bleek n'a point
tenté de le faire. Est-ce timidité ? N'est-ce pas plutôt un excès de
prudence ?
C'eût été trop peu d'interroger seulement les épitaphes latines.
Elles ne font souvent que répéter des paroles grecques. C'est pour-
quoi VAnthologû palatine et les Epigrammata de Kaibel furent appelés
à la rescousse en nombre d'endroits. Enfin, si le peuple confus des
nécropoles était appelé à témoigner, ne fallait- il pas s'adresser aussi
aux savants, aux poètes, aux philosophes. M. Van Bleek a rapproché
des croyances du vulgaire les opinions des écrivains en s'efForçant de
faire apparaître le rapport qu'il y a entre les unes et les autres. Toute
cette partie du travail est excellente en sa sobriété. Quant aux
ouvrages modernes qui s'occupent du paganisme gréco-romain, il
n'en a été fait qu'un usage restreint. Non pas que l'auteur les ignore^
mais parce qu'ils l'eussent, semble-t-il, entraîné à des discussions
qu'il s'était interdites. C'est ainsi qu'on peut expliquer l'absence de
toute observation relative aux mystères de Déméter et de Dion5'sos,
le silence absolu sur la question des influences orientales au point de
vue religieux.
En somme, M. Van Bleek a groupé et presque compté en vue
d'aider à l'histoire de la religion romaine les épitaphes en vers con-
tenues dans le recueil de Buecheler. Il en a fait un commentaire très
restreint mais très sûr. Il s'est proposé avant tout d'être utile, non
pas d'éblouir par de hautes visées personnelles. Louons-le. Tel d'ail-
leurs était l'intérêt de ses relevés minutieux qu'une conclusion s'en
dégage, dont l'importance ne peut échapper à personne. C'est que
des savants comme Friedlaender et Boissier ont exagéré la profon-
deur et les progrès de l'incrédulité philosophique à partir du i^r siècle
avant J. C. La foi se transforma, elle ne fut point diminuée, dit
M. Van Bleek (Introd.. p. 5). Rien n'est plus vrai. Dès le ii« siècle de
notre ère. aucune religion n'aurait pu se flatter de régner sur les
cœurs et les consciences, si elle n'avait fait en même temps des pro-
messes d'immortalité. Le travail de M. Van Bleek vient ici confirmer
le résultat des récentes études faites sur les derniers temps du paga-
nisme. A ce signe on jugera de sa valeur et de son importance.
M. Laurent.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 257
i6i. — Greorg Schmid, Das unterirdische Rom. ErinnerungshlàtUr
ânes Katakomhenfreundes. Mit 37 Plânen und 72 Illustiationen.
Brixen, Pressverein-Buchh., 1908. 358 pp.
M. G. Schmid a résidé plusieurs années à Rome, au Campo Santo
Udesco et à Y Anima, Il a pu visiter, étudier à fond les catacombes sous
la direction de maîtres tels que de Rossi, de Waal, Wilpert, Marucchi.
Il a réuni les éléments de ce livre que, revenu dans son pays, il
publie pour procurer un guide complet à ceux qui veulent étudier les
catacombes sur place ou chez eux. Il sera particulièrement utile aux
lecteurs allemands, car les Italiens et les Français peuvent se servir
des Éléments d'archéologie chrétienne et des Catacombe Romane (Rome,
Desclée) de Marucchi, ouvrages dont M Schmid a pu tirer profit,
bien que son travail date d'une époque antérieure.
L'ouvrage se compose de deux parties. La première est une intro-
duction générale sur les catacombes (j5 pp.). Où sont situés ces
cimetières souterrains ? Qu'est-ce qu'on y voit de plus remarquable
(inscriptions et peintures)? Voilà les deux questions auxquelles l'au-
teur répond d'abord. Puis il fait Thistoire des catacombes en se
servant des dates historiques que fournissent les explorations; enfin,
il montre comment les catacombes étaient administrées.
La seconde partie comprend la description spéciale et détaillée de
chacune des catacombes au nombre de trente, qu'on a fouillées jus-
qu'ici. L'auteur suit Tordre topographique : il commence à l'église
Saint-Pierre et fait le tour de Rome en se dirigeant vers le nord, puis
vers l'est, le sud et l'ouest. Il décrit l'aménagement intérieur de cha-
cune, les galeries superposées les unes aux autres, les tombes, surtout
les sarcophages, les inscriptions et les peintures, donnant le texte des
inscriptions et reproduisant, par des gravures au trait, les choses les
plus intéressantes. Le monumental ouvrage de Wilpert Die Malereien
der Katakomben {Freihmg, Herder, 1893) lui a été d'un grand secours.
Ce plan a l'avantage de faciliter les additions qui pourront devenir
nécessaire^ ; il est aussi le plus commode pour celui qui visite une
catacombe déterminée. Il a le défaut de disséminer et de séparer les
choses semblables.
A sa description, l'auteur mêle parfois des impressions et des sou-
venirs personnels, par exemple le récit d'une de ces cérémonies,
suivies d'un banquet à une osteria voisine, par lesquelles les archéo-
logues romains fêtent l'anniversaire des saints inhumés dans les
catacombes.
Composé avant les livres de Marucchi et indépendamment d'eux,
l'ouvrage de M. Schmid fournit maint détail complémentaire. Il sera
bien accueilli des archéologues, des théologiens pour qui l'étude des
258 LE MUSÉE BELGE.
catacombes est une nécessité, des touristes enfin qui ne {>euvent
visiter la Ville Éternelle sans voir une calacombe, et nous félicitons
Tauteur d'avoir repris, mis au courant et publié les « feuillets jaunis »
qu'il avait rapportés de Rome. J. P. \V.
162. — Dom Fernand Cabrol, Dktionnairc d'' archéologie chrétienne
et de liturgie. Fasc. XIV. Bassus- Bibliothèque. Paris, Letouzey et
Ané, 1908. Pages 610-896. i gravure hors texte. 5 frs.
Dans ce fascicule nous trouvons sous la signature de dom H. Le-
clercq des articles sur le sarcophage de Junius Bassus, sur Toeuvre
paléographique du comte de Bastard^ sur l'importance que païens et
chrétiens attachaient à la beauté physique, sur le bénitier (en pierre,
terre cuite, métal), sur les musées et les mss. liturgiques de Berlin et
de Berne, sur Tarchéologie et les mss. liturgiques de Besançon, sur
Beihléhem, enfin sur les bibliothèques et les bibliothécaires (long travail de
60 colonnes). Dom Cabrol a écrit les articles : Benedicamus Domino^
Bénédictins, Benoit XIV, Bernold de Constance, Berold de Milan, François
et Joseph Bianchini. Nous remarquons encore : Bède le Vénérable, de
H. Quentin; bénédiction liturgique, bénédiction de la table et des aliments,
bénédiction épiscopale, Sun abbé, d'une abbesse, bénédictionnaire, de J . Baudot ;
bénédiction de Veau, par dom de Puniet ; manière de bénir ^ par dom
G. Fehrenbach. Voici les autres articles, moins importants, que
donne ce fascicule : bastagarius, Batanée, bateliers, bâton, Baeumer, bêche,
Behioth, Beleth, bélier, Bellarmin, Benedictus, benr fecit, Bernon de Reichmau,
Il est presque inutile d'ajouter que ce fascicule présente les mêmes
qualités de science exacte et étendue que les précédents.
Il contient 97 figures (n® 146 à xSSy). J. P. W.
i63. — Emil Reich, Atlas antiquus, in 48 original graphie maps,
with elaborate text to each map and full index. Londres, Macmil-
lan, 1908. 10 sh.
Cet atlas a été composé pour Tétude de l'histoire grecque et
romaine, depuis la première guerre médique jusqu'aux guerres
civiles de César et de Pompée. L'auteur a voulu surtout illustrer
rhistoire militaire : pour chaque guerre ou chaque campagne, il
donne une carte peu chargée de noms propres, ne portant que
les noms géographiques nécessaires pour orienter les élèves, mais
indiquant par des signes spéciaux les mouvements des armées,
l'emplacement des camps et des batailles, les villes prises ou pillées,
les défaites ou les retraites. Chaque carte est précédée d'un résumé
chronologique des événements. A la fin, il y a des plans d'Athènes
(Acropole et Pirée) et de Rome, ainsi qu'une carte des provinces de
l'Empire romain à l'époque de sa plus grande extension.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 259
Nul doute que cet ouvrage ne réponde exactement au but que
l'auteur s*est proposé : il facilitera l'étude de l'histoire ancienne aux
élèves en gravant dans leur esprit, pour toujours, des notions exactes
sur les lieux des événements. J. P. W.
Langues et Littératures romanes.
164. — J. Van Dooren, Anthologie illustrée des Poètes et Prosateurs
français. Verviers, Hermann, 1908. 3 fr. 75.
L'ouvrage de M. Van Dooren supprime ou du moins diminue la
difficulté pratique de renseignement esthétique dans les athénées. Il
renferme en effet 7 5 planches hors texte reproduisant les plus beaux
tableaux des grands maîtres de toutes les écoles. Ainsi il est désor-
mais possible d'analyser avec les élèves les œuvres d'art, puisqu'ils
en ont entre les mains des reproductions (sur papier glacé). Quant à
celles-ci, elles sont généralement remarquables de clarté et de netteté ;
parmi les exceptions, citons Saint Léon arrêtant Attila de Raphaël,
Les noces de Cana de Véronèse, Maternité de Carrière, Les intrus de
Laermans, où l'on voudrait un peu plus de lumière.
Quoi qu'il en soit, c'est un livre très recommandable. Les jeunes
professeurs de français, avides non seulement du nouveau, mais du
beau y trouveront satisfaction ; leur talent et leur zèle y puiseront
matière à un nouvel apostolat. Quant aux enfants dont l'âme est si
réceptive, chez qui les premières impressions pénètrent si intensé-
ment, ils seront sans nul doute heureux de posséder ce livre et sau-
ront répondre aux efforts du maître pour leur formation artistique.
Tel sera en effet l'excellent résultat de cette innovation, c'est que,
sans systématiser l'enseignement, on arrivera à former le goût des
jeunes gens ; grâce à cette culture occasionnelle, disparaîtra peu à
peu le desideratum actuel, l'ignorance total de nos élèves en matière
estliétique. Le jour où les chrestomathies de langues étrangères com-
prendront, elles aussi, des reproductions artistiques, les progrés
seront d'autant plus sûrs et plus sensibles. M. Melon, de La Louvière,
est un des premiers entré dans cette voie ; mais ses reproductions ne
sont pas aussi soignées et ne peuvent guère répondre au but que nous
poursuivons.
M. Claretie, qui a préfacié l'anthologie de M. Van Dooren, dit que
c'est « une œuvre de bonne et saine vulgarisation... Grâce à lui,
• c'est comme si, par les fenêtres grandes ouvertes, pénétrait dans
» les classes, aux murs généralement nus et moroses, ime atmosphère
B nouvelle, un jour plus pur et ensoleillé ».
Il nous reste à examiner l'anthologie en elle-même.
26o LE MUSÉE BELGE.
Dans rintroduction M. Van Dooren nous avertit qu'il a supprimé
ou abrégé les notices bio bibliographiques, parce son livre est des-
tiné aux classes inférieures et aux écoles moyennes, où le profess^ir
doit faire lui-même le travail de situation et d'érudition. Or ces rensei-
gnements il les connaît déjà ou bien possède d'autres sources dans
sa bibliothèque personnelle.
Ce qu'on reprochera à M. Van Dooren, c'est d'avoir révolutionné
les habitudes anciennes et les méthodes suivies, en substituant la
division par siècle à la division par genre. Et cependant avec cette
dernière combien arbitraire est souvent la classification des mor-
ceaux ! Narration ou description ? telle est la question qui peut se
poser pour beaucoup, et cette question, il vaut mieux qu'elle soit tran-
chée par le maître avec la collaboration des élèves. Un autre avan-
tage de Tordre adopté, c'est que les élèves ne confondront plus les
siècles et les écrivains, comme cela arrive actuellement même dans
les classes supérieures, mettant sans sourciller : c Chateaubriand au
xvii« siècle et Voltaire au xix« ».
Dans le choix des morceaux, M. Van Dooren remonte jusqu'au
xvii® ; en cela encore nous l'approuvons, et d'autant plus qu'il a mis
les extraits du xvii® siècle en rapport avec l'intelligence des écoliers
auxquels il s'adresse. Est-il admissible que ceux-ci entrent en troi-
sième sans connaître même les noms des immortels classiques,
Corneille, Molière, Racine... ?
Dans l'ensemble des écrivains cités, peut-être s'étonnera- ton de
voir certains noms auxquels on ne songeait pas et de ne pas y voir
d'autres, souhaités. Cette critique s'est toujours faite et se fera tou-
jours. Si l'anthologiste devait tenir compte des préférences de chacun,
il lui faudrait renoncer à son entreprise. Il convient donc de se mon-
trer généreux et d'exiger simplement que chaque époque soit bien
caractérisée.
Est-il nécessaire d'ajouter qu'une belle place a été réservée à nos
écrivains belges ? Notre littérature s'est tellement imposée même à
l'étranger, qu'on ne peut plus aujourd'hui composer de chrestomathic
sans lui consacrer quelques pages.
Terminons en disant que le beau volume de M. Van Dooren est
recommandé par le Gouvernement pour l'enseignement moyen.
J. Fleuriaux.
i65. — B. Zyromskl, Sully Prudhomme. Paris, A. Colin, 1907,
vi-269 pp. 3,5o fr.
L'étude de M. Zyromski comprend deux parties. Dans la première,
il s'attache à déterminer les influences auxquelles Sully Prudhomme
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. . 20 ^
a été soumis et la manière dont il les a subies ou bien utilisées.
D'abord, c'est la sensibilité romantique qui le marque de son
empreinte, mais il ne tarde pas à s'en libérer. L*art parnassien qui
vient ensuite lui impose plus longtemps sa discipline. Mais l'action
vraiment forte et décisive qu'il ressent est celle de la pensée d'Alfred
de Vigny. Il doit beaucoup aux Destinées^ à ces poèmes émouvants qui
jugent la vie morale de l'humanité, mais évidemment cela ne l'em-
pêche pas d'avoir son originalité, ainsi que le montre M. Zyromski
dans la seconde partie de son livre. Ici en effet, il met en relief « la
valeur essentielle de son œuvre, en examinant d'abord le paysage
d'images et d'idées qu'il aime à contempler et à enrichir, en étudiant
ensuite les principaux motifs de son chant, sa mélancolie et son culte
de l'amour, sa doctrine de l'aspiration et sa compréhension de la
nature, sa pensée profonde sur le destin des hommes et sur la puis-
sance de la Loi qui crée et assure le progrès de la vie universelle ».
Ainsi voyons-nous le chantre de la Justice et du Bonheur passer du
« pessimisme à l'optimisme, de l'élégie à la méditation, de la tris-
tesse peisonnelle à la grande mélancolie philosophique qui s'achève
dans la sérénité » (p. 90 et 263).
L'ouvrage de M. Zyromski constitue donc une enquête grave et
sérieuse, laquelle en même temps est marquée d'un noble respect,
d'une admiration profonde pour le beau poète que la France a perdu
l'an dernier. N'oublions pas d'ajouter que la « grande mélancolie
philosophique » de ce poète appelle la discussion et des réserves.
Quoi qu'il faille en penser, elle mérite d'être étudiée, et M. Zyromski
a rendu un service aux lettres en écrivant le livre dont nous parlons.
C'est un juge délicat, qui s'entend aux choses littéraires et qui les ana-
lyse finement. Il n'accepte pas tout de son auteur : c'est ainsi que, pour
dire également un mot d'une autre question qu'il rencontre au cours
de son exposé, il lui reproche (et non sans de bonnes raisons) d'avoir
trop résisté aux tentatives de récents écrivains qui voulaient sous-
traire la versification française à ses règles traditionnelles.
Georges Doutrepont.
166. — Maurice Grammont, Petit traité de versification française,
Paris, A. Colin, 1908. 142 pp. 2 fr.
Il y a trois ans, nous avons annoncé dans ce Bulletin (i5 mars igoS)
un livre remarquable de M. Maurice Grammont, intitulé : Le vers
français^ ses moyens d'' expression^ son harmonie. Ce n'était pas un traité ni
une histoire de la métrique, mais bien un ensemble d'observations
très intéressantes sur les ressources de la versification française, la
valeur de ses rythmes et de ses procédés mélodiques. Comme nous
i
202 LE MUSÉE BELGE.
rindiquions dans notre compte rendu, l'auteur voulait avant tor
montrer pourquoi un vers est harmonieux et expressif, et le montre:
en justifiant ses appréciations.
Le petit volume qu'il nous donne maintenant, ne laisse pas d'abor-
der, de-ci de-là, le même sujet. Mais c'est un traité, ainsi que le titre
l'annonce, un manuel où M. Grammont expose et discute les lois de la
versification française. Tout d'abord, il examine la structure maicrùù
du vers et fait voir, par la méthode historique, comment sont nées les
règles qui la régissent. Ensuite (c'est la seconde partie de son li\Te
il étudie Vart dans la versification française : autrement dit, il analyse
celle ci dans les moyens artistiques dont elle dispose et dans les
applications qu'elle a reçues chez les grands poètes.
Ge que nous avons écrit antérieurement sur le très fin rythmicien
qu'est M. Grammont, nous dispense presque d'insister sur les quali-
tés du nouveau travail qu'il présente au public. Ce n*est pas un traité
quelconque : c'est une œuvre personnelle, réfléchie, avec des vues
originales concernant le passé, le présent et l'avenir de la versifica-
tion française. Georges Doutrepont.
167. — Marc Sangnler, Aux sources de l éloquence. Lectures commiu-
tées. Paris, Bloud et C»«, 1908. 401 pp. 3 fr. 5o.
Ce livre est une anthologie de l'art oratoire, où les matières sont
réparties comme suit : Les Orateurs de la Grèce — Les Pères de VÉglist
— Bossuet et Bourdaloue — Lacordaire et Mgr d'Hulst — Les Orateurs éi
la Révolution — Napoléon et Lamartine — Quelques orateurs contemporams,
M. Sangnier n'a pas eu l'intention de composer « une œuvre d'éru-
dition historique ou de critique littéraire. » Son dessein « a été seule-
ment de recueillir, presque au hasard, quelques-uns des plus nobles
et des plus pathétiques accents de la parole humaine, non pas tant
pour instruire que pour soutenir et réconforter ceux qui liront ce
recueil ». En même temps, il a voulu faire, l'apologie de \ idéalisme eU
à propos de la plupart des extraits, il répète, en les diversifiant quel-
que peu, ces paroles de sa préface : « L'éloquence ne saurait parvenir
à émouvoir l'âme des foules qu'en éveillant en elles le désir, jamais
aboli, de se relever et de regarder la lumière, qu'en ravivant le foyer,
jamais tout à fait éteint, dont la flamme veut monter en haut. »
Les morceaux sont en général heureusement choisis. Le commen-
taire chaleureux qui les encadre dénote chez son auteur des connais-
sances littéraires étendues et personnelles et surtout une élévation
d ame peu commune. Il est d'autant plus regrettable que M. Sangnier
ait publié « tel quel, et sans songer même à prendre le temps de lui
donner quelque perfection, ce travail hàtif », ainsi qu'il l'avoue lui-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE 263
même. Son style, naturellement oratoire, devient facilement fiévreux
et sa pensée, toujours généreuse, manque parfois de netteté. Ainsi,
fréquemment, il nous parle de ridéalisme .^Pourquoi ne[s'est-il pas
efforcé de définir, autrement que par des circonlocutions brillantes, le
sens ou les sens de ce mot sonore ?
Il est vrai : l'organisateur du Sillon n'est pas un dilettante et le
loisir de limer sa phrase et sa pensée lui fait, sans doute, parfois
défaut. Néanmoins, son livre est un bon livre et qui grandira Tàme
de tous ses lecteurs. Adrien Mativa, S. J.
Langues et Littératures^germaniques.
168. — P. PaSSy, PctHc phonétique comparée des principales langues indo-
européennts, Leipzig et Berlin, B. G. Teubner, 1906. i vol. de
i32 pp. in-i2, I m. 80.
Les personnes à qui sont familiers les livres de M. Passy, et
notamment sa belle étude sur les Principes^ desl\changements phonétiques,
ne trouveront pas de grandes nouveautés dansJcetteJP^/»/^ Phonétique,
Cet opuscule, dont le titre nous paraît un peu ambigu, est « un
traité élémentaire de phonétique, destiné en première j^ligne aux pro-
fesseurs de langues vivantes. » Il est conçu surj le patron des Sons
du français, du même auteur ; la seule différence est que les langues
étudiées sont cette fois, outre le français, l'anglais, ^l'allemand, l'ita-
lien et l'espagnol. Les autres idiomes européens et les patois sont
aussi mis à contribution à l'occasion.
Le livre est donc surtout une œuvre de vulgarisation, ?et il faut en
examiner le mérite pratique, je dirais presque le] mérite pédago-
gique. Or, il me semble que le cadre choisi — celui des Sons du fran-
çais — s'il présente des avantages scientifiques, |n'aplanit en rien les
difficultés inhérentes aux données élém^^ntaires dejla^phonétique. La
leçon d'acoustique qui ouvre le traité (p. 7 et suiv.) ; une partie de la
leçon de physiologie qui succède (pp. 11 et 12) ; la discussion sur les
traits distinctifs des voyelles, des consonnes pures^et des consonnes
mixtes (p. 14 et suiv.) ; les questions sans doute très intéressantes des
divisions du langage, gagneraient beaucoup en clarté à être exposées
à part, plus loin, après que le lecteur se serait fait une idée générale
de la nature des sons. Je reprends ici une opinion quejj'ai émise dans
le compte rendu du livre de M.O. Jespersen, Lehrbuch der Phonetik{i),
Il faudrait, d'après moi, avant d'entrer dans jle (menu, donner en
deux ou trois pages l'esquisse de l'appareil phonateur et l'idée de la
(1) Revue de V Instruction publique en Belgique^ tome XLVII, p. 297.
À
264 LE MUSÉE BELGE.
multiplicité des sons que cet appareil peut produire. Il en résultera:
dans Tesprit de l'étudiant une impression d'ensemble qui le guideiL^
dans la suite de sa lecture.
Je dois encore renvoyer le lecteur au même compte rendu (p. 3oo
à propos d'une affirmation que M. P. Passy a exprimée une pre-
mière fois dans ses Principes des changements phonétiques^ à savoir qit
le mot ne constitue pas une notion phonétique. L'auteur na pas
ajouté de nouveaux arguments à sa démonstration ; je ne puis don:
que conserver les scrupules que m'inspire une théorie trop cat^o-
rique.
La seconde partie du livre, renfermant Tétude détaillée des sois,
rendra de grands services aux professeurs. Ils y trouveront réunis
et classés une foule de renseignements utiles et toujours curieui
sur la prononciation normale de chaque langue. Les variaxites pias
ou moins usuelles y sont aussi consignées, avec raison, car on sa^t
combien il est difficile de définir le meilleur type de prononciatioiL
M. Passy a créé un néologisme — je crois du moins que l'expres-
sion lui appartient — pour désigner les sons qu'on appelle d'habi-
tude voyelles nasales ou nasalisées. Il les nomme voyelles nasalées, ot
simplement nasalées. Je ne vois pas bien la raison d'abandonner le
mot nasalisé. L'auteur lui-même n'emploie-t- il pas plusieurs fois le
verbe nasaliser ^ et le substantif nasalisation ? Nasalisé aurait-il trop de
longueur ? Dans ce cas, pourquoi ne point pousser la réforme jus-
qu'au bout ? Ne serait-il pas mieux ou pis — de dire voyelUs nasé^ ^
Mais il se cache là-dessous une question de goût, et nous, Belges,
nous devons être prudents en la matière. Sinon, je reprocherais
aussi à M. Passy d'avoir écrit plusieurs fois le mot ça au lieu de C4U.
Que l'on prononce ça dans le débit familier, le fait est certain ; cepen-
dant j'avoue employer la forme cela (sla) quand je parle en pubhc; je
ne me résoudrai jamais non plus à écrire : fa, et je crois que la plu
part des lettrés de mes compatriotes en usent de même que moi. Il me
répugnerait également de dire — et d'entendre dire — je/ l'ai vu, nous
/Savons dit, avec une consonne redoublée (p. 56). Si M. Pa^ a
simplement voulu signaler, à titre de curiosité, une particularité
populaire, rien de mieux; mais au moins convient- il de prévenir le
lecteur étranger de la vulgarité de cette façon de prononcer.
Ant. Grégoire.
169. — G. "WllStmann, Allerhand Sprachdummheiten, Kleine deutsche
Grammatik des Zweifelhaften, des Falschen und des Hàsslichen.
4. vermehrte und verbesserte Auflage. Leipzig, F. W. Grunow,
1908. 463 pp. 8^.
L'auteur de cet ouvrage peut se vanter d'avoir joliment réveillé la
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 205
lonscience nationale dans le domaine linguistique. Son livre, dont
a première édition a paru en 1891 et qui atteint aujourd'hui le
'2X>^ mille, a été le point de départ d'innombrables et de très fruc-
ueuses discussions sur la grammaire allemande et plus spécialement
;ur l'emploi usuel de la langue. L'ouvrage de Wustmann est un livre
le combat ; il s'élève avec beaucoup de verve contre les banalités, les
légligences, les erreurs et sottises de tout genre, qui s'introduisent
àcilement dans l'usage d'une langue aussi peu fixée que Test la
an^ue allemande ; il lutte notamment contre la corruption linguis-
ique inaugurée par les journaux.
La nouvelle édition pourrait mériter à un plus haut degré le qua-
ificatif « augmentée et corrigée ». Les ajoutes et corrections, compa-
rativement à la 3® édition, sont d'assez minime importance.
Un exclusivisme quelquefois exagéré tient à la nature du livre.
Les nombreux abus auxquels donne lieu l'emploi de l'apostrophe
[p. 8) ne motivent pas sa proscription. Un nom propre qui se termine
par s (Behrtfis^ Wachs) peut difficilement s'en passer Pourquoi ne pour-
rait-on pas écrire : Wachs' neuestes SchauspieL — Le s du pluriel (p. 23)
se rencontre déjà dans le gotique. Jungens correspond exactement au
gotique juggans. Ce s n'est donc pas aussi étranger que l'auteur le
suppose. La distinction entre le s roman et le s allemand n'est évi-
demment pas facile à faire. — Wustmann veut que l'on dise wir
Dâuisckefi et trouve a ridicule n la forme wir Deutsche, Elle a pourtant
été employée par Bismark dans sa fameuse phrase, mille fois repro-
duite sur les objets les plus divers (gravures, médailles, etc.) : Wir
Deutsche furchten Gott, sonst nichts auf dieser Weîty et ici Bismark se
trouve d'accord avec Lessing, VVieland, Herder, voire Schiller et
Goethe, qui varient, il est vrai, dans ce cas de déclinaison : wir NeuerK
et wir Neuere^, écrit Schiller à quelques lignes de distance dans son
traité sur la poésie naïve et sentimentale. Il n'y a pas de motif suf-
fisant pour imposer la forme wir Deutsche^. — Il en est de même d'un
cas de déclinaison de l'adjectif employé comme substantif. Wustmann
condamne, comme « le produit contre nature d'un demi-savoir » ^ la
forme ein schones Ganzes (p. 34) et veut que l'on dise ein schônes GanzE.
Il est absolument faux que l'ancienne langue ne connaissait que la
forme faible et l'usage des meilleurs écrivains nous mène dans ce cas
à la liberté dans l'emploi des deux formes. — Les chapitres sur l'em-
ploi des verbes abondent en excellentes remarques et donnent peu
de prise à la critique. Une trop forte généralisation se manifeste dans
les remarques de l'auteur concernant l'emploi des pronoms. Pourquoi
devrait- on bannir à tout jamais de la langue allemande le pronom
welcher^ parce qu'il est plus traînant que der ? L'abus a été, il est vrai,
énorme, le mot bref rend dans 99 cas sur 100 les mêmes services que
266 LE MUSÉE BELGE.
son raide et ennuyeux synonyme ; mais il peut y avoir des raisons
spéciales tout au moins pour varier l'emploi des deux pronoms. La
même remarque peut s'appliquer à derselbe et à derjenige. On pourrait
souscrire aux recommandations de Wustmann, s'il voulait bien laisser
à ces mots quelque abri modeste pour un usage facultatif et quelque-
fois même nécessaire.
Tout aussi remarquables que les pages sur lemploi des verbes sont
celles sur lemploi des temps (pp. 140-172). Il y a ici peu à redire et
l'auteur mène excellente campagne contre une foule de détestables
abus. Je signale notamment le faux usage du conditionnel au lieu du
subjonctif : Wenn ich ein Vôglein sein wUrde und auch zwei FlUglein kahai
wiirde. Wustmann pense que l'emploi de wurde dans le style indirect
pour rendre la pensée de quelqu'un est dû à de mauvaises traduc-
tions de romans Scandinaves. Je crois ici bien plus à Tinfluence fran-
çaise qui est beaucoup plus proche et qui est certainement antérieure.
On a cité à ce propos des exemples édifiants tirés de traductions de
romans français et notamment de la traduction allemande de Madam
Bovary, — Wustmann plaide éloquemment la cause du subjonctif qui
est refoulé de plus en plus par l'indicatif. Mais ici il lui arrive aussi
de dépasser quelque peu la mesure. L'indicatif me paraît à sa place,
par exemple, après les verbes exprimant un désir, si l'accomplisse-
ment de ce désir est formellement attendu et prévu. Le libre usage
des temps permet d'ailleurs d'exprimer des nuances que la règle
absolue exclut. — L'auteur signale comme une faute « horrible n la
juxtaposition du datif et de l'accusatif dans la formule que Ion lit
dans les comptes rendus du Reichstag : A m Donner stag^ den i3, Februar,
Il ne conteste pas que les formules am Donner stag et den iJ, Februar
employées isolément soient exactes ; comment peut dès lors naître de
leur juxtaposition une si grossière faute, qui soulève chez l'auteur
une si violente indignation ? Qu'est-ce qui oblige à voir dans cette
expression une apposition exigeant le même cas ? Chose curieuse.
Wustmann admet la formule von Dienstag^ den 6, April bis etc, ; il
admet l'accusatif den 6, April comme expression adverbiale de temps
stéréotypée. On se demande pourquoi la préposition an exige une
dépendance grammaticale, dont la préposition von dispense et on
s'explique encore moins la colère de l'auteur.
Très intéressante est aussi la dernière partie du livre qui traite du
vocabulaire et de la signification des mots. Wustmann fait ici la
chasse à une foule de mots allemands qui lui déplaisent et aux mots
étrangers ; la dernière est plus méritoire que la première. On ne peut
lui reprocher un purisme exagéré ; tout au contraire, quand il défend
Coupé ^ Billet, Terrain contre Ahieil^ Fahrkatte, Gelànde, il tombe dans le
défaut opposé. Wustmann défend de dire dos Haar ; il veut le pluriel
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 267
die Haarc, A-til pensé à ce que fait la Loreley dans le lied célèbre
de Heine :
Sic kammt ihr goldnes Haar.
Il proscrit aussi le singulier die H ose en faveur du pludel die Hosm.
« Que veut on donc avec une Hose ? On a deux jambes, donc on aura
toujours besoin d'une paire de Hosen, » La question épineuse ne sera
résolue que le jour où les Allemands seront d'accord sur le fait de
savoir si le vêtement est un ou double. Wustmann ne veut pas de
V aid}ecii{ zielbewussi, « qui a été mis en circulation par la presse socia-
liste ». Quelle que soit Torigine, le mot me paraît frappant pour
désigner quelqu'un qui sait ce qu'il veut et où il va ; on ne pourrait
mieux rendre l'expression d'Horace : ienax proposiii. On s'explique
aussi difficilement quelle « hardiesse » Wustmann voit dans l'adjectif
selbstlos (désintéressé) ; en tout cas la désuétude dans laquelle ce mot
serait tombé n'existe que dans l'imagination de l'auteur.
Très judicieuses sont aussi ses remarques sur la question : « Qu'est-
ce qu'un bon style ? » Les recommandations qu'il fait ici témoignent
d'un grand bon sens et bon goût. Ce sont du reste là les qualités
maîtresses du livre. Il compte parmi les plus nécessaires à tous ceux
qui enseignent la langue allemande ou s'en servent. La lecture est
d'un captivant intérêt, la disposition très pratique, de sorte que Ton
trouve de suite ce que l'on cherche. Le livre se présente aussi très
bien extérieurement. H. Bischoff.
170. — K. Holtvast, Beknopte Nederlandsche spraakkunst. Tweede
druk. Groningen, P. Noordhoff, 1908. In-8, iv-140 pp. i fl.
Cette nouvelle grammaire, parvenue en peu de temps à une seconde
édition (la première date de 1906), est un livre pratique, écrit à l'usage
des élèves. Je veux dire par là que M. Holtvast se contente de pré-
senter les faits essentiels, sans y ajouter des considérations théoriques.
Il est vrai que la façon d'exposer certains phénomènes de la langue
peut équivaloir à une explication, et sous ce rapport, Fauteur appar-
tient à une bonne école. Sa grammaire est concise, bien ordonnée,
très claire et suffisamment complète, parce qu'elle ne néglige que les
détails superflus. Ce qu'il faut surtout relever, c'est qu'elle renseigne
amplement sur l'usage du néerlandais parlé et du néerlandais écrit.
Ce sont deux choses différentes ; car, comme c'est le cas pour toute
langue vivante, on ne parle pas le néerlandais cultivé comme on
l'écrit et vice versa. Le fait d'avoir partout insisté sur cette divergence,
constitue une innovation en même temps qu'un mérite de ce manuel.
Si nous ajoutons que M. Holtvast est très au courant de l'usage de
la langue, que l'on peut donc se fier à ses renseignements, nous en
aurons dit assez pour recommander son livre. C. Lecoutere.
(
268 LE MUSÉE BELGE,.
171. — A. De Gook en I. Teirlinok, Klnderspel en Kinderlust in
Zuid'Nederland, met schema's en teekeningen van H. Teirlinck.
Vierde deel : VI. Amhachtsspden. VII. Raadspeltn. VIII. Schcmmd'
s/^/w. Vijfde deel : IX. Marhclspelcn, X. Topspelen. XL Kinder spedtuig,
Zesde deel : XII. Kind en natuur. Zevende deel : XIII. Kind en
Kalender. XIV. Kind en School. XV. Kind en Mutiek (Publication de
l'Académie royale flamande). Gand, A. Siflfer, 1904-1907. 4 vol. in-8
de 36o, 284, 282 et 3o8 pp.
Nous avons déjà attiré l'attention de nos lecteurs {Bulletin^ t. X,
pp. i29-i3o) sur les trois premiers volumes de cette publication
importante. Il est inutile d'insister à nouveau sur l'intérêt capital
que présente le travail entrepris par MM. De Cock et Teirlinck;
il suffira de signaler les quatre volumes qui ont paru depuis.
Des dix-huit catégories des jeux, admises par les auteurs dans leur
classification, en voilà quinze qui ont été décrites ; Ion peut donc
prédire que, dans un avenir assez peu rapproché, l'ouvrage sera
entièrement terminé.
Pas plus qu'il n'a été possible de le faire pour les trois premiers
volumes, nous ne pouvons analyser ceux-ci. Les auteurs appliquent
constamment la même méthode, et ne négligent rien pour être com-
plets. Mais malgré leurs recherches dans toutes les parties des pro-
vinces flamandes, certaines particularités leur ont échappé : façons
différentes de jouer quelques jeux, variantes de chansons enfantines,
dénominations d'objets, etc. Ainsi, p. ex., ils ne signalent pas
(t. VI, p. i63) le nom typique qu'à Louvain les enfants donnent au
hanneton (viervleugel)^ ni la variante assez curieuse de la chanson
indiquée ibid,^ p 227 (ou plutôt de celles du t. IV p. 181 suiv. ; cfr
t. VI ï, p. 175). On pourrait peut-être multiplier les exemples; mais on
aurait tort d'adresser de ce chef des reproches aux auteurs, vu qu'en
pareille matière il est pour ainsi dire impossible de ne rien oublier.
Adressons-leur plutôt nos vives félicitations d'avoir rassemblé , au
moyen de longues et patientes investigations, cette quantité prodi-
gieuse de matériaux très utiles. C. Lecoutere.
Notices et annonces bibliographiques.
172 — Studien ^ur Geschichte und Kultur des Altertums^ im Auftrage und mit
Unterstûtzung der Gorresgesellschaft hrsg. von D«" E. Drerup, D' H. Grimine
und D' J. P. Kirsch. I. Band. Paderborn, SchOnigh, 1907.
Dans son assemblée générale tenue à Bonn en Septembre 1906, sur Tinitiative de
M. Drerup, professeur à l'Université de Munich et de plusieurs collègues, la Gœr-
resgesellschaft^ société scientifique de TAllemagne catholique, décida la création
d'une nouvelle section : celle de philologie classique, comme nous dirions, la section
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 269
^ûr Altertumskunde, On sait que jusque-là la société s'était surtout occupée de phi-
losophie et d'histoire et qu'elle publie deux revues qui font autorité : Historisches
^ahrbuch sous la direction de Grauert, Philosophisches Jahrbuch dirigé par Guiber-
Ict. La nouvelle section témoigne de son activité par la publication du recueil dont
nous avons transcrit le titre ci-dessus. Ce titre indique que le recueil sera surtout
consacré à l'histoire ancienne, mais ne négligera rien de ce qui a rapport à la civili-
sation antique : orientale, grecque et romaine, païenne et chrétienne. M. Drerup
s'occupe de l'antiquité classique, M. Grimme de l'Orient et Mgr Kirsch de l'anti-
<)uité chrétienne. Les cr Études » paraissent en fascicules ou en doubles fascicules
de 4 à 8 feuilles., contenant chacun un travail complet et formant, chaque année, un
volume d'environ 3o feuilles.
Voici le contenu du premier volume (1907). Il fera suffisamment connaître la nature
du nouveau recueil.
Heft I : Hubert Grimme, Prof. a. d. Univ. Freiburg, Schweiz t Das israelitische
rtingstfest und der Plejadenkutt, i32 S. mit 3 Tafeln. Preis Mk. 3,ôo.
Heft 2 : Theodor Anton Abele, Dr. phil. in Strassburg, Els. : Der Sénat unter
Augustus. VIII, 78 S. Preis Mk. 2,40.
Heft 3/; : Henri Francottb, prof, à l'université de Liège : La Polis grecque.
Recherches sur rorganisation des états^ des ligues et des confédérations dans la
Grèce ancienne, VIII, 262 S. Preis Mk. 6,60.
Heft 5 : Hans Webe», Dr. phil. in Mûnchcn : Attisches Pro:çessrecht in den
attischen Seebundsstaaten, Ein Beitrag zur Geschichte des gemeingriechischen
Rechts. 66 S. Preis Mk. 2, - .
Ce premier volume comprend donc 528 pages et coûte 14 m. 60. Du second
volume Cigo8) a paru jusqu'ici :
Heft : I : Englebert Drerup, Prof, an der Univ. Mûncheii : Ps.-Herodes TTcpi
TToXiT€(aç. Ein politisches Pamphlet aus Athen 404 v. Chr.
Nous comptons revenir sur ces travaux. Comme il n'appartient pas au Musée
Belge d'apprécier celui de M. Francotte, nous sommes heureux de reproduire ici le
compte rendu d'un savant compétent, M. H. Swoboda :
« Dans ce fascicule, dit-il, sont réunis quatre dissertations, deux grandes et deux
petites, que l'auteur avait précédemment publiées dans les Bulletins de l'Académie
royale de Belgique et dans le Musée Belge, Ce sont : L'organisation de la cité
athénienne et la réforme de Clisthènes (1892) ; Formation des villes, des états, des
confédérations et des ligues dans la Grèce ancienne (1901) ; L'organisation des cités
à Rhodes et en Carie (1906) ; Le conseil et l'assemblée générale chez les Achéens
(1906).
» Les deux premières dissertations ont subi, dans cette seconde édition, des rema-
niements et des changements' profonds, de sorte qu'en beaucoup de points, elles
sont nouvelles. Comme les idées fondamentales sont restées les mêmes et que j'en
ai rendu compte dans cette revue (1894, n» 3 ; iqo3, n» i3), je puis me dispenser
d'un compte rendu détaillé. M. Francotte est un savant distingué, bien connu par
ses recherches infatigables sur l'histoire et les institutions grecques ; il s'est conquis
une bonne place dans cette science par des travaux qui commandent l'attention : les
spécialistes en celte matière, loin de négliger ses théories, devront les examiner et
prendre position à leur égard. Il s'applique surtout à expliquer la formation de
l'Eut grec et des confédérations et à éclaircir l'origine des divisions de la cité. A ce
point de vue, la deuxième dissertation est d'une importance particulière ; l'auteur
s'y livre à des recherches sur les synécismes et établit une distinction nette entre les
ligues (Staatenbûnde) et les confédérations (Bundesstaaten), Je crois de mon devoir
270 LE MUSÉE BELGE.
de la signaler, d*autant que je diDcre d'avis avec Tauteur en quelques points fonda-
mentaux, par exemple quant à l'organisation gentilice.
» I a troisième dissertation forme en quelque sorte un Appendice à ce trayail : elle
s'occupe de quelques questions particulièrement difficiles, comme en présentent les
cités à Rhodes (cités, dèmes, phyles, koma} et en Carie (phyles, dèmes et kolna).
Dans le dernier article, on soumet à un examen critique les opinions récentes
(Busolt, Lipsius, Beloch) sur le conseil et l'assemblée des Achéens et on conclut
que le conseil était bien distinct de l'assemblée populaire : la grande masse des
citoyens ne participait -pas aux assemblées générales (synodai), mais seulement aux
synkletoi.
» Nous recommandons encore une fois le livre de M. Francotte à Pattention des
savants. » (Neue philologische Rundschau^ 1908, p. 298-299.)
Souhaitons bon succès à la nouvelle entreprise de la vaillante Société Gocrrcs ;
pour réussir, il lui suffira de continuer à marcher dans la voie où elle est entrée.
173. - H. van Herwerden, Quinque dialogi Platonici : Eutyphro, Apologia
Socratis, Crito, Phaedo, Protagoras. Leyde, Théonville. 1906. 1 fl. 5o. (Bibl.
Batava scriptorum Graecorum et Latinorum.)
Cette édition critique de cinq dialogues de Platon est due à un savant dont le nom
fait autorité, H. van Herwerden. Le commentaire en est sobre et discret ; il se borne
au strict nécessaire. Pour faire mieux sentir aux jeunes gens l'eurythmie qui distingue
le style de Platon, le nouvel éditeur a jugé bon d'employer, en plus grand nombre,
les élisions et les crases. Il reconnaît cependant que, d'accord avec les manuscrits,
les inscriptions prouvent que les Grecs n'observaient pas en cela de règle fixe-
Dans son amour pour Platon, M. van Herwerden court donc le risque d'écrire
« mieux i> que son auteur. Dans la même intention, il a si(;nalé un peu partout, et
plus que ses prédécesseurs, des mots intercalés, selon lui, par des lecteurs igno-
rants. Mais, comme il le déclare lui-même, si Ton juge qu'il a dépassé les bornes, il
n'est rien de plus facile que de supprimer les crochets. Souhaitons que M. van
Herwerden publie bientôt, avec le même soin, une nouvelle série de dialogues.
A. HUMPERS.
174. — H. Thédenat, Le forum romain et les forums impériaux. Ouvrage
illustré de 3 grands plans, de 62 gravures ou plans et de 8 phototypies. 4* éd.
mise au courant des dernières découvertes. Paris, Hachette, 1908. 1 vol in-8cart,
de 454 pp. 5 fr.
Le bel ouvrage de P. Thédenat a du succès et l'auteur récompense le public en
améliorant toujours son œuvre. Le texte a été augmenté, depuis la première édition,
d'un tiers ; les monuments nouvellement mis au jour sont décrits, à leur place, avec
autant de détail que ceux qui sont plus anciennement connus. Avec ce livre, 00
visitera avec fruit le forum ou on Tétudiera chez soi, comme on voudra ou pourra,
grâce aux nombreuses et belles gravures dont il est orné.
175. — Luigi Cantarelli, / XXviri ex senatus consulto rei publicae curandae ai
tempo di Massimino, (Extr. Ausonia anno H, 1907, fasc. 2, 10 pp.)
L'auteur étudie cette magistrature, assez peu connue, au point de vue de l'élec-
tion, de la durée, du nom, des attributions et des pouvoirs des vigintiviri jusqu'à
l'époque de Maximin. Ce travail est un de ces modèles du genre, auxquels M. Can-
tarelli nous a habitués.
176. — "W. Lermann, Altgriechische Plastik, Eine Einfahrungin die griechische
Kunst des archaischen und gebundenen Stils. Mit 80 Textbildern und 20 farbigeo
Tafeln. Munich, C. Beck, 1907. xni-23i pp. in-4. Relié toile, 25 m.
M. Lermann a consacré ce livre original à l'élude de l'art plastique grec, jusque
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2/1
vers 460 avant J. C, considéré au point de vue du style et de ses transformations
successives. Dans un voyage fait en Grèce, il a examiné à ce point de vue, et avec
le plus grand soin, les statues et les bas-reliefs archaïques. Il a surtout recherché et
relevé les traces de polychromie, car il défend avec ardeur l'opinion qui admet la
décoration polychrome dans toutes les statues grecques. Il a découvert beaucoup de
détails qui avaient échappé à l'oeil de ses devanciers ; les vingt planches en couleurs
qui reproduisent les ornements peints sur les statues féminines archaïques de l'Acro-
pole, donnent un résumé de ses découvertes.
L'ouvrage se compose de dix chapitres : 1. La sculpture archaïque en poros
(contemporaine et non dérivée de la sculpture sur bois); 2. la représentation de
l'homme nu dans Tart archaïque ; 3. la représentation de la femme drapée dans l'art
archaïque; 4. le sourire archaïque (ce fut un procédé d'abord, puis une expression);
5.-6. la représentation des cheveux dans les statues d*hommes et de femmes ; 7. la
représentation de l'homme à l'époque du style sévère : Tyrannicides, etc.; 8. la
femme drapée à la même époque ; 9.-10. les bas-reliefs archaïques et les frontons
(Egine, Olympie).
L'ouvrage abonde en idées et en choses nouvelles. Il est imprimé sur papier
couché et les illustrations qui accompagnent le texte sont très soignées ; faites pour
cet ouvrage, elles présentent souvent les statues sous un jour inconnu.
177. — P. Gumont, Recherches sur le manichéisme, I. La cosmogonie mani'
chéenne d'après Théodore Bar Khôni, Bruxelles, Lamartin, 1908.
Cette brochure forme le premier fascicule d'une série de recherches sur le nrmni-
chéisme ; les suivants paraîtront à intervalles rapprochés. On annonce dès mainte-
nant : W, Fragments syriaques d'ouvrages manichéens^ publiés et commentés par
M. A. Kugener et F. Cumont; IIL Les formules grecques d'abjuration imposées
aux manichéens^ par Fr. Cumont.
178. — P. Gnecchi, Monete romane. 3» edizione riveduta. corretta ed ampUau
con 25 tavole e 2o3 figure vel testo. Milano, Hoepli, 1907. 418 pp. 5 fr. 5o. (Ma-
nuali Hoepli.)
Ce manuel, dont M. Dresse signalait la première édition dans ce Bulletin, en
1897, a fait son chemin. Il comprenait alors 200 pages avec i5 planches et 63 ligures
dans le texte. Sous tous les rapports, il a été augmenté et amélioré.
179 180. — KarlThieme, Scribisne litterulas latinas? Kleine moderne Korres*
pondenz in lateinischer Sprache. Dresden, C. A. Koch, 1908. 122 pp. 1 m, fx>
L'auteur veut apprendre à écrire en latin de courtes lettres ou encore des cartes
postales sur les sujets suivants : Invitation, acceptation, refus — Demandes -^ En
voyage — Fêtes — Félicitations — A l'école — Maladie et mort — Politique —
Variétés. A qui s'adresse-t-il ? On n'écrit plus le latin, dit-il lui-môme. Cependant U
arrive qu*on s'en sert encore pour de courtes correspondances et le latin a ra^aniage
de ne pas être compris de tout le monde. L'auteur veut donc aider les élèves et louft
ceux qui voudraient faire du latin cet usage pratique. Il s'est efforcé de rendre son
latin le plus simple possible et il parle surtout de choses qui intéressent les étudiants.
Voici une Einladung ^um Bierschoppen :
Quid rei est, quod me tam raro visis ? Mensem iam me non invisisti (mensis iam
est, ex quo me invisisti). Meum conspectum fugitare videris. Nonnihil est profecio,
quod Tibî succenseam. Mihi irascerisne ?
Incrastinum igitur Te ad cerevisiam in Urso, qui vocalur, bibendam voco» ubi
Te exspecto puncto trigesimo ab hora 9. antemeridiana. Vale
Amicissimus Tuus Henricus^
I
272 LE MUSÉE BELGE.
Chez le même éditeur a paru le petit livre du D' G. Capellanus, Sprecheii Die
lateinisch "i Moderne Gesprdche in lateinischer Sprache (2 mj, qui est déjà parvenu
à la 4« édition en quelques années. C'est une preuve qu'il existe encore de nom-
breux amateurs de la langue latine.
181-183. — C'est M. "W. Kroll qui a préparé la cinquième édition de Cû:^ro5
BrutuSt erklaert von Otto Jahn. Berlin, Weidmann, 1908. 3 m. Il a soumis cet
excellent livre à une revision minutieuse, écartant ce qui paraissait défectueux, sur-
tout les erreurs critiques d'Eberhard, et msistant sur lezplication grammaticale.
Chez Weidmann a paru aussi une nouvelle édition du deuxième volume de Lucien.
Ausgewaehlte Schriften des Lukian erklaert von Julius Sommerbrodt. 2*« Bând-
chen : Nigrinus, der Hahn^ Icaromenippus. 3»« Aufl. neu bearbeitet von R. Helm
(1908. 1 m. 80.). M. Helm a refondu complètement l'œuvre de Sommerbrodt, si
bien qu'il ne reste pour ainsi dire pas une phrase de l'édition précédente. C'est que,
suivant lopinion (^tprimée par Wilamowitz [Kultur der Gegenwart, I, 8, p. 17a
et s.), il ne regarde plus Lucien comme un champion de la liberté intellectuelle,
amoureux d'indépendance, mais comme un sophiste, tel qu'il le fut dès le début de
sa carrière, qui chercha le succès pour en tirer profit. C'est ce caractère de l'écrivain
qu'il a voulu mettre en lumière, par le rapprochement des passages parallèles.
M. Helm a aussi donné plus de soin au commentaire historique et grammatical.
Signalons enfin la troisième é.lition de Q. Horatius Fiaccus Brie/e, erklaert von
Ad Kiessung. 3^ Auflage von Richard Henze. Weidmann, 1908. 3 m. 60. Il y a
de nombreux changements et quant à la constitution du texte et quant aux explica-
tions de détail.
184. — Album belge de paléographie. — L'album de paléographicde J. Vanden
Gheyn, S. J., que nous avons annoncé ci-dessus, p. 84, vient de paraître. Les
planches sont d'une exécution parfaite ; elles donnent des spécimens bien choisis de
récriture latine jusqu'au xvi« siècle, avec transcription complète et toutes les expli-
cations désirables. Ces spécimens sont tirés de manuscrits belges. L'album du
P. Van den Gheyn deviendra certainement classique dans nos cours de paléographie
latine et médiévale : il n'en existe pas d'aussi bien fait.
i85 - M. Albert Sauveur, docteur en philosophie et lettres de l'Université de
Liège, vient de publier sa thèse doctorale : Étude historique sur la legio VI Victrix
(Louvain, Ch. Peeters, 190S. 92 pp. 2 fr. 5o}. L'histoire de la légion est suivie des
i5o inscriptions qui la concernent.
186. — L'abbé Paul Halflants, Louis Veuillot, Bruxelles, Dewit, 1908. 32 pp.
La brochure que voici est précédée d'un avertibsemenl de l'auteur où il dit :
c Ces pages sont extraites de la seconde partie (en préparation) de notre Littérature
française au XI X^ siècle. Elles sont publiées à part, à la demande de plusieurs
professeurs de l'enseignement moyen qui désirent faire connaître sommairement à
leurs élèves la vie et les œuvres de Louis Veuillot ». Ce sont là de belles pages que
nous recommandons aux lecteurs du Musée Belge,
187. — A plusieurs reprises, nous avons signalé l'importante collection des Mûn-
chener Bdtràge fwr romanischen und englischen Philologie^ dirigée par MM. Brey-
mann et J. Schick (Leipzig, A. Deichert). Nous la signalons encore pour les deux
volumes dont elle vient de s'enrichir : Jean de La Taille und sein Saûl le Furieux^
par A. "Werner (xl Heft) et Die Magie im fran^ôsischen Theater des XVI und
XVII Jahrhunderts, par B. Friedrich (xli Heft). L'un et l'autre sont datés de 1908.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 273
188. —Karl Mantzias, Molière. Les Théâtres ^ le Public et les Comédiens de
son temps. 40 gravures, Paris, Colin, 1908. 5 fr.
Le principal objet de ce livre est d'exposer la situation du théâtre finançais au
xvii« siècle. Ce qu'il met surtout en lumière, c'est tout ce qui sert de cadre au spec-
tacle et qui exerça toujours tant d'influence sur la forme même du drame : organi-
sation du théâtre, des troupes d'acteurs, procédés scéniques^ art du metteur en
scène, mœurs et habitudes du public, etc. En un mot, c'est moins de littérature
dramatique que d'art théâtral qu'il s'agit ici.
Pour mener à bien cette étude, M. Mantzius était singulièrement qualifié. A la
fois acteur et lettré, docteur de l'Université de Copenhague, ancien auditeur de
Gaston Paris et élève de Got et de D^launay au Conservatoire, il connaît admirable-
ment la langue et la littérature française et il a interprété, de la façon la plus person-
nelle, les principaux rôles du grand poète comique.
Le plaisir avec lequel il a traité son sujet fait que son livre, où l'information est
exacte et les jugements très pénétrants, a en outre une vivacité d'allure et d'accent
qui en rend la lecture extrêmement attachante.
Quarante gravures, reproduisant toutes des documents du temps, ajoutent encore
à l'agrément et à l'intérêt de l'ouvrage.
189. — P. Vial, Marivaux. Avec une introduction. Paris, Colin, 1908. 3 fr. 5o.
(Pages choisies des grands écrivains.)
On retrouvera, dans ces « Pages choisies », les plus jolies scènes des plus célèbres
comédies de Marivaux : Le Jeu de r Amour et du Hasard, L'Épreuve, Les Fausses
Confidences, Le Legs, etc. On en trouvera d'autres, moms connues et cependant
non moins dignes de l'être, tirées des comédies qui ne sont pas restées au
répertoire : Le Petit- Maître corrigé, Les Serments indiscrets, La Surprise de
r Amour, etc.
Mais c'est surtout Marivaux romancier et journaliste que ce volume propose de
faire connaître. Pour beaucoup de lecteurs, les pages que M. Vial a Urées de La Vie
de Marianne et du Paysan parvenu, des Feuilles périodiques et des Pièces déta»
chées seront une révélation. Ils y découvriront un Marivaux tout moderne, peintre
attentif des humbles conditions sociales, authentique inventeur du roman réaliste,
et aussi un Marivaux philosophe, d'esprit curieux et agile.
M. Vial a écrit pour ces « Pages choisies n une Introduction, où la physionomie
complexe de Marivaux est dessinée avec justesse et pénétration et l'œuvre de l'écri-
vain présentée sous ses principaux aspects.
190. — Le Comte d'Haussonville, A VAcadémie Française et autour de
V Académie. Paris, Hachette, 1908. 3 fr. 5o.
M. le Comte d'Haussonville a réuni sous ce titre quelques discours prononcés par
lui à l'Académie française et différents articles dont les principaux ont pour sujet les
ouvrages de plusieurs de scs confrères.
Tous ceux qui s'intéressent aux lettres françaises, qui aiment à retrouver dans
l'histoire littéraire de la France le reflet de sa vie même, goûteront un plaisir délicat
à revivre ici quelques-unes des journées de l'illustre Assemblée, à suivre dans
l'étude et l'analyse de leurs œuvres la pensée de quelques-uns de ses membres. Et
^omme au surplus la langue de l'auteur est des plus claires, des plus séduisantes et
et des plus « françaises » qui soient, ils lui sauront gré d'avoir groupé et sauvé de
l'oubli jes diverses études.
J91. — H. Gaillard de Ghampris, Sur [quelques Idéalistes. Essais de critique
et de morale. Paris, Bloud, 1908. 3 fr. 5o.
Les études qui composent ce recueil ont paru dans le Correspondant, la Quin'
274 L^ MUSÉB BELGE.
:çame, la Revue pratique d'apologétique^ la Femme contemporaine. Leur provenance
seule indique dé|à qu'elles ne traitent pas de littérature pure. Sans négliger les
questions esthétiques l'auteur s'arrête surtout aux problèmes de philosophie morde
et religieuse, soulevés par un J.-J. Rousseau, un Vigny, un Brunetière, un
J. Lemaître, un SuUy-Prudhomme. Autant que leurs théories littéraires ou leur art,
ce qu*il étudie chef ces écrivains, c'est la doctrine de vie qu'ils ont adoptée pour
eux-mêmes et peuvent proposer aux autres. El il ne les juge pas en pur intellectuel ;
il les aime, les admire ou les plaint, selon qu'ils ont résolu le problème de la
destinée.
En cela, il ne croit pas manquer aux lois de la critique, celle-ci devant étudier
non seulement les formes et les genres^ mais montrer le rapport des œuvres avec
la vie.
» 192-193. — Glossaires topDnymiques. En 1886, au Congrès archéologique
d'Anvers, M. Godefroid Kurth fit ressortir l'importance des travaux toponymiques et
voter un vœu en faveur de la composition de glossaires. L'année suivante, il donna
l'exemple en offrant au Congrès de Namur son Glossaire toponymique de Satni-
Léger, Plus tard, il publia sa Frontière linguistique^ vade-mecum indispensable du
toponymiste belge. Depuis lors, sept glossaires toponymiques de communes belges
ont vu le )our. On les trouvera cités dans l'ouvrage de M. Ulrix dont nous allons
parler (p. 9). Nous voulons seulement attirer Tattention sur les deux plus récents;
l'un est consacré à une ville flamande, l'autre à un village wallon :
Glossaire toponymique de la commune de Jupille par Edmond Jacquemotte
et Jean Lcdeune, édité par Jean Haust. Liège, Vaillant-Carmaux, 1907. 140 pp.
Ce glossaire a été couronné par la Société de littérature wallonne et imprimé dans le
t. 49 du Bulletin de la même Société. Le t. 46 du même Bulletin avait déjà donné
le glossaire de Francorchamps par notre collaborateur Albert Counson (1906).
Glossaire toponymique de la ville de Tongres et de sa franchise par 'Eng. Ulrix
et Jean Paquay. Tongres, Collée, 1908. 122 pages. Ce glossaire a été publié par
le Bulletin de la Société scientifique et littéraire du Limbourg, t. 25 et 26.
Cela fait, en tout, huit glossaires publiés jusqu'ici. Le domaine à défricher est
vaste ; il est fertile en découvertes et nous sounaitons qu'il attire beaucoup de nos
jeunes travailleurs, historiens et philologues, car il exige cette double qualité.
,Q|, — Signalons parmi les récentes publications sur la littérature anglaise :
P. Bers^er, William Blake. Mysticisme et poésie. Diss. de l'univ.de Paris, 1908,
P. Berger, Quelques aspects de la foi moderne dans les Poèmes de Robert
Browning. Thèse de la môme université, 1908.
J. Donady, Vie de William Hazlitt. Paris, Hachette, 1908.
J. Donady, Liste chronologique des œuvres de Willium Hazlitt. Ibid., 1908.
195. — Fr. von der Leyen, Einfûhrung in das Gotische (== Handbuch des deut-
schen Unterrichts an hôheren Schulen^ hrsg. von Dr. A, Matthias^ t. II, i^ partie,
ire division}, Munich, O. Beck, 1908. Gr. in-8, x-i82 pp. M. 3, 20.
On pourrait demander si, en présence des manuels de Braune et de Streitberg,
cette - introduction » à la langue gotique était bien nécessaire? M. von der Leyen
nous explique que son livre fait partie d'une espèce d'encyclopédie de l'enseigne-
ment de l'allemand, qu'il s'adresse particulièrement aux débutants et doit leur servir
d'introduction générale à l'étude des langues germaniqjes. L'ouvrage a donc sa
raison d'être. Le but spécial qu'il avait en vue a amené l'auteur à adopter un plan
qui s'ccarte passablement de celai qu'on suit dans les manuels mentionnés plus
hdui. Des le second chapitre, celui du verbe (le premi;;r est consacré à des généra-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 2/5
lités et à quelques indications préliminaires sur le gotique), M. von der Leyen fait
étudier un texte gotique, servant d'application à ce qui vient d'être expliqué ; cette
méthode est continuée dans les chapitres suivants. Au lieu de commencer par la
phonétique (Lautlehre), notre auteur la rejette à la tin et la traite fort sommaire-
ment, parce qu'il a saisi l'occasion d'expliquer les faits qui s*y rapportent à mesure
qu'il les rencontrait dans la morphologie.
On s'accordera à dire que M. von dcr Leyen a atteint le but qu'il poursuivait. Il a
trouvé le secret de présenter l'étude du gotique comme quelque chose d'intéres-
sant et de facile; son livre tout entier est comme un plaidoyer éloquent en faveur du
gotique. Sa sympathie pour cette langue l'a entraîné parfois trop loin et l'a poussé
à soutenir des choses inadmissibles, comme par exemple ses tirades sur la beauté, la
clarté, etc. du gotique. A part ces exagérations peu scientifiques, la critique relèvera
peut-être des inexactitudes de détail, trouvera encore à redire à quelques explications
et définitions. Mais ces légères imperfections ni ces vues quelque peu romantiques
n'empêchent pas cet ouvrage d'être un guide qu'on peut recommander, non seule-
ment aux débutants, mais encore à tous ceux qui désirent rafraîchir leurs connais-
sances et se remettre au courant. Il n'est pas superflu de faire observer que
M. von der Leyen ne se contente pas d'un simple énoncé des faits grammaticaux;
conformément au but de son livre, il en indique constamment les rapports avec ceux
des autres langues germaniques et même avec ceux de tout le groupe indo-
européen. C. Lecoutere.
196. — J. A. Worp, Geschiedenis van het drama en van het tooneel in Nederland,
Tweede deel. Groningen, J. B. Woliers, 1908. In-8, vii-576 pp. 6 fl. 5o.
Le premier volume de ce bel ouvrage a été annoncé au Bulletin (t. IX, p. 36). Le
second volume contient d'abord la suiie de Thistuire de la littérature dramatique et
du théâtre au xvii» siècle (pp. 3i32), puis celle du xyiii» (pp. 1 33-338) et du xix«
(pp. 339-479). Bien que M. Worp suive, dans chacune des divisions de son livre, une
marche identique, cependant, à mesure qu'il s'approche de notre temps, son
« histoire »» devient de plus en plus un simple inventaire. Il n'est pas difficile d'en
donner l'explication. La masse des productions dramatiques devient de plus en plus
considérable, et si l'auteur avait voulu donner aux derniers siècles les mêmes déve-
loppements qu'aux précédents, il aurait dû ajouter encore un volume à son ouvrage.
On peut trouver regrettable qu'il ne lait pas fait. Il en résulte un manque de pro-
portion; le xix« siècle, par exemple, n'obtient qu'environ 140 pages contre au-delà de
35o consacrées au xvii«. Puis quel profit le lecteur peut-il retirer d'une sèche nomen-
clature de titres? Un nombre considérable de pièces, mentionnées par M. Worp
dans ce second volume, sont difficiles à trouver; pourquoi ne les a-t-il pas analy-
sées, comme il l'avait fait pour les productions dramatiques du xvi» et xvii* siècle,
qui très souvent ne sont supérieures à aucun point de vue?
La méthode suivie par l'auteur prête le flanc à une autre critique : le manque de
perspective. Tout se trouve un peu aligné au même plan. Cette remarque peut être
appliquée à tout l'ouvrage, mais particulièrement, ce me semble, au second volume.
Quoi qu'il en soit, n'oublions pas que M. Worp est le premier qui ait entrepris
UDe histoire d'ensemble du théâtre néerlandais, et soyons-lui reconnaissants d'avoir
entamé ce sujet difficile. Son ouvrage est une mine précieuse de renseignements et
indispensable, même à quiconque s'occupe de la littérature néerlandaise en général.
Ce qu'il importe de faire remarquer, c'est que l'auteur n'a pas séparé l'histoire de la
littérature dramatique de l'histoire du théâtre lui-même et de tout ce qui s'y rap-
porte. Relativement à cette dernière, il nous donne des chapitres extrêmement inté-
ressants et tout à fait nouveaux; à moins que je me trompe, c'est celle partie surtout
qui mérite les plus vifs éloges. G. Lecoutere.
276 LE MUSÉE BELGE.
197. — La i""» livraison du volume XVI des Jahresbenchte fùrneuere deutsche
Literaturgeschichte (B. Behr, Berlin. 278 pp. grand in-S®. 9 m.) est uniquement
bibliographique et mentionne la somme totale de 4972 travaux consacrés à l'histoire
de la littérature allemande moderne pendant Tannée 1905. Cest l'année du cente-
naire de Schiller et cette circonstance explique que le grand poète entre a lui seul
pour un cinquième dans la bibliographie totale. Le centenaire a fait éclore 975 tra-
vaux. La bibliographie mentionne l'article du Musée belge : « Le centenaire de
Schiller et Schiller en Belgique ». La Goetheforschung n*a pas trop soufTert de cet
engouement, puisqu'elle atteint la somme respectable de 3a3 travaux ; par contre,
Herder et Lessing restent cette fois beaucoup en dessous de la moyenne, l'un avec
29, l'autre avec 25 études.
La disposition générale des matières, mainte fois signalée ici, n'a pas subi de
changements. D'une grande utilité, non seulement scientifique mats aussi pratique,
pour les professeurs sont les chapitres sur l'histoire de la langue allemande et sur
la littérature scolaire ; ce dernier signale les livres de tout genre à Tusage spécial de
l'enseignement. La seconde livraison du tome XVI contiendra le compte rendu de
tous les travaux cités dans la première ; la troisième donnera le registre.
igg. — Vient de paraître le numéro 5000 de la célèbre ReclanCs Universalbi-
bliothek. La bibliothèque a débuté en 1867 par le Faust de Goethe.
ig9, — La Wissenschaftliche Beilage {ur allgemeinen Zeitung (Munich), l'un des
principaux organes scientifiques de l'Allemagne, a cessé de paraître avec le ioumal
politique, dont il constituait le supplément. Un supplément scientifique et littéraire
du même genre, quotidien, sera publié à partir du i«' juillet par les Mûnchener
neueste Nachrichten, Il continuera les traditions de la publication précitée et est
placé sous la direction de l'ancien directeur de celle-ci. M, O. Bulle.
200. — La production livresque de l'Allemagne se chiffre de 1901 à 1907 de la
façon suivante :
1901 2533 1 (+ 539 comparé à l'année précédente)
1902 26906 (+ ï575)
1903 27606 (+ 700)
1904 28378 (+ 772)
iQo5 28886 (+ 5o8)
1906 28703 (— i83)
1907 30073 (+ ^370)
201. — Une nouvelle édition du célèbre livre de 6. Wastmann : Allerkand
Sprachdummheiten (Leipzig, Grûnow) vient de paraître. Le livre s'élève énergique-
ment et spirituellement contre les travers du style allemand moderne, particulière-
ment celui des journaux et soulève une foule de points de grammaire obscurs et
contestés ; il a fait éclore une vaste littérature sur la langue allemande et beaucoup
contribué à fixer l'usage de Tallemand moderne. Le succès fut immense. La
nouvelle édition comprend le 10 1« au i20« milL.
202. — La dernière statistique pour 1Q07 des représentations théâtrales en
Allemagne nous apprend que Schiller continue à tenir la tête avec le chiffre de
ii3o représentations; viennent en:uite Sudermann 1169, Shakespeare it3o, Ibsen,
932, Goethe 588, Hauptmann 5 12, Lessing 335. C'est une statistique encourageante,
parce qu'elle démontre que le drame classique continue de vivre d'une vie intense.
Le dramaturge français préféré des Allemands est Sardou ; il figure avec 239 repré-
sentations.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 277
io3. — Les éditions classiques de Hempel, qui restèrent pendant un demi -siècle
ts meilleures des poètes classiques allemands, vont paraître à nouveau sous le titre
jdc : Coldene Klassiker Bibliothek, chez R. Bong, à Berlin.
204. — La grande édition critique des œuvres de Lessing publiée par Fr. Mancker
chez réditeur GOschen à Leipzig a re^u un complément précieux par la publi-
cation de la correspondance de Lessing, qui comprend 5 volumes. Surtout le
icrnier volume, qui nous montre les multiples déboires et le triste isolement des
ierniëres années du poète est d*un intérêt poignant. L'édition qui comprend une
bule de documents inédits constitue un modèle d*exactitude philologique,
io3. — La critique allemande accueille très favorablement la nouvelle histoire de
la littérature allemande par A. Biese, dont le premier volume, allant des origines
jusqu*à Herder, a paru chez Beck à Munich (640 pp. 5 m. 5o). C'est un livre très
bien écrit, d'une lecture captivante, mais d'un caractère populaire.
206. — M. P. Satchell, Tolstoï^ sa vie et ses idées, Bruxelles, chez Tauteur. 0,75.
Cette brochure de $9 pages est une œuvrette de simple vulgarisation ; elle ne
peut prétendre au titre d'ouvrage critique ni par conséquent avoir une bien haute
portée. Elle fera vaguement, très vaguement même, connaître le grand penseur
russe, parce que tout, philosophie, morale, sociologie, pédagogie, y est réduit à de
minimes proportions. C'est le système de simplification poussé à Textrême. Or
n'est-il pas dangereux de simplifier à ce point des doctrines aussi complexes, en
réalité, que celles de Tolstoï? Et même la renommée de celui-ci ne court-elle pas
risque d y perdre ?
La théorie essentielle de Tolstoï est le principe de non résistance au mal ; il est la
base de sa morale et pénètre toutes ses œuvres. Et — ironie des choses humaines
— toute sa vie, comme le remarque l'écrivain anglais Stead, se passe en offrant au
mal une résistance acharnée et intraitable, la violence exceptée.
Et quelle pédagogie bizarre, de ne jamais continuer une leçon contre la volonté
de la classe ! Ainsi l'enseigne Tolstoï.
Malgré tout, on doit admirer cet homme qui offre à l'humanité un spectacle peu
banal. Il pouvait briller dans le monde, il avait pour lui la richesse, les titres, le
talent, et il renonça à tout pour vivre humblement avec les moujiks.
Relevons, pour finir, un point de rédaction défectueuse, p. 29-30. Le second
passage de lettre cité qui appartient à P. L. Courier, semble attribué par l'auteur à
l'anglais Sir John BickerstaiT. J. Fleuriaux.
207. — B°" Emile de Borchgrave, Croquis d'Orient, Patras et l'Achaie.
Ouvrage illustré de 24 planches hors texte. Bruxelles, G. Van Oest. 1908. 7 fr. 5o.
L'explorateur et historien des colonies belges qui s'établirent, aux xn« et xui« siècles,
en Allemagne, en Hongrie, en Transylvanie, en Angleterre, etc., a pensé, au cours
de ses pérégrinations en Orient, qu'il pouvait y avoir quelque intérêt à rappeler que
nos compatriotes prirent une part marquante, vers la même époque, à des établis-
ments militaires en Grèce.
Son nouveau livre est particulièrement consacré à une revue des événements qui
curent pour théâtre le vieux Péloponèse, l'Achaie du moyen âge, qui fut presque
constamment comme un trait d'union entre l'Orient et l'Occident. Mais nous y lisons
tout d'abord les exploits, en Asie Mineure, d'un condotière flamand du xî« siècle,
Oursel de Bailleul, dont la famille comptait parmi les féaux de nos comtes de
Flandre. Plus loin, l'auteur place dans un cadre nouveau les empereurs flamands
278 LE MUSÉE BELGE.
de Constaminople. Ailleurs, il fait revivre les figures intéressantes de Florent i
Hainaut, prince d'Achale, et de sa fille Mathilde, duchesse d'Athènes^ prioce»
d'Achaie, reine titulaire de Salonique, dont nos historiens n*ont pas encore racoifô
l'apitoyante destinée. Puis défilent devant nous les Flamands Elngelbert de Utdt-
kerke, grand connétable d'Achaie, Othon et Jehan de Tournay, Mathieu de Mc&s.
guerriers et négociateurs, bers de terre de la principauté.
Enfin, nous introduisant dans la Grèce contemporaine, dont TAchaie actuelle tsi
un des nomes importants, Tauteur rappelle que notre premier roi, Léopold I", f-^
pendant deux mois roi des Hellènes.
Ce qui donne un attrait spécial à la publication, ce sont les planches : 24 vues àt
villes, châteaux, églises, forteresses, passent sous nos yeux, ajoutant à l'intérêt iu
sujet.
208. — A. Luchaire, Innocent III, Les Royautés vassales du Saint Siège Para,
Hachette, 1908. 3 fr. 5o.
Ce cinquième volume clôt la série des études consacrées par Tauteur » l'œurrc
politique d'Innocent III. Il montre par le détail comment, sur les bords du Tagect
de rÈbre, comme sur ceux du Danube et de la Tamise, s'est établi a l'impérialisiiM
pontifical », accomplissement du programme imposé par Grégoire Vil à ses succes-
seuts. Royautés jeunes ou anciennes, toutes (sauf celle de France) ont subi, êvcc
plus ou moins de résistance, la domination temporelle du grand pape et sont entrées
dans son vasselage. 11 y a là une curieuse galerie de figures historiques, dont quel-
ques-unes de premier plan : Sanche l^'de Portugal, Alphonse XII de Léon, Pierre 11
d'Aragon, Emeri de Hongrie, Johannitza de Bulgarie, Richard Cœur-de-Uon, Jcao
sans-Terre, Philippe-Auguste. Menus incidents de la lutte du pouvoir religiein
et du pouvoir civil, conflits plus graves et poussés jusqu'au drame, M. Achille
Luchaire a retracé les uns et les autres avec cette précision savante et cet art Je
retrouver la vie et la couleur du passé qui ont fait le succès des volumes précédents
et donneront encore à celui-ci une notoriété légitime.
209. — Marcel Navarre, Louis XI en pèlerinage, (Nouvelle Bibliothèque Histo-
rique), Paris, Bloud, 1908. 3 fr.
Dans la mémoire de nos collégiens modernes comme dans celle de beaucoup de
gens du monde, le nom de Louis XI n'évoque guère d*autre souvenir que les moo
de Péronne, Charles le Téméraire, Plessiz-lez-Tours... C'est le monarque sournois
et casanier, cruel et cafard. Le vilain monstre, en vérité !
L'auteur du présent volume voudrait entraîner avec lui, à la suite de cet inlas-
sable pèlerin que fut Louis XI, tous ceux qui se sont contentés de ces notions un peu
trop simples. Aucun roi ne fut plus vagabond que ce prétendu ermite. Avec le guide
aimable et informé qu'est M. Marcel Navarre, c'est un plaisir que de le suivre, sur
les longs chemins de France et de Brabant, au mépris du vent, de la poussière et de
la pluie, de sanctuaire en sanctuaire... Et, quand, après avoir joué, auprès de lui.
pendant près d'un demi-siècle, le rôle de spectateur curieux mais non point prévenu,
quand, après avoir visité en sa compagnie les lieux de prières, nous rentrerons ea
Touraine pour l'aider à mourir, alors vraiment nous serons en droit de chercher à
savoir ce que valait cette dévotion dont on a dit tant de mal.
Et c'est ainsi que ce livre d'allure pittoresque et de lecture facile mais d'une érudi-
tion très sûre, contribuera à fixer définitivement un point d'histoire important et
controversé.
210. — A. Parmentier, Les Métiers et leur histoire. Paris, Colin, 1908. i fr. 5o.
Montrer, dans un texte concis mais soigneusement documenté, les premiers grou-
pements des travailleurs de tout métier, et les changements survenus au cours des
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 279
«iècles soit daos leur vie sociale, soit dans leur façon de procéder ; — égayer ce texte
d'une illustration abondante et variée, où s*opposent, d'après de curieuses et vieilles
estampes, les artisans du moyen âge dans leurs misérables échoppes, et, d'après des
dessins tout modernes, les descendants de ces mêmes artisans opérant dans les
luxueuses installations du xx* siècle, où défilent, dans leurs costumes d'autrefois et
d'aujourd'hui, les types les plus divers : voilà ce que se sont proposé, voilà ce qu'ont
fait l'auteur des Métiers et leur histoire et les éditeurs de la « Petite Bibliothèque »,
<lans un ouvrage instructif, pittoresque et amusant.
211. — Pierre Clerget, La Suisse au XX* siècle. Etude économique et sociale.
Paris, Colin, 1908. 3 fr. 5o.
L'auteur, qui a appartenu pendant huit années au corps enseignant suisse, ne s'est
pas borné à une élude purement statistique ; son livre abonde en observations per-
sonnelles qui témoignent d'une connaissance approfondie du milieu.
Après une introduction consacrée à la psychologie politique du peuple suisse,
M. Pierre Qerget étudie, dans chacune des trois régions naturelles, les conditions
géographiques qui régissent la répartition de la population ; il expose ensuite la situa-
tion financière et passe en revue les institutions de crédit et d'assurances; puis il
dresse un tableau du développement agricole et industriel, complété par une analyse
des conditions du travail. L'étude des voies de communication Tamène à parler des
voies d'accès en Italie et des projets suisses de navigation fluviale. L'auteur termine
enfin par l'étude du commerce extérieur et particulièrement des relations franco-
suisses.
212. — André Michel, Histoire de VArt depuis les premiers temps chrétiens
jusqu'à nos jours, T. III. Le Réalisme, Les Débuts de la Renaissance (Première
partie). Un volume in-8«> grand jésus de 480 pages, 2Sy gravures et S héliogra-
vures hors texte, Armand Colin, rue de Mézières, 5, Paris. Broché, i5 fr. Relié
demi-chagrin, tète dorée, 22 fr.
Le tome III de l'Histoire de l'Art, dont le présent volume nous apporte la
Première Partie, a pour titre et pour objet Le Réalisme; Les Débuts de la Renais-
sance, Il s'ouvre par une étude du style flamboyant, dans laquelle M. C. Enlart
nous expose l'évolution finale de l'architecture gothique. M. le comte Paul Ourneu
étudie ensuite la peinture et la miniature en France, de Jean le Bon à la fin du
règne de Charles VI. M. L. de Fourcaud nous retrace l'histoire de la peinture dans
les Pays- bas au temps des Van Eyck, de leurs contemporains cl de leurs succes-
seurs immédiats; MM. M. Hamel et A. Michel, celle de la peinture allemande-
M. C. de Mandach, celle de la peinture et du vitrail en Suisse; M. Henri Marcel,
celle de la peinture en Angleterre du xu® au xv« siècles. C'est le regretté Henri
Bouchot qui a traité, dans ce volume, des origines et des premiers monuments de
la gravure et de l'estampe. M. J. Guiffrey y a étudié la tapisserie aux xiv« et
xv« siècles. MM. A. Michel tt C. Enlart nous y présentent l'évolution de la sculp-
ture en France et dans les Pays du Nord à la même époque. Enfin M. Maurice
Prou y consacre un chapitre à l'trt monétaire pendant la période gothique.
On peut juger, par ce simple résumé, de l'intérêt et de la variété qu'offre ce
cinquième volume de VHistoire de l'Art, Nous ajouterons seulement que ses
257 gravures et ses 5 planches hors texte contribuent à en faire un livre admirable,
digne en tous points du grand ouvrage qu'il continue avec éclat.
21 3. — J. Gelli, 3Sco ex-libns italiani, illustrati con ySS figure e da oltre
2000 motti, sentenre e divise che si leggono sugli stemmi e suf;li ex-iibris. Con
840 incisioni. Milan, Hoepli, 1908. 536 pp. 9 fr. ^Manuali Hoepli).
i-'ussge des ex-libris est fort répandu en Italie, M. Gelli tn a recueilli 33oo, quil
28o LE MUSÉE BELGE.
a classés alphabétiquement, décrits et datés. Un grand nombre, 755, sont reproduits
sur des planches hors texte d'une grande netteté : ce sont en grande partie, de véri-
tables œuvres d'art. Suivent des ex-libris de libraires et de relieurs (p. 436-445), de
distributions de prix (cinq), puis la définition des termes de blason (p. 447-462) avec
86 figures, enfin une liste de plus de 2000 devises et maximes, en latin, en italien
et en français, empruntés aux généalogies et aux ex-libris. Ouvrage qui intéressera
les amateurs de livres et les artistes.
214. — la. Hoallevifln^e, L'évolution des Sciences. Paris, Colin, 1908. 3 fr. 3o.
Dans un premier livre, nDu Laboratoire à l' Usine n, M. Houllevigue avait
montré comment la science moderne engendre de multiples applications, modifie les
conditions de notre existence et marque son empremte sur notre civilisation. Son
nouvel ouvrage, « L'Évolution des Sciences », nous initie à la transformation pro-
gressive des idées scientifiques ; il nous montre les sciences évoluant chacune pour
son compte, jusqu'au moment où, par leur développement même, elles ae rencon-
trent et se pénètrent. Alors se produit entre elles une coordination nécessaire ; grou-
pées autour de la Physique, qui leur fournit à la fois les méthodes expérimentales
et les principes théoriques, elles s'amalgament et, par là, créent sous nos yeux Tunité
de la Science et l'esprit scientifique.
Pour nous faire comprendre cette transformation, l'auteur a examiné un certain
nombre de problèmes concrets, à l'occasion desquels il nous initie à la vie intérieure
des sciences, dans ce qu'elle a de général et de philosophique. Son livre s'adresse
donc spécialement à ceux qui, sans faire des études scientifiques approfondies,
cherchent cependant à comprendre comment les sciences ont renouvelé notre fonds
d'idées générales, à ceux qui, sans vivre dans les laboratoires, veulent au moins en
respirer, en passant, l'atmosphère.
CHRONIQUE.
21 5. — Ministère des arts et des sciences, Administration de renseigne-
ment supérieur^ des sciences et des lettres. — Bourses de voyage. — Concours
de igo8.
 la date du i**" juin courant, les mémoires dont la nomenclature suit avaient été
remis au département des sciences et des arts, en vue du prochain concours pour
la collation des bourses de voyage, savoir :
i« Un mémoire dt philologie grecque, — Ce mémoire est signé. — Sujet : £&sai
sur les persécutions pythagoriciennes ;
20 Un mémoire (ïépigraphie latine, — Ce mémoire est signé. — Sujet : Étude
historique sur la Legio VI victrix ;
3<> Un mémoire (en italien) de philologie romane portant l'épigraphe : La
critique est facile, — Sujet : Délia Ragione e del Pensiero délia Salira del Giusti;
4° Un mémoire (en flamand) de philologie germanique, — Ce mémoire est signé.
— Sujet ; Théodore Storm, sa vie et son œuvre;
5<* Un mémoire (en flamand) de philologie germanique, — Ce mémoire est signé.
— Sujet : De l'influence d'Érasme sur la littérature dramatique anglaise des xvi« et
xviie siècles ;
6<» Un mémoire d'histoire. — Ce mémoire est signé. — Sujet : Les métiers de
Namur sous l'ancien régime ;
7" Un mémoire d'histoire, — Ce mémoire esi signé. — Sujet : tssai sur les rap-
ports J, l'intervention de l'Espagne ei de la papauté en France, avec les désordres
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 28 1
militaires et les conditions politiques et économiques des Pays-Bas catholiques, de
•3590 à i5v^5, principalement d*après la correspondance des agents pontificaux en
France ;
8» Un mémoire d'histoire, — Ce mémoire est signé. — Sujet : Le régime corpo-
ratif dans les Pays-Bas au xvm* siècle ;
90 Un mémoire de droit criminel portant l'épigraphe : Labor omnia vincit
Jmprobus. — Sujet : De Tautorité de la chose jugée en matière répressive ;
iqo Deux mémoires dont Tun de droit civil comparé^ Tautre d'écowomie sociale et
de comparé. Ces mémoires sont signés. — Sujets : a) Contribution à l'étude de la
déclaration de volonté dans le Code civil allemand ; b) La population en Allemagne
et l'étude de quelques problèmes de législation et de leurs relations avec le mouve-
jnent de la population ;
I lo Un mémoire d'économie politique portant l'épigraphe : Le mieux qu'un gou-
vernement puisse faire avec le marché de l'argent^ c'est de le laisser à lui-même.
^Bagehot). — Sujet ; Le crédit industriel en Allemagne ;
120 Un mémoire de droit public et d'économie politique portant l'épigraphe : Vers
^avenir. — Sujet : Les syndicats de fonctionnaires en France.
316. — Gaston Boissier. Gaston Boissier est mort le mercredi 10 juin à Viroflay
(Seine-et-Oise). La mort du secrétaire perpétuel de l'Académie française, causera des
regrets parmi toutes les catégories de lettrés. Sa réputation de savant aimable et de
professeur capable d'intéresser aux choses les moins actuelles, et de donner le goût des
^études classiques, trop délaissées aujourd'hui, était universelle. Qui n'est allé en-
tendre, au moins une fois, l'historien de Cicéron, l'illustre commentateur de Virgile,
et des principaux classiques latins, parler, dans la chaire du Collège de France qu'il
-occupa de si longues années, des chefs-d'œuvre de l'antiquité païenne ?
Combien d'auditeurs, un peu prévenus d'abord contre la spécialité du sujet choisi,
-y sont retournés ensuite avec plaisir, séduits par la science profonde du maître et
l'art plein de charme de l'orateur ?
Gaston Boissier naquit à Nîmes le i5 août i833. Il y commença ses études et les
acheva à Paris. Entré à l'école normale en 1849, il en sortit agrégé des lettres en i856.
Il enseigna d'abord la rhétorique à Angouléme, puis dans sa ville natale. Docteur
^-lettres en i856, il fut appelé au lycée Charlemagne, à Paris. Cinq ans après, il
entrait au Collège de France pour suppléer Havet, et remplaçait, en i865, Sainte-
Beuve à l'École normale pour le cours de poésie latine.
Élu à l'académie française le 8 juin 1876, en remplacement de Patin, il fut nommé
secrétaire perpétuel de cette compagnie après la mort de Camille Doucet en 1895. Il
faisait aussi partie de l'Académie des inscriptions et belles-lettres depuis 1886^
Gaston Boissier, resté veuf après un premier mariage qui fut de courte durée,
épousa, en secondes noces, Mademoiselle Bumouf, fille du célèbre orientaliste,
membre de l'Institut. De cette union, sont issues trois filles. Profondément affecté
par la mort de l'une d'elles et par la perte récente qu'il avait éprouvée en la personne
de Madame Boissier, le regretté académicien vivait très rapproché de ses deux autres
filles et de ses deux gendres : le lieutenant-colonel Lavisse, commandant l'École
militaire de Saint- Maixent, et M. Courbaud, maître de conférences de littérature
latine à la Sorbonne. Il était le beau-frère de M. Femet, qui est mort, en igoS,
inspecteur général honoraire de l'instruction publique, et de M. Léopold Delisle,
membre de l'Institut, administrateur général honoraire de la Bibliothèque nationale.
Gaston Boissier, dans tout le cours de sa carrière longue et honorée, demeura
exclusivement universitaire et homme de lettres. Agrégé de lettres, professeur de
rhétorique au lycée de Nîmes, il composa, près de l'amphithéâtre et de la Maison
I
282 LE MUSÉE BELGE.
Carrée, sa thèse latine Quomodo Graecos poetas Plautus transtuîerit (iSSj). Sa
thèse française était intitulée : Le poète Aitius^ étude sur la tragédie latine pendant
la République, En 1861, il publia une Étude sur Marcus Terentius Varron. Mais
c'est en i865 que son beau livre, Cicéron et ses amis y le mit décidément hors de
pair.
Il publia ensuite La Religion romaine d'Auguste aux Antonins {2 vol ^ 1874),
VOpposition sous les Césars (1875). Curieux de rajeunir l'étude de l'antiquité par la
vue des monuments qui en conservent l'image vivante, il publia en 1880 ses Prome-
nades archéologiques : Rome et Pompéi ; en 1886, année de son élection à l'Aca-
démie des inscriptions et belles-lettres, set Nouvelles promenades archéolog-iquei :
Horace et Virgile; en 1893, l'Afrique romaine; en 1894, la Fin du Pag-anisme
(2 vol.). Entretemps, il donna à la collection des grands écrivains français Madame
de Sévigné {xSSy) et Saint-Simon (1892). Ses derniers livres sont Tacite (tgo3) et la
Conjuration de Catilina (igoS).
C'est ainsi qu'il a rejeuni l'étude de l'antiquité latine, et qu'il a écrit sur la société
romaine, depuis Cicéron jusqu'à Constantin, des livres que l'aisance du style et la
finesse du récit ont rendus classiques dans toute l'Europe. Ayant visité l'Italie, la
Sicile et l'Afrique du Nord, il ne les a pas séparées des livres anciens : il y a vu
au contraire le décor qui avait survécu aux spectacles dont la littérature nous rap-
portait le souvenir. Les progrès de l'archéologie, les découvertes épigraphiques lui
ont servi à restituer dans sa vérité le cadre de la vie antique.
Ainsi les choses du passé ont cessé d'être lointaines et figées : il avait vu le champ
de Virgile et l'emplacement de la villa d'Horace, il avait refait la route bordée d'oli-
viers qui mène à Tivoli, il avait visité Baies, en évoquant la vie futile et légère de
cette villégiature chantée par les poètes ; au besoin même, il aurait émis des doutes
sur les exagérations des lyriques. Quand il lisait dans Horace les vers sur le Soracte
farouche et couvert de neige, Gaston Boissier souriait ; il assurait que le Soracte
n'était pas si haut et que la neige y était rare. A travers les livres, c'est les idées, les
mœurs, les sentiments qu'il retrouvait.
Avant d'écrire ces grands chapitres d'histoire, Boissier les avait exposés devant
un public d'élite, à l'école normale supérieure et au Collège de France, où il profes-
sait. '6a. parole était, comme sa prose, d'une limpidité parfaite, colorée et vivante,
quoique sans aucune prétention, et sans aucune emphase.
Ce qu'il disait et ce qu'il écrivait coulait de source, du fond même de sa nature.
Si on voulait le caractériser par le trait le plus significatif de sa physionomie, on
pourrait dire qu'il a été surtout un être plein de vie, avec la chaleur du tempérament
méridional aiguisé et affiné par le bon sens spirituel de race. Chez lui, rien de troid,
d'apprêté ni de guindé. Il animait, il vivifiait tous les sujets auxquels il touchait.
Dans ses deux chaires, dans sa conversation, dans la Commission du dictionnaire,
dans son fauteuil de secrétaire perpétuel à l'Académie française, il apparaissait tou-
jours en éveil et toujours prêt. Avec lui disparaît une belle intelligence qui a été servie
jusqu'au bout par d'excellents organes, par l'agrément de la parole et du geste, par
l'ensemble harmonieux de toute la personne.
217. — Les fouilles de Sparte. — Sur l'emplacement de Sparte, le voyageur n'a-
perçoit que des ruines insignifiantes. Mais, depuis deux ans, VÉcole britannique
d'Athènes s'efforce de retrouver dans le sol les restes de l'antique cité. En 1906, elle
découvrit un autel et les débris d'un temple où les archéologues reconnurent le style
du vie siècle avant l'ère chrétienne. Ce ne pouvait être le sanctuaire primitif d'Arté-
mis Orthia, puisque Cicéron, Plutarque et Pausanias font remonter le culte de cette
divinité aux premiers âges de Sparte. On continua les fouilles. Le temple reposait
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
283
»ur un soi artificiel, apais de trois à quatre pieJs, fait de sable et de gravier rappor-
X^s de rEurotJS pour le mettre à Tabri des inondations.
Sous celte couche adventice, apparurent en 1907, au milieu de. débris d'offrandes
c« d'ejr-voro, un second autel et un pavement, qui montraient l'un et l'autre les
caractères du viii« siècle. Quelques-unes des offrandes, de style plus ancien, sem-
l>laient appartenir à la première période doriennc. Il y avait des poteries, des
fcronzes ornés de figures géométriques, des fibules et des ivoires taillés. Les ivoires
ont fourni aux archéologues l'occasion de rapprochements ingénieux.
Mais les fibules surtout les ont intéressés parce qu'elles sont d'un type qu'on ne
rencontre qu'en Autriche, dans la région des Alpes, et qui remonte à l'âge du fer.
dette similitude confirme la théorie qui veut que les Doriens soient descendus en
Grèce du nord de la péninsule balkanique, lors de l'invasion qui s'appelle en mytho-
logie a retour des Héraclides ». Elle appuie également l'antique tradition d'après
laquelle le cuhe d'Artémis Orthia et ses rites sauvages auraient été imponés du
dehors dans le Péloponèse.
En poursuivant les fouilles, on vient de découvrir, sous une couche de charbon
de bois et d'ossements brûlés, les restes d'uw troisième sanctuaire qui, étant donné
son caractère archaique et le niveau de l'Euroias, parait bien être, cette fois, le
sanctuaire primitif, bâti sur le sol vierge. Ce serait, selon les archéologues, le
temple le plus ancien de la Grèce, et les offrandes votives qui entourent ses débris
donneraient les plus précieux renseignements sur les migrations préhistoriques des
peuples à travers l'Europe.
a 18. — Congrès historique international de la guerre de rindépendance espagnole
et son époque (1807- 181 5).
L'Espagne prépare la commémoration d'unt glorieuse période de son Histoire,
celle de la guerre de l'Indépendance dans laquelle le peuple et l'armée espagnols,
aidés par l'Angleterre et le Portugal, après d'énormes efforts, réussirent à repousser
l'invasion, et conservèrent ainsi l'indépendance et l'intégrité nationales.
L'action naturelle du temps a effacé le souvenir des luttes cruelles ; ces événements
sont tombés dans le domaine de l'Histoire ; aujourd'hui l'Espagne est en sincère et
cordiale amitié avec tous les peuples et elle estime que le souvenir des luttes passées
ne peut que resserrer les liens des amitiés internationales.
Le Parlement espagnol a décidé - et sa décision a été sanctionnée par le Roi —
que parmi les solennités qui auront lieu à Saragosse pendant la célébration du pre-
mier Centenaire de ses fameux sièges (1808-1809), figure un Congrès Historique,
auquel le Comité exécutif décida de donner un caractère international en dédiant ce
Congrès non seulement à la guerre de l'Indépendance et aux sièges de Saragosse,
mais aussi aux relations de l'histoire européenne avec celles de l'Espagne et du Por-
tvigal jusqu'au Congrès de Vienne en 181 5.
Les personnes et Sociétés de toutes les nations du monde peuvent prendre part au
Congrès, qui comprendra les Sections suivantes :
I. Histoire politique de la Péninsule Ibérique (iSoy-iSiS). — II. Histoire mili-
taire.— III. Histoire interne. — IV. Relations avec l'Histoire des nations étran-
gères. — V. Études à propos des sièges de Saragosse. — VI. Bibliographie.
Mémoires. Biographie. Correspondance. Matériaux inédits.
Le Comité d'organisation invite à prendre part au Congrès et à coopérer en envoy-
ant des travaux scientifiques ou en assistant aux délibérations. Le Congrès siégera
du 14 au 20 octobre 1908.
Toutes les personnes ainsi que les Sociétés peuvent être membres en envoyant
leur adresse et le montant de i5 pesetas à M. Miguel A. Salvador, Secrétaire du
284 LE MUSÉE BELGE.
Comité d'organisation (Plaza de Aragon, 7, Saragosse) : les personnes appartenant à
la famille d'un des membres peuvent aussi faire partie du GMigrès en envoyant le
montant de S pesetas ; elles auront aussi le droit d^assister aux séances du Congrès
et jouiront des bénéfices accordés aux membres, mais n'auront pas droit à recevoê-
les publications du Congrès.
Les membres auront le droit de recevoir leur titre, des instructions pour le voyage
et leur séjour à Saragosse, excursions etc. et le compte rendu du Congrès dans leqod
seront publiés les actes des séances et les communications envoyées au Congr<».
Dans la période d'organisation, le Comité publiera un Bulletin qui sera cstroji
gratis aux membres pour leur donner des notices se référant au Congrès.
Le Comité d'organisation procurera activement des bénéfices aux membres pour
leur voyage et séjour en Espagne pendant la célébration du Congrès.
219. — Le neuTième centenaire de la mort de Notger, prince-éiréqve
de liièg^e. L'appel que l'historien de Notger, M. Godefroid Kurth, a adressé de
Rome aux Liégeois et que nous avons publié ci-dessus (p. 5-6) d*après le |oumal La.
Dépêche^ a été entendu. La ville dont Notger fut le vrai fondateur, n'a rien fait, il est
vrai, pour fêter le neuvième centenaire de sa mort. Ce sont les deux sociétés archéolo-
giques liégeoises, avec le concours de l'Église de Liège, qui ont pris l'initiative : k
12 juillet, V Institut archéologique liégeois et la Société ttart et d'histoire du diocèse
de Uége ont célébré avec éclat cet anniversaire.
 10 heures, une grand 'messe pontificale, suivie d'un Te Deum^ a été cbaotée à
la cathédrale. On s'est rendu ensuite à la salle académique de l'Université, qui STait
de la peine h contenir la foule des assistants. Ici, comme au Te Deum^ les autorités
religieuses, civiles et militaires étaient représentées.
M. Le Paige, président de l'Institut archéologique et du comité organisateur, a
souhaité la bienvenue aux auditeurs, puis a donné la parole à M. Godefroid Kurth;
l'arrivée à la tribune de l'éminent directeur de l'Institut historique belge à Rome est
saluée par une intermmable ovation.
La conférence de M. Kurth a été écoutée avec une religieuse attention. Parlant
d'abondance, parfaitement maître de son sujet, le conférencier a tenu son vaste audi-
toire sous la charme de sa parole colorée et d'une correction impeccable, pendant
plus d*une heure. Il est vrai que ce n'est pas l'orateur enthousiaste, aux superbes
envolées, que l'on a entendu ; c'est le professeur exact, sûr, précis, l'historien airide
de vérité, maître en l'art de la dégager, et de la faire reconnaître et accepter. L'inté-
rêt allait croissante mesure qu'il développait les faits principaux de la carrière de
Notger et lorsqu'il descendit de la tribune les applaudissements retentirent pendant
plusieurs minutes.
Il était 12 h. 1/2 lorsque prit fin cette conférence, véritable régal littéraire et his-
torique, dont le souvenir demeurera dans la mémoire de tous ceux qui eurent
rheureuse fortune d'y participer. En voici un fidèle résumé, que nous empruntons
au journal Le XX* Siècle :
ce La célébration des grands anniversaires publics, a dit M. Godefroid Kurth, est
devenue pour la civilisation moderne une habitude à laquelle elle ne renoncera plus.
Ces haltes périodiques sur le chemin des destinées, pour mesurer Tespace parcouru
et pour revivre la vie des âges écoulés, sont le trait caractéristique des collectivités
qui ont conscience d'elles-mêmes. Elles alimentent le patriotisme, elles entretiennent
la fierté nationale, elles intensifient la vie intellectuelle de la foule, elles constituent
au plus haut degré une œuvre d'éducation populaire. Par elles nous nous maintenons
en possession de notre passé et nous affirmons l'identité de notre personnalité natio-
nale à travers les siècles. C'est la raison de la fête qui nous réunit aujourd'hui.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 285
Pourquoi, me demandera peut-être quelqu'un, a-t-on choisi pour célébrer Notger
l'anniversaire de sa mort ?
Je répondrai que nous nous sommes conformes à une habitude que la société
laïque a décidément empruntée à l'Église. Celle-ci célèbre touiours ses saints au
, jour anniversaire de leur mort ; bien plus, de ce jour elle fait celui de leur naissance,
parce que c'est celui où ils naissent à la vie éternelle. Dans Tordrtf temporel, ne
pourrions-nous pas dire que le jour de la mort des grands hommes, c*est celui du
couronnement de leur carrière et celui de leur entrée dans la gloire ? Le neuvième
centenaire de la mort de Notger peut donc être célébré à double titre en cette année ;
il est presque un saint, et il est de toute manière un grand homme.
Je ne vous raconterai pas sa carrière.
Ce serait long, et je ne ferais que résumer le livre que j'ai écrit il y a quelques
années. Mais j'entreprendrai de vous donner une idée de sa prodigieuse activité et
je vous en ferai connaître les principaux aspects.
On peut envisager sous trois points de vue la figure de Notger, selon qu'on voit
>en lui le grand vassal, le chef d*État ou le fondateur de villes.
Je me bornerai à indiquer rapidement les deux premiers aspects et, comme de
juste, j'insisterai sur le troisième.
Comme grand vassal, Notger a été le génial collaborateur des princes de la maison
de Saxe. Il a fait quatre fois pour eux le voyage d'Italie, et il a mis la main à toutes
les grandes choses de leur règne. Il y a môme un moment où Ton peut dire qu*il a
été le sauveur de leur dynastie : c'est lorsque Otton II vient de mourir, laissant un
héritier en bas-âge dont la couronne est convoitée par de dangereuses ambitions.
Sans Notger et sans le célèbre Gerbert, le futur pape Silvestre II, Otton III était
v^perdu. C'est la fidélité de ces deux hommes qui a raffermi le trône ébranlé et défendu
l'intégrité du royaume. Il y a là des souvenirs bien lointains et qui peuvent laisser
indifférent notre peuple détaché depuis longtemps du royaume d'Allemagne. Mais
• si vous ouvrez la correspondance de Gerbert et si vous lisez entre les lignes ces
• lettres nerveuses et concises où il y a tant de sous-entendus et d'allusions, vous ne
pourrez vous défendre, à la longue, de l'émotion qu'inspire tout combat pour la
^justice, et vous prêterez l'oreille, avec un intérêt passionné, au dialogue que pour-
suivirent à distance ces deux grands hommes qui sauvèrent le trône d'un enfant et la
prospérité d'une nation.
Ce qui intéresse davantage les Belges, c'est la création de la principauté de Liège.
Les principautés ecclésiastiques sont l'œuvre de la dynastie de Saxe, qui voyait
- dans les évêques des vassaux plus fidèles et des serviteurs plus utiles que les féo-
daux laïques. I^i principauté de Liège est un des fruits de la politique impériale, et
elle a eu pour premier prince Notger. Il a acquis les domaines qui en ont été le
' noyau ; il l'a fortifiée à Thuin, à Fosses, à Malines ; il Ta protégée en abattant les
bastilles féodales, comme celle de Chèvremont ; il a pourvu à sa défense en créant
un budget dont le tiers passe en fiefs aux gens de guerre qui doivent la défendre.
-Cette principauté qui traversera huit siècles présente un ensemble de caractères bien
intéressants parce qu'ils sont les mêmes que ceux de la patrie belge d'aujourd'hui.
Comme la Belgique, elle manque de frontières naturelles. Comme la Belgique, elle
se passe de l'unité de langue et repose sur la fraternelle union des Wallons et des
"f^lamands. Comme la Belgique, elle cherche son salut dans la paix, et elle reven-
dique son droit à la neutralité entre les puissances rivales de France, d'Espagne et
d'Allemagne. Comme la Belgique encore, elle jouit d'un régime de liberté extraor-
dinaire, au pomt de justifier le mot que la veille de 1789 Mirabeau disait aux révo-
J
i
286 LE MUSÉE BELGE.
lutionnaires liégeois : a Nous faisons une révolution pour conquérir les libertés dont
vous jouissez ». Telle est la principauté de Liège, État modèle, digne de l'admira-
tion de rhistoire. Sans doute, je n'attribuerai pas au seul Notger ni à ses successeurs
rhonneur exclusif de cette création politique ; cet honneur revient à la collaboration
permanente des princes et du peuple, et parfois le progrès se présente comme une
transaction entre leurs aspirations opposées. Mais enfin, c'est Notger qui a créé cet
État, et c'e5t lui qui a inauguré ce gouvernement paternel dont on a pu dire qu* « il
faisait bon vivre sous la crosse ».
J'arrive à la troisième partie de mon sujet . « Notger second fondateur de la ville
de Liège. » Remarquez d'abord que Liège est de toutes les villes de Belgique la
seule qui puisse célébrer les anniversaires de sa fondation et qui garde le souvenir
de scs lointaines origines. Liège était un village comme tant d'autres lorsqu'un jour,
sortant de l'enceinte fortifié de Maestricht, un cortège solennel, guidé par Tévôque
saint Hubert, remonta la vallée de la Meuse au chant des cantiques et, aux acclama-
tions des habitants, y rapportera les reliques de saint Lambert. Hubert s'établit
auprès de ces reliques et fit de Liège une cité, c'est- à-iire une résidence èpiscopale.
Cette cité, toutefois n'était qu'une bourgade ; il était réservé à Notger d'en faire
une ville. Il la fortifia, il y bâtit ou y acheva tout un ensemble d'églises magnifiques.
Il y ajouta un hospice pour les pauvres et pour les malades, des demeures pour le
chapitre, un palais pour le prince. Il fit de la ville un chef-lieu de circonscription
indépendant en lui donnant un tribunal de 14 échevins, seule juridiction de Uquelle
relèveront les Liégeois. Il y encouragea et développa les arts et si les fruits de cène
activité ont péri, un évangèliaire toutefois nous reste comme pour attester l'alliance
féconde du génie artistique et de l'esi^rit religieux. Il donna un essor prodigieux à
l'instruction publique et éleva les écoles de Liège au premier rang des écoles euro-
péennes. Liège est un foyer lumineux où l'on accourt de toutes parts chercher la
science et d'où l'on la porte partout, à Paris, à Utrccht, à Worms, à Wurzbourg. à
Prague, à Brescia. Il n'y a pas de ville en Belgique et en Hollande qui puisse rivali-
ser avec Liège au xi« siècle : elle est la plus grande et la plus belle ville des Pays-
Bas, elle devance toutes les autres dans les arts de la paix et dans les bienfaits de la
civilisation.1-
Telle est l'œuvre de Notger. Le vers fameux adressé à la ville de Liège :
Tu dois Notger au Christ et le reste à Notger
n'est donc que l'expression de la reconnaissance enthousiaste qu'il méritait. Il ne l'a
pas rencontrée.
Nul grand homme n'a plus à se plaindre de l'ingratitude de la postérité. Environ
deux cents ans après sa mort, une légende populaire, née sans doute sur les bords
de la Vesdrc, trouve accueil dans les chroniques et prétend nous raconter la manière
dont il parvint à délivrer Chèvremoni. Comme toutes les légendes populaires, celle-
ci était vague, flottante, invraisemblable, en contradiction avec les démographes
contemporains et avec le caractère du personnage historique, mais elle était drama-
tique et colorée, et cela sufiit pour la faire circuler. On l'mtroduit par fraude dans
les récits de nos vieux chroniqueurs Anselme et Rupert et de là elle passa partout.
La chose serait en elle-même un fort petit accident historiographique, si elle n'avait
défiguré d'une manière cruelle la vieille physionomie de l'excellent pontife en faisant
de lui un fourbe sanguinaire et sacrilège. Tous ses services ont été oubliés ; le crime
qu'on lui imputait était si noir qu'il épouvantait jusqu'aux panégyristes. Et que dire
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
287
des autres ! Il faut lire les frères Henaux : Ferdinand, le pseudo-historien, et
Etienne, le poète. Selon le premier, « depuis la renaissance de la critique, on n'a
plus osé faire Tapologie de ce prélat coupable de si odieuses violences, et qui a
aissé de si pénibles souvenirs ». Quant au poète, ses strophes ne respirent pas une
moindre indignation.
Tout ce pathos fait une impression bien comique aujourd'hui que la critique a
balayé la légende et que Ton a pu établir ce que j'appellerais volontiers la genèse de
la fraude. Et cela nous amène à notre conclusion.
Il ne faut jamais désespérer de Thistoire. Elle pourra se tromper pendant des
siècles, au point de sembler, selon une expression célèbre, « une conspiration per-
manente contre la vérité ». N'impone : il viendra un jour où elle biffera elle-même
ce qu'elle a écrit, et où elle rendra justice à ceux qui ont été ses victimes.
Ce jour est venu pour Notger. La tache unique mais affreuse, qui déshonorait sa ,
mémoire, a disparu. L'histoire, par ma bouche, fait amende honorable à ce grand
homme si longtemps calomnié. La ville de Liège, représentée ici par son élite intel-
lectuelle, proclame tout haut qu'il a bien mérité d'elle. Elle peut être fière de son
second fondateur : w son nom est une des plus pures gloires de son pays d'adoption,
u et un des plus grands de l'histoire de Belgique » (1).
220. — L'enseignement public en Allemagne. En igoS l'Allemagne comptait :
Gymnasien 525, ayant ensemble i58,3ii élèves.
Realgymnasien i36 — 34,693 —
Oberrealschulen 74 — 34,693 —
Progymnasien 104 — 9.855 —
Realprogymnasien 5i — ^,739 —
Realschulen 32 1 — 80,985 —
1201 330,341
La dépense totale, en l'année scolaire 1905, s'éleva à 96 millions de marks.
Il y avait 28,281 professeurs ; le nombre des élèves par professeur était de 16, la-
dépense par élève de 290 m.
Le nombre des Technische Hochschulen était de 16, les plus importantes sont
Berlin avec 2395 étudiants, Munich avec 2188, Darmstadt avec 1589, et KaHsruhe
avec 1483 ; les autres en comptent moins de mille.
Le nombre des universités est de 21. Celle de Berlin avait, en 1905, 81 88 élèves ;
viennent ensuite Munich avec 5567, Leipzig 4466.Bonn 2992, Halle 225o,Bres1au 1845,
Goettingue i83i, Fribourg 1744, Strasbourg i653, Heidelberg 1603, Mûnsier i5^3,
Tûbingen i522, Marbourg i5o3, Wûrzburg 1407, lena 1275, Kônigsberg 1140,
Kiel 1140, Giessen 1097, Erlangen io56 Greifswald 827, Rostock 645.
Le nombre des écoles primaires était en 1905 de 59,348 ; celui des élèves de
8,924,779. Il y avait 124.027 instituteurs et 22.5i3 institutrices, donnant en moyenne
l'enseignement chacun à 61 élèves. Les dépenses pour l'enseignement prïmaire
étaient de 420 millions de marcs, soit 47 marcs par élève.
221. — Le Recueil de travaux publiés par les membres des Conférences d'histoire
et de philologie de l'Université de Louvain, en est arrivé à son vingtième fascicule.
Voici les titres des deux derniers :
i9« fascicule : C. P. X. Smits, De kathedraal van '5 Hertogenbosch, 10 fr.
(1) G. KuRTH, Notger de Liège, t. I, p. 357.
2S8 LB MUSÉB BELGE.
2o« fascicule : J. B. Groetstonv^ers, S. J., Les métiers de Namur sous randea
régime, 344 pp. 4 fr. 5o,
Le 2i« fascicule est sous presse : M. Vaes, La papauté et t église franqm à
Vépoque mérovingienne.
S'adresser aux Bureaux du Recueil, 36, rue de Bériot, à Louvain.
222. « Les Mélanines Godefiroid Knrtli (2 vol., gr. in-S» )èsus, d'eoTîroo
5oo pages chacun) publiés par la Faculté de philosophie et lettres de rUnhrersiié
de Liège en l'honneur de réminent directeur de Tlnstitut historique belge à Rome,
vont sortir de presse.
On peut encore souscrire au prix de 10 fr. le volume, chez M. Jules Qotoii,
chargé de cours à l'Université, Avenue Blonden, 6, à Liège, ou chez VaiDaiit-
Carmanne, imprimeur, 6, Rue Saint-Adalbert, à Liège. Le premier volume cootieiit
des travaux historiques ; le second comprend les travaux d'histoire littérmire, de
philologie et d'archéologie. Aussitôt après la publication, le prix sera p(»té à 1 2 £r. 5o*
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 289
PARTIB PÉDAGOGIQUE.
LES COURS DE VÂGANG8S Â LUNIVBRSITÉ DE LOUVAIN
par A. JANSEN, professeur au Collège Saint- Pierre, à Louvain
Son Éminence le Cardinal- Archevêque avait institué Tan dernier des
cours de vacances pour les professeurs de l'enseignement moyen de
son diocèse. Ces cours comprenaient l'enseignement de la péda-
gogie, du grec, du latin et de Thistoire. Ils furent couronnés d'un^
plein succès. Cette année, aux vacances de Pâques dernières, ils ont
été repris, et le Vénéré Cardinal -Archevêque, qui a voué à l'enseigne-
ment une sollicitude aussi éclairée que profonde, a voulu leur donner
une extension plus grande et une importance plus marquée. Non
seulement les branches précitées en firent le sujet, mais presque toutes
les matières portées au programme de nos humanités furent traitées
dans ces intéressantes leçons. Des professeurs duniversité dont la
compétence n'échappe à personne et dont le dévouement est au-dessus
de tout éloge, se sont généreusement chargés de ces cours. En voici un
aperçu sommaire avec le titulaire de chacun d'eux.
M. Collard : i*» Méthodologie (les instruments de bibliographie péda-
gogique, les méthodes actives, la concentration ; l'enseignement de la
langue maternelle (dictée, rédaction et élocution); l'enseignement du
latin, principes fondamentaux et interprétation des auteurs latins.
2** Langue grecque : Explication d'une page de Xénophon (Ana-
base), d'Hérodote, de Démoslhène (Olynthiennes), d'Homère (Iliade)
et de Sophocle (Œdipe roi).
M. Sencie : L'enseignement de l'histoire grecque et de l'histoire
romaine.
M. Mayence, suppléant de M. Remy (i) : L'art antique en rapport
avec l'interprétation des auteurs (Les palais mycéniens et Homère, le
temple grec, le théâtre grec et romain, les sculptures du Parthénon)
avec projections lumineuses.
M. Maere : L'art chrétien dans l'enseignement et visites des monu-
ments de Louvain.
M. Doutreponl : L'explication d'auteurs français (XVIl« et XIX« siè-
cles) et l'enseignement de la littérature.
(1) M. Remy était parti pour lltalie et la Tunisie; M. Gauchie pour Naples.
M. Bang était en Ali( magne.
^9^ LE MUSÉE BELGE.
M. Lecoutere : L'enseignement de la langue et de la littérature
flamande : but, méthode, bibliographie.
M. De Vocht, suppléant de M. Bang : L'enseignement de Talle-
roand et de l'anglais.
M. Terlinden, suppléant de M. Gauchie : Étude des sources histo-
riques et histoire contemporaine.
Les cours ont commencé le lundi matin pour finir dans Tapr^-midi
du vendredi. Les auditeurs furent nombreux. Les professeurs de Tarchi-
diocèse n'y avaient pas été seuls invités; NN. SS. les Évêqucs,
à la suite de l'illustre Primat de Belgique, y avaient convié les profes-
seurs de leurs diocèses respectifs. Un grand nombre, surtout des
diocèses de Malines et de Namur, répondirent à l'appel des Évéqufâ
et n'hésitèrent pas à renoncer à quelques jours de vacances pour revivre
de la vie d'élève et se familiariser davantage avec les connaissances
indispensables aux professeurs. Notons aussi parmi les auditeurs plu-
sieurs religieux de la Compagnie de Jésus, de l'Ordre de saint François
et de saint Norbert.
Les cours, professés avec une supériorité incontestable, furent
suivis avec une assiduité remarquable et un réel plaisir. Qu*il me
soit permis au nom de tous les auditeurs, frères dans le sacerdoce,
d'acquitter ici la dette de très respectueuse gratitude envers notre
bien-aimé Cardinal- Archevêque, qui, à de vastes connaissances, joint
éminemment l'art sublime du dévouement se prodiguant, inlassable,
aux intérêts du diocèse, et envers NN. SS. les Évêques qui,
parmi les multiples œuvres réclamant leur zèle, donnent une pré-
férence marquée aux questions d'enseignement et à la prospérité de
leurs collèges. Nous nous plaisons aussi à payer un juste tribut de
reconnaissance aux professeurs d'université qui se sont chargés des
cours et qui se sont entièrement mis à la disposition de leurs audi-
teurs. Ne voulant pas alarmer la modestie de M. le Professeur
Collard'en retraçant tous les titres qu'il a acquis à notre gratitude,
nous tenons cependant à le remercier tout spécialement non seulement
pour l'aide si puissante qu*il a prêtée à l'organisation des leçons, mais
aussi pour le désintéressement et l'empressement dont il a fait preuve
et auxquels nous rendons publiquement hommage.
Dans les quelques pages qui suivent, je voudrais montrer toute
l'utilité et tout l'intérêt de chacun des cours; la chose n'est cependant
pas aisée; car ce qui caractérise particulièrement les leçons de
vacances, c'est l'abondance de la matière, la concision de l'exposé et
le nombre des renseignements bibliographiques.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 29 1
M. le Professeur Collard a ouvert la série des cours et souhaité en
termes heureux et cordialement sincères la bienvenue à ses nouveaux
auditeurs.
Il a commencé son cours de pédagogie par un aperçu très neuf des
réformes préconisées dans l'enseignement moyen en ces dernières
années. Conservateurs, réactionnaires, progressistes, révolutionnaires,
anarchistes, tous défilent rapidement devant nous. En quelques mots,
brefs et précis, ils sont caractérisés et jugés : il a suffi d'une heure pour
passer en revue toutes les réformes « possibles ou impossibles ». Et la
conclusion ? Que faire pour améliorer notre enseignement moyen î
« N'attendez pas tout, dit M. Collard, de la rédaction d*un programme;
ayez surtout confiance dans une bonne méthodologie. Et pour cela,
étudiez d'abord notre enseignement primaire ; il a fait ses preuves ; il
est à la hauteur des progrès modernes. Empruntez-lui les méthodes
actives, Tart d'interroger, l'enseignement de la dictée, de la rédaction,
de la géographie, etc. Après avoir pris chez nous, adressez-vous à nos
voisins, quand leurs méthodes sont fondées en raison et justifiées par
une longue et solide expérience. N'imitez jamais à la légère. »
Un professeur de collège doit se tenir au courant de tout ce qui se
publie dans la domaine de ses études. Comment connaître la littéra-
ture pédagogique, qui est immense? Nous avons des revues belges,
allemandes, françaises et anglaises — M. Collard les énumère, — puis
certains répertoires, par ex., Kehrbach, Das gesammte Er^^tehungs-
und Unterrtchtsn^esen in den Làndern deutscher Zunge, Rethwisch,
Jahresbericht uber das hôhere Schulwesen, le dictionnaire de Buis-
son, les encyclopédies de Schmid (Gotha), de Loos (Vienne, 2« édition),
de Rein (Langensalza, dont la seconde édition est en cours de publi-
cation). Il est regrettable qu'on n'ait pas pour la pédagogie de l'ensei-
nement moyen une bibliotheca du genre de la bibliotheca philologica.
Il était impossible d'exposer, même succinctement, les principes de
la méthodologie générale^ qui est très vaste. Il fallait choisir quelques
questions. M. Collard en a pris deux : les méthodes actives et la
concentration.
Sous la forme humoristique de souvenirs de la vie d'un collège il y
a trente ans, il a montré ce qu'étaient autrefois les méthodes pas-
sives ; puis il leur a opposé fort habilement le même enseignement
soumis aux méthodes actives.
Le principe de la concentration a été magistralement exposé aux
auditeurs, qui ont pu voir comment il doit se comprendre, qu'il
s'agisse de l'enseignement soit d'une branche, soit d'une classe, soit
de l'ensemble des classes. La rédaction d'un programme conforme
au principe de la concentration se heurte à beaucoup de difficultés;
292 LE MUSÉE BELGE.
il faut bien, pour le moment, se contenter d'une concentration non
pas absolue, mais relative. En tout cas, plus les rapprochements sont
naturels, plus ils ont de valeur. Tout ce qui est forcé, doit être banni
soigneusement.
Passant à la méthodologie spéciale de la langue maternelle et du
latin, M. Collard nous a dit tant de bonnes choses que je voudrais
pouvoir les esquisser rapidement; malheureusement, même une simple
esquisse me mènerait beaucoup trop loin ; je dois donc, à mon grand
regret, me contenter de dire un mot des principales questions traitées.
La dictée a fait 1 objet d*une leçon bien intéressante. Le professeur
a montré que le souvenir complet d'un mot comprend quatre sou-
venirs, un souvenir auditif, un souvenir d'articulation, un souvenir
visuel, enfin un souvenir graphique. Il a ensuite déterminé l'impor-
tance comparée de ces divers souvenirs, et il en a déduit toute la métho-
dologie de la dictée (i).
La composition est un exercice bien plus difficile. M. Collard s'est
surtout occupé ici de la gradation des sujets et de la correction
collective des devoirs.
Comme il l'avait fait Tan dernier (2), il a pris pour base de son
exposé des leçons faites au Collège Saint- Pierre. Les sujets devant être
puisés successivement dans le monde concret, le monde moral et le
monde intelligible, il avait choisi, en 6^^ une promenade en hiver à
Louvain ; en 3«, les impressions optimistes et pessimistes que l'hiver
éveille; en rhétorique, l'utilité de l'hiver. Le compte rendu détaillé de
ces leçons a été suivi de l'énumération de quelques sujets gradués de la
même façon : \^ description d'une roule; propos d'une route; utilité des
voies de communication; 2° description d'une gare; un voyage en
chemin de fer ; utilité des voyages ; 3<> le facteur rural ; l'arrivée du
facteur au village ou voyage d'une lettre ; utilité de la poste, etc. (3).
(1) Voir F. Collard, Méthodologie de V enseignement moyen, Bruxelles, Cas-
taigne, p. 68 et suiv.
(2) F. Collard, La rédaction aux cours de vacances de Louvain (Pâques, 1907),
dans la Revue pratique du diocèse de Bruges , 1907.
(3) M. Collard a signalé à ses auditeurs un certain nombre de Recueils de compo-
sitions françaises : KiNET, La pratique du style à l'école primaire, Liège, Dessaio ;
Toisoul et Wallon, Cours méthodique de style et d'analyse littéraire, Livre du
maître, Namur, Lambcrt-De Roisin; Fassotte-Pbtry, Cours de style, Dison,
Debois ; Lejuste, La rédaction à l'école primaire, partie du maître, Tamincs,
Duculot-Roisin; Colinge et Bardiaux, Exercices de langage et de rédaction, livre
du maître, Namur, Wjsmael-Charlitr ; Caulle, L'enseignement de la rédaction à
Véco/e primaire, Rouen, Langlois ; M. T. D., Méthode pratique de style et décom-
position littéraire, Cours moyen (maître), -Lyon, Viite ; Morllt et Dupuis, Cours
complet de langue française, style tt rédaction. Cours moyen, Livre du maître^
PARTIE PÉDAGC^GIQUE. agS
Non content d'exposer comment le professeur doit procéder, selon
la classe, pour la recherche et la disposition des idées, M. CoUard a
montré, au moyen d*un exemple, le facteur rural, la façon de mener
l'exercice de Télocution.
Au degré inférieur, les rédactions étant prises dans le monde
concret, il faut apprendre à l'enfant à observer. Entrant dans cet
ordre d'idées, un ancien élève de Louvain, M. l'abbé Wathelet a
recommandé les excursions scolaires, qui développent chez les élèves
Tesprit d observation et forment leur goût. M. CoUard. a esquissé à
grands traits comment le professeur de Saint- Roch comprend les
excursions, pour qu'elles soient vraiment utiles.
A l'heure actuelle, la culture de la langue parlée a acquis une
importance considérable. C'est dès les premières classes qu'il faut faire
des exercices d'élocution : c est alors que les élèves osent ; passé un cer-
tain âge, ils deviennent timides. La méthode à suivre ici a été exposée
avec un réel talent par d anciens élèves de Louvain, MM. Gérard
et Gérardin.
Tels sont, pour la méthodologie de la langue maternelle, les divers
points qui ont été surtout traités par le savant professeur.
Dans renseignement du latin, deux questions sont actuellement fort
discutées : Faut-il faire la guerre au mot à mot ? Faut-il apprendre le
latin d après la méthode directe ? Ces deux questions résolues, M. Col-
lard passe en revue toute la méthodologie du latin : grammaire, voca-
bulaire, thème, version, explication des auteurs. Dans cet exposé
rapide, — il pouvait renvoyer à sa Méthodologie de renseignement
moyen, p. 120 et suiv. —il s'est attaché surtout à la leçon de lecture, qui
Paris, Dclagrave ; Badré, Le deuxième et le troisième livre de composition fran-
çaise^ Paris, Nouvelle librairie ; Laportb, Cours de composition française^ degré
supérieur (maître), Paris, Delaplane;STiBRi«ET, Rédaction^ 2« année, Liège, Dessain;
Kirsch, La rédaction française au concours général des écoles moyennes, Gand,
Hoste ; Richardot, Nouveaux sujets de composition française^ Paris, Delagrave ;
M'i« C. JuRAN VILLE, Manuel de style et de composition. Cours moyen et troisième
degré (maître), Paris, Larousse; Bujadoux et Benne, Recueil de narrations fran-
çaises t maître), Paris, Poussielgue ; Morlit et Léuonon, Nouveau recueil français,
Paris. Delagrave ; Gasquy, La narration française, Marseille, Lafitte ; Lepetit,
Principes et exercices gradués de composition française (maître). Cours gradué de
style, !'■'» et 2« année, Paris, Boyer ; Jarach et Mouchbt, La composition française^
Paris, Nathan; Lanson, Études pratiques de composition française^ Paris, Hachette;
Pecqueur, Manuel pratique de dissertation française, Namur, Wesmacl-Charlier ;
Bille, Les hommes et les choses, Bruxelles, Lebègue ; Arnaud, Recueil méthodique
décomposition française, Marseille, Lafitte ; Ancelin et Vidal, La composition fran-
çaise, nouveau recueil de sujets développés, Paris, Nouvelle librairie ; Lhommb et
Petit, La composition française aux examens du baccalauréat de l'enseignement
secondaire moderne, Paris, Nony, etc.
294 L^ MUSEE BELGB.
est, quoi qu'on pense, la plus difficile; elle ne sera une qu'à la condi-
tion de séparer trois exercices : la préparation, la lecture proprement
dite et les exercices de répétition.
L'élaboration de ce que nous appelons la bonne traduction, est un
travail d'une grande importance, mais très délicat. M. CoUard nous
en a donné un exemple très frappant, très réussi, en prenant l'exorde
de la 3« Olynthienne.
Grâce aux visites qu'il a faites dans beaucoup d'établissements, grâce
surtout aux exercices didactiques qu'il dirige avec tant de dévouement,
depuis i8 ans dans toutes les classes du Collège Saint-Pierre, M. Col-
lard peut imprimer à ses leçons de méthodologie un caractère essentiel-
lement pratique: ce sont toujours toutes choses vécues, de vraies classes.
En dehors du cours de méthodologie, M. CoUard s'était chargé de
l'explication des auteurs grecs. A.vec une compétence peu ordinaire, il
a développé, comme introduction, quelques considérations érainera-
ment pratiques, déterminant le caractère des explications qu'on doit
faire prédominer d'après le degré d'avancement des élèves et le genre
de composition.
Xénophon a été le premier auteur étudié, et le passage choisi, la
bataille de Cunaxa. M. CoUard situe le chapitre, en fait ressortir
l'importance, insiste sur la difficulté de narrer exactement une bataille,
alors même qu'on y a pris part, divise nettement tout le chapitre,
détermine les explications à donner, signale particuHèrement celles
qui sont généralement oubliées, résume le chapitre, fait quelques
réflexions sur la marche de la bataille, montre la beauté du récit de
l'historien grec et en discute la valeur historique. Suiven: d'intéres-
sants exercices de répétition sur la lexigraphie et la syntaxe, sur
l'armée des Grecs et des Perses, sur Xénophon et Cyrus; entîn des
exemples de concentration et des sujets de rédaction tirés ou chapitre.
En particulier, ce qui nous a plu et intéressé beaucoup, c'est l'expli-
cation au point de vue de Fart. Que doit-on expliquer sous ce rapport?
Comment doit -on le faire? M. CoUard nous l'a dit avec beaucoup de
précision et nous a recommandé à ce sujet l'excellent guide de Mal-
fertheiner, Realerklàrung und Anschauungs-Unterricht bei der
Lekture der griechischen Classiker, Wien, 1899.
Passant à Hérodote, nous avons pu voir comment cet auteur con-
tinue VAnabase et prépare l'étude d'Homère. Il nous a été aussi montré
comment cet auteur se prête aisément à l'exercice de concentration et
quel est le genre d'interprétation qu'il réclame. Nous avons été parti-
culièrement heureux d'entendre expliquer la bataille des Thermopyles
après Celle de Cunaxa.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 295
Les heures se sont écoulées si rapidement que M. Collard n'a pu
lire quelques pages d'Homère et de Sophocle, et qu'il a dû terminer en
interprétant quelques paragraphes de la i»"e Olynthienne. Ici encore,
l'interprétation était fort intéressante. Dans sa traduction, le profes-
seur s attachait à rendre avec netteté et énergie toutes les nuances du
texte grec; dans son interprétation, fort bien appropriée à l'auteur et
à une rhétorique, il restreignait le commentaire grammatical aux par-
ticularités de la langue de Démosthène; il faisait découvrir, par de
bonnes explications réelles ou historiques, toute la valeur de l'argu-
mentation de l'orateur, et il terminait par une analyse littéraire très
pénétrante.
Les trois leçons ou conférences de M. le Professeur Sencie, d'un
caractère essentiellement pratique, avaient pour objet l'application à
l'enseignement de l'histoire grecque des règles générales de la métho-
dologie de l'histoire.
Il appelle d'abord l'attention de ses auditeurs sur les deux faits qui
dominent l'enseignement de l'histoire ancienne dans les humanités
gréco-latines des collèges épiscopaux. Le premier, d'ordre général,
c'est le rôle de l'histoire ancienne. Le second concernant spécialement
l'enseignement libre, c'est le programme adopté dans cet enseignement.
I. Le rôle de Ihistoire ancienne. Il est doublement important :
a) le cours d'histoire ancienne doit préparer la lecture et l'intelligence
des auteurs classiques; b) il doit donner une certaine connaissance de
l'antiquité. Cette connaissance ne peut se borner aux principaux
événements pohliques et militaires ; elle doit comprendre aussi des
notions de géographie ancienne et des notions de la vie religieuse,
morale, intellectuelle, artistique, sociale et privée, en un mot de la
civilisation des peuples anciens.
Ces différents points sont successivement développés et démontrés
par le conférencier. Il parcourt la liste des auteurs grecs qui con-
stituent le canon habituel de nos humanités, dans leur ordre chrono-
logique : Homère, Sophocle, Hérodote, Lysias . Xénophon et
Démosthène, et montre comment le professeur préparera de loin la
lecture de chacun de ces auteurs.
Le cours d'histoire grecque débutera par la géographie de la Grèce.
Les leçons consacrées à ce sujet sont de la plus haute importance;
elles seront pour ainsi dire le résumé de toute l'histoire; en tout cas,
elles doivent jeter une lumière abondante sur la route à parcourir. En
conséquence, elles demandent une préparation sérieuse. On donnera
les divisions du pays ; on indiquera les noms des Étals, des villes et
296 LE MUSÉE BELGE.
bourgades que Ton rencontre au courant de Thistoire. Cela ne suffit
pas. On fera connaître la constitution physique du pays, son climat,
ses productions et Tinfluence que toutes ces circonstances réunies ont
exercée sur les destinées du peuple grec. L'atlas historique est id
indispensable.
M. Sencie examine ensuite quelles «sont, en dehors des grands faits
politiques et militaires, les notions qu'il est nécessaire de donner aux
élèves pour leur retracer du peuple grec une image exacte et fidèle. Il
en donne le programme et indique les moyens à mettre en œuvre pour
exécuter ce programme. Parmi ces moyens on peut surtout recom-
mander la visite d'une ville grecque à l'aide de l'image. On s'arrêtera
aux monuments et endroits principaux : acropole, agora, gymnase,
temple, théâtre, en expliquant la place qu'ils occupent dans la vie da
peuple. En tout cas, l'enseignement ici sera intuitif à outrance.
II. Le programme de renseignement de l'histoire dans les collèges
épiscopaux. Presque partout existe le cours unique. L'histoire
grecque n'y est donc enseignée qu'une seule fois, et cela dans une des
classes inférieures. Ce fait ajouté à celui de l'importance spéciale de
l'histoire ancienne dans les humanités gréco-latines entraîne, comme
double conséquence, la nécessité absolue d'une préparation soignée et
la nécessité d'une bonne méthode.
Les règles de cette méthode ont été exposées avec beaucoup de com-
pétence par M. Collard dans son cours de Méthodologie (pp. 388 sqq.).
C'est sur elles que s'appuie le conférencier dans toute cette partie —
la plus importante peut-on dire — de son exposé. Il les cite une à
une, les commente et montre par une quantité d'exemples bien choisis
comment il faut les appliquer à l'enseignement de l'histoire grecque.
Ainsi, la bonne méthode exige que l'enseignement ne se perde pas
dans une quantité de faits et de détails. Cette règle est appliquée à la
guerre du Péloponnèse, guerre longue et compliquée. Le professeur
d'histoire aura soin de faire ressortir les points principaux : la cause
et le caractère de la lutte, son importance, sa longue durée, le plan de
campagne. Pour le reste, il se contentera de raconter les grandes opé-
rations militaires, mais se gardera bien de surcharger la mémoire de
ses élèves par le récit détaillé des actions secondaires.
Autre exemple. La méthodologie veut que l'enseignement soit pit-
toresque, que notamment il fasse ressortir les personnages principaux
en retraçant d'eux un portrait vivant et caractéristique. M. Sencie cite
la série des personnages de l'histoire grecque qui méritent les honneurs
du portrait ; il caractérise brièvement leur politique, le rôle qu'ils ont
joué, l'idée qu'ils ont représentée, l'influence qu'ils ont exercée sur la
vie de la nation.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 297
Dans la dernière partie de ses leçons M. Sencie s'est longuement
appuyé sur une règle utile entre toutes : « L'enseignement de Thistoire
sera une démonstration. Le professeur par cela même qu'il choisit
entre ces faits les groupe en vue d'une démonstration... il doit chercher
la synthèse dans chaque leçon, dans chaque période et dans l'ensemble
du cours » (1).
Quelle est la synthèse du cours d'histoire grecque? Que faut-il dé-
montrer ? — Le cours d'histoire grecque doit faire connaître le rôle
civilisateur du peuple grec dans le monde. Il montrera cette civilisa-
lion dans ses origines et dans son développement, ses centres successifs,
sa marche ascendante, son extension progressive. Il démontrera com-
ment la civilisation de ce peuple extraordinaire est devenu le patri-
moine de l'humanité. Voilà l'idée maîtresse qui dominera tout le cours,
reliera tous les faits, les expliquera et les gravera profondément dans
rintelligence des élèves. A. la lumière de celte démonstration, certains
fairs trop souvent négligés ou laissés dans l'ombre, tel le fait de la
colonisation, acquerront une importance considérable ; d'autres, qui
bien souvent restent isolés, comme les guerres médiques, qui ont pré-
paré l'œuvre d'Alexandre, trouveront leur place dans l'ensemble et
seront d'autant mieux compris et retenus par les élèves.
Voilà un résumé très succinct de ces leçons si pratiques, si instruc-
tives et si intéressantes. Ajoutons qu'au courant de son exposé, le
conférencier a signalé à ses auditeurs un grand nombre d'ouvrages et
de collections qui peuvent rendre service au professeur d'histoire
ancienne dans les classes d'humanités.
M. le professeur Mayence, qui vit chaque jour se presser sur
les gradins de lauditoire de l'Institut d'électricité un nombreux public,
a traité dans ses cours de l'art mycénien, du temple grec, du théâtre
grec et des sculptures du Parihénon. Des projections dont les sujets
étaient judicieusement choisis, illustraient et complétaient les doctes
leçons du jeune professeur.
La première conférence traita de l'art homérique ou mycénien.
Basée principalement sur les fouilles faites à Cnosses, à Mycènes, à
Tirynthe, elle nous familiarisa avec larchitecture , la sculpture et
même la peinture mycéniennes.
Le temple grec fut Tobjct de la deuxième conférence. Le sym-
pathique professeur en fit une description complète et nous décrivit
ses différentes parties. Il montra les caractères distinctifs du temple
( 1 ) CoLLARD, Méthodologie^ p. 3g2.
298 LE MUSÉE BELGE.
dorique et du temple ionique, et les monuments les plus remar
quables des deux styles. Une courte explication du style corinthien,
qui n'est qu'une variété du style ionique, termina la leçon.
Dans une troisième conférence, on a particulièrement goûté l'expose
très méthodique de la théorie de Dôrpfeld sur le théâtre grec. On
expliqua aux auditeurs les différentes parties du célèbre théâtre de Dio-
nysos : la scène, Torchestre et le théathron proprement dit. Disons
ici que le professeur souleva la question si les acteurs jouaient entre
l'orchestre et la scène, sur le q[îéme niveau que le chœur, ou bien sur
la plate-forme haute de deux à trois mètres surmontant le proskénion.
Les assistants virent alors défiler devant eux les principaux théâtres
grecs et romains. Puis, l'intéressant conférencier traita du matériel de
la représentation : décors, costumes, chaussures, masques etc.
Les sculptures du Parthénon traitées dans la quatrième conférence,
ont causé aussi un vif plaisir. M. Mayence y parla surtout des
métopes, des deux frontons où Phidias sculpta la naissance d*Atbéoa
et sa victoire sur Poséidon, puis de l'inimitable frise de la cella,
représentant la procession des grandes Panathénées, enfin de la
fameuse statue chryséléphantine d'Athéna, qui se trouvait à Tintérieur
du Parthénon.
Inutile d'ajouter que ces leçons, accompagnées de vues bien choisies
et bien claires, ainsi que d'une bibliographie de l'art grec, eurent un
succès mérité. Les nombreux auditeurs de ces magnifiques conférences,
auront, nous n'en doutons pas, emporté la conviction que les monu-
ments figurés de l'art ancien contribuent puissamment non seulement
à l'intelligence de la civilisation ancienne, mais encore à celle des
auteurs classiques.
Après ce cours, on visita le musée d'art ancien de l'Université: on
put y voir une petite collection, mais fort intéressante de statuettes
et de vases grecs; et le dévoué professeur y ajouta toutes les explica-
tions désirables.
M. le professeur Maere donna un résumé clair et complet de
l'art chrétien ; il en exposa les transformations et développements suc-
cessifs depuis les catacombes jusqu'à la Renaissance. Il s'attacha de
préférence à l'art de notre pays, et il montra, par de nombreux
exemples, quelle lumière la connaissance de l'art chrétien projette sur
l'histoire, en particulier sur la civilisation dont l'art est le fruit
principal.
Afin de mieux faire saisir ces intéressantes explications, M. le
chanoine Maere conduisit ses élèves à plusieurs monuments de Lou-
vain et leur en expliqua toutes les beautés artistiques. Entre autres.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 2g9
>n visita Saint- Pierre, une des églises gothiques les plus remar-
)^tia.l:>Ies du pays; ladmirable hôtel de ville et son musée, ainsi que
les halles. En résumé, leçon pratique très réussie.
Rassant au cours de littérature française, je me trouve fort à l'étroit
pour retracer dans un résumé succinct les fécondes et si substantielles
leçons de M. le professeur Doutrepont. Tant de choses intéressante?,
présentées avec une clarté remarquable ont constitué pour les auditeurs
un véritable régal scientifique et littéraire; aussi virent-ils leur nombre
s'accroître chaque jour, et ce fut toujours au grand regret de tous, que,
r heure écoulée, on voyait partir le maître si écouté.
Dans une première conférence, M. Doutrepont nous a donné
q^uelques vues d'ensemble sur l'histoire de la littérature française, ainsi
que sur la manière dont elle doit être comprise et enseignée. Il les a
fait suivre de quelques conseils sur l'interprétation des auteurs.
Les deuxième et troisième leçons ont été consacrées au sujet que voici:
le théâtre classique et le théâtre romantique envisagés dans les deux
oeuvres: Britannicus de Racine et Ruy Blas de Victor Hugo. L'étude
de chaque pièce a été précédée d'un exposé des caractères généraux de
la littérature classique et de la littérature romantique. Ces considé-
rations furent savamment présentées par le maître, et au cours de ce
double exposé, il a réussi à faire toucher du doigt les tendances spé-
ciales que manifestent l'une et l'autre littérature dans leurs composi-
tions dramatiques. Pour rendre l'intelligence des deux pièces la plus
complète possible, chaque étude a été accompagnée d'une analyse
adroitement menée de Tœuvre prise comme type. M. Doutrepont a
fait délicatement sentir les traits vraiment distinctifs des deux systèmes
dramatiques en présence. Pour couronner ces deux études, le profes-
seur les a complétées par une lecture habilement nuancée de quelques
passages caractéristiques des deux pièces de Racine et de V. Hugo.
A ces conférences si applaudies, a succédé un exposé, court, il est vrai,
mais suffisamment complet, de la critique littéraire et des principaux
représentants du genre, au XIX« siècle. M. le professeur Doutrepont a
entretenu ses auditeurs des différentes révolutions littéraires qui se
sont opérées dans ce domaine, et de la différence entre la critique du
Xixe siècle et celle qui a précédé. Puis traitant des trois écrivains,
Sainte-Beuve, Taine, Brunetière, il a habilement commenté leur
système, le mérite qu'il offre et les objections qu'il provoque.
La partie bibliographique n'a pas été oubliée. M. Doutrepont a
donné à son auditoire quelques indications éminemment utiles et
pratiques.
3oO LE MUSÉE BELGE.
Les cinq leçons qu'a faites avec beaucoup de succès M. le professeur
Lecoutere ont eu pour objet l'enseignement de la langue et de la
littérature néerlandaises.
Dans une courte introduction, M. Lecoutere a démontré la néces-
sité d'une formation spéciale pour l'enseignement des langues vivant»,
donc également pour l'enseignement du néerlandais. La connaissance
pratique de la langue est indispensable, mais ne saurait suffire. La
formation spéciale nécessaire doit être à la fois scientifique et pédago-
gique, et c'est r Université seule qui soit à même de la donner. A défaut
de celte préparation, le professeur des humanités doit s'efforcer, par
une étude personnelle bien conduite, de parvenir aux connaissances
requises pour s'acquitter convenablement de sa tâche. Mais, qu'il ait
passé par l'Université ou non, il se souviendra toujours qu'en matière
d'enseignement — comme dans n'importe quelle branche de l'activité
humaine — Ton travaille sans cesse à atteindre une plus grande
perfection ; d'où le devoir de se tenir au courant.
Le premier point qui a été traité fut l'enseignement de la gram-
maire.
L'on peut définir la grammaire : Tétude des règles pour parler er
écrire correctement une langue. M. Lecoutere examine longuement
cette définition, pour en déduire plusieurs conséquences importantes.
Il prouve d'abord que la grammaire traditionnelle a tenu beaucoup
trop peu compte de la langue parlée ; elle est fondée trop exclusivement
sur les phénomènes que présente la langue écrite. Il insiste ensuite sur
le caractère complexe et relatif de la grammaire : celle-ci n'a nullement
comine base des principes immuables ; toutes ses règles sont déduites
a posteriori ; elle nous apprend donc l'usage d'aujourd'hui et d'hier,
mais pas celui de demain ; de ce qui est, on ne saurait conclure à ce qui
sera, encore moins à ce qui doit être. L'explication des faits de la gram
maire, si elle prétend être scientifique, sera donc historique. C'est
ainsi que le professeur doit la comprendre; il importe qu'il ait une idée
claire et exacte de ce que c'est une langue et de la manière dont il fiaut
en observer le mécanisme.
Comment enseignera-t-il la grammaire à ses élèves? M. Lecoutere,
sans entrer dans tous les détails de la méthodologie de cette branche,
a indiqué fort bien comment, dans les différentes classes, le professeur
s'inspirera des considérations précédentes pour ne pas présenter sous
un jour faux les phénomènes grammaticaux. Il a déterminé ensuite
quel sera le caractère de cet enseignement (dogmatique et systématique,
occasionnel pour certaines parties) et dans quelle mesure il différera
d'après les classes et le degré d'instruction des élèves ; il a insisté sur
le principe fondamental que l'enseignement de la grammaire ne sera
jamais considéré comme but, mais toujours comme moyen.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3oi
Une revue critique des grammaires néerlandaises a terminé cette
première partie du programme.
M. Lecoutere a parlé ensuite de la lecture et de l'interprétation des
auteurs en classe. Il Ta fait avec un vrai talent en répondant aux trois
questions suivantes : pourquoi ? comment ? quoi ?
Il fallait d abord rechercher pourquoi on lit les auteurs ; en effet,
c'est le but qui détermine les moyens. Or, la tin que Ton poursuit
par Tétude des textes n*est qu'une fin relative, subordonnée au but
général des humanités. La lecture et l'explication d auteurs néerlandais
d«vra donc concourir à atteindre ce but, et non pas viser à donner aux
élèves des connaissances spéciales..
Comment interpréter les auteurs ?
Il faut d abord savoir Hre ; un texte bien lu est à moitié interprété.
Delà, l'importance de l'art de la lecture. Le professeur doit pouvoir
apprendre à lire à ses élèves, le savoir donc très bien lui-même. C'est
un point que Ton néglige communément beaucoup trop.
Vient ensuite l'explication. Ici M. Lecoutere entre dans beaucoup de
détails. Il distingue les différents genres de lecture et d'interprétation,
d'où il conclut, qu'il faut se garder d'expliquer tout ce qu'on lit d'une
méthode uniforme, indépendamment de la différence des classes,
d'auteurs, etc. Il fait ressortir ensuite que tout texte doit être inter-
prété de telle manière qu'il ne reste plus rien d'obscur, de non compris;
il faut donc l'expliquer tant au point du fond (realia) que de la forme ;
il faut y ajouter l'interprétation littéraire et esthétique. C'est de cette
dernière surtout qu'a parlé M. Lecoutere, parce qu'elle est très impor-
tante et qu'on la donne trop souvent d'une manière superficielle et
en dépit de toutes les règles d'une saine interprétation. Autre grand
principe : le professeur doit s'abstenir de tout expliquer lui-même ; il
doit faire trouver le plus possible par les élèves et se borner aux indica-
tions indispensables dans ces recherches. Qu'il évite aussi la monotonie
en variant les exercices d'interprétation d'après le genre et la difficulté
des textes. Enfin qu'il ne néglige jamais d'appliquer ici, chaque fois que
la chose est possible, le principe de concentration ; qu'il sache choisir,
dans ce but, des auteurs et des morceaux qui ne sont pas sans rapport
aucun avec les autres matières de l'enseignement A côté de ces pré-
ceptes positifs, il y en a de négatifs. Ce que le professeur évitera p. ex.
c'est de s'arrêter à 1 etymologie des mots; très rares sont les cas où une
explication étymologique contribue vraiment à l'intelligence d'un texte.
— L'interprétation des auteurs, surtout dans les classes supérieures,
n'est pas toujours facile; elle n'est possible que si le professeur trouve
302 LE MUSÉB BELGE.
à sa disposition tous les moyens pour indiquer rapidement la solution
aux difficultés. C'est pourquoi M. Lecoutere a ajouté, à cette théorie de
l'explication des auteurs, des indications bibliographiques très com-
plètes.
Reste la troisième question : que lire! M. Lecoutere n'a traité le
canon des auteurs que d'une façop sommaire. Il s'est borné à exposer
quelques principes, à discuter quelle espèce de textes convient le mieux
à l'enseignement moyen. Il a développé la théorie qu'il faut donner
la préférence aux auteurs modernes et contemporains, qu'il faut choisir
les chefs de file et de façon à avoir des représentants de tous les
genres littéraires. Excluons donc le moyen âge, les auteurs secon-
daires, et n'admettons pas trop de morceaux du même genre.
La dernière question discutée fut celle de la chrestomathie. Fa ut- il
l'admettre et dans quelles classes? Quelles conditions doit-elle remplir!
En même temps, M. Lecoutere a passé en revue les principaux livres
de ce genre et en a exposé les desiderata.
L'histoire Httéraire, d'après M. Lecoutere, n'appartient pas, à pro-
prement parler, à l'enseignement moyen. On ne peut donner là qu'une
vue générale sur l'évolution de la littérature; on indiquera les grandes
périodes, en ne négligeant pas les rapports de l'histoire littéraire avec
l'histoire politique, etc. Ce qui intéresse le plus les élèves, ce qui con-
court efficacement à leur formation, c'est l'étude de la littérature
moderne et contemporaine On leur exposera donc surtout l'histoire
de la littérature au XIX« siècle, de i83o environ jusqu'à nos jours.
L'essentiel, c'est de leur montrer le développement historique; trop
souvent, on leur sert un catalogue, une nomenclature d'auteurs et
d'ouvrages. Ici surtout, le professeur ne peut pas se borner à parler
seulement de ces auteurs, de ces ouvrages; il doit les faire connaître
autrement et mieux, le plus possible, directement, soit en lisant lui-
même des extraits devant les élèves, soit en leur indiquant des ouvrages
à lire chez eux, lecture dont ils devront rendre compte en classe.
M. Lecoutere, dont les leçons si nettes et si pratiques ont beau-
coup plu, a terminé cette dernière partie du programme comme les
autres, à savoir, par un examen critique des manuels d'histoire de
la littérature néerlandaise, employés dans les établissements belges.
M. le professeur De Vocht a commencé son cours en traitant de la
méthode propre à l'enseignement des langues modernes. Il a étudié
avec nous les parties principales de cet enseignement et nous a signalé
les moyens d'acquérir une prononciation pure et correcte. Une longue
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3o3
série de fautes de prononciation commises parles élèves fut discutée et
corrigée.
Dans une deuxième leçon, le professeur a parlé de l'orthographe.
Celle-ci doit aller de pair avec la prononciation et ne peut nullement
en être séparée, comme le veulent les partisans de la Neuere Richtung,
Quant à la grammaire, elle doit contribuer efficacement à mieux faire
comprendre les textes à lire et à mieux utiliser les connaissances
acquises. On a examiné longuement les principales règles qui sont en
souffrance à cause de la grande ressemblance des langues modernes
avec les langues maternelles.
La question du vocabulaire a été longuement traitée dans une de
ces intéressantes leçons. M. De Vocht a clairement exposé à ses audi-
teurs comment les élèves peuvent enrichir le vocabulaire et se le
rendre familier. La lecture doit servir de base au vocabulaire; celle-ci,
en effet, permet à l'élève d'apprendre les mots les plus usuels; au pro-
fesseur, d expliquer à cette occasion, avec une sage réserve, les règles
de grammaire en se basant sur des exemples vivants et réels. La lec-
ture est, en outre, si elle esl judicieusement choisie, une sauvegarde
contre le grand danger de s'approprier des tournures et des construc-
tions qui sont diamétralement opposées au génie de la langue et qui
se multiplient dans les manuels de lecture édités en Belgique et en
France ; elles se glissent aussi presque nécessairement dans la conver-
sation du professeur. La connaissance de l'allemand et de l'anglais
appris de cette façon est rendue plus complète et plus stable au moyen
de thèmes d'imitation, de causeries, de courtes rédactions, etc.
Le sympathique professeur s'est étendu longuement aussi sur le choix
d'un livre de lecture à adopter dans les classes. Il ne suffit pas que
celui-ci soit irréprochable au point de vue de la langue: il faut encore
qu'il contribue au but moral et éducatif qu'on doit se proposer dans
l'enseignement des langues modernes ; il faut en outre qu'il donne à
l'élève une idée aussi exacte que possible des peuples voisins, de leur
caractère, de leurs coutumes, de leur idéal, de leur histoire. On peut
déduire de là la nécessité pour le professeur d'être versé dans la science
des realia ; — pour que, en apprenant à connaître les autres, les
élèves se perfectionnent eux mêmes et se familiarisent en même temps
avec leurs coopérateurs sur le vaste champ de la civilisation européenne.
Ces conférences, présentées avec tant de verve, ont hautement inté-
ressé l'auditoire.
M. le professeur Terlinden s'était chargé de nous faire connaître
« les sources de l'histoire contemporaine ».
304 LE MUSÉE BELGE.
Dans une première conférence, il nous entretint des rapports de
l'Église et de l'État en France de 1789 à 1801, d après le récent
ouvrage de M. Poullet « Les institutions françaises de 1795 à 18 14 ».
Cet exposé prouva à l'évidence que les différents régimes qui se suc-
cédèrent à l'époque de la Révolution, y compris la Convention et le
Directoire, n'étaient pas partisans de l'État laïque hostile à tout culte»
comme le sont les maîtres actuels de la France.
Dans une deuxième conférence, le jeune professeur nous parla de la
reconstitution des États pontificaux en 181 5, d'après les travaux du
P. Rîgneri, « Il congresso di Vienna e la Santa Sede. n II fit bien res-
sortir toutes les péripéties par lesquelles passèrent les États de TÉglise
en 1814-15, et comment la diplomatie du cardinal Consalvi parvint à
obtenir la restauration du pouvoir pontifical.
La troisième conférence nous dépeignit la situation de l'Eglise
catholique dans le Royaume des Pays-Bas de 181 5 à i83o; question
que M. Terlinden a magistralement traitée dans son beau livre
f Guillaume I«, roi des Pays-Bas et l'Église catholique en Belgique ».
Il nous fut tracé un tableau complet de tout ce que la religion catho-
lique eut à souffrir dans notre pays de la part de Guillaume I**". et
nous vîmes quelle place importante occupa l'idée religieuse parmi les
causes de la Révolution de i83o.
L'œuvre monumentale de M. Goyau u L'Allemagne religieuse * fut
analysée dans la quatrième leçon. M. Terlinden expliqua l'état déplo-
rable de l'Église en Allemagne au commencement du XIX« siècle.
Mais Rome, aidée du peuple allemand, resté catholique, sauva la
religion. Il y eut des luttes, des épreuves pleines d'angoisses, mais
finalement l'Église triompha.
En s'attachant à ce point de vue spécial, où ses travaux antérieurs
lui ont acquis une compétence reconnue, M le professeur Terlinden
a trouvé le moyen de rendre ses conférences extrêmement intéressantes
et très profitables.
A l'occasion des cours de vacances, la Bibliothèque Choisie
(17, Grand' Place, Louvain) avait organisé une exposition de livres,
cartes et estampes en rapport avec les différentes branches enseignées.
La direction de cette exposition était confiée à M. L. Mallinger,
professeur de Rhétorique latine à l'Athénée royal de Louvain, à qui
M. Lecoulere, professeur à l'Université de Louvain, et M. De Vocht,
professeur au Collège Saint- Pierre, suppléant de M. Bang, avaient
prêté leur concours.
Elle remplissait quatre places et plusieurs corridors et comprenait
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3oS
les sections suivantes : Philosophie. — Apologétique. — Pédagogie —
Auteurs, grammaire et histoire Httéraire, grecs et romains, français,
néerlandais, allemands, anglais. — Antiquités grecques et romaines.
— Littératures étrangères. — Histoire ancienne et contemporaine. —
Géographie — Histoire de Tart.
Le catalogue de l'exposition va paraître incessamment ; il sera adressé
gratuitement à tous ceux qui ont participé aux cours de vacances.
*
Kn résumé, les cours de vacances ont été, au plus haut point, inté-
ressants, instructifs, pratiques et riches en renseignements bibliogra-
phiques. Rien d'étonnant qu'ils aient été fort goûtés. Un complément
nécessaire de cet enseignement ex cathedra, ce sont, ce me semble, les
réunions annuelles du Cercle pédagogique. Ne convient-il pas, en
effet, qu'après avoir été des auditeurs passifs, nos professeurs de l'en-
seignement libre prennent part activement aux travaux d'un Cercle
dont les discussions ont pris, dès la première année, un caractère
essentiellement pratique (i)?
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COL LARD, professeur à 1* Université de Louvain.
(Suite.)
43. Fragilité de la vit humaine.
Mille accidents déchirent le tissu délicat de la vie, avant même
qu'elle ait acquis l'étendue qui lui est propre. Combien d'enfants qui
venaient de naître sont tombés et se sont réduits en poussière ! Com-
bien de jeunes gens qui donnaient les plus belles espérances, ont été
moissonnés dans leurs plus beaux jours ! Une maladie violente ou un
événement imprévu les a précipités dans le tombeau. Les dangers se
multiplient avec les années : la négligence ou les excès enfantent des
germes de maladie, et disposent le corps aux atteintes cruelles des
épidémies. Le dernier âge est en butte à plus de maux encore. En
un mot, l'homme ne fait que paraître, et la moitié de ceux qui naissent
devietment victimes de la mort dans le coiut espace des dix-sept pre-
mières années.
D'après la population approximative du globe, et l'estimation qu'on
(1) On peut s'inscrire chez M. Collard ou chez M. Mallinger, professeur à lathé-
née. La cotisation est de 3 francs.
3o6 LE MUSÉE BELGE.
a faite du cours de la vie humaine, il meurt, dans l'espace d'enviroa
trente-trois ans, mille millions d'hommes ; dans une année, à peu
près trente millions ; chaque jour, quaire'vingt'àeux mille ; chaque
heure, trois mille quatre cents; chaque minute, soixante; chaque
seconde, un homme.
(D'après Coutin-Despréaux.)
Expliquez la variabilité ou rinvariabilité des mots italiques.
44. Supériorité de V homme sur Us animaux.
Quelle que soit la beauté physique de Thomme, elle est si frappante
pour les animaux mêmes, que c'est à elle surtout qu'est dû l'empire
qu'il a sur eux par toute la terre : les faibles viennent se réfugier sous
sa protection, et les plus forts tremblent à sa vue. Plus d'une alouette
s'est sauvée au milieu des troupes d'hommes après avoir aperçu des
oiseaux de proie. Na-t-on pas vu un cerf, pressé par une meute de
chiens, chercher, en bramant, du secours dans la pitié des passants ?
J'en ai eu moi-même l'expérience à l'Ile de- France, comme je l'ai
rapporté dans la relation que j'ai donnée au public de ce voyage. Si
nous ne voyons pas des effets plus fréquents de la confiance des ani-
maux, c'est que le bruit de nos fusils ou des persécutions continuelles
les ejfrayent dans nos campagnes. Avec quelle familiarité les singes
et les oiseaux ne s'approchent- ils pas des voyageurs dans les forêts
de rinde ?
J'ai vu au cap de Bonne- Espérance, dans la ville même du Cap,
les rivages de la mer couverts d'oiseaux de marine qui se reposaient
sur les chaloupes ; et un grand pélican sauvage qui se jouait auprès
de la douane avec un gros chien, dont il prenait la tète dans son large
bec.
Mais les animaux, quelque dangereux qu'ils soient, sont saisis, au
contraire, de crainte à la vue de l'homme, à moins qu'ils ne soient
jetés hors de leur naturel par des besoins extrêmes. En Asie, un élé-
phant se laisse conduire par un petit enfant. Le lion d'Afrique
s'éloigne en rugissant de la hutte du Hottentot ; il lui abandonne le
terrain de ses ancêtres, et va chercher a régner dans des forêts et des
rochers inconnus à l'homme. La baleine, toute grande qu'elle est, au
milieu de son élément, tremble et fuit devant le canot d'un Lapon.
Ainsi s'exécute encore cette loi toute puissante qui conserva l'empire
à l'homme au milieu de ses malheurs : u Que tous les animaux de la
terre et les oiseaux du ciel soient frappés de terreur et tremblent
devant vous, avec tout ce qui se meut sur la terre ; j'ai mis entre vos
maiiis tous les poissons de la mer. »
( ly'apris Bernardin de Saini-Pierrc.j
Kxpliquez l'orthugraphe des mois italiques.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 3o7
45. Merveilleuse organisation du corps humain.
Il n'y a genre de machine qui ne se trouve dans le corps humain.
Pour sucer quelque liqueur, les lèvres servent de tuyau, et la langue
sert de piston. Notre gosier est une espèce de flûte douce d une
fabrique particulière, dont l'anche, s'ouvrant plus ou moins, modifie
l'air et diversifie les tons. La langue est un archet qui, battant sur
les dents et sur le palais, en tire des sons exquis. L'œil a ses humeurs
et son cristallin ; les réfractions s'y ménagent avec plus d'art que dans
les verres les mieux taillés ; sa prunelle, ainsi qu'un voile délicat et
élastique, se dilate et se resserre; tout son globe, comme les lunettes à
longue vue, s*allonge ou s aplatit^ selon que l'éloignement ou le rap-
prochement des objets V exige. L'oreille a son tambour ; la peau, qui
est d'une tension et d'une délicatesse uniformes^ résonne au moindre
contact d'un petit marteau que la plus petite secousse, le plus petit
bruit agite instantanément; elle a, dans un os fort dur, des cavités
pratiquées pour faire retentir la voix, de la même sorte qu'elle retentit
parmi les rochers et dans les échos. Les vaisseaux ont leurs soupapes
tournées en tous sens : les os et les muscles ont leurs poulies et leurs
leviers : les proportions y sont observées avec une précision, une
justesse qui excite l'admiration. En un mot, nul ciseau, nul tour, nul
pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature
tourne et arrondit ses sujets.
(D'après Bossuei, dans Lepetif, a™» année.)
Expliquez l'orthographe des mots italiques.
46. Le magistrat et le voleur.
Quoi quen aient dit certains moralistes à l'humeur chagrine, toute
charité, toute bonté n'est pas encore bannie de la terre. Témoin plu-
sieurs actes d'une générosité, d'une bienfaisance fl^/wtV/zè/^, que nos
historiens se sont plu à nous rapporter, et parmi lesquels j'ai choisi
celui-ci.
En mil six cent soixante-deux, Paris fut en proie à une disette, à
famine horrible, quelque empressés que fussent les soins du gouverne-
ment d'alors. Vous ne sauriez vous faire une idée des tourments et
des angoisses que de pauvres pères de famille ont éprouvés à cette
époque. Un soir, le vingt- quatre août, un magistrat revenait, suivi
de son domestique, d'une promenade que son médecin lui avait con-
seillé de faire chaque jour pour rétablir sa santé qu'avait altérée une
longue maladie. Un homme Taborde le pistolet à la main, et lui
3o8 LE MUSÉE BELGE.
demande la bourse ou la vie. « Cette demande et cette menace, hii
dit le magistrat, vous les eussiez certainement mieux adressé€s à Umit
autre personne ; ce n'est certes pas moi qui vous rendrai plus riche.
Voilà les trois seuls écus que j'aie ; je n'en ai pas emporté davantage ;
prenez, je vous les abandonne. »
Le voleur paraît se contenter de cette somme, toute médiocre
qu'elle était, et se retire aussitôt. « Suis cet homme, dit le magistrat
à son domestique, observe bien les rues qu'il aurs. prises, et ne manque
pas de venir me rendre compte des remarques que tu auras faiUs, •
Après trois ou quatre rues obscures rapidement traversées, le voleur
entre chez un boulanger, achète des pains qu'il a vus exposes en vente,
et paye avec un des écus qu'il a volés. A quelques pas de là, il entre
dans une sombre et tortueuse allée, monte au quatrième ou au cin-
quième étage, jette les pains au milieu de la chambre, et, tout en
larmes, dit à sa femme et à ses enfants : c Vous ne sauriez croire les
sacrifices que ces pains m'ont coûtés ; si j'avais eu dix mille francs, et
qu'ils me les eussent coûté, je les aurais payés beaucoup moins cher.
Rassasiez vous -en et ne me tourmentez plus. Je souflfre mille mar-
tyres; non, il n'y a pas de martyr qui ait souflfert autant que moi. Un
de ces jours, je serai pendu, et vous en serez la cause. » La femme,
toute triste, tout éplorée, s'efforce de l'apaiser, et distribue du pain à
ses quatre enfants exténués et mourants de faim.
Informé de ces détails, qu'il n'avait pas écoutés sans émotion, le
magistrat, au lieu de livrer ce malheureux à la rigueur des lois, va
prendre, le lendemain, des renseignements sur lui. Il apprend que
c'est un brave et honnête homme, mais qu'il est chargé d'une nom-
breuse famille, et si pauvre qu'on ne peut l'être davantage. Il se
dirige vers la demeure du malheureux, il monte, et frappe à la porte ;
on ouvre ; une femme à demi morte de privations et de misère, des
enfants nu-bras, nu jambes, gémissant, pleurant ^ voilà le spectacle qui
s'offre à ses yeux. Au même instant, le voleur reconnaît celui qu'il a
dépouillé la veille. Il se jette à ses pieds, et lui demande grâce,
a Point de bruit, lui répond le magistrat; je ne suis pas venu ici pour
vous perdre. Vous êtes cordonnier, je le sais ; acceptez ces trente
pistoles et demie, achetez du cuir, travaillez à gagner de quoi nourrir
les enfants que Dieu vous a laissé élever jusqu'à présent, et surtout
ne leur donnez pas de mauvais exemples. »
(Poitevin, Cours de dictées.)
Expliquez la variabilité ou l'invariabilité des mots italiques.
LIVRES NOUVEAUX.
3 ULIE ADAM, Der Naturainn in der deutschen Dichtung. Neue Folge. Voû
Lenaa bis auf unsere Tage. Vienne, Braumueller, 1908. 4 m.
I^.|BALDENSPERQËR» Études dliistoire littéraire. Pari8,Hachette,1907.3 fr.50.
C3. BLOCH, L'assistanco de TÈtat en France A la veille de la Révolution. Paris,
Picard, 1908. 10 fr.
•J • DÉCHBLBTTE, Manuel d'archéologie préhistorique celtique et gai lo romaine.
I. Archéologie préhistorique. Paris, Picard, 1908. 1 vol. de 748 pp.
L. V. GOFFIOT, Le théâtre au collège du moyen âge à nos jours avec biblio
graphie et appendices. Le Cercle français de TUniveriité de Harvard. Nom-
breuses planches hors texte. Préface par Jules Claretie. Paris, Champion,
1907. 7 fr. 50.
F. JUNCKER, Éléments du stjle dans 2e mobilier. Namur, Wesmael-Charlier,
1908. 123 pp. 2 fr. 50.
R. KNORR, Die verzierten TerraSigillataGemsse von Rottweil. Mit 32Tafeln.
Hrsg. vom Altertumsverein Rottweil. Stuttgart, W. Kohlhammer, 1907. 5 m.
S. LEDERER, Index in T Macci Plauti militem gloriosum. 58 pp. 8«. Prague,
Taussig, 1909. 2 m.
H. LOOEMAN, Tennis en Media. Over de stemverhouding b\j konsonanten in
moderne talen. Oand, Van Ooetem, 1908. (Recueil de travaux publiés par la
Fac. de philosophie et lettres de TUniv. de Oand, 36* fasc.).
J. MANSION, Die Etjmologio von .«holen ». Halle, E. Karra», 1908. Tiré des
Beitraege zur Gesch. der doutschen Sprache und Literatur, 33, 3, pp. 547-570.
R. MULDER. De conscientiae notione et qualis fuerit Romanis. Thèse de TUniv.
d'Amsterdam. Lejde, Brill, 1908.
E. PRÇ^SCHEN, Vollstândiges griechisch^deutsches Handwôrterbuch zu den
Schriften des Neuen Testaments und der Obrîgen urchrist lichen Literatur.
Giessen, A. Tôpelmann, 1908. I Lfg. vm pp. et 160 col. gr. 8<>. 1 m. 80. (Il
y aura environ 7 fasc.)
A. SAUVEUR, Étude historique sur la Legio VI Victrix. Louvain, Ch. Peeters,
1908. 92 pp. 2 fr. 50.
V. STRAZZULA, La Sicilia e Messana, Roggio, Locri nelle due spedizioni
ateniesi. Messana, D'Amico, 1908.
G. VAN DER ELSEN, Epitome historiae sacrae door C. F. Lhomond. 2« druk.
Leiden, J. W. Van Leeuwen, 1908. 0 fl. 75.
J. P. WALTZING, Grammaire latine de G. Landgraf traduite en français et
adaptée au programme des athénées et collèges belges 2^ édition. Ouvrage
autorisé par le Conseil de perfection nomen t. Liège, Dessain, 1907. 3 fr.
A. WERNËR, Jean de la Taille und sein Sauel le Furieux. Leipzig, Deichert,
1908. 3 m. 60. (Muenchner Beitraege zur rom u. engl. Philologie hrsg. von
H. Brejmann und J. Schick, 40 Heft).
F. L. K. WEIGAND, Deutsches Wœrterbuch. 5*« Aufl. neu bearbeitet von
K. V. Bjihder, H. Hirt, K. Kant, hr^g. von H. Ilirt. Giessen, TOpelmann,
1908, 1-2 Lief. L*ouvrage aura environ 12 livr., à 1 m. 60 par souscription.
A. ZAUNER, Altspanisches Elementarbuch. Heidelberg, C. Winter, 1908.
3 m. 80. (Sammlung romanischer Elementar- und HandbQcher hrsg. von
W. Meyer-Lûbke).
SOMMAIRE.
MÉLANGES,
Albert Cumtson, Les mots emprunté* 1» La Jette de I allemand. Suitt* .
PARTIE BIBLlOGRAPHtQUE.
À ntiq uité classique *
1 5 a, P. Caiifr» Pftlaesira Vita«(K. Remy) •.,*•• , »16
i53. U, V, Wihnwmt^t Greek historicil wrîdng anJ Apollo (A, HuTupere) .
154' A. Engtli, Die oratio vàPiaia bci Paysftnias (Le mêmcl * . . .
1 55. J. CAiiiiicwjr. Quelques racines Krecqy es (Le même) ♦ .
i56, A. Boxîer^ Insùtutiofiâ de la Grèce et de Rome (L, Haiktn)
157. V. Ckapot, U ffonliêrc de TEuphrâie (Th. Stmar) ....
lis. R, Cagnat, les deuit camps de U îégîon 111= (H. Van de W<s<;rii) .
i5g. G. Pifacco^ De mulierum Roînanarum cultu (R. Niliard)
i6o. G. W. Van EleeK\ Carmina sepulcraiîa Latlna (M. Laurent}
iGi. G. Schmtd, Das uniedrdisch; Rom (J. P* Wj
162. F. Ottrol, Diciionnaire d'archéologie chrétienne (Le môtiic) . . • -^^
i63. £"* Eeich^ Atlas Antiquua (Le même) . î5S
Langues ei littirûtures ro^nàntA,
164,
(J
i65.
1C6.
167.
J. Vûn Dùoren, Anthologie illustrée des poÈtes tî proiateurs françjifi
. rieuriauîi) ,♦..,*,.♦-.
H. Zrrartijtfri, Sully- Prudhomme (G. Doutreponl) , , .
M. Gratnmont^ Traiié de versifi nation française (ï^ même)
A/, Sa«^H/^r, Atix sources de l'éloquence (A, Mfliiva) .
Lûnguei et Httératures germaniques,
P. Pa«n P^tïte phonétique comparée (A. Grégoire j . . , .
G. Wu'stmjm, Sprachdumtnheiieri (H. Biachoff) . . , . ,
K. HoUva^t, Nederlendsche Spraakkunst (C, Lecoutcre)
A.D.' GicA-en*/. Tt-Hmck, Ktndcrspelen, kinitrlust. VI-XV (Le oiêroê)
Notices et aimanees bibliogrâpMqoes.
173-311, Publicatoiî de E. Drerup, H. Grinim^ J, P. Kirsch, TH. Abelc,
H, Francoitc, H Wcber, H. von H-^rw^rd^n, H, Thélen.ît, L. Cdntiirclli,
W. Lcrman, F. Cumom, P. Gnecdiu K. Thiem.% G. C«pi;Hafvus, W. Kroli.
R, Htntc, K. Hdm.LVdn den Gh^yn. A, Sauveur. P Hûtfl.iriia, AWtrrver,
E. Friedrich, K. Mantzius^ F. Vial, comte d'Haussonvillc^ H* Gatlïard de
Champris, G. Jacquemoùe, J, Lejeune , J, Haust, F» Ulrix, J. Pnqway,
P. Berger, J. Douais, F, von der Leyen , J, A, Worp, G, Wu&îmar.n,
F. Muîiciter, A, Biese, M» F* Satchcll^ E. âc Borchgr^ *e, A, Luch^îrc,
M. Nûvarre^ A. Parmentier, P. Oergct, A, Michel, ï, Gclli, U Houlkvigue
CHRONIQUE.
ai 5- 333. Bourses de voyage hgo8), Gaston Boissier, Fouilles de Sparte, Ct»n*
grH historique de Saragossc. Centenaire de Notger. I/eryseigticmeni pijblic
en AUemaene. Recueil de travaux: de l Universilii de Louvain. Mulaiige»
en Allemttpne.
Godefroid Kurth
PARTIE PÉDAGOGIQUE*
A. Jansett^ f.es cours de vacances à rUnivcrmlé de Louvait)
F. CollarJ^ Dictées françaises (suite) , , » . .
,Mib
i
Doi ZIÈME ANf^ÉE. — N" 8.
i5 Octobre 1908.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVUE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
PUBuis sot^s LA nmicnojt m
F, GOLLARB
J, P. WALTZING
PHÛFSt^biaR. A lJt}HlVl£SL$n'à DE LÙUVAiN . PttOFSS&EUI) A l' UNI VEJtSlTé DE UEGi
faralrtenl loui \w mois, à raicépUon du ntoli d'aoOl si d§ saptambr*
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE ÉDITEUR
PARIS
A, FONTEMOING
4, TUâ Le GofiT
10, aUE DE HâlfUl| 30
BERLIN
R. FRIEDLAENDER ET FILS
Cvlsiraue, 1 1, N. W
-.â.
COMITE DE REDACTION.
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Bayot, A , charj;ê de cours b l'Universilé de Louvnin.
Bischoff, H., professeur îi l'Uiiiversilé de Liège.
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SECîiÉrAiRE : J. P. WALTZING, 9, rue du Parc, k Liège.
0:1 est prié d'adresser tout ce q li concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique Tarticlos, co!nî)tes rendus, ouvrages) à M. J. P. Waltzin^, professeur
à l'Universilé de Liège ^ 9, rue du Parc, Liège.
Les articles destinés h la partie pédagogique doivent être adressés îi M. F. Collard
professeur à l'Université de Louvain, rue Lèopold, 22, Louvain,
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nemment est lixé à 10 fr. pour le Musée et le Bulletin réunis. Dans ks autres pays, on
peut s'abonner à la première partie seule au prix de 8 fr., et aux deux parties réunie aa
prix de 12 fr. S'adresser à M. Cir. Peetehs, libraire, rue de Naraur, 20, à Louvain.
Les onze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 3:Î0 à 480 page?, son* en
vente au prix de 10 fr.
Provisoire m eut, les uboiiiiéi» pourront 80 procurer une
ou plusieurs de ces onze années au prix de T Tr» S?0 par
année, lo port, en sus.
Douzième année. — N© 8. i5 Octobre 1908.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
MÉLANGES.
Concours général de l'Enseignement moyen
en 1908.
Rhétorique. Humanités anciennes (section grecque-latine).
Version grecque (sans dictionnaire).
Socrate se défend devant le tribunal contre l'accusation d'avoir corrompu la jeu-
nesse d'Athènes.
Socrates verdedigt zich vôor de rechibank tegen de beschuldiging Athene's jeugd
te hebben bedorven.
... 'AXV ôiLiuuç crû |Lie qprjç, li MéXr|T€ (i), TOiaûia èTnTrjbeûovra (2)
Toùç véouç biacpGeîpeiv ; KaiTOi èTnaidiLieGa |Lièv bnirou Tiveç eicri véuuv
biaqpOopai- au 5è eiTiè eï Tiva oîcrGa un é^oû T^ïevriiLiévov î> èE eiiCTe-
Poûç àvôaiov fi €K aujqppovoç uppiairiv ^ il. eùbiaiiou TToXubàTravov
f| èK ^eTplOTTÔTOU oivôqpXuTa f| èK qpiXoTrôvou juaXaKÔv f| (ïXXrjç TTOvripdç
f|bovnç fiTTTHLiévov. 'AXXà val |Lià ùà\ l(^r\ à MéXriToç, éKeivouç olba
ouç cru TT€TTeiKaç croi TieiGeaGai lactXXov r| toîç T^ivaiuévoiç (3). * OjLio-
XoTtu, cpdvai tôv ZujKpàTrjV, Trepi fe Tiaibeiaç' toûto y^p ïcramv è|Lioi
pe|ueXr|KÔç' Trepi bè ÙYieiaç toîç laipoiç jLidXXov 01 dvGpuuTTOi TreiGovTai
f| Toîç Toveûcrr Kai èv Taîç èKKXriaiaiç fe TidvTUJç oî 'AGrjvaîoi Trdvieç
bnTTOu Toîç q)povi|LiujTaTa XéYOuai rreiGovrai iiidXXov fi toIç irpcariKOu-
CTiv [i). Où Ydp brj Kai crrpaTrjYOÙç aipeîcrGe Kai Trpô TTaiépuuv Kai TTpô
dbeXqpiùv, Kai vai jud Aîa y^ ujneîç irpô ujhûjv aÙTiùv, ouç dv fjYtlcrGe
Trepi Tuiv TToXemKUJV cppovi)LiuuTdTOuç eîvai ; Gùtoi y«P/ çdvai tôv
MéXrjTov, lu ZujKpaT€ç, Kai crufiicpépei Kai vo\x{leTa\. Oùkouv, eiTieiv tôv
(1} Un des accusateurs de Socrate. — Een der beschuldigers %'an Sokrates.
(2) éiiiTr\he\J[i),studiose fado.
(3) y €iyd\iey/o\, parentes,
(4) TTpoariKOVTۍ, cognati.
3lO LE MUSÉE BELGE.
ZiWKpdTTiv, Gau^aaiôv xai toOtô aoi feoK€î €Îvai, t6 èv ^èv raîç Skkmç
irpoEem \xi\ iiiôvov (aojioipiaç ruTxaveiv toùç Rpaxiarouç, àXXà Kcd
TTpoT€Ti)Lifi(T9ai, è^è bl, ÔT€ Tiepi Toû 'fXefiaTOv àTa9oô àvOpujTroiç, TTcpi
Tiaibeiaç, péXTiatoç eîvai ùttô tiviwv TTpoKpivofbiai, toutou ?veKa Oavdrrou
Ù7TÔ (TOÛ biujKeaOai ; XÉs.,Apoi., 19-21
Rhétorique. Humanités andetines (sections réunies).
Version latine (sans dictionnaire).
Réponse de Sénèque aux attaques des envieux. — Seneca*s antwoord op de atn-
vallen zyner benijders.
At Seneca criminantium non ignarus, prodentibus iis quibus aliqua
honesti cura, et familiaritatem ejus magis aspernante Caesare, tempus
sermoni orat, et accepto ita incipit : « Quartusdecimus annus est,
Caesar, ex quo spei (i) tuae admotus sum, octavus, ut imperium
obtines : medio temporis tantum honorum atque opum in me
cumulasti ut nihil felicitati meae desit nisi moderatio ejus. Uterque
mensuram implevimus, et tu, quantum princeps tribuere amico
posset, et ego, quantum amicus a principe ace i père. Cetera (2)
invidiam augent. Quae quidem ut omnia mortalia, infra tuam
magnitudinem jacet, sed mihi incumbit, mihi subveniendum est.
Quomodo in militia aut via fessus adminiculum (3) orarem, ita in hoc
itinere vitae, senex et levissimis quoque curis impar, cum opes meas
ultra sustinere non possim, praesidium peto. Jubé rem per procura-
tores tuos administrari, in tuam fortunam recipi. Nec me in pauper-
tatem ipse detrudam ; sed, traditis quorum fulgore perstringor, quod
temporis hortorum aut villarum curae seponitur, in animum revo-
cabo (4). Superest tibi robur ; possumus seniores amici quietem
reposcere. Hoc quoque in tuam gloriam cedet, eos ad summa vexisse,
qui et modica tolerarent. Tac, Ann., 14, 54.
1. Juventuti tuae eximia spe praeditae, 2. ultra meritummeum, "i.firmamenlum.
4. animo excolendo impendam,
^Seconde. Humanités anciennes {section grecque- latine).
Version grecque (sans dictionnaire).
Fermeté inébranlable de Solon. — Solo's onverzettelijke standvastigheid.
'0 bè lôXuuv if]br] \xiy r\v crqpôbpa figujv, Kai toùç porieoOvTaç oùk
€Îxev, ôjLiujç bè TTpofjXeev eîç dTOpàv (1), kqi bieXéxOn Tipôç toùç ttoXi-
(1) Pisisirale vient d'obtenir du peuple une garde du corps de 5o hommes. Solon
PARTIE BIBLICGRAPHIQUB. 3l I
Ta^, Ta jLièv KaKi2Iiuv Tr|v àpouXîav aÙTiîjy Kai ^aXaKiav, rà bè Tiapo-
Eûviwv en Ktti TtapaKaX'l'v ^r) 7Tpoé(J9ai Tr)v èXeuBepiav ôt€ Kai tô
pvrmov€u6|bievov (2) emev, ibç irpubriv jièv r^v eù^apécnepov (3) aÙTOîç
TO KiuXûcrai Tf)v rupavviba cruviotajiévriv, vOv bè ixeilôv èOTi Kai Xaju-
7rpÔT€pov èKKÔvi/ai Kai àveXeîv cruveaTuKTav f\b\] Kai TieqpuKuîav. Oùbe-
vôç bi TTpoaéxovTOç aÙTUj bià tov cpôpov, dîrfiXGev eiç Tf|v oiKiav Tf|v
éauTOû Kai Xapiuv là ÔTiXa, Kai irpô tiûv Oupiùv Géinevoç eiç tôv
oreviuTTÔv (4), « *Ejioi ^èv, eÎTiev, ibç buvarôv î^v P€por|9r|Tai Tfj
irarpibi Kai toîç vô^Olç. >» Kai tô Xomôv fjcruxîav ?\^e' Kai tiùv qpiXiuv
q)€ÙT€iv irapaivouvTUJv, où Trpocreîxcv, àXXà TTOiiiiLiaTa Tpdcpuuv ibveîbiZie
Toîç 'AOrivaîoiç-
Et bè TTcnôvGaxe \uYpà h\ O^iexépnv KaKÔrnTa
^n Ti Geoîç TOÛTUJv ^loîpav éita|ui<p^p€T€ (5).
AÙToi Tûp TOÙTOuç Y\\}^Y\naT épû^ara bôvT€ç».(6).
Kai bià raOra koki^jv ëaxere bouXoaùvrjv.
*E7ri TOÙTOiç bè TToXXûjv vouGeTOÙvTiuv (7) aÙTÔv ibç àîToOavoùjievov
ÛTTÔ ToO Tupàwou, Kai TTUv9avo|Liévujv, Tivi mcTTeùiuv ouruuç àïrovoeî-
xai ; « TO) xnpa " . tÎTiev. Plut., Solon, 3o.
Seconde, Humanités ancieuttes (sections réunies).
Version latine (sans dictionnaire).
Bene qui latuit, bene vixit.
O mihi care quidem semper, sed tempore duro
Cognite, res postquam procubuere meae,
Usibus edocto si quicquam credis amico.
Vive tibi et longe nomina magna fuge.
Crede mihi, bene qui latuit, bene vixit, et intra 5
Fortunam débet quisque manere suam.
Non foret Kumedes orbus, si filius ejus
Stultus Achilleos non adamasset equos...
Tu quoque formida nimium sublimia semper,
Proposi tique, precor, contrahe vêla tui. 10
seul a eu le courage de s^opposer à cette mesure par laquelle la tyrannie se trouve
virtuellement établie. — Pisistratos heeft zooeven van het volk eene lijfwacht van
5o man bekomen. Solo had alleen den mocJ zich tegen dien maatregel te verzetten
welke de tyrannie als van zelf in 't leven roept.
(2) Scil. f)fma = dictum. — (3) eùiuapriç = facilis. — (4) ô aT€vaJir6ç =\via
(angusta), — (5) ëiravaqpépuj = refero — tô épO|na = praesidium ; hic »< Pisistrati
custodia » signijtcatur, — (7) vou9eTéu) = moneo.
3l2 LE MUSÉE BELGE.
Nam pede inoffenso spatium decurrere vitae
Dignus es et fato candidiore frui.
Quae pro te ut voveam, miti pietate mereris
Haesuraque fide tempus in omne mihi.
Vidi ego te tali vultu mea fata gementem, i8
Qualem credibile est ore fuisse meo.
Nosira tuas vidi lacrimas super ora cadentes,
Tempore quas uno fidaque verba bibi.
Nunc quoque summotum studio défendis amicum,
Et mala vix ulla parte levanda levas. 20
Vive sine invidia, mollesque inglorius annos
Exige, amicitias et tibi junge pares,
Nasonisque tui, quod adhuc non exulat (i) unum,
Nomen ama : Scythicus cetera pontus habet. 24
Ovid., Trist,, III, 4-
1. Exulare =^ in exilium agi.
Les élèves ont trois heures pour faire leur travail.
Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont récriture laisse
désirer.
La traduction du présent texte peut être rédigée, aux choix des concurrents,
en français et en Hamand.
Rhétorique, Humanités anciennes (sections réunies).
Rhétorique. Humanités modernes (sections réunies).
Composition française, flamande ou allemande.
PREMIÈRE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
La pierre du foyer est la base de Tédifice social.
De hoeksteen van den haard is de grondslag van de samenleving,
Der Eckstein des Herdes ist die Grundfeste der Gesellschaft.
Rhétorique. Humanités anciennes (sections réunies).
Rhétorique. Humanités modernes (sections réunies).
Composition flamande, allemande ou française.
SECONDE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Wie voor de hinderpalen wijkt, brengt nooit iets groots tôt stand.
Wer von den Schwierigkeiten zurûckweicht, bringt nie etwas
Grosses zustande.
Celui qui recule devant les difficultés ne produit jamais rien de
grand.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3x3
Rhétoriqtu, Humanités anciennes (section grecque-latine).
Rhétorique, Humanités modernes (section scientifique).
Composition flamande, allemande ou anglaise.
TROISIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
De arbeid is des menschen vriend.
Die Arbeit is dem Menschen heilsam.
Labour is the friend of man .
Seconde. Humanités anciennes (sections réunies).
Seconde, Humanités modernes (sections réunies).
Composition française, flamande ou allemande.
PREMIÈRE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Ayons la passion du beau.
Beminnen wij het schoone.
Lasset uns das Schoene lieben.
Seconde, Humanités anciennes {sections réunies).
Seconde. Humanités modernes {sections réunies).
Composition flamande, allemande ou française.
SECONDE LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
Soberheid in 't wenschen is 's levens geluk.
Die Maessigkeit im Wûnschen ist des Lebens Gluck.
Modérez vos désirs, vous serez heureux.
Seconde, Humanités anciennes (section grecque-latine).
Seconde, Humanités modernes (sections réunies}.
TROISIÈME LANGUE (SANS DICTIONNAIRE).
De courant. — Die Zeitung. — The newspaper.
N. B. Le règlement spécial du concours de langues a été donné dans ce Bulletin^
«907» PP- 359 et s.
Histoire et Géographie.
Geschiedenis en Aardr^lisliunde.
Rhétorique. Humanités anciennes (section latine).
Rhétorique, Humanités modernes (sections réunies).
I . Montrez, en vous appuyant sur quelques faits saillants tirés de
3 14 LE MUSÉE BELGE.
l'histoire des trente dernières années, l'iniportance toujours croissante
du facteur économique dans la politique générale des États.
2. Montrez le contraste que présente Tannée 1848 dans notre pays
et ailleurs en Europe. Faites en ressortir les causes.
3. Faites ressortir le rôle de Henri de Dinant et de Pierre Coute-
reel dans la politique de leur temps.
4. Exposez les faits principaux de la lutte des Provinces -Unies
contre l'Espagne depuis Tavènement des Archiducs jusqu'au traité
de Munster.
1 . Montrez que l'inégale répartition des hommes sur le globe est
le résultat de causes naturelles : climat, relief, ressources naturelles.
Appuyez votre réponse d'exemples pris dans les différentes parties
du monde.
2. Indiquez, en les expliquant, les différences qui existent entre la
Basse Belgique et la Haute Belgique aux points de vue suivants :
régime des eaux, régime des pluies, ressources agricoles, densité de
la population, productions animales.
3. Quelles sont les conditions de possibilité des éclipses de soleil
et de lune ?
1 . Steunende op eenige treffende feiten uit de geschiedenis der
laatste dertig jaren, toon het altijd klimmende belang aan van de
economische toestanden in de algemeene politiek der Staten.
2. Toon de tegenstelling aan welke het jaar 1848 hier te lande
aanbiedt met hetzelfde tijdverloop in andere landen van Europa.
Welke zijn daar de redenen van ?
3. Welke roi speelden Hendrik van Dinant en Pieter Coutereel in
de politiek van hunnen tijd ?
4. Doe de voornaamste gebeurtenissen kennen van den strijd door
de Vereenigde Provinciën tegen Spanje gevoerd, van de regeering
der Aartshertogen af tôt het verdrag van Munster.
1. Bewijs dat de ongelijke verspreiding der menschen op de aarde
het gevolg is van natuurlijke oorzaken als daar zijn klimaat, bodems-
hoogte of -laagte, natuurvoortbrengselen. Staaf uw antwôbrd met
voorbeelden aan de verschillende werelddeelen ontleend.
2. Beschrijf en verklaar het onderscheid tusschen laag en hoog
België ten opzichte van de wateren, de regens, de landbouwvoort-
brengselen, de dichtheid der bevolking, de dierenteelt.
3. Onder welke voorwaarden worden zons- en maansverduisterin-
gen mogelijk ?
Seconde. H amanites anciennes (section latine),
I. « Je rendrai, disait Cromwell, le nom d'Anglais aussi grand que
Ta jamais été celui de Romain. » Expliquez ce mot et dites ce que
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3l5
Cromwell au xvii^ siècle, ce que TAngleterre au xviii® siècle, ont
iait pour réaliser ce programme.
2. Justifiez le titre de Messager de Paix, « Angélus Pacis », donné
à saint Louis par le pape Innocent IV.
3, Caractérisez le souverain, à votre avis le plus remarquable, qui,
pendant la première moitié du xvi« siècle, occupa le trône dans les
pays suivants : Angleterre, Allemagne, Espagne, États de TÉglise,
France, Turquie. Montrez les résultats généraux du règne de chacun
d'eux.
1. Montrez que dans chacune des grandes régions naturelles de
l'Asie, les productions végétales et animales sont en rapports étroits
avec le milieu physique.
2. Faites ressortir le rôle que les voies ferrées sont appelées à rem-
plir en Afrique.
3. Faites connaître les colonies des États-Unis de l'Amérique
du Nord.
1. « 'k Zal, zei Cromwell, den naam van Engelschman zoo groot
maken als die van den Romeinschen burger ooit geweest is ». Ver-
klaar die woorden en zeg wat Cromwell in de xvii* eeuw en Engeland
in de xviii« gedaan hebben om dat plan te verwezenlijken.
2. Zeg in hoeverre Lodewijk de Heilige den titel van Bode des
Vredes, « Angélus pacis », verdiend heeft, hem door Paus Innocen-
tius IV gegeven.
3. Kenmerk den volgens u merkwaardigsten vorst die, in elk der
volgende landen, tijdens de eerste helft der xvi« eeuw regeerde :
Engeland, Duitschland, Spanje, de Kerkelijke Staten, Frankrijk,
Turkijë. Duid de algemeene gevolgen van ieders regeering aan.
1. Bewijs hoe, in ieder der groote natuurlijke streken van Azië, de
planten- en de dierenwereld met het physisch midden in eng ver-
band staan.
2. Welke roi is aan de ijzerenwegen in Afrika toegewezen ?
3. Doe de coloniën der Vereenigde Staten van Noord-Amerika
kennen.
I. Les élèves ont 4 heures pour faire leur travail.
3. Les réponses peuvent être rédigées, aux choix des concurrents, en français ou
en flamand.
3. Le jury est autorisé à retrancher des points aux travaux dont Torthographe ou
récriture laissent à désirer.
3l6 LE MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
223. — E3. Gavaig^Dac, Eludes sur V histoire financière d^ Athènes au V^
siècle. Le trésor d'Athènes de 480 à 404. Paris, Fontemoing, 190S.
(Bibl. des Écoles françaises d'Athènes et de Rome. ioo« fasc.).
Voici, sur un sujet obscur en lui-même et compliqué par toutes
les discussions des érudits, un livre d'une remarquable clarté et
plein d'intérêt en une matière d'aspect plutôt rébarbatif. Ce sont
des séries de problèmes hérissés d'inconnues : nous possédons
quelques textes d'auteurs anciens, des inscriptions la plupart du
temps incomplètes et nous voulons dresser le budget des Athéniens !
L'entreprise est difficile, mais elle vaut d'être tentée. On s'y est repris
bien des fois : après Bôckh, Kirchhof et tout récemment Ed. Meyer.
C'est aux travaux de celui-ci que se rattache M. Cavaignac et il a
pris soin de marquer lui-même les points où il est en désaccord avec
réminent professeur de Berlin : i^ vers 480, il n'y avait pas de trésor
monnayé d'Athèna ; 2*" le trésor de la Ligue de Délos fut transporté à
Athènes vers 464 ; il contenait des réserves importantes que
M. Cavaignac cherche à évaluer ; 3" il n'y a jamais eu plus de 6000
talents sur TAcropole ; 4° une reconstitution partielle du trésor a eu
lieu après la paix de Nicias.
Ces conclusions supposent de nombreuses discussions sur des points
de détail : il y en a dans le texte et dans les appendices ; signalons
parmi ces dernières, celle où M. Cavaignac s'efforce d'établir la
population de l'Attique au v« siècle et aboutit à des résultats qui se
rapprochent de ceux de Beloch. J'attire encore l'attention sur l'Intro-
duction où sont étudiées les sources :'on y trouvera soigneusement
classées les inscriptions, et souvent d'excellentes reproductions en
photogravure, le tout accompagné d'une foule d'utiles observations
sur la date ou sur le contenu, ou sur le rapport des différents textes
entre eux. On trouvera aussi en annexe plusieurs inscriptions publiées
dans l'ordre que M. Cavaignac assigne aux fragments qui nous en
sont restés, ainsi les comptes du Parthénon, IG, I, 3oo 3ii, les
listes des tributs.
Je crois avoir clairement indiqué les mérites de cet ouvrage et les
services qu'il peut rendre : il repose sur une étude directe des sources ;
il contribue largement à enrichir et à préciser la connaissance que
nous en avions par les publications antérieures. De plus, il les utilise
avec beaucoup de méthode et les conclusions qu'il en tire doivent
retenir l'attention.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3x7
Je ne sais s'il est bien utile de m'arrêter à quelques observations
de détail que j'ai faites au cours de ma lecture. A propos du décret de
Callias, IG, I, 32, M Cavaignac assigne, avec raison, je crois, une
date différente à la face A et à la face B ; mais n'aurait-il pas dû
chercher à expliquer comment la même pierre peut porter deux
décrets d'époques différentes, mais gravés au même moment ?
M. Cavaignac reprend les calculs de Pedroli sur les tributs payés en
454-3 : il obtient un total de 525 t. au moins, chiffre supérieur à
celui de son devancier ; j'avoue que les règles suivies me laissent un
doute et le résultat me paraît ne pas concorder avec l'interprétation
donnée p. 43 aux 460 t. du phoros d'Aristide.
^ A la p. 74 de l'Introduction, l'auteur présente une nouvelle recon-
stitution du §3 de VAnonymus Argeniiuensis : est-elle suffisamment jus-
tifiée par le commentaire à la p. 114 ? Je ne vois pas la traduction
exacte que M. Cavaignac donne de son texte.
La date assignée par M. Meyer à IG, I, 541, me semble plus
exacte que celle que propose M. Cavaignac : 416/5 plutôt que 427/6.
Henri Francotte.
224. — U. von WlIamO\^itZ-MœlIendorff, Greek historkal
Wriiing and Apollon. Two lectures delivered before the University oj
Oxford, (Trad. anglaise de Gilbert Murray ) Oxford, Clarendon
Press, 1908. 2 sh.
Dans le Bulletin précédent (pp. 241-3), j'ai résumé la première de
ces conférences. Il me reste à parler de la seconde, intitulée A polio ^
qui est, en partie, le développement d'un article que M. Wilamowitz
a publié, en 1903, dans VHermes (pp. 575-586).
Apollon n'est pas «ce qu'un vain peuple pense», et, par vain peuple,
j'entends le peuple charmant des poètes et des artistes. On crut long-
temps en effet, et cette légende est entrée dans l'art et la littérature,
que l'Apollon grec fut, de tout temps, le dieu de la poésie, de la
musique, de la danse, que sais-je encore ? de la beauté physique.
Mais les Grecs de l'Iliade ne le concevaient pas comme ceux du
iv« siècle, et encore moins comme les Romains ; c'est que les dieux,
s'ils naissent, se transforment en vivant et pour vivre, changent avec
le temps, les lieux et les mœurs.
Pour les mieux informés, les philologues, Apollon est avant tout
un dieu solaire. Ce qui paraissait confirmer cette hypothèse, c'est que
les Grecs le surnomment sans cesse Aùkioç, AuKrjTevriç, Ooîpoç, Eaveôç
épithètes qui font toutes allusion, disait on, à son rôle lumineux. On
expliquait aussi l'épisode capital de sa légende, sa victoire sur le
serpent Python, comme le triomphe de la lumière sur la nuit ; ou
3l8 LE MUSÉE BELGE.
encore, d'après Forchhammer (Ann. deW Iftst, arch,, X, p. 284), le
dragon que le dieu perça de ses flèches, c'est le torrent qui traverse
Delphes et dont les eaux s'évaporent aux rayons brûlants du soleil.
Mais comment un dieu solaire peut- il se présenter, comme dans
riliade (A, 47), vuktI FcFoikUjç, semblable à la nuit, — à la nuit « sou-
daine et irrésistible m de la mer Egée ?
Dans Homère, Apollon est un dieu terrible, armé de Tare dont le
seul frémissement fait trembler. De même, dans Thymne homérique
à Apollon Délien (€iç Att. Ai^Xiov, v. 2-1 3), tous les dieux s'enfuient
d effroi à son apparition, sauf son père et sa mère, Zeus et Léto. —
Les Grecs de Tlliade le craignent, car il combat pour les Troyens ;
il a une demeure chez eux, sur leur citadelle. C'est d'ailleurs en Asie
qu'il possède ses premiers sanctuaires ; car Délos, où il fut honoré de
très bonne heure, appartient géologiquement et ethnographiquement
à l'Asie Mineure. Sa mère Léto porte le nom d'à Asiatique 1 dans
une inscription, non encore publiée, originaire d'Argos. Très tôt,
Apollon reçut le surnom de Anxoîbnç et nous savons que seuls les
Lyciens portaient le nom de leurs mères Enfin la Lycie honore
particulièrement Apollon comme son dieu ancestral. — C'est que,
avant l'arrivée des Grecs devant Troie, le culte d'Apollon s'est
répandu en Asie Mineure, en même temps que celui de sa mère, et
de sa sœur Artémis. De là il gagna Délos et la Crète. Nous le trou-
vons plus tard dans le panthéon hellénique, soit que les Grecs aient
adopté purement et simplement le dieu venu de l'étranger, soit qu'ils
l'aient identifié avec une de leurs divinités ancestrales. Faisons
remarquer, avec O. Gruppe (Bursians Jahresber,^ n** 187, 1908, p. 402),
qu'il faut, pour admettre la thèse de M. v. Wilamowitz, rejeter
comme des additions postérieures assez bien de passages des poésies
homériques et oublier que, dans la forme la plus ancienne que Ion
puisse reconstituer de la légende troyenne, les héros grecs partent
pour Troie sous la protection d'Apollon.
Une fois en Occident, le nouveau dieu s'empare peu à peu de tous
les sanctuaires ; il chasse le dragon de Delphes, c est -à-dire qu'il y
supplante un ancien dieu. Il se répand alors partout, sous le nom
de TTOGioç. Et ce fait est capital : il devient un dieu commun aux
États grecs. Telle est la foi des Hellènes qu'aussitôt après 600 avant
Jésus-Christ, le dieu de Delphes provoquera en sa faveur un mouve-
ment national, une guerre sacrée. D'étranger, il est devenu Hellène.
Le dieu ennemi que les Grecs durent d'abord apaiser et conjurer par
des sacrifices, rend maintenant des oracles pour les diriger ; bien
plus, si, à l'origine, tous les sanctuaires apolliniens, d'Asie et de
<jrèce, possédaient des prophètes, il n'en est plus de même ; désor-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. BiQ
mais, c'est à Delphes seule qu'il rend des oracles inspirés. On l'honore
par des processions et des danses, puis par des chants ; et comme
les oracles étaient versifiés, il devient insensiblement le dieu de la
poésie, de la musique et de la danse.
Mais un dieu vaut surtout par l'influence morale qu'il exerce. Si
les Grecs s'adressaient, non seulement à Delphes, mais à Dodone et
ailleurs, pour connaître la solution de leurs difficultés privées, c'est
à Delphes, à Delphes seule, qu'ils soumettent les cas de conscience,
et que les États demandent la façon de terminer les guerres, les
séditions, les épidémies. L'appel au dieu est fondé sur cette idée que
le mal dont on souftre, a pour cause quelque faute, même incon-
sciente, commise envers Apollon. Le dieu indique aux fidèles qui
veulent se réconcilier avec lui, les rites purificateurs à accomplir. On
lui adresse dès lors cette prière : « Seigneur, enseigne-nous comment
nous devons vivre, pour vivre en pureté » . L'un de ses commande-
ments est de vivre conformément aux coutumes des ancêtres, de
respecter les dieux traditionnels de la famille et de la cité. C'est un
dieu conservateur ; et c'est pourquoi, lui qui est pourtant au-dessus
des partis, il préfère la conservatrice Sparte à la mobile Athènes.
Dans la guerre du Peloponèse, il exprimera publiquement cette
préférence. Cela n'empêchera pas Athènes de lui demander conseil
dans les affaires d'ordre spirituel.
Le commandement capital du dieu, celui qui a influé le plus sur
la vie morale et intellectuelle du Grec, c'est le tvûGi aauxôv qui con-
tient en lui et qui provoque l'intraduisible aojqppoouvri avec ses corol-
laires obligés, « Garde la mesure », « Sois résigné », « Pense à ta
fin ». L'homme doit se rendre compte de sa fragilité ; car, sans la
divinité, qu'est-ce que l'homme ? Pindare répondra à la fin de sa vie,
en fidèle dévot d'Apollon : « le songe d'une ombre ». o Vis comme si
tu devais mourir demain, et pourtant comme si tu avais encore
cinquante années devant toi «>, dira Apollon à Admète.
Le dieu purificateur s'élève, se moralise et se purifie ; il accepte
toutes les offrandes, mais ce qu'il préfère, c est le don modique d'un
pieux paysan. Il fait bon marché des rites extérieurs et on peut lui
appliquer les mots suivants écrits dans le sanctuaire de son fils, à
Épidaure : « Piir doit être celui qui entre dans ce temple ; mais la
pureté consiste àavoit de saintes pensées ». La catharsis est surtout
un examen de conscience. Sans doute, les prêtres imposent encore
des ablutions aux pèlerins. Mais on connaît les belles paroles de la
Pythie : a Pour l'homme de bien, une petite goutte suffit; quant au
méchant, l'Océan tout entier ne le laverait pas avec ses flots »
(Anthol. Palat., XIV, 71. cf. Bouché-Leclercq, Histoire de la Divina-
tion dans VAntiquité. Paris, 1880, t. III, p. i5i).
320 LE MUSÉE BELGE.
Cette religion s adresse à la raison seule : elle est sans « surnaturel ».
Elle ignore le mysticisme, la communion du ciel avec la terre,
l'extase, tout ce qui entraîne Thomme au-dessus de lui-même ; pas
davantage, elle ne satisfait le cœur qui a besoin de croire à Tau-delà,
par amour de la survie, par affection pour les proches, par désir
d'une justice posthume. Jusque-là, les Grecs ont cru que la mort met
fin à tout. Mais vers 600 avant Jésus- Christ une nouvelle doctrine
leur apporte le surnaturel qui manque à leur religion raisonnable. Le
culte de Dionysos se répand en Grèce, et avec lui la soif de Tinfini.
la croyance à l'au-delà, tout ce qui constitue le mysticisme va trouver
à se satisfaire. La religion d'Apollon ne répond plus désormais aux
besoins des âmes. Elle ne vif plus que d'une vie conventionnelle,
factice. Elle entre, on peut le dire, dans le culte administratif. Les
Romains qui l'adoptèrent très tôt, avaient trop peu le sens du religieui
pour lui insuffler la vie qui lui faisait de plus en plus défaut.
« Nous savons, dit M. v. Wilamowitz, que les esprits ne parlent
que quand ils ont bu du sang ; les esprits que nous évoquons, nous
historiens, demandent le sang de nos cœurs. Nous le leur donnons
avec joie ; mais si alors ils se laissent interroger, quelque chose de
nous est entré en eux ; quelque chose d'étranger, qui doit être rejeté
au nom de la Vérité ! » C'est par cette légende naïve que M . v. Wila-
mowitz explique ce qu'il y a de personnel et par suite de transitoire
dans l'œuvre historique la plus objective. Les esprits que l'illustre
philologue a évoqués pour composer ses deux belles conférences, lui
ont été propices ; ils lui ont accordé, les lecteurs s'en convaincront,
le don de plaire toujours et de durer. Arthur Humpers.
225 — Ern^t Krause. Diogenes von Apollonia, L Teil. Beilage zu dem
Jahresberichte des kôniglichen Gymnasiums zu Gnesen. Ostem
1908. Posen, Merzbachsche Buchdruckerei . 16 pp.
Ce supplément au programme du Gymnase de Gnesen contient,
comme son titre l'indique, la première partie d'une étude philoso-
phique sur Diogène d'Apollonie. (2® partie du v^ siècle avant J. Cl
Ce philosophe est un des derniers représentants des cpuaiKoi dont les
systèmes, basés sur une théorie cosmologique, varient surtout d'après
r (c élément » choisi comme source de tous les êtres. Après avoir
réfuté l'opinion, qui attribue à Diogène d'autres ouvrages que le
« Trepi cpûaeujç » et indiqué la division probable de ce dernier, E. Krause
commence à exposer la cosmologie du philosophe grec. Elle fait de
l'air respirable Télément fondamental de l'univers : cet air est doué
d'intelligence, comme le prouvent l'ordre de l'univers et la nature de
l'âme humaine. La composition des corps, la vie et la sensation
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 321
s'expliquent par les deux phénomènes de la dilatation et de la raré-
faction de l'air, combinée avec son humidité ou sa sécheresse. Nous
avons affaire à un système assez simpliste bien que fort ingénieux
dans son a-priorisme. Nous y reviendrons quand aura paru la
deuxième partie de cette étude. J. Creusen S. J.
226-227. — Félix Gafflot. Ecqui fuerit SI particuîat in interrogando
latine ttsus disputavit F. Gaffiot. Paris, Klincksieck, 1904. 52 pp.
Thèse.
— Le prétendu emploi de SI inierrogatif en latin. Revue de Philologie,
t. 32, janv. 1908, p. 47-58.
Nous avons coutume de considérer nos grammaires grecque et
latine comme de petits Évangiles. Nous croyons en quelque façon à
leur infaillibilité et c'est aveuglément que, souvent, nous nous fions à
leur parole.
En réalité, il n'y a pas de conception qui soit plus fausse et qui ait
de plus fâcheuses conséquences. Les règles de la grammaire ne sont,
en effet, rien d'autre que le résultat des inductions et des analogies
qui ont été faites par les grammairiens anciens et modernes. Dans
toutes les sciences, nous voyons sans cesse que tantôt l'une, tantôt
l'autre des conceptions reconnues jusqu'ici comme indiscutables sont
renversées par quelque nouvelle découverte. C'est que l'induction
qui était à leur base avait été mal faite et qu'un examen plus attentif
des faits avait conduit à des conclusions tout autres.
Longtemps la grammaire échappa à ce sort ; c'est assez tard que,
sur la base des statistiques, on s'est mis à recommencer toutes les
inductions, méthodiquement et lentement, pour renouveler toute la
face de cette science. Malgré ce travail, dans lequel l'érudition alle-
mande surtout s'est distinguée, il subsiste encore çà et là des erreurs
qui, une fois signalées par les recherches d'un grammairien,
devraient disparaître de l'enseignement.
Nos grammaires latines relèvent un emploi de 5/ comme particule
interrogative et constatent que, souvent, le verbe de l'interrogation
indirecte introduite par si est à l'indicatif. On concède que cet emploi
nest pas très commun, mais il se rencontrerait pourtant chez les
auteurs les plus classiques et aux meilleures époques.
C'est contre cette théorie que, tout récemment, un savant français,
M. Gaffiot, déjà connu par des travaux originaux sur des questions
grammaticales, est parti en guerre. Dans sa thèse, présentée à la
Faculté des Lettres de Paris, il entreprend de montrer que l'emploi
de la particule si dans une interrogation indirecte n'est pas latin.
Pour étayer sa thèse, M. Gaffiot ne pouvait choisir une méthode
i
322 LE MUSÉB BBLGB.
plus loyale et plus scientiûque, que d'exposer le travail inductif de
ses recherches Reprenant tous les passages des auteurs que Ton
citait comme exemples du si interrogatif, il a montré qu'on pouvait
les expliquer sans recourir à cette hypothèse. Toujours, à cette par-
ticule, qui semble introduire une interrogation indirecte, on p>eut
donner le sens conditionnel. L'hypothèse du si interrogatif est extra-
ordinaire et anti-naturelle, parce qu'après cette particule on rencontre
souvent l'Indicatif, bien que ce soit dans une interrogation indirecte.
Comme il faut toujours, dans une science, réduire autant qu il est
possible le nombre de lois qui régissent les phénomènes, et éliminer
les hypothèses qui ne sont pas nécessaires, on doit rejeter Thypothèse
du si interrogatif et adopter, toutes les fois qu'elle est possible»
l'explication plus naturelle du si conditionnel.
Voilà ce que M Gaffiot aurait pu faire remarquer avant de com-
mencer ; car, fort souvent, malgré ses efforts, il n'y a pas de raison
pour préférer l'explication du sj conditionnel à celle du si interrogatif.
On peut ramener tous les cas qui se présentent à un certain
nombre de types :
i® Le plus simple et le plus commun est celui du si employé après
un verbe qui peut introduire une interrogation indirecte :
Eadem, sacerdos Veneria haec si quid amplius scit^
Si vidcro, exquisivero ; faciei me certiorem.
Plaut., Rud,^ 329.
La propositon si scit ne dépend pas de exquisivero^ mais elle forme
une condition. Le personnage qui est en scène ne cherchera pas si
la prêtresse sait quelque autre chose ; mais il l'interrogera et si elle
sait autre chose, elle confirmera ses conjectures.
2** Très souvent, dans la langue de la comédie, qui emprunte
beaucoup de tours de phrase au langage familier, on rencontre l'ex-
pression si placet, employée après un verbe qui peut amener une
interrogation indirecte. Sed vide consilium, si placet. (Plaute, Trinummus^
V. 763). La faute que l'on commet, c'est de faire dépendre si placet du
verbe vide, au lieu d'y voir une expression analogue au français « s'il
vous plaît ».
3** Beaucoup de cas se ramènent à ce type : visam eum si domist^
qu'on traduit par a je verrai s'il est à la maison », mais qu'il faut
évidemment traduire ainsi : « j'irai le voir {visere n est pas videre d'ail-
leurs), s'il est (pourvu qu'il soit) à la maison ».
40 Enfin, voici un cas plus rare, mais qui se rencontre pourtant.
On sait que le latin emploie quelquefois une proposition condition-
nelle là où nous ferions usage d'une proposition relative. Au lieu de
dire : c il faut prendre ce qu'on peut prendre », le latin dira : « il
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 325
faut prendre, si Ton peut prendre quelque chose », capicndum est, si
quid capi possit. Lorsqu'on rencontre cette construction après un verbe
qui peut introduire une interrogation, on croit ordinairement saisir
dans le si un sens interrogatif. C'est à tort. Ainsi, dans cette phrase :
si quid ex conjeciurali aut ex aîia comtitutione sumi possit, videre oportehit.
(Cicéron, De Inv. Or., II, 29, 87), si possit ne dépend pas de videre,
mais Ton doit comprendre ainsi : oportehit id videri quod sumi potest, si
quid sumi possit, « il faudra voir quel parti on peut tirer de la conjec-
ture, etc., si toutefois on peut en tirer parti ».
M. Gaffiot a examiné les prétendus exemples du si interrogatif,
successivement dans Plante, Térence, Cicéron, Virgile, Horace,
Xi te Live, Lygdamus et Properce. L examen des passages de Tite-
Live offre, pour sa thèse, des difficultés spéciales : on rencontre trois
cas où il faut bien avouer que si a le sens interrogatif. Mais il est
remarquable quon ne trouve cette construction qu'après le verbe
quaerere; or, ce verbe n'a pas seulement le sens de demander, il y a en
lui une nuance d'essai, de tentative^ et l'on sait que l'emploi de si (con-
ditionnel d'ailleurs) est régulier après les verbes tentare^ scrutari, etc.
Dans un passage des œuvres de Properce, on signale un exemple
de si interrogatif après perdiscere ; il faut y voir sans doute une har-
diesse de style et un des nombreux effets de l'influence du grec, pré-
pondérante chez Properce.
M. Gaffiot conclut en affirmant que l'emploi de si comme particule
interrogative n'est pas latin ; on n'en rencontre qu'un seul exemple
dans toute la latinité, mais on peut le considérer comme un hellé-
nisme.
Beaucoup de philologues et de grammairiens ont adopté ces con-
clusions. Un petit nombre, tout en reconnaissant qu'il faut réduire
singulièrement la liste traditionnelle des cas où si est interrogatif,
persistent à croire qu'il en existe encore quelques-uns. Pour répondre
aux critiques qui lui ont été faites, M. Gaffiot a publié dans la Revue
de Philologie un article, dont je vais brièvement souligner les points
importants.
Beaucoup, pour maintenir l'existence du 51 interrogatif latin, con-
sidèrent son emploi comme un des nombreux effets de l'influence de
la langue grecque sur la langue latine. On sait, en effet, qu'en grec
d (== très souvent le latin si) est la particule qui introduit les interro-
gations indirectes.
En général, on a beaucoup abusé de cet argument de l'hellénisme,
dans la solution des questions de grammaire et exagéré l'importance
de l'influence grecque. Depuis longtemps, un courant qui entraîne
les meilleurs esprits, s'est formé contre cette théorie et actuellement »
324 ^^ MUSÉE BELGE.
on réduit généralement dune façon considérable sa part dans le
développement de la langue latine. M. Gaffiot ne ménage pas les
partisans de l'hellénisme; il considère cette théorie comme une des
plus grosses erreurs de conception générale qu'on puisse apporter en
grammaire. Pour le cas qui nous concerne, il fait remarquer que les
Grecs, n'avaient à leur disposition que la particule ci pour les inter-
rogations indirectes, tandis que les Latins, ayant à la fois w«i», ne^ an^
ne devaient éprouver nul besoin de leur adjoindre si.
Au surplus, — et cela aurait dû mettre en défiance, — la plupart
des prétendues interrogations indirectes introduites par si ont leur
verbe à T Indicatif, alors qu'une interrogation indirecte, par essence,
demande le subjonctif.
Quelques grammairiens tirent parti de l'usage de la langue
française où la particule si a supplanté toutes les autres pour les
interrogations indirectes. Ils pensent que ce devait être une construc-
tion du latin vulgaire qui aurait laissé des traces dans la langue de
toutes les époques.
Mais cet emploi particulier de st, dont les origines sont fort
obscures encore, ne commence qu'à la décadence; à cette époque, ce
sont des étrangers qui écrivent et parlent le latin et le grec exerce
une puissante influence : cette double circonstance explique en
partie le développement postérieur du latin.
Il semble que la règle traditionnelle du si interrogatif était basée
sur une collection de fausses inductions et que l'examen de M. Gaffiot
a décidément montré la fausseté de cette théorie. Il est à souhaiter
que, sans tarder, on adopte ses conclusions, en rendant hommage au
service qu'il a rendu à la science grammaticale. A. Delatte.
228. — J. E. Demarteau. Le Vase planétaire de pupille. Extrait des
Mélanges Godefroid Kurth, Fasc. II» pp. i5-26, avec une planche.
M. J. E. Demarteau a publié dans les Mélanges Godefroid Kurtk une
intéressante étude sur le Vase planétaire de Jupille, Ce vase découvert
en 1S72 est conservé actuellement au musée archéologique de Liège.
Il a déjà été décrit par M. de Villenoisy (BtilL de rinst, arch. liégeois^
XX III) et M. Demarteau vient de le soumettre à un nouvel examen.
Malgré tout l'intérêt que présente cette savante étude, l'auteur n'est
pas parvenu à me convaincre, et au lieu d'y voir un vase planétaire^ je
suis porté bien plus à admettre que ce précieux monument repré-
sente les divinités des sept jours de la semaine qui ne sont du reste
que des divinités planétaires. La distinction est peut être subtile, mais
elle n'en a pas moins son importance. La monument viendrait ainsi
s'ajouter aux XIX monuments décrits par le baron de Witte dans son
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 325
savant travail sur les divinités des sept jours de la semaine {Gaz^
archéoLy 1877 et 1879). Pour ceux qui désireraient étudier la question,
je signalerai le texte capital de Dion Cassius (XXXVII, 17, 18),
l'article Dies de Humbert dans le Dictionnaire de Daremberg et Saglio
et l'article Planeten dans le Lexikon der gr, und roem. Mythologie de
Roscher. Adolf De Ceuleneer.
229. — Karl Brandi, Das Werden der Renaissance, Rede zur Feier des
Geburtstages seiner Majestàtdes Kaisers u.Kônigsam 27 Januar 1908
gehalten. Gôttingen, Vandenhoeck et Ruprecht, 1908. 27 pp.
Karl Brandi nous donne, dans ce discours, un exemple remar-
quable des évolutions que subit la conception historique du passé
aux différentes époques et à la même époque chez les différents his-
toriens.
Le mot (( Renaissance » (rinascità, restitutio, reformatio) n'a pas
toujours évoqué l'idée qu'il évoque communément aujourd'hui. Il
désigna d'abord le merveilleux essor que prit la vie politique dans
les puissantes communes du Moyen Age en Italie. Les littérateurs
-^rent les premiers à appeler de ce nom la résurrection des lettres et
des arts anciens, des « studia humanitatis ». Il est toujours resté
quelque chose de cette conception. Cependant la littérature et Tart
nationaux semblèrent à plusieurs constituer, plutôt que le renouvel-
lement "des études antiques, la véritable Renaissance et jusqu'au
xviiic siècle cette manière de voir eut une prépondérance marquée,
non seulement en Italie, mais aussi en France. Après un retour à
son interprétation précédente, ce terme, d'une si riche compréhension,
reçut de Jakob Burckhardt sa consécration définitive. Depuis 1 ap-
parition de la « Kultur der Renaissance » (1860), il évoque l'image de
-cette civilisation, exubérante dans tous les domaines, dont l'Italie nous
offre l'exemple, surtout aux xiv« et xv« siècles. Les Romantiques et
leurs partisans refusent, il est vrai, aux Italiens paganisés l'honneur
d'avoir renouvelé la civilisation européenne et l'attribuent tout entier,
non sans beaucoup de raisons, à ceux qui furent les auteurs de la
« Renaissance religieuse » du xi« au xiii* siècle. Cependant l'éclat
avec lequel Burckhardt a décrit ce que nous appelons désormais la
a Renaissance n semble devoir assurer une durée assez longue à sa
conception, aujourd'hui la plus répandue. J. Creusen S. J.
^3o. — Eduard Meyer. Humanistische und geschichtliche Bildung,
Vortrag, Berlin, Weidmann, 1907. 41 pp. pf. 0.60.
Cette conférence comprend deux parties : la première raconte
comment l'antiquité résolut le problème de la culture supérieure et
326 LE MUSÉB BELGE.
applique la solution à nos temps modernes (pp. i-i5), la seconde
caractérise l'esprit historique, ses avantages moraux, de nos jours
surtout, et en Allemagne plus qu'ailleurs (pp. i5-4o).
Au v« siècle avant notre ère, les Grecs se trouvaient en pleine crise
sociale et politique : on se rendit compte qu'il fallait désormais
préparer la jeunesse aux luttes de la vie par d'autres méthodes que
l'apprentissage naïf et admiratif de toute sagesse auprès des vieux
poètes (p. 5). Les sophistes apparurent ; ils croyaient fournir les
armes nécessaires, en apprenant à Tindividu qu'il n'existe rien au-
dessus de lui, qu'il est la mesure de toutes vérités : l'homme sera
d'autant plus grand qu'il poursuivra plus impitoyablement son intérêt
personnel ; la raison en est. qu'il n'existe point de vérité transcen-
dante : les choses étant ce qu'elles paraissent à chacun (pp. 6-7).
Socrate intervint ; il soumettait l'homme aux principes supérieurs du
bien général, du vrai absolu.
Tandis que les sophistes prétendaient à lomniscience, se disaient
en possession complète de toute vérité, Socrate assignait comme but
suprême à l'activité de l'homme, la recherche incessante, la poursuite
sans fin des vérités suprêmes, qui se découvient toujours plus vastes
et plus profondes, plus éloignées de la connaissance humaine, au far
et à mesure qu'on les possède davantage.
C'était créer l'esprit de recherche, 1 esprit scientifique, la culture
humaine, die humanistische Bildufig, en opposition avec la. culiure
encyclopédique, l'esprit de repos dans les connaissances toutes faites,
die allgemeine Bildung (p, 10). Mais le jeune homme avait besoin des
aptitudes pratiques, données par les sophistes, aussi bien que de
l'esprit philosophique d'un Socrate. Les deux systèmes d'éducation,
furent donc contraints de se faire des emprunts mutuels : l'un, pour
rester pratique, l'autre pour n'être pas inintelligent (p. 10). Les deux
systèmes subsistent côte à côte jusqu'à nos jours. Quelle est, dans nos
gymnases, la part qui revient à chacun d'eux ? Il suffit pour répondre
de se dire, avec Meyer, que le gymnase doit surtout donner à l'es-
prit la trempe nécessaire aux études d'université et de la vie entière
(p. i2-i3). Les compilations, les chrestomathies des iii« et iv<^ siècles
de notre ère, font voir à quelles encyclopédies ineptes en vient une
société qui substitue progressivement à la formation scientifique le
souci d'apprendre au jeune homme à pouvoir parler de tout.
En même temps que finissait, grâce à Socrate, l'ère du scepticisme
triomphant, Thucydide, dans le domaine des faits, mettait un terrae
aux doutes ignorants, à la critique rationaliste et subjective. Ce fut
l'éveil, Aristote et Platon le montrent bien, de l'esprit historique
(p. i5-iS). En nos temps modernes, au xix^ siècle plutôt, l'esprit
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 327
historique fait partie intégrante de l'esprit scientifique, la conception
historique du monde fait corps avec sa conception philosophique (p . 1 8).
Tandis que le xviii* siècle, en prétendant résoudre par la seule
connaissance des caractères abstraits et universels du genre humain,
les problèmes concrets de l'histoire, en revenait au rationalisme et
aux doutes arbitraires d'avant Thucydide, le xix^ siècle, se rendant
compte que l'histoire est faite d'actions et de réactions, concrètes et
individuelles, reconnaît qu'il faut, pour Tétudier, la même attention
à ce fait individuel et concret, qui est requise dans les sciences
appliquées, dans les arts de la médecine ou de l'architecture (pp. 21-
22) Et de juste, puisque deux facteurs dominent l'histoire : le
hasard et la volonté libre. (M. Meyer déclare faire abstraction des
questions métaphysiques ; il a raison, puisque, quoi qu'on pense du
déterminisme ou de la prédestination ou de la Providence, on doit
admettre ses conclusions). Ils la dominent, parce que, tout en laissant
subsister dans l'intégrité de leur action les lois universelles qui
régissent l'humanité, ils introduisent dans la série des faits, des don-
nées impossibles à prévoir, points de départ ou causes initiales de
nouvelles séries d'actions. Ce sont ces deux facteurs, indéniables, en
dépit des sophistes modernes (p. 23), qui font de l'étude historique
une étude de faits individuels, autant que de faits généraux.
Meyer s'excuse ici (p. 25) de ne pouvoir qu'indiquer ses vues. Nous
ne nous arrêterons donc pas nous-même à en montrer la justesse.
Quels sont les avantages de la culture historique ? Elle fournit des
exemples, sans doute, des leçons pratiques (pp. 25-26), mais bien
plus et mieux que cela, elle nous donne l'intelligence vivante et vécue
de ce que nous sommes, à la place et au moment que nous occupons
dans l'histoire de l'humanité (pp. 26-28) Pratiquement, est-ce la con-
naissance des institutions, de la a culture 1, die Kulturgeschickte, ou
bien celles des hommes marquants, die polilische Geschichte, qui nous
donnera cette intelligence ? La distinction, dit Meyer, est artificielle
(p. 29) ; selon les époques, ce furent tantôt les individus et leurs
actes, tantôt les groupements et leur situation, qui dominèrent l'his-
toire ; à l'historien d'accuser les reliefs, suivant la réalité.
Quel est enfin, au gymnase, l'esprit dans lequel il faut enseigner
l'histoire ? Quelle part faut- il y donner à la culture encyclopédique, au
bagage des connaissances nécessaires ? quelle part à l'esprit de
recherche ?
Evidemment, il faut fournir au jeune homme les cadres généraux
des résultats acquis, mais cela ne suffit pas : il faut aussi Tinitier aux
recherches historiques. Pratiquement, la chose est possible, si l'on
fait un choix (pp. 3o-3i).
328 LE MUSÉE BELGE.
L'histoire nationale s'impose, mais qu'on se garde de nationaliser,
à rencontre du vrai, le passé d'un peuple î L'histoire de l'antiquité
offre un champ précieux et facile, puisque Télève est obligé de manier
les sources, et qu'on y peut suivre une société jusqu'à sa fin.
Meyer termine par quelques considérations sur les avantages
moraux de l'histoire : elle prémunit contre l'esprit de critique, en
initiant aux difficultés que présentaient les problèmes à ceux qui
durent les résoudre ; elle fait contrepoids aux idées creuses des dis-
ciples de Nietszche, en opposant à leur individualisme, la réalité
grandiose des hommes qui firent leur œuvre.
Ce travail — Meyer nous en avertit lui-même — devrait être
approfondi et complété ; il n'a d'autre prétention que de soulever à
la lecture les réflexions qu'il provoquait à l'audition. Tel quel, mal-
gré son exiguité, il traite à fond, nous paraît-il. les caractères \Tais
des études historiques ; il met, en son vrai jour, la question du gym-
nase — celle de nos humanités. — Le lecteur instruit pourra suppléer
aisément par lui-même, les compléments nécessaires, et creuser les
questions amorcées. P. M. Claevs Boûûaert.
Langues et Littératures germaniques.
23 1. — C G. N. de Vooys, Hisiorische scheis van de N ederlandscke
îeiterhunde^ voor schoolgebruik en koo/dacie-studie. Groningen, J. B.Wol-
ters igo8 xii -*- 204 pp. in-8^, i, 75 fl.
Ce nouveau manuel de l'histoire de la littérature néerlandaise se
distingue par des qualités très sérieuses, qui lui vaudront une place
d'honneur parmi les ouvrages du même genre.
Contrairement à ce qu'ont fait ses devanciers, M. de Vooys accorde
une importance capitale au mouvement littéraire contemporain (de
i83o environ jusqu'à nos jours). Il a donc réduit considérablement
le moyen âge et même le xvii^ siècle, le u siècle d'or », afin de pou-
voir traiter avec plus de développement du xix^ siècle, qui prend, à
lui seul, la moitié du livre (moyen âge et xvi'" siècle, pp. 4-27 ;
xvii^ siècle, pp. 27-40 ; xviii® siècle et xix^ jusqu'en i835, pp. 49-79 ;
xix^î siècle et premières années du xx^, pp. 80-169). Cest peut-être
exagéré — nous en reparlerons tantôt — mais on sera unanime, je
pense, à admettre le principe pédagogique sur lequel est fondée cette
répartition, à savoir que, dans une histoire littéraire destinée à l'en-
seignement, c'est à la période moderne et contemporaine qu'il faut
attribuer la place prépondérante. — Sans doute aucun, on sera encore
unanime à louer l'autre innovation de l'auteur. Elle consiste en ced
que M. de Vooys a réuni, dans un appendice (pp. 170-204), des indi-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 329
cations bibliograhiques (éditions, livres à consulter, monographies, etc. )
et des renseignements divers sur la lecture des auteurs, qui rendront
de précieux services à ceux qui désirent étudier l'histoire de la litté-
rature d'une façon plus approfondie. D'autres manuels, par exemple,
celui de M. W. Van Neylen, que nos lecteurs connaissent (voyez
Btt//., t. VII, pp. 301-302), donnent des renseignements bibliogra-
phiques, mais aucun ne le fait d'une façon aussi méthodique et aussi
complète. — Enfin, il faut également relever ce point, M. de Vooys
est compétent dans la matière. Il s'est fait estimer par des travaux
originaux remarquables sur l'histoire des lettres néerlandaises ; pour
certaines parties de son manuel, il a dû se fier à d'autres, mais il a
su choisir ses guides ( i ) .
La critique la plus grave que Von pourrait faire à cette publication,
c'est que M . de Vooys est allé trop loin en consacrant la moitié de son
manuel aux soixante- dix dernières années. Ce n'est pas tant un man-
que de proportion qu'on regrettera ; ce qu'on lui reprochera plutôt,
c'est que cette partie est trop complète, contient trop de noms d'auteurs
et de titres d'ouvrages, relève trop de faits insignifiants, au point de
ne plus être un aperçu du développement historique de la litté-
rature. Le but de l'auteur, c'était indiquer la marche générale du
mouvement littéraire, sans faire attention à ce qui n'a eu aucune
influence appréciable sur cette marche. Or, eu mentionnant jusqu'aux
écrivains les plus jeunes, les plus récents, ceux de nos jours, ce n'est
plus une histoire qu'il écrit, c'est un inventaire qu'il dresse (2). Et,
en toute hypothèse, quelle peut être l'utilité d'une simple nomenclature?
En revanche, M. de Vooys n'insiste pas assez sur les rapports entre
les littératures étrangères et la nôtre. Au lieu de se borner à quelques
remarques, comme en passant, il n'eût pas fait de besogne superflue en
y insistant davantage, de temps à autre, dans un paragraphe spécial.
— On pourrait encore trouver que l'auteur, en respectant scrupuleu-
sement l'ordre chronologique, a parfois nui à la clarté de l'ensemble ;
il est d'ailleurs peu méthodique de traiter d'un même écrivain dans
des paragraphes appartenant à des chapitres différents ; que gagnent
bien ces auteurs à être ainsi coupés en deux ? — Dans l'appendice
bibliographique, une remarque critique sur la valeur de quelques
(1) Cela ne Ta cependant pas préserve de toute inexactitude. Ainsi, p. ex., ce qu'il
dit dans sa note bibliographique au § 2 (p. 171) est erroné. Ajoutons encore que,
tout en reconnaissant la haute compétence de Tauteur, nous ne saurions souscrire à
toutes ses appréciations.
(2) A côté de cela, certaines omissions sont singulières. Est-ce que, par exemple.
Max Rooses ne méritait pas d'être cité parmi les prosateurs belges ? Et Wazenaar
A. de Vos) ? Et R. Snieders ?
33o LE MUSÉE BELGE,
publications n'eût pas été .inutile. Évidemment, M. de Vooj'S n'a
pas visé à être complet ; cependant certains livres auraient pu être
signalés, comme, entre autres, les ouvrages de Derudder sur Caîs
et de Looten sur Vondeî (§§ 20 et 24) ; au § 48, l'auteur eût pu citer le
Keus van redevoeringen uit J, H, van dir Palm, Gand, i856 ; au § 14,
il aurait fallu renvoyer aussi à Fr. Van Duyse, De Rederijkkamtrs in
Nederland, Parmi les ouvrages généraux, celui de M. J. Stecher n'est
pas cité, pas même au § 91, où le livre de M. Hamelius sur le
mouvement flamand méritait aussi d*être mentionné. Parfois enfin
M. de Vooys aurait pu préciser davantage ; au lieu de dire, par ex.,
que J. ten Brink a écrit une étude sur Coornhert (§ 17), pourquoi ne
pas en donner le titre exact }
Ces quelques remarques, je les ai formulées, non pas pour me
donner le plaisir de critiquer, mais pour montrer à M de Vooys à
quel point je m'intéresse à son manuel. Une deuxième édition — je
le souhaite vivement — deviendra bientôt nécessaire; sans doute
aucun, elle l'emportera de loin sur la première. Et si l'auteur, outre
les modifications et corrections qu'il y aura apportées, joint à la fin
du volume une table alphabétique des auteurs et ouvrages cités, ses
lecteurs lui en sauront gré ; cela rendra le livre encore plus pratique.
C. Lecoutere
232. — Ej. BaUTVens, S.-J. Modemen. Bloemlezing uit de heden -
daagsche Zuid- en Noordnederlandsche schrijvers, met levens-
schetsen en beoordeelingen, dienende tôt aanhangsel bij het derde
deel van « Zuid en Noord ». Brugge, Desclée, De Brouwer et O.
viii-284 pp. In-8o, I fr. 25.
Ce volume est le complément de la chrestomathie « Zuid en Noord •.
Le P. Bauwens y a réuni des i extraits » empruntés à Tœuvre d'une
vingtaine de « modernes » hollandais et d'une douzaine de a modernes •
belges ; ils sont suivis d'une demi douzaine d'extraits de discours
d'orateurs modernes. A chaque auteur est consacrée une notice ;
parfois le collectionneur a ajouté aux textes des remarques explica-
tives ou même morales, le cas échéant. Une introduclion de 24 pages
précède cette anthologie ; le P. Bauwens y fait connaître le mouve-
ment littéraire des trente dernières années, principalement au moyen
de citations empruntées aux auteurs de la nouvelle école ; après quoi
il y ajoute quelques pages de critique.
Le P. Bauwens a eu raison de publier ce volume. On ne peut pas
passer sous silence, dans l'enseignement secondaire, la littérature
contemporaine ; il faut être de son temps et de son pays. Il convient
donc de renseigner les élèves, et de le faire d'une façon prudente.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 33 1
A ce point de vue, le P. Bauwens est un guide sûr et son livre suffit
à atteindre le but qu*il s'est proposé. Le choix des auteurs et des mor-
ceaux est, en général, fait avec goût et discernement, bien qu'il
puisse prêter le flanc à la critique ; mais nous devons nous abstenir
de discuter ce point. C. Lecoutere.
233. — Th. Goopman en Jan Broeckaert, Bibliographie van
den Vlaamschen taalstrijd. Vol. V. i863-i372, n®» 3784-4459. Gand,
Sifïer, 190S. 352 pp in-8°.
Tout le bien que nous avons dit ici de cette publication antérieure-
ment s'applique aussi à ce nouveau volume. Les auteurs continuent
leur travail de bénédictins avec le même soin et la même exactitude.
A mesure que la bibliographie se rapproche de la période actuelle, elle
gagne en intérêt et aussi en importance. Ce cinquième volume con-
tient quantité d'indications sur des faits déjà quelque peu oubliés ; je
ne citerai que la description si peu flatteuse des Flamands par Taine et
le réplique qu'en fit A. Siret dans le journal des Beaux-Arts (n® 38x6),
l'affaire Fleron et le flamand devant la justice militaire (383i), l'étu-
diant louvaniste qui en 1868 n'obtient pas du Jury combiné la dis-
tinction parce qu'il s'exprimait incorrectement en français (3848-3849).
Ce qui rend surtout le cinquième volume intéressant, ce sont les
nombreux extraits de journaux et les reproductions de certaines
discussions qui se produisirent à la Chambre. Je signalerai surtout le
célèbre discours de de Maere, que les auteurs reproduisent en entier,
de même que les répliques auxquelles il donna lieu et les diverses
appréciations des journaux (14 janvier 1869, ^^^ ^9^^ et suiv.) et la
discussion provoquée par Gerrits au sujet de l'enseignement en 1871
(4102-4132). Mentionnons encore la curieuse appréciation de
M. C. Lemonnier (3985) et celle de M. Kurth, ainsi que le résumé
par M. L. Hymans du célèbre livre de Lytton Bulwer sur lord Pal-
merston (p. 184-198 n'^ 4084), si intéressant pour l'histoire de la
Belgique en i83i. Mais il faudrait tout citer, tant les renseignements
fournis par les auteurs sont intéressants. Nous ne pouvons que
souhaiter que les savants auteurs puissent mener leur grande entre-
prise à bonne fin. Ils auront rendu un immense service tant à l'his-
toire du mouvement flamand qu'à l'histoire générale de notre pays.
Adolf de Ceuleneer.
Histoire et Géographie.
234. — Mélanges Godefroid Kurth. Rectuil de mémoires relatifs à
V histoire, à' la philologie et à V archéologie^ publié par la Faculté de PhiUh
Sophie et Lettres de V Université de Liège, L Mémoires historiques*
332 LE MUSÉE BELGE.
cxii 466 pp. II. Mémoires littéraires, philologiques et archéolo-
giques XCI 1+460 pp. Impr. Vaillant-Carmanne, Liège ; Honoré
Champion, Paris, 1908. i2,5o fr. le volume (10 fr. par souscriptioii,
chez rimprimeur). (Bibliothèque de la Faculté de philosophie et
lettres de l'Université de Liège. Série gr. in-S® (jésus). Fasc. I-II).
Ces deux beaux volumes ont été publiés par la Faculté de Liège
en l'honneur de M. God. Kurth, à l'occasion de sa promotion à Té-
méritat. Les Préliminaires sont communs aux deux volumes. Ils com-
prennent : une dédicace, le comité d'honneur, le comité exécutif,
la liste des souscripteurs, puis une étude remarquable sur roeuvre
historique de M. Kurth par un de ses élèves les plus distingués,
M. Karl Hauquet, enfin la bibliographie à peu près complète des
travaux du maître, liste de 5o4 livres, articles ou comptes rendus
sortis de la plume savante et féconde de M. God. Kurth.
Quatre -vingt sept collaborateurs, collègues, amis, anciens élèves
ou admirateurs de M. Kurth, ont répondu à Tappel du Comité exécu-
tif et lui ont envoyé des travaux relatifs à l'histoire ou à la philologie.
Nous ne pouvons analyser ici tous ces mémoires et nous nous
contentons aujourd'hui d'en donner une liste complète.
FASCICULE I. ~ MÉLANGES HISTORIQUES.
Grafé, Alfred, de son vivant professeur à P Université de Liège, Quel-
ques mots sur la philosophie de l'histoire I
de la Vallée Poussin, Louis, professeur à VUniversité de Gand, Un
point de contact entre le Christianisme et le Boudhisme . . i3
Delehaye, Hippolyte, S. J., Bollandiste. La «Translatio S. Mer-
curii Beneventum » i5
Demarteau, Joseph, rédacteur en chef de la Gazette de Liège, La vie
la plus ancienne de Saint Lezin, évêque d'Angers, et les vies
de Saint Amulphe et de Saint Lambert ....... 25
Liégeois. Camille, professeur à V Athénée royal d'Ixelles, La
légende de Saint Badilon , 41
Lahaye, Léon, conservateur des Archives de VEiat à Liège, Un
diplôme de Charles le Gros 53
Simenon, Guillaume, professeur au grand Séminaire de Liège, Les
Chroniqueurs de l'Abbaye de Saint-Trond 61
Moeller, Charles, professeur à VUniversité de Louvain, Godefroid
de Bouillon et l'avouerie du Saint- Sépulcre 73
Poncelet, Albert, S. J., Bollandiste. Vie ancienne de Guillaume
de Saint-Thierry 85
Marchai, chevalier Edmond, secrétaire perpétuel de V Académie
royale de Belgique, Lambiers Fatras 97
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 335
Pirenne, Henri, professeur à VUniversité de Gand. Quelques
remarques sur la Chronique de Gislebert de Mons . . . . io3
Vander Linden. Hermann, professeur à r Université de Liège, Trois
documents du xii* siècle relatifs à Thopital de Louvain . . ii3
Vanné rus, Jules, conservateur des Archives de rÉtat, à Anvers. Les
avoués d'Arlon i23
Closon, Jules, chargé de cours à VUniversité de Liège. Les événe-
ments politiques liégeois pendant les années 1 229-1230 . . i37
Poncelet, Edouard, conservateur des Archives de VÉtat, à Mons. Le
soulèvement de Maubeuge en 1293 et les premiers sceaux de
la commune 149
Fairon, Emile, attaché aux Archives de F État, à Liège, L'abolition
des guerres privées au pays de Liège. Une ordonnance iné-
dite du 24 septembre i334 iSy
de Borman, chevalier Camille, membre de la Commission royale
d^ histoire. Le Tribunal des Douze Lignages au Pays de
Liège, 1 335-1467 169
Berlière, O. S. B., dom Ursmer, directeur honoraire de l'Institut
historique belge à Rome. La Commende aux Pays-Bas . . . i85
de Witte, Alphonse. Les Jetons de Jean- Sans- Peur, comte de
Flandre (1405- 14 17). Avec deux gravures 2o3^
Vander Haeghen, Victor, conservateur des Archives de la ville de
Gand, Les députés de Tournai auprès de Louis XI et d'Oli-
vier le Dain, en juillet 1477 207
Brouwers, D. D., conservateur des Archives de VÉtat^ à Namur. La
reconstruction de Dinant à la fin du xv« siècle 2i3
Dony, Emile, professeur à V Athénée royal de Mons. L'ancienne
industrie du fer au pays de Chimay 223
Fayen, Arnold, membre de Vlnstitut historique belge à Rome, Une
supplique du xvi^ siècle pour la création d'un Collège Belge
à Rome 233
Balau, Sylvain, membre de la Commission royale d'histoire. Jean de
Brusthem 241
Frédericq, Paul, professeur à VUniversité de Gand, Les placards
du 14 octobre et du 3i décembre 1529 contre les protestants
des Pays-Bas 25S
Van Bastelaer, René, conservateur du Cabinet des Estampes à la
Bibliothèque royale de Belgique. Sur Torigine de la dénomina-
tion des Gueux au xvi« siècle. Avec deux gravures . . . . 25^
Hymans. Henri, conservateur en chef de la Bibliothèque royale de
Bruxelles, La plus ancienne vue générale de Bruxelles. (Une
planche hors texte) 273
334 ^^ MUSÉE BELGE.
Gauchie, le chanoine Alfred, professeur à V Université de Louvain.
Relations d'un Père Jésuite réfugié en Flandre sur la situa-
tion de la France au début de iSgS. 27g
De Smedt, Charles, S. J., Bollandiste. Les fondateurs du Bol-
landisme 295
Brants, Victor, professeur à r Université de Louvain, Une page de
rhistoire de l'impôt dans les Pays-Bas au xvii« siècle . . . 3o5
Lonchay, Henri, professeur à T Université de Bruxelles. Les États
Généraux de 1619 1620 32r
Vanden Gheyn. S. J., cofiservateur des manuscrits à la Bibliothèque
royale de Bruxelles, Le registre du marquis de Castel de Rodi-
go pour la contribution volontaire de 1646 33 1
Hansay, A., conservateur des Archives de VÉtat à Hasselt, Les
« Tentes » en pays lossain au xviie et au xviii« siècle . . . 335
Van Houtte, Hubert, chargé de cours à V Université de Gand. Un
Colbert belge. Jean de Brouchhoven, comte de Bergeyck
(1644. 1725) 343
Hubert, Eugène^ professeur à V Université de Liège Le protestan-
tisme dans le duché de Luxembourg à la fin de TAncien
Régime 355
Carlot, Armand, attaché aux Archives de F Etat ^ à Mofis. Le cha-
pitre de Sainte Waudru à Mons et ses doyennes (1786-1789). 36 1
Bigwood, Georges, chargé de cours à l'Université de Bruxelles,
avocat à la Cour d'Appel, Un physiocrate belge inconnu . . 376
Ulens, Robert, docteur en droit. Tentatives d'organisation de
la circulation fiduciaire dans les Pays-Bas Autrichiens . 385
Magnette, Félix, professeur à V Athénée royal de Liège. Les pre-
mières relations entre les « patriotes » liégeois et l'Assemblée
Constituante. La mission de Reynier à Paris, juillet et
décembre 1790 391
Poullet, Prosper, professeur à l'Université de Louvain, Un conseil
d'arrondissement sous le Consulat et TEmpire 4»!
Cuvelier, Joseph, attaché aux Archives de VÉtat, à Bruxelles.
Gachard et la colonie belge du Guatemala, 1841 . . . . 425
Ansiaux, Maurice, professeur à V Université de Bruxelles, collabora-
teur de r Institut de Sociologie Solvay, Le crédit à la spéculation
financière 433
Halkin, Joseph, professeur à l'Université de Liège. Les monogra-
phies de village 441
<ie Cepeda, Rodiguez Rafaël, professeur a VUniversiié de Valence
(Espagne). Quelques considérations sur les révolutions . . . 447
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 335
FASC. IL - MÉLANGES D'HISTOIRE LITTÉRAIRE,
DE PHILOLOGIE ET D'ARCHÉOLOGIE.
Francotte, Henri, professeur à V Université de Liège. Les taxes
du vingtième et du dixième dans la Ligue de Délos ... i
Graindor. Paul, ancien membre étranger de V École française d'Athènes.
Note sur un décret de la Confédération des Nésiotes ... 7
De marteau, J. R., professeur émérite de V Université de Liège. Le
vase planétaire de Jupille. Étude archéologique. (Une
planche hors texte) • . , . l5
Audollent, Auguste, professeur à l'Université de Clermont-Ferrand.
Lettre à M. Kurth sur le temple du puy de Dôme .... 27
Lejay, Faul, professeur à V Institut catholique, à Paris Les origines
de l'Église d*Afrique et l'Église romaine 41
Ladeuze, le chanoine P., professeur à V Université de Louvain.
Caius de Rome, le seul Aloge connu 49
Al lard, Paul, directeur de la Revue des Questions historiques. La
passion de Saint Dioscore 61
Van den Ven, P., attaché aux Musées royaux de Bruxelles. Un
opuscule inédit attribué à Saint Nil 73
Guillaume, le chanoine L , directeur de la Collection « Lès clas-
siques comparés m . Romanos le Mélode . 83
Henquinez, Henri, docteur en philosophie et lettres. De l'histoire à
l'épopée qS
Laurent, Marcel, chargé de cours de V Université de Liège, Christus
belliger insignis. (Une planche hors texte) io3
Brassine, Joseph, sous bibliothécaire à l'Université de Liège. Un
poème de Rodulf de Saint- Trond ii3
Morin, dom Germain, O. S. B.. à Maredsous, Le Psautier de
Sainte Wivine. Manuscrit conservé à Orbais, en Brabant i39
Sepet, Marius, bibliothécaire au Département des manuscrits de la
Bibliothèque nationale^ à Paris. La moralité exemplaire, genre
dramatique du moyen- âge 145
Bethune, baron P., professeur à l'Université de Louvain, De quel-
ques points de contact entre la poésie du midi de la France
et celle du Nord i55
Doutrepont, AyxgusXt, projesseur à V Université de Liège. Hemri-
ricourt et Salbray 173
Bayot, A., chargé de cours à l'Université de Louvain. Sur lexem-
plaire des Grandes Chroniques offert par Guillaume Fillastre à
Philippe le Bon i83
Doutrepont, Georges, professeur à l Université de Louvain. Jason
et Gédéon, patrons de la Toison d'Or 191
336 LE MUSÉE BELGE.
Waltzing, J. V.,professeur à r Université tU Liège. Un humaniste
arlonais. Petnis Jacobi Arlunensis (i 459-1509). Avec quatre
gravures 209
Bâcha, Eugène, attaché au département des manuscrits de la Biblio-
thèque royale, à Bruxelles. Les Heures de Notre-Dame dites
d'Hennesy 233
Roersch, Alphonse, professeur a V Université de Gand. De Gand à
Rome en 1624 239
de Bethune, baron, bibliothécaire de la ville de Courir ai. Le théâtre
dans les anciens collèges de Belgique 25 1
Grégoire, Antoine, professeur à V Athénée de Huy. Une question
de méthode en linguistique 267
Roland, le Chanoine C.-G. Question de toponymie : Astanetum. 291
Mansion, Joseph, chargé de cours à V Université de Liège. Die Ety-
mologie von m. engl « hàlien » 295
Feller, Jules, professeur à V Athénée royal de Verviers, Notes d'éty-
mologie wallonne 3o3
Haust, JesLTï, professeur à V Athénée royal de Liège. Étymologies
wallonnes. Notes sur le Dictionnaire de Grandgagnage . . 3i5
Counson, A., chargé de cours à l'Université de Gand. De la légende
de Kant chez les romantiques français 327
Legrand, Georges, professeur à VIftstitut agricole de FÉiat^ à Gem-
bloux. Joseph de Maistre et l'ancien régime, d'après quelques
lettres 33S
Hamelius, Paul, chargé de cours à V Université de Liège. The rheto-
rical structure of Layamon's verse 339
Bang, W., professeur à V Université de Louvain. Zu Jonsons Quellen
fur seinen Volpone 35i
Matthias, D^ Theodor von, Rektor in Plauen. Widerklânge
zwischen Goethes « Faust n und Schillers « Wallenstein » . 35;
Seemueller, Joseph, professeur a V Université de Vienne (Autriche).
Lieder von Walther und Hildegund 365
Saalfeld, D^ Gunter, Gymnasial-Ober lehrer (Friedenau-Berlin).
Natur und Muttersprache. Ein Beitrag zur Lautnachahm-
ung 373
Bischoff, Henri, professeur à r Université de Liège. Erlebnis und
Dichtung bei N. Lenau 385
Wueliing, D^ J. Ernst, professeur à l'Université de Bonn. Aus Kon-
rad Ferdinand Meyers Wortschatz 397
d'Arbois de Jubainville, H., membre de r Institut, professeur au Col-
lège de France. Deux sections des Macgnimrada Conculainn.
Exploits de Cûchulainn enfant 409
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 337
Tourneur, Victor, attaché à la Bibliothèque royale de Belgique. La
Formation du Tâin bô Cùalnge 4 1 3
Chauvin, Victor, processeur à V Université de Liège, Charles Bor-
romée Houry, orientaliste luxembourgeois 425
Bricteux, A. chargé de cours à V Université de Liège, Les manus-
crits persans de la Bibliothèque de TUniversité de Liège. . 433
Pierens-Gevaert, H., chargé de cours à l'Université de Liège, Le
clair-obscur dans la peinture des xv^, xvie et xvii« siècles . . 43g
235. — Max Rlntelen, Schuldhaft und Einlager im Vollstreckungs-
verfahren des altniederlàndischen und sàchsischen Rechtes, Leipzig,
Dunker und Humblot, 1908. xv-237 pp., in-S^. 6 m.
La question de la contrainte par corps et des arrêts forcés, que
M . R. examine dans l'ouvrage qui nous occupe, présente un intérêt
avant tout historique. Le droit moderne, en effet, ne recourt à l'em-
prisonnement pour matière civile que dans le cas où tout autre
moyen d'exécution fait défaut. L'ancien concept, confondant bien
souvent la personnalité avec l'avoir matériel, s'est modifié ; les moyens
d'exécution se sont spécialisés chaque jour davantage s'accommodaat
à la nature du droit de poursuivre en chaque cas particulier, m&me
sans le concours du débiteur ; enfin droit civil et droit pénal, long-
temps confondus ou au moins connexes, se sont séparés de plus en
plus dans le cours des temps.
Disons-le tout de suite, M. R. borne ses investigations aux anciens
droits des Pays-Bas et de la Saxe ; ces législations, en effet, pîus
longtemps que les autres, sont restées indemnes de toute infiltration
de droit étranger. Toutefois l'auteur ne néglige pas, quand l'occasion
se présente, les rapprochements avec d'autres stipulations de droit
civil.
Le premier texte que M. R. commente et qui lui sert de point de
départ est emprunté au titre 58 de la Loi Salique : De chrencauda.
On y lit : le criminel, qui n'est pas en état de payer le wergeld auquel
il a été condamné et dont les parents refusent de l'acquitter pour lui,
est livré à titre de gage à son créancier ; celui-ci, après avoir produit
le débiteur quatre fois devant le tribunal sans que l'acquittement de
la dette s'en soit suivi, est investi du droit de mettre à mort 1 otage-
Ce ne sont donc pas les pouvoirs publics qui poursuivent l'exécution :
elle est confiée à une personne privée ; il ne s'agit pas non plus
d'une exécution purement civile : la première sentence a dû prendre
d'abord une teinte de peine criminelle : après tout, c'est le droit de
vengeance. Nous n'allons pas suivre le savant professeur de Leipzig
dans toutes les transformations que subit cette législation primitive.
338 LE MUSÉE BELGE.
Contentons-nous d*indiquer qu'il étudie dans une première partie
Temprisonnement d'après les anciennes législations des Pays-Bas ; h
seconde partie est consacrée à l'examen de la même question d'après
le droit saxon ; la troisième aux arrêts forcés. Dans chacune de ces
parties, Tauteur montre comment la législation primitive évolue et se
développe, comment le caractère pénal des premiers temps s'efface de
plus en plus, comment aussi l'intervention de l'État dans les exécu-
tions pour matière civile devient constamment plus considérable. A
chaque page, M. R. invoque à l'appui de ses assertions les textes
législatifs anciens et il les interprète avec sagacité. C'est assez dire le
mérite de cette contribution à l'histoire du droit.
J. B. GOETSTOUWERS, S. J.
236. — M. Denucé, Les iUs Lequios [Formosc et Riu Kiu) et Opkir.
Bruxelles, 1907. 3i pp. (Extr. du Bull, de la Soc, royale d-e géogr..
Le nom des îles Lequios n'apparaît sur les cartes qu'au commence-
ment du xvie siècle. Elles avaient été reconnues en i5\j par le
voyageur portugais Jorge de Mascarenhas. L'auteur fait l'histoire
cartographique de l'archipel (240-290 L. N.) que Mercator le premier
fixa avec exactitude sur sa mappemonde de iSôq en établissant la
position exacte du Japon et des îles entre le Japon et Formose.
Barbosa et Magellan ayant identifié les Lequios avec Ophir,
M. Denucé recherche les diverses identifications proposées par les
savants dans les Indes Orientales, et arrive à la conclusion qu'Ophir
signifie une terre très-éloignée et riche en métaux précieux Seule-
ment nous devons faire observer que de cette manière la question
n'est pas résolue Même en admettant que telle soit la signification
du mot Ophir, il n'en faut pas moins rechercher où se trouvait l'en-
droit d'où les vaisseaux de Salomon rapportaient les métaux précieux*
Préciser semble impossible ; mais tous les renseignements nous con-
duisent vers l'Inde ; et probablement vers la presqu'île de Malacca où
se trouvait très-vraisemblablement l'entrepôt central de l'or prove-
nant des îles telle que Formose et les Riu-Kiu. Le travail de
M. Denucé est très suggestif et constitue une étude cartographique
des plus savantes. Adolf de Ceuleneer.
Histoire de l'Art.
237. — R Van Bastelaer et Georges de Loo [Hulin), Pela
Bruegd l'Ancien^ son autre et son temps, Bruxelles, Van Oest, 190S.
400 pp. in-4'' et 102 planches. jS frs.
Cet ouvrage est d'une importance capitale pour Ihistoire de l'école
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SSq
flamande de peinture. L'œuvre de l'élève de Pierre Boeck a été étu-
diée sans toutes ses faces. M. Van Bastelaer compare Breugel à
Jérôme Bosch, nous dit en quoi il ressemble au maître brjibançon et
en quoi il en diffère ; il nous le représente non pas comme un peintre
de drôleries, mais bien comme le plus réaliste des Flamands, qui ne
subit aucune influence étrangère, qui dans ses tableaux de mœurs
néglige la forme pour la force d'expression et le caractère, mais qui,
dans sa seconde manière, recherche un peu plus d'harmonie et sim-
plifie les groupements L'œuvre de ce grand maître fut immense. Une
grande partie de l'ouvrage est consacrée au catalogue raisonné des
dessins et de l'œuvre gravée de Bruegel. Le catalogue de l'œuvre
peint est dressé avec le plus grand soin et avec une connaissance
approfondie du sujet par M. Hulin. On peut considérer ce travail
comme définitif. De nouvelles recherches pourront peut-être modifier
certains détails» compléter cà et là les catalogues, mais après le tra-
vail de MM. Van Bastelaer et Hulin, une nouvelle étude sur Breugel
n'est plus à faire. C'est par erreur que, p. 338. M. Hulin écrit que le
catalogue flamand des tableaux trouvés à la mortuaire de Rubens est
l>erdu. Ce catalogue est imprimé (p. 316-340) dans la Historische
L^evcnsbeschrijving van Petriis Paulus Rubens^ publiée à Amsterdam en
1774 chez Johannes Smit.
La même librairie a commencé la publication d'une collection des
grands artistes des Pays-Bas (3,5o fr. le volume). Les deux premiers
volumes, splendidement illustrés, sont consacrés à Quinten Metsys,
étude de Af . /. de Busschere, et à Thiery Bouts par Arnold Goffin. Ce sont
d'excellentes études de vulgarisation. M. J. Weale a cru cependant
devoir faire certaines réserves au sujet du Thiry Bouts dans la Bur-
lington Magazine (XH, 38i). Adolf De Ceuleneer.
Pédagogie.
238. — Louis Delpérier, avocat à la cour d'appel de Paris, Les
colonies de vacances y Préface de M. E. Cheysson, membre de l'Insti-
tut. Paris, LecofFre, 1908. (Bibliotljèque d'économie sociale).
L'œuvre des colonies de vacances est de date relativement récente,
puisque c'est en 1876 que le pasteur Bion de Zurich en a fait la pre-
mière application ; mais son idée n'a pas tardé, par une heureuse
contagion, à gagner les pays voisins, et de proche en proche, elle a
successivement envahi toutes les contrées civilisées. Elle jouit aujour-
d'hui d'une faveur véritablement universelle. Pareil succès ne doit
pas étonner ; car les colonies de vacances sont des œuvres d'hygiène
à la fois phN'sique, morale et sociale.
340 LE MUSÉE BELGE.
Il existe deux modes principaux d'organisation. Le premier consiste
à placer les colons isolément dans des familles de cultivateurs et à les
faire surveiller pendant les jeux et les promenades par Tinstituteiir de
la localité. Le second consiste à envoyer les enfants par groupées plus
ou moins nombreux, de 12 à 25, et sous la direction d'instituteurs
et d'institutrices dans des locaux aménagés en vue de cette villégia-
ture : hôtels ou maisons louées ou bien villas scolaires acquises ou
construites spécialement pour cette destination par des comités.
Si le placement familial présente l'avantage d'être un prolonge-
ment de la famille et de laisser ainsi l'enfant dans son cadre naturel,
la colonie collective facilite l'action morale exercée sur l'enfant : aussi
est-elle la règle, et le placement familial l'exception.
La durée doit être au moins de vingt-et- un à vingt -huit jours pour
être profitable. Pendant les premiers jours, l'enfant ne profite pas ou
peu. Il traverse la période d'adaptation au milieu. Ce n'est que dans
la seconde période de son séjour que les forces lui reviennent, et
c'est précisément le moment qu'on choisit souvent pour le ramener
dans la mansarde où il étouffe, dans la rue où il absorbe les microbes
avec la poussière qu'il avale.
Les colonies de vacances ne sont pas toutes sans danger. Elles ont
été aussi parfois des foyers d'irréligion. M. Delpérier, dans son livre
remarquable sur les colonies de vacances, relève à ce sujet des faits
typiques : « dans une colonie municipale de la ville de Paris, un
colon étant mort, l'enfant fut, sur le désir des parents, enterré à
l'église ; mais les directeurs de la colonie ne laissèrent pas pénétrer
dans l'église les autres colons « pour ne pas froisser les consciences
de ceux qui n'y sont pas habitués » : dans d'autres colonies, on voit
des surveillants organiser des promenades à l'heure même où des
enfants de telle ou telle religion doivent pratiquer leur culte. Dans
d'autres œuvres municipales, il existe « une dangereuse promiscuité
entre les enfants des deux sexes «».
Les ressources des colonies sont très diverses : ordinairement, les
plus importantes sont fournies par des dons d'étrangers et par des
subventions de villes.
Dans les pays un peu étendus, la question des transports intéresse
au plus haut degré le succès des colonies, et c'est toujours à l'obten-
tion d'une forte réduction de tarif qu'un organisateur de colonie con-
sacre ses premières démarches. De cette réduction, en effet, dépend
non seulement le lieu de la colonie, mais aussi le nombre des colons.
La gratuité est rarement accordée ; mais la réduction varie de 5o */.
à jSojo.
Pendant le séjour en colonies de vacances, les enfants peuvent être
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 34I
victimes d'accidents, comme ils peuvent facilement en être les auteurs :
jusqu'à quel point ces faits, heureusement rares, engagent-ils la res-
ponsabilité civile des directeurs ? Il n'existe pas, que je sache, de
jurisprudence en cette matière très spéciale. La prudence commande
donc aux directeurs de s'assurer contre les conséquences d'accidents
pouvant survenir à leurs colons ou causés par eux.
Le séjour dans une colonie étant forcément restreint et le nombre
des colons minime relativement à la population scolaire, des hommes
éminents ont préconisé des compléments et des prolongements de
la colonie de vacances, tels que les écoles en plein air, comme à Char-
lottenbourg, les demi-colonies ou séjours hebdomadaires à la cam-
pagne, les jardins d*enfants, donnant à la jeunesse une occupation
utile et attrayante au bon air.
A leur tour, les colonies peuvent compléter certaines œuvres qui
y puiseront un élément de force et de succès : par exemple, les
patronages, les écoles ménagères, les écoles d'apprentissage, les con-
férences de Saint Vincent de Paul. A New-York, par exemple, la
société de Saint Vincent de Paul envoie des enfants en colonies de
vacances.
En voyant Téclosion journalière d'oeuvres catholiques de colonies
de vacances, « nous ne doutons pas, dit M. Delpérier, que dans un
prochain avenir, tous les catholiques français s'intéressent à une
œuvre qui, mieux que toute autre, répandra pour le bien du pays»
des semences d'énergie physique et morale dans les classes ouvrières. »
Ces quelques lignes suffisent, je pense, pour faire pressentir tout
l'intérêt que présente le bel ouvrage de M. Delpérier : en lisant ses
pages si judicieuses, écrites d'une plume alerte, on devient avec lui
un apôtre de la colonie des vacances. Charles Collard.
Notices et annonces bibliographiques.
23j. — Pierre Guzmaa, L-x villa d'Hadrien près de Tivoli. Guide et Description,
suivi d'un catalogue des œuvres d'art. Paiis, Hachette, igoS. 171 pp. In-S".
M. Guzman a publié en 1904, chez Fontemoing, un ouvrage in-4<», orné de
616 gravures, La villa impériale de Tibur^c\u\ a été couronné par l'Académie
fiaiçaise. Ce nouvel ouvrage s'adresse à un public plus étendu et son but est diffé-
rent : guider le visiteur ou aider celui qui veut étudier chez lui la villa d'Hadrien.
I contient une notice historique sur la construction de la villa et sur son histoire
lusqu'à ce jour (18 pp.) ; puis une description des nombreuses œuvres d'art qu'on a
retrouvées dans les ruines, d'après l'ordre topographique ; enfin, un itinéraire
descriptif pour visiter les ruines (pp. 41-1 10). L'ouvrage est orné de 120 gravures et
plans en noir, 1 plan en couleur et 9 dessins de l'auteur ; il se termine par un cata-
logue de 3o3 œuvres d'art provenant de la villa.
342 LE MUSÉB BBLCE.
240. — La maison Hachette vient de publier le 41*, fascicule du Dictionnaire des
antiquités grecques et romaines de Daremberg et Sjglio II renferme les articles de U
lettre R et ceux de S jusqu à Sacrificium, Parmi les principaux articles nous signa-
lerons Regio.Rcx^Rei vindicatio^ Relat o, Religio, Romanorum respublica^Sacerdos
et surtout Rustica res par M. Sorlin Dorigny qui constitue un véritable traité
d'agronomie antique (58 col.) ainsi que Sacrificium par M. Legrand pour la Grèce
(34 col.) et que M. Fontaine commence pour Rome. Adolp ok Cculenkem.
341. — M. Rodolfo Liaiiciaiii public chez Loescher à Rome fous le titre de Sto-
ria degli scavi di Roma e notifie intorno le coUe^iom romane di antichità ( 10 fr.
le vol.) une histoire par ordre chronologi ]ue des fouilles et découvertes faites à Rome
et dans les environs depuis le xi* siècle jusqu'en 1870, ainsi que de la formatico
et du développement des collections romiines tant publiques que privées. Les
notices sont établies sur des notes reproduites souvent textuellement, extraites des
diverses archives de Rome,et d'indications que l'auteur a pu recueillir dans les prin-
cipales bibliothèques de l'Europe. La partie la plus utile est certes celle qui nous
renseigne sur les monuments figurés. Grâce à ces indications, on peut souvent
;denti6er et connaître l'origine de quantité de statues qui, d'abord conservées dans
des collections romaines, sont maintenant dispersées dans divers musées de TEurope
Ce travail n*aurait été que d'une utilité relative, si l'auteur n'avait eu soin d'ajouter à
chaque volume d'excellentes tables qui facilitent les recherches. Le premier volume,
paru en 1902, va de l'an tooo à i53o ; le second, paru en igoS, de i53o-i549, et le
troisième, paru en 1907, de i35o à i563. Ce travail de bénédictin rendra les plus
grandes services à l'histoire de la topographie romaine et aussi à l'histoire de Part
antique, ainsi qu'à la muséographie. Adolf de Ceuleneeu.
242-4. — Le 32* fascicule du beau Dictionnaire de ta Bible de Vigonroux vient
de paraître (Pl-PRI). Nous citerons parmi les principaux articles répitres de S. Pierre,
Ponce Pilate, poids, bibles polyglottes, porte, poterie, pourpre, prétoire, prêtre,
prière.
Tous ces articles, tout en constituant des études fort scientifiques sont la plupart
moins étendus que ceux du Dictionnaire d'Archéologie chré.ienne et de liturgie
de dom Gabx*ol, lesquels sont si développés que bien des fois on psut les con-
sidérer comme de véritables traités sur la" matière. Du plus récent fascicule du
Dictionnaire de Cabrol (XV. Bibl.-Bret,) nous signalerons les études sur le manus-
crit connue sous le nom de Missel de Bobbio, rédigé par S. Colomban entre Co3 et
61 5, actuellement à la Bibliothèque nationale de Paris (23 col.), sur l'épigraphie de
Bolsène, la bonté chrétienne (46 col.), étude épigraphique des plus savantes ; Bor-
deaux, Brescia et le commencement d'un travail très complet sur la Grande Bre-
tagne.
Le même libraire Letouzey annonce maintenant la publication, pour le mois
de novembre, du premier fascicule d'un troisième Dictionnaire, publié dans le même
esprit et dans le mêm: format et qui sera le complément des Dictionnaires de
Vigouroux et de Cabrol. Ce sera un Dictionnaire d'histoire et de géographie
ecclésiastiques publié sous la direction de Mgr Baudrillart, le Recteur de l'Institut
catholique de Paris. Tout comme pour li? autres dictionnaires, le prix sera de 5 fr.
par fascicule. Adolp de Ceuleneek.
245. — M. Ghr. Stapelkamp, qui a déjà éJité, dans la collection « Klassiek
Letterkundig Panthéon », plusieurs poésies de J. Da Costa (cfr. Bt///., t. XI, p. 237),
vient d'y publier un autre poème du même auteur, celui qu'on regarde communé-
ment comme son chef-d'œuvre . De slag bij Nieuwpoort (Zutfen,W. J. Thiemc et C'\
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3j^3
190S. In- 16, 100 pp. o fl. 3o). Cette édition est faite dans le même esprit cl sur le
môme plan que celtes dont nous avons rendu compte. D'abord une introduction
développée, qui comprend, outre la notice historique sur révénement en question,
un aperçu sur la genèse, le contenu, l'importance do ce chant politique; puis le
texte, suivi de notes explicatives nombreuses, trop nombreuses peut-être, bien que
ce texte difficile en réclame beaucoup. L'ensemble constitue un travail soigné,
nuquel nous ne voulons pas marchander nos éloges. C. Lecoutere.
246. — On vient de distribuer aux membres de la Sociéîé d'Art et d'Histoire du
diocèse de Liège, la première partie du tome XVII de ses Bulletins. Elle forme un
volume de 270 pages consacrées par le M. le professeur Simenon à l'histoire des
paroisses qui dépenda*ent de 1 abbaye de Saint-Trond : Aelst, Berbroeck, Bevingen,
Borloo, Buvingen, Donck, Engelmanshoven, Exel, Grand- Bragel, Halle, Halmael,
Helchteren, Kcrkom, Laer, Linck'.iout, Melveren, Mielen sur Aelst, Necrpelt, Peer,
SchaflFen, Scny, Staden, la collégiale, les églises paroissiales et les chapelles de Saint-
Trond, même Wcbbecom et Wychmael. Inutile de dire que l'érudition soigneuse
du savant professeur, a remis au jour, sur toutes ces localités, force détails des
plus curieux.
247. — M. H. Vanderlinden vient de publier à part une note sur l'Université
de Louvain eti i568 (Bruxelles, 1908. 3o pp. extr. des Bull, de la comm, roy.
dhist.), reproduisant, d'après un ms. de la Bibliothèque du Ministère de la Justice,
no 1 154, comparé avec le ms. n» 2294 des Archives générales du royaume, une lettre
du duc d'Albe du iG janvier i568 au Conseil et au Recteur de l'Université de
Louvain demandant des renseignements sur l'état de l'Université et la réponse des
autorités académiques du 3: janvier i568, à laquelle est jointe un rapport qui donne
les renseignements les plus précis sur le programme des ccurs en i3'')8 pour les
cinq Facultés. Cette pièce est des plus intéressantes pour nous former une idée de
ce qu'était l'enseignement universitaire dans la seconde moitié du xvi^ siècle.
248. — Anciens comptes de la ville de Gand, De 1 874-1 883, MM. Vnylsteke
et Nap. De Pan'W publièrent en 3 volumes les comptes de la ville de Gand de
la période de Jacques Van Artevclde fi336-i349); peu de temps après, M. Vuyl-
stcke fut chargé par la ville de publier les comptes de la période directement anté-
rieure (i 280-1 336). Cette nouvelle publication, faite avec le plus grand soin, parut
en 1900 (2 fascicules de 1048 p.). Elle comprend les comptes de la ville et ceux des
baillis; les premiers en flamand, les seconds en français. A la mort de M. Vuyl-
stekc, il n*existait qu'un premier canevas de table. M. Van VVerveke fut donc obligé
de refondre complètement le iravail commencé par M. Vuylstcke, travail de béné-
dictin, fait avec une précision et une exactitude vraiment remarquables. Celte table
vient de paraître. C'est un volume de 333 p. sur deux colonnes de petit texte. Il
constitue un vrai modèle du genre et rendra les plus grands services à ceux qui s'in-
téressent à l'histoire de la ville de Gand au xiii* siècle, car sans celte table il était
quasi impossible de consulter avec fruit les comptes publiés par M. Vuylstrke.
2 19. — Les Bulletins de la Gilde de Saint Thomas et de Saint Luc constituent
ddns leur ensemble la description la plus complète et la plus scientifique des monu-
ments de la B-lgique et des pays limitrophes. C'est donc un réel service qu'a rendu
M. le Baron J. de Bethune en dressant des tables très complètes et tiès conscien-
cieuses des 35 Bulletins de la Gilde (i8G3- 1901). Ces tables forment un beau volume
in-4ode 171 p. (Bruges, Descléc), et tous les archéologues sauront gré à M. de
B.-thune du grand service qu'il leur a rendu. Adolf de Ceuleneer.
344 ^^ MUSéE BELGB.
25o. — M. X. de Haerne vient de publier, en tirage à part, une bien curieuse
étude, qui a paru dan» le Bull, du Cercle historique et archéologique de Courtrai,
sous le titre : Médailles d'infamie. 1829. (la p.), et qui traite d'un épisoJe peu
connu de la dernière année du règne de Guillaume. Celui-ci se trouvant à I.iége, le
a3 juin 1824, traita le mouvement pétitionnaire de conduite infâme. A iVxcmple de
ce qu'avaient fait les gueux au xvi» siècle, Constantin Rodenbach créa un ordre
de Vinfamie le 9 juillet à Bruges et Ton grava des médailles carrées en argent repré-
sentant d*un côté la Loi Fondamentale avec la devise : Fidèle jusqu'à V infamie ^q\ de
l'autre le nom du membre suivi de IVpithète infAme et du millésime 1829. Les
médailles étaient numéroteras. Le chiffre le plus élevé est 48, mais il est probable
que le nombre des affiliés fut plus considérable. Adolf de Ceulfneeb.
CHRONIQUE.
25 1. — Selon les statuts, le deuxième Congrès de V Association Belge des Pro-
fesseurs de Langues Vivantes devait avoir lieu au mois de septembre 190S.
Malheureusement, le Comité, charcé d'organiser ce Congres à Liège, a rencontré
plusieurs obstacles qui l'ont mis dans Timpossibilité de se conformer aux statuts. Il
a donc décidé de remettre le Congrès à Tannée prochaine (septembre 1908).
252. — Concours universitaire pour 1 908-1 9 1 0 (délai : dix-huit mois).
Questions à traiter à domicile. (Moniteur du 3i juillet 1908). — Les universités
ont proposé les questions suivantes pour être traitées à domicile en vue du concours
universitaire pour 1908-1910 :
A. - FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES.
Premier groupe. Philosophie classique. — 1» Réunir les données fournies par
les papyrus sur le culte et renseignem:nt à Oxyrhynchus.
2^ Raconter, en faisant l'étude critique des sources, les causes et l'histoire de la
dispersion des Pythagoriciens dans la Grande-Grèce au v« siècle.
3^ Exposer la phonétique et la morphologie du dialecte crétois.
40 Déterminer l'idée de Sacramentum dans Tertullien.
Deuxième groupe. Philologie orientale. — i*> On demande une étude sur Vaj-
rapâni-Vajrasatitva (doctrine et iconographie).
2« Le Code de Hammourabi.
3<> Traduire et annoter la vie de Har Aba I, éditée par Bedjan (Histoire de Har-
Jabalaka, de trois autres patriarches, etc. Paris, 1895).
4» Résumer et criiiquer les derniers travaux sur les voyelles à quantité variable
dans le Rig-Veda.
Troisième groupe. Philologie romane, — i» L*in6aencc de Shakespacre sur les
principaux romantiques français.
2^ Faire une étude linguistique sur les écrits français de Ma'nix de Sainte- Alde-
gonde.
3" De l'influence de Zola sur le roman contemporain en France et à Tétranger.
40 On demande une étude sur le Théâtre de Victor Hugo.
Quatrième groupe. Philologie germanique, — i« Esquisser dans son ensemble
l'influence de la littérature anglaise sur la littérature française à partir de Voltaire
(Lettre sur les Anglais).
20 Etudier l'emploi du pronom relatif dans les œuvres en prose de Goethe (édition
jubilaire Cotta).
30 Recherches sur les rapports entre les écrits de Eckhard et ceux de Ruusbroec.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 345
40 On demande une étude sur les œuvres de Guillaume de Hildegaersberch dans
leurs ra;'ports avec la littérature de Tépoquc.
Cinqmhne groupe. Philosophie et droit naturel, — i» La doctrine du libre arbitre
dans la philosophie de Descartes.
2© Faire l'exposé et la critique de la théorie de l'émotion de William James.
3* Exposer la philosophie morale de Simmcl et la situer parmi les tendances direc-
trices de la morale contemporaine.
40 On demande une étude sur la Vôlkerpsychologie chez Lazarus, Stcinthal et
Wundt.
Sixième groupe. Histoire, — i^' On demande une étude sur Torganisation et les
attributions des Étals généraux avant le règne de Charles-Quint.
2^ Éiudicr la vie et Tœuvrj du légat Onufre.
30 Exposer lorganisation et la compétence du conseil des Finances des anciens
Pays-Bas.
40 On demande une étude sur le sujet suivant : les Pays-Bas et le mouvement
ligueur depuis la mort d*Alexandre Farnèse jusqu'au gouvernement de l'archiduc
Albert. On demande de donner une attention particulière à la situation économique.
B. — FACULTÉ DE DROIT.
Premier groupe. Droit romain, — i<» Exposer la théorie du damnum injuria
datum,
20 Exposer la théorie de la j'uris possessio,
3^ On demande une étude de la notion des fruits en droit romain.
4** Exposer l'histoire et la théorie du nexum,
353. — Université de Liège. — Aux termes de trois arrêtés royaux :
i^ M. Halkin Léon, professeur extraordinaire à la faculté de philosophie et
lettres, est chargé de faire, dans celte faculté, indépendamment de ses autres attri-
butions, le cours d'histoire de la pédagogie et méthodologie ;
2<* M. Janssens Edgard, chargé de cours à la faculté de philosophie et lettres, est
chargé de faire, dans cette faculté, indépendamment de ses autres attributions, le
cours de logique et les parties du cours d'étude approfondie de questions de
psychologie actuellement sans titulaire. Il fera, en outre, le cours de logique dans )a
faculté des sciences ;
3° M. Nève Paul, docteur en philosophie et lettres, est chargé de faire, dans la
faculté de philosophie et lettres, les cours d'histoire de la philosophie ancienne et de
la philosophie moderne, de métaphysique, d'encyclopédie de la philosophie et
d'analyse critique d'un traité de philosophique (en partage).
346 LE MUSÉE BELGE.
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
Comment développer rimpressionnisme chez nos élèves ?
par M. Tabt^é WATHELET, professeur au Petit Séminaire de Sainl-Roch.
L'impressionnisme! Qu'entendez-\ous au juste par ce terme?
va t on nous demander. Parlant de la peinture, un auteur le définit :
« La rétine du peintre interprétée par le cerveau du spectateur (i) *.
Pour nous, dans cet article, nous plaçant plutôt au point de vue
littcraire, nous prendrons l'impressionnisme pour « la rétine de
l'artiste, du littérateur, interprétée par son propre cerveau, mais sur-
tout par son cœur, sa sensibilité i, ou plus simplement, pour la
faculté d'émotion en même temps que pour le talent de rendre, dans
un style approprié, les impressions reçues à la vue d'un spectacle (2).
Perfectionnons la rétine de nos jeunes gens, nous développons
V e'ipr il d* observation. Dans un article précédent (3), nous avons proposé
un moyen de le faire : Vcxcursion esthétique. Mais nous n'avons encore
fourni par là que la matière d une œuvre littéraire : cette matière est
devenue plus réelle, plus ftette.pour employer le terme d*A.Theuriet(4).
L'élève ne prend plus un bibelot représentant une feuille de vigne
pour la feuille elle-même, toute frissonnante de vie. Par le moyen
des excursions, il prend contact avec la réalité; il la palpe, s'en rend
un compte exact : l'œuvre, fruit de son observation, sera moins fac-
tice, plus vraie.
Cela suffit-il? Mais non. Cette matière doit recevoir s^ forme : une
âme doit traverser cet amas confus de matériaux d'un souffle vivi-
fiant (5).
C'est ce souffle, que nous essayerons de faire passer en dévelop-
pant l'impressionnisme chez nos jeunes gens.
La rétine de nos élèves, nous le disions, doit être interprétée par
leur cerveau, mais surtout par leur cœur, leur sensibilité. Comment
y arriver? Partiellement du moins, par V excursion esthétique. Un spec-
tacle de la nature, que nos jeunes gens ont observé minutieusement,
les émeut. Ils doivent acquérir une conscience de plus en plus nette
de cette émotion et l'exprimer dans un style de plus en plus approprié.
Et cela n'est-il pas de première nécessité? S'il faut se plaindre de
(1) G. De Lescluse. Les secrets du coloris, p. 198. Bruges, Demoîin, 1904.
(2) G. Pellissier, Histoire de la langue et de la litt. françaises (Petit de JuIIc-
villc), t. VIII. p. 184.
(3) Voir Bulletin bibl. et pédag.^ Janvier 1908.
(4) Pages choisies, p. 82. Paris, Colin.
5) Verest, Manuel de littérature^ n. 120, 3» éd. 1908.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 347
leur banalité dans leurs descriptions, ne faut-il peut-être pas le faire
davantage encore de la froideur de leurs travaux littéraires, du
manque total de sentiment, de souffle? Leur penâée, et par consé-
quent leur style, manquent non seulement de cachet, mais encore de
chaleur.
Gemment le leur faire obtenir? Chose délicate entre toutes, parce
qu'il n'est rien de plus rebutant que To emprunté », rien de moins
émotionnant que r« artificiel », rien de plus faux que le sentiment
de commande.
Il s*agit donc de toucher le cœur, sans qu'il s'en rende compte ;
une fois l'impression produite comme à son insu, l'élève devra en
acquéiir la conscience par la réflexion. Il s'agit de faire vibrer la
harpe juste assez pour que le son corresponde à la puissance de
l'instrument.
Or, nous avons à manier des instruments de nature bien différente.
Cette faculté d'émotion est si variable d'individu à individu I
Tout d'abord, il faut se résigner à laisser de côté certains élèves,
qui ne donnent aucune prise aux impressions littéraires Le décou-
ragement trop brusque à leur égard n'est pas de mise, c'est vrai,
mais, avouons- le, nos humanités sont encombrées par des sujets
d'une aptitude plutôt douteuse. Il faudra cependant passer par toutes
les gammes d'impressions : ime note peut faire vibrer l'instrument,
jusqu'alors insensible. Nous en avons fait plusieurs fois l'expérience.
Par contre, certains jeunes gens sont très impressionnables, mais
timides dans l'expression de leurs sentiments. Et à les juger par leur
style, ils sont froids et apathiques. Une chose à remarquer, c'est que
souvent un rire gêné s'ébauche sur leur physionomie, quand devant
eux vous émettez une idée qui les touche.
Par des encouragements, par la suggestion, faites leur vaincre
cette gêne. Une fois qu'elle est vaincue, ils se sçntent tout autres, ils
se sont révélés à eux-mêmes ; des sentiments insoupçonnés se font
jour : souvent vous pourrez fonder de belles et légitimes espérances
sur leur avenir littéraire.
Pour d'autres, ce n'est pas la timidité qui empêche la manifesta-
tion des sentiments, c'est une certaine insouciance, un manque de
réflexion, propre au jeune âge. Leur attention a interne », dirais-je,
leur réflexion, devra être éveillée..
Et enfin, les privilégiés ! Ce sont les jeunes gens bien doués, qui
unissent à une intelligence et une imagination bien développées, un
goût littéraire délicat, une sensibilité modérée, mais consciente.
Voilà bien, semble- 1- il, une esquisse rapide, mais exacte des classes
ordinaires de nos humanités, considérées au point de vue qui nous
occupe.
348 LE MUSÉE BELGE.
Maintenant que nous avons devant les yeux le but à atteindre et
les éléments dont nous disposons, comment nous y prendre pour
fortifier, sans la blesser ; pour modérer, sans la supprimer, cette déli-
cate faculté d*émotion?
Nous disons : a pour fortifier, sans la blesser », parce qu'il ne
s'agit pas de faire de nos élèves, des sensitifs à la J.-J. Rousseau,
versant des larmes d'attendrissement sur une pervenche qui fleurit,
ou à la façon de certains romantiques d'une sensibilité maladive.
D'autre paît, chez certains jeunes gens, la faculté devra être modérée,
et on pourrait si facilement l'anéantir, ou mieux la paralyser, par des
critiques acerbes, des plaisanteries humiliantes
Le premier sujet à traiter dans nos excursions et que nous propo-
sons, ce sont les quatre saisons de l'année.
Pour montrer l'avantage à en retirer, au point de vue de l'impres-
sionnisme, il suffit d'en appeler au témoignage d'un de nos grands
écrivains belges, C. Lemonnier : « Je pense en arabesques luxu-
» riantes et en musiques heureuses, si c'est Tété; les mots seront
» clairs, légers , attendris ; je me défends d'exprimer par de tels
») moyens les silences gelés de l'hiver. Le style est un rythme et ce
» rythme est le mouvement même de mon âme en correspondance
)) avec Tunivers (i) ».
Que nous mettions les âmes de nos élèves en correspondance avec
l'univers et aussitôt nous obtenons, pour employer le terme de
C. Lemonnier, un mouvement, une émotion, dont l'expression sera
rythmée : nous aurons un style adapté au sentiment, un style vivant.
Et comme les spectacles de l'univers varient d'après les saisons^
nous trouvons déjà là une source d'impressions propres à former la
sensibilité.
Le tout est précisément d'obtenir cette correspondance des âmes
avec les aspects variés de la nature.
L'automne dernier, par un temps plutôt brumeux, automnal véri-
tablement, nous avons fait une excursion, avec comme objectif prin-
cipal de provoquer chez nos élèves l'impression, si naturelle à cette
saison, de mélancolie profonde, de sourde tristesse.
La conversation s'amorce comme de coutume: la température en fait
les frais : « il commence à faire froid ! » première constatation. Car il
nous faudra débuter par l'observation de ce qui nous entoure, il faudra
« vivre » l'automne, dirais-je, en remarquant tout ce qui le caracté-
rise. Autant que possible, nous cherchons le pittoresque et, comme à
souhait, se présentent à nous une vieille femme, portant un sac de
feuilles mortes; une autre, chargée de bois mort; plus loin, un culti-
(1) Préface de C. Lemonnier dans le Labeur de la prose, par Gust. Abel, Paris,
Stock.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. $49
valeur, occupé au dernier labour d'automne (à lire en passant : le
labour de septembre, dans la Terre gui meurt) ; un autre conduisant
son cliarriot, altelé d'un bœuf (à lire : le Char, par Albert Bonjean (i).
Nous nous dirigeons vers un parc ravissant, planté de grands
arbres d'essences très variées. On l'aperçoit bientôt : le feuillage, dans
le lointain, a une teinte rougeâtre : tons et demi-tons se confondent.
Plus on approche, mieux on distingue toutes les couleurs fondues de
Tarrière- saison.
Sans trop insister, nous dénommons le mieux possible, en nous
aidant des descriptifs comme Delille, les variétés nombreuses de
teintes et demi teintes. Il est très utile de faire trouver des compa-
raisons aux élèves pour rendre les couleurs qu'ils distinguent.
Nous pénétrons dans le parc : quel site intime I Les feuilles
tombent une à une ; quelques branches sont dépouillées et laissent
apercevoir un ciel moutonné. Nous nous arrêtons et après l'examen
de ce qui nous entoure, je lis de la manière la plus expressive, en la
mettant ainsi dans son véritable cadre, la belle poésie de Millevoye :
a La chute des feuilles » :
Tombe, tombe, feuille éphémère !
Voile aux yeux ce triste chemin ;
Cache au désespoir de ma mère,
La place où je serai demain (2).
Pui§ je fais ressortir avec quelle délicatesse l'auteur a rendu son
sentiment de tristesse profonde, sans procéder par de froides affirma-
tions, par de plaintes formelles. L'impression doit se trahir dans la
description même, sans qu'on ait besoin de fades exclamations à la
Delille pour le faire apparaître. Ce commentaire des extraits lus con-
sistera donc à montrer aux élèves le talent des auteurs de rendre
discrètement ce que leur àme ressent, d'éviter les interjections
sonores, expression bien primitive de nos sentiments.
Pour nous résumer, dans ces promenades, ayant pour but spécial
de développer la faculté d'émotion chez nos jeunes gens, il faut en
premier lieu rechercher ce qui caractérise chacune des saisons, puis
l'observer attentivement. Une fois l'observation orientée vers l'impres-
sion à produire, lire des extraits appropriés ; et enfin, terminer par
le commentaire dont nous venons de dire un mot.
Qu'on ne nous objecte pas que l'étude, ainsi comprise, des quatre
(1) Bni) ères et Clarines, Paris, Messein,
(2) On pourrait terminer sur une note moins triste en citant !a poésie de
de Laprade : « Feuilles^ tombe^n,
« Soufflez, ô vents ! que Dieu si tôt déchaîne.
» Feuilles, tombez ; laissez-moi voir les cieux ! »
(Cf. Procès, Modèles français, III P., p. 620 )
35o LE MUSÉE BELGE.
saisons va devenir bientôt fastidieuse, que ce sera du ressassé la
seconde année I
Ce serait bien mal connaître le cœur humain que la succession des
saisons fait changer comme tout le reste et plus pendant la jeunesse
que dans la suite.
« Une année de plus, ce n'est pas seulement du temps qui est
» ajouté à notre vie, c'est un changement qui s'est fait en nous, un
» accroissement de pensée, mystérieux et invisible, mais aussi réel que cette
» croissance interne des arbres, qui se mesure aux cercles, toujours
» élargis par la montée de la sève sur l'écorce (i) ».
Le second sujet d'étude, que nous proposons, sont les phénomènes
atmosphériques, influant sur l'aspect des paysages et celui-ci à son tour
influant sur nos impressions pour les renforcer ou les adoucir.
C'est A. Theuriet, n'est-ce pas, qui jusque quinze jours avant sa mort,
nota, chaque jour, dans un carnet le temps qu'il faisait, avec la diffé-
rence de coloration que le degré changeant de lumière donnait aux
choses environnantes : ouvrage de fine observation et qu'un dilet-
tante de son talent a entrepris avec succès. Sans négliger ce point de
vue d'observation pure, nous considérons plutôt ici ces aspects variés
de la nature, comme reflétant les dispositions intimes du cœur. Car,
pour tout homme, qui a une culture suffisante, dont l'àme est quel-
que peu émue au contact de la beauté, il est dans la nature dés
teintes, que ses yeux ne peuvent percevoir, il est des contours, des
mouvements, que son observation la plus fine n'atteint pas : son
cœur seul est capable de les y trouver, parce qu'il existe des afllnités
secrètes entre un paysage contemplé et notre état d'à me ; des affinités,
qui résultent de l'accord comme du désaccord, du contraste, si vous
voulez, qui existe entie nos sentiments et l'aspect gai ou triste de la
nature.
C'est ce qui a fait dire qu'un paysage est « un état d'àme ».
Il nous est si naturel de faire participer tout ce qui nous entoure à
notre tristesse ou à notre joie : il nous semble voir s animer tous les
êtres pour aviver nos douleurs ou les calmer, pour donner à notre
bonheur un charme particulier et amener un sourire sur nos lèvres.
La nature qui, objectivement, d'après les phénomènes atmosphé-
riques, a des teintes agéables ou attristantes, revêt en plus un aspect
que notre âme lui prête.
C'est le petit Trott, l'enfant convalescent, qui aux premiers beaux
jours du printemps, semble entendre les petits flotsde la mer lui chanter
gaîment : Trott est guéri ! — entendre les petits nuages, emportés
(i) Annales poiiti(^ues et littéraires, 22 mars 1908.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 35 1
sur Taile du vent, dire aux autres partout : « Trott est guéri (i)!
C'est Driot, rentrant au foyer après une longue absence : « La
» campagne accueillait son enfant. Pour lui, toute sa jeunesse épaise
» dans les choses s'éveillait et parlait. Il n*y avait pas une motte de
- terre qui ne lui criât bonjour, pas un ajonc de fossé, pas un orme
9 ébranché qui n'eût un regard ami (2) ».
Le calme et la sérénité d'une belle nuit ne font qu'augmenter
l'inquiétude fiévreuse de Philippe (Sous Bois, A. Theuriet) (3).
La beauté des fleurs qui s'épanouissent devant lui, rend Tristan
plus mélancolique (id.) (4). Dans Raymonde^ d*A. Theuriet (5), quelle
charmante description des préparatifs du départ du fils unique pour
la ville : la vieille mère apprêtant les effets dans la malle et, toute en
éplorée, faisant ses dernières recommandations, tandis qu'au dehors
le vent d'automne arrache les feuilles et les lance éplorées par les
champs.
On pourrait multiplier les citations qui montreraient de façon bien
vivante (cela est si vécu !) la secrète entente de nos cœurs avec la
nature.
Ce fait est important, quand il s'agit d'impressionnisme, parce que
nos élèves, devant un paysage, ont une émotion, dont ils ont plus
ou moins conscience et qu'en tout cas il leur est très difficile d'ex-
primer et pourtant, si cette émotion, rudimentaire nous le voulons
bien, pouvait traverser leurs travaux littéraires, combien ceux ci per-
draient de leur terne froideur !
Et pour nous placer à un point de vue plus élevé, n est V:e pas
contribuer à leur formation, que de développer chez nos jeunes gens
cette faculté d'émotion, de rendre leur âme de plus en plus apte à
goûter et sentir les beautés de la nature ? Seulement, pour les enfants
(pour combien d'entre nous aussi !), ces impressions existent à l'état
latent. Il faut leur en faire obtenir la conscience bien nette et avant
tout, attirer leur attention sur le/ait du rapport intime, existant entre la
nature et nos sentiments.
Comment y arriver? Ce n'est certes pas en dogmatisant! Nous
(1) LiCHTENDERGER, Mon petit Trott, p. 199-205 : cette description est un petit
chef-d'œuvre ! — (Paiis, Pion),
(2) H. Bazin, La terre qui meurt, p. i38-i4i (Paris, Calmann-Lévy).
(3) Ouvr. cité, p. io5.
(4) Ouvr. cité, p. 89 90.
(5) A propos de ce roman Raymondc, nous signalons la collection d'ouvrages
français, adaptés à renseignement du français dans les gymnases allemands, chez
Velhagen et Klasings, Biclefeld et Leipzig. On y trouvera des œuvres à mettre
entre les mains de nos élèves comme : Tariarin de Tarascon, Don Quichotte,
Monique, Pêcheur d'Islande, choix de nouvelles modernes, etc. Malheureusement,
toutes ces brochurettes ne sont pas également bien expurgées.
352 LB MUdÉE BELGE.
obtiendrions tout ce qu'il y a de plus faux, quelque chose de cxwtra-
dictoire dans les termes : le sentiment de commande.
Il faut employer la lecture expressive d'extraits d'auteurs, qui montres*
de manière bien naturelle, qu'« un paysage est un état d^âcne ».
Nous insistons sur ce point que par ces exemples bien chobis
nous montrons à nos jeunes gens quil existe des liens entre nos senti-
ments et nos perceptions visuelles. A eux de développer leur faco'te
par le moyen de rédactions appropriées, comme : Impressions, après
un trimestre d'absence, à la vue du pays, de la maison paternelle.
par un temps gai — par une pluie battante — dans les différentK
saisons. — Adieux au foyer paternel, qu'on est forcé de vendre (teaii
compte de la saison, du temps. Voir F. Coppée, La bonne s&mffrasa,
p. 73).
La difficulté des excursions dans ce cas, est la ressemblance des
dispositions de nos élèves et le factice, qui se mêle à l'observation de
la nature, quand tous ensemble ils doivent contempler un paysage
Ajoutons que ce sujet d'études permet de faire toucher du d<»gî
\ influence de milieu climalologique sur les tendances et les productions
artistiques d'un peuple (teintes chaudes de Técole italienne, teintes
plus crues de Técole flamande, etc.).
Les auteurs comme Chateaubriand, Bernardin de Saint- Pierre,
A Theuriet, R. Bazin, H. Bordeaux et les romanciers régiona
listes (i), qui commencent à faire école, pourraient utilement être
étudiés à ce point de vue « impressionnisme ».
Et si nous prenions nos auteurs belges, nous aurions là un excel-
lent moyen d'éveiller el de nourrir chez nos élèves un vif sentiment
d'affection pour « le visage aimé de la mère patrie ».
On nous recommande instamment de ne pas négliger dans
l'éducation de nos jeunes gens, la formation du sentiment patriotique.
Eh bien ! voici un moyen excellent de l'obtenir avec autant de sûreté
que de discrétion. Car, selon la remarque de M. Carton de Wiart (2 ,
« lorsqu'ils pensent à la patrie, ce n'est pas à une grande assemblée
» d'hommes noirs et bruyants qui gesticulent sous la lueur des sun-
» burners pailementaires ou à de petits groupes d'hommes noire et
)) silencieux qui écrivent derrière les cloisons ou les grillages de
n l'administration. C'est aux édifices que leurs pères leur ont légués,
» en témoignage de leurs sentiments, de leurs mœurs, de leur art.
M C'est aux vastes étendues de champs ou de bois,aux ondulations des
(i) On voit par là le parti qu'on peut tirer de Tctude du ronoan en 3«« latine.
(2) Pourquoi et comment difenJre nos paysag;s? — Revue ^énérate, octobre
1905, p. 567.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 353
» collines, aux eaux courantes des fleuves, aux villages égrenés sur la
» route, aux fumées des hameaux montant dans la paix des soirs.
» C'est à ces signes sensibles que se rattachent le plus instinctive-
» ment l'amour de là patrie, le souvenir de ses gloires et le respect
» de ses traditions.
» Plus la vision paraîtra belU^ plus chère apparaîtra la patrie dont elle est
rimage,
» Et c'est pourquoi faire connaître et aimer la figure même de la
» patrie, en respecter et en perpétuer les traits, c'est respecter et for-
» tifier ridée de patrie, c'est faire mieux connaître et mieux aimer la
» patrie elle même » .
Dieu merci I l'école belge, qui nous dépeint les beautés du sol
patrial, commence à s'affirmer et nous permettra de puiser de plus
en plus dans ses œuvres pour la formation des jeunes générations.
Pour suivre la gradation, il nous reste à étudier deux sujets, très
suggestifs au point de vue « impressionnisme » : l'homme et la natuie
— puis, comme couronnement, l'étude de l'idéal chrétien. Dieu dans
son œuvre magnifique, dans son temple grandiose.
TROIS LEÇONS DE RÉDACTION
par F. COLLARD, professeur à l'Université de Louvain,
Au cours de mes exercices didactiques de l'année écoulée, j'ai
chargé un de mes étudiants, le R. P. Mativa, de donner le même
sujet de rédaction, rhiver, aux trois degrés du Collège Saint-Pierre.
Conformément aux principes que j'ai exposés à ce sujet dans ma
Méthodologie^ les élèves de sixième latine se sont contentés dune
description purement extérieure des objets; la manifestation des
sentiments a été réservée à la troisième, et le raisonnement à la
rhétorique.
Voici, en résumé, la marche qui a été suivie dans les trois leçons.
A. Classe de sixième.
I. Introduction. — Le sujet de notre rédaction, c'est : « Une
promenade en hiver à Louvain ». Nous allons décrire successivement
la ville, le bois d'Héverlé, la campagne, les étangs de Parc.
IL Invention. — Je divise le tableau noir en deux parties inégales.
Dans la plus grande, j'inscris successivement les idées que me
donnent les élèves en suivant l'ordre général indiqué ci-dessus.
354
LE UUSÉE BELGE.
Le bois
d' Héverlé
bise, son bruit lugubre,
arbres décharnés,
givre.
trace de gibier,
corbeaux , merles , moi-
neaux.
Pendant ce travail d'invention, j'ai l'occasion de donner aux élèves
quelques explications : ainsi, je leur dis ce que c'est que la neige et
le givre; je leur fais remarquer que, dans les champs, le tapis neigeux
préserve de la ficelée les sem^jnces, et que celles-ci sont soumises en
hiver, malgré les apparences, à un travail de germination intense.
III. Disposition. — Le travail est ici fort simple ; car, quand il
s'agit du récit d'une promenade, le seul ordre rationnel est Tordre
chronologique : on décrit les objets au fur et à mesure qu'on les ren-
contre. C'est la marche que nous avons dû suivre dans la recherche
des idées. Il suffit, partant, de quelques questions pour mettre un
peu plus d'ordre dans les idées qui ont pris place dans le développe-
ment de chacune des grandes divisions du sujet. Nous obtenons ainsi
le plan suivant, que j'inscris dans la seconde partie du tableau.
I. Introduction.
II. Corps du sujet,
ciel gris et surbaissé,
définition île la neige,
rues boueuses.
a) Départ : J passants emmitoufflés.
la ville \ mendiants nombreux,
bons hommes de neige,
boules de neige,
glissoires.
plaine uniformément blanche,
chemins creux combles de
neige,
c) La J neige scintillant au soleil,
campagne ) ruisseaux gelés,
solitude,
silence,
germination souterraine.
III. Conclusion : Bonté et sagesse de Dieu.
J'emploie le reste du temps à des exercices d'élocution : par
exemple, je fais chercher une introduction, une conclusion, des
transitions.
B. Classe de troisième.
I. Introduction. — Le sujet, c'est L'hiver. Je fais remarquer aux
élèves et je leur répète à satiété durant l'exercice qu'ils ne peuvent
pas se contenter d une description extérieure de la nature, mais
qu'ils doivent pousser plus avant et nous faire part surtout des seNti-
mcnis, des impressions que le spectacle de la nature en hiver éveille
en eux.
Pour faire comprendre le genre, je lis aux élèves l'une ou l'autre des
descriptions de saison qu'on rencontre en si grand nombre dans
d) Les étangs de Parc : patineurs.
e) Rentrée
en ville
obscurité
rues désertes,
veillée à la maison.
PARTIE PéDAGOGIQUE. 355
l'œuvre d'Octave Pirmez, où la description de la nature est accom-
pagnée de la manifestation des sentiments que sa vue suscite dans
Tàme de l'auteur.
Après cette lecture, j'explique comment il se fait que la nature
puisse nous parler et nous impressionner à la façon d'une personne
humaine. La nature est tout entière symbolique. Elle est à la fois
l'image de Dieu, son créateur, et Timage de l'homme auquel elle a
été donnée comme théâtre de son existence. De là, des correspon-
dances mystérieuses, mais réelles entre l'âme humaine et ce qu'on
appelle métaphoriquement l'âme de la nature. Certains paysages
nous provoquent à la joie, d'autres à la tristesse; certains nous con-
seillent le courage, d'autres semblent insinuer en nous le décourage-
ment. Tout homme comprend plus ou moins ce langage de la nature.
L'artiste s'efforce de le comprendre de plus en plus exactement
et de le sentir de plus en plus profondément. Tâchons de saisir
quelque peu la symbolique de l'hiver, d'éprouver et d'exprimer les
impressions qu elle doit éveiller en nous.
IIL Invention. Je divise lé tableau en deux parties. En tête de
Tune, j'inscris comme titre : a Impressions pessimistes », en tête de
l'autre : o Impressions optimistes » .
Il est certain que, pour l'ensemble des hommes, la première
impression qui se dégage d'un paysage d'hiver, n'est pas très gaie,
et cela parce que l'hiver est l'image de la mort. En recourant à la
méthode socratique, je fais détailler par les élèves tout ce qui,
dans un paysage d'hiver, rappelle la mort :
sol recouvert d'un linceul,
ruisseaux gelés et silencieux,
végétation arrêtée.
arbres décharnés comme des squelettes,
troncs abattus gisant comme des cadavres,
oiseaux chanteurs disparus,
croassement des corbeaux,
gémissements et hurlements du vent,
pas ou peu de promeneurs,
ciel gris, surbaissé, funèbre.
Avant de passer à la seconde partie, je demande aux élèves si la
nature est réellement morte en hiver. Non, elle sommeille, elle se
réveillera, et déjà, dès maintenant, sous terre, elle fait un travail très
intense, celui de la germination. Les élèves sont ainsi amenés à
énoncer une série d'idées et d'impressions que, faute d'un qualificatif
plus exact, je rangerai sous la rubrique a Impressions optimistes ».
la mort de la nature est apparente.
elle sommeille, elle se réveillera.
nous aussi, nous nous réveillerons dans Téternité.
356 LE MUSÉE BELGE.
dès maintenant, travail souterrain intense de la nature — qui prépare l'épa-
nouissement et les splendeurs de la belle saison.
imitons-la durant les années obscures de notre jeunesse; plus tard, nous aussi.
nous pourrons nous épanouir.
la plaine immaculée n'évoque pas seulement le suaire; elle est aussi un symbole
de pureté et de paix.
les mendiants nous rappellent le devoir actuel de la charité indivi.luelle et k
devoir futur de la charité sociale.
Conclusion, Quand nous contemplons la nature, ne nous laissons pas tromper
par les apparences, ou bien : ne recherchons pas uniquement dans la contemplatioa
de la nature la jouissance esthétique ; tâchons d'en retirer aussi des leçons moraks.
Je répète encore qu'il s'agit avant tout de manifester les sentimeun
et les impressions, et qu'on ne peut se contenter d'une simple et sèche
énumération d'idées. C'est sur ce point surtout que je fais porter
l'exercice d'élocution pour me rendre compte si les élèves ont bien
saisi le genre, et leur en donner moi même des exemples, s'ils ne l'ont
pas encore bien compris.
C. Classe de rhétorique.
Je dis aux élèves qu'ils ont à faire une dissertalion sur XUiiliU ai
Vhiver, donc un travail où le raisonnement a la première part.
Comme nous sommes en rhétorique, je n ai pas à faire d'une façon
détaillée le double travail de l'invention et de la disposition. Je puis
me borner à proposer le sujet sous la forme suivante.
Je suis journaliste, et, au début de l'hiver, on me demande pour
la première page un article fantaisie sur la saison commençante.
Voici l'hiver et son lamentable cortège...» et je fais d'abord se
plaindre les vieillards, les malades, les pauvres et aussi les simples
grincheux. J'accorde que les trois premières catégories ont quelque
raison de se plaindre de l'hiver ; mais de la quatrième je me moque
un peu, et je lui expose successivement tous les bons côtés de l'hiver.
On peut en distinguer de trois espèces : i) les plaisirs; 2) les jouis-
sances esthétiques ; 3) les enseignements moraux. Ici j'interroge les
élèves pour qu'ils me détaillent ces trois grandes divisions. Pour la
seconde et la troisième, je dois refaire en grande partie l'exercice de
la classe de troisième, mais en me souvenant qu'il ne s'agit plus
d'une manifestation de sentiments ou d'une description esthétique,
mais d'un travail de raisonnement.
En terminant, j'insiste sur la simplicité du ton, sur la justesse des
idées, sur la rigueur du raisonnement et sur l'exactitude de l'expres-
sion.
LIVRES NOUVEAUX.
R. ACKERMANN, Percy B. Shollejr, Prometheus Unbound. A lyrical drama
ia fonp acts. Ersto kriiische Ausgabe mit Einleitung und Kommcntar. lïjidel-
b3rg. Wintor. 1908 (Eogl. T0Xtbib\ hrsg. von J. Iloop-î. 13).
A. G. AMATUCCI, Plauti Au'ularia. Teslo liveduto o commentalo. Prato,
Albergbelti. 1908. (Bibl dei cla^sici Intini ad uso délie scuole.) 1 fr,
Aihen. Die bemetkenswertesten Bjudenkmaler, Bildvverke, An-^ichton. Berlin-
Steglitz, Verlag der neuen pbotogr. Gesellgchaft, A. G. In zwei M «ppen zu
20 m. einzelne Bliitter 0 m. 50; bel Partiebezug 0 m. 40.
A. AUDOLLENT, Lo musée de Clermont Ferrand. 40 pp. — Examîn crit'que
<le doux textes anciens supposés relatifs au (emple du Puy de Dôm**. 16 pp. —
Les tahellae defixionum récommant découvertes à Sousse (Tunisie). 32 pp.
CH. E. BALE, The syntax of the genitive case in tbe Lindisfarno Gospel? . Thèse.
The State Univ. of lowa, 1907. (lowa Siudies in l.nguage and ;i craturo, l.)
F. CABROL, L'Angleterre chrétienne avant les Normands. Paris, Lecoffre
Gabalda et C'*, 1909. 3 fr. 50. (Bibl. do l'ensoign de l'histoire ecclésiastique.)
E. CAMMAERTS et CH. VAN DE.\ BORREN, Guilo Gezelle. Poèmes choisis
(1858-1809), traduits du flamand. Louvain, Ch. Peeters, 1908. 3?2 pp. 8°.
P. FRACCARO, Studi Varroniani. Dj gento populi Romani libri IV. Padoue,
D
F. FREY, Fuhrer durch die Ruinen von Augusta Raurica. Mit 3 Tafoln und
:i\ AbViM. Liestil, Gebr. LQdin, 1907. 91 pp. 8^ 1 fr 85.
C. HILLE, Die doutsche KomôJie unter der Einwirkung des Aristophanos.
Leipzig, Quelle und Meyer, 1907. 180 pp. 8°. 5 m. 75. (Breslauer Beitiu^e
zur Literaturgeschichte, hrsg. von M. Koch und G. Sarrazin, N. F., II.)
A. HARTMANN, De inventione Juvenalis capita tria Diss. Bisel.
PIL MARTINON, Sophocle. Electre. Trad. en vers. Paris, Fontemoing, 1907.
oG pp. 2 fr. LE MÊME, Les drames d'Euripide. Trad. en vers. I. Alceste,
Ilôcubo, Hippolyto. II. Les doux Iphigénies, Môdée. Paris, Fontemoing, 1908.
2 vol. â 2 fr. 50.
H. PETBRSEN, Vergloichende Grammitik Jor keltisehen Sprachon. I BJ.
Einleitung uni Liutlehre. Erstor Teil. Gùitln.çîn, Vandenhoeck et Ruprecht,
1908. 6 m. 40. (Gôtt. Sammiung indogerm. Grammitiken.)
P.VUL REGNAUD, Dictionnaire é'ymologique du latin et du grec dans ses rap-
ports avec le latin d*aprôs la méthode cvolntionni>to ^linguistique européenne
appliquée). Lyon, Rey; Paris, L'jroux, 1908. 404 pp. gr. 8^. 10 fr. (Annales
«le riniv. de Lyon, nouv, série IF. Droif. Loitref», fasc. 19.)
R. REITZENSTEIX, Werden uni Wescn d.T II imanitat im Altertum. Stras-
bourg, Heitz. 1907. 32 pp. 1 m.
EUG. RIGAL, Moliéro. Pari.s Hachetto, 1008. 2 vol. à 3 fr. 50.
A RUESCIL Guida illustrata del Musco Nazionalo di Nopoli. Napics, 1908.
Munich, Buchholz. 500 pp. 8°. 25 fr.
F VON DER MUEHL, De Appuloio Salurnino tribune plebis. Diss. Bàlo,
Werner-Riehro, 190G. 108 pp.
OTTO BOECKEL, iïandbuch des deut-schon Volksliedes. Zugleich 4'« Au?g. von
Vilmars Handbfuhloin fur Freunde des deutschcn Volksliedos. Maiburg,
Elvverf, 1903. 5 m.
SOMMAIRE.
MÉLANGES.
Concûirs ginérât âc 1 Ivns^'ign im^nt moyen en igoS
PARTTE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité et astique.
aî3* E. Cav&ignac^ L* histoire finaticicfe d*Alhcnes(H, Ftiincottc).
3Î1, O v^ WilamQwi*^X-MottimdQrf^ A potion (A. Humpcrs) .
aaS* E» Krause^ Dtogencs von Apollonîa (J, Cr<îusenj
226-7. ^^ Oû^vt^ t.c préu^nJii empoi Je Sr înlerfôgAtif (A, Ddilte},
318, J. H, DemarteaUf Le vase pinnétaîre âe iupUk f A^ d« Geiilcnttt)
2>9* A'» Brandi, Das Wtr3en dtr Renaissance U, Creusen) .
alo, £1 Meyêr^ llumflnblkehâ BUduiig (P» M. CJaeys fioûdiert) .
Lûng-ttfs ei fitiératures gçrmdntquçs,
àÎK C. de Vooys, Nedcrlandschc ktïcrkunJc fC. Le;oulere).
232. £, Hmm'e»f, Modsrnen (Le miîm^)
333. 7^/^ C£>(jp»H^/j rti /. B^ofCkaert^ B^bltographie van dtîn Vlâims^hfj) uai^
Mrjjd {A. de Ciîulenecr)
Histoire et géographie,
234, M^fUngcaGodcfroid Kurih . , , îîJI
2J5t 3/. Rintefeih Schuldhaft und Einlager^J. B, Gôetsrouwcfs) *
a 36. J/. Dtnucé, Les îJes Ltq jb* 1 A» De Ceuîcnecr) , • ,
Histoire de fArt,
237. /î, K^/i Bastetaerei G, De Loa^ Peler Brucgel l'Ancien (Le m^mc)
Pédagogie.
2">S. L. De!pêrfer^ Lïs cobtiL*! de vaca<içes (Ch. CollarJ,
Notices et annonces bibliogriphiqnes^
2l}-3o, Pub!icUiois di; Gu^min^ Darcmbcrg et Sigliô^ Lîiiiclam, Vîgournuî,
dam Cibro', St ipL'lliimp, Simenon, VanJ^rOfiJen, De Pauw. VuvblAc,
de Haerre * , • «
CHRONIQUE.
â5i-3. Association des proreaseurs de langues vivânics, Programme du cou*
cours uni cTSïlïiîre ((1308' 10). Université de Liège * . . S||l
PARTIE PÉDAGOGIQUE,
Abàé Wathetet^ Comment d^f^clopper rtmpreafiionn^ame chez nos élèves f
F. ColtarJ^ Trois leçons de roJaction *
V
DoUZlfeME ANNÉE, — N^s 9-10, l5 N0VEMBRE-l5 DÉCEMBRE I908.
BULLETIN
BIBLIOGRAPHIQUE ET PÉDAGOGIQUE
DU
MUSÉE BELGE
REVXfE DE PHILOLOGIE CLASSIQUE
F. GOLLAUD
J, P. WAI.TZING
Pirt^cunl IMI lu moli, I l'«xMpll»n d«i mttii tf'aoâl il de i«pt«mbn
LOUVAIN
CHARLES PEETERS, LIBRAIRE ÉDITEUR
PARIS
A, FONTEMOINC
â. rue L« ûotf
BERLIN
R. FRIEDLAENDER ET FILS
CirUtraue, 11, N. W
COMITE DE REDACTION.
MM. Bang, W., professeur à TUDiversité de Louvain.
Bayot, A , chargé de cours à l'Universilé de Louvnin.
Bischoff, H., professeur ^ l'Universilé de Liège.
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de la Vallée Poussin. L., professeur à rUniversité de Gand.
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Doutrepont, G., professeur à l'Université de Louvain.
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Mayence, F., chargé de cours à l'Université de Louvain.
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Waltzing, J. P., professeur à l'Université de Liège.
Willems, J., professeur à l'Université de Liège,
t Willems« P., professeur à l'Université de Louvain.
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On est prié d'adresser tout ce qui concerne la rédaction du Musée Belge et du Bulletin
bibliographique (articles, comptes rendus, ouvrages) à M J P. Walt^ng, professeur
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Les articles destinés à la partie pédagogique doivent être adressés à M. F. CoUard
professeur à l'Université de Louvain, rue Lèopold, 22^ Louvain,
Prix de l'abonnement :
i Belgique ! mitqé'p \ Belgique 7.50
Pays-Bas I Étranger S.-
Luxembourg 10 fr.
RiiiiFTr\ ) ^\mvi^ 6.50
Autres pays 12- BULLETIN J ^^^^^^^ ^^
Les douze premières années, comprenant chacune 2 vol. de 320 à 480 pages, sont en
vente au prix de 10 fr. le port en sus.
Douzième année. — N^^ 9-10. i5 Novembre-i5 Décembre 1908.
Bulletin Bibliographique et Pédagogique
DU
MUSÉE BELGE.
IffÉLANGBS.
LE CONGO.
La bibliographie du Congo est déjà assez étendue et cependant
cette immense contrée est encore si insuffisamment connue qu'il
faudra attendre bien des années avant de pouvoir écrire un ouvrage
complet et exact faisant connaître et le pays et sa population
sous ses divers aspects. Les écrits actuels constituent les premiers
jalons de cette œuvre de Tavenir. Nous tenons à appeler Tattention
de nos lecteurs sur trois ouvrages récents présentant chacun un
caractère bien dififérent et qui se complètent réciproquement. Au
Coftgo. Carnet de campagne. Épisodes et impressions de i88ç à i8çy par le
4;ommandant Michaux (Bruxelles, Falk, 1907. in-12 de 403 pp., 3 fr. 5o).
Ce sont des vrais commentaires militaires auxquels je ne pourrai
faire que le seul reproche de ne pas être illustrés par une carte qui
permette de suivre plus aisément les diverses expéditions. Le
commandant Michaux a fait deux séjours au Congo (1889 j 893,
1894- 1897), et chaque fois Lusambo, sur la Sankuru, fut son lieu
de séjour principal, d'où il rayonna au loin pour ses multiples expé-
ditions. Pendant son premier séjour, il eut à prendre une part aussi
active que glorieuse dans la lutte contre les Arabes ; pendant le
second, il eut à soumettre et à réduire à Timpuissance les soldats
révoltés du Kasaï. Ses principaux exploits sont sa victoire surGongo,
l'allié des Arabes, dont il finit par se faire un ami ; la défaite du chef
arabe Sefu à la bataille de Chigé sur le Lomani (21-22 nov. 1892)
et la prise de la capitale des Arabes Nyangv^é sur le Lualuba
(21 janvier 1893). Pendant son second séjour, il lutte contre Kalamba
et les Kiokos, les plus affreux esclavagistes et les pires forbans du
monde (p. 346), soumet les soldats révoltés (juillet 1895), combat les
Batétéla (8 septembre) et livre une bataille décisive le 6 novembre,
soutenu par Lothaire.
Par après, il fait une tournée plus ou moins pacifique pour faire
' reconnaître Tautorité de l'État et punir ceux qui avaient favorisé
358 LE MUSÉE BELGE.
la révolte. Il est admirablement bien reçu à Kabinda, s'empare des
bornas de N*Gongo et de M'Pogna et reprend sa lutte contre les
Batétéla.
Tous ces faits d'armes sont racontés avec tant de naturel, le style
est si vif, si imagé et en même temps si simple, que le livre se lit
comme un roman. Le récit des expéditions militaires est entrecoupé
d'aventures de chasse et de descriptions des beautés de la nature
congolaise. En maint endroit fauteur reconnaît, avec une franchise
toute militaire» les immenses services rendus par les missionnaires
catholiques. D*un autre côté il parle avec louanges des soldats
congolais qu'il définit par ces mots (p. 342) : a Le soldat congolais est
un être primitif, admirablement doué, capable des actes les plus
follement braves et des dévouements les plus complets. » Ce nest
pas sans émotion qu'on lit le suprême hommage qu'il a rendu au
malheureux sergent Dehase , traîtreusement tué par son caporal
(p. 354). La lecture de bien peu de livres, publiés sur le Congo,
laissent une impression aussi agréable. Il est exempt de toute ten-
dance, on sent qu'on a affaire à une œuvre écrite par un vrai mili-
taire qui a conscience de sa responsabilité, qui sait narrer tout ce qui
s'est passé avec sincérité et aussi avec sentiment. Lorsqu'on ferme ce
livre, on se dit que nos officiers, qui ont dû participer aux luttes
contre les Arabes et contre les révoltés, ont été à bonne école : ils se
sont montrés dignes de leur mission et se sont fortement aguerris.
Le livre du sous-lieutenant J. Flamme (Notes de voyage. Dans la
Belgique Africaine, Bruxelles, Lesigne, 1908. in S** de 3i6 pp. 4 fr.i
présente un tout autre caractère. Ici nous n'avons pas une narration
de nombreuses expéditions militaires, mais bien une description du
pays parcouru et de nombreuses indications sur la flore, la faune
du pays et les habitudes des Congolais. Il considère les Bangala
comme de bons travailleurs : les Upota et Mobali sont connus
comme bons pêcheurs et pagayeurs. Pendant un séjour de trois ans
(1899-1902), M. Flamme a parcouru le Congo jusqu'au lac Albert.
La route de Borna à Stanleyville a été décrite bien des fois et nous ne
nous y arrêterons pas. La partie la plus curieuse du récit de Fauteur
est le voyage de Stanleyville au lac Albert, accompli quelque peu en
pirogue sur les eaux de la Liki, l'Aruwinï, l'Ipokuta et en grande
partie à pied, dans une contrée quasi inconnue et occupée par des tri-
bus insoumises, qui dressent dans les sentiers des traques, trous recou-
verts de terre et de feuillages dont le fond est garni de pointes de fer
empoisonnées. D'Avakubi par Kilo jusqu'au lac Albert, le voyage
à pied fut de près de deux mois (11 juillet et 3i septembre). Au lac
Albert, M. Flamme fonda le nouveau poste de Mahagi et nous
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 35g
renseigne en détail sur son organisation Sa description géogra-
phique du lac Albert est bien intéressante. Il parvint à soumettre les
tribus voisines du lac et se fit même Tami du sultan Tjulu.
Une reconnaissance de la rive gauche du Nil fut des plus fruc-
tueuses; et, lorsque M. Flamme quitta Mahagi, il prit pour son
voyage de retour, cette partie de la grande forêt équatoriale occupée
par les nains et habitée par un quadrupède, encore peu connu, qui
n'est autre que TOkapi. Pour autant qu'on a pu l'étudier jusqu'ici,
l'Okapi est un ruminant qui se place entre le samothérium et la
girafe. Il semble que cet animal était connu des Égyptiens, car on
croit reconnaître dans la tête du dieu Seth une tête d'Okapi.
La narration de M. Flamme présente surtout de l'intérêt par suite
des observations faites par l'auteur sur la faune des contrées qu'il a
parcourues. Les zoologues y trouveront bien des choses à glaner,
d'autant plus que l'auteur a eu soin d'ajouter d'excellentes reproduc-
tions des animaux qu'il nous signale.
Un livre non moins intéressant est celui publié sous le titre de
Congo en Indië, De Beîgische Jezuiien in de Misi>iên Kwango door
E. Antonis, Ceylon door A. Torfs ; West-Bengalen door L. Reypens
(Bruxelles, Buelens, 1908. in-S», xiii-3oi pp. 2 fr.). La seule partie de
cet ouvrage sur laquelle nous voulions appeler ici l'attention est celle
relative à la Mission du Kwango. Nous y apprenons comment les
Missionnaires s'y prennent pour civiliser les pauvres nègres. Il suffit
de parcourir ces pages pour se rendre compte du bien immense qu'ils
font dans la contrée et pour se convaincre de l'inanité des attaques
dont ils ont été l'objet : elles ont été faites à la légère par des
personnes mal renseignées ou systématiquement poussées à la
critique. Pour développer davantage leur action civilisatrice, un des
leurs, le Père Van Hencxthoven, a inventé l'organisation des fermes-
chapelles, dirigées par de jeunes catéchistes. Chose curieuse, un
système analogue fut mis en pratique au Mexique lorsque notre
franciscain gantois, le Frère Pedro de Gante, évangélisa les peu-
plades de TAnahuac. Je ne voudrais pas terminer cet article sans
rappeler la lecture faite par M. Jules Leclercq à l'Académie royale de
Belgique sur Une législation coloniale (Bruxelles, igoS. 3g pp.)- L'auteur
étudie l'organisation des colonies hollandaises des Indes orientales
et cherche à établir jusqu'à quel point on pourrait s'en inspirer pour
notre colonie du Congo. Ce que dit M Leclercq sur la nécessité
d'établir le Conseil des Indes dans la colonie même et non dans la
mère-patrie est parfaitement exact. Seulement j'estime que Ton ne
pourrait imiter en cela ce qua fait la Hollande que lorsque la
colonie du Congo se sera développée davantage.
Adolf de Ceuleneer.
36o LE MUSÉE BELGE.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
253. — C. Robert, Der Neue Menander, Berlin, Weidmann, 1908.
146 pp. 4 m. 5o.
Dans les Szenen ans Menanders Komoedien (Berlin, Weidmann, 1908,
2 m. 40), M. Cari Robert avait offert au public allemand une traduc-
tion des nouveaux fragments de Ménandre. Il suffisait de la comparer
au texte de l'édition princeps pour s'apercevoir aussitôt qu'il avait cru
bon de s'écarter parfois de celle-ci.
M. Robert publie aujourd'hui le texte de Ménandre, précédé d'une
étude sur la reconstitution des pièces et d'une autre sur la reconstitu-
tion du manuscrit, et suivi d un apparat critique qui a le mérite d'être
au courant de la littérature ménandrienne, déjà si riche. Pour son
édition des Menandri quatuor fabularum fragmenta nuper reporta (Lejde,
A. W. Sijthoff, 1908), M. van Leeuwen n'avait eu à sa disposition
que les articles de Crusius (Liier. Zentralblatt, 3o nov. 1907), de
von Wilamowitz-Mœllendorff {Sitzungsberikte der kg. preu^s. Aknd. àtr
Wissenscka/tân, 5 déc. 1907), de van Herwerden (-B^/./At/o/. WocJunsckr,,
18 janv. 1908). Depuis lors, tani de philologues, dans tous les pays,
se eont occupés de ce texie, que M. van Leeuwen a été amené à
publier une seconde édition et que celle de M C. Robert ne paraîtra
pas inutile.
En effet, M. Robert a eu l'idée originale de représenter par la pagi-
nation la disposition des feuillets du papyrus, telle du moins qu*il
Tenlend. Cela nous vaut quelques pages blanches, dans lesquelles il
a fait entrer tout ce qui, des autres fragments de Ménandre ou
d'auteurs inconnus, lui a paru répondre à la situation, sans prétendre
d'ailleurs, conmie il a soin de le déclarer « que ces fragments aient
éléî remis à leur place, ni même qu'ils soient de Ménandre ». II y a
plus d'un loup au bois, et plus d'un Chaerestralos dans les pièces de
la comédie nouvelle ; il serait abusif d'attribuer aux Chaeresiratos de
Ménandre des paroles que certains fragments ont pu mettre dans la
bouche d'un de leurs nombreux homonymes.
Je ne^ vois pas ce qui obligeait M. Robert à comprendre ces
fragments intercalés dans la numérotation des vers. Il eût été bien plus
simple, bien plus pratique de conserver les chiffres de l'édition /mmo;^.
Si l'exemple donné par M. Robert était suivi, comme on est loin d'être
d'accord sur la place de tel ou tel fragment, chaque nouvelle édition
aurait sa numérotation, différente des autres ; ce qui n'aurait pas pour
résultat de faciUter les recherches.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 36 1
M. Robert a indiqué, p. 146, les passages sur lesquels il avait jugé
bon de changer d*avis depuis la publication de ses Szenm. Ceux qui se
serviront de ce dernier ouvrage feront donc bien de tenir compte de
ces changements assez nombreux. Sinon, ils risquent d'attribuer à
M . Robert des opinions qu'il ne partage plus.
Il nous reste maintenant à attendre la nouvelle copie que M. A. Kôrte
est occupé à faire du manuscrit. Si bien qu'ait travaillé le premier
éditeur, M. Lefebvre, — et nous sommes heureux de lui rendre l'hom-
mage que son travail est remarquable — la tâche était lourde, et ce
n'est pas en méconnaître la valeur ni le mérite que de prévoir que le
nouveau lecteur fera disparaître plus d'une incertitude, enlèvera du
chemin plus d'une crux embarrassante. A. Humpers.
aSj^ — Th. Zielinski, Le monde antique et nous. Traduction par
E. Derume, Louvain, Uytspruyst, 1908. 144 pp. in-S®. 2 fr. 5o.
Ce livre contient huit conférences données à l'université de Saint-
Pétersbourg par M. Zielinski, professeur à la même université. En
Russie, pays travaillé par un besoin morbide de changement illimité,
existe, plus violente que chez nous, une réaction contre l'éducation
traditionnelle des humanités gréco-latines. C'est devant un auditoire
composé d'adversaires déclarés — on le voit à maints endroits de ses
premières leçons — de ces études que M . Zielinski a prononcé son
apologie des humanités anciennes. Il fallait pour tenter cette entre-
prise, avoir la science, le beau talent d'exposition du savant pro-
fesseur, et, on peut le dire, son courage puisé dans ses convictions
scientifiques. Je voudrais que quelqu'un, ayant plus d'autorité que
je n'en ai, recommandât ce livre à la Commission de réforme des
humanités et à son chef. Les membres de la Commission n'y trouve-
ront pas les raisons ordinaires, excellentes d'ailleurs, mais auxquelles
ils ne se rendent pas, par lesquelles on défend chez nous les huma-
nités gréco-latines. Ce sont des raisons neuves, que, pour ma part,
je nai vues exposées nulle part avec cette largeur et cette clarté.
L'auteur est non .seulement un philologue de marque, mais un
homme auquel rien n'est étranger de la culture de son temps, en
particulier la science sociologique.
Il faut féliciter M. Derume d'avoir mis ce beau livre à notre portée
par une bonne traduction. Si un jour la question des humanités se
traite au Parlement, les députés trouveront dans l'ouvrage de
M. Zielinski de quoi s'éclairer. Car la connaissance du monde
antique est examinée sous toutes ses faces : i^ sa. valeur éducative;
2® sa valeur civilisatrice ; 3° sa valeur scientifique.
Sa valeur éducative consiste en ce que, mieux et plus que
r
362 LE MUSÉE BELGE.
n'importe quelle autre branche de l'enseignement, elle donne d«
connaissances utiles, et cela d'une manière rationnelle, adaptée à la
nature de Tesprit humain. Qu'on veuille bien remarquer la thèse de
M. Zielinski elle ne déprécie pas les connaissances, au contraire ;
mais ce qu'elle estime particulièrement dans les humanités. c*est que
ces connaissances sont acquises d'une manière rationnelle, par la voie
inductive. La démonstration de M. Zielinski envisage les langues.
la littérature, l'histoire et en grénéral toutes les branches du savoir
humain. Je me permets d'appeler l'attention sur ce dernier point ; il
est capital, bien que trop souvent oublié. La littérature antique doit
ce dernier avantage à cette circonstance que la culture de T homme
antique, moins spéciale que celle de 1 homme moderne, ne séparait
pas comme aujourd'hui la science et les arts et même comprenait une
connaissance de toutes les sciences alors existants. Les professeurs
trouveront ici de précieuses indications sur l'étude de la littérature
antique et sur la lecture exégétique des auteurs. On devra conclure.
entr'autres choses, qu'il faut accorder beaucoup moins de part à la
lecture dite cursive ou à la lecture non accompagnée d'explications
réelles suffisantes. On constatera aussi que Téminent professeur attend
de l'analyse littéraire, dont le but est toujours de faire connaître et
goûter un écrivain, d'autres résultats infiniment précieux f>our la
formation générale de l'adolescent.
On Ta dit et répété t le mouvement d'hostilité aux études gréco-
latines a été inspiré et alimenté par des préoccupations utilitaires.
Ceux qui le dirigent demandent : A quoi cela nous sert-il de con-
naître le monde antique, surtout par les textes originaux ? La
2« partie du livre répond à cette question. La thèse de M, Zielinski
vaut la peine d'être remarquée, non pas par sa nouveauté, mais par
l'heureuse précision des termes : le monde antique, dit- il, doit être
pour le monde moderne non pas une norme, mais une semence. Il
est en effet un fait, dont on peut contester l'explication peut-être,
mais qui n'en reste pas moins acquis, c'est que les peuples qui ont
laissé se relâcher les liens qui les unissent à l'antiquité ont vu baisser
leur niveau intellectuel et scientifique, et l'inverse est également
vrai. En manière d'expHcation, M. Zielinski fait voir, avec toute la
puissance de sa science, combien il est nécessaire pour la culture
moderne de connaître la religion antique, sa mythologie comprise,
la littérature, l'histoire, la philosophie et les arts de l'antiquité. J'avais
l'intention de signaler certains de ces chapitres à l'attention du
lecteur : j'y renonce; il faudrait tout citer. Je me borne à les recom-
mander instamment aux professeurs de littérature et d'histoire, et en
général à tout homme cultivé qui s'intéresse à l'éducation des classes
dirigeantes de son pays.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 363
La 3« partie, écrite pour les philologues, est un succinct et
chaleureux exposé de la philologie classique. C'est une mise au point,
générale sans doute, mais bien instructive, que liront avec fruit les
professeurs des classes supérieures des athénées et des collèges ; elle
leur servira à orienter avec sûreté les vocations de leurs élèves.
La dernière conférence est consacrée à défendre les humanit es
anciennes au point de vue social Même à travers la traduction,
d'ailleurs souple et vivante de M. E. Derume, on sent la chaleur de
la parole de l'orateur. Nous nous permettons encore dç convier à la
lecture de ce chapitre les sociologues, membres de la Commission de
réforme. M. Zielinski se met en eflfet, particulièrement ici, sur le
terrain sociologique ; il examine franchement la question au point de
vue de la loi de la sélection sociologique. Si je ne m'abuse, cette
dernière conférence s'élève jusqu'à l'éloquence, j'oserais même dire
la grande éloquence
Tout le livre est d'ailleurs écrit avec une chaleur communicative ;
un large et bienfaisant optimisme l'anime tout entier.
La traduction de M. E. Derume, à part quelques distractions (i),
me paraît très bonne. Il a eu la bonne pensée d'ajouter à l'original
un index détaillé des multiples questions de grammaire, de littéra-
ture et d'histoire auxquelles a touché M. Zielinski. E. Remy.
255. — K. J. Freeman, Schools of Hellas. An Essay on the
practice und theory of ancient greek Education from 600 to 3oo
b. C. Illustré. Londres, Macmillan et C»«, 1907.
Il est toujours intéressant de savoir comment les Grecs, nos éduca-
teurs, firent leur propre éducation. C'est ce qu'a recherché un jeune
philologue anglais, H. J. Freeman, mort à 24 ans, en 1906, sans
avoir pu publier lui-même le résultat de ses recherches.
Dans ce livre sur les écoles de la Grèce, l'auteur a presque entière-
ment omis les travaux de seconde main ; et cela volontairement
Pour un jeune philologue, c'était une entreprise hardie que de se
refuser ainsi les lumières de ses prédécesseurs, mais c'était aussi,
pour qui sait lire et comprendre, un moyen de renouveler son sujet.
11 est bon de revenir à l'étude des textes, sans les lire et les com-
prendre, comme on fait trop souvent, par les yeux et le cerveau
d'autrui. Si dans des matières souvent traitées — et l'éducation
grecque est de celles-là — on ne fait pas alors de découverte, — et
je dois dire que M. Freeman n'en a pas fait — on les vivifie de ses
(1) P. e. p. 11. ligne 8, lire ces au lieu de les, qui est inintelligible ; p. 76, ligne 6,
se détacha au lieu de détacha, p. io5 1. 10 ; le singulier est peu intelligible.
L'original a le pluriel. La diphthongue latine ae-cst souvent imprimée œ.
364 ^^ MUSÉE BELGE.
propres impressions, on les remplit de sa vie, on les transforme
par la mise en œuvre. Le beau livre de M. Freeman a tous ces
mérites.
Voyez avec quel brio Tauteur brosse et enlève le portrait de Xéno-
phon. « Dans beaucoup de paroisses d'Angleterre, il y a. comme
figure centrale, un major général ou un colonel retraité. Il est le
pilier de l'église de sa paroisse, il lit l'Écriture sainte pendant roflSce
dominical, enseigne à l'école du dimanche, distribue les prix aux
fêtes scolaires célébrées dans ses propriétés, et est Tâme de toute
souscription, tandis qu'il consacre ses loisirs à compiler un ou deux
mémoires militaires, et peut-être, s'il est un esprit très littéraire,
quelques courtes histoires. Tel fut exactement Xénophon ». On ne
reprochera pas à ce portrait de manquer d'originalité, mais jusqu'à
quel point est-il vrai ?
De même, l'auteur trouvera, pour expliquer le mépris dans lequel
les Athéniens tenaient l'éducation Spartiate, et la terreur qu'elle leur
inspirait, une comparaison bien personnelle et bien moderne.
L'Athénien, habitué à une éducation facile, considérait la formation
sérieuse du jeune Spartiate a avec les mêmes sentiments qu'un
Français visitant une école publique anglaise », où l'enfant est élevé
plus rudement.
L'éducation athénienne, dont le type prévaut dans le monde grec
civilisé, sauf à Sparte et en Crète, ignore l'utilitarisme. Évitons^
d'y voir une preuve de la supériorité du génie grec siu: le nôtre.
C'est à notre société industrielle et commerçante, imbue de principes
économiques, qu'il faut savoir gré de conserver encore le culte des
études désintéressées. S'il en est de même à Athènes, c'est que
l'éducation est réservée à une classe, à une aristocratie héréditaire,
non de la richesse, mais de la naissance. Elle est réservée aux seuls
citoyens. L'Athénien pauvre, obligé de vivre d'un métier, comme
l'esclave, l'enseigne à ses enfants — ou encore met ceux-ci en
apprentissage chez un autre citoyen, qui reçoit pour sa peine im
salaire déterminé. L'enseignement professionnel n'existe donc pas ;
pas davantage les théories utilitaires. Cela est dû au mépris qu'inspire
à tout Grec bien-né le métier manuel.
L'éducation ne tend pas à préparer l'enfant à la vie d'affaires, au
commerce, mais à la vie civile, c'est-à-dire à la vie militaire et poli-
tique ; elle vise à faire de l'Athénien un citoyen utile à l'État. Car
c'est faire tort à la morale grecque, et c*est la méconnaître, que d'y
voir simplement la satisfaction des instincts, c'est-à-dire le bonheur
individuel. Par a bonheur n, le Grec entend le bonheur de l'État^
Aussi sait-il se sacrifier à l'intérêt public.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 365
La femme n est pas destinée à la vie politique : Téducation ne
s'occupera pas d'elle. Le futur artisan apprend son métier chez son
père ; la future femme de ménage se forme de même près de sa mère.
L'Athénienne vit dans la retraite, comme une femme orientale, et ne.
vise qu'à ne pas faire parler d'elle. C'est, dit l'auteur, la Haus/rau
idéale. Pour le fils, la mère n'est rien; il la voit très peu, retirée
qu'elle est dans un appartement spécial. Le père est rarement chez
lui. Il n'y a pas de vie de famille. Le Grec apprend ainsi à vivre de
la vie publique, à s'associer à ses concitoyens.
On comprend qu'ainsi élevée, la mère ne pouvait rien enseigner à
ses enfants, pas même la musique. Ce mépris de la femme ou, plus
exactement — car faut- il voir dans cette courte vue une marque de
mépris? — cette conception du rôle de la femme, si elle eut pour
effet l'abaissement de celle-ci, donna naissance, chez l'homme, à une
formation plus complète, plus eurythmique que les spécialisations
hâtives ne le permettent à notre éducation. Les arts d'agrément,,
aujourd'hui la propriété presque exclusive de la femme, étaient
cultivés par les hommes. Alors on pouvait être artiste et savant,
général et poète tragique. En outre, comme le citoyen devait se pré-
parer à la guerre, — on accorde une importance primordiale à la
formation physique. Et comme le mauvais soldat est un mauvais
citoyen, on en vint à considérer la beauté physique a comme un signe
de beauté morale. » C'est une idée bien grecque que nous trouvons
déjà dans l'Iliade : Thersite est laid et méchant.
Aussi, dès l'éducation primaire, l'enfant était-il livré à la fois au
grammatistès, qui lui enseigne la lecture, l'écriture, un peu d'arith-
métique et lui explique, puis lui fait réciter par cœur, des passages de
grands poètes, au kitharistès, professeur de musique, et au paido-
tribès, professeur de gymnastique. Et ni la musique ni la gymnas-
tique n'étaient des parties accessoires de l'éducation; on ne s'en
occupait pas de loin en loin, pour l'agrément ou par hygiène. Elles
étaient considérées comme essentielles. Notez d'ailleurs que les
œuvres des poètes lyriques se chantaient, de sorte que l'éducation
musicale rentrait dans la formation littéraire. Par là, les Grecs con-
naissent, sans s'en douter, ce que la pédagogie moderne appelle
la concentration des cours.
Au début, l'éducation primaire, avec son triple but, se poursuivait
jusqu'à i8 ans. A la fin du v<^ siècle se constitua ce que nous
pourrions appeler l'éducation secondaire. Elle n'était guère réservée
quaux enfants riches. Ceux-ci y apprenaient, de 14 à i8 ans, les
mathématiques» la critique littéraire, un peu d'histoire naturelle et de
science, les lois et la constitution d'Athènes, un peu de philosophie»
366 LE MUSÉE BELGE.
de morale, de politique et de métaphysique, et surtout, la rhétorique.
A celle-ci va tout Thonneur. L'enseignement de Thistoire n'existe
pas.
Le croirait on? Le troisième degré de l'éducation, renseignement
supérieur, était réalisé par le service militaire. Cela se produisit après
la victoire de la MacéJoine. Alors, au lieu de s exercer uniquement à
l'art de la guerre et à la gymnastique, Téphèbe suivit des cours régu-
liers de philosophie et de littérature
Dans les programmes, nous ne voyons pas figurer l'enseignement
de la religion. C est que la religion grecque n'est pas une foi, mais
un rite, et la pratique ne s'en apprend qu'en participant aux fêtes et
aux cérémonies. Les mythes revêtaient tant de formes diverses qu'on
ne pouvait songer à en imposer une version orthodoxe. Et où il n'y a
pas de dogme, il n'y a pas d'hétérodoxie.
L État laissait l'enseignement à l'initiative privée. Les parents
choisissaient les écoles suivant leurs ressources, leurs visées, leurs
préférences. C'étaient donc nécessairement des écoles payantes.
L'éducation primaire coûtait d'ailleurs peu et était à la portée
des moins riches. Exceptons -en cependant la musique et la g3rmnas-
tique, qui durent peut être leur vogue à ce fait qu'elles étaient
coûteuses. II était de bon ton d'en faire! Heureusement, si l'État ne se
préoccupa nullement de l'enseignement littéraire, il bâtit par contre,
à ses {T2Lis, des gymnasia et des palatstrai publics et gratuits. C'était-là ce
que nous appellerions une œuvre post-scolaire. En outre, renseigne-
ment des exercices athlétiques aux éphèbes, — comme celui de la
danse et des chants dans les chœurs —, constituait une liturgie. L'État
décernait aussi des prix annuels, prix de rhapsodie, de lecture, de
peinture, de récitation tragique, de déclamation comique, de calli-
graphie, etc., comme nous le voyons à Téos.
Les maîtres d'école étaient très méprisés. Il y a à cela une excel-
lente raison. C'est que, dépendant du public, comme de véritables
salariés, ils étaient contraints de ménager Télève : celui-ci représen-
tait, et il le savait bien, une somme d'argent. Les enfants venaient à
l'école « avec leurs agneaux, leurs chiens et leurs chats, et jouaient
avec eux pendant les leçons. Paresseux et musards s'y rendaient,
comme aux échoppes du marché, pour jaser et regarder, troublant
les leçons... Malgré leur pouvoir, souvent exercé, d'infliger des
<:hâtiments corporels, les maîtres paraissent avoir été à la merci des
élèves et de leurs amis » . De même, l'élève était accompagné pour
aller en classe et en revenir, d'un pédagogue, mélange équivoque
a de nourrice, de laquais, de chaperon et de précepteur », esclave
d'ailleurs et par suite généralement méprisé. Au reste, le pédagogue
n'était pas toujours le « sel de la terre » .
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 36/
On le voit : il y a dans Téducation athénienne à prendre et à
laisser. On pourrait lui prendre, avec des vues plus égalitaires»
le culte de la formation littéraire et artistique ; avec moins d'excès,
celui de la formation corporelle. Nous devons lui laisser son anti-
féminisme étroit, et d'ailleurs inconscient Art. Humpers.
256. — John E. SandyS, A history of classicaî scolarship. Vol. Il-III.
Cambridge, Universitv Press igo8. 8 s. 6 d. le volume.
Le premier volume de cet ouvrage a paru en içoS et nous Tavons
annoncé dsois ce Bulletin, tome VIII, p. 232. Il a eu une seconde
édition, aue^mentée (xxîv-702 p.), en igo6. Les deux volumes qui
viennent de paraître, ne manqueront pas d'avoir le même succès.
Ils ont les mêmes qualités que leur aîné : une information vaste et
sûre, mais très condensée, sans que l'exposé cesse d'être exact, clair,
intéressant et même élégant. Le second volume traite de la Renais-
sance en Italie, du xiv® au xvi® siècle et mène l'histoire de la philo-
logie classique jusqu'à la fin du xvin« siècle Le troisième est con-
sacré au xîx* siècle. Dans ces six siècles, l'auteur distingue, suivant
l'habitude, quatre périodes successives, qualifiées d'italienne, fran-
çaise, anglaise et hollandaise, allemande, d'après le pays où règne
la plus grande activité dans le domaine de la philologie. Mais la
division de son livre ne correspond pas à cette distinction : c'est par
siècles que l'auteur procède et dans chaque siècle, par pays, réservant
parfois un chapitre spécial à un homme dont l'influence a été prépon-
dérante, tel qu Erasme, Hermann et Boeckh. L'Allemagne occupe la
moitié du troisième volume; ici, une subdivision s'imposait et
l'auteur, après avoir étudié F. -A. Wolf, Hermann et Boeckh, passe
en revue les grammairiens, les éditeurs de classiques grecs, les édi-
teurs de classiques latins, la grammmaire comparée, les archéologues
et les géographes. Systématiquemnt, les vivants sont omis et une
notice est consacrée, dans les Addenda ^ à ceux qui sont morts
récemment, multum nuper amisimus (Quint. , X, i , 90) : Zeller, Kirch-
hofF, Dittenberger, Hartel, Furtwângler, Bucheler, Schwabe, Bois-
sier, Hauvette, Headlam.
Il me semble que c'est par le détail que vaut cet ouvrage : l'auteur
a compulsé les moindres notices écrites sur chacun des philologues
dont il parle et il trace de chacun un petit portrait en pied. Quelques-
uns, qui ont cultivé plus d'un domaine, sont présentés en plusieurs
fois et c'est réellement dommage quand il s'agit d'un homme tel que
Mommsen. Nous oserions adresser une autre observation à l'auteur.
Il s'est entouré de multiples informations et il a tiré grand profit, par
exemple, des notices biographiques écrites après la mort d'un savant
368 LB MUSÉB BELGE.
par un de ses collègues. Ces notices sont détaillées et élogieuses :
elles assignent souvent au défunt une place qu'il ne conservera pas.
dans rhistoire générale de la philologie.
Nous attirons l'attention de nos lecteurs belges sur le ch. XXXVII,
2, consacré à la philologie au xix« siècle. Il est exact et clair comme
tout Touvrage. Les noms que M. Sandys met en lumière, les savants
dont il retrace la carrière sont : le baron de Witte (1808- 1889),
Roulez (1806- 1878), Gantrelle (i 809-1893), Wagner (1829-1895),
Roersch (1831-1891), Fuss (1782-1860), Bekker (1792-1837), Félix
Nève (1816-1893), Thonissen (1816 1891) et Pierre Willems (1840-
1898).
Ce bel ouvrage est orné de 62 portraits hors texte, très réussis.
J. P. W.
257-258. — Ph. Martlnon. Sophocle, Electre. Trad. en vers. Paris,
Fontemoing, 1907. 56 pp. 2 fr.
— Les Drames d'Euripide. Trad. en vers. I. Alceste, Hécube, Hippolyie,
II. Les deux Iphigénies, Médée. Paris, Fontemoing. 1908. 2 vol. à
2 fr. 5o.
C'est toujours une entreprise ardue qu'une traduction. Pour £aire
œuvre originale, on doit traduire autrement que ses prédécesseurs,
et ce n'est pas toujours le moyen de bien traduire. On use alors
d'artifices, employant des périphrases, des circonlocutions élégantes
là où le mot propre a déjà été trouvé, le mot propre au lieu des
périphrases ; mais ceci est une bonne fortime trop rare. C'est pour-
quoi je plains les traducteurs.
Je les plains d'autant plus qu'on leur sait peu gré de leurs efforts.
L'helléniste et le latiniste qui lisent l'original se rendent compte que,
dans la lutte inégale entre l'auteur et le traducteur, celui-ci succombe
à chaque ligne, enlaidit souvent, donne de l'esprit à Démosthènes,
des teintes d'archaïsme et de poésie parnassienne à Homère, qui n'en
peuvent mais, embellit parfois, et dès lors, parant le texte d'une
grâce qu'il n a pas au détriment de celle qu'il a, produit des traduc-
tions qui, plus que celles de Perrot d'Ablancourt, méritent d'être
appelées les tt belles infidèles ».
Plaignons donc les traducteurs. S'ils traduisent Euripide, ils
doivent être hellénistes et poètes, et ce n'est pas tout. Leur génie —
car le talent ne suflBt pas pour traduire un poète — doit être assez
souple pour se plier à l'inspiration d'autrui, leur vol assez varié,
assez puissant et assez sûr pour suivre, sans faiblir, dans ses élans
et dans ses chutes, le vol d'un poète étranger.
Mais que dire d'une traduction en vers ? C'est une troisième chaîne,.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SÔÇ
la plus lourde, — en français surtout où Tinversion est si malaisée,
et la rime si exigeante — qui s'ajoute aux autres. Ne nous étonnons
donc pas qu'il y ait si peu de bonnes traductions en vers. Y en a-t-il
même en notre langue? Ne soyons pas surpris que M. Martin on,
malgré tous ses efforts et tout son talent, n*ait pas toujours réussi à
nationaliser Sophocle et Euripide.
Aussi bien, M. Martinon ne doute- t-il de rien. Il nous a donné la
traduction littérale en vers des Élégies de Tibidle (Paris, Fontemoing.
Ouvrage couronné par T Académie française), des Amours d^ Ovide, des
Drames d^Eschyle, Le voici qui entreprend maintenant la traduction
en vers de Sophocle et d'Euripide. C'est peut-être beaucoup de vers
pour un seul homme.
Mais où son entreprise frise, que dis-je, atteint Théroïsme, c'est
quand il versifie VIphigénie à Aulis, Et cette fois, il faut le dire, il y a
-des comparaisons qui écrasent. Comparons donc :
LE VIEILLARD
Me voici :
Ma vieillesse est encore solide et résistante :
Mais qui donc si matin te chasse de ta tente?
Tout repose en Aulis ainsi qu'aux environs.
Et la garde est toujous à son poste. Rentrons.
AGAUBMNON
Heureux vieillard, que je t'envie et que j'envie
Tous ceux qui comme toi peuvent passer leur vie
A Tabri des dangers que cause la grandeur !
Qui ne songerait en lisant ces vers aux divins vers de Racine ?
ARCAS
*est vous-même, seigneur ! Quel important besoin
Vous a fait devancer l'aurore de si loin ?
A peine un faible jour vous éclaire et me guide.
Vos yeux seuls et les miens sont ouverts dans l'Aulide.
Avez-vous dans les airs entendu quelque bruit f
Les vents vous auraient-ils exaucé cette nuit ?
Mais tout dort, et Tarmée, et les vents, et Neptune.
AGAMEMNON.
Heureux qui, satisfait de son humble fortune.
Libre du joug superbe où je suis attaché,
Vit dans l'état obscur où les dieux l'ont caché I
Sans doute, M. Martinon s'approche plus du texte que Racine.
Mais il doit s'en éloigner parfois. Et puisqu'il est tout de même obligé
de s'en écarter, par suite de l'esclavage auquel la forme métrique le
soumet, pourquoi n'en pas prendre une bonne fois son parti ? Entre
la belle poésie, infidèle par moments, et la prose rimée dont la fidé-
lité, d'ailleurs relative, s'achète au prix de la beauté, nous n'hésitons
pas ; nous dirons même que si Racine, dans le passage cité, ne rend
370 LE MUSÉE BELGE.
pas le mot à mot d'Euripide, il en rend quand même le sens, et
surtout Tâme. Sa traduction, moins littérale, mais plus poétique,
produit sur nous, mieux qu'ifne prosaïque et peu littéraire trans-
cription, l'impression que l'original dut produire à Athènes. Et c'est
là la véritable fidélité, le but auquel, comme dans les limites mathé-
matiques, on doit tendre, sans espérer d*y atteindre jamais. Tradutiore^
traditore^ ce n'est pas seulement un jeu de mot, c'est, je le crains, un
verdict, un verdict justifié et sans appel.
Après cela, on me pardonnera de ne pas admirer, si littéraux qu'ils
puissent être — et ils ne le sont pas tous, — les vers suivants :
Faut-il...
Leur plonger à tous deux un poignard dans \tfoie?
ou
Mais si demain tu n'es pas hors de la frontière.
Dès le matin, tu périras dans les tourments.
Femmes, souienez-/a, la tenant dans vos bras.
Descends d\x char : d2Lï\s ta beau/é tu dois paraUre.
C'est toi qui l'a /e p/us aimé...
et d'innombrables prosaïsmes :
Je crains qu*au fond tu ne rumines ta vengeance.
et ce mot de reine, de reine qui parle en vers :
Et tu pourras après pleurer tout ton content.
Sois le maître dehors et devant tes soldats,
J'y consens : mais pour ta maisjp, c'est mon affaire.
On ne mariera pas ma fille sus sa mère.
et les vers brisés, en si grand nombre, qui font de la traduction {une
sorte de roman feuilleton ou de contrat de notaire rimé :
Ce mariage est trè> avantageux pour nous,
et cette naïveté énorme de Médée qui n'est pas dans Euripide, qui
s'y fût-elle trouvée, devait y rester :
Ah ! j'ai beau les tuer, mon amour n'est pas moindre î
Je pourrais ajouter d'autres remarques. Mais elles relèvent du cours
de poétique. C'est ainsi que M. Martinon termine une grande période
par un vers brisé, chose possible en grec où le rythme est tout inté-
rieur, désagréable à l'oreille française qui demande alors un vers
plein et sonore. Enfin ces archaïsmes à la Victor Hugo sont-ils de
mise :
Ai-)e pas des enfants ? Sais-je pas que nous sommes...
Veux-tu pas... { Ktc.
Si je me permets ces remarques minutieuses, ce n'est pas que
l'œuvre de M. Martinon soit sans mérite : non les Muses, se sou-
venant qu'elles sont grecques, ont souventes fois souri au traducteur.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3yi
Mais M. Martinon est accueillant à la critique. Il tiendra compte de
ces observations. Il choisira entre la traduction poétique et la versi-
fication fidèle et prosaïque. Les amis des lettres françaises lui en
sauront gré; les hellénistes, qu'il en soit sûr, ne s'en plaidront pas.
Il y a déjà un effort en ce sens dans les coupes qu'il a faites dans
les stichom)rthies : là, il a eu le bon goût de supprimer beaucoup de
répliques tt enfantines, presque niaises », auxquelles l'artifice de la
stichomythie donne lieu surtout dans Euripide.
Arthur Humpers.
aSg. — J Vahleni prof essor is Berolincnsis Opuscula academica. Pars
posterior. Prooemia indicibus lectionum praemissa xxxiv-lxih ab
anno 1892 ad annum 1906. Leipzig, Teubner, 1908. 12 m. ; relié
14 m. 5o.
Il serait inutile de redire de ce deuxième volume ce que nous
avons dit du premier [BulL^ 1906, p. a8o). Voici la liste des auteurs
dont M. Vahlen s occupe dans ces trente dissertations :
Théocrite (vu, xii et xvii); Platon (Gorgias, Phédon); Euripide
(Hercule) ; Sophocle (Electre et Antigone) ; Aristophane (Equités) ;
Aristote (Rhétorique, scholies) ; Plaute (Ménechmes) ; Ennius, Minu-
cius Félix, Valère Maxime, Catulle, Accius, Cicéron, Pacuvius,
Horace, Virgile.
Tantôt M. Vahlen étudie une question générale relative à un
écrivain (telle la jolie étude sur les tours qu'affectionne Catulle, sur
ses répétitions favorites), ou il examine une œuvre dans son ensemble;
tantôt il discute ou propose une série de corrections dans le texte
d'un auteur. Aucune de ces études d'occasion n'a perdu de sa valeur
ni de son intéiêt et nous devons remercier M. Vahlen d'avoir
recueilli ces programmes en deux beaux volumes. J. P. W.
260. — Ch. Van de Vorst, Grammaire grecque élémentaire. Nouvelle
édition de la grammaire grecque du P. J. Janssens. Liège,
H. Dessain, 1908. i vol. in-8", 171 pp.
En remaniant la grammaire grecque du P. Janssens, le P. Van de
Vorst a voulu rédiger un manuel moins touffu, ne renfermant que
les particularités dont la rencontre est possible au collège. La dispo-
sition des matières a gagné également, surtout dans la syntaxe.
L auteur a naturellement conservé l'excellente idée des exemples mis
en tête de chaque paragraphe et destinés à servir d'aide- mémoire.
Plusieurs appendices donnent, l'un des notions sur la langue
d Homère, les autres un résumé sur la syntaxe des cas, quelques
notions sur les mesures itinéraires et les monnaies, les règles princi-
pales de l'accent premier, enfin une table alphabétique des verbes
irréguliers ^avec leurs temps primitifs).
372 LE MUSÉE BELGE.
Puisque Tauteur veut bien faire appel aux observations de ses
collègues de renseignement, je me permettrai de lui proposer Taddi-
tion, après les verbes en ^\, d'un petit tableau réunissant les quatre
aoristes de tarriMi, avec leur signification. Les élèves ignorent gé-
nérsilement, et en tout cas oublient sans cesse la distinction très
importante qui doit être faite entre ces formes. La remarque que Ton
trouve à la page 67, à savoir que « le parfait, le plus-que-parfadt, le
futur passé, et Taoriste second de rorrmi ont une signification intran-
sitive : se tenir debout (stare) », cette remarque n'est-elle pas insuffisante
pour mettre en relief im phénomène aussi digne d'attention ?
Le résumé de la syntaxe des cas (appendice A) me paraît être une
innovation très heureuse en Belgique. Mais ne vaudrait-il pas mieux
encore étendre ce résumé à toutes les règles de la syntaxe, à l'exemple
des abrégés que MM. Kaegi, Sormani et Versmeeten ont ajouté l'un
à la fin de sa grammaire, les deux derniers au vocabulaire de leurs
exercices ? En somme, ce résumé, ou mieux ce choix à'idiotistmes
rendrait plus de services à l'élève que l'ensemble forcément un peu
compact de la syntaxe complète. Sans doute, l'étudiant aura parfois
besoin de renseignements plus détaillés, surtout dans les classes
supérieures, pour élucider tel cas spécial ; mais, avec les méthodes
actuelles, l'intervention fréquente du professeur diminue beaucoup
le nombre de ces occasions. Aussi, ce n'est plus que très rarement
que l'on feuillette la syntaxe, dont la matière occupe cependant la
moitié de toutes les grammaires. Par contre, un résumé des princi-
pales règles, des règles que l'élève ne peut ignorer et qu'il doit revoir
x:onstamment, lui servirait de mémento commode pendant la durée
de ses études.
Enfin, je dois encore regretter la même lacune que j'ai signalée
dans ce Bulletin à propos d une autre syntaxe grecque. Il me semble
que l'ouvrage du P. Van de Vorst est trop bref sur la théorie des
corrélatifs. Tune de celles qui sont le plus remplies de pièges pour
nos élèves et qu'ils ne retiennent pour ainsi dire jamais. Le petit
tableau de la page 38 ne suffit pas. Il faudrait des exemples montrant
à la fois la difiérence des significations et celle des fonctions. Les
corrélatifs sont plutôt du domaine du vocabulaire, je le sais, mais
quand il s'agit d'un livre classique, c'est à-dire pratique, ne peut-on
se permettre de faire sauter le cadre ?
Les lignes qui précèdent ne renferment aucune critique qui
s'applique spécialement au nouveau manuel. On pourrait les adresser
à la plupart des grammaires grecques. Le livre du P. Van de Vorst
n'en reste pas moins un excellent traité, sobre, clair, et de plus, très
bien imprimé par un éditeur belge, M. H. Dessain (i).
Ant. Grégoire.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. 3/3
q6i. — JOS. Janssens, S. J. Grammaire latine. Sixième édition,
entièrement refondue par Ch. Van de Vorst, S. J. Alost,
Spitaels, 1908. 266 pp. gr. in-S®.
En ce moment où les Humanités subissent de redoutables assauts ,
il faut de solides convictions et un courage confiant pour entreprendre
€t terminer, au prix de laborieuses et délicates recherches, un travai 1
<:omme celui qu'a effectué le Père Van de Vorst.
Ce m'est un bonheur d'annoncer ici Toeuvre de notre compatriote.
Pour faire valoir ses qualités, je pourrais procéder par voie de com-
paraison, et la mettre à côté d*autres grammaires d'auteurs belges ou
étrangers, qui ont chacune leurs mérites et leurs côtés faibles. Je m'en
abstiens, et me contente d'affirmer, sans crainte d'être contredit, que
le Père Van de Vorst, qui avait déjà bien mérité de l'enseignement
et de la philologie par la publication de sa Grammaire grecque^ s'est
l acquis un nouveau titre à la gratitude des maîtres et des étudiants :
on peut garantir que son travail produira d'heureux fruits dans les
classes.
Je viens de rapprocher de ce volume la deuxième édition de la
Grammaire latine, celle dont nous nous servions au collège — l'auteur
et moi — voici vingt-cinq ans. Ce rapprochement me paraît instructif.
Que de changements ! Ils révèlent les progrès réalisés depuis par
les études linguistiques et philologiques, ainsi que les résultats acquis
et passés dans le domaine de la vulgarisation ; ils montrent aussi
les progrès de la méthode et de la didactique, pour la netteté de
l'exposé, et la disposition typographique des textes.
« Élaguer tout ce qui est de pure érudition, présenter d'une façon
claire et exacte la grammaire de l'époque classique» en particulier
celle de Cicéron et de César », tel est le double but que l'auteur a
poursuivi
Signalons quelques particularités de cette édition. Ce sont, notam-
ment, la prononciation plus italienne du latin, le soin donné à l'accen-
tuation, une partie spéciale consacrée à la stylistique, des notions de
prosodie et de métrique. Les notions d'analyse — excellente chose !
— ont été précisées. La notion du temps absolu et du temps relatif a
été introduite. On appréciera ces remaniements et ces additions :
ainsi, les pages sur la stylistique et la métrique, déjà intéressantes
en elles-mêmes, seront d'un précieux appoint dans l'explication des
auteurs et des poètes, qu'elles prépareront ou compléteront d'après
les circonstances ; cet exposé donnera sans doute à maint élève la
clef de la langue et de la littérature latines.
Bref, au point de \'ue didactique, cette Grammaire donnera satis-
faction aux plus exigeants, et pour y découvrir des erreurs ou des
lacunes d'ordre philologique, il faudrait la soimiettre à un examen
très approfondi, C. Caeymaex*
i
374 ^^ MUSÉE BELGE.
262. — P. DOr'W&ld, Beitràge sur Kunst dês Uebersetzens und zum
grammatischen Unterricht, Ein Hilfsbuch fiir den griech. Unterricht
in Obersekunda. Weidmann, Berlin, 1907. vi et 64 pp. gr. in-8.
I m. 20.
Dans son livre intitulé : Die Kunst des Uebersetzens (Berlin, Weid-
mann. xi et 166 pp. in-8<>, 3« éd. igoB, 3 m. 60), Paul Cauer avait
traité les questions générales de Tart de traduire. Le petit ouvrage
de M. Dôrwald, directeur de gymnase à Neubrandenburg, a des
visées plus modestes. C'est un guide pratique pour la traduction de
deux auteurs, Homère et Xénophon.
M. Dôrwald prend ses exemples dans TOdyssée et dans les
Mémorables. Voici les conseils qu'il donne, appuyés de nombreuses
citations.
Il faut, dans la traduction, conserver autant que possible, la coor-
dination — la parataxe, disent les hellénistes — qui est le propre de
la phrase homérique. Faire autrement, ne serait pas seulement
enlever de sa couleur, défigurer sa physionomie, ce serait souvent
risquer de traduire à contre sens. Exemple : Od , XIII, 38 1, où
l'emploi de la subordination — de l'hypotaxe, si vous préférez —
serait une faute.
Avec la parataxe, conservons la place des mots. Ce conseil est plus
facile à suivre en allemand qu'en français ; en outre, traduisons le
participe mot à mot; n'oublions pas non plus que l'article a souvent
gardé chez Homère sa valeur primitive de démonstratif. Les parti-
cules subiront un traitement différent : nous rendrons les particules
affirmatives, dont l'emploi a pour but de donner plus de vraisem-
blance au récit épique; pour les autres, nous serons prudents et nous
nous souviendrons qu a vouloir rendre les nuances délicates dont
elles recouvrent la phrase grecque, nous produirions une phrase
lourde et ridicule. Enfin, et surtout, gardons dans la traduction la
plastique de la langue d'Homère, n'en volatilisons pas le texte, c'est-
à-dire, n'en faisons pas disparaître les fortes et vivantes images sous
une abstraction inanimée. Tel est, en résumé, et sans ses exemples
de traduction si intéressants, le contenu du premier chapitre.
Le second mérite d'attirer plus encore l'attention des professeurs
et des élèves. Qui d'entre nous n'a pas été arrêté dans sa lecture, par
le sens, ou plutôt par les sens multiples d'une expression psycholo-
gique d'Homère ? Si 9pév€ç par exemple, est au propre, le diaphragme,
puis, par extension, la poitrine, il revêt aussi les innombrables sens
de a intelligence » (jugement, bon sens, finesse, habileté, etc.). Que
dire de ©^Môç, qui est tantôt identique à qppëveç, tantôt à Kpab(n, tantôt
à H'uxn ? Le plus souvent, il signifiera a les sentiments et les eensa-
PARTIE BIBLIOGRAPHigUE. 375
tions du cœur humain », souvent aussi, quoique plus rarement, ce
que nos philosophes appellent « la faculté appétitive ».
Les Mémorables de Xénophon, quoiqu'il n'y paraisse guère, ne sont
pas plus faciles à bien traduire. Comment un élève, habitué aux lec-
tures historiques, connaissant le vocabulaire de la vie publique,
n'aurait-il pas besoin de guide pour parcourir un monde si nouveau,
tout rempli d'expressions de la vie morale, àraô^^Ç* koXôç, koXôç KàtaSôç,
0iuq)poaùvr), qppoveîv, KttKÔç, etc.? Le plus dangereux, c'est qu'il croit com-
prendre quand il a traduit par exemple auKppoauvr) par « sagesse ».
M. Dôrwald a bien fait de lui enlever cette illusion, dans les deux
chapitres qu'il consacre à Xénophon.
Dans le dernier chapitre, M. Dôrwald s'occupe — mais en se
plaçant à un tout autre point de vue — des VI', VI I^ et VIII« livres
d'Hérodote. C'est que son ouvrage est une contribution à l'étude
du grec en Obersekunda, Il a classé dans l'ordre des règles de la syn-
taxe grecque, les passages d'Hérodote qui peuvent servir d'exemples
et d'applications. Il a rangé, groupé Hérodote dans l'ordre gram-
matical. Les Allemands possèdent plusieurs ouvrages de ce genre
qui permettent au professeur et à l'élève, de répéter la syntaxe en
même temps qu'ils traduisent tel ou tel auteur. Je signalerai entre
autres, les trois ouvrages suivants, parus à Berlin, chez Weidmann :
Fûgner, Càsarsàtze zut Einiibung dcr lat. Syniax in Tertia, 2* éd.,
I m. ; W. Bôhme, Nepossàtze id, in Quarta, 1889, i m. ; L. Koch,
Xenophonsàize sur Einiibung der griech, Syntax in Tertia und Sekunda, 1890,
I m. 20. Il est pédagogique de faire concorder l'étude, la répétition
de la grammaire avec l'auteur lu en classe.
Exprimons, en terminant, le vœu que nous possédions bientôt,
pour chaque année d'études, un ouvrage dans le genre de celui de
M. Dôrwald. Arth. Humpers.
a63. — Anton Elter. Uinerarstudien. l u. II, Bonn, Georgi, 1908.
76 pp. in-40. Deux programmes de l'Univ. de Bonn, 27 janv. 1908
et 3 août 1908.
Dans ces programmes très intéressants, M. Elter s'occupe de trois
itinéraires : Vitinerarium Antonini, liste des routes de l'Empire avec
indication des distances d'une localité à l'autre ; Vitinerarium Hieroso
lymitanum de Bordeaux à Jérusalem et d'Héraclée à Rome ; enfin la
carte de Peutinger qui donne les routes, les stations et les distances.
Ces itinéraires semblent avoir reçu leur forme actuelle au iv« siècle ;
le second est de l'an 333. Mais tous sont basés sur des documents
plus anciens. Quelle était leur destination sous leur forme défini-
tive ? M. Elter répond par une thèse nouvelle, d'un haut intérêt.
376 LE MUSÉE BELGE.
que nous ne pouvons qu'indiquer sans la discuter. Pour le second,
la réponse est certaine : c'est un guide du pèlerin gaulois qui veut
visiter d'abord Jérusalem et, à son retour, la capitale de l'Empire,
Rome. M. Elter soutient que les deux autres itinéraires, qui eurent
d'abord un autre but et qui conservèrent accessoirement ce but,
furent arrangés au iv« siècle de telle façon qu'ils purent également
servir de guide au pèlerin qui, d'un point quelconque de l'Empire,
voulait entreprendre un voyage en Terre Sainte. M. Elter ne prouve
pas en détail cette thèse nouvelle : la place lui manquait, car il aurait
fallu faire une étude complète de toutes les routes. Il en dit assez
pour que sa thèse mérite un examen sérieux et approfondi.
J. P. W.
264. — R. Mulder, De conscimHae notione quae et qualis fuerit Romanis,
Thèse. Leyde, Brill, 1908. 127 pp.
La notion de la conscience n'a pas toujours été pour les hommes
ce qu'elle est aujourd'hui pour nous ; confuse et rudimentaire che*
l'homme primitif, elle se précise et s approfondit dans la vie civilisée.
L'histoire de ce concept a déjà tenté la plume de nombreux psycho-
logues M. Mulder y apporte aujourd'hui une contribution d'autant
plus importante qu'elle porte la lumière sur un terrain peu exploré
par ces psychologues, le monde romain.
L'auteur envisage à deux points de vue l'histoire du concept de la
conscience ; il examine d'abord les rapports de la conscience avec la
religion et poursuit ensuite dans la vie morale des Romains, les
diverses étapes de son développement. On pourrait tenter d'enfermer
dans quelques idées générales les résultats acquis par cette étude.
La religion romaine, par son caractère formaliste, et la vieille morale
romaine, grâce à l'autorité exagérée qu'elle reconnaît à la raison
d'État, ont empêché la notion de la conscience de se développer
librement. Cette idée reste longtemps à l'état embryonnaire. Il faut
attendre la réforme religieuse et morale des Stoïciens, qui met en
relief toute la valeur du moi. pour assister à la formation philoso-
phique et au complet épanouissement du concept de la conscience.
Ces thèses sont étayées d'une argumentation solide. Chaque page
nous montre que Fauteur a beaucoup de lecture. Il y paraît même
trop, peut-être. On ne peut sans doute méconnaître le caractère
loyal et scientifique de sa méthode qui consiste à ne pas énoncer une
affirmation sans produire ses témoignages. Cet appareil d'érudition,
qu'on relègue habituellement dans le^ notes, les citations nombreuses
envahissent ici le texte. Il eût été préférable — mais plus difficile —
de les fondre dans le texte, dans l'exposé des thèses.
PARTIS BIBLIOGRAPHigUB. 377
Nous nous permettons de signaler un autre défaut de rédaction :
c'est que plusieurs discussions forment dans le texte de vrais hors-
d'oeuvre. Comment qualifier autrement la longue discussion sur
Tétymologie du mot religion (p. 64 sq j ? Une note eût suffi pour
résumer une argumentation qui n'a que des rapports indirects avec
la thèse.
Malgré ces quelques taches, la thèse de M. Mulder reste un travail
solide que consulteront avec profit ceux qu*intéresse la vie morale et
philosophique des Romains. A. Dblattb.
265. — Thomas Elsaesser, O. S. B.. Nos in sckola latine loquimur.
Roulers, Jules de Meester, 1906. 428 pp. 4 fr. 5o.
Je me^fais un plaisir de présenter aux lecteurs du Bulletin un
excellent et copieux recueil de leçons-modèles de conversation latine.
Cette ars latine loquetidi due à la plume d'un savant bénédictin doublé
d'un professeur habile, rendra des services très appréciables, notam-
ment à ceux de mes collègues qui pratiquent dans leur cours de latin
la méthode directe concurremment avec les anciens modes d'ensei-
gnement. Pour ma part, je regrette de n'avoir pas connu Touvrage
du P. Elsaesser avant d'avoir introduit dans mes classes la conversa-
tion latine, dont je traite dans Modernisons renseignement des langues
anciennes, paru dans le numéro de décembre 1907 de la Revue des
Humanités ; la lecture de cet intéressant volume eût simplifié ma
tâche.
L'espace me manquerait pour rendre compte en détail de Nos in
schola latine loquimur. Il faut le lire intégralement et attentivement
pour avoir une idée exacte de la matière abondante qu'il renferme.
Aussi pour ne point m'exposer à encourir le reproche inéluctable
de ne donner qu'un maigre et très incomplet aperçu de la mine si
riche que constitue ce travail, je me contenterai de dire, avec
l'éditeur, qu'a il est un panorama vivant, animé, de la vie scolaire »,
et d'attirer spécialement l'attention du lecteur sur les chapitres
. suivants : I Colloquium de schola ; IV. De scriptione ; XXII Interrogandi
ad grammatices rudimenta pertinentes formulae ; XVII. De excursione ad
Mosam facta; LIV. De interjectionibus ; LVI. De vocihus animalium ;
LXV. Colloquium de epistola; LXVI. De vatiis pariibus epistolae ;
LXVII. Epistolam tuam superiorem accepi (les chapitres LXV à LXVII
exposent d'une manière irréprochable la théorie de la lettre, en latin).
LXXI. Proverbia ; etc.
A remarquer aussi quelques conversations instructives sur la valeur
et l'emploi de certains mots ou expressions, comme a je regrette »
(chap. LIX), « avoir raison, avoir tort • (chap. LX), etc., etc.
378 LB MUSÉE BELGE.
Néanmoins, s'il ne me semblait que l'auteur ne sadresse guère
qu'à des élèves chez qui ses conversations présupposent les connais-
sances lexicologiques et syntaxiques enseignées en 7*, 6«, 5*, je me
permettrais quelques légères critiques D'abord, les fautes d'impres-
sion sont encore assez nombreuses ; mais c'est là un défaut ancxlin,
inséparable de toute première édition et auquel on remédiera aisé-
ment dans une prochaine édition. Des conversations destinées aux
apprentis'latinistes. donc pour les deux premières années de latin,
c'est à-dire pour l'époque des essais, des tâtonnements, eussent été
les bienvenues : elles nous auraient initiés aux procédés à employer
pour familiariser insensiblement les débutants avec les difficultés de
cet exercice si utile de la conversation latine ; en outre, l'auteur
aurait pu multiplier les sujets empruntés à la vie de l'écolier au
dehors de l'école, soit d après des choses vues par eux à la maison,
à la ville, aux champs, soit d'après des gravures intuitives ou artis-
tiques (tableaux Hoelzel ou reproductions de tableaux de maîtres),
soit encore sur des textes appris par cœur ou bien simplement
traduits tantôt à domicile, tantôt en classe (versions écrites ou faites
« ex abrupto » et de vive voix).
Mais je m'empresse d'ajouter que le P. Elsaesser n'a certainement
pas eu la prétention d'épuiser un sujet qui, de sa nature, est inépui-
sable et que je n'exprime que des desiderata auxquels on pourra
donner soi-même satisfaction et qui n'enlèvent rien au mérite intrin-
sèque et extrinsèque de l'ouvrage, dont je ne saurais trop vivement
recommander la lecture aux professeurs de latin. Ceux-ci y trouveront
beaucoup de moyens pour vivifier un enseignement qui doit, sous
peine de mort, se dépêtrer vigoureusement des ornières de la routine
et rentrer résolument dans les anciennes voies remises à neuf, avec
des matériaux de notre temps, par la méthodologie moderne.
A. POISSINGER.
266. — Georg Finsler, Homer, Aus dem Erlâuterungswerk « Aus
deutschen Lesebuchem ». Leipzig, Teubner, 1908. Relié : 7 m.
On pourrait appeler ce livre le vade-mecum du professeur appelé à
expliquer Homère. Tout ce que la critique a produit depuis l'anti-
quité et surtout depuis F. A. Wolf y est mis à profit. Mais ce n'est
pas là le but de lauteur : fournir au professeur tous les éléments
d'une explication à la fois historique ou « réelle » et littéraire, voilà
ce qu'a voulu faire M. Finsler. Il s'adresse avant tout aux écoles où
le grec n'est pas enseigné, où on lit Homère dans une traduction, et
aussi à tous les esprits cultivés que la littérature grecque intéresse.
Il veut faire comprendre Homère par la lecture et l'explication de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 379
longs passages et par une description méthodique de la civilisation
homérique.
Il commence donc par résumer Tlliade et TOdyssée, chant par
chant, terminant ce chapitre par un plan synoptique de l'un et l'autre
pK>ème. Puis, il explique des passages choisis assez longs, neuf de
l'Iliade et sept de l'Odyssée : l'explication est surtout littéraire, mais
tient compte des théories diverses émises par la critique.
Sous le titre de a questions préliminaires », il traite ensuite de la
géographie homérique : l'idée qu'Homère se fait de la terre, le pays
des guerriers achéens, celui des Troyens et de leurs alliés, les
voyages d'Ulysse. Puis il expose les faits historiques que les deux
poèmes supposent connus : la fondation des colonies asiatiques,
l'histoire troyenne, la conception qu'il faut se faire du sujet des deux
épopées. Ensuite il étudie les légendes, au point de vue du fond et de
la forme (la langue épique), les traditions sur Homère, l'ancienneté
de l'écriture. Pages 176-247.
Le a monde homérique », tel est le sujet qu'il aborde alors et qu'il
divise en quatre longs chapitres : la nature et la vie, l'homme à
l'époque d'Homère, la société et l'État, la religion. Pages 248-475.
Enfin il expose les caractères propres à la poésie homérique et il
fait l'histoire de la critique d'Homère depuis l'antiquité.
Nous ne pouvons ici entrer dans le détail. Disons seulement que,
suivant l'opinion la plus répandue aujourd'hui, la personnalité
d'Homère, auteur de l'Iliade, ne fait aucun doute pour M. Finsler.
Nous recommandons la lecture de ce livre. Il est un peu long et
nous doutons que les écoliers et les gens instruits, même en Allemagne,
le lisent d'un bout à l'autre, mais pour les professeurs il constitue un
bon exposé de toutes les questions qui se rattachent à Homère.
J. P. W.
267. — Maurice BeSDier, Les catacombes de Rome, Avec 20 planches
hors texte. Paris, E. Leroux, 1909. 290 pp. 3 fr. 5o.
a J'ai voulu simplement, nous dit M. Besnier, exposer les résultats
généraux des travaux archéologiques et critiques dont les catacombes
de Rome ont été l'objet depuis un demi-siècle. Il m'a semblé qu'il ne
serait pas inutile de tracer, une fois de plus, cette esquisse rapide.
De nouvelles découvertes et d'érudites publications ont notablement
modifié, ces dernières années, l'aspect et les données des problèmes
que soulève l'étude des anciens cimetières chrétiens de la Campagne
romaine ; il est bon que de^temps à autre le public lettré soit mis au
courant de l'état de ces questions et renseigné sur l'enrichissement
progressif de nos connaissances ».
38o LB MUSÉE BBLGB.
Nous venons de « dévorer i ce volume, comme on dévore un
roman : tant il est clair et intéressant. On peut dire que tout y est :
l^istoire des catacombes depuis leur origine, l'histoire de leur explo-
ration depuis Bosio jusque J.-B. de Rossi et Mgr Wilpert, la des-
cription générale (à quelle distance de Rome et dans quel terrain on
les a creusées, comment leurs galeries ont été construites et quels
aspects y présentent les tombes), les souvenirs de S. Pierre et S. Paul
aux catacombes ; la description des catacombes les plus célèbres,
celles de Priscille et dç Domitille et celle de Calliste ; les dernières
catacombes du iii« et du iv« siècle ; enfin Tart des catacombes, la
peinture, la sculpture et les arts mineurs. Dans ce plan rentrent
toutes les questions qui intéressent l'histoire ou la religion et qui ont
été soulevées par l'étude des catacombes. Nous avons admiré la
clarté et la compétence avec lesquelles chacune de ces questions est
exposée et tranchée, si une solution certaine est possible.
Parmi tous ces chapitres vraiment intéressants et instructifs, s'il
fallait en tirer un hors de pair, nous choisirions celui qui concerne la
décoration et l'art des catacombes. « Les catacombes romaines, dit
très bien l'auteur, ne sont pas intéressantes seulement par le témoi-
gnage qu'elles apportent sur l'histoire du christianisme naissant;
elles ont, en outre, une importance extrême au point de vue de l'his-
toire de l'art. Nous avons remarqué déjà que, prises en elles-mêmes
et examinées dans les principes et la technique de leur construction,
elles présentent une adaptation méritoire de la science architecturale
aux conditions matérielles les plus difficiles et les plus défavorables.
Il faut ajouter qu'elles renferment ime décoration très riche et très
variée, dont les différents éléments constituent les premières mani-
festations authentiques de l'art chrétien en Occident. Ces documents
précieux doivent être comparés à la fois aux œuvres païennes anté •
rieures ou contemporaines, dont ils procèdent et aux œuvres du
moyen âge qu'ils annoncent. Classique par son point de départ et
ses procédés, novateur par son inspiration et ses tendances, l'art des
catacombes fait la transition, pour ainsi dire, entre l'art de Pompéi
et l'art byzantin et romain ; il explique, dans une certaine mesure, le
passage de l'un à l'autre. » Pages 169-170. Et voici la conclusion. Cet
art n'était pas né caduc et vieillot, comme on l'a dit. « Il nous
semble, au contraire, qu'il offre im mélange singulier et attrayant
d'éléments anciens qui ne sont pas encore caducs, et d'éléments
nouveaux, vraiment jeunes et féconds. Les artistes chrétiens ne
pouvaient se dispenser, au début, de continuer les pratiques et de
suivre les errements de leurs prédécesseurs païens ; mais très vite, ils
ont insufflé aux vieilles formes un esprit original. Par la faute même
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUB. 38 1
des temps de décadence où ils vivaient, leur technique est souvent
gauche, bien qu'elle dénote cependant par endroits... une merveil-
leuse adresse. Leur inspiration est constamment élevée et généreuse.
Sur leurs fresques, leurs sarcophages, leurs verres dorés, ils ont
traduit avec sincérité, avec émotion les idées et les sentiments du
christianisme naissant. Ils nous font pénétrer plus avant dans Tintel •
ligence d'une époque lointaine et difficile à connaître. Ils nous aident
à mieux comprendre ce qu'étaient et ce que pensaient les hommes
qui ont creusé les catacombes romaines et qui y dorment leur
dernier sommeil ». Page 25 1.
Deux appendices donnent une liste des principales publications
relatives aux catacombes et une liste générale des catacombes de
Rome. Elles sont indiquées sur un plan des environs de Rome.
Vingt planches hors texte, sur papier couché, sont empruntées aux
ouvrages de Mgr Wilpert et de M. Orazio Marucchi. J P. W.
Langues et Littératures celtiques.
a68. — John Rliys, The celtic inscriptions qf France and Itaîy. Londres
[1908]. Extrait des Proceedings qf the British Academy, II. loi pp.
in-8. 7 sh. 6.
M. John Rhys a parcouru la France et le nord de l'Italie pour y
examiner, avec la collaboration de M^^ Rhys, les inscriptions gau-
loises qui s'y rencontrent.
Ce sont les résultats scientifiques de ce voyage qu'il expose.
M. et M»« Rhys se sont livrés à un travail extrêmement méticuleux;
chaque pierre a été soumise par eux à un examen approfondi ; ils
ont étudié les caractères des inscriptions dans tous leurs détails ;
M. Rhys rend compte de ces observations avec le plus grand soin,
et son livre sera extrêmement précieux pour tous ceux qui, à l'avenir,
s'attaqueront aux inscriptions gauloises.
L'auteur ne s'est pas borné à ce travail d'éditeur ; il interprète les
textes constitués et s'est livré, pour fixer le sens des mots, à des
recherches considérables. Il est impossible, dans les limites de ce
compte rendu, de discuter les nombreuses interprétations nouvelles
proposées par Tauteur; M. Rhys procède avec sa hardiesse habi-
tuelle, et manie avec brio la grammaire comparée non seulement des
langues celtiques, mais encore celle des langues indo-européennes
en général.
Il est cependant im point sur lequel je dois insister tout particu-
lièrement : d'après M. Rhys, la plupart des inscriptions gauloises
seraient métriques. La mesure qui les régit serait un hexamètre basé
sur laccentuation. Ainsi l'inscription de Beaune se scanderait :
382 LE IfUSÉB BELGE.
Jccàvos I Oppia\nicnos i | éuru Bri]gindofti \ cànilon (p. iiK La pierre
porte canialon, mais il y aurait élision du second a dans la scansion ;
il en serait de même dans Mag'lu pour Magalu de l'inscription du
vase de Sérancourt que M. Rhys présente sous la forme
Bûscilla I sosio \ légas\it in i Alixie \ Màg'lu (p. 55).
M. Rhys a traité cette question en long et en large dans le Cymm-
rodor (XVIII, 19 j5), que je n*ai malheureusement pu consulter; il y
établit notamment, paraît -il, que le gaulois aurait accentué les mots
sur Tune des deux dernières syllabes, comme c'est le cas en gallcns
Ces conclusions sont de la plus haute importance ; mais avant de les
accepter, il serait de toute nécessité de soumettre l'argumentation. <te
M. Rhys à un examen approfondi; seules les recherches ultérieures
pourront nous dire ce qu'il faut penser des « découvertes • du savant
professeur de l'Université d'Oxford. Victor Tourneur.
269. — Eriu^ The Journal qf the School of irisk learning, Dublin, éd.
by Kuno Meyer and Osbom Bergin. T. IV, i. Dublin, 1908.
6 sh.
En 1903, eut lieu la première session de la Sgoiî drd-Uighinu na
Gaedhilge (université irlandaise), dirigée par M. Kuno Meyer, profes-
seur à l'Université de Liverpool. Le but de cette fondation est de
créer des cours d'enseignement supérieur ayant pour objet la philo-
logie irlandaise, la littérature et l'histoire de l'Irlande.
Dès la première année de son existence, l'Université irlandaise
piublia, sous le nom d'Eriu, une revue réservée à la philologie irlan-
daise Les trois premiers volumes ont paru sous la direction de
MM. Kuno Meyer et John Strachan. Ce dernier étant mort Tan
dernier d'une manière tout à fait prématurée, a été remplacé par
M. O. Bergin.
Les trois premiers volumes contiennent un grand nombre d'articles
consacrés à l'étude de points de grammaire, à des publications de
textes, à des identifications topographiques, etc. Le quatrième ne
sera inférieur en rien aux précédents. Le premier fascicule, qui vient
de paraître, renferme plusieurs mémoires importants.
M . Kuno Meyer recherche les sources des informations relatives à
l'Irlande qui sont contenues dans le Spéculum regale un livre vieux-
norrois écrit vers i25o av. J.-C. Il arrive à la conclusion que la ver-
sion vieux norroise de ces traditions irlandaises est entièrement basée
sur la tradition orale.
M. W. Stokes publie les Scéla Conchohair maie Nessa avec traduc-
tion et une introduction où il établit entre autres l'existence en
Irlande àujus primae nocHs,
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 383
M. Ch. Plumner donne une traduction de texte de la Càin Emine
Bain, d'après le texte publié par M. O'Keeffe dans les Anecdoia from
ifish manuscripts. Il y propose plusieurs corrections de texte impor-
tantes.
M. KuNO Meyer consacre une savante étude au nom de Brian
Boru ou mieux Boruma. Il démontre que le nom du célèbre défen-
seur de l'indépendance irlandaise est d'origine bretonne. Quant à
Boruma, le surnom de Brian, on le traduisait d'ordinaire par a du
tribut ». Ce n'est rien d'autre que le nom d'une localité disparue, qui
s'élevait autrefois sur les bords de la Shannon, environ un mille au
nord de Killaloo.
M, O. Anscombe étudie l'origine lombarde de St. Sechnall, jusqu'à
présent contestée ; il arrive à la conclusion que la sœur de Saint-
Patrick avait réellement épousé un Lombard de Gaule.
Enfin, diverses publications de textes complètent cette livraison :
Tochmarc Ferbe par M. O'Neachlain ; Echta mac EchdachMugmedoin. par
M"« Maud Joynt; The harrowing of Hell par J. O. Bergin, et un
hymne par M. K. J. Bert. Victor Tourneur.
Langues et Littératures romanes.
270. — P. Villey, Les sources et révolution des Essais de Montaigne.
Thèse doctorale présentée à la Faculté des lettres de Paris. Paris,
Hachette, 1908. 2 vol., x-422 et 563 pp. 20 fr. (Bibl. de la fonda-
tion Thiers, fasc. XIV).
Depuis quelques années, Montaigne a été l'objet d'études très
minutieuses. On ne se borne plus à reconnaître les mérites littéraires
du charmant auteur des Essais, on a vu en lui un représentant fidèle
de l'esprit de la Renaissance et un curieux type de l'émancipation
philosophique qui caractérise cette période de transition. M. For-
tunat Strowski (i) avait tracé à grands traits le portrait de Montaigne
philosophe et moraliste, mais il fallait attendre la constitution d'im
bon texte des Essais, pour espérer des résultats sérieux. M. P. Villey
qui collabore avec M Strowski à l'édition municipale de Bordeaux,
vient de nous donner, je pense, une étude définitive. Quelques
détails nouveaux ou inaperçus s'ajouteront peut-être çà et là ; quel-
ques affirmations risquées subiront des rectifications, mais, dans son
ensemble, l'œuvre de M. Villey est fondamentale et, dès aujourd'hui,
son nom est inséparable de celui de Montaigne.
Le travail que s'est proposé le jeune historien, exigeait une sûreté
(1) Pascal et son temps. Paris, 1907. i^e partie. De Montaigne à Pascal.
384 LE MUSÉE BELGE.
de critique extraordinaire et iine connaissance approfondie de l'auteur.
Il s agissait de suivre pas à pas la pensée de Montaigne, de montrer
son éclosion, son évolution et son épanouissement. Tâche délicate,
s'il en fut I C'est la première fois, me semble-t-il, que Ton scrute au
microscope de l'esprit l'action mystérieuse de lantiquité sur un sage
de la Renaissance. Comment ce courant classique a-t-il sapé peu à
peu les fondements du formidable édifice médiéval au point qu'à un
moment donné, il s'écroule, pour faire place au monde moderne ?
C'est ce qu'a fait M. Villey. Il a recherché avec soin quelles furent
les lectures de Montaigne et comment ces lectures engendrèrent,
puis développèrent ses idées philosophiques. Notons que pareille
étude est difficile et semée d'écueils. L^auteur ne se dissimule pas
lui-même combien ses raisonnements frisent parfois l'hypothèse ( i).
Cependant, il manie avec tant de dextérité l'arme de la critique, que
beaucoup de points sont définitivement acquis. Il recourt aux
procédés suivants : allusion à des faits dont la date est déjà connue,
lectures dont on peut préciser la date, indications hypothétiques tirées
de l'ordre des Essais et de leur caractère.
Nous ne nous étendrons pas sur les conclusions très savantes
auxquelles aboutit M. Villey. Il est établi que Montaigne a lu ou
consulté certainement 271 ouvrages dans l'espace des trois éditions
successives des £95at!s (i58o, i58S, iSgS), que sa culture est surtout
latine, italienne assez bien, grecque un peu, française presque pas.
Les moralistes, les politiques et les historiens ont la place d'hon-
neur. Sénèque, Tacite, Plutarque (2) sont les écrivains préférés.
Parmi les modernes, notre Juste- Lipse est fort goûté du philosophe
français. C'est probablement la publication première des Essais qui
mit Montaigne en rapport avec l'auteur des Politiques. Ils s'appré-
ciaient tous deux très aimablement : pour Lipse, Montaigne est le
Thaïes français et celui-ci proclame notre compatriote « le plus
i sçavant homme qui nous reste, d'un esprit très poly et judicieux,
» vrayment germain à son Turnebus. » M. Villey a constaté que
Montaigne avait emprunté à son ami une foule de citations des
Politiques et qu'il y avait dans les derniers Essais des réminiscences
palpables du fameux livre de controverse, Adversus dialogisiam liber
(iSgo). Au surplus, Lipse et Montaigne se ressemblaient sous bien
(1) Les sources, etc., I, p. 3 14-1 5.
(3) Juste- Lipse considère aussi les historiens, moralistes ou politiques comme
les écrivains les plus nécessaires à Téducation d*un humaniste. Ses lectures préférées
étaient également Tacite et Sénèque. V. notre Notice sur les livres de Juste^Lipse
conservés à la bibliothèque universitaire de Leyde, dans la Revue des Bibliothèques
(Paris), novembre-décembre 1907.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 385
<îes rapports. Nous les retrouverons plus loin à côté Tun de l'autre .
Laissant de côté les énumérations érudites, mais arides, abordons
immédiatement la synthèse.
Nous avons dans le Montaigne de M. Villey la figure la plus
expressive d'un humaniste du xvi* siècle. La Renaissance française
a eu comme partout un résultat inattendu. Elle a voulu rendre
l'homme meilleur. Elle a voulu organiser la vie à la lumière de la
seule raison, en renversant le principe d'autorité, parce que la morale
païenne part d'un fait qui est en nous» d'un fait de conscience et non
d'un texte. Jamais, même au moyen âge, pour répandre la morale
révélée, l'Église n'a manqué de s aider de ces deux puissants leviers
de la volonté humaine, la conscience et la raison. Seulement, si l'on
exagère le rôle de la raison, on risque de lui accorder trop de terrain
au détriment de l'autorité. Il y a entre deux une limite mal déterminée
qu'un homme clairvoyant seul peut distinguer sans effort : o La
» philosophie morale à l'étroit rongera les mailles, étendra la lande
» concédée, accaparera peut-être la conscience entière et reléguera
» la foi religieuse dans une arrière boutique où elle s'éteindra parfois,
» où parfois, encore vivante, mais énervée, elle assistera aux actes
» de la vie sans y participer que faiblement et de loin en loin. » C'est,
en un mot, l'indifférence en matière de religion. La morale du Christ
est remplacée par une éthique plus ou moins vague, empruntée à
l'antiquité, très souvent creuse et déclamatoire. Montaigne n'est pas
de ces pédants ou de ces rhéteurs, dit M. Villey. Son activité
s'applique perpétuellement aux problèmes de la vie pratique et sa
réflexion sérieuse est exempte de prétentions littéraires. Est-ce tout à
fait sûr ? Montaigne était-il à ce point détaché des préoccupations de
l'époque ? Ce point me semble douteux.
Au contraire, je trouve très intéressante et très juste la critique des
opinions du philosophe vis-à-vis du christianisme : « La plupart des
» esprits qui ont travaillé à la révolution que nous venons d'exposer
» (le rationalisme), sont restés chrétiens, au moins, ils ont cru rester
» chrétiens ; ils ont reconnu les dogmes du christianisme. Et pourtant
» c'est aussi complètement que possible, la manière de vivre des
» philosophes païens qu'il (Montaigne) ressuscite. Son œuvre est le
» couronnement de l'humanisme français. Elle adapte les principes
» de la morale ancienne aux conditions de la vie moderne » (i). Pas
de préoccupations métaphysiques I C'est le mot d'ordre de l'époque.
Juste- Lipse, par exemple, ne, méconnaît pas la valeur intrinsèque
des dogmes chrétiens, mais, avec un dédain que ses phrases étriquées
(i) Les sources^ etc., l, p. 32.
'386 LE MUSÉE BELGE.
déguisent mal, il les laisse en dehors de son système : !<> parce quils
sont au-dessus de la raison (i), 2^ parce qu'ils manquent de certitude
positive, va que les théologiens ignares disputent avec rage les uns
contre les autres, sans aboutir à une seule conclusion sûre (2).
Donc, la raison, éclairée de la seule expérience, dictera aux deux
philosophes la règle de leur conduite morale. Voyons maintenant
comment Montaigne est arrivé à conquérir parmi ses conteni{>orains
cette originalité de pensée qui en fait le plus personnel des moralistes
du temps. Cette personnalité, disons-le tout de suite, est due à trois
choses : un grand intérêt pour les questions morales, une g^rande
sensibilité, le goût du libre examen.
Dès la première édition des Essais, cette personnalité se dégage des
banalités courantes auxquelles les latinistes nous ont habitués dès le
début de la Renaissance. Montaigne se débarrasse d'abord du stoïcisme
dont il n'a pas Tétoffe. Montaigne stoïcien serait un non-sens ! Sa
conception de la vie est moins hautaine ; elle ne formera pas des
héros, loin de là. Dans Fessai sur la vanité, il répond à Lipse qui. en
sombre fataliste, déclarait que rien ne servait de s'expatrier pendant
la guerre, puisque ce qui devait arriver, arriverait infailliblement.
Il valait mieux, disait il, envisager froidement les malheurs possibles
et les regarder sans crainte. Très bien I répond Montaigne, mais moi
les voyages me plaisent et je préfère m'en aller que d'être exposé
dans ma maison à ne pas me réveiller le lendemain. Votre sagesse,
je l'admire (3), mais je ne la pratique pas.
Montaigne combat donc le stoïcisme au nom de la bonne nature.
M. Villey a étudié le sens du mot « nature » et il a trouvé que
Montaigne lui donnait trois acceptions différentes : a) parfois, il
(1) Je remarque un exemple typique de l'effroi du surnaturel dans Afonita et
exempla politica. Jeannj d'Arc, l'auguste vierge de Homnémy, est suspecte à Lipsc.
Il se demande si vraiment elle fut inspirée du ciel ou si elle n'a pas usé de quelque
nlalétice pour accomplir ses exploits extraordinaires ! Pauvre homme qui n*a pas
songé à la « suggestion »! Elle aurait fait si bonne figure dans lo tableau !
(2) Adversus dialogistam liber (Opéra omnia, t. IV, Wescl, 1675), p. 294 et 3 10.
— Voy. aussi De Constantia^ p. 556-57.
(3) Il est étrange de voir Juste-IJpse poser au héros, quand il parle en stoïcien,
alors qu'il semble réprouver l'amour de la foi poussé jusqu'au martyre {Op. cit,,
p. 34). Le succès du stoïcisme au xvi« siècle est dû en partie aux infortunes de
l'époque : « Il est certain, dit M. Villey, que les malheurs du temps ont développé
» beaucoup la mode de stoïcisme qui sévit à la dn du xvi« siècle, et parfois, ils ont
» donné à ces grands sentiments un accent de vérité qui leur manquait trop souvent.
» Ils ont beaucoup contribué à susciter les écrits de Juste-Lipse et de Du Vair...»
(Il, 63). Telle est la thèse favorite de M. Strowski. Mais je pense qu'il y a là
un peu de rhétorique et qu'il faut chercher dans l'humanisme la source de ce
stoïcisme phraseur.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 387
entend par là ce qui s'oppose essentiellement à Tart des hommes, à
la raison humaine. — Est naturel tout ce que Tart humain n'a pas
contaminé. Par conséquent, c*est chez les animaux et les sauvages
qu'on trouve les traces les moins corrompues de la nature. Il proteste
donc contre la civilisation. Cest du Jean- Jacques avant l'heure.
b) La nature est la raison de tous. Il faut vivre comme tous les
hommes vivent. Dans cette conception, Tusage et la tradition sont
les moteurs de la vie et le moi demeure complètement passif.
c) La nature s'identifie avec la réalité psychologique. Suivre la
nature signifie donc s'incliner devant la force du fait, se conformer
aux exigences du moi. Il faut en conséquence étudier le moi jusque
dans ses derniers replis. Cest la doctrine ordinaire de Montaigne (i).
Lors de la seconde édition, les Essais ont pris le caractère personnel
et original qui s'annonçait en i58o.
Les questions morales restent la grande préoccupation de l'auteur,
mais maintenant, il les examine dans l'image que réfléchit le miroir
de sa personnalité !
Grâce à cela» tout est transformé : style, composition et allure
générale. Montaigne écrivit d'abord de petites leçons comme les
autobiographies des Italiens, lentement il les inclina vers la médita-
tion personnelle et de plus en plus il jeta les matériaux de sa vie
intime dans le cadre traditionnel.
Sa philosophie est pratique. Il cherche une direction morale en
lui-même, mais à la lumière de l'érudition païenne. Il doit beaucoup
au stoïcisme, à Tépicuréisme, au platonisme même et à l'Académie ;
mais s'il a essayé les idées anciennes, la pierre de touche sur laquelle
il les a éprouvées, c'est la réalité directement perçue en lui-même,
en son moi.
Son idéal, c'est l'honnête homme, l'homme poli, l'homme distingué,
tel que le sera // Cortegiano de Baldassare Castiglione. Le plaisir de
la conversation, l'équitation, les exercices physiques, l'étude des
langues, etc., forment le code d'à humanitas » à l'usage des snobs
de l'époque (2).
Il y aurait encore bien des remarques à faire sur l'intéressant
(i) M. Villey remarque tiès justement que Montaigne attaque le Portique en
qualité de naturaliste. Or, aucune secte n*a usé plu^ souvent du mot Natura^ mais
elle l'a interprété dans un sens panthéiste et, partant, très vague. Cf. l'excellent livre
de Ch. Huit, La philosophie de la nature che^ les anciens. Paris, 1901.
(2) Il y a sur cttte conception de r« humanitas » dans l'antiquité et conséquem-
ment, pendant la Renaissance une dissertation nouvelle que je me permets de
signaler aux lecteurs du Bulletin : R. Reitzenstein, Das Werden und Wesen der
Hwnanitàt im Altertum, Strassturg, 1907.
(
388 LB MUSÉE BBLGB.
ouvrage de M. Villey. Nous pourrions signaler la méthode critique
de Montaigne, cette méthode positive qui n'admet que des faits : la
religion et la politique, par exemple, il . les examine parce que ce
sont des faits. C'est la méthode expérimentale que Roger Bacon
mettra en œuvre quelques années plus tard. Ce positivisme radical
rejette naturellement partout Tinfluence du merveilleux. Montaigne
est tout-à-fait moderne lorsqu'il refuse de croire aux sortilèges, aux
opérations magiques des sorciers, aux prétendus phénomènes surna-
turels que la superstition des contemporains découvrait à chaque
instant (i).
En politique, Montaigne a des théories « admirables • : il ne £aut
pas combattre le mal, mais en profiter. Dans certains cas, la tromperie
et la trahison sont nécessaires. C'est du machiavélisme mitigé, tou-
jours comme chez Juste-Lipse (2). Ce sont des idées que la diplomatie
moderne s'est chargée de mettre largement en pratique.
Bref, voici la conclusion du savant français sur son illustre com-
patriote : « Sa part dans le travail de la Renaissance est d'avoir
» appliqué la morale rationnelle des anciens à la pratiquede la vie et
» de l'avoir fait en ressuscitant non un système déterminé, mais la
» méthode psychologique qui est commune à tous les s)rstèmes.Par là,
» il a préparé les voies à toute notre littérature du xvii* siècle. En même
» temps le souci de préciser la méthode de sa science particulière a
D engagé Montaigne dans l'examen du problème de la connaissance.
» Sa critique de la raison humaine semble être le point de départ des
» différentes méthodes qui ont été élaborées au xvii® siècle. Elle a
» peut-être eu quelque action sur celle de Descartes qui part do
» doute provisoire : elle a préparé celle de Pascal qui s'affirme par
» réaction contre le doute des mondains, mais surtout, Montaigne
» annonce la méthode expérimentale de Bacon qu'il semble avoir
» entrevue. » Th. Simar.
(1) La fin du xvi® siècle est signalée par une recrudescence des procès de sorcel-
lerie (Villey, II, 345-47). Juste-Lipse lui-même, l'incrédule très crédule, cite des
cas de sortilège à Louvain [Physiologiae stoicorum, l, p. 890-91 de Téd. cit,).
Pourtant, il réprouve lui-même les superstitions populaires qu'il appelle aniles
persuasiunculae (Montta et exempla politica^ p. 207).
(2) M. P. ViLLARi (Machiavelli e il suoitempi, Firenze, 1892, II, p. 433) recoonaît
À Lipse le triste honneur d'aVfcir le premier défendu Machiavel avec Bacon de
Verulam. Seulement, le maître belge s'est montré très circonspect sur ce terrain
brûlant. Quant au célèbre positiviste anglais, il disait avec une brutale franchise que
Machiavel avait montré aux hommes non ce qu'ils devraient faire, mais ce qulls
font {De argumentis scientiarum, VII, 2).
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 389
^71- — Le môme, Les livres d^histoire moderne utilisés par Montaigne.
Contribution à l'étude des sources des Essais. Paris, 1908.
261 pp. 6 fr.
Nous avons enfin une bonne étude française sur l'historiographie
de la Renaissance (i). En eflfet, M. Villey n'a pas seulement recherché
les ouvrages historiques consultés par Montaigne, mais il a donné
sur la conception de l'histoire à cette époque des aperçus très ingé-
xiieux et très précis.
L'histoire chez Montaigne a un but éminemment pratique : comme
toutes les sciences, elle apprend à se conduire raisonnablement dans
la vie. Or, l'histoire c'est la vie emmagasinée dans les livres. Elle est
un prolongement indéfini de notre expérience sous tout rapport. Elle
recueille dans le passé ce qu'il a de plus instructif, elle le condense
pour nous permettre de le vivre à nouveau et d'en tirer mille ensei-
gnements. Ce sont des théories fort en vogue pendant la Renaissance
Tacite et Plutarque sont très appréciés, parce que le premier est le*
plus grand des psychologues et le second le plus fin des moralistes (2).
Les qualités maîtresses de l'historien sont la véracité, la sincérité'
l'impartialité. Cependant Montaigne lui accorde lexamen des faits
d'après son tempérament et son caractère. Ainsi, l'impartialité
disparaît plus ou moins devant le préjugé ou le parti-pris. La véracité
<ians le récit des faits n'est pas non plus très soupçonneuse ; Mon-
taigne lui-même accepte sans discussion des contes, des légendes
des choses extraordinaires. Le motif s en devine aisément : « L'expé-
» rience d'un homme du moyen âge, dit M. Villey, était très limitée.
» Ses idées étaient assez simples ; elles formaient un petit monde
» facile à connaître et presque clos. Or, ce petit monde venait de' subir
» de profondes révolutions qui l'avaient bouleversé de fond en comble •
» coup sur coup, la découverte de l'antiquivé, puis la découverte des
» Indes orientales et occidentales avait jeté dans la circulation une
u masse de faits nouveaux, d^idées nouvelles. L'imprimerie, nouvelle
» elle aussi, avait répandu partout ses connaissances troublantes,
» difficiles à assimiler. Les anciens cadres de l'esprit s'étaient brisés
» sous les chocs répétés ; la nature n'était donc pas ce que l'on
(1)11 y a une excellente monographie dans la Weltgeschichte d'Oncken
F. VON Wbgele, Geschichte der deutschen Historiographie. Munich i885
(2) Ce sont les idées de Bodin. de Lipse, de Puteanus, de Budé, etc* Voici un
passage de l'Institution du Prince de Budé : «On voit clerement par ce que dit est
» et autrement que les histoires anciennes sont les inventaires et registres des actes
.D et appomciemenis qui se donnent par les jugemens de Dieu et des faitz et ordon-
» nances de la providence divine, mémoire et ramenievance de la vertu des hommes
.» et advertissement de la variété et puissance et instabilité de fortune » Delaruelle
Guillaume Budé (Pans, 1907), p. 207.
SgO LE MUSÉE BELGE.
» pensait : chaque jour, des faits nouveaux la démontraient plus
B diverse » (i). De là des hésitations, des tâtonnements, de mysté
rieuses frayeurs (2) : les esprits plus vigoureux que mobiles, plus
logiques que discursifs penchent vers l'incrédulité, par exemple
Juste-Lipse. Les intelligences compréhensives, les âmes sensibles
penchent vers la crédulité.
M. Villey recherche alors suivant la méthode indiquée ci- dessus,
les livres historiques utilisés par Montaigne : i** avant i58o- Je cite
quelques noms : Joinville, Froissart, Monstrelet, les Du Beîlay,
Guichardin, Bouchet, Bodin, Paul-Emile, Paolo Giovio, etc. ;
2^ entre 1 58o et i588 : Commynes, Lebelski, Lopez deGomara, etc. ;
3<» entre i588 et i5g5 : Osorio, Lopez de Castaneda, Casparo Balbi,
Gonzalez de Mendoza, Guillaume Postel, etc.
Si je me suis étendu plus que de raison sur les ouvrages de
M. Villey, c'est que j'ai voulu montrer ce que peut rapplication
sérieuse de la critique historique et de l'érudition moderne à Tétude
de la période humanistique. Il est temps d'en finir avec ce ridicule
préjugé qui regarde a priori les hommes de la Renaissance comme
des détraqués dont toutes les capacités se bornaient à latiniser leur
nom, à écrire un latin irréprochable, à prononcer d'inutiles discours
et à traîner Aristote aux gémonies (3). Les hommes de la Renaissance
ont grandement contribué à l'émancipation de la pensée humaine et,
comme tels, ils ont droit à notre gratitude. Rien n empêche de signaler
leurs erreurs, s'ils en ont commises, mais puisqu'ils ont réussi après
bien des efforts à briser les barrières que la culture étroite du moyen
âge imposait à l'humanité, ils revendiquent à juste titre, dans l'histoire
de la civilisation, une place que personne ne peut leur refuser.
M. Villey a donné cette place au célèbre auteur des Essais et je l'en
félicite de tout cœur. Th. Simar.
Langues et Littératures germaniques.
272. — Jahrbuch des deutschen V éteins zur Hebung und PJlege der Muiitr-
sprache im deutschredenden Belgien. Herausgegeben vom Vereinsvor-
stande. Arel, Willems, 1908. 88 pp.
Le Deutscher Verein n'est pas une société militante ; il ne travaille
pas à l'extension d'une langue au détriment d une autre. Il a pour
but de cultiver la langue allemande, qui est la langue maternelle de
(1) Villey, p. 29-30.
(2) Juste-Lipse se demande s'il faut attribuer à l'inspiration d*un cire surnafurd
[Genius) l'invention de Timprimerie ou de la boussole.
(3, Croirait-on que M, Langlois exprime encore cet avis dans son Manuel de
bibliographie historique^ par ailleurs excellent t
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SqI
ce petit coin de terre dont Arlon est le centre. Quel précieux avan-
tage pour les Arlonais que de pouvoir apprendre à la fois, sans
peine, deux langues aussi importantes que le français et lallemand !
Et quel tort ils ont eu de dédaigner et d'oublier la langue que
parlaient leurs pères! Raviver l'amour de la langue maternelle, la
cultiver, en entretenir l'usage : tel est le but de ce paisible Verein,
fondé il y a quelque dix ans, par l'initiative de M. Godefroid Kurth.
Il se compose de gens instruits, appartenant aux professions libérales
et au clergé. Son action s'exerce par des conférences et par la publi-
cation d'un Annuaire, Le nombre des membres est de io8; il va
augmentant.
Le beau rapport sur Texercice 1907, fait par M, Warker, secrétaire,
prouve la vitalité du cercle. La brochure contient une étude intéres-
sante et approfondie sur un poète luxembourgeois, Wilhelm Goergen,
par notre collaborateur, M. Bertrang, professeur à TAthénée d' Arlon ;
puis une savante conférence sur l'introduction du christianisme dans
le pays luxembourgeois par l'abbé Ad. Reiners, bien connu par ses
travaux d'histoire et d'archéologie ; enfin les statuts de la société.
Ces deux travaux de MM. Bertrang et Reiners nous montrent ce
que sont les conférences du Deutscher Verein : des études d'histoire et
de littérature locales. De pareils sujets sont bien appropriés au but du
Verein. Les conférenciers sont libres, du reste, de traiter^des sujets
plus généraux. Ainsi, nous voyons que M. Bertrang a entretenu
ses auditeurs de Dickens, que M. l'abbé Goedert a parlé du rôle de
la mère, que M Perbal a parlé du « lundi bleu et de l'ivrognerie ».
Le Deutscher Verein s'occupe aussi des intérêts de nos compatriotes
allemands, au nombre de plus de 60,000, au point de vue de la
langue Plusieurs fois, il s'est adressé au Gouvernement et il a
demandé — qui ne lui donnera raison ? — que les Belges allemands
soient administrés, jugés et enseignés en allemand, que les fonction-
naires qui sont en relations journalières avec le peuple allemand
connaissent l'allemand.
La mission que s'est assignée le Deutscher Verein est noble et belle ;
personne ne peut désapprouver ses moyens d'action. Qu'il vive et
prospère! Tel est le vœu que nous formulons. J. P. W.
273. — Dem Andenken Eichendorffs. Dr et « OsienHefte » mit Eichendorff-
Beitraegen. (Mai-Décembre 1907.) Oscar Hellmann, Jauer in
Schlesien.
Le 26 novembre 1907, il y avait cinquante ans que s'éteignait
doucement à Neisse, Joseph von EichendorfF, le dernier des poètes
romantiques allemands. La Silésie ne pouvait laisser passer cette
(
392 LE MUSÉB BELGE.
date mémorable sans rendre à son illustre enfant des hommage
dignes de son génie : des hommes de talent répondirent à son appeL
Ce fut VOsten qui déploya la plus grande activité en consacrant au
poète trois numéros entiers ; bien plus, elle eut Texcellente idée de les
publier séparément, sous ce titre : A la mémoire d'Eickendorff.
Je dois rendre hommage à la vaillante direction de cette revue,
dont les collaborateurs eurent à cœur de glorifier leur illustre com-
patriote. Ce ne fut pas d'ailleurs la seule preuve de leur admiration
et le zèle qu'ils déployèrent pour faire élever, à Breslau, une statue à
EichendorfF, leur a déjà mérité d'appréciables louanges.
Les articles qui forment cette brochure, possèdent une réelle
valeur : des noms tels que ceux de Paul Albers, Paul Keller, Hans
Zuchhold. etc., jouissent en effet, d'un certain renom. Ces courtes
dissertations ouvrent parfois des horizons nouveaux et peuvent
devenir des guides pour des travaux plus développés. Sans parler
d'un joli prologue en vers de Cari Biberfeld, passons rapidement en
revue les articles où Eichendorff est envisagé sous les aspects les
plus variés.
Paul Keller, après une courte notice biographique, nous oflBre un
aperçu général de l'étonnante activité du poète, que ses occupations
administratives n'empêchèrent pas d'exercer son talent dans les genres
les plus divers.
Il écrivit même une remarquable histoire de la littérature poétiqne
en Allemagne, que W. Koch essaya de remettre en vogue (Kempten
et Miinchen, 1906, chez Jos. Kôsel); de l'avis d'Oscar John, qui
étudie ce côté de l'écrivain, ce fut un véritable échec; il explique les
causes de cet échec et examine ce qu'il y aurait à faire pour rendre cet
ouvrage « up to date » .
La situation d'Eichendorff vis-à-vis du romantisme est envisagée
par Paul Albers, qui introduit son étude par un parallèle un peu long,
mais utile, entre a le moderne » et « le romantique ».
Ne nous étonnons pas de voir parler avec plus d'insistance des
chansons de cet « amant de la nature » ; c'est là, en effet son œuvre
capitale et je me permettrai de m'arrêter quelque peu à un article de
Franz Fassbinder sur La Lyrique d Eichetidorff et la chanson populwt.
La parenté qui existait entre l'esprit de celle-ci et l'âme du poète fat
encore resserrée par ses relations très suivies avec Amim et Bren-
tano. Aussi toutes ses poésies nous montrent elles l'influence que la
poésie populaire exerça sur son propre génie : telle est la thèse dont
Fassbinder esquisse la démonstration. Il envisage en premier lieu, les
sujets qu' Eichendorff emprunte à cette poésie, ensuite les expressions
littérales, ce qui lui permet de faire ressortir la préférence que
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. SqS
montra le poète pour l'emploi du dialogue, de l'assonance, de
l'inversion et de Tellipse, par imitation des poètes populaires.
Deux autres études se rapportent aussi au talent lyrique d*Eichen-
dorff : l'une, de R. Pissin, est une remarquable étude psychologique
intitulée : Eickendorff^ r enthousiaste du bonheur à voyager et du printemps;
l'autre : Dans la patrie ffEichendorff^ par Âlfons Nowack, donne une
description très suffisante de la patrie du poète.
Si nous y ajoutons deux ou trois poésies gentiment tournées et
particulièrement une poésie inédite du compositeur Peter Cornélius
« à Joseph von Eichendorff » , nous aurons donné une idée assez
complète de ces trois numéros. Ad. Corin.
374. — A VerV7ey, H et testament van Potgieter : Gedroomd Paardrijden,
Met inleiding en aanleekeningen 1er gelegenheid van Polgielers
eerste eeuwfeesl uirgegeven. Amsterdam, Maas et Van Suchtelen,
1908. 36o pp. in-8®. 2 fl. 90.
Le centenaire de Potgieter n'a pas passé inaperçu chez nos voisins
du Nord On ne Ta pas commémoré par des fêtes grandioses ; mais il a
donné naissance à une série de publications diverses (articles de revue,
discours, etc.) sur ce poète éminent. Parmi ces publications, la plus
importante est sans contredit l'édition que M. Verwey a donnée de
l'une des œuvres capitales de Potgieter : Gedroomd Paardrijden.
Parmi les contemporains, personne n'était si bien préparé à assumer
celle lâche difficile, et M. Verwey s'en est acquitté d'une façon admi-
rable. Il ne s'est pas borné à publier le texte tel quel ; il Ta soigneuse-
ment coUationné sur le manuscrit ; il y a joint un commentaire indis-
pensable, dont il faut louer à la fois la sobriété, la perspicacité et la
précision ; il l'a fait précéder en outre d'une longue introduction
(i25 pp.), dont rétendue se justifie amplement. Elle explique la
genèse de l'œuvre et guide le lecteur à travers cette composition nulle-
ment simple et qui le dérouterait vite s'il n'était pas bien orienté.
Potgieter n'est, comme on sait, pas du tout un auteur facile ; on ne
le choisit pas lorsqu'on veut se donner une distraction. Il demande à
être lu attentivement, à tête reposée et exige un lecteur instruit. Grâce
au travail de M. Verwey, il est facile maintenant de goûter, sans
devoir s'imposer trop de peine, une de ses créations les plus magni-
fiques. Gedroomd paardrijden appartient, comme son commentateur le
fait ressortir à bon droit, au grand art; pour en jouir, un regard
distrait, une lecture superficielle sont insuffisants. C. Lecoutere.
394 LE MUSÉE BELGE.
Histoire et Géographie.
275. — Arnold Fayen, Lettres de Jean XXII {i3i6 13S4). Tome I
i3i6-i324). Rome, Bretschneider ; Bruxelles, Dewit ; Paris,
Champion, 1908. lxix et 756 pp. in-8. (Analecta Vaticano-Belgica,
vol. II.)
Dans le premier volume de la collection éditée par l'Institut histo-
rique belge de Rome, dom Ursmer Berlière avait publié les
Suppltques.de Clément VI concernant la Belgique; le Second, qui vient
de paraître, est le résultat du dépouillement d'un autre fonds, non
moins important, des Archives du Vatican, celui de la Chancellerie
pontificale, pour le pontificat du pape Jean XXII.
Dans son Introduction y l'éditeur nous donne des renseignements sur
les registres des Papes du xiv" siècle et spécialement sur ceux de
Jean XXII, dont il fait une description minutieuse; il expose les
différentes catégories de lettres pontificales et fait connaître les
principes et le plan suivis dans cette publication; suit un Formulaire
dans lequel sont imprimés tn-extenso 3i documents qui permettront de
reconstituer intégralement les actes analysés.
Le premier volume de cet ouvrage comprend les lettres des n eu
premières années du pontificat de Jean XXII, au nombre de i63o;
la plupart sont simplement analysées ; les autres données inextenso,
soit à cause de leur importance, soit parce qu'elles ne se prêtaient
pas à une analyse à la fois claire et complète. C'est un recueil pré
cieux pour la connaissance de l'histoire ecclésiastique de notre pays
à cette époque ; on y trouve aussi quantité de documents concernant
l'histoire politique, et spécialement les guerres entre la France et la
Flandre ; c'est enfin une mine inépuisable de renseignements pour
l'étude de nos anciennes corporations ecclésiastiques, chapitres,
abbayes, prieurés.
L'ouvrage se termine par un index des noms de lieux et de per-
sonnes, très détaillé, qui permet de manier ce volume avec la plus
grande facilité.
Cette nouvelle publication montre l'activité de notre Institut histo-
rique de Rome qui poursuit avec une belle régularité le programme
qu'il s'est tracé. Le second volume des Lettres de Jean XXII est déjà
sous presse et on nous annonce deux nouveaux volumes : les Sup-
pliques de Clément VI par D. Ursmer Berlière, et les Lettres de Benoit Xîh
par M. Alphonse Fierens. X.
276. — Cyr. Van Overbergh et Ed. De Jonghe, Les Mayombc.
(État indépendant du Congo). Bruxelles, De Wit, 1907. XVI-470PP.
in-80. 10 fr.
Nous avons signalé, ici même, le premier volume dune collection
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 3gS
<3e monographies ethnographiques publiée par M. Cyr. Van Over-
iDergh et qui traitait des Bangala. Nous avons exposé alors la méthode
T/raiment scientifique suivie pour ces études ethnographiques, pour
<res travaux de sociologie descriptive. Le second volume, dont nous
"voulons dire quelques mots, est relatif aux Mayombé et a été conçu
<i*après le même système que celui des Bangala. Les auteurs ont
négligé tout ce qui est relatif aux Mayombé des possessions portu-
g'aises et françaises, les renseignements à leur sujet étant trop insuffi-
sants, et ne s'occupent que des Mayombé de TÉtat du Congo. Mais
encore pour ceux-ci la bibliographie est bien moins étendue qu'elle ne
l'^était pour les Bangala : ces derniers, habitant le long des deux rives
du Congo, sont plus connus, tandis que les Mayombé sont une peu-
plade de la forêt tropicale. L enquête est basée bien plus sur des
renseignements fournis par des explorateurs que sur des notices
publiées. A certaines questions il a été donné bien plus d'importance
que dans le premier volume et Ton ne saurait qu'en remercier les
auteurs. La partie géographique a été tout particulièrement soignée :
on y trouve des indications très précises sur la situation géogra-
phique, les peuplades voisines, la météorologie, l'hydrographie, la
flore, la faune et la géologie de la contrée qui s'étend entie le Luki
et le Shiloango, et qui est fort bien résumée par notre collègue
M. Cornet, bien connu par ses études géologiques sur le Katanga,
Nous signalerons aussi l'extension donnée à la vie sociale et notam-
ment aux relations avec l'extérieur. Espérons que de nouvelles en-
quêtes sur d'autres tribus paraissent bientôt : ce ne sera pas seulement
le meilleur moyen de parvenir à connaître les diverses peuplades
de notre colonie, mais ces volumes constitueront aussi une indication
sérieuse pour les mesures à prendre afin de les amener à la civilisa-
tion et d'éviter des erreurs qui pourraient être fatales. Dans ce sens,
les auteurs de ces monographies rendent un grand service tant à la
science qu'à notre pays. Nous ne voulons pas terminer sans signaler
à nos lecteurs une bien intéressante et suggestive brochure publiée
par M. De Jonghe sur V Activité ethnographique des Belges au Congo
(Bruxelles, Hayez, 1908, 26 pp.), parue dans le Bulletin de la Société
belge d'études coloniales. C'est une étude historique des plus savantes et
que consulteront avec fruit tous ceux qui s'occupent de l'ethnographie
du Congo. Adolf de Ceuleneer.
277. — V. Fris, Essai d'une analyse des Commentarii sive Annales terum
Flandricarum (Annales Flandriae iSâi) de Jacques de Meyere. Gand,
1908, xiv-223 p. in-8. 9 fr. 5o (Recueil des travaux de la Faculté
de Philosophie et Lettres de l'Université de Gand, fasc. 37).
Voici une savante étude sur les soiu'ces auxquelles a puisé le père
396 LE ICUSÉB BBLGB.
de rhistoire de Flandre pour la rédaction de son œuvre, fort appréciée
par tous les historiens à cause de son impartialité et à cause aussi des
nombreux ouvrages dont le curé de Blankenberghe s est servi et qui
sont considérés comme perdus. De Meyere est plus qu'un cfaxoni-
queur, c'est déjà un historien qui critique les sources dont il dispose
et apprécie les faits. M. Fris cherche à prouver que, malgré la graxide
valeur des Annales, l'auteur est moins impartial qu'on ne l'admet
généralement et que nous possédons bien plus d'écrits dont de Meyere
s'est servi qu'on ne le croyait. Le travail de M. Fris témoigne d une
grande érudition et d'une connaissance scientifique de la valeur des
sources de l'histoire de Flandre. Nous nous réservons de l'apprécier
d'une manière approfondie lorsqu'aura paru le second volume que
l'auteur nous promet. Celui-ci contiendra une analyse des Annales et
une étude sur la valeur historique de Tœuvre de Jacques de Meyere.
Adolf De Ceulenebs.
378. — J. Laenen, Joseph II en zijne regeering in de Nederlandm^
Antwerpen, Nederlandsche boekhandel, 1908. 40 pp. in-i2. o fr. 25 .
Voici un excellent petit livre, publié par la Vlaamsche Katkolûks
Hoogeschooluitbreiding d'Anvers, qui apprécie d'une manière fort impar-
tiale les réformes introduites par Joseph II. Après avoir reconnu
que jusqu'ici, à part MM. Hubert et Schlâtter, dont les écrits se
distinguent par une grande objectivité, tous ceux qui se sont occu-
pés de Joseph II ont rivalisé de partialité, soit pour soit contre cet
empereur, l'auteur constate le caractère idéaliste du prince qui
s'était laissé influencer par les idées humanitaires des Encyclopé-
distes, et dont le voyage dans nos provinces en 1781 fut assez long
pour lui permettre de se rendre compte des nombreux abus, mais
pas assez pour apprendre à connaître l'esprit de nos populations.
Joseph II crut à tort que notre pays se trouvait dans la même situa-
tion que l'Autriche où les abus étaient bien plus graves et plus nom-
breux, et estima que le seul remède consistait dans le renforcement
du pouvoir du prince. Il était du reste imbu des idées de Febronius
assez généralement répandues, et même enseignées à Louvain, à la^
fin du xviii« siècle. L'édit de tolérance mécontenta bien des gens et
était de peu d'utilité dans notre pays où les quelques protestants qui
s'y trouvaient pratiquaient librement leur culte. L'auteur estime, avec
raison, qu'on a jugé trop sévèrement la suppression d'une centaine
de couvents, jugés inutiles par l'empereur. L'argent qu'il retira de
cette réforme lui permit de fonder la caisse ecclésiastique, nous
dirions aujourd'hui un budget du culte, qui rendit de réels services.
Bien plus sévèrement doit-on juger son séminaire général (16 oct..
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Sgf
X786), car en le fondant, il s'occupait de choses qui ne le regardaient
pas. Dans sa politique extérieure, il fut des mieux intentionné à
regard de nos provinces. Il ne réussit pas dans ses efforts pour
afiranchîr TEscaut et chercha à neutraliser les effets du traité de la
Barrière. Il transforma complètement l'organisation politique et
judiciaire. La plupart de ces mesures furent mal vues d'une partie
de la population. En fait, le peuple fut injuste à l'égard de Joseph II,
qui cherchait véritablement le bien public ; mais il eut le tort de
vouloir aller trop vite et de ne pas tenir assez compte des nombreuses
susceptibilités qu'il devait rencontrer et des intérêts qui étaient lésés.
Le travail de M. Laenen repose sur une connaissance exacte du
sujet; c'est le résumé le plus impartial qu'on ait écrit jusqu'à main-
tenant. L'auteur sait rendre justice à Joseph II, tout en signalant les
fautes qu'il a commises. Adolf De Ceuleneer.
279. — Christian Sohmitt, Cardiml Cusanus. CoblenZy Scheid,
1907. 27 pp. in- 80. I m.
L'intérêt qui s'attache à la personne et aux œuvres du célèbre
cardinal allemand, nous engage à signaler l'étude du professeur
Sohmitt. Cest une mosaïque de tout ce que le savant auteur a pu
trouver d'écrit sur le cardinal Nicolas. Dans la première partie nous
avons les résultats de ses lectures assidues sur « la vie et l'activité
ecclésiastique du cardinal de Cusa », puis la seconde partie nous montre
son i importance scientifique ». On se demande si c'est dans cette par-
tie que l'auteur a voulu donner des aperçus sur l'état actuel des
recherches faites au sujet du cardinal Cusa, comme il semble l'anon-
cer au commencement de son travail. Pour une telle orientation, ne
devrait-on pas d'abord passer en revue les ouvrages importants et en
faire la critique ? Or, c'est seulement au cours du travail lui-même
qu'on nous fait connaître les nombreuses publications que le distingué
professeur a vues et lues toutes. Nous reconnaissons volontiers que
le but que se proposait l'auteur et l'occasion de sa brochure ne lui
permettaient pas d'élargir son cadre dans ce sens. Telle quelle est,
celle-ci, loin d'être inutile, sera un instrument bibliographique pré-
cieux pour les travaux futurs. C. M .
280. — H. MeuffelS. Les tnarfyrs de Gorcum. Paris, Gabalda et O^^
1908. 209 pp. in-80. 2 fr. Collection 0 Les Saints ».
Ce n'est pas une histoire purement édifiante, mais une œuvre
d'histoire proprement dite que le R. P. H. MeufFels nous offre en
écrivant dans la collection « Les Saints » son livre attachant « Les
Martyrs de Gorcum. »
398 LE MUSÉE BELGE.
S'il a profité des œuvres plus récentes, il s'est fait un devoir de
contrôler leurs affirmations dans les sources indépendantes et s'est
mis à même par des renseignements recueillis sur place de faire
revivre sous nos yeux le spectacle de ce douloureux mais glorieux
martyre, qui commencé à Gorcum devait se consommer à Brielle.
La vérité strictement historique, pour faire ressortir leurs faiblesses
et leurs défaillances, ne porte aucunement ombrage à leur vertu
héroïque et ne fait que mieux accentuer les secours de la grâce qui
les fit triompher des cruautés inhumaines aussi bien que des instances
importunes des leurs et de la fragilité de leur propre nature humaine.
Le public à qui l'auteur s^adresse nous a valu sans doute les petits
hors-d'œuvre à certain point de vue, bien qu'intéressants et utiles,
tels que le chap. II, où l'auteur nous retrace dans ses grands traits
rhistoire religieuse du pays ; comme aussi les dernières pages du livre,
qui nous racontent les espérances catholiques actuelles. On ne
prendra pas de mauvaise part que le patriotisme de l'auteur Tincite
à noter en passant les grands noms et les faits glorieux des héros de
la patrie, et l'on trouvera bien naturel de voir cet exilé, en relatant
les iniquités des persécuteurs, porter ses regards vers cet autre pa3r^
sa seconde patrie, qui ne se lasse pas de persécuter dans ses fils
cette même religion. A. Terstappen.
281. — Jacques Flach, Le droit romain dans les Chartes du IX' au
XI^ siècle en France, Montpellier, Imprimerie générale du Midi, 1908.
39 pp. (Extrait des Mélanges Fitiing),
La thèse de M. Flach est que, contrairement à l'opinion de M. Fit-
ting, on ne peut admettre une survie effective de la théorie juridique
romaine en France du vi* au xii® siècle. On peut s'en convaincre par
l'étude des chartes du ix^ au xi*" siècle.
En effet, l'autorité du droit romain n'est que fictive ; la proposition
que l'Église au moyen âge vivait selon la loi romaine est singulière-
ment restreinte ; on ne peut soutenir avec Loening qu'elle lui ait
reconnu une force obligatoire ; la division de la France en pays de
droit écrit et pays coutumier n'est pas fondée. Le droit est amal-
gamé dans les capitulaires et les décrétales et surtout dans les recueils
de Benoit Lévite et du Pseudo- Isidore. Ce qui reste de droit ro-
main est emprunté non pas au Code de Théodose ni aux collections
de Justinien, mais à l'interprétation du Bréviaire et à ses épitomés,
parfois aux Sentences de Paul.
Les emprunts faits à la loi romaine sont d'ailleurs rares dans les
chartes, et ils dénotent un manque de compréhension du texte juri-
dique. Que ces allégations aient trait à la Hberté de disposer, à Tir-
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. Sqç
révocabilité des actes et à la clause pénale, à la nécessité de récriture,
à l'échange et à la vente, à laffranchissement et au servage, on n'est
pas en présence d'un principe de droit romain, mais du résultat de la
déformation, de la confluence, de Tamalgame de différents droits
sous la pression de l'utilité et des nécessités du moment.
La langue des chartes est le bas latin si incohérent ou la langue
vulgaire si fruste, que leur action a été délétère sur ce qui pouvait
subsister de droit romain
Enfin les conditions politiques, matérielles ou morales de la société
permettent aussi de suivre la dégénérescence du droit romain et de
ses principes. Le fond des institutions a complètement changé, elles
sont bien éloignées de la théorie romaine. Quant à la forme, la charte
n'est plus qu'un rite, un symbole, elle ne détermine même pas la
nature et l'objet du droit.
Donc en France, dans les chartes du ix^ au xi" siècle, le droit
romain n'est qu'à l'état sporadique et momifié. Le fait triomphe sur
" le droit par ignorance juridique, par absence d'une autorité puissante,
capable de régler les rapports entre les hommes d'après l'équité et la
justice, et non d'après l'intérêt personnel.
Telle est la thèse du savant auteur des Origines de Vancienne Fronce,
Familiarisé par de longues années passées dans Tétudedes ix«, x*^ et xi«
siècles, M. Flach a traité avec toute la compétence et le sens juri-
dique, que l'on peut exiger, ce point controversé de l'histoire du
droit. L'opinion de l'auteur est que l'Eglise exerça une influence
néfaste sur l'évolution du droit en France ! L'autorité du droit romain
était-elle aussi fictive que M. Flach veut le prouver? On continuait à
l'invoquer, d'une façon erronée, il est vrai ; mais ce droit, après les
invasions, n'avait-il pas en France fait Tobjet d'une quasi- réception,
et V interpretatio du Bréviaiie qui le fit connaître aux ix® et x® siècles,
ne pourrait-elle être appelée Vusus modernus pandeetarum ?
F. Hubert.
Varia.
282. — Aug. Bruck, Fondations de Bourses d'études instituées en faveur
des Luxembourgeois, 2® édit. remaniée et complétée. Luxembourg,
J. Beffort, 1882-1907. I vol. de XXX + 2 + 1082 pp. gr. in 8°.
12 fr. 5o.
Il existe actuellement 102 bourses fondées en faveur des étudiants
luxembourgeois. Dans le compte rendu détaillé que M. Tabbé Blum
a publié {0ns Hémecht, 14 juin 1908, pp. 229-238) de l'ouvrage de
M. Bruck, le capital de ces bourses est évalué au joli total de
i,3oo,ooo fr Les plus anciennes remontent au Collège des Jésuites
400 LB MUSÉE BELGE.
ouvert à Luxembourg en i6o3; le plus grand nombre est de date
assez récente. Ils sont nombreux, les Luxembourgeois qui peuvent
élever des prétentions à Tune ou à l'autre de ces bourses. C'est à leur
intention surtout, comme aussi à l'intention des administrateurs, que
M. Bruck a fait cet énorme travail. On y trouvera, après une intro-
duction contenant l'histoire des bourses et des notions générales sur
leur administration, la liste alphabétique des 99 bourses qui existaient
en (907 et pour chaque fondation : i^ l'acte institutif, 2^ le montant,
3** la liste, souvent très longue, des personnes qui en ont joui ou qui
peuvent être appelées à en jouir, 40 les collateurs; enfin, les disposi-
tions législatives et réglementaires qui concernent les bourses d'études,
avec un sombiaire des arrêts judiciaires rendus en cette matière.
Ces brèves indications suflSsent pour montrer lextrême utilité du
livre de M. Bruck. Il faut louer la clarté du plan qui n'oublie rien et
met chaque chose à sa place, de telle façon qu'on trouve facilement ce
qu*on cherche. La li^te des noms de famille qui termine le volume
rendra de grands services à ce point de vue.
Nous ajouterons deux remarques. La première, c'est qu'il existe en
Belgique six bourses fondées en faveur des Luxembourgeois : Mylius,
Busleiden, Fontaine (Bertrand), Dubois (Natalis), Ruyther et Damen.
Le livre de M. Bruck reproduit tous les documents qui les concernent.
La seconde, c'est que cet ouvrage rendra d'autres services encore
que ceux qu'il a en vue. Les renseignements généalogiques sur la
famille des fondateurs et sur leurs descendants, qui se comptent sou-
vent par milliers, seront utiles à tous ceux qui doivent ou qui veulent
s'occuper de généalogie. Les secrétariats communaux, les archives
paroissiales, les bibliothèques publiques devraient le posséder. Presque
tous les Luxembourgeois y trouveront une généalogie de leur famille
et un jour ce livre deviendra un document historique de grande valeur.
J, P. W.
283. — La Vleuvllle, Essat de Psychologie japonaise, Paris, Challa-
mel, 1908. 182 pp. in-8**.
J'ai plaisir à signaler ce charmant petit livre, écrit d'une plume
très désinvolte, très sûre, et exempt de tout pédantisme malgré le
titre un peu prétentieux. Mais je crois bien, en vérité, que Tàme japo-
naise se révèle dans ces croquis menus, amusants et suggestifs, dans
ces études précises des notions religieuses, de la langue, des poèmes
en 3i syllabes, des lois de la vie sociale, des kakémonos et des
ivoires sculptés. Voici une page prise au hasard :
« Le Japonais qui excelle aux petites choses, qui fait rêver avec
trois coups de pinceau, et rend jusqu'à l'indéfinissable avec presque
PARTIS BIBLIOGRAPHIQUE. 4OI
rien, manie avec une rare habileté ces trente et une syllabes, et il est
possible de deviner, même à travers une traduction presque impra-
ticable, quelque chose du charme de Toriginal. Tendrement épris de
la nature, c'est elle qu'il peint en vers comme il la peint sur un
kakémono ou un fusuma. Il y a quelque chose de la grâce suggestive
de ses lignes dans ses vers. Un bambou qui frissonne au vent siu:
une porte à coulisse ou un bambou décrit en 17 S3'llabes, vous donne
la même sensation de plaisir prolongé en rêve. Ce n'est qu'un
bambou, et à peine indiqué, et cela touche à l'infini : le tout est
percevable dans l'infime partie. Peut-être, pour nous qui ne pouvons
apprécier le son des vers japonais et l'ingénieux agencement des mots,
leur trouvons-nous justement le charme des dessins qu'ils suggèrent
et nous voyons tout de suite apparaître une adorable feuille de
paravent dans :
Une nuit d'autoaine. Et la lune
Qui éclaire une à une les oies sauvages
Les ailes entrecroisées
Qui volent sur les nuages blancs.
Avec un peu de poudre d'or, vous avez cela chez vous et vous aimez
à le regarder. » On voit que notre auteur est pénétrant et spirituel.
Mais le Japonais laisse-t-il vraiment apercevoir son âme dans sa
littérature et dans son art ? Y goûte-t-il ce que nous y goûtons ? Ne le
comprenons- nous pas mieux qu'il ne se comprend lui-même ? Et ne
sommes-nous pas sans cesse avertis qu'il n'y a rien de commun entre
nous et des gens qui disent : a L'honorable estomac est vide » au lieu
de « J'ai faim »? Ils sont jolis; ils travaillent joliment; ils sont fort
policés : de même aussi les fourmis. — Cependant on n'a pas
à craindre de faire de la critique impressionniste quand on examine
la manière dont les Japonais comprennent le devoir, la mort, le rôle
de la femme. Et il apparaît fort nettement que leur civilisation tient
par im respect héroïque de la coutume, par un optimisme résigné,
par une ignorance profonde de la prétendue égalité des sexes. Sur
ces graves sujets on trouvera aussi des observations très justes, sans
que le ton se hausse (i). L. de la Vallée Poussin.
Notices et annonces bibliographiques.
384-285. — MM. Bertold Maurenbrecher et Reinhold "Wa^er ont
entrepris de refondre le Triennium philologicum de Freund sous ce litre nouveau :
Grund\ûge der klassischen Philologie, (Stuttgart, W. Violet). Deux livraisons ont
déjà paru :
Bd. I. Grundlagen der klassischen Philologie^ von B, Maurenbrecher. 1908.
(1) Les pages 173 et suivantes sur la mentalité des peuples pasteurs sont fort
dieureuses; je me plaindrai pourtant de quelque exagération, p. 176-177.
40i LE MUSEE BELGE.
6 m. Voici les divisions de ce volume : EncyclopéJie; histoire de la philologie; les
sources et les monuments; critique et paléographie; herméneutique; grammaire
générale; grammaire comparée; lexicologie comparée.
Bd. II. 1*" Abieilung : Grund:^ùgeder griechischen Grammatik^von R. Wagner.
1908. 218 pp. 3 m. 5o.
La deuxième partie du volume II (grammaire latine) et le volume III, en deux
parties (histoire de la littérature grecque et latine^ son\ annoncées pour la lin de
Tannée 1909.
La même librairie a publié un guide de l'étudiant en philologie classique :
Otto Immisch, Wîe studiert man klassische Philologie, 2 m. 5o.
C'est une sorte de petite encyclopédie; de la philologie classique, avec des conseils
et des directions très utiles aux débutani>.
2<S6. — Adolf Michaelis, Eût Jahrhundert kunstarchàologischer Eutdeckungen.
Zweite Aufl. Leipzig, Seemann, 190H. 3()6 pp. Relié : lo m.
Ce beau livre a paru en 1906 sous ce titre : Die archaeologischen Enideckungen
des neun^ehnten ^ ahrhundertSy et le Bulletin en a rendu compte (Tome XI, p. 3Ô7).
Il est donc inutile d'exposer le plan du livre. Dans cette seconde édition, complétée
et corrigée, plus encore que dans la première édition, l'auteur dépasse la limite du
XIX* siècle et voilà pourquoi il a cru devoir changer le titre. L'auteur s'adresse amjl
archéologues de profession, mais aussi aux étudiants et à la partie du grand
public qui s'intéresse à l'hi.sloire de l'art grec (« archéologie », po jr lui veut dire, ici
du moins, « histoire de Tari »). 11 a cru pouvoir supprimer la bibliographie, mais il
a ajouté en marge de nombreux renvois aux illustrations du Handbuch der Kunst-
gefchichte des Altertums d'Anton Springer, dont il a lui-même donné en 1907 la
huitième édition, et à Franz Winter, Kunsîgeschichte in Bildern (Tome 1, ukx»
Le frontispice est orné d'un très beau portrait de l'archéologue anglais C T.
Newton.
287. — Otto und Else Kern, Cari Otfried Mûller. Lebensbild in Briefen an
scm^ Litcrn. Mu 3 Bildnissen und 1 Faksimile. Berlin, Weidmann, 1908. Relié :
10 m.
C. O. Mûller naquit à Bricg le 28 août 1797 et mourut à Athènes le i^^août 1840.
Sa tombe se trouve à Golone. Cette courte vie, si bien remplie, qui donnait encore
de si belles espérances est retracée tout entière dans ces lettres qu'il écrivit à ses pa-
rents, comme étudiant au gymnase de Brieg, à l'Université de Breslau, pendant son
séjour à Dresde, comme professeur à Gôitingue (depuis 1819), pendant ses voyages
en Angleterre, en Hollande et en France et puis jusqu'à son voyage en Grèce,
A partir d'ici, les lettres sont remplacées par le journal qu'il tint pendant son voyage
à travers l'Italie et la Grèce,
Ce volume est orné des portraits de C. O. Mûller, de son père et de sa femme,
ainsi que de deux gr.ivures qui reproduisent sa maison de Gôttingue et le monument
élevé sur sa tombe à Colone.
28S. — Fernand Neuray. Quinze jours en Egypte, Vromant, éditeur, 18, rue
des Paroissiens, Bruxelles.
Au commencement de décembre 1907, les fondateurs de la nouvelle Héliopolis
qui s'élèvera bientôt à une dizaine de kilomètres du Caire, dans un jardin verdoyant
créé, comme par un coup de baguette magique, en plein désert, invitèrent quelques
journalistes à aller voir leur ville sortir de terre. M. Neuray, rédacteur en chef
du XX^ Siècle de Bruxelles, était de cette caravane. Ses impressions de voyage ont
été publiées dans son journal. Il réunit aujourd'hui ces articles en un élégant volume.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 403
On lira avec plaisir ces pages alertes, semées d'à iecdot<.*s pittoresques et de
réflexions originales. On y verra, d'après des photographies prises sur place, quel-
ques uns des monuments les plus célèbres de l'antiquité égyptienne dont le grand
public ne connaît guère que le nom. Ces photographies sont l'œuvre personnelle de
M. Jean Capart, conservateur-adjoint du musée du Cinquantenaire de Bruxelles.
M. Capart les a rapportées des missions scientifiques qu'il a remplies en Egypte
pour le compte du gouvernement belge, avec un éclat qui lui a valu dans le monde
des égyptologucs, une enviable renommée.
289. — P. S. Allen, Sélections fvom Er.ismus pnnctpaily from his eptstles,
Oxford, Clarcndon Press, 1908. i')0 pp. 3 b. 6. d.
M. Allen a entrepris de publier un recueil complet des lettres d'Krasme ; Opus
epistolarum Dex, Erasmi Roterodami denuo recogmtum et auctum, (Tom. I, 1484-
i3i4, Oxtord, 1906. itS s,). L'élégant petit volume qu'il nous oUre aujourd'hui con-
tient 2<) extraits des œuvres d'Erasme, des lettres surtout, choisis parmi les passages
qui illustrent la vie anglaise. On sait combien les œuvres d'Erasme sont riches en
renseignements sur les hommes et les choses de son temps, avec quelles vives
couleurs et avec quel naturel il peint les uns et les autres. Ce p-tit volume est donc
d'une lecture aussi instructive qu'agréable. Les extraits sont suivis d'un commen-
laire grammatical et historique, d'un lexique des mots que ne donne pas le diction-
naire de Lewis et d'une liste des noms de lieu. Ils sont ornes de trois portraits et
d'un fac-similé de l'écriture d'trasme.
290 291. — Chez Weidmann, à Berlin, vient de paraître : Herodotos erklàrt von
H, Stein, Viericr Band, Buch Vil 1^1908. 3 m.). C'est la sixième édition. La même
hbrairie puoiic la troi&ieme édition de Tkukydides erklàrt von J. Glassen.
Vil Band. VU Bu:h. (1908. 3 m.'. Ceitc tioisième édition est de J. Steup ; le
commentaire a été développé en beaucoup d'endroits ; l'appendice critique comprend
plus de 5o pages, ce qui s explique par les dirticuliés particulièrement nombreuses
que présente la tradition manuscrite de ce septème livre de Thucydide, que Macau-
lay regardait comme the ne plus ultra 0/ human art,
La même maison a donné au public la cinquième édition des Odes et Kpodes
d'Horace par Richard Heinz- : Q>. Horatius Flaccus erklàrt von Adolf KiessUner*
Krster Teil : Oden und tpoden. Kûnfte AuHage be.orgt von Richard Heinze.
Berlin, Weidmann 1908. 3. m. 80. On sait que M. Heinze a refondu entièrement le
C(»minentaire des Satires et des Epitrcs. Lcditiun nouvelle des Odcs et Epodes étant
devenue nécessuire aussiiôi après la publication de celle des Satires et Kpitres,
M. Heinze s'est borné ici à des changements de détail, assez nombreux d'ailleurs.
Lnfin la nouvelle édition des Annales de Tacite par Nipperdey vient d être com-
plétée par la publication du deuxième volume ; P. Cornélius Tacitus erklàrt von
K. Nipperdey. Zweiter Band. Ab excessu divi Augusti xi-xvi. Scchste Auri. von
G. Andresen. Berlin, Weidmann, 1908. 2 m. 80. M. Anaresen a soumis le texte à
une révision très sérieuse, comme le prouve la statistique suivante qu il a dressée
lui-même : « Le texte de la 3<= ediiion a eie niodilié en cent passages environ. Dans
75 de Ces passages, la leçon des manuscrits a été rétablie. La leçon des manuscrits
na cédé la place à une conjecture qu'en cinq passages; en 11 passages, la conjecture
reçue )usqu ici a éié remplacée par une autre.» Le nombre des conjectures nouvelles,
propres à l'éditeur, est de six. 1- n ce qui concerne l'oithographc, M. Andresen a
buivi plus exactement la tradition manuscrite; elle a été souvent corrigée, surtout en
ce qui concerne les personnes, au moyen de la Prosopographia împeni Homani. Un
ap|.>tndice donne le discours de Claude sur les^wj? honorum des Gaulois d'après la
lablc de bronze de Lyon iClL. XI 11, iv,68).
404 LE MUSÉE BELGE.
292. — Deux traductions des Pensées de Marc-Aurèle ont pmru assez récem-
ment : celle d'Auguste Couat, publiée par P. Fournier (Bordeaux, 1904) et ciUe de
John Jackson publiée à Oxford en 1906. Voici une nouvelle édition du texte, qtn
paraît dans Scriptorum classtcorwn Bibliotheca Oxoniensis :
M. Antoninus imper ator ad se ipsum. Recognovit brevique adnotatiooe crhict
instruxit J. H. Leopold. Oxford, Clarendon Press. Londres, H. Frowde, ignBu
M. Leopold, professeur à Rotterdam, a soumis le texte à une revision complète.
Le commentaire critique est sobre, suivant le plan de la belle collection d^Oxfent
Un index des noms propres termine le volume.
^93. — G. Ammon, Lateinische Grammatik- Anthologie, Munich, Lindauer, 1907,
i34 pp.
Ce livre est destiné à la classe de quatrième, où les élèves doivent étudier la syn-
taxe des temps et des modes. Suivant les grammaires de Landgraf et d*Engelmaim,
l'auteur donne, pour toutes les règles, une série d 'exemples choisis dans les auteurs
de répoque classique ou post-classique, pourvu qu'ils soient conformes à la sjntaxe
classique. Son premier but est d'inculquer la règle par l'exemple, par la multiplicité
des exemples. Son but accessoire est de <c taire comprendre l'esprit de la civilisatioa
antique » : la plupart des exemples font connaître un fait caractéristique ou con-
tiennent une idée morale, une maxime qui se grave facilement dans l'esprit det
élèves.
A ce double point de vue, ce livre sera utile aux professeurs de latin.
294. — Bibliotheca di geogr afia storica pubbltcata sotto la dire\ione di Qàxùiù
Beloch. Vol. MU.
Depuis 1901, il existe, à l'Université de Rome, un cours de géographie ancienne^
dont le titulaire est M. Giulio Beloch. Cet enseignement nouveau a trouvé de nom-
breux auditeurs et plusieurs jeunes docteurs y ont choisi le sujet de leur thèse doc-
torale. M. Beloch a jugé qu'il était utile de réunir ces travaux dans une collectioa
qu'il a intitulée : Biblioteca di geografia antica. Les auteurs, nous dit-il, prendront
pour sujet de leurs monograp^lies leur propre pays : ils seront ainsi bien préparés et
parieront en connaissance de cause. Ils auront d'ailleurs toute liberté, M. Beloch ne
prenant d'autre responsabilité que celle de la méthode. Dé)à trois travaux ont paru
en 1906 et en 1907, chez E. Loescher, à Rome. Ce sont :
I. G. Ck>la8aiiti, Fregellae. Storia e topografia, Con Prefezione di G. Beloch.
J906. 226 pp. et une carte. 6 fr.
H. G. Golasanti, Pinna, Ricerche di topografia e di storia con una pianU. 1907.
122 pp. 5 fr.
m. E. Grossi, Aquinum. Ricerche di topografia e di storia. Con due ta vole e
sette incisioni. 1907. 210 pp. 8 fr.
D'autres volumes sont sous presse. Dans une autre collection dirigée par
M. Giulio Beloch, les Studi di Storia antica. a paru également une étude de
géographie historique : G. Napoletani, Fermo nel Piceno. Con una pianta e tre
tavoie. Rome, Loescher, 1907. 190 pp. 8 fr. Fasc. VU de la collection.
295. — N. Hohl^^ein, Les papyrus grecs et V Egypte province romaine. Bruxelles,
Goemaere, 1908. 23 pp. {Rev. générale^ Oct. 1908.)
Dans cet article, M. Hohlwcin s'efforce de montrer que les papyrus sont pour
nous des témoins de la civilisation égyptienne, surtout à l'époque gréco-romaine.
Par des exemples choisis, il montre quels services la papyrologie est appelée
à rendre à l'histoire.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 405
296. — Transactions and proceedings of the american philological Association ^
1907. Vol in- 38. Boston, Ginn and C», 1906. i3o + 82 pp.
Ce nouveau volume montre Tactivité qui règne au sein de TAssociation philo-
logique américaine. Il contient huit dissertations, parmi lesquelles nous remarquons
les suivantes : Une étude complète sur la répartition des cultes orientaux ^ en Gaule
et en Germanie^ par C. H. Moore (pp. log-iSo); une autre sur Vinftuence du
théâtre sur la politique romaine à l'époque républicaine, par F. F. Abbott (pp. 49-56);
des notes sur la lapidation chez les Grecs et les Romains, par A. -S. Prase (p. 5- 18) ;
sur les formes parallèles luscinia et ruscinia (rossignol), par E. W. Martin (pp. 3i-
40); sur la critique des orateurs attiques par Photius, par la Rue van Hook
ipp. 41-48), etc.
Les proceedings donnent un simple résumé des discussions qui ont lieu aux
assemblées : vingt-neuf sujets ont été traités. Quelques-unes de ces lectures seront
ou ont été publiées dans V American journal ofphilology,
297. — Mary CSoravin Liane» Index to the fragments of the greek elegiac and
iambic poets,, Cornell Studies of Classical Philology, N» XVIII. Ithaca (New-
York), Longmans, 1908. 128 pp.
Ce lexique des poètes élégiaques et lambiques grecs est basé sur VAnthologia
lyrica de Bergk, édition d Otto Crusius, publiée chez Teubner en 1907. Il ne donne
que les formes qui se rencontrent dans \ Anthologie et ne traduit pas les mots; il se
borne à indiquer les passages.
298. — Erwin Preuschen, Vollstàndiges Griechisch-Deutsches Handwôrter-
buch :çu den Schriften des neuen Testaments und der ùbrigen urchristlichen Lite^
ratur, I, Lieferung: a bis dpYupoKÔTTOç. Giessen, TOpelmann, 1908. 160 colonnes,
1 m. 80.
Comme son titre l'indique, ce lexique donnera tous les mots grecs du Nouveau
Testament et des Pères apostoliques, y compris les évangiles non canoniques. Les
significations de chaque mot sont classées, de telle manière qu'on s'y retrouve facile-
ment ; le sens figuré est distingué du sens propre. D'autre part, les articles sont
rédigés avec la plus grande concision possible et les exemples de la littérature pro-
fane et des Pères plus récents sont exclus. Le texte suivi est celui de Nestlé ; pour
les Pères apostoliques, c'est l'édition de Gebhardt-Harnack-Zahn qui sert de base ;
pour les fragments noa-canoniques, Tauteur suit ses Antilegomena, Les autres édi-
tions critiques ont fourni maintes variantes. Ce lexique, qui sera le bienvenu, aura
environ 12 livraisons à 1 m. 80.
299. — Gust. Koertiner^ Etymologisches Woerterbuch der fram^ôsischen Sprache,
Paderborn, Schoeningh. Paris, Gamber, 1908. 1 vol. 414 pp. in-4. u m.
L'auteur du Lateinisch- Romanisches Woerterbuch (3* éd., Paderborn, 1907) a
voulu composer un manuel pratique, permettant de trouver immédiatement l'étymo-
logie des mots français. Ce nouveau dictionnaire se borne donc à donner pour
chaque mot français i<> la traduction allemande, 2^ l'étymologie sans aucune expli-
cation ni discussion. S'il y a doute, l'auteur renvoie à son Lat^-Rom, Woerterbuch,
Sont omis : les noms propres, les formes dialectales, les termes d'argot, les mots
particuliers au vocabulaire des sciences, des arts et des professions, et les mots com-
posés par juxtaposition. Tel qu'il est, ce dictionnaire répond à son but ; on peut
regretter que le prix soit si élevé, car il nuira à la dilîusion de cet utile ouvrage.
406 LE UDSÉE BELGE.
3oo. — Victor Giraml, Taîne. Pages choisies. Avec une introduction, des^
Notices et Sotes. Pam Hachette, 1908. Vt\ vol. în-16, br., 3 fr. 5o.
\'oici un livre que le grand public réclamait depuis fort longtemps : un livre q.J
ramassât en un seul volume les plus belles et 1rs plus significatives pages de Taire,
et qui fût, par sa disposition même, la vivante illustration de lliistoire intelïecruel!e
et morale du grand écrivain.
M. Victor Giraud, dont TAcadémie française couronnait, il y a quelques années ^-i
« solide et brillant n Eisai sur Taine 3* édit. Hachcne, 3 fr.,, s'est acquitté de cctie
tâche délicate avec beaucoup de conscience et de soin.
Dans son introduction, dans les notices qui précèdent chacun des ou%xages qull a
successivement tt extraits », dans les notes qu'il a mises au bas des pmges. u s'est
efforcé de rassembler toutes les indications d'ordre historique ou psychologique qu'
peuvent servir à l'intelligence d une œuvre considérable entre toutes. Et ainsi, ce
recueil, cet Esprit de Taine ^ comme on n*eût pas manqué de l'appeler jadis, ne sera
pas inutile à ceux-là mêmes qui connaissent le mieux Thistonen de la LittéraZurt
anglaise cl des Origines.
3oi. — J.-B. Schepers, Woordkunst van on^e tijd. SchUders-met-de-pen. I.
Oudcre dichiers. Amsterdam, S. L. Van Looy; W. Versluys, 1908. iv-06 pp. v.
0 H. 60.
Le but de l'auteur est de faire connaître et apprécier la poésie néex landaise
contemporaine dans une série de brochures, dont voici la première. lî commence
par les poètes qui ont u peint » par leurs vers le monde extérieur, non le « moi *;
après eux viendront les lyriques, enrin les auteurs dramatiques. — Les premiers, il
les divise un peu arbitrairement en « vieux » et « jeunes » ; les t vieux » ce sont ceux
qui ont commencé leur carrière vers 1H80 ou en tout cas au siècle passé. Il nous en
présente dans cet opuscule une bonne douzaine; sur la plupart il émet quelques
considérations, puis donne des extraits dordinaire assez peu étendus, de leurs
œuvres. C'est donc une espèce de chresiomathie, accompagnée de réflexions litté-
raires. C. Lecoctejif.
3o2 — B. E. Bouw^man et Th. A. Verdenius. Seuere Prosa, II. Tier-
gcschichten, Groningen, J. B. Wolters, 1908. Texte, 58 pp. in-8». « Hilfebuch »,
52 pp. o H. qo.
Ce second volume de la série Neuere Prosa contient quatre nouvelles empruntées
à des auteurs contemporains. Au bas des paires, il y a des notes explicatives ea alle-
manii; le Hilfsbuck^ qui s'emboîte dans le volume, contient encore d'autres notes,
également en allemand, mais d'un autre genre. Nous signalons volontiers ccite
publication aux professeurs d'allemand. C. L.
3o3. — M. G. Van Poppel vient de réunir, dans un petit volume de 40 pp., les
laits esscniitls de la grammaire allemande : paradigmes des déclinaisons et conju-
gaisons, etc, (Test, dans l'intention de Tauteur, un aide-mémoire pour les classes
supérieures. En voici le titre : De hoofdjaken der duitsche spraakleer. Een repc-
tiiieboekje voor de hoogste klassen van gymnasia, H. B. S. en middelbare handel-
scholen. Groningue, J. B. Wolters, iyo8. 40 pp. 8**. C L.
304. — H. Log^eman, 7V/1UI5 en Media. 0\tv de Stemverhouding bij Konsonantea
in moderne talen, met een Aanhangsel over de foneticse Verklaring der Wct-
ten van V^erner en Grimm. Recueil des Travaux publiés par la faculté Je Philoso-
^ihie et Lettres de l'Université de Gand, fasc. 35.; Gand, Van Goeihem, 1908,
1 vol. de 206 pp. 8 fr.
Ce travail s'adresse à tous ceux qui s'occupent de la phonétique générale et de
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 407
celle d'une des langues germaniques ou du français, le « degré de vocabiiité » des
consonnes de ces langues y étant étudié.
L'auteur arrive à des conclusions qui diffèrent sensiblement des résultats considé-
rés comme acquis. Appliquant ses résultats à un point dominant de linguistique
indo-germanique, l'auteur étudie dans un chapitre à pari l'explication donnée par
le Danois Verner des exceptions constatées par lui à la « Loi de Grimm » et essaie
de montrer que cette explication, dite « Loi de Verner » ne peut se soutenir.
La transcription phonétique est celle de TAssociation phonétique internationale de
Paris.
305. — G. Grupp, Kulturgeschichte des Mittelalters, II. Band. Zweite Aufl. Mit
48 lUustrationen. Paderborn, Schœningh, 1908.
Ce deuxième volume de l'histoire de la civilisation médiévale commence à Charle-
magne et va jusqu'au xi« siècle. Ce n'est pas un récit des faits politiques ou militaires,
mais une description des institutions et une peinture des mœurs. L'organisation de
l'Empire, les classes sociales, les mœurs, les arts, la religion, la vie économique,
voilà cô que M. Grupp étudie en a8 chapitres, qui se lisent avec un intérêt croissant
et qui sont illustrés d'après les documents contemporains.
306. — Le R. P. Pierre Albers, Manuel d'histoire ecclésiastique. Adaptation de
la seconde édition hollandaise par le R. P. René Hbdde, O. P. Paris, Lecolïre,
1908. 2 forts volumes in- 12 de près de 700 pages. 8 frs.
Depuis longtemps déjà, on réclamait pour les étudiants ecclésiastiques un instru-
ment de travail approprié à leurs besoins, d'un maniement facile, répondant exacte-
ment au plan et aux exigences du cours d'Histoire ecclésiastique. Ce nouveau
Manuel est appelé à le leur procurer.
L'ouvrage du P. Albers, dont l'édition hollandaise a été dès son apparition adoptée
dans la plupart des séminaires et scholasticats des Pays-Bas, est au courant des
derniers travaux historiques. Tout en recherchant la concision nécessaire dans ce
genre d'ouvrage, on s'est efforcé d'être très complet ; ce qui ne se rapporte pas
directement à l'histoire ecclésiastique a été rigoureusement éliminé; de cette manière
il a été possible de réunir en deux volumes d'un format réduit et d'un prix peu élevé
les connaissances si souvent dispersées en de nombreux et gros ouvrages.
L'histoire intérieure de l'Église est traitée avec un soin particulier, la bibliographie
s'étend à tous les ouvrages principaux, les divisions méthodiques par époques et
par matières, les tables très complètes permettront au lecteur de trouver immédiate-
ment ce dont il a besoin.
307, — Dom F. CabroL UAngleterre chrétienne avant les Normands. Paris,
Lecoffre et Gabalda, 1908. 3 fr. 5o. (Bibliothèque de l'Enseignement de l'histoire
ecclésiastique, j
L'introduction du christianisme en Angleterre a été l'événement le plus important
de Vhistaire de ce grand pays, du iv« au xi« siècle. Le christianisme a donné sa marque
à cette civili'sation, il a façonné ces peuples, il a transformé leur caractère. Par deux
fois, l'Église a pris possession des races qui sont le fond de la population an^'laise,
d'abord la race celtique, ou bretonne, puis la race des Anglo-Saxons. Des Celles
bretons, elle avait fait un peuple chrétien ; elle lui imprima si profondément son
sceau, que la marque en est restée indélébile.
Quand les Saxons et les Anglais païens eurent refoulé devant eux celte race
bretonne, l'Église convertit encore ces pirates et en fit un peuple civilisé. Ce que les
Anglais ont fait de grand durant cette période, ils l'ont fait par l'Église et avec
l'Église.
408 LE MUSÉE BELGE.
LMntérét de cette étude est de tout premier ordre. Les deux races qui se sog
combattues ont l'une et l'autre leur originalité.
En étudiant les origines lointaines du christianisme dans ces contrées, on verra de
quelle manière il s'adapta au génie anglo-saxon, quelles grandes œuvres il opéra,
comment il fondit en une grande nation homogène, des éléments étrangers et
souvent hostiles, et le passé pourra peut-être ainsi fournir quelques luoiières pour
Tavenir.
3o8. — J. Trésal. Les Origines du Schisme anglican (1509-1371). Paris, Lecoffire
etGabalda, 1908. 1 vol. 3 fr. 5o. (Même bibliothèque).
Ce livre n'est ni une apologie en faveur de l'Église catholique, ni une dissertatioo
philosophique sur les origines doctrinales du schisme anglican, mais un récit impar-
tial, clair, intéressant, trafique parfois, des événements qui ont provoqué ou accocs-
pagné la rupture de l'Angleterre avec le Saint-Siège et la formation très laborieuse
de l'Église schismatique anglicane.
L'auteur met en pleine lumière les motifs qui poussèrent Henri VIII à rcj«er
l'autorité du Pape, et le sans-géne avec lequel ce souverain en usa avec la vie de ses
sujets, les biens de l'Église et des monastères. Jusqu'à sa mort, arrivée en 1547.
Henri VIII avait imposé tout l'ensemble du dogme catholique, moins Tartick
concernant le Pape. Les ministres de son fils Edouard VI (1547-1 552) imposèrcot
jes doctrines luthériennes et calvinistes. La reine Marie (i 552- 1 558) ramena le royaume
à l'obédience du Saint-Siège. Mais elle mourut avant d'avoir eu le temps de conso-
lider son œuvre. Sa sœur Elisabeth (i55b-i6o4) reprit la politique religieuse
d'hdouard VI. Elle fil approuver, en 1571. par le Clergé et le Parlement, les
XXXIX articles de religion et le book of Common prayer, L'Église anglicane, en
possession de sa déclaiation dogmatique et de son rituel, était définitivement consti-
tuée. Cette même année 1571, le Pape sanctionnait la rupture définitive en excom-
muniant Elisabeth.
3q9. — Il ne sera pas inutile de rappeler ici les volumes précédemment parus
dans la même bibliothèque. (3 fr. 5o le vol.)
Le Christianisme et l'Empire romain, de Néron à Théodose, par M. Padl Aixarb.
Septième édition.
Histoire des Dogmes : I. La théologie anténicéenne, par M. J. Tueront, doyen
de la Faculté catholique de théologie de Lyon. Quatrième édition revue et corrigée.
Anciennes littératures chrétiennes : I. La littérature grecque, par Mgr Piestas Ba-
TiFFOL. Quatrième édition.
Anciennes littératures chrétiennes : II. La littérature syriaque, par M.Rubeks Duval,
professeur au Collège de France. Troisième édition revue et augmentée.
L'Afrique chrétienne , par Dom H . Leclercq., bénédictin de Famborough.
Deuxième édition. 2 volumes.
L'Espagne chrétienne, par Dom H. Leclercq. 1 vol.
Le Christianisme dans l'Empire perse, sous la dynastie Sassanide {224-632), par
M. J. Labourt, docteur en théologie et docteur es lettres. Ouvrage couromié pir
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Deuxième édition.
L'Église byzantine de 527 à 847, par le R. P. C. Pargoire, des Augustins de
l'Assomption. Deuxième édition.
L'Église et l'Orient au moyen âge : Les croisades, par M. Louis Bréhibr, pn^es-
seur d'histoire à l'Université de Clermont-Ferrand. Deuxième édition.
Le grand Schisme d'Occident, par M. L. Salembier, professeur à la Faculté catho-
lique de théologie de Lille. Quatrième édition.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 4O9
L'Église romaine et les origioes de la Renaissance, par M. Jean Guirauo, profes-
seur à rUniversité de Besançon. Ouvrage couronné par l'Académie française. Troi-
sième édition, augmentée d'une préface et d'une nouvelle bibliographie.
3 10. — André Baudrillart, Saint Séverin, apôtre du Norique (453-482). Paris,
Lecoffre etGabalda, 1908. 1 vol. in-ia. 3 fr. (Les Saints.)
« Vivant au milieu d'un peuple demeuré enfant et à demi sauvage, dans une
contrée désorganisée et sans cesse exposée aux horreurs de l'invasion ou de la
famine, saint Séverin parvint, sans autre ascendant que le prestige de son habileté et
de son dévoûment, à assurer l'existence de cette province et à la doter d'une admi-
nistration civile et religieuse. Par une fortune bien rare pour les personnages de
cette époque, l'histoire de saint Séverin nous a été transmise par Eugippius, auteur
contemporain, bien mformé, précis, sobre de merveilleux. Malgré des circonstances
si spécialement favorables, cette vie n'avait encore été écrite par aucun historien
français, et les quelques auteurs qui s'en étaient occupés ou l'avaient esquissée
rapidement ou s'étaient permis trop de libertés en interprétant Eugippius. Bonne
mise en œuvre de la biographie ancienne, l'ouvrage de M. Baudrillart sera bien venu
auprès des lecteurs français, auxquels il présente de façon très distinguée le grand
et aimable saint, » Analecta Boilandiana, t. XXVII, août 1908.
3 11. — M. Mantenay. Saint Benoit-Joseph Labre, Deuxième édition. Paris,
LecolTre et Gabalda, 1908, 1 vol. in- 12. 2 fr. (Les Saints.)
Le récit très vif et cependant très complet de M. Mantenay nous fait bien com-
prendre Benoît Labre aspirant de lui-même à la paix et à la discipline du cloître,
voyant à regret se fermer devant lui les portes des Chartreuses et des Trappes,
poussé malgré lui à une existence voyageuse, réduisant dès lors, jusqu'à le supprimer
presque, le soin de sa personne physique et l'entretien de sa vie matérielle, mais
exaltant de plus en plus sa vie intérieure et l'intensité de sa prière, mettant l'une et
l'autre par ses miracles, au service des infortunes qu'il rencontre : tout cela, joint à
la description des lieux et aux nombreux incidents de ses divers séjours, donne un
livre vraiment attrayant.
3 12. — Achille Lnchaire, Innocent III. Le Concile de Latran et la réforme de
rÉglise. Avec une bibliographie et une table générale des six volumes. Paris,
Hachette. 1908. 3 fr. 5o.
Voici la fin de l'œuvre consacrée par M. Luchaire à la mémoire d'Innocent llf. Ce
sixième volume comprend, avec une étude détaillée sur le Concile de Latran et la
politique ecclésiastique du Pape, une bibliographie et une table générale des noms
de lieux et de personnes qui portent sur l'ensemble de la publication.
Dans y Avertissement qui esi en tète, l'auteur justifie sa méthode et dit nettement
ce qu'il a voulu faire :« donner au public soucieux du passé, dans un ouvrage de for-
mat commode et d'exposition courante, la claire intelligence de ce que fut, au moyen
âge, l'action d'un grand Pape. »
3i3. — M. René Van Bastelaer vient de compléter le bel ouvrage sur Bruegel
l'Ancien que nous annoncions il y a quelque temps, par un splendide in-40 reprodui-
sant, en 278 planches, avec un excellent texte explicatif, les Estampes de Bruegel
r Ancien, Bruxelles, Van Oest, 1908. 20 fr.
314. — Ant. Gréfi^oircu Les vices de la parole. Paris, Champion. Bruxelles^
Lebègue, 1908. 120 pp.
Ce petit traité a été écrit dans un but exclusif de vulgarisation. L'auteur veut
attirer l'attention sur les défauts de la parole et montrer la facilité relative des
4IO LE MUSEE BELGE.
remèdes que la science préconise. 11 suppose les faits du langage ignorés du lecteur
et ne fait appel qu'à l'observation. Cependant dans un court chapitre de phonétique
rejeté vers la fin, il résume les données élémentaires de cette science; car il ne
s'adresse pas seulement aux malades, mais aussi aux maîtres et aux médecins.
Après quelques considérations générales, l'auteur aborde son sujet et traite du
zézaiement, du chliniement, du nasonnement, du grasseyement et des autres
défauts. Après un chapitre de phonétique élémentaire, il parle du bégaiement, des
accents locaux, des accents étrangers, etc.
La bibliographie qui termine le volume sera utile à ceux qui voudront approfondir
ce sujet, intéressant pour tous.
3i 5. — TVilliain van lBràhB,nt. Amérique du Sud, La Bolivie. Bruxelles, Le bègue .
1908. I vol. in-8'* de 476 pp. 160 illustrations. 10 fr.
Malgré les difliculiés énormes de se renseigner exactement, en dépit de la rareté
des sources documentaires très disséminées, l'auteur de ce livre est parvenu à nous
faire pénétrer dans ce pays neuf, hier encore inconnu. Son livre est pour l'Europe
comme une révélation d'autant plus précieuse qu'elle arrive à son heure pour nous
faire connaître une contrée destinée, par la force des choses, à entrer dans le concert
économiq\ie des nations.
C'est aux sources othcielles, à La Paz de Ayacucho môme, aussi bien que dans
ses études personnelles, que l'auteur a puisé, pour nous montrer la Bolivie sous
tous ses aspects, intéressant à la fois Thistorien, le géologue, l'économiste, Tingénieur,
l'industriel, le médecin, l'agriculteur, le capitaliste, l'émigrant, le soldat, l'éducateur,
en un mot tous les ordres sociaux.
L'auteur a fait une sélection rigoureuse dans la documentation éparse et conçue
généralement en langues étrangères ; il a établi une classification claire, méthodique.
Il a réussi à mettre en pleine lumière l'organisme complet d'un hiat neuf, dont les
richesses sont incomparables.
3 16. — H. Goupin, Les Métamorphoses de la Matière. Un vol. illustré. Paris.
A. Colin, 1908. I fr. 5o.
S'il est une collection de livres qui mérite d'être recommandée en vertu de la
célèbre maxime: a instruire en amusant », c'est bien, certes, cette Petite Bibliothèque
imaginée par la librairie Armand Colin et qui compte aujourd'hui dix volumes aussi
amusants et aussi instructifs les uns que les autres. Celui qui vient de paraître es:
dû à la plume d'un vulgarisateur connu déjà par une multitude d'ouvrages qui font
la joie des petits et des grands. Il nous apprend toute une série de faits intéressants,
sur les objets familiers qui nous entourent, sur la transformation des matières
premières et sur la façon dont le génie de l'homme a su en tirer parti.
CHRONIQUE.
317. — Les études toponymiques, — Depuis le jour où M. Godefroid Kurth traça
le programme de ces études, il y a une vingtaine d'années, elles ont pris en Belgique
une extension considérable.
Nombreux sont les travailleurs qui, dans les dépôts d'archives, viennent rechercher
les anciennes formes des noms des lieux de leur commune, aux fins de publier c^
utiles glossaires toponymiques qui permettent de reconstituer la physionomie de
notre pays au moyen âge et même aux époques romaine 'et celtique. Aussi ne stu-
rait-on trop appuyer la Revue des Bibliothèques et Archives de Belgique (T. VI,
1908. p. 291), lorsqu'elle demande que le gouvernement veuille bien doter les
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. ^it
archives générales du royaume et les archives de l'État dans les provinces d'un
exemplaire de l'excellem plan cadastral des communes belges par M. Popp.
Non seulement pour les études toponymiques, mais comme valeur documentaire au
point de vue général, ce plan a sa place marquée dans tous nos dépôts d'archives et
il est à espérer que M. le Ministre des Sciences et des Arts ne tardera pas à combler
cette importante lacune dans nos riches collections historiques.
Nous souhaitons que le Gouvernement en fasse don aussi aux bibliothèques de
nos doctorats en philosophie et lettres et de nos séminaires géographiques.
3j8. — Université de Liège. — Aux termes de deux arrêtés royaux du
19 octobre 1908 :
1® M. Michel. Charles, professeur ordinaire à la faculté de philosophie et lettres,
est déchargé, sur sa demande, des cours de langue et littérature sanscrites et de
grammaire comparée, spécialement de grammai re comparée du grec et du latin
(partim).
2° M. Mansion, Joseph, chargé de cours à la faculté de philosophie et lettres, est
chargé d'y faire le cours de grammaire comparée, spécialement de gramma ire
comparée du grec et du latin (partim), et le cours facultatif de langue et littérature
sanscrites.
319 — Le 22 décembre lyoS, M. Ulrich v. TVilamowitz-Moellendoiil
fêtera le 6o« anniversaire de sa naissance. Ses collègues, anciens élèves, amis et
admirateurs, d'Allemagne et de l'étranger, sont invités à donner à cette occasion, à
Tillusire professeur, un témoignage de leur estime. A cet effet, une souscription est
ouverte, dont le montant sera remis au jubilaire pour être consacré à une entre-
prise scientifique de son choix. C'est ainsi qu'on a honoré précédemment Mommsen
et Usener. Les souscriptions peuvent être adressées à M. le D^ E. Voilert^ Berlin^
S. W. 68^ Zimmerstrasse, Ç4, sous la désignation de Wilamowit:( -Fonds ^ jusqu'au
1er décembre prochain. La liste des souscripteurs sera remise à M. v. Wilamowitz.
320. — Au palais de Théodoric, à Ravenne, — Au cours des fouilles opérées dans
les ruines du palais de l'empereur des Ostrogoths, Théodoric-le-Grand, à Ravenne,
on a mis au jour des pavements en mosaïque, admirablement conservés. A l'heure
qu'il est, les dallages-mosaïques de sept grandes salles et d'un corridor ont pu être
enlevés. Chose curieuse : sous ce» planchers, il s'en trouvait un second, également
en mosaïque. Les archéologues supposent que, pour prévenir l'invasion de l'eau dans
le palais, les dallages du rez de-chaussée ont dû être surélevés et qu'un second dal-
lage aura été placé deux ou trois pieds au-dessus du premier.
Des fouilles ont également été commencées à la Porta aurea, érigée par Tibère.
On est parvenu à reconstituer intégralement le plan de ce monument célèbre.
321. — Les Universités en Europe, Il y a en Europe i23 universités, fréquentées,
l'année dernière, par 228,732 étudiants. C'est l'université de Berlin qui est la plus
peuplée; elle compte 13,884 inscrits, puis vient Paris avec 12,983. Suivent alors
Pesth avec 6,55 1 élèves et Vienne avec 6,2o5. L'Allemagne ne compte pas moins
de 21 universités et 49,000 étudiants environ. La France en a 16 et 32, 000 étudiants.
L'Auirichc-Hongric 11 avec 3o,ooo élèves; l'Angleterre i5 avec 24,000; l'Italie
2> fort petites généralement avec 24,000 étudiants ; la Russie 9 avec 23.ooo inscrits;
l'Espagne 9 avec 12,000; la Suisse 9 avec 6,5oo; la Belgique 4 avec 6,000 ; la
Hollande 5 avec 4,000 ; la Roumanie 2 avec 5, 000 et la Suède 3 avec 3,ooo élèves.
La Grèce, le Portugal, la Bulgarie et la Serbie ne possèdent chacune qu'une seule
Ainiversité,
4^2 LE MUSÉE BELGE.
322. — Les cours pratiques d'archéologie organisés dans les locaux des Musées
royaux du Cinquantenaire, à Bruxelles, du mois d'octobre 1908 au mois de mai 1909
(cinquième année), comportent un droit d'inscription fixé à 5 francs. A raison de
la nature spéciale des leçons, qui seront données directement sur les objçts £Bisant
partie des collections du Musée, le nombre des inscriptions à recevoir est laissé,
pour chaque cours, à l'appréciation du professeur. Les personnes désireuses de
suivre les cours sont priées de s'inscrire personnellement ou par lettre, au moins
huit jours avant l'ouverture du cours, auprès du professeur dont elles voudraient
suivre les leçons. Les jours et heures de leçons annoncés au programme pourront
être modifiés, le cas échéant, suivant les convenances réciproques du professeur et
de ses auditeurs. Voici le programme fixé pour cette année :
a) Côté droit (Pavillon de l'Antiquité).
Antiquités égyptiennes, — L'archéologie funéraire. M. Jean Capart, conservateur-
adjoint des Musées royaux, vingt leçons, le jeudi à 3 h., à partir du 5 novembre.
Antiquités grecques et romaines. — La céramique grecque, d'après les vases du
Musée. M. Jean De Mot, attaché des Musées royaux, vingt leçons, le jeudi à 3 h., à
partir du 5 novembre ; M. Franz Cumont ne donnera cours qu'au second semestre.
Art décoratif, — La figure hybride. M. Henry Rousseau, conservateur-ad^int
des Musées royaux, vingt leçons (avec projections), le jeudi à 3 h., à partir du
5 novembre.
b) Côté gauche (Musée des plâtres, etc.).
Belgique ancienne. — L La Belgique avant l'histoire ; II. La Belgique romaine ;
III. l^ Belgique franque. Excursions et fouilles : baron Alfred de Loé, conservateur
des Musées royaux, vingt leçons, le dimanche à lo h., à partir du mois de janvier.
Histoire des arts industriels en Belgique. — Cours de deux ans. — I. Ortèvre-
ries, émaux, dinanderies, ferronnerie, verrerie, céramique ; II. Mobilier, sculpture
industrielle; III. Tapisseries et broderies. Des excursions seront organisées dans le
pays. M. Joseph Destrée, conservateur des Musées royaux, vingt leçon», le di-
manche à 10 h., à partir du 8 novembre.
N.B. — Le programme détaillé des différents cours sera adressé à tous ceux 'qui
en feront la demande au conservateur en chef, M. Eugène Van Overloop.
323. — Leprix quinquennal de littérature française (1903-1907) a été décerné à
M. Fernand Séverin, chargé du cours d'histoire de la littérature française
à l'Université de Gand, auteur de poèmes vraiment remarquables réunis sous les
titres : « Le don d'enfance et La solitude heureuse ». Ce prix a été antérieurement
attribué à MM. Lemonnier, Verhaeren, Eekhoud et Giraud.
324. — Mélanges GodefE*oid Kurth. — Le 8 novembre, la Faculté de
Philosophie et Lettres de l'Université de Liège s'est transportée à Bruxelles, pour
remettre à M, Godefroid Kurth, les deux volumes qu'elle a publiés en son honneur
et que nous avons décrits plus haut (p. 33 1). M. Oscar Merten, doyen de la Faculté
en 1906-1907, M. KarJ Hanquct, secrétaire de la Faculté, et M. Cyr. Van Overbergh,
directeur général de l'enseignement supérieur, au nom du Ministre des Sciences cl
des Arts, qui lui avait remis une lettre de félicitations, ont prononcé des discours,
où ils ont fait ressortir le but de cette manifestation et les services rendus par
M. Kurth à l'enseignement, à la science et à la patrie. La Faculté avait invité à
prendre part à celte féie les nombreux collaborateurs des Mélanges Gode/roid
Kurth^ ainsi que les amis du jubilaire. Tous les participants ont admiré Pexemplaire
de luxe, sur papier de Hollande, magnifiquement relié, sortant des presses de U
maison Vaillant-Carmanne de Liège, qui a été remis à M. Kurth. Le banquet, très
cordial, a réuni une centaine de convives.
Les discours, ainsi que la réponse émue de M. Kurth, ont été publiés par le
journal Le XX^ Siècle.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 4l3
Nous saisissons cette occasion pour réparer un oubli. Nous avons omis de men-
tionner (p. 335) la contribution de M. Léon Halkin au II« volume des Mélanges
Godefroid Kurth. Elle a pour titre : V inscription dédicatoire de CÉglise de Loo:^
(pp. 121-138).
325. — Cours d*Art et d'Archéologie. — Local « Patria », ancien Hôtel de
Chimay^ Bruxelles^ i6^ rue du Parchemin. Année 1908-1909 (novembre-mai).
La durée des études est de quatre années : deux années de candidature, une année
de licence et de doctorat.
Programme et horaire des conra.
CANDIDATURE.
Les Origines de l'Art et l'Art oriental (2« partie), par M. Jean Capart, chargé de
cours à l'Université de Liège, conservateur-adjoint aux Musées royaux des Arts
décoratifs et industriels. — Vingt leçons. Le lundi, à 4 h. 1/2, à partir du
23 novembre ,
U Art flamand du XV^ au XVI Jl^ siècle et P École vénitienne, par M. Fierens-
Gevaert, chargé de cours à l'Université de Liège, secrétaire de la Commission des
Musées royaux de peinture et de sculpture. — Vingt leçons. Le mardi à 4 h, 1/2,
à partir du 24 novembre.
L'Esthétique et la Philosophie de VArt (2« partie), par M. De Wulf, professeur
à l'Université de Louvain. — Vingt leçons, le mercredi, à 4 h. 1/2, à partir du
a5 novembre.
L'Art du moyen âge, par M. Paul Graindor, élève diplômé de l'École des
Hautes- Etudes de Paris, ancien membre de l'École française d'Athènes, professeur
à TAthénée royal de. Bruxelles. — Vingt leçons. Le jeudi, à 4 h. 1/2, à partir du
26 novembre.
Éléments d Archéologie (cours pratique), par M. Paul Graindor. — Vingt leçons.
Le jeudi, à 5 h. 1/2, à partir du 26 novembre.
Le programme de la Candidature constitue la matière du premier examen pour
les élèves nouveaux, et du second examen pour les élèves de deuxième année.
LICENCE.
Histoire de rArchitecture. — * U Archéologie funéraire dans l'ancienne
Egypte, par M. Jean Capart.
V Architecture de la Renaissance et des temps modernes, par M. Paul Saintenoy,
professeur à l'Académie royale des Beaux-Arts, à Bruxelles.
Histoire de la Sculpture. ~ La Sculpture en Belgique (i''« partie, depuis
Charlemagne jusqu'à la fin du xv® siècle), par M. Joseph Destrée, conservateur aux
Musées royaux des arts décoratifs et industriels. — Quinze leçons.
La Sculpture florentine, des origines aux grands maîtres réalistes du XV^ siècle
(Ghiberti, Donatello et Lucca délia Robbia, — Michel Ange), par M. Arnold GoflSn.
— Quinze leçons.
Le Bas-relief dans Part gréco-romain^ par M. F. Mayence, chargé de coursa
l'Université de Louvain, ancien membre de l'École française d'Athènes. — Vingt
leçons.
L'Art bys[antin, par M. P. Van den Ven, ancien membre de l'École françaisa
d'Athènes, attaché aux Musées royaux des Arts décoratifs et industriels. — Vingt
leçons.
* L'Archéologie funéraire dans V ancienne Egypte, par M. Jean Capan.
Histoire de la Peinture. — Le Maître du Triptyque de Mérode, par
M. Verlant, directeur général des Beaux-Arts. — Vingt leçons.
4^4 LE MUSÉE BELGE.
La Peinture flamande du XV* siècle. Études des facteurs matériels et moraux
qui ont influencé la formation des diverses écoles régionales et locales, par
M. G. Hulm, professeur à l'Université de Gand. — Quinze leçons.
La Peinture contemporaine {Visïtes au Musée Moderne), par M. Fierens-Gevacrt.
— Dix leçons.
Histoires des Arts appliqués. — L'Art de la Miniature, par le R. P. \*aii
den Gheyn, conservateur des manuscrits à la Bibliothèque royale. — Six leçons.
L'Art du Médailleur et de la Gravure sigillaire, par M. Al vin, conservateur da
Cabinet des médailles à la Bibliothèque royale. — Huit leçons.
La Gravure, ses origines, ses évolutions dans les diverses écoles, les procédés
modernes, par M. R. Van Bastelaer, conservateur du .Musée des estampes k U
Bibliothèque royale. — Cinq leçons.
* L' Archéologie funéraire dans r ancienne Egypte, par M. Jean Capart.
* Histoire des Arts industriels en Belgique (Cours de deux ans), par M. Joseph
Destrée, conservateur aux Musées royaux des arts décoratifs et industriels. — Vingt
leçons.
Histoire de la Musique. — Première partie : Eléments d'acoustique et l'esthé-
tique musicales. Histoire générale de la musique depuis les origines jusqu'au
xvi« siècle, par M. E. Closson, conservateur-adjoint du Musée instrumental du
Conservatoire de Musique de Bruxelles. — V^ingt leçons.
L'Esthétique et la Philosopuie de l'Art. — L'Esthétique de Richard
Wagner, par M. Fierens-Gevaert. — Dix leçons.
Indépendamment des cours proprement dits, des visites seront organisées aux
Musées du Cinquantenaire; dans le département de la dentelle par M. le conserva-
teur en chef M. Van Overloop, dans le département de la sculpture par M. Destrée,
et dans le département égyptien par M. Capart; à la Bibliothèque royale, par le
R. P. Van den Gheyn ; aux Musées de peinture et à la Galerie d'Arenberg, par
M. Fierens-Gevaert ; au Cabinet des médailles, par M. Alvin ; au Musée instru-
mental du Conservatoire, par M. Closson.
335 — Académie royale de Belgique, — Classe des lettres et des sciences morales
et politiques, — Programme pour le concours annuel de içTi et prix perpétuels.
Section d'histoire et des lettres.
Première question : Étudier le sentiment de la nature, en France, depuis
Bernardin de Saint- Pierre jusqu'en i83o. — Prix : six cents francs.
Deuxième question : On demande une étude sur les principaux rhétorictens
néerlandais du xv* et du xvi« siècle, notamment : Jan Van Hulbt, Anthonis de
Roovere, Cornelis Everaert, Mathijsde Casteleyn, Edouard de Dene et Jean Baptiste
Houwaert. — Prix : six cents francs.
Troisième question : Établir, d'après les récentes découvertes, le synchronisme
des faits relatifs à l'histoire de l'Egypte et à celle de la Chaldée, depuis les temps les
plus reculés jusqu'à l'invasion des Hyksos. Discuter les hypothèses relatives aux
origines des civilisations égyptienne et chaldéenne. — Prix : huit cents francs.
Quatrième question : Faire l'histoire de la grande peste du xiv« siècle et exposer
ses conséquences religieuses, morales et sociales. — Prix : six cents francs.
Cinquième question : On demande une étude sur la bourgeoisie foraine (buten- ou
haghepoorteriej dans les provinces belges depuis le xiv« siècle jusqu'à U 6n de
l'ancien régime. — Prix : six cents francs.
Section des sciences morales et politiques.
Première question : Exposer et discuter les théories modernes sur l'origine de
la famille. — Prix : six cents francs.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 4l5
Deuxième question : Exposer les théories relatives à la personnalité civile.
Rechercher les applications de ces théories à l'état social actuel. — Prix : huit
cents francs.
Troisième question ; On demande une étude sur la condition des classes agricoles
au XIX» siècle dans une région de la Belgique. — Prix : six cents francs.
Quatrième question : Exposer le développement du droit international privé
pendant les cinquante dernières années. Mettre en relief, à ce sujet, les principes
constitutifs de cette science et la place qu'elle occupe dans l'ensemble des disciplines
juridiques. — Prix : huit cents francs.
Cinquième question : Les conventions et les projets de conventions internationales
relatives à la circulation monétaire; leur histoire et leur avenir. — Prix t hui
cents francs.
Les mémoires seront adressés, franc de port, avant le i*"" novembre 1910, à
M. le Secrétaire perpétuel, au Palais des Académies, à Bruxelles
Conditions réglementaires communes aux concours annuels et aux prix perpétuels
de la Classe, — Les mémoires peuvent être rédigés en français, en né«rlandai8, en
allemand ou en latin.
Les concurrents sont libres de signer leur travail ou d'y inscrire une devise
reproduite sur une enveloppe cachttée qui contiendra leur nom et leur adresse.
Ils y joindront une déclaration attestant que le mémoire est inédit et n'a pas obtenu
de récompense dans un autre concours.
Sauf dispositions contraires résultant de clauses spéciales, les manuscrits soumis
à la Classe restent déposés dans les archives.
11 est permis aux auteurs d'en prendre copie au Secrétariat.
PRIX PERPÉTUELS.
Prix de Stassart (600 francs). {Notice sur un Belge célèbre }
{Sujet de la X^ période : i^oô-iQio).
Notice sur Jehan Boutillier^ auteur delà Somme rurale, (Déterminer la nature et
la portée de ses fonctions de lieutenant du baillage de Tournai-Tournaisis. —
Indiquer les sources auxquelles il a puisé. — Comparer ses solutions et ses décisions
avec celles des juristes du temps. — N. B, Il y aura peut-être lieu de les mettre en
rapport avec les décisions des échevins d'Ypres sur le référé des échevins de
Saint-Dizier.)
Délai pour la remise des manuscrits : i»"" novembre igio.
Prix de Stassart (^3,ooo francs), (Histoire nationale.)
Sujet de la VII* période : 1895-1900, prorogée jusqu'au i»»" novembre 1910.)
Etude sur l'organisation économique d'un grand domaine du xiv* siècle jusqu'à
la fin du xvi«.
Prix de Saint-Génois (1,000 francs).
{Sujet de la IV* période : Î898-1907, prorogée jusqu au \*^ noveMre 1910.)
Faire l'histoire de la période calviniste à Gand (1576-1584).
Prix Teirlinck { 1 ,000 francs),
{Sujet de la IV* période : 1892-1896, prorogée jusqu'au i*"" novembre 1910).
Faire l'histoire de la prose flamande avant l'influence bourguignonne, c'est-à-dire
jusqu'à l'époque de la réunion de nos provinces sous Philippe de Bourgogne,
vers 1430.
Prix Bergmann {2,000 francs),
{Sujet de la IV* période : 21 mars 1907-21 mars 1912.)
Monographie en néerlandais, manuscrite ou imprimée, d'une ville de plus de
5,000 âmes, de la partie flamande du pays.
4^^ LE MUSÉE BELGE.
L*ouvrage doit avoir paru dans la période précitée.
Les auteurs étrangers au pays ne sont pas exclus, pourvu que leur ouvrage soit
écrit en néerlandais et édité en Belgique ou dans les Pays-Bas.
Les auteurs sont invités à envoyer leur ouvrage franco à M. le Secrétaire perpétuel
de l'Académie, avant la date ci-dessus.
Prix De Keyn (trois prix de i,ooo francs chacun).
(XV« concours. Première période : 1907-1908, réservée à V enseignement primatre.
Délai pour la remise des livres ou des manuscrits : 3i décembre 1908.)
Prix Castiau {1,000 francs), (X' période 1908-1910. Déiai : 3i décembre 1910).
Pour le meilleur travail sur les moyens d'améliorer la condition morale, intel-
lectuelle et physique des classes laborieuses et des classes pauvres.
Les travaux concernant la petite bourgeoisie peuvent prendre part au concours.
Dans le cas, dit le règlement, où Touvrage couronné serait inédit, Tauteur ne
recevra le prix que contre la présentation du premier exemplaire imprimé.
Prix Gantrelle {Z, 000 francs),
(Sujet pour la IX* période : 1907-1908, expirant le 3i décembre 190S).
L*histoire du pag:.ni8me dans l'empire d'Orient depuis le règne de Théodore le
Grand jusqu'à l'invasion arabe.
(Sujet pour la X^ période : 1909-1910, expirant le 3i décembre 1910).
La légjon romaine, son histoire et son organisation.
Prix Emile de Laveleye (2,400 francs),
(La III* période : 1907-1912, expirera le 3i décembre 1912).
Ce prix sera décerné tous les six ans au savant belge ou étranger, vivant, et dont
l'ensemble des travaux sera considéré par le Jury comme ayant fait faire des progrès
importants à l'économie politique et à la science sociale, y compris la science fînan-
cière, le droit international et le droit p.jblic, la politique générale ou nationale.
Prix Eugène Lameere (5oo francs).
{II* période : 1908-1913, expirant le \*^ mai 1913).
Destiné au meilleur ouvrage d* enseignement de l'histoire dans lequel Vimagejoue
un rôle important pour Vintelligence du texte.
Prix Charles Duvivier (\ ,200 francs),
(Sujet pour la II* période : 1908-1910, expirant le 3i décembre 1910.)
On demande une étude sur le régime périodique et économique du commerce de
l'argent au moyen-âge.
Ne seront admis au concours que des auteurs belges.
Les mémoires doivent être inédits; ils peuvent être écrits éiï français ou en flamand.
Les manuscrits ne peuvent être signés.
Prix Polydore De Paepe (i,Soo francs).
Pour la philosophie spiritualiste.
Première période : 1908-1911. Délai pour la remise des livres ou manuscrits:
3i décembre 19^ 1.
Prix Ernest Discailles (5oo francs).
(/« période ; 1907-191 1. Délai pour la remise des travaux : 3i décembre 191 1.)
Pour le meilleur travail imprimé ou manuscrit sur l'histoire de la littérature
française paru de 1907 à la fin de 1^1 1.
Prix Ernest Bouvier Parvillej (1,200 francs) (I* période : 1908-1912.)
Destiné tous les quatre ans au littérateur belge dont les oeuvres, déjà publiées,
attesteront une activité littéraire prolongée.
Le prix sera décerné en mai 1912.
Les conditions réglementaires en ce qui concerne les manuscrits soumis aux
concours pour les prix perpétuels sont les mêmes que pour les concours annuels de
la Classe. Les livres doivent avoir été publiés pendant la période.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 417
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
LEÇON DE RÉPÉTITION EN i' LATINE
(Xénophon, Anabase^ liv. 1*^ ch. 2.)
par F. COLLARD, professeur à TUniversité de Louvûin(i).
L'objet de cette leçon est une répétition du second chapitre du
premier livre de VAnahase.
Nous divisons notre leçon en quatre parties.
Dans la première partie, nous résumons, à trois reprises, le chapitre :
c'est ime sorte d'introduction qui replace les élèves au milieu des faits
et des détails sur lesquels nous allons les interroger d'une manière
approfondie pendant une heure.
Dans la seconde partie, nous étudions, d'après le chapitre, l'orga-
nisation militaire des Asiatiques et des mercenaires de C3rrus.
Dans la troisième partie, nous groupons certains détails propres à
donner aux élèves une idée de lempire du Grand Roi et de C3rrus,
coi;isidéré surtout comme chef d'expédition.
La quatrième partie est consacrée à une courte étude sur l'écrivain,
que nous considérons tour à tour comme auteur militaire, patriote
et homme religieux.
PREMIÈRE PARTIE,
RÉSUMÉ DU CHAPITRE.
A. Analyse des paragraphes.
§ 1-4. Cyrus rassemble son armée à Sardes. Tissapherne l'annonce
au roi.
§ 5-i8. Marche de Sardes à travers la Lydie et la Phrygie.
a) % 5 et 6, jusqu'à Colosses.
^) % 7*9» Cyrus à Célènes. Détails sur le parc et le château, ainsi
que sur la fable de Marsyas.
c) § 10-12. Marche sur Peltes, Kéramôn- Agora et Caystropédion.
Rencontre de C5^nis et d'Epyaxa, femme de Syennesis.
d) § i3-i8. Marche sur Thymbrion et Tyriaeon ; grande revue
en présence d'Epyaxa.
§ 19-20. Cyrus s'avance jusqu'aux frontières de la Cilicie.
§ 21-27. Cyrus pénètre en Cilicie ; Syennesis se joint à lui.
B. Questiofts de répétition.
I. Quel était tout d'abord le but avoué de l'expédition de Cyrus?
(i) Cette leçon a été faite au Collège Saint- Pierre pendant les cours de vacances
(1907)
4l8 LE MUSÉE BELGE.
— La soumission des Pisidiens ; aussi Cyrus s'avance-t-il jusqu'à
leurs frontières.
2 Que savons-nous des préparatifs de l'expédition ? — Toutes les
troupes ne sont pas encore réunies ; Cyrus doit les attendre ; de plus»
il lui manque de Targent.
3. Qu en concluez- vous ? — Il s'est trop hâté de se mettre en
marche.
4. Pourquoi s'est il empressé de partir? — Il a craint d'éveiller
les soupçons du Grand Roi.
5. Qui avertit le Grand Roi ? — Tissapherne, qui devine le but
réel de l'expédition de Cyrus.
6. Une fois la Pisidie dépassée, quel est, d'après Cyrus, le but de
l'expédition ? — Il veut combattre Syennesis. — Xénophon le dit-il
clairement ? — Non, il le laisse entendre.
7. De qui Cyrus reçoit-il de l'argent? — Epyaxa, femme de Syen-
nesis, lui apporte de l'argent, pour que, en cas de succès, Cyrus se
croie lié par la reconnaissance.
8. Quelles sont les diverses impressions que produisit la revue
devant Epyaxa ?
La reine est ravie de la belle tenue et de la discipline de 1 armée, et
Cyrus enchanté de Veffroi que les troupes grecques ont causé aux
Perses.
9. Pourquoi une halte de trois jours à Iconion? — L'armée doit
avoir été épuisée par trois jours de marche fort rude à travers la
plaine déserte qui s'étend de Tyriaeon à Iconion.
10. Pourquoi Cyrus traite-t-il les Lycaoniens en ennemis? —
Les Lycaoniens n'avaient jamais été complètement soumis au roi
des Perses.
11. Était-il facile de pénétrer en Cilicie ? — Non. — Pourquoi?
— Le chemin qui y conduit, quoique accessible aux charrois, est
raide, impraticable à une armée qui trouve la moindre résistance. On
disait même que Syennesis était sur les hauteurs pour défendre le
passage. — Quelle précaution Cyrus a-t-il prise ? — Il a envoyé en
avant Ménon, qui devait attaquer les derrières de Syennesis, si le
roi de Cilicie voulait défendre le passage.
12. Pourquoi Syennesis se trouve-t-il dans une situation difficile
vis-à-vis de Cyrus ? — Il ne peut prévoir qui sera vainqueur de Cyrus
ou d'Artaxerxés. Aussi, d'une part, il envoie sa femme à la rencontre
de Cyrus et lui fait remettre de fortes sommes d'argent ; d'autre part,
il fait mine de s'opposer à sa marche à travers la Cilicie.
i3. Quel secours Cyrus attend-il des vaisseaux lacédémoniens ?
— Il veut, le cas échéant, appuyer Ménon. — Xénophon insiste-t-il
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 419
sur la présence de la flotte Spartiate ? — Non ; c'est une sorte de
remarque faite en passant. Les Spartiates prêtaient officiellement
leur concours ; mais Xénophon en parle comme s'il s'agissait d'une
entreprise privée. Au moment de la publication de VAnabase^ il
importait beaucoup aux Spartiates d'avoir l'amitié du roi des Perses ;
or c'était encore Artaxerxès qui régnait alors.
14. Pourquoi Cyrus fait il des cadeaux royaux à Syennesis ? —
Il veut lui montrer qu'il croit sincèrement que l'avenir est à lui ; il
agit déjà en roi.
C. Synthèse ou résumé général,
Cyrus rassemble à Sardes une partie de ses mercenaires grecs et
ses troupes asiatiques et marche prétendument contre les Pisidiens.
A leur frontière, il s'arrête assez longtemps pour attendre les troupes
grecques qui lui manquent. Sur ces entrefaites, Tissapherne est
arrivé auprès du Grand Roi, qui se prépare, de son côté, à la défense.
C3'rus quitte les frontières de la Pisidie pour gagner la grande route
à travers l'Asie Mineure ; puis il marche sur Tyriaeon, comme s'il
voulait attaquer Syennesis. La femme de ce roi vient à sa rencontre
et lui apporte de l'argent ; ce qui lui permet de payer ses troupes.
A la demande de la reine, il passe une revue de ses troupes, qui
impressionne beaucoup Epyaxa et effraie les Perses.
Cyrus franchit les frontières de sa satrapie et, traversant la
Lycaonie, il arrive aux Portes-de-Cilicie. Ayant appris que Syennesis
était sur les hauteurs pour défendre le passage, il envoie Ménon par
un autre chemin au delà de la montagne, puis il apprend que Syennesis
a abandonné le passage, et il arrive à Tarse, qui est abandonné par le
roi de Cilicie et ses habitants. Dans le trajet des montagnes qui
conduisent à la plaine, deux des loches de Ménon périssent. Sur les
instances de sa femme, Syennesis se rend auprès de Cyrus, qui lui
fait des présents royaux.
DEUXIÈME PARTIE.
ORGANISATION DES TROUPES ASIATIQUES ET GRECQUES.
Armée. — De quels éléments les troupes de Cyrus se composent-
elles ? — D'Asiatiques et de Grecs. — Citez le passage. — ûepoicei tô
T€ pappapiKôv Kai Tô * EXXnviKÔv (§ i). — Cette division ne se retrouve-
t-elle pas ailleurs ? — ' EE^raoïv noiciTai xiùv ' EXXiivujv Kai tujv tîap^tipujv
(§14)-
Armée perse. — Xénophon nous donne-t-il des détails aussi complets
sur les Asiatiques que sur les Grecs ? — Non. — Pourquoi ? — D'une
part, son ignorance de la langue perse et son mépris tout hellénique
420 LE MUSÉE BELGE.
pour le Barbare Tont éloigné de tout rapport avec ces Asiatiques.
D'autre part, pour lui les Grecs sont tout (i). — Ces Asiatiques sont-
ils nombreux ? — On doit le supposer, puisque, quand Tissapheme,
observant les mouvements des troupes qui se concentraient à Sardes,
jugea ses préparatifs trop considérables pour une expédition contre
les Pisidiens, ce n'étaient pas les dix mille Grecs mercenaires qui
pouvaient le faire trembler pour le trône de son souverain (2). — Où
Cyrus passe-t-il en revue ses troupes asiatiques ? — A T5rriaeon. —
Comment l'infanterie est-elle divisée ? — En compagnies, xarà réBeti,
— La cavalerie ? — En escadrons, Kaxà ÏXaç. — Qu'entend- on par
TdKivdKnç ? — Une sorte de glaive à lame peu large et droite, suspendu
à la ceinture du côté droit.
Armée grecque. — A combien d'hommes s'élève l'armée grecque ? —
A la revue de Celènes, ils sont 11.000 hoplites et 2000 peltastes. —
Ce chiffre global concorde-t-il avec l'effectif des divers détachements ?
— Non, car le nombre des troupes s'élève, au § 3, à 7300 hoplites
{Xénias, 4000; Proxène, i5oo; Sophénète (1000) ; Socrate (5oo) ;
Pasion, 3oo ; et 800 peltastes (Proxène, ooo et Pasion, 3oo). —
C'est exact ; mais d'autres troupes vinrent plus tard les rejoindre, —
Oui, Ménon (§ 6), avec 1000 hoplites et 5oo peltastes ; Kléarque (§ 9),
avec 1000 hoplites et 1000 peltastes; Sosis, avec 3oo hoplites et
Agias, avec 1000 hoplites. Nous avons ainsi 10600 hoplites et
23oo peltastes. — Comment expliquez -vous donc la différence? —
Les chiffres sont partout des chiffres ronds ; de là peut-être la diffé-
rence. Il est possible aussi qu'il faille ajouter 400 exilés de Milet, ce
qui donnerait précisément les iiooo hoplites. — Quelles sont les rai-
sons qui poussent ces hommes à se mettre à la solde d'un Barbare ?
— Le bannissement des uns, le dénûment des autres ; parfois aussi le
désir d'aventures. — Citez les officiers auxquels Cyrus s'est adressé
pour enrôler des Grecs. — Cléarque, Proxène, etc. — Où ces officiers
prennent -ils leurs hommes ? — Dans le pays où ils ont quelque
attache, ordinairement dans leur pays natal. — D'où viennent donc
les mercenaires grecs } — De l'Arcadie (Xénias, Sophénète, Agias) ;
de l'Achaïe (Socrate), de la Béotie (Proxène), etc. En résumé, il y
avait surtout des Péloponnésiens ; les Béotiens et les Athéniens
étaient en très petit nombre. — Comment les officiers procèdent-ils ?
— Ils enrôlent leurs hommes : les uns, des hoplites ; d'autres, des pel-
tastes ; d'autres, des archers ; d'autres, des frondeurs. — Comment la
^concentration de l'armée se fait-elle ? — Aussitôt que Cyrus, qui a fait
(1) Voyez 6. Cousin, Kyros le jeune en Asie»Mineure. Paris, igoS, p. io8.
(2) G. Cousin, ouv. cité, p. 109,
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 42 Z
-enrôler des soldats mercenaires, a résolu d'entreprendre son expédi-
ât! on, arpaxeOeaeai, il rassemble son armée (depofZeiv tô OTpdTcu^a). A cet
effet, il envoie Tordre aux différents stratèges chargés de l'enrôlement
de lui amener eux-mêmes ou de lui envoyer les troupes qu'ils ont
levées et exercées ; immédiatement, elles se mettent en marche et
arrivent avec armes et bagages au lieu désigné (Xapôvraç xà ôirXa
xrapeîvai) (i). — Que reçoivent les soldats ? — Comment se paie la
solde ? — Par mois. — Montrez-le. — § ii et § 12 (2).
Quels sont les différents corps de troupes ? — Les hoplites et les
peltastes (§9). — Cest la grande division ; l'auteur ne parle-t-il pas
d'autres troupes ? — Il cite les gymnètes (§ 3), les archers (§ 9). Les
g^mnètes sont les troupes armées à la légère ; elles comprennent,
entre autres, les archers pourvus d'un arc et d*un carquois. Les
peltastes en diffèrent en ce qu'ils ont comme arme défensive un petit
bouclier appelé -nékn].
Occupons-nous davantage des hoplites, que nous pourrions appeler
Vinfanierie de ligne. — De qyelle couleur est leur tunique ? — Couleur
pourpre (§16 xi^iûvaç q)oiviK{ouç). — Quelles sont leurs armes défen-
sives ? — Le casque de métal (Kpdvoç ; § 16 Kpdvn xaXKâ); les jambières
(Kvr|l^îî>eÇ/ id.); le bouclier (daTrfç, id.). — N'ont-ils pas une cuirasse ? —
Ils ne l'ont pas revêtue, pour que l'effet des tuniques rouges soit plus
grand. — Quelle remarque l'historien fait-il au sujet des boucliers
pendant la revue ? — Il dit : xàç dairibaç éKK€KaXu|ui|uiëvaç. En efifet,
pendant la marche, les boucliers étaient recouverts d une sorte de
fourreau que l'on enlevait avant le combat et dans les revues. —
Quelles sont les armes offensives des hoplites ? — L'auteur ne les
indique pas ; il se sert du mot rd ÔTrXa, qui désigne à la fois le bouclier
et la pique.
Passons à V organisation générale de Varmée, Les régiments placés sous
les ordres d'un stratège sont-ils égaux en nombre ? — . Non. Ainsi
Xénias a 4000 hoplites ; Proxène, i5oo hoplites et 5oo gymnètes;
Sophénète, 1000 hoplites, etc. — Comment le régiment est-il divisé ?
— Il est divisé en loches (Xôxoi), de 100 hommes chacun. — Comment
deux loches réunis s'appellent-ils ? — TdEiç. — Et le commandant?
— TaÇlapxoç.
Xénophon nous parle de la transmission des ordres. Comment se
iait-elle ? — Au moyen de la trompette, ^wel éadXmTHe.
Voyons les manœuvres. Elles se font au § i5 par loche. Quel est
( I ) Pascal, Étude sur Varmée grecque, p. Sg.
(2j En lisant le chap. 3, le maître complétera ces renseignements ; les élèves
apprendront de combien est la solde, et ils pourront alors calculer approximati-
vement ce que coûte l'armée grecque. (Voir Cousin, p. 188.)
422 LE MUSÉE BELGE.
son front ? — Le loche, n'ayant que 4 hommes de profondeur,
èm TCTTdpujv, a un front de 24 hommes.
Le chapitre nous fournit quelques détails sur la phalange.
Qu'est-ce que la phalange ? — Quand plusieurs divisions marchen:
en file à côté Tune de Tautre, comme pour le combat, elles consti-
tuent ce qu'on appelle une phalange, La profondeur de la phalange
est ordinairement de 4 ou 8 hommes, c est-à-dire de 4 ou 8 rangs.
Une vraie discipline militaire n'existait pas chez ces mercenaires que
guidait l'intérêt bien plus que le patriotisme. Pourriez- vous trouver
dans notre chapitre des exemples de l'esprit de liberté et d^indépen-
dance qui règne chez eux? — Ils osent réclamer souvent leur solde
(§ II) ; lors de la revue à Tyriaeon, ils chargent sans commandement
(§ 17) ; à Tarse, furieux de la fuite de leurs camarades, ils pillent
la ville et le palais de Syennesis (§ 26).
Marche. — On marche par étapes déterminées > aTaeiaoùç ou (JTa9^ôv
^HeXaOveiv). — De quelle longueur sont les étapes ? — Elles sont
d'ordinaire de 5 parasanges — Que vaut un parasange ? — 5 kil. 565.
— Que valent donc les 5 parasanges ? -^ Par trois fois, dans le
chapitre, l'étape est de 5 parasanges. N'est-elle pas quelcjucfois plus
longue ? — Elle est de 6 (î^§ 10 et 19), d'un peu plus de 6 (,^§ 7, 19,
20, 23), de plus de 7 (§ 6), de 8 (§ 6) et même de 10 (j^ 1 1). — Quelle
est la durée des repos ? — Elle varie : 7 jours à Colosses ; 3o à
Célènes ; 3 à Peltes; 5 à Caystiopédion; 3 à Tyriaeon; 3 à Iconion;
3 à Thoana. — D'où vient cette différence? — Du but de ces haltes :
généralement, on veut reprendre des forces et se ravitailler ; d'autres
fois, on attend les troupes retardataires, par exemple : Ménon (§ 6),
Cléarque (§ 9), et Ton fait un recensement ou une revue (î$.^ 9 et 14;.
D autres fois encore, on célèbre une fête religieuse (§ 10). — Pourquoi
s'arrête-t-on un jour dans la plaine avant de pénétrer dans la Cilicie?
— On craint une attaque de Syennesis : iXi^çjo bè nai lu^wemç €îvai
éiri Tuùv ÛKpujv cpuXdTTtuv Tîiv €iapoXr|v (§ 2l)
Subsistances. — Comment les soldats se procurent-ils des vivres?
— Ils les achètent. Les vivres sont, en effet, mis en vente par des
marchands. Tant que les Dix mille furent à la solde de Cyrus, celui-ci
se chargea d'entretenir un marché (àTopd) : la plupart de ces mar-
chands étaient Lydiens. — Une ressource, c'est le pillage. Citez uq
exemple. — Cyrus permet aux Grecs de piller la Lycaonie (§ 19). —
Un autre exemple ? — Les soldats de Ménon se sont livrés au pillage
(§§ 25 et 26). — Une troisième allusion ? — Le traité avec Syennesis
stipule : Tfjv x«iJpav unK^n àpTrdleaGar xà be i^pwaauéva àvbpdTtoba, fiv irou
évTUTxdvujaiv, dTToXaupdveiv.
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 42$
TROISIÈME PARTIE.
A. Organisation de l'empire perse.
Comment Tempire est -il partagé ? — En satrapies. — Quels
satrapes connaissez- vous ? — Tissapherne et Cyrus. — Tous les pays
qui dépendaient d'eux, étaient-ils entièrement soumis ? — Non. Les
Pisidiens faisaient de fréquentes incursions dans les pays voisins ; la
Cilicie était plus ou moins indépendante ; la Lycaonie était aussi un
pays de montagnards insoumis.
B. Cyrus le jeune.
1 . A quels sports Cyrus s'adonne- t-il ? — A la chasse et à la course
à cheval.
2. Sait-il le grec ? — Non ; car il a un interprète, à moins qu'il ne
regarde comme en dessous de sa dignité de parler officiellement grec.
3. Donnez des exemples de sa générosité envers ses soldats. — Il
est visiblement contrarié, quand il ne peut payer la solde des soldats :
où Tcip ?iv iTpôç ToO KOpou Tpôirou ^xovTa iiii^ dirobibôvai, et dès qu'il a de
l'argent, il leur donne une solde de quatre mois.
4. Comment traite-t-il ses amis ? — Il leur fait des cadeaux splen-
dides, comme à Syennesis.
5. Comment punit-il les traîtres ? — Il met à mort, par exemple,
Mégapherne et un autre officier royal.
6. Que faut-il pour réussir dans une expédition ? — Il faut de
l'argent et des soldats. — Cyrus a-t-il l'argent nécessaire ? — Cyrus a
mal pris ses précautions ; car l'armée n a pas quitté Sardes depuis
plus de cinquante-quatre jours qu'il est dû aux soldats grecs plus de
trois mois de solde (§ ii), et Cyrus, importuné par les réclamations
qui venaient se faire entendre à la porte même de sa tente , n'avait
déjà plus d'argent à Kaystropédion le 29 avril. Heureusement,
Epyaxa lui fit présent, dit-on, de sommes considérables, et le
prince put payer aux mercenaires la solde de quatre mois (j!;? 11 -12).
De plus, Syennesis lui donna encore, de son côté, de fortes sommes
d'argent (§ 27).
7. Que valent ses troupes asiatiques ? — Elles prennent la fuite en
voyant les Grecs charger (§18). — Que valent les mercenaires grecs ?
— Ils sont bien armés, bien exercés, mais ils sont indisciplinés et
pillards.
8. Si Cyrus montre trop de présomption en partant sans avoir
l'argent nécessaire, il montre aussi trop de précipitation. Prouvez-le.
— A deux reprises, il doit attendre en route les troupes qui lui
424 LE MUSÉE BELGE.
manquent : Ménon et Cléarque. Il n'a donc pas fait assez vite la
concentration de ses troupes. — Lui importait -il d'aller vite ? —
Oui ; car Tissapherne est parti pour avertir le Grand Roi.
9. Ce sont là deux fautes ; mais Cyrus fait preuve de certaines qua-
lités. Montrez-le. — Il dissimule, à deux reprises, le but véritable
de son expédition ; il recourt au mirage des promesses (§ 2) ; il permet
de piller la Lycaonie pour s'attacher les soldats ; il fait la revue des
troupes pour effrayer les troupes asiatiques ; il traite en roi avec
Syennesis pour lui montrer qu'il est sûr de la victoire ; il envoie en
avant Ménon et il fait longer les côtes par sa flotte et celle des
Lacédémoniens pour passer sans difficulté les Portes-de-Cilicie.
QUATRIÈME PARTIE.
Xénophon.
Quels* sont les renseignements qu'il donne ?
i** Troupes, — Il donne des détails circonstanciés sur les dififérentes
unités helléniques qui viennent se ranger sur les ordres de Cyrus.
Il ne parle pss de la mobilisation des troupes indigènes. C'est à
Tyriaeon seulement, quand l'armée est partie depuis plus de deux
mois, qu'ils nous montre Cyrus passant la revue des Grecs et des
Asiatiques (§ 14).
2° Deux revues, — Pourquoi deux? — L'une est un simple
dénombrement ; l'autre est un dénombrement et une parade qui
doit impressionner la reine et les troupes asiatiques.
3<> La longueur des marches.
4** La largeur d'un fleuve et le moyen de le traverser : toutou
(Méandre)Tô eOpoç bùo irXëôpa * T^q)upa bè éTrf|v éirrà éEeuTiuiëvTi irXoloiç (§5);
ToO MapoOou TÔ eupôç éaTiv efKom kqI irëvTc irobuj v (§ 8); cupoç bùo nXëOpuiv (§ 23).
50 La difficulté de traverser une montagne^ surtout à cause des
voitures de bagages : ôbôç àiuaîiTôç ôp0(a CoxupiOç, xal dimrixavov cioeXOciv
aTpaT€Û|LiaTi, €Ï tiç éKibXucv (§21) — tô ÛKpo, Ta ôpr|.
6° Les points fortifiés : paalXcia épu^và (§ 8) ; ^poç ôxupôv Kd ùmit^v
(§ 21) — cU xw'piov ôxupôv (§ 24).
/* Les productions du sol : pourvu qu'ime plaine produise du sésame, •
du millet, du blé et de lorge, elle est belle.
8° L*état des villes habitées ou désertes : irôXiv olKOu^iévriy, eùbai^ova ital
M€TdXTiv(§§6,7,2o).
Que concluez-vous de tous ces détails ? — Xénophon est im officier
qui étudie toutes les questions pratiques, qui recherche tout ce qui
facilite ou retarde la marche.
Cet officier est en même temps un patriote. Montrez -le. — l\ est
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 425
constamment préoccupé de mettre en relief l'armée grecque (cf. la
revue) et de laisser si bien dans l'ombre les Asiatiques qu'on finit
par les oublier. Il y a plus, il saisit l'occasion de, rappeler la défaite
<le Xerxès à Salamine.
Xénophon est aussi un homme religieux. Quels cultes rappelle-t-il ?
— Zeus, par la mention des jeux lycéens en l'honneur de Zeus
Lrykaios ; Dionysos, par la légende de Midas ; Apollon et Athéné,
par celle de Marsyas.
En résumé, Xénophon nous donne des détails surtout sur les
troupes grecques (effectif et armement^ sur la marche de l'armée, sur
les contrées qu'il traverse ; il ne parle pas du changement de direction
dans sa marche) ; il touche brièvement à deux fables (Marsyas et
Midas), à la bataille de Salamine et à la fête des Lycéennes ; mais il
décrit en détail la revue devant Epyaxa.
DICTÉES FRANÇAISES
par F. COL LARD, professeur à TUnivcrsité de Louvain.
(Suite.)
44. La veuve anglaise.
Il y a quelque vingt ans, dans un village situé à dix milles et demi
environ de Londres, mourut subitement et sans avoir fait aucun acte de
dernière volonté le mari d'une vieille dame. Le défaut de cet acte allait
priver la veuve d'une succession assez belle qu'elle avait espéré recueillir,
lorsqu'elle s'avisa d'un expédient assez singulier : elle cacha la mort de
son mari et engagea un pauvre savetier, son voisin, qui ressemblait
quelque peu au défunt, à se mettre au lit chez elle, seulement une heure
et demie. Dans cette position, il devait dicter un testament, et, par un
legs dûment en forme, donner tout son bien à sa future veuve. On
mande le notaire. Il arrive au bout d'un demi-ht\iTt et trouve la dame
iftf-téte et tout en pleurs. Elle adresse alors au soi-disant moribond les
questions nécessaires pour qu'il manifeste sa dernière volonté Le
savetier soupire profondément, feint d'être près de rendre l'âme et
répond d une voix demi-éltmlt : « Mon intention est de laisser l'usu-
fruit de tous mes biens à ma femme, et la Mi^-propriété au pauvre
savetier qui demeure en face de ma maison ; c'est un hrave homme
chargé de six enfants dont le dernier n'a pas deux ans et dimi; il mérite
426 LE MUSEE BELGE.
d'être secouru ; il m'a d'ailleurs rendu tous les services qu'il a pu ». A
ces mots, la veuve fut frappée comme d'un coup de foudre ; mais eOc
n'osa souffler mot, dans la crainte de tout perdre, et se vit forcée de
partager avec le rusé savetier le fruit d'un stratagème dont elle avai:
espéré garder pour elle seule tous les avantages.
(Lepetit, 2* année.
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
45. La famine sur un vaisseau.
Les flots mugissants étaient tombés : on n'entendait plus les siffle-
ments aigus des vents soufflant avec violence, ni les craquements des
mâts retentissant avec fracas dans leur chute ; on ne voyait plus devant
soi les abîmes béants, tout prêts à vous engloutir. Mais à ces dangers
en avaient succédé de bien plus graves, de bien plus menaçants. La
faim aux traits hideux et repoussants, l'horrible faim, enveloppant le
navire comme d'un réseau de mort, s'était abattue sur notre malheureui
équipage, et y exerçait des ravages tels qu'il ne peut être donné à une
bouche humaine de les décrire ou de les raconter. Non, vous n'assisterez
jamais à des spectacles plus navrants que celui que nous avons eu alors
sous les yeux. La plupart des matelots étaient là gisants, confondus
pêle-mêle avec les passagers. Les uns, déjà mourants et ne tefiant plus à
la vie que par un vain souffle, ressemblaient plus à des spectres ou à des
cadavres qu'à des êtres vivant encore. D'autres, d'une complexion plus
forte, voyant devant eux la perspective, et sous leurs yeux le spectacle
des maux auxquels ils étaient destinés, s'abandonnaient à toute la
fureur du désespoir. On les voyait errant çà et là sur le navire, poussait
des cris déchirants ; ou bien, à genoux et tremblants, étendant \Q\iTsbT2,%
vers le ciel, et demandant à Dieu de les délivrer de leurs maux. Telle
était notre situation quand nous fûmes secourus.
(Gallien.)
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
46. Rouen.
A sept heures moins un quart nous arrivions à la gare du chemin
de fer de Rouen, et deux minutes plus tard nous partions sans notre
bagage ; mais, grâce à la dextérité du commissionnaire obligeant et
diligent qui nous avait reçus en descendant de voiture, et, il faut bien
l'avouer, mes coudes et ceux de mes compagnons aidant, tout s'ar-
rangea pour le mieux. Nous montons gaiement en wagon, et me voilà
écarquillant les yeux pour saisir au passage les délicieux points de vue
répandus à profusion sur la route. A onze heures et demie nous étions à
Rouen ; mais le temps, qui commençait à se brouiller, vint tempérer
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 427
la joie qui nous avait animés jusque-là. Cependant, comme, à tout
prendre, la mauvaise humeur n'avait pas le pouvoir d'apaiser cette
pluie malencontreuse, qui tombait alors comme si toutes les cataractes
du ciel se fussent entr* ouvertes, nous eûmes bientôt bravement pris
notre parti ; et une fois nos bagages installés sur le pyroscaphe qui
devait nous conduire au Havre, nous commençâmes nos explorations,
non sans avoir préalablement fort bien déjeuné de bifteck et de café
au lait.
Connais-tu Rouen ? Dans le cas contraire, si jamais tes affaires ou
ton plaisir t'y appelle, imite notre exemple ; et au lieu de te briser les
pieds sur les cailloux pointus de ses longues, étroites et tortueuses
rues, va visiter la cathédrale ; vas-y de prime-abord : fais-toi ouvrir
les portes de ses tours ; gravis les deux cent quatre-vingts marches qui
conduisent au sommet. Prends bien garde, chemin faisant, que le
vertige ne te saisisse ; aie la précaution de ne pas quitter la corde, qui,
toute sale et tout usée qu'elle est, n'en est pas moins un soutien solide.
On a vu des gens négligents qui, négligeant cette précaution, se sont
laissés choir. Une fois arrivé sur la plate-forme qui s'avance en saillie,
c'est-à-dire qui saille en dehors, tu me remercieras du charmant coup
d'oeil dont je t'aurai fait jouir ; car, n'en déplaise aux Rouennais,
bourgeois, fabricants de rouenneriés ou autres habitants fabriquant
quoique ce soit, c'est le seul point de vue sous lequel leur ville apparaisse
avec quelque avantage.
(Lévi Alvarès et Rivail, Dictées normales,)
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
47. Le favori.
Le roi de Perse avait un favori ; mais quelque^ grandes que fussent^
les dignités qu'il avait accumulées sur sa tête, de quelques richesses
qu'il Vei^t comblé^, l'âme de ce favori s'était (chose bien rare !) conservée
pure et sans tache au milieu des séductions que la cour lui avait
offertes. Il avait des manières toutes^ simples, tout aimables qui auraient
dû le faire chérir de tous les courtisans, quels qu'ils fussent. Il aimait
véritablement son roi, et les services qu'il avait rendus à l'Etat n'avaient
point été inspirés par l'ambition. Sa conduite, tout humble et toute
simple qu'elle étaii^, avait excité la jalousie des envieux qui avaient déjà
fait pour le perdre tous les efforts qu'ils avaient pu^; mais il s'en fallait
de beaucoup que le roi fût disposé à renvoyer cet excellent ministre,
pour lequel^ il avait une estime et un attachement extraordinaires, une
amitié à toute épreuve. Cependant quelques grands services qu'il eût
rendus à ce prince, quel que fût son dévoûment pour lui, les moyens
428 LB MUSÉE BBLGB.
perfides que les courtisans avaient résolu d'employer contre lui finirent
par obtenir le succès qu'ils en avaient espéré ; et le ministre fut con-
damné à l'exil, tant est peu solide le terrain de la faveur des grands !
(Dictées normales.)
Donnez les explications syntaxiques demandées relativement aux mou icaliqun :
1, mot variable ou invariable : pourquoi î — 2, mode ei temps. — 3, mode et temps ;
de quoi ce temps est-il formé? — 4, nature et orthographe. — 5, mode, différeoce
de sens entre tout humble qu'elle était et quelque humble qu^ elle fût, — 6, variabilité
ou invariabilité. — 7, par quoi lequel pourrait-il être remplacé ? Lequel des deux est
préférable ?
48. Une bonne action.
Une pauvre femme, toute jeune encore, avec un enfant de qusîqtu
sept à huit ans« s'était venue placer dans une avenue des Champs
Elysées, espérant obtenir quelques secours de la charité des passants.
Elle s'est mise aussitôt à chanter, mais tout émue et si tremblante
qu'à peine sa voix pouvait-elle être entendue. Quant au petit garçon,
avec une gravité qui eût prêté à rire dans une tout autre circonstance,
il tirait d'un mauvais violon je ne sais quels sons aigres et criards, qui
ont bientôt fait fuir tous les promeneurs ; de sorte que les deux mal-
heureux n'ont pas tardé à se trouver dans un complet isolement. Seule»
une jeune dame, que j'avais vue. s'apitoyer en les regardant, avait
continué à passer et à repasser devant eux, appuyée au bras d'un
homme, jeune aussi, et, comme sa compagne, vêtu avec une extrême
élégance. Plusieurs fois je les avais vus jeter dans la sébile quelques
pièces de menue monnaie, et cela avec une sorte d'afifectation, comme
s'ils avaient cru appeler d'autres offrandes, en piquant d'honneur, faute
de mieux, l'amour-propre et la vanité. Mais ils n'y avaient point réussi ;
et leur expédient, comme leur bonne intention, était testé sans eSet.
Tout-à-coup, voilà que la jeune dame s'est mise à la place de la
pauvresse tout ébahie, et que la rauque machine du petit bonhomme
a passé dans les mains du monsieur, qui, après quelques sons vigou-
reux qu'il a fait jaillir du chétif instrument, prélude et commence.
Bientôt, à sa voix ample et sonore s'est mariée, comme une âme répon-
dant à une âme, une autre voix timide d'aboi:d, puis hardie et vibrante;
et toutes deux, confondues et distinctes, montent et s'élèvent, comme
la prière vers le ciel, répandant au loin autour d'elles des flots d'une
indéfinissable harmonie. A l'instant, les promeneurs qui avaient fui, se
sont rapprochés, pressés, entassés, pour entendre et pour voir ; les
dons ne se sont pas/ait attendre, et ils se sont succédé rapides dans la
sébile devenue trop petite ; puis les deux virtuoses, jugeant leur mission
et leur rôle Jînis, se sont éclipsés, envolés, comme des anges que sans
doute ils étaient.
(GaUien.)
Rendez compte de l'orthographe des mots italiques.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE. 429^
49. Aventure d^Attale.
1. C'était une rude vie que celle que Ton menait pendant les
premiers siècles de Texistence de notre nation. Il fallait que chacun
luttât continuellement pour conserver sa liberté ou pour la recouvrer ;
car il n'était pas rare qu'on la perdit^ à quelque rang de la société que
Ton appartint. Témoin Attale, neveu du bienheureux Grégoire, évéque
de Langres, devenu l'esclave d'un barbare des environs de Trêves. Le
bon évéque aurait donné tout ce qu'il possédait pour qu'on lui ramenât
le captif.
2* Aussi Tun de ses serviteurs, nommé Léon, résolut-il de tenter
l'aventure, et voici ce qu'il imagina : « J'exige de ton amitié, dit-il à
l'un de ses compagnons, que tu viennes avec moi et que tu me vendes
à ce barbare, maître d' Attale. Le prix de la vente sera pour toi. » Après
bien des hésitations^ l'autre y consentit. Mais tout n'était pas fini :
pour que Léon réussit dans son projet, il était nécessaire qu'il gagnât
la faveur du barbare, et qu'il devint en quelque sorte son intendant. En
moins d'un an, il arriva à ce poste, grâce à ses talents culinaires. Le
seigneur franc, pourvu qu'il fit bonne chère, s'inquiétait peu de
l'origine et des antécédents de ses principaux serviteurs. « C'est main-
tenant, pensa Léon, qu'il convient que je me mette à l'œuvre. »
3. Il se rendit dans la prairie, située proche de la maison où Attale
gardait les chevaux, et, se couchant à terre à quelque distance et \\jX
tournant le dos, afin qu'on ne s aperçût pas qu'ils parlaient ensemble :
• Il est temps, dit-il au jeune homme, que nous songions à retourner
dans notre patrie. Il faut que tu l'apprêtes à partir cette nuit même,
dès que je t'appellerai. » Le soir venu, Léon et Attale s'échappèrent,
non sans avoir enlevé au maître, dans la chambre où il dormait, son
bouclier et sa framée.
4. On devine quelle diligence il leur fallut faire pour qu'ils ne/M55^^
pas rattrapés par le chef barbare, qui s'était mis à leur poursuite.
Cependant les obstacles se multipliaient devant eux. La troisième nuit
était survenue depuis leur départ sans qu'ils eussent pris la moindre
nourriture. Ils allaient succomber à la faim, quand Dieu permit qu'ils
trouvassent un arbre couvert de prunes. Ils en mangèrent, et s'étant un
peu soutenus par ce moyen, ils continuèrent leur route vers la
Champagne.
Comme ils avançaient, ils entendirent un bruit de chevaux. Ils se
blottirent derrière un grand buisson de ronces, leurs épées nues à la
main, afin que, s'ils étaient attaqués, ils pussent se défendre. Les cava-
liers s'arrêtèrent près du buisson d'épines. C'était le barbare, leur
maître, qui était à leur recherche.
43o LE MUSÉE BELGE.
5. Cependant les chevaux ne tardèrent pas à s'éloigner, au grand
soulagement de Léon et d'Attale. Le danger passé, Léon et Attale se
remirent en route et ne s'arrêtèrent plus jusqu'à ce qu'ils ^s^«/ arrivés
à Langres, chez Tévéque Grégoire. Le pontife pleura sur le cou de
son neveu, il voulut qu'on affranchît sur-le-champ Léon et les siens, et
qu'on lui donnât des terres en propre dans lesquelles il vécut libre le
reste de ses jours avec sa femme et ses enfants.
(Larive et Fleury, La deuxième année de grammaire.)
Rendez compte de Torthographe des mots italiques.
5o. Une excursion.
Me voici de retour d'une excursion en plaine campagne et en pleine
mer. J'allai, à trois milles de Londres, chez un ami qui possède ud
magnifique château et un parc rempli de garennes dont il a l'usufruit,
et sa tante la n%u propriété. Plus d'un Anglais affirme^ et la plupart des
voisins assurent qu'il n'y a rien d'aussi beau que tout cela à dix lieues
de là. Devant le château, où le plus grand nombre des statues représente
des sujets mythologiques, et où la plus grande partie des bosquets
porte des inscriptions latines ou françaises, il y a mille ruisseaux arro-
sant et rafraîchissant d'admirables boulingrins (pièces de gazon) tout
semés de dahlias, de rosiers, de marguerites et de pensées. Autour
du parc, que protègent contre les maraudeurs de nombreux gardes-
chasse^ se déploie une vaste étendue de terres labourables dont la
plupart sont affermées, de père en fils, à de très anciens cultivateurs.
Une foule de troupeaux, conduits par leurs bergers, dépouillent l'herbe
à belles dents, et enrichissent de leurs produits fermiers et propriétaires.
Jamais je n'en ai tant vu paître ensemble; jamais je n'en ai tant rwi-
sidéré d'un seul regard. Il est rare, en effet, de voir dans nos pays un
si grand nombre de brebis appartenant au même domaine, et qui
paissent ensemble sur un même territoire,
(De Grisy, Nouveau cours de dictées françaises.)
Expliquez Torthographe des mots italiques.
5i, La fabrication de V acier.
Quelques^ grandes recherches qu'on ait faites'^, on n'a trouvé aucun
renseignement sur l'origine de la fabrication de l'acier; mais une
opinion qui s'est fort accréditée, la fait remonter aujourd'hui à une
époque bien antérieure à notre ère. Dans l'antiquité, c'étaient^ les
Indiens qui excellaient à travailler l'acier, et c'était de leurs usines que
sortaient* la plupart de ces fameuses lames d'épée appelées lames damas-
PARTIE PÉDAGOGIQUE. ^3l
SUS, non, comme il n'est pas rare qu'on le croie^, parce qu'elles se
faisaient à Damas, mais parce que c'est de cette ville que^ les Euro-
péens les tiraient anciennemenl. La fabrication de iWier fut également
très avancée chez les Egyptiens, témoin les monuments de granit dont
les innombrables sculptures n'ont pu être exécutées qu'avec des outils
d'acier. Les Grecs se vantaient d'avoir inventé l'acier ; mais c'était à
tort, car il est certain que l'Egypte ou TOrient le leur avaif fait con-
naître. Les procédés des Grecs, si toutefois ils en ont eu^, ne pénétrèrent
jamais chez les Romains, qui attribuaient aux Espagnols l'invention
de Tacier. En effet, pendant les dix siècles, qu'a duré^ le moyen âge,
l'Espagne a excellé dans la fabrication du métal dont il s'agit ; quelques
aciéries s étaient cependant élevées dans plusieurs pays d'Europe;
mais la France n'en a possédé qu'à une époque toute moderne ; la
première aciérie y fut créée, dit-on, vers mil^^ six cent, sur la rivière
des Gobelins, à Paris.
( D'après le Grand Dict. univ, du XI X* siècle, dans Lepetit,
Dictées littéraires,)
Faites les remarques syntaxiques auxquelles donnent lieu les mois italiques :
1, variabilité ou invariabilité; 2, mode et temps; 3 et 4, accord du verbe;
5, mode ; 6, pourrait-on remplacer que par dont ? 7, accord du verbe ; 8 et 9, varia-
bilité ou invariabilité; 10, orthographe.
52. Une trombe d'air.
Représentez- vous une masse d'air prise tout à coup entre deux vents
contraires, et tournant avec rapidité sur elle-même, comme le sabot
sous le fouet impitoyable. Dans ce mouvement, elle sest rétrécie
à sa base, et ouverte à sa partie supérieure en forme d'un immense
cratère. La voilà qui s'élève en tournoyant, emportée avec une vitesse
effrayante par le milieu des airs. Tous les objets, quels quWs soient^
qu'elle a rencontrés devant elle et autour d'elle, sables, pierres, arbres,
habitations même, elle les a saisis, entraînés, engloutis dans ses vastes
flancs.
Alors, malheur au pays sur lequel aura passé la tempête ! car les
autres fléaux ne sont rien auprès de la trombe d'air : ni les tremble-
ments de terre; ni la foudre; ni la grêle détruisant tout sur son pas-
sage ; ni les torrents et les rivières débordés, inondant les campagnes et
couvrant d'une vase épaisse les guérets ensemencés, seule espérance
du laboureur ; ni enfin aucune des autres calamités sans nombre par
lesquelles la terre s'est vue si souvent ravagée.
O vous, à qui il est arrivé de parcourir, après le passage d'une
trombe, la contrée malheureuse sur laquelle s'est exercée sa fureur.
432 LE If USÉE BELGE.
dites-nous si quelque chose a été respecté^ même la moisson du pauvre^
si une seule demeure s'est vu épargner, même la maison de Dieu.
(GaUien.)
Donnez les explications grammaticales que demandent les mots italiques.
53. Les fourmis.
Les fourmis sont de petits insectes qui vivent en société ; elles pré-
sentent trois sortes d'individus : les mâles et les femelles, chargà de
la reproduction de l'espèce, et les neutres ou fourmis ouvrières^ qui
doivent pourvoir aux besoins de toute la société, rassembler les
matériaux de la fourmilière, procéder à sa construction, réunir les
Tivres nécessaires à la nourriture des larves et à celle des individus par-
faits. Toujours en mouvement, elles marchent à la suite les unes dc&
autres et sur deux files : d'un côté se trouvent celles qui s'éloignent de
la fourmilière, et de l'autre celles qui^ reviennent. Les unes roulent
kborieusement des grains quelquefois plus gros qu'elles ; àHautres se
réunissent pour voiturer une paille, un brin d'herbe ou de bois. Pen-
dant ce temps, celles qui sont restées au logis continuent à creuser des
galeries, les étançonnent, et construisent des magasins oii leurs larves
trouveront les provisions nécessaires.
Les fourmis se nourrissent surtout de matières sucrées ; aussi les
voit-ofî souvent envahir par bandes innombrables les armoires w Ton
serre des confitures, du sucre, du miel. Elles donnent la chasse d'une
façon fort curieuse aux petits insectes appelés pucerons, que l'on trouve
particulièrement sur les rosiers, les pêchers : non pas qu'elles fassent
leur proie des animaux eux-mêmes ; elles se bornent à leur dérober
une matière gommeuse et sucrée qui enduit leur corps. Elles sont
d'autant plus à leur aise pour dépouiller ces insectes, que ceux-ci
restent à peu près invariablement fixés sur la branche ou la feuille où
ils sont éclos.
On exagère beaucoup le tort que les fourmis font à la culture. Elles
ne dévorent point les feuilles des arbres ; tout au contraire, elles font
la guerre aux insectes qui les dépouillent ; elles n'attaquent presque
jamais les fruits, et n'y touchent que lorsque d'autres insectes, comme
les guêpes ou les perce-oreilles, ont commencé à les entamer. Mais en
creusant les fourmilières au pied des arbres, elles fouillent le terrain,
dépouillent les racines, et quelquefois même les coupent pour percer
leurs galeries.
Les fourmis, à l'approche des froids, s'enferment dans la fourmilière
et y demeurent ensevelies dans un sommeil léthargique, que partagent
aussi les pucerons élevés par elles en captivité. Leurs provisions ne
PARTIE PÉDAGOGIQUE. 433
sont donc pas faites particulièrement en vue de la saison d'hiver,
puisqu'alors elles n*en peuvent jouir. Ainsi la fable de la Cigale et la
Fourmi, toute charmante qu'elle est, a le grave tort de donner aux
enfants deux idées fausses ; car la cigale meurt à l'automne et la fourmi
s'endort pendant l'hiver. Nous ne parlons pas de ce vice d'égoisme
dont elle semble faire un mérite à la fourmi.
(Garrigues.)
Donnez les explications grammaticales que demandent les mots italiques.
54. La baleine.
La nature s'est plu à fabriquer à la baleine sur les deux côtés de la
mâchoire supérieure, en compensation des dents qu'elle ne lui a pas
données, un des appareils les plus extraordinaires que vous ayez entendu^
décrire. Sur les bords de la bouche, la baleine porte un grand nombre
de lames cornées qu'on a nommées fanons, et que l'industrie humaine
a utilisées de mille et une façons. Au sommet et sur les bords des
fanons, les fibres élastiques dont ils se composent, se détachent de la
lame, et on les yoil pendre^ hors de la bouche comme des touffes de
crin. Quand la baleine veut faire un repas, elle étale à la surface de
Teau ses fanons, dans les barbes desquels accourent^ st jouer* une foule
de tout petits animaux marins. Tout à coup^^ au moment où la troupe
est au complet, le colosse ouvre sa gueule toute^ grande, et Teau de la
mer s'y précipite comme dans un gouffre, entraînant avec elle les petits
imprudents, qui disparaissent à jamais. Seulement, comme l'estomac
de la baleine, quelque"^ écartées quV«* soient les parois, serait trop
gorgé d*eau, il a été pourvu d'un appareil particulier qui obvie à cet
inconvénient. Tout le liquide superflu est rejeté de l'arriére- bouche,
et s'élance en longs jets par les fosses nasales.
(D'après Xavier de Maistre, dans Lepetit, Dictées littéraires,)
Faites les remarques grammaticales auxquelles donnent lieu les mots italiques :
1) mode et temps ; 2 et 4} fonction ; 3) accord ; 5) comparez avec tout d'un coup ;
6 et 7) nature ; 8) emploi.
55. Le chien du lépreux.
Depuis quelque^ deux ans, un petit chien s'était donné à nous ; ma
sœur l'avait pris en affection, et, depuis que la mort me l'avait ravie,
ce pauvre animal était une consolation pour moi. Nous devions sans
doute à la laideur que lui avait donnée la nature, le choix qu*il avait
fait de notre demeure pour son refuge. Riches, pauvres, tout le
monde Yavait rebuté'^; mais il était encore un trésor pour la maison du
lépreux. En reconnaissance de la faveur que Dieu nous avait accordée
4^4 • LE MUSÉE BELGE.
en nous donnant cet ami, ma sœur et moi l'avions nommé MiracU ;
et son nom, qui contrastait avec sa laideur, autant que sa gaieté
naturelle, nous avait distraits^ de nos chagrins. Quelle que y»/* notre
surveillance, il s'échappait quelquefois, et je n'avais jamais pensé que
cela pût^ être nuisible à quelqu'un. Cependant plusieurs habitants de
la ville s'en étant alarmés, crurent qu'il pouvait les iafecter du
germe de ma maladie; ils se plaignirent au commandant, qui ordonna
que mon chien /ùt tué^. Des soldats passèrent une corde au cou du
pauvre animal, et l'entraînèrent ; ils voulaient le noyer, mais la popu-
lace qui s'était amassée devant la porte l'assomma à coups de pierres*.
Je passai le reste de la journée et la nuit suivante tout' entière dans
une agitation, une fièvre brûlante*.
{D'après J. Macé, dans Lepetit, Dictées littéraires.)
Faites les remarques syntaxiques auxquelles donnent lieu les mots italiques :
i) nature ; 2 et 3) accord ; 4, 5 et 6) mode et temps ; 7) nature; 8» accord.
56. L'Afrique septentrionale,
L'Afrique, qu'on a reconnu^ être beaucoup plus petite que l'Asie, est
la contrée qu'on a le moins explorée ; son climat brûlant, ses déserts
affreux, ses habitants tout'^ barbares ou tout stupides, l'ont fait passer
longtemps pour la dernière des contrées du globe. Cependant une
partie de cette terre désolée s'est enorgueillie d'être les délices du
monde, et un de ses peuples, qui a bien dégénéré depuis, nous a
donué^ les premières notions des sciences. L'Egypte, en effet, tout
amoindrie et toute déchue qu'elle est, a été le berceau des connaissances
humaines ; et la côte de Barbarie, appelée aussi et avec plus de raison
Berbérie, s'est vw* surnommer le jardin du monde, pendant toute la
période de temps qu'a duré la fortune de Carthage et de Rome. C'est
aussi là que, dans des temps plus reculés, la mythologie avait placé le
jardin des Hespérides avec ses pommes d'or gardées par un dragon.
Traçons en quelques mots les différentes révolutions qu'il y a eu^ dans
cette contrée. Les anciens n'ont point connu le contour entier de
l'Afrique, quoique plusieurs historiens aient avancé que les Phéniciens
et les Carthaginois en avaient fait le tour ; car la plupart de ceux qui
ont écrit sur la géographie ancienne se sont tus sur ces voyages ou les
ont révoqués en doute. QuoiquhX en soit, on peut dire que les Grecs et
les Romains n'ont connu de l'Afrique que la côte septentrionale. Nous
parlerons une autre fois des peuples qui s'y sont succédé.
{Dictées normales.)
Donnez les explications grammaticales relatives aux mots italiques. — i, 2,4,
5. Variabilité ou invariabilité. — 3. Accord du verbe et du temps. — 6. Orthographe.
TABLE DES MATIERES.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
I. Noms des Auteurs,
Abbott, F. F.
Abele, Th. .
Achelis, Th.
Albers, R. P.
Albers, Paul
Allard, P. .
AUcn, P. S.
Allô, B. . .
Aliéna, Ch.
Ammon, G.
Andresen, G.
Ansiaux, M.
Antonis, E.
AudoUent, A.
Aulard, A. .
Bâcha, E. .
Balau, S. .
Bang, W. ,
Barrés, M. .
Batiffol, P. ,
Baudrillart, A.
Baur, Chr. .
Bauwens, E.
Bayot, A. .
Bechtel, F.
Becker, A. .
Bédier, J. .
Beloch, G.
Berger, P. .
Bergin, D.*.
Berlièrc, U.
Bertrang
Besnier, M.
Bcthune, F.
Biberfeld, C.
. 4o5
. 269
. 209
. 407
. 35i
335, 408
. 4o3
. i55
. i5o
. 404
, 4o3
. 334
. 35q
. 335
. 209
. 336
. 333
. 336
. 210
. 408
. 409
• »49
. 33o
. 335
. 208
. 81
. 209
. 404
. 274
. 382
333, 394
. 390
. 379
. 335
. 391
Biese, A. .
Bigwood, G,
Biré, E. . .
Biron, R. ,
Bischoff, H.
Bodin, L. .
Bouwman, B.
Boxler, A. .
Brandi. K. .
Brants, V. .
Brassine, J.
Bréhier, L.
Breiter, Th.
Bremond. H.
Bricteux, A.
Broeckaert, J.
Brouwers, D.
Brûck, A. .
Buecheler, F.
Buitenrust Hettema
Burghard, G.
Cabrol, F. 58,
Cahen, A. .
Gagnât. R, .
Cantarelli, L.
Capellanus, G.
Carlot, A. ,
Garra de Vaux
Gauchie, A.
Gauer, P. .
Gavaignac, £.
Gavallera, F.
Gevolani, G.
Chaineux, J.
Ghapoi, V. .
258,
277
334
22
2l3
1,336
192
406
246
325
334
335
4-8
81
2l3
337
33 1
333
3y9
208
F.
141
l52
342,407
73
25o
Chauvin, V.
Glassen, J. .
Clerget, P. .
Gloson, J. .
Cohen, G. .
Colasanti, G.
Coopman, Th,
Cornélius, P.
Couailhac, M.
Couul, A. ,
Counson, A.
Coupin, H,
Cramer, F,
Cumont, F,
Cuvelier, J.
337
403
279
333
32
404
33i
3o
404
336
410
208
271
334
272
334
33
334
236
3i6
82
208
247
d'Arbois de Jubainville, H.
ly
Daremberg et Saglio 342
de Bethune . . . 336
de Borchgrave, E. . 277
de Borman, C. . . 333
de Cepeda, R. R. . 334
De Cock. A. ... 268
de Félice, Ph. . . 194
de Haerne, X. . . 344
De Jonghe, E. 26, 27, 394
DelarucUe, L. . . i2h
de la Vallée Poussin, L.
332
Delpérier, L. . . . 339
Delehaye, H. . . . 332
de Loo, G 338
de Marchi, A. . , . 193
Demarteau, J. E. 324, 335
Denucé, M. . . . 338
436
LE MUSÉE BBLGB.
De Pauw, N. . . . 343
De Ridder, A. . . 191
Derume, E. , . . 36i
de Stainlein-Saalenstein, V.
49
de San, L 35
de Smedt, Ch. . . 334
de Vooys, C. G. N. . 328
deWitte,A. ... 333
d'Haussonville . . 273
Diehl, Ch. . . . 81,209
Dimoff^ P 199
Dorwald, P. . . . 374
Donady, J. . . . . 274
Dony, E 333
Doutrepont, A. . . 335
Doutrepont, G. . . 335
Drerup, E. . , 268, 269
Dubois, Ch. . . . 188
Dufourcq, A. . . . i5o
Duval, R 408
Dybolski, R. . . . 76
Elsaesser, Th. . . 377
Elter, A 375
Engeli, Ad. ... 244
Ernout 2i5
Fairon, E 333
Fassbinder, F. . . 392
Fayen, A. . . . 333, 394
Feller, J 336
Fierens-Gevaert, H. 337
Finsler, G. ... 378
Fiske, W 82
Flach, J 398
Flammarion, C. . . 97
Flamme. J. ... 358
Fonsny, J 72
Fontaine .... 342
Forrer, R i33
Fournier, P. . . . 404
Francotte, H. . . 269, 335
Frcdericq, P. . .212,33
Freeman, K. J. . . 363
Friedrich, E. . , . 272
Fris, V 395
Fritsch, O. ... 208
Gaffiot, F. ... 321
Gaillard de Champris, H.
273
Garriguet, L. . . . 83
Gelli, J 279
Gezelle, G. ... 151
Gilliard, Ch. . . . 117
Girardin, J. . . . 21
Giraud, V. . . . 21,406
Gnecchi, P. ... 271
Grupp, G 212
Goetstouwers, J. B. . 288
Goessler, P. . . . i53
Golther, W. . . . 81
Goodspeed^ E. J. . 81
Gougaud, L. . . . i54
Goyau, G. . . . 33, 149
Grafé, A 332
Graindor, P. . . 187, 335
Gram, J 211
Grammont, M. . . 261
Grégoire, A. , . 336, 409
Grimme, H. , . 268, 269
Grossi, E 404
Grupp, G 407
Grûumacher, G. . 82
Gudeman, A. . . . 148
Guillaume, L, . . 335
Guillevic, A. . . , 20
Guiraud, J. ... 409
Guth, G i52
Guzman, P. ... 341
Hadzidakis, G. D. . 190
Halflants, P. . . . 272
Halkin, J 334
Halkin, L 41$
Hamelius, P. . . . 336
Hansay, A. ... 334
Haust, J. . , . 274, 336
Hedde, R 407
Heinze, R. ... 4o3
Helm, K i5i
Helm, R. . . . 148, 272
Henkens, P. . . . i52
Henquinez, H. . . 335
Henze, R 272
Herdcr . . , . . 83
Heyne i5o
Hodgman, A. W. . i5
Hoffmann, O. . . , 208
Hohlwein, N. , . 404
Holtvfist, K. . . . 267
Honunel, F. .
Houllevigue, L.
Hubert, E.
Hulin, G. .
Hymans, H.
Immisch, O.
Jackson, J.
Jacquemotte, E.
Jakob, F. .
Janssens, J.
John, O. .
Jullian, C. .
Jugé, C. .
Kalff, G. .
Kaufmann, F.
Relier, P. .
Kerne, O. et E
Kiessling, A
Kirsch, J. P
Kluyver, A.
Kochendoerffer
Koening, G
Krause, E.
Kretschmer, P
Kroll, W. .
Krueger, E.
Kugéas, S.
Kurth,G
209
380
334
338
333
402
• 404
. 274
. 32
371, 373
. 391
. 61
. i36
. 142
. 205
• 391
. 40a
. 405
• 268
. 211
. . i5i
. 4o5
. 320
. 207
193, 272
. 208
. 208
5. 35,84,
274, 284, 390, 410, 412
Labourt, J. ... 408
Ladeuze, P. . . . 335
[,aenen, J 396
L ahaye, L. . . . 332
I.anciani, R. ... 342
Lane, M. C. . . . 406
la Rue van Hook . 4o5
Laurand, L. . • . 16
Laurent, M. ... 335
La Vieuville ... 400
Lavisse, E. ... 33
Leclercq, H. • . • 408
Leendertz, P. . . . 23
Le Goff", P. ... 20
Legrand .... 342
Legrand, G. ... 336
Lehmann, P. . . , Sy
Lejay, P 335
TABLE DES MATIÈRES.
437
C-cjeune, J.
I^eopold, J. H.
^ermann, W. .
Liégeois, C. .
X^getnan, H. .
Lonchay^ H. .
Lorin, H, . .
•Luchaire, A. .
"Magnette^ F. .
3iaUinger, L. •
Mantion, J.
Mantenay, M.
Mantzius, K. .
Marchai, E. .
Maréchal, Ch.
Martin, E. W.
Maninon, Ph.
Marx, E. . .
Masqueray, P.
Matthias, Th. v.
Maurenbrecher,
Mazon, P. . .
Meillet, A. . .
Mclsted, B. Th.
MeufiFels, H. .
Meyer . . .
Meyer, E. . .
Mcyer, F. . .
Meyer, K. . .
Michaelis, A. .
Michaux. . .
Michel, A. . .
Mitteis, L. . .
Moeîler, Ch. .
Molien, L. A. .
Moore, C. H. .
Morin, G. . .
Muldcr, R.
Muncker, F. .
Napoletani, G.
Navarre, M. .
Neuray, F.
Newman, Le card
Nicole. J. . ,
Nipperdey, K.
NoNvack, A.
OehIer.R.
Pandelakis .
. 274
24, 404
. 271
198, 332
. 406
. 334
. 34
278, 409
334
198
336
409
273
332
i36
405
368
142
81
336
461
192
80, 214
. 78
213,397
34, i55
325
i5i
382
402
357
279
148
332
22
405
335
376
277
404
278
402
2l3
3i
4o3
39.
Paquay, J.
Paquier, J.-B,
Pargoire, P. C,
Partnentier, A
Parsy, J. .
Passy, P. .
Pianigiani, O.
Pijper, F. .
Pirennc, H.
Pitacco, G.
Pissin, R. .
Poelhekke, F.
Poncelet, A.
Poncelet, E.
Poullet, P.
Prastf, A. S.
Preuschcn, E.
Reich, E. .
Reiners, A.
Renault, J.
Reypens, L.
Riczlcr, K.
Rintelcn. M.
Robert, C. .
Roersch, A.
Roland, C. G.
Rosegger .
Rhys, J. .
Saalfeld, G. .
Salembier, L.
Sangnier, M. .
Sandys. J. E. .
Satchcll, F. .
Sauveur, A.
Schaefer, A, .
Schamberger. M,
Schepers, I. B.
Schmitt, C.
Schmid. G.
Smiis, C. F. X.
Schwartz. E. .
Secnmelier, J.
Seilcr, F. . .
Sepet, M. . .
Simenon, G. .
Skucsch, F.
Solmson, F. .
Sommer, F. .
Sorlin-Dorigny
Souriau, M. .
211
333
252
391
74
332
333
2o5, 334
405
405
274
214
408
278
27
263
258
390
32
359
ii5
337
36o
336
336
75
38i
336
408
262
367
277
272
60
56
406
397
237
287
'49
336
181
335
332, 343
207, 208
. 208
. 208
. 342
. i37
Springer, A. . . . 34
Stamm i5o
Stapelkamp, Ch. . . 342
Stern, A 78
Steup, J 4o3
Stokes, W 21
Strong. A i3
Strowski, F. . . . 214
Sûtterlin, L. ... 140
Teirlink, I. ... 268
Thédenat. H. . . . 270
Thieme, K. ... 271
Thouverez, E. . . 33
Thiele. R 208
Tixeront, J. ... 408
Torfs, A 359
Tourneur, V. . . . 337
Trésal, J 408
Uhlenbeck, C. C. . 211
Ulens, R 334
Ulrix, E 274
Vaes, M 288
Vahlen, J 371
Valois, N 146
Van Bastelaer, R. 333, 338,
409
Van Bleek, G W. . 254
van Brabant, W. . .410
Van den Gheyn, J. 84, 272,
334
VandeGraft, C. C . i52
Van den Ven, P. . 335
Van der Essen, L. . i53
Vander Haeghen, V. 333
Vander Lindcn, H, 333,343
Van de Vorst, Ch. 371, 373
Van de Weerd, H. . 149
Van Dooren, J. . 72, 259
Van Hcrwerden, H. 270
Van Houtte. A. . . 334
Van Loghcm, M. . 211
Van Mien, L. . . 61
Vannérus, J. . . . 333
Van Overbergh, C. 26, 391
Van Poppel, G, . . 406
Verdam, J. . .211,212
Verdenius, Th. . . 406
Verwey. A, . . . 393
Vial, F 273
438
LE MUSÉE BELGE.
Vierhout. C. J. . . i5o
Vigoureux. . . . 342
Vnicy, P 3«3
von dcr Leycn, F. . 274
VoUmer 208
von Wilamowitz-Moellen-
dorC U. . . 241, 217
VuyUteke .... 843
Wahner, J.
Waltzing, J. P.
Warker, N. .
Wcber.H. .
Weigand, F. L.
Wendland, P.
Wcrner, A.
Woerner, R. .
Wolter, K. .
Wagner, R.
82 Worp, J. A. ... 273-
336 Wredc, F. . . . tbo
390 Wright, C. ... 139.
269 WucIfingvJ. ... 335
204 Wustmann, G. 276, 264
119
272 Zielinski, Th. . . . ?6i
t8 ZucbholdrH. . . . 3qi
32 Zyromtki, E. . . . 26 r
401
H. Mélanges,
Albert Counson^ De la question de savoir si un Allemand peut avoir de L'esprit. 8-
Le même. Le génie poétique de Taine, ses admirateurs et ses déuacteurs . 97
£e Wm^. Les mots empruntés 181, 229^
A, De Ceuleneer, Le Congo (Bibliographie) 357
Godefroid Kurth^ Le neuvième centenaire de Notger ... 5, 284
Le même, Une encyclopédie catholique . . . . * . . . 35
il (pA. /?o*r5c/r, La vie universitaire en 1 522 . . ... . 11
J, P, Wfl//fm^, Les nouveaux fragments de Ménandre . . . . 217
E, Wiimeur, Un poète inconnu. M«« la comtesse Valérie de Stainlein-
Saalenstein 49-
Concours général de T Enseignement moyen en 1908 309.
III. Publications périodiques,
Biblioteca di geografia storica pubbl. sotto la direzione di G. Beloch . . 404
Bibliothèque de la Faculté de Philosophie et Lettres de T Université de
Liège, XVII . . 18Ô
Bu{letin de la Société d*Art et d'Histoire (Liège) . . . . 343
Cornell Studies of classical philology 4o5*
Glotta. Zeitschrift fur griechische und lateinische Sprache .... 207
Jahrbuch des deutschen Vereins zur Hebung und Pflege der Munersprache
im deutschredenden Belgien . . $90
Jahresberichte fur neuere deutsche Literaturgeschichte. Bd. XIV. . 24, 276-
Mûnchener Beitrage zur romanischen und englischen Philologie hrsg von
H. Breymann und J.Schick, XXXVII 3a
Mûnchener neueste Nachrichten. Beilage 276-
Roemisch-germanisches Korrespondenzblatt 208
Recueil de travaux publiés par l'Université de Louvain. XIX-XXI . « 287
Studi di Storia antica (G. Beioch) 404
Studien zur Geschichte und Kultur des Altertums 26S'
Transactions and proceedmgs of the american philological Association . 405
Verslagen en mededeelmgen der kg. Akademie van Wetenschappen. Letter-
kunde (Amsterdam) . . . , 211
Wissenschaftliche Beilage zur allgemeinen Zeitung 276*
TABLE DES MATIÈRES. 489^
IV. Collections et Manuels,
Album belge de paléographie, par J. Van den Gheyn .... 84, 372
Catholic Ifncydopedia . 34
Collection linguistique (Paris, Champion) 214
DeutscheTextedes Mittelalters, Vin, IX, XIII i5i
Dictionnaire d'archéologie chrétienne, par dom Cabrol . • 58, 258, 342, 407
Dictionnaire de la Bible, par Vigouroux 342
Dictionnaire des Antiquités grecques et rpmaines, par Daremberg et Saglio. 342
Dictionnaire général de la langue wallonue ........ 38^
Goldene Klassiker-Bibliothek (Bong) 277
Gymnasinl-Bibliothek, 45-48 208
Herders Konversationslexikon. 3*« Aufl. . 83
Mélanges Godefroid Kunh 288,331,410
Meyer^s Grosses Konversationslexikon, XVI-XVIII .... 34, i5S
Middelnederlandsch handwoordenboek (J. Verdam) 212
Réclamas Universalbibliothek • • • • 276
Sammlung romanischer Elcmentai;- und Handbûcher hrsg. von Meyer-
Lûbke . ^1
V. Chronique,
Académie royale de Belgique. Programme de ses Concours ,. , . 414
Académie royale flamande. Programme de ses Concours . . . 157,216
Album belge de paléographie, par J. Van den Gheyn 84
Ateliers monétaires de l'Empire romain 2i5
Allemagne :
Enseignement public 287
Production livresque • . 276
Représentations théâtrales 376
Bible : vieux manuscrits 2i5
Concours des Bourses de voyage (1907). Résultats 38
— Mémoires envoyés au Concours de 1908 . 280-
CoDCOurs universitaire 1908-1910. Questions 344
Congrès de TAssociation belge des professeurs de langues vivantes. Compte
rendu du Premier Congrès 82
— Deuxième Congrès ajourné 344
Congrès historique international de l'indépendance espagnole . . . 283
Cours d*art et d'archéologie au local « Patria » . • . . . 41 3
Cours pratiques d'archéologie au Cinquantenaire 41 3
Katholieke Vlaamsche Hoogeschool-uitbreiding van Antwerpen. Gedenk-
boek 37
Mélanges Godefroid Kurth 288,331,412
Ménandre. Les nouveaux fragments. Bibliographie 217
Modernisme. Documents sur sa condamnation i55
Nécrologie : Alfred Grafé 84
— Gaston Boissier 281
Notger. Neuvième centenaire 5,284
440
LE MUSéE BELGE.
Prix quinquennal de littérature française . 412
Société royale de littérature de Londres : G. Kurth, E. Verhaeren, M. Mae-
terlinck nommés correspondants 84
Société internationale de dialectologie romane 37
Sparte. Fouilles . 282
Tbéodoric. Le palais de Théodoric, à Ravenne '411
Toponymie. Glossaires . 274
Etudes toponymiques 410
Université de Liège. Nominations ...... 38, 34S, 411
Les Universités en Europe ., 411
Wilamowitz- Fonds 411
PARTIE PÉDAGOGIQUE.
F. Collard, Dictées françaises 47, 226, 3o5, 425
Le même, Trois leçons de rédaction 353
Le- même. Leçon de répétition en 4« latine . 417
V. Gérard, Lqs premières pages du Pro Milone, Essai d'analyse littéraire . iSq
H. Gérardy^ Explication d*un morceau de français pour la 4^ ou la 3« . 89
Le même. Devoirs français 94
il. Jan^e^t, Les cours de vacances a l'Université de Louvain . . • 289
il. Po/s5/n^er, Leçon de conversation latine en sixième . . . . 219
Wathelet^ Un moyen de former le goût chez nos élèves .... 39
Le même. Comment développer l'impressionisme chez nos élèves . . 346
faria,
282. A, Bruck, Bourses d^études en faveur des Luxembourgeois (J. P. W.) . 399
283. La VieuviUCy Psychologie japonaise (L. de la Vallée-Poussin). . . 400
Notices et annonces bibliographitiaes.
284-316. Publications de Maurenbrecher et Wagner, Immisch, Michaelis, Otto
et Else Kerné, Neuray, Allen, Classcn et Steup, Kiessling et Heinze,
Nipperdey et Andresen, Leopold, Ammon, Beloch, Colasanti, Grossi,
Hohlwein, Lane, Preuschen, Koerting, Giraud, Schepers, Bouwman et
Verdenius. Van Poppel, Logeman» Grupp, Albers et Hedde, Cabrol, Trésal,
Baudrillart, Mantenay, Luchaire, Van Bastelaer, A. Grégoire, van Brabant,
Coupin ••..•.... 401
CHRONIQUE.
317-335. Études toponymiques, Nominations à TUniversité de Liège, Fonds
Wilamowitz, Ravenne, Universités en Europe, Cours d*art et d*aJchéologie,
Prix quinquennal de littérature, Mélanges G. Kurth, Concours de TAcadé-
mie royale (programme) , . . .410
PARTIE PÉDAGOGIQ.UE.
F. Collard, Leçon de répétition en 4* latine . • . . . •417
Le même. Dictées françaises (suite) , .• . . 425
Table des matiIcres du voliaib XII . . 435
Mélanges Godefroid Kurth
PUBLIÉS PAR LA FACULTÉ DE PHILOSOPHIE ET LETTRES
DE l'université DE LIEGE
Tome I. Mélanges historiques.
Tome II. Mélanges littéraires, philologiques et arohéologiques.
Deux volumes gr.-8<» jôsu9, de 550 pp. chacun. Cet ouvrage a été publié
par souscription. Il reste quelques exemplaires, qui sont en vente au prix
de 12 fr. 50 le volume, chez Vaillant- Carmanne^ 6, rue Saint- Adalbert^ à
Liège; Albert Detoit, rue Royale, à Bruxelles; Honoré Champion, quai
Malaquais, 5, d Paris.
SOMMAIRE.
MELANGES.
A. De Ceuîeneer, Le Congo. Ouvragos de Michaux, Flamme et Anionis .
35 7
253,
254
255,
256.
257
259,
260,
261.
262.
203.
2G4,
265.
26Ô.
267.
PARTIE BIBLIOGRAPHIQUE.
Antiquité classique.
, C. Robert^ Dcr Neue Mcnander(A. Humpers .
, Th. Zieîinski^ Le monde aniique et nous (E. Rcmy)
, K, J, Freeman^ Schools of Hcllas (A. Humpcrs) .
J, E Sandys^ A history of classical scolarshîp (J. P. \V.)
8. Ph. Martinon, Sophocle, Electre. Drames d'Kuripidc^A. Humpcrs)
J. Vahlen^ Opuscula Academica. H (J. P. W.)
C//. Van dt Voi-s/, Gfammaire grecque (A, Grégoire)
Ch, Van de Vorst^ Grammaire latine (G. Caeymaex)
P, Dônvald, Kunst des Ueb^rsetzens (A^ Hu]Tipers)
A. FJter, Itinerarsludien (J. P. W.)
R, Muldei\ De conscientiae noiione (A. Delaite) ,
Tli, Elsaesscr, Nos in schola latine loquimur (A. Poissinger) .
G. F2»i5/^r, Homer(J. P. W.)
M. Besnier, Les catacombes (J. P. W.) ....
Langues et littératures celtiques.
3t.D
3t;3
3Ô7
37'
37«
374
375
3r'*
377
378
379
268. J. Rhys, Cellic inscriptions (V. Tourneur)
269. K, Mcycr et O, Bergin, Erni (Le même)
38 1
383
Langues et littératures romanes.
270. P, Villey^ Les sources et l'évolution de Montaigne (Th. Skiiar) . , 383
271. Le mém?, Livres utilisés par Montaigne (Le même) 3So
Langues et littératures germaniques,
272, Jahrbuch des deutschen Vereins (J.- P. W.) 3.io
273, Dem Andenkcn EichendorlTstAd. Corin) 391
27 J. A. Verwey^ Het testament van Potgieter (G. Lecoutere} .... 3<^3
Histoire et géographie.
275. A. Fayen, Lettres de Jean XXII (X.) 3i^
27Ô. C. Van Overberghet E. De Jonghe, Les Mayombé (\. De Ceulenecr) . 3g|
277. V. Fm, Annales rerum Flandricarum (Le même) 39?
278. J. Laenen, Joseph II (Le mêm») ..,'.,"•. . 3*|6
279. Ch Schmitt^ Cardinal Cusanus (C. .M.) '^7
280. //. Meuffels, Les martyrs de Gorcum (A. Terstappen) . . , , ?u7
281. J. F/acA, Le droit romam dans les chartes (F. Hubert) .... 3^^
'■^
A
i
THE NEW YORK PUBUC LIBRARY
REFERENCE DEPARTMENT
Thi» book U iind«r no oirctiiiiit^iio*» to b*
'
l
JUN 2 <> -^
tÊÊÊm
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