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DE  LA  COMMISSION 


HISTORIftlll  IT  miOLOfilllïi 

DE   LA   MAYENNE 

CRÉÉE  f\R  ARRÊTÉ  PRÉFECTORAL  Ml  IT  JANVIER  1878. 


DEUXIÈME  SÉEIE 

TOMK    SECOND 

1890 


LAVAL 

IMPRIMERIE    DE    L     MOREAU 


1*^  Tbimbstbb  d8  1890. 

5. 


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I  SOMMAIRE  : 

P  Statuts T 

■^  Liste  des  membres  titulaires  et   correspondants,  bureau, 

S  membres  décédés 9,  11,  14 

S  Liste  des  monuments  historiques  classés  du  département  de 

X  la  Mayenne 15 

a,  L'Instruction  publiijue  à  Laval  avant  le  XIX*  siècle,  par 

a      .  M.  E.  Queruau-Lamerib  (Suite) 17 

■J  Aveu  du  comté  de  Laval  en   1444,  par  M.  Couanier  de 

■W  Launay,  chanoine  honoraire  (Fin) 45 

*S  Laval  et  la  Place  de  la  Chiffblière,  aujourd'hui  <  de  l'Hôtel- 

g  de-Ville,  >  1598-1688,  par  M.  Couanier  de  Launay.     .        71 

^  Le  Marquisat  de  Château-Gontier  de  1684  h  1690,  d'après 

■J  un  document  inédit,  par  M.  André  Joubert 81 

h  Restauration  du  dolmen  de  la  Contrie,  près  d'Ernée,  par 

*■  M.  EUILK  MOREAU lOft 

•8  Le  Château  de  Lassay  à  travers  les  siècles,  par  M.  le  C**  de 

«  Beauchbsne 110 

■g  La  Gerbe  du  Horps,  etc.,  par  M.  Grosse-Ddperon     .     .     .       1-47 

tt  Les  Archives  de  la  Mayenne  :  La  série  A,  par  M.  de  Mar- 

B:  tonne 152 

*s  Pièces  concernant  la  fondation  de  l'ancien  couvent  de»  Capu- 

*  cins  de  Mayenne,  par  M.  J.  Raulin 179 

S  Procès-verbal  de  la  séance  du  11  juillet  1889 183 

•  Faits  divers 190 

o  Bibliographie  :  Gesta  domnt  Aldrict,  Cenomanmce  urbis 

•g  épiscopi,  a  discipulis  suis,  publ.  par  M.  l'abbé  Charles  el 

a  M.  l'abbé  Froger  ;  —  Docurmnts  inédits  poitr  servir 

sJ  à  Vhistoire  de  la  Guerre  de  Cent  Ans  dans  le  Maine 

ij  (1424-1452),  par  M,  André  Joûbert;  —  Pièces  inédites 

S  relatives  à  la  BretagM  (XVW-XVHI*  siècles),  par  M. 

"•  André  Joûbert  ;  —  Conduite  des  préires  internés  au 

g*  Grand-Séminaire  d'Angers  t.  à  Nantes  ...sept.  1792,  par 

,_  M.  André  Joûbert;  —  La  déportation  des  prêtres  em- 

m  prisonnés  à  Nantes,  8~t5  septenAre  179S.  par  M.  A. 

•S  Laliié  ;  —  L'Ermitage  du  Bois  de  Fiers,  par  MM.  J. 

g  Appert  et  W.  GhaUemel  ;  —  Itinéraire  des  moines  de 

«  Landevenneo,  par  M.  le  C*  R4gîs  de  l'EstourbeilIon  ;  — 

■o  Le  Château  de  la  Courb^olli^,  par  le  même  ;  —  Lé" 

5  gendes  bretonnes  du  pays  dAvetsae,  par  le  mâme.     .     .       191 

■  *S 

*g  Gravures  ; 

o 

■o  Programme  d'une  représentation  donnée  en  1727  au  collège 

^  de  Laval,  fac-similé 37 

g  Vue  de  Bel  Air  et  des  Capucins  de  Laval,  d'après  une  gra- 

*  vure  d'Andouard 73 

Plan  delà  Chiffolière  de  Laval  et  de  ses  environs,  1598-1688.        77 

Le  dolmen  de  la  Contrie 107 

§  Plan  du  château  de  Lassay 113 

g  Le  château  de  Lassay 145 

M  La  chanson  de  la  Gerbe,  musique  et  paroles 14Sh 


§ 


2 


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COMMISSION 
HISTORIQUE  ET  ARCHÉOLOGIQUE 

DE  LA   MATONNE 


b.Gooi^lc 


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BXJLI^ETIDST 


DE  U  COMMISSION 


HlSîililll  ïï 


DE   LA  MAYENNE 

CBiÉE   PAR   ARRÊTÉ   PRÉFECTORAL   DU   17   JANVIER  1878. 


DEUXIÈME  SiEIE 
TOME    SECOND 

1890 


LAVAL 


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■  t J 

lut! 


EXTRAIT 

J>e  l'un  des  Registres  des  Arrêtés  du  Préfet 
du  département  de  la  Mayenne. 


CttiATioN  d'uke  Couiiission  historique  et  archéologique  porm 

LE  département   DE   LA    MAYENNE 


ARKETE 

Nous,  PRÉFET  du  département  de  la  Mayenne, 

Considérant  qu'il  importe  de  veiller  à  la  conservation  des 
monuments  historiques  du  déparlement  de  la  Mayenne,  de 
rechercher  tout  ce  qui  peut  intéresser  les  diverses  branches 
de  l'archéologie  nationale,  de  réunir  el  de  combiner  tous 
les  efforts  qui  tendent  à  ces  recherches  ; 

Qu'il  est  essentiel  également  que  radministration  puisse 
s'entourer  des  lumières  4'hommes  compétents  pour  l'exa- 
men des  affaires  qui  touchent  à  certaines  questions  d'his- 
Loire  ou  d'archéologie  ; 

Qu'il  devient,  en  outre,  urgent  de  fournir  les  renseigne- 
ments réclamés  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
et  des  Beaux-Arts,  au  sujet  des  monuments  historiques  et 
des  richesses  d'art  du  département; 

Arrêtons  : 
Art.  1".  Une  Commission  est  instituée  au  chef-lieu  du 
département  soua  le  nom  de  Commission  Historique  et 
Archéologique  de  la  Mayenne. 


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Art.  2.  Cette  Commission  se  compose  : 

1°  De  membres  titulaires  résidant  dans  le  département  ; 

2°  De  membres  correspondants. 

Le  nombre  des  membres  titulaires  est  fixé  à  vingt  ;  celui 
des  membres  correspondants  est  illimité. 

Les  premiers  membres  titulaires  sont  nommés  par  le 
Préfet.  Les  nominations  ultérieures  sont  faites  par  le  Préfet 
sur  la  présentation  de  la  Commission  ;  il  en  est  de  même 
pour  les  membres  correspondants. 

Le  Préfet  du  département  et  H*'  l'Évéque  de  Laval  sont 
membres  de  droit  et  Présidents  d'honneur  de  la  Commis- 
sion. 

Art.  3.  Pour  être  membre  titulaire,  il  faut  habiter  le 
département;  les  titulaires  qui  viendraient  à  le  quitter 
pourront  être  nommés  membres  correspondants. 

Art.  4.  La  Commission  se  réunira  le  premier  jeudi  de 
chaque  trimestre,  sans  préjudice  des  réunions  extraordi- 
naires qui  seront  reconnues  nécessaires. 

Art.  5.  La  Commission  nommera,  le  jour  de  son  installa- 
tion, et  renouvellera  tous  les  trois  ans,  à  la  majorité  des 
membres  présents,  un  bureau  composé  : 

i"  D'un  Président  ; 

2"  D'un  Vice-Président  ; 

3°  D'un  Secrétaire  général  ; 

i"  D'un  Secrélaire-adjoint  chargé  dQ  la  conservation  des 
archives  et  de  la  bibliothèque,  de  l'échange  des  publications 
et  de  la  comptabilité  ; 

Les  membres  choisis  pour  remplir  ces  fonctions  devront 
habiter  Laval;  ils  sont  rééligibles. 

Art.  6.  La  Commission  pourra  délibérer  et  arrêter,  sous 
réserve  de  notre  approbation,  un  règlement  spécial  pour 
l'organisation  et  la  publication  de  ses  travaux. 

Art.  7.  Des  Sous-Commissions  pourront  être  établies 
dans  les  arrondissements  de  Mayenne  et  de  Château-Gon- 
lier,  sous  la  présidence  de  MM.  les  Sous-Préfets. 

Ces  Sous-Commissions,  ainsi  que  les  membres  corres- 
pondants du  département,  pourront  correspondre  avec  la 
Commission  par  l'intermédiaire  des  Sous-Préfets  el  des 


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Maires,  et  la  Commission  communiquera  avec  eux  par  notre 
intermédiaire. 

Art.  8.  Tous  les  projets  de  restauration  d'églises,  ou  au- 
tres monuments  offrant  un  caractère  architectural  digne 
d'intérêt  seront  communiqués  à  la  Commission,  qui  don- 
nera son  avis  sur  le  mérite  de  l'édifice  et  la  convenance  de 
la  restauration. 

Art.  9.  MM.  les  Sous-Préfets  et  Maires  nous  signaleront 
exactement,  et  sans  aucun  relard,  toutes  les  découvertes 
intéressantes  qui  seraient  faites  dans  leur  arrondissement 
ou  leur  commune,  à  l'occasion  de  travaux  exécutés  par  les 
administrations  locales  ou  par  des  particuliers.  Les  objets 
qui  pourraient  être  ainsi  recueillis  seront  soumis  à  l'examen 
de  la  Commission,  s'il  y  a  lieu. 

Art.  iO.  Le  présent  arrêté  sera  inséré  au  Kecueil  des 
Actes  adminislratifs. 

Fait  à  Laval,  le  17  janvier  1878. 

Le  Préfet  de  ta  Mayenne, 
J.  GENOUILLE. 


MEMBRES    DE     LA    COMMISSION 


Membres  Titulaires  MM. 

Takcrbde  ABRAHAM,  Q  ].  P.,  conservateur  du  musée  de 
CIiàteau-Gontier.  correspondant  du  Ministère  des  Beaux- 
Arts; 

Henri  de  LA  BROJSE  ^,  membre  de  plusieurs  Sociétés 
savantes,  à  Laval  ; 


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-  10  - 

CHEDEAU,  Préaideni  de  la  Société  d'Archéologie,  Sciences, 
Arts  et  Belles-Lettres  de  la  Mayenne,  à  Mayenne  ; 

CORNÉE,  chef  de  division  à  la  Préfecture,  membre  de  la 
Commission  d'architecture  ; 

COUANIER  DE  LAUNAY  {l'abbé),  chanoine  de  Laval,  à 
Laval  : 

De  FARCY  (Paul),  Inspecteur  de  la  Société  française  d' Ar- 
chéologie pour  le  département  de  la  Mayenne,  à  Château- 
Gontier  ; 

FLOUCAUD  DE  FOURCROY  #,  ingénieur  en  chef  des  ponts 
et  chaussées,  à  Laval,  Vice-Président  de  la  Commission 
d'architecture  ; 

GARNIEH  (Louis),  architecte,  inspecteur  des  édifices  diocé- 
sains, à  Laval,  membre  de  la  Commission  d'architecture  ; 

IIAWKE,  architecte  du  déparlemenl,  membre  de  la  Com- 
mission d'arehilecture  ; 

JOUBERT  (André),  lauréat  de  l'Académie  des  Inscriptions 
et  Belles-Lettres,  membre  des  Sociétés  de  l'Histoire  de 
France,  des  Anciens  textes  français,  etc.,  à  Daon  (Mayenne^ 
et  à  Angers,  49,  boulevard  de  Saumur  ; 

LEBLANC,  avocat,  ancien  député,  conseiller  généial,  à 
Mayenne  ; 

LECOMTE,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  Laval, 
membre  de  la  Commission  d'architecture  ; 

LEMONNIER  DE  LORIÈRE,  conseiUer  général,  à  Epineux- 
le-Séguin  ; 

O'MADDEN,  propriétaire,  à  Chàteau-Gontier  ; 

De  MARTONNE,  ancien  élève  de  l'École  des  Chartes,  archi- 
viste de  la  Mayenne  ; 

MOREAU  (Emile)  q  ,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes, 
à  Lavai  ; 

PERROT  (Ebnest)  o,  propriétaire,  membre  de  plusieurs 
Sociétés  savantes,  à  Laval  ; 

L'abbé  POINTEAU,  curé  d'Aslillé  ; 

RICHARD  o,  arohiviste-paJéographe,  correspondant  du 
Ministère  des  Beaux-Arts,  à  Laval  ; 

D' SOUCIIU-SERVINIÈRE  O,  membre  de  plusieurs  Sociétés 
savantes. 


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COMPOSITION    DU     BUREAU 


Président,  M.  Floucaud  de  Fourcrov  ^  ; 
Vice-Président,  M.  l'abbé  Couanier  db  Launay  ; 
Secrétaire  général.  M,  E.  Moreau  o  ; 
Secrétaire-Archiviste,  M.  db  Mahtohne. 


Meubres  correspondants,  MH. 


Acbon  {Ch.  d'),  rue  Monlplaisir,  4,  Le  Mans  ; 

Angot  (l'abbé)  ; 

D'Argenlré,  à  Saint-JuUen-du-Terroux  ; 

Barbe,  ancien  membre  titulaire,  conservateur  du  camp  de 

Jublains,  juge  de  paix  à  Conlie  (Sartlie)  ; 
De  Beauchesne  (le  in3rguis),aucliâteaudeLassay  (Mayenne); 
De  Beauchesne  (le  comte),  au  château  de  Torcé  par  Ara- 

brières,  et  à  Paris,  6,  rue  Boccador  ; 
Bertrand  de  Broussillon  v,  archiviste-paléographe,  ancien 

vice-président  de  la  Société  historique  et  archéologique 

du  Maine,  au  Mans,  15,  rue  de  Tascher,  et  à  Paris,  136,  rue 

du  Bac  ; 
Du  Brossay,  inspecteur  de  l'enregistrement,  à  Laval  ; 
Chemin  ^,  ancien  membre  titulaire,  ingénieur  en  chef  des 

ponts  et  chaussées,  à  Paris  ; 
Cbomereau  0 ,  ancien  professeur  de  dessin,  à  Laval  ; 
Cbon  £  o,  L  P.,  à  Lille,  rue  du  Palais  de  Justice  ; 
Coquart  ^  g ,  ancien  architecte  diocésain  de  Laval,  à  Paris, 

rue  de  BoulainviUiers,  42,  Passy  ; 


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-  H  ~ 

Darcy  f^,  architecte  de  la  Commission  des  Monuments 

historiques,  à  Paris,  rue  de  Bruxelles,  S  ; 
Delaunay,  Procureur  de  la  République,  à  Ponl-l'Evèque  ; 
Delaunay  (Léon),  avocat,  juge  suppléant,  à  Mayenne  ; 
Dulong  de  Rosnay  (l'abbé),  ancien  vicaire  général  de  Laval, 

ancien  membre  titulaire  de  la  Commission,  à  Moriaix  ; 
Duval  O ,  archiviste  du  département  de  l'Orne,  à  Alençon  ; 
Ëlbenne  (le  vicomte  Merijot  d'),  au  château  de  Couléon,  par 

Tuffé  (Sarthe)  ; 
Faucon,  avocat,  rue  Chanzy,  au  Mans,  et  à  Saint-Denis-de- 

Gaslines  ; 
Foucault  (l'abUé),  à  Saint-FraimbauU-de-Prières  ; 
Gadbin,  à  Chàteau-Gontier  ; 

Gillard  (l'abbé),  curé  de  Saînt-Fraimbault-de-Lassay  ; 
Graindorge,  secrétaire  de  mairie,  à  Couesmes  (Mayenne]  ; 
Grosse-Duperon,  juge  de  paix,  à  Mayenne; 
D'Hauterive  Q,  capitaine  adjudant-m^or  au  134*,  à  Laval  ; 
Hétier  $,  ancien  membre  titulaire,  ingénieur  en  chef  des 

ponts  et  chaussées,  à  Paris  ; 
A.  Kuntz  £,  sous-intendant  militaire,  àfielfort; 
De  La  Beauluère  (Louis),  au  château  de  la  Drujoterie,  a 

Entrammes; 
La  Chesnais  (Maurice),  0.$,  ancien  chef  de  bureau  au 

ministère  de  la  guerre,  à  L'Huisserie,  et  à  Paris,  rue  de 

Vaugirard,  45. 
Laigneau,  curé  de  Crennes  (Mayenne)  ; 
De  Laurière,  inspecteur   général  de  la  Société  française 

d'archéologie,  à  Paris,  T,  rue  d'Aguesseau. 
Lebreton  O  I.  P.,  Proviseur  du  Lycée,  à  Laval  ; 
Ledru  d'abbé),  avenue  des  Cileaux,  9,  à  Issy  (Seine)  ; 
Le  Mercier,  ancien  juge  de  paix  d'Ambrières  ; 
Letourneurs  (Henni,  avocat,  à  Laval  ; 
Maillard,  curé  de  Thorigné-en-Charnie  (Mayenne)  ; 
Maître  v  I.  P.,  archiviste,  à  Nantes; 
Margerie,  maire  de  Niort  (Mayenne)  ; 
Mercier  (l'abbé),  curé  de  Bierné  (Mayenne)  ; 
Montagu,  instituteur,  à  Hardanges  (Mayenne)  ; 
Hontozon  (S.  de),  à  Chàteau-Gontier  ; 
Morin,  architecte,  à  Vitré  ; 


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-  13  - 

Morissel,  docteur  médecin,  à  Mayenne; 

Œhlerl  O,  conservaletir  de  ia  bibliothèque  de  Laval; 

Palustre,  ancien  directeur  de  la  Société  française  d'Arcliéo- 

gie,  à  Tours,  rampe  de  la  Tranchée,  61  ; 
Piolin  (Dom),  bénédictin,  président  de  la  Socîélé  du  Maine  ; 
Planté,  notaire  à  Ballots  (Mayenne)  ; 
PontbauU  (André),  à  Mayenne; 
Port,  professeur  au  collège  de  Saint-Nazaire. 
Queruau-Lamerie,  a  Angers,  rue  des  Arènes,  6'»'*  ; 
Raison,  sous-inspecteur  de  l'enregistrement,  à  Vitré  ; 
Raulin,  avocat,  à  Mayenne  ; 
Salles,  professeur  agrégé  au   lycée  de  Caen,  8.  rue  de 

rOdon,  à  Caen. 
Sauvage,  ancien  juge  de  paix  du  canton  de  Couptrain,  à 

Paris,  rue  du  Faubourg  Saint-Martin,  135  ; 
Sentilhes,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  ancien  membre 

lilulaire,  à  Bordeaux  : 
Simonet,  conducteur  faisant  fonctions  d'ingénieur  des  ponts 

et  chaussées,  à  Cbâteau-Gontier  ; 
Sinoir  (Emile),  professeur  agrégé  au  lycée  de  Laval  ; 
Tirard,  à  Emée  ; 
Trévédy,  ancien  président  du  tribunal  civil  de  Quimper, 

vice-président  de  la  Société  archéologique  du  Finistère, 

rue  de  Cheverus,  7 ,  à  Laval  ; 
Triger  (Robert),  vice-président  de  la  Société  du  Maine,  au 

Mans; 
Trouillard,  avocat,  à  Mayenne. 


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LrSTE  DES  MEMBRES  DECEDES 
DEPUIS   LA.   CRÉATION   DE   LA   COMMISSION 


MeuBHBS  .TITULAIRES,    MM. 


18S2    CUILLER  (l'abbé),  chancelier  de  l'évècbé  de  Laval  ; 
1883    MARCHAL  ^,  ancien  ingénieur  en  chef  du  départe- 
ment, ancien  maire  de  Laval  ; 
—      LE  PIZËLIER,  secrétalre^néral  de  la  CommiRsion. 


Membres  correspond.in'T8,  MM. 


1881     Legras  $,  ingénieur  en  chef  des  travaux  maritimes 

à  Lorient,  ancien  membre  titulaire  ; 
1883    Prévost,  0  $,  général  du  génie  en  retraite  ; 

1886  Ravault,  notaire,  à  Mayenne  ; 

—  Savary,  professeur  d'histoire  au  lycée  de  Laval  ; 

1887  Duchemin  o ,  archiviste  de  la  Sarthe,  ancien  membre 

titulaire 

—  Charles  (l'abbé  Robert),  vice-président  de  la  Société 

du  Maine,  au  Mans  ; 

—  Bonneserre  de  Sa'nt-Denis,  à  Angers  ; 

1888  Almire  Bernard,  à  Saint-Pierre-sur-OrLhe  ; 

—  Chaplain-Duparc,  à  Paris,  ' 

1889  De  Courlîlloles,  château  de  Courlilloles,  près  d'A- 

lençon. 


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S  i 


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Û         < 

30  Mars  1887 

1840 

1862 
12  Juillet  1886 

1840 

1840 

1840 
28  Mai  1883 

1862 

1862 

1862 
30  Mars  1887 

1862 

1840 

1862 
30  Mars  1887 
30  Mars  1887 
30  Mars  1887 

m 
z 

P 
O 

Menhir  de  la  Uune  [Propriété  Privée]. 

Eglise  de  Notre-Dame  de  l'Epine. 

Chapelle  de  Saint-Crépln. 

Halle. 

Eglise  de  la  Trinité. 

Château  de  Lavai. 

Eglise  d'Avesnières. 

Maison  du  Grand-Veneur  (Grande-Rue),  [P.  P.] 

Tombeaux  des  Seigneurs  do  Laval,  à  Clermont,  [P.  P.] 

RemparU,  (P.  P.] 

Dolmen  des  Erves,  [P.  P.] 

Dolmen  de  la  Contrie,  (P.  P.] 

Eglise. 

Enceinte  romaine. 

Château  [P.  P.] 

Menhir  de  Sa  in  le- Civière,  [P.  P.] 

Polissoir  dit  Pi  erre-Saint- Guillaume. 

Eglise  de  l'ancienne  Abbaye. 

z 

D 
S 

S 

Bazougers. 
Evron. 

Id. 

Id. 
Laval. 

Id. 

Id. 

Id. 
Olivel. 
Sainte-Suzanne. 

Id. 
Emée. 
Javron. 
Jublains. 
Lassay. 
Le  Pas. 
Montenay. 
LaRoe. 

1 

u                             9 

J                         1          5 

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L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

A  LAVAL 

AVANT  LE  XIX'  SIÈCLE 


PREMIERE  PARTIE 


LE  COLLÈGE  DE  LAVAL 


CHAPITRE  II 


la  «1  renselgaemenis  divere  ronrarnanl  le  collège  (1).  —  BâtimoDls.  —  Cha- 
—  Revenus.  ~  Claase  graluite.  —  Régents.  —  Dèclamnllons,  re|irésen- 
,s  ibédlralea  e' "-"- 


BATIMENTS 

Le  collège  de  la  ville  de  Laval  était  installé  à  l'o- 
pigine  dans  d'anciens  bâtiments,  dits  les  Grandes  Eco- 
les, situés  sur  la  place  du  Ch&teau  (actuellement  place 
du  Palais^.  A  la  fin  du  XVI*  siècle,  la  ville  >ayant  pris 
de    l'importance,  le  collège  devint  insuflisatrt  pour   le 

1 .  Nous  avon.s  réuni  dans  ce  chapitre  et  le  suivant  tous  les  faits 
et  renseignements  que  nous  avons  pu  recueillir,  tant  sur  le  collègue 
lui-m^me  que  sur  sou  personnel  de  professeurs  et  d'élèves. 

2.  Notes  manuscrites  de  M.  de  la  Beauluère,  communiquées 

!iar  M.  L.  de  la  Beauluère,  son  petit-Hls,  d'après  un  ira/  du  col- 
ège  avant  1790  faisant  partie  des  archives  municipeleii  de  la  ville 
de  Ldval. 

2 


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-  18- 

nombre  d'élèves  désireux  d'en  suivre  les  cours.  On  s'oc- 
cupa dès  lors  de  le  transporter  dans  un  local  plus  vaste 
et  mieux  aménagé  pour  cette  destination.  Les  officiers 
de  l'Hdtel-de- Ville  ayant  offert  de  prendre  à  la  charge 
de  la  commune  tous  les  frais  que  oécessiterait  cette 
translation,  il  ne  fut  pas  difGcUe  de  s'entendre  avec  le 
chapitre  de  Saint-Tugal.  Le  12  juin  1582,  les  habitants 
de  Laval  achètent,  dans  la  rue  Renaiee,  une  maison  dé- 
pendant de  la  chapelle  ou  prestimonïe  de  Saint-Job, 
fondée  dans  l'église  de  la  Trinité  par  Renée  Le  Paige, 
veuve  de  Jean  Breton,  dans  l'intention  d'élever  sur  son 
emplacement  un  nouveau  collège.  Cette  vente  a  été  con- 
sentie par  Charles  Marest,  sieur  de  la  Pelloonière,  et 
Ambroise  Audouin,  sieur  du  Chastellier,  procureurs  raar- 
guillers  de  la  Trinité,  du  consentement  de  François  Cor- 
nilleau,  titulaire  de  cette  prestlmonie*.  De  leur  cété,  les 
chanoines  échangent,  le  19  octobre  suivant,  le  bâtiment 
des  grandes  écoles  avec  Pierre  Martin,  sieur  de  Mérem- 
bourg,  lequel  leur  abandonne  à  son  tour  sa  maison  de 
la  rue  Renaise,  contiguê  à  celle  que  viennent  d'acheter 
les  habitants  de  Laval  ^.  C'est  alors  que  ceux-ci  firent 
construire  sur  l'emplacement  des  deux  dites  maisons  un 
nouveau  collège  pourvu  de  bâtiments  suffisants  pour  le 
logement  du  principal,  des  régents  et  des  élèves  pen- 
sionnaires, en  plus  des  classes  et  des  salles  d'études  in- 
dispensables. Une  grande  cour,  servant  aux  récréations 
des  élèves,  ainsi  qu'aux  représentations  théâtrales  qu'il 
était  d'usage  de  donner  chaque  année  à  l'occasion  de 


1,  Notes  roanuscrites  de  M.  de  la  Beauluère.  Dans  ses  Recher- 
cher historiques,  tome  XVII,  également  communiquées  par  H. 
Louis  de  la  Beauluère,  l'éminent  Iiistorien  attribue  une  autre 
date  à  l'acte  de  vente  de  la  maison  de  la  rue  Henaise  dépendant 
de  la  prestimonïe  de  8aint  Job,  L'acte  aurait  été  passé  seulement 
le  30  août  devant  Gilles  Ernault,  notaire. 

3.  Nous  avons  déjà  parlé  de  cet  acte  au  chapitre  précédent 
d'après  M.  Boullier,  Recherches  historiques  sur  la  paroisse  de  la 
Trmilé. 


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la  distribution  des  prix,  faisait  partie  de  cet  établisse- 
ment et  s'étendait  jusqu'aux  anciens  murs  d'enceinte  de 
la  ville. 

Au-dessus  de  la  porte  principale  avait  été  scellée  une 
plaque  de  marbre  portant  l'inscription  suivante  : 

Collegium  Lavallense,  impensis  publicis  contrac- 
tum,  Henrici  Tertii  Francis  ac  PotonÛB  régis  diplo- 
mate. 

Anno  Domini  1585  '. 

Ce  collège  était  situé  à  gauche,  en  descendant  la  rue 
Renaise^.  Ses  bâtiments,  cachés  par  une  façade  mo- 
derne, subsistent  encore  en  grande  partie,  ainsi  que  la 
chapelle,  dont  on  aperçoit  la  fenêtre  au-dessus  du  por- 
tail de  la  maison  voisine. 

Nous  n'avons  trouvé  aucune  trace  d'une  reconstruc- 
tion du  collège.  Ses  parties  qui  ont  été  conservées  sem- 
blent bien  remonter,  quant  à  leur  construction,  à  l'épo- 
que où  la  ville  le  fit  bâtir  de  1582  à  1587.  Il  est  proba- 
ble que  Ton  se  contenta,  pendant  les  siècles  suivants, 
d'y  faire  les  réparations  indispensables,  et  peut-être  d'y 
ajouter  quelques  annexes,  lorsque  les  cours  de  rhéto- 
rique et  de  philosophie  purent  y  être  inaugurés  3. 

Au  commencement  de  l'année  1793,  les  habitants  de 
Laval  obtinrent  que  le  collège  fût  transféré  aux  Ursuli- 
nes,  établissement  plus  vaste  et  mieux  aménagé,  saisi 


1.  Mémoire  chronologique  de  Maucouri  de  Bourjolly  sur  ta 
ville  de  Laval.  Laval.  Moreau.  1886,  in-8'',  tome  I",  p.  152  et  de 
la  Beauluëre,  noies  manuscrites. 

2.  Là  où  se  trouve  installée  aujourd'hui  l'imprimeiie  du  jour- 
nal l'Echo  de  la  Mayenne. 

3.  Le  4  mai  1730,  Antoine  David  el  Thomas  Huchet,  associés 
marchands  de  bois,  poursuivent  le  sieur  Jean  Chevreul,  mar- 
chand menuisier,  en  paiement  de  170  toises  de  carreaux  de  bois 
de  chêne,  à  raison  de  70  sols  la  loise.  pris  sur  le  lieu  de  la  Mé- 
nardiërc.  paroisse  d'Olivel.  et  conduits  au  collège  de  Laval  pour 
élre  eraployés  aux  réparations  de  cet  établissement.  {Arch.  départ. 
B  621). 


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comme  bien  national  après  l'expulsion  des  religieuses  el 
la  dissolution  de  leur  coagrégation.  Les  bâtiments  de  la 
rue  Renaise,  devenus  inutiles  et  abandonnés  au  gouver- 
nement en  échange  des  Ursulines,  Turent  vendus  à  des 
particuliers  *. 


Le  collège  de  Laval  possédait  une  cbapeile  particu- 
lière, dédiée  à  Saint  Etienne,  et  située  à  l'extrémité  de 
la  grande  cour  d'entrée.  Cette  cbapeile  servait  au  prin- 
cipal et  aux  régents,  presque  tous  prêtres,  pour  y  célé- 
brer leurs  messes  et  notamment  celle  qui  se  disait  cha- 
que jour,  À  l'issue  de  la  classe  du  matin,  et  à  laquelle 
tous  les  écoliers  étaient  tenus  d'assister.  Mais  il  était 
interdit  d'y  célébrer  d'autres  cérémonies  religieuses. 

C'est  à  l'église  Saint-Tugal,  leur  paraisse,  que  prin- 
cipal, régents  et  écoliers  étaient  tenus,  aux  termes  du 
règlement  de  1699,  d'assister,  les  dimanches  et  fêtes, 
soit  à  la  grande  messe  du  chapitre,  soit  à  la  messe  de 
paroisse  qui  se  disait  dans  ia  nef,  aux  vêpres  et  aux  au- 
tres offices. 

Nous  possédons  plusieurs  fragments  d'un  ancien  ma- 
nuscrit ayant  pour  titre  Papiers  relatifs  à  la  Trinité  de 
Laval  et  contenant  l'analyse  de  divers  documents  con- 
cernant cette  paroisse.  Nous  y  rencontrons  le  passage 
suivant  qui  confirme  ce  que  nous  venons  de  dire  au  su- 
jet de  la  chapelle  du  collège  et  la  prohibition  d'y  célébrer 
certaines  cérémonies  religieuses  : 

«  En  1592,  le  3*  aoust,  en  la  chapelle  du  collège  de 
«  Laval,  dédiée  à  Saint  Estienne,  les  curés  Antoine 
a  Besnier  et  Jacques  Bélanger,  ayant  connoissance  que, 
1  dans  ladite  chapelle,  on  faisoit  les  quarante  heures, 
(c  ils  s'y  transportèrent  avec  grand  nombre  d'habitans 

1.  Le  12  octobre  1793,  le  collège  el  ses  dépendances  furent  ad- 
jugés au  sieur  Faur,  imprimeur,  pour  la.  somme  de  2720  livres. 


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-  21  - 

a  et  y  trouvèrent  le  Saint  Sacrement  expoaé,  avecbeau- 
a  coup  de  cierges,  dont  iU  dressèrent  un  procès-verbal 
«  pour  s'en  servir  dans  la  suite  des  temps  et  y  dirent 
a  la  grande  messe.  » 

C'est  sans  doute  en  vertu  de  pouvoirs  particuliers,  à 
eux  délégués  par  l'évêque  du  Mans  comme  doyens  ru- 
raux de  Laval,  que  les  curés  de  la  Trinité  s'étaient  per- 
mis de  pénétrer  dans  un  établissement  qui  ne  dépendait 
pas  de  leur  paroisse  pour  y  constater  une  contraven- 
tion <. 

Cette  chapelle  existe  encore.  Placée  au-dessus  de 
deux  autres  pièces  superposées,  elle  a  son  entrée  à  la 
hauteur  d'un  second  étage.  Sa  porte  ouvre  sur  un  rem- 
blai communiquant  avec  le  sommet  des  anciens  murs 
de  ville  qui  formaient  alors  la  clôture  du  collège  de  ce 
c6té  ^.  Cette  disposition  explique  pour  quel  motif  la  fe- 
nêtre du  fond  de  la  dite  chapelle  se  trouve  située  à  une 
aussi  grande  hauteur  au-dessus  du  sol  de  la  rue  Re- 
naise  d'où  on  peut  l'apercevoir^. 

REVENUS    DU    COLLÈGE 

Aux  termes  d'une  lettre  adressée,  le  9  floréal  an  IX, 
par  le  maire  de  Laval,  M.  Etienne  Boudet,  au  préfet  de 

1.  C'efll  en  1687  seulement  que  la  paroisse  de  la  Trinité  cessa 
de  posséder  deux  curés  simultanément.  Ceux  qui  sont  désirés 
dan.s  cette  noie  sont  M.  Antoine  Besnier,  intalie  vers  1579.  assas- 
siné le  jour  de  la  Trinité  de  l'année  1600.  alors  qu'il  disait  la 
messe  au  grand  autel  de  son  église,  et  M.  Jacques  Bellanger, 
nommé  le  17  juillet  1584,  mort  vers  1611. 

2.  Une  ordonnance  de  police,  en  date  du  4  février  1783,  ordon- 
nait aux  habitants  de  Laval  de  transporter  les  décombres  de  leurs 
maisons  dans  la  douve  «  existant,  vis-à-vis  les  murs  de  ville  qui 
•  régnent  le  long  du  collège,  immédiatement  à  ta  suite  du  terrain 
■  du  sieur  Piquois.  »  lArcli.  départ.  B  958).  Cette  douve  était 
évidemment  un  reste  des  anciens  fossés  de  ville  qui  ont  laissé 
leur  nom  à  la  rue  actuelle  des  Fossés. 

3.  Suivant  M.  de  la  Beauluère,  Notes  manuscrites  communi- 
quées par  son  petit-fils,  cette  chapelle  existait  déjà  antérieure- 
ment à  la  construction  du  collège  1582-1585. 


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la  Mayenne  qui  lui  avait  demandé  deB  renseignements 
sur  les  anciens  établissements  d'instruction  de  la  dite 
ville,  son  collège  possédait  avant  la  Révolution,  en  im- 
meubles ou  en  rentes,  un  revenu  annuel  de  4200  livres, 
non  compris  les  rétributions  payées  par  les  élèves  <. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  l'état  des  immeubles  ou 
des  rentes  possédés  par  le  collège  avant  1789  ;  mais 
divers  documents  nous  permettent  d'évaluer  ses  reve- 
nus d'une  façon  approximative.  Ils  comprenaient  en 
effet  : 

1°  Le  revenu  de  la  prébende  du  chapitre  de  Saint- 
Tugal  attribuée  au  principal  du  collège  par  le  roi  Henri 
III,  et  dont  l'émolument,  fixé  à  200  livres  par  le  concor- 
dat de  1607,  confirmé  par  le  règlement  de  1699,  n'avait 
pas  été  augmenté  par  la  suite  et  atteignait  à  peine,  à 
la  fin  du  XVIIl'  siècle,  le  demi-quart  de  celui  des 
autres  canonicats  -.  C'est  seulement  en  1787,  le  14  juil- 
let, qu'un  nouveau  concordat,  conclu  entre  le  chapitre 
de  Saint- Tugal  et  le  bureau  d'administration  du  collège, 
porta  son  revenu  à  celui  d'une  prébende  entière.  Suivant 
M.  Boullier,  le  revenu  d'un  canonicat  du  chapitre  de 
Saint-Tugal,  estimé  400  livres  à  la  fin  du  XVII*  siècle 
par  Leclerc  du  Flécheray,  à  500  livres  en  1746,  dépas- 
sait de  beaucoup  cette  somme  ^.  Le  peuple  l'évaluait  de 
15  à  1800  livres,  ajoute-t-il,  ce  qui  était  peut-être  exa- 


1.  Arch.  départ.,  Série  L. 

2.  Boullier.  Recherches  historiques  sur  la  paroisse  de  la  Tri- 
ailé  de  Laval,  page  299.  Cette  évaluation  porterait  à  1600  livres 
au  minimum  la  valeur  des  autres  prébendes. 

On  ignore  quel  était,  avant  le  XVI"  siècle,  l'émolument  attri- 
bué au  principal  du  collège.  Lorsaue  le  roi  Henri  III  eut  areordé, 
en  1585,  à  ce  principal,  une  prébende  du  chapitre  de  Saint-Tu- 
gal, à  la  chaîne  d'instruire  gratuitement  la  jeunesse,  les  chanoi- 
nes s'abonnèrent  avec  celui-ci  pour  la  somme  de  150  livres  par 
an,  laquelle  fut  portée  à  200  livi-es  par  le  concordat  de  1607.  —  De 
La  Beeuluère,  Recherches  historiques,  tome  l""  (Notes  manuscri- 
tes communiquées  par  M.  Louis  de  la  Beauluère.) 

3.  'Bov\.Ywt.  Recherches  historiques,  etc.,  p.  220. 


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-  i3  - 

Cette  évaluation  n'était  pas  aussi  exagérée  que  setn- 
Me  le  croire  M.  BouUier.  Des  documents  contemporains 
noua  apprennent  en  effet  que  le  revenu  de  ladite  pré- 
bende s'élevait  à  la  somme  de  1519  livres. 

Le  23  février  1791,  MM.  Barbeu  de  la  Couperie  et 
Denais  se  présentent  au  directoire  du  district  de  Laval, 
au  nom  du  bureau  du  collège,  pour  demander  qu'il  soit 
distrait  de  la  masse  des  biens  appartenant  au  chapitre 
de  Saint-Tugal  et  séquestrés  comme  biens  nationaux,  une 
on  plusieurs  métairies  dont  le  revenu  serait  affecté  au 
service  de  la  prébende  attribuée  au  principal  du  collège 
et  s' élevant  à  la  somme  de  1519  livres  19  sols  2  deniers. 
Les  administrateurs  du  district,  reconnaissant  la  jus- 
tesse de  cette  réclamation,  chargent  le  sieur  Tellot,  ex- 
pert, de  visiter  les  biens  du  chapitre  et  de  désigner  les 
terres  dont  il  conviendrait  d'attribuer  le  revenu  au  col- 
lège'. Le  5  avril  suivant  un  nouvel  arrêté  décide  que  les 
métairies  de  la  Maintraie,  affermée  800  livres',  et  du 
Petit- Montfburmé,  affermée  950  livres^,  toutes  les  deux 
situées  paroisse  d'Arquenay,  seront  affectées  au  service 
de  la  prébende  qui  appartient  au  principal  du  collège. 
L'excédent  de  revenu,  s'élevant  à  230  livres  environ, 
sera  employé  en  réparation»  *. 

2"  La  rente  de  100  livres  payée  annuellement  par  i'Hô- 
tel-de- Ville  pour  le  traitement  de  chacun  des  régents, 
aux  termes  du  règlement  de  1699.  Nous  ignorons  si  cette 

1.  Arch.  départ.  Registres  des  arrêtés  du  Directoire  du  district 
de  Laval,  M  74^ 

2.  Ou  Uilraie.  Il  existe  encore  deux  fermes  de  ce  nom  dans  la 
commune  d'Arquenay,  la  Haute  et  la  Basse-Mîtraie.  (L.  Maître. 
Diction,  topog.  du  départ,  de  la  Mayenne). 

3.  Cette  ferme  a  disparu.  Mais  il  existe  encore,  dans  la  com- 
mune d'Arquenay,  un  viilag;e,  nommé  le  Orand-Montfourmé,  qui 
devait  être  voisin  de  cette  métairie,  {h.  Maître,  Diction,  topog.  du 
départ,  de  la  Mayenne). 

k.  Arch.  départ.  Reg.  de»  arrêté»  du  Direct,  du  district  de  La- 
val, t-  190  et  237. 


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somme  n'avait  pas  ét^  augmentée  au  XVIII*  siècle  et 
si,  notamment,  les  professeurs  chargés  des  cours  de 
rhétorique  et  de  philosophie,  inaugurés  seulement  l'un 
vers  1740,  le  second  vers  1763,  ne  reçurent  pas  un  trai- 
tement plus  élevé  que  celui  de  leurs  collègues.  Il  y  avait 
en  1789,  au  collège  de  Laval,  cinq  régents.  La  rente 
annuelle  versée  par  la  municipalité  pour  leurs  émolu- 
ments ne  saurait  donc  être  portée  à  moins  de  500  livres  ' . 
3"  Une  seconde  rente  payée  par  l'Hôtel -de- Ville  pour 
l'entretien  d'un  élève  boursier.  L'article  XI  du  règle- 
ment de  1699  portait  qu'il  y  aurait  dans  chaque  classe 
du  collège  deux  pauvres  écoliers,  originaires  de  la  ville 
ou  de  ses  faubourgs,  lesquels  seraient  instruits  gratuite- 
ment, à  la  charge  de  garder  et  fermer  tes  portes  des 
classes  et  de  balayer  celles-ci,  avec  la  chapelle,  deux 
fois  par  semaine,  sans  être  tenus  d'aucun  autre  service. 
Ces  écoliers  devaient  être  choisis,  l'un  par  Messieurs 
les  maire  et  échevins,  l'autre  par  Messieurs  du  chapitre 
de  Saint- Tugal.  Par  suite  d'un  accord  intervenu,  à  une 
date  que  nous  ignorons,  entre  les  chanoines  et  l'Hàtel- 
de- Ville,  cet  usage  avait  disparu  pendant  le  XVIII*  siè- 
cle. Pour  en  tenir  lieu,  la  municipalité  de  Laval  s'était 
engagée  à  verser  annuellement  une  somme  convenue 
pour  la  fondation  d'une  bourse,  dont  le  titulaire  devait 
remplir  les  fonctions  de  portier  du  collège.  Il  était  logé, 
nourri  et  était  admis  à  suivre  les  classes  comme  les  au- 
tres écoliers.  Cette  bourse  était  peu  dotée,  aux  termes 


I.  Aux  termes  d'un  Mémoire  relatif  aajc  revenus  du  ci-devant 
cottége,  en  date  du  4  pluviôse  an  VI.  conservé  aux  archives  mu- 
nicipales de  In  y\\\e  de  Laval  et  dont  nous  devons  communication 
à  l'exlrémeobligeance  de  M.  E.  Moreau.  la  somme,  prélevée  sur 
les  deniers  d'oclroi  et  versée  annuellement  par  l'Hôtel-de- Ville 
pour  le  traitement  des  régents  du  collège,  n'avait  pas  été  augmen- 
tée depuis  1699  et  restait  entiore  fixée,  en  1"90,  à  300  livres,  bien 
que  le  nombre  de  ces  régents  eût  été  porté  de  trois  ô  cinq  dans 
les  années  qui  précédèrent  la  Révolution. 


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—  iS  — 

d'un  document  conservé  aux  Archives  départementales'. 
Noue  pensons  cependant  que  l'on  ne  peut  évaluer  sa  va- 
leur à  moins  de  100  à  150  livres  ^. 

4°  Le  revenu  de  la  terre  de  Bonnes,  léguée  aux  Jé- 
suites de  la  Flèche  par  Sébastien  de  la  Porte,  conseiller 
du  roi,  doyen  du  collège  des  médecins  de  Rennes,  époux 
de  Louise  Ouvrard,  aux  termes  de  son  testament  olo- 
graphe en  date  du  12  avril  1688,  conserve  aux  archives 
départementales  de  la  Mayenne. 

n  Item,  suivant  mes  premières  intentions,  je  donne 
«  aux  R.  pères  Jésuites,  mes  premiers  mestrcs,  mes 
«  maison,  terre  et  fief  de  Bonnes,  à  l'entier,  ainsi  que  je 
«  les  possède  et  posséderai  à  mon  décès,  pour  iceux 
n  établir  une  petite  retraite  pour  leur  servir  d'hospice 
«  entre  Laval  et  Rennes,  ou  un  collège  rural,  si  ils  le 
«  trouvent  à  propos,  à  la  condition  de  dire  ou  faire  dire 


icad- 

ministralcura  du  départemenl  de  la  Mayenne.  ^Art^h.  départ.  Sé- 
rie U. 

Contrairement  aux  dires  ilii  citoyen  Linbon,  il  résulte  des  termes 
du  Mémoire  relatif  aux  revenus  du  ci-devant  colli-ge.  conserve 
aux  archives  municipales  de  la  ville  de  Laval,  que  la  bourse  fon- 
dée pour  un  élève  pauvre,  chargé  de  remplir  les  fonctions  de  por- 
tier de  cet  t^lnlilissemeut,  nVliitt  point  à  In  charge  de  l'HOtel-de' 
Ville.  Cette  bourse,  dont  le  fondateur  nous  est  encore  inconnu, 
ainsi  qun  la  date  de  sa  crt''atian.  jouissait  seulement  d'un  revenu 
de  60  livres  sur  la  terre  du  Fouilfoux  (C™  de  Sa i ni- Germai n-le- 
Fouilluux).  dont  le  propriéUiire  avait  seul  le  droit  d'en  clioisir  le 
titulaire. 

2.  Arch.  départ.  Série  L.  Pendant  la  Révolution,  quoique  les 
biens  de  tous  les  établisse  me  nbt  d'instruction  eussent  été  conlis- 
qués  comme  biens  nationaux,  les  deux  bourses  de  l'HAlel-de- 
Ville  et  de  Bonnes  n'en  continuèrent  pas  moins  à  iHre  mainte- 
nues au  collège.  Le  7  septembre  179^,  le  directoire  du  départe- 
ment de  la  Mayenne  déclare  que  c'est  à  lu  nation,  devenue 
propriétaire  des  oiena  du  collèfçe,  qu'incombe  le  devoir  d'entrete- 
nir ces  deux  bourses  et,  les  assimilant  l'une  à  l'autre,  lixe  la 
valeur  de  chacune  d'elles  à  500  livres  par  an.  (Arch.  d^p.  Reg.  des 
arrêtés  du  département,  r°  42).  La  valeur  de  ces  deux  bourses 
varia  à  diverses  reprises  pendant  la  Itévolutioii  et  fut  portée  suc- 
cessivement à  6,  7,  et  800  livres  sur  les  réclamations  des  institu- 
teurs du  collège. 


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-  ne  - 

«  à  perpétuité  deux  messes  par  chaque  semaine,  l'une 
H  déjà  fondée  par  M.  René  Bétoce'  et  t' autre  pour  le 
«  repoa  de  mon  âme  et  celle  de  demoiselle  Louise  Ou- 
«  vrard,  ma  femme,  et  de  nos  parents  et  amis  trépassés, 
a  dans  la  chapelle  dudit  Bonnes  qu'ils  entretiendront  ; 
«  et  en  outre,  à  condition  de  nourrir  et  instruire  avec 
«  leurs  autres  pensionnaires  au  collège  de  la  Flèche,  ou 
u  Laval  s'ils  y  en  avait  un,  deux  écoliers  de  l'une  ou 
«  l'autre  famille  de  ma  femme  ou  de  moi,  lesquels  se- 
«  ront  choisis  par  les  anciens  desdites  familles,  et  où  il 
a  ne  s'en  rencontrerait  ni  de  l'une  ni  de  l'autre,  il  en 
«  sera  choisi  deux  de  la  paroisse  de  Saint- Vénérand  de 
a  Laval,  ou  même,  au  défaut,  de  la  paroisse  de  l'Huis- 
a  série,  par  lesdits  parents  et  seigneurs-curés  des  dites 
«  paroisses,  pour  être  enseignés  et  nourris,  à  la  coa- 
R  dition  de  se  faire  prêtres  et  dire  leurs  premières  mes- 
«  ses  pour  le  repos  de  nos  âmes  et  prier  pour  nous  en 
V  toutes  celles  qu'ils  diront  pour  toute  reconnaissance  ; 
«  et  ne  prendront  lesdits  pères  Jésuites  possession  et 
«  jouissance  de  la  dite  terre  que  le  lendemain  de  la 
a  mort  de  demoiselle  Louise  Ouvrard,  ma  femme,  dési- 
n  rant  que  pendant  sa  vie  elle  jouisse  entièrement  et 
«  paisiblement  de  ladite  maison,  terre,  fief  et  seigneurie 
«  pour  son  douaire;  et  à  ce  que  mes  héritiers,  etc...^  » 
Sébastien  delà  Porte  mourut  le  2  mars  1693 ^  et  sa 
veuve,  Louise  Ouvrard,  le  23  octobre,  1698*.  C'est 
alors  seulement  que  les  Jésuites  purent  entrer  en  posses- 
sion de  leur  legs. 

1.  Précédent  propriétaire  de  In  terre  de  Bonnes. 

2,  Arch.  départ.  S.  B  1336.  Ce  dossier  comprend,  outre  le  tes- 
tament original  de  Sébastien  de  la  Porte,  plusieurs  autres  testa- 
ments ou  codicilles,  également  olographes,  qui  tous  reproduisent 
cette  même  disposition  dans  des  termes  identiques. 

n  de  scellés  après  le  di- 

n  de  scellés  après  le  di- 


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—  il  — 

La  terre  de  Bonnes  comprenait,  outre  la  maison  sei- 
gneuriale et  la  métairie  voisine,  la  cloeerie  du  Bignon 
et  un  moulin  sur  la  Mayenne.  Suivant  le  mémoire  de 
Leclerc  du  Flécheray,  rédigé  vers  la  fin  du  XVII'  siè- 
cle', son  revenu  pouvait  être  estimé  à  1,000  livres  en- 
viron.-. Toutefois,  les  Jésuites  de  la  Flèche,  ne  jugeant 
pas  ce  produit  suffisant  pour  couvrir  les  dépenses  que 
nécessiterait  l'entretien  de  deux  élèves  boursiers,  con- 
sentirent à  accepter  le  legs  de  Sébastien  de  la  Porte, 
à  la  condition  expresse  de  n'être  tenus  à  recevoir 
qu'un  seul  écolier  au  lieu  de  deux.  Le  titulaire  de  cette 
bourse  serait  choisi  alternativement  dans  la  famille  du 
donateur  et  dans  celle  de  sa  femme,  Louise  Ouvrard. 
Cette  condition  ayant  été  acceptée  par  les  exécuteurs 
testamentaires  de  Sébastien  de  la  Porte,  les  Jésuites 
prirent  possession  de  la  terre  de  Bonnes.  Ils  reçurent 
alors  successivement  dans  leur  collège  plusieurs  jeunes 
gens  de  la  famille  de  la  Porte,  et  il  fallut  un  procès,  en 
1757,  pour  y  faire  admettre  un  enfant  de  la  famille  de 
Louise  Ourrard,  Michel-Nicolas  Jousselin,  fils  de  Mi- 
chel Jousselin  et  de  Rose-Perrine-Louise  de  Valleaux^. 


1.  Description  du  Comté  de  Laval,  §  XIII,  pag;e  45  de  l'édition 
donnée  eu  (860  par  M.  II.  Godbert,  i    " 


Nous  truuvous.  parmi  les  pièces  relatives  n  une  saisie  de  la 
'    Bonnes,  opérée  sur  lesWrîtiers  de  Sébastien  de  la  Porte 
du  baron  a'Entrammes,  pour  obtenir  paiement  du  droit 


de  rachat  sur  la  dite  lerre,  une  estimation  de  ses  revenus,  en  date 
du  30  août  169'i.  qui  porte  iesdits  revenus  à  287  livres  seulement 
(Arch.  dép..  série  B  1337)  :  savoir  :  maison  et  jardin  30  1.  ;  deux 
quortiers  de  vigne  20  1.  ;  terres  labourables,  six  pièces  de  terre, 
contenant  24  journaux  ou  à  peu  près,  11 1.  ;  deux  prés  contenant 
huit  honimées,  40  I.  ;  les  taillis,  vergers,  chAtai^eraie,  cours, is- 
sues, etc.,  en  tout  10  journaux,  25  I.  ;  lu  closerie  du  Bignon,  10 
journaux  et  une  hommée  et  demie  de  pré,  401.  ;  te  moulin  et  50 
cordes  de  pré,  60  I.  Mais  cette  évaluation,  faite  spécialement  pour 
la  perception  d'un  droit  fiscal,  n'est  évidemment  pas  exacte. 

3.  Pétition  présentée  aux  administrateurs  du  département  de  la 
Mayenne,  le  3  brumaire  an  Vil,  par  Perrine-Marg^erite-Hade- 
leine  Jousselin,  veuve  de  la  Broise,  pour  obtenir  que  son  fils  fût 
nommé  boursier  à  l'école  centrale,  en  exécution  de  la  donation 
de  Sébastien  de  la  Porte  fÀrch.  départ.,  série  L)! 


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Celui-ci  Be  trouvait  à  la  Flèche  au  moment  de  l'expul- 
sion des  Jésuite»,  en  1762. 

Lorsque  ceux-ci  eurent  quitté  le  collège  de  la  Flèche, 
la  municipalité  de  cette  ville  s'empressa  d'organiser  un 
nouveau  collège,  dirigé  par  des  prêtres  séculiers.  Le  bu- 
reau d'administration  de  ce  nouvel  établissement,  espé- 
rant pouvoir  conserver  les  biens  formant  la  dotation  du 
collège  des  Jésuites,  s'empressa  d'accomplir  toutes  les 
mesures  conservatoires  qu'il  jugea  utiles  pour  le  main- 
tien de  ses  droits.  C'est  ainsi  que,  le  14  avril  1763, 
M.  Davy  des  Piltières,  l'un  des  membres  dudit  bureau, 
rendait  aveu  pour  la  terre  de  Bonnes  au  baron  d'En- 
trammes,  au  nom  du  nouveau  collège  et  de  son  princi- 
pal'. Il  est  à  croire  que,  dans  l'espoir  de  conserver  les 
biens  des  Jésuites,  le  nouveau  collège  avait  aussi  conti- 
nué d'acquitter  les  charges  dont  étaient  grevés  quelques 
uns  de  ces  biens,  notamment  en  conservant  les  élèves 
boursiers  qui  s'y  trouvaient  au  moment  du  départ  des- 
dits Jésuites. 

A  cette  époque,  la  terre  de  Bonnes  était  affermée,  par 
bail  du  21  novembre  1760,  900  hvres  par  an*. 

Les  lettres  patentes,  données  à  Versailles  le  7  avril 
1764,  portant  réorganisation  du  collège  de  la  Flèche  et 
y  créant  un  pensionnat  de  250  gentilshommes,  avaient 
attribué  la  terre  de  Bonnes  au  collège  de  Laval,  à  la 
charge  de  remplir  les  conditions  mises  à  sa  donation 
par  Sébastien  de  la  Porte. 

Le  collège  de  Laval  devait  entrer  en  jouissance  de  la 
dite  terre  le  1"  octobre  de  cette  année.  Le  18  septem- 
bre, à  la  requête  du  procureur  général  du  roi,  poursuite 
et  diligence  de  l'avocat  du  roi,  assisté  de  M.  René  Tetlot, 

1.  De  MonUey.  Histoire  la  Flèche  et  de  ses  seigneurs,  tome  II, 
p.  158  et  Arcliives  dépariemeiiiales  de  la  Mayenne,  série  B,  1438. 

2.  Arch.  d<^parl.  B  1438.  Déclaration  faite,  le  5  Juin  1762.  par 
Germain  Géhard.  sieur  de  Loisillière,  et  son  Trére  Joseph  Géhard, 
aieur  de  la  Gaudiniëre,  fermiers  de  la  terre  de  Bonnes. 


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expert,  en  présence  de  M.  Joseph  Segretain,  prêtre,  prin- 
cipal du  collège,  et  de  MM.  François  Gaudin,  échevin, 
et  Kené  Laanier,  chirurgien,  tous  les  deux  administra- 
teurs dudit  coUègs,  il  est  procédé  à  une  montrée  qui 
nous  fournit  quelques  détails  sur  la  terrre  de  BonneB  à 
cette  date.  Celle-ci  comprenait  : 

La  maison  seigneuriale,  consistant  en  un  bâtiment 
sous  combles,  en  pierres  du  paya  ;  un  gros  pavillon  vers 
le  midi  ;  une  tour  dans  laquelle  existait  un  escalier  et  un 
autre  petit  pavillon  vers  le  levant;  ladite  maison,  ayant 
37  pieds  de  long  sur  23  de  large,  composée  de  deux 
caves,  cuisine  et  office,  deux  chambres  au-dessus  et  gre- 
niers ;  à  côté,  chapelle,  avec  clocheton  pour  contenir  la 
sonnerie,  cellier,  écurie,  élables,  cour,  jardin  et  treize 
pièces  de  terre  composant  la  métairie  du  même  nom. 

La  closerie  du  Bignon,  exploitée  par  Tugat  Hacques, 
composée  de  b&timents  d'habitation  et  d'exploitation, 
cour,  jardin  etc.,  et  8  pièces  de  terre. 

Le  moulin  de  Bonnes,  bAtiment  de  26  pieds  de  long 
sur  20  de  large,  couvert  en  bardeaux,  avec  ses  dépen- 
dances, tournant  et  virant,  y  compris  la  chaussée  jus- 
qu'aux premières  pierres  de  la  porte  marinière,  de  42 
pieds  de  long  sur  20  de  large. 

La  maison  seigneuriale,  depuis  longtemps  inhabitée, 
tombe  en  ruines,  et  l'expert  Tellot  déclare  qu'en  raison 
de  son  grand  entretien  très  dispendieux,  elle  ne  pouvait 
être  qu'à  charge  au  collège  et  qu'il  serait  plus  avanta- 
geux de  la  démolir.  Il  propose  en  outre  de  réduire  des 
trois  quarts  l'écurie,  installée  pour  recevoir  quarante  che- 
vaux, de  façon  à  ce  qu'on  n'ypuisse  plus  placer  que  dix  à 
douze  de  ces  animaux,  et  de  faire  clore  par  un  portail 
la  cour  de  la  maison  seigneuriale  pour  séparer  celle-ci 
de  celle  de  la  fermée 

Michel  Jousselin  entra  au  collège  de  Laval  le  6  octo- 

i.  Arch.  dép..  série  B,  21. 


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-  30  - 

bre.  Lorsqu'il  eut  terminé  ses  études,  il  y  fut  remplacé 
par  un  membre  de  la  famille  de  la  Forte,  qui  le  quitta 
hii-méme  en  1785.  Ce  dernier  eut  pour  successeur  Am- 
broise-Balthazar  de  Valleaux,  dont  un  compétiteur, 
M.  Jean  Leclerc  de  Guicberon,  avait  tenté  de  contester 
la  parenté  avec  Louise  Ouvrard,  mais  qu'une  ordon- 
nance de  police,  du  9  juin  1786,  maintint  en  possession 
de  la  bourse  de  Bonnes,  tout  en  donnant  acte  à  ses  pa- 
rents de  leur  offre  de  contribuer  à  l'entretien  du  maître 
qui  enseigne  à  lire  et  écrire  aux  jeunes  pensionnaires, 
jusqu'à  ce  que  cet  enfant  fût  en  état  de  faire  ses  thèmes*. 

Le  jeune  de  Valleaux  se  trouvait  encore  au  collège  â 
l'époque  de  la  Révolution,  pendant  laquelle,  quoique  les 
biens  appartenant  à  cet  établissement  eussent  été  con- 
fisqués par  la  nation  ^,  la  bourse  de  Bonnes  ne  cessa  pas 
d'être  occupée,  d'abord  par  le  sieur  Ravard,  descendant 
de  la  famille  de  la  Porte,  qui  passa  à  l'école  cen- 
trale jusqu'à  l'an  VII,  où  il  fut  remplacé  par  un  jeune 
de  la  Broise,  appartenant  à  la  famille  Oifvrard. 

Les  revenus  de  la  terre  de  Bonnes,  en  1789,  sont 
évalués  à  plus  de  2,000  livres  dans  un  document  de  l'é- 
poque révolutionnaire  3. 


1.  Arch.  dép.,  série  B,  26.  Ordonnance  rendue  par  M.  Jean 
Hardy  de  la  Cnerbonnerie,  conseiller  du  roi,  lieutenant  général 
et  particulier,  etc.. 

Nous  ne  snvons  si  ce  maître  était  compris  au  nombre  des  ré- 
gents du  collège,  ou  n'était  pas  plutiU  une  sorte  de  maître  d'é- 
cole, attaché  à  cet  établissement  pour  instruire  les  enfants  trop 
jeunes  pour  suivre  les  classes  de  latin. 

2.  La  maison  de  Bonnes  et  la  métairie  du  même  nom  furent 
vendues  nationale  ment,  le  19  janvier  1793,  29,100  livres;  la  close- 
rie  du  Bignon  8,000  livres  et  le  moulin  de  Bonnes  950  livi-es. 

3.  Lettre  de  Jacques  Duchemin-Desgennetès.  curateur  de 
Pierre  Ha vard,  pensionnaire  au  collège  de  Laval,  adressée  aux 
administrateurs  du  département  de  la  Mayenne,  pour  leur  deman- 
der de  faire  verser  au  citoyen  Laban,  principal  du  collège,  la 
somme  fixée  comme  représentant  la  valeur  de  la  bourse  dont 
avait  été  pourvu  ledit  Ravard  que  l'on  voulait  renvoyer  faute  de 
ce  paiement.  Arch.  dép.,  s.  L. 

Suivant  le  Mémoire  relatif  aujc  revenu*  du  ci-devant  collège. 


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—  31  — 

L'ensemble  des  revenus  du  collège  que  nous  venons 
d'énumérer  atteint  et  même  dépasse  un  peu  le  chiffre  de 
4,200  livres  auquel  ces  revenus  sont  évalués  dans  la  let- 
tre du  maire  de  Laval  du  9  floréal  an  IX.  Cette  énu- 
mération,  dont  nous  aurons  involontairement  forcé  quel- 
ques chiffres,  semble  donc  complète. 

Aux  revenus  dont  nous  venons  de  parier  on  peut 
ajouter  le  produit  de  la  rétribution  annuelle  payée  par 
les  écoliers  et  celui  du  pensionnat  annexé  au  collège. 

Le  règlement  de  1699  portait  que  le  produit  du  droit 
d'écolage  payé  par  les  élèves  du  collège  serait  divisé  en 
deux  portions  égales,  dont  l'une  était  attribuée  au  prin- 
cipal, et  dont  l'autre  devait  être  partagée  entre  tous  les 
professeurs.  Ce  droit,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 
haut,  avait  été  augmenté  en  1740,  au  moment  de  l'ou- 
verture du  cours  de  rhétorique  et  porté  à  12  livres  pour 
les  élèves  des  plus  basses  classes  et  à  15  livres  pour 
ceux  de  seconde  et  de  rhétorique*.  Nous  ignorons  s'il 
n'avait  pas  subi  plus  tard  une  nouvelle  augmentation,  et 
si,  notamment,  les  élèves  du  cours  de  philosophie,  ou- 


conservé  aux  archives  municipales  de  Laval,  déjà  cité,  la  terre  de 
Bonnes  élaîL  alTermée.  en  1790,  2100  livres,  en  y  comprenant  la 
métairie  voisine  de  l'Hommelaîs  (vendue  23.000  livres  le  19  jan- 
vier 1793).  Nous  ne  savons  à  quelle  dnle  ai  dans  quelles  circons- 
tances celte  métairie,  dont  il  n'est  pas  question  dans  les  titres 
anciens  qui  sont  passés  sous  nos  yeux,  avait  été  réunie  à  la  terre 
de  Bonnes. 

Nous  i^orons  absolument  quelles  mesures  avaient  été  pri- 
ses par  les  Jésuites  de  la  Flèche  relativement  aux  deux  messes 
qui  devaient  Être  célébrées  chaque  semaine  dans  la  chapelle  de 
Bonnes  pour  le  repos  de  l'âme  de  Sébostieu  de  la  Porte  et  de  sa 
femme,  Louise  Ouvrard.  Lorsque  le  collège  de  Laval  fut  devenu 

Sropriétaire  de  la  dite  terre,  àla  charge  «Texécuter  les  conditions 
e  la  donation  faite  primitivement  aux  Jésuites,  il  est  probable 
que  son  bureau  d'administration  dut  s'entendre  avec  quelque  prê- 
tre du  pays,  ou  même  de  Laval,  pour  que  œlui-ci  se  chargeât, 
moyennant   une    rétribution    convenable,    d'acquitter  ces  deux 


1.  De  la  Beauluère,  Recherches  historiques,  tome  XV. 


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vert  vers  1763,  n'avaient  pas  été  appelés  à  verser  une 
rétribution  plus  ëJevée'. 

Le  pensionnat  était  entièrement  à  la  charge  du  prin- 
cipal qui  en  percevait  les  bénéfices.  Mais  ceux-ci  étaient 
fort  aléatoires.  Il  arrivait  parfois,  pendant  les  années 
de  disette,  que  ce  pensionnat,  loin  de  donner  aucun  pro- 
duit, occasionnait  au  contraire  d^s  pertes  assez  considé- 
rables, n  Je  t'ai  déjà  dit  l'an  passé  que  M.  Segretain 
«  avait  perdu  500  livres  sur  ses  pensionnaires,  »  écrit 
M""  de  la  Jourdonnière  à  son  fils,  le  4  mai  1768'.  Il  est 
à  croire  que  des  déficits  de  ce  genre  durent  se  produire 
à  diverses  reprises  au  cours  du  XVIII'  siècle^. 

PETITE    ÉCOLE    OU    COLLÈGE 

Depuis  la  fondation  du  Collège  de  Laval  jusqu'au 
XVII*  siècle  le  principal  de  cet  établissement  fut  as- 
treint à  tenir  ou  faire  tenir  par  un  de  ses  régents  une 
école  gratuite  pour  les  enfants  pauvres  de  ta  ville. 
L'existence  de  cette  école  est  constatée  dans  la  suppli- 
que adressée,  le  11  décembre  1606,  par  les  habitants 
de  Laval  à  Charlotte-Brabantiue  de  Nassau,  mère  et 
tutrice  de  Henri  de  la  Trémoille,  devenu  comte  de  La- 
val par  le  décès  de  Guy  XX,  au  sujet  de  la  prébende 
attribuée  au  principal  du  collège  par  Henri  III  ^. 

1.  Suivant  le  Mémoire  relatif  auJ^  revenus  du  d-devanl  collège. 
déjà  àlé,  celle  rétribution  scolnire  n'avait  pus  été  auginenlée  de- 
puis 1740  et  était  encore,  en  1790,  fixée  aux  mômes  cniffres. 

2.  Correspondance  de  M"'  Lemonnier  de  la  Jourdonnière. 

'i.  Deux  messes,  dites  du  collège,  fondée.s  anciennement  par 
Jehan  Beudin,  étaient  acquittées  en  1658  dans  l'église  Saint- Tu- 
gai  par  la  pi-ébende  occupée  à  celte  époque  par  le  sieur  Sorin  et 
par  te  chapitre,  un  l'acquit  du  principal  du  collège.  A  ce  moment 
celte  Tondation,  donl  le  revenu  était  de  douze  livres  seulement. 
Tut  réduite  aune  seule  messe  par  semaine,  laquelle  conlinueraitù 
être  acquittée  par  le  sieur  Konn  et  ses  successeurs.  (De  la  Beau- 
luère.  Recherches  historiques,  T.  XVIII|,  Nous  ignorons  quel 
avantage  le  collège  avait  pu  retirer  de  cette  fondation. 

4.  Suivant  M,  de  la  Beauluère,  Recherches  historiques,  tome 
l",  la  cliarge  d'inslruire  gratuitement  la  jeunesse,  imposée  au 


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Toutefois  cette  école  parait  avoir  été  supprimée  dana 
le  cours  de  ce  siècle,  à  une  date  que  nous  ignorons.  Le 
principal,  en  présence  de  l'extension  prise  par  le  collège 
et  n'ayant  que  deux  régents  pour  le  seconder,  obtint 
d'être  déchargé  de  l'obligation  qui  lui  était  imposée. 
C'est  alors  sans  doute  que  le  chapitre  de  Saint- Tugal 
autorisa  l'ouverture  de  deux  petites  écoles,  l'une,  dirigée 
par  le  sacriste  même  du  chapitre,  pour  les  enfants  de 
la  ville  proprement  dite  et  du  faubourg  Saint-Martin, 
l'autre,  placée  sous  la  direction  du>  prieur  de  Saint-Vé- 
nérand,  pour  ceux  du  faubourg  dit  du  Pont  de  Mayenne. 

Voir  le  chapitre  de  cette  étude  consacré  aux  petites 
écoles  de  ta  ville  de  Laval  avant  la  Révolution. 

BÉGENTS 

Nous  avons  ditque  les  régents  du  collège  étaient  choisis 
par  le  principal,  mais  n'étaient  admis  qu'après  avoir  été 
examinés  sur  leurs  science,  doctrine  et  mœurs  par  le 
chapitre  de  Saint-Tugal.  Us  pouvaient  être  renvoyés  par 
le  principal,  d'accord  avec  les  chanoines. 

Ces  régents  devaient  être  vêtus,  à  l'intérieur  du  col- 
lège, d'habits  longs,  et  porter  le  bonnet  carré.  Presque 
tons  étaient  prêtres  ;  mais  ils  pouvaient  être  laïques. 
Logés  et  nourris  andit  collège,  ils  touchaient  seulement 
comme  traitement  les  cent  livres  versées  annuellement 
pour  chacun  d'eux  par  l'Hôtel-de-Ville  et  leur  quote  part 
dans  la  seconde  moitié  du  produit  des  droits  d'écolage 
payés  par  les  élèves.  La  modicité  de  ce  traitement  n'é- 
tait pas  Faite  pour  attacher  ces  professeurs  à  leurs  fonc- 
tions. Aussi  a 'empressaient- ils  de  lea  quitter  dès  qu'ils 
étaient  à  même  de  situationa  plus  avantageuses  et  le 
personnel  du  collège  dut  se  renouveler  fréquemment. 


principal  du  colley,  avait  élé  un  des  motifs  invoqués  par  le 
roi  Henri  III  pour  justifier  l'attrib.ution  <■"'■— l'i'io  *  -"01..)-..)  .i'..na 
prébende  du  chnpitre  de  Saint- Tugral. 


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-  34  - 

Nous  avons  retrouvé  les  noms  de  quelques-uns  seule- 
ment de  ces  régents  : 

GoYA.li,  présenté  pour  être  régent  du  collège  et  reçu 
le  22  septembre  1714*. 

Charles-François  Pihd,  reçu  au  collège  le  7  octobre 
1718S. 

Frahçois  Mondibbk,  reçu  en  17263. 

Nicolas  Bourgmeuf,  prêtre,  mort  le  28  septembre 
1751*. 

DucBEMiii,  nommé  curé  de  Montsûrs  au  mois  de  mars 
1767  ». 

Joseph-Louis  Segretain,  qui  succéda  à  son  oncle, 
René-Esprit  Briais,  comme  principal  du  collège,  le  13 
mai  17406. 

REMt  Trois,  établi  comme  gardien  des  scellés  au  dé- 
cès de  René-Esprit  Briais,  le  11  avril  1740^. 

François  Decheske,  devenu  plus  tard  diacre  d'office 
et  chapelain  du  chapitre  de  Saint-Michel,  dit  du  Cimetière- 
Dieu  de  Laval*. 

Mathurir  Bouvier,  prêtre,  mort  eu  1770^. 


1.  Extraits  des  registres  des  délibérations  du  chapitre  de  Sainl- 
Tugal.  Copie  ancienne  des  archives  de  M.  de  la  Beautuère. 

1.  Extraits  des  registres  de  Saint-Tagal. 

3.  Boullier.  Recherches  historiques  sur  la  paroisse  de  la  Tri- 
nité de  Laval,  p.  297. 

i.  Registres  de  la  paroisse  de  Saini-Tugal,  au  grefTe  du  tri- 
bunal ctvil  de  Laval. 

5.  Lettre  de  Madame  de  la  Jourdonniére  à  son  fils,  en  date  du 
8  avril  1767  (De  nos  archives), 

6.  Arch.  départ.,  B,  105,  Voir  le  chapitre  qui  précède. 

7.  Arch.  départ.,  B,  105. 
.  Tableaux  du  clergé, 

9,  Arch.  départ.,  B  108.  Apposition  de  scellés  après  décès  au 
domicile  dudit  Bouvier.  La  qualité  de  régent  du  conèffe  n'est  pas 
donnée  à  celtii-ci  dans  le  co^s  de  l'acte  ;  elle  est  seulement  ins- 
crite en  marge  de  la  première  page  de  celui-ci. 


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—  35  — 

Pierre-Jacques  Triquerie,  né  en  1759'. 

PiBHBE  Rekodabd,  né  à  Laval  vers  1740. 11  devint  en 
quittant  le  collège  aumônier  des  Ursulines  du  Mans  '. 

Jean  Favrolle.  Celui-ci  était  laïque.  Après  avoir  pro- 
fessé au  collège  en  1781  et  1782,  il  le  quitta  pour  fonder 
mie  école  avec  pensionnat  qui  subsista  pendant  toute  la 
Révolution  3. 

Julien  Piolin,  qui  quitta  le  collège  pour  devenir  vi- 
caire à  Changé-lès-Le  Mans,  puisa  Changé-lès- Laval '. 

René  Chauvinkac,  préfet  des  études. 

Fhançois-Jean-Baptiste  Mabtineau,  professeur  de 
rhétorique. 

Michel-Henri  LAtfGLOis. 

Pierre-François  Letbrme. 

Louis  Bourge. 

Tous  les  cinq  en  fonctions  en  1791^. 

1.  Boullier,  Mémoires  ecc/ésiastîqias  etc..  Tableaux  du  clergé 
n"  289,  M.  Tri<]uene  enlra  ciiiiuite  dans  la  congrégalion  des  Do<;- 
Irinaires.  et  fut  emplové  au  collège  de  Bourges.  Ordonné  prêtre 
seulement  en  1795,  il  revint  à  Laval  et  exerça  secrètement  le 
culte.  Vicaire  à  Saint-Vénérand  après  le  Concordat,  nommé  cha- 
noine honoraire  du  Mans,  il  exerça  les  fonctions  de  principal  du 
collège  de  1816  à  1825. 

2.  Il  était  curé  d'Izé  à  l'époque  de  ta  Révolution,  prêta  le  ser- 
ment et  devint  bibliothécaire  de  la  ville  du  Mans.  H  a  publié  en 
1811  deux  volumes  A'Essais  historiques  sur  la  province  du  Maine 
(Le  Mans,  Fleuriot,  2  vol.,  in-12|,  el  mourut  en  1817. 

3.  il  fut  un  instant  professeur  à  l'école  centrale  de  la  Mayenne, 
avant  sa  suppression,  pendant  l'an  XI. 

't.  Mort  ea  1794,  en  Franconie,  aumdnier  de  l'armée  de 
Condé  lAbbé  Guiller,  Recherches  sur  Changé-lèa-Laval,  T.  I", 
p.  426). 

5.  Voir  le  chapitre  de  cette  étude  consacré  à  l'histoire  du  col- 
lège de  Laval  pendant  la  Révolution. 

Les  quatre  derniers  de  ces  régents  devaient  diriger  'chacun 
deux  classes,  de  la  rhétorique  à  la  huitième.  Il  est  à  croire  que 
le  cours  de  philosophie  était  professé  par  le  préfet  des  études  ou 
le  principal,  si  toutefois  il  n'avait  pas  déjà  été  supprimé  à  l'épo- 
que de  la  Révolution. 


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DÉCLAKATIOKS,    REPRÉSENTATIONS    THÉA.TRALES 
ET    EXERCICES    PUBLICS 

On  abolit  en  1691  l'usage  où  étaient  les  écoliers  de 
faire,  chaque  année,  le  jour  de  la  Fête-Dieu,  devant  la 
porte  du  collège,  où  le  Saint-Sacrement  reposait,  de» 
déclamations  dont  le  sujet  était  tiré  deTEcriture-Sainte'. 

L'usage  de  ces  déclamations  se  perpétua  cependant 
jusqu'à  la  fin  du  XVIII*  siècle.  Seulement  elles  n'eurent 
plus  lieu  dès  lors  qu'à  l'intérieur  du  collège,  soit  à  l'oc- 
casion des  distributions  de  prix,  soit  à  l'époque  du  pre- 
mier janvier  ou  du  carnaval. 

Le  règlement  de  1699  recomn^ande  au  principal  et 
aux  régents  d'avoir  soin  qu'il  soit  fait  au  m'oins  deux 
déclamations  chaque  année,  savoir,  l'une  pendant  l'hiver, 
et  l'autre  à  l'occasion  de  la  distribution  des  prix,  par 
quelques  écoliers  qui  réciteront  de  la  prose  ou  des  vers, 
ainsi  qu'il  serait  jugé  àaropos  par  le  principal,  suivant 
la  capacité  desdits  écoliers. 

Nous  n'avons  rencontré  aucune  trace  des  déclamations 
faites  au  collège  pendant  l'hiver,  mais  nous  avons  nn 
certain  nombre  de  renseignements  sur  celles  qui  eurent 
lieu  au  X  VIII*  siècle, à  Toccasion  des  distributions  desprix. 

La  collection  des  programmes  imprimés  des  exercices 
publics  soutenus  par  les  élèves  du  collège  de  Laval, possé- 
dée par  M.  L.  de  la  Beauluère,  qui  a  bien  voulu  nous  en  don- 
ner communication  avec  une  bonne  grâce  dont  nous  ne  sau- 
rions trop  le  remercier,  est  fort  curieuse.  Elle  est  mal- 
heureusement incomplète,  mais  assez  nombreuse  cepen- 
dant pour  nous  permettre  de  fournir  quelques  renseigne- 
ments snr  un  certainnombredeces  exercices  de  1727  àl791. 

Les  programmes  étaient  distribués  aux  élèves  qui  de- 

1-.  Archioes  de  Saini-Tugal  à  ta  Bibliothèque  de  Laval  {XMS. 
532).   Pièce  I  .-Mémoire  sur  les  Antiquité,  usages  i  "         "  ' 

l'église  de  Saint-Tugal.  1746,  f"  16. 


./Google 


JOAS 

TR  A  G  EDIE. 

E  T 

GREGOIRE 

COMEDIE. 

SERONT     REPRESENTEZ 

DANS    LA   GKANDB  COUK    DU   COUECB    ROYAC 

DE    LA  V  AL  , 
POUR  LA  solemnite: 

DE  LA    DIITRIJDTION    P&ILIQ.VB  Dit   PXlX  . 
DONNEZ     PAR    MESSIEURS 

LES     MAIRE   ET    ECHEVINS 

DE    CETTE    VJLLE, 


On  fcrib  Reprelentiiion  cmine  pour  Ici  DAMES;  )c  Mudj 
».  Aonll  1  une  hciut  prtcUc    Jr^^,,.^  ^^^^..tju. 

VOUS  y  hxi  iniîici  ,  M.  M>  pit  toui  Ici  AAturi  ,  &  pinl- 
culicrfiiinit  ptr  v6ii*  it£i<humbl»  &  iiii-obiidtni  Stniicui  fi-t^u^. 

ACTEUR    de  h  'T'-^^--^-^  (^'~-'^"'"^y'^-^-^y-^^\^^ 

5/    t  miunitii  irn^  afUe  it fort  U  KffrrfiMIbm  ,  h  jnri  WTptj^ , 


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vaientprendre  part  auxdits  exercices,  et  ceux-ci,  après  y 
avoir  apposé  leurs  signatureSilesremettaieiitaux  membres 
de  leurs  familles  et  aux  amis  de  celles-ci.  Ils  servaient 
donc  à  ta  fois  de  lettres  d'invitation  et  de  cartes  d'entrée. 

Le  plus  ancien  de  ces  programmes  porte  la  date  de 
l'année  1727.  On  doit  jouer,  le  mercredi  20  août,  à  une 
heure  et  demie  après  midi,  dans  la  cour  du  collège, 
Joas,  tragédie,  et  Grégoire,  comédie.  La  distribution 
des  prix,  donnés  cette  année-là  par  les  maire  et  éche- 
vins  de  la  ville,  suivra  immédiatement. 

On  donnera  la  veille,  à  la  même  heure,  une  représeo- 
tation  entière  pour  les  dames. 

Une  note  ajoutée  au  bas  du  programme  prévient  le 
public  que,  si  le  mauvais  temps  empêchait  la  représen- 
tation tes  jours  marqués,  on  la  ferait  les  premiers  beaux 
jours  suivants. 

Ce  programme  ue  contient  pas  les  noms  des  acteurs 
qui  doivent  jouer  dans  les  deux  pièces.  Un  setil  de  ceux- 
ci,  François  Démaillé,  acteur  de  la  tragédie,  jouant  le 
rôle  d'Arrias,  capitaine  des  gardes,  nous  est  connu  par 
ta  signature  qu'il  a  apposée  sur  l'exemplaire  que  nous 
avons  eu  sous  les  yeux  <. 

Nous  n'avons  pas  les  programmes  de  1728  et  1729. 

En  1730  les  élèves  du  collège  jouent  trois  pièces  .- 
Jephté,  tragédie.  L'enfant  prodigue,  drame.  Le  Monde 
démasqué,  comédie. 

Cette  représentation  aura  lieu,  le  mercredi  23  août,  à 
deux  heures  précises,  dans  la  cour  du  collège,  et  sera 
suivie  de  la  distribution  des  prix  donnés  par  le  chapitre 
de  Saint-Tugal. 

Une  première  représentation  doit  être  donnée,  la  veille 
de  cette  cérémonie,  pour  les  dames  et  demoiselles. 

1,  Nous  donnons  ci-contre  une  reproduction,  réduite  de  plus 
de  moitié,  de  ce  programme,  d'après  l'exemplaire  appartenant  à 
M.  Louis  de  la  Beauuière  qui  a  bien  voulu  nous  en  accorder  l'au- 
torisation. 


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Ce  progranune,  imprimé  à  Laval,  chez  Louis-Fran- 
çois Ambroise,  imprimeur  du  roi,  comprend  huit  pages 
inr^".  Il  contient  l'argument  de  chacune  des  pièces  et  les 
noms  des  acteurs,  au  nombre  de  trente-six,  dont  seize 
pensionnaires. 

Noos  n'avons  pas  de  programmes  de  représentations 
théâtrales  pour  les  aanéee  suivantes  jusqu'en  1753,  mais 
seolement  ceux  d'exercices  publics  soutenus  par  les 
élèves  de  troisième  et  de  quatrième,  le  29  août  1749  et 
le  1"  septembre  1750.  Ces  placards  ne  contiennent  au- 
cune mention  relative  à  la  distribution  des  prix  qui  de- 
vait avoir  lieu  à  ta  même  époque.  Peut-être  ces  exerci- 
ces, consistant  en  explications  d'auteurs  latins,  Taites 
par  quelques  élèves,  étaient-ils  indépendants  de  la 
grande  représentation  qui  devait  accompagner  cette 
solennité. 

Cette  distribution  est  annoncée  pour  1751.  Elle  aura 
lieu  le  23  août  et  sera  précédée  d'un  exercice  public  sou- 
tenu par  les  élèves  de  rhétorique  et  de  seconde.  Il  n'y 
aora  pas  h  proprement  parler  de  représentation  théâ- 
trale, mais  seulement  un  scène  dialogues,  jouée  par  plu- 
sieurs jeunes  gens.  Le  sujet  en  est  analysé  au  bas  du 
programme.  Un  poète,  un  militaire,  un  philosophe,  un 
historien,  un  orateur,  un  critique,  ub  médecin,  assem- 
blés devant  des  juges,  soutiennent  la  prééminence  de 
l'art  dont  ils  font  profession  V 

Le  23  août  1752,  les  humanistes  prennent  part  à  un 
exercice  public  sur  les  préceptes  de  rhétorique.  Le  30  du 
même  mois,  ont  lieu  les  exercices  de  traduction  d'au- 


1.  Le  Philosophe,  l'HistoricD,  le  Poète,  l'Orateur,  le  Critique, 
le  Hilitaire,  le  Médecin,  assemblés  devant  des  juges,  soutiennent 
1b  prééminence  de  l'art  dont  ils  font  profession  par  l'utilité  et  la 
claire  qu'ils  procurent  à  l'Etat,  et  par  là  prétendent  au  premier 
des  prix  qui,  selon  leJestament  de  Polydore.  doivent  être  plus  ou 
moins  considérables  a  proportion  du  mérite  des  arts  rivaux.  Phi- 
landre  snrvîent  et  mortifie  un  peu  l'oi^eil  et  ta  vanité  du  mé- 
decin. 


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-  40  ~ 

teura  latins  donnés  par  les  élèves  de  quatrième.  Le  6 
septembre  suivant  doit  avoir  lieu  !a  distribution  des 
prix  donnés  par  l'Hôtel-de-Ville.  La  cérémonie  sera 
précédée  d'une  scène  dialoguée  jouée  par  trois  élèves  du 
collège  et  résumée  sur  le  programme  '. 

La  représentation  donnée  le  6  septembre  1753  fiit  des 
plus  brillantes.  Le  programme  imprimé  à  Laval,  chez 
L.-F.  Ambroise,  comprend  14  pages  in-4'>.  Les  élèves 
du  collège  joueront  trois  pièces  accompagnées  d'inter- 
mèdes de  danses  :  Apollon  invitant  la  jeunesse  à  un 
spectacle  instructif  et  divertissant,  prologue  ;  Le  cou- 
ronnement de  David,  pastorale  héroïque;  Abdolonyme 
élevé  sur  le  trône  de  Sydon,  pour  servir  d'intermède. 

Un  des  acteurs,  M.  Courte,  terminera  la  représenta- 
tion par  un  remerclment. 

Chaque  acte  sera  suivi  d'un  ballet  représentant,  avec 
des  caractères  distinotifs,  les  personnages  et  les  acteurs 
qui  ont  paru  dans  les  scènes  précédentes. 

Les  danses  sont  de  la  composition  de  M.  Josson  le 
cadet,  maitre  à  danser  du  collège  et  de  la  ville  de  La- 
val. Le  frère  de  celui-ci,  Pierre-OUvier  Josson,  maître  à 
dfuaser  de  l'académie  d'équitation  d'Angers  *,  doit  pren- 
dre part  à  la  représentation  en  dansant  avec  son  frère 


1.  Lindor  et  Damis,  écoliers,  de  ces  rieurs  qui  se  moquent  de 
tout  paraissent  sur  la  scène  avec  Eraste  écolier  saffe  et  réservé  : 


toriciens,  demandent  à  Erâste  s'il  sera  farci  de  ces  termes  barba- 
res consacrés  à  la  chicane,  ou  de  citations  grecques  et  latines, 
si  capables  d'endormir  ou  du  moins  d'ennuyer  les  dames.  Eraste 
blâme  leur  caractère  satyrique  et  les  assure  que  le  sentiment  et 
la  raison,  avec  tout  l'er^ouementdontîls  sont  susceptibles,  devant 

Sarlerdans  te  plaidoyer,  il  ne  peut  manmier  d'intéresser  et  de 
ivertir  un  sexe  si  connaisseur,  si  propre  a  créer  et  à  perfection- 
ner les  talents.  Damis  et  Lindor,  gagnés  par  ces  raisons,  s'unis- 
sent à  Eraste  pour  prier  la  compagnie,  surtout  les  rémunérateurs, 
d'honorer  de  leur  attention  les  essais  des  rhétoriciens  et  de  rele- 
ver par  leur  applaudissement  la  gloire  des  vinqueurs. 

2.  Celui-ci  est  l'auteur  d'un  Traité  abrégé  de  la  danse,  Angers^ 
Jahyer,  t763,  in-12. 


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~  41  - 

plu^eurs  pas  de  caractère,  La  Sabotière,  La  Jardi- 
nière, etc. 

La  musique  est  de  la  composition  de  M.  Frary,  maître 
de  psallette  du  chapitre  de  Saint-Tugal^ 

Les  représentations  données  chaque  année  par  les 
élèves  du  collège  avaient  obtenu  dans  la  ville  le  plus 
grand  succès.  Elles  attiraient  chaque  fois  une  foule 
énorme  qui  se  pressait  dans  la  rue  Renaise  et  obstruait 
les  portes  par  où  devaient  entrer  les  spectateurs,  pro- 
duisant des  bousculades  et  des  désordres  qui  conti- 
nuaient dans  la  cour  même  où  se  donnait  le  spectacle. 
En  outre,  les  gens  du  peuple  entassés  au  fond  de 
la  cour,  derrière  les  invités  de  quaUté,  troublaient  la 
cérémonie  par  leurs  cris  et  leurs  applaudissements. 
Aussi  l'avocat  fiscal  de  la  ville,  craignant  que  la  repré- 
sentation qui  se  préparait,  laquelle  devait  être  plus  bril-, 
lante  que  celles  des  années  précédentes,  en  raison  du 
concours  apporté  à  cette  fête  par  M.  Josson  aîné,  ne  fût 
troublée,  adressa-t-il  au  juge  de  police  une  requête 
pour  inviter  celui-ci  à  prendre  des  mesures  d'ordre 
afin  d'empêcher  le  retour  des  scènes  tumultueuses  qui 
s'étaient  produites  dans  de  semblables  circonstances. 

«  A  Monsieur  le  juge  de  police  de  Laval, 

«  Vous  remontre  le  Procureur  fiscal,  qu'on  a  toujours 
vu  avec  peine  que  dans  les  représentations  de  tragédies  qui 
se  font  au  collège,  le  peuple  peu  raisonnable  s'y  assemble 
en  foule  et  trouble  la  cérémonie  par  son  tumulte  et  ses 
clameurs  confus  et  redoublés.  Comme  ces  exercices  sont 
uniquement  destinés  pour  les  personnes  qui  sont  en  état 
de  juger  du  mérite  de  la  pièce  et  de  la  disposition  des 
acteurs,  il  est  constant  que  la  tranquillité  doit  régner 


1.  Reçu  en  cette  qualité  le  13  janvier  1742.  Extrait»  des  regia- 
trea  du  chapitre  de  Sairit-Tagal,  des  archives  de  M.  L.  de  la 
Beauluëre. 


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da&a  ces  sortes  d'exerciceB  publies,  tant  pour  ta  commo- 
dité des  acteurs  que  pour  la  satisfaction  deB  différents 
corps  de  commuDautés  de  la  ville  qui  y  assistent  et  îl 
est  de  bon  ordre  et  de  bonne  police  d'assurer  cette  tran- 
quillité, et,  pour  y  parvenir,  de  rendre  une  ordonnance 
qui  produise  ces  effets  si  nécessaires. 

a  A  ces  causes,  il  vous  plaise,  Monsieur,  fairedéfeuse 
à  toute  personne  que  ce  soit  de  faire  aucunes  violences 
pour  forcer  les  gardes  ou  huissiers  qui  se  tiendront  à  la 
porte  du  collège  avant  et  pendant  la  représentation  de 
la  tragédie  qui  se  fera  jeudi  six  du  mois  de  septembre 
prochain,  faire  pareillement  défense  à  ceux  qui  entrent 
dans  la  cour  où  se  fait  la  tragédie  de  la  troubler  soit  par 
leurs  crys,  rumeurs,  rixes,  querelles  ou  disputes,  même 
de  jetter  pierres,  bois  ou  quelques  choses  que  ce  soit 
qui  puisse  interrompre  les  acteurs  et  empêcher  la  satis- 
faction du  public  et  l'émulation  des  jeunes  acteurs,  le 
tout  à  peine  de  20  livres  d'amende  contre  chacun  des 
contrevenants,  laquelle  demeurera  encourue  sur  la  dé- 
claration de  deux  personnes  dignes  de  foy  et  de  probité 
nécessaire.  Et  à  ce  que  personne  n'en  ignore,  ordonner 
que  la  présente  ordonnance  qui  interviendra  sur  icelle 
sera  lue,  pubhée  et  affichée  dans  les  carrefoui's  et  lieux 
accoutumés,  même  aux  prônes  des  messes  paroissiales 
de  cette  ville  et  fauxbourgs.  —  Requis  à  Laval,  le  29 
aoust  1753.  «  Fam. 

«  Soit  fait  ainsi  qu'il  est  requis.  —  A  Laval,  ce  29 
aoust  1753.  «  Le  Puinetie»'.  » 

Il  est  à  croire  que  l'ordonnance  du  juge  de  police  as- 
sura la  tranquillité  de  la  rue  pendant  le  spectacle. 

Cette  représentation  est  la  dernière  dont  nous  ayons 
le  programme.  Peut-être  les  troubles  causés  par  ces  fè- 

1.  Archives  départementales  de  la  Mayenne,  série  B  944. 


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-  43  - 

tes,  et  les  désordres  dont  elles  étaient  le  prétexte,  dé- 
terminèrent-ils les  magistrats  à  les  interdire. 

Nous  devons  dire  toutefois  qu'il  se  trouve  ici  une  la- 
cune considérable  dans  la  collection  de  M.  de  la  Beaa- 
luère  et  que  nous  n'avons  aucun  placard  concernanC  les 
distributions  de  prix  des  années  1753  à  1770.  A  partir 
de  cette  époque,  nous  ne  trouvons  plus  que  des  pro- 
grammes d'exercices  soutenus  par  les  élèves  de  diffé- 
rentes classes  sur  les  matières  qu'ils  ont  eu  à  étudier 
ou  sur  les  auteurs  qu'ils  ont  expliqués  dans  l'année. 

En  1771,  exercices  publics  soutenus,  le  31  août,  par 
les  élèves  de  troisième;  le  2  septembre,  par  ceux  de 
quatrième;  le  3,  par  ceux  de  cinquième;  le  4,  par  ceux 
de  sixième  ;  enfin,  le  6,  par  ceux  de  rhétorique  et  de  se- 
conde, suivis  de  la  distribution  des  prix. 

En  1774,  le  5  septembre,  exercices  soutenus  par  les 
élèves  de  rhétorique. 

En  1785,  exercices  soutenuspar  les  élèves  de  cinquième, 
le  28  août,  et  de  quatrième,  le  29  du  même  mois. 

En  1786,  exercices  des  élèves  de  cinquième,  le  29 
août,  et  de  quatrième  le  1"  septembre  suivant. 

En  1787,  exercices  soutenus  par  les  humanistes  (élè- 
ves de  seconde),  le  l"  septembre,  et  les  rbétoriciens,  le 
5  du  même  mois. 

Il  y  a  un  programme  séparé  pour  les  exercices  de 
chaque  classe.  Aucun  de  ceux  que  nous  venons  d'énu- 
mérer  ne  fait  mention  de  la  distribution  des  prix  qui 
devait  suivre  le  dernier  de  ces  exercices'. 

Nous  n'avons  pas  de  programmes  pour  1788  et  1789. 

Mais  nous  en  avons  deux  pour  1790.  Ils  sont  relatifs 
aux  exercices  soutenus,  le  27  août,  par  les   élèves  de 


1.  Ces  programmes  sont  imprimés,  savoir,  ceux  de  1771,  à 
Angers,  cnei  BarrièFe  et  Billaut,  imprimeurs  et  libraires  de  la 
ville  et  du  colley,  ceux  de  177i  à  1787,  à  Atençon,  chez  Jean- 
Zacharie  Malassia  le  jeune,  imprimeur  du  roi  et  du  collège  de 
Laval. 


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—  44  — 

cinquième  ;  et  le  premier  septembre  par  ceux  de  se- 
conde ' . 

D'autres  exercices  durent  avoir  lieu  les  jours  suivants 
pour  les  élèves  des  autres  classes,  car  la  distribution 
des  prix  n'eut  lieu  que  le  six  septembre,  en  présence 
des  membres  du  conseil  général  de  la  commune  et  de 
la  nouvelle  municipalité  qui,  par  délibérations  du  27 
août,  avaient  décidé  qu'ils  assisteraient  en  corps  de  cé- 
rémonie à  cette  solennité  ^. 

Pour  1791,  nous  avons  un  seul  programme  des  exer- 
cices soutenus,  le  31  août,  par  les  élèves  de  quatrième. 
n  est  probable  que  la  distribution  des  prix  dut  avoir 
lieu  quelques  jours  après  en  présence  des  autorités. 

Celle-ci  est  la  dernière  dont  nous  ayons  à  nous  occu- 
per pour  cette  partie  de  notre  travail. 

(A  suivre). 

E.  Qcerua.d-Lamebie. 

1.  Ces  programmes  sont  imprimes  à  Laval,  cheE  Dariol,  impri- 
meur du  département,  de  la  municipalité  et  du  coltè^  royal  de 
Laval. 

2.  Archives  municipales.  Registres  des  délibérations  du  Con- 
seil général  de  la  c" " 


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AVEU 

DU   COMTÉ  DE   LAVAL 

K    RENÉ    DUC    D\niOV,    HOI    DE    SICILE 

COMTE    DU    MAINE 

1444 

(Suite  et  fin). 


MONTIGNE 

Item  s'ensuit  la  déclaratîoa  de  la  terre  de  Montigné 
qui  fut  au  seigneur  de  Chasteaubriant  qui  la  tenoit  de 
mes  prédécesseurs  à  foy  et  hommaige  et  depuis  feu 
monseigneur  de  Laval  mon  prédécesseur  par  puissance 
de  fié  traisit  <  icelle  terre  à  lui  et  la  consoUida  à  ladite 
terre  de  Laval  et  contient  icelle  terre  de  Moatigné  : 

Premièremeat  en  fons  de  domaine  la  sisième  partie  du 
moulin  de  Montebert  séant  en  la  rivière  de  Vicoing.  — - 
Item  une  pièce  de  terre  contenant  euvre  à  cinq  hommes 
faucheurs  de  pré  appelé  anciennement  le  pré  de  Chasteau- 
briant. —  Item  ay  plusieurs  fiez  et  arrefiez  en  icelle,  les 
cens,  rentes,  tailles,  et  debvoirs  par  raisons  des  choses 
qu'ilz  tiennent  en  ma  dite  terre.  C'est  assavoir  :  à  la 
(este  de  la  Nativité  Sainct  Jehan  Baptiste,  treize  soubz  ; 
à  la  me-aoust  six  livres  seize  soulz  deux  deniers  ;  à 
l'angevine  huit  livres  quatre  soulz  deux  deniers  ;  à  la 

1.  C'est  le  retrait  féodal.  Le  seigneur,  en  vertu  du  droit  qu'il 
avait  de  choisir  son  vassal  pouvait,  dans  le  délai  d'un  an  et  jour, 
retirer  des  mains  de  l'acquéreur  l'immeuble  relevant  de  son  fief, 
qui  lui  avait  été  vendu  par  son  si^et.  11  devait  lui  rembourser  le 
prix  de  vente  et  tous  les  frais. 


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-  46  - 

Toussaint  neuf  livres  deux  sovhz  quatre  deniers  ;  à 
Noël  trente  soulz  ;  au  jeudi  absolu',  sept  deniers  mail- 
le. —  Item  la  ooustume  de  mes  estaigiers  en  nuèce  ^  de 
Montigné.  —  Item  quarante  et  huit  bouesseaux  d'avaine 
comblez  à  moy  deuz  (dûs)  chacun  an  au  terme  de  ]'ange- 
vine-  sur  plusieurs  mes  subjez  qui  les  doivent  en  icelle 
terre. 

Item  les  hommaii^es  de  foy  de  ma  dite  terre  :  Premiè- 
rement, messire  Jehan  des  Sepeaux  (A.  G.  des  Cep- 
peaux),  chevalier,  homme  de  foy  lige  par  raison  de  son 
nabergement,  terre  et  appartenances  des  Sqpeaux  en 
fiez  et  en  domaines,  sis  en  la  paroisse  d'AstilIé  et  îllec 
environ.  —  Messire  Olivier  de  Feschal,  chevalier  sei- 
gneur du  Bourgeau  (A.  G.  Pierre  Corbin,  chevalier) 
me  doit  foy  lige  par  raison  de  sa  dite  terre  et  apparte- 
nance du  Bourgeau,  séant  en  ladite  paroisse  d'Astillé. 

—  Messire  Lancelot  Frézeau,  chevalier  {A.  G.  maistre 
Etienne  Fîllâtre),  à  cause  de  aa  femme,  homme  de  foy 
simple  du  four  à  ban  et  des  féaiges  qu'il  a  à  Montigné 
et  aune  pièce  de  pré  qu'il  a  illec  près,  lesquelles  choses 
tint  par  aucun  temps  feu  maistre  Etienne  Fillâtre,  à 
cause  de  sa  femme.  —  René  du  Buat  {A.  G.  Jehan  du 
Buat)  est  mon  homme  de  foy  simple  par  raison  de  son 
domaine  et  appartenances  de  la  Compairie,  et  est  tenu 
me  fournir  d'exécuteur  pour  faire  exécuter  à  ses  des- 
pens,  les  malfaiteurs  conaampnez  en  ma  court  dudit  lieu. 

—  Jehan  de  la  Porameraye  (A.  G.  Jehan  de  Lencrau) 
est  mon  homme  de  foy  lige  par  raison  de  ses  terre  et 
lieu  du  Vergier  et  de  laForte-Escuyère,  et  m'en  doit  un 
cheval  de  servage  apprécié  à  dix  soulz.  —  Messire  Oli- 
vier de  Feschal  (A.  G.  messire  Jehan  Le  Vaïer)  est  mon 
homme  de  foy  simple  par  raison  du  lieu  de  la  Faymon- 
dière  en  liez  et  en  domaine  lesquelles  choses  furent  mes- 
sire Jehan  Levayer,  seigneur  de  la  Clarté.  —  Les  dé- 
tenteurs du  lieu  et  domaine  du  Couldroy,  que  tint  par 
aucun  temps  Perrot  Berriau,  me  doivent  foy  et  hommage 
lige  par  raison  du  habergement,  domainea  et  apparte- 
nances du  dit  lieu.  —  Macé  Ferrant  (A.  G.  Jamet  Fer- 

1.  Jeudi -Saint. 

2.  EslaigUrs  en  nuease  ;  Kabttants  relevant  du  seigneur  dir«c- 
temenl,  sans  intermédiaire. 


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_  47  ~ 

rant)  est  mon  homme  de  foy  simple  de  son  bien  et  ap- 
parteitances  de  la  Baudonoière.  —  MaÎBtre  Etiemie  Toa- 
chart  (A.  G.  Jehan  Lemercter),  à  cause  de  sa  femme, 
jGlle  de  feu  Jehan  Lemercier,  est  mon  homme  de  foy 
simple  par  raison  de  sa  courtillerie  de  la  Garrelière.  — 
Jehan  Lecornu  (A.  G.  la  femme  de  feu  Jehan  de  Cour- 
cesseurs?  — peut-être  GourcelleB),  homme  de  foy  sim- 

{ile  à  cause  de  son  domaine  et  féai^  de  la  Biffottière', 
edit  Lecornu,  homme  de  foy  simple  à  cause  de  son  do- 
maine de  Courcelles.  —  (A.  G.  Item  ay  en  ladite  terre 
de  Montigné  plaidz,  court  et  juridicion  justice  et  valerie 
haute  moyenne  et  basse  et  touz  émoluments  et  proufBz 
ad  ce  appartenants). 

Item  s'ensuit  la  déclaration  de  certaines  choses  en 
fons  de  domaine  et  féaiges  appelez  les  fiez  d'Entrames 
qui  furent  anciennement  au  feu  seigneur  de  Partenay 
et  de  Sainct-Ouain  qui  tenoit  icelles  choses  à  foy  et 
hommaige  de  mes  prédécesseurs  qui  les  acquidrent  dudit 
feu  seigneur  de  Partenay  avec  la  terre  de  Sainct-Ouain, 
les  fiez  d'Entrames  sont  de  présent  consolidez  avec 
mon  dit  comté  de  Laval. 

Premièrement  en  fons,  domaine,  la  forêt  de  Barbain 
pour  tant  qu'il  en  a  en  mon  conté  de  Laval,  c'est  assa- 
voir depms  les  portes  Rabinard  par  le  ruisseau  d'In- 
grande^  jusques  à  la  marre  d'Esméard^  oultre  ledit 
ruisseau  du  costé  devers  ma  ville  de  Laval,  contenant 
cette  icelle  porcion  de  la  dite  forêt,  tenue  de  vous  et  con- 
solidée avec  mon  dit  conté  de  Laval  de  cent  à  six  vingts 
journels  de  bois  ou  environ,  —  Item  s'ensuivent  les  hom- 
mages de  foy  et  les  tailles  qui  me  sont  deux  par  mes 
sujets  qui  tiennent  leurs  cboseB  de  moy  à  cause  desdits 
fiez.  —  Premièrement  :  messire  Jehan  de  Brée,  cheva- 
lier, est  mon  homme  de  foy  lige  et  me  doit  vingt  livres 
tournoy,  de  taille  semonnâble  ^  chacun  an,  au  terme  de 
l'angevine  par  raison  de  sa  terre  de  Foullouz  tant  en 
fiez  que  en  domaines.  —  Le  seigneur  de  Maritourne 
homme  de  foy  simple  par  raison  cle  sa  dite  terre  de  Ma- 


1.  En  Nuillé-sur-Vicoin. 

2.  En  Saint-Germain -de- Pouilloux  ;  affluent  de  l'Emëe. 

3.  Aujourd'hui  Emeîllard,  en  Andouillë. 

4.  Tribut  dont  le  jour  de  paiement  était  publié  à  l'avance. 


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—  48  - 

ritoume  tant  en  liez  que  en  domaine,  et  m'en  doit  chacon 
an  au  dit  terme  quarante  soulz  de  taille  Bemonnable.  — 
Le  seigneur  d'Orenge  '  est  mon  homme  de  foy  et  me  doit 
cent  souiz  de  taille  cemonnable  au  dit  terme  del' angevine, 
par  raison  de  sa  terre  d'Orenge  tant  en  fié  que  en  do- 
maines. —  Le  seigneur  de  la  Chapelle,  mon  nomme  de 
foy  et  me  doit  quatre  livres  de  taille  cemonnable  chacun 
an  au  dit  terme  de  l'angevine  par  raison  de  son  fié  de 
la  Marche  ^.  —  Le  seigneur  de  la  Morvoeille  3.  Le  sei- 
gneur de  Beauvais  *,  homme  de  foy  par  raison  de  son 
lieu  de  la  Crouliëre  du  Boys  à  la  Dame  et  de  ses  fiez 
qu'il  a  en  mes  ditz  fiez  d'Entrames. 

Item  s'ensuivent  les  devoirs  qui  me  sont  deuz  chacun 
an,  à  cause  des  dits  fiez  de  mes  subjets  tenant  de  moy 
leurs  choses  autrement  que  à  foy.  —  Premièrement  le 
seigneur  de  la  Ragotiëre  me  doit  chacun  an  au  terme  de 
l'angevine  deux  soulz  de  taille  à  cause  dudit  lieu.  — 
Ambroys  Taraische,  à  cause  de  sa  femme,  me  doit  cha- 
cun an  au  terme  de  la  feste  de  ta  Nativité  Sainct  Jehan 
Baptiste,  cinq  soulz  tournoya  de  devoir  par  raison  de 
sa  vigne  de  la  Vallette.  —  Les  hoirs  feu  Cochoimaye  me 
doivent  chacun  an  au  dit  terme,  saize  deniers  de  aevoir 

{lar  raison  de  leur  habergement  et  appartenance,  sis  en 
a  ville  de  Laval.  —  André  Menant,  à  cause  de  sa  fem- 
me me  doit  quatre  deniers  de  devoir,  par  raison  de  leur 
maison  sise  joignant  la  maison  Tascet  au  Bourg-Che- 
vrel  de  Laval.  —  Les  hoirs  feu  Jamet  le  Mercier  me 
doyvent  chacun  an  au  dit  terme  deux  denrées  de  ceri- 
ses, par  raisons  de  leurs  choses  qu'ils  tiennent  de  moy 
en  mes  dits  fiez  d'Entrames.  —  Aymery  Champonays 
me  doit  dix  soulz  de  devoir  chacun  an  au  dit  terme  par 
raison  de  sa  maison  sise  en  ladite  ville  de  Laval,  devant 
l'ostel  feu  Colas  Guérin. 

Item  est  assavoir  que  ledit  feu  sire  d'Anthenaise  an 
temps  qu'il  tenoit  la  terre  de  la  Guehardière^  la  tenoit 
partie  de  feu  monseigneur  de  Laval  mon  prédécesseur, 
et  autre  partie  il  tenoit  en  la  chastellenie  de  Corbeveitle 

i.  En  Saint- Jean-sur-Mayenne. 
'i.  En  Louverné. 

3.  La  Merveille,  en  Saint- Jean-sur-Mayenne.    ' 

4.  En  Changé. 

5.  En  Beaulieu. 


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à  moy  à  présent  appartenant,  et  l'autre  porcion  d'icelle 
terre  de  la  Gabaraière  et  tenue  en  mon  povoir  par  le 
moven  du  seigneur  de  Montjehan,  laquelle  terre  de  la 
Ganardière  feu  monseigneur  de  Laval,  mon  prédéces- 
seur, traisit  à  soy  du  dit  feu  sire  d'Anthenoîse,  et  par  ce 
la  partie  et  porcion  que  ainsi  tenoit  le  dit  d'Anthenoîse 
à  loy  et  hommage  en  ma  dite  terre  de  Laval,  fut  dès 
lors   consollidée   avec  ma  dite  terre  de  Laval,   laquelle 

Sorcion,  d'ancienneté,  est  appelée  les  fiez  de  Tucé, 
esquels  fiez  sont  les  choses  et  lieux  qui  me  doyvent  les 
certes  ' ,  et  redevances  qui  s'ensuivent  :  Premièrement 
Thcbault  le  Prînue  (A.  G.  Régnier  le  Prince),  par  raison 
de  son  domaine  de  la  Droyrie  me  doit  par  chacun  an,  à 
l'angevine,  quatorze  soulz  de  taille  semonnable  et  vinal 
quatre  chevallerez  d'avaine  d'avainaige  sur  la  courtil- 
lerie  de  la  Pappinière,  m'est  deu  par  an  au  dit  terme 
douze  soulz  de  taille  semonnable  et  douze  chevalerez 
d'avaine  d'avainaige.  —  Sur  la  moitié  de  la  Bergicre, 
m'est  deu  par  an  deux  soubz  de  taille  et  douze  chevalle- 
rez d'avainaige  semonnable.  —  Sur  la  mestairie  de  la 
Berne  douze  soulz  de  taille  et  douze  chevallerez  d'ave- 
naige  semonnable  au  dit  terme.  —  Sur  la  mestairie  de  la 
Baesière  deux  soulz  de  taille  et  douze  chevallerez  d'a- 
vaine d'avenaige  semonnable  par  an  au  dit  terme.  — 
Pierres  de  Talie  (A.  G.  La  femme  feu  Georges  deTalie) 
me  doit  foy  et  hommaîge  sur  le  domaine  de  la  Houllière 
douze  soulz  de  taille  et  douze  chevallerez  d'avoine  d'a- 
venaige semonnable  au  dit  terme.  —  Les  hoirs  Pierres 
Sonnaing,  hommes  de  foy  simple  par  raison  du  domaine 
et  féaige  des  Mées  en  la  paroisse  de  Montjehan,  et  m'en 
doit  quatre  soulz  six  deniers  de  taille  et  douze  chevalle- 
rez d'avoine  par  an  semonnable  au  dit  terme,  lesquelles 
choses  sont  gouvernées  et  receues  avec  mes  autres  cho- 
ses d'icelle  terre  par  un  receveur  du  dit  lieu  de  la  Gu- 
chardière.  —  Item  ay  en  icelle  terre  de  la  Guehardière, 
plaiz  et  juridicion,  justice  vaierie  et  seigneurie,  haulte, 
moienne  et  basse  avec  les  prouflits  et  émolumens  qui  y 
appartiennent,  et  y  avoit  le  dit  feu  sire  d'Anthenoîse  au 
temps  qu'il  la  tenoit,  laquelle  partie  et  porcion  de  la 
dite  terre  de  la  Guehardière,  qui  est  tenue  nuemcnt  de 

i.  Certes,  séries,  services. 


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moy  en  ma  dite  ch&telleme  de  Laval  et  à  présent  y  est 
conBolidée;  je  advoue  soubz  mon  dit  homioaige  de  la 
conté  de  Laval. 

LA    GRAVELLE 

Item  s'ensuit  la  déclaration  de  la  chastellenie  de  la 
Gravelle  :  —  Premièrement  la  place  ou  soulloient  estre  ' 
les  forteresse,  chaste)  et  basse  court,  avec  les  douves 
et  jardins  appartenant  au  dit  chastel,  le  four  à  ban,  la 

frévosté  et  cohue  de  la  Gravelle.  —  Item  les  prés  de 
AumosDC  contenant  euvre  à  trente  hommes  faucheurs 
de  prez  ;  le  pré  Gaudry  contenant  journées  à  huit  hom- 
mes ;  le  pré  du  RoUier  contenant  journées  à  cinq  hom- 
mes. —  Item  le  pré  appelé  la  Noè  à  la  Dame,  contenant 
I'ournée  à  ung  homme  faucheur  de  pré  ou  environ.  ~ 
tem  la  Courtillerie  des  Aulnois,  contenant  les  maisons, 
courtils  et  vergier,  journée  à  quatre  hommes  faucheurs 
de  m-é  neuf  journelz  de  terre  ou  environ,  —  Item  la  terre 
du  Teilleul,  acquise  par  feu  monseigneur  de  Laval,  mon 
père,  en  la  terre  de  ta  Gravelle  dont  elle  est  Bub^ète  et 
tenue  par  avant,  ledict  acquiest  contenant  les  haberge- 
ments,  estraiges,  et  jardrins  du  Teilleul,  journées  à  dix- 
neuf  hommes  faucheurs  de  pré  et  quarante  journaulx  de 
terre  ou  environ.  —  Item  la  métairie  du  Fau  du  Tail  ', 
contenant  l'estraige  et  courtilz,  journées  à  seize  hommes 
faucheurs  de  pré  et  vingt  journaulx  de  terre  ou  lande, 
ou  environ.  —  Item  l'estang  duchastel,  etl'estangdu 
parc  de  la  Gravelle,  la  chaussée,  portes  et  estang  du 
Moulin-neuf,  avec  le  moulin  assis  dans  la  dite  chaussée. 
—  Item  ung  autre  moulin  à  choiseau  et  reffoul  d'icelle, 
appelé  le  moulin  à  choisel  des  Moulins  neufs  ^.  —  Item 
les  foretz  de  la  Gravelle,  c'est  assavoir  :  le  parc,  l'eira- 
ge,  les  essars,  les  frettes,  les  plesaes,  gabier*,  et  tes 
bois  de  Fragen,  excepté  certaine  partie  a  icelui  bois  de 

t.  Où  avaient  coutume  d'être,  où  ils  étaient  avant  que  les  An- 
^is  les  eussent  démolis. 

2.  En  breton  Faou,  fau,  être  ;  lail,  taillis.  Le  hêtre  du  taillis, 
en  Saint-Pi  erre -la-Cour, 

3.  Choisel,  choiseau,  du  verbe  choir;  chute  d'eau, 

4.  On  connaît  encore  les  bois  dji  Parc,  des  Bssarts,  des  Ef- 
fretais. 


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—  M  — 

FraKflu  qui  est  de  la  chastellenie  d'Olivet  ^  et  sont  tenus 
inesDonimes  etestaigiers  du  Teilleul  et  de  Fou-Villaine ^ 
faire  réparer  et  maintenir  en  estât  deux  haies  à  grosses 
bestes  es  bois  des  Frètes  et  des  Essars,  en  le  leur  fai- 
sant savoir  avenamment  ^  et  poiant  à  chascun  corvéour 
qui  sera  à  faire  et  réparer  les  dites  hayes  nng  denier 
pour  despens  pour  chacun  jour  qu'il  sera  à  besongner  à 
la  réparation  des  dîtes  bayes.  — Item  de  mes  bommes 
tenans  le  domaine  et  fié  de  la  Gaberie  doivent  et  sont 
tenus  me  quérir  et  trouver  une  aire  d'esperviers  et  me 
les  garder  en  mes  dites  foretz  de  la  Gravelle  dès  ce  que 
l'espervier  va  à  son  aire  jusque»  à  ce  que  les  oiseaulx 
soient  creuz^,  et  dès  lors  qu'ils  sont  près  à  descendre 
me  le  doivent  faire  assavoir,  et  se  par  leur  delTault  les 
dits  oiseaulx  sont  perdus,  ils  sont  tenus  à  le  m'amender. 

—  Item  sur  les  terres  fiez  et  seigneuries  situés  en  ma 
dite  chastellenie  me  sont  deuz  de  plusieurs  subgiz  en 
icelle,  les  cens,  rentes  et  tailles  annuelles  qui  telles  sont, 
et  se  montent  en  somme  au  terme  de  la  Sainct  Jehan- 
Baptiste  quatre  livres  huit  soulz  deux  deniers  de  cens 
et  soixante  troys  soulz  sept  deniers  de  rente.  —  Item 
au  terme  de  l'angevine,  en  ce  comprins  le  devoir  du 
Teil,  vingt  neuf  livres  quatre  soulz  troys  deniers  maille. 

—  Item  au  terme  de  la  Toussatnts  sur  ma  ville  et  bour- 
geoisie de  la  Gravelle,  quarante  livres  de  taille,  appelé 
ta  taille  à  advts  de  la  Gravelle.  —  Item  au  terme  de 
Nouel  me  doyvent  plusieurs  mes  subgiz  de  la  Gravelle, 
en  ce  comprins  les  devoirs  de  la  dite  terre  du  Teilleul 
six  livres  dix  sept  soulz  six  deniers.  —  Item  les  bommes 
estaigiers  de  la  Brulatte  me  doivent  et  sont  tenus  poier 

1.  D'après  ce  passage  et  d'autres  (jue  nous  avons  rencontres 

tilus  haut,  il  semble  que  Fragen  était  anciennement  une  vast« 
orët  qui  s'étendait  dans  les  paroisses  de  Bourgon,  Lauiiuy-Vil- 
liers,  Oitivet  et  La  Gravelle.  A  la  date  de  notice  aveu,  une  partie 
de  celte  forêt  subsistait  en  Bourgon,  une  autre  en  Ollivet  et  la 
Gravelle  :  le  bois  de  Misedon  et  le  bois  aux  Moines  faisaient 

[lartie  de  ce  second  fragment,  ainsi  qu'on  le  verra  quand  on  par- 
era du  Plessis-Milcent. 

2.  Maintenant  Feu-Villaine.  Feu  est  encore  le  ipot  faou,  hâtre. 
C'est  l'ancien  Panum  Vicùtoniœ  qu'il  faut  traduire  :  le  hêtre  de  la 
Villaine.  En  bonne  latinité  Fanum  veut  dire  temple. 

3.  D'avance,  en  temps  convenable. 

4.  Aient  grandi. 


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pour  l'usaige  de  Fragiea,  chacun  estai^er,  saize  de- 
niers au  terme  de  Tangevine.  —  Item  sur  plusieurs  sub- 
eiz  en  ladite  terre  me  sont  deuz  deux  sextiers  de  saigle 
de  rente,  mesure  de  la  Gravelle'  par  chacun  an  terme 
de  l'angevine.  —  Item  plusieurs  suhgiz  en  la  dite  terre 
me  doivent  par  raison  de  certaines  choses  hëritaulx  qu'îlz 
tiennent,  en  ce  comprins  les  avenaiges  du  Teilleul, 
quinze  sextiers  d'avaine  d'avenaige,  à  ma  mesure  de  la 
Gravelle,  potable  chacun  an  au  terme  de  l'angevine.  — 
Item  sur  plusieurs  subgiez  et  tenements  en  la  dite  ville 
et  bourgeoisie  de  la  Gravelle  me  sont  deuz,  en  ce  com- 

Srins  lea  poulies  du  Teiileul,  quarante  neuf  chés  (chefs) 
e  poullailles  de  rentes  poiables  audit  terme  de  l'Ange- 
vine. 

Item  s'ensuit  la  déclaracion  des  hommes  de  foy  de  la 
dite  terre  delà  Gravelle,  —  Premier  :  Pierres,  seigneur 
de  Gornesse,  homme  de  foy  simple  par  raison  du  lié  de 
Cornesse  et  de  la  Vennerie  qu'il  a  en  mes  dites  forestz 
de  Laval  et  de  la  Gravelle  et  par  raison  d'icelles  choses 
me  doit  et  est  tenu  à  pasturer  et  nourrir  à  ses  despens 
douze  chiens  courantz  et  deux  lévriers  à  cerfs  que  je  luy 
doy  bailler  pour  me  garder  chacun  an  dès  le  temps  de 
la  Sainte-Croix  en  septembre,  jusques  au  jeudi  absolu. 
—  Les  tenans  une  maison  ou  place  de  maison  et  haber- 
gement  sis  en  la  ville  de  la  Gravelle,  qui  fust  Guillaume 
Menson  et  depuis  à  Jehan  Parent,  me  doj-vent  foy  sim- 
ple par  raison  d'icelles  choses.  —  Item  est  vroy  que  les 
nommes  du  lié  de  Briacé,  sis  en  ta  paroisse  de  Quocé 
et  les  hommes  de  la  Brulatte,  de  Rillé  (Ruillé-le-Grave- 
lais)  de  Sainct  Cir,  les  hommes  au  seigneur  de  Cor- 
nesse me  doivent  réparer  et  emperer  (empierrer]  mes 
fosses  et  douves  de  la  forteresse  de  la  Gravelle  en  leur 
faisant  savoir  avenamment  quant  il  en  est  mestier,  en 
poiant  à  chacun  homme  qui  y  sera  ung  denier  par  jour 
pour  la  despence,  —  Item  les  plez,  juridicion,  tabellio- 
nage  et  seaulz  de  contrat  de  la  Gravelle,  avec  les  prouf- 
fiz  qui  y  appartiennent.  —  Item  ay  en  ma  dite  ville  de 
la  Gravelle  une  foire  en  Tan  au  jour  de  S' Jacques. 


1.  Le  boisseau  de  la  Gravelle  était  le  même  que  cel 
II  devait  contenir  cinquante  deux  livres  de  blé  seigle. 


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-  53  - 

Item  est  vroy  que  anciennement,  par  feu  monBoî- 
gDeur  de  Laval,  mon  prédécesseur  fut  baillé  à  tenir  à 
Iranc  paraige  aux  prédécesseurs  de  feue  madame  Jehanne 
de  Laval,  ma  mère,  que  Dieu  absoile  (absolve)  pour  leur 

Eartaige  de  la  dite  seigneurie  de  Laval  ou  autrement, 
}8  chastellenies  de  Melluy,  Montaeur,  Olyvet  et  Gorbe- 
veille  o  leurs  appartenances  et  deppendances  en  fiez  et 
en  domaines  ;  lesquelles  terres  et  cnastellenies  me^sont 
escheues  et  advenues  par  le  trespaasement  et  décès  de 
la  dite  feue  madame  ma  mère;  et  par  ce,  reconsolidée 
avec  mon  dit  conté  de  Laval,  et  les  advoue  tenir  de 
vous  en  mon  hommaige  desquelles  chastellenies  la  décla- 
racion  s'ensuit  : 


Premièrement  s'ensuit  la  déclaration  de  la  terre  et  chas- 
tellenie  d'Olivet.  C'est  assavoir,  le  habergement,  dou- 
ves, jardins,  vergiera  et  appartenances  contenant  six 
joumelz  de  terre  ou  environ,  avec  une  pièce  de  pré,  ap- 

{lelée  le  pré  d'Olivet,  contenant  journée  à  dix  nommes 
aucheurs  de  pré  ou  environ,  et  une  pièce  de  terre  nom- 
mée le  Chenfl,  contenant  deux  journelz  de  terre  labou- 
rable ou  environ.  —  Item  une  pièce  de  pré  contenant  le 
quart  de  journée  à  un  homme  faucheur  de  prez  sise  es 
."Voë  au  Launez,  avec  une  autre  pièce  de  pré  nommée  le 
pré  Chaignon,  sise  en  ma  forêt  de  Missedon,  contenant 
journée  à  quatre  hommes  faucheurs  de  pré  ou  environ, 
et  une  autre  pièce  de  pré,  nommé  le  Vignonnaiz,  conte- 
nant journées  à  deux  nommes  faucheurs  de  préz  ou  en- 
viron, sise  en  ma  dite  forest  de  Missedon,  —  Item  une 
autre  pièce  de  pré,  appelée  le  pré  Guymon,  contenant 
journée  à  sept  hommes  faucheurs  de  pré  ou  environ,  sis 
en  ma  dite  forest,  et  une  autre  pièce  de  pré  nommée  le  pré 
de  l'Eaue,  contenant  journée  à  deux  hommes  faucheurs 
de  pré  ou  environ,  joignant  la  dite  forest,  avec  troys  piè- 
ces de  courtilz,  sis  au  bourg  d'Olivet,  contenant  demi 
iourneil  de  terre  ou  environ.  —  Item,  mon  estang  d'O- 
livet avec  la  chaussée  d'icelui  et  deux  moulios  à  blé  es- 
tant assis  en  icelle  chaussée.  —  Item  ma  dite  forest  de 
Missedon  ainsi  qu'elle  se  poursuit,  commenczant  près  le 
bourg  d'Olivet  et  finissant  près  le  bourg  de  Launoy 


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-  54  - 

(Lannay-Villiers)  avec  ma  forest  de  Fragen  ainsi  qu'elle 
se  pourBuit  pour  tant  qu'il  y  en  a  en  ladite  chastellenie 
d'Olivet  et  hors  ma  chastellenie  de  la  Gravelle  devant 
déclairée.  — Item  mon  four  à  ban  dudît  lieu  d'Olivet, 

Item  s'ensuivent  tea  hommaigeB  de  foy  qui  me  sont 
deuz  en  ma  dite  terre  et  'chastellenie  d'Olivet:  —  Pre- 
mièrement !e  seÏOTeur  du  Geneat  homme  de  foy  à  cause 
de  sa>  terre  du  Genest,  pour  tant  qu'il  en  a  en  ma  dite 
chastellenie  d'Olivet.  —  Le  seiffneur  du  Tertre,  homme 
de  foy  simple,  à  cause  de  son  domaine  du  Tertre,  avec 
ses  appartenances,  sis  en  la  paroisse  d'Olivet.  —  Item 
me  sont  deus  en  icelle  chastellenie  par  mes  subgiz  te- 
nant leurs  choses  de  moy  en  icelle,  à  cause  et  par  rai- 
ron  de  leurs  dîtes  choses,  les  cens,  tailles,  devoirs  et 
rentes  cy-après  déclairées,  par  chacun  an  aux  termes 

3ui  s'ensuivent  :  C'est  assavoir  à  la  feste  de  la  Nativité 
e  Sainct  Jehan  Baptiste  quarante  quatre  souiz  deux  de- 
niers maille  de  cens.  —  Al'Angevine  vingt  deux  livres 
un  soult  sept  deniers  de  cens  ;  au  dit  terme  de  l'Ange- 
vine, six  livres  quinze  soulz  dix  deniers  de  taille,  rentes 
et  devoirs  et  une  paire  de  gans  blancs  simples  de  de- 
voir. —  A  la  feste  de  Sainct  Denys  trente  six  souiz 
maille  de  rente,  et  au  terme  de  la  feste  de  Noël  quarante 
six  soulz  tournoya  de  cens,  devoirs  et  rentes.  —  Item 
me  sont  deus  par  plusieurs  de  mes  dits  subgiz  d'Olivet, 
à  cause  de  leurs  cnoaes  qu'ils  tiennent  de  moy,  le  nom- 
bre de  trente  sept  bouesseaux  un  quart  de  boissel  pel- 
les d'avaine  d'avainaige,  mesure  dOlivet',  par  chacun 
an  aux  termes  de  l'Angevine.  —  Item  ay  droit  d'avoir 
chacun  an  au  terme  delà  feste  de  Toussains,  sur  mes 
subgiz  demourant  en  la  paroisse  d'Olivet  et  sur  les  de- 
mourants  au  Haut-Bourg  du  Genest,  trèze  livres  dix 
soulz  de  taille  appelée  la  taille  à  advis  dont  les  demou- 
rans  en  la  paroisse  d'Olivet  poiant  trèze  livres  et  ceux 
du  Haut-Bourg  du  Genest  dix  soulz  tournoys.  —  Item 
juridicion  haute,  moyenne  et  basse,  tabellionage,  seaulx 
de  contratz  et  ta  prévosté  de  la  dite  chastellcmc  d'Olivet 
avec  les  droitz  et  proufStz  qui  y  appartiennent. 


1.  Le  boisseau  d'Olivet  contenait  quarante  deux  livres  de  blë 
seigle. 


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COUHBBVEILLE 

Item  s'ensuit  la  déclaration  de  ma  dite  terre  et  chas- 
tellenie  de  Corbeveille,  en  ce  comprins  ce  qu'il  y  a  tenu 
de  ma  dite  terre  de  la  Gahardière,  en  la  nuesse  de  ma 
dite  chastellenie  de  Corbeveille  de  présent  consolidée  à 
icelle.  —  Premièrement  la  motc  et  l'emplacement  du 
chastel  ancien,  avec  les  douvea  d'environ,  contenant  ung 
jourael  de  terre  ou  environ,  —  Item  la  mestaierie  des 
grands  Geneataiz,  contenant  les  maisons,  estraiges, 
vergiers,  courtilz  et  soixante  dix  joumeilz  de  terre  la- 
bourable avec  journée  à  dix  hommes  faucheurs  de  pré  ou 
environ.  —  Item  le  lieu  et  mestaierie  des  Pctits-Genetaiz, 
contenant  les  maisons,  estraiges,  vergiers,  journée  à  neuf 
hommes  faucheurs  de  prez,  et  soixante-trèze  journels  de 
terre  labourable  ou  environ.  —  Item  la  mestairie  de  la 
Dasserie,  contenant  les  maisons,  estraigea,  courtilz,  ver- 
giers journées  à  six  hommes  faucheurs  de  prez,  et  cin- 
quante six  journelz  de  terre  labourable,  ou  environ.  — 
Item  deux  estangs,  l'ung  nommé  Villeneufve  et  l'autre 
l'estang  de  Corbeilvelle,  avec  journée  à  dix  hommes 
faucheurs  de  prez,  sis  es  rivaiges  de  mon  dit  estang  de 
Corbeveille.  —  Item  quarante  journelz  de  boys  talïays 
ou  environ,  en  partie  desquelz  tailleys  sont  ma  garenne 
et  meurgeains  '  à  connins.  —  Item  les  autres  garraines 
de  ma  dite  terre  et  chastellenie,  appelées  les  Hayes- 
Vayraux.  —  Item  la  courtillerie  de  la  Vivencière,  con- 
tenant la  maison,  estraige,  courtilz,  journée  à  six  hom- 
mes faucheurs  de  préz  et  treize  journelz  de  terre  labou- 
rable ou  environ.  —  Item  les  moulins  et  reffoulz  de 
Couldoye  et  de  Taraquin  dont  Jehan  Feron  est  moulnier 
faye*  et  prend  au  dit  mouHn  de  Couldoye  les  deux  parts 
et  au  dit  moulin  de  Taraquin  la  moitié. 

S'ensuivent  les  hommaiges  de  foy  que  je  ay  en  ma 
dite  terre  et  chastellenie  de  Corbeveille. 


1.  Biurge,  murgier,  meurgier,  monceau  de  pierres.  Meurgcint, 
amas  de  pierres  cums  lesquels  les  lapins  (conmns)  trouvaient  re- 
fiige. 

2.  Fay,  écurie,  fardeau.  Moulnier  faye  était  sans  doute  un 
meunier  ambulant,  qui  conduisait  à  dos  de  mulet  la  farine  prise 
à  Couldoye  et  k  Taraquin. 


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3." 


-  56  - 

Premièrement  le  seigneur  de  la  Macheferrière  me  doit 
foy  et  hommeige  lige  a  cause  de  sa  dite  terre  de  la 
^facheferrière  pour  tant  qu'il  en  tient  de  moy  en  nuesse. 

—  Le  seigneur  de  Langucror,  homme  de  foy  lige  à 
cause  de  son  domaine  de  Langueron.  —  Michel  Baron 
homme  de  foy  simple  à  cause  du  lieu  de  la  Pinczonnière. 

—  Jamet  Gouin,  homme  de  foy  simple,  à  cause  de  sa 
femme,  par  raison  de  certaines  choses  héritautx  partie 
du  lieu  du  Reil.  — Jehan  Boutier  homme  de  foy  simple 
à  cause  du  lieu  de  la  Guesdonnière  qui  fust  Guillaume 
Guesdon.  —  Messire  Guillaume  de  Gaubert,  prestre, 
homme  de  foy  simple  par  raison  de  sa  porcion  du  lieu 
des  Noês  qui  fust  Jehan  Boisart.  —  Jehan  Chémînart, 
à  cause  de  sa  femme,  homme  de  foy  simple  par  raison 
du  lieu  de  la  Bourgongnière,  qui  fust  Yvon  des  Cep- 
peaux.  —  Les  chanoines  du  Cymetière-Dieu  de  Laval' 
me  doyvent  foy  simple  par  raison  du  lieu  de  la  Reveraye 
-i|Ui  fust  feu  Jehan  Ouvroin  ;  lesditz  chanoines  foy  sim- 

ile  par  raison  du  lieu  du  Pinczon.  —  Jehanne  veufve  de 
feu  Jehan  Bonneron,  me  doit  foy  simple  par  raison  de 
ses  choses  qu'elle  lient  à  CorbeveiUe,  nommées  les  Prez. 

—  Jehan  Titeau  homme  de  foy  simple  par  raison  du  lieu 
de  la  Mote  de  Mondon.  —  Les  hoirs  de  feu  Jehan  Le- 
feubvre  et  sa  femme  me  doyvent  foy  simple  par  raison 
de  leurs  choses  qui  partirent  de  Dureil'.  —  Les  hoirs 
feu  Marie  Vincelot  mo  doyvent  foy  simple  par  raison  de 
leurs  choses  qui  partirent  de  Dureil.  —  La  femme  et  hé- 
ritiers de  feu  Gudlaume  Ferand  me  doyvent  foy  et  hom- 
maige  simple  à  cause  et  par  raison  du  domaine  et  ap- 
partenances de  Mingé  qm  fut  feu  Philippot  de  Ghampai- 
gnettes,  lesquelles  choses  je  entends  avoir  et  trayre  à 
moy  par  puissance  de  fié.  —  Jehan  Le  Cornu,  homme 
de  foy  simple  par  raison  de  cent  cinq  soulz  tournoys  et 
huyt  chappons  de  rente  qu'il  a  droit  d'avoir  chacun  an 
sur  le  lieu  des  Marays.  —  Jehan  Aubery  homme  de  foy 
simple  par  raison  de  son  lieu  de  la  Guestrandière.  — 
Pierre  Huguerel,  homme  de  foy  simple  par  raison  de 


1.  Maintenant  la  communauté  de  Saint-Michel.  La  Collégiale 
du  Cimetière- Dieu  fut  fondée  en  1431  par  Jeanne  Ouvroin,  dame 
des  Roches  et  de  Poliffné. 
'  2.  En  Courbeveille,  nommé  plus  haut  du  Reil. 


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,     -  67  - 

son  lieu  de  l'EBpechère  tant  en  fié  que  en  domaine.  — 
Etienne  Malabry,  homme  de  foy  simple  par  raison  de 
douze  boueasaulx  de  seigle  de  rente  que  luy  et  ses  fra- 
rescheurii  ont  droit  d'avoir  chacun  an  sur  le  lieu  des 
Noës  de  la  Turmerie.  —  Colin  Cousin  homme  de  foy 
simple  par  raison  du  lieu  de  la  Renaudière  qui  fust  feu 
Jehan  Chalemel.  — -Jehan  Donyn  homme  de  foy  simple 
par  raison  du  lieu  des  Noès  qui  fust  Gervèse  de  Dureil. 

—  Geoffroy  des  Noês  homme  de  foy  simple  par  raison 
de  sa  porcion  du  domaine  des  Noës  ;  ledit  Jehan  Donyn 
homme  de  foy  simple  par  raison  d'une  porcion  dudit  do- 
maine des  Noês,  laquelle  fut  à  Messire  Guillaume  Bon- 
net, prestre.  —  Ledit  Jehan  Donyn  homme  de  foy  sim- 

file  par  raison  d'une  autre  porcion  dudit  domaine  qui 
ust  Macé  d^Ayleray  ;  le  dit  Donyn  homme  de  foy  sim- 
ple par  raiaon  de  partie  du  lieu  de  la  Turmene  que 
soultoit  tenir  messire  Guillaume  Bonnet,  prestre.  —  Le 
dit  Donyn  homme  de  foy  simple  par  raison  de  partie 
d'icelui  lieu  qui  fust  Gervaise  de  Dureil.  —  Jehan  Do- 
nyn homme  de  foy  simple  par  raison  du  lieu  de  la  Ho- 
ducière,  qui  fust  feu  Hoduce.  —  Jehan  de  la  Roussière, 
homme  de  foy  simple  par  raison  de  vingt  trois  journelz 
de  terre  et  journée  à  ung  homme  faucheur  de  pré  avec 
certains  devoirs  qu'il  a  en  ladite  chastellenie  de  Corbe- 
veille  et  m'en  doit  chacun  an  au  tenue  de  l'Angevine  une 
paire  d'esperons  dorez.  —  Jehan  Ferron,  homme  de  foy 
simple  par  raison  du  lieu  de  Couldroye  '  et  de  la  Guo- 
naudière  '.  —  Le  seigneur  de  la  Patrière  homme  de  foy 
lige  par  raison  de  son  domaine,  lié  et  terre  de  la  Pa- 
trière. —  Messire  Noël  de  la  Hoche,  chevalier,  homme 
de  foy  simple  par  raison  de  ses  domaines  et  tiez  de  la 
Cotimère.  —  Messire  Jehan  de  Quatrebarbes,  cheva- 
lier, homme  de  foy  simple  par  raison  de  ses  domaine  et 
fiez  du  Chenil.  — Pierres  Hoquedé  me  doit  foy  et  hom- 
maige  simple  par  raison  de  partie  du  lieu  de  Vilaines. 

—  Jametot  et  Guillaume  Boutier  hommes  de  foy  simple 
par  raison  du  domaine  de  Dureil  qui  fust  Jehan  de  Du- 
reil. —  Jehan  de  Mathefelon,  seigneur  de  Lanchaneil, 
homme  de  foy  simple  par  raison  du  domaine  de  Lîgon- 

1.  La  Coudraie,  en  Courbeveille. 
!.  En  Abuillé. 


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?o 


-58- 

nière  et  m'en  doit  ouHre  austres  devoirs,  chacun  an,  au 
terme  de  l'Angevine  une  paire  d'eaperons  dorez.  —  Je- 
han Bruchet  homme  de  foy  simple  par  raison  de  ce  qu'il 
tient  à  la  Mote-Mondion.  —  Les  femmes  et  hoirs  de  feu 
Pierres  Hay  et  Guillaume  Ferrand  me  doyvenl  fo^  et 
hommajge  simple  par  raison  de  la  terre  de  la  Boguinière. 
—  Maistre  Jehan  Dannet  me  doit  foy  simple  par  raison 
de  deux  pièces  de  terre  appelées  les  Osches  de  Buat.  — 
Jehan  Jousseaume  homme  de  foy  simple  à  cause  du  lieu 
de  la  Jousseaume.  —  Les  hoirs  feu  Louis  des  Landes 
me  doyvent  foy  simple  par  raison  d'un  joumeil  de  terre 
et  journée  à  ung  homme  faucheur  de  pré  sis  à  Corbe- 
veiile.  —  Jehan  Donyn  me  doit  foy  simple  par  raison  de 
deux  journeilz  de  terre  sis  près  la  Mote-Mondion. 

Item  s'ensuivent  les  cens,  tailles,  rentes  et  autres  de- 
voirs oui  me  sont  deuz  par  chacun  an  à  cause  de  ma  dite 
terre  ae  Corbeveille  par  plusieurs  mes  subgîz  en  icelle 
lar  raison  de  leurs  choses  qu'ils  tiennent  de  moy  tant  à 
6y  que  autrement,  aux  termes  ci-après  déclarez.  — 
C  est  assavoir  au  terme  de  la  voille  de  la  feste  de  la  Na- 
tivité Sainct  Jehan  Baptiste  :  cinq  souiz  de  cens;  au  ter- 
me de  l'Angevine  troys  livres  dix  soulz  neuf  deniers  de 
taille,  deux  paires  d'esperons  dorés,  un^  paire  de  gans 
blancs,  deux  chappons,  six  gélines,  neuf  trousses  de 
foing,  soixante  bouessaux  appelés  boutés  d'avaine  d'à- 
venaige  et  trois  deniers  d'erbaige  avec  chacun  des  dits 
bouessaulx  boutez  d'avaine.  —  Item  au  terme  de  la  feste 
Toussaint  quatre  deniers  de  cens.  —  Au  terme  de  voille 
de  Noël,  soixante  treize  soulz  de  cens.  —  Au  jour  du 
jour  de  Noël  huit  soulz  six  deniers  de  cens  appelez 
mangers.  —  Au  jour  du  vendredy  benoist  cinq  deniers 
de  cens.  —  Au  jour  de  la  veille  de  Pâques  vinct  troys 
soulz  trois  deniers  maille  de  cens.  —  Item  le  prieur  de 
Sainct  Martin  de  Laval  me  doit  chacun  an  de  cens,  entre 
les  deux  messes  du  jour  de  Noël,  et  entre  les  deux  mes- 
ses du  jour  de  Pasques,  à  chacune  d'icelles  ung  picher 
de  foullet'  contenant  ung  pot  plain  de  vin  naigrier^ 
couvert  d'ung  eschaudé  du  prix  de  cinq  deniers  rendus 

1.  Picher  de  foullet,  devrait  signifier  une  cruche  de  bon  vin  ; 
mais  on  ^oute  qu'elle  doit  être  pleine  de  vin  naigrier. 

2.  Vin  naigrier,  vin  de  vigne  sauvage,  d'après  Roquefort  et 
Godetroy. 


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à  la  piace  d«  chastel  de  Corbeveille.  —  Item  ay  droit 
d'avoir  et  prendre  au  terme  du  prochain  diraenche  après 
la  Sainct  Jehan  Baptiste  de  chacun  porc  étant  en  ma 
chaetelleiûe  et  seigneurie  de  Corbeveille  deux  deniers 
de  pomaige.  —  Et  avec  ce  ay  droit  d'avoir  et  prendre 
le  tierasaige  du  hoys  estant  en  ladite  chastellenie.  C'est 
assavoir  la  tierce  partie  du  boys  vendu  par  mes  subgez 
en  icelle  chastellenie  où  le  tiers  d'icelui  boys  s'il  est 
couppé  et  le  tiers  de  la  glan  (gland),  s'aucune  est  meil- 
tée'  en  icelz  boys,  ce  que  pluseurs  mes  subgiz  ma  dé- 
battent et  en  sont  en  procès  eu  ma  court  du  dit  lieu  de 
Courbe  veille  *.  —  Item  ay  droit  d'avoir  chacun  an  au 
terme  de  la  feste  de  Toussaints  sur  mes  subgiz  en  nues- 
se  demourans  es  paroisses  de  Corbeveille  et  d'Ahuillé 
cent  SDulz  tournoys  de  taille  appelés  taille  à  advis  des 
Francs  de  Corbeveille.  —  Item  ay  en  ma  dite  terre  et 
chastellenie  de  Corbeveille  une  lande  appelée  les  Lan- 
des de  Cornet,  es  quelles  mes  dits  subgiz  qui  poîent 
ma  dite  taille  à  advis  ont  leur  usaige,  excepté  ung  moys 
de  ce*,  c'est  assavoir  depuis  la  my-apvril,  iusques  à  la 
my-may,  que  je  les  puis  lère  pasturer  et  explecter  à  mon 
proufSt  singufier.  —  Item  la  juridicion,  haulte,  moyen- 
ne et  basse,  tabelhounaige,  sceau  de  contractz.  cous- 
tume,  levaige,  et  tous  les  droitz  et  prouffitz  qui  y  ap- 
partiennent. 


Item  s'ensuit  la  déclaration  de  ma  dite  terre  et  chas- 
tellenie de  Mellay.  —  Premièrement  la  Mote  et  empla- 
cement où  souUoit  estre  le  chastel  du  dit  lieu  de  Mellay 
avec  les  dousves  d'iceluy,  et  les  vergiers,  jardrins  y  ap- 
partenants, contenant  quatre  joumelz  de  terre  ou  envi- 
ron. —  Item  deux  pièces  de  prez  l'une  nommée  les  prez 
de  la  Court,  l'autre  les  prez  de  Mauny  contenant  jour- 
née à  quatorze  hommes  faucheurs  de  prez  ou  environ. 

1.  Meillée,  recueillie.  S'aucune  est  meillée  ;  b'H  y  en  a  eu  de 
recueillie. 

2.  II  est  intéressant  de  remarquer  avec  quelle  liberté  les  sujets 
défendaient  leurs  droits  à  la  cour  même  de  leur  seigneur. 

3.  Ve,  particule  prohibitive.  —  Excepté  un  moins  d'intemip- 


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-  60  — 

—  Item  le  domaiae  de  Yvron,  ainsi  qu'il  se  poursait, 
contenant  en  maisons,  vergîers,  courtilz  et  cstraige 
troya  iournelz  de  terre  ;  en  terre  labourable,  quarante 
journelz,  quatre  journelz  de  lande,  et  journée  à  dix  hom- 
mes faucheurs  de  pré  ou  environ.  —  Item  ung  molin  ap- 
pelé le  molin  d'Yvron  avccques  la  chaussée  et  reffoul  d  i- 
celui,  contenant  ung  journel  de  terre  ou  environ.  — 
Item  le  domaine  de  la  Jar^eotière  ainsi  qu'il  poursuit, 
en  maisons,  estraige,  vergiers  et  courtilz,  quatre  jour- 
nelz de  terre  ou  environ,  journée  à  dix  hommes  fau- 
cheurs de  prez  et  soixante  cinq  journelz  de  terre  labou- 
rable ou  environ.  —  Item  le  domaine  de  Cahareau  (Car- 
reau) ainsi  qu'il  se  poursuit,  contenant  en  maisons,  es- 
traiges,  vergiers  et  jardrins  deux  journelz  de  terre  ou 
environ  ;  en  terres  labourables,  landes,  brouillas  et  buis- 
sons, cinquante  cinqjournelz  de  terre  et  en  prez  jour- 
née à  neuf  hommes  faucheurs  de  préz  ou  environ,  avec 
un  petit  estang  appelé  l'estang  de  Caharreau,  contenant 
un  iournel  de  terre  ou  environ.  —  Item  ma  forest  de 
Mellay,  autrement  appelée  la  forest  de  Boère  (Bouêre) 
ainsi  qu'elle  se  poursuit,  —  Item  la  mote  cour  et  héber- 
gement de  Gengné  '  avec  les  plesses,  jardrins  et  ver- 
giers contenant  cinq  journelz  de  terre  ou  environ,  et 
journée  à  troys  hommes  faucheurs  de  prez  ou  environ. 

—  Item  la  moitié  de  trois  estangs  assis  l'ung  soubz  les 
autres,  ainsi  que  le  fil  de  l'eau  les  enliève  du  costé  de- 
vers la  dite  court  de  Gérigné,  l'ung  nommé  le  grand  es- 
tang de  Gérigné,  ou  quel  a  ung  molin,  l'autre  nommé 
l'estang  de  la  Boulardière,  et  l'autre  nommé  le  petit  es- 
tang de  Gérigné,  contenant  iceux  estangs,  avecque  les 
chaussées  et  appartenances  d'iceulx,  douze  iournelz  de 
terre  ou  environ.  —  Item  un  estang  nommé  l'estang  de 
Mortière,  sis  au  duché  d'Anjou  ^.  —  Item  le  domaine  de 
la  Tousche  de  Gérigné,  contenant  en  maison,  estraice 
et  courtilz  ung  journel  de  terre  ou  environ  ;  en  terre  bi- 
bourable  trente-cinq  journelz,  douze  journelz  de  lande  et 
journée  à  sept  hommes  faucheurs  de  pré  ou  environ.  — 
Item  partie  de  la  courtillerie  de  ta  Boulardière  ;  c'est  as- 


t.  En  Grei-en-Bouëre. 

2.  Les  Mortiers,  situés  en  Ruillé-en-ADJou,  maintenant  Ruillé- 


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Bavoir  ce  qu'il  en  a  oultre  le  fil  de  l'eau  desdits  estangs 
(lu  coslé  devers  le  dit  habergement  de  Gérigné,  conte- 
nant icelle  porcion  tenue  de  nous  quatre  journelz  de 
terre  labourable  et  journée  à  deux  hommes  faucheurs  de 
pré  ou  environ,  avec  quinze  journelz  de  terre  labourable 
qui  sont  des  appartenances  de  mon  lieu  du  Cloux,  les- 
quelz  quinze  journelz  de  terre  sont  assis  oultre  le  lîl  de 
1  eau  des  dits  estangs  du  costé  devers  ledit  haberge- 
ment de  Gérigné. 

Item  s'ensuivent  les  hommaîges  de  foy  que  J'ai  en  ma 
dite  terre  et  chastellenie  de  Meilay.  —  Premièrement  : 
le  seigneur  de  Rivière  me  doit  foy  et  hommage  lige  par 
raison  do  son  habergement  de  la  Rivière.  —  L'abbé  de 
Clermont,  mon  homme  de  foy  simple  par  raison  de  troys 
scxtiers  de  saigle.  —  Messire  de  Longuesve,  soixante- 
quatre  soulz  tounioys,  ou  devoir,  lui  deuz  chacun  an  sur 
les  lieux  de  la  Hurelière  ou  de  la  Goullardière.  —  Mes- 
sire Pierre  Auvré,  chevalier,  homme  de  foy  simple  par 
raison  de  l'usaige  qu'il  a  de  prendre  du  boys  à  chauf- 
faige  pour  son  habergement  de  la  Guenaudière  ' ,  en  ma 
dite  forest  de  Meilay,  et  m'en  doit  chacun  an  le  premier 
jour  d'aoust,  ung  espervier  nyes"*,  sain,  entier,  et  prêt 
à  prendre  perdriz,  rendus  en  mon  chastel  de  MeDay.  — 
Guyon  de  Fonteneilles  homme  de  foy  simple  par  raison 
de  ses  domaines  de  la  Chesnaye,  de  la  lande  Bourrel. 
et  de  son  féaige  sis  en  la  paroisse  de  Ruillé  en  Anjou. 

—  Le  seigneur  du  Pin\homme  de  foy  simple  par  ramon 
de  sa  terre  du  Pin,  tant  en  fié  que  en  domaine.  —  Le 
seigneur  de  la  Hune  homme  de  foy  simple  par  raison  de 
ses  féaiges  qu'il  tient  en  ma  dite  chastellenie  de  Meilay. 

—  GîUet  Boulan,  homme  de  foy  simple  par  raison  du 
lieu  d'Avireau,  tant  en  fié  que  en  domaine.  —  Les  te- 
nans  le  lieu  de  la  Tréhucière  me  doivent  foy  et  hommaige 
simple  par  raison  dudit  lieu  de  la  Tréhucière.  —  Jehan 
d'Aynefroide,  homme  de  foi  simple  par  raison  du  do- 
maine de  Parmaigner  tant  en  fié  que  en  domaine.  —  Les 
détenteurs  du  lieu  de  l'Orrée  me  doivent  foy  et  hom- 
maige par  raison  dudit  domaine  et  appartenances  de 

i.  En  Grez-en-Bouère. 

2.  Une  nichée  d'épervier. 

3.  En  Préaux. 


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-  68- 

l'Orrée.  —  Geoffroy  Pencray  homme  de  foy  simple  par 
raison  de  la  mestairie  de  la  Behourie.  —  Gervaise  de 
Courtilliers,  homme  de  foy  simple  par  raison  de  ses 
choses  qu'il  tient  ea  ma  dite  chastelfenie  de  {Mellay.  — 
Le  seigneur  de  Cormeray  homme  de  foy  simple  par  rai- 
son du  Heu  de  la  Maillardière,  —  Ledit  de  Cormeray 
homme  de  foy  simple  par  raison  du  fié  du  Rocher,  sis 
en  ta  paroisse  du  Biguou,  et  d'ung  autre  féaige  sis  en 
la  paroisse  de  Villiers-Charlemaine.  —  Le  chappelain  de 
la  chappelle  que  fonda  feu  messire  Guy  de  Ballée,  homme 
de  foy  simple  par  raison  du  domaine  et  appartenances 
de  Malabry.  —  Les  hoirs  feu  Jacques  d'Estullîe  me  doy- 
vent  foy  simple  à  cause  du  lieu  Je  la  Chauoinie.  —  Le 
seigneur  du  Plesseys-Pellecoq  homme  de  foy  simple  par 
raison  duditlieu'.  —  Guillaume  Blanchard,  homme  de 
foy  simple  par  raison  de  certaines  choses  héritaulx  sises 
près  la  Chardonnière  et  Préaux.  —  Gervaise  Ferrand, 
homme  de  foy  simple  par  raison  de  certaines  choses  hé- 
ritaulx sises  près  la  Chardonnière.  —  La  dame  d'Ar- 
quené,  bail  de  ses  enffans^  est  ma  femme  de  foy  lige  à 
cause  et  par  raison  de  ses  choses  qu'elle  tient  de  moy 
eu  ma  dite  chastellenîe  de  Mellay,  et  m'en  doit  un  che- 
vallier d'ost  quarante  jours  et  quarante  Quitz  à  ses  des- 
pens.  —  Guillaume  Cnavenelle,  homme  de  foy  simple 

Îour  raison  de  son  lieu  de  la  Grémillière.  —  Messire 
ehan  Quatrebarbes,  chevalier,  homme  de  foy  simple  par 
raison  de  ses  féaiges  qu'il  a  en  la  paroisse  de  Vdliers- 
Charlemaine.  —  Le  seigneur  de  k  Trenchée  homme  de 
foy  simple  par  raison  de  sa  terre  de  la  Trenchée  et  du 
Buaret  [Le  Buret).  —  Le  seigneur  de  la  Mote-Piau  hom- 
me de  foy  simple  à  cause  dudit  lieu  tant  en  fié  que  en 
domaine.  —  Le  seigneur  de  la  Boussignaudière  homme 
de  foy  simple  par  raison  des  Ueux  de  la  Boussignaudière 
et  de  Digeon  tant  en  fié  que  en  domaine.  —  Isabeau  d'An- 
cenys,  femme  de  foy  lijge  par  raison  de  iaprévosté  de  Mel- 
lay et  en  doit  sa  porcion  de  sept  chevaliers  d'ost  que  je 
vous  doy  à  cause  de  tout  mon  dit  conté  de  Laval.  — 
Les  seigneurs  et  détenteurs  du  lieu  de  la  Chardonnière 
me  doyvent  cinq  foys  et  hommaiges  simples  à  cause  du 

1.  Le  Plessis-Péricot,  en  Grei-en-Bouère. 

2.  Tutrice. 


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dit  lieu  de  la  Chardonoière.  -~  Le  seittoeur  des  Cheret- 
tea,  homme  de  foy  simple  à  cause  du(ut  lieu.  —  Morice 
BeÙer  homme  de  foy  simple  par  raison  du  Ueu  et  appar- 
tenances de  la  Massetïère,  et  du  droit  qu'il  a  de  mettre 
paistre  et  paaturer  ses  bestails  dudit  lieu,  excepté  chen- 
vres,  et  de  prendre  boys  sec  et  pesset  '  pour  son  ait  lieu  es 
landes  et  boys  de  Cïeresse,  et  m'en  doit  huyt  jours  et 
huytnuîtzde  gardes  d'ung  homme  garny  d'un  arc  odeux 
cordes,  douze  flèches,  ung  houllon,  àla  garde  de  ma 
ville  de  Mellay,  au  lieu  du  Pont,  et  avenant  cemonce 
selon  )a  couslume  du  pays.  —  Le  seigneur  de  la  Mail- 
lardière,  homme  de  foy  simple  par  raison  dudit  lieu  de 
la  Maillardiére,  tent  en  fié  que  en  domaine  et  de  la  cour- 
tillerie  de  la  Miotière.  —  Jehan  du  Pin,  homme  de  foy 
simple  par  raison  de  la  mestairie  de  la  Chauteberie  et 
de  certaines  antres  choses  qu'il  a  près  Mariette  et 
Préaux,  et  de  la  vayrie  et  justice  qu'il  a  es  dites  choses. 
—  La  femme  feu  Estienne  Bléré  femme  de  foy  simple  à 
cause  de  sa  mettairie  des  Patiz,  sis  en  la  paroisse  de 
Ruillé  en  Anjou  et  du  droit  d'usaige  pour  le  pessaige 
de  ses  porcs  de  ta  nourriture  dudit  ueu  qu'elle  a  en  ma 
forest  de  Boyère  en  poyant  petit  pornaige,  c'est  assavoir 

Îuatre  deniers  pour  chacun  porc.  —  Messire  Hugues 
e  Montalays,  chevalier,  homme  de  foy  simple  à  cause 
de  la  vayene,  moyenne  et  basse  qu'il  a  en  la  terre  de 
Puisiers  ;  lesquelles  souloit  tenir  feu  messire  Guy  de 
Laval,  seigneur  de  Mont-Jehan.  —  Thebault  Cnalot 
homme  de  foy  simple  pour  raison  de  quatorze  journelz 
de  terre,  journée  à  sept  hommes  faucheurs  de  prez  et 
autres  choses  qu'il  tient  de  moy  au  dit  hommaige  en  ma 
dite  chastellenie  de  Mellay.  —  Jehan  de  la  Baugière 
homme  de  foy  simple  par  raison  de  sept  journelz  de  terre 
joignant  la  Maillardiére  qui  sont  des  appartenances  du 
lieu  de  la  Tousche,  sis  en  la  paroisse  de  Villers-Charle- 
maine.  —  Guillaume  Roussigneul  homme  de  foy  simple 
par  raiaon  de  vingt  soubz  de  rente  et  de  la  justice  fon- 
cière qu'il  a  sur  le  lieu  de  la  Preste-Seillère.  —  Le  sei- 
gneur de  la  Marohandière,  homme  de  foy  simple  par 
raison  dudit  lieu,  sis  en  la  paroisse  du  Buaret,  tant  en 
fié  que  en  domaine.  —  Estienne  Alart,  homme  de  foy 

1.  Pesseler,  mettre  des  échalas  à  la  vigne;  pesael,  échalas. 


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—  64  — 

simple  par  raison  de  ses  prés  et  terre  de  la  Garnerie 
pour  tant  qu'il  en  tient  de  moy  au  dit  hommaige.  — 
Thiéphaine,  veuve  de  feu  Guulaume  Jaies,  femme  de 
foy  simple  par  raison  de  ses  prés  et  terre  de  la  Di- 
boisière  et  au  lieu  de  la  Chauvinière.  —  Jehanne  d'Ar- 
quené,  veufve  de  fçu  messire  Jehan  Bahoul,  cheva- 
lier, femme  de  foy  simple  par  raison  de  ses  fiez  de  Cor- 
beraye,  sis  eu  la  paroisse  de  S'  Germain  de  l'Omel.  — 
Le  seigneur  de  la  Cropte,  homme  de  foy  simple  par  rai- 
son de  sa  terre  et  appartenances  de  la  Cropte,  tant  en 
fiez  que  en  domaine  et  de  l'usaîge  qu'il  a  en  ma  forest 
de  Mellay  au  lieu  de  l'Escotay.  —  Le  seigneur  du  Bi- 
gnon  homme  de  foy  simple  par  raison  de  son  chastel  et 
appartenances  du  Bignon,  tant  en  fiez  que  en  domaine. 
—  Guillaume  Corbtn,  homme  de  foy  simple  par  raison 
de  ses  choses  de  Ville-Pucelle.  —  Jlessire  Jehan  Lever- 
rier,  chevalier,  à  cause  de  sa  femme,  me  doit  foy  et  hom- 
maige  simple  par  raison  de  ses  fiez  que  il  a  en  la  pa- 
roisse de  Vîllers  hors  franc-aleu',  lequel  hommaige  il 
me  débat  et  en  est  en  procès  en  ma  court. 

Item  s'ensuivent  les  devoirs,  cens,  tailles  et  rentes  me 
deuz  chacun  an  en  ma  dite  terre  de  Mellay,  par  mes 
subgiz  à  cause  et  par  raison  de  leurs  choses  qu  ds  tien- 
nent de  moy.  —  Premièrement  au  jour  et  terme  de  la 
feste  de  Samct  Marc,  troys  soulz.  —  Item  au  jour  et 
terme  de  la  feste  de  la  nativité  Sainct  Jehan  Baptiste, 
vingt  et  un  soulz  cinq  deniers  maille  et  le  tiers  de  maille 
dont  mes  subgiz  tenus  de  moy  ou  ressort  et  seigneurie 
du  duchié  d'Anjou  me  doivent  vingt  soulz.  —  Item  me 
sont  deuz  chacun  an  audit  terme,  au  lieu  de  Sainct  De- 
nys  du  Maine  par  plusieurs  mes  subgiz  à  cause  de  leurs 
choses  qu'ils  tiennent  de  moy,  vingt  quatre  soulz  unze 
deniers.  —  Item  me  sont  deuz  chacun  an  audit  terme 

5ar  aucuns  mes  subgiz  sous  le  ressort  et  seigneurie  du 
it  duchié  d'Anjou  qui  sont  tenus  me  payer  au  lieu  de  la 
Chevrolière,  saize  soulz  cinq  deniers.  —  Item  me  sont 
deuz  par  mes  subgiz  tenans  de  moy  leurs  choses  en  la 
ville  de  Meslay,  chacun  an  au  dit  terme,  sept  soulz  six 
deniers.  —  Item  me  doivent  plusieurs  mes  subgiz,  à 
cause  de  plusieurs  choses  qu'ils  tiennent  de  moy  en  ma 

1.  Voir  Duchemin  de  VilUers,  Essai  sur  le  régime  féodal,  p.  8. 


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-  65- 

dite  chastellenie  de  Mellay  chacuD  an,  au  terme  des  oc- 
tabea  de  la  dite  feste,  huict  livres  deux  soulz  uag  denier 
maille.  —  Item  me  sont  deuz  chacun  an  au  terme  de 
l'Angevine,  par  mes  ditz  subgiz  tenant  de  moy  leurs 
choses  en  ma  dite  chastellenie  de  Mellay,  cent  livres 
img  soult  cinq  deniers  maille,  dont  mes  subgiz  tenans 
de  moy  leurs  choses  ou  ressort  et  seigneurie  d'Anjou 
me  font  et  doyvent  vingt  cinq  livres  ou  environ.  — -  Item 
me  sont  deuz  par  aucuns  mes  subgiz  tenant  de  moy  en 
la  seigneurie  et  ressort  dudit  duché  d'Anjou,  chacun  an 
au  terme  de  la  feste  de  sainct  Remy,  deux  soulz.  — ■ 
Item  me  sont  deuz  par  pluseurs  mes  subgiz  eu  ma  dite 
chastellenie  chacun  an  au  terme  de  Toussains,  douze 
livres  quatorze  soulz  neuf  deniers,  dont  mes  subgiz  te- 
nant de  moy  soubz  la  seigneurie  et  ressort  dudit  duché 
d'Anjou,  me  doyvent  vingt  deux  soulz  ou  environ.  — 
Item  me  sont  deuz  par  mes  dits  subgiz  chacun  an  au 
jour  de  la  feste  aux  Mors,  saîze  deniers.  —  Item  au  jour 
et  terme  de  la  feste  de  Noël  me  sont  deuz  par  mes  dits  sub- 
giz, cinquante  soulz,  dont  mes  subgiz  tenant  de  moy  sous 
la  seigneurie  et  ressort  du  duché  d'Anjou  me  doyvent 
vingt  neuf  soulz  ou  environ.  —  Item  au  jour  de  la  feste 
de  sainct  Aubin  me  sont  deuz  chacun  an  par  mes  ditz 
subgiz  tenans  leurs  choses  en  la  dite  seigneurie  de 
Mellay  soixante  dix  soulz  six  deniers  maille.  —  Item  au 
terme  de  la  my-caresme  cinquante  et  huit  soulz  unze 
deniers  maille,  dont  mes  subgiz  tenans  de  moy  audit 
ressort  et  seigneurie  du  duché  d'Anjou  me  doivent  cinq 
soulz  deux  deniers.  —  Item  me  doyvent  mes  subgiz, 
bourgeoys  et  estaigiers  demeurant  en  la  ville  de  Mellay 
chacun  an  au  terme  de  Toussains  quinze  livres  de  taille 
appelée  la  taille  à  advis.  —  Item  la  juridicion,  haute, 
moyenne  et  basse,  tabelUonaige,  seaulz  de  contratz, 
coustume,  levaige  et  tous  les  droîtz  et  prouSitz  qui  y 
appartieuDent. 


Item  s'ensuit  la  déclaration  de  ma  dite  terre  et  chas- 
tellenie de  Montseur.  —  Premièrement  l'emplacement 
du  chastel'et  ville  dudit  lieu  de  Montseur  avec  les  dou- 
ves et  appartenances.  —  Item  une  pièce  de  courtilz  con- 


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tenant  journée  à  quatre  bommes  beecheurs  de  couptilz, 
sise  près  la  ville  ae  Montseur  avecques  une  pièce  de 
terre  appelée  le  Veil  Marcheil  contenant  un  demy  jour- 
neil  de  terre  oà  environ.  —  Item  le  reffoul  de  Montseur 
avec  la  chaussée  en  laquelle  a  trois  molins,  l'ung  à  blé, 
l'autre  à  draps,  et  l'autre  à  tan,  sis  en  ladite  vUle  de 
Montseura.  —  Item  les  deux  estan^  de  Beauroenie  avec 
les  chaussées  et  ung  molin  à  blé  situé  en  l'une  des  dites 
chaussées,  et  les  courtilz  et  aulnoyes  sis  environ  ledit 
molin,  contenant  demyjoumeil  de  terre  ou  environ.  — 
Item  ma  foreat  d'AIouers'  ainsi  qu'elle  ae  pourauit  aux 
nne  pièce  de  pré,  nommée  le  pré  Gaultier,  contenant 
journée  à  quatre  hommes  fauchcura  de  préz,  ou  environ, 
sis  prèa  la  dite  forest.  —  Item  une  autre  pièce  de  pré, 
nommé  le  pré  Corbin,  contenant  journée  à  neuf  hommes 
feucheurs  de  préz,  ou  environ,  sis  en  la  paroisse  de 
Brée,  avecquea  une  autre  pièce  de  pré  nommée  le  pré 
dea  Éacotaia,  ais  en  icelle  paroisse  près  la  Fontenelle, 
contenant  journée  à  dix  hommes  faucheurs  de  prez  ou 
environ,  et  une  autre  pièce  de  pré  nommée  la  Noê  a  la 
Sue  ^  contenant  journée  à  quatre  hommes  faucheurs  de 
prez,  ou  environ,  sia  en  la  dite  paroiaae  de  Brée. 

Item  s'ensuivent  les  liommaiges  de  foy  qui  me  sont 
deuz  par  mes  subgiz  en  ma  dite  terre  et  chaatellenie  de 
Montâenr.  —  Premièrement,  le  seigneur  de  Turé,  hom- 
me de  foy  simple  par  raison  de  sa  dite  terre  de  Turé, 
tant  en  justice,  fiez  que  domaines.  —  Le  seigneur  de 
Vivaing  nomme  de  foy  simple  par  raison  de  la  francour 
que  luy  et  ses  hommes  estaigiera  en  la  dite  terre  de  Vi- 
vaing, ont  de  passer  toutes  manières  de  denrées  par 
ma  mte  çhastellenîe  de  Montseur  en  faisant  depry^  seu- 
lement; et  m'en  doit  huit  jours  et  huit  nuitz  de  gardes 
de  ung  homme  souffiaamment  armé  et  appareillé  à  la 
porte  de  Boyère  de  mon  dit  chastel  de  Montseur,  o  ave- 
nant semonce,  selon  la  couatume  du  pays.  —  Le  sei- 
gneur de  Sainte-Jame  homme  de  foy  simple  par  raison 


1.  Alloué,  en  la  Bazouge- des -Alleux. 

3.  Noe  à  la  Iniîe,  de  sus,  porc,  d'où  vient  le  mot  aoue  pour  toit 
à  porcs, 

3.  06017,  en  cet  endroit,  doit  signifier  :  en  le  demandant  seu- 
toment.  Depry  signifie  aussi  :  en  prenant  un  congé  de  transit. 


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de  sa  terre  de  Saint  James  et  de  la  francour,  que  lui 
et  ses  hommes  estaigiers  demourans  en  sea  terres  de 
Sainte  James  et  de  Mésange  ont  de  passer  leurs  denrées 
par  madite  chastellenie  en  faisant  depri  seulement,  et 
m'en  doit  huit  jours  et  huit  nuitz  de  garde,  de  ang  hom- 
me Bouffisamment  appareillé,  à  la  porte  de  Boyère  de 
mon  dit  chastel  de  Monlseur,  o  avenant  semonce  quand 
le  cas  y  eschiet  selon  la  coustume  du  pays.  —  Robert 
de  la  Roche,  homme  de  foy  simple  par  raison  de  sa  terre 
et  appartenances  de  Courtaudon,  tant  en  iié  que  en  do- 
maine. —  Le  seigneur  de  Beloché  homme  de  iby  simple 
par  raison  de  sa  terre  et  appartenances  de  Beloché, 
tant  en  justice  et  en  fiez  que  domaine. 

Item  s' ensuit  les  devoirs,  cens,  tailles  et  rentes  et  servi- 
tudes me  deuz  chacun  an  par  mes  subgiz,  tenant  de  moy 
leurs  héritaiges  en  ma  dite  terre  et  chastellenie  de  Mont- 
seur  aux  termes  qui  cy  après  s'ensuivent. —  Au  jour  et  ter- 
mede  la  Nativité  Sainct  Jehan  Baptiste,  vingt  nuit  soubz 
neuf  deniers  maille  de  cens  et  dix-huit  soubz  troys  de- 
niers de  rente.  —  Item  me  sont  deuz  au  tenne  de  l'An 
gevine  par  pluseurs  mes  subgiz  tenant  de  moy  à  foy  et 
autrement  leurs  choses,  à  cause  de  ma  dite  terre  et 
chastellenie  de  Montseur,  sept  livres  dix  neuf  soulz  ung 
denier  et  neuf  sextiers  dix  bouessaulx  ung  quart  et  demi 
quart  de  boessel  de  froment,  treize  sextiers  huit  boues- 
saulx d'avoine,  et  deux  paires  d'esperons  dorés  de  de- 
voir. —  Item  me  sont  deu2  au  terme  de  la  feste  de  Tous- 
sains  par  plusieurs  de  mes  dits  subgiz  tenans  de  moy 
leurs  choses  en  ma  dite  chastellenie  de  Montseur,  qua- 
rante cinq  soulz  tournoys  de  cens.  —  Item  me  sont  deuz 
en  ma  dite  terre  et  cliastellenie  de  Montseur  par  plu- 
seurs mes  subgiz,  au  jour  de  la  feste  aux  Mors  trente 
six  livres  un  soult  maille  poitevine.  —  Item  me  sont 
deuz  chacun  an  au  jour  de  la  feste  sainct  Martin  d'iver 
par  le  seigneur  de  Harecourt  pour  ses  fiez  de  Bray, 
quatre  demers  de  cens.  —  item  me  sont  deuz  par  cha- 
cun an  à  la  dite  feste  par  chacun  homme  maste  de  bour- 
geoisie de  ma  dite  ville  de  Montseur,  excepté  prestres, 
deux  mançoys  valant  quatre  deniers  tournoys.  —  Item 
me  sont  deuz  au  jour  Je  la  feste  de  sainct  Nicollas  d'j- 
ver,  par  chacun  an,  de  mes  subgiz  demourans  en  ma  dite 
ville  de  Montseur,  pour  estalaige,  quatre  mançoys  qui 
valent  huit  deniers  tournoys  ;  et  le  jour  de  la  voille  (veille) 


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~  68  - 

saint  André  chacun  maille  ;  et  le  jour  de  la  voille  de 
Noël,  chacun  maille.  —  Item  me  est  deu  par  pluseurs 
mes  subgiz,  en  ma  dite  chastellenie  de  Montseur  chacun 
an  au  jour  de  Noël,  trente  six  ^elinea  de  devoir.  — 
Item"  les  tenans  une  place  de  maison  et  courtilz  qui  fu- 
rent feu  Jehan  d'Antenoise,  sis  en  la  dite  ville  de  Mont- 
seurs  me  doyvent  chacun  an,  jour  de  caresme-prenant, 
vingt  sous  de  rente  par  raison  des  dites  choses.  —  Item 
mes  suhgiz  estaigiers  en  ma  dite  ville  de  Montseurs  me 
dojrvent  chacun  an  quarante  et  deux  livres  dix  soulz 
tournoya  de  taille  qu  ils  sont  tenuz  asseoir  et  lever  sur 
eulx  et  me  payer  par  les  quartiers  d'an.  —  Item  les  plez 
et  juridicion  naulte,  moyenne  et  basse,  tabellionaige, 
seaulx  de  contratz,  la  prévosté  et  grands  chemins  de  ma 
dite  terre  et  chastellenie  de  Montseurs,  laquelle  pré- 
vosté et  grands  chemins  s'estendent  depuis  Courtanril 
jusqu'à  la  couppe  de  Bléré,  avec  les  droitz  et  proflits 
qui  y  appartiennent. 


Item  je  ay  en  mes  dites  forest  de  mon  dit  conté  de 
Laval,  garenne  à  toutes  grosses  bestes  sauvaiges,  rou- 

f;es  et  noires  et  rousses,  et  à  cause  de  ce  ay  droit  de 
ouller,  lever,  courre  et  parcourre  et  prendre  toute  ma- 
nière d'icelles  hestes,  grosses,  sauvaiges,  par  moy  et 
par  mes  veneurs  et  chasseurs  en  plusieurs  oreilz,  oro- 
czais,  et  boucaiges,  voisins  de  mes  dites  forestz,  esquelz 
breilz  les  bestes  de  mes  dites  forestz  ont  et  pevent  avoir 
leur  refuge.  —  Item  est  assavoir  que  pluseurs  de  mes 
vassaulz  et  subgiz  qui  tiennent  de  moy  leur  terre  à  foy 
et  hommaige,  les  ungs  à  foy  lige  les  autres  à  foy  simple 
dont  cy-dessuB  est  faite  déclaration,  me  doyvent  et  sont 
tenuz  poyer  et  servir  par  raison  d'icelles,  plusieurs  cens, 
rentes,  devoirs  et  autres  redevances  annuelles  lesquelles 
redevances  sont  comprînses  es  sommes  de  mes  rentes 
annuelles  dont  dessus  vous  ay  faite  déclaracion,  et  sont 
comprinses  es  nombre  des  rentes  qui  deues  me  sont  aux 
termes  dessus  déclarez  dont  je  faz  protestacion  et  rete- 
nue expresse  vous  faire  plus  à  plaln  déclaracion  si  mes- 
tier  eat. 


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PONDATIOSS 

It6m  est  bien  assavoir  que  mes  prédécesseurs  sei- 
gneurs de  Laval  ont  fondé  en  mon  dit  conté  pluseurs 
moustiers,  collèges  et  bénéfices  et  faict  pluseurs  grantg 
legs  et  augmentacions  à  églises.  —  Premièrement  :  l'ab- 
baye et  moustier  de  Notre-Dame  de  Clermont  et  partie 
d'icelle  fondation.  —  Le  prieuré  du  Plesseys-Milcent  sis 
au  dedans  de  ma  forest  de  Fragen.  —  Le  prieuré  de  l'Er- 
mitaige  sîs  au  dedans  de  ma  dite  forest  de  Concise.  —  Le 
prieuré  de  Saincte-Catherine. — LeprieurédeSainct-Mar- 
tïn  de  Laval.  —  Le  prieuré  d'OIivet.  —  I^e  prieuré  de 
Saiact-Melaine.  — Leprieuréde  Notre-Dame  dePrîz.  — 
Le  prieuré  aux  noaains  d' Avénières.  —  Le  prieuré  de  Lou- 
vigné.  —  Le  prieuré  d'Argentré.  —  Item  l'église  collé- 

fiale  de  Sainct  Tugal  de  Laval  où  il  a  douze  prébendes 
e  chanoines,  et  l'église  collégiale  des  Trois-Maries  de 
Montseur  où  il  a  huit  prébendes  de  chanoines,  lesquelles 
prébendes  sont  en  ma  donnaison  et  patronnaige.  —  Et 
semblablement  l'aumosnerie  de  Monsieur  saint  Julien  de 
Laval  est  en  mon  patronnaige  et  donnaison  et  pleine  ins- 
titution ;  et  aussi  une  chapelle  fondée  au  chastel  de  la 
Gravelle  dont  la  donnaison  et  patronnaige  me  appar- 
tient. —  Item  ont  été  fondez  et  augmentez  par  mes  dits 
prédécesseurs  qui  ont  fait  pluseurs  augmentacions  en 
mon  dit  conté  Je  Laval  et  chastellenîe  dessus  dite.  — 
Item  ont  fondé  mes  dits  prédécesseurs  l'église  et  collège 
de  sainct  Francoys  de  Laval,  où  il  a  couvent  de  frères 
cordeliera*. 

Item  ay  en  mon  dit  conté  de  Laval  et  es  appartenan- 
ces et  dépendances  d'iceluy  toute  justice,  iundicion,  et 
seigneurie,  haute  moyenne  et  basse,  rémission,  grâce 
et  pardon,  et  tous  autres  droiti  prérogatives  et  noblesse 
à  conte  ou  à  baron  appartenant,  et  comme  mes  prédé- 
cesseurs et  moy  y  avons  accoustumé  user  et  exploiter  o 
tous  les  droitz  et  proflitz  et  tout  ce  qui  en  despent  et 
peut  despendre  selon  la  coustume  et  usaiges  des  pays 
d'Anjou  et  du  Maine,  esquelz  pays  mon  dit  conté  est 
situé  et  assis.  —  Et  par  raison  aes  dites  choses  vous 
doy  sept  chevaUiers  d'ost  pour  le  besoing  de  votre  conté 

t.  Maintenant  église  paroissiale  de  N.-D.  de  Laval. 


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-70- 

du  Maine  o  le  commun  de  vos  antres  hommes  quand  le 
cas  y  advient,  selon  la  coustume  du  pays  et  vous  les 
doy  faire  mener  par  quarante  jours  à  mes  despens,  alant 
et  venant,  et  se  mestier  avez  de  plus  les  tenir  ce  sera 
â  vos  despens.  —  Et  avecques   ce  vous   en  doy  piège, 

faige,  droit  et  obéissance  telz  comme  femme  de  foy  hge 
oit  à  son  seigneur  de  fié  et  de  foy  lige. 
En  tesmoing  de  ce,  voua  en  rend  ce  présent  escript 
pour  adveu  ;  sauf  à  vous  déclairer  plus  applaln  de  bou- 
che par  montrée  ou  autrement  lesdites  choses,  toutes- 
fois  que  raison  donra.  Et  vous  plaise  savoir,  mon  très 
doubté  seigneur,  que  ce  sont  les  choses  que  je  tiens  de 
TOUS  à  celle  foy  ethommaige  lige,  et  les  certes  et  rede- 
vances que  je  vous  en  doy  et  suy  tenue  faire  selon  ce 
que  je  me  suis  peu  enquerre  et  informer;  dont  je  me  suy 
mise  en  diligence  parfaite  en  ma  conscience  et  vous  en  of- 
fre faire  foy  etsennent,  oproteatacionfaicte  demoy»que, 
en  cas  qu  il  seroit  trouvé  par  advou  ou  advouz  oaillës 
par  mes  prédécesseurs  aux  vostres  ou  autrement,  que 
plus  grans  ne  autres  choses  que  celles  cy  dessus  décfai- 
rées  je  tenisse  de  vous  à  celle  foy  et  celui  hommaige 
lige,  je  ne  m'en  désavoue  pas,  ainczoys*  m'en  advoue  à 
vous,  ou  que  plus  grand  ne  autres  certes  ou  redevances 
je  vous  en  deusse  et  fusse  tenue  fére  je  ne  vous  les  dénye 
en  riens,  aînczoys  les  vous  cognoys  et  vueil  faire  et  cou- 
tumer  ou  temps  à  venir.  Et  ceste  protestacion  et  offre 
de  serment  je  vous  faz  afTm  qu'il  ne  soyt  dit  ne  imputé 
contre  moy  que  autrement  que  deuement,  je  vous  ay 
baillé  par  advou. 

Donné  soubz  mon  scel,  le  premier  jour  de  mars  mil 
quatre  cent  quarante  et  troys'.  Ainsi  signé  Hennîer.  A 
la  requeste  de  Pierre  de  Pennart  le  jeune,  procureur  de 
ma  dite  Dame. 


COUANIEH   DE   LaUNAY,  ch.   h. 


1.  Au  contraire. 

2.  Vieux  style. 


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LAVAL 
LA  PLAGE  DE  LA  CHIFFOLIÈRE 

AUJOURD'HUI  «  DE  L'HOTEL-DE-VILLE  » 
1598-1688 


Au  dix-septième  siècle  et  même  jusqu'au  delà  de  la 
moitié  du  dix-huitième,  la  rive  gauche  de  la  Mayenne, 
à  BOD  arrivée  à  Laval,  était  entièrement  occupée  par  des 
prairies,  plantées  de  forts  piquets,  au  moyen  desquels 
on  étendait  les  toiles  pour  les  sécher  et  les  faire  blan- 
chir.  La  rivière  alors  ne  suivait  pas  ta  ligne  droite 
qu'elle  a  maintenant  à  peu  près  depuis  le  Viaduc  jus- 
qu'au Pont-Neuf.  Son  lit  actuel  fut  creusé  au  commen- 
cement de  notre  siècle,  depuis  la  rue  Grossardière  ac- 
tuelle, jusque  près  de  la  chaussée  qui  est  entre  les  deux 
ponts.  Le  lit  ancien  suivait  la  promenade  actuelle  de 
Changé,  passait  au  milieu  de  ta  place  de  l'Hôtel-de- 
Ville  et  retournait  dans  son  cours  séculaire,  à  peu  près 
à  l'endroit  où  est  le  barrage  dont  nous  venons  de  parler 
et  où,  déjà,  elle  en  trouvait  un  à  franchir.  Ce  barrage 
était  longitudinal,  parallèle  au  fil  de  l'eau,  qu'il  condui- 
sait aux  Trois-Moulins  situés  sur  le  Pont- Vieux,  près 
de  ta  grosse  tour  Mauvoisin.  L'eau  surabondante  passait 
par  dessus  la  chaussée  et  formait  une  large  lagune  qui 
s'écoulait  par  les  deux  arches  du  Vieux-Pont  les  plus 
rapprochées  de  la  rue  du  Pont-de-Mayenne.  Après  avoir 


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fait  tourner  les  roues,  l'eau  amenée  par  la  chaussée  pre- 
nait son  cours  par  la  troisième  arche,  la  plus  voisine  du 
Val-de-Mayenne', 

Quelques  rares  constructions  jetées  çà  et  là  exis- 
taient seules  sur  la  rive  gauche,  toute  entière  consa- 
crée au  traitement  des  toiles.  On  ne  commença  à  bâ- 
tir qu'après  l'achèvement  du  Pont-Neuf^.  Ce  terrain 
n'est  devenu  un  quartier  considérable  que  depuis  l'ou- 
verture du  chemin  de  fer  de  Bretag^ie,  c'est-à-dire  de- 
puis 1858. 

Du  cdté  droit  de  ta  rivière,  ce  qui  est  devenu  la  rue 
Neuve  était  moins  une  rue  qu'un  chemin  longeant  les 
fossés  de  la  ville  à  droite,  et  à  gauche,  l'étang  de  la 
ChiiTolière.  Ce  chemin  se  prolongeait  jusqu'aux  Escaliers 
et  à  la  Porte  du  Boulevard.  On  ne  soupçonnait  même  pas 
que  plus  tard  pourrait  exister  la  rue  de  Joinville  qui  ne 
fiit  tracée  qu'en  1830.  Dans  les  temps  les  plus  anciens, 
le  voyageur  qui  venait  de  Bretagne  descendait  la  rue 
de  Beauvais,  alors  nommée  le  Chemin  Gravelais  (con- 
duisant à  la  Gravelle),  passait  près  du  prieuré  de  Saint- 
Martin,  traversait  le  Carrefour-aux-Toiles,  gravissait 
la  rue  Renaise  et  redescendait  la  Grande-Rue  pour 
franchir  la  rivière  sur  le  seul  et  unique  Pont-Vieux. 

Dans  des  temps  plus  rapprochés  de  nous,  on  descen- 
dait toujours  la  rue  de  Beauvais  ;  c'est  par  là  qu'en  1827, 
la  duchesse  d'Angouléme  fit  son  entrée  solennelle  en 
uotre  ville  ;  mais  au  lieu  de  monter  la  me  Renaise,  on 
prenait  la  rue  Neuve  et  on  tournait  par  !a  rue  du  Val- 
de-Mayenne  pour  aller  retrouver  le  Pont-Vieux,  Même 

1.  Notre  excellent  collègue,  M.  E.  Moreau,  a  eu  l'heureuse  idée 
de  joindre  à  cet  article  la  reproduction  d'une  ancienne  gravure 
d'Andouard.  Du  Ponl-Vieux,  où  il  est  placé,  le  spectateur  voit  à 
sa  gauche  le  canal  qui  conduit  l'eau  aux  Trois-Moulins  et,  au 
bout  de  la  Galerie,  le  lott  efRIé  de  la  Tour  de  la  Poterne,  adroite, 
la  lagune  où  le  trop  plein  tombe  par  dessus  la  chaussée,  au  loin, 
le  coteau  de  Bel-Air  et  des  Capucins. 

8.  Sous  Napoléon  ]■',  dont  il  porta  d'abord  le  nom. 


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—  74  — 

après  que  le  Pont-Neuf  eut  été  bâti,  on  continua  de  sui- 
vre ce  parcoura  :  nous  avons  encore  vu  les  malles-postea 
prendre  cet  itinéraire  pour  déposer  les  lettres  dans  une 
maison  servant  de  bureau,  rue  du  Val-de-Mayenne. 

Les  diligences  adoptaient  le  même  trajet,  et  il  le  fallait 
bien  pour  conduire  les  voyageurs  aux  deux  principaux 
hôtels,  qui  étaient  alors  ceux  du  Louvre  et  de  la  Téte- 
Noire,  près  de  l'église  de  Saint-Vénérand.  On  ue  put 
arriver  à  ces  hdtels  par  une  autre  voie  qu'après  l'ouver- 
ture de  la  rue  du  Théâtre,  vers  1835.  Les  rues  Echelle- 
Marteau  et  de  Mazagran  ne  furent  ouvertes  qu'après 
elle  ;  les  deux  quais  sont  encore  plus  récents. 

En  1688,  nous  trouvons  donc  la  place  de  l'Hdtel-de- 
Ville  traversée  en  demi-cercle  par  la  Mayenne.  Au  sud, 
c'était  les  fossés  et  les  murs  de  ville,  avec  l'entrée  de 
la  rue  du  Val -de-Mayenne,  qui  s'appelait'  encore  le 
Boulevard,  et  au  commencement  de  laquelle,  au  bord 
de  l'eau,  se  trouvait  une  tour  basse,  nommée  la  Tour-au- 
Diable.  A  l'opposé,  eu  bas  de  la  descente  dite  mainte- 
nant de  Bel-Air,  et  alors  des  Capucins,  on  voyait  VHà- 
pital  général  Saint-Louis,  élevé  depuis  quelques  an- 
nées ^  dans  tes  terrains  de  la  closerie  de  la  CbifTolière. 
A  cet  endroit  la  rue  était  close  par  une  porte  accompa- 
gnée d'une  fortification  nommée  le  Fort-Jeust.  En  1589, 
la  ChifTolière  appartenait  à  Jean  Bricet,  marchand.  Sa 
terre,  autrefois  en  vigne  et  verger,  avait  été  mise  en  pré, 
«  joignant  ladite  maison  et  pré,  d'un  c6té  au  chemin 
tendant  de  la  porte  du  Fort-Jeust  à  Notre-Dame  de  Pria, 
d'autre  cAté  à  la  rivière  de  Mayenne,  abute  d'un  bout 
an  placitre  de  la  Cbiffolière.  »  De  l'autre  côté  de  la  rue, 


1.  Nous  la  trouvons  encore  ainsi  nommée  dans  un  procès,  en 
1734. 

2.  La  Tondation  de  cet  hospice  approuvée  d'abord  par  Charlea- 
Belgique-HoUande,  prince  de  la  Trémoîlle,  duc  de  Thouars  et 
comte  de  Laval,  fut  autorisée  par  lettres  patentes  de  Louis  XIV, 
en  168S,  enregisû^es  au  parlement  en  1684. 


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Michel  Bonrgonnière,  changenr,  possédait  un  jardin 
dans  lequel  il  venait  de  bfttir  une  maison.  Son  terrain 
joignait  d'un  côté  une  «  mette  tendant  de  la  porte  du 
Fort-Jeast  aux  jardins  du  Chapitre  de  S'  Tugal  »  et  abn- 
tait  a  d'un  bout  aux  jardina  du  Chapitre  et  d'autre  bout 
au  chemin  tendant  de  la  CbifTolière  à  i>riz  >.  » 

Un  contrat  du  16  juillet  1688  va  nous  donner  l'état 
des  lieux  à  l'ouest  de  la  rivière  et  entre  les  deux  extré- 
mités qui  viennent  d'être  fixées.  Ce  jour  là  «  avant 
midy,  par  devant  M'  René  Gaultier,  notaire  royal  gar- 
de-nott68  héréditaire  au  Maine,  réaidant  à  Laval,  »  com- 
parurent :  René  de  la  Porte,  sieur  du  Manoir,  juge  ordi- 
naire civil  et  maire  perpétuel  de  Laval  ;  Daniel  Le  Bal- 
leur,  sieur  de  Sourches,  Jean  Fréard,  sieur  de  la  Rue 
Crense,  André  Coustard,  sieur  de  Souvré,  conseiller  du 
roi,  receveur  des  tailles  de  l'élection,  Julien  Hennier, 
avocat  en  parlement,  échevins  ;  et  François  Ruffin,  sieur 
de  Lorière,  avocat-syndic  de  la  ville.  Ils  venaient  exécu- 
ter on  dessein  depuis  longtemps  formé  par  les  habitants, 
l'acquisition  d'une  partie  de  cet  espace  dout  nous  tra- 
cions plus  haut  les  Umites. 

L'acte  commence  par  exposer  que,  le  21  août  1598, 
Madame  Anne  d'Allègre,  comtesse  de  Laval,  bailla  et 
arenta  à  Jean  Guiard  «  une  place  vacque  à  la  Chivolière 
sur  le  rivage  de  la  rivière  de  Mayenne^.  »  Cette  place  se 
trouvait  au  bout  d'un  «  petit  cbaussereau  fermant  les 
douves  de  cette  ville  »  et  qui  avait  quatre-vingt-douze 
pieds  de  longueur.  A  cette  distance  «  au  bout  dudict 
chanssereau,  sous  la  coste  du  ruisseau  du  faubourg 
S'  Martin  s,  n  Jean  Guiard  acquérait  le  droit  de  bâtir  un 

1.  Censif  de  Saint-Haiiin.  1589. 

2.  Anne  d'AJlËgre  était  veuve  de  Paul  de  CoU^dv  qui  jprit  le 
nom  de  Guy  XIX,  en  succédant  à  Guionne  la  FolFe  dans  le 
comté  de  Laval.  Elle  agissait  comme  tutrice  et  garde-noble  de 
leur  unique  Gis,  né  le  5  mai  1585,  mineur,  âgé  de  13  ans. 

3.  Ce  ruisseau  sortait  de  l'étang  de  Sùnte-Catherine  que  la 
ligne  du  chemin  de  ter  et  le  nirellement  du  champ  de  a 


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-  76  — 

moulin  '.  Il  pouvait  aussi  construire  une  maison  de  vingt 
pieds  de  long  et  treize  pieds  de  large,  «  sur  la  butte  de 
la  Chivolière,  au  long  de  ladite  rivière,  avec  droit  de 
chemin  et  usage  des  dites  buttes  pour  l'exploitation  du- 
dit  moulin.  »  On  lui  baillait  aussi  «  les  douves  de  cette 
ville  proche  laditflfebutte  et  murailles  pour  y  retenir  et 
conserver  l'eau  dessendent  dudît  ruisseau  du  faubourg 
pour  l'usage  dudit  moulin.  »  Maison  et  moulin  passè- 
rent, après  Jean  Guiard,  à  Mathurin  Le  Hirbec,  époux 
de  Cristophle  Guiard.  Celui-ci  les  céda,  en  1617,  à  Guy 
Moraine  et  Marie  Chailleu,  aa  femme.  Leur  décès  les 
fit  venir  aux  mains  de  René  Margottin,  dont  la  veuve, 
Madeleine  Moraine,  les  possédait  au  moment  du  traité. 
Mais  les  habitants  souffraient  des  miasmes  qui  s'exha- 
laient de  l'étang  de  ]a  ChifTolière,  réduit  peu  à  peu  et 
encombré  par  les  vases  et  les  plantes  aquatiques,  en 
même  temps  que  des  fossés,  transformés  en  cloaques 
par  les  eaïKi  que  le  moulin  y  faisait  refluer,  lis  avaient 
R  formé  le  dessein  depuis  longtemps  de  desseicher  ledit 
étang,  dont  l'eau  croupissoit  dans  ladite  place  de  la 
Chivolière.  »  Avant  tout  il  fallait  supprimer  le  moulin, 
principale  cause  de  la  stagnation  des  eaux,  et  pour 
cela,  en  faire  d'abord  l'acquisition.  Outre  la  mesure  de 
salubrité,  ceux  de  la  vilie  y  voyaient  encore  une  mesure 
d'économie.  C'était  d'être  «  déchargés  de  l'entretien  d'un 
pont  qui  servoit  pour  passer  de  la  porte  du  Boulevard, 
«  par  dessus  ledit  étang  ou  marais,  lequel  pont  estoit 
tombé  en  ruisne  »  et  devait  coûter,  pensait-on,  n  une 
somme  immense  à  rétablir.  » 


ont  ftdt  disparaître.  A  ta  décharge  de  cet  étang  existait  une  herse 
suspendue  qui  fit  douner  au  petit  cours  d'eau  le  nom  de  ruisseau 
du  Râteau.  Comme  la  source  n'a  pas  été  supprimée,  il  coule 
maintenant  emprisonné  dans  un  canal,  sous  les  rues  d'Emée  et 
de  Joinville,  unissant  son  cours  à  deux  autres  ruisseaux  qui  vien- 
nent de  Payenne  et  des  Vaux. 

1.  Dans  une  note  sur  l'aveu  de  1444,  nous  avons  parlé  de  ce 
moulin  comme  existant  déjà  ;  notre  document  nous  fait  reconnat- 
Ire  l'erreur  que  nous  avons  commise.  II  ne  fut  établi  qu'en  1598. 


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LAVAL 

el  la 

riACE  DE  LA  CHIFFOLIÈRE 

1598-1686 


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On  a  pensé  que  ce  pont  servait  à  donner  passage  de 
la  porte  du  Boulevard  au  Chemin  (rue  Neuve)  venant  du 
Carrefour-aux-Toiles  ;  mais  cet  espace  n'était  pas  long 
k  franchir,  et  s'il  y  avait  là  un  pont,  sa  reconstruction 
n'aurait  pas  dû  coûter  «une  somme  immense.  »  Nous  se- 
rions plus  porté  à  croire  que  le  chemin  se  continuait 
jusqu'à  la  porte  du  Boulevai-d  et  que  le  pont,  comme  le 
dit  notre  document,  passait  «par  dessus  l'étang  et  ma- 
rais »  pour  conduire  au  Fort-Jeust,  au  bas  de  la  rue  des 
Capucins. 

D'après  M.  Duchemin  de  Villiers',  il  y  avait  une 
porte  dans  les  murailles  de  ville  pour  aller  à  la  Chevol- 
lière,  au  travers  de  la  maison  du  sieur  de  Farcy  ;  elle 
se  trouvait  au  haut  des  Escaliers  ou  degrés  par  lesquels 
OD  descendait  de  la  rue  du  Bourg-Chevrel  (du  Jeu-de- 
Paume)  et  dont  subsiste  encore  un  reste  derrière  le  bâ- 
timent actuel  de  la  Poste.  Nous  venons  de  mentionner 
la  Porte  du  Boulevard  qui  donnait  accès  dans  ta  rue  du 
même  nom  (rue  du  Val-de- Maine).  Le  savant  auteur 
hésite  à  décider  si  ces  deux  portes  étaient  distinctes 
l'une  de  l'autre  ;  il  dit  quelquefois  :  «  la  porte  du  Boule- 
vard et  de  la  Chevolière,  »  et  enfin,  ayantlu  dans  le  cen- 
sif  du  comté,  l'énumération  de  deux  maisons  entre  les 
portes  du  Boulevard  et  de  la  ChevoIIière,  il  admet  qu'il 
pouvait  y  avoir  deux  portes  en  cet  endroit. 

Notre  contrat  parle  d'abord  d'un  pont,  près  de  la 
porte  du  Boulevard,  et  plus  loin,  il  dit,  sans  l'avoir 
nommé  autrement,  «  proche  ledit  pont  de  la  Chivol- 
lière.  »  Nous  sommes  donc  porté  à  penser  qu'il  n'y 
avait  qu'une  porte  proprement  dite,  celle  du  Boulevard, 
et  que  l'autre  n'était  qu'un  passage,  auquel  le  censif 
donne  le  nom  de  porte  improprement. 

Ceux  qui  descendaient  de  la  rue  du  Bourg-Cherrel 
pour  sortir  de  la  ville  et  aller  vers  Priz,  contournaient 

I.  E$*aù,  p.  306  à  S12  et  p.  319. 


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ua  peu  les  fortifications  sur  leur  droite  pour  atteindre 
la  porte  du  Boulevard,  puis,  prenant  à  gauche,  s'enga- 
geaient sur  le  pont  qui  traversait  le  marais.  C'est  vrai- 
semblablement ce  court  espace  que  l'aven  de  1444  ap- 
pelle «  la  rue  de  l'étang  »  et  où  se  trouvait  «  la  maison  que 
soulloit  tenir  Collin  Meniot,  sis  près  le  poncel  de  la  rue 
de  l'estang.  »  Mais  ces  dernières  expressions  semblent 
indiquer  un  second  pont,  qui  sans  doute  donnait  pas- 
sage du  bas  des  Escaliers  à  la  rue  Neuve,  par  dessus  les 
douves  ou  fossés  de  ville. 

Les  habitants,  pour  en  venir  à  l'exécution  de  leur  pro- 
jet, s'étaient  adressés  à  l'Intendant  de  la  Généralité,  et 
celui-ci  avait  commis  M.  de  Pontfarcy  «  pour  dresser 
procès-verbal  de  Testât  des  lieux  et  de  la  commodité 
dudit  desseichement.  »  Le  commissaire  s'acquitta  de  sa 
mission  le  9  décembre  1684,  et,  d'après  ses  observations, 
«  fut  fait  un  devis  des  ouvrages  qui  étoient  nécessaires,  a 
Sur  ta  demande  des  maire  et  échevins,  l'Intendant 
rendit  son  ordonnance  le  30  décembre  16S6.  Leur  re- 
quête portait  qu'il  «  seroit  proceddé  au  bail  au  rabais 
des  ouvrages  mentionnés  audit  devis,  »  que  «  l'adjudi- 
cataire seroit  payé  sur  les  deniers  d'octroy  de  cette  ville 
sur  mandements  délivrés  par  ledits  sieurs  maire  et 
échevins.  »  Ces  formes  administratives  ne  diffèrent  pas 
trop  de  celles  que  l'on  suit  encore  aujourd'hui,  ce  qui 
montre  que  la  tutelle  des  administrations  inférieures  par 
les  supérieures,  et  la  régularité  des  opérations  publiques, 
ne  sont  pas  d'hier  en  France. 

Nous  allons  assister  à  une  expropriation  pour  cause 
d'utilité  publique.  Ayant  reçu  de  l'Intendant  l'autorisa- 
tion nécessaire,  comme  nous  venons  de  le  dire,  les  maire 
et  échevins  considérant  «  que  l'on  ne  pouvoit  procedder 
audit  bail  (des  travaux)  qu'au  préalable  estimation 
u'eust  esté  faite  dudit  moulin,  étang  et  terres  qui  envi- 
ronnent le  dit  marais,  »  firent  requête  au  commissaire, 
puis  en  vertu  de  son  ordonnance,  firent  assigner  les 


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héritiers  Moraine  et  conviDreot  avec  eux  de  prendre 
pour  experts  M**  Rolland  Le  Duc  et  René  Enjubault, 
avocats.  Ceux-ci  descendirent  sur  les  lieux  et  présentè- 
rent leur  rapport,  dans  lequel  était  estimé  séparément 
«  le  fonds  dudit  étang,  le  cours  d'eau,  le  droit  de  mou- 
taux  et  sujets  tpii  dépendent  dudit  moulin,  et  le  prix  des 
roues,  rouets,  meulles,  et  autres  ustaneiles  dudit  moulin, 
d'avec  la  valleur  des  maisons,  jardins,  et  autres  choses 
bâties  et  édiiBées  sur  te  fonds.  » 

Après  pourparlers  entre  les  intéressés  et  les  maire 
et  échevins,  ceux-ci  achetèrent  :  étang,  cours  d'eau, 

chaussereau,  roues,  rouets ustenciles,  etc.,  pour 

le  prix  de  300  livres  «  qui  sera  payé  auxdits  les  Mar- 
gottins  par  le  sieur  receveur  des  deniers  communs  et 
d'octroy  de  cette  ville.  »  Les  vendeurs  se  réservent  les 
«  arbres  qui  sont  sur  le  bord  dudit  étang.  »  Le  tout 
reste  hypothéqué  au  proHt  des  vendeurs  «  sans  que  les 
dits  sieurs  acquéreurs  en  puissent  changer  la  face  » 
avant  que  le  paiement  n'ait  été  effectué.  Nous  trouvons 
déjà  ici  la  juste  et  préalable  indemnité  inscrite  dans  nos 
lois  actuelles. 

Alors  intervint  au  traité  Marie  Galpin,  veuve  de  Jean 
Chevreul,  maître  menuisier,  demeurant  à  la  ChevoUère, 
pour  vendre  aussi  x  ausdits  sieur  maire  et  échevins, 
manans  et  habitants  dudit  Laval  »  un  petit  jardin  con- 
tenant cinq  cordes  de  terre,  «  situé  proche  ledit  pont  de 
la  Chivollière,  abuttant  du  haut  l'étang  et  douves  dudit 
moulin  et  du  bas  les  murs  de  ville,  joignant  d'un  costé 
le  jardin  desdîts  Margottin.  »  Elle  avait  recueilli  cet 
héritage  de  la  succession  de  Gervaise  Galpin  et  Marie 
Moraine,  ses  père  et  mère,  en  1652.  Cette  seconde  vente 
était  faite  pour  le  prix  de  150  livres,  payables  aussi  par 
le  receveur  des  deniers  de  l'octroi,  et  à  condition  que 
les  acquéreurs  ne  changeraient  «  la  face  »  du  terrain 
qu'après  le  paiement. 

Le  même  contrat  porte  quittance  de  300  livres  pour 


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les  Margottin  et  de  150  livres  pour  la  veuve  Galpio, 
ainsi  la  ville  se  trouva  en  mesure  de  commencer  im- 
médiatement les  travaux  d'assainissement. 

C'était  assurément  une  des  amélioratione  les  plus  im- 
portantes que  pussent  alors  entreprendre  les  édiles  la- 
vallais.  Son  exécution  prépara  celle  d'une  nouvelle  tra- 
verse de  la  route  de  Bretagne  qui  ne  devait  s'opérer 
que  plus  tard  et  de  tout  cet  ensemble  de  travaux  qui 
ont  transformé  l'ancienne  ChilTolière  en  une  place  vaste, 
utile  et  agréable.  L'Hôtel-de-Ville  qui  lui  donne  à  pré- 
sent son  nom  fut  bâti  en  1826-1827  ;  il  est  placé  dans 
le  marais  ;  pour  trouver  le  solide,  lorsqu'on  en  creusa 
les  fondations,  il  fallut  descendre  à  5  et  7  mètres  de 
profondeur.  Nous  aurions  voulu  porter  sur  le  plan  que 
noua  avons  essayé  de  tracer  de  l'ancien  état  des  choses, 
une  indication  de  l'état  actuel  '  ;  mais  le  plan  serait  de- 
venu confus,  et  ce  que  nous  nous  proposions  surtout  de 
mettre  sous  les  yeux  ne  les  aurait  plus  autant  frappés^. 
Nous  espérons  qu'au  moyen  du  pointillé  par  lequel  nous 
avons  marqué  le  nouveau  lit  de  la  Mayenne,  la  rue  de 
la  Paix  et  la  rue  Joinville,  on  pourra  comparer  ce  qui 
était  il  y  a  deux  cents  ans  avec  ce  qui  existe  aujour- 
d'hui. Peu  de  coins  de  terre,  croyons-nous,  ont  été  si 
absolument  modifiés. 

COUAHIER    DE    LaUNAY,    ch.    h. 


1.  Nous  devons  exprimer  ici  notre  gratitude  à  notre  collègue 
M.  E.  Garnier,  archilecte,  pour  les  conseils  et  les  indications 
qu'il  a  eu  l'obligeance  de  nous  donner. 

2.  Nous  avons  rétabli  sur  notre  plan,  l'enceinte  de  rourailles 
depuis  les  Escaliers  jusqu'à  la  tour  de  la  Poterne  ;  elle  existait 
encore  en  1688.  La  tour  était  carrée,  comme  on  le  voit  sur  le 
plan  de  1753,  et  dans  le  bas-relier  de  la  chaire  de  8aint-Véné- 
rand.  On  passait  sous  cette  tour  pour  descendre  de  la  rue  du 
Bourg-Chevrel  (du  Jeu -de- Paume)  dans  le  Boulevard  (Val-de- 
Maîne).  Elle  ne  fut  démolie  qu'en  1794. 


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LE  MARQUISAT 
DE  CHATEAU-GONTIER 

DE  1684  A  1690 
D'APRÈS  DN  DOCUMENT  INÉDIT 


La  communication  bienveillante  d'un  ancien  registre, 
demeuré  inédit,  noua  a  permis  d'étudier  l'étendue  de  la 
mouvance  du  marquisat  de  Château-Gontier  à  la  fin  du 
XVII"  siècle.  Ce  volume,  relié  en  parchemin,  compte  499 
feuillets.  Il  fait  partie  des  archives  du  chAteau  de  la 
Haute-Roche  d'Azé',  appartenant  à  Madame  V"  Lepec, 
qui  a  récemment  construit,  dans  une  situation  pitto- 
resque, au  sommet  d'un  rocher  dominant  le  cours  sinueux 
de  ta  Mayenne,  une  élégante  habitation,  édifiée  sur  les 
plans  de  M.  Ramouseet,  architecte  de  Paris. 

Le  seigneur  de  Château-Gontier,  selon  le  registre, 
était,  en  1684,  «  Messire  Nicolas-Louis  de  Bailleul, 
chevallier,  conseiller  du  Roy  en  sa  cour  de  parlement  à 
Paris,  »  fila  aîné  de  Louis-Dominique  de  Bailleul,  sei- 
gneur de  Soisy,  de  Vatetot  et  d'Estiolles,  président  au 
parlement  de  Paris,  époux  de  Marie  Le  Rageois,  fille  de 


de  la  Mayenne,  p.  281).  —  C'est  s 
de  Gaudrajr  qui  couvre  l'autre  rive  de  la  Mayenne,  que  la  tradi- 
tion populaire  place  les  fourches  patibulaires  du  seigneur  d'Az^. 
Le  fief  d'in^andes  fut  réuni  à  celui  d'Azé  à  la  fin  du  XV»  siècle 
pour  former  une  chàtetlenie  (Ibid.,  p.  176). 


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-  8î  - 

Claude,  seigneur  de  Bretoavillieis'.  Nicolas-Louis  de 
Bailleul  «  fit  travailler  aux  archives  de  Chàteau-Gontier 
et  fit  rendre  beaucoup  de  sentences  contre  les  sujets  et 
vassaux  qui  n'avoient  pas  payé  leurs  services  à  cens  et 
rendu  leurs  aveux  et  déclarations^.  »  Le  volume  que 
nous  avons  consulté  est  intitulé  :  a  Titres  au  soutien  de 
Ut  Mouvance  du  Marquisat  de  Château-Gontier  depuis 
et  compris  îôSi  jusqu'à  1690  exclusivement,- J  J  J.  » 
Deux  tables  contiennent  la  liste  des  sujets  et  celle  des 
noms  des  cantons  où  sont  situés  les  héritages  énumérés. 
Messire  Charles  Letessier,  sieur  de  Coulonge  ^,  «  advo- 
cat  procureur  au  siège  présidîal,  »  était  chargé  «  d'occu- 
per pour  le  seigneur  marquis  de  ChÂteau-Gontier*.  » 


MOCTANCBS   FÉOUALES   DU   XÂRQDISAT   DS   CHATEAU- 
GOKTIKR,    EH    1684. 

Les  Ëefs  vassaux  du  marquisat  de  Ch&teau-Goutier 
étaient  nombreux,  selon  les  indications  fournies  par  le 
Dictionnaire  topographique  de  la  Mayenne  que  nous 
reproduisons  en  y  ajoutant  une  série  de  notes  complé- 
mentaires. 


1.  Léon  Mattre,  Tablettes  chronologiques  et  historiques  de  la 
sacceasion  des  Seigneur*  de  Laval,  de  Mayenne  et  de  Chdteau- 
gontier,  p.  30. 

2.  Généalogie  des  Seigneurs  de  Chdteau-Gontier,  publiée  par 
M.  A.  de  Martonne,  archiviste  du  département  de  la  Mayenne, 
dans  le  Bulletin  de  la  Commission  Historique  et  Archéologique, 
documents  et  procès-verbaux,  tome  troisième,  p.  303  (1882-1883). 
—  Cette  généalogie  est  conservée  aux  Archives  départementales 
de  la  Mayenne,  série  E.  Elle  est  de  l'an  1761  et  écnle  par  un  au- 
teur anonyme. 

3.  Coulonge,  h.  et  chat.  C*  de  Fromentières.  —  Fier  vassal  de 
la  chàtellenie  de  Fromentières. 

4.  Titres  au  soutien  de  la  mouvance  du  marquisatde  Cliduau- 
Gontier. 


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La  seigneurie  d'Ampoigné,  du  doyenné  de  Craon. 

Les  Aulcais-Barrés  de  Bazouges'. 

La  Balhayère,  de  Bierné,  qui  relevait  aussi  de  l'En- 
torterie  ou  l'Entourtrie  de  Grez-ea-Bouère  *. 

La  Barillère,  d'Ampoigné. 

La  Baronnière,  de  Houssay,  qui  donne  son  nom  à  un 
ruisseau  aflluent  de  celui  de  Brault. 

La  Baumerie,  de  Châtelain. 

La  Billonnière,  de  Quelidnes,  dont  les  bois  ont  été  dé- 
frichés en  1858. 

Le  Bois-auX'Moines,  de  Saint-Fort*. 

Le  Bois-Barré,  de  Châtelain. 

Le  Bois-Bignon,  de  Gennes. 

La  Bounière,  de  Houssay. 

Bouillé-Théval,  de  Montguillon.  Cette  terre  relevait 
en  franc-alleu  de  Château-Gontier.  Le  château  était 
entouré  de  larges  douves.  11  doit  son  surnom  à  la  fa- 
mille de  Teaval  ou  de  Thévalle,  à  qui  il  advint  par  le 
mariage  de  Jeanne  de  Quatrebarbes  avec  Esmar  de 
Tesval*. 

Les  Bouillons,  de  Loigné^. 

Le  Boulay,  de  Chemazé, 

La  Bourdonnière,  de  Saint-Fort.  —  Le  ruisseau  des 
Bourdonnières  ou  de  Vallès,  se  jette  dans  celui  du 
bourg  de  Menit. 

Le  Bourg-Renaud,  de  Bazouges.  —  C'est  la  partie  de 


t.  C'est  là  qu'avait  été  établi  le  prêche  des  réformes  de  Ghâ- 
leau-Gontier,  par  la  famille  de  Bédé  (Arch.  de  la  Mayenne,  B. 
2336). 

i.  L'Entonrterie  était  un  fief  vassal  de  la  chàtellenie  de  Bouère. 
—  h'Eatartrie.  1728  (Cabinet  de  M.  Trochon  de  la  Théardière). 

3.  Ce  lieu  appartenait  alors  à  l'abbaye  de  la  HoË. 

4.  Dictionnaire  historique,  géographique  et  biographique  de 
Maine-et-Loi'-e,  t.  I,  p.  436.  —  Voir  notre  étude  sur  La  clidtelle- 
nie  de  la  Jaille-Yvon  et  ses  seigneurs,  d'après  des  documents 
iDéâits(1052-17S9],  oraédedeuxhélio^avures,  p.  9  à  14  et  54-55. 

5.  Le  ruisseau  des  Bouillons  est  un  afRuent  de  la  Mayenne. 


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la  paroisse  fondée  par  Renaud  de  ChAteau-Gontier,  l'un 
des  premiers  seigneurs*. 

Bozeille-Boucbard  ou  Belhomme,  de  Bazouges. 

Bozeille-Maroutière,  de  Saint-Fort.  —  Ce  lîef  fut 
réuni  à  ceux  de  la  Lande  de  Loigné  au  XVII*  siècle 
pour  former  la  châtellenie  de  la  Maroutière. 

Bozeitle-Roué,  de  Bazouges. 

Bréon,  de  Marigné-Peuton.  —  Le  ruisseau  de  l'Etang 
de  Bréon  est  un  affluent  de  l'Hière^. 

La  Brossinnière,  de  Chemazé  ^. 

La  Motte-de-Brûlon,  de  Saint- Laurent-des-Mortiers *. 

Champagne-Frezeau, 

Le  Châtelet,  de  Bazouges.  —  Le  ruisseau  de  ce  nom 
se  jette  dans  le  ruisseau  de  Saint-Joseph  ou  de  la  Plan- 
che, affluent  de  la  Mayenne. 

Cheripeau,  d'Ampoigné^. 

La  Chouannière,  d'Ampoigné.  —  Les  bois  ont  été  dé- 
frichés. 

Le  Clos-Avril. 

Coges,  d'Origné.  —  Cette  seigneurie  relevait  égale- 
ment de  la  chAtellenîe  de  Laval. 


1.  Voiries  Tabletiea  généalogiques  et  hisioriques.  —  Ménage, 
Histoire  de  Sablé.  —  Bonneserre  de  Saint-Denis,  Notice  sur 
Château- Gantier.  —  S.  de  MontoEon,  Notice  historique  sur  Chd- 
teau-Gontier.  Annuaire  de  l'arrondissement  de  Chdteau-Goiilier, 
etc.,  pour  Î878.  —  Abbé  Foucault.  Documents  historiques  sur 
Chdteau-Gontier.  —  Tancrède  Abraham,  Chdteau- Gantier  et  ses 
environs. 

2.  Voir  les  Archives  du  Château  de  Bréon.  —  Archives  de 
Maine-et-Loire,  Ë.  300,  dossier  de  la  famille  deLancrau. —  Les 
Lancrau  de  Bréon  portent  :  D'argent  à  la  fasce  fleurdelysée  et 
contrefleurdelysée  de  gueules,  trois  en   dessus  et  trois  en  dessous. 

3.  Voir  notre  étude  sur  Les  .Seigneurs  de  MolUére  et  de  la 
Broasinière  (XI*-XVIII>  siècles). 

4.  Voir,  sur  les  Gaultier  de  BruUon,  nos  Recherches  épigra- 
phiques,  p.  29  à  55,  Laval,  imprimerie  Léon  Moreau,  1883. 

5.  Les  titres  de  l'abbaye  de  la  Roë  mentionnent  en  1462  le  sei- 
gneur de  Cheruppeau  (H.  189,  f°  27).  —  La  paroisse  de  Cheri- 
peau a  été  réunie  en  1791  à  celle  d'Ampoigné. 


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-  85  - 

Le  Deffay,  de  QuelaineB. 

Le  Douet-Sauvage,  de  Biemé*. 

Lea  Ecorces,  de  CbemaKé. 

Featillé,  de  Quelaines^. 
.  Les  Fossés,  de  Loigoé. 

La  Fonrmentière. 

La  Frezelliêre,  de  Loigné  '. 

Le  Geneteîl.  —  Le  prieuré  du  Geueteil  dépendait  de 
Tabbaye  Saint-Nicolas  d'Angers*. 

La  Goguerie,  de  Saint-Gault, 

La  Grassetière. 

La  Grossinière. 

La  Hamelinaie,  de  Genues.  —  Lea  bois  ont  été  défri- 
chés. 

La  Hayère. 

La  Hérissière,  de  Bazouges. 

Les  Hulairies,  de  Loigné. 

La  Joyère,  de  Chemazé. 

Loigné,  paroisse  du  doyenné  de  Craon. 


1.  Voir,  sur  les  seigneurs  clu  Dou et- Sauvage,  dont  le  plus  tin- 
den  est  Gaufridus  de  Doit-Sauvage,  cité  dans  les  archives  de 
l'hospice  de  Château- Gontier,  en  1206,  nos  Recherches  hiatori- 
quet  tur  Saint-Michel-de'Peins,  publiées  dans  la  Revue  de  l'Ân- 

2.  Le  cartulaire  du  Ronceray  mentionne  G.  de  FestilU,  au  XI* 
siècle.  —  On  lit  dans  l'aveu  rendu  à  Angers,  au  roi  Louis  XIV, 
le  20  juillet  1669,  par  Louis  de  Bailleul,  marquis  de  Chàteau- 
Gontier.  que  le  sei^eur  de  la  Raudière  et  Festillé,  «  en  qualité 
de  conestabie  de  Château -Gontier,  •  prétendait  avoir  le  droit  de 
prélever,  sur  ie  moulin  du  Verger,  voisin  du  faubourg  d'Aié, 
<  les  folles  farines  et  le  cinquième  des  droits  de  moute.  ■  Le  sei- 
gneur de  ChàteaU'Gontier  ajoute  :  «  Moi  je  prétends  qu'il  est  tenu 
de  la  cinquième  partie  des  réfections  et  réparations  du  même 
moulin,  pour  raison  de  quoi  nous  sommes  en  procès  (Arcb.  nat., 
r«g.  Ql  f02S,  fol.  123  et  suiv.) 

3.  Voir  sur  les  Freseau  de  la  Frazelliâre,  notre  Etude  sur  la 
Vie  privée  au  XV*  tiède  en  Anjou. 

4.  (  Le  prieur  de  Notre-Dame  de  Gennetay,  à  cause  da  sa 
maison  et  domaine  sis  es  dit  faubourg,  me  doit  chacun  an  un  gal- 
lais  de  vin  et  quatre  fouasses,  et  pour  sa  terre  de  ViUechal  en  la 
paroisse  de  Chastelain,  six  deniers,  a  (Ibid.) 


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-86  — 

Luîgné,  deCoudray'. 

MagnanneB  ou  Meignanne,  de  MeniF. 

Malabry,  de  Chemazé. 

Marigné-Peuton,  paroisse  du  doyenné  de  Oaon  *. 

La  Maroutière  de  Saint-Fort.  —  La  chAtellenie  érigée 
en  1635  reportait  aussi  ses  aveux  à  la  châtellenie  de 
Bouère  et  à  la  seigneurie  de  Bouthou. 

Mauvinet.  —  Deux  lieux  portaient  le  aom  de  Mauvi- 
net.  L'un  était  situé  sur  le  territoire  de  la  seigneurie  de 
Ruillé-Froidfont,  l'autre  était  un  fief  sis  en  Saint-Miohel- 
de-Feins  et  en  Coudray,  aussi  nommé  les  féages  de 
Chanteussé,  qui  s'étendait  sur  Daon,  Gennes,  'Saint- 
Aignan,  Chanteussé,  et  relevait  en  partie  de  la  châtel- 
lenie de  Daon*. 

La  Meignannière  ou  Meignannerie,  aussi  nommée 
Rézé,  de  Quelaines.  —  On  écrit  également  la  Meisian- 
nière. 

Ménil  ou  Menil,  paroisse  du  doyenné  de  Craon.  — 
Le  prieuré  de  Saint-Georges  de  Ménil  dépendait  de 
l'abbaye  de  la  Trinité  de  Vendôme*. 

La  Michinottière,  de  Marigné-Peuton.  —  Ce  fief  por- 
tait également  le  nom  de  Souvigné. 

Mirouault  ou  Mirvaut,  d'Azé.  —  Le  moulin  de  Mi- 
rouault  dépendait  de  Bazouges^, 

1,  Voir,  sur  cette  terre,  les  archives  et  les  titres  conservés  au 
château  de  Luif^é. 

1.  La  terre  de  Ma^annes  fut  érigée  en  marquisat,  en  faveur 
de  Henry  de  Racappë.  par  lettres  patentes,  données  à  Versait' 
les  au  mois  d'avril  1701  et  enregistrées  en  parlement  le  6  mars 
1703.  Elles  sont  conservées  dans  le  42'  volume  des  Ordonnances 
de  Louis  XIV,  au  folio  120.  Voir  notre  Histoire  de  Menil  et  ses 
seigneurs,  d'après  des  documents  inédits  (1040-1SS6). 

3.  Voir  la  Chonique  de  Marigné-Peuton,  par  l'abbé  Foucault, 
dans  la  Revue  historique  de  l'Ouest. 

k.  VoirnoB  Recherches  historiques  sur  Saint-Michel-de-Feins. 

5.  Les  titres  du  Prieuré  de  Saint-Georges  de  Menil  sont  con- 
servés aux  archives  de  Loir-et-Cher. 

6.  (  Item,  les  moulins  et  logemens  d'iceux  (l'un  à  drap  et  l'au- 
tre à  tan),  étant  sur  la  rivière  de  Maine,  bâtis  sur  la  chaussée 


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-  87  - 

Moiray  ou  Moiré,  de  Coudray'. 
Moissant,  de  Qaelaînes. 

Mollière,  bourg,  commune  de  Chemazé.  —  Le  prieuré 
de  Saiat-Pierre-de-Molliëre  dépendait  de  l'abbaye  de  la 
Roêî. 

Montaign,  de  Bazouges. 

Noirieux,  de  Saint-Laureat-dea-Mortiera^. 

Les  Ormellières,  de  Houssay. 

La  Pironnière,  de  Longuefuye.  —  Ce  fief  relevait 
également  de  la  châtellenie  de  Longuefuye. 

Le  Pie aaia -Bourreau  ou  Bourel,  de  Bierné,  érigé  en 
1633  en  marquisat  sous  te  nom  de  la  Barre*. 
"  Le  Plessis,  de  Quelaines,  dont  relevaient  les  fiefs  du 
Brossay,  du  Monceau,  du  Plessia-Brossard  et  de  Saint- 
Gaolt». 

Poillé,  de  Saint-Gault.  —  Le  ruisseau  de  Poillé  est 
un  afSuent  de  la  Mayenne. 

Le  Port-la-Valette. 

Potage,  de  Gennes^. 

La  Pouverie,  de  Quelaines. 

La  Prée. 

La  Raudière,  de  Quelaines'. 

Hirouaull,  au-dessus  de  celle  des  trois  moulins  à  blé  et  à  drap. 
J'ay  droit  de  faire  contraindre  mes  sujets  et  estag^rs  de  moudre 
leur  grain  et  de  faire  fouler  leurs  draps.  >>  (Arch.  nat.  iôid.j 
917). 

1.  Voir,  sur  les  seigneurs  de  Mire-  les  Archives  de  Luigné  et 
les  Regitlres  d«  l'État-civil  de  Coudray. 

2.  Voir,  sur  Mollière,  notre  Etude  tur  la  JailU-Yvon  et  se» 
seigneurt,  p.  ftl,  et  notre  travail  sur  Les  Seigneurs  de  Mollière  et 
de  la  Brosainière  (XI--XVIII«  siècles). 

3.  Voir  aux  Archives  de  la  Mayenne,  les  Titres  de  la  Seigneu- 
rie de  la  Grenonniére  et  de  Noirteux. 

i.  Voir,  sur  le  Plessis-Bourrean  el  [a  Barre  de  Biemé,  notre 
étude  sur  l^s  Chivré,  marquis  de  la  Barre  de  Bierné,  et  nos  Re- 
cherches épigraphiques. 

5.  Quelaines  relevait  de  la  baronnie  de  Craon  et  du  marquisat 
de  Chàteau-Gontier. 

6.  Voir,  aux  Archives  de  la  Mayenne,  les  Titres  du  fief  Potage. 
".  La  seigneur  de  la  Kaudière,  en  sa  qualit<'  de  connétable  hé- 
réditaire de  la  baronnie  de  ChAteau-Gontier,  devait  deux  mois  de 


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La  Renarderie,  de  Saint-Fort. 

Le  Grand'Rézé,  alias  la  Meig^aanière. 

La  Robellière. 

Rougé-Derval,  de  Marigné-Peuton.  ■ —  Ce  fief  s'éten- 
dait sur  ta  seigneurie  de  Ménil. 

Les  bois  des  Rouillères,  de  Peuton. 

Saint-Aubin,  de  Chemazé. 

Saint-Ouen,  de  Chemazé.  —  Le  fief  appartenait  à 
l'abbaye  de  la  Roê  '. 

Sancé,  de  Coudray^.  —  Ce  fief  relevait  aussi  de  la 
châtellenie  de  Charabellay  3. 

La  Sapinière,  de  Bierné. 

Le  Teillay,  de  Saint-Gault.  • 

Le  Teilleul,  qui  s'étendait  sur  Ampoigné  et  Chemazé. 

La  Tellouinière  ou  le  Plessis-Tellouinière,  de  Que- 
laines. 

Le  Tremblay,  de  Châtelain. 

Le  Val,  d' Ampoigné  ;  le  ruisseau  du  Yal  est  un 
affluent  de  celui  de  Mauconseil. 

La  Valette  ou  la  Grande- Valette,  de  Coudray. 

Le  Verger,  de  Chemazé. 

Le  Vieil- Aunay,  de  Loigné'. 


garde  à  ses  coûts  et  dépens.  11  avait  le  droit  de  prendre  et  gar- 
der le  cheval  sur  lequel  le  seigneur  de  Château-Gontier  avait  fait 
son  entrée  dans  la  ville,  après  l'avoir  conduit  par  les  freins  à 
l'endroit  où  voudra  descendre  le  seigneur.  Ses  autres  droits 
sont  énumérés  dans  les  Chroniques  CraonnaUes,  p.  566-567. 

1.  Voir  sur,  Saint-Ouën,  l'Album  de  CAdteau-Goniier  et  ses  en- 
virons. —  Le  joli  château  de  Saint-OuËn,  construit  dans  le  style 
de  la  Renaissance,  par  Anne  de  Bretagne,  pour  son  aumfinier 
Guy  Le  Clerc,  de  Coulaines,  plus  tard  évéque  de  Léon,  appartient 
aujourd'hui  à  M.  le  comte  de  Sèze  qui  en  a  confié  la  restaura- 
tion à  M.  Beignet,  l'habile  architecte  angevin. 

2.  Voir,  à  la  Bibliothèque  d'Angers,  le  dossier  relatif  à  la  sei- 
gneurie de  Sancé. 

3.  La  terre  de  Chambellay  relevait  en  partie  de  Ménil.  Elle 
appartenait  alors  aux  Montafais. 

4.  Vieil-Aunay  (le),  château  et  ferme  avec  chapelle  du  XII* 
siècle,  commune  de  Loigné.  —  Viaunay,  XVII*  siècle  (abb.de 
la  Roe,  H,  1/0). 


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Les  Vignes,  de  Qoelaines'. 

Le  marquisat  de  Chàteao-Gontier  comprenait  deux 
baronnies  et  sept  cfa&tellenies  ;  trente-six  paroisses  en 
relevaient.  Le  présidial  avait  été  établi  en  1640.  On  y 
comptait  un  gouverneur  de  la  ville  et  du  château,  et  un 
lieutenant  des  maréchaux^. 


II 

POURSUITES    niRlGÉES    COUTRE   LES   VASSAUX   DU 

MARQUISAT,   DK    1684  A   1690. 

Le  4  janvier  1684,  à  la  requête  de  Messire  Nicolas  de 
Bailleul,  marquis  de  Château-Gontier,  assignation  est 
donnée  a  Abraham  Roullé  d'exhiber  tes  titres  de  pro- 
priété de  certaines  vignes  situées  au  clos  des  champs  de 
Beaumont,  de  Bazouges,  et  de  payer  tous  les  droits  féo- 
daux. Jacques  Geslin,  premier  huissier  audiencier  au 
siège  présidial  de  Chàteau-Gontier,  se  présente  au  do- 
micile de  ce  Roullé,  «  demeurant  auforsbourgduditlieu, 
vers  Azé.  o  II  est  à  remarquer  que,  comme  Azé  et  les 
autres  environs  de  Chàteau-Gontier,  le  territoire  de  Ba- 
zouges était  alors  planté  en  vignes  sur  une  grande  partie 
de  son  étendue. 

Le  24  janvier,  M.  du  Plessis-Bourré,  chevalier,  sei- 
gneur, marquis  de  Jarzé,  «  de  la  terre  ûef,  et  seigneurie 
d'Ëscuillé  en  la  paroisse  d'Escuillé^,  »  est  cité  «  à  com- 

1.  Vignes  (les  Grandes  et  les  petites),  f.  c"  de  Quelaines  ; 
roisseau  <|ui  se  jette  dans  celui  de  Brault.  —  L'étaoj;  et  le  mou- 
lin des  Vignes  ont  été  supprimés  vers  1800.  —  Ce  nef  était  vas* 
sal  également  de  la  baronnie  de  Craon. 

3.  Un  garde  de  la  connétablie  fut  institué  en  1693  (Voir  les 
Mémoires  dressés  en  1697,  d'après  l'ordre  de  la  cour,  par  M.  de 
Miroménil,  intendant  de  la  généralité  de  Tours.  —  Voir  aussi,  à 
la  Bibliothèque  de  Chàteau-Gontier,  l'Edit  du  Ray  qui  ordonne 
la  création  du  Présidial.) 

3.  La  seigneurie  de  Jarzé  avait  été  érigée  en  marquisat  par 
lettres  de  1615  et  d'avril  1691.  Le  château  reconstruit  au  XV* 
siècle,  était  imposant.  Jean  Bourré  avait  acquis  vers  1473  ce  fief 
des  8ainte-Hanre. 


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paroir  dans  haîtaine  franche  devant  Messieurs  les  gens 
la  Sénéchaussée  et  Siège  Présidial  de  Chflteau-Gontier, 
au  palais  royal  dud.  lieu,  pour  être  condamné  faire  la 
foy  et  hommage  qu'il  doibt  au  seigneur  marquis  de  Châ- 
teau-Gontier  à  cause  de  lad.  terre  d'Ëscuillé,  mouvance 
dud.  marquisat,  et  fournir  son  adveu  suivant  la  cous- 
tume,  et  payer  le  rachapt  deub  par  les  seigneurs  du 
Plessis  à  cause  de  lad.  terre  fief  et  seigneurie  d'Ës- 
cuillé, à  luy  eschue  de  la  succession  de  deffunct  Mes- 
sire  du  Plessis,  vivant  chevalier,  seigneur  marquis  de 
Jarzé,  son  ayeul,  décédé  il  y  a  dix  ans.  »  L'assignation 
fut  remise  à  maître  François  Sallain,  procureur  fiscal  de 
la  terre  d'EcuilIé,  demeurant  au  bourg  de  ChelTes.  Une 
partie  du  bourg  d'Ëcuillé  appartenait,  avec  l'église  et  la 
cure,  à  la  juridiction  du  chapitre  Saint-Maurice  d'An- 
gers ;  le  reste,  comme  nous  le  voyons,  était  revendiqué 
avec  droit  de  four  à  ban  par  les  seigneurs  du  Plessis- 
Bourré,  qui  en  rendaient  aveu,  sous  le  titre  de  chàtelle- 
nie  sans  domaine,  à  Chflteau-Gontier'. 

Les  propriétaires  de  diverses  maisons  situées  «  près 
la  porte  de  Treu,  »  dans  la  rue  de  la  Harelle^,  dans  la 
rue  des  Juifs,  près  des  Ponts,  dans  la  rue  du  Port-au- 
Vin,  dans  la  rue  Trouvée,  dans  la  rue  Bruchemotte, 
dans  la  rue  Saint-Denis,  dans  la  rue  d'Olivet,  dans  la 
Grande-Bue,  au  Pilori,  près  du  cimetière  de  Saint-Jean 
t'Ëvangéliste,  dans  la  rue  de  la  Tannerie,  au  faubourg 
d'Azé,  à  d'Audibon,  ainsi  que  n.  h.  Claude  Poisson, 
sieur  de  Neuville,  détenteur  «  du  lieu  et  appartenance 
nommée  la  Tour-Gaultier,  »  la  veuve  Michel  Doisseau 
et  François  Bourgeois,  qui  occupaient  une  demeure  appe- 
lée «  Lierru,  n  furent  poursuivis  tour  à  tour  à  la  requête 
du  marquis  deChâteau-Gontier^. 

1.  Dict.  /lût.  de  M.-et-L..  t.  II,  p.  102. 

2.  Voir  sur  le  mot  Harelle  (émeute  ou  révolte,  Ifarela),  le  Gloi- 
sarium  de  du  Gange  et  te  Dictionnaire  historique  des  institutions, 
mœurs  et  coutumes  do  la  France,  par  A.  Chéniel,  tome  I,  p.  530. 

3.  Voir,  sur  tous  ces  lieux,  la  Notice  hisiori^tie  sur  Château- 


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Françrâs  do  Bnat,  «  escayer,  sîetir  du  Thetllé,  y  demen- 
raat,  paroisse  de  Saiact-Gault,  »  est  assigné  le  15  mars 
poar  être  eondamaé  à  faire  foi  et  hommage  et  payer  les 
arr^ages  de  cinq  livres  sept  deniers,  obole  de  service 
dus  au  seigneur  de  ChAteau-Gontier,  «  A  raison  de  la 
terre  de  Theillé  et  seigneurie  de  Saint-Gault.  »  Les  du 
Buat,  seigneurs  de  la  Subrardière  de  Méral  depuis  le 
XVI*  siècle,  portent  ;  D'azur  à  trois  quintefeuiUes 
d'argent  ' . 

Le  6  avril,  à  la  requête  de  Jean  de  la  Fuye,  maître 
chirurgien,  demeurant  à  Chftteau-Gontier,  mari  d'Anne 
Janet,  Glle  de  défunt  Jacques  Janet,  qui  avait  les  droits 
de  Maître  Jean  Bionneau,  «  cy  devant  fermier  du  mar- 
quisat, »  François  Patry,  est  assigné  pour  payer  les 
arréragea  de  dix-huit  sols  dix-huit  deniers,  dus  à  raison 
du  lieu  et  métairie  de  la  Malbouère,  autrement  Petit- 
Pavé,  sis  en  la  paroisse  d'Azé.  Le  15  avril,  dans  une 
affaire  relative  à  «  Pierre  Lasnyer,  notaire  royal,  demeu- 
rant k  Laval,  »  c'est  M"  René  Trochon,  aieur  des  Places  ^, 
avocat  au  siège  présidial,  qui  occupe  pour  M.  de  Bail- 
leul. 

Gervais  Mousteau  de  Nuillé,  ponr  le  lieu  delà  Vilatte, 
en  Quelaines,  Jean  Guildault,  pour  une  closerie  située 
au  Monceau,  en  Quelaines  également,  René  Léon  «mar- 
chand tixier  en  toille^,  m  René  Chardon,  marchand,  Jean 
Talvatz  «  marchand  appoticquaire,  »  M"  Chartes  Las- 
nier,  prêtre  habitué  en  l'église  de  la  Trinité  de  Laval, 


Gontier,  par  8.  de  MontoEon,  dans  VÂnnuaire  de  l'arrondme- 
meni  de  Chdteau- Gontier,  poar  1818,  p.  3B1-290.  —  Le  nom  de 
«  la  Tour-Gaultier  ■  s'ajoute  à  la  liste  déjà  connue  des  autres 
tours  de  l'enceinte. 

1.  Voir,  sur  la  famille  du  Buat,  les  C/ironiguet  Craannaûaa. 

2.  Places  (les),  cbAt.  et  I.  c"  de  Daon.  —  Une  belle  habitation 
de  style  Louis  XIII  a  remplacé  l'ancienne  demeure.  Elle  appar- 
tient aujourd'hui  à  Madame  la  baronne  de  Romain  (Voir  nos 
Reeherehes  hiaioriquet  tur  Daon  et  ■«>  environs). 

3.  Il  y  avait  à  GhAteau-Gontïer  trois  blanchisseries  de  toiles. 


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«  faisant  le  fait  de  M"  Pierre  Lasmer,  notaire  royal 
aud-  lieu,  son  père,  héritier  de  Nicolas  Gervais,  aieur 
du  Val-Tinant,  notaire  royal,  sont  poursuivis  successi- 
vement, du  15  avril  au  8  mai,  pour  défaut  de  paiement 
de  diverses  rentes.  M"'  François  Legros  et  Julien  Had- 
bin  étaient  alors  notaires  royaux  à  Chàteau-Gontier'. 

Noble  Jean  Deuyau,  sieur  de  Gaudrée  ^,  mari  de  demoi- 
selle Barbe  Bourgeon,  fille  de  défunt  M"  Jean  Bour- 
geon, sieur  de  la  Rainière  ^,  est  assigné  le  27  mai  pour 
être  condamné  à  exhiber  les  titres  de  propriété  du  Petit- 
Douaillon,  de  Gennes.  Le  même  jour,  Jean  Gaugaia, 
«  marchand  mégissier,  »  est  cité  pour  payer  les  devoirs 
«  d'une  maison  ou  tannerie  size  en  cette  ville  proche  les 
murs  d'icelle  en  la  rue  de  la  Tannerie.  »  Le  8  juin,  c'est 
le  tour  de  Jean  àe  la  Noe,  sellier,  demeurant  au  faubourg, 
propriétaire  du  lieu  de  la  Fournairie,  eu  Saiut-Sulpice, 
qui  a  négligé  d'acquitter  les  droits  féodaux. 

Une  sentence  du  12  juin,  rendue  au  siège  présidial, 
entre  M.  de  Bailleul  et  Messire  René  de  Juigné,  «  escu- 
yer,  seigneur  de  la  Broissinière,  »  maintient  en  la  féo- 
dalité du  marquis  de  Chàteau-Gontier  deux  maisons  et 
un  appentis  du  bourg  de  Chemazé.  Pensard,  propriétaire 
de  la  Villière,  en  Saint-Sauveur-de-Flée,  noble  Samuel 
Pelîsson,  sieur  de  Montigaé*,  bourgeois  d'Angers,  y 
demeurant,  paroisse  Sainte-Croix,  créancier  d'une  rente 
foncière  de  trente-six  livres  sur  le  village  du  Plessis- 
Brochard,  en  Quelaines,  sont  assignés,  pour  exhiber 
leurs  titres,  le  30  juin  et  le  6  juillet  suivant. 

1.  Il  existait  alors  une  communauté  de  quinze  notaires  royaux 
et  un  collège  de  huit  avocats  dans  cette  ville. 

2.  Gaudray  ou  Gaudrée  (le  Grand  et  le  Petit),  I.  et  éc.  c"  ds 
Vi  lliers-C  harlemagne . 

3.  Rainière  (la),  I.  c""  d'Azé. 

4.  Montigné,  f.  c°°  de  Quelaines,  fief  vassal  de  la  bsronnie  de 
Craon.  —  Ce  Samuel  Pelîsson,  prolestant,  fut  poursuivi  en  1689 
pour  contraventions  aux  édits  du  roi.  Nous  possédons  le  texte  de 
son  interrogatoire  dans  la  collection  de  nos  documents  inédits 
sur  l'Anjou  et  le  Maine. 


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Messire  Nicolas  d'Orvanx,  écuyer,  sieur  de  Champiré  *, 
curateur  à  la  personne  de  Guillaume  Leclerc,  écuyer, 
sieur  de  la  Ferrière,  propriétaire  du  lieu  du  Puy-des-Fées, 
en  la  paroisse  de  la  Perrière*,  est  condamné,  «  au  dît 
nom,  »  à  payer  les  arrérages  de  cinquante  sols  de  cens 
et  de  cinq  sous  sur  quinze  journaux  des  landes  de  Saint- 
Melaine,  dépendant  du  lieu  du  Chandelier,  le  1"  juillet. 

Une  sentence  renduepar  défaut,  le  15  juillet,  condamne 
ta  dame  Marguerite  Jousse,  veuve  de  Maître  René  Mes- 
lier,  sieur  de  Pincé,  à  exhiber  les  titres  du  lieu  et  clo- 
serie  du  Bois,  paroisse  de  Saint^Quentin,  dont  dépendent 
dix  journaux  de  terre  en  la  forêt  de  Fiée,  par  les  bois 
de  MortiercroUe,  qui  relèvent  du  marquisat  et  à  payer 
les  arrérages  dus  qu'elle  doit  sur  le  lieu  d'Envie-en- 
Avoir,  au  village  de  la  Richardière. 

Le  19  juillet,  à  la  requête  de  Nicolas  de  Bailleul,  qui 
u  a  ealu  domicilie  en  son  chasteau  de  Giziers  sis  audit 
Chateaugontier  3,  »  on  saisit  les  fruits  de  la  Renardière 
appartenant  à  Jacques  Jouet,  «  escuyer,  »  et  située  en  la 
paroisse  de  Gennes.  Le  même  jour,  la  métairie  de  la 
Marmitée,  dépendance  du  prieuré  de  Geneteil,  est  anssi 
saisie,  faute  par  le  prieur  d'avoir  payé  les  arrérages 
qu'il  doit. 

André    Salmon,    marchand  meunier   demeurant   aux 


1.  Champiré.  t.  et  moulin  àeeux,  C"  de  Sainte- Gemmea  d'An- 
diçné  (Maine-et-Loire).  —  Dès  le  XV"  siède.lesd'Orvaux  étaient 
seigneurs  du  Ciel  de  Champiré  qui  relevait  du  Plessis-Macé. 

2.  Ferrière  (la),  C»  et  arr.  de  Segré,  —  Le  seigneur  du  lieu 
devait  40 Jours  et  iO  nuits  de  garde,  avec  armes  et  chevaux,  à 
Château-Gantier.  Il  était  tenu,  quand  il  chassait  en  personne 
dans  la  forêt  de  Fiée,  d'envoyer  à  son  suzerain  les  quatre  pieds 
de  la  première  béte  noire  abattue  par  lui  et  le  pied  du  premier 
cerf.  Quand  le  suzerain  chassait,  il  était  astreint  à  lui  mettre  en 
état  la  chasse,  loger  un  jour  et  une  nuit  sa  suite,  soigner  les 
chiens  et  les  chevaux  blessés  (Arch.  nat.,  ibid.) 

3.  ■  Item  ma  maison,  cour  et  jardin  sis  en  ladite  ville  de  Chà- 
(eaugontier  avec  le  placitre  étant  au  devant  et  une  petite  maison 
jr  jointe  nommée  Oiziers.  i  (Arch.  nat.,  iàid.) 


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moulins  de  ChAteauneuf<,  est  condamoé,  le  24  juillet,  à 
exhiber  les  titres  de  propriété  d'une  rente  de  huit  Bola 
due  à  raison  du  lieu  de  la  Coioterie,  en  Chemazé.  Fran- 
çois Gaunier,  laboureur,  exploite  alors  ta  Houdemon- 
uière  et  t'Hommeau-Gaudin.  On  saisit  entre  ses  mains 
une  somme  importante,  faute  par  les  propriétaires  d'avoir 
payé  les  arrérages  fixés. 

Le  16  août,  en  présence  de  Maître  Jean  Gilles,  no- 
taire royal  à  Ghâteau-Gontier,  Maître  Pierre  DefeuiUé, 
conseiller  et  avocat  du  roi  au  siège  du  grenier  à  sel  dudit 
lieu^,  y  demeurant  paroisse  Saint-Jean  l'Evaugéliste, 
procureur  de  haute  et  puissante  dame  Marie-Louise  de 
Saint-Offauge,  veuve  de  haut  et  puissant  seigneur  Mes- 
sire  Urbain-Charles  du  Plessis,  vivant  chevalier,  sei- 
gneur marquis  de  Jarzé,  a  procuratrice  generalle  et  spe- 
cialle  »  de  haut  et  puissant  seigneur  Messire  Marie* 
Urbain-René  du  Plessis,  son  fils,  seigneur  marquis  de 
Jarzé,  offre  de  faire  foi  et  hommage  au  ch&teau  et  mar- 
quisat de  Chàteau-Gontier  à  raison  de  la  seigneurie 
d'Ecuillé. 

Le  31  août,  une  saisie  itérative  est  faite,  sur  les  Da- 
mes Religieuses  du  couvent  du  Buron  3,  de  la  rente  de 
six  setiers  de  blé  due  à  raison  du  lieu  de  Villechat,  en 
Châtelain,  faute  d'exhibition  et  de  reconnaissance  de 
cinq  sols  que  doit  ladite  rente. 

Le  fermage  de  la  Bouteillerie,  de  Bazouges,  est  saisi 
le  7  septembre.  Messire  de  Goddes,  seigneur  de  la  Ma- 
routière,  est  assigné  le  3  novembre  pour  être  condamné 
à  payer  «  les  arrérages  de  quarante-cinq  sols  et  d'une 

1.  Chàteauneur-sur-Sarthe,  arr.  de  Segré  (M.-et-L.) 
3.  La  juridiction  du  grenier  à  sel  de  Château-Gontier  était 
composée  d'uQ  président,  un  grénetier,  un  contrAleur,  un  procu- 
reur du  roi  et  un  greflier.  On  consommait,  au  grenier  à  sel  de 
Chàteau-Gontier,  de  35  à  36  muids  de  sel.  Le  muid  de  set  était 
de  douze  septiers. 

3.  Le  Buron  d'Azé  était  occupé  par  des  religieuses  du  tiers- 
ordre  de  Saint-François  et  de  Sainte-Elisabeth. 


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paire  de  ganta  blancs  dus  à  raison  de  la  terre  de  la 
Lande,  dépendant  de  la  Maroutière.  » 

Le  25  novembre,  par  devant  Jean  Gilles,  notaire  à 
Chèteau-Gontier,  furent  présents  :  «  Monsieur  Maistre 
René  Guérin,  aieur  de  la  Gendronnière,  en  la  paroisse 
de  Houssay',  conseiller  du  roi,  garde-sel  en  la  sénes- 
chanssée  et  siège  présidial  de  Chasteaugontier,  y  demeu* 
rant  paroisse  Saint-Remy,  »  et  honorable  homme  François 
DubUneau,  marchand,  demeurant  au  faubourg  de  cette 
ville  vers  Azé,  au  nom  et  comme  administrateurs  de 
<t  THostel-Dieu  Saint-Julien  dudit  Chasteaugontier,  ^  » 
promettant  de  faire  ratifier  ces  présentes  par  les  habi- 
tants de  la  ville,  lors  de  leur  prochaîne  assemblée,  et 
honnête  personne  René  Hardy,  marchand  boucher,  époux 
de  Anne  Gaanier.  Les  deux  administrateurs  louent  aux 
époux  Hardy  une  maison  située  rue  de  la  Harelle,  com- 
posée de  deux  boutiques,  une  allée  au  milieu,  une  salle 
avec  cheminée,  grenier  dessus  ladite  salle,  une  chambre 
hante  dessus,  un  cellier  et  appentis  et  jardin  au  derrière, 
joignant  d'un  cAté  la  maison  de  René  Collas  et  de  la 
veave  R.  Pettier  et  une  venelle  ^  entre  deux...  n  L'acte 
est  passé  à  l'Hdtel-Dieu  en  présence  de  Mathieu  Oesnoès 
et  Germain  Vincent,  praticiens.  Les  preneurs  paieront 
une  rente  de  quarante-cinq  livres  au  marquisat  et  a 
l'bApital. 

François  Ledroit,  «  marchand  taincturier,  »  détenteur 
de  la  Turmellière  d'Ampoigné*,  Maître  René  Buhigné, 

1.  Les  titres  de  la  famille  Guérin  sont  conservés  actuellement 
par  M.  Ëmest  Guérin  de  la  Roussardière,  maire  de  Quelaines. 

2.  Depuis  le  mois  de  décembre  1612,  l'hôpital  était  demeuré  à 
la  disposition  des  habitants,  et  trois  notables  bourgeois  étaient 
élus,  tous  les  deux  ans,  sous  ie  nom  de  «  pères  des  pauvres,  s  à 
la  charge  de  faire  procéder  aux  baux  à  ferme  du  domaine  de  cet 
établissement  (Resittrea  des  délibérations  et  conclusions  de  l'Hâ- 
lel-de-ViLU  de  Chdleau-Goniier.  —  A.  du  Chêne,  Notes  sur 
Château- Gontier  au  commencement  du  XVII*  siècle.) 

3.  Venelle,  synonyme  de  ruelle. 

i.  La  terre  d'Ampoigné  appartenait  à  la  famille  d'Héliand.  Le 


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notaire  royal,  demeurant  à  Houssay,  possesseur  de  la 
Mamonnière  et  de  la  Handouilière,  Messire  Hyacinthe 
de  Qaatrebarbes,  seigneur  delà  RoDgère<,  Pierre  Poyer, 
propriétaire  du  Monceau,  chirurgien,  demeurant  au 
bourg  de  Quelainea,  Claude  de  Préaux,  chevalier,  sei- 
gneur du  lieu  et  de  Charnières  en  Quelaines,  sont  assi- 
gnés en  décembre  1684  et  janvier  1685.  Maîtres  Elie 
Guillotean  et  René  Boucault  sont  alors  avocats  à  Chà- 
teau-Gontier. 

Maître  Mathurin  Parpacé,  prêtre,  curé  de  Gennes,  est 
condamné  à  exhiber,  le  23  février  1685,  «  les  titres  de 
propriété  de  la  dixme  inféodée  de  la  Hermonnière,  en 
ladite  paroisse  de  Gennes,  qui  étoit  autrefois  du  béné- 
fice de  la  dame  de  la  chambre  de  l'sbbale  du  Ronceraî 
d'Angers,  »  M"  André  Meignan,  avocat  procureur, 
occupe,  dans  cette  affaire,  pour  M.  Nicolas-Louis  de 
Bailleul,  qualifié,  dans  la  pièce,  «  d'ancien  président  à 
mortier  en  la  cour  de  parlement  à  Paris.  » 

Une  sentence  du  25  février  maintient  les  lieux  de  la  Ro- 
ohette  etdu  Monceau  de  Quelaines,  appartenant  à  Fran- 
çois Pelle,  marchand,  époux  de  Perrine  Guiuoyseau, 


seigneur  devait  53  sols  de  taille  et  id  jours  et  W  nuits  de  garde 
à  Cn&t«au-Gontier.  11  était  tenu  de  contribuer  aux  réparations 
des  douves  de  la  ville  ■  au  droit  de  la  porte  de  Saint-Remy.  d 
Les  métayers  étaient  astreints  à  Taire  les  charrois  pour  les  halles 
et  les  ponls  (Arch.  nat.  ibid.) 

1.  Le  château  de  la  Rongère  est  situé  sur  le  territoire  de  Saint- 
Sulpice.  Le  fief  était  pourvu  d'une  haute  justice.  —  Le  ruisseau 
de  fa  Kongère  est  un  aflluent  de  la  Mayeni.e,  —  Les  Qualrebar- 
bes  en  étaient  seioneurs  depuis  la  lin  du  Xtll*  siècle,  époque  à 
laquelle  Macé  de  Quatrebarbes  avait  acheté  ce  domaine  A  Har- 
douin  de  Fougèi'es  pour  la  somme  de  douze  mille  livres.  (Voir  le 
Dictionnaire  au  Maine,  par  Lepaige,  et  le  Précis  généalogique 
de  la  maison  de  Quatrebarbes).  Hyacinthe,  créé  par  Louis  XIV 
marquis  de  la  Kongère,  était  lils  de  Kené  V  de  Quatrebarbes  qui 
avait  pris  part  à  la  Guerre  de  Trente  ans  et  aux  luttes  de  la 
Fronde  en  Anjou.  Son  frère  se  distingua  au  combat  de  la  Hog'ue 
où  il  commandait  un  des  vaisseaux  de   l'escadre  de  Tourville 


(Baubigné,  La  Rongère,  Les  Roches  d'Orîgné,  article   de  M.   A. 
Lemarchand  dans  lAibum  de  Chdteau-Gontier  et  aea  environs}. 


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dans  la  mouvaDoe  du  marquisat,  cootrairement  aux  pré- 
tentions de  Messire  Jean-Claude  de  Préaux,  chevalier, 
seigneur  de  Gharnières  et  de  Quelainea'.  Ont  signé  : 
P.  Trocfaon,  F.  Chailland,  Gabriel  Amys,  Esturmy, 
Millet,  Maumousseau,  Quentin,  Bionneau,  Guérin,  sieur 
de  la  Gendronnière,  et  Bellanger,  juges  rassemblés  dans 
la  chambre  du  conseil.  Hené  Gallichon,  seigneur  de 
Courchamps,  conseiller,  lieutenant  en  la  sénéchaussée 
d'Anjou  et  siège  présidial  de  Cbâteau-Gontier,  prési- 
dait^. 

Le  7  mars,  un  rapport  est  rédigé  par  Jean  Gilles,  no- 
taire, et  Charles  Journeil,  experts  convenus  entre  M.  de 
Bailleul  et  Messieurs  les  chanoines  du  Chapitre  de 
l'égUse  collégiale  de  Saint-Just  de  CfaAteau-Gontier,  au 
sujet  «  des  féodaUtez  de  chacune  des  parties  dans  l'en- 
clos des  Lavanderies  '  nommées  Evantard  et  de  la  close- 
rie  dudit  lieu  d'Evantard,  sise  au  bault  du  faubourg 
d'Azé  de  cette  ville  sur  la  rivière  de  Mayenne,  du  costé 
de  la  paroisse  de  Fourmentières,  »  en  exécution  de  l'ex- 
ploit signifié  par  Lepage,  sergent  royal.  Les  experts 
disent  qu'ils  ont  visité,  en  présence  de  Messieurs  Juffé, 
de  la  Barre,  Théard,  chanoines  de  Saint-Just,  et  de  Jac- 
ques Geslin,  hnissier-audiencier,  l'enclos  des  Lavande- 
ries possédé  et  exploité  par  Pierre  Séguin  et  René  Le- 
devin.  Ils  ont  décidé,  après  examen,  que  le  fief  du  cha- 
pitre de  Saint-Just  relève  de  l'enclos  des  Lavanderies 
a  depuis  le  chemin  tendant  de  la  rue  Trouvée  au  moulin 


1.  Le  seigneur  du  fief  de  Charnidres  devait  foi  simple  et  4  li- 
vres 18  sols  de  taille  à  la  baronnie  de  Craon,  selon  l'aveu  rendu 
en  1608  (Archive»  de  la  Mayenne,  Ë  99). 

3.  L'édit  royal  du  7  mars  1640,  fixait  ainsi  la  composition  du 
siège- présidial  :  deux  présidents,  un  lieutenant  général,  un  lieu- 
tenant particulier,  un  lieutenant  criminel,  un  assesseur,  vingt 
conseillers,  deux  conseillers  d'honneur,  deux  avocats  du  Roi  et 
un  procureur  du  Roi. 

3.  Lavanderies  (les),  blanchisserie  de  Chflteau-Qontier,  autre- 
fois très  importante. 

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•Aa  Verger,  jusque  et  y  compris  l'ancienne  maison  des 
Lavanderies.  »  Le  surplus  de  Tenclos,  ainsi  que  la  maison 
et  jardin  d'Evantard  et  la  pièce  de  Maugarde<,  à  la  ré- 
serve de  trois  boiaselées,  qui  relèvent  du  fîef  Saint-Julien, 
sont  dans  la.  mouvance  du  marquisat. 

Le  29  mars  1685,  une  assignation  est  donnée  à  n.  h. 
Claude  Poisson,  sieur  de  Neuville,  à  comparoir  pour  être 
condamné  à  exhiber  les  titres  de  propriété  d'une  maison, 
sise\eii  la  ville,  «  nommée  la  Tour-Gaultier,  entre  la 
maison  Maître  René  Higault  et  celle  de  M''*  Charles  le 
Teasier,  aieur  de  Coulonge,  ahoutant  une  petite  rue  qui 
descend  de  celle  du  Bourg-Roussel  à  l'église  Saint-Jean 
l'Evangéliste,  et  d'autre  bout  la  maison  du  aieur  Poisson  -, 
laquelle  maison  en  question  fut  aux  Jollivet.  » 

Le  5  avril,  le  curé  d' A  viré  ^  eat  condamné  à  payer  un 
rachat  dû  à  raison  du  lieu  des  Brosses  dépendant  du 
prieuré  de  Saint-Sauveur-de-Flée.  Le  30  du  même  mois, 
un  jugement  ordonne  à  M.  de  Bailleul  de  communiquer 
à  Jean  Valterre,  écuyer,  sieur  de  Feudonnet*,  mari  de 
damoiselle  Jacquîne  Aubert,  les  titres  au  soutien  de  la 
féodalité  de  la  terre  de  Saint-Sauveur-de-Flée,  «  autre- 
ment Bouillé-Louichon,  »  afin  d'apprécier  le  rachat  de 
ladite  terre  adjugée  au  seigneur  marquis  par  jugement 
du  9  du  mois*.  M"  Jacques  Collin,  licencié  en  droit, 
av^at  procureur,  soutenait  les  droits  de  Jean  Valterre, 
et  M"  Pierre  de  Cuillé  ceux  du  marquis  de  Chàteau- 

1.  Le  18  janvier  1630,  la  ville  |>rit  à  rente  «  le  jardin  et  prë  de 
l'hApital,  maison  Daudibon  et  cimetière,  à  ta  cnai^e  d'y  bâtir 
pour  4,000  livres  et  y  faire  construire  des  lavanderies  pour  la 
commodité  du  bien  public.  ■  (A.  du  Chêne,  Ilotes  sur  Chdteau- 
Gontier  au  commencement  du  XVII'  siècle,  ibid.) 

2.  Les  Poisson  de  Neuville  portaient  ;  D'azur  au  dauphin 
d'argent  couronné  d'or  et  barbelé  de  gueules. 

3.  Jean  L enfantin,  curé  en  novembre  1681,  inhumé  souB  le  cru- 
cifix le  13  juin  1691,  âgé  de  56  ans. 

4.  Feudonnet,  f.  c"^  de  Grez-Neu ville. 

5.  Voir  notre  étude  sur  la  ChdteUenie  de  la  JaiUe-Yvon  et  te» 
teignturt  (1052-1789). 


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Gontier.  Charles  Richard,  sieur  de  la  Gmonnière  < ,  mar- 
chand fermier,  demeurant  à  la  Jaille,  avait  été  choisi 
comme  arbitre  par  M.  de  Bailleul,  conjointement  avec 
ose  autre  personne  désignée  par  son  adversaire.  M'*  de 
CuiUé  avait  proposé  de  «  leur  mettre  en  mains  la 
transaction  faite  avec  la  dame  Leshénault,  justificative 
comme  ladite  terre  relève  du  marquisat  de  Chastean- 
gontier  par  la  réunion  et  consolidation  des  terres  de  la 
Jaille  et  de  Bouille,  par  les  sieurs  de  Saint-Offange,  qui 
les  ont  possédées  conjointement,  de  laquelle  terre  de  la 
Jaille  celle  de  Sainct-Sauveur  relevait  auparavant  la 
consolidation  continuée  par  l'acquisition  faite  par  le  sieur 
Aubert.  »  Gollin  avait  réplique  en  réclamant,  avant  tout, 
la  communication  des  titres  de  la  féodalité.  L'arrêt  est 
rendu  par  devant  François  Chailland,  sieur  de  la  Cres- 
pinière,  conseiller  du  roi,  lieutenant  particulier  au  siège 
présidial. 

On  voit  intervenir  en  mai  1685  Louis  de  Bailleul, 
«  entien  premier  président  au  parlement,  marquis  du 
marquisat  dudit  Chasteaugontier.  »  C'est  ce  seigneur 
qui  se  démit  de  sa  charge  de  président  au  parlement  en 
bveur  de  son  fUs,  en  1689,  pour  se  retirer  à  l'abbaye  de 
Saint-Victor  et  mourut  en  1701,  disent  les  Tablettes 
chronologiques  et  historiques  déjà  citées.  Une  pièce  du 
28  juin  1688  qualifie,  dès  cette  époque,  Nicolas  de  Bail- 
leul «  de  reçu  en  survivance  de  charge  de  président  à 
■nortier.  »  Le  5  juin  1685,  une  ordonnance  sur  requête 
est  obtenue  par  Maître  Salomon  Domanchin,  secrétaire 
dès  6nances  de  Monseigneur  le  duc  d'Orléans^,  à  Tours, 
qui  lui  permet  de  faire  assigner  les  seigneurs  de  Chà- 

1.  Guyonniôre  (la),  chat,,  c"*  de  la  Jaille-Yvon, 

2.  Orléans  (Philippe  1"  d'),  cher  de  la  deuxième  maison  d'Or- 
léans-Bourbon,  second  lils  de  Louis  XIII  et  d'Anne  d'Autriche, 
frère  unique  de  Louis  XIV,  né  à  Saint-Germain- en-Lave  en  t640, 
mort  en  1701,  qualifié  d'abord  du  titre  de  duc  d'Anjou  (t640-lE61). 
Il  éponsa  en  1661  Henriette  d'Angleterre,  et,  apras  sa  mort,  il 
s'unit  à  Charlotte-Elisabeth  de  Bavière. 


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teau-Gontier,  de  la  Ferrière  et  de  Bouille,  qui  préten- 
dent la  mouvance  de  la  Tiimelaye  et  de  la  Viellière,  afin 
de  régler  leurs  droits  respectifs. 

Le  21  juin  1685,  Maître  Jacques  Hamelin,  siear  de 
Ricbebourg',  bourgeois  d'Angers,  est  assigné  pour  ex- 
hiber ses  titres  de  propriété  de  la  Basse-Harderie,  en 
Thorigné.  Le  7  août,  même  mesure  est  prise  contre 
René  Taranne,  détenteur  de  la  Bizauderie  de  Chemazé, 
et  le  17  septembre  contre  René  Lefèvre,  maréchal,  de- 
meurant aux  Bouillons  de  Pommerieux,  possesseur  d'une 
closerie  aise  au  village  du  Grand-Lîmelle  de  Quelaines. 
Le  9  novembre,  n.  h.  Claude  Foucault,  conseiller  du 
roi  en  l'élection  de  Laval,  sieur  de  la  Montagne,  est 
sommé  d'exhiber  les  titres  de  la  Cosserie  aise  au  Grand- 
Limelle. 

Le  3  décembre,  le  seigneur  de  Chàteau-Gontter  est 
maintenu  en  la  féodalité  de  la  closerie  d'Eventard  ap- 
partenant à  la  veuve  François  Allaire  et  de  «  l'enclose 
des  Lavanderie  et  blanchisserie  de  cire',  à  la  réserve, 
de  la  maison  de  Pierre  Séguin,  en  laquelle  il  y  a  une 
gallerie  et  espace  de  terre  qui  est  de  la  féodalité  de 
Messieurs  les  chanoines  de  Saint-Just.  »  Le  4,  honora-: 
ble  homme  Jacques  Gallais,  sieur  de  la  Billetière,  mar- 
chand, est  assigné  pour  être  condamné  à  exhiber  les 
titres  de  propriété  de  la  maison,  jardin  et  pré  de  la 
Lavanderie  d'Eventard  et  à  payer  les  rentes  et  issues.. 

En  février  1686,  Jacques  Duchemin,  marchand  à  La- 
val, est  qualifié  de  sieur  du  Bois-Morin. 

Le  26  avril,  Messire  Marc  de  Bréoh,  chevalier,  sei- 
gneur du  lieu,  est  sommé  d'exhiber  les  titres  de  propriété 
du  Heu  de  Pisse-Oison,  en  Marigné-Peuton.  Pierre  delà 

1.  Richebour^,  vill.  c"  de  Loupesse-Rochem  (Maine-et-Loire). 
—  En  est  sieur  n.  h.  Yves  Hamelin,  lieulenant  au  régiment  de 
Vendôme,  1605.  René  Hamelin  1639,  Maurille  Hamelin.  1680. 

2.  Il  y  a  à  Ch&teau-Oontier,  dit  Miromesnil,  «  trois  blanchisse- 
ries de  cire,  qu'on  va  achet«r  en  Bretagne.  » 


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Faucille,  écuver,  sieur  du  lieu  ',  François  Joumeil,  sienr 
de  la  Chevalerie,  o.  h.  Fraaçois  Dublincau,  d.  h.  René 
Poisson,  sieur  de  Bauvais,  Marie  Lenfant,  veuve  de 
Bonnaventure  Moyaaut,  écuyer,  sieur  de  Lorgerie,  pro- 
priétaire de  la  Guérinière  de  Chemazé,  les  détenteurs 
du  lieu  de  l'Image  en  Bazouges,  Simon  Bodin,  posses- 
seur de  la  Trouaye  de  l'Hôtellerie-de-FIée,  Maître  Pierre 
Joùbert,  séuéchal  à  Morannea,  la  dame  Françoise  de 
Montalais,  veuve  de  Messire  N.  de  Bueil,  chevalier, 
seigneur  comte  de  Marans,  propriétaire  du  lieu,  âef  et 
seigneurie  de  Tessecourt,  sis  en  les  paroisses  de  Querré 
et  Chauteussé  ^,  les  religieux  et  abbé  du  monastère  de 
la  Roë,  seigneurs  du  lieu  de  la  Garaudière  en  Cos- 
mes^,  sont  poursuivis,  avec  d'autre  tenanciers,  pendant 
Tannée  1686. 

Catherine  Collin,  veuve  de  Jean  Trochon,  sieur  de 
l'Ëspine,  est  condamnée  à  payer  les  arrérages  de  trente 
sols  de  devoir  dus  à  raison  de  ses  terres  nommées  les 
Moulinets  situées  en  la  forêt  de  Fiée,  le  15  janvier  1687. 
Pendant  cette  même  année,  les  assignations  pleuvent 
sur  une  série  de  propriétaires  de  diverses  maisons  de 
Ghàteau-Gontier.  Le  4  décembre,  une  sentence  rendue 
contre  Messire  Charles  de  Savonnière,  commandeur  de 
Béconnais  ^,  maintient  le  Pré-Hallé  de  Châtelain  dans  la 
mouvance  du  marquisat. 


de  Madaillan  et  d'autres  personnes  de  la  maison  abjuraient  le 
pral«stantisnie  dan»  la  chapelle  du  château. 

3.  Tessecourt,  chat,  c"  de  Chanteussé.  —  Pierre  de  Périen, 
marquis  de  Crénan,  maréchal  des  camps  et  armées  du  Roi,  avait 
en  la  terre  de  Tessecourt  par  sa  Femme  Madeleine  de  Bueil,  en 
partie  avec  Louis-René  de  Servin,  conseiller  au  Parlement  de 
Paris,  en  1644. 

3.  Voir,  dans  la  Revue  du  Maine,  notre  étude  sur  La  seigneu- 
rie de  ta  Garaudière. 

4.  La  Commanderie  des  Templiers,  annexe  du  Temple  de 
Saint-Laud,  établie  depuis  le  ^1>  siècle  près  de  Vilïemoisant 
(c™  de  Louroux-Béconnais,  M.-et-L.)  est  désignée  ordinairement 


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-  lOÎ  - 

Le  23  a-ml  1688,  Lonîs  Chotard  est  condamné  &  exfai- 
ber  les  titres  de  propriété  du  lieu  de  Coue-au-Lonp, 
alias  Dieuxaint,  situé  dans  les  lande  et  forêt  de  Valle, 
sur  la  paroisse  de  Chemazé.  Le  même  jour  M.  de  Ra- 
cappé,  sieur  de  Briacé,  est  assigné  à  raison  de  son  lieu 
de  la  Hurlière  d'Ampoigné.  Le  28,  c'est  le  tour  de  Fran- 
çoise Justeau,  veuve  de  Pierre  Huet,  sieur  de  la  Rivière, 
maître  chirurgien  à  Cb&teau-Gontier,  propriétaire  de 
Villechat,  et  le  4  mai  celui  de  Messire  René  Leclerc, 
chevalier,  seigneur  de  Sautré',  paroisse  de  Feueu,  qui 
est  sommé  de  faire  les  obéissances  féodales  «  de  la  terre 
de  Grez-Bur-Mayne,  qui  tient  du  marquisat  par  moyen  du 
fief  de  Marigné.  »  Le  7  juin,  Messire  Charles  de  Goddes 
de  Varennes,  abbé  de  l'abbaye  de  Pontron*,  demeurant 
en  la  ville  d'Angers,  paroisse  Saint-Evroult,  agissant 
au  nom  de  Messire  François  de  Goddes  de  Varennes, 
chevalier,  seigneur  de  la  Ferrière  et  de  la  Maroutière, 
«  capitaine  au  régiment  des  gardes  françaises,  »  son 
père^,  transige  avec  M.  de  Bailleul,  au  sujet  de  la  mou- 
vance de  la  Guérinière,  dépendant  des  Ecorces. 

dans  les  anciens  titres  sous  le  nom  d'Hâpiial  BiconnaU.  Une 
Gommanderie  nouvelle  avait  été  bâtie  par  le  conunandeur  de  Ja- 
lesnes  mort  en  1661  (Voir  la  description  de  le  chapelle  dans  le 
Dictionnaire  kiaiorique  de  Maine-et-Loire,  t.  111.  p.  730). 

1.  Les  Leclerc  des  Roches  et  des  Aunais  avaient  acquis  en 
1617  la  terre  de  Sautrë,  près  Feneu,  de  François  de  Chabannes, 
baron  de  Cbalus  et  de  Sautrë.  Bené  Leclerc,  chevalier,  baron  de 
Saulré,  sieur  des  chôtellenies  de  la  Hoche -Jou lai n.  Sceaux,  Greï- 
Neuville  et  Feneu,  mourut  au  château  de  Sautré  le  10  décembre 
1699. 

2.  Pontron,  ancienne  abbaye,  c"  du  LoBroux-Béconuais.  — 
Charles  de  Goddes  de  Varennes  mourut  le  4  juin  1705  i  Angers 
(Archives  de  Maine-et-Loire.  GG,  155). 

3.  François  de  Goddes  de  Varennes,  fils  atné  de  François  de 
Goddes  et  de  Marie  Bonneau,  né  à  Angers  le  15  février  1643, 
aide  de  camp  du  duc  d'Aumont,  se  signala  à  la  bataille  de  Cas- 
sel  en  1676.  Capitaine  aux  gardes  françaises  en  1ëB4,  il  est  nom- 
mé gouverneur  de  Landrecies.  Marié  le  20  août  1680  à  Lucie-Hen- 
riette Leclerc  dans  la  chapelle  de  Sautré,  mort  à  Angers  le  17 
mai  1701  et  inhumé  le  18  dans  l'église  d'Avrillé  (Dicl.  hi$t.  «fa 
M.-et-L..  t.  Il,  p.  268-269). 


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—  108  - 

Le  15  juin,  on  saisit  entre  les  mains  de  Maurice  Pa- 
vin,  «  marchand  hoate,  demeurant  en  la  maison  et  hostel- 
lerie  où  pend  pour  enseigne  le  Cheval  Blanc,  »  les  prix 
de  loyer  qu'il  doit  au  marquisat,  «  faute  par  luy  d'avoir 
payé  les  arrérages  des  devoirs  de  quatorze  solz  dus  à 
raison  de  la  maison  et  jardin  du  Cheval  Blanc ,  et  de 
sept  sols  six  deniers  sur  un  jardin  estant  dans  les  fossés 
de  la  ville  et  dépendant  de  la  dite  hostellerie  < .  » 

Le  19  juin  n.  h.  René  de  Colasseau,  écuyer,  sieur  de 
Briacé  ^,  écuyer,  mari  de  Charlotte  de  l'Espinay,  «  veuve 
en  premières  noces  du  deffunt  sieur  du  Plessis-de-Ver- 
gODgne,  M  écuyer,  est  condamné  à  payer  les  arréragea 
du  devoir  de  quatre  sols,  à  raison  de  ses  terres  dans  la 
forêt  de  Fiée,  qui  dépendent  de  la  HavalHère  d'Ampoigné. 
Honorable  homme  Pierre  Dézérée,  marchand,  proprié- 
taire de  la  closerie  des  Poiriers,  alias  la  Landaiserie  de 
Chemazé,  Ghariea  le  Tessier,  sieur  de  Coulonge,  déten- 
teur de  la  Morinière  d'Ampoigné,  N.  Perrier,  posses- 
seur de  la  Petite-Vilatte  de  Quelaines,  Francis  Portier, 
propriétaire  de  la  Houssinière  de  Quelaines,  Gervaise 
Mousteau,  propriétaire  d'une  closerie  au  lieu  des  Yil- 
lattes,  Guillaume  Leclerc,  écuyer,  sieur  de  la  Perrière, 
possesseur  de  la  Borderie  en  Saint-Auhin-du-Pavoil, 
Pierre  Chardon,  sieur  de  la  Masserie,  René  Brillet,  dé- 
tenteur de  la  Pouverie,  du  Bignon,  de  Rézé  et  de  Cour- 
mesnil,  en  Quelaines,  sont  poursuivis  en  1688. 

Le  12  novembre  1688,  les  dames  religieuses  du  Buron^ 
achètent  à  «  Monsieur  Maître  Pierre  Trochon,  premier  et 
ancien  président. en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial, 
la  Masure,  de  Chemazé,  à  la  charge  que  ce  lieu  relè- 

1.  La  rue  du  Cheval-Blanc  existe  encore  aujourd'hui. 

5.  Voir,  sur  la  Tamille  de  Colasseau,  notre  ouvrage  sur  LouU 
de  Clermont,  sieur  de  Bassy  d'Âmboiae,    gouverneur  d'Anjou. 

3.  Le  Buron,  démoli  à  la  fin  du  XVI<  siècle  par  l'ordre  du  ma- 
réchal de  BoiB-Dauphin,  avoit  été  bientAt  reconstruit  (Voirl'^Z- 
bum  de  Cbdteau-Gontier  et  aee  environ»). 


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vera  à  foi  et  hommage  simple  du  iief  du  Coudreau.  Ont 
signé  (c  les  vénérables  et  discrettes  relligieuses  du  cou- 
vent du  Buron  es  ledit  Chasteaugontier,  du  tiers  ordre 
de  Saint- François  et  de  Sainte-Elisabeth,  à  ce  présentes 
et  acceptantes,  savoir  :  Révérende  mère  Marie-Cathe- 
rine de  Jarzé,  supérieure;  sœur  Marie  de  Marbeuf,  vi- 
caire ;  Perrine  de  Marbeuf,  première  discrette  sœur  ; 
Françoise  Denyau,  discrette  ;  Cécile  Denyau,  depo"  ; 
Catherine  Maumousseau,  Agathe  Maumonsseau,  Claire 
Bonneau,  Marie  Avril,  Ëlizabeth  Trochou,  Claude  de 
Racappé,  Perrine  Eveillard,  Marguerite  Chailland,  Marie 
Peu,  Françoise  Denyau,  Catherine  Jousse,  Françoise 
Chartier,  Elizabetb  Denyau,  Radegonde  de  la  DufFerïe, 
Agnée  Emellière,  Jacquine  du  ChastelUer,  Madellaine 
du  Buat,  Françoise  de  Lesrat,  Marie  du  Buat,  Françoise 
Gander,  Anne  Armenauld,  Marguerite  Morelle,  Hélène 
PouUain,  Catherine  Trochon,  Françoise  d'Andigné,  Su- 
zanne de  Lesrat,  Anne  de  Marbeuf,  Marie  de  Lesrat, 
Catherine  Maumousseau,  Madelaine  de  Hardouin,  Ge- 
neviève de  Racappé,  Jacquine  Denyau,  Marguerite  de 
Racappé,  Magdeleine  de  Boisjourdan,  Marie  Denyau, 
Jacquine  Poullain,  Marguerite  Trochon,  Eléonore  de  la 
DufFerie,  Marie  Chailland,  Anne  Maumousseau  et  Anne 
Bouchard,  tant  pour  elles  que  pour  les  autres  relligieuses 
audit  monastère.   » 

Catherine  Collin,  veuve  de  n.  h.  Jean  Trochon,  de- 
meurant à  l'Epine,  paroisse  de  la  Ferrière,  et  Renée 
Collin,  veuve  de  n  h.  Gervais  Jousee',  Le  Jeune,  pro- 
priétaires de  la  Graminière,  Marie  Meignan,  propriétaire 
de  la  Desnière  et  de  la  Petite-Neurille  de  Chemazé, 
Pierre  Juffé,  sieur  delà  Pinellière,  détenteur  d'une  clo- 
serie  au  village  de  la  Meltière,  en  Saint-Sanveur-de- 


1.  La  famille  Jousse  a  fourni  des  conseillers  au  Présîdial  ( 
Chat  eau -GonIJer  et  des  avocats-procureurs. 


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—  105  — 

Fiée,  André  Legay,  écuyer,  seigneur  du  Teilleul  ',  et  les 
détenteurs  de  la  Landelle  sont  poursuivis  en  1689  à  la 
requête  de  Jean  Troclion,  avocat  du  roi  '. 

On  voit  par  ces  extraits  des  Titres  au  soutien  de  la 
mouvance  du  Marquisat  de  Château-Gantier  que  Ni- 
colas-Louis de  Bailleul  poursuivait  activement  ses  dé- 
biteurs et  ne  voulait  pas  laisser  méconnfdtre  ses  droits 
seigneuriaux. 

André  Joubert. 


1.  Tilleul  (le),  chèt.  et  f.  c"  de  Saiot-Sauveur-de-Flée.  — 
Cette  terre  appartenait  depuis  le  XVI*  siècle  à  la  famille  Le^y. 

2.  Une  altercation  eut  lieu  en  1690  entre  Elle  Guilloteau.  subs- 
titut du  procureur  du  roi  au  Présidial,  et  Jean  Trochon,  avocat 
du  roi,  lorsque  le  Corps  de  ville  et  le  Présidial  allèrent  saluer  au 
château  de  Griziers  o  monseigneur  Béchamel,  intendant  de  jus- 
tice de  la  ffénëralité  de  Tours.  >>  E.  Guilloteau  disputa  le  pas  à 
Jean  Trochon,  le  prit  à  la  perruque  et  le  bouscula  avec  violence 
(Arch.  de  la  Mayenne,  B.  2707). 


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RESTAURATION 
DU  DOLMEN  DE  LA  CONTRIE 

PRÈS  D'ERNÉE 


Le  magnifique  dolmen  de  la  Contrie,  près  d'Ëmée, 
est  un  des  plas  connus  du  département  de  la  Mayenne. 
A  demi  enfoncé  dans  le  sol,  placé  au  bord  d'an  ruis- 
seau, au  fond  d'une  charmante  vallée,  il  produit  l'effet 
le  plus  pittoresque. 

Sa  longueur  est  de  7"  30,  aa  largeur  maximum  de 
1"  50  à  l'intérieur.  Le  pierre  du  chevet,  les  onze  sup- 
ports et  les  quatre  dalles  du  toit  mesurent  des  dimen- 
sions considérables.  L'intérieur  est  pavé  de  larges  pier- 
re! plates. 

Dès  l'année  1879,  laCommission  Historique  et  Archéo- 
logique de  la  Mayenne  l'avait  signalé  '  à  la  Commission 
des  Monuments  Mégalithiques,  instituée  au  Ministère 
de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts.  La  loi  du 
30  mars  1887  l'a  classé  parmi  les  monuments  historiques. 

Malheureusement  il  était,  depuis  un  temps  immémo- 
nal,  assez  sérieusement  dégradé.  Un  des  supports  était 
brisé  ;  les  pierres  de  la  toiture  avaient  été  déplacées  de 
leur  position  primitive.  Ces  dégradations,  toutefois,  n'af- 
feotaient  guère  que  les  relations  respectives  de  certaines 
pierres,  qni  toutes  existaient  encore  sur  place  et  demeu- 
raient parfaitement  reconnaissables. 

1.  Voir  tome  1  (l"  série),  p.  45. 


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-    108  - 

L'idée  d'une  restauration  se  présentait  donc  naturelle- 
ment et  il  semblait  fort  possible  de  la  réaliser  sans  la 
moindre  chance  d'erreur. 

C'est  M.  A.  Tirard,  membre  correspondant  de  la 
Commission,  habitant  Ërnée,  qui  le  premier  songea  à 
l'entreprendre. 

Il  sollicita,  de  M.  le  Président  de  la  Commission,  un 
petit  crédit,  et  aidé  de  M.  Decré,  qui  se  trouvait  fort 
bien  préparé  à  le  seconder  par  une  étude  prolongée  des 
mégalithes  du  Morbihan,  il  se  mit  résolument  à  l'œuvre. 
M.  Decré  se  chargea  de  diriger  les  travaux,  tAche  daù» 
laquelle  ses  oonnaissauces  spéciales  furent  des  plus  pré- 
cieuses. 

Les  dalles  qui  formaient  primitivement  le  toit  du  dol- 
men étaient  au  nombre  de  quatre. 

La  première  du  côté  de  l'entrée  était  de  petites  di- 
mensions {1™  40  de  longueur).  Elle  repose  sur  le  sol  à 
quatre  ou  cinq  mètres  de  ses  anciens  supports  ;  mais 
elle  est  brisée  en  deux  morceaux  et  il  a  été  impossible 
de  la  remettre  en  place.  Sur  notre  dessin  on  distingue 
ses  deux  supports  qui  se  dressent  de  chaque  cété,  à 
l'entrée  du  monument,  et  qui  sont  plus  bas  que  les  au- 
tre». 

La  seconde  et  la  quatrième  avaient  été  poussées  en 
dedans  des  supports  de  gauche.  Elles  reposaient  à  terre 
par  l'une  de  leurs  extrémités  et  par  l'autre  sur  les  sup- 
.ports  de  droite.  Elles  ont  été  remises  en  place  sans  de 
grands  efforts,  bien  que  le  poids  de  chacune  d'elles 
puisse  être  évalué  à  trois  ou  quatre  mille  kilogrammes. 

Quant  à  la  troisième  dalle,  qui  était  la  plus  pesante, 
elle  avait  été  brisée,  à  son  extrémité  droite,  sur  une 
longueur  de  l'*'10,  perpendiculairement  à  son  axe.  Le 
morceau  gisait  à  terre,  en  dehors  des  supports,  et  la 
pierre  n'étant  plus  soutenue  de  ce  càté,  s'était  affaissée 
dans  l'intérieur  du  dolmen.  Il  n'a  pas  été  facile  de  l'en 
retirer,  à  canse  de  son  poids  de  cinq  ou  six  mille  Idlo- 


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-  109  — 

grammes,  et  de  !a  hauteur  à  laquelle  il  a  faliu  l'élever 
pour  la  déposer  sur  les  supports.  Sa  longueur  est  encore 
juste  suffisante  pour  qu'on  ait  pu  la  remettre  en  place, 
avec  nue  portée  de  dix  centimètres  de  chaque  cdté.  Le 
morceau  briaé  est  resté  à  l'endroit  où  il  est  tombé.  Cette 
dalle  occupe  doue  sa  place  primitive  ;  mais  comme  on 
l'a  vu  pluB  haut,  elle  se  trouve  raccourcie  de  1™  10. 

L'un  des  supports  avait  été  brisé  en  deux  morceaux. 
MM.  Tirard  et  Decré  ont  été  assez  heureux  pour  en  re- 
trouver, à  fort  peu  de  distance,  la  partie  supérieure,  qui 
s'adaptait  exactement  sur  la  surface  de  rupture  de  la 
base,  et  ils  l'ont  remise  en  place.  La  ligne  de  brisure 
est  visible  sur  le  dessin  joint  à  cette  note. 

Le  travail  de  restauration  du  dolmen  de  ]a  Contrie  a 
demandé  plusieurs  jours.  On  a  dû  y  employer  une  di- 
zaine d'ouvriers,  deux  chèvres,  deux  crics  et  de  puis- 
sants leviers. 

llidépendamment  de  son  résultat  immédiat  et  visible, 
il  a  attiré  sur  le  monument  l'attention  publique,  et  à  ce 
titre  il  constitue  une  excellente  mesure  conservatoire. 

MM.  Tirard  et  Decré  méritent  donc  toute  sorte  de  re- 
merclments  pour  avoir  conçu  et  mené  à  bonne  fin  leur 
projet,  dont  la  réaUsation  est  un  honneur  pour  eux  et 
pour  la  Commission  Historique  de  la  Mayenne. 

E.    MOREATI. 


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LE  CHATEAU  DE  LASSAY 

A  TRAVERS  LES  SIÈCLES 


I 

Notre  but.  en  livrant  aux  lecteurs  du  Bulletin  l'étude 
qui  va  duivre,  n'est  pas  de  refaire  le  travail  qu'avait 
déjà  donné  au  public,  il  y  a  c[uinze  ans,  sur  le  même 
aujet,  l'auteur  de  VEssai  historique  sur  le  château  de 
Lassay.  Ce  que  nous  nous  proposons  est  plna  modeste. 
Ayant,  depuis  l'apparition  de  l'ouvrage  en  question,  dé- 
couvert au  cours  de  nos  propres  recherches,  un  certain 
nombre  de  documents,  pour  la  plupart  encore  inédits, 
concernant  le  château  dont  il  s'agit  tant  an  point  de  vue 
historique  qu'au  point  de  vue  archéologique,  nous  vou- 
drions aujourd'hui  venir  à  notre  tour  faire  connaître  ces 
documents  à  ceux  qu'intéresse  le  passé  de  notre  Bas- 
Haine,  dans  ses  monuments  comme  dans  son  histoire. 

C'est,  on  le  sait,  dans  la  première  moitié  du  XIl'  siè- 
cle que  l'existence  d'un  château  i  Lassay  commence  à 
nous  apparaître  d'une  façon  certaine.  Elle  est  constatée 
par  diverses  chartes  du  temps  <  toutes  relatives  à  la 
chapelle  du  chflteau  de  Lassay,  et  où  ce  ch&teau  est  ap- 
pelé tantdt  «  Castrum  »  tantôt  «  Castellum  de  Laceio.  » 
Quels  étaient  alors  l'aspect  et  l'importance  du  château  ? 

1.  Voir  ces  chartaa  dans  l'appendice  de  l'Etsai  hUtoriaue,  pa- 
ges H  i  100. 


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C'est  ce  que,  faute  de  documents  assez  précis  à  cet 
ëgàrd,  il  nous  serait  difficile  de  dire,  même  par  conjec- 
ture. Mais,  en  ce  qui  concerne  son  emplacement,  nons 
croyons  pouvoir  être  plus  affirmatiffl.  Il  devait  s'éten- 
dre plus  à  l'est  que  le  ch&teau  actuel  et  comprendre 
dans  son  enceinte  presque  tout  le  quartier  de  la  ville 
connu  aujourd'hui  sous  le  nom  de  Quartier  du  Château. 
En  .émettant  cette  opinion,  nous  nous  appuyons  d'abord 
'sur  ce  fait  que,  dans  une  des  chartes  *  auxquelles  nous 
avons  fait  tout-à-l'heure  allusion,  la  chapelle  est  dite 
située  au  dessous  du  château  «  Capella  qute  infra  cas- 
trum  est  de  Laceio.  »  Or  cette  chapelle  subsiste  encore, 
c'est  la  vieille  église  de  Nolre-Dame-du-Rocher,  deve- 
nue seulement  au  XVIII*  siècle  église  paroissiale, 
abandonnée  du  culte  il  y  a  environ  vingt-cinq  ans  et 
depuis  transformée  en  balle  aux  blés^.  Mais  ce  n'est  pas 
là  tout;  un  autre  argument  à  l'appui  de  notre  opinion 
nous  semble  fourni  par  certain  passage  d'un  accord  de- 
vant le  parlement,  passé  en  1391  entre  Robert  de  Ven- 
dôme, seigneur  de  Lassay,  et  Jehan  de  Logé^,  seigneur 
du  Bois-Thibaut,  au  sujet  de  leurs  différends  respec- 
tifs. Comme  nous  le  verrons  plus  loin,  en  parlant  de 
cet  acte  à  sa  date,  il  est  fait  mention  d'une  «  antienne 


1.  Voir  la  charte  reproduite  dans  l'appendice  de  ['Estai  histo- 
rique, p.  98. 

2.  Voir,  tant  pour  la  posiUon  topographique  de  la  chapelle  du 
château,  que  pour  ce  dont  il  est  question  ensuite,  le  plan  ci~con- 
tre  de  la  partie  de  la  ville  de  Lassay  qui  environne  le  cbAteau, 
Noua  en  devons  les  principales  dispositions  aux  bons  soins  de 
M.  Le  Bossé,  secrétaire  de  la  mairie,  qui  a  bien  voulu  noua  l'eX' 
traire  de  Is  carte  d'assemblage  su  registre  cadastral.  De  son  côté, 
U.  H.  Mercier,  architecte  de  Paris,  a  eu  l'extrême  obligeance  d'y 
tracer  la  forme  exacte  du  château  d'après  les  mesures  et  plans 
qu'il  en  avait  pris  sur  place  il  y  a  quelques  années.  Nous  leur  en 
adressons  ici  l'expression  de  nos  plus  sincères  remerciements. 
Nous  avons  à  notre  tour  complété  leur  travail  en  donnant  aux  lieux 
sur  le  plan,  d'après  nos  propres  renseignements,  leur  aspect, 
autant  que  possible,  le  plus  ancien. 

3.  Arch.  nat.  Xte  63. 


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-  H2  - 

porte  du  chasteau  »  laquelle,  si  nous  comprenous  bien  les 
termes  du  passage  eu  question,  se  trouvait  près  et  de-  ' 
vaut  la  chapelle  du  côté  de  la  ville.  Enfia  une  troisième 
preuve  de  ce  que  nous  avançons  se  trouve  certainement 
dans  une  déclaration  que  rendait  en  1501  au  seigneur 
de  Lassay  le  détenteur  d'  «  une  maison  sise  devant  la 
chapelle  de  Lassay  avec  un  jardin  derrière  icelle,  »  Ce 
jardin  est  dit  «  joignant  d'un  côté  (à  l'est,  très  proba- 
blement) aux  fossés  de  la  basse  cour  du  château*.   » 

Tout  cela  ne  prouve-t-il  pas  que,  à  l'origine,  le  châ- 
teau de  Lassay  comprenait  dans  son  enceinte,  non  pas 
seulement  comme  aujourd'hui,  l'extrémité  de  l'espèce  de 
promontoire  qui  domine  à  la  foi  la  rue  Dorée  au  nord 
et  le  «  grant  étang  du  château  au  sud,  mais  presque  tout 
ce  promontoire  ? 

L'histoire  qui  nous  parle  du  château,  objet  de  notre 
étude,  dès  le  commencement  du  XII*  siècle,  est  ensuite, 
il  faut  bien  l'avouer,  muette  à  son  égard  pendant  plus  de 
deux  siècles.  Mais,  à  partir  des  débats  de  la  guerre  de 
Cent  Ans,  il  n'en  est  plus  de  même.  A  cette  époque  si 


1.  Cette  déclaration  existe  aux  archives  de  Lassay.  Nous  pou- 
vons jouter,  pour  plus  de  précision,  que  ce  ^ssé,  qui,  à 
partir  de  la  rue  du  onâleau.  se  dirigeait  du  sud  au  nord,  pas* 
sait  à  quelques  mètres  du  pignon  oriental  de  la  maison  de 
H.  Bignon  (voir  le  plan).  Puis,  arrivé  à  peu  près  à  mi  chemin  en- 
tre celle  maison  etla  rue  Dorée,  il  tournait  dans  la  direction  de 
l'ouest  et  traversât  le  jardin  par  le  milieu  (voir  toujours  le  plan). 
La  a  basse  court  du  château  a  se  trouvait  donc  ainsi  tout  à  fait 
isolée  du  reste  de  la  ville  du  seul  côté  où  elle  était  de  plain-pied 
avec  celle-ci.  M"""  veuve  Bignon,  à  une  obligeante  communication 
de  qui  nous  devons  ce  rensei^ement,  noua  en  a  donné  un  autre 
encore  plus  curieux.  Quand,  il  y  a  une  trentaine  d'années  envi- 
ron, on  construisit  la  maison  dont  nous  avons  parlé  tout  à  l'heure 
el  qu'habite  aujourd'hui  son  fils  M.  Louis  Bignon,  on  fut  obligé, 
pour  asseoir  les  fondations  de  l'angle  S.-K..  de  creuser  à  une 
énorme  profondeur,  et  tout  au  fond  du  trou  ainsi  pratiqué,  on  se 
trouva  en  présence  d'une  ancienne  porte  en  plein-cintre  formant 
l'ouverture  d'un  souterrain  conduisant  au  sud-esl,  vers  la  cha- 
pelle. Encore  une  preuve  à  ajouter  aux  autres  comme  quoi  tout 
ce  quartier  de  la  ville  a  évidemment  fait  autrefois  partie  du  chfi- 
teau. 


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n,t,z=db,G00glc 


-  «3  - 

désastreuse  pour  nos  armes,  le  chftteau  de  Lassay  pa- 
raît avoir  joué  un  râle  assez  important  dans  la  défeuse 
du  Bas-Maine  en  proie  à  l'invasion  anglaise.  C'était  le 
temps  où  non-seulement  Domfront  et  le  reste  du  Passais 
Dormand  étaient  toraJbéa  aux, mains  des  envahisseurs  du 
sol  national,  mais  où,  plus  près  encore  de  Lassay,  le 
Bois-de-Maine,  transformé  en  château  fort,  était  occupé 
par  une  garnison  anglaise  qui,  sous  les  ordres  de  Pierre 
d'Aigremont,  son  capitaine,  étendait  ses  ravages  et  por- 
tait la  terreur  dans  tout  le  Passais  manceau'.  En  ces 
tristes  circonstances,  le  château  qui  nous  intéresse 
servit  certainement  de  refuge  à  maint  habitant  du  pays 
environnant,  désireux  avant  tout  de  se  soustraire  lui, 
sinon  ses  biens,  au  joug  de  l'ennemi.  C'est  ainsi  que, 
dans  une  enquête  faite  vers  1400  à  propos  d'un  pro- 
cès entre  les  seigneurs  du  Horps  et  du  Bois-Thibaut^, 
on  verra  un  survivant  de  cette  malheureuse  époque  dé- 
clarer que  «  40  ans  a  ou  env....  pour  occasion  et  double 
des  guerres  et  Engloys  qui  estoient  sur  le  pays,  ...il 
s'en  alla  demeurer  ou  chastel  de  Laçay  et  y  demoura 
continuellement  8  ans  ou  env.  »  Mais  tandis  que  les  ha- 
bitants  de  la  chàtellenie  y  trouvaient  au  besoin  un  abri, 
la  place,  commandée  par  un  hardi  capitaine,  Philippot 
de  la  Perrière^,  était  défendue  par  une  vaillante  garni- 
son qui  faisait  même  parfois  des  sorties  lointaines  et 
aventureuses  couronnées  de  succès.  Ce  fut  dans  une  de 
ces  sorties  que  fut  fait  prisonnier  par  les  Français  de 
Lassay  un  personnage  assez  important  pour  être  échan- 
gé plus  tard  avec  Drogon  de  Maucourt,  ancien  écuyer 
du  roi  Jean  et  chambellan  du  duc  d'Anjou.  C'était  Jehan 
de  Barenton  qui  «  depuis  longtemps  s'était  rendu  en- 

1.  Voir  Siméon  Luce,  Histoire  de  Bertrand  du  GuescUn,  p&gee 
287  et  393  de  l'édition  HacheUe.  —  Voir  aussi  Arch.  nat.  Xi*  20, 
r<>  378  à  380;  Xlc  16  ;  et  JJ.  119  n"  8«. 

3.  Rouleau  de  parchemin  aux  archives  du  château  de  Lasaay. 

3.  Voir  Arch.  Nat.  Xic  16. 

8 


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-  «4  - 

nemi  du  roi  et  rebelle  à  son  autorité,  et  se  comportait 
comme  tel,  faisant  tous  les  jours  la  guerre  aux  sujets 
du  royaume  de  France  «t  leur  causant  de  graves  dom- 
mages tant  dans  leurs  corps  que  dans  leurs  biens.  » 
Fait  prisonnier,  comme  nous  l'avons  dit,  il  était  en 
mars  1356  détenu  et  incarcéré  dans  les  prisons  du 
château  de  Lassay  '.  Tel  était  le  rAle  que,  pendant  cette 
première  période  de  la  guerre  de  Cent  Ans,  jouait  no- 
tre forteresse,  et  doub  savons  du  reste,  que  grâce  à  l'é- 
nergique bravoure  de  ses  défenseurs,  elle  réussît  à  se 
garder  au  roi  de  France  jusqu'à  la  paix  de  Brétigny  ^. 

Toutefois,  pour  n'avoir  pas  vu  l'ennemi  pénétrer  dans 
ses  murs,  le  château  de  Lassay  n'avait  pas  été  assuré- 
ment sans  subir  quelques  assauts  qui  l'avaient  plus  on 
moins  endommagé.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  dans  les 
années  qui  suivirent  la  cessation  des  hostilités  entre  la 
France  et  l'Angleterre,  vers  1385,  il  avait  été  l'objet  de 
travaux  de  réparation  très  importants.  C'est  en  effet  ce 
que  nous  apprenons  d'une  série  de  plaidoiries  dévelop- 
pées en  1387  devant  le  parlement  de  Paris  au  cours  d'un 
procès  a  meu  entre  les  seigneurs  de  Lassay  et  du  Bois- 
Thibaut^.  B  Le  seigneur  de  Lassay  alléguait  contre  son 
adversaire,  entr'autres  griefs,  son  refus  de  contribuer 
■  aux  réparations  du  chastel  de  Lassay,  »  et  il  affirmait 
que  «  uBgaires  il  a  fait  rappareiller  son  chaetel  et  y  a 
bien  despendu  la  somme  de  1500  francs...  » 

C'est  ici  sans  doute  le  lieu  de  nous  demander  si,  dans 
ces  dernières  années  du  XIV*  siècle,  le  château  primitif, 
dont  nous  avons  vu  plus  haut  l'existence  dès  le  commen- 


1.  Voir  aux  Arch.  Nat.  (JJ.  84°°  76).  la  rémission  accordée  par 
■  Charles  fils  afné  du  roi  de  France,  etc.,  •  audit  Jehan  de  Ba- 
renton. 

2.  Voir,  dans  R^mer,  la  liste  des  places  fortes  du  Maine  occu- 
pées par  les  anglais  au  moment  de  ta  paix  de  Brétigny  :  Lassay 
n'y  figure  pas. 

3.  Arch.  Nat.  Xl«  1473  f  359  et  suivanta. 


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cernent  du  XII'  siècle,  subsistait  toujours  dans  son  in- 
tégrité originaire,  ou  bien  s'il  n'avait  pas  déjà  éprouvé 
certaines  modifications.  Cette  dernière  hypothèse  est 
celle  qui  nous  parait  le  plus  probable,  à  en  juger  par  un 
passage  de  l'accord  survenu  en  1391  entre  le  seigneur  de 
Lassay  et  celui  du  Bois- Thibaut  et  auquel  nous  avons  déjà 
fait  allusion  plus  haut.  Il  y  est  question  en  effet  de  l'an- 
cienne port«  du  chAteau  près  de  la  chapelle,  ce  qui  sem- 
ble bien  montrer  que  cette  porte  voisine  de  la  chapelle 
n'était  plus  alors  la  vraie  porte,  et  que,  dès  cette  épo- 
que, l'entrée  du  château  du  cdté  de  la  ville  avait  été  re- 
portée un  peu  plus  à  l'ouest  <. 

Quant  à  l'aspect  que  le  château  pouvait  alors  présen- 
ter, nous  allons  maintenant  essayer  de  nous  en  faire 
une  idée,  en  ayant  recours  à  trois  documents  différents, 
très  précieux  et  très  signiUcatîfs,  bien  qu'au  premier 
abord  un  peu  contradictoires.  Prenons-les  par  ordre  de 
date. 

Nous  avons  d'abord,  dans  les  plaidoiries  de  1387 
d^à  citées,  ce  que  le  seigneur  du  Bois-Thibaut,  Jehan 
de  Logé,  dit  du  «  chaste!  de  Lassay  »  aux  réparations 
duquel  il  prétend  n'être  point  contribuable  :  ce  «  n'est, 
dit-il,  que  une  petite  tour  où  il  ne  pourroit  que  six  per- 
sonnes. » 

Nous  avons  ensuite,  dans  l'aveu  rendu  en  1404  au 
comté  du  Maine  pour  la  terre  et  châtellenie  de  Lassay 
par  Charles  de  Vendôme  ',  la  description  qui  s'y  trouve 
du  château  «  Premièrement....  le  chastel,  basse  cour, 
donjon,  boile  et  fossés  d'environ...  avec  deux  estangs 
scis  auprès  de  moud,  chastel,  dont  l'un  est  appelé  le 
graot  estang  dudît  lieu  et  l'autre  Barbot...  n 

Nous  avons  enfin,  dans  une  plaidoirie  qui  sera  soute- 
nue en  1462  devant  le  Parlement  par  Jehan  II  de  Ven- 

1.  Voir  le  plan. 

ï.  Voir  cet  aveu  aux  Arch.  Nat.  série  P,  registre  337i. 


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dôme,  alors  en  procès  avec  les  habitants  de  Lasaay  au 
sujet  du  guet*,  le  curieux  passage  suivant  :  «  ...La  sei- 
gneurie et  chastellenie  de  Lassay  ...eu  l'an  1417,  fut 
démolie  et  abatue  par  les  Angloys  qui  y  misreut  le  siège 
combien  qu'elle  fuat  forte,  située  entre  deux  roux',  et 
environnée  de  deux  estangs,  laquelle  avoit  à  son  entrée 
deux  gros  portaux  et  six  autres  grosses  tours,  etc.  » 
Comme  on  le  voit,  il  ne  faut  pas  prendre  trop  au  pied  de 
la  lettre  le  premier  et  le  dernier  de  ces  trois  documents  ; 
Jehan  de  Logé  avait  intérêt  à  rapetisser  le  donjon  de 
son  suzerain  qu'il  appelle  simplement  une  petite  tour, 
comme  Jehan  II  de  Vendâme  avait  aussi  intérêt  à  gros- 
sir les  tours  du  château  tel  qu'il  avait  été  autrefois. 
Mais  n'importe.  En  prenant  pour  point  de  départ  la  des- 
cription contenue  dans  l'aveu  de  1404  et  en  n'acceptant 
des  deux  autres  documents  que  ce  qui  peut  s'accorder 
avec  elle,  on  peut  jusqu'à  un  certain  point  se  représen- 
ter le  château  dont  il  s'agit  à  la  fin  du  XIV"  siècle  et 
au  commencement  du  XV*  ;  la  petite  tour  de  Jehan  de 
Logé,  c'est  à  dire  un  véritable  donjon,  qui  occupyt 
sans  doute  une  partie  de  l'emplacement  du  château  ac* 
tuel,  peut-être  le  centre  de  la  cour  intérieure  ;  quant 
aux  six  grosses  tours  et  aux  deux  porteaux,  il  se  pour- 
rait bien  qu'il  faille  entendre  par  là  tout  simplement  une 
enceinte  fortifiée  de  petites  tours  protégeant  la  base  du 
donjon,  à  moins  qu'en  1462  on  ne  confondit  la  forteresse 
démolie  depuis  quarante  ans,  dont  on  ne  devait  avoir 
qu'un  souvenir  confus,  avec  celle  qui  venait,  comme  on 
le  verra,  d'être  reconstruite.  Puis,  avec  le  donjon,  l'a- 
veu de  1404  énumère  successivement  le  boil,  la  basse 
cour,  et  les  fossés.  Le  boil  existe  toujours  ;  là-dessus 
il  n'y  a  pas  de  difficulté  ;  c'est  la  place  qui  précède  le 
cb&teau  du  c6té  de  la  ville.  La  basse  cour  était  la  partie 

1.  Arch.  Nat,  X^  32  plaidoiries  du  8  mars. 
%,  Roux  :  ruisseau. 


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—  m  - 

la  plus  orientale  du  château  ;  c'était  les  b&liments  qui 
en  formaient  la  dépendance  ;  cette  partie  du  château 
couvrait  tout  l'espace  de  terrain  compris  entre  leboil  et 
la  chapelle.  Enfin  les  fossés  situés  à  l'ouest  de  ta  basse 
cour  (ils  existaient  encore,  noua  t'avona  vu,  en  1501} 
achevaient  avec  les  deux  étangs  d'isoler  entièrement  la 
place'. 

Cependant  la  guerre  avait  recommencé  entre  ta 
France  et  l'Angleterre  ;  en  quelques  années,  toute  la 
Normandie  était  retombée  peu  à  peu  au  pouvoir  de  l'en- 
nemi national  ;  Domfront  lui-même  en  1418,  après  une 
longue  mais  inutile  résistance,  l'avait  vu  entrer  dans  aes 
murs  ;  le  Bas-Maine  était  menacé  et  n'allait  pas  tarder 
à  être  envahi  à  son  tour.  Que  ac  passa-t-il  dans  l'&me 
du  seigneur  de  Lassay,  Charles  de  Vendôme  ?  Prit-il 
conseil  de  la  peur  ou  de  l'intérêt  ?  Toujours  est-iî  qu'in- 
fidèle à  son  devoir,  il  a'allia  avec  lea  Anglais.  Il  en  fut 
ausaitAtpuni.  Tous  ses  biens  furent  conAsqués,  et,  par 
lettres  en  date  du  25  mai  1420,  le  dauphin  Charles,  ré- 
gent de  France,  les  donna  à  Jehan  des  Vaux,  beau- 
frère  du  traître  et  capitaine  de  Mayenne  ^.  Aussi,  dès  le 
mois  de  décembre  de  la  même,  année  voyons-nous  ce 
dernier,  qui  se  qualifie  alors  «  capitaine  de  Mayenne  et 
garde  et  gouverneur  de  la  terre  et  chastellenie  de  Las- 
say  pour  M.  le  Régent,  »  agir  en  qualité  de  seigneur 
propriétaire  de  cette  terre  et  en  percevoir  lea  ventes'. 

Les  envahiaaeura  n'en  continuaient  pas  moins  par- 
tout leur  marche  victorieuse.  Ils  avaient  fait  asaez  de 
progrès   dans  la  partie    septentrionale  du  Bas-Maine 

1.  Voir  le  plan. 

3.  Ces  lettres  existaient  autrefois  en  original  aux  archives  du 
château  de  Lasaay  ;  elles  ont  été  malheureusement  perdues,  mais 
une  mention  d'elles  avec  une  analyse  sommaire  se  trouve  dans 
un  gros  inventaire  in-folio  fait  à  la  fin  du  XVII»  siècle  de  tous  les 
titres  contenus  au  trésor  de  la  cbâtellenie. 

3.  Voir,  aux  arch.  du  chat,  de  Lassay,  Remembrances,  reir,  I, 


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—  118  - 

pour  qu'en  janvier  142t  Henri  V,  roi  d'Angleterre,  crût 
pouvoir  mettre  plusieurs  chàtellenies  de  cette  contrée, 
entr'autree  celle  de  Lassay,  sous  l'autorité  de  Guillau- 
me Hudleston,  son  bailli  d'Alençon*,  et  moins  de  deux 
ans  après,  en  juin  1423,  ce  prince  disposait  de  la 
terre  d'Ambrières,  ôtée  à  Jehan  de  Craon,  en  faveur  du 
gouverneur  anglais  de  Domfront,  Jehan  de  Mon%on)- 
mery^.  Jehan  des  Vaux  comprit  donc  qu'au  milieu  d'un 
pays  déjà  soumis  de  tous  côtés  aux  armes  de  l'ennemi 
vainqueur,  le  château  de  Lassay,  quelqjie  fort  qu'il  fût 
et  quelqu'heureuse  résistance  qu'il  eût  opposée  soixante 
ans  auparavant  aux  Anglo-Navarrais  de  Domfront  et 
de  Bois-du-Maine,  ne  pourrait  pas  cette  fois  tenir  long- 
temps contre  les  armées  du  duc  de  Bedfort  et  de  lord 
Salisbury.  Dès  lors  son  parti  fut  pris.  Avant  de  se  ren- 
dre à  Bourges  où  le  nouveau  roi  de  France  Charles  VII 
venait  de  le  mander  (mars  1422)  ^  il  ordonna  que  le  châ- 
teau de  Lassay  fût  «  abattu  et  démoli,  »  ce  qui  eut  lieu 
en  eifet  comme  nous  l'apprennent  les  pièces  d'un  procès 
fait  plus  tard  aux  héritiers  de  Jehan  des  Vaux  par  le 
fils  de  Charles  de  Vendôme,  Jehan  II  de  Vendôme,  au 
sujet  de  cette  même  démolition^.  Quant  à  ta  date  de  la 
démolition,  nous  pensons  qu'elle  ne  peut  pas  être  placée 
à  une  autre  époque  que  celle  que  nous  venons  d'indi- 
quer. Sans  doute,  dans  sa  plaidoirie  contre  les  habi- 
tants de  Lassay  en  1462,  Jehan  de  Vendôme,  par  ta 
bouche  de  son  avocat,  dit  que  cet  événement  eut  Uen  en 


1.  Voir  Mémoires  des  Antiquaires  Je  Normandie,  tome  XXIII, 
page  161. 

2.  Voir  Arch.  Nat.  JJ.  172  ^  134. 

3.  Vmr  Arch.  Nat.,  Xto  18,  t»  6  v». 

4.  Ce  procès  avait  été  porté  au  Pariemenl  de  Paris  avant  l'an- 
née 1480  ;  mats  malgré  toutes  nos  recherches  nous  ne  l'avons  pu 
trouver  dans  les  registres  du  Parlement  conservés  aux  Archives 
Nationales  pour  celte  époque.  Toutefois  il  est  mentionné  deux 
fois  aux  arcliives  du  château  de  Lassay  dans  deux  inventaires 
de  titres,  l'un  en  parchemin,  l'autre  en  papier,  faits  au  XV>  siècle. 


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-  H9  — 

1417  ;  mais,  comme  à  l'occasion  d'un  autre  procès  qu'il 
avait  quelques  années  après,  avec  le  seigneur  du  Bois- 
Thibaut,  Jehan  du  Bellay',  notre  personnage  a  l'air  de 
faire  de  la  démolition  une  des  conséquences  de  la  ba- 
taille de  Verneuil,  livrée  en  1424,  et  que,  dans  tous  les 
cas,  il  l'attribue  aux  Anglais,  ce  qui  est  manifestement 
faux,  on  ne  saurait  attacher  une  grande  importance  à 
ses  témoignages.  Au  contraire,  la  date  fixée  par  nous 
s'appuie  sur  les  raisons  les  plus  sérieuses.  D'abord,  du 
moment  ipie  c'est  Jehan  des  Vaux  qui  a  fait  démolir  le 
château  dont  il  s'agit,  la  destruction  de  celui-ci  est  né- 
cessairement postérieure  de  trois  ans  au  moins  à  l'an- 
née 1417  ;  d'un  autre  càté  un  document  authentique,  in- 
séré dans  les  remembrances  de  la  chàtellenie  de  Lassay, 
nous  fait  connaître  que,  dès  août  1423,  Charles  de  Ven- 
dôme avait  été  remis,  par  les  Anglais  évidemment,  en 
possession  de  sa  terre  du  Bas-Maine^,  ce  qui  en  suppose 
l'abandon  préalable  par  le  capitaine  de  Mayenne.  Quoi 
donc  de  plus  naturel  que  de  supposer  que  c'est  quel- 
ques mois  avant  cette  dernière  date,  étant  sur  le  point 
de  quitter  le  pays,  que  celui-ci  aura  fait  démolir,  pour 
ne  pas  le  laisser  tomber  aux  mains  des  Anglais,  le  châ- 
teau confié  à  sa  garde  ? 

Une  fois  détruit,  le  château  de  Lassay  devait  rester 
en  cet  état  non-seulement  jusqu'à  la  fin  de  la  guerre, 
mais  jusqu'à  l'année  1457.  Dans  la  plaidoirie  de  1462, 
déjà  citée,  l'avocat  du  seigneur  de  Lassay  dira  que 
a  après  la  reddition  du  pais  de  Normandie  et  du  Maine 
le  Roy  trespassé  (Charles  VII)  donna  congié  à  Messire 
Jehan  de  Vendôme  de  réédifSer  Lassay  actendue  la  si- 

1.  Voir  aux  Arch.  Nat.,  X»»  105,  arrêt  du  21  février  1471. 

2,  Voir,  aux  arch.  du  chat,  de  Lassay.  Remembrances,  reg.  I. 
f*  15,  quittance  donnée  en  août  par  «  Cliarles  de  Vendogme,  sei- 
gneur de  la  Chartre  sur  Loir  et  de  Lassay.,.,  »  à  Jehan  de  Logé, 
poar  le  rachat  dû  par  celui-ci  À  cause  de  ce  qu'il  tient  «  es  terres 
et  fiefs  du  Bois-Thibaut,  Tessé  et  Melleray.  > 


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-  120  — 

tuation,  etc.  »  Mais  ici  encore  il  ne  faut  pas  prendre  ce 
genre  de  document  trop  au  pied  de  la  lettre.  La  réduc- 
tion du  Maine  à  robéissance  du  roi  de  France  est  du 
commencement  de  1448,  et  celle  de  la  Normandie  de 
1450.  Or,  ce  n'est  que  sept  ans  après  la  dernière  de  ces 
deux  dates,  que  Jean  II  de  Veudâme,  fils  et  héritier  de 
Charles  de  Vendôme,  put  obtenir  du  pouvoir  royal  la 
permission  de  «  réédiffier  Lassay.  »  «  Aujourd'huy, 
lisons-nous  aux  remembrances  de  la  chAtellenie  de  Las- 
say à  la  date  du  8  février  1457,  aujourd'huy  en  jugement 
ont  esté  leus  et  publiés  les  lectres  roiaux  pour  Monss. 
contenant  en  effet  et  substance  que  le  Roy  nostre  sire 
veult  et  mande  que  Monss.  puisse  édifHer  de  nouvel  son 
chastel  autreffoîs  démoli  et  cheu  en  ruyne  par  la  fortune 
delà  guerre.  Etavecques  ce  mande  le  Roy  nostre  sire 
que  mond.  sieur  puisse  jouyr  des  droits  prérogatives  à 
luy  appartenant  et  qui  appartiennent  aud.  chastel.  Et 
aussi  ont  esté  leus  lettres  exécutoires  de  Monss.  le 
bailly  de  Touraine  par  lesq.  il  mande  laisser  jouyr 
mond.  sieur  selon  la  forme  et  teneure  de  ses  lectres 
roiaux  après  ce  qu'il  a  esté  deuement  informé  des  droicts 
de  mond.  sieur,  et  en  présence  du  procureur  du  Roy 
notred.  sire  à  Tours  qui  a  consenty  icelles  lectres.  Pré- 
sents :  Michel  seig'  de  Marcillé,  Jehan  Lemée,  Symon 
Poustel,  Jehan  Lemée,  Jacques  Lemée,  le  curé  de  Las- 
say, le  seig'  de  Glands:^mée,  et  plusieurs  aultres.  » 

D'après  ce  document,  il  est  évident  que  les  travaux 
de  reconstruction  du  château  de  Lassay  furent  commen- 
cés avec  le  printemps  de  l'année  1458.  Certes  il  eût  été 
très  intéressant  pour  nous  d'être  renseignés  en  détail 
sur  ces  travaux,  d'en  connaître  les  devis  et  les  comptes, 
comme  on  connaît  ceux  des  réparations  exécutées  au 
château  de  Mayenne  aussitôt  après  la  fin  de  la  guerre 
de  Cent- Ans'.  Malheureusement  nous  sommes  loin  d'a- 


1.  Voir  notre  £tude  sur  le  Château  de  Mayenne  au  XV*  siècle 
d'après  des  documents  inédits  trouvés  aux  archives  du  château 
de  Lassay. 


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-  m  — 

voir  ici  à  notre  disposition  une  source  de  renseigne- 
ments anssi  abondante.  On  peut,  il  est  vrai,  jusqu'à  un 
certain  point,  combler  par  l'imagination  cette  lacune. 
Au  point  de  vue  des  conditions  et  des  moyens  de 
travail,  ce  qui  avait  eu  lieu  dix  ans  auparavant  à 
Mayenne  a  dû,  à  peu  de  chose  près,  ac  passer  à  Lassay 
en  1458.  En  tous  cas,  nous  savons  que  les  travaux  re- 
latifs à  la  reconstruction  du  ch&teau  qui  nous  intéresse 
lurent  achevés  dans  le  courant  de  cette  même  année 
1458  et  qu'ils  coûtèrent  neuf  ou  dix  mille  francs  en  mon- 
naie de  l'époque.  Ce  double  renseignement  nous  est 
fourni  par  les  diverses  plaidoiries  que,  en  mars  1462, 
l'avocat  de  Jehan  II  de  Yenddme  et  celui  des  manants  et 
habitants  de  Lassay  soutenaient  devant  le  Parlement  de 
Paris  au  cours  d'un  procès  survenu  entre  les  parties  ad- 
verses au  sujet  du  guet.  C'est  à  ces  plaidoiries,  des 
plus  instructives,  que  nous  avons  d'ailleurs  déjà  em- 
prunté quelques-uns  des  détails  relatifs  à  l'état  et  à 
l'importance  du  château  avant  sa  destruction  en  1422. 
Pour  ce  qui  est  de  la  reconstruction,  elles  nous  appren- 
nent d'une  part  que  le  seigneur  de  Lassay  avait  fait 
exécuter  les  vassaux  pour  le  guet  dès  le  commencement 
de  l'année  1459,  c'est-à-dire  qu'à  cette  date  les  travaux 
étaient  terminés,  et  de  l'autre  que  ce  même  seigneur, 
ayant  obtenu  «  congié  de  réédiffier  Lassay  y  a  despendu 
de  9  à  10  mille  francs  et  furent  les  murs  élevés  et  faic- 
tes  plusieurs  chambres,  etc.  <  »  Ainsi,  grÂce  aux  plai- 
doiries de  1462,  nous  sommes  fixés  tant  sur  la  date  de 
la  reconstruction  du  château  de  Lassay  que  sur  les  som- 
mes dépensées  pour  cette  reconstruction. 

Ce  n'est  pas  d'ailleurs  la  seule  fois  que,  dans  les  plaidoi- 
ries en  parlement  de  l'époque,  nous  trouvons  des  allusions 
à  cet  événement  local.  Quelques  années  après,  comme  nous 
l'avons  dit  plus  haut,  Jehan  de  Vendôme  était  en  pro- 

2,  Arcb.  Nal.,  X*a  32,  plaidoirie  du  8  mars. 


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—  122  — 

cèB,  toujours  devant  le  parlement,  avec  Jehan  du  Bel- 
lay :  il  s'agissait  de  fortifications  trop  importaotea,  pa- 
rait-il, que  ce  dernier  avait  faites  à  son  manoir  du  Bois- 
Thibaut.  Or,  voici  ce  que,  dans  une  plaidoirie  d'avril 
1469',  nous  dit  l'avocat  du  seigneur  de  Lassay  :  «  L'in- 
timé (Jehan  de  Vendôme)  a  de  belles  terres,  et  lui  8|»- 
partient  le  lieu  de  Lassay  où  il  a  tout  droit  de  chastel- 
lenie,  où  il  y  avoit  bel  chastel  qui  fut  démoly  par  les 
Angloys,  et  depuis  a  fait  l'intimé  réédifler  le  chastel  qui 
est  le  plus  fort  du  pays,  et  quand  les  appellants  (Jehan 
du  Bellay  et  Jehanne  de  Logé,  sa  femme)  ont  ven  que 
led.  intimé  a  réédiffié  son  chastel,  ils  ont  voulu  réédiffier 
et  faire  nue  place  forte...  et  marchandé  aux  maçons  ad 
similitudinem  de  Lassay...  et  fait  faire  semblables  tours 
à  canonnières  et  arbalestrièrea  à  celles  de  Lassay...  » 
Nous  en  avons  fini  avec  l'exposé  des  différents  docu- 
ments venus  à  notre  connaissance  et  concernant  la  re- 
construction du  chAteau  qui  fait  l'objet  de  cette  étude, 
en  l'année  1458.  Si  nous  noua  sommes  peut-être  un  peu 
trop  appesantis  sur  cet  événement  c'est  qu'il  nous  a 
semblé  des  plus  importants  non-seulement  pour  l'histoire 
particulière  du  château  de  Lassay,  mais  encore  pour 
l'histoire  générale  de  l'architecture  féodale  et  militaire, 
dans  le  Maine  à  coup  sûr,  et  peuUêtre  en  France.  Viol- 
let  le  Duc,  dans  son  Dictionnaire  de  l'Architecture 
Française^,  n'a-t-il  pas  dit  que  a  nous  possédions  peu 
de  châteaux  bâtis  d'un  seul  jet  pendant  le  règne  de 
Charles  VU  »  et  que  «  cette  époque  était  fort  intéres- 
sante à  étudier  »  à  cause  de  la  «  transition  »  entre  «  l'an- 
cien système  de  courtines  flanquées  de  tours  »  et  la 
préoccupation  des  «  défenses  extérieures  »  nécessitées 
par  l'invention  de  «  l'artillerie  à  feu?  »  Eh  bien  nous 

1.  Arch.  Nal.  Xi»  8311.  ^  14  et  suivants,  plaidoirie  du  18  avril. 

2.  Voir   Dictionnaire  de  l'Architecture,    à  l'article  Château, 
page  165. 


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avons  dans  le  chAteau  de  Lassay  un  de  ces  rares  cb&T 
teaux  bâtis  d'un  seul  jet  sous  Charles  VII  et  il  rentre 
absolument  dans  la  catégorie  que  l'éuiineat  historien 
de  l'architecture  déclare  si  intéressante  à  étudier.  Ecou- 
tons plutôt  la  description  générale  que  notre  auteur 
donne  des  châteaux  en  question,  et  voyons  ensuite  si 
cette  description  ne  se  rapporte  pas  de  point  en  point  à 
celui  qui  noua  occupe  : 

«  Dana  les  châteaux  bâtis  vers  le  milieu  du  XV'  siè- 
cle, dit  Viollet  le  Duc,  on  voit  que  l'artillerie  à  feu 
commence  à  préoccuper  les  constructeurs  ;  ceux-ci  n'a- 
bandonnent pas  l'ancien  système  de  courtines  flanquées 
de  tours,  système  consacré  par  un  trop  long  usage  pour 
être  mis  brusquement  de  côté  ;  mais  ils  le  modifient 
dans  les  détails  ;  ils  étendent  les  défenses  extérieures 
et  ne  songent  pas  encore  à  placer  du  canon  sur  les  tours 
et  courtines.  Conservant  les  couronnements  pour  la  dé- 
fense rapprochée.  Us  garnissent  de  bouches  à  feu  les 
parties  inférieures  des  tours  '.  »  En  écrivant  ces  Ugnes 
ne  semble-t'il  pas  que  l'auteur  ait  eu  en  vue  non  pas 
Bonagnil  dans  le  Lot-et-Garonne  ^,  mais  Lassay  au  Bas- 
Maine  ?  A  Lassay  aussi  les  constructeurs  de  1458  n'ont 
pas  abandonné  l'ancien  système  de  courtines  flanquées 
de  tours,  puisque  l'ensemble  du  château  se  compose  de 
huit  grosses  tours  reliées  par  des  courtines  ;  à  Lassay 
aussi  les  constructeurs  ont,  sans  songer  encore  à  placer 
du  canon  sur  les  tours  et  courtines,  étendu  les  défen- 
ses extérieures  en  protégeant  la  porte  d'entrée  par  une 
barbacane'  munie  à  rez-<le-chaussée  d'embrasures  des- 


1.  Ibidem. 

2.  Voir  dans  Viollet  le   Duc,  à  l'article  Château,  la  i 
description  de  ce  château  qui  ressemble  sous  plus  d'un  rapport 
à  celui  de  Lassay. 

3.  La  barba  cane  du  château  de  Lassay  n'est  pas  une  de  ses 
parties  les  moins  inléreasantes  â  étudier.  Sa  forme  est  suiïisam- 
ment  indiquée  par  le  plan  auquel  nous  n'avons  qu'à  renvoyer  le 
lecteur.  Elle  se  compose  du  reste  de  deux  étages.  L'étage  supé- 


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-  124  — 

tinées  à  l'artillerie  ;  eafin  à  Lassay,  comme  à  Bonaguil, 
les  parties  inférieures  des  toura  pouvaient  être  garnies 
de  bouches  à  feu. 

Aiasi,  ne  fût-ce  qu'au  point  de  vue  de  l'histoire  de 
l'architecture  féodale  et  militaire  en  France  et  particu- 
lièrement dans  le  Maine,  le  fait  de  la  reconstruction 
après  la  guerre  de  Cent-Ans  d'un  château  que,  grâce  à 
Bon  singulier  état  de  conservation,  nous  pouvons  en 
plein  XIX*  siècle  étudier  dans  ses  détails  aussi  bien  que 
dans  son  ensemble,  ce  fait  a  une  très  grande  importance  ; 
aussi  avons  nous  essayé,  autant  qu'il  dépendait  de  nous, 
de  le  bien  mettre  en  lumière.  Nous  allons  maintenant 
passer  en  revue  aussi  rapidement  que  possible  les  évé- 
nements les  plus  remarquables  dont  ce  même  château, 
BOUS  sa  dernière  forme,  a  été  le  témoin  depuis  sa  re- 
construction en  1458  jusqu'à  la  fin  du  XVI"  siècle,  et 
nous  ne  manquerons  pas  non  plus  de  signaler,  chemin 
faisant,  les  différents  travaux,  dont,  à  notre  connaissan- 
ce, pendant  cette  période  de  son  histoire,  il  a  pu  être 
l'objet. 

II 

Dix  ans  ne  s'étaient  pas  écoulés  depuis  la  reconstruc- 
tion de  notre  château  qu'il  fut  mêlé  aux  luttes  entre  le 

rieur,  situé  à  peu  près  au  niveau  du  boit  et  de  la  cour  intérieure 
du  château,  est  k  ciel  découvert,  mats  entouré  de  murs  très  épais, 
dans  lesquels  sont  de  distance  en  distance  des  embrasures  avec 
canonnières  et  arbalélrières.  Quant  à  l'étage  inférieur,  il  con- 
siste en  casemates,  également  à.  canonnièi^s  et  arbalétrières, 
3ui  défendent  la  base  de  la  barbacane  au  nord  et  à  l'ouest.  Elles 
onnent  de  plain-pied  sur  le  parc  là  où  s'étendait  autrefois  l'é- 
tang Barbet.  Deux  portes,  situées  aux  deux  extrémités  de  ces 
casemates,  y  donnent  accès.  Celle  de  l'ouest  était  jadis  reliée  à 
la  poterne  II,  à  présent  bouchée,  par  un  chemin  couvert  contour- 
nant extérieurement  la  base  de  la  tour  qui  les  sépare.  C'était  par 
là  que,  en  cas  d'attaaue  du  château  par  l'ennemi,  ses  défenseurs 
pouvaient  se  rendre  dans  les  casemates,  tout  en  restant  à  l'abri 
des  projectiles  lancés  par  les  assaillants. 


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-  125  - 

roi  de  France  et  ses  grands  vassaux  qui  furent  si  fré- 
quentes sous  le  règne  de  Louis  XI.  C'était  à  l'automne 
de  l'année  1467.  La  guerre  venait  d'éclater  entre  ce 
prince  d'une  part  et  le  duc  de  Bretagne,  allié  au  duc 
de  Normandie  et  soutenu  par  Charlea-Ie-Téméraire  et  le 
roi  d'Angleterre  de  l'autre.  Dès  le  mois  d'octobre  «  plu- 
sieurs gens  de  guerre  du  paya  de  Bretaigne  »  se  saisi- 
rent «  des  villes  et  chasteaux  de  Caen,  Bayeux,  Cons- 
tances, Avranches  et  Domfront*  »  qui  devaient  être  par 
eux  «  tenus  et  occupés  à  l'encontre  »  du  roi  jusqu'à  l'au- 
tomne suivant.  De  son  côté,  Louis  XI,  à  la  nouvelle  de 
l'entrée  des  Bretons  sur  le  territoire  de  la  Basse-Nor- 
mandie, avait  dirigé  contre  eux,  à  travers  le  Maine,  un 
corps  de  troupes  conduites  par  l'amiral  de  France,  Je- 
han de  Bueil,  Charles  de  Crussol,  sénéchal  du  Poitou, 
et  Guérin  Le  Groing  ^.  Quand  ces  trois  personnages  furent 
arrivés  à  Fresnay  avec  leurs  troupes,  le  dernier  écrivit 
à  Louis  XI  une  lettre  que  l'on  nous  saura  gré  sans 
doute  de  reproduire  ici  dans  son  entier,  car  elle  montre 
le  rôle  important  que,  dans  la  pensée  du  roi  qui  avait 
organisé  lui-même  le  plan  de  campagne,  Lassay  était 
appelé  à  jouer. 

«  Sire, 

«  Tant  et  si  humblement  comme  je  puis,  me  recom- 
«  mande  en  vostre  bonne  grase.  Je  arrivay  à  ce  soir 
n  très  tart  en  ceste  ville  avec  vostre  hartillerie,  comme 


1.  Voir  à  la  Bibl.  Nat.,  man.,  fonds  français,  vol.  2S714,  lettre 
royale  du  8  novembre  lï&B. 

2.  D'après  diverses  quillances  de  lui  oui  se  trouvent  à  la  col- 
lection ciu  cabinet  des  titres  de  la  Bibliothèque  nationale  dite 
Pièces  originales,  Guérin  Le  Graing  était  en  ces  années  là 
■  cappitaîne  de  100  lances  fournie  de  "ordonnance  du  Roy.  i  II 
était  aussi  en  1474  bailli  de  Saint-Pierre-le-Moutier,  et  de"l478  à 
1490,  conseiller  et  chambellan  du  roi.  Enfin  il  se  qualifiait  sei- 
gneur de  la  Motte  du  Pré,  de  Challuau,  d'Esternay  et  du  Chas- 


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«  aviez  baillez  en  garde.  Nous  Tavona  fait  mestre  ou 
«  chasteau  bien  seurement,  toute  enBemble.  A  se  matin, 
«  monseigneur  de  Bueil  et  monseigneur  le  seneschal 
«  de  Poistou  ont  esté  d'opinion  que  je  m'en  devois 
«  aler  à  Laxay  avec  vos  gendarmes  à  moy  que  l'au- 
a  tre  foiz  vous  avoit  plu  me  commander  ;  et  ausy 
«  monseigneur  le  senechal  de  Poistou  m'a  dit  que 
«  lui  aviez  dit  que  je  y  alase.  Je  m'en  voya  à  se  matin 
«  à  Sigly  le  Guillaume,  pour  atendre  là  se  que  vous 
«  plaiBt  à  moy  mender  ets'est  vostre  plaisir  que  je  aille 
«  à  Laxay  ou  que  retourne  à  vous,  et  sy  vous  plaist 
«  que  je  mené  tous  vos  gens  d'armes  que  je  ysy  avec 
«  moy  ou  bonne  partie. 

«  Monseigneur  de  Bueil  a  eu,  à  se  matin,  des  nou- 
«  Telles  que  les  Bretons  se  venoye  pour  eulx  bouter  de- 
«  dans  AlanssoD.  Ils  n'ont  ousé  passer,  et  l'une  partie 
«  se  Bont  myB  dedans  Doniïront  et  les  aultres  s'en  sont 
«  retournez  à  Vrenchez*.  Pour  ce,  aire,  je  vous  Bupplye 
«  qu'il  vous  plaist  moy  mender  incontinent  nostre  bon 
«  plaisir  pour  l'accomplir  à  mon  pover  ;  quar,  sy  s'est 
H  voatre  bon  plaisir  que  je  aile,  la  chose  est  hâtive. 
«  Sire,  en  vous  disant  à  Dieu  qu'il  voua  doint  bonne 
«  vie  et  longue  et  acomplisement  de  vos  bons  dcBSyrs. 
«  Escript  à  Fresnay,  se  samedi  matin. 

«  Vostre  humble  sugiet  et  hobaisant. 

«  GuERiN  Le  Groing.  » 

Au  dos  :  «  Au  Roy,  mon  souverain  seigneur".  » 

Comme  on  le  voit  par  ce  précieux  document,  Guérin 
Le  Groing  était  sur  le  point  d'aller  avec  sa  compagnie  de 

1.  Avrancbes. 

2.  Cette  leUre  nous  a  été  conservée  par  Oaignièraa  et  elle  exis- 
te  en  original  à  la  Bibt.  Nat.,  man.,  Tonds  fr.,  vol.  20486,  ^  114. 
Bile  a  été  d'ailleurs  publiée  dans  le  deuxième  vol.  du  Jouvencel, 
aux  pièces  jusUriuatives,  pages  412-1413.  Seulement  on  y  a  md 
lu  le  nom  du  signataire  de  la  lettre  ;  on  y  a  imprimé  <  Le  Qrain  a 
au  lieu  de  Le  Groing. 


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gendarmes  tenir  garniBon  à  Lassay,  et  cela  d'après  les 
ordres  exprès  de  Louis  XI.  Ce  prince  savait  donc  qu'il 
y  avait  là  un  château  très  fort  et  il  comptait  sur  sa  force 
pour  tenir  de  ce  cAté  là  du  Maine  les  Bretons  en  échec. 
Et  de  fait,  Gaérin  Le  Groing  et  sa  compagnie  ne  tardè- 
rent pas  à  se  rendre  à  Lassay  qu'ils  occupèrent.  Voici 
en  effet  ce  que,  à  la  date  du  1"  décembre  1472,  cinq  ans 
par  conséquent  après  la  date  de  la  lettre  que  nous  ve- 
nouB  de  reproduire,  noue  lisons  dans  les  remembrances 
de  la  chàtellenie.  «  Colin  Burgault  pour  deffault  de  ter- 
me o  intimation  ...vers  le  procureur  de  la  court  (de  ce) 
que,  durant  la  guerre  et  occupation  des  Bretons  estant 
en  la  ville  de  Dompfront,  il  s'estoit  adhéré  avecques 
eulx  et  leur  avoit  promis  mectre  hors  des  prisons  de 
Lassât/  sans  te  consentement  des  gens  de  guerre  eS' 
tans  de  par  le  Roy  ou  chastel  dud.  lieu  de  Lassay, 
et  pour  ce  faire  avoit  eu  et  reçu  desd.  Bretons  la  somme 
de  12  escus  etc.  »  Ainsi,  grâce  à  ce  curieux  passage  de 
nos  remembrances  qui  complète  si  bien  la  lettre  de  Gué- 
rin  Le  Groing,  on  sait  que,  tandis  que  les  Bretons  occu- 
paient Domfront,  des  gens  de  guerre  envoyés  par  le  Roi 
étaient  en  garnison  au  château  de  Lassay,  et  nul  doute 
qu'ils  n'y  soient  restés  jusqu'à  la  fin  de  cette  guerre, 
c'est-à-dire  jusqu'à  l'automne  suivant. 

Ce  fait  de  l'occupation  de  Lassay  par  une  compagnie 
de  gendarmes  au  nom  du  roi  Louis  XI  et  la  part  plus 
ou  moins  directe  qu'il  a  pu  prendre  aux  événements  mili- 
taires c[ui  se  déroulaient  en  l'année  1467  sur  les  mar- 
ches du  Maine  et  de  la  Normandie,  ce  fait  est,  il  faut 
bien  l'avouer,  le  seul  vraiment  digne  d'intérêt  que  nous 
ayons  à  enregistrer  depuis  la  reconstruction  de  1458 
jusqu'au  début  des  guerres  de  religion.  Nous  ne  par- 
lons, bien  entendu,  qu'au  point  de  vue  historique.  Au 
point  de  vue  archéologique,  les  remembrances  et  les 
comptes  de  la  chàtellenie  de  Lassay  nous  fournissent, 
pour  les  travaux  faits  au  château  avant  la  fin  du  XV* 


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—  128  - 

siècle,  UD  certain  nombre  de  rensei^ements  qu'il  est 
bon  de  relever  ici. 

Ainsi  les  remembrances  des  aBeisea  da  printemps  de 
1470  nous  semblent  indiquer  qu'on  y  exécutait  alors  des 
travaux  de  maçonnerie  assez  importants  :  nous  voyons 
en  elTet  un  certain  Hubert  Landry,  accusé  et  convaincu 
de  divers  vols  et  condamné  pour  cela  à  une  amende, 
taxé  à  ces  assises  «  pour  sa  pouvreté  à  la  somme  de 
30  sois  et  à  servyr  les  maczons  ou  chastel  de  mond. 
sieur  par  l'espace  de  quinze  jours.  » 

De  même  deux  registres  de  comptes,  l'un  pour  les 
années  1485  à  1489,  l'autre  pour  les  années  1497-1498, 
nous  apprennent  qu'à  ces  deux  époques  on  faisait  encore 
à  notre  château  divers  travaux  sur  lesquels  nous  avons 
cette  fois  des  détails  très  précis.  Voici  ce  que  nous  trou- 
vons à  cet  égard  dans  le  premier  de  ces  registres  : 

F"  13.  «  A  Jehan  Forget  pour  avoir  fait  une  ferreure 
de  fenestre  en  la  tour  de  dessus  le  moulin  par  marché 
fait  avecques  lui  en  la  présence  du  cappîtaine...  u 

F'  16.  «  ...Au  charpentier  qui  a  fait  le  pont  de  de- 
vant du  bouUevert  du  chasteau  tant  pour  lui  que  pour 
son  valet...  » 

Et  dans  le  compte  de  1497-1498  nous  extrayons  les 
passages  suivants  encore  plus  significatifs  : 

F"  21  v°.  «  ...A  Jamyn  Loret  et  Guillaume  Canu  mac- 
zons qui  font  les  foussez  du  boullevert  du  chasteau  de 
Lassay...  » 

P  23.  «  ...A  Emery  Ogier  pour  avoir  fait  faire  le  pont 
leveys  du  chaatel  de  céans  ...a  Jehan  Forget  mareschal 
pour  avoir  fait  les  ferrures  dud.  pont...  » 

F"  23  v°  «  ...And.  Forget  pour  avoir  fait  une  grille  de 
fer  à  l'une  des  chambres  du  chastel  et  pour  une  chaigne 
de  fer  aud.  pont...  A  Jamyn  Loret  pour  avoir  remaozon- 
né  et  réparé  le  pied  des  tours  du  chastel  devers  l'estang 
de  Barbot  où  l'eau  les  avoit  mynées  et  pour  fournir  de 
chaulx  et  sablon. . .  » 


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-  129  -  ■ 

F"  24  V.  M  ...  Pour  une  paire  de  cbenectes  avecques 
la  feireure  d'icelle...  u 

Voilà  quels  sont,  d'après  les  remembrances  et  sur- 
tout tes  comptes  de  la  châteltenie,  les  travaux  qui  étaient 
exécutés  au  château  tel  que  nous  le  voyons  aujourd'hui, 
dans  le  premier  demi  siècle  de  son  existence.  On  y  re- 
marquera principalement  ce  qui  a  rapport  à  la  barba- 
cane  ou  «  boullevert  »  ainsi  que  ce  qui  est  dit  des  tours 
de  l'ouest  déjà  minées  à  leur  partie  inrérieure  par  l'eau 
de  t' étang  Barbot. 

Arrivons  maintenant  aux  guerres  de  religion,  et  mon- 
trons le  contre-coup  que  celles-ci  eurent  sur  l'histoire 
du  château  de  Lassay  :  on  verra  comment  celui-cî  fut 
mêlé  à  plus  d'une  reprise  à  nos  troubles  religieux  et 
quel  rdie  important  il  y  a  joué. 

Dès  les  premières  années  du  règne  de  Charles  IX, 
une  a  belle  église  s'était,  pour  employer  l'expression 
de  Théodore  de  Bèze  lui-même,  dressée  à  Lassay*  »  et 
elle  avait  trouvé  les  adhérents  les  plus  fanatiques  jus- 
que dans  le  personnel  des  otBciers  du  château  qui,  d'ail- 
leurs, appartenait  alors  à  l'un  des  agents  les  plus  actifs 
du  parti  protestant  en  France,  à  Jean  de  Ferrières,  vi- 
dame  de  Chartres.  Toujours  est^il  que,  d'après  l'histo- 
rien que  nous  venons  de  citer,  »  la  femme  du  receveur 
de  Lassay  pour  le  vidame  de  Chartres  »  était  du  nom- 
bre de  ces  sectaires,  et  qu'elle  avait  été  même  accusée 
(I  d'avoir  rompu  les  images  en  son  pals  ^.  u 

Dans  de  telles  conditions  il  était  évident  que  la  place 
de  Lassay  ne  pouvait  tarder,  l'occasion  échéant,  à  tom- 
ber aux  mains  des  religionnaires^.  Déjà  en  1568,  ceux-ci, 
sous  la  conduite  d'un  lieutenant  de  Montgommery,  Je- 

1.  Voir  Hûtoire  eccléiiattique,  livre  VII. 

S.  Ibidem. 

3.  Tout  en  appartenant  à  des  seigneurs  huguenots,  le  château 
de  Lassay  était  sous  la  main  du  Hoi  qui  I  avait  uunlisqué  en 
1561  aur  Jean  de  Ferrières. 


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.    -  130  - 

han  de  Poilley,  avaient  pu  surprendre  et  piller  Doinfront. 
An  printemps  de  l'iinnée  suivante,  Lassay  eut  le  même 
sort.  En  effet,  vers  les  premiers  jours  de  join,  dans  une 
assemblée  convoquée  spécialement  à  cet  effet,  les  éche- 
vins  de  l'Hôtel-de-ViUe  du  Mans  recevaient  communica- 
tion d'une  lettre  par  laquelle  Monsieur  de  Matignon,  qui 
était  à  cette  époque  gouverneur  pour  le  roi  en  Basse-Nor- 
mandie, informait  le  gouverneur  de  leur  ville  que  les 
huguenots  s'étaient  emparés  du  château  de  Lassay,  et 
le  chargeait  da  s'y  transporter  avec  ses  forces,  devant 
en  faire  autant  de  son  côté*. 

Quelques  jours  après,  ce  dernier  (c'était  François  de 
Vendosmois,  seigneur  du  Vau),  était  sous  les  murs  de  la 
place  en  question,  où  il  opérait  sa  jonction  avec  Mati- 
gnon. Ils  en  commencèrent  aussitôt  le  siège  qui  devait 
être  un  fait  historique.  Agrippa  d'Aubigné,  de  Thon,  et 
surtout  La  Popelinière  ont  parlé  de  cet  événement,  si  in- 
téressant pour  noua,  dans  leurs  histoires.  Voici  le  récit 
de  La  Popelinière  :  «  En  ce  temps,  Lassay,  chasteau  fort 
et  haut,  eslevé  sur  les  marches  du  Maine,  appartenant 
k  Beauvais  la  Nocle,  tut  prîns  par  Matignon,  gouver- 
neur d'Alençon,  qui  y  mena  trois  ou  quatre  compagnies 
de  gens  de  pied,  chacune  de  trois  cents  hommes,  et 
nombre  de  gens  à  cheval  avec  le  canon  que  le  capitaine 
Lage  list  sortir  de  Caên.  La  brèche  faite  et  veue  assez 
raisonnable,  le  capitaine  la  Boche  qui  y  commandoit  à 
quarante  ou  cinquante  soldats,  desespérant  de  soustenir 
l'assaut,  joint  les  pleurs  et  craintes  des  damoyselles  et 
autres  qui  s'y  estoient  retirez,  se  rendit  avec  composi- 
tion que  chacun  paya  pour  sauver  le  moule  du  bonnet. 
La  Boche  y  fut  pour  mille  escus.  De  là,  Matignon  s'en 
alla  prendre  la  Ferté  au  Vidame,  etc^.  u 


1.  Voir  Annuaire  du  département  de  la  Sarthe  pour  183S,  ex- 
traits des  registres  de  l'Hiltel-de-Ville  du  Mans,  page  5. 

2.  La  Popelinière  :  Histoire  des  dernière  troubles,  livre  Vil, 
juiUet  1569. 


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—  131  — 

Tel  est,  d'après  le  récit  de  La  Popelinière,  le  premier 
siège  que,  à  notre  connaissance  du  moins,  le  château  re- 
construit en  1458  ait  eu  à  subir.  Comme  on  le  voit,  il 
avait  fallu  tout  un  petit  corps  d'armée  pour  le  prendre, 
et  encore  n'en  vint-on  pas  à  bout  aussi  aisément  que  La 
Popelinière  semblerait  le  donner  à  entendre.  Qu'on  en 
juge  plutôt  par  la  lettre  que  de  Lassay  même,  le  20  juin, 
sans  doute  le  jour  de  la  reddition  de  ia  place,  Matignon 
envoyait  au  Roi  :  «  Sire,  suivant  ce  que  m'a  dernière- 
ment mandé  Monsieur  le  maresciial  de  Cossé,  je  m'en 
suis  venu  pour  assaillir  le  chasteau  de  ce  lieu  de  Las- 
say, là  où  m'est  venu  trouver  le  seigneur  de  Vendos- 
mois,  gouverneur  de  ce  pals  avec  quelques  forces,  et, 
après  que  ceuLc  gui  estaient  dedans  ont  enduré  es- 
tre  battus  de  trois  canons  durant  deux  jours,  ils  me 
l'ont  rendu  à  composition  qu'ils  auroient  la  vye  sauve, 
ce  que  leur  ay  accordé  pour  ce  que  les  munitions  me 
failloient,  et  aussi  que  la  place  estoil  encore  en  estât 
d'endurer  mil  coups  de  canon  premier  que  Je  l'eusse 
peu  avoir,  comme  le  cappitaine  la  Houssaye,  présent 
porteur,  le  pourra  faire  entendre  à  vostre  majesté,  s'il 
vous  plaist  l'ouyr,  et  néantmoings  lad.  composition,  les 
soldats  ne  laissèrent  de  piller  le  chasteau  et  tuèrent 
quelques  ungs  de  ceulx  qui  eatoient  ta,  où  il  fut  trouvé 
ung  valet  de  chambre  du  vidasme  de  Chartres,  qui  est 
depuis  peu  de  temps  revenu  d'Angleterre,  lequel  je  fais 
garder  pour  essayer  de  tirer  de  luy  quelque  chose  qui 
importe  vostre  service,  pour  ne  faillir  à  vous  en  adver- 
tir,  et  voyant  les  huguenots  de  ce  pays  du  Maine  et  de 
Normandye,  que  j'avois  quelques  forces  en  la  compai- 
gne,  la  pluspart  d'entre  eulx  se  sont  retirez  à  Vitray,  là 
où  il  y  en  avoit  desjà  une  bonne  troupe,  et  n'y  a  plus 
de  retraite  pour  eulx  en  ce  paîs.  J'ay  remis  ledit  chas-' 
teau    entre  les   mains    du  seigneur   de  Vendosmoys. 


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-  132  - 

Je  m'en  vais  d'icy  à  la  Ferté  qui  est  aux  vidasmea, 
ete',  » 

Ce  siège  de  1569,  pour  être  le  plus  connu,  n'est  pas 
le  seul  que  le  chftteau,  dont  noua  retraçons  le  passé 
historique,  ait  vu  pendant  lee  dernières  années  du  rè- 
gne troublé  de  Charles  IX.  D'abord,  nous  savons  que, 
vers  le  commencement  d'avril  1571,  les  huguenots  étaient 
venus  assiéger  la  ville  et  le  château  de  Lassay,  resté  pro- 
bablement aux  mains  des  catholiques  depuis  l'affaire  de 
juin  1569  ;  mais  la  place  fut  secourue  à  temps  par  l'ar- 
rivée de  Jehan  des  Vaux,  seigneur  de  Lévaré,  alors 
«  gouverneur  et  lieutenant  général  pour  le  Roy  des  vil- 
les châteaux  et  baroonies  de  Mayenne,  d'Emée,  de 
Pontmain,  de  Lassai,  de  Yillaines,  d'Ambrières,  de 
Gorron  et  des  autres  places  et  lieux  dépendant  de  l'élec- 
tion de  Mayenne.  »  Celtii-ci  força  les  huguenots  à  lever 
le  siège  commencé,  défit  ensuite  leur  chef,  et  les  chassa 
du  Maine,  et  ce  futmémepour  s'être»  si  vaillamment  com- 
porté 7>  en  cette  occasion  dans  sa  «  charge  de  lieutenant 
général  au  gouvernement  des  .bas  pays  du  Maine  »  que 
Charles  IX  lui  donna  le  collier  de  l'ordre  de  Saint-Mi- 
chel *.  Nous  savons  encore  que  vers  le  2  mars  1574  les 
huguenots  qui,  sous  la  conduite  des  frères  le  Héricé, 
venaient  de  surprendre  encore  une  fois  Domfront,  étaient 
attendus  à  Lassay^  où  ils  ne  tardèrent  pas  en  effet  à  ar- 
river et  à  se  rendre  maîtres  du  chAteau,  mais  ils  en 
furent  presqu'aussitôt  chassés  par  le  prévôt  provincial, 
François  des  Chapelles.  Tout  cela  s'était  passé  avant  le 


i.  Voir  cette  lettre  à  la  Bibl.  Nat.,  man.  des  500  Colbert,  a'  7, 
f*  171  ;  elle  a  d'ailleurs  élé  publiée  à  l'appendice  de  l'Essai  hUto- 
riçue,  pages  122-123. 

2.  Voir  à  la  Bibl.  Nat.,  Cabinet  des  titres,  vol,  375  :  f  Preuves 
-de  la  noblesse  de  Jacques-Frangois  des  Vaux,  pour  sonadmission 
aux  pa^es  de  la  grande  écurie.  > 

3.  Voir  Documents  publiés  par  la  Commission  Historique  et 
Arc/iéologique  de  la  Mayenne,  tome  V.  Livres  des  comptes  de  la 
Fabrique  de  Saint- Georges  de  Villaines-la-Ju/iel,  page  222. 


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6  mars,  date  à  laquelle,  dans  le  conseil  tenu  à  ce  sujet 
à  l'HAtel-de-Ville  du  Mans,  ce  dernier  fît  le  récit  de  son 
expédition  contre  Lassay  et  dit  s'être  emparé  du  châ- 
teau de  cette  ville  pour  le  Roi  ',  Quelques  jours  après, 
dans  un  autre  conseil  tenu  au  même  lieu,  on  lut  des 
lettres  de  Charles  IX,  datées  du  7  mars,  «  par  lesquel- 
les S.  M.  nommait  gouverneur  du  chftteau  de  Lasaay, 
appartenant  au  sieur  de  Beauvaîs  (Beauvoir  la  Nocle] 
François  de  More,  chevalier,  sieur  de  la  Blanchardière, 
et  lui  donnait  ordre  de  lever,  pour  la  garde  du  château, 
six  soldats  catholiques,  à  chacun  desquels  il  sera  accor- 
dé  par  mois  10  livres  et  30  au  gouverneur*.  » 

Sous  te  règne  de  Henri  111  qui  avait  succédé  en  cette 
même  année  1574  à  Charles  IX,  le  château  de  Lasaay 
devait  encore  éprouver  le  contre-coup  des  discordes  ci- 
viles qui,  sous  le  nom  de  la  religion,  continuaient  à 
troubler  le  reste  de  la  France.  Dans  les  premières  an- 
nées de  ce  règne,  il  est  vrai,  nous  n'avons  aucun  événe- 
ment bien  caractéristique  à  y  signaler;  nous  savons  seu- 
lement qu'en  1576  le  futur  maréchal  de  Lavardin,  si 
connu  par  son  r6le  important  dans  les  guerres  de  l'é- 
poque, était  venu  tenir  garnison  avec  sa  «  compagnée  » 
à  Lassay^. 

Mais  en  l'année  1589,  peu  de  temps  avant  la  mort 
du  roi  Henri  111,  le  château  dont  nous  retraçons  le 
passé  fut  tout-à-conp  témoin  d'un  de  ces  drames   san- 


1.  Voir  Ânn.  du  départ,  de  la  Sarthe  pour  1835,  extraits  des 
registres  de  l'HAtel-ae- Ville  du  Mans,  p.  S. 

3.  Ibidem. 

3.  Voir  Documenta  publiés  par  la  Commùtion  HUtorique  et 
Archéologiaue  de  la  Mayenne,  t.  V.  Livres  des  comptes  de  ta  fa- 
brique de  Villaines,  pages  22Î-225.  Nous  devons  du  reste  faire 
remarquer  que  nous  sommes  loin  d'avoir  reproduit  dans  ce  tra- 
vail tout  ce  qui,  dans  les  comptes  en  question,  concerne  Lassay 
de  1574  k  1576  ;  ainsi,  d'après  ces  comptes,  on  voit  entr'autres 
détails  omis  par  nous  à  dessein,  que  vers  le  13  avril  1574  le  fa- 
meux «  capitaine  la  Chaux  (Michel  de  Montrent!,  seigneur  de  la 
Chaux),  se  trouvait  à  Lassay  avec  ■  sa  compaignëe.  ■ 


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-  134  - 

glantB  dont  ooa  guerres  religieuses  offrent  malheureu- 
sement plus  d'un  exemple.  Le  gouverneur  du  ch&teau 
était  alors  Louis  Hurault,  seigneur  de  Villuisant,  neveu 
du  célèbre  chancelier  Hurault  de  Chevemy,  et  marî  de 
Judith  de  Chauvigné,  fille  aînée  elle-même  de  Rolland 
de  Chauvigné,  mort  en  1572,  et  héritière  du  Boisfroult. 
Il  avait  été  pourvu  de  cet  office  par  une  commission  roya- 
le en  date  du  29  avril  1587.  Or  i!  arriva  que  le  15  juin 
1589,  tandis  qu'il  était  allé  ouïr  la  messe  en  la  chapelle 
du  château,  une  troupe  d'hommes  armés  apparut  subi- 
tement. Parmi  les  chefs  qui  conduisaient  cette  troupe  on 
pouvait  remarquer  René  de  Montesson,  Joachim  et  Fran- 
çois de  Landepouste,  Jehan  de  Maridort,  de  Bourg-le-Roy, 
et  Jehan  d'Anthenaise,  seigneur  de  la  Bigne.  Ils  avaient 
été  envoyés  par  le  terrible  du  Plessis  de  Cosmes.  En 
ce  moment  le  gouverneur  de  Lassay  se  trouvait  préci- 
_  sèment  à  genoux  ;  la  messe  en  était  peut-être  au  moment 
'ide  l'élévation.  Jehan  d'Anthenaise  en  profita  pour  se 
jeter  sur  lui  et  lui  porter  un  coup  mortel.  Surpris  par 
cette  traitreuse  attaque,  le  gouverneur  tomba  pour  ne 
plus  se  relever  et  avec  lui  succombèrent  également,  sans 
avoir  pu  se  défendre,  M.  de  Forges  et  trois  soldats. 
Telle  fut  à  Lassay  la  mort  tragique  du  neveu  du  chan- 
celier de  Chevemy  ;  funeste  événement  que  ce  dernier  a 
ainsi  relaté  dans  ses  mémoires  :  «  Quelques  mois  aupa- 
ravant le  deceds  du  feu  Roy  (Henri  III)  le  sieur  de  Vil- 
luisant,  Louis  Hurault,  mon  nepveu...,  estant  en  garni- 
son pour  le  service  du  Roy  au  chasteau  de  Lassé  dans 
le  pays  du  Maine,  et  estant  allé  ou!r  la  messe  en  l'église 
de  la  ville,  fut  malheureusement  assassiné  dans  lad. 
église  par  l'advertissement  que  le  mcsme  prestre  qui  di- 
soit  la  messe  devant  Iny  en  donna  à  ceux  qui  avoient 
dessein  sur  ceste  place'...  » 

1.  Voir  sur  cet  événement,  outre  les  Mémoires  d'Hurault  de 
Chevemy,  une  leltre  écrite  le  8  septembre  1602  par  Henri  IV,  à 


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Toutefois  si,  dans  cette  lamentable  affaire  du  15  juin 
1589,  le  château  de  Lassay  avait  ainsi  perdu  son  gou- 
verneur, assassiné  par  les  émissaires  de  du  Plessis  de 
Cosmes,  il  ne  tomba  pas  pour  cela  aux  mains  de  ceux-ci  : 
il  était  à  la  fois  trop  fort  et  trop  bien  gardé.  Jehan 
d'Anthenaise  et  ses  compagnons  n'eurent  donc  plus, 
leur  coup  n'ayant  qu'à  moitié  réussi,  qu'à  s'éloigner  au 
plus  vite.  Du  reste,  l'infortuné  Louis  Hurault  eut 
promptement  un  successeur.  Informé  de  ce  qui  s'était 
passé  à  Lassay,  au  moment  même  où  il  partait  de  Tours 
pour  aller  devant  Paris,  Henri  III  donna  aussitôt  «  le 
commandement  du  chasteau  et  ville  de  Laasay  »  à  l'on- 
cle de  la  veuve  du  défunt,  à  Claude  de  Chauvigné,  sei- 
gneur dud.  lieu  et  de  l'Isle  d'Athée,  qui  vint  habiter  le 
château  confié  à  sa  garde'.  En  même  temps  le  Roi  en- 
voya au  trésorier  général  de  l'extraordinaire  des  guer- 
res un  «  estât  du  payement  »  qu'il  voulait  et  entendait 
être  fait  par  ce  dernier  a  tant  pour  les  guaiges,  solde, 
estât  et  apointement  de  douze  hommes  de  guerre  montez 
et  armez  à  la  légère,  trente  arquebusiers  à  cheval  et 
vingt  arquebusiers  à  pied  ordonnez  en  garnison  pour  le 
service  de  S.  M.  en  la  ville  et  chasteau  de  Lassay, 
paîs  de  Mayenne,  soubzla  charge  du  seigneur  de  Chau- 
vigné, que  pour  les  taxations  d'ung  commissaire  et  ung 
controUeur  des  guerres  qui  en  feront  les  monstres  et 
resveues  pour  trois  moys  de  la  présente  année...  » 


M.  de  Villeroy  au  sujet  du  <•  procès  criminel  faict  contre  Jean 
d'Antenaize  dil  la  Bique  (Jean  d'Anthenaise,  seit^eur  de  la  Bi- 
gne)  pour  raison  de  l'assassinat  commis  par  luy  en  la  personne  du 
a'  de  Vjiluysant,  luy  estant  à  l'église,  à  genoux,  o^ant  messe,  ■ 
procès  que  poursuivait  alors  •  la  dame  de  Montataire,  veuve  dud. 
8' de  Villuysant.  »  Voir  aussi  Arch.  Nat.  V6  216,,  Arrêt  au 
Grand-Conseil  du  7  octobre  1602,  au  sujet  de  la  même  atTaire. 

1.  Ce  détail,  ainsi  que  presque  tous  ceux  qui  suivent  pour  les 
années  1589  à  1592,  sont  tirés  de  plusieurs  mémoires  des  plus 
instructifs  contenus  aux  archives  du  château  de  Lassay  et  dont 
l'un,  le  plus  intéressant,  ne  figure  pas  à  l'appendice  de  l'Esiai 
hittorique. 


„Googlc 


-  136  - 

La  garnison  du  château  de  Lassay  éUdt  donc,  dans 
l'été  de  1589,  sous  le  commandementr  de  Claude  de 
Chauvigné,  d'après  la  commission  à  lui  expédiée,  de 
douze  hommes  de  guerre  montés  et  armés  à  la  légère, 
de  trente  arquebusiers  à  cheval  et  de  vingt  arquebusiers 
à  pied,  au  total  de  soixante-deux  hommes.  C'était  sans 
doute  un  fort  effectif  pour  une  simple  piace.comrae  Las- 
say, et  cependant,  quelques  mois  après,  cet  effectif  ne 
sera  pas  jugé  suffisant  par  le  gouverneur,  qui  sera, 
comme  nous  le  verrons,  obligé  de  l'augmenter  encore. 
C'est  que  les  événements  se  précipitaient  et  les  circons- 
tances étaient  des  plus  graves.  Le  1*'  août  de  cette  mê- 
me année  1589  le  roi  Henri  111,  qui,  de  concert  avec  le 
roi  de  Navarre,  assiégeait  Paris  tombé  aux  mains  de  la 
Ligue,  avait  été  assassiné  par  Jacques  Clément  ;  Henri 
de  Bourbon,  bien  que  toujours  hérétique,  était  devenu, 
par  la  mort  sans  enfants  du  dernier  des  Valois,  le  roi 
légitime,  et  il  n'y  avait  plus  eu  d'autre  parti  pour  les 
vrais  Français  que  celui  de  reconnaître  son  autorité. 
C'est  ce  que  s'était  empressé  de  faire  Claude  de  Chau- 
vigné  ;  il  avait  d'ailleurs  de  bonnes  raisons  pour  ne  pas 
refuser  son  obéissance  à  Henri  IV.  Mais  il  n'en  avait 
pas  été  de  même  de  la  plus  grande  partie  de  la  noblesse 
du  Maine  qui,  soutenue  en  cela  par  les  populations,  s'é- 
tait déclarée  contre  le  souverain  hérétique,  et  c'est 
ainsi  que,  dès  la  fin  de  l'été  de  1589,  presque  toutes  tes 
villes  de  notre  province,  la  Ferté-Bernard,  le  Mans,  Sa- 
blé, Laval  et  Mayenne,  avaient  embrassé  le  parti  de  la 
Ligue.  Seules  les  villes  de  Sainte-Suzanne  et  de  Lassay 
restèrent  fidèles  à  la  cause  du  nouveau  Roi. 

Alors  la  position  du  gouverneur  de  Lassay  devint  très 
critique.  En  ce  temps-là,  «  tout  le  pays  de  Maine  et 
Normandie  estoit  en  rébellion,  n'y  aiant  proche  dud.  Las- 
say, à  vingt  ou  trente  lieues,  ville  qui  ne  fust  détenue 
par  les  ennemis.  »  Tout  près  même  de  Lassay,  le  manoir 
du  Bois-Thibaut  qui  appartenait  alors  à  Charles  du  Bel- 


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—  137  - 

lay,  seigneur  de  la  Feuillée,  était  devenu,  grâce  à  ce 
personnage  et  à  son  frère,  René  du  Bellay,  seigneur  de 
ta  Paltn,  tous  deux  ardents  ligueurs,  le  rendez-vous  de 
ceux  qui  dans  le  pays  tenaient  pour  les  «  princes  de  l'U- 
nion. »  On  y  entendait  «  Jacques  Dupont...  et  plusieurs 
aultres  estant  aud.  chasteau  crier  vulgairement  à  haulte 
voix,  disant  ces  mots  :  a  Vive  la  Ligue  !  Vivent  les  prin- 
ces de  l'Union  !»  et,  a  tous  les  serviteurs  dud.  s'  delà 
Feuillée  et  aultres  soldats  qui  tiennent  pour  l'unyon  » 
s'y  retiraient  et  y  étaient  «  les  bien  venuz'  .  »  Aussi, 
excités  sans  doute  et  conduits  par  les  deux  frères  du 
Bellay,  les  a  seigneurs  et  peuple  s  qui,  tout  à  l'entour 
de  Lassay,  étaient  en  grande  majorité  pour  la  Ligue, 
s'étaient-ils  enhardis  jusqu'à  venir  «  par  deulx  foys  y> 
mettre  le  siège  devant  le  chftteau  où  commandait 
Claude  de  Chauvigné.  Et  c'était  alors  que,  «  pour  résis- 
ter auxd.  ennemis  dont  il  étoit  environné  de  toutes 
parts  »'  le  gouverneur  de  Lassay  s'était  vu  «  contrainct 
avoir  et  entretenir  cent  hommes  en  plus  avant  que  la 
commission  ne  portoit,  sinon  eust  la  place  esté  prinse, 
n'y  aiant  plus  au  Maine  que  celle-là  qui  ait  résisté.  » 
Bref,  «  par  la  diligente  garde  qu'en  fist  led-  sieur  de 
Chauvigné  avec  les  gens  de  guerre  »  ainsi  assemblés, 
le  château  qui  lui  était  confié  put  tenir  jusqu'au  bout. 
Ainsi,  dans  les  premiers  mois  du  règne  de  Henri  IV, 


1.  Les  détails  sur  le  râle  du  château  du  Bois-Thibaut  à  cette 
époflue  sont  tirés  d'une  informatioa  faite  le  26  mai  1590  par  Jehan 
Chatlière,  sereent  royal,'  o  pour  ta  part  de  noble  Claude  de  Ghau- 
vignë,  sieur  dud.  lieu...  gouverneur  pour  le  Roy  au  chasteau  et 
chastélleuie  de  Lassay  et  de  Monsieur  le  procureur  du  Roy  à 
l'enconlre  des  hommes  de  noble  Charles  du  Bellay,  seigneur  de 
la  Feuillée  et  du  Boys-Thébault  et  de  noble  Hené  du  Bellay  sei- 
gneur de  la  Fallu,  son  frère,  sur  ce  <]ue  l'on  dit  que  nonobstant 
rordonnance  et  l'edict  du  Roy  depuis  5  ou  6  moys  aincza  led.  s' 
de  la  Patlu  et  led.  s'  de  la  Feuillée  ont  tousiours  tenu  au  chas- 
teau du  Boys- Thébaut  pour  les  princes  de  l'Unyon  qui  tiennent 

I !..   contraire  au  Roy.  "'"  -  ''-*'"  '—' •• —  '— *  -—-*;-  J — 

u  chat,  de  Lassay. 


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-  138  - 

le  chAteau  de  Lassay  avnit  encore  eu  deux  sièges  à  sou- 
tenir et  grâce  à  l'énergie  de  son  commandant,  non  moins 
qu'à  sa  garnison  sulRsainment  nombreuse,  il  les  avait 
soutenus  avec  succès.  Enfin,  vers  la  fin  de  l'année,  les 
affaires  du  nouveau  roi  se  trouvèrent  en  meilleur  état, 
et  toutes  les  villes  du  Maine,  dit  Guyard  de  la  Fosse, 
excepté  la  Ferté-Bernard,  se  soumirent  à  son  obéissance. 
Dans  le  courant  de  décembre  Henri  IV  fit  successive- 
ment son  entrée  à  Laval,  à  Mayenne  et  à  Alençon,  et  il 
est  probable  qu'avant  de  marcher  sur  cette  dernière 
ville,  il  passa  par  Lassay.  En  tous  cas,  ce  fut  à  cette 
époque,  que  «  S.  M.,  venue  aud.  pals  et  l'aient  remis  en 
son  obéissance,  auroit  veu  qu'il  n'estoit  besoïng  d'une 
si  forte  garnison  aud.  cbastean  de  Lassay  et  pour  ce  y 
ordonna  seulement  dix  soldats  et  ung  sergent  pour  leur 
commander.  » 

N'y  avait-il  pas  de  la  part  du  Roi  une  certaine  impru- 
dence à  croire  ainsi  tout  danger  éloigné  de  notre  cbAtean 
et  à  réduire  sa  garnison  à  un  si  petit  nombre  de  défen- 
seurs ?  C'était  à  coup  sûr  se  tromper  étrangement  que  de 
supposer  à  cette  date  la  pacification  du  Bas-Maine  sep- 
tentrional assurée  d'une  façon  définitive.  Henri  IV  n'al- 
lait pas  tarder,  hëias  !  à  s'apercevoir  de  son  erreur.  On 
connait  l'entreprise  faite  au  mois  d'avril  1590  par  Lan- 
sac  sur  Mayenne  et  l'on  sait  que,  sans  l'extrême  promp- 
titude avec  laquelle  l'Estelle  et  Hertré,  l'un  de  Domfront, 
l'autre  d'Alençon,  accoururent  au  secours  de  la  ville  déjà 
à  moitié  occupée  par  l'ennemi,  cette  entreprise  du  chef 
ligueur  était  couronnée  par  un  plein  succès  qui  enle- 
vait de  nouveau  la  contrée  où  est  situé  Lassay  à  l'auto- 
rité royale.  Dès  lors,  avec  ses  dix  hommes  et  leur  ser- 
gent, quelle  contenance  eût  pu  faire  le  château  comman- 
dé par  Chauvigné  devant  les  forces  qui  seraient  certai- 
nement venues  l'assaillir  ? 

Et  ce  ne  fut  pas  là  tout.  Malgré  la  reprise  de  Mayenne 
sur  Lansac  et  la  défaite  de  celui-ci,  le  parti  de  la  Ligue 


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—  139  — 

o'avait  pas  désarmé  pour  cela  dans  notre  contrée  ;  dans 
la  châtellenîe  même  de  Lassay,  les  frères  du  Bellay, 
que  n'avaient  nullement  effrayés  l'information  faite  na- 
guère contre  leurs  menées  par  le  sergent  royal  Jehan 
Challière',  avaient  fait  de  nouveau,  de  leur  manoir  du 
Bois-Thibault,  un  des  principaux  centres  de  la  résistance 
contre  l'autorité  royale  ;  ils  l'avaient  transformé  en  une 
véritable  forteresse  et  s'y  étaient  si  bien  retranchés,  eux 
et  leurs  partisans,  que,  dans  le  courant  d'octobre,  l'Es- 
telle en  personne  étant  venu  les  y  attaquer  fut  obligé 
de  battre  les  murs  du  manoir  avec  du  canon,  et,  après 
avoir  éprouvé  des  pertes  sérieuses,  dut  lever  le  siège  à 
sa  confusion.  Et  cela  se  passait  à  deux  pas  du  château 
de  Lassay,  presque  sous  les  yeux  de  Claude  de  Ghauvi- 
gné  qui  en  était  toujours  gouverneur  ! 

L'année  1591  se  passa  du  reste  pour  le  Bas-Maine  en 
général  et  ta  place  dont  nous  faisons  l'histoire  en  parti- 
culier, sans  incident  notable  ;  mais  il  n'en  fut  pas  de 
même  de  l'année  1592. 

Les  conséquences  de  la  bataille  de  Craon,  gagnée  le  23 
mai  par  Mercœur  et  Boisdauphin  contre  les  princes  de 
Conti  et  de  Dombes.  avaient  été  désastreuses  pour  la 
cause  de  Henri  IV  dans  notre  province.  Très  peu  de 
jours  après,  Combronde  s'était  rendu  maître  de  Laval, 
et,  le  7  juin,  Mayenne,  assiégé  par  le  marquis  de  Belle- 
Isle,  était  rendu  par  composition  au  seigneur  de  Bois- 
dauphin  pour  la  Ligue.  Déjà  même  le  duc  de  Mercœur  se 
préparait  à  venir  mettre  le  siège  devant  Lassay. 

Quel  va  être,  en  ces  graves  conjectures,  le  sort  de 
la  place  à  laquelle  commande  Claude  de  Chauvigné  ?  Va- 
t-elle,  elle  aussi,  tomber  entre  les  mains  des  princes  de 
l'union  ?  Telles  sont  les  questions  qu'au  Mans  les  repré- 
sentants comme  les  partisans  de  l'autorité  royale  com- 
mencent   à    se  poser  avec  inquiétude.    Aussi,    à  l'oc- 

1,  Voir  la  note  de  la  page  00. 


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-  140  - 

caeioQ  des  divers  messagers  qui  en  ces  jours  là  sont  en- 
voyés par  le  commandement  du  sieur  de  Moulins,  com- 
mandant pour  le  Roi  au  Mans,  vers  le  Roi,  Monsieur  de 
Lavardin,  et  plusieurs  autres  seigneurs  du  Maine,  le 
gouverneur  de  Lassay  n'est-il  point  oublié.  Deux  mes- 
sagers sont  envoyés  coup  sur  coup  vers  «  le  sieur  du 
Boisfrou,  estant  alors  an  chasteau  de  Lassay,  pour  l'as- 
seurer  de  secours  au  cas  que  les  ennemys  voulussent 
entreprendre  quelque  chose  sur  lad.  place  et  que  Mes- 
sieurs le  maréchal  d'Aumont  et  Lavardin  s'estoient  ache- 
mynés  pour  venir  par  de  là  et  donner  ordre  aux  affaires 
de  ce  pays  I.  »  Ces  deux  messagers,  porteurs  de  nouvel- 
les si  rassurantes,  parvinrent-ils,  à  travers  un  pays  oc- 
cupé par  l'ennemi,  jusqu'à  celui  à  qui  ils  étaient  en- 
voyés ?  Toujours  est-il  que  notre  personnage  était  bien 
résolu  à  tenir  le  plus  longtemps  possible  dans  le  ch&teau 
confié  à  sa  garde.  Toutefois,  comme  il  n'avait,  on  s'en 
souvient,  depuis  la  fin  de  1589  que  onze  hommes  sous 
ses  ordres,  et  qu'avec  un  si  petit  nombre  de  défenseurs 
il  était  impossible  de  soutenir  le  siège  dont  Mercœur  le 
menaçait,  il  songea  à  augmenter  sans  retard  ta  garni- 
son de  Lassay.  Pour  cela  il  a  appela  à  luy  le  sieur  de 
Montataire  »  qui  avait  épousé  en  novembre  1590  la 
veuve  de  Villuisant,  et  se  trouvait  par  conséquent  son 
neveu,  «  et  te  pria  avec  aultres  gentilshommes  et  soldats 
du  pats  entrer  dedans  le  chasteau  pour  le  conserver  et 
empescher  le  desseing  des  ennemis,  ce  qu'ils  firent.  » 
Le  gouverneur  de  Lassay  dut  il  est  vrai,  «  pour  faire 
les  frais  et  despence  desd.  gens  de  guerre,  »  emprun- 
ter «  des  paroisses  de  Lassay,  Chantrigné  et  te  Horps, 
110  escus  sur  l'appointement  de  lad.  garnison,  quitte  à 
en  demander  plus  tard  le  remboursement  aux  trésoriers 
généraux.  En  tous  cas,  par  son  énergie  et  saprévoyan- 

I.  Voir  aux  archives  de  la  Sarihe,  fonds  municipal,  liasse  132, 
3*  compte  de  H*  Oervais  Massé  ;  patiint: 


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-  141  - 

ce,  Claude  de  Ghauvigné  avait  pourvu  une  fois  de  plus 
à  la  sûreté  de  la  place.  Mercœur  la  voyant  en  si  bon 
état  de  défense,  renonça  probablement  à  son  projet  qu'il 
n'eut  d'ailleurs  pas  le  temps  d'exécuter.  En  effet  les 
secours  annoncés  du  Mans  «  au  sei^eur  du  Boisfroux  » 
approchaient  de  Mayenne  ;  dès  le  29juillet,  le  prince  de 
Conti  et  le  maréchal  d'Aumont,  ayant  avec  eux  les  mar- 
quis de  Lavardin  et  de  Villaine,  étaient  devant  cette 
ville  avec  cinq  ou  six  mille  hommes,  Lassay  était  sauvé  ! 
Cette  fois,  le  rôle  si  actif,  on  l'a  vu,  du  château  qui  nous 
occupe  pendant  les  guerres  de  religion  était  bien  fini  ; 
tranquille  à  l'abri  des  hautes  tours  et  des  épaisses  mu- 
railles de  la  forteresse,  son  gouverneur  n'avait  plus 
qu'à  attendre  patiemment  la  pacification  générale  de 
toute  la  province. 

m 

A  partir  de  la  fin  des  guerres  de  religion,  et  pendant 
les  deux  derniers  siècles  de  la  féodalité,  Lassay  n'offre  à 
l'historien  aucun  fait  assez  important  pour  mériter  que  ' 
nous  le  rappelions  ici  ;  mais  il  n'en  est  pas  de  même 
pour  l'archéologue.  A  l'époque  du  règne  de  Louis  XIV 
le  château  a  subi,  dans  sa  partie  septentrionale  du 
moins,  une  modification  considérable  qui,  de  ce  cété  là, 
en  a  sensiblement  altéré  l'aspect,  tel  qu'il  pouvait  se 
présenter  au  XV'  siècle,  après  la  reconstruction  de  1458. 
Jusque  là  la  vieille  forteresse  avait  gardé  dans^tout  son 
ensemble  son  cachet  moyen-flge  absolument  intact.  On 
peut  en  juger  par  une  description  du  milieu  du  XVII* 
siècle,  aussi  authentique  que  minutieuse  et  que  nous 
avons  eu  la  bonne  chance  de  découvrir,  aux  archives 
particulières  de  notre  château,  dans  un  dossier  relatif  à 
la  translation  de  la  foire  du  Gast  dans  la  ville  de  Las- 
say. Il  avait  été  fait  à  cette  occasion,  en  mars  1£44,  une 
aorte  d'état  de  lieux  de  toute  la  ville,  y  compris  le  châ- 


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teau  et  c'est  à  la  fin  de  cet  état  de  lieux  que  se  trouve 
la  description  dont  il  a'agît.  La  voici  : 

a  ...  De  là,  poursuivant  notre  chemin,  sommes  arrî- 
«  vésau  chasteau  de  lad.  ville  lequel  est  ceint  et  enfermé 
«  de  grands  fossés  à  fond  de  cuve,  et  aux  deux  coatés 
«  sont  deux  estangs  et  marécaiges  ;  led.  chasteau  com- 
K  posé  de  huit  grosses  (ours  et  un  boullevert  à  l'entrée, 
«  où  il  a  double  pont  levis  et  double  herse  ;  entre  deux 
K  desquelles  tours  il  y  a  un  logement,  et,  estans  entrés 
a  au  dedans,  l'on  nous  a  fait  voir  les  prisons  bonnes  et 
«  saines,  et  aux  ouviirtures  d'icelles  y  a  des  grisles,  ac- 
«  compagnées  de  chambres  noyres  et  cachots,  dans  les- 
«  quelles  prisons  l'on  a  acoustumé  de  mettre  les  pri- 
«  sonniers  par  authorité  de  justice,  et  avons  remarqué 
«  au  devant  dud.  chasteau  une  terrasse  plane,  vide,  as- 
u  sez  spacieuse;  et  au  pied  dud.  chasteau  il  y  a  un 
«  ruisseau   d'eau  vive  et  courante   qui   règne  tout   le 

«  long    de   la    ville leq.    ruisseau    tombe    dedans 

«  un  estang  aud.  pied  dud.  chasteau,  fait  tourner  deux 
u  moullins  qui  sont  à  bled  attachés  à  des  bastiments 
etc.  » 

Tel  était,  au  lendemain  de  la  mort  de  Louis  XIII,  le 
château  dont  nous  faisons  l'histoire  ;  comme  on  le  voit, 
tout  y  était  encore  disposé  pour  la  défense  militaire  en 
cas  de  guerre,  et,  en  temps  de  paix,  sa  principale  des- 
tination était  de  servir  de  prison.  Quant  à  pouvoir  être 
une  résidence  seigneuriale,  le  château  était  bien  loin  d'y 
prétendre,  et,  si,  vers  ta  fin  des  guerres  de  rehgion, 
Yilluisant  d'abord,  puis  Claude  de  Chauvigné,  y  avaient 
habité,  c'était  comme  gouverneurs  de  la  place  et  non 
comme  seigneurs  du  lieu.  Ce  qui  prouve  bien  ta  vérité 
de  notre  assertion,  c'est  que,  en  1618,  quand  Charlotte 
du  Tillet  vint  à  Lassay  pour  signer  la  transaction  inter- 
venue entre  elle  et  les  usagers  d'Hardanges,  ce  fut  non 
pas  au  château,  mais  en  ville,  en  la  a  maison  de  Gilles 


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-143  - 

de  Logé,  escuyer,  bailly  de  Lassay.  »  qu'elle  descendit^. 
Et  quand,  après  elle,  les  MadatUart  furent  devenus  ac- 
quéreurs de  Lassay  par  l'adjudication  de  1639,  bien  plus 
quand,  en  1647,  ils  eurent  fait  ériger  la  châtellenie  en 
marquisat,  ila  ne  songèrent  pas  davantage  à  faire  du 
château  de  Lassay  leur  résidence.  Il  est  vrai  que  le 
manoir  de  Boisfroust,  où  ils  habitaient  avant  de  possé- 
der Lassay,  était  alors  une  demeure  seigneuriale  aussi 
somptueuse  qu'agréable  et  que  tout  leur  prescrivait  de 
ne  pas  l'abandonner.  Et  non  seulement  Isaac  et  Louis  de 
Madaillan  avaient  continué,  l'un  comme  l'autre,  à  ne  pas 
habiter  le  chef-lieu  de  leur  marquisat  ;  Armand  de  Ma- 
daillan lui-même,  dans  le»  premiers  temps  de  sa  vie, 
avait  imité  en  cela  l'exemple  de  son  père  et  son  aïeul  ; 
c'était  a  au  logis  seigneurial  du  Boisfroult  »  qu'était 
décédée,  le  19  octobre  1681,  sa  seconde  femme,  la  fameuse 
Marianne  Pajot.  Eniin,  en  1696,  ayant  épousé  en  troi- 
sièmes noces  la  princesse  Julie  de  Bourbon,  il  s'avisa 
que  le  manoir  où  avaient  jusque-là  vécu  ses  pères,  n'é- 
tait plus  une  demeure  en  rapport  avec  le  rang  à  la  cour 
que  lui  avait  procuré  sa  dernière  alliance,  plus  brillante 
d'ailleurs  qu'heureuse  ;  il  résolut  donc  de  transférer  sa 
résidence  à  Lassay  et  pour  cela  d'accommoder  le  château 
à  sa  nouvelle  destination  d'habitation  seigneuriale.  C'est 
alora  que,  moitié  sur  la  partie  sud  de  la  barbacane, 
moitié  sur  l'emplacement  du  pont-levis  intérieur,  et 
joignaot  les  deux  tours  du  nord,  fut  construit  en  forme 
d'équerre  le  bAtiment  que  nous  y  voyons  aujourd'hui  et 
qui  contient  de  vastes  pièces,  plus  appropriées  sans 
doute  que  le  reste  du  cbftteau  aux  besoins  de  l'habitation 
moderne.  Par  son  style  un  peu  lourd  et  terne,  ce  bâti- 


1,  Voir  aux  arch.  du  chU.  de  Lassay  la  transaction  en  ques- 
tion, «...furent  présents  et  personnellement  eelabli,  etc.  lad.  da- 
■n*i<<  Charlotte  du  Tillet,  dame  de  Lassav,  à  présent  logde  mai- 
son de  Gilles  de  Logé,  escuyer,  bailly  dudict  lieu,  d'une  part, 
etc.,  etc.  ■ 


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-  144  - 

meDt  rappelle  bien  l'époque  de  Louis  XIV  ;  il  avait  d'ail- 
leurs' des  toits  à  la  Mansard  qui,  il  y  a  une  soixantaine 
d'années,  ont  été  transformés  en  toits  ordinaires.  Pour 
ce  qui  est  des  deux  ponts-levis  avec  leurs  herses,  l'un, 
celui  qui  s'abaissait  de  la  porte  d'entrée  sur  la  barba- 
cane,  disparut  nécessairement  dans  ce  remaniement  du 
château  ;  mais  l'autre,  celui  qui  donnait  sccbb  de  la  bar- 
bacane  sur  la  place  dite  du  Boil,  fut  conservé  jusque 
vers  le  milieu  du  XVIII*  siècle  ;  c'est  seulement  à  cette 
époque  qu'il  fut  remplacé  par  un  pont  de  pierre.  Dana 
l'aveu  que  le  duc  de  Brancas-Lauraguais,  successeur  et 
héritier  des  Madaillan,  rendit  au  roi  Louis  XV  en  1769', 
il  est  fait  allusion  à  toutes  ces  modifications  survenues 
dans  l'aspect  de  l'ancienne  forteresse  du  XV*  siècle. 
Voici  la  description  du  château  contenue  dans  cet  aveu  ; 
on  aimera  assurément  à  la  rapprocher  de  la  description 
de  1644  :  «  Mad.  ville  de  Lassay  au  haut  de  laquelle 
«  «t  à  un  bout  d'icelle  est  un  ancien  chftteau  b&ti  sur  un 
«  roc,  environné  d'étangs,  hors  du  côté  de  la  ville  à  la- 
«  quelle  il  est  joint,  un  fossé  seulement  entre  deux,  et 
«  au  devant  de  l'entrée  duquel  château  est  une  place 
«  nommée  vulgairement  le  Boit,  et  led.  château  consis- 
«  tant  en  huit  grosses  tours  rondes-,  assez  hautes,  tou- 
«  tes  machicolisées,  éloignées  les  unes  des  autres  de 
«  quelque  distance,  et  jointes  ensemble  par  des  courti- 
K  nés  aussi  machicolisées,  de  forme  et  iigure  d'un  octo- 
«  gone,  ayant  à  une  de  ses  faces  un  corps  de  logis 
«  moins  ancien  que  led.  château  et  fait  construire  depuis 
«  environ  cent  ans,  la  couverture  d'icelui  étant  d'ardoise 
«  et  garnie  de  plomberie,  au  devant  duquel  est  une  ma- 
.0  nière  de  fer  à  cheval  faisant  l'entrée  de  mond.  châ- 


1.  Cet  aveu  est  aux  archives  du  château  de  Laesay. 

2,  Erreur  :  deux  seulement  de  ces  tours,  celle  du  S.-E.  et 
celle  du  S.-O.  (voir  le  plan)  sonl  entièrement  rondes  ;  les  autres 
ne  le  sont  qu'à  Vexlérteur  et  affectent  la  forme  d'un  fer  à  cheval. 


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-m- 

«  teau,  avec  un  pont  de  pierre  construit  depuis  vingt 
«  ans  en  la  place  du  pont-levis  qui  y  étoit  précédem- 
M  ment,  et  avec  droit  de  pont-levis  i  l'entrée  de  la 
«  grande  cour  d'icellui  entourée  dead.  tours..,.  » 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  le  chAteau  ainsi  '  décrit 
dans  l'aveu  du  comte  de  Lauraguais  est  aujourd'hui, 
à  peu  de  chose  près,  dans  le  même  état  qu'il  y  a  cent 
vingt  ans,  et  que  la  description  de  1769  pourrait  être 
reproduite  mot  pour  mot  en  cette  année  1890  ? 

Nous  avons  terminé  notre  revue  du  ch&teau  de  Las- 
say  à  travers  les  aiècles.  Comme  on  a  pu  le  voir,  la 
plupart  des  documents  que  nous  y  avons  fait  successi- 
vement apparaître  au  lecteur  ne  se  trouvaient  pas  dans 
la  première  édition  de  VEssai  Historique  publiée  en 
1875.  Ils  figureront  avec  beaucoup  d'autres  encore,  égale- 
ment inédits,  mais  qui  n'entraient  pas  dans  le  cadre  de 
cette  étude,  dans  une  nouvelle  édition  que  l'historien  du 
château  de  Lassay  prépare  depuis  quelque  temps  et  que 
nous  sommes  heureux  de  pouvoir  ananoncer  dès  mainte-  - 
nant  aux  amateurs  des  choses  du  passé  dans  notre  pro- 
vince. Mais,  eu  attendant  cette  publication,  nous  avons 
cru  devoir,  sans  plus  tarder,  faire  part  à  la  Commissi(m 
Historique  et  Archéologique  de  la  Mayenne  de  ceux  des 
documents  récemment  découverts  par  nous  qui  concer- 
naient spécialement  le  château  en  question  en  tant  que 
monument  historique,  et  c'est  ce  qui  nous  a  décidés, 
sans  crainte  d'aller  sur  les  brisées  de  l'auteur  de  YEssai 
Historique,  à  composer  l'étude  qu'on  vient  de  lire. 

C"  DG  Beauchbsne. 


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LA    GERBE 


Recueillie  et  notée  par  M,  A.Guillier  et  harmonisée 
par  M.  Thiriet,  chef  de  musique  au  i02"  de  ligne. 


Par  un  matin  mi  levé, 

/'avons  la  gerbe  de  blé. 

Dans  mon  jardin  fat  entré, 
l'avons  la  gerbe, 
l'avons  la  gerbe  de  blé, 
l'avons  la  gerbe, 
/'avons  la  gerbe  de  blé, 
/'avons  la  gerbe. 

Dans  mon  jardin  jai  entré, 
Trois  fleurs  d'amour  j"ai  trouvé. 


Trois  /leurs  d'amour  j" ai  trouvé 
/'en  pris  deujr,  un'  j'ai  laissé. 


/'en  pris  deux,  un'  j" ai  laissé, 
Un  chapeau'  J'en  commencé. 


i.  Couronne,  guirlande  de  Heurs.  Aux  XII*,  XIII"  et  XIV*  siè- 
cles, hommes  et  femmes  portaient  des  cliapeaux  de  Heurs,  cou- 
ronnes de  fleurs  en  6lé,  de  feuillages  en  hiver.  Il  y  eut  ainsi  des 
chapeaux  de  noiettes,  de  roses,  de  blueta,  de  lierre,  de  gazon 
(Voir  Jeanne  de  Boulogne  sur  un  vitrail  de  Chartres  d'environ 
1440.  J.  Quicherat]88). 

n  s'était  formé  à  Paris  une  corporation  de  «  chapeliers  fleuris- 


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Un  chapeau  j'en  commencé, 
A  trois  rangs  et  à  demi*. 


A  trois  rangs  et  à  demé. 
Et  à  quat'  l'acheveré. 


Et  à  q-uat'  l'acheveré, 
A  mon  ami  l'envoieré. 


tes.  •  Ces  jardiniers  fleuristes  jouissaient  de  grandes  immuiutJs. 
Le  travail  du  dimanche  leur  étuit  sévèrement  défendu  :  <  nul  cha- 

Selier  de  fleurs  ne  peut,    ne  doit   uueiltir  ou  faire  cueillir  au  jour 
e  dimanche  en  ses  uourtils  nulles  herbes,  nufles  fleurs  Â  efiap- 
peauU  faire.  »  (De  Laborde,  Emaux,  205,  XIII»  siècle). 
Au  X!V*  siècle,  on  trouve  dans  les  Emaux.  206  : 
Je  n'ai  cure  de  nul  esmay 
Je  vueîl  cueillir  la  rose  en  may 
Et  porte  chapeaux  de  flourettes. 
De  fleurs  d'amour  et  de  violettes. 

[Dict.  de  La  Curne  de  Sainte-Palaye). 
Dans  l'aveu  de  1441  du  comté  de  Laval  à  René,  duc  d'Ankni, 
roi  de  Sicile,  comte  du  Maine,  publié  au  Bulletin,  |3*  série, 
tome  I,  p.  513)  par  M.  l'abbé  Couanier  de  Launay,  chanoine  ho- 
noraire du  diocèse  de  Laval,  nous  lisons  :  «  Item,  au  jour  de  la 
fesle  de  la  consécracion.  messire  maistre  Helye  Oalée  et  Pierres 
Hoquedé,  héritiers  Teu  messire  Robert  le  Maczon.  chevalier,  me 
doTvent,  chacun  an.  ung  ciiappel  de  roses...  • 

Signalons,  à  titre  de  curiosité,  le  bail  de  la  mmson  dite  le  Par- 
loir aux  Bourgeois,  entre  le  Châtelet  et  Saint-Leufroi.  Le  Pré- 
vôt des  marchands  et  les  échevins  stipulent  des  preneurs,  c'est 
à  dire  du  chapelier  du  roi  et  de  sa  femme,  une  rente  de  seize 
livres,  plus  "  douze  dousaines  de  chappeauLr  appelez  bourrelez 
''e  fleurs,  et  six  boucuuetz,  c'est  assavoir,  quatre  dousaines  de 
'     '  gofaii ■       .    .-. 


chappeeulx  de  margolaine,  trois  dousaines  de  romarin  et  cinq 
dousaines  de  pervenche,  tous  bourrelez,  papillotez  d'or,  et  les 
six  bouquetz  de  rozes,  que  ledit  Jehan  etc.  seront  tenus  rendre 
et  paier  pour  tous  devoirs,  s  (22  mai  1406.)  Arch.  nat.  KK  4951. 
f*  LXVI  v°.  —  Bibliothèque  de  l'école  des  Haute*  Etude*  :  Etude» 
sur  l'Industrie  à  Paris  au-c  XIII*  et  XIV^  siècles,  par  Gustave 
Fagniei,  107). 

1.  Demi.  —  Mei.  meie  en  dialecte  bounmignon  exprimaient 
l'idée  de  milieu  (meie-nuit.  c'est  à  dire  le  mUieu  de  la  nuit)  -,  de- 
mei,  demeie  avaient  le  sens  de  moitié  (demey-an,  c'est  à  dire  la 
moitié  d'une  année).  Le  substantif  répondant  a  mei  était  me»  qui 
fut  remplacé  par  le  composé  meileu  (milieu).  Le  substantif  de 
demei  était  meitie,  moitiet,  meitez.  {Recherches  sur  les  formes 
grammaticales  de  la  langue  française  au  XIII'  siècle,  iar  0. 
Fftllot,  219.  —  Grammaire  de  la  lingue  d'Oti.  par  0.  P.  BurguT. 
1.118). 


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LA  CHANSON  DE  LA  GERBE,  DU  HORPS 

^"i      I     I     I     II     j  n 


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um  'J  . 


fT.)!  n  iT    j.iiii'i  îTii    1. 


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A  mon  ami  l'envoieré, 

Si  l'reçoity  granjoiefauré. 

SI  ['reçoit,  grau  Joie  j'auré, 
A  ces  noc'  là  oùj'iré^. 


La  chanson  de  la  Gerbe  du  liorps,  qui  a  été  notée  par 
M.  GuilUer  et  harmonisée  par  M.  Thiriet,  est  un  souve- 
nir du  vieux  temps,  où  nous  retrouvons  un  bel  exemple 
de  la  saine  gaieté  des  paysans  de  l'ancienne  France,  la 
joie  des  fruits  du  travail,  du  premier  des  fruits,  la  joie 
du  blé  mûr. 

Les  mélodies  de  village  courent  les  champs  et  les 
bois  ;  mais  celles  qui  ont  du  caractère  ne  s'entend«it 
pas  au  détour  de  chaque  sentier,  et  M.  Guillier  a  été 
heureusement  inspiré  de  saisir  au  passiige  la  blonde 
gerbe  du  Horps  et  d'en  égrener  les  notes  pour  les  lec- 
teurs du  Bulletin.  Bien  qu'incorrectes,  les  paroles  en 
sont  simples  et  fraîches,  et  le  chant  y  joint  un  senti- 
ment de  bonheur  débordant,  d'un  charme  réel.  La  poé- 
sie et  la  musique  y  sont  unies  comme  les  fîUes  d'un 
même  père,  poète  et  musicien. 

Le  refrain  «  J'avons  la  gerbe  de  blé,  »  par  lequel  le 
chœur  coupe  chaque  pensée  du  soliste  et  qui  éclate  sans 
cesse,  vibrant  d'orgueil  au  travers  d'un  chant  d'amour, 
dit  assez  l'allégresse  et  la  fierté  que  cause  aux  paysans 
la  récolte  conquise  et  rappelle  ce  que  leur  coûte,  ce  que 
leur  coûtait  surtout  autrefois,  le  dur  labeur  qui  donne  le 
grain.  Si  l'hymne  de  gloire  du  vainqueur  du  sol  se  dé- 
ploie avec  cette  puissance  d'un  mot  unique,  c'est  qu'elle 

1.  L 'incorrection  des  derniers  couplets  nous  oblige  à  les  sup- 
primer. 


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—  IM  — 

a  été  précédée,  à  l'automae,  d'une  lutte  opiniâtre,  de  la 
fatigue  des  gnérets,  de  l'inquiétude  des  semailles,  de 
toutes  ces  peines  qui  ont  été  traduites  dans  les  campa- 
gnes par  la  plaiative  mélopée  dcB  labours. 

«.  J'avons  la  Gerbe  !  »  Peuvent-ils  en  effet  parler 
d'autre  chose,  les  laboureurs,  à  la  vue  de  ces  faisceaux 
de  javelles  dont  la  tige  se  courbe  sous  le  poids  des 
lourds  épis  ?  Cette  gerbe,  qui  u  exigé  de  leur  part  l'af- 
fouiUement  profond  de  la  terre  et  les  pénibles  fumures 
portées  souvent  jadis  à  dos  d'homme,  dont  ils  ont  sur- 
veillé les  pousses  naissantes,  qu'ils  ont  couvée  des  yeux 
pendant  des  mois,  qu'auraient  pu  leur  ravir  les  gelées 
et  les  orages,  ils  la  possèdent  enfin  cette  gerbe  !  Leur 
poitrine  bat  triomphante  et  îl  ne  peut  en  sortir  que  ce 
cri  répété  de  victoire  :  «  J'avons  la  gerbe,  a  Aussi  le 
chœur  semble-t-il  dire  sans  relâche  au  soliste  :  «  Lais- 
sez les  choses  d'amour  :  que  pouvez-vous  nous  raconter 
de  mieux,  déplus  grand,  de  plus  beau,  de  plus  doux? 
J'avons  la  gerbe,  et  cette  gerbe  est  une  gerbe  de  blé, 
du  grain  par  excellence...  » 

Mais  nous  n'entendons  pas  délier  la  gerbe  du  Horps  ; 
nous  n'avons  voulu  que  l'eutr' ouvrir. 

GHOSSE-DuPEROn. 


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LES  ARCHIVES  DE  LA  MAYENNE 

LA  SÉRIE  A 


DECLARATIONS    DU    ROI 

Cos  actes  répètentparfois  les  Ëdits  et  les  Lettres  paten- 
tes. Plusieurs  Déclarations  confirment  et  même  citent  les 
Lettres  patentes  ou  autres  actes  royaux,  et  les  matières 
qu'elles  concernent  s'en  rapprochent  nécessairement. 
Le  préambule  de  l'Ordonnance  du  mois  d'août  1737,  lu 
attentivement,  montre  la  différence  des  ordonnances  et 
des  déclarations.  Les  premières  constituent  la  loi  pri- 
mordiale, les  secondes  sont  des  adjonctions,des  interpréta- 
tions, des  commentaires  rectificatifs  ou  explicatifs.  Les 
déclarations  royales  ont  des  objets  très  divers .  Sans  avoir 
eu  autant  de  retentissement  que  les  ordonnances  et  les 
édits,  'elles  n'ont  guère  passé  inaperçues.  Quelques 
unes  ont  eu  des  résultats  importants  dans  ia  contrée  à 
laquelle  on  les  appliquait.  Ainsi  de  la  déclaration  du 
Roi  transférant  les  deux  facultés  de  droit  de  l'université 
de  Nantes  à  Rennes  (l"  octobre  1765).  Ainsi  de  la  créa- 
tion de  nouveaux  impôts  d'un  sol  et  de  deux  sols  pour 
livre  par  simple  déclaration  du  Roi,  sans  le  consente- 
ment des  Etats  de  Bretagne,  avant  1765.  Les  Etats 
avaient  provoqué  le  refus  du  Parlement  de  Bretagne 
d'enregistrer  les  déclarations.  La  lutte  entre  la  royauté 


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-  183  - 

et  l'indépendance  provinciale  devint  alors  exaspérée  et 
donna  lien  à  des  révoltes  *. 

Une  antre  déclaration  ent  dans  le  Bas-Maine  un  résul- 
tat moins  bmyant.mais  très  notable  pour  l'agriculture, 
c'est  celle  du  13  août  1766,  que  nous  prenons  dans  une 
antre  série  que  celle  dont  nous  nous  occupons.  En  vertu 
de  cet  acte  royal  des  défrichements  considérables  de 
landes  faisant  partie  de  métairies  et  de  closeriee  appar- 
tenant à  des  particuliers  eurent  lieu  dans  le  ressort  du 
comté  de  Laval  (Archives  de  la  Mayenne,  série  B,  liasse 
27).  Celle  du  20  juillet  1709,  prescrivant  des  mesures 
pour  assurer  la  mise  en  réserve,  sur  la  récolte  de  la  dite 
année,  des  grains  nécessaires  aux  semailles  d'automne 
(B.  2869),  avait  eu  déjà,  fort  antérieurement,  des  résul- 
tats utiles. 

On  pourrait  classer  sous  les  rubriques  suivantes  les 
208  pièces  divisées  en  trois  liasses,  qui  composent  cette 
partie  : 

Impôts.  —  H  est  inutile  de  rappeler  ici  les  disposi- 
tions antérieurement  indiquées  sur  le  sel,  le  tabac,  les 
rentes,  les  fermes  etc.,  mais  l'établissement  du  cadastre 
doit  être  noté  par  la  déclaration  du  21  novembre  1763. 

Police.  —  On  remarquera  le  renouvellement  des  re- 
commandations relatives  à  la  bonne  tenue  des  registres 
de  baptêmes,  mariages  et  sépultures,  à  TinterdictioD  de 
la  pèche- hors  temps  utile,  à  la  sûreté  des  inhumations, 
aux  réparations  des  chemins,  aux  déffichements,  aux 
dessèchements,  a  la  police  de  la  traite  des  noirs. 

Offices  divers  supprimés  ou  rétablis.  —  Notaires, 
imprimeurs,  médecins,  perruquiers-baigneurs-étuvistes, 
barbiers  du  Roi,  gardes  des  archives  des  communautés 
d'offiders  à  bourse  commune. 


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-  i64  - 

Commerce.  —  Colonies  fraaçaises,  faillites  et  banque- 
routes. 

Clergé  séculier  et  régulier.  —  Nous  «iteross  seule- 
ment quelques  dispositious  majeures,  au  milieu  d'une 
multitude  :  —  Déclaration  concernant  la  poliee  et  la  dis- 
cij^ne  ecclésiastiques  :  police  extérieure,  sonnerie  des 
cloches,  stations,  processions,  prières  publiques,  assi- 
gnaUoD  de  rétributions  aux  desservante  des  cures  va- 
cantes par  l'évéque  ou  l'archevêque  diocésain  (Marly, 
30  juillet  1710).  —  Déclarations  concernant  les  rescrits, 
brefs  et  bulles  des  papes.  —  Suspension  de  toutes  les 
disputes,  contestations  et  différends  formés  dans  le 
royaune  à  l'occasion  de  la  constitution  du  pape  contre 
le  livre  des  Réflexions  morales  sur  le  Nouveau  Testa- 
ment (7  octobre  1717).  —  Approbation  de  la  conôliation 
des  évèques  du  royaume  à  l'occasion  de  la  constitution 
Unigeniius  (4  août  1720)  :  Ordre  d'exécuter  cette  cons- 
titution et  défense  à  tous  d'interjeter  à  ce  propos  aucun 
appel  au  futur  concile.  —  Règlement  des  droits  du  cler- 
gé en  matière  de  privilèges  :  conservation  de  toutes  ses 
immunités,  franchises,  libertés,  droits  et  exemptions  de 
toute  sorte  (8  octobre  1726).  —  Déclaration  que  lee  bul- 
les, brefs,  rescrits  et  autres  expéditions  de  la  cour  de 
Rome  ne  seront  valables  en  France  qu'après  l'approba- 
tion du  Roi  (8  mars  1772),  répétition  des  mesures  ci- 
tées antérieurement.  —  Dispositions  prises  ea  faveur 
des  curés  ou  vicaires  perpétuels  (5  octobre  1726),  enjoi- 
gnant que  l'ordonnance  rendue  en  leur  faveur  le  30  juin 
1690  soit  ponctuellement  exécutée  et  qu'Us  soient  re- 
connus en  qualité  de  curés  par  leurs  paroisses.  —  Rè- 
glement général  entre  les  curés  primitifs  et  les  curés 
vicaires  perpétuels  (15  janvier  1731)  :  les  vicaires  peu- 
vent prendre  la  qualité  de  curés  vicaires  perpétuels  de 
leurs  paroisses  ;  les  curés  primitifs  ne  sont  que  ceux 
dont  les  droits  sont  établis  par  titres  canoniques,  actes 
ou  transactions  autorisées,  arrête  contradictoires,  etc. 


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—  158  - 

—  Rarement  des  droits  appartenant  aux  cures  et  au- 
tres bénéfices  ayant  charges  d'&mes  (ne  peuvent  être 
eonférés  qu'à  des  prêtres  consacrés  et  Agés  de  vingt- 
cinq  ans  accomplis)  (15  janvier  1742).  —  Obligation  de 
nommer  aux.  cures  et  autres  bénéfices  ayant  charge 
d'Ames  dans  les  mois  qualifiés  de  rigueur,  c'est-à-dire 
de  janvier  et  de  juillet  (27  avril  1745).  —  Etablissement 
des  portions  congrues  (2  septembre  1786),  comme  nous 
l'avons  vu  précédemment.  —  Règlement  des  dîmes  no- 
yâtes entre  les  curés  et  les  religieux  des  ordres  de 
Clony,  Citeaux  et  Prémontré,  sur  le  pied  de  la  posses- 
sion actuelle  (28  aoàt  1759).  —  Réformation  des  ordres 
rdigieux  mendiante  (21  janvier  1717)  :  défense  à  tout  re- 
ligieux mendiant  transféré  dans  l'ordre  de  Saint-Benoit 
de  posséder  ensemble  deux  bénéfices  ou  un  bénéfice  et 
une  pension  ou  deux  pensions.  -~-  Rappel  des  prêtres 
décrétés  d'exil  ou  bannissement,  par  suite  des  divisions 
qui  ont  agité  l'Eglise  et  l'Etat  ;  annulation  de  tous  ar- 
rêts rendus  contre  eux  depuis  le  16  décembre  1756  (15 
juin  1771). 

Bénéfices.  —  Règlement  des  unions  de  bénéfices  fai- 
tes aux  archevêchés,  évéchés,  cures,  chapitres,  abbayes  ; 
elles  sont  reconnues  valables  sans  obligation  d'obten- 
tion de  lettres  patentes  du  Roi  (25  avril  et  13  juillet 
1719.  —  Règlement  nouveau  des  dites  unions,  par  inter- 
prétation de  la  déclaration  du  13  juillet  1719,  ordonnant 
la  représentation  des  titres  dans  le  délai  d'une  année. 

—  Rè^emeat  des  bénéfices  possédés  par  les  religieux 
des  congrégations  réformées  en  interprétation  de  t'édit 
du  mois  de  novembre  1719  :  peroùssion  aux  bénéficiers 
de  faire  leurs  déclarations,  non  plus  en  personne  mais 
par  procuration.  —  Attribution  aux  diocésains  du  droit 
de  pourvoir  aux  bénéfices  pendant  ta  vacance  des  ab- 
bayes et  des  prieurés  réguliers  dont  ces  bénéfices  dé- 
pendent ;  droîi  de  collation  de  ces  bénéfices  attribué  aux 
archevêques  et  évêques  diocésains  (30  août  1735).  — ■ 


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—  156  — 

Confirmation  des  lettres  patentes  du  15  juin  1727,  or- 
donnant que  les  bénéficiers  du  clergé  de  France  seront 
tenue  de  donner,  dans  le  délai  de  six  mois,  des  décla- 
rations de  leurs  biens  et  revenus  (17  août  1750).  —  Or- 
dre aux  possesseurs  de  bénéfices  à  la  nomination  du 
Roi  d'obtenir  des  bulles  régulières  dans  le  délai  de  neuf 
mois  (14  octobre  1726).  —  Ordre  aux  supérieurs  des 
maisons  de  la  Société  de  Jésus  de  remettre,  dans  les  six 
mois,  leurs  titres  d'établissement  en  France  au  greffe 
du  conseil  (2  août  1761).  —  Eclaircissement  sur  l'exécu- 
tion des  bulles  des  papes  contre  les  Jansénistes  (24 
mars  1730).  —  Faveurs  accordées  aux  Bénédictins  an- 
glais établis  à  Paris  au  sujet  des  bénéfices  et  dignités 
de  leur  ordre  (22  août  1726).  —  Règlement  des  bénéfi- 
ces à  charge  d'Ames  possédés  par  l'ordre  de  Saint-Au- 
gustin (22  août  1770  et  6  août  1774).  —  Ordre  aux  com- 
munautés religieuses  d'avoir  en  provision  !a  quantité  de 
blé  nécessaire  pour  leur  subsistance  pendant  trois  an- 
nées (3  novembre  1736).  —  Ordre  à  tous  les  gens  de 
main-morte  (ecclésiastiques  de  tout  ordre)  de  payer  les 
droits  d'amortissement  des  rentes  constituées  à  leur 
profit  depuis  le  1"  janvier  1690  et  des  biens  acquis  par 
eux  depuis  le  1*'  janvier  1702  (4  octobre  1704).  —  In- 
terprétation de  l'édit  du  mois  d'août  1749  sur  le  même 
sujet  (20  juillet  1762).  —  Règlement  des  pèlerinages 
(1"  août  1738). 

Religion  réformée.  —  Défense,  renouvelée  de  trois 
en  trois  ans,  à  ceux  qui  font  profession  de  la  reli- 
gion prétendue  réformée  de  vendre,  durant  le  délai  de 
trois  ans,  leurs  biens  meubles  et  immeubles  sans  en  ob- 
tenir la  permission,  17  mai  1711,  13  février  1720,  18 
février  1723,  7  février  1726,  6  février  1729,  15  janvier 
1732,  3  février  1738,  31  janvier  1741.  —  Déclaration 
portant  que  ceux  qui  veulent  persister  et  mourir  dans  la 
religion  réformée,  soit  qu'ils  aient  fait  abjuration  ou  non, 
seront  réputés  relaps  (8  mars  1715).  —  Défense  anx 


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-  1»7  - 

nouveaux  convertis  d'aliéner  leurs  biens  sans  permis- 
sion (25  avril  1760,  15  mars  1772,  1"  mars  1775). 

Noblesse  et  privilégiés,  —  Noua  avons  déjà  parlé  de 
la  création  d'une  noblesse  militaire.  Nous  nous  borne- 
rons à  mentionner  les  actes  suivants  :  Permission  aux 
chevaliers  d'honneur  créés  par  édit  du  mois  de  juillet 
1702  dans  les  chambres  des  comptes,  cours  des  aides  et 
bureaux  des  finances  de  lever  leurs  offices  sans  être 
d'extraction  noble  ;  ils  sont  annoblis  dans  ce  cas  (8  dé- 
cembre 1703).  —  Règlement  des  privilèges  des  secré- 
taires des  chancelleries  décédés  revêtus  de  leurs  offices 
(20  mars  1717).  —  Prorogation  du  délai  accordé  par  ta  dé- 
claration du  11  mars  1776  pour  la  représentation  à  la 
cour  des  aides  des  titres  et  pièces  qui  ont  été  ci-devant 
reg^strées,  concernant  la  noblesse  et  les  privilèges  des 
communautés  séculières  et  régulières  (27  mars  1777). 
—  Règlement  des  indemnités  dues  aux  seigneurs  parti- 
culiers pour  les  acquisitions  faites  par  le  Roi  dans  leurs 
mouvances  (22  septembre  1722).  —  Règlement  des  droits 
de  ceux  qui  sont  pourvus  d'un  Committimus  (6  février 
1771). 

Divers.  —  Abolition  de  la  question  préparatoire,  (21 
novembre  1763  et  24  août  1780),  —  Privilèges  accordés 
à  la  maison  royale  de  Saint-Louis  établie  k  Saint-Cyr 
par  redevances  sur  les  abbayes  et  monastères  de  filles 
(Mal  1770).  —  Règlement  de  l'administration  et  de  l'é- 
ducation de  l'École  royale  Militaire  (12  février  1776).  — 
Evaluation  des  offices  dépendants  de  l'apanage  du  comte 
de  Provence  (27  novembre  1771). 

S  VII 

ARRÊTS   DK3   COURS   SOUVERAINES 

Il  résulte  de  l'étude  des  documents  de  la  série  A  que 
le  gouvernement  royal  avait  six  manières  de  faire  con- 


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Halire  sa  peiiBée  aux  aujets  du  aonveraîu  :  lettres  paten- 
tes, édita,  ordonnances,  déclarations,  instructions,  ar- 
rêts du  conseil  d'Etat  ou  conseil  prÎTé  ou  ccmseil  du 
Roi,  noma  divers  d'une  wéme  institution.  Dans  tout 
cela  il  y  a  seulement  variété  d'appellations  ;  touteftns 
les  arrêts  affectent  le  plus  souvent  un  caractère  de  dé- 
cision judiciaire  qu'on  ne  rencontre  pas  dans  les  autres 
actes. 

Les  arrêts  des  cours  souveraines  dont  nous  donnons 
ici  l'analyse  sont  ceux  du  Conseil  Privé,  du  parlement  de 
Paris,  de  la  Cour  des  Aides  de  Paris,  du  Conseil  supé* 
rieur  de  Blois.  Noua  commençous  par  les  arrêts  du  con- 
seil, qui  émanent  d'une  Façon  immédiate  de  l'autorité  du 
Roi,  rejetant  à  la  suite  les  actes  qui  n'en  émanent  que 
d'une  façon  médiate  et  par  délégation. 

S  VIlï 

ARRÊTS    DU    CONSEIL    d'eTAT 

L'histoire  du  conseil  d'Etat  a  été  écrite  plusieurs  foi»  : 
par  Michel  de  Marillac,  Traité  du  conseil  du  Roi,  (iné 
dit,  Archives  nationales,  U,  945'  fol.  1.  r'),  —  par  René 
Gaillard,  avocat  au  conseil,  HistoU-e  du  conseil  du  Roy 
depuis  le  commencement  de  la  Monarchie  Jusqu'à  la 
fin  du  règne  de  Louis  le  Grand,  Paris,  1718,  in-i",  — 
par  M.  Noël  Valois  en  tête  de  l'inventaire  des  arrêts 
du  conseil  d'Etat  publié  en  1886  (tome  I"^,  par  les  Ar- 
chives nationales.  Ce  dernier  travail  est  excellent  de 
tout  point.  U  est  aussi  complet  que  possible  et  supé- 
rieur à  tous  les  autres.  La  pubUcation  qu'il  précède  ne 
contient  que  la  collection  des  arrêts  du  conseil  d'Etat 
depuis  le  commencement  du  règne  de  Henri  IV  [qui 
ae  trouve  malheureusement  disséminée  et  partagée  en- 
tre la  Bibliothèque  nationale  et  les  Archive.8  nationa- 
les), parce  qu'elle  est  la  mieux  conservée  en  son  en- 


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lier  des  actes  royaox  de  ce  genre.  Il  est  regrettable 
qa'on  n'ait  pas  oru  devoir  comprendre  dans  la  collec- 
tion publiée  nouvellement  les  actes  antérieurs.  Quoiqu'ils 
ne  puissent  former  une  suite  régulière  comme  ceux  de 
Henri  IV,  ils  auraient  fourni  d'amples  renseignements. 
Nétmmoins  ce  qui  a  paru  est  très  recommandable  et 
très  utile'. 

Nous  n'avons  donc  pas  à  revenir  sur  ce  sujet  et  nous 
devons  nous  borner  à  noter  l'introduction  de  M.  Noël 
Valois  au  regard  de  ce  qui  noue  concerne. 

Le  conseil  du  Roi,  dît  cet  érudit,  est  aussi  ancien  que 
la  monarchie.  Il  ne  fut  que  régularisé  par  les  ordon- 
nances de  Louis  XI,  de  François  I",  de  Henri  II,  de 
Charles  IX,  de  Henri  IV  et  enfin  de  Louis  XIV, 

L'histoire  du  conseil  du  Roi  (dont  on  trouve  les  élé- 
ments jusque  sous  les  Mérovingiens)  le  montrent  orga- 
nisé en  sept  assemblées  différentes  successivement,  au 
XIII*  siècle  et  au  XIV".  A  la  cour  des  premiers  Capé- 
tiens il  n'y  avait  qu'un  conseil  ou  cour.  Plus  tard  on  voit 
«  d'abord  trois  cours  souveraines,  puis,  sons  la  déno- 
mination commune  de  conseil,  quatre  sections,  entre 
lesquelles  sont  réparties  la  politique,  ta  justice,  les  fi- 
nances, l'administration...  d'une  part  te  parlement,  la 
chambre  des  comptes,  le  grand  conseil  ;  d'autre  part,  te 
conseil  des  afFaïres,  le  conseil  privé,  enfin  le  conseil  d'É- 
tat. »  Le  recueil  de  M.  Noël  Valois  n'est  autre,  en  définiti- 
ve, que  celui  des  arrêts  du  conseil  proprement  dit,  section 
où  l'on  reconnaît,  à  travers  ses  transformations  et  sous 
des  noms  successifs  (grand  conseil,  conseil  étroit,  con- 
seil privé,  conseil  d'Etat)  l'héritière  la  plus  directe  de 
l'ancienne  cour. 

Pour  résumer  plus  clairement  encore  par  les  faits 
chronoloj^ques  que  par  les  titres  une  matière  assez  con- 

I.  M.  Edgar  Boutaric  semble  avoir  commencé  avec  plus  de 
raison  la  coUectioQ  des  actes  du  parlement  de  Paria  en  1254. 


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-460- 

fuse,  on  voit  que  le  conseil  d'Etat  a  servi  de  laçona  très 
multiples  :  conseil,  divisé  en  trois  sections  :  parlement, 
chambre  dee  comptes  et  grand  conseil,  au  XIII*  siècle, 
—  conseil  étroit  et  conseil  du  mois  sous  Philippe  V,  — 
conseil  secret  sous  Philippe  VI  {XIV*  siècle),  —  grand 
conseil  de  la  justice  au  XV'  siècle,  sous  Charles  VU, 
Louis  XI,  Charles  VIII,  —  conseil  des  affaires  sous 
François  I"',  —  conseil,  démembré  en  trois  parties  : 
conseil  des  affaires  étrangères,  conseil  de  guerre,  con- 
seil d'exécution,  sous  Henri  IV,  —  conseil  privé  ou  des 
parties,  sous  les  successeurs  immédiats  de  ce  Roi,  — 
conseil  des  finances,  qui,  paraissant  dès  le  XIV  siècle, 
joue  un  grand  rôle  dans  les  deux  périodes  suivantes  et 
fînit  par  s'effacer  sous  Henri  IV,  devant  l'influence  de 
Sully. 

On  voit  que,  seul  de  toutes  les  parties,  le  conseil  privé 
ou  coDseil  des  parties,  usurpa  (malgré  tous  les  efforts 
de  U  royauté  pour  le  réduire  à  un  r6le  purement  con- 
sultatif et  politique)  et  retint,  bon  gré  malgré,  le  rdle 
judiciaire  ou  pour  mieux  dire  la  décision  de  la  justice 
même.  Il  garda,  envers  et  contre  tous,  les  attributions 
d'une  cour  suprême  et  demeura  une  sorte  de  doublure  du 
parlement.  C'est  k  lui  que  se  raj^ortent  les  pièces  que 
nous  avons  analysées  et  c'est  pour  cela  que  nous  avons 
tenu  à  en  bien  séparer  le  caractère  de  celui  des  actes 
précédents. 

Les  trois  liasses  des  arrêts  du  conseil  d'Etat  que  nous 
possédons  ici  ne  commencent  qu'à  l'année  1668  et  se  ter- 
minent  en  1789'.  Elles  sont  donc  de  beaucoup  posté- 
rieures aux  actes  publiés  par  M.  Noël  Valois.  Elles  for- 
ment un  ensemble  de  décisions  qui  touchent  i  tous  les 
points  importants  de  la  gestion  des  affaires  et  dont  la 


1.  Le  conseil  d'Etat  parait  avoir  duré  jusqu'à  ta  Tin  de  la  Ha- 
narchie.  On  trouve  un  arrêt  de  1790  sanctionnant  un  décret  de 
l'Assemblée  nationale.  H  a  été  reconstitué  et  fonctionne  actuelle- 
ment en  seuttons  ;  contentieux,  etc. 


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-  161  — 

valeur,  en  fait  d'autorih'  i\c.  goiivcnieincnt,  no  pput  ôcliap- 
per  à  celui  qui  les  lit  : 

Administration  :  Maires,  échevins,  octrois,  ponts  et 
chaussées.  —  Impôts  :  Tailles,  traites,  taxes,  sels,  ga- 
belles, faux-sauniers,  chitirs  salées,  baux,  fermes  roya- 
les, générales,  unies,  droits  de  petit  sceau  et  de  contrôle, 
papier  timbré,  amendes,  décrets  volontaires,  billets  de 
banque  et  de  commerce,  lettres  de  change,  saisies  rée),- 
les,  rentes.  —  Offices  :  d'élection  ou  d'autres  sortes, 
tels  que  notaires,  huissiers,  procureurs,  ofiiciers  du 
parlement,  ^règlement  des  dépenses  des  buvettes  du  par- 
lement et  des  cours  supérieures.  —  Privilégiés  :  Mar- 
chands, négociants  en  gros,  bourgeois  de  Paris  (exempts 
de  toute  taille).  —  Industrie  et  commerce  :  Compagnies 
de  la  Chine,  des  Indes  orientoles  et  Toccident,  mousse- 
lines, toiles  de  coton,  toiles  blanches,  peiates,  impri- 
mées, toiles  en  gros,  manufactures,  faïences,  vins,  eaux- 
de-vie,  suifs,  négoce  des  bœufs,  chevaux  et  mulets.  — 
Clergé  séculier  et  régulier  :  Communautés  religieuses, 
capucins,  curés,  obits,  chapelles,  prestimonies,  églises 
rurales,  fabriques,  confréries,  bénéfices  ecclésiastiques, 
nouveau  rituel,  constitution  Unigenitus.  —  Police  :  lo- 
gement des  gens  de  guerre,  hôpitaux,  pauvres  mendiants, 
bois,  monnaie,  boucherie.  —  Droit  :  Déclarations  aux 
terriers  seigneuriaux,  actes  do  foi-hommages,  recon- 
naissances censuelles,  procédures,  salaires  de  témoins, 
amendes. 

On  remarquera  parmi  les  arrêts  celui  «  confirmant  la 
constitution  de  l'institution  de  l'ordie  militaire  de  Saint- 
Louis,  la  création  d'ofiiciers  pour  administrer  les  biens 
dudit  ordre,  et  l'augmentation  de  deux  grand'croix,  cinq 
commandeurs  et  cinquante  trois  pensions  ;  »  1*^  juillet 
1719. 

On  notera  encore,  comme  témoignage  de  la  supério- 
rité de  premier  rang  du  conseil  et  de  l'infériorité  grande 

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des  autres  coueb  en  face  de  lui,  plusieurs  arrêts  cassant 
des  jugements  d'autres  cours,  par  ailleurs  importantes  : 
Cassation  des  arrêts  suivants  :  Parlement  de  Breta- 
gne, du  18  mai  1708  ;  le  sieur  Bourquidy  est  exempté  de 
l'obligation  de  fournir  au  juge  et  procureur  fiscal  de 
l'abbaye  de  Montfort  ses  déclarations,  aveux  et  dénom- 
brement; 16  septembre  1710;  —  même  parlement,  12 
avril  1717  ;  les  sieurs  DazeviUe  et  Verdier  sont  exemp- 
tés de  payer  les  droits  de  contrôle  et  dépens  comme 
syndics,  garde  des  archives  et  procureurs  ;  6  juin  1717; 

—  Cour  des  aides,  comptes  et  finances  de  Normandie  ; 
les  fermiers  des  octrois  et  tarifs  sont  exemptés  de  l'obli- 
gation de  fournir  les  acquis  en  papier  timbré  ;  29  octobre 
1720  et  4  mars  1721;  —  Cour  des  Aides  de  Rouen,  7 
août  1765;  est  annulée  la  saisie  de  492  livres  de  faux 
tabac  trouvées  chez  le  sieur  Sevestrc,  curé  de  la  paroisse 
de  Saint- Waast  en  Normandie  ;  7  mars  1769  ;  —  Cour 
des  Aides  de  Paris  (Voyez  plus  loin  :  Cour  des  Aides. 

Cassation  des  sentences  suivantes  :  Le  sieur  Pion, 
bouilleur  et  marchand  d'eau-de-vie,  est  exempté  de  l'exa- 
men des  commis  ;  (cassation  du  26  janvier  1723),  par  ju- 
gement des  élus  d'Amboise. 

Sentence  des  élus  de  Neufchàtel,  exemptant  du  papier 
timbré  les  actes  et  exploits  concernant  le  recouvrement 
des  tailles,  cassée  par  arrêt  du  28  août  1725.  —  Trois 
sentences  du  grenier  à  sel  de  Paris  portant  modération 
des  amendes  pour  trois  particuliers  ayant  acheté  du  sel 
de  molOe  (morOe),  cassée  le  14  juin  1723;  sentence  du 
grenier  à  sel  de  Lassay  (Mayenne],  exonérant  le  sieur 
Dauverné  de  la  saisie  faite  chez  lui  de  chairs  salées  non 
déclarées,  cassée  le  14  août  1725. 

Parmi  des  arrêts  très  variés,  qui  font  éclater,  si  je 
puis  parler  ainsi  l'omnicompétence  du  conseil  d'Etat, 
je  me  bornerai  à  citer  quelques-uns  des  plus  curieux  : 

—  Sur  les  matières  religieuses  : 


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Arrêt  autorisant  rétablissement  des  Capucins  en 
France,  Saint-Germain-en-Laye,  23  septembre  1668  ;  — 
autre  ordonnant  que,  dans  un  mois  pour  tout  délai  à 
compter  de  jour  de  la  publication  du  présent  arrêt,  les 
OMomunantés  ecclésiastiques  et  religieuses  et  les  curés 
roomiront  au  fermier  général  des  fermes  unies  du  Roi 
un  état  signé  des  prestimonies,  chapelles,  obits  et  con- 
fréries dont  le  service  se  fait  dans  leur  église,  13  février 
1691  ;  —  antre,  qui  remet  aux  curés  et  autres  ecclésias- 
tiques titulaires  des  prestimonies,  obits  et  chapelles,  le 
tiers  des  droits  d'amortissement  et  de  nouvel  acquêt  par 
eux  dûs  et  aux  fabriques  et  confréries  des  villes,  fau- 
bourgs et  banlieues  le  cinquième  des  droits  et  aux  fa- 
briques et  confréries  des  églises  rurales  le  quart,  le  tout 
à  la  charge  de  payer  le  surplus  dans  un  mois  à  l'égard  de 
ceux  qui  sont  employés  (des  droits  qui  sont  inscrits)  dans 
les  rdies  et  de  trois  mois  à  l'égard  de  ceux  qui  n'y  sont 
point  employés  (21  août  1691)  ;  —  autre  (1681),  qui  or- 
donne que,  conformément  à  l'Ordonnance  des  Gabelles 
(Titres  VIII  et  XIX)  les  ecclésiastiques  seront  tenus  de 
lever  leur  sel  aux  greniers  à  sel  de  leurs  demeures  et  de 
comparoir  aux  assignations  qui  leur  seront  données, 
pour  en  représenter  les  billets  par  devant  les  officiera 
desdits  greniers,  dans  le  cours  de  leurs  visites,  16  dé- 
cembre 1698  ;  —  autre,  qui  accorde  aux  bénéficiers  un 
délai  d'une  année  pour  fournir  aux  chambres  des  comp- 
tes les  déclarations  de  tout  le  temporel  des  bénéfices  et 
un  délai  de  trois  mois  pour  rendre  la  foi  et  hommage 
qu'ils  doivent  à  cause  des  fiefs  relevant  de  Sa  Majesté, 
7  décembre  1723.  Des  arrêts  postérieurs,  du  20  novem- 
bre 1725,  du  31  mars  1727,  du  23  mars  1728,  du  25 
septembre  1730  et  du  24  juillet  1735,  accordèrent  de 
nouveaux  délais  au  clergé. 

Autres  arrêts  relatifs  au  clergé  :  —  pour  faire  cesser 
toutes  disputes  au  sujet  de  la  constitution  Uaigenitus  ; 
5  septembre  1731  ;  —  qui  ordonne  la  suppression  du 


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-  164  - 

mandement  de  l'nrchevéque  d'Embrun,  donné  à  Embrun 
le  ...  août  1731;  arrêt  du  24  septembre  1731;  —  qui 
confirme  et  autorise  les  délibérations  de  l'assemblée 
générale  extraordinaire  du  clergé  de  France,  des  11 
et  27  octobre  1758,  au  sujet  du  don  gratuit  de  16 
millions  accordés  au  Roi  par  le-  clergé  ;  Versailles,  11 
novembre  1758. 

Charité.  —  Arrêt  coneemant  les  formalités  A  obser- 
ver pour  les  constructions  et  reconatmctions  des  bâti- 
ments appartenant  aux  gens  de  main-morte,  hdpitnux 
généraux  et  particuliers,  maisons  et  écoles  de  charité, 
Saint-Cloud,  7  septembre  1785. 

Police,  Ponts  et  chaussées.  —  Arrêt  portant  règle- 
ment concernant  les  matériaux  à  prendre  dans  tous  les 
endroits  non  clos,  même  dans  les  boia  du  Roi  et  des 
communautés  ecclésiastiques  et  laïques  et  des  seigneurs 
et  particuliers  pour  l'usage  des  travaux  des  ponts  et 
chaussées  ;  ces  matériaux  sont  exemptés  de  tous  droits 
de  traites,  aides,  domaines,  octrois,  péages  etc.,  lors 
de  leur  exportation  ;  7  septembre  1755. 

Arrêt  portant  règlement  pour  l'exécution  des  deux 
services  de  la  nouvelle  régie  des  étapes  et  convois  mi- 
litaires ;  Versailles,  21  décembre  1778. 

Arrêt  qui  règle  le  nombre  des  chevaux,  muleta  et 
bœufs  qui  seront  à  l'avenir  attelés  aux  voitures  et  qui 
prescrit  différentes  formalités  pour  la  conservation  des 
routes  ;  Versailles,  20  avril  1783. 

Privilégiés.  —  Les  acquéreurs  des  offices  de  cheva- 
liers d'honneur  près  des  cours,  jouiront  des  gages  et 
privilèges  y  attachés  depuis  le  jour  de  leur  provision  à 
condition  de  se  faire  recevoir  dans  un  au  ;  arrêta  du  29 
novembre  et  du  6  décembre  1695. 

Droits.  —  Arrêt  qui  ordonne  que  les  déclarations  qni 
sont  passées  aux  terriers  des  seigneurs  seront  valables 
pourvu  que  le  contrôle  en  soit  fait  dans  les  trois  années 
de  leur  date  et  permet  de  faire  cootréler  ces  déclara- 


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lions  jusqu'au  premier  novembre  1724,  en  payant  les 
droits  suivant  le  tarif  du  29  septembre  1722,  après  le- 
quel jour  les  déclarations  seront  nulles  et  que  notaires,  par- 
ties ou  autres  qui  les  auront  reçues  payeront  200  livres 
d'amende  pour  chaque  contravention:  25  juillet  1724. 

Deux  arrêts,  du  5  janvier  1734  et  du  6  juillet,  même 
année,  prorogent,  l'un  jusqu'au  1"  juillet  1734  et  l'autre 
jusqu'au  31  décembre,  même  année,  le  délai  d'un  an  ac- 
cordé pour  le  contrôle  des  actes  de  foi-bommage,  dé- 
clarations et  reconnaissances  des  papiers  terriers  et  au- 
tres. 

Arrêt  du  26  mai  1771  portant  révocation  des  privilè- 
ges de  l'exemption  du  payement  des  droits  dans  la  mou- 
vance du  Roi. 

Je  terminerai  par  la  mention  de  deux  actes  d'un  inté- 
rêt local  : 

Arrêt  du  16  septembre  1738,  qui  casse  plusieurs  sen- 
tences des  oiliciers  du  grenier  à  sel  de  Laval,  confisque 
les  cbairs  salées  saisies  chez  plusieurs  particuliers  et  les 
condamne  à  300  livres  d'amende  pour  les  avoir  salées 
avec  du  sel  d'impôt  sans  le  consentement  par  écrit  du 
fermier. 

Arrêt  du  26  janvier  1786  (Versailles)  portant  défense 
au  comte  de  Tessé  d'exiger  les  droits  de  minage  sur 
grains  vendus  à  Ceaucé. 

Qu'il  me  soit  permis  de  mentionner  ici  un  arrêt  qui  se 
trouve  dans  le  fonde  de  la  Sénéchaussée  et  du  Présidial 
de  Chàteau-Gontier  (série  B,  2,962)  ordonnant  aux  gref- 
fiers des  présidiaux  et  justices  royales  de  délivrer  sans 
frais  au  sieur  Claude  Couturier  un  certificat  du  nombre 
des  offices  d'enquête  établis  dans  leur  ressort. 


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SIX 

ARRÊTS    DU    PARLEMENT    (DB    PARIS*) 

On  sait  que  l'on  appelait  seul  le  Parlement,  c'est-à- 
dire  le  parlement  par  excellence,  le  parlement  siégeant 
à  Paris,  tandis  que  les  autres  parlementa  portaient  des 
noms  de  villes  ou  de  pro\'inces,  tels  que  le  parlement 
d'Aix,  ou  de  Grenoble  ou  de  Normandie  ou  de  Bretagne. 
C'est  ce  qui  explique  pourquoi  les  arrêts  émanés  de  la 
cour  de  Paris  ne  portent  aucune  désignation  de  siège, 
mais  seulement  la  mention  :  Arrêts  du  Parlement. 

On  aait  aussi  que  Louis  XI,  pour  achever  la  complète 
distraction  du  comté  de  Laval,  telle  que  l'avait  compris 
Charles  Vil,  déclara  que  le  comté  de  Laval  relèverait 
directement  et  nuement  de  la  couronne,  ce  qui  s'enten- 
dait à  la  fois  de  la  justice  et  de  l'hommage,  suivant  la 
coutume  du  Maine. 

Le  comté  de  Laval  relevait  donc,  pour  la  justice  su- 
périeure du  parlement  de  Paris.  Non-seulement  tous  les 
appels  de  causes  jugées  à  Laval  étaient  aussitôt  ren- 
voyés à  Paris,  sans  passer  par  le  Mans  (ancienne  juri- 
diction supérieure)  ;  mais  le  parlement  de  Paris  envoyait 
directement  ses  arrêts,  même  ceux  qui  étaient  étrangers 
au  Comté,  aux  deux  sièges  judiciaires  du  pays  :  le  siège 
royal  et  le  siège  ordinaire  ;  c'est  pourquoi  on  a  trouvé 
grand  nombre  de  ces  arrêts  aux  greffes  de  ces  sièges. 

Les  arrêts  de  la  cour  de  parlement  sont  moins  nom- 
breux que  les  précédents  et  portent  pour  la  plupart  un 
vrai  caractère  judiciaire  (1716-1780).  La  majorité  con- 
tient des  condamnations  motivées  d'écrits  sur  des  ma- 
tières religieuses,  dont  voici  la  liste  : 

Défense  renouvelée  de  recevoir,  publier,  exécuter, 

1.  Le  vrai  litre  est  :  Arrêts  de  la  coat  de  Parlement. 


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-  167  - 

vendre,  diatribuer  aucune  bulle  ou  aucun  bref  de  la  cour 
de  Rome  sans  lettres  patentes  du  Roi  enregistrées  en  la 
cour  de  Parlement,  16  décembre  1716. 

Suppression  du  livre  intitulé  :  «  Traité  théologique 
sur  l'autorité  et  l'infaillibilité  des  Papes,  a  1"  juillet 
1724. 

Ordonnance  pour  faire  lacérer  et  brûler  par  la  main 
de  l'exécuteur  de  la  haute  justice  le  libelle  intitulé  : 
Parallèle  de  la  doctrine  des  payons  avec  celle  des  Jé- 
suites et  de  la  constitution  du  pape  Clément  XI  qui  com- 
mence par  ces  mots  «  Unigeailus  Deifilius  »,  29  août  1726. 

Condamnation  du  libelle  :  «  Avis  aux  fidèles  de  l'E- 
glise de  Paris  sur  ce  qu'ils  ont  à  craindre  de  la  part  des 
confesseurs  qui  acceptent  la  constitution  Unigenitus-,   » 

12  janvier  1731.  —  Condamnation  des  imprimés  sui- 
vants :  «  Lettre  de  M.  l'ancien  évêque  d'Apt;  »  —  «  Ins- 
truction pastorale  et  mandement  de  Mgr  l'archevêque 
d'Embrun,  »  29  janvier  1731  (Voir  au  §  précédent);  — 
«  Lettre  de  M.  le  coadjuteur  d'Orléans  à  Monseigneur 
le  cardinal  de  Fleury,  »  19  juin  1731  ;  —  h  Seconde 
lettre  à  M.  Gilbert  de  Voisins,  avocat  en  parlement,  » 
14  juillet  1731  ;  —  deux  décrets  de  la  cour  de  Rome, 
28  septembre  1731  ;  —  le  libelle  intitulé  :  <(  Mémoire 
touchant  l'origine  et  l'autorité  du  parlement  de  France 
appelé  Judicium  Francorum  »  déclaré  attentatoire  à  la 
souveraineté  du  Roi  et  aux  lois  fondamentales  du  Royaume, 

13  août  1732  ; — lelibelle  intitulé  :  «  Réflexions  pour  les  évê- 
ques  de  France,  »  14  avril  1733,  condamné  ainsi  que  les  sui- 
vants ;  —  le  libelle  intitulé  :  «  Remontrance  au  Roi  sur  l'ar- 
rêt rendu  par  son  parlement  de  Paris  le  23  février  1733,  » 
ainsi  que  l'imprimé  intitulé  :  «  Lettre  de  M.  Leullier  à 
M.  le  premier  président,  »  5  juin  1733  ;  —  le  libelle  in- 
titulé :  «  Lettre  d'un  docteur  de  Sorbonne  à  un  évêque 
de  province,  »  8  mars  1733;  —  «  Lettre  attribuée  aux 
avocats  de  la  cour,  »  2  avril  1735;  —  Libelle  intitulé  : 
«  Dénonciation  des  erreurs  de  M.  l'évèque  de  Troyes  et 


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d'Avignon,  chez  Joseph  Castel,  imprimeur  do  Saint-Of- 
fice, 1735,  par  permission  des  supérieurs,  »  2juilletl735  ; 

—  le  libelle  intitulé  :  «  Lettre  sur  le  nouveau  Bréviaire 
de  Paris,  imprimé  en  MDCCXXXVl,  daté  à  la  fin  le  25 
mars  1736  ;  »  8  juin  17364  —  les  écrits  intitulés  :  «  Dix- 
neuvième  lettre  théologique  ;  Lettre  à  un  magistrat  ; 
Suite  des  lettres  à  un  magistrat,  4  janvier  1738)  ;  La 
contagion  sacrée  ou  l'histoire  naturelle  de  la  supersti- 
tion ;  Dieu  et  les  hommes  ;  Discours  sur  les  miracles  de 
Jésus-Christ  ;  Examen  critique  des  apologistes  de  la  re- 
ligion chrétienne  ;  Examen  impartial  des  principales  reli- 
gions du  monde  ;  Le  Christianisme  dévoilé  ou  Examen 
critique  des  principes  et  des  effets  de  la  religion  chré- 
tienne ;  Système  de  la  nature  ou  des  lois  du  monde  phy- 
sique et  du  monde  moral.  » 

Citons  encore  quelques  arrêts  instructifs  ; 
Appel  du  procureur  général  du  Roi  comme  d'abus  du 
bref  de  la  cour  do  Rome  du  19  juin  1734  (1"  mars  1735)  ; 

—  Déclaration  d'abus  du  bref  ou  décret  de  la  cour  de 
Rome  du  28  mai  1734  (17  janvier  1735)  ;  —  Condamna- 
tion des  actes  d'adhésion  aux  actes  de  l'assemblée  gé- 
nérale du  clergé  de  France  tenue  en  1765  en  différents 
diocèses,  avec  injonctions  aux  ecclésiastiques  de  se  con- 
former aux  déclarations  du  2  septembre  1754  et  du  10 
décembre  1756  et  aux  arrêts  d'enregistrement  (8  juillet 
1766). 

On  trouve  également  des  décisions  qui  se  rattachent 
à  la  police  ou  au  droit,  telles  que  le  règlement  de 
préséance  des  lieutenants  particuliers  au-dessus  des 
lieutenants  criminels,  par  arrêt  rendu  en  faveur  du  lieu- 
tenant particulier  en  la  sénéchaussée  et  siège  présidial 
de  Château- G  entier  en  Anjou  contre  le  lieutenant  cri- 
minel au  mémo  siège,  6  juillet  1766  et  les  suivantes  : 
Actes  relatifs  aux  architectes,  entrepreneurs  et  ou- 
vriers en  bâtiment,  —  aux  mesures  à  prendre  pour  la 
validité  ôvh  emprunts  faits  par  les  corps  et  communau- 


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—  169  — 

lés,  ponr  l'iostruction  des  procès  aux  cadavres,  —  pour 
l'exercice  des  fonctions  des  experts,  —  pour  réchenil- 
lage,  (13  août  1732)  ;  —  urréts  rendus  pour  déBnir  les 
rapports  des  femmes  mariées  mineures  avec  leurs  maris, 

—  pour  ordonner  aux  maris  de.  recevoir  leurs  femmes, 

—  pour  contraindre  les  filles  ou  les  femmes  non  mariées 
à  déclarer  leur  grossesse,  —  pour  régulariser  la  fabrica- 
tion delà  bière,  de  Tamidon,  des  cuirs,  — pour  établir 
la  valeur  des  baux  payables  en  grains. 

Les  deux  arrêts  suivants  méritent  d'être  cités  à  part  : 
Eoregiatrement  au  greffe  du  parlement  de  Paris  de  l'é- 
dit  qui  ordonne  la  levée  du  second  vingtième  denier  jus- 
qu'au premier  juillet  1772  par  le  roi  Louis  XV  en  per- 
sonne, tenant  dans  la  plus  grande  solennité  le  lit  de 
justice  au  palais  de  Versailles,  le  16  janvier  1769  ;  — 
Ordre  à  tous  les  sujets  du  Roi,  censitaires,  vassaux  et 
à  tous  les  justiciables  des  seigneurs  particuliers  de  con- 
tinuer à  s'acquitter  de  leurs  devoirs  comme  par  le  passé 
selon  les  ordonnances,  30  mars  1776'. 


ARRETS    DE    LA    COUR    DES    AIDES    DE    PARIS 

L'histoire  des  cours  des  Aides  n'a  pas  été  écrite, 
comme  celle  des  autres  cours  supérieures  dont  nous  ve- 
nons d'analyser  une  grande  quantité  d'actes  et  ses  actes 
mêmes  n'ont  pas  été  recueillis  avec  le  même  soin. 

Je  me  bornerai  à  quelques  indications  sufiisantes  pour 
faire  comprendre  l'importance  et  l'utilité  do  cette  juri- 


1,  Les  actes  du  parlement  de  Paris  cjui  se  trouvent  aux  Ar- 
chives natioDates  ont  étë  publiés  en  partie  par  M  Edgar  Bouta- 
ric,  en  deux  volumes,  1863.  1867,  l-^  série  :  1254-1328.  H  y  a  en- 
core un  Recueil  des  ordonnances  des  Rois  des  trois  races,  sur  le 
slvie  des  parlements,  —  une  collection  des  différents  arrêts  du 
Pâriemeat,  depuis  1753. 


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-  no  — 

diction,  qui,  comme  les  autres,  eut  son  temps  do  faveur 
et  même  de  gloire. 

Cette  ancienne  cour  fat  instituée  en  i355  et  érigée  en 
rang  de  cour  souveraine  en  1426  pour  juger  en  dernier  res- 
sort les  procès,  tant  civils  que  criminels,  en  matière  d'im- 
pôts. En  juin  1445  Charles  YII  déclara  souveraine  la  cour 
des  Aides,  qui  était  formée  de  «  conseillers  généraux  sur 
le  fait  des  Aides  ;  »  il  lui  donna,  à  elle  seule,  le  droit  d'in- 
terpréter les  ordonnances  relatives  aux  impôts  et  de 
juger  définitivement  toutes  les  causes  provenant  du  fait 
des  finances,  ayant  au-dessous  d'elle  les  tribunaux  de 
première  instance  composés  d'élus.  Dana  l'origine  il 
n'existait  qu'une  cour  de»  Aides,  celle  de  Paris,  et  son 
ressort  s'étendait  à  tout  le  royaume.  Plus  tard,  d'autres 
cours  des  Aides  furent  créées  :  à  Rouen,  Nantes,  Dijon, 
Bordeaux,  Montauban,  Montpellier,  Clermont,  Greno- 
ble, Aix,  etc.  La  plupart  furent  réunies  à  des  parlements 
ou  à  des  chambres  des  comptes.  En  1789  il  n'en  res- 
tait plus  que  trois,  celles  de  Bordeaux,  de  Clermont  et 
de  Montauban,  qui  eussent  conservé  une  existence  dis- 
tincte. Par  la  loi  du  7-11  septembre  1790,  les  cours  des 
Aides  furent  supprimées,  ainsi  que  toutes  les  institu- 
tions judiciaires  de  l'ancienne  monarchie. 

La  compétence  de  la  cour  des  Aides  était  vaste,  mais 
délinie.  Elle  ne  fut  constituée  avec  ses  attributions  ex- 
clusivement judiciaires  que  sous  Charles  VII.  Primiti- 
vement elle  était  composée  des  officiers  chargés  de  sur- 
veiller la  perception  des  impôts  et  qu'on  appelait  Géné- 
raux des  Aides.  Sa  compétence  peut  être  rangée  sous 
quatre  chefs  :  1"  Elle  connaissait  de  toutes  les  causes 
relatives  aux  Aides  proprement  dites,  c'est-à-dire  paye- 
ment faits  à  l'Etat,  et  de  tout  ce  qui  avait  rapport 
aux  gabelles,  tailles,  droits  d'octroi,  de  marque  sur  les 
matières  d'or  et  d'argent  ;  —  2'  Elle  connaissait,  en  pre- 
mière instance  et  en  dernier  ressort,  de  tous  les  contrats 
et  actes  passés  entre  les  fermiers  traitants  et  munition- 


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-  ni  - 

naires  relaiiTemeot  à  leurs  fermes,  traites,  munitionH, 
transportB  et  asBociatioDS  ;  —  3f  Elle  statuait  sur  les  pri- 
vilège et  exemptioDS  dont  les  nobles  et  les  ecclésiasti- 
ques devaient  jouir  relativement  aux  divers  impAts  et 
par  là  elle  décidait  de  la  valeur  des  actes  et  des  titres 
conférant  ces  exemptions  ou  sur  lesquels  s'appuyaient 
ceux  qui  en  réclamaient  ;  —  4*  Elle  recevait  les  appels 
des  sentences  des  tribuuaux  d'ordre  inférieur  qui  avaient 
droit  de  prononcer  des  jugements  en  matière  de  lînan- 
ces'. 

L'étude  -des  documents  que  noua  possédons  sur  les 
jugements  de  le  cour  des  Aides  de  Paris  la  montre  sta- 
tuant sur  les  matières  suivantes  :  tous  les  règlements 
des  tailles  (qui  devaient  être  enregistrés  à  la  cour,  les 
droits  de  coutrdle,  de  petit  sceau,  la  qualité  des  mesu- 
res des  collecteurs  du  set,  la  valeur  des  marchandises  de 
salines,  les  saisies  de  faux  sel,  les  vériiicatîons  et  autres 
saisies,  les  droits  des  greniers  à  sel  (1659-1786). 

La  juridiction  de  la  cour  des  Aides  de  Paris  s'étendait 
nécessairement  sur  le  comté  de  Laval,  comme  celle  du 
parlement  de  Paris.  Elle  fut  supprimée  par  l'édit  du  mois 
d'avril  1771,  puis  rétablie  le  12  novembre  1774.  Le  pro- 
cès-verbal de  cette  solennité  judiciaire  se  trouve  dans 
la  liasse  qui  nous  occupe.  Son  analyse  ne  paraîtra  pas 
oiseuse  ici  :  Discours  de  M.  le  comte  d'Artois;  lecture 
de  la  commission  à  lui  donnée  par  le  Roi  Louis  XV  pour 
présider  ta  séance  de  rentrée  ;  discours  du  premier  pré- 
sident de  ta  cour,  du  conseiller  d'Etat.  M.  de  Marville, 
de  l'avocat  général  M.  Bellanger  ;  création  de  la  charge 
de  garde  des  sceaux  de  France  en  faveur  de  M.  Hue  de 
Miroménit  ;  suppression  d'offices  dans  te  parlement  et  tes 
cours  supérieures  ;  rétablissement  de  la  cour  des  Aides 


t.  L'inventaire  des  art^t»  du  conseil  d'Etat  publié  par  M.  NMl 
Valois  dont  nous  avons  parlé  contient  beaucoun  d'indi  cations 
utiles  sur  l'orRanisatinn  et  le  fonctionnement  de  In  uour  des  Ai- 
des de  Paris.  Voy.  la  table. 


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_  ni  _ 

de  Clertnont-Ferrand  ;  suppression  des  offices  d'avocat 
au  parlement  et  rétablissement  des  offices  de  procoreor; 
règlement  des  matières  dont  la  connaissance  est  attri- 
buée à  la  cour  des  Aides. 

Nous  verrons  dans  le  S  suivant  ce  qu'il  advint  de  la 
cour  des  Aides. 

Les  arrêts  de  la  cour  des  Aides  de  Paris  se  rappro- 
chent de  ceux  du  parlement,  sauf  qu'ils  sont  plus  spé- 
cialement consacrés  aux  questions  financières  et  n'éten- 
dent pas  les  attributions  de  la  cour  à  des  matières  aussi 
générales.  Suivant  une  déclaration  du  11  mars  1776  la 
Cour  devait  recevoir  la  représentation  des  titres  et  pièces 
enregistrées  antérieurement  concernant  la  noblesse  et 
les  privilèges  des  communautés  régulières  et  séculières 
(11  mars  1776).  Une  nouvelle  déclaration  du  15  août  de 
la  même  année  proroge  le  délai  de  représentation. 

On  trouve  ici,  outre  ce  que  nous  avons  indiqué,  des 
dispositions  d'impôts  concernant  tout  ce  qui  a  rapport 
aux  droits  sur  le  tabac,  aux  droits  de  gros  et  augmenta- 
tion de  vins  perçus  en  dîmes,  aux  fermes  générales, 
fermes  du  Roi,  aux  droits  sur  les  eaux-de-vie,  baissières 
de  vin,  marcs  de  raisin,  enfin  des  règlements  de  police 
tels  que  ceux  qui  soumettent  à  une  information  de  bonne 
vie  et  mœurs  les  titulaires  des  offices  ou  des  règlements 
sur  la  gestion  des  faillites. 

Les  cours  des  Aides  voyaient  leurs  arrêts  cassés  par 
d'autres  cours  supérieures.  Nous  avons  déjà  vu  dans  les 
arrêts  du  conseil  d'Etat  la  cassation  d'un  arrêt  de  la 
cour  de  Rouen  (7  août  1767),  qui  exonérait  de  saisie  )e 
curé  de  Saint-Waast.  Un  autre  arrêt  du  conseil  d'Etat 
(mars  1770)  casse  un  an-êt  de  la  cour  des  Aides  de  Pa- 
ris, du  20  août  1767,  comme  contraire  à  l'article  Xlll 
du  titre  VIII  de  l'ordonnance  des  gabelles  du  mois  de 
mai  1680. 

Les  procédures  de  la  cour  des  Aides  de  Paris  furent 
réglées  par  des  arrêts  du  31  mars  1775,  du  27  novem- 


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bre  1778,  et  du  29  août  1783.  La  royauté  leur  accorda 
des  faveurs,  comme  le  témoignent  les  déclarations  du 
Roi,  du  8  décembre  1703,  portant  que  les  offices  de  che- 
valiers d'hooneui*  créés  par  édit  du  mois  de  juillet  1702 
dans  les  chambres  des  Comptes,  cour  des  Aidez  et  bu- 
reaux des  Finances  pourront  être  levés  par  ceux  qui  ne 
aimt  point  d'extraction  noble,  lesquels  le  Roi  ennoblît  en 
ce  cas.  Ces  bonnes  grioes  cachaient  une  charge,  ainsi 
qoe  l'honneur  fait  par  la  royauté,  vers  la  iin  de  la  mo- 
naretùe,  aux  chambres  des  comptes  et  aux  cours  des 
Aides  de  leur  demander  les  comptes  de  l'administration 
financière  du  Royaume  (Collection  des  lettres  patentes)  * 
etc.  Déclaration  ordonnant  qu'il  serait  envoyé  au  Roi 
par  les  parlements,  cours  des  Comptes  et  des  Aides  des 
mémoires  sur  les  moyens  de  perfectionner,  simplifier, 
faciliter  l'établissement  de  l'impôt,  21  novembre  1763. 

Je  me  bornerai  à  citer  quelques  arrêts  d'un  intérêt  lo- 
cal: 

Arrêt  qui  annule,  en  faveur  des  collecteurs  de  l'impôt 
du  sel  de  la  ville  de  Château-Gontier  pour  l'année  1657, 
à  savoir  les  sieurs  Guillaume  Sarret,  Charles  Gazanger, 
JuUen  Mignot  et  Jacques  Rebours  la  sentence,  rendue 
par  les  officiers  du  grenier  à  sel  de  Ch&teau-Gontier  le 
22  décembre  1657,  jugeant  que  les  collecteurs  ont  abusé, 
malversé  et  fait  omission  dans  l'établissement  du  rôle 
de  l'impôt  de  la  ville,  17  novembre  1659. 

Arrêt  rendu  sur  l'appel  interjeté  d'une  sentence  du 
grenier  à  sel  de  Laval,  du  6  août  1742,  qui  juge  que 
dans  les  procès-verbaux  de  véritication  des  rôles  de  l'im- 
pôt du  sel  tes  employés  ne  sont  point  obligés  de  clore 
chaque  partie  de  leurs  procès-verbaux  lors  de  leurs 
transports  chez  les  cotisés  ;  condamnation  des  collec- 

1.  Une  déclaration  du  Roi  donnée  à  Versailles  le  11  mars  1776 
autorise  les  ofiiciers  de  la  cour  des  Aides  à  faire  des  recherches 
et  ensuite  des  copies  des  Arrêtés  et  procès- verbaux  de  la  dite 
cour  dont  les  minutes  ont  éxé  incendiées. 


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-  174  - 

teufB  de  l'impôt  du  sel  de  la  paroisse  de  la  Trinité  de 
Laval  pour  l'année  1742  en  l'amende  de  dix  livres  pour 
chaque  omission,  19  mars  1745. 

Arrêt  qui  inlirme  une  sentence  des  officiers  du  grenier 
à  set  d^Ernée,  du  22  novembre  1749,  confisque  une  petite 
quantité  de  faux  eel  trouvée  chez  nn  nommé  Joubin  et 
enjoint  aux  officiers  du  grenier  à  sel  d'Ërnée  de  se  con- 
former aux  règlements,  24  avril  1750. 

La  cour  des  Aides  était  très  sévère  sur  certains  points 
et  ne  reconnaissait  guères  d'exemptions  quant  à  l'impôt 
du  sel.  Un  arrêt  du  2  septembre  1739  ordonne  que 
«  conformément  à  l'ordonnance  des  Aides  '  n  les  curés 
seront  tenus  de  payer  tes  droits  de  gros  et  augmenta- 
tion de  vins  qu'ils  vendront,  provenant  des  dîmes  qu'ils 
tiennent  à  ferme  des  gros  décîmateurs. 

Un  arrêt  du  13  novembre  1786,  rendu  à  Paris,  cham- 
bres assemblées,  porte  que  la  déclaration  du  Roi  donnée 
à  Versailles  le  11  septembre  17Ô6  concernant  les  privi- 
lèges et  exemptions  des  officiers,  bas  officiers,  invalides 
et  soldats  invalides  retirés  dans  les  provinces  avec  la 
récompense  militaire  sera  exécutée,  sans  dérogation  tou- 
tefois à  l'article  de  la  déclaration  du  23  avril  1778  qui 
laisse  aux  collecteurs  la  faculté  d'augmenter  les  contri- 
buables taxés  d'office. 

On  trouve  dans  une  autre  série  B,  2965,  sénéchaussée 
et  présidial  de  ChAteau-Gontier,  deux  arrêts  de  la  cour 
des  Aides  :  Arrêt  portant  réunion  des  nouveaux  ofiices 
de  lieutenants  et  de  maires  alternatifs  aux  communautés 
qui  ont  réuni  les  anciens,  1707  ;  —  Arrêt  qui  fait  dé- 
fense aux  greffiers,  concierges  et  geôliers  des  prisons 
de  retenir  aucune  chose  dans  les  sommes  qui  leur  sont 
confiées  pour  les  aliments  des  prisonniers,  à  peine  de 
300  livres  d'amende,  etc.,  20  décembrel707. 

Nous  avons  à  citer  un  recueil  des  «  Ordonnances, 

t.  Il  y  en  a  plusieurs  :  de  1680,  de  1681  et  de  1687. 


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-  175  - 

édita  et  déclaratious  ooDcemant  l'autorité,  juridiction  et 
compétence  de  la  cour  des  Aides  de  Rouen  '^.  »  11  est 
probable  qu'une  publication  du  même  genre  a  été  faite 
pour  les  autres  cours  ;  mais  nous  n'avons  pu  nous  en 
assurer. 

S  XI 

ABRBTS   DO    C0N3BIL    SUPâRiRUR   DE    BLOIS 

L'histoire  des  conseils  supérieurs  se  trouve  liée  à 
celle  des  cours  des  aides  et  des  periements. 

Eu  1770  le  Parlement,  vainqueur  des  Jésuites,  voulut 
conserver  son  autorité  dans  la  direction  des  alTaires  du 
gouvernement  et  presque  gouverner,  à  l'encontre  des 
nouveaux  ministres  :  le  duc  d'Aiguillon,  le  chancelier 
Maupeou  et  l'abbé  Terray,  contrôleur  général.  Les  mem- 
bres du  pariement,  refusant  de  céder,  furent  exilés  en 
1771.  Maupeou  lit  signer  au  Roi  un  édit,  enregistré  en 
lit  de  justice  les  4-5  avril  1771,  qui  établissait  à  Arras, 
Blois,  Chàlons,  Clermont,  Lyon  et  Poitiers,  sous  le  nom 
de  conseils  supérieurs,  de  nouvelles  cours  souveraines  où 
la  justice  était  rendue  aux  frais  de  l'Etat.  Les  magis- 
trats ne  touchaient  que  leurs  gages,  sans  épices  ni  droits 
de  vacation.  Peu  après,  la  cour  des  Aides,  qui  s'était 
signalée  par  son  ardente  opposition  à  ces  mesures  salu- 
taires, fut  supprimée  par  édit  enregistré  chez  elle-même 
et  son  premier  président,  Lamoignon,  exilé.  Le  parle- 
ment fut  reconstitué  avec  les  membres  de  la  cour  des 
Aides,  puis  le  ressort  de  cette  dernière  partagé  entre  le 
parlement  et  les  nouveaux  conseils. 

Quant  au  sujet  particulier  de  ce  dernier  §,  on  sait 
qu'une  ordonnance  de  février  1771  réduisit  à  un  terri- 
toire peu  étendu  le  ressort  du  parlement  de  Paris  et  ré- 

2.  Paru  à  Rouen  en  1676. 


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partit  les  provinces  distraite!^  entre  les  nouvelles  cours 
appelées  conseils  supérieurs  '. 

Le  siège  souverain  placé  à  Blois  jugeait  les  appels 
des  bailliages  de  Blois,  Amboise^  Tours,  Langeais,  Sau- 
mur,  La  Flèche,  Laval,  Le  Mans,  Mamers,  Angers, 
Mayenne,  Beaugé,  Chàteau-du-Loir,  Château- Renault, 
Châteaudun,  Chinon,  Loches,  Chàtcauroux,  Vieraon, 
Romorantin,  Bourges,  Mehun-sur-Yèvres,  Dun-le-Roi, 
Concressault,  des  élection»,  des  juges  des  traites,  dont 
le  tableau  se  trouve  à  la  fin  de  l'édit  du  Roi  portant  sup- 
pression de  la  cour  des  Aides  de  Parts,  avril  1771. 

Il  se  composait  d'un  premier  président,  de  deux  pré- 
sidents, deux  conseillers,  deux  avocats  généraux,  deux 
grefiiers. 

Le  Conseil  supérieur  de  Blois  eut  en  même  temps  deux 
imprimeurs  en  titre  :  P.  P.  Charles,  demeurant  Grande- 
Rue,  carrefour  Saint-Martin  et  J.  P.  Masson,  impri- 
meur en  tour. 

Ces  imprimeurs,  dont  on  trouve  les  noms  au  bas  de 
lettres  patentes,  de  déclarations  et  d'édits  du  Roi,  ont 
fonctionné  avec  le  titre  indiqué  pendant  les  années  1771, 
1772,  1773  et  1774. 

Les  arrêts  du  Conseil  supérieur  de  Blois  que  noua 
possédons  sont  peu  nombreux.  Ils  contiennent  :  un  rè- 
glement pour  les  glaneurs  de  blé,  —  une  annulation  de 
sentence  du  sénéchal  de  la  baronnie  de  Craon,  d'une 
autre  sentence  du  siège  des  gabelles  de  Laval,  —  un 
autre  arrêt  annulant  celui  du  parlement  (14  juin  1774] 
bomologatif  des  délibérations  du  bureau  d'administra- 
tion de  l'hospice  de  Paris,  —  une  cooflrmation  de  l'or- 
donnance des  gabelles,  mai  1680,  —  un  règlement  de 


1.  Ceux  de  Blois,  Chàlons,  Clermont-Ferrand.  Lvon  el  Poitiers 
furent  supprimée  par  édil  de  Tévrier  1671 ,  celui  de  Rouen  par  édît 
de  décembre,  même  année,  ceux  de  Bayeux  et  de  Douai,  par 
édit  de  septembre,  même  année. 


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la  Forme  des  registres  de  baptêmes,  mariages,  sépultu- 
res, actes  de  vêture,  noviciat  et  profession. 

On  voit  par  les  lettres  patentes  données  à  Compiëgne 
le  16  août  1771  que  les  officiers  des  Conseils  supérieurs 
jouissaient  de  prérogatives  précieuses.  lU  ne  pouvaient 
être  traduits  devant  d'autres  juges  que  ceux  du  bailliage 
ou  de  la  sénéchaussée  établis  dans  la  résidence  du  Con- 
seil. 

On  voit  également  dans  les  arrêts  que  contiennent  les 
pièces  antérieurement  analysées  que  les  Conseils  supé- 
rieurs avaient  immédiatement  acquis  de  l'importance. 

Un  droit  sur  les  amidons  établi  par  édit  en  1771  est 
enregistré  en  même  temps  au  parlement  et  au  conseil 
supérieur  de  Blois. 

Un  édit  du  mois  d'avril  1771,  contient  en  même  temps 
la  suppression  de  la  cour  des  Aides  de  Paris  et  un  état 
des  élections,  greniers  à  sel,  juges  des  traites  et  juges 
de  la  marque  des  fers  ressortant  au  Conseil  supérieur 
de  Blois. 

Des  lettres  patentes  avaient  pourvu,  dans  l'origine  à 
l'érection  des  offices  des  membres  des-  six  conseils  su- 
périeurs. Un  édit  de  Versailles  (avril  1771)  portant  sup- 
pression et  création  d'offices  de  conseillers  et  présidents, 
greffiers,  payeurs  des  gages,  huissiers,  etc.,  dans  le 
parlement  de  Paris  y  fut  enregistré,  en  même  temps 
qu'au  conseil  supérieur  de  Blois. 

Une  déclaration  du  Roi,  du  21  juillet  1772,  à  Compië- 
gne, fixe  les  droits  à  percevoir  par  les  greffiers  du  con- 
seil supérieur  de  Blois. 

Un  édit  de  novembre  1774  avait  supprimé  déjà  dans 
les  Conseils  supérieurs  divers  offices,  ceux  de  présidents, 
conseillers,  greffiers,  avocat,  procureur  général,  substi- 
tut, premier  huissier,  chancelier. 

Un  édit,  également  donné  à  Fontainebleau  en  novem- 
bre 1774,  rétablit  les  anciens  offices  du  parlement  :  pré- 

12 


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sideota,  conseillers,  avocat  et  procureur  général,  notai- 
res et  secrétaires,  huissiers,  greffiers,  payeurs  des  ga- 
ges, contrôleurs. 

Les  conseils  supérieurs  se  trouvèrent  donc  supprimés, 
après  trois  années  d'existence  et  n'ont  laissé  dans  l'his- 
toire qu  une  trace  éphémère,  qui  ne  peut  se  comparer  à 
celle  des  parlemenU  et  des  autres  cours  souveraines 
dont  nous  avons  parlé  brièvement,  en  nous  servant  des 
éléments  que  nous  avions  entre  les  mains. 

A.   DE  Martohne. 


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PIÈCES 


CONCERNANT   LA.    FONDATION    DE    L  ANCIEN    CODVENT 
DES   CAPUCINS    DE    MAYENNE  < 


1'  Acte  d'assemblée  des  «  gens  d'églize,  officiers, 
bourgeois  et  habitans  de  la  ville  et  forbourgs  de  ceste 
ville  de  Mayenne,  «  en  date  du  16  avril  1606  :  copie 
certiBée  par  Jehan  Esnault,  notaire  royal  (3  Feuillets 
g*  papier.) 

2°  i  p.  papier,  incomplète  :  «  Au  nom  de  Notre  Sei- 
gneur JésuB-Christ  commence  le  Devis  pour  le  couvent 
3ui  se  doit  bastir  k  Mayenne  —  faict  par  Frère  Justin 
u  consentement  du  R.  P.  Provincial,  » 

3°  Plan  sur  parchemin,  avec  «  Observations  pour  la 
charpente 

4°  Pièce  parchemin,  de  0"15x0"13,  portant  cette  an- 
notation :  «  Le  Chapistre  du  Mans  donne  Ucence  à  IV- 
vesque  d'Avranche  de  bénir  l'église  des  Capucins  de 
Mayenne.  »  —  Sceau  du  Chapitre.  Ce  documenten  latin 
est  du  16  juillet  1607. 

5°  Antre  pièce  en  latin,  sur  parchemin  (22  octobre 
1609)  :  <i  Lettre  testimoniale  de  la  dédicasse  de  cette 
église,  »  signée  :  Nicolaus  le  Cornu  de  la  Courbe  epis- 
copus  Xanctonensis  —  Sceau  de  l'évéque  de  Saintes. 

6°  Originel  d'un  acte  passé  devant  Jultien  Froger 
notaire,  le  8"  j'uing  i609  et  portant  les  signatures  des 
notables  de  Mayenne,  «  pour  représenter  au  nom  des- 
dicts  habitants  requeste  au  Roy   nostre   Sire  et  a  nos 


1.  Guyard  de  la  Fosse  relate  cette  fondation  dans  son  Histoire 
det  Seigneur*  de  Mayenne,  p.  12B  à  132,  Il  paraît  avoir  eu  entre 
les  mains  le  dossier,  très  intéressant,  dont  les  pièces  principales 
sont  ici  décrites  et  analysées. 


„Googlc 


Seigneurs  de  son  Conseil  privé,  tendante  alBn  qu'il  Luy 
plaïae  convertir  a  la  confection  du  bastiment  des  Pères 
Capucins  que  Ion  faict  bastir  en  leur  ville  le  don  qu'il 
auroit  cy  devant  faict  ausdicts  habitants  des  deniers  qui 
auraient  esté  recueîUiz  tant  sur  l'impost  du  sel  que  sur 
le  pied  fourché  pour  la  closture  de  ladicte  ville » 

7"  1  p.  parchemin  —  Lettres  patentes  données  k  Paris 
le  dernier  jour  de  juillet  1610  «  et  de  notre  règne  le 
premier,  »  signées  Louis,  et  plus  bas  :  Par  le  Roy  la 
Hoyne  régente  présente,  Potier,  scellées  en  queue  du 
grand  sceau  de  cire  jaune,  avec  le  contre-scel  de  la 
chancellerie  aux  armes  de  France.  Ces  lettres  portent  : 
«  Inclinant  aussi  a  la  très  humble  supplication  qui 
nous  a  este  faicte  a  mesme  effect  par  notre  très  cher  et 
bien  amé  cousin  le  s'  du  Boisdauiîn  m*'  de  France, 
Pour  ces  causes  avec  le  bon  advis  de  ta  Royne  régente 
notre  très  honorée  dame  et  mère,  Avons  ordonné  et 
ordonnons  que  lesd.  deniers  provenuz  de  lad.  levée  ' 
jusques  a  la  concurence  desd.  douze  cens  livres  si  tant 
se  montent  seront  et  demeureront  comme  nous  les  avons 

affectez  et  octroyez ausd.  Pères  Capuchins  pour  lu 

continuation  et  perfection  de  leurd.  couvent  encom- 
mencé  en  lad.  ville  de  Mayenne » 

8°  Empreinte  du  sceau  de  la  province  de  Bretagne, 
sur  lettre  du  3  février  1737  ;  «  i^  Sigillum  Prov.FF.  M. 
Capvc.  Prov.  Britan.  »  —  Au  milieu,  sur  fond  semé 
d'hermines.  Saint  Yves  debout,  en  robe  et  bonnet  carré  ; 
à  sa  gauche,  un  capucin  à  genoux;  adroite,  l'écu  mi- 
partie  de  France  et  de  Bretagne. 

Suit  copie  des  DOCUMENTS  N^  k  et  5. 
(16  juillet  1607). 
Reverendo  in  Christo  patri  et  domino  Abrîncensi 
Episcopo  Vicarii  in  spiritualibus  et  temporalibus  géné- 
rales a  veherabili  Capitulo  Insignis  Ecclesise  Cenoma- 
nensia  ad  Romanam  Ecclesiam  nuUoraedio  pertinentia, 
sede  Episcopalî  Cenomanense  vacante^  commissi,  Reve- 


.  Deniers  d'octroi. 
.  Après  la  mort  di 
du  Mans  avait  ét^ 
din,  (yii  n'avait  encore  que  dix-sept  ans.  Mais  comme  on  si 


!.  Après  la  mort  de  Claude  d'An^rennes  de  Rambouillet,  l'évë- 
ché  du  Mans  avait  été  donné  à  Charles  de  Beaumanoir  de  Lavar- 


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—  181  - 

rentiam  et  honorem.  Ut  ecclesiam  de  novo  per  Reveren- 
do0  patres  Capuchinos'  prope  oppidum  Meduanœ  hajua 
CenoiDanensis  diocesis  coQstructam  et  edilicatam  claus- 
traque  aive  cymiterium  ejusdem  ecclesix,  aliaque  si 
opas  ait  eymiteria  juxta  sacroaanctœ  Romane  Ecclesise 
ntum  et  conBnetudinem  benedicere  et  dcdicare,  Sacrum- 
que  rounua  Coafirmationia  Christi  fidelibus  Illud  peten- 
tibos  conferre.  necnon  altarîa  portatilia  et  alia  conae- 
crare  ac  eccleaiastica  omametita  et  calices  et  benedi- 
cere possitis  et  valeatts  auctoritate  dicti  Capituli  qua 
fbn^miir  in  bac  parte  dicta  Sede  Episcopali  vacante 
Vobis  licentiam  impertimur  et  facultatem  concedimus 
per  prfeaentes.  Dalum  Cenomani  aub  sigillo  dicti  Capituli, 
die  décima  sexta  menais  Julii  anno  L)omim  miliesimo 
sexeentesîmo  septimo. 
Signé  :  Le  Roy  et... 

L.  S. 

(22  octobre  1609). 

Nicolaua  Dei  et  Sanctae  Sedis  apostoUcee  gratià 
Xaactonenaia    Episcopua^,    Notum  facimus  .universi» 

Siod  bac  dié  vigeaima  secunda  menais  octobrîs  anno 
omini  miliesimo  sexcenteaimo  nono  ecclesia  conventua 
Capucinorum  urbis  Meduanse  alias  demainne  ~  de  novo 
fundata,  diocesis  Cenomanensis  annuantibus  et  roganti- 
bus  vicariîs  generalibus  Episcopatus  dicti  Cenomanensis 
dioceais  sede  epiacopali  vacante,  per  nos  consecrata  et 
dicata  Deo  diuoque  Francisco  culus  normam,  vitam,  mo- 
res pietatemque  insequntur  et  colunt,  extitit  cum  concea- 
sione  Indulgenliarum  quadraginla  dierum,  aingulia  annis, 

ftge  ne  lui  permettait  pas  de  faire  tes  fonctions  ^iscopales,  il 
ne  fui  sacré  et  ne  vint  prendre  possession  qu'à  la  lin  de  novem- 
bre 1610  (Cf.  HiêUtirt  des  Evéques  du  Mans). 

i.  Nicolas  Le  Cornu  de  la  Courbe,  évéque  de  Saintes,  étnît 
d'une  ancienne  et  noble  maison,  dans  le  comté  de  Laval.  Elle 
s'appelait  autrefois  Le  Diable.  Ck  nom  fiit  changé  en  celui  de 
Le  Cornu. 

3.  Ville  de  Maiime  :  ■  Mayenne,  qu'on  prononce  Maj'ne,  »  dit 

S  m  parlant  de  la  vieille  cité  des  Juhel)  M,  de  Miroménil,  Inten- 
ant de  la  généralité  de  Tours,  dans  ses  Mémoires  dressés  par 
ordre  du  Roy  en  1697.  Celte  prononciation  est  encore  usitée  de 
nos  jours,  dans  les  campagnes  qui  avoisinenl  Mayenne. 


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-182- 

dicta  die  dcdicationia  et  consecrationis  dictœ  ecclesiie, 
eamdem  ingredientibus  et  orantibus  ex  authoritaté  apoB* 
tolîcà  elnostrâ  nobîs  in  hac  parte  commisse  concessimus 
et  concedimus  per  priesentes,  in  prfesentiâ  venerabilis 
patris  Vaientini  de  Nantes  Superioris  et  gardiani  dicti 
conventus  et  ceterorum  Fratrum  Capucinorum  dicti  con- 
ventus,  ac  ctiam  magistrorum  Renati  Morice  rectoris 
ecclesiie  parochialis  de  Poullay  ac  etiam  decani  decana- 
tus  Meduanensis,  Juliani  Aubert  presbyteri  rectoris  ec- 
clesiœ  dicte  iirbis  Meduanae,  Vincentii  Madré  rectoris  de 
Grazay  prefecti  operis  dicté  ecclcsise  et  conventus  Capu- 
cinorum, Francisci  Gastîn  rectoris  ecclesiat  parochialis 
Sancti  Baudellii,  Jacobi  Madré  rectoris  Bealœ  Mariœ 
de  Parigneio,  necaon  nobilium  et  clarissimorum  virorum 
ac  dominorum  Renati  Labitte  in  Juribua  Licentiati  ac 
Judicis  generatis  urbis  et  tolius  ducatus  Meduanfe, 
Renati  Pitard  etiam  in  Juribus  Licentiati  Locumtenentis 
generatis  civilis  et  criminalis  dictse  urbis  et  ducatus, 
domini  ac  magistri  Francisci  Perier  etiam  in  Juribus 
Licentiati  procuratoris  generalis  dicti  ducatus.  magistri 
Francisci  Le  Faucheux  etiam  in  Juribus  Licentiati  advo- 
cati  in  dicta  sedc  et  procuratoris  Fabricse  dictse  ecclesiaa 
Meduanensis  et  aliorum  plurimorum  et  innumerabilium 
qui  illic  couvenerunt.  In  quorum  (idem  et  testimonium 
bas  présentes  subsignavimus  et  sigillo  uostro  muntri 
jussimus  et  per  magistrum  Franciscum  Tribondeau 
presbyterum  rectorera  Sancti  Martini  de  Moullay,  Ele- 
mosinarium  -nostrum,  in  absentia  nostri  Secretarii  expe- 
diri,  signari  et  tradi  dicto  domino  de  Grazay  fecimus. 
Datum  in  dicta  ecclesia,  die,  mense  et  anno  predictis. 

NicoLAUS  Lk  CoaNU  db  la  Coubbe  episcopus  Xancto- 
nensis. 

De  manda to  Domini, 
Revereadissimi  Episcopi 

F.  Thibondbad 

pro-secretario. 

Sceau  pendant  sur  queue   de  parchemin. 

J.  Raulih. 


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PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  li  JUILLET  1889 


La  séance  est  Ouverte  à  deux  heures  sous  la  prési- 
dence de  M.  Floucaud  de  Fourcroy. 

Sont  présents  :  MM.  Floucaud  de  Fourcroy,  prési- 
dent, Couanier  de  Launay,  vice- président,  Gamier. 
Richard,  Perrot,  Cornée,  Moreau,  membres  titulaires. 
et  MM,  Raulin,  d'Hauterive,  C'  de  Beauchesne,  Tré- 
védy,  Chomereau,  Œhlert,  de  Montozon,  de  la  Beau- 
luère,  Ledru,  Grosse-Duperon,  membres  correspon- 
dants. 

MM.  deFarcy,  Joùbert,  d'Achon,  Sinoîr,  sont  excusés. 

«Tous  les  membres  de  la  Commission,  dit  M.  lePrést' 
dent,  ont  été  heureux  d'apprendre  la  nomination  de 
son  secrétaire  général,  M.  E.  Moreau,  comme  officier 
d'académie  ;  cette  récompense  si  justement  méritée, 
ajoute-t'il,  quelque  personnelle  quelle  soit,  peut  aussi 
être  considérée  comme  un  honneur  pour  la  Commission 
entière.  » 

Ces  paroles  reçoivent  un  assentiment  unanime. 

Le  Président  annonce  ensuite  qu'un  autre  membre 
très  dévoué  de  la  Commission,  M.  P.  de  Farcy,  a  reçu 


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-  184  - 

de  la  Société  française  d'Archéologie  une  médaille  de  ver- 
meil ;  les  belles  illustrations  dont  M.  de  Farcy  a  eoii- 
ch)  les  publications  de  la  Commission  ne  sont  certaine- 
ment pas  étrangères  à  l'attribution  de  cette  récompense, 
une  des  plus  hautes  qui  soient  décernées. 

La  Commission  accueille  avec  faveur  cette  communi- 
cation. 

Incident.  —  Le  Président  donne  lecture  de  deux  let- 
tres qui  lui  sont  adressées  par  MM.  A.  Joùbert  etP.  de 
Farcy  au  sujet  d'un  article  inséré  dans  l'Echo  de  la 
Mayenne  le  9  juin  dernier  et  relatif  â  un  compte-rendu 
du  dernier  fascicule  publié  par  la  Commission. 

Les  membres  présents,  tout  en  reconnaissant  le  droit 
absolu  de  la  critique,  regrettent  la  manière  dont  elle 
s'est  exercée  en  cette  circonstance'. 

M.  Henri  Letoumeurs  est  proposé  comme  membre 
correspondant  par  MM.  Couanicr  de  Launay,  J.-M.  Ri- 
chard et  L.  Garnier. 

Sur  le  bureau  sont  déposés  les  ouvrages  suivants  : 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique 
de  l'Orne. 

Bévue  de  l'Anjou. 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  etc.  de  la 
Sarthe. 

Mémoire  de  la  Société  nationale  d'Agriculture,  etc. 
d'Angers. 

Les  villes  disparues  de  la  Loire-Inférieure  (4*  livrai- 
son), par  Léon  Maître. 

Bibliographie  des  œuvres  de  Dont  Piolin. 

Commission  des  monuments  historiques.  —  Docu- 
ments relatifs  à  la  conservation  de  ces  monuments. 

1.  Rédaction  arrêtée  en  séance. 


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Bulletin  de  la  Société  pkUomathique  Vosgietine. 

Observettions  sur  les  documents  pour  servir  à  ChiS' 
taire  de  la  Cathédrale  de  Nantes. 

Notice  sur  la  Société  de  Saint-Grégoire,  fondée  à 
Tours  pour  la  décoration  des  églises. 

Ua  membre  signale  rapparition  d'un  ouvrage  de 
M.  Robert  Triger,  L'Année  1789,  et  insiste  sur  l'iolérêl 
et  l'attrait  que  présente  ce  livre. 

Lecture  est  domiée  d'une  lettre  de  M.  l'abbé  Maillard, 
curé  de  Tboiigné,  annonçant  qu'il  a  envoyé  à  l'exposi- 
tion universelle  une  série  d'objets  prébistoriques  pro- 
venant des  grottes  de  l'Ërve. 

M.  l'abbé  Couanier  de  Launay,  cbanoine  bonoraire, 
donne  d'intéressants  détails  sur  trois  aveux  de  Laval, 
1407,  1444  et  1452  conservés  à  la  bibliothèque  Natio- 
nale et  dont  il  possède  des  copies.  La  Commission,  en 
remerciant  M.  Couanier  de  Launay  de  sa  communica- 
tion, le  prie  de  vouloir  bien  publier,  dans  le  Bulletin  de 
la  Commission  des  documents  d'une  importance  aussi 
capitale.  (V.  T.  I,  p.  503,  T.  II, p.  45;. 

MONUMENTS    HISTORIQUES 

M.  Cornée  donne  lecture  d'une  circulaire  de  M.  le  Mi- 
nistre de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  en  date 
du  28  juin  1889,  relative  à  l'application  de  la  loi  du  30 
mars  1887  pour  la  conservation  des  monuments  histo- 
riques. Il  appelle  l'attention  de  la  Commission  sur  les 
dispositions  les  plus  intéressantes  de  la  loi  de  1887  et 
du  règlement  d'administration  publique  du  3  janvier 
1889  et  de  la  circulaire  ministérielle.  Il  ressort  surtout 
de  ces  documents  que  le  classement  d'immeuble»  appar- 
tenant à  des  particuliers  ne  peut  avoir  lieu  qu'avec  le 
consentement  des  propriétaires  et  qu'en  cas  de  refus  il 


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est  nécessaire  de  recoorir  à  l'expropriation  ;  qu'aucun 
travail  ne  peut  être  fait  aux  monuments  classés  ;  qu'ils 
ne  peuvent  être  vendus,  donnés  ou  échangés  sans  l'as- 
sentiment du  ministre,  sous  peine  d'une  action  en  dom- 
mages-intérêts au  profit  de  l'état  ;  qu'en  cas  de  décou- 
vertes intéressantes  sur  un  terrain  appartenant  à  l'état, 
à  un  département,  une  commune,  une  fabrique  ou  autre 
établissement  public,  le  maire  de  la  commuue  doit  as- 
surer la  conservation  provisoire  des  objets  découverts 
et  aviser  le  préfet  qui  en  réfère  au  ministre  ;  s'il  s'agit 
d'un  terrain  appartenant  à  un  particulier  le  maire  avise 
le  préfet  qui  informe  le  ministre  lequel  peut  poursuivre 
l'expropriatioa. 

Par  les  soins  du  ministre  de  l'Instruction  publique  et 
des  Beaux-Arts,  il  sera  procédé  à  un  classement  des 
objets  mobiliers  appartenant  à  l'état,  aux  départements, 
communes,  fabriques  et  autres  établissements  publics, 
dont  la  conservation  présente,  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire ou  de  l'art,  un  intérêt  national. 

La  circulaire  ministérielle  insiste  sur  ce  point  que  le 
classement  ne  doit  pas  avoir  pour  conséquence  de  sup- 
primer les  responsabilités  et  les  charges  qui  incombent 
aux  départements,  communes  ou  établissements  pro- 
priétaires des  monuments  classés.  La  surveillance  et 
l'action  de  l'état  ne  sauraient  se  substituer  efficacement 
à  celles  que  les  localités  peuvent  et  doivent  exercer, 
notamment  quand  il  s'agit  des  travaux  d'entretien  pério- 
diques ou  immédiats  que  réclame  la  conservation  des 
édifices. 

En  donnant,  à  la  suite  de  cette  analyse,  la  liste  des 
monuments  classés,  M.  Cornée  fait  observer  que  malgré 
les  observations  faites  à  plusieurs  reprises  à  l'adminis- 
tration supérieure  par  M.  le  Préfet  de  la  Mayenne,  le 
château  de  Saint-Ouën,  en  Chemazé,  est  encore  dénommé 
château  de  Saint-Ouën  des  Toits.  Cette  erreur  sera 
signalée  de  nouveau,  en  temps  utile,  au  ministère. 


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D'antre  part  l'église  de  la  Roë,  précédemment  déclas- 
sée, se  troave  classée  de  nouveau. 

HUSÉE    DE    JVBLA.INS 

M.  Cornée  rappelle  qu'en  1881  il  avait  été  question 
de  l'établissement  d'un  musée  au  camp  de  Jublains,  aux 
frais  communs  de  la  commune  et  de  la  Société  d'Archéo- 
logie de  Mayenne  ;  que  cette  construction  n'avait  été 
autorisée  par  le  Conseil  général  que  sous  réserve  de 
la  surveillance  de  la  Commission  historique. 

Depuis  lors,  un  des  membres  de  ia  Commission  a  fait 
connaître  qu'il  était  très  difficile,  sinon  impossible,  de 
voir  les  objets  antiques  recueillis  à  Jublains  par  suite 
de  leur  dépôt  chez  un  particulier. 

Aujourd'hui  la  commune  a  voté  une  certaine  somme 
pour  l'installation  d'un  musée  dans  un  appartement  con- 
tigu  à  la  maison  d'école  de  garçons.  L'administration 
préfectorale  suivra  cette  affaire  pour  s'assurer  que  le 
musée  est  accessible  à  chacun  et  que  toutes  facilités  se- 
ront données  au  public  sans  gêner  le  service  scolaire. 

LES    CAPUCINS    DE    MAYENNE 

M.  J.  Raulin  donne  communication  d'un  certain  nom- 
bre de  pièces  concernant  les  Capucins  de  Mayenne  [Voir 
peige  179). 

CLOCHE    DE    PRIZ 

M.  Cornée  signale  une  cloche  appartenant  k  l'église 
de  N.-D.  des  Cordeliers,  à  Laval.  Elle  date  de  1537  et 
provient  de  l'ancienne  église  de  Priz.  On  y  lit  l'inscrip- 
tion suivante,  en  lettres  gothiques  :  J'ai  été  faicte pour 
Dieu  servir  et  N.  D.  de  Pry.  1531.  L'inscription  entoure 
la  partie  supérieure  ;  les  mots  Et  N.  B.  de  Pry  forment 
une  seconde  ligne. 

Cette  cloche  ayant  été  récemment  fêlée,  la  fabrique 
l'a  remplacée  par  une  neuve,  et,  en  raison  de  sa  valeur, 


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(t80  ft.  eaviron),  m  dispose  à  la  faire  fond».  M.  Contée 
demande  s'il  n'y  aurait  pas  moyen  de  la  coaaerrer. 

La  Commission  décide  d'appeler  sur  cette  question  l'at- 
tention de  M.  le  conaervatenr  du  Musée  de  Laval.  (Voir 
ci-dessus  page  190). 


TOHBELLE    DU    BURET 


x  Sur  un  avis  donné  à  M.  E.  Moreau,  secrétaire  g^é- 
ral  de  la  Commission,  par  M.  l'abbé  Angot,  qu'une  dé- 
couverte paraissant  présenter  un  certain  intérêt  venait 
d'être  faite  à  la  Tisonnière,  commune  du  Buret  (canton 
de  Meslay),  M.  le  capitaine  d'Hauterive  s'est  rendu  dans 
cette  commune  le  31  mars  dernier. 

«  11  s'agissait  d'un  champ  dont  le  sous-sol  renfermait, 
à  une  faible  profondeur,  des  amas  carbonisés  où  étaient 
confondus  des  ossements,  des  débris  de  poterie,  de  bois, 
etc.  Peut^tre  se  trouvait-on  en  présence  d'une  série  de 
puits  funéraires  dont  l'exploration  est  toujours  si  fruc- 
tueuse pour  l'archéologie  ;  une  heureuse  réédition  peut- 
être  des  puits  gallo-romains  de  Vendée  et  de  Champa- 
gne ! 

«  Cet  espoir  a  été  déçu. 

a  Des  fouilles  avaient  été  faites  quelques  jours  au- 
paravant, puis  le  soc  puissant  d'une  charrue  double  bra- 
bant  était  venu  bouleverser  le  sol  de  ses  profonds  sillons. 
Des  recherches  méthodiques  étaient  donc  difficiles  à 
entreprendre.  Aidé  de  quelques  hommes  de  bonne  vo- 
lonté, M.  le  capitaine  d'Hauterive  a  pu  cependant  explorer 
le  sol  de  place  en  place  à  une  assez  grande  profondeur 
pour  acquérir  la  certitude  que  le  champ  du  Buret  ne  ren- 
fermait pas  de  puits  funéraire  et  avaient  dû  servir,  à 
une  époque  reculée,  à  Penfouissement  d'une  très  grande 
quantité  d'animaux  incinérés,  par  mesure  hygiénique, 
probablement  à  la  suite  d'une  épidémie,  d'une  peste  {?j 

«  DenombreuxoBsemeDtsd'animauxdomestiques  (che- 
vaux, bœufs,  porcs)  ont  été  ramenés  au  jour,  mais  pas 


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un  seul  ossement  humain.  Ces  oBsements  à  moitié  car- 
bonisés étaient  mêlés  à  des  débrÏB  de  poterie  ancienne 
mais  ne  présentant  ni  le  type  gaulois,  ni  le  type  gallo- 
romain.  Les  cendres,  très-aboadantes,  contenaient  en 
outre  du  bois  calciné  d'une  essence  très  dure.  Le  sol 
qui  renfermait  ces  débris,  plus  nombreux  que  curieux,  et 
enfouis  sans  régularité,  est  légèrement  soulevé  en  forme 
de  butte  aplatie,  plutôt  elliptique  que  circulaire,  et  dont 
les  axes  ont  environ  50"  pour  le  grand  et  35"  pour  le 
petit. 

ce  Deux  lampes  en  terre  rouge,  analogues  à  celles  que 
M.  Richard  vient  de  décrire  dans  ses  «  Notes  sur  l'an- 
cien Laval,  »  un  fer  à  cheval  très  oxydé  et  un  anneau 
en  fer  ont  été  retrouvés  au  même  endroit  dans  les  cen- 
dres, sans  qu'une  seule  monnaie  ait  révélé  la  date  ap- 
proximative de  cet  enfouissement.  Le  texte  de  quel- 
que ancienne  chronique  locale  viendra  peut-être  confirmer 
et  dater  la  peste  â  laquelle  nous  attribuons,  jusqu'à 
preuve  du  contraire,  la  présence  de  ce  vaste  charnier 
animal  dans  le  champ  du  Buret.  »  O'H. 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à 
quatre  heures. 


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Le  rapport  fait  au  nom  de  la  Commission  des  Antiquités 
de  la  France  sur  les  ouvrages  envoyés  au  concours  de  l'an- 
née 1889,  par  H.  Ant.  Héron  de  Villefosse,  et  lu  dans  la 
séance  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres,  le 
a  octobre  dernier,  renferme  le  passage  suivant  que  nous 
sommes  heureux  de  citer  : 

<  La  Commission  tient  à  signaler,  en  outre,  à  votre  at- 

<  tention  certains  ouvrais  auxquels  elle  a  regretté  de  ne 

>  pouvoir  attribuer  de  recompenses  : 

•  M.  Joùbert,  en  publiant  l'Histoire  delà  Baronnie  de 
.  Craon,  de  1382  à  1626,  An^rs-Paris,  1888,  in-8°,  et  M.  A. 
«  de  Rochemonteix,  en  écrivant  un  volume  intitulé  La 
«  Maison  de  Graule,  élude  sur  la  vie  et  les  œuvres  des  con- 
»  vers  de  Citeaux  en  Auvergne  au  moyen-âge,  Paris,  1888, 
«  in-8",  nous  ont  donné  deux  bons  livres,  faits  avec  soin  et 

<  agréables  à  lire. 

(  MM.  Bertrand  de  Broussillon  et  Paul  de  Farcy  se  sont 
f  associés  pour  composer  la  Sigillographie  des  Seigneurs 
.  de  Laval  (1095-1605),  Mamers,  1888,  in-8",  étude  cons- 

>  ciencieuse  et  complète  des  sceaux  de  ces  seigneurs,  ac- 

<  compagnée  de  bons  commentaires  historiques.  ■ 


Le  Musée  de  Laval  vient  d'acquérir  une  cloche,  fondue 
en  1S57  pour  l'église  de  Priz,  qui  appartenait  depuis  de 
longues  années  à  l'église  N.-D.  des  Cordeliers  (V.p.  181^. 

On  signale  aussi  l'acquisition  faite  par  le  même  Musée 
d'environ  cent  cinquante  haches  de  pierre  polie  provenant 
de  Bretagne  et  pour  la  plupart  des  environs  de  Montfort 
(Ille-et-Vilaine).  Parmi  ces  haches  il  y  en  a  de  très-remar- 
quables. 

Enfin  depuis  peu  de  jours  le  Musée  s'est  enrichi  d'un 
fort  beau  mortier  ancien,  en  bronze,  pesant  environ  cent 
vingt  kilos,  et  déforé  de  pilastres  tournés  que  séparent  des 
sphynx  ailés.  Cet  objet  curieux  a  été  cédé  par  M.  Quehery, 
pliarmacien,  qui  le  possédait  depuis  de  longues  années. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Gesta  domni  Aldrici,  Cenomaimfcœ  urbis  epiacopi,  a 

discipuUs suis,  texte  publié  et  annoté  par  l'abbe  S.  Char- 
tes et  l'abbé  L.  Froger,  Mamers,  G.  Fleury  et  A,  Dangin, 
1889,  xxxvi-224  p.  m-4°. 

Saint  AIdric  fut  évéque  du  Mans  du  ii  décembre  S3i  au 
7  janvier  856  Les  actes  de  son  pontificat  sont  relatés  dans 
une  notice  écrite  du  vivant  même  du  prélat,  vers  840,  et 
complétée  plus  lard,  d'abord  par  des  emprunts  aux  geala 
episcoporum  Cenojnanencium,  puis  par  l'insertion  de  docu- 
ments copiés  in  extenso.  C'est  celte  biographie  qui  porte  le 
nom  de  Geala  domni  Aldrici.  Elle  est  connue  par  ta  publi- 
cation gui  en  fut  faite  par  Baluse  en  1680,  aux  pages  j-HS 
du  tome  III  de  ses  Miscelianea. 

Pour  remplacer  son  texte  défectueux,  feu  M,  l'abbé  Ko- 
berl  Charles,  noire  regretté  confrère,  s'était  proposé  d'en 
donner  une  nouvelle  édition  collationnée  sur  le  manuscrit 
du  XI"  siècle,  n°  99  de  la  Bibliotlièque  du  Mans,  qui  seul 
nous  a  conservé  ce  précieux  monument.  M.  l'abbe  Froger 
a  mis  la  dernière  main  à  l'édition  préparée  ;  et  nous  som- 
mes heureux  de  dire  que  le  savant  éditeur  du  Carlulatre 
de  Saint-Caiais  a  donné  un  texte  rigoureusement  conforme 
au  manuscrit.  Il  a  ajouté  en  noies  les  variantes  de  l'édition 
Baluze  et  les  identifications  des  noms  de  lieux  proposées 
par  Cauvin  dans  sa  Géographie. 

Dans  l'introduction,  après  avoir  résumé  la  vie  de  saint 
AIdric,  après  avoir  indiqué  le  plan  de  l'édilion,  M.  l'abbé 
Froger  a  abordé  le  problème  gui  confère  une  sorte  d'aclua- 
lité  a  l'édition  des  Gesta,  celui  qui  a  été  posé  en  1886  par 
M.  Bemhard  Simson.  Ce  savant  a  émis  l'opinion  que  les 
Fausses  Décrétâtes  étaient  de  la  même  main  que  les  Gesta, 
et  avaient  été  fabriquées  au  Mans  par  les  clercs  de  l'entou- 


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-  iÔÎ  — 

rage  de  saint  Aldric  '  ;  depuis.  MU.  l'abbé  Ducbesne,  Julien 
Havet,Paul  Fournier  et  Paul  Viollet  ont  adhéré  à  ses  conclu- 
sions '.  M,  l'abbé  Froger  n'est  pas  convaincu  ;  il  objecte  que 
les  similitudes  des  deux  ouvrages  ne  sont  pas  suffisantes 
pour  établir  l'identité  de  leur  origine.  Il  signale  une  diffé- 
rence importante  dans  le  mode  d'emploi  des  autorités  : 
dans  les  Gesla  on  a'est  eSorcé  de  conserver  aux  véritables 
auteurs  la  palerniLédes  décisions  publiées,  daus  les  Fatu- 
ses  Décrétales  au  contraire  on  a  cherché  à  donner  le  change 
en  attribuant  les  textes  invoqués  à  des  auteurs  qui  leur 
sont  étrangers.  M.  l'abbé  Froger  fait  observer  enân  que  si 
les  Fausses  Décrétales  avaient  été  une  œuvre  mancelle  elles 
eussent  été  frappées  de  discrédit  dès  863,  au  concile  de 
Verberie.  Les  pères  assemblés  surent  discerner  la  fausseté 
des  actes  et  des  diplômes  favorables  à  la  suprématie  de 
l'évèque  du  Uans  sur  le  monastère  de  Saint-Calais;  ils  n'eus- 
sent pas  été  embarrassés  sans  doute  pour  convaincre  de 
faux  les  décrétales  apocryphes,  si  elles  avaient  été  l'œuvre 
d'une  ofâcine  contre  laquelle  la  dédance  était  éveillée. 

La  thèse  de  M.  Simson  donnera  sans  doute  lieu  à  plus 
d'une  discussion  ;  la  nouvelle  édition  des  Gesla  est  la  seule 
qui  puisse  être  invoquée  désormais.  Félicitons  à  la  fois 
H.  l'abbé  Froger  de  nous  l'avoir  donnée  et  M.  Fleury  d'a- 
voir fait  les  sacrifices  nécessaires  à  sa  publication. 

Bertr-ind  db  Brodssu.lon. 


Documents  inédîta  pour  servir  à  l'histoire  de  I& 
Guerre  de  Ceut-Ans  dans  le  Maine  (i424-14B2),  d'a- 
près les  archives  du  British  Muséum  et  du  Leinb€ftb 
Palace  de  Londres,  par  M.  André  Joûbert,  1  broch.  in-S", 
extraite  de  la  Revue  au  Maine,  Mamers,  Fleury  et  Dangin, 
1889. 

M.  André  Joùbert,  quia  déjà  publié  un  certain  nombre  de 
notices  et  de  documents  inédits,  relatifs  à  la  Guerre  de  Cent 


1,  B.  Simson,  Die  EnUleliung  der  Pseado-Itidoriachen  Fml*- 
c/iungen  in  Le  Mans,  Leipzig,  1886,  in-B". 

2.  M.  l'abbé  Duchesse,  dans  le  Bulletin  critique, l.  Vil,  p.  4(5. 
M.  Julien  Havet,  Les  chartes  de   Sainl-Catais  dans  la   Biblio- 
thèque de  [Ecole  des  Chartes,  t.  XLVIII.  p.  11-16. 

M.  Paul  Fournier,  dans  Nouvelle  revue  historique  de  droit, 
t.  XI,  p.  70-104:  t.  XIL  p.  103-110.  Congrès  scientifique  des  ca- 
tholiques de  t888.  i.  II,  p.  403-419. 

H.  Paul  Viollet,  dans  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartss. 
t.  XLLX.  p.  65S-«60. 


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Ans,  Tient  d'en  donner  une  nouvelle  série,  extraite,  pai'  les 
soins  de  U.  Bougenot,  des  archÎTes  du  British  Muséum  et 
du  Lambeth  Palace  de  Londres.  Ces  pièces  sont  au  nombre 
de  vingt-deux.  Elles  sont  relatives,  en  général,  à  des  pré- 
lèvements de  subsides,  montres  d'hommes  d'armes  et  paie- 
ments de  deniers,  ordonnés  en  raison  de  la  conquèle  du 
Haine  par  les  Anglais  ;  on  y  trouve  les  <  appointements 
«  faits  au  sujet  du  Maine  et  de  l'Anjou  par  Edmond,  comte 
•  de  Dorset,  de  Morlain,  d'Harcourl,  capitaine  général  et 
«  gouverneur  pour  le  roi  d'Angleterre  en  Ary  ou  et  au  Maine, 
■  et  Jean  11,  duc  d'Alençon,  et  Charles  d'Anjou,  comte  du 
«  Maine,  du  20  décembre  1438,  »  ainsi  que  la  «  Doloreuse 
«  Lamentacion  de  perdiction  du  Conté  du  Mayne  come  de 
«  la  duchié  de  Normandie  1452.  » 

L'importance  de  ces  documents  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire générale  du  Maine  et  de  l'Anjou  est  incontestable.  Ils 
offrent  en  outre  un  inlérél  spécial  pour  l'histoire  particulière 
de  la  Ferlé-Bernard  et  de  Saint-Cenery-le-Géré,  Chemin  fai- 
sant on  y  rencontrera  des  noms  de  notre  Bas-Maine,  la  trace 
d'entreprises  des  Aurais  contre  Monlaudin  et  Mausson  (can- 
ton deLandivy]enlMÛ-1431,  l'énumération  des  troupes  cpii 
occupaient  Mayenne  en  1433-1434,  soit  c  XXX  lances  à  che- 
val, X  lances  à  pied,  et  CXX  archers,  >  c'esl-4i-dire  un  peu 
filua  de  trois  cenis  hommes,  autant  que  nos  moyens  d'eva- 
uation  nous  permettent  de  l'apprécier. 

Outre  le  mérite  d'avoir  réuni  et  publié  ces  documents, 
l'auteur  en  a  encore  un  autre,  celui  de  les  avoir  accompa- 
gnés de  notes  nombreuses  et  érudites,  qui  en  élucident  le 
texte.  Enfin,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  dans  une  autre 
occasion,  les  travailleurs  devront  lui  être  d'autant  plus  re- 
connaissants qu'il  a  mis  à  leur  disposition  des  documents 
conservés  dans  un  dépôt  étranger  et  qui,  par  cela  même, 
échappaient  aux  moyens  d'investigation  de  la  plupart  d'en- 
tre eux. 


Pièces  îDéditaa  relatives  à  la  Bretagne  (XVII*- 
XYIIt»  Biécles)  ;  ~  Conduite  des  prêtres  internés  au 
Grand-Séminaire  d'Angers,  à  Nantes...  sept.  1792; 
par  M.  André  Joûberl,  2  brochures  in-S",  Vannes,  Lafolye, 
11889. 

La  première  de  ces  brochures  contient  trois  pièces  :  1°  Le 
râle  d^s  taxes  imposées  sur  les  maisons  de  la  ville  de  La 
Gnerche  en  1696  ;  —  ï*  Une  lettre  de  M.  Le  Roy,  capitaine 
déport,  au  sujet  de  la  prise  d'une  barque  anglaise  venant 
de  Porsmouth  (Douamenez,  le  3  septembre  ITw).  Cette  let- 


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-  i94- 

tre  donne  divers  renseignements  sur  les  mouvements 
de  la  flotte  anglaise  en  août  1762  ;  -  3°  Une  lettre  de  M. 
Marc  de  la  Cbenardaie  sur  les  démêlés  du  Parlement  avec 
M.  le  duc  d'AiguiUon  (Rennes,  30  avril  1766). 

La  seconde  renferme  un  mémoire  de  J.-A.  Berthe  qui  fit 
partie  du  détachement  de  garde  nationale  ctiargé  de  con- 
duire d'Angers  à  Nantes,  en  septembre  1792,  les  prêtres 
réfractaires  condamnés  à  la  déportation  en  Espagne.  L'au- 
teur semble  être  un  honnête  homme,  racontant  ce  qu'il  a 
fait  et  ce  qu'il  a  vu.  Son  récit  est  intéressant,  pittoresque, 
et  les  notes  dont  il  a  été  enrichi  par  M.  A.  Joâbert  lui 
donnent  toute  la  précision  que  peut  désirer  le  lecteur. 

La  brochure  de  M.  Lallié,  que  nous  analysons  ci-après,  a 
trait  au  même  sujet  et  permet  de  suivre  les  déportes  dans 
la  seconde  partie  de  leur  voyage. 


La  déportation  des  prêlreB  emprisonnés  à  Nantes, 
&~iS  septembre  i792,  par  M.  Alfred  Lallié,  1  broch.  ïn-S". 
extraite  de  la  Revue  de  l'Ouest,  Vannes,  Lafolye,  1889. 

Dans  celle  brochure  M.  Lallié  cite  deux  ecclésiastiques, 
originaires  du  département  de  la  Mayenne,  qui  furent  em- 
barqués en  septembre  179i  à  bord  de  la  Marie-Catherine  et 
débarqués  le  îi  du  même  mois,  à  Santona,  petit  port  du 
golfe  de  Biscaye,  situé  à  quelques  lieues  à  l'est  de  Sanlan- 
der.  Ce  sont  :  Houdbine  (Jacques-André),  né  à  Chàteau- 
Gontier,  25  ans,  élève  minoré,  et  Majeune  (Franço's),  né  à 
Laval,  40  ans,  supérieur  des  Cordeliers  de  Nantes. 

Ce  dernier  a  été  l'objet  d'une  note  publiée  dans  le  Bulle- 
tin (1889,  page  403)  par  H.  E.  Queruau-Lamerie.  Une  lettre 
de  M.  Lallié,  que  M.  Queruau-Lamerie  veut  bien  nous  com- 
muniquer, nous  fournira  quelques  détails  nouveaux  sur  le 
P.  M^ieune.  Selon  M.  Lallié,  il  naquit  à  Laval  le  28  novem- 
bre 1753.  Profèslel3aoùll776,  il  devint  procureur  et  sous- 
prieur  des  Cordeliers  de  Nantes.  Nous  le  voyons,  à  l'occa- 
sion de  la  procession  de  la  Féle-Dieu  du  25  mai  1780,  pro- 
noncer un  sermon  sous  les  halles  de  Laval,  en  présence  de 
l'évêque  du  Mans'.  Pendant  la  Révolution,  il  déclara  de- 
vant la  municipahté  de  cette  ville  vouloir  rentrer  dans  le 
monde'.  Mais  arrêté  à  Nantes  le  2  juin  1792  comme  înseï^ 
mente,  il  fut  autorisé  à  quitter  la  France  par  arrêté  du 


1.  Regitire  de  M*  René  Le  Rov.pahi.  en  appendice  kBotirjolly, 
par  MM.  Le  Fizelier  et  Bertrand  de  Broussilfon.  Tome  II,  p.  347, 
S.  Reg.  4,  f»  3,  man.  1791. 


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déparlemenl  du  4  juillet  179â.  Rentré  vers  l'an  X  il  fil  sa 
déclaration  de  soumission  aux  lois  du  19  prairïal.  C'est  le 
21  juin  1814  qu'il  prononça,  dans  1  église  bainte-Croix,  l'o- 
raiaon  funèbre  de  Louis  XVI  signalée  par  M.  E.  Queruau- 


L'Ermitage  du  bois  de  Fiera,  par  MM.  J.  Appert  et 
H'.  Chaltemel,  1  broch.  in-8%  Fiers,  A.  Lévesque,  1889. 

Dans  cette  brochure  M.  J.  Appert  a  entrepris  de  retracer 
l'histoire  d'un  erraitaçe  des  environs  de  Fiers,  au  milieu  du 
XVH»  siècle,  et.il  le  fait  avec  toute  la  science  que  nous  lui 
connaissons.  Étendant  ses  recherches,  il  donne  même  en 
appendice  quelques  nouveaux  documents  concernant  l'his- 
toire des  ermitages  dans  le  diocèse  de  Sées.  On  consultera 
avec  fruit  ce  petit  travail  qui  II 'est  pas  sans  avoir  quelque 
intérêt  pour  nous,  car  la  portion  du  Passais  nommée  le 
Désert,  et  la  forêt  de  Nuz,  qui  nous  apparaissent,  dans  un 
passé  lointain,  —  l'auteur  nous  le  dil  lui-même  —  •  com- 
me une  sorte  de  Thébaïde  peuplée  d'anachorètes,  ■  sonten 
partie  compris  dans  notre  département  de  la  Mayenne  ac- 
tuel. 


ItiBéraire  des  moines  de  LaDdévennec  tayunt  les 
invasions  normandes,  (in'8°  Saint-Brieuc,  Prud'homme, 
IS89)  ;  ~  Le  Château  de  la  Courbejolliàre,  épisodes  des 
guerres  de  la  Ligue,  liii-S",  Vannes,  Lafolye,  1889);  — 
Légendes  bretonnes  du  pays  d'Avessac,  (iu-i",  Redon, 
A.  Bouteloup,  1887),  par  le  C"  Régis  de  PEslourbeillon,  Di- 
recteur de  la  Revue  de  rouest.  Inspecteur  de  la  Société 
française  d'Archéologie. 

Dans  la  première  de  ces  brochures  l'auteur  cherche  à 
fixer  quelques  points  de  l'iLinéraire  que  suivirent,  vers  9iO, 
les  moines  de  Landévennec,  emportant  avec  eux  les  reli- 
ques de  saint  Gwennolé,  et  fuyant  devant  les  ravages  des 
Normands,  d'abord  à  travers  la  Bretagne  et  le  Maine,  puis 
jusqu'à  Montreuil-sur-Mer.  11  y  arrive  par  une  argumenta- 
tion aussi  logique  qu'habile,  fondée  à  la  fois  sur  l'histoire, 
la  tradition  et  la  topographie  des  lieux. 

Dans  la  seconde,  à  propos  du  château  de  la  Courbejol- 
lière,  il  cite  un  grand  nombre  de  documents  inédits  qui 
Jettent  un  jour  nouveau  sur  les  guerres  de  la  Ligue  dans 
les  pays  de  Montaigu  et  de  Clisson. 

Dans  la  troisième  enfin  il  rapporte  âe  curieuses  légendes 


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—  19">  — 

du  pays  d'Avessac.  La  mode  esl  à  ce  genre  de  travaux, 
d'ailleurs  fort  recommandables  par  eux-mêmes  ;  M.  le 
C  de  l'Eslourbeillon  vienl  apporter  avec  un  rare  bonheur 
sa  contribution  à  l'œuvre  collecHve. 

Ce  ne  sont  pas  là  du  reste  les  seuls  travaux  de  l'auteur, 
déjà  muni  d'un  bagage  historique  considérable  et  trop 
connu  pour  que  nous  entreprenions  de  faire  son  éloge. 
Nous  voulons  toutefois  le  remercier  ici  de  n'avoir  jms  ou- 
blié la  Commission  historique  de  la  Mayenne  dans  la  répar- 
tition des  trois  intéressantes  brochures  que  nous  sommes 
heureux  de  citer. 

E.  H. 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  COMMISSION 


Louis  de  Fabct.  —  Histoire  et  description  des  Tapisseries 
de  la  Cathédrale  d'Angers,  in-4"  carré,  avsc  figures  dessi- 
nées par  l'autear,  en.  noir  et  en  couleurs,  Lille,  Deselée,  de 
Brouwer  et  C^  1889. 

Un  compte-reiidn  de  cet  ouvrage  sera  donné  dans  la  procbaJne  livraison. 

L.  Maitbb.  —  Les  villes  disparues  de  la  Loire-Inférieure, 
(4"  livraison). 

**'  —  Observations  sur  les  documents  pour  servir  à  l'his- 
toire de  la  Cathédrale  de  Nantes. 


La  liste  dea  ouvrages  offerts  à  la  Commission  sera 
insérée  â  cette  place,  sans  préjudice  du  compte-readu 
qui  sera  î&it  de  tout  ouvrage  intéressant  le  Maine  dont 
elle  aura  reçu  deux  exemplaires. 


Le  Se(xrétaire.Général,  f.  f.  de  Gérant  {Loi du  29jttHlet  1881). 

E.   MOREAU. 


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LE  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  BISTORIQUE  ET 
ARCBÉOLOGiaVE  DE  LA  MAYENNE  paraît  tous  les 
trimestres  bous  forme  de  livraisons  comptant  environ 
128  pages. 

Il  donne  des  gravures  et  ilIuBtrations  aussi  souvent 
que  le  permettent  les  sujets  traités  et  les  ressources  dont 
il  dispose. 

Les  personnes  étrangères  à  la  Commission  peuvent  s'y 
abonner  comme  à  toute  publication  périodique. 

ta  prix  de  l'abonnement  est  de  DIX  FRANCS  par  an. 

Les  engagements  pour  coUsationa  ou  abonnements 
continuent  de  plein  droit  s'ils  ne  sont  pas  dénoncés 
avant  le  i"'  janvier. 


Il  reste  encore  quelques  exemplaires  des  tomea  III, 
IV  et  V  de  la  première  série,  qui  sont  len  venta  au  prix 
de  six  trancB  le  volume. 


Le  tome  I  dela2'  série  est  en  vente  au  prix  de  12  francs. 


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BXJLLETIlSr 


DIC  L\  (:OMM1$SIO^ 


DE   LA   MAYENNE 

CniÉE   l'AR    ARBÈTÉ    l'REFECTORAL    llH   17   JANVIER    1878. 


DELTXIKME  SÉRIE 

TOMK    SECOND 

1890 


LAVAL 

IMPRIMERIE    DE    !>     MOREAU 
1890 


'  TmMESTRE    DB 


6. 


„Googlc 


SOMMAIRE  : 

L'Instruction  publique  b  Laval  avant  le  XIX'  siècle,  par 
M.  E.  Queruau-Lamerfe  CS(«/é^_J 197 

La  famillle  Bouchet  de  Sourches,  par  M.  l'abbé  AuDBOtSE 
Ledru 225 

La  démolition  du  château  de  Fiée  en  1373,  par  Jean  Clérem- 
bault,  gouverneur  de  Château<Gontîer,  par  M.  André  Jou- 
BERT 245 

Les  comptes  de  l'Hôtel-Diea  Saint-Julien  de  Laval,  par  M. 

L.  DE  LA.  Beauluêre 253 

Les  <  Châteaux  »  et  les  c  Chàteliers  »  dans  la  Mayenne, 
par  M.  l'abbé  Angot 288 

Esprit-Aimé  Libonr;  peintre,  né  k  Laval,  par  M.  F.  Cornéb.       300 

Note  sur  Symon  Hayeneufve,  par  M.  E.  Queruau-Lauerie.       314 

Procès-verbal  dç  la  séance  du  7  novembre  1889     ....       317 

Bibliographie  :  Les  Faitx-Monnoyetirs  dans  le  Bas-Maine, 
par  le  C"  de  Marsy  ;  —  Une  victime  de  la  Révolution  : 
M.  Huait  de  la  Bernardrie,  curé  de  Saiiit-Clémeni  de 
Craon,  par  M.  E.  Queruau-Lamerîe;  —  Symon  Haye- 
neufve et  la  chapelle  de  l'ancien  évêché  du  Mans,  par 
M.  H.  Chardon;  —  Henri  de  la  Rochejaqitelein  et  ta 
guerre  de  Vendée  ;  —  Une  famille  de  Grande-Prévôts 
de  l'Anjou  au  XVII'  et  XVIIl"  siècles  :  Les  Constantin, 
seigneurs  de  Varennes  et  de  la  Lorie,  par  M.  André 
Joùbert  ;  —  Documents  inédits  pour  servir  à  l'histoire 
de  la  Révolution  dans  la  Loire-Inférieure,  par  M.  An- 
dré Joftbert;  —  Journal  de  Noël  Janvier.  i709-i7 16,- 
publié  par  M.  Juies  Planté  ;  —  La  Broderie  du  XI"  siècle 
jusqu'à  nos  Jours,  par  M.  Louis  de  Farcy 321 

Nouvelles 331 

Gravures  : 

Le  Donjon  de  Villaines-la-Juhel,  dessin   de  M.  l'abbé   A. 

Ledru 220 

Buste  de  LibOur,  par  Rude 305 

Portrait  de  Libour,  peint  par  lui  même  .......  30& 


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L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

A  LAVAL 

AVANT  LE  XIX'  SIÈCLE 


PREMIERE  PARTIE 


LE  COLLÈGE  DE  LAVAL 


CHAPITRE  III 


Paiis  et  renseignements  divers  concernant  le  collège  (luifa}.  -~  Elèves.  - 
Tbèsea  de  pbilosopble.  —  Donallon  de  390  fouasses.  —  Règlement  de  1C99.  - 
Boraau  du  Collège. 


ELEVES    DU    COLLEGE 

Dans  le  principe,  le  collège  de  Laval  recevait  seule- 
ment des  élèves  externes.  11  en  dut  être  ainsi  tant  qu'il 
demeura  installé  dans  les  anciens  bâtiments  dits  des 
«  grandes  écoles  »,  aménagés  avec  plus  ou  moins  de  bon- 
heur pour  cette  destination.  C'est  seulement  après  que 
la  municipalité  de  Laval  eut  fait  construire  le  nouveau 
collège  de  la  rue  Renaise  que  le  principal  de  cet  éta- 
blissement dut  être  autorisé  à  recevoir  des  élèves  intér- 


im 


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Le  pensionaat  devait  exister  depuis  plus  de  cent  ans 
lors  du  règlement  de  1699.  L'article  14  de  ce  règlement, 
en  reconnaissant  au  principal  le  droit  de  recevoir  des  pen- 
sionnaires, ne  semble  pas  avoirpour  but  d'accorder  à  ce- 
lui-ci une  nouvelle  faveur,  mais  bien  plutôt  de  mettre 
lin  à  un  abus,  en  exigeant  que  les  pensionnaires  sécu- 
liers, admis  par  le  principal,  soient  actuellement  étu- 
diants dans  une  des  classes  dudît  cdlège. 

Nous  n'avons  pas  à  faire  valoir  les  avantages  que 
présentait  pour  la  prospérité  du  collège  l'établissement 
d'un  pensionnat  qui  permettait  aux  familles  habitant  le 
pays,  mais  hors  de  la  ville,  de  faire  instruire  leurs  en- 
fants,  en  les  plaçant  dans  une  maison  où  ils  devaient 
être  soignés  et  surveillés  avec  exactitude. 

Les  programmes  des  exercices  soutenus  par  les  élè- 
ves du  collège  que  nous  avons  eu  sous  les  yeux  dous 
font  connaître  les  lieux  d'origine  de  ces  enfants,  parmi 
lesquels  un  certain  nombre  sont  indiqués  comme  nés  à 
Craon,  Evron,  Ernée,  Mealay,  Entrammes,  Argentré, 
Vitré,  Sillé,  Fougères  et  même  Mayenne  et  Chftteau- 
Gontier,  bien  que  ces  villes  eussent,  elles  aussi,  des 


Le  collège  de  Laval,  surtout  au  XVIII"  siècle,  épo- 
que de  sa  plus  grande  prospérité,  était  fréquenté  par  les 
enfants  des  familles  les  plus  honorables  de  la  ville,  tant 
de  la  noblesse  que  de  la  bourgeoisie.  Les  programmes 
dont  nous  avons  déjà  parlé  nous  permettent  de  citer  les 
noms  de  beaucoup  d'entre  eux.  Nous  nous  bornerons  à 
donner  ceux  de  quelques-uns  seulement  : 
En  1730,  MM. 

Jean  Duchemin  de  la  Morlière. 

1.  On  en  trouve  aussi  quelques-uns  nés  dans  des  villes  plus 
éloignées  telles  que  Angers,  Orbec  et  mfime  Gh&lons-sur-Harne  ; 
mais  ceux-ci  avaient  sans  doute  été  amenés  à  Laval  par  leurs 
parents  pourvus  de  chairs  publiques  en  la  dite  ville. 


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Jean  Bêcher  de  la  Rénière. 

Matburin  Gaultier  de  MéroUea. 

Jean  Duchemin  de  la  Voselle. 

Charles  Frin  du  Guyboatier'. 

François  le  Jaydes  Astelais. 

Léon-Julien  Le  Clerc  de  Vaumorin. 

Daniel  Gaultier  de  la  Ville-Audray. 

Pierre  Martiu-Beaucé. 

Jean-Baptiste  Duplesais  d'Argentré  (de  Vitré) . 

Charles-François  Garnier-Duferay. 

Jean-Baptiste  Quillet  du  Préau. 

Pierre  Courvaisier  de  la  Courjonnière  (de  Vitré). 

Jacques-René  Segretain. 

Jérôme-Gillea-Michel  Le  Clerc  de  la  Roussière. 

Jacques-Marie  Courte  de  la  Noirie,  etc. 

En  1750,  MM. 
François-Nicolas  Bailly  de  Fresnay. 
René  Richard  de  la  Fourmère. 
René  Le  Lamier  des  Prés-Neufs. 
Joseph-Anne  Hardy  de  la  Cbesnaye. 
Pierre  Touschard  de  Sainte-Plennes  ^. 

En  1751,  MM. 
Jean  Descbamps  de  la  Bellangerie. 
René-Urbain-Pierre-Charles-Félix    Enjubault    de    lu 
Roche  3. 
Etienne  Colaas-Dubignon^. 

1.  C'est  celui-ci  sans  doute  qui  est  l'auteur  du  mémoire  de 
1770  sur  la  ville  de  Laval,  publie  par  M.  Emile  Moreau. 

2.  Pierre-Ldon  Touchard  de  Sainte' Plenne s,  né  à  Laval  en 
1735,  prâtre  habitué  à  la  Trinité  à  l'époque  de  la  Révolution  ; 
déporte  en  Angleterre,  rentré  en  1801,  mo  en  1810. 

3.  Juge  ordinaire  civil  du  comté  de  Laval  en  1789,  député  aux 
Etats  Généraux,  président  du  tribunal  de  district  en  1791,  guil- 
lotiné comme  fédéraliste  le  1»  février  1794. 

4.  Né  à  EvroD  en  1735,  ancien  aumftnier  de  l'hépital  Saint-Jo- 
seph. Déporté,  il  se  rendit  en  Prusse  ;  à  son  retour,  prêtre  habitué 
à  Saint- vénérand,  mort  en  1819. 


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Anne-Auguste  de  Langan. 
Pierre-Charles  de  Laugan  de  la  Vove. 
Louis  Fric  de  Neuville,  etc. 

En  1752,  MM. 
Charles-Sébastien  Frin. 
Jean  Colass-Dubi^on. 
Jean-Pierre  Guérin  de  la  Marche. 
Jean-Laigle  du  Parc. 
Joseph-Marie  Renusson,  etc. 

En  1753,  MM. 
Joseph-Marie-Anne  de  la  Villaudray  de  Saint-Cyr. 
René-François  Gaultier  de  Vaucenay. 
Charles- Pierre  Foucault  de  Laubinière. 
François-Charles  d'Aubert  de  Launay. 
Joseph  Berset  de  Chambotz. 
Sébastien  Berset  du  Breil. 
Gilles  Letoumeur  de  la  Borde. 
Mathurin-Gaultier  de  MéroUes',  etc. 

En  1771,  MM. 
Julien  Piolin^, 
Jean-François  Dubourg. 
Jean-Baptiste  Gombert  de  la  Tesserie. 
Michel-Guillaume  Bidois  '. 
Joseph  Cahoreau. 

Louis-Antoine-François  Morin  de  la  Beauluère. 
Ambroise  Gougeon  de  la  Thébaudière. 

1.  Chanoine  du  chapitre  de  Saint-Michel  à  l'époque  de  la  Ré- 
volution. Déporte,  il  se  rendit  en  Prusse.  A  son  retour  en  France, 
sa  raison  était  aliénée  ;  il  se  crojait  évéque  de  Munster;  mort  en 
1813. 

2.  Né  auBourffneuf-la-Forétvers  17G0,  vicaire  à  Changé-lès- 
Le  Mans,  ensuite  à  Changé  près  Laval,  puis  k  Saint-Vénérand. 
Déporté  pendant  la  Révolution,  il  se  rendit  è  l'armée  de  Condé 
dont  il  fut  aumônier  ;  mort  en  Franconie  en  1794. 

3.  Né^ciant,  arrêté  comme  suspect  pendant  la  Révolution,  et 
conduit  dans  les  prisons  de  Doué-la- Fontaine  avec  son  père  qui 
y  périt  de  misère. 


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—  201  — 

Jean-René  Dubré-Gaultier. 
Nicolas-Charles-JoBeph  Gahoreau', 
Louis-Daniel  Courte. 

Je  an- Pierre-René  Boullier,  clerc  tonsuré-. 
François  Majeune^. 
*  Jacob  Foucault  de  Sumeraine. 
Ladi^as  Leclerc  du  Pontceau. 
Ambroise  Duchemin  Descepeaux,  etc. 

En  1774,  MM. 
Ambroise  Meignan. 
Pierre  Denais*. 

Louis  Houssier-Dupré,  clerc  tonsuré*. 
Jean-François  Lemonnier  du  Ronceray,  etc. 

Eo  1785,  MM. 
Germain  Géhard  de  Loiaillière. 
René  Ricbard  de  la  Foumière. 
Jeau-Raptîste  Bidault  de  Frétigné. 
François  Hubert. 

Joseph-Pierre  Géhard  de  la  Gaudinière. 
Pierre  Le  terme  8. 


1.  Né  à  Laval  en  1755,  chanoine  de  Saint- Tu^al.  déporté  en 
Angleterre;  à  son  retour,  aumônier  de  l'hôpital  Saint-Joseph, 
mort  en  1S14. 

2.  Né  à  Bntremmes,  curé  de  cette  paroisse,  déporté  en  Angle- 
terre, rentré  dans  sa  cure  au  Concoraat,  mort  en  1808. 

3.  Religieux  cordelier  de  la  maison  de  Nantes,  (ut  déporté  en 
Espagne  ;  revenu  à  Nantes  après  le  concordat,  a  prononcé  en 
18k>  une  Oraison  funèbre  de  LouU  XVI  qui  a  été  impnmée. 

4.  Né  à  GrenouT  en  1755.  vicaire  à  la  Trinité,  déporté  en  An- 
gleterre. Rentré  en  France  avant  le  18  fructidor,  il  fut  arrêté, 
conduit  A  Tours  et  fusillé  le  26  février  1798. 

5.  Né  à  Laval  en  1758,  vicaire  à  Courbeveille,  déporté  en  An- 
Çleterre,  revenu  à  Courheveille  au  concordat,  mort  en  1834  curé 
de  cette  paroisse  et  chanoine  honoraire  du  Mans. 

G.  Né  à  Laval  en  1764,  régent  du  collège  en  1791.  Déporté,  il 
se  rendit  en  Allemagne.  A  son  retour  il  lut  vicaire  à  la  Trinité, 
curé  de  celte  paroisse  en  1829,  mort  le  22  août  1830,  chanoine  du 
Mans  depuis  1832. 


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—  «H  — 

Joseph  LebretoD  de  Villeneuve. 
Jean-Baptiste  Hardy,  eto. 

En  1786,  MM. 
Louis  Mondière  du  Verger. 
René-François-Charles  Tellot. 
François  Lesperut'. 
Bernard  Plaichard-Choltière  ^. 
François  Guillet  du  Préau. 
François  Couannier  de  la  Viventière, 
François  Couannier-Deslandes. 
Gabriel  Bougrain  de  la  Cocquerie. 
Joseph  Hardy  de  la  Cherbonnerie,  etc. 

En  1787,  MM. 
Pierre  Enjubault  la  Roche  3, 
Ambroise  Levrot,  clerc  tonsuré. 
Pierre  Sauvage  de  la  Martinière. 
René  Lebourdais-Durocher,  etc. 

En  1790,  MM. 
Jean-René-Baptiste  Cbarault. 
Léon  Letoumeur. 
François  Mérolle*. 
Joseph  Berset. 
Joseph-Jean  Rosière. 
Jean-Baptiste-Joseph  Collet,  etc. 

1.  Né  à  Laval,  homme  de  leltres  à  l'époque  de  la  Révolution, 
il  fut  incaruëré  pendant  la  Terreur.  Recommandé  au  (général  Berr 
tbier,  dont  il  devint  le  secrétaire  sur  la  recommandation  de  Vol- 
ney,  il  auitla  le  ministère  avec  ce  ^néral  et  le  suivit  en  Espa- 
gne. Il  lut  chargé  en  1S05  d'organiser  les  principautés  de  Luc- 
ques  et  de  Pîoimiino  et,  l'année  suivante,  nomme  administrateur 
de  la  Silésie,  gouverneur  de  Neuchâtel,  baron,  etc.,  mort  au  mois 
de  janvier  1848. 

2.  Il  était  fils  d'un  médecin  de  Laval.  Devenu  adjudant-géné- 
ral des  armées  de  la  République,  il  Ait  assassiné  aux  portes  de 
Laval,  le  4  août  1798. 

3.  Condamné  à  mort  à  Paris  comme  fédéraliste  le  S  mars  1794. 

4.  On  remarquera  que  les  particules  ont  disparu  de  ce  pro- 
gramme en  exécution  de  la  toi  qui  supprimait  les  titres  de  nobles- 
se et  les  distinctions  féodales. 


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THESES   DE   PHILOSOPHIE 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus  haut,  c'est  seulement 
entre  1760  et  1770  que  le  cours  de  philosophie  put  être 
inauguré  au  collège  de  Laval.  Frin  du  Guyboutier  dans 
son  Mémoire  concernant  la  ville  de  Laval,  publié  par 
M.  Emile  Moreau,  constate  que  ce  cours  est  professé  au 
collège  à  la  date  à  laquelle  il  écrit,  16  décembre  1770  '. 

Mais  nous  n'avons  pu  rencontrer  qu'une  seule  thèse 
imprimée  relative  à  des  examens  de  philosophie  soute- 
nus par  des  élèves  du  collège.  L'argument  de  celle-ci, 
qui  nous  a  été  communiquée  par  M.  Louis  de  la  Beau- 
luère,  est  imprimé  en  placard,  sur  feuille  in-folio  simple, 
sans  gravure,  à  Angers,  chez  Barrière  et  Billault.  Cette 
thèse  est  relative  aux  examens  soutenus,  le  16  avril 
1771,  par  MM.  Jean  Mouton  et  Etienne  Chaplet,  élèves 
de  philosophie  au  collège  royal  de  Laval. 

DONATION    DE    320    FORASSES    EH    FAVEVB    DES    ÉCOLIERS 
DU    COLLÈGE 

M.  Charles  Maignan  a  publié  jadis ^  un  document 
concernant  la  fondation  d'une  chapellenie  dans  l'église 
de  la  Trinité  de  Laval  par  Michel  Le  Mercier,  seigneur 


1.  Le  cours  de  philosophie  paraît  bien  avoir  été  proressc  au 
cotlëgv  de  Laval  vers  1770.  Nous  ig^norons  s''il  l'était  encore  à 
l'époque  de  la  Révolution.  Aucun  des  programmes  d'exercices 
publics  possédés  par  M.  de  la  Beauluère  ne  fait  mention  des  élè- 
ves de  philosophie.  De  plus,  les  habitants  de  Laval,  dans  leur 
pétition  adressée  le  22  septembre  1792  ou  Directoire  du  départe- 
ment de  la  Mayenne  pour  demander  le  transtèrement  du  collège 
aux  Ursulines,  demandaient  en  même  temps  qu'il  v  fût  créé  trois 
nouveaux  cours,  divisés  en  deux  classes,  Tune  de  logique  et  ma- 
thématiques, l'autre  de  physique  :  ce  q^ui  laisserait  supposer  que 
ce  cours  de  philosophie  ou  logique  avait  été  supprimé  bien  avant 
1789  (Arch.  départ.  S.  L,  Registres  du  direct,  du  département. 
Mémoires  et  pétitions,  F>  39). 

2.  Au  mois  d'octobre  1856,  dans  le  journal  VEcko  de  la  Mayenne. 


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—  204  — 

du  Grasmenil,  et  Adnette  Servant,  sa  femme.  Cet  acte, 
au  rapport  de  M*  Chedftne,  notaire  royal,  est  en  date  du 
25  avril  1521.  Parmi  les  charges  imposées  au  titulaire 
de  cette  chapellenie  se  trouve  celle  de  donner  chaque 
année,  la  veille  de  la  Toussaint,  une  fouaase  à  chacun 
des  écoliers  du  collège  de  Laval. 

«  Et,  avec  ce,  de  donner  et  numosner  par  chacun  an, 
«  la  vigille  de  Tousaaints,  aussi  à  toujours,  aux  écoliers 
u  qui  seront  trouvés  actuellement  étudiant  et  résidant 
«  en  l'école  de  la  dite  ville  de  Laval,  au  maître  quatre 
«  ou  douze  deniers,  à  son  choix,  et  à  chacun  desdits 
«  écoliers  une  fouasse,  chacun:;  du  prix  d'un  liard,  jus- 
«  qu'au  nombre  de  320  fouasses,  si  tant  y  a  d'écoliers 
«  à  l'heure  de  midi  qu'ils  partiront  de  l'école,  pour  dire 
«  chacun  desdits  maîtres  et  écoliers,  Pater  noster  et 
«  Ave  Maria  pour  les  âmes  des  donateurs.  » 

M.  Maignan  ajoute  que  le  blé  se  vendant  à  l'époque 
de  la  donation  six  sois  le  boisseau,  les  fouasses  distri- 
buées aux  écoliers  devaient  en  conséquence  avoir  une 
belle  dimension.  Mais  le  prix  du  blé  ayant  augmenté 
dans  les  siècles  suivants,  les  fouasses  diminuèrent  de 
grosseur.  M.  Couannler  des  Landes,  curé  de  la  Trinité  ', 
mort  en  1779,  et  l'un  des  derniers  titulaires  de  la  cha- 
pellenie fondée  par  ks  époux  Le  Mercier,  ne  donnait 
plus  aux  écoliers  que  des  garols  -.  La  dernière  distribu- 
tion en  fut  faite  le  31  octobre  17903. 

RÈGLEMENT    DE    1699 

Nous  croyons  devoir  donner  ici  le  règlement  Ae  1699 

1 .  Etienne  Couannier  des  Landes,  nommé  curé  de  la  Trinité  le 
7  janvier  1752,  mort  le  15  avril  1779, 

%  Petit  pain  de  Tarine  d'avoine. 

3.  Ch.  Maignan.  Des  aiitiens  marchands  de  Laval  et  d'une 
fondatioit  par  l'un  d'eux,  en  l'église  de  la  sainte  TrùiUé  de  cette 
ville,  de  3'iO  fouasses  dues,  ta  vtgille  de  la  Toussaint,  aux  cotîé- 
giena  de  Laval. 


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que  nous  avions  songé  d'abord  à  publier  seulement  ou 
appendice.  Cette  pièce  nous  a  paru  devoir  être  mieux 
à  sa  place  à  ta  fiu  du  chapitre  qui  termine  l'histoire  du 
collège  avant  la  Révolution. 

On  trouvera  dans  ce  document  un  exposé  assez  com- 
plet des  droits,  dont  nous  avons  eu  à  parler  à  diverses 
reprises,  possédés  par  le  chapitre  de  Saint-Tugal  sur  le 
collège  et  les  petites  écoles  de  la  ville  de  Laval'. 

Règlement  pour  le  collège  de  Laval. 

28  août  1699. 

En  assemblée  tenue  en  la  maison  de  monsieur  le 
doyen  de  Saint-Tugal,  en  conséquence  du  résultat  de 
l'Hôtel-de- Ville,  du  onzième  août  1699,  où  étaient  mes- 
sieurs les  députés  du  chapitre  de  Saint-Tugal  et  ceux  du- 
dit  Hôtel-de-Ville,  pour  délibérer  sur  la  rerormation  du- 
dit  collège  de  cette  ville,  à  présent  vacant  par  le  décès 
de  feu  maître  J  ean  Pinard,  dernier  principal  audit  collège. 

A  été  dit  qu'on  voit  avec  douleur  que  le  collège  de 
notre  ville,  pour  lequel  nos  ancêtres  avaient  eu  beaucoup 
de  zèle  et  aalTection,  comme  on  peut  le  reconnaître  par 
les  bâtiments  qu'ils  y  ont  faits  et  les  revenus  qu'ils  y 
ont  attachés,  est  tombé  depuis  quelques  années  dans 
une  grande  décadence  et  presque  devenu  désert,  ainsi 
qu'il  a  paru  par  les  difTérenieH  visites  qu'on  y  a  fait  de- 
puis vingt  ans,  dans  lesquelles  on  y  a  trouvé  trente  ou 
trente-cinq  élèves,  ce  qui  est  venu  en  partie  de  ce  que 
n'ayant  été  fait  aucun  règlement  pour  le  bon  ordre  dudit 
collège,  on  n'y  a  gardé  aucune  discipline,  .et  aussi  de  ce 

Îu'on  a  laissé  la  liberté  à  divers  particuliers  de  tenir 
es  écoles  en  divers  quartiers  de  la  ville,  qui  ont  été 
occasion  à  plusieurs  pères  et  mères  d'y  envoyer  leurs 
enfants,  et  de  les  retirer  même  dudit  collège,  soit  en  vue 
de  la  proximité  ou  pour  d'autres  considérations,  ce  qui 

1.  Ces  droits  sont  énumérés,  plus  complètement  .peut-être  en- 
core, dans  un  mémoire  de  1746  que  possède  la  bibliothèque  de 
Laval.  Titret  de  Haint-Tugal.  pièce  1.  [°  13.  Ce  mémoire  a  été 
analysé  par  M.  BouUier  dans  ses  Recherche»  hittoriques  tur  la 
paroiate  de  la  Trinité,  p.  298. 


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—  206  — 

est  entièrement  contraire  aux  intentions  de  dos  nùs,  aux 
droits  qu'a  le  chapitre  sur  les  écoles  de  la  ville,  aux  con- 
cordats faits  entre  le  chapitre  et  la  maison  de  ville, 
aux  arrêts  qui  les  ont  appuyés  et  au  bien  même  de  la 
jeunesse  dont  l'éducation  est  exposée  à  de  grands  incon- 
vénients, étant  confiée  à  des  gens  qui  s'ingèrent  d'eux- 
mêmes  dans  cet  emploi,  sans  examen  et  approbation  des 
supérieurs  légitimes,  bien  qu'il  n'y  ait  rien  qui  soit  d'une 
si  grande  importance  au  public  que  l'éducation  de  la 
jeunesse  qui  est  destinée  pour  composer  le  clergé  de 
notre  ville  et  remplir  les  charges  de  judicature  et  autres 
de  ta  communauté. 

Etant  donc  dans  l'obligation  de  remédier  à  de  si 
grands  désordres  et  ayant  intérêt  de  remettre  notre 
collège  sur  meilleur  pied,  afin  de  n'être  plus  obligé 
d'envoyer  les  enfans  encore  trop  jeunes  dans  les  collè- 
ges des  grandes  villes,  où,  n'étant  point  encore  en  âge 
de  scavoir  se  conduire,  ils  se  négligent  ou  se  débauchent 
incontinent,  et  où  on  ne  les  peut  entretenir  qu'à  de 
grands  frais,  qui  ont  incommodé  plusieurs  familles,  a  été 
jugé  nécessaire  de  remplir  notre  collège  d'un  principal 
qui  soit  capable  de  bien  instruire  les  enfants  de  notre 
ville  et  de  les  mettre  en  état,  si  faire  se  peut,  d'aller  en 
rhétorique  dans  les  grands  collèges,  et  pour  lui  faciliter 
l'exécution  de  ce  dessein,  d'augmenter  les  gages  et  re- 
venus dudît  collège  pour  lui  donner  les  moyens  d'avoir 
au  moins  trois  régents  avec  lui,  et  aflin  de  les  engager 
à  s'acquitter  fïdellement  de  leur  devoir  et  arrester,  au- 
tant qu'il  est  en  nous,  le  penchant  qu'on  a  toujours  au 
relâchement,  et  aussi  pour  expliquer  et  régler  à  l'avenir 
les  droits  du  Chapitre  et  de  l'Hôtel-de-Vule  sur  ce  dit 
collège,  qu'il  était  à  propos  de  faire  de  concert  un  règle- 
ment, sous  le  bon  plaisir  de  Monseigneur,  concernant  les 
droits  respectifs  des  uns  et  des  autres,  et  qui  ordonne 
tout  ce  qui  concerne  la  discipline  extérieure  et  de  police 
qui  s'y  devra  garder,  laissant  auxdits  sieurs  du  Chapi- 
tre d'en  faire  un  autre  pour  la  discipline  intérieure  qui 
regarde  les  mœurs. 

Et  pour  procéder  audit  règlement  a  été  reconnu  que 
le  Chapitre  de  Saint-Tugal  a  toujours  été  en  droit  et 
possession  immémoriale  d'instituer  et  de  destituer  le 
principal  dudtt  collège  et  ses  régens,  de  leur  donner  des 


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règlements  et  de  faire  toutes  sortes  de  visites,  correc- 
tion et  reformatioii  sur  iceux,  privativement  à  tous  au- 
tres, que  néanmoins,  depuis  environ  quatre-vingts  ans, 
la  présentation  dudit  principal  appartient  audit  Hôtel- 
de-Ville,  lequel  aussy  fournit  des  gages  au  principal  et 
régens  et  est  encore  en  disposition  et  volonté  de  les 
augmenter,  pourquoi  a  été  jugé  à  propos  que,  sans  pré- 
inoice  des  droits  dudit  chapitre  pour  favenir,  il  soit  con- 
jointement et  par  délibération  commune  pour  cette  fois 
seulement  accordé  et  arrêté  ce  qui  suit. 


L'examen,  l'institution  et  provision  du  principal  et  des 
régens  en  leurs  commissions  et  la  visite,  correction  et 
réformatioD  du  collège  appartiendra,  comme  elle  a  de 
toute  antiquité  appartenu,  aux  vénérables  doyen,  cbs' 
noines  et  chapitre  de  Saint-Tugal. 


Encore  que  la  commission  de  principal  soit  de  droit 
révocable  et  que  la  possession  de  ce  droit  soit  confirmée 
par  les  titres  quarteniers  et  anciens  registres  dudit  cha- 
pitre, par  lesquels  il  est  expressément  porté  que  ledit 
principal  du  collège  de  cette  ville  est  destituable  «  ad 
nutum  capituli,  »  néanmoins,  à  l'avenir,  il  ne  pourra 
être  destitué  ni  révoqué  sans  la  participation  et  consen- 
tement de  messieurs  les  maire  et  échevins  et  conseil  de 
ville. 

ni 

Lorsque  la  commission  sera  vacante  par  mort,  dé- 
mission, absence,  révocation  ou  autre  cause  légitime, 
lesdits  maire,  échevins  et  conseil  de  ville  nommeront, 
dans  trois  mois  comme  au  passé,  trois  personnes  capa- 
bles qui  seront  du  moins  sous-diacres  et  irréprochables 
pour  la  doctrine  et  les  mœurs,  lesquels  ils  présenteront 
en  la  manière  accoutumée  à  mesdits  sieurs  du  chapitre 
qui  les  examineront,  et  choisiront  celui  des  trois  qu'ils 
jugeront  le  plus  capable  et  propre  pour  cet  emploi,  au- 
quel, après  lui  avoir  fait  entendre  qu'il  est  révoçablç 


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ad  Hutum,  sans  être  obligés  de  lui  en  rendre  raison,  et 
lui  avoir  fait  prêter  le  serment  ancien  d'honorer  le  cha- 
pitre et  d'observer  les  règlements  faits  et  à  faire,  ils  lui 
donneront  leur  provision  et  te  feront  installer  et  mettre 
en  possession  de  ladite  principauté. 

IV 

Et  néanmoins,  en  cas  qu'il  ne  se  trouvât  pas  nombre 
sufGsant  de  personnes  capables,  mesdits  sieurs  les 
maire  et  échevins  pourront,  du  consentement  des  dépu- 
tés du  chapitre  assistants  au  conseil  de  ville,  n'en  nom- 
mer que  deux  pour  être  présents,  examinés,  choisis  et 
pourvus  comme  il  est  dit. 


Le  principal  étant  installé  jouira  des  honneurs  de  cha- 
noine et  en  portera  les  draps  et  les  ornements  dans 
l'église  de  Saint- Tugal  aux  dimanches,  fêles  et  autres 
jours  qu'il  voudra  assister  à  l'office,  et  prendra  son  rang 
immédiatement  après  le  dernier  chanoine,  sans  pouvoir 
prétendre  être  science  ' ,  ni  aucune  entrée  au  chapitre. 

VI 

Le  principal  demeurera  actuellement  au  collège,  lequel 
il  entretiendra  de  toutes  sortes  de  réparations  dont  l'u- 
sufruitier est  tenu,  même  de  couvertures,  et  fournira  de 
toutes  matières  et  tiendra  principalement  la  chapelle  en 
état  décent,  et  aura  soin  que  la  Sainte  Messe  y  soit 
célébrée  le  plus  souvent  qu'il  pourra,  par  tels  prêtres 
qu'il  choisira  et  à  telle  intention  qu'il  lui  plaira  ;  et  là 
où  il  ne  pourra  pas  la  faire  célébrer  audit  collège,  il  sera 
tenu  de  faire  conduire  les  écoliers  à  Saint- Tugal  pour  y 
entendre  la  messe. 


Outre  le  principal  et  les  deux  régents  qui  ont  coutume 
d'enseigner  audit  collège,  il  en  sera  incessamment  ajouté 

1.  Pour  encensé  sans  doute. 


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_  i09  ~ 

nn  troisième,  et  même  dans  la  suite  plusieurs  autres, 
s'ils  se  trouvaieut  nécessaires,  par  délibération  commune, 
à  proportion  que  le  nombre  aes  écoliers   augmentera, 

Itour  faire  en  sorte  que  les  écoliers  puissent  commencer 
eur  cours  de  philosophie  à  la  sortie  de  la  plus  haute 
classe  d'humamtés  du  collège. 

VIII 

Le  principal  ne  pourra  recevoir  au  collège  aucuns  ré- 
gens  qu'ils  n'aient  été  examinés  sur  leur  capacité,  doc- 
trine et  mœurs  et  approuvés  jiar  messieurs  du  Chapitre, 
ainsi  qu'il  atoujours  été  pratiqué,  et  ne  les  pourra  aussi 
congédier  sans  en  avoir  rendu  raison  à  mesdits  sieurs 
du  cuapitre. 

IX 

Messieurs  les  maire  et  échevins,  pour  chaque  régent 
dont  le  collège  sera  augmenté,  ajouteront,  si  faire  se 
peut,  aux  trois  cents  livres  qu'ils  ont  accoutumé  de  don- 
ner sur  leurs  octrois,  une  somme  de  cent  livres  par  an, 
qui  sera  pareillement  prise  sur  les  octrois,  et  si,  dans 
la  suite,  on  peut  faire  que  le  cours  de  philosophie  soit 
enseigné  dans  cette  ville,  soit  par  les  religieux  de  saint 
Dominique,  ou  par  ceux  de  saint  François,  ou  par  tous 
les  deux  ensemble  alternativement,  ou  par  des  ecclésias- 
tiques, on  ajoutera  aux  dites  sommes  celles  qui  seront 
convenues  pour  l'honoraire  des  professeurs,  à  condition 
néanmoins  qu'en  cas  que  ce  soient  des  communautés  régu- 
lières qui  entreprennent  de  faire  les  cours  de  philosophie, 
messieurs  de  Saint- Tugal.  n'auront  sur  elles  aucun  droit 
de  corrections,  ni  de  visite,  mais  ils  retiendront  seule- 
ment telles  prééminences  et  droits  honorifiques  qui  leur 
peuvent  de  droit  appartenir  comme  patrons,  collateurs 
et  directeurs  du  collège  et  des  études  en  cette  ville. 


Outre  la  somme  de  deux  cents  livres  que  messieurs 
de  SaÏD^Tugal  fournissent  annuellement  au  principal 
pour  le  gros  fruit  de  sa  prébende,  suivant  la  donation 
qui  en  auroit  été  faite  par  nos  seigneurs  les  comtes  de 


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-  ÎIO  - 

Laval,  depuis  l'ordonnance  d'Orléans,  les  trois  cents 
livres  que  messieurs  les  maire  et  échevins  ont  aussi  ac- 
coutumé de  lui  fournir  sur  les  deniers  d'oobvi,  cent 
livres  d'au^entation  par  chacun  régent,  et  les  bourses 
fondées  et  à  fonder  et  annexer  audit  collège,  ledit  prin- 
cipal aura  et  recevra  de  chaque  écolier  qui  étuoiera 
dans  ledit  collège,  soit  pensionnaire,  soit  externe,  sca- 
voir,  des  écoliers  qui  seront  dans  les  plus  basses  clas' 
ses,  six  livres,  et  de  ceux  qui  seront  dans  les  plus  hau- 
tes, sept  livres,  le  tout  par  an  ;  scavoir  :  moitié  le  premier 
jour  de  l'entrée  de  la  classe  et,  l'autre  moitié,  le  premier 
jour  d'après  la  fête  de  Pâques,  dont  ledit  principal  don- 
nera certificat  à  chaque  écolier,  sana  quoi  il  ne  sera 
foint  admis  sans  son  argent  ;  le  tout  sauf  k  augmenter 
écolage  s'il  est  jugé  quil  soit  moins  que  sulBsantpour 
l'entretien  du  principal  et  des  régents. 

XI 

Néanmoins  il  y  aura  dans  chaque  classe  deux  pau- 
vres écoliers  originaires  de  cette  ville  et  fauxbourgs  qui 
seront  intruits  gratuitement,  dont  l'un  sera  nommé  par 
messieurs  du  chapitre  et  l'autre  par  messieurs  les  maire 
et  échevins,  et  auront  lesdits  pauvres  écoliers  soin  de 
garder  et  fermer  tes  portes  des  classes,  de  les  balayer 
et  nettoyer,  avec  la  chapelle,  deux  fois  par  semaine, 
sans  être  tenus  à  autre  service. 

XII 

Le  principal  logera  les  régents  dans  le  collège,  sans 
qu'ils  puissent  demeurer  ailleurs,  mangeront  en  com- 
mun, dans  un  même  réfectoire,  et,  outre  la  nourriture 
qu'il  leur  donnera,  il  leur  délivrera,  pour  leurs  hono- 
raires, chacune  année,  la  moitié  de  ce  qu'il  aura  reçu 
ou  dû  recevoir  de  tous  les  écoliers,  tant  pensionnaires 
qu'externes  pour  droit  d'écolage,  dont  sera  fait  une  mas- 
se qu'ils  partageront  également  entre  eux,  sans  avoir 
égard  au  nombre  d'écoliers  qui  seront  dans  leurs  cUs- 
ses,  et  prendra  le  principal,  outre  ladite  moitié,  une 
portion  dans  la  masse,  tant  si  longtemps  seulement  que^ 
n'y  ayant  pas  nombre  sutlisant  de  régents,  il  sera  jugé 
nécessaire  qu'il  enseigne  une  des  classes. 


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xin 

Le  principal  et  les  régents  seront  revêtus  d'habits 
longs,  porteront  toujours  aans  le  collèffe  le  bonnet  carré, 
et  seront  tenus  d'assister  en  habits  de  chœur,  les  di- 
manches et  fêtes,  du  moins  à  la  ^l'^Q'^^  messe  et  aux 
vêpres  de  l'église  de  Saint-Tugal,  leur  paroisse,  suivant 
l'ordonnance  du  diocèse  et  ne  pourront  être  confesseurs 
dans  les  paroisses  de  la  ville  et  fauzbourgs. 

XIV 

L'on  ne  recevra  audit  collège  aucuns  pensionnaires 
séculiers  qui  ne  soient  étudiants  actuellement  dans  l'une 
des  classes  d'icelui,  et  lesdits  pensionnaires  seront  obli- 
gés d'assister  pareillement  tes  dimanches  et  fêtes  à  la 
grande  messe  de  Saint-Tugal,  ou  à  la  messe  de  paroisse 
qui  se  dit  dans  la  nef,  et  aux  vêpres,  où  lesdits  éco- 
liers seront  accompagnés,  en  allant  et  au  retour,  des 
régents,  et  se  placeront  aux  lieux  plus  commodes  qui 
leur  seront  désignés. 

XV 

L'ouverture  des  classes  se  fera  tons  les  ans  le  jour  de 
l'exaltation  de  la  Sainte-Croix,  par  une  harangue  latine 
qui  se  fera  par  le  principal  ou  un  des  régens  par  lui  com- 
mis, dont  il  sera  tenu  d'avertir  messieurs  de  Saint-Tu- 
gal et  en  faire  avertir  par  billets  messieurs  les  maire 
et  écbevins. 

XVI 

Le  premier  son  sera  sonné  en  tons  temps  à  sept  heures 
et  demie,  et  les  écoliers  externes  seront  obligés  de  se  ren- 
dre chacun  dans  leurs  classes  à  sept  heures  et  trois 
quarts,  pour  donner  leurs  thèmes  et  réciter  leurs  leçons 
à  leurs  décurions  et  les  pensionnaires,  pendant  ce  temps, 
réciteront  leurs  leçons  devant  leurs  régents. 


La  dite  classe  du  matin  durera  en  tout  temps  deux 
heures  et  finira  à  dix  heures,  auquel  temps  se  dira  la 


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Messe,  soit  dans  la  chapelle  du  collège,  soit  dans  l'é 
glise  de  Saint-Tugal. 


Le  premier  son  de  l'après-dinée  sera  à  une  heure  et 
demie,  et  les  écoliers  se  rendront  en  classe  un  quart 
d'heure  après  pour  donner  leurs  thèmes  et  réciter  leurs 
leçons,  comme  à  la  matinée,  pendant  un  quart  d'heure. 

XIX 

Les  régena  entreront  en  classe  avec  les  pensionnaires 
en  tous  temps  à  deux  heures  et  en  sortiront,  en  hiver, 
à  quatre  heures  et,  en  été,  à  commencer  à  la  fête  de 
Pâques  jusqu'aux  vacances,  â  quatre  heures  et  demie. 

XX 

Le  principal  visitera  de  temps  en  temps  les  chambres 
et  études  du  collège  et  n'y  souffrira  rien  d'indécent,  ni 
aucuns  livres  dangereux,  et  veillera  »ur  les  régens  à  ce 
qu'ils  s'acquittent  de  leurs  devoirs  dans  leurs  classes, 
lesquelles,  à  cet  effet  et  pour  reconnoitre  le  profit  qu'y 
feroient  les  écoliers,  il  visitera  du  moins  une  fois  le 
mois,  et  aura  soin  que  sur  la  porte  de  chacune  d'icelles 
il  y  ait  une  inscription  qui  la  distingue  d'avec  les  autres. 

XXI 

Le  principal  réglera  auparavant  la  première  ouverture 
des  classes  desquels  livres  seront  tirées  les  leçons  que 
les  écoliers  doivent  apprendre  par  cœur  et  quels  auteurs 
ils  traduiront  jusqu'à  Pâques,  auquel  temps  il  réglera 
de  même  les  livres  et  auteurs  dont  ils  se  serviront  Jus- 
qu'aux vacances,  et  veillera  à  tout  ce  que  les  régens,  et 
surtout  des  trois  plus  hautes  classes,  occupent  les  éco- 
liers, du  moins  demie  heure  par  chaque  classe,  à  la  tra- 
duction. 

XXII 

Le  principal  donnera  des  congés,  scavoir:  en  hiver, 
depuis  l'ouverture  des  classes  jusqu'à  Pâques,  l'après- 


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midi  des  jeudis  seulement  ;  et  le  jeudi  eu  entier  le  reste 
de  l'année  et,  s'il  arrivait  une  f^te  le  mercredi  ou  jeudi, 
il  n'y  aura  point  d'autre  congé  en  hiver,  et  au  surplus 
il  y  aura  con^é  le  lundi  et  le  mardi  de  la  quinquagésime 
elle  mercredi  matin  ensuivant,  attendu  la  solennité  des 
prières  des  quarante  heures,  et  depuis  l'après-dinée  du 
mercredi  de  la  semaine  sainte  jusqu'à  la  dernière  fête  de 
Pâques  exclusivement,  sans  qu'à  la  quinquagésime,  ni 
à  la  mi-carême,  il  soit  fait  aucune  joute,  ni  course  de 
peloUes,  ni  promenades  par  les  rues,  ni  autres  divertis- 
sements de  cette  qualité,  desquels  arrivent  plusieurs  in- 
convénients, mais  seulement  auront  soin,  le  principal 
ou  un  des  régents,  de  conduire  les  pensionnaires  à  ta 
promenade  les  jours  de  congé,  si  le  temps  y  est  propre, 
et  inviteront  les  externes  à  s'y  trouver  avec  eux. 


Le  principal  et  les  régents  ne  souffriront  point  que 
dans  les  deux  plus  hautes  classes  les  écoliers  v  parlent 
françois,  et  auront  soin  que  dans  toutes  les  classes  ils 
composent  une  fois  le  mois  pour  les  places  et  qu'il  soit 
fait  au  moins  deux  déclamations  par  an,  scavoir,  une 
dans  l'hiver,  et  l'autre  à  l'occasion  de  la  distribution  des 
prix,  par  quelques-uns  de  leurs  écoliers  qui  réciteront 
de  la  prose  ou  des  vers  ainsi  qu'il  sera  jugé  à  propos 
par  ledit  principal  suivant  la  capacité  des  écoliers. 


Le  principal  donnera  ordre  que,  quinze  jours  avant 
les  vacances  qui  commenceront  d'ouvrir  au  jour  et  fête 
de  l'Assomption  de  la  Vierge,  tous  les  écoliers  pension- 
naires et  externes  de  chaque  classe  composent  pour  les 
prix,  laquelle  composition  servira  aussi  pour  juger  de 
leur  avancement  et  pour  voir  s'ils  sont  capables  de  mon- 
ter à  une  plus  haute  classe,  et  à  l'examen  des  dites  com- 
positions pourront  assister  messieurs  les  députés  du 
chapitre,  alîn  de  veiller  que  la  justice  soit  rendue  à  un 
chacun,  et  même  présideront  à  l'assemblée  qui  se  fera, 
à  tel  jour  qu'il  leur  plaira  marquer  devant  ladite  fête 
de  l'Assomption,  pour  la  distribution  des  prix  qui  seront 
fournis  alternativement  par  messieurs  de  Saint-Tugal  et 

14 


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-  214  - 

par  messieurs  les  maire  et  échevins,  sinon  seront  four- 
nis par  telles  autres  personnes  de  qualité  qui  les  vou- 
dront donner,  pour  quoi  sera  prise  la  somme  de  vingt 
■  livres  sur  les  deniers  d'octroi  pour  acheter  les  livres 
qui  devront  être  distribués  nux  écoliers  lorsque  le  don 
en  sera  fait  par  messieurs  les  maire  et  échevins, 

XXV 

Messieurs  du  chapitre  feront  incessamment  un  règle- 
ment dans  lequel  ils  feront  entrer  tous  les  articles  ci- 
deasus,  en  ce  qu'il  semblera  nécessaire  que  le  principal, 
régents  et  écoliers  du  collège  en  ayent  connaissance,  et 
au  surplus  ils  y  en  ajouteront  tels  autres  qu'ils  avise- 
ront touchant  la  discipline,  les  mœurs  et  sciences  dont 
ils  seront  seuls  compétents  de  connoître,  pourvu  qu'ils 
ne  soient  pas  contraires  aux  articles  ci-dessus. 

Pour  lesquels  règlements  faire  exécuter,  messieurs 
du  chapitre  sont  priés  de  députer,  chacuns  ans,  deux 
chanoines,  pour  faire  deux  autres  visites  par  an  audit 
collège,  et  tout  autant  de  fois  qu'ils  croiront  nécessaire, 
et  moyennant  ce  que  dessus,  messieurs  les  maire  et 
échevins  s'obligent  de  faire  exécuter  les  anciens  arrêts 
et  règlements  portant  défenses  à  toutes  sortes  ^e  per- 
sonnes, de  quelque  qualité  qu'elles  soient,  de  tenir  école 
en  cette  ville  et  fauxbourgs,  et  où  il  y  auroit  quel- 
qu'uns  qui  s'ingérassent  d'en  tenir,  ils  seront  poursui- 
vis à  la  requête  de  messieurs  du  chapitre  et  aux  frais 
de  l'Hôtel-de-Ville,  sans  néanmoins  préjudicier  aux 
droits  qu'a  le  sieur  prieur  de  Saint-Vénérand  et  le  aa- 
criste  de  Saint-Tugalde  tenir  ou  faire  tenir  chacun  une 
petite  école,  en  laquelle  on  ne  pourra  enseigner  )ea  plus 
jeunes  enfants  que  jusqu'au  rudiment,  à  Pexclusioa  de 
toute  composition  et  traduction.  Ce  que  même  mesdits 
sieurs  de  Saint-Tugal  pourront  par  leur  prudence  encore 
permettre  à  d'autres  personnes,  selon  le  besoin  qui  s'en 
trouvera,  comme  étant  seuls  qui  puissent  donner  la  per- 
mission de  tenir  école  en  cette  ville. 

Tous  lesquels  articles  ci-dessus  sont  respectivement 
reconnus  et  accordés  pour  être  présens  agréés,  consen- 
tis et  homologués  tant  au  dit  chapitre  qu  en  l'Hàtel-de- 
Ville,  pour  ensuite  être  exécutés  incessamment  et  le  tout 
sans  préjudice  des  droits  et  privilèges  de  mesdits  sieurs 


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—  i^»  — 

les  doyeu,  chanoines,  et  chapitre,  Auxquels  on  u'cnteiid 
point  déroger  par  ces  présentes. 

Fait  double,  au  Doyenné  de  Laval,  ce  28  aouat  1699. 

Le  Verrier,  doyen  de  Saint- Tugal  ;  P.  Guiais,  chan- 
tre de  Sainl-Tugàl  ;  Le  Moine,  ancien  chanoine  ;  P.  Bu- 
reau, curé  de  la  Trinité  ;  J.  de  la  Porte,  député  chanoine 
de  Saint- Michel  ;  Mayneux  ;  de  Pontfarcy;  R.  de  la 
Porte,  juge  et  maire,  capitaine  du  château;  Touchard, 
juge  roym  ;  C.  Frin,  procureur  du  roi;  Le  Duc,  Ave- 
neau,  syndics  ;  Hardy,  juge  de  police  ;  Le  Clerc  et  Sal- 
mon,  échevins  ;  Gaultier,  échevin  et  avocat  du  roi  ; 
Gaultier,  lieutenant-général  ;  Le  Geay,  lieutenant  par- 
tieutier;  Devemay,  échevin'. 


BUREAU    DU    COLLEGE 

Depuis  l'impression  de  la  première  partie  de  ce  tra- 
vail, M.  Louis  de  la  Beauluère  a  bien  voulu,  avec  sa 
bonne  grftce  habituelle,  nous  communiquer  les  notes  re- 
cueillies autrefois  par  son  grand-père  sur  le  collège  de 
Laval.  Ces  notes  manuscrites  nous  ont  été  d'un  grand 
secours  pour  compléter  sur  plusieurs  points  le  présent 
chapitre,  en  même  temps  qu'elles  nous  permettaient  de 
rectifier  certaines  allégations  de  notre  chapitre  premier 
relativement  au  bureau  du  collège,  créé  en  1763,  non 
pas  par  l'Hôtel-de- Ville  de  Laval,  comme  nous  l'avions 
avancé  par  erreur,  mais  par  le  juge  des  exempta  par 
appel  de  la  dite  ville. 

L'édit  du  roi  Louis  XV,  portant  règlement  pour  les 
collèges  qui  ne  dépendent  pas  des  universités,  donné  à 
Versailles  au  mois  de  février  1763  et  enregistré  au  par- 
lement de  Paria  le  23  du  même  mois,  avait  prescrit  la 
création,  auprès  de  chacun  de  ces  collèges,  d'un  bureau 
d'administration  chargé  d'en  gérer  les  biens,  d'en  choi- 
sir les  principaux,  professeurs  et  régenta,  de  fixer  la 

t.  Arch.  départ,  série  D,  1, 


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-  i16  - 

durée  dea  vacances,   de    surveiller  Tinstruction  doonêe 
aux  élèves,  de  régler  les  heures  des  classca,  etc. 

L'article  VI  de  ce  règlement  désignait  les  personnes 
qui  seraient  appelées  à  composer  ces  bureaux  daus  les 
villes  où,  comme  à  Laval,  il  n'existait  ni  parlement,  ni 
conseil  supérieur. 

«  Article  VL  —  Dans  les  autres  villes  ou  lieux,  le  dit 
Bureau  sera  composé  de  l'archevesque  ou  évesque,  qui 
y  présidera,  du  premier  olfîcier  de  la  justice  royale  ou 
seigneuriale  du  lieu,  de  celui  qui  y  sera  chargé  du  mi- 
nistère public,  de  deux  officiers  municipaux,  de  deux 
notables  et  du  principal  du  collège,  et,  en  cas  d'absence 
dudit  archevesque  ou  évesque,  il  y  assistera  cette  per- 
sonne ecclésiastique  qui  y  aura  été  commise  par  lui  à 
cet  effet,  laquelle  prendra  place  après  celui  qut  prési- 
dera ledit  bureau,  » 

Aux  termes  de  l'article  4  du  même  édit,  les  collèges 
administrés  par  des  congrégations  séculières  ou  réguliè- 
res échappaient  à  cette  nouvelle  réglementation.  De 
plus,  il  était  créé  une  nouvelle  exception  en  faveur  dea 
fondateurs  primitifs  de  collèges. 

«  Article  XXVI.  —  N'entendons  préjudicier  par  le 
présent  édit  aux  droits  des  fondateurs,  ni  aux  charges 
et  conditions  primitives  des  fondations  bien  et  dûment 
faites  dans  lesdits  collèges.  » 

Aussitôt  que  l'édît  de  1763  eut  été  publié  à  Laval,  le 
juge  royal,  premier  ofTicier  du  siège  des  exempts  par 
appel  et  des  cas  royaux,  auquel  son  titre  semblait  don- 
ner le  droit  de  former  le  bureau  du  collège  dont  la  pré- 
sidence lui  était  attribuée,  s'empressa  de  nommer  les 
membres  de  ce  bureau  et  prétendit  s'emparer  sans  délai 
de  l'administration  dudit  établissement. 

Les  chanoines  du  chapitre  de  Saint-Tugal  poussèrent 
les  hauts  cris  et  s'empressèrent  de  réclamer  contre  une 
innovation  qui  portait  atteinte  à  leurs  droits  séculaires 
sur  le  collège.  Eux  seuls,  depuis  un  temps  immémorial, 


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avaient  eu  l'administration  de  cet  établissement  ;  le 
choix  des  principaux  et  des  régents,  la  direction  des 
études,  la  police  intérieure  du  collège,  leur  avaient  tou- 
jours appartenu  exclusivement  et  ces  droits,  établis  par 
des  titres  anciens,  avaient  été  reconnus  et  confirmés,  â 
dilTérentes  époques,  ainsi  qu'ils  offraient  de  le  prouver. 
Mais  leurs  réclamations  ne  furent  pas  écoutées. 

Ils  s'adressèrent  alors  aux  hommes  d'affaires  compo- 
sant le  conseil  de  M.  le  duc  de  la  TrémoïUe,  comte  de 
Laval,  le  protecteur  naturel  du  chapitre  de  Saint- Tugal, 
fondé  par  ses  prédécesseurs  et  dont  les  membres  étaient 
choisis  et  nommés  par  lui',  pour  prier  ceux-ci  de  leur 
indiquer  une  ligne  de  conduite  dans  la  circonstance  et 
de  les  aider  de  leurs  avis.  Ce  conseil  engagea  les  cha- 
noines à  protester  judiciairement  et  à  porter  l'afTaire 
devant  le  Parlement,  ce  que  ceux-ci  se  hâtèrent  de  faire. 

Les  chanoines  de  Saint-Tugal  furent  soutenus  dans 
leurs  réclamations  par  les  offîciers  de  la  justice  seigneu- 
riale du  comté  de  Laval.  Ceux-ci,  également  encouragés 
sans  doute  par  le  duc  de  la  Trémoîlte,  avaient  aussi 
protesté  contre  la  création  du  bureau  du  collège,  formé 
abusivement,  prétendaient-ils,  par  le  juge  des  exempts 
par  appel.  L'édit  de  1763,  d'après  eux,  n'avait  entendu 
désigner,  pour  procéder  à  la  formation  des  bureaux  des 
collèges,  et  pour  présider  ceux-ci,  que  les  juges  royaux 
ordinaires.  A  leur  défaut  la  présidence  desdita  bureaux 


1.  Le  chapitre  du  château  de  Laval,  devenu  vers  1407  le  cha- 

Eitre  de  Saint-Tugal,  avait  été  fondé,  en  1170,  par  Guy  V,  dont 
ts  successeurs  avaient  conservé  le  droit  de  nommer  les  chanoi- 
nes. Ce  chapitre  était  composé  de  dix-huit  prébendes.  Le  trots 
Sremières  étaient  attribuées,  Tune  k  l'évêque  du  Mans,  la  secon- 
e  au  doyen  et  la  troisième  au  chantre  ;  les  douze  suivantes 
étaient  possédées  par  autant  de  chanoines  :  les  trois  dernières 


enfin  étaient  affectées  au  principal  do  collège,  au  maître  de  psal- 
lette  et  au  sacristain  du  chapitre.  Il  y  avait  en  outre  un  certain 
nombre  de  chapelains,  nommés  par  les  chanoines,  et  parmi  les- 

Juels  se  trouvait  le  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Tugal  (Boullier, 
echerches  historiques  sur  l'église  et  laparoisse  de  Ta  Trinité.) 


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-  218  - 

devait  appartenir  aux  officiers  de  la  justice  seigneuriale 
du  lieu.  Le  siège  des  exempts  par  appel  et  des  cas 
royaux  étant  un  tribunal  d'exception,  le  juge  royal  de  Laval 
avait  outrepassé  ses  droits  en  instituant  le  bureau  du 
collège  de  la  dite  ville.  En  conséquence  ils  concluaient 
à  ce  que  les  membres  de  la  justice  royale  faisant  partie 
de  ce  bureau  en  sortissent  et  cédassent  la  place  aux 
membres  de  la  justice  seigneuriale.  Cette  protestation 
fut  également  portée  devant  le  parlement. 

Le  bureau  du  collège  n'en  subsistait  pas  moins,  et 
c'est  en  leur  dite  qualité  de  membres  de  ce  bureau  que 
MM.  François  Gandin  et  René  Lasnier  prenaient  pos- 
session, en  1764,  de  la  terre  de  Bonnes,  attribuée  au 
collège  de  Laval  par  le  roi  Louis  XV. 

Le  procès  suivait  néanmoins  son  cours.  Le  15  janvier 
1765,  M.  le  président  Rolland  présentait,  devant  te  Par- 
lement assemblé,  toutes  cbambres  réunies,  un  rapport 
sur  cette  affaire  et  concluait  en  faveur  du  juge  des 
exempts.  Nous  y  trouvons  le  passage  suivant  relatif  au 
bureau  du  collège  : 

«  Quand  l'édît  du  moia  de  février  1763  parut,  il  s'é- 
leva aussitôt  des  difficultés  ;  tant  relativement  à  la  for- 
mation du  bureau,  auquel  s'<^posoit  le  chapitre  de  Saint- 
Tugal  ;  qu'à  la  question  de  savoir  si  ce  seroit  les  of- 
ficiers de  la  justice  royale  ou  seigneuriale,  qui  seroient 
membres  du  bureau.  Mais  le  procureur  général  du  Roi 
consulté,  ayant  fait  connoitrc  que  les  intentions  de  la 
cour  étoient  que  le  bureau  se  tint,  sauf  au  chapitre  à  se 
pourvoir  ;  et  qu'il  étoit  juste  que  ce  fût  les  juges  royaux, 
et  non  ceux  du  seigneur,  qui  fussent  membres  du  bu- 
reau; les  contestations  ont  cessé,  et  le  bureau  prescrit 
par  le  m^me  édit  s'est  assemblé  et  continue  ses  délibé- 
rations*. H 


1.  Mémoire  à  coHsiiUer  et  consultation  pour  les  officier»  ife  la 
l'ustice  ordinaire  du  comté-paierie  de  Laval.  Paris,  54  p,  in-i". 


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Toutefois  les  chanoines  de  Saint-Tugal  ne  se  tinrent 
pas  pour  battus  et  persistèrent  dans  leurs  protestations. 
De  leur  côté  les  officiera  de  la  justice  seigneuriale  élar- 
girent le  d^bat,  en  joignant  à  leurs  réclamations  relati- 
ves au  bureau  du  collège  d'autres  protestations  concer- 
nant diverses  entreprises  faites  récemment  à  leur  détri- 
ment par  le  juge  des  exempts  de  la  ville  de  Laval  '. 

Divers  Mémoires  relatifs  à  ces  différends  furent  pu- 
bliés par  les  parties^.  Dans  un  de  ces  mémoires,  impri- 
mé en  1766  pour  les  officiers  de  la  justice  seigneuriale, 
ceux-ci  exposent,  en  ce  qui  concerne  la  question  du  col- 
lège, 0  que  s'ils  voient  tranquillement  le  juge  des 
exempts  assister  depuis  deux  ans  au  bureau  du  collège, 
c'est  parce  qu'ils  croient  que  ce  bureau  ne  subsistera 
pas.  L'article  4  de  Tcdit  du  mois  de  février  1763  porte 
expressément  que  le  roi  n'a  pas  entendu  régler  les  collè- 
ges dont  l'administration  et  la  desserte  sont  entre  les 
mains  de  quelques  congrégations  séculières  ou  réguliè- 
res. L'article  26  réserve  pareillement  les  droits  des  fon- 
dateurs et  les  charges  et  conditions  des  fondations  pri- 
mitives. Le  chapitre  de  l'église  collégiale  de  Saint-Thu- 
gal de  la  ville  de  Laval  a  des  titres  qui  lui  assurent  la 

1.  Eii  exécution  den  édiU  d'uoùt  176'i  et  mai  1765  sur  les  mu- 
nidpalitës,  relativement  n  la  présidence  des  assemblées  des  no- 
tableij,  l'en  régi  stremcDt  du  brevet  de  nomination  du  maire  de  la 
ville  et  la  réception  de  Hon  sermeiil.  lu  réception  de  la  uaulion 
du  syndic-receveur,  le  droit  de  choisir  un  notable,  la  présidence 
de  l'assemblée  des  nobles  et  des  ofllciers  militaires  pour  choisir 
un  député,  etc.. 

2.  Mémoire  à  cormuller  et  coiisuUiiliaii  pour  les  officiers  de  la 
juttiee  ordinaire  du  comté-paierie  de  Laval,  contre  les  officiers  du 
siège  des  cas  royaux' et  dcBeJ^empta par  appel  de  la  ville  ae  Laval, 
Paris,  Simon,  54  p.  iii-4°  (La  consullaliun  pincée  ti  la  suite  est 
signée  Lalource,  de  la  Monnoye  et  Mauttnil)  —  el  Mémoire  à 
eoiiêulter  et  consultation  pour  les  officiers  du  xiège  dex  exempts 
par  appel  et  pour  tes  cas  ro^au.r  au  comté,  ressort  el  élection  de 
Laval,  en  réponse  au  mémoire  des  officiers  du  siège  ordinaire  de 
la  comté-paierie  de  cette  ville.  Paris,  Cellot,  44  p.  in-4°  (La  con- 
sultation jointe  à  cette  pièce  est  signée  Cellier,  do  Lambon.  Bou- 
cher d'Argis,  et  Gaultier). 


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direction  du  collège.  Il  a  pris  pour  trouble  dans  sa  pos- 
session l'établissement  du  bureau  fait  par  les  oflîcïers 
dti  siège  des  exempts.  Il  a  demandé,  par  requête  pré- 
cise, la  maintenue  dans  le  droit  et  possession  où  il  est 
de  régir  le  collège,  la  nullité  de  l'établissement  du  bu- 
reau d'administration,  et  de  toutes  les  délibérations  qui 
y  ont  été  et  y  seront  prises,,  avec  défenses  aux  officiers 
du  siège  des  exempts  de  s'immiscer  dans  cette  régie  du 
collège. 

«  Dans  le  cas  où  cette  demande  du  chapitre  de  Saint- 
Thugal  ne  réussirait  pas,  les  officiers  du  siège  coratal 
soutiennent  que  c'est  à  eux  qu'appartient  l'entrée  au 
bureau  d'administration.  Le  siège  des  exempts  a  surpris 
la  religion  de  M.  te  procureur  général  en  lui  déguisant 
sa  véritable  nature  et  son  origine.  L'article  6  de  l'édit 
ne  peut  Hre  entendu  que  de  la  justice  royale  ordinaire 
et  jamais  siège  ne  fut  plus  extraordinaire  que  celui  des 
exempts  par  appel  et  des  cas  royaux.  » 

Mais  les  efforts  réunis  du  chapitre  de  Saint-Tugal  et 
des  officiers  de  la  justice  seigneuriale  de  Laval,  bien  que 
ceux-ci  paraissent  avoir  été  soutenus  dans  leurs  reven- 
dications par  le  duc  de  la  TrémolUe',  ne  purent  obtenir 
que  le  bureau  du  collège  fiH  supprimé. 

Le  procès  durait  encore,  en  1770,  lorsque  la  démission 
de  M.  Segretain,  provoquée  sans  doute  par  quelques 
différends  survenus  entre  celui-ci  et  le  bureau  du  col- 
lège, vint  raviver  la  crise.  M.  Chatizel,  vicaire  à  la 
Trinité,  ayant  été  choisi  pour  principal,  sans  la  partici- 
pation du  chapitre  de  Saint-Tugal,  celui-ci  résolut  de 
protester  contre  cette  nomination.  Mais  pour  s'assurer, 
cettf?  fois  encore,  la  protection  du  duc  de  la  TrémoîUe, 
il  s'adressa  de  nouveau  aux  hommes  d'alFaires  du  comte 
de  Laval  pour  leur  demander  de  vouloir  bien  indiquer 


l.  Voir  le  Mémoire  pour  M.   le  duc  de  la  TrémoUU,  comte  de 

Laval,  preiiiuit  fait  et  cniisr — ■  -'"— ' —  •'■• ••'  — ■'— '"  ■'- 

Laval,  Varis,  1767,  91  p.  in- 


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-  m  - 

la  ligne  de  conduite  que  les  chanoineB  auraient  à  suivre 
dana  la  circonstaDce,  tant  vis-à-vis  de  M.  Cbatizel  per- 
sonnellement que  vis-à-vis  des  officiers  de  la  justice 
royale.  Nous  trouvons,  parmi  les  pièces  communiquées 
par  M.  de  la  Beauluère,  le  projet  de  la  lettre  qui  fut 
adressée  à  cette  occasion  aux  hommes  d'affaires  compo- 
sant le  conseil  de  M.  de  la  Trémoïlle'. 

«  Lorsque  Tédit  du  roi  qui  ordonne  qu'on  établisse 
des  bureaux  pour  l'administration  des  collèges  parut,  le 
conseil  de  M.  le  duc  de  la  Trémoïlle,  après  avoir  exami- 
né les  titres  du  chapitre  de  Saint-Thugal,  décida  que 
cette  compagnie  étoit  dans  le  cas  de  l'exception  portée 
par  cet  édit  et  fut  d'avis  qu'elle  devoit  présenter  une 
requête  pour  demander  à  être  maintenue  en  possession 
d'administrer  le  collège  conjointement  avec  messieurs 
les  ofliciers  de  l'Hôtel-de-Ville,  ainsi  que  dans  tous  les 
droits  qui  lui  appartenoient  à  cet  égard,  et  pour  s'op- 
poser au  nouveau  bureau  d'administration  formé  par  le 
procureur  du  roy  au  siège  des  exempts  par  appel. 

«  La  requête  fut  présentée  au  Parlement.  Jusqu'ici  il 
n'a  point  été  possible  d'obtenir  un  jugement  et  le  bu- 
reau formé  par  le  procureur  du  roy  s'est  ingéré  d'admi- 
nistrer le  collège  et  d'exercer  tous  les  droits  qui  appar- 
tenaient au  chapitre  de  Saint-Thugal.  Un  de  ses  plus 
beaux  droits  étoit  la  nomination  du  principal,  en  choï- 
sisScint  un  des  trois,  ou  au  moins  un  des  deux  sujets 
qui  lui  étoient  présentés  par  les  officiers  du  corps  de 
ville  pour  remplir  cette  place.  Ce  droit  est  consigné 
dana  un  règlement  authentique  du  28  août  1699,  dressé 
par  les  députés  du  chapitre  et  ceux  du  corps  de  ville, 
règlement  qui  a  été  exécuté  dans  tous  ses  points  jus- 
qu'au moment  où  l'on  a  vu  éclore  le  nouveau  bureau 
d'administration. 

«  M.  Segretain,  nommé  le  13  mai  1740,  parle  cbapi- 

1 .  Copie  du  temps,  sans  date  et  sans  sigfnature. 


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—  m  — 

tre,  principal  du  collège,  ayant  donné  sa  démUaion 
dans  le  mois  de  Beptembre  (1770),  le  bnreaa  a  nom- 
mé en  son  lien  et  place  M.  Chatizel,  prêtre  de  ce  dio- 
cèse. 

<i  Le  principal  ayant  dans  l'église  de  Saint-Thugal, 
qui  est  sa  paroisse,  une  place  immédiatement  après  tous 
les  chanoines,  M.  Chatizel  ne  manquera  point  de   se 

présenter  pour  l'occuper  du   moins  certains ' 

et  il  a  annoncé  lui-même  que  c'est  son  intention. 

«  En  conséquence  on  demande  quelle  est  la  conduite 
qne  le  chapitre  doit  tenir  en  cette  occasion.  Peut-il,  sans 
préjudicier  aux  droits  qu'il  a  réclamés  dans  sa  requête 
et  son  opposition  à  la  formation  du  nouveau  bureau, 
garder  le  silence  sur  la  nomination  du  nouveau  princi- 
pal et  ne  pas  former  opposition  à  ce  qu'il  vienne  occu- 
per dans  te  chœur  de  Saint-Tliugal  la  place  réservée  au 
principal  du  collège  ? 

«  Si  le  chapitre  doit  faire  signifier  quetqu'acte,  on 
prie  le  conseil  d'en  envoyer  un  modèle. 

«  Mais  il  y  a  un  autre  point  qui  mérite  une  attention 
particulière.  Charlotte  de  Nassau,  duchesse  douairière 
de  la  Trémoille,  dans  sa  transaction  faite  avec  les  habi- 
tants de  Laval  pour  terminer  le  procès  qu'ils  avoient 
intenté  pour  faire  unir  une  prébende  au  collège,  consen- 
tit à  donner  et  conférer  auxdîts  habitants  et  en  leur  fa- 
veur, la  première  vacante  des  prébendes  ou  canonicats 
dudit  collège  de  Saint- Thugal,  pour  être  les  fruit»  de  la 
prébende,  de  là  en  avant,  délivrés  par  ledit  chapitre  pour 
l'entretien  du  principal  et  des  régents  dudit  collège,  à 
raison  de  deux  cents  livres  par  chacun  an  et  par  quar- 
tiers ;  à  laquelle  raison  de  deux  cents  livres,  les  fruits 
de  ladite  prébende  ou  canonicat  demeurent  réglés  du  jour 
de  ladite  vacance,  sans  que  le  principal  ou  les  régents 
soient  tenus  de  faire  aucun  service  ou  résidence  en  la 

1,  Ce  mol  manque,  le  papier  ayant  été  déchiré  à  cet  eodroil. 


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_  ÎM    ■ 

dite  église  ....  et  ont  de  toat  ce  que  dessns  les  par- 
ties respectivement  contractantes  demeuré  d'accord  de  se 
tenir  et  accomplir  sans  jamais  y  contrevenir,  etc...  » 

Le  conseil  de  M.  le  duc  de  la  Trémollle  ayant  été  d'a- 
vis que  les  chanoines  de  Saint-Tugal  protestassent  con- 
tre cette  nouvelle  atteinte  portée  à  leurs  privilèges  sur 
le  collège,  ceux-ci  firent  signifier  cette  protestation  a 
M.  Chatizel  personnellemeut  et  aux  officiers  de  la  justice 
royale.  Us  portèrent  en  même  temps  ce  nouveau  grief 
devant  le  parlement,  mais  sans  pouvoir  obtenir  de  celui- 
ci  une  solution  favorable.  Le  chapitre  de  Saint-Tugal 
reçut  bien,  en  1771,  une  sorte  de  satisfaction  par  la  dé- 
mission de  M.  Chatizel  et  la  nomination,  pour  remplacer 
celui-ci,  d'un  candidat  agréable,  M.  Segrelain,  neveu  du 
précédent  principal  de  ce  nom.  Mais  cette  nomination, 
résultat  sans  doute  d'un  compromis  conclu  provisoire- 
ment entre  le  bureau  du  collège  et  le  chapitre,  laissait 
la  question  entière. 

C'est  seulement  quinze  ans  plus  tard  que  le  procès 
commencé  en  1763,  depuis  vingt-deux  ans,  par  le  chapi- 
tre de  Saint-Tugal  et  les  officiers  de  la  justice  seigneu- 
riale de  Laval,  put  recevoir  une  solution.  Nous  trouvons 
mentionné,  dans  une  délibération  du  bureau  du  collège, 
en  date  du  19  août  1790,  dont  nous  avons  eu  occasion 
de  parler  plus  haut,  un  arrêt  du  8  mars  1785  qui  dut 
avoir  pour  but  de  terminer  ce  différend.  Cet  arrêt,  dont 
nous  n'avons  pu  retrouver  le  texte,  déboutait  les  deman- 
deurs de  leur  prétentions,  consacrait  les  droits  du  juge 
royal  des  exempts,  et  confirmait  l'institution  du  bureau 
du  collège  tant  pour  le  passé  que  pour  l'avenir'.   La 


il  serait  intervenu,  entre  le  bureau  du  coilègre  et  le  chapitre  c 
Saint-Tugal,  un  arrangement,  aux  fermes  duijuel  le  doyen  dudit 
chapitre  devait  être  appelé,  pour  l'avenir,  à  faire  partie  de  ce  bu- 
reau, et  cette  transaction  aurait  été  homologuée  parle  Parlement. 
C'est  possible,  mais  nous  n'avons  pas  trouvé  de  traces  de  ce 
compromis,  et  il  n'est  pas  question  du  doyen  de  Saint-Tugal 
dans  la  délibération  du  19  août  1790. 


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-  224  - 

liste  des  membres  de  ce  bureau,  à  la  date  du  19  août 
1790,  prouve  qu'il  était  encore  à  cette  époque  cQm|)08é 
suivant  les  prescriptions  de  l'édit  de  1763,  sous  la  pri'- 
sidence  du  juge  royal  des  exempts  par  appel,  M.  Fiûn 
du  Guyboutier  ' . 

(A  suivre). 

Ë.  Queruau-Laherie. 


i  continua  à 
seul  les  principaux  appelés  à  diriger  te  collège  de  1770  à  1791. 

C'est  fui  encore  qui  obtint  du  chapitre  de  Sainl-Tugal,  Je  14 
juillet  17S7,  B  après  de  longues  contestations,  n  que  le  principal 
du  collège  touchât  le  revenu  entier  de  la  prébende  qui  lui  était 
atTectée,  à  partir  du  25  décembre  suivant.  (Mrfmojrc  relatif  atu: 
revenu»  du  ci-devant  collège  Archives  municipales  de  la  ville  de 
Laval). 


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LA  FAMILLE  BODGHBT  DE  SOURCHES 


J'ai  publié  en  1887,  aous  le  nom  de  M.  te  duc  des 
Cars  et  sous  le  mien,  un  volume  intitulé  :  Le  châ- 
teau de  Sourches  au  Maine  et  ses  seigneurs  '. 
Ayant  eu  l'occasion  de  faire  connaître  sommairement^ 
dans  cet  ouvrage,  l'origine  des  Bouctiet  de  Sourches, 
je  ne  reviendrais  pas  sur  cette  question,  assez  peu  im- 
portante en  elle-même,  si  un  estimable  chroniqueur  n'a- 
vait écrit  dans  un  récent  travail  :  «  11  y  a  divergence 
«  entre  les  auteurs  qui  ont  dressé  la  généalogie  des 
«  Bouchet.  Cette  divergence,  à  défaut  de  preuves  cer- 
«  taines,  ne  cesse  de  nous  laisser  dans  un  état  perplexe. 
«  Nous  ne  serions  pas  éloigné  de  nous  rattacher  à  la 
«  généalogie  fournie  par  Le  Paige  ^  aux  articles  La 
«  Ferté-Macé  et  Saint-Symphorien  *.  » 

La  perplexité  d'autrui  m'émeut  ;  en  toute  chanté  et 
par  amour  de  la  vérité,  il  faut  y  mettre  un  terme.  Et 


1.  Paris,  H.  Lecène  et  II.  Oudin,  éditeurs,  rue  Bonaparte,  17. 

2.  Voir,  Le  château  de  Sourches  au  Maine  et  ses  seigneur». 
Ohsert^tions  critiques.  Mamers,  O.  Fleury  et  A.  DanKiu.  1887, 
ii.-a-  de  VII  p. 

3.  Dictionnaire  de  la  province  du  Maine. 

4.  I',  Moulard.  Recherche»  historiques  sur  Saint- Léonard-des- 
Bois  et  Saint- Panl-te- Gaultier.  Le  Mans,  Lebrault.  rue  Auvray, 
lBBft.p.  117. 


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-  âî6  - 

puis,  il  est  l)on  d'enlever  à  Le  Paigo  une  autorité  qu'il 
ne  mérite  guère.  Noua  sommes  tous  sujets  à  erreur  ; 
mais  le  bon  chanoine  du  Mans  a  trop  souvent  dépassé 
les  limites  du  permis,  en  publiant  sans  critique  des  gé- 
néalogies dues  à  l'imagination  de  gens  qui  eussent  vou- 
lu descendre  de  Jupiter. 

J'offre  ce  petit  travail  aux  membres  de  la  Commission 
Historique  et  Archéologique  de  la  Mayenne.  11  leur  re- 
vient de  droit,  le  bourg  de  Villoines-la-Juhel  ayant  été, 
à  défaut  de  la  fameuse  nuit  des  temps  ou  des  champs  de 
bataille  de  la  Palestine,  le  berceau  de  la  famille  Bouchet 
de  Sourches. 


CHAPITBE  I 


S  I 

Je  dois  d'abord  donner,  d'après  Le  Paige,  la  filiation 
des  Bouchet.  Il  faut  reconstruire  l'édifice  du  chanoine 
aQu  de  pouvoir  enlever  la  pierre  qui  entraînera  la  ruine 
de  son  œuvre. 

«  La  maison  du  Bouchet',  dit-il,  et  avec  lui  Moréri, 
est  une  des  plus  anciennes  de  la  province  du  Maine  et 
originaire  d'Anjou  où  elle  possédait  anciennement  la 
terre  du  Bouchet^. 

«  Cette  maison  prit  alliance  à  la  Bn  du  XII'  siècle 


1.  Il  eût  fallu  dire  :  •  la  famille  Bouchel.  a  Bouchet  n'est  pas 
ici  un  noia  de  terre,  mais  un  nom  patronymique. 

2.  Quelle  terre  du  Bouchet  ?  11  y  a  en  Anjou  et  dans  le  Maine 
beaucoup  de  terres  portant  le  nom  de  le  Bouchet.  Hais  aucune 
d'elles  n's  été  possraée  par  ta  famille  Bouchet  de  Sourches. 


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~  m  — 

avec  celle  des  comtes  de  VeDdâmois  et  des  anciuas  com- 
tes d'ÂlençoD  par  le  mariage  de  Jeanne  du  Bouchet  avec 
Hugues  IV,  comte  de  Vendômois  et  Robert  IV,  comte 
de  BeUème'. 

«  Jeanne  du  Bouchet  était  tante  et  marraine  de  : 

Il  Robert  1  du  Bouchet,  seigneur  de  la  Ferté-Macé, 
de  Saint-Léonard  et  de  MalefTre  -. 

n  Robert  II  du  Bouchet,  fils  de  Robert  I,  fit  le  voyage 
de  Terre-Sainte  et  épousa  eu  1263,  Gabrielle  de  Lonlay, 
d'où  : 

«  Pierre  du  Bouchet  qui  se  maria  en  1301,  avec  Léo- 
nore  de  Hertré.  De  cette  union  vint  : 

a  Baudouin  du  Bouchet,  marié  en  1355,  à  Charlotte 
de  Clinchamp  3,  dont  Hardouin  et  Jean,  chef  de  la  bran- 
che de  Maleffre. 

«  Hardouin  du  Bouchet  épousa,  en  1369,  Jacqueline  de 
Longaunay  qui  lui  donna  : 

«  Jean  du  Bouchet,  marié  en  1415,  avec  Charlotte 
d'Assé  *,  père  et  mère  de  : 

«  Guillaume  du  Bouchet,  lieutenant  et  connétable 
de  la  ville  et  du  château  du  Mans,  uni,  en  1459,  à  Jeanne 
DE  Vassé,  dame  de  Sourchgs-le-Vaybr.  » 

Je  laisse  aux  érudits  normands  le  aoin  de  discuter 
l'authenticité  plus  que  problématique  des  du  Bouchet, 


t.  Le  Mercure  de  France,  février  1747,  [ail  éraiement  remon- 
ter les  Bouchet  de  Sourches  à  Jeanne  du  Bouchet,  mariée  vers 
1200,  aveu  Robert,  comte  de  Bellëme,  de  Ponlhieu  el  d'Alençon. 

3.  Saint- Léonard  et  MalefTre  n'entrèrent  dans  la  famille  Bou- 
chet qu'au  milieu  du  XV'  siècle. 

3.  »  Charlotte  de  Cliiicliiimp  épouse,  le  lOjannvier  1355,  Bau- 
B  douin  du  Bouchet,  écuyer,  fils  de  Pierre,  sire  du  Bouchet,  et 
1  de  Léonore  de  Hertré.  —  Preuves  des  du  Bouchet  pour  le  Saint- 

■  Esprit.   D  (Le  Chartrier  français,  4»  année,  1870-1871;  p.  91). 
^.  ■  Jean  du  Bouchet,  1"  du  nom,  fils  de  Baudouin  du  Bou- 

a  chet,  1"  du  nom,  et  de  Charlotte  de  Chnchamp.  se  maria  en 

■  lil5,  à  Charlotte  d'Assé  ;  de  ce  mariage  naquit  Ouillaume  du 

■  Bouchet.  ■  (La  Chesnaye-Desbois). 


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seigneurs  de  la  Ferté-Macé  aux  XIII*  et  XIV  siècles'. 
Ma  tâche  consiste  à  faire  rentrer  Guillaume  Bouchet  de 
Villaînes-la-Juhel,  mari  de  Jeanne  de  Yassé,  dans  sa 
vraie  famille,  en  le  débarrassant  d'ancêtres  de  contre- 
bande. 

!!  II 

Villaines-la-Juhel  est  une  petite  ville  —  on  pourrait 
dire  un  gros  bourg  —  de  la  Mayenne  assise  sur  les 
marches  du  Bas-AIaine  du  cdté  de  la  Normandie.  D'as- 
pect assez  triste  comme  tous  les  villages  de  cette  région 
où  l'on  emploie  le  granit  dans  les  constructions,  elle  se 
recommande  à  ratlention  du  touriste  par  deux  églises^ 
en  partie  romanes  '  et  par  les  ruines  d'un  vieux  donjon 
de  la  même  époque. 

Pauvre  vieux  donjon  !  Le  temps  l'eût  peut-être  épar- 
gné, mais  les  hommes,  moins  respectueux  que  les  élé- 
ments, ont  pris  à  tâche  de  l'amoindrir.  Sa  robuste  tète 
carrée  a  été  détachée  du  tronc,  et  ce  tronc,  mutilé,  dés- 
honoré, se  penche  sur  une  carrière  béante  qui  semble 
devoir  être  son  tombeau.  Privé  de  son  couronnement, 
sapé  par  la  base,  il  retourne  à  la  terre  d'où  il  est  sorti  ! 

Au  XV°  siècle,  ce  monument,  dressé  sur  le  roc,  éle- 
vait vers  te  ciel  ses  quatre  murailles  flanquées  de  douze 
contreforts  peu  saillants,  émergeant  d'un  gtttbis  bien  ap- 


1.  ■  Un  Payen  de  3ourohes  iChaources)  épousa  au  moyen-Age 
Alice,  lille  de  Guillaume  âe  la  l  erté  et  de  Har^nerile  Brewer.  Ne 
serail-ce  point  l'alliance  de  cette  Alice  de  la  Fertê  avec  Payen  de 
Souruhes  qui  aurait  inspiré  aux  du  Bouchet  de  Sounihes  ta  flat- 
teuse idée  de  regarder  leurs  aucëtres  comme  les  premiers  sei- 
gneurs de  la  Ferlé-Macii  ?  •  (G"  Gérard  de  Coiilades,  .VawVc 
sur  la  commune  de  Lonlay -le- Tesson,  p.  90), 

2.  Saint-Nicolas  et  Saint-Georges. 

3.  Le  portail  de  Suint-Nicolas  est  surtout  intéressant. 


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pareille  comme  le  reate  de  la  conatruction'.  U  dominait 
la  vallée  où  se  rangent  les  maisons  de  Villaines  et  sur- 
veillait les  campagnes  environnantes.  Dans  ce  temps, 
le  paysan,  efTrayé  par  les  rumeurs  de  guerre  et  creusant 
un  sillon  destiné  peut-être  à  ne  pas  rendre  la  semence 
qu'on  lui  confiait,  tournait  souvent  son  regard  vers  le 
noir  repaire  féodal  ;  là  étaient  et  son  eiïroi  et  son  espé- 
rance. Bien  souvent,  le  fléau  destructeur  était  sorti  de  ' 
ses  entrailles  sous  la  forme  de  soudards  aux  appétits  de 
chiens  de  meute,  mais,  bien  des  fois  aussi  le  salut  lui 
avait  été  offert  derrières  ses  épais  remparts  !  L'homme 
de  la  terre  maudissait  et  bénissait  tour  à  tour  la  forte- 
resse qui  était  pour  lui  une  menace  et  un  port; 

Les  sentiments  de  la  population  urbaine  étaient  au- 
tres. La  soldatesque  était  moins  redoutable  à  la  ville 
qu'en  rase  campagne.  Le  donjon  devenait  moins  terri- 
fiant à  mesure  qu'on  s'en  rapprochait.  Marchands,  bour- 
geois, gens  de  robe,  tous  étaient  familiarisés  avec  lui  et 
avec  ceux  qui  l'occupaient.  D'ailleurs,  l'homme  d'ar- 
mes, écuyer  ou  chevalier,  qui  s'y  renfermait  aux  épo- 
ques de  guerre,  aussi  hardi  pillard  que  mauvais  éco- 
nome, avait  souvent  recours,  pour  parer  aux  besoins  du 
moment,  à  la  bourse  du  bourgeois  parcimonieux.  Pen- 
dant que  celui-ci  spéculait  et  thésaurisait,  celui-là  em- 
pruntait et  engagait  ses  biens.  Ordinairement,  terres, 
flefs,  seigneuries,  tout  restait  aux  mains  du  plus  rusé, 
c'est-à-dire  au  financier.  Comme  suprême  consolation, 


1.  Le  donjon  de  Villaines-la-Juhel,  qui  a  conservé  à  un  de  ses 
ang;Ies  son  revêtement  intact,  occupe  une  superlioie  d'environ 
vingt-deux  mètres  carrés.  Quant  k  sa  hauteur  primilive  on  peut 
J'évuluer  à  une  trentaine  de  mètres  au  moins.  On  gagne  l'in- 
téi'ieiir  de  ce  donjon  par  une  brèclie  pratiquée  dans  une  de  ses 
faces  danx  le  mur  vertical  au-dessous  du  glacis.  Un  rocher,  qui 
joue  le  râle  de  pilier,  soutient  le  glacis  en  cet  endroit.  On  parvient 
au  sommet  des  murailles  en  escaladant  de  gros  blocs  de  granit 
recouverts  de  terre  qui  forment  un  terre-plein  entre  les  quatre 
murs  de  la  ruine. 


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le  pauvre  chevalier  pouvait  ae  dire  que,  s'il  laissait  ses 
enfaats  dana  une  situation  précaire,  il  avait  au  moins 
versé  généreusement  son  sang^  et  donné  de  grands  coups 
d'épée.  L'autre,  l'homme  d'argent,  regardait  avec  en- 
vie le  château  du  puissant  baron  ;  il  rêvait  la  noblesse 
pour  les  siens  et,  précurseur  des  rois  du  jour,  vampires 
à  la  fortune  scandaleuse,  il  pensait  que  l'or  était  un  as- 
sez puissant  levier  pour  élever  une  modeste  maison  à  la 
hauteur  des  plus  illustres.  Ce  rêve  n'était  pas  toujours 
éphémère,  —  la  suite  de  ce  travail  va  nous  le  montrer, 
—  il  devenait  quelquefois  la  réalité. 

I;  III 

Guillaume  Bouchet,  «  lieutenant  et  connétable  de  la 
Ht  ville  et  ch&teau  du  Mans,  u  mari  de  Jeanne  de  Vassé, 
dame  de  Sourchea-le-Vayer,  n'était  pas  fils  —  n'en  dé- 
plaise à  Le  Paige  et  à  ceux  qui  l'ont  suivi,  —  de  Jean  du 
Bouchet  et  de  Charlotte  d'Assé.  Il  était  issu  du  mariage 
de  Jean  Bouchet,  avocat  en  cour  laye,  et  de  sa  première 
femme  Jeanne  de  Marcillé. 

Jean  Bouchet  se  trouvant  être  le  père  du  premier  Bou- 
chet de  Sourches,  il  importe  d'établir  précisément  le  rang 
social  qu'il  occupait. 

Jean  Bouchet  naquit  â  Villaines-Ia-Juhel  *  à  la  fm  du 
XIV  siècle  ou  au  commencement  du  XV",  sous  les 
murs  du  massif  donjon  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Son 
père  portait  peut-être  comme  lui  le  prénom  de  Jean^  et 

i.  1  Jehan  Bouchet,  aalHde  Villaines-Ia-Juhes.  t  (Arch.  dép. 
de  la  Sarthe.  Livre  des  rentes,  cens,  devoir»  de  Jehan  Bouchet, 
Ë300). 

S.  Vers  1391,  on  trouve  ■  Jehan  Boschet,  u  procureur  de  Ro- 
bert de  VendAme,  set^eur  de  Lassay,  dans  un  accord  entre  ce 
demief  et  Quiflaume,  seigneur  de  Bois/roust.  {Arch.  du  château 
de  Lassay}.  — En  février  1414  (v.  s.)  c  Jehan  Buschet,  l'aisné,  a  est 
procureur  du  sei^eur  >■  de  Coaymes  »  à  l'assise  du  Mans  (Arch. 
naL  K>  395,  foi.  93  v«J.  —  U21,  «  Jean  Bouchet,  lieutenant  du 
bailli  de  Mayenne.  —  l'i22,  Jean  Bouchet,  de  Villaiuës,  prend  à 
ferme  la  pr«vAté  dudit  Villaines.  (Bibl.  nat.  fonda  franc.  ll,B7:t). 


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sa  mère  était  issue  d'uD  bourgeois  nommé  Guillaume 
Lambert'.  Hardouin  du  Bouchet  et  Jacqueline  de  Lon- 
gaunay  ne  furent  pour  rien  dans  son  apparition  sur  la 
terre.  Le  Paige,  en  donnant  cette  dernière  filiation,  s'est 
encore  trompé.  La  sœur  de  Jean  Bouchet,  dont  j'ignore 
le  prénom,  épousa  un  Bouchart  ;  de  leur  union  vint  Jean 
Bouchart,  écuyer,  seigneur  de  la  Miterie  en  Villaines- 
la-Juhel^et  de  Bresteau  en  Courcité.  Le  6  décembre 
1455,  un  accord  eut  lieu  entre  «  Jehan  Bouchart,  écuyer. 
seigneur  de  la  «  Minterie^,  »,  et  «  honorable  homme 
«  et  saige  M*  Jehan  Bouchet,  son  oncle,  »  au  sujet  du 
domaine  du  Orand-Bresteau'. 

Une  note,  qui  m'a  été  fournie  par  M.  le  vicomte  S. 
Menjot  d'Elbenne,  indique  Geffeline  du  Bois,  veuve  de 
Jean  de  Favières,  comme  femme  de  Jean  Bouchard^. 
Par  ailleurs,  M.  l'abbé  Guiller,  dans  ses  Recherches 
sur  Changé-lès-Laval  ^,  dit  que  le  seigneur  de  la  Mite- 
rie épousa  en  1420,  Aymerie,  dame  de  Beauvais,  fille 
de  Nicolas  Guérin,  bourgeois  de  Laval.  Cette  Aymerie 
Guéria  aérait  imorte  avant  1454,  tandis  que  son  mari 
aurait  vécu  au  moins  jusqu'en  1473.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Jean  Bouchart  laissa  plusieurs  enfanta  : 


1.  Commuaication  de  M.  le  vicomle  Samuel  MenJot  d'Klbenne. 
—  Jean  Bouchet  dans  son  Livre  de  rentes,  cent  et  devoirs,  (Arch. 
de  la  Sarthe,  Ë  300),  àla  date  du  6  décembre  1455,  parle  de  Guil- 
laume Lambert,  son  ayeul. 

2.  La  Petite-Miterie,  dont  les  Bouchart  étaient  également  sei- 
gneurs, se  trouvait  en  Champgeneteux.    • 

3.  Les  documents  anciens  donnent  les  deux  fonnes,  Miterie  on 
Minterie. 

4.  Arch.  de  la  Sarthe,  E  300. 

5.  Un  Jean  Bouchart.  seigneur  de  Olandsemé,  épousa  Jeanne 
du  Bois,  fille  de  Pierre  du  Bois  et  de  demoiselle  Jeanne  Margerie. 
Leur  llls  aîné  Guillaume  Bouchart  se  maria  par  contrat  du  5  no- 
vembre 1478.  (Chartrier  du  c/idteau  de  Laasay  ;  orig.  pai-ch). 

6.  Tome  II,  pp,  58  et  suivantes. 


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~  283  - 

1*  Harre  Bonchart,  aeigneur  de  la  Miterîe,  mort  vers 
l'anoée  1500  <. 

2*  Renée  Boucbart,  dame  de  Beauvais  et  de  la  Mite- 
rîe, héritière  de  son  frère  Pierre,  veuve  dèa  1500  de 
noble  homme  Jean  du  Bailleul,  dont  elle  eut  un  fils, 
Etienne  du  Bailleul,  qui  épousa  demoiselle  Radegonde 
deLoré^. 

3*  Louise  Boucbart,  dame  de  Bresteau  en  Courcité  et 
de  Champ  en  Trans,  mariée  le  25  mai  1470  à  Guillaume 
de  Montesson,  écuyer,  seigneur  de  Saint-Aubin-du-Dé- 
sert,  d'où  :  Nicolas  de  Montesson,  écuyer,  seigneur  de 
Saint-Aubin-du-Désert,  uni,  le  22  avril  1506,  à  Marie 


1.  1500-1S05.  B  Du  seitrneur  de  la  Miterie,  powr  le  don  et  legs 
«  Tait  à  la  Tabncque  (de  Villames-Ia-Juhel)  par  Teu  noble  homme 
■  Pierre  Bouchaii,  en  son  vivant  seigneur  dudit  lieu  de  la  Mi- 
«  trie,  •  6  livres  tournois  de  rente  pour  deux  années.  (Compteade 
fabrique  de  ViUainet-la~Ju/iel  conservés  au  presbytère). 


Le  document  suivant  en  est  la  preuve.  •  De  noble  homme  Es- 
(  tienne  du  Boilleul,  seigneur  de  la  Mylerie,  pour  le  don  et  legs 

■  fait  à  la  fabricque  de  Villaines  par  feu  noole  homme  Pierre 
(  Bouchart,  en  son  vivant,  seiffneur  dudit  tieu  de  la  Myterie,  de 
«  deux  piecies  de  terre  sises  près  le  lieu  de  la  Petite-Myterie. 

■  en  la  paroisse  de  Champgenestoux,  qui  estoient  des  deppen- 
«  dences  d'icelluy  lieu.  ...pour  lesquelles  deux  pieczes  de  terre 

■  feue  damoiselle  Renée  Bouchart,  seur  germaine  et  principale 

*  héritière  dudit  feu  Pierre  Bouchart,  veufve  de  feu  noble  hom- 
(  me  Jehan  du  Bailleul,  mère  dudit  Ëstienne,  en  son  vivant,  dame 
(  de  la  dite  terre  de  la  Miterie,  et  ledit  Estienne  soy  obligèrent 
«  envers  ladite  fabricque  et  procureurd'icelle  faire  poicr  etconti- 

*  nuer  chacune  ans  et  sur  le  principal  foyer  dudit  lieu  de  la  My- 

*  terie  >  60  sous  tournois  de  rente,  «  laquelle  rente  avons  receue 

■  des  termes  de  Toussains  g  1509  à  1514,  i  tant  par  la  main  du- 

*  dit  feu  du  Bailleul,  en  son  vivant,  que  par  les  mains  de  damoi- 

■  selle  Jehanne  de  Loré,  ayant,  pour  noble  homme  messire  Am- 
>  broys  de  Loré,  chevalier,  seigneur  dudit  lieu,  son  frère,  l'admi- 

*  nistralion...  de  la  terre  de  la  Myterîe,  comme  bail  et  curateur 

■  iceluy  chevalier,  ordonné  par  justice,  des  enfnns  minaurs  du 
'  dit  Teu  Estienne  du  Bailleulcl  de  feue  Radesonde  de  Loré,  son 
1  espouse,  seur  dudit  chevalier.  ■  (Comptes  de  fahriqae  de  Vil- 
lainet-la-Juiiel.  1505  à  1515). 


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-  484  - 

Bonchet',  fille  de  -Pierre  Bouchet,  seigneur  de  Maleft^, 
et  de  CatherÏDe  de  Saint- Rémy  '. 

Jean  Boucbet,  oncle  de  Jean  Boucbart,  seigneur  de  la 
Miterie,  devint  avocat  en  cour  laye,  et  fut  bailli  de  la 
chAtellenie  de  Champagne-Hommet  pendant  les  années 
1438  et  suivantes^;  bailli  de  Lassay  «  pour  très  noble 
«  et  puissant  seigneur  monseigneur  le  vidame  de  Cbar- 
«  très,  »  1457-1462*;  lieutenant  à  Yillaines-la-Jubel 
1460^;  bailli  du  seigneur  de  Lamboul,  1465^,  puis  lieu- 

1.  Marie  Bouchet,  arrière-petite- fille  de  Jean  Bouchet  par  Gil- 
les et  Pierre  Bouchet,  seigneurs  de  Maleffre,  était  cousine  de  Ni- 
colas de  Monteason,  descendant  de  ta  sœur  de  Jean  Bouchet. 
femme  d'un  Bouchart,  par  Jean  Bourhart,  seigneur  de  la  Miterie, 
et  sa  lille  Louise  Bouchart. 

2.  Communicatinn  de  M.  le  vicomte  S.  Menjot  d'Ëlbenne.  — 
L'alliance  de  Nicolas  de  Monlesson  est  prouvée  par  le  document 
suivant  :  n  De  damoiselle  Katherine  de  Saint-Rémy,  veufve  de 

■  feu  noble  homme  Pierre  Bouchet,  en  son  vivant  seigneur  de 
R  Maleiïre,  Courbehier,  Coullion,  du  Fousteau,   la  Pineliëre,  la 

■  Teiillière,  el  autres  choses  sises  en  la  paroisse  de  Villaines, 
<  bail  naturel  des  enfants  mineurs  d'ans  dudit  feu  et  d'elle;  et  de 
'  noble  homme  Nicolas  de  Monlesson,  seigneur  de  Saint-Aubin 
n  et  du  Cormier,  mari  de  Marie,  fille  dudit  feu  Bouchet  et  de  la- 
0  dite  Katherine,  à  pi-ésenL  curateur  ordonné  parjuslice  ausdils 

■  mineurs,  depuis  le  second  mariaige  de  ladite  Katherine,  par 
«  quoy  elle  perdit  le  bail  d'iceulx  enians,  pour  le  don  et  legs  fait 
«  par  ledit  feu  Bouchet  à  ladite  fabricque  (de  Villaines)  sur  ses 
s  dites  terreset  seigneuries  sises  en  ladite  paraisses  de  Villaines... 
«  pour  ce  desdites  sept  années,  XIIII  tiv.  e  Comptes  de  fabrique 
de  Villaines-la-Jukel.  1516-1517. 

3.  Archives  du  château  de  Juigné-sur-Sarthe.  Extrait  d«»  ti- 
tres féodaux  de  la  terre  et  seigneurie  de  Champagne-Hommet, 
t.  I  ;  Mélanges,  p.  90. 

4.  On  rencontre  Jean  Bouchet,  tenant  pour  la  première  fois  les 
assises  de  Lassay,  comme  bailli,  le  10  janvier  1456  (v.  s.).  Il  suc- 
cédait à  Pierre  de  Pennart  qui  avait  tenu  la  dernière  assise,  le  15 
octobre  1456.  Après  lui,  le  14  février  1462  (v.  s.)  on  trouve 
"  maistre  Franczois  Le  Chai,  bailly  «  de  Lassay.  (C/iartrierda 
ehdteau  de  Lassay),  Je  dois  remercier  ici  M.  le  marquis  etM.  le 
comte  de  Beauchesne  qui  m'ont  communiqué  leurs  archives  avec 
une  grande  bienveillance. 

5.  En  1460,  Jean  Bouchet,  lieutenont  à  Villaines-la-Juhel,  in- 
forme contre  Guillaume  Le^endre  des  Chapelles  qui  avait  fait 
une  fausse  obligation  au  préjudice  de  Robert  des  Chapelles.  ('j4rr/i. 
nat.  R6  386,  fol.  239). 

6.  Années  1465  et 
de  Lamboul.  (Arch.  . 


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—  233  — 

tenant  au  MaoB  «  en  office  de  sénéchal.  »  Il  avait  été 
procarenr  de  Robert  de  La  Croixille,  de  Jean  du  Bellay, 
chevalier,  seigneur  du  Bois-Thibault,  de  Pierre  de 
Champagne,  écuyer,  seigneur  dudit  lieu  et  de  «  Baaail- 
«  les,  »  durant  les  années  1451,  1452  et  1455'.  Pendant 
qu'il  remplissait  ses  fonctions  de  bailli  de  la  chAtellenie 
de  Champagne- H ommet,  il  habitait  ordinairement  à  Sa- 
blé -,  dans  une  maison  acquise  de  Guillaume  Sufileau, 
pour  laquelle  il  devait  au  curé  de  la  paroisse  de  Saint- 
Martin  une  rente  annuelle  de  douze  deniers^.  Outre 
cette  maison,  il  avait  encore  acheté  en  1440  et  en  1445 
du  même  Guillaume  Suffleau  et  de  «  noble  homme  Ger- 
«  vaise  de  Landrcpouatc,  escuier,  seigneur  dudit  lieu,  « 
certains  biens  à  Souvigné-sur-Sarthe  et  à  Précigné. 
Gervaise  de  Landrepouate,  qui  avait  guerroyé  contre  les 
Anglais  et  probablement  emprunté  quelques  sommes  à 
«  honorable  homme  et  saige  Jehan  Bouchet,  »  consentit 
à  se  dépouiller  en  considération  des  services  que  ledit 
Bouchet  lui  avait  rendus  «  au  temps  pasaé^.  » 

Une  des  tilles  de  notre  avocat  en  cour  laye  fiit  tenue 
sur  les  fonts  sacrés  par  Olivette  de  Noce,  dame  de  Rous- 
sey.  Cette  dernière  fît  son  testament  te  6  décembre  1442, 
demanda  la  sépulture  dans  l'église  Saint-Martin  de  Sa- 
blé, et  choisit  pour  aea  exécuteurs  testamentaires  :  Jean 
Bouchet,  Jean  de  Thévalle,  chevalier,  et  Guillaume  Le 
Barbier.  De  plus,  elle  donna  à  sa  «  filleule  de  Tesvalle 
«  ses  matines,  et  à  aa  filleule,  la  fille  de  Jehan  Bouchet, 
a  la  plus  grande  de  aes  bourses^.  » 

1.  Ckanrier  de  Laasay. 

2.  Je  trouve  Jean  Bouchet  qualifié  habilanl  de  t3ablé  dans  cer- 
tains actes  du  24  janvier  1440  (v.  s.),  21  février  14'i3  (v.  s.),  13 
juillet,  23  août  1445  et  8  aoAt  1146.  (Arch.  de  la  Sartlie.  E  3001.  Le 
15  juillet  1453,  Il  est  dit  habitant  de  Villaines-la-Juhel. 

3.  Aveu  rendu  le  13janvier  1455  (v.  s.)  par  Guy  Lebas,  prêtre, 
curé  de  Saînt-Martip  de  Sablé,  au  comte  du  Muiiîe.  Pièce  porche- 


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L'abbaye  dn  Perray-Neuf,  eituée  sur  le  territoire  de 
Précigné,  doit  son  existence  aux  seigneurs  de  Sablé, 
1189-1209.  Je  me  suis  pendant  longtemps  demandé  but 
quels  documents  Historiques  s'étaient  appuyés  les  au- 
teurs qui  ont  affirmé  que  cette  même  abbaye  avait  été 
fondée  en  partie  par  la  famille  Bouchet  >.  Je  crois  pos- 
séder maintenant  le  mot  de  l'énigme.  Jean  Bouchet, 
après  ses  acquisitions  à  Sablé,  à  Souvigné  et  à  Préci- 
cigné,  dut  se  montrer  généreux  envers  les  moines  du 
Perray  et  prit  probablement  rang  parmi  les  bienfaiteurs 
de  l'abbaye.  Dans  la  suite  des  temps,  on  en  vint  à  croire 
que  la  famille  Bouchet  de  Sourches  avait  possédé  des 
terres  dans  le  pays  de  Sablé  dès  le  moyen-dge,  et 
qu'elle  avait  participé  à  la  fondation  de  l'abbaye  du  Per- 
ray-Neuf avec  Robert  de  Sablé,  Pierre  de  Brion  et  le 
sénéchal  d'Anjou,  Guillaume  des  Roches. 

J'ai  déjà  dit  plus  haut  que  Le  Paige  et  Morérï  ont 
marié  Jean  Bouchet  avec  Charlotte  d'Assé.  Cette  er- 
reur peut  avoir  pour  origine  certains  échanges  qu'il  fît 
en  1453  avec  Marguerite  de  La  Perrière,  dame  d'Assé. 
Ses  deux  unions  furent  contractées,  la  première  avec 
Jeanne  de  Marcillé,  et  1«  seconde  avec  Aliette  de  Mé- 
zerette,  veuve  de  Jean  Boudan. 

Jeanne  de  Marcillé  était  fille  de  Michel  de  Marcillé, 
seigneur  dudit  Heu,  de  Saint-JuHen-du-Terroux  et  du 
Ham  -.  Par  ce  mariage,   Jean  Bouchet  devint  seigneur 


1.  ■  L'abbaye  du  Perray-Neuf  fut  fondée  en  partie  par  les  du 

•  Bouchet  de  Sourches  (Nloréri,  Dictionnaire  historique),  a 

2.  27  juin  14/0.  "  Jean  de  Marcillé.  escuier,  sei^ieur  dudit  lieu, 
"  (îIt;  et  héritier  de  feu  Michel  de  Marcillé,  en  son  vivant  sei- 
"  gneur  dudit  lieu  de  Marcillé  et  de  la  terre  du  Han,  qui  fut  et 
n  appartint  anxiennement  au  seigneur  de  Doucelles..,  Jehan  de 
■  Marcillé  disant  que  ledit  feu  Michel  de  Marcillé,  son  père, 
n  et  feu  Macé  de  Marcillé    son  ayeul,  ses  prédécesseurs,  sei- 

•  gneurs  de  la  dite  terre  du  Han,  en  avoientfoy  et  usé...  (Char- 
trier  de  Lassaij.  Remembrances).  » 


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-  237  - 

du  Han)  *.  Catherine  de  Marcillé,  femme  d'Ambroise  de 
Loré,  le  grand  capitaine  manceau  pendant  la  dernière 
période  de  la  guerre  de  Cent-Ans,  devait  être  parente 
de  Jeanne  à  un  degré  qui  m'est  inconnu^. 

Quatre  enfants  naquirent  de  l'union  de  Jean  Bouchet 
avec  Jeanne  de  Marcillé.  Le  premier,  Gilles  ou  GUlet, 
tige  des  Bouchet,  seigneurB  de  Maleiïre  ^,  épousa  Mar- 
guerite des  Mons,  fut  maître  d'hdtel  du  comte  du  Maine 
et  gouverneur  de  Chdtellerault*;  le  second,  Guillaume, 
dont  je  parlerai  plus  tard,  fonda  la  branche  des  Bouchet 
de  Sourches  par  son  alliance  avec  Jeanne  de  Yassé  ;  les 
deux  autres,  deux  QUes,  Ambroise  et  MickeleUCy  s'uni- 
rent à  Gerraise  Ferrequin,  seigneur  de  Roufrançois,  et 
à  Jean  II  du  Bailleul^. 

Aliette  de  Mézerette,  veuve  de  Jean  Boudan  et 
deuxième  femme  de  Jean  Bouchet,  était  fille  de  Jean  de 
Mézerette,  avocat  en  cour  laye,  et  de  Catherine  de 
Saint-Denis.  Un  partage  fait  le  premier  janvier  1444  (v. 
s.)  entre  les  cohéritiers  de  ses  beaux  parents  assura  à 
Jean  Bouchet  la  possession  de  «  dix-neuf  ou  vingt  ter- 
«  res,  la  plupart  seigneurtalles,  u  dans  les  paroisses 
de  Chassé,  Houllée,  Piacé,  René,  Montigny,  les  Mées, 


i.  1469.  Demoiselle  Jeanne  Cornilleau,  veuve  d'Ambroise  Le 
Mère,  bail  de  ses  enrants  mineurs,  s'avoue  ■  subgecU  ■  de  Las- 
sav,  pour  sa  terre  du  Saulle  à  Hardanges,  «  par  le  mo^en  des 

■  riéritiers  de  feu  Jehan  Bouchet,  seigneur  du  Ham,  qui  tiennent 
a  leur  dite  terre  du  Hao  du  seigneur  de  Marcillé,  à  cause  de  ses 
"  Hez  de  Ducelle,  et  le  dit  de  Marcillé  de  »  Lassay  (Cbartrier  de 
Lagsay.  Remembrancea). 

2.  Catherine  de  Marcillé  était  fille  de  Fougues  de  Marcillé. 
1  Les  défendeurs  disent  que  de  Fouques  de  Marcillé  yssit  mes- 
><  sire  Fouques,  père  de  ta  femme  de  messire  Ambrois  de  Loré, 

■  chevalier,  prévost  de  Paris.  {Ârch.  nai.  Xia  4800,  fol.  68,  è.  la 
date  du  S  mars  1443  {v. 


'A.  En  Arçonnay  et  Bénis  (Sarthe). 
't.  Le  chdtea 
Jt  294. 
5.  Ibid..  p.  1 


.  Le  ehdteau  de  Sourcbea  au  Maine  et  se*  teigneun,  pp.  100 
et  294. 


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Vernie,  MontreuU,  Saint-Christophe-du-Jambet,  Moi- 
tron  et  Beaumoat*. 

La  eeconde  union  de  Jean  Bouchet  fut  aussi  Féconde 
que  la  première.  Aliette,  qui  avait  déjà  un  fils  de  sa  pre- 
mière alliance,  donna  à  son  deuxième  mari  :  Biaise,  qui 
fut  prêtre  et  seigneur  de  Toussaint  en  Ségrie';  Cathe- 
rine, Jeanne  et  Gérarde,  femmes  de  Jean  de  Lambarre, 
de  Jean  Couvé  et  de  Jean  Poisson,  seigneur  du  Cou- 
dray  ^. 

Du  temps  de  son  premier  mariage,  Jean  Bouchet  avait 
acquis  de  Michel  de  Launay  et  de  sa  femme,  héritière  d'O- 
livier, seigneur  de  Prez,  les  terres  des  Fossez,  de  Champ- 
fremont,  situées  à  la  PoAté,  et  l'importante  seigneurie  de 
MalelTre  avec  droit  de  basse,  moyenne  et  haute  justice, 
terres  «  assises  au  pays  occupé  par  les  Angloys.  » 
Quelques  années  plus  tard,  Guillaume  de  Launay,  fils 
de  Michel,  avait  le  malheur  de  tomber  entre  les  mains 
des  ennemis  de  la  France.  Le  pauvre  écuyer,  mieux  ha- 
bitué au  maniement  de  l'épée  qu'aux  opérations  finan- 
cières, ne  savait  où  trouver  la  somme  qui  devait  le  ren- 
dre â  la  liberté.  Dans  son  embarras,  il  eut  recours  à 
Jean  Bouchet.  Celui-ci,  qui  avait  déjà  secouru  le  père, 


1.  Chartrier  de  SouFclies,  — Le  château  de  Sourcliei  au  Maine 
et  tel  seigneurs,  pp.  101,  348-350. 

2.  Les  biens  de  Jean  Bouchet  à  Ségrie  lui  venaient  en  partie  de 
son  père.:  les  n  féaiges  de  Toussent  »  arquis  par  son  père  «  du 
«  Breton  de  Saint-Cnristophe  :  o  le  n  féaige  de  la  Rougière,  »  ac- 
quis par  son  père  •>  de  Michel  Potier  et  de  sa  seur;  »  le  «  fié 
s  Avril,  »  acquis  également  par  son  père  s  de  Jehan  Avril,  s 
Arek.  de  la  ,ïar(Ae,  E  300. 

3.  Les  cendres  de  Jean  Bouchet  étaient  comme  lui  des  hom- 
mes de  loi.  Le  13  avril  1458  (n.  s.),  on  rencontre  a  Jehan  de  Lam- 
n  barre,  et  Jehan  Couvé,  procureurs  de  Juhes  Le  Chat,  escuj-er, 
•  seifmeur  de  Gahignâ,  u  aux  assises  de  Lassay.  Le  12  janvier 
1461  (v.  s.).  Jean  Couvé  lient  les  assises  de  Lassay  pour  le  bailli, 
son  beau-père.  Le  26  octobre  l'i62,  Jean  Poisson  est  dit  châtelain 
de  Lassay  et  en  cette  qualité  tient  les  assises,  le  14  février  1462 
(y.  s,),  •  pour  maistre  Franciois  Le  Chat,  bailly.  »  (Cbartrier  de 
Lassay). 


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-  Î39  - 

vint  en  aide  eu  fils.  Pour  reconnaître  oe  serrice,  Guil- 
laume de  Laonay  ratifia  la  vente  des  Fosses,  de  Champ- 
fremont  et  de  Maleffre '.  Déplus,  le  24  janvier  1440 
(v.  s.)  et  le  6  mai  1445,  il  donna  à  son  soi-disant 
libérateur  certaines  rentes  que  lui  devaient  Michel  de 
Maroillé,  seigneur  de  Saint-JuIien-du-Terroux,  Jean 
Poisson  et  le  seigneur  de  Saint-Georges-le-Gaoltier  ; 
lui  accorda  par  acte  du  11  juin  1446,  «  féaige  et  usaige 
«  en  ses  boys  de  Prez  et  de  la  Plesse,  »  ne  demandant 
en  retour  «  qu'ung  cbappeau  de  rouses  à  troys  rangs, 
a  chacun  an,  au  jour  de  la  Saint-Jehan-Bapiiste,  »  et 
lui  céda  le  domaine  de  la  Motte  dans  la  paroisse  de  Ges- 
vres.  Comme  on  le  voit,  Jean  Bouchct  savait  dépouiller 
ses  débiteurs  non  seulement  sans  tes  faire  crier,  mais 
en  leur  persuadant  qu'ils  restaient  ses  obligés.  Guillau- 
me de  Launay^,  particulièrement,  tout  en  aliénant  son 
patrimoine,  reconnaissait  a  les  grands  et  bons  plaisirs 
«  que  lui  avoit  faiz  au  temps  passé  honorable  homme  et 
«  saige  Jehan  Bonchet,  advocat  en  court  laye,  comme 
«  de  l'avoir  deHvré  et  mis  hors  des  mains  des  Angtoïs^.  » 
Un  nommé  Chaudron,  de  Ségrie,  et  Julien  Le  Roy, 
dit  Charolais,  meunier  au  moulin  de  Pierre-Pont  à  Vîl- 
lepail,  durent  également  recourir  à  Jean  Bouchet  pour 
recouvrer  leur  liberté.  Cbarolaia  avait  eu  la  bonne  for- 


1.  a  Rentes  de  ma  terre  des  Foussez  et  de  Champfre 
t  sis  en  la  Posté,  laquelle  fut  feu  Olivier,  seigneur  de  Près,  la- 

*  quelle  Michel  de  Launny,  et  sn  femme,  dame  de  la  terre,  me 

<  Irao sport èreut  ou  temps  de  feu  Jehenne  de  Marcillë,  que  Dieu 

<  absolle,  ma  première  Temme,..  Rentes  de  ma  terre  de  Maillef- 
»  fre,  laquelle  terre  ge  acquise  ou  temps  de  feu  Jehenne  de  Mar- 
"  cillié,  ma  première  femme,  de  Michel  de  Launay  et  de  sa  fem- 

•  me...  Et  depuis  c'est  obhgé  Guillaume  de  Launay  à  g'arantir  le 
n  marchié  de  son  père,  n  {Arc/i.  de  ta  Sarihe,  E  300). 

î.  Le  17  septembre  1453,  n  Guillaume  de  Launay,  escuier,  sei- 
■  gneur  de  Prez,  »  était  «  appelé  en  la  cour  de  Lassav  en  la 
'  présence  de  Jehan  Bouchet.  {Cliartrier  de  Lassay.  Remem- 
brancea).  » 

3.  Arch.  de  la  Sartlie,  E  300. 


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—  240  - 

tune  de  participer,  après  la  levée  dn  siège  d'Orléans 
eu  dans  une  rencontre  aux  environs  de  Domfront,  è  là 
capture  du  fameux  chef  anglais  Thomas  de  Scales'.  11 
vendit  anssitdt  sa  part  de  prise  au  c-apitaine  français 
Guyon  du  Coing  ^  pour  deux  cents  saluts.  Guyon  du 
Coing  étant  mort  sans  éteindre  sa  dette,  le  pauvre  Le 
Roy  dut  céder,  le  13  juillet  1445,  sa  créance  à  Jean 
Bouchet  afin  de  se  libérer  de  la  somme  de  200  écus  d'or 
qu'il  avait  empruntée  à  Tavocat  en  cour  laye  pour  se  ti- 
rer lui-même  «  de  la  main  des  Engloiz.  »  Le  même  jour 
Jean  Bouchet,  alors  qualifié  seigneur  de  Pierre-Pont, 
bailla  par  héritage  à  Charoiais  la  place  du  moulin  de 
Pierre-Pont  3. 

Jean  Bouchet  ne  se  permettait  que  de  bonnes  spécu- 
lations. Le  15  juillet  1453,  en  présence  de  Jean  de  Beau- 
mont  et  de  Jeanne  de  la  Ferrière,  veuve  du  feu  seigneur 
de  Vernie,  il  transporta  à  noble  dame  Marguerite  de  la 
Perrière,  dame  dudit  lieu  et  d'Assé,  vingt  cinq  livres  de 
rentes,  en  échange  «  de  la  terre  et  appartenances  de 


1.  Thomas  de  Scales,  capitaine  de  Domfront  et  de  Pontorson, 
tomba  petit-étre  aux  mains  des  Français  dans  une  rencontre  dans  le 

Says  de  Domfront.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  fut  pris  en  juin  1429,  prés 
e  Jai^eau,  ainsi  que  William  Pôle,  comte  de  Suiïolk,  et  Jean 
Talbot,  comte  de  Shrewsbury.  {Chronique  normande  de  P.  Co- 
chon :  édition  Vallet  de  Viriville,  p.  455).  —  Le  sceau  de  «  Tho- 
•  mas,  sire  de  Scales,  séneschaF  de  Normendie,  >  placé  au  bas 
d'une  c[uiltance  du  12  septembre  1446,  porte  six  coquilles,  placées 
3,  2,  1.  {Bibl.  nat.  Titres  scellés  de  Clairambault.  l.  36,  p.  2731). 
—  En  1428.  on  rencontre  :  o  nurnseigneur  Thomas,  seigneur  de 
it  Scales,  chevalier  banneret.  capitaine  de  Pontorson  et  de  Demp- 
front).  Bibl.  nat.  Mss.  f.  f.  4488,  Comptes  de  Pierre  Surreau, 
p.  326). 

2.  Guyon  du  Coing,  écuyer,  mari  de  Jeanne  de  La  Motte,  capi- 
taine de  Beaamont-le~ Vicomte  en  1433,  obtint  plusieurs  fois  oes 
saufs -conduits  o  pour  aller  hors  de  l'obéissance  des  Anglais  et 
"  es  places  et  forteresses  contraires,  enclavées  en  Anjou  et  au 
n  Maine  (Arcli.  nat.  KK  324).  a  En  1441,  peu  avant  sa  mort,  il 
surprit  et  tailla  en  pièces  une  bande  anglaise  dans  le  bourg  de 
Saint-Denis  d'Anjou.  [Hyatoire  aggrégative des  annalles  et  c/iro- 
nieques  d'Anjou,  par  Jean  de  Bourdigné). 

3.  Arch.  de  la  Sarthe,  E  300. 


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«  Saiat-Léoaard-des-Bois,  avec  les  bois  de  Charmason 
«  et  de  la  Fresnayfl,  et  tous  cens,  rentes,  devoirs,  féa- 
«  ges,  hommes,  hommages,  prévosté,  sceaux  de  contrat, 
u  justice  et  juridiction  haulte,  moyenne  et  basse...  tout 
a  aînsy  que  feu  messîre  Jean  Ouvrouin,  chevallier,  et 
«  dame  Jeanne  OuVrouine,  sa  sœur^,  les  tenoient  et 


1.  Jean  Ouvrouin  et  sa  sœur  Jeanne  étaient  enfants  de  Jean 
Ouvrouin,  chevalier,  et  de  dame  Jeanne  de  Courceriers.  Cette 
dernière,  venue  n  au  pardon  de  Sainl-Denis,  ...environ  la  feste 
B  Saint  Mathias.  1440,  ala  de  vie  à  trespassement  à  Paris,  et  fut 
a  enterrée  en  l'église  Saint- Eustache.  >  On  rencontre  ce  détail 
dans  un  procès  du  16  août  1401  entre  «  messire  Guillaume,  sei- 
8  ^eur  de  Courceriers,  messire  Robert,  seisneur  de  la  Perrière, 
s  chevaliers,  Jehan  de  Vaulx,  escuier,  et  Jehenne  de  Mascun, 

•  ...bai!  ...de  Jehan  et  Jehanne,  enfans  mineurs  de  feu  messire 
«  Jehan  Ovroing,  jadis  chevalier,  et  de  dame  Jehanne  de  Gour- 

•  ceriers,  &a  femme,  »  contre  «  Jehan  Ovroing  ...lilx  et  héritier 
n  de  feu  Pierre.  Ovroing.  {Are/i.  iial.  Xla  S300B,  fol.  63  V).  «  — 
M.  de  la  Beauluëre,  dans  son  édition  de  Guillaume  Le  Doyen,  pp. 
303  et  suiv..  semble  vouloir  ranger  là  famille  Ouvrouin  parmi  les 
familles  féodales  du  pays  de  Laval.  Suivant  moi,  les  Ouvrouin 
constituaient  à  l'origine  une  riche  famille  bourgeoise.  Guy,  sire  ae 
Laval  et  de  Vitré  «  avoit  fait  abatre  un  certain  portait  et  certai- 

■  nés  tourelles  a  du  ■  manoir  de  Jehan  Ovroin.  advocat,  assis  en 
n  la  ville  de  Laval.  ■  Jean  Ouvrouin  et  le  procureur  du  duc  de 
Normandie,  comte  du  Maine,  "  firent  ^opmer  et  misrent  en 
I  clam  ledit  sire  es  assises  du  Mans,  par  tesquelz  clams,  ledit 
(  Jehan  Ovroin   estoit  ou  povoit  estre  exempts  de  la  juridiction 

•  dudit  sire,  selon  ta  coustume  du  pavs,  et  estoit  débat  espéré  & 
«  mouvoir  entre  eulx  pour  cause  de  l'abatement  des  diz  portail 
<  et  tourelle,  a  De  plus  «  te  dit  sire  de  Laval  avoit  impectré  lel- 
>  très  ■  du  duc  de  Normandie  a  par  tesquelles  il  estoit  mandé  au 
€  séneschal  d'Anjou  et  du  Maine  que  il  donnast  commissaire  pour 

•  enquerre  de  la  vérité  sur  certains  articles  criminels  et  civilz; 

•  lesquelz  li  diz  sire  entendoit  opposer  contre  ledit  Jehan  Ovroin  ; 
a  lequel  séneschal  avoit  donné  commissaire  sur  yceulz,  et  avoit 
1  esté  journée  assignée  devant  eulz  entre  les  parties...  Pendant 

•  les  adjoumemens  et  clams  dessusdit,  ledit  sire  de  Laval  »  fit 

•  prendre  ledit  Jehan  Ovroin,  en  sa  dite  ville  de  Laval  •  et  le  fit 
a  mener  prisonnier  et  transporter  de  sa  dite  ville  de  Laval,  qui 
«  est  en  la  conté  du  Maine,  en  son  chastel  de  Vitré,  qui  est  en 
n  Iti'etaigne,  le  dit  Jehan  Ovroin  estant  en  la  sauve  et  espéciale 
f  garde  du  roi,  du  duc  de  Normandie,  fis  du   roi,  et   exempt 

•  de  sa  juridiction,  pour  cause  des  dis  clams  et  adjoumemens. 

•  El  avec  (ce)  débat  estoit  espéré  à  mouvoir  entre  eulz  pour 

•  cause  de  certain  usage  que  ledit  Jehan  Ovroin  se  disoit  avoir 

■  en  la  forest  dudit  sire,  appelée  Concise,  et  sur  ce  qu'il  disoit 
<i  avoir  son  cours  à  chiens  en  la  guerenne  ou  terrouer  de  LstdI. 


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-  Ui  ~~ 

«  poasédoieat,  sana  y  rien  retenir,  fors  et  excepté  le 
«  droit  que  y  «  prenait  «  le  seigneur  de  Courceriers  '.  » 
C'est  probablement  ce  droit  que  messire  Ambroise  de 
Loré,  fils  du  prévit  de  Paris  et  de  sa  première  femme, 
fille  du  seigneur  de  Courceriers,  vendit  au  nouvel  acqué- 
reur de  Saint-Léonard-des-Bois,  vers  1459,  pour  la 
somme  de  750  écus  d'or  3. 

En  dehors  des  biens  dont  j'ai  parlé,  Jean  Bouohet  pos- 
sédait encore  le  Loisir  en  javron,  la  Bellière,  acquise 
de  Pierre  Briaoul,  Courbehier,  des  rentes  à  Saint-Ger- 
main, à  Commer,  à  Saint-Aîgnan,  à  Saint-Cyr,  à  Har- 
danges  et  ailleurs  ^. 

Malgré  cette  immense  fortune,  patiemment  augmentée 
au  milieu  d'une  époque  calamiteuse,  l'avocat  en  cour  laye 
voulait  Jouir  pendant  le  reste  de  ses  jours  des  biens  de 
sa  seconde  femme.  Après  avoir  marié  (1459)  le  fils  né 
du  premier  mariage  d'Aliette  de  Mézerette,  Richard 
Soudan,  avec  Simonne  du  Breil,  Bile  de  Pierre  du  Breil 


■  Et...  sur  toutes  ces  uhoses,  ledit  Jehan  Ovroin,  sanz  con^é 

■  (tu  roi  et  du  duc  de  Normandie  a  accordé  audit  aire  et  paciflë 
a  lui  et  Ouillemette,  sa  Temine.  ...en  la  court  du  Bouru-Nouvel 
Il  ...le  jeudi  avant  ia  feste  Saint-Morice  en  l'an  de  grâce  mil  CGC 
«  quarante  et  six,  d  Cet  accord  entre  Guy  X  de  Laval  et  Jean 
Ouvrouin  fut  confirme  par  le  roi,  à  «  Asnières,  le  X*  jour  de 
«  novembre  *  1346.  {Arch.  nal.  JJ  76  fol.  202,  n»  335).  —M.  delà 
Beauluére  (Aiutalei  du  pays  de  Laval,  p.  305),  s'exprime  ainsi  : 

•  Jean,  duc  de  Normandie,  comte  d'Anjou  et  du  Maine,  depuia 

•  roi  de  France,  prit  le  parti  de  Jean  Ouvrouin,  et  pour  le  ven- 
0  ger  de  l'injure  qu'il  avait  reçue  de  Guy  X,  transféra  la  mouvance 
s  directe   de  son  chûteau  de  Poliçné  à  la  tour  Ribandelle  du 

■  Mans,  s  J'ignore  les  sources  utilisées  par  l'estimable  aul«ur 
au  sujet  de  la  vengeance  du  duc  de  Normandie,  mais  Maucourt 
de  BourjoUy  (édition  Le  Fiselier  et  Bertrand  de  Broussillon,  pp. 
238,  239)  me  parait  bien  plus  près  de  la  vérité  lorsqu'il  aflirme 
qu'Ouvrouin  s'étant  humilié  devant  son  suierain,  ce  dernier  a  lui 

•  donna  ta  liberté  de  sa  personne,  a 

1.  Chartrier  de  Sourches.  —  Le  château  de  Sourches  au  Maine 
et  ie$  seigneur»,  p.  103. 

2.  Chartrier  de  Sourches.  —  Le  c/idteau  de  Sourche»  au  Maine 
et  tes  seigneurs,  pp.  104  et  356. 

3.  Arch.  de  ta  Sarihe,  Ë  300,  patsim. 


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-  Î43  - 

ei  de  Marie  Bonnier',  et  lui  avoir  donné,  en  avance- 
ment d'hoirie,  la  terre  du  Plessis,  située  dans  la  paroisse 
de  Rouessé-en-Saosnois^,  il  persuada  à  sa  femme  de 
consentir  une  donation  mutuelle.  L'acte  en  fut  passé  le 
18  janvier  1461  (v.  s.).  Alîette  qui  «  estoit  maladive  et 
«  plus  vieille  »  que  son  mari,  pouvait  mourir.  Mais  Dieu 
déjoue  souvent  les  calculs  humains.  Jean  Boucbet  finit 
ses  jours  avant  sa  femme,  vers  l'année  1468^;  il  lais- 
sait à  son  flis  aîné  la  terre  de  MalefFre,  au  second, 
Guillaume,  seigneur  oe  Sourchbs,  Saint-Léonard- 
dea-Bois,  et  à  Biaise,  le  seul  garçon  oé  de  sa  deuxième 
union,  alors  prêtre  et  licencié  en  lois,  la  seigneurie  de 
Toussaint  en  Ségrie. 

D'après  les  pièces  d'un  procès,  suscité  au  XVI*  siè- 
cle par  les  héritiers  de  Richard  Boudan  aux  seigneurs 
de  Sourches,  Jean  Bouchet  avait  vendu  les  dix-neuf  ou 
vingt  terres  du  patrimoine  d'Aliette  de  Mézerette  «  bor- 
«  mia  trois  de  la  plus  petite  valeur,  et  converti  les  de- 
«  niers  provcuana  d'icelles  en  acquisitions  communes 
«  pour  en  enrichir  »  ses  enfants  des  deux  mariages,  au 
«  détriment  de  Richard  Boudan*.  » 

Aliette  survécut  longtemps  à  son  mari  sous  la  cura- 
telle de  son  gendre  Jean  Couvé  ^.  Par  son  testament, 
passé  le  26  mai  1491,  environ  six  ans  avant  sa  mort, 
en  présence  de  messire  Jean  Le  Vavasseur,  prêtre,  curé 


1.  Chartrier  de  Sourrhea.  —  Voir  ma  Noie  sur  la  réforme  riant 
le  Maine,  Marnera,  Fleury,  1BB3. 

2.  Actuellement  Rouessé- Fontaine. 

3.  a  Lai|uelle  Allielte  cuydanl    ledit  Bouschet  qu'elle   estoit 
>  plus  vieille  que  luy  et  maladive,  luy  aurait,  le  XYIII'  janvier 

■  1461  (v.  s.)  faict  accorder  don  mutuel  au  plus  vivant  des  deux, 

■  selon  que  le  peT'mectoit  la  coustume,  depuis  reformée.  Sept  ans 

■  après  serait  advenu  le   décès  du  dit  Jenan  Bauschet,  survescu 
»  par  ladite  Aliette.  {Chartrier  de  Sourches).  a 

4.  Chartrier  de  Sourches. 

5.  11  juinl4S9,  <  Jehan  Couvé,  en  son  nom  et  comme  curateur 

■  donné  par  justice  de  Aliette  de  Méseretes,  vefve  de  feu  Jehan 
I  Bouchet.  ■  Arch.  nat.  X^a  4830,  fol.  325. 


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-  244  - 

de  Montigiiy,  elle  demanda  la  sépulture  dans  l'église  de 
Montigny,  fit  des  legs  «  à  monsieur  Saint-Cbriatophe- 
«  du-Jambet,  à  mousieur  Saint-Mîchel-du-MoDt-de-Ia- 
«  Tubes,  à  Notre-Dame-de-Montigné,  à  Notre-Dame- 
«  de-Chassé,  à  Saint-Audré-de-Cbenay,  et  à  la  Guier- 
«  che.  u  Elle  doona  à  son  fila  Ricbard  Boudan  la  terre  de 
la  Gasselinière  en  Montigny,  Chassé  et  Roullé,  pour  le 
dédommager  des  torts  que  Jean  Bouchet  lui  avait  faits 
en  vendant  «  de  ses  héritages  pour  augmenter  ses  héri- 
«  tiers'.  » 

II  me  reste  à  traiter  la  question  de  noblesse  de  la  fa- 
mille Bouchet  au  XV*  siècle.  J'aurai  l'occasion  d'en 
parler  à  propos  du  mariage  de  Guillaume  Bouchet  avec 
Jeanne  de  Yassé.  Cependant  dès  maintenant,  je  ferai 
remarquer  que  Jean  Bouchet  n'est  jamais  qualifié  noble 
ou  écuyer  dans  les  titres  aociens. 

A.  Ledru. 
(La  /in  à  la  prochaine  livraison). 

1.  Tettameitt  d'AlUite  de  Méterette,  Chartrier  de  Sourches. 


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LA  DÉMOLITION 

DU  CHATEAU   DE   FLÉE 

EN    1373,    PAR   lEkV   CLÉREHBJLtlLT 
GOUVERNEUR      DE      CH ATEAU-GONTI ER 

D'APKÈS  UN  DOCUMENT  INÉDIT 


Le  château  de  Fiée  se  dressait,  au  moyen  âge,  sur 
l'emplacement  actuel  de  la  ferme  de  Fiée,  dite  aussi  la 
SalIe-de-Flée,  à  500  mètres  vers  l'E.  du  bourg  de  l'Hft- 
tellerie-de-Flée,  canton  et  arrondissement  de  Segré. 
Cette  forteresse  féodale  était  le  centre  d'un  fief  impor- 
tant*. M.  C.  Port,  à  qui  nous  empruntons  ces  indica- 
tions, ajoute  que  ce  château  fut  «  détruit  sans  doute  en 
même  temps  que  Châtelais,  »  c'est-à-dire  en  1423^.  Un 
document  inédit,  conservé  aux  Archives  nationales  et 
daté  du  5  juillet  1376,  permet  de  préciser  i'époqup  di* 
cette  démolition  qui  remonte  à  l'année  1373  3. 


I.  Dici.  hist.  de  M.-et-L.,  t.  II,  p.  366.  —  Le  lief  de  tlée  ap- 
partint au  XV*  siècle  aux  Roban,  qui  réunirent  la  terre  à  la  ba- 
ronnie  de  Morliercrolles. 


S.  Ibid.,i.  I,  p.  643. 

3.  Archives  nationale  XI*  8,  fol.  39. 


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■"      ■  -  246  ^ 

En  1376,  Jean  de  Montalais'  et  Jean  Clérembault  ^, 
tous  les  deux  chevaliers,  comparaissaient  devant  le  Par- 
lement pour  faire  régler  le  différend  qui  s'était  élevé  en- 
tre eux.  Jean  de  Montalais,  dit  notre  document,  possé- 
dait jadis  le  ch&tea'u  de  Fiée.  C'était  une  belle  forteres- 
se, avant  sa  démolition.  Elle  servait  de  heu  de  refuge 
aux  habitants  de  la  contrée  qui  fuyaient  devant  l'Inva- 
sion des  Anglais  en  Anjou. 

Vainement  Robert  KnoUee  avait-il  tenté  de  s'en  empa- 
rer, à  la  tète  d'une  force  importante^.  Les  défenseurs 
avaient  repoussé  victorieusement  toutes  les  attaques  de 
cet  audacieux  capitaine,  qui  avait  perdu  un  certain  nom- 
bre de  ses  soldats,  tués  sous  les  murs  de  la  place.  D'au- 
tres avaient  été  blessés. 

Pour  mettre  sa  forteresse  à  l'abri  de  nouvelles  agres- 
sions, Jean  de  Montalais  renforça  la  garnison,  puis  il 
augmenta  les  munitions  de  guerre  et  les  provisions 
nécessaires   à  la  subsistance   des  troupes.  Un  certain 


1.  La  famille  de  Montalais  portait  :  D'or  à  trois  chevrons  de 
gueules  à  la  faace  d'asar  brochant  sur  le  tout,  selon  l'Armarial 

êéiiêral de  l'Anjou,  11,397.  Ses  membres  furent  seig'neursdeCham- 
cllu^.  Ils  prirent  part  à  la  guerre  de  Cent  Ans  et  aux  guerres 
religieuses  du  XVI'  siècle. 

3.  Les  Clérembaull  ont  donné  leur  nom  au  Plessls-Clérem- 
baull,  chat.,  commune  de  BoiizilliS.  Ils  portaient  :  Burelé  d'argent 
et  de  noble  de  div  pièces,  les  l/urelles  postées  de  fasve.  Le  baume 
d'or,  la  toqae  et  tes  volets  de  ses  couleurs  armoriâtes.  Supports  ; 
Deux  lions  d'ar  lampasséa  de  gueules.  Cimier  ;  Une  tifle  et  col  de 
toup  au  naturel,  lumpassé  de  gueules  sortant  d'entre  dcujc  demi- 
vols,  lefbaïuierets  chargés  de  cinq  burettes  posées  en  fasce  (Af' 
mariai  général  de  l'Anjou,  I.  395, 

3.  Voir,  sur  Robert  Knolles,  n  ce  déterminé  anglois  qui,  s'étant 
posé  sur  ta  frontière  d'Anjou  et  de  Bretagne,  y  commit  des  bri- 
gandages exécrables,  »  l'Histoire  d'Anjou,  de  B.  Roger,  p.  300. 
—  Voir  aussi  l'Histoire  de  Bertrand  du  Guesclin,  par  biméon 
Luce.  ei  les  Chroniques  de  J.  Froissart,  publiées,  pour  la  Société 
de  l'Histoire  de  Fi'ance,  par  le  môme  auteur.  Cette  tentative  de 
Robert  Knolles  contre  le  château  de  Fiée  doit  remonter  à  l'au- 
tomne de  1370,  époque  â  laquelle  ce  capitaine  ravageait  les  mar- 
ches de  l'Ai^jou  et  du  Maine  (Chroniques  de  J.  ^aissart,  etc., 
tome  Vin,  sommaire  du  premier  livre,  p.  IV|. 


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-  241  - 

joor  de  l'année  1373,  les  soldats  sortirent  du  château 
pour  assister  à  la  messe  dans  une  chapelle  voisine. 
Geoffroy  Purpuncter  et  ses  compagnon»  furent  chargés 
de  surveiller  les  abords  pendant  leur  absence.  Mais  ceux- 
ci,  animés  de  mauvaises  intentions,  levèrent  le  pont-levis 
pour  empêcher  les  autres  de  rentrer  dans  la  place.  Il  fal- 
lut parlementer  et  les  traîtres,  menacés  d'une  répression 
éclatante,  consentirent  à  négocier.  Ils  offrirent  de  se  re- 
tirer moyennant  composition  ou  indemnité  pécuniaire. 

Les  négociations  duraient  encore  quand  Jean  Clérem- 
bault,  gouverneur  de  Château-Gontier*,  accompagné  de 
plusieurs  de  ses  soldats,  entra  secrètement  en  relation 
avec  Geoffroy  Purpuncter,  qui  les  introduisit  dans  le 
château,  oà  ils  séjournèrent  pendant  douze  jours  environ. 
Les  nouveaux  venus  mirent  la  forteresse  au  pillage  et 
l'incendièrent  ensuite.  La  ruine  fut  complète,  au  grand 
préjudice  de  Jean  de  ]MontaIais,  qui  poursuivit  le  gou- 
verneur de  Chàteau'Gontier  devant  la  juridiction  com- 
pétente. 

Jean  Clérembault  répliqua  que,  s'il  avait  détruit 
le  château  de  Fiée,  c'était  pour  obéir  aux  ordres 
d'Aimery  d'Argehton'^,    qui   remplaçait  le    duc   d'An- 


1.  La  baronnie  de  Château -Gontier  était  passée  de  la  maison 
de  Chaînai llard,  tjui  la  possédait  depuis  1350,  duns  la  maison 
royale  d'Alengoii,  par  le  mariu&e,  en  1371,  de  Marie  de  Cha mail- 
lard avec  Pierre  II,  uonile  d'Alenton.  Le  courage  hardi  de  Jeun 
(le  8ueil  avait  sauvé  en  1370  la  ville  de  Châleau-Gonlier  de  l'al- 
laque  des  Anglais  queue  vaillant  capitaine  atteigiiit  sous  les  murs 
de  la  place,  i  battit  et  recoigna  jusqu'à  Vitré.  «  On  sait  que,  du 
mois  d'août  1368  au  mois  de  juin  1369,  les  Anglais  avaient  occupé 
la  ville  de  Chàteau-Gontier,  {Voir,  dans  l'Annuaire  de  l'arrondis- 
sement de  C/idleau-Gontier poar  l'année  1883,  notre  travail  inti- 
tulé :  Prise  de  C/idteau-Gontier  par  les  Anglais,  le  17  août  1368. 
d'après  des  documents  nouveaux  et  inédits. 

2.  Aimery  d'Argenlon.  chevalier,  seigneur  d'Hérisson  et  de 
Crâmille,  lieutenant  général  en  Anjou  et  au  Maine  sous  Louis, 
duc  d'Anjou  en  1362  et  1363  au  moins.  Il  avait  épousé  Malhurine 
Cherchemont.  Il  en  eut  Jean,  Louis  et  Jeanne  d'Argenton.  Le 
1"  novembre  1361,  il  avait  délivré  Parthenay  à  Jean  Chandos, 
comme  procureur  du  sire  de  Parthenay,  qui  était  alors  en  voyage 


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-  i48  - 

jou  '  absent.  Il  réclama  un  délai  pour  pouvoir  établir  la  vé- 
rité de  ses  affirmations.  La  cour  déclara  que  le  pillage  des 
objets  mobiliers  ne  pouvait  être  excusé  d'aucune  manière. 
Quant  à  la  question  relative  à  la  démolition  de  la  forte- 
resse, le  gouverneur  de  Chàteau-Gontier  fut  autorisé  à 
appeler  en  garantie  les  personnes  dont  il  prétendait  n'a- 
voir été  que  le  mandataire.  Le  règlement  de  l'affaire  fut 
donc  ajourné  à  une  époque  ultérieure  -. 

André  Joubert. 


uutre-iner,  et  fait  sermeot  de  (idélité  enprësence  de  Jeanne  deMa- 
tliefelon,  dame  de  Parthenaj*.  de  Jean  Ojart.  et  de  tout  le  conseil 
de  Guillaume  d'Archevfique.  I>e  18  octobre  1367,  on  le  désigne 
comme  autrefois  «  lieutenant  de  Monseigneur  le  duc  d'Anjou.  > 
(Bardonnet,  Prorès-i<er/ml de  délifraiirc.  etc.,  p.  184.  —  Beaucliet- 
Filleau,  Dîcl.  des  familles  du  l'oiioii.  t.  I",  p.  85.  —  P.  Ouérin, 
Recueil  de\docaments  concernant  le  Poitou,  t.  lll,  p.  417,  note  2.  — 
Arch.  nat.  P.  1343.  <.  Livre  des  finances.  •  fol.  XX  recto). 

1.  Louis  1""  de  France,  né  à  Vincennes  le  23  juillet  1339,  se- 
cond lils  du  roi  Jean,  dit  le  Bon.  et  de  Bonne  de  Luxembourg, 
créé  duc  d'Anjou  et  comte  du  Maine  en  1360.  H  fut  lieutenant  ou 
roi  en  Guyenne,  en  Languedoc  et  en  Dauphiné, 

2.  Voir  aussi,  sur  ce  procès,  les  pièces  suivantes  :  Arch.  nat. 
X  ï»  10,  fol"  21  et  32;  X2'  9,  fol.  116,  r«;  X  2"  9,  fol.  167,  I-; 
X  2-  9,  fol.  167.  r°  ;  X  2»  10,  fol.  15  V.  —  On  voit,  dans  un  docu- 
ment du  16  juin  1376,  que  les  demandeurs  concluent  en  deman- 
dant que  le  défendeur  soit  condamné  à  refaire  le  fort,  ou  à  payer 
X™  I.  et.  pour  les  biens  pris,  à  verser  nili°  1.  de  dommages  et 
intérêts.  Le  gouverneur  de  Chàteau-Gontier  sera  mis  en  prison 
et  les  sommes  réclamées  seront  fournies  <  avant  autre  condemp- 
nation.  ■  Le  procès  durait  encore  Ai  1373.  On  en  ignore  l'issue. 


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APPENDICE 


1376,  5  JUILLET.  —  PK0CÊ8  ENTRE  JEAN  DE  MONTALAIS 
BT  JEAN  CLAIRAHBAULT,  AU  SUJET  DE  LA  OÉMOLICION 
DU    CHATEAU    DE    FLÉE. 


Comparentibus  in  nostra  Parlamentt  curia  procura- 
tore  noatro  generali  pro  nobis  ad  omnes  fines  et  dilecto 
et  fideli  nostro  Johanne  de  Montalais,  milite,  ad  fînem 
civilem  duntaxat  tendentibus  actoribus,  ex  uaa  parte, 
et  Johanne  Clarambaudi,  milite,  defensore,  ex  altéra 
parte,  pro  parte  ipsorum  actorum  contradictum  defenso- 
rem  extitit  propositum  quod  caatrum  seu  fortalicium  de 
Fiée  pertinens  ad  dictum  de  Montalais,  ante  ipsius  de- 
raolitionem  seu  destrucionem  fuerat  et  erat  putcrum, 
notabile,  ac  pro  bono  commun!  aubditorum  noatrorum 
utile,  cum  propericulo  gucrrarum  noatrarum  quamplu- 
rea  noatri  subditi  nobilea  et  alii  in  eodem  caatro  seu  for- 
talicio,  tanquam  loco  tuto,  sccum  bonis  auia  pluries  re- 
traxîasent,  refugium  habutssenl  et  quanquam  Robertus 
Canollc  et  quam  plures  alii  anglici  et  inimici  nostri  plu- 
res  iusultus  et  invusiones  in  maxima  muUitudinc  arma- 
torum  adverauB  dictum  castrum  aeu  fortalicium  fecissent, 
et  illud  totis  viribua  capere  et  occupare  voluiaaent  et, 
niai  fuiaaent,  illud  tamen  capere  nequiverant.  Sed  in  in- 
vaaionibus  et  insultibus  hujuamodi  nonnuUi  ipaorum  ini- 
micorum  noatromm,  per  resistcntiam  et  defenaionem 
illorum  qui  pro  tune  dictum  caatrum  seu  fortalicium 
custodiebant,  fuerant  interfecti  et  aliqui  vulnerati.  Dice- 
bat  etiam  quod,  dicto  caatro  aeu  fortalicio  sufTicienter 
imparato  et  inforciato  ac  custodibua,  victualibus  et  aliis 
necessariis  munito,  custodes  ipsius  fortalicii,  quadam  die 
anni  milleaimi  CGC  LXIII,  dictum  fortalicium  exiverant 


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et  ad  quaadam  capellam  extra  tllud  fortaliciam  iafra 
tamen  barrerias  exiatentem,  volentes  audire  missam, 
accesserant,  et  in  ipso  fortalicio  GaulTriduin  Purpunc- 
terum  et  quendam  socium  auum  dimiaerant.  Quiquidem 
Gauffridua  et  ejua  aocius  complices  et  malefactores  in 
hac  parte,  malignis  imbutî  spiritibus,  pontem  ipsius 
fortaticii  levaverant  et  super  muros  et  garitas  dicti 
fortalicii  aacenderant,  et  cum  dictî  custodes,  audita  mis- 
»a,  ad  dictum  fortalicium  rêverai  fuerant,  in  illud  ingres- 
»um  pacificum  habere  aperantea,  ipai  complicea  eisdem 
custodibus  ingressum  dicti  fortalicii  denegaverant  nec 
eosdem  custodes  illud  fortalicium  intrare  permlseraDt, 
quanquam  forent  super  hîs  pluries  requisiti,  et  ob  boc 
ipai  cuatodes  et  «lii  qui  bona  sua  in  fortalicio  predicto, 
causa  refugii,  posuerant  quamplures  armâtes  noatroa 
benivolos,  et  ut  fîoret  adversua  illud  fortalicium  invaaio 
vel  insultus  ad  lioc  quod  dictum  fortalicium  virtute  ar- 
morum  a  poteatatc  et  detcncione  dictorum  complicium 
recuperatur  dîaponi  aeu  ordinari  facerant  et  procurave- 
rant,  videntea  quod  dicti  complices  prcparamentum  quod 
fiebat,  causa  invasionia  velinaultua  nujuamondi  aîmulate 
dixerant  se  velle  tractare,  ut  dictum  fortalicium  dimit- 
terent  et  redderent,  et  ab  inde  recédèrent  certa  coïnpo- 
sitione  seu  finantia  mediante  ;  ipsoque,  tractatu  pendente 
prefatus  Jobannes  Clarembaudi,  pro  tune  capitaneus 
ville  Castro  Gontcrii,  associatus  pluribus  armatis  suis 
complicibua  et  malefactorîbus  in  bac  parte,  certoa  trac- 
tatua  cum  dicte  GaulTrido  a  parte  poateriorï  dicti  forta- 
licii habuerat  et  fecerat,  et  deindc,  cum  predictis  custo- 
dibus et  aliia  pro  rocuperatione  fortalicii  ibidem  exeun- 
tibus  ullcrius  tractare  noluerat,  quinimus  dictosJoban- 
nem  Clarembaudi  et  ejua  complices  in  dictum  caatrum 
seu  fortalicium  intromiserat  et  eis  ingrcssum  prebuerat; 

3uiquidem  Johannes  Clarambaudi  et  sui  complices  in 
icto  fortalicio,  per  apacium  duodecim  dierum  vel  circi- 
ter,  prêter  et  contra  voluntatem  dicti  Johannis  de  Monta- 
lais  custodumque  dicti  fortalicii  et  alionim  bons  sua 
ibidem  causa  securitatis  ut  prcdicitur  habentium,  tan- 
quam  hoates  nostri  remanserant  et  se  tenuerant  ac  bona 

Ïuecumque  in  eodem  caatro  seu  fortalicio  reperta  tam 
icto  de  Montalaia  quam  aliis  peraonia  pertincntia  con- 
oeperant,    rapuerant  et  aibi  atribuerant,  ac  posmodum 


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(Uctain  oaBtniin  sen  fortalicium  i^is  încendio  concre- 
marerant  et  deatruxerant.  Que  lacta  fuerant  et  erant 
eritnen  leso  Majestatia,  proditionem,  furtum  et  roberiam 
committendo  et  alias  mulUpli  citer  delinquendo  ac  in 
dictî  Jobannis  de  Montalais  mnximan  injuriam,  prejudi- 
cium  atque  dampnum,  pro  ut  iidem  procurator  noateret 
Johannea  de  Montalaia  dicebant  et  asscrebant,  premissa 
per  certain  informacionem,  virtute  nostrarum  aliarum 
fitterarum  auper  his,  rite  juste  et  débite  factam,  ple- 
niua  appererc  certas  exinde  concluaionea,  tam  criminalea 
quam  cu-ilea,  contra  dictum  Johannem  Clarembaadi  fa- 
cieDdo. 

Dicto  defensore  e  contrario  proponente  quod  dilectus 
et  fidelis  noster  Aymericus  de  Argentone,  tuDC  locum 
tenens  cans^imi  germani  noatri  ducis  Andegavencis  et 
comitia  Cenomanencis,  ex  deHberatione  et  conaiHo  no- 
bilium  in  talibus  expertorum  pro  bono  publico,  per  auaa 
commiaaionia  Htteras  maudavcrat  dicto  commiaaario  ad 
hoc  per  eum  deputato,  quantum,  convocato  propter  hoc 
•  populo,  dictum  castrum  sive  fortalicium  demoliri  et  des- 
truî  faceret,  quanquam  dictua  defensor  rite  juste  et  licite 
ac  per  compulcionem  et  ex  precepto  dicti  commiasarii 
oui  in  hac  parte  tenebatur  obedire  fecerat  quidquid  per 
eum  factum  cxtiterat  in  prcdictia  ut  diccbat.  Quare  pe- 
t«bat  dilatationcm  competentem  sibi  dari  ad  faciendum 
«djornari  suoa  garandoa  in  hac  parte,  antcquam  ulte- 
riua  procedere   teneretur,  dicens   hoc  sibi  fieri   debere, 

pluribus  rationibus  auper  hoc   allegatis 

Tandem  auditia  dictia  partibus....  Per  arrestnm  eiua- 
dem  nostre  curie  dictum  fuit  quod  de  et  auper  captione 
sou  amotione  dictorum  bonorum  mobilium  m  dicto  for- 
tabcio,  ut  premittetur,  captorumel  amotorum  dictua  de- 
fensor garandum  non  habebit,  sed  BUper  demolitionem 
et  deatructionem  dicti  caatri  aeu  fortahcii  dictua  defen- 
sor faciel  adjornari  in  dicta  nostra  curia  ad  diea  bailla- 
vie  Viromancia  noatri  futiri  proximo  Parlamenti  illoa 
quos  nominarc  voluerit  in  garandiam  que  et  defensionem 
per  eodem  defensore  in  se  auacepturoa  et  facturoa  ut  ra- 
tio suadebit.  Ordinavit  insuper  dicta  nostra  curia  per 
idem  arreatum  et  ordinationem  quod  causa  hujusmodi 
usque  ad  dictoa  diea  Viromandencis  supersedit  in  statu 
et  tune  partes  ipae  in  dicta  causa  procedere  tenebuntuP 


./Google 


-  i&i  - 

et  procèdent  prout  fuerit  rationÎB,  ntHi  obstante  quod  de 
ipBa  baiUivia  non  existant  et  ex  causa.  Quibus  partibus 
auditis  dicta  nostra  curia  faciet  jus,  omnibus  expensis  îa 
ditBnitiva  reservatis. 
Pronunciatum  V  die  Julii  M"  CGC  LXXVP. 

PjkILLART. 

Arch.  nat.  X*»  6,  fol.  39. 


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COMPTES 
DE  L'HOTEL-ÛIEU  SAINT-JULIEN 

DE    LAVAL 
1685 


En  1868  M.  Léon  Maître,  archiviste  de  la  Mayenne, 
faisait  paraître  une  notice  historique  sur  les  Hdpitaux  de 
LavaL  Cette  brochure,  très  intéressante  et  très  savam- 
ment rédigée,  publiait  les  documents  les  plus  précis  sur 
les  institutions  charitables  de  notre  ville. 

Ayant  trouvé  dans  nos  archives  de  curieux  livres  de 
comptes  de  l'HApital  Saint-Julien,  nous  avons  pensé 
qu'il  serait  agréable  aux  lecteurs  de  cette  revue  archéo- 
logique de  les  connaître  en  entier. 

A  ces  comptes  étaient  joints  un  mémoire  *  adressé  en 
1749  à  Monseigneur  l'Intendant  de  Tours  et  quelques 
autres  renseignements  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  la 
notice  de  M.  Léon  Maître.  C'est  ce  qui  nous  a  décidé  à 
donner  ici  une  étude  sur  l'Hôpital  Saint-Julien  de  Laval. 

La  fondation  de  l'Hôpital  Saint-Julien  de  Laval,  dans 
le  faubourg  du  Pont-de-Mayenne,  remonte  à  l'origine 
du  premier  château  de  Laval^. 

1.  Ce  mémoire  porte  letilre  suivant  ■.Mémoire  envoyé  à  Monsei- 
gneur l'Intendant  de  Tours  pour  M.  le  contrôleur  général.  Il  esl 
signé  :  Quittet  de  ta  Houllerie.  R.  Courte,  Letourneurs  de  la 
Borde,  Duchemin  de  la  Morinière,  Manchon  administrateurs  de 
l'Hospice  Saint-Julien  (I7i9). 

2.  Voir  H.  L.  Maître,  p.  1  et  2. 


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_  Î54  - 

Nos  chroniques  disent  que  ce  fut  Bellaillé,  seigneur 
de  Laval  de  872  à  924,  qui  fonda  une  aumônerie,  sur  la 
rive  gauche  de  la  Mayenne,  au-dessous  de  son  château. 

Hugues,  son  fils,  mari  de  Berthe  de  Champagne,  l'aug- 
menta. Yves,  11'  du  nom,  petit-JUs  de  Bellaillé,  aussi 
seigneur  de  Laval,  de  969  à  990,  époux  de  Avoise  de 
Mathefelon,  acheva,  soue  le  pontificat  de  Sigetroy,  évé- 
que  du  Mans,  la  fondation  de  son  nieul. 

L'aumdnerie  Saint-Julien  était  en  face  du  château  dont 
elle  était  séparée  par  les  eaux  de  la  Mayenne.  Elle  était 
placée  près  du  pont  que  Bellaillé  aurait,  suivant  nos 
anciens  auteurs,  construit  pour  réunir  ces  deux  rives. 
Cette  position,  en  dehors  des  habitations,  semble  à  cette 
époque  avoir  été  communément  choisie  pour  les  établis- 
sements de  ce  genre.  On  éloignait  du  centre  des  popu- 
lations les  maisons  destinées  au  soin  des  malades.  Nous 
pourrions  en  citer  plusieurs  autres  placées  comme  pour 
Isoler  les  malades  des  lieux  habités,  tels  que  les  hospi- 
ces de  Château-Gontier,  de  Mayenne,  fondés  dans  des 
positions  identiquement  les  mêmes,  eu  égard  à  l'origine 
première  de  ces  villes. 

Cette  aumônerie  de  Bellaillé  fut  détruite  par  les  Nor- 
mands, lors  de  leurs  invasions  dans  le  Maine.  Guy  II", 
qui  fut  le  restaurateur  du  château  de  Laval,  dévasté  par 
ces  barbares  à  la  même  époque,  la  rebâtit  au  commen- 
cement du  XI*  siècle  '. 

On  l'appelait  la-  Maison-Dieu,  l'aumônerie  Monsieur 
Saint-Julien.  Au  XIIl'  siècle,  un  ancien  titre  latin,  pos- 
térieur à  la  construction  du  pont  que  nous  voyons  au- 
jourd'hui, lui  donne  le  nom  de  Sanctus  JuUanus  de 
Ponte.  Nous  ne  pouvons  rien  dire  de  cette  première  au- 
mônerie ou  Maison-Dieu,  reconstruite  pur  Guy  II  pour 
recevoir  les  malades  et  les  voyageurs.  Les  bâtiments 

1.  L.  Mallre,  p.  8. 


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élevés,  postérieurement  ont  fait  disp&raltre  tous  les  ves- 
tiges des  constfuctions  primitives'. 

Le  terrain  bas  et  presque  au  niveau  de  l'eau  sur 
lequel  elle  était  b&tie  l'exposait  à  de  fréquentes  inouda- 
tiona.  L'entrée  était  dans  la  vallée  du  Paolivard,  dont  le 
nom  fut  changé  en  celui  de  vallée  Saint-Julien  après  les 
constructions  du  XI*  siècle. 

On  peut  suivre  les  agrandissemeats  que  l'hospice  re- 
çut suocessivement  suivant  que  l'exigea  l'accroissement 
de  la  population.  Au  XIV  siècle,  la  construction  du  nou- 
veau pont  de  Guy  Vil  ou  Guy  VIII  mit  l'hospice  bien 
au-dessous  du  niveau  de  la  rue.  Pour  le  rendre  plus  sa- 
lubre,  il  y  eut  nécessité  d'exhausser  les  logements  des 
malades.  On  éleva,  à  la  hauteur  de  celte  nouvelle  vme, 
une  salle  sur  une  voûte  perpendiculaire  à  son  axe.  Cette 
nouvelle  salle  servit  en  même  temps  à  la  célébration  de 
TolTice  divin.  Son  portail  se  trouva  placé  parallèlement 
à  la  rue.  Un  de  ses  ornements  cousiatait  en  un  dais 
ayant  recouvert  une  statue,  conservé  au  musée  de  La- 
val, depuis  aa  destruction  en  1834  ;  il  peut  justiûer  l'é- 
poque que  nous  attribuons  à  sa  construction,  le  XIV" 
ou  commencement  du  XV"  siècle. 

Pendant  deux  cents  ans,  cet  état  de  chose  parut  sufii- 
sant.  Plus  tard,  au  commencement  du  XVP  siècle,  on 
voulut  remédier  aux  grands  inconvénients  qui  résultaient 
du  logement  des  malades  dans  le  lieu  qui  servait  d'é- 
glise. Le  service  divin  s'y  faisait  difficilement,  les  mala- 
des eux-mêmes  en  étaient  incommodés  ;  l'église  restait 
abandonnée  par  la  crainte  des  maladies  et  les  revenus 
diminuaient  sensiblement.  L'accroissement  que  pre- 
naient la  ville  et  le  faubourg  du  Pont-de-Mayenne,  où 
l'on  venait  d'achever  la  construction  de  l'église  de  Saint- 
Vénérand,  rendait  nécessaire  l'augmentation  des  loge- 
ments pour  recevoir  les  malades. 

1,  Le  Clerc  du  Plécheray. 


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256  — 

Guy  XVI,  toujours  occupé  du  bien-être  de  ses  sujets, 
u  désiraat,  dit  Le  Doyen,  Laval  augmeater  et  tous  pau- 
«  vres  alimenter,  »  se  préoccupa  des  améliorations  que 
nécessitait  l'état  de  l'hospice  Saint-Julien  pour  le  mettre 
plus  en  rapport  avec  les  besoins  de  la  population.  Il  ré- 
clama et  obtint  sans  peine  le  concours  des  habitants  qui 
ne  lui  &t  pas  défaut  dans  cette  œuvre  charitable. 

François,  son  neveu,  évéque  de  Dol,  était  dans  ce 
temps  «  le  maistre  et  aumolnier  de  la  maison  Dieu  de 
monsieur  Saint  Julien  de  Laval.  »  Au  mois  de  septembre 
1528,  Guy  le  chargea  de  chercher  les  moyens  de  créer 
de  nouveaux  logements  plus  convenables  pour  les  mala- 
des et  d'aviser  à  les  retirer  de  l'église, 

François  se  mit  aussitôt  en  devoir  d'exécuter  les  pres- 
criptions de  son  oncle.  Il  se  concerta  avec  Jehan  Carré, 
alors  receveur  de  l'hospice.  L'espace  était  restreint,  on 
ne  trouva  d'autre  moyen  d'agrandissement  que  l'éta- 
blissement d'une  salle  longeant  le  mur  méridional  de 
l'église,  du  côté  de  la  rivière.  Elle  fut  placée  sur  des  pi- 
Hers  en  maçonnerie  dont  la  base  était  posée  dans  l'eau. 
Jehan  Cosson  et  Guillaume  le  Cerf,  l'un  couvreur  et 
l'autre  charpentier,  furent  les  entrepreneurs  de  ce  tra- 
vail, qui  passa,  dans  le  temps,  pour  un  ouvrage  hardi, 
et  fit  l'admiration  des  connaisseurs,  à  cause  de  la  rapi- 
dité de  la  rivière  dans  cet  endroit  ' . 

L'hospice  éprouva  une  grande  amélioration  de  cette 
entreprise.  On  eut  alors  la  possibilité  d'enlever  les  mala- 
des de  l'église.  Cette  salle  avait  le  nom  de  maison  on 
dortoir  sur  l'eau. 

En  1619,  une  nouvelle  insullisance  de  places  se  fait 
sentir  à  l'hospice.  On  construit  alors,  au  côté  opposé 
à  la  rue,  le  bâtiment  qui  se  voit  encore  aujourd'hui, 
sur  le  lieu  dit  le  Grand-Port.  Son  genre  de  construction 
accuse  bien  l'époque  à  demi  indiquée  sur  le  Hnteau  de 

1.  L.  Maître,  p.  16. 


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-  257  — 

la  fenêtre  du  milieu,  161...,  le  dernier  chiffre  ayant  été 
enlevé  sur  le  tuffeau  piar  l'usure  du  temps. 

Gr&ce  à  un  commerce  actif  et  florissant,  la  popula- 
tion de  la  ville  de  Laval  tendait  à  suivre  une  progres- 
sion toujours  croissante.  Les  besoins  de  Tbôpital  aug- 
mentaient en  proportion.  On  prit  la  résolution  de  donner 
plus  d'étendue  aux  bâtiments.  L'espace.occupé  par  l'Hô- 
tel-Dieu,  trop  resserré,  ne  permettait  plus  de  songer  à  un 
plus  grand  développement  dans  ce  lieu.  A  la  aoUicitation 
des  habitants,  des  lettres  patentes  du  roi  Louis  XIV  leur 
accordèrent  l'autorisation  de  chercher  un  terrain  oi'i  ils 
pussent  s'étendre  davantage. 

Le  choix  s'arrêta  sur  les  Lices  où  les  seigneurs  de 
Laval  prenaient  autrefois  le  plaisir  de  ta  lance  et  des 
tournois,  dans  le  voisinage  de  l'ancien  Hôtel-Dieu.  Je- 
han Berault,  sieur  des  Essards',  président  au  siège 
royal  des  exempts  du  comté,  leur  vendit  le  terrain  avec 
quelques  maisons  contiguës.  Ce  terrain  coûta  800  livres 
de  rente  annuelle  et  perpétuelle.  Les  économies  de  la 
caisse,  que  les  dons  volontaires,  dus  à  la  libéralité  et  à 
la  charité  des  habitants,  augmentaient  chaque  jour,  fu- 
rent suffisants  pour  payer  l'acquisition  de  cet  emplace- 
ment. On  se  mit  de  suite  à  construire  de  nouveaux 
bâtiments  sous  la  direction  de  M.  Sébastien  Frin,  sieur 
du  Guy-Boulier,  par  qui  la  dépense  fut  soldée  de  1646 
a  1654  î. 

Plusieurs  années  s'écoulèrent  avant  l'entier  achève- 
ment des  travaux  ;  ce  ne  fut  qu'en  1699  que  la  maison 

1.  Il  les  avait  achetées  en  1632  de  Mgr  Henri  de  la  TrémoiUe 
avec  la  chai^  de  vider  à  ses  fraiH  une  contestation  qui  existait 
entre  le  seigneur  et  les  hospices  au  su^et  de  la  mouvance  féodale 
de  remplacement.  Les  habitants  prenaient  par  le  contrat  l'eoga' 

f  nient  de  donner  une  partie  de  remplacement  qu'ils  achetaient 
des  religieuses  Hospitalières  qu'ils  demanderaient  à  la  Flèche 
et  d'y  construire  pour  les  recevoir  des  bfltimenta  distincts  de 
l'HApital  (Mémoire  adreué  à  i  intendant  de  Tourt  en  17i9). 
3.  Notice  tur  lei  hipitaux  de  Laval  (Annuain  de  la  Mayenne 


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-  iB8  — 

fat  totalement  complétée  par  la  constnictios  dea  bâti- 
ments destinés  aux  cuisines  et  à  là  pharmacie'. 

On  vit  avec  plaisir  dans  la  population  la  thanslatibn 
des  malade»  dans  un  lieu  plus  vaste  et  plus  commode^. 
11  n'en  fut  pas  de  même  lorsque  l'on  vit  dépouiller 
l'église  et  enlever  les  cloches.  L'alarme  fut  répandue 
dans  la  ville,  ce  fut  presque  une  sédition^  ;  on  eut  assez 
de  peine  à  calmer  les  esprits.  Lebureaude  l'hospice  flit 
obligé  d'y  mettre  une  grande  prudence,  et  de  conserver 
les  choses  dans  le  même  état.  L'église  était  assez  vnsle, 
ayant  une  longueur  de  plus  de  130  pieds,  sur  environ  50 
de  largeur.  Elle  possédait  un  mattre-autel,  un  autel  dédié 
à  la  Vierge,  un  à  Saint  Roch  et  un  à  la  Madeleine,  tous 
bien  ornés.  La  sacristie  était  pourvue  de  calices,  cha- 
subles et  de  tous  les  ornements  nécessaires  à  la  célébra- 
tion du  service  divin. 

Ce  sanctuaire  reste  toujours  en  vénération  parmi  le 
peuple  de  la  ville  et  de  la  campagne  ;  on  y  venait  en 
pèlerinage,  même  d'une  assez  grande  distance,  faire  dire 
des  messes  en  l'honneur  de  Saint  Julien  kt  honorer  les 
reliques  des  Saints  qu'on  y  exposait.  11  s'y  disait  quel- 
quefois quatre  messes  en  un  seul  jour  et  il  s'en  passait 
rarement  un  sans  qu'il  yen  eût.  II  avait  un  grand  nombre 
de  fondations.  L'église  du  nouvel  hospice  n'avait  point 
encore  d'autel  dédié  à  la  Sainte  Vierge,  aussi  chaque 
samedi  était-il  célébré  une  messe  dans  celle  de  Saint- 
Julien  à  cette  intention. 

Lors  de  l'établissement  du  nouvel   HAtel-Dieu,    un 


1.  /dem. 

2.  Après  la  construction  du  nouvel  hospice  et  ia  translation  des 
malades  l'ancien  ftil  abandoTiné,  Les  bfltiments  furent  afTermés 
à  divers  particuliers.  La  cour  sur  le  bord  de  l'eau,  servant  de 
préau  aux  malades,  devint  un  lieu  de  dépdt  des  marchandises  que 
la  navi^tion  de  la  Mayenne  apportait  a  Laval.  Il  reçut  le  nom 
de  Grand-Port. 

3.  L.  IdattM,  p.  86. 


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nommé  Jacques  Soriu  y  fonda,  dans  la  chapelle  de  l'an-^ 
cien,  une  messe  à  dire  chaque  dimanche,  après  la  messe 
paroissiale,  pour  la  commodité  des  infirmes  du  quartier. 
C'était  encore  une  des  stations  du  jour  de  la  fête  du 
Saint-Sacrement  pour  la  procession  ;  à  la  fête  de  Saint 
Julien,  on  y  céléhraît  la  grande  messe  ;  aux  jours  des 
Rotations  et  autres  processions  durant  le  cours  de  l'an- 
née, le  clergé  de  Saint- Vénérand  s'y  rendait  '. 

Depuis  l'origine  de  l'hospice,  l'administration  reli- 
gieuse et  temporelle  était  confiée  à  un  prêtre  qui  avait 
le  titre  d'administrateur  de  la  Maison-Dieu.  Il  avait  le 
gouvernement  de  tous  les  biens  de  la  maison  et  jouis- 
sait des  droits  seigneuriaux  annexés  aux  liefs  qui  en 
dépendaient^. 

Suivant  Tusage  du  temps,  le  service  se  faisait  par  un 
certain  nombre  de  personnes  pieuses,  réunies  en  con- 
grégation, sans  profession  ni  règles,  sous  le  nom  de 
Frères  et  Sœurs  de  l'Aumânerie.  Ils  distribuaient  des 
secours  aux  malades  et  recevaient  les  voyageurs.  Ils 

1.  Elle  fut  conservée  jusqu'à  la  Hévolution.  Pendant  ces  tenips 
malheureux  elle  servit  de  greniers  pour  le  dépôt  des  grains  d'ap- 
provisionné menl  en  cas  de  diselle.  A  te  moment  La  Société  po- 

Euluire  de  Laval  voulut  y  tenir  ses  séances  ;  le  11  décembre  1792 
t  municipalité  la  lui  rerusa,  en  ayant  besoin  pour  ses  grains^/te- 
gistre  de»  délibérations  de  VHôul-de-Ville). 

Elle  fut  ensuite  alTcrmée  de  même  que  les  autres  bâtiments 
jusi(u'en  l'année  1834,  époque  où  tout  fut  aliéné  et  le  bazar  Saint- 
Julien  construit  sur  son  emplacement. 

Le  25  février  1824,  en  faisant  des  réparations  dans  la  partie  de 
régÛse  où  avait  été  la  balustrade  du  chœur,  une  poutre  qui  son- 
tenait  le  plancher  s'affaissa.  Parmi  les  débris  que  causa  cette 
chute  se  trouva  un  corps  humain.  On  reconnut  tous  les  organes, 
tant  externes  qu'internes  du  sexe  féminin,  ha  léte  seule  man- 
quait ;  l'élat  de  la  partie  supérieure  du  cou  faisait  voir  que  le 
temps  «eu!  et  non  fa  violence  l'avait  séparée.  Le  corps  réduit  à 
t'élnl  de  momie  fut  déposé  à  la  bibliotheaue  de  la  ville.  11  était 
revêtu  d'une  robe  en  toile  blanche,  travaillée  avec  beaucoup  d'art. 
La  Société  des  Antiquaires  de  Paris,  à  laquelle  elle  fut  soumise,' 
déi^tara.  au  mois  de  mai  1824,  qu'elle  était  d'une  forme  en  usage, 
avant  l'an  1500  (Annuaire  de  1828,  p.  23). 

2.  L.Mattre. 


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Devaient  point  de  costume  particulier  :  une  simple  mar- 
que distinctive  tes  faisait  reconnaître,  comme  on  le  voit 
par  d'anciens  titres.  Les  voyageurs  et  les  pèlerins 
étaient  reçus  .dans  l'hospice  et  avaient  part  aux  distri- 
butions pendant  leur  séjour  dans  la  maison.  On  donnait 
aussi  des  secours  à  l'extérieur  V 

Un  procès  qui  s'éleva  entre  le  prieur,  curé  de  Saint- 
Melaîne,  et  l'aumôneric  de  la  Maison-Oieu,  au  sujet 
des  droits  curiaux,  nous  fait  connaître  quels  étalent  au 
XIII*  siècle  les  rapports  qui  existaient  entre  eux,  Robert 
II*,  abbé  de  l'abbaye  de  Toussaint  d'Angers,  d'où  dé- 
pendait le  prieuré  de  Saint-Melaine,  termina  sous  l'é- 
piscQpat  de  Guillaume  I'^  évéque  d'Angers,  un  diffé- 
rend au  sujet  d'une  chapelle  et  du  droit  de  sépulture.  Le 
droit  de  posséder  une  chapelle  fut  accordé  à  l'aumAne- 
rie  de  Saint-Julien,  avec  celui  d'y  avoir  un  cimetière 
pour  enterrer  seulement  les  pauvres  décédés  à  l'hospice, 
les  frères  de  la  maison  et  tous  ceux  qui  porteraient  les 
marques  distinctives  de  la  corporation,  sauf  cependant 
le  droit  curial  qui  serait  payé  à  la  paroisse  de  Saijit- 
Melaine. 

On  excepta  de  cette  autorisation  les  serviteurs,  les 
gens  de  journée  employés  dans  la  maison  et  tous  les 
étrangers  ne  portant  pas  les  insignes  des  frères.  Ils  de- 
vaient être  enterrés  au  cimetière  de  Saint-Melaine  et 
payer  intégralement  le  droit  curial  au  prieur-curé. 

Aucun  paroissien  malade  de  Saint-Melaine  ne  pouvait, 
sans  une  autorisation  de  M.  le  Prieur,  être  porté  à  l'hos- 
pice de  son  vivant  ni  après  sa  mort  ;  permission  qu'il  ne 
refusait  jamais  si  on  la  lui  demandait,  ou  si  le  transport 
était  nécessaire  pour  recevoir  des  secours,  sauf  toujours  le 
droit  curial  de  son  église.  Le  chapelain  ou  to^t  autre 
clerc  appartenant  à  In  Maison-Dieu  de  Saint-Julien  pre- 
nait l'engagement  de   ne  jamais  ofiîcier  publiquement 

1.  Ident,  p.  9, 


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—  m  — 

dans  ta  chapelle  les  jouis  de  gruiidfs  fftes.  aux  tàivn 
de  Sainte  Vierge,  deB  Api>tres,  de  Saint  Jean,  de  la  Mag- 
deleine,  de  Saint  Laurent,  de  Saint  Gilles  et  de  Saint 
Melaine,  de  même  qu'aux  dimanches  ordinaires.  Toutes 
tes  offrandes  faites  par  les  paroissiens  de  Saint-Melayne 
et  tout  ce  qui  était  reçu  pour  mariages,  baptêmes,  ou 
pénitences  ordonnées,  devait  appartenir  au  prieur-curé 
et  lui  être  remis. 

Quand  ils  le  voulaient,  les  chanoines  de  Toussaint 
pouvaient  célébrer  la  messe  dans  l'église  de  Saint-Julien 
et  ae  servir  des  ornements.  Ils  n'avaient  droit  qu'à  un 
sol  sur  toutes  les  oiïrandes  faites  pendant  la  messe  par 
les  étrangers  ou  voyageurs,  le  reste  appartenait  à  l'hos- 
pice. A  la  fête  de  Saint  Julien  et  aux  processions  qui 
venaient  visiter  l'église,  les  oiïrandes  appartenaient  aus- 
si aux  pauvres  de  l'hospice  ;  le  chanoine  qui  célébrait  la 
messe  ne  pouvait  prendre  qu'un  sol.  On  dit  aussi  que 
a'il  arrivait  par  la  suite  que  les  administrateurs  de  Saint- 
Julien  voulussent  construire  pour  les  chanoines  une  au- 
tre chapelle  plus  commode,  non  loin  du  pont  de  Laval, 
auprès  de  la  Grande-Rue,  les  chanoines  abandonneraient 
aux  pauvres  la  première  chapelle  avec  toutes  les  offran- 
des et  oblationa  des  fidèles,  sauf  cependant  celles  qui 
seraient  faites  par  les  paroissiens  de  Saint>Melaine,  à 
l'égard  desquels  subsisterait  toujours  le  présent  règle- 
ment. 

Quant  à  l'usage  des  cloches  et  des  sonnettes,  il  devait 
en  être  dans  la  chapelle  de  l'aumônerie  de  Saint-Julien 
comme  à  celle  de  Coëffort  du  Mans,  et  ainsi  les  chanoi- 
nes de  Toussaint  ne  pourraient  rien  réclamer  dans  l'ad- 
ministraUon  de  l'hospice  ni  dans  leur  chapelle  '. 

Dans  la  suite  des  temps  des  désordres  graves  se  glis- 
sèrent dans  l'administration  de  l'hospice.  L'ecclésiasti- 
que chargé,  sous  le  nom  de  maître  de  l'aumdnerie,  de 

t.  Archives  de  l'Hospice  Saint-Julien. 


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la  gestion  des  biens,  voulait,  contrairement  aux  règles 
et  aux  canons  des  conciles,  entr' autres  celui  de  Vienne 
en  Dauphiné,  de  t'anné  1311,  posséder  cette  charge 
comme  bénéfice.  Il  se  dispensait  delà  résidence',  com- 
mettant à  un  autre  le  soin  du  gouvernement  de  la  mai- 
son, et  se  réservait  ta  jouissance  des  revenus.  L'un  d'eux 
avait  vendu  les  celliers  sous  l'église  ;  son  successeur, 
André  Duval,  les  racheta,  moyennant  60  livres  de  dé- 
dommagement qu'il  donna  aux  acquéreurs^. 

Les  abus  se  perpétuaient  malgré  les  efforts  constants 
de  l'autorité  ;  les  malades  restaient  sans  secours.  Les 
habitants  firent  connaître  à  leur  seigneur  cet  état  de 
choses  afin  qu'il  prit  des  mesures  pour  le  faire  cesser. 
Guy  XV[,  alors  comte  de  Laval,  voulut  faire  droit  à 
leurs  justes  plaintes.  Il  chercha  k  étabhr  un  nouveau 
mode  d'administration,  qui  arrêta  tous  les  désordres 
qui  se  commettaient. 

Ce  fut  Guy  XVII,  son  successeur,  qui  mit  la  dernière 
main  aux  améliorations.  Par  une  ordonnance  du  8  fé- 
vrier 1536  ^  il  introduisit  une  réforme  radicale.  Il 
remit  au  maire  et  aux  échevins  tous  ses  droits  sur  l'hos- 
pice. Le  maitre  et  administrateur  ecclésiastique  fut  sup- 
primé. L'administration  des  biens  fut  confiée  aux  soins 
de  deux  notables,  conformément  aux  prescriptions  du 
concile  de  Vienne  déjà  cité.  Cette  mesure  eut  l'appro- 
bation générale.  GeolFroy  Tartroux,  alors  administra- 
teur, dont  les  intérêts  étaient  blessés,  ne  se  laissa  point 
priver  de  ce  qu'il  considérait  pour  lui  comme  un  droit 
acquis,  sans  une  vive  résistance.  Il  ne  se  rendit  qu'après 
avoir  épuisé  tous  les  degrés  de  juridiction. 

Un  édit  de  François  1",  de  1542,  vint  à  l'appui  de  la 
mesure  que  prenait  le  comte  de  Laval.  L'administration 

1.  Ânn.  de  la  Mayenne  18}8. 

2.  Idem. 

3.  L.  Hattre,  p.  18. 


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des  hôpitaux,  par  cet  édit,  passait  entre  les  mains  des 
habitants,  pourvu  qu'ils  ne  fussent  pas  possédés  à  titre 
de  bénéfices.  Une  autre  ordonnance  du  17  juin  1544, 
pour  favoriser  le  nouvel  ordre  de  choses  que  l'on  établis- 
sait, exemptait  les  maladreries,  léproseries,  Hôtels-Dieu 
ethApitaux,  des  décimes,  dons  gratuits  et  emprunts. 

Le  procès  avec  l'ancien  administrateur  G.  Tarlroux 
existait  toujours.  11  opposait  sa  possession  de  maître  et 
administrateur,  comme  la  tenant  en  bénélîce,  et  ainsi 
échappant  à  l'ordonnance  du  roi  de  1542.  L'affaire  était 
devant  le  Parlement  de  Paris.  En  1545,  ce  dernier  en- 
voya deux  commissaires  à  Laval  pour  examiner  la  ques- 
tion. L'exactitude  des  faits  allégués  par  les  habitants 
fut  reconnue,  les  revenus  de  l'hospice  forent  mis  sous  !e 
séquestre. 

En  attendant  l'issue  du  procès  deux  bourgeois,  Jenn 
Le  Mercier  et  Geoffroy  Esnault,  étaient  chargés  de  l'admi- 
nistration. Ils  ne  rendaient  leurs  comptes  que  devant 
le  juge  ordinaire  et  un  avocat  fiscal,  en  présence  de 
G.  Tartroux  qui  continuait  à  prendre  le  titre  de  maître 
et  administrateur  de  l'hospice  Saint-Julien,  pendant 
qu'eux  se  donnaient  la  qualité  de  commissaires  ordon- 
nés par  justice  pour  gouverner  et  administrer  Vinfir- 
merie  et  Maison-Dieu  de  M.  Saint-Julien  de  Laval. 

Un  arrêt  du  Parlement,  le  23  février  1547,  maintint 
l'administration  entre  les  mains  des  bourgeois  et  accorda 
300  livres  de  provision  à  M"  Tartroux.  Il  en  appela,  mais 
un  arrêt  définitif  du  27  mai  1549  rendit  enfin  l'hospice 
aux  habitants'.  Son  administration  fut  attribuée  à  trois 
bourgeois  qui  devaient  être  élus  par  les  officiers  de  jus- 
tice du  comté  et  auxquels  seraient  adjoints  à  leur  choix 
six  notables.  Leurs  fonctions  ne  devaient  durer  que  trois 
ans,  mais  un  ancien  resterait  toujours,  faisant  partie  du 

1.  L.  Mallre,  p.  22  à  28. 


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-  264  - 

bureau,  pour  mettre  lea  nouveaux  «dministrateurs  au 
courant. 

Cet  arrêt  condamnait  le  aïeur  Tartroux  aux  répara- 
tions des  bâtiments  qu'il  avait  laissé  tomber  en  ruines 
pendant  ea  gestion.  11  fut  contraint  de  rendre  compte  de» 
revenus  depuis  l'année  1531,  époque  où  il  avait  pris 
possession.  On  lui  alloua  sur  les  revenus  de  l'hospice 
une  somme  de  100  livres  à  titre  de  traitement,  s'il  vou- 
lait y  rester  pour  y  remplir  les  fonctions  de  chapelain. 

Après  six  siècles  d'existence,  l'administration  de  l'au- 
mânerie  de  Saint-Julien  sortit  ainsi  des  mains  ecclésias- 
tiques et  passsa  aux  laïques.  D'aumônerie,  elle  devint 
un  véritable  hôpital,  destiné  non  plus  aux  voyageurs 
indigents  et  aux  pèlerins  malades,  mais  aux  malades 
seuls  en  leur  donnant  les  secours  que  pouvait  réclamer 
leur  état. 

Cette  nouvelle  administration  remplit  les  fonctions 
qui  lui  étaient  conilés  avec  le  glus  grand  zèle.  Elle  éta- 
blit  à  l'hospice  un  lieu  pour  recevoir  les  orphelins  et  les 
enfants  trouvés.  On  voit  par  d'anciens  comptes  que  la 
dépense  de  ce  service  se  montait  à  environ  92  livres  11 
sols  par  an.  On  continua  aussi  les  secours  ft  domicile: 
on  y  dépensait  annuellement  179  livres'. 

L'hospice  recevait  les  malades,  les  nourrissait  et  leur 
fournissait  les  médicaments.  Il  n'y  avait  point  encore  de 
service  de  santé  attaché  à  la  maison.  Dans  les  cas  ur- 
gents un  chirurgien  était  appelé.  Ce  ne  fut  qu'en  1577 
que  le  service  fut  régulièrement  établi.  Un  chirurgien- 
barbier  fut  chargé  de  ce  soin.  Les  archives  de  la  maison 
fournissent  des  quittances  depaiements  faits  chaque  an- 
née avant  cette  époque  à  des  femmes  pour  soins  médi- 
caux donnés  aux  malades  ;  on  retrouve  des  mémoires 

1    Anciens  comptes,  aux  archives  de  l'Hospice. 


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—  265  — 

d'opérateurs,  de  rcstauratearB  et  de  chimrgicns  ambu- 
lante I . 

De  1549  à  1601,  THôtel-Dieu  de  Laval  est  déchargé 
pnr  arrêts  de  la  Chambre  des  Camptes  et  de  la  Cour  des 
Aides,  des  décimes,  dons  gratuits  et  autres  taxes  impo- 
sées sar  les  biens  appartenant  aux  gens  d'église. 

Le  chapelain,  par  un  arrêté  du  26  octobre  1674,  fut 
chargé  de  tenir  un  re^stre  des  entrées  des  malades  et 
de  leurs  sorties  soit  par  décès  soit  par  convalescence. 
Le  chapelain  était  à  la  nomination  des  administrateurs 
par  sentence  rendue  en  1582,  par  le  sénéchal  d'Anjou, 
confirmée  par  un  arrêt  du  parlement  de  1584. 

On  obligeait  ceux  qui  étaient  choisis  pour  remplir  les 
fonctions  d'administrateurs  à  les  accepter  ;  les  voies  de 
riguenr  même  furent  au  besoin  employées.  Le  31  mars 
1709,  François  Renusson,  sieur  de  la  Chaussée,  fut  con- 
damné à  remplir  la  place  d'administrateur  à  laquelle  il 
avait  été  nommé  ^.  Après  les  nouvelles  constructions  aux 
Lices,  un  changement  fut  introduit  dans  le  service  des 
pauvres  :  des  religieuses  hospitalières  en  furent  chargées. 

L'Anjou  venait  de  voir  se  former  une  congrégation  de 
jeunes  HUes  se  dévouant  au  service  des  pauvres  malades. 

Anne  de  Melun,  petite-fille  du  prince  d'Epinoy,  aban- 


1.  Annuaire  de  1828.  —  Le  31  décembre  1733.  dans  aiie  assem- 
blée de  l'Hôtel-de-VilIe,  les  médecins  de  l'Hfltel-Dieu  demandè- 
rent que  de  trois  qu'ils  étaient,  on  portât  leur  nombre  à  quatre, 
que  leurs  honoraires  fussent  portés  a  400  liv.  pour  eux  quatre  au 
heu  de  140  liv.  qu'ils  recevaient,  ou  qu'on  leur  procurât  les 
exemptions  de  collecte,  de  tutelle,  de  gens  de  ^erre  et  que  leur 
taille  fût  réglée  à  une  somme  modique  el  que  en  ce  cas  ils  se 
contenteraient  de  140  liv. 

Tous  les  avis  furent  pour  leur  accorder  ces  privitège-'j  ;  le  s' 
Maucourt  de  Bourjolly  ayant  opiné  le  dernier  dit  qu'il  convenait 
mieux  leur  accorder  400 "liv,  saut  à  se  pour^■oi^  dans  un  temps 
plus  favorable  et  de  paix  pour  demander  ces  privilèges.  Ce  qui 
fui  accepté, 

{Extrait  des  Begisires  de  lH6tel-de-VUUde  Laval). 

2.  Idem. 


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donnant  à  l'àge  de  trente  et  un  ans  tous  les  avantages 
que  sa  naîseance  lui  promettait  dans  le  monde,  était 
venue  se  retirer  dans  la  ville  de  Baugépaur  se  consacrer 
au  Seigneur.  Contemporaine  de  Saint  Vincent-de-Paul, 
elle  en  avait  tout  le  dévouement  et  le  zèle.  Elle  fonda 
dans  cette  ville  un  Hâtel-Dieu  et  y  réunit  plusieurs  fem- 
mes qu'un  même  esprit  animait.  Une  colonie  était  déjà 
sortie  de  cette  maison  pour  venir  prendre  soin  de  Thd- 
pîtal  de  la  Flèche 'i 

A  l'hospice  de  Laval,  des  gêna  salariés  faisaient  le  ser- 
vice auprès  des  pauvres.  Les  administrateurs  soigneux 
de  l'extérieur,  sentirent  qu'à  l'intérieur  une  société  sem- 
blable à  celle  qui  venait  de  se  former  à  Baugé,  ofTrant 
ses  secours  aux  malheureux  sans  attendre  d'autre  ré- 
compense que  cfjlle  qu'elle  doit  recevoir  de  Dieu,  offrait 
des  garanties  bien  plus  grandes  que  des  mains  merce- 
naires. Ce  furentles  dames  de  cet  ordre  que  l'administra- 
tion s'empressa  de  proposer  aux  habitants  d-appeler  à 
l'hospice.  Le  conseil  comprit  la  pensée  des  administra- 
teurs et,  dans  une  assemblée  générale  qui  eut  lieu  au 
mois  de  mai  1646,  les  Hospitalières  furent  appelées  au 
gouvernement  intérieur  de  l'hApital.  l.'n  concordat  fat 
passé  le  20  juin  1648  entre  le  maire  et  les  échevîns  de 
Laval  et  Jérôme  le  Royer,  sieur  de  la  Dauversière,  fon- 
dé de  pouvoirs  de  la  supérieure  de  ta  communauté  de  la 
Flèche. 

Six  religieuses  viennent  prendre  possession  du  nou- 
vel hospice  et  en  1648,  elles  s'y  établissent  définitive- 
ment et  font  avec  l'administration  un  concordat  par  le- 
quel sont  réglés  les  soins  qu'elles  donneront  aux  ma- 
lades 2. 


1.  CnuiiMier  de  Luiinay,  Hist.  des  Hospitalières. 

2,  Un  di^ne  prêtre.  Guillaume  Trotivard,  donna  trois  mille  li- 
fpea  pour  Jti  construction  du  cWur  des  rcliffieuses. 

Elles  furent  installées  le  5  décembre  1648  par  mattre  Pellier, 


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ËD  1681  les  dames  Hospitalières  de  Saint-Joseph  ob- 
tinrent des  lettres-patentes  du  roi  qui  approuvaient  leur 
établissement,  et  leur  permettait,  ainsi  qu'aux  adminis- 
trateurs, d'acquérir,  de  faire  bâtir  et  de  construire  tous 
tes  bAtîments  nécessaires  tant  pour  les  pauvres  que  pour 
elles.  On  y  dit  encore  «  que  sa  Majesté  a  pris  sous  sa 
«  protection  et  sauvegarde  les  dames  religieuses  et  cho- 
«  ses  à  elles  appartenantes  et  auxdits  pauvres  et  qu'ils 
«  jouissent  de  toutes  les  grâces,  prérogatives  et  privi- 
«  lègea  accordés  et  octroyés  aux  autres  HAtela-Dieu 
n  de  son  royaume  ^ . 

curé,  en  vertu  de  la  commission  donnée  par  messire  Philibert 
Emmanuel  de  Beaumanoir  de  Lavardin,  évoque  du  Mans. 
Les  premières  mûres  de  Laval  était  au  nombre  de  huit  : 
Anne  Aubert  de  Cieraunay,  supérieure  ; 
Judith  Moreau  de  Brésoles  ; 
Catherine  Hacé  ; 
Marie  M  ai  Ile  L  ; 
Marie  Houié  ; 

Mar^erite  Renard  de  la  Grois  ; 
Léiine  Bérault  des  Essarts  ; 
Jeanne  Hëreau  de  Grand-Maison. 

(Couanier  de  Launay,  llist.  des  Hospitalières). 
Nous  donnerons  ici  les  nomsde  quelques  autres  relifpeuses  que 
nous  avons  relevés  dans  nos  cënéalogies  manuscrites. 

Ghariolle  Frin,  fille  de  Sebastien  Frin  du  Guy-Boutier  et  de 
Marie  Gamier  (1648). 

Françoise  Martin,  lille  de  François  Martin,  s.  de  la  Motte  et  de 
Françoise  le  Comte  (1649|. 

Marguerite  Martin,  fille  de  Jean  Martin,  s.  de  la  Crosliëre.  con- 
seiller du  roi  en  l'élection  de  Laval  et  de  Kenée  Martin  de  la 
Blanchardière. 

Jeanne  de  la  Porte,  fille  de  Pierre  de  ta  Porte,  écuyer,  et  de 
Marie  le  Duc  (1714). 

Marie  Gigault,  fille  de  Pierre  Gig'ault.  s.  du  ChAtelier  et  de 
Bonne-Fon^ine  et  de  Marie  Le  Maître  (1720). 

Renée  de  la  Porte,  fille  de  Pierre  de  la  Porte,  écuyer,  et  de 
Renée  Duchemin,  morte  le  20 avril  1708  supérieure  des  dames  do 
In  Charité. 
Françoise  ËsnauH,  fille  de  Charles  Esnault  et  de  Renée  le  Duc, 
Guitlemine  Duchemin,  fdie  de  Guy  Duchemin.  s.  de  Boismo- 
rin  et  de  Jocquine  Monnerie  de  la  Gollinaye,  de  Vilré,  première 
supérieure  des  religieuses  de  l'HApital  de  Bauré,  entrée  en  reli- 
(^on  le  25  novembre  1657,  mourut  à  l'hôpital  de  Laval  le  24  jan- 
vier 1705. 

I.  Mémoire  envoyé  à  l'inteiidanl  de  Tours  en  17i9. 


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_  268  - 

L'hôpital  Saint-Julien  est  déchargé,  par  un  arrêt  de 
la  cour  de  1666,  du  soin  d'élever,  nourrir  et  entretenir 
leB  enfants  trouvée  et  en  chaîne  le  seigneur  de  La- 
val et  autres  sur  les  fiefs  desquels  ils  seront  trouvés. 
L'hôpital  général  n'est  créé  à  Laval  qu'au  mois  d'aoAt 
1682  :  l'article  25  des  lettrej-patentae  d'autorisation 
obligeait  l'hospice  Saint-Julien  à  recevoir  les  pauvres  de 
l'hôpital  général  quand  ils  seraient  malades,  pour  être 
ramenés  après  leur  convalescence  à  l'hôpital  général'. 

Les  religieuses  hospitalières  furent  soumises  en  1662 
à  de  nouvelles  règles  qui  les  obligeaient  à  des  vœux  per- 
pétuels, sous  la  règle  de  Saint  Augustin.  La  commu- 
nauté de  Laval  s'adressa  à  Monseigneur  l'évéque  du 
Mans  et  demanda  son  approbation  aux  nouvelles  consti- 
tutions que  venait  de  donner  Monseigneur  l'évéque 
d'Angers  aux  sœurs  de  leur  ordre  dans  son  diocèse. 

M.  le  Maire  de  Laval,  les  échevins  et  les  administra- 
teurs de  l'hospice  élevèrent  une  opposition  à  cette  règle 
nouvelle.  Ils  déclarèrent  qu'ils  ne  pouvaient  admettre 
quelques  articles  contenus  dans  ces  constitutions,  don- 
nant aux  religieuses  et  à  leur  confesseur  une  trop 
granJe  autorité  et  prééminence  sur  le  prêtre  nommé  par  ■ 
l'administration  pour  desservir  l'hospice  et  portant  ainsi 
atteinte  à  leurs  droits  et  à  ceux  de  l'ecciésiastique  qu'ils 
choisiraient. 

M.  Gilles  de  Farcy,  écuyer,  maire  de  Laval,  noble 
maître  Charles  Duchemin,  s'  de  la  Magdeleine,  conseil- 
ler du  roi,  contrôleur  au  grenier  à  sel  de  Laval,  noble 
m''  Ambroise  te  Comte,  s'  des  Courbes,  élu  en  l'élection, 
maître  René  le  Bouvier,  s''  des  Landes,  et  Pierre  Hois- 
nard,  sieur  de  la  Bodangère,  échevins,  et  maître  Pierre 
Simon  du  Tertre,  avocat,  Jean  Duchemin,  sieur  de  la 
Jarossays  et  René  Frin,  s*"  du  Pin,  administrateurs  de 
l'hospice  transigent,  le  27  décembre  1662,  avec  les  da- 

1.  L.  Mattre,  p.  54, 


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mes  HoBpitalières,  représentées  par  vénérande  mère 
Anne  Le  Tendre,  supérieure  de  Saint-Joseph  de  l'Hdtel- 
Dieu,  Henée  Le  Jumeau,  assistante,  Marie  Bidault  de  La 
Baire,  inatitutrice,  Claire  Le  Blanc,  hospitalière  et  Jean- 
ne de  La  Porte,  dépositaire,  faisant  pour  la  communauté. 
Il  fut  convenu  et  accordé,  sous  te  bon  plaisir  de  Mgr 
l'évéque  du  Mans,  que,  comme  par  le  passé,  le  maire, 
les  échevins  et  administrateurs  jouiraient,  comme  ils  en 
ont  toujours  joui,  du  droit  de  nommer  un  prêtre  pour  ad- 
ministrer les  sacrements,  rendre  les  assistances  spiri- 
tuelles aux  pauvres  de  l'hôpital  et  à  leurs  domestiques 
et  EEÛre  toutes  les  cérémonies  qui  lui  appartiennent  sans 
dépendre  aucunement  des  religieuses  ni  de  leur  confes- 
seur. Il  leur  fut  seulement  accordé  que  le  prêtre  qui  se- 
rait choisi  pour  remplir  ces  fonctions  serait  agréé  par 
elles. 

L'administration,  au  nom  des  habitants,  déclara  en 
outre  à  Mgr  l'évéque  du  Mans,  qu'elle  consentait  et  dé- 
sirait favoriser  de  tout  son  pouvoir  le  changement  sou- 
haité par  les  dames  religieuses,  pour  l'accroissement  et 
ta  plus  grande  perfection  de  leur  ordre,  y  voyant  une 
plus  grande  garantie  pour  leurs  services  envers  les 
pauvres. 

Le  16  mars  1693  on  posa  la  première  pierre  du  mai- 
tre-autel  dans  l'église  de  Saint-Joseph.  On  choisit  deux 
pauvres  pour  faire  cette  cérémonie.  L'un  se  nommait 
Gervais  Noël,  de  la  paroisse  de  la  Trinité,  l'autre  Jean 
Fourmond  de  celle  de  Saint-Vénérand'. 

En  1749  l'hospice  consistait  en  trois  bâtiments  sépa- 
rés et  distincts,  renfermés  dans  la  même  clôture.  Un  ser- 
vait à  la  communauté  ou  logement  des  religieuses  ;  un 
second,  contenant  quatre-vingt-dix-huit  lits,  était  des- 
tiné au  traitement  des  maladies  ordinaires,  le  troisième, 
n'ayant  que  vingt-six  lits,  recevait  les  pauvres  atteints 

1.  Mémoire  d«  H.  Duchemin  du  Tertre. 


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-  270  - 

de  maladies  incurables,  faisant  un  long  séjour  dans 
rhdpital'. 

Un  chapelain  à  la  nomination  des  administrateurs 
était  attaché  à  la  maison.  Le  pauvre,  l'étranger  et  le 
soldat  malade  étaient  reçus  à  l'hospice  et  y  recevaient  les 
soins  dus  à  leurs  maladies.  Pour  le  traitement  donné 
aux  soldats,  chaque  mois  un  état  contenant  le  nombre 
de  ceux  qui  avaient  été  reçus  était  envoyé  à  M.  l'Inten- 
dant de  la  généralité  à  Tours  qui  soldait  les  journées  de 
séjour. 

Cinq  administrateurs  gouvernaient  l'hiSpital,  leur  ser- 
vice était  gratuit.  Ils  étaient  renouvelés  tous  les  quatre 
ans;  leur  nomination  se  faisait  par  l'assemblée  générale 
de  l'Hôtel-de- Ville,  au  scrutin.  L'un  d'eux  faisait  les 
fonctions  de  receveur.  Ses  comptes  se  rendaient  à  la  fin 
de  sa  gestion  devant  MM.  les  officiers  du  siège  royal  ; 
des  échevins,  le  bureau  et  les  administrateurs  étant  pré- 
sents *. 

Le  vendredi  de  chaque  semaine  les  administrateurs  se 
réunissaient  pour  délibérer  des  affaires  de  l'hôpital. 
Lorsqu'il  se  présentait  des  cas  extraordinaires  ou  d'une 
plus  grande  importance,  ils  étaient  soumis  au  grand 
bureau,  composé  des  ofïîciers  de  justice  de  la  ville,  des 


1.  ■  l^  dimanche  13  février  ITiSj'ni  présidé  un  (crand  hureaii 
tenu  à  llidpilal  Bat nl-Jii lien.  On  y  a  décidé  entr'aulrcs  choses 

3ue  à  l'avenir  on  ne  recevrait  phis  aucune  rondntîon  de  lits 
estinés  pour  les  pauvres  des  paroisses  de  In  compagne,  qu'il 
ne  Tût  fait  un  fond  de  valeur  de  200  liv.  de  revenu  et  qu'an  auir- 
mentdt  à  l'instant  un  lit  dans  une  nouvelle  salle,  parce  que  tou- 
tes les  fundalions  de  lits  étrangers  diminuaient  ceux  des  pauvres 
de  la  ville  quoique  l'hApital  snit  seulement  pour  eux.  ■ 

(Pichot  de  lu  Graverie). 

2.  ■  Le  27  novembre  lTa6on  décida, dansuneassemhlée  gi^nc- 
rale  à  le  maison  de  ville,  qu'à  l'avenir  le  receveur  ne  ferait  que  la 
recette  et  que  les  provisions  de  la  cuisine  seraient  achetées  par 
celui  qui  a  l'économat  ;  que  les  administrateurs  ne  pourraient 
vendre  et  fournir  à  l'hApital  de  leurs  denrées,  par  exemple  le  bled 
et  autres  provisions,  eUinl  arrivé  depuis  peu  plusieurs  abus  de 
cette  liberté  qui  leur  procurait  de  vendre  trop  cher  leur  bled,  i 

(l'ichol  de  la  Graverie). 


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-  271  — 

éohevins,  des  doyens,  des  curés  et  des  anciens  admi- 
nÎBtratenrs. 

Certaines  aiïaires  se  portaient  directement  devant 
l'assemblée  de  THAtet-de- Ville  <. 

L-orsque  vinrent  les  mauvais  jours  de  la  Hn  du  der- 
nier siècle,  l'hospice  Saint-Julien  fut  aussi  envahi  par 
te  torrent  révolutionnaire.  Pendant  quelque  temps  en- 
core les  vertus  des  dames  Hospitalières  et  tes  soins 
qu'elles  donnaient  aux  malades  arrêtèrent  les  nouveaux 
municipaux.  Les  religieuses  restèrent  à  la  tête  de  la  mai- 
son, chargées  de  la  direction  du  service. 

Les  salles,  encombrées  de  troupes,  étaient  insuffisantes 
pour  la  grande  quantité  des  militaires  malades  envoyés 
à  l'hospice  ;  on  en  mit  dans  l'église  où  les  offices  cessè- 
rent. 

Les  habitants  ne  trouvant  plus  de  places,  l'adminis- 
tration sollicita  l'érection  de  l'hospice  en  hdpital  militaire. 
hb  16vent4^se  an  III,  un  décret  lui  donna  ce  titre  sous  le 
nom  d'Hôpital  Jean-Jacques  Rousseau.  Les  salles  reçurent 
des  noms  analogues  ;  c'étaient  :  la  salle  des  Sans-Culot- 
tes, elle  contenait  41  lits;  la  salle  de  la  Révolution,  28 
lits;  la  salle  Barras,  21  lits;  la  salle  Voltaire,  29  lit»; 
la  salle  de  l'Etre-Supréme,  22  lits  ;  la  salle  de  l'Amitié, 
20  lits  ;  la  salle  de  l'Union,  20  lits  ;  la  salle  de  la  Monta- 
gne, 21  lits;  en  tout  202  lits. 

Des  infirmiers  à  gagns,  sous  la  direction  d'un  homme 
â  la  nomination  du  gouvernement,  le  desservirent.  Les 
dames  n'eurent  plus  aucun  rapport  avec  la  maison.  La 
grille  de  leur  chœur  fut  murée  et  elles  durent  quitter 
leur  costume.  L'amour  de  Dieu  et  le  désir  de  continuer  le 
bien  leur  firent  supporter  avec  patience  ce  nouvel  état  de 
choses.  On  leur  conserva  encore  néanmoins  la  permis- 
sion de  recevoir  quelques  malades  de  la  ville  dansl'an- 

1.  Mémoire  adressé  n  M.  l'Iiiteiidant  de  lu  g^êiiéralité  de  Tours 


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eien  hôpital  des  Incurables,  appelé  l'bospioe  Saint-Char- 
les'. 

Ce  ne  fut  qu'après  1793  que  la  grande  persécution 
commença  pour  ces  saintes  filles.  La  loi  du  15  août  1792 
ordonnait  le  serment  civique  à  tous  les  citoyens  des 
deux  sexes.  Il  était  ainsi  conçu  :  «  Je  jure  d'être  fîdèle 
«  à  la  Nation  et  de  maintenir  de  tout  mon  pouvoir  la 
K  liberté  et  l'égalité  ou  de. mourir  à  mon  poste,  n 

L'ordre  leur  fut  signifié  do  prêter  ce  nouveau  serment, 
et  malgré  leur  répugnance,  dans  la  crainte  d'être  trai- 
tées comme  suspectes  et  dans  le  désir  de  continuer  le 
peu  de  bien  qu'elles  étaient  encore  à  même  de  faire,  el- 
les se  décidèrent  enfin  à  ce  grand  sacrifice. 

Le  11  brumaire  an  V,  l'hospice  cessa  d'être  militaire 
et  fut  rendu  à  la  municipalité  pour  redevenir  hôpital  civil. 

Lorsque  l'ordre  fut  complètement  rétabli,  des  admi- 
nistrateurs furent  nommés.  Les  débris  de  l'ancienne 
opulence  des  hôpitaux  furent  recueillis  et  la  rentrée  des 
religieuses  ne  tarda  pas  A  faire  disparaître  les  dilapida- 
tions nombreuses  causées  par  leur  absence. 

La"  charité  chrétienne  et  française  sait  venir  à  bout 
des  plus  grandes  misères  ;  peu  à  peu,  grâce  aux  dons 
de  bienfaiteurs  généreux,  et  à  la  sage  prévoyance  des 
administrateurs,  les  vides  si  énormes  purent  être  comblés  ; 
on  apporta  de  nombreuses  amêhorations  tant  dans  la 
gestion  du  bien  des  pauvres  que  dans  les  constructions 
et  les  aménagements  nécessaires  au  soulagement  des 
malades. 

Du  reste,  la  beauté  et  la  grandeur  de  nos  hospices, 
la  propreté  scrupuleuse  avec  laquelle  il  sont  entretenus, 
l'habileté  constante  et  désintéressée  de  ceux  qui  les  ad- 
ministrent, la  charité  inépuisable  des  religieuses  et  le 
dévouement  éclairé  des  médecins  qui  soignent  avec  el- 

1.  M.  Bouille. 


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tes  les  malades,  proclameat  bien  haut  la  bienfaisante 
générosité  de  la  ville  de  Laval  et  de  ses  habitants. 


Voici  quelques  noms  de  maîtres  et  administrateurs  de 
la  Maiaon-Dieu  ou  aumdnerie  de  Saint-Julien  du  Pont 
de  havalfSancli  Juliani  de  Ponte*.) 

1»  Jean  Pelly{1207). 

Les  frères  et  sœurs  de  l'aumônerie  lui  baillent,  pour 
récompense  de  ses  services,  certain  héritage  situé  sur 
la  rivière  de  la  Mayenne,  exempt  de  tout  droit  de  cou- 
tume à  la  charge  seulement  d'un  denier  d'aumAne  à  la 
Saint- Jean'. 

2"  Fr.-Nico...  de  Barbefloy  (1259),  dictas  ffaïer,  ma- 
çister  domûs  Dei  de  Lavalle. 

Témoin  d'un  don  que  Guillelmus  de  Columbariis 
(Guillaume  du  Colombier)  fait  à  l'abbaye  de  Fontaine- 
Daniel  en  terre  et  en  vignes  dans  la  paroisse  de  Saint- 
Melaine  près  Laval,  au  fief  de  Robert  d'Hauterives  '. 

S»  Bertrand  de  la  Rivière  (1391). 

Transige  avec  Jehan  de  Landivy,  seigneur  de  Chan- 
telou,  et  convient  avec  lui  qu'il  aura  la  moitié  des  re- 
cettes pour  les  ventes  et  contrats  faits  au  fief  de  Saint- 
Julien  *. 

4'  Jean  Biseul  (1400). 

Par  son' testament  du  15  septembre  1400,  il  lègue  à 
la  Maison-Dieu  onze  sols  de  rente  sur  une  maison  du 
Pont-de-Mayenne,  savoir  12  d.  pour  sa  sépulture  qu'il 
veut  être  faite  à  l'église,  2  s.  6  d.  pour  le  chapelain, 
2  s.  6  d.  pour  dire  et  célébrer  chacun  an  une  messe  â 

1.  Voir  celte  liste.  I>.  Maître,  p.  76. 

2.  Arch.  de  lliApital. 

3.  CartalairedeFontaine-DanieHB\\>\\otàii^\iejiatàoaaAe),^.Zi. 

4.  Titrex  de  Chantelou. 


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-  iU- 

iiotes  de  Requiem,  et  vigiles  à  neuf  leçons  et  cinq  sols 
pour  les  < 

5"  Guillaume  Porterie  (1429),  licencié  ès-droit'. 

Guillaume  Malabry,  chapelain  et  receveur  de  la  Mai- 
son-Dieu de  M.  Saint  Julien  de  Laval,  rend  à  luaistre 
Guillaume  Porterie,  trésorier,  prêtre  et  conseiller  de 
Mesdames  de  Laval,  un  compte  de  dépense  depuis  le  25* 
jour  de  septembre  1429,  que  ia  ville  de  Laval  fut  recou- 
vrée sur  les  Anglais  par  l'entreprise  de  Mesdames  les 
Comtesses  dudit  lieu,  exécutée  la  dite  entreprise  par 
M.  du  Hommet  et  M.  de  la  Perrière  à  l'aide  des  gens  de 
cette  place  frontière,  M.  le  Comte  etM.  de  Lohéac  leur  Ois 
étant  avec  le  roi  en  voyage  de  son  couronnement  à 
Rheims. 

La  dépense  de  bouche  est  rendue  par  semaines  qui 
sont  au  nombre  de  76.  La  plus  forte  dépense  pour  une 
semaine  est  de  36  sols^. 

6°  Jehan  de  Boullon  (1453),  prêtre,  bachelier  formé  en 
théologie. 

Nomme  ses  procureurs  spéciaux.  MM.  Pierre  Bernier, 
Pierre  Hay.  Jehan  Hautier*. 

Il  était  encore  administrateur  en  1465'.  On  dit  qu'il 
était  doyen  de  Saint-Tugal,  mais  on  ne  trouve  pas  son 
nom  dans   la  liste. 

7"  André  Duval  (1468). 

Dans  les  titres  latins  il  est  appelé  Andréas  de  Valle, 
Il  fait  aveu  le  20  décembre  1468  au  seigneur  de  Chan- 
teloup  et  reconnaît  être  sujet  de  cette  seigneurie  pour 
Taumônerie  Saint-Julien.  11  racheta  moyennant  60  livres 
de  dédommagement  des  celliers  vendus  par  son  prédé- 

1.  Archives  de  l'hâpital. 

2.  M,  L.  Mattre  le  nomme  Portejoie? 

3.  Arch.  de  l'hôpital. 

4.  Titre*  de  C/ianielou. 

h.  Annuaire  de  1838  A  la  note  5. 


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-  ^78  - 

ir.  II  se  dispeiiiia ,  comme  ses  prédécesseurs,  de  la 
résidence  et  créa  un  office  de  chapelain  auquel  on  attri- 
bua les  fonctioDs  d'économe  ou  dépensier*. 

André  Duval  acheta  en  1672  de  Jehan  Godefroy  et  de 
Gillette  sa  femme  le  lieu  de  la  Guétronnière.  Il  compose 
avec  le  seigneur  de  Chanteloup  pour  les  droits  de  rente 
de  ce  lieu  à  quatre  escus,  moyennant  qu'à  l'avenir  cha- 
que maître  de  l'aumànerie  lui  en  Tera  foi  et  hommage  et 
paiera  de  rachapt  à  chaque  mutation  de  maître  de  l'au- 
mànerie six  écus  soleils  '-. 

8«  Pierre  le  Bauld  (1497). 

Historien  de  Vitré.  S'avoue  ie  15  août  1497  sujet  de 
la  seigneurie  de  Chanteloup  pour  l'aumAnerie  de  M .  Saint 
Julien  3. 

9»  Geoffroy  Tartroux(1549). 

Fut  le  dernier  ecclésiastique  qui  porta  le  titre  de  maî- 
tre et  administrateur  de  la  Maison-Dieu.  L'administra- 
tion ecclésiastique   fut  remplacée  par  une  laïque. 

Jean  le  Mercier  et  Geoffroy  Esnault  furent  tes  pre- 
miers laïques  chargés  de  ce  soin. 


L'hôpital  Saint-Julieu  avait  un  tief  assez  étendu  qui 
faisait  une  partie  de  son  revenu.  11  était  dû  à  la  libéra- 
lité des  seigneurs  de  Laval  et  à  la  chanté  des  habitants. 

Un  ancien  mémoire,  au  soutien  de  certains  droits  que 
contestait  le  seigneur  de  Chantelou  au  maître  et  admi- 
nistrateur de  Saint-Julien,  dit  :  u  ...Ledit  hôpital  est  de 
«  notable  et  ancienne  fondation,  fondé,  doté  et  grande- 
«  ment  augmenté  par  Monseigneur  le  comte  de  Laval 
«  et  autres  notables  et  bons  catholiques,  pour  nourrir, 
a  substenter  et  entretenir  les  pouvres  de  Dieu,  les  nour- 

4.  Annuaire  de  i828. 
i.  Titre*  de  Chantelou. 
3.  Idem. 


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-  Î76  - 

«  rir  et  alimenter  et  pour  y  faire  le  divin  service  qui  y 
«  est  feit  par  chacun  jour...  et  pour  ces  causes  à  la  fon- 
«  dation  et  dotation  dudit  hdpital,  plusieurs  terres,  ren* 
«  tes  et  revenus  et  entr'autres  choses  un  beau  fief  de 
«  grande  estendue  tant  en  la  ville  et  forsbourg  de  La- 
«  val,  qu'ailleurs,  quel  fief  est  l'un  des  beaux  et  hon- 
n  neste  revenu  de  la  dite  Maison-Dieu...'  » 

Il  relevait  du  seigneur  de  Chantelou.  Un  aveu  du  15 
août  1497,  rendu  par  maître  Pierre  le  Baud,  maistre  et 
administrateur  de  la  maison  Dieu  et  aumolnerîe  de  Mon- 
seigneur Saint  Julien  à  la  seigneurie  de  Chantelou,  fait 
connaître  l'étendue  du  fief. 

Il  y  est  fait  d'abord  mention  de  la  maison  et  héberge- 
ment, cour,  portail  et  jardin  de  Saint-Julien  situés  entre 
le  chemin  du  Panlivard  et  la  rivière  de  la  Mayenne,  de- 
puis le-mur  de  l'église  jusqu'au  chemin  qui  va  du  Cime- 
tière-Dieu à  la  rivière  au  bout  du  jardin;  puis  du 
four-à-ban  de  l'aum^ïnerie,  que  l'on  appelait  four  du 
Pont-de-Mayenne,  auquel  les  sujets  du  seigneur  de  Chan- 
telou demeurant  au  bourg  du  Pont-de-Mayenne  sont 
contraints  de  cuire  leurs  pains,  de  même  que  les  sujets 
de  l'aumônerie  sont  tenus  par  anciens  traités  à  faire 
moudre  leurs  grains  au  moulin  du  seigneur  de  Chante- 
lou. 

Le  fief  s'étendait  dans  les  rue  des  Quatre-Œufs  {alias 
rue  Sainte-Anne),  dans  le  chemin  du  Panlivard  (rue  des 
Lices),  à  la  Croix-Laysis,  ta  Croix-Bteré  (Croix- Bidault), 
dans  la  rue  de  Paradis,  au  carrrefour  du  Puits-Rocher. 

L'aveu  mentionne  aussi  une  grande  quantité  de  vi- 
gnes, un  jeu  de  paume  près  de  la  maison  du  four-à-ban, 
etc.  Le  maître  et  administrateur  avait  justice  et  juri- 
diction foncière  et  domanière  et  tout  ce  qui  en  dépendait 
suivant  la  coutume.  Il  devait  au  seigneur  de  Chantelou 

4.  Titres  de  Chantelou. 


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_  277  - 

pour  ce  quil  tenait  de  lui  9  s.  6  d.  aa  terme  de  saint 
Jean-Baptiste  et  un  septier  de  froment,  mesure  de  La- 
val, à  l'AngeTÎne,  de  rente  inféodée  :  en  outre,  12  s.  de 
rente  sur  une  maison  appelée  la  Ridellerie  près  la  fon- 
taine Hamel  (me  du  Hameau'). 


ESTAT 

ou    RETENU    ASSURÉ    DES    PAUVRES    DE    l'hOSTEL-DIEU 

SAINT-JULIEN    DE    LAVAL 

EXTRAIT   AC    COMMENCEMENT   DE   l'aNNIÏE    1685 

PAR    LE    DUC,    ADMINISTHATETIH 


Valeur 

2327*  Les  biens  affermés. 

1380*^  Les  biens  à  moitié. 

1845*  Les  rentes  foncières. 

530*  Les  rentes  constituée» . 

328*  Les  rentes  en  ^ain. 

56*  Les  rentes  inféodées. 


6466* 


1193*     Les  charges  ordinaires. 
f-r^t^    i      Les  profits  de  fiefs  et  tes  dons  casuels  ne 
!  se  peuvent  trouve"  ~""  '*'•"•'  '"  """o**"  'iii 
administrateurs. 


IMMEUBLES    AFFERMES 

Le  ffrand  port  k  Louis  Hubert,  marchand,  pour  700^ 
payable  par  les  demyes  années  au  1"  mai  et  1"  novem- 

1,  Titres  de  Chantetou. 


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-  278  - 

bre.  Le  bail  est  pour  7  années  commencées  aojour  de 
Toussaint  1679,  cj 700* 

La  maison  du  vieil  hôpital  au  BÎeur  de  Langelerye  de 
Vernaye  pour  120^  payable  au  jour  de  Toussaint.  Ce 
bail  est  pour  5  années  commencées  au  jour  de  Toussaint 
1683  devant  Moulinaye,  notaire,  cv 120* 

La  maon  ^maison)  et  boutique  du  Dortoir  à  Georges 
Hérault  pour  60*^  par  les  demyes  années  commençant  à 
la  Toussaint,  cy 60* 

Les  petites  maisons  qui  sont  au-devant  du  four  banal 
de  l'Hostel-Dieu  affermées  au  sieur  Gasry,  boulanger, 
pour  ia  somme  de  80*  payables  à  la  Toussaint  ;  il  n'y 
a  qu'un  bail  verbal  qu'il  fault  faire  par  écrit,  cy.         80" 

La  roestairio  de  Guildine,  en  Loiron,  à  Julien  Baron 
sieur  du  Chastaignier,  pour  120*  payable  à  la  Tous- 
saint, cy 120* 

La  maison,  verger  et  jardin  du  Pressoir  des  Carrés, 
paroisse  de  Saint-Vénérand,  alTermé  à  N...  qui  s'en  est 
allé  et  a  laissé  la  clef  soubs  la  porte  ;  on  la  rebaille  au 
nommé  Thibault  Tissier  pour  5  années  commençant  au 
jour  de  Toussaint  1685  pour 25* 

La  métairye  de  la  Pommeraye,  en  la  paroisse  de  Mai- 
soncelles,  à  Anthoine  le  Braua,  payable  à  la  Toussaint 
à  raon  (raison)  de  cent  livres  par  an,  cy  .     .     .       100* 

Le  traict  de  dixme  du  Qef  de  la  Rouillère,  en  Saint- 
Ceneré,  au  s'  Bodard,  curé  de  ladite  paroisse,  par  bail 
verbal  pour  30*  payable  à  la  Toussaint,  cy,  30* 

La  métairye  de  la  Pibannière,  en  Nuillé-sur-Vicoing, 
au  sieur  Fiécheraye  de  Buhigné,  notaire  d'Astillé,  pour 
120tf  payables  à  la  Toussaint 120* 

La  métairye  de  la  Cbalopinière,  en  Houssaye  à  Fran- 
çois Chaudet,  sieur  du  Choiaeau,  pour  150*  payable  par 
les  demyea  années  à  commencer  à  la  Toussamt, 
cy 150* 

La  métairye  de  Pangeline,  en  Saînt-Ouen,  à  François 
Duchesne  pour  115*  et  payable  à  la  Saint-Georges, 
cy 115* 

La  métairye  de  la  Rousseliére,  en  la  paroisse  de  Beau- 
lieu,  à  Jacques  le  Masson  sieur  du  Perche  pour  140* 
payable  à  la  Toussaint,  cy 140* 

La  métairye  de  la  Quenttnière,  en  Nuillé-sur-Oueste, 
à  Michel  Berault,  pour  100*  payable  au  jour  de  Tous- 
saiD»,  cy 100* 


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—  219  — 

La  closerye  de  la  Lande-Guibert,  paroisse  d'Ahuillé, 
pour  moitié.  L'autre  appartenant  au  Chapitre  Saint-Tu- 
gal,  affermée  à  Pierre  Daguin  30*  payable  à  la  Tous- 
saint, la  dite  moitié  faisant  cy 15*^ 

Le»  deux  métàiryes  des  Aumosnes,  en  Louverné,  af- 
fermées aux  nommés  Deschamps  et  Rebillard  po'  (pour) 
300*  payables  par  les  demyes  années,  la  dernière  à  ta 
Toussaint,  cy 300» 

Un  champ  des  Carrés,  affermé  à  Raoul  Guiard,  bou- 
cher, pour  12*  payable  à  la  Toussaint,  cy,  .  12* 

Une  petite  maison,  située  rue  des  Chevaux,  affermée 
pour  9^  payable  au  jour  de  Toussaint,  cy.     .     .  9* 

Une  petite  chambre  et  grenier,  dessus  la  buanderie 
de  l'hôpital  à  Madeleine  Bourgault  pour  7*  payables  à 
la  Toussaint,  oy 7* 

Une  petite  maison,  derrière  ledit  hôpital,  à  Estienne 
le  Gendre  pour  14*  payable  au  1'^  mai,  cy.    .     .         14* 

Une  autre  maison,  audit  Heu,  affermée  à  la  dame  Sacé 
pour  14*  payable  à  la  Toussaint,  cy 14* 

Un  petit  bougË  de  maison  et  grenier  dessus  audit  lieu 
à  Courteille,  pour  6*  payable  à  Ta  Toussaint,  cy.  6* 

Une  autre  petite  chambre  et  grenier  dessus,  au  mes- 
me  endroit  affermée,  à  M'  de  la  Poulinière  pour  20* 
payable  au  1"  may,  cy 20* 

Une  petite  maison,  nommée  la  Mavalte,  et  un  jardin 
auprès  des  lots  affermés  à  Jean  Vanary  pour  la  somme 

Total  général 2335* 


tIEUX    A.    noms    ET    A,    PEU    PRKS    LKDR    BËVENU    ANNUEL 
AD   TBHPS   PBÂSCNT   1685. 

La  Hoisnardière  en  Bonehamp 300^ 

La  Gofelière  en  Lonvemé 200* 

La  Baugrandière  en  Lonverné 150* 

La  Richardais  en  Louvigné 2ÛÛ* 

La  Bertinière  en  Bonohamp 130» 

L'Batambeusle  en  Changé 120* 

Les  deux  Carrés  en  Saint- Vénérand.  160* 

La  Guesiponnière  en  Saint- Vénérand    .     .  120* 

1380* 


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RENTES    FOMCIBRES 


La  rente  de  10^  par  la  femme  Jean  Martin  sur  sa 
maison  située  sur  la  place  du  Pavé  au  mois  de  juin 
cy lOfr 

La  rente  de  dix  livres  sur  une  maison  auprès  de  Saint- 
Vénérand  où  demeure  le  nommé  Maréchal  :  à  ta  Tous- 
aaint  cy 10* 

La  rente  de  quinze  sols  sur  un  jardin,  appartenant  à 
Monsieur  Lasnicr,  aitué  sous  L  Eschale-Marteau  à  la 
Toussaint 15' 

La  rente  de  45^  sur  des  maisons  situées  en  la  rue  des 
Ridelleryes,  qui  furent  à  Gilles  Le  Clerc,  René  Rousseau 
et  Andrée  Fauveau,  sa  femme,  payable  au  vingt-hui- 
lièsme  febvrier  cy 45* 

La  rente  de  3*  sur  une  maison,  appartenant  à  Ma- 
dame de  la  Lande-Quièry,  située  proche  la  Pousterne 
payable  à  la  Chandeleur  cy 3^ 

La  rente  de  223*  4*  sui'  la  grande  maison  de  la  Cave, 
sur  la  place  publique,  appartenant  à  M"  René  Gaultier, 
greffier,  et  à  Anne  Hamon,  femme  du  sieur  Gougeoa 
payable  à  la  Toussaint  cy 223*  4' 

La  rente  de  27*  sur  certaines  maisons  et  jardins  si- 
tués derrière  l'enclos  des  Jacobins,  appartenant  à  Ma- 
thurin  Quihéry,  sieur  de  la  Motte  et  aux  héritiers  de 
Guy  Gochery,  payable  à  la  Chandeleur  cy.  27* 

■ede2{)*s  ■-'---      '  ■■     ■■ 


La  rente  de  20*  sur  certaines  autres  maisons  et  jardins 
joignant  celles  cy-dessus,  appartenant  au  sieur  Ferrant, 
prestre,  payable  à   la  Chandeleur  de  chasque   année 

La  rente  de  40*  sur  la  maison  au  sieur  Gaudin,  si- 
tuée au  haut  de  la  Grande  Rue,  exploitée  par  Madame 
Barbin,  payable  au  10'  febvrier  cy 40* 

Le  rente  de  40*  sur  le  lieu  de  la  Vénière,  en  la  Bus- 
latte,  appartenant  au  sieur  de  May,  payable  au  jour  de 
Toussaint  cy 40* 

La  rente  de  20)^  sur  le  lieu  des  Mées,  en  Saint-Jean- 
sur-Mayenne,  appartenant  aux  Geslots  à  la  Toussaint 
cy 20* 

La  rente  de  4*  13'  4*'  sur  une  maison,  jardin  et  terres 
situées  au  bourg  de  Montsurs  appartenant  aux  héritiers 
de  feu  Nicolas  Manseau  à  la  Toussaint  cy.       4fr  13'  4* 


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-  281  - 

La  rente  de  2tt  sur  une  maison,  en  la  rue  Saint-Es- 
ticnne,  aux  héritiers  de  feu  Monsieur  de  la  Villière-Es- 
tigneux,  payable  au  jour  de  Toussaint  cy  .     .     .       2fr 

La  rente  da  40it  sur  la  maison  Gâtais,  au  Pont  de 
renne,  appartenant  à  François  Godais  sieur  de  Gla- 


tigoé  payable  à  la  Saint-Jean  cy 40)f 

La  rente  de  seize  livres  sur  le  village  de  la  Tilleryr 
en  la  Bazouge-des- Alleux  payable  à  la  Madeleine 
cy Ififl 

La  rente  de  6t  sur  une  maison  et  jardin  au  bourg  do 
Bonchamp  appartenant  aux  Torrets  payable  au  jour  de 
Pâques  cy 6« 

La  rente  de  24*  10'  sur  le  lieu  de  la  Veautre  en  Saint- 
Berthevîn  appartenant  au  nommé  Anjuaire,  qui  se  paye 
au  jour  de  Toussaint  cy 24»  10' 

La  rente  de  dix  livres  sur  le  lieu  de  la  Clorière  en 
Saint-Berthevin  appartenant  aux  héritiers  de  feu  Michel 
Clément  et  se  paye  au  jour  de  Toussaint  cy.     .       lOit 

La  rente  de  oO*  sur  une  maison  située  en  la  rue  Saint- 
Jean  appartenant  au  sieur  de  la  Chauvinière-Nourry  et 
se  paye  au  jour  de  Noël  cy 2*  10" 

La  rente  de  13(t  sur  un  jardin  aitué  sur  les  Tuyaux 
appartenant  au  sieur  Beaunée  payable  à  la  Toussaint 
cy 13it 

La  rente  de  20*  sur  une  maison  située  sur  les  ponts 
de  cette  ville  au  sieur  de  la  Fosse- Davoine,  notaire  à 
Mayenne,  payable  à  la  Toussaint  cy 20tt 

La  rente  de  2(h  12'  G*",  savoir,  wt  2'  6"  pour  une  part 

et  12t  10'  par  autre  sur  certaines  maisons   situées  au 

derrière  du  Manoir  appartenant  aux  héritiers  Yves  Gos- 

son    et    Pierre    Bareau    payable    à    la    Toussaint   cy 

20*  12'  6^ 

La  rente  de  8*  livres  sur  le  village  de  la  Grande- 
Mesrie  en  Saint-Germain-le-Fouilloux  appartenant  à 
Pierre  Duchesne  payable  au  jour  de  Saint-Georges 
cy % 

La  rente  de  13*  sur  une  maison  au  Puy-Rocher  ap- 
partenant à  Pierre  Angot,  mareschal,  payable  au  jour  de 
Toussaint  cy 13* 

La  rente  de  18*  sur  les  maisons  et  jardins  situés  aux 
Lices  appartenant  au  s'  de  Gomboust  et  Anthoine  Cha- 
lumeau,  payable  au  1*'  may  cy 18* 


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La  rente  de  22tt  aur  les  Loge»  de  la  Philipotière  ap- 
partenant à  Jean  Naîl  dit  Saolé  au  jour  de  Toussaint, 

cy ,      22f 

La  rente  de  14tt  5'  sur  le  lieu  de  la  Faulchardïère  en 
Conteet  appartenant  à  Michel  Island  Guaynardière,  e«t 

payable  au  jour  de  Toussaint  cy i4#  5* 

La  rente  de  55»  sur  le  lieu  dfe  la  Bourdaisière  en  la 
paroisse  de  Houssaye  appartenant  à  René  Paré,  loate 
au  Mont  Saint-Micnel,  et  se  paye  au  jour  et  feste  de 

Toussaint  de  chacune  année  cy 55(t 

La  rente  de  6*  sur  une  maison  située  sur  le  cpiay  ^- 
partenant  au  nommé  Fermin,  boulanger,  payable  au  pre- 
mier mars  ey 6it 

La  rente  de  2Û#  sur  la  closerye  du  Pont  en  Changé 
i(ui  fut  au  nommé  Gaillard  et  présentement  au  s'  Pou- 
tain,  notaire,  payable  au  mois  de  raars,  cy.  .  .  20tt 
Ln  rente  de  93tt  7  s.  6  d.  sur  le  lieu  des  Jarriais  en 
Changé  qui  fut  au  s'  CoiUard  et  maintenant  en  saisie. 
Elle  se  paye  par  measire  Daniel  le  Balleur  au  jour  de 

Toussaint  cy 93tt  7  s.  6  d. 

La  rente  de  20  s.  sur  une  portion  de  jardin  proche 
l'ancien  jardin  de  l'HiMpital  appartenant  à  Pierre  Hu- 
bert, mary  de  Jacquine  Davy 1» 

La  rente  de  25  pots  de  vin  sur  certeine  maison  et 
terres  situées  proche  le  lieu  et  terre  de  la  Coconière  en 
la  paroisse  de  Saint- Vénérand. 

La  rente  de  38t  sur  certaines  terres  auprès  de  Bots, 
jointes  au  lieu  de  la  Cointrie  appartenant  aux  héritiers 
Ambroise    Gamier    payable    au    jour   de    Toussaint, 

cy 3»tt 

La  rente  de  i3t  aur  ta  Jarriaïs  en  la  paroisse  de  Mon- 
tigné  appartenant  aux  héritiers  de  feu  René  RulGn,  au 

jour  de  Toussaint  cy 13tt 

La  rente  de  3«  15  s.  sur  une  maison  située  au  Gué- 
d'Orgé  appartenant  à  Anthoine  Gougoon  et  à  sa  feounc 

au  terme  de  Toussaint  cy 3tt  15  b. 

La  rente  de  37t'sur  une  maison  située  en  la  rue  des 
Serruriers  appartenant  au  sieur  Louis   Hubert  payable 

au  jour  de  Toussaint  cy 37# 

La  rente  de  cinquante  sols  sur  le  jardin  de  la  Croix  au 
bourg  de  Montjean  appartenant  au  s*"  Georges  le  Mas- 
son,  chirurgien,  et  se  paye  au  jour  de  Toussaint, 
cy 2fl  10  s. 


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~  283  - 

La  rente  de  25tt  sur  tioe  portion  de  la  maison  Gallais 
appartenant  aux  héritiers  de  feu  Pierre  Landais  payable- 
an  jour  de  Toussaint  cy 25# 

La  rente  de  4<f  sur  une  maison  et  jardin  au  Bourg  le 
Prestre  appartenant  au  sieur  Drouart,  prêtre,  payable 
au  jour  de  Toussaint  cy 4tt 

La  rente  de  12t  sur  une  maison  située  à  la  Croix  Bi- 


dault appartenant  à  François  Rondeau  payable  au  vinvt 
troisième  novembre  cy 12fl 

La  rente  de  5t  sur  le  lieu  de  Monhermon  en  la  paroisse 
de  Vagres  (Vaiges)  appartenant  au  sieur  du  Baineul-Be- 
buffé,  payable  au  premier  jour  de  may,  cy.     .     .       5tt 

La  rente  de  12«'Bur  le  village  de  Vent  en  la  paroisse 
de  Saint-Germain-le-Fouilloux  appartenant  à  René  Per- 
rin  et  se  paye  au  jour  de  Saint-Georges,  cy.     -       12tt 

La  rente  ae  20tt  8ur  une  maison  et  boutique  située  en 
la  Grande-Bue  appartenant  aux  héritiers  de  feu  mon- 
sieur de  Chambray,  à  la  Toussaint,  cy.     .     .     .       20» 

La  rente  de  20*  sur  le  lieu  de  la  Saudraye  en  Astillé 
appartenant  au  sieur  de  la  Saudraye-Provoet.  Payable 
au  mois  de  décembre  cy 20<t 

La  rente  de  dix  livres  sur  le  lieu  de  la  Giraumerye  en 
Saint-Berthevin  appartenant  aux  héritiers  de  M'  Jean 
Gurpentier  et  de  Ouvier  le  Bourdaia  cy    .     .     .       lOt 

La  rente  de  72tt  sur  une  maison  proche  Saint-Véné- 
rand  appartenant  aux  héritiers  de  feu  Jean  Barin,  paya- 
ble au  i"  mai  cy 72tt 

La  rente  de  62it  sur  l'an  tien  jardin  de  THôpital  appar- 
tenant au  sieur  de  Frettgné-Bidault  et  aux  héritiers  de 
feu  Pierre  Atlard.  Se  paye  au  2"  febvrier  cy.     .       62tt 

La  rente  de  132tt  sur  le  four  à  ban  de  Ttlôpital  tenu 
par  Julien  Gasry  et  femme,  boulengers,  payable  au 
jour  de  Toussaint  cy 132tt 

La  rente  de  80tt  sur  l'antienne  maison  et  terres  de  la 
Phelîpottière  tenu  par  Jean  Natl  payable  au  jour  do 
Toussaint  cy 80* 

La  rente  de  quinze  livres  sur  le  pré  des  Bozôes  appar- 
tenant aux  héritiers  de  feu  Matburin  Le  Breton  de  la 
Failuère  payable  au  2*  febvrier  cy 15ft 

La  rente  de  19)t  sur  les  terre  et  maisons  de  Hoque- 
bride  près  des  Capucins  appartenant  aux  hcrs  (héritiers) 
de  feu  Jean  le  Geay  de  la  Reingeardière  au  terme  de 
Toussaint  cy 1^ 


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La  rente  de  lOt  sur  un  jardin  situé  aux  Cometteries 
appartenant  au  sieur  Jacques  Groesard,  payable  au  pre- 
mier jour  de  may  cy iO* 

La  rente  de  6m  sur  le  lieu  Terrerie  paroisse  d'Argen- 
tré  appartenant  à  Mathurin  Gombert,  payable  à  la  Tous- 
saint. —  Nota,  Elle  est  en  saisye  ci 60*^ 

La  rente  de  5*  sur  le  lieu  de  Termenerie  en  la  paroisse 
de  Louverné  appartenant  au  sieur  de  la  Fanouiliaîs. 
Est  payable  à  Noël,  cy 5* 

La  rente  de  4if  sur  une  maison  et  jardin  situés  au 
Vau-Bruslé  près  Sainte-Catherine,  appartenant  à  Michel 
Marie,  à  la  Toussaint  cy 4* 

La  rente  de  18tt  sur  ïes  Terres-Rouges  en  Montigné 
appartenant  au  nommé  Mortoux  ou  ses  héritiers  au  jour 
de  Toussaint  cy 18* 

La  rente  de  dix  livres  sur  une  maison  et  jardin  situés 

firoche  de  la  Croix  Laisie  appartenant  aux  héritiers  du  déf- 
unt sieur  Cîreuil  (modo  à  M.  de  Beaumont)  et  se  paye 
au  terme  de  Toussaint  cy 10* 

La  rente  de  50  s.  sur  le  lieu  de  la  Bélissière  en  la 
paroisse  de  Louverné  appartenant  au  s""  Cailler  de  la 
Glardière  payable  au  jour  de  Toussaint  cv.  2*  lOs, 

La  rente  ne  25tt  sur  une  maison  à  la  draine  apparte- 
nant au  s'  Bidault,  médecin,  payable  au  15'  décembre 
cy 25* 

La  rente  de  50  s.  sur  le  lieu  de  Rochobert  en  An- 
douille  appartenant  au  s'  de  Rochobert  et  au  sieur  de  la 
Motte-Qméry  payable  à  Langevine  cy.     .     .       2*  10  s. 

La  rente  de  50  s.  sur  le  lieu  de  la  Touillerye  en  la 
paroisse  du  Bourg-le-Prestre  appartenant  au  sieur  de  la 
Trouillerye,  payaote  à  la  Toussaint  cy    .     ,       2*  10  s. 

La  rente  de  wt  sur  la  pièce  de  la  Porte  et  jardin  de 
la  Butte  situés  au  bourg  de  Montjean  appartenant  à  la 
dame  Galetière  et  se  paye  à  la  Toussaint  cy.  .      8* 

La  rente  de  18t  sur  une  maison  située  en  la  rue  de 
la  Rivière  appartenant  au  Nantais,  payable  au  mois  de 
may  cy 18* 

La  rente  de  15fl  sur  la  Gouabinière  paroisse  de  Ruillé 
en  Anjou  appartenant  aux  héritiers  Landais  et  consors 
à  la  Toussamt  cy 15* 

La  rente  de  im  sur  la  Basse-Chauvière  en  Chaillant 
appartenant  k  Jean  Paris  et  Andrée  Fain  sa  femme,  à 
la  Saint-Georges  cy 10* 


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La  rente  de  6tt  sur  la  Coudraye-Guiachard  en  Bon- 
champ  appartenant  à  Pierre  Champagnette  payable  au 
1"  mai  cy .'      6^* 

La  rente  de  40»  Hur  le  petit  port  des  LiCes  apparte- 
nant au  sieur  Hamard,  marchand,  payable  au  15*  mars 
cy 40tt 

La  rente  de  30«  bup  le  Pré  Boudier,  k  la  Vrillerye, 
«»partenant  au  sieur  Balidas  et  se  paye  au  terme  de 
Toossaint 30tt 

La  rente  de  38*^  sur  certaines  maisons  situées  sur  le 
cniay  appartenant  au  nommé  Gautier  et  se  paye  au  terme 
de  premier  juin,  cy 38tt 

La  rente  de  6tt  10  s.  deue  par  Christophle  la  Guillée, 
admortissable,  à  trois  termes  dout  il  en  a  déjà  payé  le 
premier,  de  sorte  que  la  dite  rente  n'est  plus  que  de 
4tt6s.  8d.  cy 4*  6s.  8d. 

La  rente  de  5*  sur  une  maison  aux  Trois  Croix  appar- 
tenant aux  héritiers  de  Renée  Gontier  tenue  par  le 
nommé  Renard  et  Guilleminc  du  Mesnil  sa  femme  paya- 
ble à  la  Toussaint  cy 5^^ 

La  rente  de  lOOit  sur  toua  les  biens  de  la  succession 
de  feu  M*  René  Jacques  Toucbard  s'  de  la  Valette  au 
25'  août  cy lOOfl 

Toutes  les  dites  rentes  fontiêrcs  montent  ensemble  à 
la  1844tt  19  s. 

La  rente  de  32tt  sur  le  lieu  de  la  Perrière  en  la  Gra- 
velle  au  terme  de  Saint-Georges  donné  par  M.  Hoisnard 
sieur  de  Cormery,  cy 32tt 

La  rente  de  20t  sur  deuxpièces  de  terre  dites  Daven- 
lot  en  la  paroisse  de  Saînt-Cfyr  due  par  Aubry  au  terme 
de  la  Toussaint.  Donnée  par  le  dit  sieur  Hoisnard  de 
Cormery,  cy 20» 

RENTES  COMSTITUÉES  ET  HYPOTHSCAIRBS 

La  rente  de  huict  livres  due  par  la  veufve  et  héritiers 
de  Jean  Nepveu  assignée  sur  une  maison  sictuée  en  la 
rue  de  Paradis,  payable  en  septembre  cy.     .     .     .      8tt 

La  rente  de  six  livres  due  par  messire  le  Balleur  et 
le  sieur  Geoiïroy  Levesque  assignée  sur  certaines  mai- 
sons situées  en  la  rue  de  Hameau  et  sur  le  lieu  de  la 
Uamardière,  payable  au  douzième  juillet,  cy.     .     .      611- 


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La  rente  de  hiiict  livrée  dae  par  les  héritiers  de  def- 
Tunct-Jean  de  ta  Porte  assignée  sur  une  maiaon  qui  fut 

à  Philippe  Angot  cy 8it 

Item  une  autrc^rente  de  neuf  livres  due  par  les  héri- 
tiera  du  feu  aieur  de  la  Porte  assignée  sur  une  autre 
maison  située  en  la  rue  de  Paradis  cy  .  .  .  .  9\t 
La  rente  de  dix  huict  livres  due  par  Perrinc  Pochart 
veufve  de  Jean  Noyer,  sur  certaines  maisons  et  jardins 
situés   à   la   Croix-Laisis    payable   au  mois  de    mars 

cy 18if 

La  rente  de  six  livres  cinq  sols  due  par  Jean  Gallon 
assignée  sur  la  closerye  du  Verger  en  la  paroisse  de 
Bonchamp  payable  au  terme  de  la  Madeleine  cy.  6if  5b. 
La  rente  de  soixante  livres  due  par  la  veufve  et  héri- 
tiers du  deiïunt  Pierre  de  la  Porte  vivant  sieur  des  Ma- . 
drés,  payable  au  vingt-huitiesme  octobre    de  chasque 

année  oy 60» 

La  rente  de  vingt  cinq  livres  due  par  le  sieur  de  la 
Rouesardière  payable  au  29  avril  (amortie)  cy.  25# 

La  rente  de  trente  livres  due  par  Jeanne  Guerin  et  par 
M*  René  Bridier  son  fils  demeurant  au  bourg  de  Chas- 
Ion    payable    au  treizième   janvier   de  chaque    année 

cy 30tt 

La  rente  de  soixante  quinze  livres  due  par  le  sieur  de 
la  Vigne-Bresart  payable  au  neufvième  jour  de  septem- 
bre cy 75# 

La  rente  de  quatre  vingt  dix  livres  due  par  les  héri- 
tiers du  deffunct  M'  Nicolas  le  Bouvier  vivant  sieur  de 
Fontenaille  et  payable  au  quatriesme  jour  de  janvier  de 
chasqne  année  pour  les  arrérages  de  laquelle  on  a  fait 
saisir  tous  les  héritages  dépendant  de  la  succession  du- 

dit  deffunt  cy 90» 

La  rente  de  cinquante  livres  donnée  par  le  deffunt 
sieur  de  la  Rouesserie.  Aupiez  et  due  par  François  Bou- 
din au  terme  de  juillet,  cy 50# 

La  rente  de  vingt  cinq  livres  due  par  le  sieur  de  Boues- 
aay-Loriot  payable  au  quinziesme  juillet  cy,  .  25» 
La  rente  de  cinquante  livres  due  par  le  sieur  des  Gra- 
veux-Loriot  payable  au  terme  de  Toussaint  cy.  50» 
La  rente  de  vingt  livres  due  par  le  nommé  Gaillard 
de  la  Carrière,  assignée  sur  une  portion  de  la  maison 
Gatlais  a  luy  appartenant  située  à  la  Seraine  cy.       20» 


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La  rente  de  trente  livres  due  par  le  sievr  Viel  de  Ro- 
cbober  payable  au  premier  jour  de  décembre  de  chacune 
année  cy 30if 

La  rente  de  quinze  livres  due  par  les  héritiers  de  def- 
funct  Michel  Beauchesne  et  assignée  sur  le  lieu  des 
Buttes  en  la  paroisse  de  Saint-Berlhevin  payable  au  25' 
de  mars  {modo  les  héritiers  Guichardière-Margottîn) 
cy 15tf 

Item  une  autre  rente  de  cent  sols  légué  par  le  defTunt 
Beauchesne  sur  Julien  DefTay,  perrayeur  (carrier)  et 
Fouassier  sa  femme  payable  à  la  Saint-Jean  cy.  5t 

Toutes  les  dites  rentes  hypotécaires  se  montent  en- 
semble à  la  somme  de  cinq  cents  trente  livres  cinq  sols 
CY 530#5s. 


(A  suivre). 


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LES  «  CHATEAUX*  ET  LES  •  GHATELIERS  > 

DANS    LA    MAYENNE 


Le  territoire  de  notre  département  contient  dans  ses 
limites  un  grand  nombre  de  camps  ou  châteaux  d'un 
genre  primilir,  uniquement  composés  de  talus  en  terre 
quelquefois  mélangée  de  pierres  sans  liaison,  de  buttes 
artificielles  d'une  semblable  structure  et  de  fossés.  Plu- 
sieurs ont  été  signalés,  décrits  et  dessinés  :  Le  camp 
du  Bignon  par  M.  Le  Fizelier  ;  les  Châteaux  de  Thorigné- 
un-Chamie,  par  M.  Maillard,  curé  de  cette  paroisse  ;  le 
Chàteau-Maignan,  en  Saint- Jean-sur-Mayenne,  par  M. 
Emile  Moreau.  Incidemment,  les  prétendus  camps  ro- 
mains d'Entrammes  et  de  Moulay,  le  buttes  du  moulin 
de  Gennes  en  Saint-Loup- du-Gast,  ont  été  l'objet  de 
quelques  notes,  ainsi  que  le  cbât«au  de  Beugy  en  Sainte- 
Suzanne.  Il  en  existe  plusieurs  autres.  Tous  ces  tra- 
vaux sont  de  même  origine  ou  du  moins  de  la  même 
époque,  car  le  mode  de  construction  est  partout  sembla- 
ble. Partout  on  s'est  contenté  de  prendre  sur|flace  les 
matériaux  qui  s'offraient  aux  ouvriers,  on  a  creusé  le  soi, 
relevé  eu  talus  ta  terre  des  fossés,  formé  ainsi  une  ou 
deux  enceintes  que  protègent  ordinairement  aux  points 
faibles,  ou  aux  entrées,  des  monticules  plus  élevés.  La 
seule  différence  qui  existe  est  celle  que  nécessitait  la  na- 
ture du  sol  ou  la  disposition  des  lieux.  Il  faut  renoncer  à 
y  voir  des  postes  ou  camps  romains  ;  nulle  part  en  effet 
il  n'a  été  trouvé  de  monnaies  ni  d'objets  de  provenance 


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romaine  dans  ces  retranchements.  En  nous  en  tenant 
aux  sources  bistoriques  qui  concernent  notre  pays,  nous 
avons  dans  une  page  d'Ordéric  Vital  tout  ce  qu'il  faut 
pour  fixer  la  date  de  ces  constructions,  et  préciser  ainsi 
un  pcànt  de  notre  histoire  locale  sur  lequel  un  n'a  pas  été 
assez  affirroatif,  ou  qu'on  n'a  pas  généralisé  suflisamment. 
.  L'historien  normand  raconte  avec  détails  que  Guillau- 
me le  Conquérant,  voulant  mettre  un  terme  aux  excur- 
sions d'Hubert  de  Beaumont  et  de  ses  chevaliers  qui, 
du  donjon  de  Sainte-Suzanne,  ravageaient  ses  terres  du 
Maine,  fit  construire,  dans  la  vallée  de  Beugy,  le  châ- 
teau dont  on  voit  encore  la  double  enceinte.  Son  récit 
nous  apprend  que  pendant  plusieurs  années  la  lutte 
continua  entre  la  garnison  de  Sainte-Suzanne  et  les  Nor- 
mands de  Beugy,  et  qu'enfin  ceux-ci,  qui  ne  rempor- 
taient d'autre  fruit  de  leurs  combats  que  le  fer  de  l'enne- 
mi dans  leurs  plaies,  furent  obligea  de  négocier  la  paix. 
Qu'on  examine  maintenant  les  châteaux  de  la  vallée  de 
Bougin,  ceux  de  Thorigné  et  du  Bignon,  les  chAteliers 
d'Entrammes  tels  qu'ils  étaient  il  y  a  une  trentaine  d'an- 
nées, ceux  qui  vont  être  signalés  dans  la  suite  de  cet 
article,  et  l'on  verra  que  tous  ces  travaux  se  ressemblent 
et  sont  de  même  provenance  ;  ce  n'est  pas  à  dire  que  les 
Normands  soient  les  auteurs  de  tous  les  retranchements 
de  cette  nature  dont  on  retrouve  les  vestiges  si  nom- 
breux, mais  on  peut  affirmer  que  l'art  est  partout  le 
même,  et  que  les  époques  de  ces  diverses  constructions 
doivent  se  rapprocher  beaucoup.  L'on  ne  peut  errer  en 
les  attribuant  uniformément  au  dernier  quart  du  XI*  siè- 
cle ou  aux  premières  années  du  siècle  suivant. 

Un  autre  point  de  cette  question  d'histoire  qui  n'a  pas 
été  envisagé  ni  étudié,  croyons-nous,  par  aucun  auteur, 
c'est  le  plan  d'ensemble  suivant  lequel  ces  forteresses 
ont  été  (Ûsposées  et  reliées  les  unes  aux  autres  pour  for- 
mer un  système  de  défense.  Or,  l'inspection  de  ces  diffé- 
rents lieux  fortifiés,  depuis  Entrammea  jusqu'à  Ambriè- 


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res,  montre  qu'en  se  serrant  dos  niltaents  de  la  Mayenne 
et  des  accidents  àa  9ol,  on  a  Toulu  prendre  le  cours  de 
la  rivière  principale  comme  ligne  de  défense  naturelle. 
Puis  on  voit  qu'à  partir  d'Ambrières  cette  ligne  se  bifur- 
que, suivant  à  gaoche  la  Colmont  et  à  droite  le  eours 
supérieur  de  la  Mayenne  jusqu'à  leurs  sources.  Cette 
seconde  ligne  est  transversale  à  la  première  et  regarde, 
la  Normandie. 

Si  maintenant  noua  remontona  le  cours  de  la  Mayenne 
depuis  le  point  de  départ  que  nous  avons  indiqué  an  sud, 
nous  trouverons  comme  premier  lieu  fortifié  le  Chàtelier 
d'Entrammes.  C'est  an  poste  élevé,  situéentrela  Mayen- 
ne et  la  Jouanne,  à  500  raètrefl  au-dessns  de  leur  jonc- 
tion :  il  défend  done  l'entrée  de  la  langue  de  terre  com- 
prise entre  les  deux  rivières.  Les  fortifications  construites 
sur  le  sommet  de  cette  colline  consistaient  en  deUx  li- 
gnes de  baies,  encore  accusées  sor  plusieurs  points,  al- 
lant dans  la  direction  d'une  rivière  a  l'autre.  C'était  le 
sens  de  la  phis  grande  longneor  dn  retranchement  dont 
les  extrémités  étaient  également  fermées.  L'entrée  h 
l'ouest  vers  la  Mayenne  était  défendue  par  dewi  buttes 
si  élevées  et  abruptes,  qu'un  de  ceux  qui  les  ont  vu  nire-' 
ier  les  comparait  à  des  tours.  Le  côté  opposé,  vers  la 
Jouanne,  près  de  la  ferme  du  Châtelier,  était  protégé 
extérieurement  par  nn  fossé  profond,  aujourd'hoî  com- 
blé, mais  dont  il  est  facile  de  constater  l'existence.  II 
faillit  oceasicmner  un  accident  quand  on  voulut  creuser 
les  fondations  d'un  bâtiment  de  servitude  pour  la  ferme. 
L'en  des  ouvriers  tomba  tout-à-coup  dans  on  tfo«  pro-^ 
fond  rempH  de  boue  liquide  d'où  il  fut  fort  difficile  de 
le  retirer,  et  ce  ne  fut  qu'à  grand'peine  qu'on  put  établir 
les  fondements  dans  cette  partie.  Les  seals  objets  pro- 
venant de  l'industrie  qu'on  ait  trouvés  dans  les  travaux 
de  nivellement  de  ces  pièces  de  terre,  maintenant  en  cul- 
ture, sont  des  poteries  qui  semblaient  avoir  été  au  feu. 
A    deux    kilomètres    an-deasns  de    Saint-Jean-sur- 


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-  2W  - 

Mayenne  et  dana  une  Bituation  semblable  à  la  précédente, 
c'est-à-dire  au^  un  point  culminant,  entre  la  Mayenne  et 
l'Ernée  qui  se  rapprochent  à  400  mètres  pour  se  séparer 
ensuite  et  former  une  longue  et  large  presqu'ile,  se  trou- 
ve leChÂteau-Maignan.  Le  Diclionaaire  topographique 
de  la  Mayenne,  d'après  un  texte  du  XV'  siècle,  le  nom- 
me plus  justement  le  Chàteau-Moyen  ;  nous  avons  éga- 
lement trouvé  cette  forme  dans  l'acte  de  fondatùm  de  Itt 
chapelle  de  la  Heaule,  et  ce  nom,  qui  semble  dérivé  de 
la  position  de  ce  château  entre  les  deux  rivières,  appuyé 
d'ailleurs  sur  d'anciens  textes,  est  préférable  au  nom 
vulgaire.  Nous  ne  noua  arrêterons  point  à  la  description 
de  cette  forteresse  :  on  la  trouvera  dans  le  Bulletin  de 
i-a  Commission^.  Les  retranchementa  sont  fait^  d'un 
mélange  de  terre  et  de  pierres  ;  des  traces  curieuses  de 
vitrificati(Hi  se  votent  dans  une  partie  de  l'enceinte. 

Remontant  toujours  le  cours  de  la  Mayenne,  noua  ren- 
controns à  Moulay  l'on  de  ses  principaux  affluent»,  l'A- 
l'on.  Là  encore,  au-dessus  du  confluent,  se  trouvent  des 
travaux  de  main  d'homme  qui  enferment  le  bourg  de 
Monlay  dans  le  triangle  formé  par  les  deux  rivières  et 
une  ligne  des  fortes  haies  toujours  apparentes  et  recour- 
bées en  croissant.  Monsieur  le  curé  de  Moulay  a  bien 
voulu  nous  envoyer  le  calque  du  plan  cadastral  avec  le 
tracé  du  retranchement  artificiel.  Ce  dessin  montre  évi- 
demment l'inteation  d'enclore  l'espace  compris  entre  les 
deux  rivières,  et  présente  exactement,  la  disposition  que 
nous  retrouverons  en  moindres  proportions  aux  Châte- 
liers  de  l'Isle-du-Gast.  Aucun  objet  de  provenance  ro- 
maine n'y  a  été  trouvé,  et  W  disposition  des  lieux  res- 
semble trop  parfaitement  à  ce  que  nous  avons  vu  précé- 
deuunent  pour  que  nous  n'y  reconnaissions  pus  un  tra- 
vail de  même  origine. 

Les  trois  enceintes  fortifiées  que  nous  venons  de  men- 

1.  T.  m,  p.  46. 


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_  892  — 

tionner  présentent,  dans  le  choix  de  la  situation,  un  carac- 
tère identique  qui  suppose  un  plan  d'eas&mble,  l'unité 
de  vue  ou  de  besoin,  et  l'intention  bien  claire  de  défen- 
dre l'entrée  d'un  territoire  plus  ou  moins  étendu,  pro- 
tégé sur  les  deux  autres  c6téB  par  deux  rivièrea.  Cette 
langue  de  terre  qui,  à  Saint-Jean-sur-Mayenne,  atteint 
des  proportions  considérables,  offrait  un  asile  non-seule- 
ment â  des  guerriers  nombreux,  mais  à  toute  une  popu- 
lation. 

Un  peu  au-dessous  d'Ambrières,  la  Mayenne  reçoit 
denx  affluents  presqu'aussi  forts  qu'elle-même,  et  là  en- 
core des  ouvrages  de  même  nature  que  les  précédents 
ont  été  édifiés,  sur  trois  points  difîérents  de  la  rive 
gauche  de  la  Mayenne. 

Au-dessus  de  Saint- Loup -du-Gast,  en  face  de  la  Va- 
renne,  le  mamelon  qui  domine  le  moulin  de  Gennee  a  été 
surélevé  artificiellement,  et  dans  la  partie  qui  n'était  pas 
naturellement  vallonnée,  une  enceinte  formée  d'une  baie 
circulaire  très  forte  et  de  deux  fossés  va  rejoindre  la 
vallée  taillée  à  pic  vers  la  rivière. 

Plus  près  du  bourg  de  Saint-Loup  et  touchant  le  châ- 
teau du  Domaine,  un  monticule  semblable,  aussi  escarpé 
du  cdté  de  la  rivière,  et  protégé  au  midi  par  un  autre 
vallon  très  profond  où  coule  un  ruisseau,  est  également 
environné  de  fossés.  Quoique  comblés  en  grande  partie 
ils  sont  toujours  sensibles.  La  plateforme  du  monticule 
était  environnée  d'un  talus  dont  une  partie  subsiste  et 
qui  protégeait  les  défenseurs  de  la  redoute. 

Enfin  à  une  demi-lieue  plus  au  sud,  à  quelque  dis- 
tance du  château  de  l'Iele^  la  croupe  d'une  colline  qui 
domine  les  prairies  où  coule  la  Mayenne  présente  aussi 
des  traces  indiscutables  de  travaux  artificiels  ;  un  second 
vallon  défend  le  côté  nord  de  cette  colline  et  le  promon- 
toire formé  par  ces  deux  dépressions  assez  raides  du  sol 
avait  été  enfermé,  du  seul  cdté  abordable,  par  une  ligne 


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-  i93  - 

courbe  de  monticules  ou  de  haies  avec  fossés  extérieurs . 
Ce  terrain  ayant  été  mis  en  culture,  les  retranchements 
ont  dû  être  aplanis.  Tout  déformés  qu'ils  soient  on  en 
reconnaît  toujours  la  forme  et  la  direction,  et  vu-  du  de- 
hors, le  vallonnement  est  encore  si  considérable  qu'on 
est  surpris  que  la  charrue  puisse  le  franchir. 

Ces  trois  forteresses  qui  avoisinent  le  double  confluent 
de  la  Varenne  et  de  la  Colmont  présentent  bien  dans 
leur  construction  le  même  caractère  que  celles  du  cours 
inférieur  de  la  Mayenne,  mais  la  situation  n'est  plus 
identique.  Le  choix  de  ces  emplacements  et  les  dimen- 
sions données  aux  enceintes  font  croire  qu'on  a  voulu 
s'opposer  au  passage  de  la  rivière  et  non  créer  un  re- 
tranchement pour  une  population  menacée.  Ces  forts  ne 
pouvaient  abriter  qu'un  nombre  assez  restreint  de  guer- 
riers. Ils  rentrent  dans  le  système  de  fortifications  de  la 
ligne  de  défense  formée  par  la  Mayenne,  mais  ils  ne 
peuvent  avoir  été  utilisés  à  deux  fins,  comme  forteresse 
protégeant  une  enceinte  de  refuge. 

Au-dessus  d'Ambrières  la  Mayenne  ne  forme  plus 
qu'un  médiocre  cours  d'eau  qui  bientôt  sert  de  limites 
naturelles  entre  le  Maine  et  la  Normandie  au  nord-est  ; 
la  Cobnont  au  contraire  s'en  va  vers  l'ouest  par  Gorron 
pour  former  de  ce  cdté  la  limite  normande.  En  suivant 
ces  deux  rivières  dans  leur  cours  supérieur,  nous  trou- 
verons encore  d'assez  nombreux  vestiges  d'anciens  re- 
trauchemente,  pour  nous  permettre  d'aiHrmer  que  le  sys- 
tème de  défense  qui  a  présidé  à  la  protection  de  la 
Mayenne  depuis  Entrammes  jusqu'à  Ambrières,  a  égale- 
ment été  suivi  de  l'est  à  l'ouest  vers  les  h-ontières  de  la 
Normandie. 

Suivons  d'abord  la  Colmont  en  remontant  son  cours. 
Un  peu  au-delà  d'Oisseau  nous  trouverons  un  monticule 
escarpé  dont  le  pied  vient  baigner  dans  la  rivière  et  que 
contournent  deux  vallons  formant  une  tranchée  naturelle 

19 


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qui  le  sépare  du  terrain  environnant.  Cette  butte  »e 
nomme  le  ChAteau-Renard,  et  malgré  les  habitations 
nombreuses  construites  sur  ses  flancs,  et  la  mise  en  jardin 
de  son  sommet,  il  est  certain  et  visible  qu'elle  a  été  for- 
titiée  comme  celle  de  Saint-Loup-du-Gast. 

Avant  d'atteindre  Gorron,  à  la  hauteur  de  Brécé,  on  voit 
>te  di'esser  les  deux  buttes  du  village  de  TEcluse  qui  ont 
tant  intrigué  les  archéologues.  Après  avoir  franchi  l'é- 
troit passage  qui  les  sépare  on  remarquera  que  le  ter- 
rain dans  lequel  on  pénètre  présente  un  renflement  asscK 
accusé,  autour  duquel  la  rivière  décrit  un  circuit  pres- 
que complet.  L'eau  semble  avoir  été  retenue  dans  ce  val- 
lon pour  former  un  étang,  et  le  côté  qui  ne  serait  pas  en- 
clos par  l'eau  est  dessiné  par  une  dépression  de  terrain 
qui  semble  continuer  l'enceinte.  C'en  est  assez  pour  qu'il 
ne  soit  pas  téméraire  de  ranger  les  deux  buttes  de  l'E- 
cluse dans  la  classe  de  celles  qui  ont  existé  à  Entram- 
mea  ou  qu'on  voit  encore  au  Bignon,  avec  lesquelles  el- 
les ont  une  frappante  analogie. 

Remontant  toujours  notre  Colmont,  nous  passerons 
auprès  de  cette  excavation  singulière,  nommée  la  Fosse- 
Louvain,  que  la  légende  populaire  veut  rattacher  par  la 
communauté  d'origine  aux  buttes  de  l'Ecluse,  mais  que 
nous  nous  contenterons  de  mentionner  en  passant,  sans 
affirmer  que  ce  travail  de  main  d'homme  soit  un  ou- 
vrage de  défense  militaire  d'une  époque  quelconque. 
Plus  haut  encore,  sur  le  territoire  de  Fougerolles,  à  près 
d'une  lieue  de  la  source  de  la  Colmont,  dans  une  situation 
remarquablement  choisie,  s'élève  un  mamelon  considéra- 
ble, entouré  complètement  par  le  vallon  de  Courbefosse 
et  par  une  forte  dépression  :  on  nomme  ce  monticule  la 
butte  du  Ghâtelier. 

Enfin,  suivant  la  même  direction  et  la  limite  des  deux 
provinces  jusqu'à  l'extrême  pointe  du  département  de  la 
Mayenne,  nous  rencontrons  sur  la  petite  rivière  d'Airon 
le  village  du  Pontauhray,  célèbre  de  temps  immémorial 


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par  une  chapelle  dédiée  à  la  Sainte  Vierge.  Voici  en 
queb  termes  Charles  de  Rommilly,  seigneur  de  Lasdivy, 
rendait  aveu  à  la  châteUenie  de  Pontmain  pour  la  par- 
tie de  ce  village  qui  lui  appartenait  : 

M  Item,  la  métairie  et  closerie  du  Pont  Aubré,  dans  la 
bourgade  dudit  lieu,  composée  de  maisons  demeurables, 
granges,  étables  ....  contenant  trente-cîTiq  joumaulx, 
sur  le  fond  de  laquelle  métairie  et  dans  mon  lief  du 
Pont  Aubrée  est  bâtie  la  chapelle  et  le  vieu  et  antien  fort 
et  monceau  de  terre  appelé  le  château  de  Pontaubrée 
avec  les  vallées  et  douves  en  dépendantes.  »  (Droit  de 
présentation  à  la  chapelle'). 

Cette  vieille  forteresse  en  terre  a  été  visitée  et  décrite 
en  1847  par  M.  de  la  Pilaye.  Voici  dans  quel  état  il  la 
trouva  : 

«  La  butte  tumulaire  passe  pour  offrir  intérieurement 
des  appartemens,  ce  qui  me  semble  fort  douteux.  Néan- 
moins elle  est  très  curieuse  par  sa  superficie,  dont  la 
forme  excavée  en  soucoupe  la  fait  paraître  naturellement 
comme  bordée  d'un  rampart;  par  sa  position,  cette 
butt«  défend  l'entrée  du  Maine,  étant  situé  siu*  le  haut 
de  la  colline  qui  borde  la  rivière  ^.  » 

Cette  description  est  complétée  par  les  notes  d'un 
autre  visiteur,  qui  se  servit  à  la  même  époque  des  tra- 
vaux inédits  de  M.  l'abbé  Badiohe.  Il  signale,  outre  la 
butte,  «  les  traces  d'un  camp  dont  les  fossés  ou  redoutes 
existent  encore  presque  entièrement  dans  un  endroit 
couvert  de  broussailles.  11  était  de  forme  un  peu  ovale, 
ayant  500  pas  sur  460,  et  défendu  par  une  forteresse 
bfttie  sur  un  monticule  fort  élevé.  »  D'après  celui-ci  on 
aurait  découvert,  au  sommet  de  la  butte,  des  pans  de 
murs,  couloirs,  embrasures  de  porte,  etcK  • 

1.  Kxtrait  d'un  aveu  à  la  chAtellenie  du  Pontmain,  en  1649.  par 
Charles  de  Rommilly,  seigneur  de  Landivy. 

2.  Journal  dt  rinâtitat  /liâtorique,  janvier  1847,  arlicle  di'  M.  de 
la  Pilaye. 

'i,  Ms.  de  M.  l'abbé  Pointeau. 


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Il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître,  dans  l'objet 
de  cette  description,  un  chftteau  semblable  à  ceux  dont 
nous  avons  précédemment  signalé  l'existence  et  indiqué 
la  position. 

Reprenons  maintenant  le  cours  de  la  Mayenne  au 
point  où  nous  l'avons  laissé.  Peut-être  n'existe-t-il  au- 
cun ouvrage  ife  main  d'homme  destiné  à  en  défendre  le 
passage  depuis  Ambrières  jusqu'à  Saint-Calais-du-Dé- 
Mcrt.  Mais  sur  le  territoire  si  accidenté  de  cette  dernière 
paroisse,  en  face  du  moulin  de  Cordouan,  dans  une  si- 
tuation très  forte,  nous  retrouvons  une  forteresse  des 
mieux  conservées.  Elle  occupe  une  sorte  de  promont<Hre 
abrupt  du  côté  de  la  vallée  qui  regarde  la  rivière,  et  for- 
tement coupé  vers  le  nord  ^ar  un  chemin  creux  qui  sou- 
vent devient  un  torrent.  Le  reste  de  l'enceinte  eat  dé- 
fendu par  une  haie  énorme,  faite  de  terre  et  de  la  pierre 
de  granit  qui  forme  le  fond  du  sol.  Le  fossé  extérieur 
est  visible  encore  dans  une  bonne  partie  du  pourtour. 
Le  terrain  ainsi  enclos  est  de  près  d'un  hectare. 

Pour  allonger  cette  ligne  de  défense  nous  n'aurions 
qu'à  continuer  notre  exploration  dans  la  même  direction 
vers  l'est  et  nous  trouverions  à  la  Poôté,  sur  la  frontière 
normande,  le  château  de  Montaigu  dont  l'histoire  est 
longuement  racontée  dans  Orderic  Vital.  Le  récit  des 
luttes  de  Guillaume  Girois  contre  Robert  Talvas,  dont 
le  château  de  Montaigu  fut  le  théâtre,  est  le  pendent  de 
l'histoire  des  combats  de  la  garnison  de  Sainte-Susanne 
contre  les  soldats  de  Guillaume-le-Conquérant  qui  occu- 
paient le  château  de  la  vallée  de  Beugy.  On  peut  croire 
que  ce  château  de  Montaigu  était  une  forteresse  du 
même  genre  que  celles  dont  nous  parlons. 
*  Voilà  donc,  depuis  Entrammes  jusqu'à  Ambrières,  et 
de^Landivy  à  la  Poôté,  une  série  de  fortifications  cons- 
truites d'après  un  même  système,  et  échelonnées  de 
distance  en  distance,  qui  contribuent,  en  mettant  à  pro- 
fit les  accidents  de  terrain,  à  la  protection  du  bassin  de 


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-  «91  - 

la  Mayenne.  Pour  moi,  l'idée  d'un  plan  d'ensemble  ou 
an  mfâns  l'origine  commune  de  ces  lieux  retranchés,  qui 
s'appuient  à  la  Mayenne  et  à  ses  affluents,  m'a  paru  si 
probable  que  c'est  en  partant  de  cette  hypothèse,  qu'a- 
près l'étude  des  trois  premiers  postes  d'Entrammes, 
Saint-Jean-sur-Mayenne  et  Moulay,  je  suis  arrivé  par 
induction  à  découvrir  les  suivants,  ceux  des  environs 
d'Ambriéres  surtout,  que  rien  ne  m'avait  fait  connaître. 

J'expliquerai  le  titre  que  j'ai  donné  à  cet  article,  et 
ce  sera  une  nouvelle  confirmation  de  la  même  thèse,  a 
savoir  que  tous  ces  retranchements  sont  de  même  épo- 
que et  d'une  même  inspiration.  Eu  effet,  le  nom  tradi- 
tionnel donné  à  tous  ces  ouvrages  est  presque  unifor- 
mément celui  de  Château  ou  de  Châtelier,  et  cette  appel- 
lation qui,  dans  notre  langage  actuel,  ne  représente 
aucunement  l'objet  qu'il  désigne,  est  la  traduction  exacte 
du  terme  employé  par  les  auteurs  contemporains  de 
Gaillaume-le-C<Hiquérant.  Presque  partout  Orderic  Vi- 
tal appelle  ces  fortifications  :  les  châteaux,  castella.  Je 
citerai  un  exemple  frappant  de  la  persévérance  avec  la- 
quelle le  langage  populaire  a  conservé  à  travers  les  siè- 
cles le  souvenir  et  !e  nom  de  ces  constructions  presque 
anéanties.  Le  champ  où  se  trouve,  près  de  l'Isle-du-Gast, 
l'un  des  trois  forts  les  plus  voisins  d'Ambriéres,  est  com- 
munément appelé  le  Champ  du  Trésor  ;  le  visitant  avec 
un  confrère  qui  habite  le  pays,  je  dis  au  cours  de  la  con- 
versation qu'ordinairement  ces  lieux  se  nommaient  des 
Châteaux  ou  des  Châteliers,  ce  qui  fit  souvenir  mon  ami 
que  le  terrain  en  question  était  connu  également  sous 
le  nom  des  Châteliers  ;  et  le  témoignage  d'une  femme 
du  voisinage  vint  confirmer  au  besoin  celui  qu'on  venait 
de  me  donner. 

Voici  d'ailleurs  les  noms  vulgaires  qui  désignent  les 
vieux  vestiges  des  fortifications  que  nous  Venons  de 
décrire  ou  d'énumérer.  A  Sainte-Suzanne,  la  ferme  du 
Châttau'Neuf  est  construite  sur  le  talus  de  l'une  des 


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enceintes  ;  à  Thorigné,  ce  sont  les  Châteaux  ;  à  Entram- 
mes,  le»  Châteliers;  k  Saiot-Jean-sur-Mayenne,  ie 
Château-Moyen,  et  l'on  trouve  la-ferme  des  Châtetiers 
a  une  petite  diatance  ;  k  Oisseau,  le  Château-Renard; 
au  Pont-Aubray,  et  à  Saint-Calais-du-Désert,  les  Châ- 
tetiers. J'aurais  dû  ne  pas  omettre  que  sur  la  Colmont 
encore,  entre  Oisseau  et  Gorron,  sur  le  territoire  de 
Saint-Mars  on  trouve  dans  une  position  très  escarpée  le 
Château-Neuf;  c'est  une  belle  ruine  d'un  chAtean  fëodal 
qui  dut  être  détruit  par  les  Anglais,  mais  ce  nom  de 
ChAteau-Neuf,  pour  une  construction  si  ancienne,  indi- 
que qu'antérieurement  encore  sur  le  même  emj^cement 
existait  une  construction,  une  forteresse,  un  château  du 
genre  de  ceux  de  l'époque  normande. 

Ces  deux  affirmations  que  je  viens  d'émettre  en  attri- 
buant à  la  fin  du  XI*  siècle  tous  ces  travaux  qui  me  sem- 
blent le  produit  d'un  art  uniforme,  et  en  supposant  que 
le  plus  grand  nombre  avaient  pour  but  de  protéger  le 
territoire  qu'arrosent  la  Mayenne  et  ses  affluents,  ces 
deux  affirmations,  dis-je,  sont  émises  sous  la  réserve 
que  commandent  des  études  et  des  connaissances  spé- 
ciales insufSsantes.  Je  ne  prétends  point  non  plus  avoir 
signalé  tous  les  lieux  fortifiés  qui  peuvent  être  de  même 
origine,  mais  je  crois  qu'il  y  a  là  un  sujet  de  recherches 
qui,  bien  conduites,  éclaireraient  une  période  intéres- 
sante de  notre  histoire.  L'âge  préhistorique,  les  époques 
gallo-romaine  et  mérovingienne  ont  été  l'objet  de  nom- 
breuses, patientes  et  fructueuses  études.  Le  onzième 
siècle,  avec  ses  guerres  ma ncelles- normandes  mérite 
qu'on  s'y  attache.  C'est  l'époque  qui  précède  immédia- 
tement les  grandes  fondations  religieuses  d'abbayes  et 
de  prieurés,  reprises  après  les  ravages  des  invasions 
normandes  ;  c'est  le  prélude  d'une  nouvelle  civilisation 
et  de  modifications  importantes  dans  l'art  militaire.  Jus- 
qu'alors les  donjons  et  les  ch&teaux,  les  forteresses  en 
puissante  maçonnerie  étaient  rares  et  les  châteaux  en 


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—  209  — 

terre,  avec  leura  fortes  haies  d'enceiate,  leurs  fossés 
profonde,  peuvent  en  être  regardés  comme  la  première 
ébauche.  On  sait  d'ailleurs  que  ces  retranchements 
étaient  complétés  et  couronnés  par  des  palissades  en 
bois,  et  Vqp  comprend  que  ce  qui  nous  parait  aujour- 
d'hui un  informe  amoncellement  de  terre  et  de  rocailles 
était,  dans  l'origine,  un  ouvrage  ayant  des  lignes  et  des 
arêtes  plus  nettement  dessinées,  des  talus  et  glacis  soi- 
gneusement disposés  et  entretenus. 

Ces  quelques  pages  que  nous  venons  d'écrire  sans 
avoir  consulté  aucun  ouvrage  spécial,  sans  avoir  même 
de  livres  sous  la  main,  n'ont  d'autre  but  que  de  poser 
une  question  historique  qui  demande  et  mérite  plus  de 
recherches  et  une  autre  préparation. 

A.  Angot. 


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ESPRIT-AIMË    LIBOUR 

PEINTRE.  NÉ  A  LAVAL 


Dans  une  étude  très  remarquable  sur  Rude,  )e  gruid 
statuaire,  publiée  par  la  Gazette  des  Beaux-Arts*  sous 
la  signature  de  M.  L.  de  Fourcaud,  on  lit  que,  le  8  fé- 
vrier 1810,  eut  lieu  à  l'École  des  Beaux-Arts  le  concours 
CayluR  entre  peintres  et  statuaires  pour  la  tète  d'ex- 
pression. Le  thème  proposé  était  «  La  Douleur  morale.  » 

Drolling  (Michel -Martin],  âgé  de  23  ans,  élève  de 
David,  obtint  le  1"  prix;  mais  i'Académie  décerna,  en 
même  temps,  deux  accessits,  le  premier  à  Esprit-Aimé 
Libour,  peintre,  de  Laval  (Mayenne),  le  second  à  Rude. 

Il  nous  sembla  que  ce  fait  ne  laisserait  pas  indifférente 
la  Commission  Historique  et  Archéologique  du  départe- 
ment dont  les  bulletins  témoignent  du  vif  intérêt  qu'elle 
attache  aux  questions  d'art  et  à  tout  ce  qui  peut  hono- 
rer notre  pays.  Nous  en  (Imes  donc  l'objet  d'une  com- 
munication à  la  séance  du  24  janvier  1889,  bien  décidé 
à  rechercher  l'origine  de  la  famille  Libour  quoiqu'elle  ne 
parût  pas  s'être  perpétuée  dans  nos  contrées,  et  à  dé- 
couvrir ce  qu'était  devenu  ce  jeune  et  heureux  émule  de 
Rude  à  l'École  des  Beaux-Arts. 

Les  circonstances,  il  faut  le  dire,  nous  servirent  admî- 

1.  Voir  le  numéro  du  1"  août  1888,  page  117. 


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301  - 

rablemeot.  En  effet,  dans  le  catalogue  de  l'Exposition 
universelle  de  1889,  nous  trouvAmes,  parmi  les  noms 
des  peintres,  celui  de  M""  Colio-Libour,  élève  de  Rude, 
de  Bonvin  et  de  Moll«r. 

Ce  nouveau  rapprochement  des  noms  de  lÀbour  et 
de  Rude  nous  frappa.  Pressentant  que  nous  étions  sur 
la  trace  du  jeune  lauréat  de  1810,  nous  crûmes  pouvoir 
solliciter  de  M"*  Colin-Libour  quelques  renseignements 
qu'elle  nous  d<mna  avec  un  empressement  et  une  obli- 
geance dont  nous  traons  à  la  remercier  ici. 

Ces  renseignements,  que  nous  transcrivons  presque 
textuellement,  ont  un  caractère  d'authenticité  irrécusa- 
ble, car,  disons-le  de  suite,  ila  émanent  de  la  propre 
(lUe  de  notre  peintre  !  Ceux  que  nous  avons  puisés  à 
d'autres  sourcea  ne  font  que  les  corroborer  et  les  com- 
pléter sur  quelques  points.  On  pourra  se  convaincre  que 
la  ville  de  Laval  a  donné  le  jour  à  un  artiste  digne 
de  prendre  rung  parmi  les  Messager,  les  Laudelle,  les 
Beauvais. 

Esprit-Aimé  Libour,  ainsi  que  le  constate  son  acte  de 
baptême,  retrouvé  par  nous  dans  un  registre  de  la  pa- 
roisse de  la  Trinité  déposé  au  greffe  du  tribunal  de 
Laval,  et  que  nous  reproduisons  plus  loin,  est  né  à  La- 
val, le  22  février  1784,  dans  une  maison  de  la  place 
Hardy  * . 


I.  Voici  Bi 
uolre  demande  M""  Colin-Libour  a  bien  voulu  faire  des  r 
ches  dans  les  papiers  de  son  grand'père  nlîn  d'éclaircir  ce  poinl  ; 
Et  elle  y  a  trouve  un  .icte  dont  voici  le  préambule  ; 

•<  Nous  soussJ(;nés  Jean-Paul  Libour,  inspecteur  des  manufac- 
■■  tures  du  département  de  Laval  y  demeurant  Place  Hardy  pa- 
«  roiase  de  la  Trinité. 

■  François -Abraham  Libour,  maître  graveur,  demeurant  à  Pa- 
H  ris,  près  le  pont  au  Change,  paroisse  Saint-Barthel^my, 

0  Louis-Paul  Abeille,  avocat  au  Parlement,  secrétaire  général 
n  du  commerce  el  inspecteur  général  des  manufactures  de  France 
■  et  Jeanne-Louise  Libour,  son  épouse,  demeurant  tous  deux 
«  rue  de  la  Peuillade,  paroisse  Saint -Kustache,  et  Reine-Elisa- 


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—  mi  — 

Il  était  fils  de  Jean-Paul  Libour  et  de  dame  iCarier 
Catherine- L'ranie  Chevalier,  tous  deux  originaires  de 
Chartres  où  ils  s'étaient  mariés  en  1781.  .'.j 

Jean-Paul  Libour  était  Inspeeteur,  pour  le  Roi,  des 
manufactures.  Après  avoir  résidé  à  Moriaix  jusqu'en 
1781  il  fut  nommé  à  Laval  à  partir  du  1"  janvier  1782, 
en  vertu  d'une  Commission  délivrée,  le  27  novembre  1781, 
par  le  Ministre  d'Etat  et  des  Finances  Joly  de  Fleury. 
On  trouvera  cette  Commission  et  l'acte  d'installation  en 
date  du  9  janvier  1782  à  ta  suite-de  cette  notice*. 

Avant  la  naissance  de  son  fils  (voir  à  ce  sujet  l'acte 
de  baptême)  il  fut  nommé  à  Dijon-.   La  Révolution  le 


n  beih- Geneviève  LitMur,  fille  miùeiire,  demeurant  à  Chartres, 
1  paroisse  Saint-Hélain, 

•  Tous  quatre  neveux  et  nièces  de  monsieur  Claude-Antoine 
1  Libour,  bourgeois  de  Chartres > 

11  est  plus  que  probable  que  Jean-Paul  Libour  a  conser\-é  uc 
domicile  pendant  son  séjour  k  Laval  comme  élniit  loul  à  Tait  à 
proximité  de  la  halle  aux  toiles  (aujourd'hui  Galeries  (ou  Palais?! 
lie  l'Industrie)  où  il  exerçait  plus  spécialement  ses  fonction^  qui 
consistaient  à  prévenir  ou  faire  réprimer  les  Traudes  dans  la  fa- 
brication et  le  commerce  des  toiles. 

1.  Une  indication,  fournie  par  noire  aimable  et  érudit  collègue 
M.  Louis  Gantier,  nous  a  mis  sur  la  trace  de  ces  deux  documents 
qui  se  trouvent  aux  art;hivcs  départementales  de  la  Mayenne, 
série  B,  932,  registre  concernant  les  manufactures.  Ce  registre 
qui  nous  a  été  ooligeamment  communiaué  par  M,  de  Martonne. 
nrchivisle,  s'arrête  au  mois  de  septembre  1783;  il  renferme  de 
nombreuses  sentences  judiciaires  rendues  de  l'avis  de  Jean-Paul 
Libour,  dont  on  voit  à  chaque  instant  la  signature  ou  les  conclu- 
sions. Notre  sous-inspeoleur  y  a,  notamment,  inscrit  de  sa  main 
un  rapport  sur  contravention,  en  date  du  27  juin  1782,  qui  n'a  pas 
moins  ài^  17  pages  in-folio  et  qui  est  rédigé  avec  une  conscience, 
une  fermeté  et  une  dialectique  qui  n'ont  d'égales  que  la  finesse  et 
la  bonhomie,  tout  à  la  fois,  des  réilexions  doul  il  est  rempli.  Cer- 
tes, ta  confiance  du  Roi  ne  s'était  pas  égarée  et  le  Souverain  ne 
pouvait  choisir  un  plus  habile  et  plus  honnête  représentant.  Ce 
volumineux  rapport  est  des  plus  mtéressants  et  contient  de  pi- 
quants détails. 

2.  L'acte  de  baptême  du  22  février  1784  donne  a  Jean-Paul  Li- 
hour  le  titre  d'inspecteur  des  manufactures  de  Dijon  {depuis  trois 
mois,  avait-on  ajouté,  mais  ces  trois  mots  ont  été  raturés).  La 
mère  était  donc  restée  à  Laval  pour  faire  ses  couches  tandis,  pro- 
bablement, que  le  père  était  allé  prendre  possession  de  son  nou- 
veau poste.  D'après  une  lettre  de  M""  Colin-Libour  il  avait,  à  cette 
époque,  était  nommé  <  receveur  des  domaines  >  de  Bourgogne. 


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—  303  — 

chassa  de  cette  ville  et  la  Tamille  Libour  vint  à  Paris. 

Le  jeune  Libour,  après  avoir  fait  de  brillantes  études 
classiques,  se  destina  à  la  peinture  et  entra  â  l'Ecole 
des  Beaux-Arts  (atelier  Begnault). 

11  obtint  à  l'école  : 

Une  3*  médaille,  trimestre  Vendémiaire  an  XII. 

Une  2*  médaille,  trimestre  Messidor  an  XII. 

Une  1"  médaille  trimestre  Vendémiaire  an  XIII. 

En  l'an  XIII  il  remporta  sur  toutes  les  1"*  médailles 
le  grand  prix  de  dessin  dit  Prix  Impérial, 

En  1807  et  1810  deux  prix  du  torse  et  l'accessit  de 
la  tête  d'expression*. 

En  1814,  il  obtint  le  premier  prix  du  torse. 

Voici  la  liste  de  ses  principaux  tableaux  : 

Mamehack  mourant  dans  le  désert^,  acheté  par  le 
baron  Denon  pour  sa  collection  particulière  ;  depuis,  ce 
tableau  a  passé  à  la  famille  Guizot; 

En  1808  il  exposa  la  Fureur  jalouse  d'un  Arabe  ; 

En  1810  la  Mort  d'Abel  ; 

En  1812  Une  Vénus; 

EDi822  Philoctête; 

Ensuite  Céphale  et  Procris,  le  Général  Lecourbe, 
{au  musée  de  Versailles)  ;  Jésus-Christ  ait  jardin  des 
Oliviers,  commandé  par  l'Etat  pour  la  cathédrale  d'E- 
vreux. 

Ce  dernier  tableau  mesm*e  environ  5"  sur  4™.  Le 
Christ  est  plus  grand  que  nature.  Il  est  étendu,  soutenu 
par  un  ange  ;  son  visage  exprime  la  souffrance  et  )a  ré- 
signation ;  à  gauche,  un  autre  ange  entouré  de  lumière 
présente  le  calice  que  le  Christ  semble  écarter  de  la 
main  ;  à  droite,  derrière  un  rocher,  un  fond  de  paysage, 


1.  Daos  le  uoncoure  Caylus  auquel  il  est  Tait  allusion  au  début 
de  cette  notice. 

3.  Ce  titre  et  quelques  autres  qui  suivent  sont  bien  dans  le 
goût  de  l'époque. 


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-  304  - 

le  jardin  des  Oliviers  et  plusieurs  personnages  au  second 
plan. 

Dans  le  bas  k  droite,  signé  :  E.  Libour  i8k3. 

C'est  une  œuvre  de  valeur  ;  ta  figure  du  Christ  sur- 
tout est  bien  traitée  * . 

Libour  a  restauré  les  plafonds  de  la  Galerie  de  Diane 
aux  Tuileries,  en  collaboration  de  Blondel  et  d'Abel  de 
Pujol.  . 

On  a  de  lui  un  portrait  (dessin)  de  Pierre  Dufoumel, 
médecin  âgé  de  119  ans.  Gabriel  en  a  fait  une  gravure 
dont  le  dépôt  a  été  effectué,  le  22  janvier  1809,'  à  la 
Bibliothèque  impériale. 

Libour  avait  épousé  Adèle-Madeleine  Mairet,  née  à 
Paris,  morte  en  1881.  Il  en  avait  eu  deux  enfants,  un 
fils,  et  une  fille  (Madame  Colin- Libour).  11  est  mort  à 
Paris,  quai  de  ta  Mégisserie,  le  30  juillet  1846. 

Nous  transcrivons  un  extrait  d'une  lettre  de  M°"  Co- 
lin-Libour  : 

«  J'ai  en  ma  possession  le  2'  prix  de  torse  de  mon 
M  père  ;  c'est  une  des  belles  figures  de  l'Ecole  des  Beeux- 
«  Arts;  j'ai,  en  plus,  son  portrait  peint  par  lui-même, 
n  son  buste  et  celui  de  ma  grand'mère,  par  Rude',  dont 
«  il  était  l'ami  intime  3.  « 

1.  Nous  devons  cette  description  à  l'obligeance  de  M.  BabJn. 
ingénieur  des  ponts  et  chaussées  à  Louviers,  qui  fit  partie  de  lu 
misBion  Di«ularoy,  en  Susiane. 

3.  M''*  Colin'Libour  a  bien  voulu  faire  photographier  pour 
nous  ces  deux  bustes.  Nous  donnons  une  reproduction  de  celui 
de  Ijjbour. 

L'autre  buste,  vigoureuse  meut  traité,  e»t  uelui  d'une  femme 
énergique  et  intelligente  dont  les  traits  accentués  sont  tempérés 
par  un  lin  sourire.  La  coifTure  plate,  agrémentée  de  frisures  sur 
le  front  et  vers  les  tempes,  se  termine  par  un  chignon  élevé.  La 
poitrine,  fortement  modelée,  est  à  moitié  recouverted'une  drape- 
rie anUque. 

3.  L'amitié  unissait  donc  les  familles  Rude  et  Libour  ;  cette  liai- 
son s'était  sans  doute  formée  lors  du  séjour  de  la  famille  Libour 
à  Dijon.  M.  de  Fourcaud  nous  apprend  que  Rude  est  né  dans 
cette  même  ville,  le  4  janvier  1784,  c'est-à-dire  un  mois  et  demi 
environ  avant  la  naissance,  à  Laval,  d'Ësprit-Aimé  Libour  qui 
devait  6tre  son  concurrent  à  l'Ecole  des  Beaux-Arts, 


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BUSTE  DE  LIBOUR 


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—  301  - 

Od  voit  que  Libour  méritait  que  sod  nom,  peut-être 
ignoré  des  Lavallois,  fût  mis  en  lumière  auprès  de  ses 
concitoyens.  En  même  temps  se  trouvent  signalées  deux 
œuvres,  sans  doute  peu  connues,  vu  leur  caractère  d'in- 
timité, de  l'éminent  artiste  à  qui  la  France  doit  le  fa- 
meux groupe  de  l'Arc  de  Triomphe  de  l'Étoile. 

Ajoutons  que  M"'  Golin-Libour,  qui  a  épousé  un 
dessinateur  de  talent,  est  elle-même  une  artiste  distin- 
guée. Son  tableau  «  La  Charité  »  exposé  en  1888,  et 
admis  à  l'Exposition  universelle  de  1889,  appartient  au 
Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts. 
Une  autre  de  ses  œuvres,  «  L'Abandonnée,  »  a  été  ache- 
tée par  la  ville  d'Amiens  pour  son  musée.  Entre  autres 
récompenses,  M"*  Colin-Libour  a  obtenu  des  mentions 
à  l'Exposition  de  Paris  de  1881  et  à  l'Exposition  uni- 
verselle de  1889,  une  médaille  à  l'Exposition  universelle 
de  Barcelone,  et  deux  médailles  aux  Arts  décoratifs 
pour  ses  cours  de  dessin  et  de  peinture. 

Terminons  par  une  bonne  nouvelle  :  le  portrait  de 
Libour,  peint  par  lui-même,  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  vient  d'être  offert  au  musée  de  Laval,  par  sa  fille 
et  son  gendre,  à  la  suite  de  la  correspondance  que  nous 
avons  eu  l'honneur  et  le  plaisir  d'entretenir  avec  M"" 
Colin-Libour,  en  vue  de  la  rédaction  de  la  présente  no- 
tice. Voici  en  quels  termes  elle  nous  annonçait  son  pro- 
jet :  u  Mon  mari  et  moi  avons  l'intention,  si  Laval  a  un 
«  musée,  de  lui  donner  le  portrait  de  mon  père  peint 
«  par  lui-même....  »  Sur  l'assurance  que  nous  lui  avons 
donnée  immédiatement  que  le  tableau  serait  bien  ac- 
cueilli et  en  sûreté,  en  attendant  la  construction  du  mu- 
sée dont  le  projet  venait  précisément  d'être  adopté  par 
le  conseil  municipal;  nous  avons  reçu  cette  réponse, 
dont  la  fin  est  empreinte  d'une  touchante  piété  filiale  : 

«  Le  portrait  de  mon  père  est  à  votre  disposition 
«  aussitôt  que  vous  le  voudrez,  si  vous  voulez  bien, 
«  Monsieur,  m'indiquer  la  manière  de  vous  l'adresser. 


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-  308  - 

«  Je  me  fais  une  vraie  joie  de  vous  le  faire  parvenir  car, 
«  pour  moi,  je  trouve  en  votre  hospitalité  un  rehige  des 
«  plus  flatteurs  pour  la  mémoire  de  mon  père.  » 

Ce  portrait,  qui  a  figuré  au  salon  de  Paris  en  1827, 
est  signé  des  initiales  E.  L.  entrelacées,  avec  la  date 
ci-dessus,  et  témoigne  d'une  science  approfondie  du  des- 
sin, et  d'une  grande  babileté  de  pinceau.  Ainsi  qu'on  en 
jugera  par  la  reproduction  ci-contre  < ,  l'ensemble  a  l'aspect 
un  peu  romantique  de  l'époque  ;  la  physionomie  respire 
la  distinction,  l'intelligence  et  une^douce  gravité.  Cette 
image  d'un  honnête  homme  est,  sans  contredit,  l'œuvre 
d'un  véritable  artiste.  Nous  sommes  heureux  d'avoir  eu 
notre  part  dans  les  circonstances  qui  assurent  à  ce  por- 
trait la  place  honorable  qui  lui  était  duc,  et  de  contri- 
buer, en  même  temps,  à  enrichir  la  collection  artistique 
de  la  ville  de  Laval. 

F.  Cornée. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


Nous,  Minisb'e  d'Etat  et  des  Finances, 

Le  Roy  nous  ayant  chargé  de  l'administration  du  Com- 
merce intérieur  de  son  Royaume  avec  pouvoir  de  choisir 
et  nommer  les  inspecteurs  et  sous-inspecteurs,  nous  en 
vertu  du  dit  pouvoir,  étant  informé  des  bonnes  vies  (sic) 
et  mœurs,  suffisance,  capacité  et  expériance  au  fait  des 

t.  Bien  qu'elle  laisse  à  désirer  en  raison  de  la  difficulté  de  re- 
produire par  la  photo^^raphie,  puis  par  la  gravure  chimique,  un 
tableau  dont  les  tons,  à  I  exception  de  ceux  de  la  figntre,  sont  fort 
sombres  en  général. 


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PORTRAIT  DE    LIBOUR 

PEINT  PAR   LUI-MÊME 


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—  311  — 

nutDulactures,  du  sieur  JeaD-Paul  Libour  cy  devant 
sous-inspecteur  à  Morlaix,  l'avons  commis  et  établi, 
commettons  et  établissons  par  ces  présentes,  sous  ins- 
pecteur des  Manufactures  à  Laval,  pour  le  dit  sieur  Li- 
bour exercer  la  ditte  Commission,  aux  apointements 
de  quinze  cent  Livres  par  an  qui  luy  seront  payées  des 
deniers  à  ce  destinés  à  compter  du  premier  janvier  pro- 
chain et  jouir,  en  outre,  des  privilèges  et  exemptions 
attribués  aux  inspecteurs  des  Afanufactures  ;  sera  tenu 
le  dit  sieur  Libour  d'aider  et  servir  l'inspecteur  des  ma- 
nufactures de  la  Généralitté  de  Tours  dans  touttes  ses 
fonctions.  En  conséquence,  visitter  seul  ou  accompagné 
du  dit  inspecteur  toutes  les  manufactures,  fabriques  ou 
astelliers  quelconque  établis  ou  qui  s'établiront  par  la 
suite  dans  la  ditte  Généralitté  et  dans  lesquelles  il  luv 
sera  ordonné  de  se  transporter,  et  particulièrement  cel- 
les qui  se  trouveront  dans  Létenduë  de  sa  sous-inspec- 
tion, il  engagera  les  fabricants  à  ne  laîre  que  de  bonnes 
marchandises,  Il  leur  donnera  des  cooseils  et  des  avis 
sur  ce  qu'il  croira  devoir  être  pratiqué  pour  le  bien  du 
Commerce. 

It  visittera  pareillement  les  bureaux  de  visitte  et  de 
marque  qui  se  trouveront  établis  dans  Létenduë  de  sa 
sous-inapection,  et  veillera  sur  la  conduite  des  Gardes 
Jurés  et  sur  leur  exactitude  à  remplir  leurs  fonctions. 

Il  se  conformera  exactement  aux  ordres  qui  luy  seront 
donnés  par  M.  l'Intendant,  et  lui  rendra  compte  ainsy 
qu'à  l'inspecteur  des  manufactures  de  tout  ce  qui  peut 
intéresser  le  commerce  et  le  maintient  du  bon  ordre 
dans  les  manufactures. 

Il  remettra  à  l'inspecteur  toutes  les  pièces,  nottes  et 
renseignements  qui  pouront  luy  être  nécessaires  pour 
former  les  états  et  mémoires  d'observations  que  le  dit 
inspecteur  est  chargé  de  nous  envoyer  tous  les  six  mots. 
Fait  à  Paris  le  27  novembre  mil  sept  cent  quatre  vingt 
un.  Signé  :  Joly  dk  Flecry. 

Vu  par  nous.  Intendant  de  la  Généralitté  de  Tours, 
signé  :  Ducluzkl. 


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—  3«  - 

Du  neuTiéme  jour  de  janvier  mil  s^t  cent  quatre  vingt 
deux, 

Devant  noas  Jean-Joseph  Delannay  Descepeaux,  juge 
de  police  et  des  manulactures  de  la  comté-pairie  de 
Laval, 

Est  comparu  le  sieur  Jean-Paul  Libour,  souB-inapec- 
teur  des  manufactures  à  Laval,  lequel  Nous  a  représenté 
la  commission  de  sous-inspectenr  des  dittes  manufactu- 
res qui  luy  auroit  été  donnée  par  Monseigneur  le  Minis- 
tre d'Etat  et  des  Finances,  dattée  à  Pans  le  vingt  sept 
novembre  mil  sept  cent  quatre  vingt  ub,  signée  Joly  de 
Fleury,  vu  par  Monseigneur  l'Intendant  de  la  Généràlitté 
de  Tours,  signé  Du  ciuzel,  de  laquelle  Commission  il 
Nous  a  requis  l'enregistrement  dont  l'avons  jugé,  et  oui 
sur  ce  le  procureur  fiscal  de  la  Comté,  après  que  ledit 
sieur  Libour  a  preste  le  serment  de  se  bien  comporteren 
la  ditte  Commission,  l'avons  reçu  et  installé  en  icelle  et 
ordonné  que  la  ditte  Commission  sera  registrée  à  la 
suitte  des  présentes  pour  y  avoir  recours  quand  besoin 
sera,  et  être  exéciittée  selon  sa  forme  et  teneur.  Mandant 
et  donné  à  Laval  par  devant  Nous  juge  susdit,  les  dits 
Jonr  et  an  que  dessus,  et  a  ledit  sieur  Libour  signé  avec 
Nous  et  le  Procureur  fiscal. 

Martin 
gratis 
De  Lwnay  Desckpea.ux.  Libour. 

Vaccations  gratis. 


EXTRAIT 

DE    l'un    des    registres    DE    BAPTÊME    DE    LA    PAROISSE 
DE   LA   TRIKITÉ   DE   LAVAL ■ 


L'an  mil  sept  cent  quatre  vingt  quatre,  le  vin^  deux 
février  a  été  par  moi  vicaire  soussigné  baptisé  Esprit- 
Aimé  né  ce  matin  à  deux  heures  de  légitime  mariage  de 

1.  Nous  raison!)  ubstractioii,  bien  entendu,  des  renvois,  ratures 
et  interlignes. 


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Jean- Paul  Libourg',  inspecteur  des  manufactures  de  Di- 
jon bimtisé  à  Saint-Agnan,  ville  de  Chartres,  et  de 
dame  Marîe-Catherine-Uranie  Chevalier,  mariés  en  l'é- 
glise de  Saint-Piat  près  Maintenon  en  Beausse  il  y  a 
environ  trois  ans.  Ont  été  parrain  Pierre-Noèl  Dunois 
Duperai,  non  parent  de  l'eniant,  et  marraine  demoiselle 
Marie-Jeanne  Chevalier  tante  dudît  enfant,  tous  le» 
deux  demeurant  en  ta  ville  de  Chartres  représentés  par 
Pierre  Michineau  qui  ne  signe  et  Rose  Boulais  soussi- 
gnée, en  vertu  de  la  procuration  qui  leur  en  a  été  don- 
née par  les  dits  parrain  et  marraine  en  datte  du  premier 
du  courant,  signée  M.  J.  Chevalier,  Dubois- Duperai. 
Rose  Boulay. 
C.  Dknais  p'"  vie. 

1.  Cette  orUiographe  est  évidemment  erronée;  car  tous  les 
actes  Taits  par  le  père  de  notre  compalriole,  sont  signés  Libour, 
Et.  comme  on  vient  de  le  voir,  c'est  ainsi  que  son  nom  est  écrit 
dans  la  Commission  qui  lui  a  été  délivrée  et  dans  le  procès-ver- 
bal de  son  installation  à  Laval. 

F.   C. 


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NOTE 


SYMON   HAYENEUFVE 


Nous  croyons  savoir  qu'un  érudit  a  entrepris  récem- 
ment, sur  un  célèbre  aHiste  manceau  du  XV*  siècle,  ar- 
chitecte et  peintre,  cité  avec  éloge  par  Geoffroy  Tory 
dans  son  De  artificialiperspectiva  et  par  Jean  Pélegrîn 
dans  aon  Champ  fleury,  des  recherches,  dont  il  extraira 
sans  doute  la  matière  d'un  livre  curieux  et  intéressant 
sur  la  vie  et  les  œuvres  d'un  personnage  qui  appartient 
au  département  de  la  Mayenne  par  le  lieu  de  son  ori- 
gine. 

Symon  Hayeneufve était  néeneffetàChâte^u-Gontier, 
en  1455  d'après  son  propre  témoignage,  et  non  en  1450 
comme  le  porte  son  épitaphe.  Après  avoir,  dans  sa  jeunes- 
.  se,  voyagé  en  Italie,  il  revint  dans  le  Maine  et  fut  nommé 

'  T  curé  de  Saint-Paterne,  Mais,  dès  1^93,  il  vient  se  fixer  au 
Mans  où  on  le  trouve,  à  différentes  dates,  comme  vicaire 
du  doyen  de  la  Cathédrale,  suppléant  celui-ci  dans  ses 
visites  décanales.  11  fut  chargé  en  1506  ou  1507,  par  Phi- 
lippe de  Luxembourg,  de  la  construction  de  la  chapelle 
de  l'évêché,  détruite  en  1562  par  les  protestants',  et, 
quelques  années  plus  tard,  par  le  chapitre  de   Saint- 

1,  Ou  plutôt  simplement  dévaslée.  car  ce  curieux  monument 

farait  avoir  dli5  détruit  seulement  pendant  In  Révolution,  vers 
J98. 


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Pierre-de-la-Conr,  de  la  confection  d'une  chAsse  pour  les 
reliques  de  sainte  Scolastique.  En  1530  et  1532,  il  est 
encore  chaîné,  par  le  conseil  de  ville,  de  la  direction 
de  plusieurs  travaux  muuicipaux,  et  meurt  à  l'abbaye 
Saint-Vincent  le  11  août  1546.  Symon  Hayeneufvc  pas- 
se pour  avoir  construit  plusieurs  édifices  du  Mans,  tels 
que  l'hdtel  de  Fontville  et  «  la  maison  des  Vignoltes.  » 
On  lui  attribue  en  outre  plusieurs  œuvres  d'art  éparses 
dans  le  Maine,  telles  que  le  Jubé  des  Jacobins  (suivant 
Blondeau)  et  te  Jubé  du  cardinal  de  Luxembourg',  au 
Mans,  le  reliquaire  d'Evron,  te  triptyque  d'Avesnières  {7) 
etc...  et  encore  les  enluminures  du  missel  du  cardinal 
de  Luxembourg.  Mais  plusieurs  de  ces  attributions  mé- 
ritent d'être  contrôlées  i*. 

Symon  Hayeneufve  avait  plusieurs  neveux,  sans  doute 
originaires  comme  lui  de  Château-Gontier,  qui  allèrent 
s'établir  à  Angers  comme  orfèvres  et  dont  on  trouve 
les  noms  cités  dans  le  livre  de  M.  Cél.  Port  sur  les 
Artistes  angevins,  peintres,  sculpteurs,  etc.  d'après 
'  les  archives  angevines. 

Hayeneufve  (Jean)  qui  obtient,  sur  sa  demande,  en 
1556,  l'office  de  tailleur  en  la  Monnaie  d'Angers  devenu 
vacant  par  la  condamnation,  comme  protestant,  de  son 
confrère  G.  Prieur.  Il  s'en  démet  te  4  novembre  1559. 


1,  Si  l'on  peut  établir,  comme  cela  est  probable,  que  Simon 
Hayeoeufve  soit  venu  s'établir  au  Mans  dès  1493,  et  non  pas  seu- 
lemËnt  en  1500  comme  on  l'a  cm  jusqu'ici,  on  pourra  aussi,  se- 
lon toute  vraisemblance,  le  consiaérer  comme  l'auteur  de  cette 
superbe  œuvre  d'art,  le  chapeau  de  cardinal  qui  surmontait  les 
armes  de  Philippe  de  Luxembourg  ne  permettant  pas  de  lixer  sa 
construction  à  une  date  antérieure  à  1497.  Voir  la  remarquable 
publication  faite  en  1876  par  M,  Hucher  sur  le  Jabé  du  Cardinal 
de  Luxembourg  (in-fol.  avec  8  planches  et  la  réduction  du  dessin 
d'architecture  reproduit  dans  cet  ouvrage  donnée  dans  le  dernier 
numéro  de  la  Revue  du  Maine  (1890,  tome  XXVII,  p.  189). 

2.  Voir  le  savant  article  sur  Simon  Hayeneufve  et  la  chapelle 
de  l'ancien  évéc/ié  du  Mans  publié  récemment  dans  le  journal 
Le  Nouvelliste  de  la  Sanhe,  par  M.  Henri  Chardon  (numéros  d«>s 
7  et  8  février  1890). 


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-  316  - 

Suivant  La  Croix  du  Maine,  il  possédait  «  dans  son  ca- 
binet »  de  nombreux  portraits  de  son  oncle  Simon  Haye- 
neufve.  —  (Michel),  frère  du  précédent,  1570,  maître 
juré  et  garde  du  métier,  1574.  —  (François),  le  jeune, 
reçu,  lo  25  octobre  1574  «  en  IVtat  orphèvrerie  »,  par 
les  jurés  de  la  communauté  après  chef-d'œuvre. 

Les  autres  maîtres  orfèvres  du  même  nom  cités  par 
M.  Port,  sont  sans  doute  les  descendants  de  ceux-ci. 

Le  jésuite  Julien  Hayneuve,  né  à  Laval  en  1588,  mort 
à  Paris  le  31  janvier  1663,  auteur  de  nombreux  ouvra- 
ges religieux  (V.  Hauréau,  Histoire  littéraire  du  Maine, 
T.  VI,  p.  97  à  102),  appartenait  sans  doute  à  la  même 
famille. 

E.  Queruav-Lamghie. 


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PR0GÈ8-\ERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  7  NOVEMBRE  1889, 


La  séance  est  ouverte  à  deux  heures. 

Sont  présenta  :  MM.  de  Fourcroy,  Président,  Coua- 
nier  de  Launay,  vice-président,  Cornée,  Perrol,  Garnier, 
Souchu-Servinière,  Richard,  P.  de  Farcy,  de  la  Broiac, 
de  Martonne,  Moreau,  membres  titulaires,  et  MM. 
D'Hauterive,  C"  de  Beauchesne,  Tirard,  Triger,  Sînoir, 
Raulin,  Chomereau,  Planté.  Le  Breton,  de  Montozon^ 
membres  correspondants. 

MM.  A,  Joûbert,  Trévédy,  Gadhin,  se  font  excuser. 

La  Commission,  appelée  à  voter  sur  l'admission  de 
M.  H.  Letourneurs  comme,  membre  correspondant, 
donne  un  avis  favorable. 

M.  Paul  de  Farcy  présente,  au  nom  de  son  frère, 
M.  Louis  de  Farcy,  un  magnifique  ouvrage  intitulé. 
Histoire  descriptive  des  tapisseries  de  ta  cathédrale 
d'Angers. 

M.  Gadbin,  membre  correspondant,  envoie  un  me- 


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-  318  - 

moire  intitulé  :  «  Epigraphie  populaire  sur  ardoises 
à  Château-Gontier  au  XVIII*  siècle. 

A  ce  propoB  M.  de  la  Broiae  signale  de  nombreux  ca- 
drans solaires  à  plaques  d'ardoise  portant  des  inscrip- 
tions, dont  un  notamment  à  La  Trappe,  près  de  Laval. 

M.  le  Président  annonce  qu'au  cours  de  l'année  1889 
M.  Tirard,  membre  correspondant,  à  Ernée,  et  M.  De- 
cré,  ont  entrepris  et  mené  à  bonne  fin  la  restauration  du 
magnifique  dolmen  de  la  Contrie.  Un  petit  crédit  avait 
été  alloué  à  cet  eiïet  sur  les  fonds  de  la  Commission.  La 
Commission  remercie  vivement  MM,  Tirard  et  Decré  et 
décide  qu'elle  demandera  au  Ministère  de  l'Instruction 
publique  deux  médailles  commémorativea  destinées  â 
leur  être  offertes. 

M.  Paul  de  Parcy  présente  un  album  des  dessins  qui 
illustreront  la  Sigillographie  des  seigneurs  de  Craon, 
dont  il  commencera  prochainement  la  publication  dans 
le  Bulletin,  en  collaboration  avec  M.  Bertrandde  Brous- 
sillon.  Dans  l'exécution  de  ces  dessins,  la  science  héral- 
dique de  leur  auteur  a  fort  heureusement  secondé  l'ha- 
bileté de  sa  plume. 

M.  Couanier  de  Launay,  sollicité  par  un  grand  nom- 
bre de  ses  collègues,  qui  ont  lu  avec  le  plus  vif  intérêt 
l'aveu  de  Laval  de  1444,  promet  de  faire  des  extraits  de 
celui  de  1452. 

M.  Raulin  signale,  au  Musée  de  Cluny,  une  statuette 
en  marbre  blanc  de  Jeanne  de  Laval,  portant  le  n"  434. 
Elle  provient  d'Aix  et  offre  un  bon  spécimen  de  l'art 
français  du  XV'  siècle.  La  reine  est  représentée  à  ge- 
noux, faisant  face  à  l'ange  de  l'Annonciation. 

Communication  est  donnée  du  programme  du  Congrès 
des  sociétés  savantes  en  1890. 


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-  319  - 

Un  membre  demande  que  des  mesures  soient  prises 
pour  assurer  la  conservation  du  fort  de  Rubicaîre.  La 
Commission  émet  le  vœu  que  M.  l'architecte  du  dépar- 
tement soit  appelé  à  émettre  de  visu  son  avis  sur  la 
question. 

M.  Cornée  donne  d'intéressants  détails  sur  Esprit- 
Aimé  Libour,  peintre,  né  à  Laval,  dont  il  avait  déjà  en- 
tretenu la  Commission  dans  sa  séance  du  24  janvier. 
M.  Cornée  promet  de  remettre  prochainement  â  son 
sujet  un  travail  complet. 

M.  Cornée  rappelle  également  que  la  cloche  de  Priz, 
datée  de  1557,  que  possède  la  fabrique  de  N.-D.  dos 
Cordeliers,  est  sur  le  point  d'être  fondue.  11  serait  re- 
grettable qu'un  objet  intéressant  par  son  antiquité  et  sa 
provenance,  fût  détruit  sans  qu'on  tentât  de  le  sauver. 
La  Commission  s'associe  au  désir  de  M.  Cornée  ;  mais 
comme  elle  n'a  pas  qualité  pour  agir  par  elle-même,  elle 
décide  de  saisir  de  la  question  M.  Œhlert,  Conservateur 
du  Musée  de  Laval,  assurée  qu'il  fera  pour  le  mieux, 
dans  la  mesure  des  moyens  dont  il  dispose  '. 

il.  le  C"  de  Beauchesne  offre  à  la  Commission,  de  la 
part  de  son  père  M.  le  marquis  de  Beauchesne,  une  ma- 
gnifique photographie  du  château  de  Lassay.  M.  de 
Beauchesne  dépose  également  un  mémoire  sur  l'histoire 
de  ce  château,  dans  lequel  on  trouve  des  vues  d'ensem- 
ble fort  intéressantes  et  des  documents  complètement 
inédits  3. 

M.  de  la  Broise  présente  le  dessin  d'une  sorte  de 
médaille   de  cuivre,  pourvue  d'une  queue  percée  d'un 

1.  On  a  vu,  paee  190  du  présent  tome  II,  que  la  cloche  a  été  en 
effet  acquise,  en  aécembre  1889,  par  le  Musée  de  Laval. 

2.  Publié  tome  11,  page  110. 


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-  320  - 

trou  de  suspension.  Elle  fut  trouvée  dans  la  Mayenne 
en  1863,  au  pied  du  chAteau,  en  même  temps  que  l'ar- 
mure et  un  grand  nombre  d'autres  objets. 

Elle  semble  remonter,  d'aprèa  la  forme  des  caractères 
qu'elle  porte,  à  la  fin  du  XIV"  ou  au  commencement  du 
XV*  siècle.  M.  de  ta  Broise  promet  d'envoyer  à  la  Com- 
mission cet  objet  qui  lui  appartient  mais  qui  n'est  pas 
en  ce  moment  à  sa  disposition. 

M.  L.  Garnier  signale  des  affouillements  qui  se  sont 
produits  soua  les  deux  piies  du  Vieux-Pont  de  Laval  et 
qui,  d'après  lui,  pourraient  plus  ou  moins  prochaine- 
ment, compromettre  sa  solidité. 

M.  J.  Raulin  donne  lecture  d'un  document  concernant 
l'abbaye  de  Foniaine-Danie]  (Cette  pièce  sera  publiée). 

L'ordre  du  jour  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  ù 
i|uatre  heures. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Les  Faux-monnoyeurs  dans  le  Bas-Maine,  par  le 

r"  de  Marsy,  \  broch.  in-8°,  M  pages  exlraile  de  la  Bévue 
Belge  de  numismatique,  Bruxelles,  F.  Gobbaerls,  1890. 

Cette  brochure  est  une  excellente  analyse  des  articles 
publiés,  dans  le  tome  1  (â"  série)  du  Bulletin  Historique  de 
la  Mayenne,  par  M.  d'Hauterive  et  M.  l'abbé  Angot,  tant 
sur  les  fausses  monnaies  brabançonnes  que  sur  leur  intro- 
duction dans  le  Bas-Maine  et  des  recherches  de  M.  d'Hau- 
terive sur  divers  coins  de  faux-monnoyeurs. 

Après  avoir  résumé  et  apprécié  avec  éloges  les  travaux 
précités,  M.  le  C  de  Marsy  conclut  ainsi  :  ■  Nous  avooM 
pensé  que  ces  retiselgneniants,  publiés  dans  un  recueil 
provincial  peu  tu  des  numismates,  surtout  à  l'étranger, 
pourrait  offrir  quelque  intérêt  pour  nos  confrères,  et  c'est 
dans  ce  but  que  nous  en  présentons  l'analyse.  > 


Ubb  victÎBie  de  la  Révolution  :  M.  Euau  de  la  Ber- 
nardrie,  curé  de  Saint-Clément  de  Craon,  par  M.  E. 

Queruau-Lamerie,  une  brdch.  in-S",  extraite  de  la  Revue  de 
r Anjou  ;  Angers,  Germain  et  Grassin,  1890. 

Né  vers  1745  dans  la  paroisse  de  Menil,  près  Saint-Plo- 
renl-!e-Vieil,  en  Aiyou,  M.  Huau  de  la  Bemardrie  fut  or- 
donné prêtre  vers  1767.  Après  avoir  été  aumônier  de  l'Hôpi- 
tal des  Renfermés  de  la  ville  d'Angers,  puis  curé  de  Notre- 
Dame  d'Alenoon,  il  devint,  le  27  décembre  1782,  curé  de 
Saint-Clément  de  Craon.  Les  pauvres  étaient  nombreux 
dans  cette  paroisse  et  M.  de  la  Bemardrie  s'y  fit  remarquer 
parla  générosité  de  ses  aumônes.  —  En  17iM  il  refusa  le 
serment  exigé  des  ecclésiastiques  par  la  constitution  civile 
du  clergé  ;  contraint  de  quitter  Craon,  il  alla  habiter  Angers, 


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-  322  - 

au  faubourg  Bressigny,  tandis  que  son  vicaire,  H.  Bou- 
cliard,  se  relirait  aussi  a  Angers  dans  sa  famille.  M.  de  la 
Bernardrie  semble  avoir  échappé  à  l'aprestation  des  prêtres 
internés  à  Angers  qu'opérèrent  le  17  juin  179â  les  gardes 
nationaux  de  la  ville  ;  son  nom  en  effet  ne  se  trouve  point 
parmi  ceux  des  prisonniers  enfermés  auxdeus  séminaires 
de  la  rue  Courte.  11  semblerait  qu'à  celte  époque  il  était  ca- 
ché dans  son  pays  natal,  en  proie  aux  infirmités  et  k  la  ma- 
ladie. Obhgé,  dans  l'intérêt  ae  sa  sûreté,  de  suivre  l'armée 
vendéenne,  il  fut  arrêté,  le  l""  janvier  1794,  sur  le  territoire 
de  Maumusson,  par  des  gardes  nationaux  qui  l'amenèrent 
devant  le  comité  révolutionnaire  d'Ancenis.  Celui-ci,  après 
un  premier  interrogatoire,  le  fil  transférer  à  Angers  (7jan- 
vier  n94j  où  il  fut  enfermé  à  la  Citadelle.  Le  7  pluviôse  il 
comparut  devant  la  commission  militaire,  dite  commission 
Félix,  qui  le  condamna  à  mort-  Son  exécution  eut  lieu  le 
jour  même  à  quatre  heures  de  relevée  sur  la  place  du  Ral- 
liement ;  il  montra  un  très  grand  courage,  malgré  ses  in- 
firmités qui  obligèrent  aie  porter  jusqu'à  l'échaftiud. 

Tels  sont,  brièvement  résumés,  les  faits  qu'expose  dans 
sa  brochure  M.  E.  Queruau-Lamerie,  €  Ce  n'est  pas,  dit- 
il,  que  M.  Huau  de  la  Bernardrie  ait  eu  une  vie  plus  sainte 
ou  une  mort  plus  dramatique  que  beaucoup  de  ses  collè- 
gues... mais  il  nous  a  été  donné  de  recueillir  sur  sa  personne 
un  certain  nombre  de  renseignements  inédits,  nous  per- 
mettant de  raconter  avec  quelques  détails  l'existence  de 
cet  honorable  ecclésiastique...  »  Nous  ajouterons,  n'en  dé- 
plaise à  la  modestie  de  l'auteur,  qu'il  y  a  toujours  un  cer- 
tain mérite  à  recueillir  les  divers  traits  d'une  biographie, 
sans  qu'aucun  demeure  dans  l'obscurité,  et  à  les  reunir 
avec  une  précision,  une  sûreté,  une  impartialité  que  nous 
devons  toiyours  estimer  chez  M.  Queruau-Lamerie  bien 
qu'il  nous  y  ait  habitués  depuis  longtemps. 


Symon  Hayeneutve  et  la  cbapsiie  de  l'ancien  évécbé 

iu  Mans,  par  M.  Henri  ~'      "     " 

des  7  et  8  février  1S90. 


du  Mans,  par  M.  Henri  Chardon  ;  Nouvelliste  de  la  Sarthe 
•      '      Sfevr"      '■"" 


Voici  encore  un  de  ces  intéressants  articles  dont  H.  H. 
Chardon  possède  le  spcret.  Il  est  consacré  à  Symon  Haye- 
neufve,  un  architecte  angevin  par  son  origine,  manceau 
par  sa  pairie  d'adoption,  un  précurseur  de  la  Renaissance 
dont  la  biographie  est  très  peu  connue. 

Symon  Uayeneufve  naquit  à  Chàleau-Gontier  en  1450. 
Il  mourut  au  Mans  en  1546.  Les  témoignages  de  Jean  Pèle- 
grin,  dit  le  Viateur,  de  Geoffroy  "rory,  Tes  notices  de  La 


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Croix  du  Maine,  de  Bouguereau,  de  Btondeau,  de  Mauny, 
de  Renouard,  de  U.  de  Honiaiglon,  ne  nous  apprennent 
que  peu  de  chose  sur  aon  compte.  (Voir  ci-dessus,  p.  314). 

II  voyagea  pendant  sa  jeunesse  en  Italie,  dans  le  but  d'y 
étudier  le  droit,  et  son  tempérament  artistique  y  fut  vive- 
ment impressionné  par  l'architecture  italienne.  Docteur  en 
décrets  et  en  droit  canonique,  il  fut  nommé  curé  de  Sainl- 
Paler  et  entra  plus  lard  a  l'abbaye  de  Saint-Vincent  du 
Mans  où  il  mourut.  C'est  en  1500  qu'il  se  fixa  au  Mans,  où 
il  remplit  les  fonctions  de  notaire  apostolique. 

Symon  Haveneufve  parait  avoir  joui,  de  son  temps,  d'une 
grande  célébrité  comme  architecte  et  comme  dessina- 
teur. Soit  qu'il  traçât  lui-même  les  plans,  soit  qu'il  inter- 
vint seulement  à  titre  de  conseil,  il  passait  >  pour  mériter  la 
Salme,  en  fait  d'architecture  antique,  par  dessus  tous  ceux 
e  deçà  les  monts.  »  La  châsse  de  Saint-Vincent,  celles 
de  Saint-Pierre-la-Cour  et  de  l'abbaye  d'Evron,  le  célèbre 
jubé  du  cardinal  de  Luxembourg,  furent  exécutés  d'après 
ses  dessins  ou  sous  son  influence.  Mais  son  œuvre  maî- 
tresse, celle  qui  porta  surtout  le  caractère  de  son  esprit, 
fut  celle  chapelle  à  coupole  de  l'ancien  évéché  du  Mans,  si 
malheureusement  détruite  en  1797,  qui  prouve  que,  le  pre- 
mier, il  imita  le  style  italien  dans  la  construction  d'une 
église  française. 

En  terminant  son  article,  M.  H.  Chardon  semble  nous 
annoncer  de  nouvelles  recherches  sur  les  autres  œuvres  de 
Symon  Hayeneufve  qui  peuvent  encore  exister  aujour- 
d  hui.  Nous  souhaitons  vivement  que  cette  promesse  soit 
promptemeni  réalisée. 

E.  M. 


Henri  de  La  BocbejaqueleiD  et  la  Guerre  de  la  Ven- 
dée ;  Paris,  Champion,  et  Niort,  Clouzot,  i  volume  in-16 
soleil. 

Ce  livre  est  l'œuvre  d'un  auteur  anonyme.  Nous  regi-et- 
tons  vivement  de  ne  pouvoir  citer  son  nom,  qu'un  excès  de 
modestie  l'a  engagé  à  tenir  caché.  Allié  de  la  famille  de  La 
Rocfaejaguelein,  l'auteur  a  eu  communication  des  précieu- 
ses archives  du  château  de  Clisson.  Il  y  a  recueilli  de  nom- 
breux documents  inédits,  lettres-missives  ou  souvenirs 
de  famille,  mémoires  manuscrits,  etc.,  qu'il  a  su  mettre 
en  œuvre  avec  talent  et  qui  donnent  à  son  livre,  en  plus  de 
l'intérêt  historique,  celui  de  la  nouveauté,  tfenrt  de /a  Ro- 
ch^'aqueleinetlaguerredela  Vendre  constitue  en  effet  une 


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-  ni  - 

œuvre  élégamment  écrite  el  d'une  valeur  incontestable.  La 
vie  du  héros  vendéen,  né  au  château  de  la  Durbellière,  le 
30  août  1772,  tué  au  combat  de  Nuaillé,  près  Cholel,  le  28 
janvier  1794,  à  vingt  el  un  ans,  après  avoir  commandé  en 
chefl'armée  vendéenne  dans  sa  campagne  d'Outre-Loire, 
restait  encore  à  écrire.  Elle  ne  pouvait  élre  racontée  par  un 
historien  plus  soucieux  de  la  vérité. 

Les  lecteurs  de  la  Mayenne  trouveront  dans  ce  hvre  un 
récit  de  la  triple  invasion  de  ce  département  par  les  Ven- 
déens. L'on  y  pourrait  peut-élre  relever  quelles  légères 
inexactitudes,  lorsque  notamment,  d'après  CretineauJoly, 
l'auteur  évalue  à  15,000  hommes  le  nombre  des  républi- 
cains qui  tentèrent  de  s'opposer,  le  23  octobre  1793,  a  l'en- 
trée des  Vendéens  à  Laval,  alors  que  les  pièces  du  temps, 
et  M.  de  Beauchamp  lui-même,  portent  le  nombre  des  com- 
battants à  5  à  6  mille  seulement.  Mais  des  erreurs  aussi 
légères  ne  sauraient  nuire  à  la  valeur  d'une  œuvre  de  cette 
importance  et  les  documents  inédits,  publiés  en  appendice, 
en  rehaussent  l'intérêt, 

.\joùtons  que  ce  livre,  édile  avec  luxe,  esl  omé  d'un  por- 
trait de  Henri  de  la  Rochejaquelein,  d'un /flc-smj7e  d'auto- 
graphe.el  d'une  eau-forle  de  M .  de  Rochebrune représentant 
la  chapelle  funéraire  des  La  Itochejaqueleîn  à  Saint-Aubin  de 
Baubigné. 

E.  Q,-L. 


Une  iamille  de  Grands  Prévôts  d'Anjou  aux  XVII' 
et  XVIII'  siècles  :  Les  Constantin,  seigneurs  de  Va- 
rennes  et  de  la  Lorie,  d'après  les  archives  inédites  du 
château  de  la  Lorie,  par  M.  André  Joûberl  ;  1  vol.  in-8"  de 
sii-366  pages,  orné  ae  24  héliogravures  ;  Angers.  Germain 
et  Grassin  et  Paris,  Emile  Lechevalier,  1890. 

>  La  famille  Constantin  a  possédé,  pendant  près  d'un 
siècle  et  demi,  la  terre  de  la  Lorie,  située  dans  la  commune 
de  La  Chapelle-sur-Oudon,  prés  Segré,  et  pendant  cinquante 
ans  seulement  le  château  de  Varennes,  qui  se  dresse  sur  le 
territoire  de  la  commune  de  Savennières.  Ses  membres  ont 
été,  sous  les  règnes  de  Louis  XIV  el  de  Louis  XV,  pi-évôls 
généraux  et  provinciaux  d'Anjou.  Ils  ont  toujours  rempli 
avec  honneur  et  distinction  ces  importantes  fonctions.  Les 
rois  de  France  leur  ont  témoigné,  plusieurs  fois,  leur  satis- 
faction, et  ont  su  apprécier  les  loyaux  services  de  ces  fidè- 
les ofSciers,  > 

«  Au  milieu  du  XVIII'  siècle,  la  Lorie  était  habitée  par 


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—  355  — 

Charles-François-Camille  Constantin,  second  tils  de  Gabriel- 
Félix  Constantin  et  de  Louise  Charlotte-Sophie  Boylesve  de 
Soucelies,  qui  avait  épousé  EUsabeth  Lefebvre,  Ce  seigneur 
restaura  le  château,  la  chapelle  et  les  dépendances.  La 
Lorie  était  devenue  le  rendez-vous  favori  de  l'élite  de  la 
noblesse  angevine.  >  Charles-François-Camille  Constantin 
mourut  le  10  avril  1791.  Son  fils,"  Charies-Auguste  était 
décédé  avant  lui,  en  1768,  et  sa  fille  Gabrielle-Marie-EUsa- 
beth  avait  épousé  en  178i  le  C"  de  Marmier,  colonel  des 
dragons  de  Lorraine,  qui  mourut  après  un  an  de  mariage, 
sans  laisser  d'enfant  mâle.  Une  cousine  de  Charies-Fran- 
çois-Camille  Constantin,  Julie- Victoire,  lîlle  de  son  oncle 
Jules  Constantin,  Grand-Prévùt  d'Aiyou  en  1729,  avait 
épousé,  en  17S7  Georges-Gaspard  de  Contades,  colonel  du 
régiment  de  Berry-Infenlerie. 

■  Pendant  la  Révolution,  en  décembre  1793,  la  Lorie  fut 
saccagée  et  on  incendia  ses  dépendances  ;  puis  les  deux 
partis  occupèrent  tour  à  tour  l'habitation  et  la  dévastè- 
rent. » 

■  Les  fonctions  dont  les  Constantin  furent  investis 
étaient  très  importantes.  Les  sentences  prononcées  par  le 
Grand-Prévôt  étaient  rendues  en  dernier  ressort  et  sans 
appel-  11  avait  sous  ses  ordres  la  maréchaussée.  Nous 
voyons  les  Constantin  successivement  chargés  de  faire 
exécuter  les  décisions  prises  par  les  maréchaux  de  France  ; 
de  réprimander  les  officiers  désobéissants  ;  de  réprimer  les 
fautes  des  soldats  indisciphnés  ;  d'informer  contre  les  mu- 
tins qui  cherchaient  à  entraver  la  hberté  du  commerce  ;  de 
communiquer  aux  maîtres  de  poste  les  ordres  de  Louvois  ; 
d'aiTéter  les  faux-sauniers,  les  faux-monnayeurs,  les  dé- 
serteurs, les  vagabonds  ;  de  sévir  contre  les  perturbateurs 
de  la  paix  publique  ;  de  rechercher  les  causes  des  évasions 
des  détenus  et  de  s'occuper  de  leur  poursuite  ;  de  s'empa- 
rer des  prolestants  nouvellement  convertis  accusés  de  con- 
traventions aux  édils  du  Roi,  etc Comme  on  le  cons- 
tate par  la  lecture  de  l'énumération  qui  précède,  l'histoire 
des  (Constantin  fut  étroitement  liée  à  celle  des  habitants  de 
l'Anjou  pendant  cent  cinquante  ans.  Le  récit  de  leur  vie 
et  l'exposé  des  nombreuses  aflfaires  dont  ils  ont  eu  la  di- 
rection présentent  donc  une  peinture  très  complète  des 
mœurs  des  Angevins  sous  les  règnes  de  Louis  \1V  et  de 
Louis  XV.  » 

Le  plan  de  l'auteur  se  trouvait  dès  lors  tout  indiqué  :  sui- 
vre la  famille  Constantin  dans  ses  divers  membres,  et  ra- 
conter les  événements  auxquels  ils  furent  mêlés  à  l'occa- 
sion des  charges  qu'ils  occupèrent.  M.  Joûbert,  disons-le 
de  suite,  s'est  acquitté  de  sa  tâche  avec  un  incontestable 


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succès  et  il  a  produit  un  livre  que  tout  le  monde  lira  avec 
l'intérêt  le  plus  vif.  Les  traits  nombreux  et  très  colorés  de 
la  vie  angevine  aux  XVII*  et  XVJII*  siècles  qu'il  lui  a  été 
donné  de  recueillir  forment  un  vaste  tableau  d'ensemble 
dans  lequel  noua  trouvons  cette  histoire  administrative, 
privée  et  anecdotique,  que  nous  accueillons  ai^ourd'hui 
avec  tant  de  faveur  parce  qu'elle  nous  touche  souvent 
beaucoup  plus  que  l'histoire  généalogique  et  pohtique. 

La  mise  en  œuvre  des  documents  nombreux  que  H.  ^- 
dré  Joubert  a  consultés  pour  composer  le  beau  volume 
qu'il  livre  aujourd'hui  à  la  publicité  suppose  un  travail  con- 
sidérable :  Non  seulement  les  archives  de  La  Lorie  mais  les 
nombreuses  pièces  que  renferme  son  propre  cabinet,  les 
collections  de  la  Bibliothèque  et  des  Archives  nationales 
ont  été  mises  par  lui  à  contritiution.  Les  notes  sont  très 
nombreuses  ;  on  appréciera  certainement  à  leur  juste  va- 
leur leur  exactitude  et  l'érudition  qu'elles  révëlenl. 

Nous  ne  suivrons  pas  H.  A.  Joûbert,  même  par  une  sim- 
ple analyse,  dans  tes  divers  épisodes  de  son  récit.  Nous 
voulons  laisser  au  lecteur  le  plaisir  de  les  découvrir  lui- 
même.  Signalons  cependant  :  Au  premier  chapitre,  un  très 
joli  tableau  de  la  vie  déréglée  de  René  Le  Peletier  delà  Pilar- 
dière,  seigneur  de  la  Lorie,  originaire  de  Saint-Denis-d  An- 
jou :  ce  gentilhomme  avait  contracté  huit  milions  de  dettes; 
sa  fille  Anne  avait  épousé  (iG&i)  Gabriel  Constantin,  sei- 
gneur de  Varennes,  qui  racheta  en  1661  la  terre  de  la  Lo- 
rie, vendue  par  autorité  de  justice  ;  —  des  contestations  et 
querelles  entre  gentilshommes  ;  —  des  actes  d'insubordi- 
nation commis  par  le  a'  Hontolin,  sous-lieutenant  au  régi- 
ment  de  Navarre  ;  —  de  curieux  détails  sur  le  service  de  la 
poste  en  1678  ;  —  le  cas  du  laquais  de  M.  de  l'Aubrièrea 
accusé  d'avoir  •  rompu  les  bans  du  roi  et  les  armes  de 
S.  M.  »  dans  l'église  d'Andard  ;  —  des  inventaires  de  mo- 
bilier ;  —  le  transfert  de  la  nommée  Chevalier  «  des  prisons 
d'Angers  à  Paris,  chez  madame  de  Miramon  ;  —  L'évasion 
du  château  d'Angers  de  des  Chaufours  et  Beaulieu  ;  —  l'al- 
tercation qui  survint  entre  M.  de  Narcé  et  son  hûte  Fran- 
çois Amys;  —  l'arrestation  de  La  Roche  et  de  Samuel 
Pélisson,  sieur  de  Montigny,  en  Quelaines,  pour  faits  de 
rehgion  ;  —  un  enregistrement  de  lettre  de  provision 
d'Henri-François  de  Racappé,  seigneur  de  Hagnannes  ;  — 
une  collision,  a  Angers,  entre  des  soldats  du  régiment  de 
Boulay  et  des  habitants  et  étudiants,  etc. 

A  la  fin  du  volume,  deuz  cents  pages  environ  contiennent 
des  pièces  justificatives.  Parmi  ces  dernières  les  plus  im- 
portantes nous  ont  paru  être  les  inventaires  dressés  en 
1683,  1684  et  1700,  au  château  de  U  Lorie  et  à  Angers  ; 


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l'inteppogatoire  de  La  Roche  et  de  Monligny  (1689),  et  le 
procès-verbal  des  dommages  causés  à  La  Lorie  par  le  pas- 
sage des  armées  républicaine  et  vendéenne  (ans  V-VIII). 

Ajoutons  que  les  iUustrations,  particulièrement  soignées, 
comprennent  24  planches  tirées  en  héliogravure  par  le  pro- 
cède Dujardin  et  représentant  l'ensemble  ou  les  détails  des 
châteaux  de  Varennes  et  de  la  Lorie,  l'église  de  la  Chapelle- 
sur-Oudon,  le  château  de  la  Gommeraie  et  une  vue  géné- 
rale de  Segré. 

Nous  aurons  ainsi  donné  une  faible  idée  de  ce  livre  qu'il 
faut  lire  en  entier  et  examiner  longuement  pour  apprécier 
toute  sa  valeur  historique  el  l'intérêt  puissant  qu'il  offre, 
aussi  bien  au  simple  curieux  t^u'à  l'érudiL  C'est  un  nou- 
veau tome  ajouté  à  une  série  déjà  considérable  :  Etude  sut- 
la  vie  privée  en  Anjou  au  XV°  siècle,  La  vie  agricole  dans 
te  Haut-Maine  au  XI V  siècle.  Etudes  sur  les  misère»  de 
l'Anjou  aux  XV  et  XVi'  siècles,  et  plusieurs  auti*es  ouvra- 

fes  de  moins  longue  haleine,  qui  ont  tant  contribué  à  ét»- 
lir  la  réputation  de  leur  auteur. 


Documenta  inédits  pour  servir  à  l'histoire  de  la  Ré- 
volution dans  la  Loire-IntSrieure,  par  M.  André  Joil- 
bert,  i  broch.  in-8°.  Vannes.  Lafolye,  1890. 

Cette  brochure  comprend  deux  pièces  :  1"  Lettre  du  Di- 
rectoire de  la  Loire- Inférieure  au  ministre  de  rintériéiir  sur 
la  situation  critique  du  déparlement  (juin  il9i)  ;  —  2°  let- 
tre du  citoyen  Haumont,  fils,  au  citoyen  ministre,  relative 
aux  prêtres  non  assermentés.  (7  germinal  an  V). 

La  première  donne  de  curieux  détails  sur  ceriains  événe- 
ments qui  ae  sont  nasses  dans  la  Loire-lnférieureet  la  dispo- 
sition d  esprit  des  nabitants  ;  elle  déclare  que  les  difScuUés 
actuelles  doivent  être  attribuées  d'abord  aux  opinions  reli- 
gieuses du  pays,  ensuite  à  l'assiette  des  nouvelles  contri- 
butions. 

La  seconde  propose  de  persuader  aux  paysans  que  le 
clergé  assermenté  vit  en  parfaite  intelliçence  avec  le  Pape 
el  dinviter  le  clergé  réfractaire  lui-même  à  propager  ce 
bruit  ;  son  auteur  fait  ressortir  tous  les  avantages  inhé- 
rents à  celle  combinaison,  dont  le  succès  ne  semble  pas, 
d'aiQeunr,  lui  inspirer  le  moindre  doute. 

E.  H. 


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Journal  de  Noël  Janvier,  1709-1716,  publié  par  .V.  J. 
Planté  dans  Le  Loir-et-Cher  Historique,  scienli/lçue,  etc.. 
public,  mensuelle. 

Le  journal  de  Noël  Janvier  rappelle  celui  de  notre  Guitet 
delà  HouUerie.  I^s  deux  chroniqueurs  racontent  les  évé- 
nements dont  ils  ont  été  témoins  ;  tous  deux  noient  avec 
un  visible  intérêt  ce  qui  se  rapporte  à  la  température,  aux 
saisons,  aux  cours  des  récoltes. 

Nous  ne  parlerons  pas  davantage  de  cette  publication, 
dont  le  commencement  seul  a  paru.  Nous  voulions  seule- 
ment la  signalera  cause  du  nom  qui  s'y  attache,  celui  de 
notre  excellent  collègue,  M.  (.  Planté. 

E.  M. 


La  Broderie  du  XI'  siècle  jusqu'à  noB  fours,  par  M. 

Loui»  de  Farcy,  \  vol.  orné  de  80  planches  en  phototypie, 
Angers,  imprimerie  Burdin,  1890. 

La  broderie,  véritable  peinture  à  l'aiguille,  était  autrefois 
une  des  branches  les  plus  importantes  de  l'art  industriel. 
Pourtant,  si  Ton  a  publié  de  superbes  ouvrages  sur  les 
y/sSMS,  la  Tapisserie  ou  la  Dentelle,  la  brodene,  surtout 
celle  de  soie,  d'or  et  d'argent,  a  été  peu  étudiée  jusqu'ici  en 
France.  A  pari  le  livre,  malheureusement  trop  sommaire, 
de  M.  Lef^ure,  à  peine  occupe-t-elle  un  chapitre  dans  les 
comptes- rend  us  des  expositions  rétrospectives  ou  dans  les 
traités  sur  le  Mobilier.  Elle  mérite  davantage. 

H.  Louis  de  Farcy  essaie  donc,  parla  reproduction  de  types 
anciens,  rapproclies  des  textes  du  même  temps,  de  mieux 
faire  connaître  et  par  suite  apprécier  l'art  de  la  Broderie, 
d'en  expliquer  la  technique,  de  préciser  les  motifs  de  déco- 
ration préférés  à  chaque  époque.  Enfin,  il  signale  les  noms 
des  plus  habiles  brodeurs  dans  le  passé  ainsi  que  les  villes 
renommées  pour  ce  genre  de  travail. 

Aux  XI"  et  XII*  siècles,  les  brodeurs  s'inspirent  visible- 
ment de  l'ornementation  des  manuscrits  :  leurs  personnages 
ont  quelque  chose  de  grave,  d'archaïque  et  de  raide.  Ils  co- 
pient volontiers  les  rinceaux  et  les  fleurs  conventionnelles 
des  bibles  oudes  émaux.  Quantité  de  brodeurs  byzantins  et 
sarrasins  habitaient  l'Espagne  ou  la  Sicile  :  aux  emblèmes 
chrétiens  ils  mêlent  le  croissant  de  Mahomet  el  les  inscrip- 
tions grecques  ou  arabes. 

Dans  le  cours  du  Xlll"  siècle,  les  Histoires,  enfermées 
dans  des  compartiments  rectangulaires,  circulaires  ou  qua- 
drilobés,  à  l'instar  des  verrières,  se  compliquent.  Le  dessin 


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se  perfectionne.  Quelle  noblesse  dans  la  pose  de  certains 
personnages  !  on  sent  vraiment  là,  comme  partout  ailleurs, 

Îue  le  XIII"  siècle  est  bien  celui  du  moyen-âge  où  l'art 
ans  toutes  ses  branches  arrive  à  son  apogée. 

Le  XIV"  siècle  nous  montre  encore  des  merveilles  :  c'est 
qu'alors  la  France  était  le  grand  centre  industriel,  où  se  ren- 
contraient, par  suite  des  progrès  de  la  navigation  et  des  au- 
tres voies  de  communication,  les  riches  broderies  de  Lon- 
dres, de  Florence,  de  Païenne,  de  Bruges  et  de  Bruselles. 
Pendant  qu'on  importe  chez  nous  de  tous  pays  orfroi%  et 
chambres  de  broderie,  Paris,  Lyon,  Rouen,  Tours  et  vingt 
autres  villes  soutiennent  noblement  la  concurrence  de  l'é- 
tranger. 

Même  faveur  pour  la  Broderie  au  XV»  siècle.  Bient&t  ce- 
pendant, les  velours  brochés  d'or  se  substituent  aux  fonds 
entièrement  brodés  à  l'aiguille:  ceux-ci  "se  font  rares.  On 
est  pressé  de  jouir  :  il  faut  abréger  la  besogne.  Les  progrès 
du  tissage  secondent  cette  tendance.  Les  anciens  points  si 
solides  (le  fendu  pour  la  soie  et  le  retiré  pour  !  or)  sont 
abandonnés  Le  point  droit,  de  botiture,  ou  satiné  pour 
les  figures  et  la  couchure  pour  t'or  et  l'argent  leur  sont 
préférés  On  multiplie  les  nuances,  au  détnment  de  l'effet 
décoratif,  on  cherche  à  modeler  les  personnages.  Les  bro- 
derie» esleuées  ou  en  reWe/" commencent  à  être  fort  prisées... 
l'art  décline,  il  n'est  plus  dans  le  vrai  :  Texagération  et  la 
mièvrerie  dans  les  détails  succèdent  à  la  simplicité  et  à  la 
grandeur  des  figures  et  des  draperies  des  siècles  précé- 
dents. Kncore  un  peu  et  l'industrie,  le  métier  vont  lutter 
avec  lui.  Comment  expliquer  autrement  la  présence  de  ces 
croix  de  chasubles  identiques,  dont  furent  garnies  simulta- 
nément tant  de  sacristies  d'Angleterre,  de  Belgique,  d'Alle- 
magne, et  de  France  ?  Partout  le  même  Christ  sur  la  croix, 
les  mêmes  angelots  et  autres  personnages  mal  dessinés  et 
grossièrement  exécutés. 

La  Renaistance  rajeunît  la  broderie,  grâce  à  de  nouveaux 
éléments  de  décoration  et  aussi  à  ce  merveilleux  or  nué, 
encore  peu  connu  jusque-là.  Les  relations  fréquentes  de 
notre  pays  avec  l'ItaUe,  la  Flandre  et  l'Espagne  mettent 
bien  vite  à  la  mode  l'application  ou  tailleure  de  soie,  de 
velours  et  d'or,  procède  relativement  économique  et  d'une 
exécution  rapide,  qui  favorise  les  artistes  dans  leurs  con- 
ceptions nouvelles. 

Les  fleurs,  cultivées  spécialement  pour  servir  de  modèles 
aux  brodeurs  dans  les  jardins  du  roi  et  des  grands  sei- 
gneurs, au  commencement  du  XVII<  siècle,  sont  accueillies 
avec  enthousiasme.  On  ne  voit  plus  qu'anémones,  tulipes, 
<eillets,  roses  et  pivoines.  L'or  nvé  est  toujours  fort  esti- 


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xaé,  mais  on  l'épargne  :  il  est  réservé  pour  les  parties  les 

§lu8  soignées.  Le  goùl  public  se  tourne  bienlét  du  cdlé 
e  la  broderie  d'architecture,  dont  tes  motifs  en  reliefs  d'or 
et  d'argent  semblent  copiés  sur  la  sculpture  des  boiseries 
du  temps.  La  broderie  en  ronde  bosse,  obtenue  a  grand 
renfort  de  cordes,  de  feutre  et  de  carton,  surcharge  inutile- 
ment les  vêtements  civils  et  religieux. 

Le  XVIII*  siècle  suit  les  mêmes  errements  pendant  une 
cinquantaine  d'années  avec  une  variété  dans  les  dessins  : 
nous  voici  en  plein  rococo.  La  Broderie,  qu'on  prodigue  sur 
les  robes  de  cour  et  les  livrées,  abandonne  le  sanctuaire  et 
cède  le  pas  aux  riches  brocarts  et  draps  d'or,  semés  de 
fleurs  au  naturel  en  soie  et  en  chenille,  d'arches  d'alliance, 
de  corbeilles  de  fruits,  etc..  tissésà  Lyon  et  à  Paris.  Par 
ailleurs,  les  relations  fréquentes  avec  l'Extrême-Orient 
achèvent  en  France  la  ruine  de  la  Broderie.  Non  seulement 
on  importait  à  bon  marché  de  la  Chine  et  des  Indes  d'énor- 
mes quantités  de  broderies,  mais  on  y  expédiait  des  babils 
tout  taillés,  qui,  au  bout  de  quelques  mois,  revenaient  de 
ces  pays  lointains  sur  les  navires  des  armateurs,  brodés 
merveilleusement  et  à  vil  prix.  Aussi  le  nombre  des  bro^ 
deurs  diminuait-il  en  France. 

La  destruction  du  trésor  des  églises  en  1791  fut  si  mé- 
thodiquement conduite  que  presque  toutes  tes  broderies, 
échappées  Jusque-là  au  pillage  et  au  vandalisme,  fuirent 
brûlées.  La  gène  générale,  qui  régnait  dans  toutes  les  fa- 
milles après  Ta  Révolution,  les  guerres  de  l'Empire,  les  ter- 
ribles épreuves  du  clergé,  l'interruption  pendant  vingt  ans 
des  apprentissages  et  l'abolition  des  corps  de  métiers,  c'é- 
tait plus  qu'il  n  en  fallait  pour  retarder  la  résurrection  de 
cet  art  delà  Broderie,  jadis  si  florissant  dans  notre  beau 
pays. 

:  Vers  1835,  un  véritable  réveil  archéologique  se  produisit 
à  Paris.  Pendant  que  Pugin  ramenait  l'Angleterre  à  son 
architecture  nationale,  HM.  Vilet,  de  Montalembert,  Le 
Prévost,  Didron,  Lassus,  Viollet-le-Duc  et  le  Père  Martin  se 
passionnaient  pour  l'étude  des  monuments  historiques.  De 
nombreuses  sociétés  savantes  furent  créées  de  1830  à  1850. 

Le  résultat  de  ces  efforts  ne  se  ât  pas  attendre  :  dès  1855, 
MU.  Lemire  et  Hubert  Ménage  exposaient  des  ornements 
imités  de  ceux  du  XKI*  siècle.  Ces  belles  broderies  furent 
alors  toute  une  révélation  ;  elles  marquent  le  premier  pas 
fait  en  France  dans  cette  voie,  dans  laquelle  s'engagèrent 
avec  un  égal  succès  la  Belgique,  l'Allemagne,  l'AuCnche  et 
la  Suisse. 

Depuis  trente  ans,  la  Broderie  reprend  aussi  sa  place  lé- 
gitime dans  l'ameublement  civil.  Que  de  progrès  accomplis 


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d'année  en  année,  grâce  à  l'Union  centrale  des  Arls  déco* 
ratifs,  aux  musées  d'art  industriel,  aux  expositions  rétros- 
pectives non  moins  qu'aux  savantes  publications  de  t'Eoole 
des  Chartes,  de  MM.  Havard,  Racinet,  Lefébure  et  autres, 
qu'il  serait  trop  long  d'énumérer  ! 

Le  livre  de  M.  L.  de  Farcy  comprend  les  chapitres  sui- 
vants :  i.  Définition  de  la  Brodene  et  généralités.  —  i. 
Technique  de  la  Broderie.  —  3.  Différentes  sortes  de  Bro- 
derie. —  4.  Rôle  de  la  peinture  et  de  l'orfèverie  dans  la  Bro- 
derie. —  8.  Noms  et  travaux  de  quelques  brodeurs  célè- 
bres. —  6.  Caractères  de  l'omemenlation  et  motifs  dç 
décoration  prélérés  à  chaque  époque.  —  7.  Revue  des  expo- 
sitions rétrospectives  et  industrielles  en  ce  qui  concerne  là 
Broderie.  —  8.  Description  des  planches. 

Quant  aux  objets  reproduits,  la  plupart  sont  empruntés 
aux  muses  de  France  et  de  l'étranger,  à  des  collections  par- 
ticulières et  enfin  aux  trésors  des  églises.  On  trouvera,  dans 
les  80  planches,  de  véritables  chefs-d'œuvre  de  peinture  à 
t'aiguille,  appliquée  à  l'ameublement  civil  ou  religieux. 

Puisse  cet  ouvrage  aider  la  Broderie  à  reconquérir  dans 
nos  églises  et  dans  nos  demeures  la  place  d'honneur  qu'elle 
y  avait  autrefois,  et  surtout  exciter  l'émulation  des  bro- 
deurs contemporains  par  l'élude  des  cbefs-d'œuvre  de  leurs 
devanciers. 

0.  a. 


Nous  lisons  dans  la  Revue  du  Maine  : 

•  Le  fidèle  et  reconnaissant  souvenir  que  nous  avons 
voué  à  la  mémoire  de  notre  regretté  collègue  et  ami,  H.  V. 
Duchemin,  ancien  archiviste  des  départements  de  la 
Mayenne  et  de  la  Sarthe,  nous  oblige  à  rappeler  que,  dans 
la  séance  du  25  janvier  dernier,  M.  A.  Lefèvre-Pontalis, 
membre  de  l'Institut,  a  lu  à  l'Académie  des  sciences  mora- 
les, et  politiques  une  note  sur  l'ouvrage  :  Les  premiers  trou- 
ble» de  la  Révolution  dan^  la  Mayenne,  publié  en  1887  dans 
cette  Beuue.  » 

Le  /ottmal  des  Débals  dit  à  ce  si^jet  : 

I  Les  dépAts  d'archives  continuent  à  être  fouillés  par  des 

•  savants  qui  y  puisent  souvent  les  matériaux  de  bons 
<  livres  C'est  ainsi  que  M.  Victor  Duchemin  a  tiré  de  celles 

•  de  Laval  et  du  Mans,  dont  il  a  eu  la  direction,  une  étude 

•  approfondie  sur  l'histoire  du  Bas-Maine  à  l'époque  révo- 
«  lutlonnaire.  Cette  étude,  sur  laquelle  M,  Lefèvre-Pontalis 


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I  a  lu  amourd'hui  une  note,  porlo  .tur  l'élal  des  osprils  dan» 

I  les  dinérentes  régions  du  départemenl  de  la  Mayenne 

I  depuis  le  commencemenl  de  1789  jusqu'à  la  iin  d'aoùl 

'  1701.  Cet  ouvrage,  résultat  de  longues  et  patientes  re- 

I  cherches,  a  été  terminé  et  publié  par  M.  Robert  Trijrer.  » 


Le  Rapport  dernièrenieiil  présenté  au  conseil  général  de 
la  Mayenne,  par  l'arcliivlstc  du  département,  M.  de  Mar- 
tonne,  nous  appurle  des  renseignements  intéressants  sur 
la  situation  du  dépôt  confié  à  ses  soins.  La  série  B  s'est 
enrichie  de  nombreux  documents  recueillis  dans  les  archi- 
ves du  greffe  de  la  Justice  de  paii  d'Ambrières.  Dans  la 
série  D,  Tes  recherches  entreprises  ofSciellement  sur  l'état 
de  l'Instruction  pubUgue  dans  le  Bas-Maine  ont  amené  à 
reconnaître  •  qu'elle  était  plus  avancée  dans  ce  pays  que 
>  dans  un  grand  nombre  de  provinces  de  la  France,  et 
■  qu'on  trouvait  partout  des  collèges,  c'esl-è-dire  dej)etites 
1  fondations  scolaires,  mi-partie  civiles,  mi-partie  rell- 
»  gieuses.  •  La  série  É,  largement  accrue  en  1888  par  le 
versement  des  papiers  du  château  de  Bols-Thibault,  Va  été 
de  nouveau  en  1889  par  l'envoi  de  vingt-six  volutnes  in-foUo 
provenant  des  archives  de  Maine-et-Loire.  On  a  rédigé  un 
calaloçue,  en  536  articles,  delà  série  L,  si  précieuse  pour 
l'histotre  de  la  Révolution  dans  le  Maine,  et  on  a  remanié, 
suivant  l'ordre  exprès  de  l'administration  supérieure,  le 
classement  de  la  série  Q.  Enfin  on  a  terminé  les  inventaires 
des  archives  comumnales  de,  plusieurs  villes,  telles  que 
Château-Gonlier.  Mayenne  et  Évron. 

(Ibidem). 


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1  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  COMMISSION 


C*  DE  Marsy.    —  Les  Fauœ-Monnoyeurs  dans   le  Bas- 
Maine.  1  broch.  in-8",  Bruxelles,  F.  Gobbaerts  1890.    > 


La  liste  dea  ouvrages  offerts  à  la  Commission  sera 
insérée  à  cette  place,  sans  préjudice  da  compte~rendu 
gui  sera  tait  de  tout  ouvrage  intéressant  le  Maine  dont 
elle  aura  reçu  deux  exemplaires. 


Le  Secrétaire  Général,  f.  f.  de  Gérant  [Loi du  29  juillet  t88ï) . 

E.   MOREAU. 


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LE  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  BISTORIQOE  ET 
ARCHÉOLOGIQUE  DE  LA  MAYENNE  paraît  tous  lea 
trimestres  sous  forme  de  livraisons  comptant  environ 
Î28  pages. 

ti  donne  des  ^ramn»  et  iHoBtratioia  anssi  somient 
que  le  permettent  les  sujets  traités  et  lea  ressources  dont 
il  dispose. 

Lea  personnes  étrangères  à  la  Commission  peuvent  s'y 
abonner  comme  à  toute  publication  périodique. 

Le  prix  de  rabonnement  est  de  DIX  FBANCS  par  an. 

Les  engagements  pour  cotisations  ou  abonnements 
continuent  de  plein  droit  s'ils  ne  sont  pas  dénoncés 
avant  le  i"-  janvier. 


Il  reste  encore  quelques  exemplaires  des  tomes  III, 
IV  et  V  de  la  première  série,  qui  sont  en  vente  au  prix 
de  six  francs  le  volume. 


Le  tome  I  de  la  2"  série  est  en  vente  au  prix  de  12  francs. 


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BTLTLLETIlSr 


DE  Ul  COHUISSION 


DE   LA   MAYENNE 

ÊÉE  PA»   ARRÊTÉ    PRÉKECTOfiAL   l)V   17   JANVIER  187f 

DEUXIÈME  SÉBIE 

TOME    SECOND 

1890 


LAVAL 

IMPRIMERIE    DE    L     MORBAU 


„Googlc 


SOMMAIRE  : 

L'Instruclion  publique  à  Laval  avant  le  XIX*  siècle  :  —  Col- 
lège de  Laval  (Fin),  par  M-  E.  Queruau-Lamerib  .     .     .      333 

Note  sur  les  Protestants  de  Chàteau-Gontier  au  XVII'  siè- 
cle, par  M.  André  Joubebt 365 

Docuinents  inédits  relatifs  k  Craon  et  à  Château-Gontïer, 
par  M.  André  Joobert 368 

Les  comptes  de  l'Hôtel-Dieu  Saint-Julien  de  Laval,  (Fin), 
par  M.  L.  de  la  Beauluèbe 374 

Une  mission  à  Château-Gontier  en  1716,  par  M.  Paul  de 
Farcy 397 

Lassay,  ses  écoles,  ses  collèges,  par  M.  l'abbé  J.  Gillard.      405 

La  famillla  Bouchel  de  Sourches  (Fin),  par  M.  l'abbé  Am- 

DROISË  Ledru 424 

Gnomons  et  Clepsydres,  par  M.  J.  Planté 453 

€  Les  Châteaux.  »  de  Loiron,  par  M.  Emile  Moreau.     .     .      476 

Document  concernant  l'abbaye  de  Fontaine-Danîel,  publié 
par  M.  J.  Raulfn 480 

Ppocès-verbal  de  la  séance  du  6  février  1890.     ....      484 

Bibliographie  :  Les  Lutteurs  Bretons  aiuc  XV^  et  XVP 
siècles;  Voyage  d' Ambroise  Paré  en  Bretagne,  par  M.  J. 
Trévédy;  —  Ambroise  Paré  est-il  tnort  catholique?  par 
M.  J.  Trévédy;  —  Observations  sur  l'out-rage  intitulé  : 
«  Littoral  de  la  France  »  (Arrondissement  de  Quim- 
per),  par  M.  J.  Trévédy  ;  —  Documents  inédits  sur  la 
Guerre  de  Cent  Ans.  pubt.  par  M.  André  Joùbert;  —  Le 
Testament  de  Jean  de  Craon,  seigneur  de  [m  Suze  et  de 
Cfmntocé  (allant  1432),  par  M.  André  Joùbert  ;  —  Cata- 
logue  des  Gentilshommes  de  l'Anjou  lors  de  la  recher- 
che de  lanohlesse  de  1066,  par  M.  Voisin  de  la  Noirays, 
Intendant  de  Tours,  publié  par  M.  l'aui  de  Farcy;  — 
Notice  historique  sur  Andouillé,  par  M.  G.  Cattois.     .      490 

Nouvelles 501 

Gravures  : 

Sceau  de  la  cour  de  Sourches,  dessin  de  M.  l'abbé  A.  Ledru.  448 

Armes  des  Bouchet  de  Sourches,  id,  id.         .  449 

Armes  de  Louis  Bouchet,  II"  du  nom,     id.  id.         ,  450 

Cadran  solaire  de  René  de  Briolay,  abbé  de  Saint-Serge.     .  460 

Clepsydre  d'Oronce  Fine  (XVI*  siècle) 467 

Clepsydre  à  barillet  (XVII' siècle) 469 

Idem.  coupe  du  barillet 470 

Plan  «  des  Châteaux  »  de  Loiron 476 

Pendeloque  de  cuivre  trouvée  à  Laval,  dessin  de  i^.  P.  de 

Farcy 489 


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L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

A  LAVAL 

AVANT  LE  XIX-  SIÈCLE 


LE  COLLÈGE  DE  LAVAL 

PENDAKT  LA  RÉVOLUTION 


CHAPITRE  IV 


Bipoliloa  des  iDclenB  profesuurs.  —  NomlDaUan  du  nonvMa  perMond.  - 
Tranilatloa  du  collège  *ux  UrautloM.  -~  Démission  de  Rabard  et  de  ses  co 
lègues.  —  Lear  remplacement.  -^  Les  profeBseura  du  calièRe  rr 
-   prêtrise.  —  Le  Collège  de  Laval  de  l'an  III  h  lin  V. 


Au  commencement  de  l'année  1791,  le  personnel  du 
collège  de  Laval  se  composait  du  principal  et  de  cinq 
régents,  tous  prêtres. 

MM.  Mathurin  Denais,  principal'. 

René  Chauvineau,  préfet  des  éludes '. 

1.  Né  A  Grenoux  près  Lavât,  mûri  en  Angleterre  où  il  avait  été 
dëporU  (L'abbë  Isid.  Boullier,  curé  de  la  Trinité.  Mémoire»  ec- 
déainsliques  concernant  te  district  de  Laval  pendant  la  Révo- 
lution). 

2.  Né  à  Laval  en  1762,  déporté  en  An^^leterre,  curé  de  Mont- 
iean  en  ISOï,  transféré  à  Contilly  (Sarthe),  mort  en  1B20  (Boul- 
lier). 


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-  334  - 

MM.  Frençois-Jean-Baptistc  Marteau,  professeur  de 
rhétorique  * . 
Michel-Henri  Langlois,  régent-. 
Pierre-François  Leterme,  régent  3. 
Louis  Bourgé,  régent*. 
Aucun  de  ces  prêtres  ne  consentit  à  prêter  le  ser- 
ment exigé  des  ecclésiastiques  fonctionnaires  publics  ou 
se  livrant  à  l'éducation  de  ta  jeunesse  par  la  constitu- 
tion civile  du  clergé^. 

Dans  les  premiers  jours  du  mois  de  novembre  I79t, 
une  pétition,  signée  de  424  citoyens  actifs  de  la  com- 
mune de  Laval,  fut  adressée  à  l'administration  départe- 
mentale pour  demander  le  remplacement  de  ceux  qui, 
«  chargi'ts  de  l'éducation  publique  dans  le  collège,  n'a- 
«  vaient  pas  prêté,  conformément  à  la  loi  du  17   avril. 


1.  Né  à  Laval  en  1738,  déporté  en  Angleterre,  mort  en  1808. 
prêtre  habitué  à  la  Trinité  de  Laval  (Boutlier). 

2.  Déporté  en  Angleterre,  il  passa  ensuite  en  Allemagne,  puis 
en  Russie,  et  mourut  peu  d'années  après  son  retour  en  France 
(Boullier). 

3.  Né  à  Laval,  le  7  octobre  1764,  ancien  vicaire  de  Forcé,  il 
fut  incarcéré  aux  Capucins  et  passa  en  Allemagiie.  Rentré  à  La- 
val en  1801,  il  fut  nommé  vicaire,  puis,  le  Ï9  juin  1829.  curé  de 
la  paroisse  de  la  Trinité.  Il  était  cnanoine  honoraire  du  Mans  de- 
puis 1822  et  mourut  le  22  août  1830  (Boullier). 

4.  Né  à  l^val.  Dune  conduite  peu  régulière,  il  refusa  le  ser- 
ment eomme  ses  collègues,  passa  à  Jersey,  puis  en  Angleterre, 
où  il  se  convertit  au  protestantisme,  se  maria  et  deWnt,  dit-on, 
ministre  anglican  (Boullier.) 

5.  Nous  avions,  dans  la  première  partie  de  cette  étude,  relevé 
comme  une  inexactitude  le  classement  fait  par  M.  Boullier  des 
prêtres  attachés  au  collège  de  Laval  [:omme  faisant  partie  du 
clergé  de  la  paroisse  de  la  Trinité  (Mémoires  ecclésiastiques,  ete... 
Tableauj:  du  clergé,  n"  49  à  54).  Mais  il  est  fort  possible  que, 
par  suite  des  diiïérends  survenus  entre  le  bureau  du  collège,  créé 
en  1763,  et  le  chapitre  de  Saint-Tugal,  les  chanoines  aient  refusé 
l'entrée  de  leur  église  à  un  ]icrsonnel  de  principaux  et  de  régents 
choisis  sans  leur  participation.  C'est  afors  sans  doute  que  ces 
derniers,  suivant  1  exemple  donné  en  1770  par  M.  Chatizel,  ont 
continué,  jusqu'à  l'époque  de  la  Révolution,  à  conduire  leurs 
élèves  à  l'église  de  la  Tiinité  et  ont  pu  dès  lors  être  considérés 
comme  faisant  partie  du  clergé  de  ladite  paroisse. 


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-  335  - 

«  le  serment  prescrit  par'celles  des  26  décembre  1790 
«  et  27  mars  1791.  »  Le  9  novembre,  le  Directoire  de 
département,  accueillant  cette  pétition,  arrêtait  qu'il  se- 
rait ouvert  un  registre  pour  l'inscription  des  citoyens 
(jui  se  proposeraient  de  remplir,  soit  provisoirement, 
soit  définitivement,  les  places  de  professeurs  au  collège'. 
Le  14  du  même  mois,  les  citoyens  Serveau,  membre  du 
directoire  de  département,  Hubert,  procureur-syndic  du 
district  de  Laval,  Boullevraye,  officier  municipal,  Se- 
gretain,  négociant  et  administrateur  du  département,  et 
FavroUe,  maître  ès-arts,  étaient  nommés  commissaires 
pour  examiner  les  titres,  certificats,  moyens  et  capacités 
de  ceux  qui  se  seraient  fait  inscrire,  et  choisir  ceux 
d'entre  eux  qu'ils  jugeraient  sufHsamment  instruits  pour 
être  nommés  professeurs  ^. 

L'ancien  personnel  se  trouvait  toujours  à  la  tête  du 
collège,  où  la  rentrée  s'était  faite,  suivant  la  coutume, 
au  mois  d'octobre.  Le  bureau  d'administration  de  cet 
établissement  continuait  également  de  fonctionner  com- 
me par  le  passé.  Le  7  décembre  1791,  la  municipalité 
de  Laval,  agissant  en  exécution  de  l'article  6  de  l'édit  du 
Roi  de  février  1763,  portant  règlement  pour  les  collèges 
qui  ne  dépendaient  pas  des  universités  et  ordonnant  qu'il 
y  eût  toujours  deux  officiers  municipaux  dans  leurs  bu- 
reaux d'administration,  nommait  MM .  Lepescheux,  maire, 
et  Boullevraye,  officier  municipal,  pour  remplacer  MM. 

i.  Archives  municipaleti  de  la  ville  de  Laval.  Registres  des 
délibérations  du  conseil  général  de  la  commune  de  Laval,  lome 
!•';  et  Archives  départ,  de  la  Mayenne:  Registres  des  arrêtés  du 
Directoire  de  département.  Décembre,  f"  12. 

2.  Arch.  départ.  Ibid.  f"  38.  Dès  le  15  novembre,  Dominique 
Rabard,  aacien  doctrinaire  et  vicaire  épiscopal,  se  proposait  au 
directoire  de  département  pour  remplir  provisoirement  les  dou- 
bles fonctions  de  principal  du  collège  et  de  professeur  de  rhétO' 
rique  (Arch.  départ.  Reg.  de  corresp,  du  Direct,  dedépart.  f^SS). 
Cette  administration  lui  répondait,  le  même  jour,  en  l'invitant  à 
produire  ses  titres  devant  les  commissaires  désignés. 


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-  336  - 

Hubert,  ci-devant  maire',  et  Duchemin  qui  avaient  fini 
leur  temps  à  l'époque  de  la  rentrée  des  classes  ^. 

Le  choix  des  nouveaux  professeurs  du  collège  fut,  pa- 
ralt-il,  assez  long  à  faire,  soit  en  raison  du  nombre  des 
candidats,  soit  plutôt  qu'il  fût  difficile  de  trouver  dans 
la  ville  les  maîtres  dont  on  avait  besoin.  C'est  seule- 
ment le  28  décembre  que  le  département  fit  connaître 
ceux  qu'il  avait  choisis  ^. 

Dominique  Rabard,  ancien  doctrinaire  du  collège  de 
la  Flèche,  vicaire  épiscopal  de  Tévéque  constitutionnel 
Villar  qu'il  avait  suivi  à  Laval,  était  nommé  principal 
et  devait  remplir  en  outre  les  fonctions  de  professeur 
pour  les  classes  de  rhétorique  et  de  seconde  *. 

François  Huchedé  devenait  professeur  de  troisième  et 
de  quatrième". 

1.  François  Huberl,  nommé  erellier  du  tribunal  de  police  cor- 
rectionnelfe  de  Laval,  avait  donné  sa  démission  de  maire  le  21 


octobre  1791  (Arch.   mun.  Reg.  des  délit.  Tome  I"). 

2.  Arch.  mun.  Registres  des  délibérations   du   conseil  général 
de  la  c '"  — -  '" 


3.  Arch.  dép.  Arrêté  du  Directoire  de  dépai 
cembre  (798.  f>  162. 

4.  Rabard  professait  des  opinions  très  avancée».  Il  fonda,  au 
mois  de  mai  suivant,  le  journal  Le  Patriote  de  ta  Mayenne,  qui 
changea  de  titre  en  1793  pour  devenir  Le  Saaa-CuioUe  de  la 
Mayenne,  et  qu'on  appelait  dans  le  peuple  le  Journal  de  Rabard 
du  nom  de  son  rédacteur  en  chef.  Ayant  abandonné  le  collègue  de 
Laval  pour  devenir  principal  de  celui  de  Chàteau-Gontier,  Ra- 
bard, qui  avait  épousé  Thérèse  Pannard,  s'engagea,  le  13  sep- 
tembre 1793,  dans  un  bataillon  de  volontaires  partant  pour  la 
Vendée  et  fut  tué  quelques  jours  après,  le  19,  au  combat  du  Pont- 
Barré.  Le  dernier  numéro  de  son  journal,  paru  après  samort, 
porte  la  date  du  21  septembre  (Dom  Piolin,  Histoire  de  l'Eglise 
du  Mans,  t.  VIII  p.  340  et  377).  — Arrêté  du  Directoire  du  dépar- 
tement de  la  Mayenne  du  IB  germinal  an  II,  ordonnant  la  remise 
à  Thérèse  Pannard,  veuve  Rabard.  d'un  mandat  de  420  livres 
16  sous  8  deniers,  représentant  le  traitement  de  son  mari  pour 
3  mois  11  jours  qu'il  avait  rempli  les  fonctions  de  principal  du 
coltèBe  de  Château-Gonlier,  du  3  juin  au  13  septembre  1793. 
(Arch.  départ.  Reg.  des  arrêtés  f-hl). 

5.  Démissionnaire  en  même  temps  que  Rabard,  qu'il  suivit  à 
Château-Gontier  et  peut-être  en  Vendée,  Huchedé,  de  retour  à 
Laval,  devint  un  des  membres  les  plus  ardents  du  comité  révo- 


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-  337  - 

Augustin  Garot,  clerc  tonsuré,  placé  depuis  le  mois 
de  septembre  précédent  à  la  tête  de  l'école  de  charité 
dite  du  Cimetière  de  la  Trinité,  était  chargé  des  classes 
de  cinquième  et  de  sixième*. 

Charles-René  Cordier,  également  clerc  tonsuré,  di- 
recteur de  l'école  de  charité  du  faubourg  Saint-Martin, 
était  mis  à  la  tête  des  basses  classes  ^. 

lutionnaire  de  cette  ville.  Le  SptuviAsean  II,  il  demandait  au 
Conseil  général  de  la  commune  a  prendre  les  prénoms  de  Paul- 
Emile.  Cette  autorisation  lui  est  accordée  par  cette  assemblée 
qui  ordonne  en  même  temps  la  transcription,  sur  les  registres  de 
la  municipalité,  de  ta  lettre  du  citoyen  Huchedé.  Cette  lettre,  en 
vers,  est  ainsi  conçue  : 

■  Du  temps  des  rois  et  des  miracles, 
*  On  me  donna  le  nom  d'un  saint. 

«  On  ne  croit  plus  dans  les  oracles 

■  Que  pouvait  faire  un  capucin  ; 
ir  Sur  les  débris  de  l'Evangile 

I  La  raison  a  pris  son  essor, 

s  Pour  la  conduire  dans  le  port 

n  J'ai  pris  le  nom  de  Paul-Emile. 

a  Paul-ëkile  ilucHEDé.  i 
Huchedé,  nommé  le  8  octobre  1793,  par  Esnue-Lavallée  et 
Thirion,  grelTier  du  Tribunal  criminel  du  département  et,  le  12 
frimaire  suivant,  membre  du  comité  révolutionnaire,  fut  choisi, 
le  1!  germinal  an  II,  pour  remplacer  Clément  comme  président 
de  la  commission  révolutionnaire  de  la  Mayenne  dont  le  person- 
nel était  renouvelé.  Il  demeura  à  la  tête  de  ce  tribunal  jusqu'au 
mois  de  brumaire  an  111.  Arrêté  comme  terroriste,  sur  1  ordre  de 
Boursault,  il  profila  de  Tamniatie  du  3  brumaire  an  IV. 

1.  Garot.  démissionnaire  en  même  temps  que  Rabard,  suivit 
celui-ci  à  ChàteaU'Gontier  et  s'engagea,  le  13  septembre,  dans  le 
même  bataillon  de  volontaires.  Fait  prisonnier  par  les  Vendéens 
qui  t'emmenèrent  à  Chemilté,  il  passa  la  Loire  avec  eux,  te  18 
octobre,  et  fut  arrêté  à  Candé  par  tes  républicains.  Rendu  à  la 
liberté  et  revenu  à  Laval,  il  devint  membre  du  comité  révolution- 
naire de  cette  ville  et  demandait  au  conseil  général  de  ta  com- 
mune, le  5  pluviôse  au  II.  l'autorisation  de  cnanger  son  prénom 
d'Augustin  pour  ceux  de  Valérius-Publicola.  Il  devint  ensuite 
accusateur  public  près  la  commission  révolutionnaire  présidée 
par  Huchedé.  du  12  germinal  an  II  au  22  brumaire  an  III.  Arrêté 
comme  terroriste,  sur  l'ordre  de  Boursault,  il  fut  compris  dans 
l'amnistie  du  mois  de  brumaire  an  IV. 

2.  Cordier  quitta  le  collège  de  Laval  en  même  temps  que  Ra- 
bard pour  devenir,  lui  aussi,  professeur  à  Château -Gonlier.  11 
s'engagea  dans  le  même  bataillon  de  volontaires  et  fut  tué  éga- 
lement te  19  septembre,  en  Vendée  (Arrêté  dudipartemeat  du  18 
germinal  art  II,  /*  Si,  ordoii/ia/il  le  paiement  de  soi 
a  tea  héritière.  Arch.  départ.) 


'I  traitement 


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-  338  — 

La  municipalité  de  Laval  était  invitée  par  le  même 
arrêté  à  renvoyer  les  profesBenra  actuellement  en  fonc- 
tions au  collège  et  à  recevoir  le  serment  des  nouveaux 
maîtres. 

Ceux-ci  se  présentèrent,  le  11  janvier  1792,  devant 
le  conseil  général  de  la  commune  pour  prêter  le  serment 
prescrit  par  la  loi  du  26  décembre  1790.  Ils  durent  en- 
trer aussitôt  en  fonctions,  l'abbé  Denais  et  ses  collabo- 
rateurs ayant  vraisemblablement  quitté  le  collège  quel- 
ques jours  auparavant  '. 

Le  1"  février,  Siméon-Martin  Laigre,  clerc  tonsuré, 
nommé  la  veille  par  le  département  professeur  de  se- 
conde et  de  rhétorique-,  se  présentait  également  à  la 
municipalité  pour  y  prêter  le  serment.  Cette  nomination 
avait  eu  lieu  sur  la  proposition  du  citoyen  Rabard  qui 
ne  pouvait  sudire  à  ses  triples  fonctions  de  vicaire  épîs- 
copal,  de  principal  du  collège  et  de  professeur. 

Un  autre  instituteur,  le  citoyen  Pierre-François 
Epiard,  fut,  peu  de  temps  après,  adjoint  à  ce  personnel 
pour  tenir  les  classes  élémentaires^. 

1.  Arcb.  mun.  Begistre  des  délibérations,  tome  P"  f°  130. 
3.  Arch,  dép.  Registre  des  arrêtés  du  département  P>  112.  Lai- 
gre, né  à  Vaucé  (Orne),  professeur  au  collège  de  Mayenne  depuis 
.   1789.  11  fut  ordonné  prêtre   par   l'évêque  constitutionnel  Villar 

Îui  le  nomma  aussitôt  vicaire  ëpiscopal  et,  le  35  septembre  1793, 
irecteurdu  Séminaire,  situé  à  Sainte-Catherine,  avec  un  traite- 
ment de  800  livres  accordé  par  le  département.  Le  Séminaire  fut 
du  reste  transféré  lui-même  aux  Ursulines  quelques  semaines 
plus  tard  (Arrêtés  du  département  du  il  novembre  1793.  /*■  71,  et 
du  31  janvier  1193.  f'  115).  Laigre  resta  en  fonction  après  le  dé- 
part ae  Rabard.  11  renonça  au  métier  de  prêtre,  le  3  brummre 
an  II,  et  fut  maintenu  au  collège  pendant  la  Terreur.  Il  fut  en- 
suite professeur  à  l'école  centrale,  puis  à  l'école  secondaire  de  La- 
val, et  fut  appelé  en  1806  au  lycée  d'Angers.  Il  devint  en  1899  pro- 
fesseur à  l'école  de  cavalerie  de  Saint- Germain,  bientôt  réunie  à 
celle  de  Saint-Cyr,  et  demeura  en  fonctions  sous  la  Restauration. 
Il  est  mort  seulement  vers  1830. 


Ëpiard  donna  sa  démission  en  même  temps  ^ue  Rabard  et  fut 
également  attaché  au  collège  de  Château -Gontier.  11  fut  nommé 


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-  339  - 

Quel  fut  le  succès  du  collège  avec  un  personnel  ainsi 
composé?  Nous  n'avons  pu  le  découvrir,  mais  nous 
avons  peine  à  croire  qu'il  ait  été  brillant. 

Bien  que  le  directoire  de  département  et  la  municipa- 
lité de  Laval  fussent  encore  à  ce  moment  composés 
d'hommes  modérés,  ces  administrations  n'avaient  pas 
eu  une  heureuse  idée  en  choisissant,  pour  leur  confier 
l'éducation  de  la  jeunesse,  des  citoyens  appartenant  au 
parti  jacobin  et  dont  plusieurs  (Garot  et  Huchedé)  de- 
vaient même  être  poursuivis,  après  le  9  thermidor, 
comme  terroristes.  Les  bourgeois  de  Laval,  dont  les 
fils  suivaient  les  cours  de  cet  établissement,  ne  durent 
pas  mettre  beaucoup  d'empressement  à  les  y  renvoyer 
sous  la  direction  de  ces  nouveaux  professeurs,  et  nous 
sommes  convaincu  que  le  nombre  des  élèves  qui  fré- 
quentèrent le  collège  pendant  l'année  1702  fut  de  beau- 
coup inférieur  a  celui  des  écoliers  de  l'année  1791. 

Au  mois  de  mai  1792,  une  députation  des  élèves  du 
collège  se  présente  à  la  barre  de  la  société  des  Amis  de 
la  Constitution  pour  offrir  un  don  patriotique  de  soixante- 
dix  livres,  fruit  de  leurs  économies  sur  leurs  menus  plai- 
sirs. Le  président,  le  citoyen  Noyer,  instituteur,  avait 
admis  la  députation  aux  honneurs  de  la  séance  et,  sur 
sa  proposition,  la  société  décide  que  te  discours  du  jeune 
orateur  chargé  de  prendre  la  parole  au  nom  de  ses  ca- 
marades sera  inséré  avec  mention  honorable  dans  son 
procès-verbal'. 

Rabard  semble  avoir  continué,  pendant  le  reste  de 
l'année  scolaire,  d'instruire  ses  élèves  suivant  les  an- 
ciens programmes.  Mais  il  profite  des  vacances  pour 
préparer,  d'accord  avec  ses  collègues,  un  nouveau  plan 

Sar  Esniie- Laval lée  et  Thirion,  au  mois  d'oclobre  1793,  secrétaire 
e  la  municipalité  de  Laval.  L'année  suivante  il  renonça  à  ses 
prénoms  pour  prendre  celui  de  Régulus. 

1.  Le  Patriote  du  département  de  la  Mayenne,  n"  3,  du  sa- 
medi 19  mai  1792. 


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-  340  - 

d'éducation  plue  en  rapport  avec  les  iostitutionB  répu- 
blicaines. A  la  veille  de  la  rentrée  des  classes,  fixée 
au  II  novembre,  il  publie  dans  son  journal  taiProspec- 
lus  faisant  connaître  à  ses  concitoyens  le  nouveau  règle- 
ment du  collège  confié  à  ses  soins. 

Nous  reproduisons  cette  pièce,  curieuse  à  plus  d'un 
titre,  malgré  sa  longueur. 

Citoyens, 

Vous  êtes  avertis  que  le  collège  national  de  Laval 
s'ouvrira  à  ta  Saint  Martin  procnaine.  On  y  recevra 
tous  les  enfants  dont  les  facultés  sont  assez  développées 
pour  suivre  les  cours  des  différentes  instructions.   Les 

Srincipes  d'une  saine  morale,  l'explication  des  lois  fon- 
amentales  de  la  République,  l'étude  des  langues  latine 
et  française,  l'histoire,  tes  mathématiques,  la  géogra- 
phie, l'éloquence  et  la  poésie,  tels  sont  les  principaux 
objets  qui  composeront  le  plan  de  l'éducation. 

Pour  faire  goûter  leurs  leçons,  les  maîtres  n'emploie- 
ront auprès  des  élèves  que  la  voix  de  la  douceur,  de 
l'amitié  et  de  la  raison.  Ces  leçons  sont  les  seules  qui 
jettent  de  profondes  racines  dans  le  cœur  de  la  jeunesse 
et  habituent  facilement  le  caractère  à  la  pratique  de 
toutes  les  vertus. 

Règlement  particulier  pour  le  régime  intérieur 
de  la  pension. 

Article  premier. 

Le  prix  de  la  pension  est  fixé  à  ouatre  cent  vingt  livres 
pur  an,  année  classique.  Il  sera  fourni  aux  élèves  tout 
ce  qui  pourra  leur  être  nécessaire  pour  leurs  travaux, 
excepté  les  livres  qui  seront  aux  frais  des  parents. 


Les  élèves  seront  tenus  de  porter  l'uniforme  national. 
Ils  pourront  cependant  user  les  habits  qu'Us  auront  en 
entrant  à  la  pension.  Ils  seront  peignés,  blanchis  et  en- 
tretenus à  la  charge  du  collège. 


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m 

Les  maîtres  d'agrément  seront  payés  par  les  parents. 


L'exercice  militaire  et  plusieurs  autres  exercices  du 
corps  se  feront  régulièrement,  deux  fois  la  semaine,  en 
présence  du  principal  et  des  professeurs. 


Tous  les  jeudis  le  principal  fera  assembler  les  pen- 
sionnaires pour  s'informer  de  leur  conduite  et  de  leurs 
progrès.  11  fera  faire  sous  ses  yeux  la  visite  de  leurs  li- 
vres, de  leurs  habits,  de  leur  linge  ;  en  général  des  dif- 
férents elTets  qui  appartiendront  à  chacun  et  dont  les 
parents  lui  auront  remis  un  état. 

VI 

Le  jugement  pour  toutes  tes  fautes  et  manquements 
de  la  semaine  sera  remis,  autant  que  faire  se  pourra,  à 
cette  assemblée  générale  et  l'on  n'employera  d'autre  pei- 
ne, à  cet  égard,  que  la  privation  de  quelques  plaisirs.  Sï 
ce  moyen  est  insuffisant,  on  en  donnera  avis  aux  parents 
qui,  par  leurs  représentations,  tâcheront  de  ramener  les 
coupables  à  leur  devoir.  Toute  punition  indigne  d'un 
homme  libre  est  absolument  proscrite. 

VII 

Tous  les  deux  mois,  et  plus  souvent  quand  les  cir- 
constances l'exigeront,  on  enverra  aux  parents  une  note 
détaillée  de  la  conduite  et  des  progrès  de  leurs  enfants  : 
ils  seront  invités  a  leur  écrire  ensuite  pour  leur  témoi- 
gner leur  satisfaction  ou  leur  mécontentement  relative- 
ment auQC  notes  qu'ils  auront  reçues. 

YIH 

On  ne  laissera  jamais  sortir  les  pensionnaires  sous 
un  prétexte  quelconque  que  sur  une  permission  du  prin- 


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cipal  et  qu'autant  qu'ils  devront  être  conduits  et  rame- 
nés par  une  personne  de  confiance. 


Les  professeurs  se  rendront  fréquemment  à  leurs  étu- 
des internes  ' ,  tant  pour  résoudre  les  petites  difficultés  qui 
pourraient  les  embarrasser  que  pour  s'assurer  par  eux- 
mêmes  qu'ils  y  remplissent  leurs  devoirs. 


La  surveillance  !a  plus  active  sera  mise  en  usage  pour 
tout  ce  qui  concerne  la  salubrité  de  l'air  et  la  qualité 
des  aliments.  Un  des  préfets  sera  spécialement  chargé 
de  cet  objet. 

XI 

Si  un  enfant  tombe  malade  et  que  sa  maladie,  sur 
l'avis  du  médecin,  soit  de  nature  à  faire  craindre  pour 
ses  jours,  on  écrira  sur-le-champ  aux  parents  qui  seront 
libres,  ou  de  s'en  rapporter  à  cet  égard  aux  soins  du 
principal,  ou  de  faire  transporter  le  malade,  s'ils  t'ai- 
ment mieux,  dans  la  maison  paternelle. 

XII 

A  diiïérentes  époques  de  l'année  on  célébrera  des  fê- 
tes civiques,  où  aos  prix  serout  distribués  aux  élèves 
qui,  par  leur  tenue,  leur  application  et  leur  conduite, 
auront  mérité  les  suffrages  de  leurs  condisciples. 

Le  Citoyen  RA.BAttD. 

AVIS 

«  Les  citoyens  qui  désireront  se  procurer  le  règle- 
ment de  la  pension  du  collège  et  les  clauses  auxquelles 
les  enfants  sont  tenus  pourront  s'adresser  cbez  le  ci- 
toyen Faur  et  compagnie,  imprimeur,  rue  Renaise.  » 

1.  Lisei  :  aux  tStudes  des  internes. 


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Ce  programme,  publié  par  Rabard  dans  un  supplé- 
ment du  journal  Le  Patriote  de  la  Mayenne^,  eut^il  le 
succèa  qu'en  espérait  son  auteur  et  attira-t-il  beaucoup 
de  nouveaux  élèves  au  coHège  de  Lava)  ?  nous  en  dou- 
tons un  peu. 

Le  règlement  qui  précède  ne  nous  fait  pas  connaître, 
malheureusement,  les  modincations  apportées  par  Ra- 
bard dans  le  système  des  études.  La  division  des  clas- 
ses étant  restée  la  même,  il  est  à  croire  que  les  nouveaux 
professeurs  apportèrent  peu  de  changements  dans  les 
matières  de  l'enseignement  et  se  contentèrent  de  com- 
pléter celui-ci  par  l'étude  des  lois  fondamentales  de  la 
République. 

Mais  Habard  s'était  hâté  d'exécuter  les  innovations 
annoncées  dans  son  prospectus,  notamment  en  s'assu- 
rant  le  concours  d'un  tambour  et  d'un  instructeur  char- 
gé d'exercer  les  élèves  du  collège  au  maniement  des 
armes  et  aux  évolutions  militaires^. 

Quelque  temps  après,  au  mois  de  mars  1793,  le  Pa- 
triote de  la  Mayenne  annonce  que,  pour  obéir  aux  or- 
dres de  la  Convention,  transmis  par  le  directoire  du 
département,  on  lira  chaque  jour  les  nouvelles  aux  élè- 
ves du  collège.  Les  professeurs  accompagneront  cette 
lecture  de  «  réflexions  simples  et  aisées  »  et  le  princi- 
pal veillera  avec  soin  à  ce  que  cette  intéressante  innova- 
tion soit  exécutée  avec  exactitude  ^. 


1.  Supplément  au  journal  le  Patriote  de  la  Mayenne,  a"  28  du 
10  novemore  1792.  Nous  devons  la  communication  de  ce  docu- 
ment à  l'extrême  obligeance  de  M.  Louis  de  la  Beauluère,  qui 
possède  le  seul  exemplaire  connu  jusqu'ici  du  journal  de  Rabard. 

2.  Pétition  adressée  le  7  messidor  an  îî  au  directoire  du  dé- 
partement de  la  Mayenne  par  Garol,  Iluchedé  et  S^iard,  tant 

§our  eux  que  pour  les  héritiers  de  Kabard  et  Cordier  tués  par  les 
rigands  de  la  Vendée.  (Arch.  départ.  Registres  des  arrêtés  du 
départ.  Messidor,  f  24). 

3.  Le  Patriote  du  département  de  la  Mayenne  du  samedi  23 
mars  1793. 


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-  344  — 

A  ce  moment,  le  collège  avait  été  déjà,  croyons-nous, 
transféré  dans  le  couvent  des  Ursulines  (aujourd'hui  le 
Lycée).  Depuis  long^mps  en  effet  on  songeait  à  enlever 
le  collège  de  la  rue  Renaise.  Par  suite  de  l'importance 
prise  par  la  ville  de  Laval  à  la  lin  du  XVIII'  siècle,  ses 
vieux  bâtiments  étaient  devenus  insuffisants  pour  le 
nombre  des  élèves,  tant  externes  que  pensionnaires,  qui 
en  suivaient  les  cours.  Mais  l'argent  manquait,  lorsque 
la  confiscation  des  biens  du  clergé  et  des  congrégations 
religieuses  vint  fournir  les  moyens  d'opérer  ce  trausfè- 
rement  à  bon  marché. 

Le  couvent  des  Ursulines  était  depuis  quelque  temps 
déjà  l'objet  de  la  convoitise  des  républicains.  Le  10  juil- 
let 1791,  peu  de  temps  après  l'installation  de  l'évèque 
constitutionnel  Villar,  une  sédition  populaire  avait  tenté 
d'en  expulser  les  religieuses  pour  y  faire  transporter  le 
séminaire  placé  provisoirement  à  Sainte-Catherine.  Le 
peuple,  soulevé  par  quelques  meneurs,  avait  investi 
cet  établissement  et  tes  officiers  municipaux,  accourus 
en  toute  hâte,  avaient  eu  quelque  peine  à  eu  faire  sortir 
les  religieuses  et  à  les  conduire  à  la  maison  peu  éloignée 
des  Bénédictines.  Puis  il  avait  fallu  calmer  les  émeutiers 
et  les  décider  à  évacuer  le  couvent  qu'ils  avaient  envahi, 
tandis  que  Villar  faisait  imprimer  et  répandre  à  profu- 
sion une  lettre  à  ses  concitoyens,  pour  protester  contre 
cette  émeute  et  blâmer  le  zèle  intempestif  de  ceux  qui 
l'avaient  fomentée  au  mépris  de  la  loi. 

Les  Ursulines  étaient  donc  rentrées  en  possession  de 
leur  maison,  lorsque  la  loi  du  18  août  1792,  en  pronon- 
çant la  dissolution  de  toutes  les  congrégations  religieu- 
ses, vint  tes  forcer,  légalement  cette  fois,  à  l'abandon- 
ner. Les  patriotes  songèrent  alors  à  prendre  possession 
de  cet  établissement,  entouré  de  cours  et  de  jardins 
spacieux,  pour  y  transporter  le  collège. 

Le  1*'  octobre  1792,  le  maire  de  Laval,  Lepescheux, 
donne  lecture  au  conseil  général  de  la  commune  d'une 


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pétition  des  citoyens  de  Laval  invitant  cette  assemblée 
à  délibérer  sur  le  transfèrement  du  collège  dans  un  local 
plus  vaste  et  mieux  disposé  que  celui  qu'il  occupait  rue 
Renaise'.  Aussitât  le  conseil,  après  avoir  entendu  les  con- 
clusions du  procureur  syndic  de  la  commune,  arrête  que, 
le  lendemain  2  octobre,  «  les  citoyens  de  la  ville  seront 
«  invités,  au  bat  des  tambours  et  par  affîches  es  lieux 
«  ordinaires  et  accoutumés,  de  s'assembler,  le  jeudi  4 
R  courant,  9  heures  du  matin,  dans  les  quatre  sections 
«  de  la  ville,  à  l'effet  d'y  manifester  leur  vœu  sur  ladite 
«  pétition  ;  et  pour  annoncer  le  sujet  de  la  dite  «ssem- 
«  blée,  le  citoyen  Roche  père  a  été  nommé  commissaire 
«  pour  la  section  des  Jacobins  ;  le  citoyen  Levéque  pour 
«  celle  de  Saint  Louis  ;  le  citoyen  Gamier  pour  celle  de 
«  Patience  et  le  citoyen  Lepescheux  pour  celle  des  Ur^ 
«  aulines.  » 

Le  8  octobre,  le  maire  rend  compte  de  la  réunion  des 
sections  qui  a  eu  lieu  au  jour  indiqué.  Les  procès-ver- 
baux des  quatre  sections,  rédigés  ledit  jour,  portent  que 
le  vœu  général  est  de  placer  l'éducation  nationale  dans 
la  maison  des  ci-devant  Ursulines.  En  conséquence  il 
est  arrêté  de  présenter  une  adresse  au  département  pour 
lui  demander  d'autoriser  la  ville  à  acquérir  la  susdite 
maison  qui  allait  être  vendue  comme  bien  national  '. 

Les  citoyens  Bourgeois  et  Tellot,  désignés  avec  trois 
ofEciers  municipaux  pour  visiter  la  maison  des  Ursuli- 
nes, en  dresser  un  plan,  et  rechercher  quelle  partie  on 
en  pourrait  distraire  pour  vendre  au  public,    déposent 


1.  Arch.  mun.  Heg.  des  détib.  du  Conseil  gén.  de  la 
tome  II.  (*  11  et  Arcn.  départ.  Reg.  du  direct,  de  Départ.  Mémoi- 
res et  pétitions,  i'  39.  Dans  cette  petit  ion,  datée  du  22  septembre 
et  qui  sans  doute  avait  été  envoyée  en  même  temps  au  directoire 
de  département,  les  citoyens  de  Laval  réclament  ésatement  lu 
création  de  trois  nouveaux  cours,  divisés  en  deux  classes,  l'une 
de  loj^que  et  de  mathématiques  et  l'autre  de  physique. 

2.  Arch,  Mun.  Regist.  des  délib. 


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-  346  - 

tour  rapport  dana  la  aéaoce  du  22  octobre.  Le  conseil 
décide  qu'il  se  transportera  le  lendemain,  en  corps,  sur 
les  lieux,  pour  se  rendre  compte  par  lui-même  de  la  por- 
tion de  l'immeuble  qu'il  serait  nécessaire  de  conserver 
pour  l'installation  du  collège*. 

Le  25  du  même  mois,  plusieurs  citoyens  se  présen- 
tent au  conseil  général  de  la  commune,  porteurs  d'une 
pétition  invitant  cette  assemblée  à  hâter  le  transfèrement 
du  collège.  Cette  pétition  est  aussitdt  convertie  en  mo- 
tion. Il  est  arrêté  qu'une  adresse  sera  portée  au  dépar- 
tement pour  inviter  cette  administration  à  accorder  k  la 
commune  de  Laval  l'autorisation  de  prendre  à  ferme  le 
couvent  des  UrsuUnes  pour  y  transporter  le  collège  et 
les  écoles  de  charité  de  la  paroisse  de  la  Trinité  et  lui 
proposer  de  transférer  en  même  temps  le  séminaire  dans 
la  partie  du  susdit  couvent  affectée  au  pensionnat,  afin 
de  diminuer  le  prix  de  looation  tombant  à  la  charge  de 
la  commune.  Les  citoyens  Duchemin-Gimbertière  et 
Frin  de  Cormcré  sont  nommés  commissaires  pour  assu- 
rer l'exécution  de  cette  délibération-. 

Le  département  pressé,  le  3  novembre,  de  donner  son 
avis  sur  la  demande  de  la  commune  de  Laval,  fit  connaî- 
tre sa  réponse  seulement  le  17  du  même  mois.  11  autori- 
sait ladite  commune  à  transporter  aux  Ursulines  le  col- 
lège et  le  séminaire,  mais  à  la  condition  toutefms  qu'elle 
prenne  à  sa  charge  tous  les  frais  d'appropriation  et 
d'installation  nécessités  par  ce  transfèrement  3. 

Le  23  de  ce  mois,  la  question  du  collège  revient  en- 
core devant  le  conseil  général.  Il  est  décidé  qu'une  pé- 
tition sera  adressée  à  la  Convention  nationale,  par  l'en- 
tremise du  département,  pour  demander  à  cette  assem- 


1.  Arch.  munie.  ïiiid.  f°  IIS. 

î.  Arch.  mun.  fùid.,  ^  166. 

3.  Arch.  mun.  Ibid.,  et  Arch.  départ.  Reg.  des  arréiés  du  d 

et.  de  départ.  17  novembre  1792.  P»  71. 


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blée  d'abandonner  la  propriété  dee  Ursulines  à  la  com- 
muoe  de  Laval  et  d'accepter  en  échange  les  bâtiments  de 
la  rue  Renaise.  En  cas  de  refus,  la  municipalité  deman- 
dera à  prendre  seulement  en  location  ta  partie  du  couvent 
des  Ursulines  nécessaire  pour  l'inatallaiion  du  collège. 
Le  principal  de  cet  établissement,  Rabard,  qui  faisait 
partie  du  conseil  de  la  commune  en  qualité  de  notable, 
reçoit  mission  de  poursuivre  cette  affaire. 

Le  4  janvier  1793,  le  procureur  de  la  commune  est 
chargé  de  presser  le  département  de  donner  une  solution. 
Le  collège  n'était  donc  pas  encore,  à  ce  moment,  trans- 
féré aux  Ursulines.  Toutefois,  une  autre  délibération  du 
conseil  général  de  la  commune,  en  date  du  7  du  même 
mois,  autorisant  un  de  ses  membres,  le  citoyen  Enju- 
bault-la- Roche,  à  payer  une  somme  de  73  livres,  prix  de 
meubles  acquis  des  Ursulines  pour  le  service  du  collège, 
porterait  à  croire  que  le  transfèrement  dut  avoir  lieu 
vers  cette  époque'. 

Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  le  collège  de  Laval  avait 
beaucoup  perdu  au  départ  des  anciens  professeurs.  Jus- 
que-là, il  avait  à  peu  près  couvert  ses  frais,  grâce  aux 
sommes  versées  annuellement  par  la  ville  pour  te  trai- 
tement des  régents,  aux  droits  d'écolage  payés  par  les 
élèves  et  aux  revenus  de  ses  biens  ruraux.  Mais  fe 
traitement  du  principal  avaK  disparu  avec  le  chapiti-e 
de  Saint- Tugal,  celui  des  professeurs  par  suite  de  la 
suppression  des  octrois  (Décret  du  17  mars  1791),   sur 


rine  dans  la  partie  des  bétiments  des  UrsulineK  qui  ne  sont  pas 
utiles  pour  le  cottèffe.  (Arch.  dép.  Re^.  des  délib.  f"  175), 

La  ville  de  Lava  parait,  du  moins  au  début,  avoir  occupé  le 
couvent  des  Ursulines  à  titre  de  location.  Le  3  août  1793,  le  eieur 
Choblet,  membre  du  conseil  c^néral  de  la  commune,  est  chargé 
de  nouveau  par  cette  assemblée  de  dresser  un  rapport  et  de  pré' 
parer  un  projet  de  pétition  pour  demander  à  la  Convention  d'ac- 
cepter l'échange  deVancien  collège  avec  la  maison  des  Ursulines. 


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-  348  - 

Ifi  produit  desquels  il  était  prélevé  suivant  les  eugage- 
inenta  de  l'HAtel-de-Ville,  et  voilà  qu'une  nouvelle  loi 
était  venue  placer  boub  séquestre  les  biens  appartenant 
Hux  collèges  et  autres  établissements  d'instruction. 

La  loi  du  18  août  1792,  qui  supprimait  les  congréga- 
tions religieuses,  plaçait  en  effet  sous  la  main  de  la  na- 
tion les  biens  des  collèges  et  n'accordait  aux  professeurs 
que  les  revenus  de  l'établissement  auquel  ils  étaient  at- 
tachés. 

L'exécution  stricte  de  cette  loi  eût  réduit  à  néant  le 
traitement  des  professeurs  du  collège  de  Laval,  puisque 
celui-ci  ne  pouvait  plus  être  pris  désormais  que  sur  les 
rétributions  payées  par  les  élèves  dont  le  nombre  avait 
considérablement  diminué  depuis  l'installation  des  nou- 
veaux professeurs. 

Rabard  et  ses  collègues  s'adressèrent  au  bureau  d'ad- 
ministration, qui,  d'accord  avec  la  municipalité,  leur 
oifrit  un  traitement  annuel  de  600  livres  pour  chacun 
d'eux,  à  la  charge  de  nourrir,  loger  et  entretenir  deux 
élèves  boursiers,  par  suite  de  la  réunion  et  assimilation 
de  la  bourse  créée  par  M.  Sébastien  de  la  Porte  et  de 
celle  qui  avait  été  fondée  par  la  municipalité  pour  un 
élève  pauvre'.  Les  nouveaux  professeurs  refusèrent 
cette  rétribution  comme  dérisoire  et  sollicitèrent  du  dé- 
partement un  supplément  de  traitement  qui  ne  semble 
pas  leur  avoir  été  accordé.  Ils  avaient  toutefois  consenti 
à  recevoir  deux  élèves  boursiers  comme  la  municipalité 
le  leur  avait  demandé^. 


i.  Lettre  du  cit.  Laban  au  directoire  du  département  de  la 
Mayenne,  en  date  du  4  ventflse  an  V.  (Arc/i.  départ,  série  L).  Il 
est  à  croire  que  M.  de  Valleaux,  compromis  par  sa  signature  ap- 
posée au  bas  de  t'adresse  envovée  au  Roi  par  les  royalistes  de 
Laval  à  l'occasion  de  l'émeute  du  20  juin  1791,  avait  retiré  son 
fils  du  collège.  La  bourse  de  Bonnes  Tut  alors  occupée  par  uu 
sieur  Ravar^,  desceudant  de  la  famille  de  la  Porte,  et  la  bourse 
de  la  ville  par  un  sieur  Hasson. 

3.  Réclamation  adressée  au  directoire  de  département  par 
Huchedé,  Garol  et  Ëpiard,  tant  pour  eux  que  pour  les  héritiers 


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-  349  - 

Le  17  septembre  1792,  le  département  transmettait  au 
Conseil  de  ta  commune  une  requête  qui  lui  avait  été 
adressée  par  les  administrateurs  du  collège  pour  obtenir 
des  secours  provisoires.  Le  conseil  répond  par  une  iîn 
de  non  recevoir.  Le  décret  du  8  août  précédent  ayant 
mis  les  biens  des  collèges  à  la  disposition  de  la  nation, 
c'est  par  conséquent  celle-ci  qui  devra  désormais  pour- 
voir aux  besoins  de  ces  établissements.  11  est  dès  lors 
inutile  de  statuer  sur  la  demande  des  administrateurs 
du  collège. 

Mais  ces  administrateurs  reviennent  à  la  charge  et 
adressent,  le  19  octobre  suivant,  une  nouvelle  demande 
au  conseil  général  de  la  commune  qui,  cette  fois,  se 
laisse  toucher.  Il  est  arrêté  que  le  département  sera  in- 
vité à  accorder  provisoirement  au  bureau  du  collège 
une  somme  de  mille  livres,  pour  parer  à  ses  dépenses, 
jusqu'à  ce  que  la  Convention  ait  attribué  à  celui-ci  les 
sommes  qu'elle  croira  nécessaires  pour  son  entretien'. 

Les  mille  livres  accordées  au  collège  étaient  bien  peu 
de  chose  pour  pourvoir  à  ses  besoins.  Cette  somme  fut 
bientôt  dépensée,  si  elle  ne  l'était  déjà  d'avance,  et,  dès 
la  fin  du  mois  de  décembre  de  la  même  année,  une  de- 
mande de  nouveaux  secours  est  adressée  au  départe- 
ment et  transmise  au  conseil  général  de  la  commune. 
Le  4  janvier  1793,  le  citoyen  Enjubault-la- Roche  fait 
ua  rapport  sur  cette  nouvelle  requête.  «  Après  avoir 
a  exposé  le  principe  et  les  motifs  de  l'établissement 
«  du  collège,  il  fait  le  tableau  de  l'état  présent  et 
u  à  venir  de  son  revenu,  qui,  quoique  assez  consi- 
«  dérable,  ne  pouvait  suffire  à  ses  besoins,  sans  le  bé- 
u  nélice  que  l'on  pouvait  faire  sur  tes  pensionnaires^,  ce 

de  Raberd  et  Cordier,  le  7  messidor  an  II.  Arch.  départ,  série  L. 
Segistreg  des  arrêté»  du  départ.  /*•  24. 

1.  Arrêté  du  département  en  date  du  Q8  novembre  179i.  /*  71. 

3.  Cette  phrase,  inconiplétement  repruduile  sans  doute  dans  le 
re^stre  des  délibérations,  porterait  a  croire  que  le  pensionnat 

a 


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-  350  - 

«  qui  a  réduit  les  fonds  restant  en  caisse  à  une  somme 
«  très  modique,  et  même  insutHsante  pour  payer  les 
«  contributions  foncières  de  cet  établissement.  Mais,  au 
«  moyen  de  la  vente  des  biens  fonds  qui  lui  apparte- 
«  naient,  et  dont  ii  doit  lui  être  payé  quatre  pour  cent, 
a  le  rapporteur  fait  espérer  qu'il  n'aura  plus  besoin 
«  dans  l'avenir  de  fonds  étrangers*,  u  II  propose  donc 
que  le  citoyen  Rabard,  principal,  soît  chargé  de  rédiger 
une  adresse  au  département  à  l'effet  d'obtenir  des  se- 
cours provisoires,  s'élevant  à  2000  livres,  pour  subvenir 
aux  besoins  urgents  du  collège. 

Rabard  est  autorisé  en  outre  à  vendre  divers  effets, 
tels  que  papiers,  plumes,  etc...,  restant  au  collège,  après 
estimation,  s'ils  en  valent  la  peine. 

Le  7  janvier,  celui-ci  donne  lecture  de  l'adresse  qu'il 
avait  été  chargé  de  rédiger.  Le  secours  demandé  fut  en 
effet  alloué  au  bureau  du  collège,  par  arrêté  du  direc- 
toire de  département  en  date  du  23  janvier  1793  ^. 

Le  22  avril  suivant,  le  conseil  général  de  la  commune, 
d'après  le  rapport  de  son  bureau  des  contributions,  agis- 
sant en  exécution  des  lois  des  21  février  et  10  mars  1793 
qui  chargeaient  les  municipalités  de  déterminer  la  quo- 
tité des  traitements  des  professeurs  de  leurs  collèges, 
bien  que  ces  traitements  dussent  être  payés  par  la  na- 
tion, liicait  à  1200  livres  celui  du  citoyen  instituteur  en 
chef,  à  1100  livres  celui  du  citoyen  professeur  de  rhéto- 


du  collège  avait  éti^  supprimé  au  mumenl  de  ta  rëoi^nisation  de 
cet  élabrissement,  après  le  dépari  de  son  personnel  ecclésiasti- 
que. Mais  une  lettre  de  l'adminislralion  départementale  de  la 
Mayenne,  adressée,  le  6  bmmuire  an  III,  au  comité  d'instruction 
publique  de  la  Convention,  constate  au  contraire  que  le  nouveau 
collège  possédait  <  un  pensionnat  assez  vaste  pour  recevoir  les 
<  élèves.  »  (Arch.  départ.  S.  L.) 

1.  Arch.  mun.  Reg.  des  déUbir.  T.  Il  f"  138. 

2.  Arch.  départ.  Registres  des  arrêtés  du  départ,  fo  122  v". 


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rique  et  à  iOOO  livres  celui  des  autres  citoyens  profes- 
seurs, à  partir  du  1"  janvier  précédent'. 

Le  !"■  mars  1793,  les  professeurs  du  collège,  Rabard, 
Garot,  Hucbedé  et  Cordier  avaient  encore  obtenu  des 
certificats  de  civisme^.  Mais  ils  ne  devaient  pas  con- 
server longtemps  leurs  fonctions.  Le  28  avril  suivant, 
Rabard  donne  sa  démission  de  principal^.  Les  au- 
tres professeurs,  à  l'exception  du  citoyen  Laigre',  le 
suivent  dans  sa  retraite;  soit  que  la  municipalité,  in- 
quiète de  voir  son  collège  péricliter  depuis  l'installation 
de  ces  nouveaux  professeurs,  se  fût  déterminée  à  leur 
demander  de  se  retirer,  soit  plutét  que  le  mariage  de 
Rabard  avec  Thérèse  Pannard  ait  amené  une  rupture 
entre  celui-ci  et  le  bureau  d'administration  du  collège 
mécontent  de  voir  un  prêtre,  vicaire  épiscopal  de  l'évé- 
quc  constitutionnel,  contracter  un  mariage,  et  que  les 
autres  professeurs  aient  pris  parti  pour  leur  collègue. 
Ces  démissions  ne  semblent  pas  avoir  surpris  les  ad- 
ministrateurs de  la  commune.  Le  2  mai,  le  conseil  gé- 
néral nomme  deux  commissaires  pour  aller  le  lende- 
main faire  le  récolement  des  objets  mobiliers  qui 
avaient  été  confîés  aux  professeurs  du  collège  et  charge 
le  procureur  de  la  commune  d'écrire  aux  citoyens  La- 


1.  Arch.  mun.  Registres  des  délibérations,  T,  [I. 

L'arLicle  8  de  la  loi  du  10  mars  1793  avait  décidé  que  les  pro- 
Tesseurs  des  collèges  seraient  désormais  payés  par  la  nation.  La 
loi  du  21  février  précédent  avait  fixé  leurs  traitements  à  un  mini- 
mum de  1000  livres  pour  les  villes  dont  la  population  ne  dépas- 
sait pas  30,000  âmes,  sans  qu'ils  pussent  être  portés  à  plus  de 
1500  livres.  Ils  pouvaient  s'élever  à  2000  livres  dans  les  villes  qui 
avuent  une  population  supérieure  à  30,000  âmes. 

S.  Arch.  mun.  Reg.  des  diiib.  t.  Il,  f"  166. 

3.  Arch.  départ.  Reg.  des  Arrélét  du  départ.  P"  1Ï9. 

4.  Laigre,  qui  avait  remplacé  le  citoyen  Guilbert  à  la  tête  du 
séminaire  depuis  le  35  septembre  1792,  tout  en  continuant  à  diri- 

Î'er  les  classes  de  rhétorique  et  de  seconde  au  collège,  avait  pré- 
iré  conserver  cette  situation  et  s'était  bien  gardé  de  démission- 
ner avec  ses  collègues. 


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-  382  - 

ban',  Séguéla^  et  Sartre ^  tous  les  trois  anciens  doctri- 
naires et  vicaires  épïscopaux  de  l'évéque  Villar,  pour 
leur  demander  de  prendre  la  direction  de  cet  établiaBe- 
ment.  En  cas  d'acceptation .  de  leur  part,  ces  trois  ci- 
toyens seront  présentés  à  T administration  départemen- 
tale pour  remplir  les  fonctions  d'instituteurs^. 

Rabard  et  ses  collègues  avaient  eu  soin  de  ne  donner 
leurs  démissions  qu'après  s'être  assuré  d'autres  posi- 
tions. Le  3  mai,  le  directoire  du  département  de  la 
Mayenne  accepte  ces  démissions  et,  par  un  second  ar- 
rêté, nomme  les  mêmes  personnages,  sur  la  proposition 
de  la  municipalité  de  Château-Gontier,  professeurs  au 
collège  de  la  dite  ville,  avec  des  traitements  de  1500  li- 
vres pour  Rabard,  1200  livres  pour  Huchedé,  1150  li- 
vres pour  Garot,  ilOO  livres  pour  Cordier  et  1050  livres 
pour  Ëpiard,  à  partir  de  leur  installation,  jour  où  ces- 
sera de  courir  leur  traitement  de  Laval  ^. 

Le  6  mai,  les  commissaires  de  la  municipalité  chargés 
de  faire  l'inventaire  du  mobilier  confié  au  citoyen  Ra- 
bard, en  sa  qualité  de  principal  du  collège,  sont  autori- 
sés à  lui  en  donner  décharge  ^  et  en  même  t«mps  à  ac- 

1.  Laban,  Joseph,  originaire  du  midi.  Ayant  conservé  ses 
fonctions  pendant  la  Révolution,  il  devint,  en  l'an  V,  professeur 
à  l'école  centrale  du  département,  puis,  en  l'an  XII,  directeur  de 
l'école  secondaire  de  Laval.  Il  auitla  cette  ville,  vers  1606.  pour 
devenir  précepteur  des  enfants  ou  général  Clarke,  plus  tard  duc 
de  Feltre,  et  mourut  à  Paris,  après  1830. 

2.  Séguéla.  Philippe,  originaire  du  midi  de  la  France,  mort 
l'année  suivante,  le  16  ventôse  an  11-6  mars  1794,  à  Saint-Mar- 
lin-le-Blanc,  district  de  Neuchatel-en-Bray  (Seine- Inférieure). 

3.  Sartre.  Jean-Joseph,  né  à  Toulouse.  Il  devint  successive- 
ment professeur  à  l'école  centrale  de  la  Mayenne,  [luîs  a  l'école 
secondaire  de  Laval,  et  paratt  avoir  quitté  cette  ville  vers  1815 
pour  rentrer  dans  sa  famitle. 

4.  Areh.  mun.  de  Laval.  Registres  des  diUbirations,  tome  II, 

5.  Arch,  départ,  de  la  Mayenne.  Registres  des  arrêtés  du  di- 
rectoire de  département,  f<>  15. 

6.  Le  29  du  même  mois,  le  directoire  de  département  donne 
également  décharge  au  sieur  Rabard  des  objets  mobiliers  appar- 
tenant au  séminaire  déposés  dans  les  bâtiments  dépendant  du 
collège  (Arch.  départ.  Reg.  des  délibér.  f»  132). 


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quérir  le  théâtre  que  celui-ci  avait  fait  construire  en 
vue  des  représentations  dramatiques  qu'il  se  proposait 
de  faire  donner  par  ses  élèves,  suivant  l'ancien  usage, 
à  l'époque  des  distributions  des  prix'. 

Rabard  et  ses  collègues  avaient  cessé  leurs  cours  le 
jour  même  où  ils  avaient  donné  leurs  démissions.  Le  13 
mai,  le  conseil  général  de  la  Commune,  regrettant  que 
ces  instituteurs  aient  laissé  leurs  élèves  sans  instruction, 
charge  un  de  ses  membres  de  constater  si  les  anciens 
professeurs  du  collège  ont  bien  remis  leurs  démissions 
à  l'administration  du  district  et  si  celle  du  départe- 
ment a  bien  confirmé  les  nominations  des  citoyens  Laban, 
Sartre  et  Séguéla,  présentés  par  la  Commune  pour  leur 
succéder  *.  Ce  commissaire  ayant  rapporté  des  réponses 
affirmatives  sur  ces  deux  points,  le  conseil  arrête  que 
les  professeurs  démissionnaires  serontpriés  d'évacuer  le 
collège  dans  les  quarante-huit  heures  et  que  leurs  suc- 
cesseurs seront  invités  à  entrer  de  suite  en  fonctions^. 

Le  16  mai,  ce  conseil  propose  de  nommer  pour  colla- 
borateursaux  professeurs  déjà  désignés,  MM,  Laigre', 

1.  Ce  théâtre  avait  coAlé  'lOO  livres.  Arrêté  du  directoire  de 
département,  pris,  le  7  messidor  an  If,  sur  la  réclamation  de 
Garot.  Hucheaé  et  Epiard,  tant  pour  eux  que  pour  les  héritiers 
de  liabard  et  Cordîer,  tués  par  les  brigands  delà  Vendée,  pour 
toucher  leurs  traitements  de  professeurs  au  collège  de  Laval  : 
l'indemnité  qui  leur  était  due  pour  avoir  logé,  nourri  et  entretenu 
deux  élèves  boursiers,  sur  le  pied  de  500  nvres  par  an  pour  cha- 
cun d'eux  ;  le  prix  du  théâtre  construit  à  leurs  frais;  plus  100  li- 
vres pour  le  traitement  du  tambour  et  du  maître  d'exercices  qu'ils 
faisaient  venir  pour  habituer  leurs  élèves  aux  mouvements  des 
annes  et  aux  évolutions  militaires.  {Arch.  départ.  Registres  des 
arrêtés  du  département,  f°  34). 

2.  Arch.  mun.  Reg.  des  délib.  et  Arrêté  du  direct,  de  départe- 
ment du  7  mai  1193.  —  Arch.  départ.,  série  L.  Registres  des  ar- 
rêtés du  département,  f"  38. 

3.  Archives  municipales.  Registres  des  délibérations,  tome  II, 

4.  Déjà  directeur  du  séminaire  et  professeur  de  rhétorique  au 
collège. 


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Réveil',  Cruchet',  suppléant,  et  Laurence^  avec  le  titre 
de  préfet  des  études.  Deux  membres  de  l'assemblée  sont 
nommés  commissairee  pour  procéder  à  l'installation  de 
ces  nouveaux  instituteurs,  aussitiït  que  leurs  nomina- 
tions auront  été  confirmées  par  l'administration  du  dé- 
partement. Celle-ci  ne  iît  pas  attendre  son  approbation, 
accordée  le  21  du  même  mois,  et  le  collège  put  rouvrir 
ses  cours  avec  son  nouveau  personnel  au  complet  cette 
fois*. 

Comme  Laban,  Sartre  et  Séguéla,  les  citoyens  Laigre, 
Réveil  et  Crochet  étaient  des  vicaires .  épiscopaux  de 
l'évoque  Viilar.  Tous  les  six  appartenaient  au  parti  mo- 
déré. Le  citoyen  Laurence,  seul,  était  un  laïque  (nous 
le  croyons  du  moins)  affilié  au  parti  Jacobin. 

L'un  de  ces  professeur,  le  plus  distingué  peut-être, 
ne  tarda  pas  à  disparaître  de  Laval.  Séguéla,  qui  avait 
collaboré  aux  premiers  numéros  du  journal  publié  par 

1.  Réveil,   Jean-Baptiste-Tousaoint,  vicaire  de  Bazouges.  Il 

auitta  le  uollèf^e  en  t'.-in  II  pour  devenir  bibtiottx'caire  à  Châteaii- 
ontier,  mais  futraupeté  en  l'an  V  à  l'école  centrale,  et  passa, 
en  l'an  Xli.  h  l'école  secondaire  de  Laval  qu'il  abandonna  de 
nouveau  en  1805  pour  se  retirer  à  Châleau-Gonlier,  où  il  est  mort 
vers  1819. 

3.  Cruchet,  Pierre,  vicaire  sacrislain  de  Notre-Dame  de 
Mayenne,  puis  principal  du  i:ollè(^  de  cette  ville,  devenu  vi- 
caire épiscopal  de  l'évoque  Vilinr.  Il  se  retira  à  Mayenne,  après 
la  cessation  du  culte  constitutiounel.  Dénoncé,  le  12  nivAse  an  II, 
nu  comité  révolutionnaire  de  M.iycnne  par  celui  de  Laval  comme 

Crôtre  fanatique  et  royaliste,  il  fui  contraint  de  se  cacher  pendant 
i  Terreur.  Après  le  concordat,  il  reprit  ses  fonctions  à  Mayenne 
où  il  est  mort  en  1813. 

3.  Laurence,  nommé  membre  du  directoire  du  district  de  La- 
val par  Esnue-Lavallëe  et  Thirion,  au  mois  d'octobre  1793,  puis 
membre  du  comité  révolutionnaire,  le  22  frimaire  en  II.  fut  des- 
titué de  ses  fondions  et  même  arrêté  sur  l'ordre  de  QoursauH,  au 
mois  de  frimaire  an  III,  Le  17  ventôse  an  II,  il  avait  demandé 
nu  conseil  général  de  la  commune  À  changer  son  prénom  d'A- 
lexandre, n  que  ta  superstition  et  le  fanatisme  lui  avaient  donné, 
«  en  celui  de  Fabricius,  qui  aima  mieux  mourir  pauvre  que  d'ê- 
•  tre  nche  en  trahissant  sa  patrie.  ■ 

4.  Arch.  départ,  série  L.  Regiatrei  des  arrêtés  du  directoire  de 
département,  t-  89. 


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—  333  — 

son  collègue  Rabard',  n'hésita  pas  cependant  à  donner 
son  adhésion  au  soulèvement  tenté  par  les  départements 
de  l'Ouest  en  faveur  des  députés  girondins  expulsés  de 
la  Convention  à  la  suite  des  événements  des  1"^  et  2  juin 
1793.  Il  rédigea  plusieurs  des  arrêtés  de  protestation 
pris  par  les  corps  constitués  de  Laval  et  fut  ensuite  l'un 
des  commissairea  chargés  de  porter  à  ta  Convention  ta 
rétractation  du  département  de  la  Mayenne.  Lorsqu'il 
fut  revenu  à  Laval,  il  craignit  d'être  arrêté  comme  fé- 
déraliste et  prit  un  passeport  pour  Rouen  {24  juillet 
1793).  Il  fut  bien  accueilli  en  cette  ville  par  Tévéque 
constitutionnel,  Gratien,  qui  le  fit  nommer,  te  13  septem- 
bre, vicaire  a  Saint-Martin-le-Blanc,  où  il  mourut,  le 
6  mars  1794^.  Il  ne  parait  pas  avoir  été  remplacé  au 
collège  de  Laval. 

L'ancien  doctrinaire  Laban  était  le  principal  de  cet 
établissement.  C'est  lui  qui,  le  26  août  1793,  invite  le 
conseil  général  de  la  commune  à  assister  à  la  distribu- 
tion des  prix  décernés  aux  élèves^. 

L'occupation  de  Laval,  le  23  octobre  1793,  par  les 
Vendéens,  qui  deux  fois  encore  traversèrent  ta  ville, 
aux  mois  de  novembre  et  de  décembre  suivants,  amena 
la  dispersion  des  élèves  du  collège.  Beaucoup  d'entre 
eux  ue  revinrent  pas.  Les  professeurs,  trop  nombreux 
pour  le  peu  d'écoliers  qu'ils  avaient  à  instruire,  cher- 
chent d'autres  situations.  Laurence,  nommé  administra- 


1.  Le  premier  numéro  du  Patriote  de  la  Mayenne  porte  la 
date  du  5  mai  1792. 

2.  Arrêté  du  directoire  de  département  de  la  Mayenne  du  l*"" 
prairial  an  III.  sur  la  pétition  préKenlée  par  le  eit.  Laban,  au  nom 
des  deux  sœurs  de  Sé);uéla,  pour  demander  que  le  nom  de  leur 
frère  fùl  rayé  de  la  liste  des  émigrés  (Arrh.  départ.  Begislres  des 
arrêtés  du  direct,  de  départ.). 

3.  Arch.  mun.  Registres  des  délibérations,  etc..  Le  2  août  pré- 
cédent, le  département  avait  pris  un  arrêté  ordonnant  qu'il  fût 
versé  une  somme  de  200  livres  aux  professeurs  du  collège  pour 
achat  de  prix  (Arch.  départ.,  série  L.  Registres  des  arrêtés  du 
Direct,  de  départ.  ^  6). 


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—  356  - 

tear  du  diatrîct  dans  les  premiers  jours  du  mois  d'oc- 
tobre, se  retire  le  premier  < .  Cruchet  suit  son  exempte 
et  rentre  à  Mayenne. 

Le  20  novembre  suivant,  les  quatre  professeurs  de- 
meurés en  Fonctions,  Labaa,  Laigre,  Réveil  et  Sartre, 
accompagnés  du  citoyen  RufTin  -,  également  vicaire  épis- 
copal  de  l'évêque  Villar  qui  avait  quitté  Laval  pour  al- 
ler occuper  un  siège  à  la  Convention  nationale,  se  pré- 
sentèrent au  directoire  de  départeioeot.  L'un  d'eux, 
portant  la  parole  au  nom  de  tous,  déclara  qu'ils  renon- 
çaient au  métier  de  prêtres  pour  s'employer  tout  entiers 
au  service  de  la  patrie  et  de  la  liberté  et  que,  s'ils  ne 
rendaient  pas  leurs  lettres  de  prêtrise,  c'est  qu'elles 
avaient  été  brûlées  par  les  brigands.  11  leur  fut  donné 
acte  de  leur  déclaration  dont  il  fut  dressé  un  procès-ver- 
bal, transcrit  sur  le  registre  des  arrêtés  du  département 
avec  le  discours  de  l'orateur  3. 

11  leur  fut  en  outre  remis  un  certificat  constatant  leur 
abjuration  et  contenant  un  long  extrait  du  discours 
prononcé  par  l'un  d'eux. 

ic  Laval,  30  brumaire  an  II  (20  novembre  1793). 

«  Nous,  administrateurs  du  département  de  la  Mayen- 
ne, certifions  que  les  citoyens  Ruffîn,  Laigre,  Laban, 
Réveil  et  Sartre  se  sont  présentés  au  lieu  de  nos  séan- 
ces et  nous  ont  déclaré  vouloir  renoncer  au  métier  de 
prêtres.  L'un  d'eux  a  dit  : 

«  Si  les  brigands  échappés  de  la  Vendée  n'eussent 
pas  souillé  notre  ville  ;  s'ils  n'eussent  pas  porté  le  fer  et 


2.  Ruffm,  .  s         ■      - 
episcopat  par  l^véque  Villar.  Il  élail.  en  l'an  V,  officier  de  la 

farde  nalionale  et  adjudant  des  colonnes  mobiles.  Mort  en  1836, 
l'IIuiBserie,  après  avoir  élé  quelque  temps  vicaire  à  Louverné, 
après  le  Concordat. 

3.  Boullier.  Mémoires  ecclésiastiques,  pase  154.  M.  Boullier 
cite  le  nom  de  Cruchet  au  lieu  de  celui  de  Rulrm. 


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~  357  - 

le  feu  daos  nos  murs,  nous  vous  remettrions  nos  lettres 
de  prêtrise  pour  en  faire  un  autodafé.  Mais  les  scélérats 
ont  sans  doute  deviné  nos  intentions.  Ils  les  ont  brû- 
lées. Nous  vous  promettons,  citoyens  administrateurs, 
de  n'employer  les  talents  que  nous  avons  reçus  de  la 
nature  que  pour  faire  détester  les  prêtres,  car  de  tout 
temps  ils  furent  les  ennemis  de  la  patrie  et  de  l'huma- 
nité. De  tout  temps  ils  sacrifièrent  tout  à  leur  intérêt. 

«  Le  génie  de  la  liberté  qui  nous  anime  nous  fait  re- 
noncer au  traitement  que  la  nation  voulait  bien  noua  ac- 
corder; cet  argent  servira  du  moins  à  entretenir  les  dé- 
fenseurs de  la  patrie  et  à  faire  triompher  la  République. 
Citoyens  administrateurs,  nous  vous  demandons  acte  de 
notre  renonciation  au  métier  de  prêtres,  avili  par  tant 
de  crimes.  Noua  vous  demandons  en  outre  qu'il  en  soit 
envoyé  un  duplicata  à  la  Convention  nationale,  et  nous 
jurons  de  ne  jamais  exercer  les  fonctions  sacerdotales. 

«  Et  ont  les  dits  citoyens  signé  la  minute,  Ruffin,  Lai- 
gre,  Laban,  Réveil  et  Sartre  (Suivent  les  signatures)^ .  n 

Les  lettres  de  prêtrise  que  les  cinq  vicaires  épisco- 
paux  déclarent  avoir  été  détruites  par  les  Vendéens 
avaient-elles  été  brûlées  comme  ils  le  prétendent  ?  )I  est 
permis  d'en  douter.  Peut-être  un  reste  de  respect  pour 
le  caractère  sacré  dont  ils  étaient  revêtus  lea  avait-il 
retenus  au  moment  de  livrer  ces  lettres  aux  mains  des 
Jacobins  ^. 


1.  Dom  Piolin.  Histoire  de  l'église  du  Mans,  tome  VIII,  page 
408  et  Arch.  départ,  série  L,  Registres  des  arrêtés  du  direct,  de 
départ.  ^  20. 

2.  En  occupant  Laval,  au  mois  d'octobre  1793,  les  Vendéens 
avaient  envahi  le  collège  pour  s'y  loger  et  s'étaient  emparés 
d'une  somme  de  900  livres  qui  se  trouvait  dans  la  caisse  de  cet 
établissement,  suivant  le  rapport  fait  au  conseil  général  de  la 
commune  j  le  4  fructidor  an  III,  parle  citoyen  Hayer,  ancien  rece- 
veur municipal.  Mais  nous  ignorons  s'ils  y  avaient  commis  d'au- 
tres dévastations,  notamment  dans  les  lo^ments  habités  par  les 
professeurs.  (Archives  municipales.  Registres  des  délibérations). 


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-  3S8  - 

Nous  nous  sommes  demandé  aussi  quel  avait  pu  être 
celui  des  cinq  comparants  qui  avait  porté  la  parole  dans 
cette  oirconsiance.  Nous  avons  la  conviction  que  cet 
orateur  n'a  pu  être  que  le  citoyen  Ruffin.  La  place  don- 
née à  son  nom  dans  le  procès-verbal  transcrit  sur  le  re- 
gistre du  département  semble  l'indiquer,  et,  de  plus, 
nous  ne  rencontrons  dans  son  discours  ni  les  idées,  ni 
le  langage  habituel  des  quatre  profesBeurs  du  collège 
qui  s'étaient  associés  a  lui  pour  cette  démarche.  Les 
ouvrages  que  nous  avons  consultés,  les  documents  qui 
ont  passé  sous  nos  yeux  et  les  souvenirs  que  nous 
avons  recueillis  autrefois  de  la  bouche  de  plusieurs 
vieillards,  anciens  élèves  de  l'école  centrale  du  départe- 
ment de  la  Mayenne,  où  ils  avaient  eu  poïir  maîtres 
MM.  Laban,  Sartre,  Réveil  et  Laigre,  nous  avaient  fait 
connaître  ceux-ci,  plus  particulièrement  les  deux  pre- 
miers, pour  hommes  sages,  réglés  dans  leur  vie,  modé- 
rés dans  leurs  opinions  et  réservés  dans  leur  langage. 
Aucun  d'eux,  nous  en  sommes  persuadé,  n'aurait  osé 
prononcer,  contre  les  prêtres  en  général,  les  accusations 
contenues  dans  le  discours  dont  il  s'agit*.  Dominés  par 
la  peur,  en  voyant  les  Jacobins  menacer  à  son  tour 
le  clergé  constitutionel,  ils  s'étaient  abandonnés  à  un 
acte  de  lâcheté,  peut-être  pour  sauver  leur  vie  el  leur 
liberté,  mais  plutêt  sans  doute  par  attachement  pour 
leurs  fonctions,  dans  l'espoir  de  se  rendre  utiles  à  la 
jeunesse  en  lui  donnant  l'instruction,  alors  que  toutes 
les  maisons  d'éducation,  ruinées  par  la  Révolution, 
avaient  disparu  ou  végétaient  tristement,  sans  ressour- 
ces, sans  élèves  et  sans  professeurs  dignes  de  ce  noiii^. 

1.  Ce  tangage  se  comprend  phis  racilerocnl  dans  la  bouche  du 
citoyen  Rumn,  homme  jeune,  récemment  ordonné  prêtre  par  l'é- 
voque Villar,  le  futur  olfioier  des  colonnes  mobiles  et  de  la  garde 
nationale  de  Laval. 

2.  Nous  avons  souvent  entendu  raconter  à  un  de  nos  parents, 
ancien  élève  de  l'Ecole  centrale,  qui  avait  conservé  pour  ses  an- 


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Leur  apostasie  les  fît  en  effet  maintenir  dans  leurs 
fonctions  et  leur  permit  d'obtenir  des  certificats  de  ci- 
visme, mais  amena  une  nouvelle  diminution  dans  le 
nombre  de  leurs  élèves.  Aux  parents  qui,  en  1792, 
avaient  retiré  leurs  enfants  du  collège  pour  ne  pas  les 
laisser  aous  la  direction  des  prêtres  constitutionnels, 
vinrent  se  joindre  ceux  qui  considéraient  comme  une 
action  honteuse  l'abjuration  des  citoyens  Laban,  Sartre, 
Réveil  et  Laigre. 

Réveil  quitta  bientôt  ses  collègues  pour  chercher  une 
occupation  à  Château-Gontier  ' .  lis  ne  restaient  plus  que 
trois  à  la  tète  du  collège.  C'était  assez  sans  doute,  eu 
égard  au  nombre  des  écoliers  confiés  à  leurs  soins. 

Le  6  brumaire  an  III,  l'administration  du  département 
de  la  Mayenne,  répondant  à  une  demande  de  rensei- 
gnements qui  lui  avait  été  adressée  par  le  comité  d'ins- 
truction publique  de  la  Convention,  relativement  aux 
ressources  que  pouvait  offrir  la  ville  de  Laval  pour  l'é- 
tablissement d'une  école  centrale,  avait  tracé  le  tableau 
suivant  de  la  situation  du  collège  à  cette  date. 

a  L'ancien  collège,  qui  était  peu  vaste  et  situé  dans 
«  un  local  fort  incommode,  avait  été  fondé  sous  Henri 
n  III  ^.  Dilîérentes  terres  composaient  sa  dotation.  Elles 
«  ont  été  vendues,  ainsi  que  le  collège  lui-même,  con- 
u  fermement  à  la  loi,  et  un  nouveau  collège  a  été  créé, 
«  avec  un  pensionnat  assez  vaste  pour  recevoir  les  élè- 


ciens  proresseurs  un  souvenir  d'afrection  et  de  Rjmfisthie.  que. 
bien  des  Tois  M.  Laban.  tout  en  évitant  dons  son  enseignement  la 
moindre  allusion  aux  idées  religieuses,  l'avait  fait  monter  secrète- 
ment dans  sa  chambre,  aveu  quelques  autres  élèves,  sur  la  dis- 
crétion desquels  il  savait  pouvoir  compter,  pour  leur  faire  réciter 
leurs  prières. 

1.  Il  avait  été  chaîné  du  triage  des  livres  conlisqués  dans  les 
couvents  supprimés  ou  chei  les  émigrés  pour  former  une  biblio- 
thèque en  cette  ville.  . 

S.  Il  existait,  ainsi  que  nous  l'avons  dit.  bien  avant  Henri  tll. 
Ce  roi  s'était  borné  à  conlirmer  son  érection  et  à  faire  attribuer 
à  son  principal  une  des  prébendes  du  chapitre  de  Saint- Tugat. 


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—  360  - 

<i  ves.  il  réunit  tout  ce  qu'exige  un  établissement  d'ins- 
«  truction  publique.  C'est  l'ancien  couvent  des  UrBuli- 
«  nés.  Il  a  cour,  jardin,  et  une  grande  salle  pour  les 
«  actes  publics. 

«  Les  professeurs  reçoivent  un  traitement  de  le  na- 
ît tion. 

('  On  y  enseigne  le  calendrier,  les  droits  de  l'homme, 
Il  la  constitution  républicaine,  le  recueil  des  actions  hé- 
II  roîques,  le  système  des  nouveaux  poids  et  mesures, 
Il  les  langues  latine  et  française,  les  belles-lettres,  la 
«  géographie,  l'histoire,  les  mathématiques  et  la  physi- 
n  que. 

«  L'enseignement  y  est  donné  par  trois  instituteurs 
«  qui  ont  obtenu  des  certificats  de  civisme  aux  difîé- 
n  rentes  époques  de  la  Révolution  et  qui  se  sont  livrés 
II  dès  leur  jeunesse  à  l'instruction  publique. 

«  Le  citoyen  Laigre,  âgé  de  27  ans,  professeur  de 
Il  rhétorique  au  collège  de  Mayenne  en  1789,  1790  et 
«  1791,  d'où  il  a  été  appelé,  en  1792,  à  la  chaire  de  rhé- 
H  torique  au  collège  de  Laval. 

H  Le  citoyen  Laban,  âgé  de  41  ans,  membre  de  la  ci- 
11  devant  congrégation  des  doctrinaires  durant  22  ans. 

«  Le  citoyen  Sartre,  âgé  de  38  ans,  ci-devant  doc- 
(I  trinaïre  pendant  19  ans. 

■  Ces  trois  citoyens,  ci-dessus  dénommés,  ont  la 
«  confiance  du  public  et  des  enfants'.  » 

Le  comité  d'instruction  publique  de  la  Convention 
nationale,  ayant  à  choisir  entre  les  différents  systèmes 
qui  lui  étaient  soumis  par  les  novateurs  pour  réorgani- 
ser l'éducation  de  la  jeunesse,  avait  enfin  fini  par  arrê- 
ter les  bases  d'un  nouveau  plan  d'instruction  secondaire. 
Un  décret  du  7  ventôse  an  III  avait  ordonné  la  création, 
pour  l'enseignement  des  sciences,  des  lettres  et  des 
arts,  d'un  certain  nombre  d'écoles  centrales,  à  raison 

1.  Arch.  dépan.,  série  L. 


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d'une  par  300,000  habitants,  pour  remplacer  les  anciens 
collèges  qui  avaient  disparu  pendant  la  Révolution.  Les 
lieux  où  devaient  être  placées  ces  écoles  n'avaient  pas 
été  désignés  dans  le  décret  du  7  ventôse.  Aussitôt  qu'il 
eut  été  promulgué,  les  villes  qui  pouvaient  espérer  ob- 
tenir un  établissement  de  ce  genre  commencèrent  à  sol- 
liciter. Cbàteau-Gontier  et  Mayenne,  notamment,  firent 
tous  leurs  efforts  pour  amener  la  Convention  à  les  choi- 
sir pour  être  le  siège  d'une  école  centrale,  de  préférence 
à  Laval  qui,  de  son  côté,  invoquant  son  titre  de  chef- 
lieu  de  département  et  sa  situation  plus  centrale,  entre- 
prit de  lutter  contre  les  prétentions  de  ses  rivales. 

Le  t8  germinal  an  III,  le  conseil  général  de  la  com- 
mune arrêtait  les  termes  d'une  pétition  à  la  Convention 
nationale  pour  faire  valoir  les  titres  de  la  ville  à  obtenir 
une  école  centrale.  Cette  pétition,  revêtue  de  l'appro- 
bation du  district  et  de  l'administration  centrale  du  dé- 
partement, devait  être  transmise  au  citoyen  Plaichard- 
Choltière,  député  et  membre  du  comité  d'instruction 
publique,  avec  mission  de  la  remettre  à  la  Convention 
et  de  l'appuyer  de  sa  parole  dans  cette  assemblée  '. 

Mais  Plaichard-Choltière,  déjà  sollicité  à  plusieurs 
reprises,  n'avait  pas  négligé  les  intérêts  de  ses  compa- 
triotes et,  le  jour  même  où  le  conseil  général  de  la  com- 
mune de  Laval  prenait  ladite  délibération,  un  nouveau 
décret  comprenait  cette  ville  au  nombre  de  celles  qui 
devaient  posséder  une  des  nouvelles  écoles^. 

Toutefois  la  création  de  celle-ci  devait  se  faire  atten- 
dre longtemps  encore.  La  loi  du  .S  brumaire  an  IV,  por- 
tant organisation  de  l'instruction  publique,  décidait  qu'il 
serait  créé  une  école  centrale  dans  chaque  département. 

Bien  que  la  ville  de  Laval  possédât  un  local  très  con- 


t.  Arch.  mun.  Regiairea  des  délibérations. 
2.  Arch.  départ.  Lettre  du  citoyen  Plaiehard-Ckoliière,  reprf- 
ieniant  du  peuple,  en  date  du  20  germinal  an  111. 


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venable  pour  un  établissement  de  ce  genre,  avec  an  bâ- 
timent spécial  pour  la  bibliothèque  qui  devait,  aux  ter- 
mes de  la  loi,  lui  être  annexée',  c'est  seulement  au  com- 
mencement de  l'an  V  que  l'école  centrale  du  département 
de  la  Mayenne  put  être  inaugurée. 

Nous  trouvons  dans  le  Compte  rendu  par  l'adminis- 
tration centrale  du  département  de  la  Mayenne  de  sa 
gestion  à  partir  du  11  brumaire  an  IV Jusqu'au  i" 
vendémiaire  an  V\  un  chapitre  consacré  aux  dépenses 
faites  pour  le  collège  dans  le  cours  de  cette  année,  tant 
pour  le  traitement  des  professeur^  que  pour  la  pension 
d'un  élève  boursier  ^,  l'entretien  de  la  bibliothèque  et  les 
réparations  faites  aux  bâtiments. 

Ce  chapitre  est  ainsi  conçu  : 

s  V 

Dépenses  de  l'Instruction  publique. 

«  L'instruction  publique  '  n'cntrutne  d'autres  dépenses 
«  que  celles  relatives  au  traitement  des  instituteurs  des 
«  écoles  centraies,  à  l'entretien  des  élèves  auxquels  il  est 
«  accordé  des  pensions,  aux  bibliothèques,  et  aux  répara- 
it tions  des  édifices  où  sont  établies  les  écoles  centrales^. 

n  L'organisation  de  cette  école  n'ayant  point  eu  lieu 
K  dans  le  courant  de  l'an  IV,  le  ci-devant  collège  de  La- 
II  val,  qui  en  a  tenu  la  place,  a  pour  ainsi  dire,  seul 
II  donné  occasion  aux  dépenses  détaillées  au  bordereau 
II  n"  5  dont  nous  rappelons  ici  les  résultats. 

1.  L'ancien  pensionnat  des  Ursulinea,  ocuupë  quelque  temps 
par  le  séminaire,  puis  abandonné  après  la  cessation  du  uuUe. 

2.  Laval,  Portier,  an  VI,  in-4  de  78  pages  et  tableaux. 

3.  Le  jeune  Ravanj,  descendant  de  la  famille  de  la  Porte.  Le 
boursier  de  la  ville,  le  jeune  Masson,  avait  quitté  le  collège  à  la 
fin  de  l'an  III.  sans  renoncer  formellement  à  sa  bourse,  et  n'avait 
pas  été  remplacé  (Lettre  du  citoyen  Laban  aux  citoyens  compo- 
sant l'administration  centrale  du  département  de  la  Mayenne, 
en  date  du  4  ventiise  an  V.  Arch.  départ,  série  L.) 

4.  Lois  des  29  frimaire  et  8  prairial  an  II  (.Vote  de  la  broehurt). 

5.  Loi  du  3  brumaire  an  IV  (Note  de  la  brochure). 


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-363- 

«  Le»  dépenses  du  premier  aemestre,  pour  lequel  il 
«  n'a  pas  été  ouvert  de  crédit,  se  montent,  en  assignats, 
«  à  43,107  fr.  50,  et  en  mandats,  à  1506  fr.  75.  Ces 
«  deux  sommes  réunies  et  réduites  en  valeurs  métalliques 
«  présentent  une  dépense  de  2442  fr.  40,  ci.     2442  40 

«  Celles  du  second  semestre  sont  de  1687  fr. 
«  50  en  mandats,  valeur  nominale,  et  à 
«  28401  fr.  12  en  mandats  au  cours.  Ces 
«  deux  sommes  se  réduisent  en  valeur  mé- 

H  tallique  à  3495  fr.,  ci 3495     » 

«  Au  total 5937  40 

Le  tableau  n"  5,  annexé  à  ce  chapitre,  établit  que  le 
traitement  doa  trois  professeurs  du  collège  s'est  élevé 
au  total  à  5625  fr.  Les  autres  dépenses  comprennent 
240  pour  la  pension  d'un  boursier,  32  fr.  50  pour  la 
bibliothèque  et  40  fr.  pour  réparations  aux  bâtiments'. 

i.  Ce  BonJereau  eal  ainsi  conçu  : 
N"  5.  DÉPENSES  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

lîlat  des  dépemea  relatives  à  l'instruction  publique,  à  partir  Un 

i"  vendémiaire  an  III  au  30  fructidor  an  IV  de  la  République 


NATURE 

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—  364  - 

Cette  pièce  est  la  dernière  concernant  le  collège  de 
Laval  que  nous  ayons  rencontrée.  Labao,  Sartre  et  Lai- 
gre,  demeurés  à  la  tète  de  cette  établissement  jusqu'au 
mois  de  vendémiaire  an  Y,  furent  compris  dans  l'orga- 
nisation  de  l'école  centrale  et  nommés  professeurs  par 
un  arrêté  en  date  du  25  dudit  mois.  Us  conservaient  en 
même  temps  la  direction  de  l'ancien  pensionnat  du  col- 
lège, devenu  une  annexe  de  la  nouvelle  école. 

Nous  aurons  l'occasion  de  reparler  de  ces  trois  per- 
sonnages, si  nous  nous  décidons  à  compléter  notre  tra- 
vail par  un  dernier  chapitre  consacré  à  l'histoire  de 
rÉcolo  Centrale  du  département  de  la  Mayenne  et  de  son 
personnel  de  l'an  V  à  l'an  XII. 

E.  Querd\u-Laherie. 

FIN    DE   LA   PBEHIBRE   PARTIE 


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NOTE 

sua  LES  PROTESTANTS  DE  CHATEAD-GONTIKR 

ÀD   XVII*   SIÈCLE 


En  poursuivant  nos  recherches  historiques  sur  Les 
Protestants  de  Baugé  aux  XVI*  et  XVII'  siècles,  nous 
avons  eu  connaissance  d'un  manuscrit  inédit,  très  inté- 
ressant, récemment  entré  dans  la  Bibliothèque  de  la  So- 
ciété de  l'Histoire  du  Protestantisme  français  et  conte- 
nant le  procès-verbal  du  synode  tenu  à  Baugé,  «  par  la 
«  permission  du  Roy,  le  jeudy  8  juin  1656  et  jours 
a  suivants  auquel  sont  présents  les  représentants  de 
«  ISéglises'.a  «  M"  Jacques  deRidoûé,  8'deSançay',  » 
y  assiste,  «  de  la  part  de  S.  M.,  avec  lettres  de  M"*  le 
«  M"  de  la  Varenne,  lieutenant  du  Roy  en  la  province 
«  d'Anjou.  »  Le  modérateur  du  synode  est  M"  Pierre  de 
Coudre,  pasteur  de  l'église,  de  Châtillon-sur- Indre.  Il  a 
pour  adjoint  M'  René  AUaire,  pasteur  de  l'église  de  Bel- 
léme,  et  pour  secrétaire  Jean  du  Fresnay,  contrôleur  au 
grenier  à  sel  de  Richelieu,  anciea  de  l'église  de  Loudun. 

Voici  les  passages  relatifs  aux  protestants  de  Château- 
Gontier  et  des  environs  : 

«  Sur  la  proposition  du  sieur  des  Aulnais  ^,  ancien  de 


1.  On  voulait  ae  rendre  de  Biiugé  à  Saumur,  mais  les  autorités 
s'y  opposaient  et  le  synode  resta  a  Baugé. 

2.  Sancé,  chat.,  c"  def  Saint-Martin-d'Aruti,  —  Cette  terre  ap- 
partenait aux  Hidouet  depuis  le  XVI*  siècle. 

3.  Les  Aunais-Barrés,  c™  de  Bazouges. 

â3 


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«  l'église  de   Ctiasteaugonlier,   qu'ils  ont  par  arrest  li- 

H  berlé  de  a'assembier,  chaque  soir,  pour  faire  les  prières 

«  publiques,  en    une  maison  fixée,  cette  maison   ayant  ' 

H  été,  depuis  peu,  acquise  par  un  catholique,  sont  raena- 

«  ces  d'être  dépossédés  à  la  Saint-Jean  prochaine.  Est 

t[  arresté  qu'ils  continueront  leurs  prières  jusqu'à  cette 

«  date,  pour  ensuite  trouver  une  nouvelle  maison...  » 

«  Le  Consistoire  donne  quittance  à  Madame  la  mar- 
«  quise  de  la  Barre  '  des  arrérages  de  sa  terre  pour  le 
«  logis  du  sieur  de  Montault'.   » 

n  L'information  de  la  vie  et  mœurs  de  M'  de  la  Gal- 
«  1ère  3,  pasteur  de  l'église  de  Chastcaugontier,  faite  par 
«  MM"  de  Vaussoudan  et  de  Boisnoreau,  est  renvoyée 
«  au  colloque  renforcé  qui  se  doit  tenir  à  Saumur,  pour 
«  l'examiner  et  lui  appliquer  les  censures  convenables, 
a  et  lui  enjoint  de  s'y  trouver  avec  un  ancien  de  son 
«  église...  » 

La  première  de  ces  mentions  est  particulièrement  in- 
téressante parce  qu'elle  confirme  les  renseignements 
fournis  par  nous  dans  notre  étude  historique  sur  Les 
Chivré,  marquis  de  la  Barre  de  Bierné  (XVI'-XVIIl* 
siècles).  Nous  avions,  en  effet,  relevé,  dans  le  chapitre 
quatrième,  un  curieux  passage  de  la  défense  du  sieur 
des  Aunais,  poursuivi  en  1665,  avec  la  dame  de  la  Barre^ 
Gédéon  de  Ghivré  et  Marc  de  la  Faucille,  devant  le  Pré- 
sidial  de  Ghâteau-Gontier,  pour  diverses  contraventions 
aux  édits  du  roi.  Abel  Bédé,  sieur  des  Aunais-Barrés 
de  Bazouges,  dit,  dans  cette  défense,  que  l'église  calvi- 


1.  Anne  Vallée,  marquise  de  la  Barre,  veuve  de  Messire  Anne 
de  Chivré,  marquis  de  la  Barre,  lieutenant  général  de  l'artillerie 
de  France. 

2.  Pierre  de  Montault,  pasteur  de  la  Barre,  1654-1683. 

3.  François  de  la  Galère,  ministre  de  Ch&teau-Oont«r,  1651- 
1662. 


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—  36T  — 

QÏste  da  bailliage  de  Château-Gontier  avait  été  transfé- 
rée aux  Auoais,  a  par  arreat  contradictoire,  rendu  au 
«  conaeil  privé  de  Sa  Majesté,  à  la  requête  des  habi- 
a  tans  de  cette  ville,  le  17  may  1612.  » 

L'arrêt  rendu  par  les  magistrats  du  Présidial,  le  2  mars 
1665,  interdît  aux  seigneurs  protestants  ci -dessus  nommés 
u  de  faire  aucun  exercice  publicq,  en  leurs  maisons  de 
a  la  Barre,  de  la  Faucille  et  des  Aulnaiz,  de  la  religion 
«  prétendue  réformée,  à  peine  de  cinq  cens  livres  d'a- 
ce mande,  et  à  tous  ministres  d'y  faire  aucun  presche  ny 
«  fonction  de  la  prétendue  religion,  suivant  l'article 
«  du  dict  édict  et  déclaration,  à  peine  de  punition  et  de 
«  cinq  cens  livres  d'amande,  a  11  fut  interdit  aux  pro-  - 
testants  qui  habitaient  Château-Gontier  de  se  réunir  et 
de  faire  leurs  prières  n  à  sy  haulte  voix  qu'elles  soient 
o  entendues  des  voisin»  et  passans,  à  peine  de  vingt- 
«  cinq  livres  d'amande  pour  la  première  contravention 
«  et  de  plus  grande  en  cas  de  residive...'  » 

1.  Archives  de  la  Mayenne,  B  2336. 

André  Joubert. 


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DOCUMENTS  INÉDITS 

RELATIFS 
A   CRAOïN  ET  A   CHATEAU-GONTIER 

(xvi'-xvii*  siècles). 


I 

Lettre  des  habitants  de  la  ville  de  Craon  au  maire 
d'Angers,  relative  à  la  défense  de  leur  cité  contre 
les  attaques  des  huguenots.  —  i5  Juin  i574. 

Monsieur  ' , 
Nous  avons  congneu  par  l'arrivée  de  monsieur  de 
Saiact-Jullian  le  bon  seing  qu'avez  eu  de  nous,  en  ce 
temps  calamiteux  et  misérable,  dont  vous  remercions 
bien  humblement  et  vous  supplions  nous  avoir  tousjours 
pour  recommandez.  De  nostre  part,  nous  avons  délibé- 
ré de  continuer,  pour  nous  maintenir  et  garder,  comme 
nous  avons  faict  par  le  passé  ;  mais  d'aultant  que  y  en  a 
d'aucuns  qui  sont  tardifs  et  paresseux  de  faire  leur  deb- 
voir,  de  faczon  qu'il  est  de  besoing  de  user,  en  leur  en- 
droict,  de  rigueur  et  contraincte,  ce  que  ne  pcult  estre 
exécutté  sans  commandement,  s'il  vous  plaist,  nous  ad- 
viscrez  de  nous  pourvoir  de  commission,  quent  veoyrez 

1.   Mnurillfï  Deslandes.  sieur  des  itoches  el  de  Beaulieu,  éche- 
vin  en  1564.  conseiller  au  Présidial  en  1568,  maire  en  1574. 


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estre  expédiant  pour  l'auctorité,  et  d'aultant  que  monsieur 
de  Sainct-Jullian  vous  pourra  plus  amplement  certiorer 
de  Testât  et  comportement  de  nostre  ville,  nous  ne  fe- 
rons plus  longue  ;  sinon,  après  avoir  salué  voz  bonnes 
gracesdenozbien  humbles  recommandations,  prient  Dieu, 
Monsieur,  vous  donner,  en  santé,  bonne  et  heureuse  vie. 

DeCraon,  ce  H' juing  1574'. 

Voz  à  jamais  obligez  et  bien  humbles  serviteurs  les 
manans  et  habitants  de  la  ville  de  Craon. 

II 

Lettres  des  habitants  de  la  ville  de  Craon  au  maire 
d'Angers,  «  pour  l'extinction  des  VII  s.  VI  d.  pour 
pippe  de  vin.  »  —  10  novembre  157i. 

Messieurs, 
Ayant  receu  voz  lettres  et  extraict  de  la  conclusion  qui 
a  esté  prinse  en  la  Maison  de  ville  pour  empescher  et 
adviser  del'admortissemcnt  et  extinction  du  subcide  des 
sept  solz  six  deniers  que  le  Roy  entend  remettre  sus 
nous,  avons  faict  assembler  les  habitans  de  ceste  ville 
de  Craon,  lesquclz  ont  advisé  de  ne  constituer,  pour  cest 
effect,  à  présent,  aucune  procuration,  et  nous  ont  donné 
charge  seullement  de  vous  remonstrer  que  par  cy  de- 
vant, pour  l'extinction  dudït  subcide,  ils  avoient  payé 
et  satisfaict  les  deniers  de  la  taxe  csquelz  ilz  avoient 
esté  imposez  ;  et  au  par  suh^  que  tel  expédiant  que  ad- 
viserez  estre  bon  de  prandre,  pour  raison  de  ce  faict, 
tendant  à  estre  deschargez,  ils  y  obéiront  et  vous  en- 

1.  L.e  ^ JuiD  1574,  les  habilanls  de  Craon  avaient  aussi  écrit  à 
M.  de  la  Trémoille  pour  lui  exposer  leur  situation  critique.  Voir 
la  pièce  iusti fi cative  n°  CXI  de  aolre  Histoire  de  la  Baroimie  de 
Craon  de  i382  à  1626,  d'après  les  archives  inédites  du  Chartrier 
de  Thouars. 

2.  Ârehivea  anciennes  de  la  Mairie  dAngert.  BB,  34,  f"  21. 

3.  Au  pas  sus  :  au  surplus...  par  dessus  tout. 


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-  370  - 

'VoyroQt  procaration  à  oeste  fin,  si  mestier  est  ;  maifl  ik 
craignent,  bI  on  prend  la  voye  de  bailler  enoorea  argent 
pour  la  subvention  dud.  «ubcide,  après  qu'ilz  auront 
payé,  qu'on  ne  laisse  encore  à  le  remettre  sus,  comme 
on  faict  à  présent.  Qui  sera  fin,  après  vous  avoir  pré- 
senté noz  très  humbles  recommandations  à  vos  bonnes 
grâces,  priant  Dieu,  Messieurs,  vous  donner,  eu  santé, 
très  bonne  et  longue  vie. 

De  Craon,  ce  X*  de  novembre,  voz  très  hombles  et 
obéissana  serviteurs. 
Les  Séneschal  et  Procureur  à  Craon  '. 

in 

Lettre  du  Roy  [Louis  XIII]  portant  mandement  de 
faire  les  advances  et  prestz  pour  l'entretien  du  régi- 
ment de  M'  du  Plessis  de  Juigné,  envoyé  à  Chas- 
teaugontier  pour  faire  ses  réserves.  — 6  janvier  1632. 

De  par  le  Roy. 
■Chers  et  bien  nmez,  ayant  résolu,  pour  faire  subcister 
le  régiment  du  sieur  du  Piesais  Joigny  (sic)"^,  que  noua 
envoyons  en  garnison  en  nostre  ville  de  Chasteaugon- 
lier,  et  affin  que  les  soldatz  d'iceluy  ayont  moyen  de 
vivre  dans  une  bonne  discipline,  et  noz  subjectz  en  re- 
cepvoir  moings  d'oppression,  de  lui  faire  fournir  par 
nostro  pays  d'Anjou  les  prestz  nécessaires  durant  le 
tempa  qu'il  y  demeurera,  et  que  nostre  ville  d'Angers  en 
fera  les  advances,  comme  celle  que  nous  croyons   le 

1.  Arc/iives  anciennes  de  la  Mairie  d'Angers,  BB,  34,  (»  109.  — 
Voir  la  liste  des  sénéchaux  et  procureurs  de  Craon  dans  notre 
Histoire  die  la  baronnie  de  Craon,  elc. 

2.  Voir,  sur  le  rég^iment  du  sieur  du  Plessis  de  Juigné  et  sur 
°"n  cher,  les  Chroniques  Craominises,  deuxième  édition,  p.  352. 


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-  87i  - 

pouvoir  faire  le  plus  commodément,  noue  tous  faisons 
ceste  lettre,  par  laquelle  noua  vous  mandons  et  ordon- 
nons que,  suivant  ce  qui  est  en  cela  de  nostre  intentioB, 
vous  ayez,  par  telle  personne  que  vous  jugerez  en  estre 
plus  capable,  à  faire  fournir  et  avancer  les  deniers  qu'il 
conviendra  pour  lesd.  prestz  que  nous  entendons  estre 
payez  audict  régiment  sur  le  pied  des  hommes  qui  se 
trouveront  efTectiz,  seullement  tant  qu'il  sera  audict 
pays,  et  des  quelz  deniers  vous  serez  remboursez,  en- 
semble de  I-interrest  d'iceulx,  selon  Testât  que  voua  en 
ferez  dresser,  sur  lequel  sera  donné  arrest  en  nostre 
conseil  pour,  en  vertu  d'iceluy,  estre  la  somme  à  laquelle 
se  trouvera  monter  ladite  despance,  employée  dans  la 
commission  de  la  creue  des  garnisons  dudît  pays,  qui 
a'expédira  pour  l'année  procliaine  ;  et  au  cas  que  vous 
eussiez  difficulté  de  fournir  auxd.  soMatz  lesd.  prestz  en 
argent,  nous  laissons  à  vostre  choix  de  leur  bailler  le 
pain,  vin  et  viande,  selon  l'ordre  accoustumé,  ainsi  que 
.le  sieur  du  Bellay,  nostre  lieutenant  général  en  nostre 
province  d'Anjou  ',  vous  fera  plus  parti  cul  lié  rement  en- 
tendre estre  de  nostre  volonté,  à  laquelle  nous  nous 
promettons  que  vous  ne  manquerez  de  satisfaire,  car 
tel  est  nostre  plaisir. 

Donné  à  Vie',  le  sixiesme  jour  de  janvier  1632. 
Signé  :  Louis. 
Et  plus  bas  :  Phelypkaux^. 


1.  Martin  du  Bellay,  (ils  de  René  du  Bellay  de  la  Lande,  page 
de  Henri  III,  maréchal  des  eamps  et  armées  du  roi  en  1614, 

aoRuné  lieutenant  général  au  gouvernement  d'Anjou  ei>   1621, 
mort  en  1637.  à  Gizeux. 

2.  Le  mAme  jour,  6  janvier  1632,  Charies,  àuc  de  I.orraine,  par 
un  traité  signé  à  Vie,  se  dépailit  de  toutes  inlelligeaces  avec 
l'empereur  et  l'Espagne  el  promit  de  ne  plus  contracter  aucune 
alliance  sans  le  consentement  du  roi  Louis  XIII.  II  accepta  en 
outre  d'autres  conditions  importantes  (Dumont.  Corps  diplomati- 
que, t.  »f.  p.  29). 

3.  Cette  lettre  du  roi.  cachetée  du  cachet  aux  armes  de  Sa 
Majesté,  en  cire  rouge,  était  adressée  aux  maire  et  échevins  de 


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IV 

Assignation  donnée,  à  la  requête  d'Estkerdes  Vaux,  à 
Charles  de  Lonlay,  sieur  de  la  Corbelière,poar  com- 
paraître devant  le  lieutenant  général  de  Château- 
Gontier,  pour  s'entendre  condamner  à  rétablir  la 
sépulture  de  René  des  Vaux  dans  l'église  de  Bazou- 
gers.  — 2  janvier  ICi^ib. 

A  Monseigneur, 

Monsieur  le  lieutenant  général  en  la  sénéchaussée  et 
syege  presydial  de  Chasteaugontier. 

Suplye  humblement  damme  Ester  des  Vaus,  famine  de 
Messire  René  d'Urban,  chevallier,  aygneur  d'Àubigné, 
authoiïssée  à  la  poursuytte  de  ses  drois,  fille  esnée  de 
delTunct  messire  René  des  Vaus,  vivant  aussy  cheval- 
lier, sygneur  du  Bois-du-Pin,  disant  que  le  corps  dudit 
deffunct  auroyt  esté  enterré  dans  l'cglisse  de  Basougers 
en  la  chapelle  de  Nostre-Damme,  au  lieu  de  la  sépulture 
de  deffuncte  dame  Ester  du  Bouchot,  vivante  sa  femme  '  ; 
pour  quoy  fayre,  la  tumbe  marquée  dudit  sépulture  au- 
roit  esté  levée,  et  ayent  esté  rcminse  le  vingt  et  (en  blanc) 
décembre  dernier,  Chartes  de  Lonlait,  escuyer,  sieur 
de  la  Corbelière,  sygneur  à  cause  de  sa  famme  de  la 
terre  de  Souvré*,  l'auroit  par  voys  de  fait  ostée  avec- 
la  ville  d'Angers.  Elle  Tut  lue  dans  la  séance  du  vendredi  23  jan- 
vier 1632.  Etaient  présents  :  Monsieur  Paulmier,  vice-maire  ; 
Rousseau,  Lailler,  echevins  ;  Lanier,  Neveu,  Ménage,  Eveîllard, 
Avril,  Jollivet,  Hamelin,  Boylesve,  Froger,  conseillers  de  ville. 
Gabriel  Du  Pineau,  alors  maire,  était  absent  (Archives  anciennes 
de  la  Mairie  d'Angers.  BB,  73.  f°  248).  —  La  municipalité  ange- 
vine objecta  les  misères  du  temps,  les  dépenses  et  les  délies  oc- 
casionnées par  la  peste  et  demanda  à  être  déchargée  du  fardeau 
que  le  roi  voulait  lui  imposer. 

i,  Esther  du  Bouchet,  fille  de  François  du  Bouchet,  seigneur 
de  Sourches,  et  de  Sidonie  du  Plessis-Liancourl,  avait  épousé  en 
premières  noces  Julien  Thierry,  seigneur  de  la  Prévalaye. 

2.  Souvray,  ancien  fief  vassal  de  la  châtellenie  de  Bazougers. 


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-  37S  — 

ques  viollense  et  plusyeurs  parolles  contre  la  mémoyre 
dudit  defTunct  et  le  supliaiit  assisté  à  se  fayre  par  gens 
armés. 

Ce  consydéré,  Monsyeur,  vous  plaîsse  ordonner  les 
ditz  de  Lonlay  et  sa  famme  estre  assygnés  davant  vous 
en  complainte,  pour  le  trouble  fait  à  la  ditte  suppliante 
en  la  ditte  sépulture,  et  estre  condamnés  faire  remettre 
la  ditte  tombe,  et  ans  dommages  interest  et  dépens.... 

Soyt  fait  comme  il  est  requis.  Donné  à  Chasteaugon- 
tier,  par  nous  juge  susdit,  ledeuseysraejanviermille  sys 
cens  quarante  et  cinq. 

Signé  :  Fourrau*. 

André  Joubert. 
3.  Archives  de  M.  te  duc  delà  TrémoUle.  Cliartrier  deTliouars. 


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COMPTES 
DE  L'HOTEL-DIEU  SAINT-JULIEN 

DE    LAVAL 

1685 
(Suite  et  fin). 


RENTES    EN    GRA.IM 

Deux  scptiers  de  bled  seigle  aur  le  lieu  de  la  Vcr- 
dière  en  Quclaîne  appartenant  au  s'  de  la  Roussardière 
à  douze  boisseaux  pour  chacun  scptier,  mesure  de  Laval, 
lesquels  douze  boisseaux  n'en  font  présentement  que  dix 
et  un  quart  en  sorte  qu'il  n'en  vient  net  que  vingt  bois- 
seaux et  demy  payable  à  Langevine  et  requerable, 
cy 20  b. 

Le  fermier  de  la  Pibannière  le  doit  prendre  et  porter 
à  l'hôpital. 

Trois  septiers  do  soigle,  mesuro  d'Arquenay,  sur  le 
lieu  de  la  Malvandière,  en  la  paroisse  d'Arquenay,  à  huit 
b.  pour  chaque  septier  requerable  au  terme  cy-dessus 
cy 24  b. 

Richardais  le  va  prendre  et  l'apporte. 

Trois  boisseaux  de  seigle  sur  le  lieu  de  la  Rousselièrc 
paroisse  d'Astillé,  à  la  mesure  de  Laval,  aussy  reque- 
rable au  terme  de  N.-D.  angevine  (La  Nativité.  8  sep- 
tembre), cy 3  D. 

Le  fermier  de  la  Pibannière  l'apporte. 

Un  septier  de  seigle,  mesure  de  Laval,  sur  le  lieu  de' 
la  Piotiére  en  la  paroisse  de  Courbeveillcs,  rendu  es- 
greniers  de  l'hôpital  au  terme  d'angevine,  ci    .        12  b. 


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-87B- 

Deux  charges  de  bled  seigle,  mesure  de  Laral,  eor  le 
liea  de  la  Moissiëre  de  la  paroisse  de  l'Huisserye  au 
terme  ci-dessus  et  requearaLle,  cy 24  b. 

Le  meuenier  ordinaire  des  pauvres  le  va  prendre  et 
rapporte  en  farines. 

Un  septier  de  bled  seigle  sur  le  lieu  de  la  Pescbar- 
dière  situé  en  la  paroisse  de  Bonchamp,  à  huict  bois- 
seaux le  septier,  requerable  et  audit  terme.     .      8  b. 

Ricbardais  l'apporte. 

Deux  septiers  de  seigle  sur  le  lieu  des  Onglées  en  la 
paroisse  de  Bonchamp  à  huict  boisseaux  le  septier,  re- 
querable comme  dessus 16  b. 

Richardais  le  va  prendre  et  l'apporte. 

Ud  septier  de  seigle  sur  la  Bodardière  en  la  paroisse 
d'Argentré  à  huict  boisseaux  le  septier  requerable  au 
terme  cy-dessus 8  b. 

Hoisnardière  le  va  prendre  et  l'apporte. 

Quatre  septiers  deux  boisseaux  de  seigle,  mesure  de 
Cessé,  réduits  au  nombre  de  trois  charges  huict  bois" 
seaux,  mesure  de  Laval,  sur  le  lieu  du  Haut-Chesne, 
alias  la  Théaudière,  situé  en  la  paroisse  dj  Courbe- 
veille  requerable,  cy 44  b. 

Le  meusnier  ordinaire  l'apporte. 

Dix-huict  boisseaux  de  bled  seigle,  mesure  de  Laval, 
sur  la  terre  de  la  Compagnière  située  en  la  paroisse 
d'Ahuillé,  cy  requerable  audit  terme,  cy.     .     .       18  b. 

Le  meus  mer  ordinaire  l'apporte. 

Un  septier  de  seigle  sur  le  lieu  du  Coudray  situé  en 
la  paroisse  de  Bonchamp,  à  la  mesure  de  Laval,  faisant 
huict  boisseaux  requerable  audit  terme,  cy    .     .      8  b. 

Hoisnardière  l'apporte. 

Deux  boisseaux  ue  bled  seigle,  mesure  de  Laval,  sur 
le  lieu  de  la  Bordelîère,  situé  en  ladite  paroisse  de  Bon- 
champ  requerable  et  se  paye  au  tonne  cy-^lessus  de 
nostre  Dame  angevine,  cy 2  b. 

Hoisnardière  rapporte. 

Un  septier  de  bfed  seigle  sur  le  lieu  du  grand  Barbé, 
en  la  paroisse  de  Bonchamp,  requerable  au  terme  d'an- 
gevine à  8  boisseaux  le  septier,  cy 8  b. 

Hoisnardière  l'apporte. 

Un  septier  de  bled  seigle  sur  le  lieu  de  la  Masure, 
au  Bourg  le  Preslre,  faiswit  seize  boisseaux  mesure  de 
Laval,  requerable  et  audit  terme  d'Angevine,  cy.       16  b. 


./Google 


Richardais  l'apporte. 

Trois  boisseaux  de  bled  aci^^le  aor  le  lieu  de  l'Effariè- 
re,  en  !a  paroisse  de  Louvern^,  mesure  de  Laval  reque- 
rablo  audit  terme,  cy 3b. 

Cotellière  le  va  prendre  et  l'apporte. 

Un  septier  de  seigle  faisant  huict  boisseaux,  mesure 
de  Laval,  sur  le  lieu  de  la  Roche  au  Chat,  en  la  pa- 
roisse de  Louverné,  requerable  au  terme  cy-dessus, 
cy 8  b. 

Hoisnardière  l'apporte. 

Un  septier  de  seigle  faisant  huict  boisseaux,  mesure 
de  Laval,  sur  le  lieu  de  Martigné,  situé  en  la  paroisse 
d'Argentré,  requerable  et  se  paye  audit  terme  d'ange- 
vine, cy 8  b. 

Hoisnardière  l'apporte. 

Un  septier  de  bled  seigle  faisant  huict  boisseaux, 
mesure  de  Laval,  sur  le  lieu  du  Tertre,  situé  en  ladite 

Earoisse  d'Argentré,  requerable  au  terme  d'Angevine. 
e  a'  Gimbretière  le  paye  ici,  cy 8  b. 

Un  septier  de  seigle  faisant  tiuict  boisseaux,  mesure 
de  Laval,  sur  le  lieu  de  la  Courtillerye,  au  bourg  d'Ar- 
gentré, requerable  aud.  terme,  cy 8  b. 

Quatre  boisseaux  de  bled  seigle,  mesure  de  Laval,  sur 
le  moulin  du  Gravier  en  la  paroisse  Davenière,  requera- 
ble au  terme  d'angevine,  cy 4  b. 

Le  meusnier  des  pauvres  Fupporte  ou  plustôt  La  Four- 
nière  de  Saint-Martin. 

Un  septier  de  seigle  faisant  huit  boisseaux,  mesure 
de  Laval,  sur  le  Heu  du  Val,  en  la  paroisse  de  Monfou- 
lour  (Montllours)  audit  terme  ci 8  b. 

Cotelière  l'apporte. 

Un  septier  de  seigle  faisant  huict  boisseaux,  mesure 
de  Laval,  sur  le  lieu  de  la  Pelissonnière,  on  Saint-De- 
nys-du-Maine,  aud.  terme,  cy. 8  b. 

Richardais  l'apporte. 

Trente  boisseaux  de  seigle,  mesure  de  Laval,  sur  le 
lieu  de  Juigné,  paroisse  de  Vages  (Vaiges)  rendus  en 
greniers  de  l'Hôpital,  audit  terme  d'angevine,  cy.       30  b. 

Quatre  boisseaux  de  froment  rouge,  mesure  de  Laval, 
sur  le  lieu  de  Languisière,  en  la  paroisse  de  la  Cha- 
pelIe-Dantenaize,  au  terme  d'angevine  et  requerable, 
cy 4  b. 


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Le  métayer  des  aumosoe  l'apporte. 

Un  septier  de  froment  rouge  faisant  huit  boisseaux, 
mesure  de  Laval,  sur  le  lieu  de  la  Girardière,  en  la  pa- 
roisse de  SainWean-sur-Mayne,  audit  terme,  cy.      8  b. 

Cottelière  l'apporte. 

Seize  boisseaux  d'avoine  comble  et  (peusle)  qui  en 
doibvent  faire  douze  boisseaux,  mesure  de  Laval,  com- 
blés et  foules,  deubs  sur  le  lieu  du  Tertre,  situé  en  la 
paroisse  de  Louveroé,  requerables  et  se  payent  audit 
terme  de  N.-D.  Angevine,  cy 12  b. 

Hoisnardière  les  apporte. 

Plus  est  deub  sur  le  lieu  du  Tertre  huict  boisseaux 
d'avoine,  mesure  de  Laval,  mesurés  à  vée  (vue)  à  cause 
du  fief  du  petit  Auvers,  cy 8  b. 

Mademoiselle  de  la  Porte  les  baille  aux  garçons  de 
l'Hôpital. 

Un  septier  de  bled  seigle  faisant  huit  boisseaux,  me- 
sure de  Laval,  sur  le  lieu  du  grand  Monceau,  en  la  pa- 
roisse d'Argentré,  requerabte  aud.  terme  d'angevine, 
cy 8  b. 

Hoisnardière  l'apporte. 

Tout  cela  se  monte,  scavoir  : 

304  boisseaux  1/2  seigle  qui  vallent.     .     .     .       304^^ 

12  boisseaux  de  froment  vallant 15* 

12  boisseaux  d'avoine   comblés  et  foulés  et 

huict  mesurés  à  vée,  vallant 9* 

328* 


REHTE3   INFEAUDEBS   PAYABLES  AU    PRESSOia  DES    CARBES, 
LE   DIMANCHE   d'aPRÈS  LA  FESTE   DES  TRÉPASSÉS 

M.  Jean  du  Breil,  prestre,  doibt  pour  les  Martinières 
au  clos  des  Pezéries,  douze  boisseaux  de  bled  mitoyen 
seigle  et  froment 12  b. 

Le  sieur  du  Puy-Barbes  doibt  pour  son  lieu  de  la 
Chaftrie  dix  neuf  boisseaux  dudit  bled  mitoyen  seigle 
et  froment,  cy 19  b. 

Les  sieurs  du  Griffon  Boulain  doibvent  pour  leurs 
terres  jointes  à  la  Marebotle  cinq  boisseaux  dudit  bled 
mitoyen,  cy 5  b. 

Gabrielle  Deffay,  veufve  Beauchesne,  pour  son  lieu  de 


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-  318  - 

Montalon,  quatre  boisseaux  de  Ued  mitoyen  aei^le  et 
froment,  cy 4  b. 

Raoul  Guiari  et  Melaine  Gourcelie,  boucher»,  doib- 
vent  pour  leurs  maisons  et  terres  des  Carrés,  sept  bois- 
seaux dudit  bled  mitoyen  seigle  et  froment,  cv-       7  b. 

Le  sieur  Périer  pour  son  heu  de  la  HauJt-Clairevye 
doibt  quatre  boisseaux  de  bled  mitoyen  seigle  et  fro- 
ment, cy 4b. 

Toutes  les  rentes  dudit  bled  mitoyen  font  cinquante 
un  boisseaux  qui  vallent  22'  le  boisseau  bon  an  mal  an. 
56t2' 


CHARGES    ORD1NA.IRE8 
EBHTKS 

Aux  Jacobins 47if  13* 

Aux  Cordeliers 50t 

Au  prieur  de  Saint- Vénérand Itt  10* 

A  k  fabrique  de  Saint- Vénérand .     .     .  21# 

A  celle  de  la  Trinité 3tt  15* 

A  M.  du  Chaumineau 7tt    7' 

A  M .  le  curé  de  Bonchamp SOOtt 

Au  b'  le  Mercier 120ii  ' 

A  M.  Fréart,  chapelain  de  Saint-Jacques.  4tt 

A  M'»"  de  la  Gorbinière 28t 

Plus  la  célébration  d'une  messe  tous  les 
premiers  dimanches  du  mois  en  l'église  de 

Montaudin lOtt 

Total  général 383*    5* 

GAGES 

A  M*  de  la  Poulinière 200* 

Aux  deux  médecins 80* 

Au  chirurgien 80* 

A  six  serviteurs 150* 

MO* 

HONORAIRES    OES   MESSES    FOHnÉSS 

Il  y  a  seize  messes  par  semaine  dont  M.  de  la  Pouli- 


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nière  prestre  des  pauvres,  en  dit  quatre  dont  l'honoraire 
est  compris  en  ses  appointements  ordinaires. 
Les  douze  autres  se  disent, . 


.3Bn 

jnpaye. 

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(H. 

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18. 

Deux  par  M'"  Bonnet,  dont  on  pave. 

Deux  par  M'"  de  Bouesaay-Loriot,  dont 

Deux  par  M.  le  curé  de  Grenoux, 

Une  par  M'"  de  la  Rouillère-Loriot, 

Une  par  M'"  de  la  Guionnière-Loriot 

Une  par  M"*  Nupied  du  Bourg, 

Une  par  M*"  Gandin, 

Une  par  M'"  MouHer, 

Une  par  M,  Ferrant, 

Outre  ces  messes  il  y  a  encore  quelques  services  et 
quelques  messes  particulières  fondées  à  certains  jours  ; 
et  les  services  qui  se  célèbrent  par  extraordinaire  dont 
l'honoraire  se  paye  au  sieur  de  la  Poulinière  qui  en  fait 
la  distribution  aux  prestres  et  qui  coustent  par  an  en- 
viron   40tt 

26Ô# 

Toutes  ces  charges  ordinaires  reviennent  avec  le  lu- 
minaire qui  couste  Bon  an  mal  an  environ  quarante  livres, 
à  la  somme  de  onze  cent  quatre  vingt  treize  livres  cinq 
sols,  oy    .     .     .     .     .- 1193»  5' 

EST    A    HOTTER 

Qu'outre  le  revenu  tel  qu'il  est  marqué  en  la  première 
page  et  qui  se  monte  à  6446tt  il  y  a  encore  le  casuel  qui 
consiste  scavoir  : 

Dans  les  questes  et  troncs 

Dans  les  sons  qui  se  vendent 

Dans  les  vieux  habits  des  morts 

Dans  les  proflîts  de  fief 

Dans  les  dons  extraordinaires. 

Toutes  lesquelles  choses  ne  se  peuvent  fixer,  mais  qui 
vallent  du  molngs  pour  chacun  ôOOtf  et  quelquefois  bien 
davantage. 


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Du  k  novembre  i744. 

ETA.T    DES    MAISONS    DÉPEHDAMBS    DB    l'hOTEL-DIEU 
SAINT-JULIEN    AFFBBMÉKS    A    DIVERS 

Maison  près  Saint-Jutïen  alTermée  à  Mathurin  Peau, 

Sour  5  ans,  à  commencer  de  Toussaint  1743,  à  raison 
e 100» 

Payable  par  1/2  années. 

Le  grand   Port  à  Jacques  Bodard,  à  raison  par  an 

de 650tt 

Payable  par  1/2  années  à  commencer   de  Toussaint 
1744. 
Maison  du  vieil  hôpital. 
Maison  de  la  petite  Croix-Verte. 

Les  Lisses. 

Maison  et  port  à  M.  Joseph  le  Seilleux  à  commencer 
en  may,  à  raison  par  an  de 166tt  10' 

Portion  de  jardin  au  même  à  commencer  de  Toussaint 
1744  à ;     •     :    ■ ^^ 

Maison  à  Michel  Guiffan  dit  le  Breton  et  Hauré,  sa 
femme  à  commencer  de  Toussaint  1744  payable  par  1/2 
années  à 14*  13' 

Salle  à  M.  le  Chapelain  à  commencer  de  Toussaint. 

18« 

Maison  à  dame  Marie  le  Bourdais  à  commencer  de 
Toussaint  à  raison  de 30» 

Autre  à  Guillaume  Fouilleul,  employé,  à  commencer 
de  Toussaint  à  raison  de 18# 

Payable  par  1/2  années. 

Bail  expiré  de  Toussaint  1744. 

Autre  à  René  Rouier  et  Philipe  Blanchet  à  commencer 
de  Toussaint  à  raison  de. 14t 

Bail  finit  à  Toussaint  1745. 

Une  maison  affermée  à  dame  Barbe  Petit  dont  le  bail 
finit  à  la  Toussaint  1747,  à  raison  de.     .     .        10#  13' 

Portion  de  maison  à  Jean  Brillant,  cardeur,  René 
Juste  à iU 

Payable  par  avance,  le  bail  unit  à  Toussaint  1745, 


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-  381  - 


Bue  Saint-Nicolas. 

Maison  et  jardio  cour  Chalumeau  à  François  Dalibard 
et  Annette  Monlard  par  demie  années.     .     .       17it  27' 

Croix  Bidault 

Portion  de  maison  à  Pierre  Le  Clerc  et  Renée  Lasnier 

par  demie  année  à lltt 

Bail  finit  à  Toussaint  1748. 

Autre  à  François  le  Roger  et  Françoise  Pire.     .       8if 

Bail  finit  à  Toussaint  1753. 

Rue  de  Bootz. 

Maison  de  la  Marre  à  Lancelot  Ravary  et  Jeanne 

Beaulein  par  i/2  année  à 25# 

Bail  finit  à  Toussaint  1745. 

Sue  des  Cousineries 

Une  maison  à  la  veuve  Ricou 17tt  26' 

Par  demie  année,  bail  finit  1"  may  1751. 
Autre  à  la  veuve  Jeanne  Cordier  ....       3#  13' 
Payable  par  avance  et  par  demies-années,  bail  finit 
1"  may  1751. 

La  Guestière. 

Une  maison  appelée  la  Grande-Maison  à  René  Tri- 
quet,  marchand,  à 70t 

Bail  finit  1"  may  1752. 

Deux  maisons  à  Olivier  Tripier  et  à  la  veuve  Pierre 
Deschamps 48^ 

Par  1/2  année,  bail  finit  Toussaiht  1748. 

Rue  Gaudin. 

Une  maison  à  Jean  Bouleau  et  Jeanne  Coignard,  bail 
finit  1"  may  1748  à 60tt 

Avesiiières. 
Deux  maisons  et  jardin  à  la  Croix  (Pein  Fetis). 

24 


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-  382  - 

Un  jardin,  écurie  et  fannerie  nommés  la  petite  Be- 
.  douère  autrefois  Nicolas  Martin,  à  présent  à  Pierre  Pel- 
lerin,  tiaaier. 
Bail  finit  Toussaint  1753. 


RENTES    DUES    Jl   L  HOTGL-DIEU 

Celle  de 10* 

Kar  M.  de  la  Motte-Faisant  sur  une  maison  située  sur 
i  place  publique. 

Autre  sur  des  maisons  au  Boullevard  rue  du  Val  de 
Maine  par  M.  de  Ponfarcy 25* 

Autre  sur  la  Valette  par  M.  de  laBrochardière.       10^ 

Autre  par  Jeanne  Thuet  veuve  Chevallier  sur  des 
maisons  et  terres  au  Veau-Brulé,  rue  S"-Catherine.       3* 

Autre  par  Prud'homme  de  la  Boucherie  sur  un  verger 
près  la  Valiette 13* 

Autre  par  Joseph  Caisse,  huissier,  sur  une  maison 
rue  Saint-Jean 2*  10" 

Autre  par  le  sieur  Louvrier,  le  jeune,  sur  une  maison 
rue  de  Rivière,  dont  il  est  acquéreur.     ...       2*  10* 

La  rente  de  deux  livres  due  par  les  héritiers  Davazé 
sur  ta  maison  de  la  Bodardière,  rue  Saint-Etienne.       2* 

Autre  par  Michel  Perelle,  perruquier,  sur  une  maison 
au  Puit-Rocher 13* 

Autre  par  Pierre  Garry  sur  le  four  à  ban  au  pont  de 
Mayenne 132* 

Autre  par  les  Brochards  et  Joseph  Lilavois  à  Chaslon 
sur  une  maison  rue  des  Ridelleries.     ...       1*  10* 

Autre  par  Michel  Perrelle  sur  une  maison  et  jardin 
rue  des  Ridelleries 6* 

Autre  par  Julien  Brodier,  serrurier,  sur  sa  maison  au 
pont  de  Mayenne 69* 

Autre  par  Jean  Ménager,  serrurier,  sur  sa  maison  au 
pont  de  Mayenne 60tt 

Autre  par  la  veuve  Pierre  Pannier  sur  le  lieu  de  la 
Phlipotiêre  en  Avénières 80t 

La  rente  due  sur  les  loges  de  la  Phlipotiêre  par  la 
veuve  Pannier 22* 

Autre  sur  la  maison  du  Pré  Boudier  par  Pierre  Du- 
chemin,  acquéreur 30* 


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Autre  sur  des  maisons,  terres  et  jardins  situés  à  la 
Coconière  due  par  Marguerite  Crier,  veuve  René  Ber- 
lin  3*  15" 

Autre  sur  une  maison  et  jardin  rue  Saint-Michel  par 
Gherot  ou  héritiers 15* 

Autre  constituée  par  M.  Duchemin  de  la  Morinière 
de ; 60« 

Autre  sur  une  maison  au  Puits-Rocher,  mette  de  la 
Rouaudière  près  la  rue  de  Hameau  par  Jean  Henry  et 
Jeanne  Cosson 1*  10 

Autre  sur  des  maisons  cour  Chalumeau,  près  la  Croix 
Devin  due  par  les  Brochard 45* 

La  rente  ou  legs  sur  des  maisons  rue  de  Hameau  qui 
furent  à  Margotin  et  maintenant  à  Michel  Beucher  ac- 
quéreur     2* 

Autre  due  par  Françoise  Durand  femme  Lapierre  en 
vertu  du  don  fait  par  Michelle  Mézière,  fîUe  majeure, 
décédée  à  l'Hétel-Dieu .       lOt  9* 

Autre  sur  une  maison  située  rue  de  Rivière  qui  fut  à 
Cornuau,  due  par  les  héritiers  d'Oilivier  le  Roy,  frip- 
pier 18* 

Autre  par  les  héritiers  Beaugrand 15t 

Autre  par  Françoise  Garnier  de  la  Quantière  et  René 
Garnier,  son  frère lOt 

Autre  sur  le  lieu  de  la  Salmandière  par  M.  de  Mon- 
taleu 25*  19-  1* 

La  rente  due  par  la  veuve  de  Launay-Gougeon  sur  la 
maison  qu'elle  occupe  près  Saint-Julien.     .     .     .       25* 

Autre  sur  des  maisons  et  jardins,  rue  de  Hameau,  par 
François  Foumier  acquéreur 8tt 

Autre  sur  une  maison  rue  du  Val-de-Mayenne  due 
par  Pierre  du  Bois.     , 3* 

Autre  sur  une  maison  et  jardin  rue  des  Ridelleries  due 
par  Michel  Perelle,  acquéreur 6* 

Autre  sur  une  maison  rue  des  Ridelleries,  paroisse 
Saint-Vénérand  due  par  Jeanne  Labé  veuve  du  s'  le 

Mercier 45* 

La  rente  sur  des  maisons,  jardins  et  vergers,  rue 
Saint-Julien,  due  par  le  s'  Echard,  prêtre  et  du  Patis. 

27* 

Autre  sur  des  maisons,  au  Gué-d'Orgé  due  par  les 

héritrers  Heaulné 3*  15* 


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-  384  - 


Autre  sur  une  maison  rue  des  Barbries,  paroisse 
Sainl-Vénérand,  due  par  le  sieur  Boësset  de  la  Saviniè- 

re,  acquéreur 20* 

Autre  sur  des  maisons,  sous  l'Echelle-Marteau,  due 
par  la  veuve  Courtilleux,  Guillaume  Godier  et  Van- 
nier   62* 

Autre  due  par  Marie  AUeaurae  Veuve  Guiesnauit  pro- 
venant du  don  de  M.  Pouteau 20tt 

La  rente  due  par  Françoise  Gamier  de  la  Quantière 

et  son  frère,  payable  au  10'  mars 5* 

Autre  sur  le  preasoir  des  Carrés,  paroisse  Saint- Vé- 
nérand,  due  par  les  enfants  de  Daniel  Gaudin  et  Cathe- 
rine Courcelles  sa  femme 20* 

Se  paye  en  avril. 

Autre  sur  la  cour  Chevallier,  au  pont  de  Maine,  par 
Julien   Mareschal,  hoste  à  la  Croix-verte,  payable  au 

i"  may 10* 

Autre  sur  un  jardin,  rue  des  Corneteries,  due  par 
Joseph    PcUerin,  curateur  des  enfants   Hébert,  payable 

au  1"  may lOtt 

La  rente  par  René  du  Pont-Beucher  sur  un  verger  et 

jardin,  rue  Saînt-Jcan,  près  Sainte-Catherine.  4* 

Autre  par  demoiselle  du  Pont-Beucher,  femme  de  M. 

de  Maillé,  avocat,  au  8  may 30* 

Autre  par  demoiselle  Quéhery  veuve  du  Bois-Maugè- 

re  au  7  mai 25tt 

Autre  sur  une  maison  et  jardin  au  Viel-Marchis,  rue 
Marmoreau,  due  par  François  Gandin  et  Renée  Beau- 

vais  sa  femme,  au  8'  may 10* 

Autre  duc  par  la  prieure  de  Saint-Martin,   au  16" 

may 40* 

La  rente  sur  une  maison  rue  des  Chevaux  due  par  le 

sieur  Périer,  chirurgien 1*  10'  6^ 

Autre  sur  deux  maisons,  rue  Sainte-Anne,  et  sur  des 
terres  paroisse  de  Changé  due  par  les  enfants,  ou  héri- 
tiers de  Hierôme  Lancelin  et  François  Landelle.       9*  10' 
Autre  sur  des  maisons  et  port  au  bout  du  quay  due 
solidairement  scavoir  par  Louis  Georget     .     .  20* 

et  par  Pierre  Vallet 18* 

Autre  sur  un  jardin,  rue  des  Ricordaines,  due  par  les 
héritiers  de  Jacques  Chon  dit  la  Fontaine,  marréfhal  à 
la  Saint-Jean It 


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-  385  - 

La  rente  léguée  par  demoiselle  Bontonnais  due  par 
M.  Berset,  juge  criminel,  au  20*  juillet.  50* 
Autra  par  M'  Jardin  de  la  Papinais  ....       20^^ 
Autre  sur  un  port,  rue  des  Lisses  due  par  dame  Ma- 
rie Sédiller  de  la  Notrie  au  7'  aoust 50* 

En  outre  pour  un  pain  bc^nit  est  du    ...     .         5^^ 
Autre  par  M'   Bersfet,  juge  criminel.  13*  6'  ^^ 

Autre  par  M'  et  M"  de  Saint-Brissac-Marais,  due  au 

15'  novembre 250" 

Autre,  au  denier  cinquante,  créé  sur  la  recette  des 
taiUes 793*2' 

Saint-Jean-sur-Mayenne. 

La  rente  sur  le  lieu  de  la  Quanlinière  due  par  Pierre 
Jaillier 50it 

Autre  sur  le  lieu  des  Mées  duc  par  Michel  Boulain  et 
les  enfants  de  Pierre  Geslot 20ft 

Autre  sur  le  lieu  des  Ongléa  due  par  Mathurio  Pi- 
croyer 12# 

Autre  sur  le  lieu  de  la  Mauchandière  par  la  veuve 
Aniuère lOtt  10* 

Autre  sur  le  lieu  des  Ports  due  par  Catherine  Arnoul 
veuve  Lalné  au  19*  décembre 18tt 

Changé. 

La  rente  sur  le  lieu  du  Bas  Jarriais  par  M.  de  la 
Porte 93t  7'  6d. 

Autre  sur  les  lieux  de  la  Cointerie  et  de  la  Hobortière 
par  la  v*  du  s'  Gastineau 38tt 

Autre  sur  le   lieu  des  Ports  due  par  Catherine  Crier 

20t 

Autre  sur  le  lieu  de  l'Eraudière  par  M'  de  la  Fanouil- 
lais  v"  d'Hommeaux 100* 

touverné. 

La  rente  sur  le  lieu  de  l'Hermenerie  par  M'  de  la  Fa- 
nouillais  v*  d'Hommeaux 5* 


Sur  le  lieu  de  la  Rivière  par  d"""  des  Mées,  la  rente 
le 40tt 


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-  386  - 


Ckaillant. 

Sur  le  lieu  de  la  Basse-Saunière  par  Louis  et  Jeanne 
Guesdoux lOtt 

Montsurs. 

Sur  une  pièce  de  terre  au  bonrg  de  Montsurs  par 
Julien  Faguet 4tt  13'  4'* 

5'  Berthevin. 

Sur  le  lieu  de  la  ReauUé  par  la  veuve  de  Pierre  de 

Fay 24*  10- 

Autre  sur  le  lieu  de  la  Clorière  par  Julien  Rade.       lOtt 
Autre  sur  une  pièce  de  terre,  nommée  d'Euche,  dé- 
pendante du  lieu  de   la   Geslinière  par  Daniel  Rossi- 
gnol   Itt  17*  6" 

Bourg-le-Prêtre. 

Sur  le  lieu  de  la  Touillerie  par  Madame  Gihard  veuve 
Besnier 2tt  10' 

S*  Berthevin. 

Sur  le  lieu  de  la  Giraudrie  par  les  enfants  de  Chris- 
toplie  Croissant,  Denis  Moreau,  veuve  Linière  et  au- 
tres   lOtt 

La  Chapelle  d'Anthenaize. 

Sur  des  closeries  au  village  de  la  Bauserie  par  Jean 
Brault  et  René  Molière It  2'  6" 

Contée  près  Mayenne. 

Sur  le  lieu  de  la  Fauchardière  par  dame  Jeudry  fem- 
me de  le  Comte 14it  5* 

MorUigné. 

Sur  les  lieux  de  la  Jarriais  et  de  la  Grenouillère  par 
René  Loquicr   ci  René   Bouiller.     .     .  13*  10'  V 


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-  387  - 


Vages. 

Sur  le  lieu  de  Mont  Cheumont  par  tes  desservante  de 

l'école  de  Vages 5t 

Outre  celle  en  grain  sur  le  lieu  de  Juigny.  6'  8" 

Gennes. 

Sur  le  lieu  de  Chevaignon  par  le  s'  Carré  du  Ro- 
cher   2tt  lO" 

Montjean. 

Sur  le  jardin  et  maison  de  Croix-Verte  par  les  MM" 
le  Maçon 2'^  10' 

Sur  une  maison  et  jardin  nommés  la  Butte  et  une  por- 
tion de  terre  nommée  la  Porte  par  Renée  Gripon  veuve 
Jean  Trillot 8* 

5'  Cyr. 

Sur  le  lieu  de  la  Maison  Neuve  par  Jean  Brocbard 
marri  d'Olive  Després  veuve  Planchenault.     .  20tt 

Sacé. 

Sur  le  lieu  de  la  Gasnerie  par  Michel  Maréchal,  jour- 
naillier,  demeurant  à  Mayenne 10* 

La  Bazouge  de  Chemeray. 

Sur  des  terres  nommées  les  Prestestlières  par  la  veuve 
et  les  héritiers  de  Jean  le  Divin 7tt  10* 

ÂhuilU. 

Sur  lieu  de  la  Lande  Gelibert  par  Gidllauroe  Potier 
17tt  10- 

Sur  le  bas  Bochobert  par  les  héritiers  du  s''  Blauchet 
et  Anne  Guillois 2^  10' 

Sur  le  lieu  de  la  Petite  Bigonière  par  Catherine  Pau- 
mard Itt  1' 


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Houssaye. 

Sur  le  lieu  de  la  Bourdaiserie  par  Perrine  Chaudet 
veuve  Claude  Joubert 50tt 

Sur  la  closerie  du  Grand  Val  par  M.  le  marquis  de 
Monteclair 26tt  13*  4" 

Argentré. 

Sur  une  maison  au  bas  du  bourg  par  Etienne 
Rezé 1*  5* 

Bonchamp, 

Sur  un  emplacement  de  maison  au  village  des  Gaudi- 
nières  par  Pierre  Audouin  acquéreur.     ...       2ft  15' 

Sur  une  maison  au  bourg  près  l'église  par  René  Lo- 
ret 6* 

Rente  en  grain  sur  le  Petit  Anvers.     .     .  11*  6' 

Rente  en  grain  sur  le  lieu  des  Ongles.     .     .         Itt  4* 

Les  Gravelles. 

Sur  des  terres  près  le  bourg  due  par  Jacques  Le  Roi, 
demeurant  au  Pertre 27*  10' 

Sur  le  lieu  de  la  Perrière  par  Gervais  Feurier  demeu- 
rant aud.  lieu 21^ 

J*  Germain  de  FouiUoux. 

Sur  la  Grande  Mairie  par  Eaticnne  du  Chesne.      8it 

Sur  le  lieu  des  Vents  par  Michel  Bigot  et  F*  Hiron 

propriétaires 12* 

Greiioux. 

Sur  le  lieu  des  Moutandières  par  Mathurin  Le  Panne- 
tier 16* 

Nuillé-sur-  Vicoin. 
Par  M.  de  Jonchère,  curù 11*  13'  4'' 

Astillé. 
Sur  le  lieu  de  la  Saudraie  par  M.  de  Vallo.     .       20" 


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La  Bazouge  des  Alleux. 

Sur  le  lieu  de  la  Teillerie 16» 

Sar  la  closerie  de  Paradi»  par  M'  Moisy.  2tt  10' 

1744 

Avesnîères. 

Une  maison  située  près  la  Croix  Pain-Faîtis  aiïenn^e 
à  M.  Guillaume  RufEn 32* 

La  Trinité. 

Ud  pavillon  et  jardin  situés  près  la  Croix  Pain-Faitis 
à  Pierre  Pellerin 20* 

Une  maison  située  rue  Gaudin,  affermée  à  Jean  Bou- 
leau      .      60* 

La  cloaerie  de  la  Gaulle  affermée  à  Germaine  Pilorïre 
veuve  Michel  Bigot 70t 

Saint'Berthecin 

La  closerie  de  la  Goberie  affermée  avec  celle  de  la 
Guestronnièrc  située  paroisse  de  Saint- Vcnérand  à  Ur- 
bain Gilbert 280» 

La  cloflerie  de  la  Boucherie  à  François  Fouaasier  dit 
le  Breton 66» 

Une  portion  de  jardin  situé  au  village  des  Besneries 
affermée  à  André  Clément 3tt 

Saint-OuSn. 

La  grande  Métairie  affermée  à  François  Guiton.      178* 

La    métairie  de  Pangeline   affermée  à  Louise  Go- 

dier 130t 

Loiron. 

La  closerie  des  Bouffetières  affermée  à  Jean  Peslier, 

80» 
La  métairie  de  Guildine,  affermée  à  Julien  le   Bray 

175t 


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MoiUjean. 
La  métairie  de  la  BrouillèreafTermée  à  Paillaot. 


Les  métairies  de  la  Houillère,  de  la  Rousaelière,  Burdé 
et  du  petit  Cbampaigné  affennées 1170tt 

Cocé. 

Le  métairie  du  petit  Villamy  tenue  à  colonie  partiaire 
par  la  veuve  Vager  et  son  fila. 

Une  portion  de  maison  à  maître  située  au  petit  Villa- 
my affermée  à  M.  Joseph  Mouton. 

Quelaines. 

Les  métairies  du  grand  Croisé  et  du  Pont-Gamart 
affermées  à  Julien  Dupré 650it 

Houssay. 

La  métairie  de  la  Chalopinicre  affermée  à  Etienne 
Doloire 220^^. 


La  métairie  de  la  Pibannicre  tenue  à  colonie  partiaire 
par  Jean  Hacque  et  Etienne  Gendron. 

La  closerie  de  la  GesHniëre  donnée  à  colonie  partiaire 
à  Jean  Bouvier.  Le  dit  Bouvier  ayant  été  cy  devant  fer- 
mier dudit  lieu  doit  pour  restant  d'arrérages  de  ferme  la 
somme  de  36ti  4'  qu  il  faudra  prendre. 


La  closerie  de  la  Boucherie  affermée  à  Pierre  le  Ro- 
ger     90tt 


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REVEnn  ANNUEL  DE  L  HOTSL-DIEl)  SAINT-JULIEN 
1749 

Quinze  maisons  situées  fauxbourg 
du  Pont  de  Maine 1270« 

Trois  maisons  situées  fauxbourg  de 
la  ville llltt 

Trois  traits  de  dixmes  sur  les  pa- 
roisses de  Louverné,  Saint-Ceneré,  le 
Bourg-le-Prêtre  à  ferme 216tt  10* 

Dix-neuf  métairies,  neufcloseries  et 
un  dos  de  vigne 6016* 

Six  métairies  et  trois  closeries  à 
coUonie  partiaire 2100* 

Quatre-vingt  quatre  rentes  fonciè- 
res          1606tt  12'    41 

Vingt-une  rentes  constituées.    .  907tt  15*  10^ 

Une  rente  sur  la  recette  des  traites.  193*     2" 

Rente  sur  l'Hôtel-dc-Ville  de  Paris.  18*  15* 

Trente  rentes  en  bled  seigle  341  b. 
3/4  à  30' 512»  12*    6* 

Deux  rentes  en  froment  12  b.  à  40*.  24tt 

Cinq  rentes  en  métail  47  b.  3/4  à 
35* 83tt  11*    3^ 

Deux  rentes  en  avoine  24  b.  à  10*.  12« 

Total  du  revenu  annuel.  13671t  18'  11^ 

Dépense  au-delà  du  revenu  annuel.        6834it    2'     1** 

CHARGES    ANNUELLES    DE    l'hOTEL-DIEU    SAINT-JULIEN 

1749 


Vingt-deux  rentes  foncières  . 
Dix-nuit  rentes  viagères. 
Ordinaires  de  messes  et  obits. 
Honoraires  du  chapelain. 
Honoraires  du  médecin  . 
Salaires  de  deux  chirurjpens 
Gages  de  quinze  domestiques  gar- 
çons et  Biles 


605«  5' 
1549»  19' 
413*  16* 

280tt 
200tt 
240* 


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—  392  - 

Menues  dépendes  de  cuisine,  lait  et 
gruau  pour  fes  pauvres 870» 

Dispenses  de  l'appoticairerie,  dro- 
gues, eau-de-vie  camfrée     ....  900« 

Deux   mil  six  cents   boisseaux  de 

frain  poids  de  32  livres  dont  2000  b. 
led  seigle  à  30',  et  600  b.  froment  à 
40- 4200* 

Vingt  mille  quatre  cents  livres  de 
viande  de  boucherie  à  4' 4280tt 

Deux  cent  vingt  livres  de  beurre 
par  mois  faisant  2640  livres  par  an 
à6'    .     .     .     .     .     .     .     .     .     .     .  792it 

Treize  pipes  de  vin  à  raison  de 
70i!  la  pipe 910« 

Vingft  cinq  pipes  de  cidre  à  15it  la 
pipe 375tt 

Quatre  ateliers  de  bois  de  chauf- 
fage ù  180» 720tt 

Quinze  cents  de  fagot  à  22"  le  0/0 
et  une  fourniture  de  charbon  .     .     .  430* 

Huiles  à  brûler  dans  les  salles, 
toillea  à  l'usage  et  pour  ensevelir.  1200tt 

Réparations,  réfections  sur  les  bâti- 
ments de  l'Hôtel-Dieu  et  dépendances.         2000tt 

Total  des  dépenses.     .     .     .       20506tt     l'     0^ 

Suivant  l'état  cy-dcsaus,  il  paratt  que  les  charges  an- 
nuelles de  r HOteï-Dieu  Saint-Julien  de  Laval  excédent 
le  revenu  annuel  de  la  somme  de  six  mille  huit  cents 
trente  quatre  livres  deux  sols  un  denier,  sans  y  com- 
prendre les  dépenses  extraordinaires  qu'on  ne  peut  fixer, 
coust  des  déclarations,  aveux,  rachapts,  rentes  féodales, 
augmentation  de  lits  et  entretien,  payements  de  gens  de 
bras  pour  aider  les  domestiques  à  faire  les  laissives,  et 
autres  travaux,  tout  quoi  occasione  par  an  une  dépense 
de  plus  de  douze  cents  livres,  en  sorte  que  quelque  amé- 
nagement et  quelque  économie  que  l'on  observe,  l'Hôtel- 
Dieu  ne  peut  subsister  sans  les  dons  des  personnes 
charitables,  et  comme  ces  dons  ne  sont  pas  suffisons, 
on  est  obligé  de  créer,  dans  les  mauvaises  années,  des 
rentes  viagères  et  de  faire  des  emprunts  dont  les  fonds 


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sont  employés  au  soulagement  dea  pauvres  malades  : 
sans  ces  secours  on  se  verrait  dans  la  dure  nécessité  de 
retrancher  des  lits,  qui  n'étant  qu'au  nombre  de  cent 
vingt  quatre  ne  sont  déjà  ]>a3  sulusans  ce  qui  oblige  les 
administrateurs  de  les  augmenter  souvent  pour  ne  pas 
voir  périr  sana  soulagement  les  pauvres  dont  la  ville  de 
Laval  et  la  campagne  sont  accablés. 

ETAT    DES    PROVISIONS    Qu'lL    CONVIENT  DE   FAIBE   CHA.QUE 

ANNÉE   A.  l'hOTEL-DIBU  SAINT-JULIEN   DE  LAVAL 

1745 

Le  grand  Hâpital. 
La  grande  salle  des  hommes  contient  vingt  sept  lits. 
La  petite  salle  des  hommes  contient  vingt  un  lits. 
.  La  grande  salle  des  femmes  contient  vingt  sept  lits. 
La  petite  salle  des  femmes  contient  vingt  deux  lits. 

Le  petit  Hâpital  des  incurables. 

La  salle  des  hommes  y  compris  une  étude  à  cdté  ou 
cabille  contient  treize  lits. 

La  salle  des  femmes  y  compris  une  étude  ou  cabille 
contient  treize  lits. 

L'HAtei-Dieu  peut  loger  en  total  cent  vingt  trois  ma- 
lades. 

Domestiques. 

Un  pour  la  sacristie. 

Autre  pour  la  boulangerie. 

Autre  pour  les  jardins. 

Autre  pour  la  grande  salle  des  hommes,       /     ^     . 

Autre  pour  la  petite  salle  des  hommes.         >  „„_^_. 

Autre  pour  la  salle  des  hommes  aux  incu-  i  o    ^ 
râbles.  T 

Un  homme  à  ta  corvée  ou  journée  que  l'on 
paye  et  nourrit  comme  domestique. 

Une  fille  à  la  cuisine. 

Autre  à  rappoticairerie. 

Deux  à  la  hngerie.  /    !«„„* 

Une  à  la  grande  salle  des  hommes.  /   ç,. 

Autre  à  la  grande  salle  des  femmes.  ' 

Autre  à  la  petite  salle  des  femmes. 

Deux  aux  incurables. 


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-  394  - 

Récapitulation. 

Pauvres  malades 123  1 

Garçons  domestiques 6  >     138 

Servantes 9  ; 

Malgré  cola  on  prend  souvent  du  monde  à  la  corvée, 
on  nourit  les  ouvriers  et  les  collons  dépendants  dudit 
Hôtel-Dieu  quand  ils  viennent  rendre  leurs  comptes  et 
pour  cela  on  suppose  cinq  personnes  qiù  sont  par  jour 
aux  charges  dudit  Hôtel-Dieu. 

Tout  cela  supposé  certain,  il  y  a  tous  les  jours  à  nour- 
rir cent  quarante  trois  personnes 143 

Bleds. 

Supposant  les  cent  vingt  trois  lits  toujours  remplis, 
ce  qui  n'est  pas  pour  ordinaire,  et  donnant  à  chaque 
malade  quinze  boisseaux  par  an,  il  doit  être  consommé 
dix-huit  cent  quarante  cinq  boisseaux.  1845  b. 

Supposant  aussi  que  chaque  des  vingt  tant  domesti- 
ques qu'étrangers,  mange  dix-huit  boisseaux  par  an  la 
consommation  pour  eux  doit  être  de  trois  cent  soixante 
boisseaux 360  b. 

11  faut  ajouter  à  cela  la  mouture  qui  va  à  un  seizième, 
et  augmenter  de  cent  quarante  cinq  boisseaux.       145b. 

p„         t  Froment 480b. 

^*^*"*i  Bled  seigle 1870b. 

2350b. 
Viande  de  boucherie. 

En  donnant  quatre  cent  ving  livres  de  viande  par  se- 
maine il  en  est  consommé  soixante  deux  livres  par  cha- 
que dos  cinq  jours  gras,  et  cinquante  trois  livres  par 
chaque  des  deux  jours  maigres  ;  à  ce  moyen  chaque  des 
cent  vingt  trois  malades  a  par  jour  sept  onces  de  vian- 
de, ce  qui  fait  par  repas  trois  onces  et  demy. 

Chaque  des  domestiques  et  gens  étrangers  au  nombre 
de  vingt,  a  de  même  par  chaque  des  jours  gras  égale- 
ment sept  onces  de  viande  par  jour,  faisant  par  repas 
trois  onces  et  demy. 

La  consommation  de  viande  de  boucherie  se  trouvant 
monter  par  semaine  à  quatre  cent  vingt  livres,  va  par 
mois  à  seize  cent  quatre  vingt  livres.    .  1680 1. 


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Cochons. 

La  chair  de  porc  doit  être  interdite  aux  123  malades 
on  ne  doit  en  tuer  que  pour  les  vingt  domestiques,  et 
étrangers  :  et  le  nombre  de  huit  bons  cochons  est  suffi- 
saut  pour  chaque  année  ;  si  chaque  cochon  se  trouvait 
peser  deux  cent  cinquante  livres,  chaque  des  dites  vingt 
personnes  aurait  par  chacun  des  jours  gras  de  l'année 
une  demie  livre  de  viande  de  porc  à  manger. 

Par  an  huit  cochons 8 

Beurre. 

Il  est  consommé  par  mois  deux  cent  vinjg^  livres  de 
beurre,  ce  qui  va  par  jour  à  sept  livres  cinq  onces  et 
deux  gros  et  par  chaque  des  cent  quarante  trois  person- 
nes à  six  gros  ou  environ  par  jour  :  comme  tous  les 
malades  ne  mangent  pas  de  beurre,  cette  quantité  suflit 
pour  fournir  aux  sauces  et  à  la  soupe  des  jours  maigres 
que  l'on  fait  pour  les  domestiques  et  étrangers  :  on 
pourrait  même  retrancher  de  cette  quantité  de  beurre 
pendant  six  mois  l'année,  à  commencer  du  premier  oc- 
tobre jusques  à  la  Iîd  de  février,  parceque  les  héritages 
de  campagne  qui  sont  a  moitié,  donnent  des  fruits  abon- 
dament,  dont  les  domestiques,  étrangers  et  convalles- 
cens  peuvent  faire  leur  déjeuner  ou  collation. 

Par  chaque  mois  deux  cent  vingt  livres  de  beurre.    . 

Vins. 

Il  est  bu  courament  par  an  treize  pippes  de  vin  blanc, 

et  cette  quantité  est  suf&sante 13  p. 

Cidres. 
Le  cidre  doit  être  interdit  aux  123  malades,  il  n'en 
est  besoin  que  pour  les  domestiques  et  étrangers  que  l'on 
suppose  être  toujours  au  nombre  de  vingt  par  jour,  et 
donnant  aux  hommes  trois  chopines  par  chaque  jour,  et 
aux  femmes  ou  filles  pinte,  dix-neuf  pippes  et  un  tier- 
çon  seraient  suffisantes  par  an  :  mais  comme  il  faut 
remplir  le  cidre,  et  comme  il  se  trouve  du  déchet  par  la 
lie,  il  serait  appropos  de  le  faire  sous  tirer,  il  s'en  con- 
serverait bien  mieux  et  pour  remplir  les  dix  neuf  pippes 
sous  tirées,  il  faut  vingt  deux  ou  vingt  trois  pippes  ve- 
nant de  la  campagne,  cidre 23  p. 


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Une  barrique  d'eau  de  vie  canfrée  pour  les  playes  et 
quinze  pots  naturelle  pour  la  dame  de  l'appoticairerie, 
sulSsent  pour  la  consommation  d'une  année.       1  b.  15  p. 

Castonades. 

100  livres  pour  la  confection  des  sirops  purgatifs. 

50         —  sirops  ordinaires. 

50        —  gellées  et  confitures. 

100        —  dépenses  extraordiDairea. 

300  livres  total  par  année. 

Bois  de  chaufage. 
Quatre  ateillers  par  an 4  a. 

Fagots. 
Un  millier  et  demy  par  an 1500  f. 

Morue. 
Cent  cinquante  livres  par  an 150  I. 

Huille  à  brûler. 
Cent  cinquante  livres  par  an 150 1. 

Louis  de  la  Bka.uluèrk. 


Nous  tenons  à  rectifier  deux  erreurs  qui  se  sont  glissées  dans 
notre  texte  ;  p.  266  : 

1"  ■  Elle  fonda  dans  cette  ville  (Beugé)  un  HAtel-Dieu,  etc.  > 

Cela  semble  faire  de  M'"  de  Melun  la  fondatrice  des  Hospita- 
lières de  Saint-Joseph  ;  or,  uelte  fondatrice  est  M"*  Marie  de  la 
Fère  {Couanicr  de  Launay,  Hist.  des  Hospitalière»). 

2»  Une  colonie  était  déjà  sortie  de  cette  maison  pour  venir 
prendre  soin  de  l'Hôpital  de  la  Flèche,  etc.  ■ 

C'est  au  contraire  de  la  Flèche,  où  Mn«de  la  Fère  avait  fondé 
son  institut,  que  M"*  de  Melun  amena  les  religieuses  h.  Baugé  ; 
la  Flèche  et  non  Baugé  est  la  maison-mère  de  cet  institut  (Coua- 
nier  de  Launay,  Hiat.  des  Hospitalières). 

L.  B. 


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UNE  MISSION  A  GHÂTEAU-GONTIER 

EN    1716 

Au  commencement  du  XVlll'  siècle,  vivait  à  Château- 
Gontier  un  citoyen  dont  le  nom  n'est  pas  parvenu  jus- 
qu'à noua  et  qui  notait  avec  soin  tous  les  avènements 
et  faits  intiiressants  qui  se  passaient  sous  ses  yeux.  Ce 
n'était  ni  un  prêtre  :  car  il  ne  se  fait  pas  faute  d'attaquer 
le  clergé,  ni  un  homme  de  loi  :  car  son  écriture  grosse 
et  serrée,  son  orthographe  fantaisiste  auraient  nui  sin- 
gulièrement aux  rôles  d'une  procédure  de  Justice.  Mais, 
à  coup  sûr,  c'était  un  paroissien  de  Saint-Rémi  :  car  il 
prend  la  défense  de  son  clocher  avec  une  fiévreuse  ar- 
deur. Quoi  qu'il  en  soit,  le  hasard  ayant  fait  tomber  en- 
tre nos  mains  deux  de  ses  mémoires,  nous  allorts  en 
donner  un  léger  aperçu. 

Le  premier  est  la  mention  de  l'exécution  de  cinq  pri- 
sonniers qui  «  avoient  cruellement  assassiné  René  Gué- 
«  rin,  cbncierge  dos  prisons  de  la  ville  de  Chdtcaugontier 
«  et  Renée  Le  Maistrc,  sa  femme...  »  Cet  attentat  avait 
eu  lieu  a  à  l'heure  de  leur  visitte  sur  les  neuf  heures  du 
M  soir  dans  la  nuit  du  3  au  4  août  1723...  »  Les  conjurés, 
croyant  avoir  tué  leurs  gardiens  <(  ont  voilé,  rompu  leurs 
«  meubles,  pris  et  emporté  leur  argent  et  leur  linge 
«  puis  se  sont  échappés....  »  La  femme  mourut  sous 
leurs  coups  et  l'on  peut  voir,  dans  les  registres  des  inhu- 
mations de  Saint-Rcrai,  la  mention  de  son  enterrement 
le  5  août  ;  René  Gucrin,  son  mari  «  fit  le  mort  mais  ça 
«  n'a  pas  empesché  qu'il  a  eu  bien  de  la  paine  d'en  re- 
«  venir...  »  La  répression  ne  se  iit  pas  attendi'e  :  l'un 


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d'eux,  originaire  de  Chambellay,  fut  pris  au  moment 
même  où  il  forçait  les  portes  de  la  prison,  jugé  et 
exécuté  le  7  août,  devant  la  prison  de  cette  ville, 
dans  la  grande  rue,  sur  les  six  heures  du  soir.  Le  14, 
un  habitant  de  Laval,  arrêté  le  9  près  de  cette  ville,  su- 
bit sa  peine  sur  la  place  ordinaire.  Le  16  c'était  un 
Craonnaîs,  arrêté  la  nuit  même  du  crime  près  du  Mar- 
tray  —  ce  lieu  a  conservé  jusqu'à  nos  jours  sa  mauvaise 
réputation.  Le  30,  jour  de  la  Saint-Fiacre,  un  habitant 
de  Pommerieux  arrêté  de  suite  sur  les  onze  heures  du 
soir  proche  l'église  Saint-Rémi.  Le  17  septembre  enfin 
fut  exécuté  un  autre  Craonnaîs  détenu  pour  l'assassinat 
d'une  aubergiste  de  Craon  ;  il  avait  été  arrêté  le  7  dans 
la  paroisse  de  Laubrîères.  On  le  voit,  la  maréchaussée 
d'alors,  qui  n'avait  pourtant  à  sa  disposition  ni  chemins 
rapides,  ni  télégraphe,  sut  agir  avec  promptitude,  et,  si 
le  crime  avait  été  bien  ourdi,  les  coupables  n'échappèrent 
pas  à  la  rigueur  des  lois,  lis  furent  en  effet  <(  rompus 
«  vifs,  bras,  cuisses,  jambes  et  rains  cassés  à  coust  de 
«  barre  de  fer,  sur  une  croix  de  Saint-André,  dressée 
«  sur  un  échafau  au-devant  de  ta  prison...  étranglés  et 
«  posés  sur  une  roue,  la  face  vers  le  ciel  pendant  vingt- 
«  quatre  heures,...  les  corps  morts  furent  portés  aux 
«  fourches  patibulaires...  » 

L'autre  mémoire,  sur  lequel  j'insisterai  plus  longtemps, 
nous  fait  assister  à  l'un  de  ces  grands  mouvements  re- 
ligieux qui  étaient  alors  si  fréquents  et  sont  la  preuve 
des  soins  que  le  clergé  ne  cessait  de  prendre  pour  main- 
tenir ta  foi  dans  notre  pays  si  profondément  catholique. 
C'est  la  relation  détaillée  d'une  grande  retraite  qui  fut 
préchée  à  Saint-Rémi  de  Châtcau-Gontier,  en  l'année 
1716,  par  deux  pères  jésuites,  les  PP.  Dassemal  et  Rel- 
lingaud,  deux  récollets  et  neuf  autres  prêtres,  pour  la 
plupart  curés  des  environs.  Elle  fut  ouverte  te  diman- 
che 26  avril  par  le  curé  de  Précigné,  qui  prêcha  sous 
les  halles.  L'église  de  Saint-Rémi  étant  insulEsante  pour 


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-  399  - 

contenir  toute  la  Toulc,  les  exercices  avaient  lieu  simul- 
tanément dans  l'église  de  Saint-Jean  l'Evaugéliste  qui 
dépendait  du  prieuré  de  Saint-Jean-Baptiste  et  les  céré- 
monies se  faisaient  sous  les  halles  publiques  qui,  placées 
au  centre  de  trois  places,  permettaient  de  voir  de  tous 
côtés  l'autel  dressé  au  milieu.  Ce  n'était  pas,  d'ailleurs, 
la  première  fois  qu'elles  servaient  à  cet  usage  :  les  actes 
de  l'état  civil  et  les  procès-verbaux  du  présidial  font 
mention  en  effet  d'un  certain  nombre  de  cérémonies  qui, 
dès  le  commencement  du  XVIP  siècle,  eurent  lieu  sous 
ces  voûtes  de  bois  fort  curieuses,  qu'une  municipalité  peu 
archéologique  voudrait  voir  démolies... 

Cette  retraite  qui,  dans  l'origine,  devait  être  particu- 
lière à  Saint-Rémi,  s'étendit  à  toutes  les  paroisses  de  la 
ville,  du  faubourg  et  même  des  paroisses  environnantes. 
On  voit  que  déjà,  à  cette  époque,  les  gens  de  ta  campa- 
gne venaient  en  grand  nombre  assister  aux  premières 
messes  du  dimancbe,  usage  qui  se  continue  encore  de 
nos  jours  et  fait  l'étonnement  des  étrangers. 

Le  dimanche  3  juin,  commença  la  retraite  des  filles  de 
la  ville,  du  faubourg  d'Azé  et  de  la  campagne.  Les  exer- 
cices se  faisaient  à  Saînt-Remi  «  par  le  son  de  la  cloche 
«  à  7  heures  du  matin  et  duraient  une  heure  et  demie.  » 
La  communion  se  fit  le  13  à  six  heures.  «  Elles  se  sont 
«  toutes  assemblées  avec  toute,  chacun  un  cierge  et  un 
«  crucifix  en  la  main  que  le  P.  Dassemal  leur  a  bénite 
«  puis  sont  sorties  de  Saint-Remy  en  procession,  deux 
«  à  deux,  chantant  des  cantiques  et  sont  allées  par  le 
«  derrière  du  palais,  et  ont  baissé  toute  la  place  du  Ha- 
a  miau  autrement  la  place  des  Halles.,  ont  traversé  le 
«  hault  de  la  rue  des  Juifs,  ont  baissé  par  le  Pilory  et 
«  la  rue  des  Pintiers,  la  rue  de  la  Poterie  tout  proche 
«  la  rue  à^Olifet,  ont  remonté  par  la  rue  du  Pélican  et 
«  sont  allés  tout  le  long  sur  la  place  Saint-Remy  puis 
«  sont  rentrées  et  ont  communié...  »  Ensuite  le  P.  Das- 
semal donna  la  bénédiction  du  Saint-Sacrement,  fit  une 


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dernière  allocution  en  leur  disant  :  «  Allez  toutes  en 
paix...  o  La  communion  des  filles  de  la  campagne  fut 
remise  au  lendemain  parce  qu'elles  n'eurent  ni  le  temps 
ni  la  facilité  de  prendre  rang  dans  la  procession  de  la 
veille. 

Le  vendredi  15,  Monseigneur  d'Angers,  Michel  Pou- 
cet, vint  lui-même  présider  la  retraite.  Il  descendit  chez 
M'  René  Moulain,  prêtre  curé  de  Saint-Rémi  et  y  demeura 
huit  jours  pendant  lesquels  il  assista  à  toutes  les  céré- 
monies et  prêcha  trois  fois  sous  les  halles.  Sa  venue 
était  nécessaire  pour  rehausser  l'éclat  de  celte  grande 
manifestation  religieuse  ;  mais  il  lui  fallait  aussi  contenir 
cet  esprit  de  division  qui  a  souvent  régné  entre  les  di- 
verses paroisses  d'une  même  ville.  Le  prieuré  des  Béné- 
dictins de  Saint-Jean,  qui  avait  la  cure  principale  et  dont 
Saint-Rémi  était  d'ailleurs  une  succursale  dépourvue  de 
fonts  baptismaux,  voyait  d'un  mauvais  œil  cette  éman- 
cipation qu'il  prétendait  contraire  à  ses  droits  ;  ayant 
lui-même  fait  marché  avec  les  Capucins  de  la  ville  pour 
les  sermons  du  carême,  it  voulait  aussi  diriger  toute  au- 
tre retraite...  Il  fallut  toute  l'énergique  volonté  de  l'é- 
vêque  pour  laisser  le  curé  de  Saint-Rémi  diriger  chez 
lui  une  œuvre  paroissiale.  Chacun  se  soumit  et  tout  alla 
pour  le  mieux  comme  on  va  le  voir. 

La  retraite  des  femmes  commença  le  16.  Celles  de  la 
campagne  se  réunissaient  à  Saint-Jean  l'Ëvangéliste  à 
sept  heures  du  matin  «  attendu  que  l'on  sait  bien  qu'elles 
«  ont  toujours  beaucoup  à  faire  et  quelles  n'ont  pas  le 
«  temps  de  revenir  les  après  dinécs  ;  celles  de  la  ville  à 
«  Saiut-Remy  et  pour  la  commodité  des  dames  il  leur  a 
«  été  choisi  l'heure  de  deux  heures  de  l'après  midi.  La 
«  communion  précédée  d'une  pro<:;ession  eut  Ueu  les  26 
«  et  28  et  les  cérémonies  furent  les  mêmes  que  pour  les 
«  fiUes. 

Le  1"  juin  eut  lieu  la  retraite  des  hommes  et  la  com- 
munion le  14.  «  La  foule  des  hommes  éloit  si  grande 


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—  401  - 

«  qu'oii  n'en  avoît  jamais  vu  de  pareille  à  Château-Gon- 
«  lier.  Le  19  au  soir  on  a  planté  la  croix  avec  grande 
«  pompe  et  magnificence  sur  les  fossés  tout  proche  la 
«  porte  d'OlIvet  à  droite  de  l'église  que  l'on  bastit  pour 
«  l'hospilal  de  Saint-Joseph  où  le  P.  Dassemal  l'a  lui- 
«  môme  bénite  en  présence  du  clergé  des  deux  égli- 
n  ses'...   » 

La  communion  des  enfants  eut  lieu  le  21  juin,  jour  do 
la  clôture  de  la  mission.  Ici  Je  laisse  la  parole  au  nar- 
rateur :  «  On  Hvoit  préparé  les  halles  à  cause  que  l'é- 
«  glise  Saint-Remy  n'est  pas  assez  grande  pour  le 
«  nombre  du  monde  qui  s'est  trouvé  et  qui  est  venu 
«  de  tous  costés.  Le  père  Dussemal  avoit  prié  dès 
«  le  matin  tous  ceux  qui  voudroienl  do  se  mettre 
«  sous  les  armes  et  les  hahitans  de  vouloir  bien  y  as- 
n  sister  avec  Jeur  torche  en  main,  dont  la  ville  a  fait 
«  une  compagnie  et  le  faubourg  d'Azé  une  autre  qui 
«  étoient  tous  prêts  dès  une  heure.  On  a  sonné  toutes 
H  les  cloches  de  Saint-Remy  pour  l'assemblée  de  tout  " 
«  le  clergé  des  églises,  du  collège  de  N.-D.  du  Geneteil 
«  et  de  tous  les  fidèles  avec  chacun  un  cierge  et  le  cru- 
«  citîx  en  main...  On  a  mis  une  bannière  de  distance  en 
a  distance  pour  maintenir  les  rangs  et  comme  à  Saint 
«  Remy  ils  n'ont  p«s  assez  de  bannières,  ils  ont  em- 
«  prunté  celles  des  autres  paroisses  d'alentour  la  ville  ; 
«  la  procession  s'ouvroitpar  les  femmes  et  filles  deux  à 
«  deux  ch'dntant  les  cantiques,  puis  les  dames  de  la  ville, 
Il  avec  leur  bannière,  ensuite  les  hommes  et  garçons  do 
«  la  campagne,  les  hahitans  de  la  ville  avec  leur  tor- 
»  che,  les  gros  bourgeois  avec  un  sierge,  la  moitié  des 
«  hommes  en  armes  avec  les  tambours,  puis  le  clergé 

1.  On  venait,  en  efTet.  quelques  mois  auparavant,  de  jeter  les 
r<  nidation  s  rie  In  chnpelle  lie  Saini-.loseiil»  qui  fut  terminée  en 
1723.  Cette  croix  n'existe  plus  et  a  élé  remplncée  par  une  autre 
que  l'un  voit  à  droite  de  la  nouvelle  chapelle  reconstruite  il  y  a 


„Googlc 


-  402  - 

<c  en  chasubles,  le  Saint  SacremeDt,  qui  a  été  porté  à 
a  deux  par  MesaieurB  les  curés  de  la  ville  René  Mou- 
«  lain  et  M'  Magdelon  Martin  curé  du  grand  Saint-Jean 
«  et  de  Saint-Jean  l'Evangéliste,  le  dais  étoit  porté  par 
«  messieurs  les  nobles  de  la  ville  et  d'alentour  suivis 
«  des  violons,  venoient  ensuite  tous  les  messieurs  de 
«  la  justice  et  dn  présidial,  la  compagnie  en  armes  do 
«  la  ville  pour  maintenir  la  foule...  des  décharges  de 
«  mousqueterie  eurent  lieu  devant  chaque  reposoir,  à  la 
«  croix  et  même  dans  l'église  de  Saint-Rémy  au  retour 
«  de  la  procession.  Voici  maintenant  le  parcours  que 
n  suivit  cette  foule.  Sont  allés  par  la  Porte-Neuve  tout 
a  le  long  des  fossés  par  dessous  les  ormes  '...  tout  droit 
«  par  la  porte  de  Tréku,  ont  baissé  la  Grande-Rue,  re- 
K  monté  la  rue  des  Juifs,  passé  par  le  Pilori,  la  rue  des 
n  Pintiers,  la  rue  d'Orrée  et  sont  allés  tout  le  long  jus- 
o  qu'à  la  Grande  Rue  qu'ils  ont  baissé  jusqu'au  pont  où 
«  il  y  avoit  un  reposoir  qui  a  été  fait  et  dressé  à  droite 
«  du  porche  et  ensuite  ont  détourné  par  la  rue  de  la 
«  Harelle,  sont  arrivés  à  droit  du  Port  au  Vin  où  il  y 
«  avoit  un  second  reposoir,  ont  remonté  la  rue  du  Che- 
«  val  Blanc  par  devant  Beausoleil  jusqu'à  la  me 
(c  d!Ollivet  qu'ils  ont  suivie,  près  la  porte  il  y  avoit  un 
«  troisième  reposoir,  ont  sorty  hors  la  ville,  sont  allés 
«  par  devant  la  croix,  le  long  des  fossés  jusqu'à  laporte 
«  neuve  par  où  ils  sont  rentrés  en  la  ville  puis  ont  re- 
«  gagné  les  halles  par  derrière  le  palais.  On  avoit  dressé 
«  un  autel  à  la  romaine  dans  la  travée  du  milieu,  entre 
«  celles  du  minage  et  des  bouchers,  à  cause  que  l'on  y 
a  voit  de  tous  les  costés.  La  bénédiction  fut  donnée  par 
«  le  curé  de  Saint-Rémy  et  ie  Saint  Sacrement  reporté 
«  en  cette  église  sous  le  dais  porté  par  les  mêmes  nobles 

1.  Il  existe  encore  quelques  vieux  ormes  placés  en  dehors  des 
fossés  et  compris  actuellemenl  dans  l'intérieur  de  l'alignement 
des  tilleuls  et  platanes  qui  forment  les  deux  allées  des  nouvelles 
promenades. 


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«  le  clergé  revêtu  de  chasubles.  Là  eut  lieu  une  seconde 
o  bénédiction  et  une  dernière  décharge  de  mouaqueterie 
H  pour  annoncer  la  fin  de  la  cérémonie...  Cette  ppoces- 
«  sion  telle  qu'on  n'en  avoit  jamaiavuà  CIiAteaugontier 
«  dura  de  une  heure  à  sept  heures  du  soir.  Malgré  la 
«  longueur  du  parcours  comprenant  presque  toutes  les 
B  rues  de  la  ville  on  fut  obligé  de  faire  suivre  les  ruelles 
fl  aux  femmes  qui  à  elles  seules  auroient  garni  la  pro- 
«  cession,  toutes  les  rues  de  la  ville  étoient  tendues  de 
a  toiles...  »  Cet  usage  a  disparu  il  y  a  une  trentaine 
d'années  :  rien  de  curieux  et  de  hizare  comme  le  specta- 
cle que  présentait  la  rue  d'OUivet  où  le  gros  drap  du 
pauvre  figurait  côte  à  côte  avec  la  toile  fine  du  riche... 
Le  lendemain  eut  lieu  un  grand  service  solennel  pour 
les  trépassés.  Le  4  juillet  une  retraite  fut  préchée  aux 
élèves  du  collège  qui  étoient  alors  au  nombre  de  120.  Le 
20  juillet,  enfin,  fut  étabU  à  Saint-Rémi  une  confrérie  de 
l'adoration  perpétuelle. 

Veut-on  savoir  le  nombre  des  personnes  qui  ont  suivi 
ces  divers  exercices  ?  Les  filles  de  la  ville  et  du  fau- 
bourg étaient  au  nombre  de  981,  celles  de  la  campagne 
1477,  les  femmes  de  la  campagne  2222,  celles  de  la  ville 
1383,  les  hommes  et  garçons  de  la  campagne  3776, 
ceux  de  la  ville  1832,  les  garçons  et  filles  de  la  com- 
munion 710,  ce  qui  fait  un  total  de  plus  de  12,000  per- 
sonnes ! 

Et  encore  »  pour  la  processisn  de  clôture,  on  ne  peut 
H  rien  en  rapporter  du  nombre,  par  l'excessive  quantité 
<c  qu'il  y  en  avoit  et  qu'on  n'avoit  jamais  vu  chose  pu- 
«  reille  à  Châteaugontier!...  » 

Mais  avant  de  terminer,  il  faut  citer  ici  quelques-unes 
des  réflexions  et  impressions  personnelles  du  narrateur. 
H  Les  Jésuites  se  sont  de  suite  rendus  les  maîtres  à 
M  cause  qu'ils  savent  mieux  ce  que  c'est  que  de  faire 
«  les  missions,  il  n'y  a  ou  qu'eux  à  faire  les  prières  et 
«  prédications,  avec  le  curé  de  Pressigné...  Quoique 


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:  cette  mission  fût  faicte  pour  un  chacun  de  la  ville  et 
[  dedans  l'église  Saint  Remy,  elle  a  plustot  servy  à 
I  ceux  de  la  campagne  qui  se  sont  rendus  si  importuns 
r  pour  faire  leur  mission  qu'il  sembloit  qu'elle  n'étoit 
c  autre  chose  que  pour  eux,  tant  ils  se  sont  rendus 
r  achalans  et  même  que  personne  ne  pouvoit  approcher 
I  des  confession  nais  et  qu'il  y  en  a  eu  qui  ne  se  sont 
(  pas  contentés  de  faire  une  mission  mais  jusqu'à  trois 

<  et  quatre  et  les  confesseurs  étoient  si  ennuyés  d'eux 
(  qui  leur  sembloit  que  c'étoil  à  jamais  finir...  Les 
(  messieurs  les  bénédictins  du  grand  Saint-Jean  et  les 
(  messieurs  les  chanoines  de  Saiot-Just  se  disant  tous 
(  ensemble  les  cures  primitifs  de  la  ville  so  sont  voulu 
(  rendre  les  niaitres  et  empescher  le  curé  de  Saint-Rcmy 
I  de  faire  aucune  cérémonie  et  mission,  se  disans  les 
(  maistres  de  son  église.  Ce  qui  n'a  pas  empesché  que 
(  malgré  eux  et  toutes  leurs  menaces  et  sans  leur  avoir 

<  fait  aucunf!  soumission  le  cuié  a  commencé  sa  mission 

<  et  l'a  continuée  sans  les  avoir  appelés...  et  le  tout  a 

<  été  fait  suivant  les  ordres  de  Monseigneur  d'Angers 
(  qui  s'en  est  rendu  lemaistre...   » 

Enfin,  ajoute  le  narrateur  «  la  mission  a  traîné  en 
(  longueur  ;  au  lieu  de  l'avoir  expédiée  le  plus  prompte- 
I  ment  possible  ils  ont  fait  tout  le  contraire,  se  plaisans 

<  à  faire  venir  un  chacun  de  la  campagne  pour  les  expé- 
I  dier  les  premiers.  C'est  en  quoi  ceux  de  la  ville  ont 
(  été  délaissés  malgré  qu'ils  aient  eu  tout  l'embarras  et 
t  les  missionnaires  tout  le  profit  :  c'est  pourquoi  l'on 
i  peut  dire  que  cette  mission  n'a  été  faite  que  pour  l'in- 

<  terest  des  Jésuites,  comme  c'est  la  coutume...  » 

La  Fontiùne  avait  bien  raison  de  dire  :  On  ne  peut 

<i  ....contenter  tout  le  monde  el  son  père  !  » 
Paul  de  Farcy. 


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LASSAY 

SES  ÉCOLES,  SES  COLLÈGES 


I 


«  C'était  jadis,  selon  l'expresaion  de  l'un  de  ses  chro- 
niqueurs, une  hflureuse  et  fière  petite  ville  que  Lns- 
aay'.  » 

Cet  entliousinsme  d'un  ancien  Lasséen  ne  semble  pas 
trop  exagéré  à  plus  d'un  titre. 

En  qualité  de  gardienne  des  frontières  de  notre  vieux 
Maine,  comme  Ambrières,  Gorron  et  autres  villes  forti- 
fiées, son  glorieux  passé  a  été  retracé  par  MM.  le  mar- 
quis et  le  comte  de  Beauchesne.  Nous  n'avons  rien  à 
ajouter  aux  détails  qu'ils  nous  ont  donnés  dans  leurs 
dilTérents  travaux  sur  Lassay  à  ce  point  de  vue*. 

Comme  cité  commerçante,  notre  petite  ville  qui  jus- 
qu'en 1740  renfermait  à  peine  200  feux*,  près  de  la  moi- 
tié de  ?a  population  actuelle,  tenait  l'un  des  premiers 


1.  Manuscrit  inédit  sur  Lassay  pendant  la  Révolution,  de  1789 
à  1792. 

2.  Voir  enlr'aulres  VEssai  historique  sur  le  c/idleaa  de  Lassay, 
et  les  deux  articles  publiés  par  la  Commission  historique  de  la 
Mayenne,  t.  IV  et  2*  série  t.  II. 

3.  J.  Mars  donne,  dans  son  journal  manuscrit,  le  détail  de» 
maisons  «  innovées  «  de  17'iO  à  1813,  au  nombre  de  64.  Ce  chif- 
fre a  doublé  depuis. 


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—  406  — 

rangs  dans  la  contrée,  grâce  à  son  activité  et  à  ses 
avantages  particuliers. 

Outre  SOS  doux  chiUeaux  de  Lassay  et  du  Bois-Thi- 
bault dont  les  propriéU'^s  s'étendant  sur  trente  paroisses 
doublaient  son  importance,  son  grenier  à  sel  fournissait 
annuellement  vers  1700,  dix-noufmuids  de  sel '.Quarante- 
trois  paroisses  relevaient  de  sa  juridiction ', 

Ses  belles  haltes,  dont  la  charpente,  d'après  Lepaige, 
faisait  Tadmiralion  des  étrangers,  voj'aicnt  cliaque  se- 
maine de  nombreux  marchands  se  presser  dans  leur 
enceinte''. 

i<  Le  commerce  qui  consistait  en  toute  esjièce  de 
marchandises,  lin,  fil,  laines,  bestiaux  etc.,  dépassait  le 
chiffre  annuel  de  quatre  millions*.  »  Toutefois,  ce  qui 
faisait  la  fortune  et  la  réputation  de  Lassay,  c'était  le 
talent  particulier  avec  lequel  ses  habitants  et  ceux  des 
environs  filaient  le  Un  de  Flandre  et  de  Picardie  acheté 
sur  place  et  amené  par  balles  sur  ses  marchés  par  les 
Maleuvre,  les  Nugue,  Tarot,  etc. 

Laval,  Mayenne,  Alençon  venaient  chaque  mercredi 
sur  la  place  de  la  Pointe  ^,  faire  les  meilleurs  approvi- 
sionnements pour  leurs  fabriques. 

Avec  tous  ces  avantages  les  Lasséens,  pour  la  plupart 


1.  Le  muid,  qui  contenait  à  Paris  2,478  lilres,  n'aurait  été  dans 
le  Maine  que  de  1,000  litres  ou  de  quatre  boisseaux,  s'il  faut  en 
croire  l'Annuaire  de  la  Mayenne,  an  XII,  p,  257. 

2.  D'après  un  registre  de  distribution  pour  Coucsraes  en  1745. 

3ue  J'ai  entre  les  mains,  cette  commuOe  y  ligure  pour  44  minois 
e  sel,  environ  3. 500  litres.  La  contrebande,  oui  sefaisait  sur  une 
large  échelle,  suppléait  à  l'insulTisance  des  distributions  particu- 
lières, en  procurant  du  sel  de  Bretagne  à  bien  meilleur  marché. 
'i.  Dictionnaire  du  Maine,  art.  Lassay. 

4.  Mémoire  pour  réclamer  le  district  à  Lassay  en  1789  et  1790, 
présenté  aux  États- généraux  par  Gamier,  s''  de  la  Gouainiâre  et 

5.  Place  comprise  entre  la  route  d'Ambrières  actuelle  et  la 
rue  du  Château,  réservée  autrefois  pour  lu  commerce  du  fil  et 
du  chanvre. 


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commerçants  ou  employés  A  divers  titres  aux  juridic- 
tions du  marquisat  et  du  grenier  à  sel',  devaient  com- 
prendre la  nécessité  de  l'instruction,  et  s'associer  de 
bonne  heure  au  mouvement  litti'iraire  qui  succéda  aux 
guerres  de  religion  à  la  fin  du  XVI*  siècle. 

La  France,  épuisée  par  les  guerres  incessantes  dont 
l'Anjou  et  le  Maine  avaient  vu  se  dérouler  le  dernier 
drame  lors  de  la  Ligue,  profitait  alors  d'une  paix  long- 
temps désirée  pour  se  livrer  à  des  carrières  moins  dé- 
sastreuses dans  lesciuelles  elle  trouvait  richesse,  tran- 
quillité et  bonheur. 

Le  monastère  de  Saint-Fraimbault,  situé  à  quinze  cents 
mètres  de  la  ville,  qui  avait  été  le  grand  bienfaiteur  de 
la  contrée  pendant  huit  siècles,  avait  été  détruit  par  les 


I.  Voici  d'après  le  mnnusi-nt  cité  ppi'oôdfmmcnt  les  princi- 
paux employés  en  1789  : 

Pour  la  juridiction  seiG:neuriale  ; 

i"  Un  bailli,  mcssire  Jnii(|iic.s  Kené  du  Fay,  éeiiyer,  sieur  de 
la  l'ommerie,  avocat  ou  grand  <;oiiseil,  juïe  général  civil  et  cri- 
minel de  police  et  des  eaux  et  forùts.  lieutenant  entiuéleur  et 
examinateur  au  siège  ordinaire  du  marquisat  de  Lassay  et  séné- 
chal de  lu  seigneurie  du  Bois- Thibault. 

2°  Un  avocat  fiscal  ;  M.  François  Thouniin. 

3°  Un  procureur  du  roi  :  M.  IHerre-îMouard  Bottu  de  la  Mori- 
cière. 

4°  Un  greffier  et  notaire  royal  :  Nf.  Jean-Louis  Raimbault, 

5°  Un  huissier  royal  :  M.  Jean-Baptiste  Delaunay. 

6°  Huit  avocats  n  ayant  d'outre  ctot  que  leur  imifession  :  MM. 
Julien  Thoumin,  Julien  Tuoult  Vauloger,  Jean-François  Haim- 
bault,  M athurin -Jacques  Barré  (ils,  Denis  Jahan  de  l'islet,  Ni- 
colas-Louis Barbé,  Gamier  de  la  Gouainière,  du  Fay  fils. 

La  juridiction  â  sel,  qui  se  tenait  comme  la  première  sous  les 
halles,  se  oomnosait  de  cinq  principaux  employés  : 

]•  Un  président  :  M.  Jean  l'iette  de  Moutr<iurault. 

2°  Un  grainetier  à  sel  :  H.  Butlu  de  la  Blottière. 

3"  Un  contrôleur  ;  id. 

i*  Un  procureur  du  Itoi  :  M.  Nicolas  Le  Marchand. 

5.  Un  greffier  receveur  r  M.  Foucher  de  Commerson. 

Ajoutez  ô  cette  nomenclature  trois  bureaux  pour  le  contrôle,  les 
aides  et  sabelles.  et  le  tabac  ;  trois  notaires  royaux  ;  Jean-Louis 
Raimbault,  Joseph-François  Maillard  et  Cluude-Bcné  Champion 
Sourdcrie,  vous  aurez  un  tableau  complet  de  Lassny  au  jmiut  de 
vue  administratif,  qui  ne  s'est  guère  modifié  pendant  le  cours  du 
XVIII-  siècle. 


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-  408  - 

Anglais  '  ;  mais  sur  ses  ruiqea  s'étaient  fixés  les  cu- 
rés de  Sainl-Fraimbault  de  Lassay,  heureux  d'y  conti- 
nuer la  mission  civilisatrice  et  les  œuvres  du  saint  fon" 
dateur  ^. 

Nous  les  verrons  dans  cette  courte  étude  répondre 
dignement  aux  vœux  des  habitants.  Au  grand  avantage 
de  la  paroisse,  ce  sont  tous,  à  trois  exceptions  près,  des 
Lassécns  pendant  plus  de  deux  cents  ans  [de  1582  à 
1817)  appartenant  aux  principales  familles  bourgeoises 
et  joignant  à  leur  aisance  personnnclle  l'influence  de 
leurs  talents  et  de  leur  position.  Secondés  par  un  nom- 
breux clergé,  aidés  par  quelques  fondations  et  princi- 
palement par  la  générosité  des  seigneurs  de  Lassay, 
ils  dotèrent  leur  paroisse  d'écoles  et  de  collèges  à  la  sa- 
tisfaction générale. 

Grâce  à  leur  zèle,  notre  petite  ville,  au  premier  rang 
pour  défendre  le  Maine,  ne  sera  pas  au  dernier  pour 
rendre  des  services  d'un  autre  genre  et  non  moins  pré- 
cieux dans  les  différentes  carrières  ecclésiastiques  et 
administratives. 


u 

ECOLES    ET    COLLÈGE    PRIMITIF    UE    LASSAY 

1616-1732 

Au  commencement  du  XVII'  siècle  Lassay,  comme 
les  communes  un  peu  importantes,  avait  des  écoles  or- 

1.  Voir  Vie  de  Sai/il-Fraimhaull,  par  l'auteur,  p.  73. 

2.  Avant  1792,  la  commune  de  Lussay  comprenait  deux  sec- 
lions  h  peu  près  semblalilos  uux  sectinnit  actuelles,  deux  fa- 
hnques  aisUnctes,  avec  une  seule  paroisse.  Les  curés  demeu- 
raient au  bourg  de  Saint- Fraimbault,  ainsi  que  le  premier  vi- 
caîpe.  Un  second  vicaire  ^(ait  fixé  h  Lassay  j)our  resservir  la 
(hapellede  N.-D.  du  Hoclier  qui  dépendait  de  l'église  parnissiale. 
Aux  quatre  ÎHet  de  Pâques.  rAssoniptiou,  la  Toussaint  et  Noël, 
tous  les  ollices  devaient  se  faire  dans  cette  dernière  seulement. 


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—  409  - 

ganîsées  et  soutenues  par  des  fondations.  C'étaient  d'a- 
bord, selon  l'usage,  l'un  des  vicaires,  un  des  sacristes 
et  quelques  personnes  dévouées  qui  donnaient  des  no- 
tions élémentaires,  réservant  pour  un  petit  nombre  de 
sujets,  privilégiés  par  leurs  talents  ou  leurs  positions, 
des  leçons  plus  complètes'. 

A  cela  dut  se  borner  Mathurîn  Bilheust,  curé  de  la 
paroisse  (1588  à  1609]  ancien  aumdnier  ordinaire  de  la 
trop  fameuse  Catherine  de  Médicis*. 

Il  avait  d'ailleurs  d'autres  chargea  plus  pressées. 
Pendant  que  Lassay,  protégé  par  son  château,  sortait 
sain  et  sauf  des  dernières  guerres  des  calvinistes,  la 
campagne  avait  été  dévastée  par  le  vandalisme  des  frè- 
res Le  Hérissé  et  de  leurs  bandes.  Quelques  débris  de  ces 
pillards,  moins  redoutables  cependant  que  les  premiers, 
sillonnaient  encore  nos  contrées  jusqu'en  1621 3. 

L'église  de  Saint-Fraimbault  et  le  presbytère  n'a- 
vaient pas  échappé  au  fer  et  à  Tincendie  qu'ils  se  plai- 
saient à  allumer  surtout  dans  les  édifices  religieux.  De 
là  des  travaux  nécessaires   de  restauration  qui  ne  sc- 

1.  Ilesl  inutile,  après  les  nombreux  travaux  de  mes  devancier», 
de  traiter  la  question  de  l'orifunisation  de  ees  écoles  et  de  l'état 
de  l'instruction  avant  1769,  bien  connue  des  lecteurs.  Je  me  bor- 
nerai donc  aux  faits  et  aux  déductions  qui  en  découlent.  Voir 
pour  plus  de  détails,  cntr'outres  :  M.  I^eblanc,  ColUge  de  Villai~ 
nes-la~Juiiel  et  M.  Queruau-Lamerie,  Irisiriiciion  publique  à 
Laval  avant  le  XIX'  siècle,  publiés  dans  cette  revue, 

2.  Le  4  décembre  1588,  Ilélyc  Maubré  est  installé  comme  curé 
de  Chanlrigné  par  Mntburin  Bilheust,  prestre  licencié  en  l'un  et 
l'autre  droict,  aulmusnter  ordinaire  de  la  royne.  mère  du  roi  très 
chrestien  de  France  et  de  Pologne,  curé  de  FJaint-Praimbault  de 
Lassay,  notaire  publi<^  et  apostoliaue  du  Mans  (Note  communi- 
quée par  notre  regretté  confrère,  M.  Bernard]. 

3.  Voir,  sur  la  destruction  des  dernières  bandes  :  Le  Clidieau 
féodal  de  Domfront,  par  M,  Blanchctière,  p.  98. 

D'après  une  note  que  je  dois  à  la  bienveillance  de  M.  le  comte 
de  Beaucliesne,  le  ib  janvier  1616,  les  ornements  les  plus  pré- 
cieux de  réfiise  de  Molleray  étaient  mis  en  garde  au  chAteau  du 
Bois-Tbibault,  à  cause  de  présents  troubles  de  guerre.  Plusieurs 
paroisses  voisines  étaient  obligées  de  recourir  a  la  même  mesure 
de  précaution,  à  cette  date,  pour  éviter  les  pillages. 


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_  410  — 

ront  terminées  qu'en  1629,  grâce  à  Kustache  Thoumin, 
par  la  reconatruction  de  la  tour  actuelle  de  Tégliae. 

Le  successeur  de  Mathuriu  Bilheust,  Jehan  des  Hayes, 
verra  l'œuvre  des  écoles  favorisée  par  une  précieuse 
fondation  due  à  la  générosité  de  Marguerite  Espinay, 
veuve  de  Christophe  Piette,  s'  de  Balade.  Dans  son 
testament,  daté  du  16  septembre  1616,  trop  long  pour 
être  reproduit  ici,  la  testatrice  confirme  d'abord  une 
fondation  précédente  faite  par  son  mari.  Après  d'autres 
dispositions  elle  ajoute  :  «  et  surplus  qui  se  monte  pa- 
reille somme  à  dix  huict  livres,  qu'elle  soit  délivrée  à  un 
régeant  qui  enseigne  les  enfants  en  lad.  ville  de  Lassay, 
pourvu  qu'il  y  soit  admis  par  la  communauté  des  habi- 
tants, à  la  charge  que  ledit  régeant  assistera  à  la  célé- 
bration du  Stabat  et  autres  prières  avec  le  vicaire.  » 

Cette  fondation  fut  bientât  suivie  d'une  autre  plus 
importante  en  faveur  de  Lassay  et  des  environs. 

Le  28  juin  1632,  Renée  du  Pont,  veuve  de  Jean  Es- 
pinay, s'  do  Lousier,  désireuse  de  l'instruction  de  la 
jeunesse  de  Lassay  et  ailleurs,  »  fondait  en  faveur 
du  régent  du  collège  de  la  dite  ville  de  Lassay,  une 
rente  de  30  livres  sur  la  terre  de  la  Rigaudière  en  le 
Horps. 

C'est  le  premier  acte  où  il  est  fait  mention  d'un 
collège,  titre  que  l'on  trouve  souvent  répété  jusqu'à 
la  fondation  du  collège  de  1738.  Nous  gardons  fidè- 
lement cette  expression,  tout  en  faisant  les  réserves 
de  nos  prédécesseurs  sur  l'étendue  à  donner  au  ter- 
me lui-même  qui  était  appliqué  alors  aux  écoles  ordi- 
naires. 

Par  suite  de  ces  deux  fondations  auxquelles  s'en  joigni- 
rent plusieurs  autres  moins  importantes  qu'il  est  inutile 
d'énumérer  ici,  on  voit  ordinairement,  jusqu'au  XVIII' 
siècle,  deux  régents  chargés  des  écoles  de  Lassay  :  le 
vicaire  de  N,-D.  du  Rocher  et  un  prêtre  habitué  investi 


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d'une  des  presUmonies  fondées  dans  cette  paroisse 
comme  honoraire  de  sa  charge'. 

C'est  ainsi  qu'après  Joachim  Troseille  et  Jacques  Len- 
faut,  premiers  maîtres  connus,  nous  trouvons  Julien 
Garaier,  prestre,  principal  régent  de  cette  ville,  conjoin- 
tement avec  Jean  Housseau,  vicaire  de  ta  chapelle  de 
Lassay. 

En  1695,  Julien  Langevin^,  régent  du  collège  de  cette 
ville,  eut  à  soutenir  contre  les  héritiers  de  René  du  Pont 
un  long  procès  relatif  à  la  fondation  qui  ne  se  termina 
qu'en  1724. 

A  cette  date  François  Lottin,  vicaire  et  régent,  reçoit 
par  suite  d'une  transaction  60U  livres,  dont  l'intérêt  sera 
de  30  livres  pour  les  prêtres  habitués  de  Lassay,  et  re- 
met le  capital,  à  titre  de  prêt,  à  Dutertre,  procureur  de 
la  fabrique  de  N.-D.  du  Rocher. 

P.. Lottin  donnait  également,  en  1733,  une  quittance 
pour  acquit  (lu  legs  de  Marguerite  Espinay,  â  MM.  Piette 
de  Montfoucault,  Dutertre  et  Bottu,  héritiers,  et  cela  ea 
qualité  de  maistre  d'école  en  la  ville  de  Lassay. 

Nos  régents,  qui  fournirent  un  long  stage,  remplis- 
saient leur  devoir  à  la  satisfaction  générale.  C'est  là  ce 
qui  explique  la  conduite  des  Lasséens  en  1662. 

Un  prêtre  de  Céaucé,  M.  Jean  Pottier,  docteur  de  la 

1.  Les  quatre  principales  prestimnnies  étaient  :  celle  de  la  Pré- 
trie, pour  la  chapelle  Ôainte-Catherine  au  Buis-Thiliault,  estimée 
185  livres  :  celle  de  Baint-Dlaise,  estimée  60  livres  dans  la  cha- 
pelle N.-D.  du  Hocher,  celle  des  Bilteust,  dans  t'é^lise  Saint- 
Fraimbault  de  Lassay,  dont  les  revenus  ne  sont  pas  connus,  et 
enrin  celle  de  Saint-Joseph  au  village  de  la  Mançonniëre,  estimée 
200  livres,  fondée  en  1651,  dans  la  chapelle  de  ce  nom,  par  Eusta- 
che  Thoumin,  curé  de  la  paroisse. 

1.  C'est  à  ce  préti'e  que  la  ville  de  Lassay  doit  son  cimetière 
actuel.  J.  Lans'evin  acheta  le  terrain  en  1719  pour  300  livres  et 
le  donna  à  la  fabriee  et  habitants  de  la  ville.  Avant  ce  don,  tou- 
tes les  sépultures,  en  dehors  de  celles  de  la  chapelle  même  et 
du  couvent,  se  faisaient  à  Saint- Fraimbault  dans  te  grand  et  le 
petit  cimetière.  Le  passage,  sur  une  partie  de  l'ancien  parcours, 
a  encore  conservé  le  nom  de  Hue  aux  Morts. 


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-  412  - 

Sorbonne,  voulut  consacrer  une  partie  de  sa  fortune  à 
la  fondation  d'un  collège  complet.  Ses  relations  avec 
Lassay  où  trois  membres  de  sa  famille  étaient  fixés  par 
suite  d'alliances',  lui  inspirèrent  la  pensée  de  proposer 
cette  fondation  à  cette  dernière  ville,  bien  placée  pour 
une  œuvre  de  ce  genre.  Les  habitants,  mal  inspirés  ce 
jour-là,  ne  voulurent  pas  se  prêter  aux  vues  du  généreux 
bienfaiteur.  C'est  alors  qu'il  dota  Céaucé  d'un  collège 
qui,  d'abord  florissant,  ne  répondit  pas  dans  la  suite  à 
ses  desseins^.  Nous  en  verrons  les  preuves  quand,  au 
nom  de  Lassay,  le  curé  et  un  grand  nombre  de  ses  con- 
frères réclameront  en  vain  cette  fondation. 

Pendant  que  l'on  offrait  aux  jeunes  gens  une  éduca- 
tion convenable,  celle  des  jeunes  personnes  n'était  pas 
négligée. 

Dès  1631,  Eustache  Thoumin  fondait  le  couvent  des 
Bénédictines,  qui  aura,  jusqu'à  leur  dispersion  en  1792, 
de  nombreuses  pensionnaires  tant  de  Lassay  que  des 
environs  ^.  En  faveur  des  enfants  pauvres,  René  Des- 
landes assure  pour  la  maîtresse  d'école  une  rente  de  45 
livres  {18  septembre  1712)  ;  et  enfin  une  autre  de  17  livres 
18  sols  est  fondée  par  Cbauvin,  Boussclct  et  Baguclin  en 
1725. 

Tels  sont  les  détails  quelque  peu  intéressants  que 
nous  avons  pu  recueillir  sur  l'instruction  à  Lassay  pen- 
dant ce  que  nous  pourrions  appeler  sa  période  primitive. 

1,  A  cette  époque  noua  trouvons  trois  stours  fixées  à  Lassay  ; 
Charlotte  Pottier,  épouse  <lc  Jncqiies  du  liois  :  Barhe,  épouse  de 
Guillaume  de  la  Motte,  sieur  de  I.auuay  et  Françoise,  épouse  de 
Guy  Chesneau,  s' de  Vieuxmont. 

2,  V.  Les  Collèges  de  Ciaacé  et  de  Domfront,  par  M.  I^uis 
Duval,  et  Le  Collège  de  Céaucé,  par  M.  A.  Salles,  Revue  de  la 
Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne,  tomes  II  et  IV. 

Lu  fondation  de  M.  Pottier.  Tune  des  plus  importantes  de  cette 
époque,  assurait  1200  livres  de  rente  pour  trois  récents,  fondées 
sur  des  maisons  sises  au  boui^  de  Céaucé,  plusieurs  piâues  de 
teiTe  et  deux  diupelleuics. 

3,  V.  Recherches  sur  les  Bénédictines  de  Lassay,  p.  66. 


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Celle  qui  suivra  nous  offrira  le  tableau  d'une  instruc- 
tion complète  à  tous  égards,  ne  laissant  ricu  à  désirer 
pour  les  habitants  de  Lassay,  à  quelque  condition  qu'ils 
appartiennent,  au  point  de  vue  matériel  et  spirituel. 


III 

COLLÈGE   ET   BCOLES    DE   LASSAY 

1738-1792 

Le  21  février  1738,  Armand  de  Madaillan  de  Les- 
pnrre,  Iroisièmo  marquis  de  Lassay,  mourait  en  son  hô- 
tei  à  Paris,  léguant  à  son  fils  Léon  une  immense  fortune 
et  toutes  SOS  affections  pour  sa  chère  ville  de  Lassay, 
où  il  voulut  même  que  son  corps  vint  reposer  en  paix  '. 

Léon  recueillit  pieusement  ce  double  héritage  et  vou- 
lut mémo  surpasser  son  père  en  générosité. 

Dès  le  mois  d'avril  1738,  le  28,  le  nouveau  marquis 
de  Lassay,  «  ayant  considéré  combien  la  bonne  éduca- 
tion et  l'instruction  de  la  jeunesse  e.st  agréable  à  Dieu 
et  nécessaire  aux  hommes,  et  voullant  traiter  favorable- 
ment ses  habitants  de  sa  ville  et  terre  de  Lassay  et  leur 
donner  des  marques  de  sa  protection  et  bienveillance  en 
leur  procurant  le  moyen  de  faire,  à  l'avenir  et  à  perpé- 
tuité, estudier  et  instruire  leurs  enfants  »  leur  offrait 
une  fondation  pour  deux  régents,  avec  charge  d'ensei- 
gner gratuitement  le  latin  depuis  la  sixième  jusqu'à  la 
rhétorique  inclusivement  *. 

Le  privilège  de  la  gratuité  était  seulement  accordé  à 
Lassay.   Quant   aux    étrangers,   les  régents  pouvaient 


1.  V.  Rasai  /lislorii/ue  nur  le  château  de  Lassai/  et  Recherchei 
tur  Us  Bénédictines  de  Lassay.  pp.  24  et  62. 

2.  V.  aux  pièces  justificatives  n"  1,  l'acte  du  fundaliou  eu  eii- 


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-  414  - 

prendre  les  pensions  ou  récompenses  qu'Us  aviseraient  . 
à  condition  toutefois  que  leur  première  et  plus  grande 
attention  à  bien  montrer  et  bien  enseigner  fût  pour 
les  enfants  de  Lassay. 

Les  régents  étaient  révocables  à  la  volonté  des  sei- 
gneurs ;  ai  les  habitants  avaient  à  s'en  plaindre  ils  de- 
vaient en  référer  à  ces  derniers  pour  y  faire  droit  après 
enquête. 

La  fondation  était  de  500  liri'es,  au  principal  de  20,000 
livres  constituée  sur  les  aides  et  gabelles  de  France*. 

Léon  confia  le  nouveau  collège  à  Pierre  Morice,  diacre, 
de  Thubœuf,  et  à  Jean  Morice,  sous-diacre,  du  Hous- 
seaa,  qui  avaient  déjà  fait  preuve  de  probité  et  de  ca- 
pacité en  enseignant  ta  jeunesse  de  Lassay. 

Les  Lasséens  s'empressèrent  d'accepter  la  généreuse 
fondation  de  Léon  de  Madailtan  qui  les  dédommageait 
de  celle  de  Céaucé,  vivement  regrettée  par  eux  après 
réflexion  trop  tardive. 

Réunis  à  ï'iasue  des  vêpres,  à  la  grande  porte  de  la 
chapelle  de  N.-D.  du  Rocher,  ils  dounèrent,  le  18  mai 
1738,  une  approbation  et  acceptation  reconnaissante  à 
l'acte  de  leur  nouveau  bienfaiteur-. 

La  ratification  du  roi,  constituant  en  même  temps  la 
fabrique  de  N.-D.  du  Rocher  propriétaire  du  capital  de 
la  rente,  eut  lieu  le  20  juin  1738. 

Aucun  bâtiment  ne  fut  affecté  spécialement  pour  ce 
collège  ;  il  fallut,  par  diverses  locations,  pourvoir  à  l'ins- 
tallation des  classes.  C'est  là  ce  qui  explique  une  déli- 
bération du  conseil  municipal  en  datedu28févrierl7903. 
Il  décide  que,  pour  régler  définitivement  les  réparations 

i.  D'après  un  acte  (les  archives  départementales,  Armand  avait 
acheté  ces  rentes  de  René  Darguiatade,  seigneur  de  la  Maillar- 
dière,  Saint-Fulgent  et  autres  lieux,  maire  de  Nantes. 

2.  V.  Pièces  juslilîcattves,  n»  2. 

S.  Vuir  ëgalenient  ui-dessous  la  nominutiou  de  M.  Bonnel  en 
1775. 


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locative8  et  autres  de  l'ancien  collège,  situé  dans  les  ap- 
partements de  M.  Peschet,  sur  le  champ  de  foire',  la 
commune  autorise  le  principal  à  recevoir  et  à  faire  payer 
vingt  et  une  livres  aux  écoliers  actuellement  enseignés 
audit  collège.  Le  même  jour,  il  donne  pouvoir  à 
M.  Bottu-Blotiêre,  de  prendre  à  bail  pour  trois  ou  aix 
ans,  à  partir  de  Pâques  1791,  deux  appartements  dépen- 
dants d'une  demoiselle  Raimbautt,  situés  proche  l'église, 
moyennant  54  livres  par  an.  Ces  dispositions  durent 
être  prises  dès  le  commencement,  sauf  la  gratuité  qui 
fut  maintenue  pendant  les  premières  années. 

Les  élèves  étaient  logés  chez  leurs  parents  et  les 
étrangers  prenaient  pension  chez  les  particuliers. 

Les  deux  abbés  Morice  se  montrèrent  à  la  hauteur 
de  leur  nouvelle  charge. 

Dès  l'année  1741,  ils  olTraient  à  la  ville  une  fête  peut- 
être  nouvelle  pour  les  habitants,  à  l'occasion  de  la  dis- 
tribution des  prix. 

Une  feuille  grand  in-folio,  imprimée  à  Alençon,  chez 
Malassis,  imprimeur  du  roi  et  du  collège  donne  le  pro- 
gramme en  ces  termes,  en  même  temps  que  les  noms  des 
acteurs  : 

«  JOSEPH,  tragédie  françoise,  tirée  de  l'Ecriture 
Sainte,de  M.  l'abbé  Genest. 

«  POLYEUGTE,  martyr,  tragédie  chrétienne,  de  P. 
Corneille. 

«  Seront  représentées  sur  le  théâtre  du  collège  de 
Monsieur  le  marquis  de  Laasay,  par  les  écoliers  du  même 
collège,  pour  la  distribution  solennelle  des  prix, 

«  Le  28""  et  29"°  jours  du  mois  d'aoust  ;  si  le  temps 
est  pluvieux,  les  jours  suivans,  sur  les  huit  heures  du 
matin  ^.  » 

1.  C'est  l'hdtel  de  Normandie  actuel,  au-dessus  du  cimetière. 
1  des  acteurs  de  la  première  pièce 


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La  fête  du  lendemaio  fut  uuasi  brillante  que  celle  de 
la  veille.  Les  élèveH  jouèrent  les  deux  pièces  suivantes  : 


Joseph,  fils  de  Jacob  et  de  Bachel,  Pierre-Loûis  Bouge  de  la 
Motte,  d'Ëvron. 

AzANETH.  remme  de  Joseph.  Michel- François  Bouvier  de  la  Gri- 
vclière,  de  la  Baroche-GondoUin. 

HuBBN,  frère  aîné  de  Joseph.  René  le  Marié,  de  Sainte-Marie- 
du-Bois. 

SiMÉoN,  frère  aîné  de  Joseph.  Michel  Morice  du  Boulai,  de 
Thubeuf. 

JuoA,  Trère  atné  de  Joseph.  Jean-Baptiste  Mauguil  du  Homme, 
de  Sainl-Loup-du-GasI. 

M; 


Benjamin,  jeune  frère   de  Joseph.   Michel-LoUis  Daniel  de  la 

asure,  de  Veueeons. 

Sepl  autres  Frères  de  Joseph.  ' 


TiiiAHis.  Intendant  de  Joseph.  Julien  Patou,  de  Thubeuf. 

HÉLV,  vieil  lli'breu  qui  avait  élevé  Joseph.  Juseph-Jean-Uippo- 
lyle  Allard  de  la  Bnisse,  de  Lassai. 

Thehhutis,  confidente  d'Azuneth.  Guy-LoOts  le  Marchant  des 
Mortiers  de  la  Hfiirie.  de  Lassai. 

Officier  éf^yptieii.  Michel  Tuault  de  Launai,  de  Courberie. 

Phahaok,  roi  d'Egyplc.  René  Haine  de  la  Hebourgére,  de  Mel- 
lerai. 

Gardes  de  Pharaon.  "*' 

La  scène  esta  Memphis,  capitale  d'Egypte. 

Voici  les  personnages  el  acteurs  de  la  seconde  pièce  : 

FiLix,  sénateur  romain,  gouverneur  d'Arménie,  Joseph-Jean- 
Ilippolyle  Allard  de  lu  Brosse,  de  Lassai. 

PoLïEucTE.  seigneur  arménien,  gendre  de  Félix,  François  Mau- 
guit  du  Rocher,  ae  Saint- Loup-du-Gast. 

Sévèhe,  chevalier  romain,  favori  de  l'empereur,  René  llairie  de 
la  Keliourgère.  de  Mellerai. 

NÉAnoue.  seigneur  arménien,  ami  de  Pulyeucte.  Kené  Foucault 
delà  Maillardie-   ''■■  "•— 


Paulike,  lille  de  Félix,  et  femme  de  Polycucle.  LoUis-Anne  te 
Baillif,  de  Lassai. 

Sthatonice,  conlidenle  de  Pauline.  Jean-Baptiste  Maug^il  du 
Rommé,  de  Sninl-Loun-du-Gast. 

Albin,  confident  de  Félix.  Ju lien- Antoine  Allard  de  la  Brosse, 
de  Lassai. 

Fabiah,  domestique  de  Sévère.  Michel -François  Bouvier  de  la 
Orivelière,  de  la  Baroche-GondoOin, 

Cléon,  domestique  de  Félix.  Michel  Morice  du  Boulai,  de 
Tobeuf. 

Trois  gardes,  "', 

La  scène  est  â  Mélitène,  capitale  d'Arménie,  dans  le  palais  de 
Félix. 


,^-GoogIc 


^«7  - 

«  LE  GLORIEUX,  comédie  par  M.  Nericault  des 
Touches  de  T Académie  Françoise'. 
«  LE  JOUEUR,  comédie  corrigée.  » 
Comme  on  le  voit  par  les  acteurs,  les  leçons  des  ab- 


1.  Personnages  el  noms  des  «cteurs  de  la  première  pifte  :  (2» 
jour). 

LisiHON,  riche  bourgeois  anobli.  René  Ilairie  de  la  Rebour- 
gère,  de  Melterai. 

Isabelle,  tille  de  Listmon.  Michel-LnUis-Daniel  de  la  Masure, 
de  Vengeons. 

Valèhe.  fils  de  Lisimnn.  LoQis-Aune  le  Baillir.  de  Lnssai. 

Le  comte  de  Tufière,  amunt  d'Isabelle.  François  Mau^uit  du 
Rocher,  de  8aint-Loup-ilu-Gnst. 

Philinte,  milre  nmant  d'Isabelle.  Jeim-Baplistc  Maugiiit  du 
Rommé,  (le  Saint-Loup-du-Gast. 

Lycundre,  vieillard  mcunnu.  Joseph- JeaO'IIippolyle  Allard  de 
la  Drossi',  de  Lnssni. 

Lisette,  femme  de  chambre  d'Isabelle.  Juhen-Anloine  Allard 
de  la  Brosse,  de  Lassai. 

Pasquis,  valet  de  chambre  du  comte.  Rem'  Foucault  de  la 
Maillardière,  du  Hnus.seau. 

La  Fleur,  latjunis  du  comte.  Guy-Louis  le  Marchant  des  Mor- 
tiers de  la  Haine,  de  Lassai. 

M.  JossE,  notaire.  Michel  Tnault  de  Launai,  de  Courberie. 

Un  laquais  de  Lycandre,  Itené  le  Marié,  de  Sainte-Marie  du 
Bois. 

La  scène  est  à  Paris,  dans  un  hAtel  garni. 

Personnages  el  noms  des  acteurs  de  la  secande  pièce  : 
GÉROHTE,  père  de  Valère.  Julien  Pittou.  de  Tulicuf. 
Dorante,  oncle  de  Vnlérc.  l'ierre-Louis  Bouge  de  la  Motte, 
d'Evron. 

Valèhe,  joneur.  ReniMIitaire  de  la  Kiibouraèi-e,  de  Mellunii. 
Anselme,  frère  inconnu  de  Dorante  et  de  Geroule.  Hené  le  Ma- 


rie, de  Sainte-Marie  du  Bois. 

Fabrke.  (ils  d'Anselme.  Guy-Louis  le  Marchant  des  Mortiers 
de  la  Ilairie,  de  Lassai. 

Le  Mar<;ui3.  Julien-Antoine  Allard  de  la  Brosse,  de  Lassai. 

Hector,  valet  de  Valère.  René  Foucault  de  la  Maillardière,  du 
Housseau. 

La  Flèche,  valet  de  Dorante.  François  Mnugiiit  du  Rocher,  de 
Saint-  Loup-d  u  -G  asi . 

M.  nE  LA  Ressource,  usurier.  Michel  Tuault  de  Launai.  de 
Courberie. 

M.  Adam,  marchand  carrossier.  Joseph-Jean-IIippotyle  Allard 
de  la  Brosse,  de  Lassai. 

M.  Galonnibh,  tailleur.  Michel-Morice  du  Boulai,  de  Thuboeuf. 

M.  Tout-a-bas,  maître  de  tric-trac.  Michel-Morice  du  Boulay, 
de  ThubœuL 

La  scAne  se  passe  à  Paris  dans  un  hAtel  garni. 


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béB  Morice  n'étaient  paa  Beulement  appréciées  par  les 
habitants  de  Lassay.  De  nombreux  étrangers  s'étaient 
déjà  empressés  de  se  mettre  soub  leur  habile  direction. 

Nous  n'avons  pu  retrouver  de  nouveau  programme 
jusqu'à  celui  de  1776,  que  nous  reproduirons  à  cette 
date.  Sans  aucun  doute  chaque  année  scolaire  fut  cou- 
ronnée par  des  fêtes  de  même  genre. 

Léon  de  Madnillan,  heureux  et  fier  du  succès  de  sa 
première  fondation,  voulut  bientôt  donner  à  sa  chère  ville 
une  nouvelle  preuve  de  son  affection  et  de  sa  générosité, 
dont  les  résultats  devaient  être  plus  avantageux  encore. 
Les  pauvres  y  étaient  les  principaux  intéressés. 

Le  29  juin  1747,  il  faisait  venir  à  Lassay  trois  reli- 
gieuses de  la  Chapclie-au-RibouP,  aux  trois  conditions 
suivantes  : 

1**  Instruire  la  jeunesse  de  la  ville  et  paroisse  ;  lui  ap- 
prendre à  lire,  écrire  et  calculer. 

2'  Avoir  soin  des  pauvres,  et  pour  cet  effet  savoir  soi- 
gner, entretenir  une  apotiquarerie  {sîc)  pour  fournir  aux 
malades  les  remèdes  qui  leur  sont  nécessaires. 

3°  Leur  faire  et  porter  le  bouillon,  la  viande  et  le  pain 
dont  ils  auraient  besoin  jusqu'à  leur  rétablissement,  et 
leur  donner  tous  les  secours  spirituels  et  corporels  dont 
elles  seront  capables,  le  tout  gratuitement. 

Pour  celte  fondation,  le  marquis  de  Lassay  cédait  à 
la  fabrique  de  la  chapelle  de  N.-D.  du  Rocher  400  livres 
de  rente  au  principal  de  16,000  livres  constituées  sur  les 
aides  etgahelles  de  France,  dont  300  livres  pour  la  nourri- 
ture et  l'entretien  des  sœurs  et  100  livres  pour  subve- 
nir aux  besoins  des  pauvres.  De  leur  côté,  Jean-Baptiste 
Bignon,  curé  de  Saint-Fraimbault  de  Lassay,  et  Simon 
de  la  Chauvière  fournissaient  le  mobilier  qui  leur  coûta 


).  Berceau  de  la  Congrégation  des  Sœurs  d'Evron,  fondée  en 
1682,  par  M™"  Tulard.  Nous  nous  bornons  à  mettre  aux  pièces 
justificatives,  n°  III,  l'acceptation  de.s  aœur.s  qui  résume  les  con- 


ditions de  la  fondation. 


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600  Uvrea.  De  plus,  à  la  mort  de  l'aEcienrie  mallrcssc 
d'école,  400  livres  dont  elle  jouissait  comme  intérêts  de- 
vaient être  consacrées  aux  pauvres. 

M.  Bignon  couronna  ces  différentes  œuvres  par  une 
seconde  école  de  charité  en  faveur  des  garçons.  Par 
l'entremise  de  Bioche,  agent  de  change,  il  constitua  à 
cet  effet,  en  juin  1758,  une  rente  de  125  livres  sur  les 
aides  et  gabelles.  Cette  école  fut  placée  au  carrefour  de 
la  Croisette  dans  la  chapelle  Saint-Sauveur'. 

Celle  des  filles  se  trouvait  dans  les  maisons  près  de 
la  place  du  Bollc  ^. 

C'est  ainsi  que,  grôce  à  toutes  ces  généreuses  fonda- 
tions, Lassay  n'avait  rien  à  envier  aux  villes  les  plus 
favorisées. 

Nous  ne  nous  arrêterons  pas  davantage  sur  ces  éco- 
les secondaires  pour  revenir  à  notre  collège. 

Neuf  an-s  après  sa  fondation,  en  1747,  le  nombre  des 
élèves  de  notre  collège  était  trop  considérable  pour  les 
deux  régents  charges  de  les  instruire.  Malgré  leur 
bonne  volonté,  il  ne  pouvaient  remplir  que  difficilement, 
on  pourrait  même  ajouter  bien  imparfaitement  la  mission 
qui  leur  était  confiée.  Car  en  supposant  le  chiffre  de 
cent  élèves  indiqué  dans  l'enquête  de  l'an  IX,  il  est  bien 
difficile  à  deux  professeurs  de  suffire  à  la  tâche  pour 
remplir  le  programme  tel  qu'il  était  tracé,  à  moins  d'un 
dévouement  et  d'une  force  extraordinaires.  Ils  étaient 
surchargés  du  travail  de  cinq  professeurs  dans  les  con- 
ditions ordinaires  pour  tout  collège  bien  organisé,  ayant 
huit  heures  de  classe  à  faire  par  jour,  et  chargés,  outre 


1.  Cette  chapelle,  qui  a  dispsra  depuis  la  révolution,  servait 
aux  Bi^nâdictineK.  ainsi  que  la  maison  actuelle  de  M.  Corbin, 
pendant  la  construction  de  leur  couveni.  Sur  ses  ruines  on  voit 
une  charmille  paralli^lement  à  la  roule  de  Lassay  à  Pré-en-Pail 
(V.  Bec/ierc/ies  sur  les  Bénédictines,  p.  10). 

2,  Maisons  de  M.  Morice. 


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-iso- 
les langues,  des  éléments  de  la  géométrie  et  de  la  géo- 
graphie. 

Par  ailleurs  la  fondation  de  Léon  de  Madaillan  était 
insuflisant^  pour  assurer  un  traitement  convenable  à  un 
plus  grand  nombre  de  professeurs.  D'un  autre  e6té  le 
collège  de  Céaucé,  dont  la  fondation  avait  été  si  mala- 
droitement refusée  par  les  habitants  de  Lassay  pour 
leur  ville,  était  loin  d'être  prospère. 

Tous  ces  motifs  inspirèrent  à  M.  Bignon  ia  démarche 
suivante  qui  aurait  permis  de  doubler  le  nombre  des 
maîtres  sans  exiger  de  nouveaux  sacrifices  de  la  ville. 

11  réunit  un  grand  nombre  de  ses  confrères  et  tous 
d'un  commun  accord  prièrent  le  marquis  de  Lassay  de 
s'entendre  avec  Mgr  Charles-Louis  de  Froulay,  évêque 
(lu  Mans,  pour  transférer  à  Lassay  le  collège  de  Ceaucé 
avec  ses  revenus  '. 

La  supplique  était  ainsi  conçue  : 

«  A  Monseigneur  le  marquis  de  Lassay, 
«  Monseigneur, 
a  Les  curés  de.... 

a  Vous  représentent  très  humblement  qu'estant  obligés 
par  leur  état  à  veiller  à  tout  ce  qui  intéresse  le  publicq 
et  ce  principullement  l'éducation  de  la  jeunesse,  ils  ne 
peuvent  se  dispenser  de  vous  faire  part  de  leurs  ref- 
flcxions  au  sujet  du  collège  de  Ceaucé  qui  en  fait  la  ma- 
tière depuis  un  grand  nombre  d'années. 

«  En  1662,  maistre  Jean  Potticr,  natif deCeaucé, pros- 
tré docteur  en  théologie  de  la  maison  et  société  de  Sor- 
bonne,  théologal  et  chanoine  de  l'église  de  Saint-Alalo, 
eut  envie  de  créer  un  collège  dans  sa  patrie,  son  zellc 
pour  le  bien  public  lui  fist  jetter  les  yeux  sur  la  ville  de 
Lassay,  distante  de  deux  lieues  de  Ceaucé,  mais  les  ha- 
bitants  n'ayant  pas   connu  alors   leurs   interrets,   il  le 

1.  A  la  supplioue  élait  jninte  une  ciipie  de  la  fondation  du  col- 
lëg'e  de  Oeaucé  autit  lu  reproduction  nous  entraînerait  trop  loto. 


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-  4îl  - 

porta  à  leur  refus  à  Ceaucé  et  y  attribua,  pour  l'entre- 
tien de  troia  régents,  douze  cents  livres  de  rente  qui  au 
moyen  des  remboursementB  faits  en  1720,  sont  aujour- 
d'huy  réduits  à  sept  cents  livres. 

«  Ce  collège  eut  d'abord quelques8uccès,inat3soitque 
l'air  y  soit  contraire  à  la  jeunesse  qui  y  est  attacquée 
de  la  gratelle  ',  soit  que  les  habitants  voisins  n'y  trou- 
vent pas  leurs  commodittés  pour  la  nourriture  ou  pour 
le  logement  de  leurs  enfants,  parce  que  ce  n'est  qu'un 
petit  village  qui  manque  de  maisons  et  d'habitants  il  est 
tombé  dans  l'inaction  depuis  plus  de  cinquante  ans,  de 
manière  que  le  professeur  de  réthorique  et  de  troisième 
n'ont  qu'un  écollier,  et  celui  de  cinquiesme  et  sixiesme 
n'en  ont  que  trois,  auxquels  ils  montrent  à  lire  seule- 
ment, le  public  a  été  dédommagé  de  cette  perte  par  la 
fondation  que  vous  avés  eu  la  bonté  de  faire  depuis  huit 
à  neuf  ans  de  deux  régents  n  Lassny,  mais  au  moyen 
des  commodités  que  les  voisins  trouvent  à  y  envoyer 
leurs  enfants,  du  progrès  qu'ils  y  font,  ces  mêmes  ré- 
gents qui  conduisent  leurs  écoIHers  jusqu'en  réthorique 
se  trouvent  si  surchargés  qu'il  est  à  craindre  qu'ils  ne 
puissent  s'acquitter  à  l'avenir  aussy  dignement  de  leurs 
fonctions  qu'ils  ont  heureusement  fait  jusqu'à  présent. 

«  C'est  sur  ces  différents  motifs  que  les  supphanis  se 
sont  déterminés  à  vous  supplier  de  vouloir  bien  les  aider 
de  votre  crédit  et  de  votre  authorité  conjointement  avec 
Monseigneur  l'évcsque  du  Mans  pour  favoriser  la  réu- 
nion du  collège  de  Ceaucé  à  celui  de  Lassay.  Elle  est 
d'autant  plus  nécessaire  qu'elle  remplira  l'intention  du 
fondateur  du  collège  de  Ceaucé  qui  est  aujourd'huy  sans 
exercice  et  inutillc  au  publicq,  et  qu'on  établissant  deux 
nouveaux  régents  à  Lassay,  ils  seront  en  état  avec  les 
deux  qui  y  sont  de  donner  l'éducation  si  nécessaire  à  la 
jeunesse  et  de  ne  laisser  rien  désirer  A  ce  sujet. 

1.  Gale. 


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—  42Î  — 

«  Il  se  trouvera  d'autant  moins  de  difficulté  à  cette  réu- 
nion qu'on  ne  la  demande  qu'au  fur  et  à  mesure  que  lea 
places  de  Ceaucé  deviendront  vacantes,  et  qu'on  est  sûr 
que  les  curé  et  habitants  dudit  lieu  qui  en  connaissent 
l'utilité  et  qui  en  sont  les  présentateurs,  la  désirent, 
qu'ils  n'y  souffrent  d'ailleurs  aucune  perte,  parce  que  le 
même  fondateur  y  a  fondé  encore  deux  chapelles  à  la 
charge  d'enseigner  les  petites  écolles.  Si  au  contraire  les 
régents  en  place  désirent  professer  et  remplir  l'employ 
auquel  ils  sont  destinés,  ils  auront  la  liberté  de  le  faire 
dès  à  présent  à  Lassay. 

«  A  l'égard  des  douze  messes  qui  sont  à  la  charge  des- 
dits trois  régents,  elles  seront  desservies  où  il  plaira  à 
Monseigneur  l'Evesque  du  Mans.  Les  suppliants  se 
Uattent  que  vous  vouderez  bien  les  favoriser  dans  un 
dessein  si  utile  au  public  et  ils  continueront  leurs  vœux 
pour  votre  santé  et  prospérité. 

«  Bignon,  curéde  Lassay;  Bouvier,  curé  delà  Baroche, 
doyen  de  Lassay;  Michel  Chappon,  curé  de  Thubœuf; 
J.  Bouvier,  curé  de  Charchigné  ;  J.  Le  Boisne,  prêtre 
curé  de  Sainl-Julien-du-Ten-oux  ;  F.  Boissière,  prieur 
curé  de  Chevaigné  ;  F.  Coupel,  du  Rihay;  C.  Foulon, 
ancien  prieur  curé  de  Courberie;  René  Loriot,  prieur 
curé  de  Courberie  ;  René  Olivier,  curé  de  Melleray  ;  Mi- 
chel Daniel,  curé  du  Housseau  ;  René  de  Graindorge, 
curé  de  Sept-Forges  ;  Piau,  curé  de  Saint-Denys  de 
Villenette  ;  Pierre-Auguste  Patou,  curé  de  Rennes  ; 
R.  Retours,  prieur  curé  de  Bretignollea  ;  J,  Bouge,  prê- 
tre curé  de  Chantrigné  ;  Bigot,  curé  du  Horps  ;  R,  Ba- 
reau,  prêtre  curé  de  Champéon;  C.  de  Sallayne,  curé 
de  Poulay  ;  A.  Daupetay  (1747),  curé  de  Montreuil  ; 
Pichonneau,  curé  de  Saint-Loup-du-Gast  ;  J.  Paucton, 
prieur  curé  de  Tessé  ;  Chevreau,  curé  de  Crennes-sur- 
Fraubé;  Guichard,  ancien  curé  de  Niort;  R.  Guichard, 
curé  de  Niort.  » 

On  remarquera  queparmi  les  signataires  ne  figure  pas 


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-  4Î8  - 

le  curé  de  Ceauc^,  probablement  opposé  à  cette  démarche 
ou  du  moins  embarrassé  via-à-vis  de  ses  paroissiens 
trop  intéressés  à  garder  leur  collège  malgré  le  vide  qui 
y  régnait. 

D'autres  puissantes  influences  durent  agir  également 
auprès  de  l'évoque  du  Mans.  C'est  ce  qui  explique  la 
note  suivante,  peu  agréable  pour  M,  Bignon  et  ses  con-, 
frères.  Elle  est  écrite  au  bas  de  la  supplique  par  le  re- 
présentant de  Léon  de  Madaillan,  chargé  de  la  trans- 
mettre à  son  auteur. 

H  Monseigneur  notre  Prélat  m'a  remis  cette  lettre 
Monsieur,  et  me  charge  de  vous  mander  que  le  change- 
ment proposé  ne  laisse  pas  d'être  de  conséquence,  et 
qu'en  cas  qu'il  en  fût  question  il  faudrait  bien  mieux 
transporter  les  deux  places  de  régents  de  Ceaucé  à 
Mayenne  qu'à  Lassay.  Qu'au  reste  Messieurs  les  curés 
ne  doivent  point  se  réunir  en  aussi  grand  nombre  pour 
quelque  affaire  que  ce  soit  sans  savoir  auparavant,  si 
leur  supérieur  le  trouve  bon  et  expédient.  » 

Les  abbés  Morice  eurent  pour  successeurs  MM.  Mar- 
gerie,  Allard,  Héry  et  Louvel,  prêtres,  aidés  par  des 
diacres  ou  sous-diacres. 

(A  suivre). 


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LA  FAMILLE  BOUGHET  UE  SOURCHES 

(Suite  et  fin). 


CHAPITRE   II 


S  1 

La  terre  de  Sourches,  autrefois  Chaources,  située 
dans  le  Haut-Maine,'appartcnait  originairement  à  une 
famille  du  môme  nom.  Dès  le  moyen-tige,  elle  fut  divisée 
on  deux  parties  qui  prirent  le  nom  de  Sourchea-Cha- 
maillart  et  de  Sourche»-le-Vaycr.  La  forteresse  de 
Sourches-Chnmaillart,  en  Tennie',  n'a  laissé  aucune 
trace  matérielle  en  dehors  de  deux  mottes  féodales,  en- 
clavées dans  le  parc  moderne  de  Sourches,  et  désignées 
sous  le  nom  de  buttes  Chamaillart  et  de  l'IIermitage. 
Ces  deux  mottes  et  leurs  dépendances  furent  aliénées  par 
Henri  IV  en  faveur  des  seigneurs  de  Sourches-le-Vayer. 
Le  château  de  Sourches-Ie-Vayer  avec  «  mote,  donjon, 
«  douves,  fousscz  et  cloisons,  »  s'élevait  tout  à  cdté  de 
Chamaillart,  sur  la  paroisse  de  Saint-Symphorien  -. 

1.  Commune  du  canton  de  Conlie.  armndisitement  du  Mans. 

2.  Canton  de  Conlie.  arrondissement  du  Mans. 


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—  485  - 

Pendant  que  «  honorable  homme  et  saige  »  Jean 
Bouchet,  «  advocat  en  cour  laye,  »  établissait  solidement 
la  fortune  de  sa  maison  par  le  patient  accroissement  de 
ses  biens,  le  seigneur  de  Sourches-le-Vayer,  le  noble 
et  prodigue  écuyer  Jean  Grognet  de  Vassé,  disséminait 
son  patrimoine  aux  quatre  vents  du  ciel. 

Jean  Grognet  de  Vassé  était  lils  de  Jean  et  de  Jeanne 
Le  Cornu.  11  passa  une  partie  do  sa  jeunesse  au  service 
de  Jean  II,  duc  d'Alençon,  seigneur  de  Sourcbes-Cha- 
maillart.  D'une  bravoure  incontestable,  il  guerroya  con- 
tre les  Anglais  et  fut  pris  par  Talbot  à  qui  il  dut  payer 
«  grande  et  excessive  finance  et  raençon'.  »  Vers  1442, 
il  épousa  une  noble  Qlle,  Jeanne,  issue  du  mariage  de 
Foulques  de  Courtarvel,  chevalier,  et  de  demoiselle 
Jeanne  de  Bois-Cornu. 

La  carrière  de  celui  qui  venait  d'être  uni  à  Jeanne  de 
Courtarvel  peut  se  résumer  dans  ces  mots  de  la  para- 
bole de  VEnfant  prodigue:  »  Oissipavit  substantiam 
suam  vivendo  luxuriose.  »  Malgré  les  grandes  qualités 
de  sa  femme,  Jean  Grognet  de  Vassé  «  s'accointa  d'une 
a  femme  joyeuse,  »  fiile  d'un  ladre,  répondant  au  nom 
d'Agnès  Jauvelle  et  habitant  Etival-lès-Le  Mans.  II  de- 
meura avec  elle  pendant  neuf  mois  sans  vouloir  revenir 
chez  lui,  la  maria  avec  «  ung  varlet  de  guerre,  nommé 
«  Alardin  Le  Flaman,  qui  estoitung  homme  vacabond,  » 
et  fit  assassiner  ce  triste  mari  un  soir  qu'il  avait  soupe 
avec  lui  à  Etival.  L'histoire  du  crime  est  racontée  dans 
la  rémission  que  le  seigneur  de  Sourches  obtint  à  ce 
sujet  du  roi  Charles  Vil,  en  février  1448  {v.  s.)^. 

Tous  ies  gens  de  bien  avaient  «  grand  pitié  et  hor- 
«  reur  »  d'une  pareille  conduite.  Quelques  particuliers, 
plus  hardis  que  les  autres,  se  saisirent  de  la  misérable 


1.  Arch.  nat.  JJ.  179,  fol.  162,  n«  280. 

2.  Arch.  nal.  JJ  179,  fol.  162,  n*  280.  Le  château  de  Sourches 
au  Maille  et  ses  seigneurs,  pp.  328  à  331. 


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-  4ï6  - 

Agnès  et  la  mutilèrent  en  lui  coupant  la  lèvre  «  de  des- 
a  BUS  la  bouche.  »  Grognet  entra  en  fureur,  jura  de  se 
venger,  fit  jeter  les  coupables  en  prison,  et,  loin  de  s'a- 
mender, noua  des  relations  avec  Guiltemine,  femme  de 
Geoffroy  Epinard,  pour  laquelle  il  fit  construire  une  mai- 
son importante  dans  le  bourg  de  Bernay'.  C'est  là  que 
Jean  de  Vassé  réunissait  dans  de  scandaleuses  orgies 
tous  les  «  ribaux,  ruiiîens  et  meurtriers  »  du  pays. 

Au  milieu  d'un  tel  débordement,  la  fortune  du  sei- 
gneur de  Sourches-le-Vayer  subissait  de  rudes  atteintes. 
Il  dut  jeter  en  p&ture  aux  êtres  immondes  qui  gravi- 
taient autour  de  lui  une  partie  de  son  avoir.  Il  vendit 
nombre  de  rentes  et  de  métairies  sous  prétexte  de  s'é- 
quiper en  guerre  pour  «  aller  au  siège  de  Fresnay  »  ou 
ailleurs  mais  bien  plutôt  pour  satisfaire  ses  convoitises. 

Pendant  que  Jean  Grognet  de  Vassé  se  roulait  dans 
toutes  les  fanges,  Jeanne  de  Courtarvel  avait  recours  à 
ses  parents  et  aux  habitants  de  Rouessé  ^  ;  elle  éle- 
vait «  des  bestes  pour  soutenir  son  fait  et  celuy  de 
«  ses  enffens  »  deux  garçons  et  trois  filles,  nés  de  son 
misérable  mariage.  Cette  résignation  n'avait  pas  le  don 
de  toncher  te  farouche  seigneur  de  Sourches.  La  pa- 
tience de  sa  femme  semblait  au  contraire  exciter  ses 
mauvais  instincts.  Plusieurs  fois,  il  lui  souhaita  la  mort 
■  ainsi  qu'à  ses  enfants,  ajoutant  qu'il  vendrait  ses  terres 
et  son  nom. 

Un  trait,  choisi  entre  plusieurs,  suffira  pour  édifier 
complètement  sur  la  conduite  de  Jean  de  Vassé  à  l'é- 
gard de  sa  femme.  Je  laisse  la  parole  à  «  noble  Jehan  de 
K  Belleul,  seigneur  de  Hubemons,  demeurant  en  la  pa- 
«  roisse  de  Coulans^.  » 

1.  Bernay,  auprès  du  château  de  Sourches,  commune  du  canlon 
de  Conlie,  arrondissement  du  Mans. 

2.  Rouessé- Vassé,  canton  de  8iilé-le-Guîllaume.  arrondisse- 
ment du  Mans.  —  Le  château  de  Vassé,  où  habitait  Jeanne  de 
Courlanel  est  situé  dans  la  paroisse  de  Rouessé. 

3.  Canton  de  Loué,  arrondissement  du  Mans. 


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-  m  — 

il  Vae  fois,  nous  dit-il,  le  seigneur  de  Vassé  '  vint  au 
a  lieu  de  Vassé  par  nuyt,  bâtit  sa  femme,  rontpy  sou 
«  coffre  et  emporta  trente  aunes  de  lioe  toile,  valant 
a.  vingt  soubz  l'aune,  ses  ayneaulx  et  tout  ce  qu'elle 
«  avoit,  fit  rompre  les  greniers  et  vendy  le  blé  qui  ea- 
«  toit  dedans.  »  La  pauvre  demoiselle  «  toute  nuyt  s'en 
«  vint,  une  ûUe  avecqnes  elle,  en  la  maison  de  sa  mère 
«  à  Courtarouel  ^,  en  laquelle  j'estoïs,  et  nous  compta  la 
«  façon  et  manière  comment  son  dit  mari  estoit  venu  au 
a  dit  lieu  de  Vassé.  Et  le  lendemain,  sa  mère  m'envoya 
«  audit  lieu  de  Vassé  pour  savoir  dire  que  avoit  esté 
«  fait,  et  je  trouvoi  que  tout  estoit  rompu  et  qu'il  avoit 
«  emporté  le  linge  et  tout  ce  qui  y  estoit.  Et  certain 
«  jour  après,  ladite  damoiselle  s'en  retourna  audit  lieu 
«  de  Vassé  avec  moi  et  plusieurs  autres,  et  trouvasmes 
a  le  déluge  que  avoit  fait  ledit  seigneur  de  Vassé.  Et 
«  quant  ladite  damoiselle  eust  regardé  à  son  mcsnaige, 
a  elle  me  dit,  en  pleurant  et  faisant  grant  deul,  que  les 
«  toilies,  mesnaigcs  et  autres  biens  que  ledit  seigneur 
«  de  Vassé  avoit  emporté  vatloient  plus  de  quarante 
«  escuz,  sans  compter  le  blé  qu'il  avoit  vendu.  » 

Le  misérable  Grognet  fut  interdit  en  1450,  par  auto- 
rité de  justice.  A  cette  nouvelle  il  s'écria  :  «  Qu'il  ne 
«  lui  en  cballoit  »  et  qu'il  vendrait  ses  biens  si  bon  lui 
semblait.  «  J'ai  des  curateurs,  disaît-il,  mais,  par  le 
«  sang  Dieu,  s'il  y  a  celluy  qui  touche  à  mes  béritaiges 
«  et  revenus,  je  le  courroceray  de  corps  et  de  biens.  » 
Et  de  fait,  il  agit  comme  par  le  passé,  sans  trop  se 
soucier  de  la  sentence  portée  contre  lui  et  se  moquant 
par  ailleurs  de  ceux  avec  qui  il  faisait  des  marcbés  : 
«  H  y  en  a  aucuns  qui  acbeptent  de  moy  des  héritai- 
«  gcs  ;  mais  ilz  s'en  reppentiront,  car  je  n'ay  point  de 

1.  Jeao  de  Vassé  était  seigneur  de  Vassé  en  luâme  temps  que 
de  Sourches. 

2.  Le  château  de  Courtarvel  en  Mont- Saint- Jean. 


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-  428  - 

«  puissance  de  les  vendre;  maie  je  prendray  toujours 
«  argent.  »  On  ne  saurait  rêver  rien  de  plus  cynique 
que  ces  paroles  du  seigneur  de  Sourches  ! 

Jean  de  Vassé  était,  pour  la  plus  grande  terreur  de 
tous,  M  homme  fier  et  de  hault  couraige.  »  Jean  de  Bel- 
leul,  l'un  des  commissaires  préposés  au  gouvernement 
de  ses  terres,  expérimenta  jusqu'à  quel  degré  il  pous- 
sait la  violence.  Un  jour,  dans  le  village  de  Saint- 
Symphorien,  Grognet  lui  dit  en  reniant  Dieu  :  «  Si 
«  tu  as  le  malheur  d'exploiter  mes  terres,  ye  te  cop- 
«  perai  les  quatre  Jambes  !  »  En  même  temps  d'un  ja- 
velot qu'il  tenait  à  la  main,  il  lut  déchira  le  collet  de  sa 
robe,  son  pourpoint  et  sa  chemise.  Voyant  qu'il  n'avait 
pas  réussi  à  le  blesser,  il  descendit  de  cheval,  tira  sa 
dague  et,  sans  les  assistants,  aurait  poursuivi  jusqu'à 
mort  d'homme.  Une  scène  du  même  genre  se  passa  pen- 
daut  le  carême  de  1462  entre  le  seigneur  de  Sourches  et 
son, cousin,  Jean  de  Vassé,  seigneur  de  Voutré.  Ceux 
qui  étaient  présents  eurent  toutes  les  peines  du  monde 
à  calmer  les  deux  champions'. 


su 

Guillaume  Bouchot,  deuxième  lîls  de  Jean  Bouchet, 
avocat  en  cour  laye,  et  de  Jeanne  de  Marcillé,  embrassa 
de  bonne  heure  la  carrière  militaire.  Il  servit  dans 
la  compagnie  du  comte  du  Maine  ^  et  assista  en  1448  à 
la  reprise  du  Mans  sur  les  Anglais. 

Il  est  probable  que  Guillaume  Bouchet  et  Jean  Gro- 
gnet de  Vassé  nouèrent  des  relations  pendant  qu'ils 
faisaient  la  chasse  aux  Anglais  dans  le  Maine  et  en 

1.  Cr.  Le  chdteau  de  Sourches  au  Maine,  pp.  88  à  96. 

2.  Le  frère  atné  de  Guillaume  Bouchet,  Gilles  Bouchet,  sei- 
gneur de  Maleiïre,  élail  mattre  d'hôtel  du  comte  du  Maine. 


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Normandie.  Quoiqu'il  en  soit,  le  seigneur  de  Sourchea, 
sans  prendre  avis  de  personne,  promit  la  main  de  sa 
fille  atnée,  Jeanne,  Agée  d'environ  dix-sept  ans,  à  son 
compagnon  d'armes.  Ce  projet  d'union  rencontra  une 
vive  opposition  chez  les  parents  et  les  amis  de  la  fiancée. 
Quel  pouvait  bien  être  ce  mari  choisi  par  Grognet! 
Probablement  un  soldat  brutal,  sans  foi  ni  loi,  vicieux 
comme  celui  qui  le  patronnait. 

Tout  d'abord,  Jeanne  de  Courtarvel  refusa  catégori- 
quement de  donner  sa  fîllc  à  Guillaume  Bouchct.  Outre 
la  répugnance  qu'elle  éprouvait  pour  l'ami  de  son  triste 
époux,  son  orgueil  de  race  se  révoltait  à  l'idOe  d'une 
mésHlliance.  Le  seigneur  de  Quesnetto'  —  tel  était  à 
ce  moment  le  titre  de  Guillaume  Bouchet  —  «  n'éloit 
«  en  rien  noble  et  estoti  son  père  homme  roturier'^.  » 
Cependant  on  finit  par  s'entendre.  Guillaume  Bouchet 
vint  lui-même  au  chflteau  de  Vassé  et  réussit  à  faire 
tomber  les  préventions  de  Jeanne  de  Courtarvel.  Le 
contrat  de  mariage  fut  discuté  dans  la  chapelle  du  châ- 
teau et  signé  le  24  juillet  1459. 

Grognet  de  Vassé,  avec  l'indifférence  qu'on  lui  con- 
naît pour  les  intérHs  de  sa  famille,  avait  promis  à  son 
futur  gendre,  en  même  temps  que  la  main  de  sa  fille,  la 
plus  grande  partie  de  la  chètellenic  do  Sourchcs-le- 
Vayer,  l'Ormeau  et  le  moulin  des  Jumeaux,  dépendant 
de  la  terre  de  Vassé.  Avant  le  mariage,  en  septembre 
1459,  le  seigneur  de  Saint-Georges^  réclama  contre  le 
démembrement  du  domaine  de  Vassé.  »  L'on  vous  a 
«  promis,  dit-il  en  s'adressant  à  Guillaume  Buuchct,  en 

1.  Pcul-étre  Quesnel  ou  Quesnelle,  paroisse  de  Grazay,  an- 
cien fief  vassal  du  duché  de  Mayenne. 

2.  Dt^posiliim   de    Guillaume    Miihot,   maçon,  et  de    Laurent 


faite  |inr  Baudet  Berlhelot, 
1462.  (C/iaririer  de  Sourchea,  cahier  en  pnruheii 
3.  Jean  de  Vassé. 


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—  430  - 

«  traitant  le  mariage  de  vous  et  de  damoiaelle  Jehanne 
a  de  Vasaé,  ma  parente,  ung  molin  et  certaine  deppea- 
«  dance  de  la  terre  de  Vassé.  Ce  n'est  pas  le  plaisir  de 
«  madame  de  Vassé,  qui  est  cy-présente,  ni  des  autres 
«  parents  de  Grognct,  que  l'hostel  et  maison  de  Vassé 
«  soit  démembré,  ni  que  vous  ayez  le  molin  et  dom- 
«  maine  qui  promis  vous  a  esté.  Je  voua  pry  que  vous 
«  en  départiez  et  le  lessez  comme  il  est.  » 

Le  seigneur  de  Quesnett«  répondit  «  qu'il  eatoit 
«  content  de  s'en  départir,  »  mais,  ajouta-t-il,  voua  ne 
trouverez  pas  injuste  que  j'obtienne  de  Grogoet  la  pro- 
messe d'une  compensation  sur  ce  qu'il  a  retenu  de  la 
terre  de  Sourches.  Après  ces  paroles,  deux  amis  de 
Guillaume  sortirent  de  la  chapelle  où  l'on  discutait  et  se 
mirent  en  quête  de  Grognet  de  Vassé.  Ils  le  rencon- 
trèrent «  en  ung  cellier,  au  bout  de  la  maison,  ordon- 
«  nant  du  fait  des  nopces  ;  u  il  était  à  sa  place  au  mi- 
lieu des  futailles  !  Mis  au  courant  de  la  question,  il  pro- 
mit tout,  bailla  sa  main  es  mains  des  envoyés,  deux 
hommes  de  loi,  et  retourna  à  ses  tonneaux.  La  difficulté 
étant  ainsi  levée,  Guillaume  Bouchot  signa  joyeusement 
la  renonciation  qu'on  lui  demandait  ;  il  allait  devenir 
seigneur  de  Sourches  et  mari  de  Jeanne  de  Vassé. 

Le  soir  même  on  fît  les  fiançailles  et  le  lendemain 
matin,  grâce  à  une  dispense  de  l'évéque  Martin  Ber- 
ruyer,  messire  Juhel  Cbaignon,  chanoine  de  l'église  du 
Mans,  put  célébrer  les  espousaitles  dans  la  chapelle  de 
Vassé  devant  une  nombreuse  assistance  où  l'on  remar- 
quait le  père  et  la  mère  de  l'épousée,  Foulques  de 
Courtarvel,  Jean  de  Vassé,  seigneur  de  Saint-Georges, 
le  seigneur  de  Préz,  Guillaume  Suffleau,  «  licentié  en 
«  loix,  lieutenant  en  ofSce  de  séneschal  en  la  comté  du 
«  Maine,  »  Jean  Pitart,  avocat  en  cour  laye,  habitant  de 
Villaines-la- Juhel,  et  Thibault  Toreau,  châtelain  de 
Sillé-le-Guillaume . 

Le  nouveau  seigneur  de  Sourches  ne  voulut  pas  quit- 


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-  431_  — 

ter  le  château  de  Vassé  auasitAt  après  la  célébration  de 
son  mariage;  il  avait  à  cœur  de  prouver  à  Jeanne  de 
Conrtarvel  qu'il  était  digne  de  son  estime  et  de  l'affec- 
tion de  »a  fille'. 

De  bonne  heure,  Guillaume  Bouchet  dut  chercher  à 
entrer  dans  la  noblesse.  Les  grands  biens  de  son  père 
et  la  brillante  union  qu'il  venait  de  contracter  lui  en 
donnaient  la  facilité.  Dès  le  1"  octobre  1459,  dans  un  acte 
d'achat  de  50  sous  tournois  de  service  fait  k  raessire 
Guy  Turpin,  chevalier,  seigneur  de  Teoniè,  il  se  qualifie 
a.  escuier,  seigneur  de  Quesnette. 

Le  28  décembre  de  la  même  année,  il  acheta  de  son 
beau-père,  pour  la  somme  de  600  écua  d'or,  le  restant 
de  la  terre  de  Sourches.  Au  moment  où  il  prenait  pos- 
session de  ce  domaine,  le  château,  probablement  ruiné 
pendant  les  guerres,  n'existait  plus.  Nous  en  trouvons  la 
preuve  dans  le  témoi^age  de  Guillaume  Mahot,  maçon, 
demeurant  à  Bemay,  qui  fut  appelé  à  déposer  dans  une 
enquête,  en  1462.  «  La  terre  de  Sourches,  dit-il,  est 
«  composée  d'une  très  belle  mote  et  chapelle  en  icelle, 
«  close  à  beaux  fosséz  en  signe  de  fortiffication,  en  ta- 
«  quelle  mote  estait  le  ckastel  d'icelle  chastellenie.  » 
Un  autre  témoin,  Jean  Davoines,  marchand  à  Bernay, 
âgé  de  40  ans,  laisse  même  supposer  que  le  ch&teau 
était  détruit  avant  sa  naissance,  par  conséquent  vers 
1422.  Voici  ses  expressions  :  «  La  chastellenie  de  Sour- 
«  ches-Ie-Voyer  est  composée  d'une  belle  mote  conte- 
ce  nant  grand  circuit,  et  y  a  chapelle  en  icelle,  close  k 
n  beanx  fossez,  et  disait  l'en  que  en  ladite  mote  estait 
«  le  ckastel.  » 

Malgré  la  mauvaise  administration  de  Jean  Grognet 
de  Vassé,  les  ruines  accumulées  par  la  guerre  et  la  des- 
truction de  la  justice  patibulaire  à  trois  piliers,  la  terre 

i.  Le  clidteau  de  .Sourches  au  Maine  et  ses  seigneurs,  pp.  110- 


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-  43â  - 

(le  Sourches  —  avec  ses  trois  belles  métairies,  ses  bois 
tant  du  domaine  que  de  la  Petite-Cbarnie,  ses  étangs, 
aa  rivière  de  Végre,  ses  moulins  à  blé  et  à  draps,  ses 
cens,  rentes,  devoirs  et  hommages  —  valait  encore  200 
livres  de  rente  au  moins,  soit  6,000  francs  en  monnaie 
moderne. 

Guillaume  Bouchet,  formé  à  bonne  école,  n'était  pas 
homme  à  laisser  péricliter  ses  biens  et  à  négliger  ses  in- 
térêts. 11  acheta  nombre  de  terres  et  de  métairies.  Après 
la  mort  de  son  père,  arrivée  vers  1468,  il  entra  en  pos- 
session de  Saint- Léonard -des-Bois  et  de  la  forêt  de  Cha- 
masson.  Dana  ce  même  temps,  il  commença  la  recons- 
truction du  château  de  Sourches  pour  utiliser  ses  abon- 
dants revenus  et  se  créer  une  résidence  de  famille  di- 
gne du  rang  social  qu'il  ambitionnait.  Un  aveu  de  1612, 
décrit  assez  exactement  cette  nouvelle  construction.  Le 
château  proprement  dit  comprenait  les  maisons  mana- 
bles,  deux  puits,  un  portail  manable  à  deux  étages  pré- 
cédé d'un  pont-ievis,  le  tout  entouré  de  douves,  fossés 
et  murailles.  La  basse-cour  ou  boille,  en  avant  de  l'en- 
trée du  château,  également  close  de  douves  et  de  fos- 
sés, renfermait  une  grange  avec  un  logis  attenant  à  la 
chapelle  Saint-Nicolas,  un  pressoir,  une  écurie,  une  fuie, 
un  jardin  et  deux  vergers.  La  porte  extérieure  de  la 
basse-cour,  flanquée  de  deux  tourelles,  donnait  accès 
sur  un  chemin  pavé  qui  conduisait  au  bourg  de  Saint- 
Symphorien. 

Successeur  des  Chaources,  des  Le  Vayer  et  des  Vassé, 
Guillaume  fiouchet  avait  à  cœur  non  seulement  de  rele- 
ver leur  demeure,  mais  surtout  de  continuer  leurs  tradi- 
tions dans  le  pays. 

S  III 

Guillaume  Bouchet  avait  épousé  Jeanne  de  Vassé  en 
septembre  1459.  A  la  lin  de  décembre  de  la  même  année 


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-  433  - 

il  était  retourné  à  Villaincs-la-Juhcl,  probablement  auprès 
de  son  père.  Un  certain  jour,  il  demanda  à  son  ami  Jean 
Pitart,  avocat  en  cour  laye,  «  qu'il  se  voulsist  aller  es- 
«  battre  avecquee  luy  ou  bourc  de  Bernay-en-Champei- 
«  gnc,  parce  qu'il  voulloit  aller  illec  faire  tenir  ses  plez 
«  de  la  seigneurye  de  Chources,  et  recevoir  les  homraai- 
«  ge»  à  luy  deuz  pour  raison  d'icelle  seigneurye.  Ils 
«  s'en  partirent  ensemble  du  lieu  de  Yitlaines-la-Juhes 
«  et  allèrent  à  coucher  à  Vassé  ;  et  le  lendemain  au  ma- 
«  tin,  Grognet  de  Vassé  et  eulx,  en  sa  compaignée, 
H  s'en  partirent,  et  ensemblément  allèrent  audit  lieu  de 
«  Bernay,  et  illec  furent  tcnuz  les  plez  de  la  dite  sei- 
«  gneurie  de  Chources,  par  Guillaume  Moisant,  sénes- 
«  chai  dud^t  lieu,  en  la  présence  du  seigneur  de 
«  Vaaaé'.  » 

Tout  en  s'occupant  soigneusement  do  ses  affaires 
personnelles,  Guillaume  Bouchet  n'oubliait  pas  les  in- 
térêts de  sa  petite  vilie  d'origine.  Lieutenant  et  conné- 
table du  Mans,  il  s'intéressait  à  ses  concitoyens.  Les 
comptes  du  procureur  de  fabrique  de  Saint-Georges  de 
Villaines  renferment  d'assez  nombreux  passages  qui 
prouvent  ses  bonnes  relations  avec  eux.  Les  quelques 
extraits  ci-dessous  fourniront  la  preuve  de  ce  que  j'a- 
vance. 

«  1467,  —  Le  bureau  (de  la  fabrique  de  Saint-Geor- 
«  ges(  de  Villaines}  compte  avoir  poié  dix  solz  pour  la 
H  despensc  que  fist  monsieur  de  Quesnetles  (Guillaume 
«  Bouchet)  à  amenez  ceulx  qui  firent  l'euqueste  du  prieur 
u  et  des  paroissien»,  u 

«  Item,  compte  avoir  poié  neuf  solz  pour  le  disncr 
«  qui  fut  fait  chiez  monsieur  de  Quesnetles  quant  les 
«  dits  cnquesteurs  furent  venuz  à  Villaines,, .  » 

H  Item,   compte  le   bureau   avoir    poié  quatre  livres 


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-  434  — 

«  deux  8ola  sii  deniers  à  monsieur  de  Quesnettes  pour 
«  le  poiement  des  hocquetons  des  francs-archiers...  » 

n  Item,  compte  ledit  bureau  avoir  poié  quatre  solz 
«  six  deniers  à  Thomas  Gilloppe  pour  aller  au  Mans 
«  portez  unes  lettres  à  monsieur  de  Quesnettes.,.  » 

n  Item,  dit  Michel  Gilloppe  avoir  poit^  à  monsieur 
«  l'ofTicial  du  Mans  »  5  soua  «  par  le  commandement  de 
a  Guillaume  Boucket...  Une  douzaine  de  poullez  qui 
(c  furent  donnez  à  Guillaume  Boucket...  Troys  poys  de 
«  beurre  donnés  à  Guillaume  Boucket...  » 

«  1468.  —  Item,  compte  avoir  payé  »  20  sous  «  pour 
«  l'achat  de  troys  poys  de  beurre,  Icsquelx  ont  esté 
«  donnés  à  monsieur  de  Çuesnectes,  par  l'ordonnance 
o  des  paroissiens  (de  Villainea),  et  fut  mené  au  Mans, 
H  le  samedi  XXIX*  jour  de  février  1468  (v.*s.)  '.   » 

La  noblesse  dos  enfants  de  l'avocat  Jean  Bouchet 
semble  ôtre  reconnue  et  acceptée  à  cette  époque.  Le 
11  mars  1468  (v.  s.)  «  discret  homme  maistre  Biaise 
«  Boucbet,  licencié  en  loix,  à  présent  demeurant  au 
«  Mans....  congnoist  et  confesse  avoir  vendu...  à  iW' 
«  ble  homme  Guillaume  Boucket,  escuier,  son  frère, 
«  seigneur  de  Ckourses,  »  la  somme  de  7  livres  10  sous 
tournois  de  rente  '^,  Le  1"  mai  1472,  Marguerite  des 
Mons  est  appelée  :  «  vefve  de  feu  noble  homme  Gillet 
«  Bouchet^,  escuier,  en  son  vivant  gouverneur  de  la 
<c  ville  et  vicomte  de  ChastollcrauU,  pour  très  hault  et 
«  puissant  prince,  monseigneur  le  comte  du  Maine*.  » 
Le  même  comte  du  Maine,  Charles  d'Anjou,  dans  un 
acte  authentique  du  15  novembre  1475,  s'exprime  ainsi  : 


1.  Comptes  de  fabrique  de    ViUaiaes-la-Juliel.   ' 
presbylère. 

2.  C/iarIrier  de  Sourches.  original  parchemin, 

3.  Gilles  ou   Gillet  Boucliet,  seigneur  Je  Haleffre,    frère  aîné 
de  Guillaume, 

4.  Le  chdteau  de  Sourches  au  Maine  et  ses  seigneurs,  p.  294. 


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-  438  - 

«  Dostro  amé  Guillaume  Bouchot,  escuier,  lieutenant  ot 
d  conueatable  de  noz  ville  et  chastel  du  Mans^  » 

Le  seigneur  de  Sourches  fit  son  testament,  peu  de 
jours  avant  sa  mort,  le  pénultième  jour  de  février  1476 
(n.  B.].  Il  demanda  la  sépulture  dans  «  l'église  parro- 
n  chial  de  monsieur  Saint-Georgea  de  Villaine,  ou  en 
a  l'église  de  Bernay,  »  au  choix  de  sa  «  bonne  araye  et 
«  épouse*.  » 

Jeanne  de  Vassé  avait  eu  six  enfants  de  son  mariage 
avec  Guillame  ■  Bouchot '.  Veuve  à  l'âge  d'environ  trente 
quatre  ans,  elle  se  remaria,  dans  les  premiers  mois  de 
l'année  1477,  avec  Jean  Ferrant,  écuyer,  seigneur  de 
Vauberger^,  dont  elle  eut  une  fille,  Jeanne  Ferrant,  qui 
épousa  Jean  de  la  Hune''. 


CHAPITRE  III 


1.  Premien  aacc«ageura  de  Guillaume  Bouchct  t  Sourches.  —  H.  Les  grands 
[n^vûlg  ds  France   de  li  bmllle  Bouchel,  —  111.  Armoiries  des  Boiu^et  de 

SOttTClMS. 

SI" 

René  Boiichet,  écuyer,  seigneur  de  Sourches  et  de 
Saint-Léonard-des-Bois,  fils  atné  de  Guillaume  et  de 
Jeanne  de  Vasaé,  épousa,  par  contrat  du  30  juin  1493, 
demoiselle  Louise  de  Thévalle,  fille  de  noble  et  puissant 
messire  Aymar  de  Thévalle,  chevalier,  seigneur  de  Thé- 

1.  Le  château  de  Sourches,  p.  110. 

2.  Le  château  de  Sourches,  p.  120. 

3.  1°  René  Bouchet,  i"  Marie.  Teinme  de  Jean  Le  Vayer, 
ëcuyer,  3°  Ytabeaa,  mariée  avec  Girard  de  Broc,  4*  Françoise, 
unie  à  Jean  de  Martine,  5'  Guillaume,  mineur  en  1^94,  6*  Cathe- 
rine, religieuse  à  Etival-en-Charnie. 

h.  Vauberger,  arriére'fief  du  comlé  de  Laval,  situé  dans  la 
paroisse  de  SaiDt-Deais-du-Maine. 
5.  Arch.  nat.  H  615,  n"  25. 


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—  436  — 

valle  et  de  Nouray,  et  de  défunte  demoiselle  Jeanne  de 
Quatrebarbes'.  De  leur  mariage  naquirent  My/nar,  Bau- 
douin, qui  continua  les  seigneurs  de  Sourches,  Clériai- 
dus,  Jacques,  prieur  de  Saint-Symphorien,  et  Jeanne, 
femme  de  Gilles  de  l'oillé. 

B&UDOuiN  BoucHET,  chevalier,  seigneur  de  Sourches, 
gentilhomme  de  la  maison  du  roi,  prit  en  mariage,  par 
contrat  passif  le  16  février  1517  (v.  s.),  Marguerite  de 
Bellanger,  fille  de  François  et  de  demoiselle  Anne  des 
Barres.  Baudouin  mourut  avant  1534,  lafsHaiit  :  Fran- 
çois, Baudouin,  d'abord  écuyer,  ensuite  chevalier,  sei- 
gneur des  Hoches  et  du  Houx,  lieutenant  de  la  compa- 
gnie de  Jean  de  Thévalle,  marié  à  Madeleine  de  Coulon- 
ges,  Pierre  el  Jacqueline,  unie  en  premières  noce»  à 
Jean  de  Loré,  seigneur  de  Joué,  et  en  secondes  à  René 
de  Beauregard,  seigneur  du  Verger. 

Fhan^ois  Boucuet,  nia  aîné  de  Baudouin  et  de  Mar- 
guerite de  Bellanger,  naquit  vers  1524  et  épousa,  en  1556, 
Sidonic  du  l'Iossis-Liuncourt,  tillede  Guillaume  du  l'Iessis- 
Liancourt  et  de  Françoise  de  Tcrnay.Chevalicr,  «  enseigne 
u  de  cinquante  lances  n  dans  la  compagnie  de  monsieur 
,  de  Montpensier,  il  joua  un  certain  rôle  pendant  les  guer- 
res do  religion.  Le  chartrier  de  Sourclies  possède  une 
lettre  qui  lui  fut  adressée  par  Charles  IX  le  2;t  mai  1562. 
'Le  23  janvier  1583,  le  roi  de  France,  pour  le  récompen- 
ser de  ses  bons  services,  lui  donna  des  lettres  de  provi- 
sion «  de  la  charge  de  capitaine  de  cinquante  lances 
«  fournies  des  ordonnances  de  S.  M,,  vacante  par  la 
«  promotion  de  monsieur  le  prince  de  Dombes  à  celle  de 
(f  capituiuc  de  soixante  lances  qu'avoit  monsieur  le  duc 
«  de  Montpensier,  son  aïeul.  » 

En   15B8,   François  Bouchot  fut  nommé  député   aux 
États  Généraux  do  Blois  par  la  noblesse  du  Maine  et, 

1.  Arch.  nat.  M  615,  n»  25. 


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-  437  — 

malgré  l'intervention  de  Henri  III,  il  entretint  quelques 
relations  avec  les  ligueurs.  Le  seigneur  de  Sourches 
mourut  le  jeudi  5  décembre  1594  et  fut  enterré  dans 
l'église  de  Bemay.  Sidonie  du  Plessis-Liancourt  l'a- 
vait précédé  dans  la  tombe  ;  elle  lui  avait  donné  :  Ho- 
norat,  Françoise  et  Esther  qui  se  maria  deux  fois,  la 
première  avec  Julien  Thierry,  chevalier,  seigneur  de  La 
Prévalaye,  près  de  Rennes,  la  seconde,  avec  René  des 
Vaux,  seigneur  du  Bois-du-Pin. 

Honorât  Bouchet,  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  gen- 
tilhomme ordinaire  de  sa  chambre,  fut  uni,  le  8  février 
1595,  à  Catherine  llurault,  lille  de  Anne  Hurnult  et  de 
Louise  de  Harville.  Il  asâi^tJi  aux  sièges  de  Laon  et  d'A- 
miens. Quand  Henri  IV  aliéna  une  partie  de  ses  domai- 
nes. Honorât  Bouchet  acheta  pour  la  somme  de  530  écus 
«  les  huttes  et  garennes  de  Sourches-Chamaillart  »  si- 
tuées sous  les  murs  de  Sourches-lc-Vayer.  Honorât 
mourut  en  1627  ayant  eu  de  Catherine  Hura\|lt  :  Jean, 
Jacques,  abbé  commendalairc  de  Saint-Martin  de 
Trouard,  au  diocèse  de  Bayeux,  numànicr  et  conseiller 
du  roi,  Julien,  baron  de  Sourches,  marié  à  Susannc  do 
Chahannay,  Anne,  femme  de  René  Sauvestre,  chevalier, 
seigneur  de  Clisson,  et  Marie  qui  prit  en  mariage 
«  messire  Odet  de  Ryans,  chevalier,  gentilhomme  ordi- 
«  naire  de  la  chambre  du  roy,  baron  de  Villeray.  » 

Au  commencement  du  XVI'  siècle,  le  nom  patrony- 
mique de  la  famille  Bouchrtt  fut  modifié  par  l'adjonction 
de  la  préposition  de.  Jusqu'alors  les  actes  originaux 
concernant  les  sujets  de  cette  maison  portent,  Guillaume 
Bouchet,  René  Bouchet.  A  partir  de  1520,  on  lit  pres- 
que toujours,  René  de  Bouchet,  Baudouin  de  Bouchet, 
François  de  Bouchet,  Honorât  de  Bouchet.  L'opinion  de 
ceux  qui  croient  que  la  particule  devant  un  nom  propre 
est  un  signe  ou  au  moins  une  présomption  do  noblesse 


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existait  déjà  <  et  il  faut  remonter  au-detà  du  XVU'  siè- 
cle pour  en  découvrir  la  source. 

Sur  la  fln  du  XYIII*  siècle,  une  nouvelle  transforma- 
tioD  s'opérs  dans  le  nom  de  la  famille  qui  nous  occupe. 
De  Bouchet  fut  changé  en  du  Bouchot,  ce  qui  permit  à 

1,  Cette  opiflion  a  été  combaltue  avec  une  vivacité  peul-élre  ex- 
cessive par  M.  de  Mertonne,  dans  VAnnaaire  du  conseil  héral- 
dique de  France,  2'  année,  pp.  105  à  113.  «  On  croît  générale- 
n  ment,  dit  M.  l'Archiviste  ae  la  Mayenne,  que  la  préposition  de 
'  est  le  sigrne  invariable  et  certain  de  la  noblesse.  De  là  x-ient 
0  la  ridicule  manie  de  dire  cl  d'écrire  :  de  Malleville  a  fait  cela... 

0  C'ett  une  faute  de  français  atroce  et  t^ai  porte  êur  le»  nerfs  d«* 
E  gens  qui  savent  leur  la'rigue...  Cette  ineptie  vient  précisément 
'  ae  ce<]u'on  croit  que  In  préposition  de,  dite  à  tort  particule 
<  nobiliaire,  indique   absolument  La  noblesse...  Voilà  une  des 

■  sources  de  celte  stupidité.  Les  notaires,  depuis  le  XVII"  sié- 
€  cle  (l'auleur  eût  pu  dire  depuis  le  commencement  du  XVI*], 

■  ont  follement  introduit  dans  leurs  actes  cette  mattdite  prêpo- 
«  sition  devant  des  noms  auxquels  elle  répugpnait,  et  cela  pour 
(  faire  la  cour  à  leurs  clients  et  les  anoblir  encore  plus  à  feurs 

■  yeux.  »  —  Littrë  semble  partager  cette  opinion  stupide.  Dans 
son  Dictionnaire  de  ta  langue  française,  au  mot  De,  4',  il  écrit  : 
a  De.  placé  'entre  les  titres  et  les  noms  propres  de  famille,  s'em- 

1  ploie  comme  signe  de  noblesse.  De,  qualification  nobiliaire, 
a  pris  substantivement.  ■  N'est-il  point  téméraire  de  ranger  Lit- 
n  trë  dans  la  catégorie  de  ceux  qui  ne  savent  pas  leur  langue? 
Quoi  qu'il  en  soit,  tout  en  n'i^orant  pas  que  la  particule  n  a  ja- 
mais été  le  signe  invariable  de  la  noblesse,  je  crois  qu'il  est  per- 
mis, sans  rompre  en  visière  à  la  langue  française  et  sans  tomber 
dans  une  ridicule  et  inepte  manie,  de  l'employer  substantivement 

3uand  on  n'est  pas  en  présence  de  nomspatronvmiques.  J'écrirai 
onc  à  volonté, les  de  Champchévrier  ou  les  Champchévrier,  les 
de  Vassé  ou  les  Vassé.  Par  ailleurs,  je  dirai  toujours  les  de  Jam- 
bes et  non  pas  les  Jambes,  les  du  Bois  et  non  les  Sois,  les  de  Go- 
rin  et  non  les  Goriu,  les  du  Buat,  les  dO,  les  dT,  les  d'Orléans, 
etc.  M.  de  Marianne  trouve  que  Le  Paige,  dans  sa  notice  sur  la 
maison  du  Bois  de  Maquillé  (Dict.  t.  I,  p.  247),  dit  parfaitement  ; 
«  Les  Bois  porte  (sic)  emmenché  d'argent  et  de  sable  du  chef  à 
f  la  pointe.  »  Tout  dans  cette  phrase  de  Le  Paige  est  marqué  au 
coin  de  l'imperfection  ;  la  description  héraldique  est  défectueuse 
et  il  faut  voir  un  simple  lapsus  dans  «  Les  Bois  porte.  ■  Le  bon  cha- 
noine du  Mans,  d'une  compétence  douteuse  en  matière  nobiliaire 
et  héraldique,  avait  probablement  l'intention  d'écrire  :  du  Bois 
porte,  etc., car  à  la  page  2W,  il  met  en  toutes  lettres  :  n  la  maison 
n  de  du  Bois  est  une  très  ancienne  maison.  >  Hais,  c'est  asset 
disserté  surunequestion  de  tr^s  minime  importance.  L'usage, bien 
plutôt  que  des  règles  précises,  doit  servir  de  guide  pour  remploi 
de  la  particule  dite  nobiliaire. 


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quelques  généalogistes  complaisants  de  rattacher  les 
Bouchet  de  Sourches  à  d'autres  maisona  du  Bouchot 
plus  anciennes.  Personne  ne  songea  à  s'en  plaindre,  ni 
(es  Bouchet  de  Sourches  qui  acquéraient  des  ancêtres, 
ni  les  autres  familles  du  Bouchet  qui  s'apparentaient 
ainsi  aux  grands-prévôts  de  France. 

s  II 

Jea^n  Boucket,  de  Bouchet  ou  du  Bouchet',  iils  aine 
de  Honorât  et  de  Catherine  Hurault,  naquit  prohable- 
ment  à  Sourches,  en  1599,  dans  la  même  année  qu'an 
autre  Jean  du  Bouchet,  généalogiste,  chevaUer  de  l'or- 
dre du  roi.  11  eut  pour  parrain  Jean  de  Beaumanoir, 
maréchal  de  France,  et  épousa  en  1632,  Marie  Nevelet, 
fille  de  Vincent  Nevelet,  «  conseiller  du  roy,  auditeur 
«  de  ses  comptes  à  Paris,  m  et  de  Catherine  Le  Bret. 

Le  seigneur  de  Sourches  était,  paralt-il,  «  un  des 
«  hommes  de  France  le  mieux  fait  et  l'un  des  plus  fins 
«  courtisans  de  son  temps  -.  m  Le  17  août  1643,  il  fut 
pourvu  de  la  charge  de  prévôt  de  l'hôtel  du  roi  et  de 
grand-prévôt  de  France,  charge  qu'il  avait  achetée 
450,000  livres  du  maréchal  d'Hocquincourt*.  Le  20  dé- 
cembre 1643,  il  fut  nommé  conseiller  du  roi  et  le  31  dé- 
cembre 1661,  il  devint  chevalier  et  commandeur  de  for- 
dre  du  Saint-Esprit  «  sans  qu'on  y  trouvât  à  redire  » 
remarque  Saint-Simon^.  Déjà  le  roi  lui  avait  accordé  au 


1.  Malgré  l'usag'e  qui  a  prévalu,  je  m'abstiendrai  de  remploi 
de  la  parîiuulu  de  ou  du  devant  ie  nom  Bouchet,  pour  conserver 
dans  tout  mon  travail  l'unilé  d'appellation. 

3,  Note  de  •  messire  Léonor  de  Mau((er,  n  curé  d'Abondant. 

3.  Sur  les  fondions  du  grand-prévôl  de  France,  voir,  l'Etat  de 
la  France,  t.  1.  p.  326,  V Encyclopédie,  le  Dictionnaire  de  Trévoux. 
le  Livre  des  offices  de  France  par  Jean  Chenu. 

4.  l!:dition  Chéruel,  t.  VII,  p.  98. 


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-  440  - 

mois  de  décembre  1652  des  lettres  patentes  érigeant  la 
terre  de  Sourches  en  marquisat. 

Jean  Bouclict  fut  «  attaque  dans  son  carrosse  d'une 
«  apoplexie  furieuse,  »  pendant  l'année  1674.  Sur  le 
conseil  des  médecins,  il  alla  aux  eaux  de  Bagnoles, 
près  d'Alençon.  Après  trois  années  dfi  souffrances,  il 
s'éteignit  au  château  d'Abondant,  chez  son  frère,  l'abbé 
de  Trouard,  et  fut  iobumé  dans  l'église  du  lieu  où  il 
était  mort.  Il  laissait  pour  héntier  Louis-François.  Do- 
miiiique,  son  premier  né,  était  mort  à  l'âge  do  huit  ans, 
le  24  novembre  1643. 

Louis-François  Bouchet,  marquis  de  Sourclies, 
deuxième  grand-prév<>t  de  sa  famille,  naquit  à  Paris  en 
1639,  et  épousa,  le  21  septembre  1664,  Marie-Geneviève 
de  Chambes,  lille  de  haut  et  puissant  seigneur  messire 
Bernard  de  Chambes,  chevalier,  comte  de  Montsoreuû, 
et  de  dame  Geneviève  Boivin.  Gouverneur  des  provin- 
ces du  Maine  et  du  Perche,  des  villes  et  châteaux  du 
Mans  et  de  Laval,  en  1670,  il  conserva  un  assez  mau- 
vais souvenir  de  ses  administrés  «  qui  donnaient  leur 
«  parole  avec  facilité  et  y  manquaient  encore  plus  aisé- 
ment'. »  Le  marquis  de  Sourches  se  ruinait  à  la  cour 
et  était  d'une  rigoureuse  parcimonie  dans  son  intérieur. 
Les  souffrances  étant  venues  avec  l'âge,  il  se  démit  de 
sa  charge  de  grand-prévôt  en  faveur  de  son  fils  aîné. 
Louis  /,  comte  de  Montsoreau.  Saint-Simon  rend  compte 
de  cet  événement  en  ces  termes  :  «  Le  roi  permet  à 
«  Sourches,  prévôt  de  son  hôtel,  dit  par  abus  Grand 
«  Prévale  de  céder  sa  charge  à  Montsoreau,  son  fils  aine, 
«  ancien  lieutenant-général.  Sourches  était  fort  vieux, 
«  fort  menaçant  ruine  et  grand  dévot  qui  n'avoit  jamais 
«  pu  se  faire  admettre  nulle  part  à  la  cour^.  » 

Le  marquis  de  Sourches,  moins  hardi  que  les  généa- 

1,  Cf.  Le  château  de  Sourches  au  Maine,  pp.  193  et  suiv, 

2.  Mémoires,  t.  VII.  p.  98. 


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—  U1  - 

logistes  de  la  fin  du  XVIll^  siècle,  ne  reportait  pas  l'o- 
rigine de  sa  famille  jusqu'à  Robert  1  du  Bouchai,  sei- 
gneur de  La  Ferté-Macé,  neveu  de  Jeanne  du  Bouchet, 
femme  des  comtes  de  Vendôme  et  de  Belléme  ;  il  se  con- 
tentait de  reconnaître  dans  Guillaume  Bouchet,  mari 
de  Jeanne  de  Vassé,  le  plus  ancien  de  ses  autkeurs. 
Une  lettre  qu'il  écrivit  à  son  homme  d'affaires  à  Sour- 
ches,  le  16  mars  1715,  prouve  ses  modestes  préten- 
tions :  «  Je  vous  envoieray,  y  dit-il,  au  premier  jour, 
«  dans  ma  cassette,  d'anciens  papiers  qui  regardent 
«  notre  maison,  vous  en  trouverez  qui  sont  utiles  pour 
«  la  généalogie...,  entre  autres  un  contrat  de  vente  de 
«  la  terre  de  Saint-Léonard-des-Bois,  qui  fait  voir  no- 
a  tre  parenté  avec  M.  de  La  Prévalaye  en  Bretagne,  et 
«  un  acte  fait  entre  Guillaume  Bouchet,  le  plus  ancien 
«  de  nos  autheurs,  et  Biaise  Bouchet  son  frère  ' .  » 

Marie-Geneviève  de  Chambes  mourut  le  25  novembfe 
1715,  un  peu  plus  de  deux  mois  après  Louis  XIV.  Saint- 
Simon,  qui  ne  manque  jamais  de  décocher  un  mot  plus 
ou  moins  plaisant  contre  ceux  qu'il  n'honorait  pas  do 
son  amitié  ou  de  son  estime,  s'exprime  ainsi  à  l'occa- 
sion de  ce  décès.  «  Le  Grand-Prévôt,  qui  avoit  donné  sa 
«  charge  à  son  fils,  perdit  sa  femme  de  la  même  mala- 
M  die  dont  le  roi  eatoit  mort,  et  du  même  âge.  Ces  cir- 
(1  constances  la  consolèrent  de  mourir!  Elle  cstoit  de 
H  cette  ancienne  et  illustré  maison  de  Montsoreau,  qui 
«  est  éteinte*.  » 

«  Louis-François  Bouchet  survécut  peu  de  temps  à 
sa  femme  ;  la  mort  le  saisit  le  4  mars  1716,  ce  qui  donna 
à  Saint-Simon  l'occasion  d'écrire  :  «  Deux  hommes  qui 
«  étoient  devenus  fort  inutiles  au  monde  moururent  en 
«  même  temps,  Sourches,  fort  vieux...,  et  Lyonne,  pre- 
u  mier  écuyer  de  la  grande  écurie  3.  » 

1.  Lettre  du  Chartrierde  Souruhes. 

2.  Mémoires,  t.  VIII,  p.  318. 

3.  Mémoires,  t.  VIII,  p.  342. 


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-  442  — 

Les  Mémoires  du  marquis  de  Sourches,  actuellement 
en  cours  de  publicaticm,  sont,  dit-on,  l'œuvre  de  Louis- 
François  Bouchet.  La  lecture  attentive  de  ces  Mémoires, 
qu'on  ne  saurait  comparer  à  ceux  de  Saint-Simon  ni 
pour  l'intérêt  historique  ni  pour  la  forme  littéraire,  a  fait 
naître  dans  l'esprit  de  certains  critiques,  en  particulier 
chez  M.  de  Boisliste,  des  doutes  touchant  leur  origino'. 
Les  annotations,  réputées  écrites  par  le  marquis  de 
Sourches  comme  tout  le  reste  de  l'ouvrage,  sont  géné- 
ralement plus  intéressantes  que  le  texte,  d'un  caractère  . 
différent  et  souvent  en  contradiction  formelle  avec  lui. 
Cette  dualité  n'a  pas  été  expliquée  jusqu'ici. 

Louis-François  Bouchet  eut  neuf  enfants  de  son  union 
avec  Marie-Geneviève  de  Chambes  :  Louis  I,  Jean-Louis, 
évèque  de  Dot,  Louis-François  II,  auteur  de  la  bran- 
che des  comtes  de  Sourches,  Louis-Vincent,  dit  le  che- 
valier de  MontscH-eau,  commandeur  de  Viiledieu-lès- 
Bailleut  et  de  Laon,  Louis,  dit  le  chevalier  de  Vauzelles, 
Marie-Louise,  femme  de  Louis  Colbert,  comte  de  Li- 
gnières,  Louise-Marie  et  Marie-Geneoièue,  religieuses 
à  la  Croix,  Marie-Louise-Geneviève,  femme  de  Jean- 
Baptîste-Nicolas  Desmé,  comte  de  Rougemont. 

Loms  I  Bouchet,  marquis  de  Sourches,  comte  de 
Montsoreau,  lieutenant-général  des  armées  du  roi,  troi- 
sième grand-prévôt,  épousa,  le  14  février  1706,  Jeanne- 
Agnès-Thérèse  de  Pocholles  du  Hamel.  Le  12  avril 
1722,  il  écrivait  au  capitaine  de  ses  chasses  à  Sour- 
ches :  «  Quand  je  me  suis  marié,  je  me  souviens  qu'un 
n  soubs -gouverneur  de  feu  monseigneur  le  duc  de  Berry 
«  me  dit  que  les  filles  se  mariaient  brebis,  mais  que 
H  Us  ongles  leurs  croissoient,  et  —  ajoutait-il  philo- 
«  sophiquement  —  ce  proverbe  n'est  que  trop  vray^\  » 

Le  comte  de  Montsoreau,  tel  est  le  titre  que  Louis  i 

1.  Lettre  de  M.  de  Boislisie,  du  8  mars  1883. 

2.  Lettre  du  chartrier  de  Sourches. 


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-  443  - 

Bouchet  prit  toujours,  servit  dans  les  armées  i 
ses  ancêtres.  Entre  temps,  il  offrait  au  roi  et  aux  grands 
personnages  de  la  cour  des  perdrix  du  Maine.  Louis  XV 
les  trouvait  exquises  et  le  donateur  exultait.  Nos  per- 
drix, écrivait-il  à  son  homme  d'aiïaires,  se  rendent  bien 
célèbres  ;  notre  aimable  petit  roi  en  a  mangé  plusieurs 
qu'il  a  trouvé  ejxellentes  ;  tout  cela  ne  laisse  pas  que 
de  faire  du  brait*. 

L'aimable  roi  joua  un  assez  vilain  tour  au  comte  de 
Montaoreau.  Le  11  septembre  1727,  Louis  XV  était  à 
Fontainebleau  et  se  divertissait  dans  la  galerie  des 
cerfs  à  tirer  de  l'arc  sur  un  chamois  qui  lui  sM-rait  de 
but.  Etant  venu  à  la  porte  qui  donnait  sur  le  jardin  de 
Diane,  il  aperçut  le  comte  de  Montaoreau  :  «  Je  m'en 
o  vais  bien  faire  peur  au  Grand-Prévât  »  dit  Louia 
XV,  et,  sur  le  champ,  il  lui  décocha  une  flèche  qui  l'at- 
teignit au  ventre.  Le  roi  a  fut  bien  f&ciié  d'avoir  été  si' 
«  adroit,  »  car  Louis  Bouchet  pensa  mourir  du  coup^. 
On  fit  courir  le  bruit  que  les  gens  de  l'entourage  du 
monarque  étaient  cause  de  l'accident,  ce  qui  permit  à 
madame  de  Linières,  la  soeur  du  blessé,  de  s'indigner 
contre  les  maladroits  qui  auraient  pu  frapper  te  roi  lui- 
même! 

Le  comte  de  Montsoreau  et  les  siens  étaient  un  peu 
la  risée  de  la  cour,  Saint-Simon  rapporte  sur  eux  un 
épisode  assez  curieux  :  «  Le  Grand-Prévôt,  dit  l'auteur 
a  des  Mémoires'^,  obtint  trois  cent  mille  livres  de  bre- 
«  vet  de  retenue  sur  sa  charge  pour  son  fîts,  qui  épousa 
«  une  M*"»  du  Hamel,  de  Picardie,  fort  riche,  et  qui  ne 
u  fut  pas  heureuse.  Heudicourt,  le  fils,  qui  était  une 
«  espèce  de  satyre,  fort  méchant  et  fort  mêlé  dans  les 


1.  Le  château  de  Sourche»,  pp.  237  et  suivantes. 

2.  Journal  et  méntoireÊ  d*  Mathieu  Maraiê,  t.  lli,  pp.  S43  «t 


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<i  hautes  intrigues  galantes,  fit  dans  la  suite  Bur  tous 
H  ces  Montsoreaux  une  chanson  bï  naïve,  si  fort  d'après 
«  nature  et  si  plaisante,  que  quelqu'un  l'ayant  dite  à 
«  l'oreille  au  maréchal  de  BoulHers  pendant  la  messe 
<i  du  Roi,  où  il  avoit  le  bâton,  qu'il  ne  put  s'empêcher 
«  d'éclater  de  rire.  C'étoit  l'homme  de  France  le  plus 
<i  grave,  le  plus  sérieux,  le  plus  esclave  de  toute  bicn- 
«  séance.  Le  Roi  se  retourna  de  surprise,  qui  augmenta 
a  fort  en  voyant  le  ïuaréchal  pâmé,  à  qui  les  larmes  en 
«  tomboient  des  yeux.  Rentré  dans  son  cabinet,  il  l'ap- 
ci  pela  et  lui  demanda  ce  qui  l'avoit  pu  mettre  en  cet 
«  état  et  à  la  messe.  Le  maréchal  lui  dit  la  chanson. 
a  Voilà  le  Roi,  plus  pâmé  que  n'avoit  été  le  maréchal  et 
«  qui  fut  plus  de  quiuae  jours  sans  pouvoir  s'empêcher 
B  de  rire  de  toute  sa  force  sitôt  que  le  Grand- Prévôt  ou 
«  un  de  ses  enfants  lui  tomboient  sous  les  yeux.  La 
u  chanson  courut  fort,  et  divertit  extrêmement  la  cour 
«  et  la  ville,  s 

Louis  Bouchet  acceptait  ces  humiliations  en  parfait 
chrétien.  Un  jour  il  écrivit  à  son  fils,  à  l'occasion  d'un 
passe-droit  dont  ce  dernier  avait  été  victime  :  «  J'avois 
«  lieu  d'espérer  que  vous  seriez  plus  heureux,  mais 
«  c'est  une  petite  mortification  que  je  reçois  de  la  part 
«  de  Dieu  et  que  j'essaieray  de  mettre,  comme  bien  d'au- 
«  très  précédentes,  au  pied  de  la  croix,  car  je  ne  connois 
«  d'autres  consolations  dans  mes  chagrins  que  celle-là, 
n  et  je  vous  conseille  d'essayer  d'en  faire  de  mesme'.  » 
Ces  bons  sentiments,  pour  n'être  pas  toujours  appréciés 
par  les  courtisans,  valaient  mieux  que  cet  esprit  fin, 
railleur  et  léger,  si  prisé  par  les  futiles  générations  du 
XVIIl»  siècle. 

Jean-Louis  Bouchet,  frère  du  comte  de  Montsoreau, 
avait  été  nommé  évoque  de  Dol  en  1715.  Ce  prélat, 
d'une  grande  régularité  et  ennemi  des  Jansénistes,  ne 

1.  Le  château  de  Sourcfiea,  p.  248. 


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pouvait  supporter  la  Bretagne.  Sa  correspondance  avec 
3on  frère  est  pleine  de  récrimtnationa  au  sujet  du  climat 
du  pays,  de  l'état  des  chemins,  du  mauvais  air  qui  alté- 
rait sa  santé.  Il  désirait  un  autre  siège,  mais  l'influence  du 
Grand-Prévôt  ne  fut  pas  suffisante  pour  le  lui  faire  ob- 
tenir. Jean-Louis  mourut  à  Doi,  au  mois  de  juin  1748, 
laissant  dans  son  diocèse  un  excellent  souvenir. 

Du  mariage  du  comte  de  Montsoreau  et  de  Jeanne- 
Agnès-Tbérèse  de  Phocholles  du  Hamel  étaient  issus 
quatre  enfants,  Louise-Catherine-Agnès  et  une  autre 
iîlle,  mortes  en  bas-ùge,  Louis  II  et  Louis,  dit  le  cheva- 
lier de  Sourches, 

Louis  II  Bouchet,  marquis  de  SourcTies,  chevalier 
du  Saint-Esprit,  gouverneur  de  Dusseldorf  en  1759, 
quatrième  grand-prévôt,  naquit  le  24  novembre  1711. 
Il  épousa  en  premières  noces  Charlotte-Antonine  de 
Gontaut-Biron  de  qui  il  eut  cinq  Biles,  et  en  secondes 
Marguerite-Henriette  Desmarets  de  MaiUebois,  qui  lui 
donna  cinq  enfants  :  Louis-Emmanuel^  dit  le  comte  de 
Montsoreau,  mort  en  1755,  Louis-François,  marquis  de 
Tourzel  ',  Yves-Marie,  dît  le  comte  de  Montsoreau,  après 
la  mort  de  son  aine,  Jeanne-Madeleine-Thérèse,  et  Ma- 
rte-Louise-Henriette. 

Louis  II  fit  reconstruire  le  château  de  Sourches,  tel 
qu'on  le  voit  maintenant,  sur  les  plans  et  sous  la  direc- 
tion de  Pradel,  architecte  de  monseigneur  le  comte  de 
Provence,  futur  Louis  XVIIL  11  fît  pourvoir  son  fils,  le 
marquis  de  Tourzel,  en  survivance  de  la  charge  de 
grand-prévôt,  le  27  décembre  1769. 

Louis-Fbançois,  marquis  de  Tourzel,  que  l'on  peut 
considérer  comme  le  cinquième  grand-prévôt  de  la  fa- 
mille Bouchet,  épousa,  le  8  avril  1764,  Louise- Elisabeth- 


1.  Tourzel,  lerre  située  à  Champeix,  dans  le  Puy-de-D6me, 
avait  éti5  donnée  aux  Bouchet  par  une  parente,  la  comtesse  de 
Ru  pel  monde. 

28 


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-  446  — 

Félicité-Françoise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Joséphî- 
ne  de  Croy  d'Havre.  Celte  union,  cimentée  par  la  nids- 
sance  de  plusieurs  enfants,  fut  prématurément  brisée 
par  un  terrible  accident.  Le  marquis  de  Tourzel  fut 
grièvement  blessé  pendant  une  chasse  du  roi  à  Fontai- 
nebleau et  décéda  le  6  novembre  1786,  presque  deux  ans 
avant  son  père  Louis  H.  Sa  veuve,  en  proie  à  la  dou- 
leur, s'écria  en  montrant  à  son  fils  aine  le  corps  inanimé 
du  Grand-Prévôt  :  «  J'ai  tout  perdu,  il  ne  me  reste  qu'un 
«  seul  espoir  en  ce  monde  :  c'est  que  vous  soyez  aussi 
H  vertueux  que  l'homme  dont  vous  voyez  le  cadavre'.  » 
La  marquise  de  Tourzel  devint  gouvernante  des  Enfants 
de  France  au  lendemain  de  la  prise  de  la  Bastille.  Elle 
fut  le  témoin  profondément  attristé,  mais  toujours  dé- 
voué, de  la  longue  agonie  de  la  famille  royale.  Emprison- 
née à  la  Force  avec  sa  fille  PauUne,  elle  fut  délivrée 
après  la  chute  de  Robespierre  et  se  retira  au  château 
d'Abondant,  conservant  dans  son  cœur  le  souvenir  des 
augustes  victimes  dont  elle  avait  été  la  confidente.  Elle 
y  mourut  le  15  mai  1832. 

Ch\rles-Louis-Yves  Bouchet,  marquis  de  Tourzel  et 
de  Sourches,  après  la  mort  de  son  grand-pèreLouis  11, 
arrivée  en  1788,  fut  le  sixième  et  dernier  grand-pré- 
vôt de  sa  maison.  Il  ne  quitta  Louis  XVI  que  lorsque 
le  faible,  malheureux  et  vertueux  monarque  fut  conduit 
au  Temple.  Il  épousa,  en  1796,  Auguatine-Eléonore  de 
Pons  dont  il  eut  :  Olivier-Henri-Charles-Roger,  Augas- 
Une-Frédériqae- Joséphine,  mariée  le  17  juin  1817  avec 
Amédée  de  Pérusse,  vicomte  des  Cars  ^,  Emilie-Léonie  et 
Anne-Hélène- Aldegonde.  Le  marquis  de  Tourzel  mou- 
rut à  Paris  le  4  avril  1815  et  fut  enterré  à  Sourches, 
dans  la  chapelle  du  château. 


1.  Mémoire  de  la  duchesse  de  Tourzel,  t.  I,  Introduction,  p.  i. 

2.  Père  (la  François-Joseph  de  Pérusse,  duc  des  Cars,  marié  à 
Marie-EIisabetb  de  Bastard  d'Estang. 


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_  447  - 

Olivier-Cha.rle3-Hkm  RI -Roger  Bouchbt,  marquis, 
puis  duc  de  Tourzel,  naquit  à  Paria  le  23  juillet  1804.  Il 
prit  en  mariage,  le  2  mai  1832,  VicturieQne-Anastaaie' 
ViclorinedeCruasold'Uzès,  De  cette  union  naquit  à  Paris, 
le  25  août  1835,  un  fils,  Louis-Emmanuel.  Yicturienne 
de  Craasol  d'Uzèa  mourut  à  Hyères,  le  18  février  1837,  à 
l'âge  de  vingt-huit  ans,  et  Louis-Emmanuel,  l'unique 
rejeton  de  la  famille,  le  8  septembre  1844,  à  l'âge  de 
9  ans,  d'un  transport  au  cerveau  occaaionné  par  un 
bain. 

Le  duo  de  Tourzel  restait  aeul  à  son  foyer  désolé. 
Plusieurs  foia  on  lui  parla  de  contracter  une  nouvelle 
union;  il  refusa  toujours  énergiquement.  Sa  femme  et 
son  fda  remplissaient  sa  mémoire  et  son  cœur.  Il  errait 
dans  les  vastes  corridors  du  château  de  Sourches  et 
dans  les  allées  du  parc  tracé  par  Mansard,  cherchant 
tout  ce  qui  pouvait  lui  rappeler  ceux  qui  l'avaient  quitté. 
Leurs  ombres  l'attiraient  irrésistiblement.  Il  me  sou- 
vient d'avoir  vu  à  Sourches  le  portrait  du  duc  de  Tour- 
zel. Une  expression  de  poignante  tristesse  voile  son 
visage  qui  semble  porter  le  deuil  de  douze  générations  ! 
Le  ciel  eut  enfin  pitié  d'un  homme  qui  avait  oublié  la 
terre,  Olivier-Charles- Henri- Roger  fiouchct  expira  à 
Paris,  dans  la  quarantième  année  de  son  4ge,  le  13  juil- 
let 1845,  moins  d'un  an  après  son  fils.  En  lui  s'éteignait 
la  postérité  masculine  connue  de  Guillaume  Bouchet  et 
de  Jeanne  de  Vassé.  Commencée  en  1459,  la  maison 
Bouchet  de  Sourches  disparaissait  après  trois  cent  qua- 
tre-vingt-six ans  d'existence.  Tous  ses  membres,  à  dé- 
faut de  brillantes  qualités  intellectuelles  ou  militaires, 
s'étaient  distingués  par  une  profonde  honnêteté  et  une 
grande  fidélité  à  Dieu  et  au  Roi  '. 

1.  Pour  plus  de  détails,  voir  Le  ckdieau  de  Sourches. 


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s  m 

Les  plus  anciennes  armes  de  la  famille  Bouchet  de  Sour- 
ches,  dont  j'ai  retrouvé  la  trace,  sont  figurées  sur  des 
j  sceaux  placés  au 

bas  de  quittances 
données  par  Fran- 
çois Bouchet,  de 
1550  à  1567.  Ces 
sceaux  rond  a .  d' e  n  - 
viron  deux  centi- 
mètres de  diamè- 
tre, portent  un  écu 
chargé  de  deux 
fasces  avec  une 
tête  de  Maure  en 
jDom/e'.  L'écuaaon 
du  même  seigneur 
de  Sourches,  peint 
au  commencement 
d'un  aveu  qui  lui 
fut  rendu  le  17 
septembre  1560 , 
par  Louis  Prieur, 

Sceaa  de  la  cour  de  •  Chourccs  •  apncndu  k  des     j. .„„       „„:™r.^..- 

actes  de»  17  septembre  ISUl  et  i  novembre  IM».     écuyer ,     seigneur 
Chartri^  4»  Sourck,..  Orig.  p-r^ft.  j^  Chantelouî,  eSt 

en  concordance  parfaite  avec  les  sceaux  :  d'argent  à 


1.  Bibl.  nat.  Pièces  orig.  t.  438,  du  Bouchel  de  Soufches, 
9842,  n"  38  à  41.  —  Titres  scellés  des  Clairambaull.  t.  141,  pp. 
3827  â  3831,  a»  98  à  101. 

2.  ■  De  vous  noble  homme  monseigtieur  messire  Francoys  de 

•  Bouschet,  chevalier,  seicneur  chaslclain  des  chaste lleni es  et 
«  sei^pieuries  de  8ourches-le-Vayer  et  Saint-Lëonard-des-Bois. 

•  enseigne  de  la  uompaignye de  monsleurde  Monlpensier,  je,  no- 
B  ble  homme  Loys  Prieur,  escuier,  seigneur  de  Chunlclou,  etc.  > 
Chartrier  de  Sourches,  orig.  parch. 


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-  449  - 

deux  fasces  de  sable.,  accompagnées  en  pointe  d'une 
tète  de  Maure*. 

On  lit  dans  un  Mémoire  généalogique  conservé  dans 
le  Chartrier 
de  Sourchea  : 
H  Les  sei- 
a  gneurs  de 
«  la  maison 
«  du  Bou- 
«  chet  por- 
«  tent  pour 
«  armes  : 
«  d'argent  à 
«  deux  fas- 
a  ces  de  sa- 
«  hh.  Ordi- 
«  nairement 
«  leurs  ca- 
«  dets  ont 
«  porté  sur 
«  le  tout' «ne 
«  teste  de 
«  Maure,or- 
«née  d'un 

,  Armea  des  Bauchel  de  Sourehcs  peinles  (d'arçenl  à  deui 

«    l  U  r  O  a  n,  tSsces  de  sable  accompSfrnéeB  en  poinle  d'une  Mie  de  Maure 

>               ,  de  sable)  dsns  la  première  retire  iD)  de  t'aveu  rendu,  le  10 

«    des  pertes  seLUmbro   SCO,  par  Louis  Prieur,  seigneur  de  Chantelou, 

rt„„;/  ^  François  Bouche»,  seigneur  de  Sourcnes.  Le  D,  qui  coCû- 

<i   aux  Oretl'  menée  la  phrase   :  De  mut  noblt  hommt  monieigneur, 

1             .  meuire  Françoit  de  Bottchrlel  qui  encadre  les  armes,  est 

«    tes     et     un  d'aïur  relevé  de  (llets  d'ûr.  Le  blason  de  Louis  Prieur  (d'a- 

f  n  t  I  i  o  •■  '"^  *  '"''*  èerévisses  d'or  se  trouve  peint  au  bas  du  même 

«    C  O  L  L  le  I  aveu.  Chartrier  de  Sotirchet.  Original  en  pardtenin, 

a  d'argent. n 

Cette  description  a  l'avantage  de  compléter  exactement 


1.  M.  Demity,  dans  son  Inve 
Clairambault.  n°  1299,  U  cru  ^ 
de  Maure. 


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les  sceaux  et  l'écuseon  de  1560  qui  ne  laissent  pas  voir 

le  turban,  lea  perles  et  le  collier. 
Les  atnés  de  la  maison  Bouchet  étaient  les  seigneurs 

de  MalefTre  et  devaient  porter  des  armes  pleines.  Quant 

aux  cadets  des  Bouchet  de  Sourches,  ils  laissaient  à 
leurainé  la  tè- 
te de  Maure  et 
prenaient  une 
autre  brisure. 
C'est  ainsi  que 
Baudouin  Bou- 
chet, seigneur 
des  Roches  et 
du  Houx,  frère 
cadet  de  Fran- 
çois, portait  en 
1575,  dans  un 
écu    o  va  lo, 

veneiie  .  hbeïotk  m  l  iiotïl  du  boi.  UcUX  faSCeS 

avec  un  besaiit  en  chef,  év.artelé  de  quatre  tioiis  • . 

Au  XVII*  siècle,  les  Bouchet  de  Sourches  abandonnè- 
rent la  tèfe  de  Maure  L't  portèrent  simplement  :  «  d'argent 
«  à  {/eux  fnsves  de  sable,  »  avec  deu,\  licornes  comme 
supports,  et  deux  faisceaux  en  sautoir  pour  les  grands- 
prévtHs.  Après  l'alliance  de  Louis-Franvois  avec  Marie- 
Geneviève  de  Chambes-Monsoreau,  ils  blasonnèrent  : 
d'argent  à  deux  fasces  de  sable  qui  est  Bouchet,  écar- 
télé  d'azur,  semé  de  France  au  lion  de  gueules  qui 
est  Chambes-Monsorcau^. 

Les  armes  des  Bouchet  ne  dilFèrent  pas  sensiblement 
de  celles  des  anciens  Chaources  et  des   Vassé.    Les 


1.  Ces  quatre  lions  doivent  être  les   armes  de  Madeleine   de 
Coulonges.  remme  de  Baudouin. 

2.  Bibl.  nat.  Pièces  orig.,  t.  'i38,  du    Bouchet  de   Sourches. 
9842,  n"  59  el  suivants. 


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-  4SI  - 

sceaux  des  Chaourcea  ont  cinq  ou  six  fasces,  et  les 
Vaasé  blasonnaient  d'or  à  trois  fasces  d'azur^. 

En  1504  et  1506,  sous  René  Bouchet,  les  actes  éma- 
nant de  la  cour  de  Sourches  étaient  encore  acellés  du 
sceau  des  Chaources*. 


Les  travaux  généalogiques  n'ont  d'importance;  qu'au- 
tant qu'ils  sont  faits  avec  une  scrupuleuse  exactitude,  en 
dehors  de  tout  parti  pris.  A  cette  condition  seulement, 
ils  peuvent  apporter  un  appoint  sérieux  à  l'histoire  des 
mœwra,  des  institutions  et  des  transformations  de  la 
vieille  société.  Les  énidits  qui  se  trouvent  en  présence 
d'anciennes  filiations  ne  sauraient  prendre  trop  de  pré- 
cautions pour  éviter  des  pièges  souvent  habilement 
dissimulés.  Quand  ils  ont  découvert  une  supercherie, 
il  est  de  leur  devoir  de  la  signaler  et  de  faire  crouler 
des  murailles  mal  cimentées.  En  agissant  ainsi,  ils  ren- 
dent hommage  à  la  vérité  et  méritent  la  reconnaissance 
des  familles  qui  doivent  aimer  leurs  aïeux,  sous  l'armure 
du  chevalier,  sous  la  robe  du  magistrat,  ou  sous  l'ho- 
norable vêtement  de  l'ouvrier  et  du  paysan.  A  ceux  qui 
regretteraient  de  ne  pas  trouver  leur  nom  inscrit  dans  la 
salle  des  Croisades,  ils  peuvent  montrer  les  nombreux 
manants  qui  suivirent  Pierre  l'Ermite  et  Gauthier  Sans- 
Avoir.  Tous,  comme  le  dit  E.  Drumont  dans  une  Préface  ^ 
au  marquis  de  Mores,  petit-fils  d'Augustine-Frédérique- 


1.  Bibl.  nat.  Pièces  orig.  t.  2934,  Vassé  65223.  —  TU.  scell.  de 
Clairamliault,  t.  206,  pp.  8897  à  8913. 

2.  Chartrier  de  Sourches,  2  pièces  oriR.  scellées  sur  queue 
simple. 

3.  La  Dernière  Bataille  d'Edouard  Dm  mont  est  dédiée  au  mar- 
quis de  Mores,  lils  du  duc  de  VaDombrosa  et  de  Pauline-Gene- 
viève des  Cars.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  rappeler  ici  tes  derniers 
événements  politiques  qui  ont  mis  en  relief  le  nom  du  sympathi- 
que marquis  de  Mores. 


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Joséphine  Bouchet  de  Sourches,  nous  avons  eu  des  an- 
cêtres dans  ces  bandes  de  croisés.  Pendant  que  les  che- 
valiers voyageaient  facilement  à  cheval,  les  nôtres  che- 
minaient péniblement  à  pied  dans  les  chemins  de  la 
Hongrie  et  de  la  Bulgarie,  ce  qui,  à  mes  yeux,  ne  cons- 
titue pas  le  moindre  de  leurs  mérites  I 


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GNOMONS  ET  CLEPSYDRES 


La  nécessité  de  la  division  du  temps  avait  donné  nais- 
sance, dès  l'antiquité  la  plus  reculée,  à  trois  instruments 
spéciaux  : 

l"  Le  Gnomon  '  {du  grec  y^ûjauv  indicateur,  qui  vient 
lui-même  de  yvûvai  connaître),  aussi  appelé  cadran  so- 
laire, qui  n'est,  comme  on  sait,   qu'une  table,   conve- 

1.  C'est  de  ce  miit  qu'on  a  (ail  gnomonique  ou  art  de  faire  les 
cadrant  solaires.  Aux  XVII*  et  JtVlII"  sîeiiles,  on  appeUit  plus 
spécialement  gnomon  une  plaque  percée  et  fixée  au  sommet  a'uii 
style  :  on  Teisait  passer  lii  méndienne  par  le  Iroii  pnitiqué  ad  hnv. 
Cfr.  LaGnomoiiique pratique  ou  l'art  de  tracer  les  cadrans  solai~ 
rei  du  célèbre  beiiédiutinD.  Bédos  de  Celle»,  in-8.  Paris,  Dela- 
lain,  1764  et  1777.  Cet  uuvraffe  a  été  si  bien  fait  que,  malgré  It^s 
progrès  de  la  science,  on  s  en  sert  encore  couramment  aujour- 
d'hui. Le  Cosmos  du  5  avril  1890  indiquait,  p.  26,  la  manière  de 
tracer  une  méridienne  copiée  presque  mol  à  mot  sur  l'ouvrage  du 
savant  auteur.  — Voir  aussi  Iai  Gnomonique  de  Boutereau,  à  l'En- 
cyclopédie Borel,  Paris,  Koret,  1845,  in-18  ;  —  L'ouvrage  du  Dau- 
phinois Oronce  Fine,  De  Solarihus  horologiis  et  quadrantihus 
Libri  quatuor,  Parisiîs,  in-S".  apud  Guitelmum  Cavcllat,  in  Pin- 
gui  Gallina,  1532  ;  —  Le  Traité  d'horlogiograpliie,  de  D.  Pierre  de 
Sainte -Ma  rie -Madeleine  d'Abbeville.  i^  la  congrégation  des 
Feuillants,  petit  in-8'',  k  Paris  cheï  Jean  Dupujs,  1565,  etc. 


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nablement  orientée  et  établie  d'après  des  règles  spé- 
ciales, sur  laquelle  des  lignes  successivement  rencon- 
trées par  l'ombre  que  projette  un  style,  indiquent 
l'heure  vraie  du  jour  d'après  la  hauteur  ou  l'inclinaison 
du  soleil  ; 

2"  La  Clepsydre  (du  grec  x>.Î3tT«Vj  cacher,  ûXwp, 
eau)  qui  a  pour  principe  l'écoulement  mesuré  d'une  cer- 
taine quantité  d'eau  ; 

3°  Et  te  Sablier,  dans  lequel  le  liquide  est  remplacé 
par  du  eable'. 

Nous  ne  parlerons,  dans  cette  brève  notice,  que  des 
Cadrans  solaires  ou  Gnomons,  et  des  Clepsydres,  en 
décrivant  deux  spécimens  curieux  do  ces  respectables 
chronomètres  qu'i\  nous  a  été  donné  de  rencontrer  dans 
nos  excursions  archéologiques. 


Les  peuplades  primitives  du  nouveau  montle  règlent 
encore  aujourd'hui  l'emploi  de  leur  temps  d'après  la 
hauteur  apparente  du  soleil  sur  l'horizon  ;  ce  fut  là  évi- 
demment, et  c'est  encore  la  première  et  la  véritable 
horloge  solaire  dont  on  fit  usage.  Avant  la  découverte 
des  cadrans  solaires  proprement  dits,  les  Grecs  connaia- 

1.  Le  sablier  n'est  plus  usité  que  pour  mesurer  de  très  cour- 
tes périodes  de  temps.  On  s'en  senil  nu  ninyen-à^e  pour 
fixer  la  durée  des  tournois.  Cfr,  Mémoires  d'Olivier  de  la  mar- 
che, livre  II, — AuXVII'siècleons'en  servait, eu  Sorboiine, pour 
limiler  la  discussion  des  thèses.  Cfr.  rnscni.  2"  Lettre  Provinciale, 
édition  Hachette,  186't,  p.  31,  —  Ce  n'est  qu'à  la  fin  du  XVIII*  siècle 
que  les  bougies  ont  l'emplacé  les  sabliers  dans  les  adjudications 
publiques.  —  Dans  l'inventaire  de  Charles  V  (1380)  on  trouve  cette 
mention  ;  Vu  grain  oretoge  de  mer,  de  deux  grandes  fioles  plei- 
nes de  sablon  en  un  grand  estuy  de  bois  garni/  d'arcliul.  Le  Mé- 
nagier  de  Paris  (1393)  indique  a  le  sahloii  à  mettre  à  orloges  .- 
prenez  le  limon  qui  se  cliiet  du  stage  de  marbre  quant  ton  sîe 
ces  grans  lum/ies  de  marbre  noir,  t  {De  Laborde,  Glossaire, 
p.  415). 


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-  485  - 

saient  l'heure  par  la  hauteur  de  leur  ombre.  On  di- 
sait :  l'ombre  a  dix  pieds  ;  combien  de  pieds  a  l'om- 
bre ?  Le  premier  gnomon  mis  en  usage  parait  donc 
avoir  été  l'homme  lui-même. 

Nous  n'avons  pas  la  prétention  de  faire  ici  l'historique 
complet  des  cadrans  solaires  ;  rappelons  toutefois  que 
ces  primitives  oreloges*  datent  de  la  plus  haute  anti- 
quité. On  peut  aujourd'hui,  sans  crainte  de  se  tromper, 
aflîrmer  que  les  plus  anciens  gnomons  encore  existants  du 
monde  ancien  sont  ces  gigantesques  Pyramides  d'E- 
gypte^,  construites  plus  de  2,000  ans  avant  l'ère  chré- 


1.  La  ifn 0 mon iuue  s'appela  longtemps  horograpliie  parce  que 
c'est  A  proprement  parler  l'art  décrire  l'heure  qu'il  est  sur  un 
plan  donne  :  quelques  auteurs  la  nomment  aussi  liorlogiographie 
parce  que  ces  cadrans  primitifs  s'appelaient  orelogei,  horloges, 
nom  qui  s'apj)li<jua  même  aux  sabliers  et  a  été  depuis  transporté 
à  nos  mécanismuB  à  roues  et  àpcndules.  Clr.  Glossaire  français 
de  DeLaborde,  verbo  Oreloge,  in-8",  Paris,  Labilte,  1872, 

2.  La  Grande  Pyramide  faisait  pour  les  Egyptiens  l'oflice  d'une 
horloffe  solaire  d'une  très  grande  justesse  qui  leur  accusait  de 
plus  les  époques  des  équinoxes  et  des  solstices  (Biot,  Journal  des 
Savants,  1855,  p.  428). 

L'origine  et  la  raison  d'être  de  la  Grande  Pyramide  de  Chéops 
sont  encore  en  discussion  parmi  les  savants.  —  A  litre  de  curiosité, 
et  ne  fAt-ce  que  pour  prouver  quelles  ressources  étonnantes  sa- 
vent  trouver  H^L  les  mathématiciens  avec  leurs  chiffres,  rappe- 
lons que  l'astronome  écossais  Piazii  Smylh,  héritier  des  convic- 
tions de  John  Taylor,  a  passé  une  partie  de  sa  vie  à  étudier  l'o- 
rienlâlion  et  les  dilférenles  mesures  de  ce  monument.  Il  est 
arrivé  à  ces  conclusions  étonnantes  que  la  Grande  Pyramide  n'est 
pasup  tombeau,  qu'elle  n'est  pas  l'œuvre  des  Pharaons,  mais  bien 
une  œuvre  antérieure,  énigmatique  et  exécutée  dans  un  but  surhu- 
main. D'après  cet  auteur  et  ses  difîérentes  études,  les  dimensions 
de  la  Grande  Pyramide,  mesurées  aussi  exactement  que  possible, 
auraient  établi  l'orientation  autrefois  très  exacte  de  ses  quatre  fa- 
ces (orientation,  dit  l'abbé  Moigno,  qui  délie  presque  les  forces 
de  la  science  du  XIX*  siècle),  la  date  de  sa  construction  en  l'an 
2170  avant  J.-C.  par  le  calcul  de  précession  des  équinoxes.  —  Ou 
trouverait  encore  dans  les  mesures  de  ce  colosse  de  pieire  le  rap- 
port de  la  circonférence  au  diamètre,  la  rectification  de  la  qua- 
drature du  cercle,  la  longueur  de  l'axe  de  rotation  de  la  terre, 
la  longueur  de  l'année  et  du  parcours  diurne  de  la  terre  sur 
son  orbite,  données  par  le  périmètre  de  sa  base,  la  dislance  de  la 
terre  au  soleil  fournie  parla  hauteur,  la  densité  moyenne  de  la 
terre,  son  poids  approché,  le  cycle  des  précessions  des  équino- 


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tienne,  qui  marquaient  exactement  les  époques  sacrées 
des  solstices  et  des  équinoxes.  On  leur  avait  donné', 
pour  mieux  étonner  les  esprits,  cette  dispositioD  singu- 
lière qui  permet  qu'à  certains  jours,  en  plein  soleil,  le 
plus  élevé  de  ces  géants  du  désert  ne  projette  rien  sur 
le  sable  :  a  II  a  dévoré  son  ombre,  »  comme  l'a  si  bien 
dit  le  poète  Ausone  : 

Sui^t,  et  ipsa  suas  consumit  pyramis  umbras  !  ' 

Les  Grecs,  qui  paraissent  s'être  servis  surtout  de  la 
clepsydre,  avaient  aussi  des  cadrans  solaires  ;  quelques 


xes.  ta  coudée  égyptienne  ëRale  à  la  coudée  de  Moïse  el  à  celle 
de  galomon,  soitTa  dix  millième  partie  exacte  de  l'axe  de  rotation 
de  la  t«rre,  etc.  —  Hérodote,  rectifié  par  John  Herschell,  avait 
dil,  il  y  a  plus  de  2000  ans,  que  le  triangle  de  chaque  face  de  la 
pyramide  était  é^t  au  carré  construit  sur  ta  hauteur,  ce  qui  est 
exact  (Cfr.  Cosmos,  31*  année,  nouvelle  série,  n*  271.  p.  19-20). 
Notre  compatriote  Volney  avait  pressenti  l'importance  de  ces 
données  scientifiques...  g  S'il  esl  constaté,  dit-il.  que  le  cAté  de 
ta  base  de  la  Grande  Pyramide  équivaut  juste  à  un  stade  alexan- 
drin (de  684  pieds  9  pouces  60  centièmes),  et  se  trouve  être  exacte- 
ment  la  500<  partie  d'un  degré  du  cercle  terrestre,  tel  que  nous 
mêmes  le  connaissons;  si,  comme  l'observe  l'ingénieux  et  savant 
Dupuis,  ses  pans  sont  disposés  sous  un  ançle  tel,  qu'à  l'entrée 
du  soleil  dans  tes  signes  équinoxiaux,  son  disque  paraît  placé  au 
sommet  pour  te  spectateur  à  genoux  à  la  base,  il  faut  convenir 
que  dans  sa  construction  l'on  a  combiné  beaucoup  d'autres  mo- 
tifs. «  {Œucres  comjilétes de  Volney,  édition  Didot,  1837.  p.  171).  — 
Voir  aussi  sur  cet  intéressant  sujet  dans  L'Année  scientifique  de 
Figuier.  1863  p.  19,  une  très  eurieuse  étude  astronomique  qui  fait 
remonter  à  3400  environ  avant  J.-C.  l'Age  de  la  Grande  Pyra- 
mide d'après  son  orientation  qui  avait  été  calculée  de  telle  façon, 
dil  l'auteur  (Mahmoud-Bo^,  astronome  du  Khédive)  <|ue  l'étoile 
sacréedes  Egyptiens,  Sinus  (Soifiis)  nilt.  lorsqu'elle  était  à  son 
point  culminant,  rayonner  perpeiidiculairemenl  sur  sa  face  méri- 
dionale ;  celte  perpendioulnrilé  n'est  plus  exacte,  mais  le  calcul 
permet  de  la  rétablir  de  telle  sorte  que  «  l'Age  du  monument  peut 
se  lire  encore  dans  l'astre  qui  l'a  vu  nailre  !  »  —Terminons  celle  trop 
longue  digression  en  faisant  remarquer,  avec  le  Cosmos,  que 
Bonaparte  fil  preuve  d'une  véritable  prescience  quand,  à  une  épo- 
que où  ces  calculs  étaient  complètement  ignores,  il  disait  à  ses 
soldats  :  0  Du  haut  de  ces  pyramides  quarante  siècles  vous  con- 
templent! • 

1.  Edouard  Fouraier,  Le  Vieux-Neuf,  T.  III,  p.  580. 

2.  Poème  de  la  Moselle,  vers  313. 


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-  487  - 

auteurs  en  attribuent  l'invention  à  Anaximène  de  Milet 
qui  vivait  579  ans  avant  J.-C.  ;  d'autres  en  font  hon- 
neur à  Thaïes. 

Avant  les  Grecs,  les  Juifs  se  servaient  déjà  de  ca- 
drans solaires  depuis  des  siècles,  témoin  celui  d'Achas, 
qui  remonte  au  moins  à  l'an  751  avant  l'ère  vulgaire  et 
dont  il  est  fait  mention  dans  le  prophète  Isale'. 

Les  Romains,  occupés  de  la  conquête  du  monde,  ne 
connurent  les  gnomons  que  plus  tard.  Non  contents  d'en- 
lever aux  peuples  vaincus  leurs  richesses  artistiques, 
ces  conquérants,  sans  souci  des  méridiennes  et  des  la- 
titudes, transportèrent  sur  leurs  vaisseaux  triomphants, 
pour  les  établir  à  Rome,  les  cadrans  solaires  de  la  Grèce 
et  de  la  Sicile.  C'est  ainsi  qu'en  l'an  263,  le  consul 
M.  Valérius  Mcssala  apporta  de  Catane  un  gnomon 
qu'il  plaça  au  Forum  sur  un  pilier  proche  la  tribune 
aux  harangues  ;  mais,  comme  ce  cadran  n'avait  pas 
été  construit  pour  la  latitude  de  Rome,  il  n'était  natu- 
rellement pas  possible  qu'il  marquât  l'heure  véritable; 
cependant,  au  dire  de  Pline,  on  s'en  servit  pendant  qua- 
tre-vingt dix-neuf  ans,  jusqu'à  ce  que  le  censeur  Quin- 
tus  Marcus  Pbilïppus  en  eût  fait  construire  un  plus 
exact  '. 

Les  grandes  collections  publiques  du  Louvre  à  Paris 
et  des  musées  Kircher  et  Pio  Clémentine  à  Rome,  qui 
ont  recueilli  un  assez  grand  nombre  de  cadrans  grecs 
ou  romains  prouvent  combien  ces  instruments  avaient 
été  communs  chez  ces  peuples. 

Dans  ses  «  Documents  paléographiques  relatifs  à 
l'histoire  des  beaux-arts  et  des  belles-lettres,»  M,  Aimé 


1.  Invocavit  prophète  Dominum  et  reduxit  umbram  per  lîneas 

Juibus  iam  desccnderat  in  horolotHo  Achas  relrorsum  deuem  ^ra- 
ibus  tisale  ch.  XXXIII,  v.  8|. 

2.  Pline,  VII-60.  Cet  auteur  rapporte  qu'un  premier  cadran  so- 
Isire  avait  été  établi  ù  Rome  anténeurement  (vers  l'an  306  avant 
J.-C.)  mais  cette  assertion  a  été  contredite  par  d'autres  auteurs. 


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-  4S8  - 

ChampoUion-Figeac  cite  une  inscription  d'une  horloge 
solaire  remontant  au  règne  de  Septime-Sevère  (commen- 
cement du  111*  siècle)  et  remarquable  par  la  forme  de  Ifl 
lettre  G  qui  s'y  trouve  et  dont  le  demi-cercle  se  termine 
par  un  appendice  semblable  à  une  virgule'. 

Plus  rare,  dît  M.  l'abbé  R.  Cbarles^,  dans  la  pé- 
riode de  trouble  et  d'ignorance  qui  suivit  les  invasions 
barbares,  le  cadran  solaire  reparaît  dans  nos  églises 
romanes.  Un  des  plus  anciens  cadrans  du  moyen-ftge 
se  Toit  dans  l'église  de  Kirdale  (Yorkshire)  tracé  sur 
une  pierre.  L'inscription  saxonne  qui  l'accompagne  nous 
apprend  qu'il  a  été  érigé  sous  Tosti,  comte  de  Northum- 
berland  (1055  à  1065). 

Le  moyen-âge  eut  grand  soin  de  pourvoir  ses  innombra- 
bles couvents  de  ces  modestes  borlogea,  en  entourant 
les  cadrans  d'une  devise  sous  forme  de  pensée  morale, 
d'un  religieux  conseil  ou  d'une  citation  de  l'Écriture 
Sainte^. 

L'église  de  Rouelles  (arrondissement  du  Havre),  pos- 
sède encore  une  borloge  solaire  placée  de  telle  manière  que 
ses  deux  côtés  se  trouvent  éclairés,  l'un  depuis  cinq 
heures  du  matin  jusqu'à  midi,  l'autre  depuis  midi  jus- 
qu'à sept  heures  du  soir.  Dix  nombres  d'heures  sont 
encore  parfaitement  visibles,  et  permettent  de  suivre  la 
marche  de  l'ombre  donnée  par  les  deux  aiguilles  des 
extrémités.  Le  style  de  la  sculpture  [sauf  pour  la  partie 
inférieure  servant  de  support  et  évidemment  refaite  ou 
rajoutée)  indique  l'époque,  qui  est  soit  de  la  fin  du  quin- 

1.  In-8",  Paris,  Paul  Dupont,  1868,  p.  45. 

2.  Horloges  et  cadrans  solaires  du  Maine,  Le  Mans  1883,  8  pp. 

3.  Voir  dans  le  Bulletin  monumental  les  Iitseriplions  et  Devises 
horaires,  recueillies  par  M.  le  baron  de  Rivières,  première  série, 
Tours  1877, 1881,  in-S",  117  pp.  figures.  Nouvelle  série  en  1884; 
Bulletin  monumental  de  1885  ;  Revue  de  l'art  chrétien  188i,  p. 
233  :  Le  traité  pratique  de  la  construction  des  églises...,  par  MP 
X.  Barbier  de  Monlault,  t.  I,  p.  78-78.  Voir  aussi  Devises  horai' 
res  Lorraines,  par  L.  Germain,  Nancy,  1887,  in-8",  II  pp. 


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zième  siècle,  soit  des  premières  années  du  seizième. 
Avant  que  la  commune  n'eût  fait  la  dépense  d'un  ca- 
dran à  sonnerie,  on  se  servait  encore  de  cet  ancien  ap- 
pareil, aujourd'hui  à  peu  près  oublié'. 

La  vogue  des  cadrans  solaires  s'accrut  considérable- 
ment à  partir  du  XVI'  siècle  ;  bientôt,  en  effet,  les  places 
publiques  et  les  façades  des  principaux  monuments  civils 
et  religieux  furent  pourvues  de  ce  genre  d'horloges  dont 
on  retrouve  encore  aujourd'hui  la  trace.  Les  artistes  gra- 
veurs et  dessinateurs  s'appliquèrent  à  enrichir  les  gno- 
mons de  ligures,  d'arabesques,  d'ornements  et  d'attri- 
buts qui  vinrent  compléter  les  devises. 

Mais  la  grande  vulgarisation,  pour  ainsi  dire,  du  ca- 
dran solaire,  date  du  XVII'  siècle  ;  pas  une  habitation 
importante  de  ce  temps-là,  pas  le  plus  petit  prieuré  qui 
n'eût  son  horloge  solaire,  ornée  d'inscriptions  latines, 
de  rébus  ou  d'anagrammes  plus  ou  moins  réussis^. 

C'est  de  cette  époque  (1643)  que  date  aussi  la  belle 
plaque  que  nous  avons  trouvée  et  acquise  à  Craon',  il 
y  a  quelques  années,  et  dont  nous  sommes  heureux  de 
donner  ici  la  reproduction  exacte. 

Elle  consiste  en  une  planche  de  cuivre  argenté  de  trente- 
trois  centimètres  de  côté,  ornée  dans  les  angles  et  dans  la 

1.  Magasin  pittoresque,  gravure  curieuse,  47»  annde,  p.  297. 

2.  Les  deux  gnomons  les  pins  célèbres  des  temps  modernes 
Bont  celui  de  l'église  Sainle-Pétronne  à  Bologne  construit  en  1653 
par  Cassini  et  celui  de  l'église  Saint-Sulpice  h.  Paris  construit  en 
1743  par  Lemonnier  ;  ce  dernier  a  7  mètres  de  hauteur  ;  la  trace 
du  méridien  passant  par  le  trou  de  la  plaque  est  figurée  sur  le 
pave  de  l'église  par  une  ligne  de  cuivre  qui  traverse  l'édifice  dans 
sa  plus  grande  lai^ur. 

3.  Arrondissement  de  Chftteau-Gonlier  (Mayenne).  —  Nous 
n'avons  pu  découvrir  par  suite  de  quelles  circonstances,  cette 
épave  de  l'abbaye  de  Saint-Serge  était  venue  s'ëchouer  dans 
le  Craonnais.  —  D'après  le  Pouillé  du  diocèse  d'Angers  pour 
1754,  l'abbaye  en  question  n'avait  le  droit  de  pr^entation. 
dans  notre  région,  qu'aux  prieurés-cures  de  Combrée,  de  Méral 
et  de  Cuillé  pour  le  diocèse  d'Angers,  aux  prieurés  et  aux  cures 
de  Fromentieres  et  de  N.-D.  d'Astillé  pour  le  diocèse  du  Mans,  et 
de  Brielles  et  de  Bréal  pour  le  diocèse  de  Hennés. 


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grande  partie  centrale  d'un  charmant  dessin  composé  d'a- 
rabesques élégamment  et  symétriquement  entrelacées  et 
qui  dénotent  chez  le  graveur  un  goût  prononcé  pour 
l'art  mauresque  en  même  temps  qu'une  main  habile  et 
exercée.  Au  milieu  de  la  composition  se  trouvent,  tim- 
brées d'une  crosse  et  d'une  mitre,  les  armes  de  l'abbé 
de  Saint-Serge,  René  de  Brîoky  à  qui  cette  belle  pièce 
avait  été  offerte  et  dédiée  par  le  chartreux  Jacques  Mo- 
raine, qui  a  pris  soin  de  signer  sou  œuvre. 

Inédites,  à  notre  connaissance  du  moins,  ces  armes 
de  Briolay  qui  pourraient  bien  être  aussi  celles  de  l'an- 
cienne famille  de  Breslay  ou  de  l'une  de  ses  branches',  en 
peuvent  malheureusement  se  lire  d'une  façon  certaine,  le 
graveur  ayant  fait  toutes  les  hachures  de  son  dessin  et 
de  Vécu  dans  le  même  sens.  Impossible  donc  de  préciser 
autre  chose  que  :  d...  à  trois  roses  de...  accompagnées 
en  cœur  d'une  molette  d'éperon  de... 

Du  nom  latin  de  l'abbé,  RENATUS  BRIOLEUS,  l'au- 
teur s'est  efforcé,  suivant  le  goût  de  l'époque,  de  tirer 
Yanagramme^  UT  ROSA  LENIS  RUBE,  mots  dans 


tri  en  chef  d'un  croissant  d'ax 
Mutéea  d  Angers  (Lachèse  et  Dolbeau.  1884).  sous  le  n^  1938  du 
catalogue,  lo  description  du  cuivre  original  d'un  portrait  de  Pierre 
Breslay  se  référant  à  des  gravures  «les  Pandectre  de  CI.  Ménard. 
2,  L'anagramme,  connue  de  l'anlinuité,  fut  mise  à  ia  mode  en 
France  par  le  poËle  Durât  sous  Charles  IX.  Chacun  s'adonna  à 
cet  exercice,  que  nous  trouvons  si  puéril  aujourd'hui,  avec  une 
sorte  de  fureur.  Notre  Lavallois  Hiérosme  d'Avost  a  composé 
(1583),  un  volume  d'anagr-ammes  ;  dans  Marguerite  de  Valait, 
il  trouve  laborieusement  ttoial  image  de  vertus,  etc.  —  L'Acadé- 
mie française  a  rayé  de  son  dictionnaire  en  1877  le  substantif  ana- 
grammatiste  et  le  verbe  anagrammatiser.  —  Signalons,  parmi  les 
singularités  léguées  par  les  anciens  et  que  1  on  peut  rattacher 
aux  jeux  d'espnl  de  l'anagramme,  ces  inscriptions  grecques  dont 
on  ornait  soit  les  baptistères  soit  les  demeures  particulières. 
Parmi  les  premières  la  plus  célèbre  est  l'inscription  amphisbènc 
de  Sainte-Sophie  : 

NirON  ANOMHMATA  HH  HONiN  OTIN 
Lave  les  fautes  et  non  seulement  ton  vitage. 

On  peut  commencer  la  lecture  par  la  dernière  lettre  et  on  re- 


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-  m  - 

lesquels  on  pent  retrouver  tea  lettres  formant  les  noms 
de  Renatus  Brioleus. 

Autour  du  cadran,  on  lit  les  distiques  latins  suivants, 
dans  lesquels  l'auteur  a  su  faire  entrer  tes  mots  compo- 
sant l'anagramme  qu'il  venait  de  trouver  : 

ORNANT  STEMMA  ROSjE  SOLIS  VIRTUTE  RUBENTES, 
UTROSA  SIC  NOBIS  LBNIS  ODORE  RUBE. 

DUM  TUA  SOL  LUSTRAT  SOLARIA,  PRJISUL  AMANDE, 
T0TU8  DIVINI  SOLIS  AMORE  RUBES*. 

Dans  la  partie  de  la  plaque  laissée  libre  par  l'inscrip- 
tion des  heures,  on  lit  cette  mention  dédicatoire  : 

Reverendissimo  If  Domino  Renato  Brioleo  monas- 
terii  a  S"  Sergio  prope  Andegavum  abbati  dignissimo, 
Régi  a  consiliis  etc. 

Dedicavit  et  sculpsit  D.  Jacobus  Moraine  Cartusia- 
nus,  Anno  Domini  16^3. 

11  est  regrettable  qu'au  moment  de  l'installation  défi- 
nitive de  ce  cadran  à  la  place  qu'il  devait  occuper,  Jac- 
ques Moraine  ne  soit  pas  venu  en  personne  compléter 


trouve  exactement  la  mâme  phrase.  —  Cfr.  Bulletin  du  Vendd- 
mois,  année  1872,  p.  149.  — A  Bazouges  près  La  Flèche,  on  lit 
au  portail  d'un  logis  ayant  appartenu  au  Trère  du  poète  Balf, 
cette  inscription  : 

ZnErAE  BPAdEÛZ 
qui  jusqu'ici  ne  nous  a  pas  paru  traduite  soit  par  le  latin  :  fes, 


m.  Il  y 


lentement.  Il  y  a  là  évidemment  un  jeu  de  mots,  une  énigme  à 
trouver. 

1.  Les  roses,  dont  les  feux  da  soleil  font  itirtceler  la  pùurpr«, 
ornent  ton  blason  ;  ô  toi  qui  nous  est  doux  comme  le  parfum  det 
roses,  resplendis  à  ton  tour.  Oui,  prélat  digne  d'affection,  tandis 
que  le  soleil  parcourt  ion  cadran,  tu  brilles  aussi,  tout  enflammé 
dfs  ardeurs  du  divin  soleil- 


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-  46î  - 

la  gravure  horaire  d'après  la  méridienne  locale,  car 
l'artiste  chargé  de  ce  soin  a  affreusement  mutilé,  et  avec 
des  outils  tout  à  fait  primitifs,  la  helle  œuvre  du  char- 
treux. 

L'abbé  de  Briolay  dont  il  est  question  ici  était  le  cin- 
quante-neuvième abbé  de  Saint-Serge  '  d'après  quelques 
auteurs,  et  le  soixante-deuxième  d'après  un  autre.  Il 
était  le  petit-neveu  et  le  fdleul  de  René  de  Breslay', 


1.  Hauréau,  Gallia  ehrâtiana,  tome  XIV,  page  654.  —  C.  Port, 
Dictionnaire  de  Maine-et-Loire,  verba  Briolay.  — -  Ib.  Saînt-Ser^. 

—  Trévaux,  Histoire  de  l'Eglise  et  du  diocèse  d'Angers,  Cosnier 
et  Lachèse,  1856,  Tome  II.  p.  601.  —  La  première  fondation  d« 
Saint-Serge,  dit  M.  Port,  que  quelques-uns  font  remonter  à  Clo- 
vis  I".  doit  être  attribuée  du  moins  à  Clovis  II  (650-660)  et  à  son 
fils  ThierrY.  L'abbaye  eut  pour  premiers  patrons  Saint  Serge  et 
Saint  Médard  jusqu'au  VlII'  siècle,  puis  Saint  Goberd,  Sainte 
Oertrude  et  Saint  Bach,  ce  dernier  même  bien  souvent  oublié. 
Charleina?ne  en  fil  don  à  son  chapelain  Witbold.  vers  788  (D. 
Bouq.,  t.  V.  p.  315).  Dès  le  IX'  siècle,  un  corps  de  chanoines  ou 
de  clercs  avait  remplacé  les  moines.  L'abbaye,  saccagée  par  les 
Normands  et  cédée  aux  ducs  de  Bretagne,  fut  donnée  par  le  duc 
Alain  au  chapitre  de  Sainl-Maurice.  L'évëque  prit  des  lors  le 
titre  et  les  fonctions  d'abbé  jusqu'à  Rainaud  qui,  vers  l'an  1000,  y 
établit  des  moines  de  Saint-Denis,  d'abord  sous  le  gouvememeni 
commun  des  abbés  de  Saint-Aubin.  Vulgrin,  sous  t'évéque  Hu- 
bert, fut  le  premier  abbé  indépendant  et  renouvela  absolument 
l'abbaye.  Elle  tomba  en  commande  en  1533  et  la  réforme  de 
Saint-Maur  y  fut  introduite  eu  1629  par  le  prédécesseur  de  l'ebbé 
de  Briolay.  Il  s'y  trouvait  à  ce  moment  22  religieux,  à  qui  l«s 
nouveaux  venus  firent  des  pensions.  —  Avant  la  réforme,  les 
ofHces  claustraux  se  composaient  du  prieuré  claustral,  de  la  se- 
crétairerie,  de  l'aumAnene,  de  la  chanlrerie,  de  l'infirmerie,  de 
l'hAtellerie,  de  l'armoirie  et  de  la  chambrerie  (Die.  M.-et-L.}. 

2.  La  famille  de  Breslay  fut  célèbre  en  Anjou  et  au  Haine. 
Voir  Ménage,  2*  partie  de  l'Histoire  de  Sablé,  p.  109. 110  et  111. 

—  Le  même  auteur.  Vie  de  Pierre  Ayraut,  dit  p.  303  ■  :  Adam 
Hemault,  conseiller  au  présidial  d'Angers,  épousa  en  deuxièmes 
noces  Warie  de  Briolay,  veuve  de  Jacques  Joubert,  élu  à  la  Flè- 
che... sceurde  René,  abbé  de  Saint-Serge  ^ui  se  (/i'»aii(f«  i'a/ici0/i- 
ne  maison  de  Briolay.  »  Le  même  auteur  ajoute  plus  loin,  p.  479 
du  même  ouvrage  :  «Grégoire  Vorerin es  épousa  (13  octobre  1567), 
une  Breslay  dont  Christophe  Morennes,  archidiacre  d'Angers  et 
Marie,  femme  de  François  de  Briolay,  dont  ;  1°  René,  ahhé  de 
Saiitt-Sergc  ;  2"  Christophe,  religieux  de  Saint-Serge  ;  3»  Antoine, 
ecclésiastique  séculier;  4*  et  Marie  ci-dessus.  ■  — L'ancienne 
maison  de  Briolay  avait  adopté  les  armes  A' Anjou-Sicile,  qui  ne 


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évèque  de  Troyes  et  abbé  commendataire  de  Saint- 
Serge,  qui  se  démit  en  sa  faveur  en  1628.  Les  bulles 
de  R.  de  Briolay  sont  du  5  février  1629.  Cet  abbé,  qui 
avait  toujours  partagé  régulièrement  ses  revenus  avec 
ses  religieux,  —  chose  fort  rare  pour  l'époque,  —  mourut 
en  son  abbaye  le  6  juin  1671,  et  fut  inhumé  à  Angers, 
dans  la  partie  du  cimetière  de  Saint-Michel  du  Tertre 
réservée  aux  criminels  exécutés',  en  exécution  d'une 
clause  de  son  testament  ^. 

Nous  n'avons  pu  trouver  aucun  renseignement  sur 
Jacques  Moraine^  que  nous  croyons  neveu  de  l'abbé  de 
Saint-Serge  dont  il  est  question. 

ressemblent  en  rien  aux  armes  du  cadran  de  Jacques  Moraine. 
(Denais,  Armoriât  d'Anjou. 1.  I",  p.  271).  — Voir  aussi  :  vlrmoriaf 
rass.  de  1608,  p.  12;  —  Aadouys.  mas.  494 delà Bibliuthùque d'An- 
gers, p.  39.  —  et  Roger,  mss.  103  id.  et  995,  p.  5.  —  Parmi  les 
membres  de  la  famille  de  Breslay  alliée  aux  Briolaj;,  citons  Fran- 
çois de  Breslay,  curé  de  Ballotsa  la  fin  du  XVII°  siècle  (son  père 
René,  sa  mère  Perrine  Boucauit,  son  grand-père  Jean,  sa  grand- 
mère  Catherine  Gendron,  son  aïeul  Hené,  avocat  à  Angers,  son 
aïeule  lolande  Berihelon)  dont  la  sœur  Anne  de  Breslaj'  avait  «Spou- 
sé  Geôles  Minault.  seigneur  de  la  Charbonnerie,enBollots. —  Le 
26  novembre  1699  le  neveu  du  curé  de  Ballots,  René-François 
Hinault  de  la  Chcrbonnerie,  épousait  Anne -Henriette  du  Buat. 
(Cfr.  Généalogie  du  Buat,  porVabbé  Charles,  p.  90-91,  Mamers, 
Fleury,  1886). 

1.  C.  Port.  Loco  citaio. 

2.  Voici  un  extrait  de  ce  testament  :  «  Je  désire  que  mon  corps 
soit  inhumé  dans  le  simetière  de  Saint-Michel  du  Tertre  vers  le 
lieu  dans  lequel  on  enterre  les  pauvres  criminels  exécutés  à  mort, 

Eour  réparer  autant  qu'il  peut  dépendre  de  moy,  par  celte  petite 
uinitialion  de  ma  superbe,  et  par  reconnaissance  publique  de 
mon  indignité,  l'excès  de  mes  offenses  et  fléchir  l'ire  de  Dieu  à 
miséricorde  et  à  la  diminution  de  ses  justes  châtiments  conti-e 
moy.  B  [Bililioth.  d'Angers;  Biographies  Grille,  carton  VI). 
Malgré  ta  clause  de  ce  testament,  D.  (ournereau,  dans  son  His- 
toire abrégée  rfe  Saùii-Serge,  dit  à  deux  reprises  différentes  que 
R.  de  Briolay  fut  inhumé  dans  le  uhrrur  de  l'église  de  Saint- 
Serge  :  <i  Jacet  in  ccclesite  choro  sub  tumbii  marmorea  ;  ejus 
exequias  celebravit  revcrendissimus  episcopus  Henricus  Amaut, 

Siissimus  et  merilus  autistes.  »  Et  plus  loin  ;  «  R.  de  Briolay, 
ujus  cœnobii  abbas  comniendatorius  iit  iitferiore  parte  chori, 
SUD  lumbà  marmorea  reeondilur.  «  {Reuue  des  Sociétés  savan- 
tes  des  départements,  5'  série,  T.  Il,  2«  semestre,  p.  372J. 

3.  Voir  toutefois  la  note  2  page  462. 


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-  464  - 

Lft  vog^e  des  cadrans  Bolaires  ne  ât  que  s'accrolb'e 
pendant  le  dix-huitième  siècle  ;  sculpteurs  et  dessina- 
teurs se  plurent  à  entourer  lea  horlogeB  non  plus  seule- 
ment de  devises  et  de  citations  plus  ou  moins  préten- 
tieuses, mais,  suivant  le  goût  maniéré  de  l'époque, 
d'emblèmes,  d'allégories  et  d'attributs  de  toutes  sortes  ; 
ici,  c'est  un  ange  qui  montre  les  heures  avec  une  ba- 
guette garnie  de  lys  ;  là,  c'est  lo  Temps  avec  sa  faux 
qui  indique  la  brièveté  de  ta  vie,  etc'. 

L'application  plus  générale  du  pendule,  de  la  spirale 
découverte  dès  1675  et  de  V échappement  trouvé  en 
1700,  en  donnant  un  essor  considérable  à  la  fabrication 
et  à  la  vulgarisation  des  horloges  et  montres  à  roues, 
fit  abandonner  peu  k  peu,  puis  complètement,  l'antique 
usage  du  cadran  solaire. 


II 


La  clepsydre,  comme  nous  l'avons  dit,  est,  avec  le 
cadran  solaire,  un  des  plus  anciens  instruments  inventés 
pour  mesurer  la  durée  du  temps  ;  dans  beaucoup  de  pays 
elle  est  restée  employée  couramment  jusqu'au  X'  siècle 
de  l'ère  chrétienne. 

Les  Egyptiens  en  attribuaient  la  découverte  à  Mer- 
cure ;  cependant  Pline  l'Ancien  en  fait  honneur  à  Sci- 
pion  Nasica  qui  l'aurait  introduite  de  Grèce  à  Rome. 
Platon,  d'après  la  tradition,  l'aurait  apportée  de  l'Egypte 
en  Grèce. 

Dans  un  de  ses  dialogues,  ce  philosophe  prouve  en 


1.  A  la  cathédrale  de  Chartres,  sur  le  côté  sud  du  vieux  clo- 
cher, un  an^e  aux  Tormes  allongées  et  aux  ailes  étendues  présente 
an  cadran  aux  rayons  du  soleil.  —  Voir,  dansD.  Bédoa,les  gra- 
vures allégoriques  que  cet  auteur  propose  (1777)  comme  motife  de 
décoration  pour  les  cadrans  solaires. 


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-  466  - 

effet  qu'il  connaissait  cet  instrument  :  «  Les  philosophes, 
dit-il,  sont  bien  plus  heureux  que  les  orateurs,  ceux-ci 
étant  esclaves  d'une  misérable  clepsydre^  tandis  que 
ceux-là  ont  la  liberté  d'étendre  leurs  discours  autant 
que  bon  leur  semble.   » 

Il  faut  savoir,  pour  l'explication  de  ce  passage  ',  qu'il 
était  de  coutume,  dans  les  tribunaux  d'Athènes,  comme 
plus  tard  dans  ceux  de  Rome,  de  mesurer,  a  l'aide  d'une 
clepsydre,  le  temps  accordé  aux  avocats  pour  leurs  plai- 
doyers. On  versait  trois  parts  d'eau  égales  dans  la  clep- 
sydre :  une  pour  l'accusateur,  l'autre  pour  l'accusé  et 
la  troisième  pour  le  juge.  Un  homme  avait  la  charge 
spéciale  d'avertir  chacun  des  trois  orateurs,  quand  sa 
portion  d'eau  allait  être  épuisée.  Si,  par  extraordinaire, 
le  temps  était  doublé  pour  l'une  ou  l'autre  des  parties, 
cela  s'appelait  ajouter  clepsydre  à  clepsydre,  et  quand 
tes  témoins  déposaient,  ou  qu'on  lisait  le  texte  de  quel- 
que loi,  l'écoulement  de  l'eau  était  interrompu  et  l'on 
disait  :  aquam  suslinere  (retenir  l'eau). 

Vîtruve,  célèbre  architecte  romain,  né  vers  l'an  85 
avant  J.-C,  attribue  l'invention  de  l'horloge  hydraulique 
à  l'Egj'ptien  Ctésibius,  mathématicien  d'Alexandrie,  qui 
l'aura  sans  doute  plutôt  perfectionnée  qu'inventée.  Quoi 
qu'il  en  soit  la  description  du  célèbre  praticien  est  assez 
remarquable  pour  que  nous  la  rapportions  ci-après  tex- 
tuellement : 

«  La  clepsydre,  dit-il,  marquait  les  heures  par  le 
moyen  de  l'eau,  qui,  passant  lentement  par  un  petit  trou 
pratiqué  au  fond  d'un  vaisseau,  et  tombant  dans  un  au- 
tre, faisait,  en  s'élevant  insensiblement,  hausser  dans  ce 
dernier  vaisseau  un  morceau  de  liège.  Ce  liège  tenait 
à  une  chaîne  passée  autour  d'un  essieu,  et  qui  avait  à 
son  autre  extrémité  un  petit  sac  rempli  de  sable  un  peu 
moins  pesant  que  te  liège.  Cette  chaîne,  en  faisant  tour- 

1.  Lacroix,  Les  Arts  au  moyen-tige.  Didot,  Paris,  1880,  p.  174. 


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ner  l'essieu  qui  était  très  mobile,  faisait  aussi  tourner 
une  aiguille  qui  y  était  fixée,  et  qui  marquait  telle  heure 
sur  un  cadran.  On  sent  combien  cette  horloge  devait 
manquer  de  précision  à  raison  des  variations  de  la  tem- 
pérature*.  » 

Connue  depuis  longtemps  dans  les  Gaules,  la  clepsy- 
dre y  fut  retrouvée  par  Jules  César  (101-44  avant  J.-G.}, 
qui  fut  surpria  de  cette  découverte. 

Vainqueur  de  Mithridate,  Pompée  amena  triomphale- 
ment d'Asie,  parmi  tes  dépouilles  du  roi  vaincu,  une 
horloge  h  eau  perfectionnée  qui  fit  l'admiration  des  Ro- 
mains (66  av.  J.-C). 

En  505,  Gondebaud,  possesseur  du  royaume  de  Bour- 
gogne, reçut  de  Théodoric,  roi  d'Italie,  deux  horloges 
dont  l'une  était  mue  par  l'eau*. 

Au  huitième  siècle  le  pape  Paul  1"  (757-767)  envoya 
une  clepsydre  è  Pépin-le-Bref. 

Cent  ans  plus  tard  on  considéra  comme  un  événe- 
ment l'apparition,  à  la  cour  de  Charlcmagne  (742-814) 
d'une  horloge  hydraulique  envoyée  par  le  fameux  calife 
Haroun-al-Baschild.  Le  secrétaire  du  grand  empereur 
d'occident,  Eginhard,  nous  en  a  laissé  une  pompeuse 
description  :  «  Elle  était,  dit-il,  en  airain  damasquiné 
«  d'or  ;  elle  marquait  les  heures  sur  un  cadran  et  au 
«  moment  où  chacune  d'elles  venait  à  s'accomplir,  un 
«  nombre  égal  de  petites  boules  de  fer  tombaient  sur  un 
«  timbre  et  le  faisaient  tinter  autant  de  fois  que  l'indi- 
«  quait  le  nombre  marqué  par  l'aiguille.  Aussitôt  douze 
«  fenêtres  s'ouvraient  d'où  l'on  voyait  sortir  un  nombre  ■ 
a  égal  de  cavaliers,  armés  de  pied  en  cap,  qui,  après 


1.  Liv.  9.  ch.ip.  9.  —  Claude  Perrault  (1613-1688),  l'auteur  de 
la  Colonnade  du  Louvre,  avait  entrepris,  d'après  les  données  de 
Vitruve,  de  reconstituer,  à  l'aide  de  roues  dentées,  l'horlope  hy- 
draulique de  Ctésibiiis.  Voir  la  description  di*toi!lée  au  Magasin 
Pittoresque,  année  1S^3,  p.  345  et  246. 

2.  Dom  Planche,  Histoire  de  Bourgogne,  T.  1.,  p.  48. 


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-  467  — 

«  diverses  évolutions,  rentraient  dans  l'intérieur  du  mé- 
«  canisme  dont  les  fenêtres  se  refermaient  aussitôt'.  » 
Un  archevêque  de  Vérone,  nommé  Pacificus,  construisit 
quelque  temps  après  une  clepsydre  bien  supérieure  à 
celles  de  ses  devanciers,  car,  outre  les  heures,  elle  indi- 
quait le  quantième  du  mois,  les  jours  de  la  semaine,  les 
phases  de  la  lune,  etc.  ^. 


Reprenant  en  1532  la  description  de  Vitruve,  Oronce 
Fine  (1494-1555),  célèbre  géomètre  et  mécanicien  de 
François  1"',  la  compléta  en  inventant  un  système  aussi 
simple  qu'ingénieux  pour  obtenir  l'écoulement  constant 
du  liquide  régulateur  de  la  machine.  La  célèbre  clepsy- 


t.  Du  Can^e,  fvr6o  Horologium. 
3.  Du  Can^^e. 


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—  468  — 

dre  dont  nous  reproduisons  le  dessin  '  consistait  en  un 
petit  navire  nageant  sur  l'eau  d'un  réservoir  et  muni  d'un 
siphon  qui  vidait  l'eau  avec  un  vitesse  uniforme,  parce 
que  l'orifice  restait  toujours  à  la  même  distance  du  ni- 
veau. Pour  la  construction  du  reste  de  sa  machine,  le 
dauphinois  Oronce  Fine  s'était  conformé  à  la  description 
de  la  clepsydre  de  Ctésibius,  donnée  par  Vitruve. 

Le  musée  de  Cluny,  à  Paris,  possède  une  horloge 
hydraulique  en  grès  flamand  de  l'époque  de  la  Renais- 
sance^. 

C'est  à  Cosaé'Ie-Vivien  que  nous  avons  été  extrême- 
ment surpris  —  nous  devons  l'avouer  —  de  rencontrer 
une  clepsydre  d'une  construction  spéciale,  mais  bien 
connue  puisque  divers  auteurs  nous  en  ont  laissé  une 
description  exacte^. 

Un  harilîet  d'étain  de  133  millimètres  de  diamètre,  en- 
roulé et  suspendu  par  un  a^^e  au  moyen  de  deux  cordelettes 
le  long  de  deux  montants  mesurant  environ  quatre-vingt- 
dix-sept  centimètres  de  hauteur,  tel  est  l'aspect  extérieur 
de  cette  horloge  hydraulique  qui  pouvait  marcher  et 
marche  encore  trente-quatre  heures  consécutives. 

Elle  porte  en  outre  un  mécanisme  annexe  qui  a  dû 
être  ajouté  postérieurement  a  sa  construction.  C'est  une 
sorte  de  sonnerie  ou  de  réveil  :  l'axe  de  la  clepsydre,  en 
descendant,  pouvait  actionner  à  certains  moments  et 
par  l'intermédiaire  d'une  clavette  et  d'une  hobine,  un 


1.  C'est  dans  le  cabinet  de  M.  Louis  Gamier,  notre  obli^ant 
collè(^e,  que  nous  avons  trouvé  le  très-rare  volume  d'Ororce 
Fine.  —  Voir  dans  cet  oiivroge,  p.  190-191,  la  description,  en  la- 
tin, de  sa  machine. 

2.  Bosc,  Dictionnaire  de  l'art,  de  la  curiosité  et  du  hibelot,  p. 
3S7. 

3.  Nous  prions  M.  Robin,  percepteur  des  contributions  directes 
à  Cossé-le- Vi\-ien,  de  vouloir  bien  recevoir  ici  nos  remerclmenta 
pour  la  bonne  complaisance  avec  laquelle  il  a  bien  voulu  nous 
communiquer  sa  clep.sydre  et  nous  permettre  de  la  présenter  A 
MM.  les  Membres  de  lu  Commission  Historique  de  Fa  Ma^nne. 


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petit  marteau  de  métal  qui  retombait  sur  un  timbre  et 
produisait  un  son  unique. 

D'aprPB  ce  qu'on  nous  a  dit,  cette  curiosité  ne  aérait 
pas  si  rare  qu'on  se  le  ligure  dans  le  nord  de  la  Mayen- 
ne, où  celle-ci  a  été  acquise  ;  mais  les  armateurs  étran- 
gers et...  les  fondeurs  de  cuillers  lui  ont  fait,  chacun 
dans  un  but  difTérent,  une  telle  chasse  que  l'on  parvient 
dilïlcilement  à  en  retrouver  des  spécimens. 


Voici  la  description  technique  de  la  clepsydre  à  baril- 
let d'après  plusieurs  auteurs  *  : 
Cette  horloge  consiste,  à  l'extérieur  (fig.  ci-dessus)  en 

1,  Montuula,  Histoire  des  Mathémaûifues,  Paris,  1758.  —  Voir 
aussi  P.  Marlinelli,  Horologi  elementan.  Veoise.  1663.  —  Maga- 
sin pittoresque,  année  1844,  p.  196.  —  Oïaiiam,  Récréations  iiia- 
t/iémati<iues,  Paris,  1694,  etc. 


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-470  - 

une  espèce  de  tambour  ou  barillet  de  12  à  15  cenUmètres 
de  diamètre,  suspendu  par  un  essieu  qui  le  traverse  diamé- 
tralement, à  deux  cordons  fins,  qui  se  déroulent  et  s'al- 
longent, ou  s'enroulent  et  se  raccourcissent,  suivant  le 
sens  dans  leauel  a  lieu  la  rotation  du  barillet.  Ce  sont 
les  deux  peintes  dont  les  extrémités  de  l' essieu  sont  ar- 
mées qui  marquent  les  heures  sur  les  montants  verticaux 
placés  latéralement. 

La  fig.  ci-dessous  qui  représente  la  coupe  du  tambour 
suivant  un  plan  perpendiculaire  à  son  axe,  fera  compren- 


dre le  mécanisme  intérieur.  On  voit  un  certain  nombre 
de  cloisons,  sept  par  exemple,  A,  B,  C,  D,  E,  F,  G, 
fixées  exactement  aux  deux  bases  du  barillet  ainsi  qu'à 
la  bande  circulaire  qui  en  fait  le  tour.  Ces  cloisons  sont 
excentriques  ;  et,  suffisamment  prolongées,  elles  seraient 
toutes  tangentes  à  une  circonférence  de  quatre  centimè- 
tres environ  de  diamètre,  ayant  son  centre  sur  l'axe  du 
barillet.  H  est  la  coupe  de  l'essieu  dans  l'intérieur.  Enfin 
toutes  les  cloisons  sont  percées,  le  plus  près  possible  de 
la  circonférence  du  tambour,  d'un  petit  trou  rond  de 


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-47i  - 

m^me  grandeur  et  placé  de  la  même  manière  dans  cha- 
cune d'elles. 

Supposons  maintenant  qu'on  ait  mis  dans  le  tam- 
bour une  certaine  quantité  d'eau,  environ  250  grammes  ; 
qu'elle  se  soit  déjà  distribuée  comme  le  représente  no- 
tre fi^re,  et  que  la  ligne  1  K  représente  la  direction  du 
double  cordon  de  suspension  vu  de  cdté.  II  est  facile  de 
comprendre  que  la  machine  s'est  mise  en  équilibre  sous 
l'influence  de  deux  forces  :  l'une  due  au  poids  du  ba- 
rillet et  des  cloisons,  passe  par  le  centre  de  l'essieu,  et 
tendrait  à  faire  tourner  dans  le  sens  A,  G,  F...  ;  l'au- 
tre, due  au  poids  de  l'eau  accumulée  entre  deux  cloisons 
contiguês,  agit  dans  le  sens  contraire.  En  définitive,  le 
mouvement  a  cessé,  l'équilibre  s'est  établi,  lorsque  le 
centre  de  gravité  de  l'appareil  entier  et  de  t'cau  qu'il 
renferme  a  passé  par  le  cordon  de  suspension  J,  K. 

Les  choses  resteraient  dans  cet  état  sans  les  trous 
dont  sont  percées  les  deux  cloisons  D  et  E.  Bientôt  l'oau 
qui  s'échappe  par  ces  trous  déplace  le  centre  de  gravité, 
le  fait  passer  à  gauche  des  cloisons,  et  l'équilibre  étant 
rompu,  le  tambour  tourne  dans  le  sens  A,  G,  F... 
Comme  la  cause  du  mouvement  agit  incessamment,  le 
mouvement  lui-même  s'opérera  d'une  manière  continue, 
autant  du  moins  que  le  permettent  les  frottements  et  les 
résistances  de  dilîérents  genres. 

Pour  obtenir  une  division  exacte  du  temps  au 
moyen  de  cette  horloge,  il  faut  mettre  une  marque  sur 
la  surface  extérieure  du  tambour,  au  point  le  plus  haut, 
lorsque  les  cordons  sont  enroulés  et  le  tambour  remonté 
jusqu'au  sommet  des  supports  ;  puis  repérer  avec  pré- 
cision les  points  où  les  aiguilles  indicatrices  marqueront 
chaque  heure  depuis  l'origine  du  mouvement. 

11  est  d'ailleurs  facile  de  régler  la  machine,  d'accélé- 
rer ou  do  retarder  son  mouvement  à  l'aide  d'un  petit 
contre-poids,  qu'il   auflît  d'attacher  à  l'essieu  de  façon 


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_  47Î  _ 

à  ce  qu'il  tende  à  le  faire  tourner  en  seae  contraire  du 
sens  de  la  rotation  due  à  la  pesanteur  de  l'eau. 

A  l'aide  do  cet  artifice,  il  sera  possible  de  faire  en 
sorte  qu'une  révolution  entière  du  tambour  s'opère  en 
un  nombre  exact  d'heures.  En  partageant  en  parties 
égales,  en  quatre  par  exemple,  chacun  des  intervalles 
qui,  sur  les  montants,  correspondent  à  une  heure,  on 
aura  une  horloge  hydraulique  d'une  précision  bien  suffi- 
sante pour  les  usages  ordinaires. 

Il  faut  bien,  cependant,  se  garder  de  croire  que  le 
mouvement  de  rotation  autour  de  l'axe  soit  uniforme 
pendant  une  révolution.  La  vitesse  d'écoulement  de  l'eau 
varie  avec  sa  hauteur  derrière  les  cloisons,  et  par  con- 
séquant,  lors  même  que  l'horloge  serait  fidèle  pour  l'in- 
dication des  heures  entières,  elle  ne  le  sera  jamais  qu'im- 
parfaitement  pour  l'indication  des  quarts  et  des  demies  ; 
à  moins  que  le  nombre  des  cloisons  ne  soit  de  4,  de  8, 
de  16...  fois  celui  des  heures  :  alors  les  inexactitudes 
n'auront  plus  lieu  qu'entre  des  intervalles  de  15,  de 
7  1/2,  de  3  3/4...  minutes. 

Pour  rendre  la  machine  plus  parfaite,  il  y  a,  au  dire  des 
auteurs,  quelques  précautions  utiles  à  prendre.  Ainsi,  d'a- 
bord, on  n'emploiera  que  de  l'eau  distillée  ;  pour  le  barillet 
et  ses  cloisons,  on  choisira  un  métal  difficilement  oxydable, 
du  cuivre  bien  étamé  par  exemple  ou  de  l'étain  fin  '  ;  l'ou- 
verture pour  l'introduction  de  l'eau  et  les  orifices  par  les- 


1.  L'étain,  dont  Moïse  a  fait  mention,  est  un  des  métaux  les 
plus  anciennement  connus.  Au  moyen-Age,  la  vaisselle  de  cui- 
sine ou  du  commun,  chez  les  riches,  el  la  vaisselle  la  plus  géné- 
rale, même  chez  les  (^ns  aisds,  6lail  en  élain.  Au  XII 1°  sii'cle,  les 
etiaifiiyers  se  divisaient  en  deux  corps  de  métiers  distincts,  les 
potiers  et  les  ouvriers.  A  la  fin  du  XV'  siècle  ou  lit  parade  de  la 
vaisselle  d'élnin,  «  façon  d'argent,  c'est-è-dire  prenant  les  formes 
de  l'anrenterie.  Jusqu'à  la  tin  du  XVIII*  siècle,  de  véritables  ar- 
tistes fabriquèrent  avec  guùt  cette  vaisselle  plate  de  la  classe 
movenne  dont  on  rencontre  encore  quelques  beaux  spécimens, 
précieux  restes  des  vaisseliers  dont  nos  ancêtres  étaient  fiera. 
(Voir  Glossaire  de  de  la  La  Borde,  verbo,  étain,  p.  305, 


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quels  l'essieu  sort  du  tambour  devront  être  hermétique- 
ment bouchés  ;  les  cordons  de  suspension  seront  aussi 
flexibles  et  aussi  inextensibles  que  faire  se  pourra. 

On  ne  connaît  pas  l'inventeur  de  oe  genre  de  clepsy- 
dres. Il  parait  que  les  premières  qui  furent  apportées  à  Pa- 
ris vers  la  fin  du  dix-septième  siècle  venaient  de  Bourgo- 
gne. Mais  dès  1663,  le  P.  Martinelli  en  avait  traité  fort 
au  long  dans  un  ouvrage  italien  intitulé  Horologi  elemert' 
tari,  imprimé  à  Venise,  et  devenu  fort  rare. 

Ozanam  raconte  qu'un  baruabitc,  le  P.  Timotbée,  qui  ex- 
cellait dans  les  mécaniques,  avait  donné  à  cette  horloge 
d'eau  toute  la  perfection  dont  elle  était  susceptible.  Ce 
religieux  en  avait  fait  une  d'environ  l^BO  de  hauteur, 
qui  ne  se  montait  qu'une  fois  par  mois.  Outre  les  heures 
marquées  sur  le  haut  de  la  boite,  on  y  voyait  indiqués, 
sur  un  cadran  régulier,  le  quantième  du  mois,  les  fêtes 
de  l'année,  le  lieu  du  soleil  dans  le  zodiaque,  son  lever 
et  son  coucher  et  la  longueur  du  jour  et  de  la  nuit. 

Moins  prétentieuse,  notre  modeste  clepsydre  nous  ré- 
vélera du  moins  la  date  approximative  de  sa  construc- 
tion ;  en  effet,  une  inspection  attentive  de  l'axe  du  ba> 
rillet  permet  de  lire  encore,  près  de  la  marque  assez 
fruste  du  fabricant,  ces  trois  chiffres  bien  apparents  : 
167...  ce  qui  prouve  que  l'instrument  est  de  la  seconde 
moitié  du  XVII*  siècle. 


III 

Nous  avons  étudié,  sur  des  spécimens  locau?^  assez 
remarquables,  deux  des  trois  instruments  principaux 
connus  des  anciens  et  employés  par  eux  pour  la  me- 
sure du  temps  \  quant  aux  sabliers,  grâce  à  la  fragi- 
lité de  leur  construction  même,  ils  ne  sont  pas  parvenus 
jusqu'à  nous  ;  seules,  quelques  montures  élégantes  de 
l'époque  de  la  Renaissance  ont  été  recueillies  dans  nos 


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—  474  — 

masées  et  y  cdtoient  lea  tables  à  devises  des  horloges 
solaires  et  les  rares  fra^ents  des  clepsydres. 

Les  découvertes  de  dos  savants  mécaaicieDs  et  les 
adaptations  ingénieuses  de  nos  horlogers  ont  donné 
naissance  à  des  merveilles  de  précision  répandues  main- 
tenant dans  le  monde  entier.  Toutefois,  il  faut  bien  l'a- 
vouer, ces  produits  mirifiques  du  génie  moderne  ne  sau- 
raient empêcher  la  mélancolique  tristesse  qui  nous  envahit 
involontairement  à  In  vue  d'un  antique  cadran  solaire, 
privé  de  son  gnomon,  et  nous  montrant  vainement  les 
traces  d'une  devise  illisible. 

«  Que  de  choses,  dit  un  grand  amateur',  nous  appre- 
naient, par  leurs  inscriptions,  ces  modestes  régulateurs 
du  jour  !  Le  laboureur  y  trouvait  un  conseil  pour  la  culture 
de  son  champ;  i'ouvrierdes  villes,  un  encouragement  dans 
son  labeur  quotidien  ;  le  philosophe,  une  leçon  austère  ; 
le  chrétien,  le  moraliste,  une  sentence  sur  ta  brièveté 
de  l'existence  et  le  rapide  cours  des  heures  ;  le  savant, 
une  ingénieuse  devise;  l'historien,  une  date  ignorée;  le 
littérateur  un  texte  heureusement  choisi  ;  le  prêtre,  une 
citation  des  livres  saints  ou  un  verset  de  son  bréviaire  ; 
l'écolier,  une  exhortation  au  travail,  etc. 

Ces  réflexions  sont  fort  justes  ;  aussi,  est-ce  de  tout 
cœur  que  nous  nous  associons  aux  regrets  du  poète 
moraliste  : 

«  Pourquoi,  dit-il,  le  cadran  solaire  a-t-il  disparu 
presque  partout  ?  Avec  quels  transports  mon  œil  enfan- 
tin épiait  la  marche  silencieuse  de  l'ombre  allongéo  qui 
marquait  l'heure  de  la  récréation  !  On  a  pu  suppléer  à 
son  utilité,  mais  qui  nous  rendra  son  sens  moral  ?  Quel 
morne  remplaçant  qu'une  horloge  avec  son  criard  atti- 
rail de  rouages  et  de  poids  !  Le  cadran  solaire  était  le 
dieu  de  nos  jardins.  Il  réglait  les  travaux  modérés,  les 
plaisirs  champêtres  qui  ne  se  prolongent  pas  après  le 

1.  Baron  de  Rivières,  déjà  cité. 


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-475- 

décItD  du  jour.  11  prêchait  la  tempérance,  le  coucher  t6t. 
C'était  l'hortoge  primitive,  l'horloge  du  premier  monde, 
contemporaine,  pour  ainsi  dire,  du  Paradis  terrestre.  A 
cette  équitable  mesure  d'ombre  et  de  soleil,  les  fleurs 
s'épanouissaient,  les  oiseaux  modulaient  leurs  chants,  les 
troupeaux  allaient  au  p&turage  et  revenaient  au  bercail. 
En  ses  heures  de  loisir,  le  berger  en  façonnait  le  disque, 
et  le  rustique  philosophe  l'ornait  de  devises  plus  tou- 
chantes que  celles  des  tombes  I 

«  Ah  !  tout  ce  qui  s'en  va  n'a  pas  mérité  son  arrêt. 
Le  cadran  solaire,  dans  sa  simplicité  native,  était  l'ini- 
tiation des  petits  à  la  vie  et  au  temps  I  Sommes-nous 
donc  devenus  si  grands  que  nous  reniions  les  joies  de 
notre  enrance  ?  » 

Jules  Planté. 


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LES  CHATEAUX  •  DE  LOIftON 


A  800°  est  de  Loiron,  sur  la  rive  orientale  de  l'étang 
desséché  de  ce  bourg  et  dans  la  partie  nord  du  taillis  de 
la  Rôchette,  s'élève  une  motte  ou  butte  de  terre  entourée 
de  Fossés  et  appelée  dans  le  pays  a  tes  Châteaux.  » 

A  cette  butte  est  accolé  un  retranchement  qu'elle  ferme 
à  la  gorge  et  qu'on  nomme  «  les  Jardins*.  « 

La  butte  est  élevée  de  plusieurs  mètres  au-dessus  du 
sol  ;  la  pente  rapide  de  ses  flancs  en  rend  l'ascension  difli- 
'  cile  et  le  bois  taillis  qui  la  recou- 
vre empêche  d'en  mesurer  aisé- 
ment les  dimensions,  peu  consi- 
dérables d'ailleurs.  Lors  de  sa 
construction  elle  dut  être  circu- 
laire. Son  volume  est  bien  supé- 
rieur à  celui  des  terres  qu'a  pu 
fournir  le  fossé  tel  que  nous  le 
voyons  aujourd'hui.  A  son  som- 
met on  remarque  une  dépression 
assez  profonde,  en  partie  comblée 
par  des  feuilles  sèches  et  des  dé- 
tritus végétaux  accumulés. 
Dans  la  direction  de  la  Bretagne  elle  est  précédée  par 
un  retranchement  de  forme  irrégulière,  mais  rappelant 


1.  Voir  le  croquis  ci-joînl,  qui  n'est  qu'un  sin 
lesliné  à  Dxer  les  idées  mieux  que  ne  le  ferait 


iple  levé  è.  vu 
une  descnptio 


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—  417  — 

celle  d'uD  fer  à  cheval,  dont  les  deux  branches  viennent 
s'appuyer  à  son  fossé.  Le  relief  de  ce  parapet  est  actuelle- 
ment assez  faible  par  rapport  à  la  profondeur  de  son 
fossé  particulier.  Si  les  choses  n'ont  pas  trop  changé  d'as- 
pect, ce  dernier  a  donc  pu  fournir  une  partie  des  terres 
qui  entrent  dans  la  construction  de  la  butte. 

En  somme  ce  retranchement  annexe  est  très  grossier. 
11  semble  qu'aucun  plan  n'ait  présidé  à  sa  confection,  et 
que  son  fossé  ait  été  mené  tant  bien  que  mal  de  proche 
en  proche,  de  façon  à  circonscrire  une  enceinte  rejoi- 
gnant par  ses  deux  extrémités  la  butte  à  laquelle  elle 
s'appuie.  Le  commandement  de  l'ouvrage  sur  le  sol  en- 
vironnant est  presque  nul,  et,  d'après  son  état  actuel, 
son  parapet  n'aurait  pu  servir  de  défense  qu'à  condition 
d'être  surmonté  de  palissades  ou  tout  au  moins  de  forts 
branchages  entrelacés  (pUxitium  'J, 

Au  milieu  du  terre-plein  s'ouvre  un  puits  ou  citerne 
encore  rempli  d'eau. 

Aucune  tradition  relative  au  château  de  Loiron  ne 
s'est  conservée  dans  le  pays,  et  nous  ne  connaissons  pas 
de  texte  qui  en  fasse  mention. 

Mais  pouvons-nous,  sur  l'examen  de  son  tracé,  baser 
quelque  hypothèse  ? 

D'après  les  principes  de  la  fortification  moderne,  les 
ouvrages  annexes  étant  supposés  tournés  du  côté  de  l'at- 
taque, le  chftteau  ou  motte  de  Loirou  aurait  fait  face  à 
la  Bretagne.  Dans  ce  cas  toutefois  sa  position  eût  été 
assez  singulière.  Placé  sur  un  terrain  dont  la  valeur 
défensive  est  complètement  nulle,  il  aurait  été  protégé  sur 
son  front  par  un  retranchement  avancé  et  par  un  vaste 
étang,  tandis  qu'en  arrière  un  simple  fossé  lui  aurait 
servi  de  rempart....  Or,  d'après  les  conditions  de  la 
guerre  ancienne,  rien  n'eftt  empêché  une  incursion  bre- 

t.  La  ferme  la  plus  voisine  se  nomme  Le  Plettis. 


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—  478  - 

tonne  de  négliger  les  défciiBes  accumulées  sur  le  front 
supposé,  et  de  borner  l'attaque  de  siège  au  cdté  tourné 
vers  la  France.  Un  château  de  Tépoque  vague  à  laquelle 
semble  appartenir  celui  de  Loiron  n'avait  de  valeur  qu'à 
cooditioB  de  présenter,  comme  nos  redoutes  actuelles, 
une  égale  résistance  sur  tout  sou  pourtour  ;  car  l'ennemi, 
pouvant  en  toute  sécurité  se  mouvoir  au-delà  d'un  rayon 
de  deux  ou  trois  cents  mètres,  était  toujoura  libre  de 
l'attaquer  par  son  côté  faible.  Au  Bignon,  par  exemple, 
nous  trouvons  deux  retranchements  en  terre  accolés, 
au  point  de  jonction  desquels  s'élevait,  comme  réduit, 
un  donjon.  Cette  disposition  permettait  dans  tous  les 
sens  une  action  défensive  égale. 

Mais  à  Loiron  une  demi-lune  unique,  d'un  relief  insi- 
gnifiant, faisant  face  à  un  étang  ou  à  un  marécage, 
n'augmentait  pas  sensiblement  la  force  du  château.  Nous 
ne  croyons  donc  pas  qu'on  doive  lui  accorder  une  bien 
grande  importance.  D'ailleurs  la  tradition  lui  a  conservé 
le  nom  de  «  Jardin.  »  Pourquoi  négligerions-nous  cette 
indication  fugitive?  N'était-elle  pas  effectivement  une 
basse-cour,  un  jardin  renfermant  la  citerne,  où  on  cul- 
tivait quelques  plantes  alimentaires,  où  on  parquait  les 
chevaux  et  ]es  animaux  domestiques,  où  on  logeait  les 
valets  ? 

Dans  cette  hypothèse,  située  en  arrière  du  donjon,  en- 
tre lid  et  l'étang  qui  ne  permettait  pas  de  l'aborder  à 
portée  de  flèche,  elle  occupe  une  situation  rationnelle  et 
satisfaisante  pour  l'esprit.  La  butte,  que  nous  supposons 
surmontée  d'une  tour  de  bois,  aurait  été  seule  alors  un 
ouvrage  militaire  proprement  dit,  et  son  vrai  front  réel- 
lement dégagé  semblerait  regarder  ta  France. 

Mais  nous  ne  saurions  trop  le  répéter,  la  fortification 
de  l'époque  indéterminée  à  laquelle  remonte  le  château 
de  Loiron  nous  parait  tellement  barbare  qu'en  recher- 
chant ce  qui  est  pour  nous  la  vraisemblance,  nous  ne 


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Bommes  pas  sûrs  de  retrouver  la  vérité.  Un  ouvrage  de 
défense,  élevé  par  quelque  obscur  seigueur  dans  un  coin 
retiré  de  notre  pays,  peut  fort  bien  avoir  été  bàtî  dans 
des  conditions  que  nos  idées  modernes  nous  rendent 
peu  aptes  à  juger  :  en  lui  appliquant  ces  idées  nous 
risquerions  de  dépasser  le  but.  La  prudence  veut  par 
conséquent  que,  tout  en  signalant  «  le  château  »  de 
Loiron,  nous  ne  hasardions  qu'avec  réserve  les  com- 
mentaires-dont  nous  croyons  cependant  pouvoir  accom- 
pagner sa  description. 

Emile  More&u. 


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DOCUMENT 

CONCERNANT 

L'ABBAYE    DE    FONTAINE-DANIEL 

1774". 


Noua  aouasisnéa  Prieur  et  Religieux  de  Tabbaye  de  Fon- 
taine Daniel  acituée  paroiaae  de  S' Georges  Butavent  capi- 
tuiairement  asserablés  d'une  part,  et  René  VoîUe  notaire 
royal  et  arpenteur  géomètre  du  Roy  demeurant  à  la  Ba- 
zouee  dea  Aïeux  d'autre  part,  avons  fait  aoua  noa  sinca 
double  le  traité  auivant  açavoir  que  moy  Voille  pour  obli- 
ger Messieurs  les  prieur  et  religieux  de  ladite  abbaye 
de  Fontaine  Daniel  me  serois  rendu  adjudicataire  de- 
vant Monseigneur  le  grand  Maître  des  Eaux  et  foresta 
de  la  Maîtrise  du  Mans,  des  réfections  reédidcationa  et 
reparationa  tombantes  à  la  charge  tant  de  la  manae  con- 
ventuelle qu'abbatialle  et  ainay  (ju'ellea  étoient  consta- 
tées par  les  procès  verbaux  du  huit  eoust  mil  sept  cent 
soixante  douze  faits  devant  Messieurs  les  officiers  de 
laditte  Maîtrise,  suivant  que  le  tout  est  plus  amplement 
expliqué  par  le  procès  verbal  d'adjudication  à  moy  faitte 
le  quinze  décembre  audit  an  mil  sept  cent  soixante 
douze,  et  comme  dana  le  fait  la  vérité  néanmoins  est  que 
les  dittea  réparations  quoyque  à  moy  Voille  adjugées 
tomboient  à  la  charge  de  Nous  prieur  et  religieux  de 
Fontaine  Daniel  qui  nous  en  étions  rendus  adjudicataires 


1.  Communiqué  par  M.  J.  Raulin  à  la  Comm: 
el  Archéologiaue,  dans  la  séance  du  7  novembre 
papier  grand  lormal,  en  mauvais  état  ;  déuhirur 


a  Commission  Historiqv 
e  1889.  —  1  pik 
papier  grand  lormat,  en  mauvais  état  ;  déchirures  et  marge  ror 
géc  sur  moitié  de  la  hauteur. 


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-  481  - 

sousle  nom  duditaieurVoilletaDtpourla  part  qui  tomboità 
nôtre  charge  qu'à  celle  de  monsieur  Notre  ahhc  commen- 
dataire',  avons  par  ces  présentes  reconnus  ol  reconnais- 
sons que  touttes  les  obligations  contractées  par  le  dit 
sieur  Voille  tant  par  le  procès  verbal  d'adjudication 
qu'envers  Notre  abbé  par  acte  particulier  passé  par  de- 
vant les  conseillers  du  Roy  notaires  au  Chàtelet  de  Pa- 
ris le  vingt  neuf  mars  mil  sept  cent  soixante  treize  en- 
tre mondit  sieur  Abbé  commendataire  et  Philippe  Labbée 
bourgeois  de  Paris  chargé  de  la  procuration  de  nous 
Voille  en  datte  du  dix  huit  mars  audit  an  passée  par 
dev'  Guimoud  et  le  Clerc  notaires,  tombent  à  la  charge 
personnelle  de  Nous  prieur  et  religieux  de  Fontaine  Da- 
niel, pourquoy  avons  des  a  présent  entant  ce  qui  nous 
touche  donné  pleine  et  entière  décharge  a  vous  Voille 
desdittes  obligations  desquelles  nous  vous  tenons  quitte 
des  a  présent  tout  ainsy  que  si  vous  ne  vous  fussiés 
point  rendu  adjudicataire.  Nous  obligeants  de  faire  au 
lieu  et  place  de  vous  Voille  les  dittes  réparations  si  bien 
et  a  tems  que  voue  n'en  serés  inquiétés  ny  recherchés 
comme  ausay  vous  déchargeons  de  celles  tombantes  à 
la  charge  de  Monsieur  Labbé  dont  nous  convenons  avoir 
toujours  ettée  chargés  et  dont  nous  nous  chargeons  par 
ces  présentes,  vous  promettant  a  cet  égard  tout  acquit 
et  indemnité  et  de  faire  faire  aussy  en  votre  lieu  et  place 
les  réparations  tombantes  a  la  charge  de  Monsieur 
l'abbé  si  bien  a  tems  et  aux  termes  portés  au  procès 
verbal  d'adjudication  et  dans  l'acte  passé  entre  mondit 
sieur  Abbé  commendataire  et  Philippe  Labbée  cy-dessus 
rapporté,  que  vous  Voille  n'en  pourés  estre  inquietté  ny 
recherché  en  façon  quelquonque,  nous  obligeant  de  faire 
recevoir  lesdittes  réparations  à  nos  propres  cousts  ris- 
ques périls  et  fortunes  sans  que  pour  raison  d'icelles 
vous  puissiés  estre  inquiétés.  Et  pour  de  la  part  de  mov 
Voille  continuer  d'obliger  Messieurs  les  prieur  et  reli- 
gieux de  Fontaine  Daniel  je  m'oblige  de  clonner  dans  le 
commencement  du  mois  d'aoust  de  chacque  année  mes 
signatures  tant  pour  la  requeste  nécessaire  pour  obtenir 
le  payement  de  chacque  terme  du  prix  desdittes  répa- 
rations du  Receveur  des  domaines  de  Tours  que  pour  la 

1.  N.  de  OalifTet,  qui  fut  abbé  de  1755  à  1790. 


,^-GoogIc 


quittance  qui  continuera  toujours  d'estre  donnée  en  le 
nom  de  moy  Voille  quoyque  dans  le  fait  il  soit  vray  que 
ce  soit  Nous  prieur  et  religieux  qui  ayons  déjà  touché  et 
qui  toucheront  par  la  suitte  lesaits  payements,  comme 
aussy  d'assister  si  besoins;  est  au  prAcès  verbal  de  vi- 
aitte  et  montrée  lors  de  la  réception  desdittes  répara- 
tions et  de  signer  ledit  procès  verbal  et  enfin  tous  les 
autres  actes  nécessaires  concernant  lesdittes  réparations 
ainsy  que  j'aurois  etté  obligé  de  (faire)  si  dans  le  fait 
elles  eussent  été  en  mon  nom  le  tout  gratuitement,  Et 

£our  de  la  part  de  (nous)  prieur  et  religieux  de  Fontaine 
laniel  donner  à  vous  Voille  des  marques  de  ndtre  re- 
connaissance tant  de  ces  services  que  de  ceux  que  vous 
nous  rendrés  par  la  suite  au  cours  de  cette  affaire,  Nous 
nous  sommes  soumis  obligés  et  nous  obligeons  par  ces 
présentes  de  vous  donner  une  prorogation  de  nail  de 
neuf  ans  pour  commencer  à  la  6n  de  rac(tuel),  du  trait 
de  dixme  (qui)  nous  appartient  en  la  paroisse  de  Martï- 
gné,  de  la  métairie  de  la  Cheliere  et  cloaerie  (du)  Buis- 
son )  scitiiées  paroisses  de  Vaiges  a  nous  appartenant 
aux  mêmes  conditions  que  le  bail  dont  vous  Voille 
jouisses  actuellement,  même  à  la  veuve  de  vous  Voille 
en  cas  de  décès  ou  (au)  curateur  de  vos  enfants  en  don- 
nant dans  ce  dernier  cas  de  la  part  dudit  curateur  bonne 
et  solvable  caution  ;  et  en  considération  de  ce,  moy  Voille 
m'oblige  encore  de  donner  a  l'expiration  de  ma  jouis- 
sance un  plan  figuratif  des  terres  du  trait  de  dixme  qui 
vous  appartient  en  la  psse  (paroisse)  de  Martigné,  et 
comme  lors  du  premier  bail  qui  m'a  etté  conscnty  dudit 
trait  de  dixme  moy  Voille  ay  payé  cent  livres  de  pot  de 
vin  qui  ne  sont  point  exprimés  en  ledit  bail  je  m'oblige 
de  payer  pareille  somme  de  cent  livres  en  passant  la 
prolongation  de  bai)  dont  est  parlé  cy-dessus,  renonçant 
egallement  moy  Voille  a  demander  autre  décharge  a 
Messieurs  les  prieur  et. religieux  pour  raison  des^^ttes 
réparations  que  la  présente  qui  servira  même  de  de- 
charge  des  payements  dont  moy  Voille  donneray  des 
quittances  à  l'avenir  quoyque  !e  prix  en  soit  perçu  par 


-  Le  Buisson,  éc.  et  f.  môme 


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-  483  - 

vous  Messieurs  les  prieur  et  religieux  de  Fontaine  Da- 
niel, laterlignes,  etc 

Fait  à  Fontaine  Daniel  la  Communauté  assemblée  ca- 
pitulairement  sous  nos  sings  doubles  le  douze  septembre 
mil  sept  cent  soixante  quatorze. 

L'original  est  signé  :  Bayard  prieur,  Voillb,  avec 
parafes;  plus  sept  autres  signatures  de  religieux'. 

1.  Lors  de  l'inventaire  qui  fut  fait,  le  1"  oclobre  1790,  à  l'ab- 
baye de  Fontaine- Daniel,  les  commissaires  nommés  par  l'admi- 
nistration  du  district  de  Mayenne  trouvèrent  a  Messieurs  les  Prieur 
el  Relligieux  de  ladilte  Abbaye  au  nombre  de  sept.  »  —  C'est 
probablement  vers  cette  époque  que  l'on  dressa  l'étal  donnant  les 
noms  des  relig^ieux,  les  maisons  auxquelles  ils  étaient  attachés, 
l'année  de  leur  profession  et  leur  âge,  —  tableau  sans  date  qui  se 
trouve  aux  Archives  de  la  Mayenne. 

3.  R. 


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PKOCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  6  FEVRIER  1890. 

La  séance  est  ouverte  à  deux  heures  sous  la  prési- 
dence de  M.  Floucaud  de  Fourcroy. 

Sont  préBcnts  :  MM.  Floucuud  de  Fourcroy,  président, 
Couanicr  de  Launay,  vice-président,  Perrot,  Richard, 
abbé  Pointeau,  de  Lorière,  de  Martonne,  Garnier,  P.  de 
Farcy,  E.  Moreau,  membres  titulaires,  et  MM.  de  la 
Beauluère,  Sinoir,  Chomercau,  Letourneurs,  membres 
correspondants . 

MM.  Joùbert,  Trévédy,  Raulin,  se  font  excuser. 

M.  le  Président  souhaite  d'abord  la  bienvenue  à 
M.  Letourneurs,  membre  correspondant,  qui  assiste 
pour  la  première  fois  à  une  séance  de  la  Commission. 

Il  est  ensuite  procédé,  en  vertu  de  l'article  5  des 
statuts,  à  la  réélection  triennale  du  Bureau.  —  Le  Bu- 
reau actuel  est  maintenu  en  fonctions  pour  trois  ans. 

La  Commission,  consultée  sur  la  question  de  savoir 
s'il  n'y  aurait  pas  lieu  de  nommer  deux  vice-présidents, 


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émet  un  avis  favorable  et  désigne  comme  second  vice- 
président  M.  Perrot,  qui  accepte. 

La  Commission  est  heureuse  de  proposer,  à  titre  de 
membres  correspondants,  MM.  : 

De  La  Sicotière,  sénateur,  à  Alençon, 

H.  Chardon,  au  Mans, 

Louis  de  Farcy,  à  Angers, 

B"  de  Beauchamp,  à  la  Ferté-Bernard, 

J.  Appert,  à  Fiers, 

C"  de  Contadea,  à  la  Ferté-Macé, 

Moulard,  à  Soulgé-le-Ganelon  (Sarthe), 

Frain  de  la  Gaulairie,  à  Vitré, 

membres  de  la  Société  du  Maine. 

M.  Cornée  lit  une  notice  relative  à  Esprit- Aimé  Lîbour, 
peintre,  né  à  Laval'  et  présente  k  la  Commission  un 
portrait  de  Libour  peint  par  lui-même.  Ce  portrait  est 
offert  au  musée  de  Laval  par  M.  et  M°'  Colin-Libour. 

La  Commission  remercie  vivement  M.  Cornée  de  son 
travail  et  du  résultat  qu'il  a  si  heureusement  provoqué. 

M.  le  Président  annonce  que  l'administration  de  l'en- 
registrement réclame,  pour  solde  des  frais  du  rachat  de 
Rubicaire,  une  somme  de  241  fr.  61.  La  Commission 
décide  que  cette  somme  sera  inscrite  à  son  budget  de 
dépenses . 

M.  Gadbin,  qui  préparc  une  histoire  du  clergé  des 
districts  de  Châtcau-Gontier  en  1790,  époque  delà  cons- 
titution civile,  fait  appel  à  ceux  de  MM.  les  membres 
de  la  Commission  qui  voudraient  bien  lui  fournir  des 
renseignements.  Lecture  est  donnée  de  la  lettre  circu- 
laire de  M.  Gadbin. 

M.  l'abbé  Pointeau  lit  divers  extraits  d'un  intéres- 

1.  Voir  ci-dessus,  page  300, 


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eant  travail  sur  Benjamin  de  l'islo  du  Gast,  qu'il  veut 
bien  réserver  au  Bulletin. 

M.  de  Martonne  donne  l'analyse  d'une  pièce  conser- 
vée aux  Archives  de  la  Mayenne,  série  A,  n"  1,  ei  qui 
vient  compléter  les  renseignements  publiés  par  M.  de 
la  Beauluère  sur  la  famille  Foureau'. 

«  Lettres  patentes,  signées  de  la  main  de  Henri  IV, 
«  roi  de  France,  en  faveur  de  Maître  Charles  Foureau, 
B  lieutenant  au  siège  particulier  de  la  Flèche,  mention- 
«  uant  particulièrement  sa  haute  expérience  en  fait  de 
«  judicature  et  de  finances.  Le  Roi  le  pourvoit  de  l'é- 
«  tat  et  office  de  conseiller  et  roaitre  des  requêtes  en  sa 
((  maison  de  Navarre  et  ancien  domaine,  aux  gages  de 
K  133  écus  un  tiers  par  an  ;  mandement  au  conseiller 
«  d'Etat  et  chancelier  de  la  maison  royale  de  Navarre 
«  et  domaine  ancien,  le  sieur  de  Colignon,  de  mettre  en 
«  possession  le  titulaire  et  aux  conseillers  trésoriers 
«  généraux  de  la  maison  royale  de  Navarre  et  domaine 
«  ancien.  M"  Vincent  de  Pedescla  et  Julien  Maleri, 
«  chacun  d'eux  en  l'année  de  son  exercice,  de  payer  les 
«  gages  du  titulaire.  Donné  à  Paris...  mil  cinq  cens 
«  quatre-vingtz  et  quatorze.  Titre  adiré,  pièce  sur  par- 
«  chemin.  Le  sceau,  appendu  sur  simple  queue  de  par- 
te chemin,  manque.  —  On  lit  au  dos  «  Recherche  de 
«  noblesse.  » 

«  Charles  Foureau,  ne  pouvait  être  te  père  de  Fran- 
«  çoia  Foureau,  valet  de  chambre  de  Henri  IV  en  1590, 
«  ni  son  lils  puisque  M.  de  la  Beauluère  établit  une 
«  suite  généalogique  depuis  François  Foureau.  Il  était 
«  probablement  son  frère.  On  sait  que  Henri  IV  eut 
«  l'art,  imité  de  nos  jours,  de  conserver  en  partie  son 
«  domaine  privé,  qui  devait  entrer  dans  le  domaine  de 

1.  Tome  I,  2*  série,  page  34B. 


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—  487  - 

«  la  couronne.  La  baronnie  de  Sainte-Suzanne  faisait 
«  partie  de  cette  réserve.   » 

M.  de  Martonne  donne  ensuite  lecture  des  notes  sui- 
vantes : 

«  Saint-Germain-de-l'Hommel.  —  Celte  église,  àoa\ 
«  le  nom  se  trouve  consigné  dans  les  anciens  documents 
«  sous  la  forme  5'™  Germanus  de  Ulmo  et  de  Utmetto, 
«  doit  son  nom  k  un  orme  ou  ormeau  de  grande  taille 
«  qui  se  trouvaitdans  les  environs.  Cette  attribution  de 
«  lieu  se  rencontre  fréquemment. 

H  C'était  un  petit  prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de 
«  Toussaint  d'Angers,  depuis  longtemps  détruite  en 
«  grande  partie. 

«  L'édifice  principal  offre  peu  d'intérêt,  mais  on  y 
«  remarque  dans  les  transepts  deux  chapelles  qui  mé- 
«  ritent  d'être  citées.  Dans  celle  de  droite  on  voit  au 
«  centre  de  la  voûte  en  hémicycle,  ornée  de  nervures 
0  prismatiques  retombant  sur  des  coupoles,  en  guise 
o  de  clef  de  voûte,  l'écusson  des  Montécler  :  de  gueules 
«  au  lion  lampassé  d'or.  Cette  famille  possédait  le  pa- 
«  tronage  de  la  paroisse. 

«  L'autre  chapelle,  à  gauche  de  l'autel,  est  ornée  de 
«  la  même  manière,  mais  divisée  en  deux  parties.  Au 
«  centre  du  faisceau  des  nervures  qui  se  réunissent 
«  dans  l'hémicycle  de  la  voûte,  le  pendentif  prend  la 
«  forme  d'un  panier  rond  à  jour.  Une  des  coupoles  est 
«  ornée  d'une  figure  d'ange  portant  la  croix,  l'autre 
«  d'un  ange  dont  l'attribut  est  détruit.  Dans  la  partie 
A  qui  regarde  l'autel  on  voit  en  face  un  marmouset. 
«  C'est  une  figure  de  fou,  intacte  et  très  vive  d'allure. 

«  La  chapelle  de  droite  m'a  paru  être  du  XY"  siècle, 
«  la  suivante  du  XVI*  siècle. 

«  M.  le  Curé  possède,  outre  d'anciens  papiers  et  une 
«  notice  moderne,  due  à  M.  Guays  des  Touches,  un 
n  vieux  registre  paroissial  du  XVI'  siècle,  oublié  lors 


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a  du  tranBfert  de  ces  registres  à  la  mairie  de  Fromen- 
«  tières. 

«  Inscription  de  l'église  de  Vimarcé,  qui  a  été  en- 
n  voyée  précédemment  à  la  Commission  d'après  une  lec- 
«  ture  incorrecte  : 

«  Ci  dessous  gisent  Macé  Le  Touse  et  Johe  de  Vil- 
«  leoysel  sa  famé  et  lohan  leur  fils  et  lokane  Cour- 
«  behier  sa  famé  lequel  Jehan  trépassa  lan  mil  CCC 
<c  LIIIJ  et  Jokane  sa  famé  trépassa  lan  mil  CCC 
«  XXXV  et  fut  leur  fils  mestre  Guil(laum)e  Le  Touse 
«  jadis  phisicien  du  Boy  et  chanoine  des  deux  églises 
a  du  Mans  lesq(uel)x  fire(n)t  m(ou)U  de  bfienjs  à 
«  ceste  église.  —  Priez  Dieu  pour  eux  et  pour  tous 
«  autres.   » 

L'ordre  du  joar  étant  épuisé,  la  séance  est  levée  à 
quatre  heures. 


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Le  procès-verbal  de  la  séance  du  7  novembre  1889  ■ 
mentionDait  une  médaille  ou  pendeloque  de  cuivre,  trou- 


vée en  1863  à  Laval  dans  le  lit  de  la  Mayenne,  et  ap- 
partenant à  M.  le  Ch"  de  la  Broîse. 

Cet  objet  curieux,  qui  paraît  remonter  à  l'extrême  fin 
du  XV*  siècle  ou  aux  premières  années  du  XVI*,  pré- 
sente de  grandes  dillicultés  d'interprétation,  notamment 
à  cause  de  son  origine  espagnole. 

M,  Paul  de  Farcy  a  bien  voulu  en  exécuter,  pour  le 
Bulletin  de  la  Commission,  le  dessin  que  nous  sommes 
beureux  de  reproduire  aujourd'hui. 

1.  Voir  pa^  319  du  présent  tome. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Les  Lutteurs  Bretons  aux  XV'  etXVl'  aièclea;  Voya- 

?e  d'Ambrotse  Paré  en  Bretagne,  par  M.  J.  Trévédy,  1 
roch.  in-S",  Quimper,  Salaùn,  Kennes,  CaiUière,  1890,  ex- 
Iraîte  du  Bulletin  de  la  Soc.  Arch.  du  Finistère. 

Dans  celte  brochure  l'auteur  rappelle  combien  la  lutte 
était  en  honneur  dans  la  province  de  Bretagne  et  à  la  cour 
de  ses  ducs.  II  cite  notamment  un  curieux  récit,  écrit  par 
Ambroise  Paré,  d'une  lutte  à  laquelle  l'illustre  ehirurpen 
assista  en  1543  en  Basse- Bretagne,  lors  du  voyage  qu  il  y 
St  par  ordre  du  roi,  en  compagnie  du  vicomte!  de  Rohan  et 
du  comte  de  Laval,  charges  de  s'opposer  à  une  descente 
des  Anglais. 

Le  document  cité  par  M.  Trévédy  n'offre  pas  seulement  un 
intérêt  de  curiosité  au  point  de  vue  spécial  des  Joutes  de 
lutte  bretonnes.  11  donne  de  précieux  détails  historiques 
sur  les  travaux  et  moyens  de  défense  de  la  rade  de  Brest 
en  1S43.  Il  est  écrit  dans  ce  style  à  la  fois  naïf,  pittoresque 
et  plein  de  verve,  familier  à  Ambroise  Paré  comme  à  ses 
contemporains. 

En  terminant  l'auteur  se  livre  à  quelques  réflexions  sur 
la  mort  d'Ambroise  Paré. 

Il  observe  que  d'après  Moréri  sa  mort  arriva  en  1590  el 
qu'il  fut  inhumé  à  Paris  dans  l'Eglise  Saint-André-des-Arcs. 
M.  Jal  a  retrouvé  d'ailleurs  dans  les  registres  de  Saint- 
André,  brûlés  depuis  en  1871,  l'acte  d'inhumation,  daté  du 
22  décembre  1590,  et  conforme  à  l'indication  de  Moréri. 
D'autre  part  tes  funérailles,  d'après  le  docteur  Le  Paulraier, 
furent  1res  solennelles.  Or  ces  tunéraiUes  solennelles  dans 
une  église  ultra-catholique,  celle  du  curé  Aubry,  •  démon- 
trent que  Paré,  qu'il  ait  ou  non  vécu  calviniste  (c'est  encore 


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-  491  - 

une  question  malgré  l'historietle  de  Brantôme),  est  mort 
catholique.  ■ 

On  lira  avec  grand  plaisir  la  brochure  de  M.  Trévédy. 
Très  précise  et  très  cntique  dans  le  fond,  très  littéraire 
dans  la  forme,  elle  est  un  excellent  spécimen  des  ces  attra- 
yants travaux  historiques  dans  lesquels  l'art  d'un  aimable 
conteur  vient  rehausser  l'intérêt  des  faits  qu'ils  s'est  donné 
mission  d'exposer. 


Ambroise  PsLTé  est-îl  mort  catbollqae?  par  M.  /.  Tré- 
védy, dans  l'Indépendant  de  fOuest  des  4,  8  et  6  juin  1890. 

Un  rédacteur  du  journal  Le  Temps,  en  prêtant  à  M.  Vic- 
torien Sardou,  dans  un  numéro  du  mois  de  mai  1890,  les 
paroles  suivBntes  :  «  Les  fausses  légendes  demeurent... 
Ambroise  Paré  est  mort  protestant  :  il  était  catholique...  • 
ne  se  doutait  probablement  pas  de  la  longue  et  intéressante 
controverse  qu'il  allait  provoquer.  Il  en  a  été  ainsi  cepen- 
dant. 

En  effet,  M.  Aquilas  Cleisz  a  tout  d'abord  écrit  au  Tempe 
une  lettre  daté  de  Nancy,  pour  rééditer  deux  historiettes 
de  Brantôme' et  de  Sully'qui  présentent  Ambroise  Paré 
comme  huguenot,  et  un^assage  de  Paré  lui-même  d'après 
lequel  il  aurait  été,  au  aiege  de  Rouen  et  pour  fait  de  reli- 
gion, victime  d'une  tentative  d'empoisonnement.  H.  Cleisz 
sait  bien,  à  la  vérité,  que  Paré  fut  inhumé  en  1890  dans 
l'église  de Saint-André-des-Arcs;  mais celal'embarrasse peu, 
car  d'après  lui  le  trouble  des  temps  suffit  à  expliquer  cette 
apparente  anomalie.  Il  n'hésite  donc  pas  à  traiter  de  «  lé- 
gende inventée  par  Malgaigne  •  la  prétendue  conversion 
a' Ambroise  Paré  après  la  Samt  Barthélémy. 

Puis  c'est  M.  Aug.  Vitu  qui  vient  affii-mer,  dans  le  même 
journal,  que  Paré  fut  toujours  cqtholique.  Il  s'appuie,  pour 
le  prouver,  sur  le  Dictionnaire  critique  de  Jal,  qui  cite 
non-seulement  l'acte  mortuaire  d'Ambroise  Paré  '  enre^s- 
tré  à  Saint-André-des-Arcs,  mais  une  suite  de  vingt-cmq 
actes  delà  même  paroisse  prouvant  que,  pendant  soixante 
ans.  Paré,  ses  deux  femmes  et  tous  leurs  enfants  vécurent 
et  moururent  dans  la  religion  catholique.  La  série  de  ces 
actes  commence  en  1S45,  vmgl-sept  ans  avant  la  Saint-Bar- 

1.  Discours  sur  Coligny.  —  Discours  sur  Chartes  IX. 
%.  Mémoires  de  Sully,  livre  I*',  année  1572. 
3.  J(il,  Dictionnaire  critique,  p.  936;  —  Voir  aussi  Moreri, 
VIII,  p.  71,  éd.  de  1759. 


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-  492  - 

thétémy  ;  les  événements  de  cette  nuit  célèbre  ne  peuvent 
donc  avoir  eu  aucune  influence  sur  la  religion  de  Paré. 

Le  25  mai  VEcho  de  la  Mayenne  qui  avait  reproduit,  dans 
son  numéro  du  H,  la  controverse  du  Temps,  recevait  à  son 
tour  une  lettre  signée  «  C  Montagne.  »  Ce  dernier  invoque, 
en  faveur  du  calvinisme  d'Ambroise  Paré,  son  propre  té- 
moignage, d'après  une  pièce  rare  conservée  à  la  Bibliothè- 
que nationale 'et  citée  parle!)' Le  Paulmier*.  Quantaux  actes 
de  Sainl-André-des-Arcs,  M.  Montagne  les  admet,  du  moins 
en  ce  qui  concerne  la  famille  de  Paré  ;  mais  selon  lui,  les 
dif^cultés  politiques  de  l'époque,  le  milieu  dans  lequel  vi- 
vait l'illuslre  chirurgien  l'obligeaient  à  ménager  aussi  bien 
les  catlioliques  que  les  calvinistes  ;  il  pense  en  outre  que, 
grâce  k  son  intelligence  supérieure,  il  devait  être  anime  de 
sentiments  aussi  larges  que  tolérants.  Enfin  il  refuse  for- 
mellement d'admettre  que  Paré  soit  rentré  dans  le  catholi- 
cisme. 

M.  J.  Trévédy,  qui,  dans  la  brochure  analysée  par  nous 
plus  haut',  avait  déjà  pris  position,  est  intervenu  a  son  tour 
et  a  publié,  dans  Vlndépendayil  de  l'Ouest  des  4,  5  et  6  juin 
1890,  le  résultat  de  ses  recherches. 

Après  avoir  très  clairement  résumé  le  débat,  il  constate 
chez  M.  Cleisz  une  certaine  faiblesse  d'argumentation.  Il  es- 
time que  les  anecdotes  de  Sully  (1S6i)  et  de  Brantôme 
(1572)  ne  prouvent  pas  que  Paré,  vingt-huit  et  dix-huit  ans 
plus  tard,  en  1590,  ne  fût  pas  revenu  a  la  foi  catholique.  II 
reproche  en  outre  à  M.  Cleisz  de  citer  incomplètement  Mal- 
gaigne  et  d'incriminer  un  peu  à  la  légère  son  imagination, 
ualgaigne  dit  en  effet*  que  Paré  lit  profession  delà  foi  ca- 
tbobque  après  la  Saint-Barthélémy,  mats  qu'avant  cette 
époque  son  catholicisme  est  seulement  vraisemblable. 

M.  Trévédy  ne  s'arrête  pas  à  la  lettre  de  M.  Montagne 
qui,  d'après  lui,  se  borne  a  reproduire  un  passage  du  D' 
Le  Paulmier,  et  qui  d'ailleurs  se  dispense  d'expliquer  com- 
ment le  calviniste  Ambroise  Paré  reçut  une  sépulture  catho- 
lique. 

II  en  vient  de  suite  à  exposer  sa  propre  opinion. 

1.  Petit  i_n-4''  de  15  pages  de  42  lignes,  caractères  gras. 

2.  D'  Le  Paulmier,  AmbroUe  Pari,  in-4o,  Paris,  Cheravay, 
1885. 

3.  Luuaa  bretonnes  au  XVI*  aiècle  ;  Voyage  de  Paré  en  Bre- 
tagne. 

4.  Malgai^e.  Œuvres  d'Ambroise  Paré,  la-k"  1840.  tome  1", 
p.  CCLX3CX1,  tome  III,  p.  XIV  ;  —  Voir  aussi  Eloy,  Histoire  de 
la  médecine  ancienne  et  moderne,  i77$. 


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-  493  - 

Tout  d'abord  il  divise  judicieusement  le  problème  en 
deux  parties  : 

1"  Paré  a-t-iiuec«  calviniste? 

2°  Paré  est-il  mort  catholique  ? 

«  La  crémière  question,  dit-il,  reste  entière,  même  après 
les  dernières  pubucalions,  et  j'essaierai  de  l'étudier  quel- 
que jour.  Mais  dès  aujourd'hui  je  suis  prêt  sur  la  seconde 
question.  > 

M.  Trévédy  commence  par  citer  la  pièce  capitale,  l'acte 
de  décès  copié  par  Jal  sur  les  registres  de  Saint-André-des- 
Arcs',  dont  on  a  conclu  que  si  Ambroise  Paré  fut  à  une  cer- 
taine époque  calviniste,  il  mourut  du  moins  catholique. 
Cette  conclusion  s'impose  même  tellement  qu'elle  a  étran- 
gement gêné  les  écrivains  protestants,  lesq^uels  tiennent, 
—  et  cela  s'explimie,  —  à  conserver  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie  Paré  au  nombre  de  leurs  coreligionnaires.  Ne  pou- 
vant s'inscrire  en  faux  contre  l'acte  de  décès,  ces  écrivain» 
tentent  de  tourner  la  difficulté,  et  ne  craignent  pas  d'émet- 
tre dans  ce  but  les  propositions  les  plus  téméraires,  com- 
me celle-ci  «  que  c'est  justement  en  qualité  de  calviniste 
que  Paré  fut  inhumé  à  Saint-André-des-Arcs...  » 

MM.  Haag  ont  écrit  que  la  ville  de  Paris  n'ayant  ni  égli- 
ses, ni  cimetières  consacrés  aux  protestants  lorsque  mou- 
rut Ambroise  Paré,  .ce  dernier  n'avait  pu  être  inhumé  que 
dans  un  cimetière  catholique  el  par  un  prêtre  catholique, 
ils  citent  l'exemple  de  Clément  Marot,  qui  fut  enterré  ca- 
tholiquement  dans  une  église,  à  Turin,  et  rappellent  cer- 
tains arrêts  du  Parlement  ordonnant  des  exhumations 
d'hérétiques. 

M.  Trévédy  répond  que  l'exemple  de  Clément  Marot,  ai- 
mable poète,  joyeux  viveur,  mais  très  peu  ferme  dans  sa 
foi,  est  assez  mal  choisi.  Quelle  comparaison  établir  d'ail- 
leurs entre  Paris  en  1590  et  Turin  en  1544  ï 

Quant  aux  arrêta  du  Parlement,  ils  ne  sont  pas  en  faveur 
de  MM.  Haag,  car  on  n'en  connaît  aucun  qui  ait  ordonné 
l'exhumation  d'Ambroise  Paré,  d'où  il  serait  permis  de  con- 
clure qu'il  ne  mourut  pas  hérétique. 

D'ailleurs  MM,  Haag  vont  beaucoup  trop  loin  en  affir- 
mant que  les  huguenots  de  Paris  obtenaient  des  conces- 
sions dans  les  églises. 

11  est  vrai  qu'a  Paris  les  calvinistes  étaient  placés  sous 


1.  En  voici  le  texte  :  «  En  ce  mesme  jour,  22<  de  décembre 
1590,  a  esté  enterré  dans  l'église  Saint-André-des-Arcs,  à  Paris, 
au  bas  do  la  nef  proche  le  cloché,  M"  Ambroise  Paré,  premier 
«hirurgien  du  Roy.  d 


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—  494  - 

un  régime  d'exception  ;  ils  ne  possédaient  pas  en  cette 
ville,  comme  ailleurs,  des  églises,  des  pasteurs  et  des  cime- 
tières. Ils  étaient  inhumés  dans  des  coins  réservés  des  cime- 
tières catholiques',  la  nuit  et  sous  la  surveillance  de  la 
police.  Mais  des  1S76'  un  édit  leur  assigna  pour  lieu  spé- 
cial de  sépulture  le  cimetière  de  la  Trinité  ;  cet  édil  fut 
corroboré  par  ceux  de  1 379  '  et  de  1580  '. 

Tout  était  donc  prêt,  lorsque  Paré  mourut,  pour  que  son 
corps  fût  reçu  dans  un  cimetière  calviniste,  si  sa  religion 
l'y  avait  destiné. 

Il  est  d'ailleurs  exorljilant  d'avancer  que  le  clergé  catho- 
lique pût  se  charger  d'inhumer,  même  moyennant  finance, 
au  mépris  de  sa  conscience,  au  mépris  des  canons,  les  corps 
des  calvinistes  et  cela  en  1590,  au  moment  où  la  Ligne 
était  dans  toute  sa  puissance. 

Paré  a  élé  inhumé  en  grande  pompe  dans  une  église  ca- 
tholique, en  un  sol  que,  semble-l-il,  il  avait  acheté  antérieu- 
rement pour  servir  de  sépullm-e  à  sa  famille,  et  cela  à  une 
époque  où  un  emplacement  spécial,  où  des  formalités  léga- 
les étaient  réserves  et  imposés  pour  l'inhumation  des  calvi- 
nistes... Qui  voudra  se  rallier,  en  présence  de  ces  faits,  à 
la  conclusion  de  MM.  Haag? 

H,  Aquilas  Cleisz  constate  que  les  réformés  avaient  un 
cimetière  à  Paris  en  1590.  Pour  expliquer  la  sépulture  ca- 
tholique de  Paré,  il  prétend  que  la  Ligue  étant  alors  dans 
toute  sa  force  à  Paris,  un  enterrement  calviniste  eût  été 
impossible,  au  moment  où  le  cadavre  de  Palissy  lui-même 
était  dévoré  par  les  chiens  sur  les  remparts. 

M,  Trévédy  répond,  —  ce  que  MM.  Haag  ont  du  reste  re- 
connu eux-mêmes,  —  que  le  cas  de  Palissy  est  tout  excep- 
tionnel. Sequeslré  par  Bussy  Leclerc,  l'un  des  plus  farou- 
ches parmi  les  Seize,  dans  la  propre  maison  de  ce  dernier, 
il  fut  jeté  à  la  voirie  par  ce  geôlier  volontaire  et  vindicatif. 
M.  Cleisz  ne  conclura  pas  sans  doute  de  ce  fait  que  tous  les 
calvinistes  restaient  sans  sépulture. 

Il  en  conclut  cependant  que  Paré  ne  pouvait  être  inhumé 
que  dans  une  église...  Mais  ici  M.  Trévédy  déclare  qu'il  ne 
comprend  plus.  Comment  !  dit-il,  c'est  le  curé  Aubry,  de 
Saint-Andre-des-Arcs,  le  plus  ligueur  des  curés  parisiens, 
qui  aurait  fait  à  un  huguenot  un  enterrement  en  grande 


1.  Bdit  de  pacilication  du  l'i  décembre  1563,  art.  11. 

2.  Edit  de  mai  1576,  article  6. 

3.  Edit  de  Poitiers,  septembre  1589,  art.  20. 

4.  Edit  de  Blois,  décembre  1580,  art.  7. 


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pompe*  t  Aubpy  qui  prêchait  contre  Henri  IV,  contre  le  pape 
Sixle-Quinl  lui-niéme  qu'il  trouvait  trop  tiède,  et  qui  lut 
pendu  en  effigie,  pour  excès  de  zèle,  en  159S  1  Auhry  qui, 
voisin  d'Ambroise  Paré,  devait  le  connaître  ainsi  que  tou- 
te sa  famtUe  et  avait  même  contre  lui  un  grief  person- 
nel 1  Cela  n'est  pas  vraisemblable,  et  l'assistance  au  curé 
Aubry  est  à  elle  seule  le  meilleur  des  certificats  de  catlioli- 
cjsme. 

Mais  M.  Trévédy  ne  se  contente  pas  de  répondre  à  ses 
adversaires.  11  apporte  encore  des  preuves  à  l  appui  de  son 
opiiûon. 

Tout  d'abord,  dit-il,  nous  avons  en  notre  faveur  la  pos- 
session d'état.  Ambroise  Paré  naquit  avant  la  prédication  de 
Luther  :  donc  il  fut  élevé  dans  le  catholicisme.  Il  faudrait, 
en  bonne  justice,  nous  prouver  par  des  actes  authentiques 
qu'il  est  devenu  calviniste...  Mais,  cette  preuve  fiit-elle 
faite,  nous  pourrions  encore  la  combattre  par  des  preu- 
ves contraires.  Nous  possédons  en  effet  trois  actes  authen- 
tiques, de  1533,  1o7S  et  lâ8î,  qui  nous  le  montrent  agissant 
comme  catholique. 

Les  deux  premiers  sont  des  actes  de  baptême  enregistrés 
à  Saint-André-des-Arcs  ',  sa  paroisse.  Paré  y  figure  comme 
parrain.  Or  un  parrain  ne  pouvait  être  que  catholique,  car 
il  devait  prononcer  une  profession  de  foi  catholique  et  il 
contractait  en  outre,  à  l'égard  du  nouveau-né,  une  sorte  de 
paternité  spirituelle.  Cet  argument  acquiert  même  un  très 
grand  poids  si  on  considère  le  second  des  actes  visés,  car 
entre  les  deux,  1553-1578,  se  place  le  concile  de  Trente 
(1363),  et  au  lendemain  de  ce  concUe  les  règles  édictées 
par  les  anciens  canons  sur  la  qualité  des  parrains  durent 
être  scrupuleusement  observées. 

Le  troisième  acte  est  le  testament  même  d'Ambroise 
Paré,  écrit  en  1587.  A  cette  époque  la  Ligue  n'était  pas  en- 
core maîtresse  de  Paris.  Les  édits  royaux  recevaient  leur 
pleine  exécution  et  les  calvinistes  étaient  enterrés  au  cime- 


edé- 

2.  Ces  actes  ont  été  exhuméa  et  signalés  pour  la  première  fois 
par  M.  le  D'  Corlieu.  Les  voici  : 

B  1553,  avril  9  (Dimanche  des  octaves  de  Pasques).  Baptême  de 
Geneviève  Gréaulme.  IHIe  de  Marie  Du  Puys,  P(arrain)  M*  Am- 
broise Paré,  chirurgien  du  roi.  M(arraine)  Cathenne  du  Puys, 
fille  non  mariée.  » 

«  Le  21  mars  1578.  baptême  d'Ambroise,  fils  de  Claude  Vîart, 
chirui^en  à  Paris,  et  de  Jeanne  Paré.  P(arrains)  M*  Ambroise 
Paré  et  Guillaume  Loquet...  i> 


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tière  spécial  de  la  Trinité  par  les  soins  du  ^et.  Or  Am- 
broise  Paré  y  exprime  le  désir  d'être  inhume  •  en  Céglite 
de  Saint-André-aes-Arcs,  avec  lemotns  de  pompe  possible'.  > 

Esl-ce  un  calviniste  qui  a  pu  écrire  ces  lignes  î  Paré  cal- 
viniste eût-il  ignoré  que  sa  place  était  marquée,  par  l'édil 
de  1576,  au  cimetière  de  la  Trinité  î  Et  dans  le  cas  même 
où  le  trouble  des  temps  aurait  pu  embrouiller  les  choses  au 
point  de  le  faire  enterrer  catholiquement,  —  étrange  hypo- 
thèse !  —  aurait-il  eu  à  redouter  une  sépulture  pompeuse? 

Celte  clause  du  testament,  si  elle  n'est  pas  signée  d'un 
catholique,  est  d'un  homme  atteint  de  démence  ou  de  sé- 
nilité. Or  Àmbroise  Paré,  quand  il  l'écrivit,  était  en  pleine 
possession  de  ses  facultés,  ainsi  qu'il  le  prouva  encore  trois 
ans  plus  lard  et  quatre  mois  avant  sa  mort,  en  tenant  tèle 
à  l'archevêque  de  Lyon  (août  1590). 

M,  Trévedy  termine  en  concluant  hardiment  qu'Am- 
broise  Paré  est  morl  catholique.  Il  recueille  ainsi  le  béné- 
fice d'avoir  si  judicieusement  distingué  deux  termes  dans 
la  question,  celui  de  la  vie  et  celui  de  la  mort  d'Ambroise 
Paré. 

Espérons  que  H.  Trévédy  tiendra  sa  promesse  en  recher- 
chant aussi  quelque  joui-  si  Ambroise  Paré  vécut  calviniste. 

Nous  ne  saurions  en  aucune  façon  préjuger  ce  qui  res- 
sortira de  ce  débat  nouveau  ;  mais  nous  croyons  devoir  ci- 
ter, en  terminant,  une  phrase  de  M.  Trévedy  lui-même  : 
«  Paré  était  un  de  ces  hommes  modérés  d'opinions  qu'on 
(  nommait  les  politiques.  Dévoué  au  roi  qu'il  avait  fidèle- 
«  ment  servi,  ('/aspirai/,  pour  tes  autres  comme  pour  lui- 
€  même,  à  la  tolérance  religieuse  et  à  la  paix.  » 

Cette  idée  avait  déjà  été  jetée  une  première  fois  dans  la 
controverse  par  l'un  de  ceux  qui  y  ont  pris  part*.  Mais  esl-ce 
trop  de  la  répéter,  et  ceux  qui  savent  hre  entre  les  lignes 
n'y  verront-ils  pas  une  expbcation  toute  simple  des  contra- 
dictions que  présente,  au  moins  dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances,  la  vie  religieuse  d' Ambroise  Paré  f 

On  trouvera  peut-être  que  nous  avons  donné  à  ce  compte- 
rendu  de  bien  longs  développements.  Nous  dirons,  pour 
notre  décharge,  que  nous  avons  cru  être  agréable  aux  lec- 
teurs du  Bulletin  en  leur  offrant  un  aperçu  de  l'intéres- 
sant débat  qui  vient  d'avoir  lieu  ;  en  outre,  ce  débat  s'étant 
déroulé  dans  des  feuilles  essentiellement  éphémères  par 


1.  D'  Le  Paulmier,  p.  113  et  114,  d'après  une  communication' 
de  M.  le  D''  Bégin,  possesseur  d'une  copie  du  testament. 

2.  M.  MoRtajpie.  Kc/io  de  la  Mayenne  du  25  mai  1890. 


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leur  nature,  il  n'est  peut-âtre  pas  inutile  d'en  fixer  les  prin- 
cipaux traits  dans  un  recueil  durable,  que  chacun  conser- 
vera et  pourra  toujours  aisément  consulter'. 


ObaervatiODs  sur  l'ouvrage  intitulé  :  «  Littoral  de 
la  France  »  (Arrondiaaement  de  Quimper),  par  M.  /. 

Trévédy;i  broch.  in-8°,  Rennes,  Caillière;  Quimper,  Sa- 
la un,  1890. 

Quelque  pénible  qu'il  soit  souvent  de  porter  le  bistouri 
dans  les  fongus  historiques,  c'est  une  lâche  devant  laquelle 
on  ne  devrait  jamais  reculer;  les  écrivains  qui  n'hésitent 
pas  à  l'entreprendre  méritent  donc  notre  respect. 

Tout  le  monde  connaît  un  ouvrage  tiré  à  des  milliers 
d'exemplaires,  chargé  de  gravures,  paré  d'une  couverture 
élégante,  intitulé  Le  Littoral  de  la  France.  Cet  ouvrage  est 
dû  à  la  plume  littéraire  de  madame  Vattier  d' Ambroyse, 
qui  a  signé  le  premier  volume  du  pseudonyme  de  Charles 
Aubert. 

Kh  bien!  si  nous  en  croyons  M.  Trévédy,  qui  n'a  dissé- 
qué cependant  que  la  partie  du  second  volume  relative  à 
1  arrondissement  de  Quimper,  cet  ouvrage  fourmillerait 
d'erreurs  historiques...  Il  a  pourtant  été  couronné  par  l'Ins- 
titut... Mais  M.  "Trévédy  fait  judicieusement  observer  que 
tous  les  académiciens  ne  sont  pas  tenus  de  posséder  leur 
histoire  de  Bretagne  aussi  bien  que  M.  de  La  Borderie. 

Nous  ne  suivrons  pas  M.  Trévédy  dans  les  nombreuses 
critiques  qu'il  fo^mule,  souvent  avec  beaucoup  de  verve  et 
d'humour. 

M.  Trévédy  apporte  d'ailleurs,  dans  ses  rectifications, 
toute  la  réserve  gue  peuvent  lui  inspirer  le  sexe  et  le  talent 
de  madame  Valtier  d'Amboyse;  il  espère  qu'il  en  sera  tenu 
compte  et  que  les  futures  éditions  du  Littoral  de  la  France 
en  auront  profité.  Souhaitona-le  avec  lui,  car  les  ouvrages 
de  vulgarisation,  en  raison  même  du  nombre  de  leurs  lec- 
teurs, dont  presque  aucun  ne  songe  à  suspecter  l'autorité 
d'un  texte  imprimé,  devraient  toujours  être  irréprochables  ; 
nulle  part  en  effet  une  erreur  n'esl  aussi  dangereuse. 


1.  Depuis  que  ces  lignes  ont  éU  écrites,  un  tirage  à  part  a 
fait,  sous  tonne  de  brochure,  de  l'article  de  H.  Trévédy. 


été 


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Documents  inédita  sur  la  Guerre  de  Cent  Ans,  pabl. 
par  M.  André  Joûbert;  \  broch.  in-g",  extraite  de  la  Reotie 
de  l'Anjou,  Angers,  Germain  et  Grassin,  i890. 

M.  A.  Joùbert  nous  donne,  dans  cette  brochure,  quatre 
pièces  inédites  extraites  pour  lui,  par  M.  E.  Bougenot,  des 
manuscrits  du  British  Muséum.  Elles  sont  relatives  aux  né- 
gociations entamées  entre  les  Français  et  les  Anglais  au 
sujet  de  l'échange  de  Charles,  duc  d'Oriéans,  et  de  Jean, 
comte  d'Angouléme,  captifs  en  Angleterre,  contre  les  sei- 
gneurs anglais  faits  prisonniers  à  la  bataille  de  Baugé  {tt 
mars  14:210  négociations  qui  échouèrent  devant  le  refus 
obstiné  du  roi  d'Angleterre,  Henri  V. 

L'auteur  fait  remarquer  lui-même  que  M.  Du  Fresne  de 
Beaucourt,  dans  son  ouvrage  récent  et  si  rempli  d'érudition 
sur  VHisloire  de  Charles  VII,  ne  mentionne  pasces  négocia- 
tions et  semble  les  avoir  ignorées,  ^  Les  documents  publiés 
tiar  M.  Joûbert  n'en  offriront  donc  que  plus  d'intérêt,  et 
eur  publication  comblera  une  des  nombreuses  lacunes  qui 
existent  encore  dans  notre  histoire. 


Le  Testament  de  Jean  de  Craon,  seigneur  de  La  Suxe 

et  de  Chantocé  (avant  i432),  par  M.  André  Joûbert;  1 
brocb.  in-8°,  extraite  de  la  Revue  du  Maine,  Mamers,  Kleury 
et  Dangin,  1890. 

Jean  de  Craon,  seigneur  de  La  Suze  et  de  Chantocé,  était 
fils  de  Pierre  de  Craon,  soldeur  de  Craon,  et  de  Catherine 
de  Hàchecoul.  Il  épousa  Beatrix  de  Rochefort,  puis  en  se- 
condes noces  Anne  de  Sillé,  veuve  de  Jeair  de  Monceau.  Il 
fut  nommé  en  1427,  par  Yolande  d'Aragon,  lieutenant- 
général  des  provinces  d'Anjou  et  du  Maine.  Jeanne  Chabot 
finstitua  héritier  de  la  baronnie  de  Kais.  11  mourut  en 
1432. 

Son  testament,  non  daté,  mais  forcément  antérieur  à 
1432,  est  conservé  au  chartrier  de  Thouars. 

Par  c«  testament  il  ordonne  sa  sépulture  dans  la  cha[>eUe 
de  Craon  de  l'église  des  Frères  Mineurs  d'Angers,  règle 
certains  détails  de  ses  funérailles,  fonde  trois  chapellenies. 
des  messes,  lègue  divers  objets  ou  des  sommes  d'argent  à 
des  membres  de  sa  famille,  a  des  couvents  ou  aumôneries, 
donne  13  lits  garnis  aux  aumOneries  de  Chantocé  et  du 
Louroox,  etc. 

M.  Aiidré  Joùbert.  avec  le  soin  qu'il  apporte  toujours  en 
de  semblables  travaux,  a  pris  la  peine  d'annoter  largement 
cette  pièce,  d'ailleurs  fort  intéressante  par  elle-même. 


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Catalogue  dOB  Qentilabommes  de  l'Anjou  lors  de  la 
rw^bercbe  de  la  noblesse  de  {$66,  par  M.  Voisin  de  la 
Noirays,  Intendant  de  Tours,  publié  par  M.  Paul  de 
Farcy,  \  brocli.  in-8%  Vannes,  Lafotye,  1890. 

Louis  XIV,  voulant  procéder  à  la  réformation  de  la  no- 
blesse de  France,  nomma  Jetin-Bapltsle  Voisin  de  la  Noi- 
rays commissaire  à  ceL  effet  pour  les  provinces  de  Touraine, 
Anjou  et  Maine.  Les  recherches  durèrent  quatre  ans  et 
leurs  résultats  furent  consignés  dans  trois  registres.  Ces 
registres  ont  été  perdus  depuis  lot'S  ;  mais  chacun  d'oux 
était  accompagné  d'un  catalogue  ou  répertoire  des  gentils- 
hommes de  la  province.  Un  heureux  hasard  a  fait  tomber 
le  catalogue  des  gentilshommes  d'Anjou  autre  les  mains 
de  M.  Paul  de  Farcy,  qui  le  pubhe  in  extenso,  après  avoir 
eu  soin  d'y  rétablir  l'ordre  alphabétique. 

Dans  ce  document  plus  de  quatre  cents  familles  se  trou- 
vent mentionnées  ;  citons  au  hasard  :  d'Andigné,  de  la 
Barre,  du  Boisjourdan,  du  Bual,  de  la  Chevallerie,  de  Clii- 
vray,  de  la  Corbière,  Le  Cornu  du  Plessis  de  Cosmes,  du 
Coudrai,  de  Cuillé,  des  EcoLlais,  de  Farcy,  de  Fonlenelle, 
Girard  de  Chamacé,  Le  Gouz  de  la  Boullaye,  Hardouin,  de 
la  Haye,  Héliand,  Jarret,  Joubert,  de  Juigné,  de  La  Lande, 
de  Lanlivy,  de  Levislon,  de  Loré,  de  Mariigné,  de  la  Holte- 
Barassé,  Minault,  de  Pillois,  de  la  Planche  de  Ruillé,  de 
Quatrebarbes,  de  Racappè,  de  la  Roussardière,  de  la  Sau- 
gère,  etc. 


Notice  historique  sur  Andouillé  par  M.  G.  Calais,  ins- 
tituteur ;  i  broch.  in-8°,  Mayenne,  PoirierBéalu,  1890. 

L'auteur  de  cette  brochure  a  recueilli  avec  soin,  dans  les 
documents  imprimés  et  dans  les  pièces  manuscrites  qu'il  a 
pu  rencontrer,  tout  ce  qui  se  rapportait  à  la  commune 
d' Andouillé.  Il  a  réuni  le  tout  et  en  a  formé  l'ensemble  qu'il 
présente  aujourd'hui  au  lecteur. 

L'histoire  d'Andouillé,  qui  pourrait,  comme  beaucoup 
d'autres,  être  indéfiniraeni  allongée,  n'est  pas  abondante 
en  faits  marquants.  Néanmoins  l'auteur  a  su  profiter,  avec 
beaucoup  d'habileté,  de  tout  oe  qui  s'y  rattache,  pour  en 
composer  un  récit  intéressant. 

Après  avoir  dît  ce  qu'il  a  appris  sur  les  époques  préhis- 
torique, gauloise,  mérovingienne  et  carolingienne,  il  don- 
ne quelques  détails  sur  les  temps  féodaux,  sur  l'aduiiniB- 
tration  avant  1789  ;  il  reproduit  le  cahier  des  plaintes  et 
doléances  de  la  paroisse  d'Andouillé  envoyé  aux  Etats 


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Généraux  el  aborde  ensuite  la  période  révolutionnaire  : 
cette  partie  est  la  plus  développée  de  son  travail  ;  mais  il  ne 
s'arrête  pas  là  et  il  note  jusqu'à  nos  jours  les  faits  qui  peu 
vent  élre  considérés  comme  intéressant  l'histoire  de  la  com- 
mune. C'est  ainsi  qu'après  avoir  débuté  en  si^nalanL  un 
menhir,  il  termine  en  enregistrant  la  date  de  création  d'un 
bureau  télégraphique. 

Comme  on  le  voit  le  cadre  est  complet  ;  ajoutons  que  M, 
G,  CatoisTa  rempli  avec  toute  conscience  et  qu'il  a  dû  se 
livrer  à  de  patientes  recherches  pour  rassembler  les  divers 
traits  qui  forment  son  tableau. 

Son  travail  révèle  une  bonne  connaissance  des  sources, 
un  esprit  judicieux  et  de  l'habileté  dans  la  mise  en  œuvre. 
Nous  ferons  donc  volontiers  nos  compliments  à  M.  G.  Catois 
Nous  lui  souhaiterons  aussi  beaucoup  d'imitateurs  :  il  y  a 
en  effet  clans  noire  département  une  quantité  de  commu- 
nes qui  fourniraient  aisément  matière  a  des  monographies  ; 
il  n'en  est  guère  de  si  petite  ni  de  si  ignorée  sur  laquelle  on 
ne  puisse  réunir  des  documents  intéressants.  M.  G.  Catois 
vient  de  s'engager  avec  succès  dans  cette  voie  ;  espérons 
que  beaucoup  de  ses  collègues,  et  d'autres  aussi,  auront  à 
cœur  de  l'y  suivre. 


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NOUVELLES 


Musée  de  Lavât  :  Achat  de  la  collection  Bourgneuf. 

Le  Conseil  municipal  de  Laval,  dans  sa  séance  du  22  avril 
1890,  a  approuvé  l'acquisition,  négociée  au  profit  du  Musée 
de  Laval,  de  la  collection  d'objets  d'art  appartenant  à  feu 
M.  Bourgneuf.  Cette  colle<-.iion  comprend  : 

20  miniatures,  portraits  (i79S  à  1840). 
2  émaux  encadrés  (XVIH'  siècle). 
4  médaillons  (émaux). 
1  boussole-cadran-solalre,    cuivre,    travail    hollandais 

(XVIII' siècle). 
1  boussole-cadran-solaire. 

1  boîte  à  mouches,  émail  (Louis  XV). 

2  tabatières  (Révolution). 
1  râpe  à  tabac  (Louis  XV). 

22  monnaies  or  (XV  au  XIX*  siècle). 
1  monnaie  espagnole,  or  (XVr  siècle). 
1  monnaie  romaine,  or. 

1  médaille  Léon  Xll,  or. 

2  montres  avec  boilier  émaillé  (XVIH*  siècle). 
1  christ  ivoire. 

10  décorations  diverses  (1800  à  nos  jours). 
48  médailles  (bronze). 

6  bustes  bronze  (an  du  XVIII'  siècle). 

1  buste  bronze  (Louis  XVIII). 

1  buste  biscuit,  Louis  XIV  (moderne). 

2  statuettes  bronze  (XVIII"  siècle). 
2  cachets  ivoire  (2*  empire). 

8  statuettes  ivoire  fXVIl'  et  XVIII*  siècle). 

2  bronzes  chinois. 

2  statuettes  cuivre  [Louis  XV). 

1  statuette  bois  (XVir  siècle). 

2  pistolets  (Louis  XVI). 

1  lot  d'armes  (sabres  et  épées,  10  objets). 


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-  802  - 

i  encrier  empire. 

1  coupe  empire, 

1  ivoire  moderne. 

1  ivoire  japonais. 
38  monnaies  argent. 
ii  médailles  argent. 
12  camées. 
30  bijoux  divers  (argent  et  or). 

8  cactiets  (argent  et  or). 

6  médailles  romaines  (bronze). 
Médailles  diverses. 

1  boite  laque  (Louis  XV). 

1  sucrier  argent  (Empire). 

1  sucrier  argent  [Restauration). 

2  statuettes  cuivre  et  argent. 

A  ajouter  : 
î  tableaux. 

1  portrait  au  crayon  par  Henri  Monnier. 
1  lot  de  se  volumes. 

On  ne  saurait  trop  applaudir  à  une  semblaMe  acquisi- 
tion. 

Nous  espérons  d'ailleure  n'en  avoir  pas  fini  avec  elle,  car 
il  est  probable  que  le  Bulletin  reviendra  sur  quelques  uns 
au  moins  des  objets  qui  y  sont  compris. 


Académie  des  Inscriptions  et  Belles- Lettres. 

M.  Héron  de  Villefosse  entretient  l'Académie  d'un  frag- 
ment d'inscription  romaine  conservé  au  musée  de  la  pré- 
fecture du  Mans  et  dont  l'origine  est  inconnue.  Les  uns  ont 
pensé  que  ce  fragment  avait  été  découvert  à  Jublains,  les 
autres  l'ont  indiqué  comme  venant  d'Alonnes;  mais  ces 
deux  provenances  sont  aussi  incertaines  l'une  que  l'autre. 

La  restitution  de  la  première  ligne  de  ce  fragment  pré- 
sentait des  difficultés  qui  ont  disparu  à  la  suite  d'une  dé- 
couverte récente  faite  en  Angleterre.  Il  s'agit  d'une  palère 
en  bronze  conservée  au  musée  Newcaatle  sur  laquelle  est 
gravé  le  nom  d'Apollon  Anexliomarus.  C'est  ce  nom  divin 
qui  est  inscrit  à  la  première  ligne  de  l'inscription  du  Mans. 
Cela  résulte  de  la  confrontation  de  deux  monuments. 

M.  Hauréau  doute  que  ce  fragment  ait  été  trouvé  à  A]on- 
nes.  C'est  lui  (]ui  a  commencé  ces  fouilles  et,  parmi  les  dé- 
bris transportes  d'Alonnes  au  Mans,  on  ne  lui  a  signalé  au- 
cun fragment  de  ce  genre. 

(NouveltisU  de  la  Sarthe  des  16  et  il  mai  1890/ 


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On  nous  annonce  qu'il  vient  de  se  fonder  à  Chàleau-Gon- 
lier,  à  l'exemple  de  la  Société  des  Arts  Séunis  de  Laval,  une 
Société  Artistique  qui  se  propose  de  créer  des  expositions 
de  tableaux  anciens  et  modernes,  aquarelles,  dessins,  pho- 
tographies et  œuvres  d'art  en  général. 

Dans  le  Bureau  nous  remarquons  avec  plaisir  plusieurs 
Membres  de  la  Commission  Historique  delà  Mayenne,  MM. 
PauldeFarcy,  Vice-Président;  O'Uladden,  Commissaire  gé- 
néral ;  Gadbin,  Membre  du  conseil. 


Nous  lisons  dans  la  Sevue  du  Maine  : 

*  Dans  une  de  ses  dernières  séances,  la  Commission  Aj's- 
torigue  et  archéologique  de  la  Mayenne  a  proposé  à  la  no- 
mination de  M.  le  Préfet  de  la  Mayenne,  pour  le  titre  de 
correspondants,  plusieurs  membres  de  notre  Société,  anlé- 
rieurement  abonnés  au  Bulletin  que  publie  la  Commission. 
Nous  nous  empressons  de  remercier  MM.  les  membres  du 
bureau  de  la  Commission  historique  de  la  Mayenne  de  ce 
témoignage  de  sympathie.  Il  resserrera  davantage  encore 
les  liens  qui  unissent  si  heureusement  deux  Sociétés  dont 
les  éludes,  en  se  complétant  réciproquement,  sont  appelées 
à  faire  faire  d'incontestables  progrès  à  l'histoire  de  l'an- 
cienne province  du  Maine.  » 


Le  dernier  Bulletin  des  Bibliothèques  et  des  Archives, 
(année  1889,  n"  2),  contient  le  texte  du  Rapport  de  M.  le 
bibliothécaire  de  Laval  à  M.  le  ministre  de  V Instrtiction 
publique,  pour  Cannée  1888.  Nous  extrayons  de  ce  rapport 
les  renseignements  suivants  qui  peuvent  intéresser  bon 
nombre  de  nos  collègues  : 

«  Le  nombre  des  volumes  entrés  (à  la  bibliothèque  de 
Laval)  pendant  l'année  1888  a  été  de  572,  ce  qui  porte  à 
26,136  le  total  des  volumes... 

»  Parmi  les  dons,  nous  signalerons  en  premier  lieu  les 
manuscrits  laissés  à  notre  établissement  par  suite  des  dispo- 
sitions testamentaires  de  M.  Almire  Bernard,  ancien  notaire 
de  Saint-Pierre-sur-Orthe.  Ces  documents  qui  concernent 
exclusivement  l'histoire  du  Bas-Maine  se  composent  de 
30  volumes  in-fol.  et  d'environ  10  liasses.  On  y  remai-que  en 
particulier  :  3  vol.  in-fol.  d'extraits  du  registre  des  Insinua- 


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-  504  - 

lions  dii  diocèse  du  Mans  {1,900  pages);  15  vol.  in-fol, 
formant  un  ensemble  de  plus  de  5,000  pages  contenant  des 
notices  bisLoriques  paroissiales,  dont  plusieurs  sont  très 
importantes  et  semblent  prèles  pour  l'impression  ;  on  y 
trouve  des  documents  intéressants  sur  presque  toutes  les 
communes  de  l'arrondissement  de  Mayenne,  sur  une  partie 
de  celles  qui  sont  situées  au  nord  de  l'arrondissement  de 
Laval  et  sur  quelques  paroisses  des  départements  de  la 
Sartbe  el  de  l'Orne,  situées  aux  confins  du  département  de 
la  Mayenne.  * 

M.  A.  Bernard  était,  on  se  le  rappelle,  membre  titulaire  de 
notre  Société,  et,  à  l'époque  de  sa  mort,  nous  avions  eu 
occasion  de  signaler  sommairement  ce  legs  important  à  la 
bibliothèque  de  Laval. 

(Ibidem). 


M.  de  la  Sicotiêre,  sénateur  el  président  honoraire  de  la 
Société  historique  et  archéologique  de  l'Orne,  membre  (te 
notre  Société  depuis  l'époque  de  sa  fondation,  vient  d'ob- 
tenir de  l'Académie  française  un  prix  de  quinze  cents  francs 
pour  son  remarquable  ouvrage  :  Louis  de  Frotté  et  les  in- 
surrections normandes.  Nous  prions  notre  éminent  contrère 
d'agréer  l'expression  de  nos  respectueuses  félicititions, 
(Ibidem). 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  COMMISSION 


Frain  pe  la  Gaulayrje.  —  Un  Français  à  la  œiir  de  Po- 
togne,  le  chevalier  de  Pyrrhis,  ÎISI  à  1775,  \  br.  petit 
in-^".  Vitré  J.  Giiays,  Rennes,  Plihon,  1883. 

ID.  —  Journal  de  Guillaume  Langelier  (tié  à  Brêcé 
(Mayenne),  écrit  à  Fougères  de  J643  à  1650,  1  br.  petit 
in-S",  Rennes,  Piihon;  Vitré,  Lécuyer,  1884. 

m.  —  Le  Tiers  E (ai  au  Petit-Maine  et  paroisses  environ- 
nantes,  1  vol.  petit  in-S",  Vitré,  Lécuyer,  1885. 

iD.  —  Dei<x  discours  d'Arthur  de  la  Gibonnais...  167S- 
Î6ts5,  1  br.  petit  in-4».  Rennes,  Plihon,  1884. 

m,  —  Une  terre,  ses  possesseurs  catholiques  et  proies^ 
tants,  de  1200  à  1600,  i  vol.  petit  in-8".  Rennes,  Plihon, 
t)-p.  Oberthur,  1879. 

ID.  —  Mœurs  et  coutumes  des  familles  bretonnes  avant 
1789,  tomes  2  et 3;  2  vol.  petit in-4°,  Rennes.  Plihon  ;  Vitré, 
Guays,  1881  et  1883. 

Paul  de  Fahcy.  —  Catalogue  des  Gentilshommes  de  l'An- 
jou, lors  de  la  recherche  de  la  noblesse  en  1666.  par  M.  Voi' 
sin  de  la  Noirays,  Iniendani  de  Tours,  1  br,  in-8*,  Vannes, 
Lafoiye,  1890. 

F.  Cornée.  — Esprit-Aimé  Libour,  peintre,  né  à  Laval, 
1  br.  in-^",  Laval,  L.  Moreau,  1890. 

Louis  DuvAL.  —  V Enquête  philologique  de  ÎS12  dans  les 
arrondissements  d'Alençon  et  de  Mortagne,  vocabulaire, 
gramnmire,  phonétique,  1  br.  in-S"  Âlençon,  R.  de  Broise, 
1890. 

ID.  —  La  Rencontre  de  Richar d-Cœur-de-Lion  avec  Ro- 
ger d'Argentan;  Les  Sarrasins  de  Bomfront,  1  br.  in-S", 
Alençon,  Renault  de  Broise,  1890. 

ID.  —  Domfront  aux  XTI"  et  XIII*  siècles,  1  br.  in-S", 
Alençon,  U.  de  Broise,  1890. 

G.  Catois.  — Notice  historiq\ie  sur  Andouillé,  1  br.  in-S", 
Mayenne,  Poirier-Béalii,  1890. 


La  liste  des  ouvrages  offerts  à  la  Commission  sera 
insérée  à  cette  place,  sans  préjadice  du  compte-rendu 
qui  aéra  tait  de  tout  ouvrage  intéressant  le  Maine  dont 
elle  aura  reçu  deux  exemplaires. 


Le  Secrétaire  Général,  f.  f.  de  Gérant  (Loi  du  29  juillet  1881) . 

E.    MOREAU. 


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LE  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  BISTORIQUE  ET 
ARCHÉOLOGiaUE  DE  LA  MAYENNE  parait  tous  les 
trimestres  sous  forme  de  livraisons  comptant  environ 
i28  pages.  * 

Il  donne  des  gravures  et  illastratioBa  aussi  souvent 
que  le  permettent  les  sujets  traités  et  les  ressources  dont 
il  dispose. 

Les  personnes  étrangères  à  la  Commission  peuvent  s'y 
abonner  comme  à  toute  publication  périodique. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  de  DIX  FRANCS  par  an. 

Les  engagements  pour  cotisations  ou  abonnements 
continuent  de  plein  droit  s'ils  ne  sont  pas  dénoncés 
avant  le  l*'  janvier. 


Il  reste  encore  quelques  exemplaires  des  tomes  III, 
IV  et  V  de  la  première  série,  qui  sont  en  vente  au  prix 
de  six  francs  le  volume. 


Le  tome  I  de  la  2'  série  est  en  vente  au  prix  de  i2  francs. 


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BTULLETIIST 


DE  LA  COMMISSION 


DE   LA   MAYENNE 

CRiÊB  PAR  ARRÊTÉ   PRXrBCTORAL  DU  17  JANVIER  187t 


DEUXIÈME  Aa 

TOME    SECOND 

1890 


LAVAL- 

IMPRIMBBIE    DE    1^     MORBAU 


TnlMESTRB  DR  1 

8. 


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SOMMAIRE  ; 

Voyages  de  Daoiel  Le  Hirbec,  de  La?al,  aux  Antilles,  aux 
Pays-Bas  et  en  Italie,  teste  publié  par  M.  L.  de  la  Beau- 
LUÈRE,  avec  une  introduction  et  des  notes  par  M.  E.  Mo- 

REAU 504 

I.  Voyage  aux  Antilles  et  dans  les  Paya-Bas 516 

Mémoire  historique  sur  Château-Oontier,  rédigé  en  1781' 
pour  M.  le  marquis  d'Auticharap,  par  M.  Ahpré  Joobert.      532 

Note  sur  le  bailliage   des  Templiers  de  Chàteau-Gontier 

(XV'-XVUI'),  par  M.  Anuré  Joubert 543 

Lassay,  ses  écoles,  ses  collèges  (Suite  et  fin),  par  M.  l'abbé 

J.  GiLLARD ■    .     .     .     .       546 

Aveu  du  comté  de  Laval  (1553).  contenant  la   réformatioo 

du  celui  de  1444,  par  M.  Couamier  de  Launat,  cban.  bon.      568 

Michel  Lemesie,  sculpteur  à  Laval  au  XVU*  siècle.    .     .     .      580 

Une  erreur  de  Guyard  de  la  Fosse  sur  le  collège  de  Mayenne, 

parM.  A.  Salles 584 

Notes  sur  l'ancien  Laval  :  Le  Pavillon  de  la  porte  du  châ- 
teau de  Laval  et  la  Maison  voisine,  par  M.  J.-M.  Richard.      586 

Sigillographie  des  seigneurs  de  Craon,  par  MM.  A.  Ber- 
trand DE  Broussillon  et  Pau!.  de  Farcy 597 

Procès-verbal  de  la  séance  du  29  avril  1890 667 

Bibliographie  :  Monographie  de  la  Chapelle-Raihsouin, 
par  M.  P.  Moulard;  —  Vie  de  Saint  Sérené,  protecteur 
du  Maine  et  de  l'Anjou,  par  le  R.  P.  D.  Paul  Piolin;  — 
Les  Ijantemes  à  Angers  sous  l'ancien  régime,  par  M.  A. 
Joûbert  ;  —  Rapport  de  la  Chevardière  et  Minier  à  la 
commune  de  Paris,  le  15  mai  1793,  publ.  par  M.  A. 
Joûbert  ;  —  Le  surintendant  Nicolas  Foucquet,  d'après 
un  ouvrage  nouveau,  par  M.  A.Jodbert;  —  L'enquête  phi' 
lologique  de  ttil2  dans  les  arrondissements  d'Alençon  et 
de  Mortagne,  etc.,  par  M.  L.  Duval 675 

Nouvelles 684 

Gravures  : 

Place  du  Palais  à  Laval,  vers.  1848,  dessin  de  M.  L.  Gar- 

nier 587 

Lettre  initiale  de  l'oMtuaire  dti   Prieuré  de  la   Haie  aux 

Bonshommes,  dessin  de  M.  Paul  de  Farcy 603 

Sceau  de  Juhel  II  de  Mayenne  (Id.) 605 

Sceau  et  contre-sceau  de  Maurice  III  de  Craon  (Id.).     .     .  606 

Sceau  et  contre-sceau  de  Maurice  III,  d'après  Gaignières.  607 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (1323)  (Id.) 609 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (XIV*  siècle)  et  contre-scea» 

(XV*  siècle)  (Id.)    .     .     .     .     ■ 610 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (XV  siècle)  (Id.) 610 

Sceau  et  contre-sceau  des  contrats  de  Craon  au  XVI*  siè- 
cle (Id.) 611 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (XVIII*  siècle)  (Id.).     .     .     .  612 

Vitrail  de  l'église  de  Denazé  (Id) 613 

Pilier  de  l'ancienne  église  de  Saint-Clément  de  Craou  (Id.).  613 

Cheminée  d'une  maison  de  la  Place  des  Halles,  à  Ernée.     .  669 

Portail  de  Saint-Vénérand  de  Laval  en  1890 673 


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DE    DANIEL   LE   HIRBEG 

DE    LAVAL, 

AUX  ANTILLES.  AUX  PAYS-BAS  ET  KN  ITALIE 
1642-1644 


On  sait  que  les  Lavallois,  dès  le  XVI*  siècle,  mais 
surtout  au  commencement  du  XVII*,  ne  craignirent  pas 
d'entreprendre  de  lointains  voyages  et  d'eiïronter  les 
mers  dans  le  but  d'entrer  en  relations  commerciales 
avec  les  étrangers  et  les  habitants  des  colonies. 

Déjà  nous  avons  vu,  en  1601,  François  Pyrard  de 
Laval  partir  pour  le  Levant  sur  un  navire  équipé  par 
des  marchands  de  Laval,  de  Vitré  et  de  Saint-MaJo.  Ses 
aventures  sont  demeurées  célèbres. 

Nous  retrouvons  aussi  ailleurs  maintes  traces  non 
équivoques  du  goût  que  professaient  jadis  nos  compa- 
triotes  pour  les  entreprises  coloniales,  de  leurs  ten- 

32 


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-  506  - 

taUvea  poar  régulariser  et  pour  coordonner  leurs  ef- 
forts. Chacun  a  lu,  avec  le  plus  vif  intérêt,  la  remar- 
quable étude  que  publie  en  ce  moment  >  notre  excellent 
collègue,  M.  Frain  de  la  Gaulairie,  sur  les  Vitréens 
et  te  Commerce  international.  Il  n'est  pas  douteux 
que  les  habitants  de  Laval  ne  se  soient  associés  sou- 
vent à  ceux  de  Vitré  pour  participer  aux  mêmes  en- 
treprises et  courir  la  même  fortune  :  le  voisinage,  les 
liens  d'histoire  qui  out  jadis  uni  les  deux  villes  et  ceux 
de  vieille  sympathie  qui  ont  survécu  au  régime  Féodal 
rendraient  le  fait  plausible  s'il  n'était  prouvé. 

Malheureusement  ces  voyages  ont  laissé  bien  peu  de 
souvenirs  et  on  peut  considérer  comme  une  bonne  for- 
tune d'en  rencontrer  encore  quelcpie  relation  ignorée. 

C'est  donc  avec  un  véritable  plaisir  que  nous  présen- 
terons aujourd'hui,  aux  lecteurs  de  cette  Revue,  un 
voyageur  complètement  inédit,  Daniel  Le  Hirbec,  de 
Laval.  Peut-être  n'a-t-il  pas  fait  plus  ni  mieux  que  beau- 
coup d'autres  dont  les  noms  nous  demeureront  à  ja- 
mais inconnus.  Mais  lui,  du  moins,  a  eu  la  bonne  inspi- 
ration d'écrire  un  journal  de  ses  voyages.  GrAce  à  cette 
précaution  son  nom  va  sortir,  après  deux  siècles  et 
demi,  de  la  nuit  des  temps,  et  s'il  n'atteint  pas  la  célé- 
brité, nous  espérons  du  moins  qu'il  conservera,  dans 
notre  histoire  locale,  la  notoriété  qui  lui  est  due.  A  mé- 
rite égal,  la  renommée  tient  souvent  à  bien  peu  de  chose. 
Certains,  à  peine  morts,  rentrent  dans  l'oubli  étemel, 
tandis  que  d'autres  verront  leur  mémoire  voguer  sur 
les  âges  parce  qu'ils  auront  laissé  et  que  le  temps  aura 
épargné  après  eux  quelques  feuilles  de  papier 

Daniel  Le  Hirbec  est  de  ceux-ci.  On  possède  de 
lui  un  Voyage  aux  Antilles  et  dans  les  Pays-Bas 
(i6k2-i6k3)  et  un   Voyage  en  Italie  (i6!t3-i6itk)  dont 

1.  Revue  de  l'Ouest.  2»  livraison  de  1889  et  suivantes. 


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-  807  - 

les  maituBcrits  ont  été  recueillis  jadis  par  M.  Louîs-Ju- 
lifin  Morin  de  La  Beauluère,  dans  le  cabinet  duquel  son 
petit-fils  les  a  récemment  retrouvés.  Jugeant  qu'iln  ne 
devaient  pas  demeurer  ignorés,  M.  Louis  de  La  Beau- 
luère se  mit  sans  retard  à  les  transcrire,  et  en  établit 
te  texte  en  vue  de  la  présente  publication,  à  l'honneur 
de  laquelle  il  a  bien  voulu  nous  associer,  ce  dont  nous 
le  remercions  sincèrement. 

«  La  famille  Le  Hîrbec  était  honorable  et  très  an- 
ce  ciennement  connue.  Un  Jean  Le  Hirbec  fonda,  en  1239, 
«  de  concert  avec  sa  femme,  la  Maison-Dieu  de  Vivoin  ; 
«  cette  fondation  fut  approuvée  la  même  année  par  Guy 
«  de  Laval,  évêque  du  Mans. 

«  Daniel  Le  Hirbec,  sieur  de  Chambray,  naquit  à 
«  Laval  en  1621.  Il  était  le  premier  fils  de  Daniel  Le 
«  Hirbec,  sieur  de  La  Brosse,  et  de  Renée  Cornuau.  Il 
«  avait  donc  environ  vingt-et-un  ans  lorsqu'il  partit 
«  pour  les  Antilles.  Après  son  retour  d'Italie  il  épousa, 
«  en  1645,  Françoise  Pinart,  HUe  unique  du  mariage  de 
«  Jean  Pinart,  sieur  du  Pont,  et  de  Renée  Rousseau. 
«  11  mourut  sans  enfants,  vers  1647,  âgé  de  vingt-six 
«  ans  ou  à  peu  près. 

«  Les  armes  des  Le  Hirbec  étaient  :  d'argent  à  3 
«  fasces  de  gueules  portant  en  chef  une  croix  ancrée 
«  de...  accompagnée  d'une  molette  ou  étoile  à  gauche 
«  et  d'un  croissant  à  droite'.  » 

C'est  assurément  pour  affaires  commerciales  que  Da- 
niel Le  Hirbec  entreprit  son  voyage  des  Antilles.  11  parle 
peu  de  ces  alTaires  à  la  vérité  ;  néanmoins  il  nous  ap- 
prend qu'il  mit  pied  à  terre  à  la  Martinique  et  y  séjourna 
«  pour  y  traitter  des  marchandises  ;  »  nous  ne  lui  deman- 
dons pas  d'indication  plus  ample  du  but  de  son  expédition. 
H  partit  de  Laval  le  6  mars  1642,  de  Saïnt-Nazaire 

1.  Les  renseignements  généftlogiques  qui  précèdent  nous  ont 
été  très-obligeamment  fournis  par  M.  Louis  de  la  Beauluère. 


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le  19  avril,  et  aborda  aux  Petites-Antilles  le  3  juin, 
après  trente-cinq  joura  de  traversée.  Il  resta  pendant 
huit  mois  dans  ces  lies,  passant  de  l'une  à  l'autre,  reve- 
nant plusieurs  fois  à  chacune  d'elles,  recueillant  des 
observations  sur  leurs  productions  et  leurs  habitants. 

Le  2  février  1643,  il  s'embarqua  pour  rentrer  en  Eu- 
rope. Son  voyage  dura  quarante-sii  jours,  dont  vingt- 
neuf  de  mer  seulement  et  dix-sept  de  séjour  aux  Açores, 
après  une  tempête  qui  l'avait  jeté  hors  de  sa  route  en 
lui  causant  une  perte  de  temps. 

De  La  Rochelle,  où  il  toucha  la  côte  de  France,  il 
repartit  par  mer,  le  18  avril  1643,  pour  les  Pays-Bas, 
arriva  le  21  à  Flessingue,  parcourut  divers  ports,  se 
rembarqua  le  23  mai,  aborda  le  27  à  Saînt-Malo,  et 
rentra  à  Laval  le  31  mai  (1643)  après  quinze  mois  d'ab- 
sence. 

Ces  voyages,  hàtons-nous  de  le  dire,  n'étaient  rien 
moins  que  faciles.  Nos  paquebots  modernes  qui,  gr&ce 
à  leurs  machines,  n'ont  rien  à  redouter  du  calme  ni  des 
vents  contraires,  qui  grAce  à  leur  stabilité  défient  pres- 
que les  tempêtes  et  ne  craignent  guère  que  les  chocs 
malencontreux,  ne  peuvent  nous  donner  une  idée  des 
conditions  précaires  dans  lesquelles  on  voguait  au  temps 
de  Pyrard  et  de  Le  Hirbec.  H  fallait  alors  avoir  autour 
du  cœur  le  robur  et  Vœs  triplex  dont  parle  Horace,  ou 
plutôt  posséder  une  forte  dose  d'insouciance  mêlée  de 
naïveté  pour  se  risquer  dans  des  nefs  primitives,  sans 
installation  pour  les  passagers,  montées  par  des  marins 
grossiers,  véritables  «  loups  de  mer,  »  et  commandées 
par  des  capitaines  ou  des  patrons  dont  la  plupart  ne 
présentaient  probablement  aucune  garantie  de  connais- 
sances professionnelles. 

Pyrard  avait  confié  sa  fortune  à  un  navire  de  deux 
cents  tonneaux,  le  Corbin,  qui  du  reste  fit  classiquement 
naufrage   aux  lies  Maldives.   Le  Hirbec,    moins  bien 


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-  809  — 

monté,  partit  de  Saint-Nazaire  sur  ua  bâtimeat  de  qua- 
tre-vingts tonnes  aenlemeot,  embarrassé  de  soixante- 
cinq  hommes,  tant  passagers  que  de  l'équipage.  11 
arriva  néanmoins  à  bon  port.  Au  retour,  il  regagna 
l'Europe  sur  un  navire  de  cent-cinquante  tonneaux,  qui 
'  supporta  bravement  deux  terribles  coups  de  vent. 

11  est  vrai  qu'alors  on  suivait  autant  que  possible  les 
càtes  et  que,  le  long  de  la  route,  on  prenait  pour  jalons 
les  Iles  et  les  archipels.  Après  avoir  longé  les  rivages 
du  Portugal,  on  passait  en  vue  de  Madère,  des  Canaries, 
des  îles  du  Cap- Vert  ;  au  retour  on  touchait  aux  Açores 
et  on  y  trouvait,  en  cas  de  besoin,  un  port  de  refuge. 

Les  habitudes  des  gens  de  mer  imposaient  souvent 
aux  passagers  de  pénibles  épreuves.  Pyrard,  homme 
peu  délicat  pourtant,  les  trouvait  grossiers  et  «  fort 
blasphémateurs  ;  »  plus  d'une  fois  il  fut  offusqué  de  leur 
langage  ou  de  leurs  allures  et  il  est  probable  que  Le 
Htrbec,  bien  qu'il  ne  s'en  plaigne  pas,  eut  aussi  à  en 
soulTrir. 

Les  capitaines  de  navires  ne  noua  paraissent  pas  non 
plus  avoir  toujours  été  à  la  hauteur  de  leur  tâche.  Le 
2  juillet  1602,  l'expédition  dont  faisait  partie  Pyrard 
arrivait  en  vue  des  Maldives,  lies  entourées  d'une  cein- 
ture de  récifs.  La  Bardelîère,  qui  la  commandait,  se 
croyait  dans  les  parages  de  l'Ile  Diego  de  Rays.  Malgré 
cette  incertitude,  la  sécurité  était  complète  à  bord  du 
Corbin.  Tout  le  monde  s'endormit,  même  le  matelot 
chargé  de  tenir  la  barre  du  gouvernail  et  d'éclairer  ta 
boussole.  Aussi  le  résultat  ne  se  flt-il  pas  attendre  :  ce 
fut  un  naufrage  qui  jeta  Pyrard  dans  cette  série  d'aven- 
tures dont  le  terme  ne  devait  arriver  qu'au  bout  de 
neuf  ans. 

Le  Hirbec  fut  moins  éprouvé  :  les  marins  auxquels  il 
avait  confié  son  sort  ne  le  jetèrent  ni  à  la  mer  ni  même 
à  la  c6te.  Ils  se  dirigeaient  empiriquement  au  travers 


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des  Océans  et  arrivaient  à  suivre  à  peu  près  la  direc- 
tion cherchée.  Quand  ils  apercevaient  une  terre,  ils 
montaient  dana  les  hunes  pour  la  reconnaître,  et  s'il  fai- 
sait nuit,  c'était  seulement  au  matin  qu'ils  pouvaient 
savoir  en  quel  lieu  ils  se  trouvaient.  Néanmoins,  dans 
les  grandes  circonstances,  ils  «  prenoient  hauteur  et 
pointoient  leurs  cartes.  »  Il  faut  croire  que  ces  obser- 
vations n'étaient  pas  d'une  précision  absolue,  car  le  ca- 
pitaine Jean  Crânes,  de  Flessin^e,  qui  ramena  Le 
Hirbec  en  Europe,  aperçut  la  côte  di;  France  à  hauteur 
de  Belle-Ile-en-Mer  ;  or  il  se  dirigeait  vers  Saint-Martin- 
de-Ré,  près  de  La  Rochelle  et  il  lui  fallut  redescendre 
au  sud  jusqu'à  ce  port. 

Et  puis,  à  cette  époque,  les  mers  n'étaient  pas  sûres. 
La  Méditerranée  et  les  côtes  d'Afrique  étaient  infestées 
par  les  corsaires  barbaresques,  «  navires  turcs  et  mo- 
risques,  »  dont  les  exploits  sont  demeurés  célèbres.  En 
revenant  d'Italie,  de  Livoume  à  Marseille,  Le  Hirbec 
aperçut  trois  a  navires  turcs  »  qui  ne  lui  présageaient 
rien  dé  bon,  mais  qui,  par  bonheur,  passèrent  au  large. 
Toute  voile  en  vue  pouvait  être  celle  d'un  ennemi  ;  aussi 
se  laissait-on  approcher  le  moins  possible,  et  se  met- 
tait-on en  défense  dès  qu'on  se  trouvait  à  portée  d'un 
navire  suspect  ou  seulement  inconnu.  Exposés  à  des 
dangers  continuels,  les  vaisseaux  marchands,  même 
ceux  de  quatre-vingts  tonneaux,  portaient  tous  de  l'ar- 
tillerie et  des  armes,  et  Le  Hirbec  nous  relate  certaines 
alertes  dont  il  eut  sa  part. 

Tous  les  Turcs  d'ailleurs  n'étaient  pas  mahométans. 
Le  Hirbec  raconte  qu'aux  Antilles,  il  passa  de  l'Ile  Nevis 
à  celle  de  Saint-Christophe  sur  «  la  frégate  du  capitaine 
Denis,  angloys,  qui  estoit  en  fribuste  et  venoït  de  cou- 
rir le  Pérou.  »  Nous  avouons  que  ce  «  capitaine  Denis, 
angloys,  »  nous  a  donné  à  réfléchir.  Nous  présumons 
fort  que  lorsqu'il  se  mettait  ainsi  «  en  flibuste,  »  sur  les 


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—  Mi- 
ettes du  Pérou  ou  autres,  et  loin  de  tout  contrôle,  sa 
conscience  devait  être  sujette  à  d'étranges  capitulations. 
Si  ses  mains  restèrent  toujours  pures,  que  sa  mémoire 
soit  déchargée  d'un  injuste  soupçon  t....  Mais  u  faute 
d'un  moine,  dit-on,  l'abbaye  ne  chdme  pas  »  et  notre 
thèse  demeurera  entière. 

Nous  n'insisterons  pas  davantage  sur  ces  diverses 
considérations.  Au  reste,  si  noua  les  avons  abordées 
c'était  uniquement  pour  montrer  qu'un  voyage  accompli 
dans  la  première  moitié  du  XVJl*  siècle  ne  doit  pas  être 
apprécie  d'après  nos  idées  modernes.  If  était  certaine- 
ment plus  périlleux  et  aussi  long,  en  1642,  d'aller  aux 
Antilles  et  d'en  revenir  qu'il  le  serait  aujourd'hui  de 
faire  un  tour  du  monde  à  grande  vitesse. 

Les  voyages  en  Europe,  tout  en  offrant  moins  de  dan- 
gers, n'étaient  pas  exempts,  malgré  cela,  de  quelques 
inconvénients.  Tantôt  l'étranger  devait  subir  une  sur* 
veiUance  jalouse  qui  l'obligeait  à  déposer  entre  les  mains 
des  autorités  jusqu'à  son  «  couteau  de  poche  et  son 
canif,  »  tantôt  on  lui  refusait  le  séjour  ;  quelquefois  mê- 
me, pour  des  raisons  politiques  alors  fort  compliquées, 
surtout  en  Italie,  on  le  menaçait  de  la  prison  ;  cette  mé- 
saventure faillit  arriver  à  Le  Hirbec  à  Piombino  ;  mais 
plus  heureux  que  certains  gentilshommes  de  passage 
qui  avaient  été  incarcérés  quelques  jours  auparavant 
«  et  desquels  on  n'a  point  eu  de  nouvelles  du  depuis,  » 
il  put  se  réfugier  sur  son  navire  où  il  demeura  trois  jours 
dans  l'attenta,  a  souffrant  beaucoup  d'incomodités  jour 
et  nuit.  » 

Les  eaux  côtières  elles-mêmes  n'étaient  pas  sûres, 
puisque  dans  le  golfe  de  Gènes,  ainsi  que  nous  l'avons 
dit  plus  haut,  on  rencontrait  des  «  vaisseaux  turcs;  » 
or  c'est  bien  plus  tard,  en  1665,  que  Louis  XIV,  par 
l'expédition  de  son  amiral  le  duc  de  Beaufort  contre 
Alger  et  Tunis,  rétablit  momentanément  quelque  police 
dans  la  Méditerranée. 


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_  512  ~ 

Le  Hirbec  ne  nous  révèle  pas  les  motirs  qui  le  condui- 
sirent en  Italie.  11  partit  de  Laval  le  9  août  1643,  passa 
par  Tours  et  arriva  à  Lyon  où  il  demeura  jusqu'au  30 
novembre.  11  traversa  ensuite  Vienne,  Toumon,  Pont- 
Saint-Esprit,  Avignon,  Nîmes,  Montpellier,  Marseille, 
et  arriva  à  Gênes  le  22  décembre.  11  devait  quitter  l'I- 
talie le  9  mars  1644,  après  y  avoir  séjourné  environ 
soixante- huit  jours  et  visité  Livournc,  Piombino,  Casti- 
glione,  Givita-Veechia,  Rome  [du  13  janvier  au  21  fé- 
vrier), Viterbe,  Sienne,  Florence,  Pise,  Lucques  et  Li- 
voume  où  il  se  rembarqua. 

Partout  il  s'inquiète  des  curiosités  et  décrit  avec  un 
visible  plaisir  les  antiquités,  les  monuments,  les  œuvres 
d'art  qu'il  recontre.  Il  est  probable  que  la  relation  de 
son  voyage  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  les  archéolo- 
gues italiens,  bien  mieux  que  nous  capables  de  contrô- 
ler ses  assertions  et  d'y  puiser  des  renseignements  sur 
des  objets  cpii  ont  pu  changer  d'aspect  ou  même  dis- 
paraître depuis  lors. 

Pour  nous,  nous  n'entreprendrons  pas  de  faire  ici  ni 
sa  critique  ni  son  éloge  :  à  chacun  d'apprécier  à  sa 
fantaisie  ses  récits  et  d'en  tirer  ce  qui  lui  conviendra. 
Notre  rôle  doit  se  borner  à  les  publier,  tout  en  les  ac- 
compagnant, lorsqu'il  y  aura  lieu,  de  quelques  notes 
concises. 

Nous  remarquerons  cependant  que  Le  Hirbec  n'est 
pas  le  premier  habitant  du  Bas-Maine  qui  nous  ait  laissé 
des  traces  d'une  excursion  en  Italie.  Avant  lui  (1618- 
1619)  Gésar  des  Vaux  ',  baron  de  Lévaré,  avait  fait  dans 
ce  même  pays  un  voyage  d'agrément  dont  M.  le  C" 
Régis  de  l'Estourbeillon  a  publié^  le  curieux  budget 
tenu  au  jour  le  jour  par  un  intendant  fidèle. 


Commûaion  (l"  série).  Tome  V,  p.  95  et  suiv, 
a.  Revue  de  l'Ouett,  1887, 


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-  813  — 

Mais  si  on  peut  inférer,  jusqu'à  un  certain  point,  de 
ce  document,  l'emploi  du  tempâ  de  M.  le  baron  de  Lé- 
varé,  ea  extraire  des  renseignements  fort  curieux  sur 
les  mœurs  de  l'époque,  les  dépenses  somptuaires  d'un 
gentilhomme  en  voyage,  il  ne  suffit  pas  cependant  pour 
élever  César  des  Vaux  au  rang  des  voyageurs  observa- 
teurs et  écrivains. 

L'intendant  du  baron  nous  apprend  par  le  menu,  eu 
livres,  sous  et  deniers,  ce  qu'il  dépensa  pour  son  maître 
dans  telle  ou  telle  ville  :  hôtelleries,  carrosses,  péages, 
dinées,  couchées,  habillements,  pourpoints,  chausses, 
bas,  chapeaux,  cordons,  boutons,  collets,  passements, 
aiguillettes,  souliers,  extractions  de  dents,  médecins, 
saignées,  «  apothicaires,  clysters,  confitures,  sucre, 
pruneaux  et  toutes  autres  drogues,  »  etc.,  etc.,  rien 
n'est  oublié. 

Il  nous  avertit  qu'  w  ainsy  finit,  le  samedy  30  juin 
1619,  le  voyage  en  Italie  de  M.  le  baron  de  Lévaré,  qui 
lui  coAta  4043^  6  s.  6  d.  environ,  et  dont  il  il  revint  sain 
et  joyeux.  » 

A  la  vérité  il  nous  laisse  entrevoir  que  son  maître  cul- 
tivait volontiers  les  choses  de  l'esprit;  il  fait  emplette 
de  livres,  il  paie  de  nombreuses  a  leçons  de  fortiffica- 
tion  »  à  dix-huit  livres  par  mois,  que  prenait  M.  le  ba- 
ron dans  les  villes  oà  il  séjournait,  des  règles,  des  com- 
pas, du  papier  épais  pour  y  travailler,  des  leçons  d'a- 
rithmétique, de  langue  italienne,  do  luth  et  même  des 
paquets  de  cordes  de  rechange  pour  le  luth  de  M.  le 
baron,  qui  semble  en  avoir  beaucoup  usé. 

Mais  ce  n'est  là,  en  somme,  qu'un  état  de  dépenses  ; 
encore  n'est-il  pas  de  la  main  de  M.  le  baron  de  Lévaré, 
qui  n'y  a  collaboré  que  de  sa  bourse. 

Il  est  donc  inutile  de  faire  remarquer,  à  ce  point  de 
vue,  la  supériorité  de  Le  Hibec,  qui,  dans  un  cercle  plus 
restreint  et  avec  des  aventures  beaucoup  moins  tragi- 


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que»  que  François  Pyrard,  se  rapproche  néanmoins  de 
ce  dernier  par  son  esprit  d'obs<>rvation  et  le  soin  qu'il  a 
pris  de  noue  transmettre  la  relation  de  ses  voyages. 

Un  dernier  mot  pour  finir  ; 

Daniel  Le  Hirbec  appartient  avérément  à  une  famille 
lavalloise  ;  dans  ses  deux  voyages  il  partit  de  Laval  et 
y  revint  ;  ses  manuscritM  dormaient  depuis  longtemps, 
complètement  inconnus,  dans  le  cabinet  de  M.  de  La 
Beauluère,  et  personne,  croyons-nous,  surtout  à  l'étran- 
ger, n'a  jusqu'à  présent  soupçonné  son  existence.  — 
Est-ce  à  dire  qu'on  ne  nous  contestera  pas  Daniel  Le 
Hirbcc,  et  qu'un  esprit  ingénieux  n'essaiera  pas  quelque 
jour  de  lui  assigner  une  nationalité  invraisemblable  ? 
Nous  croirions  volontiers  impossible  une  pareille  mésa- 
venture  si  nous  n'avions  l'exemple  de  François  Pyrard. 

François  Pyrard,  en  elfet,  ne  se  présentait-il  pas  dans 
les  mêmes  conditions  que  Le  Hirbec  ?  n'a-t-il  pas  toujours 
été  connu  sous  ce  nom  de  «  Pyrard  de  Laval,  »  inscrit 
au  frontispice  des  diverses  éditions  de  ses  ouvrages? 
Cela  a-t-il  empêché  un  auteur  belge  d'élever  des  doutes 
sur  son  origine  *  ?  Il  est  vrai  que  cet  auteur  n'avait 
assurément  pas  lu  ta  dernière  phrase  de  Pyrard  qui 
contient  ces  mots  :  h  ....mon  pays  natal  qui  est 
Laval  en  Bretaigne....  »  D'ailleurs,  l' eût-il  même  lue, 
un  texte  ne  prouve  rien  à  qui  ne  veut  pas  l'entendre  ou 
s'attache  à  le  torturer. 

Dieu  merci,  Pyrard  n'en  est  pas  resté  pour  cela  moins 
lavallois  ;  mais  de  telles  afSrmations  seront  à  jamais 
regrettables.  Ainsi  que  nous  l'avons  dit  ailleurs-  et 
comme  nous  demanderons  la  permission  de  le  répéter, 
car  le  sujet  en  vaut  la  peine,  il  en  est  d'elles  comme  de 
la  calomnie  :  <(  il  en  reste  toujours  quelque  chose  ;  »  cer- 


1.  V.  J.  Le  Fizelier,  dans  Etades  et  Récits  et  nos  notes  sur  le 
chapitre  <  François  Pyrard  est-il  ne  à  Laval.  ■ 
!,  Ibidem. 


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tains  esprits  qui  se  croient  critiques  quand  ils  ne  sont 
que  portés  à  la  contradiction  s'ei)  autorisent  pour  con- 
sidérer leg  questions  comme  douteuses  ;  puis  viennent 
^es  copistes  qui  perpétuent  l'erreur,  les  prétendues  au- 
torités qui  s'accumulent,  les  citations  qui  se  compliquent, 
si  bien  qu'il  faut  plus  tard,  à  quelque  esprit  droit,  une 
grande  somme  d'efTorts  pour  refaire  la  lumière. 

Espérons  toutefois  que  Daniel  Le  Hirbec  échappera 
à  ce  mauvais  sort.  Le  voici  remis  à  flot.  Deux  siècles  et 
demi  aprè:^  le' terme  de  ses  pérégrinations  maritimes, 
il  va  affronter  ce  qu'il  est  convenu  d'appeler  <i  les  flots 
perfides  de  la  publicité.  »  Puisse  ce  dernier  voyage,  en- 
trepris sous  nos  humbles  auspices,  ne  pas  lui  être  plus 
défavorable  que  les  autres...  Mais  il  temps,  grand  temps 
peut-être,  de  lui  laisser  la  parole. 

Ehils  M0REA.U. 


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I 
VOYAGE   AUX   ANTILLES 

ET    DANS   LES  PAYS-BAS 


Au  nom  de  Dieu 

VOYAGE    DES    ILLES    DE    LAMÉRIQUE, 

PARTIE    DU   PÉROU  APPKLÉES  LES  PETITES  IHDES 

OCCIoeKTALES     DU    ŒSTING,    DES    ESSORS,     DE     HOLLANDE, 

îtGLLANDE,    BRABAM    ET    AUTRES    LIEUX    DE    LA    MER 

OC  CE  AN  NE,     FAICT     PAR     HOY 

DANIEL     LE     HIRBEC, 

DANS    LES    AKNÉES 

1642    ET    1643 

Je  suis  party  de  Laval  le  premier  jeudy  de  caresme, 
six"'  jours  de  mars  1642,  et  suis  arrivé  à  Nantes  en 
Brctaigne  le  samedy  suivant  8'  dudit  mois.  Party  de 
ladite  ville  de  Nantes  le  22*  dud'  mois  pour  aller  trou- 
ver nostre  navire  qui  estoit  à  la  Martinière,  auquel  lieu 
je  mVmbarqué  le  mesme  jour  dans  iceluy,  nommé  la 
Notre  Dame. 

Le  29*  dud'  nostre  navire  leva  l'ancre  pour  aller  à 
S'  Nazaire  lieu  de  l'ambouchure  de  la  mer,  à  laquelle 
rade  il  mouilla  le  mesme  jour.  Le  landemain  30*  dudit 
on  embarqua  ce  qui  restoit  tant  des  comodités  que  les 
passagers  et  reste  de  l'équipage  qui  attandoient  audit 


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lieu  nostre  navire  ;  le  mesine  jour  sur  les  deux  à  trois 
heures  après  midy,  nous  fismes  voille,  le  vaut  estant 
nord  nord  est  qui  estoit  le  plus  favorable  que  nous  pus- 
sions souhayter,  mais  devant  que  nous  eussions  faicl 
une  lieue  de  chemin,  le  vant  ce  changea  tout  contraire, 
ce  qui  nous  obligea  de  retourner  mouiller  au  lieu  d'où 
nous  estions  partis  et  ledit  vant  continua  jusques  au  19* 
avril  veille  de  la  feste  de  Pacques  qu'il  vint  au  nord 
norouest  qui  n'estoit  néantmoins  pas  encor  assez  bon 
pour  nous,  mais  notre  capitaine  et  maistre  se  résoudi- 
rent  de  partir  voyant  onze  ou  douze  autres  navires  Ter- 
neufyers  qui  foisoient  voille,  lesquels  nous  avoieat  pro- 
mins  et  noua  à  eux,  compagnie  pandant  quelques  trois 
cens  lieux  de  routte  que  nous  pouvions  faire  ensemble, 
mais  îe  mesme  jour  ils  nous  laissèrent  de  l'arrière,  d'au- 
tant qu'ils  alloient  mieux  que  nous  à  la  voille,  eux 
n'ayant  que  leur  leste  et  victuailles  et  le  nostre  fort 
chargé  et  embarassé  avec  65  hommes  tant  d'esquipage 
que  passagers  que  nous  estions  dans  nostre  dict  navire, 
lequel  n'estoit  de  port  que  d'environ  quatre  vingts  thon- 
neaux. 

Le  lundy  suivant  21*  dudit  estant  à  quelques  cinq 
lieux  ou  environ  loin  de  la  coste  de  France,  peu  devant 
midy,  parut  à  nostre  veue  sept  vaisseaux  lesquels  ap- 
prochant du  nostre  peu  à  peu  nous  baillèrent  apréhantion 
ne  les  pouvant  recognoistre  ny  la  routte  qu'ils  voulloient 
tenir;  le  vant  estant  un  peu  calmé  quelque  temps  après 
deux  desdits  vaisseaux  scavoir  leur  admirai  et  ung  autre 
le  plus  avantageux  de  voille  d'entre  eux,  se  destachèreut 
de  la  flotte,  comme  pour  nous  venir  recongnoistre,  ce 
qu'ayant  faict  et  veu  nostre  pavillon  blanc  au  grand 
mast  avec  nos  pavois  tendus  par  tout  que  l'on  venoit 
d'acconioder  peu  de  temps  auparavant  pour  cest  effet, 
lesdits  navires  arrisèrenl'  leurs  huniers  afBn  d'attandre 

1,  Arriser,  prendre  un  ris. 


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-  M8  - 

le»  cinq  autres  navires  ce  qui  nous  donna  plus  dv.  sujet 
de  mcUiance,  d'autant  que  nous  ne  pouvions  remarquer  à 
leurs  pavillons  que  du  rou^c  mesme  ledit  admirai  qui 
Msta  et  remint  plusieurs  fois  le  pavillon  de  son  grand 
mast.  Alors  nous  nous  aprestàmes  tous  avec  nos  armes 
et  canons  puis  nous  fismes  les  prières  avec  bon  des- 
seiog  de  nous  delTandre  celon  nostre  possible,  mais  grâ- 
ces à  Dieu  nous  fûmes  exsens  de  sela,  et  sur  le  soir  ils 
passèrent  à  quelques  deux  portées  de  mousquet  de  no- 
tre navire  ;  l'on  vist  que  c'estoit  Hambourguois,  et  ainsy 
poursuivant  leur  routte  et  nous  pareillement  en  louant 
Dieu. 

Poursuivant  nostre  routte  au  oest-soroest  et  soroest 
1/4  d'oest,  le  dimanche  suivant  27'  dudit  estions  à  la 
hauteur  du  cap  de  Fiuisteire  43  dégrés  1/2. 

Le  mardy  suivant  29*  estions  à  la  hauteur  de  la  Bre- 
lînguc  '  40  dégrés. 

Faict  au  sud  soroest  jusques  au  vendredy  9*  may  es- 
tions A  la  hauteur  de  Madère  ;  continuant  la  mesme 
routte  le  lundy  et  mardy  suivant  nous  étions  à  la  hau- 
teur des  illes  de  Canarie  27  et  30  dégrés  environ  dn- 
quante  lieux  au  oest. 

Poursuivant  le  mesme  cours  nous  avons  passé  le  Tro- 
picque  du  Cancer  23  degrés  1/2  ;  le  jeudi  15  dudit  vers 
l'heure  de  minuit  auquel  lieu  nous  fusmea  tous  batisés 
avec  solemnilé,  hormis  ceux  qui  y  avoient  déjà  passé, 
et  prestames  le  serment  en  faysant  les  dons  deubs  en 
telle  rencontre  chascun  celon  sa  volonté. 

Continuant  nostre  routte  au  soroest  le  lundy  19*  dud' 
avons  passé  À  la  hauteur  de  S'  Anthoine,  ille  du  cap  de 
\'crt,  18  dégrés. 

Continuant  au  oest  soroest  jusques  à  l'ille  de  la  Bar- 


1.  I^s  Iles  Bertenga!>.  situées  »  )teu  de  distance  de  U  cJM«  do 
Portugal,  ail  nord-uucsl  du  cap  Carvoeiro.  En  rvalilë  elles  soot 
par  40  degrés  1/3  eii\-in>ii  de  latitude. 


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boude^,  laquelle  nous  apersùmes  le  mardy  3*  jour  de 
juin  suivant  en  faisant  les  prières  du  soir,  après  plu- 
sieurs brouillars  qui  c'estoient  passés  le  mesme  jour  ; 
alors  on  monta  aux  hunes  pour  la  bien  recognoistre  à 
quoy  on  avoit  de  la  paine  d'autant  que  nous  en  estions 
encore  à  quelque  douze  lieux  loing,  outre  que  le  jour 
commançoit  fort  à  s'abaisser  ;  néantmoings  peu  de  temps 
après  elle  fut  recognue  pour  ladite  ille  de  la  Bardoude, 
à  la  rade  de  laquelle  nous  mouillâmes  le  landemain  mat- 
tin  4  dud',  et  y  trouvasmes  six  vaisseaux,  outre  trois 
autres  lesquels  y  arrivèrent  le  mesme  jour,  tous  lesdits 
navires  flamans  ou  anglois.  Ladite  ille  est  assez  belle  et 
agréable  et  pays  plat,  elle  est  abituée  par  les  Anglois 
qui  l'appellent  en  leur  langue  Barbades,  ils  y  recueillent 
grand  nombre  de  bon  cotton  et  du  tabac  mais  il  n'est 
pas  bon  comme  celuy  des  autres  illes  estant  tout  la  plus 
grande  partie  fort  mal  conditionné  ;  il  y  ont  fort  peu  de 
maniocs'  et  n'usent  quasy  que  de  patattea  pour  leur 
pain  et  faire  leur  boisson  qu'ils  appellent  du  maby.  Ils 
ont  cantité  de  chevaux,  béates  à  cornes,  et  cochons, 
avec  la  chasse  et  la  pesche  qui  n'y  sont  pas  mauvaysea. 
Le  jcudy  5*  dudit  nous  fismes  voille  pour  aller  à  là 
Martinique,  mais  sur  la  minuit  du  mesme  jour  il  nous 
survint  ung  grand  vant  ou  tampeste  qui  nous  a  tint  en 
grand  risque  de  périr,  mais  l'on  amena  promptement 
touttes  les  vergues  basses  jusques  au  mattin  ce  qui 
nous  fîst  desriver  et  passer  soubs  le  vant  de  la  Marti- 
nique, outre  que  nous  estions  à  veue  de  trois  illes,  les- 
quelles on  ne  pouvoit  cognoistre  certainement  et  le  lan- 
demain estant  prins  de  calme  cela  tist  que  nous  ne  pus- 


\.  La  Barboude,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  La  Barbade 
autre  tle  des  Antilles. 

3.  Manioc,  nom  indigâne  d'une  plante  de  la  famille  des  euphor- 
biacées  à  racine  féculente.  On  en  lire  le  tapioca.  Les  indigènes 
se  servent  de  la  farine  de  manioc,  appelée  cassave.  pour  fabri- 
quer une  sorte  de  pain. 


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-  BÎO  - 

mes  mouiller  à  la  rade  de  ladite  ille  que  le  jour  de  la 
Pantecoste  huitième  jour  dudit  mois  de  juin. 

Je  mine  pied  à  terre  le  mesme  jour  en  ladite  ille  et  y 
seioumé  pour  y  traitter  des  marchandises  jusques  au 
22  aoust  1642.  Laditte  ille  est  fort  belle  et  agréable 
quoique  fort  montaigneuse  et  est  habituée  par  les  Fran- 
çois qui  y  recueillent  nombre  de  fort  bon  petum',  cotton, 
sucre  et  autres  marchandises  auxquelles  ladite  ille  est 
fort  fertille,  et  pareillement  en  vivres,  scavoir  en  ma- 
niocs^ pour  faire  la  cassare'  et  ouicou  qui  est  le  pain  et 
la  boisson  dudit  pays,  plusieurs  sortes  de  bons  pois  à 
manger  ;  la  chasse  y  est  fort  bonne  pour  beaucoup  de 
sortes  de  gibiers,  scavoir  agoutya'  etlésars^  qui  sont 
fort  excellents  outre  les  crabiera^,  perroquets,  ramiers, 
perdrix,  tourtres,  ortollans  et  plusieurs  autres  sortes 
d'oyseaux  dudit  pays. 

La  pesche  y  est  grandement  bonnne  pour  toutte  sorte 
de  bon  poysson  acavoir  lamantin'',  tortue  caret*,  caran- 
guea  ^  et  plusieurs  autres  sortes  ;  ils  ont  pareillement 
plusieurs  sortes  de  bons  fruits,  comme  ananas,  gouya- 
yes«>,  limons,  citrons,  oranges  douces  et  aigres,  bana- 

1.  Tabac. 

a.  Voir  note  de  la  page  précédente. 

3.  Ibidem. 

4.  Mammifère  de  l'ordre  des  rongeurs;  lièvre  du  nouveau 
continent. 

5.  Ces  lézards  sont  probablement  les  iguanes,  qui  passent  pour 
avoir  une  chair  très  blanche  el  très  délicate. 

6.  Crabier.  Oiseau  du  genre  héron. 

7.  Lamantin,  mammifère  de  l'ordre  des  cétacés  qui  atteint  une 
longueur  moyenne  de  cinq  mètres.  Sa  chair  est  très  estimée, 

8.  Tortue  caret  (testudo  imbricata),  sorte  de  tortue  de  mer  qui 
fournil  ces  belles  écailles  brunes  si  employées  dans  la  fabrication 
des  objets  de  tuxc.  Sa  uhair  est  désagréable  et  malsaine  ;  mais 
ses  œufs  sont  excellents. 

9.  Caraneue  des  Antilles  ^Scomber  carançusj  ;  ce  poisson,  qui 
pèse  jusqu'à  dix  ou  douze  kilos,  est  très  estimé. 

10.  Gopavier,    nom  vulgaire  du  Psidium  (Lin).  Le  goyavier 

fiorte-poire,  cultivé  aux  Antilles,  produit  un  fruit  savoureux,  en 
orme  de  poire  et  de  la  grosseur  d'un  œuf.  GoyavieT  porte-pommt, 
Goyavier  de  Caitley,  Goyavier  à  feuilles  en  cœur,  etc. 


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nés,  fi^ea,  patatteB  et  plnsieurs  autres  sortes;  et  ce 
qui  est  à  admirer  audit  pays,  c'est  que  tout  cela  vient 
en  peu  de  temps  et  sans  beaucoup  de  paine,  mesme  la 
vigne  qui  porte  son  fruit  au  bout  de  trois  ou  quatre 
mois  quant  elle  est  cultivée  ;  il  y  a  fort  bon  ordre  entre 
les  abitans  desdits  lieux  pour  ce  qui  est  despant  de  l'art 
militaire,  et  sont  fort  soigneux  de  les  y  bien  dresser. 

Il  y  a  de  l'autre  costé  de  l'ille  un  cartier  qui  est  habi- 
tué par  les  sauvages  Caraybee  sur  lesquels  on  a  conquis 
ladite  ille  et  tout  ledit  pays  ;  ils  ont  bien  donné  de  la 
paine  au  commancement  que  l'on  estoit  en  guerre  contre 
eux  et  ont  bien  tué  du  monde  avec  leurs  flèches  et  bou- 
tons qui  sont  leurs  espées  et  armes,  mais  à  présent  on 
est  en  paix  avec  eux  qni  est  un  grand  bien  et  repoa 
pour  lesdits  abitans,  auxquels  ils  servent  beaucoup 
d'autant  qu'ils  ont  toujours  quelque  choses  de  bon  d'eux 
pour  peu  de  chose  ;  c'est  ung  grand  plaisir  et  divertisse- 
ment de  converser  avec  lesdits  sauvages  dedans  leurs 
carbets  et  voir  les  accïons  et  maximes  qu'ils  observent 
entre  eux  ce  qui  est  estonnant  les  voyant  tant  masles 
que  femelles  tous  nuds. 

Le  22'  jours  d'aoust  ensuivant  je  suis  party  de  ladite 
ville  et  me  buis  ambarqué  dans  une  frégatte  du  port,  de 
40  ou  50  thonneeux  ;  nous  fîsmes  voille  sur  la  minuit. 

Le  landemain  au  mattin  nous  passâmes  au  long  de 
l'isle  appelée  la  Dominique  ',  laquelle  est  abiiuée  par  les 
sauvages  dudit  lieu  et  de  ceux  de  la  Gardelouppe  qui 
s'y  sont  retirés  après  en  avoir  été  chassés  et  lorsque 
l'on  passe  par  ladite  isle  l'on  traitte  presque  toujours 
quelque  chose  d'iceux. 

Le  lendemain  dimanche  24  dudit  le  matin  nous  mouil- 
Umes  devant  l'isIe  de  la  G&rdelouppe  laquelle  est  ha- 
bituée par  les  François  lesquels  y  font  mesme  récolte 
qu'à  celle  de  la  Martinique. 

1.  Les  Français  possédèrent  cette  Ile  jusqu'en  1763. 


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-  Bîï  - 

Le  mardy  au  soir  ensuivant  26*  dudit  nous  fismea 
voille  et  le  jeudy  saint  noua  mouUl&mes  devant  l'isle  de 
Montaerrat  laquelle  est  habituée  par  les  Anglois;  elle 
n'est  pas  sy  bonne  comme  les  précédantes  ;  le  laode- 
main  nous  Âsmes  voille  et  le  samedy  suivant  noua  mouil- 
lâmes devant  l'isle  appelée  les  Niefures  *  qui  est  abi- 
tuée  par  les  Anglois  et  est  à  peu  près  bonne  comme 
celle  de  Monsarrat.  II  y  a  en  ladite  isle  de  certaines 
eaux  ou  bains  fort  souverains  pour  les  grandes  maladies 
desquels  plusieurs  malades  se  sont  fort  bien  trouvés. 

Le  landemain  dimanche  dernier  jour  d'aoust  nous  fiâ- 
mes voille  et  mouillâmes  le  mesme  jour  à  la  rade  de  la 
Basse-Terre  de  S'-Cristophe  laquelle  est  la  principale 
isle  de  toutes  les  autres,  et  est  abituée  par  les  François 
et  Anglois  qui  ont  chascun  leurs  cartiers  séparés,  et  les 
deux  généraulx  des  illes  de  Laméricque  des  deux  na- 
tions y  font  leur  demeure.  Geste  isle  est  fort  bien  poli- 
cée et  agréablement  abituée  par  ung  bien  plus  grand 
nombre  d'hommes  et  fammes  que  les  autres  précédentes 
illes.  Ils  y  ont  aussi  beaucoup  de  comodités  nécessaires 
et  s'y  faict  le  meilleur  pettuo  de  toutes  les  autres  illes. 
La  justisse  y  est  establie  avec  fort  bon  ordre. 

Le  dimanche  17*  jour  de  septembre  ensuivant  il  arriva 
en  ladite  ille  S'  Christophle  une  sy  grande  et  furieuse 
impétuosité  de  vants,  que  l'on  appelle  veulguerement 
dans  ledit  pays  houragan,  lequel  dura  dans  sa  grande 
force  quelque  trente  heures  pendant  lequel  temps  il  fut 
perdu  29  beaux  navires  tant  françois,  flamands  qu'an- 
glois,  sans  comprendre  les  petites  barques  et  chaloup- 
pes,  tous  lesdits  navires  chargés  de  pettun  et  autres 
marchandises  assez  précieuses  et  plusieurs  hommes 
qui  furent  noyés,  outre  presque  toutes  les  cases,  vivres 
et  pettuns  de  la  terre  abattus  et  perdus  qui  a  esté  la 


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plu8  grande  perte  que  l'on  aye  jamais  eu  dan»  lesditea 
illes,  estant  eBtimée  à  plue  de  20  millions,  tous  leadita 
vaisseaux  furent  maltrettéa  de  icelle  fasson  qu'aucun 
d'iceux  n'a  peu  eatre  remins  n'y  sauvé,  non  plus  que  les 
marchandises  qui  estoient  dedans  ;  il  est  impossible  de 
s'imaginer  le  rude  temps  qu'il  faisoit  à  moins  d'y  avoir 
esté  présent.  Il  y  eut  en  outre  beaucoup  d'autres  navi- 
res qui  furent  eschoués  à  d'autres  terres  et  quelques-uns 
qui  estoient  en  mer,  desquels  on  n'a  reçu  aucune  nou- 
velle ce  qui  est  encore  plus  pitoyable. 

Le  7  novembre  ensuivant  je  m'ambarqué  dedans  une 
barque  de  la  Martinique  du  port  de  quelques  dix  thon- 
neaux  et  arrivasmes  en  ladite  isle  de  la  Martinique  le 
20°  dudit  mois  ayant  passé  les  isles  des  Niefurea,  Mon- 
serrat,  la  Gardelouppe,  les  Saintes,  la  Dominique  aux- 
quels lieux  nous  mouillâmes. 

Le  12'  décembre  ensuivant  estant  à  la  Martinique  je 
m'embarque  dans  une  frégate  de  Flescingues  nommée 
en  Flaman  la  Lifde,  autrement  la  Charité,  du  port  de 
150  thonncaux  ou  environ  avec  dix  pièces  de  canuon 
soubs  la  conduite  de  Jean  Crânes  ;  nous  passâmes  de- 
rechef par  lesd'  isles  de  Monsarrat,  la  Gardelouppe,  les 
Niefures,  auxquelles  isles  ledit  navire  arcsta,  pour  trait- 
ter  ce  qu'il  avoit  de  reste. 

Le  31*  dudit  mois  je  m'embarque  aux  Niefures  dans 
le  navire  du  cupp"*  Denis  anglois  lequel  estoit  en  fribuste 
et  venoit  de  courir  le  Pérou*,  nous  arivasmes  le  mesme 
jour  à  la  grande  rade  de  S'  Christophle.  Le  5'  jour  de 
janvier  1643  nostre  frégatte  ariva  à  la  rade  de  la  Basse- 
Terre  de  ladite  isle,  auquel  lieu  je  m'embarque  le  lande- 
main  et  allâmes  moiller  à  la  pointe  de  Sable. 

Le  8'  dudit  nous  fismes  voille  et  mouillâmes  le  mesme 
jour  devant  l'isle  S'  Eustache  laquelle  est  aux  Fla- 
mands; elle  est  habituée  par  des  Flamands,  François, 
Anglois  ;  ladite  isle  est  fort  petitte  et  non  sy  bonne  com- 

1.  La  partie  septentrionale  de  l'Amérique  du  Sud. 


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me  les  autres  n'y  ayant  mesme  aucune  rivière  n'y  puis 
oA  il  y  ait  de  bonne  eau  à  boire. 

Le  14*  dudit  nous  fismea  voille  pour  retourner  à  la 
rade  de  la  pointe  de  Sable  dudit  S'  Christopble  où  nous 
mouillâmes  le  16'  dudit  mois. 

Le  2'  febvrier  1643  lundy,  environ  deux  heures  de 
nuit,  nous  fismea  voille  pour  desbouquer  en  compagnie 
d'un  petit  fîlibot  de  Hollande  qui  eatoit  noatre  visse-ad- 
mîral  ;  la  meame  nuit  nous  pass&mee  au  vant  de  l'isle 
nommée  Sabat  '  laquelle  n'est  point  abituée  et  le  lande- 
main  au  mattin  au  vant  de  l'iale  S'  Martin  qui  est  abi- 
tuée par  lea  Espagnols  qui  y  ont  ung  fort  et  une  saline. 

Le  mesme  jour  nous  passâmes  soubs  le  vaut  des  isles 
nommées  l'Anguille,  S'  Barthélémy,  les  Vierges  et  au- 
tres isles  non  abituées. 

Le  jeudy  ensuivant  5'  dudit  nous  laissâmes  de  l'arrière 
noatre  viase-admiral  d'autant  qu'il  ne  nous  pouvoit  aui- 
vre  quoy  qu'il  s'estimât  bon  voillîer. 

Le  landemain  nous  trouvasmes  les  vants  d'aval  qui 
nous  continuèrent  favorables  jusques  au  17*  dud',  jour 
et  mardy  gras  au  soir  qu'il  se  tourna  en  tempeste  fu- 
rieiue,  entre  autre  ung  coup  de  vant  qui  pansa  ranver- 
ser  nostre  navire,  l'ayant  par  deux  fois  faict  rouller  de 
telle  faaaon  que  les  colFrea  furent  ranveraés  tes  uns  sur 
les  autres,  avec  grande  peur  et  estonnement,  mais  peu 
après  il  calmit. 

Le  21'  feb.  1643  premier  aamedy  de  caresme  sur  les 
dix  heures  du  mattin  l'on  cria  tant,  qui  est  à  dire  en 
Flamand,  Terre  !  Peu  de  temps  après  elle  fut  recognue 
pour  les  isles  de  Courbe  et  Flore,  islea  des  Essorts^les- 
quellea  aont  habituées  par  les  Portugais,  nous  n'y  pus- 
mes  mouiller,  le  vant  ne  le  permettant. 


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Le  mardy  24*  dud'  il  nous  survint  une  tampeste  bien 
plus  furieuse  que  celle  du  17*  et  fûmes  cootraints  de 
mettre  de  costé  en  travers  à  la  mercy  des  vagues  ;  le 
landemain  nous  mimes  à  la  cappe  pour  nous  souatenir 
en  quelque  fasson  à  la  desrive,  mais  le  vant  croissant 
toujours  et  la  mer  horiblement  rude,  laquelle  nous  bail- 
loit  de  sy  furieux  effors,  avec  des  coups  de  mer  sy  fré- 
quans  que  nostre  navire  recevoit,  lesquels  étoient  capa- 
bles de  l'escraser,  ou  du  moins  le  tillac,  sy  Dieu  ne  nous 
eust  acistés,  ce  qui  nous  obligea  d'apareiller  ung  demy 
bourcet'  et  faire  vant  derrière  pour  le  soulager,  ce  qui 
nous  reculla  fort  d'autant  que  nous  retournions  vers  le 
lieu  d'où  noua  venions. 

Le  vendredy  suivant  27*  dudit  vers  l'heure  du  midy, 
le  temps  s'estant  un  peu  esclercy  et  le  soleil  paroissant, 
nos  pilottes  prinrent  hauteur,  et  ayant  pointé  leurs  car- 
tes, recognurent  que  nous  n'estions  pas  loing  des  illes 
de  la  Terre-Siere  *,  FayaP,  S'  Michel,  îsles  des  Essors 
abituées  pareillement  par  les  Portugais  ;  il  fut  trouvé  à 
propos  de  relâcher  à  quelcune  d'icelles  pour  laisser  pas- 
ser ce  mauvais  temps  et  vant  du  tout  contraire  à  nostre 
routte  et  nous  rafréchir  et  racomoder  nostre  navire  le- 
quel c'estoit  faict  plusieurs  voyes  d'eau  dans  les  efforts 
qu'il  avoit  soufferts  ;  à  la  mesme  heure  nous  fismes 
routtea  vers  lesdites  terres  et  sur  le  soir  nous  usmes 
cognoissancc  de  l'isle  S' Michel  dans  laquelle  nousmouillft- 
mes.  Le  landemain  au  mattin  et  mismes  pied  à  terre  après 
avoir  esté  avec  nostre  capp"*  parler  au  gouverneur  de  la 
sitadelle  lequel  après  les  interogations  acoutumées  de 


1.  Bourcet.  Aniiennement  voile  de  misaine.  Bourcer,  replier 
une  partie  de  la  voile  en  bourse,  pour  qu'elle  prenne  peu  de  vent 
(carguer). 

2.  J'erceire,  qui  renrerme  la  ville  d'Angra,  capitale  de  l'archipel. 

3.  Fayal.  Ile  fertile,  passe  pour  avoir  été  peuplée  par  une  co- 
lonie de  Flamands  qui  y  firent  naufrage  au  commencement  du 
XVIM,  siècle  en  voguant  vers  l'Amérique. 


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_  8W  - 

nostre  dict  capp",  il  nous  advertit  que  nous  prinsions 
garde  à  nous  et  que  trois  ou  quatre  jours  auparavant  il 
avoit  paru  à  leur  coste  onze  ou  douze  navires  turqs  et 
trois  morieques,  lesquels  avoient  anlevé  à  leur  rade  (à 
laquelle  estoit  nostre  fregatte)  ung  navire  flamand  qui  y 
estoit  arrivé  le  jour  précédant. 

Le  landemain  dimanche  premier  jour  de  mars  au  mat- 
tin,  il  ariva  une  flotte  de  Hollande  laquelle  peroissant 
minse  en  crainte,  ceux  qui  estoient  dans  nostre  navire 
sur  l'adviB  que  l'on  avoit  eu,  incontinant  ils  parèrent  ce 
qu'ils  purent  de  nos  canons  et  autres  armes,  et  laissè- 
rent choir  le  bourcet. 

Prest  à  apareiller  en  cas  de  bcsoing  et  faire  signal  à 
nous  autres  qui  venions  d'aller  à  terre  avec  la  chalouppc 
de  revenir  à  bord,  ce  que  ladite  flotte  remarquant  eut 
crainte  aussy  ne  se  fiant  non  plus  à  nostre  pavillon  ; 
néantmoins  elle  list  une  bordée  et  pasant  près  de  nostre 
navire,  ils  se  recognurent  et  mouilla  près  de  nous;  ce- 
pendant ceux  du  fort  ayant  remarqué  comme  elle  venoît 
droit  à  nostre  navire  comme  pour  l'aborder,  crurent  que 
c'estott  quelque  méchant  navire,  luy  tirèrent  un  coup  de 
canon  dans  les  voilles  et  ne  se  passa  autre  chose. 

Le  mesme  jour  après  midy  arriva  ung  autre  navire 
aulonnois  lequel  venoit  de  Lisbonne  ot  estoit  fretté  par 
ie  roy  de  Portugal  pour  venir  charger  de  bled  en  la  dite 
isle  pour  porter  en  Barbarie. 

Ladite  isle.  nommée  S'  Michel,  est  assez  belle  et  est 
abituée  par  les  Portuguais  qui  y  recueillent  abondance 
de  bons  bleds  et  vins,  et  plusieurs  sortes  de  fruits,  il  y 
a  deux  villes  en  ladite  isle,  l'une  appelée  Villefranche  et 
l'autre  Pondalgade*  qui  est  la  principalle,  devant  la- 
quelle nous  estions  mouillés  ;  elle  est  forte  du  costé  de 
la  mer  au  bort  de  laquelle  elle  est  bastie  ;  ils  ont  tout 
joignant  une  forte  citadelle  laquelle  est  garnie  de  grande 

1.  Ponia-Detgada,  la  ville  la  plus  commerçaiite  des  Açores. 


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-8S1  - 

canoté  de  beaux  canons  de  fonte  verte  et  commande  aux 
avenues  et  rade  de  ladite  ville.  U  y  a  ung  petit  havre 
par  lequel  on  met  pied  à  terre,  lequel  est  gardé  d'un 
costé  du  corps  de  garde  et  de  l'autre  coaté  d'une  platte 
forme  garnie  de  quelques  pièces  de  canon  de  fonte.  La- 
dite ville  et  campagne  est  assez  agréable  celon  le  lieu 
et  y  fait  assez  bon  vivre,  aussi  que  l'argeant  y  est  un 
peu  rare.  Ils  ont  de  fort  belles  églises  et  couvents,  sca- 
voir  jésuittes,  cordeliers  et  autres  de  filles;  le  mesme 
jour  après  la  prédication  ils  firent  une  procession  avec 
son  bel  ordre  de  dévotion,  avec  une  foule  magnilicque, 
et  marchoient  devant  icelle  sept  ou  huit  pénitans  veslus 
de  toîLle  blanche  simplement,  le  visage  couvert  de  mesme 
estoffe,  avec  les  pieds  nuds  et  le  dos  jusques  à  la  cein- 
ture tellement  desgouttans  de  sang  à  force  de  se  fustiger 
que  cela  estoit  cstonnant. 

Le  mercredy  suivant  4"  dudit,  il  arriva  ung  autre  na- 
vire anglois  pour  charger  du  bled.  Le  mesme  jour,  le 
vant  estant  venu  bon,  nous  fismes  vollle  après  midy  et 
sur  le  soir  nous  passâmes  au  long  de  l'autre  ville  cy- 
devant  ditte. 

Le  mardy  17'  mars  l'on  sonda  et  on  trouva  terre  à 
quelques  80  brasses,  le  lendemain  nous  vismes  terre 
près  de  laquelle  ayant  approché  on  cognut  que  c' estoit 
Belle-llle  '  ;  nous  vismes  des  autres  terres  prochaines 
que  l'on  nous  dist  estre  la  grande  terre  de  Bretagne  et 
autres  petittes  illes  et  illots  que  l'on  appelle  tes  Cardi- 
naulx. 

Le  mesme  jour  sur  le  soir  nous  vismes  une  flotte  de 
quelques  30  navires  au  vant  de  nous  les  quels  faysoient 
leur  routte  comme  sortant  de  la  Rochelle  pour  aller  vers 
ta  Manche  ;  nous  crûmes  que  c' estoit  la  flotte  de  Hol- 
lande qui  s'en  alloit  ce  qui  nous  resjouit  espérant  par 
là  abréger  nostre  volage  ;  nous  estions  en  peine  de  nous 

I.  Belle- Ile- en-Mer,  sur  la  cAte  de  Bretagne. 


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recognoistre  ce  qui  nous  eatoit  dificille  à  cause  de  la 
nuit,  maÏB  nous  espérions  que  volant  le  feu  de  leur  admi- 
rai, noua  pourrions  chasser  dessus  pour  leur  parler; 
mais  ils  ne  firent  point  fanal,  ce  qui  nous  empescha  de 
savoir  quels  ils  eetoient,  et  la  mesme  nuit  nous  les  per- 
dîmes tout  à  faict  de  vue. 

Le  landemain  19*  mars  nous  passâmes  près  Tlele- 
Dieu,  te  mesme  jour  noua  vismea  encore  d'autres  navires 
mais  sans  les  recognoistre  cbacun  faysant  aa  routte,  sur 
le  soir  noua  paaââmes  près  la  ville  d'AuIonne. 

Le  landemain  au  mattin  20*  dudit  mois  nous  mouillâ- 
mes devant  S'  Martin-de-Ré  près  la  Rochelle,  peu  de 
temps  après  la  mer  estant  quasy  plaine  nous  miames 
pied  à  terre  audit  S'  Martin-de-Ré, 

Le  landemain  samedy  21*  dudit  je  party  pour  m'en 
aller  à  la  Rochelle  duquel  lieu  je  fus  de  retour  le  lundy 
ensuivant. 

Le  5  avril  1643  jour  de  Pasques  nous  fismes  voille  à 
la  pointe  du  jour  avec  la  flotte  de  Hollande  et  Zélande 
au  nombre  de  50  navires,  scavoir  47  Flamands  et  trois 
Escosaais,  mais  le  mesme  jour  le  vant  He  changea  con- 
traire et  la  nuit  suivante  nous  usmes  ung  grand  coup  de 
Tant  qui  nous  bailla  fort  à  craindre,  mesme  un  de  nos 
compagnons  qui  fust  deamasté  de  son  grand  mast  de 
hune,  ce  qui  l'obligea  à  relâcher  le  landemain  au  matin 
audit  S'  Martin  de  Ré,  et  le  vant  continuant  toujours 
contraire,  toutte  la  flotte  relâcha  le  mesme  jour  audit 
lieu. 

Le  mercredy  suivant  8*  dudit  le  vant  eatant  venu 
bon  nous  fismes  voille  avec  ladite  flotte.  Le  lendemain 
9'  dudit  nous,  rencontrasmes  la  flotte  de  Hollande  qui 
alloît  en  France  au  nombre  de  quelque  90  ou  100  na- 
vires ;  le  samedy  suivant  11'  dudit  nous  passâmes  à  la 
veue  des  illes  de  Gerzé  et  Grenezé'  et  le  landemain 

1.  Jeriey,  Guernetey. 


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-  529  - 

de  l'isle  Duit'  puis  de  même  la  ville  de  Bruges  en 
Flandre. 

Le  raardy  suivant  14"  dudict  noua  arrivasmes  en  la 
ville  de  FlessingueB,  bonne  ville  et  fort  bon  port  de  mer 
de  la  Zellaude. 

Le  21'  dudit  je  party  de  ladite  ville  de  Flessingues  et 
arrivé  le  23*  dud'  en  la  ville  de  Dort^,  bonne  ville  et 
port  de  mer  de  Hollande. 

Le  mesme  jour  arivé  en  la  ville  de  Roterdam  qui  est 
la  seconde  ville  de  la  Hollande,  fort  bon  port  de  mer,  et 
belle  grande  ville  fort  agréable  et  bien  baetie. 

Partie  de  ladite  ville  le  aamedy  suivant  25*  dudit  et 
arivé  le  mesme  jour  en  la  ville  de  Laide,  bonne  ville  de 
Hollande  auquel  lieu  est  l'université  de  la  Hollande  et 
académie  pour  leurs  docteurs  ;  ils  ont  une  belle  mayson 
particullière  où  sont  leurs  anatomies  qu'ils  appellent 
Senecambre,  où  l'on  voit  trois  ou  quatre  peaux  d'hom- 
mes escorchés,  plusieurs  anatomies  d'hommes,  fflmes, 
enfants  et  de  plusieurs  animaux  à  4  pieds  rares  et  com- 
muns, et  de  plusieurs  sortes  d'oiseaux  et  poissons  mes- 
me  jusques  à  ung  balaineau  et  autres  raretés  fort  belles 
et  entr'antres  choses  deux  corps  entiers  d'un  roy  et  sa 
fille  qu'ils  disent  estre  morts  avant  la  venue  de  notre 
Seigneur  ;  ils  sont  ensevelis  d'une  fasson  qui  faict  croire 
que  sela  est  fort  ancien,  on  ne  leur  voit  que  le  visage'. 

Le  landemain  lundy  27*  du'  party  de  lad'*  ville  et  ar- 
rivé le  mesme  jour  en  la  ville  d'Amsterdam  qui  est  la 
capitalle  ville  de  la  Hollande,  elle  est  fort  grande,  bien 
bastie  et  agréable  ;  il  y  a  de  fort  belles  églises  et  grande 
canlité  de  ponts,  et  surtout  bien  policée  avec  bon  ordre 
pour  l'administration  de  la  justice;  en  outre  ung  fort  bon 
port  de  mer  où  il  y  a  toujours  grand  nombre  de  navires, 

1.  L'He  de  Wighi. 

2.  Dordreeht  o<a  Dort. 

3.  Des  momies  d'Egypte, 


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-530  - 

Party  de  lad*  ville  d'Ameterdam  le  mercredi  sniTant 
29*  dud'  et  arrivfi  le  landcmain  en  la  ville  de  Rotredam, 
le  mcBme  jonr  arrivé  en  la  ville  de  Dort. 

Party  de  lad*  ville  le  premier  jour  de  may  1643  et 
ariviî  le  mesme  jour  en  la  ville  de  Guetremberg  *  forte 
plasse  qui  est  moytié  Hollande  et  moytié  en  Braban. 

Le  landemain  party  de  lad*  ville  et  arrivé  le  meame 
jour  en  la  ville  de  Broda  en  Braban  très  belle  et  forte 
ville  de  guerre. 

Party  de  lad*  ville  le  hmdy  suivant  4*  dudit  et  arivé 
à  Flcxingue  le  joudy  suivant  7  dud*. 

Party  de  Ind"  ville  le  dimanche  suivant  iO  dud'  et  ar- 
rivé le  mesme  jour  en  la  ville  de  Mitdebourg  fort  bonne 
et  grande  ville  de  la  ZtUandc  et  bon  port  de  mer. 

Le  landcmain  party  de  ladite  ville  et  arivé  le  mesme 
jour  aux  villes  de  Trevers  et  Armus  *,  deux  porta  de 
mer  de  Zellande,  mais  le  dernier  tout  ruiné. 

Le  mesme  jour  arrivé  à  Flexinguos,  party  de  rechef 
de  lad*  ville  de  Flexingncs  le  15*  dud'  et  arrivé  le  mes- 
meame  jour  en  la  susdite  ville  de  Middelbourg. 

Le  17*  dudit  je  m'embarque  pour  aller  à  Bergue-ob- 
som  ^  en  Braban  en  laquelle  ville  j'arrive  le  mesme  jour  ; 
c'est  une  forte  plasse  et  ville  do  guerre  ;  le  t9  dud'  j'ar- 
rive à  Mildebourg  puis  à  Flexingues. 

Le  23*  dud'  mois,  veille  de  ta  Pantecoste  je  party  de 
lad.  ville  de  Flexingues  après  midy  et  m'embarque 
dans  ung  philibot  du  capp"*  Reniouscol  de  Middelbourg 
du  port  de  quelque  140  thonneaux  avec  quatre  pièces  de 
canon,  en  compagnie  de  quatre  autres  navires   mar- 


1.  Qertniidemberfi;. 

2.  Noiin  ne  sommes  pas  certain  de  l'identification  de  ces  loca- 
lités. Néanmoins  nous  pensons  que  dans  n  Trevers  s  il  faut  voir 
Weere,  petit  port  situé  comme  Flessingiie  dans  l'île  de  Walche- 
ren,  à  l^ne  des  extrémités  d'un  canaTqui  aboutit  de  l'autre  à 
Flessingue,  et  qui  passe  par  Middelbourg. 

3.  Berg-op-Zoom. 


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_  881  - 

chands  et  un  navire  de  guerre  ;  le  mesme  jour  nons  pas- 
sAmes  à  la  veue  de  la  ville  d'Hostande  qui  appartient  au 
roy  d'Espagne  devant  laquelle  il  y  avoit  trois  navires 
de  ses  estais. 

Le  landcmain  nous  passâmes  devant  Domquerque 
puis  après  devant  Callaîs,  Bouloignc  et  coste  de  Nor- 
mandie. 

Le  mardy  ensuivant  26'  dud'  nous  paasùmes  entre 
les  illea  de  Gerzé  et  do  Grenezé  et  autres  illes  d'An- 
gleterre, 

Le  landcmain  27°  dud'  nous  mouillâmes  devant  la  ville 
de  S'  Malo. 

Le  samedy  ensuiv'  party  de  lad*  ville  et  arrivé  le  lan- 
dcmain en  la  ville  de  Laval  dernier  jour  dudit  moia  de 
may  1643. 

Loué  soit  Dieu. 

(Hanuacril  du  Cobioet  de  11.  de  la  BeauEuère). 


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MÉMOIRE   HISTORIQUE 

SUR    CHATEAU-GONTIER 

RÉDIGÉ    EN    1781    POUR    M'    LE    MARQUIS    oVuTICHAMP 


Il  Censifou  terrier  de  la  terre  et  baronnie  de  Chateau- 
gontier  quis'étenden  la  viUe et  fauxbourgs de  Château- 
gantier,  et  en  différentes  paroisses  des  provinces  d'Aiyou 
et  du  Maine,  et  appartient  à  haut  et  puissant  seigneur 
messire  Jean-Thérèze-Loïiis  de  Beaumont^,  marquis 
d'Autichamp,  Commendeur  de  l'ordre  Royal  et  mili- 
taire de  Saint-Louis,  maréchal  des  camps  et  armées 
du  Roy,  Commendent  en  second  le  corps  de  la  gen- 
darmerie, inspecteur  de  Cavallerie,  premier  ecuyer  de 
Son  Altesse  Monseigneur  le  prince  de  Condé,  gouver- 
neur de  la  diite  ville  de  Chateaugontier  et  lieutenant 
du  Roy  des  ville  et  château  d'Angers,  fait  en  l'année 
ÎISI,  par  le  sieur  Pierre  des  Portes,  avocat  en  Parle- 
lement,  et  par  le  sieur  Loàis-Pierre  Maillard,  aussy 
feudisle,  associés. 

l.  Jean -Thérëze- Louis  de  Beuumont,  RU  de  Louis-Joseph  de 
Beaumont,  marquis  de  Beaumonl  el  de  Châleau-Gonlier,  sei- 
gneur de  Roche-su r-Grave.  Saint-Rambert,  de  Miribel,  d'Aunay, 
de  Montmoutier.  marié  en  1763  à  Marie-Charlotte  de  Maussion 
de  la  CouHauiny,  veuve  d'Augustin  Aubry,  marquis  de  Vastan. 
Il  fut  nommé  pour  acquéKur  du  marquisat  avec  sa  mère  Perrine 
Loquet  de  Grandville  par  le  précédenl  le  26  février  1761.  11  émi- 
gra  en  1790  (Tablette»  chronologiques  et  historiques  de  la  succès- 
tien  desseisneurs  de  Laval,  de  Mayenne  et  de  Chdteau-Gontier, 
par  Léon  Hattre,  p.  3S.  —  Généalogie  des  seigneurs  de  Chdteau- 
Gontier.  par  A.  de  Martonne). 


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-Bas- 
il Faits  historiques  touchant  la  terre  de  Chateau- 
gontier. 

«  La  terre  de  Chateaugontier  fut  donnée  vers  1050*, 
par  Foulques  Nerra,  comte  d'Anjou,  à  Renard  de  Cha- 
teaugontier^  et  a  été  possédée  par  ses  descendants  en 
ligne  masculine  jusqu'en  1259,  que  Geofroy  de  la  Guier- 
cbe  et  de  Pouancé  en  devint  propriétaire  par  son  ma- 
riage avec  Emme  de  Chateaugontier^  ;  de  ce  mariage 
naquit  Jeanne  de  la  Guierche  qui,  en  1263*,  épousa 
Jean  de  Briene,  vicomte  de  Beaumont  et  de  la  Flèche, 
fils  de  Loûia  de  Beaumont,  dit  d'Acres,  et  d'Agnès, 
vicomtesse  de  Beaumont,  dame  de  la  Flèche,  Freanay, 
Sainte*Suzanne  et  du  Lude^, 

«  Depuis  ce  tems,  la  terre  de  Chateaugontier  a  été 
possédée  par  les  vicomtes  de  Beaumont,  et  ensuitea  par 
les  ducs  d'Alançon,  jusqu'en  1525,  qu'elle  passa  à  Char- 
les de  Bourbon,  duc  de  Vendomois,  par  son  mariage 
avec  Françoise  d'Alançon,  fdte  de  François  d'Atançon*; 

1.  C'est  à  1007  que  la  charte  du  cartulaire  de  l'abbaye  Saint- 
Aubin  d'Angers,  datée  de  1037,  fait  remonter  l'origine  de  ChS- 
teau-Qonlier  dont  Foulques  Nerra,  comte  d'Anjou,  fut  le  fonda- 
teur. Le  comte  bfttit  son  château  sur  un  rocher  escarpé  qui 
dépendait  du  territoire  de  Bazouges  et  en  donna  la  garde  à  un 
de  ses  oflîciers  nommé  Gontier,  d  où  est  veuu  le  nom  ae  ChAteau- 
Gontier. 

2.  Renaud  ou  Raynaud,  et  non  Renard,  Tils  dTvon,  i  qui 
Foulques  Nerra  donna  en  fief  Château-Gontier  et  qui  en  acheva 
le  donjon. 

3.  Emme,  dame  de  ChAteau-Gontier,  Nogent-le-Rotrou  et  Mé- 
sonmaugiy,  fille  de  Jacques  I",  époux  de  l'une  des  filles  du  Con- 
nétable de  Montmorency. 

4.  C'est  en  1270,  et  non  en  1263,  que  Jeanne  de  la  Guierche, 
Rlle  des  préeécents,  épousa  Jean  de  Brienne. 

5.  Voir  la  suite  des  divers  seigneurs  de  ChàteaU'Qontier,  de 
1270  à  1526,  dans  les  Tablettes  chronologiques,  etc. 

6.  Charles  de  Bourbon,  pair  de  France,  prince  de  Béam,  duc 
de  Vendôme,  comte  de  Boissons  et  de  Condé,  vicomte  de  Beau- 
mont. baron  de  la  Flèche,  etc.,  époux  de  F'rançoise,  lille  de  René 
duc  d'Âlençon.  11  combattit  en  Italie  et  en  Picardie,  Il  gouverna 
le  royaume  avec  la  régente  pendant  la  captivité  de  François  l" 
et  mounit  le  35  mars  1537. 


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-sc- 
elle fut  enauitte  possédée  par  Anthoine,  duc  de  Ycndo- 
mois  (Roy  de  Navarre,  par  Jeanne  d'Albret,  sa  femme, 
fille  de  Henry,  Roy  de  Navarre),  et,  après  son  deceds, 
par  Henry  quatre,  aussy  Roy  de  Navarre,  et,  au  moyen 
de  son  avènement  au  trdne  de  France,  en  1589,  demeura 
réunie  A  la  Couronne,  nonobstant  que,  par  ses  lettres  pa- 
tentes du  13  aoust  1590,  registrées  au  Parlement  de 
Bordeaux  le  7  may  suivant,  et  par  autres  du  dernier 
décembre  1596,  vérifiées  au  Parlement  de  Toulouze  le 
20  juin  1597,  il  eût  déclaré  qu'il  n'entendoit  pas  que  ses 
terres  particulières  fussent  réunies  à  la  Couronne. 

u  Par  acte  du  2  may  1646,  registre  au  Parlement  le 
12  avril  1650  et  à  la  Chambre  des  Comptes  le  27  juin 
suivant,  les  commissaires  du  Roy  pour  l'entière  exécu- 
tion du  contrat  d'échange  du  10  mars  1629,  par  lequel 
Loûise-Margueritte  de  Lorainne,  princesse  de  Conti, 
avoit  donné  au  Roy  Louis  13,  les  principautés  de  Lin- 
champ,  Mohou,  la  Tour-Aglaire  et  autres,  ceddèrent  au 
prince  Claude  de  Lorainae,  duc  de  Chevreuse,  l'on  de 
ses  héritiers,  entrautres  la  terre  et  baronnie  de  Cha- 
teaugontier,  sans  aucune  réserve,  et  conformément  au 
procès  verbal  d'évaluation  qui  en  avoit  été  fait  en  1644. 

«  La  terre  de  Chateaugontier  fut  vendue,  par  te  même 
duc  de  Lorainne,  à  messire  Nicolas  de  Bailleul,  prési- 
dent au  Parlement  de  Paris,  par  acte  du  4  juillet  1646, 
avec  faculté  de  décret,  qui  fut  expédié  au  Châtelet  de 
Paris  le  23  septembre  1654.  Elle  est  restée  en  la  posses- 
sion de  la  famille  de  Bailleul  jusqu'au  12  may  1739, 
qu'elle  passa  par  licitation  à  messire  FéUx  Aubry,  mar- 
quis de  Vastan,  l'un  des  héritiers  de  Bailleul,  lequel, 
par  acte  du  20  du  même  mois,  la  vendit  à  messire 
Henry-Michel  de  Racapé,  marquis  de  Magnanne',  dont 
la  veuve   et  dooattaire  la  vendit,  par  acte  du  premier 

1.  Les  Tablettes  chronologiques  portent  le  1"'  mars  1760, 


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may  1760,  à  messire  Henry-Germain  de  ViUoutraye', 
qui,  en  cooséquence  de  la  Taculté  apposée  eu  son  con- 
trat nomme  pour  ami  mondit  sieur  le  marquis  d'Auti- 
champ  par  acte  du  26  février  1761. 

«  La  terre  de  Chateaugontier  a  eu  le  titre  de  Baronnie 
dès  la  plus  haute  antiquité  ;  il  n'y  a  même  pas  de  preuve 
qu'elle  en  ait  eu  un  autre  et  elle  fut  érigé  en  marquisat 
en  faveur  de  M"  Louis  de  Bailleul  ^  par  lettres  patantes 
du  mois  de  juillet  1646,  registrées  au  Parlement  le  27 
dudît  mois  de  juillet,  à  la  Chambre  des  Comptes,  le  31 
suivant  et  au  Présidial  de  Chateaugontier  le  26  septem- 
bre suivant. 

«  La  terre  et  Baronoie  de  Chateaugontier  et  celles  do 
Beaumont-le-Vicomte,  de  la  Flèche,  Sainte-Suzanne, 
Fresnay,  Sonnois  et  autres  furent  érigées  en  duché  pai- 
rie en  faveur  de  la  princesse  Françoise  d'AUauçon,  du 
duc  de  Vendomois,  du  duc  d'Anguyen,  ses  enfans,  et  de 
leurs  successeurs  et  ayants  causes,  tant  mâles  que  fe- 
melles, par  François  premier,  comme  étant  ses  plus 
proches  parents,  par  lettres  patentes  du  mois  de  sep- 
tembre 1543,  registrées  au  Parlement  le  16  octobre  de 
la  même  année,  à  la  Chambre  des  Comptes  le  23  suivant, 
et  à  Chateaugontier  le  19  novembre  aussy  suivant,  conilr- 
mées  par  lettres  patantes  du  mois  de  juillet  1545,  regis- 
trées au  Parlement  le  25  janvier  suivant  (c'est-à-dire  1546), 
parce  que  l'année  commençoit  lors  la  veille  de  Pasquef. 
Le  même  François  1**^  érigea  lu  justice  de  la  Baronnie 
de  Chateaugontier  en  sénéchaussée  royalle  pour  y  être 
tenue  et  exercée  aux  mêmes  prérogatives  et  droits  dont 
jouissaient  celles  de  la  Flèche  et  de  Beaumont-Ie-Vî- 


i.  Il  avait  épousé  le  25  février  1749  Henri  et  te -Thérèse  delà 
Forêt  d'Armaillé.  —  Voir,  sur  ce  personnage  et  sur  sa  famille, 
notre  Histoire  de  Menil  et  de  ses  geigneurs,  etc. 

i.  C'est  en  1656,  et  non  en  1646,  comme  nous  l'avons  déjà  dé- 
montré, que  fut  érigé  le  marquisat  de  Château -Gontier  (Bulletin 
de  lu  Commission,  t.  IV,  p.  93  et  8.). 


„Googlc 


—  536  - 

comte,  à  la  charge  qu'icelle  sénéchaussée  de  la  Flèche 
ressortiroït  à  celle  de  Beaumont-le- Vicomte. 

«  Par  l'édit  d'érection  d'un  Présidial  à  la  Flèche,  donné 
à  Lyon  au  moys  de  septembre  t595,  vériâé  et  registre 
au  Parlement  le  21  may  1597,  l'attribution  y  fut  faite 
du  droit  de  ressort  et  juridiction  de  toutes  causes  et 
procès  d'appels,  tant  aux  chefs  de  l'édit  des  Présidiaux 
que  dans  lea  matières  ordinaires  de  Sénéchaussée  des 
sièges  de  Beaumont-le-Vicomte,  Fresnay,  Sonnois,  Ma- 
mers,  Sainte-Suzanne  et  Chateaugontier ' .  Par  èdit  du 
mois  de  février  1639,  registre  au  Parlement  le.  ...  , 
LoOis  13  créa  un  Siège  Présidial  â  Chateaugontier,  & 
l'instar  des  autres  Sièges  Présidiaux  du  Royaume,  pour 
être  exercé  par  les  ofBciers  lors  pourvus  des  charges  de 
la  Sénéchaussée  royalle  de  iaditte  ville  de  Chateaugon- 
tier 2. 

«  Quoique,  par  l'acte  de  contréchange  du  2  may  1641, 
duement  ratifié  par  le  Roy  par  ses  lettres  patantes  des 
14  et  18  mars  1647  et  2  juin  1650,  la  terre  de  Chateau- 
Gontier  eût  été  cédée  en  toute  patrimonialité  et  avec  la 
justice  tous  les  offices  d'icelle,  l'annuel  et  le  casûel  des 
dits  offices  et  généralement  tout  ce  qui  composoit  cette 
terre,  sans  aucune  réserve,  conformément  au  procès 
verbal  qui  en  avoit  été  commencé  en  1644  et  finy  en 
1646,  en  lequel  les  dits  offices,  l'annuel  et  le  casuel,  sont 
portés  au  chapitre  de  l'actif  à  25501iv.  de  produit  annuel, 
et  les  gages  des  officiers  et  toutes  lea  autres  charges  de 
la  justice  au  chapitre  du  passif  à  1588  liv.,  au  moyen  de 
quoy  la  justice  de  Chateaugontier  et  tous  les  droits  en 


1.  La  baronnie  de  Château -Oontier  fut  ainsi  enlevée  au  Prési- 
dial d'Angers  pour  composer  le  nouveau  ressort  (Voir  l'édit  de 
création  aux  archives  de  la  Mayenne,  série  B.  11  est  daté  du  7 
mars  16^0). 

3.  Voir,  sur  les  appels  des  Juridictions  attribués  au  Présidial 
de  Château -Gontier,  VliUrodaction  au  Dict.  top.  de  la  Mayenne, 
p.  XXVI 1. 


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dépendants  dévoient  produire  annuellement  962  Hv. ,  quit- 
tes de  toutes  chargea,  que  le  Roy  devoit  et  avoit  inten- 
tion de  donner,  ainsy  qu'il  s'en  expliqua  en  ses  lettres 
patantes  du  18  mars  1647  :  «  Si  est  ce  qu'en  procédant 
«  par  notre  ditte  cour  de  Parlement  au  regiatrement 
«  dudit  contrat  d'échange  du  10  mars  1629,  vous  auriez, 
«  par  votre  arrest  du  7  février  1632,  ordonné  que  les 
a  otEciers  des  terres  qui  aeroient  par  nous  données  en 
«  contréchange,  à  notre  ditte  feue  tante,  exerceroient 
<i  les  justices  d'ycelles  sous  nostre  nom,  quoique  ce  soit 
o  contre  les  conditions  expresses  dudit  contrat  et  que 
H  nostre  dite  feue  tante,  ses  hoirs,  successeurset  ayant 
«  cause  en  doivent  jouir  comme  de  leur  propre,  ainsi/ 
a  qu'elle  faisait  des  dites  terres  souverainnes,  sans 
u  laquelle  condition,  elle  n'auroit  fait  ledit  échange, 
a  étant   le  principal  honneur  qu'elle  a  particulière- 

«  menl  considéra  que  la  justice  des  dites  terres 

«  pour  qnoy,  nous  vous  mandons  et  enjoignons  de  faire 
«  registrer  purement  et  simplement  le  dit  acte  du  2 
(I  may  1646.  »  Cependant  il  est  résulté  : 

«  1°  Que  la  patrimonialité  de  la  terre  de  Chateaugon- 
tier  a  été  contestée  à  monsieur  le  marquis  de  Bailleul 
par  M.  de  Torsy,  mnrquis  de  Sablé,  au  sujet  de  l'acquêt 
par  lui  fait  de  la  terre  de  la  Barre  de  Bierné',  tenue 
n&ement  de  la  Barounîe  de  Chateaugontier  et  dont  il 
a  prétendu  ne  point  devoir  de  ventes,  vu  sa  qualité  de 
grand  croix  et  de  secrétaire  de  l'ordre  ;  la  ditte  terre  de 
Chateaugontier,  suivant  luy,  n'ayant  été  aliénée  qu'à 
titre  d'engagement  et  de  réméré  perpétuel  ;  ce  qui  a 
occasionné  un  procès  porté  au  privé  conseil  du  Roy  en 
1723  et  qui  est  resté  pendant  avec  l'Inspecteur  du  Do- 
maine jusqu'au  15  novembre  1774,  qu'est  intervenu  ar- 
rest par  lequel  la  patrimonialité  perpétuelle  de  la  ditte 

Chivri,  marquis  de  la  Barre  de 


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terre  de  Chaleaugontier  a  été  confirmée  bu  profit  de 
monsieur  le  marquis  d'Aulichamp  et  de  ses  successeurs, 
à  titre  particulier  et  singulier,  et  par  lequel  arrest  les 
héritiera  du  dit  seigneur  marquis  de  Torsy  et  de  Sablé 
ont  été  condamnés  payer  les  ventes  et  issues  de  la  terre 
de  la  Barre  de  Biemé  aux  héritiers  du  marquis  de  Bail- 
leul,  qui  se  les  estoient  réservées*. 

«  2'  Le  Parlement  et  la  Chambre  des  Comptes  n'ayant 
enregistré  les  12  avril  et  27  juin  1650,  le  susdit  contrat 
de  contréchange  du  2  may  1646,  qu'à  la  charge  que  la 
justice  continueroit  d'appartenir  au  Roy  et  d'estre  exer- 
cée sous  nom,  ce  qui  a  été  exactement  exécuté,  les  sei- 
gneurs de  Chateaugontier,  non  seulement  se  sont  trou- 
vés privés  de  962  liv.  qu'elle  devoit  leur  produire  net, 
chacun  an,  suivant  le  procès  verbal  d'évaluation  de 
1644,  mais  ils  ont  encore  été  forcés  d'aquitter  toutes 
les  charges  de  cette  même  justice  évaluées,  par  chacun 
an,  par  le  même  procès  verbal  d'évalution,  à  1588  liv. ,  ce 
qui  fait  une  perte  annuelle  de  2550  liv.,  depuis  1646  jus- 
qu'à 1776,  qu'ils  ont  cessé  d'aquitter  ces  charges,  sans 
cependant  rien  recevoir  pour  le  produit  annuel  net  de 
962  liv. ,  au  moyen  de  quoy  leur  perte  totale  est  de 
231,500  liv. 

u  3°  Suivant  l'article  4  de  la  Coutume  de  la  province 
d'Anjou  et  entrautres  le  sentiment  de  M.  Dupineau  sur 
l'article  41  d'icelle,  de  M.  Poquet  de  Livonièro^,  en  son 
Traité  des  fiefs,  h.  1,  oh.  5,  page  22  et  L.  6,  ch.  567, 
et  do  Guyot,  en  son  Traité  des  fiefs,  L.  4,  ch.  7,  page 
64,  il  n'y  a  point  de  fiefs  en  cette  province  sans  justice, 


1.  Ibid.  —  Jean- Baptiste  Colbeii,  marquis  de  Torcj[,  né  à  Pa- 
ris le  14  septembre  1665,  fut  che^é  de  diverses  missions  diplo- 
matiques, dont  il  s'acquitta  avec  suuuès.  Il  fut  nommé  membre 
de  l'académie  des  sciences  en  171S,  11  mourut  le  3  septembre  1746. 

3.  Pocquet  de  Livonnière  (Claude),  célèbre  jurisconsulte  ange- 
vin, né  le  18  juillet  1651  à  ta  Gravoire,  c°*  de  Vateti  (Loire-Infé- 
rieure), époux  de  Henée  Quatrembat,  mort  à  Paris  31  mai  1726. 


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comme  il  n'y  en  a  pointqui  ait  deuxjusticea.  De  ces  princi- 
pes, il  résulte,  nécessairement,  que  la  terre  de  Château- 
gontier,  depuis  l'enregistrement  fait  au  Parlement  le  12 
avril  1650  du  susdit  contrat  de  contréchange  du  2  may 
1646,  n'a  aucun  droit  de  justice,  pas  même  de  basse,  ou 
frontière  ;  conaéquemment,  que  le  seigneur  de  cette  terre 
ne  peut  estre  tenu  d'aucuns  frais  de  justice  poar  délits  ou 
autres  tels  quels,  ny  astraint  à  se  charger  d'aucuns  en- 
fants exposés  sur  ses  domaines  et  mouvances,  et  qu'il 
ne  peut  aussy  rien  prétendre  aux  aubenages,  déshéren- 
ces et  bâtardises,  parceque  ce  sont  des  droits  dépen- 
dants de  la  justice,  et  qui  n'a  l'un  ne  peut  prétendre 
l'autre.  Enfin,  depuis  la  plus  haute  antiquité,  les  -sei- 
gneurs de  Chateaugontier  ont  toujours  fait  payer  les 
droits  de  mutation  par  contrats  de  ventes  ou  équiva- 
lants à  vente,  ou  par  contrats  d'échange,  le  sixième  du 
prix  des  héritages  sis  en  leurs  mouvances,  ce  qui  se 
nomme  ventes  et  issues,  ou  ventes  doubles  ' ,  6t  est  une 
exception  du  droit  commun  de  la  province  d'Anjou,  sui- 
vant l'article  156  de  sa  Coutume  ;  ce  droit  est  d'ailleurs 
d'autant  plus  incontestable,  qu'il  a  été  nommément 
-  ceddé  par  le  Roy  par  le  susdit  contrat  de  contréchange 
du  2  may  lf»46  et  qu'il  n'y  a  aucun  titre  contraire  en  le 
trésor  de  la  ditte  terre  de  Chateaugontier. 

«  Avertissement. 

«  Ce  censif  est  divisé  en  trois  chapitres  qui  compo- 
sent cinq  volumes. 

«  Le  chapitre  !•',  qui  fait  aussi  le  premier  volume,  est 
composé  de  tous  les  domaines  et  droits  en  ville  et  en 
campagne  de  la  baronnie  de  Chateaugontier  et  d'une 
table  alphabétique  réelle  des  dits  domaines. 

1.  Voir,  aux  Archives  nationales  et  aux  Archives  de  la  Mayen- 
ne, les  divers  aveux  rendus  par  les  sei^eurs  de  Chftteau-Oon- 


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-  MO  - 

«  Le  chapitre  !!•,  qui  faille  deuxième  volumei'est  com- 
posé de  la  mouvance  en  la  ville  de  Chateaugontier,  au 
fauxbourg  et  paroisse  d'Azé,  dont  les  tables  alphabéti- 
ques personnelles  et  réelles  sont  à  la  fin  de  ce  même 
volume. 

u  Le  chapitre  III",  qui  forme  les  volumes  trois  et  quatre, 
est  composé  de  toutes  les  mouvances  hommagées  et 
censives  de  la  campagne,  qu'on  a  placées  de  proche  en 
proche,  en  commençant,  pour  chaque  paroisse,  par  les 
mouvances  hommagées,  après  lesquelles  sont  les  mou- 
vances censives. 

«  Le  cinquième  volume  est  composé  des  plans  visuels 
et  ii.on  géométriques,  au  nombre  de  (  ),  de  la  mou- 

vance censive  de  la  baronnie  de  Chateaugontier  et  de 
quelques  parties  de  la  mouvance  hommagée  ;  à  l'égard 
des  plans  des  domaines,  en  la  campagne  de  la  ditte  ba- 
ronnie de  Chateaugontier,  ils  sont  roulés  l'un  sur  l'au- 
tre, raport  à  ce  qu'on  n'a  peu  les  relier,  étant  collés  sur 
toilles. 

«  2°  A  la  fin  du  quatrième  volume,  sont  deux  tables  al- 
phabétiques, l'une  personnelle  et  l'autre  réelle,  de  tou- 
ce  qui  compose  les  volumes  trois  et  quatre. 

«  3°  Comme  il  peut  arriver  que  quelques  parties  des 
domaines  de  la  ditte  baronnie  de  Chateaugontier,  sur- 
tout les  landes,  fossés  et  murs  de  la  ville,  soient  subdit 
visés,  changent  de  nature  et  soient  mêmes  inféodés, 
auquel  cas  il  faudrait  faire  de  nouveaux  articles  audit 
censif,  on  a,  à  cet  effet,  laissé  des  articles  à  remplir  en- 
tre le  chapitre  premier  et  le  chapitre  deux'. 

«  4*  Toutes  les  mouvances  hommagées  et  censives  sont 
divisées  en  autant  d'articles  qu'il  y  a  de  ditférentes  foys 

1.  Voir  le  curieux  démêlé  entre  les  habiUnls  et  M.  d'Autî- 
champ,  au  sujet  des  douves  et  fossés  de  la  ville,  en  1779,  dans 
,.«._«  i-......:!  i„i:,..\A   .   ^otes  inédites  mr   Chdteau-Gontier  au 


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-  Ml  - 

et  hommages,  prestations  et  fresches,  le  tout  est  numé- 
roté de  suite  en  chiffres  arabes  depuis  (  ]  jusqu'à 
(  )  ;  chaque  article  des  mouvances  censives  a,  sur  le 
plaii'  où  elles  sont  figurées,  le  même  numéro  que  celuy 
du  censifoû  elle  est  employée  et  où  la  cote  du  ou  des 
dits  plans  est  citée.  Enfin,  chaque  frescbe  est  lavée  par 
ceinture,  Bur  le  plan  où  elle  est  figurée,  d'une  couleur 
distincte,  dont  il  y  a  une  goûte  à  la  marge  et  au  des- 
sous de  l'article  du  censif,  où  elle  est  employée  ;  à  ce 
moyen,  chaque  article  des  plans  renvoyé  exactement  au 
cenijif  et  chaque  article  des  mouvances  censives  ren- 
voyé aux  plans  et  en  indique  les  cotes,  ce  qui  facilitera 
à  quiconque  le  moyen  de  trouver  et  connoltre,  dèe  qu'il 
le  faudra,  tout  ce  qu'il  pourra  désirer. 

a  5°  A  la  fin  de  chaque  article  dudit  cenaif,  on  a  cité 
chronologiquement  tous  les  titres  au  soutien  de  sa  mou- 
vance ;  au  moyen  de  quoy,  en  cas  de  conteste  de  fief, 
ou  pour  autre  cause  quelconque,  il  sera  inutile  de 
chercher  d'autres  titres,  parce  qu'il  n'en  existe,  pas  cd 
le  trésor  de  la  baronnie  de  Cbateaugontier. 

«  6°  On  a  laissé  de  grandes  marges  au  commencement 
de  chaque  article  dudit  censif,  pour  pouvoir  y  noter 
tous  les  changements  qui  arivront  par  la  suite,  ce  qui 
doit  ae  faire  en  cette  forme  :  modo  en  1784,  Pierre  ; 
modo  en  1790,  Jacques  ;  modo  en  1795,  René  ;  modo  en 
1800,  Paul,  etc. 

«  7°  On  a  laissé  du  blanc,  à  la  fin  de  chaque  article, 
pour  y  porter  de  suite,  par  ordre  chronologique,  tous 
les  titres  qui  seront  faits  par  la  suite,  comme  factions 
d'hommages,  aveux,  déclarations,  contrats  d'acquêts, 
etc.  Au  moyen  de  quoy,  ce  censif  peut  servir  pendant 
un  siècle,  après  lequel  il  ne  sera  question,  pour  le  re- 
nouvellcr,  que  de  le  copier,  en  y  changeant  et  substi- 
tuant les  noms  des  propriétaires  et  les  confrontations 
du  tems. 


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n  8°  Toutes  les  contenances  raportéea,  surtout  au  cha- 
pitre du  domaine  de  ce  terrier,  sont  à  raison  de  100 
chaînes  quarrées  par  arpent,  de  80  chaînes  par  jonmal, 
de  60  chaînes  par  hommées  de  pré,  de  10  chaînes  par 
boissellée,  de  25  pieds  de  Roy  par  chaînes,  de  2  pieds  6 
lignes  par  prime,  et  de  3  lignes  par  seconde  '.  » 

Ce  document  est  conservé  aux  Archives  nationales, 
T.  96,  et  compris  parmi  les  papiers  Beaumont  d' Anti- 
champ. Il  est  daté  de  1781  et  intitulé  Mémoire  histo- 
rique sur  Ckâteaugonlier . 

AllDBi    JotJBERT. 


l.  Voir,  sur  le»  mesures  de  superficie  usitées  en  Anjou  ^ous 
l'ancien  régime,  les  Chroniques  CraomiaUes,  p.  415. 


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NOTES 

SUR 

LE  BAILLIAGE  DES  TEMPLIERS 

DE  CHATEAU-GONTIER 
(xv*-xviii*  siècles). 


Il  existait  à  Chàteau-Gontier  une  rue  qui  portait  le 
nom  de  rue  du  Temple.  Cette  rue,  appelée  aujourd'hui 
rue  Saint-Just,  perpétuait  le  souvenir  des  Templiers 
établis  dans  la  cité  au  moyen-âge.  Les  Templiers  de 
Chftteau-Gontier  ne  formaient  pas  une  Commanderie, 
mais  simplement  un  bailliage,  dépendant  de  la  Com- 
manderie de  l'H<>pital  Béconnais,  près  Villemoiaant,  qui 
remontait  au  XII"  siècle,  et  était  une  annexe  du  Temple  de 
Saint-Laud  d'Angers  ' .  Il  se  pourrait  que,  dans  les  temps 
primitifs  do  l'ordre,  ce  bailliage  ait  été  pourvu  de  chefs 
particuliers  et  ait  eu  une  existence  particulière,  person- 
nelle, indépendante,  à  une  époque  antérieure  aux  titres 
qui  nous  ont  été  conservés,  comme  cela  s'est  présenté 
quelquefois  en  Poitou,  mais  rien  ne  nous  permet  d'affir- 
mer qu'il  en  ait  été  ainsi^. 

1 .  Villemoiaant,  canton  du  Louroux- Béconnais  (Maine-et-Loire). 

2.  Les  anciens  aveux  rendun  par  les  seigneurs  de  Château- 
Gontier  mentionnent  la  maison  des  Templiers  dans  cett«  ville  et 
la  liste  des  domaines  qu'ils  possédaient  dans  la  contrée. 


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-  8U  - 

LflB  Ârobives  de  la  Vienne  renferment  leB  anciens  ti- 
tres du  Prieuré  d'Aquitaine,  parmi  lesquels  on  remarque 
un  certain  nombre  de  pièces  relatives  au  bailliage  de 
Chftteau-Gontier.  Nous  en  reproduisons  la  liste  : 

Bailliage  de  Château-Gontier.  —  1.5  mars  1466.  — 
Acte  par  lequel  le  bailli  de  Château-Gontier  remet  entre 
les  mains  des  officiers  du  Commandeur  de  l'IlApital 
Béconnais  une  fille  qui  avait  été  emprisonnée  pour  in- 
fanticide, ce  crime  ayant  été  commis  dans  la  mouvance 
de  la  Commanderie. 

II.  1567,  1577,  1589,  1593,  1631.  —  Baux  à  ferme 
des  domaines  de  Cbâteau-Gontier  appartenant  aux 
Templiers. 

III.  16  décembre  1634,  Copie  d'un  aveu  et  dénom- 
brement au  roi  par  Charles  Goddes,  seigneur  de  la 
Maroutière  et  de  Loigné,  où  il  est  question  des  domai- 
nes du  bailliage. 

JV.  —  Déclarations  et  autres  titres  de  Château-Gon- 
tier et  des  paroisses  voisines,  des  XVI",  XVII"  et 
XYIII*  siècles,  formant  plusieurs  dossiers  attachés  en- 
semble dans  une  couverture  de  parchemin  (liasse  142). 
Plusieurs  pièces  sont  relatives  aux  biens  des  Templiers. 

V.  1448-1730.  —  Titres  de  rente  sur  les  héritages  si- 
tués dans  les  paroisses  d'AndouilIé,  Chenille,  Daon, 
Saint-Micbel-de-Feins,  la  Jaille-Yvon,  Juvardcil,  Lai- 
gné,  le  Lion -d'Angers,  Livré,  Loigné,  Marigné  près 
Daon,  Mée,  Mesnil,  Miré,  Montreuil-sur-Maine,  Querré, 
Simple.  Un  dossier  pour  chacune  de  ces  paroisses 
(Liasse  143).  Les  Templiers  y  avaient  des  terres  ou  des 
droits  féodaux. 

VI.  1616-1697.  —  Procès  au  Parlement  entre  le 
Commandeur  et  Jacques  Sourdillc,  écuyer,  sieur  de 
Chambrezais,  au  sujet  d'une  rente  noble  de  trois  mines 
de  seigle  dans  la  paroisse  d'Azé  (Liasse  144,  dossier 
volumineux). 


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^  848  - 

VU.  1535,  1537,  1574,  1609,  1629,  1715,  1721.  — 
Papiers  de  cens,  rentes  et  déclarations,  registres  d'assi- 
ses (Liasse  145).  (Archives  de  la  Vienne.  Titres  du 
Prieuré  d'Aquitaine). 

Le  Dictionnaire  topographique  de  la  Mayenne  men- 
tionne, aux  page  308  et  309,  divers  lieux,  des  environs 
de  Château-Gontier,  qui  portaient  les  noms  de  «  Tem- 
ple »  ou  de  «  Templerie,  »  et  étaient  d'anciens  domai- 
nes des  Templiers. 

En  1792,  la  ville  était  divisée  en  sept  quartiers.  Ce- 
lui qui  commençait  aux  marches  de  Saint-Jean  et  allait 
jusqu'au  Pont,  englobant  la  Prison,  située  Basse-Grande- 
Rue,  portait  alors  le  nom  de  Quartier  du  Temple,  se- 
lon une  note  que  notre  excellent  confrère,  M.  René 
Gadbin  u  eu  l'amabilité  de  nous  communiquer. 

Anoré  Joubert. 


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LASSAY 

SES  ÉCOLES,  SES  COLLÈGES 

(Suàe  et  fin). 


Sur  CC9  entrefaites  Léon  de  Madaitlan  était  mort  à 
Paris  le  2  octobre  1750,  âgé  de  72  ans.  Selon  sa  volonté, 
son  corps  avait  été  transporté  à  Lassay  pour  reposer 
dans  la  chapelle  des  Bénédictines  à  côté  de  son  père,  sa 
mère,  et  plusieurs  membres  de  la  famille'.  Les  habi- 
tants accompagnèrent  au  tombeau  de  leurs  regrets  una- 
nimes  celui  qui  leur  avait  donné  tant  de  preuves  de  sa 
généreuse  affection. 

Quatorze  ans  après,  en  1764,  M.  Jean-Baptiste  Bignon 
se  retirait  par  suite  de  ses  infirmités,  après  trente  années 
de  ministère.  H  résignait  sa  cure  en  faveur  de  son  neveu, 
Jacques  Touchard,  fils  d'un  maître  tanneur  de  Crennes 
et  d'Anne  Bignon,  moyennant  300  livres  de  rentes  via- 
gères . 

C'était  deux  pertes  irréparables  pour  Lassay.  Le  nou- 
veau seigneur,  Louis  de  Brancas,  duc  de  Lauragais,  ne- 
veu et  héritier  de  Léon  de  Madaillan  par  son  mariage 
avec  Adélaïde  d'O,  n'a  point  laissé  de  traces  importan- 
tes do  ses  générosités  dans  cette  ville. 

De  son  cAté,  le  nouveau  curé  n'a  laissé  que  le  sou- 

1.  V.  Bénédiclines  de  Lassay,  p.  65. 


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-  S41  - 

venir  de  son  zèle  et  de  sa  foi  pour  laquelle  il  est  mort 
exilé  en  Angleterre  en  1799, 

Le  collège,  privé  de  dons  supplémentaires,  sera  bientôt 
obligé  de  renoncer  à  la  gratuité  des  élèves  pour  se  sou- 
tenir. 

Nous  en  trouvons  la  preuve  dans  l'acte  suivant  rela- 
tif à  la  nomination  d'un  nouveau  principal.  En  voici  les 
traits  les  plus  intéressants  i 

a  Le  sixième  jour  d'octobre  1775,  le  général  des  habi- 
tants de  Lassay...  «  après  avoir  délibéré  entr'eux,  ont 
sous  le  bon  plaisir  de  très  hault  et  très  puissant  seigneur 
Monseigneur  le  comte  de  Lauraguais,  seigneur  marquis 
de  Lassay  et  autres  lieux,  choisi  la  personne  de  maistre 
Jacques-Jean  Bonnel,  prêtre  de  la  paroisse  de  Saint-Denis 
de  Villenette,  duquel  ils  connoîssent  les  bonnes  vies  et 
mœurs,  la  capacité  et  talents  nécessaires  pour  remplir 
les  devoirs  de  régent  dudit  collège,  et  l'ont  prié  et  re- 
quis, moyennant  qu'il  touchera  la  fondation  faite  par  le 
seigneur  marquis  de  Lassay  pour  l'établissement  dudit 
collège  et  en  outre  vu  que  cette  fondation  n'est  pas 
suffisante  pour  les  honoraires  des  deux  régents  qu'il 
sera  loisible  audit  Bonnel  d'exiger  de  chaque  écolier  de 
cette  dite  ville  la  somme  de  15  livres  par  chacun  an,  et 
6  livres  des  écoliers  externes  ;  et  vu  que  ladite  fondation 
n'est  paiable  qu'au  mois  d'octobre  l'année  prochaine, 
lesdits  habitans  ont  arrêté  que  des  266  livres  neuf  sols 
six  deniers  qui  sont  restés  du  don  gratuit  entre  les 
mains  dudit  Sourderie  il  en  soit  délivré  audit  s'  Bonnel 
savoir  par  forme  de  gratification  la  somme  de  100  li- 
vres, et  en  prêt,  autre  somme  de  100  livres  que  ledit 
8*^  Bonnel  rendra  au  dit  s'  de  la  Sourderie  lors  du 
paiement  qui  lui  sera  fait  de  ladite  fondation  et  les  66 
livres  neuf  sous  six  deniers  pour  frais  ou  coust  du  pré- 
sent et  employer  te  reste  si  tout  est  nécessaire  en 
achat  de  livres  qui    resteront  audit  collège  avec  les 


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autres  qui  y  sont  déjà  attachés,  et  de  tous  lesquels  li- 
vres ledit  s'  Bonnel  se  chargera  sous  son  récépissé  pour 
les  représenter  lors  de  sa  retraite....  et  enfin  au  molen 
que  lesdits  habitans  fourniront  audit  aieur  Bonnel  les 
deux  appartemens  qui  sont  au  bout  du  jardin  de  la  mai- 
son des  sieurs  Dufay  et  Foucher,  dépendant  de  la  suc- 
cession de  feu  François  Foucher  de  Melleray  prêtre, 
avec  ledit  jardin  et  les  caves  de  dessous  lesdits  deux 
appartcmens,  auquel  elfet  ledit  sieur  Bonnel  demeure 
autorisé  d'en  prendre  bail  pour  trois  ans  pour  la  somme 
de  quarante  livres  par  an,  qu'il  fera  payer  par  ses  éco- 
liers el  à  la  charge  aussi  par  ledit  s'  Bonnel  de  profes- 
ser la  quatrième,  troisième,  seconde  et  rhéthorique  et 
d'avoir  et  ae  choisir  un  second  régent  pour  enseigner 
les  premiers  éléments  de  la  langue  latine  jusqu'à  la  cin- 
quième inclusivement'...  » 

Cette  délibération,  signée  par  les  principaux  habitants 
et  à  leur  tête  par  Jacques  Touchard,  curé,  doyen  rural 
de  Lassay,  fut  soumise  au  marquis  de  Lassay  qui  la  re- 
tourna avec  cette  approbation  écrite  en  marge  :  «  M.  le 
Comte  de  Lauraguais  a  agréé  ta  nomination  de  M.  Bon- 
nel et  luy  a  donné  des  provisions  qui  luy  ont  été  re- 
mises. » 

M.  Bonnel  choisit  comme  second  régent  l'un  des  abbés 
AUard,  et  tous  les  deux  s'appliquèrent  à  maintenir  au 
collège  sa  réputation  bien  méritée. 


1.  Cette  dëljbératiun,  dont  l'original  est  entre  nos  maiDs.  est 
si^ée  entr'aulres  par  Touchard,  curé,  G.'P.  Lemarchiind,  vi- 
caire éi  Lassay,  Julien  el  François  Ail ard-Lab l'esse,  prélres, 
J.  Lemarchand,  prôtie,  Dufay.  bailly  de  Lassay,  P.  Bottu,  pro- 
cureur fiscal.  Barbé,  avocat  en  parlement,  Raimbnult,  avouât, 
J.  Piette  de  Monlfoucault,  président  au  siège  du  grenier  à  sel, 
Jean  Boltu.  grenelier  audit  sièffe,  M.  Barre,  docteur  en  méde- 
cine, René  Richard,  inspecteur  des  chasses  du  marquis  de  Inis- 
say,  F.  Foucher  de  Coramerçon.  receveur  au  grenier  à  sel,  F»'> 
Champion,  maître  en  art  de  chirurgie,  René  de  Levaré,  notaire 
royal,  R,  Bottu,  s'  des  Mortiers,  F,  Geneslay.  J.  Laurent,  Claude 
Champion,  s'  de  la  SQurderie,  procureur  syndic... 


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-  649  - 

L'année  suivante  ils  offraient  aux  Lasséens  une  belle 
fête  à  l'occasion  de  la  distribution  des  prix. 

Le  pro^amme,  plus  développé  que  celui  de  1741,  con- 
contient  sept  pages  petit  in-4''  ayant  pour  titre  :  «  Co- 
médies qui  seront  représentées  par  les  écoliers  du  col- 
lège de  Lassay  ie  cinq  et  le  six  du  mois  d'août  1776,  si 
le  temps  est  commode.  » 

Au-dessous  est  écrite  la  recommandation  suivante  : 
«  On  prie  ceux  qui  assisteront  à  cet  exercice  de  ne  point 
monter  sur  le  théâtre.  » 

La  première  pièce  était  celle  qui  avait  été  jouée  en 
1741. 

Voici  le  programme  des  deux  pièces,  avec  danses 
comme  entr'actes,  et  probablement  accompagnement 
d'instruments  de  musique. 

«  LE  JOUEUR,  comédie  en  cinq  actes,  qui  3«ra  re- 
présentée le  premier  jour'. 

1.  Personnages  et  nom.s  des  acteurs  11"  jour)  : 

Gbrdnte.  pèrt!  de  Valère.  Pierre  Bollu-Martiniére,  de  Javron. 

Valère.  joueur,  lils  de  Géronle.  Jeaii-Juiien-Toussaint  Krénais, 
de  Neuilly. 

DoKANTE,  oncle  de  Valère.  Pierre  Prenais  La  Touche,  de 
Neuilly. 

Anselme,  frère  de  Géronte.  Julien  Thuault  Dufay  Voloyer,  de 
Lassay. 

Fabuicb,  nis  d'Anselme.  .lean-Heclor  de  Quelquejeu-Linguliëre, 
de  Lassay. 

Le  Marquis.  Joseph  Ma  il  tard- Tu  rit  6  re.  de  Lassay. 

Hector,  volet  de  Valère.  Pierre  Thuault  Lahaye  Vauloyer,  de 
Lossay, 

L*  Flèche,  volet  de  Dorante.  Mathnrin-Jocquea  Borré,  do 
I^assay. 

TouT-A-BAs,  maître  de  tric-trac.  Guillnume  Colambus,  de 
Lassay. 

Galonnier,  loilleur.  Germain-Fortin  Duhameau,  de  Lassay. 

Adaw,  sellier.  Jean-Louis  Roimbault,  de  Lassoy. 

La  Kessource,  usurier.  René  Bottu  de  Jovron. 

La  scAie  est  à  Paris,  dons  la  maison  de  Valère. 

Ordre  des  danses  pour  le  premier  jour  ; 

Avant  le  premier  acte.  —  Dansera  seul  M.  Villier». 

Ouverture.  —  Messieurs  Cnulomlms,  Vaudremont.  Bottu, 
Turlière,  DavoQt.  Mortiniere,  Frénays,  Latoûche. 

Dansera  seul  M.  Beauvais. 


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«  Sujet  :  Dorante,  ancien  colonel,  obtient  la  permis- 
sion de  se  choisir  un  successeur.  Valère,  son  neveu, 
jeune  homme  passionné  pour  le  jeu  du  lansquenet, 
ayant  laissé  ses  écus  dans  ces  lieux  où  le  hazard  préside 
en  souverain,  vient  le  prier  de  le  mettre  à  la  tête  de 
son  régiment.  Scapin,  qui  se  dit  marquis,  sait,  à  l'om- 
bre de  ce  grand  nom,  trouver  accès  auprès  de  sa  per- 
sonne, et  sollicite  la  même  faveur.  Sur  lequel  fîxe-t-il 
son  choix?  C'est  le  dénouement  de  la  Comédie. 

LES  LNCOMMODITÉS  DE  LA  GRANDEUR,  co- 
médie en  cinq  actes,  qui  sera  représentée  le  second 
jour'. 


Premier  intermède.  —  Dansera  seul  M.  Vaudremont. 

Ballet  de  six.  —  MM.  Coulombus,  Fortin,  Davoût,  Turliere, 
Duboui^,  Villiers. 

Pas  de  deux.  —  MM.  Bottu,  Lahaye. 

Second  intermède.  —  Dansera  seul  M.  Davoût. 

Ballet  de  quatre.  —  MM.  Villiers,  Bottu,  Labaye,  Martiniere. 

Dansera  seul  M,  Davoût. 

Troisième  intermède.  — Dansera  seul  M.  Martiniere. 

Ballet  de  nègres.  —  M.M,  Vaudremont,  Villiers,  Bollu,  Dufay, 
Beauvais,  ForUn,  Davoût,  Latouche. 

Quatrième  intermède.  —  Dansera  seul  M,  Barré. 

Ballet  de  /mit.  —  MM.  Grandin,  Coulombus,  Vaudremont, 
Davoût,  Botlu,  Beauvais,  Baimbault,  Villiers. 

Pas  de  deux.  —  MM,  Coulombus,  Turliere. 

Après  le  cinquième  acte.  —  Dansera  seul  *" 

Ballet  général.  —  MM.  Dufay,  Barré,  Bottu,  Lahaye,  Frénays. 
Lineuliere,  Fortin,  Dubourg,  Beauvais,  Latouche,  Martiniere, 
Coulombus,  Orandin,  Vaudremont,  Villiers,  Turliere,  Baimbault, 
Davoût, 

1,  Personnages  et  noms  des  acteurs  (2«  jour(  : 

Philippe,  duc  de  Bour^^e.  René  Bottu,  de  Javron. 

Charles,  (ils  de  Phihppe,  comte  de  Charolois.  Michel-Félix 
Beauvais,  de  Neuilly. 

Ohontk,  confident  du  Duc.  Jean-François  Orandin,  de  Mon- 
treuil. 

Cléun,  confident  du  Comte.  Georges  Davoût,  de  Lassay. 

"    '      tH,  paysan,  faux  duc  de  Bourgogne.  Julien  Thuault  Du- 
jyer,  de  Lassav. 
j,  Oflicier.  M athurin -Jacques  Barré,  de  Lassay, 

TiKANTt,  introducteur  des  ambassadeurs  et  trésorier.  Pierre 
Bottu  Martiniere,  de  Javron. 

Padius,  savant  ridicule.  Guillaume  Coulombus,  de  Lassay. 


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-  UM  - 

B  Sujet  :  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  passant  en 
carrosse  dans  la  rue,  apperçoit  un  paysan  ivre,  étendu 
sur  le  pavé  et  dormant  d'un  profond  sommeil.  11  le  fait 
emporter  dans  cet  état  eu  son  palais,  et  revêtir  de  ses 
habits,  avec  ordre  de  le  traiter  comme  si  c'étoît  lui-mê- 
me ;  et,  afin  de  mieux  prendre  part  au  divertissement, 
il  se  met  au  nombre  de  ses  oflicîers.  Ensuite,  après 
avoir  rendu  tous  les  honneurs  possibles  au  prétendu  duc 
de  Bourgogne,  on  le  remet  dans  son  premier  état,  en  le 
faisant  boire.  Quelle  est  sa  surprise,  lorsqu'à  son  réveil 
il  se  voit  dépouillé  de  toute  sa  grandeur  ?  C'est  le  dé- 
nouement de  la  pièce.  » 

Ces  fêtes  brillantes  intéressaient  à  plus  d'un  titre  la 
ville  de  Lassay.  Malheureusement  elles  ne  compen- 
saient pas  l'insufRsance  des  deux  professeurs  pour  les- 
quels elles  étaient  de  plus  un  surcroît  de  fatigue. 

M.  Bonnel  se  retire  en  1780'.  A  cette  date  les  deux 
abbés  Allard  de  la  Brosse  dirigent  le  collège  jusqu'en 
17852. 

C'étaient  au  moins  les  dixièmes  professeurs  depuis 
cinquante  ans.  Les  études  n'avaient  pas  dû  gagner  à  ces 
changements  si  répétés. 

En  1785  nous  trouvons  comme  principal  M.  Louis 
Lesage,  prêtre,  aidé  par  M.  Romagné  (1785  à  1790), 


Un  AaTHOUMUi,  René  Barré  Dubouiw,  de  Lassay. 

Député  d'une  Provincb,  Jean-Louis  Raimbault,  de  Lassay. 

Un  Médecin.  Nicolas  Georrov-Vsudremoiit.  de  Lassay. 

Carmagnole,  valet  de  Valere.  An  toi  ne-Geo  froy  Villiera,  de 
Las»ay. 

LuBiN,  paysan,  camarade  de  Grégoire.  Pierre  Frénais  Latou- 
che  de  Neuîliy. 

La  scène  est  au  palais  du  duc  de  Bourgogne. 

iLes  danses  et  les  acteurs  sont  les  inémes  que  ceux  du  premier 
jour:  il  est  donc  inutile  de  les  indiquer  de  nouveau). 

1.  M.  Bonnet  est  mort  curé  de  Ceaucé  en  1823. 

2.  Julien  Allard  fut  nommé  t:hapelain  des  Bénédictines  de  Las- 
sav.  Son  frère,  François,  se  relira  dons  la  ville  comme  prêtre 
hal)itué.  Tous  les  deux  refusèrent  de  prêter  le  serment  constitu- 
tionnel et  moururent  à  Rambouillet  en  1794. 


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puis  par  M.  Lamboux,  clerc  tonsuré.  Ce  seront  tes  der- 
niers directeurs  sérieux  de  notre  collège. 

Les  premières  années  du  nouveau  principal  se  passè- 
rent sans  incident  remarquable.  Agé  de  vingt  trois  ans, 
et  tout  entier  à  son  ministère,  il  faisait  espérer  un  plus 
long  stage  que  ses  prédécesseurs  quand  la  Révolution 
vint  bientôt  briser  ces  espérances. 

Le  15  octobre  1789,  M.  du  Castel,  receveur  général 
des  rentes  à  Paris,  avisa  la  municipalité  que  le  versement 
de  la  rente  pour  le  collège  était  retardé.  Il  en  était  de 
même  pour  la  fondation  des  sœurs  de  charité*.  Ce  fut, 
hélas,  pour  toujours  ! 

Des  dons  particuliers  vinrent-ils  remplacer  la  fonda- 
tion de  Léon  de  MadaiDan  ?  On  ne  sait. 

L'abbé  Lesage  et  les  sœurs  continuèrent  cependant  de 
remplir  leur  mission  pendant  deux  années. 

Le  28  octobre  1790,  les  habitants  se  réunissent  de 
nouveau  au  sujet  du  collège.  Ils  confirment  le  choix  de 
M.  Lesage,  premier  régent  depuis  trois  ans,  et  nom- 
ment M.  Lambonx,  clerc  tonsuré  de  Lassay,  comme 
successeur  de  M.  Romagné,  qui  se  retire.  Ils  adressent 
ces  nominations  à  M.  de  Brancas, ci-devant  seigneur  de 
la  ville,  pour  être  ratifiées  par  lui. 

L'assemblée  renouvelle  ensuite  la  décision  de  1775, 
relative  au  supplément  de  pension  à  payer  par  les 
élèves  ;  elle  stipule  de  plus  que  cette  pension  sera  payée 
au  commencement  de  l'année  scolaire,  tant  par  tes  éco- 
liers de  la  campagne  que  par  ceux  de  la  ville,  sauf  à 
M.  Lesage  de  régler  avec  les  premiers  la  quotité  du 
paiement  nécessaire  pour  être  admis.  En  outre  le  sieur 
Lamboux  ne  pourra  donner  des  leçons  particulières, 
mais  seulement  des  répétitions  aux  écoliers  agrégés 
au  susdit  collège  et  qui  auront  acquitté  les  rétributioits  ^. 


3.  Registre  des  délibérations  de  la  municipalité  de  Lassay. 


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-  583  — 

Ces  règlemeata  n'eurent  pas  une  longue  durée.  Au 
mois  de  mars  1791,  MM.  Lesage  de  Lamboux,  fidèles 
à  leur  foi,  refusaient  le  serment  constitutionnel.  Quel- 
ques jours  après,  ils  faisaient  leurs  adieux  à  leurs  chers 
élèves'. 

La  municipalité  embarrassée  pour  trouver  des  pro- 
fesseurs parmi  les  prêtres  assermentés  peu  nombreux 
du  reste,  nomme  provisoirement  le  3  juillet  1791,  Fran- 
çois Vieilpeau  principal,  à  charge  par  lui  de  choisir  un 
aide. 

Vieilpeau,  d'un  caractère  violent  et  très  irascible, 
n'était  pas  né  pour  cette  tAche  difficile.  11  n'eut  rien  de 
plus  pressé  que  de  résigner  sa  charge  â  la  première  oc- 
casion et  de  l'échanger  contre  la  cure  de  Cigné,  plus 
lucrative  et  beaucoup  moins  pénible,  où  du  reste  il  ne 
put  tenir  longtemps,  et  revint  bientôt  à  Lassay^ 

Le  24  août  1792,  sur  la  proposition  de  Volclair,  de 
sinistre  mémoire,  on  nommait  son  vicaire,  Chedville, 
pour  tenir  les  classes,  à  la  charge  pour  lui  de  se  pro- 
curer un  second,  s'il  le  voulait,  ou  d'en  trouver  un 
autre  en  cas  de  démission,  et  on  lui  laissait  la  jouis- 
sance des  bénéfices  et  droits  y  annexés.  On  ne  pouvait 
mieux  choisir  pour  porter  le  dernier  coup  à  notre  pau- 
vre collège  déjà  si  éprouvé. 

Si  Chedville  n'avait  pas  les  talents  incontestables  et 
tous  tes  vices  de  son  protecteur,  il  n'était  guère  plus 
édifiant.  Le  l"  août  précédent,  il  avait  été  traduit  en 


1.  M.  Lesage  fut  enfermé  à  la  maison  de  Patience  à  Laval,  où 
il  mourut  peu  de  temps  après.  J'i^ore  ce  qu'est  devenu  M. 
Lamboux. 

2.  ■  Le  20  vendémiaire  an  VI,  est  comparu  devant  nous  le  ci- 
toyen François  Vieilpeau,  ex-curé  de  Cigné,  acluellemenL  rési- 
dant en  cette  commune,  lequel  [mur  satisfeire  à  la  loi  dn  19  fruc- 
tidor dernier,  a  juré  haine  à  la  royauté  et  à  l'anarchie,  (idélilé  à 
la  république  et  à  la  constitution  de  l'an  111  (Registres  des  délibé- 
rations de  Laatayl.  ., 

3S 


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-  854  - 

police  correctionnelle  à  Lassay  même  pour  tapage  noc- 
turne à  l'auberge  des  Troïs-Rois', 

11  ne  jouissait  d'aucune  considération.  Il  eut  le  triste 
honneur  de  congédier  les  élèves  devenus  de  plus  en  plus 
rares  et  de  fermer  le  collège. 

Ce  fait  dut  avoir  lieu  en  août  1793,  car  on  trouve  au 
mois  de  décembre  suivant  ce  prêtre  apostat  greffier  de 
la  commission  révolutionnaire-  du  département  de  ta 
Mayenne  aux  côtés  de  Volclair  son  ancien  curé,  maire 
de  Lassay  et  accusateur  public  ! 

Après  la  tourmente  révolutionnaire,  l'instruction  né- 
gligée pendant  plusieurs  années,  était  de  nouveau  mise 
à  l'étude. 

Le  25  ventôse  en  IX,  le  ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique consultait  sur  ce  sujet  les  conseils  d'arrondisse- 
ment. Celui  de  Mayenne  donna  pour  Lassay  les  répon- 
ses suivantes  aux  demandes  insérées  dans  la  circulaire 
ministérielle. 

1°  Nombre  des  maîtres  et  des  élèves  ?  —  Deux  pro- 
fesseurs et  cent  élèves  qui  n'étaient  admis  que  lorsqu'ils 
savaient  lire  et  écrire. 

2°  Genre  d'instruciion  donnée  ?  —  On  y  montrait 
l'arithmétique,  les  premiers  éléments  de  la  géométrie, 
la  géographie  et  tes  langues  françaises  et  latine. 

3°  Ressources  et  revenus  affectés  ?  —  Ils  consistaient 
en  une  rétribution  de  15  francs  par  élève  et  une  rente 
de  800  francs^. 

4**  Bâtiments  consacrés  au  collège  ?  —  Il  n'y  a  ja- 
mais eu  de  bâtiments  particulièrement  affectés  à  cet  éta- 
blissement. 

5°  Y  a-t-il  encore  des  revenus  affectés?  —  Ils  ont 
péri  avec  les  gabelles. 

1.  Voir  deux  délibérations  du  1*'  el  2  août  1792,  et  sur  ce  per- 
sonnage :  D.  Piolin,  Église  du  Mans,  t.  VIU,  516  et  IX,  25. 

2.  Le  chiffre  de  la  rente  est  inexact,  d'après  les  pièces  que 
nous  avons  reproduites.  Elle  n'était  que  de  500  francs. 


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-  688  — 

6°  Que  sont  devenus  les  anciens  prof esseurs  ? — II* 
existent  encore  mais  on  ne  peut  dire  précisément  où  et 
ce  qu'ita  font. 

1"  Opinion  du  conseil  sur  les  avantages  de  cette 
maison  (^éducation  ?  —  Le  besoin  de  faciliter  l'instruc- 
tion demande  l'établissement  d'un  collège  dans  la  com- 
mune. 

8"  Ressources  pour  cet  établissement  7  —  On  pour- 
rait le  placer  dans  une  aile  du  ci-devant  couvent  des  Bé- 
nédictines et  le  gouvernement  peut  d'ailleurs  subvenir 
au  défaut  des  revenus'. 

Le  vœu  exprimé  par  le  conseil  fut  réalisé  en  1820,  sur 
l'initiative  de  M.  Christophe  Piette,  maire  de  Lassay. 

Le  célèbre  docteur,  une  des  gloires  de  notre  petite 
ville,  n'avait  pas  oublié  les  services  rendus  par  l'ancien 
collège.  C'est  là  qu'il  avait  commencé  son  stage  avant 
d'aller  suivre  les  cours  de  médecine  de  Montpellier. 

L'une  de  ses  premières  démarches,  comme  maire,  eut 
pour  but  le  rétablissement  de  son  cher  collège.  La  ville 
de  Lassay,  bien  que  jouissant  de  modiques  revenus  (ils 
n'étaient  en  1818  que  de  4,674  fr.  50)  et  grevée  d'un  em- 
prunt de  6,000  fr.  pour  le  pavage  à  neuf  d'une  partie 
de  ses  rues,  souscrivit  avec  empressement  à  ce  projet. 
Elle  vota  3,000  fr.  pour  les  premières  réparations  du 
couvent  des  Bénédictines  affecté  au  collège  et  une  allo- 
cation annuelle  de  1,500  fr.  au  principal,  pour  subvenir 
aux  frais  des  professeurs. 

Nous  ne  noua  arrêterons  pas  longuement  sur  ce  der- 
nier essai  qui  du  reste  ne  répondit  pas  aux  espérances 
de  ces  fondateurs.  Nous  aurons  peut-être  occasion  d'y 
revenir  dans  un  autre  travail. 

Les  classes  furent  ouvertes  en  novembre  1820,  par 
M.  l'abbé  Chauvigné,  ancien  professeur  de  rhétorique 
de  Chàteau-Gontier,  ayant  pour  collaborateurs  M .  l'abbé 

1.  Archives  déportcmeotales. 


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—  556  — 

Bontemps  (3"  et  4*),  M.  l'abbé  Chaateclair  (5*  et  6*)  rem- 
placé l'année  suivante  par  M.  Leroy  des  Barres,  M. 
Jouanneau  (7*)  et  M.  Pannetier  pour  l'école  primaire.  Le 
collège,  qui  était  mixte,  renfermait  quatre-vingts  élèves 
dont  vingt-sept  pensionnaires. 

Ce  début  était  assez  brillant;  malheureusement  M. 
Chauvigné  quitta  Lassay  l'année  suivante  par  suite  de 
dissentiments  avec  l'administration,  et  alla  fonder  le 
collège  de  Mayenne,  au  grand  détriment  de  notre  petite 
ville,  à  laquelle  il  enlevait  plusieurs  élèves. 

Son  successeur,  M.  l'abbé  Durand,  ancien  professeur 
au  collège  de  Domfront,  réussit  à  soutenir  tant  bien  que 
mal  le  collège  jusqu'à  sa  mort  en  1832. 

A  son  arrivée  le  personnel  des  professeurs  était  changé. 
M.  Leroy  des  Barres,  nommé  au  collège  de  Saumur, 
avait  pour  successeur  M.  Frédéric  Guéranger,  régent  de 
sixième  au  collège  de  Beaufort;  M.  Antoine  Perdriau, 
professeur  de  quatrième  au  collège  de  Guérande,  rem- 
plaçait M.  Bontemps  et  enfin  M.  Pannetier,  nommé  à 
l'école  normale,  avait  pour  successeur  M.  Auguste  Les- 
cour,  maître  d'études  au  collège  d'Angers.  Le  profes- 
seur de  septième  était  supprimé  et  sa  classe  confiée  à 
M.  Guéranger,  professeur  de  «inquième  et  sixième. 

Si  l'ancien  collège  de  Lassay,  avec  ses  cent  élèves, 
manquait  de  maîtres,  celui-ci  du  moins  brillait  par  son 
personnel  enseignant,  avec  une  moyenne  de  trente  à  qua- 
rante élèves,  qui  diminua  de  beaucoup  à  la  mort  de 
M.  Durand,  généralement  aimé  par  la  ville. 

Sous  son  successeur,  M.  l'abbé  Duhaubourg,  qui  ne 
fît  que  passer,  le  coup  de  mort,  déjà  décidé  en  principe 
dans  une  délibération  de  1829,  fut  donné  à  notre  pauvre 
collège  qui  exigeait  des  sacrifices  beaucoup  plus  grands 
que  les  avantages  qu'il  pouvait  offrir.  11  disparaissait 
sans  retour  après  douze  ans  d'exist«nce. . . . 

1.    GlLLARD. 


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PIÈGES    JUSTIFICATIVES 


I 


Elat  des  revenus  et  des  charges  du  collège  établi 
dans  la  ville  de  Lassai/,  élection  du  Mans,  dressé  en 
exécution  et  pour  satisfaire  à  la  déclaration  du  11 
février  n6k. 

Le  collège  de  Lassay  est  composé  de  deux  régents, 
fondés  par  Léon  de  Madaillan  de  Lespare  marquis  de 
Lassay,  par  acte  devant  les  notaires  du  Cbâtelet  de 
Paris  du  26  avril  1738,  dont  la  minute  est  restée  à  M' 
Dutartre  un  des  notaires,  sur  lequel  a  été  obtenu  lettres 
de  chancellerie  qui  furent  scellées  sans  opposition  le  20 
juin  au  dit  an  1738. 

Ces  deux  régents  ensei^cnt  la  langue  latine  depuis 
la  6'  jusqu'en  réthorique  inclusivement  et  pour  tout  re- 
venu le  Fondateur  a  donné  aux  dits  régents  500  livres 
de  rentes,  au  principal  20,000  livres  constituées  sur  les 
aydes  et  gabelles  de  France  au  profit  de  M°  Jean  Du- 
tartre notaire  le  29  octobre  1720,  *édée  par  ledit  Dutar- 
tre au  père  du  fondateur  par  contrat  du  21  décembre 
1731,  muni  de  lettres  de  chancellerie  du  11  janvier  sui- 
vant. 

Ledit  seigneur  fondateur,  s'est  réservé  la  nomination 
des  régents  avec  clause  expresse  que  si  l'exercice  de 
l'instruction  de  la  jeunesse  venait  à  cesser  fautte  de  ré- 

f;ents  ou  par  quelque  autre  événement  que  ce  puisse 
tre,  celui  ou  ceux  qui  seront  les  seigneurs  de  Lassay 
rentreront  de  plein  droit  dans  la  propriété  et  jouissance 
de  la  ditte  rente. 

Il  n'y  a  aucun  fonds  ni  autre  revenu  au  dit  collège  que 


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—  888  - 

la  ditte  rente  de  500  livres,  oe  que  doub  certifioDs  véri- 
table à  Lasaay. 

En  l'assemblée  des  administrateurs,  directeurs  et  ha- 
bitants, ce  8  septembre  1764. 

DuFAY,  bailly  de  Lassay.  Barbé,  avocat  fiscal. 

Je\n  Allard-Labrosse,  prétre-régent. 

BoTTu,  procureur  liscal.  Lebrun,  syndic. 

Garnier,  avocat,  procureur  de  la  fabrique. 


Fondation  du  Collège  de  Lassay. 

Pardevant  les  conseillers  notaires  du  Hoy  à  Paris 
soussignés  fut  présent  très  hault  et  très  puissant  et  sei- 
gneur Léon  de  Madaillan  de  Lespare,  marquis  de  Las- 
say et  demeurant  en  son  hostel  rue  de  l'Université, 
fauxbourg  Saint-Germain,  paroisse  S'  Sulpice, 

Lequelayant  considéré  combien  la  bonne  éducation 
et  l'instruction  de  la  jeunesse  est  agréable  à  Dieu  et 
nécessaire  aux  hommes  et  voullant  traiter  favorablement 
ses  babitantg  de  sa  ville  et  terrede  Lassav  et  leur  don- 
ner des  marques  de  sa  protectionet  bienveillance  en  leur 
procurant  le  moyen  de  faire  à  l'avenir  et  à  perpétuité, 
estudier  et  instruire  leurs  enfants... 

A  ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  volontairement 
fondé,  par  ces  présentes  à  perpétuité,  deux  regens  qui 
feront  leur  demeure  en  la  ville  de  Lassay,  pour  instruire 
montrer  et  aprendre  le  tatain  à  toutte  la  jeunesse  de  la 
terre  et  marquisat  de  Lassay,  tant  pauvres  que  riches 
gratuitement  et  sans  rien  exiger  d'eux  sous  quelque 
prétexte  que  ce  soit  et  puisse  estre  depuis  et  en  com- 
mençant par  la  sixiesme  classe  jusques  et  compris  ta 
rethorique  sous  condition  que  non  seulement  la  nomina- 
tion desdits  deux  regens  apartîendra  audit  seigneur 
marquis  de  Lassay  sa  vie  durant  et  après  luy  à  ceux 
qui  seront  seigneurs  dudit  marquisat  de  Lassay  à  per- 
pétuité, mais  même  que  toutes  fois  que  ledit  seigneur 
marquis  de  Lassay  et  après  lui  ses  successeurs  sei- 


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gneura  ne  seront  pas  contents  desdits  régens  ils  pou- 
ront  les  changer  et  en  nommer  et  commettre  d'autres 
toutes  fois  et  quantea  qu'ils  jugeront  apropos,  sans  que 
nulle  autre  personne  puisse  pouvoir  prétendre  aux  uit- 
tes  nominations  ny  empêcher  les  changements  nu'ii 
plaira  aux  seigneurs  dudit  marquisat  de  LaBsay  de  faire. 
Déclarant  ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  que  quoy 
qu'il  vienne  d'estre  dit  que  tes  deux  régens  enseigne- 
ront gratuitement  cela  ne  regardra  que  les  enfants  des 
babitans  dudit  Lassay  :  ainsy  si  des  étrangers  voulloient 
venir  faire  instruire  par  lesdits  deux  régents,  iceux  re- 
gens pouront  prendre  deadits  étrangers  les  pensions 
ou   recompenses  qu'ils  aviseront,   mais   sous  condition 

3ue  suivant  l'intention  et  volonté  dudit  seigneur  marquis 
e  Lassay  que  sous  prétexte  des  dittes  pensions  ou  re- 
compenses que  donneront  lesdits  étrangers  les  dits 
deux  regens  ayent  plus  d'égards  et  d'attention  pour 
lesdits  étrangers,  voulant  au  contraire  que  leur  première 
et  plus  grande  attention  à  bien  montrer  et  enseigner 
soit  pour  les  enfana  des  habitans  de  la  ville  et  marqui- 
sat ac  Lassay  qui  iront  cstudier  chés  lesdits  regeos. 
Ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  a  par  ces  présentes 
choisy  et  nommé  aux  dittes  deux  places  de  regens  sous 

les   conditions  cy  dessus   expliquées   les  S Morice 

diacre  de  la  paroisse  de  Thutœuf  et Morice  soudia> 

crc  de  la  paroisse  du  llousscan  dcmeurans  actuellement 
loua  les  deux  en  la  ville  do  Lassay  et  nii^  y  enseigent 
la  jeunesse  ayant  été  informé  do  leur  proliité  et  capacité. 
Et  pour  le  fond  et  soustion  de  la  présente  fondation 
ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  a  par  ces  présentes 
ceddé  et  délaissé  sans  garantye  à  la  fabrique  de  la  cha- 
pelle de  Nostre  Dame  du  Rocher  dudit  Lassay  cinq 
cents  livres  de  rente  au  principal  vingt  mil  livres  cons- 
tituées sur  les  aydes  et  gabelles  de  France  au  profit  de 
M°  Jean  Dutartre  notaire  par  contract  passé  devant  M* 
Dtipuy  et  son  confrère  notaire  le  vingt-neuf  octobre 
1720,  subcistutant  en  entier  suivant  les  mentions  estan- 
tes en  marge,  fait  lors  du  viza,  laquelle  rente  apartient 
audit  seigneur  Marquis  de  Lassay  comme  seul  liéritier 
de  deffunt  très  hault  et  très  puissant  seigneur  Armand 
de  Madaillan  de  Lespare  son  père  marquis  de  Lassay 
chevallier  des  ordres  du  Roy  lieutenant  général  pour 


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sa  majesté  des  provinces  de  Bresse,  Beugey  et  Valran- 
cy,  auquel  seig^neur  marauis  de  Lasaay  père  ledit  M* 
Dutartre  auroil  ceddé  laditte  rente  avec  autres  par  con- 
trat passé  devant  M"  Roussel  et  son  confrère  notaires 
à  Paris  le  vingt-un  décembre  1731,  sur  lequel  fut  obtenu 
lettres  en  chancelleries  qui  furent  scellées  sans  opposi- 
tion le  onze  janvier  1732  pour  être  laditte  fabrique  de  la 
Cbapelle  de  notre  dame  du  Rocher  de  Lassay  déposilaire 
de  la  ditte  rente  et  les  arrérages  en  être  perçua  pour  ce 
qui  en  échoira  à  l'avenir  à  compter  du  premier  juillet 
prochain  1738.  Sçavoir  d'abord  pour  lesdits  sieurs  Mo- 
rice  qui  viennent  d'estre  nommés  régents  et  sur  leurs 
quittances  tant  qu'ils  seront  régents  et  après  eux  par 
ceux  qui  seront  leurs  successeurs  nommés  régente  par 
ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  ou  ses  succès  s  eurs  à 
perpétuité,  aussi  sous  leurs  quittances,  sans  que  lesdits 
arrérages  puissent  être  touchés  par  d'autres  que  lesdits 
régents  ou  les  fondés  de  leurs  procurations  transportant, 
dessaisisant,  voullant  procurant  le  porteur  donnant  pou- 
voir sous  condition  néanmoins  que  toutes  les  fois'  que 
les  régena  nommés  négligeront  de  remplir  exactement 
leurs  devoirs,  le  -cas  arrivant  les  habitants  de  Lassay 
seront  tenus  d'en  avertir  ledit  aeigneur  marquis  de  Las- 
say ou  ses  successeurs  pour  en  choisir  et  nommer  d'au- 
tres et  que  si  lesdits  habîtans  négtigeoient  cette  atten- 
tion ou  que  par  quelques  autres  événements  que  ce  soit 
ou  puisse  être  l'exercice  de  la  ditte  instruction  de  la 
jeunesse  cessast  en  ce  cas  celui  ou  ceux  qui  seront  tors 
seigneurs  de  Lassay  rentreront  do  plain  droit  dans  ta 
propriété  et  jouissance  de  la  ditte  rente  ceddée  pour  en 
disposer  ainsy  qu'ils  avisseront  à  l'effect  de  quoy  se 
feront  remettre  la  grosse  du  contract  et  les  autres  pie- 
ces  qui  seront  en  depost  ainsy  qu'il  va  être  dit.  Tout  ce 
Îue  dessus  acceptés  pour  les  habitants  du  marquisat  de 
assay  et  la  ditte  fabrique  de  la  chapelle  de  Nostre 
Dame  du  Rocher  de  Lassay  et  en  tant  que  beseoing  se- 
roit  pour  lesdits  regens,  par  M'  Mathieu  Dutertre  pro- 
cureur fiscal  du  siège  et  marquisat  de  Lassay  y  demeu- 
rant de  présent  à  Paris  logé  rue  de  Seine  quartier 
S'  Germam  des  Prez  à  ce  présent  qui  reconnoist  que 
ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  luy  a  présentement 
délivré  et  mis  es  mains  la  grosse  du  contrat  de  consli- 


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tution  desdittes  oinq  cents  livres  de  rente  du  vingt  neuf 
octobre  1720,  coppie  du  transport  de  la  ditte  rente  faite 
par  ledit  M'  Dutartre  notaire  audit  deffunt  seigneur  mar- 

3ui8  de  Lassay  père  du  21  décembre  1731,  Coppie  des- 
ittes  lettres  ae  ratification  obtenues  sur  ledit  transport 
le  onze  jfljivier  1732  et  extrait  de  l'intitulé  de  l'inventaire 
fait  après  le  deceda  dudit  seigneur  maripùs  de  Lassay 
père  par  ledit  M*  Dutartre  et  son  confrère  datte  au  com- 
mencement du  vingt  six  fenvrier  1738,  qui  justifie  que 
ledit  seigneur  marquis  de  Lassay  son  fils  est  son  seul 
héritier  pour  être  les  dittee  pièces  avec  les  lettres  de 
ratification  qui  seront  obtenues  sur  ces  présentes  remi- 
ses ensemble  par  le  dit  sieur  Dutertre,  comme  il  si  est 
obligé,  en  depost  dans  le  tressor  de  la  ditte  fabricque 
de  la  chapelle  de  Notre-Dame  du  Rocher,  même  a  pro- 
mis raporter  acte  pour  être  annexé  à  la  minute  des  pré- 
sentes qui  contiendra  que  lesdits  contrats  et  pièces 
auront  été  remises  audit  tressor  et  une  ratification  et 
acceptation  desdittes  présentes  par  le  procureur  de 
fabricque  en  charge  de  la  ditte  fabrique  et  par  des  an- 
ciens et  notables  nabitans  de  laditte  ville  de  Lassay. 

Car  ainsy  est  la  volonté  et  intention  dudit  seigneur 
marquis  de  Lassay  promettant,  obligeant,  rendant.,.. 

Fait  et  passé  à  Paris  en  Ihostcl  do  Lassay  l'an  mil 
sept  cent  trente  huit  le  vingt  six  avril  avant  midy  et 
ont  signé  la  minutte  des  prescntos  demeurée  audit  M* 
Dutartre  notaire.  Le  Verrier  et  Dutartre  avec  paraphes 
scellé  le  26'  avril  1738. 


III 


Expédition  de  l'acte  d'acceptation  du  18  may  1738 
par  ks  habitants  de  la  ville  de  Lassay,  de  la  foada~ 
tioH  faite  le  26  avril  1738  par  M.  le  M"  de  Lassay, 
de  deux  régents  pour  instruire  et  aprendre  le  latin  à 
la  Jeunesse  de  la  ville  et  marquisat  de  Lassay. 

Par  devant  nous  Robert  Duclos  l'ainé  et  Mathieu  le 
Baillif,  notaires  royaux  au  Maine  héréditaires  pour  la 


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ville  de  Lassay  paroisse  de  Saint-Fraimbaolt,  demeu- 
rans  en  la  ville  dudit  Laesay  soubsi^és. 

Furent  presens  maistres  Pierre  Morice  diacre  de  la 
paroisse   de  Thubœuf,   et  Jean  Morice  Boudiacre  de  la 

Saroisse    du  Housseao  demeurans   tous  deux   en  cette 
itte  ville. 

Et  maistre  Louis  Garnier  notaire  arpenteur  royal, 
procureur  en  charge  de  la  fabrique  de  la  chapelle  Notre- 
Dame  du  Rochdr  du  dit  Lassay  y  demeurant. 

Et  encore  chacuoB  de  Maistre  Jean-Baptiste  Bignon, 
prestre  curé  dudit  Lassay  M'  Jean  François  Foucher 
prestre  ancien  curé.  M'  Antoine  Lottin  vicaire,  M'  Jean 
Forton  prestre,  M'  Mathurin  Le  Roux  prestre,  M*  An- 
toinne  Le  Marchant  cler  tonsuré,  M"  Nicolas  Le  Mar- 
chaat  juge.  M*  Jean  Piette  sîeur  de  Montfoucault,  pré- 
sident au  grenier  à  sel,  M'  Louis  Barbé  avocat  fiscal, 
M'  Mathieu  Dutertre  procureur  fiscal.  M*  François  Ca- 
quia  avocat.  M*  Louis  Caquîa  avocat,  M*  Louis  Bottu 
avocat.  M'  Pierre  Thoumin  avocat,  M"  François  Simon 
avocat.  M' Jean  le  Baillif  grellier.  M*  Nicolas  Laigneau 
notaire  royal.  M"  Robert  Duclos  le  jeune  notaire  royal, 
M'  Gabriel  Duclos  notaire  du  marquisat.  M"  René 
Margerie  docteur  en  médecine,  François  Thoumin  bour- 
geois, Jean-Louis  Raimbault  apotiquere,  Gabriel  Cham- 
pion chirurgien  juré,  Jean-Baptiste  Bignon  sindic,  Fran- 
çois Cochon  'aine  ciricr,  Jean-Baptiste  Bignon  le  jeune 
marchand,  François  Colombus  marchand,  René  Lebrun 
marchand,  Jean  de  Pannard,  marchand,  François  Co- 
chon le  jeune  marchand  cirier,  André  Migoret  huissier 
royal,  Jullien  Gonnet  marchand,  François  Tison  mar- 
chand, François  Jardin  marchand  et  plusieurs  autres, 
curé,  prostrés,  oOiciers,  anciens  et  notables  habitans 
de  laditte  ville  de  Lassay  v  demeurans. 

Lesquels  après  avoir  pris  conimunicquation  de  l'acte 
de  fonaation  faitte  par  très  haut  et  très  puissant  seigneur 
Léon  de  Madaillan  de  Lespare  marquis  de  Lassay  pas- 
sée devant  maistre  Dutartre  qui  en  a  la  minutte  et  son 
confrère  notaires  à  Paris  le  vingt  six  avril  mil  sept  cent 
trente  huit  et  dernier  accepte  pour  lesdits  comnarans 
par  maistre  Mathieu  Dutertre,  procureur  liscal  dudit 
siège  et  marquisat  de  Lassay  ausni  à  ce  présent  y  de- 
meurant, et  que  d'abondant  lecture   dudit  acte  leur  a 


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-  B68- 

éiè  prÂsentament  faîtte  par  nous  Duolos  notaire  royal 
l'autre  présent  qu'ils  ont  dit  bien  sçavoir  et  eatendre. 

Ont  lesditB  comparans  déclaré  avoir  ledit  acte  de 
fondation  pour  agréable  en  conséquence  accepté  et 
consentent  qu'il  soit  exécuté  selon  sa  forme  et  teneur  et 
remercient  ledit  seigneur  marquis  de  Lassay,  et  en  con- 
sequance  lesdits  sieurs  Morice  s'obligent  tant  pour  eux 
que  leurs  successeurs,  d'instruire,  montrer  et  aprendre 
le  latin  à  tous  les  enfants  des  habitants  de  la  ville  dudit 
Lassay  gratuitement  tant  pauvres  que  riches,  depuis  et 
en  commençant  par  la  sixiesmc  classe,  jusque  et  compris 
la  rethorique,  lesquels  susdit  actes  ledit  sieur  Dutcrtrc 
remettra  au  trésort  de  la'  ditte  fabrique  de  la  chapelle 
Notre  Dame  du  Rocher. 

Fait  et  passé  au  lieu  ordinaire  des  assemblées  de 
cette  ville  de  Lassay,  à  l'issue  des  vespres  dittcs  et  cé- 
lébrées en  l'église  dudit  lieu,  le  dimanche  dix-hultlesme 
may  mil  sept  cent  trente  huit  sur  la  convocquation  qui 
en  a  été  faitte  à  ce  jour  lieu  et  heure  suivant  le  billet 
de  publication  au  fait  des  présentes  qui  en  a  été  faitte 
ce  jour  à  llssbe  de  la  grande  messe,  signé  dudit  sieur 
Lottin  prestre  vicaire,  controllé  au  bureau  de  cette  ville 
ce  dit  jour  par  Simon  commis,  attaché  àsea  présentes, 
après  avoir  aussy  donné  lecture  à  haute  voix  en  la  ditte 
assemblée  par  l'un  de  nous  notaires,  l'autre  présent,  du 
présent  acte  d'acceptation. 

Suivent  les  signatures  qu'il  est  inutile  de  reproduire. 

En  suit  copie  du  billet  de  publication. 

Monsieur  Dutertre  procureur  fiscal  de  cette  ville  fait 
avertir  messieurs  les  curé,  prostrés,  ofTiclers,  bourgeois 
et  habitans  de  cette  ville.  Ensemble  le  procureur  de 
fabrique,  de  s'assembler  ce  jour  à  l'Issûe  des  vespres 
au  lieu  ordinaire  des  assemblées  de  cette  ville  pour  dé- 
libérer au  sujet  du  don  fait  par  monsieur  le  marquis  de 
Lassay  seigneur  de  cette  ville  et  paroisse  pour  l'établis- 
sement d'un  collège  dans  cette  ville,  pour  l'instruction 
de  la  jeunesse,  à  ce  que  du  tout  il  n'en  soit  ignoré. 

Lu  et  publié  le  présent  au  prosne  de  la  grande  messe 
de  la  chapelle  Notre  Dame  du  Rocher  de  la  ville  de  Las- 
say par  BOUS  Antoinne  Lottin  prestre  vicaire  dudit  lieu, 


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—  B64  - 

sonbsigQé,  le  dimanche  dix  hait  may  mi)  sept  cent 
trente  huit.  Signé  A.  Lottin  avec  paraphe,  lequel  billet 
a  été  controllé  au  burcaa  dudit  Lassay  ledit  jour  dix 
huit  may  par  ledit  Simon  commis  qui  a  mis  receu  douze 
sols.  P"  expédition  délivrée  au  sieur  Dutertre  procureur 
fiscal  à  Lassay. 

M.  Le  B&illif. 


IV 


Extrait  du  registre  des  délibérations  des  assemblées 

Ceneralles  de  Sœurs  de  Charité  de  la  sociétéde  Silté- 
'.-Guillaume. 

Aujourd'huymil  sept  cent  quarante  sept, 

Nous  aœur  Suzf>nne  Fussot  supérieure  generalle,  les  as- 
si9tantc3,oflicieres  et  sœurs  de  Charité  de  la  Sociétéde  Sillé 
le  Guillaume  establye  en  la  paroisse  de  la  Chapelle  au 
Riboux  assemblées  au  son  de  la  cloche  en  la  manierre 
accoustumée  ix  leiïect  de  délibérer  sur  un  établissement 
de  charité  que  monseigneur  le  marquis  de  Lassay  a 
intention  de  faire  en  sa  ville  de  Lassay  et  sur  les  con- 
ditions qu'il  leur  a  fait  proposer  ainsy  quelles  ensuivent 
c'est  à  sçavoir  que  laaitte  communautté  sobligora  de 
fournir  à  perpétuité  trois  sœurs  de  Charité  pour  demeu- 
rer en  lao.  ville  de  Lassay  lesquelles  seront  capables  : 

1°  D'instruire  la  jeunesse  de  (a  ditte  ville  et  paroisse 
et  lui  aprendre  à  lire,  écrire  et  calculer. 

2°  D'avoir  soin  des  peauvres  et  pour  cet  elTect  de  sça- 
voir soigner,  entretenir  une  apotiquarerie  pour  fournir 
aux  malades  les  remèdes  qui  leur  seront  nécessaires. 

3°  Et  enfin  de  leur  faire  etporter  le  bouillon,  la  viande 
et  le  pain  dont  ils  auront  bosoingjusqua  leur  rétablisse- 
ment et  de  leur  donner  tous  les  secours  spirituels  et  cor- 
porels dont  elles  seront  capables,  le  tout  gratuitement 
et  sans  rien  exiger  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit  et 
puisse  être. 

Au  moyen  de  qiioi  mondît  seigneur  le  marquis  de 
Lassay  oiTre  pour  le  fond  et  soutien  de  la  présente  fon- 


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dation  de  cedder  et  de  laisser  sans  garantye  à  la  fabric- 

Îae  de  la  chapelle  de  nostre  dame  du  Rocher  dudit 
aasay  la  somme  de  400  1.  de  rente  au  principal  de 
16000  1,  constituées  sur  les  aydes  et  gabelles  de  France 
pour  être  ladîtte  rabricque  de  la  chapelle  de  noatre  dame 
du  Rocher  dépositaire  de  laditte  rente  et  les  arrérages 
en  être  perçus  pour  ce  qui  en  échoira  à  lavinir  à  comp- 
ter du  premier  janvier  1747,  sçavoir  d'abord  par  lea 
sœurs  Yvoire,  Boursier  et  Le  Blanc  qu'il  nous  a  fait 
prier  de  nommer  et  sur  leurs  quittances  tant  quelles 
exerceront  la  fondation  cy  dessus  propossée  et  après 
elles  par  celles  qui  leur  sucederont  ausey  sur  leurs 
quittances  sans  que  lesdits  arréragea  puisses  esli-e  tou- 
chés par  dautres  que  par  lesdittes  trois  sœurs  ou  les 
fondés  de  leurs  procurations,  sous  condition  néanmoins 
1°  que  toutes  les  fois  que  lesdittes  trois  sœurs  ou  celles 
qui  leur  succéderont  négligeront  de  remplir  exactement 
leurs  devoirs,  le  cas  arivant,  les  habitans  de  Lassay 
seront  tenus  d'en  avertir  ledit  seigneur  marquis  de  Las- 
say ou  ses  successeurs  pour  en  demander  d'autres  à 
laoîtte  communautté  et  que  si  lesdits  habitants  negli- 
geroîent  cette  attention  ou  que  par  quelque  autre  évé- 
nement que  ce  soit  ou  puisse  être  laditte  fondation  vint 
à  cesser  davoir  son  exécution  en  tout  ou  partyes  des 
charges  cy  dessus  énoncées,  en  ce  cas  celui  ou  ceux  qui 
seront  seigneurs  de  Lassay  rentrerons  alors  de  plain 
droit  dans  la  proprietté  et  jouissance  de  laditte  rente 
ceddée  pour  en  disposer  ainsy  qu'ils  aviseront. 

1"  A  la  charge  que  sur  laditte  somme  de  400  1.  les 
dittea  trois  sœurs  seront  tenues  d'en  employer  juaqua 
concurance  de  la  somme  de  100  1.  en  remèdes  et  médi- 
caments pour  lussage  des  peauvres  malades  tant  et  si 
longtems  que  Iaditt«  somme  de  400  1.  leur  sera  bien 
payée  ;  pourveù  toutes  fois  que  par  quelque  cas  irapre- 
veû  elles  ne  soient  point  forcée  à  en  faire  usage  pour 
leur  propre  besoing  et  sans  qu'en  aucun  cas  elles  soient 
tenues  de  rendre  compte  tant  desd.  100 1.  que  des  300 1. 
destinés  pour  leur  nouriture  et  entretien,  sen  raportans 
de  l'emploi  desd,  deux  sommes  à  leur  ame  et  conscien- 
ce, bien  entendu  cependant  que  si  lesd.  1001.  destinés 
pour  médicaments  étotent  plus  que  suflisents.  le  surplus 
sera  employé  au  proffit  des  pauvres  malades. 


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3"  A  la  charge  que  M.  le  Curé  de  Saint  Fraimbault  et 
le  B'  Simon  fourniront  une  somme  de  600 1.  pour  meu- 
bler lesdites  trois  aœurB. 

4°  Que  les  habitans  de  la  ville  de  Lassay  et  parois- 
BÏenà  de  Saint  Fraimbaul  sobliKeront  de  leur  four- 
nir un  logement  convenable  pour  Fexécution  de  la  pre-  - 
sente  fondation  et  qu'en  attendant  qu'ils  ayent  dea  fonds 
sulHsnnt»  pour  achctter  une  maison  ils  sobligeront  de 
leur  payer  les  loyers  de  colle  qui  leur  fourniront  sans 
que  lesd .  sœurs  soient  tenues  ny  obligées  à  aucune  réfec- 
tion ny  réparation  de  la  maison  qui  leur  sera  fournye 
par  lesdits  liabitans  laquelle  ils  seront  tenus  d'entretenir 
aiiisy  que  tous  les  meubles  linges  et  ustancilles  néces- 
saires à  un  mesnage  de  trois  filles. 

5"  Que  les  curés,  marguillers,  sïndiq  et  habitans  de 
laditte  ville  de  Lassay  et  de  S'  Fraimbault  consentiront 
que  la  fondation  de  quarante  cinq  livres  de  rente  au 
principal  de  900  1.  constituées  au  profit  des  la  maestres- 
se  decole  de  la  ville  de  Lassay  par  René  Deslandes  et 
Loûisse  Chocquet  sa  femme  et  par  François  Cacquia 
s'  de  Monbourg  par  acte  passé  devant  Nicolas  Laigneau 
no"  royal  en  la  ville  de  Lassay  le  18  septembre  1712  et 
celle  de  17 1.  18  s.  de  rente  fontierre  par  les  s"  Chauvin 
Bouselet  et  Bagiielin  et  par  eux  reconnue  par  acte  passé 
devant  Louis  Boulav  no"  au  marq'  de  Lassay  le  28  feu- 
vrier  1725.  Lesquelles  ont  été  faictes  à  leffet  de  tenir 
les  petites  ecoUes  desquelles  deux  sommes  Marie  Viel- 
peau,  qui  les  tenoit,  jouist  en  conséquence  du  consente- 
ment et  de  lavia  desoits  habitants  authorizé  de  celluî  de 
monseigneur  l'evesque  du  Mans,  seront  et  demeureront 
revisés  à  une  fondation  de  4Ci01.  que  ledit  seigneur 
marquis  de  Lassay  est  dans  l'intontion  de  faire  en  fa- 
veur des  peauvres  de  lad.  ville  (après  toutes  fois  la 
mort  de  laditte  Vieîlpeau  qui  jouira  desd.  deux  sommes 
jusqua  sa  mort  après  laquelle  seulement  lad.  réunion 
aura  Heu)  pour  être  lesd.  trois  sommes  de  462  1.  18  s. 
employée  au  soulagement  des  peauvres  de  Lassay  et  de 
S'  Fraimbault,  et  cependant  dans  ie  cas  ou  par  quelque 
force  supérieure  ou  autre  cas  impreveù  il  ariveroit  que 
la  fondation  cy  dessus  de  400 1.  faitte  en  faveur  desdit- 
tes  trois  sœurs  vint  k  être  reduitte  au  dessous  de  3001. 
il  sera  convenu  et  consenty  par  lesdits  habitans  que  sur 
lad.  somme  de  62  1.  18  s.  Il  sera  pris  jusqua  concurance 


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-  567  - 

de  ce  qui  manqueroit  pour  parfaire  laditte  somme  de 
3001.  destinées  à  la  nourriture  et  entretien  des  trois 
sœurs  l'intention  dudit  seigneur  marquis  de  Lassay  es- 
tant quelles  ayent  toujours  chacune  100  1.  pour  leur 
uzage. 

6"  Que  le  procureur  de  fabrique  en  charge  leur  four- 
nira les  remèdes  et  la  nourriture  nécessaire  aux  malades 
et  que  si  les  sœurs  font  quelques  avances  ledit  s^  procu- 
reur les  leur  rendra  sur  le  champ  suivant  leur  mémoire. 

7°  Que  lesdittea  sœurs  rendront  compte  au  bureau 
de  M"  les  directeurs  de  la  Charité  dudit  Lassay  au 
moins  une  fois  tous  les  ans  de  lemploi  quelles  auront 
fait  des  deniers  destines  au  soulagement  des  poauvres 
malades  et  qui  leur  auront  été  remis  par  ledit  procureur 
dont  coppie  attestée  et  signée  desdits  s"  administra- 
teurs sera  aporté  tous  les  ans  par  les  s'''  à  lassemblée 
generalle  des  sœurs  de  la  charité  pour  être  visée  par  leur 
supérieure  et  ensuitte  déposée  au  tressor  de  la  societté. 
Et  âpres  une  mure  délibération  et  attendu  que  M,  le 
Curé  de  S'  Fraimbault  et  le  sieur  Simon  ont  déjà  foumy 
la  susditte  somme  de  6001.  pour  lesd.  meubles,  nous 
sommes  d'avis  d'une  commune  voîx  d'accepter  laditte 
domiation  aux  charges  clauses  et  conditions  cy  dessus 
Btipnllées,  comme  très  avantageuse  à  la  societté  et  au 
publicq  et  pour  cet  effet  nous  donnons  par  ces  présentes 

Souvoir  à 
'nccepter  et  se  soumettre  audit  établissement  de  trois 
sœurs  en  la  ville  de  Lassay  aux  surcharges,  clauses  et 
conditions  cy  dessus  qui  seront  exprimées  dans  le  con- 
trat qui  sera  passé  à  cet  effet  coppie  duquel  et  de  la  pré- 
sente délibération  sera  remise  deument  sussigné  au  tres- 
sor desdittes  filles  de  la  Charité  aux  frais  dudit  seigneur 
marquis  de  Lassay  suivant  les  offres  qu'il  nous  en  a 
fait  laire  et  de  consentir  que  nos  d.  trois  sœurs 
Yvoire  Boursier  et  et  Blanc 

qui  exercent  d'avance  depuis  quelques  années  Icsd.  char- 
ges et  la  fondation  cy  dessus  proposée  continuer  de  le 
«ire,  sous  la  condition  cependant  que  lesd.  trois  sœurs 
pourront  être  changées  en  en  fouroissaut  d'autres  capa- 
bles conformément  au  règlement  de  la  société. 

Arresté  en  laditte  maison  de  la  chapelle  au  Hiboux  le- 
dit jour  en  lassemblée  generalle 

i.  G. 


fa 


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AVEU 

DU    COMTÉ    DE    LAVAL 

CONTEHANT 

LA.   RÉFORVATION    DE    CKLlJI    DE    1444 

1452 


L'aveu  rendu  au  comte  du  Maine  par  Anne  de  Laval, 
en  1444,  ayant  été  déclaré  insufTisant',  elle  comparut 
de  nouveau  a  en  ta  personne  d'Aymeri  Malabri,  son  pro- 
cureur, »  le  10  novembre  1452,  »  à  l'assise  du  Maus 
tenue  par  honorable  homme  et  saige  Gilles  de  ta  Réaulté 
juge  ordinaire  du  Maine  ;  »  elle  bailla  alors  par  u  minu 
les  debvoira  qui  lui  estoieut  duz,  »  alîn  que  cette  nou- 
velle déclaration  fût  annexée  à  l'aveu  précédent. 

Cet  aveu  nouveau  ou  complément  d'aveu  entre  dans 
des  détails  si  minutieux  que,  pour  le  plus  grand  nom- 
bre des  lecteurs,  il  serait  fastidieux  à  parcourir  en  en- 
tier; il  donne  cependant,  çà.et  là,  des  renseignements 
qu'il  peut  être  utile  de  recueillir.  Pour  nous  rendre  au 
désir  qui  nous  a  été  exprimé,  nous  allons  donner  en  ex- 
traits textuels  les  passages  qui  sembleront  oITrir  plus 
d'intérêt,  et  nous  nous  bornerons  à  analyser  ceux  qu'il 
Buflira  de  reproduire  en  abrégé. 

1.  Nous  l'avons  publié  intégralement  dana  le  Bulletin  aux  n" 
4  et  5  de  la  deuxième  série.  Voir  le  préambule  qui  le  précède. 


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On  retroBve  ilana  l'aveu  de  1452  la  plupart  des  noms 
de  peraotmes  et  de  propriétés  déjà  mentionnés  dans  ce- 
lui de  1444.  La  prieure  d'Avesnières  devait,  antenne  de 
Pâques,  cinq  échaudés  et  cinq  mesures  de  vin  vallaÎB. 
D'autres  payaient  au  même  terme  une  certaine  quantité 
de  «  trilles  (étrilles)  et  de  bougies  de  sangle.  »  Pour  le 
lieu  de  la  Chevalerie,  les  héritiers  de  Robert  Le  Mac- 
zon  devaient  «  un  chappel  de  rouses.  »  Mais  ce  qui  frappe 
davantage  c'est  te  nombre  des  maisons  pour  lesquelles 
on  ne  peut  plus  rien  percevoir  à  cause  des  dégftts  eau- 
ses  par  la  guerre  des  Anglais.  Le  Marchis  et  la  rue 
Boucheresse,  aujourd'hui  du  Lycée,  furent  particulière- 
ment maltraités. 

Cinq  sous  dûs  pour  une  maison  sise  au  Marchis  n'é- 
taient plus  payés  par  les  hoirs  de  Hamelin  Coyaller 
parce  que  cette  maison  avait  «  esté  abatue  et  démolie 
par  la  fortune  de  la  guerre.  »  De  même  pour  la  maison 
Gillet  Poulain  sise  «  ou  Marchaîl  près  les  veilles  hal- 
les, n  De  même  encore  pour  la  maison  de  Guillaume 
Saibouez,  sise  au  même  endroit. 

{TextueC)  «  Gieffrov  le  Coq  ponr  sa  maison  sise  en  la 
rue  Boucherease  14  deniers,  laquelle  maison  est  abatue 
et  démolie  par  la  fortune  de  la  guerre.  —  Jehan  Bère  à 
cause  de  sa  femme  pour  sa  maison  qui  fust  Guillaume 
du  Mans  et  sur  un  appentiz  qui  est  près  la  maison  Ba- 
dier  en  la  rue  Boucherease,  16  deniers,  lesquelles  chosea 
sont  vacques  et  en  ruyne  par  la  fortune  de  la  guerre.  — 
Les  hoirs  de  feu  Gervèse  Badier  pour  leur  maison  aise 
en  la  rue  Boucheresse,  14  deniers,  lesquelles  choses 
sont  abatues  et  démolies  par  la  fortune  de  la  guerre.  — 
Les  hoirs  de  feu  Gervèse  d'Emée  pour  leur  maison  sise 
en  la  rue  Boucheresse,  quatre  deniers,  lesquelles  cho- 
ses ont  été  abattues  et  démolies  par  la  fortune  de  la 
guerre.  — ■  Les  détenteurs  des  maisons  et  courtilz  qui 
turent  à  la  Picquaude  et  depuis  à  André  Rotemain,  7 
sous,  lesquelles  choses  ont  été  abattues  et  démolies  par 
ta  fortune  de  la  guerre 


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-  570  - 

u  Jehan  Jusquel  à  oanae  de  sa  femme  pour  la  maison 
de  l'eatang  <rai  fut  Martin  Rondel,  6  sous,  qui  ne  se 
boient  point  de  présent  pour  ce  que  ladite  maLaon  a  été 
démolie  et  abattue  par  la  fortune  de  la  gaerre  et  que 
oenx  &  qui  elle  estoit  l'ont  quictée 

«  Les  hoirs  feu  Gillot  Rigaut  pour  leur  maison  de  la 
ripvière  (de  la  me  de  Rivière)  12  deniers  qui  ne  se  poient 
point  pour  présent  pour  ce  que  ladite  maison  a  esté 
abatue  et  démolie  par  la  fortune  de  la  guerre  et  que  la 
place  d'icelle  est  en  dosve  (douve) 

«  Les  hoirs  feu  Macé  des  Arsiz  pour  une  maison  sise 
ou  Marchail  12  deniers,  lesquels  ne  se  poient  point  pour 
présent  pour  ce  que  ladite  maison  a  esté  abatue  et  démo- 
lie par  la  fortune  de  la  guerre 

—  Jehan  du  Mans  le  jeune  pour  ses  chouses  du  Mar- 
cheil,  12  deniers  qui  ne  se  poient  point  pour  présent 
poor  ce  que  les  dites  choses  sont  ruyneuses  par  la  for* 
tune  de  la  guerre.  —  Les  hoirs  feu  Thenot  de  LardîUer 
pour  leurs  choses  du  Marcheil,  12  deniers  qui  ne  se 
poient  point  pour  ce  que  les  dites  choses  sont  ruyneuses 
pour  la  fortune  de  la  guerre.  —  Les  hoirs  feu  messire 
Jehan  Guiart  prebtre  pour  leurs  chouses  du  Marcheil, 
c'est  assavoir  une  place  de  maison,  9  deniers,  qui  ne  se 
poient  point  pour  présent  pour  ce  que  les  dites  choses 
sont  en  ruyne  pour  la  fortune  de  la  guerre.  —  Les  hoirs 
de  feu  Dureux  pour  leur  maison  de  Ta  rue  Boucheresae, 
12  deniers,  lesquels  hoirs  dudit  Dureax  n'en  poient  riens 
pour  ce  que  les  dites  ohouses  sont  en  ruyne  pour  la  for- 
tune de  la  guerre  et  que  icelles  ohouses  ou  partie  dycel- 
les  sont  employées  en  dosves  pour  la  fortincatîon  de  la 
dite  ville  de  Laval.  —  Les  hoirs  fmi  Damourette  pour 
leurs  chouses  de  la  rue  Gaudin,  6  déniera  qui  ne  se 
poient  point  pour  présent  pour  ce  que  les  dites  choses 
sont  ruyneuses  pour  la  fortune  de  la  guerre 

—  Les  hoirs  de  la  Behoresse,  12  deniers  pour  leur  mai- 
son du  Marchail  qui  ne  se  poient  point  pour  présent 

{tour  ce  que  la  dite  maison  a  esté  abatne  et  démoBe  pour 
a  fortune  de  la  guerre.  —  Les  hoirs  feu  Jehennin  Pelet 
pour  leur  maison  qui  fost  feu  Guérin  des  Isles,  6  de- 
niers, qui  ne  se  poient  point  pour  ce  que  la  dite  maison 
a  esté  démolie  et  abatue  par  fortune  de  la  guerre.  -^ 


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-671  - 

Perrot  Gribouyu  pour  sa  ratdsoa  du  Marché  cpii  Tut 
Robio  Belleut,  15  deniers  qui  ne  se  poieut  point  pour 
présent  pour  ce  que  la  dite  maison  a  esté  abatue  et  dé- 
nu^ie  par  la  fortune  de  la  guerre.  —  Les  hoirs  feu  Robin 
Belleut  pour  une  maison  sise  au  Marcheil,  13  deniers, 
qui  ne  se  poient  point  pour  présent  pour  ce  que  la  dite 
maison  a  esté  anatue  pour  la  fortune  de  la  ^erre  et 

Sa'il  y  en  a  une  partie  en  la  dosve  de  la  ville  dudit  lieu 
e  Laval —  Les  hoirs  Conailler  pour 

leur  maison  du  Marcheil,  10  deniers  qtii  ne  se  poient 
point  pour  ce  que  la  dite  maison  est  niyneuse  par  la 

lortuoe  de  la  ^erre —  Jean  Rolland  et 

la  Quentine  chacun  pour  la  moitié  pour  une  maison  sise 
ou  Marcheil  qui  fust  à  la  femme  feu  Guillaume  Brctel, 
12  deniers,  lesquels  ne  se  poient  point  pour  présent  pour 
ce  que  la  dite  maison  est  ruyneuse  par  la  fortune  de  la 
guerre.  —  La  femme  et  hoirs  de  feu  Hemeiin  Coyaller 
pour  une  place  qui  est  devant  l'oustel  Baudrv,  2  deniers, 
qoi  De  se  podent  point  pour  ce  que  la  dite  place  est  ruy- 

neuse  par  la  fortune  de  la  guerre —  Les 

hoirs  de  feu  Perrot  Le  Forestier  pour  leur  ouste)  qui 
fut  feu  Gervèse  Arondel  sis  au  Marcheil,  12  deniers, 
qui  ne  se  poient  prant  pour  présent  pour  ce  que  la  dite 
maison  a  esté  aoatue  et  démolie  par  la  fortune  de  la 

ferre.  —  Jamet  le  Baillif  pour  sa  maison  du  Marcheil, 
sous,  qui  ne  se  poient  point  pour  présent  parce  que 
la  dite  maison  est  ruyueuse  par  la  fortune  de  la  cpierre 
et  que  partie  d'icelle  h  esté  mise  ou  employée  au  ooule- 
vard  de  la  dite  ville  de  Laval  pour  la  fortification  d'i- 
celle ville.  — ■  Les  hoirs  de  feu  Macé  Martin  pour  use 
place  où  il  eut  autrelTois  maison  sise  près  la  porte  Bon- 
cheresse,  8  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour  présent 
pour  ce  que  la  dite  maison  est  abatue  par  la  fortune  de 
la  guerre  et  que  icelle  place,  ou  la  plupart  d'icelle  est 
employée  ou  boulevard  et  fortification  de  le  dite  ville. 

—  Les  hoirs  de  feu  Perrot  Novail  pour  leur  maison  qui 
fut  Michel  le  Bocier,  12  deniers,  qui  ne  se  poient  pomt 
pomr  la  cause  dessus  dicte.  —  Les  hoirs  feu  G.  Gallet 
pour  l'appentiz  joignant  à  icelle  maison,  8  deniers,  qui 
ne  se  poient  point  pour  la  cause  dessus  dicte. 

—  Les  hoirs  de  feu  Macé  Martin  pour  certaines  choses 
héritaulx  qui  furent  feu  Jamet  Beaupié,  lesqueulx  ne  se 


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poient  point  pour  présent  pour  ce  que  les  dictes  choses 
sont  vacqnes  et  en  ruyne  par  la  fortune  de  la  guerre. 

—  Les  noirs  feu  Macé  Martin  pour  ung 

habergement  et  appartenances  du  Marcheil  que  tint 
Perrin  Bellier,  12  deniers,  lesquels  ne  se  poient  point 
pour  ce  que  les  dites  choses  sont  vacqnes  et  ruyneuses 

5ar  la  fortune  de  la  guerre —  Les  hoirs 
e  feu  Guillaume  Gaudin  pour  une  maison  sise  en  la 
me  Gaudin,  12  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour 
présent  pour  ce  que  les  dites  chouses  sont  vacques  et 

en  ruynes  par  la  fortune  de  la  guerre — 

Les  hoirs  de  feu  Estienne  Martin  pour  la  maison  qui  fut 
Louis  le  Bloy,  sise  en  la  rue  de  la  Ripvière,  16  deniers 
qui  ne  se  poient  point  pour  présent  pour  ce  que  ladite 
maison  a  esté  abatue  par  la  fortune  ae  la  guerre  et  que 
ta  place  d'icelle  maison  ou  la  pluspart  est  en  dosve.  — 
Les  hoirs  dudit  Martin  pour  la  moictié  d'une  maison  qui 
fut  à  la  femme  feu  Robin  le  Breton,  1  denier,  qui  ne  se 
poie  point  pour  présent  pour  la  cause  dessus  dicte. 

—  Les  hoirs  feu  messire  Jehan  Girard 

pour  la  moictié  d'un  courtil  sis  près  la  maison  feu  Es- 
tienne Secoué,  6  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour  ce 
que  les  dictes  choses  sont  ruyneuses  et  vacques  par  la 

fortune  de  la  guerre —  Jehan  Jarn  pour 

sa  maison  du  Marcheil,  qui  fust  Macé  Fresnel,  10  de- 
niers obole,  qui  ne  se  poient  point  pour  présent  pour  ce 
que  les  dictes  choses  sont  ruyneuses  et  vacqnes  par  la 
fortune  de  la  guerre.  —  Jehan  du  Mans  le  jeune  à  cause 
de  sa  femme  pour  son  houstel  de  la  rue  Boucheresse  qui 
fut  à  Colin  Roussel,  2  sous,  lesquels  ne  se  poient  point 
pour  présent  pour  ce  que  les  dites  chouses  sont  ruyneu- 
ses et  vacques  pour  la  fortune  de  la  guerre,  tant  parce 
que  ils  sont  employés  en  la  dosve  et  fortification  du 
boulevard  de  la  porte  Boucheresse  que  autrement. 
.  .  .  .  —  Les  hoirs  feu  Colas  de  la  Vieuxville  pour 
un  doux  de  terre  sis  en  la  rue  Boucheresse,  8  deniers, 
qui  ne  se  poient  point  pour  présent  pour  ce  qu'il  est  en 
ruyne  et  vacque  pour  la  fortune  de  ia  guerre.  —  Les 
hoirs  à  la  feue  Gaultier  pour  leur  allée  à  aller  en  leur 
courtil  du  Gast  qui  fut  Vendelays,  2  deniers  qui  ne  se 

poient  point  pour  la  cause  dessus  dicte 

■ —  Pierre  Gaucberi  pour  une  haie  et  courtil  sis  près  la 


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-  S73  - 

dosve  de  la  ville  devers  la  rue  Gaudin,  2  deniers,  qui 
ne  se  poieut  point  pour  présent  pour  ce  que  les  dites 
choses  sont  ruyneuses  et  vacques  par  la  fortune  de  la 

Sierre —  Les  hoirs  feu  messirc  Jehan 
ichelon,  alias  Girard,  pour  une  place  aise  près  l'oustel 
Jamet  le  Pescheurs,  12  deniers,  qui  ne  se  poient  point 

fiour  présent  pour  ce  que  la  dite  place  est  en  ruyne  par 
a  fortune  de  la  guerre —  Les  iiéritiers  de 

feu  Henry  Novail  pour  la  maison  crui  fust  Reulen  le  Bre- 
ton, sise  au  Marcneis  que  tint  GiUet  Boeskaine,  5  de- 
niers, qui  ne  se  poient  point  pour  présent  pour  ce  que 
elle  est  en  ruyne  et  vacque  par  la  fortune  de  la  guerre. 

—  Les  hoirs  feu  Macé  des  Arsiz  pour  une 

place  sise  au  Marcheil,  7  deniers,  qui  ne  se  poient  point 
pour  présent  pour  ce  que  la  dite  place  est  en  ruyne  et 
vacques  par  la  fortune  de  la  guerre.   » 

La  dame  de  Laval  avoue  en  outre  plusieurs  places  ou  ' 
maisons  qui  luiront  été  délaissées  à  cause  du  mauvais 
état  dans  laquelle  la  guerre  les  avoit  mises  :  un  appenti 
sous  le  château  qui  avait  appartenu  à  Morice  le  Séné- 
chal ;  une  place  de  maison  adjacente  à  cet  appenti,  ahan- 
dMmé  par  les  héritiers  de  Guillaume  Guion  ;  une  loge 
au  Marchis,  par  Jean  Lemercier;  maison  et  courtil  en- 
core au  Marchis  par  Rohin  Pellerin,  Deux  maisons  «  si- 
ses en  l'estang  »  sont  cédées  l'une  par  Guillaume  Le 
Pescheurs  et  1  autre  par  Colin  Sergeant. 

11  est  plusieurs  fois  question  des  places  ou  maisons 
«  sises  es  geulles*,  sous  le  chastel  de  Laval  »  Eon 
le  Pannetier  y  habitait  au  moment  de  l'aveu  ;  Perria 
Quennier  y  occupait  une  maison  et  une  tour  ;  Simon  de 
Lommel  y  avait  eu  un  courtil,  Perrin  Quentin  une  mai- 
son, Perrot  Courtaille  une  part  de  maison.  Le  courtil  de 
Simon  de  Lommel  fut  «  mis  en  dosve  durant  le  temps 
des  guerres  et  pour  la  fortification  de  la  ville.  » 

L'aveu  constate  l'existence  de  vignes,  près  la  rue  Beu- 
cheresse.  Colin  Chambeure  y  avait  un  Cartier  de  vi- 
gnes, a  près  la  Fousse-Flouri,  sous  la  rue  Boucheresse.  » 


1.  GeuUet  ou  gueulles  étaient  sans  doute  le  terrain  renfermé 
par  le  rempart  bas  baignant  dans  la  rivière  qui  donna  son  nom  à 
ta  rue  qnî  passe  au  pied  du  château  (aujourdliui,  rue  du  Val-de- 
Maine). 


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-874  - 

Oo  voit  plus  loin  que  la  Fonsee-Flouri  était  au  Bon^- 
Hersect  ;  cette  vigne  était  donc  sur  le  penchant  qui 
incline  vers  le  ruisseau  du  Gué-d'Orgé.  La  Fonsse- 
Flouri  appartenait  à  Gervèse  Asselin.  Michel  Badier 
exploitait  une  vigne  qui  avait  appartenu  à  Bourrienne 
et  à  Estienne  Martin.  Michel  Novail  en  tenait  un  quar- 
tier «  au  bout  de  la  rue.  »  Jehan  Le  Boue  avait  une 
issue  pour  se  rendre  à  sa  vigue  du  Gast.  La  dame  de 
Laval  avait  racheté  les  vignes  du  Gast  aux  daes,  qui 
avaient  appartenu  à  Macé  des  Arsix. 

L'extrait  suivant  est  intéressant  parcequ'il  indique 
l'état  des  lieux  vers  le  faubourg  Saint-Martin  et  parce 
qu'il  fait  connaître  des  travaux  qui  firent  faits  pour  pro- 
téger ia  ville  contre  les  Anglais. 

(Tea^uet)  «.  Item  s'ensuivent  autres  cens  deuz  à  la 
dite  dame  par  an,  à  la  dite  feste  de  Saint-Thibaud  en 
la  rue  de  Peatang  et  du  bonrg  Sainct  Martin.  —  Les 
hoirs  de  feu  Guillaume  Gesselier  pour  une  place  sise  en 
l'estang,  18  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour  présent 
pour  ce  que  l'on  a  fait  un  estang  pour  la  fortmcation 

de  la  dite  ville —  Les  hmrs    de   feu 

Colin  Boylet  pour  leur  maison  de  l'estang,  9  deniers, 
|ui  ne  se  poient  point  pour  la  cause  dessus  dicte.  — 
^es  hoirs  de  feu  GieiTroy  Sergent  pour  leur  oustel  et 
appartenances  sis  près  le  russel  de  natel,  8  deniers.  — 
Perrin  Belhayt  pour  son  bostel  et  appartenances  qui  fut 
feu  Guillaume  Sarain,  2  deniers  obole.  —  Les  hoirs  feu 
Guillaume  Poybel  pour  leurs  places  de  l'estang,  15  de- 
niers, qui  ne  se  poient  point  pour  la  cause  dessus  ditte 
dudit  estang.  —  Les  hoirs  dudtt  Poybel  et  les  hoirs  de 
Yvon  Haytel  pour  ses  places  et  courtilz  de  l'estang, 
15  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour  présent  et  pour 
les  causes  dessus  dictes.  — ■  Les  hoirs  audit  Guillaume 
Poybel  pour  une  maison  sise  en  l'estang  qui  fut  Guil- 
laume Guilleu,  18  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour 
présent  pour  les  causes  dessus  dictes.  —  La  femme 
et  les  hoirs  de  feu  Jamet  le  Bigot  et  Guillemine  Nep- 
veu  pour  un  pou  (peu)  de  courtil  joignant  au  russsel 
de  Ratel,  4  deniers.  —  Les  dits  noirs  dudit  Bi^t  et 
Guibnin  Nepveu  pour  une  place  de  maison  et  courtil  sis 
près  ledit  russel  de  Ratel,  4  deniers.  ...  —  Les 
noirs  de  feu  Jehan  le  Rouyer  pour  leur  maison  et  place 


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de  l'estang,  3  sons  2  deniers,  qui  ne  ae  poient  point 
pour  présent  pour  la  cause  dessus  ditte.  —  Perrinelle, 
fille  de  HamoD  le  Rouyer  pour  une  maison  qui  fut  feu 
Symon  le  Rouyer,  sis  en  l'estang,  9  deniers,  qui  ne  se 
poient  point  pour  la  cause  dessus  dicte.  —  Jehan  Rabin 
pour  une  maison  sise  oudit  estan^,  10  deniers,  qui  ne 
se  poient  point  pour  présent  pour  la  cause  dessus  dicte. 
—  Jehan  Theberge  pour  sa  maison  de  l'estang  qui  fut 
au  charpentier,  18  deniers,  qui  ne  se  poient  point  pour 
le  présent  pour  la  cause  dessus  dicte.  —  Les  hoirs  de 
feu  Symon  le  Rouyer  pour  leur  maison  et  appartenan- 
ces de  l'estang,  5  sous  2  déniera,  qui  ne  se  poient  point 
four  présent  pour  la  cause  dessus  dicte.  —  Feu  messire 
ierre  Mellet  prebtre  avoit  accoustumé  à  poyer  par  an 
à  la  dite  dame  18  deniers  par  raison  d'uu  vergier  sis  près 
lea  fousses  dudit  lieu  de  Laval,  lequel  vergier  la  dite 
dame  tient  de  présent  en  sa  main.  » 

L'aveu  qui  nous  occupe  donne  un  plus  grand  nombre 
de  noms  d'habitants  de  la  ville  que  le  précédent.  La  liste 
en  sera  peut-être  ennuyeuse  ;  nous  la  donnons  cepen- 
dant avec  le  Heu  d'habitation  lorsqu'il  est  exprimé;  quel- 
ques-uns de  nos  contemporains  y  reconnaîtront  peut- 
être  des  ancêtres,  quoique  la  population  urbaine  ait  été 
bien  renouvelée  depuis  quatre  siècles.  Nous  ne  répétons 
pas  les  noms  déjà  reproduits  dans  les  extraits  donnés 


Commençons  par  une  suite  d'habitants  dont  toutes 
les  maisons  étaient  contiguès  les  unes  aux  autres  : 
Gieffroy  GuiUebo  et  son  voisin  Perrot  Fraise,  Raoullet 
Belin,  Guillaume  Dain,  cordonnier.  Jacquet  de  Frize, 
Guillaume  le  Faucheurs  et  Jamet  Couvé,  Michel  Quine- 
bescbe,  Jean  Le  Venner  ou  Vennier,  Pierre  le  Gault, 
Guillaume  Pian,  Jean  le  Rouyer,  Guillaume  Rousseau. 
On  aurait  ainsi  presque  tout  un  cdté  de  rue  si  l'endroit 
oA  demeuraient  ces  citoyens  était  indiqué  ;  mais  il  est 
dit  seulement  pour  chacune  de  ces  maisons  «  sise  en  la 
dite  ville.  »  En  la  me  de  Rivière  «  entre  le  mouHn  de 


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-  876  — 

BallaiUer  »  demeuraient  Guillaame  Paissant,  Macé  le 
Duc,  Guérin  Désilles,  Aimery  Champenaus.  Dans  la 
Grande  rue  on  trouvait  Jean  Brocbart.  Dans  la  rue  des 
Fournils  résidaient  le  sieur  de  la  Chapelle,  Thomas  H- 
neau,  Macé  Valleri,  le  commandeur  du  Breil-auz- Francs. 
Près  des  «  fenneries  »  était  Jean  Bodin  auquel  succéda 
Jean  d'Ahuillé  ;  Jean  le  Marouiller  qui  remplaçait  Guil- 
laume de  Taille.  Au  carrefour  de  la  ville  de  Laval  était 
Guillaume  GuiUemeaui  :  dans  la  rue  aus  Claveuriers, 
Jean  Rebours;  devant  Saint-Tugal,  Jean  le  Yallays  avec 
Perrot  le  Breton,  le  sieur  du  Plessis-Buret  succédant  à 
Robin  Hériczou.  Au  Pont  de  Mayenne  demeuraient  Jean 
Besson  et  Vincent  Gallays  ;  sur  le  pont  même,  Etienne 
Euschet,  occupant  une  maison  de  moitié  avec  Guillaume 
Robeveille  ;  Robin  du  Bouessel  ;  Jean  Nysot.  On  trou- 
vait au  Val  de  Mayenne  Jean  le  Roy,  Robin  Peluau. 
Dans  la  rue  Boucberesse  habitaient  Guillaume  Masset 
et  Thomas  Pelouart,  Pbilippot  Doublant,  dont  une  pa- 
rente est  nommée  la  Doublanche,  Guion  Gornudle,  Ro- 
bin Dureui,  Jean  Thibaud,  Guérin,  Olivier,  prêtre; 
Michel  Harel.  Messire  Pierre  Foussart,  autrement  ap- 
pelé du  Gast,  tenait  une  tour  outre  Mauvoisin  et  une 
place  au  Gast.  Messire  Guy  de  Laval,  sire  de  Loué 
occupait  la  Motte-Clérembault,  Jean  de  la  Chouenne 
avait  une  maison,  près  les  douves  du  chAteau,  Etienne 
Torchart  une  tour  près  de  la  Trinité,  Jean  Moysant  une 
antre  tour,  Colmet  Geoffroy  et  Geoffroy  du  Chastel, 
maison  devant  la  Trinité,  Bertrand  Menard,  près  la  porte 
Belot-Oyseau.  Richard  Saguin  tenait  une  maison  «  qui 
fut  du  Buat,  »  Macé  Chabot,  une  autre  «  près  l'hostel 
de  Pierre  l'Escripvain.  »  On  lit  encore  les  noms  de  mes* 
sire  Jean  de  la  Jaille,  Jean  Berault,  Macé  Tertroux, 
Guillaume  Ferrand,  Gillet  Poullain,  Michel  Guy,  près 
le  Gast,  Guillaume  Courtin,  Jean  Roussel  et  Jean  Reu- 
beau,  Jean  Gillet,  Guillaume  l'Ermite,  Jean  MémoUn, 


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-  577  - 

Jamet  Daubier,  Jean  Gonyer,  Perrot  Dervée  ou  Dernée, 
Robin  Badin,  Michel  Gondoie,  Michel  Tbomin,  André 
Rotemain  ;  enfin  ceux  des  prêtres  Jean  le  Lavander, 
Etienne  Martin,  Jean  Renier,  Pierre  AUigot. 

Nous  devons  relever  cette  mention  :  «  Le  segretatn 
de  Saint-Tugal  pour  son  habergement  et  pour  sa  mai- 
son de  la  petite  escoUe,  sises  les  dites  choses  en  la  ville 
de  Laval,  en  la  rue  du  Bourg-Cfaevrel.  » 

L'aveu  indique  au  Bourg-Hersent  «  une  meiUeraye', 
sise  ou  dit  bourg,  contenant  journée  à  deux  hommes  de 
courtit  ou  environ.  » 

L'aveu  passe  en  revue  comme  le  précédent  les  chà- 
tellenies  qui  dépendaient  du  comté  :  Montigné,  Courbe- 
veille  qu'il  appelle  Tumbeveille,  MontsArs,  Meslay,  En- 
trammes,  Olivet,  La  Gravelle,  à  laquelle  «  est  de  pré- 
sent adjointe  »  la  terre  du  Teilleul.  Cette  terre  ne  figu- 
rant pas  à  l'aveu  de  1444,  nous  donnons  tout  ce  que 
celui  de  1452  en  dit  d'essentiel.  Nous  ne  supprimons 
que  les  sommes  de  cens  et  les  formules  inutiles. 

«  S'ensuivent  cens,  rentes  et  devoirs  deuz  à  la  dite 
dame  en  sa  terre  du  Tailleul,  laquelle  est  de  présent 
adjointe  à  la  dite  terre  et  chastellenie  de  la  Gravelle.  n 

[Analyse).  Terme  de  l'Angevine.  —  La  femme  et  les 
hoirs  de  feu  Regnaut  le  Coq  pour  la  Rivière.  —  Les 
hoirs  Jean  Jolivet  pour  leurs  choses.  —  Led  hoirs  Ri- 
checte  la  Beline  (Belin)  pour  ce  qu'ils  tiennent  à  Saint- 
Pierre  de  la  Court.  —  Jehan  Guiot,  pour  ce  qu'il  tient 
au  Fault  du  Tail.  —  Femme  et  hoirs  André  Durant 
pour  la  Labouraye.  —  Perrot  Mectayer  pour  le  champ 
de   Crouez.  —  Alix  la  Labourée,  pour  ses  choses,  les- 

Juieulx  elle  contredit  en  la  court  de  la  Gravelle.  —  Jean 
inart  et  ses  fraracheurs  pour  ce  qu'il  tient  à  la  La- 
bonraye.  —  Laurent  Jumel  pour  ce  qu'il  acquit  de 
Guillaume  Belin.  —  Michel  Martin  pour  ce  qu'il  acquit 


1.  MeUleraye  (nuiller,  racueiltir)  lieu  oii  l'on  ramasse  la  ré- 
colle, Ici  :  une  g:ràng;e  avec  un  peu  de  terrain  labourable  attenant. 


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-  878- 

de  Miohel  Labonré.  —  Gnilkitime  Martin  pow  partie 
d'ieelles  chouees.  —  La  feu  Lavrent  Martin  pour  ses 
ohousee.  —  Les  hoirs  Thomiae  la  Chévroinne  pour  ce 
qu'ilz  tiennent  à  la  Ghevrounaye.  —  Robin  Morin  pour 
ce  qu'il  tient  du  fié  du  Teilleul.  —  Martin  Fauvel  pour 
ce  qu'il  tient  au  Fault  du  Tail.  —  Les  hoirs  Macé  Mar- 
guerite pour  leur  part  des  choses  qui  furent  Chevron. 

—  Hoir»  Lncas  Marquier,  partie  dudit  Chevron.  —  Je- 
han Jehaunin,  partie  d'icelies  ohooses.  —  Denis  d'Ar- 
quené  partie  des  choses  dudit  Chevron.  —  Jamet  Mal- 
herbe partie  des  cfaouses  dudit  Chevron  que  Macé  Da- 
mours  soulott  tenir.  —  Pierre  Beril  pour  ce  qu'il  tient 
des  choses  feu  Flouri.  —  Guillaume  et  Macé  les  Labonré 

BoUr  ce  qu'ilz  tiennent  à  la  Labonraye.  —  Laurent  et 
oÏÀa  tes  Potiers,  pour  ce  qu'ilz  tiennent  des  chonses 
fen  Chevron.  —  Les  hoirs  feu  Robert  Poussin  pour  la  Lé- 
verie.  —  Les  mêmes  pour  la  Jolivetaye.  —  Les  mêmes 
pour  ce  que  ledit  Robert  acquist  de  Michelot  Poussin. — 
Hcrirs  Macé  Poussin  pour  la  Noë  du  Quartier,  —  Jehan 
Poussin  snccesseur  de  Michel  Poussin.  —  Hoirs  Laurent 
GoQgeon  pour  les  choses  Flouri.  —  Hoirs  feu  Jehan  Da- 
mours  pourlaLévehe.  — Héritiers  et  détenteurs  du  lieu 
de  la  Faye.  —  Hoirs  Michel  Jehenneaux  pour  part  du  Teil- 
leul. —  Hoirs  Martin  Malherbe  pour  ce  qu'ils  ont  au  dit  fié. 
— Jehan  Poussin  pour  leschouses  que  Jenan  de  la  Fontaine 
y  souloit  tenir,  —  Jean  Bouvier,  choses  acquises  de  Je- 
han Labouré.  —  Hoirs  Jehenneaux  pour  choses  Flouri, 

—  Hoirs  Macé  Fauvel,  partie  des  choses  Flouri.  —  Ro- 
bin Gaultier  partie  d'icelles  choses.  —  Hoirs  Guillaume 
Fauvel,  partie  d'icelles  choses.  —  Martin  Jolivet  partie 
d'icelles  choses  que  tint  Philippot  Jourdan,  —  Hoirs  Lau- 
rent Fauvel,  parties  des  choses  Flouri  que  tint  Jehan 
Marion,  —  Macé  Gougeon  pour  les  chouses  à  la  Gouge- 
ronne.  —  Hoirs  Macé  Jousse,  partie  d'icelles  chouses. 

—  Jehan  l^alherbe,  chouses  qui  furent  feu  Michel  de 
Lente  et  après  à  Richart  Malherbe,  — ■  Hoirs  Macé  Mar- 
guerite, partie  des  chouses  feu  Chevron.  —  Macé  Gou- 
geon pour  les  chouses  que  Macé  Jehannin  acquist  de 
Macé  Jousse. 

Terme  de  Nouail  (Noël).  — Jehan  Jehannin  pour  ce  qu'il 
tient  au  fié  du  TaiÙeul.  —  Femme  et  hoirs  Jehan  Jolivet 
pour  leurs  chouses.  —  Femme  et  hoirs  André  Durant 
pour  partie  de  la  Labouraye. 


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Avenaigea  à  l'Angevine,  mesure  de  la  Gravelle.  — 
Guillaume  Labouré  demi  bouessel.  —  Hoirs  Guillaume 
et  Michel  les  Martins  pour  la  Labouraye  ung  boues- 
seau.  —  Jehan  Ligier  et  Jehan  Malerbe  pour  les  chou- 
ses  André  Durant,  demi  bouesscau.  —  Robin  Gaultier 
pour  la  Lévem  ung  bouesseau.  —  Hoirs  Michel  Oa- 
mours  poBT  la  dite  Léverie  ung  bouesseau.  —  Hoirs 
Macé  Damours  pour  îcellcs  chouses  ung  bouesseau.  — 
Hoirs  Macé  Morin  et  Lauran  Fauvel,  pour  leurs  chou- 
ses  deux  boueseels.  —  Michel  Ligier,  Jamet  Malerbe  et 
Macé  Malerbe  deux  bouessels.  —  Hoirs  Michel  Jehen- 
naux,  ung  bouesseau.  —  Femme  et  hoirs  feu  Lucas  Mar- 

Ïuier,  Herre  Garnier  et  Jehan  Jamin  pour  choses  feu 
Chevron,  ung  bouessel. 
Ponlles  de  rente  à  l'Angerine.  —  Michel  Jehenneaux 
deux  poulies.  —  Femmes  et  hoirs  feu  Lucas  Marqnier 
une  poulie.  — ■  Hoirs  Robert  Poussin  pour  les  hoirs  Lau- 
rens  Jumet,  les  hoirs  Guillaume  Belin  et  les  Jolivetz 
deux  poulies.  — Hoirs  Lucas  Marquer  et  Jehan  Jamin, 
une  poulie. 

Comme  dans  l'aveu  de  1444,  les  cens,  rentes  et  de- 
voirs s'acquittaient  aux  termes  de  Pâques,  de  Fête-Dieu 
(Sacre),  de  Saint- Jean-Baptiste,  de  la  Saint-Thibault 
(1"  juillet],  de  la  Mi-Août,  de  l'Angevine,  de  la  Toussaint, 
des  Morts,  de  Noël.  Une  partie  des  redevances  était 
payée  en  numéraire,  l'autre  en  nature.  Nous  avons  men- 
tionné quelques-unes  de  ces  dernières  au  commencement 
de  cet  article.  Il  y  en  avait  d'avoine,  de  seigle,  de  cha- 
pons, de  gélines  ou  poules,  de  poussins,  d'oies,  d'épe- 
rons dorés,  de  gants  blancs.  Le  prieur  de  Saint-Martin 
de  Laval  devait  chaque  année  deux  échaudés  du  «  prix 
de  cinq  deniers,  et  deux  pichiés  de  terre  de  foullet  con- 
tenant un  pot  plein  de  vin,  aux  jours  de  Nouai!  et  de 
Pasqnes,  entre  les  deux  messes  du  jour,  rendus  à  la 
porte  de  l'esglise  de  Tumbeveille.  » 

CouUtlER   DE   L&UNAY,  ch.   h. 


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MICHEL    LEMESLE 

SCULPTEUR  A  LAVAL 

AU  XVII*  SliECLB 


Dans  l'uoe  de  ses  dernières  séances,  la  Commission  a 
accueilli  avec  intérêt  un  mémoire  présenté  par  M.  Louis 
Dnval  concernant  François  Langlais,  sculpteur  lavallois. 

Nous  associant  à  ce  désir  de  remettre  en  lumière  des 
noms  trop  longtemps  oubliés  nous  venons,  à  notre  tour, 
faire  revivre  la  mémoire  d'un  autre  sculpteur  qui  fut 
aussi  notre  compatriote. 

Michel  LEMESLE,  qualifié  de  maître  architecte,  a 
produit,  dans  le  Bas-Maine,  plusieurs  de  ces  magnifi- 
ques autels  Renaissance  véritables  monuments  d'archi- 
tecture, qui  tendent  à  disparaître  de  nos  jours. 

Le  hasard  nous  ayant  fait  découvrir  dernièrement  au 
milieu  de  vieilles  minutes  de  notaires,  un  marché  passé 
entre  cet  habile  sculpteur  et  la  fabrique  de  Sacé  ',  nous 
ne  pouvons  mieux  faire  que  de  citer  ce  document  ^. 

O.  C. 


1.  Ce  monument  n'existe  plus  depuis  une  vingtaine  d'années; 
maie  on  en  trouve  comme  un  reflet  dans  le  mallre-autel  de  l'é- 
glise de  ChAloQS,  où  l'artiste  n'a  ^as  ménagé  le  travail  de  son 
ciseau  ;  partout  sa  main  habile  a  fait  courir  Tes  guirlandes  et  les 
fleurs,  avec  autant  de  richesse  et  d'abondance  que  de  correction. 

2.  Voir  Bulletin  hiitorique  de  la  Mayenne,  tome  I"  (2*  série), 
page  414.  Ce  document  a  été  présenté  de  la  part  de  M.  Olivier 
Ghironi  dans  la  séance  du  11  octobre  1888, 


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«  Du  vingtsisîème  jour  de  janvier  mil  six  cent  quatre 
[  vingt  sept  (1687)  avant  miav,  par  devant  noua  René 
[  Arnault,  notaire  royal  au  Mayenne,  résidant  et  esta- 
(  bly  au  bourg  de  Sacé  ;  ont  été  présents  en  leur  per- 
i  sonne,  Michel  Lemesle,  maître  architecte  en  la  ville 
I  de  Laval,  paroisse  de  la  Trinité,  <£unt  part,  et  Guy 
I  Pousteau,  marchand,  sieur  de  la  Hérisonnière,  procu- 
1  reur  fabricien  de  la  paroisse  de  Sacé,  assisté  de  véné- 
i  rable  et  discret  M'  messire  de  Baigneux,  prêtre, 
I  prieur  dud.  Sacé,  demeurant  au  prieuré  dud.  lieu, 
I  M*  François  Pousteau,  prêtre,  René  Hamon,  mar- 
i  chand,  sieur  de  la  Fouscnerie  et  Pierre  Nezan,  caba- 
[  rétier,  paroissiens  et  habîtans  de  lad.  paroisse  de 
(  Sacé,  a  autre  part. 

«  Lesquels  ont  faict  le  marché  qui  en  suit  : 

1  C'est  à  scavoir  que  led,  sieur  Lemesle  s'eat  obligé 
[  et  a  promis  de  faire  un  grand  maistre  aut'kel  en  I  é- 
t  glîse  dud.  Sacé  de  vingt  pieds  de  kaulteur  et  de 
[  quinze  pieds  de  longueur  en  laquelle  kaulteur  en- 
I  trera  la  table  dudit  aut'kel  qui  sera  de  quatre  pieds 
(  et  demy  de  dessus  les  pavés  de  lad.  église,  conformé- 
(  ment  au  plan  qu'il  en  a  représenté  et  qui  lui  est  de- 
(  meure  entre  les  mains  après  qu'il  a  esté  paraphé  au 
I  dos,  tant  de  luy  que  desdïts  sieurs  Prieur,  Pousteau, 
I  Nezan,  Hamon,  nous  notaire  et  des  témoins  après 
c  nommés,  auquel  plan  il  y  a  un  cornet  d'abondance 
[  dont  il  y  en  aura  un  pareil  de  l'autre  costé,  et  four- 
1  nira  de  bon  et  loyal  marchand  marbre  noir  et  tuffeau 
(  blanc. 

n  Les  quatre  grandes  colonnes  duquel  marbre  auront 
I  chaque  quatre  pieds  et  demy  aussi  de  baulteur  et  les 
[  deux  petittes  de  deux  pieds  et  deroy  aussi  de  haul- 
[  teur  et  le  tout  de  grosseur  à  proportion,  et  néanmoins 
i  sera  led.  Lemesle  tenu  et  obligé  d'augmenter  aud. 
(  aut'hel,  oultre  ledit  plan,  quatre  branches  de  laurier, 
I  distant  sur  les  pieds  où  seront  les  figures  du  costier 
(  ci-après  spécifié  et  quatre  pointières  de  mesme  mar- 
(  bre  noir  aux  quatre  pointîers  des  deux  niches  qui  se- 


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:  ront  des  deux  costés  dudît  aut'bel  et  qui  feront  le  ron- 
:  deau  desd.  niches,  dans  lesquelles  niches  ledit  sieur 
:  Lemesle,  sera  tenu  de  faire  trois  figures  habillées, 
:  scavoir  dans  la  petite  niche  du  haut  dud.  aut'hel, 
I  une  figure  de  S'  Hipolitte,  habillé  en  cavalier  «t  du 
[  costé  de  l'évangile  la  figure  de  S'  Laurent,  habillé  en 
f  diacre  et  de  l'autre  oosté  la  figure  de  S"  Aoastaize 
r  habillée  en  vierge,  lesd.  figures  peintes  et  parfaite- 
:  ment  d'orréee,  et  fera  en  oulb'e  un  tabernacle  aud. 
:  aut'bel  composé  de  deux  coUonnes  du  mesme  marbre 
:  de  quinze  poutces  de  haulteur  avec  aulbuit  d'oniement 
:  qu'il  y  en  aura  en  l'anujrtissement  du  hault  dud.  au- 
:  t  bel,  avec  une  porte  aud.  tabernacle  sur  laquelle  il  y 
:  aura  une  tête  ae  chérubin  en  bosse,  et  fournira  led. 
I  sieur  Lemesle  de  tous  les  mattériauz  à  la  réserve 
(  seulement  de  la  chaux,  pierre  et  sable  à  massonner 
[  au  derrière  dud.  aut'bel,  qui  seront  fournis  par  led. 
I  sieur  Pousteau  et  fera  seullement  led.  massonnal. 

«  Sera  entièrement  loisible  aud.  sieur  prieur  et  babi- 
I  tanta  dud.  Sacé  d'obtenir  un  tabernacle  de  ta  fasson 
I  d'y  cellny  que  led.  sieur  Lemesle  a  fait  depuis  peu  à 
I  l'aut'hel  de  l'église  de  Chaslons  ou  bien  comme  il  est 
I  sua-éuoncé,  à  laquelle  fin  ils  en  adobteront  un,  lors- 
!  que  led.  sieur  Lemesle  leur  aura  fait  et  prêté  les  des- 
I  smgs  dud.  tabernacle  comme  il  sus  spécifié,  auquel 
I  ouvraige  led.  sieur  Lemesle  commencera  à  travailler 
I  le  lendemain  des  festea  de  Pasques  prochainement;  et 
I  y  travaillera  activement  jusqu'à  ce  que  led.  ouvraige 
I  soit  faict  et  accomply  et  ce  à  peine  de  dommage. 

«  Et  ce  annayer  que  led.  sieur  de  la  Hérisoanière  a 

Eromis  et  s'est  obligé  de  bailler  et  payer  aud.  sieur 
emesle  la  somme  de  530  livres  et  une  pippe  de  cil- 
:  dre,  à  luy  fournir  une  chambre  pour  se  loger  en  faî- 
I  saut  led.  ouvraige,  payable  scavoir  :  lad.  somme  de 
(  530  livres  de  temps  en  temps  comme  led.  ouvraige 
:  sera  advancé  d'estre  faict,  et  lad.  pipp6  de  cildre  au 
:  commencement  dud.  ouvraige  et  payera  et  advaacera 
:  la  pierre  dud.  tulTeau  et  marbre  comme  led.  Lemesle 
:  la  sculptera  et  lui  sera  livrée  audit  Laval  a  desduire 
:  sur  lad.  somme  de  530  livres.  Lesquels  tuffeau  et 
:  marbre  led.  sieur  de  la  Hérisonnière  sera  tenu  de  faire 
:  charoir  et  voiturer  dudit  Laval  au  bourg  de  Sacé,  de 


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ic  tempa  en  temps  comme  ledit  Lemesle  en  aura  afTaire. 
*  Annuyer  que  led.  charois  et  voitures  se  feroat  depuis 
>  lad.  feste  de  Paaques  jusque  au  premier  jour  du  mois 
I  d'octobre  procliain,  le  tout  aussi  à  lad.  peine,  si,  sauf 
(  aud.  sieur  de  ]a  Hérisounière  à  se  faire  rembourser 

<  tant  de  la  somme  de  530  livres  que  du  prix  de  lad. 
'  pippe  de  cildre  et  loyer  de  lad.  chambre  et  aussi  de 
t  ses  frays  loyaux,  coultz  et  minses  desd.  habitants  de 

<  Sacé  ainsi  qu'il  croira  avoir  affaire  et  lesquels  frays 
(  coultz  et  minses  entrera  la  somme  de  quatre  livres 

<  qui  a  esté  dépensée  tant  en  deux  voyages  que  led. 
'  sieur  Lemesle  a  Faict  aud.  bourg  de  Sacé  pour  mar- 
r  chander  led.  ouvraige  et  en  traitant  ce  qui  a  esté 
I  aussi  stipulé  et  accordé  entre  lesd,  partyes  sous  les 
I  clauses  et  conditions  cy-dessus. 

«  Faict  et  passé  au  bourg  de  Sacé,  eu  présence  de 

<  Mathieu  Galienne,  chirurgien,  aîeur  de  la  Gaulupière, 
:  demeurant  paroisse  de  Martigné  et  Daniel  Pnorel, 
[  sieur  de  la  Havardière.  » 


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UNE  ERREUR  DE  GUYARD  DE  LA  FOSSE 

SUR  LE  COLLÈGE  DE  MAYENNE 


On  lit  dftns  VHistoire  des  seigneurs  de  Mayenne  de 
l'abbé  Guyard  de  la  Fosse  <  le  passage  suivant  relatif 
au  rétablissement  du  collège  de  Mayenne  : 

«  Le  duc  de  Mazarin  donna,  l'an  1667,  au  collège  de 
a  Mayenne,  425  livres  de  rente,  à  prendre  sur  le  revenu 
a  des  fours  banaux  qu'il  avait  fait  construire  en  cette 
w  ville  l'année  précédente,  auxquels  il  avait  réuni,  par 
«  acquêt,  le  droit  que  plusieurs  seigneurs  de  petits  fiefs 
«  avaient  d'y  en  tenir  (?).  Il  fut  excité  à  ce  don  par  la 
«  considération  qu'il  avait  pour  le  principal,  Louis  An- 
«  jubault,  diacre  d'une  excellente  piété.  » 

Ayant  à  parler,  dans  ma  notice  sur  le  collège  de 
Ceaucé  en  1684,  du  principal  Anjubault,  et  connaissant 
exactement  son  entrée  en  fonctions  conune  principal  du 
collège  de  Mayenne,  j'avais  dû  contredire  sur  ce  der- 
nier point  le  savant  historien  de  Mayenue.  De  nouveaux 
documents  me  permettent  de  rétablir  l'exactitude  des 
faits  et  de  corriger  l'erreur  de  Guyard  de  la  Fosse,  s'il 
l'a  commise,  ou  la  faute  d'impression,  si  l'on  a  mal  lu 
le  manuscrit. 

II  reste  vrai  que  c'est  par  considération  pour  le  diacre 
Anjubault  que  le  duc  de  Mazarin  fît  aa  donation  de  425 

1.  Le  Mans,  Monnoyer,  1860,  p.  179. 


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livres,  mais  cette  donation  eut  lieu  non  en  1667,  comme 
le  dit  Gujard  de  la  Fosse,  mais  en  1677,  comme  il  est 
facile  de  le  prouver. 

Le  Fouillé  du  diocèse  du  Mans  de  1772,  qui  donne 
une  courte  note  sur  le  collège  de  Mayenne,  indique  les 
dates  précises  des  contrats  :  l"  février  et  22  avril  1677. 
De  plus,  on  lit  au  45*  registre  des  Insinuations  ecclé- 
siastiques p.  202,  à  la  date  du  27  mars  1707,  un  rappel 
de  l'acte  de  fondation  de  la  chapelle  d'Aubert,  près  des 
forges  de  Chailland,  laquelle  chapelle  était  dotée  d'une 
rente  annuelle  de  300  livres  «  à  prendre  et  se  faire  payer 
«  sur  le  revenu  des  fours  à  ban  de  cette  ville  de  Mayenne 
n  et  fauxbourgS' Martin,  ce  néanmoins  la  rente  de  425 
«  livres  donnée  par  mondit  seigneur  au  collège  de  la- 
«  dite  ville  de  Mayenne  par  contrat  du  1"  febvrier  1677 
a  par  devant  Maligne  et  de  Beauvais,  notaires  au  châ- 
«  telet  de  Paris,  et  réitéré  par  l'acte  du  22  avril  ensui- 
«  vant  attesté  par  nous  Davoynes,  insinué  tant  au  chA- 
n  telet  de  Paria  qu'en  la  sénéchaussée  du  Maine  le  31 
«  may  et  17  aoust  ensuivant.  » 

Voilà  qui  est  formel.  D'ailleurs,  les  actes  notariés  que 
nous  avons  eus  entre  les  mains  noua  parlent  en  1677  et 
1678  des  fours  à  ban  comme  nouvellement  construits 
par  monseigneur  dans  la  me  de  Beaudais.  Grâce  à  cette 
donation  de  1677,  on  put  reconstruire  le  collège  sur 
l'emplacement  qu'il  a  occupé  pendant  près  de  deux  siè- 
cles. 

La  rectification  n'est  pas  sans  importance,  portant  sur 
un  auteur  si  bien  placé  pour  connaître  exactement  l'his- 
toire du  collège  de  Mayenne,  dont  il  fut  un  des  régents. 

A.  Salles. 


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LE  PAVILLON 
DE  LA  PORTE  DU  CHATEAU 

DE    LAVAL 

ET     LA     UAISON     voisine'. 


En  1552,  les  héritiers  de  Jean  Boulain  ^  et  de  sa  fem- 
me, Guillemine  Touchard,  procédaient  au  partage  des 
deux  maisons  situées  sur  le  Grand  Pavé  de  Laval,  ac- 
tuellement place  du  Palais  et  portant  aujourd'hui  les 
numéros  15  et  17.  La  maison  n"  17  a  été  en  grande  par- 
tie reconstruite  vers  1810  ;  mais  au  milieu  du  XVI'  siè- 
cle, ces  deux  habitations  ne  formaient  qu'un  même  im- 
meuble ;  les  longues  poutres  horizontales  qui  supportent 
encore  les  étages  du  n"  15  se  prolongeaient  sur  la  fa- 
çade voisine,  avec  leurs  fortes  moulures  d'un  caractère 
si  artistique,  et  un  même  escalier  desservait  ce  vaste 
logis  :  il  existe  encore  au  fond  du  couloir  qui  sépare  au- 
jourd'hui ces  deux  habitations. 

Le  propriétaire  était  peut-être  ce  Jean  Boulain  dont 

1.  M.  Emile  Lucas,  tj'pographe,  e  bien  voulu  me  communiquer 
les  documents  qui  m'onl  servi  à  écrire  cette  notice  :  je  le  prie 
d'agréer  mes  bien  vifs  remerclments. 

U.  Cet  acte  de  partage  ne  se  trouve  pas  au  dossier,  mais  il  a 
été  analysé  en  1808,  pour  un  pi-ocès,  par  M"  Letessier  et  Lefeb- 
vre  de  Champorin.  nvocatu  à  Liival.  Dans  sa  savante  histoire  de 
Changé.  M.  le  chanoine  Cuiller  doone  au  mari  de  Guillemine 
Touchard  le  prénom  de  Frangois, 


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la  Chronique  de  Le  Doyen  nous  a  conservé  le  souvenir. 
Homme  riche  et  bienfaisant,  donateur  d'une  des  verriè- 
res de  Saint- Vénérand,  faisant  venir  à  Laval  du  blé 
pendant  la  disette  h  pour  les  Lavallistes  nourrir,  n  il 
laissait  pour  héritières  ses  trois  filles,  mariées  à  Jean 
Gaultier,  Jean  Jourdain  et  Guillaume  Le  Meignan.  Sa 
maison  du  Grand  Pavé  échut  par  moitié  aux  femmes  de 
Jean  Jourdain  et  d'Olivier  Le  Meignan.  Le  10  juillet 
1573,  Olivier  Le  Meignan,  fils  unique  de  Guillaume  Le 
Meignan,  et  Mathurioe  Berault,  sa  femme,  vendent 
une  maison  a  sise  au  haultdu  grand  pavé,  (le  n"  15)  »  et 
provenant  de  la  succession  de  Jean  Boulain  ;  l'acheteur 
est  Jean  Foureau,  sergent  général  et  ordinaire  du  comté 
de  Laval  :  c'était,  lui  aussi,  un  notable  lavallois,  homme 
d'importance,  à  qui  le  seigneur  de  Laval  accorde,  le  8 
septembre  1577,  la  permission  de  bâtir  sur  les  douves 
qui  se  trouvaient  entre  sa  maison  et  les  murs  du  châ- 
teau ;  puis,  le  23  mai  1581,  de  nouvelles  lettres  patentes 
lui  permettent  de  clore  d'une  palissade  jusqu'au  pied 
des  murailles  la  partie  du  fossé  située  en  face  de  sa 
maison.  Les  seigneurs  de  Laval  commençaient  alors  à 
concéder  l'usage,  la  quasi-propriété  de  ces  douves  et 
murailles  que  l'agrandissement  de  la  ville  rendait  de 
plus  en  plus  inutiles. 

Le  7  décembre  1629,  les  héritiers  de  Jean  Foureau 
vendent  sa  maison  à  Pierre  Briand,  notaire,  et  à  Ju- 
lienne Gaudin,  sa  femme  ;  peu  après  la  maison  voisine, 
ou  plutôt  l'autre  moitié  de  maison,  partagée  ainsi  dans 
la  succession  de  Jean  Boulain,  était  vendue,  le  9  avril 
1631,  par  Jean  Royer  du  Plessis  à  Gilles  Chïistaigner, 
marchand  drapier.  Près  de  la  maison  de  Pierre  Ëfiand 
se  trouvait  l'entrée  du  château,  auquel  on  accédait  par 
un  pont  jeté  sur  les  fossés^ 

n  de  IHerre  Briand 


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A  peine  en  posBeeeion  de  sa  maison,  Pierre  Briand 
s'empressa  d'y  exécuter  quelques  travaux  ;  il  lit  cons- 
truire par  Julien  Gevillier,  maître  maçon,  un  mur  «  fai- 
sant la  si^paration  de  l'entrée  du  chasteau  et  la  cour 
derrière  le  logis  dudit  Briand,  et  ung  degré  de  pierre 
pour  descendre  dans  ladite  cour  ;  »  le  mattre  menuisier 
Luc  Bernard  fournit  une  porte  placée  dans  cette  muraille 
et  «  63  pieds  de  soliveaux  de  cinq  pouces  en  carré  pour 
la  couverture  de  la  porte  et  suport  de  la  terprelle  du  de- 
gré à  descendre  dans  ladite  cour'.  » 

Pierre  Briand  vivait  en  excellents  termes  avec  son 
puissant  voisin,  Henri  de  la  Trémollle,  comte  de  Laval, 
qui  savait  apprécier  ses  services.  Le  dossier  qui  m'a  été 
si  obligeamment  prêté  contient  une  note  de  Pierre  Bnund 
sous  ce  titre  «  Mémoires  des  affaires  que  j'ay  faictes 
pour  Monseigneur.  »  C'est  la  mention  de  divers  actes 
rédigés  par  le  notaire  et  relatifs  à  certaines  difficultés 
entre  le  comte  de  Laval  d'une  part,  et  d'autre  part  l'é- 
vëque  de  Noyon,  abbé  de  Clermont^,  et  la  dame  de  Hau- 
tefort  '  qui  prétendaient  à  des  droits  d'usage  dans  les 
forêts  de  Concise,  de  la  Gravelle  et  de  Misedon.  Ces  af- 
faires, datées  de  1629  à  1631,  se  terminèrent  â  la  sa- 
tisfaction d'Henri  de  la  Trémotlle,  qui  s'empressa  de 
reconnaître  les  bons  ofTices  de  son  notaire,  comme  l'ai- 
teste  la  note  suivante,  écrite  par  Pierre  Briand  à  la 
fin  de  son  petit  mémoire  :  «  Le  5' juin  1631,  Monseigneur 
m'a  concédé  la  faculté  de  faire  construire  ung  paveillon 
sur  le  portail  du  chasteau  joignant  mon  logis,  et  m'en 
a  donné  et  remis  le  droict  d'entrée  en  faveur  des  servi- 
ces et  salaires  pour  raison  des  actes  cy-dessus.  »  Les 
lettres  patentes  du  comte  de  Laval  portent  en  effet  cette 


1.  Quittances  des  îî  et  24  octobre  1630. 

2.  Henri  de  Baredat,  évéque  de  Noyon  de  1626  à  1660,  abbé 
comme ndataira  de  Clermont. 

3.  Renée  du  Bellay,  veuve  de  Charles,  marquis  de  Hautefort. 


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-  5M  - 

date  ;  elles  concèdent  h  Pierre  Briand  le  droit  d'élever 
un  pavillon  sur  la  porte  du  château,  entre  son  logis  et 
le  jardin  du  comte,  avec  une  fenêtre  sur  la  place  publi- 
que, et  une  autre  dans  le  grenier  superposé  ;  sur  une 
plaque  de  marbre  noir  doivent  être  gravées  les  armes 
du  seigneur  de  Laval  '  ;  celui-ci  imposait  cinq  sols  de 
cens  annuel  au  concessionnaire  et  se  réservait  le  droit, 
non  tranaraissible  k  ses  héritiers,  de  racheter  ledit  pa- 
villon au  prix  de  500  livres  ^, 

i.  On  voit  encore  au-dessus  de  la  porte  te  cadre  en  pierre  de 
cette  plaque,  qui  a  sans  doute  disparu  pendant  la  RévofuUon. 

2.  a  Henry,  duc  de  la  TrémoiUe  ot  de  Thouars.  pair  de  France, 
prince  de   Tnlmonl,  comte  de  Laval,  etc.,  à  tous  ceux  qui  ces 

Firésenles  verront.  Sçavoir  faisons  que  voulant  fnvorablement 
raicter  notre  bien  amé  Pierre  Briand  notaire  royal  et  recong- 
noistre  les  bons  et  agréables  sen'ices  que  nous  avons  par  le  passé 
receus  de  luy  et  l'encourager  de  les  nous  continuer  à  l'advenir, 
nous  luy  avons  permis  et  par  ces  présentes  permettons  de  cons- 
truire une  chambre  qu'il  Fera  couvrir  en  paveillon  sur  la  première 
porte  de  l'entrée  de  notre  chasteau  occupant  en  largeur  l'espace 
intermédiaire  de  la  maison  dudict  Briand  et  la  muraille  qui  en- 
ctost  le  jardrinde  noire  chnsteau.  et  de  longueur  jusques  à  quinze 
pieds,  le  tout  parhault  et  en  sorte  que  l'entrée  de  notre  chasteau 
RV  l'ouverture  entière  de  la  porte  n  en  soit  aulcunement  empes- 
cnée,  à  la  charge  auitsy  de  ne  pouvoir  par  ledict  Briand  faire  aul- 
cunes  veues  ny  sur  notre  jardnn  nysur  notre  diot  iihàsteau,  mais 
seulement  une  croisée  sur  la  place  publicque  et  une  lucarne  au 

S  renier  sur  ladicte  croisée.  Pour  recongnoissance  de  quoy  ledict 
riand  tenant  ladicte  chambre  et  grenier  dessus  de  notre  chas- 
tellenie  et  comté  de  Laval  censivemenl,  il  nous  paiera  de  rente 
annuelle  au  terme  de  S'  Jehan-Baptiste  la  somme  de  cinq  sols,  et 
pour  le  droict  d'entrée  nous  luy  en  avons  faict  remise  eu  esgart 
a  ses  services  passés,  retenant  nénntmoins  faculté  non  transmis- 
sible  de  pouvoir  disposer  par  nous  dudict  basUment  en  cas  que 
nous  en  vollussions  accommoder,  rendant  par  nous  audit  Briand 

[lar  ung  seul  payement  contant  la  somme  de  cinq  cens  livres,  à 
aquelle  nous  avons  faict  estimer  par  experts  le  prix  dudict  bas- 
timent,  aux  lins  duquel  permettons  audit  Brilland  de  poser  et  en- 
claver ses  merreins,  poultrcs  et  solliveaux  au  dedans  de  la  mu- 
raille fermant  noire  dicl  jardrin  sans  détérioration  d'icelle,  la- 
quelle ledict  Briand  pourra  hausser  selon  la  nécessité  de  son 
basUment,  l'enlrelenanl  à  ses  frais  pour  aultant  qu'il  en  occupe- 
ra :  et  à  ce  que  nous  ne  soions  incommodés  par  autcun  esgout 
dudict  paveillon.  ledit  Briand  sera  tenu  faire  porter  ses  eaues  par 
gouttières  dans  ladicte  place  publicque  ;  pourra  aussy  leaict 
Briand,  pour  exploiter  ledict  paveillon  de  la  salie  de  son  tof^s 


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Les  archives  ne  nous  ont  pas  encore  révélé  le  nom  de 
l'architecte  à  qui  Pierre  Briaad  ooofîa  Texécution  de  ce 
travail  :  il  De  manquait  point  alors  à  Laval  de  gens  fort 
experts  en  l'art  de  bâtir'. 

Mais,  comme  cela  se  voit  souvent,  la  dépense  de  cette 
construction  dépassa  les  prévisions  du  propriétaire  ; 
aussi  se  crut-il  autorisé  à  adresser  au  duc  de  la  Tré- 
mollle  une  lettre,  dont  nous  possédons  la  minute  non 
datée,  lui  exposant  que  «  pour  le  désir  qu'il  a  eu  d'enri- 
chir et  embellir  l'entrée  de  son  chasteau  par  l'architeC' 
ture  qu'il  y  a  fait  faire  et  plomberie  estant  audict  paveil- 
lon,  »  il  a  dépensé  plus  de  900  livres  :  il  le  supplie  de 
porter  à  cette  somme  le  prix  fixé  en  cas  de  rachat^. 


faire  une  montée  en  icelle  çourveu  que  l'ouverture  de  l'entrée  de 
notre  dict  chasteau  n'en  soit  incommodée  ;  à  ta  charc'e  aussy  de 
faire  apposer  nos  armes  en  marbre  noir  dans  la  taSle  d'attente 
qui  est  sur  le  fronc  dudicl  portai  de  notre  chasteau.  El  pour  la 
conservation  el  la  mémoire  (les  présentes,  voulons  qu'elles  soient 
enreffistrées  es  remembrances  de  noire  domaine.  Donné  en  notre 
chasteau  de  Laval  soubs  noLi'e  seing,  cunLreseingf  de  l'un  de  nos 
secrétaires  et  scel  de  nos  armes,  le  S>  jour  de  juin  l'an  1631. 
0  Henbi  db  la  Théhoille.  a 
1.  Notre  obligeant  confrère,  M.  Louis  Gamier,  a  bien  voulu 
Composer  le  charmant  dessin  ci-joinl  d'après  un  croquis  pris 
par  M.  Chomereau  vers  1848  et  mis  gracieusement  à  notre  dispo- 
sition. Ce  dessin  donne,  avec  le  pavillon  d'entrée  de  la  prison  et 
les  maisons  voisines,  la  vue  d'une  tour  détruite  après  1850  par  le 
prolongement  de  la  grille  du  PbIbïs  de  justice  ;  à  cette  tour  était 
adossée  une  fontaine  précédée  d'une  vasque  et  surmontée  d'une 
croix  de  pierre.  Une  bome  de  fonte  a  remplacé  cette  pittoresque 
fontaine,  et  la  tourelle  a  disparu  pour  faire  place  à  une  grille 
bien  rectiligne.  Qu'importent  les  vieux  souvenirs  et  les  construc- 
tions curieuses  ou  artistiques,  quand  il  s'agit  d'un  alignement  !  — 
Il  existe  une  vue  de  la  place  avec  sa  fontaine  et  sa  croix,  litho- 
graphiée  par  le  reçrelté  J.-B.  Messager.  —  La  partie  supérieure 
de  celte  tour  avait  été,  en  1631,  l'objet  d'une  concession  eracieuse 
en  faveur  de  Raoul  Verger,  sieur  de  la  Réaulté,  qui  1  avait  fait 
couvrir  et  aménager, 
3.  (  Monseigneur  ■ 

e  Humblement  vous  remontre  Pierre  Briand  que  suj-vant  la  per- 
mission que  vous  luy  avez  concédée,  il  a  fait  construire  el  bastir 
un  paveiAon  sur  la  première  porte  de  l'entrée  de  votre  chasteau, 
duquel  vous  avei  retenu  faculté  de  disposer  en  cas  qu'il  pleust  i 


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Nous  De  savoDS  quelle  réponse  fut  faite  à  cette  requête  ; 
il  importe  peu  d'ailleurs  :  le  pavillon  ne  fut  pas  racheté 
et  resta  une  annexe  de  la  maison  voisine,  notre  nu- 
méro 15. 

Pierre  Briand  n'occupait  pas  toute  sa  maison  ;  il  avait 
loué,  le  11  novembre  1632,  à  Ambroise  Foureau,  puis  le 
16  juin  1633  à  maître  Claude  Gastineau,  sieur  de  la 
Vallée,  une  chambre  au-dessus  de  la  salle,  doonaat  sur 
la  place,  et  tout  à  côté  une  étude  et  une  petite  chambre 
ayant  vue  sur  les  fossés  du  château,  avec  un  petit  gre- 
nier et  une  portion  de  cave,  le  tout  s'exploitant  par  l'al- 
lée et  l'escalier  communs  avec  la  maison  voisine.  Le 
reste  lui  suiTisait  pour  habiter  avec  ses  enfants.  Mais  ud 
ennui  lui  vint  de  son  voisinage  :  Gilles  Chastaigner 
avait  loué  sa  maison  à  Suzanne  Jouin.  qui  y  avait  ins- 
tallé un  cabaret;  l'excellent  notaire,  trouvant  avec  rai- 
raison  ce  voisinage  désagréable,  s'empressa  d'envoyer, 
le  11  février  1633  un  huissier  â  Gilles  Chastaigner,  lui 
exposant  que  les  deux  maisons  «  partagées  ensemble  » 
sont  tellement  sujettes  l'une  à  l'autre  «  tant  de  la  vis,  la- 
trines, passages  et  caves,  »  qu'il  s'opposait  ic  au  cabaret- 
tage  de  nouveau  érigé  en  ladite  maison  pour  y  estre 
vendu  vin,  ciltres  et  autres  breuvages  au  préjudice  des- 
dites servitudes  et  communaultés,  »  et  entendait  n  faire 
cesser  l'exercice  dudit  cabarettage.  i>  Cette  sommation 

votre  grandeur  s'en  accommoder,  rendant  ou  suppliant  la  somme 
de  cinq  cens  livres,  à  laquelle  vous  auriei  lors  de  ladite  permis- 
sion faict  juger  et  eittimer  le  prix  dudilbastiment,  à  laquelle  som- 
me ledit  suppliant  ne  se  seroit  réglé  pour  te  désir  qu'il  a  eu  d'en- 
richir el  embellir,  l'entrée  de  votre  chasteau  par  l'arohilecture 
qu'il  y  a  faict  faire  et  plomberie  estant  audit  paveillon,  en  sorte 
que  l  œuvre  et  prix  d'icelluy  luy  revient  à  plus  de  neuf  cens  livres 
survant  les  quiclances  des  maneuvres  el  prix  des  matières. 

Ce  considéré.  Monseigneur,  vous  playse  considérer  la  despense 
extraordinaire  faicle  par  le  suppliant  à  la  construction  dudit  pa- 
veillon, et  luy  accorder  jusques  à  ladite  somme  de  neuf  cens  li- 
vras de  remboursement  en  cas  que  vous  eussiez  volonté  de  vous 
en  accomoder,  et  vous  ferai  justice  au  suppliant  qui  demeure 
obligé  de  vous  servir. 


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-  694  — 

demeura  sans  effet,  et  les  choses  d'empirer.  Suzanne 
Jouin  vendait  à  boire  et  tenait  «  brelan  »  a  des  heures 
indues,  pendant  rolTice  divin  et  à  une  heure  avancée  de 
la  nuit  ;  de  plus  elle  laissait  ouvertes  les  trappes  des 
caves  au  grand  danger  des  enrants  et  domestiques  de 
Pierre  Briand  et  de  ses  locataires.  Le  22  août  t633  un 
des  enfants  Briand  tomba  précisémeut  dans  une  de  ces 
trappes  et  dans  sa  chute  se  blessa  grièvement.  Cette 
fois  le  père,  justement  irrité,  s'adressa  au  juge  de  La- 
val, il  lui  exposa  ses  griefs,  demandant  la  fermeture  du 
cabaret  ou  tout  au  moins  le  rappel  aux  règlements  pour 
les  heures  de  fermeture,  la  bonne  tenue,  et  l'obligation 
d'avoir  ses  caves  soigneusement  formées.  Le  juge  géné- 
ral du  comté  —  c'était  alors  Pierre  Le  Clerc  de  la  Ma- 
nourière,  —  s'empressa  de  faire  droit  à  une  requête  si 
légitime,  et  cotte  décision  fut  immédiatement  notifiée 
par  huissier  à  la  délinquante'. 

1.  ■  Monsieur  te  juge  de  Lovai  » 

n  Supplie  humhlemenl  Pierre  Briand  el  vous  remontre  au 'il  est 
propriétaire  d'un  logis  situé  au  hault  du  pavé  et  place  puoticque 
ae  ueste  ville,  à  laquelle  jtihigt  une  mnisuti  appartenant  à  présent 
à  Gilles  Chastaigner  marohanl,  lesquelles  ont  esté  autresfois  par- 
tagées et  divisées  entre  les  aucteurs  desdils  Briand  et  Cbastd- 
gner,  el  tellement  subjectes  que  lune  ne  se  peult  commodément 
exploicter  sans  l'autre  sans  ffraude  incDmmodilé  pour  les  servi- 
tudes el  communautés  desdites  maisons  tant  de  la  vis,  latrines 
el  passages  et  cnvcs,  et  ainsv  les  propriélaircs  desdites  maisons 
en  doibvent  l'ouir  cl  user  en  hons  pères  de  Tamille  sans  qu'ils  se 
puissent  molester  les  uii){s  les  autres,  El  néanlmoins  ledit  Cbas- 
laigncr  a  faicl  ériger  de  nouveau  un  cabaret  en  ladite  maison  où 
il  0  installé  Suzanne  Jouyn  qui  vend  vin  et  tient  berlan  ouvert  au 
préjudice  desdiles  servitudes  el  communaultés  et  aux  droicts  et 
libertés  dudil  Briand  el  assurance  de  sa  personne,  de  ses  loqua- 
taires  et  domestieques  de  sa  maison,  mcsmes  à  heures  indues 
pendant  le  divin  service  et  de  nuict,  eu  préjudice  des  ordonnan- 
ces royaux  el  règlements  ;  laisse  ladite  Jouyn  et  ses  domestiques 
tes  trapes  des  caves  où  ils  tirent  leur  vin  ouvertes  où  les  enfans 
du  suppliant  et  des  voisins  sont  en  continuel  péril  de  tomber, 
comme  de  feict  l'un  des  enfans  dudit  suppliaul  est  tombé  ce Jour- 
dhuy  vingt  deusiesme  aousL  1633  dans  une  cave  où  ladite  Joi 
faict  lirer  son  vin,  située  en  la  rue  des  Orpheuvres  de  ceste  vi 
dont  ledit  enfant  est  grandement  blessé. 


IG 


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Puis,  pour  ob-vier  h  tous  ces  inconvénients,  Pierre 
Briand  se  décida  à  élever  un  escalier  accolé  &  la  «  vis 
commune.  »  Mais  ce  fut  l'occasion  d'une  nouvelle  diffi- 
culté :  Antoine  Nupieds,  marchand,  devenu  propriétaire 
de  ta  maison  de  Gilles  Chastaigner  ' ,  prétendit  s'y  op- 
poser, cette  construction  masquant  les  jours  de  l'escalier 
commun  ;  une  transaction  intervint  le  10  avril  1645  : 
Pierre  Briand  put  continuer  la  vis  commencée  à  condi- 
tion de  la  clore  du  côté  du  château  «  de  petites  colon- 
nes de  boîs  en  forme  de  balustre,  en  sorte  qu'il  y  aura 
du  moins  autant  de  vuide  que  de  remply,  »  et  d'agran- 
dir les  petites  ouvertures  de  la  vis  commune*. 

Les  titres  de  propriété  ne  contiennent  pas  d'autres 
actes  relatifs  à  Pierre  Briand  :  il  mourut  en  1654,  lais- 


■  Ce  cotisidéré,  Monsieur,  vous  playse  enjoindre  à  ladite  Suzan- 
ne Jou}^  et  autres  exploivtans  ladile  maison  de  se  comporter  en 
Texploict  desdites  communaultés  en  bon  père  de  famille,  de  ces- 
ser l'exercice  dudit  cahareltage  ou  bien  se  retrancher  en  portions 
de  ladite  maison  orui  ne  sont  communes  audit  Briand,  ou  du 
moins  leur  faire  deiTenaes  de  tenir  berlan.  de  vendre  vin  pendant 
le  divin  service  et  passé  huict  heures  du  soir,  suivant  et  au  désir 
des  ordonnances  et  règlements  sur  ce  faicts,  de  tenir  leurs  caves 
fermées  tant  de  jour  que  de  nuict,  sur  peine  de  cent  livres  d'a- 
mende, dommages  et  mterest  dudit  Briand,  et  vous  ferez  justice. 
"  P.  Briand.  » 

"  Soit  faict  comme  il  est  requis. 

Feict  à  Laval  le  23  aousl  1633.  • 
*  Leclerc.  d 

(Suit  la  signification  d'huissier  à  Suianne  Jouin). 

1.  Antoine  Nupieds  et  sa  Temme.  Anne  Cailler,  avaient  pris 
celte  maison  â  rente  en  I6i0.  Les  obligations  portées  au  contrat 
n'ayant  pas  été  remplies,  elle  revint,  en  1692,  en  la  possession 
des  enfants  de  Gilles  Chastaigner,  qui,  le  9juillet  1701,  la  vendi- 
rent à  Jacques  Beudin,  notaire  et  greflîer  au  siège  de  Laval,  Sa 
fille  Jeanne,  mariée  à  François  Le  Balleur,  avocat,  en  hérita,  et 
la  transmit  à  leur  fille  mariée  à  N...  Desaulnois,  officier  au  siège 
de  l'élection  de  Mayenne;  celle-ci,  devenue  veuve,  la  vendit  à 
André  Tessier,  épicier, 

2.  Ces  deux  escalitirs  existent  encore.  —  Ils  donnèrent  lieu  en- 
core à  quelques  difficultés,  en  1703,  entre  les  propriétaires  des 
deux  maisons  Adenette  Freuslon,  veuve  de  Jacques  Pouget.  maî- 
tre chirurgien,  et  Jacques  Beudin,  notaire,  greffier  au  siège  de 
Laval. 


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-  596  — 

8ftnt  88  maison  et  le  pavillon  qu'il  avait  fait  construire 
sur  la  porte  du  château  à  sa  fille  Julienne',  qui  avait 
épousé  Sébastien  Audouin,  sieur  des  Chesnea.  L'histoire 
de  cette  maison  ne  présente  d'ailleurs  que  peu  d'intérêt. 
En  1685,  Audouin  et  sa  femme  la  vendirent  à  Jacques 
Pouget,  maître  chirurgien,  marié  à  Adenette  Freuslon; 
elle  passa  par  aucceasion  à  Marie  Pouget,  femme  de 
Reué  Taupin,  sieur  de  la  Frardière,  chirurgien,  dont  le 
(ils,  Jean  Taupin  de  la  Frardière,  la  vendit,  en  1752,  à 
Madeleine  Jendry,  veuve  de  Pierre  Nourry,  notaire. 
Leur  iîlle,  Marie,  mariée  à  François  Lasnier  de  Vauce- 
nay,  négociant,  en  hérita  et  la  vendit,  en  1774,  à  Louise 
Ancelin,  marchande  faïencière.  Après  la  mort  de  cette 
demoiselle,  elle  fut  adjugée  à  François  Le  Roux,  égale- 
ment marchand  faïencier,  puis  elle  appartint  à  la  fa- 
ntille  Lucas,  qui  en  1874,  l'a  vendue  au  département  de 
la  Mayenne'. 

Pendant  tout  le  XVIII*  siècle,  la  chambre  du  pavillon, 
au-dessus  de  la  porte  du  château,  servit  de  greffe  aux 
officiers  du  grenier  à  ael  de  Laval  et  de  La  Gravelle  qui 
l'avaient  louée  à  cet  effet  avec  le  grenier  aitué  au-dessus. 

Jdlss-M.\.bie  Richard. 


1.  Fille  de  Pierre  B.  et  de  Julienne  Oaudin. 

2.  Le  motif  de  cette  acquisition  est  le  besoin  d'agrandir  la  pri- 
son :  voilà  donc  encore  une  vieille  maison  de  Laval  menacée  de 
destruction  !  Quant  à  l'agrandissement  de  la  prison,  il  faut  espé- 
rer que  cet  enlaidissement  sera  épargné  à  notre  vieux  château  ; 
espérons  aussi  qu'un  jour  viendra  ou  la  ville  de  Laval  pourra 
traiter  avec  l'Etat  et  le  département  de  la  construction  d'une 
prison  mieux  située  et  mieux  aménagée,  et  profitera  de  cette 
combinaison  pour  restaurer  le  château  de  Laval  et  en  faire,  comme 
à  Vitré,  comme  en  d'autres  villes,  un  musée  d'oeuvres  d'art  et 
d'antiquités. 


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SIGILLOGRAPHIE 
DES  SEIGNEURS  DE  CRAON 


La  Sigillographie  de  Craon,  qui  devait  être  un  travail 
exclnsivement  archéologique,  sera  aussi  et  surtout  une 
étude  historique.  Lorsqu'elle  a  été  entreprise,  on  avait 
pour  but  d'en  faire  le  couroDuement  de  l'histoire  de 
de  cette  illustre  famille.  On  se  proposait  de  prendre 
pour  base  le  travail  de  Ménage  '  et,  croyant  ta  généalo- 
gie donnéepar  lui  établie  dans  tous  ses  points,  on  estimait 
devoir  seulement  grouper  autour  de  chaque  génération 
ceux  des  monuments  que  d'activés  recherches  permets* 
traient  de  réunir. 

La  désillusion  est  vite  venue. 


1.  Les  flrénéalogiea  de  Craon  données  par  Horéri  et  par  La 
Chenaye-Desbois  dans  leurs  Dictionnaires,  celle  du  P.  Anselme, 
celle  qui  a  été  suivie  par  l'auteur  de  l'article  Craon  du  Maine  et 
l'Anjou  et  par  l'abbé  Duchesne  dans  son  Craon  et  ses  barons 
sont  des  reproducUona  du  système  organisé  par  Ména^. 


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Ménage'  a  vu  énormément  de  documents,  mais  il  ne 
les  a  pas  toujours  bien  lus  ;  leur  portée  du  moins  lui  a 
quelquefois  échappé  ;  souvent  il  les  g,  défigurés  en  les 
reproduisant,  ou  bien  il  en  a  mal  interprété  la  date. 

M.  de  Bodard^,  venu  près  de  deux  cents  ans  après 
Ménage,  n'est  pas  un  guide  plus  sur.  11  a  eu  à  sa  dispo- 
sition des  sources  nouvelles  —  le  Cartulaire  de  la  Boë, 
entre  autres  —  et  avec  la  plus  parfaite  bonne  volonté, 
avec  un  courage  des  plus  méritants,  il  a  produit  un 
énorme  volume  sur  Craon  ;  mais  son  érudition  est  sou- 
vent en  défaut.  Ses  textes  sont  reproduits  sans  aucune 
précision,  les  actes  imprimés  eux-mêmes  ne  sont  pas 
rendus  avec  exactitude.  Il  se  contredit  à  peu  de  pages 
d'intervalle  et  tombe  dans  des  pièges  grossiers.  On  le 
sent,  son  travail  n'est  pas  solidement  établi  :  les  docu- 
ments qui  devraient  en  être  la  charpente  n'ont  pas  été 
sérieusement  étudiés.  En  outre,  les  indications  de  sour- 
ces sont  inexactes  au  point  de  rebuter  la  patience  de 
ceux  qui  veulent  le  suivre  sur  ce  terrain. 

Pour  éviter  les  mêmes  erreurs,  pour  trouver  enfin  une 
base  solide,  il  fallait  revoir  tous  les  documents,  lire  tous 
les  actes,  les  contrôler  l'un  par  l'autre,  et,  se  mettant  en 
garde  contre  les  textes  employés  à  contre-sens,  arriver 
à  dresser  le  tableau  complet  des  pièces  relatives  aux  sei- 
gneurs de  Craon.  Ce  tableau,  qui  prend  ici  le  nom  de 
Cartulaire  de  Craon,  est  le  guide  à  peu  près  infaillible 
qui  a  été  suivi  dans  la  rédaction  du  travail.  Il  permettra 


Paris,  t6S3,  in-folio  4-34-451  p.  En  1844-1S45  il  a  été  [lubtié  dans 
VAimuaire  de  la  Sarthc,  sous  le  titre  de  Seconde  partie  de  l'His- 
toire de  Sablé  un  travail  dans  letjuel  on  en  doil  plutôt  reconnaître 
la  sij:ième  partie.  Il  faol  tyouter  ici  que  la  Revue  de  l'Anjou,  dans 
son  volume  de  1869,  p.  93-103,  B  publié  une  Description  de  Sablé 
par  Ménage, 

3.  Chroniques  Craonnaisea,  par  M.  de  Bodard  de  la  Jacopière, 
deuxième  édition,  Le  Mans,  1S71,  8-750  p.  in-S",  orné  de  30  plan- 
ches, tiré  à  deux  cents  exemplaires. 


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à  tout  le  monde  de  se  reporter  aux  sources,  et,  en  rap- 
prochant les  documents  utilisés  ici  de  ce  qui  sera  décou- 
vert par  la  suite,  d'arriver  plus  près  encore  de  la  vérité. 

On  trouvera  le  Cartulaire  de  Craon  publié  à  la  suite 
de  la  notice  sur  chaque  seigneur.  Constitué  en  un  corps 
unique  par  un  numérotage  continu,  it  aura  l'immense 
avantage  de  simplifier  extrêmement  te  renvoi  aux  sour- 
ces. La  grande  majorité  des  pièces  n'y  figure  que  par 
une  analyse  des  plus  courtes.  Pour  un  certain  nombre 
des  plus  importantes  on  a  cru  devoir  donner  les  textes 
complets.  Mais  on  s'est  borné  aux  documents  restés 
inédits  et  pas  un  seul  de  ceux  qu'on  y  trouvera  in 
extenso  n'a  été  correctement  publié  jusqu'ici.  On  s'é- 
tonnera sans  doute  de  n'y  rencontrer  aucun  des  actes  du 
Cartulaire  de  la  Roë  :  respectant  un  projet  de  publica- 
tion intégrale  annoncé  depuis  quelque  temps  déjà,  on 
a  cru  devoir  s'abstenir  de  tout  emprunt  aux  textes  im- 
portants qu'il  renferme'. 

Quant  aux  notices  sur  chaque  seigneur,  on  s'est  ef- 
forcé de  leur  donner  toute  la  brièveté  possible,  mais  on 
espère  racheter  la  sécheresse  inévitable  de  la  forme  par 
le  large  contingent  de  faits  nouveaux  qu'on  est  parvenu 
à  y  grouper.  On  peut  le  dire  en  elTet  dès  maintenant  :  la 
généalogie  de  Craon  trouve  ici  de  singulières  et  impor- 
tantes modifications. 

Au  XI'  siècle,  on  rétablît  dans  la  série  des  seigneurs 
Suhart  II,  celui-là  même  qui,  par  sa  forfaiture,  amena 
la  confiscation  de  Craon  par  Geoffroy-Martel  ;  on  réta- 
blit, parmi  les  enfants  de  Robert'le- Bourguignon,  cette 

1.  Le  Cartulaire  de  la  Roi  est  conservé  aux  Archives  de  la 
Al.iyenne,  M.  Planté  travaille  depuis  lon^emps  déjà  à  en  donner 
une  édition.  La  bibliothèque  de  la  rue  de  Richelieu  à  Paris  en  possè- 
de une  excellente  copie  prise  par  M.  Marcheçay  et  complétée  parle 
texte  de  ouelques-uns  des  originaux  du  fonds  de  la  Roe  des  Archi- 
ves de  la  Mayenne.  M.  Marchegay  a  légèrement  modifié  le  numéro- 
tage des  chartes.  Les  renvois  sont  faits  aux  numéros  adoptés  par 
lui. 


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-  600  - 

Burgundia  dont  tous  les  hiatoriens  faisaient  une  <te- 
moieelle  de  Chantocé,  belle-sœur  de  Maurice  I. 

Au  XII*  siècle,  on  confirme  l'existence  de  Gaérin  II, 
déjà  signalée  par  M.  de  Bodard,  ainsi  que  celle  de  Mau- 
rice III  ;  on  mentionne  pour  la  première  fois  le  second 
mariage  d'Etiennette,  veuve  de  Maurice  I  ;  on  écarte  de 
la  généalogie  Hugues  de  Mathefelon,  dont  on  avait  fait 
un  fils  de  Hugues  de  Craon.  En  fixant  vers  1170  le  ma- 
riage de  Maurice  II,  on  établit  le  décès  de  Geoffroy  IV 
de  Mayenne  vers  1169;  on  restitue  à  Maurice  II  un  fils, 
Renaud,  omis  par  tout  le  monde  ;  on  confirme,  au  aujet 
de  son  second  gendre,  Pierre  de  la  Gamache,  ce  qui 
avait  été  dit  pour  la  première  fois  dans  la  Sigillogra- 
phie des  Seigneurs  de  Laval  et  on  y  ajoute  de  nombreux 
'détails. 

Au  XIII*  siècle,  on  rétablit  Amaury  II  au  nombre  des 
seigneurs  et  par  contre  on  supprime  Maurice  VI,  qui  n'a 
jamais  existé  ;  on  restitue  à  Maurice  IV  sa  femme  Isa- 
belle de  la  Marche,  que  tout  le  monde  faisait  épouser  à 
Geoffroy  de  Rançon  et  à  Maurice  V  de  Craon  ;  on  rend 
à  ce  dernier  son  épouse  Mahaut  de  Malines  et  à  Maurice 
IV  sa  fille  Jeanne,  qu'on  avait  transportée  à  ta  généra- 
tion suivante,  etc.,  etc. 

Cette  laborieuse  reconstruction  de  la  généalogie  de 
Craon  n'a  pas  nui  à  la  partie  archéologique  du  travail. 
Comme  dans  la  Sigillographie  des  Seigneurs  de  Laval* 
on  trouvera  réunis  tous  les  sceaux  des  possesseurs  de 
Craon  antérieurs  aux  La  Trémollle*,  ceux  des  divers 


1.  Sigilloeraphie  des  Seigneurs  de  Laval,  par  MM.  Bertrand 
de  Broussillon  el  Paul  de  F^rcy,  1888,  152  p.  in-S»,  orné  de  209 
vignettes.  Ce  travail,  destiné  à  compléter  la  publication  du  Mi- 
moire  sur  les  Seigneurs  de  Laval  de  Bouiiolly,  fail«  en  1B86  par 
MM.  Le  Fizelier  el  Bertrand  de  Broussillon,  ne  renferme  pas 
celles  des  découvertes  historiques  de  notre  époque  qui  avaient 
pria  place  dans  son  devancier. 

2.  Les  sceaux  des  la  Trémollle  sont  pour  la  plupart  gravés 
dans  lasplendide  publication  du  duc  de  la  TrémolUe,  Le  Char- 
trier  de  Tkouars. 


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-  601  - 

personnages  de  leur  race  ainsi  que  ceux  de  leurs  alliC'S 
au  premier  degré.  Plus  favorisée  que  celle  de  Laval,  la 
série  de  Craon  ne  présente  presque  pas  de  lacunes.  Les 
monuments  qui  la  constituent  sont  inédits  pour  l'im- 
mense majorité,  car  comment  ne  pas  appeler  inédits  les 
sceaux  décrits,  mais  non  figurés  dans  les  inventaires. 
Ils  ont  été  fournis  par  la  grande  collection  constituée 
aux  Archives,  laquelle  ne  contient  pas  moins  de  trente- 
six  mille  neuf  cents  moulages,  dont  la  nomenclature  se 
trouve  non  seulement  dans  les  trois  volumes  :  Inventaire 
des  sceaux  des  Archives  publias  sous  le  nom  de  M. 
Douet  d'Arcq,  mais  encore  dans  les  six  qui  portent  le 
nom  de  M.  Demay  :  Sceaux  de  Flandre,  Sceaux  de 
l'Artois  et  de  la  Picardie,  Sceaux  de  la  Normandie, 
Sceaux  de  la  collection  ClairambauU.  Aux  sceaux  em- 
pruntés à  cette  collection,  dont  les  empreintes  sont  mi- 
ses pour  un  prix  minime  à  la  disposition  du  public,  on 
a  eu  la  bonne  fortune  d'enjoindre  plusieurs,  dont  aucun 
inventaire  n'a  signalé  l'existence  :  quelques-uns  ont  été 
découverts  parmi  ceux  que  M.  Demay  a  malheureusement 
omis  en  faisant  opérer  les  moulages  des  Titres  scellés  <  de 
la  collection  constituée  autrefois  par  Gaignières,  et  qui 
porte  le  nom  de  collection  Clairambault,  parce  qu'elle  est 
entrée  à  la  Bibliothèque  de  la  rue  de  Richelieu  après  avoir 
appartenu  au  généalogiste  du  roi.  On  a  consulté  avec  fruit 
aussi  les  Pièces  originales  '  et  emprunté  quelques  uns  de 
leurs  dessins  aux  recueils  de  chartes  constitués  par  Gai- 
gnières. Enfln  certains  vides  ont  été  comblés  par  des  mo- 
numents fournis  par  les  Archives  de  Thouars.  Ceux-ci 


1.  Ces  omissions  atlei^ent  peut-être  vinrt-cinq  pour  cent  des 
sceaux  conservés  dans  les  titres  scellés.  Elles  sont  désastreuses 
parce  que  le  travail  de  chaque  jour  effrite  ces  précieux  monu- 
ments et  que  rien  n'aurait  dû  autoriser  M.  Demay  à  écarter  les 
empreintes  de  tel  personnage  plutAt  que  de  tel  autre. 

2.  Ce  fonds  fait  partie  lui  aussi  des  collections  conservées  ù  la 
Bibliolhëque  de  la  rue  de  Richelieu,  au  Cabinet  des  Manuscrits. 

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sont  dus  à  la  gracieuseté  de  M.  le  duc  de  la  Trémollte, 
qui  a  (iaigné  autorisei'M.  l'abbé  Ledru  à  communiquer 
les  précieuses  empreintes  dont  il  est  possesseur. 

Avant  de  divulguer  le  fruit  de  leurs  recherches,  les 
auteurs  de  ce  travail  adressent  une  prière  à  ceux  qui 
seront  tentés  de  les  suivre  dans  la  voie  qu'ils  ont  eu 
quelque  peine  à  tracer.  Ils  désirent  conserver  la  pleine 
propriété  de  leur  œuvre.  A  Paris  on  n'a  pas  certaines 
faiblesses  ;  en  province  au  contaîre  il  existe  des  auteurs 
qui,  vivant  du  fonds  d'autrui,  n'hésitent  pas  à  s'en  ap- 
proprier les  richesses  sans  consentir  à  avouer  tout  ce 
qu'ils  doivent  soit  au  labeur  des  autres  soit  à  de  libé- 
rales communications.  On  leur  demande  un  peu  de  res- 
pect pour  les  pages  qui  vont  suivre. 


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LE  BLASON  DE  CKAOX 


n'  doit,  avant  d'entre- 
prendre l'histoire  de  la 
maison  de  Craon,  exa- 
miner quel  a  été  le  bla- 
son   de  cette   famille; 
on  constatera  ainsi  que, 
jusqu'à  la    RéVblution, 
il  s'est  conservé  sur  le 
sceau  des  contrats   de 
la  ville  et  que  aujour- 
d'hui encore,  il  figure  sur  l'un  des  quartiers  de  i'écu 
des  la  Trémoïlle  et  des  Beauvau,  descendants  les  uns 
et  tes  autres  par  les  femmes  des  seigneurs  de  CraoD. 
Ces  armoiries,  dont  les  sceaux  ne  nousfournissentpas 
les  émaux,  étaient  :  losange  d'or  et  de  gueules.   Elles 
n'ont  pas  été  omises  dans  les  armoriaux  du  XIV"  et  du 
XV'  siècle.  En  effet  on  trouve  dans  VAimorial  dressé 
vers  1396  par  le  héraut  Navarre,  parmi  les  «  banerois 
d'Anjou  »  : 

Le  sire  de  Craon,  losengié  d'or  et  de  gueules; 
Monsieur  Pierres  de  Craon,    sembla blement  à   uiig 
lambel  d'azur  ; 

Monsieur  Guillaume  de  Craon,  semblablement  à  ung 
bâton  d'azur. 

Dans  l'Armoriai  du  héraut  Berry,  vers  1450  ; 
Le  sire  de  Craon,  losange  d'or  et  de  gueules  ; 


1.  La  lettre  initiale,  ligure  1,  est  empruntée  à  VObiuiaire  du 
prieuré  de  la  Haye  aux  Boitsliommes  d'Angers. 


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—  604  — 

Et  dans  VArmorial  du  héraut  Secltle,  vers  1455  : 

Le  sieur  de  Craon,  losetigié  d'or  et  de  gueules  ; 

Le  viaconte  Diny  de  Craon,  qui  eat  losengié  d'argent 
et  de  gueules  au  bâton  d'azur,  de  Craon  le  Fort,  cy- 
dessusau  lambeau  de  sable*. 

Ce  blason  n'a  certainement  pas  été  porté  par  les  pre- 
mières générations  de  la  famille  de  Craon  et  on  ne  sau- 
rait songer  à  trouver  des  monuments  leur  appartenant 
où  il  aurait  pris  place.  On  le  sait  aujourd'hui,  les  armoi- 
ries héréditaires  datent  du  dernier  tiers  du  Xll*  siècle. 
Il  est  facile  de  s'en  assurer,  car  les  monuments  sont  as- 
sez abondants  pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  l'époque 
à  laquelle  certaines  familles  ont  pris  leur  blason. 

M.  Démay,  dans  son  Costume  au  Moyen-Age  d'après 
les  sceaux^,  l'a  constaté  :  il  n'en  existe  aucun  exemple 
antérieur  à  1170  et  plus  d'une  famille  parmi  les  plus 
considérables  a  laissé  s'écouler  bien  des  années  posté- 
rieures à  cette  date  sans  adopter  l'écu  blasonné.  Ce  fait 
est  mis  en  pleine  lumière  par  la  comparaison  des  sceaux 
de  Philippe  d'Alsace  en  1164et  en  1170;  de  Bouchard  V 
de  Montmorency  en  1169  et  en  1177  ;  de  Conan  de 
Soissons  en  1172  et  en  1178  et  1180  ;  de  Mathieu  III  de 
Beaumont-sur-Oise  en  1177  et  en  1189;  des  Garlande 
en  1170  et  en  1192  ;  de  Girard  de  Saint-Aubert  en  1185 
et  en  1194;  de  Beaudouin  de  Hainauten  1182  et  en  1195; 
de  Geoffroy,  comte  du  Perche  en  1190  et  en  1197;  des 
d'Avesne  en  1186  et  en  1199;  des  Picquigny  en  1190  et 
en  1199;  les  plus  anciens  ne  possèdent  pas  le  blason 
qu'on  trouve  sur  les  derniers  seulement. 

On  ne  connaît  aucune  empreinte  de  sceau  équestre  des 
CraoD  appartenant  à  l'époque  antérieure  au  blason  ;  à 
son  défaut,  it  est  curieux  de  publier  ici  le  sceau  inédit 

1.  Ce  n'est  ici  qu'une  copie  infidèle  du  premier  armoriai.  Il  faut 
lire  le  o  vicomte  de  Ch&teaudun...  »  et  n  Pierre  de  Craon,  dit  le 
Fort.  » 

2.  Paris,  Dumoulin,  1880,  496  p.  in-ï",  pages  189  à  203. 


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-  608  - 

de  Jubel  II  de  Mayenne,  d'après  uoe  empreinte  de  1158 
(Archives,  n'  2771).  Juhel  (figure  2)  est  repr»^aenté  la 
tôtc  couverte  d'un  casque  pointu,  vêtu  d'un  haubert,  tenant 
d'une  main  une  large  épêe  et  de  l'autre  un  grand  bouclier 
rond  dont  on  voit  l'intérieur. 


>  —  Sceau  de  Juh«l  II  da  Mayenae,  1IA8. 

Rien  jusqu'ici  ne  permet  de  savoir  exactement  à  quelle 
date  les  Graon  ont  adopté  le  losange  d'or  et  de  gueu- 
les. Tout  ce  qu'on  peut  dire  c'est  que  la  première  em- 
preinte blasonnée  remonte  à  Maurice  III  et  qu'elle  ap- 
partient à  1206,  dernière  année  de  sa  vie. 

On  en  trouvera  ici  à  la  fois  un  dessin  pris  sur  l'ori- 
ginal (figures  3-41  et  la  reproduction  (figures  5-6)  d'un 
croquis  pris  par  l'un  des  dessinateurs  de  Gaignières  sur 
une  empreinte  de  1207  et  inséré  par  lui  au  folio  321  du 
manuscrit  22,450  du  Fonds  français. 

Après  avoir  été  porté  pendant  près  de  trois  siècles 
par  tes  Craon,  ce  blason  n'a  pas  disparu  :  il  figure  en- 
core de  nos  jours  dans  l'un  des  quartiers  du  blason  des 
la  Trémollle  qui,  héritiers  de  la  baronnje  par  l'une  de 
leurs  grands'mères,  Marie  de  Sully,  décédée  à  Pau  en 
1409,  ne  la  possédèrent  que  jusqu'en   1586,  époque  oà 


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-  606  — 

elle  sortit  de  leur  famille  par  le  mariage  de  Charlotte  de 
la  TréraoïUe  avec  Henri  I  de  Condé. 

On  le  trouve  aussi  dans  l'écu  écartelé  dea   Beauvau, 
qui  n'ont  jamais  possédé  le  Craon  d'Anjou,  mais  qui  en 


ZA.  —  S''.«au  et  contre  Bceau  de  Maurice  III.  1*06. 

portent  le  blason  en  souvenir  de  Jeanne  de  Craon, 
épouse  de  Pierre  I  de  Beauvau,  laquelle  eut  le  courage 
de  solliciter  elle-même  l'opération  césarienne  et  donna 
au  prix  de  sa  vie  le  jour  à  son  second  fils,  Jean  IV, 
d'où  sont  descendus  tous  les  Beauvau. 

II  faut  ajouter  ici  que,  dans  la  famille  de  Beauvau, 
le  nom  do  Craon  a  pris  une  nouvelle  illustration,  grâce 
à  la  faveur  du  duc  de  Lorraine  i)our  Marc  de  Beauvau  et 
Anne  de  Lignivilie,  son  épouse  :  Marc,  en  sa  qualité  de 
cadet,  s'était  fait  appeler  M.  de  Craon  '  ;  aussi  lorsqu'il 
obtint,  en  1712,  l'érection  d'Haudonvillers  on  terre  titrée 
à  son  profit,  c'est  le  titre  de  marqui.sat  de  Craon  qu'elle 
reçut  et  qui   bientôt  fut  changé,  par  un  diplôme  donné 


1.  Ce  fait  est  mis  hors  de  doute  par  la  lecture  du  curieux  ap- 
pendice <ijr)uté  p.ir  M.  Meaume  à  son  travail  sur  la  Mère  du 
chevalier  de  Boufjlers,  intitulé  Léopold.  duc  de  Lorraine,  et  la 
mère  de  la  marquise  de  Boufflers,  au  volume  de  1B85  du  Bul- 
letin du  Bibliophile,  p.  38-59. 


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~  Sceau  e(  contre-sceau  de  Maurice  III,  IXi7  [d's|ir^s  Gaignitres). 


Digiliz=db,G00glC 


par  l'Empereur  en    1722,    en  celui  de  principauté  de 
Graon  '. 

Quant  au  blason  de  la  ville  de  Craon,  on  doit  à  M.  de 
Bodard  la  publication  d'un  monument  qui  déroute  abso- 
lument tous  ceux  qui  ont  un  peu  étudié  la  question.  On 
trouve  à  la  planche  xxvii  de  ses  Chroniques  Craon- 
naises  une  lithographie  qui  représente  l'écusson  de  l'une 
des  clefs  de  voûte  de  l'ancienne  église  de  Saint-Nicolas. 
L'écu  est  de  gueules  au  sautoir  d'argent  cantonné  de 
quatre  losanges  de  même  ;  il  est  entouré  d'une  couronne 
de  feuilles  de  chêne  et  non  pas  d'une  couronne  murale. 
M,  de  Bodard  y  voit  les  armes  de  la  ville  de  Craon.  11  est 
impossible  d'admettre  cette  attribution.  D'Hozier,  il  est 
vrai,  dans  Y  Armoriai  de  1696^,  a  enregistré,  pour  la 
ville  de  Craon,  les  armes  suivantes  :  de  gueules  au  sau- 
toir d'argent;  mais  on  le  sait,  les  attributions  de  YÀrmo- 
rial  général  n'ont  aucune  force  probante  ;  il  y  avait 
obligation,  d'après  l'édit,  de  faire  enregistrer  tous  les 
blasons  moyennant  le  paiement  de  vingt  livres  ;  beau- 
coup de  personnes  ont  payé  les  vingt  livres  et  ont  laissé 
enregistrer  tout  co  qu'on  a  voulu  ;  c'est  là  à  coup  sur  le 


1.  Le  diplAme  est  du  13  novembrclT22;  mais  dèsie  30  septem- 
bre 1722  une  dépêche  de  M.  d'AudifTret  anDonçait  que  l'empereur 
venait  de  conférer  au  marquis  de  Craon  ■  et  aux  atnés  de  ses 
descendants  la  dignitë,  droits  et  prééminences  de  prince 
de  l'Empire,  a  On  y  lit  que  ce  titre  lui  est  accordé  n  sous 
le  nom  de  prince  de  Beauvau  et  non  sous  celui  de  la  terre  de 
Milhausen,  qu'il  a  achetée  dans  le  pays  de  Wurtembei^.  »—  Il 
faut  remarquer  cependant  qu'il  fut  des  lors  désigné  sous  le  titre 
de  prince  de  Craon  comme  le  prouvent  des  lettres  du  8  janvier 
1727  et  14  mars  1735  {Voir  d'HaussoBville,AéuN{on(/e /a  Lorraine 
à  la  France,  t.  IV,  p.  156,  418,  430).  —  Craon  de  Lorraine  étant 
le  même  nom  que  Craon  d'Anjou  doit,  comme  ce  dernier,  se  pro- 
noncer en  une  seule  svllabe  :  Cran.  — On  sait  par  la  Correspon- 
dance de  M"*  du  Deffand  qu'en  1759  Voltaire  fut  en  pourparlers 
avec  madame  de  Mirepoix  pour  lui  acheter  la  terre  de  Craon  en 
Lorraine  (Voir  édition  Lescure,  1865,  2  in-8",  t.  1.  p.  252,  254, 
256). 

2.  Touraiiie,  a"  1204. 


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cas  de  Craon  et  de  toutes  les  villes  ou  paroisses  qui 
n'avaient  pas  d'annoiries  particulières. 

Craon  possédait  «ne  cour  seigneuriale  et,  par  cela 
même,  ne  pouvait  avoir  un  blason  différent  de  celui  de 
sa  cour. 

Ici  encore  les  monuments  ne  font  pas  défaut,  car  on 
trouve  aux  Archives  de  la  Mayenne,  dans  les  fonds  du 
prieuré  de  Saint-Clément  de  Craon,  de  la  collégiale  do 
Saint-Nicolas  et  du  prieuré  de  la  Hayc-aux-Bonshommes, 
un  grand  nombre  d'empreintes  des  sceaux  des  contrats 
de  Craon. 

La  plus  ancienne  empreinte  connue  remonte  à  l'année 
1323.  C'est  un  fragment  informe  (figures  7-8)  où  ne  se  voit 


tS.  —  Sceau  de  conirau  de  Craon,  I3SI, 

plus  qu'un  6cu  losange^  de  sorte  qu'il  est  impossible  de 
dire,  comme  pour  les  sceaux  des  cours  de  Laval,  de  Vi- 
tré, de  Meslay',  s'il  a  été  certainement  gravé  au  milieu 
du  Xlll*  siècle. 

Le  contre-sceau  porte  le  même  écu  et  la  légende  en 
français  se  lit  ainsi  :  ...s  ....des  c\vsESDECR...IIe9t  rond 
et  mesure  0"  02. 

Une  empreinte  de  1374  (figure  9,  Archives^  n'  4544) 
présente  un  sceau  légèrement  postérieur.  Il  est  rond,  de 
0"'04  ;récu  est  accosté  dans  le  champ  d'une  étoile  et  d'un 


1.  Ces  trois  sceaux  onl  pris  place  dans  la  SigUlograp/iie  de 
Laval,  sous  tes  numéros  74  à  79.  On  y  a  expliqué  comment  ils 
ne  pouvaient  être  antérieurs  à  1250,  époque  oùle  fils  d'Emma  a 
abandonné  Je  canton  d'hermines  pour  prendre  les  cinq  coquilles. 


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-  610  - 

croissant  ;  au-dessus  se  voit  une  croisette.  Légende  :  •{•  le 
SEEL  DES  ...AVSES  DE  CR\oN.  Le  contre-âccau,  pour  les 
empreintes   ïes    plus   anciennes,    est  celui    qui   ligure 


B-IO  —  sc«au  des  contrats  du  XIV  siècle  avec  le  conlr&aceau  du  XV'  siècle 

plus  haut  avec  le  aceau  de   1323;  mais,  dès  1390,  on 
trouve  un  autre  contre-sceau  absolument  semblable  au 


11,  —  Sceau  des  contrais  de  Craon  du  IV'  siècle. 

sceau  iui-mémc,  sauf  qu'il  est  moitié  plus  petit  '  (figu~ 
re  10). 

2.  C'est  ce  conlre-sceau  qui  est  reproduit  a  la  page  135  de  la 
Maison  du  Briat.  Malheureusement  en  l'agrandissant,  on  lui  a  en- 
levé toute  authenticité. 


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—  611  — 

Le  sceau  ayaat  été  perdu  ou  brisé,  ou  en  fît  faire  un 
troisième  qui  servit  seul  à  partir  de  1453.  Il  est  admira- 
blement gravé  et  d'une  netteté  remarquable  (figure  11). 
C'est  la  reproduction  du  type  précédent  auquel  on  a  ajouté 
de  petites  palmes  adossées  aux  trois  angles  de  l'écu.  La 
légende  est  composée  de  mots  séparés  par  une  rose  : 

s.  DES.  CONTRA.S.    DE.   CBA.ON. 

Ce  sceau,  dont  il  existe  plusieurs  exemplaires  aux 
Archives  de  la  Mayenne,  servait  encore  en  1457  à  une 
époque  où  depuis  longtemps  la  baronnie  de  Graon,  par 
l'extinction  de  la  branche  aînée  de  ses  seigneurs,  était 
tombée  en  la  possession  d'autres  familles. 

En  1464,  il  fut  remplacé  par  un  autre  qui  n'est  que 
l'agrandissement  du  contre-sceau  gravé  quelques  années 
auparavant  ;  il  a  la  même  netteté  et  porte  les  mêmes  or- 
nements. 

Ce  sceau  a  déjà  été  publié,  d'après  un  exemplaire  un 
peu  déformé  des  Archives  de  la  Mayenne  '  ;  il  servait  en- 
core en  1522.  Quelques  années  plus  tard,  en  1544,  les 


seigneurs  de  la  Trémollle,  barons  de  Craon,  le  rempla- 
cèrent par  un  sceau  ou  leurs  armoiries  sont  écartolées 
de  celles  de  Craon.  L'écu  (figures  12-13)  est  entouré  de 

1.  Sceaux  détachés  de  Goué,  T.  111,  des  Procès-oerhatix  de  la 
Commission  de  ta  Mayenne,  p.  96. 


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-  612  - 

rinceaux,  la  légende  se  lit  ainsi  :  •}•  le  seau  des  con- 
trats DE  CRA.ON.  Il  fui  en  usage  jusqu'en  1609  ;  le  con- 
tre-sceau, devenu  très  fruste,  ne  porte  que  le  losange 
de  Craon.  Il  rappelle  vaguement  le  premier  contre-sceau 
dessiné  plus  haut  et  la  légende  des  empreintes  qu'on 
connaît  est  illisible. 

A  partir  de  1609,  alors  que  le  prince  de  Condé,  Henri 
II  de  Bourbon,  fils  de  Henri  I  et  de  Charlotte  de  la  Tré- 
moïlle,  était  baron  de  Craon,  le  sceau  des  contrats  de 
Craon  présente  l'écu  de  France  entouré  du  collier  de  l'or- 
dre et  surmonté  d'une  couronne  fermée.  La  légende  est 
pfTacée.  Quoique  la  baronnie  de  Craon  ait  été  vendue 
dès  1620,  aux  d'Aloigny,  ce  sceau  servait  encore  en 
1634'. 

A  ta  fin  du  XVIII'  siècle,  on  trouve  des  cachets  de 
cire  rouge  plaqués  aux  actes  de  la  baronnie  de  Craon, 
L'écu  ovale  est  écartelé  de  la  Forest  d'Armaillé  et  de 
Craon  ancien,  avec  une  couronne  de  marquis  et  deux 
lions  pour  supports-  (figure  14). 


It.  —  $c«au  des  mnlrats  de  Craon  au  XVIII*  aiéde. 

On  le  voit,  sauf  pendant  les  quelques  années  qui  ont 
suivi  1609,  l'écu  losange  n'a  pas  cessé  jusqu'à  la  Révo- 
lution de  prendre  place  sur  le  sceau  des  contrats. 

1.  Saint-Nicolas,  t.  V,  pièce  32. 

2.  Arc/iivcs  du  château  du  Roseray  (commune  de  Ballots,  elc.) 


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—  613  — 

De  tant  de  monuments  où  ces  armoiries  ont  été  pein- 
tes autrefois,  ou  sculptées,  de  tant  de  vitraux,  il  ne  reste 
plus  rien.  On  doit  signaler  cependant  un  vitrail  (figure 
15)  qui  ne  parait  pas  antérieur  au  XV'  siècle  et  qui 
orne  l'une  des  fenêtres  de  la  nef  de  l'église  de  Denazé 
(Mayenne) . 


:  l'église  de  Deoazi.  - 


-  Pilier  de  l'ancien  Sainl-CtémeDl 


Il  existait,  dans  l'ancienne  église  Saint-Nicolas  de 
Craon,  un  pilier  que  M.  Louis  de  Farcy  a  eu  l'heureuse 
inspiration  de  dessiner  avant  sa  destruction  (figure  16). 
Comme  il  est  facile  de  le  voir  aux  ornements  du  chapi- 
teau, il  date  seulement  de  l'époque  de  la  Renaissance  ; 
et,  si  le  sculpteur  y  a  fait  figurer  le  blason  en  bannière 
des  anciens  Craon,  cela  tient  sans  doute  à  ce  que  ce  pilier 
en  remplaçait  un  autre  où  ces  mêmes  armes  avaient  Hé 
sculptées  au  XIV'  siècle. 


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Il 

ANCIENNE  MAISON  DE  CRAON 

Un  petit  nombre  de  documents,  demeurés  d'ailleurs 
jusqu'ici  inédits,  permet  de  dresser  la  liste  des  posses- 
seurs du  fief  de  Craon  au  XI*  siècle.  M.  de  Bodard  ne 
compte  que  deux  seigneurs  ;  les  chartes  en  font  connaître 
un  troisième. 

Dans  les  premières  années  du  XI"  siècle  le  fief  appar- 
tenait à  Suhart-le-Vieux.  C'est  lui  qui  fit  don  à  l'abbaye 
de  Saint-Aubin  '  de  l'église  Saint-Clément  de  Craon,  la- 
quelle Geoffroy-Martel,  devenu  maître  de  Craon,  à  la 
suite  de  la  forfaiture  du  seigneur,  abandonna  à  l'abbaye 
de  la  Trinité  de  Vendôme.  Par  la  suite  les  deux  abbayes 
se  disputèrent  la  propriété  du  prieuré  et  leurs  querelles 
donnèrent  lieu  à  la  confection  d'un  certain  nombre  d'ac- 
tes. Quelques-uns  ont  été  imprimés  ;  d'autres  —  et  ce 
ne  sont  pas  les  moins  intéressants  —  verront  ici  le  jour 
pour  la  première  fois*.  En  1054  Geoffroy-Martel,  dont  la 
partialité  en  faveur  de  la  Trinité  était  évidente,  rend 
une  sentence  rejetant  la  requête  que  lui  avaient  présen- 
tée les  moines  de  Saint-Aubin.  Cette  sentence  est  con- 
nue par  le  texte  conservé  au  Cartulaire  de  la  Trinité'^ 
et  par  une  notice  des  moines  de  Vendôme  *.  Il  est  extrê- 
mement curieux  d'en  rapprocher  la  critique  qu'en  firent 
les  moines  de  Saint-Aubin  dans  une  longue  notice  pu- 
bliée plus   loin\  En  1059-1060  trois  lettres  d'évéque 

1.  Ce  don  fui  fait  du  temps  de  l'abbé  Hubert,  éiu  le  3  septem- 
bre de  l'an  lOOO. 

2.  Vq\t  Cartulaire  de  Craon,  numéros?  etll, 

3.  C'est  cette  sentenœ  du  26  mars  1054  (u.  s.)  qui  esl  imprimée 
à  la  pa^  5S!)  des  Chroniques  Craonitaises. 

4.  Cartulaire  de  Craon  a"  1. 

5.  Cartulaire  de  Craon  n'  11. 


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_  615  - 

montrent  que  la  cour  de  Rome  était  saisie  de  la  ques- 
tion'. En  t067  les  moines  de  Vendôme  obtiennent  du 
légat  Etienne  une  sentence  qui  leur  est  favorable^  ;  en 
1072  un  accord  intervient  entre  la  Trinité  et  Saint-Au- 
bin :  Saint-Clément  devait  faire  retour  à  Saint^Aubin, 
moyennant  le  paiement  de  deux  cents  livres.  Mais  Saint- 
Aubin  ne  veut  pas  s'exécuter  et  dresse  une  plainte  très- 
vive  contre  le  légat  Gérard.  Enfin  vingt  ans  après,  le 
24  novembre  1092,  Urbain  11  promulgue  une  transaction 
passée  entre  les  deux  abbayes  par  laquelle  Saint-Aubin 
recevrait  Saint- Jean- sur- Loire  et  renoncerait  à  toutes  ses 
prétentions  sur  Saint-Clément.  Eji  1096,  à  Saintes,  le 
légat  Amat  maintint  cette  transaction  qui  fut  ratiliée 
une  fois  de  plus  en  1115  par  une  bulle  du  pape  Pascal  IP. 

Suhart-le-Vieux  eut  pour  successeur  d'abord  Guérin  I, 
puis  Subard-le-Jeune,  ses  deux  fils,  ainsi  que  le  disent 
expressément  les  moines  de  Saint-Aubin  et  la  sentence 
de  1096  du  légat  Amat*. 

Suhart-le-Vieux  eut  un  troisième  fils  :  Guérin-le-BA- 
tard,  qui  en  1054  était  moine  de  Saint-Aubin  et  qui, 
devant  la  cour  tenue  par  Geoffroy-Martel  pour  juger  le 
différend  relatif  à  Saint-Clément,  s'efforça  d'obtenir  le 
maintien  de  la  donation  faite  par  son  père-'. 

Guérin  I  de  Craon  avait  laissé  une  fille,  Berthe,  qui 
épousa  en  premières  noces  Robert  de  Vitré  et  en  secon- 
des Renaud,  fils  de  Robert-le-Bourguignon.  Ce  n'est 
pas  lui  qui  fut  l'auteur  de  la  forfaiture  ayant  amené  la 
confiscation  de  Craon  par  Geoffroy-Martel.  Elle  fut  le 
fait  de  Suhart-le-Jeune  qui  figure  nu  nombre  des  témoins 
d'actes  de  1037  et  de  1041", 

1.  Voir  Cartulaire  n"  15. 

2.  Voir  Cartulaire  n"'  30,  35. 

3.  Cartulaire  de  Craon  n""  36,  69.  "1,  102. 

4.  Cartulaire  n"  11  el  78. 

5.  Cartulaire  a"  i\ . 

6.  Cartulaire  n"  2,  3. 


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lU 

ROBERT  LE  BOURGUIGNON 

Vers  1150  — Vers  1198. 


Robert  le  Bourguignon,  à  la  fois  chef  de  la  seconde 
maison  de  Craon  et  tige  de  celle  de  Sablé,  était  le 
quatrième  fils  de  Renaud  I  de  Nevers,  comte  d'Auxer- 
re,  et  d'Adélaïde,  fille  du  roi  de  France  Robert  I.  Son 
frère  aine,  Guillaume,  fut  comte  de  Nevers  etd'Auxerre  ; 
ses  deux  autres  frères,  Henri  et  Guy,  sont,  en  même 
temps  que  Robert,  témoins  d'un  don  fait  à  Saint-Aubin 
entre  1056  et  1060  ;  ils  sont  également  nommés  en  1067 
dans  le  don  de  Saint-Malo  à  Marmoutier'. 

Elevé  à  la  cour  des  comtes  d'Anjou,  Robert  épousa 
Avoise,  dite  aussi  Blanche,  filie  de  Geoffroy-Ie-Vieux^, 
seigneur  de  Sablé,  et  qui  par  ie  décès  de  son  frère,  ap- 
pelé aussi  Geoffroy,  en  fut  l'unique  béritière. 

Comment  Robert  le  Bourguignon  devint-il  seigneur 
de  Craon  ?  Plusieurs  documents  parfaitement  concor- 
dants montrent  que  le  dernier  descendant  de  l'ancienne 
maison  de  Craon,  Suhart-le-Jeune,8e  rendit  coupable  de 
forfaiture  ;  que  Geoffroy-Martel,  comte  d'Anjou,  pro- 
nonça la  confiscation  du  fief  et,  qu'après  l'avoir  conservé 
un  certain  temps,  il  en  donna  l'investiture  à  Robert-le- 
BourguignoQ  ^  ;  mais  aucune  pièce  contemporaine,  au- 


1.  Carlulaire  n"  14,  22,  28. 

2.  Geoffroy  ie  Vieux,  sei^eurde  Sablé,  était  frère  de  Raoul,  !e 
vicomte  du  Maine  et  d'un  nommé  Eudes  ;  sa  Femme  étiùl  Adélaïde  ; 
ses  enfants  su  nommaient  Drogo,  Buchard  et  Liziard.  Tels  sont  les 
renseig'nements  fournis  par  les  chartes  VIII  el  IX  du  Cartulaire 
de  la  Couture  où  ne  sont  mentionaés  ni  Geoffroy,  ni  Avoise. 

3.  Carlulaire  a»  6,  7,  11. 


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1 


-  611  - 

cune  <diroDiqu6  même,  se  domie  les  détails  qoi  ont  pris 
place  dans  les  histoires  modernes. 

La  date  de  Tiavestitare  de  Robert  est  difficile  à  fixer  : 
d'une  part  en  1041  Suhsrt  est  encore  témoin  d'un  acte  de 
Geoffroy- Martel  <  et  de  l'autre  l'inveatitiire  de  Craon  par 
Robert  est  mentionnée  dans  la  charte  de  Geoffroy-Martel, 
constituant  le  monastère  de  la  Trinité  de  Vendôme,  da- 
tée du  31  mai  1040^.  En  outre,  selon  M.  de  Bodard, 
«  la  IV*  charte  de  la  Roë  dît  positivement  que  Nerra 
était  intervenu  dans  le  don  de  la  terre  de  Craon  à  Ro- 
bert le  Bourguignon.  »  11  suffit  de  lire  la  quatrième 
charte  de  la  Hoè  ^  pour  voir  qu'il  n'y  est  nullement  ques- 
tion de  Foulques  Nerra,  Quais  bien  de  Foulques  Réchin. 
Quant  à  la  charte  de  1040,  elle  contient  au  milieu  même 
de  son  texte,  une  interpolation  évidente  d'une  approba- 
tion que  le  pape  Clém^uit  11  n'a  pu  donner  qu'après 
1046;  rien  ne  peut  garantir  que  le  passage  relatif  à 
Saint-Clément  de  Craon  n'est  pas  interpolé  lui  aussi.  En 
présence  des  documents  qui  tous  attribuent  à  Geoifroyr 
Martel  la  main-mise  sur  Craon,  et  son  abandon  à  Ro- 
bert, il  faut  placer  ces  événements  entre  1041,  date  de 
la  dernière  mention  de  Suhart,  et  le  26  mars  1054,  date 
de  la  sentence  de  Geoffroy-Martel  maintenant  à  la  Trinité 
la  possession  de  Saint-Clément. 

Il  restait  de  l'ancienne  maison  de  Craon  une  héritière, 
Berthe,  6Ue  de  Guérin,  mariée  à  Robert  de  Vitré*.  Ce- 

t.  Cartulair»  n*  3. 

1.  Celte  charte  vient  d'Être  très  soigneusement  publiée  sous  le 
numéro  16  des  Layette»  du  Trésor  des  Chartes.  Eue  n'existe  plus 
qu'à  l'état  de  copie  du  XIII*  siècle. 

3.  Cartulaire,  a.»  93. 

4.  Ce  Robert  de  Vitré  est  témoin  dans  des  chartes  datées  par 
M.  de  Courson  1037,  10^8  et  vers  i062,  publiées  par  lui  aux  pa- 
ges %kk,  839  et  384  de  sou  Cartulaire  de  HeOon.  Berthe  n'y 
est  pas  nommée  une  seule  fois,  tandis  qu'elle  figure  dans  la  charte 
donnée  vers  1064  portant  fondation  de  Baiute-Croix  de  Vitré  et 
dans  la  lettre  éci-ite  par  André,  son  fils,  à  Girard  abbé  de  Saint- 
Aubin  (1082-1106)  demandant  de  faire  le  17  août  l'anniversaire  de 
son  frère  Robert  (Dom  Lobineau,  II,  258).  L'acte  qui  suit  dans 
Dont  Lobineau  est  passé  dans  sa  maison. 

39 


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lui-ci  mourut  au  moment  où  Robert-le-Bourguignon  de- 
venait veuf  par  le  décès  d'Avoise  de  Sablé.  Robert  con- 
tracta une  seconde  alliance  avec  Berthe.  En  même  temps 
le  fils  aîné  de  Robert,  Renaud,  épousait  la  fîlle  de  Ro- 
bert de  Vitré  et  de  Berthe,  appelée  Agnès,  Enoguen  ou 
Domitilla.  Puis,  par  une  sorte  d'échange  dont  les  vérita- 
bles motifs  sont  difficiles  à  saisir,  Robert  et  Berthe,  qui 
semblent  réunir  sur  leurs  têtes  les  droits  sur  Craon  ' ,  vont 
s'installer  à  Sablé,  tandis  que  Renaud,  fils  de  l'héritière 
de  Sablé,  et  qui  aurait  dû  en  devenir  seigneur  par  le 
décès  d'Avoise,  devient  seigneur  de  Craon  et  abandonne 
Sablé  à  son  père. 

La  mort  d'Avoise  advint  après  le  7  août  1067,  date 
de  son  intervention  dans  le  don  de  Saint-Malo  de  Sablé 
aux  moines  de  Marmoutier.  Quant  à  Renaud  et  Eno- 
guen, ils  ligurent  ensemble,  dès  le  11  mars  1070,  dans 
ua  don  à  l'abbaye  de  Vendôme.  Robert  et  Berthe  appa- 
raissent dans  une  notice  du  15  mars  1078  et  dans  un 
acte  de  1097  donné  au  moment  du  départ  de  Robert 
pour  la  seconde  croisade,  à  laquelle  Urbain  II  en  per- 
sonne était  venu  à  Sablé  même,  le  14  avril  1096,  le 
conjurer  de  prendre  part^. 

Il  mourut  sans  doute  en  Terre-Sainte  dans  le  courant 
de  l'année  1098. 

Le  Cartulaire  de  Craon  comprend  la  nomenclature 
d'un  grand  nombre  d'actes  dans  lesquels  intervint  Ro- 
bert-le -Bourguignon.  On  y  a  réuni  ceux  qui  relatent  ses 
générosités  pour  les  abbayes  tant  comme  douataire  que 


1.  Sauf  bien  entenilu  ceux  des  fils  de  Robert  de  Vitré  :  André, 
Beigneur  de  Vitré  après  lui,  et  Robert  décédé  un  17  août  entre 
1082  et  11^6  (Voir  Dom  Lohineau.  II.  258|. 

2.  Voir  au  Cartulaire  la  pièce  84  publiée  in  extenso,  par  la- 
quelle on  Bail  qu'en  1097,  c'est-à-dire  entre  le  5  avril  1097  et  leï3 
février  1098,  s'est  effectué  le  départ  de  Robert  et  celui  de  Renaud 
de  Ghâteau-Gontier. 


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—  tii9  — 

comme  seigneur  de  flof,  conférant  par  son  apprabation 
la  validité  indispensable  à  la  solidité  de  l'acte  <. 

Les  faits  de  guerre  de  Robert  sont  peu  connus  ;  en- 
tre 1070  et  1080  Robert  et  Marcouard  de  Daumeray 
furent  remis  en  possession  de  Durtal^.  Vers  1095.  le 
vicomte  Hubert  tit,  de  concert  avec  Robert,  le  siège  de  la 
tour  de  Jean  du  Lude. 

Orderic  Vital  ^  nous  apprend  que,  pendant  le  siège  de 
Sainte-Suzanne  (1083-1085)  par  Guiliaume-le-Conqué- 
rant,  Robert- le- Bourguignon  aida  les  défenseurs  de  la 
place  et  eut  comme  eux  la  bonne  fortune  de  s'enrichir 
des  dépouilles  des  assaillants.  Du  reste  le  vicomte  du 
Maine,  Hubert,  l'objet  de  la  haine  de  Guillaume,  était 
le  propre  neveu  de  Robert  et  en  même  temps  son  cou- 
sin. En  elTet,  le  6  décembre  1067,  Hubert  avait  épou- 
sé Ermengarde,  lîlle  de  Guillaume  1  de  Nevers,  frère 
aîné  de  Robert*  ;  en  outre  Geoffroy  de  Sablé,  beau-père 
de  Robert,  était  oncle  du  vicomte  Hubert.  Trois  ans 
après,  en  1088,  Robert  figure  avec  Geoffroy  III  de 
Mayenne  et  Hélie  de  la  Flèche  au  nombre  des  chefs  de 
l'armée  avec  laquelle  Robert-Courte- Heuse  opère  contre 
Ballon  et  Saint-Cénery. 

Robert-le- Bourguignon  n'eut  pas  d'enfant  de  Berthe 


1.  M.  Beautemps-Beaupré,  dans  i'inlroduclion  du  tome  III  de 
se»  Imtitutioiu  et  coutumes  de  l'Anjou,  a  donoé  une  notice  sur 
i'outurisation  nécessaire  aux  c'glises  pour  acquérir.  Il  examine 
les  divers  documents  relalir»  au  litige  sur  Saint-Clément  de 
Craoïi. 

2.  Cariuiaire,  n»  39. 

3.  Edition  de  la  Société  de  l'Histoire  de  France,  t.   III,  p.  197, 

a%. 

i.  Ce  faitnouaestrévéléparunprécepteauprolit  deSaint-Mar- 
lindeBelIâme,  doiinti  ie  VIlI  des  ides  de  décembre  1067,  et  impri- 
mé par  Baluze  à  la  page  49  du  lume  111  de  ses  Miscellanea.  On  y 
trouve  parmi  les  signatures  :  Signum  Guillelmi,  comilîe  Niver- 
neiisit,  qui  ipso  die  filiam  suam  donavit  Hulierlo,  vicecomiti  ceno- 
manorum.  —  Par  erreur  le  P.  Anselme  assigne  à  celte  alliance 
la  date  de  1097. 


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de  Vitré,  sa  seconde  femme.  Avoise  de  Sablé  lui  en  avait 
donné  cinq  : 

Geoffroy,!  —  Renaud,  —  Robert,  —  Henri,  —  Béa- 
trix. 

II,.  —  GEOFFa»Y,  dont  aucun  document  n'établit 
rexietence,  mourut  aana  doute  fort  jeune. 

IIj.  —  Renaud,  dont  l'article  suit,  et  qui  fut  seigneur 
de  Craon  vers  1 168. 

113.  —  Robert  qui,  comme  son  père,  fut  souvent  ap- 
pelé le  Rourguignon,  et  qui  porta  aussi  le  auroom  de 
VestroP.  Il  épousa  Hersende  de  la  Suze  et  fut  la  tige 
des  seigneurs  de  Sablé. 

114.  — 'Henri,  seigneur  du  Lîon-d' Angers,  qui  vivait 
encore  en  1110  et  qui  —  ainsi  que  l'a  établi  Ménage  — 
fut  le  père  du  célèbre  Geoffroy,  abbé  de  Vendôme*. 

Ilg.  —  BÉATRix.  11  est  certain  que  Robert  eut  au  moins 
une  fille  ^.  Les  historiens  lui  donnent  le  nom  de  Béatrix, 
qui  n'est  fourni  par  aucun  document,  et  en  font  l'épouse 
de  Geoffroy  de  Chftteau-Gontier*.  Grâce  à  la  publica- 
tion du  Cartulaire  de  l'abbaye  Saint-  Vincent  du  Mans 
on  est  aujourd'hui  certain  que  le  gendre  de  Robert  s'ap- 
pelait Renaud  de  Château-Gontier  et  son  petit-fils  Ade- 
lard  ^.    Malgré  diverses  tentatives  ^,  la  généalogie  des 


i.  Voir  la  charte  3S7  du  Cartulaira  de  Saint  Vîneent. 

2.  Voir,  sur  Oeofny>r,  cinquième  abbé  de  VendAme,  ta  notic« 
que  lui  consacre  M.  C^eslin  Port  dans  son  Dictioimaire  de  Mai- 
ne-et-Loire, et  l'abbé  Simon  ■.Histoire  de  Vend4me,i.  II,  p.  103- 
164. 

3.  Charte  164  du  Ronceray. 

4.  Voir  ce  qui  est  dit  au  sujet  de  la  famille  ds  Château-GtHitler 
dans  la  Ckronica  de  gestis  consulum  andegavorum,  p.  124-12S 
des  Chroniques  d'Anjou  de  la  Société  de  l'Histoire  de  Franc». 

5.  Cartulaire  de  Saint-  Vincent,  charte  366,  et  charte  8  de  ta  RoC. 

6.  Voir  Bonneserre  de  Saint-Denis,  eux  pag-es  237-360  du  tome 
II  de  l&  Revue  nobiliaire;  abhéFoitcauK,  Documents  sur  C/idteau- 
Gontier,  ia-8°.  Laval,  1683  ;  Commission  de  la  Mayenne,  t.  III, 
p.  281-304  i  Léon  Maître,  Tablettes  chronologiques  et  historiques. 


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—  681  — 

fleigneurs  de  CbÂteau-Gontier  n'est  pas  encore  étaUie  ; 
aussi  est-il  utile  de  signaler  un  acte  de  1063  <  dans  lequel 
figure  un  Renaud,  époux  d'Isabelle,  père  de  Renaud  et 
de  Guichemin  ;  la  charte  118  du  Ronceray^  qui  contient  un 
don.  fait  par  Renaud,  père  d' Adélard  et  de  I^aurence  ;  une 
charte  du  20  décembre  1123  faisant  connaître  à  cette 
date  la  mort  de  Mathilde  femme  d'Adélard  ;  la  charte 
120  du  Ronceray  relative  à  un  don  fait  par  Adélard  pour 
r&me  de  sa  femme  Mathilde  ;  une  charte  donnée  entre 
1125  et  1149  par  Adélard,  veuf  de  Mathilde,  époux  en 
secondes  noces  d'Exilie  et  père  de  deux  lils  appelés  Adé- 
lard et  d'un  troisième  appelé  Renaud. 

Le  prieuré  d'Avesnières,  qui  dépendait  du  Ronceray,  ewt 
à  SB  tète  une  noble  dame  appelée  Bourguignonne,  laquelle 
était  veuve  de  Renaud  de  ChAteau-Gontier  et  mère  d'A- 
délard.  Cette  Bourguignonne  n'était  autre  que  la  fille  de 
Robert-le-Bourguignoo.  Dans  la  charte  225  du  Ronceray, 
qu'il  faut  dater  entre  1080  et  1096^,  on  voit  Renaud  et 
Boui^uignonne  aliéner  au  profit  du  Ronceray  Montreuil- 
sur-Maine,  dot  de  cette  dernière.  Dana  la  charte  380 
du  Ronceray,  Bourguignonoe,  expressément  présentée 
comme  mère  d' Adélard,  est  devenue  prieure  d'Avesnières. 
Dans  la  charte  381  du  Ronceray,  qu'il  est  assez  difficile  de 
dater  parce  que  entre  1095  et  1143  on  ne  connaît  aucun 
décès  de  Guy  de  Laval  ^,  Bourguignone  achète  une  par- 
tie d'Avesnières  et  Adélard  figure  au  nombre  des  témoins 
de  l'acte.  L'acte  383  du  Ronceray  dans  lequel  est  ra- 
contée l'acquisition  du  reste  d'Avesnières,  ne  saurait  être 

1.  Voir  Dont  Houtseau,  n°*670  el  1441  et  Cartutaire  de  Craon, 
W  110. 

3.  C'est  par  erreur  que  M.  Marchegay  l'a  datée  de  1095  à  1100; 
elle  ne  peut  être  postérieure  à  mai  1096,  date  du  décès  de  Natal, 
abbë  de  8aint-Nicotas. 

3.  Cette  charte  est  très  certainement  postérieure  de  près  de 
vinj^  ans  à  1095;  mais  elle  n'a  pu  Être  écrite  après  1120,  date  de 
la  mort  de  l'abbesse  Thetburgis. 


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-  64*  - 

postérieur  à  1133,  date  du  décès  de  l'abbesse  Hilde- 
burgis. 

Il  faut  donc  renoncer  à  voir  dans  cette  Burgundia  la 
sœur  d'Etiennette  de  Chantocé,  épouse  de  Maurice  I  de 
Craon,  et  reconnaître  en  elle  la  fille  de  Robert  le  Bour- 
guignon. 

Adélard,  ou  Alard,  son  fils,  était  seigneur  de  Châ- 
teau-Gontier  dès  décembre  1101,  lors  du  décès  de  Re- 
naud, son  oncle.  On  le  retrouve  parmi  les  témoins  de 
la  sentence  prononcée  en  1105  contre  Maurice  1,  puis. 
vers  1107,  il  est  à  son  tour  l'objet  d'une  sentence  sem- 
blable â  cause  de  ses  exactions  sur  Lévière'.  On  a  tu 
plus  haut  que  de  sa  Femme  Mathilde  il  avait  eu  Adé- 
lard et  Laurence  et  qu'après  1125  il  était  époux  d'Exilie. 
Il  vivait  encore  en  1126  alors  que,  d'après  la  124*  cbartc 
du  Ronceray,  Bourguignonne,  sa  mère,  rachetait  tes 
fermes  du  Coudray. 


1.  Voir  charte  8  de  la  Roe,  Bihliothéqiie  de  l'^roh  des  Chartes, 
t.  XXXVI,  p.  119.  —  Ceux  des  historiens  qui  intercalent  dans  la 
généalugie,  en  1 1 18,  un  seigneur  iJe  Chàleau-Gontier  du  Doin  de 
Renaud  ont  cru  à  sa  présence  à  la  bataille  de  f^éei.  Le  Renaud  men- 
tionné dans  la  CAro/itca  de geatis  consulum  Andegavorum,  n.  117. 
est  seigneat  de  ChHeaa-\a-Vftllière(Jtainiildum  de  Castro).  1\  faul 
ajouter  ici  cependant  qu'au  Cariulaîre  du  Généieil,  folio  98,  on 
trouve  un  don  de  1206  fait  par  t  Rainatdus  et  Adelardus  domini 
de  Castrogunterii,  «  don  nui  In  même  année  fut  approuvé  par 
l'abhé  JoiiTain  (Voir  Cartutaire,  fol.  303). 


N 


\ 


„Googlc 


IV 

RENADD  LE  BOURGUIGNON 

Vers  1068  —  16  décembre  110t. 


Ainsi  qu'il  a  été  dit  déjà,  Rcsaud,  au  moment  de  son 
mariage  avec  Agnès,  Enoguen  ou  Doraîta,  fille  de  Ro- 
bert de  Vitré  et  de  Berthe  de  Craon,  devint  seigneur 
de  Craon  par  l'abandon  que  son  père  lui  fit  de  ce  fief. 

Un  acte  qui  confère  un  éternel  honneur  au  nom  de 
Renaud,  est  la  fondation  de  Tabbaye  de  la  Roc  faite  à 
la  sollicitation  du  saint  ermite  Robert  d'Arbrïssel  qui, 
établi  vers  1093  dans  les  solitudes  de  la  forêt  de  Craon, 
y  obtint  un  tcrrit^oire  dont  la  concession  formelle  fut 
faite  à  Angers  le  1 1  février  109G,  le  lendemain  du  jour 
où  le  pape  Urbain  11  avait  consacré  solennellement 
Saint-Nicolas  d'Angers,  Un  an  après,  le  25  avril  1097', 
en  présence  des  barons  du  voisinage  André  de  Vitré, 
Guillaume  de  la  Guerche  et  Gauthier  Hay,  Geoffroy  de 
Mayenne,  évoque  d'Angers,  procéda  à  la  consécration 
du  cimetière  et  de  l'oratoire  de  la  nouvelle  paroisse. 

Renaud  mourut  —  ainsi  que  l'apprend  la  neuvième 
charte  de  la  Roë  —  peu  après  l'élection  de  l'ahbé  Quin- 
tinus  ;  il  était  déjà  malade  le  2  décembre  et  mourut  le  16 
décembre  1101^. 


1.  Les  chartes  1  el  2  de  la  Roë  ont  été  publiées  par  M.  de  Bo- 
dard,  p.  551-553  de  ses  Chroniques.  La  première  est  très  exacte- 
ment datée  du  il  février  10%;  quant  à  la  seconde  elle  est  évi- 
demment de  1097  :  Secundo  aiiHO  dedicalionis  Sancti  Nieolai 
veut  dire  entre  le  10  février  1097  et  le  10  février  1098  ;  or  le  7  kal. 
mail  in  litania  fnayor«  est  bien  le  25  avril  1097,  et  non  1096  comme 
t'a  cru  M.  deBodard. 

2.  Four  déterminer  celle  date  il  faut  remarquer  que,  d'après  la 
charte  neuvième  de  la  Koe.  le  2  décembre,  alors  que  Qumtinus 


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-  624  - 

RâDaud  eut  trois  fils,  nommés  tous  trois  dans  la 
charte  de  fondation  de  La  Ro€  ainsi  que  dans  la  charte 
8  du  Cartulaire.  Il  eut  aussi,  au  dire  des  historiens,  une 
fille'.  Ces  quatre  enfants  sont  : 

Maurice.  —  Henri.  —  Robert.  —  Mahaut. 

III,.  —  Maurice  succède  à  son  père. 

III;.  —  Henri  figure  aussi  dans  la  charte  168  du  Roa- 
ceray  où,  après  le  décès  de  son  père,  vers  1120,  on 
le  voit  renoncer  à  des  prétentions  qu'il  avait  sur  Cor- 
nillé  et  Bonchamp,  donnés  autrefois  à  l'abbaye  par  ses 
aïeux. 

Illg.  —  RoBEfiT,  qui  porta  lui  aussi  le  surnom  de  Bour- 
guignon, et  qui,  après  avoir  tenté  une  riche  alliance  en 
Aquitaine,  partit  pour  la.  Palestine  où  il  succéda  à  Hu- 
gues de  Payens  comme  grand  maître  du  Temple.  En 
cette  qualité  es  1138  ou  1139  «  it  livra  le  combat  désas- 
treux de  Thécua,  et  en  1148  il  est  cité  parmi  les  cheva- 
liers de  Terre-Sainte  qui  se  joignirent  à  l'armée  de 
Louis  VII 2.  » 

n'était  qu'abbé  élu,  Renaud  était  malade.  D'autre  part  on  sait 
que  à  Saint-Aubin  d'Angers  son  anniversaire  était  flité  au  16  dé- 


1.  La  charte  371  du  cartulaire  du  Ronceray  apprend  que  vers 
1115  la  prieure  d'Avesnières  se  nommait  Agnès  de  Graon.  Rien 
ne  vient  révéler  si  elle  appartenait  à  la  famille  de  Craon  ou  si, 
comme  tant  de  témoins  qui  figurent  dans  les  act«s  sous  le  nom 
de  Craon,  elle  était  simplement  native  de  Craon.  —  C'est  elle 
sans  doute  qui  ligure  au  27  avril  au  Nécrologe  du  Ronceray  :  Agnes 
de  Credonio,  conversa  et  monacha.  Mais  qui  est  Domicella  de 
Credoitio  conversa  et  monacha  portée  au  1"""  aoûLf 

3.  Ces  renseimements,  puisés  dans  Guill,  de  Tyr,  livr.  XV, 
chap.  6  et  livr.  XVII,  ch.  1,  nous  sont  fournis  par  le  récent  travail 
de  M.  E.  Rey  :  L'Ordre  du  Temple  en  Syrie  et  à  Chypre;  Let 
Templiers  en  Terre-Sainte,  Arcis-sur-Aube,  1888,  32  p.  in-8" 
(Extrait  de  ta  Aecue  de  Champagne  et  i^ef  rie).  Il  convient  de  voir 
aussi  :  Gesia  Ludovici  VU,  ch.  18  ;  Diago,  Hisloria  de  los  condes  de 
Barcelona  (1603  in-tol.)  liv.  II,  chap.  145,146  ;  Du  Chesne,  Histoire 
de  Bourgogne,  liv.  IV,  ch.  37;  Du  Paz,  Histoire  Généalogique  de 
Bretagne  (1620,  in-f"),  p.  748  ;  Lettres  de  Saint  Anselme.  Iiv.  III. 
lettre  66  et  Gallia  Chrtatiana,  t.  III,  p.  796.  Ces  dernières  indi- 
cations sont  fonmies  par  du  Cange  dans  son  Glossaire  au  mot 
Templarii, 


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-  «M  — 

■  La  fils  de  ReDSHd,  qnifignre  dans  les  lûtes  do  Temple 
s<Ais  le  nom  de  Robert  de  Craon,  dit  le  Bour^ignon, 
n'est  pas  le  «eut  grand-maltre  fourni  par  la  famille  :  le 
quatorzième  d'entre  eui,  Robert  de  Sablé,  était  Ro- 
bert IV  qui,  élu  en  1191  devant  Acre,  fut  le  11  février 
1192,  témoin  d'une  donation  faite  par  Guy  de  Lusignan 
à  Notre-Dame  des  Allemands  et  qui,  le  13  octobre  de  la 
même  année,  aouscrivit  une  charte  de  Richard-Cœur-de- 
Lion*  en  faveur  des  Kaans. 

1U^.  —  MA.HADT,  laquelle,  au  dire  d'Adrian  de  la  Mor- 
lière  accepté  par  Ménage,  fut  l'épouse  de  Raoul  de  Cré- 
quy,  aire  de  Fressin,  auquel  elle  donna  quatre  enfants. 

Cette  alliance  ne  serait  même  pas  la  première  qui 
aurait  existé  entre  les  Craon  et  les  Créquy;  car,  s'il 
faut  en  croire  la  généalogie  de  Créquy  insérée  dans  La 
Chenaye-Deabois,  l'épouse  de  Guérin  I  de  Craon,  dont 
Ménage  ne  donne  pas  le  nom,  aurait  été  une  Anne  de 
Créquy,  flUe  de  Beavdouin  I  et  de  Marguerite  de  Lon- 


CARTUUIRE  DE  CRAON 

I  {i-9^  ROBEBT   LE    BOUBGUIGnOK,    RENJkUn        1032-1101 

1.  —  Vers  1032.  —  Charte  d'Alain  III  de  Bretagne,  fon- 
dant l'abbaye  de  Saint-Georges  de  Rennes.  La  donation 
comprend  deux  fermes  à  Mordelles,  vendues  autrefois  par 
LÎBoir,  fils  deSuhart  de  Craon '(Z)oot  Lobineau,  T.  II,  p.  108). 


1.  E.  Rey,  {'Ordre  du  Temple,  p.  14.  —  Il  faut  ajouter  i 
après  M.  G.  Dubois  (Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes, 
XXX,   p.    386),   que  Robert  de  Sablé  «  avec  d'autres    grands 


personnages,  l'évéque  d'Evreux,  Gamier  de  Naplouse.  grand 
maître  des  Hospitaliers,  André  de  Chaliron  et  GeolTroy  du 
Perche,  figure  comme  témoin  de  la  charte  de  Ricfaard-Cœnr- 
de-Lion,  donnée  A  Limassol,  en  Chypre,  le  12  mai  1191  et  consti- 
tuant le  domaine  de  sa  femme  la  reine  Bérengère  de  Navarre 
(D.  Martène,  Veter.  Script,  amplit.  coll.,  1. 1.  col.  995). 


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2.  —  1037.  Angers.  —  Notice  de  la  concession  que,  du 
connenlement  de  Foulques  Nerra  et  d'accord  avec  son  fils 
Geoffroy  Martel,  les  moines  de  Swnt-Aubin  firent  à  Renaud, 
possesseur  de  Chfttean-Gontier,  —  Suharl  de  Craon  témoin 
(Fonih  latin,  n°  17126.  folio  195,  d'après  le  Cartnlaire  de 
Saint-Aubin). 

3.  —  1041.  —  Charte  de  Geoffroy-Martel  portant  don  à 
['abbaye  de  Saint-Nicolas.  —  Suhart  de  Craon  est  témoin 
lOatlia  chrislinna,  1650,  t.  II,  p.  125.  et  Breviculum  funda- 
tionis  Sancti  Nicqlai,  p.  9). 

4.  —  1040-1060.  —  Cliarte  par  laquelle  Geoffroy  Martel 
fonde  la  collégiale  de  Sainl-Laud.  —  Robert  le  Bourguignon 
témoin  (Dom  Housseati  ',  n"'  457  cl  607). 

5.  —  1050.  —  Charte  de  Geoffroy  Martel  relatant  la  fonda- 
tion de  la  Trinité  de  Vendôme  et  rappelant  que  lors  de  l'a- 
bandon du  comté  de  Vendôme  à  Foulques,  —  fils  de  ce  Bodo 
de  Novers  auquel  Foiilqncs  Nerra  avait  donné  déjà  le  m^me 
fief,  —  il  a  pé.iorvé  le  patronage  de  la  Trinité  aux  comtes 
d'Anjou.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Abbé  Simon.  Hig- 
toire  de  Vendôme,  t.  I,  p.  68,  où  la  mention  de  Robert  est 
omise,  et  t.  Il,  p.  5lj. 

6.  —  1053  (V.  s.  ').  26  mars.  —  Sentence  de  Geoffroy  Mar- 


1.  Sous  ce  nom,  ou  sous  celui  A'AnJou-Touraine.  la  bibliothè- 
que de  la  rue  Hichelieu  possi'dn  le  fruit  des  rcclierches  opérées 
f>ar  tes  bénédictins  en  .Anjou  et  Touminc.  Cette  collection  Torme 
rentc-huil  volumes,  les  tomes  11.  XII.  XIII,  XXI,  XXIV,  XXV. 
XXVIII  étant  divisés  chacun  en  deux  volumes. 

Les  pièces  des  tomes  I  ô  XIIl  forment  une  série  dont  le  numé- 
rotage est  continu. 

En  1863  M.  Emile  Mabille  a  donné  dans  le  tome  XIV  des  Mé- 
moi'ea  de  la  .Société  de  Touraine.  le  Catalogue  analytique  des 
diplômes,  chartes  et  actes  relatifs  à  l'histoire  de  Touraine  conte- 
nus dont  la  collection  de  dom  Housseau.  11  n'a  malheureusement 
été  rien  fait  de  semblable  pour  l'Aiijou, 
^  2.  Dans  le  corps  du  travail  on  a  partout  ramené  les  dates  au 
slvle  actuel,  commençant  l'année  au  premier  janvier  et  non  à 
Pâques  comme  au  moyen-àge  :  mais  dans  le  cartulaire  on  s'est 
abstenu  de  les  moditier  et  on  trouvera  les  documents  sous  le  mil- 


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tel,  rappelant  q\ie  Suhart,  entre  1010  et  1027,  avait  fait  don 
de  Saint -Clément  à  Saint-Aubin,  que  les  moines  n'y  ayant 
paa  fait  les  installation!)  nécessaires,  Guénn,  son  fils,  l'avait 
repris  et  mis  en  mains  séculières  ;  puis  que  lui  Geoffroy  en 
avait  fait  don  à  la  Trinité  de  Vendôme,  avant  de  conférer  à 
Robert  le  Bourguignon  la  seigneurie  de  Craon  (Chroniques 
craonnaises,  p.  583). 

7.  —  1053  (v.  s.),  26  mars.  —  Notice  des  moines  de  Ven- 
dôme de  la  sentence  de  Geoffroy  Martel  leur  adjugeant  Saint- 
Clément  (n"  538  de  Dom  Housaeau  '). 

Eeclesiam  Sancti  démentis,  qui»  apud  Credonense  castel- 
lum  sifa  est,  cum  donavisset  Gofridus  cornes  monasterio  S*» 
Trinitatis  de  Vindocinn  eo  .wilicet  temporequo  idem  castrum 
et  tntum  bonorem  ilhim  in  manu  sua  dominîcum  per  aliquot 
annos  mortuo  Subardn  detinuit;  cunque  donationem  ipsam 
per  flcripturfft  paginam  confirmasset. 

l^ngo  post  tempore,  qiiando  videlicet  dominus  Tlieoderi- 
eus  abbas  factus  est*,  monachi  sancti  Albini  Andegavensis 
cœnobii  calumniantes  judicium  ante  comilem  et  dominum 
Fusebium  episcopiim  mullosque  alios  judices  devcnerunt  et 
ecclesiam  supradictam  suo  monasterio  olim  a  Suhardo  vetulo 
datam  fuisse  narravenmt,  sed  pnstmodum  quibusdam  causis 
a  se  alienatam,  nunc  ad  se  jure  reverti  debere  postulaverunt  ; 
ad  quod  comes  respondit  et  evidentibus  indiciis  approbavit 
donationem  illam  quam  Suthardus  fecissel  ncque  patris  sui 
Fulconis  auctorit^ite  neque  sua  ipsius,  qui  jam  tune  sine  dubio 

lësime  qu'ils  ont  reçu  lors  de  leur  confection.  Personne  ne  s'y 
trompera  :  d'une  part  les  lettres  v.  s.  Ivieux  style)  indiqueront 
que  (e  millésime  doit  être  augmenté  d'une  unité;  de  l'autre,  en 
cas  de  doute  sur  l'opportunité  de  cette  traduction,  on  aura  sous 
les  yeux  le  millésime  donné  par  l'acte  lui-m^me, 

1.  Cette  sentence  du  VII  des  kalendes  d'avril  1053  a  été  copiée 
en  partie  à  la  page  iOO't  du  volume  des  archives  de  la  ^layenne 
improprement  qualifié  de  Cartulaire  de  Saint-Clément  de  Craon 
et  qui  parmi  des  pièces  du  procès  entre  Saint-Clémeut  et  les 
d'Aloigny,  dont  il  est  rempli,  contient  les  copies  de  cinq  ou  six 
pièces  antérieures  au  XVII*  siècle. 

2.  M.  Port  n'a  constaté  l'existence  de  l'abbé  Thierry  que  de 
1055  à  1060  :  il  faut  le  faire  remonter  près  de  deux  ans  plus  haut 
puisqu'il  figure  ici  le  26  mars  1054,  n,  s. 


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natus  esaet,  constitutatn  fuisse  ;  atque  ideo  quando  hooor 
Credonensis  in  manum  suam  dominicus  revenisset  perforfac- 
tum  elterius  Siithardi,  qui  illi  priori  successerat  [quod  sane 
torfaclum  nniversi  qui  aderant  memoriter  notum  habebant) 
potaisaesejuredonationemillam  oassareet  ecclesîam  Sancti 
démentis  cui  sibi  placiUim  esset  transferre,  eo  quod  Suthar- 
dus  ille  de  fevo  suo  comitis  primam  donationem  facere  non 
potuisset  sine  auctoritate  comitis  de  quo  beneHcium  illud 
tenebat. 

Idem  quoqae  ab  omnibus  qui  aderant  judicatum  est  fierî 
posse  sine  legum  aut  consuetudinum  regionis  prejudicio. 

Itaque  abbas  et  monachi  Sancti  Albini  a  calumnia  et  cla- 
more  suo  conticuerunt  et  donatio  ecclesiee  illîus,  quam  fecerat 
cornes,  Sanctœ  Trinitati,  legali  judicio,  confirmata  est. 

Testium  qui  adfuenint  hœc  sunt  nomina  :  domnus  Euse» 
bius  '  ^i&copus,  Berengerius  thesaurarius,  P.  Goslenus  deca- 
nus,  Rainaldus  decanus,  Joscelinus  levita,  Bernardus  deca- 
nus,  domnns  Vulgrinus  abbas  ',  domnus  Avesgaudue  ^bas  ', 
domnus  Odericus  abbas  ',  Vitalis  monachus,  Wtmilo  mona- 
ckuB,  Otbranus  prior  *,  Maroondus,  etc. 

8.  —  1053-1064.  —  Achat  d'un  colibert.  Renaud  le  Bour- 
guignon est  témoin  ('LiVre  des  Serfs  de  Marmoutier*,  p.  41). 

9.  —  1055-1061.  —  Notice  de  la  fondation  du  prieuré  de 
Brîon  approuvée  par  Robert  le  Bourguignon  et  par  sa  fem- 
me Blanche  à  Sablé,  ville  du  domaine  de  celte  dernière  [Ar~ 
chives  de  Maine-et-Loire,  H.  224). 


1.  Eusébe,  évéque  d'Angers  1047-1081. 
a.  Vulgrin  abbé  de  Saint-Serge,  1040-1055,  puis  évéqne  du 
Mans  jusqu'au  10  mai  1064. 

3.  Avesgaud  fut  abbé  de  Saint- Vincent  du  Mans  vers  1040  et 
mourut  vers  1065. 

4.  Saint  Oderic  fut  te  second  abbé  de  la  Trinité  de  Vendôme 
de  1046  à  1082. 

5.  Cet  Otbran  devint  par  la  suite  abbé  de  Saint-Aubin. 

6.  Ce  cartulaire  De  Servis  de  Marmoutier  a  été  publié  en  1864 

Sar  M.  Gt-audmaison  et  forme  le  tome  XV!  des  Mémoires  de  la 
ociété  archéologique  de  Touraiiie. 


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10.  —  1055-1060.  —  Notice  où  les  moines  de  Saiut-Aubm 
après  avoir  relaté  la  fondation  du  prieuré  du  Lion  d'Angera 
laite  avec  l'autorisation  de  Foulques  Nerra,  d'Hubert,  évâque 
d'Angers,  de  Guérin  d'abord,  puis  de  Suhart,  seigneurs  de 
Craon,  constatent  l'approbation  donnée  par  le  plus  jeune  des 
fils  du  fondateur  avec  l'assentiment  de  Robert  le  Bourgui- 
gnon, qui  reçut  trente  livres  (Vom  Housaeau,  n"  517). 

11.  —  1055-1064.  —  Exposé  par  les  moines  de  Saint-Aubin 
de  leurs  droits  sur  Saint-Clément  de  Craon  et  notice  du  juge- 
ment de  Geoffroy  Martel  rendu  à  leur  préjudice  [Original  aux 
Archives  de  Maine-el-Loire,  H,  360,  fol.  2). 

Ecclesiani  Sancti  Clementis,  cum  fuisset  antea  parrochiana 
et  preabyterorum  tantum  servitio  contenta,  Suhardus,  domi-* 
nua  credonensis  castri  quem  dixerunt  vetulum,  Hunberto*  ab- 
bâti  donavit  et  monachis  Sancii  Albini,  ad  augmentandum  in 
ea  rerum  possessionem  et  divini  servitii  honestatem,  quod  et 
illi  fecerunt  diligenter  et  strenue  prout  melius  potoerunt  : 
excoluerunt  enim  eam  et  ornaverunt,  portatis  illuc  a  monaa- 
terio  SQO  libris  et  vestimentis  et  ctateris  omamentis  eccleaias- 
ticis,  illic  quoque  officinis  monachilibus  fundatis  ternilis 
quoque  instnictia  et  in  eis  plantatis  vineis.  Sic  que,  multi- 
modo  labore  suo  ampliatam,  fere  per  annos  quadraginta  pos- 
siderant. 

Hoc  fuittoto  illo  tempore  quo  Suhardus  vetulus,  post  dona- 
tionea  a  sa  factas  supervixit,  toteque  œtate  Guarini,  filii  ejus 
et  heredis  ;  nisi  quod  idem  Guarinus,  honore  Credonis  poli- 
tas,  de  donations  patema  aliquas  reculas  imminuere  voluit, 
sed  a  FuLCONE  comité  prohibitus  est,  nullatenus  patiente 
quippiam  amittere  abbatiam  Sancti  Albini. 

Illi  quoque  Guarino  mortuo,  Suhardus  minor,  frater  ejus, 
Buccessit,  quo  tenante  honorem  illum  semper  monachi  Sancti 
Albini  ecclesiam  illam  Sancti  démentis  tenuenint. 

Similiter,  et  illo  mortuo,  posquam  Gosfridus  cornes  cre- 
donense  dominium  in  manu  sua  habuit  aliquanto  tempore, 
ibidem  erant  monachi  Sancti  Albini,  Sed  post,  compellente 
oomitissa  Agkbta,  idem  comes  Gosfridus  inde  eos  ejecit, 

1.  Hubert  Ait  abbé  de  Saint-Aubin  Ie3  septembre  de  l'an  1000. 


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mouacliosque  Sanctae  TrinUatis  intromiail,  i.'onficla  o 

ne  quod  conventio  fuUset  monacliorum  et  Sulliardi  primi  do- 

natorts  abbatem  ibt  ordinare  ;  re  auteni  vera  quia  malebant 

ambo  et  Gosfkidus  cornes  et  Agnks  comitissa  locum  illum 

Sancts  Trinitati,  quod  monaitterium   a  navo  fundaverant, 

transmutare. 

l^tur,  de  lanta  injuria  monai-lii  Sancti  Albini  et  tune  con- 
qutisti  sunt  quantum  potuerunt,  s<ub  illo  Agnktis  comîtisse 
dominio,  et  post«a  in  multis  andecavensis  episcopi  synodis, 
aliinque  conveiilibus  publieis  ;  in  tutronensi  quoque  concîlio 
eoram  domino  llildebrando  apnstoliee  sedis  legalo,  querimn- 
niam  et  c)amoi-em  feeerunl,  sed  justiciam  non  obtinuerunt. 

Posteu  vero,  Cospridus  cornes  dijudiuationem.  de  negocio 
isto  in  curia  sua  proposuit,  sed  non  ut  causa  ista  légitima 
puritatc  exuminaretur,  sed  ut  monacliis  Sanetse  Trinitatis  re- 
tentionem  iUius  rei  suis  cavilIatiouibuB  contîrmaret. 

AfTueruDt  autem  pressentes  auditores  potius  voluntalis 
priucipis.  quam  veritatisjudices,  dominus  P^usebius  Andera- 
vensium  prssul,  et  dominus  Vulgrinus  Sancti  Sergii  tune 
abbas,  nunc  cœnomanensium  episcopus,  cum  aliis  plurimis 
personis  illustribus. 

Ubi,  cum  Juri  Sancti  Atbini  faverent  pêne  cuncti,  comes, 
sicut  SEepe  alias  ad  libitum  auum  rem  moderans  et  monachig 
Sancte  Trinitatis  quod  tenebant  asserere  malens.  denarravit 
donationem  primam  Suhardi  non  fuisse  factam  per  auctorî- 
tatem  patris  sui  Fulconis  comitis,  neque  per  suam,  jam  tune 
nati  sed  adhuc  infantis  ;  factam  quoque  per  conventionein  ut 
in  ecclesia  Sancti  démentis  abbas  constitueretur  mox  ut 
per  facultatem  istius  loci  posselfieri.  Conventionem  deabbate 
mittendo,  testis  monachorum  Sancti  Albini,  qui  aderat  prae- 
sens.  et  donationem  illam  tieri  viderat  pernegare  voluit  et 
defendere  paratus  fuit  ;  is  fuit  Guarinus,  cognomine  Bastar- 
dus,  Subardi  illius  vetuli  filius,  qui  donationem  patris  sui  lé- 
gitime factam  viderat  et  a  tiliis  illius  fratribua  suis  de  matri- 
monio  aucloritatam.  Auctoritatem  comitis  Fulconis  astrue- 
bant  muna<:bi  per  adjutoi'ia  multa  quœ  de  eadem  ipsa  re  fré- 
quenter fecisset  illis  tam  volentibus  quam  de  aliis  eorum 
nagotiis. 
.  Hosit  in  boc  comes  Gauspridus  et,  ut  qui  prœvalebat,  utens 


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—  63i  - 

sua  vi,  constanter,  immo  violenter,  pro  pnlct<late  asseruît  quia 
ipae  donalîonem  non  auctorizasset  quantumlibet  parviilus 
quia  eflset  de  fevo  suo  pat«rno  facta  el  honor  credoniit  ab 
hseredibus  illius  qui  illam  donatinnem  feceral  dominicus  in 
manum  auam  per  forfacta  eurum  devenisset,  posse  se  donum 
illud  quassare  et  quo  mallet  transferre. 

Faventibus  quibusdara  sententiœ  principîs,  causa,  ut  asso- 
le), assentationiiî,  nonnullis,  qui  aliter  sentiebant,  reticenli- 
bus  nec  voluntati  comilis  contraire-  audenlibus,  solus  abbas 
VulgrinuR  coiiiitaiiter  subinlnlit  illum  quidem  posse  tan- 
quam  seculareni  et  potentom  personam  exilem  occasionem 
ad  vclle  suum  usurpare,  Hcd  nuUos  monarhos,  qui  monachi 
vcllcnt  esse,  ccdesiam  illam  Sancto  Albîno  ablatam  dcbcre 
SHHcipere. 

Cornes  respondit  so  non  esse  monachiiin  et  ita  ul  ccperal  in 
sua  violontia  persévérât  u  ru  in. 

Ecce  dijudicatio  —  si  quidem  dijudiratio  vis  dicenda  est  — 
qua  monachi  Saacti  Albini  ecclesiam  Sancti  démentis  coacti 
perdiderunt  el  monachi  SanctiB  Trlnilatis  tenuerunt  el  adhuc 
teiiore  non  desislunt  ;  et  quasi  jus  principum  quîa  scmel  inva- 
serunt  amittere  non  paliuntur,  sed  subtntam  eumrrntribu»  et 
commonachis  suis  scilicet  con^re^alionis  Sancti  Albini  se- 
curi  possidere  conantur. 

12.  —  1042-1063.  —  Robert  le  Bourguignon  et  Avoise  sur- 
nommée Blanche,  sa  femme,  exemptent  les  moines  de  Mar- 
moutier  de  tout  péage  sur  les  terres  de  Craon  et  de  Sablé 
^Dom  Piolin,  Eglise  du  Mans,  t.  III,  p.  655). 

13.  —  1055-1083.  —  Notice  des  moines  de  Saint-Serge  du 
don  de  Montreuil,  près  Vitré,  fait  a  leur  abbaye.  Guérin  ',  fila 
de  Suhart  de  Craon,  témoin  [Dont  Lobineaii,  t.  Il,  p.  218). 

14.  —  1056-1060.  —  Notice  d'un  don  fait  à  Saint-Aubin 
par  Eudes,  comte  de  Bretagne  et  ratilié  par  (îeolfroy  Martel. 
Parmi  les  témoins  Robert  le  Bourguignon,  Ilein-y  et  Guy 


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treê  fratrea  {Fonda  latin,  •o?  17136,  folio  75,  d'aprÔB  le  Car- 
tuiaire  de  Saint-Aubin). 

15.  --  1059-1060.  —  Lettres  de  Hugues,  évéque  de  Troyes, 
de  Hugues,  évéque  de  Nevers,  et  de  Gautier  évéque  de  Meaux, 
adressées  à  Barthélémy,  archevêque  de  Tours,  k  Eusèbe,  évA- 
que  d'Angers  et  à  Geoffroy  le  Barbu,  relatives  à  la  sentence 
de  la  cour  de  Rome  sur  Saînt-Clément  {Vom  Houueau,  a* 
539,  d'après  le  Cartulaire  de  Vendôme). 

16.  —  1061.  —  Geoffroy  le  Barbu  donne  un  colibert  à  Mar- 
moulier.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Livre  des  Serfs  de 
Marmoutier,  p.  18  et  142). 

17.  —  1061.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  portant  donà 
Saint-Florent.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Bibliothèque 
de  rEcole  des  Chartes,  t.  XXXVI,  p.  396  et  Revue  de  l'An- 
jou, 1876,  p.  68}. 

18.  —  1062.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  confirmant  les 
dons  faits  à  Saint-Nicolas.  Robert  le  Bourguignon  témoin. 
{Dom  ffouaseati,  a"  660  d'après  le  Cartulaire  de  Saint-Nico- 
laa). 

19.  —  Vers  1063.  —  Avec  le  consentement  de  GeoETroi  le 
Barbu  et  de  son  frère  Foulques  Réchin,  Robert  le  Bourgui- 
gnon, Blanche,  sa  femme,  ses  fils  et  sa  fille  donnent  au  Ron- 
ceray  la  villa  de  Cornillé  (Charte  164  du  Ronceray  *). 

20.  —  Vers  1064.  —  Charte  de  Robert  de  Vitré,  fils  de  Robert 
et  d'Enognen,  époux  de  Berthe,  père  d'André  et  de  Robert, 
relatant  la  fondation  de  Sainte-Croix  de  Vitré  et  y  ajoutant 
de  nouveaux  dons.  Renaud  le  Bourguignon  témoin  (I>om  Lo- 
bineau,  II,  207  et  Dom  Morice,  I,  424). 


1.  Comme  tome  III  de  ses  Archive*  d'Anjou,  M.  Marcheffay  se 

Sroposait  de  donner  le  Cartulaire  du  Ronceray  ;  il  en  a  d  abord 
ùl  imprimer  le  texte,  puis  plus  tard  il  y  a  ajouté  une  table  ana- 
lytique où  se  trouvent  les  dates  assignées  à  chaque  pièce.  Le  vo- 
lume est  de  382  pages  in-S'. 


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21.  —  1060-1067.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  confir- 
mant à  Saint-Aubin  [es  dons  faits  au  prieuré  du  Lion  d'An- 
gers. Robert  le  Bourguignon  témoin  {Dom  Hoasseaii,  n°  688, 
d'après  le  Cartulaire  de  Saint-Aubin). 

22.  —  1060-1067.  —  Sentence  de  Geoffroy  le  Barbu  sur  le 
différend  entre  Eudes  de  Sermaise  et  Renaud.  Robert  le 
Bourguignon  et  Guy,  son  frère,  figurent  au  nombre  des  juges 
(Dom  Housseau,  n°  643,  d'après  le  Cartulaire  de  Saint-Au- 
bin). 

23.  —  1060-1067.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu,  d'accord 
avec  son  frère  Foulques,  faisant  un  don  à  Saint-Florent.  Ro- 
bert le  Bourguignon  témoin  (Dom  Housseau,  a"  C27  d'après 
le  Cartulaire  noir). 

24.  —  1060-1067.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  au  profit 
de  Saint-Florent.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Dom  Hous- 
seau, n"  555,  d'après  le  Cartulaire  rouge). 

25.  —  Vers  1065  et  avant  1068.  —  Charte  d'Hervé  de  Dou- 
celle  portant  don  à  Saint- Vincent.  Robert  le  Bourguignon 
témoin  (Cartulaire de  Saint- Vincent*,  n"  608). 

26.  —  1066.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  approuvant  le 
don  fait  à  Saint-Maur-sur-Loire  par  Guérin  Francigène. 
Robert  le  Bourguignon  témoin  (Dom  Housseau,  n*  694,  d'a- 
près le  Cartulaire). 


27.  —  1067,  16  juillet,  Craon.  —  Notice  des  moines  de  la 
Trinité  d'une  sentence  rendue  à  leur  profit  par  Robert  le 
Bourguignon  [Dom  Housseau,  n"  703). 

Notum  et  esse  et  fore  cupimuscunctis  presentibus  et  futuris, 
quod  Mathildls  quœdam  nobilis  femina,  filia  Willelmi  de  Co- 
lentiaco,  uxor  Hatonis,  qui  dicebatur  Otovedus  cognomento, 


1.  En  1886  M.  l'abbé  Robert  Charles  et  M.  S.  Menjot  d'Elbenne 
ont  mis  au  jour  le  texte  du  Cartulaire  de  Saint-Vincent,  soit  844 
chartes,  de  572  à  1184  ;  à  bref  délai  le  volume  aéra  complété  par 
une  introduction  et  une  table  alphabétique. 

40 


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_  6S4  - 

dédit  summo  Deo,  sanclm  scilicet  Triiiitûli,  sanctoque  dé- 
menti, medietatem  cujuRdam  ecclesiœ  suse  quœ  est  sita  in 
pago  Credonensi  apud  Betulum  Campum,  sacrata  et  dedicata 
in  honorem  sancti  Pétri,  apostolomm  principis,  cum  medie- 
tate  simul  omnium  rediluum  ad  eamdem  ecclesiam  débite  per- 
tinentium  indecimis,  sepulturis,  oiïerentiis,  omnibusque  ec- 
clesiasticis  consuetudinibus  aliis  persolvendis. 

Adliuc  quoque  data  est  Deo  et  Sanelo  Clemento  de  burga 
ejusdem  ecclesiœ  Iota  ad  iiitcgrum  vicaria  :  medietatem  vero 
de  vicaria  illius  loci  dédit  domnus  Robertus  Burgiindua  pro 
anima  Gosfredi  comilis,  seniorissui;  et  aliam  medietatem 
dédit  venerabilis  Matliildîs  pro  anima  Hatonis,  sui  cari  ma- 
riti,  et  pro  se  et  pro  omni  sua  secum  parenlela,  ut  omnium 
peccatorum  venlam  consequi  et  eternsB  beatitudinis  mereren- 
tup  ubertate  perfrui. 

Istas  itaque  designataa  portiones  supradictae  ecclesias 
sancti  Pétri  perpetualiter  habendaR  destinaverunt  qui  eas 
dedenint,  sempcr  impendere  ad  usum  et  utititatem  monacho- 
rum  SancUe  Trinitatis  in  loco  Sancti  démentis  Deo  fîdeliter 
servientium. 

Non  ergo  ignotum  sit  posteris  nostris  semper  futuris  quod 
aiïuit  quidam  miles  Salvius  nomine,  qui  reliquam  medietatem 
supradictre  ecclesiœ  in  fevum  tenebat  ab  eadem  venerabili 
matrona,  hanc  donationem  instanter  calumniavit. 

Quapropter  confp'egatis  nobilibus  viris  et  legitimis  ad 
diem  statutum  in  curia  domni  Robert!  Bur^undi,  qui  tune 
temporis  honorem  Credonensem  tenebat,  et  presens  aderat, 
exortam  Iiujus  calumniœ  causam  in  conventu  procerum  curise 
suse  perrectum  examinavit,  et  evidentissima  equitate  recti 
judicii  totas  hujus  calumniœ  occasiones  ab  eadem  datione 
destruxit  atque  adnullavil. 

Proinde  etiam  idem  Salvius,  coram  cimctis  qui  aderant, 
suam  perpétue  dimisit  calumniam  et  donum  illjid  sancU)  fac- 
tum  ^ratanter  favit  et  annuit  et  pro  eo  quatuor  nummorum 
solidos  ecclesiasticsB  pecuniœ  a  monachis  recepit. 

Similiter  quoque  vir  illuatria  Robertus  de  cujus  casamento 
erat  ecclesta,  et  fîlius  ejus  Rainaldus  fi^ratanter  annuerunt  et 
sua  auctoritate  ambo  donum  hoc  corroboraverunt  et  confirma- 
vcrunt.  Sciendum  sane.  et  firmiler  retinendum  est  quod  Hato, 


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hujufl  YtHicpandii"  fcmîuo  vii-  vivus  el  sospos,  hoc  donuni  spoii- 
tuneus  inccpil  aine  dubio  perfectiim  nisi  fuisset  morte  preven- 
tus. 

Ëorum  quoque  virorum  nontina  snbtitulata  sunt  qui  pré- 
sentes per  omnia  simiil  atTuerimt  :  Rotbertus  Burgundus  et 
tîlius  ejus  Rainaldus,  Conanus  puer  et  mater  ejus  Mathildis 
que  hoc  donum  fec'il,  Aimo  de  Intrannis,  Alanus  de  Hulliaco, 
Goefredus  de  Bmslone,  Gosfredus  de  Gereis,  Ivo  de  Marial- 
co,  Gosfredus  de  Donzaco,  A.inio  Hareus  et  fraler  ejus,  G. 
Hamelinus  deMarialco,  WarinusdeTauniaco.  Aimode  Volva, 
Landricus  de  Poilliaco,  Radulfus  de  Bmslone,  Clarembaldus 
et  frates  ejus,  Lisiardus,  Guillelmus  filius  Annœ  de  pago  Cre- 
donensi,  Hugo  Cahorcinus,  Burchardus  consobrinus  ejus, 
Fulfoius  filius  Hadoisœ,  Beraldus fdius  Theodolini,  Rainaldus 
infans,  Suhardus  filius  Progerii,  Rotbertus  Malamorsura, 
GrossinuB  iilius  Ingelranni,  llelias  de  Usura,  Rotbertus  de 
Pomeri,  Robertua  filiua  Alpaoi,  Guillelmus  de  l.anda  Barre- 
zon,  Rainerius  turba  hoatem,  Arnulfus  Pepulot,  Goafredus 
de  Mooaateriia,  Aimo  de  Monaaterîis,  Humbertus  Titio,  Ber- 
nardua  prepoaitua,  Mainardua  vicarius,  cujua  erat  de  vicaria 
aupra  dicti  loci  tertiua  denariua  qui  Sancio  Clementi  reliquit 
illum  in  presentiarum  habendum  perpétuai iter. 

Data  est  XVII  Kalendas  augusti. 

Actum  est  hoc  apud  Credonense  castruni,  anno  M.  LXVII 
ab  incarnatioiie  Domini,  indictionc  quinta,  rejouante  Philippo 
Francorum  rege  annooctavo,  anno  quot^ue  Gosfredi  comilis 
septimo,  sed  el  pontificatus  domni  Ëuaebii  Andecavensisepis- 
copi  decimo  douo,  paternante  etïam  domno  Odrico  abbate 
monaaterii  Vindocinensis  anno  vicesimo  secundo. 

Tune  temporis  erat  Haimo  prior  et  secum  fratres  degebant 
denominati  Rainoardua  munaclius,  alius  Rainoardus  mona- 
chus,  Constantinus  monachus,  Gosfredus  monachus,  Guillel- 
mus monachua,  Frotgerius  monachus,  Ode  monachus  qui 
dicitur  Dublellus. 

28.  —  1067,  7  août,  Chaumont.  —  Robert  de  Sablé  et  Avoise 
donnent  à  Marmoutier  l'église  de  Saint-Malo.  Le  dou  est  fait 
pour  l'ftme  de  GeofTroi,  frère  d'Avoise,  et  pour  celles  d'Henri 
et  de  Guy,  frères  de  Robert  [Dom  PioUn,  Histoire  de  tEglise 


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du  Mans,  t.  III,  p.  6C3  et  Baluze  Miucellanea,  in-folio  t.  III. 
p.  49). 

29.  —  1067  {v.  8.),  11  mars.  Saint -Florent.  —  Charte  cons- 
tatant la  restitution  de  Saint- Florent.  Robert  le  Bourguignon, 
Guy  de  Nevers,  son  frère,  Guy  de  Laval  sont  témoins  (Gallia 
CkriaU'ana,  1656,  t.  IV,  p.  395  et  Dom  Housaeau,  n°  709). 

30.  —  1067.  —  Notice  des  moines  de  Vendôme  de  leur  con- 
testation avec  Saint- Aubin  au  sujet  de  Saint- Clément  et  de  la 
sentence  rendue  en  leur  faveur  par  le  légat  Etienne  [Recueil 
des  Historiens,  t.  XIV,  p.  83  et  Martène,  Thea.  anecd.,l.  IV, 
p.  94). 

31.  —  1067.  —  Charte  de  Geoffroy  le  Barbu  au  profit  de  la 
collégiale  de  Faye-Ia- Vineuse.  Robert  le  Bourguignon  témoin 
(Du  Chesne,  Histoire  de  Béthune,  p.  10  des  Preuves). 

32.  —  1068.  —  Geoffroy  de  Brulon  fonde  le  prieuré  de  Bru- 
Ion  avec  l'assentiment  de  Robert  le  Bourguignon  fCartulaire 
delà  Couture*,  p.  22). 

33.  — 1070, 24  mai,  Angers.  —  Charte  de  Foulques  Réchin 
faisant  don  à  Saint-Florent  de  la  terre  des  Ulmes  avec  l'as- 
sentiment de  Robert  le  Bourguignon  et  de  Renaud,  son  fils 
(Numéro  19 des  Layettes  du  Trésor  des  Chartes*]. 

34.  —  1072,  octobre.  —  Charte  de  Renaud  donnée  au  pro- 
fit de  Saint-Aubin  (Fonds  DucAesne). 

Anno  1072,  mense  octobri,  ego  Reginaldus,  cognomîne 
Burgundus  de  Credone  castro,  et  uxor  mea,  prcenomine 
Domita,  et  filius  meus  Mauritius....  conGrmamus  quidquîd 

1.  En  1B81,  souB  les  auspices  et  aux  frais  du  duc  de  Chaulnes. 
1m  bénédictins  de  Sotesmes  —  mais  l'un  d'eux  supiout,  dom  tU- 
pault  —  ont  publié  le  Cartulaire  de  la  Coulure  en  un  splendide 
m-4'  de  xv-536  p.  orné  de  nombreuses  gravures  et  tiré  à  300 
exemplaires  seulement. 

2.  C'est  en  1863  que  le  premier  volume  des  Layettes  a  paru  ;  le 
tome  III  est  de  1875.  La  publication  comprend  4.663  actes  depuis 
755  jusqu'à  1260  en  une  série  de  numérotage  unique.  C'est  à  ces 
numéros  et  non  aux  pages  que  sont  faits  ici  les  renvois. 


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—  637  - 

monachi  Sancti  Albini  andegavensis  in  loto  honore  patris 
mei  Robert!  ac  meo,  id  est  apud  Legionem,  apud  Brionem, 
apud  Durîstalluro,  apud  M^icoraant  vel  in  quibuscumque 
locia  in  toto  honore  patris  mei  ac  meo  dono  vel  emptione  ac- 
quis ierun  t. 

Hoc  anthoramentum  et  confirmationem  in  cartha  scriplam 
et  manu  propria  cruce  signatam  pono  ego  Reginaldus  pri- 
mum  in  manu  abbatis  Otranni  in  capitulo  suo  coram  testibus  ; 
post«a  super  altare  Sancti  Albini,  multis  videntibus  et  au- 
dientibus. 

Testes  dominus  Eusebius  episcopus  Andegavensis,  Mauri- 
cms,  tîlius  Raynaldi  de  Castro  Credonis,  et  Domita,  mater 
ejus.  -^  signum  Eusebii  episcopi  andegavensis.  f  signum  Ra- 
ginaldi  de  Castro  Credonis.  f  signum  Mauricii,  filii  Ragi- 
naldi. 

35.  —  1072,  Cliartres.  —  Accord  entre  la  Trinité  et  Saint- 
Aubin  au  sujet  de  Saint-Clément  dont  la  propriété  devait  faire 
retour  à  Saint- Aubin  contre  le  payement,  approuvé  par  le  cha- 
pitre, d'une  somme  de  deux  cents  livres  (Baluze,  Miacellanea, 
t.  [II,  p.  50  et  Recueil  des  historiens,  t.  XIV,  p.  84). 

36.  —  Vers  1072,  —  Plaintes  des  moines  de  Saint-Aubin 
au  sujet  de  l'attitude  du  légat  Gérard  dans  l'aiTaire  de  Saint- 
Clément  (Martène,  Thés,  novus,  t.  I,  p.  201  et  Recueil  des 
historiens,  t.  XIV,  p.  546). 

37.  —  1073  (v.  s.),  3  avril  '.  —  Notice  des  moines  de  Mar- 
moutier  d'une  confirmation  de  leurs  droits  donnée  par  Foul- 
ques Réchin.  Robert  le  Bourguignon  témoin  [Dont  Hous- 
seaa,  a'  776,  d'après  le  Carlulaire). 

38.  —  1063-1084.  —  Renaud  se  rendant  à  Rome,  accorde 
à  Marmoutier  son  agrément  anticipé  à  toutes  les  acquisitions 
faites  dans  ses  fiefs  et  dans  ceux  de  son  père  (Archives  de  la 
Sarthe,  H.  359,  n"  3). 

1.  On  a  compté  1073  depuis  le  31  mars  1073  jusqu'au  19  avril 
1074  ;  l'année  a  donc  eu  deux  3  avril. 


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Cog^oscant  (am  praesenten  quant  futuri  hujus  Majoris  Mo- 
na.iterii  possettsores  Rainaldum  familiarein  nostrum.  filiuiD 
scilicet  Robertl  Bur^undianis.  nnsiri  nihilominus  fRiniliaris. 
divertisse  ad  nos  quodam  vice  de  itinere  suo  cum  perf^ret 
Romam  et  venisse  in  (■apituhim  nostrum  et  petisse  a  domno 
abbate  Bartholomeo  et  ab  omni  c«pitulo  ut  facerent  orationes 
pro  eo  et  susceperunt  tam  domnus  abbas  B.  quam  et  niii  seaio- 
resprecesejus.  quibussusceplis,  sug'^esserunt  ei  ut  auctosaret 
Deo  et  sancto  Martino  quicquid  habebamus  in  honore  suo  et  in 
honore  patris  sui,  quem  habiturus  erat  post  decessum  iIHus. 

Ipse  vero  libenter  concossit  non  solum  quidquid  jam  habere 
videbantur  in  illis  duobus  bonoribus  scilicet  in  honore  palris 
sui  Rol>erti  et  in  siio.  verum  etiam  quodcumque  deincops  vel 
dnno  vel  pretio  axquirere  possemus. 

Hiiic  aiictorinationi  sfTuit  llameliniis  fîlius  Suliardi  qui  ve- 
norat  cum  eo  in  capitulum  nostrum. 

3».  —  1070-1080.  —  Notice  des  moines  de  Saint-Aubiu  re- 
latant que  Robert  le  Bour^ignon  et  Marcouard  de  Daume- 
ray,  ayant  été  remis  en  possession  de  Durisl  par  Foulques 
Réchin,  accordèrent  à  l'abbé  Otbran  que  Saint-Aubin  retrou- 
verait tous  SCS  droits  dans  le  fief  reconquis  iGallia  Chrisliana, 
t.  XIV,  p.  149  des  Instrumenta). 

40.  —  1068-1096.  —  Notice  des  moines  de  Saint-Aubin 
d'une  contestation  au  sujet  d'une  terre  à  Bousse  et  de  la  sen- 
tence en  leur  faveur  rendue  par  Robert  le  Bourjçuignon  (Car- 
tutnire  de  Saint-Aubin,  fol.  105). 

41.  —  1068-1101.  —  Notice  de  la  contestation  devant  la 
cour  de  Renaud  le  Bourguignon  relative  à  un  jardin  de  Gen- 
ne»  donné  au  prieuré  de  Saint-Eusèbe  de  Gennes  par  Josse- 
lin  de  Chantocé  et  Ramburgis  son  épouse  (Notre-Dame  An- 
gevine^, p.  542). 


i.  Ce  volume,  dont  l'auteur  est  Joseph  Grandet,  a  été  publié 
par  M.  Lemarchanden  appendice  à  laAecMet^/'A/i/'ou:  les  pages 
Vit  à  631  contiennent  des  pièces  jusUlicatives  publiées  avec  si 
peu  de  soin  qu'elles  sont  presque  incompréheDsibles. 


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-  639  - 

42.  —  Vers  1075  '.  —  Charte  de  Basilius  fondant  le  prieuré 
de  Malicome  de  l'abbaye  de  Saint-Aubin.  Renaud,  seigneur 
de  Craon  et  de  Sablé,  fils  de  Robert  le  Bourguignon  et  de 
Blanche,  Domita,  son  épouse,  et  leur  fils  Maurice  approuvent 
l'acte  (Carlidaire  de  Saint-Aubin,  fol.  99}. 

43.  —  t076.  —  Accord  entre  la  Couture  et  Marmoutier  au 
sujet  de  Sainl-Malo  de  Sablé,  donné  par  Robert  le  Bourgui- 
gnon et  Avoise  {Ménage,  p.  355]. 

44.  —  1076  ou  1077  (1044  de  la  Passion).  —  Charte  de  Foul- 
ques Réchin  portant  don  de  deux  métairies  au  prieuré  de  Cu- 
naiilt.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Bibliothèque  de  F  Ecole 
des  Chartes,  I.  XXXVI,  p.  405  et  Revue  de  l'Anjou,  1876, 
p.  70). 

45.  —  1078,  4  septembre,  Poitiers.  —  Sentence  de  Guy- 
Geoffroy,  duc  d'Aquitaine,  au  sujet  de  l'église  d'Olonne.  Ro- 
bert le  Bourguignon  a  souscrit  l'acte  (Besly,  Histoire  des 
comtes  de  Poitou,  p.  360). 

46.  —  1078  (v.  s.)  26  janvier.  — Renaud  ainsi  que  son  épou- 
se Enoguen,  surnommée  Domitilla,  abandonne  h  l'abbaye  de 
Venddme  la  propriété  de  l'église  paroissiale  de  Saint-Clé- 
ment ^^^no^*,  p.  124). 

47.  —  1078  (v,  s.)  11  mars.  —  Renaud,  fils  de  Robert  le 
Bourguignon  et  Enoguen,  fille  de  Robert  de  Vitré  et  de  la  fille 
de  Guérin,  confirment  le  don  de  Saint-Clément  à  l'abbaye  de 
Vendôme  (Ménage,  p.  125). 

48.  —  1078  [v.  s.)  15  mars.  —  Charte  notice  relatant  l'a- 
chat par  l'abbaye  de  la  Trinité  de  Venddme  d'un  aqueduc 


1.  On  peut  accepter  pour  cette  charte  la  date  de  1075  donnée 
par  M.  de  Lestang  à  la  pa^e  2S4  du  tome  VII  de  la  Revue  du 
Maine,  dans  son  travail  posthume  La  Chdtellenie  et  let  premiers 
seigneur»  de  Malicome  au  XP  et  au  XII*  siècle. 

2.  M.  de  Bodard  a  reproduit  le  l 
de  ses  Chroniques  Craonnnises.  n 


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entre  Saint-James  et  l'Ile  Chapouin  et  la  ratification  de  cet 
achat.  Robert  le  Bour^i^on  témoin  (Ménage,  p.  9). 

49.  —  1080,  octobre.  —  Renaud  le  Bourguignon,  seigneur 
de  Craon,  avec  l'assentiment  de  Domita,  sa  femme  et  de  Mau- 
rice, leur  fils,  approuve  toutes  les  acquisitions  faites  dans  le 
fief  de  son  père  et  dans  le  aien  par  l'abbaye  de  Saint-Aubin 
(Ménage,  p.  124  et  Cartulaire  de  Saint-Aubin,  fol.  52). 

50.  —  1080.  —  Robert  de  Craon,  du  temps  de  Geoffroy 
Martel  et  plus  tard  Renaud  le  Bourguignon,  ^Is  de  Robert, 
ainsi  que  Domita,  son  épouse,  et  Maurice,  son  fils,  approu- 
vent un  don  à  Saint-Aubin  d'Angers  (Dom  Lobineait,  II,  p. 
232). 

51.  —  Vers  1080.  —  Hubert  et  Gervais,  fils  de  Hubert  de 
Durtal  et  d'Agnès,  fille  de  Hugues  de  Mangé,  approuvent  les 
dons  faits  par  leurs  parents  à  Saint-Aubin.  Ces  approbations 
sont  ratifiées  par  Renaud,  seigneur  de  Craon  et  de  Sablé, 
fils  de  Robert  le  Bourguignon  et  de  Blanche,  par  Domita,  son 
épouse,  et  par  Maurice,  leur  fîls  (Ûom  Rousseau,  W  575,  d'a- 
près le  Cartulaire  de  Saint-Aubin). 

52.  —  1081,  10  septembre.  —  Notice  d'une  sentence  pro- 
posée par  Robert  le  Bourguignon  et  rendue  par  une  assem- 
blée où  figurait  aussi  Renaud,  adjugeant  à  Saint-Florent  la 
terre  de  Denezé  (Dom  Housseau,  n"  838,  d'après  le  Cartu- 
laire ^argent). 

53.  ~  1083,  10  juillet.  —  Charte  d'isembert,  évêqne  de 
Poitiers,  en  faveur  de  Monlierneuf.  Robert  le  Bourguignon 
témoin  (Besiy,  Histoire  des  Comtes  de  Poitou,  p.  387). 

54.  —  1084.  ~  Charte  de  Constantin  de  Castello  Pontis 
donnant  i'église  de  Saint-Georges  à  Saint- Florent.  Robert  le 
Bourguignon  témoin  (Dom  Housseau,  n"  862  d'après  le  Car- 
tulaire blanc  de  Saint-Florent]. 

55.  —  1083-1086.  —  Notice  de  la  sentence  rendue  par  l'é- 
véque  d'Angers  au  sujet  d'un  don  fait  k  Saint-Nicolas  d'églî- 


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ses  situées  près  de  Chantocé.  Robert  le  Bourguignon  témoin 
(Dom  Houaseau,  n"  829,  d'après  le  Cartulaire). 

56-  —  1080-1094.  — Notice  des  moines  de  Saint- Vincent  du 
Mans  du  don  que  leur  fit  Rainard  d'Amné  en  se  portant  fort 
du  consentement  de  son  seigneur  Robert  le  Bourguignon 
(Cartulaire  de  Saint-  Vincent,  n"  364). 

57.  —  1080-1096,  Sablé.  —  Notice  du  don  fait  à  Robert  le 
Bourguignon  par  les  moines  de  Saint-Vincent  pour  obtenir 
son  consentement  et  celui  de  Bertlio  son  épouse,  au  don  de 
Rainard  d'Amné.  Adélard,  fils  de  Renaud  de  Châlcau-Gontier 
et  petit-fils  de  Robert,  témoin  (Cartulaire  de  Saint-Vincent^ 
n>366]. 

58.  —  1080-1096.  —  Notice  de  l'achat  par  le  Ronceray  de 
Montreuil- sur-Mai  ne,  dot  de  Bourguignonne,  épouse  de  Re- 
naud de  Château-Gontier.  Renaud  de  Craon  témoin  (Cbarte 
225  du  Ronceray). 

59.  —  1067-1097.  —  Charte  de  Robert  le  Bourguignon, 
d'accord  avec  ses  fils  Renaud  el  Robert  faisant  un  don  à 
Saint-Nicolas  (Ménage,  p.  79). 

60.  —  1067-1101.  Notice  des  moines  de  Marmoulier  de  la 
sentence  rendue  par  Foulques  Réchin  contre  Renaud  de  Craon 
(N°  1050  de  Dom  Houaseau). 

Quoniam  propter  temporum  bominumque  successionem 
multa  oblivioni  traduntur,  idcirco  hsec  memoriœ  posterorum 
his  litteris  commendare  curavimus. 

Sciendum  igttur  quod,  tempore  Fulconis  senioris  comitts 
Andegavensis,  patris  Gaufredi  Martelli  et  junioris  Fulconis  ', 
quidam  prœpotens  miles  Rainaldus  nomine  de  Creonio,  filius 
Rotberti  Burgundionis,  quamdam  obedientiam  Sancti  Martini 
noajoris  monasterii  ....quevulgo  ejusdem  obedientiœ.... 

Prior  domnus  Bernardus  ad  prafatum  comitem  clamorem 
inde  factunis  citissime  perrescit  ;  qui  cornes  apud  Durum  Stal- 

1.  Foulques  Rëchia,  père  de  Geoffroy  Martel  le  jeune  et  de 
Foulques  V. 


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)! 


-    64i  - 

lum,  ubi  in  praesentiaituruserat,  eundemRainaldumprGedîc- 
tum  ire  mandavil,  ubi  et  prsBdictus  monachus  priesens  fuit. 

Faota  ilaque  et  atidita  utriusque  paliocinatione  romes  idem 
in  liujuftmndi  judiciiim  juRtiim  Pt  autenticum  precepit  dicens 
eum  Rainaldum  frustra  facere  calumniam  in  ipsam  obedien- 
tiam,  quandoquidem  eam,  tam  lon^^o  jam  evoiuto  tempore, 
absquf  calumnia  alioujus  monachi  liberrime  possederant. 
prfpserlim  cum  et  palt'p  ejus.  pro  salule  enimip  su»,  Deo  et 
Sauctf)  Martino  Majoris  Monasterii,  ipso  codem  comité  an- 
nuente  et  auctorizaiite,  donavit. 

Quo  judicio  convictus  Raiiialdus  immunom  ab  nmni  calum- 
nia cxire  in  postcrum  et  omni  coustnmia  guerpivit. 

Cujus  rellctionis  testes  sunt  Berlaius  de  Monsteriolo  et  Wil- 
Ichnus  de  Mtrebello  et  mulli  alii. 

61.  —  1067-1101.  —  Charte  de  Renaud  fondant  àCraon. 
de  concert  avec  sa  femme,  le  chapitre  de  Saint-Nicolas  (Chro- 
niques Craonnaisea,  p.  640). 

62.  —  1080-t096.  —  Charte  de  Renaud  de  Château-Gon- 
tier,  fils  d'Elisabeth,  faisant  un  don  au  prieuré  de  Géneteil. 
Robert  de  Craon  et  Adélard  de  Chàteau-Gontier  témuins 
{Cartulairedu  Géneteil',  fol.  312j. 

63.  —  1080-1097.  —  Robert  le  Bourffuifrnon  et  Lisiard 
d'Amboise  fout  à  Marmoutier  don  d'un  colibert  qui  leur  ap- 
partenait en  ronimun .  Ce  don  est  approuvé  par  Robert,  fils  de 
Robert  iLitre  des  Serfs  de  Marmoutier,  p.  156). 

64.  —  1082-1096.  —  Notice  de  la  sentence  de  Robert  le 
Bourffuignoo  au  profit  de  Saint-Vincent  (Carlulaire  de 
Saint- Vincent,  a'  394). 

65.  —  1090.  —  Notice  des  moines  de  Saint-Serge  du  don 
que  leur  a  fait  Hamelin  de  Méral,  avec  l'approbation  de  Guy 
III  de  Laval  et  de  Renaud  de  Craon,  et  de  la  sentence  de  la 


t.  Ce  cRrtuIaire.  qui  ne  fift^ire  pas  sur  la  liste  des  cartulnires 
conservés  dans  les  archives  départementales  publii'e  en  18i7,  est 
conservé  aux  Archives  de  la  Mayenne, 


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cour  de  Guj~  Hl  qui  leur  en  a  maintenu  le  bénéfice  (Ménage, 
p.  110). 

66.  —  Avant  1092.  —  Sentence  de  Robert  le  Bourguignon 
en  faveur  de  Saint-Nicolas  (Dom  Housseau,  t.  XIII'  n"  9549). 

67.  —  1092',  jeudi  15  janvier.  —  Charte  d'Amaury  de 
Tliouars  portant  don  à  Saint-Florent.  Robert  le  Bourguignon 
témoin  iÙom  Housseau,  n"  940,  d'après  le  Cartulaire  blanc 
de  Saint-Florent). 

68.  —  1092',  29  août,  Sablé.  —  Notice  dune  déclaration 
au  profil  de  Saint-Aubin  faile  par  Robert  le  Bourguignon  nu 
retour  de  sa  campagne  de  Normandie  au  service  du  duc  Ro~ 
bert  II  (Original,  Archives  de  Maine-et-Loire,  H.  110). 

69.  —  1092,  24  novembre,  Tarenfe.  —  Bulle  d'Urbain  II. 
portant  transaction  entre  la  Trinité  et  Saint-Aubin  au  sujet 
de  Saint-Clément  (Baluxe,  Miscellanea,  t.  III,  p.  50  et  Re- 
cueil des  Historiens,  t.  XIV,  p.  87). 

70.  —  1093,  30  décembre,  Saumur.  —  Notice  du  jugement 
de  Foulques  Réchin  et  de  Robert  le  Bourguignon  en  faveur 
de  Saint-Florent  (Dom  Housseau,  n"  898  bis,  d'après  le  Car- 
tulaire blanc  de  Saint-Florent). 

71.  —  1093,  —  Notice  de  l'envoi  par  Saint- Aubin  et  la  Tri- 
nité de  représentante  chargés  de  vider  devant  Urbain  II  le 
litige  sur  Saint-Clément  ;  et  don  de  Saint- Jean-sur- Loire  à 
Saint-Aubin,  qui  abandonne  toutes  ses  prétentions  sur  Saint- 
Clément  (Baluze,  Miscellanea,  t.  lïl,  p.  51  ei  Recueil  des  his- 
toriens, t.  XIV,  p.  87). 

72.  — - 1093.  —  Accord  entre  Marmoutier  et  Pierre  de  Che- 
millé.  Robert  le  Bourguignon  témoin  (Dom  Housseau,  n°  953). 


1.  Cette  date  n'est  pas  donnée  d'après  le  style  de  Pdques  ;  en 
1092  d'après  le  nouveau  style  le  15  janvier  était  un  jeudi. 

2.  Cet  acte  débute  par  un  anachronisme  :  Anno  ab  incarna- 
tione  1090. 


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73.  —  1090-1096.  —  Robert  le  Bour^ignon  témoigne  au 
sujet  de  Saint-Malo  de  Sablé  (Cartulaire  de  la  Couture, 
p.  39). 

74.  ~  1094,  V.  8.,  14  janvier.  Sablé.  —  Accord  entre  la 
Couture  et  Marmoutier.  Robert  le  Bourguignon  et  Robert, 
non  fils,  témoins  (Cartulaire  de  la  Couture,  p.  40). 

75.  —  Vers  1095.  —  Tempore  quo  Hucbertus  vicecomes  et 
Robcrlus  Burgundus  tronabantur  diruere  turrcm  Jobannis  de 
Lusdo.  ^Jugement  rendu  par  Hubert  et  Robert  au  sujet  de  vi- 
gnes qui  appartenaient  à  Saint-Aubin  (Archives  de  la  Sarthe, 
n"  255  de  Bilard  et  n°  985  de  Dom  ffousseau,  d'après  le  Car- 
tulaire de  Saint-Aubin,  fol.  119). 

76.  —  Vers  1095.  —  Renaud  de  Craon  abandonne  au  Ron- 
ceray  tous  ses  droits  sur  Boncbamp  (Cartulaire  du  Ronce- 
ray,  n"  403). 

77.  —  1095  (v.  s.)  11  février,  Angers',  —  Charte  par  la- 
quelle Renaud,  —  d'accord  avec  ses  fils  Maurice,  Henri  et 
Robert,  —  fonde  l'abbaye  de  la  Roë. 

En  1095  (v.  s.)  Renaud  et  Maurice  approuvent  toutes  lea 
acquisitions  que  l'abbaye  ferait  dans  leur  (îef. 

En  1095  {v.  s.)  le  12  février,  Urbain  II,  alors  à  Angers, 
approuva  cette  fondation. 

En  1095,  V.  s.,  le  21  mars,  elle  fut  approuvée  pour  la  se- 
conde fois  au  concile  de  Clermont  (Charte  n"  1  de  La  Roë*, 
dans  Baluze,  Mise,  t.  RI,  p.  18j. 


1.  Une  faute  évidente  de  lecture  a  fait  insérer  dans  le  cartulaire 
la  date  de  1093. 

3.  Le  Cartulaire  de  la  RoS  existe  en  orignal  aux  archives  de 
la  Mayenne.  La  bibliothèque  de  la  rue  Richelieu,  sous  le  numéro 
1227  des  nouvelles  acquisitions  latines,  ainsi  que  les  archives  de 
Maine-et-Loire,  en  possèdent  d'excellentes  copies  de  la  main  de 
M.  Marche^ay.  Les  pièces  y  ont  été  l'objet  d'un  numérotage 
nouveau  plus  rationnel  que  celui  de  l'orignal.  C'est  lui  qui  sera 
cité  ici.  Il  faut  ^goûter  que  l'exemplaire  de  la  bibliotbèque  de  Pa- 
ris contient  les  copies  de  quelques-unes  des  chartes  originales 
qu'on  aura  occasion  de  citer. 


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78.  —  1096,  Saintes.  —  Notice  du  litige  entre  la  Trinité  et 
Saint-Aubin  devant  le  légat  Amat  au  sujet  de  Saint- Clé  ment. 
Amat  maintient  la  transaction  de  1092.  —  On  y  lit  :  ...ex  do- 
no  Suhardi  vetiili  et  ejus  filiorum  Guarini  et  Suardi  con- 
ceasione...  (Baluze,  Miscellanea,  t.  III,  p.  52  et  Recueil  des 
Historiens,  t.  XIV,  p.  85). 

79.  —  1096.  —  Notice  des  moines  de  Saint-Nicolas  de  leur 
diiTérend  avec  Haymeric  de  Trêves,  Robert  le  Bourguignon 
témoin  (Dom  Housseau,  n"  1001  d'après  le  Cartiilaire  de 
Saint-Nicolas). 

80.  —  £096.  —  Notice  des  dons  de  Robert  le  Bourguignon 
à  Saint-Nicolas  (n'  9632  du  tome  XIII'  de  Dom  Hoiisseau). 

Robertus  AUobros  donavit  Deo  et  Sancto  Nicholao  pro 
salute  animœ  suœ  et  Goffridi  Martelli  et  filiorum  suorum,  Re- 
ginaldi  et  Roberti,  et  nxoris  sues  Bertce  apud  Brium  terram 
exarti  quœ  vocatur  Masnilas. 

Et  hujue  rei  testes  sont  :  Goflridua  de  Brion,  Gauterius  de 
Monte  Rotundo,  Wido  de  Cruceis,  Odo,  filius  ejue. 

Fost  hœc  donavit  eisdem  monachis  terram  illam  quœ  joxta 
supradictam  terram  est,  concedentibus  duobus  filiis  suis  Ro- 
berto  et  Rainaldo,  in  manu  L.  abbatis  '. 

Testes  Harduinus  de  Yvon,  Drogo  de  Troinneyo  et  alii. 

81.  —  Vers  1096.  —  Notice  du  sacrifice  fait  par  les  moines 
de  Saint- Vincent  pour  obtenir  l'assentiment  de  Robert  Ves- 
trol,  fils  de  Robert  le  Bourguignon,  au  don  de  Rainard  d'Am- 
né  (Cartulaire  de  Saint-Vincent,  n"  367). 

82.  —  1097,  26  avril.  —  Fixation  des  bornes  de  la  paroisse 
de  la  Roë  et  consécration  de  son  cimetière.  Renaud  l'AUo- 
broge,  de  concert  avec  ses  fils,  en  désigne  ia  superficie  (La 
Roë,  n°  2). 

83.  —  1097,  28  aofll.  —  Charte  de  Foulques  Réchin  por- 
1.  Lambert  fut  abbé  de  Saint-Nicolas  de  1096  Â  1116. 


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Idnl  don  à  Saint-Nicolas.  Ciofridiis*  Allobroge  Burgonde  t^ 
moin  (Ûom  Housseau,  n"  1018,  d'après  le  CarUtlatre  de 
Saint-Nicolas). 

84.  —  1097,  V.  s.,  23  février.  —  Notice  d'un  don  de  Guérin 
du  Bignon  au  Géneteil  où  sont  relatés  le  départ  de  Robert  le 
Bourguignon  et  celui  de  Renaud  de  Chftteau-Gontier  pour  la 
Terre-Sainte  (Carlulaire  du  Géneleit,  fol.  317). 

Notum  sit  omnibus  fidelibus  quod  Guarinus  Claudus,  pres- 
biter  de  Azeio,  donuvit  et  reliquit  Deo  et  Sancto  Nicholao  et 
abbati  Natali  et  postes  abbatiLambertoetinonacliisejusquic- 
quid  habebat  in  ecclesia  Azeii  solidum  et  (juietum.  scilicet 
presbiteragium  et  omnia  quœ  in  ecclesia  habebat  ;  insuper 
dcdit  eis  terram,  qus  est  ante  castellum,  et  septcm  solidos  de 
censu,  apud  Azeium,  qui  omni  annn  monachis  reddentur. 

Hujus  ecclesiœ  concessionem  fecit  nobis  in  capitulo  nostro 
Guarsius  de  Buignone,  abbas  verro  Lambertus  et  monachi 
coneesserunt  ei  vtneas  GofTridi  Banerii  et  octo  solidos  de 
censu  Andegavenses,  soli  pacte  ut  ipse  abbati  Sancti  Ni- 
cbolai  et  monacliis  ejus  quandiu  vixerit  serviat  et  lionoret,  et 
vineas  bene  sedilicet,  et,  quando  finieiit  renianeant  vinete 
Sancto  Nicholao  et  monachis  quittœ,  et  insuper  unum  arpen- 
num  vinearum  ejus  in  morte  sua  donet,  aut  septem  libras. 

De  quo  arpenno  conventio  est  ut  ab  illo  die  quo  donum 
istud  factum  est  usque  ad  duos  annos  ematur  et  monachis 
demonstpetur  et  de  eo  per  unum  vitem  revestiantup. 

Ex  hoc  autem  duo  fi-atres  ejus  GofTridus  et  Morellus  sunt 
plegii  istarum  rerum. 

Donum  ab  utrisque  partibus  Factum  est  in  capitulo  Sanctî 
Nicholai,  anno  ab  incarnatione  1097.  indictione  ejusdem  ma- 
nasterii  III',  anno  quo  Rotbertus  Burgundus  et  Rainaldus  de 
Castro  Gunterii  Hierosolimam  petierunt,  feria  secunda  Qua- 
dragesimœ  presentibus  et  concedentibus  duobus  fratribus 
Warini  Goffrido  et  MaroIIo. 

Istis  testibus  :  Stéphane  presbitero,  Girardo  vicario,  Si- 
mone fratre  suo,  Letberto  de  Ponte,  Rainaido  Pelletario  de 
Ponte,  Rainaido  Gosberti  prioris  Sancti  Georgii. 


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-  «47 

Dp  famulJR  GofTridn  (lo<|iio.  Johanne  Rniant.  Beranfi;erio 
Torto,  Willelmo  Comario,  Gaudino  Michel  aliiaque  multiB. 

Ëcclesiann  Aziaci,  de  qua  supra  diximus  concesait  Deo  et 
Sancto  Nicholao  et  abbati  Lamberto  et  omnibus  nionachia  în 
capitule  Guarsius  de  Buif^one  vidente  Warino  de  Azeio  ca- 
nonico  et  accepit  beneficium  ecclesiœ  saiicti  Nicholai  et  socie- 
laterri  monachorum. 

(nsuper  dédit  ilHWartnus,  presbilerde  Azeio,  prohaccon- 
cessione,  sexaginta  solîdoa  et  Johamies  Mvdicus  monachus 
noster  tngenla  et  fecil  donum  abbati  cum  uno  libro  queni 
posuit  super  altare  Sancti  Nicholai. 

Hoc  viderunt  et  audienint  David  prepositus,  Goffrîdu»  de 
Angrahutla,  Rainaldu»  de  Sartrtno,  l^ardus  Buterius  et  alit 
plures. 

85.  —  1097.  —  Robert  le  Bourguignon,  partant  pour  la 
croisade,  entré  dans  te  chapitre  de  Marmoutier,  y  confirme 
les  dons  faits  par  lui  de  concert  avec  Berthe,  sa  femme,  et 
Robert,  son  fils,  et  ceux  faits  par  Renaud,  son  fil»  aîné,  sei- 
gneur de  Craon  (Ménage,  p.  339], 

86.  —  1068-1101.— Renaud  d(!  Craon,  Domita,  sa  femme  et 
Maurice,  son  fils,  approuvent  le  don  de  Gaudin  II  de  Malicor- 
ne  à  l'abbaye  Saint-Aubin  (Cartitlaire  de  Saint- A  ubin,  P  101). 

87.  —  1084-1100.  —  Notice  relative  à  des  coliberts,  où  se 
trouve  relatt'^  un  jugement  rendu  entre  1004  et  1084  par  Guy 
de  Nfivers  et  Robert  le  Bourguignon  (Livre  des  Serfs  de  Miir- 
moutier,  p.  108). 

88.  —  1006-1101.  —  Notice  du  don  de  Bremio  à  la  RoO. 
Renaud  et  Henri,  son  fils,  témoins  I N"  49  de  La  Hoë). 

89.  —  1098,  V,  s.,  14  mars.  —  Accord  entre  Saint-Aubin 
et  Saint-Nicolas.  Renaud  témoin  ^ûom  Houaseaii,  n"  1028, 
d'après  le  Cartiilaire  de  Saint-Aithin). 

90.  —  Vers  1098.  —  Notice'  des  moines  de  Saint- Aubin 

1.  Cette  notice  a  été  publiée  en  partie  par  dom  Piolin,  1.  III, 

B.  65'i.  Pourquoi  a-t-il  emprunté  son  texte  à  dom  Ilousseau  au 
eu  de  le  prendre  dans  le  cartulaira  ?  Pourquoi  a-t-il  daté  la  pièce 


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des  différentes  périp<^ie8  qui  ont  ramené  dans  leurs  mains  les 
églises  d'Arthézé,  et  de  Bousae.  Rotbertus  juvenis,  lilius  Rol- 
berti  Burgnndi  témoin  (CarCulaire  de  Saint-Aubin,  fol.  104). 

91.  —  1098-1101.  ~  Notice  des  moines  de  Vendôme  rela- 
tant comment  Renaud  —  d'accord  avec  son  fds  Henri  —  ren- 
dît à  l'abbé  Geoffroy,  son  cousin,  la  jouissance  des  droits  sur 
Craon  que  Robert  avait  conservés  (Dom  Hoiisseau,  n"  1043, 
d'après  le  Carlulaire). 

92.  — 1098-1101.  —  Notice  du  don  de  Valete  à  la  Roë  par  Re- 
naud qui  sollicite  l'approbation  de  son  fils  Maurice,  et  son  inter- 
vention auprès  de  ses  autres  filti  Henri  et  Robert  (LaRoé,  d°  8). 

93.  —  1 100  ',  5  avril.  —  Accord  entre  la  Roë  et  S' Nicolas. 
Renaud  le  Bourguignon  et  Henri,  son  (ils,  témoins  (La  Roê, 

n°4), 

94.  —  Vers  1100.  —  Notice  de  la  restitution  d'un  bœuf  or- 
donnée par  Maurice,  alors  béritier  présomptif  de  son  père 
(La  lioè,  n"  8). 

95.  ~  1101,  2  et  17  décembre'.  —  Cbarte'  de  Renaud  le 
Bourguignon  qui,  au  moment  de  mourir,  implore  le  consen- 
tement de  ses  trots  (ils  Maurice,  Henri  et  Robert,  ainsi  que 
d'Anguille,  épouse  de  Maurice,  pour  faire  à  la  RoS  un  don  que 
ceux-ci  ratifient  le  17  décembre  (Ch.  8  du  Cart.  de  la  Roë). 

(1036-1045)  alors  que  les  décès  de  Ouy  II  de  Laval  et  de  Oaudio 
II  de  Malicome  sont  postérieurs  à  la  seconde  de  ces  dates? 
Pourquoi  a-t-il  traduit  Artisiaco  par  Aslillé?  Lia  cure  d'Astillé 
était  pourtant  à  la  présentation  de  Saint-Serge  tandis  que  celle 
d'Arthéié  était  à  celle  de  Saint-Aubin. 

2.  L'an  1100  est  le  seul  de  l'épiscopal  de  Geoffroy  II  où  le  jeudi 
de  Pâques  se  soit  trouvé  le  i  avril. 

3,  La  charte  est  du  IV  des  nones  de  décembre  (2  décembre)  la 
ratiltcation  est  donnée  le  XVI  des  k.iiendes.  non  pas  de  décem- 
bre, comme  le  copiste  l'a  écrit  par  méj^rde,  mais  evideitiment  de 
janvier. 

k.  Parmi  les  mentions  des  témoins  on  lit  :  de  Castello  vero 
Gunterii  affuit  Alardus,  nepos  meus,  senior  ejusdem  castri.  En 
effet,  Alard  ou  Adélard  était  bien  le  propre  neveu  de  Renaud.  On 
voit  par  cet  acte  que  dès  l'époque  du  décès  de  Renaud  il  était 
aeigaenr  de  Chflteau-Qontier. 


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V 
MAURICE  I 

16  décembre  1101  —  1 


Au  décès  de  Renaud,  le  16  décembre  1101,  la  sei- 
gneurie de  Craon  appartînt  à  son  fils  alué  Maurice  1, 
qui  ne  la  posséda  que  peu  de  temps. 

Dès  les  premières  années,  au  sujet  des  redevances 
qu'il  exigeait  de  Saint-Clémeut  de  Craon,  il  eut  une 
longue  contestation  avec  l'abbé  de  Vendôme  '.  Saint-Clé- 
ment était  cet  ancien  prieuré  enlevé  violemment  à  Saint- 
Aubin  par  Geoffroy -Martel,  attribué  par  lui  à  la  Trinité 
de  Vendôme  ;  Saint-Aubin  l'avait  revendiqué  jusqu'à 
l'accord  de  1092,  consacré  par  une  bulle  d'Urbain  II, 
qui  avait  sanctionné  définitivement  les  droits  de  la  Tri- 
nité moyennant  l'abandon  fait  à  Saint-Aubin  du  prieuré 
de  Saint-Jean-sur- Loire.  Maurice  I  exigeait  de  Saint- 
Clément  le  payement  de  certains  droits  féodaux  ;  Geof- 
froy, abbé  de  Vendôme,  bien  qu'il  fût  son  cousin,  prit 
énergîquement  le  parti  de  son  prieuré  et  obtint  de  l'é- 
véque  d'Angers,  Renaud  de  Martigné,  l'excommuni- 
cation de  Maurice,  qui  ne  renonça  à  ses  prétendus  droits 
qu'après  avoir  été  condamné  en  1105  par  sentence  de 
Geoffroy  Martel  le  jeune^. 

1.  Vers  la  môme  épo<^ue  Geoffroy  de  Vendflme  avait  lutté  ooti- 
Ire  on  autre  de  ses  cousins  germains,  Adélard  de  Cbâteau-Oon- 
tier  qui,  excommunié  lui  aussi  par  l'évâque  d'Angers,  avait  re- 
noncé à  toutes  ses  prélenliuns  sur  les  terres  du  prieuré  de  Lé- 
vière.  Voir  la  charte-notice  dressée  vers  1107  dans  la  Biblothèque 
tU  lEeoU  de»  Chartes,  t.  XXXVI,  p.  ïl7  et  une  analyse  dans  la 
Revue  de  l'Anjou,  1876,  p.  73. 

2.  Geofh-oy-Martel  le  jeune,  qui  ne  figure  pas  dans  la  série  des 
comtes  d'Anjou,  était  fus  de  Foulques-Récnin  et  d'Ërmengarde 

41 


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-  650  - 

Renaud  vivait  eacore  lorsque  Maurice  1  épousa  Etien- 
nette  de  Chantocé,  qid  fîgure  aussi  dans  les  actes  sous 
les  noms  de  Denise  et  de  Thiphaine,  qui  portait  pour 
surnom  l'Anguille  et  qm  était  GUe  de  Hugues,  seigneur 
de  Cbantocé*. 

Des  documents  publiés  en  1882  en  appendice  k  Notre- 
Dame  Angevine-  permettent  de  reconstituer  la  famille 
de  Chantocé  pendant  le  XI°  siècle  :  On  trouve  d'abord 
Josselin  le  Normand,  qui  a  pour  épouse  Hambourgis  et 
pour  enfants  trois  garçons  :  Hugues,  Bernard  et  Hubert, 
et  deux  filles  :  Britta  et  Adelina.  Ramburgis  survécut 
à  son  mari,  qui  eut  pour  successeurs  l'ainé  et  le  troisième 
de  ses  fils,  Hugues  et  Hubert.  Ce  dernier  mourut  après 
1105,  puisqu'il  ligure  parmi  les  témoins  de  la  sentence 
rendue  cette  année  là  par  Geoffroy  Martel  le  jeune  con- 
tre Maurice  I  et  dans  l'acte  de  1105  à  1123,  publié  à  la 
page  541  de  Notre-Dame  Angevine. 

Lors  de  son  décès  le  fief  devint  la  propriété  de  sa 
nièce,  lille  de  Hugues,  mariée  depuis  plusieurs  années 
déjà.  Chantocé  et  Ingrandes  entrèrent  ainsi  dans  la  fa- 
mille de  Craon,  qui  les  possédait  encore  au  XV*  siècle, 
époque  où  Marie  de  Craon<la-Suze  les  apporta  à  Guy  de 
Laval-Retz,  père  du  maréchal  de  Retz. 


de  Bourbon.  H'fut  associé  par  son  père  à  sa  puissance  sur  l'An- 
jou en  1103,  et  mourut  en  1106.  La  sentence,  dont  on  trouvera  ie 
texte  sous  le  numéro  96  du  Cartulaire,  est  une  preuve  de  la  pré- 
pondérance de  son  rôle  sur  celui  de  son  père  (Voir  DUtionnairt 
de  Maine-et-Loire,  t.  Il,  p.  192). 

1.  On  a  fail  justice  déjà  de  la  prétendue  existence  d'une  Bur- 
gundia  de  Chantocé,  sœur  d'Ëtiennette.  Cette  Burgundia  était 
la  fille  de  Robert  le  Bourguignon. 

2.  Notre-Dame  Angevine,  par  Joseph  Grandet  (11-639,  p.  in-8") 
a  été  publiée  par  feuilles  isolées  en  appendice  de  la  Revue  de 
C Anjou  de  septembre  1877  à  juin  1884.  Les  pa^es  ^39  à  631  sont 
consacrées  à  des  pièces  justificatives  données  sans  aucune  indi- 
cation de  sources  :  parmi  elles,  p.  539-559,  se  trouvent  vîn^-six 
pièces,  formant  une  sorte  de  cartulaire  d'un  prieuré  de  la  Couture 
du  Mans,  celui  de  Saint-Ëusèbe  de  Gennes.  Il  est  fâcheux  que 
quelques-uns  de  ces  textes  soient  extrêmement  défeclueux. 


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Dana  la  Chronica  (legestisconsulumAndegavorum^, 
Maurice  de  Craon  est  expressément  nommé  parmi  les 
seigneurs  de  l'armée  avec  laquelle  Foulques  V,  après 
avoir  fait  hommage  à  Louis  VI,  avait  gagné  la  bataille 
de  Séez,  le  18  décembre  1118,  et  enlevé  la  Normandie  à 
Henri  11  d'Angleterre;  malgré  cela  son  décès  doit  être 
fixé  vers  1116.  Il  existe  en  effet  un  don  de  son  fils  ap- 
prouvé par  une  bulle  de  1117. 

De  son  épouse,  Etiennette  de  Chantocé,  Maurice  I 
eut  un  fils  unique,  Hugues,  qui  lui  succéda. 

Etiennette  se  remaria  avec  Simon  Crespin  *. 

CARWIAIRE  DE  CRAON 

II   (%-103).  MAURICE    I  1101-1116. 

96.  —  1105,  Angers.  —  Sentence  de  Geoffroy  Martel  le 
jeune*,  contre  Maurice  I  au  sujet  de  Sainl-Clément  (n°  I2A7 
de  Dom  ffousteau  d'après  une  copie  faite  en  1498). 

In  nomine  Dei  omnipotentis  Patris  et Filii et Spiritus Sancti. 


bltées  en  1S56-1871  par  la  Sociité  de  l'Histoire  de  France. 

2.  Ce  fait,  inconnu  jusqu'ici,  est  établi  par  une  charte  contem- 
Mraine  de  Hugues  de  Craon,  publiée  dans  Noire- Dtune  Angevine 
(Voir  numéro  1 19  du  Carlulaire  de  Craon).  —  Il  faul  probab^ment 
rattacher  ce  Simon  aux  Crespin.  seigneurs  de  Chanioceaux,  nom- 
mée aux  pages  68-72  des  Prieurés  de  Marmoutiers  en  Anjou,  au 
tome  II  des  Archives  d'Anjou  de  M.  Marchegav.  M.  Port  a  re- 
connu eu  eux  les  seigneurs  de  Chantoceaux  à  la  Gn  du  XII* 
siècle  et  c'est  sur  l'un  d'eux,  Thibaut,  qu'en  1224  Pierre  Uau- 
clerc  fit  la  conquête  de  la  forteresse.  —  Voir  Dictionnaire  dt 
Maine-et-Loire,  t.  I,  p.  606, 

3.  Cet  acte  est  l'un  des  rares  monuments  émanés  de  la  chan- 
cellerie de  Qeoffroy  Martel  le  jeune,  fils  de  Foulques  Réchin  et 
d'Ermengarde  de  Bourbon,  Associé  à  son  père  pendant  trois  ans 
il  le  relégua  au  second  rang  (Voir  Port.  Dictionnaire  de  Maine- 
et-Loire,  t.  H.  p.  192,  où  il  n  a  pas  d'article  spéciati. 

Bien  que  publié  à  la  page  590  des  Chroniques  Craonnaises,  cet 
acte  a  reçu  ici  place,  parce  qu'il  a  été  incorrectement  publié  par 
H,  de  Bodard. 


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Ego  GolTridus,  Dei  gratîa  Andegavorum  cornes,  cogno- 
mine  Martellus,  noatris  successoribus  et  universia  sancUe  Dei 
ecclesisB  fidelibus  notum  fieri  in  perpetuum  volui  quod  Mauri- 
cius,  dominus  castelli  quod  Credonium  dicitur,  rébus  Stincti 
démentis,  quse  ab  avunculo  meo  nobilissimo  comité  GofTrido 
VindocinenKi  monasterio,  quod  ipse  fundaverat,  omni  con- 
suetudine  vel  cujuslibet  rei  exactione  sepositœ  collalee  fuerant, 
exactiones  quasdam,  sive  consuetudines,  injuste  conabatur 
imponere  et,  in  quantum  poterat,  violenter  imponebat.  Quod 
Goffridua,  tune  lemporis  Vindocinensis  abbas,  licet  consan- 
guineus  Mauricii  esset,  minine  sustinens,  Rainaldo  bonœ  mé- 
morise andegavensi  episcopo  quam  patiebatur  injuriam  bu- 
mititer  suggessit  et,  ut  tiranni  malicia  quœ  Jam  puUulare 
cœperat,  ecclesiastica  censura  rescearetur,  diligenter  postu- 
lavit.  Cujus  precibus  ac  justo  desiderio  epiacopus  acquievit 
et  Mauricio  et  universœ  terrie  illius  divinum,  hac  de  causa, 
abstulit  oflicium.  Sed  sic  ejus  crudelis  animas  ilecti  non  po- 
tuît.  Abbas  si  quidem  ad  patrem  meum  Fulconem  et  ad  me 
deinde  veniens  qualiter  molestabatur  ipse  qualiter  etiam  res 
Vindocinensis  monasterii  in  terra  nostra  per  Mauricium  mî- 
nuebanlur  nobis  monstravit  et  quia  quiquid  apud  Credonium 
poesidebat  beneiicium  memorati  avuncuH  nostri  et  Dostrum 
erat,  veraciter  asserruit  ;  quapropersœpedictum  Mauricium  ad 
nos  venire  Jussimus  et  ut  in  curia  nostra  Vindocînensi  abbati 
et  nobia  de  beneficio  nostro  quod  injuste  violaverat  omnem 
justiciam  exequeretur  sicut  hominem  nostrum  ammonuimus. 

Quid  plura,  statuto  die,  in  curiam  venit  justiciam  quam  pe- 
tieramus  executurus  ibi  résidente  nobiacum  Rainaldo,  lauda- 
bilis  ritœ  episcopo,  et  multis  baronibus  nostris  prœaentibus, 
prœsente  etiam  Mauricio  cum  hominibus  suis. 

Carta  Gaufridi  avunculi  nostri  venerabilis  comitis  lecta  est 
et  recitata,  in  qua  veracissime  continebatur  quod  ipse  eccle- 
siam  Beati  Clementis  cum  omnibus  ad  iltam  pertinentibus 
Vindocinensi  monasterio  donaverat  cum  Credonensem  hono- 
rem  dominicum  haberet  antequam  etiam  Rotbertho  Burgun- 
dioni  honorem  illum  concessisset,  nam  ab  illius  concessions 
sive  donatione  quicquid  ibi  Vindocinensi  monasterio  prius 
contuleral,  sicut  eadem  carta  asseruit,  nominatim  retinuit, 
huic  itaque  cartœ  multorum  Romanorum  pontificum  privile- 


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gia  veritatis  testimonium  perhibebont  et  illam  irretractabi- 
liter  apostolica  virlute  corroborabant. 

Contra  hœc  Mauricius  nîchîl  respondît  nec  mimm  quia 
quid  responderet  invenire  non  potuit. 

Ibi  itaqufl  comprobatum  est  omnino  et  manifestatum  et  qui 
ante  non  noverant  tune  firmiter  noverunt  {[uicquid  Vindoci- 
nense  monasterium  apud  Credonium  habuerat  et  habet  avun- 
culi  noBtri  beneficium  esse  dignoscitur  et  noatrum  et  ideo  a 
curia  dictum  est  et  judicatum  ut  quod  abbati  et  monachis 
abstuleral  et  quia  beneficium  noetrum  infideliter  tractaverat, 
rectum  et  honorem  nobis  facere  deberet. 

Actum  est  hoc  anno  incarnationis  dominicœ  M' C.  V.  indic- 
tioneXIII,  apud  Andegavum  majori  caméra  comitis  andega- 
vensis  ubi  affuerunt  isti  : 

Rainaldus,  episcopus  Andegavensis,  Rîcardus  decanus,  Ste- 
phanus  cantor,  GofTrîdus  thesaurerius.  Hubertus  archidiaco- 
nus,  Gamerius  archidiaconus,  Willelmus  archidiaconus, 
Guinelmue  Musca  canonicus  sancti  Mauricii,  GofTridus  Caî- 
phas  canonicuB  Sancti  Laudi,  Mainerius  canonicus,  GolTridua 
de  Blazon  cancellarîus  comitis  Goffridi,  Fulco  cornes,  Goffri- 
diis  MartelluB  filius  ejus,  Fulco  fratrer  ejus,  Hugo  de  Sancta 
Mora,  Guido  de  Lavalle,  Gaudinus  de  Ctichione,  Normannus 
de  Montorebelli,  Petrua  de  Camilliaco,  Adeladusde  Castro- 
gunterii,  Johannes  de  Castello,  Gotîridus  de  Brioleto,  Ted- 
baldiis  do  Castello  celso,  Petrus  Rubis  cal  lu  s,  Johannes  de 
Blazono,  Valterius  de  Montesorelli,  Paganus  de  Mirebello, 
Simon  de  Boeria,  Fulco  de  Plaxicio,  Fulco  de  Matefellone, 
HarduinuE  de  Sancto  Medardo,  ipae  Mauricius,  dominus  Cre- 
donis,  Robertus,  fratrerejus,  Mauricius  Rohonnardus,  Girar- 
dus  Paganus,  GofTridus  filius  Garini,  Orricus  de  Bellopra- 
tello,  Abo  de  Brioleto,  Carbonellus,  Radulphus  de  Soconania 
andecavis  prœpositus. 

De  hominibus  Mauricii  :  Herbertus  de  Cantosciaco,  Gna- 
rinus  Bomus,  Lisoius  Infans,  Gosbertus  de  Salconniaco.Wido 
Turpinus,  Rothlandus  Conrandus,  Herbertus  filius  Drogonis, 
Posius  de  Moleriis,  Silvester  de  Voluta,  Pichio  de  Guierchia, 
Odo  de  Borno  homo  Guidonis  de  Lavalle,  et  multi  alii,  quo- 
rum nomina  propter  nimtam  morositatem  subtitulare  recuaa- 
vimus. 


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—  684  - 

MauriciuB  autem  judicium  quod  tanti  viri  fecerunt  calump- 
niari  nuUatenus  prEcsiimpsit,  sed,  in  quantum  potuît,  illud 
exequi  doloee  distulil,  verilate  tamen  et  justicia  cogente  et 
nostra  adstnctus  cnnjurationp.  in  crastino,  in  domum  quse 
fuerat  Hugonts,canoniciSancti  Laudi.ubi  nos  eramuevenit  et 
quia  quicquid  de  rébus  Sancti  Clementis  abstulerat  ut  abbati 
termine  quem  abbas  illi  daret  ex  intepro  redderet  per  fidem 
promisit  et  ne  abbati  vel  rébus  suis,  propter  discordiam  quam 
inter  se  habuerant,  aliquid  pejus  faceret  pariter  afEdavit  nos 
vero  prœcibus  et  dilectione  abbatis,  quod  ob  hoe  nobia  forfe- 
cerat,  perdonamus,  et  sic  etiam  ab  epïscopo  Andegavensi  ab- 
solutus  extitit  aquo  propter  injusticiam  quam  monacliis  facie- 
bat  cum  omni  l^pra  sua  interdictionis  vinculo  lenebat  ligatus. 

Hoc  itemm  isti  videmnt  et  audienint. 

Ego  ipse  Gauffridus  cornes  Andegavorum,  Pelrus  de  Camil- 
liaco,  Normannus  de  Monterebelli,  Petrus  Rubescalhis,  Har- 
duinus  de  Sancto  Medardo,  qui  jussu  abbatis  a  Mauricio  ac- 
cepîtfiduciam,  Ricardus  de  Sancto  Quintino,  Guarinus  Bornus, 
Pipinus  de  Rahesio,  Gauiïrîdus  de  Ramoforte,  GofFridus  de 
Blazone,  llarduinus  de  Sancta  Gennua,  Mauricius  ipse  de 
Credone,  Rotbertue  ipse  frater  ejus. 

De  hominibus  ejus,  Herberlua  de  Chantoscîaco,  RoUandus 
Conrandus,  HerbertusfiliusDrogonis,  Rolbertua  filius  PoUi- 
cite,  Silvester  de  Voluta,  et  alii  plures  in  placito  et  judicio 
isto. 

Cum  abbate  Goffrido  fratre,  de  monachis  his  :  Ingelbaldus 
eubprior  Vindocinensis,  Guillelmus  prier  Andecavis,  Hame- 
linus  prior  de  Credone,  Rainaldus  Betcrtâ  de  Sancto  Salur- 
nino. 

97.  —  1102-1H6.  —  Zacharie  fait  don  à  Saint-Aubin  de  le 
Selle- Guerchoise,  Maurice  I,  fils  de  Renaud,  est  témoin 
(Dom  Morice,  Preuves,  t.  I,  p.  475), 

98.  —  1102-itl6.  —  Notice  de  l'abandon  à  La  Roé,  par 
Maurice,  de  tous  ses  droits  sur  la  t^rre  de  Valet*  et  du  rejet 
de  toutes  les  prétentions  des  chanoines  de  Saint-Nicolas  sur 
celte  même  terre  (La  Roé,  n"  8). 


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-  658  — 

09.  —  1102-H16.  —  Note  du  don  de  Maurice  I  k  Nyoiseau 
(Dom  Housseati,  n"  1067). 

Maurice  do  Craon,  Denise,  son  épouse,  et  Maurice,  dîlRaî- 
naud.  leur  fils  atné,  donnent  à  l'abbaye  de  Nyoiseau  soixante 
sois  sur  le  lieu  de  Barreiz,  que  Geofroi  de  S  ai  nt- A  matou  r 
avoit  donné  cy  devant  à  l'abbaye  pour  sa  defTuncte  mère  Ju- 
lienne. 

Testes  :  Phîlippus  de  Saucogneio,  Rainaud  de  Livré,  Jean 
de  la  Selle,  Jean  Maran  et  Turpin  de  Saint-Amatour. 

100.  —  1105-1116.  —  Notice  des  dons  faits  à  Saint-Nicolas 
par  Hugues  de  Chantocé  et  par  Maurice  I,  son  gendre  (Dorn 
ffousseau,  tome  XIII'  n"  9604). 

Hugo  de  Cantosceio,  pro  parla  Victoria  de  hostibus  suis 
scilicel  Goiïrido  Borrigone  aliisque  multis,  dédit  beato  Ni- 
cholao,  tempore  abbatis  Hamonis,  ecctcsiam  de  Fenis  ad  lumi- 
naria monasterii.  Moituo  aulem  Hamone,  cui  successit NatalÎB 
abbas',  quidam  Hugonis  miles  nomine  Walterius  supradic- 
lam  eccleaiam  monachis  calumniavit,  quapropter  Hugonem 
adierunt  qui  donec  querelam  intcr  monachos  et  baronem  suum 
ortam  sedaret  census  matris  sus  el  suos  quos  Andecavis  ha- 
bebat  eis  tradidit. 

Post  roortem  Hugonis,  Mauricius,  fîlius  Raginaldi  de  Cre- 
done,  surrexit  qui  filiam  ejus  in  uxorem  cum  honore  suscepit 
hic  etiam,  volente  pâtre  suo'  (Déchiré)  census  jam  dictos 
Sancto  Ni  cholao  reauctorisavit. 


1.  Hamon  fut  abbé  de  Saint-Nicolas  de  1074  à  1079;  Natal  de 
1080  à  1096. 

2.  Cette  charte  donne  à  penser  que,  du  vivant  de  son  père. 
Maurice  I,  épousant  la  fdle  d'Hugues,  est  immédiatement  devenu 
seigneur  de  Chantocé  :  or,  une  charte  de  1116-1139.  publiée  p.  542 
de  Ta  Noire-Dame  Angevine,  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'existence 
d'Hubert  comme  seigneur  de  Chantocé  ;  celle  de  la  page  541 ,  ainsi 
que  la  sentence  de  1105  contre  Maurice  1  obligent  à  lixer  le  dé- 
cès d'Hubert  après  1105.  Une  mmveile  preuve  se  trouve  dans 
une  charte  de  Saint-Nicalas  d'Angers;  on  y  lit  :  notant  qitod 
poaufuam  Hugo  de  Cantosceio  moriuus  est,  frater  suum  Hubenua 
dimisit  calomniant  de  eo  quod  habebamuf  apud  Spiniacum  (f,  f. 
22,450.  fol.  163). 


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—  656  — 

101.  —  iii3,  30  novâmbre.  —  Jugement  relatif  à  la  posses- 
sion  d'un  fîef  de  colibert  où  est  relatée  l'existence  d'une  Adé- 
laïde, coliberte  du  comte  d'Anjou  et  de  Robert  le  Bourguignon 
(Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  t.  XVII  (1856),  p.  415  et  424). 

102.  —  I1I5,  25  mai,  Bénévent.  —  Bulle  de  Pascal  II  con- 
firmant la  transaction  au  sujet  de  Saint-Clément  de  Craon 
(Baluze,  Miscellanea,  t.  III,  p.  53  et  Recueil  des  historiens, 
t.  XIV,  p.  88). 

103.  —  Vers  1116.  —  Charte  du  Ronceray  constatant  )a 
conversion  d'un  droit  de  vinage  en  une  redevance  annuelle 
de  dix  sous.  Maurice  I  était  intervenu  pour  obtenir  cette  con- 
version [n"  200  du  Ronceray). 


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VI 

HUGUES 

H16  —  Vers  H38. 


Maurice  1  eut  pour  successeur  son  fils  unique,  Hugues. 

Le  premier  acte  connu  du  nouveau  seigneur  de  Craon 
est  le  don  de  la  chapelle  de  Saint-Nicolas  à  la  Roè,  re- 
laté dans  la  charte  6  du  Cartulaire.  Cet  acte  ne  saurait 
être  plus  récent  que  1116,  attendu  qu'il  fut  approuvé  le 
5  avril  1117  par  le  pape  Pascal  II  ;  il  oblige  à  reconnaî- 
tre que  dès  1116  Hugues  était  seigneur  de  Craon. 

Hugues  n'était  pas  mineur  puisqu'il  disposait  d'une 
partie  de  son  patrimoine.  11  n'eut  donc  pas  pour  bail 
Raoul  de  Chérancé,  comme  l'avance  sur  la  loi  d'un  ro- 
man', M.  de  Bodard.  Le  bail,  du  reste,  n'appartenait 
pas  à  l'un  des  fonctionnaires  du  fief  mais  au  plus  proche 
parent  consanguin  ;  or  le  fils  de  Maurice  I  ne  manquait 
pas  de  famille  et  on  eût  trouvé  facilement  l'un  de  ses  mem- 
bres pour  occuper  ce  poste  qui  n'était  pas  sans  profits. 

Par  son  mariage,  Hugues  devint  l'allié  d'une  famille 
voisine  de  son  fief,  et  qui  avait  déjà  une  assez  grande 
importance,  celle  des  seigneurs  de  Laval.  Guy  III,  lils 
de  Hamon  de  Laval  et  de  Hersende,  avait  épousé  Denise 
de  Mortaîn,  nièce  de  Guillaume-le-Conquérant  ;  et  ou- 
tre Guillaume  de  Mortain,  le  vaincu  de  Tinchebray,  il 


\ .  Voir  dans  le  Mémorial  de  la  Mayenne,  t.  I,  p.  35,  le  Roman 
de  la  Porte  des  Bâcherons.  Son  auteur  sans  doute  n'aspirait  pas 
à  l'honneur  de  le  voir  citer  comme  document  historique, 


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avait  pour  beaux-frères'  André  de  Vitré,  époux  d'Agnès, 
et  Guillaume  IV  de  Toulouse,  époux  d'Emma.  C'est  vers 
1124  que  Hugues  de  Craon  épousa  Agnès  de  Laval''. 
Ëxistait-il  une  parenté  entre  les  deux  conjoints  ?  Hilde- 
bert  ne  s'en  explique  pas  lorsque  dans  sa  lettre  de  la  fin 
de  l'année  1129  adressée  au  pape  Honorius  II  il  mentionne 
les  retards  apportés  à  la  conclusion  du  litige  auquel 
donnait  lieu  le  mariage  de  Hugues  et  fait  connaître  en 
même  temps  que  Guy  de  Laval,  le  frère  d'Agnès,  était 
hors  d'état  d'obéir  aux  convocations  canoniques,  grâce  à 
l'état  de  guerre  qui  existait  alors  entre  lui  et  le  comte 
du  Maine  3. 

Agnès  mourut  peu  après  1130,  après  avoir  eu  deux 
enfants,  Renaud  et  Guérin. 

Hugues  ne  tarda  guère  à  se  remarier  avec  une  cer- 
taine Marquise,  dont  la  famille  n'est  pas  connue,  et  que 
M.  de  Bodard,  sans  dire  pourquoi,  a  rattachée  à  la  fa- 
mille de  Mayenne  *.  Ménage,  à  qui  incombe  la  responsa- 


1.  Ces  trois  alliances  sont  roentiannées  par  la  Chronique  de 
Robert  de  Thorigny,  t.  I,  p.  319  de  l'excellente  édition  donnée  par 
M.  Léopold  Delisle  (Rouen,  1872,  2  vol.  in-S")  pour  la  Société  de 
l'Histoire  de  Normandie. 

2.  Ce  mariage  soulève  unpetit  problème  qu'il  foui  exposer  ici  ; 
la  lettre  de  l'archevêque  de  Tours,  Hildebert.  au  pape  MonoriusII 
ne  permet  pas  de  douter  qu'Agnès  fût  la  sœur  du  seigneur  de 
Laval  de  ce  temps  là;  mais  en  1139 il  y  avait  trente  quatre  ans 

3ue  Guy  III  était  mort.  Sa  fille  eût  été  bien  mûre  pour  un  fiancé 
e  l'âge  de  Hugues. 

3.  Voir  la  lettre  in  extenso  sons  le  numéro  114  du  Cartulatre. 


4.  A  la  page  73  des  C/ironi/juex  de  M.  de  Bodard,  dans  l'énn- 
mération  des  objets  trouvés  k  Chàielais.  nous  lisons  :  ■  Un  pro- 
priétaire du  lieu  a  trouvé  au  milieu  d'autres  débris  la  moitié  d'un 
ancien  sceau-matrice  d'ivoire,  avec  l'anneau  qui  servait  i  le  sus- 
pendre à  la  ceinture.  Sa  facture  ressemble  entièrement  à  celle  du 
sceau  de  Foulques  V,  donné  par  M.  Marchegay  au  l*'  volume  des 
Archive»  d'Anjou.  On  y  lit  la  moitié  de  la  légende  :  edb  de  ne- 
DUANA  ce  qui  ne  peut  se  rapporter  qu'à  un  Geoffroy  de  Mayenne.  ■ 
Nous  devonslaisser  à  M.  de  Bodardl'entière  responsabilité  de  son 
récit,  car.  malgré  des  recherches  faites  à  diverses  reprises,  nous 
n'avonsjamais  pu  savoir  ce  qu'étaitdevenue  cette  matriced'ivoire. 
-^  Quant  au  sceau  de  Foulques  V,  il  n'est  connu  que  par  un  des- 


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bilité  de  cette  erreur,  cite  comme  autorité  le  pasaage  du 
nécrolo^  des  Bonshommes  d'Angers  relatif  au  décès  de 
Maurice  II  :  n  Quarto  idus  augusti  obUt  Mauricius  de 
Credone,  fiUas  Hugonis....  quipro  sainte  sua  et  patris 
suiet  Isabelde  Meduana^unraesua....  dédit...  »  Mé- 
nage, p.  145,  a  conclu  :  1"  que  Marquise,  mère  de  Mau- 
rice II,  s'appelait  aussi  Isabelle;  2°  qu'elle  était  de  la 
maison  de  Mayenne.  Il  fallait  tout  simplement  lire  u.to- 
ris  au  lieu  de  matris,  ce  qui  est  conforme  à  tous  les  au- 
tres documents. 

Hugues  mourut  avant  la  consécration  de  la  Roè,  soit 
entre  1136  et  1139. 

Marquise,  devenue  veuve,  se  remaria  à  Payen  de 
Vaiges,  comme  l'établit  une  charte  du  Cartulaire  de 
Saint-Melaine  de  1162'.  Ce  Payen  de  Vaiges  n'était 
évidemment  pas,  —  quoi  qu'en  aient  dit  Ménage  et  M. 
Planté,  —  le  chevalier  de  ce  nom  qui,  en  1214,  figurait 
au  nombre  des  gentilshommes  de  l'Anjou  présents  à  la 
bataille  de  Bouvines,  le  même  qui,  en  1206,  confirmait  un 
don  à  l'&bbaye  de  Mélinais,  qui  on  1211  faisait  don  k 
l'abbaye  d'Eyron  du  prieuré  de  la  Ramée  et  qui,  en  1219, 
faisait  à  Fontaine^Oaniel  une  libéralité  relatée  dans  le 
recueil  des  chartes  de  cette  abbaye^.  L'époux  de  Mar- 

sin  du  XII*  siècle  que  le  {'(ipisCe  du  cartulaire  de  Raint-Mnur  a  joint 
à  la  charte  du  15  septembre  1124,  au  bas  de  laquelle  il  avait  été 
apposé.  —  M.  Marche^y,  en  publiant  le  cartulaire  de  Saint-Maur, 
a  donné  à  ta  pa^e  323  duiome  I  de  ses  Archives  d'Anjou,  h  fac-si- 
mtle  de  ce  dessin  ainsi  que  ceux  d'un  sceau  de  Foulques  IV  du  24 
avril  1090,  d'un  sceau  du  2  juillet  1105  de  Pierre  II.  évéque  de 
Poitiers,  d'un  sceau  de  Charles-le-Cbauve  du  15  août  850.  Enfin  à  In 
page  366  il  a  donné  le  fac-similé  de  la  copie  d'une  charte  de  1121 
de  Guillaume  1,  évèque  de  Poitiers,  où  se  trouve  compris  le  des- 
sin du  sceau  de  cet  évéque. 

1.  Celte  uharte  s  été  publiée  par  dom  Lobineau  à  la  p.  218  de 
son  tome  II  ;  elle  se  trouve  aussi  dans  Ménage  à  la  page  1^3  de 
son  Sablé,  mais  incomplète  et  avec  une  faute  de  lecture  qui  trans- 
forme Hugues  de  la  Ouerche,  frère  de  Geoffroy  de  Pouancé,  en 
un  frère  de  Hugues  de  Craon. 

2.  Ménage,  p.  143  :  Gérault,  Notice  sur  Evron,p.  146;  Caria- 
laire  de  Fontaine-Daniel,  p.  68;  Commistion  de  fa  Mayenne,  t, 
IV,  p.  327. 


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quise,  qui  aurait  eu  plus  de  cent  ans  en  1214,  est  men- 
tionné dans  un  document  des  pins  importants  parce  qu'il 
permet  de  débarrasser  ta  famille  de  Craou  d'un  membre 
parasite  que  tous  les  historieuB  jusqu'ici  y  avaient  fait 
figurer;  c'est  la  charte  129  du  Cartulaire  du  Ronceray  : 
après  y  avoir  inséré  des  faits  remontant  à  l'époque  de 
Geoffroy-Martel  (1040-1060)  à  savoir  le  don  au  Ronce- 
ray des  dîmes  de  Mathefelon,  le  rédacteur  explique  dans 
quelles  conditions  Payen  de  Vaiges  et  Marquise,  sa 
femme,  puis  plus  tard  Foulques,  leur  fils,  accordent  au 
Ronceray  des  droits  nouveaux  sur  le  fief  de  Mathefe- 
lon.  Cette  notice,  que  M.  Marchegay  avait  cru  devoir 
dater  entre  1040  et  1060,  mais  qu'aucun  synchronisme 
n'interdit  de  placer  entre  1165  et  1180,  montre  que  le 
Payen  de  Vaîgea,  époux  de  Marquise,  était  seigneur 
de  Mathefelon,  et  explique  comment  Maurice  II  pouvait 
posséder  un  frère  appelé  Foulques  de  Mathefelon,  lequel 
était  son  frère  utérin  et  n'appartenait  pas  à  la  famille  de 
Craon. 

Foulques  de  Mathefelon  ne  prendra  donc  pas  Ici  place 
parmi  les  fils  de  Hugues;  mais,  il  importe.de  noter  que 
au  nombre  des  libéralités  de  Maurice  II,  il  s'en  trouve 
une  faite  pour  son  Ame  antérieurement  à  1191'. 

Hugues  eut  d'Agnès  de  Craon  deux  fils  : 
Renaud,  —  Guérin. 

De  Manjuise,  il  eut  : 

Maurice,  —  Robert,  —  Guy. 

Une  fille  appelée  Marquise,  comme  sa  mère. 

IV|.  —  Renaud,  fils  de  Hugues  et  d'Agnès  de  Laval, 
mourut  enfant  et  fut  enterré  à  la  Roè,  ainsi  que  le  prouve 
la  charte  13  du  Cartulaire,  qui  raconte  une  visite  faite 
à  sa  tombe  à  l'époque  où  Robert  de  Montenay  était  abbé 
de  la  Roê.  Hugues  et  Agnès  étaient  venus  ensemble, 

1.  Cartulaire  de  Craon,  n*  38. 


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-  661  - 

amenant  tes  amïa  des  maisons  de  Craon  et  de  Laval,  et 
firent  don  à  l'abbaye  du  four  banal  qui  venait  d'être 
établi  à  Craon. 

IVg.  —  GuÉRiN  succéda  à  son  père  comme  seigneur 
de  Craon. 

IV3.  —  Maubicb  fut  l'ainé  dea  fils  de  Hugues  et  de 
Marquise.  Au  décès  de  Guérin  II,  vers  1150,  il  succéda 
à  son  frère  comme  seigneur  de  Craon. 

IV4.  —  Robert  fut  chanoine  d'Angers  «t  apparaît  dans 
la  charte  163  du  Cartul-aire  de  la  Soë  comme  témoin 
de  l'un  des  dons  de  son  frère. 

IV-.  —  Guy  n'est  rattaché  d'une  façon  expresse  par 
aucun  document  à  la  famille  de  Craon.  Il  figure  à  côté 
de  Robert  de  Sablé  parmi  les  témoins  de  l'accord  passé 
en  1191  en  Sicile  entre  Richard-Cœur-de-Lion  et  Tan- 
crède.  Serait-ce  lui  aussi  qui  fut  l'auteur  du  don  fait  en 
1185  au  prieuré  anglais  de  Spalding'  ? 

IVg.  —  Marquise,  tille  de  Hugues  et  de  Marquise, 
épousa  Hugues  de  la  Guercbe.  Les  nombreux  actes  où 
la  parenté  entre  Maurice  II  et  la  famille  de  la  Guercbe 
est  exactement  portée,  ne  permettent  aucun  doute  sur  la 
réalité  de  cette  alliance. 

1.  Voir  Fonds  françaU,  n'  22,450,  fol.  176. 


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VII 
GUÉRIN    II 

Vers  1138  —  Vers  H» 


L'existence  de  Guérin  II  doit  sa  révélation  à  l'étude 
du  Caitulaire  de  la  Boë  où  se  trouvent  les  trois  docu- 
menta qui  seuls  nous  le  font  connaître  occupant  la  sei- 
gneurie de  Craon.  Avant  M.  de  Bodard,  personne  ne 
l'avait  signalé. 

Dans  la  charte  17  les  seigneurs  de  Craon  sont  énu- 
mérés  dans  leur  rang  ;  Guérin  occupe  le  sien  entre  Hu- 
gues, son  père,  et  Maurice  II,  son  frère.  Dans  la  charte 
199  on  lit  :  audientihus  et  concedentibus  Guarino  de 
Credone,  Agnete,  maire  ej'us...  Il  ne  faut  pas  y  voir, 
comme  M,  de  Bodard,  une  ratification  du  seigneur  du 
fief,  mais  simplement  un  assentiment  donné  par  l'héritier 
présomptif  de  ce  seigneur;  en  effet  l'intervention  d'A- 
gnès dans  la  charte  199  montre  que  cet  acte  fut  rédigé 
du  vivant  de  Hugues,  avant  1130,  à  une  époque  ou  Gué- 
rin était  encore  dans  sa  petite  enfance. 

Enfin  ta  charte  51  montre  Guérin  occupant  la  place  de 
seigneur  fondateur  de  l'abbaye  à  la  cérémonie  de  la  con- 
sécration de  la  Roë,  faite  du  temps  de  Robert  de  Monte- 
nay,  par  l'archevêque  de  Tours,  entre  le  20  septembre 
1 135  et  la  mort  de  Robert  de  Monlenay  ' . 

C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  Guérin  II,  qui  ne  fut  pas 
marié  et  qui  probablement  mourut  avant  sa  majorité. 

1.  Pour  être  fixé  sur  la  manière  dont  H.  de  Bodard  a  rédigé 
ses  Chroniques  Craoïmaites.  il  est  curieux  de  conslaler  que, 
après  avoir  dit,  p.  171.  i]ue  Robert  de  Montenav  fui  abbé  de  tlll 
à  1136.  il  dit  à  la  page  173  :  de  1130  à  1136,  a  la  page  176  :  de 
1130  à  1139  et  à  la  page  &&3;  de  1128  à  1139.1 


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Son  décès,  advenu  vers  1150,  fit  passer  la  seigneurie 
à  Maurice  11,  son  frère  consanguin. 


CARTULAIRE  DE  CRAON 

III   (10^-130)  HUGUES    ET    GUÉBIN    II  1116-1150. 

104.  —  1116.  —  Charte  notice  relatant  le  don  de  la  cha- 
pelle de  Saint-Nicolas  à  la  Roë  fait  par  l'évAque  d'Angers 
Renaud,  qui  l'avait  reçue  d'Hugues  de  Craon  (La  lioé,  n"  G). 

105.  —  1117,  5  avril,  Bénévent.  —  Lettre  du  pape  Pascal 
relative  à  la  possession  par  la  Rofi  de  la  chapelle  Saint-Nico- 
las où  il  est  dit  expressément  que  Renaud  eut  pour  tils  Mau- 
rice et  pour  petit-fils  Hugues  (Ba)uze,  Miac,  t.  III,  p.  18). 

106.  —  1116-1118.  —  Radulfus'Crassus  avait  fait  aux  moi- 
ims  de  Saint-Nicolas  un  don  approuvé  par  Renaud  de  Chà- 
teau-Gontier,  mais  le  profit  leur  en  fut  enlevé  par  le  fils  de 
Renaud,  Adélard,  qui  finit  par  le  restituer  à  l'abbé  Lambert. 
Hugues  de  Craon  témoin  (Dom  Housseau,  n"  9640,  au  t.  XIII') . 

107.  —  1116-1124.  —  Notice  du  don  fait  à  Nyoiseau  de  la 
moitié  de  Saint-Aubin  du  Paveil.  Hugues  de  Craon  témoin 
(Dom  Housseau,  n"  1315). 

108. —  1U6-1 125,— Notice  d'un  pré  donnée  La  RoS  par 
Hugues  en  échange  d'un  cheval,  qu'il  avait  reçu  de  l'abbé  Al- 
bin (La  Roëy  n"  llj. 

109.  — Vers  1120.  —  Henri  de  Craon,  après  la  mort  de 
son  frère  Maurice,  avait  disputé  au  Ronceray  ce  qui  avait  été 
donné  par  ses  ancêtres  à  Cornillé  et  à  Bonchamp.  Il  reçoit 
cent  sous  et  renonce  à  ses  prétentions  (Cartiilaire  du  Ron- 
ceray, n"  168). 

110.  —  1123,  20  décembre.  —  Notice  des  moines  de  Saint- 
Aubin,  du  don  d'Adélard  de  Ch&teau-Gontier  (Fonda  latin, 
17,126,  fol.  321]. 


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Anno'  ab  incarnalione  Domini  MCXXIH,  vtgilia  sancti 
Thomœ  apostoli,  obiil  Matliildis,  uxor  Adelardi  Castrogon- 
therii  domini  ;  pro  cujus  anima  dédit  idem  vir  in  eleemosyna 
monachis  sancti  Albini  decimam  vendanim  panis  et  omnis 
quœ  in  castello  ejus  a  modo  per  omne  tempus  vendiditur. 

Ipsis  etiam  monachis  in  perpetuum  perdonat  ex  toto  con- 
suetudinem  quam  arripiebat  in  burgo  de  Basogiia  ab  omnibus 
exturnis  qui  ibi  aliquid  vendebant. 

De  bac  quoque  eleemosyna  ipse  Adelardus  domnum  Hame- 
.linum  abbatem  cum  una  virgula  IV  Kalendas  Januarii  in  ca- 
pitulo  Sancli  Albini  revestivit  et  eamdem  virgulam  super  ai- 
tare  Sancti  Albini  detulit. 

Abbas  et  monachi  dederunt  ei  mille  missas  et  nomen  dc- 
functae  in  martyroloffio  buo  adscripserunt,  anniversarium 
ejus  solemniter  facluri. 

Hoc  viderunt  et  audierunt  :  Warinus  Dibons,  Radulphus 
de  Gre,  Willelmus  Barrai,  Adelardus  Barrai. 

De  nostris  :  Robertus  prœpositus,  Warinus  Cambertanus, 
Artusus  Cœmentarius. 

111.  — ill6'1128.  — Notice  du  don  par  Hugues  de  la  terre 
nécessaire  k  la  haie  qui  devait  lïlre  plantée  entre  la  Ro£  et 
PoiltPée  (La  Hoé,  n"  50). 

112.  —  1116-1128.  —  Notice  de  la  reconnaissance  par  Hu- 
gues des  limites  des  possessions  de  la  Roê  (La  Hoë,  n"  9). 

113.  —  1128-1130.  —  Notice  du  don  d'un  four  fait  par  Hu- 
gues à  la  Roë  lors  de  l'anniversaire  du  décès  de  son  fds  Re- 
naud. Il  était  venu  visiter  sa  sépulture  avec  sa  femme  Agnès, 
accompagnée  elle-même  de  nombreux  seigneurs  du  pays  de 
Laval  (U  Roê,  n°  13}. 

114.  —  1129,  après  avril.  —  Lettre  d'Hildebert'an  pape 
Honopius  II  (Patrohgie  Migne,  t.  CLXXl,  col.  264). 


1.  Cet  acte  important  pour  l'histoire  de  Château- Gontier  était 
jusqu'ici  resté  inconnu. 

2.  CettelettreaétéconnuedeMënagelp.  137)etdeH.  deBodard 
{p.  171).  Mais  ui  l'un  ni  l'autre  ne  lui  ont  assigné  la  véritable 


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Lîtteras  ad  nos,  beatissime  Pater,  veslra  dédit  sublimitas, 
contiuentea  ut  causant  qu»  de  conjugio  Hugonis  de  Credone 
et  Agnetis  uxorin  suce  suscitata  fuerat,  utraque  parte  cocto- 
cata  satageremus  termioare.  Quibus  cum  diem  agendi  ex  ves- 
tro  dedlssemus  prœcepU),  !psa  Agnes  et  pro  brevitate  tem- 
pore  el  pro  loco  ad  quem  auos  deducere  non  poterat  advocaios 
et  maxime  Guidonem  de  Lavalle  fratrem  3uum  cum  comité 
guerram  habentem,  se  non  posse  ad  causam  venire  prœten- 
dit.  Prsîterea  contigit  ante  diem  quem  posueramus,  Franco- 
rum  rex  ad  coronanJum  fdium  suum,  et  in  regem  ungendum 
nos  invitarel,  et  in  eadem  die,  quem  utrique  dederamus, 
egredi  de  nostra  sede  nos  tempore  et  conditioue  cogeremur. 

Porro  non  exaudire  Regem,  oui  postulatum  debebamuit 
obsequium,  et  quem  vel  sic  mitigandum  speravimus,  el  in 
damnum  Ecclesise  cessurum,  et  in  majorem  adversus  nos 
indignationem,  nemo  est  qui  dubitet. 

Cum  igitur  et  excuaatione  Agnetis  et  vocatione  qua  vocati 
sumus  a  Rege,  prœscripto  die  causam  non  possemus  termi- 
nare,  competentem  ei  obtulimus  diem,  quem  tamen  ipse 
omnino  suscipere  recusavit,  Quod  ideo  vobia,  Pater  sancte, 
signilicandum  censuimus,  ut  si  quis  vobis  aliter  îd  referret, 
vos  et  dilationis  causam  cognosceretis,  et  rei  verîtatem. 

Conservet  vos  Dominus  Ecclesîœ  suœ,  Pater  Sancte. 

115.  —  1130-1139.  —  Lettre  d'Ulger,  évoque  d'Angers,  à 
Innocent  II  en  faveur  de  la  Rofi  pour  la  possession  de  Saint- 
Nicola»  (Baluze,  Miscellanea,  t.  Itl,  p.  15). 

ire.  —  1136, 12  janvier,  Pise.  —  Bulle  d'Innocent  II  à  Fro- 
mondus,  abbé  de  VendAme,  où  il  est  fait  mention  de  Saint- 
Nicolas  et  de  Saint-Clément  de  Craon  (Martène,  Thea.  nov., 
1. 1,  p.  388). 

117.  —  1136,  25  janvier.  —  Bulle  d'Innocent  II  à  Robert, 
abbé  de  la  Roô,  confirmant  les  possessions  de  l'abbaye  (Ba- 
luze, Miscellanea,  t.  III,  p.  17). 

date  de  tl29  après  le  sacre  de  Philippe,  fila  de  Louis-le-Gros. 
A  cause  de  son  importance  pour  l'histoire  de  Craun,  on  la  donne 
ici  in  «xten$o. 

42 


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118.  —  1116-1138.  —  Notice  du  don  que  Hugues  fit  à  Saint- 
Nicolas  sur  Chanlocé  (n'  9635  du  tome  XIII  de  Dom  Hous- 
êeau). 

Hugo,  dominus  de  Credone,  conflnnavit  Deo  et  Sando  Nî- 
cholao  et  monachis  ejus  minam  salis  apud  Cantociacum,  quam 
prsedecessores  sui  dederant. 

Hit  eunt  testes  Warinus  Bornus,  Hato  Montis  Johannis, 
Tiso  de  Credone  et  alîi. 

119.  —  1116-1138.  —  Notice  d'un  don  fait  à  Saint-Eusèbe 
de  Gennes  par  Hngues  de  Chantocé  approuvé  par  Maurice  I, 
époux  d'Etiennette,  dite  l'Anguille,  puis  par  Simon  Crespin, 
second  époux  d'Etiennette,  et  par  Hugues  de  Craon  (Notre~ 
Dame  Angevine,  p.  542). 

120.  —  1135-avant  le  2  février  1141.  —  Notice  des  dons 
faits  à  la  Roé  par  Guérîn  de  Craon  et  par  Guillaume  de  la 
G^ierohe,  le  jour  de  la  dédicace  de  l'église  (LaRoê,  a'  51). 

(A  suivre). 

A.  Bertrand  de  Broussillon  et  P.  de  Farcy. 


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PROGÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  29  AVRIL  1890 


La  séance  est  ouverte  à  deux  heures,  soua  la  prési- 
deoce  de  M.  Floucaud  de  Fourcroy. 

Sont  présents  MM.  Floucaud  de  Fourcroy,  président, 
Coaanier  de  Launay  et  Perrot,  vice-présidents,  Souchu- 
Servinière,  Leblanc,  Cornée,  P.  de  Farcy,  de  Martonne, 
Richard,  Garaier,  Moreau,  membres  titulaires,  et  MM, 
Trévédy,  Œhlert,  d'Achon,  de  La  Beauluère,  Raulio, 
Le  Toumears,  membres  correspoodante. 

M.  le  Président  aouhaite  d'abord  la  bienvenueàM.d'A- 
choD,  qui  siège  pour  la  première  fois. 

Il  est  ensuite  procédé  à  l'admission  des  membree  cor- 
respondants proposés  au  cours  de  la  séance  précédentâ. 
MM.  : 

L.  de  La  Sicotière,  à  Alençon. 

Baron  de  Beauchampa,  au  château  de  Beauchamps, 
par  la  Ferté-Bernard. 

Moulard,  à  SouIgé-le-Ganelon  (Sarthe). 

J.  Appert,  à  Fiers. 


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■     -  668  -    . 

C"  Gérard  de  Contades,  au  château  de  Saint-Mau- 
rice, par  la  Ferté-Macé  (Orne). 
Frain  de  la  Gaulairie,  à  Vitré. 

Sur  le  bureau  sont  déposés  les  ouvrages  suivants  : 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agriculture, 
sciences  et  arts  d'Angers,  Tome  IIl,  4*  série, 

Domfront  aux  XII'  et  XIII*  siècles  ;  —  La  rencontre 
de  Richard  Cœur-de-Lion  avec  Roger  d'Argentan  ;  — 
Les  Sarrasins  de  Domfront;  —  l'Enquête  philologique 
de  i8î2  dans  les  arrondissements  d'Alençon  et  de 
Mortagne,  par  M.   Louis  Duval,  archiviste  da  l'Orne. 

M.  Paul  de  Farcy  fait  hommage  du  Catalogue  des 
gentilshommes  de  l'Anjou  lors  de  la  recherche  de  la 
noblesse  de  i666,  par  M.  Voisin  de  la  Noiray's,  inten-  ' 
dant  de  Rouen,  ((u'il  vient  de  publier  dans  la  Revue  de 
l'Ouest. 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  annonçant 
que  le  congrès  de  la  Société  Française  d'Archéologie  se 
tiendra  à  Brives  (Corrèze)  du  17  au  24  juin. 

M.  Leblanc  donne  lecture  de  plusieurs  lettres  intéres- 
santes de  Maupetit,  qui  fut  député  à  l'Assemblée  natio- 
nale. Elles  sont  extraites  d'un  registre-copie  sur  lequel 
ce  dernier  transcrivait  ses  lettres  alors  qu'il  était  inten- 
dant de  la  duchesse  de  Mazarin,  avant  la  Révolution. 

M.  Leblanc  présente  aussi  à  la  Commission  un  plat  de 
bronze  provenant  de  la  trouvaille  faite  à  Châtras,  près 
d'Evron*. 

M,  P.  de  Farcy  donne  lecture  de  deux  notes  histori- 
ques, relatives  l'une  à  une  Mission  à  Château-Gontier^ 
au  XVIll'  siècle,  l'autre  à  un  Procès  de  sorcellerie. 

1.  Voir  Procès- Verbaux  et  Documents  de  la  CommissioD,  T.  I 
(l^*  série),  p.  44. 
3.  Publiée  à  la  page  397  du  présent  tome. 


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M.  E.  Moreau  communique  une  photographie  exécu- 
tée par  M.  A.  Tirard,  membre  correspondant,  et  repré- 
sentant une  fort  belle  cheminée  d'une  maison  de  la 
place  des  Haltes,  à  Ernée. 


M.  E.  Moreau  signale,  de  la  part  de  M.  Montagu, 
instituteur  à  Hardanges,  une  station  à  silex  taillés  si- 
tuée dans  le  champ  du  Rocher  dépendant  de  la  ferme  de 


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-  ftTO- 

la  Tonche-Booneau,  située  à.  2  kilomètres  d'Ambrières 
(MayeDne).M.  Morea^a  enenBapogaeBaionqaelqoes-unB 
de  CQB  OHtils  qui  tai  ont  paru  être  de  bons  spécimens 
de  l'iodustrie  néolithique.  M.  Montagu  oonserve  aussi 
deux  haches  polies  provenant  de  la  même  région. 

M.  d'Aehon  donne  leetttre  d'un  travail  sur  Bourg- 
l'Ëvéque  dont  il  veut  bien  réserver  la  publication  au 
Bulletin  de  la  Commission. 

M.  Leblanc  lit  un  travail  snr  La  Laire  (commune  du 
Ribay),  dont  la  Commission  décide  l'impression  dans  son 
Bulûtiti. 

M.  Paul  de  Farcy  demande  que  la  Commission  fasse 
tous  ses  efforts  pour  obtenir  le  classement  des  vieilles 
halles  de  Chàtcau-Gontier.  Cette  proposition  est  adop- 
tée. 

M.  D.  CEhlert  annonce  que  le  musée  de  Lavât  vient 
d'acquérir  la  collection  de  feu  M.  Bourgneuf  *. 

n  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  l'abbé 
Maillard,  curé  de  Thorigné-en-Charnie,  dont  voici  un 
résumé  : 

DÉCOUVERTE    DE    SÉPULTURES    MÉROVINGIENNES 

En  avril  1890  M.  le  curé  Maillard  apprit  que  des  ou- 
vriers travaillaient  à  200  mètres  au-dessus  de  la  Cave  à 
la  Chèvre,  sur  le  bord  de  l'Erve,  un  peu  au-dessus  de 
la  chaussée  de  la  Roche-Brault,  via-à-vÎB  la  ferme  des 
Hallais.  Pensant  que  les  fouilles  avaient  pu  mettre  au 
jour  des  objets  intéressants,  il  se  rendit  immédiatement 
à  l'endroit  désigné  et  là,  en  effet,  il  apprit  qu'on  avait 
découvert  sept  sépultures  ;  mais  tous  les  os  avaient  été 
enfouis  parmi  les  déblais. 

1.  Voir  page  501  du  présent  tome. 


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Cependant  une  sépulture  avait  été  découverte  la  veille. 
Elle  était  presque  intacte.  Le  squelette  était  allongé,  lee 
bras  ramenés  sur  la  poitrine.  Les  os,  très  friables,  tom- 
baient en  morceaux.  A  la  ceinture,  lue  oolorstion  varte 
indiquait  la  présence  d'un  objet  de  cuivre;  c'était  une 
agrafe  de  ceinturon  portant  des  dessina  gravés  «veA  la 
boucle  et  Tardillon  qui  la  complètent. 

Le  squelette  parait  avoir  été  celui  d'un  jeune  individu 
car  la  màcboire  inférieure  ne  portait  pas  encore  de  mo- 
taires. 

Les  sépultures  étaient  en  Hgne,  les  pieds  de  l'une 
touchant  presque  la  tête  de  l'autre  ;  les  corps  étaient 
placés  dans  le  sens  de  la  pente,  les  pieds  en  bas,  la  tête 
en  baut,  les  pieds  à  peu  près  au  sud-est  et  la  tête  au 
nord-ouest  ;  ils  étaient  enfooîs  à  une  profondeur  variant 
de  trente  à  sohcante-dix  centimètres,  mais  reposaient 
toujours  sur  le  roc. 

M.  le  curé  Maillard  a  bien  voulu  donner  au  musée  de 
Laval  l'agrafe  qu'il  a  recueillie  et  qu'on  trouvera  figu- 
rée ici. 

RBSTADRATlOn    DU    PORTAII.   OE    SAIKT-VÉRiRAHD 

M.  le  Président  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  le  Pré- 
fet de  la  Mayenne  accompagnant  nn  projet  de  restaura- 
tion du  portait  de  .l'église  Saint- Vénérand  •  à  Laval,  et 
demandant  à  son  sujet  l'avis  de  la  Commission. 

Celle-ci  ayant  exprimé  le  désir  d'examiner  sur  piace 
le  portail,  M.  le  Président  lève  la  séance  et  la  Cottmis- 
sion  se  transporte  à  l'église  Saint -Vénérand. 

A  la  suite  de  l'examen  auquel  elle  s'est  livrée  et  des 
observations  qui  ont  été  échangées,  M.  le  Président  a 
adressé  h  M.  le  Préfet  de  la  Mayenne  la  lettre  suivante  : 

1.  N«U8  éonnoDB  ci-contre  une  voe  du  portail,  avant  la  restau- 
ration (1890)  d'après  une  photographie  de  M.  G.  G«rbault.  Dans 
le  prochain  numéro  nous  donnerons  une  vue  d'ensemble  d'après 
une  photographie  de  M.  H.  Letourneurs. 


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Laval,  le  29  avril  1890. 


MoNsiBUR  LB  Préfet, 

Je  m'empresse  de  vous  informer  que  j'ai  soumis  à  la  Com- 
mission Historique  et  Archéologique  de  la  Mayenne,  dans  sa 
séance  de  ce  jour,  le  projet  de  restauration  de  la  façade  de 
l'église  Saint-Vénérand  que  vous  m'aviez  fait  l'honneur  de 
me  communiquer  hier. 

La  commission  appelée,  en  vertu  de  l'art,  8  de  l'arrôté  pré- 
fectoral du  17  janvier  1878,  à  donner  son  avis  sur  le  projet 
au  point  de  vue  i  du  mérite  de  l'édifice  et  de  la  convenance 
de  la  restauration  n  s'est  livrée  à  un  examen  attentif  du  dos- 
sier et  s'est  rendue  sur  les  lieux  pour  étudier  l'état  de  l'édifice 
et  les  dispositions  projetées  pour  la  réparation. 

Elle  a  vu  avec  satisraction  qu'on  se  préoccupait  de  remets 
Ire  en  bon  état  de  conservation  un  très  intéressant  spécimen 
de  l'architecture  du  XVI'  siècle  à  Laval,  dont  le  dessin,  joint 
au  projet  ne  reproduit  d'ailleurs  que  très  incomplètement 
l'ensemble,  les  proportions  et  les  détails,  notamment  en  ce 
qui  concerne  les  pinacles  et  le  campanile. 

Dans  celte  situation  et  en  l'absence  de  doeumenU  plus 
précis,  elle  a  émis  l'opinion  qu'on  ne  saurait  s'entourer  de 
trop  de  précautions  et  recueillir  trop  de  ren.seignements, 
avant  de  modifier  quoi  que  ce  soit  ;  elle  pense  notamment, 
qu'outre  les  précautions  indiquées  d'une  manière  générale 
par  l'auteur  du  projet  il  ne  serait  pas  inutile  de  s'inspirer, 
pour  la  reconstitution  des  motifs  ornementaux  de  la  façade, 
de  la  visite  minutieuse  d'ouvrages  analogues  et  de  la  même 
époque  qui  existent  à  Laval  (Avesnières  el  pinacle  de  la  Ca- 
thédrale, cAté  Est). 

Des  relevés  très  soignés,  des  photographies  à  grande 
échelle  et  suflisamment  multipliées,  des  estampages  et  des 
moulages  sont  absolument  indispensables  et  doivent  être  ri- 
goureusement exigés. 

La  Commission  proteste  énergiquement  contre  l'opération 
indiquée  au  projet  sous  le  nom  de  ravalement. 

Enfm  elle  recommande  la  plus  grande  circonspection  dans 
le  choix  des  ouvriers  et  artistes  auquels  sera  confiée  l'exécu- 
tion du  travail. 

J'ai  l'honneur,  etc, 

Floucaud  de  Fouhcroy. 


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Portail  da  SuBt-Véniniid  da  LanI  (mai  laM}  d'tprt»  luie  pboL  da  U.  0.  Garbault. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Sgoaogrephie  de  la  Chapelle-Ratnaouin,  d'après  les 
mémoires  de  M.  l'abbé  C.  Simon,  par  P.  Moulard.  Mamers, 
Fleury  et  Dangin,  1890  ;  in-g"  de  xx-226  pages  ;  extrait  de  la 
Revue  du  Maine. 

Daas  un  avaat-propos  M.  P.  Moulard  s'empresse  de  ren- 
dre justice  aux  travaux  patients  et  modestes  de  M.  Simon, 
cure  de  la  Chapelle-Rainsouin  depuis  1861.  Pendant  ces 
trente  années  de  ministère,  M.  l'abbé  Simon  a  occupé  ses 
loisirs  à  la  rédaction  de  notes  sur  l'histoire  de  sa  paioisse  ; 
il  on  avait  formé  deux  gros  registres  qui  ont  été  la  source 
de  ce  livre.  11  convient  d'ajouter  que  l'on  doit  à  son  zèle  in- 
telligent La  conservation  des  statues  et  des  pierres  tombales 
de  la  Chapelle,  et  que  lui-même  a  pris  le  soin  d'enlever  l'é- 
pais badigeon  sous  lequel  avaient  disparu  les  armoiries,  les 
litres,  les  peintures  qui  ornaient  les  murs  de  son  église. 

L'excellenle  monographie  de  M.  P.  Moulard  paraît  être 
très-complète  ;  rfle  donne  dans  le  plus  menu  détail  tous  les 
faits  qui  se  rapportent  à  la  description  et  à  l'hisloire  de 
cette  commune.  Ses  divisions  sont  lo^ques  et  bien  définies, 
et  il  nous  suffira  de  les  suivre  pour  faire  ressortir  l'intérêt 
de  ce  livre  si  plein  de  faits  et  de  renseignements.  1°  Des- 
cription et  statistique  :  état  des  terres  et  de  la  population  à 
diverses  époqu«B,  agriculture,  hygime,  écoles,  voie  romai- 
ne allant  de  Jublaons  à  Saulges,  liste  des  maires,  etc.  2°  SUs- 
toire  religieute  :  description  de  l'église,  de  ses  antiquités, 
de  ses  ornements,  de  ce  curieux  <  sépulcre  >  dont  l'auteur 
nous  est  encore  inconnu,  notices  biographiques  sur  les  cu- 
rés de  la  Chapelle  depuis  153S  ;  revenus  de  ta  fabrique  et 
delà  cure  ;  confréries,  une  en  l'honneur  de  Saint-Sébastien 
antérieure  au  XVI'  siècle,  chapelles  fondées  dans  la  parois- 
se ou  dans  l'église  ;  notice  sur  le  prieuré  de  la  Ramée  fondé 
en  1211  par  Payen  de  Vaiges  et  donné  à  l'abbaye  d'Evron, 
etc.  3°  Histoire  féodale  :  La  Chapelle,  d'après  M.  Moulard, 


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—  678  — 

relevait  du  siège  royal  de  Sainte-Suzanne  ;  âefs  dominants 
et  fiefs  hommages  ;  Juridiction,  notariat.  4°  Familles  sei- 
gneuriales :  Famille  de  la  Chapelle  dont  l'existence  est  cons- 
tatée au  Xl[*  siècle,  ses  diverses  branches  ;  Tamilles  Cbam- 
fiagne  de  la  Suze,  de  Goyon  de  la  Moussaye,  Leprestre 
d'où  le  nom  de  Bourg-LepVeslre  porté  longtemps  par  cette 
paroisse),  de  Gaignon  de  Villaines,  de  Bailly,  Trelon  de 
Vaujuas,  de  Vaujuas-Langan.  Quelques  piëées justificatives 
terminent  ce  volume,  qui  prendra  place  parmi  les  meilleu- 
res publications  consacrées  à  l'histoire  des  communes  rura- 
les la  Mayenne. 

J.-M.  R. 


Vie  de  Saint~Sérené,  protectear  du  Maine  et  de  l'An- 
jou et  le  pèlerinage  de  Saulges,  par  le  R.  P.  Dom  Paul 
Piolin,  bénédictin  de  la  congrégation  de  France,  troisième 
édition,  revue  el  corrigée  et  considérablement  augmentée  ; 
Bar-le-Duc,  imprimerie  de  l'œuvre  de  Saint-Paul,  Ï890. 

Nous  sommes  heureux  d'avoir  l'honneur  de  recommander 
aux  lecteurs  du  Bulletin  la  troisième  édition  de  la  savante 
el  intéressante  notice  sur  la  Vie  de  Saint-Sérené,  protecteur 
du  Maine  et  de  t'Anjoti  et  le  Pèlerinage  de  Saulges,  qui 
vient  d'être  publiée  par  le  R.  P.  Dora  Paul  Piolin,  Téminent 

S  résident  de  la  Société  historique  et  archéologique  du 
laine,  dont  tous  nos  lecteurs  connaissent  et  apprécient  les 
remarquables  éludes  historiques  et  religieuses.  Cette  pieuse 
élude  se  vend  au  profit  de  la  chapelle  de  Sainl-Sérené.  L'au- 
teur s'est  efforcé,  dans  cette  nouvelle  édilion,  de  conduire 
les  faits  jusqu'à  nos  jours.  Nous  souhaitons  à  ce  beau  tra- 
vail tout  le  succès  qu'il  mérite  à  tous  les  litres. 

André  Jouhkrt. 


LeaLanterneaà  Angers  Boas  l'ancien  régime  (XVll'- 
XVIII*  aièdea)  d'après  dea  documents  inédits,  par 

M.  À.  Joûbert,  1  brocû.  in-S",  Angers,  Lachèse  el  Dolbeau, 
1890. 

Dans  celte  brochure  l'auteur  donne  un  aperçu  de  ce  que 
pouvait  être  jadis  l'éclairage  pubUc  non  seulement  à  An- 
gers, mais  dans  toutes  les  villes  de  France  et  notamment 
a  Paris. 

Jusqu'au  XVII'  siècle  les  essais  ne  furent  qu'accidentels 
et  des  plus  rudimentaires.  On  trouve  bien  mention,  il  est 


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-  en  - 

vrai,  delanleraes  allumées,  dès  1329,  sur  le  Grand-Pont  d'An- 
gers, de  lumiè^e.^  portées  à  la  main  ou  placées  sur  les  fenê- 
tres des  maisons  en  temps  de  troubles  pour  sauvegarder 
la  sécurité  publique...  Mais  rien  de  cela  ne  constituait  un 
mode  réel  et  suivi  d'éclairage. 

C'est  en  166â  que  Paris  fut  éclairé  par  les  soins  de  l'abbé 
Laudati  Caraffa,  dont  }/[.  de  la  Reynie  perfectionna  le  sys- 
tème en  1667.  Louis  XIV  résolut  bientôt  d'étendre  le  même 
mode  d'éclairage  à  toutes  les  viUes  de  France  ;  mais  les  ci- 
tés qui  se  soumirent  à  son  ordonnance  de  1697  ne  consti- 
tuèrent qu'une  exception.  Angers  toutefois  entra  dans  le 
mouvement  ;  des  lanternes  furent  achetées  et  on  les  éclaira 
au  moyen  de  chandelles  allumées...  Mais  que  de  vicissitu- 
des !  Le  menuisier  Huau  est  convaincu  de  malversations 
dans  leur  entretien  ;  à  peine  sont  elles  accrocbées  qu'elles 
deviennent  le  point  de  mire  de  tous  les  coureurs  de  nuit 
et  commencent  à  tomber  comme  grêle,  mauvais  sort  qui 
du  reste  a  toujours  continué  à  peser  sur  elles  depuis  lors  ; 
un  allumeur  est  même  occis,  ce  qui  oblige  l'autorité  à  ful- 
miner un  monitoire. 

Cependant  les  lanternes  tinrent  bon.  Les  habitants  ne  sem- 
blent pas,  il  est  vrai,  en  avoir  toujours  payé  la  taxe  sans 
se  faire  prier  ;  plus  d'une  fois  il  fallut  les  y  contraindre, 
et  M.  A.  Joûbert  nous  raconte  un  procès  mémorable  qui  fut 
soutenu  à  cet  effet.  Néanmoins  les  lanternes  d'Angers  pa- 
raissent avoir  subsisté,  avec  des  alternatives  d'heur  et  de 
malheur,  pendant  le  cours  du  XVIII"  siècle. 

C'est  en  1785  que  le  système  des  réverbères  à  huile  et  à 
réflecteur,  en  usage  à  Paris  depuis  1748,  fut  employé  à  An- 
gers. A  partir  de  ce  moment  l'éclairage  public  était  réelle- 
ment fondé. 

Pendant  certaines  années  de  la  Révolution  il  subit,  à  vrai 
dire,  une  éclipse  momentanée.  Pour  le  Français,  casser  les 
lanternes  est  un  moyen  traditionnel  d'affirmer  son  mécon- 
tentement ou  son  indépendance,  comme  aussi  de  manifes- 
ter sa  gaité  ;  les  émeutes,  les  révolutions  débutantes,  de 
même  que  les  soupers  trop  joyeux,  ne  leur  ont  Jamais  rien 
valu.  Aussi,  à  Angers,  les  troubles  de  l'an  U  coûtèrent-ils 
l'existence  à  la  plupart  d'entre  elles.  Puis  le  calme  revint, 
les  réverbères  reparurent  et  l'éclairage  public  se  maintint 
dès  lors  sans  interruption  jusqu'à  nos  jours,  en  se  transfor- 
mant selon  les  progrès  des  découvertes  modernes. 

Rappelons  ici,  à  titre  de  comparaison,  que  huit  ans  après 
Angers,  la  ville  de  Laval,  elle  aussi,  adopta  l'éclairage  au 
moyen  de  réverbères  munis  de  réflecteurs  et  acquit,  pour 
commencer,  cent-dix-neuf  de  ces  appareils  '■ 

à  l'histoire  des  rues 


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-  678  - 

Après  avoir  résumé  à  grands  traits  la  brochure  de  U. 
Joùberl,  nous  ne  voulons  pas  terminer  sans  adresser  nos 
compliments  à  son  auteur  :  Son  œuvre  est  attrayante,  sler- 
le,  ane«!dotique,  et  de  plus,  grâce  aux  généralilés  qu'elle 
contient,  elle  poun-ait  servir  de  modèle  et  de  cadre  pour 
tout  autre  travail  analogue  concernant  une  ville  quelcon- 
que. On  la  lira  donc  avec  plaisir  et  avec  fruit.  » 

E.  M. 


I^pport  de  La  Cbevardiére  et  Minier  à  la  commune 
de  Paria,  le  iS  mai  i793,  publié  par  M.  André  Joûbert, 
\  brocli.  in-S"  extraite  de  la  Revue  de  Bretagne,  de  Vendée 
e(  dAnjou,  Vannes.  Lafolye,  1890, 

Celte  brochure,  qui  fait  partie  d'une  série  de  documents 
sur  la  guerre  de  Vendée,  contient  un  rapport  adressé  en 
1793  à  la  commune  de  Paris,  par  La  Chevardière  et  Minier, 
commissaires  nationaux  dans  les  départemaats  troublés  par 
les  rebelles. 

On  y  lira  avec  intérêt  des  considérations  sur  l'état  des 
esprits  dans  les  villes  eL  dans  les  campagnes,  des  détails 
sur  diverses  opérations  militaires,  etc. 

La  pièce  fait  partie  du  cabinet  de  l'auteur.  On  saura  gré 
à  M.  Joùberl  de  l'avoir  publiée,  car  elle  est  certainement 
plu3  intéressante  et  plus  substantielle  que  beaucoup  de  do- 
cuments pourtant  fort  estimables,  où  on  ne  trouve  souvent, 
au  milieu  de  formules  el  de  longueurs  accumulées,  que 
quelques  lignes  à  retenir.  Ici  nen  de  semblable  :  toul  se  lit 
et  loul  esl  digne  d'allenlion. 

E.  M. 


Le  Surintendant  Nicolas  Foucquet  (i6iS-i680),  Câ- 
pres un  ouvrage  nouveau,  par  M.  André  Joûbert,i  broch. 
in-8°,  Angers,  Germain  et  Grassin,  1890. 

H.  A.  Joùberl  s'e3tproposéd'analyser,en  un  consciencieux 
résumé  qui  ne  compte  pas  moins  de  quatorze  pages,  un 
livre  récent  publié  par  M.  Lair,  ancien  élève  de  l'école  des 
Chartes,  et  mlitulé  :  Nicolas  Foucquet,  procureur  général, 
surintendant  des  finances,  ministre  d'Etat  de  Louis  XIY^. 

1,  Paris,  Pion,  Nourrit  et  C,  3  vol.  in-8». 


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—  67fl  — 

Nous  n'enlreprendrons  pas  de  faire  à  noire  tour  un  ré- 
sumé de  ce  résumé.  Nous  nous  bornerons  à  dire,  après 
avoir  pris  soin  de  parcourir  nous-même  l'ouvrage  de  H. 
Lair,  que  M.  Joùberl  a  su  en  dégager  et  en  préseuter  avec 
beaucoup  d'art  les  données  principales. 

Les  origines  de  la  famille  Foucquel,  la  biographie  parti- 
culière de  François  Foucquel,  ses  débuis,  son  enlrée  dans 
la  magistrature',  son  rapide  avancement,  son  élévalioTi  aux 
charges  de  minisire  d'Etat  et  de  surintendant  des  Snances, 
ses  succès,  ses  services,  sa  lortune  prodigieuse,  sa  vie  pri- 
vée, son  luxe,  puis  sa  défaveur,  son  arrestation  à  Nantes 
par  d'Artagnan,  son  transfert  au  château  d'Angers,  son 
procès,  sa  détention  à  Pignerol,  sa  -mort,  la  controverse  re- 
lative à  <  l'homme  au  masque  de  fer  •  (Harchîali,  d'après 
M.  Lair),  tout  cela  esl  indiqué  avec  beaucoup  de  simplicité, 
mais  avec  une  précision  et  un  art  bien  faits  pour  inspirer 
au  lecteur  un  vif  désir  de  se  reporter  à  l'ouvrage  orignal. 

Nous  ne  pouvons  mieux  termmer  qu'en  citant  la  conclu- 
sion marne  de  H.  A.  Joûbert  :  <  Ce  livre,  dit-il,  esl  l'œuvre 

<  d'un  esprit  vraiment  impartial,  qui  a  l'amour  el  le  scru- 
■  pule  de  la  vérité....  M.  Lair  a  voulu  juger  par  lui-même 

<  et  contrôler  l'exactitude  des  assertions  formulées  par  les 

*  historiens  qui  l'ont  précédé.  La  rébabititatton  du  célèbre 
(  surintendant  est  un  acte  de  justice  dont  on  doit  le  féU- 

*  citer.  La  cause  de  Nicolas  Foucquel  esl  définitivement 
«  gagnée.  . 

Ë.  M. 


VEnquéte  philologique  âei8i2  dana  les  arrondia- 
sementa  d'Alençon  et  de  Mortagne.  —  Vocabulaire, 
Grammaire  et  Phonétique,  par  Z..  Duval,  archiviste  du 
département  de  l'Orne.  Alençon,  Renaut  de  Broise,  1890. 

L'étude  scientifique  des  patois,  si  particulièrement  in^- 
resuanle,  date  tout  au  plus  de  quinze  ans.  Mais  les  curieux 
el  les  érudils  de  province  n  avaient  cas  attendu  les  tra- 
vaux de  la  linguistique  contemporame  pour  se  mettre  à 
l'œuvre  et  explorer,  chacun  à  sa  guise  el  avec  plus  ou 
moins  de  méthode,  les  provinces  de  France.  Dès  1790,  l'abbé 
Grégoire,  curé  d'EraberménU  et  député  à  l'Assemblée  Na- 
tionale, avait  adressé  une  circulaire  en  vue  d'obtenir  les 
renseignements  les  plus  complets  sur  >  les  patois  et  les 
moeurs  des  gens  de  la  campa^e.  >  Son  questionnaire  ne 
comprenait  pas  moins  de  43  numéros  et  s'étendait,  non-seu- 
lement au  parler  des  provinces,  Biais  encore  à  un  certain 


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—  680  —   . 

nombre  de  matières  comprises  aujourd'hui  sous  le  nom 
générique  de  folk-Iope,  En  conviant  les  etercheurs  de  pro- 
^saion,  les  savants,  les  curés,les  maîtres  d'école  à  ce  genre 
d'invesligalions,  l'abbé  Grégoire,  il  est  vrai,  songeait  moins 
à  l'étude  méthodique  des  patois  qu'à  leur  prochain  anéan- 
tissement. Mais  cela  importe  peu,  en  somme  :  l'essentiel 
est  qu'il  y  ail  eu  beaucoup  de  réponses  à  son  questionnaire 
et  une  suffisante  moisson  de  documents. 

Dans  les  Lettres  à  Grégoire  sur  les  Patois  de  France  qu'a 
publiées  U.  Gazier  (Paris,  Pedone-Lauriel,  1880)  Je  ne  vois, 
en  ce  qui  concerne  notre  pays,  que  deux  lettres  du  citoyen 
Mahier,  de  Château-Gontier.  et  ces  deux  lettres  sont  moins 
une  contribution  à  l'étude  des  patois  qu'un  projet,  fort  ri- 
dicule d'ailleurs,  de  réfonnation  de  la  langue  française,  de 
son  alphabet  et  de  sa  prononciation.  *  Le  despolisîne  avait 
»  énervé  notre  langue,  écrit  le  citoyen  patriote  ;  elle  doit 
>  reprendre  son  énergie  dans  la  bouche  des  hommes  li- 
•  bres.  • 

En  1812,  nouvelle  circulaire,  adressée  cette  fois  aux  pré- 
fets par  M.  de  Hontalivet,  minisire  -de  l'Intérieur.  Le  dé- 
partement de  l'Orne  envoya  au  ministre  un  bon  contingent 
de  réponses,  et  c'est  le  résultat  de  cette  enquête  philologi- 
que que  nous  offre  aujourd'hui  l'inléressante  et  précieuse 
brochure  de  M.  Louis  Duval. 

Sur  les  quatre  sous-préfectures  qui  composent  le  dépar- 
tement de  l'Orne,  deux  seulement  ont  envoyé  des  répon- 
ses, Uomfront,  si  pressé  d'ordinaire  d'expédier  les  cens 
qu'ils  n'ont  «  seulement  pas  le  temps  de  dinner,  •  juge 
assez  inutile  de  faire  part  au  ministre  de  la  mauvaise  pro- 
nonciation du  peuple.  Argentan  fait  la  sourde  oreille. 

L'arrondissement  de  Morlagne  avait  alors  le  bonheur  de 

Posséder  un  sous-préfet  touchant  à  la  retraite  et  curieux  de 
histoire  du  Perche,  son  paj  s.  II  s'adressa  aux  maires,  qui 
ne  comprirent  pas,  qui  déclarèrent  même  qu'ils  ne  connais- 
saient ni  dialectes  ni  patois  particuliers  à  leur  contrée.  Un 
seul,  celui  de  Bellème,  mieux  inspiré,  confia  à  l'instituteur 
communal,  M.  Beneuil,  cette  mission  délaissée  par  d'au- 
tres. Il  parait  que  le  rapport  du  sous-préfet  de  Hortagne, 
M..Delestang,  ne  serait  autre  chose,  a.u  dire  de  H.  Duval, 
qu'une  mise  en  œuvre  des  notes  de  l'instituteur  accrue  des 
renseignements  et  des  observations  propres  à  l'auteur  lui- 
môme. 

L'arrondissement  d'AJençon  a  donné,  sinon  plus  de  docu- 
ments, du  moins  plus  de  correspondants.  M.  Duval  en 
compte  jusqu'à  quatre:  H.  de  Thiboull  du  Puisact,  de 
Beauvain  (canton  de  Carrouges^  M.  le  comte  Kœderer,  de 
Bursard,  et  un  habitant  du  canton  de  Courtomer.  Le  mor- 


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ceau  le  plus  considérable  nous  est  fourni  par  un  certain 
abbé  Fouet,  dont  M.  Duval  a  pu  reconstituer  la  curieuse 
biographie.  Tour  à  tour  vicaire  de  Condé-sur-Sarthe,  pré- 
Ire  non  assermenté  et  insoumis,  porté  sur  la  liste  des  émi- 
grés. qualiSé  d'embaucheur  pour  les  chouans,  il  prêta  plus 
lard  serment  de  âdélilé  à  la  Constitution  et  fut  mis  en  pos- 
session de  l'église  de  Condé,  où  il  est  mort  en  181S. 

Nous  ne  parlerons  que  pour  mémoire  des  trois  infimes 
glossaires,  quelques  pages  au  plus,  éclos  dans  l'arrondis- 
sement d'Alençon.  Deux  mémoires  seuls  ont  de  l'impor- 
tance :  celui  de'  l'abbé  Fouet  pour  Alençon  et  celui  de  M. 
Deleslang  pour  Mortagne. 

Le  travail  de  l'abbé  Fouet  est  une  simple  nomenclature, 
avec  le  sens  des  mots,  la  quantité  de  certaines  syllabes  et 
des  exemples.  Inutile  de  dire  que  les  mots  sont,  suivant 
l'ancienne  mode,  habillés  à  la  française  et  affublés  d'une 
orthographe  de  qualité.  Plus  d'un  glossaire  contemporain 
n'a  pas  encore  consenti  à  les  dépouiller  de  ce  vêtement 
d'emprunt.  *  Se  câtir  »  devait  être  ■  se  câlï,  »  et  «  crù- 
chellée  >  a  tout  l'air  d'avoir  un  t  de  trop.  Le  sens  n'est  pas 
toujours  indiqué  avec  précision,  comme  pour  les  mots 
<  iqueul,  rétuis,  taribonain,  •  ni  la  quantité  mise  partout 
çù  cela  serait  nécessaire.  L't  de  •  siler  •  est^il  bref  ou  long? 
N'y  a-t-il  pas  une  grosse  erreur  de  notation  dans  l'ortho- 
graphe •  mëisle  >  fruit  du  ■  mêlier  >  ou  néflier  ?  Faut-Il 
lire  <  dâlée,  •  comme  il  est  écrit,  ou  •  dâlée,  >  comme  on 
prononce  dans  plusieurs  cantons  de  l'Orne,  et  comme  l'in- 
dique le  glossaire  voisin,  celui  de  Mortagne  ?  Mais  nous 
aurions  mauvais^:  grâce  à  nous  plaindre  de  ces  lacunes  ou 
de  ces  erreurs,  qui  sont  le  fait,  non  de  l'homme,  mais  de 
l'époque.  L'auteur  a  su  grouper  environ  250  des  mrts  les 
plus  usités  dans  le  patois,  et  son  choix  parait  judicieuse- 
ment fait.  Nous  les  retrouvons  pour  la  plupart  dans  les 
parlers  voisins  ou  dans  le  patois  ornais  d'ai\Jourd'hui. 

Le  vocabulaire  de  M.  Oelestang  est  plus  complet  el  plus 
soigné.  Outre  le  glossaire,  l'auteur  a  présenté  quelques 
idées  générales,  des  observations  de  détail  sur  la  pronon- 
ciation et  la  conjugaison  df  trois  verbes  «  eûmer  (aimer)  » 
(  faire  >  et  <  cha  [choir].  >  Dans  la  préface,  je  ne  vois  à 
signaler  que  cette  observation,  applicable  d'ailleurs  à  pres- 
que tous  nos  patois  normands,  que  les  mots  y  ont  <  un  ac- 
cent dur  et  desagréable.  >  Désagréable  est  vite  dit  pour  un 
indigène  ;  dur  n'est  pas  contestable,  appbqué  tout  au 
moins  à  certaines  Snales. 

Les  trois  pages  d'observations  qui  suivent  renferment, 
à  cùlé  d'opinions  plus  que  contestables,  quelques  observa- 
tions justes  et  témoignant  d'une  louable  précision.  Il  y  est 

43 


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question  de  prononciation.  L'auteur  y  note,  par  exemple, 
la  tendance  locale  à  mouiller  IV  dans  blé,  trembler,  etc., 
la  chute  de  l'e  muet  protoniq^ue  dans  «  j'ter,  ch'va,  ■  etc.... 
C'est  peu  de  cbose,  il  est  vrai,  mais  cela  dénote  néanmoins 

Ïilus  d'exactitude  qu'on  n'en  rencontre  d'ordinaire  chez  les 
aiseurs  de  glossaires  du  temps.  Signalons  encore  au  passa- 
ge cette  note  significative  :  *  eu  se  prononce  très-ouvert  : 
«  il  n'est  pas  possible  d'en  écrire  l'équivalent;  pour  en 
€  avoir  un  idée  précise  il  faut  l'entendre  articuler.  »  L'au- 
teur élait  sur  la  voie  de  la  bonne  et  vraie  méthode,  qui 
consiste  non  pas  à  imaginer  aux  locutions  patoises  une  or- 
thographe analogue  à  celle  du  français  écrit,  mais  à  noter, 
dans  leurs  plus  petits  détails,  les  miÛe  nuances  difficilement 
perceptibles  des  sons. 

lin  y  a  là  évidemment  qu'une  tendance,  et  la  simple  lec- 
ture des  trois  conjugaisons  données  par  M.  Delestang  nous 
le  démontre  amplement.  Il  doime  conjointement  «  v's'eu- 
mites  >  (vous  aimâtes)  et  •  vous  eumites  >  ;  à  côté  de  •  î 
Tlant  >  (ils  veulent)  la  forme  bâtarde  <  i  fesins  •  (ils  fai- 
saient] ;  la  troisième  personne  du  pronom  est  tantôt  ■  i,  ■ 
tantôt  >  ils,  1  et  aussi  <  IL  •  Sur  plus  d'un  point,  je  me  per- 
mettrais peut-être  encore  d'avoir  des  doutes  ;  ainsi  j'aime- 
rais à  contrôler  l'exactitude  de  i  je  fas  ■  (l"  personne  in- 
dicatif présent  de  faire),  «  je  fasse  »  {1™  personne  du  sub- 
jonctif présent  du  même  verbe),  «  qui  Sssint  »  (3*  personne 
du  subjonctif  imparfait  de  faire]  ;  mais  je  ne  connais  pas 
d'une  manière  suffisamment  précise  le  parler  de  Mortagne 
pour  me  prononcer  à  ce  sujet.  Je  relève  dans  ces  conjugai- 
sons l'absence  du  singulier  de  l'imparfait  du  aubjonôtif 
dans  les  verbes  faire  et  choir,  elles  premières  personnes 
pluriel  imparfait  de  l'indicatif  ■  j'eurains,  je  fesins,  je 
cheyins  >  (nous  aimions,  nous  faisions,  nous  cheyions  7) 
Quoi  qu'il  en  soit,  voilà  une  petite  contribution  qui,  toute 
imparfaite  qu'elle  soit,  n'en  a  pas  moins  son  prix. 

Même  indécision  de  méthode  dans  le  glossaire.  H.  Deles- 
tang ne  s'est  pas  prononcé  pour  anuit,  annui  ou  anui.  Il 
donne  les  trois  formes  :  est-ce  qu'on  prononcerait  différem- 
ment selon  les  localités  ?  Cela  n'est  pas  impossible.  Hais, 
en  fait,  l'auteur  s'embarrasse  dans  sa  propre  orthographe  ; 
•il  n'a  su  choisir  parce  qu'il  n'a  pas  su  noter.  Que  vient  faire 
ici  le  t  parasite  de  la  forme  •  anui  T  >  On  le  trouve,  direz- 
vons,  dans  les  vieux  textes.  Qu'importe,  si  dans  les  patois 
il  ne  se  prononce  jamais  t  Même  observation  pour  >  cbâs,  > 

Sthoir),  que  l'auteur,  plus  logique  cette  fois,  a  écrit  «  chà  • 
ans  la  conjugaison  dont  nous  avons  parlé.  L'auteur  donne  . 
<  fiauper  >  et  ■  floper.  •  Quel  est  le  bon  ?  Existent-ils  tous 


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-  683  - 

deux?  ou  bien  ne  sont-ce  que  deux  variantes  d'oplhogpapbe? 
Nous  avons  à  choisir'  entre  «  jouai,  iouel,  joué,  joi.  •  Un 
peu  de  lumière  n'eût  pas  été  inutile.  Je  lis  le  pronom  inter- 
rogatif  •  quoi.  »  Est-ce  le  même  qu'en  français  î  Si  otii,  que 
vient-il  faire  h  celle  place  ?  Sinon,  il  fallait  indiquer  en  quoi 
il  diflérait  du  nôtre.  Autre  contradiction  :  Je  lis  cetarticte  : 
«  lèc  ou  tè  »  subsl.  masc,  toit.  «  mettre  les  vaches  en  tèc. 
Le  c  ne  se  prononce  pas.  ■  Alors,  pourquoi  le  noter  ?  Dans 
les  conjugaisons,  je  vois  que  aimei*  se  prononce  «  eumer,  » 
et  dans  le  glossaire  que  aimable  se  transforme  en  <  nma- 
b!e.  »  De  u  ou  de  eu,  quelle  est  la  vraie  prononciation  î  Je 
cite  une  dizaine  d'exemples,  entre  cinquante.  J'ai  voulu 
montrer  qu'il  se  glissait  beaucoup  de  fantaisie  dans  la  no- 
tation des  sons  patois,  et  qu'en  pareil  cas  une  salutaire  dé- 
fiance est  le  commencement  de  la  sagesse. 

Pour  ce  qui  est  des  vocables  eux-mêmes  —  et  c'est  là  un 
problème  délicat  qui  se  çiose  pour  tous  les  auteurs  de  glos- 
saires, —  il  n'eût  pas  été  inutile  de  distinguer  des  mots  du 
crû,  vraiment  indigènes  et  nés  sur  place,  les  mots  d'impor- 
tation et  d'argot,  venus  on  ne  sait  d'où.  M.  Duval  en  a  in- 
diqué plusieurs  en  note.  «  Tume,  baiser,  toper  »  ne  seraient- 
ils  pas  du  nombre?  Que  de  mots  du  ^us  pur  français  se 
faufilent  encore  dans  ses  longues  au^nées  !  Le  joli  mot 
d'  <  accoutumance  >  a-t-il  droit  de  cite  dans  un  glossaire 
percheron?  Je  n'insiste  pas  sur  cet  à-peu-près  dans  la  mé- 
thode, si  commun  en  ces  sortes  d'ouvrages. 

Plus  grave  est  la  critique  que  j'adresserais  à  l'explication 
des  mots.  Dans  le  glossaire  de  M.  Delestang,  on  trouve 
beaucoup  de  définitions  insuffisantes  ou  fautives  :  qu'on  S6 
reporte  aux  mots  haricoler  [M.  Duval  y  a  fait  une  heureuse 
et  fort  juste  addition)  honain,  jaspiner,  musser,  dont  le 
sens  est  pourtant  bien  net  et  que  le  glossaire  traduit  par 
frauder,  *  receper,  saquer,  i  pour  lequel  l'auteur  donne 
deux  définitions,  la  seconde  détruisant  la  première,  qui  ne 
valait  rien,  «  super,  »  etc..  »  Renclume,  •  pour  rancune, 
me  parail  une  nolation  asseï  maladroite.  ■  Par-l'ous  »  (par- 
lez-vous?), est  signalé,  mais  sans  explication  suffisante.  Le 
glossaire  donne  la  forme  «  j'fommes  •  pour  «  j'fesons  » 
(nous  faisons)  que  nous  ne  retrouvons  pas  dans  la  conju- 
gaison plus  loin. 

Au  fond,  c'est  l'auteur  qui  a  raison  contre  son  critique.  Il 
&  fait  ce  qu'on  faisait  de  son  temps,  mieux  peut-être  qu'on 
ne  faisait  de  son  temps.  Il  est  trop  aisé,  à  quatre-vingts  ans 
de  distance,  de  trouver  dans  son  œuvre  des  imperfections. 
Aussi,  en  étendant'outre  mesure  ce  compte-rendu,  n'ai-je 
pas  eu  l'intention  de  ohercber  noise  à  nos  vieux  auteurs, 
mais  de  mettre  en  garde  contre  de  pareilles  fautes  ceux  qui 


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-  684  - 

désormais  auraient  la  tentation  de  publier  des  glossaires 
de  ce  genre.  En  ces  sortes  d'études  les  progrès  onf  été,  de- 

Fuis  quinze  ans,  considérables,  et  il  n'est  plus  permis  de 
ignorer. 

Je  n'ai  encore  rien  dit  de  l'éditeur,  M.  Louis  Duval,  qui 
nous  procure,  avec  un  texte  bien  établi  et  en  somme  fort 
intéressant,  des  notices  très  nourries  et  un  ensemble  de 
notes  savamment  échelonnées.  Son  nom  et  ses  travaux  sont 
bien  connus  des  lecteurs  de  cette  Revue,  son  zèle  et  sa 
perspicacité  ont  été  souvent  couronnés  de  succès,  et  j'a- 
joute bien  volontiers  mon  faible  tribut  de  compliments  aux 
éloges  qui  ont  été  maintes  fois  donnés  à  son  exacte,  abon- 
dante et  curieuse  érudition. 

A.  Salles. 


DÉCOUVERTE  DE  PIÈCES  CAROLINGIENNES 

En  argent  et  frappées  au  Mans,  elles  ont  été  découvertes, 
en  l'année  1880,  dans  un  champ  nommé  ta  Courvairie.  Ce 
champ  fait  partie  de  la  terre  de  Chàtenay,  située  commune 
de  Larchamp,  au  pied  de  collines  dites  buttes  ou  bruyères 
de  la  ChapeÙe-Janson. 

Ce  lieu  de  «  Chàtenay  aun  CorniUeau  »  en  1577  (L'abbé  Poin- 
teau, Certificats  de  la  noblesse),  «  aun  Lasne  »  en  1668,  (Mœurs 
et  coutumes  des  familles  bretonnes,  T.  I),  n'est  pas  éloigné  de 
l'endroit  où  la  voie  romaine  vulgairement  appelée  le  chemin 
Charles  passe  du  Maine  en  Bretagne  (Voir  Maupillé,  Notice 
sur  les  cajUons  de  Fougères).  Cette  voie,  suivant  le  docteur 
Toulmouche,  aurait  relié  le  Mans  et  Corseul,  et  c'est  en  la 
suivant  que  l'armée  de  Childebert  II  serait  entrée  en  Bre- 
tagne. 

Il  y  avait  tout  un  lot  de  ces  pièces.  La  plupart  tombèrent 
en  morceaux,  au  contact  de  l'air. 

Auteur  delà  découverte  :  Mathurin Thomas,  fermier  de 
Chàtenay,  conseiller  municipal  de  Larchamp. 

Propriétaire  de  Chàtenay  :  Frain  de  la  Gaulayrie. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


8Ututs 7 

Liste  des  membres  titulaires  et  correspondants,  bureau, 

membres  décédés 9,  11,  14 

Liste  des  monuments  historiques  classés  du  département 

de  la  Mayenne 15 

L'bislruction  publique  à  Laval  avant  le  XIX*  siècle,  par 

M.  E.  Qubruas-Lawbrie 17,  197,  333 

Aveu  du  comté  de  Laval  en  1444,  par  M.  Couahier  i>b  Lau- 

NAV,  chanoine  honoraire 4!» 

Laval  et  la  Place  de  la  ChilTolière,  aujourd'hui  <■  de-l'Hâtel- 

de-Ville,  ■>  1598-1688,  par  H.  CnuAntER  de  Laumv.  .  .  71 
Le  Marquisat  de  Château -Gontier  de  1684  A  1690,  d'après 

un  document  inédit,  par  M.  ANoni  Joubert 81 

Restauration  du  dolmen  de  la  Contrie,  près  d'Emée,  par 

M.  Emile  Moreau 106 

Le  Château  de  Lassay  à  travers  les  siècles,  par  M.  le  G" 

DE  Beauchrsnb 110 

La  Gerbe  du  Horps,  etc.,  par  M.  Grosse-Duperon.  ,  .  .  147 
Les  Archives,  de  la  Mayenne  :  La  série  A,  par  M.  db  Mar- 

TOHSB 152 

Pièces  concernant  la  fondation  de  l'ancien  couvent  des  Ca- 
pucins de  Mayenne,  par  M.  J.  Raulin 179 

La  famille  Bouchet  de  Sourches,  par  M.  l'abbé  Akbroisb 

Ledbu 225,  424 

La  démolition  du  château  de  Fiée  en  1373,  par  Jean  Clé- 

rembault,  gouverneur  de  Château -Gontier,  parM.  André 

JOUBERT 245 

Les  comptes  de  l'Hâtel-Dieu  Saint-Julien  de  Laval,  par  M. 

L.  delaBeauluère 253,374 

Les  fl  Châteaux  ■  et  les  "  Châteliers  »  dans  la  Mayenne, 

par  M.  l'abbé  Angot 288 

Esprit-Aimé  Libour,  peintre,  né  à  Laval,  par  M.  P.  Cornée.      300 


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Note  sur  Symon  Hayeneufve,  par  M.  E.  QuEnuAU-LAMeniE.      314 

Note  sur  les  Protestants  de  J^hàteau-Oontier  au  XVII"  siè- 
cle, par  M.  André  Joubbrt 365 

Documeots  inédits  relatifs  à  Craon  et  à  Châle au-Gontier, 
par  M.  AnDKÉ  Joubbrt 368 

Une  mission  à  Château -Gontier  en  1716,  par  M.  Paul  de 
Farcy 397 

Lassay,  ses  écoles,  ses  collèges,  par  M,  l'abbé  J,  Ga- 

LARD 405,  546 

Gnomons  et  Clepsydres,  par  M.  j.  Plawtb    ...     ...      453 

n  Ijes  Châteaux  ï  de  Loiron,  par  M.  ëhile  Moreau  .     .     .      476 

Document  concernant  l'abbaye  de  Fontaine-Daniel,  publié 
par  M.  J.  Hauiin 480 

Voyages  de  Daniel  Le  Hirbec,  de  Laval,  aux  Antilles,  aux 
Pays-Bas  et  en  Italie,  texte  publié  par  M  L.  de  la  Beau- 
LUBBE,  avec  une  introduction  et  des  notes  par  M.  B,  Mo- 
reau  504 

I.  Voyage  aux  Antilles  et  dans  les  Pays-Bas,  ....      516 

Mémoire  historique  sur  Chàleau-Gontier.  rédigé  en  1781 
pour  M.  le  marquis  d'Autichamp,  par  M.  André  Joubbrt.      532 

Note  sur  te  bailliage  des  Templiers  de  Cbftteau-Goutier 

(XV-XVIJI"  siècles),  par  M.  André  Joubbrt 543 

Aveu  du  comté  de  Laval  (lt52),  contenant  la  réformation 
de  celui  de  1444,  par  M.  Couaniba  de  Lauhav,  chanoine 

honoraire 568 

Michel  Lemesle,  sculpteur  à  Laval  au  XVII*  siècle.    .    .      580 
Une  erreur  de  Guyard  de  la   Fosse  sur  le    oollège    de 

Mayenne,  par  M.  A.  Salles 584 

Notes  sur  t'anden  Laval  ;  Le  PaviUon  de  la  porte  du  châ- 
teau de  Laval  et  la  maison  vgisine,  par  M.  J.-M.  Richard.      586 
Sigillographie  des  seigneurs  de  Craon,  par  MM    A.  Ber- 
trand UE  BnoussiLLON  et  Paul  de  Farcy 597 

PROCÈS-VEHBAUX   DES  SÉANCES  : 

Séance  du  11  juillet  1889 183 

—  7   novembre  1889 317 

—  6  février  1890 484 

—  29  avril  1890 667 

FAITS  DIVERS 

Nominations  de  membres  correspondants.    .    184,  317,  485,  667 

Distinctions  honorili  que  s 183 

Incident 184 


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-en  - 

H  onumeBts  historiques IfIS 

Musée  de  Joblains .  itl 

Cloche  de  N.-D.  de  Prii 187,  319 

Tombelle  du  Burei 188 

Académie  des  loscriptions  et  Belle  s- Lettres IM,  502 

Musée  de  Laval 190,601,670 

Restauration  du  Dolmen  de  la  Contrie 318 

Statuette  de  Jeanne  de  Laval,  au  musée  de  Cluny.    .     .     .  318 

Fwt  de  Rubicaire.     . 319,  485 

Médaille  de  cuivre  trouvée  à  Laval 319,  i89 

Académie  des  scienues  morales  et  politiques 331 

Archives  de  U  Mayenne 33! 

Réélection  du  bureau i9k 

Esprit-Aimé  Libour,  peintre,  né  à  Laval ï63 

Notes  sur  la  famille  Foureau 486 

8aint-GermaiQ-de-rKAn)et 487 

Bibliothèque  de  Laval 503 

Académie  Française 504 

Maupetit.  ancien  député  de  la  Mayenne 668 

Station  à  siteK  taillés,  commune  d'Ambriëres 669 

Notes  sur  Bourg- l'Evéq  ne 670 

Halles  de  Chftteau-Gontier.  proposition  de  classement.     .  670 

Sépultures  mérovin^ennes  à  Thorigrié-en-Chamie    .     .     .  670 

Restauration  du  portail  de  Saint-Vénérand  de  Laval.     .     .  671 
Découverte  de  monnaies  à  Chàtenay,  commune  de  Lar- 

champ 68't 

BIBLIOGRAPHIE  : 

Gesta  domni  Aidrici,  Cenomanîc»  urbie  eniscopi,  a  disci- 

pulis  suis,  par  l'abbé  A.  Cfiarles  et  l'abbé  L.  Froger.     .  191 

Documents  inédits  pour  servir  a  l'histoire  de  la  Guerre  de 
Cenl-Ans  dans  le  Maine  (1434-1452),  d'après  les  archives 
du  Brilish  Muséum  et  du  Lambeth  Palace  de   Londres, 

■par  M.  André  Joûbert 192 

Pièces  inédites  relaUves  à  la  BreUgne  (XVll'-XVIII-  sih- 

a\.e&),çarM.AndréJoubert 193 

Conduite  des  prêtres  ioteraés  au  Grand -Se  mina  ire  d'An- 
gers, à  Nantes...  sept.  1792,  pai-Af.  André  Ja&bert.    .     .  193 

Lo  déportation  des   prêtres  emprisotmés  à  Nantes,  8-t5 

septembre  1792,  par  M.  Alfred  Laitier 194 

L'Ernûlage  du  Bois  de  Fiers,  par  MM.  J.  Appert  et    W. 

Challemel. 195 


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—  688  - 

Itinéraire  des  moines  de  Landévsnnec  fuyant  les  invasions 
normandes  ;  —  Le  château  de  la  Courbejolliére,  épisodes 
des  guerres  de  la  Ligue  ;  —  Légendes  bretonnes  du 
pays  d'Avessac,  par  le  C*»  Régis  de  l'EslourbeiUon.     .     . 

Les  Faux-monnoyeurs  dans  le  Bas-Maine,  par  le  C"  de 

Une  victime  de  la  Révolution  :  M.  Huau  de  la  Bemardrie. 
curé  de  Saint-Clément  de  Craon,  par  M.  E.   Queruau- 

Symon  Mayneufve  et  la  chapelle  de  l'ancien  évéché  du 
Mans,  par  M.  Heari  Chardon.     .     .     ..-.-.     .     .     . 

Henri  de  la  Rochejaquelein  et  la  Guerre  de  la  Vendée. 

Une  famille  de  Grands  Prévôts  d'Anjou  aux  XVIl*  et 
XVIII"  siècles  :  Les  Constantin,  seigneurs  de  Varennes 
et  de  la  Lorie,   par  M.   André  Joûbert 

Documents  inédits  pour  ser\-ir  à  l'histoire  de  la  Révolution 
dans  la  Loire- Inférieure,  par  M.  Andrf.  Joûbert.     .     .     . 

Journal  deNoelJanvier,  1709-1716,  publié  par  Af.  /.  Planté. 

La  Broderie  du  XI*  siècle  jusqu'à  nos  jours,  par  M.  Louis 
de  Farey 

Les  Lutteurs  Bretons  aux  XV"  et  XVI"  siècles  ;  Voyage 
d'Ambroise  Paré  en  Bretagne,  par  M.  J.  Trévidy.     .     . 

Ambroiae  Paré  est-il  mort  catholique  ?  par  M.  J.  Trévédy. 

Obser\'ations  sur  l'ouvrage  intitulé  :  •  Littoral  de  la  Fran- 
ce a  (Arrondissement  de  Quimper),  par  M.  J.  Trévédy. 

Documents  inédits  sur  la  Guerre  de  Cent  Ans,  publiés  par 
M.  André  Joûbert 

Le  Testament  de  Jean  de  Craon,  seigneur  de  la  Suie  et  de 
Chantocé  (avant  1432),  par  M.  André  Joûbert 

Catalogue  des  Gentilshommes  de  l'Anjou  lors  de  la  recher- 
che ae  la  noblesse  en  1666,  par  M.  Voisin  de  la  Noirays, 
Intendant  de  Tours,  publié  par  Jtf.  Paul  de  Farcy.     .     . 

Notice  hisiorique  sur  Andouilié,  par  M.   G.  Cailoit.     .     . 

Monographie  de  la  Chapelle-Rainsoin,  par  lU.  P.  Moulard. 

Vie  de  Saint-Sérené,  protecteur  du  Maine  et  de  l'Aïqou, 
par  le  R.  P.  D.  Paul  Pialin 

Les  lanternes  à  Angers  sous  l'ancien  régime,  par  M.  An- 
dré Joûbert 

Rapport  de  La  Chevordière  et  Minier  k  la  commune  de  Pa- 
ns,  le15  mai  1793,  publ.  parM.  .^/)<&^/oû£er(.     .     .     . 

Le  surintendant  Nicolas  Fouquet,  d'après  un  ouvrage  nou- 
veau, par  M.  André  Joûbert 

L'enquête  philologique  de  1812  dans  les  arrondissements 
d'Alençon  et  de  Mortagne,  etc.  par  M.  L.  Duval.  .     .     . 


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TABLE  DES  GRAVURES 


Programme  d'une  représentation  donnée  en  1727  bu  collège 

de  Laval,  fac-similé 37 

Vue  de  Bel-Air  et  des  Capucins  de  Laval,  d'après  une  gra- 
vure d'Andouard 73 

Plan  de  la  ChilTollère  de  Laval  et  de  ses  environs,  1598-16S8,  77 

Le  dolmen  de  la  Cnntrie  restauré 107 

Plan  du  château  de  Lassay 113 

Le  ch&teau  de  Lassay 115 

La  chantion  de  la  Oerbe,  musique  et  paroles 149 

Le  Donjon  de  Villaines-Ia-Juhel,  dessin  de  M.    l'abbé  A. 

Ledru 229 

Buste  de  Libour,  par  Rude 305 

Portrait  de  Libour.  peint  par  lui-mâme 309 

SceaudelacourdeSourches,  dessin  de  M.  l'abbé  A.  Ledru.  448 

Armes  des  Bouchet  de  Sourches,  (idem) 449 

Armes  de  Louis  Bouchet,  11°  du  nom  (idem) 4&0 

Cadran  solaire  de  René  de  Briolay,  abbé  de  Saint-Serge.  460 

Clepsydre  d'Oronce  Fine  (XVI«  siècle) 467 

Clepsydre  à  barillet  (XVII*  siècle) 469 

Id.               coupe  du  barillet 470 

Plan  I  des  Châteaux  •  de  Loiron 476 

Pendeloque  de  cuivre  trouvée  à  Laval,  dessin  de  M.  P.  de 

Farcy  \ 489 

Place  du  Patalsà  Laval,  vers  1848,  dessin  de  M.  L.  Qamier.  587 
Lettre  initide  de  l'obituaire  du  Prieuré  de  la  Haie  aux 

Bonshommes,  dessin  de  M.  Paul  de  Farcy 603 

Sceau  de  Juhel  II  de  Mayenne  (Id.) 605 

Sceau  et  contre-sceau  de  Maurice  III  de  Craon  (Id.).    .    .  606 

Sceau  et  contre-sceau  de  Maurice  III,  d'après  Oaignières.  607 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (1323)  (Id.) 609 


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Sceau  des  contrats  de  Craon  (XIV*  siècle)  et  contre-sceau 

(XV'sièclel  (Id.) 610 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (XV*  siècle)  (Id.) 610 

Sceau  et  contre-sceau  des  contrats  de  Craon  au  XVI*  siè- 
cle (Id.) 611 

Sceau  des  contrats  de  Craon  (XVIII*  siècle)  (Id.).    ...  612 

Vitrail  de  l'église  de  Denaié  (Id.) 613 

Pilier  de  l'ancienne  église  de  Saint-Clément  de  Craon  (Id.)  613 

Cbeminde  d'une  maison  de  la  place  des  Halles,  à  £!mée    .  669 

Portail  de  Saint- Vénérand  de  Uval  en  1890 673 


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TABLE  DES  NOMS  D'AUTEURS 


TRAVAUX  oaiGIItAOK  BT  DOCUHKtTS 

MM. 

Angot  (A.) 288 

Beauchesne  (C"  de)  . ItO 

Beauluère  (Louis  de  La) 253,  374,  532 

BroussilloD  (Bertrand  de) 597 

Cornée  (F.) 300 

Parcy  (Paul  de) 397,597 

Gillard.   (J.) 405,  546 

Gros  se- Dupe  ron 147 

Joûbert  (André) 81,345,365,366,533,543 

Launay  (Couanier  de) 45,71,568 

Ledru  (Ambroiae) 225,  424 

Martonne  (A,  de) 152 

Moreau  (Emile) 106,  476,  504 

Planté  (Jules) 453 

Queniau-Lamerie  (Emile) 17,  197,  314,  333 

RauliD  (Jules) 179,  480 

Richard  (Jules-Marie) 586 

Salles  (A.) 584 


CITÉS    DANS    LBS    ANALYSES    BIBII0GIIAPHIQUE9 

MM. 

Appert  (Jules) 195 

Cattois  (G.) ,  499 

Chardon  (Henri) 322 


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Chtirles  (Robert) 191 

Duval  (Louis) G79 

Eslourbeillon  (G"  Régis  de  1") 195 

Farcy  (Louis  de) 328 

Farcy  (Paul  de) 499 

Froger  (L.) 191 

Joûbert  (André) 192,  193,  324,  327.  498,  676,  678 

Lallié  (Alf.) 194 

Marsj-  (C  de) 321 

Moulard(P.) 675 

Piolin  (Dom) 676 

Planté  (Jules) 328 

Queruait-Lamerie  (E.) SJl 

Trévédy  (J.| 490,  191,  497 


Laval.  —  Imprimerie  L.  Moheau,  rue  du  Lieulanaot,  2. 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  COMMISSION 


P.  MooLARD.  —  Monographie  de  la  Ckapelle-Rainsoidn. 

F.  CoKNÉE.  —  Esprit-Aimé  Libour,  peintre,  né  à  Laval. 

Lkgendre.  —  Catalogue  du  Bulletin  de  la  Société  archéo- 
logique de  la  Loire-Inférieure. 

J.  Tbévédt.  —  Ambroise  Paré  est-il  mort  catholique  f 

Bulletin  de  la  Société  Historique  de  l'Orne. 

Bulletin  de  la  Société  Archéologique  d'Eure-et-Loir. 


La  liste  des  ouvrages  offerts  à  la  Commission  sera 
insérée  à  cette  place,  sans  préjudice  du  compte~rendu 
qui  sera  fait  de  tout  ouvrage  intéressant  le  Maine  dont 
elle  aura  reçu  deux  exemplaires. 


Le  Secrétaire  Général,  f.  f.  de  Gérant  {Loi  du  29  juillet  1881) . 

E.    HORBAU. 


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LE  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  HISTORIQUE  ET 
ARCBÉOLOGIQUE  DE  LA  MAYENNE  paraît  tons  les 
trimestres  sous  forme  de  livraisons  comptant  environ 
128  pages. 

Il  donne  des  gravures  et  illustrations  aussi  souvent 
que  le  permettent  les  sujets  traités  et  les  ressources  dont 
il  dispose. 

Les  personnes  étrangères  à  la  Commission  peuvent  ^y 
abonner  comme  à  toute  publication  périodique. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  de  DIX  FRANCS  par  an. 

Les  engagements  pour  cotisations  ou  abonnements 
continuent  de  plein  droit  s'ils  ne  sont  pas  dénoncés 
avant  le  i<^  janvier. 


Il  reste  encore  quelques  exemplaires  des  tomes  III, 
ÏV  et  V  de  la  première  série,  qui  sont  en  vente  au  prix 
de  six  francs  le  volume. 


Le  tome  I  de  la  2'  série  est  en  venteau  prix  de  i2  francs. 


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