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BXJLLBTIlSr
DE LA COMMISSION
HISTORIftlll IT miOLOfilllïi
DE LA MAYENNE
CRÉÉE f\R ARRÊTÉ PRÉFECTORAL Ml IT JANVIER 1878.
DEUXIÈME SÉEIE
TOMK SECOND
1890
LAVAL
IMPRIMERIE DE L MOREAU
1*^ Tbimbstbb d8 1890.
5.
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I SOMMAIRE :
P Statuts T
■^ Liste des membres titulaires et correspondants, bureau,
S membres décédés 9, 11, 14
S Liste des monuments historiques classés du département de
X la Mayenne 15
a, L'Instruction publiijue à Laval avant le XIX* siècle, par
a . M. E. Queruau-Lamerib (Suite) 17
■J Aveu du comté de Laval en 1444, par M. Couanier de
■W Launay, chanoine honoraire (Fin) 45
*S Laval et la Place de la Chiffblière, aujourd'hui < de l'Hôtel-
g de-Ville, > 1598-1688, par M. Couanier de Launay. . 71
^ Le Marquisat de Château-Gontier de 1684 h 1690, d'après
■J un document inédit, par M. André Joubert 81
h Restauration du dolmen de la Contrie, près d'Ernée, par
*■ M. EUILK MOREAU lOft
•8 Le Château de Lassay à travers les siècles, par M. le C** de
« Beauchbsne 110
■g La Gerbe du Horps, etc., par M. Grosse-Ddperon . . . 1-47
tt Les Archives de la Mayenne : La série A, par M. de Mar-
B: tonne 152
*s Pièces concernant la fondation de l'ancien couvent de» Capu-
* cins de Mayenne, par M. J. Raulin 179
S Procès-verbal de la séance du 11 juillet 1889 183
• Faits divers 190
o Bibliographie : Gesta domnt Aldrict, Cenomanmce urbis
•g épiscopi, a discipulis suis, publ. par M. l'abbé Charles el
a M. l'abbé Froger ; — Docurmnts inédits poitr servir
sJ à Vhistoire de la Guerre de Cent Ans dans le Maine
ij (1424-1452), par M, André Joûbert; — Pièces inédites
S relatives à la BretagM (XVW-XVHI* siècles), par M.
"• André Joûbert ; — Conduite des préires internés au
g* Grand-Séminaire d'Angers t. à Nantes ...sept. 1792, par
,_ M. André Joûbert; — La déportation des prêtres em-
m prisonnés à Nantes, 8~t5 septenAre 179S. par M. A.
•S Laliié ; — L'Ermitage du Bois de Fiers, par MM. J.
g Appert et W. GhaUemel ; — Itinéraire des moines de
« Landevenneo, par M. le C* R4gîs de l'EstourbeilIon ; —
■o Le Château de la Courb^olli^, par le même ; — Lé"
5 gendes bretonnes du pays dAvetsae, par le mâme. . . 191
■ *S
*g Gravures ;
o
■o Programme d'une représentation donnée en 1727 au collège
^ de Laval, fac-similé 37
g Vue de Bel Air et des Capucins de Laval, d'après une gra-
* vure d'Andouard 73
Plan delà Chiffolière de Laval et de ses environs, 1598-1688. 77
Le dolmen de la Contrie 107
§ Plan du château de Lassay 113
g Le château de Lassay 145
M La chanson de la Gerbe, musique et paroles 14Sh
§
2
,^-Googlc
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COMMISSION
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
DE LA MATONNE
b.Gooi^lc
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BXJLI^ETIDST
DE U COMMISSION
HlSîililll ïï
DE LA MAYENNE
CBiÉE PAR ARRÊTÉ PRÉFECTORAL DU 17 JANVIER 1878.
DEUXIÈME SiEIE
TOME SECOND
1890
LAVAL
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■ t J
lut!
EXTRAIT
J>e l'un des Registres des Arrêtés du Préfet
du département de la Mayenne.
CttiATioN d'uke Couiiission historique et archéologique porm
LE département DE LA MAYENNE
ARKETE
Nous, PRÉFET du département de la Mayenne,
Considérant qu'il importe de veiller à la conservation des
monuments historiques du déparlement de la Mayenne, de
rechercher tout ce qui peut intéresser les diverses branches
de l'archéologie nationale, de réunir el de combiner tous
les efforts qui tendent à ces recherches ;
Qu'il est essentiel également que radministration puisse
s'entourer des lumières 4'hommes compétents pour l'exa-
men des affaires qui touchent à certaines questions d'his-
Loire ou d'archéologie ;
Qu'il devient, en outre, urgent de fournir les renseigne-
ments réclamés par M. le Ministre de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts, au sujet des monuments historiques et
des richesses d'art du département;
Arrêtons :
Art. 1". Une Commission est instituée au chef-lieu du
département soua le nom de Commission Historique et
Archéologique de la Mayenne.
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Art. 2. Cette Commission se compose :
1° De membres titulaires résidant dans le département ;
2° De membres correspondants.
Le nombre des membres titulaires est fixé à vingt ; celui
des membres correspondants est illimité.
Les premiers membres titulaires sont nommés par le
Préfet. Les nominations ultérieures sont faites par le Préfet
sur la présentation de la Commission ; il en est de même
pour les membres correspondants.
Le Préfet du département et H*' l'Évéque de Laval sont
membres de droit et Présidents d'honneur de la Commis-
sion.
Art. 3. Pour être membre titulaire, il faut habiter le
département; les titulaires qui viendraient à le quitter
pourront être nommés membres correspondants.
Art. 4. La Commission se réunira le premier jeudi de
chaque trimestre, sans préjudice des réunions extraordi-
naires qui seront reconnues nécessaires.
Art. 5. La Commission nommera, le jour de son installa-
tion, et renouvellera tous les trois ans, à la majorité des
membres présents, un bureau composé :
i" D'un Président ;
2" D'un Vice-Président ;
3° D'un Secrétaire général ;
i" D'un Secrélaire-adjoint chargé dQ la conservation des
archives et de la bibliothèque, de l'échange des publications
et de la comptabilité ;
Les membres choisis pour remplir ces fonctions devront
habiter Laval; ils sont rééligibles.
Art. 6. La Commission pourra délibérer et arrêter, sous
réserve de notre approbation, un règlement spécial pour
l'organisation et la publication de ses travaux.
Art. 7. Des Sous-Commissions pourront être établies
dans les arrondissements de Mayenne et de Château-Gon-
lier, sous la présidence de MM. les Sous-Préfets.
Ces Sous-Commissions, ainsi que les membres corres-
pondants du département, pourront correspondre avec la
Commission par l'intermédiaire des Sous-Préfets el des
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Maires, et la Commission communiquera avec eux par notre
intermédiaire.
Art. 8. Tous les projets de restauration d'églises, ou au-
tres monuments offrant un caractère architectural digne
d'intérêt seront communiqués à la Commission, qui don-
nera son avis sur le mérite de l'édifice et la convenance de
la restauration.
Art. 9. MM. les Sous-Préfets et Maires nous signaleront
exactement, et sans aucun relard, toutes les découvertes
intéressantes qui seraient faites dans leur arrondissement
ou leur commune, à l'occasion de travaux exécutés par les
administrations locales ou par des particuliers. Les objets
qui pourraient être ainsi recueillis seront soumis à l'examen
de la Commission, s'il y a lieu.
Art. iO. Le présent arrêté sera inséré au Kecueil des
Actes adminislratifs.
Fait à Laval, le 17 janvier 1878.
Le Préfet de ta Mayenne,
J. GENOUILLE.
MEMBRES DE LA COMMISSION
Membres Titulaires MM.
Takcrbde ABRAHAM, Q ]. P., conservateur du musée de
CIiàteau-Gontier. correspondant du Ministère des Beaux-
Arts;
Henri de LA BROJSE ^, membre de plusieurs Sociétés
savantes, à Laval ;
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- 10 -
CHEDEAU, Préaideni de la Société d'Archéologie, Sciences,
Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, à Mayenne ;
CORNÉE, chef de division à la Préfecture, membre de la
Commission d'architecture ;
COUANIER DE LAUNAY {l'abbé), chanoine de Laval, à
Laval :
De FARCY (Paul), Inspecteur de la Société française d' Ar-
chéologie pour le département de la Mayenne, à Château-
Gontier ;
FLOUCAUD DE FOURCROY #, ingénieur en chef des ponts
et chaussées, à Laval, Vice-Président de la Commission
d'architecture ;
GARNIEH (Louis), architecte, inspecteur des édifices diocé-
sains, à Laval, membre de la Commission d'architecture ;
IIAWKE, architecte du déparlemenl, membre de la Com-
mission d'arehilecture ;
JOUBERT (André), lauréat de l'Académie des Inscriptions
et Belles-Lettres, membre des Sociétés de l'Histoire de
France, des Anciens textes français, etc., à Daon (Mayenne^
et à Angers, 49, boulevard de Saumur ;
LEBLANC, avocat, ancien député, conseiller généial, à
Mayenne ;
LECOMTE, ingénieur des ponts et chaussées, à Laval,
membre de la Commission d'architecture ;
LEMONNIER DE LORIÈRE, conseiUer général, à Epineux-
le-Séguin ;
O'MADDEN, propriétaire, à Chàteau-Gontier ;
De MARTONNE, ancien élève de l'École des Chartes, archi-
viste de la Mayenne ;
MOREAU (Emile) q , membre de plusieurs Sociétés savantes,
à Lavai ;
PERROT (Ebnest) o, propriétaire, membre de plusieurs
Sociétés savantes, à Laval ;
L'abbé POINTEAU, curé d'Aslillé ;
RICHARD o, arohiviste-paJéographe, correspondant du
Ministère des Beaux-Arts, à Laval ;
D' SOUCIIU-SERVINIÈRE O, membre de plusieurs Sociétés
savantes.
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COMPOSITION DU BUREAU
Président, M. Floucaud de Fourcrov ^ ;
Vice-Président, M. l'abbé Couanier db Launay ;
Secrétaire général. M, E. Moreau o ;
Secrétaire-Archiviste, M. db Mahtohne.
Meubres correspondants, MH.
Acbon {Ch. d'), rue Monlplaisir, 4, Le Mans ;
Angot (l'abbé) ;
D'Argenlré, à Saint-JuUen-du-Terroux ;
Barbe, ancien membre titulaire, conservateur du camp de
Jublains, juge de paix à Conlie (Sartlie) ;
De Beauchesne (le in3rguis),aucliâteaudeLassay (Mayenne);
De Beauchesne (le comte), au château de Torcé par Ara-
brières, et à Paris, 6, rue Boccador ;
Bertrand de Broussillon v, archiviste-paléographe, ancien
vice-président de la Société historique et archéologique
du Maine, au Mans, 15, rue de Tascher, et à Paris, 136, rue
du Bac ;
Du Brossay, inspecteur de l'enregistrement, à Laval ;
Chemin ^, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, à Paris ;
Cbomereau 0 , ancien professeur de dessin, à Laval ;
Cbon £ o, L P., à Lille, rue du Palais de Justice ;
Coquart ^ g , ancien architecte diocésain de Laval, à Paris,
rue de BoulainviUiers, 42, Passy ;
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- H ~
Darcy f^, architecte de la Commission des Monuments
historiques, à Paris, rue de Bruxelles, S ;
Delaunay, Procureur de la République, à Ponl-l'Evèque ;
Delaunay (Léon), avocat, juge suppléant, à Mayenne ;
Dulong de Rosnay (l'abbé), ancien vicaire général de Laval,
ancien membre titulaire de la Commission, à Moriaix ;
Duval O , archiviste du département de l'Orne, à Alençon ;
Ëlbenne (le vicomte Merijot d'), au château de Couléon, par
Tuffé (Sarthe) ;
Faucon, avocat, rue Chanzy, au Mans, et à Saint-Denis-de-
Gaslines ;
Foucault (l'abUé), à Saint-FraimbauU-de-Prières ;
Gadbin, à Chàteau-Gontier ;
Gillard (l'abbé), curé de Saînt-Fraimbault-de-Lassay ;
Graindorge, secrétaire de mairie, à Couesmes (Mayenne] ;
Grosse-Duperon, juge de paix, à Mayenne;
D'Hauterive Q, capitaine adjudant-m^or au 134*, à Laval ;
Hétier $, ancien membre titulaire, ingénieur en chef des
ponts et chaussées, à Paris ;
A. Kuntz £, sous-intendant militaire, àfielfort;
De La Beauluère (Louis), au château de la Drujoterie, a
Entrammes;
La Chesnais (Maurice), 0.$, ancien chef de bureau au
ministère de la guerre, à L'Huisserie, et à Paris, rue de
Vaugirard, 45.
Laigneau, curé de Crennes (Mayenne) ;
De Laurière, inspecteur général de la Société française
d'archéologie, à Paris, T, rue d'Aguesseau.
Lebreton O I. P., Proviseur du Lycée, à Laval ;
Ledru d'abbé), avenue des Cileaux, 9, à Issy (Seine) ;
Le Mercier, ancien juge de paix d'Ambrières ;
Letourneurs (Henni, avocat, à Laval ;
Maillard, curé de Thorigné-en-Charnie (Mayenne) ;
Maître v I. P., archiviste, à Nantes;
Margerie, maire de Niort (Mayenne) ;
Mercier (l'abbé), curé de Bierné (Mayenne) ;
Montagu, instituteur, à Hardanges (Mayenne) ;
Hontozon (S. de), à Chàteau-Gontier ;
Morin, architecte, à Vitré ;
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- 13 -
Morissel, docteur médecin, à Mayenne;
Œhlerl O, conservaletir de ia bibliothèque de Laval;
Palustre, ancien directeur de la Société française d'Arcliéo-
gie, à Tours, rampe de la Tranchée, 61 ;
Piolin (Dom), bénédictin, président de la Socîélé du Maine ;
Planté, notaire à Ballots (Mayenne) ;
PontbauU (André), à Mayenne;
Port, professeur au collège de Saint-Nazaire.
Queruau-Lamerie, a Angers, rue des Arènes, 6'»'* ;
Raison, sous-inspecteur de l'enregistrement, à Vitré ;
Raulin, avocat, à Mayenne ;
Salles, professeur agrégé au lycée de Caen, 8. rue de
rOdon, à Caen.
Sauvage, ancien juge de paix du canton de Couptrain, à
Paris, rue du Faubourg Saint-Martin, 135 ;
Sentilhes, ingénieur des ponts et chaussées, ancien membre
lilulaire, à Bordeaux :
Simonet, conducteur faisant fonctions d'ingénieur des ponts
et chaussées, à Cbâteau-Gontier ;
Sinoir (Emile), professeur agrégé au lycée de Laval ;
Tirard, à Emée ;
Trévédy, ancien président du tribunal civil de Quimper,
vice-président de la Société archéologique du Finistère,
rue de Cheverus, 7 , à Laval ;
Triger (Robert), vice-président de la Société du Maine, au
Mans;
Trouillard, avocat, à Mayenne.
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LrSTE DES MEMBRES DECEDES
DEPUIS LA. CRÉATION DE LA COMMISSION
MeuBHBS .TITULAIRES, MM.
18S2 CUILLER (l'abbé), chancelier de l'évècbé de Laval ;
1883 MARCHAL ^, ancien ingénieur en chef du départe-
ment, ancien maire de Laval ;
— LE PIZËLIER, secrétalre^néral de la CommiRsion.
Membres correspond.in'T8, MM.
1881 Legras $, ingénieur en chef des travaux maritimes
à Lorient, ancien membre titulaire ;
1883 Prévost, 0 $, général du génie en retraite ;
1886 Ravault, notaire, à Mayenne ;
— Savary, professeur d'histoire au lycée de Laval ;
1887 Duchemin o , archiviste de la Sarthe, ancien membre
titulaire
— Charles (l'abbé Robert), vice-président de la Société
du Maine, au Mans ;
— Bonneserre de Sa'nt-Denis, à Angers ;
1888 Almire Bernard, à Saint-Pierre-sur-OrLhe ;
— Chaplain-Duparc, à Paris, '
1889 De Courlîlloles, château de Courlilloles, près d'A-
lençon.
3.GtK>^lQ
E-t 5
w g,
S i
E-i
Û <
30 Mars 1887
1840
1862
12 Juillet 1886
1840
1840
1840
28 Mai 1883
1862
1862
1862
30 Mars 1887
1862
1840
1862
30 Mars 1887
30 Mars 1887
30 Mars 1887
m
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P
O
Menhir de la Uune [Propriété Privée].
Eglise de Notre-Dame de l'Epine.
Chapelle de Saint-Crépln.
Halle.
Eglise de la Trinité.
Château de Lavai.
Eglise d'Avesnières.
Maison du Grand-Veneur (Grande-Rue), [P. P.]
Tombeaux des Seigneurs do Laval, à Clermont, [P. P.]
RemparU, (P. P.]
Dolmen des Erves, [P. P.]
Dolmen de la Contrie, (P. P.]
Eglise.
Enceinte romaine.
Château [P. P.]
Menhir de Sa in le- Civière, [P. P.]
Polissoir dit Pi erre-Saint- Guillaume.
Eglise de l'ancienne Abbaye.
z
D
S
S
Bazougers.
Evron.
Id.
Id.
Laval.
Id.
Id.
Id.
Olivel.
Sainte-Suzanne.
Id.
Emée.
Javron.
Jublains.
Lassay.
Le Pas.
Montenay.
LaRoe.
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L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A LAVAL
AVANT LE XIX' SIÈCLE
PREMIERE PARTIE
LE COLLÈGE DE LAVAL
CHAPITRE II
la «1 renselgaemenis divere ronrarnanl le collège (1). — BâtimoDls. — Cha-
— Revenus. ~ Claase graluite. — Régents. — Dèclamnllons, re|irésen-
,s ibédlralea e' "-"-
BATIMENTS
Le collège de la ville de Laval était installé à l'o-
pigine dans d'anciens bâtiments, dits les Grandes Eco-
les, situés sur la place du Ch&teau (actuellement place
du Palais^. A la fin du XVI* siècle, la ville >ayant pris
de l'importance, le collège devint insuflisatrt pour le
1 . Nous avon.s réuni dans ce chapitre et le suivant tous les faits
et renseignements que nous avons pu recueillir, tant sur le collègue
lui-m^me que sur sou personnel de professeurs et d'élèves.
2. Notes manuscrites de M. de la Beauluère, communiquées
!iar M. L. de la Beauluère, son petit-Hls, d'après un ira/ du col-
ège avant 1790 faisant partie des archives municipeleii de la ville
de Ldval.
2
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- 18-
nombre d'élèves désireux d'en suivre les cours. On s'oc-
cupa dès lors de le transporter dans un local plus vaste
et mieux aménagé pour cette destination. Les officiers
de l'Hdtel-de- Ville ayant offert de prendre à la charge
de la commune tous les frais que oécessiterait cette
translation, il ne fut pas difGcUe de s'entendre avec le
chapitre de Saint-Tugal. Le 12 juin 1582, les habitants
de Laval achètent, dans la rue Renaiee, une maison dé-
pendant de la chapelle ou prestimonïe de Saint-Job,
fondée dans l'église de la Trinité par Renée Le Paige,
veuve de Jean Breton, dans l'intention d'élever sur son
emplacement un nouveau collège. Cette vente a été con-
sentie par Charles Marest, sieur de la Pelloonière, et
Ambroise Audouin, sieur du Chastellier, procureurs raar-
guillers de la Trinité, du consentement de François Cor-
nilleau, titulaire de cette prestlmonie*. De leur cété, les
chanoines échangent, le 19 octobre suivant, le bâtiment
des grandes écoles avec Pierre Martin, sieur de Mérem-
bourg, lequel leur abandonne à son tour sa maison de
la rue Renaise, contiguê à celle que viennent d'acheter
les habitants de Laval ^. C'est alors que ceux-ci firent
construire sur l'emplacement des deux dites maisons un
nouveau collège pourvu de bâtiments suffisants pour le
logement du principal, des régents et des élèves pen-
sionnaires, en plus des classes et des salles d'études in-
dispensables. Une grande cour, servant aux récréations
des élèves, ainsi qu'aux représentations théâtrales qu'il
était d'usage de donner chaque année à l'occasion de
1, Notes roanuscrites de M. de la Beauluère. Dans ses Recher-
cher historiques, tome XVII, également communiquées par H.
Louis de la Beauluère, l'éminent Iiistorien attribue une autre
date à l'acte de vente de la maison de la rue Henaise dépendant
de la prestimonïe de 8aint Job, L'acte aurait été passé seulement
le 30 août devant Gilles Ernault, notaire.
3. Nous avons déjà parlé de cet acte au chapitre précédent
d'après M. Boullier, Recherches historiques sur la paroisse de la
Trmilé.
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la distribution des prix, faisait partie de cet établisse-
ment et s'étendait jusqu'aux anciens murs d'enceinte de
la ville.
Au-dessus de la porte principale avait été scellée une
plaque de marbre portant l'inscription suivante :
Collegium Lavallense, impensis publicis contrac-
tum, Henrici Tertii Francis ac PotonÛB régis diplo-
mate.
Anno Domini 1585 '.
Ce collège était situé à gauche, en descendant la rue
Renaise^. Ses bâtiments, cachés par une façade mo-
derne, subsistent encore en grande partie, ainsi que la
chapelle, dont on aperçoit la fenêtre au-dessus du por-
tail de la maison voisine.
Nous n'avons trouvé aucune trace d'une reconstruc-
tion du collège. Ses parties qui ont été conservées sem-
blent bien remonter, quant à leur construction, à l'épo-
que où la ville le fit bâtir de 1582 à 1587. Il est proba-
ble que Ton se contenta, pendant les siècles suivants,
d'y faire les réparations indispensables, et peut-être d'y
ajouter quelques annexes, lorsque les cours de rhéto-
rique et de philosophie purent y être inaugurés 3.
Au commencement de l'année 1793, les habitants de
Laval obtinrent que le collège fût transféré aux Ursuli-
nes, établissement plus vaste et mieux aménagé, saisi
1. Mémoire chronologique de Maucouri de Bourjolly sur ta
ville de Laval. Laval. Moreau. 1886, in-8'', tome I", p. 152 et de
la Beauluëre, noies manuscrites.
2. Là où se trouve installée aujourd'hui l'imprimeiie du jour-
nal l'Echo de la Mayenne.
3. Le 4 mai 1730, Antoine David el Thomas Huchet, associés
marchands de bois, poursuivent le sieur Jean Chevreul, mar-
chand menuisier, en paiement de 170 toises de carreaux de bois
de chêne, à raison de 70 sols la loise. pris sur le lieu de la Mé-
nardiërc. paroisse d'Olivel. et conduits au collège de Laval pour
élre eraployés aux réparations de cet établissement. {Arch. départ.
B 621).
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comme bien national après l'expulsion des religieuses el
la dissolution de leur coagrégation. Les bâtiments de la
rue Renaise, devenus inutiles et abandonnés au gouver-
nement en échange des Ursulines, Turent vendus à des
particuliers *.
Le collège de Laval possédait une cbapeile particu-
lière, dédiée à Saint Etienne, et située à l'extrémité de
la grande cour d'entrée. Cette cbapeile servait au prin-
cipal et aux régents, presque tous prêtres, pour y célé-
brer leurs messes et notamment celle qui se disait cha-
que jour, À l'issue de la classe du matin, et à laquelle
tous les écoliers étaient tenus d'assister. Mais il était
interdit d'y célébrer d'autres cérémonies religieuses.
C'est à l'église Saint-Tugal, leur paraisse, que prin-
cipal, régents et écoliers étaient tenus, aux termes du
règlement de 1699, d'assister, les dimanches et fêtes,
soit à la grande messe du chapitre, soit à la messe de
paroisse qui se disait dans ia nef, aux vêpres et aux au-
tres offices.
Nous possédons plusieurs fragments d'un ancien ma-
nuscrit ayant pour titre Papiers relatifs à la Trinité de
Laval et contenant l'analyse de divers documents con-
cernant cette paroisse. Nous y rencontrons le passage
suivant qui confirme ce que nous venons de dire au su-
jet de la chapelle du collège et la prohibition d'y célébrer
certaines cérémonies religieuses :
« En 1592, le 3* aoust, en la chapelle du collège de
« Laval, dédiée à Saint Estienne, les curés Antoine
a Besnier et Jacques Bélanger, ayant connoissance que,
1 dans ladite chapelle, on faisoit les quarante heures,
(c ils s'y transportèrent avec grand nombre d'habitans
1. Le 12 octobre 1793, le collège el ses dépendances furent ad-
jugés au sieur Faur, imprimeur, pour la. somme de 2720 livres.
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- 21 -
a et y trouvèrent le Saint Sacrement expoaé, avecbeau-
a coup de cierges, dont iU dressèrent un procès-verbal
« pour s'en servir dans la suite des temps et y dirent
a la grande messe. »
C'est sans doute en vertu de pouvoirs particuliers, à
eux délégués par l'évêque du Mans comme doyens ru-
raux de Laval, que les curés de la Trinité s'étaient per-
mis de pénétrer dans un établissement qui ne dépendait
pas de leur paroisse pour y constater une contraven-
tion <.
Cette chapelle existe encore. Placée au-dessus de
deux autres pièces superposées, elle a son entrée à la
hauteur d'un second étage. Sa porte ouvre sur un rem-
blai communiquant avec le sommet des anciens murs
de ville qui formaient alors la clôture du collège de ce
c6té ^. Cette disposition explique pour quel motif la fe-
nêtre du fond de la dite chapelle se trouve située à une
aussi grande hauteur au-dessus du sol de la rue Re-
naise d'où on peut l'apercevoir^.
REVENUS DU COLLÈGE
Aux termes d'une lettre adressée, le 9 floréal an IX,
par le maire de Laval, M. Etienne Boudet, au préfet de
1. C'efll en 1687 seulement que la paroisse de la Trinité cessa
de posséder deux curés simultanément. Ceux qui sont désirés
dan.s cette noie sont M. Antoine Besnier, intalie vers 1579. assas-
siné le jour de la Trinité de l'année 1600. alors qu'il disait la
messe au grand autel de son église, et M. Jacques Bellanger,
nommé le 17 juillet 1584, mort vers 1611.
2. Une ordonnance de police, en date du 4 février 1783, ordon-
nait aux habitants de Laval de transporter les décombres de leurs
maisons dans la douve « existant, vis-à-vis les murs de ville qui
• régnent le long du collège, immédiatement à ta suite du terrain
■ du sieur Piquois. » lArcli. départ. B 958). Cette douve était
évidemment un reste des anciens fossés de ville qui ont laissé
leur nom à la rue actuelle des Fossés.
3. Suivant M. de la Beauluère, Notes manuscrites communi-
quées par son petit-fils, cette chapelle existait déjà antérieure-
ment à la construction du collège 1582-1585.
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la Mayenne qui lui avait demandé deB renseignements
sur les anciens établissements d'instruction de la dite
ville, son collège possédait avant la Révolution, en im-
meubles ou en rentes, un revenu annuel de 4200 livres,
non compris les rétributions payées par les élèves <.
Nous n'avons pu retrouver l'état des immeubles ou
des rentes possédés par le collège avant 1789 ; mais
divers documents nous permettent d'évaluer ses reve-
nus d'une façon approximative. Ils comprenaient en
effet :
1° Le revenu de la prébende du chapitre de Saint-
Tugal attribuée au principal du collège par le roi Henri
III, et dont l'émolument, fixé à 200 livres par le concor-
dat de 1607, confirmé par le règlement de 1699, n'avait
pas été augmenté par la suite et atteignait à peine, à
la fin du XVIIl' siècle, le demi-quart de celui des
autres canonicats -. C'est seulement en 1787, le 14 juil-
let, qu'un nouveau concordat, conclu entre le chapitre
de Saint- Tugal et le bureau d'administration du collège,
porta son revenu à celui d'une prébende entière. Suivant
M. Boullier, le revenu d'un canonicat du chapitre de
Saint-Tugal, estimé 400 livres à la fin du XVII* siècle
par Leclerc du Flécheray, à 500 livres en 1746, dépas-
sait de beaucoup cette somme ^. Le peuple l'évaluait de
15 à 1800 livres, ajoute-t-il, ce qui était peut-être exa-
1. Arch. départ., Série L.
2. Boullier. Recherches historiques sur la paroisse de la Tri-
ailé de Laval, page 299. Cette évaluation porterait à 1600 livres
au minimum la valeur des autres prébendes.
On ignore quel était, avant le XVI" siècle, l'émolument attri-
bué au principal du collège. Lorsaue le roi Henri III eut areordé,
en 1585, à ce principal, une prébende du chapitre de Saint-Tu-
gal, à la chaîne d'instruire gratuitement la jeunesse, les chanoi-
nes s'abonnèrent avec celui-ci pour la somme de 150 livres par
an, laquelle fut portée à 200 livi-es par le concordat de 1607. — De
La Beeuluère, Recherches historiques, tome l"" (Notes manuscri-
tes communiquées par M. Louis de la Beauluère.)
3. 'Bov\.Ywt. Recherches historiques, etc., p. 220.
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- i3 -
Cette évaluation n'était pas aussi exagérée que setn-
Me le croire M. BouUier. Des documents contemporains
noua apprennent en effet que le revenu de ladite pré-
bende s'élevait à la somme de 1519 livres.
Le 23 février 1791, MM. Barbeu de la Couperie et
Denais se présentent au directoire du district de Laval,
au nom du bureau du collège, pour demander qu'il soit
distrait de la masse des biens appartenant au chapitre
de Saint-Tugal et séquestrés comme biens nationaux, une
on plusieurs métairies dont le revenu serait affecté au
service de la prébende attribuée au principal du collège
et s' élevant à la somme de 1519 livres 19 sols 2 deniers.
Les administrateurs du district, reconnaissant la jus-
tesse de cette réclamation, chargent le sieur Tellot, ex-
pert, de visiter les biens du chapitre et de désigner les
terres dont il conviendrait d'attribuer le revenu au col-
lège'. Le 5 avril suivant un nouvel arrêté décide que les
métairies de la Maintraie, affermée 800 livres', et du
Petit- Montfburmé, affermée 950 livres^, toutes les deux
situées paroisse d'Arquenay, seront affectées au service
de la prébende qui appartient au principal du collège.
L'excédent de revenu, s'élevant à 230 livres environ,
sera employé en réparation» *.
2" La rente de 100 livres payée annuellement par i'Hô-
tel-de- Ville pour le traitement de chacun des régents,
aux termes du règlement de 1699. Nous ignorons si cette
1. Arch. départ. Registres des arrêtés du Directoire du district
de Laval, M 74^
2. Ou Uilraie. Il existe encore deux fermes de ce nom dans la
commune d'Arquenay, la Haute et la Basse-Mîtraie. (L. Maître.
Diction, topog. du départ, de la Mayenne).
3. Cette ferme a disparu. Mais il existe encore, dans la com-
mune d'Arquenay, un viilag;e, nommé le Orand-Montfourmé, qui
devait être voisin de cette métairie, {h. Maître, Diction, topog. du
départ, de la Mayenne).
k. Arch. départ. Reg. de» arrêté» du Direct, du district de La-
val, t- 190 et 237.
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somme n'avait pas ét^ augmentée au XVIII* siècle et
si, notamment, les professeurs chargés des cours de
rhétorique et de philosophie, inaugurés seulement l'un
vers 1740, le second vers 1763, ne reçurent pas un trai-
tement plus élevé que celui de leurs collègues. Il y avait
en 1789, au collège de Laval, cinq régents. La rente
annuelle versée par la municipalité pour leurs émolu-
ments ne saurait donc être portée à moins de 500 livres ' .
3" Une seconde rente payée par l'Hôtel -de- Ville pour
l'entretien d'un élève boursier. L'article XI du règle-
ment de 1699 portait qu'il y aurait dans chaque classe
du collège deux pauvres écoliers, originaires de la ville
ou de ses faubourgs, lesquels seraient instruits gratuite-
ment, à la charge de garder et fermer tes portes des
classes et de balayer celles-ci, avec la chapelle, deux
fois par semaine, sans être tenus d'aucun autre service.
Ces écoliers devaient être choisis, l'un par Messieurs
les maire et échevins, l'autre par Messieurs du chapitre
de Saint- Tugal. Par suite d'un accord intervenu, à une
date que nous ignorons, entre les chanoines et l'Hàtel-
de- Ville, cet usage avait disparu pendant le XVIII* siè-
cle. Pour en tenir lieu, la municipalité de Laval s'était
engagée à verser annuellement une somme convenue
pour la fondation d'une bourse, dont le titulaire devait
remplir les fonctions de portier du collège. Il était logé,
nourri et était admis à suivre les classes comme les au-
tres écoliers. Cette bourse était peu dotée, aux termes
I. Aux termes d'un Mémoire relatif aajc revenus du ci-devant
cottége, en date du 4 pluviôse an VI. conservé aux archives mu-
nicipales de In y\\\e de Laval et dont nous devons communication
à l'exlrémeobligeance de M. E. Moreau. la somme, prélevée sur
les deniers d'oclroi et versée annuellement par l'Hôtel-de- Ville
pour le traitement des régents du collège, n'avait pas été augmen-
tée depuis 1699 et restait entiore fixée, en 1"90, à 300 livres, bien
que le nombre de ces régents eût été porté de trois ô cinq dans
les années qui précédèrent la Révolution.
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— iS —
d'un document conservé aux Archives départementales'.
Noue pensons cependant que l'on ne peut évaluer sa va-
leur à moins de 100 à 150 livres ^.
4° Le revenu de la terre de Bonnes, léguée aux Jé-
suites de la Flèche par Sébastien de la Porte, conseiller
du roi, doyen du collège des médecins de Rennes, époux
de Louise Ouvrard, aux termes de son testament olo-
graphe en date du 12 avril 1688, conserve aux archives
départementales de la Mayenne.
n Item, suivant mes premières intentions, je donne
« aux R. pères Jésuites, mes premiers mestrcs, mes
« maison, terre et fief de Bonnes, à l'entier, ainsi que je
« les possède et posséderai à mon décès, pour iceux
n établir une petite retraite pour leur servir d'hospice
« entre Laval et Rennes, ou un collège rural, si ils le
« trouvent à propos, à la condition de dire ou faire dire
icad-
ministralcura du départemenl de la Mayenne. ^Art^h. départ. Sé-
rie U.
Contrairement aux dires ilii citoyen Linbon, il résulte des termes
du Mémoire relatif aux revenus du ci-devant colli-ge. conserve
aux archives municipales de la ville de Laval, que la bourse fon-
dée pour un élève pauvre, chargé de remplir les fonctions de por-
tier de cet t^lnlilissemeut, nVliitt point à In charge de l'HOtel-de'
Ville. Cette bourse, dont le fondateur nous est encore inconnu,
ainsi qun la date de sa crt''atian. jouissait seulement d'un revenu
de 60 livres sur la terre du Fouilfoux (C™ de Sa i ni- Germai n-le-
Fouilluux). dont le propriéUiire avait seul le droit d'en clioisir le
titulaire.
2. Arch. départ. Série L. Pendant la Révolution, quoique les
biens de tous les établisse me nbt d'instruction eussent été conlis-
qués comme biens nationaux, les deux bourses de l'HAlel-de-
Ville et de Bonnes n'en continuèrent pas moins à iHre mainte-
nues au collège. Le 7 septembre 179^, le directoire du départe-
ment de la Mayenne déclare que c'est à lu nation, devenue
propriétaire des oiena du collèfçe, qu'incombe le devoir d'entrete-
nir ces deux bourses et, les assimilant l'une à l'autre, lixe la
valeur de chacune d'elles à 500 livres par an. (Arch. d^p. Reg. des
arrêtés du département, r° 42). La valeur de ces deux bourses
varia à diverses reprises pendant la Itévolutioii et fut portée suc-
cessivement à 6, 7, et 800 livres sur les réclamations des institu-
teurs du collège.
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- ne -
« à perpétuité deux messes par chaque semaine, l'une
H déjà fondée par M. René Bétoce' et t' autre pour le
« repoa de mon âme et celle de demoiselle Louise Ou-
« vrard, ma femme, et de nos parents et amis trépassés,
a dans la chapelle dudit Bonnes qu'ils entretiendront ;
« et en outre, à condition de nourrir et instruire avec
« leurs autres pensionnaires au collège de la Flèche, ou
u Laval s'ils y en avait un, deux écoliers de l'une ou
« l'autre famille de ma femme ou de moi, lesquels se-
« ront choisis par les anciens desdites familles, et où il
a ne s'en rencontrerait ni de l'une ni de l'autre, il en
« sera choisi deux de la paroisse de Saint- Vénérand de
a Laval, ou même, au défaut, de la paroisse de l'Huis-
a série, par lesdits parents et seigneurs-curés des dites
« paroisses, pour être enseignés et nourris, à la coa-
R dition de se faire prêtres et dire leurs premières mes-
« ses pour le repos de nos âmes et prier pour nous en
V toutes celles qu'ils diront pour toute reconnaissance ;
« et ne prendront lesdits pères Jésuites possession et
« jouissance de la dite terre que le lendemain de la
a mort de demoiselle Louise Ouvrard, ma femme, dési-
n rant que pendant sa vie elle jouisse entièrement et
« paisiblement de ladite maison, terre, fief et seigneurie
« pour son douaire; et à ce que mes héritiers, etc...^ »
Sébastien delà Porte mourut le 2 mars 1693 ^ et sa
veuve, Louise Ouvrard, le 23 octobre, 1698*. C'est
alors seulement que les Jésuites purent entrer en posses-
sion de leur legs.
1. Précédent propriétaire de In terre de Bonnes.
2, Arch. départ. S. B 1336. Ce dossier comprend, outre le tes-
tament original de Sébastien de la Porte, plusieurs autres testa-
ments ou codicilles, également olographes, qui tous reproduisent
cette même disposition dans des termes identiques.
n de scellés après le di-
n de scellés après le di-
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— il —
La terre de Bonnes comprenait, outre la maison sei-
gneuriale et la métairie voisine, la cloeerie du Bignon
et un moulin sur la Mayenne. Suivant le mémoire de
Leclerc du Flécheray, rédigé vers la fin du XVII' siè-
cle', son revenu pouvait être estimé à 1,000 livres en-
viron.-. Toutefois, les Jésuites de la Flèche, ne jugeant
pas ce produit suffisant pour couvrir les dépenses que
nécessiterait l'entretien de deux élèves boursiers, con-
sentirent à accepter le legs de Sébastien de la Porte,
à la condition expresse de n'être tenus à recevoir
qu'un seul écolier au lieu de deux. Le titulaire de cette
bourse serait choisi alternativement dans la famille du
donateur et dans celle de sa femme, Louise Ouvrard.
Cette condition ayant été acceptée par les exécuteurs
testamentaires de Sébastien de la Porte, les Jésuites
prirent possession de la terre de Bonnes. Ils reçurent
alors successivement dans leur collège plusieurs jeunes
gens de la famille de la Porte, et il fallut un procès, en
1757, pour y faire admettre un enfant de la famille de
Louise Ourrard, Michel-Nicolas Jousselin, fils de Mi-
chel Jousselin et de Rose-Perrine-Louise de Valleaux^.
1. Description du Comté de Laval, § XIII, pag;e 45 de l'édition
donnée eu (860 par M. II. Godbert, i "
Nous truuvous. parmi les pièces relatives n une saisie de la
' Bonnes, opérée sur lesWrîtiers de Sébastien de la Porte
du baron a'Entrammes, pour obtenir paiement du droit
de rachat sur la dite lerre, une estimation de ses revenus, en date
du 30 août 169'i. qui porte iesdits revenus à 287 livres seulement
(Arch. dép.. série B 1337) : savoir : maison et jardin 30 1. ; deux
quortiers de vigne 20 1. ; terres labourables, six pièces de terre,
contenant 24 journaux ou à peu près, 11 1. ; deux prés contenant
huit honimées, 40 I. ; les taillis, vergers, chAtai^eraie, cours, is-
sues, etc., en tout 10 journaux, 25 I. ; lu closerie du Bignon, 10
journaux et une hommée et demie de pré, 401. ; te moulin et 50
cordes de pré, 60 I. Mais cette évaluation, faite spécialement pour
la perception d'un droit fiscal, n'est évidemment pas exacte.
3. Pétition présentée aux administrateurs du département de la
Mayenne, le 3 brumaire an Vil, par Perrine-Marg^erite-Hade-
leine Jousselin, veuve de la Broise, pour obtenir que son fils fût
nommé boursier à l'école centrale, en exécution de la donation
de Sébastien de la Porte fÀrch. départ., série L)!
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Celui-ci Be trouvait à la Flèche au moment de l'expul-
sion des Jésuite», en 1762.
Lorsque ceux-ci eurent quitté le collège de la Flèche,
la municipalité de cette ville s'empressa d'organiser un
nouveau collège, dirigé par des prêtres séculiers. Le bu-
reau d'administration de ce nouvel établissement, espé-
rant pouvoir conserver les biens formant la dotation du
collège des Jésuites, s'empressa d'accomplir toutes les
mesures conservatoires qu'il jugea utiles pour le main-
tien de ses droits. C'est ainsi que, le 14 avril 1763,
M. Davy des Piltières, l'un des membres dudit bureau,
rendait aveu pour la terre de Bonnes au baron d'En-
trammes, au nom du nouveau collège et de son princi-
pal'. Il est à croire que, dans l'espoir de conserver les
biens des Jésuites, le nouveau collège avait aussi conti-
nué d'acquitter les charges dont étaient grevés quelques
uns de ces biens, notamment en conservant les élèves
boursiers qui s'y trouvaient au moment du départ des-
dits Jésuites.
A cette époque, la terre de Bonnes était affermée, par
bail du 21 novembre 1760, 900 hvres par an*.
Les lettres patentes, données à Versailles le 7 avril
1764, portant réorganisation du collège de la Flèche et
y créant un pensionnat de 250 gentilshommes, avaient
attribué la terre de Bonnes au collège de Laval, à la
charge de remplir les conditions mises à sa donation
par Sébastien de la Porte.
Le collège de Laval devait entrer en jouissance de la
dite terre le 1" octobre de cette année. Le 18 septem-
bre, à la requête du procureur général du roi, poursuite
et diligence de l'avocat du roi, assisté de M. René Tetlot,
1. De MonUey. Histoire la Flèche et de ses seigneurs, tome II,
p. 158 et Arcliives dépariemeiiiales de la Mayenne, série B, 1438.
2. Arch. d<^parl. B 1438. Déclaration faite, le 5 Juin 1762. par
Germain Géhard. sieur de Loisillière, et son Trére Joseph Géhard,
aieur de la Gaudiniëre, fermiers de la terre de Bonnes.
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expert, en présence de M. Joseph Segretain, prêtre, prin-
cipal du collège, et de MM. François Gaudin, échevin,
et Kené Laanier, chirurgien, tous les deux administra-
teurs dudit coUègs, il est procédé à une montrée qui
nous fournit quelques détails sur la terrre de BonneB à
cette date. Celle-ci comprenait :
La maison seigneuriale, consistant en un bâtiment
sous combles, en pierres du paya ; un gros pavillon vers
le midi ; une tour dans laquelle existait un escalier et un
autre petit pavillon vers le levant; ladite maison, ayant
37 pieds de long sur 23 de large, composée de deux
caves, cuisine et office, deux chambres au-dessus et gre-
niers ; à côté, chapelle, avec clocheton pour contenir la
sonnerie, cellier, écurie, élables, cour, jardin et treize
pièces de terre composant la métairie du même nom.
La closerie du Bignon, exploitée par Tugat Hacques,
composée de b&timents d'habitation et d'exploitation,
cour, jardin etc., et 8 pièces de terre.
Le moulin de Bonnes, bAtiment de 26 pieds de long
sur 20 de large, couvert en bardeaux, avec ses dépen-
dances, tournant et virant, y compris la chaussée jus-
qu'aux premières pierres de la porte marinière, de 42
pieds de long sur 20 de large.
La maison seigneuriale, depuis longtemps inhabitée,
tombe en ruines, et l'expert Tellot déclare qu'en raison
de son grand entretien très dispendieux, elle ne pouvait
être qu'à charge au collège et qu'il serait plus avanta-
geux de la démolir. Il propose en outre de réduire des
trois quarts l'écurie, installée pour recevoir quarante che-
vaux, de façon à ce qu'on n'ypuisse plus placer que dix à
douze de ces animaux, et de faire clore par un portail
la cour de la maison seigneuriale pour séparer celle-ci
de celle de la fermée
Michel Jousselin entra au collège de Laval le 6 octo-
i. Arch. dép.. série B, 21.
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- 30 -
bre. Lorsqu'il eut terminé ses études, il y fut remplacé
par un membre de la famille de la Forte, qui le quitta
hii-méme en 1785. Ce dernier eut pour successeur Am-
broise-Balthazar de Valleaux, dont un compétiteur,
M. Jean Leclerc de Guicberon, avait tenté de contester
la parenté avec Louise Ouvrard, mais qu'une ordon-
nance de police, du 9 juin 1786, maintint en possession
de la bourse de Bonnes, tout en donnant acte à ses pa-
rents de leur offre de contribuer à l'entretien du maître
qui enseigne à lire et écrire aux jeunes pensionnaires,
jusqu'à ce que cet enfant fût en état de faire ses thèmes*.
Le jeune de Valleaux se trouvait encore au collège â
l'époque de la Révolution, pendant laquelle, quoique les
biens appartenant à cet établissement eussent été con-
fisqués par la nation ^, la bourse de Bonnes ne cessa pas
d'être occupée, d'abord par le sieur Ravard, descendant
de la famille de la Porte, qui passa à l'école cen-
trale jusqu'à l'an VII, où il fut remplacé par un jeune
de la Broise, appartenant à la famille Oifvrard.
Les revenus de la terre de Bonnes, en 1789, sont
évalués à plus de 2,000 livres dans un document de l'é-
poque révolutionnaire 3.
1. Arch. dép., série B, 26. Ordonnance rendue par M. Jean
Hardy de la Cnerbonnerie, conseiller du roi, lieutenant général
et particulier, etc..
Nous ne snvons si ce maître était compris au nombre des ré-
gents du collège, ou n'était pas plutiU une sorte de maître d'é-
cole, attaché à cet établissement pour instruire les enfants trop
jeunes pour suivre les classes de latin.
2. La maison de Bonnes et la métairie du même nom furent
vendues nationale ment, le 19 janvier 1793, 29,100 livres; la close-
rie du Bignon 8,000 livres et le moulin de Bonnes 950 livi-es.
3. Lettre de Jacques Duchemin-Desgennetès. curateur de
Pierre Ha vard, pensionnaire au collège de Laval, adressée aux
administrateurs du département de la Mayenne, pour leur deman-
der de faire verser au citoyen Laban, principal du collège, la
somme fixée comme représentant la valeur de la bourse dont
avait été pourvu ledit Ravard que l'on voulait renvoyer faute de
ce paiement. Arch. dép., s. L.
Suivant le Mémoire relatif aujc revenu* du ci-devant collège.
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— 31 —
L'ensemble des revenus du collège que nous venons
d'énumérer atteint et même dépasse un peu le chiffre de
4,200 livres auquel ces revenus sont évalués dans la let-
tre du maire de Laval du 9 floréal an IX. Cette énu-
mération, dont nous aurons involontairement forcé quel-
ques chiffres, semble donc complète.
Aux revenus dont nous venons de parier on peut
ajouter le produit de la rétribution annuelle payée par
les écoliers et celui du pensionnat annexé au collège.
Le règlement de 1699 portait que le produit du droit
d'écolage payé par les élèves du collège serait divisé en
deux portions égales, dont l'une était attribuée au prin-
cipal, et dont l'autre devait être partagée entre tous les
professeurs. Ce droit, ainsi que nous l'avons dit plus
haut, avait été augmenté en 1740, au moment de l'ou-
verture du cours de rhétorique et porté à 12 livres pour
les élèves des plus basses classes et à 15 livres pour
ceux de seconde et de rhétorique*. Nous ignorons s'il
n'avait pas subi plus tard une nouvelle augmentation, et
si, notamment, les élèves du cours de philosophie, ou-
conservé aux archives municipales de Laval, déjà cité, la terre de
Bonnes élaîL alTermée. en 1790, 2100 livres, en y comprenant la
métairie voisine de l'Hommelaîs (vendue 23.000 livres le 19 jan-
vier 1793). Nous ne savons à quelle dnle ai dans quelles circons-
tances celte métairie, dont il n'est pas question dans les titres
anciens qui sont passés sous nos yeux, avait été réunie à la terre
de Bonnes.
Nous i^orons absolument quelles mesures avaient été pri-
ses par les Jésuites de la Flèche relativement aux deux messes
qui devaient Être célébrées chaque semaine dans la chapelle de
Bonnes pour le repos de l'âme de Sébostieu de la Porte et de sa
femme, Louise Ouvrard. Lorsque le collège de Laval fut devenu
Sropriétaire de la dite terre, àla charge «Texécuter les conditions
e la donation faite primitivement aux Jésuites, il est probable
que son bureau d'administration dut s'entendre avec quelque prê-
tre du pays, ou même de Laval, pour que œlui-ci se chargeât,
moyennant une rétribution convenable, d'acquitter ces deux
1. De la Beauluère, Recherches historiques, tome XV.
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vert vers 1763, n'avaient pas été appelés à verser une
rétribution plus ëJevée'.
Le pensionnat était entièrement à la charge du prin-
cipal qui en percevait les bénéfices. Mais ceux-ci étaient
fort aléatoires. Il arrivait parfois, pendant les années
de disette, que ce pensionnat, loin de donner aucun pro-
duit, occasionnait au contraire d^s pertes assez considé-
rables, n Je t'ai déjà dit l'an passé que M. Segretain
« avait perdu 500 livres sur ses pensionnaires, » écrit
M"" de la Jourdonnière à son fils, le 4 mai 1768'. Il est
à croire que des déficits de ce genre durent se produire
à diverses reprises au cours du XVIII' siècle^.
PETITE ÉCOLE OU COLLÈGE
Depuis la fondation du Collège de Laval jusqu'au
XVII* siècle le principal de cet établissement fut as-
treint à tenir ou faire tenir par un de ses régents une
école gratuite pour les enfants pauvres de ta ville.
L'existence de cette école est constatée dans la suppli-
que adressée, le 11 décembre 1606, par les habitants
de Laval à Charlotte-Brabantiue de Nassau, mère et
tutrice de Henri de la Trémoille, devenu comte de La-
val par le décès de Guy XX, au sujet de la prébende
attribuée au principal du collège par Henri III ^.
1. Suivant le Mémoire relatif auJ^ revenus du d-devanl collège.
déjà àlé, celle rétribution scolnire n'avait pus été auginenlée de-
puis 1740 et était encore, en 1790, fixée aux mômes cniffres.
2. Correspondance de M"' Lemonnier de la Jourdonnière.
'i. Deux messes, dites du collège, fondée.s anciennement par
Jehan Beudin, étaient acquittées en 1658 dans l'église Saint- Tu-
gai par la pi-ébende occupée à celte époque par le sieur Sorin et
par te chapitre, un l'acquit du principal du collège. A ce moment
celte Tondation, donl le revenu était de douze livres seulement.
Tut réduite aune seule messe par semaine, laquelle conlinueraitù
être acquittée par le sieur Konn et ses successeurs. (De la Beau-
luère. Recherches historiques, T. XVIII|, Nous ignorons quel
avantage le collège avait pu retirer de cette fondation.
4. Suivant M, de la Beauluère, Recherches historiques, tome
l", la cliarge d'inslruire gratuitement la jeunesse, imposée au
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Toutefois cette école parait avoir été supprimée dana
le cours de ce siècle, à une date que nous ignorons. Le
principal, en présence de l'extension prise par le collège
et n'ayant que deux régents pour le seconder, obtint
d'être déchargé de l'obligation qui lui était imposée.
C'est alors sans doute que le chapitre de Saint- Tugal
autorisa l'ouverture de deux petites écoles, l'une, dirigée
par le sacriste même du chapitre, pour les enfants de
la ville proprement dite et du faubourg Saint-Martin,
l'autre, placée sous la direction du> prieur de Saint-Vé-
nérand, pour ceux du faubourg dit du Pont de Mayenne.
Voir le chapitre de cette étude consacré aux petites
écoles de ta ville de Laval avant la Révolution.
BÉGENTS
Nous avons ditque les régents du collège étaient choisis
par le principal, mais n'étaient admis qu'après avoir été
examinés sur leurs science, doctrine et mœurs par le
chapitre de Saint-Tugal. Us pouvaient être renvoyés par
le principal, d'accord avec les chanoines.
Ces régents devaient être vêtus, à l'intérieur du col-
lège, d'habits longs, et porter le bonnet carré. Presque
tons étaient prêtres ; mais ils pouvaient être laïques.
Logés et nourris andit collège, ils touchaient seulement
comme traitement les cent livres versées annuellement
pour chacun d'eux par l'Hôtel-de-Ville et leur quote part
dans la seconde moitié du produit des droits d'écolage
payés par les élèves. La modicité de ce traitement n'é-
tait pas Faite pour attacher ces professeurs à leurs fonc-
tions. Aussi a 'empressaient- ils de lea quitter dès qu'ils
étaient à même de situationa plus avantageuses et le
personnel du collège dut se renouveler fréquemment.
principal du colley, avait élé un des motifs invoqués par le
roi Henri III pour justifier l'attrib.ution <■"'■— l'i'io * -"01..)-..) .i'..na
prébende du chnpitre de Saint- Tugral.
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- 34 -
Nous avons retrouvé les noms de quelques-uns seule-
ment de ces régents :
GoYA.li, présenté pour être régent du collège et reçu
le 22 septembre 1714*.
Charles-François Pihd, reçu au collège le 7 octobre
1718S.
Frahçois Mondibbk, reçu en 17263.
Nicolas Bourgmeuf, prêtre, mort le 28 septembre
1751*.
DucBEMiii, nommé curé de Montsûrs au mois de mars
1767 ».
Joseph-Louis Segretain, qui succéda à son oncle,
René-Esprit Briais, comme principal du collège, le 13
mai 17406.
REMt Trois, établi comme gardien des scellés au dé-
cès de René-Esprit Briais, le 11 avril 1740^.
François Decheske, devenu plus tard diacre d'office
et chapelain du chapitre de Saint-Michel, dit du Cimetière-
Dieu de Laval*.
Mathurir Bouvier, prêtre, mort eu 1770^.
1. Extraits des registres des délibérations du chapitre de Sainl-
Tugal. Copie ancienne des archives de M. de la Beautuère.
1. Extraits des registres de Saint-Tagal.
3. Boullier. Recherches historiques sur la paroisse de la Tri-
nité de Laval, p. 297.
i. Registres de la paroisse de Saini-Tugal, au grefTe du tri-
bunal ctvil de Laval.
5. Lettre de Madame de la Jourdonniére à son fils, en date du
8 avril 1767 (De nos archives),
6. Arch. départ., B, 105, Voir le chapitre qui précède.
7. Arch. départ., B, 105.
. Tableaux du clergé,
9, Arch. départ., B 108. Apposition de scellés après décès au
domicile dudit Bouvier. La qualité de régent du conèffe n'est pas
donnée à celtii-ci dans le co^s de l'acte ; elle est seulement ins-
crite en marge de la première page de celui-ci.
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— 35 —
Pierre-Jacques Triquerie, né en 1759'.
PiBHBE Rekodabd, né à Laval vers 1740. 11 devint en
quittant le collège aumônier des Ursulines du Mans '.
Jean Favrolle. Celui-ci était laïque. Après avoir pro-
fessé au collège en 1781 et 1782, il le quitta pour fonder
mie école avec pensionnat qui subsista pendant toute la
Révolution 3.
Julien Piolin, qui quitta le collège pour devenir vi-
caire à Changé-lès-Le Mans, puisa Changé-lès- Laval '.
René Chauvinkac, préfet des études.
Fhançois-Jean-Baptiste Mabtineau, professeur de
rhétorique.
Michel-Henri LAtfGLOis.
Pierre-François Letbrme.
Louis Bourge.
Tous les cinq en fonctions en 1791^.
1. Boullier, Mémoires ecc/ésiastîqias etc.. Tableaux du clergé
n" 289, M. Tri<]uene enlra ciiiiuite dans la congrégalion des Do<;-
Irinaires. et fut emplové au collège de Bourges. Ordonné prêtre
seulement en 1795, il revint à Laval et exerça secrètement le
culte. Vicaire à Saint-Vénérand après le Concordat, nommé cha-
noine honoraire du Mans, il exerça les fonctions de principal du
collège de 1816 à 1825.
2. Il était curé d'Izé à l'époque de ta Révolution, prêta le ser-
ment et devint bibliothécaire de la ville du Mans. H a publié en
1811 deux volumes A'Essais historiques sur la province du Maine
(Le Mans, Fleuriot, 2 vol., in-12|, el mourut en 1817.
3. il fut un instant professeur à l'école centrale de la Mayenne,
avant sa suppression, pendant l'an XI.
't. Mort ea 1794, en Franconie, aumdnier de l'armée de
Condé lAbbé Guiller, Recherches sur Changé-lèa-Laval, T. I",
p. 426).
5. Voir le chapitre de cette étude consacré à l'histoire du col-
lège de Laval pendant la Révolution.
Les quatre derniers de ces régents devaient diriger 'chacun
deux classes, de la rhétorique à la huitième. Il est à croire que
le cours de philosophie était professé par le préfet des études ou
le principal, si toutefois il n'avait pas déjà été supprimé à l'épo-
que de la Révolution.
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DÉCLAKATIOKS, REPRÉSENTATIONS THÉA.TRALES
ET EXERCICES PUBLICS
On abolit en 1691 l'usage où étaient les écoliers de
faire, chaque année, le jour de la Fête-Dieu, devant la
porte du collège, où le Saint-Sacrement reposait, de»
déclamations dont le sujet était tiré deTEcriture-Sainte'.
L'usage de ces déclamations se perpétua cependant
jusqu'à la fin du XVIII* siècle. Seulement elles n'eurent
plus lieu dès lors qu'à l'intérieur du collège, soit à l'oc-
casion des distributions de prix, soit à l'époque du pre-
mier janvier ou du carnaval.
Le règlement de 1699 recomn^ande au principal et
aux régents d'avoir soin qu'il soit fait au m'oins deux
déclamations chaque année, savoir, l'une pendant l'hiver,
et l'autre à l'occasion de la distribution des prix, par
quelques écoliers qui réciteront de la prose ou des vers,
ainsi qu'il serait jugé àaropos par le principal, suivant
la capacité desdits écoliers.
Nous n'avons rencontré aucune trace des déclamations
faites au collège pendant l'hiver, mais nous avons nn
certain nombre de renseignements sur celles qui eurent
lieu au X VIII* siècle, à Toccasion des distributions desprix.
La collection des programmes imprimés des exercices
publics soutenus par les élèves du collège de Laval, possé-
dée par M. L. de la Beauluère, qui a bien voulu nous en don-
ner communication avec une bonne grâce dont nous ne sau-
rions trop le remercier, est fort curieuse. Elle est mal-
heureusement incomplète, mais assez nombreuse cepen-
dant pour nous permettre de fournir quelques renseigne-
ments snr un certainnombredeces exercices de 1727 àl791.
Les programmes étaient distribués aux élèves qui de-
1-. Archioes de Saini-Tugal à ta Bibliothèque de Laval {XMS.
532). Pièce I .-Mémoire sur les Antiquité, usages i " " '
l'église de Saint-Tugal. 1746, f" 16.
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JOAS
TR A G EDIE.
E T
GREGOIRE
COMEDIE.
SERONT REPRESENTEZ
DANS LA GKANDB COUK DU COUECB ROYAC
DE LA V AL ,
POUR LA solemnite:
DE LA DIITRIJDTION P&ILIQ.VB Dit PXlX .
DONNEZ PAR MESSIEURS
LES MAIRE ET ECHEVINS
DE CETTE VJLLE,
On fcrib Reprelentiiion cmine pour Ici DAMES; )c Mudj
». Aonll 1 une hciut prtcUc Jr^^,,.^ ^^^^..tju.
VOUS y hxi iniîici , M. M> pit toui Ici AAturi , & pinl-
culicrfiiinit ptr v6ii* it£i<humbl» & iiii-obiidtni Stniicui fi-t^u^.
ACTEUR de h 'T'-^^--^-^ (^'~-'^"'"^y'^-^-^y-^^\^^
5/ t miunitii irn^ afUe it fort U KffrrfiMIbm , h jnri WTptj^ ,
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vaientprendre part auxdits exercices, et ceux-ci, après y
avoir apposé leurs signatureSilesremettaieiitaux membres
de leurs familles et aux amis de celles-ci. Ils servaient
donc à ta fois de lettres d'invitation et de cartes d'entrée.
Le plus ancien de ces programmes porte la date de
l'année 1727. On doit jouer, le mercredi 20 août, à une
heure et demie après midi, dans la cour du collège,
Joas, tragédie, et Grégoire, comédie. La distribution
des prix, donnés cette année-là par les maire et éche-
vins de la ville, suivra immédiatement.
On donnera la veille, à la même heure, une représeo-
tation entière pour les dames.
Une note ajoutée au bas du programme prévient le
public que, si le mauvais temps empêchait la représen-
tation tes jours marqués, on la ferait les premiers beaux
jours suivants.
Ce programme ue contient pas les noms des acteurs
qui doivent jouer dans les deux pièces. Un setil de ceux-
ci, François Démaillé, acteur de la tragédie, jouant le
rôle d'Arrias, capitaine des gardes, nous est connu par
ta signature qu'il a apposée sur l'exemplaire que nous
avons eu sous les yeux <.
Nous n'avons pas les programmes de 1728 et 1729.
En 1730 les élèves du collège jouent trois pièces .-
Jephté, tragédie. L'enfant prodigue, drame. Le Monde
démasqué, comédie.
Cette représentation aura lieu, le mercredi 23 août, à
deux heures précises, dans la cour du collège, et sera
suivie de la distribution des prix donnés par le chapitre
de Saint-Tugal.
Une première représentation doit être donnée, la veille
de cette cérémonie, pour les dames et demoiselles.
1, Nous donnons ci-contre une reproduction, réduite de plus
de moitié, de ce programme, d'après l'exemplaire appartenant à
M. Louis de la Beauuière qui a bien voulu nous en accorder l'au-
torisation.
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Ce progranune, imprimé à Laval, chez Louis-Fran-
çois Ambroise, imprimeur du roi, comprend huit pages
inr^". Il contient l'argument de chacune des pièces et les
noms des acteurs, au nombre de trente-six, dont seize
pensionnaires.
Noos n'avons pas de programmes de représentations
théâtrales pour les aanéee suivantes jusqu'en 1753, mais
seolement ceux d'exercices publics soutenus par les
élèves de troisième et de quatrième, le 29 août 1749 et
le 1" septembre 1750. Ces placards ne contiennent au-
cune mention relative à la distribution des prix qui de-
vait avoir lieu à ta même époque. Peut-être ces exerci-
ces, consistant en explications d'auteurs latins, Taites
par quelques élèves, étaient-ils indépendants de la
grande représentation qui devait accompagner cette
solennité.
Cette distribution est annoncée pour 1751. Elle aura
lieu le 23 août et sera précédée d'un exercice public sou-
tenu par les élèves de rhétorique et de seconde. Il n'y
aora pas h proprement parler de représentation théâ-
trale, mais seulement un scène dialogues, jouée par plu-
sieurs jeunes gens. Le sujet en est analysé au bas du
programme. Un poète, un militaire, un philosophe, un
historien, un orateur, un critique, ub médecin, assem-
blés devant des juges, soutiennent la prééminence de
l'art dont ils font profession V
Le 23 août 1752, les humanistes prennent part à un
exercice public sur les préceptes de rhétorique. Le 30 du
même mois, ont lieu les exercices de traduction d'au-
1. Le Philosophe, l'HistoricD, le Poète, l'Orateur, le Critique,
le Hilitaire, le Médecin, assemblés devant des juges, soutiennent
1b prééminence de l'art dont ils font profession par l'utilité et la
claire qu'ils procurent à l'Etat, et par là prétendent au premier
des prix qui, selon leJestament de Polydore. doivent être plus ou
moins considérables a proportion du mérite des arts rivaux. Phi-
landre snrvîent et mortifie un peu l'oi^eil et ta vanité du mé-
decin.
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- 40 ~
teura latins donnés par les élèves de quatrième. Le 6
septembre suivant doit avoir lieu !a distribution des
prix donnés par l'Hôtel-de-Ville. La cérémonie sera
précédée d'une scène dialoguée jouée par trois élèves du
collège et résumée sur le programme '.
La représentation donnée le 6 septembre 1753 fiit des
plus brillantes. Le programme imprimé à Laval, chez
L.-F. Ambroise, comprend 14 pages in-4'>. Les élèves
du collège joueront trois pièces accompagnées d'inter-
mèdes de danses : Apollon invitant la jeunesse à un
spectacle instructif et divertissant, prologue ; Le cou-
ronnement de David, pastorale héroïque; Abdolonyme
élevé sur le trône de Sydon, pour servir d'intermède.
Un des acteurs, M. Courte, terminera la représenta-
tion par un remerclment.
Chaque acte sera suivi d'un ballet représentant, avec
des caractères distinotifs, les personnages et les acteurs
qui ont paru dans les scènes précédentes.
Les danses sont de la composition de M. Josson le
cadet, maitre à danser du collège et de la ville de La-
val. Le frère de celui-ci, Pierre-OUvier Josson, maître à
dfuaser de l'académie d'équitation d'Angers *, doit pren-
dre part à la représentation en dansant avec son frère
1. Lindor et Damis, écoliers, de ces rieurs qui se moquent de
tout paraissent sur la scène avec Eraste écolier saffe et réservé :
toriciens, demandent à Erâste s'il sera farci de ces termes barba-
res consacrés à la chicane, ou de citations grecques et latines,
si capables d'endormir ou du moins d'ennuyer les dames. Eraste
blâme leur caractère satyrique et les assure que le sentiment et
la raison, avec tout l'er^ouementdontîls sont susceptibles, devant
Sarlerdans te plaidoyer, il ne peut manmier d'intéresser et de
ivertir un sexe si connaisseur, si propre a créer et à perfection-
ner les talents. Damis et Lindor, gagnés par ces raisons, s'unis-
sent à Eraste pour prier la compagnie, surtout les rémunérateurs,
d'honorer de leur attention les essais des rhétoriciens et de rele-
ver par leur applaudissement la gloire des vinqueurs.
2. Celui-ci est l'auteur d'un Traité abrégé de la danse, Angers^
Jahyer, t763, in-12.
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~ 41 -
plu^eurs pas de caractère, La Sabotière, La Jardi-
nière, etc.
La musique est de la composition de M. Frary, maître
de psallette du chapitre de Saint-Tugal^
Les représentations données chaque année par les
élèves du collège avaient obtenu dans la ville le plus
grand succès. Elles attiraient chaque fois une foule
énorme qui se pressait dans la rue Renaise et obstruait
les portes par où devaient entrer les spectateurs, pro-
duisant des bousculades et des désordres qui conti-
nuaient dans la cour même où se donnait le spectacle.
En outre, les gens du peuple entassés au fond de
la cour, derrière les invités de quaUté, troublaient la
cérémonie par leurs cris et leurs applaudissements.
Aussi l'avocat fiscal de la ville, craignant que la repré-
sentation qui se préparait, laquelle devait être plus bril-,
lante que celles des années précédentes, en raison du
concours apporté à cette fête par M. Josson aîné, ne fût
troublée, adressa-t-il au juge de police une requête
pour inviter celui-ci à prendre des mesures d'ordre
afin d'empêcher le retour des scènes tumultueuses qui
s'étaient produites dans de semblables circonstances.
« A Monsieur le juge de police de Laval,
« Vous remontre le Procureur fiscal, qu'on a toujours
vu avec peine que dans les représentations de tragédies qui
se font au collège, le peuple peu raisonnable s'y assemble
en foule et trouble la cérémonie par son tumulte et ses
clameurs confus et redoublés. Comme ces exercices sont
uniquement destinés pour les personnes qui sont en état
de juger du mérite de la pièce et de la disposition des
acteurs, il est constant que la tranquillité doit régner
1. Reçu en cette qualité le 13 janvier 1742. Extrait» des regia-
trea du chapitre de Sairit-Tagal, des archives de M. L. de la
Beauluëre.
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da&a ces sortes d'exerciceB publies, tant pour ta commo-
dité des acteurs que pour la satisfaction deB différents
corps de commuDautés de la ville qui y assistent et îl
est de bon ordre et de bonne police d'assurer cette tran-
quillité, et, pour y parvenir, de rendre une ordonnance
qui produise ces effets si nécessaires.
a A ces causes, il vous plaise, Monsieur, fairedéfeuse
à toute personne que ce soit de faire aucunes violences
pour forcer les gardes ou huissiers qui se tiendront à la
porte du collège avant et pendant la représentation de
la tragédie qui se fera jeudi six du mois de septembre
prochain, faire pareillement défense à ceux qui entrent
dans la cour où se fait la tragédie de la troubler soit par
leurs crys, rumeurs, rixes, querelles ou disputes, même
de jetter pierres, bois ou quelques choses que ce soit
qui puisse interrompre les acteurs et empêcher la satis-
faction du public et l'émulation des jeunes acteurs, le
tout à peine de 20 livres d'amende contre chacun des
contrevenants, laquelle demeurera encourue sur la dé-
claration de deux personnes dignes de foy et de probité
nécessaire. Et à ce que personne n'en ignore, ordonner
que la présente ordonnance qui interviendra sur icelle
sera lue, pubhée et affichée dans les carrefoui's et lieux
accoutumés, même aux prônes des messes paroissiales
de cette ville et fauxbourgs. — Requis à Laval, le 29
aoust 1753. « Fam.
« Soit fait ainsi qu'il est requis. — A Laval, ce 29
aoust 1753. « Le Puinetie»'. »
Il est à croire que l'ordonnance du juge de police as-
sura la tranquillité de la rue pendant le spectacle.
Cette représentation est la dernière dont nous ayons
le programme. Peut-être les troubles causés par ces fè-
1. Archives départementales de la Mayenne, série B 944.
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- 43 -
tes, et les désordres dont elles étaient le prétexte, dé-
terminèrent-ils les magistrats à les interdire.
Nous devons dire toutefois qu'il se trouve ici une la-
cune considérable dans la collection de M. de la Beaa-
luère et que nous n'avons aucun placard concernanC les
distributions de prix des années 1753 à 1770. A partir
de cette époque, nous ne trouvons plus que des pro-
grammes d'exercices soutenus par les élèves de diffé-
rentes classes sur les matières qu'ils ont eu à étudier
ou sur les auteurs qu'ils ont expliqués dans l'année.
En 1771, exercices publics soutenus, le 31 août, par
les élèves de troisième; le 2 septembre, par ceux de
quatrième; le 3, par ceux de cinquième; le 4, par ceux
de sixième ; enfin, le 6, par ceux de rhétorique et de se-
conde, suivis de la distribution des prix.
En 1774, le 5 septembre, exercices soutenus par les
élèves de rhétorique.
En 1785, exercices soutenuspar les élèves de cinquième,
le 28 août, et de quatrième, le 29 du même mois.
En 1786, exercices des élèves de cinquième, le 29
août, et de quatrième le 1" septembre suivant.
En 1787, exercices soutenus par les humanistes (élè-
ves de seconde), le l" septembre, et les rbétoriciens, le
5 du même mois.
Il y a un programme séparé pour les exercices de
chaque classe. Aucun de ceux que nous venons d'énu-
mérer ne fait mention de la distribution des prix qui
devait suivre le dernier de ces exercices'.
Nous n'avons pas de programmes pour 1788 et 1789.
Mais nous en avons deux pour 1790. Ils sont relatifs
aux exercices soutenus, le 27 août, par les élèves de
1. Ces programmes sont imprimés, savoir, ceux de 1771, à
Angers, cnei BarrièFe et Billaut, imprimeurs et libraires de la
ville et du colley, ceux de 177i à 1787, à Atençon, chez Jean-
Zacharie Malassia le jeune, imprimeur du roi et du collège de
Laval.
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— 44 —
cinquième ; et le premier septembre par ceux de se-
conde ' .
D'autres exercices durent avoir lieu les jours suivants
pour les élèves des autres classes, car la distribution
des prix n'eut lieu que le six septembre, en présence
des membres du conseil général de la commune et de
la nouvelle municipalité qui, par délibérations du 27
août, avaient décidé qu'ils assisteraient en corps de cé-
rémonie à cette solennité ^.
Pour 1791, nous avons un seul programme des exer-
cices soutenus, le 31 août, par les élèves de quatrième.
n est probable que la distribution des prix dut avoir
lieu quelques jours après en présence des autorités.
Celle-ci est la dernière dont nous ayons à nous occu-
per pour cette partie de notre travail.
(A suivre).
E. Qcerua.d-Lamebie.
1. Ces programmes sont imprimes à Laval, cheE Dariol, impri-
meur du département, de la municipalité et du coltè^ royal de
Laval.
2. Archives municipales. Registres des délibérations du Con-
seil général de la c" "
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AVEU
DU COMTÉ DE LAVAL
K RENÉ DUC D\niOV, HOI DE SICILE
COMTE DU MAINE
1444
(Suite et fin).
MONTIGNE
Item s'ensuit la déclaratîoa de la terre de Montigné
qui fut au seigneur de Chasteaubriant qui la tenoit de
mes prédécesseurs à foy et hommaige et depuis feu
monseigneur de Laval mon prédécesseur par puissance
de fié traisit < icelle terre à lui et la consoUida à ladite
terre de Laval et contient icelle terre de Moatigné :
Premièremeat en fons de domaine la sisième partie du
moulin de Montebert séant en la rivière de Vicoing. — -
Item une pièce de terre contenant euvre à cinq hommes
faucheurs de pré appelé anciennement le pré de Chasteau-
briant. — Item ay plusieurs fiez et arrefiez en icelle, les
cens, rentes, tailles, et debvoirs par raisons des choses
qu'ilz tiennent en ma dite terre. C'est assavoir : à la
(este de la Nativité Sainct Jehan Baptiste, treize soubz ;
à la me-aoust six livres seize soulz deux deniers ; à
l'angevine huit livres quatre soulz deux deniers ; à la
1. C'est le retrait féodal. Le seigneur, en vertu du droit qu'il
avait de choisir son vassal pouvait, dans le délai d'un an et jour,
retirer des mains de l'acquéreur l'immeuble relevant de son fief,
qui lui avait été vendu par son si^et. 11 devait lui rembourser le
prix de vente et tous les frais.
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- 46 -
Toussaint neuf livres deux sovhz quatre deniers ; à
Noël trente soulz ; au jeudi absolu', sept deniers mail-
le. — Item la ooustume de mes estaigiers en nuèce ^ de
Montigné. — Item quarante et huit bouesseaux d'avaine
comblez à moy deuz (dûs) chacun an au terme de ]'ange-
vine- sur plusieurs mes subjez qui les doivent en icelle
terre.
Item les hommaii^es de foy de ma dite terre : Premiè-
rement, messire Jehan des Sepeaux (A. G. des Cep-
peaux), chevalier, homme de foy lige par raison de son
nabergement, terre et appartenances des Sqpeaux en
fiez et en domaines, sis en la paroisse d'AstilIé et îllec
environ. — Messire Olivier de Feschal, chevalier sei-
gneur du Bourgeau (A. G. Pierre Corbin, chevalier)
me doit foy lige par raison de sa dite terre et apparte-
nance du Bourgeau, séant en ladite paroisse d'Astillé.
— Messire Lancelot Frézeau, chevalier {A. G. maistre
Etienne Fîllâtre), à cause de aa femme, homme de foy
simple du four à ban et des féaiges qu'il a à Montigné
et aune pièce de pré qu'il a illec près, lesquelles choses
tint par aucun temps feu maistre Etienne Fillâtre, à
cause de sa femme. — René du Buat {A. G. Jehan du
Buat) est mon homme de foy simple par raison de son
domaine et appartenances de la Compairie, et est tenu
me fournir d'exécuteur pour faire exécuter à ses des-
pens, les malfaiteurs conaampnez en ma court dudit lieu.
— Jehan de la Porameraye (A. G. Jehan de Lencrau)
est mon homme de foy lige par raison de ses terre et
lieu du Vergier et de laForte-Escuyère, et m'en doit un
cheval de servage apprécié à dix soulz. — Messire Oli-
vier de Feschal (A. G. messire Jehan Le Vaïer) est mon
homme de foy simple par raison du lieu de la Faymon-
dière en liez et en domaine lesquelles choses furent mes-
sire Jehan Levayer, seigneur de la Clarté. — Les dé-
tenteurs du lieu et domaine du Couldroy, que tint par
aucun temps Perrot Berriau, me doivent foy et hommage
lige par raison du habergement, domainea et apparte-
nances du dit lieu. — Macé Ferrant (A. G. Jamet Fer-
1. Jeudi -Saint.
2. EslaigUrs en nuease ; Kabttants relevant du seigneur dir«c-
temenl, sans intermédiaire.
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_ 47 ~
rant) est mon homme de foy simple de son bien et ap-
parteitances de la Baudonoière. — MaÎBtre Etiemie Toa-
chart (A. G. Jehan Lemercter), à cause de sa femme,
jGlle de feu Jehan Lemercier, est mon homme de foy
simple par raison de sa courtillerie de la Garrelière. —
Jehan Lecornu (A. G. la femme de feu Jehan de Cour-
cesseurs? — peut-être GourcelleB), homme de foy sim-
{ile à cause de son domaine et féai^ de la Biffottière',
edit Lecornu, homme de foy simple à cause de son do-
maine de Courcelles. — (A. G. Item ay en ladite terre
de Montigné plaidz, court et juridicion justice et valerie
haute moyenne et basse et touz émoluments et proufBz
ad ce appartenants).
Item s'ensuit la déclaration de certaines choses en
fons de domaine et féaiges appelez les fiez d'Entrames
qui furent anciennement au feu seigneur de Partenay
et de Sainct-Ouain qui tenoit icelles choses à foy et
hommaige de mes prédécesseurs qui les acquidrent dudit
feu seigneur de Partenay avec la terre de Sainct-Ouain,
les fiez d'Entrames sont de présent consolidez avec
mon dit comté de Laval.
Premièrement en fons, domaine, la forêt de Barbain
pour tant qu'il en a en mon conté de Laval, c'est assa-
voir depms les portes Rabinard par le ruisseau d'In-
grande^ jusques à la marre d'Esméard^ oultre ledit
ruisseau du costé devers ma ville de Laval, contenant
cette icelle porcion de la dite forêt, tenue de vous et con-
solidée avec mon dit conté de Laval de cent à six vingts
journels de bois ou environ, — Item s'ensuivent les hom-
mages de foy et les tailles qui me sont deux par mes
sujets qui tiennent leurs cboseB de moy à cause desdits
fiez. — Premièrement : messire Jehan de Brée, cheva-
lier, est mon homme de foy lige et me doit vingt livres
tournoy, de taille semonnâble ^ chacun an, au terme de
l'angevine par raison de sa terre de Foullouz tant en
fiez que en domaines. — Le seigneur de Maritourne
homme de foy simple par raison cle sa dite terre de Ma-
1. En Nuillé-sur-Vicoin.
2. En Saint-Germain -de- Pouilloux ; affluent de l'Emëe.
3. Aujourd'hui Emeîllard, en Andouillë.
4. Tribut dont le jour de paiement était publié à l'avance.
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— 48 -
ritoume tant en liez que en domaine, et m'en doit chacon
an au dit terme quarante soulz de taille Bemonnable. —
Le seigneur d'Orenge ' est mon homme de foy et me doit
cent souiz de taille cemonnable au dit terme del' angevine,
par raison de sa terre d'Orenge tant en fié que en do-
maines. — Le seigneur de la Chapelle, mon nomme de
foy et me doit quatre livres de taille cemonnable chacun
an au dit terme de l'angevine par raison de son fié de
la Marche ^. — Le seigneur de la Morvoeille 3. Le sei-
gneur de Beauvais *, homme de foy par raison de son
lieu de la Crouliëre du Boys à la Dame et de ses fiez
qu'il a en mes ditz fiez d'Entrames.
Item s'ensuivent les devoirs qui me sont deuz chacun
an, à cause des dits fiez de mes subjets tenant de moy
leurs choses autrement que à foy. — Premièrement le
seigneur de la Ragotiëre me doit chacun an au terme de
l'angevine deux soulz de taille à cause dudit lieu. —
Ambroys Taraische, à cause de sa femme, me doit cha-
cun an au terme de la feste de ta Nativité Sainct Jehan
Baptiste, cinq soulz tournoya de devoir par raison de
sa vigne de la Vallette. — Les hoirs feu Cochoimaye me
doivent chacun an au dit terme, saize deniers de aevoir
{lar raison de leur habergement et appartenance, sis en
a ville de Laval. — André Menant, à cause de sa fem-
me me doit quatre deniers de devoir, par raison de leur
maison sise joignant la maison Tascet au Bourg-Che-
vrel de Laval. — Les hoirs feu Jamet le Mercier me
doyvent chacun an au dit terme deux denrées de ceri-
ses, par raisons de leurs choses qu'ils tiennent de moy
en mes dits fiez d'Entrames. — Aymery Champonays
me doit dix soulz de devoir chacun an au dit terme par
raison de sa maison sise en ladite ville de Laval, devant
l'ostel feu Colas Guérin.
Item est assavoir que ledit feu sire d'Anthenaise an
temps qu'il tenoit la terre de la Guehardière^ la tenoit
partie de feu monseigneur de Laval mon prédécesseur,
et autre partie il tenoit en la chastellenie de Corbeveitle
i. En Saint- Jean-sur-Mayenne.
'i. En Louverné.
3. La Merveille, en Saint- Jean-sur-Mayenne. '
4. En Changé.
5. En Beaulieu.
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à moy à présent appartenant, et l'autre porcion d'icelle
terre de la Gabaraière et tenue en mon povoir par le
moven du seigneur de Montjehan, laquelle terre de la
Ganardière feu monseigneur de Laval, mon prédéces-
seur, traisit à soy du dit feu sire d'Anthenoîse, et par ce
la partie et porcion que ainsi tenoit le dit d'Anthenoîse
à loy et hommage en ma dite terre de Laval, fut dès
lors consollidée avec ma dite terre de Laval, laquelle
Sorcion, d'ancienneté, est appelée les fiez de Tucé,
esquels fiez sont les choses et lieux qui me doyvent les
certes ' , et redevances qui s'ensuivent : Premièrement
Thcbault le Prînue (A. G. Régnier le Prince), par raison
de son domaine de la Droyrie me doit par chacun an, à
l'angevine, quatorze soulz de taille semonnable et vinal
quatre chevallerez d'avaine d'avainaige sur la courtil-
lerie de la Pappinière, m'est deu par an au dit terme
douze soulz de taille semonnable et douze chevalerez
d'avaine d'avainaige. — Sur la moitié de la Bergicre,
m'est deu par an deux soubz de taille et douze chevalle-
rez d'avainaige semonnable. — Sur la mestairie de la
Berne douze soulz de taille et douze chevallerez d'ave-
naige semonnable au dit terme. — Sur la mestairie de la
Baesière deux soulz de taille et douze chevallerez d'a-
vaine d'avenaige semonnable par an au dit terme. —
Pierres de Talie (A. G. La femme feu Georges deTalie)
me doit foy et hommaîge sur le domaine de la Houllière
douze soulz de taille et douze chevallerez d'avoine d'a-
venaige semonnable au dit terme. — Les hoirs Pierres
Sonnaing, hommes de foy simple par raison du domaine
et féaige des Mées en la paroisse de Montjehan, et m'en
doit quatre soulz six deniers de taille et douze chevalle-
rez d'avoine par an semonnable au dit terme, lesquelles
choses sont gouvernées et receues avec mes autres cho-
ses d'icelle terre par un receveur du dit lieu de la Gu-
chardière. — Item ay en icelle terre de la Guehardière,
plaiz et juridicion, justice vaierie et seigneurie, haulte,
moienne et basse avec les prouflits et émolumens qui y
appartiennent, et y avoit le dit feu sire d'Anthenoîse au
temps qu'il la tenoit, laquelle partie et porcion de la
dite terre de la Guehardière, qui est tenue nuemcnt de
i. Certes, séries, services.
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moy en ma dite ch&telleme de Laval et à présent y est
conBolidée; je advoue soubz mon dit homioaige de la
conté de Laval.
LA GRAVELLE
Item s'ensuit la déclaration de la chastellenie de la
Gravelle : — Premièrement la place ou soulloient estre '
les forteresse, chaste) et basse court, avec les douves
et jardins appartenant au dit chastel, le four à ban, la
frévosté et cohue de la Gravelle. — Item les prés de
AumosDC contenant euvre à trente hommes faucheurs
de prez ; le pré Gaudry contenant journées à huit hom-
mes ; le pré du RoUier contenant journées à cinq hom-
mes. — Item le pré appelé la Noè à la Dame, contenant
I'ournée à ung homme faucheur de pré ou environ. ~
tem la Courtillerie des Aulnois, contenant les maisons,
courtils et vergier, journée à quatre hommes faucheurs
de m-é neuf journelz de terre ou environ, — Item la terre
du Teilleul, acquise par feu monseigneur de Laval, mon
père, en la terre de ta Gravelle dont elle est Bub^ète et
tenue par avant, ledict acquiest contenant les haberge-
ments, estraiges, et jardrins du Teilleul, journées à dix-
neuf hommes faucheurs de pré et quarante journaulx de
terre ou environ. — Item la métairie du Fau du Tail ',
contenant l'estraige et courtilz, journées à seize hommes
faucheurs de pré et vingt journaulx de terre ou lande,
ou environ. — Item l'estang duchastel, etl'estangdu
parc de la Gravelle, la chaussée, portes et estang du
Moulin-neuf, avec le moulin assis dans la dite chaussée.
— Item ung autre moulin à choiseau et reffoul d'icelle,
appelé le moulin à choisel des Moulins neufs ^. — Item
les foretz de la Gravelle, c'est assavoir : le parc, l'eira-
ge, les essars, les frettes, les plesaes, gabier*, et tes
bois de Fragen, excepté certaine partie a icelui bois de
t. Où avaient coutume d'être, où ils étaient avant que les An-
^is les eussent démolis.
2. En breton Faou, fau, être ; lail, taillis. Le hêtre du taillis,
en Saint-Pi erre -la-Cour,
3. Choisel, choiseau, du verbe choir; chute d'eau,
4. On connaît encore les bois dji Parc, des Bssarts, des Ef-
fretais.
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— M —
FraKflu qui est de la chastellenie d'Olivet ^ et sont tenus
inesDonimes etestaigiers du Teilleul et de Fou-Villaine ^
faire réparer et maintenir en estât deux haies à grosses
bestes es bois des Frètes et des Essars, en le leur fai-
sant savoir avenamment ^ et poiant à chascun corvéour
qui sera à faire et réparer les dites hayes nng denier
pour despens pour chacun jour qu'il sera à besongner à
la réparation des dîtes bayes. — Item de mes bommes
tenans le domaine et fié de la Gaberie doivent et sont
tenus me quérir et trouver une aire d'esperviers et me
les garder en mes dites foretz de la Gravelle dès ce que
l'espervier va à son aire jusque» à ce que les oiseaulx
soient creuz^, et dès lors qu'ils sont près à descendre
me le doivent faire assavoir, et se par leur delTault les
dits oiseaulx sont perdus, ils sont tenus à le m'amender.
— Item sur les terres fiez et seigneuries situés en ma
dite chastellenie me sont deuz de plusieurs subgiz en
icelle, les cens, rentes et tailles annuelles qui telles sont,
et se montent en somme au terme de la Sainct Jehan-
Baptiste quatre livres huit soulz deux deniers de cens
et soixante troys soulz sept deniers de rente. — Item
au terme de l'angevine, en ce comprins le devoir du
Teil, vingt neuf livres quatre soulz troys deniers maille.
— Item au terme de la Toussatnts sur ma ville et bour-
geoisie de la Gravelle, quarante livres de taille, appelé
ta taille à advts de la Gravelle. — Item au terme de
Nouel me doyvent plusieurs mes subgiz de la Gravelle,
en ce comprins les devoirs de la dite terre du Teilleul
six livres dix sept soulz six deniers. — Item les bommes
estaigiers de la Brulatte me doivent et sont tenus poier
1. D'après ce passage et d'autres (jue nous avons rencontres
tilus haut, il semble que Fragen était anciennement une vast«
orët qui s'étendait dans les paroisses de Bourgon, Lauiiuy-Vil-
liers, Oitivet et La Gravelle. A la date de notice aveu, une partie
de celte forêt subsistait en Bourgon, une autre en Ollivet et la
Gravelle : le bois de Misedon et le bois aux Moines faisaient
[lartie de ce second fragment, ainsi qu'on le verra quand on par-
era du Plessis-Milcent.
2. Maintenant Feu-Villaine. Feu est encore le ipot faou, hâtre.
C'est l'ancien Panum Vicùtoniœ qu'il faut traduire : le hêtre de la
Villaine. En bonne latinité Fanum veut dire temple.
3. D'avance, en temps convenable.
4. Aient grandi.
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pour l'usaige de Fragiea, chacun estai^er, saize de-
niers au terme de Tangevine. — Item sur plusieurs sub-
eiz en ladite terre me sont deuz deux sextiers de saigle
de rente, mesure de la Gravelle' par chacun an terme
de l'angevine. — Item plusieurs suhgiz en la dite terre
me doivent par raison de certaines choses hëritaulx qu'îlz
tiennent, en ce comprins les avenaiges du Teilleul,
quinze sextiers d'avaine d'avenaige, à ma mesure de la
Gravelle, potable chacun an au terme de l'angevine. —
Item sur plusieurs subgiez et tenements en la dite ville
et bourgeoisie de la Gravelle me sont deuz, en ce com-
Srins lea poulies du Teiileul, quarante neuf chés (chefs)
e poullailles de rentes poiables audit terme de l'Ange-
vine.
Item s'ensuit la déclaracion des hommes de foy de la
dite terre delà Gravelle, — Premier : Pierres, seigneur
de Gornesse, homme de foy simple par raison du lié de
Cornesse et de la Vennerie qu'il a en mes dites forestz
de Laval et de la Gravelle et par raison d'icelles choses
me doit et est tenu à pasturer et nourrir à ses despens
douze chiens courantz et deux lévriers à cerfs que je luy
doy bailler pour me garder chacun an dès le temps de
la Sainte-Croix en septembre, jusques au jeudi absolu.
— Les tenans une maison ou place de maison et haber-
gement sis en la ville de la Gravelle, qui fust Guillaume
Menson et depuis à Jehan Parent, me doj-vent foy sim-
ple par raison d'icelles choses. — Item est vroy que les
nommes du lié de Briacé, sis en ta paroisse de Quocé
et les hommes de la Brulatte, de Rillé (Ruillé-le-Grave-
lais) de Sainct Cir, les hommes au seigneur de Cor-
nesse me doivent réparer et emperer (empierrer] mes
fosses et douves de la forteresse de la Gravelle en leur
faisant savoir avenamment quant il en est mestier, en
poiant à chacun homme qui y sera ung denier par jour
pour la despence, — Item les plez, juridicion, tabellio-
nage et seaulz de contrat de la Gravelle, avec les prouf-
fiz qui y appartiennent. — Item ay en ma dite ville de
la Gravelle une foire en Tan au jour de S' Jacques.
1. Le boisseau de la Gravelle était le même que cel
II devait contenir cinquante deux livres de blé seigle.
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- 53 -
Item est vroy que anciennement, par feu monBoî-
gDeur de Laval, mon prédécesseur fut baillé à tenir à
Iranc paraige aux prédécesseurs de feue madame Jehanne
de Laval, ma mère, que Dieu absoile (absolve) pour leur
Eartaige de la dite seigneurie de Laval ou autrement,
}8 chastellenies de Melluy, Montaeur, Olyvet et Gorbe-
veille o leurs appartenances et deppendances en fiez et
en domaines ; lesquelles terres et cnastellenies me^sont
escheues et advenues par le trespaasement et décès de
la dite feue madame ma mère; et par ce, reconsolidée
avec mon dit conté de Laval, et les advoue tenir de
vous en mon hommaige desquelles chastellenies la décla-
racion s'ensuit :
Premièrement s'ensuit la déclaration de la terre et chas-
tellenie d'Olivet. C'est assavoir, le habergement, dou-
ves, jardins, vergiera et appartenances contenant six
joumelz de terre ou environ, avec une pièce de pré, ap-
{lelée le pré d'Olivet, contenant journée à dix nommes
aucheurs de pré ou environ, et une pièce de terre nom-
mée le Chenfl, contenant deux journelz de terre labou-
rable ou environ. — Item une pièce de pré contenant le
quart de journée à un homme faucheur de prez sise es
."Voë au Launez, avec une autre pièce de pré nommée le
pré Chaignon, sise en ma forêt de Missedon, contenant
journée à quatre hommes faucheurs de pré ou environ,
et une autre pièce de pré, nommé le Vignonnaiz, conte-
nant journées à deux nommes faucheurs de préz ou en-
viron, sise en ma dite forest de Missedon, — Item une
autre pièce de pré, appelée le pré Guymon, contenant
journée à sept hommes faucheurs de pré ou environ, sis
en ma dite forest, et une autre pièce de pré nommée le pré
de l'Eaue, contenant journée à deux hommes faucheurs
de pré ou environ, joignant la dite forest, avec troys piè-
ces de courtilz, sis au bourg d'Olivet, contenant demi
iourneil de terre ou environ. — Item, mon estang d'O-
livet avec la chaussée d'icelui et deux moulios à blé es-
tant assis en icelle chaussée. — Item ma dite forest de
Missedon ainsi qu'elle se poursuit, commenczant près le
bourg d'Olivet et finissant près le bourg de Launoy
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- 54 -
(Lannay-Villiers) avec ma forest de Fragen ainsi qu'elle
se pourBuit pour tant qu'il y en a en ladite chastellenie
d'Olivet et hors ma chastellenie de la Gravelle devant
déclairée. — Item mon four à ban dudît lieu d'Olivet,
Item s'ensuivent tea hommaigeB de foy qui me sont
deuz en ma dite terre et 'chastellenie d'Olivet: — Pre-
mièrement !e seÏOTeur du Geneat homme de foy à cause
de sa> terre du Genest, pour tant qu'il en a en ma dite
chastellenie d'Olivet. — Le seiffneur du Tertre, homme
de foy simple, à cause de son domaine du Tertre, avec
ses appartenances, sis en la paroisse d'Olivet. — Item
me sont deus en icelle chastellenie par mes subgiz te-
nant leurs choses de moy en icelle, à cause et par rai-
ron de leurs dîtes choses, les cens, tailles, devoirs et
rentes cy-après déclairées, par chacun an aux termes
3ui s'ensuivent : C'est assavoir à la feste de la Nativité
e Sainct Jehan Baptiste quarante quatre souiz deux de-
niers maille de cens. — Al'Angevine vingt deux livres
un soult sept deniers de cens ; au dit terme de l'Ange-
vine, six livres quinze soulz dix deniers de taille, rentes
et devoirs et une paire de gans blancs simples de de-
voir. — A la feste de Sainct Denys trente six souiz
maille de rente, et au terme de la feste de Noël quarante
six soulz tournoya de cens, devoirs et rentes. — Item
me sont deus par plusieurs de mes dits subgiz d'Olivet,
à cause de leurs cnoaes qu'ils tiennent de moy, le nom-
bre de trente sept bouesseaux un quart de boissel pel-
les d'avaine d'avainaige, mesure dOlivet', par chacun
an aux termes de l'Angevine. — Item ay droit d'avoir
chacun an au terme delà feste de Toussains, sur mes
subgiz demourant en la paroisse d'Olivet et sur les de-
mourants au Haut-Bourg du Genest, trèze livres dix
soulz de taille appelée la taille à advis dont les demou-
rans en la paroisse d'Olivet poiant trèze livres et ceux
du Haut-Bourg du Genest dix soulz tournoys. — Item
juridicion haute, moyenne et basse, tabellionage, seaulx
de contratz et ta prévosté de la dite chastellcmc d'Olivet
avec les droitz et proufStz qui y appartiennent.
1. Le boisseau d'Olivet contenait quarante deux livres de blë
seigle.
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COUHBBVEILLE
Item s'ensuit la déclaration de ma dite terre et chas-
tellenie de Corbeveille, en ce comprins ce qu'il y a tenu
de ma dite terre de la Gahardière, en la nuesse de ma
dite chastellenie de Corbeveille de présent consolidée à
icelle. — Premièrement la motc et l'emplacement du
chastel ancien, avec les douvea d'environ, contenant ung
jourael de terre ou environ, — Item la mestaierie des
grands Geneataiz, contenant les maisons, estraiges,
vergiers, courtilz et soixante dix joumeilz de terre la-
bourable avec journée à dix hommes faucheurs de pré ou
environ. — Item le lieu et mestaierie des Pctits-Genetaiz,
contenant les maisons, estraiges, vergiers, journée à neuf
hommes faucheurs de prez, et soixante-trèze journels de
terre labourable ou environ. — Item la mestairie de la
Dasserie, contenant les maisons, estraigea, courtilz, ver-
giers journées à six hommes faucheurs de prez, et cin-
quante six journelz de terre labourable, ou environ. —
Item deux estangs, l'ung nommé Villeneufve et l'autre
l'estang de Corbeilvelle, avec journée à dix hommes
faucheurs de prez, sis es rivaiges de mon dit estang de
Corbeveille. — Item quarante journelz de boys talïays
ou environ, en partie desquelz tailleys sont ma garenne
et meurgeains ' à connins. — Item les autres garraines
de ma dite terre et chastellenie, appelées les Hayes-
Vayraux. — Item la courtillerie de la Vivencière, con-
tenant la maison, estraige, courtilz, journée à six hom-
mes faucheurs de préz et treize journelz de terre labou-
rable ou environ. — Item les moulins et reffoulz de
Couldoye et de Taraquin dont Jehan Feron est moulnier
faye* et prend au dit mouHn de Couldoye les deux parts
et au dit moulin de Taraquin la moitié.
S'ensuivent les hommaiges de foy que je ay en ma
dite terre et chastellenie de Corbeveille.
1. Biurge, murgier, meurgier, monceau de pierres. Meurgcint,
amas de pierres cums lesquels les lapins (conmns) trouvaient re-
fiige.
2. Fay, écurie, fardeau. Moulnier faye était sans doute un
meunier ambulant, qui conduisait à dos de mulet la farine prise
à Couldoye et k Taraquin.
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3."
- 56 -
Premièrement le seigneur de la Macheferrière me doit
foy et hommeige lige a cause de sa dite terre de la
^facheferrière pour tant qu'il en tient de moy en nuesse.
— Le seigneur de Langucror, homme de foy lige à
cause de son domaine de Langueron. — Michel Baron
homme de foy simple à cause du lieu de la Pinczonnière.
— Jamet Gouin, homme de foy simple, à cause de sa
femme, par raison de certaines choses héritautx partie
du lieu du Reil. — Jehan Boutier homme de foy simple
à cause du lieu de la Guesdonnière qui fust Guillaume
Guesdon. — Messire Guillaume de Gaubert, prestre,
homme de foy simple par raison de sa porcion du lieu
des Noês qui fust Jehan Boisart. — Jehan Chémînart,
à cause de sa femme, homme de foy simple par raison
du lieu de la Bourgongnière, qui fust Yvon des Cep-
peaux. — Les chanoines du Cymetière-Dieu de Laval'
me doyvent foy simple par raison du lieu de la Reveraye
-i|Ui fust feu Jehan Ouvroin ; lesditz chanoines foy sim-
ile par raison du lieu du Pinczon. — Jehanne veufve de
feu Jehan Bonneron, me doit foy simple par raison de
ses choses qu'elle lient à CorbeveiUe, nommées les Prez.
— Jehan Titeau homme de foy simple par raison du lieu
de la Mote de Mondon. — Les hoirs de feu Jehan Le-
feubvre et sa femme me doyvent foy simple par raison
de leurs choses qui partirent de Dureil'. — Les hoirs
feu Marie Vincelot mo doyvent foy simple par raison de
leurs choses qui partirent de Dureil. — La femme et hé-
ritiers de feu Gudlaume Ferand me doyvent foy et hom-
maige simple à cause et par raison du domaine et ap-
partenances de Mingé qm fut feu Philippot de Ghampai-
gnettes, lesquelles choses je entends avoir et trayre à
moy par puissance de fié. — Jehan Le Cornu, homme
de foy simple par raison de cent cinq soulz tournoys et
huyt chappons de rente qu'il a droit d'avoir chacun an
sur le lieu des Marays. — Jehan Aubery homme de foy
simple par raison de son lieu de la Guestrandière. —
Pierre Huguerel, homme de foy simple par raison de
1. Maintenant la communauté de Saint-Michel. La Collégiale
du Cimetière- Dieu fut fondée en 1431 par Jeanne Ouvroin, dame
des Roches et de Poliffné.
' 2. En Courbeveille, nommé plus haut du Reil.
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, - 67 -
son lieu de l'EBpechère tant en fié que en domaine. —
Etienne Malabry, homme de foy simple par raison de
douze boueasaulx de seigle de rente que luy et ses fra-
rescheurii ont droit d'avoir chacun an sur le lieu des
Noës de la Turmerie. — Colin Cousin homme de foy
simple par raison du lieu de la Renaudière qui fust feu
Jehan Chalemel. — -Jehan Donyn homme de foy simple
par raison du lieu des Noès qui fust Gervèse de Dureil.
— Geoffroy des Noês homme de foy simple par raison
de sa porcion du domaine des Noës ; ledit Jehan Donyn
homme de foy simple par raison d'une porcion dudit do-
maine des Noês, laquelle fut à Messire Guillaume Bon-
net, prestre. — Ledit Jehan Donyn homme de foy sim-
file par raison d'une autre porcion dudit domaine qui
ust Macé d^Ayleray ; le dit Donyn homme de foy sim-
ple par raiaon de partie du lieu de la Turmene que
soultoit tenir messire Guillaume Bonnet, prestre. — Le
dit Donyn homme de foy simple par raison de partie
d'icelui lieu qui fust Gervaise de Dureil. — Jehan Do-
nyn homme de foy simple par raison du lieu de la Ho-
ducière, qui fust feu Hoduce. — Jehan de la Roussière,
homme de foy simple par raison de vingt trois journelz
de terre et journée à ung homme faucheur de pré avec
certains devoirs qu'il a en ladite chastellenie de Corbe-
veille et m'en doit chacun an au tenue de l'Angevine une
paire d'esperons dorez. — Jehan Ferron, homme de foy
simple par raison du lieu de Couldroye ' et de la Guo-
naudière '. — Le seigneur de la Patrière homme de foy
lige par raison de son domaine, lié et terre de la Pa-
trière. — Messire Noël de la Hoche, chevalier, homme
de foy simple par raison de ses domaines et tiez de la
Cotimère. — Messire Jehan de Quatrebarbes, cheva-
lier, homme de foy simple par raison de ses domaine et
fiez du Chenil. — Pierres Hoquedé me doit foy et hom-
maige simple par raison de partie du lieu de Vilaines.
— Jametot et Guillaume Boutier hommes de foy simple
par raison du domaine de Dureil qui fust Jehan de Du-
reil. — Jehan de Mathefelon, seigneur de Lanchaneil,
homme de foy simple par raison du domaine de Lîgon-
1. La Coudraie, en Courbeveille.
!. En Abuillé.
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-58-
nière et m'en doit ouHre austres devoirs, chacun an, au
terme de l'Angevine une paire d'eaperons dorez. — Je-
han Bruchet homme de foy simple par raison de ce qu'il
tient à la Mote-Mondion. — Les femmes et hoirs de feu
Pierres Hay et Guillaume Ferrand me doyvenl fo^ et
hommajge simple par raison de la terre de la Boguinière.
— Maistre Jehan Dannet me doit foy simple par raison
de deux pièces de terre appelées les Osches de Buat. —
Jehan Jousseaume homme de foy simple à cause du lieu
de la Jousseaume. — Les hoirs feu Louis des Landes
me doyvent foy simple par raison d'un joumeil de terre
et journée à ung homme faucheur de pré sis à Corbe-
veiile. — Jehan Donyn me doit foy simple par raison de
deux journeilz de terre sis près la Mote-Mondion.
Item s'ensuivent les cens, tailles, rentes et autres de-
voirs oui me sont deuz par chacun an à cause de ma dite
terre ae Corbeveille par plusieurs mes subgîz en icelle
lar raison de leurs choses qu'ils tiennent de moy tant à
6y que autrement, aux termes ci-après déclarez. —
C est assavoir au terme de la voille de la feste de la Na-
tivité Sainct Jehan Baptiste : cinq souiz de cens; au ter-
me de l'Angevine troys livres dix soulz neuf deniers de
taille, deux paires d'esperons dorés, un^ paire de gans
blancs, deux chappons, six gélines, neuf trousses de
foing, soixante bouessaux appelés boutés d'avaine d'à-
venaige et trois deniers d'erbaige avec chacun des dits
bouessaulx boutez d'avaine. — Item au terme de la feste
Toussaint quatre deniers de cens. — Au terme de voille
de Noël, soixante treize soulz de cens. — Au jour du
jour de Noël huit soulz six deniers de cens appelez
mangers. — Au jour du vendredy benoist cinq deniers
de cens. — Au jour de la veille de Pâques vinct troys
soulz trois deniers maille de cens. — Item le prieur de
Sainct Martin de Laval me doit chacun an de cens, entre
les deux messes du jour de Noël, et entre les deux mes-
ses du jour de Pasques, à chacune d'icelles ung picher
de foullet' contenant ung pot plain de vin naigrier^
couvert d'ung eschaudé du prix de cinq deniers rendus
1. Picher de foullet, devrait signifier une cruche de bon vin ;
mais on ^oute qu'elle doit être pleine de vin naigrier.
2. Vin naigrier, vin de vigne sauvage, d'après Roquefort et
Godetroy.
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à la piace d« chastel de Corbeveille. — Item ay droit
d'avoir et prendre au terme du prochain diraenche après
la Sainct Jehan Baptiste de chacun porc étant en ma
chaetelleiûe et seigneurie de Corbeveille deux deniers
de pomaige. — Et avec ce ay droit d'avoir et prendre
le tierasaige du hoys estant en ladite chastellenie. C'est
assavoir la tierce partie du boys vendu par mes subgez
en icelle chastellenie où le tiers d'icelui boys s'il est
couppé et le tiers de la glan (gland), s'aucune est meil-
tée' en icelz boys, ce que pluseurs mes subgiz ma dé-
battent et en sont en procès eu ma court du dit lieu de
Courbe veille *. — Item ay droit d'avoir chacun an au
terme de la feste de Toussaints sur mes subgiz en nues-
se demourans es paroisses de Corbeveille et d'Ahuillé
cent SDulz tournoys de taille appelés taille à advis des
Francs de Corbeveille. — Item ay en ma dite terre et
chastellenie de Corbeveille une lande appelée les Lan-
des de Cornet, es quelles mes dits subgiz qui poîent
ma dite taille à advis ont leur usaige, excepté ung moys
de ce*, c'est assavoir depuis la my-apvril, iusques à la
my-may, que je les puis lère pasturer et explecter à mon
proufSt singufier. — Item la juridicion, haulte, moyen-
ne et basse, tabelhounaige, sceau de contractz. cous-
tume, levaige, et tous les droitz et prouffitz qui y ap-
partiennent.
Item s'ensuit la déclaration de ma dite terre et chas-
tellenie de Mellay. — Premièrement la Mote et empla-
cement où souUoit estre le chastel du dit lieu de Mellay
avec les dousves d'iceluy, et les vergiers, jardrins y ap-
partenants, contenant quatre joumelz de terre ou envi-
ron. — Item deux pièces de prez l'une nommée les prez
de la Court, l'autre les prez de Mauny contenant jour-
née à quatorze hommes faucheurs de prez ou environ.
1. Meillée, recueillie. S'aucune est meillée ; b'H y en a eu de
recueillie.
2. II est intéressant de remarquer avec quelle liberté les sujets
défendaient leurs droits à la cour même de leur seigneur.
3. Ve, particule prohibitive. — Excepté un moins d'intemip-
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- 60 —
— Item le domaiae de Yvron, ainsi qu'il se poursait,
contenant en maisons, vergîers, courtilz et cstraige
troya iournelz de terre ; en terre labourable, quarante
journelz, quatre journelz de lande, et journée à dix hom-
mes faucheurs de pré ou environ. — Item ung molin ap-
pelé le molin d'Yvron avccques la chaussée et reffoul d i-
celui, contenant ung journel de terre ou environ. —
Item le domaine de la Jar^eotière ainsi qu'il poursuit,
en maisons, estraige, vergiers et courtilz, quatre jour-
nelz de terre ou environ, journée à dix hommes fau-
cheurs de prez et soixante cinq journelz de terre labou-
rable ou environ. — Item le domaine de Cahareau (Car-
reau) ainsi qu'il se poursuit, contenant en maisons, es-
traiges, vergiers et jardrins deux journelz de terre ou
environ ; en terres labourables, landes, brouillas et buis-
sons, cinquante cinqjournelz de terre et en prez jour-
née à neuf hommes faucheurs de préz ou environ, avec
un petit estang appelé l'estang de Caharreau, contenant
un iournel de terre ou environ. — Item ma forest de
Mellay, autrement appelée la forest de Boère (Bouêre)
ainsi qu'elle se poursuit, — Item la mote cour et héber-
gement de Gengné ' avec les plesses, jardrins et ver-
giers contenant cinq journelz de terre ou environ, et
journée à troys hommes faucheurs de prez ou environ.
— Item la moitié de trois estangs assis l'ung soubz les
autres, ainsi que le fil de l'eau les enliève du costé de-
vers la dite court de Gérigné, l'ung nommé le grand es-
tang de Gérigné, ou quel a ung molin, l'autre nommé
l'estang de la Boulardière, et l'autre nommé le petit es-
tang de Gérigné, contenant iceux estangs, avecque les
chaussées et appartenances d'iceulx, douze iournelz de
terre ou environ. — Item un estang nommé l'estang de
Mortière, sis au duché d'Anjou ^. — Item le domaine de
la Tousche de Gérigné, contenant en maison, estraice
et courtilz ung journel de terre ou environ ; en terre bi-
bourable trente-cinq journelz, douze journelz de lande et
journée à sept hommes faucheurs de pré ou environ. —
Item partie de la courtillerie de ta Boulardière ; c'est as-
t. En Grei-en-Bouëre.
2. Les Mortiers, situés en Ruillé-en-ADJou, maintenant Ruillé-
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Bavoir ce qu'il en a oultre le fil de l'eau desdits estangs
(lu coslé devers le dit habergement de Gérigné, conte-
nant icelle porcion tenue de nous quatre journelz de
terre labourable et journée à deux hommes faucheurs de
pré ou environ, avec quinze journelz de terre labourable
qui sont des appartenances de mon lieu du Cloux, les-
quelz quinze journelz de terre sont assis oultre le lîl de
1 eau des dits estangs du costé devers ledit haberge-
ment de Gérigné.
Item s'ensuivent les hommaîges de foy que J'ai en ma
dite terre et chastellenie de Meilay. — Premièrement :
le seigneur de Rivière me doit foy et hommage lige par
raison do son habergement de la Rivière. — L'abbé de
Clermont, mon homme de foy simple par raison de troys
scxtiers de saigle. — Messire de Longuesve, soixante-
quatre soulz tounioys, ou devoir, lui deuz chacun an sur
les lieux de la Hurelière ou de la Goullardière. — Mes-
sire Pierre Auvré, chevalier, homme de foy simple par
raison de l'usaige qu'il a de prendre du boys à chauf-
faige pour son habergement de la Guenaudière ' , en ma
dite forest de Meilay, et m'en doit chacun an le premier
jour d'aoust, ung espervier nyes"*, sain, entier, et prêt
à prendre perdriz, rendus en mon chastel de MeDay. —
Guyon de Fonteneilles homme de foy simple par raison
de ses domaines de la Chesnaye, de la lande Bourrel.
et de son féaige sis en la paroisse de Ruillé en Anjou.
— Le seigneur du Pin\homme de foy simple par ramon
de sa terre du Pin, tant en fié que en domaine. — Le
seigneur de la Hune homme de foy simple par raison de
ses féaiges qu'il tient en ma dite chastellenie de Meilay.
— GîUet Boulan, homme de foy simple par raison du
lieu d'Avireau, tant en fié que en domaine. — Les te-
nans le lieu de la Tréhucière me doivent foy et hommaige
simple par raison dudit lieu de la Tréhucière. — Jehan
d'Aynefroide, homme de foi simple par raison du do-
maine de Parmaigner tant en fié que en domaine. — Les
détenteurs du lieu de l'Orrée me doivent foy et hom-
maige par raison dudit domaine et appartenances de
i. En Grez-en-Bouère.
2. Une nichée d'épervier.
3. En Préaux.
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- 68-
l'Orrée. — Geoffroy Pencray homme de foy simple par
raison de la mestairie de la Behourie. — Gervaise de
Courtilliers, homme de foy simple par raison de ses
choses qu'il tient ea ma dite chastelfenie de {Mellay. —
Le seigneur de Cormeray homme de foy simple par rai-
son du Heu de la Maillardière, — Ledit de Cormeray
homme de foy simple par raison du fié du Rocher, sis
en ta paroisse du Biguou, et d'ung autre féaige sis en
la paroisse de Villiers-Charlemaine. — Le chappelain de
la chappelle que fonda feu messire Guy de Ballée, homme
de foy simple par raison du domaine et appartenances
de Malabry. — Les hoirs feu Jacques d'Estullîe me doy-
vent foy simple à cause du lieu Je la Chauoinie. — Le
seigneur du Plesseys-Pellecoq homme de foy simple par
raison duditlieu'. — Guillaume Blanchard, homme de
foy simple par raison de certaines choses héritaulx sises
près la Chardonnière et Préaux. — Gervaise Ferrand,
homme de foy simple par raison de certaines choses hé-
ritaulx sises près la Chardonnière. — La dame d'Ar-
quené, bail de ses enffans^ est ma femme de foy lige à
cause et par raison de ses choses qu'elle tient de moy
eu ma dite chastellenîe de Mellay, et m'en doit un che-
vallier d'ost quarante jours et quarante Quitz à ses des-
pens. — Guillaume Cnavenelle, homme de foy simple
Îour raison de son lieu de la Grémillière. — Messire
ehan Quatrebarbes, chevalier, homme de foy simple par
raison de ses féaiges qu'il a en la paroisse de Vdliers-
Charlemaine. — Le seigneur de k Trenchée homme de
foy simple par raison de sa terre de la Trenchée et du
Buaret [Le Buret). — Le seigneur de la Mote-Piau hom-
me de foy simple à cause dudit lieu tant en fié que en
domaine. — Le seigneur de la Boussignaudière homme
de foy simple par raison des Ueux de la Boussignaudière
et de Digeon tant en fié que en domaine. — Isabeau d'An-
cenys, femme de foy lijge par raison de iaprévosté de Mel-
lay et en doit sa porcion de sept chevaliers d'ost que je
vous doy à cause de tout mon dit conté de Laval. —
Les seigneurs et détenteurs du lieu de la Chardonnière
me doyvent cinq foys et hommaiges simples à cause du
1. Le Plessis-Péricot, en Grei-en-Bouère.
2. Tutrice.
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dit lieu de la Chardonoière. -~ Le seittoeur des Cheret-
tea, homme de foy simple à cause du(ut lieu. — Morice
BeÙer homme de foy simple par raison du Ueu et appar-
tenances de la Massetïère, et du droit qu'il a de mettre
paistre et paaturer ses bestails dudit lieu, excepté chen-
vres, et de prendre boys sec et pesset ' pour son ait lieu es
landes et boys de Cïeresse, et m'en doit huyt jours et
huytnuîtzde gardes d'ung homme garny d'un arc odeux
cordes, douze flèches, ung houllon, àla garde de ma
ville de Mellay, au lieu du Pont, et avenant cemonce
selon )a couslume du pays. — Le seigneur de la Mail-
lardière, homme de foy simple par raison dudit lieu de
la Maillardiére, tent en fié que en domaine et de la cour-
tillerie de la Miotière. — Jehan du Pin, homme de foy
simple par raison de la mestairie de la Chauteberie et
de certaines antres choses qu'il a près Mariette et
Préaux, et de la vayrie et justice qu'il a es dites choses.
— La femme feu Estienne Bléré femme de foy simple à
cause de sa mettairie des Patiz, sis en la paroisse de
Ruillé en Anjou et du droit d'usaige pour le pessaige
de ses porcs de ta nourriture dudit ueu qu'elle a en ma
forest de Boyère en poyant petit pornaige, c'est assavoir
Îuatre deniers pour chacun porc. — Messire Hugues
e Montalays, chevalier, homme de foy simple à cause
de la vayene, moyenne et basse qu'il a en la terre de
Puisiers ; lesquelles souloit tenir feu messire Guy de
Laval, seigneur de Mont-Jehan. — Thebault Cnalot
homme de foy simple pour raison de quatorze journelz
de terre, journée à sept hommes faucheurs de prez et
autres choses qu'il tient de moy au dit hommaige en ma
dite chastellenie de Mellay. — Jehan de la Baugière
homme de foy simple par raison de sept journelz de terre
joignant la Maillardiére qui sont des appartenances du
lieu de la Tousche, sis en la paroisse de Villers-Charle-
maine. — Guillaume Roussigneul homme de foy simple
par raiaon de vingt soubz de rente et de la justice fon-
cière qu'il a sur le lieu de la Preste-Seillère. — Le sei-
gneur de la Marohandière, homme de foy simple par
raison dudit lieu, sis en la paroisse du Buaret, tant en
fié que en domaine. — Estienne Alart, homme de foy
1. Pesseler, mettre des échalas à la vigne; pesael, échalas.
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— 64 —
simple par raison de ses prés et terre de la Garnerie
pour tant qu'il en tient de moy au dit hommaige. —
Thiéphaine, veuve de feu Guulaume Jaies, femme de
foy simple par raison de ses prés et terre de la Di-
boisière et au lieu de la Chauvinière. — Jehanne d'Ar-
quené, veufve de fçu messire Jehan Bahoul, cheva-
lier, femme de foy simple par raison de ses fiez de Cor-
beraye, sis eu la paroisse de S' Germain de l'Omel. —
Le seigneur de la Cropte, homme de foy simple par rai-
son de sa terre et appartenances de la Cropte, tant en
fiez que en domaine et de l'usaîge qu'il a en ma forest
de Mellay au lieu de l'Escotay. — Le seigneur du Bi-
gnon homme de foy simple par raison de son chastel et
appartenances du Bignon, tant en fiez que en domaine.
— Guillaume Corbtn, homme de foy simple par raison
de ses choses de Ville-Pucelle. — Jlessire Jehan Lever-
rier, chevalier, à cause de sa femme, me doit foy et hom-
maige simple par raison de ses fiez que il a en la pa-
roisse de Vîllers hors franc-aleu', lequel hommaige il
me débat et en est en procès en ma court.
Item s'ensuivent les devoirs, cens, tailles et rentes me
deuz chacun an en ma dite terre de Mellay, par mes
subgiz à cause et par raison de leurs choses qu ds tien-
nent de moy. — Premièrement au jour et terme de la
feste de Samct Marc, troys soulz. — Item au jour et
terme de la feste de la nativité Sainct Jehan Baptiste,
vingt et un soulz cinq deniers maille et le tiers de maille
dont mes subgiz tenus de moy ou ressort et seigneurie
du duchié d'Anjou me doivent vingt soulz. — Item me
sont deuz chacun an audit terme, au lieu de Sainct De-
nys du Maine par plusieurs mes subgiz à cause de leurs
choses qu'ils tiennent de moy, vingt quatre soulz unze
deniers. — Item me sont deuz chacun an audit terme
5ar aucuns mes subgiz sous le ressort et seigneurie du
it duchié d'Anjou qui sont tenus me payer au lieu de la
Chevrolière, saize soulz cinq deniers. — Item me sont
deuz par mes subgiz tenans de moy leurs choses en la
ville de Meslay, chacun an au dit terme, sept soulz six
deniers. — Item me doivent plusieurs mes subgiz, à
cause de plusieurs choses qu'ils tiennent de moy en ma
1. Voir Duchemin de VilUers, Essai sur le régime féodal, p. 8.
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- 65-
dite chastellenie de Mellay chacuD an, au terme des oc-
tabea de la dite feste, huict livres deux soulz uag denier
maille. — Item me sont deuz chacun an au terme de
l'Angevine, par mes ditz subgiz tenant de moy leurs
choses en ma dite chastellenie de Mellay, cent livres
img soult cinq deniers maille, dont mes subgiz tenans
de moy leurs choses ou ressort et seigneurie d'Anjou
me font et doyvent vingt cinq livres ou environ. — - Item
me sont deuz par aucuns mes subgiz tenant de moy en
la seigneurie et ressort dudit duché d'Anjou, chacun an
au terme de la feste de sainct Remy, deux soulz. — ■
Item me sont deuz par pluseurs mes subgiz eu ma dite
chastellenie chacun an au terme de Toussains, douze
livres quatorze soulz neuf deniers, dont mes subgiz te-
nant de moy soubz la seigneurie et ressort dudit duché
d'Anjou, me doyvent vingt deux soulz ou environ. —
Item me sont deuz par mes dits subgiz chacun an au
jour de la feste aux Mors, saîze deniers. — Item au jour
et terme de la feste de Noël me sont deuz par mes dits sub-
giz, cinquante soulz, dont mes subgiz tenant de moy sous
la seigneurie et ressort du duché d'Anjou me doyvent
vingt neuf soulz ou environ. — Item au jour de la feste
de sainct Aubin me sont deuz chacun an par mes ditz
subgiz tenans leurs choses en la dite seigneurie de
Mellay soixante dix soulz six deniers maille. — Item au
terme de la my-caresme cinquante et huit soulz unze
deniers maille, dont mes subgiz tenans de moy audit
ressort et seigneurie du duché d'Anjou me doivent cinq
soulz deux deniers. — Item me doyvent mes subgiz,
bourgeoys et estaigiers demeurant en la ville de Mellay
chacun an au terme de Toussains quinze livres de taille
appelée la taille à advis. — Item la juridicion, haute,
moyenne et basse, tabelUonaige, seaulz de contratz,
coustume, levaige et tous les droîtz et prouSitz qui y
appartieuDent.
Item s'ensuit la déclaration de ma dite terre et chas-
tellenie de Montseur. — Premièrement l'emplacement
du chastel'et ville dudit lieu de Montseur avec les dou-
ves et appartenances. — Item une pièce de courtilz con-
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tenant journée à quatre bommes beecheurs de couptilz,
sise près la ville ae Montseur avecques une pièce de
terre appelée le Veil Marcheil contenant un demy jour-
neil de terre oà environ. — Item le reffoul de Montseur
avec la chaussée en laquelle a trois molins, l'ung à blé,
l'autre à draps, et l'autre à tan, sis en ladite vUle de
Montseura. — Item les deux estan^ de Beauroenie avec
les chaussées et ung molin à blé situé en l'une des dites
chaussées, et les courtilz et aulnoyes sis environ ledit
molin, contenant demyjoumeil de terre ou environ. —
Item ma foreat d'AIouers' ainsi qu'elle ae pourauit aux
nne pièce de pré, nommée le pré Gaultier, contenant
journée à quatre hommes fauchcura de préz, ou environ,
sis prèa la dite forest. — Item une autre pièce de pré,
nommé le pré Corbin, contenant journée à neuf hommes
feucheurs de préz, ou environ, sis en la paroisse de
Brée, avecquea une autre pièce de pré nommée le pré
dea Éacotaia, ais en icelle paroisse près la Fontenelle,
contenant journée à dix hommes faucheurs de prez ou
environ, et une autre pièce de pré nommée la Noê a la
Sue ^ contenant journée à quatre hommes faucheurs de
prez, ou environ, sia en la dite paroiaae de Brée.
Item s'ensuivent les liommaiges de foy qui me sont
deuz par mes subgiz en ma dite terre et chaatellenie de
Montâenr. — Premièrement, le seigneur de Turé, hom-
me de foy simple par raison de sa dite terre de Turé,
tant en justice, fiez que domaines. — Le seigneur de
Vivaing nomme de foy simple par raison de la francour
que luy et ses hommes estaigiera en la dite terre de Vi-
vaing, ont de passer toutes manières de denrées par
ma mte çhastellenîe de Montseur en faisant depry^ seu-
lement; et m'en doit huit jours et huit nuitz de gardes
de ung homme souffiaamment armé et appareillé à la
porte de Boyère de mon dit chastel de Montseur, o ave-
nant semonce, selon la couatume du pays. — Le sei-
gneur de Sainte-Jame homme de foy simple par raison
1. Alloué, en la Bazouge- des -Alleux.
3. Noe à la Iniîe, de sus, porc, d'où vient le mot aoue pour toit
à porcs,
3. 06017, en cet endroit, doit signifier : en le demandant seu-
toment. Depry signifie aussi : en prenant un congé de transit.
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de sa terre de Saint James et de la francour, que lui
et ses hommes estaigiers demourans en sea terres de
Sainte James et de Mésange ont de passer leurs denrées
par madite chastellenie en faisant depri seulement, et
m'en doit huit jours et huit nuitz de garde, de ang hom-
me Bouffisamment appareillé, à la porte de Boyère de
mon dit chastel de Monlseur, o avenant semonce quand
le cas y eschiet selon la coustume du pays. — Robert
de la Roche, homme de foy simple par raison de sa terre
et appartenances de Courtaudon, tant en iié que en do-
maine. — Le seigneur de Beloché homme de iby simple
par raison de sa terre et appartenances de Beloché,
tant en justice et en fiez que domaine.
Item s' ensuit les devoirs, cens, tailles et rentes et servi-
tudes me deuz chacun an par mes subgiz, tenant de moy
leurs héritaiges en ma dite terre et chastellenie de Mont-
seur aux termes qui cy après s'ensuivent. — Au jour et ter-
mede la Nativité Sainct Jehan Baptiste, vingt nuit soubz
neuf deniers maille de cens et dix-huit soubz troys de-
niers de rente. — Item me sont deuz au tenne de l'An
gevine par pluseurs mes subgiz tenant de moy à foy et
autrement leurs choses, à cause de ma dite terre et
chastellenie de Montseur, sept livres dix neuf soulz ung
denier et neuf sextiers dix bouessaulx ung quart et demi
quart de boessel de froment, treize sextiers huit boues-
saulx d'avoine, et deux paires d'esperons dorés de de-
voir. — Item me sont deu2 au terme de la feste de Tous-
sains par plusieurs de mes dits subgiz tenans de moy
leurs choses en ma dite chastellenie de Montseur, qua-
rante cinq soulz tournoys de cens. — Item me sont deuz
en ma dite terre et cliastellenie de Montseur par plu-
seurs mes subgiz, au jour de la feste aux Mors trente
six livres un soult maille poitevine. — Item me sont
deuz chacun an au jour de la feste sainct Martin d'iver
par le seigneur de Harecourt pour ses fiez de Bray,
quatre demers de cens. — item me sont deuz par cha-
cun an à la dite feste par chacun homme maste de bour-
geoisie de ma dite ville de Montseur, excepté prestres,
deux mançoys valant quatre deniers tournoys. — Item
me sont deuz au jour Je la feste de sainct Nicollas d'j-
ver, par chacun an, de mes subgiz demourans en ma dite
ville de Montseur, pour estalaige, quatre mançoys qui
valent huit deniers tournoys ; et le jour de la voille (veille)
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~ 68 -
saint André chacun maille ; et le jour de la voille de
Noël, chacun maille. — Item me est deu par pluseurs
mes subgiz, en ma dite chastellenie de Montseur chacun
an au jour de Noël, trente six ^elinea de devoir. —
Item" les tenans une place de maison et courtilz qui fu-
rent feu Jehan d'Antenoise, sis en la dite ville de Mont-
seurs me doyvent chacun an, jour de caresme-prenant,
vingt sous de rente par raison des dites choses. — Item
mes suhgiz estaigiers en ma dite ville de Montseurs me
dojrvent chacun an quarante et deux livres dix soulz
tournoya de taille qu ils sont tenuz asseoir et lever sur
eulx et me payer par les quartiers d'an. — Item les plez
et juridicion naulte, moyenne et basse, tabellionaige,
seaulx de contratz, la prévosté et grands chemins de ma
dite terre et chastellenie de Montseurs, laquelle pré-
vosté et grands chemins s'estendent depuis Courtanril
jusqu'à la couppe de Bléré, avec les droitz et proflits
qui y appartiennent.
Item je ay en mes dites forest de mon dit conté de
Laval, garenne à toutes grosses bestes sauvaiges, rou-
f;es et noires et rousses, et à cause de ce ay droit de
ouller, lever, courre et parcourre et prendre toute ma-
nière d'icelles hestes, grosses, sauvaiges, par moy et
par mes veneurs et chasseurs en plusieurs oreilz, oro-
czais, et boucaiges, voisins de mes dites forestz, esquelz
breilz les bestes de mes dites forestz ont et pevent avoir
leur refuge. — Item est assavoir que pluseurs de mes
vassaulz et subgiz qui tiennent de moy leur terre à foy
et hommaige, les ungs à foy lige les autres à foy simple
dont cy-dessuB est faite déclaration, me doyvent et sont
tenuz poyer et servir par raison d'icelles, plusieurs cens,
rentes, devoirs et autres redevances annuelles lesquelles
redevances sont comprînses es sommes de mes rentes
annuelles dont dessus vous ay faite déclaracion, et sont
comprinses es nombre des rentes qui deues me sont aux
termes dessus déclarez dont je faz protestacion et rete-
nue expresse vous faire plus à plaln déclaracion si mes-
tier eat.
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PONDATIOSS
It6m est bien assavoir que mes prédécesseurs sei-
gneurs de Laval ont fondé en mon dit conté pluseurs
moustiers, collèges et bénéfices et faict pluseurs grantg
legs et augmentacions à églises. — Premièrement : l'ab-
baye et moustier de Notre-Dame de Clermont et partie
d'icelle fondation. — Le prieuré du Plesseys-Milcent sis
au dedans de ma forest de Fragen. — Le prieuré de l'Er-
mitaige sîs au dedans de ma dite forest de Concise. — Le
prieuré de Saincte-Catherine. — LeprieurédeSainct-Mar-
tïn de Laval. — Le prieuré d'OIivet. — I^e prieuré de
Saiact-Melaine. — Leprieuréde Notre-Dame dePrîz. —
Le prieuré aux noaains d' Avénières. — Le prieuré de Lou-
vigné. — Le prieuré d'Argentré. — Item l'église collé-
fiale de Sainct Tugal de Laval où il a douze prébendes
e chanoines, et l'église collégiale des Trois-Maries de
Montseur où il a huit prébendes de chanoines, lesquelles
prébendes sont en ma donnaison et patronnaige. — Et
semblablement l'aumosnerie de Monsieur saint Julien de
Laval est en mon patronnaige et donnaison et pleine ins-
titution ; et aussi une chapelle fondée au chastel de la
Gravelle dont la donnaison et patronnaige me appar-
tient. — Item ont été fondez et augmentez par mes dits
prédécesseurs qui ont fait pluseurs augmentacions en
mon dit conté Je Laval et chastellenîe dessus dite. —
Item ont fondé mes dits prédécesseurs l'église et collège
de sainct Francoys de Laval, où il a couvent de frères
cordeliera*.
Item ay en mon dit conté de Laval et es appartenan-
ces et dépendances d'iceluy toute justice, iundicion, et
seigneurie, haute moyenne et basse, rémission, grâce
et pardon, et tous autres droiti prérogatives et noblesse
à conte ou à baron appartenant, et comme mes prédé-
cesseurs et moy y avons accoustumé user et exploiter o
tous les droitz et proflitz et tout ce qui en despent et
peut despendre selon la coustume et usaiges des pays
d'Anjou et du Maine, esquelz pays mon dit conté est
situé et assis. — Et par raison aes dites choses vous
doy sept chevaUiers d'ost pour le besoing de votre conté
t. Maintenant église paroissiale de N.-D. de Laval.
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-70-
du Maine o le commun de vos antres hommes quand le
cas y advient, selon la coustume du pays et vous les
doy faire mener par quarante jours à mes despens, alant
et venant, et se mestier avez de plus les tenir ce sera
â vos despens. — Et avecques ce vous en doy piège,
faige, droit et obéissance telz comme femme de foy hge
oit à son seigneur de fié et de foy lige.
En tesmoing de ce, voua en rend ce présent escript
pour adveu ; sauf à vous déclairer plus applaln de bou-
che par montrée ou autrement lesdites choses, toutes-
fois que raison donra. Et vous plaise savoir, mon très
doubté seigneur, que ce sont les choses que je tiens de
TOUS à celle foy ethommaige lige, et les certes et rede-
vances que je vous en doy et suy tenue faire selon ce
que je me suis peu enquerre et informer; dont je me suy
mise en diligence parfaite en ma conscience et vous en of-
fre faire foy etsennent, oproteatacionfaicte demoy»que,
en cas qu il seroit trouvé par advou ou advouz oaillës
par mes prédécesseurs aux vostres ou autrement, que
plus grans ne autres choses que celles cy dessus décfai-
rées je tenisse de vous à celle foy et celui hommaige
lige, je ne m'en désavoue pas, ainczoys* m'en advoue à
vous, ou que plus grand ne autres certes ou redevances
je vous en deusse et fusse tenue fére je ne vous les dénye
en riens, aînczoys les vous cognoys et vueil faire et cou-
tumer ou temps à venir. Et ceste protestacion et offre
de serment je vous faz afTm qu'il ne soyt dit ne imputé
contre moy que autrement que deuement, je vous ay
baillé par advou.
Donné soubz mon scel, le premier jour de mars mil
quatre cent quarante et troys'. Ainsi signé Hennîer. A
la requeste de Pierre de Pennart le jeune, procureur de
ma dite Dame.
COUANIEH DE LaUNAY, ch. h.
1. Au contraire.
2. Vieux style.
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LAVAL
LA PLAGE DE LA CHIFFOLIÈRE
AUJOURD'HUI « DE L'HOTEL-DE-VILLE »
1598-1688
Au dix-septième siècle et même jusqu'au delà de la
moitié du dix-huitième, la rive gauche de la Mayenne,
à BOD arrivée à Laval, était entièrement occupée par des
prairies, plantées de forts piquets, au moyen desquels
on étendait les toiles pour les sécher et les faire blan-
chir. La rivière alors ne suivait pas ta ligne droite
qu'elle a maintenant à peu près depuis le Viaduc jus-
qu'au Pont-Neuf. Son lit actuel fut creusé au commen-
cement de notre siècle, depuis la rue Grossardière ac-
tuelle, jusque près de la chaussée qui est entre les deux
ponts. Le lit ancien suivait la promenade actuelle de
Changé, passait au milieu de ta place de l'Hôtel-de-
Ville et retournait dans son cours séculaire, à peu près
à l'endroit où est le barrage dont nous venons de parler
et où, déjà, elle en trouvait un à franchir. Ce barrage
était longitudinal, parallèle au fil de l'eau, qu'il condui-
sait aux Trois-Moulins situés sur le Pont- Vieux, près
de ta grosse tour Mauvoisin. L'eau surabondante passait
par dessus la chaussée et formait une large lagune qui
s'écoulait par les deux arches du Vieux-Pont les plus
rapprochées de la rue du Pont-de-Mayenne. Après avoir
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fait tourner les roues, l'eau amenée par la chaussée pre-
nait son cours par la troisième arche, la plus voisine du
Val-de-Mayenne',
Quelques rares constructions jetées çà et là exis-
taient seules sur la rive gauche, toute entière consa-
crée au traitement des toiles. On ne commença à bâ-
tir qu'après l'achèvement du Pont-Neuf^. Ce terrain
n'est devenu un quartier considérable que depuis l'ou-
verture du chemin de fer de Bretag^ie, c'est-à-dire de-
puis 1858.
Du cdté droit de ta rivière, ce qui est devenu la rue
Neuve était moins une rue qu'un chemin longeant les
fossés de la ville à droite, et à gauche, l'étang de la
ChiiTolière. Ce chemin se prolongeait jusqu'aux Escaliers
et à la Porte du Boulevard. On ne soupçonnait même pas
que plus tard pourrait exister la rue de Joinville qui ne
fiit tracée qu'en 1830. Dans les temps les plus anciens,
le voyageur qui venait de Bretagne descendait la rue
de Beauvais, alors nommée le Chemin Gravelais (con-
duisant à la Gravelle), passait près du prieuré de Saint-
Martin, traversait le Carrefour-aux-Toiles, gravissait
la rue Renaise et redescendait la Grande-Rue pour
franchir la rivière sur le seul et unique Pont-Vieux.
Dans des temps plus rapprochés de nous, on descen-
dait toujours la rue de Beauvais ; c'est par là qu'en 1827,
la duchesse d'Angouléme fit son entrée solennelle en
uotre ville ; mais au lieu de monter la me Renaise, on
prenait la rue Neuve et on tournait par !a rue du Val-
de-Mayenne pour aller retrouver le Pont-Vieux, Même
1. Notre excellent collègue, M. E. Moreau, a eu l'heureuse idée
de joindre à cet article la reproduction d'une ancienne gravure
d'Andouard. Du Ponl-Vieux, où il est placé, le spectateur voit à
sa gauche le canal qui conduit l'eau aux Trois-Moulins et, au
bout de la Galerie, le lott efRIé de la Tour de la Poterne, adroite,
la lagune où le trop plein tombe par dessus la chaussée, au loin,
le coteau de Bel-Air et des Capucins.
8. Sous Napoléon ]■', dont il porta d'abord le nom.
„Googlc
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— 74 —
après que le Pont-Neuf eut été bâti, on continua de sui-
vre ce parcoura : nous avons encore vu les malles-postea
prendre cet itinéraire pour déposer les lettres dans une
maison servant de bureau, rue du Val-de-Mayenne.
Les diligences adoptaient le même trajet, et il le fallait
bien pour conduire les voyageurs aux deux principaux
hôtels, qui étaient alors ceux du Louvre et de la Téte-
Noire, près de l'église de Saint-Vénérand. On ue put
arriver à ces hdtels par une autre voie qu'après l'ouver-
ture de la rue du Théâtre, vers 1835. Les rues Echelle-
Marteau et de Mazagran ne furent ouvertes qu'après
elle ; les deux quais sont encore plus récents.
En 1688, nous trouvons donc la place de l'Hdtel-de-
Ville traversée en demi-cercle par la Mayenne. Au sud,
c'était les fossés et les murs de ville, avec l'entrée de
la rue du Val -de-Mayenne, qui s'appelait' encore le
Boulevard, et au commencement de laquelle, au bord
de l'eau, se trouvait une tour basse, nommée la Tour-au-
Diable. A l'opposé, eu bas de la descente dite mainte-
nant de Bel-Air, et alors des Capucins, on voyait VHà-
pital général Saint-Louis, élevé depuis quelques an-
nées ^ dans tes terrains de la closerie de la CbifTolière.
A cet endroit la rue était close par une porte accompa-
gnée d'une fortification nommée le Fort-Jeust. En 1589,
la ChifTolière appartenait à Jean Bricet, marchand. Sa
terre, autrefois en vigne et verger, avait été mise en pré,
« joignant ladite maison et pré, d'un c6té au chemin
tendant de la porte du Fort-Jeust à Notre-Dame de Pria,
d'autre cAté à la rivière de Mayenne, abute d'un bout
an placitre de la Cbiffolière. » De l'autre côté de la rue,
1. Nous la trouvons encore ainsi nommée dans un procès, en
1734.
2. La Tondation de cet hospice approuvée d'abord par Charlea-
Belgique-HoUande, prince de la Trémoîlle, duc de Thouars et
comte de Laval, fut autorisée par lettres patentes de Louis XIV,
en 168S, enregisû^es au parlement en 1684.
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Michel Bonrgonnière, changenr, possédait un jardin
dans lequel il venait de bfttir une maison. Son terrain
joignait d'un côté une « mette tendant de la porte du
Fort-Jeast aux jardins du Chapitre de S' Tugal » et abn-
tait a d'un bout aux jardina du Chapitre et d'autre bout
au chemin tendant de la CbifTolière à i>riz >. »
Un contrat du 16 juillet 1688 va nous donner l'état
des lieux à l'ouest de la rivière et entre les deux extré-
mités qui viennent d'être fixées. Ce jour là « avant
midy, par devant M' René Gaultier, notaire royal gar-
de-nott68 héréditaire au Maine, réaidant à Laval, » com-
parurent : René de la Porte, sieur du Manoir, juge ordi-
naire civil et maire perpétuel de Laval ; Daniel Le Bal-
leur, sieur de Sourches, Jean Fréard, sieur de la Rue
Crense, André Coustard, sieur de Souvré, conseiller du
roi, receveur des tailles de l'élection, Julien Hennier,
avocat en parlement, échevins ; et François Ruffin, sieur
de Lorière, avocat-syndic de la ville. Ils venaient exécu-
ter on dessein depuis longtemps formé par les habitants,
l'acquisition d'une partie de cet espace dout nous tra-
cions plus haut les Umites.
L'acte commence par exposer que, le 21 août 1598,
Madame Anne d'Allègre, comtesse de Laval, bailla et
arenta à Jean Guiard « une place vacque à la Chivolière
sur le rivage de la rivière de Mayenne^. » Cette place se
trouvait au bout d'un « petit cbaussereau fermant les
douves de cette ville » et qui avait quatre-vingt-douze
pieds de longueur. A cette distance « au bout dudict
chanssereau, sous la coste du ruisseau du faubourg
S' Martin s, n Jean Guiard acquérait le droit de bâtir un
1. Censif de Saint-Haiiin. 1589.
2. Anne d'AJlËgre était veuve de Paul de CoU^dv qui jprit le
nom de Guy XIX, en succédant à Guionne la FolFe dans le
comté de Laval. Elle agissait comme tutrice et garde-noble de
leur unique Gis, né le 5 mai 1585, mineur, âgé de 13 ans.
3. Ce ruisseau sortait de l'étang de Sùnte-Catherine que la
ligne du chemin de ter et le nirellement du champ de a
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- 76 —
moulin '. Il pouvait aussi construire une maison de vingt
pieds de long et treize pieds de large, « sur la butte de
la Chivolière, au long de ladite rivière, avec droit de
chemin et usage des dites buttes pour l'exploitation du-
dit moulin. » On lui baillait aussi « les douves de cette
ville proche laditflfebutte et murailles pour y retenir et
conserver l'eau dessendent dudît ruisseau du faubourg
pour l'usage dudit moulin. » Maison et moulin passè-
rent, après Jean Guiard, à Mathurin Le Hirbec, époux
de Cristophle Guiard. Celui-ci les céda, en 1617, à Guy
Moraine et Marie Chailleu, aa femme. Leur décès les
fit venir aux mains de René Margottin, dont la veuve,
Madeleine Moraine, les possédait au moment du traité.
Mais les habitants souffraient des miasmes qui s'exha-
laient de l'étang de ]a ChifTolière, réduit peu à peu et
encombré par les vases et les plantes aquatiques, en
même temps que des fossés, transformés en cloaques
par les eaïKi que le moulin y faisait refluer, lis avaient
R formé le dessein depuis longtemps de desseicher ledit
étang, dont l'eau croupissoit dans ladite place de la
Chivolière. » Avant tout il fallait supprimer le moulin,
principale cause de la stagnation des eaux, et pour
cela, en faire d'abord l'acquisition. Outre la mesure de
salubrité, ceux de la vilie y voyaient encore une mesure
d'économie. C'était d'être « déchargés de l'entretien d'un
pont qui servoit pour passer de la porte du Boulevard,
« par dessus ledit étang ou marais, lequel pont estoit
tombé en ruisne » et devait coûter, pensait-on, n une
somme immense à rétablir. »
ont ftdt disparaître. A ta décharge de cet étang existait une herse
suspendue qui fit douner au petit cours d'eau le nom de ruisseau
du Râteau. Comme la source n'a pas été supprimée, il coule
maintenant emprisonné dans un canal, sous les rues d'Emée et
de Joinville, unissant son cours à deux autres ruisseaux qui vien-
nent de Payenne et des Vaux.
1. Dans une note sur l'aveu de 1444, nous avons parlé de ce
moulin comme existant déjà ; notre document nous fait reconnat-
Ire l'erreur que nous avons commise. II ne fut établi qu'en 1598.
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LAVAL
el la
riACE DE LA CHIFFOLIÈRE
1598-1686
,)glc
Digiliz=db,G00gle
On a pensé que ce pont servait à donner passage de
la porte du Boulevard au Chemin (rue Neuve) venant du
Carrefour-aux-Toiles ; mais cet espace n'était pas long
k franchir, et s'il y avait là un pont, sa reconstruction
n'aurait pas dû coûter «une somme immense. » Nous se-
rions plus porté à croire que le chemin se continuait
jusqu'à la porte du Boulevai-d et que le pont, comme le
dit notre document, passait «par dessus l'étang et ma-
rais » pour conduire au Fort-Jeust, au bas de la rue des
Capucins.
D'après M. Duchemin de Villiers', il y avait une
porte dans les murailles de ville pour aller à la Chevol-
lière, au travers de la maison du sieur de Farcy ; elle
se trouvait au haut des Escaliers ou degrés par lesquels
OD descendait de la rue du Bourg-Chevrel (du Jeu-de-
Paume) et dont subsiste encore un reste derrière le bâ-
timent actuel de la Poste. Nous venons de mentionner
la Porte du Boulevard qui donnait accès dans ta rue du
même nom (rue du Val-de- Maine). Le savant auteur
hésite à décider si ces deux portes étaient distinctes
l'une de l'autre ; il dit quelquefois : « la porte du Boule-
vard et de la Chevolière, » et enfin, ayantlu dans le cen-
sif du comté, l'énumération de deux maisons entre les
portes du Boulevard et de la ChevoIIière, il admet qu'il
pouvait y avoir deux portes en cet endroit.
Notre contrat parle d'abord d'un pont, près de la
porte du Boulevard, et plus loin, il dit, sans l'avoir
nommé autrement, « proche ledit pont de la Chivol-
lière. » Nous sommes donc porté à penser qu'il n'y
avait qu'une porte proprement dite, celle du Boulevard,
et que l'autre n'était qu'un passage, auquel le censif
donne le nom de porte improprement.
Ceux qui descendaient de la rue du Bourg-Cherrel
pour sortir de la ville et aller vers Priz, contournaient
I. E$*aù, p. 306 à S12 et p. 319.
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ua peu les fortifications sur leur droite pour atteindre
la porte du Boulevard, puis, prenant à gauche, s'enga-
geaient sur le pont qui traversait le marais. C'est vrai-
semblablement ce court espace que l'aven de 1444 ap-
pelle « la rue de l'étang » et où se trouvait « la maison que
soulloit tenir Collin Meniot, sis près le poncel de la rue
de l'estang. » Mais ces dernières expressions semblent
indiquer un second pont, qui sans doute donnait pas-
sage du bas des Escaliers à la rue Neuve, par dessus les
douves ou fossés de ville.
Les habitants, pour en venir à l'exécution de leur pro-
jet, s'étaient adressés à l'Intendant de la Généralité, et
celui-ci avait commis M. de Pontfarcy « pour dresser
procès-verbal de Testât des lieux et de la commodité
dudit desseichement. » Le commissaire s'acquitta de sa
mission le 9 décembre 1684, et, d'après ses observations,
« fut fait un devis des ouvrages qui étoient nécessaires, a
Sur ta demande des maire et échevins, l'Intendant
rendit son ordonnance le 30 décembre 16S6. Leur re-
quête portait qu'il « seroit proceddé au bail au rabais
des ouvrages mentionnés audit devis, » que « l'adjudi-
cataire seroit payé sur les deniers d'octroy de cette ville
sur mandements délivrés par ledits sieurs maire et
échevins. » Ces formes administratives ne diffèrent pas
trop de celles que l'on suit encore aujourd'hui, ce qui
montre que la tutelle des administrations inférieures par
les supérieures, et la régularité des opérations publiques,
ne sont pas d'hier en France.
Nous allons assister à une expropriation pour cause
d'utilité publique. Ayant reçu de l'Intendant l'autorisa-
tion nécessaire, comme nous venons de le dire, les maire
et échevins considérant « que l'on ne pouvoit procedder
audit bail (des travaux) qu'au préalable estimation
u'eust esté faite dudit moulin, étang et terres qui envi-
ronnent le dit marais, » firent requête au commissaire,
puis en vertu de son ordonnance, firent assigner les
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héritiers Moraine et conviDreot avec eux de prendre
pour experts M** Rolland Le Duc et René Enjubault,
avocats. Ceux-ci descendirent sur les lieux et présentè-
rent leur rapport, dans lequel était estimé séparément
« le fonds dudit étang, le cours d'eau, le droit de mou-
taux et sujets tpii dépendent dudit moulin, et le prix des
roues, rouets, meulles, et autres ustaneiles dudit moulin,
d'avec la valleur des maisons, jardins, et autres choses
bâties et édiiBées sur te fonds. »
Après pourparlers entre les intéressés et les maire
et échevins, ceux-ci achetèrent : étang, cours d'eau,
chaussereau, roues, rouets ustenciles, etc., pour
le prix de 300 livres « qui sera payé auxdits les Mar-
gottins par le sieur receveur des deniers communs et
d'octroy de cette ville. » Les vendeurs se réservent les
« arbres qui sont sur le bord dudit étang. » Le tout
reste hypothéqué au proHt des vendeurs « sans que les
dits sieurs acquéreurs en puissent changer la face »
avant que le paiement n'ait été effectué. Nous trouvons
déjà ici la juste et préalable indemnité inscrite dans nos
lois actuelles.
Alors intervint au traité Marie Galpin, veuve de Jean
Chevreul, maître menuisier, demeurant à la ChevoUère,
pour vendre aussi x ausdits sieur maire et échevins,
manans et habitants dudit Laval » un petit jardin con-
tenant cinq cordes de terre, « situé proche ledit pont de
la Chivollière, abuttant du haut l'étang et douves dudit
moulin et du bas les murs de ville, joignant d'un costé
le jardin desdîts Margottin. » Elle avait recueilli cet
héritage de la succession de Gervaise Galpin et Marie
Moraine, ses père et mère, en 1652. Cette seconde vente
était faite pour le prix de 150 livres, payables aussi par
le receveur des deniers de l'octroi, et à condition que
les acquéreurs ne changeraient « la face » du terrain
qu'après le paiement.
Le même contrat porte quittance de 300 livres pour
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les Margottin et de 150 livres pour la veuve Galpio,
ainsi la ville se trouva en mesure de commencer im-
médiatement les travaux d'assainissement.
C'était assurément une des amélioratione les plus im-
portantes que pussent alors entreprendre les édiles la-
vallais. Son exécution prépara celle d'une nouvelle tra-
verse de la route de Bretagne qui ne devait s'opérer
que plus tard et de tout cet ensemble de travaux qui
ont transformé l'ancienne ChilTolière en une place vaste,
utile et agréable. L'Hôtel-de-Ville qui lui donne à pré-
sent son nom fut bâti en 1826-1827 ; il est placé dans
le marais ; pour trouver le solide, lorsqu'on en creusa
les fondations, il fallut descendre à 5 et 7 mètres de
profondeur. Nous aurions voulu porter sur le plan que
noua avons essayé de tracer de l'ancien état des choses,
une indication de l'état actuel ' ; mais le plan serait de-
venu confus, et ce que nous nous proposions surtout de
mettre sous les yeux ne les aurait plus autant frappés^.
Nous espérons qu'au moyen du pointillé par lequel nous
avons marqué le nouveau lit de la Mayenne, la rue de
la Paix et la rue Joinville, on pourra comparer ce qui
était il y a deux cents ans avec ce qui existe aujour-
d'hui. Peu de coins de terre, croyons-nous, ont été si
absolument modifiés.
COUAHIER DE LaUNAY, ch. h.
1. Nous devons exprimer ici notre gratitude à notre collègue
M. E. Garnier, archilecte, pour les conseils et les indications
qu'il a eu l'obligeance de nous donner.
2. Nous avons rétabli sur notre plan, l'enceinte de rourailles
depuis les Escaliers jusqu'à la tour de la Poterne ; elle existait
encore en 1688. La tour était carrée, comme on le voit sur le
plan de 1753, et dans le bas-relier de la chaire de 8aint-Véné-
rand. On passait sous cette tour pour descendre de la rue du
Bourg-Chevrel (du Jeu -de- Paume) dans le Boulevard (Val-de-
Maîne). Elle ne fut démolie qu'en 1794.
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LE MARQUISAT
DE CHATEAU-GONTIER
DE 1684 A 1690
D'APRÈS DN DOCUMENT INÉDIT
La communication bienveillante d'un ancien registre,
demeuré inédit, noua a permis d'étudier l'étendue de la
mouvance du marquisat de Château-Gontier à la fin du
XVII" siècle. Ce volume, relié en parchemin, compte 499
feuillets. Il fait partie des archives du chAteau de la
Haute-Roche d'Azé', appartenant à Madame V" Lepec,
qui a récemment construit, dans une situation pitto-
resque, au sommet d'un rocher dominant le cours sinueux
de ta Mayenne, une élégante habitation, édifiée sur les
plans de M. Ramouseet, architecte de Paris.
Le seigneur de Château-Gontier, selon le registre,
était, en 1684, « Messire Nicolas-Louis de Bailleul,
chevallier, conseiller du Roy en sa cour de parlement à
Paris, » fila aîné de Louis-Dominique de Bailleul, sei-
gneur de Soisy, de Vatetot et d'Estiolles, président au
parlement de Paris, époux de Marie Le Rageois, fille de
de la Mayenne, p. 281). — C'est s
de Gaudrajr qui couvre l'autre rive de la Mayenne, que la tradi-
tion populaire place les fourches patibulaires du seigneur d'Az^.
Le fief d'in^andes fut réuni à celui d'Azé à la fin du XV» siècle
pour former une chàtetlenie (Ibid., p. 176).
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- 8î -
Claude, seigneur de Bretoavillieis'. Nicolas-Louis de
Bailleul « fit travailler aux archives de Chàteau-Gontier
et fit rendre beaucoup de sentences contre les sujets et
vassaux qui n'avoient pas payé leurs services à cens et
rendu leurs aveux et déclarations^. » Le volume que
nous avons consulté est intitulé : a Titres au soutien de
Ut Mouvance du Marquisat de Château-Gontier depuis
et compris îôSi jusqu'à 1690 exclusivement,- J J J. »
Deux tables contiennent la liste des sujets et celle des
noms des cantons où sont situés les héritages énumérés.
Messire Charles Letessier, sieur de Coulonge ^, « advo-
cat procureur au siège présidîal, » était chargé « d'occu-
per pour le seigneur marquis de ChÂteau-Gontier*. »
MOCTANCBS FÉOUALES DU XÂRQDISAT DS CHATEAU-
GOKTIKR, EH 1684.
Les Ëefs vassaux du marquisat de Ch&teau-Goutier
étaient nombreux, selon les indications fournies par le
Dictionnaire topographique de la Mayenne que nous
reproduisons en y ajoutant une série de notes complé-
mentaires.
1. Léon Mattre, Tablettes chronologiques et historiques de la
sacceasion des Seigneur* de Laval, de Mayenne et de Chdteau-
gontier, p. 30.
2. Généalogie des Seigneurs de Chdteau-Gontier, publiée par
M. A. de Martonne, archiviste du département de la Mayenne,
dans le Bulletin de la Commission Historique et Archéologique,
documents et procès-verbaux, tome troisième, p. 303 (1882-1883).
— Cette généalogie est conservée aux Archives départementales
de la Mayenne, série E. Elle est de l'an 1761 et écnle par un au-
teur anonyme.
3. Coulonge, h. et chat. C* de Fromentières. — Fier vassal de
la chàtellenie de Fromentières.
4. Titres au soutien de la mouvance du marquisatde Cliduau-
Gontier.
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La seigneurie d'Ampoigné, du doyenné de Craon.
Les Aulcais-Barrés de Bazouges'.
La Balhayère, de Bierné, qui relevait aussi de l'En-
torterie ou l'Entourtrie de Grez-ea-Bouère *.
La Barillère, d'Ampoigné.
La Baronnière, de Houssay, qui donne son nom à un
ruisseau aflluent de celui de Brault.
La Baumerie, de Châtelain.
La Billonnière, de Quelidnes, dont les bois ont été dé-
frichés en 1858.
Le Bois-auX'Moines, de Saint-Fort*.
Le Bois-Barré, de Châtelain.
Le Bois-Bignon, de Gennes.
La Bounière, de Houssay.
Bouillé-Théval, de Montguillon. Cette terre relevait
en franc-alleu de Château-Gontier. Le château était
entouré de larges douves. 11 doit son surnom à la fa-
mille de Teaval ou de Thévalle, à qui il advint par le
mariage de Jeanne de Quatrebarbes avec Esmar de
Tesval*.
Les Bouillons, de Loigné^.
Le Boulay, de Chemazé,
La Bourdonnière, de Saint-Fort. — Le ruisseau des
Bourdonnières ou de Vallès, se jette dans celui du
bourg de Menit.
Le Bourg-Renaud, de Bazouges. — C'est la partie de
t. C'est là qu'avait été établi le prêche des réformes de Ghâ-
leau-Gontier, par la famille de Bédé (Arch. de la Mayenne, B.
2336).
i. L'Entonrterie était un fief vassal de la chàtellenie de Bouère.
— h'Eatartrie. 1728 (Cabinet de M. Trochon de la Théardière).
3. Ce lieu appartenait alors à l'abbaye de la HoË.
4. Dictionnaire historique, géographique et biographique de
Maine-et-Loi'-e, t. I, p. 436. — Voir notre étude sur La clidtelle-
nie de la Jaille-Yvon et ses seigneurs, d'après des documents
iDéâits(1052-17S9], oraédedeuxhélio^avures, p. 9 à 14 et 54-55.
5. Le ruisseau des Bouillons est un afRuent de la Mayenne.
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la paroisse fondée par Renaud de ChAteau-Gontier, l'un
des premiers seigneurs*.
Bozeille-Boucbard ou Belhomme, de Bazouges.
Bozeille-Maroutière, de Saint-Fort. — Ce lîef fut
réuni à ceux de la Lande de Loigné au XVII* siècle
pour former la châtellenie de la Maroutière.
Bozeitle-Roué, de Bazouges.
Bréon, de Marigné-Peuton. — Le ruisseau de l'Etang
de Bréon est un affluent de l'Hière^.
La Brossinnière, de Chemazé ^.
La Motte-de-Brûlon, de Saint- Laurent-des-Mortiers *.
Champagne-Frezeau,
Le Châtelet, de Bazouges. — Le ruisseau de ce nom
se jette dans le ruisseau de Saint-Joseph ou de la Plan-
che, affluent de la Mayenne.
Cheripeau, d'Ampoigné^.
La Chouannière, d'Ampoigné. — Les bois ont été dé-
frichés.
Le Clos-Avril.
Coges, d'Origné. — Cette seigneurie relevait égale-
ment de la chAtellenîe de Laval.
1. Voiries Tabletiea généalogiques et hisioriques. — Ménage,
Histoire de Sablé. — Bonneserre de Saint-Denis, Notice sur
Château- Gantier. — S. de MontoEon, Notice historique sur Chd-
teau-Gontier. Annuaire de l'arrondissement de Chdteau-Goiilier,
etc., pour Î878. — Abbé Foucault. Documents historiques sur
Chdteau-Gontier. — Tancrède Abraham, Chdteau- Gantier et ses
environs.
2. Voir les Archives du Château de Bréon. — Archives de
Maine-et-Loire, Ë. 300, dossier de la famille deLancrau. — Les
Lancrau de Bréon portent : D'argent à la fasce fleurdelysée et
contrefleurdelysée de gueules, trois en dessus et trois en dessous.
3. Voir notre étude sur Les .Seigneurs de MolUére et de la
Broasinière (XI*-XVIII> siècles).
4. Voir, sur les Gaultier de BruUon, nos Recherches épigra-
phiques, p. 29 à 55, Laval, imprimerie Léon Moreau, 1883.
5. Les titres de l'abbaye de la Roë mentionnent en 1462 le sei-
gneur de Cheruppeau (H. 189, f° 27). — La paroisse de Cheri-
peau a été réunie en 1791 à celle d'Ampoigné.
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- 85 -
Le Deffay, de QuelaineB.
Le Douet-Sauvage, de Biemé*.
Lea Ecorces, de CbemaKé.
Featillé, de Quelaines^.
. Les Fossés, de Loigoé.
La Fonrmentière.
La Frezelliêre, de Loigné '.
Le Geneteîl. — Le prieuré du Geueteil dépendait de
Tabbaye Saint-Nicolas d'Angers*.
La Goguerie, de Saint-Gault,
La Grassetière.
La Grossinière.
La Hamelinaie, de Genues. — Lea bois ont été défri-
chés.
La Hayère.
La Hérissière, de Bazouges.
Les Hulairies, de Loigné.
La Joyère, de Chemazé.
Loigné, paroisse du doyenné de Craon.
1. Voir, sur les seigneurs clu Dou et- Sauvage, dont le plus tin-
den est Gaufridus de Doit-Sauvage, cité dans les archives de
l'hospice de Château- Gontier, en 1206, nos Recherches hiatori-
quet tur Saint-Michel-de'Peins, publiées dans la Revue de l'Ân-
2. Le cartulaire du Ronceray mentionne G. de FestilU, au XI*
siècle. — On lit dans l'aveu rendu à Angers, au roi Louis XIV,
le 20 juillet 1669, par Louis de Bailleul, marquis de Chàteau-
Gontier. que le sei^eur de la Raudière et Festillé, « en qualité
de conestabie de Château -Gontier, • prétendait avoir le droit de
prélever, sur ie moulin du Verger, voisin du faubourg d'Aié,
< les folles farines et le cinquième des droits de moute. ■ Le sei-
gneur de ChàteaU'Gontier ajoute : « Moi je prétends qu'il est tenu
de la cinquième partie des réfections et réparations du même
moulin, pour raison de quoi nous sommes en procès (Arcb. nat.,
r«g. Ql f02S, fol. 123 et suiv.)
3. Voir sur les Freseau de la Frazelliâre, notre Etude sur la
Vie privée au XV* tiède en Anjou.
4. ( Le prieur de Notre-Dame de Gennetay, à cause da sa
maison et domaine sis es dit faubourg, me doit chacun an un gal-
lais de vin et quatre fouasses, et pour sa terre de ViUechal en la
paroisse de Chastelain, six deniers, a (Ibid.)
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-86 —
Luîgné, deCoudray'.
MagnanneB ou Meignanne, de MeniF.
Malabry, de Chemazé.
Marigné-Peuton, paroisse du doyenné de Oaon *.
La Maroutière de Saint-Fort. — La chAtellenie érigée
en 1635 reportait aussi ses aveux à la châtellenie de
Bouère et à la seigneurie de Bouthou.
Mauvinet. — Deux lieux portaient le aom de Mauvi-
net. L'un était situé sur le territoire de la seigneurie de
Ruillé-Froidfont, l'autre était un fief sis en Saint-Miohel-
de-Feins et en Coudray, aussi nommé les féages de
Chanteussé, qui s'étendait sur Daon, Gennes, 'Saint-
Aignan, Chanteussé, et relevait en partie de la châtel-
lenie de Daon*.
La Meignannière ou Meignannerie, aussi nommée
Rézé, de Quelaines. — On écrit également la Meisian-
nière.
Ménil ou Menil, paroisse du doyenné de Craon. —
Le prieuré de Saint-Georges de Ménil dépendait de
l'abbaye de la Trinité de Vendôme*.
La Michinottière, de Marigné-Peuton. — Ce fief por-
tait également le nom de Souvigné.
Mirouault ou Mirvaut, d'Azé. — Le moulin de Mi-
rouault dépendait de Bazouges^,
1, Voir, sur cette terre, les archives et les titres conservés au
château de Luif^é.
1. La terre de Ma^annes fut érigée en marquisat, en faveur
de Henry de Racappë. par lettres patentes, données à Versait'
les au mois d'avril 1701 et enregistrées en parlement le 6 mars
1703. Elles sont conservées dans le 42' volume des Ordonnances
de Louis XIV, au folio 120. Voir notre Histoire de Menil et ses
seigneurs, d'après des documents inédits (1040-1SS6).
3. Voir la Chonique de Marigné-Peuton, par l'abbé Foucault,
dans la Revue historique de l'Ouest.
k. VoirnoB Recherches historiques sur Saint-Michel-de-Feins.
5. Les titres du Prieuré de Saint-Georges de Menil sont con-
servés aux archives de Loir-et-Cher.
6. ( Item, les moulins et logemens d'iceux (l'un à drap et l'au-
tre à tan), étant sur la rivière de Maine, bâtis sur la chaussée
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- 87 -
Moiray ou Moiré, de Coudray'.
Moissant, de Qaelaînes.
Mollière, bourg, commune de Chemazé. — Le prieuré
de Saiat-Pierre-de-Molliëre dépendait de l'abbaye de la
Roêî.
Montaign, de Bazouges.
Noirieux, de Saint-Laureat-dea-Mortiera^.
Les Ormellières, de Houssay.
La Pironnière, de Longuefuye. — Ce fief relevait
également de la châtellenie de Longuefuye.
Le Pie aaia -Bourreau ou Bourel, de Bierné, érigé en
1633 en marquisat sous te nom de la Barre*.
" Le Plessis, de Quelaines, dont relevaient les fiefs du
Brossay, du Monceau, du Plessia-Brossard et de Saint-
Gaolt».
Poillé, de Saint-Gault. — Le ruisseau de Poillé est
un afSuent de la Mayenne.
Le Port-la-Valette.
Potage, de Gennes^.
La Pouverie, de Quelaines.
La Prée.
La Raudière, de Quelaines'.
Hirouaull, au-dessus de celle des trois moulins à blé et à drap.
J'ay droit de faire contraindre mes sujets et estag^rs de moudre
leur grain et de faire fouler leurs draps. >> (Arch. nat. iôid.j
917).
1. Voir, sur les seigneurs de Mire- les Archives de Luigné et
les Regitlres d« l'État-civil de Coudray.
2. Voir, sur Mollière, notre Etude tur la JailU-Yvon et se»
seigneurt, p. ftl, et notre travail sur Les Seigneurs de Mollière et
de la Brosainière (XI--XVIII« siècles).
3. Voir aux Archives de la Mayenne, les Titres de la Seigneu-
rie de la Grenonniére et de Noirteux.
i. Voir, sur le Plessis-Bourrean el [a Barre de Biemé, notre
étude sur l^s Chivré, marquis de la Barre de Bierné, et nos Re-
cherches épigraphiques.
5. Quelaines relevait de la baronnie de Craon et du marquisat
de Chàteau-Gontier.
6. Voir, aux Archives de la Mayenne, les Titres du fief Potage.
". La seigneur de la Kaudière, en sa qualit<' de connétable hé-
réditaire de la baronnie de ChAteau-Gontier, devait deux mois de
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La Renarderie, de Saint-Fort.
Le Grand'Rézé, alias la Meig^aanière.
La Robellière.
Rougé-Derval, de Marigné-Peuton. ■ — Ce fief s'éten-
dait sur ta seigneurie de Ménil.
Les bois des Rouillères, de Peuton.
Saint-Aubin, de Chemazé.
Saint-Ouen, de Chemazé. — Le fief appartenait à
l'abbaye de la Roê '.
Sancé, de Coudray^. — Ce fief relevait aussi de la
châtellenie de Charabellay 3.
La Sapinière, de Bierné.
Le Teillay, de Saint-Gault. •
Le Teilleul, qui s'étendait sur Ampoigné et Chemazé.
La Tellouinière ou le Plessis-Tellouinière, de Que-
laines.
Le Tremblay, de Châtelain.
Le Val, d' Ampoigné ; le ruisseau du Yal est un
affluent de celui de Mauconseil.
La Valette ou la Grande- Valette, de Coudray.
Le Verger, de Chemazé.
Le Vieil- Aunay, de Loigné'.
garde à ses coûts et dépens. 11 avait le droit de prendre et gar-
der le cheval sur lequel le seigneur de Château-Gontier avait fait
son entrée dans la ville, après l'avoir conduit par les freins à
l'endroit où voudra descendre le seigneur. Ses autres droits
sont énumérés dans les Chroniques CraonnaUes, p. 566-567.
1. Voir sur, Saint-Ouën, l'Album de CAdteau-Goniier et ses en-
virons. — Le joli château de Saint-OuËn, construit dans le style
de la Renaissance, par Anne de Bretagne, pour son aumfinier
Guy Le Clerc, de Coulaines, plus tard évéque de Léon, appartient
aujourd'hui à M. le comte de Sèze qui en a confié la restaura-
tion à M. Beignet, l'habile architecte angevin.
2. Voir, à la Bibliothèque d'Angers, le dossier relatif à la sei-
gneurie de Sancé.
3. La terre de Chambellay relevait en partie de Ménil. Elle
appartenait alors aux Montafais.
4. Vieil-Aunay (le), château et ferme avec chapelle du XII*
siècle, commune de Loigné. — Viaunay, XVII* siècle (abb.de
la Roe, H, 1/0).
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Les Vignes, de Qoelaines'.
Le marquisat de Chàteao-Gontier comprenait deux
baronnies et sept cfa&tellenies ; trente-six paroisses en
relevaient. Le présidial avait été établi en 1640. On y
comptait un gouverneur de la ville et du château, et un
lieutenant des maréchaux^.
II
POURSUITES niRlGÉES COUTRE LES VASSAUX DU
MARQUISAT, DK 1684 A 1690.
Le 4 janvier 1684, à la requête de Messire Nicolas de
Bailleul, marquis de Château-Gontier, assignation est
donnée a Abraham Roullé d'exhiber tes titres de pro-
priété de certaines vignes situées au clos des champs de
Beaumont, de Bazouges, et de payer tous les droits féo-
daux. Jacques Geslin, premier huissier audiencier au
siège présidial de Chàteau-Gontier, se présente au do-
micile de ce Roullé, « demeurant auforsbourgduditlieu,
vers Azé. o II est à remarquer que, comme Azé et les
autres environs de Chàteau-Gontier, le territoire de Ba-
zouges était alors planté en vignes sur une grande partie
de son étendue.
Le 24 janvier, M. du Plessis-Bourré, chevalier, sei-
gneur, marquis de Jarzé, « de la terre ûef, et seigneurie
d'Ëscuillé en la paroisse d'Escuillé^, » est cité « à com-
1. Vignes (les Grandes et les petites), f. c" de Quelaines ;
roisseau <|ui se jette dans celui de Brault. — L'étaoj; et le mou-
lin des Vignes ont été supprimés vers 1800. — Ce nef était vas*
sal également de la baronnie de Craon.
3. Un garde de la connétablie fut institué en 1693 (Voir les
Mémoires dressés en 1697, d'après l'ordre de la cour, par M. de
Miroménil, intendant de la généralité de Tours. — Voir aussi, à
la Bibliothèque de Chàteau-Gontier, l'Edit du Ray qui ordonne
la création du Présidial.)
3. La seigneurie de Jarzé avait été érigée en marquisat par
lettres de 1615 et d'avril 1691. Le château reconstruit au XV*
siècle, était imposant. Jean Bourré avait acquis vers 1473 ce fief
des 8ainte-Hanre.
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paroir dans haîtaine franche devant Messieurs les gens
la Sénéchaussée et Siège Présidial de Chflteau-Gontier,
au palais royal dud. lieu, pour être condamné faire la
foy et hommage qu'il doibt au seigneur marquis de Châ-
teau-Gontier à cause de lad. terre d'Ëscuillé, mouvance
dud. marquisat, et fournir son adveu suivant la cous-
tume, et payer le rachapt deub par les seigneurs du
Plessis à cause de lad. terre fief et seigneurie d'Ës-
cuillé, à luy eschue de la succession de deffunct Mes-
sire du Plessis, vivant chevalier, seigneur marquis de
Jarzé, son ayeul, décédé il y a dix ans. » L'assignation
fut remise à maître François Sallain, procureur fiscal de
la terre d'EcuilIé, demeurant au bourg de ChelTes. Une
partie du bourg d'Ëcuillé appartenait, avec l'église et la
cure, à la juridiction du chapitre Saint-Maurice d'An-
gers ; le reste, comme nous le voyons, était revendiqué
avec droit de four à ban par les seigneurs du Plessis-
Bourré, qui en rendaient aveu, sous le titre de chàtelle-
nie sans domaine, à Chflteau-Gontier'.
Les propriétaires de diverses maisons situées « près
la porte de Treu, » dans la rue de la Harelle^, dans la
rue des Juifs, près des Ponts, dans la rue du Port-au-
Vin, dans la rue Trouvée, dans la rue Bruchemotte,
dans la rue Saint-Denis, dans la rue d'Olivet, dans la
Grande-Bue, au Pilori, près du cimetière de Saint-Jean
t'Ëvangéliste, dans la rue de la Tannerie, au faubourg
d'Azé, à d'Audibon, ainsi que n. h. Claude Poisson,
sieur de Neuville, détenteur « du lieu et appartenance
nommée la Tour-Gaultier, » la veuve Michel Doisseau
et François Bourgeois, qui occupaient une demeure appe-
lée « Lierru, n furent poursuivis tour à tour à la requête
du marquis deChâteau-Gontier^.
1. Dict. /lût. de M.-et-L.. t. II, p. 102.
2. Voir sur le mot Harelle (émeute ou révolte, Ifarela), le Gloi-
sarium de du Gange et te Dictionnaire historique des institutions,
mœurs et coutumes do la France, par A. Chéniel, tome I, p. 530.
3. Voir, sur tous ces lieux, la Notice hisiori^tie sur Château-
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Françrâs do Bnat, « escayer, sîetir du Thetllé, y demen-
raat, paroisse de Saiact-Gault, » est assigné le 15 mars
poar être eondamaé à faire foi et hommage et payer les
arr^ages de cinq livres sept deniers, obole de service
dus au seigneur de ChAteau-Gontier, « A raison de la
terre de Theillé et seigneurie de Saint-Gault. » Les du
Buat, seigneurs de la Subrardière de Méral depuis le
XVI* siècle, portent ; D'azur à trois quintefeuiUes
d'argent ' .
Le 6 avril, à la requête de Jean de la Fuye, maître
chirurgien, demeurant à Chftteau-Gontier, mari d'Anne
Janet, Glle de défunt Jacques Janet, qui avait les droits
de Maître Jean Bionneau, « cy devant fermier du mar-
quisat, » François Patry, est assigné pour payer les
arréragea de dix-huit sols dix-huit deniers, dus à raison
du lieu et métairie de la Malbouère, autrement Petit-
Pavé, sis en la paroisse d'Azé. Le 15 avril, dans une
affaire relative à « Pierre Lasnyer, notaire royal, demeu-
rant k Laval, » c'est M" René Trochon, aieur des Places ^,
avocat au siège présidial, qui occupe pour M. de Bail-
leul.
Gervais Mousteau de Nuillé, ponr le lieu delà Vilatte,
en Quelaines, Jean Guildault, pour une closerie située
au Monceau, en Quelaines également, René Léon «mar-
chand tixier en toille^, m René Chardon, marchand, Jean
Talvatz « marchand appoticquaire, » M" Chartes Las-
nier, prêtre habitué en l'église de la Trinité de Laval,
Gontier, par 8. de MontoEon, dans VÂnnuaire de l'arrondme-
meni de Chdteau- Gontier, poar 1818, p. 3B1-290. — Le nom de
« la Tour-Gaultier ■ s'ajoute à la liste déjà connue des autres
tours de l'enceinte.
1. Voir, sur la famille du Buat, les C/ironiguet Craannaûaa.
2. Places (les), cbAt. et I. c" de Daon. — Une belle habitation
de style Louis XIII a remplacé l'ancienne demeure. Elle appar-
tient aujourd'hui à Madame la baronne de Romain (Voir nos
Reeherehes hiaioriquet tur Daon et ■«> environs).
3. Il y avait à GhAteau-Gontïer trois blanchisseries de toiles.
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« faisant le fait de M" Pierre Lasmer, notaire royal
aud- lieu, son père, héritier de Nicolas Gervais, aieur
du Val-Tinant, notaire royal, sont poursuivis successi-
vement, du 15 avril au 8 mai, pour défaut de paiement
de diverses rentes. M"' François Legros et Julien Had-
bin étaient alors notaires royaux à Chàteau-Gontier'.
Noble Jean Deuyau, sieur de Gaudrée ^, mari de demoi-
selle Barbe Bourgeon, fille de défunt M" Jean Bour-
geon, sieur de la Rainière ^, est assigné le 27 mai pour
être condamné à exhiber les titres de propriété du Petit-
Douaillon, de Gennes. Le même jour, Jean Gaugaia,
« marchand mégissier, » est cité pour payer les devoirs
« d'une maison ou tannerie size en cette ville proche les
murs d'icelle en la rue de la Tannerie. » Le 8 juin, c'est
le tour de Jean àe la Noe, sellier, demeurant au faubourg,
propriétaire du lieu de la Fournairie, eu Saiut-Sulpice,
qui a négligé d'acquitter les droits féodaux.
Une sentence du 12 juin, rendue au siège présidial,
entre M. de Bailleul et Messire René de Juigné, « escu-
yer, seigneur de la Broissinière, » maintient en la féo-
dalité du marquis de Chàteau-Gontier deux maisons et
un appentis du bourg de Chemazé. Pensard, propriétaire
de la Villière, en Saint-Sauveur-de-Flée, noble Samuel
Pelîsson, sieur de Montigaé*, bourgeois d'Angers, y
demeurant, paroisse Sainte-Croix, créancier d'une rente
foncière de trente-six livres sur le village du Plessis-
Brochard, en Quelaines, sont assignés, pour exhiber
leurs titres, le 30 juin et le 6 juillet suivant.
1. Il existait alors une communauté de quinze notaires royaux
et un collège de huit avocats dans cette ville.
2. Gaudray ou Gaudrée (le Grand et le Petit), I. et éc. c" ds
Vi lliers-C harlemagne .
3. Rainière (la), I. c"" d'Azé.
4. Montigné, f. c°° de Quelaines, fief vassal de la bsronnie de
Craon. — Ce Samuel Pelîsson, prolestant, fut poursuivi en 1689
pour contraventions aux édits du roi. Nous possédons le texte de
son interrogatoire dans la collection de nos documents inédits
sur l'Anjou et le Maine.
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Messire Nicolas d'Orvanx, écuyer, sieur de Champiré *,
curateur à la personne de Guillaume Leclerc, écuyer,
sieur de la Ferrière, propriétaire du lieu du Puy-des-Fées,
en la paroisse de la Perrière*, est condamné, « au dît
nom, » à payer les arrérages de cinquante sols de cens
et de cinq sous sur quinze journaux des landes de Saint-
Melaine, dépendant du lieu du Chandelier, le 1" juillet.
Une sentence renduepar défaut, le 15 juillet, condamne
ta dame Marguerite Jousse, veuve de Maître René Mes-
lier, sieur de Pincé, à exhiber les titres du lieu et clo-
serie du Bois, paroisse de Saint^Quentin, dont dépendent
dix journaux de terre en la forêt de Fiée, par les bois
de MortiercroUe, qui relèvent du marquisat et à payer
les arrérages dus qu'elle doit sur le lieu d'Envie-en-
Avoir, au village de la Richardière.
Le 19 juillet, à la requête de Nicolas de Bailleul, qui
u a ealu domicilie en son chasteau de Giziers sis audit
Chateaugontier 3, » on saisit les fruits de la Renardière
appartenant à Jacques Jouet, « escuyer, » et située en la
paroisse de Gennes. Le même jour, la métairie de la
Marmitée, dépendance du prieuré de Geneteil, est anssi
saisie, faute par le prieur d'avoir payé les arrérages
qu'il doit.
André Salmon, marchand meunier demeurant aux
1. Champiré. t. et moulin àeeux, C" de Sainte- Gemmea d'An-
diçné (Maine-et-Loire). — Dès le XV" siède.lesd'Orvaux étaient
seigneurs du Ciel de Champiré qui relevait du Plessis-Macé.
2. Ferrière (la), C» et arr. de Segré, — Le seigneur du lieu
devait 40 Jours et iO nuits de garde, avec armes et chevaux, à
Château-Gantier. Il était tenu, quand il chassait en personne
dans la forêt de Fiée, d'envoyer à son suzerain les quatre pieds
de la première béte noire abattue par lui et le pied du premier
cerf. Quand le suzerain chassait, il était astreint à lui mettre en
état la chasse, loger un jour et une nuit sa suite, soigner les
chiens et les chevaux blessés (Arch. nat., ibid.)
3. ■ Item ma maison, cour et jardin sis en ladite ville de Chà-
(eaugontier avec le placitre étant au devant et une petite maison
jr jointe nommée Oiziers. i (Arch. nat., iàid.)
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- 94 -
moulins de ChAteauneuf<, est condamoé, le 24 juillet, à
exhiber les titres de propriété d'une rente de huit Bola
due à raison du lieu de la Coioterie, en Chemazé. Fran-
çois Gaunier, laboureur, exploite alors ta Houdemon-
uière et t'Hommeau-Gaudin. On saisit entre ses mains
une somme importante, faute par les propriétaires d'avoir
payé les arrérages fixés.
Le 16 août, en présence de Maître Jean Gilles, no-
taire royal à Ghâteau-Gontier, Maître Pierre DefeuiUé,
conseiller et avocat du roi au siège du grenier à sel dudit
lieu^, y demeurant paroisse Saint-Jean l'Evaugéliste,
procureur de haute et puissante dame Marie-Louise de
Saint-Offauge, veuve de haut et puissant seigneur Mes-
sire Urbain-Charles du Plessis, vivant chevalier, sei-
gneur marquis de Jarzé, a procuratrice generalle et spe-
cialle » de haut et puissant seigneur Messire Marie*
Urbain-René du Plessis, son fils, seigneur marquis de
Jarzé, offre de faire foi et hommage au ch&teau et mar-
quisat de Chàteau-Gontier à raison de la seigneurie
d'Ecuillé.
Le 31 août, une saisie itérative est faite, sur les Da-
mes Religieuses du couvent du Buron 3, de la rente de
six setiers de blé due à raison du lieu de Villechat, en
Châtelain, faute d'exhibition et de reconnaissance de
cinq sols que doit ladite rente.
Le fermage de la Bouteillerie, de Bazouges, est saisi
le 7 septembre. Messire de Goddes, seigneur de la Ma-
routière, est assigné le 3 novembre pour être condamné
à payer « les arrérages de quarante-cinq sols et d'une
1. Chàteauneur-sur-Sarthe, arr. de Segré (M.-et-L.)
3. La juridiction du grenier à sel de Château-Gontier était
composée d'uQ président, un grénetier, un contrAleur, un procu-
reur du roi et un greflier. On consommait, au grenier à sel de
Chàteau-Gontier, de 35 à 36 muids de sel. Le muid de set était
de douze septiers.
3. Le Buron d'Azé était occupé par des religieuses du tiers-
ordre de Saint-François et de Sainte-Elisabeth.
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paire de ganta blancs dus à raison de la terre de la
Lande, dépendant de la Maroutière. »
Le 25 novembre, par devant Jean Gilles, notaire à
Chèteau-Gontier, furent présents : « Monsieur Maistre
René Guérin, aieur de la Gendronnière, en la paroisse
de Houssay', conseiller du roi, garde-sel en la sénes-
chanssée et siège présidial de Chasteaugontier, y demeu*
rant paroisse Saint-Remy, » et honorable homme François
DubUneau, marchand, demeurant au faubourg de cette
ville vers Azé, au nom et comme administrateurs de
<t THostel-Dieu Saint-Julien dudit Chasteaugontier, ^ »
promettant de faire ratifier ces présentes par les habi-
tants de la ville, lors de leur prochaîne assemblée, et
honnête personne René Hardy, marchand boucher, époux
de Anne Gaanier. Les deux administrateurs louent aux
époux Hardy une maison située rue de la Harelle, com-
posée de deux boutiques, une allée au milieu, une salle
avec cheminée, grenier dessus ladite salle, une chambre
hante dessus, un cellier et appentis et jardin au derrière,
joignant d'un cAté la maison de René Collas et de la
veave R. Pettier et une venelle ^ entre deux... n L'acte
est passé à l'Hdtel-Dieu en présence de Mathieu Oesnoès
et Germain Vincent, praticiens. Les preneurs paieront
une rente de quarante-cinq livres au marquisat et a
l'bApital.
François Ledroit, « marchand taincturier, » détenteur
de la Turmellière d'Ampoigné*, Maître René Buhigné,
1. Les titres de la famille Guérin sont conservés actuellement
par M. Ëmest Guérin de la Roussardière, maire de Quelaines.
2. Depuis le mois de décembre 1612, l'hôpital était demeuré à
la disposition des habitants, et trois notables bourgeois étaient
élus, tous les deux ans, sous ie nom de « pères des pauvres, s à
la charge de faire procéder aux baux à ferme du domaine de cet
établissement (Resittrea des délibérations et conclusions de l'Hâ-
lel-de-ViLU de Chdleau-Goniier. — A. du Chêne, Notes sur
Château- Gontier au commencement du XVII* siècle.)
3. Venelle, synonyme de ruelle.
i. La terre d'Ampoigné appartenait à la famille d'Héliand. Le
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notaire royal, demeurant à Houssay, possesseur de la
Mamonnière et de la Handouilière, Messire Hyacinthe
de Qaatrebarbes, seigneur delà RoDgère<, Pierre Poyer,
propriétaire du Monceau, chirurgien, demeurant au
bourg de Quelainea, Claude de Préaux, chevalier, sei-
gneur du lieu et de Charnières en Quelaines, sont assi-
gnés en décembre 1684 et janvier 1685. Maîtres Elie
Guillotean et René Boucault sont alors avocats à Chà-
teau-Gontier.
Maître Mathurin Parpacé, prêtre, curé de Gennes, est
condamné à exhiber, le 23 février 1685, « les titres de
propriété de la dixme inféodée de la Hermonnière, en
ladite paroisse de Gennes, qui étoit autrefois du béné-
fice de la dame de la chambre de l'sbbale du Ronceraî
d'Angers, » M" André Meignan, avocat procureur,
occupe, dans cette affaire, pour M. Nicolas-Louis de
Bailleul, qualifié, dans la pièce, « d'ancien président à
mortier en la cour de parlement à Paris. »
Une sentence du 25 février maintient les lieux de la Ro-
ohette etdu Monceau de Quelaines, appartenant à Fran-
çois Pelle, marchand, époux de Perrine Guiuoyseau,
seigneur devait 53 sols de taille et id jours et W nuits de garde
à Cn&t«au-Gontier. 11 était tenu de contribuer aux réparations
des douves de la ville ■ au droit de la porte de Saint-Remy. d
Les métayers étaient astreints à Taire les charrois pour les halles
et les ponls (Arch. nat. ibid.)
1. Le château de la Rongère est situé sur le territoire de Saint-
Sulpice. Le fief était pourvu d'une haute justice. — Le ruisseau
de fa Kongère est un aflluent de la Mayeni.e, — Les Qualrebar-
bes en étaient seioneurs depuis la lin du Xtll* siècle, époque à
laquelle Macé de Quatrebarbes avait acheté ce domaine A Har-
douin de Fougèi'es pour la somme de douze mille livres. (Voir le
Dictionnaire au Maine, par Lepaige, et le Précis généalogique
de la maison de Quatrebarbes). Hyacinthe, créé par Louis XIV
marquis de la Kongère, était lils de Kené V de Quatrebarbes qui
avait pris part à la Guerre de Trente ans et aux luttes de la
Fronde en Anjou. Son frère se distingua au combat de la Hog'ue
où il commandait un des vaisseaux de l'escadre de Tourville
(Baubigné, La Rongère, Les Roches d'Orîgné, article de M. A.
Lemarchand dans lAibum de Chdteau-Gontier et aea environs}.
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- 97 -
dans la mouvaDoe du marquisat, cootrairement aux pré-
tentions de Messire Jean-Claude de Préaux, chevalier,
seigneur de Gharnières et de Quelainea'. Ont signé :
P. Trocfaon, F. Chailland, Gabriel Amys, Esturmy,
Millet, Maumousseau, Quentin, Bionneau, Guérin, sieur
de la Gendronnière, et Bellanger, juges rassemblés dans
la chambre du conseil. Hené Gallichon, seigneur de
Courchamps, conseiller, lieutenant en la sénéchaussée
d'Anjou et siège présidial de Cbâteau-Gontier, prési-
dait^.
Le 7 mars, un rapport est rédigé par Jean Gilles, no-
taire, et Charles Journeil, experts convenus entre M. de
Bailleul et Messieurs les chanoines du Chapitre de
l'égUse collégiale de Saint-Just de CfaAteau-Gontier, au
sujet « des féodaUtez de chacune des parties dans l'en-
clos des Lavanderies ' nommées Evantard et de la close-
rie dudit lieu d'Evantard, sise au bault du faubourg
d'Azé de cette ville sur la rivière de Mayenne, du costé
de la paroisse de Fourmentières, » en exécution de l'ex-
ploit signifié par Lepage, sergent royal. Les experts
disent qu'ils ont visité, en présence de Messieurs Juffé,
de la Barre, Théard, chanoines de Saint-Just, et de Jac-
ques Geslin, hnissier-audiencier, l'enclos des Lavande-
ries possédé et exploité par Pierre Séguin et René Le-
devin. Ils ont décidé, après examen, que le fief du cha-
pitre de Saint-Just relève de l'enclos des Lavanderies
a depuis le chemin tendant de la rue Trouvée au moulin
1. Le seigneur du fief de Charnidres devait foi simple et 4 li-
vres 18 sols de taille à la baronnie de Craon, selon l'aveu rendu
en 1608 (Archive» de la Mayenne, Ë 99).
3. L'édit royal du 7 mars 1640, fixait ainsi la composition du
siège- présidial : deux présidents, un lieutenant général, un lieu-
tenant particulier, un lieutenant criminel, un assesseur, vingt
conseillers, deux conseillers d'honneur, deux avocats du Roi et
un procureur du Roi.
3. Lavanderies (les), blanchisserie de Chflteau-Qontier, autre-
fois très importante.
7
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•Aa Verger, jusque et y compris l'ancienne maison des
Lavanderies. » Le surplus de Tenclos, ainsi que la maison
et jardin d'Evantard et la pièce de Maugarde<, à la ré-
serve de trois boiaselées, qui relèvent du fîef Saint-Julien,
sont dans la. mouvance du marquisat.
Le 29 mars 1685, une assignation est donnée à n. h.
Claude Poisson, sieur de Neuville, à comparoir pour être
condamné à exhiber les titres de propriété d'une maison,
sise\eii la ville, « nommée la Tour-Gaultier, entre la
maison Maître René Higault et celle de M''* Charles le
Teasier, aieur de Coulonge, ahoutant une petite rue qui
descend de celle du Bourg-Roussel à l'église Saint-Jean
l'Evangéliste, et d'autre bout la maison du aieur Poisson -,
laquelle maison en question fut aux Jollivet. »
Le 5 avril, le curé d' A viré ^ eat condamné à payer un
rachat dû à raison du lieu des Brosses dépendant du
prieuré de Saint-Sauveur-de-Flée. Le 30 du même mois,
un jugement ordonne à M. de Bailleul de communiquer
à Jean Valterre, écuyer, sieur de Feudonnet*, mari de
damoiselle Jacquîne Aubert, les titres au soutien de la
féodalité de la terre de Saint-Sauveur-de-Flée, « autre-
ment Bouillé-Louichon, » afin d'apprécier le rachat de
ladite terre adjugée au seigneur marquis par jugement
du 9 du mois*. M" Jacques Collin, licencié en droit,
av^at procureur, soutenait les droits de Jean Valterre,
et M" Pierre de Cuillé ceux du marquis de Chàteau-
1. Le 18 janvier 1630, la ville |>rit à rente « le jardin et prë de
l'hApital, maison Daudibon et cimetière, à ta cnai^e d'y bâtir
pour 4,000 livres et y faire construire des lavanderies pour la
commodité du bien public. ■ (A. du Chêne, Ilotes sur Chdteau-
Gontier au commencement du XVII' siècle, ibid.)
2. Les Poisson de Neuville portaient ; D'azur au dauphin
d'argent couronné d'or et barbelé de gueules.
3. Jean L enfantin, curé en novembre 1681, inhumé souB le cru-
cifix le 13 juin 1691, âgé de 56 ans.
4. Feudonnet, f. c"^ de Grez-Neu ville.
5. Voir notre étude sur la ChdteUenie de la JaiUe-Yvon et te»
teignturt (1052-1789).
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Gontier. Charles Richard, sieur de la Gmonnière < , mar-
chand fermier, demeurant à la Jaille, avait été choisi
comme arbitre par M. de Bailleul, conjointement avec
ose autre personne désignée par son adversaire. M'* de
CuiUé avait proposé de « leur mettre en mains la
transaction faite avec la dame Leshénault, justificative
comme ladite terre relève du marquisat de Chastean-
gontier par la réunion et consolidation des terres de la
Jaille et de Bouille, par les sieurs de Saint-Offange, qui
les ont possédées conjointement, de laquelle terre de la
Jaille celle de Sainct-Sauveur relevait auparavant la
consolidation continuée par l'acquisition faite par le sieur
Aubert. » Gollin avait réplique en réclamant, avant tout,
la communication des titres de la féodalité. L'arrêt est
rendu par devant François Chailland, sieur de la Cres-
pinière, conseiller du roi, lieutenant particulier au siège
présidial.
On voit intervenir en mai 1685 Louis de Bailleul,
« entien premier président au parlement, marquis du
marquisat dudit Chasteaugontier. » C'est ce seigneur
qui se démit de sa charge de président au parlement en
bveur de son fUs, en 1689, pour se retirer à l'abbaye de
Saint-Victor et mourut en 1701, disent les Tablettes
chronologiques et historiques déjà citées. Une pièce du
28 juin 1688 qualifie, dès cette époque, Nicolas de Bail-
leul « de reçu en survivance de charge de président à
■nortier. » Le 5 juin 1685, une ordonnance sur requête
est obtenue par Maître Salomon Domanchin, secrétaire
dès 6nances de Monseigneur le duc d'Orléans^, à Tours,
qui lui permet de faire assigner les seigneurs de Chà-
1. Guyonniôre (la), chat,, c"* de la Jaille-Yvon,
2. Orléans (Philippe 1" d'), cher de la deuxième maison d'Or-
léans-Bourbon, second lils de Louis XIII et d'Anne d'Autriche,
frère unique de Louis XIV, né à Saint-Germain- en-Lave en t640,
mort en 1701, qualifié d'abord du titre de duc d'Anjou (t640-lE61).
Il éponsa en 1661 Henriette d'Angleterre, et, apras sa mort, il
s'unit à Charlotte-Elisabeth de Bavière.
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teau-Gontier, de la Ferrière et de Bouille, qui préten-
dent la mouvance de la Tiimelaye et de la Viellière, afin
de régler leurs droits respectifs.
Le 21 juin 1685, Maître Jacques Hamelin, siear de
Ricbebourg', bourgeois d'Angers, est assigné pour ex-
hiber ses titres de propriété de la Basse-Harderie, en
Thorigné. Le 7 août, même mesure est prise contre
René Taranne, détenteur de la Bizauderie de Chemazé,
et le 17 septembre contre René Lefèvre, maréchal, de-
meurant aux Bouillons de Pommerieux, possesseur d'une
closerie aise au village du Grand-Lîmelle de Quelaines.
Le 9 novembre, n. h. Claude Foucault, conseiller du
roi en l'élection de Laval, sieur de la Montagne, est
sommé d'exhiber les titres de la Cosserie aise au Grand-
Limelle.
Le 3 décembre, le seigneur de Chàteau-Gontter est
maintenu en la féodalité de la closerie d'Eventard ap-
partenant à la veuve François Allaire et de « l'enclose
des Lavanderie et blanchisserie de cire', à la réserve,
de la maison de Pierre Séguin, en laquelle il y a une
gallerie et espace de terre qui est de la féodalité de
Messieurs les chanoines de Saint-Just. » Le 4, honora-:
ble homme Jacques Gallais, sieur de la Billetière, mar-
chand, est assigné pour être condamné à exhiber les
titres de propriété de la maison, jardin et pré de la
Lavanderie d'Eventard et à payer les rentes et issues..
En février 1686, Jacques Duchemin, marchand à La-
val, est qualifié de sieur du Bois-Morin.
Le 26 avril, Messire Marc de Bréoh, chevalier, sei-
gneur du lieu, est sommé d'exhiber les titres de propriété
du Heu de Pisse-Oison, en Marigné-Peuton. Pierre delà
1. Richebour^, vill. c" de Loupesse-Rochem (Maine-et-Loire).
— En est sieur n. h. Yves Hamelin, lieulenant au régiment de
Vendôme, 1605. René Hamelin 1639, Maurille Hamelin. 1680.
2. Il y a à Ch&teau-Oontier, dit Miromesnil, « trois blanchisse-
ries de cire, qu'on va achet«r en Bretagne. »
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Faucille, écuver, sieur du lieu ', François Joumeil, sienr
de la Chevalerie, o. h. Fraaçois Dublincau, d. h. René
Poisson, sieur de Bauvais, Marie Lenfant, veuve de
Bonnaventure Moyaaut, écuyer, sieur de Lorgerie, pro-
priétaire de la Guérinière de Chemazé, les détenteurs
du lieu de l'Image en Bazouges, Simon Bodin, posses-
seur de la Trouaye de l'Hôtellerie-de-FIée, Maître Pierre
Joùbert, séuéchal à Morannea, la dame Françoise de
Montalais, veuve de Messire N. de Bueil, chevalier,
seigneur comte de Marans, propriétaire du lieu, âef et
seigneurie de Tessecourt, sis en les paroisses de Querré
et Chauteussé ^, les religieux et abbé du monastère de
la Roë, seigneurs du lieu de la Garaudière en Cos-
mes^, sont poursuivis, avec d'autre tenanciers, pendant
Tannée 1686.
Catherine Collin, veuve de Jean Trochon, sieur de
l'Ëspine, est condamnée à payer les arrérages de trente
sols de devoir dus à raison de ses terres nommées les
Moulinets situées en la forêt de Fiée, le 15 janvier 1687.
Pendant cette même année, les assignations pleuvent
sur une série de propriétaires de diverses maisons de
Ghàteau-Gontier. Le 4 décembre, une sentence rendue
contre Messire Charles de Savonnière, commandeur de
Béconnais ^, maintient le Pré-Hallé de Châtelain dans la
mouvance du marquisat.
de Madaillan et d'autres personnes de la maison abjuraient le
pral«stantisnie dan» la chapelle du château.
3. Tessecourt, chat, c" de Chanteussé. — Pierre de Périen,
marquis de Crénan, maréchal des camps et armées du Roi, avait
en la terre de Tessecourt par sa Femme Madeleine de Bueil, en
partie avec Louis-René de Servin, conseiller au Parlement de
Paris, en 1644.
3. Voir, dans la Revue du Maine, notre étude sur La seigneu-
rie de ta Garaudière.
4. La Commanderie des Templiers, annexe du Temple de
Saint-Laud, établie depuis le ^1> siècle près de Vilïemoisant
(c™ de Louroux-Béconnais, M.-et-L.) est désignée ordinairement
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- lOÎ -
Le 23 a-ml 1688, Lonîs Chotard est condamné & exfai-
ber les titres de propriété du lieu de Coue-au-Lonp,
alias Dieuxaint, situé dans les lande et forêt de Valle,
sur la paroisse de Chemazé. Le même jour M. de Ra-
cappé, sieur de Briacé, est assigné à raison de son lieu
de la Hurlière d'Ampoigné. Le 28, c'est le tour de Fran-
çoise Justeau, veuve de Pierre Huet, sieur de la Rivière,
maître chirurgien à Cb&teau-Gontier, propriétaire de
Villechat, et le 4 mai celui de Messire René Leclerc,
chevalier, seigneur de Sautré', paroisse de Feueu, qui
est sommé de faire les obéissances féodales « de la terre
de Grez-Bur-Mayne, qui tient du marquisat par moyen du
fief de Marigné. » Le 7 juin, Messire Charles de Goddes
de Varennes, abbé de l'abbaye de Pontron*, demeurant
en la ville d'Angers, paroisse Saint-Evroult, agissant
au nom de Messire François de Goddes de Varennes,
chevalier, seigneur de la Ferrière et de la Maroutière,
« capitaine au régiment des gardes françaises, » son
père^, transige avec M. de Bailleul, au sujet de la mou-
vance de la Guérinière, dépendant des Ecorces.
dans les anciens titres sous le nom d'Hâpiial BiconnaU. Une
Gommanderie nouvelle avait été bâtie par le conunandeur de Ja-
lesnes mort en 1661 (Voir la description de le chapelle dans le
Dictionnaire kiaiorique de Maine-et-Loire, t. 111. p. 730).
1. Les Leclerc des Roches et des Aunais avaient acquis en
1617 la terre de Sautrë, près Feneu, de François de Chabannes,
baron de Cbalus et de Sautrë. Bené Leclerc, chevalier, baron de
Saulré, sieur des chôtellenies de la Hoche -Jou lai n. Sceaux, Greï-
Neuville et Feneu, mourut au château de Sautré le 10 décembre
1699.
2. Pontron, ancienne abbaye, c" du LoBroux-Béconuais. —
Charles de Goddes de Varennes mourut le 4 juin 1705 i Angers
(Archives de Maine-et-Loire. GG, 155).
3. François de Goddes de Varennes, fils atné de François de
Goddes et de Marie Bonneau, né à Angers le 15 février 1643,
aide de camp du duc d'Aumont, se signala à la bataille de Cas-
sel en 1676. Capitaine aux gardes françaises en 1ëB4, il est nom-
mé gouverneur de Landrecies. Marié le 20 août 1680 à Lucie-Hen-
riette Leclerc dans la chapelle de Sautré, mort à Angers le 17
mai 1701 et inhumé le 18 dans l'église d'Avrillé (Dicl. hi$t. «fa
M.-et-L.. t. Il, p. 268-269).
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Le 15 juin, on saisit entre les mains de Maurice Pa-
vin, « marchand hoate, demeurant en la maison et hostel-
lerie où pend pour enseigne le Cheval Blanc, » les prix
de loyer qu'il doit au marquisat, « faute par luy d'avoir
payé les arrérages des devoirs de quatorze solz dus à
raison de la maison et jardin du Cheval Blanc , et de
sept sols six deniers sur un jardin estant dans les fossés
de la ville et dépendant de la dite hostellerie < . »
Le 19 juin n. h. René de Colasseau, écuyer, sieur de
Briacé ^, écuyer, mari de Charlotte de l'Espinay, « veuve
en premières noces du deffunt sieur du Plessis-de-Ver-
gODgne, M écuyer, est condamné à payer les arréragea
du devoir de quatre sols, à raison de ses terres dans la
forêt de Fiée, qui dépendent de la HavalHère d'Ampoigné.
Honorable homme Pierre Dézérée, marchand, proprié-
taire de la closerie des Poiriers, alias la Landaiserie de
Chemazé, Ghariea le Tessier, sieur de Coulonge, déten-
teur de la Morinière d'Ampoigné, N. Perrier, posses-
seur de la Petite-Vilatte de Quelaines, Francis Portier,
propriétaire de la Houssinière de Quelaines, Gervaise
Mousteau, propriétaire d'une closerie au lieu des Yil-
lattes, Guillaume Leclerc, écuyer, sieur de la Perrière,
possesseur de la Borderie en Saint-Auhin-du-Pavoil,
Pierre Chardon, sieur de la Masserie, René Brillet, dé-
tenteur de la Pouverie, du Bignon, de Rézé et de Cour-
mesnil, en Quelaines, sont poursuivis en 1688.
Le 12 novembre 1688, les dames religieuses du Buron^
achètent à « Monsieur Maître Pierre Trochon, premier et
ancien président. en la sénéchaussée et siège présidial,
la Masure, de Chemazé, à la charge que ce lieu relè-
1. La rue du Cheval-Blanc existe encore aujourd'hui.
5. Voir, sur la Tamille de Colasseau, notre ouvrage sur LouU
de Clermont, sieur de Bassy d'Âmboiae, gouverneur d'Anjou.
3. Le Buron, démoli à la fin du XVI< siècle par l'ordre du ma-
réchal de BoiB-Dauphin, avoit été bientAt reconstruit (Voirl'^Z-
bum de Cbdteau-Gontier et aee environ»).
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vera à foi et hommage simple du iief du Coudreau. Ont
signé (c les vénérables et discrettes relligieuses du cou-
vent du Buron es ledit Chasteaugontier, du tiers ordre
de Saint- François et de Sainte-Elisabeth, à ce présentes
et acceptantes, savoir : Révérende mère Marie-Cathe-
rine de Jarzé, supérieure; sœur Marie de Marbeuf, vi-
caire ; Perrine de Marbeuf, première discrette sœur ;
Françoise Denyau, discrette ; Cécile Denyau, depo" ;
Catherine Maumousseau, Agathe Maumonsseau, Claire
Bonneau, Marie Avril, Ëlizabeth Trochou, Claude de
Racappé, Perrine Eveillard, Marguerite Chailland, Marie
Peu, Françoise Denyau, Catherine Jousse, Françoise
Chartier, Elizabetb Denyau, Radegonde de la DufFerïe,
Agnée Emellière, Jacquine du ChastelUer, Madellaine
du Buat, Françoise de Lesrat, Marie du Buat, Françoise
Gander, Anne Armenauld, Marguerite Morelle, Hélène
PouUain, Catherine Trochon, Françoise d'Andigné, Su-
zanne de Lesrat, Anne de Marbeuf, Marie de Lesrat,
Catherine Maumousseau, Madelaine de Hardouin, Ge-
neviève de Racappé, Jacquine Denyau, Marguerite de
Racappé, Magdeleine de Boisjourdan, Marie Denyau,
Jacquine Poullain, Marguerite Trochon, Eléonore de la
DufFerie, Marie Chailland, Anne Maumousseau et Anne
Bouchard, tant pour elles que pour les autres relligieuses
audit monastère. »
Catherine Collin, veuve de n. h. Jean Trochon, de-
meurant à l'Epine, paroisse de la Ferrière, et Renée
Collin, veuve de n h. Gervais Jousee', Le Jeune, pro-
priétaires de la Graminière, Marie Meignan, propriétaire
de la Desnière et de la Petite-Neurille de Chemazé,
Pierre Juffé, sieur delà Pinellière, détenteur d'une clo-
serie au village de la Meltière, en Saint-Sanveur-de-
1. La famille Jousse a fourni des conseillers au Présîdial (
Chat eau -GonIJer et des avocats-procureurs.
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— 105 —
Fiée, André Legay, écuyer, seigneur du Teilleul ', et les
détenteurs de la Landelle sont poursuivis en 1689 à la
requête de Jean Troclion, avocat du roi '.
On voit par ces extraits des Titres au soutien de la
mouvance du Marquisat de Château-Gantier que Ni-
colas-Louis de Bailleul poursuivait activement ses dé-
biteurs et ne voulait pas laisser méconnfdtre ses droits
seigneuriaux.
André Joubert.
1. Tilleul (le), chèt. et f. c" de Saiot-Sauveur-de-Flée. —
Cette terre appartenait depuis le XVI* siècle à la famille Le^y.
2. Une altercation eut lieu en 1690 entre Elle Guilloteau. subs-
titut du procureur du roi au Présidial, et Jean Trochon, avocat
du roi, lorsque le Corps de ville et le Présidial allèrent saluer au
château de Griziers o monseigneur Béchamel, intendant de jus-
tice de la ffénëralité de Tours. >> E. Guilloteau disputa le pas à
Jean Trochon, le prit à la perruque et le bouscula avec violence
(Arch. de la Mayenne, B. 2707).
./Google
RESTAURATION
DU DOLMEN DE LA CONTRIE
PRÈS D'ERNÉE
Le magnifique dolmen de la Contrie, près d'Ëmée,
est un des plas connus du département de la Mayenne.
A demi enfoncé dans le sol, placé au bord d'an ruis-
seau, au fond d'une charmante vallée, il produit l'effet
le plus pittoresque.
Sa longueur est de 7" 30, aa largeur maximum de
1" 50 à l'intérieur. Le pierre du chevet, les onze sup-
ports et les quatre dalles du toit mesurent des dimen-
sions considérables. L'intérieur est pavé de larges pier-
re! plates.
Dès l'année 1879, laCommission Historique et Archéo-
logique de la Mayenne l'avait signalé ' à la Commission
des Monuments Mégalithiques, instituée au Ministère
de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. La loi du
30 mars 1887 l'a classé parmi les monuments historiques.
Malheureusement il était, depuis un temps immémo-
nal, assez sérieusement dégradé. Un des supports était
brisé ; les pierres de la toiture avaient été déplacées de
leur position primitive. Ces dégradations, toutefois, n'af-
feotaient guère que les relations respectives de certaines
pierres, qni toutes existaient encore sur place et demeu-
raient parfaitement reconnaissables.
1. Voir tome 1 (l" série), p. 45.
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Digiliz=db,G00glC
- 108 -
L'idée d'une restauration se présentait donc naturelle-
ment et il semblait fort possible de la réaliser sans la
moindre chance d'erreur.
C'est M. A. Tirard, membre correspondant de la
Commission, habitant Ërnée, qui le premier songea à
l'entreprendre.
Il sollicita, de M. le Président de la Commission, un
petit crédit, et aidé de M. Decré, qui se trouvait fort
bien préparé à le seconder par une étude prolongée des
mégalithes du Morbihan, il se mit résolument à l'œuvre.
M. Decré se chargea de diriger les travaux, tAche daù»
laquelle ses oonnaissauces spéciales furent des plus pré-
cieuses.
Les dalles qui formaient primitivement le toit du dol-
men étaient au nombre de quatre.
La première du côté de l'entrée était de petites di-
mensions {1™ 40 de longueur). Elle repose sur le sol à
quatre ou cinq mètres de ses anciens supports ; mais
elle est brisée en deux morceaux et il a été impossible
de la remettre en place. Sur notre dessin on distingue
ses deux supports qui se dressent de chaque cété, à
l'entrée du monument, et qui sont plus bas que les au-
tre».
La seconde et la quatrième avaient été poussées en
dedans des supports de gauche. Elles reposaient à terre
par l'une de leurs extrémités et par l'autre sur les sup-
.ports de droite. Elles ont été remises en place sans de
grands efforts, bien que le poids de chacune d'elles
puisse être évalué à trois ou quatre mille kilogrammes.
Quant à la troisième dalle, qui était la plus pesante,
elle avait été brisée, à son extrémité droite, sur une
longueur de l'*'10, perpendiculairement à son axe. Le
morceau gisait à terre, en dehors des supports, et la
pierre n'étant plus soutenue de ce càté, s'était affaissée
dans l'intérieur du dolmen. Il n'a pas été facile de l'en
retirer, à canse de son poids de cinq ou six mille Idlo-
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- 109 —
grammes, et de !a hauteur à laquelle il a faliu l'élever
pour la déposer sur les supports. Sa longueur est encore
juste suffisante pour qu'on ait pu la remettre en place,
avec nue portée de dix centimètres de chaque cdté. Le
morceau briaé est resté à l'endroit où il est tombé. Cette
dalle occupe doue sa place primitive ; mais comme on
l'a vu pluB haut, elle se trouve raccourcie de 1™ 10.
L'un des supports avait été brisé en deux morceaux.
MM. Tirard et Decré ont été assez heureux pour en re-
trouver, à fort peu de distance, la partie supérieure, qui
s'adaptait exactement sur la surface de rupture de la
base, et ils l'ont remise en place. La ligne de brisure
est visible sur le dessin joint à cette note.
Le travail de restauration du dolmen de ]a Contrie a
demandé plusieurs jours. On a dû y employer une di-
zaine d'ouvriers, deux chèvres, deux crics et de puis-
sants leviers.
llidépendamment de son résultat immédiat et visible,
il a attiré sur le monument l'attention publique, et à ce
titre il constitue une excellente mesure conservatoire.
MM. Tirard et Decré méritent donc toute sorte de re-
merclments pour avoir conçu et mené à bonne fin leur
projet, dont la réaUsation est un honneur pour eux et
pour la Commission Historique de la Mayenne.
E. MOREATI.
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LE CHATEAU DE LASSAY
A TRAVERS LES SIÈCLES
I
Notre but. en livrant aux lecteurs du Bulletin l'étude
qui va duivre, n'est pas de refaire le travail qu'avait
déjà donné au public, il y a c[uinze ans, sur le même
aujet, l'auteur de VEssai historique sur le château de
Lassay. Ce que nous nous proposons est plna modeste.
Ayant, depuis l'apparition de l'ouvrage en question, dé-
couvert au cours de nos propres recherches, un certain
nombre de documents, pour la plupart encore inédits,
concernant le château dont il s'agit tant an point de vue
historique qu'au point de vue archéologique, nous vou-
drions aujourd'hui venir à notre tour faire connaître ces
documents à ceux qu'intéresse le passé de notre Bas-
Haine, dans ses monuments comme dans son histoire.
C'est, on le sait, dans la première moitié du XIl' siè-
cle que l'existence d'un château i Lassay commence à
nous apparaître d'une façon certaine. Elle est constatée
par diverses chartes du temps < toutes relatives à la
chapelle du chflteau de Lassay, et où ce ch&teau est ap-
pelé tantdt « Castrum » tantôt « Castellum de Laceio. »
Quels étaient alors l'aspect et l'importance du château ?
1. Voir ces chartaa dans l'appendice de l'Etsai hUtoriaue, pa-
ges H i 100.
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C'est ce que, faute de documents assez précis à cet
ëgàrd, il nous serait difficile de dire, même par conjec-
ture. Mais, en ce qui concerne son emplacement, nons
croyons pouvoir être plus affirmatiffl. Il devait s'éten-
dre plus à l'est que le ch&teau actuel et comprendre
dans son enceinte presque tout le quartier de la ville
connu aujourd'hui sous le nom de Quartier du Château.
En .émettant cette opinion, nous nous appuyons d'abord
'sur ce fait que, dans une des chartes * auxquelles nous
avons fait tout-à-l'heure allusion, la chapelle est dite
située au dessous du château « Capella qute infra cas-
trum est de Laceio. » Or cette chapelle subsiste encore,
c'est la vieille église de Nolre-Dame-du-Rocher, deve-
nue seulement au XVIII* siècle église paroissiale,
abandonnée du culte il y a environ vingt-cinq ans et
depuis transformée en balle aux blés^. Mais ce n'est pas
là tout; un autre argument à l'appui de notre opinion
nous semble fourni par certain passage d'un accord de-
vant le parlement, passé en 1391 entre Robert de Ven-
dôme, seigneur de Lassay, et Jehan de Logé^, seigneur
du Bois-Thibaut, au sujet de leurs différends respec-
tifs. Comme nous le verrons plus loin, en parlant de
cet acte à sa date, il est fait mention d'une « antienne
1. Voir la charte reproduite dans l'appendice de ['Estai histo-
rique, p. 98.
2. Voir, tant pour la posiUon topographique de la chapelle du
château, que pour ce dont il est question ensuite, le plan ci~con-
tre de la partie de la ville de Lassay qui environne le cbAteau,
Noua en devons les principales dispositions aux bons soins de
M. Le Bossé, secrétaire de la mairie, qui a bien voulu noua l'eX'
traire de Is carte d'assemblage su registre cadastral. De son côté,
U. H. Mercier, architecte de Paris, a eu l'extrême obligeance d'y
tracer la forme exacte du château d'après les mesures et plans
qu'il en avait pris sur place il y a quelques années. Nous leur en
adressons ici l'expression de nos plus sincères remerciements.
Nous avons à notre tour complété leur travail en donnant aux lieux
sur le plan, d'après nos propres renseignements, leur aspect,
autant que possible, le plus ancien.
3. Arch. nat. Xte 63.
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- H2 -
porte du chasteau » laquelle, si nous comprenous bien les
termes du passage eu question, se trouvait près et de- '
vaut la chapelle du côté de la ville. Enfia une troisième
preuve de ce que nous avançons se trouve certainement
dans une déclaration que rendait en 1501 au seigneur
de Lassay le détenteur d' « une maison sise devant la
chapelle de Lassay avec un jardin derrière icelle, » Ce
jardin est dit « joignant d'un côté (à l'est, très proba-
blement) aux fossés de la basse cour du château*. »
Tout cela ne prouve-t-il pas que, à l'origine, le châ-
teau de Lassay comprenait dans son enceinte, non pas
seulement comme aujourd'hui, l'extrémité de l'espèce de
promontoire qui domine à la foi la rue Dorée au nord
et le « grant étang du château au sud, mais presque tout
ce promontoire ?
L'histoire qui nous parle du château, objet de notre
étude, dès le commencement du XII* siècle, est ensuite,
il faut bien l'avouer, muette à son égard pendant plus de
deux siècles. Mais, à partir des débats de la guerre de
Cent Ans, il n'en est plus de même. A cette époque si
1. Cette déclaration existe aux archives de Lassay. Nous pou-
vons jouter, pour plus de précision, que ce ^ssé, qui, à
partir de la rue du onâleau. se dirigeait du sud au nord, pas*
sait à quelques mètres du pignon oriental de la maison de
H. Bignon (voir le plan). Puis, arrivé à peu près à mi chemin en-
tre celle maison etla rue Dorée, il tournait dans la direction de
l'ouest et traversât le jardin par le milieu (voir toujours le plan).
La a basse court du château a se trouvait donc ainsi tout à fait
isolée du reste de la ville du seul côté où elle était de plain-pied
avec celle-ci. M""" veuve Bignon, à une obligeante communication
de qui nous devons ce rensei^ement, noua en a donné un autre
encore plus curieux. Quand, il y a une trentaine d'années envi-
ron, on construisit la maison dont nous avons parlé tout à l'heure
el qu'habite aujourd'hui son fils M. Louis Bignon, on fut obligé,
pour asseoir les fondations de l'angle S.-K.. de creuser à une
énorme profondeur, et tout au fond du trou ainsi pratiqué, on se
trouva en présence d'une ancienne porte en plein-cintre formant
l'ouverture d'un souterrain conduisant au sud-esl, vers la cha-
pelle. Encore une preuve à ajouter aux autres comme quoi tout
ce quartier de la ville a évidemment fait autrefois partie du chfi-
teau.
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n,t,z=db,G00glc
- «3 -
désastreuse pour nos armes, le chftteau de Lassay pa-
raît avoir joué un râle assez important dans la défeuse
du Bas-Maine en proie à l'invasion anglaise. C'était le
temps où non-seulement Domfront et le reste du Passais
Dormand étaient toraJbéa aux, mains des envahisseurs du
sol national, mais où, plus près encore de Lassay, le
Bois-de-Maine, transformé en château fort, était occupé
par une garnison anglaise qui, sous les ordres de Pierre
d'Aigremont, son capitaine, étendait ses ravages et por-
tait la terreur dans tout le Passais manceau'. En ces
tristes circonstances, le château qui nous intéresse
servit certainement de refuge à maint habitant du pays
environnant, désireux avant tout de se soustraire lui,
sinon ses biens, au joug de l'ennemi. C'est ainsi que,
dans une enquête faite vers 1400 à propos d'un pro-
cès entre les seigneurs du Horps et du Bois-Thibaut^,
on verra un survivant de cette malheureuse époque dé-
clarer que « 40 ans a ou env.... pour occasion et double
des guerres et Engloys qui estoient sur le pays, ...il
s'en alla demeurer ou chastel de Laçay et y demoura
continuellement 8 ans ou env. » Mais tandis que les ha-
bitants de la chàtellenie y trouvaient au besoin un abri,
la place, commandée par un hardi capitaine, Philippot
de la Perrière^, était défendue par une vaillante garni-
son qui faisait même parfois des sorties lointaines et
aventureuses couronnées de succès. Ce fut dans une de
ces sorties que fut fait prisonnier par les Français de
Lassay un personnage assez important pour être échan-
gé plus tard avec Drogon de Maucourt, ancien écuyer
du roi Jean et chambellan du duc d'Anjou. C'était Jehan
de Barenton qui « depuis longtemps s'était rendu en-
1. Voir Siméon Luce, Histoire de Bertrand du GuescUn, p&gee
287 et 393 de l'édition HacheUe. — Voir aussi Arch. nat. Xi* 20,
r<> 378 à 380; Xlc 16 ; et JJ. 119 n" 8«.
3. Rouleau de parchemin aux archives du château de Lasaay.
3. Voir Arch. Nat. Xic 16.
8
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- «4 -
nemi du roi et rebelle à son autorité, et se comportait
comme tel, faisant tous les jours la guerre aux sujets
du royaume de France «t leur causant de graves dom-
mages tant dans leurs corps que dans leurs biens. »
Fait prisonnier, comme nous l'avons dit, il était en
mars 1356 détenu et incarcéré dans les prisons du
château de Lassay '. Tel était le rAle que, pendant cette
première période de la guerre de Cent Ans, jouait no-
tre forteresse, et doub savons du reste, que grâce à l'é-
nergique bravoure de ses défenseurs, elle réussît à se
garder au roi de France jusqu'à la paix de Brétigny ^.
Toutefois, pour n'avoir pas vu l'ennemi pénétrer dans
ses murs, le château de Lassay n'avait pas été assuré-
ment sans subir quelques assauts qui l'avaient plus on
moins endommagé. Ce qui est certain, c'est que dans les
années qui suivirent la cessation des hostilités entre la
France et l'Angleterre, vers 1385, il avait été l'objet de
travaux de réparation très importants. C'est en effet ce
que nous apprenons d'une série de plaidoiries dévelop-
pées en 1387 devant le parlement de Paris au cours d'un
procès a meu entre les seigneurs de Lassay et du Bois-
Thibaut^. B Le seigneur de Lassay alléguait contre son
adversaire, entr'autres griefs, son refus de contribuer
■ aux réparations du chastel de Lassay, » et il affirmait
que « uBgaires il a fait rappareiller son chaetel et y a
bien despendu la somme de 1500 francs... »
C'est ici sans doute le lieu de nous demander si, dans
ces dernières années du XIV* siècle, le château primitif,
dont nous avons vu plus haut l'existence dès le commen-
1. Voir aux Arch. Nat. (JJ. 84°° 76). la rémission accordée par
■ Charles fils afné du roi de France, etc., • audit Jehan de Ba-
renton.
2. Voir, dans R^mer, la liste des places fortes du Maine occu-
pées par les anglais au moment de ta paix de Brétigny : Lassay
n'y figure pas.
3. Arch. Nat. Xl« 1473 f 359 et suivanta.
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cernent du XII' siècle, subsistait toujours dans son in-
tégrité originaire, ou bien s'il n'avait pas déjà éprouvé
certaines modifications. Cette dernière hypothèse est
celle qui nous parait le plus probable, à en juger par un
passage de l'accord survenu en 1391 entre le seigneur de
Lassay et celui du Bois- Thibaut et auquel nous avons déjà
fait allusion plus haut. Il y est question en effet de l'an-
cienne port« du chAteau près de la chapelle, ce qui sem-
ble bien montrer que cette porte voisine de la chapelle
n'était plus alors la vraie porte, et que, dès cette épo-
que, l'entrée du château du cdté de la ville avait été re-
portée un peu plus à l'ouest <.
Quant à l'aspect que le château pouvait alors présen-
ter, nous allons maintenant essayer de nous en faire
une idée, en ayant recours à trois documents différents,
très précieux et très signiUcatîfs, bien qu'au premier
abord un peu contradictoires. Prenons-les par ordre de
date.
Nous avons d'abord, dans les plaidoiries de 1387
d^à citées, ce que le seigneur du Bois-Thibaut, Jehan
de Logé, dit du « chaste! de Lassay » aux réparations
duquel il prétend n'être point contribuable : ce « n'est,
dit-il, que une petite tour où il ne pourroit que six per-
sonnes. »
Nous avons ensuite, dans l'aveu rendu en 1404 au
comté du Maine pour la terre et châtellenie de Lassay
par Charles de Vendôme ', la description qui s'y trouve
du château « Premièrement.... le chastel, basse cour,
donjon, boile et fossés d'environ... avec deux estangs
scis auprès de moud, chastel, dont l'un est appelé le
graot estang dudît lieu et l'autre Barbot... n
Nous avons enfin, dans une plaidoirie qui sera soute-
nue en 1462 devant le Parlement par Jehan II de Ven-
1. Voir le plan.
ï. Voir cet aveu aux Arch. Nat. série P, registre 337i.
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dôme, alors en procès avec les habitants de Lasaay au
sujet du guet*, le curieux passage suivant : « ...La sei-
gneurie et chastellenie de Lassay ...eu l'an 1417, fut
démolie et abatue par les Angloys qui y misreut le siège
combien qu'elle fuat forte, située entre deux roux', et
environnée de deux estangs, laquelle avoit à son entrée
deux gros portaux et six autres grosses tours, etc. »
Comme on le voit, il ne faut pas prendre trop au pied de
la lettre le premier et le dernier de ces trois documents ;
Jehan de Logé avait intérêt à rapetisser le donjon de
son suzerain qu'il appelle simplement une petite tour,
comme Jehan II de Vendâme avait aussi intérêt à gros-
sir les tours du château tel qu'il avait été autrefois.
Mais n'importe. En prenant pour point de départ la des-
cription contenue dans l'aveu de 1404 et en n'acceptant
des deux autres documents que ce qui peut s'accorder
avec elle, on peut jusqu'à un certain point se représen-
ter le château dont il s'agit à la fin du XIV" siècle et
au commencement du XV* ; la petite tour de Jehan de
Logé, c'est à dire un véritable donjon, qui occupyt
sans doute une partie de l'emplacement du château ac*
tuel, peut-être le centre de la cour intérieure ; quant
aux six grosses tours et aux deux porteaux, il se pour-
rait bien qu'il faille entendre par là tout simplement une
enceinte fortifiée de petites tours protégeant la base du
donjon, à moins qu'en 1462 on ne confondit la forteresse
démolie depuis quarante ans, dont on ne devait avoir
qu'un souvenir confus, avec celle qui venait, comme on
le verra, d'être reconstruite. Puis, avec le donjon, l'a-
veu de 1404 énumère successivement le boil, la basse
cour, et les fossés. Le boil existe toujours ; là-dessus
il n'y a pas de difficulté ; c'est la place qui précède le
cb&teau du c6té de la ville. La basse cour était la partie
1. Arch. Nat, X^ 32 plaidoiries du 8 mars.
%, Roux : ruisseau.
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— m -
la plus orientale du château ; c'était les b&liments qui
en formaient la dépendance ; cette partie du château
couvrait tout l'espace de terrain compris entre leboil et
la chapelle. Enfin les fossés situés à l'ouest de ta basse
cour (ils existaient encore, noua t'avona vu, en 1501}
achevaient avec les deux étangs d'isoler entièrement la
place'.
Cependant la guerre avait recommencé entre ta
France et l'Angleterre ; en quelques années, toute la
Normandie était retombée peu à peu au pouvoir de l'en-
nemi national ; Domfront lui-même en 1418, après une
longue mais inutile résistance, l'avait vu entrer dans aes
murs ; le Bas-Maine était menacé et n'allait pas tarder
à être envahi à son tour. Que ac passa-t-il dans l'&me
du seigneur de Lassay, Charles de Vendôme ? Prit-il
conseil de la peur ou de l'intérêt ? Toujours est-iî qu'in-
fidèle à son devoir, il a'allia avec lea Anglais. Il en fut
ausaitAtpuni. Tous ses biens furent conAsqués, et, par
lettres en date du 25 mai 1420, le dauphin Charles, ré-
gent de France, les donna à Jehan des Vaux, beau-
frère du traître et capitaine de Mayenne ^. Aussi, dès le
mois de décembre de la même, année voyons-nous ce
dernier, qui se qualifie alors « capitaine de Mayenne et
garde et gouverneur de la terre et chastellenie de Las-
say pour M. le Régent, » agir en qualité de seigneur
propriétaire de cette terre et en percevoir lea ventes'.
Les envahiaaeura n'en continuaient pas moins par-
tout leur marche victorieuse. Ils avaient fait asaez de
progrès dans la partie septentrionale du Bas-Maine
1. Voir le plan.
3. Ces lettres existaient autrefois en original aux archives du
château de Lasaay ; elles ont été malheureusement perdues, mais
une mention d'elles avec une analyse sommaire se trouve dans
un gros inventaire in-folio fait à la fin du XVII» siècle de tous les
titres contenus au trésor de la cbâtellenie.
3. Voir, aux arch. du chat, de Lassay, Remembrances, reir, I,
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— 118 -
pour qu'en janvier 142t Henri V, roi d'Angleterre, crût
pouvoir mettre plusieurs chàtellenies de cette contrée,
entr'autree celle de Lassay, sous l'autorité de Guillau-
me Hudleston, son bailli d'Alençon*, et moins de deux
ans après, en juin 1423, ce prince disposait de la
terre d'Ambrières, ôtée à Jehan de Craon, en faveur du
gouverneur anglais de Domfront, Jehan de Mon%on)-
mery^. Jehan des Vaux comprit donc qu'au milieu d'un
pays déjà soumis de tous côtés aux armes de l'ennemi
vainqueur, le château de Lassay, quelqjie fort qu'il fût
et quelqu'heureuse résistance qu'il eût opposée soixante
ans auparavant aux Anglo-Navarrais de Domfront et
de Bois-du-Maine, ne pourrait pas cette fois tenir long-
temps contre les armées du duc de Bedfort et de lord
Salisbury. Dès lors son parti fut pris. Avant de se ren-
dre à Bourges où le nouveau roi de France Charles VII
venait de le mander (mars 1422) ^ il ordonna que le châ-
teau de Lassay fût « abattu et démoli, » ce qui eut lieu
en eifet comme nous l'apprennent les pièces d'un procès
fait plus tard aux héritiers de Jehan des Vaux par le
fils de Charles de Vendôme, Jehan II de Vendôme, au
sujet de cette même démolition^. Quant à ta date de la
démolition, nous pensons qu'elle ne peut pas être placée
à une autre époque que celle que nous venons d'indi-
quer. Sans doute, dans sa plaidoirie contre les habi-
tants de Lassay en 1462, Jehan de Vendôme, par ta
bouche de son avocat, dit que cet événement eut Uen en
1. Voir Mémoires des Antiquaires Je Normandie, tome XXIII,
page 161.
2. Voir Arch. Nat. JJ. 172 ^ 134.
3. Vmr Arch. Nat., Xto 18, t» 6 v».
4. Ce procès avait été porté au Pariemenl de Paris avant l'an-
née 1480 ; mats malgré toutes nos recherches nous ne l'avons pu
trouver dans les registres du Parlement conservés aux Archives
Nationales pour celte époque. Toutefois il est mentionné deux
fois aux arcliives du château de Lassay dans deux inventaires
de titres, l'un en parchemin, l'autre en papier, faits au XV> siècle.
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- H9 —
1417 ; mais, comme à l'occasion d'un autre procès qu'il
avait quelques années après, avec le seigneur du Bois-
Thibaut, Jehan du Bellay', notre personnage a l'air de
faire de la démolition une des conséquences de la ba-
taille de Verneuil, livrée en 1424, et que, dans tous les
cas, il l'attribue aux Anglais, ce qui est manifestement
faux, on ne saurait attacher une grande importance à
ses témoignages. Au contraire, la date fixée par nous
s'appuie sur les raisons les plus sérieuses. D'abord, du
moment ipie c'est Jehan des Vaux qui a fait démolir le
château dont il s'agit, la destruction de celui-ci est né-
cessairement postérieure de trois ans au moins à l'an-
née 1417 ; d'un autre càté un document authentique, in-
séré dans les remembrances de la chàtellenie de Lassay,
nous fait connaître que, dès août 1423, Charles de Ven-
dôme avait été remis, par les Anglais évidemment, en
possession de sa terre du Bas-Maine^, ce qui en suppose
l'abandon préalable par le capitaine de Mayenne. Quoi
donc de plus naturel que de supposer que c'est quel-
ques mois avant cette dernière date, étant sur le point
de quitter le pays, que celui-ci aura fait démolir, pour
ne pas le laisser tomber aux mains des Anglais, le châ-
teau confié à sa garde ?
Une fois détruit, le château de Lassay devait rester
en cet état non-seulement jusqu'à la fin de la guerre,
mais jusqu'à l'année 1457. Dans la plaidoirie de 1462,
déjà citée, l'avocat du seigneur de Lassay dira que
a après la reddition du pais de Normandie et du Maine
le Roy trespassé (Charles VII) donna congié à Messire
Jehan de Vendôme de réédifSer Lassay actendue la si-
1. Voir aux Arch. Nat., X»» 105, arrêt du 21 février 1471.
2, Voir, aux arch. du chat, de Lassay. Remembrances, reg. I.
f* 15, quittance donnée en août par « Cliarles de Vendogme, sei-
gneur de la Chartre sur Loir et de Lassay.,., » à Jehan de Logé,
poar le rachat dû par celui-ci À cause de ce qu'il tient « es terres
et fiefs du Bois-Thibaut, Tessé et Melleray. >
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- 120 —
tuation, etc. » Mais ici encore il ne faut pas prendre ce
genre de document trop au pied de la lettre. La réduc-
tion du Maine à robéissance du roi de France est du
commencement de 1448, et celle de la Normandie de
1450. Or, ce n'est que sept ans après la dernière de ces
deux dates, que Jean II de Veudâme, fils et héritier de
Charles de Vendôme, put obtenir du pouvoir royal la
permission de « réédiffier Lassay. » « Aujourd'huy,
lisons-nous aux remembrances de la chAtellenie de Las-
say à la date du 8 février 1457, aujourd'huy en jugement
ont esté leus et publiés les lectres roiaux pour Monss.
contenant en effet et substance que le Roy nostre sire
veult et mande que Monss. puisse édifHer de nouvel son
chastel autreffoîs démoli et cheu en ruyne par la fortune
delà guerre. Etavecques ce mande le Roy nostre sire
que mond. sieur puisse jouyr des droits prérogatives à
luy appartenant et qui appartiennent aud. chastel. Et
aussi ont esté leus lettres exécutoires de Monss. le
bailly de Touraine par lesq. il mande laisser jouyr
mond. sieur selon la forme et teneure de ses lectres
roiaux après ce qu'il a esté deuement informé des droicts
de mond. sieur, et en présence du procureur du Roy
notred. sire à Tours qui a consenty icelles lectres. Pré-
sents : Michel seig' de Marcillé, Jehan Lemée, Symon
Poustel, Jehan Lemée, Jacques Lemée, le curé de Las-
say, le seig' de Glands:^mée, et plusieurs aultres. »
D'après ce document, il est évident que les travaux
de reconstruction du château de Lassay furent commen-
cés avec le printemps de l'année 1458. Certes il eût été
très intéressant pour nous d'être renseignés en détail
sur ces travaux, d'en connaître les devis et les comptes,
comme on connaît ceux des réparations exécutées au
château de Mayenne aussitôt après la fin de la guerre
de Cent- Ans'. Malheureusement nous sommes loin d'a-
1. Voir notre £tude sur le Château de Mayenne au XV* siècle
d'après des documents inédits trouvés aux archives du château
de Lassay.
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- m —
voir ici à notre disposition une source de renseigne-
ments anssi abondante. On peut, il est vrai, jusqu'à un
certain point, combler par l'imagination cette lacune.
Au point de vue des conditions et des moyens de
travail, ce qui avait eu lieu dix ans auparavant à
Mayenne a dû, à peu de chose près, ac passer à Lassay
en 1458. En tous cas, nous savons que les travaux re-
latifs à la reconstruction du ch&teau qui nous intéresse
lurent achevés dans le courant de cette même année
1458 et qu'ils coûtèrent neuf ou dix mille francs en mon-
naie de l'époque. Ce double renseignement nous est
fourni par les diverses plaidoiries que, en mars 1462,
l'avocat de Jehan II de Yenddme et celui des manants et
habitants de Lassay soutenaient devant le Parlement de
Paris au cours d'un procès survenu entre les parties ad-
verses au sujet du guet. C'est à ces plaidoiries, des
plus instructives, que nous avons d'ailleurs déjà em-
prunté quelques-uns des détails relatifs à l'état et à
l'importance du château avant sa destruction en 1422.
Pour ce qui est de la reconstruction, elles nous appren-
nent d'une part que le seigneur de Lassay avait fait
exécuter les vassaux pour le guet dès le commencement
de l'année 1459, c'est-à-dire qu'à cette date les travaux
étaient terminés, et de l'autre que ce même seigneur,
ayant obtenu « congié de réédiffier Lassay y a despendu
de 9 à 10 mille francs et furent les murs élevés et faic-
tes plusieurs chambres, etc. < » Ainsi, grÂce aux plai-
doiries de 1462, nous sommes fixés tant sur la date de
la reconstruction du château de Lassay que sur les som-
mes dépensées pour cette reconstruction.
Ce n'est pas d'ailleurs la seule fois que, dans les plaidoi-
ries en parlement de l'époque, nous trouvons des allusions
à cet événement local. Quelques années après, comme nous
l'avons dit plus haut, Jehan de Vendôme était en pro-
2, Arcb. Nal., X*a 32, plaidoirie du 8 mars.
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— 122 —
cèB, toujours devant le parlement, avec Jehan du Bel-
lay : il s'agissait de fortifications trop importaotea, pa-
rait-il, que ce dernier avait faites à son manoir du Bois-
Thibaut. Or, voici ce que, dans une plaidoirie d'avril
1469', nous dit l'avocat du seigneur de Lassay : « L'in-
timé (Jehan de Vendôme) a de belles terres, et lui 8|»-
partient le lieu de Lassay où il a tout droit de chastel-
lenie, où il y avoit bel chastel qui fut démoly par les
Angloys, et depuis a fait l'intimé réédifler le chastel qui
est le plus fort du pays, et quand les appellants (Jehan
du Bellay et Jehanne de Logé, sa femme) ont ven que
led. intimé a réédiffié son chastel, ils ont voulu réédiffier
et faire nue place forte... et marchandé aux maçons ad
similitudinem de Lassay... et fait faire semblables tours
à canonnières et arbalestrièrea à celles de Lassay... »
Nous en avons fini avec l'exposé des différents docu-
ments venus à notre connaissance et concernant la re-
construction du chAteau qui fait l'objet de cette étude,
en l'année 1458. Si nous noua sommes peut-être un peu
trop appesantis sur cet événement c'est qu'il nous a
semblé des plus importants non-seulement pour l'histoire
particulière du château de Lassay, mais encore pour
l'histoire générale de l'architecture féodale et militaire,
dans le Maine à coup sûr, et peuUêtre en France. Viol-
let le Duc, dans son Dictionnaire de l'Architecture
Française^, n'a-t-il pas dit que a nous possédions peu
de châteaux bâtis d'un seul jet pendant le règne de
Charles VU » et que « cette époque était fort intéres-
sante à étudier » à cause de la « transition » entre « l'an-
cien système de courtines flanquées de tours » et la
préoccupation des « défenses extérieures » nécessitées
par l'invention de « l'artillerie à feu? » Eh bien nous
1. Arch. Nal. Xi» 8311. ^ 14 et suivants, plaidoirie du 18 avril.
2. Voir Dictionnaire de l'Architecture, à l'article Château,
page 165.
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avons dans le chAteau de Lassay un de ces rares cb&T
teaux bâtis d'un seul jet sous Charles VII et il rentre
absolument dans la catégorie que l'éuiineat historien
de l'architecture déclare si intéressante à étudier. Ecou-
tons plutôt la description générale que notre auteur
donne des châteaux en question, et voyons ensuite si
cette description ne se rapporte pas de point en point à
celui qui noua occupe :
« Dana les châteaux bâtis vers le milieu du XV' siè-
cle, dit Viollet le Duc, on voit que l'artillerie à feu
commence à préoccuper les constructeurs ; ceux-ci n'a-
bandonnent pas l'ancien système de courtines flanquées
de tours, système consacré par un trop long usage pour
être mis brusquement de côté ; mais ils le modifient
dans les détails ; ils étendent les défenses extérieures
et ne songent pas encore à placer du canon sur les tours
et courtines. Conservant les couronnements pour la dé-
fense rapprochée. Us garnissent de bouches à feu les
parties inférieures des tours '. » En écrivant ces Ugnes
ne semble-t'il pas que l'auteur ait eu en vue non pas
Bonagnil dans le Lot-et-Garonne ^, mais Lassay au Bas-
Maine ? A Lassay aussi les constructeurs de 1458 n'ont
pas abandonné l'ancien système de courtines flanquées
de tours, puisque l'ensemble du château se compose de
huit grosses tours reliées par des courtines ; à Lassay
aussi les constructeurs ont, sans songer encore à placer
du canon sur les tours et courtines, étendu les défen-
ses extérieures en protégeant la porte d'entrée par une
barbacane' munie à rez-<le-chaussée d'embrasures des-
1. Ibidem.
2. Voir dans Viollet le Duc, à l'article Château, la i
description de ce château qui ressemble sous plus d'un rapport
à celui de Lassay.
3. La barba cane du château de Lassay n'est pas une de ses
parties les moins inléreasantes â étudier. Sa forme est suiïisam-
ment indiquée par le plan auquel nous n'avons qu'à renvoyer le
lecteur. Elle se compose du reste de deux étages. L'étage supé-
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- 124 —
tinées à l'artillerie ; eafin à Lassay, comme à Bonaguil,
les parties inférieures des toura pouvaient être garnies
de bouches à feu.
Aiasi, ne fût-ce qu'au point de vue de l'histoire de
l'architecture féodale et militaire en France et particu-
lièrement dans le Maine, le fait de la reconstruction
après la guerre de Cent-Ans d'un château que, grâce à
Bon singulier état de conservation, nous pouvons en
plein XIX* siècle étudier dans ses détails aussi bien que
dans son ensemble, ce fait a une très grande importance ;
aussi avons nous essayé, autant qu'il dépendait de nous,
de le bien mettre en lumière. Nous allons maintenant
passer en revue aussi rapidement que possible les évé-
nements les plus remarquables dont ce même château,
BOUS sa dernière forme, a été le témoin depuis sa re-
construction en 1458 jusqu'à la fin du XVI" siècle, et
nous ne manquerons pas non plus de signaler, chemin
faisant, les différents travaux, dont, à notre connaissan-
ce, pendant cette période de son histoire, il a pu être
l'objet.
II
Dix ans ne s'étaient pas écoulés depuis la reconstruc-
tion de notre château qu'il fut mêlé aux luttes entre le
rieur, situé à peu près au niveau du boit et de la cour intérieure
du château, est k ciel découvert, mats entouré de murs très épais,
dans lesquels sont de distance en distance des embrasures avec
canonnières et arbalélrières. Quant à l'étage inférieur, il con-
siste en casemates, également à. canonnièi^s et arbalétrières,
3ui défendent la base de la barbacane au nord et à l'ouest. Elles
onnent de plain-pied sur le parc là où s'étendait autrefois l'é-
tang Barbet. Deux portes, situées aux deux extrémités de ces
casemates, y donnent accès. Celle de l'ouest était jadis reliée à
la poterne II, à présent bouchée, par un chemin couvert contour-
nant extérieurement la base de la tour qui les sépare. C'était par
là que, en cas d'attaaue du château par l'ennemi, ses défenseurs
pouvaient se rendre dans les casemates, tout en restant à l'abri
des projectiles lancés par les assaillants.
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- 125 -
roi de France et ses grands vassaux qui furent si fré-
quentes sous le règne de Louis XI. C'était à l'automne
de l'année 1467. La guerre venait d'éclater entre ce
prince d'une part et le duc de Bretagne, allié au duc
de Normandie et soutenu par Charlea-Ie-Téméraire et le
roi d'Angleterre de l'autre. Dès le mois d'octobre « plu-
sieurs gens de guerre du paya de Bretaigne » se saisi-
rent « des villes et chasteaux de Caen, Bayeux, Cons-
tances, Avranches et Domfront* » qui devaient être par
eux « tenus et occupés à l'encontre » du roi jusqu'à l'au-
tomne suivant. De son côté, Louis XI, à la nouvelle de
l'entrée des Bretons sur le territoire de la Basse-Nor-
mandie, avait dirigé contre eux, à travers le Maine, un
corps de troupes conduites par l'amiral de France, Je-
han de Bueil, Charles de Crussol, sénéchal du Poitou,
et Guérin Le Groing ^. Quand ces trois personnages furent
arrivés à Fresnay avec leurs troupes, le dernier écrivit
à Louis XI une lettre que l'on nous saura gré sans
doute de reproduire ici dans son entier, car elle montre
le rôle important que, dans la pensée du roi qui avait
organisé lui-même le plan de campagne, Lassay était
appelé à jouer.
« Sire,
« Tant et si humblement comme je puis, me recom-
« mande en vostre bonne grase. Je arrivay à ce soir
n très tart en ceste ville avec vostre hartillerie, comme
1. Voir à la Bibl. Nat., man., fonds français, vol. 2S714, lettre
royale du 8 novembre lï&B.
2. D'après diverses quillances de lui oui se trouvent à la col-
lection ciu cabinet des titres de la Bibliothèque nationale dite
Pièces originales, Guérin Le Graing était en ces années là
■ cappitaîne de 100 lances fournie de "ordonnance du Roy. i II
était aussi en 1474 bailli de Saint-Pierre-le-Moutier, et de"l478 à
1490, conseiller et chambellan du roi. Enfin il se qualifiait sei-
gneur de la Motte du Pré, de Challuau, d'Esternay et du Chas-
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« aviez baillez en garde. Nous Tavona fait mestre ou
« chasteau bien seurement, toute enBemble. A se matin,
« monseigneur de Bueil et monseigneur le seneschal
« de Poistou ont esté d'opinion que je m'en devois
« aler à Laxay avec vos gendarmes à moy que l'au-
a tre foiz vous avoit plu me commander ; et ausy
« monseigneur le senechal de Poistou m'a dit que
« lui aviez dit que je y alase. Je m'en voya à se matin
« à Sigly le Guillaume, pour atendre là se que vous
« plaiBt à moy mender ets'est vostre plaisir que je aille
« à Laxay ou que retourne à vous, et sy vous plaist
« que je mené tous vos gens d'armes que je ysy avec
« moy ou bonne partie.
« Monseigneur de Bueil a eu, à se matin, des nou-
« Telles que les Bretons se venoye pour eulx bouter de-
« dans AlanssoD. Ils n'ont ousé passer, et l'une partie
« se Bont myB dedans Doniïront et les aultres s'en sont
« retournez à Vrenchez*. Pour ce, aire, je vous Bupplye
« qu'il vous plaist moy mender incontinent nostre bon
« plaisir pour l'accomplir à mon pover ; quar, sy s'est
H voatre bon plaisir que je aile, la chose est hâtive.
« Sire, en vous disant à Dieu qu'il voua doint bonne
« vie et longue et acomplisement de vos bons dcBSyrs.
« Escript à Fresnay, se samedi matin.
« Vostre humble sugiet et hobaisant.
« GuERiN Le Groing. »
Au dos : « Au Roy, mon souverain seigneur". »
Comme on le voit par ce précieux document, Guérin
Le Groing était sur le point d'aller avec sa compagnie de
1. Avrancbes.
2. Cette leUre nous a été conservée par Oaignièraa et elle exis-
te en original à la Bibt. Nat., man., Tonds fr., vol. 20486, ^ 114.
Bile a été d'ailleurs publiée dans le deuxième vol. du Jouvencel,
aux pièces jusUriuatives, pages 412-1413. Seulement on y a md
lu le nom du signataire de la lettre ; on y a imprimé < Le Qrain a
au lieu de Le Groing.
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gendarmes tenir garniBon à Lassay, et cela d'après les
ordres exprès de Louis XI. Ce prince savait donc qu'il
y avait là un château très fort et il comptait sur sa force
pour tenir de ce cAté là du Maine les Bretons en échec.
Et de fait, Gaérin Le Groing et sa compagnie ne tardè-
rent pas à se rendre à Lassay qu'ils occupèrent. Voici
en effet ce que, à la date du 1" décembre 1472, cinq ans
par conséquent après la date de la lettre que nous ve-
nouB de reproduire, noue lisons dans les remembrances
de la chàtellenie. « Colin Burgault pour deffault de ter-
me o intimation ...vers le procureur de la court (de ce)
que, durant la guerre et occupation des Bretons estant
en la ville de Dompfront, il s'estoit adhéré avecques
eulx et leur avoit promis mectre hors des prisons de
Lassât/ sans te consentement des gens de guerre eS'
tans de par le Roy ou chastel dud. lieu de Lassay,
et pour ce faire avoit eu et reçu desd. Bretons la somme
de 12 escus etc. » Ainsi, grâce à ce curieux passage de
nos remembrances qui complète si bien la lettre de Gué-
rin Le Groing, on sait que, tandis que les Bretons occu-
paient Domfront, des gens de guerre envoyés par le Roi
étaient en garnison au château de Lassay, et nul doute
qu'ils n'y soient restés jusqu'à la fin de cette guerre,
c'est-à-dire jusqu'à l'automne suivant.
Ce fait de l'occupation de Lassay par une compagnie
de gendarmes au nom du roi Louis XI et la part plus
ou moins directe qu'il a pu prendre aux événements mili-
taires c[ui se déroulaient en l'année 1467 sur les mar-
ches du Maine et de la Normandie, ce fait est, il faut
bien l'avouer, le seul vraiment digne d'intérêt que nous
ayons à enregistrer depuis la reconstruction de 1458
jusqu'au début des guerres de religion. Nous ne par-
lons, bien entendu, qu'au point de vue historique. Au
point de vue archéologique, les remembrances et les
comptes de la chàtellenie de Lassay nous fournissent,
pour les travaux faits au château avant la fin du XV*
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— 128 -
siècle, UD certain nombre de rensei^ements qu'il est
bon de relever ici.
Ainsi les remembrances des aBeisea da printemps de
1470 nous semblent indiquer qu'on y exécutait alors des
travaux de maçonnerie assez importants : nous voyons
en elTet un certain Hubert Landry, accusé et convaincu
de divers vols et condamné pour cela à une amende,
taxé à ces assises « pour sa pouvreté à la somme de
30 sois et à servyr les maczons ou chastel de mond.
sieur par l'espace de quinze jours. »
De même deux registres de comptes, l'un pour les
années 1485 à 1489, l'autre pour les années 1497-1498,
nous apprennent qu'à ces deux époques on faisait encore
à notre château divers travaux sur lesquels nous avons
cette fois des détails très précis. Voici ce que nous trou-
vons à cet égard dans le premier de ces registres :
F" 13. « A Jehan Forget pour avoir fait une ferreure
de fenestre en la tour de dessus le moulin par marché
fait avecques lui en la présence du cappîtaine... u
F' 16. « ...Au charpentier qui a fait le pont de de-
vant du bouUevert du chasteau tant pour lui que pour
son valet... »
Et dans le compte de 1497-1498 nous extrayons les
passages suivants encore plus significatifs :
F" 21 v°. « ...A Jamyn Loret et Guillaume Canu mac-
zons qui font les foussez du boullevert du chasteau de
Lassay... »
P 23. « ...A Emery Ogier pour avoir fait faire le pont
leveys du chaatel de céans ...a Jehan Forget mareschal
pour avoir fait les ferrures dud. pont... »
F" 23 v° « ...And. Forget pour avoir fait une grille de
fer à l'une des chambres du chastel et pour une chaigne
de fer aud. pont... A Jamyn Loret pour avoir remaozon-
né et réparé le pied des tours du chastel devers l'estang
de Barbot où l'eau les avoit mynées et pour fournir de
chaulx et sablon. . . »
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- 129 - ■
F" 24 V. M ... Pour une paire de cbenectes avecques
la feireure d'icelle... u
Voilà quels sont, d'après les remembrances et sur-
tout tes comptes de la châteltenie, les travaux qui étaient
exécutés au château tel que nous le voyons aujourd'hui,
dans le premier demi siècle de son existence. On y re-
marquera principalement ce qui a rapport à la barba-
cane ou « boullevert » ainsi que ce qui est dit des tours
de l'ouest déjà minées à leur partie inrérieure par l'eau
de t' étang Barbot.
Arrivons maintenant aux guerres de religion, et mon-
trons le contre-coup que celles-ci eurent sur l'histoire
du château de Lassay : on verra comment celui-cî fut
mêlé à plus d'une reprise à nos troubles religieux et
quel rdie important il y a joué.
Dès les premières années du règne de Charles IX,
une a belle église s'était, pour employer l'expression
de Théodore de Bèze lui-même, dressée à Lassay* » et
elle avait trouvé les adhérents les plus fanatiques jus-
que dans le personnel des otBciers du château qui, d'ail-
leurs, appartenait alors à l'un des agents les plus actifs
du parti protestant en France, à Jean de Ferrières, vi-
dame de Chartres. Toujours est^il que, d'après l'histo-
rien que nous venons de citer, » la femme du receveur
de Lassay pour le vidame de Chartres » était du nom-
bre de ces sectaires, et qu'elle avait été même accusée
(I d'avoir rompu les images en son pals ^. u
Dans de telles conditions il était évident que la place
de Lassay ne pouvait tarder, l'occasion échéant, à tom-
ber aux mains des religionnaires^. Déjà en 1568, ceux-ci,
sous la conduite d'un lieutenant de Montgommery, Je-
1. Voir Hûtoire eccléiiattique, livre VII.
S. Ibidem.
3. Tout en appartenant à des seigneurs huguenots, le château
de Lassay était sous la main du Hoi qui I avait uunlisqué en
1561 aur Jean de Ferrières.
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. - 130 -
han de Poilley, avaient pu surprendre et piller Doinfront.
An printemps de l'iinnée suivante, Lassay eut le même
sort. En effet, vers les premiers jours de join, dans une
assemblée convoquée spécialement à cet effet, les éche-
vins de l'Hôtel-de-ViUe du Mans recevaient communica-
tion d'une lettre par laquelle Monsieur de Matignon, qui
était à cette époque gouverneur pour le roi en Basse-Nor-
mandie, informait le gouverneur de leur ville que les
huguenots s'étaient emparés du château de Lassay, et
le chargeait da s'y transporter avec ses forces, devant
en faire autant de son côté*.
Quelques jours après, ce dernier (c'était François de
Vendosmois, seigneur du Vau), était sous les murs de la
place en question, où il opérait sa jonction avec Mati-
gnon. Ils en commencèrent aussitôt le siège qui devait
être un fait historique. Agrippa d'Aubigné, de Thon, et
surtout La Popelinière ont parlé de cet événement, si in-
téressant pour noua, dans leurs histoires. Voici le récit
de La Popelinière : « En ce temps, Lassay, chasteau fort
et haut, eslevé sur les marches du Maine, appartenant
k Beauvais la Nocle, tut prîns par Matignon, gouver-
neur d'Alençon, qui y mena trois ou quatre compagnies
de gens de pied, chacune de trois cents hommes, et
nombre de gens à cheval avec le canon que le capitaine
Lage list sortir de Caên. La brèche faite et veue assez
raisonnable, le capitaine la Boche qui y commandoit à
quarante ou cinquante soldats, desespérant de soustenir
l'assaut, joint les pleurs et craintes des damoyselles et
autres qui s'y estoient retirez, se rendit avec composi-
tion que chacun paya pour sauver le moule du bonnet.
La Boche y fut pour mille escus. De là, Matignon s'en
alla prendre la Ferté au Vidame, etc^. u
1. Voir Annuaire du département de la Sarthe pour 183S, ex-
traits des registres de l'Hiltel-de-Ville du Mans, page 5.
2. La Popelinière : Histoire des dernière troubles, livre Vil,
juiUet 1569.
,^-GoogIç
— 131 —
Tel est, d'après le récit de La Popelinière, le premier
siège que, à notre connaissance du moins, le château re-
construit en 1458 ait eu à subir. Comme on le voit, il
avait fallu tout un petit corps d'armée pour le prendre,
et encore n'en vint-on pas à bout aussi aisément que La
Popelinière semblerait le donner à entendre. Qu'on en
juge plutôt par la lettre que de Lassay même, le 20 juin,
sans doute le jour de la reddition de ia place, Matignon
envoyait au Roi : « Sire, suivant ce que m'a dernière-
ment mandé Monsieur le maresciial de Cossé, je m'en
suis venu pour assaillir le chasteau de ce lieu de Las-
say, là où m'est venu trouver le seigneur de Vendos-
mois, gouverneur de ce pals avec quelques forces, et,
après que ceuLc gui estaient dedans ont enduré es-
tre battus de trois canons durant deux jours, ils me
l'ont rendu à composition qu'ils auroient la vye sauve,
ce que leur ay accordé pour ce que les munitions me
failloient, et aussi que la place estoil encore en estât
d'endurer mil coups de canon premier que Je l'eusse
peu avoir, comme le cappitaine la Houssaye, présent
porteur, le pourra faire entendre à vostre majesté, s'il
vous plaist l'ouyr, et néantmoings lad. composition, les
soldats ne laissèrent de piller le chasteau et tuèrent
quelques ungs de ceulx qui eatoient ta, où il fut trouvé
ung valet de chambre du vidasme de Chartres, qui est
depuis peu de temps revenu d'Angleterre, lequel je fais
garder pour essayer de tirer de luy quelque chose qui
importe vostre service, pour ne faillir à vous en adver-
tir, et voyant les huguenots de ce pays du Maine et de
Normandye, que j'avois quelques forces en la compai-
gne, la pluspart d'entre eulx se sont retirez à Vitray, là
où il y en avoit desjà une bonne troupe, et n'y a plus
de retraite pour eulx en ce paîs. J'ay remis ledit chas-'
teau entre les mains du seigneur de Vendosmoys.
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- 132 -
Je m'en vais d'icy à la Ferté qui est aux vidasmea,
ete', »
Ce siège de 1569, pour être le plus connu, n'est pas
le seul que le chftteau, dont noua retraçons le passé
historique, ait vu pendant lee dernières années du rè-
gne troublé de Charles IX. D'abord, nous savons que,
vers le commencement d'avril 1571, les huguenots étaient
venus assiéger la ville et le château de Lassay, resté pro-
bablement aux mains des catholiques depuis l'affaire de
juin 1569 ; mais la place fut secourue à temps par l'ar-
rivée de Jehan des Vaux, seigneur de Lévaré, alors
« gouverneur et lieutenant général pour le Roy des vil-
les châteaux et baroonies de Mayenne, d'Emée, de
Pontmain, de Lassai, de Yillaines, d'Ambrières, de
Gorron et des autres places et lieux dépendant de l'élec-
tion de Mayenne. » Celtii-ci força les huguenots à lever
le siège commencé, défit ensuite leur chef, et les chassa
du Maine, et ce futmémepour s'être» si vaillamment com-
porté 7> en cette occasion dans sa « charge de lieutenant
général au gouvernement des .bas pays du Maine » que
Charles IX lui donna le collier de l'ordre de Saint-Mi-
chel *. Nous savons encore que vers le 2 mars 1574 les
huguenots qui, sous la conduite des frères le Héricé,
venaient de surprendre encore une fois Domfront, étaient
attendus à Lassay^ où ils ne tardèrent pas en effet à ar-
river et à se rendre maîtres du chAteau, mais ils en
furent presqu'aussitôt chassés par le prévôt provincial,
François des Chapelles. Tout cela s'était passé avant le
i. Voir cette lettre à la Bibl. Nat., man. des 500 Colbert, a' 7,
f* 171 ; elle a d'ailleurs élé publiée à l'appendice de l'Essai hUto-
riçue, pages 122-123.
2. Voir à la Bibl. Nat., Cabinet des titres, vol, 375 : f Preuves
-de la noblesse de Jacques-Frangois des Vaux, pour sonadmission
aux pa^es de la grande écurie. >
3. Voir Documents publiés par la Commission Historique et
Arc/iéologique de la Mayenne, tome V. Livres des comptes de la
Fabrique de Saint- Georges de Villaines-la-Ju/iel, page 222.
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6 mars, date à laquelle, dans le conseil tenu à ce sujet
à l'HAtel-de-Ville du Mans, ce dernier fît le récit de son
expédition contre Lassay et dit s'être emparé du châ-
teau de cette ville pour le Roi ', Quelques jours après,
dans un autre conseil tenu au même lieu, on lut des
lettres de Charles IX, datées du 7 mars, « par lesquel-
les S. M. nommait gouverneur du chftteau de Lasaay,
appartenant au sieur de Beauvaîs (Beauvoir la Nocle]
François de More, chevalier, sieur de la Blanchardière,
et lui donnait ordre de lever, pour la garde du château,
six soldats catholiques, à chacun desquels il sera accor-
dé par mois 10 livres et 30 au gouverneur*. »
Sous te règne de Henri 111 qui avait succédé en cette
même année 1574 à Charles IX, le château de Lasaay
devait encore éprouver le contre-coup des discordes ci-
viles qui, sous le nom de la religion, continuaient à
troubler le reste de la France. Dans les premières an-
nées de ce règne, il est vrai, nous n'avons aucun événe-
ment bien caractéristique à y signaler; nous savons seu-
lement qu'en 1576 le futur maréchal de Lavardin, si
connu par son r6le important dans les guerres de l'é-
poque, était venu tenir garnison avec sa « compagnée »
à Lassay^.
Mais en l'année 1589, peu de temps avant la mort
du roi Henri 111, le château dont nous retraçons le
passé fut tout-à-conp témoin d'un de ces drames san-
1. Voir Ânn. du départ, de la Sarthe pour 1835, extraits des
registres de l'HAtel-ae- Ville du Mans, p. S.
3. Ibidem.
3. Voir Documenta publiés par la Commùtion HUtorique et
Archéologiaue de la Mayenne, t. V. Livres des comptes de ta fa-
brique de Villaines, pages 22Î-225. Nous devons du reste faire
remarquer que nous sommes loin d'avoir reproduit dans ce tra-
vail tout ce qui, dans les comptes en question, concerne Lassay
de 1574 k 1576 ; ainsi, d'après ces comptes, on voit entr'autres
détails omis par nous à dessein, que vers le 13 avril 1574 le fa-
meux « capitaine la Chaux (Michel de Montrent!, seigneur de la
Chaux), se trouvait à Lassay avec ■ sa compaignëe. ■
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- 134 -
glantB dont ooa guerres religieuses offrent malheureu-
sement plus d'un exemple. Le gouverneur du ch&teau
était alors Louis Hurault, seigneur de Villuisant, neveu
du célèbre chancelier Hurault de Chevemy, et marî de
Judith de Chauvigné, fille aînée elle-même de Rolland
de Chauvigné, mort en 1572, et héritière du Boisfroult.
Il avait été pourvu de cet office par une commission roya-
le en date du 29 avril 1587. Or i! arriva que le 15 juin
1589, tandis qu'il était allé ouïr la messe en la chapelle
du château, une troupe d'hommes armés apparut subi-
tement. Parmi les chefs qui conduisaient cette troupe on
pouvait remarquer René de Montesson, Joachim et Fran-
çois de Landepouste, Jehan de Maridort, de Bourg-le-Roy,
et Jehan d'Anthenaise, seigneur de la Bigne. Ils avaient
été envoyés par le terrible du Plessis de Cosmes. En
ce moment le gouverneur de Lassay se trouvait préci-
_ sèment à genoux ; la messe en était peut-être au moment
'ide l'élévation. Jehan d'Anthenaise en profita pour se
jeter sur lui et lui porter un coup mortel. Surpris par
cette traitreuse attaque, le gouverneur tomba pour ne
plus se relever et avec lui succombèrent également, sans
avoir pu se défendre, M. de Forges et trois soldats.
Telle fut à Lassay la mort tragique du neveu du chan-
celier de Chevemy ; funeste événement que ce dernier a
ainsi relaté dans ses mémoires : « Quelques mois aupa-
ravant le deceds du feu Roy (Henri III) le sieur de Vil-
luisant, Louis Hurault, mon nepveu..., estant en garni-
son pour le service du Roy au chasteau de Lassé dans
le pays du Maine, et estant allé ou!r la messe en l'église
de la ville, fut malheureusement assassiné dans lad.
église par l'advertissement que le mcsme prestre qui di-
soit la messe devant Iny en donna à ceux qui avoient
dessein sur ceste place'... »
1. Voir sur cet événement, outre les Mémoires d'Hurault de
Chevemy, une leltre écrite le 8 septembre 1602 par Henri IV, à
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Toutefois si, dans cette lamentable affaire du 15 juin
1589, le château de Lassay avait ainsi perdu son gou-
verneur, assassiné par les émissaires de du Plessis de
Cosmes, il ne tomba pas pour cela aux mains de ceux-ci :
il était à la fois trop fort et trop bien gardé. Jehan
d'Anthenaise et ses compagnons n'eurent donc plus,
leur coup n'ayant qu'à moitié réussi, qu'à s'éloigner au
plus vite. Du reste, l'infortuné Louis Hurault eut
promptement un successeur. Informé de ce qui s'était
passé à Lassay, au moment même où il partait de Tours
pour aller devant Paris, Henri III donna aussitôt « le
commandement du chasteau et ville de Laasay » à l'on-
cle de la veuve du défunt, à Claude de Chauvigné, sei-
gneur dud. lieu et de l'Isle d'Athée, qui vint habiter le
château confié à sa garde'. En même temps le Roi en-
voya au trésorier général de l'extraordinaire des guer-
res un « estât du payement » qu'il voulait et entendait
être fait par ce dernier a tant pour les guaiges, solde,
estât et apointement de douze hommes de guerre montez
et armez à la légère, trente arquebusiers à cheval et
vingt arquebusiers à pied ordonnez en garnison pour le
service de S. M. en la ville et chasteau de Lassay,
paîs de Mayenne, soubzla charge du seigneur de Chau-
vigné, que pour les taxations d'ung commissaire et ung
controUeur des guerres qui en feront les monstres et
resveues pour trois moys de la présente année... »
M. de Villeroy au sujet du <• procès criminel faict contre Jean
d'Antenaize dil la Bique (Jean d'Anthenaise, seit^eur de la Bi-
gne) pour raison de l'assassinat commis par luy en la personne du
a' de Vjiluysant, luy estant à l'église, à genoux, o^ant messe, ■
procès que poursuivait alors • la dame de Montataire, veuve dud.
8' de Villuysant. » Voir aussi Arch. Nat. V6 216,, Arrêt au
Grand-Conseil du 7 octobre 1602, au sujet de la même atTaire.
1. Ce détail, ainsi que presque tous ceux qui suivent pour les
années 1589 à 1592, sont tirés de plusieurs mémoires des plus
instructifs contenus aux archives du château de Lassay et dont
l'un, le plus intéressant, ne figure pas à l'appendice de l'Esiai
hittorique.
„Googlc
- 136 -
La garnison du château de Lassay éUdt donc, dans
l'été de 1589, sous le commandementr de Claude de
Chauvigné, d'après la commission à lui expédiée, de
douze hommes de guerre montés et armés à la légère,
de trente arquebusiers à cheval et de vingt arquebusiers
à pied, au total de soixante-deux hommes. C'était sans
doute un fort effectif pour une simple piace.comrae Las-
say, et cependant, quelques mois après, cet effectif ne
sera pas jugé suffisant par le gouverneur, qui sera,
comme nous le verrons, obligé de l'augmenter encore.
C'est que les événements se précipitaient et les circons-
tances étaient des plus graves. Le 1*' août de cette mê-
me année 1589 le roi Henri 111, qui, de concert avec le
roi de Navarre, assiégeait Paris tombé aux mains de la
Ligue, avait été assassiné par Jacques Clément ; Henri
de Bourbon, bien que toujours hérétique, était devenu,
par la mort sans enfants du dernier des Valois, le roi
légitime, et il n'y avait plus eu d'autre parti pour les
vrais Français que celui de reconnaître son autorité.
C'est ce que s'était empressé de faire Claude de Chau-
vigné ; il avait d'ailleurs de bonnes raisons pour ne pas
refuser son obéissance à Henri IV. Mais il n'en avait
pas été de même de la plus grande partie de la noblesse
du Maine qui, soutenue en cela par les populations, s'é-
tait déclarée contre le souverain hérétique, et c'est
ainsi que, dès la fin de l'été de 1589, presque toutes tes
villes de notre province, la Ferté-Bernard, le Mans, Sa-
blé, Laval et Mayenne, avaient embrassé le parti de la
Ligue. Seules les villes de Sainte-Suzanne et de Lassay
restèrent fidèles à la cause du nouveau Roi.
Alors la position du gouverneur de Lassay devint très
critique. En ce temps-là, « tout le pays de Maine et
Normandie estoit en rébellion, n'y aiant proche dud. Las-
say, à vingt ou trente lieues, ville qui ne fust détenue
par les ennemis. » Tout près même de Lassay, le manoir
du Bois-Thibaut qui appartenait alors à Charles du Bel-
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— 137 -
lay, seigneur de la Feuillée, était devenu, grâce à ce
personnage et à son frère, René du Bellay, seigneur de
ta Paltn, tous deux ardents ligueurs, le rendez-vous de
ceux qui dans le pays tenaient pour les « princes de l'U-
nion. » On y entendait « Jacques Dupont... et plusieurs
aultres estant aud. chasteau crier vulgairement à haulte
voix, disant ces mots : a Vive la Ligue ! Vivent les prin-
ces de l'Union !» et, a tous les serviteurs dud. s' delà
Feuillée et aultres soldats qui tiennent pour l'unyon »
s'y retiraient et y étaient « les bien venuz' . » Aussi,
excités sans doute et conduits par les deux frères du
Bellay, les a seigneurs et peuple s qui, tout à l'entour
de Lassay, étaient en grande majorité pour la Ligue,
s'étaient-ils enhardis jusqu'à venir « par deulx foys y>
mettre le siège devant le chftteau où commandait
Claude de Chauvigné. Et c'était alors que, « pour résis-
ter auxd. ennemis dont il étoit environné de toutes
parts »' le gouverneur de Lassay s'était vu « contrainct
avoir et entretenir cent hommes en plus avant que la
commission ne portoit, sinon eust la place esté prinse,
n'y aiant plus au Maine que celle-là qui ait résisté. »
Bref, « par la diligente garde qu'en fist led- sieur de
Chauvigné avec les gens de guerre » ainsi assemblés,
le château qui lui était confié put tenir jusqu'au bout.
Ainsi, dans les premiers mois du règne de Henri IV,
1. Les détails sur le râle du château du Bois-Thibaut à cette
époflue sont tirés d'une informatioa faite le 26 mai 1590 par Jehan
Chatlière, sereent royal,' o pour ta part de noble Claude de Ghau-
vignë, sieur dud. lieu... gouverneur pour le Roy au chasteau et
chastélleuie de Lassay et de Monsieur le procureur du Roy à
l'enconlre des hommes de noble Charles du Bellay, seigneur de
la Feuillée et du Boys-Thébault et de noble Hené du Bellay sei-
gneur de la Fallu, son frère, sur ce <]ue l'on dit que nonobstant
rordonnance et l'edict du Roy depuis 5 ou 6 moys aincza led. s'
de la Patlu et led. s' de la Feuillée ont tousiours tenu au chas-
teau du Boys- Thébaut pour les princes de l'Unyon qui tiennent
I !.. contraire au Roy. "'" - ''-*'" '—' •• — '— * -—-*;- J —
u chat, de Lassay.
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- 138 -
le chAteau de Lassay avnit encore eu deux sièges à sou-
tenir et grâce à l'énergie de son commandant, non moins
qu'à sa garnison sulRsainment nombreuse, il les avait
soutenus avec succès. Enfin, vers la fin de l'année, les
affaires du nouveau roi se trouvèrent en meilleur état,
et toutes les villes du Maine, dit Guyard de la Fosse,
excepté la Ferté-Bernard, se soumirent à son obéissance.
Dans le courant de décembre Henri IV fit successive-
ment son entrée à Laval, à Mayenne et à Alençon, et il
est probable qu'avant de marcher sur cette dernière
ville, il passa par Lassay. En tous cas, ce fut à cette
époque, que « S. M., venue aud. pals et l'aient remis en
son obéissance, auroit veu qu'il n'estoit besoïng d'une
si forte garnison aud. cbastean de Lassay et pour ce y
ordonna seulement dix soldats et ung sergent pour leur
commander. »
N'y avait-il pas de la part du Roi une certaine impru-
dence à croire ainsi tout danger éloigné de notre cbAtean
et à réduire sa garnison à un si petit nombre de défen-
seurs ? C'était à coup sûr se tromper étrangement que de
supposer à cette date la pacification du Bas-Maine sep-
tentrional assurée d'une façon définitive. Henri IV n'al-
lait pas tarder, hëias ! à s'apercevoir de son erreur. On
connait l'entreprise faite au mois d'avril 1590 par Lan-
sac sur Mayenne et l'on sait que, sans l'extrême promp-
titude avec laquelle l'Estelle et Hertré, l'un de Domfront,
l'autre d'Alençon, accoururent au secours de la ville déjà
à moitié occupée par l'ennemi, cette entreprise du chef
ligueur était couronnée par un plein succès qui enle-
vait de nouveau la contrée où est situé Lassay à l'auto-
rité royale. Dès lors, avec ses dix hommes et leur ser-
gent, quelle contenance eût pu faire le château comman-
dé par Chauvigné devant les forces qui seraient certai-
nement venues l'assaillir ?
Et ce ne fut pas là tout. Malgré la reprise de Mayenne
sur Lansac et la défaite de celui-ci, le parti de la Ligue
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— 139 —
o'avait pas désarmé pour cela dans notre contrée ; dans
la châtellenîe même de Lassay, les frères du Bellay,
que n'avaient nullement effrayés l'information faite na-
guère contre leurs menées par le sergent royal Jehan
Challière', avaient fait de nouveau, de leur manoir du
Bois-Thibault, un des principaux centres de la résistance
contre l'autorité royale ; ils l'avaient transformé en une
véritable forteresse et s'y étaient si bien retranchés, eux
et leurs partisans, que, dans le courant d'octobre, l'Es-
telle en personne étant venu les y attaquer fut obligé
de battre les murs du manoir avec du canon, et, après
avoir éprouvé des pertes sérieuses, dut lever le siège à
sa confusion. Et cela se passait à deux pas du château
de Lassay, presque sous les yeux de Claude de Ghauvi-
gné qui en était toujours gouverneur !
L'année 1591 se passa du reste pour le Bas-Maine en
général et ta place dont nous faisons l'histoire en parti-
culier, sans incident notable ; mais il n'en fut pas de
même de l'année 1592.
Les conséquences de la bataille de Craon, gagnée le 23
mai par Mercœur et Boisdauphin contre les princes de
Conti et de Dombes. avaient été désastreuses pour la
cause de Henri IV dans notre province. Très peu de
jours après, Combronde s'était rendu maître de Laval,
et, le 7 juin, Mayenne, assiégé par le marquis de Belle-
Isle, était rendu par composition au seigneur de Bois-
dauphin pour la Ligue. Déjà même le duc de Mercœur se
préparait à venir mettre le siège devant Lassay.
Quel va être, en ces graves conjectures, le sort de
la place à laquelle commande Claude de Chauvigné ? Va-
t-elle, elle aussi, tomber entre les mains des princes de
l'union ? Telles sont les questions qu'au Mans les repré-
sentants comme les partisans de l'autorité royale com-
mencent à se poser avec inquiétude. Aussi, à l'oc-
1, Voir la note de la page 00.
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- 140 -
caeioQ des divers messagers qui en ces jours là sont en-
voyés par le commandement du sieur de Moulins, com-
mandant pour le Roi au Mans, vers le Roi, Monsieur de
Lavardin, et plusieurs autres seigneurs du Maine, le
gouverneur de Lassay n'est-il point oublié. Deux mes-
sagers sont envoyés coup sur coup vers « le sieur du
Boisfrou, estant alors an chasteau de Lassay, pour l'as-
seurer de secours au cas que les ennemys voulussent
entreprendre quelque chose sur lad. place et que Mes-
sieurs le maréchal d'Aumont et Lavardin s'estoient ache-
mynés pour venir par de là et donner ordre aux affaires
de ce pays I. » Ces deux messagers, porteurs de nouvel-
les si rassurantes, parvinrent-ils, à travers un pays oc-
cupé par l'ennemi, jusqu'à celui à qui ils étaient en-
voyés ? Toujours est-il que notre personnage était bien
résolu à tenir le plus longtemps possible dans le ch&teau
confié à sa garde. Toutefois, comme il n'avait, on s'en
souvient, depuis la fin de 1589 que onze hommes sous
ses ordres, et qu'avec un si petit nombre de défenseurs
il était impossible de soutenir le siège dont Mercœur le
menaçait, il songea à augmenter sans retard ta garni-
son de Lassay. Pour cela il a appela à luy le sieur de
Montataire » qui avait épousé en novembre 1590 la
veuve de Villuisant, et se trouvait par conséquent son
neveu, « et te pria avec aultres gentilshommes et soldats
du pats entrer dedans le chasteau pour le conserver et
empescher le desseing des ennemis, ce qu'ils firent. »
Le gouverneur de Lassay dut il est vrai, « pour faire
les frais et despence desd. gens de guerre, » emprun-
ter « des paroisses de Lassay, Chantrigné et te Horps,
110 escus sur l'appointement de lad. garnison, quitte à
en demander plus tard le remboursement aux trésoriers
généraux. En tous cas, par son énergie et saprévoyan-
I. Voir aux archives de la Sarihe, fonds municipal, liasse 132,
3* compte de H* Oervais Massé ; patiint:
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- 141 -
ce, Claude de Ghauvigné avait pourvu une fois de plus
à la sûreté de la place. Mercœur la voyant en si bon
état de défense, renonça probablement à son projet qu'il
n'eut d'ailleurs pas le temps d'exécuter. En effet les
secours annoncés du Mans « au sei^eur du Boisfroux »
approchaient de Mayenne ; dès le 29juillet, le prince de
Conti et le maréchal d'Aumont, ayant avec eux les mar-
quis de Lavardin et de Villaine, étaient devant cette
ville avec cinq ou six mille hommes, Lassay était sauvé !
Cette fois, le rôle si actif, on l'a vu, du château qui nous
occupe pendant les guerres de religion était bien fini ;
tranquille à l'abri des hautes tours et des épaisses mu-
railles de la forteresse, son gouverneur n'avait plus
qu'à attendre patiemment la pacification générale de
toute la province.
m
A partir de la fin des guerres de religion, et pendant
les deux derniers siècles de la féodalité, Lassay n'offre à
l'historien aucun fait assez important pour mériter que '
nous le rappelions ici ; mais il n'en est pas de même
pour l'archéologue. A l'époque du règne de Louis XIV
le château a subi, dans sa partie septentrionale du
moins, une modification considérable qui, de ce cété là,
en a sensiblement altéré l'aspect, tel qu'il pouvait se
présenter au XV' siècle, après la reconstruction de 1458.
Jusque là la vieille forteresse avait gardé dans^tout son
ensemble son cachet moyen-flge absolument intact. On
peut en juger par une description du milieu du XVII*
siècle, aussi authentique que minutieuse et que nous
avons eu la bonne chance de découvrir, aux archives
particulières de notre château, dans un dossier relatif à
la translation de la foire du Gast dans la ville de Las-
say. Il avait été fait à cette occasion, en mars 1£44, une
aorte d'état de lieux de toute la ville, y compris le châ-
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teau et c'est à la fin de cet état de lieux que se trouve
la description dont il a'agît. La voici :
a ... De là, poursuivant notre chemin, sommes arrî-
« vésau chasteau de lad. ville lequel est ceint et enfermé
« de grands fossés à fond de cuve, et aux deux coatés
« sont deux estangs et marécaiges ; led. chasteau com-
K posé de huit grosses (ours et un boullevert à l'entrée,
« où il a double pont levis et double herse ; entre deux
K desquelles tours il y a un logement, et, estans entrés
a au dedans, l'on nous a fait voir les prisons bonnes et
« saines, et aux ouviirtures d'icelles y a des grisles, ac-
« compagnées de chambres noyres et cachots, dans les-
« quelles prisons l'on a acoustumé de mettre les pri-
« sonniers par authorité de justice, et avons remarqué
« au devant dud. chasteau une terrasse plane, vide, as-
u sez spacieuse; et au pied dud. chasteau il y a un
« ruisseau d'eau vive et courante qui règne tout le
« long de la ville leq. ruisseau tombe dedans
« un estang aud. pied dud. chasteau, fait tourner deux
u moullins qui sont à bled attachés à des bastiments
etc. »
Tel était, au lendemain de la mort de Louis XIII, le
château dont nous faisons l'histoire ; comme on le voit,
tout y était encore disposé pour la défense militaire en
cas de guerre, et, en temps de paix, sa principale des-
tination était de servir de prison. Quant à pouvoir être
une résidence seigneuriale, le château était bien loin d'y
prétendre, et, si, vers ta fin des guerres de rehgion,
Yilluisant d'abord, puis Claude de Chauvigné, y avaient
habité, c'était comme gouverneurs de la place et non
comme seigneurs du lieu. Ce qui prouve bien ta vérité
de notre assertion, c'est que, en 1618, quand Charlotte
du Tillet vint à Lassay pour signer la transaction inter-
venue entre elle et les usagers d'Hardanges, ce fut non
pas au château, mais en ville, en la a maison de Gilles
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-143 -
de Logé, escuyer, bailly de Lassay. » qu'elle descendit^.
Et quand, après elle, les MadatUart furent devenus ac-
quéreurs de Lassay par l'adjudication de 1639, bien plus
quand, en 1647, ils eurent fait ériger la châtellenie en
marquisat, ila ne songèrent pas davantage à faire du
château de Lassay leur résidence. Il est vrai que le
manoir de Boisfroust, où ils habitaient avant de possé-
der Lassay, était alors une demeure seigneuriale aussi
somptueuse qu'agréable et que tout leur prescrivait de
ne pas l'abandonner. Et non seulement Isaac et Louis de
Madaillan avaient continué, l'un comme l'autre, à ne pas
habiter le chef-lieu de leur marquisat ; Armand de Ma-
daillan lui-même, dans le» premiers temps de sa vie,
avait imité en cela l'exemple de son père et son aïeul ;
c'était a au logis seigneurial du Boisfroult » qu'était
décédée, le 19 octobre 1681, sa seconde femme, la fameuse
Marianne Pajot. Eniin, en 1696, ayant épousé en troi-
sièmes noces la princesse Julie de Bourbon, il s'avisa
que le manoir où avaient jusque-là vécu ses pères, n'é-
tait plus une demeure en rapport avec le rang à la cour
que lui avait procuré sa dernière alliance, plus brillante
d'ailleurs qu'heureuse ; il résolut donc de transférer sa
résidence à Lassay et pour cela d'accommoder le château
à sa nouvelle destination d'habitation seigneuriale. C'est
alora que, moitié sur la partie sud de la barbacane,
moitié sur l'emplacement du pont-levis intérieur, et
joignaot les deux tours du nord, fut construit en forme
d'équerre le bAtiment que nous y voyons aujourd'hui et
qui contient de vastes pièces, plus appropriées sans
doute que le reste du cbftteau aux besoins de l'habitation
moderne. Par son style un peu lourd et terne, ce bâti-
1, Voir aux arch. du chU. de Lassay la transaction en ques-
tion, «...furent présents et personnellement eelabli, etc. lad. da-
■n*i<< Charlotte du Tillet, dame de Lassav, à présent logde mai-
son de Gilles de Logé, escuyer, bailly dudict lieu, d'une part,
etc., etc. ■
./Google
- 144 -
meDt rappelle bien l'époque de Louis XIV ; il avait d'ail-
leurs' des toits à la Mansard qui, il y a une soixantaine
d'années, ont été transformés en toits ordinaires. Pour
ce qui est des deux ponts-levis avec leurs herses, l'un,
celui qui s'abaissait de la porte d'entrée sur la barba-
cane, disparut nécessairement dans ce remaniement du
château ; mais l'autre, celui qui donnait sccbb de la bar-
bacane sur la place dite du Boil, fut conservé jusque
vers le milieu du XVIII* siècle ; c'est seulement à cette
époque qu'il fut remplacé par un pont de pierre. Dana
l'aveu que le duc de Brancas-Lauraguais, successeur et
héritier des Madaillan, rendit au roi Louis XV en 1769',
il est fait allusion à toutes ces modifications survenues
dans l'aspect de l'ancienne forteresse du XV* siècle.
Voici la description du château contenue dans cet aveu ;
on aimera assurément à la rapprocher de la description
de 1644 : « Mad. ville de Lassay au haut de laquelle
« «t à un bout d'icelle est un ancien chftteau b&ti sur un
« roc, environné d'étangs, hors du côté de la ville à la-
« quelle il est joint, un fossé seulement entre deux, et
« au devant de l'entrée duquel château est une place
« nommée vulgairement le Boit, et led. château consis-
« tant en huit grosses tours rondes-, assez hautes, tou-
« tes machicolisées, éloignées les unes des autres de
« quelque distance, et jointes ensemble par des courti-
K nés aussi machicolisées, de forme et iigure d'un octo-
« gone, ayant à une de ses faces un corps de logis
« moins ancien que led. château et fait construire depuis
« environ cent ans, la couverture d'icelui étant d'ardoise
« et garnie de plomberie, au devant duquel est une ma-
.0 nière de fer à cheval faisant l'entrée de mond. châ-
1. Cet aveu est aux archives du château de Laesay.
2, Erreur : deux seulement de ces tours, celle du S.-E. et
celle du S.-O. (voir le plan) sonl entièrement rondes ; les autres
ne le sont qu'à Vexlérteur et affectent la forme d'un fer à cheval.
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-m-
« teau, avec un pont de pierre construit depuis vingt
« ans en la place du pont-levis qui y étoit précédem-
M ment, et avec droit de pont-levis i l'entrée de la
« grande cour d'icellui entourée dead. tours..,. »
Est-il besoin d'ajouter que le chAteau ainsi ' décrit
dans l'aveu du comte de Lauraguais est aujourd'hui,
à peu de chose près, dans le même état qu'il y a cent
vingt ans, et que la description de 1769 pourrait être
reproduite mot pour mot en cette année 1890 ?
Nous avons terminé notre revue du ch&teau de Las-
say à travers les aiècles. Comme on a pu le voir, la
plupart des documents que nous y avons fait successi-
vement apparaître au lecteur ne se trouvaient pas dans
la première édition de VEssai Historique publiée en
1875. Ils figureront avec beaucoup d'autres encore, égale-
ment inédits, mais qui n'entraient pas dans le cadre de
cette étude, dans une nouvelle édition que l'historien du
château de Lassay prépare depuis quelque temps et que
nous sommes heureux de pouvoir ananoncer dès mainte- -
nant aux amateurs des choses du passé dans notre pro-
vince. Mais, eu attendant cette publication, nous avons
cru devoir, sans plus tarder, faire part à la Commissi(m
Historique et Archéologique de la Mayenne de ceux des
documents récemment découverts par nous qui concer-
naient spécialement le château en question en tant que
monument historique, et c'est ce qui nous a décidés,
sans crainte d'aller sur les brisées de l'auteur de YEssai
Historique, à composer l'étude qu'on vient de lire.
C" DG Beauchbsne.
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LA GERBE
Recueillie et notée par M, A.Guillier et harmonisée
par M. Thiriet, chef de musique au i02" de ligne.
Par un matin mi levé,
/'avons la gerbe de blé.
Dans mon jardin fat entré,
l'avons la gerbe,
l'avons la gerbe de blé,
l'avons la gerbe,
/'avons la gerbe de blé,
/'avons la gerbe.
Dans mon jardin jai entré,
Trois fleurs d'amour j"ai trouvé.
Trois /leurs d'amour j" ai trouvé
/'en pris deujr, un' j'ai laissé.
/'en pris deux, un' j" ai laissé,
Un chapeau' J'en commencé.
i. Couronne, guirlande de Heurs. Aux XII*, XIII" et XIV* siè-
cles, hommes et femmes portaient des cliapeaux de Heurs, cou-
ronnes de fleurs en 6lé, de feuillages en hiver. Il y eut ainsi des
chapeaux de noiettes, de roses, de blueta, de lierre, de gazon
(Voir Jeanne de Boulogne sur un vitrail de Chartres d'environ
1440. J. Quicherat]88).
n s'était formé à Paris une corporation de « chapeliers fleuris-
./ Google
Un chapeau j'en commencé,
A trois rangs et à demi*.
A trois rangs et à demé.
Et à quat' l'acheveré.
Et à q-uat' l'acheveré,
A mon ami l'envoieré.
tes. • Ces jardiniers fleuristes jouissaient de grandes immuiutJs.
Le travail du dimanche leur étuit sévèrement défendu : < nul cha-
Selier de fleurs ne peut, ne doit uueiltir ou faire cueillir au jour
e dimanche en ses uourtils nulles herbes, nufles fleurs  efiap-
peauU faire. » (De Laborde, Emaux, 205, XIII» siècle).
Au X!V* siècle, on trouve dans les Emaux. 206 :
Je n'ai cure de nul esmay
Je vueîl cueillir la rose en may
Et porte chapeaux de flourettes.
De fleurs d'amour et de violettes.
[Dict. de La Curne de Sainte-Palaye).
Dans l'aveu de 1441 du comté de Laval à René, duc d'Ankni,
roi de Sicile, comte du Maine, publié au Bulletin, |3* série,
tome I, p. 513) par M. l'abbé Couanier de Launay, chanoine ho-
noraire du diocèse de Laval, nous lisons : « Item, au jour de la
fesle de la consécracion. messire maistre Helye Oalée et Pierres
Hoquedé, héritiers Teu messire Robert le Maczon. chevalier, me
doTvent, chacun an. ung ciiappel de roses... •
Signalons, à titre de curiosité, le bail de la mmson dite le Par-
loir aux Bourgeois, entre le Châtelet et Saint-Leufroi. Le Pré-
vôt des marchands et les échevins stipulent des preneurs, c'est
à dire du chapelier du roi et de sa femme, une rente de seize
livres, plus " douze dousaines de chappeauLr appelez bourrelez
''e fleurs, et six boucuuetz, c'est assavoir, quatre dousaines de
' ' gofaii ■ . .-.
chappeeulx de margolaine, trois dousaines de romarin et cinq
dousaines de pervenche, tous bourrelez, papillotez d'or, et les
six bouquetz de rozes, que ledit Jehan etc. seront tenus rendre
et paier pour tous devoirs, s (22 mai 1406.) Arch. nat. KK 4951.
f* LXVI v°. — Bibliothèque de l'école des Haute* Etude* : Etude»
sur l'Industrie à Paris au-c XIII* et XIV^ siècles, par Gustave
Fagniei, 107).
1. Demi. — Mei. meie en dialecte bounmignon exprimaient
l'idée de milieu (meie-nuit. c'est à dire le mUieu de la nuit) -, de-
mei, demeie avaient le sens de moitié (demey-an, c'est à dire la
moitié d'une année). Le substantif répondant a mei était me» qui
fut remplacé par le composé meileu (milieu). Le substantif de
demei était meitie, moitiet, meitez. {Recherches sur les formes
grammaticales de la langue française au XIII' siècle, iar 0.
Fftllot, 219. — Grammaire de la lingue d'Oti. par 0. P. BurguT.
1.118).
,^-GoogIe
LA CHANSON DE LA GERBE, DU HORPS
^"i I I I II j n
^m
m
m
m
um 'J .
fT.)! n iT j.iiii'i îTii 1.
Digiliz=db,G00glC
A mon ami l'envoieré,
Si l'reçoity granjoiefauré.
SI ['reçoit, grau Joie j'auré,
A ces noc' là oùj'iré^.
La chanson de la Gerbe du liorps, qui a été notée par
M. GuilUer et harmonisée par M. Thiriet, est un souve-
nir du vieux temps, où nous retrouvons un bel exemple
de la saine gaieté des paysans de l'ancienne France, la
joie des fruits du travail, du premier des fruits, la joie
du blé mûr.
Les mélodies de village courent les champs et les
bois ; mais celles qui ont du caractère ne s'entend«it
pas au détour de chaque sentier, et M. Guillier a été
heureusement inspiré de saisir au passiige la blonde
gerbe du Horps et d'en égrener les notes pour les lec-
teurs du Bulletin. Bien qu'incorrectes, les paroles en
sont simples et fraîches, et le chant y joint un senti-
ment de bonheur débordant, d'un charme réel. La poé-
sie et la musique y sont unies comme les fîUes d'un
même père, poète et musicien.
Le refrain « J'avons la gerbe de blé, » par lequel le
chœur coupe chaque pensée du soliste et qui éclate sans
cesse, vibrant d'orgueil au travers d'un chant d'amour,
dit assez l'allégresse et la fierté que cause aux paysans
la récolte conquise et rappelle ce que leur coûte, ce que
leur coûtait surtout autrefois, le dur labeur qui donne le
grain. Si l'hymne de gloire du vainqueur du sol se dé-
ploie avec cette puissance d'un mot unique, c'est qu'elle
1. L 'incorrection des derniers couplets nous oblige à les sup-
primer.
./Google
— IM —
a été précédée, à l'automae, d'une lutte opiniâtre, de la
fatigue des gnérets, de l'inquiétude des semailles, de
toutes ces peines qui ont été traduites dans les campa-
gnes par la plaiative mélopée dcB labours.
«. J'avons la Gerbe ! » Peuvent-ils en effet parler
d'autre chose, les laboureurs, à la vue de ces faisceaux
de javelles dont la tige se courbe sous le poids des
lourds épis ? Cette gerbe, qui u exigé de leur part l'af-
fouiUement profond de la terre et les pénibles fumures
portées souvent jadis à dos d'homme, dont ils ont sur-
veillé les pousses naissantes, qu'ils ont couvée des yeux
pendant des mois, qu'auraient pu leur ravir les gelées
et les orages, ils la possèdent enfin cette gerbe ! Leur
poitrine bat triomphante et îl ne peut en sortir que ce
cri répété de victoire : « J'avons la gerbe, a Aussi le
chœur semble-t-il dire sans relâche au soliste : « Lais-
sez les choses d'amour : que pouvez-vous nous raconter
de mieux, déplus grand, de plus beau, de plus doux?
J'avons la gerbe, et cette gerbe est une gerbe de blé,
du grain par excellence... »
Mais nous n'entendons pas délier la gerbe du Horps ;
nous n'avons voulu que l'eutr' ouvrir.
GHOSSE-DuPEROn.
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LES ARCHIVES DE LA MAYENNE
LA SÉRIE A
DECLARATIONS DU ROI
Cos actes répètentparfois les Ëdits et les Lettres paten-
tes. Plusieurs Déclarations confirment et même citent les
Lettres patentes ou autres actes royaux, et les matières
qu'elles concernent s'en rapprochent nécessairement.
Le préambule de l'Ordonnance du mois d'août 1737, lu
attentivement, montre la différence des ordonnances et
des déclarations. Les premières constituent la loi pri-
mordiale, les secondes sont des adjonctions,des interpréta-
tions, des commentaires rectificatifs ou explicatifs. Les
déclarations royales ont des objets très divers . Sans avoir
eu autant de retentissement que les ordonnances et les
édits, 'elles n'ont guère passé inaperçues. Quelques
unes ont eu des résultats importants dans ia contrée à
laquelle on les appliquait. Ainsi de la déclaration du
Roi transférant les deux facultés de droit de l'université
de Nantes à Rennes (l" octobre 1765). Ainsi de la créa-
tion de nouveaux impôts d'un sol et de deux sols pour
livre par simple déclaration du Roi, sans le consente-
ment des Etats de Bretagne, avant 1765. Les Etats
avaient provoqué le refus du Parlement de Bretagne
d'enregistrer les déclarations. La lutte entre la royauté
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- 183 -
et l'indépendance provinciale devint alors exaspérée et
donna lien à des révoltes *.
Une antre déclaration ent dans le Bas-Maine un résul-
tat moins bmyant.mais très notable pour l'agriculture,
c'est celle du 13 août 1766, que nous prenons dans une
antre série que celle dont nous nous occupons. En vertu
de cet acte royal des défrichements considérables de
landes faisant partie de métairies et de closeriee appar-
tenant à des particuliers eurent lieu dans le ressort du
comté de Laval (Archives de la Mayenne, série B, liasse
27). Celle du 20 juillet 1709, prescrivant des mesures
pour assurer la mise en réserve, sur la récolte de la dite
année, des grains nécessaires aux semailles d'automne
(B. 2869), avait eu déjà, fort antérieurement, des résul-
tats utiles.
On pourrait classer sous les rubriques suivantes les
208 pièces divisées en trois liasses, qui composent cette
partie :
Impôts. — H est inutile de rappeler ici les disposi-
tions antérieurement indiquées sur le sel, le tabac, les
rentes, les fermes etc., mais l'établissement du cadastre
doit être noté par la déclaration du 21 novembre 1763.
Police. — On remarquera le renouvellement des re-
commandations relatives à la bonne tenue des registres
de baptêmes, mariages et sépultures, à TinterdictioD de
la pèche- hors temps utile, à la sûreté des inhumations,
aux réparations des chemins, aux déffichements, aux
dessèchements, a la police de la traite des noirs.
Offices divers supprimés ou rétablis. — Notaires,
imprimeurs, médecins, perruquiers-baigneurs-étuvistes,
barbiers du Roi, gardes des archives des communautés
d'offiders à bourse commune.
./Google
- i64 -
Commerce. — Colonies fraaçaises, faillites et banque-
routes.
Clergé séculier et régulier. — Nous «iteross seule-
ment quelques dispositious majeures, au milieu d'une
multitude : — Déclaration concernant la poliee et la dis-
cij^ne ecclésiastiques : police extérieure, sonnerie des
cloches, stations, processions, prières publiques, assi-
gnaUoD de rétributions aux desservante des cures va-
cantes par l'évéque ou l'archevêque diocésain (Marly,
30 juillet 1710). — Déclarations concernant les rescrits,
brefs et bulles des papes. — Suspension de toutes les
disputes, contestations et différends formés dans le
royaune à l'occasion de la constitution du pape contre
le livre des Réflexions morales sur le Nouveau Testa-
ment (7 octobre 1717). — Approbation de la conôliation
des évèques du royaume à l'occasion de la constitution
Unigeniius (4 août 1720) : Ordre d'exécuter cette cons-
titution et défense à tous d'interjeter à ce propos aucun
appel au futur concile. — Règlement des droits du cler-
gé en matière de privilèges : conservation de toutes ses
immunités, franchises, libertés, droits et exemptions de
toute sorte (8 octobre 1726). — Déclaration que lee bul-
les, brefs, rescrits et autres expéditions de la cour de
Rome ne seront valables en France qu'après l'approba-
tion du Roi (8 mars 1772), répétition des mesures ci-
tées antérieurement. — Dispositions prises ea faveur
des curés ou vicaires perpétuels (5 octobre 1726), enjoi-
gnant que l'ordonnance rendue en leur faveur le 30 juin
1690 soit ponctuellement exécutée et qu'Us soient re-
connus en qualité de curés par leurs paroisses. — Rè-
glement général entre les curés primitifs et les curés
vicaires perpétuels (15 janvier 1731) : les vicaires peu-
vent prendre la qualité de curés vicaires perpétuels de
leurs paroisses ; les curés primitifs ne sont que ceux
dont les droits sont établis par titres canoniques, actes
ou transactions autorisées, arrête contradictoires, etc.
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— 158 -
— Rarement des droits appartenant aux cures et au-
tres bénéfices ayant charges d'&mes (ne peuvent être
eonférés qu'à des prêtres consacrés et Agés de vingt-
cinq ans accomplis) (15 janvier 1742). — Obligation de
nommer aux. cures et autres bénéfices ayant charge
d'Ames dans les mois qualifiés de rigueur, c'est-à-dire
de janvier et de juillet (27 avril 1745). — Etablissement
des portions congrues (2 septembre 1786), comme nous
l'avons vu précédemment. — Règlement des dîmes no-
yâtes entre les curés et les religieux des ordres de
Clony, Citeaux et Prémontré, sur le pied de la posses-
sion actuelle (28 aoàt 1759). — Réformation des ordres
rdigieux mendiante (21 janvier 1717) : défense à tout re-
ligieux mendiant transféré dans l'ordre de Saint-Benoit
de posséder ensemble deux bénéfices ou un bénéfice et
une pension ou deux pensions. -~- Rappel des prêtres
décrétés d'exil ou bannissement, par suite des divisions
qui ont agité l'Eglise et l'Etat ; annulation de tous ar-
rêts rendus contre eux depuis le 16 décembre 1756 (15
juin 1771).
Bénéfices. — Règlement des unions de bénéfices fai-
tes aux archevêchés, évéchés, cures, chapitres, abbayes ;
elles sont reconnues valables sans obligation d'obten-
tion de lettres patentes du Roi (25 avril et 13 juillet
1719. — Règlement nouveau des dites unions, par inter-
prétation de la déclaration du 13 juillet 1719, ordonnant
la représentation des titres dans le délai d'une année.
— Rè^emeat des bénéfices possédés par les religieux
des congrégations réformées en interprétation de t'édit
du mois de novembre 1719 : peroùssion aux bénéficiers
de faire leurs déclarations, non plus en personne mais
par procuration. — Attribution aux diocésains du droit
de pourvoir aux bénéfices pendant ta vacance des ab-
bayes et des prieurés réguliers dont ces bénéfices dé-
pendent ; droîi de collation de ces bénéfices attribué aux
archevêques et évêques diocésains (30 août 1735). — ■
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— 156 —
Confirmation des lettres patentes du 15 juin 1727, or-
donnant que les bénéficiers du clergé de France seront
tenue de donner, dans le délai de six mois, des décla-
rations de leurs biens et revenus (17 août 1750). — Or-
dre aux possesseurs de bénéfices à la nomination du
Roi d'obtenir des bulles régulières dans le délai de neuf
mois (14 octobre 1726). — Ordre aux supérieurs des
maisons de la Société de Jésus de remettre, dans les six
mois, leurs titres d'établissement en France au greffe
du conseil (2 août 1761). — Eclaircissement sur l'exécu-
tion des bulles des papes contre les Jansénistes (24
mars 1730). — Faveurs accordées aux Bénédictins an-
glais établis à Paris au sujet des bénéfices et dignités
de leur ordre (22 août 1726). — Règlement des bénéfi-
ces à charge d'Ames possédés par l'ordre de Saint-Au-
gustin (22 août 1770 et 6 août 1774). — Ordre aux com-
munautés religieuses d'avoir en provision !a quantité de
blé nécessaire pour leur subsistance pendant trois an-
nées (3 novembre 1736). — Ordre à tous les gens de
main-morte (ecclésiastiques de tout ordre) de payer les
droits d'amortissement des rentes constituées à leur
profit depuis le 1" janvier 1690 et des biens acquis par
eux depuis le 1*' janvier 1702 (4 octobre 1704). — In-
terprétation de l'édit du mois d'août 1749 sur le même
sujet (20 juillet 1762). — Règlement des pèlerinages
(1" août 1738).
Religion réformée. — Défense, renouvelée de trois
en trois ans, à ceux qui font profession de la reli-
gion prétendue réformée de vendre, durant le délai de
trois ans, leurs biens meubles et immeubles sans en ob-
tenir la permission, 17 mai 1711, 13 février 1720, 18
février 1723, 7 février 1726, 6 février 1729, 15 janvier
1732, 3 février 1738, 31 janvier 1741. — Déclaration
portant que ceux qui veulent persister et mourir dans la
religion réformée, soit qu'ils aient fait abjuration ou non,
seront réputés relaps (8 mars 1715). — Défense anx
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- 1»7 -
nouveaux convertis d'aliéner leurs biens sans permis-
sion (25 avril 1760, 15 mars 1772, 1" mars 1775).
Noblesse et privilégiés, — Noua avons déjà parlé de
la création d'une noblesse militaire. Nous nous borne-
rons à mentionner les actes suivants : Permission aux
chevaliers d'honneur créés par édit du mois de juillet
1702 dans les chambres des comptes, cours des aides et
bureaux des finances de lever leurs offices sans être
d'extraction noble ; ils sont annoblis dans ce cas (8 dé-
cembre 1703). — Règlement des privilèges des secré-
taires des chancelleries décédés revêtus de leurs offices
(20 mars 1717). — Prorogation du délai accordé par ta dé-
claration du 11 mars 1776 pour la représentation à la
cour des aides des titres et pièces qui ont été ci-devant
reg^strées, concernant la noblesse et les privilèges des
communautés séculières et régulières (27 mars 1777).
— Règlement des indemnités dues aux seigneurs parti-
culiers pour les acquisitions faites par le Roi dans leurs
mouvances (22 septembre 1722). — Règlement des droits
de ceux qui sont pourvus d'un Committimus (6 février
1771).
Divers. — Abolition de la question préparatoire, (21
novembre 1763 et 24 août 1780), — Privilèges accordés
à la maison royale de Saint-Louis établie k Saint-Cyr
par redevances sur les abbayes et monastères de filles
(Mal 1770). — Règlement de l'administration et de l'é-
ducation de l'École royale Militaire (12 février 1776). —
Evaluation des offices dépendants de l'apanage du comte
de Provence (27 novembre 1771).
S VII
ARRÊTS DK3 COURS SOUVERAINES
Il résulte de l'étude des documents de la série A que
le gouvernement royal avait six manières de faire con-
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Halire sa peiiBée aux aujets du aonveraîu : lettres paten-
tes, édita, ordonnances, déclarations, instructions, ar-
rêts du conseil d'Etat ou conseil prÎTé ou ccmseil du
Roi, noma divers d'une wéme institution. Dans tout
cela il y a seulement variété d'appellations ; touteftns
les arrêts affectent le plus souvent un caractère de dé-
cision judiciaire qu'on ne rencontre pas dans les autres
actes.
Les arrêts des cours souveraines dont nous donnons
ici l'analyse sont ceux du Conseil Privé, du parlement de
Paris, de la Cour des Aides de Paris, du Conseil supé*
rieur de Blois. Noua commençous par les arrêts du con-
seil, qui émanent d'une Façon immédiate de l'autorité du
Roi, rejetant à la suite les actes qui n'en émanent que
d'une façon médiate et par délégation.
S VIlï
ARRÊTS DU CONSEIL d'eTAT
L'histoire du conseil d'Etat a été écrite plusieurs foi» :
par Michel de Marillac, Traité du conseil du Roi, (iné
dit, Archives nationales, U, 945' fol. 1. r'), — par René
Gaillard, avocat au conseil, HistoU-e du conseil du Roy
depuis le commencement de la Monarchie Jusqu'à la
fin du règne de Louis le Grand, Paris, 1718, in-i", —
par M. Noël Valois en tête de l'inventaire des arrêts
du conseil d'Etat publié en 1886 (tome I"^, par les Ar-
chives nationales. Ce dernier travail est excellent de
tout point. U est aussi complet que possible et supé-
rieur à tous les autres. La pubUcation qu'il précède ne
contient que la collection des arrêts du conseil d'Etat
depuis le commencement du règne de Henri IV [qui
ae trouve malheureusement disséminée et partagée en-
tre la Bibliothèque nationale et les Archive.8 nationa-
les), parce qu'elle est la mieux conservée en son en-
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lier des actes royaox de ce genre. Il est regrettable
qa'on n'ait pas oru devoir comprendre dans la collec-
tion publiée nouvellement les actes antérieurs. Quoiqu'ils
ne puissent former une suite régulière comme ceux de
Henri IV, ils auraient fourni d'amples renseignements.
Nétmmoins ce qui a paru est très recommandable et
très utile'.
Nous n'avons donc pas à revenir sur ce sujet et nous
devons nous borner à noter l'introduction de M. Noël
Valois au regard de ce qui noue concerne.
Le conseil du Roi, dît cet érudit, est aussi ancien que
la monarchie. Il ne fut que régularisé par les ordon-
nances de Louis XI, de François I", de Henri II, de
Charles IX, de Henri IV et enfin de Louis XIV,
L'histoire du conseil du Roi (dont on trouve les élé-
ments jusque sous les Mérovingiens) le montrent orga-
nisé en sept assemblées différentes successivement, au
XIII* siècle et au XIV". A la cour des premiers Capé-
tiens il n'y avait qu'un conseil ou cour. Plus tard on voit
« d'abord trois cours souveraines, puis, sons la déno-
mination commune de conseil, quatre sections, entre
lesquelles sont réparties la politique, ta justice, les fi-
nances, l'administration... d'une part te parlement, la
chambre des comptes, le grand conseil ; d'autre part, te
conseil des afFaïres, le conseil privé, enfin le conseil d'É-
tat. » Le recueil de M. Noël Valois n'est autre, en définiti-
ve, que celui des arrêts du conseil proprement dit, section
où l'on reconnaît, à travers ses transformations et sous
des noms successifs (grand conseil, conseil étroit, con-
seil privé, conseil d'Etat) l'héritière la plus directe de
l'ancienne cour.
Pour résumer plus clairement encore par les faits
chronoloj^ques que par les titres une matière assez con-
I. M. Edgar Boutaric semble avoir commencé avec plus de
raison la coUectioQ des actes du parlement de Paria en 1254.
„Googlc
-460-
fuse, on voit que le conseil d'Etat a servi de laçona très
multiples : conseil, divisé en trois sections : parlement,
chambre dee comptes et grand conseil, au XIII* siècle,
— conseil étroit et conseil du mois sous Philippe V, —
conseil secret sous Philippe VI {XIV* siècle), — grand
conseil de la justice au XV' siècle, sous Charles VU,
Louis XI, Charles VIII, — conseil des affaires sous
François I"', — conseil, démembré en trois parties :
conseil des affaires étrangères, conseil de guerre, con-
seil d'exécution, sous Henri IV, — conseil privé ou des
parties, sous les successeurs immédiats de ce Roi, —
conseil des finances, qui, paraissant dès le XIV siècle,
joue un grand rôle dans les deux périodes suivantes et
fînit par s'effacer sous Henri IV, devant l'influence de
Sully.
On voit que, seul de toutes les parties, le conseil privé
ou coDseil des parties, usurpa (malgré tous les efforts
de U royauté pour le réduire à un r6le purement con-
sultatif et politique) et retint, bon gré malgré, le rdle
judiciaire ou pour mieux dire la décision de la justice
même. Il garda, envers et contre tous, les attributions
d'une cour suprême et demeura une sorte de doublure du
parlement. C'est k lui que se raj^ortent les pièces que
nous avons analysées et c'est pour cela que nous avons
tenu à en bien séparer le caractère de celui des actes
précédents.
Les trois liasses des arrêts du conseil d'Etat que nous
possédons ici ne commencent qu'à l'année 1668 et se ter-
minent en 1789'. Elles sont donc de beaucoup posté-
rieures aux actes publiés par M. Noël Valois. Elles for-
ment un ensemble de décisions qui touchent i tous les
points importants de la gestion des affaires et dont la
1. Le conseil d'Etat parait avoir duré jusqu'à ta Tin de la Ha-
narchie. On trouve un arrêt de 1790 sanctionnant un décret de
l'Assemblée nationale. H a été reconstitué et fonctionne actuelle-
ment en seuttons ; contentieux, etc.
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- 161 —
valeur, en fait d'autorih' i\c. goiivcnieincnt, no pput ôcliap-
per à celui qui les lit :
Administration : Maires, échevins, octrois, ponts et
chaussées. — Impôts : Tailles, traites, taxes, sels, ga-
belles, faux-sauniers, chitirs salées, baux, fermes roya-
les, générales, unies, droits de petit sceau et de contrôle,
papier timbré, amendes, décrets volontaires, billets de
banque et de commerce, lettres de change, saisies rée),-
les, rentes. — Offices : d'élection ou d'autres sortes,
tels que notaires, huissiers, procureurs, ofiiciers du
parlement, ^règlement des dépenses des buvettes du par-
lement et des cours supérieures. — Privilégiés : Mar-
chands, négociants en gros, bourgeois de Paris (exempts
de toute taille). — Industrie et commerce : Compagnies
de la Chine, des Indes orientoles et Toccident, mousse-
lines, toiles de coton, toiles blanches, peiates, impri-
mées, toiles en gros, manufactures, faïences, vins, eaux-
de-vie, suifs, négoce des bœufs, chevaux et mulets. —
Clergé séculier et régulier : Communautés religieuses,
capucins, curés, obits, chapelles, prestimonies, églises
rurales, fabriques, confréries, bénéfices ecclésiastiques,
nouveau rituel, constitution Unigenitus. — Police : lo-
gement des gens de guerre, hôpitaux, pauvres mendiants,
bois, monnaie, boucherie. — Droit : Déclarations aux
terriers seigneuriaux, actes do foi-hommages, recon-
naissances censuelles, procédures, salaires de témoins,
amendes.
On remarquera parmi les arrêts celui « confirmant la
constitution de l'institution de l'ordie militaire de Saint-
Louis, la création d'ofiiciers pour administrer les biens
dudit ordre, et l'augmentation de deux grand'croix, cinq
commandeurs et cinquante trois pensions ; » 1*^ juillet
1719.
On notera encore, comme témoignage de la supério-
rité de premier rang du conseil et de l'infériorité grande
\\
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des autres coueb en face de lui, plusieurs arrêts cassant
des jugements d'autres cours, par ailleurs importantes :
Cassation des arrêts suivants : Parlement de Breta-
gne, du 18 mai 1708 ; le sieur Bourquidy est exempté de
l'obligation de fournir au juge et procureur fiscal de
l'abbaye de Montfort ses déclarations, aveux et dénom-
brement; 16 septembre 1710; — même parlement, 12
avril 1717 ; les sieurs DazeviUe et Verdier sont exemp-
tés de payer les droits de contrôle et dépens comme
syndics, garde des archives et procureurs ; 6 juin 1717;
— Cour des aides, comptes et finances de Normandie ;
les fermiers des octrois et tarifs sont exemptés de l'obli-
gation de fournir les acquis en papier timbré ; 29 octobre
1720 et 4 mars 1721; — Cour des Aides de Rouen, 7
août 1765; est annulée la saisie de 492 livres de faux
tabac trouvées chez le sieur Sevestrc, curé de la paroisse
de Saint- Waast en Normandie ; 7 mars 1769 ; — Cour
des Aides de Paris (Voyez plus loin : Cour des Aides.
Cassation des sentences suivantes : Le sieur Pion,
bouilleur et marchand d'eau-de-vie, est exempté de l'exa-
men des commis ; (cassation du 26 janvier 1723), par ju-
gement des élus d'Amboise.
Sentence des élus de Neufchàtel, exemptant du papier
timbré les actes et exploits concernant le recouvrement
des tailles, cassée par arrêt du 28 août 1725. — Trois
sentences du grenier à sel de Paris portant modération
des amendes pour trois particuliers ayant acheté du sel
de molOe (morOe), cassée le 14 juin 1723; sentence du
grenier à sel de Lassay (Mayenne], exonérant le sieur
Dauverné de la saisie faite chez lui de chairs salées non
déclarées, cassée le 14 août 1725.
Parmi des arrêts très variés, qui font éclater, si je
puis parler ainsi l'omnicompétence du conseil d'Etat,
je me bornerai à citer quelques-uns des plus curieux :
— Sur les matières religieuses :
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Arrêt autorisant rétablissement des Capucins en
France, Saint-Germain-en-Laye, 23 septembre 1668 ; —
autre ordonnant que, dans un mois pour tout délai à
compter de jour de la publication du présent arrêt, les
OMomunantés ecclésiastiques et religieuses et les curés
roomiront au fermier général des fermes unies du Roi
un état signé des prestimonies, chapelles, obits et con-
fréries dont le service se fait dans leur église, 13 février
1691 ; — antre, qui remet aux curés et autres ecclésias-
tiques titulaires des prestimonies, obits et chapelles, le
tiers des droits d'amortissement et de nouvel acquêt par
eux dûs et aux fabriques et confréries des villes, fau-
bourgs et banlieues le cinquième des droits et aux fa-
briques et confréries des églises rurales le quart, le tout
à la charge de payer le surplus dans un mois à l'égard de
ceux qui sont employés (des droits qui sont inscrits) dans
les rdies et de trois mois à l'égard de ceux qui n'y sont
point employés (21 août 1691) ; — autre (1681), qui or-
donne que, conformément à l'Ordonnance des Gabelles
(Titres VIII et XIX) les ecclésiastiques seront tenus de
lever leur sel aux greniers à sel de leurs demeures et de
comparoir aux assignations qui leur seront données,
pour en représenter les billets par devant les officiera
desdits greniers, dans le cours de leurs visites, 16 dé-
cembre 1698 ; — autre, qui accorde aux bénéficiers un
délai d'une année pour fournir aux chambres des comp-
tes les déclarations de tout le temporel des bénéfices et
un délai de trois mois pour rendre la foi et hommage
qu'ils doivent à cause des fiefs relevant de Sa Majesté,
7 décembre 1723. Des arrêts postérieurs, du 20 novem-
bre 1725, du 31 mars 1727, du 23 mars 1728, du 25
septembre 1730 et du 24 juillet 1735, accordèrent de
nouveaux délais au clergé.
Autres arrêts relatifs au clergé : — pour faire cesser
toutes disputes au sujet de la constitution Uaigenitus ;
5 septembre 1731 ; — qui ordonne la suppression du
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- 164 -
mandement de l'nrchevéque d'Embrun, donné à Embrun
le ... août 1731; arrêt du 24 septembre 1731; — qui
confirme et autorise les délibérations de l'assemblée
générale extraordinaire du clergé de France, des 11
et 27 octobre 1758, au sujet du don gratuit de 16
millions accordés au Roi par le- clergé ; Versailles, 11
novembre 1758.
Charité. — Arrêt coneemant les formalités A obser-
ver pour les constructions et reconatmctions des bâti-
ments appartenant aux gens de main-morte, hdpitnux
généraux et particuliers, maisons et écoles de charité,
Saint-Cloud, 7 septembre 1785.
Police, Ponts et chaussées. — Arrêt portant règle-
ment concernant les matériaux à prendre dans tous les
endroits non clos, même dans les boia du Roi et des
communautés ecclésiastiques et laïques et des seigneurs
et particuliers pour l'usage des travaux des ponts et
chaussées ; ces matériaux sont exemptés de tous droits
de traites, aides, domaines, octrois, péages etc., lors
de leur exportation ; 7 septembre 1755.
Arrêt portant règlement pour l'exécution des deux
services de la nouvelle régie des étapes et convois mi-
litaires ; Versailles, 21 décembre 1778.
Arrêt qui règle le nombre des chevaux, muleta et
bœufs qui seront à l'avenir attelés aux voitures et qui
prescrit différentes formalités pour la conservation des
routes ; Versailles, 20 avril 1783.
Privilégiés. — Les acquéreurs des offices de cheva-
liers d'honneur près des cours, jouiront des gages et
privilèges y attachés depuis le jour de leur provision à
condition de se faire recevoir dans un au ; arrêta du 29
novembre et du 6 décembre 1695.
Droits. — Arrêt qui ordonne que les déclarations qni
sont passées aux terriers des seigneurs seront valables
pourvu que le contrôle en soit fait dans les trois années
de leur date et permet de faire cootréler ces déclara-
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lions jusqu'au premier novembre 1724, en payant les
droits suivant le tarif du 29 septembre 1722, après le-
quel jour les déclarations seront nulles et que notaires, par-
ties ou autres qui les auront reçues payeront 200 livres
d'amende pour chaque contravention: 25 juillet 1724.
Deux arrêts, du 5 janvier 1734 et du 6 juillet, même
année, prorogent, l'un jusqu'au 1" juillet 1734 et l'autre
jusqu'au 31 décembre, même année, le délai d'un an ac-
cordé pour le contrôle des actes de foi-bommage, dé-
clarations et reconnaissances des papiers terriers et au-
tres.
Arrêt du 26 mai 1771 portant révocation des privilè-
ges de l'exemption du payement des droits dans la mou-
vance du Roi.
Je terminerai par la mention de deux actes d'un inté-
rêt local :
Arrêt du 16 septembre 1738, qui casse plusieurs sen-
tences des oiliciers du grenier à sel de Laval, confisque
les cbairs salées saisies chez plusieurs particuliers et les
condamne à 300 livres d'amende pour les avoir salées
avec du sel d'impôt sans le consentement par écrit du
fermier.
Arrêt du 26 janvier 1786 (Versailles) portant défense
au comte de Tessé d'exiger les droits de minage sur
grains vendus à Ceaucé.
Qu'il me soit permis de mentionner ici un arrêt qui se
trouve dans le fonde de la Sénéchaussée et du Présidial
de Chàteau-Gontier (série B, 2,962) ordonnant aux gref-
fiers des présidiaux et justices royales de délivrer sans
frais au sieur Claude Couturier un certificat du nombre
des offices d'enquête établis dans leur ressort.
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SIX
ARRÊTS DU PARLEMENT (DB PARIS*)
On sait que l'on appelait seul le Parlement, c'est-à-
dire le parlement par excellence, le parlement siégeant
à Paris, tandis que les autres parlementa portaient des
noms de villes ou de pro\'inces, tels que le parlement
d'Aix, ou de Grenoble ou de Normandie ou de Bretagne.
C'est ce qui explique pourquoi les arrêts émanés de la
cour de Paris ne portent aucune désignation de siège,
mais seulement la mention : Arrêts du Parlement.
On aait aussi que Louis XI, pour achever la complète
distraction du comté de Laval, telle que l'avait compris
Charles Vil, déclara que le comté de Laval relèverait
directement et nuement de la couronne, ce qui s'enten-
dait à la fois de la justice et de l'hommage, suivant la
coutume du Maine.
Le comté de Laval relevait donc, pour la justice su-
périeure du parlement de Paris. Non-seulement tous les
appels de causes jugées à Laval étaient aussitôt ren-
voyés à Paris, sans passer par le Mans (ancienne juri-
diction supérieure) ; mais le parlement de Paris envoyait
directement ses arrêts, même ceux qui étaient étrangers
au Comté, aux deux sièges judiciaires du pays : le siège
royal et le siège ordinaire ; c'est pourquoi on a trouvé
grand nombre de ces arrêts aux greffes de ces sièges.
Les arrêts de la cour de parlement sont moins nom-
breux que les précédents et portent pour la plupart un
vrai caractère judiciaire (1716-1780). La majorité con-
tient des condamnations motivées d'écrits sur des ma-
tières religieuses, dont voici la liste :
Défense renouvelée de recevoir, publier, exécuter,
1. Le vrai litre est : Arrêts de la coat de Parlement.
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- 167 -
vendre, diatribuer aucune bulle ou aucun bref de la cour
de Rome sans lettres patentes du Roi enregistrées en la
cour de Parlement, 16 décembre 1716.
Suppression du livre intitulé : « Traité théologique
sur l'autorité et l'infaillibilité des Papes, a 1" juillet
1724.
Ordonnance pour faire lacérer et brûler par la main
de l'exécuteur de la haute justice le libelle intitulé :
Parallèle de la doctrine des payons avec celle des Jé-
suites et de la constitution du pape Clément XI qui com-
mence par ces mots « Unigeailus Deifilius », 29 août 1726.
Condamnation du libelle : « Avis aux fidèles de l'E-
glise de Paris sur ce qu'ils ont à craindre de la part des
confesseurs qui acceptent la constitution Unigenitus-, »
12 janvier 1731. — Condamnation des imprimés sui-
vants : « Lettre de M. l'ancien évêque d'Apt; » — « Ins-
truction pastorale et mandement de Mgr l'archevêque
d'Embrun, » 29 janvier 1731 (Voir au § précédent); —
« Lettre de M. le coadjuteur d'Orléans à Monseigneur
le cardinal de Fleury, » 19 juin 1731 ; — h Seconde
lettre à M. Gilbert de Voisins, avocat en parlement, »
14 juillet 1731 ; — deux décrets de la cour de Rome,
28 septembre 1731 ; — le libelle intitulé : <( Mémoire
touchant l'origine et l'autorité du parlement de France
appelé Judicium Francorum » déclaré attentatoire à la
souveraineté du Roi et aux lois fondamentales du Royaume,
13 août 1732 ; — lelibelle intitulé : « Réflexions pour les évê-
ques de France, » 14 avril 1733, condamné ainsi que les sui-
vants ; — le libelle intitulé : « Remontrance au Roi sur l'ar-
rêt rendu par son parlement de Paris le 23 février 1733, »
ainsi que l'imprimé intitulé : « Lettre de M. Leullier à
M. le premier président, » 5 juin 1733 ; — le libelle in-
titulé : « Lettre d'un docteur de Sorbonne à un évêque
de province, » 8 mars 1733; — « Lettre attribuée aux
avocats de la cour, » 2 avril 1735; — Libelle intitulé :
« Dénonciation des erreurs de M. l'évèque de Troyes et
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d'Avignon, chez Joseph Castel, imprimeur do Saint-Of-
fice, 1735, par permission des supérieurs, » 2juilletl735 ;
— le libelle intitulé : « Lettre sur le nouveau Bréviaire
de Paris, imprimé en MDCCXXXVl, daté à la fin le 25
mars 1736 ; » 8 juin 17364 — les écrits intitulés : « Dix-
neuvième lettre théologique ; Lettre à un magistrat ;
Suite des lettres à un magistrat, 4 janvier 1738) ; La
contagion sacrée ou l'histoire naturelle de la supersti-
tion ; Dieu et les hommes ; Discours sur les miracles de
Jésus-Christ ; Examen critique des apologistes de la re-
ligion chrétienne ; Examen impartial des principales reli-
gions du monde ; Le Christianisme dévoilé ou Examen
critique des principes et des effets de la religion chré-
tienne ; Système de la nature ou des lois du monde phy-
sique et du monde moral. »
Citons encore quelques arrêts instructifs ;
Appel du procureur général du Roi comme d'abus du
bref de la cour do Rome du 19 juin 1734 (1" mars 1735) ;
— Déclaration d'abus du bref ou décret de la cour de
Rome du 28 mai 1734 (17 janvier 1735) ; — Condamna-
tion des actes d'adhésion aux actes de l'assemblée gé-
nérale du clergé de France tenue en 1765 en différents
diocèses, avec injonctions aux ecclésiastiques de se con-
former aux déclarations du 2 septembre 1754 et du 10
décembre 1756 et aux arrêts d'enregistrement (8 juillet
1766).
On trouve également des décisions qui se rattachent
à la police ou au droit, telles que le règlement de
préséance des lieutenants particuliers au-dessus des
lieutenants criminels, par arrêt rendu en faveur du lieu-
tenant particulier en la sénéchaussée et siège présidial
de Château- G entier en Anjou contre le lieutenant cri-
minel au mémo siège, 6 juillet 1766 et les suivantes :
Actes relatifs aux architectes, entrepreneurs et ou-
vriers en bâtiment, — aux mesures à prendre pour la
validité ôvh emprunts faits par les corps et communau-
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— 169 —
lés, ponr l'iostruction des procès aux cadavres, — pour
l'exercice des fonctions des experts, — pour réchenil-
lage, (13 août 1732) ; — urréts rendus pour déBnir les
rapports des femmes mariées mineures avec leurs maris,
— pour ordonner aux maris de. recevoir leurs femmes,
— pour contraindre les filles ou les femmes non mariées
à déclarer leur grossesse, — pour régulariser la fabrica-
tion delà bière, de Tamidon, des cuirs, — pour établir
la valeur des baux payables en grains.
Les deux arrêts suivants méritent d'être cités à part :
Eoregiatrement au greffe du parlement de Paris de l'é-
dit qui ordonne la levée du second vingtième denier jus-
qu'au premier juillet 1772 par le roi Louis XV en per-
sonne, tenant dans la plus grande solennité le lit de
justice au palais de Versailles, le 16 janvier 1769 ; —
Ordre à tous les sujets du Roi, censitaires, vassaux et
à tous les justiciables des seigneurs particuliers de con-
tinuer à s'acquitter de leurs devoirs comme par le passé
selon les ordonnances, 30 mars 1776'.
ARRETS DE LA COUR DES AIDES DE PARIS
L'histoire des cours des Aides n'a pas été écrite,
comme celle des autres cours supérieures dont nous ve-
nons d'analyser une grande quantité d'actes et ses actes
mêmes n'ont pas été recueillis avec le même soin.
Je me bornerai à quelques indications sufiisantes pour
faire comprendre l'importance et l'utilité do cette juri-
1, Les actes du parlement de Paris cjui se trouvent aux Ar-
chives natioDates ont étë publiés en partie par M Edgar Bouta-
ric, en deux volumes, 1863. 1867, l-^ série : 1254-1328. H y a en-
core un Recueil des ordonnances des Rois des trois races, sur le
slvie des parlements, — une collection des différents arrêts du
Pâriemeat, depuis 1753.
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- no —
diction, qui, comme les autres, eut son temps do faveur
et même de gloire.
Cette ancienne cour fat instituée en i355 et érigée en
rang de cour souveraine en 1426 pour juger en dernier res-
sort les procès, tant civils que criminels, en matière d'im-
pôts. En juin 1445 Charles YII déclara souveraine la cour
des Aides, qui était formée de « conseillers généraux sur
le fait des Aides ; » il lui donna, à elle seule, le droit d'in-
terpréter les ordonnances relatives aux impôts et de
juger définitivement toutes les causes provenant du fait
des finances, ayant au-dessous d'elle les tribunaux de
première instance composés d'élus. Dana l'origine il
n'existait qu'une cour de» Aides, celle de Paris, et son
ressort s'étendait à tout le royaume. Plus tard, d'autres
cours des Aides furent créées : à Rouen, Nantes, Dijon,
Bordeaux, Montauban, Montpellier, Clermont, Greno-
ble, Aix, etc. La plupart furent réunies à des parlements
ou à des chambres des comptes. En 1789 il n'en res-
tait plus que trois, celles de Bordeaux, de Clermont et
de Montauban, qui eussent conservé une existence dis-
tincte. Par la loi du 7-11 septembre 1790, les cours des
Aides furent supprimées, ainsi que toutes les institu-
tions judiciaires de l'ancienne monarchie.
La compétence de la cour des Aides était vaste, mais
délinie. Elle ne fut constituée avec ses attributions ex-
clusivement judiciaires que sous Charles VII. Primiti-
vement elle était composée des officiers chargés de sur-
veiller la perception des impôts et qu'on appelait Géné-
raux des Aides. Sa compétence peut être rangée sous
quatre chefs : 1" Elle connaissait de toutes les causes
relatives aux Aides proprement dites, c'est-à-dire paye-
ment faits à l'Etat, et de tout ce qui avait rapport
aux gabelles, tailles, droits d'octroi, de marque sur les
matières d'or et d'argent ; — 2' Elle connaissait, en pre-
mière instance et en dernier ressort, de tous les contrats
et actes passés entre les fermiers traitants et munition-
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- ni -
naires relaiiTemeot à leurs fermes, traites, munitionH,
transportB et asBociatioDS ; — 3f Elle statuait sur les pri-
vilège et exemptioDS dont les nobles et les ecclésiasti-
ques devaient jouir relativement aux divers impAts et
par là elle décidait de la valeur des actes et des titres
conférant ces exemptions ou sur lesquels s'appuyaient
ceux qui en réclamaient ; — 4* Elle recevait les appels
des sentences des tribuuaux d'ordre inférieur qui avaient
droit de prononcer des jugements en matière de lînan-
ces'.
L'étude -des documents que noua possédons sur les
jugements de le cour des Aides de Paris la montre sta-
tuant sur les matières suivantes : tous les règlements
des tailles (qui devaient être enregistrés à la cour, les
droits de coutrdle, de petit sceau, la qualité des mesu-
res des collecteurs du set, la valeur des marchandises de
salines, les saisies de faux sel, les vériiicatîons et autres
saisies, les droits des greniers à sel (1659-1786).
La juridiction de la cour des Aides de Paris s'étendait
nécessairement sur le comté de Laval, comme celle du
parlement de Paris. Elle fut supprimée par l'édit du mois
d'avril 1771, puis rétablie le 12 novembre 1774. Le pro-
cès-verbal de cette solennité judiciaire se trouve dans
la liasse qui nous occupe. Son analyse ne paraîtra pas
oiseuse ici : Discours de M. le comte d'Artois; lecture
de la commission à lui donnée par le Roi Louis XV pour
présider ta séance de rentrée ; discours du premier pré-
sident de ta cour, du conseiller d'Etat. M. de Marville,
de l'avocat général M. Bellanger ; création de la charge
de garde des sceaux de France en faveur de M. Hue de
Miroménit ; suppression d'offices dans te parlement et tes
cours supérieures ; rétablissement de la cour des Aides
t. L'inventaire des art^t» du conseil d'Etat publié par M. NMl
Valois dont nous avons parlé contient beaucoun d'indi cations
utiles sur l'orRanisatinn et le fonctionnement de In uour des Ai-
des de Paris. Voy. la table.
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_ ni _
de Clertnont-Ferrand ; suppression des offices d'avocat
au parlement et rétablissement des offices de procoreor;
règlement des matières dont la connaissance est attri-
buée à la cour des Aides.
Nous verrons dans le S suivant ce qu'il advint de la
cour des Aides.
Les arrêts de la cour des Aides de Paris se rappro-
chent de ceux du parlement, sauf qu'ils sont plus spé-
cialement consacrés aux questions financières et n'éten-
dent pas les attributions de la cour à des matières aussi
générales. Suivant une déclaration du 11 mars 1776 la
Cour devait recevoir la représentation des titres et pièces
enregistrées antérieurement concernant la noblesse et
les privilèges des communautés régulières et séculières
(11 mars 1776). Une nouvelle déclaration du 15 août de
la même année proroge le délai de représentation.
On trouve ici, outre ce que nous avons indiqué, des
dispositions d'impôts concernant tout ce qui a rapport
aux droits sur le tabac, aux droits de gros et augmenta-
tion de vins perçus en dîmes, aux fermes générales,
fermes du Roi, aux droits sur les eaux-de-vie, baissières
de vin, marcs de raisin, enfin des règlements de police
tels que ceux qui soumettent à une information de bonne
vie et mœurs les titulaires des offices ou des règlements
sur la gestion des faillites.
Les cours des Aides voyaient leurs arrêts cassés par
d'autres cours supérieures. Nous avons déjà vu dans les
arrêts du conseil d'Etat la cassation d'un arrêt de la
cour de Rouen (7 août 1767), qui exonérait de saisie )e
curé de Saint-Waast. Un autre arrêt du conseil d'Etat
(mars 1770) casse un an-êt de la cour des Aides de Pa-
ris, du 20 août 1767, comme contraire à l'article Xlll
du titre VIII de l'ordonnance des gabelles du mois de
mai 1680.
Les procédures de la cour des Aides de Paris furent
réglées par des arrêts du 31 mars 1775, du 27 novem-
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bre 1778, et du 29 août 1783. La royauté leur accorda
des faveurs, comme le témoignent les déclarations du
Roi, du 8 décembre 1703, portant que les offices de che-
valiers d'hooneui* créés par édit du mois de juillet 1702
dans les chambres des Comptes, cour des Aidez et bu-
reaux des Finances pourront être levés par ceux qui ne
aimt point d'extraction noble, lesquels le Roi ennoblît en
ce cas. Ces bonnes grioes cachaient une charge, ainsi
qoe l'honneur fait par la royauté, vers la iin de la mo-
naretùe, aux chambres des comptes et aux cours des
Aides de leur demander les comptes de l'administration
financière du Royaume (Collection des lettres patentes) *
etc. Déclaration ordonnant qu'il serait envoyé au Roi
par les parlements, cours des Comptes et des Aides des
mémoires sur les moyens de perfectionner, simplifier,
faciliter l'établissement de l'impôt, 21 novembre 1763.
Je me bornerai à citer quelques arrêts d'un intérêt lo-
cal:
Arrêt qui annule, en faveur des collecteurs de l'impôt
du sel de la ville de Château-Gontier pour l'année 1657,
à savoir les sieurs Guillaume Sarret, Charles Gazanger,
JuUen Mignot et Jacques Rebours la sentence, rendue
par les officiers du grenier à sel de Ch&teau-Gontier le
22 décembre 1657, jugeant que les collecteurs ont abusé,
malversé et fait omission dans l'établissement du rôle
de l'impôt de la ville, 17 novembre 1659.
Arrêt rendu sur l'appel interjeté d'une sentence du
grenier à sel de Laval, du 6 août 1742, qui juge que
dans les procès-verbaux de véritication des rôles de l'im-
pôt du sel tes employés ne sont point obligés de clore
chaque partie de leurs procès-verbaux lors de leurs
transports chez les cotisés ; condamnation des collec-
1. Une déclaration du Roi donnée à Versailles le 11 mars 1776
autorise les ofiiciers de la cour des Aides à faire des recherches
et ensuite des copies des Arrêtés et procès- verbaux de la dite
cour dont les minutes ont éxé incendiées.
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- 174 -
teufB de l'impôt du sel de la paroisse de la Trinité de
Laval pour l'année 1742 en l'amende de dix livres pour
chaque omission, 19 mars 1745.
Arrêt qui inlirme une sentence des officiers du grenier
à set d^Ernée, du 22 novembre 1749, confisque une petite
quantité de faux eel trouvée chez nn nommé Joubin et
enjoint aux officiers du grenier à sel d'Ërnée de se con-
former aux règlements, 24 avril 1750.
La cour des Aides était très sévère sur certains points
et ne reconnaissait guères d'exemptions quant à l'impôt
du sel. Un arrêt du 2 septembre 1739 ordonne que
« conformément à l'ordonnance des Aides ' n les curés
seront tenus de payer tes droits de gros et augmenta-
tion de vins qu'ils vendront, provenant des dîmes qu'ils
tiennent à ferme des gros décîmateurs.
Un arrêt du 13 novembre 1786, rendu à Paris, cham-
bres assemblées, porte que la déclaration du Roi donnée
à Versailles le 11 septembre 17Ô6 concernant les privi-
lèges et exemptions des officiers, bas officiers, invalides
et soldats invalides retirés dans les provinces avec la
récompense militaire sera exécutée, sans dérogation tou-
tefois à l'article de la déclaration du 23 avril 1778 qui
laisse aux collecteurs la faculté d'augmenter les contri-
buables taxés d'office.
On trouve dans une autre série B, 2965, sénéchaussée
et présidial de ChAteau-Gontier, deux arrêts de la cour
des Aides : Arrêt portant réunion des nouveaux ofiices
de lieutenants et de maires alternatifs aux communautés
qui ont réuni les anciens, 1707 ; — Arrêt qui fait dé-
fense aux greffiers, concierges et geôliers des prisons
de retenir aucune chose dans les sommes qui leur sont
confiées pour les aliments des prisonniers, à peine de
300 livres d'amende, etc., 20 décembrel707.
Nous avons à citer un recueil des « Ordonnances,
t. Il y en a plusieurs : de 1680, de 1681 et de 1687.
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- 175 -
édita et déclaratious ooDcemant l'autorité, juridiction et
compétence de la cour des Aides de Rouen '^. » 11 est
probable qu'une publication du même genre a été faite
pour les autres cours ; mais nous n'avons pu nous en
assurer.
S XI
ABRBTS DO C0N3BIL SUPâRiRUR DE BLOIS
L'histoire des conseils supérieurs se trouve liée à
celle des cours des aides et des periements.
Eu 1770 le Parlement, vainqueur des Jésuites, voulut
conserver son autorité dans la direction des alTaires du
gouvernement et presque gouverner, à l'encontre des
nouveaux ministres : le duc d'Aiguillon, le chancelier
Maupeou et l'abbé Terray, contrôleur général. Les mem-
bres du pariement, refusant de céder, furent exilés en
1771. Maupeou lit signer au Roi un édit, enregistré en
lit de justice les 4-5 avril 1771, qui établissait à Arras,
Blois, Chàlons, Clermont, Lyon et Poitiers, sous le nom
de conseils supérieurs, de nouvelles cours souveraines où
la justice était rendue aux frais de l'Etat. Les magis-
trats ne touchaient que leurs gages, sans épices ni droits
de vacation. Peu après, la cour des Aides, qui s'était
signalée par son ardente opposition à ces mesures salu-
taires, fut supprimée par édit enregistré chez elle-même
et son premier président, Lamoignon, exilé. Le parle-
ment fut reconstitué avec les membres de la cour des
Aides, puis le ressort de cette dernière partagé entre le
parlement et les nouveaux conseils.
Quant au sujet particulier de ce dernier §, on sait
qu'une ordonnance de février 1771 réduisit à un terri-
toire peu étendu le ressort du parlement de Paris et ré-
2. Paru à Rouen en 1676.
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partit les provinces distraite!^ entre les nouvelles cours
appelées conseils supérieurs '.
Le siège souverain placé à Blois jugeait les appels
des bailliages de Blois, Amboise^ Tours, Langeais, Sau-
mur, La Flèche, Laval, Le Mans, Mamers, Angers,
Mayenne, Beaugé, Chàteau-du-Loir, Château- Renault,
Châteaudun, Chinon, Loches, Chàtcauroux, Vieraon,
Romorantin, Bourges, Mehun-sur-Yèvres, Dun-le-Roi,
Concressault, des élection», des juges des traites, dont
le tableau se trouve à la fin de l'édit du Roi portant sup-
pression de la cour des Aides de Parts, avril 1771.
Il se composait d'un premier président, de deux pré-
sidents, deux conseillers, deux avocats généraux, deux
grefiiers.
Le Conseil supérieur de Blois eut en même temps deux
imprimeurs en titre : P. P. Charles, demeurant Grande-
Rue, carrefour Saint-Martin et J. P. Masson, impri-
meur en tour.
Ces imprimeurs, dont on trouve les noms au bas de
lettres patentes, de déclarations et d'édits du Roi, ont
fonctionné avec le titre indiqué pendant les années 1771,
1772, 1773 et 1774.
Les arrêts du Conseil supérieur de Blois que noua
possédons sont peu nombreux. Ils contiennent : un rè-
glement pour les glaneurs de blé, — une annulation de
sentence du sénéchal de la baronnie de Craon, d'une
autre sentence du siège des gabelles de Laval, — un
autre arrêt annulant celui du parlement (14 juin 1774]
bomologatif des délibérations du bureau d'administra-
tion de l'hospice de Paris, — une cooflrmation de l'or-
donnance des gabelles, mai 1680, — un règlement de
1. Ceux de Blois, Chàlons, Clermont-Ferrand. Lvon el Poitiers
furent supprimée par édil de Tévrier 1671 , celui de Rouen par édît
de décembre, même année, ceux de Bayeux et de Douai, par
édit de septembre, même année.
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la Forme des registres de baptêmes, mariages, sépultu-
res, actes de vêture, noviciat et profession.
On voit par les lettres patentes données à Compiëgne
le 16 août 1771 que les officiers des Conseils supérieurs
jouissaient de prérogatives précieuses. lU ne pouvaient
être traduits devant d'autres juges que ceux du bailliage
ou de la sénéchaussée établis dans la résidence du Con-
seil.
On voit également dans les arrêts que contiennent les
pièces antérieurement analysées que les Conseils supé-
rieurs avaient immédiatement acquis de l'importance.
Un droit sur les amidons établi par édit en 1771 est
enregistré en même temps au parlement et au conseil
supérieur de Blois.
Un édit du mois d'avril 1771, contient en même temps
la suppression de la cour des Aides de Paris et un état
des élections, greniers à sel, juges des traites et juges
de la marque des fers ressortant au Conseil supérieur
de Blois.
Des lettres patentes avaient pourvu, dans l'origine à
l'érection des offices des membres des- six conseils su-
périeurs. Un édit de Versailles (avril 1771) portant sup-
pression et création d'offices de conseillers et présidents,
greffiers, payeurs des gages, huissiers, etc., dans le
parlement de Paris y fut enregistré, en même temps
qu'au conseil supérieur de Blois.
Une déclaration du Roi, du 21 juillet 1772, à Compië-
gne, fixe les droits à percevoir par les greffiers du con-
seil supérieur de Blois.
Un édit de novembre 1774 avait supprimé déjà dans
les Conseils supérieurs divers offices, ceux de présidents,
conseillers, greffiers, avocat, procureur général, substi-
tut, premier huissier, chancelier.
Un édit, également donné à Fontainebleau en novem-
bre 1774, rétablit les anciens offices du parlement : pré-
12
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sideota, conseillers, avocat et procureur général, notai-
res et secrétaires, huissiers, greffiers, payeurs des ga-
ges, contrôleurs.
Les conseils supérieurs se trouvèrent donc supprimés,
après trois années d'existence et n'ont laissé dans l'his-
toire qu une trace éphémère, qui ne peut se comparer à
celle des parlemenU et des autres cours souveraines
dont nous avons parlé brièvement, en nous servant des
éléments que nous avions entre les mains.
A. DE Martohne.
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PIÈCES
CONCERNANT LA. FONDATION DE L ANCIEN CODVENT
DES CAPUCINS DE MAYENNE <
1' Acte d'assemblée des « gens d'églize, officiers,
bourgeois et habitans de la ville et forbourgs de ceste
ville de Mayenne, « en date du 16 avril 1606 : copie
certiBée par Jehan Esnault, notaire royal (3 Feuillets
g* papier.)
2° i p. papier, incomplète : « Au nom de Notre Sei-
gneur JésuB-Christ commence le Devis pour le couvent
3ui se doit bastir k Mayenne — faict par Frère Justin
u consentement du R. P. Provincial, »
3° Plan sur parchemin, avec « Observations pour la
charpente
4° Pièce parchemin, de 0"15x0"13, portant cette an-
notation : « Le Chapistre du Mans donne Ucence à IV-
vesque d'Avranche de bénir l'église des Capucins de
Mayenne. » — Sceau du Chapitre. Ce documenten latin
est du 16 juillet 1607.
5° Antre pièce en latin, sur parchemin (22 octobre
1609) : <i Lettre testimoniale de la dédicasse de cette
église, » signée : Nicolaus le Cornu de la Courbe epis-
copus Xanctonensis — Sceau de l'évéque de Saintes.
6° Originel d'un acte passé devant Jultien Froger
notaire, le 8" j'uing i609 et portant les signatures des
notables de Mayenne, « pour représenter au nom des-
dicts habitants requeste au Roy nostre Sire et a nos
1. Guyard de la Fosse relate cette fondation dans son Histoire
det Seigneur* de Mayenne, p. 12B à 132, Il paraît avoir eu entre
les mains le dossier, très intéressant, dont les pièces principales
sont ici décrites et analysées.
„Googlc
Seigneurs de son Conseil privé, tendante alBn qu'il Luy
plaïae convertir a la confection du bastiment des Pères
Capucins que Ion faict bastir en leur ville le don qu'il
auroit cy devant faict ausdicts habitants des deniers qui
auraient esté recueîUiz tant sur l'impost du sel que sur
le pied fourché pour la closture de ladicte ville »
7" 1 p. parchemin — Lettres patentes données k Paris
le dernier jour de juillet 1610 « et de notre règne le
premier, » signées Louis, et plus bas : Par le Roy la
Hoyne régente présente, Potier, scellées en queue du
grand sceau de cire jaune, avec le contre-scel de la
chancellerie aux armes de France. Ces lettres portent :
« Inclinant aussi a la très humble supplication qui
nous a este faicte a mesme effect par notre très cher et
bien amé cousin le s' du Boisdauiîn m*' de France,
Pour ces causes avec le bon advis de ta Royne régente
notre très honorée dame et mère, Avons ordonné et
ordonnons que lesd. deniers provenuz de lad. levée '
jusques a la concurence desd. douze cens livres si tant
se montent seront et demeureront comme nous les avons
affectez et octroyez ausd. Pères Capuchins pour lu
continuation et perfection de leurd. couvent encom-
mencé en lad. ville de Mayenne »
8° Empreinte du sceau de la province de Bretagne,
sur lettre du 3 février 1737 ; « i^ Sigillum Prov.FF. M.
Capvc. Prov. Britan. » — Au milieu, sur fond semé
d'hermines. Saint Yves debout, en robe et bonnet carré ;
à sa gauche, un capucin à genoux; adroite, l'écu mi-
partie de France et de Bretagne.
Suit copie des DOCUMENTS N^ k et 5.
(16 juillet 1607).
Reverendo in Christo patri et domino Abrîncensi
Episcopo Vicarii in spiritualibus et temporalibus géné-
rales a veherabili Capitulo Insignis Ecclesise Cenoma-
nensia ad Romanam Ecclesiam nuUoraedio pertinentia,
sede Episcopalî Cenomanense vacante^ commissi, Reve-
. Deniers d'octroi.
. Après la mort di
du Mans avait ét^
din, (yii n'avait encore que dix-sept ans. Mais comme on si
!. Après la mort de Claude d'An^rennes de Rambouillet, l'évë-
ché du Mans avait été donné à Charles de Beaumanoir de Lavar-
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— 181 -
rentiam et honorem. Ut ecclesiam de novo per Reveren-
do0 patres Capuchinos' prope oppidum Meduanœ hajua
CenoiDanensis diocesis coQstructam et edilicatam claus-
traque aive cymiterium ejusdem ecclesix, aliaque si
opas ait eymiteria juxta sacroaanctœ Romane Ecclesise
ntum et conBnetudinem benedicere et dcdicare, Sacrum-
que rounua Coafirmationia Christi fidelibus Illud peten-
tibos conferre. necnon altarîa portatilia et alia conae-
crare ac eccleaiastica omametita et calices et benedi-
cere possitis et valeatts auctoritate dicti Capituli qua
fbn^miir in bac parte dicta Sede Episcopali vacante
Vobis licentiam impertimur et facultatem concedimus
per prfeaentes. Dalum Cenomani aub sigillo dicti Capituli,
die décima sexta menais Julii anno L)omim miliesimo
sexeentesîmo septimo.
Signé : Le Roy et...
L. S.
(22 octobre 1609).
Nicolaua Dei et Sanctae Sedis apostoUcee gratià
Xaactonenaia Episcopua^, Notum facimus .universi»
Siod bac dié vigeaima secunda menais octobrîs anno
omini miliesimo sexcenteaimo nono ecclesia conventua
Capucinorum urbis Meduanse alias demainne ~ de novo
fundata, diocesis Cenomanensis annuantibus et roganti-
bus vicariîs generalibus Episcopatus dicti Cenomanensis
dioceais sede epiacopali vacante, per nos consecrata et
dicata Deo diuoque Francisco culus normam, vitam, mo-
res pietatemque insequntur et colunt, extitit cum concea-
sione Indulgenliarum quadraginla dierum, aingulia annis,
ftge ne lui permettait pas de faire tes fonctions ^iscopales, il
ne fui sacré et ne vint prendre possession qu'à la lin de novem-
bre 1610 (Cf. HiêUtirt des Evéques du Mans).
i. Nicolas Le Cornu de la Courbe, évéque de Saintes, étnît
d'une ancienne et noble maison, dans le comté de Laval. Elle
s'appelait autrefois Le Diable. Ck nom fiit changé en celui de
Le Cornu.
3. Ville de Maiime : ■ Mayenne, qu'on prononce Maj'ne, » dit
S m parlant de la vieille cité des Juhel) M, de Miroménil, Inten-
ant de la généralité de Tours, dans ses Mémoires dressés par
ordre du Roy en 1697. Celte prononciation est encore usitée de
nos jours, dans les campagnes qui avoisinenl Mayenne.
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-182-
dicta die dcdicationia et consecrationis dictœ ecclesiie,
eamdem ingredientibus et orantibus ex authoritaté apoB*
tolîcà elnostrâ nobîs in hac parte commisse concessimus
et concedimus per priesentes, in prfesentiâ venerabilis
patris Vaientini de Nantes Superioris et gardiani dicti
conventus et ceterorum Fratrum Capucinorum dicti con-
ventus, ac ctiam magistrorum Renati Morice rectoris
ecclesiie parochialis de Poullay ac etiam decani decana-
tus Meduanensis, Juliani Aubert presbyteri rectoris ec-
clesiœ dicte iirbis Meduanae, Vincentii Madré rectoris de
Grazay prefecti operis dicté ecclcsise et conventus Capu-
cinorum, Francisci Gastîn rectoris ecclesiat parochialis
Sancti Baudellii, Jacobi Madré rectoris Bealœ Mariœ
de Parigneio, necaon nobilium et clarissimorum virorum
ac dominorum Renati Labitte in Juribua Licentiati ac
Judicis generatis urbis et tolius ducatus Meduanfe,
Renati Pitard etiam in Juribus Licentiati Locumtenentis
generatis civilis et criminalis dictse urbis et ducatus,
domini ac magistri Francisci Perier etiam in Juribus
Licentiati procuratoris generalis dicti ducatus. magistri
Francisci Le Faucheux etiam in Juribus Licentiati advo-
cati in dicta sedc et procuratoris Fabricse dictse ecclesiaa
Meduanensis et aliorum plurimorum et innumerabilium
qui illic couvenerunt. In quorum (idem et testimonium
bas présentes subsignavimus et sigillo uostro muntri
jussimus et per magistrum Franciscum Tribondeau
presbyterum rectorera Sancti Martini de Moullay, Ele-
mosinarium -nostrum, in absentia nostri Secretarii expe-
diri, signari et tradi dicto domino de Grazay fecimus.
Datum in dicta ecclesia, die, mense et anno predictis.
NicoLAUS Lk CoaNU db la Coubbe episcopus Xancto-
nensis.
De manda to Domini,
Revereadissimi Episcopi
F. Thibondbad
pro-secretario.
Sceau pendant sur queue de parchemin.
J. Raulih.
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PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU li JUILLET 1889
La séance est Ouverte à deux heures sous la prési-
dence de M. Floucaud de Fourcroy.
Sont présents : MM. Floucaud de Fourcroy, prési-
dent, Couanier de Launay, vice- président, Gamier.
Richard, Perrot, Cornée, Moreau, membres titulaires.
et MM, Raulin, d'Hauterive, C' de Beauchesne, Tré-
védy, Chomereau, Œhlert, de Montozon, de la Beau-
luère, Ledru, Grosse-Duperon, membres correspon-
dants.
MM. deFarcy, Joùbert, d'Achon, Sinoîr, sont excusés.
«Tous les membres de la Commission, dit M. lePrést'
dent, ont été heureux d'apprendre la nomination de
son secrétaire général, M. E. Moreau, comme officier
d'académie ; cette récompense si justement méritée,
ajoute-t'il, quelque personnelle quelle soit, peut aussi
être considérée comme un honneur pour la Commission
entière. »
Ces paroles reçoivent un assentiment unanime.
Le Président annonce ensuite qu'un autre membre
très dévoué de la Commission, M. P. de Farcy, a reçu
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- 184 -
de la Société française d'Archéologie une médaille de ver-
meil ; les belles illustrations dont M. de Farcy a eoii-
ch) les publications de la Commission ne sont certaine-
ment pas étrangères à l'attribution de cette récompense,
une des plus hautes qui soient décernées.
La Commission accueille avec faveur cette communi-
cation.
Incident. — Le Président donne lecture de deux let-
tres qui lui sont adressées par MM. A. Joùbert etP. de
Farcy au sujet d'un article inséré dans l'Echo de la
Mayenne le 9 juin dernier et relatif â un compte-rendu
du dernier fascicule publié par la Commission.
Les membres présents, tout en reconnaissant le droit
absolu de la critique, regrettent la manière dont elle
s'est exercée en cette circonstance'.
M. Henri Letoumeurs est proposé comme membre
correspondant par MM. Couanicr de Launay, J.-M. Ri-
chard et L. Garnier.
Sur le bureau sont déposés les ouvrages suivants :
Bulletin de la Société historique et archéologique
de l'Orne.
Bévue de l'Anjou.
Bulletin de la Société d'Agriculture, etc. de la
Sarthe.
Mémoire de la Société nationale d'Agriculture, etc.
d'Angers.
Les villes disparues de la Loire-Inférieure (4* livrai-
son), par Léon Maître.
Bibliographie des œuvres de Dont Piolin.
Commission des monuments historiques. — Docu-
ments relatifs à la conservation de ces monuments.
1. Rédaction arrêtée en séance.
./Google
Bulletin de la Société pkUomathique Vosgietine.
Observettions sur les documents pour servir à ChiS'
taire de la Cathédrale de Nantes.
Notice sur la Société de Saint-Grégoire, fondée à
Tours pour la décoration des églises.
Ua membre signale rapparition d'un ouvrage de
M. Robert Triger, L'Année 1789, et insiste sur l'iolérêl
et l'attrait que présente ce livre.
Lecture est domiée d'une lettre de M. l'abbé Maillard,
curé de Tboiigné, annonçant qu'il a envoyé à l'exposi-
tion universelle une série d'objets prébistoriques pro-
venant des grottes de l'Ërve.
M. l'abbé Couanier de Launay, cbanoine bonoraire,
donne d'intéressants détails sur trois aveux de Laval,
1407, 1444 et 1452 conservés à la bibliothèque Natio-
nale et dont il possède des copies. La Commission, en
remerciant M. Couanier de Launay de sa communica-
tion, le prie de vouloir bien publier, dans le Bulletin de
la Commission des documents d'une importance aussi
capitale. (V. T. I, p. 503, T. II, p. 45;.
MONUMENTS HISTORIQUES
M. Cornée donne lecture d'une circulaire de M. le Mi-
nistre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, en date
du 28 juin 1889, relative à l'application de la loi du 30
mars 1887 pour la conservation des monuments histo-
riques. Il appelle l'attention de la Commission sur les
dispositions les plus intéressantes de la loi de 1887 et
du règlement d'administration publique du 3 janvier
1889 et de la circulaire ministérielle. Il ressort surtout
de ces documents que le classement d'immeuble» appar-
tenant à des particuliers ne peut avoir lieu qu'avec le
consentement des propriétaires et qu'en cas de refus il
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est nécessaire de recoorir à l'expropriation ; qu'aucun
travail ne peut être fait aux monuments classés ; qu'ils
ne peuvent être vendus, donnés ou échangés sans l'as-
sentiment du ministre, sous peine d'une action en dom-
mages-intérêts au profit de l'état ; qu'en cas de décou-
vertes intéressantes sur un terrain appartenant à l'état,
à un département, une commune, une fabrique ou autre
établissement public, le maire de la commuue doit as-
surer la conservation provisoire des objets découverts
et aviser le préfet qui en réfère au ministre ; s'il s'agit
d'un terrain appartenant à un particulier le maire avise
le préfet qui informe le ministre lequel peut poursuivre
l'expropriatioa.
Par les soins du ministre de l'Instruction publique et
des Beaux-Arts, il sera procédé à un classement des
objets mobiliers appartenant à l'état, aux départements,
communes, fabriques et autres établissements publics,
dont la conservation présente, au point de vue de l'his-
toire ou de l'art, un intérêt national.
La circulaire ministérielle insiste sur ce point que le
classement ne doit pas avoir pour conséquence de sup-
primer les responsabilités et les charges qui incombent
aux départements, communes ou établissements pro-
priétaires des monuments classés. La surveillance et
l'action de l'état ne sauraient se substituer efficacement
à celles que les localités peuvent et doivent exercer,
notamment quand il s'agit des travaux d'entretien pério-
diques ou immédiats que réclame la conservation des
édifices.
En donnant, à la suite de cette analyse, la liste des
monuments classés, M. Cornée fait observer que malgré
les observations faites à plusieurs reprises à l'adminis-
tration supérieure par M. le Préfet de la Mayenne, le
château de Saint-Ouën, en Chemazé, est encore dénommé
château de Saint-Ouën des Toits. Cette erreur sera
signalée de nouveau, en temps utile, au ministère.
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D'antre part l'église de la Roë, précédemment déclas-
sée, se troave classée de nouveau.
HUSÉE DE JVBLA.INS
M. Cornée rappelle qu'en 1881 il avait été question
de l'établissement d'un musée au camp de Jublains, aux
frais communs de la commune et de la Société d'Archéo-
logie de Mayenne ; que cette construction n'avait été
autorisée par le Conseil général que sous réserve de
la surveillance de la Commission historique.
Depuis lors, un des membres de ia Commission a fait
connaître qu'il était très difficile, sinon impossible, de
voir les objets antiques recueillis à Jublains par suite
de leur dépôt chez un particulier.
Aujourd'hui la commune a voté une certaine somme
pour l'installation d'un musée dans un appartement con-
tigu à la maison d'école de garçons. L'administration
préfectorale suivra cette affaire pour s'assurer que le
musée est accessible à chacun et que toutes facilités se-
ront données au public sans gêner le service scolaire.
LES CAPUCINS DE MAYENNE
M. J. Raulin donne communication d'un certain nom-
bre de pièces concernant les Capucins de Mayenne [Voir
peige 179).
CLOCHE DE PRIZ
M. Cornée signale une cloche appartenant k l'église
de N.-D. des Cordeliers, à Laval. Elle date de 1537 et
provient de l'ancienne église de Priz. On y lit l'inscrip-
tion suivante, en lettres gothiques : J'ai été faicte pour
Dieu servir et N. D. de Pry. 1531. L'inscription entoure
la partie supérieure ; les mots Et N. B. de Pry forment
une seconde ligne.
Cette cloche ayant été récemment fêlée, la fabrique
l'a remplacée par une neuve, et, en raison de sa valeur,
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(t80 ft. eaviron), m dispose à la faire fond». M. Contée
demande s'il n'y aurait pas moyen de la coaaerrer.
La Commission décide d'appeler sur cette question l'at-
tention de M. le conaervatenr du Musée de Laval. (Voir
ci-dessus page 190).
TOHBELLE DU BURET
x Sur un avis donné à M. E. Moreau, secrétaire g^é-
ral de la Commission, par M. l'abbé Angot, qu'une dé-
couverte paraissant présenter un certain intérêt venait
d'être faite à la Tisonnière, commune du Buret (canton
de Meslay), M. le capitaine d'Hauterive s'est rendu dans
cette commune le 31 mars dernier.
« 11 s'agissait d'un champ dont le sous-sol renfermait,
à une faible profondeur, des amas carbonisés où étaient
confondus des ossements, des débris de poterie, de bois,
etc. Peut^tre se trouvait-on en présence d'une série de
puits funéraires dont l'exploration est toujours si fruc-
tueuse pour l'archéologie ; une heureuse réédition peut-
être des puits gallo-romains de Vendée et de Champa-
gne !
« Cet espoir a été déçu.
a Des fouilles avaient été faites quelques jours au-
paravant, puis le soc puissant d'une charrue double bra-
bant était venu bouleverser le sol de ses profonds sillons.
Des recherches méthodiques étaient donc difficiles à
entreprendre. Aidé de quelques hommes de bonne vo-
lonté, M. le capitaine d'Hauterive a pu cependant explorer
le sol de place en place à une assez grande profondeur
pour acquérir la certitude que le champ du Buret ne ren-
fermait pas de puits funéraire et avaient dû servir, à
une époque reculée, à Penfouissement d'une très grande
quantité d'animaux incinérés, par mesure hygiénique,
probablement à la suite d'une épidémie, d'une peste {?j
« DenombreuxoBsemeDtsd'animauxdomestiques (che-
vaux, bœufs, porcs) ont été ramenés au jour, mais pas
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un seul ossement humain. Ces oBsements à moitié car-
bonisés étaient mêlés à des débrÏB de poterie ancienne
mais ne présentant ni le type gaulois, ni le type gallo-
romain. Les cendres, très-aboadantes, contenaient en
outre du bois calciné d'une essence très dure. Le sol
qui renfermait ces débris, plus nombreux que curieux, et
enfouis sans régularité, est légèrement soulevé en forme
de butte aplatie, plutôt elliptique que circulaire, et dont
les axes ont environ 50" pour le grand et 35" pour le
petit.
ce Deux lampes en terre rouge, analogues à celles que
M. Richard vient de décrire dans ses « Notes sur l'an-
cien Laval, » un fer à cheval très oxydé et un anneau
en fer ont été retrouvés au même endroit dans les cen-
dres, sans qu'une seule monnaie ait révélé la date ap-
proximative de cet enfouissement. Le texte de quel-
que ancienne chronique locale viendra peut-être confirmer
et dater la peste â laquelle nous attribuons, jusqu'à
preuve du contraire, la présence de ce vaste charnier
animal dans le champ du Buret. » O'H.
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée à
quatre heures.
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Le rapport fait au nom de la Commission des Antiquités
de la France sur les ouvrages envoyés au concours de l'an-
née 1889, par H. Ant. Héron de Villefosse, et lu dans la
séance de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, le
a octobre dernier, renferme le passage suivant que nous
sommes heureux de citer :
< La Commission tient à signaler, en outre, à votre at-
< tention certains ouvrais auxquels elle a regretté de ne
> pouvoir attribuer de recompenses :
• M. Joùbert, en publiant l'Histoire delà Baronnie de
. Craon, de 1382 à 1626, An^rs-Paris, 1888, in-8°, et M. A.
« de Rochemonteix, en écrivant un volume intitulé La
« Maison de Graule, élude sur la vie et les œuvres des con-
» vers de Citeaux en Auvergne au moyen-âge, Paris, 1888,
« in-8", nous ont donné deux bons livres, faits avec soin et
< agréables à lire.
( MM. Bertrand de Broussillon et Paul de Farcy se sont
f associés pour composer la Sigillographie des Seigneurs
. de Laval (1095-1605), Mamers, 1888, in-8", étude cons-
> ciencieuse et complète des sceaux de ces seigneurs, ac-
< compagnée de bons commentaires historiques. ■
Le Musée de Laval vient d'acquérir une cloche, fondue
en 1S57 pour l'église de Priz, qui appartenait depuis de
longues années à l'église N.-D. des Cordeliers (V.p. 181^.
On signale aussi l'acquisition faite par le même Musée
d'environ cent cinquante haches de pierre polie provenant
de Bretagne et pour la plupart des environs de Montfort
(Ille-et-Vilaine). Parmi ces haches il y en a de très-remar-
quables.
Enfin depuis peu de jours le Musée s'est enrichi d'un
fort beau mortier ancien, en bronze, pesant environ cent
vingt kilos, et déforé de pilastres tournés que séparent des
sphynx ailés. Cet objet curieux a été cédé par M. Quehery,
pliarmacien, qui le possédait depuis de longues années.
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BIBLIOGRAPHIE
Gesta domni Aldrici, Cenomaimfcœ urbis epiacopi, a
discipuUs suis, texte publié et annoté par l'abbe S. Char-
tes et l'abbé L. Froger, Mamers, G. Fleury et A, Dangin,
1889, xxxvi-224 p. m-4°.
Saint AIdric fut évéque du Mans du ii décembre S3i au
7 janvier 856 Les actes de son pontificat sont relatés dans
une notice écrite du vivant même du prélat, vers 840, et
complétée plus lard, d'abord par des emprunts aux geala
episcoporum Cenojnanencium, puis par l'insertion de docu-
ments copiés in extenso. C'est celte biographie qui porte le
nom de Geala domni Aldrici. Elle est connue par ta publi-
cation gui en fut faite par Baluse en 1680, aux pages j-HS
du tome III de ses Miscelianea.
Pour remplacer son texte défectueux, feu M, l'abbé Ko-
berl Charles, noire regretté confrère, s'était proposé d'en
donner une nouvelle édition collationnée sur le manuscrit
du XI" siècle, n° 99 de la Bibliotlièque du Mans, qui seul
nous a conservé ce précieux monument. M. l'abbe Froger
a mis la dernière main à l'édition préparée ; et nous som-
mes heureux de dire que le savant éditeur du Carlulatre
de Saint-Caiais a donné un texte rigoureusement conforme
au manuscrit. Il a ajouté en noies les variantes de l'édition
Baluze et les identifications des noms de lieux proposées
par Cauvin dans sa Géographie.
Dans l'introduction, après avoir résumé la vie de saint
AIdric, après avoir indiqué le plan de l'édilion, M. l'abbé
Froger a abordé le problème gui confère une sorte d'aclua-
lité a l'édition des Gesta, celui qui a été posé en 1886 par
M. Bemhard Simson. Ce savant a émis l'opinion que les
Fausses Décrétâtes étaient de la même main que les Gesta,
et avaient été fabriquées au Mans par les clercs de l'entou-
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- iÔÎ —
rage de saint Aldric ' ; depuis. MU. l'abbé Ducbesne, Julien
Havet,Paul Fournier et Paul Viollet ont adhéré à ses conclu-
sions '. M, l'abbé Froger n'est pas convaincu ; il objecte que
les similitudes des deux ouvrages ne sont pas suffisantes
pour établir l'identité de leur origine. Il signale une diffé-
rence importante dans le mode d'emploi des autorités :
dans les Gesla on a'est eSorcé de conserver aux véritables
auteurs la palerniLédes décisions publiées, daus les Fatu-
ses Décrétales au contraire on a cherché à donner le change
en attribuant les textes invoqués à des auteurs qui leur
sont étrangers. M. l'abbé Froger fait observer enân que si
les Fausses Décrétales avaient été une œuvre mancelle elles
eussent été frappées de discrédit dès 863, au concile de
Verberie. Les pères assemblés surent discerner la fausseté
des actes et des diplômes favorables à la suprématie de
l'évèque du Uans sur le monastère de Saint-Calais; ils n'eus-
sent pas été embarrassés sans doute pour convaincre de
faux les décrétales apocryphes, si elles avaient été l'œuvre
d'une ofâcine contre laquelle la dédance était éveillée.
La thèse de M. Simson donnera sans doute lieu à plus
d'une discussion ; la nouvelle édition des Gesla est la seule
qui puisse être invoquée désormais. Félicitons à la fois
H. l'abbé Froger de nous l'avoir donnée et M. Fleury d'a-
voir fait les sacrifices nécessaires à sa publication.
Bertr-ind db Brodssu.lon.
Documents inédîta pour servir à l'histoire de I&
Guerre de Ceut-Ans dans le Maine (i424-14B2), d'a-
près les archives du British Muséum et du Leinb€ftb
Palace de Londres, par M. André Joûbert, 1 broch. in-S",
extraite de la Revue au Maine, Mamers, Fleury et Dangin,
1889.
M. André Joùbert, quia déjà publié un certain nombre de
notices et de documents inédits, relatifs à la Guerre de Cent
1, B. Simson, Die EnUleliung der Pseado-Itidoriachen Fml*-
c/iungen in Le Mans, Leipzig, 1886, in-B".
2. M. l'abbé Duchesse, dans le Bulletin critique, l. Vil, p. 4(5.
M. Julien Havet, Les chartes de Sainl-Catais dans la Biblio-
thèque de [Ecole des Chartes, t. XLVIII. p. 11-16.
M. Paul Fournier, dans Nouvelle revue historique de droit,
t. XI, p. 70-104: t. XIL p. 103-110. Congrès scientifique des ca-
tholiques de t888. i. II, p. 403-419.
H. Paul Viollet, dans la Bibliothèque de l'Ecole des Chartss.
t. XLLX. p. 65S-«60.
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Ans, Tient d'en donner une nouvelle série, extraite, pai' les
soins de U. Bougenot, des archÎTes du British Muséum et
du Lambeth Palace de Londres. Ces pièces sont au nombre
de vingt-deux. Elles sont relatives, en général, à des pré-
lèvements de subsides, montres d'hommes d'armes et paie-
ments de deniers, ordonnés en raison de la conquèle du
Haine par les Anglais ; on y trouve les < appointements
« faits au sujet du Maine et de l'Anjou par Edmond, comte
• de Dorset, de Morlain, d'Harcourl, capitaine général et
« gouverneur pour le roi d'Angleterre en Ary ou et au Maine,
■ et Jean 11, duc d'Alençon, et Charles d'Anjou, comte du
« Maine, du 20 décembre 1438, » ainsi que la « Doloreuse
« Lamentacion de perdiction du Conté du Mayne come de
« la duchié de Normandie 1452. »
L'importance de ces documents au point de vue de l'his-
toire générale du Maine et de l'Anjou est incontestable. Ils
offrent en outre un inlérél spécial pour l'histoire particulière
de la Ferlé-Bernard et de Saint-Cenery-le-Géré, Chemin fai-
sant on y rencontrera des noms de notre Bas-Maine, la trace
d'entreprises des Aurais contre Monlaudin et Mausson (can-
ton deLandivy]enlMÛ-1431, l'énumération des troupes cpii
occupaient Mayenne en 1433-1434, soit c XXX lances à che-
val, X lances à pied, et CXX archers, > c'esl-4i-dire un peu
filua de trois cenis hommes, autant que nos moyens d'eva-
uation nous permettent de l'apprécier.
Outre le mérite d'avoir réuni et publié ces documents,
l'auteur en a encore un autre, celui de les avoir accompa-
gnés de notes nombreuses et érudites, qui en élucident le
texte. Enfin, comme nous l'avons déjà dit dans une autre
occasion, les travailleurs devront lui être d'autant plus re-
connaissants qu'il a mis à leur disposition des documents
conservés dans un dépôt étranger et qui, par cela même,
échappaient aux moyens d'investigation de la plupart d'en-
tre eux.
Pièces îDéditaa relatives à la Bretagne (XVII*-
XYIIt» Biécles) ; ~ Conduite des prêtres internés au
Grand-Séminaire d'Angers, à Nantes... sept. 1792;
par M. André Joûberl, 2 brochures in-S", Vannes, Lafolye,
11889.
La première de ces brochures contient trois pièces : 1° Le
râle d^s taxes imposées sur les maisons de la ville de La
Gnerche en 1696 ; — ï* Une lettre de M. Le Roy, capitaine
déport, au sujet de la prise d'une barque anglaise venant
de Porsmouth (Douamenez, le 3 septembre ITw). Cette let-
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- i94-
tre donne divers renseignements sur les mouvements
de la flotte anglaise en août 1762 ; - 3° Une lettre de M.
Marc de la Cbenardaie sur les démêlés du Parlement avec
M. le duc d'AiguiUon (Rennes, 30 avril 1766).
La seconde renferme un mémoire de J.-A. Berthe qui fit
partie du détachement de garde nationale ctiargé de con-
duire d'Angers à Nantes, en septembre 1792, les prêtres
réfractaires condamnés à la déportation en Espagne. L'au-
teur semble être un honnête homme, racontant ce qu'il a
fait et ce qu'il a vu. Son récit est intéressant, pittoresque,
et les notes dont il a été enrichi par M. A. Joâbert lui
donnent toute la précision que peut désirer le lecteur.
La brochure de M. Lallié, que nous analysons ci-après, a
trait au même sujet et permet de suivre les déportes dans
la seconde partie de leur voyage.
La déportation des prêlreB emprisonnés à Nantes,
&~iS septembre i792, par M. Alfred Lallié, 1 broch. ïn-S".
extraite de la Revue de l'Ouest, Vannes, Lafolye, 1889.
Dans celle brochure M. Lallié cite deux ecclésiastiques,
originaires du département de la Mayenne, qui furent em-
barqués en septembre 179i à bord de la Marie-Catherine et
débarqués le îi du même mois, à Santona, petit port du
golfe de Biscaye, situé à quelques lieues à l'est de Sanlan-
der. Ce sont : Houdbine (Jacques-André), né à Chàteau-
Gontier, 25 ans, élève minoré, et Majeune (Franço's), né à
Laval, 40 ans, supérieur des Cordeliers de Nantes.
Ce dernier a été l'objet d'une note publiée dans le Bulle-
tin (1889, page 403) par H. E. Queruau-Lamerie. Une lettre
de M. Lallié, que M. Queruau-Lamerie veut bien nous com-
muniquer, nous fournira quelques détails nouveaux sur le
P. M^ieune. Selon M. Lallié, il naquit à Laval le 28 novem-
bre 1753. Profèslel3aoùll776, il devint procureur et sous-
prieur des Cordeliers de Nantes. Nous le voyons, à l'occa-
sion de la procession de la Féle-Dieu du 25 mai 1780, pro-
noncer un sermon sous les halles de Laval, en présence de
l'évêque du Mans'. Pendant la Révolution, il déclara de-
vant la municipahté de cette ville vouloir rentrer dans le
monde'. Mais arrêté à Nantes le 2 juin 1792 comme înseï^
mente, il fut autorisé à quitter la France par arrêté du
1. Regitire de M* René Le Rov.pahi. en appendice kBotirjolly,
par MM. Le Fizelier et Bertrand de Broussilfon. Tome II, p. 347,
S. Reg. 4, f» 3, man. 1791.
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déparlemenl du 4 juillet 179â. Rentré vers l'an X il fil sa
déclaration de soumission aux lois du 19 prairïal. C'est le
21 juin 1814 qu'il prononça, dans 1 église bainte-Croix, l'o-
raiaon funèbre de Louis XVI signalée par M. E. Queruau-
L'Ermitage du bois de Fiera, par MM. J. Appert et
H'. Chaltemel, 1 broch. in-8% Fiers, A. Lévesque, 1889.
Dans cette brochure M. J. Appert a entrepris de retracer
l'histoire d'un erraitaçe des environs de Fiers, au milieu du
XVH» siècle, et.il le fait avec toute la science que nous lui
connaissons. Étendant ses recherches, il donne même en
appendice quelques nouveaux documents concernant l'his-
toire des ermitages dans le diocèse de Sées. On consultera
avec fruit ce petit travail qui II 'est pas sans avoir quelque
intérêt pour nous, car la portion du Passais nommée le
Désert, et la forêt de Nuz, qui nous apparaissent, dans un
passé lointain, — l'auteur nous le dil lui-même — • com-
me une sorte de Thébaïde peuplée d'anachorètes, ■ sonten
partie compris dans notre département de la Mayenne ac-
tuel.
ItiBéraire des moines de LaDdévennec tayunt les
invasions normandes, (in'8° Saint-Brieuc, Prud'homme,
IS89) ; ~ Le Château de la Courbejolliàre, épisodes des
guerres de la Ligue, liii-S", Vannes, Lafolye, 1889); —
Légendes bretonnes du pays d'Avessac, (iu-i", Redon,
A. Bouteloup, 1887), par le C" Régis de PEslourbeillon, Di-
recteur de la Revue de rouest. Inspecteur de la Société
française d'Archéologie.
Dans la première de ces brochures l'auteur cherche à
fixer quelques points de l'iLinéraire que suivirent, vers 9iO,
les moines de Landévennec, emportant avec eux les reli-
ques de saint Gwennolé, et fuyant devant les ravages des
Normands, d'abord à travers la Bretagne et le Maine, puis
jusqu'à Montreuil-sur-Mer. 11 y arrive par une argumenta-
tion aussi logique qu'habile, fondée à la fois sur l'histoire,
la tradition et la topographie des lieux.
Dans la seconde, à propos du château de la Courbejol-
lière, il cite un grand nombre de documents inédits qui
Jettent un jour nouveau sur les guerres de la Ligue dans
les pays de Montaigu et de Clisson.
Dans la troisième enfin il rapporte âe curieuses légendes
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— 19"> —
du pays d'Avessac. La mode esl à ce genre de travaux,
d'ailleurs fort recommandables par eux-mêmes ; M. le
C de l'Eslourbeillon vienl apporter avec un rare bonheur
sa contribution à l'œuvre collecHve.
Ce ne sont pas là du reste les seuls travaux de l'auteur,
déjà muni d'un bagage historique considérable et trop
connu pour que nous entreprenions de faire son éloge.
Nous voulons toutefois le remercier ici de n'avoir jms ou-
blié la Commission historique de la Mayenne dans la répar-
tition des trois intéressantes brochures que nous sommes
heureux de citer.
E. H.
DigitizedbyGoOgIC
OUVRAGES OFFERTS A LA COMMISSION
Louis de Fabct. — Histoire et description des Tapisseries
de la Cathédrale d'Angers, in-4" carré, avsc figures dessi-
nées par l'autear, en. noir et en couleurs, Lille, Deselée, de
Brouwer et C^ 1889.
Un compte-reiidn de cet ouvrage sera donné dans la procbaJne livraison.
L. Maitbb. — Les villes disparues de la Loire-Inférieure,
(4" livraison).
**' — Observations sur les documents pour servir à l'his-
toire de la Cathédrale de Nantes.
La liste dea ouvrages offerts à la Commission sera
insérée â cette place, sans préjudice du compte-readu
qui sera î&it de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
Le Se(xrétaire.Général, f. f. de Gérant {Loi du 29jttHlet 1881).
E. MOREAU.
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LE BULLETIN DE LA COMMISSION BISTORIQUE ET
ARCBÉOLOGiaVE DE LA MAYENNE paraît tous les
trimestres bous forme de livraisons comptant environ
128 pages.
Il donne des gravures et ilIuBtrations aussi souvent
que le permettent les sujets traités et les ressources dont
il dispose.
Les personnes étrangères à la Commission peuvent s'y
abonner comme à toute publication périodique.
ta prix de l'abonnement est de DIX FRANCS par an.
Les engagements pour coUsationa ou abonnements
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le i"' janvier.
Il reste encore quelques exemplaires des tomea III,
IV et V de la première série, qui sont len venta au prix
de six trancB le volume.
Le tome I dela2' série est en vente au prix de 12 francs.
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BXJLLETIlSr
DIC L\ (:OMM1$SIO^
DE LA MAYENNE
CniÉE l'AR ARBÈTÉ l'REFECTORAL llH 17 JANVIER 1878.
DELTXIKME SÉRIE
TOMK SECOND
1890
LAVAL
IMPRIMERIE DE !> MOREAU
1890
' TmMESTRE DB
6.
„Googlc
SOMMAIRE :
L'Instruction publique b Laval avant le XIX' siècle, par
M. E. Queruau-Lamerfe CS(«/é^_J 197
La famillle Bouchet de Sourches, par M. l'abbé AuDBOtSE
Ledru 225
La démolition du château de Fiée en 1373, par Jean Clérem-
bault, gouverneur de Château<Gontîer, par M. André Jou-
BERT 245
Les comptes de l'Hôtel-Diea Saint-Julien de Laval, par M.
L. DE LA. Beauluêre 253
Les < Châteaux » et les c Chàteliers » dans la Mayenne,
par M. l'abbé Angot 288
Esprit-Aimé Libonr; peintre, né k Laval, par M. F. Cornéb. 300
Note sur Symon Hayeneufve, par M. E. Queruau-Lauerie. 314
Procès-verbal dç la séance du 7 novembre 1889 .... 317
Bibliographie : Les Faitx-Monnoyetirs dans le Bas-Maine,
par le C" de Marsy ; — Une victime de la Révolution :
M. Huait de la Bernardrie, curé de Saiiit-Clémeni de
Craon, par M. E. Queruau-Lamerîe; — Symon Haye-
neufve et la chapelle de l'ancien évêché du Mans, par
M. H. Chardon; — Henri de la Rochejaqitelein et ta
guerre de Vendée ; — Une famille de Grande-Prévôts
de l'Anjou au XVII' et XVIIl" siècles : Les Constantin,
seigneurs de Varennes et de la Lorie, par M. André
Joùbert ; — Documents inédits pour servir à l'histoire
de la Révolution dans la Loire-Inférieure, par M. An-
dré Joftbert; — Journal de Noël Janvier. i709-i7 16,-
publié par M. Juies Planté ; — La Broderie du XI" siècle
jusqu'à nos Jours, par M. Louis de Farcy 321
Nouvelles 331
Gravures :
Le Donjon de Villaines-la-Juhel, dessin de M. l'abbé A.
Ledru 220
Buste de LibOur, par Rude 305
Portrait de Libour, peint par lui même ....... 30&
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L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A LAVAL
AVANT LE XIX' SIÈCLE
PREMIERE PARTIE
LE COLLÈGE DE LAVAL
CHAPITRE III
Paiis et renseignements divers concernant le collège (luifa}. -~ Elèves. -
Tbèsea de pbilosopble. — Donallon de 390 fouasses. — Règlement de 1C99. -
Boraau du Collège.
ELEVES DU COLLEGE
Dans le principe, le collège de Laval recevait seule-
ment des élèves externes. 11 en dut être ainsi tant qu'il
demeura installé dans les anciens bâtiments dits des
« grandes écoles », aménagés avec plus ou moins de bon-
heur pour cette destination. C'est seulement après que
la municipalité de Laval eut fait construire le nouveau
collège de la rue Renaise que le principal de cet éta-
blissement dut être autorisé à recevoir des élèves intér-
im
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Le pensionaat devait exister depuis plus de cent ans
lors du règlement de 1699. L'article 14 de ce règlement,
en reconnaissant au principal le droit de recevoir des pen-
sionnaires, ne semble pas avoirpour but d'accorder à ce-
lui-ci une nouvelle faveur, mais bien plutôt de mettre
lin à un abus, en exigeant que les pensionnaires sécu-
liers, admis par le principal, soient actuellement étu-
diants dans une des classes dudît cdlège.
Nous n'avons pas à faire valoir les avantages que
présentait pour la prospérité du collège l'établissement
d'un pensionnat qui permettait aux familles habitant le
pays, mais hors de la ville, de faire instruire leurs en-
fants, en les plaçant dans une maison où ils devaient
être soignés et surveillés avec exactitude.
Les programmes des exercices soutenus par les élè-
ves du collège que nous avons eu sous les yeux dous
font connaître les lieux d'origine de ces enfants, parmi
lesquels un certain nombre sont indiqués comme nés à
Craon, Evron, Ernée, Mealay, Entrammes, Argentré,
Vitré, Sillé, Fougères et même Mayenne et Chftteau-
Gontier, bien que ces villes eussent, elles aussi, des
Le collège de Laval, surtout au XVIII" siècle, épo-
que de sa plus grande prospérité, était fréquenté par les
enfants des familles les plus honorables de la ville, tant
de la noblesse que de la bourgeoisie. Les programmes
dont nous avons déjà parlé nous permettent de citer les
noms de beaucoup d'entre eux. Nous nous bornerons à
donner ceux de quelques-uns seulement :
En 1730, MM.
Jean Duchemin de la Morlière.
1. On en trouve aussi quelques-uns nés dans des villes plus
éloignées telles que Angers, Orbec et mfime Gh&lons-sur-Harne ;
mais ceux-ci avaient sans doute été amenés à Laval par leurs
parents pourvus de chairs publiques en la dite ville.
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Jean Bêcher de la Rénière.
Matburin Gaultier de MéroUea.
Jean Duchemin de la Voselle.
Charles Frin du Guyboatier'.
François le Jaydes Astelais.
Léon-Julien Le Clerc de Vaumorin.
Daniel Gaultier de la Ville-Audray.
Pierre Martiu-Beaucé.
Jean-Baptiste Duplesais d'Argentré (de Vitré) .
Charles-François Garnier-Duferay.
Jean-Baptiste Quillet du Préau.
Pierre Courvaisier de la Courjonnière (de Vitré).
Jacques-René Segretain.
Jérôme-Gillea-Michel Le Clerc de la Roussière.
Jacques-Marie Courte de la Noirie, etc.
En 1750, MM.
François-Nicolas Bailly de Fresnay.
René Richard de la Fourmère.
René Le Lamier des Prés-Neufs.
Joseph-Anne Hardy de la Cbesnaye.
Pierre Touschard de Sainte-Plennes ^.
En 1751, MM.
Jean Descbamps de la Bellangerie.
René-Urbain-Pierre-Charles-Félix Enjubault de lu
Roche 3.
Etienne Colaas-Dubignon^.
1. C'est celui-ci sans doute qui est l'auteur du mémoire de
1770 sur la ville de Laval, publie par M. Emile Moreau.
2. Pierre-Ldon Touchard de Sainte' Plenne s, né à Laval en
1735, prâtre habitué à la Trinité à l'époque de la Révolution ;
déporte en Angleterre, rentré en 1801, mo en 1810.
3. Juge ordinaire civil du comté de Laval en 1789, député aux
Etats Généraux, président du tribunal de district en 1791, guil-
lotiné comme fédéraliste le 1» février 1794.
4. Né à EvroD en 1735, ancien aumftnier de l'hépital Saint-Jo-
seph. Déporté, il se rendit en Prusse ; à son retour, prêtre habitué
à Saint- vénérand, mort en 1819.
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Anne-Auguste de Langan.
Pierre-Charles de Laugan de la Vove.
Louis Fric de Neuville, etc.
En 1752, MM.
Charles-Sébastien Frin.
Jean Colass-Dubi^on.
Jean-Pierre Guérin de la Marche.
Jean-Laigle du Parc.
Joseph-Marie Renusson, etc.
En 1753, MM.
Joseph-Marie-Anne de la Villaudray de Saint-Cyr.
René-François Gaultier de Vaucenay.
Charles- Pierre Foucault de Laubinière.
François-Charles d'Aubert de Launay.
Joseph Berset de Chambotz.
Sébastien Berset du Breil.
Gilles Letoumeur de la Borde.
Mathurin-Gaultier de MéroUes', etc.
En 1771, MM.
Julien Piolin^,
Jean-François Dubourg.
Jean-Baptiste Gombert de la Tesserie.
Michel-Guillaume Bidois '.
Joseph Cahoreau.
Louis-Antoine-François Morin de la Beauluère.
Ambroise Gougeon de la Thébaudière.
1. Chanoine du chapitre de Saint-Michel à l'époque de la Ré-
volution. Déporte, il se rendit en Prusse. A son retour en France,
sa raison était aliénée ; il se crojait évéque de Munster; mort en
1813.
2. Né auBourffneuf-la-Forétvers 17G0, vicaire à Changé-lès-
Le Mans, ensuite à Changé près Laval, puis k Saint-Vénérand.
Déporté pendant la Révolution, il se rendit è l'armée de Condé
dont il fut aumônier ; mort en Franconie en 1794.
3. Né^ciant, arrêté comme suspect pendant la Révolution, et
conduit dans les prisons de Doué-la- Fontaine avec son père qui
y périt de misère.
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— 201 —
Jean-René Dubré-Gaultier.
Nicolas-Charles-JoBeph Gahoreau',
Louis-Daniel Courte.
Je an- Pierre-René Boullier, clerc tonsuré-.
François Majeune^.
* Jacob Foucault de Sumeraine.
Ladi^as Leclerc du Pontceau.
Ambroise Duchemin Descepeaux, etc.
En 1774, MM.
Ambroise Meignan.
Pierre Denais*.
Louis Houssier-Dupré, clerc tonsuré*.
Jean-François Lemonnier du Ronceray, etc.
Eo 1785, MM.
Germain Géhard de Loiaillière.
René Ricbard de la Foumière.
Jeau-Raptîste Bidault de Frétigné.
François Hubert.
Joseph-Pierre Géhard de la Gaudinière.
Pierre Le terme 8.
1. Né à Laval en 1755, chanoine de Saint- Tu^al. déporté en
Angleterre; à son retour, aumônier de l'hôpital Saint-Joseph,
mort en 1S14.
2. Né à Bntremmes, curé de cette paroisse, déporté en Angle-
terre, rentré dans sa cure au Concoraat, mort en 1808.
3. Religieux cordelier de la maison de Nantes, (ut déporté en
Espagne ; revenu à Nantes après le concordat, a prononcé en
18k> une Oraison funèbre de LouU XVI qui a été impnmée.
4. Né à GrenouT en 1755. vicaire à la Trinité, déporté en An-
gleterre. Rentré en France avant le 18 fructidor, il fut arrêté,
conduit A Tours et fusillé le 26 février 1798.
5. Né à Laval en 1758, vicaire à Courbeveille, déporté en An-
Çleterre, revenu à Courheveille au concordat, mort en 1834 curé
de cette paroisse et chanoine honoraire du Mans.
G. Né à Laval en 1764, régent du collège en 1791. Déporté, il
se rendit en Allemagne. A son retour il lut vicaire à la Trinité,
curé de celte paroisse en 1829, mort le 22 août 1830, chanoine du
Mans depuis 1832.
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— «H —
Joseph LebretoD de Villeneuve.
Jean-Baptiste Hardy, eto.
En 1786, MM.
Louis Mondière du Verger.
René-François-Charles Tellot.
François Lesperut'.
Bernard Plaichard-Choltière ^.
François Guillet du Préau.
François Couannier de la Viventière,
François Couannier-Deslandes.
Gabriel Bougrain de la Cocquerie.
Joseph Hardy de la Cherbonnerie, etc.
En 1787, MM.
Pierre Enjubault la Roche 3,
Ambroise Levrot, clerc tonsuré.
Pierre Sauvage de la Martinière.
René Lebourdais-Durocher, etc.
En 1790, MM.
Jean-René-Baptiste Cbarault.
Léon Letoumeur.
François Mérolle*.
Joseph Berset.
Joseph-Jean Rosière.
Jean-Baptiste-Joseph Collet, etc.
1. Né à Laval, homme de leltres à l'époque de la Révolution,
il fut incaruëré pendant la Terreur. Recommandé au (général Berr
tbier, dont il devint le secrétaire sur la recommandation de Vol-
ney, il auitla le ministère avec ce ^néral et le suivit en Espa-
gne. Il lut chargé en 1S05 d'organiser les principautés de Luc-
ques et de Pîoimiino et, l'année suivante, nomme administrateur
de la Silésie, gouverneur de Neuchâtel, baron, etc., mort au mois
de janvier 1848.
2. Il était fils d'un médecin de Laval. Devenu adjudant-géné-
ral des armées de la République, il Ait assassiné aux portes de
Laval, le 4 août 1798.
3. Condamné à mort à Paris comme fédéraliste le S mars 1794.
4. On remarquera que les particules ont disparu de ce pro-
gramme en exécution de la toi qui supprimait les titres de nobles-
se et les distinctions féodales.
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THESES DE PHILOSOPHIE
Ainsi que nous l'avons dit plus haut, c'est seulement
entre 1760 et 1770 que le cours de philosophie put être
inauguré au collège de Laval. Frin du Guyboutier dans
son Mémoire concernant la ville de Laval, publié par
M. Emile Moreau, constate que ce cours est professé au
collège à la date à laquelle il écrit, 16 décembre 1770 '.
Mais nous n'avons pu rencontrer qu'une seule thèse
imprimée relative à des examens de philosophie soute-
nus par des élèves du collège. L'argument de celle-ci,
qui nous a été communiquée par M. Louis de la Beau-
luère, est imprimé en placard, sur feuille in-folio simple,
sans gravure, à Angers, chez Barrière et Billault. Cette
thèse est relative aux examens soutenus, le 16 avril
1771, par MM. Jean Mouton et Etienne Chaplet, élèves
de philosophie au collège royal de Laval.
DONATION DE 320 FORASSES EH FAVEVB DES ÉCOLIERS
DU COLLÈGE
M. Charles Maignan a publié jadis ^ un document
concernant la fondation d'une chapellenie dans l'église
de la Trinité de Laval par Michel Le Mercier, seigneur
1. Le cours de philosophie paraît bien avoir été proressc au
cotlëgv de Laval vers 1770. Nous ig^norons s''il l'était encore à
l'époque de la Révolution. Aucun des programmes d'exercices
publics possédés par M. de la Beauluère ne fait mention des élè-
ves de philosophie. De plus, les habitants de Laval, dans leur
pétition adressée le 22 septembre 1792 ou Directoire du départe-
ment de la Mayenne pour demander le transtèrement du collège
aux Ursulines, demandaient en même temps qu'il v fût créé trois
nouveaux cours, divisés en deux classes, Tune de logique et ma-
thématiques, l'autre de physique : ce q^ui laisserait supposer que
ce cours de philosophie ou logique avait été supprimé bien avant
1789 (Arch. départ. S. L, Registres du direct, du département.
Mémoires et pétitions, F> 39).
2. Au mois d'octobre 1856, dans le journal VEcko de la Mayenne.
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— 204 —
du Grasmenil, et Adnette Servant, sa femme. Cet acte,
au rapport de M* Chedftne, notaire royal, est en date du
25 avril 1521. Parmi les charges imposées au titulaire
de cette chapellenie se trouve celle de donner chaque
année, la veille de la Toussaint, une fouaase à chacun
des écoliers du collège de Laval.
« Et, avec ce, de donner et numosner par chacun an,
« la vigille de Tousaaints, aussi à toujours, aux écoliers
u qui seront trouvés actuellement étudiant et résidant
« en l'école de la dite ville de Laval, au maître quatre
« ou douze deniers, à son choix, et à chacun desdits
« écoliers une fouasse, chacun:; du prix d'un liard, jus-
« qu'au nombre de 320 fouasses, si tant y a d'écoliers
« à l'heure de midi qu'ils partiront de l'école, pour dire
« chacun desdits maîtres et écoliers, Pater noster et
« Ave Maria pour les âmes des donateurs. »
M. Maignan ajoute que le blé se vendant à l'époque
de la donation six sois le boisseau, les fouasses distri-
buées aux écoliers devaient en conséquence avoir une
belle dimension. Mais le prix du blé ayant augmenté
dans les siècles suivants, les fouasses diminuèrent de
grosseur. M. Couannler des Landes, curé de la Trinité ',
mort en 1779, et l'un des derniers titulaires de la cha-
pellenie fondée par ks époux Le Mercier, ne donnait
plus aux écoliers que des garols -. La dernière distribu-
tion en fut faite le 31 octobre 17903.
RÈGLEMENT DE 1699
Nous croyons devoir donner ici le règlement Ae 1699
1 . Etienne Couannier des Landes, nommé curé de la Trinité le
7 janvier 1752, mort le 15 avril 1779,
% Petit pain de Tarine d'avoine.
3. Ch. Maignan. Des aiitiens marchands de Laval et d'une
fondatioit par l'un d'eux, en l'église de la sainte TrùiUé de cette
ville, de 3'iO fouasses dues, ta vtgille de la Toussaint, aux cotîé-
giena de Laval.
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que nous avions songé d'abord à publier seulement ou
appendice. Cette pièce nous a paru devoir être mieux
à sa place à ta fiu du chapitre qui termine l'histoire du
collège avant la Révolution.
On trouvera dans ce document un exposé assez com-
plet des droits, dont nous avons eu à parler à diverses
reprises, possédés par le chapitre de Saint-Tugal sur le
collège et les petites écoles de la ville de Laval'.
Règlement pour le collège de Laval.
28 août 1699.
En assemblée tenue en la maison de monsieur le
doyen de Saint-Tugal, en conséquence du résultat de
l'Hôtel-de- Ville, du onzième août 1699, où étaient mes-
sieurs les députés du chapitre de Saint-Tugal et ceux du-
dit Hôtel-de-Ville, pour délibérer sur la rerormation du-
dit collège de cette ville, à présent vacant par le décès
de feu maître J ean Pinard, dernier principal audit collège.
A été dit qu'on voit avec douleur que le collège de
notre ville, pour lequel nos ancêtres avaient eu beaucoup
de zèle et aalTection, comme on peut le reconnaître par
les bâtiments qu'ils y ont faits et les revenus qu'ils y
ont attachés, est tombé depuis quelques années dans
une grande décadence et presque devenu désert, ainsi
qu'il a paru par les difTérenieH visites qu'on y a fait de-
puis vingt ans, dans lesquelles on y a trouvé trente ou
trente-cinq élèves, ce qui est venu en partie de ce que
n'ayant été fait aucun règlement pour le bon ordre dudit
collège, on n'y a gardé aucune discipline, .et aussi de ce
Îu'on a laissé la liberté à divers particuliers de tenir
es écoles en divers quartiers de la ville, qui ont été
occasion à plusieurs pères et mères d'y envoyer leurs
enfants, et de les retirer même dudit collège, soit en vue
de la proximité ou pour d'autres considérations, ce qui
1. Ces droits sont énumérés, plus complètement .peut-être en-
core, dans un mémoire de 1746 que possède la bibliothèque de
Laval. Titret de Haint-Tugal. pièce 1. [° 13. Ce mémoire a été
analysé par M. BouUier dans ses Recherche» hittoriques tur la
paroiate de la Trinité, p. 298.
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— 206 —
est entièrement contraire aux intentions de dos nùs, aux
droits qu'a le chapitre sur les écoles de la ville, aux con-
cordats faits entre le chapitre et la maison de ville,
aux arrêts qui les ont appuyés et au bien même de la
jeunesse dont l'éducation est exposée à de grands incon-
vénients, étant confiée à des gens qui s'ingèrent d'eux-
mêmes dans cet emploi, sans examen et approbation des
supérieurs légitimes, bien qu'il n'y ait rien qui soit d'une
si grande importance au public que l'éducation de la
jeunesse qui est destinée pour composer le clergé de
notre ville et remplir les charges de judicature et autres
de ta communauté.
Etant donc dans l'obligation de remédier à de si
grands désordres et ayant intérêt de remettre notre
collège sur meilleur pied, afin de n'être plus obligé
d'envoyer les enfans encore trop jeunes dans les collè-
ges des grandes villes, où, n'étant point encore en âge
de scavoir se conduire, ils se négligent ou se débauchent
incontinent, et où on ne les peut entretenir qu'à de
grands frais, qui ont incommodé plusieurs familles, a été
jugé nécessaire de remplir notre collège d'un principal
qui soit capable de bien instruire les enfants de notre
ville et de les mettre en état, si faire se peut, d'aller en
rhétorique dans les grands collèges, et pour lui faciliter
l'exécution de ce dessein, d'augmenter les gages et re-
venus dudît collège pour lui donner les moyens d'avoir
au moins trois régents avec lui, et aflin de les engager
à s'acquitter fïdellement de leur devoir et arrester, au-
tant qu'il est en nous, le penchant qu'on a toujours au
relâchement, et aussi pour expliquer et régler à l'avenir
les droits du Chapitre et de l'Hôtel-de-Vule sur ce dit
collège, qu'il était à propos de faire de concert un règle-
ment, sous le bon plaisir de Monseigneur, concernant les
droits respectifs des uns et des autres, et qui ordonne
tout ce qui concerne la discipline extérieure et de police
qui s'y devra garder, laissant auxdits sieurs du Chapi-
tre d'en faire un autre pour la discipline intérieure qui
regarde les mœurs.
Et pour procéder audit règlement a été reconnu que
le Chapitre de Saint-Tugal a toujours été en droit et
possession immémoriale d'instituer et de destituer le
principal dudtt collège et ses régens, de leur donner des
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règlements et de faire toutes sortes de visites, correc-
tion et reformatioii sur iceux, privativement à tous au-
tres, que néanmoins, depuis environ quatre-vingts ans,
la présentation dudit principal appartient audit Hôtel-
de-Ville, lequel aussy fournit des gages au principal et
régens et est encore en disposition et volonté de les
augmenter, pourquoi a été jugé à propos que, sans pré-
inoice des droits dudit chapitre pour favenir, il soit con-
jointement et par délibération commune pour cette fois
seulement accordé et arrêté ce qui suit.
L'examen, l'institution et provision du principal et des
régens en leurs commissions et la visite, correction et
réformatioD du collège appartiendra, comme elle a de
toute antiquité appartenu, aux vénérables doyen, cbs'
noines et chapitre de Saint-Tugal.
Encore que la commission de principal soit de droit
révocable et que la possession de ce droit soit confirmée
par les titres quarteniers et anciens registres dudit cha-
pitre, par lesquels il est expressément porté que ledit
principal du collège de cette ville est destituable « ad
nutum capituli, » néanmoins, à l'avenir, il ne pourra
être destitué ni révoqué sans la participation et consen-
tement de messieurs les maire et échevins et conseil de
ville.
ni
Lorsque la commission sera vacante par mort, dé-
mission, absence, révocation ou autre cause légitime,
lesdits maire, échevins et conseil de ville nommeront,
dans trois mois comme au passé, trois personnes capa-
bles qui seront du moins sous-diacres et irréprochables
pour la doctrine et les mœurs, lesquels ils présenteront
en la manière accoutumée à mesdits sieurs du chapitre
qui les examineront, et choisiront celui des trois qu'ils
jugeront le plus capable et propre pour cet emploi, au-
quel, après lui avoir fait entendre qu'il est révoçablç
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ad Hutum, sans être obligés de lui en rendre raison, et
lui avoir fait prêter le serment ancien d'honorer le cha-
pitre et d'observer les règlements faits et à faire, ils lui
donneront leur provision et te feront installer et mettre
en possession de ladite principauté.
IV
Et néanmoins, en cas qu'il ne se trouvât pas nombre
sufGsant de personnes capables, mesdits sieurs les
maire et échevins pourront, du consentement des dépu-
tés du chapitre assistants au conseil de ville, n'en nom-
mer que deux pour être présents, examinés, choisis et
pourvus comme il est dit.
Le principal étant installé jouira des honneurs de cha-
noine et en portera les draps et les ornements dans
l'église de Saint- Tugal aux dimanches, fêles et autres
jours qu'il voudra assister à l'office, et prendra son rang
immédiatement après le dernier chanoine, sans pouvoir
prétendre être science ' , ni aucune entrée au chapitre.
VI
Le principal demeurera actuellement au collège, lequel
il entretiendra de toutes sortes de réparations dont l'u-
sufruitier est tenu, même de couvertures, et fournira de
toutes matières et tiendra principalement la chapelle en
état décent, et aura soin que la Sainte Messe y soit
célébrée le plus souvent qu'il pourra, par tels prêtres
qu'il choisira et à telle intention qu'il lui plaira ; et là
où il ne pourra pas la faire célébrer audit collège, il sera
tenu de faire conduire les écoliers à Saint- Tugal pour y
entendre la messe.
Outre le principal et les deux régents qui ont coutume
d'enseigner audit collège, il en sera incessamment ajouté
1. Pour encensé sans doute.
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_ i09 ~
nn troisième, et même dans la suite plusieurs autres,
s'ils se trouvaieut nécessaires, par délibération commune,
à proportion que le nombre aes écoliers augmentera,
Itour faire en sorte que les écoliers puissent commencer
eur cours de philosophie à la sortie de la plus haute
classe d'humamtés du collège.
VIII
Le principal ne pourra recevoir au collège aucuns ré-
gens qu'ils n'aient été examinés sur leur capacité, doc-
trine et mœurs et approuvés jiar messieurs du Chapitre,
ainsi qu'il atoujours été pratiqué, et ne les pourra aussi
congédier sans en avoir rendu raison à mesdits sieurs
du cuapitre.
IX
Messieurs les maire et échevins, pour chaque régent
dont le collège sera augmenté, ajouteront, si faire se
peut, aux trois cents livres qu'ils ont accoutumé de don-
ner sur leurs octrois, une somme de cent livres par an,
qui sera pareillement prise sur les octrois, et si, dans
la suite, on peut faire que le cours de philosophie soit
enseigné dans cette ville, soit par les religieux de saint
Dominique, ou par ceux de saint François, ou par tous
les deux ensemble alternativement, ou par des ecclésias-
tiques, on ajoutera aux dites sommes celles qui seront
convenues pour l'honoraire des professeurs, à condition
néanmoins qu'en cas que ce soient des communautés régu-
lières qui entreprennent de faire les cours de philosophie,
messieurs de Saint- Tugal. n'auront sur elles aucun droit
de corrections, ni de visite, mais ils retiendront seule-
ment telles prééminences et droits honorifiques qui leur
peuvent de droit appartenir comme patrons, collateurs
et directeurs du collège et des études en cette ville.
Outre la somme de deux cents livres que messieurs
de SaÏD^Tugal fournissent annuellement au principal
pour le gros fruit de sa prébende, suivant la donation
qui en auroit été faite par nos seigneurs les comtes de
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- ÎIO -
Laval, depuis l'ordonnance d'Orléans, les trois cents
livres que messieurs les maire et échevins ont aussi ac-
coutumé de lui fournir sur les deniers d'oobvi, cent
livres d'au^entation par chacun régent, et les bourses
fondées et à fonder et annexer audit collège, ledit prin-
cipal aura et recevra de chaque écolier qui étuoiera
dans ledit collège, soit pensionnaire, soit externe, sca-
voir, des écoliers qui seront dans les plus basses clas'
ses, six livres, et de ceux qui seront dans les plus hau-
tes, sept livres, le tout par an ; scavoir : moitié le premier
jour de l'entrée de la classe et, l'autre moitié, le premier
jour d'après la fête de Pâques, dont ledit principal don-
nera certificat à chaque écolier, sana quoi il ne sera
foint admis sans son argent ; le tout sauf k augmenter
écolage s'il est jugé quil soit moins que sulBsantpour
l'entretien du principal et des régents.
XI
Néanmoins il y aura dans chaque classe deux pau-
vres écoliers originaires de cette ville et fauxbourgs qui
seront intruits gratuitement, dont l'un sera nommé par
messieurs du chapitre et l'autre par messieurs les maire
et échevins, et auront lesdits pauvres écoliers soin de
garder et fermer tes portes des classes, de les balayer
et nettoyer, avec la chapelle, deux fois par semaine,
sans être tenus à autre service.
XII
Le principal logera les régents dans le collège, sans
qu'ils puissent demeurer ailleurs, mangeront en com-
mun, dans un même réfectoire, et, outre la nourriture
qu'il leur donnera, il leur délivrera, pour leurs hono-
raires, chacune année, la moitié de ce qu'il aura reçu
ou dû recevoir de tous les écoliers, tant pensionnaires
qu'externes pour droit d'écolage, dont sera fait une mas-
se qu'ils partageront également entre eux, sans avoir
égard au nombre d'écoliers qui seront dans leurs cUs-
ses, et prendra le principal, outre ladite moitié, une
portion dans la masse, tant si longtemps seulement que^
n'y ayant pas nombre sutlisant de régents, il sera jugé
nécessaire qu'il enseigne une des classes.
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xin
Le principal et les régents seront revêtus d'habits
longs, porteront toujours aans le collèffe le bonnet carré,
et seront tenus d'assister en habits de chœur, les di-
manches et fêtes, du moins à la ^l'^Q'^^ messe et aux
vêpres de l'église de Saint-Tugal, leur paroisse, suivant
l'ordonnance du diocèse et ne pourront être confesseurs
dans les paroisses de la ville et fauzbourgs.
XIV
L'on ne recevra audit collège aucuns pensionnaires
séculiers qui ne soient étudiants actuellement dans l'une
des classes d'icelui, et lesdits pensionnaires seront obli-
gés d'assister pareillement tes dimanches et fêtes à la
grande messe de Saint-Tugal, ou à la messe de paroisse
qui se dit dans la nef, et aux vêpres, où lesdits éco-
liers seront accompagnés, en allant et au retour, des
régents, et se placeront aux lieux plus commodes qui
leur seront désignés.
XV
L'ouverture des classes se fera tons les ans le jour de
l'exaltation de la Sainte-Croix, par une harangue latine
qui se fera par le principal ou un des régens par lui com-
mis, dont il sera tenu d'avertir messieurs de Saint-Tu-
gal et en faire avertir par billets messieurs les maire
et écbevins.
XVI
Le premier son sera sonné en tons temps à sept heures
et demie, et les écoliers externes seront obligés de se ren-
dre chacun dans leurs classes à sept heures et trois
quarts, pour donner leurs thèmes et réciter leurs leçons
à leurs décurions et les pensionnaires, pendant ce temps,
réciteront leurs leçons devant leurs régents.
La dite classe du matin durera en tout temps deux
heures et finira à dix heures, auquel temps se dira la
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Messe, soit dans la chapelle du collège, soit dans l'é
glise de Saint-Tugal.
Le premier son de l'après-dinée sera à une heure et
demie, et les écoliers se rendront en classe un quart
d'heure après pour donner leurs thèmes et réciter leurs
leçons, comme à la matinée, pendant un quart d'heure.
XIX
Les régena entreront en classe avec les pensionnaires
en tous temps à deux heures et en sortiront, en hiver,
à quatre heures et, en été, à commencer à la fête de
Pâques jusqu'aux vacances, â quatre heures et demie.
XX
Le principal visitera de temps en temps les chambres
et études du collège et n'y souffrira rien d'indécent, ni
aucuns livres dangereux, et veillera »ur les régens à ce
qu'ils s'acquittent de leurs devoirs dans leurs classes,
lesquelles, à cet effet et pour reconnoitre le profit qu'y
feroient les écoliers, il visitera du moins une fois le
mois, et aura soin que sur la porte de chacune d'icelles
il y ait une inscription qui la distingue d'avec les autres.
XXI
Le principal réglera auparavant la première ouverture
des classes desquels livres seront tirées les leçons que
les écoliers doivent apprendre par cœur et quels auteurs
ils traduiront jusqu'à Pâques, auquel temps il réglera
de même les livres et auteurs dont ils se serviront Jus-
qu'aux vacances, et veillera à tout ce que les régens, et
surtout des trois plus hautes classes, occupent les éco-
liers, du moins demie heure par chaque classe, à la tra-
duction.
XXII
Le principal donnera des congés, scavoir: en hiver,
depuis l'ouverture des classes jusqu'à Pâques, l'après-
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midi des jeudis seulement ; et le jeudi eu entier le reste
de l'année et, s'il arrivait une f^te le mercredi ou jeudi,
il n'y aura point d'autre congé en hiver, et au surplus
il y aura con^é le lundi et le mardi de la quinquagésime
elle mercredi matin ensuivant, attendu la solennité des
prières des quarante heures, et depuis l'après-dinée du
mercredi de la semaine sainte jusqu'à la dernière fête de
Pâques exclusivement, sans qu'à la quinquagésime, ni
à la mi-carême, il soit fait aucune joute, ni course de
peloUes, ni promenades par les rues, ni autres divertis-
sements de cette qualité, desquels arrivent plusieurs in-
convénients, mais seulement auront soin, le principal
ou un des régents, de conduire les pensionnaires à ta
promenade les jours de congé, si le temps y est propre,
et inviteront les externes à s'y trouver avec eux.
Le principal et les régents ne souffriront point que
dans les deux plus hautes classes les écoliers v parlent
françois, et auront soin que dans toutes les classes ils
composent une fois le mois pour les places et qu'il soit
fait au moins deux déclamations par an, scavoir, une
dans l'hiver, et l'autre à l'occasion de la distribution des
prix, par quelques-uns de leurs écoliers qui réciteront
de la prose ou des vers ainsi qu'il sera jugé à propos
par ledit principal suivant la capacité des écoliers.
Le principal donnera ordre que, quinze jours avant
les vacances qui commenceront d'ouvrir au jour et fête
de l'Assomption de la Vierge, tous les écoliers pension-
naires et externes de chaque classe composent pour les
prix, laquelle composition servira aussi pour juger de
leur avancement et pour voir s'ils sont capables de mon-
ter à une plus haute classe, et à l'examen des dites com-
positions pourront assister messieurs les députés du
chapitre, alîn de veiller que la justice soit rendue à un
chacun, et même présideront à l'assemblée qui se fera,
à tel jour qu'il leur plaira marquer devant ladite fête
de l'Assomption, pour la distribution des prix qui seront
fournis alternativement par messieurs de Saint-Tugal et
14
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- 214 -
par messieurs les maire et échevins, sinon seront four-
nis par telles autres personnes de qualité qui les vou-
dront donner, pour quoi sera prise la somme de vingt
■ livres sur les deniers d'octroi pour acheter les livres
qui devront être distribués nux écoliers lorsque le don
en sera fait par messieurs les maire et échevins,
XXV
Messieurs du chapitre feront incessamment un règle-
ment dans lequel ils feront entrer tous les articles ci-
deasus, en ce qu'il semblera nécessaire que le principal,
régents et écoliers du collège en ayent connaissance, et
au surplus ils y en ajouteront tels autres qu'ils avise-
ront touchant la discipline, les mœurs et sciences dont
ils seront seuls compétents de connoître, pourvu qu'ils
ne soient pas contraires aux articles ci-dessus.
Pour lesquels règlements faire exécuter, messieurs
du chapitre sont priés de députer, chacuns ans, deux
chanoines, pour faire deux autres visites par an audit
collège, et tout autant de fois qu'ils croiront nécessaire,
et moyennant ce que dessus, messieurs les maire et
échevins s'obligent de faire exécuter les anciens arrêts
et règlements portant défenses à toutes sortes ^e per-
sonnes, de quelque qualité qu'elles soient, de tenir école
en cette ville et fauxbourgs, et où il y auroit quel-
qu'uns qui s'ingérassent d'en tenir, ils seront poursui-
vis à la requête de messieurs du chapitre et aux frais
de l'Hôtel-de-Ville, sans néanmoins préjudicier aux
droits qu'a le sieur prieur de Saint-Vénérand et le aa-
criste de Saint-Tugalde tenir ou faire tenir chacun une
petite école, en laquelle on ne pourra enseigner )ea plus
jeunes enfants que jusqu'au rudiment, à Pexclusioa de
toute composition et traduction. Ce que même mesdits
sieurs de Saint-Tugal pourront par leur prudence encore
permettre à d'autres personnes, selon le besoin qui s'en
trouvera, comme étant seuls qui puissent donner la per-
mission de tenir école en cette ville.
Tous lesquels articles ci-dessus sont respectivement
reconnus et accordés pour être présens agréés, consen-
tis et homologués tant au dit chapitre qu en l'Hàtel-de-
Ville, pour ensuite être exécutés incessamment et le tout
sans préjudice des droits et privilèges de mesdits sieurs
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— i^» —
les doyeu, chanoines, et chapitre, Auxquels on u'cnteiid
point déroger par ces présentes.
Fait double, au Doyenné de Laval, ce 28 aouat 1699.
Le Verrier, doyen de Saint- Tugal ; P. Guiais, chan-
tre de Sainl-Tugàl ; Le Moine, ancien chanoine ; P. Bu-
reau, curé de la Trinité ; J. de la Porte, député chanoine
de Saint- Michel ; Mayneux ; de Pontfarcy; R. de la
Porte, juge et maire, capitaine du château; Touchard,
juge roym ; C. Frin, procureur du roi; Le Duc, Ave-
neau, syndics ; Hardy, juge de police ; Le Clerc et Sal-
mon, échevins ; Gaultier, échevin et avocat du roi ;
Gaultier, lieutenant-général ; Le Geay, lieutenant par-
tieutier; Devemay, échevin'.
BUREAU DU COLLEGE
Depuis l'impression de la première partie de ce tra-
vail, M. Louis de la Beauluère a bien voulu, avec sa
bonne grftce habituelle, nous communiquer les notes re-
cueillies autrefois par son grand-père sur le collège de
Laval. Ces notes manuscrites nous ont été d'un grand
secours pour compléter sur plusieurs points le présent
chapitre, en même temps qu'elles nous permettaient de
rectifier certaines allégations de notre chapitre premier
relativement au bureau du collège, créé en 1763, non
pas par l'Hôtel-de- Ville de Laval, comme nous l'avions
avancé par erreur, mais par le juge des exempta par
appel de la dite ville.
L'édit du roi Louis XV, portant règlement pour les
collèges qui ne dépendent pas des universités, donné à
Versailles au mois de février 1763 et enregistré au par-
lement de Paria le 23 du même mois, avait prescrit la
création, auprès de chacun de ces collèges, d'un bureau
d'administration chargé d'en gérer les biens, d'en choi-
sir les principaux, professeurs et régenta, de fixer la
t. Arch. départ, série D, 1,
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- i16 -
durée dea vacances, de surveiller Tinstruction doonêe
aux élèves, de régler les heures des classca, etc.
L'article VI de ce règlement désignait les personnes
qui seraient appelées à composer ces bureaux daus les
villes où, comme à Laval, il n'existait ni parlement, ni
conseil supérieur.
« Article VL — Dans les autres villes ou lieux, le dit
Bureau sera composé de l'archevesque ou évesque, qui
y présidera, du premier olfîcier de la justice royale ou
seigneuriale du lieu, de celui qui y sera chargé du mi-
nistère public, de deux officiers municipaux, de deux
notables et du principal du collège, et, en cas d'absence
dudit archevesque ou évesque, il y assistera cette per-
sonne ecclésiastique qui y aura été commise par lui à
cet effet, laquelle prendra place après celui qut prési-
dera ledit bureau, »
Aux termes de l'article 4 du même édit, les collèges
administrés par des congrégations séculières ou réguliè-
res échappaient à cette nouvelle réglementation. De
plus, il était créé une nouvelle exception en faveur dea
fondateurs primitifs de collèges.
« Article XXVI. — N'entendons préjudicier par le
présent édit aux droits des fondateurs, ni aux charges
et conditions primitives des fondations bien et dûment
faites dans lesdits collèges. »
Aussitôt que l'édît de 1763 eut été publié à Laval, le
juge royal, premier ofTicier du siège des exempts par
appel et des cas royaux, auquel son titre semblait don-
ner le droit de former le bureau du collège dont la pré-
sidence lui était attribuée, s'empressa de nommer les
membres de ce bureau et prétendit s'emparer sans délai
de l'administration dudit établissement.
Les chanoines du chapitre de Saint-Tugal poussèrent
les hauts cris et s'empressèrent de réclamer contre une
innovation qui portait atteinte à leurs droits séculaires
sur le collège. Eux seuls, depuis un temps immémorial,
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avaient eu l'administration de cet établissement ; le
choix des principaux et des régents, la direction des
études, la police intérieure du collège, leur avaient tou-
jours appartenu exclusivement et ces droits, établis par
des titres anciens, avaient été reconnus et confirmés, â
dilTérentes époques, ainsi qu'ils offraient de le prouver.
Mais leurs réclamations ne furent pas écoutées.
Ils s'adressèrent alors aux hommes d'affaires compo-
sant le conseil de M. le duc de la TrémoïUe, comte de
Laval, le protecteur naturel du chapitre de Saint- Tugal,
fondé par ses prédécesseurs et dont les membres étaient
choisis et nommés par lui', pour prier ceux-ci de leur
indiquer une ligne de conduite dans la circonstance et
de les aider de leurs avis. Ce conseil engagea les cha-
noines à protester judiciairement et à porter l'afTaire
devant le Parlement, ce que ceux-ci se hâtèrent de faire.
Les chanoines de Saint-Tugal furent soutenus dans
leurs réclamations par les offîciers de la justice seigneu-
riale du comté de Laval. Ceux-ci, également encouragés
sans doute par le duc de la Trémoîlte, avaient aussi
protesté contre la création du bureau du collège, formé
abusivement, prétendaient-ils, par le juge des exempts
par appel. L'édit de 1763, d'après eux, n'avait entendu
désigner, pour procéder à la formation des bureaux des
collèges, et pour présider ceux-ci, que les juges royaux
ordinaires. A leur défaut la présidence desdita bureaux
1. Le chapitre du château de Laval, devenu vers 1407 le cha-
Eitre de Saint-Tugal, avait été fondé, en 1170, par Guy V, dont
ts successeurs avaient conservé le droit de nommer les chanoi-
nes. Ce chapitre était composé de dix-huit prébendes. Le trots
Sremières étaient attribuées, Tune k l'évêque du Mans, la secon-
e au doyen et la troisième au chantre ; les douze suivantes
étaient possédées par autant de chanoines : les trois dernières
enfin étaient affectées au principal do collège, au maître de psal-
lette et au sacristain du chapitre. Il y avait en outre un certain
nombre de chapelains, nommés par les chanoines, et parmi les-
Juels se trouvait le curé de la paroisse de Saint-Tugal (Boullier,
echerches historiques sur l'église et laparoisse de Ta Trinité.)
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- 218 -
devait appartenir aux officiers de la justice seigneuriale
du lieu. Le siège des exempts par appel et des cas
royaux étant un tribunal d'exception, le juge royal de Laval
avait outrepassé ses droits en instituant le bureau du
collège de la dite ville. En conséquence ils concluaient
à ce que les membres de la justice royale faisant partie
de ce bureau en sortissent et cédassent la place aux
membres de la justice seigneuriale. Cette protestation
fut également portée devant le parlement.
Le bureau du collège n'en subsistait pas moins, et
c'est en leur dite qualité de membres de ce bureau que
MM. François Gandin et René Lasnier prenaient pos-
session, en 1764, de la terre de Bonnes, attribuée au
collège de Laval par le roi Louis XV.
Le procès suivait néanmoins son cours. Le 15 janvier
1765, M. le président Rolland présentait, devant te Par-
lement assemblé, toutes cbambres réunies, un rapport
sur cette affaire et concluait en faveur du juge des
exempts. Nous y trouvons le passage suivant relatif au
bureau du collège :
« Quand l'édît du moia de février 1763 parut, il s'é-
leva aussitôt des difficultés ; tant relativement à la for-
mation du bureau, auquel s'<^posoit le chapitre de Saint-
Tugal ; qu'à la question de savoir si ce seroit les of-
ficiers de la justice royale ou seigneuriale, qui seroient
membres du bureau. Mais le procureur général du Roi
consulté, ayant fait connoitrc que les intentions de la
cour étoient que le bureau se tint, sauf au chapitre à se
pourvoir ; et qu'il étoit juste que ce fût les juges royaux,
et non ceux du seigneur, qui fussent membres du bu-
reau; les contestations ont cessé, et le bureau prescrit
par le m^me édit s'est assemblé et continue ses délibé-
rations*. H
1. Mémoire à coHsiiUer et consultation pour les officier» ife la
l'ustice ordinaire du comté-paierie de Laval. Paris, 54 p, in-i".
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Toutefois les chanoines de Saint-Tugal ne se tinrent
pas pour battus et persistèrent dans leurs protestations.
De leur côté les officiera de la justice seigneuriale élar-
girent le d^bat, en joignant à leurs réclamations relati-
ves au bureau du collège d'autres protestations concer-
nant diverses entreprises faites récemment à leur détri-
ment par le juge des exempts de la ville de Laval '.
Divers Mémoires relatifs à ces différends furent pu-
bliés par les parties^. Dans un de ces mémoires, impri-
mé en 1766 pour les officiers de la justice seigneuriale,
ceux-ci exposent, en ce qui concerne la question du col-
lège, 0 que s'ils voient tranquillement le juge des
exempts assister depuis deux ans au bureau du collège,
c'est parce qu'ils croient que ce bureau ne subsistera
pas. L'article 4 de Tcdit du mois de février 1763 porte
expressément que le roi n'a pas entendu régler les collè-
ges dont l'administration et la desserte sont entre les
mains de quelques congrégations séculières ou réguliè-
res. L'article 26 réserve pareillement les droits des fon-
dateurs et les charges et conditions des fondations pri-
mitives. Le chapitre de l'église collégiale de Saint-Thu-
gal de la ville de Laval a des titres qui lui assurent la
1. Eii exécution den édiU d'uoùt 176'i et mai 1765 sur les mu-
nidpalitës, relativement n la présidence des assemblées des no-
tableij, l'en régi stremcDt du brevet de nomination du maire de la
ville et la réception de Hon sermeiil. lu réception de la uaulion
du syndic-receveur, le droit de choisir un notable, la présidence
de l'assemblée des nobles et des ofllciers militaires pour choisir
un député, etc..
2. Mémoire à cormuller et coiisuUiiliaii pour les officiers de la
juttiee ordinaire du comté-paierie de Laval, contre les officiers du
siège des cas royaux' et dcBeJ^empta par appel de la ville ae Laval,
Paris, Simon, 54 p. iii-4° (La consullaliun pincée ti la suite est
signée Lalource, de la Monnoye et Mauttnil) — el Mémoire à
eoiiêulter et consultation pour les officiers du xiège dex exempts
par appel et pour tes cas ro^au.r au comté, ressort el élection de
Laval, en réponse au mémoire des officiers du siège ordinaire de
la comté-paierie de cette ville. Paris, Cellot, 44 p. in-4° (La con-
sultation jointe à cette pièce est signée Cellier, do Lambon. Bou-
cher d'Argis, et Gaultier).
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direction du collège. Il a pris pour trouble dans sa pos-
session l'établissement du bureau fait par les oflîcïers
dti siège des exempts. Il a demandé, par requête pré-
cise, la maintenue dans le droit et possession où il est
de régir le collège, la nullité de l'établissement du bu-
reau d'administration, et de toutes les délibérations qui
y ont été et y seront prises,, avec défenses aux officiers
du siège des exempts de s'immiscer dans cette régie du
collège.
« Dans le cas où cette demande du chapitre de Saint-
Thugal ne réussirait pas, les officiers du siège coratal
soutiennent que c'est à eux qu'appartient l'entrée au
bureau d'administration. Le siège des exempts a surpris
la religion de M. te procureur général en lui déguisant
sa véritable nature et son origine. L'article 6 de l'édit
ne peut Hre entendu que de la justice royale ordinaire
et jamais siège ne fut plus extraordinaire que celui des
exempts par appel et des cas royaux. »
Mais les efforts réunis du chapitre de Saint-Tugal et
des officiers de la justice seigneuriale de Laval, bien que
ceux-ci paraissent avoir été soutenus dans leurs reven-
dications par le duc de la TrémolUe', ne purent obtenir
que le bureau du collège fiH supprimé.
Le procès durait encore, en 1770, lorsque la démission
de M. Segretain, provoquée sans doute par quelques
différends survenus entre celui-ci et le bureau du col-
lège, vint raviver la crise. M. Chatizel, vicaire à la
Trinité, ayant été choisi pour principal, sans la partici-
pation du chapitre de Saint-Tugal, celui-ci résolut de
protester contre cette nomination. Mais pour s'assurer,
cettf? fois encore, la protection du duc de la TrémoîUe,
il s'adressa de nouveau aux hommes d'alFaires du comte
de Laval pour leur demander de vouloir bien indiquer
l. Voir le Mémoire pour M. le duc de la TrémoUU, comte de
Laval, preiiiuit fait et cniisr — ■ -'"— ' — •'■• ••' — ■'— '" ■'-
Laval, Varis, 1767, 91 p. in-
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- m -
la ligne de conduite que les chanoineB auraient à suivre
dana la circonstaDce, tant vis-à-vis de M. Cbatizel per-
sonnellement que vis-à-vis des officiers de la justice
royale. Nous trouvons, parmi les pièces communiquées
par M. de la Beauluère, le projet de la lettre qui fut
adressée à cette occasion aux hommes d'affaires compo-
sant le conseil de M. de la Trémoïlle'.
« Lorsque Tédit du roi qui ordonne qu'on établisse
des bureaux pour l'administration des collèges parut, le
conseil de M. le duc de la Trémoïlle, après avoir exami-
né les titres du chapitre de Saint-Thugal, décida que
cette compagnie étoit dans le cas de l'exception portée
par cet édit et fut d'avis qu'elle devoit présenter une
requête pour demander à être maintenue en possession
d'administrer le collège conjointement avec messieurs
les ofliciers de l'Hôtel-de-Ville, ainsi que dans tous les
droits qui lui appartenoient à cet égard, et pour s'op-
poser au nouveau bureau d'administration formé par le
procureur du roy au siège des exempts par appel.
« La requête fut présentée au Parlement. Jusqu'ici il
n'a point été possible d'obtenir un jugement et le bu-
reau formé par le procureur du roy s'est ingéré d'admi-
nistrer le collège et d'exercer tous les droits qui appar-
tenaient au chapitre de Saint-Thugal. Un de ses plus
beaux droits étoit la nomination du principal, en choï-
sisScint un des trois, ou au moins un des deux sujets
qui lui étoient présentés par les officiers du corps de
ville pour remplir cette place. Ce droit est consigné
dana un règlement authentique du 28 août 1699, dressé
par les députés du chapitre et ceux du corps de ville,
règlement qui a été exécuté dans tous ses points jus-
qu'au moment où l'on a vu éclore le nouveau bureau
d'administration.
« M. Segretain, nommé le 13 mai 1740, parle cbapi-
1 . Copie du temps, sans date et sans sigfnature.
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— m —
tre, principal du collège, ayant donné sa démUaion
dans le mois de Beptembre (1770), le bnreaa a nom-
mé en son lien et place M. Chatizel, prêtre de ce dio-
cèse.
<i Le principal ayant dans l'église de Saint-Thugal,
qui est sa paroisse, une place immédiatement après tous
les chanoines, M. Chatizel ne manquera point de se
présenter pour l'occuper du moins certains '
et il a annoncé lui-même que c'est son intention.
« En conséquence on demande quelle est la conduite
qne le chapitre doit tenir en cette occasion. Peut-il, sans
préjudicier aux droits qu'il a réclamés dans sa requête
et son opposition à la formation du nouveau bureau,
garder le silence sur la nomination du nouveau princi-
pal et ne pas former opposition à ce qu'il vienne occu-
per dans te chœur de Saint-Tliugal la place réservée au
principal du collège ?
« Si le chapitre doit faire signifier quetqu'acte, on
prie le conseil d'en envoyer un modèle.
« Mais il y a un autre point qui mérite une attention
particulière. Charlotte de Nassau, duchesse douairière
de la Trémoille, dans sa transaction faite avec les habi-
tants de Laval pour terminer le procès qu'ils avoient
intenté pour faire unir une prébende au collège, consen-
tit à donner et conférer auxdîts habitants et en leur fa-
veur, la première vacante des prébendes ou canonicats
dudit collège de Saint- Thugal, pour être les fruit» de la
prébende, de là en avant, délivrés par ledit chapitre pour
l'entretien du principal et des régents dudit collège, à
raison de deux cents livres par chacun an et par quar-
tiers ; à laquelle raison de deux cents livres, les fruits
de ladite prébende ou canonicat demeurent réglés du jour
de ladite vacance, sans que le principal ou les régents
soient tenus de faire aucun service ou résidence en la
1, Ce mol manque, le papier ayant été déchiré à cet eodroil.
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_ ÎM ■
dite église .... et ont de toat ce que dessns les par-
ties respectivement contractantes demeuré d'accord de se
tenir et accomplir sans jamais y contrevenir, etc... »
Le conseil de M. le duc de la Trémollle ayant été d'a-
vis que les chanoines de Saint-Tugal protestassent con-
tre cette nouvelle atteinte portée à leurs privilèges sur
le collège, ceux-ci firent signifier cette protestation a
M. Chatizel personnellemeut et aux officiers de la justice
royale. Us portèrent en même temps ce nouveau grief
devant le parlement, mais sans pouvoir obtenir de celui-
ci une solution favorable. Le chapitre de Saint-Tugal
reçut bien, en 1771, une sorte de satisfaction par la dé-
mission de M. Chatizel et la nomination, pour remplacer
celui-ci, d'un candidat agréable, M. Segrelain, neveu du
précédent principal de ce nom. Mais cette nomination,
résultat sans doute d'un compromis conclu provisoire-
ment entre le bureau du collège et le chapitre, laissait
la question entière.
C'est seulement quinze ans plus tard que le procès
commencé en 1763, depuis vingt-deux ans, par le chapi-
tre de Saint-Tugal et les officiers de la justice seigneu-
riale de Laval, put recevoir une solution. Nous trouvons
mentionné, dans une délibération du bureau du collège,
en date du 19 août 1790, dont nous avons eu occasion
de parler plus haut, un arrêt du 8 mars 1785 qui dut
avoir pour but de terminer ce différend. Cet arrêt, dont
nous n'avons pu retrouver le texte, déboutait les deman-
deurs de leur prétentions, consacrait les droits du juge
royal des exempts, et confirmait l'institution du bureau
du collège tant pour le passé que pour l'avenir'. La
il serait intervenu, entre le bureau du coilègre et le chapitre c
Saint-Tugal, un arrangement, aux fermes duijuel le doyen dudit
chapitre devait être appelé, pour l'avenir, à faire partie de ce bu-
reau, et cette transaction aurait été homologuée parle Parlement.
C'est possible, mais nous n'avons pas trouvé de traces de ce
compromis, et il n'est pas question du doyen de Saint-Tugal
dans la délibération du 19 août 1790.
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- 224 -
liste des membres de ce bureau, à la date du 19 août
1790, prouve qu'il était encore à cette époque cQm|)08é
suivant les prescriptions de l'édit de 1763, sous la pri'-
sidence du juge royal des exempts par appel, M. Fiûn
du Guyboutier ' .
(A suivre).
Ë. Queruau-Laherie.
i continua à
seul les principaux appelés à diriger te collège de 1770 à 1791.
C'est fui encore qui obtint du chapitre de Sainl-Tugal, Je 14
juillet 17S7, B après de longues contestations, n que le principal
du collège touchât le revenu entier de la prébende qui lui était
atTectée, à partir du 25 décembre suivant. (Mrfmojrc relatif atu:
revenu» du ci-devant collège Archives municipales de la ville de
Laval).
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LA FAMILLE BODGHBT DE SOURCHES
J'ai publié en 1887, aous le nom de M. te duc des
Cars et sous le mien, un volume intitulé : Le châ-
teau de Sourches au Maine et ses seigneurs '.
Ayant eu l'occasion de faire connaître sommairement^
dans cet ouvrage, l'origine des Bouctiet de Sourches,
je ne reviendrais pas sur cette question, assez peu im-
portante en elle-même, si un estimable chroniqueur n'a-
vait écrit dans un récent travail : « 11 y a divergence
« entre les auteurs qui ont dressé la généalogie des
« Bouchet. Cette divergence, à défaut de preuves cer-
« taines, ne cesse de nous laisser dans un état perplexe.
« Nous ne serions pas éloigné de nous rattacher à la
« généalogie fournie par Le Paige ^ aux articles La
« Ferté-Macé et Saint-Symphorien *. »
La perplexité d'autrui m'émeut ; en toute chanté et
par amour de la vérité, il faut y mettre un terme. Et
1. Paris, H. Lecène et II. Oudin, éditeurs, rue Bonaparte, 17.
2. Voir, Le château de Sourches au Maine et ses seigneur».
Ohsert^tions critiques. Mamers, O. Fleury et A. DanKiu. 1887,
ii.-a- de VII p.
3. Dictionnaire de la province du Maine.
4. I', Moulard. Recherche» historiques sur Saint- Léonard-des-
Bois et Saint- Panl-te- Gaultier. Le Mans, Lebrault. rue Auvray,
lBBft.p. 117.
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- âî6 -
puis, il est l)on d'enlever à Le Paigo une autorité qu'il
ne mérite guère. Noua sommes tous sujets à erreur ;
mais le bon chanoine du Mans a trop souvent dépassé
les limites du permis, en publiant sans critique des gé-
néalogies dues à l'imagination de gens qui eussent vou-
lu descendre de Jupiter.
J'offre ce petit travail aux membres de la Commission
Historique et Archéologique de la Mayenne. 11 leur re-
vient de droit, le bourg de Villoines-la-Juhel ayant été,
à défaut de la fameuse nuit des temps ou des champs de
bataille de la Palestine, le berceau de la famille Bouchet
de Sourches.
CHAPITBE I
S I
Je dois d'abord donner, d'après Le Paige, la filiation
des Bouchet. Il faut reconstruire l'édifice du chanoine
aQu de pouvoir enlever la pierre qui entraînera la ruine
de son œuvre.
« La maison du Bouchet', dit-il, et avec lui Moréri,
est une des plus anciennes de la province du Maine et
originaire d'Anjou où elle possédait anciennement la
terre du Bouchet^.
« Cette maison prit alliance à la Bn du XII' siècle
1. Il eût fallu dire : • la famille Bouchel. a Bouchet n'est pas
ici un noia de terre, mais un nom patronymique.
2. Quelle terre du Bouchet ? 11 y a en Anjou et dans le Maine
beaucoup de terres portant le nom de le Bouchet. Hais aucune
d'elles n's été possraée par ta famille Bouchet de Sourches.
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~ m —
avec celle des comtes de VeDdâmois et des anciuas com-
tes d'ÂlençoD par le mariage de Jeanne du Bouchet avec
Hugues IV, comte de Vendômois et Robert IV, comte
de BeUème'.
« Jeanne du Bouchet était tante et marraine de :
Il Robert 1 du Bouchet, seigneur de la Ferté-Macé,
de Saint-Léonard et de MalefTre -.
n Robert II du Bouchet, fils de Robert I, fit le voyage
de Terre-Sainte et épousa eu 1263, Gabrielle de Lonlay,
d'où :
« Pierre du Bouchet qui se maria en 1301, avec Léo-
nore de Hertré. De cette union vint :
a Baudouin du Bouchet, marié en 1355, à Charlotte
de Clinchamp 3, dont Hardouin et Jean, chef de la bran-
che de Maleffre.
« Hardouin du Bouchet épousa, en 1369, Jacqueline de
Longaunay qui lui donna :
« Jean du Bouchet, marié en 1415, avec Charlotte
d'Assé *, père et mère de :
« Guillaume du Bouchet, lieutenant et connétable
de la ville et du château du Mans, uni, en 1459, à Jeanne
DE Vassé, dame de Sourchgs-le-Vaybr. »
Je laisse aux érudits normands le aoin de discuter
l'authenticité plus que problématique des du Bouchet,
t. Le Mercure de France, février 1747, [ail éraiement remon-
ter les Bouchet de Sourches à Jeanne du Bouchet, mariée vers
1200, aveu Robert, comte de Bellëme, de Ponlhieu el d'Alençon.
3. Saint- Léonard et MalefTre n'entrèrent dans la famille Bou-
chet qu'au milieu du XV' siècle.
3. » Charlotte de Cliiicliiimp épouse, le lOjannvier 1355, Bau-
B douin du Bouchet, écuyer, fils de Pierre, sire du Bouchet, et
1 de Léonore de Hertré. — Preuves des du Bouchet pour le Saint-
■ Esprit. D (Le Chartrier français, 4» année, 1870-1871; p. 91).
^. ■ Jean du Bouchet, 1" du nom, fils de Baudouin du Bou-
a chet, 1" du nom, et de Charlotte de Chnchamp. se maria en
■ lil5, à Charlotte d'Assé ; de ce mariage naquit Ouillaume du
■ Bouchet. ■ (La Chesnaye-Desbois).
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seigneurs de la Ferté-Macé aux XIII* et XIV siècles'.
Ma tâche consiste à faire rentrer Guillaume Bouchet de
Villaînes-la-Juhel, mari de Jeanne de Yassé, dans sa
vraie famille, en le débarrassant d'ancêtres de contre-
bande.
!! II
Villaines-la-Juhel est une petite ville — on pourrait
dire un gros bourg — de la Mayenne assise sur les
marches du Bas-AIaine du cdté de la Normandie. D'as-
pect assez triste comme tous les villages de cette région
où l'on emploie le granit dans les constructions, elle se
recommande à ratlention du touriste par deux églises^
en partie romanes ' et par les ruines d'un vieux donjon
de la même époque.
Pauvre vieux donjon ! Le temps l'eût peut-être épar-
gné, mais les hommes, moins respectueux que les élé-
ments, ont pris à tâche de l'amoindrir. Sa robuste tète
carrée a été détachée du tronc, et ce tronc, mutilé, dés-
honoré, se penche sur une carrière béante qui semble
devoir être son tombeau. Privé de son couronnement,
sapé par la base, il retourne à la terre d'où il est sorti !
Au XV° siècle, ce monument, dressé sur le roc, éle-
vait vers te ciel ses quatre murailles flanquées de douze
contreforts peu saillants, émergeant d'un gtttbis bien ap-
1. ■ Un Payen de 3ourohes iChaources) épousa au moyen-Age
Alice, lille de Guillaume âe la l erté et de Har^nerile Brewer. Ne
serail-ce point l'alliance de cette Alice de la Fertê avec Payen de
Souruhes qui aurait inspiré aux du Bouchet de Sounihes ta flat-
teuse idée de regarder leurs aucëtres comme les premiers sei-
gneurs de la Ferlé-Macii ? • (G" Gérard de Coiilades, .VawVc
sur la commune de Lonlay -le- Tesson, p. 90),
2. Saint-Nicolas et Saint-Georges.
3. Le portail de Suint-Nicolas est surtout intéressant.
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pareille comme le reate de la conatruction'. U dominait
la vallée où se rangent les maisons de Villaines et sur-
veillait les campagnes environnantes. Dans ce temps,
le paysan, efTrayé par les rumeurs de guerre et creusant
un sillon destiné peut-être à ne pas rendre la semence
qu'on lui confiait, tournait souvent son regard vers le
noir repaire féodal ; là étaient et son eiïroi et son espé-
rance. Bien souvent, le fléau destructeur était sorti de '
ses entrailles sous la forme de soudards aux appétits de
chiens de meute, mais, bien des fois aussi le salut lui
avait été offert derrières ses épais remparts ! L'homme
de la terre maudissait et bénissait tour à tour la forte-
resse qui était pour lui une menace et un port;
Les sentiments de la population urbaine étaient au-
tres. La soldatesque était moins redoutable à la ville
qu'en rase campagne. Le donjon devenait moins terri-
fiant à mesure qu'on s'en rapprochait. Marchands, bour-
geois, gens de robe, tous étaient familiarisés avec lui et
avec ceux qui l'occupaient. D'ailleurs, l'homme d'ar-
mes, écuyer ou chevalier, qui s'y renfermait aux épo-
ques de guerre, aussi hardi pillard que mauvais éco-
nome, avait souvent recours, pour parer aux besoins du
moment, à la bourse du bourgeois parcimonieux. Pen-
dant que celui-ci spéculait et thésaurisait, celui-là em-
pruntait et engagait ses biens. Ordinairement, terres,
flefs, seigneuries, tout restait aux mains du plus rusé,
c'est-à-dire au financier. Comme suprême consolation,
1. Le donjon de Villaines-la-Juhel, qui a conservé à un de ses
ang;Ies son revêtement intact, occupe une superlioie d'environ
vingt-deux mètres carrés. Quant k sa hauteur primilive on peut
J'évuluer à une trentaine de mètres au moins. On gagne l'in-
téi'ieiir de ce donjon par une brèclie pratiquée dans une de ses
faces danx le mur vertical au-dessous du glacis. Un rocher, qui
joue le râle de pilier, soutient le glacis en cet endroit. On parvient
au sommet des murailles en escaladant de gros blocs de granit
recouverts de terre qui forment un terre-plein entre les quatre
murs de la ruine.
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le pauvre chevalier pouvait ae dire que, s'il laissait ses
enfaats dana une situation précaire, il avait au moins
versé généreusement son sang^ et donné de grands coups
d'épée. L'autre, l'homme d'argent, regardait avec en-
vie le château du puissant baron ; il rêvait la noblesse
pour les siens et, précurseur des rois du jour, vampires
à la fortune scandaleuse, il pensait que l'or était un as-
sez puissant levier pour élever une modeste maison à la
hauteur des plus illustres. Ce rêve n'était pas toujours
éphémère, — la suite de ce travail va nous le montrer,
— il devenait quelquefois la réalité.
I; III
Guillaume Bouchet, « lieutenant et connétable de la
Ht ville et ch&teau du Mans, u mari de Jeanne de Vassé,
dame de Sourchea-le-Vayer, n'était pas fils — n'en dé-
plaise à Le Paige et à ceux qui l'ont suivi, — de Jean du
Bouchet et de Charlotte d'Assé. Il était issu du mariage
de Jean Bouchet, avocat en cour laye, et de sa première
femme Jeanne de Marcillé.
Jean Bouchet se trouvant être le père du premier Bou-
chet de Sourches, il importe d'établir précisément le rang
social qu'il occupait.
Jean Bouchet naquit â Villaines-Ia-Juhel * à la fm du
XIV siècle ou au commencement du XV", sous les
murs du massif donjon dont j'ai parlé plus haut. Son
père portait peut-être comme lui le prénom de Jean^ et
i. 1 Jehan Bouchet, aalHde Villaines-Ia-Juhes. t (Arch. dép.
de la Sarthe. Livre des rentes, cens, devoir» de Jehan Bouchet,
Ë300).
S. Vers 1391, on trouve ■ Jehan Boschet, u procureur de Ro-
bert de VendAme, set^eur de Lassay, dans un accord entre ce
demief et Quiflaume, seigneur de Bois/roust. {Arch. du château
de Lassay}. — En février 1414 (v. s.) c Jehan Buschet, l'aisné, a est
procureur du sei^eur >■ de Coaymes » à l'assise du Mans (Arch.
naL K> 395, foi. 93 v«J. — U21, « Jean Bouchet, lieutenant du
bailli de Mayenne. — l'i22, Jean Bouchet, de Villaiuës, prend à
ferme la pr«vAté dudit Villaines. (Bibl. nat. fonda franc. ll,B7:t).
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sa mère était issue d'uD bourgeois nommé Guillaume
Lambert'. Hardouin du Bouchet et Jacqueline de Lon-
gaunay ne furent pour rien dans son apparition sur la
terre. Le Paige, en donnant cette dernière filiation, s'est
encore trompé. La sœur de Jean Bouchet, dont j'ignore
le prénom, épousa un Bouchart ; de leur union vint Jean
Bouchart, écuyer, seigneur de la Miterie en Villaines-
la-Juhel^et de Bresteau en Courcité. Le 6 décembre
1455, un accord eut lieu entre « Jehan Bouchart, écuyer.
seigneur de la « Minterie^, », et « honorable homme
« et saige M* Jehan Bouchet, son oncle, » au sujet du
domaine du Orand-Bresteau'.
Une note, qui m'a été fournie par M. le vicomte S.
Menjot d'Elbenne, indique Geffeline du Bois, veuve de
Jean de Favières, comme femme de Jean Bouchard^.
Par ailleurs, M. l'abbé Guiller, dans ses Recherches
sur Changé-lès-Laval ^, dit que le seigneur de la Mite-
rie épousa en 1420, Aymerie, dame de Beauvais, fille
de Nicolas Guérin, bourgeois de Laval. Cette Aymerie
Guéria aérait imorte avant 1454, tandis que son mari
aurait vécu au moins jusqu'en 1473. Quoi qu'il en soit,
Jean Bouchart laissa plusieurs enfanta :
1. Commuaication de M. le vicomle Samuel MenJot d'Klbenne.
— Jean Bouchet dans son Livre de rentes, cent et devoirs, (Arch.
de la Sarthe, Ë 300), àla date du 6 décembre 1455, parle de Guil-
laume Lambert, son ayeul.
2. La Petite-Miterie, dont les Bouchart étaient également sei-
gneurs, se trouvait en Champgeneteux. •
3. Les documents anciens donnent les deux fonnes, Miterie on
Minterie.
4. Arch. de la Sarthe, E 300.
5. Un Jean Bouchart. seigneur de Olandsemé, épousa Jeanne
du Bois, fille de Pierre du Bois et de demoiselle Jeanne Margerie.
Leur llls aîné Guillaume Bouchart se maria par contrat du 5 no-
vembre 1478. (Chartrier du c/idteau de Laasay ; orig. pai-ch).
6. Tome II, pp, 58 et suivantes.
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~ 283 -
1* Harre Bonchart, aeigneur de la Miterîe, mort vers
l'anoée 1500 <.
2* Renée Boucbart, dame de Beauvais et de la Mite-
rîe, héritière de son frère Pierre, veuve dèa 1500 de
noble homme Jean du Bailleul, dont elle eut un fils,
Etienne du Bailleul, qui épousa demoiselle Radegonde
deLoré^.
3* Louise Boucbart, dame de Bresteau en Courcité et
de Champ en Trans, mariée le 25 mai 1470 à Guillaume
de Montesson, écuyer, seigneur de Saint-Aubin-du-Dé-
sert, d'où : Nicolas de Montesson, écuyer, seigneur de
Saint-Aubin-du-Désert, uni, le 22 avril 1506, à Marie
1. 1500-1S05. B Du seitrneur de la Miterie, powr le don et legs
« Tait à la Tabncque (de Villames-Ia-Juhel) par Teu noble homme
■ Pierre Bouchaii, en son vivant seigneur dudit lieu de la Mi-
« trie, • 6 livres tournois de rente pour deux années. (Compteade
fabrique de ViUainet-la~Ju/iel conservés au presbytère).
Le document suivant en est la preuve. • De noble homme Es-
( tienne du Boilleul, seigneur de la Mylerie, pour le don et legs
■ fait à la fabricque de Villaines par feu noole homme Pierre
( Bouchart, en son vivant, seiffneur dudit tieu de la Myterie, de
« deux piecies de terre sises près le lieu de la Petite-Myterie.
■ en la paroisse de Champgenestoux, qui estoient des deppen-
« dences d'icelluy lieu. ...pour lesquelles deux pieczes de terre
■ feue damoiselle Renée Bouchart, seur germaine et principale
* héritière dudit feu Pierre Bouchart, veufve de feu noble hom-
( me Jehan du Bailleul, mère dudit Ëstienne, en son vivant, dame
( de la dite terre de la Miterie, et ledit Estienne soy obligèrent
« envers ladite fabricque et procureurd'icelle faire poicr etconti-
* nuer chacune ans et sur le principal foyer dudit lieu de la My-
* terie > 60 sous tournois de rente, « laquelle rente avons receue
■ des termes de Toussains g 1509 à 1514, i tant par la main du-
* dit feu du Bailleul, en son vivant, que par les mains de damoi-
■ selle Jehanne de Loré, ayant, pour noble homme messire Am-
> broys de Loré, chevalier, seigneur dudit lieu, son frère, l'admi-
* nistralion... de la terre de la Myterîe, comme bail et curateur
■ iceluy chevalier, ordonné par justice, des enfnns minaurs du
' dit Teu Estienne du Bailleulcl de feue Radesonde de Loré, son
1 espouse, seur dudit chevalier. ■ (Comptes de fahriqae de Vil-
lainet-la-Juiiel. 1505 à 1515).
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- 484 -
Bonchet', fille de -Pierre Bouchet, seigneur de Maleft^,
et de CatherÏDe de Saint- Rémy '.
Jean Boucbet, oncle de Jean Boucbart, seigneur de la
Miterie, devint avocat en cour laye, et fut bailli de la
chAtellenie de Champagne-Hommet pendant les années
1438 et suivantes^; bailli de Lassay « pour très noble
« et puissant seigneur monseigneur le vidame de Cbar-
« très, » 1457-1462*; lieutenant à Yillaines-la-Jubel
1460^; bailli du seigneur de Lamboul, 1465^, puis lieu-
1. Marie Bouchet, arrière-petite- fille de Jean Bouchet par Gil-
les et Pierre Bouchet, seigneurs de Maleffre, était cousine de Ni-
colas de Monteason, descendant de ta sœur de Jean Bouchet.
femme d'un Bouchart, par Jean Bourhart, seigneur de la Miterie,
et sa lille Louise Bouchart.
2. Communicatinn de M. le vicomte S. Menjot d'Ëlbenne. —
L'alliance de Nicolas de Monlesson est prouvée par le document
suivant : n De damoiselle Katherine de Saint-Rémy, veufve de
■ feu noble homme Pierre Bouchet, en son vivant seigneur de
R Maleiïre, Courbehier, Coullion, du Fousteau, la Pineliëre, la
■ Teiillière, el autres choses sises en la paroisse de Villaines,
< bail naturel des enfants mineurs d'ans dudit feu et d'elle; et de
' noble homme Nicolas de Monlesson, seigneur de Saint-Aubin
n et du Cormier, mari de Marie, fille dudit feu Bouchet et de la-
0 dite Katherine, à pi-ésenL curateur ordonné parjuslice ausdils
■ mineurs, depuis le second mariaige de ladite Katherine, par
« quoy elle perdit le bail d'iceulx enians, pour le don et legs fait
« par ledit feu Bouchet à ladite fabricque (de Villaines) sur ses
s dites terreset seigneuries sises en ladite paraisses de Villaines...
« pour ce desdites sept années, XIIII tiv. e Comptes de fabrique
de Villaines-la-Jukel. 1516-1517.
3. Archives du château de Juigné-sur-Sarthe. Extrait d«» ti-
tres féodaux de la terre et seigneurie de Champagne-Hommet,
t. I ; Mélanges, p. 90.
4. On rencontre Jean Bouchet, tenant pour la première fois les
assises de Lassay, comme bailli, le 10 janvier 1456 (v. s.). Il suc-
cédait à Pierre de Pennart qui avait tenu la dernière assise, le 15
octobre 1456. Après lui, le 14 février 1462 (v. s.) on trouve
" maistre Franczois Le Chai, bailly « de Lassay. (C/iartrierda
ehdteau de Lassay), Je dois remercier ici M. le marquis etM. le
comte de Beauchesne qui m'ont communiqué leurs archives avec
une grande bienveillance.
5. En 1460, Jean Bouchet, lieutenont à Villaines-la-Juhel, in-
forme contre Guillaume Le^endre des Chapelles qui avait fait
une fausse obligation au préjudice de Robert des Chapelles. ('j4rr/i.
nat. R6 386, fol. 239).
6. Années 1465 et
de Lamboul. (Arch. .
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— 233 —
tenant au MaoB « en office de sénéchal. » Il avait été
procarenr de Robert de La Croixille, de Jean du Bellay,
chevalier, seigneur du Bois-Thibault, de Pierre de
Champagne, écuyer, seigneur dudit lieu et de « Baaail-
« les, » durant les années 1451, 1452 et 1455'. Pendant
qu'il remplissait ses fonctions de bailli de la chAtellenie
de Champagne- H ommet, il habitait ordinairement à Sa-
blé -, dans une maison acquise de Guillaume Sufileau,
pour laquelle il devait au curé de la paroisse de Saint-
Martin une rente annuelle de douze deniers^. Outre
cette maison, il avait encore acheté en 1440 et en 1445
du même Guillaume Suffleau et de « noble homme Ger-
« vaise de Landrcpouatc, escuier, seigneur dudit lieu, «
certains biens à Souvigné-sur-Sarthe et à Précigné.
Gervaise de Landrepouate, qui avait guerroyé contre les
Anglais et probablement emprunté quelques sommes à
« honorable homme et saige Jehan Bouchet, » consentit
à se dépouiller en considération des services que ledit
Bouchet lui avait rendus « au temps pasaé^. »
Une des tilles de notre avocat en cour laye fiit tenue
sur les fonts sacrés par Olivette de Noce, dame de Rous-
sey. Cette dernière fît son testament te 6 décembre 1442,
demanda la sépulture dans l'église Saint-Martin de Sa-
blé, et choisit pour aea exécuteurs testamentaires : Jean
Bouchet, Jean de Thévalle, chevalier, et Guillaume Le
Barbier. De plus, elle donna à sa « filleule de Tesvalle
« ses matines, et à aa filleule, la fille de Jehan Bouchet,
a la plus grande de aes bourses^. »
1. Ckanrier de Laasay.
2. Je trouve Jean Bouchet qualifié habilanl de t3ablé dans cer-
tains actes du 24 janvier 1440 (v. s.), 21 février 14'i3 (v. s.), 13
juillet, 23 août 1445 et 8 aoAt 1146. (Arch. de la Sartlie. E 3001. Le
15 juillet 1453, Il est dit habitant de Villaines-la-Juhel.
3. Aveu rendu le 13janvier 1455 (v. s.) par Guy Lebas, prêtre,
curé de Saînt-Martip de Sablé, au comte du Muiiîe. Pièce porche-
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L'abbaye dn Perray-Neuf, eituée sur le territoire de
Précigné, doit son existence aux seigneurs de Sablé,
1189-1209. Je me suis pendant longtemps demandé but
quels documents Historiques s'étaient appuyés les au-
teurs qui ont affirmé que cette même abbaye avait été
fondée en partie par la famille Bouchet >. Je crois pos-
séder maintenant le mot de l'énigme. Jean Bouchet,
après ses acquisitions à Sablé, à Souvigné et à Préci-
cigné, dut se montrer généreux envers les moines du
Perray et prit probablement rang parmi les bienfaiteurs
de l'abbaye. Dans la suite des temps, on en vint à croire
que la famille Bouchet de Sourches avait possédé des
terres dans le pays de Sablé dès le moyen-dge, et
qu'elle avait participé à la fondation de l'abbaye du Per-
ray-Neuf avec Robert de Sablé, Pierre de Brion et le
sénéchal d'Anjou, Guillaume des Roches.
J'ai déjà dit plus haut que Le Paige et Morérï ont
marié Jean Bouchet avec Charlotte d'Assé. Cette er-
reur peut avoir pour origine certains échanges qu'il fît
en 1453 avec Marguerite de La Perrière, dame d'Assé.
Ses deux unions furent contractées, la première avec
Jeanne de Marcillé, et 1« seconde avec Aliette de Mé-
zerette, veuve de Jean Boudan.
Jeanne de Marcillé était fille de Michel de Marcillé,
seigneur dudit Heu, de Saint-JuHen-du-Terroux et du
Ham -. Par ce mariage, Jean Bouchet devint seigneur
1. ■ L'abbaye du Perray-Neuf fut fondée en partie par les du
• Bouchet de Sourches (Nloréri, Dictionnaire historique), a
2. 27 juin 14/0. " Jean de Marcillé. escuier, sei^ieur dudit lieu,
" (îIt; et héritier de feu Michel de Marcillé, en son vivant sei-
" gneur dudit lieu de Marcillé et de la terre du Han, qui fut et
n appartint anxiennement au seigneur de Doucelles.., Jehan de
■ Marcillé disant que ledit feu Michel de Marcillé, son père,
n et feu Macé de Marcillé son ayeul, ses prédécesseurs, sei-
• gneurs de la dite terre du Han, en avoientfoy et usé... (Char-
trier de Lassaij. Remembrances). »
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du Han) *. Catherine de Marcillé, femme d'Ambroise de
Loré, le grand capitaine manceau pendant la dernière
période de la guerre de Cent-Ans, devait être parente
de Jeanne à un degré qui m'est inconnu^.
Quatre enfants naquirent de l'union de Jean Bouchet
avec Jeanne de Marcillé. Le premier, Gilles ou GUlet,
tige des Bouchet, seigneurB de Maleiïre ^, épousa Mar-
guerite des Mons, fut maître d'hdtel du comte du Maine
et gouverneur de Chdtellerault*; le second, Guillaume,
dont je parlerai plus tard, fonda la branche des Bouchet
de Sourches par son alliance avec Jeanne de Yassé ; les
deux autres, deux QUes, Ambroise et MickeleUCy s'uni-
rent à Gerraise Ferrequin, seigneur de Roufrançois, et
à Jean II du Bailleul^.
Aliette de Mézerette, veuve de Jean Boudan et
deuxième femme de Jean Bouchet, était fille de Jean de
Mézerette, avocat en cour laye, et de Catherine de
Saint-Denis. Un partage fait le premier janvier 1444 (v.
s.) entre les cohéritiers de ses beaux parents assura à
Jean Bouchet la possession de « dix-neuf ou vingt ter-
« res, la plupart seigneurtalles, u dans les paroisses
de Chassé, Houllée, Piacé, René, Montigny, les Mées,
i. 1469. Demoiselle Jeanne Cornilleau, veuve d'Ambroise Le
Mère, bail de ses enrants mineurs, s'avoue ■ subgecU ■ de Las-
sav, pour sa terre du Saulle à Hardanges, « par le mo^en des
■ riéritiers de feu Jehan Bouchet, seigneur du Ham, qui tiennent
a leur dite terre du Hao du seigneur de Marcillé, à cause de ses
" Hez de Ducelle, et le dit de Marcillé de » Lassay (Cbartrier de
Lagsay. Remembrancea).
2. Catherine de Marcillé était fille de Fougues de Marcillé.
1 Les défendeurs disent que de Fouques de Marcillé yssit mes-
>< sire Fouques, père de ta femme de messire Ambrois de Loré,
■ chevalier, prévost de Paris. {Ârch. nai. Xia 4800, fol. 68, è. la
date du S mars 1443 {v.
'A. En Arçonnay et Bénis (Sarthe).
't. Le chdtea
Jt 294.
5. Ibid.. p. 1
. Le ehdteau de Sourcbea au Maine et se* teigneun, pp. 100
et 294.
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Vernie, MontreuU, Saint-Christophe-du-Jambet, Moi-
tron et Beaumoat*.
La eeconde union de Jean Bouchet fut aussi Féconde
que la première. Aliette, qui avait déjà un fils de sa pre-
mière alliance, donna à son deuxième mari : Biaise, qui
fut prêtre et seigneur de Toussaint en Ségrie'; Cathe-
rine, Jeanne et Gérarde, femmes de Jean de Lambarre,
de Jean Couvé et de Jean Poisson, seigneur du Cou-
dray ^.
Du temps de son premier mariage, Jean Bouchet avait
acquis de Michel de Launay et de sa femme, héritière d'O-
livier, seigneur de Prez, les terres des Fossez, de Champ-
fremont, situées à la PoAté, et l'importante seigneurie de
MalelTre avec droit de basse, moyenne et haute justice,
terres « assises au pays occupé par les Angloys. »
Quelques années plus tard, Guillaume de Launay, fils
de Michel, avait le malheur de tomber entre les mains
des ennemis de la France. Le pauvre écuyer, mieux ha-
bitué au maniement de l'épée qu'aux opérations finan-
cières, ne savait où trouver la somme qui devait le ren-
dre â la liberté. Dans son embarras, il eut recours à
Jean Bouchet. Celui-ci, qui avait déjà secouru le père,
1. Chartrier de SouFclies, — Le château de Sourcliei au Maine
et tel seigneurs, pp. 101, 348-350.
2. Les biens de Jean Bouchet à Ségrie lui venaient en partie de
son père.: les n féaiges de Toussent » arquis par son père « du
« Breton de Saint-Cnristophe : o le n féaige de la Rougière, » ac-
quis par son père •> de Michel Potier et de sa seur; » le « fié
s Avril, » acquis également par son père s de Jehan Avril, s
Arek. de la ,ïar(Ae, E 300.
3. Les cendres de Jean Bouchet étaient comme lui des hom-
mes de loi. Le 13 avril 1458 (n. s.), on rencontre a Jehan de Lam-
n barre, et Jehan Couvé, procureurs de Juhes Le Chat, escuj-er,
• seifmeur de Gahignâ, u aux assises de Lassay. Le 12 janvier
1461 (v. s.). Jean Couvé lient les assises de Lassay pour le bailli,
son beau-père. Le 26 octobre l'i62, Jean Poisson est dit châtelain
de Lassay et en cette qualité tient les assises, le 14 février 1462
(y. s,), • pour maistre Franciois Le Chat, bailly. » (Cbartrier de
Lassay).
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- Î39 -
vint en aide eu fils. Pour reconnaître oe serrice, Guil-
laume de Laonay ratifia la vente des Fosses, de Champ-
fremont et de Maleffre '. Déplus, le 24 janvier 1440
(v. s.) et le 6 mai 1445, il donna à son soi-disant
libérateur certaines rentes que lui devaient Michel de
Maroillé, seigneur de Saint-JuIien-du-Terroux, Jean
Poisson et le seigneur de Saint-Georges-le-Gaoltier ;
lui accorda par acte du 11 juin 1446, « féaige et usaige
« en ses boys de Prez et de la Plesse, » ne demandant
en retour « qu'ung cbappeau de rouses à troys rangs,
a chacun an, au jour de la Saint-Jehan-Bapiiste, » et
lui céda le domaine de la Motte dans la paroisse de Ges-
vres. Comme on le voit, Jean Bouchct savait dépouiller
ses débiteurs non seulement sans tes faire crier, mais
en leur persuadant qu'ils restaient ses obligés. Guillau-
me de Launay^, particulièrement, tout en aliénant son
patrimoine, reconnaissait a les grands et bons plaisirs
« que lui avoit faiz au temps passé honorable homme et
« saige Jehan Bonchet, advocat en court laye, comme
« de l'avoir deHvré et mis hors des mains des Angtoïs^. »
Un nommé Chaudron, de Ségrie, et Julien Le Roy,
dit Charolais, meunier au moulin de Pierre-Pont à Vîl-
lepail, durent également recourir à Jean Bouchet pour
recouvrer leur liberté. Cbarolaia avait eu la bonne for-
1. a Rentes de ma terre des Foussez et de Champfre
t sis en la Posté, laquelle fut feu Olivier, seigneur de Près, la-
* quelle Michel de Launny, et sn femme, dame de la terre, me
< Irao sport èreut ou temps de feu Jehenne de Marcillë, que Dieu
< absolle, ma première Temme,.. Rentes de ma terre de Maillef-
» fre, laquelle terre ge acquise ou temps de feu Jehenne de Mar-
" cillié, ma première femme, de Michel de Launay et de sa fem-
• me... Et depuis c'est obhgé Guillaume de Launay à g'arantir le
n marchié de son père, n {Arc/i. de ta Sarihe, E 300).
î. Le 17 septembre 1453, n Guillaume de Launay, escuier, sei-
■ gneur de Prez, » était « appelé en la cour de Lassav en la
' présence de Jehan Bouchet. {Cliartrier de Lassay. Remem-
brancea). »
3. Arch. de la Sartlie, E 300.
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— 240 -
tune de participer, après la levée dn siège d'Orléans
eu dans une rencontre aux environs de Domfront, è là
capture du fameux chef anglais Thomas de Scales'. 11
vendit anssitdt sa part de prise au c-apitaine français
Guyon du Coing ^ pour deux cents saluts. Guyon du
Coing étant mort sans éteindre sa dette, le pauvre Le
Roy dut céder, le 13 juillet 1445, sa créance à Jean
Bouchet afin de se libérer de la somme de 200 écus d'or
qu'il avait empruntée à Tavocat en cour laye pour se ti-
rer lui-même « de la main des Engloiz. » Le même jour
Jean Bouchet, alors qualifié seigneur de Pierre-Pont,
bailla par héritage à Charoiais la place du moulin de
Pierre-Pont 3.
Jean Bouchet ne se permettait que de bonnes spécu-
lations. Le 15 juillet 1453, en présence de Jean de Beau-
mont et de Jeanne de la Ferrière, veuve du feu seigneur
de Vernie, il transporta à noble dame Marguerite de la
Perrière, dame dudit lieu et d'Assé, vingt cinq livres de
rentes, en échange « de la terre et appartenances de
1. Thomas de Scales, capitaine de Domfront et de Pontorson,
tomba petit-étre aux mains des Français dans une rencontre dans le
Says de Domfront. Quoi qu'il en soit, il fut pris en juin 1429, prés
e Jai^eau, ainsi que William Pôle, comte de Suiïolk, et Jean
Talbot, comte de Shrewsbury. {Chronique normande de P. Co-
chon : édition Vallet de Viriville, p. 455). — Le sceau de « Tho-
• mas, sire de Scales, séneschaF de Normendie, > placé au bas
d'une c[uiltance du 12 septembre 1446, porte six coquilles, placées
3, 2, 1. {Bibl. nat. Titres scellés de Clairambault. l. 36, p. 2731).
— En 1428. on rencontre : o nurnseigneur Thomas, seigneur de
it Scales, chevalier banneret. capitaine de Pontorson et de Demp-
front). Bibl. nat. Mss. f. f. 4488, Comptes de Pierre Surreau,
p. 326).
2. Guyon du Coing, écuyer, mari de Jeanne de La Motte, capi-
taine de Beaamont-le~ Vicomte en 1433, obtint plusieurs fois oes
saufs -conduits o pour aller hors de l'obéissance des Anglais et
" es places et forteresses contraires, enclavées en Anjou et au
n Maine (Arcli. nat. KK 324). a En 1441, peu avant sa mort, il
surprit et tailla en pièces une bande anglaise dans le bourg de
Saint-Denis d'Anjou. [Hyatoire aggrégative des annalles et c/iro-
nieques d'Anjou, par Jean de Bourdigné).
3. Arch. de la Sarthe, E 300.
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« Saiat-Léoaard-des-Bois, avec les bois de Charmason
« et de la Fresnayfl, et tous cens, rentes, devoirs, féa-
« ges, hommes, hommages, prévosté, sceaux de contrat,
u justice et juridiction haulte, moyenne et basse... tout
a aînsy que feu messîre Jean Ouvrouin, chevallier, et
« dame Jeanne OuVrouine, sa sœur^, les tenoient et
1. Jean Ouvrouin et sa sœur Jeanne étaient enfants de Jean
Ouvrouin, chevalier, et de dame Jeanne de Courceriers. Cette
dernière, venue n au pardon de Sainl-Denis, ...environ la feste
B Saint Mathias. 1440, ala de vie à trespassement à Paris, et fut
a enterrée en l'église Saint- Eustache. > On rencontre ce détail
dans un procès du 16 août 1401 entre « messire Guillaume, sei-
8 ^eur de Courceriers, messire Robert, seisneur de la Perrière,
s chevaliers, Jehan de Vaulx, escuier, et Jehenne de Mascun,
• ...bai! ...de Jehan et Jehanne, enfans mineurs de feu messire
« Jehan Ovroing, jadis chevalier, et de dame Jehanne de Gour-
• ceriers, &a femme, » contre « Jehan Ovroing ...lilx et héritier
n de feu Pierre. Ovroing. {Are/i. iial. Xla S300B, fol. 63 V). « —
M. de la Beauluëre, dans son édition de Guillaume Le Doyen, pp.
303 et suiv.. semble vouloir ranger là famille Ouvrouin parmi les
familles féodales du pays de Laval. Suivant moi, les Ouvrouin
constituaient à l'origine une riche famille bourgeoise. Guy, sire ae
Laval et de Vitré « avoit fait abatre un certain portait et certai-
■ nés tourelles a du ■ manoir de Jehan Ovroin. advocat, assis en
n la ville de Laval. ■ Jean Ouvrouin et le procureur du duc de
Normandie, comte du Maine, " firent ^opmer et misrent en
I clam ledit sire es assises du Mans, par tesquelz clams, ledit
( Jehan Ovroin estoit ou povoit estre exempts de la juridiction
• dudit sire, selon ta coustume du pavs, et estoit débat espéré &
« mouvoir entre eulx pour cause de l'abatement des diz portail
< et tourelle, a De plus « te dit sire de Laval avoit impectré lel-
> très ■ du duc de Normandie a par tesquelles il estoit mandé au
€ séneschal d'Anjou et du Maine que il donnast commissaire pour
• enquerre de la vérité sur certains articles criminels et civilz;
• lesquelz li diz sire entendoit opposer contre ledit Jehan Ovroin ;
a lequel séneschal avoit donné commissaire sur yceulz, et avoit
1 esté journée assignée devant eulz entre les parties... Pendant
• les adjoumemens et clams dessusdit, ledit sire de Laval » fit
• prendre ledit Jehan Ovroin, en sa dite ville de Laval • et le fit
a mener prisonnier et transporter de sa dite ville de Laval, qui
« est en la conté du Maine, en son chastel de Vitré, qui est en
n Iti'etaigne, le dit Jehan Ovroin estant en la sauve et espéciale
f garde du roi, du duc de Normandie, fis du roi, et exempt
• de sa juridiction, pour cause des dis clams et adjoumemens.
• El avec (ce) débat estoit espéré à mouvoir entre eulz pour
• cause de certain usage que ledit Jehan Ovroin se disoit avoir
■ en la forest dudit sire, appelée Concise, et sur ce qu'il disoit
<i avoir son cours à chiens en la guerenne ou terrouer de LstdI.
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- Ui ~~
« poasédoieat, sana y rien retenir, fors et excepté le
« droit que y « prenait « le seigneur de Courceriers '. »
C'est probablement ce droit que messire Ambroise de
Loré, fils du prévit de Paris et de sa première femme,
fille du seigneur de Courceriers, vendit au nouvel acqué-
reur de Saint-Léonard-des-Bois, vers 1459, pour la
somme de 750 écus d'or 3.
En dehors des biens dont j'ai parlé, Jean Bouohet pos-
sédait encore le Loisir en javron, la Bellière, acquise
de Pierre Briaoul, Courbehier, des rentes à Saint-Ger-
main, à Commer, à Saint-Aîgnan, à Saint-Cyr, à Har-
danges et ailleurs ^.
Malgré cette immense fortune, patiemment augmentée
au milieu d'une époque calamiteuse, l'avocat en cour laye
voulait Jouir pendant le reste de ses jours des biens de
sa seconde femme. Après avoir marié (1459) le fils né
du premier mariage d'Aliette de Mézerette, Richard
Soudan, avec Simonne du Breil, Bile de Pierre du Breil
■ Et... sur toutes ces uhoses, ledit Jehan Ovroin, sanz con^é
■ (tu roi et du duc de Normandie a accordé audit aire et paciflë
a lui et Ouillemette, sa Temine. ...en la court du Bouru-Nouvel
Il ...le jeudi avant ia feste Saint-Morice en l'an de grâce mil CGC
« quarante et six, d Cet accord entre Guy X de Laval et Jean
Ouvrouin fut confirme par le roi, à « Asnières, le X* jour de
« novembre * 1346. {Arch. nal. JJ 76 fol. 202, n» 335). —M. delà
Beauluére (Aiutalei du pays de Laval, p. 305), s'exprime ainsi :
• Jean, duc de Normandie, comte d'Anjou et du Maine, depuia
• roi de France, prit le parti de Jean Ouvrouin, et pour le ven-
0 ger de l'injure qu'il avait reçue de Guy X, transféra la mouvance
s directe de son chûteau de Poliçné à la tour Ribandelle du
■ Mans, s J'ignore les sources utilisées par l'estimable aul«ur
au sujet de la vengeance du duc de Normandie, mais Maucourt
de BourjoUy (édition Le Fiselier et Bertrand de Broussillon, pp.
238, 239) me parait bien plus près de la vérité lorsqu'il aflirme
qu'Ouvrouin s'étant humilié devant son suierain, ce dernier a lui
• donna ta liberté de sa personne, a
1. Chartrier de Sourches. — Le château de Sourches au Maine
et ie$ seigneur», p. 103.
2. Chartrier de Sourches. — Le c/idteau de Sourche» au Maine
et tes seigneurs, pp. 104 et 356.
3. Arch. de ta Sarihe, Ë 300, patsim.
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- Î43 -
ei de Marie Bonnier', et lui avoir donné, en avance-
ment d'hoirie, la terre du Plessis, située dans la paroisse
de Rouessé-en-Saosnois^, il persuada à sa femme de
consentir une donation mutuelle. L'acte en fut passé le
18 janvier 1461 (v. s.). Alîette qui « estoit maladive et
« plus vieille » que son mari, pouvait mourir. Mais Dieu
déjoue souvent les calculs humains. Jean Boucbet finit
ses jours avant sa femme, vers l'année 1468^; il lais-
sait à son flis aîné la terre de MalefFre, au second,
Guillaume, seigneur oe Sourchbs, Saint-Léonard-
dea-Bois, et à Biaise, le seul garçon oé de sa deuxième
union, alors prêtre et licencié en lois, la seigneurie de
Toussaint en Ségrie.
D'après les pièces d'un procès, suscité au XVI* siè-
cle par les héritiers de Richard Boudan aux seigneurs
de Sourches, Jean Bouchet avait vendu les dix-neuf ou
vingt terres du patrimoine d'Aliette de Mézerette « bor-
« mia trois de la plus petite valeur, et converti les de-
« niers provcuana d'icelles en acquisitions communes
« pour en enrichir » ses enfants des deux mariages, au
« détriment de Richard Boudan*. »
Aliette survécut longtemps à son mari sous la cura-
telle de son gendre Jean Couvé ^. Par son testament,
passé le 26 mai 1491, environ six ans avant sa mort,
en présence de messire Jean Le Vavasseur, prêtre, curé
1. Chartrier de Sourrhea. — Voir ma Noie sur la réforme riant
le Maine, Marnera, Fleury, 1BB3.
2. Actuellement Rouessé- Fontaine.
3. a Lai|uelle Allielte cuydanl ledit Bouschet qu'elle estoit
> plus vieille que luy et maladive, luy aurait, le XYIII' janvier
■ 1461 (v. s.) faict accorder don mutuel au plus vivant des deux,
■ selon que le peT'mectoit la coustume, depuis reformée. Sept ans
■ après serait advenu le décès du dit Jenan Bauschet, survescu
» par ladite Aliette. {Chartrier de Sourches). a
4. Chartrier de Sourches.
5. 11 juinl4S9, < Jehan Couvé, en son nom et comme curateur
■ donné par justice de Aliette de Méseretes, vefve de feu Jehan
I Bouchet. ■ Arch. nat. X^a 4830, fol. 325.
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- 244 -
de Montigiiy, elle demanda la sépulture dans l'église de
Montigny, fit des legs « à monsieur Saint-Cbriatophe-
« du-Jambet, à mousieur Saint-Mîchel-du-MoDt-de-Ia-
« Tubes, à Notre-Dame-de-Montigné, à Notre-Dame-
« de-Chassé, à Saint-Audré-de-Cbenay, et à la Guier-
« che. u Elle doona à son fila Ricbard Boudan la terre de
la Gasselinière en Montigny, Chassé et Roullé, pour le
dédommager des torts que Jean Bouchet lui avait faits
en vendant « de ses héritages pour augmenter ses héri-
« tiers'. »
II me reste à traiter la question de noblesse de la fa-
mille Bouchet au XV* siècle. J'aurai l'occasion d'en
parler à propos du mariage de Guillaume Bouchet avec
Jeanne de Yassé. Cependant dès maintenant, je ferai
remarquer que Jean Bouchet n'est jamais qualifié noble
ou écuyer dans les titres aociens.
A. Ledru.
(La /in à la prochaine livraison).
1. Tettameitt d'AlUite de Méterette, Chartrier de Sourches.
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LA DÉMOLITION
DU CHATEAU DE FLÉE
EN 1373, PAR lEkV CLÉREHBJLtlLT
GOUVERNEUR DE CH ATEAU-GONTI ER
D'APKÈS UN DOCUMENT INÉDIT
Le château de Fiée se dressait, au moyen âge, sur
l'emplacement actuel de la ferme de Fiée, dite aussi la
SalIe-de-Flée, à 500 mètres vers l'E. du bourg de l'Hft-
tellerie-de-Flée, canton et arrondissement de Segré.
Cette forteresse féodale était le centre d'un fief impor-
tant*. M. C. Port, à qui nous empruntons ces indica-
tions, ajoute que ce château fut « détruit sans doute en
même temps que Châtelais, » c'est-à-dire en 1423^. Un
document inédit, conservé aux Archives nationales et
daté du 5 juillet 1376, permet de préciser i'époqup di*
cette démolition qui remonte à l'année 1373 3.
I. Dici. hist. de M.-et-L., t. II, p. 366. — Le lief de tlée ap-
partint au XV* siècle aux Roban, qui réunirent la terre à la ba-
ronnie de Morliercrolles.
S. Ibid.,i. I, p. 643.
3. Archives nationale XI* 8, fol. 39.
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■" ■ - 246 ^
En 1376, Jean de Montalais' et Jean Clérembault ^,
tous les deux chevaliers, comparaissaient devant le Par-
lement pour faire régler le différend qui s'était élevé en-
tre eux. Jean de Montalais, dit notre document, possé-
dait jadis le ch&tea'u de Fiée. C'était une belle forteres-
se, avant sa démolition. Elle servait de heu de refuge
aux habitants de la contrée qui fuyaient devant l'Inva-
sion des Anglais en Anjou.
Vainement Robert KnoUee avait-il tenté de s'en empa-
rer, à la tète d'une force importante^. Les défenseurs
avaient repoussé victorieusement toutes les attaques de
cet audacieux capitaine, qui avait perdu un certain nom-
bre de ses soldats, tués sous les murs de la place. D'au-
tres avaient été blessés.
Pour mettre sa forteresse à l'abri de nouvelles agres-
sions, Jean de Montalais renforça la garnison, puis il
augmenta les munitions de guerre et les provisions
nécessaires à la subsistance des troupes. Un certain
1. La famille de Montalais portait : D'or à trois chevrons de
gueules à la faace d'asar brochant sur le tout, selon l'Armarial
êéiiêral de l'Anjou, 11,397. Ses membres furent seig'neursdeCham-
cllu^. Ils prirent part à la guerre de Cent Ans et aux guerres
religieuses du XVI' siècle.
3. Les Clérembaull ont donné leur nom au Plessls-Clérem-
baull, chat., commune de BoiizilliS. Ils portaient : Burelé d'argent
et de noble de div pièces, les l/urelles postées de fasve. Le baume
d'or, la toqae et tes volets de ses couleurs armoriâtes. Supports ;
Deux lions d'ar lampasséa de gueules. Cimier ; Une tifle et col de
toup au naturel, lumpassé de gueules sortant d'entre dcujc demi-
vols, lefbaïuierets chargés de cinq burettes posées en fasce (Af'
mariai général de l'Anjou, I. 395,
3. Voir, sur Robert Knolles, n ce déterminé anglois qui, s'étant
posé sur ta frontière d'Anjou et de Bretagne, y commit des bri-
gandages exécrables, » l'Histoire d'Anjou, de B. Roger, p. 300.
— Voir aussi l'Histoire de Bertrand du Guesclin, par biméon
Luce. ei les Chroniques de J. Froissart, publiées, pour la Société
de l'Histoire de Fi'ance, par le môme auteur. Cette tentative de
Robert Knolles contre le château de Fiée doit remonter à l'au-
tomne de 1370, époque â laquelle ce capitaine ravageait les mar-
ches de l'Ai^jou et du Maine (Chroniques de J. ^aissart, etc.,
tome Vin, sommaire du premier livre, p. IV|.
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- 241 -
joor de l'année 1373, les soldats sortirent du château
pour assister à la messe dans une chapelle voisine.
Geoffroy Purpuncter et ses compagnon» furent chargés
de surveiller les abords pendant leur absence. Mais ceux-
ci, animés de mauvaises intentions, levèrent le pont-levis
pour empêcher les autres de rentrer dans la place. Il fal-
lut parlementer et les traîtres, menacés d'une répression
éclatante, consentirent à négocier. Ils offrirent de se re-
tirer moyennant composition ou indemnité pécuniaire.
Les négociations duraient encore quand Jean Clérem-
bault, gouverneur de Château-Gontier*, accompagné de
plusieurs de ses soldats, entra secrètement en relation
avec Geoffroy Purpuncter, qui les introduisit dans le
château, oà ils séjournèrent pendant douze jours environ.
Les nouveaux venus mirent la forteresse au pillage et
l'incendièrent ensuite. La ruine fut complète, au grand
préjudice de Jean de ]MontaIais, qui poursuivit le gou-
verneur de Chàteau'Gontier devant la juridiction com-
pétente.
Jean Clérembault répliqua que, s'il avait détruit
le château de Fiée, c'était pour obéir aux ordres
d'Aimery d'Argehton'^, qui remplaçait le duc d'An-
1. La baronnie de Château -Gontier était passée de la maison
de Chaînai llard, tjui la possédait depuis 1350, duns la maison
royale d'Alengoii, par le mariu&e, en 1371, de Marie de Cha mail-
lard avec Pierre II, uonile d'Alenton. Le courage hardi de Jeun
(le 8ueil avait sauvé en 1370 la ville de Châleau-Gonlier de l'al-
laque des Anglais queue vaillant capitaine atteigiiit sous les murs
de la place, i battit et recoigna jusqu'à Vitré. « On sait que, du
mois d'août 1368 au mois de juin 1369, les Anglais avaient occupé
la ville de Chàteau-Gontier, {Voir, dans l'Annuaire de l'arrondis-
sement de C/idleau-Gontier poar l'année 1883, notre travail inti-
tulé : Prise de C/idteau-Gontier par les Anglais, le 17 août 1368.
d'après des documents nouveaux et inédits.
2. Aimery d'Argenlon. chevalier, seigneur d'Hérisson et de
Crâmille, lieutenant général en Anjou et au Maine sous Louis,
duc d'Anjou en 1362 et 1363 au moins. Il avait épousé Malhurine
Cherchemont. Il en eut Jean, Louis et Jeanne d'Argenton. Le
1" novembre 1361, il avait délivré Parthenay à Jean Chandos,
comme procureur du sire de Parthenay, qui était alors en voyage
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- i48 -
jou ' absent. Il réclama un délai pour pouvoir établir la vé-
rité de ses affirmations. La cour déclara que le pillage des
objets mobiliers ne pouvait être excusé d'aucune manière.
Quant à la question relative à la démolition de la forte-
resse, le gouverneur de Chàteau-Gontier fut autorisé à
appeler en garantie les personnes dont il prétendait n'a-
voir été que le mandataire. Le règlement de l'affaire fut
donc ajourné à une époque ultérieure -.
André Joubert.
uutre-iner, et fait sermeot de (idélité enprësence de Jeanne deMa-
tliefelon, dame de Parthenaj*. de Jean Ojart. et de tout le conseil
de Guillaume d'Archevfique. I>e 18 octobre 1367, on le désigne
comme autrefois « lieutenant de Monseigneur le duc d'Anjou. >
(Bardonnet, Prorès-i<er/ml de délifraiirc. etc., p. 184. — Beaucliet-
Filleau, Dîcl. des familles du l'oiioii. t. I", p. 85. — P. Ouérin,
Recueil de\docaments concernant le Poitou, t. lll, p. 417, note 2. —
Arch. nat. P. 1343. <. Livre des finances. • fol. XX recto).
1. Louis 1"" de France, né à Vincennes le 23 juillet 1339, se-
cond lils du roi Jean, dit le Bon. et de Bonne de Luxembourg,
créé duc d'Anjou et comte du Maine en 1360. H fut lieutenant ou
roi en Guyenne, en Languedoc et en Dauphiné,
2. Voir aussi, sur ce procès, les pièces suivantes : Arch. nat.
X ï» 10, fol" 21 et 32; X2' 9, fol. 116, r«; X 2" 9, fol. 167, I-;
X 2- 9, fol. 167. r° ; X 2» 10, fol. 15 V. — On voit, dans un docu-
ment du 16 juin 1376, que les demandeurs concluent en deman-
dant que le défendeur soit condamné à refaire le fort, ou à payer
X™ I. et. pour les biens pris, à verser nili° 1. de dommages et
intérêts. Le gouverneur de Chàteau-Gontier sera mis en prison
et les sommes réclamées seront fournies < avant autre condemp-
nation. ■ Le procès durait encore Ai 1373. On en ignore l'issue.
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APPENDICE
1376, 5 JUILLET. — PK0CÊ8 ENTRE JEAN DE MONTALAIS
BT JEAN CLAIRAHBAULT, AU SUJET DE LA OÉMOLICION
DU CHATEAU DE FLÉE.
Comparentibus in nostra Parlamentt curia procura-
tore noatro generali pro nobis ad omnes fines et dilecto
et fideli nostro Johanne de Montalais, milite, ad fînem
civilem duntaxat tendentibus actoribus, ex uaa parte,
et Johanne Clarambaudi, milite, defensore, ex altéra
parte, pro parte ipsorum actorum contradictum defenso-
rem extitit propositum quod caatrum seu fortalicium de
Fiée pertinens ad dictum de Montalais, ante ipsius de-
raolitionem seu destrucionem fuerat et erat putcrum,
notabile, ac pro bono commun! aubditorum noatrorum
utile, cum propericulo gucrrarum noatrarum quamplu-
rea noatri subditi nobilea et alii in eodem caatro seu for-
talicio, tanquam loco tuto, sccum bonis auia pluries re-
traxîasent, refugium habutssenl et quanquam Robertus
Canollc et quam plures alii anglici et inimici nostri plu-
res iusultus et invusiones in maxima muUitudinc arma-
torum adverauB dictum castrum aeu fortalicium fecissent,
et illud totis viribua capere et occupare voluiaaent et,
niai fuiaaent, illud tamen capere nequiverant. Sed in in-
vaaionibus et insultibus hujuamodi nonnuUi ipaorum ini-
micorum noatromm, per resistcntiam et defenaionem
illorum qui pro tune dictum caatrum seu fortalicium
custodiebant, fuerant interfecti et aliqui vulnerati. Dice-
bat etiam quod, dicto caatro aeu fortalicio sufTicienter
imparato et inforciato ac custodibua, victualibus et aliis
necessariis munito, custodes ipsius fortalicii, quadam die
anni milleaimi CGC LXIII, dictum fortalicium exiverant
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et ad quaadam capellam extra tllud fortaliciam iafra
tamen barrerias exiatentem, volentes audire missam,
accesserant, et in ipso fortalicio GaulTriduin Purpunc-
terum et quendam socium auum dimiaerant. Quiquidem
Gauffridua et ejua aocius complices et malefactores in
hac parte, malignis imbutî spiritibus, pontem ipsius
fortaticii levaverant et super muros et garitas dicti
fortalicii aacenderant, et cum dictî custodes, audita mis-
»a, ad dictum fortalicium rêverai fuerant, in illud ingres-
»um pacificum habere aperantea, ipai complicea eisdem
custodibus ingressum dicti fortalicii denegaverant nec
eosdem custodes illud fortalicium intrare permlseraDt,
quanquam forent super hîs pluries requisiti, et ob boc
ipai cuatodes et «lii qui bona sua in fortalicio predicto,
causa refugii, posuerant quamplures armâtes noatroa
benivolos, et ut fîoret adversua illud fortalicium invaaio
vel insultus ad lioc quod dictum fortalicium virtute ar-
morum a poteatatc et detcncione dictorum complicium
recuperatur dîaponi aeu ordinari facerant et procurave-
rant, videntea quod dicti complices prcparamentum quod
fiebat, causa invasionia velinaultua nujuamondi aîmulate
dixerant se velle tractare, ut dictum fortalicium dimit-
terent et redderent, et ab inde recédèrent certa coïnpo-
sitione seu finantia mediante ; ipsoque, tractatu pendente
prefatus Jobannes Clarembaudi, pro tune capitaneus
ville Castro Gontcrii, associatus pluribus armatis suis
complicibua et malefactorîbus in bac parte, certoa trac-
tatua cum dicte GaulTrido a parte poateriorï dicti forta-
licii habuerat et fecerat, et deindc, cum predictis custo-
dibus et aliia pro rocuperatione fortalicii ibidem exeun-
tibus ullcrius tractare noluerat, quinimus dictosJoban-
nem Clarembaudi et ejua complices in dictum caatrum
seu fortalicium intromiserat et eis ingrcssum prebuerat;
3uiquidem Johannes Clarambaudi et sui complices in
icto fortalicio, per apacium duodecim dierum vel circi-
ter, prêter et contra voluntatem dicti Johannis de Monta-
lais custodumque dicti fortalicii et alionim bons sua
ibidem causa securitatis ut prcdicitur habentium, tan-
quam hoates nostri remanserant et se tenuerant ac bona
Ïuecumque in eodem caatro seu fortalicio reperta tam
icto de Montalaia quam aliis peraonia pertincntia con-
oeperant, rapuerant et aibi atribuerant, ac posmodum
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(Uctain oaBtniin sen fortalicium i^is încendio concre-
marerant et deatruxerant. Que lacta fuerant et erant
eritnen leso Majestatia, proditionem, furtum et roberiam
committendo et alias mulUpli citer delinquendo ac in
dictî Jobannis de Montalais mnximan injuriam, prejudi-
cium atque dampnum, pro ut iidem procurator noateret
Johannea de Montalaia dicebant et asscrebant, premissa
per certain informacionem, virtute nostrarum aliarum
fitterarum auper his, rite juste et débite factam, ple-
niua appererc certas exinde concluaionea, tam criminalea
quam cu-ilea, contra dictum Johannem Clarembaadi fa-
cieDdo.
Dicto defensore e contrario proponente quod dilectus
et fidelis noster Aymericus de Argentone, tuDC locum
tenens cans^imi germani noatri ducis Andegavencis et
comitia Cenomanencis, ex deHberatione et conaiHo no-
bilium in talibus expertorum pro bono publico, per auaa
commiaaionia Htteras maudavcrat dicto commiaaario ad
hoc per eum deputato, quantum, convocato propter hoc
• populo, dictum castrum sive fortalicium demoliri et des-
truî faceret, quanquam dictua defensor rite juste et licite
ac per compulcionem et ex precepto dicti commiasarii
oui in hac parte tenebatur obedire fecerat quidquid per
eum factum cxtiterat in prcdictia ut diccbat. Quare pe-
t«bat dilatationcm competentem sibi dari ad faciendum
«djornari suoa garandoa in hac parte, antcquam ulte-
riua procedere teneretur, dicens hoc sibi fieri debere,
pluribus rationibus auper hoc allegatis
Tandem auditia dictia partibus.... Per arrestnm eiua-
dem nostre curie dictum fuit quod de et auper captione
sou amotione dictorum bonorum mobilium m dicto for-
tabcio, ut premittetur, captorumel amotorum dictua de-
fensor garandum non habebit, sed BUper demolitionem
et deatructionem dicti caatri aeu fortahcii dictua defen-
sor faciel adjornari in dicta nostra curia ad diea bailla-
vie Viromancia noatri futiri proximo Parlamenti illoa
quos nominarc voluerit in garandiam que et defensionem
per eodem defensore in se auacepturoa et facturoa ut ra-
tio suadebit. Ordinavit insuper dicta nostra curia per
idem arreatum et ordinationem quod causa hujusmodi
usque ad dictoa diea Viromandencis supersedit in statu
et tune partes ipae in dicta causa procedere tenebuntuP
./Google
- i&i -
et procèdent prout fuerit rationÎB, ntHi obstante quod de
ipBa baiUivia non existant et ex causa. Quibus partibus
auditis dicta nostra curia faciet jus, omnibus expensis îa
ditBnitiva reservatis.
Pronunciatum V die Julii M" CGC LXXVP.
PjkILLART.
Arch. nat. X*» 6, fol. 39.
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COMPTES
DE L'HOTEL-ÛIEU SAINT-JULIEN
DE LAVAL
1685
En 1868 M. Léon Maître, archiviste de la Mayenne,
faisait paraître une notice historique sur les Hdpitaux de
LavaL Cette brochure, très intéressante et très savam-
ment rédigée, publiait les documents les plus précis sur
les institutions charitables de notre ville.
Ayant trouvé dans nos archives de curieux livres de
comptes de l'HApital Saint-Julien, nous avons pensé
qu'il serait agréable aux lecteurs de cette revue archéo-
logique de les connaître en entier.
A ces comptes étaient joints un mémoire * adressé en
1749 à Monseigneur l'Intendant de Tours et quelques
autres renseignements qui ne se trouvent pas dans la
notice de M. Léon Maître. C'est ce qui nous a décidé à
donner ici une étude sur l'Hôpital Saint-Julien de Laval.
La fondation de l'Hôpital Saint-Julien de Laval, dans
le faubourg du Pont-de-Mayenne, remonte à l'origine
du premier château de Laval^.
1. Ce mémoire porte letilre suivant ■.Mémoire envoyé à Monsei-
gneur l'Intendant de Tours pour M. le contrôleur général. Il esl
signé : Quittet de ta Houllerie. R. Courte, Letourneurs de la
Borde, Duchemin de la Morinière, Manchon administrateurs de
l'Hospice Saint-Julien (I7i9).
2. Voir H. L. Maître, p. 1 et 2.
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_ Î54 -
Nos chroniques disent que ce fut Bellaillé, seigneur
de Laval de 872 à 924, qui fonda une aumônerie, sur la
rive gauche de la Mayenne, au-dessous de son château.
Hugues, son fils, mari de Berthe de Champagne, l'aug-
menta. Yves, 11' du nom, petit-JUs de Bellaillé, aussi
seigneur de Laval, de 969 à 990, époux de Avoise de
Mathefelon, acheva, soue le pontificat de Sigetroy, évé-
que du Mans, la fondation de son nieul.
L'aumdnerie Saint-Julien était en face du château dont
elle était séparée par les eaux de la Mayenne. Elle était
placée près du pont que Bellaillé aurait, suivant nos
anciens auteurs, construit pour réunir ces deux rives.
Cette position, en dehors des habitations, semble à cette
époque avoir été communément choisie pour les établis-
sements de ce genre. On éloignait du centre des popu-
lations les maisons destinées au soin des malades. Nous
pourrions en citer plusieurs autres placées comme pour
Isoler les malades des lieux habités, tels que les hospi-
ces de Château-Gontier, de Mayenne, fondés dans des
positions identiquement les mêmes, eu égard à l'origine
première de ces villes.
Cette aumônerie de Bellaillé fut détruite par les Nor-
mands, lors de leurs invasions dans le Maine. Guy II",
qui fut le restaurateur du château de Laval, dévasté par
ces barbares à la même époque, la rebâtit au commen-
cement du XI* siècle '.
On l'appelait la- Maison-Dieu, l'aumônerie Monsieur
Saint-Julien. Au XIIl' siècle, un ancien titre latin, pos-
térieur à la construction du pont que nous voyons au-
jourd'hui, lui donne le nom de Sanctus JuUanus de
Ponte. Nous ne pouvons rien dire de cette première au-
mônerie ou Maison-Dieu, reconstruite pur Guy II pour
recevoir les malades et les voyageurs. Les bâtiments
1. L. Mallre, p. 8.
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élevés, postérieurement ont fait disp&raltre tous les ves-
tiges des constfuctions primitives'.
Le terrain bas et presque au niveau de l'eau sur
lequel elle était b&tie l'exposait à de fréquentes inouda-
tiona. L'entrée était dans la vallée du Paolivard, dont le
nom fut changé en celui de vallée Saint-Julien après les
constructions du XI* siècle.
On peut suivre les agrandissemeats que l'hospice re-
çut suocessivement suivant que l'exigea l'accroissement
de la population. Au XIV siècle, la construction du nou-
veau pont de Guy Vil ou Guy VIII mit l'hospice bien
au-dessous du niveau de la rue. Pour le rendre plus sa-
lubre, il y eut nécessité d'exhausser les logements des
malades. On éleva, à la hauteur de celte nouvelle vme,
une salle sur une voûte perpendiculaire à son axe. Cette
nouvelle salle servit en même temps à la célébration de
TolTice divin. Son portail se trouva placé parallèlement
à la rue. Un de ses ornements cousiatait en un dais
ayant recouvert une statue, conservé au musée de La-
val, depuis aa destruction en 1834 ; il peut justiûer l'é-
poque que nous attribuons à sa construction, le XIV"
ou commencement du XV" siècle.
Pendant deux cents ans, cet état de chose parut sufii-
sant. Plus tard, au commencement du XVP siècle, on
voulut remédier aux grands inconvénients qui résultaient
du logement des malades dans le lieu qui servait d'é-
glise. Le service divin s'y faisait difficilement, les mala-
des eux-mêmes en étaient incommodés ; l'église restait
abandonnée par la crainte des maladies et les revenus
diminuaient sensiblement. L'accroissement que pre-
naient la ville et le faubourg du Pont-de-Mayenne, où
l'on venait d'achever la construction de l'église de Saint-
Vénérand, rendait nécessaire l'augmentation des loge-
ments pour recevoir les malades.
1, Le Clerc du Plécheray.
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256 —
Guy XVI, toujours occupé du bien-être de ses sujets,
u désiraat, dit Le Doyen, Laval augmeater et tous pau-
« vres alimenter, » se préoccupa des améliorations que
nécessitait l'état de l'hospice Saint-Julien pour le mettre
plus en rapport avec les besoins de la population. Il ré-
clama et obtint sans peine le concours des habitants qui
ne lui &t pas défaut dans cette œuvre charitable.
François, son neveu, évéque de Dol, était dans ce
temps « le maistre et aumolnier de la maison Dieu de
monsieur Saint Julien de Laval. » Au mois de septembre
1528, Guy le chargea de chercher les moyens de créer
de nouveaux logements plus convenables pour les mala-
des et d'aviser à les retirer de l'église,
François se mit aussitôt en devoir d'exécuter les pres-
criptions de son oncle. Il se concerta avec Jehan Carré,
alors receveur de l'hospice. L'espace était restreint, on
ne trouva d'autre moyen d'agrandissement que l'éta-
blissement d'une salle longeant le mur méridional de
l'église, du côté de la rivière. Elle fut placée sur des pi-
Hers en maçonnerie dont la base était posée dans l'eau.
Jehan Cosson et Guillaume le Cerf, l'un couvreur et
l'autre charpentier, furent les entrepreneurs de ce tra-
vail, qui passa, dans le temps, pour un ouvrage hardi,
et fit l'admiration des connaisseurs, à cause de la rapi-
dité de la rivière dans cet endroit ' .
L'hospice éprouva une grande amélioration de cette
entreprise. On eut alors la possibilité d'enlever les mala-
des de l'église. Cette salle avait le nom de maison on
dortoir sur l'eau.
En 1619, une nouvelle insullisance de places se fait
sentir à l'hospice. On construit alors, au côté opposé
à la rue, le bâtiment qui se voit encore aujourd'hui,
sur le lieu dit le Grand-Port. Son genre de construction
accuse bien l'époque à demi indiquée sur le Hnteau de
1. L. Maître, p. 16.
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- 257 —
la fenêtre du milieu, 161..., le dernier chiffre ayant été
enlevé sur le tuffeau piar l'usure du temps.
Gr&ce à un commerce actif et florissant, la popula-
tion de la ville de Laval tendait à suivre une progres-
sion toujours croissante. Les besoins de Tbôpital aug-
mentaient en proportion. On prit la résolution de donner
plus d'étendue aux bâtiments. L'espace.occupé par l'Hô-
tel-Dieu, trop resserré, ne permettait plus de songer à un
plus grand développement dans ce lieu. A la aoUicitation
des habitants, des lettres patentes du roi Louis XIV leur
accordèrent l'autorisation de chercher un terrain oi'i ils
pussent s'étendre davantage.
Le choix s'arrêta sur les Lices où les seigneurs de
Laval prenaient autrefois le plaisir de ta lance et des
tournois, dans le voisinage de l'ancien Hôtel-Dieu. Je-
han Berault, sieur des Essards', président au siège
royal des exempts du comté, leur vendit le terrain avec
quelques maisons contiguës. Ce terrain coûta 800 livres
de rente annuelle et perpétuelle. Les économies de la
caisse, que les dons volontaires, dus à la libéralité et à
la charité des habitants, augmentaient chaque jour, fu-
rent suffisants pour payer l'acquisition de cet emplace-
ment. On se mit de suite à construire de nouveaux
bâtiments sous la direction de M. Sébastien Frin, sieur
du Guy-Boulier, par qui la dépense fut soldée de 1646
a 1654 î.
Plusieurs années s'écoulèrent avant l'entier achève-
ment des travaux ; ce ne fut qu'en 1699 que la maison
1. Il les avait achetées en 1632 de Mgr Henri de la TrémoiUe
avec la chai^ de vider à ses fraiH une contestation qui existait
entre le seigneur et les hospices au su^et de la mouvance féodale
de remplacement. Les habitants prenaient par le contrat l'eoga'
f nient de donner une partie de remplacement qu'ils achetaient
des religieuses Hospitalières qu'ils demanderaient à la Flèche
et d'y construire pour les recevoir des bfltimenta distincts de
l'HApital (Mémoire adreué à i intendant de Tourt en 17i9).
3. Notice tur lei hipitaux de Laval (Annuain de la Mayenne
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- iB8 —
fat totalement complétée par la constnictios dea bâti-
ments destinés aux cuisines et à là pharmacie'.
On vit avec plaisir dans la population la thanslatibn
des malade» dans un lieu plus vaste et plus commode^.
11 n'en fut pas de même lorsque l'on vit dépouiller
l'église et enlever les cloches. L'alarme fut répandue
dans la ville, ce fut presque une sédition^ ; on eut assez
de peine à calmer les esprits. Lebureaude l'hospice flit
obligé d'y mettre une grande prudence, et de conserver
les choses dans le même état. L'église était assez vnsle,
ayant une longueur de plus de 130 pieds, sur environ 50
de largeur. Elle possédait un mattre-autel, un autel dédié
à la Vierge, un à Saint Roch et un à la Madeleine, tous
bien ornés. La sacristie était pourvue de calices, cha-
subles et de tous les ornements nécessaires à la célébra-
tion du service divin.
Ce sanctuaire reste toujours en vénération parmi le
peuple de la ville et de la campagne ; on y venait en
pèlerinage, même d'une assez grande distance, faire dire
des messes en l'honneur de Saint Julien kt honorer les
reliques des Saints qu'on y exposait. 11 s'y disait quel-
quefois quatre messes en un seul jour et il s'en passait
rarement un sans qu'il yen eût. II avait un grand nombre
de fondations. L'église du nouvel hospice n'avait point
encore d'autel dédié à la Sainte Vierge, aussi chaque
samedi était-il célébré une messe dans celle de Saint-
Julien à cette intention.
Lors de l'établissement du nouvel HAtel-Dieu, un
1. /dem.
2. Après la construction du nouvel hospice et ia translation des
malades l'ancien ftil abandoTiné, Les bfltiments furent afTermés
à divers particuliers. La cour sur le bord de l'eau, servant de
préau aux malades, devint un lieu de dépdt des marchandises que
la navi^tion de la Mayenne apportait a Laval. Il reçut le nom
de Grand-Port.
3. L. IdattM, p. 86.
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nommé Jacques Soriu y fonda, dans la chapelle de l'an-^
cien, une messe à dire chaque dimanche, après la messe
paroissiale, pour la commodité des infirmes du quartier.
C'était encore une des stations du jour de la fête du
Saint-Sacrement pour la procession ; à la fête de Saint
Julien, on y céléhraît la grande messe ; aux jours des
Rotations et autres processions durant le cours de l'an-
née, le clergé de Saint- Vénérand s'y rendait '.
Depuis l'origine de l'hospice, l'administration reli-
gieuse et temporelle était confiée à un prêtre qui avait
le titre d'administrateur de la Maison-Dieu. Il avait le
gouvernement de tous les biens de la maison et jouis-
sait des droits seigneuriaux annexés aux liefs qui en
dépendaient^.
Suivant Tusage du temps, le service se faisait par un
certain nombre de personnes pieuses, réunies en con-
grégation, sans profession ni règles, sous le nom de
Frères et Sœurs de l'Aumânerie. Ils distribuaient des
secours aux malades et recevaient les voyageurs. Ils
1. Elle fut conservée jusqu'à la Hévolution. Pendant ces tenips
malheureux elle servit de greniers pour le dépôt des grains d'ap-
provisionné menl en cas de diselle. A te moment La Société po-
Euluire de Laval voulut y tenir ses séances ; le 11 décembre 1792
t municipalité la lui rerusa, en ayant besoin pour ses grains^/te-
gistre de» délibérations de VHôul-de-Ville).
Elle fut ensuite alTcrmée de même que les autres bâtiments
jusi(u'en l'année 1834, époque où tout fut aliéné et le bazar Saint-
Julien construit sur son emplacement.
Le 25 février 1824, en faisant des réparations dans la partie de
régÛse où avait été la balustrade du chœur, une poutre qui son-
tenait le plancher s'affaissa. Parmi les débris que causa cette
chute se trouva un corps humain. On reconnut tous les organes,
tant externes qu'internes du sexe féminin, ha léte seule man-
quait ; l'élat de la partie supérieure du cou faisait voir que le
temps «eu! et non fa violence l'avait séparée. Le corps réduit à
t'élnl de momie fut déposé à la bibliotheaue de la ville. 11 était
revêtu d'une robe en toile blanche, travaillée avec beaucoup d'art.
La Société des Antiquaires de Paris, à laquelle elle fut soumise,'
déi^tara. au mois de mai 1824, qu'elle était d'une forme en usage,
avant l'an 1500 (Annuaire de 1828, p. 23).
2. L.Mattre.
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Devaient point de costume particulier : une simple mar-
que distinctive tes faisait reconnaître, comme on le voit
par d'anciens titres. Les voyageurs et les pèlerins
étaient reçus .dans l'hospice et avaient part aux distri-
butions pendant leur séjour dans la maison. On donnait
aussi des secours à l'extérieur V
Un procès qui s'éleva entre le prieur, curé de Saint-
Melaîne, et l'aumôneric de la Maison-Oieu, au sujet
des droits curiaux, nous fait connaître quels étalent au
XIII* siècle les rapports qui existaient entre eux, Robert
II*, abbé de l'abbaye de Toussaint d'Angers, d'où dé-
pendait le prieuré de Saint-Melaine, termina sous l'é-
piscQpat de Guillaume I'^ évéque d'Angers, un diffé-
rend au sujet d'une chapelle et du droit de sépulture. Le
droit de posséder une chapelle fut accordé à l'aumAne-
rie de Saint-Julien, avec celui d'y avoir un cimetière
pour enterrer seulement les pauvres décédés à l'hospice,
les frères de la maison et tous ceux qui porteraient les
marques distinctives de la corporation, sauf cependant
le droit curial qui serait payé à la paroisse de Saijit-
Melaine.
On excepta de cette autorisation les serviteurs, les
gens de journée employés dans la maison et tous les
étrangers ne portant pas les insignes des frères. Ils de-
vaient être enterrés au cimetière de Saint-Melaine et
payer intégralement le droit curial au prieur-curé.
Aucun paroissien malade de Saint-Melaine ne pouvait,
sans une autorisation de M. le Prieur, être porté à l'hos-
pice de son vivant ni après sa mort ; permission qu'il ne
refusait jamais si on la lui demandait, ou si le transport
était nécessaire pour recevoir des secours, sauf toujours le
droit curial de son église. Le chapelain ou to^t autre
clerc appartenant à In Maison-Dieu de Saint-Julien pre-
nait l'engagement de ne jamais ofiîcier publiquement
1. Ident, p. 9,
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— m —
dans ta chapelle les jouis de gruiidfs fftes. aux tàivn
de Sainte Vierge, deB Api>tres, de Saint Jean, de la Mag-
deleine, de Saint Laurent, de Saint Gilles et de Saint
Melaine, de même qu'aux dimanches ordinaires. Toutes
tes offrandes faites par les paroissiens de Saint-Melayne
et tout ce qui était reçu pour mariages, baptêmes, ou
pénitences ordonnées, devait appartenir au prieur-curé
et lui être remis.
Quand ils le voulaient, les chanoines de Toussaint
pouvaient célébrer la messe dans l'église de Saint-Julien
et ae servir des ornements. Ils n'avaient droit qu'à un
sol sur toutes les oiïrandes faites pendant la messe par
les étrangers ou voyageurs, le reste appartenait à l'hos-
pice. A la fête de Saint Julien et aux processions qui
venaient visiter l'église, les oiïrandes appartenaient aus-
si aux pauvres de l'hospice ; le chanoine qui célébrait la
messe ne pouvait prendre qu'un sol. On dit aussi que
a'il arrivait par la suite que les administrateurs de Saint-
Julien voulussent construire pour les chanoines une au-
tre chapelle plus commode, non loin du pont de Laval,
auprès de la Grande-Rue, les chanoines abandonneraient
aux pauvres la première chapelle avec toutes les offran-
des et oblationa des fidèles, sauf cependant celles qui
seraient faites par les paroissiens de Saint>Melaine, à
l'égard desquels subsisterait toujours le présent règle-
ment.
Quant à l'usage des cloches et des sonnettes, il devait
en être dans la chapelle de l'aumônerie de Saint-Julien
comme à celle de Coëffort du Mans, et ainsi les chanoi-
nes de Toussaint ne pourraient rien réclamer dans l'ad-
ministraUon de l'hospice ni dans leur chapelle '.
Dans la suite des temps des désordres graves se glis-
sèrent dans l'administration de l'hospice. L'ecclésiasti-
que chargé, sous le nom de maître de l'aumdnerie, de
t. Archives de l'Hospice Saint-Julien.
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la gestion des biens, voulait, contrairement aux règles
et aux canons des conciles, entr' autres celui de Vienne
en Dauphiné, de t'anné 1311, posséder cette charge
comme bénéfice. Il se dispensait delà résidence', com-
mettant à un autre le soin du gouvernement de la mai-
son, et se réservait ta jouissance des revenus. L'un d'eux
avait vendu les celliers sous l'église ; son successeur,
André Duval, les racheta, moyennant 60 livres de dé-
dommagement qu'il donna aux acquéreurs^.
Les abus se perpétuaient malgré les efforts constants
de l'autorité ; les malades restaient sans secours. Les
habitants firent connaître à leur seigneur cet état de
choses afin qu'il prit des mesures pour le faire cesser.
Guy XV[, alors comte de Laval, voulut faire droit à
leurs justes plaintes. Il chercha k étabhr un nouveau
mode d'administration, qui arrêta tous les désordres
qui se commettaient.
Ce fut Guy XVII, son successeur, qui mit la dernière
main aux améliorations. Par une ordonnance du 8 fé-
vrier 1536 ^ il introduisit une réforme radicale. Il
remit au maire et aux échevins tous ses droits sur l'hos-
pice. Le maitre et administrateur ecclésiastique fut sup-
primé. L'administration des biens fut confiée aux soins
de deux notables, conformément aux prescriptions du
concile de Vienne déjà cité. Cette mesure eut l'appro-
bation générale. GeolFroy Tartroux, alors administra-
teur, dont les intérêts étaient blessés, ne se laissa point
priver de ce qu'il considérait pour lui comme un droit
acquis, sans une vive résistance. Il ne se rendit qu'après
avoir épuisé tous les degrés de juridiction.
Un édit de François 1", de 1542, vint à l'appui de la
mesure que prenait le comte de Laval. L'administration
1. Ânn. de la Mayenne 18}8.
2. Idem.
3. L. Hattre, p. 18.
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des hôpitaux, par cet édit, passait entre les mains des
habitants, pourvu qu'ils ne fussent pas possédés à titre
de bénéfices. Une autre ordonnance du 17 juin 1544,
pour favoriser le nouvel ordre de choses que l'on établis-
sait, exemptait les maladreries, léproseries, Hôtels-Dieu
ethApitaux, des décimes, dons gratuits et emprunts.
Le procès avec l'ancien administrateur G. Tarlroux
existait toujours. 11 opposait sa possession de maître et
administrateur, comme la tenant en bénélîce, et ainsi
échappant à l'ordonnance du roi de 1542. L'affaire était
devant le Parlement de Paris. En 1545, ce dernier en-
voya deux commissaires à Laval pour examiner la ques-
tion. L'exactitude des faits allégués par les habitants
fut reconnue, les revenus de l'hospice forent mis sous !e
séquestre.
En attendant l'issue du procès deux bourgeois, Jenn
Le Mercier et Geoffroy Esnault, étaient chargés de l'admi-
nistration. Ils ne rendaient leurs comptes que devant
le juge ordinaire et un avocat fiscal, en présence de
G. Tartroux qui continuait à prendre le titre de maître
et administrateur de l'hospice Saint-Julien, pendant
qu'eux se donnaient la qualité de commissaires ordon-
nés par justice pour gouverner et administrer Vinfir-
merie et Maison-Dieu de M. Saint-Julien de Laval.
Un arrêt du Parlement, le 23 février 1547, maintint
l'administration entre les mains des bourgeois et accorda
300 livres de provision à M" Tartroux. Il en appela, mais
un arrêt définitif du 27 mai 1549 rendit enfin l'hospice
aux habitants'. Son administration fut attribuée à trois
bourgeois qui devaient être élus par les officiers de jus-
tice du comté et auxquels seraient adjoints à leur choix
six notables. Leurs fonctions ne devaient durer que trois
ans, mais un ancien resterait toujours, faisant partie du
1. L. Mallre, p. 22 à 28.
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- 264 -
bureau, pour mettre lea nouveaux «dministrateurs au
courant.
Cet arrêt condamnait le aïeur Tartroux aux répara-
tions des bâtiments qu'il avait laissé tomber en ruines
pendant ea gestion. 11 fut contraint de rendre compte de»
revenus depuis l'année 1531, époque où il avait pris
possession. On lui alloua sur les revenus de l'hospice
une somme de 100 livres à titre de traitement, s'il vou-
lait y rester pour y remplir les fonctions de chapelain.
Après six siècles d'existence, l'administration de l'au-
mânerie de Saint-Julien sortit ainsi des mains ecclésias-
tiques et passsa aux laïques. D'aumônerie, elle devint
un véritable hôpital, destiné non plus aux voyageurs
indigents et aux pèlerins malades, mais aux malades
seuls en leur donnant les secours que pouvait réclamer
leur état.
Cette nouvelle administration remplit les fonctions
qui lui étaient conilés avec le glus grand zèle. Elle éta-
blit à l'hospice un lieu pour recevoir les orphelins et les
enfants trouvés. On voit par d'anciens comptes que la
dépense de ce service se montait à environ 92 livres 11
sols par an. On continua aussi les secours ft domicile:
on y dépensait annuellement 179 livres'.
L'hospice recevait les malades, les nourrissait et leur
fournissait les médicaments. Il n'y avait point encore de
service de santé attaché à la maison. Dans les cas ur-
gents un chirurgien était appelé. Ce ne fut qu'en 1577
que le service fut régulièrement établi. Un chirurgien-
barbier fut chargé de ce soin. Les archives de la maison
fournissent des quittances depaiements faits chaque an-
née avant cette époque à des femmes pour soins médi-
caux donnés aux malades ; on retrouve des mémoires
1 Anciens comptes, aux archives de l'Hospice.
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— 265 —
d'opérateurs, de rcstauratearB et de chimrgicns ambu-
lante I .
De 1549 à 1601, THôtel-Dieu de Laval est déchargé
pnr arrêts de la Chambre des Camptes et de la Cour des
Aides, des décimes, dons gratuits et autres taxes impo-
sées sar les biens appartenant aux gens d'église.
Le chapelain, par un arrêté du 26 octobre 1674, fut
chargé de tenir un re^stre des entrées des malades et
de leurs sorties soit par décès soit par convalescence.
Le chapelain était à la nomination des administrateurs
par sentence rendue en 1582, par le sénéchal d'Anjou,
confirmée par un arrêt du parlement de 1584.
On obligeait ceux qui étaient choisis pour remplir les
fonctions d'administrateurs à les accepter ; les voies de
riguenr même furent au besoin employées. Le 31 mars
1709, François Renusson, sieur de la Chaussée, fut con-
damné à remplir la place d'administrateur à laquelle il
avait été nommé ^. Après les nouvelles constructions aux
Lices, un changement fut introduit dans le service des
pauvres : des religieuses hospitalières en furent chargées.
L'Anjou venait de voir se former une congrégation de
jeunes HUes se dévouant au service des pauvres malades.
Anne de Melun, petite-fille du prince d'Epinoy, aban-
1. Annuaire de 1828. — Le 31 décembre 1733. dans aiie assem-
blée de l'Hôtel-de-VilIe, les médecins de l'Hfltel-Dieu demandè-
rent que de trois qu'ils étaient, on portât leur nombre à quatre,
que leurs honoraires fussent portés a 400 liv. pour eux quatre au
heu de 140 liv. qu'ils recevaient, ou qu'on leur procurât les
exemptions de collecte, de tutelle, de gens de ^erre et que leur
taille fût réglée à une somme modique el que en ce cas ils se
contenteraient de 140 liv.
Tous les avis furent pour leur accorder ces privitège-'j ; le s'
Maucourt de Bourjolly ayant opiné le dernier dit qu'il convenait
mieux leur accorder 400 "liv, saut à se pour^■oi^ dans un temps
plus favorable et de paix pour demander ces privilèges. Ce qui
fui accepté,
{Extrait des Begisires de lH6tel-de-VUUde Laval).
2. Idem.
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donnant à l'àge de trente et un ans tous les avantages
que sa naîseance lui promettait dans le monde, était
venue se retirer dans la ville de Baugépaur se consacrer
au Seigneur. Contemporaine de Saint Vincent-de-Paul,
elle en avait tout le dévouement et le zèle. Elle fonda
dans cette ville un Hâtel-Dieu et y réunit plusieurs fem-
mes qu'un même esprit animait. Une colonie était déjà
sortie de cette maison pour venir prendre soin de Thd-
pîtal de la Flèche 'i
A l'hospice de Laval, des gêna salariés faisaient le ser-
vice auprès des pauvres. Les administrateurs soigneux
de l'extérieur, sentirent qu'à l'intérieur une société sem-
blable à celle qui venait de se former à Baugé, ofTrant
ses secours aux malheureux sans attendre d'autre ré-
compense que cfjlle qu'elle doit recevoir de Dieu, offrait
des garanties bien plus grandes que des mains merce-
naires. Ce furentles dames de cet ordre que l'administra-
tion s'empressa de proposer aux habitants d-appeler à
l'hospice. Le conseil comprit la pensée des administra-
teurs et, dans une assemblée générale qui eut lieu au
mois de mai 1646, les Hospitalières furent appelées au
gouvernement intérieur de l'hApital. l.'n concordat fat
passé le 20 juin 1648 entre le maire et les échevîns de
Laval et Jérôme le Royer, sieur de la Dauversière, fon-
dé de pouvoirs de la supérieure de ta communauté de la
Flèche.
Six religieuses viennent prendre possession du nou-
vel hospice et en 1648, elles s'y établissent définitive-
ment et font avec l'administration un concordat par le-
quel sont réglés les soins qu'elles donneront aux ma-
lades 2.
1. CnuiiMier de Luiinay, Hist. des Hospitalières.
2, Un di^ne prêtre. Guillaume Trotivard, donna trois mille li-
fpea pour Jti construction du cWur des rcliffieuses.
Elles furent installées le 5 décembre 1648 par mattre Pellier,
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ËD 1681 les dames Hospitalières de Saint-Joseph ob-
tinrent des lettres-patentes du roi qui approuvaient leur
établissement, et leur permettait, ainsi qu'aux adminis-
trateurs, d'acquérir, de faire bâtir et de construire tous
tes bAtîments nécessaires tant pour les pauvres que pour
elles. On y dit encore « que sa Majesté a pris sous sa
« protection et sauvegarde les dames religieuses et cho-
« ses à elles appartenantes et auxdits pauvres et qu'ils
« jouissent de toutes les grâces, prérogatives et privi-
« lègea accordés et octroyés aux autres HAtela-Dieu
n de son royaume ^ .
curé, en vertu de la commission donnée par messire Philibert
Emmanuel de Beaumanoir de Lavardin, évoque du Mans.
Les premières mûres de Laval était au nombre de huit :
Anne Aubert de Cieraunay, supérieure ;
Judith Moreau de Brésoles ;
Catherine Hacé ;
Marie M ai Ile L ;
Marie Houié ;
Mar^erite Renard de la Grois ;
Léiine Bérault des Essarts ;
Jeanne Hëreau de Grand-Maison.
(Couanier de Launay, llist. des Hospitalières).
Nous donnerons ici les nomsde quelques autres relifpeuses que
nous avons relevés dans nos cënéalogies manuscrites.
Ghariolle Frin, fille de Sebastien Frin du Guy-Boutier et de
Marie Gamier (1648).
Françoise Martin, lille de François Martin, s. de la Motte et de
Françoise le Comte (1649|.
Marguerite Martin, fille de Jean Martin, s. de la Crosliëre. con-
seiller du roi en l'élection de Laval et de Kenée Martin de la
Blanchardière.
Jeanne de la Porte, fille de Pierre de ta Porte, écuyer, et de
Marie le Duc (1714).
Marie Gigault, fille de Pierre Gig'ault. s. du ChAtelier et de
Bonne-Fon^ine et de Marie Le Maître (1720).
Renée de la Porte, fille de Pierre de la Porte, écuyer, et de
Renée Duchemin, morte le 20 avril 1708 supérieure des dames do
In Charité.
Françoise ËsnauH, fille de Charles Esnault et de Renée le Duc,
Guitlemine Duchemin, fdie de Guy Duchemin. s. de Boismo-
rin et de Jocquine Monnerie de la Gollinaye, de Vilré, première
supérieure des religieuses de l'HApital de Bauré, entrée en reli-
(^on le 25 novembre 1657, mourut à l'hôpital de Laval le 24 jan-
vier 1705.
I. Mémoire envoyé à l'inteiidanl de Tours en 17i9.
Digiliz=db,G00glC
_ 268 -
L'hôpital Saint-Julien est déchargé, par un arrêt de
la cour de 1666, du soin d'élever, nourrir et entretenir
leB enfants trouvée et en chaîne le seigneur de La-
val et autres sur les fiefs desquels ils seront trouvés.
L'hôpital général n'est créé à Laval qu'au mois d'aoAt
1682 : l'article 25 des lettrej-patentae d'autorisation
obligeait l'hospice Saint-Julien à recevoir les pauvres de
l'hôpital général quand ils seraient malades, pour être
ramenés après leur convalescence à l'hôpital général'.
Les religieuses hospitalières furent soumises en 1662
à de nouvelles règles qui les obligeaient à des vœux per-
pétuels, sous la règle de Saint Augustin. La commu-
nauté de Laval s'adressa à Monseigneur l'évéque du
Mans et demanda son approbation aux nouvelles consti-
tutions que venait de donner Monseigneur l'évéque
d'Angers aux sœurs de leur ordre dans son diocèse.
M. le Maire de Laval, les échevins et les administra-
teurs de l'hospice élevèrent une opposition à cette règle
nouvelle. Ils déclarèrent qu'ils ne pouvaient admettre
quelques articles contenus dans ces constitutions, don-
nant aux religieuses et à leur confesseur une trop
granJe autorité et prééminence sur le prêtre nommé par ■
l'administration pour desservir l'hospice et portant ainsi
atteinte à leurs droits et à ceux de l'ecciésiastique qu'ils
choisiraient.
M. Gilles de Farcy, écuyer, maire de Laval, noble
maître Charles Duchemin, s' de la Magdeleine, conseil-
ler du roi, contrôleur au grenier à sel de Laval, noble
m'' Ambroise te Comte, s' des Courbes, élu en l'élection,
maître René le Bouvier, s'' des Landes, et Pierre Hois-
nard, sieur de la Bodangère, échevins, et maître Pierre
Simon du Tertre, avocat, Jean Duchemin, sieur de la
Jarossays et René Frin, s*" du Pin, administrateurs de
l'hospice transigent, le 27 décembre 1662, avec les da-
1. L. Mattre, p. 54,
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mes HoBpitalières, représentées par vénérande mère
Anne Le Tendre, supérieure de Saint-Joseph de l'Hdtel-
Dieu, Henée Le Jumeau, assistante, Marie Bidault de La
Baire, inatitutrice, Claire Le Blanc, hospitalière et Jean-
ne de La Porte, dépositaire, faisant pour la communauté.
Il fut convenu et accordé, sous te bon plaisir de Mgr
l'évéque du Mans, que, comme par le passé, le maire,
les échevins et administrateurs jouiraient, comme ils en
ont toujours joui, du droit de nommer un prêtre pour ad-
ministrer les sacrements, rendre les assistances spiri-
tuelles aux pauvres de l'hôpital et à leurs domestiques
et EEÛre toutes les cérémonies qui lui appartiennent sans
dépendre aucunement des religieuses ni de leur confes-
seur. Il leur fut seulement accordé que le prêtre qui se-
rait choisi pour remplir ces fonctions serait agréé par
elles.
L'administration, au nom des habitants, déclara en
outre à Mgr l'évéque du Mans, qu'elle consentait et dé-
sirait favoriser de tout son pouvoir le changement sou-
haité par les dames religieuses, pour l'accroissement et
ta plus grande perfection de leur ordre, y voyant une
plus grande garantie pour leurs services envers les
pauvres.
Le 16 mars 1693 on posa la première pierre du mai-
tre-autel dans l'église de Saint-Joseph. On choisit deux
pauvres pour faire cette cérémonie. L'un se nommait
Gervais Noël, de la paroisse de la Trinité, l'autre Jean
Fourmond de celle de Saint-Vénérand'.
En 1749 l'hospice consistait en trois bâtiments sépa-
rés et distincts, renfermés dans la même clôture. Un ser-
vait à la communauté ou logement des religieuses ; un
second, contenant quatre-vingt-dix-huit lits, était des-
tiné au traitement des maladies ordinaires, le troisième,
n'ayant que vingt-six lits, recevait les pauvres atteints
1. Mémoire d« H. Duchemin du Tertre.
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- 270 -
de maladies incurables, faisant un long séjour dans
rhdpital'.
Un chapelain à la nomination des administrateurs
était attaché à la maison. Le pauvre, l'étranger et le
soldat malade étaient reçus à l'hospice et y recevaient les
soins dus à leurs maladies. Pour le traitement donné
aux soldats, chaque mois un état contenant le nombre
de ceux qui avaient été reçus était envoyé à M. l'Inten-
dant de la généralité à Tours qui soldait les journées de
séjour.
Cinq administrateurs gouvernaient l'hiSpital, leur ser-
vice était gratuit. Ils étaient renouvelés tous les quatre
ans; leur nomination se faisait par l'assemblée générale
de l'Hôtel-de- Ville, au scrutin. L'un d'eux faisait les
fonctions de receveur. Ses comptes se rendaient à la fin
de sa gestion devant MM. les officiers du siège royal ;
des échevins, le bureau et les administrateurs étant pré-
sents *.
Le vendredi de chaque semaine les administrateurs se
réunissaient pour délibérer des affaires de l'hôpital.
Lorsqu'il se présentait des cas extraordinaires ou d'une
plus grande importance, ils étaient soumis au grand
bureau, composé des ofïîciers de justice de la ville, des
1. ■ l^ dimanche 13 février ITiSj'ni présidé un (crand hureaii
tenu à llidpilal Bat nl-Jii lien. On y a décidé entr'aulrcs choses
3ue à l'avenir on ne recevrait phis aucune rondntîon de lits
estinés pour les pauvres des paroisses de In compagne, qu'il
ne Tût fait un fond de valeur de 200 liv. de revenu et qu'an auir-
mentdt à l'instant un lit dans une nouvelle salle, parce que tou-
tes les fundalions de lits étrangers diminuaient ceux des pauvres
de la ville quoique l'hApital snit seulement pour eux. ■
(Pichot de lu Graverie).
2. ■ Le 27 novembre lTa6on décida, dansuneassemhlée gi^nc-
rale à le maison de ville, qu'à l'avenir le receveur ne ferait que la
recette et que les provisions de la cuisine seraient achetées par
celui qui a l'économat ; que les administrateurs ne pourraient
vendre et fournir à l'hApital de leurs denrées, par exemple le bled
et autres provisions, eUinl arrivé depuis peu plusieurs abus de
cette liberté qui leur procurait de vendre trop cher leur bled, i
(l'ichol de la Graverie).
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- 271 —
éohevins, des doyens, des curés et des anciens admi-
nÎBtratenrs.
Certaines aiïaires se portaient directement devant
l'assemblée de THAtet-de- Ville <.
L-orsque vinrent les mauvais jours de la Hn du der-
nier siècle, l'hospice Saint-Julien fut aussi envahi par
te torrent révolutionnaire. Pendant quelque temps en-
core les vertus des dames Hospitalières et tes soins
qu'elles donnaient aux malades arrêtèrent les nouveaux
municipaux. Les religieuses restèrent à la tête de la mai-
son, chargées de la direction du service.
Les salles, encombrées de troupes, étaient insuffisantes
pour la grande quantité des militaires malades envoyés
à l'hospice ; on en mit dans l'église où les offices cessè-
rent.
Les habitants ne trouvant plus de places, l'adminis-
tration sollicita l'érection de l'hospice en hdpital militaire.
hb 16vent4^se an III, un décret lui donna ce titre sous le
nom d'Hôpital Jean-Jacques Rousseau. Les salles reçurent
des noms analogues ; c'étaient : la salle des Sans-Culot-
tes, elle contenait 41 lits; la salle de la Révolution, 28
lits; la salle Barras, 21 lits; la salle Voltaire, 29 lit»;
la salle de l'Etre-Supréme, 22 lits ; la salle de l'Amitié,
20 lits ; la salle de l'Union, 20 lits ; la salle de la Monta-
gne, 21 lits; en tout 202 lits.
Des infirmiers à gagns, sous la direction d'un homme
â la nomination du gouvernement, le desservirent. Les
dames n'eurent plus aucun rapport avec la maison. La
grille de leur chœur fut murée et elles durent quitter
leur costume. L'amour de Dieu et le désir de continuer le
bien leur firent supporter avec patience ce nouvel état de
choses. On leur conserva encore néanmoins la permis-
sion de recevoir quelques malades de la ville dansl'an-
1. Mémoire adressé n M. l'Iiiteiidant de lu g^êiiéralité de Tours
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eien hôpital des Incurables, appelé l'bospioe Saint-Char-
les'.
Ce ne fut qu'après 1793 que la grande persécution
commença pour ces saintes filles. La loi du 15 août 1792
ordonnait le serment civique à tous les citoyens des
deux sexes. Il était ainsi conçu : « Je jure d'être fîdèle
« à la Nation et de maintenir de tout mon pouvoir la
K liberté et l'égalité ou de. mourir à mon poste, n
L'ordre leur fut signifié do prêter ce nouveau serment,
et malgré leur répugnance, dans la crainte d'être trai-
tées comme suspectes et dans le désir de continuer le
peu de bien qu'elles étaient encore à même de faire, el-
les se décidèrent enfin à ce grand sacrifice.
Le 11 brumaire an V, l'hospice cessa d'être militaire
et fut rendu à la municipalité pour redevenir hôpital civil.
Lorsque l'ordre fut complètement rétabli, des admi-
nistrateurs furent nommés. Les débris de l'ancienne
opulence des hôpitaux furent recueillis et la rentrée des
religieuses ne tarda pas A faire disparaître les dilapida-
tions nombreuses causées par leur absence.
La" charité chrétienne et française sait venir à bout
des plus grandes misères ; peu à peu, grâce aux dons
de bienfaiteurs généreux, et à la sage prévoyance des
administrateurs, les vides si énormes purent être comblés ;
on apporta de nombreuses amêhorations tant dans la
gestion du bien des pauvres que dans les constructions
et les aménagements nécessaires au soulagement des
malades.
Du reste, la beauté et la grandeur de nos hospices,
la propreté scrupuleuse avec laquelle il sont entretenus,
l'habileté constante et désintéressée de ceux qui les ad-
ministrent, la charité inépuisable des religieuses et le
dévouement éclairé des médecins qui soignent avec el-
1. M. Bouille.
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tes les malades, proclameat bien haut la bienfaisante
générosité de la ville de Laval et de ses habitants.
Voici quelques noms de maîtres et administrateurs de
la Maiaon-Dieu ou aumdnerie de Saint-Julien du Pont
de havalfSancli Juliani de Ponte*.)
1» Jean Pelly{1207).
Les frères et sœurs de l'aumônerie lui baillent, pour
récompense de ses services, certain héritage situé sur
la rivière de la Mayenne, exempt de tout droit de cou-
tume à la charge seulement d'un denier d'aumAne à la
Saint- Jean'.
2" Fr.-Nico... de Barbefloy (1259), dictas ffaïer, ma-
çister domûs Dei de Lavalle.
Témoin d'un don que Guillelmus de Columbariis
(Guillaume du Colombier) fait à l'abbaye de Fontaine-
Daniel en terre et en vignes dans la paroisse de Saint-
Melaine près Laval, au fief de Robert d'Hauterives '.
S» Bertrand de la Rivière (1391).
Transige avec Jehan de Landivy, seigneur de Chan-
telou, et convient avec lui qu'il aura la moitié des re-
cettes pour les ventes et contrats faits au fief de Saint-
Julien *.
4' Jean Biseul (1400).
Par son' testament du 15 septembre 1400, il lègue à
la Maison-Dieu onze sols de rente sur une maison du
Pont-de-Mayenne, savoir 12 d. pour sa sépulture qu'il
veut être faite à l'église, 2 s. 6 d. pour le chapelain,
2 s. 6 d. pour dire et célébrer chacun an une messe â
1. Voir celte liste. I>. Maître, p. 76.
2. Arch. de lliApital.
3. CartalairedeFontaine-DanieHB\\>\\otàii^\iejiatàoaaAe),^.Zi.
4. Titrex de Chantelou.
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- iU-
iiotes de Requiem, et vigiles à neuf leçons et cinq sols
pour les <
5" Guillaume Porterie (1429), licencié ès-droit'.
Guillaume Malabry, chapelain et receveur de la Mai-
son-Dieu de M. Saint Julien de Laval, rend à luaistre
Guillaume Porterie, trésorier, prêtre et conseiller de
Mesdames de Laval, un compte de dépense depuis le 25*
jour de septembre 1429, que ia ville de Laval fut recou-
vrée sur les Anglais par l'entreprise de Mesdames les
Comtesses dudit lieu, exécutée la dite entreprise par
M. du Hommet et M. de la Perrière à l'aide des gens de
cette place frontière, M. le Comte etM. de Lohéac leur Ois
étant avec le roi en voyage de son couronnement à
Rheims.
La dépense de bouche est rendue par semaines qui
sont au nombre de 76. La plus forte dépense pour une
semaine est de 36 sols^.
6° Jehan de Boullon (1453), prêtre, bachelier formé en
théologie.
Nomme ses procureurs spéciaux. MM. Pierre Bernier,
Pierre Hay. Jehan Hautier*.
Il était encore administrateur en 1465'. On dit qu'il
était doyen de Saint-Tugal, mais on ne trouve pas son
nom dans la liste.
7" André Duval (1468).
Dans les titres latins il est appelé Andréas de Valle,
Il fait aveu le 20 décembre 1468 au seigneur de Chan-
teloup et reconnaît être sujet de cette seigneurie pour
Taumônerie Saint-Julien. 11 racheta moyennant 60 livres
de dédommagement des celliers vendus par son prédé-
1. Archives de l'hâpital.
2. M, L. Mattre le nomme Portejoie?
3. Arch. de l'hôpital.
4. Titre* de C/ianielou.
h. Annuaire de 1838 A la note 5.
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- ^78 -
ir. II se dispeiiiia , comme ses prédécesseurs, de la
résidence et créa un office de chapelain auquel on attri-
bua les fonctioDs d'économe ou dépensier*.
André Duval acheta en 1672 de Jehan Godefroy et de
Gillette sa femme le lieu de la Guétronnière. Il compose
avec le seigneur de Chanteloup pour les droits de rente
de ce lieu à quatre escus, moyennant qu'à l'avenir cha-
que maître de l'aumànerie lui en Tera foi et hommage et
paiera de rachapt à chaque mutation de maître de l'au-
mànerie six écus soleils '-.
8« Pierre le Bauld (1497).
Historien de Vitré. S'avoue ie 15 août 1497 sujet de
la seigneurie de Chanteloup pour l'aumAnerie de M . Saint
Julien 3.
9» Geoffroy Tartroux(1549).
Fut le dernier ecclésiastique qui porta le titre de maî-
tre et administrateur de la Maison-Dieu. L'administra-
tion ecclésiastique fut remplacée par une laïque.
Jean le Mercier et Geoffroy Esnault furent tes pre-
miers laïques chargés de ce soin.
L'hôpital Saint-Julieu avait un tief assez étendu qui
faisait une partie de son revenu. 11 était dû à la libéra-
lité des seigneurs de Laval et à la chanté des habitants.
Un ancien mémoire, au soutien de certains droits que
contestait le seigneur de Chantelou au maître et admi-
nistrateur de Saint-Julien, dit : u ...Ledit hôpital est de
« notable et ancienne fondation, fondé, doté et grande-
« ment augmenté par Monseigneur le comte de Laval
« et autres notables et bons catholiques, pour nourrir,
a substenter et entretenir les pouvres de Dieu, les nour-
4. Annuaire de i828.
i. Titre* de Chantelou.
3. Idem.
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- Î76 -
« rir et alimenter et pour y faire le divin service qui y
« est feit par chacun jour... et pour ces causes à la fon-
« dation et dotation dudit hdpital, plusieurs terres, ren*
« tes et revenus et entr'autres choses un beau fief de
« grande estendue tant en la ville et forsbourg de La-
« val, qu'ailleurs, quel fief est l'un des beaux et hon-
n neste revenu de la dite Maison-Dieu...' »
Il relevait du seigneur de Chantelou. Un aveu du 15
août 1497, rendu par maître Pierre le Baud, maistre et
administrateur de la maison Dieu et aumolnerîe de Mon-
seigneur Saint Julien à la seigneurie de Chantelou, fait
connaître l'étendue du fief.
Il y est fait d'abord mention de la maison et héberge-
ment, cour, portail et jardin de Saint-Julien situés entre
le chemin du Panlivard et la rivière de la Mayenne, de-
puis le-mur de l'église jusqu'au chemin qui va du Cime-
tière-Dieu à la rivière au bout du jardin; puis du
four-à-ban de l'aum^ïnerie, que l'on appelait four du
Pont-de-Mayenne, auquel les sujets du seigneur de Chan-
telou demeurant au bourg du Pont-de-Mayenne sont
contraints de cuire leurs pains, de même que les sujets
de l'aumônerie sont tenus par anciens traités à faire
moudre leurs grains au moulin du seigneur de Chante-
lou.
Le fief s'étendait dans les rue des Quatre-Œufs {alias
rue Sainte-Anne), dans le chemin du Panlivard (rue des
Lices), à la Croix-Laysis, ta Croix-Bteré (Croix- Bidault),
dans la rue de Paradis, au carrrefour du Puits-Rocher.
L'aveu mentionne aussi une grande quantité de vi-
gnes, un jeu de paume près de la maison du four-à-ban,
etc. Le maître et administrateur avait justice et juri-
diction foncière et domanière et tout ce qui en dépendait
suivant la coutume. Il devait au seigneur de Chantelou
4. Titres de Chantelou.
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_ 277 -
pour ce quil tenait de lui 9 s. 6 d. aa terme de saint
Jean-Baptiste et un septier de froment, mesure de La-
val, à l'AngeTÎne, de rente inféodée : en outre, 12 s. de
rente sur une maison appelée la Ridellerie près la fon-
taine Hamel (me du Hameau').
ESTAT
ou RETENU ASSURÉ DES PAUVRES DE l'hOSTEL-DIEU
SAINT-JULIEN DE LAVAL
EXTRAIT AC COMMENCEMENT DE l'aNNIÏE 1685
PAR LE DUC, ADMINISTHATETIH
Valeur
2327* Les biens affermés.
1380*^ Les biens à moitié.
1845* Les rentes foncières.
530* Les rentes constituée» .
328* Les rentes en ^ain.
56* Les rentes inféodées.
6466*
1193* Les charges ordinaires.
f-r^t^ i Les profits de fiefs et tes dons casuels ne
! se peuvent trouve" ~"" '*'•"•' '" """o**" 'iii
administrateurs.
IMMEUBLES AFFERMES
Le ffrand port k Louis Hubert, marchand, pour 700^
payable par les demyes années au 1" mai et 1" novem-
1, Titres de Chantetou.
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- 278 -
bre. Le bail est pour 7 années commencées aojour de
Toussaint 1679, cj 700*
La maison du vieil hôpital au BÎeur de Langelerye de
Vernaye pour 120^ payable au jour de Toussaint. Ce
bail est pour 5 années commencées au jour de Toussaint
1683 devant Moulinaye, notaire, cv 120*
La maon ^maison) et boutique du Dortoir à Georges
Hérault pour 60*^ par les demyes années commençant à
la Toussaint, cy 60*
Les petites maisons qui sont au-devant du four banal
de l'Hostel-Dieu affermées au sieur Gasry, boulanger,
pour ia somme de 80* payables à la Toussaint ; il n'y
a qu'un bail verbal qu'il fault faire par écrit, cy. 80"
La roestairio de Guildine, en Loiron, à Julien Baron
sieur du Chastaignier, pour 120* payable à la Tous-
saint, cy 120*
La maison, verger et jardin du Pressoir des Carrés,
paroisse de Saint-Vénérand, alTermé à N... qui s'en est
allé et a laissé la clef soubs la porte ; on la rebaille au
nommé Thibault Tissier pour 5 années commençant au
jour de Toussaint 1685 pour 25*
La métairye de la Pommeraye, en la paroisse de Mai-
soncelles, à Anthoine le Braua, payable à la Toussaint
à raon (raison) de cent livres par an, cy . . . 100*
Le traict de dixme du Qef de la Rouillère, en Saint-
Ceneré, au s' Bodard, curé de ladite paroisse, par bail
verbal pour 30* payable à la Toussaint, cy, 30*
La métairye de la Pibannière, en Nuillé-sur-Vicoing,
au sieur Fiécheraye de Buhigné, notaire d'Astillé, pour
120tf payables à la Toussaint 120*
La métairye de la Cbalopinière, en Houssaye à Fran-
çois Chaudet, sieur du Choiaeau, pour 150* payable par
les demyea années à commencer à la Toussamt,
cy 150*
La métairye de Pangeline, en Saînt-Ouen, à François
Duchesne pour 115* et payable à la Saint-Georges,
cy 115*
La métairye de la Rousseliére, en la paroisse de Beau-
lieu, à Jacques le Masson sieur du Perche pour 140*
payable à la Toussaint, cy 140*
La métairye de la Quenttnière, en Nuillé-sur-Oueste,
à Michel Berault, pour 100* payable au jour de Tous-
saiD», cy 100*
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— 219 —
La closerye de la Lande-Guibert, paroisse d'Ahuillé,
pour moitié. L'autre appartenant au Chapitre Saint-Tu-
gal, affermée à Pierre Daguin 30* payable à la Tous-
saint, la dite moitié faisant cy 15*^
Le» deux métàiryes des Aumosnes, en Louverné, af-
fermées aux nommés Deschamps et Rebillard po' (pour)
300* payables par les demyes années, la dernière à ta
Toussaint, cy 300»
Un champ des Carrés, affermé à Raoul Guiard, bou-
cher, pour 12* payable à la Toussaint, cy, . 12*
Une petite maison, située rue des Chevaux, affermée
pour 9^ payable au jour de Toussaint, cy. . . 9*
Une petite chambre et grenier, dessus la buanderie
de l'hôpital à Madeleine Bourgault pour 7* payables à
la Toussaint, oy 7*
Une petite maison, derrière ledit hôpital, à Estienne
le Gendre pour 14* payable au 1'^ mai, cy. . . 14*
Une autre maison, audit Heu, affermée à la dame Sacé
pour 14* payable à la Toussaint, cy 14*
Un petit bougË de maison et grenier dessus audit lieu
à Courteille, pour 6* payable à Ta Toussaint, cy. 6*
Une autre petite chambre et grenier dessus, au mes-
me endroit affermée, à M' de la Poulinière pour 20*
payable au 1" may, cy 20*
Une petite maison, nommée la Mavalte, et un jardin
auprès des lots affermés à Jean Vanary pour la somme
Total général 2335*
tIEUX A. noms ET A, PEU PRKS LKDR BËVENU ANNUEL
AD TBHPS PBÂSCNT 1685.
La Hoisnardière en Bonehamp 300^
La Gofelière en Lonvemé 200*
La Baugrandière en Lonverné 150*
La Richardais en Louvigné 2ÛÛ*
La Bertinière en Bonohamp 130»
L'Batambeusle en Changé 120*
Les deux Carrés en Saint- Vénérand. 160*
La Guesiponnière en Saint- Vénérand . . 120*
1380*
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RENTES FOMCIBRES
La rente de 10^ par la femme Jean Martin sur sa
maison située sur la place du Pavé au mois de juin
cy lOfr
La rente de dix livres sur une maison auprès de Saint-
Vénérand où demeure le nommé Maréchal : à ta Tous-
aaint cy 10*
La rente de quinze sols sur un jardin, appartenant à
Monsieur Lasnicr, aitué sous L Eschale-Marteau à la
Toussaint 15'
La rente de 45^ sur des maisons situées en la rue des
Ridelleryes, qui furent à Gilles Le Clerc, René Rousseau
et Andrée Fauveau, sa femme, payable au vingt-hui-
lièsme febvrier cy 45*
La rente de 3* sur une maison, appartenant à Ma-
dame de la Lande-Quièry, située proche la Pousterne
payable à la Chandeleur cy 3^
La rente de 223* 4* sui' la grande maison de la Cave,
sur la place publique, appartenant à M" René Gaultier,
greffier, et à Anne Hamon, femme du sieur Gougeoa
payable à la Toussaint cy 223* 4'
La rente de 27* sur certaines maisons et jardins si-
tués derrière l'enclos des Jacobins, appartenant à Ma-
thurin Quihéry, sieur de la Motte et aux héritiers de
Guy Gochery, payable à la Chandeleur cy. 27*
■ede2{)*s ■-'--- ' ■■ ■■
La rente de 20* sur certaines autres maisons et jardins
joignant celles cy-dessus, appartenant au sieur Ferrant,
prestre, payable à la Chandeleur de chasque année
La rente de 40* sur la maison au sieur Gaudin, si-
tuée au haut de la Grande Rue, exploitée par Madame
Barbin, payable au 10' febvrier cy 40*
Le rente de 40* sur le lieu de la Vénière, en la Bus-
latte, appartenant au sieur de May, payable au jour de
Toussaint cy 40*
La rente de 20)^ sur le lieu des Mées, en Saint-Jean-
sur-Mayenne, appartenant aux Geslots à la Toussaint
cy 20*
La rente de 4* 13' 4*' sur une maison, jardin et terres
situées au bourg de Montsurs appartenant aux héritiers
de feu Nicolas Manseau à la Toussaint cy. 4fr 13' 4*
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- 281 -
La rente de 2tt sur une maison, en la rue Saint-Es-
ticnne, aux héritiers de feu Monsieur de la Villière-Es-
tigneux, payable au jour de Toussaint cy . . . 2fr
La rente da 40it sur la maison Gâtais, au Pont de
renne, appartenant à François Godais sieur de Gla-
tigoé payable à la Saint-Jean cy 40)f
La rente de seize livres sur le village de la Tilleryr
en la Bazouge-des- Alleux payable à la Madeleine
cy Ififl
La rente de 6t sur une maison et jardin au bourg do
Bonchamp appartenant aux Torrets payable au jour de
Pâques cy 6«
La rente de 24* 10' sur le lieu de la Veautre en Saint-
Berthevîn appartenant au nommé Anjuaire, qui se paye
au jour de Toussaint cy 24» 10'
La rente de dix livres sur le lieu de la Clorière en
Saint-Berthevin appartenant aux héritiers de feu Michel
Clément et se paye au jour de Toussaint cy. . lOit
La rente de oO* sur une maison située en la rue Saint-
Jean appartenant au sieur de la Chauvinière-Nourry et
se paye au jour de Noël cy 2* 10"
La rente de 13(t sur un jardin aitué sur les Tuyaux
appartenant au sieur Beaunée payable à la Toussaint
cy 13it
La rente de 20* sur une maison située sur les ponts
de cette ville au sieur de la Fosse- Davoine, notaire à
Mayenne, payable à la Toussaint cy 20tt
La rente de 2(h 12' G*", savoir, wt 2' 6" pour une part
et 12t 10' par autre sur certaines maisons situées au
derrière du Manoir appartenant aux héritiers Yves Gos-
son et Pierre Bareau payable à la Toussaint cy
20* 12' 6^
La rente de 8* livres sur le village de la Grande-
Mesrie en Saint-Germain-le-Fouilloux appartenant à
Pierre Duchesne payable au jour de Saint-Georges
cy %
La rente de 13* sur une maison au Puy-Rocher ap-
partenant à Pierre Angot, mareschal, payable au jour de
Toussaint cy 13*
La rente de 18* sur les maisons et jardins situés aux
Lices appartenant au s' de Gomboust et Anthoine Cha-
lumeau, payable au 1*' may cy 18*
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La rente de 22tt aur les Loge» de la Philipotière ap-
partenant à Jean Naîl dit Saolé au jour de Toussaint,
cy , 22f
La rente de 14tt 5' sur le lieu de la Faulchardïère en
Conteet appartenant à Michel Island Guaynardière, e«t
payable au jour de Toussaint cy i4# 5*
La rente de 55» sur le lieu dfe la Bourdaisière en la
paroisse de Houssaye appartenant à René Paré, loate
au Mont Saint-Micnel, et se paye au jour et feste de
Toussaint de chacune année cy 55(t
La rente de 6* sur une maison située sur le cpiay ^-
partenant au nommé Fermin, boulanger, payable au pre-
mier mars ey 6it
La rente de 2Û# sur la closerye du Pont en Changé
i(ui fut au nommé Gaillard et présentement au s' Pou-
tain, notaire, payable au mois de raars, cy. . . 20tt
Ln rente de 93tt 7 s. 6 d. sur le lieu des Jarriais en
Changé qui fut au s' CoiUard et maintenant en saisie.
Elle se paye par measire Daniel le Balleur au jour de
Toussaint cy 93tt 7 s. 6 d.
La rente de 20 s. sur une portion de jardin proche
l'ancien jardin de l'HiMpital appartenant à Pierre Hu-
bert, mary de Jacquine Davy 1»
La rente de 25 pots de vin sur certeine maison et
terres situées proche le lieu et terre de la Coconière en
la paroisse de Saint- Vénérand.
La rente de 38t sur certaines terres auprès de Bots,
jointes au lieu de la Cointrie appartenant aux héritiers
Ambroise Gamier payable au jour de Toussaint,
cy 3»tt
La rente de i3t aur ta Jarriaïs en la paroisse de Mon-
tigné appartenant aux héritiers de feu René RulGn, au
jour de Toussaint cy 13tt
La rente de 3« 15 s. sur une maison située au Gué-
d'Orgé appartenant à Anthoine Gougoon et à sa feounc
au terme de Toussaint cy 3tt 15 b.
La rente de 37t'sur une maison située en la rue des
Serruriers appartenant au sieur Louis Hubert payable
au jour de Toussaint cy 37#
La rente de cinquante sols sur le jardin de la Croix au
bourg de Montjean appartenant au s*" Georges le Mas-
son, chirurgien, et se paye au jour de Toussaint,
cy 2fl 10 s.
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~ 283 -
La rente de 25tt sur tioe portion de la maison Gallais
appartenant aux héritiers de feu Pierre Landais payable-
an jour de Toussaint cy 25#
La rente de 4<f sur une maison et jardin au Bourg le
Prestre appartenant au sieur Drouart, prêtre, payable
au jour de Toussaint cy 4tt
La rente de 12t sur une maison située à la Croix Bi-
dault appartenant à François Rondeau payable au vinvt
troisième novembre cy 12fl
La rente de 5t sur le lieu de Monhermon en la paroisse
de Vagres (Vaiges) appartenant au sieur du Baineul-Be-
buffé, payable au premier jour de may, cy. . . 5tt
La rente de 12«'Bur le village de Vent en la paroisse
de Saint-Germain-le-Fouilloux appartenant à René Per-
rin et se paye au jour de Saint-Georges, cy. - 12tt
La rente ae 20tt 8ur une maison et boutique située en
la Grande-Bue appartenant aux héritiers de feu mon-
sieur de Chambray, à la Toussaint, cy. . . . 20»
La rente de 20* sur le lieu de la Saudraye en Astillé
appartenant au sieur de la Saudraye-Provoet. Payable
au mois de décembre cy 20<t
La rente de dix livres sur le lieu de la Giraumerye en
Saint-Berthevin appartenant aux héritiers de M' Jean
Gurpentier et de Ouvier le Bourdaia cy . . . lOt
La rente de 72tt sur une maison proche Saint-Véné-
rand appartenant aux héritiers de feu Jean Barin, paya-
ble au i" mai cy 72tt
La rente de 62it sur l'an tien jardin de THôpital appar-
tenant au sieur de Frettgné-Bidault et aux héritiers de
feu Pierre Atlard. Se paye au 2" febvrier cy. . 62tt
La rente de 132tt sur le four à ban de Ttlôpital tenu
par Julien Gasry et femme, boulengers, payable au
jour de Toussaint cy 132tt
La rente de 80tt sur l'antienne maison et terres de la
Phelîpottière tenu par Jean Natl payable au jour do
Toussaint cy 80*
La rente de quinze livres sur le pré des Bozôes appar-
tenant aux héritiers de feu Matburin Le Breton de la
Failuère payable au 2* febvrier cy 15ft
La rente de 19)t sur les terre et maisons de Hoque-
bride près des Capucins appartenant aux hcrs (héritiers)
de feu Jean le Geay de la Reingeardière au terme de
Toussaint cy 1^
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La rente de lOt sur un jardin situé aux Cometteries
appartenant au sieur Jacques Groesard, payable au pre-
mier jour de may cy iO*
La rente de 6m sur le lieu Terrerie paroisse d'Argen-
tré appartenant à Mathurin Gombert, payable à la Tous-
saint. — Nota, Elle est en saisye ci 60*^
La rente de 5* sur le lieu de Termenerie en la paroisse
de Louverné appartenant au sieur de la Fanouiliaîs.
Est payable à Noël, cy 5*
La rente de 4if sur une maison et jardin situés au
Vau-Bruslé près Sainte-Catherine, appartenant à Michel
Marie, à la Toussaint cy 4*
La rente de 18tt sur ïes Terres-Rouges en Montigné
appartenant au nommé Mortoux ou ses héritiers au jour
de Toussaint cy 18*
La rente de dix livres sur une maison et jardin situés
firoche de la Croix Laisie appartenant aux héritiers du déf-
unt sieur Cîreuil (modo à M. de Beaumont) et se paye
au terme de Toussaint cy 10*
La rente de 50 s. sur le lieu de la Bélissière en la
paroisse de Louverné appartenant au s"" Cailler de la
Glardière payable au jour de Toussaint cv. 2* lOs,
La rente ne 25tt sur une maison à la draine apparte-
nant au s' Bidault, médecin, payable au 15' décembre
cy 25*
La rente de 50 s. sur le lieu de Rochobert en An-
douille appartenant au s' de Rochobert et au sieur de la
Motte-Qméry payable à Langevine cy. . . 2* 10 s.
La rente de 50 s. sur le lieu de la Touillerye en la
paroisse du Bourg-le-Prestre appartenant au sieur de la
Trouillerye, payaote à la Toussaint cy . , 2* 10 s.
La rente de wt sur la pièce de la Porte et jardin de
la Butte situés au bourg de Montjean appartenant à la
dame Galetière et se paye à la Toussaint cy. . 8*
La rente de 18t sur une maison située en la rue de
la Rivière appartenant au Nantais, payable au mois de
may cy 18*
La rente de 15fl sur la Gouabinière paroisse de Ruillé
en Anjou appartenant aux héritiers Landais et consors
à la Toussamt cy 15*
La rente de im sur la Basse-Chauvière en Chaillant
appartenant k Jean Paris et Andrée Fain sa femme, à
la Saint-Georges cy 10*
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La rente de 6tt sur la Coudraye-Guiachard en Bon-
champ appartenant à Pierre Champagnette payable au
1" mai cy .' 6^*
La rente de 40» Hur le petit port des LiCes apparte-
nant au sieur Hamard, marchand, payable au 15* mars
cy 40tt
La rente de 30« bup le Pré Boudier, k la Vrillerye,
«»partenant au sieur Balidas et se paye au terme de
Toossaint 30tt
La rente de 38*^ sur certaines maisons situées sur le
cniay appartenant au nommé Gautier et se paye au terme
de premier juin, cy 38tt
La rente de 6tt 10 s. deue par Christophle la Guillée,
admortissable, à trois termes dout il en a déjà payé le
premier, de sorte que la dite rente n'est plus que de
4tt6s. 8d. cy 4* 6s. 8d.
La rente de 5* sur une maison aux Trois Croix appar-
tenant aux héritiers de Renée Gontier tenue par le
nommé Renard et Guilleminc du Mesnil sa femme paya-
ble à la Toussaint cy 5^^
La rente de lOOit sur toua les biens de la succession
de feu M* René Jacques Toucbard s' de la Valette au
25' août cy lOOfl
Toutes les dites rentes fontiêrcs montent ensemble à
la 1844tt 19 s.
La rente de 32tt sur le lieu de la Perrière en la Gra-
velle au terme de Saint-Georges donné par M. Hoisnard
sieur de Cormery, cy 32tt
La rente de 20t sur deuxpièces de terre dites Daven-
lot en la paroisse de Saînt-Cfyr due par Aubry au terme
de la Toussaint. Donnée par le dit sieur Hoisnard de
Cormery, cy 20»
RENTES COMSTITUÉES ET HYPOTHSCAIRBS
La rente de huict livres due par la veufve et héritiers
de Jean Nepveu assignée sur une maison sictuée en la
rue de Paradis, payable en septembre cy. . . . 8tt
La rente de six livres due par messire le Balleur et
le sieur Geoiïroy Levesque assignée sur certaines mai-
sons situées en la rue de Hameau et sur le lieu de la
Uamardière, payable au douzième juillet, cy. . . 611-
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La rente de hiiict livrée dae par les héritiers de def-
Tunct-Jean de ta Porte assignée sur une maiaon qui fut
à Philippe Angot cy 8it
Item une autrc^rente de neuf livres due par les héri-
tiera du feu aieur de la Porte assignée sur une autre
maison située en la rue de Paradis cy . . . . 9\t
La rente de dix huict livres due par Perrinc Pochart
veufve de Jean Noyer, sur certaines maisons et jardins
situés à la Croix-Laisis payable au mois de mars
cy 18if
La rente de six livres cinq sols due par Jean Gallon
assignée sur la closerye du Verger en la paroisse de
Bonchamp payable au terme de la Madeleine cy. 6if 5b.
La rente de soixante livres due par la veufve et héri-
tiers du deiïunt Pierre de la Porte vivant sieur des Ma- .
drés, payable au vingt-huitiesme octobre de chasque
année oy 60»
La rente de vingt cinq livres due par le sieur de la
Rouesardière payable au 29 avril (amortie) cy. 25#
La rente de trente livres due par Jeanne Guerin et par
M* René Bridier son fils demeurant au bourg de Chas-
Ion payable au treizième janvier de chaque année
cy 30tt
La rente de soixante quinze livres due par le sieur de
la Vigne-Bresart payable au neufvième jour de septem-
bre cy 75#
La rente de quatre vingt dix livres due par les héri-
tiers du deffunct M' Nicolas le Bouvier vivant sieur de
Fontenaille et payable au quatriesme jour de janvier de
chasqne année pour les arrérages de laquelle on a fait
saisir tous les héritages dépendant de la succession du-
dit deffunt cy 90»
La rente de cinquante livres donnée par le deffunt
sieur de la Rouesserie. Aupiez et due par François Bou-
din au terme de juillet, cy 50#
La rente de vingt cinq livres due par le sieur de Boues-
aay-Loriot payable au quinziesme juillet cy, . 25»
La rente de cinquante livres due par le sieur des Gra-
veux-Loriot payable au terme de Toussaint cy. 50»
La rente de vingt livres due par le nommé Gaillard
de la Carrière, assignée sur une portion de la maison
Gatlais a luy appartenant située à la Seraine cy. 20»
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La rente de trente livres due par le sievr Viel de Ro-
cbober payable au premier jour de décembre de chacune
année cy 30if
La rente de quinze livres due par les héritiers de def-
funct Michel Beauchesne et assignée sur le lieu des
Buttes en la paroisse de Saint-Berlhevin payable au 25'
de mars {modo les héritiers Guichardière-Margottîn)
cy 15tf
Item une autre rente de cent sols légué par le defTunt
Beauchesne sur Julien DefTay, perrayeur (carrier) et
Fouassier sa femme payable à la Saint-Jean cy. 5t
Toutes les dites rentes hypotécaires se montent en-
semble à la somme de cinq cents trente livres cinq sols
CY 530#5s.
(A suivre).
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LES « CHATEAUX* ET LES • GHATELIERS >
DANS LA MAYENNE
Le territoire de notre département contient dans ses
limites un grand nombre de camps ou châteaux d'un
genre primilir, uniquement composés de talus en terre
quelquefois mélangée de pierres sans liaison, de buttes
artificielles d'une semblable structure et de fossés. Plu-
sieurs ont été signalés, décrits et dessinés : Le camp
du Bignon par M. Le Fizelier ; les Châteaux de Thorigné-
un-Chamie, par M. Maillard, curé de cette paroisse ; le
Chàteau-Maignan, en Saint- Jean-sur-Mayenne, par M.
Emile Moreau. Incidemment, les prétendus camps ro-
mains d'Entrammes et de Moulay, le buttes du moulin
de Gennes en Saint-Loup- du-Gast, ont été l'objet de
quelques notes, ainsi que le cbât«au de Beugy en Sainte-
Suzanne. Il en existe plusieurs autres. Tous ces tra-
vaux sont de même origine ou du moins de la même
époque, car le mode de construction est partout sembla-
ble. Partout on s'est contenté de prendre sur|flace les
matériaux qui s'offraient aux ouvriers, on a creusé le soi,
relevé eu talus ta terre des fossés, formé ainsi une ou
deux enceintes que protègent ordinairement aux points
faibles, ou aux entrées, des monticules plus élevés. La
seule différence qui existe est celle que nécessitait la na-
ture du sol ou la disposition des lieux. Il faut renoncer à
y voir des postes ou camps romains ; nulle part en effet
il n'a été trouvé de monnaies ni d'objets de provenance
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romaine dans ces retranchements. En nous en tenant
aux sources bistoriques qui concernent notre pays, nous
avons dans une page d'Ordéric Vital tout ce qu'il faut
pour fixer la date de ces constructions, et préciser ainsi
un pcànt de notre histoire locale sur lequel un n'a pas été
assez affirroatif, ou qu'on n'a pas généralisé suflisamment.
. L'historien normand raconte avec détails que Guillau-
me le Conquérant, voulant mettre un terme aux excur-
sions d'Hubert de Beaumont et de ses chevaliers qui,
du donjon de Sainte-Suzanne, ravageaient ses terres du
Maine, fit construire, dans la vallée de Beugy, le châ-
teau dont on voit encore la double enceinte. Son récit
nous apprend que pendant plusieurs années la lutte
continua entre la garnison de Sainte-Suzanne et les Nor-
mands de Beugy, et qu'enfin ceux-ci, qui ne rempor-
taient d'autre fruit de leurs combats que le fer de l'enne-
mi dans leurs plaies, furent obligea de négocier la paix.
Qu'on examine maintenant les châteaux de la vallée de
Bougin, ceux de Thorigné et du Bignon, les chAteliers
d'Entrammes tels qu'ils étaient il y a une trentaine d'an-
nées, ceux qui vont être signalés dans la suite de cet
article, et l'on verra que tous ces travaux se ressemblent
et sont de même provenance ; ce n'est pas à dire que les
Normands soient les auteurs de tous les retranchements
de cette nature dont on retrouve les vestiges si nom-
breux, mais on peut affirmer que l'art est partout le
même, et que les époques de ces diverses constructions
doivent se rapprocher beaucoup. L'on ne peut errer en
les attribuant uniformément au dernier quart du XI* siè-
cle ou aux premières années du siècle suivant.
Un autre point de cette question d'histoire qui n'a pas
été envisagé ni étudié, croyons-nous, par aucun auteur,
c'est le plan d'ensemble suivant lequel ces forteresses
ont été (Ûsposées et reliées les unes aux autres pour for-
mer un système de défense. Or, l'inspection de ces diffé-
rents lieux fortifiés, depuis Entrammea jusqu'à Ambriè-
DigitizedbyGoOglC
res, montre qu'en se serrant dos niltaents de la Mayenne
et des accidents àa 9ol, on a Toulu prendre le cours de
la rivière principale comme ligne de défense naturelle.
Puis on voit qu'à partir d'Ambrières cette ligne se bifur-
que, suivant à gaoche la Colmont et à droite le eours
supérieur de la Mayenne jusqu'à leurs sources. Cette
seconde ligne est transversale à la première et regarde,
la Normandie.
Si maintenant noua remontona le cours de la Mayenne
depuis le point de départ que nous avons indiqué an sud,
nous trouverons comme premier lieu fortifié le Chàtelier
d'Entrammes. C'est an poste élevé, situéentrela Mayen-
ne et la Jouanne, à 500 raètrefl au-dessns de leur jonc-
tion : il défend done l'entrée de la langue de terre com-
prise entre les deux rivières. Les fortifications construites
sur le sommet de cette colline consistaient en deUx li-
gnes de baies, encore accusées sor plusieurs points, al-
lant dans la direction d'une rivière a l'autre. C'était le
sens de la phis grande longneor dn retranchement dont
les extrémités étaient également fermées. L'entrée h
l'ouest vers la Mayenne était défendue par dewi buttes
si élevées et abruptes, qu'un de ceux qui les ont vu nire-'
ier les comparait à des tours. Le côté opposé, vers la
Jouanne, près de la ferme du Châtelier, était protégé
extérieurement par nn fossé profond, aujourd'hoî com-
blé, mais dont il est facile de constater l'existence. II
faillit oceasicmner un accident quand on voulut creuser
les fondations d'un bâtiment de servitude pour la ferme.
L'en des ouvriers tomba tout-à-coup dans on tfo« pro-^
fond rempH de boue liquide d'où il fut fort difficile de
le retirer, et ce ne fut qu'à grand'peine qu'on put établir
les fondements dans cette partie. Les seals objets pro-
venant de l'industrie qu'on ait trouvés dans les travaux
de nivellement de ces pièces de terre, maintenant en cul-
ture, sont des poteries qui semblaient avoir été au feu.
A deux kilomètres an-deasns de Saint-Jean-sur-
Digitizedby Google
- 2W -
Mayenne et dana une Bituation semblable à la précédente,
c'est-à-dire au^ un point culminant, entre la Mayenne et
l'Ernée qui se rapprochent à 400 mètres pour se séparer
ensuite et former une longue et large presqu'ile, se trou-
ve leChÂteau-Maignan. Le Diclionaaire topographique
de la Mayenne, d'après un texte du XV' siècle, le nom-
me plus justement le Chàteau-Moyen ; nous avons éga-
lement trouvé cette forme dans l'acte de fondatùm de Itt
chapelle de la Heaule, et ce nom, qui semble dérivé de
la position de ce château entre les deux rivières, appuyé
d'ailleurs sur d'anciens textes, est préférable au nom
vulgaire. Nous ne noua arrêterons point à la description
de cette forteresse : on la trouvera dans le Bulletin de
i-a Commission^. Les retranchementa sont fait^ d'un
mélange de terre et de pierres ; des traces curieuses de
vitrificati(Hi se votent dans une partie de l'enceinte.
Remontant toujours le cours de la Mayenne, noua ren-
controns à Moulay l'on de ses principaux affluent», l'A-
l'on. Là encore, au-dessus du confluent, se trouvent des
travaux de main d'homme qui enferment le bourg de
Monlay dans le triangle formé par les deux rivières et
une ligne des fortes haies toujours apparentes et recour-
bées en croissant. Monsieur le curé de Moulay a bien
voulu nous envoyer le calque du plan cadastral avec le
tracé du retranchement artificiel. Ce dessin montre évi-
demment l'inteation d'enclore l'espace compris entre les
deux rivières, et présente exactement, la disposition que
nous retrouverons en moindres proportions aux Châte-
liers de l'Isle-du-Gast. Aucun objet de provenance ro-
maine n'y a été trouvé, et W disposition des lieux res-
semble trop parfaitement à ce que nous avons vu précé-
deuunent pour que nous n'y reconnaissions pus un tra-
vail de même origine.
Les trois enceintes fortifiées que nous venons de men-
1. T. m, p. 46.
DigitizedbyGoOgIC
_ 892 —
tionner présentent, dans le choix de la situation, un carac-
tère identique qui suppose un plan d'eas&mble, l'unité
de vue ou de besoin, et l'intention bien claire de défen-
dre l'entrée d'un territoire plus ou moins étendu, pro-
tégé sur les deux autres c6téB par deux rivièrea. Cette
langue de terre qui, à Saint-Jean-sur-Mayenne, atteint
des proportions considérables, offrait un asile non-seule-
ment â des guerriers nombreux, mais à toute une popu-
lation.
Un peu au-dessous d'Ambrières, la Mayenne reçoit
denx affluents presqu'aussi forts qu'elle-même, et là en-
core des ouvrages de même nature que les précédents
ont été édifiés, sur trois points difîérents de la rive
gauche de la Mayenne.
Au-dessus de Saint- Loup -du-Gast, en face de la Va-
renne, le mamelon qui domine le moulin de Gennee a été
surélevé artificiellement, et dans la partie qui n'était pas
naturellement vallonnée, une enceinte formée d'une baie
circulaire très forte et de deux fossés va rejoindre la
vallée taillée à pic vers la rivière.
Plus près du bourg de Saint-Loup et touchant le châ-
teau du Domaine, un monticule semblable, aussi escarpé
du cdté de la rivière, et protégé au midi par un autre
vallon très profond où coule un ruisseau, est également
environné de fossés. Quoique comblés en grande partie
ils sont toujours sensibles. La plateforme du monticule
était environnée d'un talus dont une partie subsiste et
qui protégeait les défenseurs de la redoute.
Enfin à une demi-lieue plus au sud, à quelque dis-
tance du château de l'Iele^ la croupe d'une colline qui
domine les prairies où coule la Mayenne présente aussi
des traces indiscutables de travaux artificiels ; un second
vallon défend le côté nord de cette colline et le promon-
toire formé par ces deux dépressions assez raides du sol
avait été enfermé, du seul cdté abordable, par une ligne
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- i93 -
courbe de monticules ou de haies avec fossés extérieurs .
Ce terrain ayant été mis en culture, les retranchements
ont dû être aplanis. Tout déformés qu'ils soient on en
reconnaît toujours la forme et la direction, et vu- du de-
hors, le vallonnement est encore si considérable qu'on
est surpris que la charrue puisse le franchir.
Ces trois forteresses qui avoisinent le double confluent
de la Varenne et de la Colmont présentent bien dans
leur construction le même caractère que celles du cours
inférieur de la Mayenne, mais la situation n'est plus
identique. Le choix de ces emplacements et les dimen-
sions données aux enceintes font croire qu'on a voulu
s'opposer au passage de la rivière et non créer un re-
tranchement pour une population menacée. Ces forts ne
pouvaient abriter qu'un nombre assez restreint de guer-
riers. Ils rentrent dans le système de fortifications de la
ligne de défense formée par la Mayenne, mais ils ne
peuvent avoir été utilisés à deux fins, comme forteresse
protégeant une enceinte de refuge.
Au-dessus d'Ambrières la Mayenne ne forme plus
qu'un médiocre cours d'eau qui bientôt sert de limites
naturelles entre le Maine et la Normandie au nord-est ;
la Cobnont au contraire s'en va vers l'ouest par Gorron
pour former de ce cdté la limite normande. En suivant
ces deux rivières dans leur cours supérieur, nous trou-
verons encore d'assez nombreux vestiges d'anciens re-
trauchemente, pour nous permettre d'aiHrmer que le sys-
tème de défense qui a présidé à la protection de la
Mayenne depuis Entrammes jusqu'à Ambrières, a égale-
ment été suivi de l'est à l'ouest vers les h-ontières de la
Normandie.
Suivons d'abord la Colmont en remontant son cours.
Un peu au-delà d'Oisseau nous trouverons un monticule
escarpé dont le pied vient baigner dans la rivière et que
contournent deux vallons formant une tranchée naturelle
19
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qui le sépare du terrain environnant. Cette butte »e
nomme le ChAteau-Renard, et malgré les habitations
nombreuses construites sur ses flancs, et la mise en jardin
de son sommet, il est certain et visible qu'elle a été for-
titiée comme celle de Saint-Loup-du-Gast.
Avant d'atteindre Gorron, à la hauteur de Brécé, on voit
>te di'esser les deux buttes du village de TEcluse qui ont
tant intrigué les archéologues. Après avoir franchi l'é-
troit passage qui les sépare on remarquera que le ter-
rain dans lequel on pénètre présente un renflement asscK
accusé, autour duquel la rivière décrit un circuit pres-
que complet. L'eau semble avoir été retenue dans ce val-
lon pour former un étang, et le côté qui ne serait pas en-
clos par l'eau est dessiné par une dépression de terrain
qui semble continuer l'enceinte. C'en est assez pour qu'il
ne soit pas téméraire de ranger les deux buttes de l'E-
cluse dans la classe de celles qui ont existé à Entram-
mea ou qu'on voit encore au Bignon, avec lesquelles el-
les ont une frappante analogie.
Remontant toujours notre Colmont, nous passerons
auprès de cette excavation singulière, nommée la Fosse-
Louvain, que la légende populaire veut rattacher par la
communauté d'origine aux buttes de l'Ecluse, mais que
nous nous contenterons de mentionner en passant, sans
affirmer que ce travail de main d'homme soit un ou-
vrage de défense militaire d'une époque quelconque.
Plus haut encore, sur le territoire de Fougerolles, à près
d'une lieue de la source de la Colmont, dans une situation
remarquablement choisie, s'élève un mamelon considéra-
ble, entouré complètement par le vallon de Courbefosse
et par une forte dépression : on nomme ce monticule la
butte du Ghâtelier.
Enfin, suivant la même direction et la limite des deux
provinces jusqu'à l'extrême pointe du département de la
Mayenne, nous rencontrons sur la petite rivière d'Airon
le village du Pontauhray, célèbre de temps immémorial
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par une chapelle dédiée à la Sainte Vierge. Voici en
queb termes Charles de Rommilly, seigneur de Lasdivy,
rendait aveu à la châteUenie de Pontmain pour la par-
tie de ce village qui lui appartenait :
M Item, la métairie et closerie du Pont Aubré, dans la
bourgade dudit lieu, composée de maisons demeurables,
granges, étables .... contenant trente-cîTiq joumaulx,
sur le fond de laquelle métairie et dans mon lief du
Pont Aubrée est bâtie la chapelle et le vieu et antien fort
et monceau de terre appelé le château de Pontaubrée
avec les vallées et douves en dépendantes. » (Droit de
présentation à la chapelle').
Cette vieille forteresse en terre a été visitée et décrite
en 1847 par M. de la Pilaye. Voici dans quel état il la
trouva :
« La butte tumulaire passe pour offrir intérieurement
des appartemens, ce qui me semble fort douteux. Néan-
moins elle est très curieuse par sa superficie, dont la
forme excavée en soucoupe la fait paraître naturellement
comme bordée d'un rampart; par sa position, cette
butt« défend l'entrée du Maine, étant situé siu* le haut
de la colline qui borde la rivière ^. »
Cette description est complétée par les notes d'un
autre visiteur, qui se servit à la même époque des tra-
vaux inédits de M. l'abbé Badiohe. Il signale, outre la
butte, « les traces d'un camp dont les fossés ou redoutes
existent encore presque entièrement dans un endroit
couvert de broussailles. 11 était de forme un peu ovale,
ayant 500 pas sur 460, et défendu par une forteresse
bfttie sur un monticule fort élevé. » D'après celui-ci on
aurait découvert, au sommet de la butte, des pans de
murs, couloirs, embrasures de porte, etcK •
1. Kxtrait d'un aveu à la chAtellenie du Pontmain, en 1649. par
Charles de Rommilly, seigneur de Landivy.
2. Journal dt rinâtitat /liâtorique, janvier 1847, arlicle di' M. de
la Pilaye.
'i, Ms. de M. l'abbé Pointeau.
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Il est impossible de ne pas reconnaître, dans l'objet
de cette description, un chftteau semblable à ceux dont
nous avons précédemment signalé l'existence et indiqué
la position.
Reprenons maintenant le cours de la Mayenne au
point où nous l'avons laissé. Peut-être n'existe-t-il au-
cun ouvrage ife main d'homme destiné à en défendre le
passage depuis Ambrières jusqu'à Saint-Calais-du-Dé-
Mcrt. Mais sur le territoire si accidenté de cette dernière
paroisse, en face du moulin de Cordouan, dans une si-
tuation très forte, nous retrouvons une forteresse des
mieux conservées. Elle occupe une sorte de promont<Hre
abrupt du côté de la vallée qui regarde la rivière, et for-
tement coupé vers le nord ^ar un chemin creux qui sou-
vent devient un torrent. Le reste de l'enceinte eat dé-
fendu par une haie énorme, faite de terre et de la pierre
de granit qui forme le fond du sol. Le fossé extérieur
est visible encore dans une bonne partie du pourtour.
Le terrain ainsi enclos est de près d'un hectare.
Pour allonger cette ligne de défense nous n'aurions
qu'à continuer notre exploration dans la même direction
vers l'est et nous trouverions à la Poôté, sur la frontière
normande, le château de Montaigu dont l'histoire est
longuement racontée dans Orderic Vital. Le récit des
luttes de Guillaume Girois contre Robert Talvas, dont
le château de Montaigu fut le théâtre, est le pendent de
l'histoire des combats de la garnison de Sainte-Susanne
contre les soldats de Guillaume-le-Conquérant qui occu-
paient le château de la vallée de Beugy. On peut croire
que ce château de Montaigu était une forteresse du
même genre que celles dont nous parlons.
* Voilà donc, depuis Entrammes jusqu'à Ambrières, et
de^Landivy à la Poôté, une série de fortifications cons-
truites d'après un même système, et échelonnées de
distance en distance, qui contribuent, en mettant à pro-
fit les accidents de terrain, à la protection du bassin de
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- «91 -
la Mayenne. Pour moi, l'idée d'un plan d'ensemble ou
an mfâns l'origine commune de ces lieux retranchés, qui
s'appuient à la Mayenne et à ses affluents, m'a paru si
probable que c'est en partant de cette hypothèse, qu'a-
près l'étude des trois premiers postes d'Entrammes,
Saint-Jean-sur-Mayenne et Moulay, je suis arrivé par
induction à découvrir les suivants, ceux des environs
d'Ambriéres surtout, que rien ne m'avait fait connaître.
J'expliquerai le titre que j'ai donné à cet article, et
ce sera une nouvelle confirmation de la même thèse, a
savoir que tous ces retranchements sont de même épo-
que et d'une même inspiration. Eu effet, le nom tradi-
tionnel donné à tous ces ouvrages est presque unifor-
mément celui de Château ou de Châtelier, et cette appel-
lation qui, dans notre langage actuel, ne représente
aucunement l'objet qu'il désigne, est la traduction exacte
du terme employé par les auteurs contemporains de
Gaillaume-le-C<Hiquérant. Presque partout Orderic Vi-
tal appelle ces fortifications : les châteaux, castella. Je
citerai un exemple frappant de la persévérance avec la-
quelle le langage populaire a conservé à travers les siè-
cles le souvenir et !e nom de ces constructions presque
anéanties. Le champ où se trouve, près de l'Isle-du-Gast,
l'un des trois forts les plus voisins d'Ambriéres, est com-
munément appelé le Champ du Trésor ; le visitant avec
un confrère qui habite le pays, je dis au cours de la con-
versation qu'ordinairement ces lieux se nommaient des
Châteaux ou des Châteliers, ce qui fit souvenir mon ami
que le terrain en question était connu également sous
le nom des Châteliers ; et le témoignage d'une femme
du voisinage vint confirmer au besoin celui qu'on venait
de me donner.
Voici d'ailleurs les noms vulgaires qui désignent les
vieux vestiges des fortifications que nous Venons de
décrire ou d'énumérer. A Sainte-Suzanne, la ferme du
Châttau'Neuf est construite sur le talus de l'une des
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enceintes ; à Thorigné, ce sont les Châteaux ; à Entram-
mes, le» Châteliers; k Saiot-Jean-sur-Mayenne, ie
Château-Moyen, et l'on trouve la-ferme des Châtetiers
a une petite diatance ; k Oisseau, le Château-Renard;
au Pont-Aubray, et à Saint-Calais-du-Désert, les Châ-
tetiers. J'aurais dû ne pas omettre que sur la Colmont
encore, entre Oisseau et Gorron, sur le territoire de
Saint-Mars on trouve dans une position très escarpée le
Château-Neuf; c'est une belle ruine d'un chAtean fëodal
qui dut être détruit par les Anglais, mais ce nom de
ChAteau-Neuf, pour une construction si ancienne, indi-
que qu'antérieurement encore sur le même emj^cement
existait une construction, une forteresse, un château du
genre de ceux de l'époque normande.
Ces deux affirmations que je viens d'émettre en attri-
buant à la fin du XI* siècle tous ces travaux qui me sem-
blent le produit d'un art uniforme, et en supposant que
le plus grand nombre avaient pour but de protéger le
territoire qu'arrosent la Mayenne et ses affluents, ces
deux affirmations, dis-je, sont émises sous la réserve
que commandent des études et des connaissances spé-
ciales insufSsantes. Je ne prétends point non plus avoir
signalé tous les lieux fortifiés qui peuvent être de même
origine, mais je crois qu'il y a là un sujet de recherches
qui, bien conduites, éclaireraient une période intéres-
sante de notre histoire. L'âge préhistorique, les époques
gallo-romaine et mérovingienne ont été l'objet de nom-
breuses, patientes et fructueuses études. Le onzième
siècle, avec ses guerres ma ncelles- normandes mérite
qu'on s'y attache. C'est l'époque qui précède immédia-
tement les grandes fondations religieuses d'abbayes et
de prieurés, reprises après les ravages des invasions
normandes ; c'est le prélude d'une nouvelle civilisation
et de modifications importantes dans l'art militaire. Jus-
qu'alors les donjons et les ch&teaux, les forteresses en
puissante maçonnerie étaient rares et les châteaux en
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— 209 —
terre, avec leura fortes haies d'enceiate, leurs fossés
profonde, peuvent en être regardés comme la première
ébauche. On sait d'ailleurs que ces retranchements
étaient complétés et couronnés par des palissades en
bois, et Vqp comprend que ce qui nous parait aujour-
d'hui un informe amoncellement de terre et de rocailles
était, dans l'origine, un ouvrage ayant des lignes et des
arêtes plus nettement dessinées, des talus et glacis soi-
gneusement disposés et entretenus.
Ces quelques pages que nous venons d'écrire sans
avoir consulté aucun ouvrage spécial, sans avoir même
de livres sous la main, n'ont d'autre but que de poser
une question historique qui demande et mérite plus de
recherches et une autre préparation.
A. Angot.
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ESPRIT-AIMË LIBOUR
PEINTRE. NÉ A LAVAL
Dans une étude très remarquable sur Rude, )e gruid
statuaire, publiée par la Gazette des Beaux-Arts* sous
la signature de M. L. de Fourcaud, on lit que, le 8 fé-
vrier 1810, eut lieu à l'École des Beaux-Arts le concours
CayluR entre peintres et statuaires pour la tète d'ex-
pression. Le thème proposé était « La Douleur morale. »
Drolling (Michel -Martin], âgé de 23 ans, élève de
David, obtint le 1" prix; mais i'Académie décerna, en
même temps, deux accessits, le premier à Esprit-Aimé
Libour, peintre, de Laval (Mayenne), le second à Rude.
Il nous sembla que ce fait ne laisserait pas indifférente
la Commission Historique et Archéologique du départe-
ment dont les bulletins témoignent du vif intérêt qu'elle
attache aux questions d'art et à tout ce qui peut hono-
rer notre pays. Nous en (Imes donc l'objet d'une com-
munication à la séance du 24 janvier 1889, bien décidé
à rechercher l'origine de la famille Libour quoiqu'elle ne
parût pas s'être perpétuée dans nos contrées, et à dé-
couvrir ce qu'était devenu ce jeune et heureux émule de
Rude à l'École des Beaux-Arts.
Les circonstances, il faut le dire, nous servirent admî-
1. Voir le numéro du 1" août 1888, page 117.
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301 -
rablemeot. En effet, dans le catalogue de l'Exposition
universelle de 1889, nous trouvAmes, parmi les noms
des peintres, celui de M"" Colio-Libour, élève de Rude,
de Bonvin et de Moll«r.
Ce nouveau rapprochement des noms de lÀbour et
de Rude nous frappa. Pressentant que nous étions sur
la trace du jeune lauréat de 1810, nous crûmes pouvoir
solliciter de M"* Colin-Libour quelques renseignements
qu'elle nous d<mna avec un empressement et une obli-
geance dont nous traons à la remercier ici.
Ces renseignements, que nous transcrivons presque
textuellement, ont un caractère d'authenticité irrécusa-
ble, car, disons-le de suite, ila émanent de la propre
(lUe de notre peintre ! Ceux que nous avons puisés à
d'autres sourcea ne font que les corroborer et les com-
pléter sur quelques points. On pourra se convaincre que
la ville de Laval a donné le jour à un artiste digne
de prendre rung parmi les Messager, les Laudelle, les
Beauvais.
Esprit-Aimé Libour, ainsi que le constate son acte de
baptême, retrouvé par nous dans un registre de la pa-
roisse de la Trinité déposé au greffe du tribunal de
Laval, et que nous reproduisons plus loin, est né à La-
val, le 22 février 1784, dans une maison de la place
Hardy * .
I. Voici Bi
uolre demande M"" Colin-Libour a bien voulu faire des r
ches dans les papiers de son grand'père nlîn d'éclaircir ce poinl ;
Et elle y a trouve un .icte dont voici le préambule ;
•< Nous soussJ(;nés Jean-Paul Libour, inspecteur des manufac-
■■ tures du département de Laval y demeurant Place Hardy pa-
« roiase de la Trinité.
■ François -Abraham Libour, maître graveur, demeurant à Pa-
H ris, près le pont au Change, paroisse Saint-Barthel^my,
0 Louis-Paul Abeille, avocat au Parlement, secrétaire général
n du commerce el inspecteur général des manufactures de France
■ et Jeanne-Louise Libour, son épouse, demeurant tous deux
« rue de la Peuillade, paroisse Saint -Kustache, et Reine-Elisa-
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— mi —
Il était fils de Jean-Paul Libour et de dame iCarier
Catherine- L'ranie Chevalier, tous deux originaires de
Chartres où ils s'étaient mariés en 1781. .'.j
Jean-Paul Libour était Inspeeteur, pour le Roi, des
manufactures. Après avoir résidé à Moriaix jusqu'en
1781 il fut nommé à Laval à partir du 1" janvier 1782,
en vertu d'une Commission délivrée, le 27 novembre 1781,
par le Ministre d'Etat et des Finances Joly de Fleury.
On trouvera cette Commission et l'acte d'installation en
date du 9 janvier 1782 à ta suite-de cette notice*.
Avant la naissance de son fils (voir à ce sujet l'acte
de baptême) il fut nommé à Dijon-. La Révolution le
n beih- Geneviève LitMur, fille miùeiire, demeurant à Chartres,
1 paroisse Saint-Hélain,
• Tous quatre neveux et nièces de monsieur Claude-Antoine
1 Libour, bourgeois de Chartres >
11 est plus que probable que Jean-Paul Libour a conser\-é uc
domicile pendant son séjour k Laval comme élniit loul à Tait à
proximité de la halle aux toiles (aujourd'hui Galeries (ou Palais?!
lie l'Industrie) où il exerçait plus spécialement ses fonction^ qui
consistaient à prévenir ou faire réprimer les Traudes dans la fa-
brication et le commerce des toiles.
1. Une indication, fournie par noire aimable et érudit collègue
M. Louis Gantier, nous a mis sur la trace de ces deux documents
qui se trouvent aux art;hivcs départementales de la Mayenne,
série B, 932, registre concernant les manufactures. Ce registre
qui nous a été ooligeamment communiaué par M, de Martonne.
nrchivisle, s'arrête au mois de septembre 1783; il renferme de
nombreuses sentences judiciaires rendues de l'avis de Jean-Paul
Libour, dont on voit à chaque instant la signature ou les conclu-
sions. Notre sous-inspeoleur y a, notamment, inscrit de sa main
un rapport sur contravention, en date du 27 juin 1782, qui n'a pas
moins ài^ 17 pages in-folio et qui est rédigé avec une conscience,
une fermeté et une dialectique qui n'ont d'égales que la finesse et
la bonhomie, tout à la fois, des réilexions doul il est rempli. Cer-
tes, ta confiance du Roi ne s'était pas égarée et le Souverain ne
pouvait choisir un plus habile et plus honnête représentant. Ce
volumineux rapport est des plus mtéressants et contient de pi-
quants détails.
2. L'acte de baptême du 22 février 1784 donne a Jean-Paul Li-
hour le titre d'inspecteur des manufactures de Dijon {depuis trois
mois, avait-on ajouté, mais ces trois mots ont été raturés). La
mère était donc restée à Laval pour faire ses couches tandis, pro-
bablement, que le père était allé prendre possession de son nou-
veau poste. D'après une lettre de M"" Colin-Libour il avait, à cette
époque, était nommé < receveur des domaines > de Bourgogne.
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— 303 —
chassa de cette ville et la Tamille Libour vint à Paris.
Le jeune Libour, après avoir fait de brillantes études
classiques, se destina à la peinture et entra â l'Ecole
des Beaux-Arts (atelier Begnault).
11 obtint à l'école :
Une 3* médaille, trimestre Vendémiaire an XII.
Une 2* médaille, trimestre Messidor an XII.
Une 1" médaille trimestre Vendémiaire an XIII.
En l'an XIII il remporta sur toutes les 1"* médailles
le grand prix de dessin dit Prix Impérial,
En 1807 et 1810 deux prix du torse et l'accessit de
la tête d'expression*.
En 1814, il obtint le premier prix du torse.
Voici la liste de ses principaux tableaux :
Mamehack mourant dans le désert^, acheté par le
baron Denon pour sa collection particulière ; depuis, ce
tableau a passé à la famille Guizot;
En 1808 il exposa la Fureur jalouse d'un Arabe ;
En 1810 la Mort d'Abel ;
En 1812 Une Vénus;
EDi822 Philoctête;
Ensuite Céphale et Procris, le Général Lecourbe,
{au musée de Versailles) ; Jésus-Christ ait jardin des
Oliviers, commandé par l'Etat pour la cathédrale d'E-
vreux.
Ce dernier tableau mesm*e environ 5" sur 4™. Le
Christ est plus grand que nature. Il est étendu, soutenu
par un ange ; son visage exprime la souffrance et )a ré-
signation ; à gauche, un autre ange entouré de lumière
présente le calice que le Christ semble écarter de la
main ; à droite, derrière un rocher, un fond de paysage,
1. Daos le uoncoure Caylus auquel il est Tait allusion au début
de cette notice.
3. Ce titre et quelques autres qui suivent sont bien dans le
goût de l'époque.
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- 304 -
le jardin des Oliviers et plusieurs personnages au second
plan.
Dans le bas k droite, signé : E. Libour i8k3.
C'est une œuvre de valeur ; ta figure du Christ sur-
tout est bien traitée * .
Libour a restauré les plafonds de la Galerie de Diane
aux Tuileries, en collaboration de Blondel et d'Abel de
Pujol. .
On a de lui un portrait (dessin) de Pierre Dufoumel,
médecin âgé de 119 ans. Gabriel en a fait une gravure
dont le dépôt a été effectué, le 22 janvier 1809,' à la
Bibliothèque impériale.
Libour avait épousé Adèle-Madeleine Mairet, née à
Paris, morte en 1881. Il en avait eu deux enfants, un
fils, et une fille (Madame Colin- Libour). 11 est mort à
Paris, quai de ta Mégisserie, le 30 juillet 1846.
Nous transcrivons un extrait d'une lettre de M°" Co-
lin-Libour :
« J'ai en ma possession le 2' prix de torse de mon
M père ; c'est une des belles figures de l'Ecole des Beeux-
« Arts; j'ai, en plus, son portrait peint par lui-même,
n son buste et celui de ma grand'mère, par Rude', dont
« il était l'ami intime 3. «
1. Nous devons cette description à l'obligeance de M. BabJn.
ingénieur des ponts et chaussées à Louviers, qui fit partie de lu
misBion Di«ularoy, en Susiane.
3. M''* Colin'Libour a bien voulu faire photographier pour
nous ces deux bustes. Nous donnons une reproduction de celui
de Ijjbour.
L'autre buste, vigoureuse meut traité, e»t uelui d'une femme
énergique et intelligente dont les traits accentués sont tempérés
par un lin sourire. La coifTure plate, agrémentée de frisures sur
le front et vers les tempes, se termine par un chignon élevé. La
poitrine, fortement modelée, est à moitié recouverted'une drape-
rie anUque.
3. L'amitié unissait donc les familles Rude et Libour ; cette liai-
son s'était sans doute formée lors du séjour de la famille Libour
à Dijon. M. de Fourcaud nous apprend que Rude est né dans
cette même ville, le 4 janvier 1784, c'est-à-dire un mois et demi
environ avant la naissance, à Laval, d'Ësprit-Aimé Libour qui
devait 6tre son concurrent à l'Ecole des Beaux-Arts,
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BUSTE DE LIBOUR
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Digiliz=db,G00glC
— 301 -
Od voit que Libour méritait que sod nom, peut-être
ignoré des Lavallois, fût mis en lumière auprès de ses
concitoyens. En même temps se trouvent signalées deux
œuvres, sans doute peu connues, vu leur caractère d'in-
timité, de l'éminent artiste à qui la France doit le fa-
meux groupe de l'Arc de Triomphe de l'Étoile.
Ajoutons que M"' Golin-Libour, qui a épousé un
dessinateur de talent, est elle-même une artiste distin-
guée. Son tableau « La Charité » exposé en 1888, et
admis à l'Exposition universelle de 1889, appartient au
Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts.
Une autre de ses œuvres, « L'Abandonnée, » a été ache-
tée par la ville d'Amiens pour son musée. Entre autres
récompenses, M"* Colin-Libour a obtenu des mentions
à l'Exposition de Paris de 1881 et à l'Exposition uni-
verselle de 1889, une médaille à l'Exposition universelle
de Barcelone, et deux médailles aux Arts décoratifs
pour ses cours de dessin et de peinture.
Terminons par une bonne nouvelle : le portrait de
Libour, peint par lui-même, dont nous avons parlé plus
haut, vient d'être offert au musée de Laval, par sa fille
et son gendre, à la suite de la correspondance que nous
avons eu l'honneur et le plaisir d'entretenir avec M""
Colin-Libour, en vue de la rédaction de la présente no-
tice. Voici en quels termes elle nous annonçait son pro-
jet : u Mon mari et moi avons l'intention, si Laval a un
« musée, de lui donner le portrait de mon père peint
« par lui-même.... » Sur l'assurance que nous lui avons
donnée immédiatement que le tableau serait bien ac-
cueilli et en sûreté, en attendant la construction du mu-
sée dont le projet venait précisément d'être adopté par
le conseil municipal; nous avons reçu cette réponse,
dont la fin est empreinte d'une touchante piété filiale :
« Le portrait de mon père est à votre disposition
« aussitôt que vous le voudrez, si vous voulez bien,
« Monsieur, m'indiquer la manière de vous l'adresser.
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- 308 -
« Je me fais une vraie joie de vous le faire parvenir car,
« pour moi, je trouve en votre hospitalité un rehige des
« plus flatteurs pour la mémoire de mon père. »
Ce portrait, qui a figuré au salon de Paris en 1827,
est signé des initiales E. L. entrelacées, avec la date
ci-dessus, et témoigne d'une science approfondie du des-
sin, et d'une grande babileté de pinceau. Ainsi qu'on en
jugera par la reproduction ci-contre < , l'ensemble a l'aspect
un peu romantique de l'époque ; la physionomie respire
la distinction, l'intelligence et une^douce gravité. Cette
image d'un honnête homme est, sans contredit, l'œuvre
d'un véritable artiste. Nous sommes heureux d'avoir eu
notre part dans les circonstances qui assurent à ce por-
trait la place honorable qui lui était duc, et de contri-
buer, en même temps, à enrichir la collection artistique
de la ville de Laval.
F. Cornée.
PIÈCES JUSTIFICATIVES
Nous, Minisb'e d'Etat et des Finances,
Le Roy nous ayant chargé de l'administration du Com-
merce intérieur de son Royaume avec pouvoir de choisir
et nommer les inspecteurs et sous-inspecteurs, nous en
vertu du dit pouvoir, étant informé des bonnes vies (sic)
et mœurs, suffisance, capacité et expériance au fait des
t. Bien qu'elle laisse à désirer en raison de la difficulté de re-
produire par la photo^^raphie, puis par la gravure chimique, un
tableau dont les tons, à I exception de ceux de la figntre, sont fort
sombres en général.
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PORTRAIT DE LIBOUR
PEINT PAR LUI-MÊME
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— 311 —
nutDulactures, du sieur JeaD-Paul Libour cy devant
sous-inspecteur à Morlaix, l'avons commis et établi,
commettons et établissons par ces présentes, sous ins-
pecteur des Manufactures à Laval, pour le dit sieur Li-
bour exercer la ditte Commission, aux apointements
de quinze cent Livres par an qui luy seront payées des
deniers à ce destinés à compter du premier janvier pro-
chain et jouir, en outre, des privilèges et exemptions
attribués aux inspecteurs des Afanufactures ; sera tenu
le dit sieur Libour d'aider et servir l'inspecteur des ma-
nufactures de la Généralitté de Tours dans touttes ses
fonctions. En conséquence, visitter seul ou accompagné
du dit inspecteur toutes les manufactures, fabriques ou
astelliers quelconque établis ou qui s'établiront par la
suite dans la ditte Généralitté et dans lesquelles il luv
sera ordonné de se transporter, et particulièrement cel-
les qui se trouveront dans Létenduë de sa sous-inspec-
tion, il engagera les fabricants à ne laîre que de bonnes
marchandises, Il leur donnera des cooseils et des avis
sur ce qu'il croira devoir être pratiqué pour le bien du
Commerce.
It visittera pareillement les bureaux de visitte et de
marque qui se trouveront établis dans Létenduë de sa
sous-inapection, et veillera sur la conduite des Gardes
Jurés et sur leur exactitude à remplir leurs fonctions.
Il se conformera exactement aux ordres qui luy seront
donnés par M. l'Intendant, et lui rendra compte ainsy
qu'à l'inspecteur des manufactures de tout ce qui peut
intéresser le commerce et le maintient du bon ordre
dans les manufactures.
Il remettra à l'inspecteur toutes les pièces, nottes et
renseignements qui pouront luy être nécessaires pour
former les états et mémoires d'observations que le dit
inspecteur est chargé de nous envoyer tous les six mots.
Fait à Paris le 27 novembre mil sept cent quatre vingt
un. Signé : Joly dk Flecry.
Vu par nous. Intendant de la Généralitté de Tours,
signé : Ducluzkl.
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— 3« -
Du neuTiéme jour de janvier mil s^t cent quatre vingt
deux,
Devant noas Jean-Joseph Delannay Descepeaux, juge
de police et des manulactures de la comté-pairie de
Laval,
Est comparu le sieur Jean-Paul Libour, souB-inapec-
teur des manufactures à Laval, lequel Nous a représenté
la commission de sous-inspectenr des dittes manufactu-
res qui luy auroit été donnée par Monseigneur le Minis-
tre d'Etat et des Finances, dattée à Pans le vingt sept
novembre mil sept cent quatre vingt ub, signée Joly de
Fleury, vu par Monseigneur l'Intendant de la Généràlitté
de Tours, signé Du ciuzel, de laquelle Commission il
Nous a requis l'enregistrement dont l'avons jugé, et oui
sur ce le procureur fiscal de la Comté, après que ledit
sieur Libour a preste le serment de se bien comporteren
la ditte Commission, l'avons reçu et installé en icelle et
ordonné que la ditte Commission sera registrée à la
suitte des présentes pour y avoir recours quand besoin
sera, et être exéciittée selon sa forme et teneur. Mandant
et donné à Laval par devant Nous juge susdit, les dits
Jonr et an que dessus, et a ledit sieur Libour signé avec
Nous et le Procureur fiscal.
Martin
gratis
De Lwnay Desckpea.ux. Libour.
Vaccations gratis.
EXTRAIT
DE l'un des registres DE BAPTÊME DE LA PAROISSE
DE LA TRIKITÉ DE LAVAL ■
L'an mil sept cent quatre vingt quatre, le vin^ deux
février a été par moi vicaire soussigné baptisé Esprit-
Aimé né ce matin à deux heures de légitime mariage de
1. Nous raison!) ubstractioii, bien entendu, des renvois, ratures
et interlignes.
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Jean- Paul Libourg', inspecteur des manufactures de Di-
jon bimtisé à Saint-Agnan, ville de Chartres, et de
dame Marîe-Catherine-Uranie Chevalier, mariés en l'é-
glise de Saint-Piat près Maintenon en Beausse il y a
environ trois ans. Ont été parrain Pierre-Noèl Dunois
Duperai, non parent de l'eniant, et marraine demoiselle
Marie-Jeanne Chevalier tante dudît enfant, tous le»
deux demeurant en ta ville de Chartres représentés par
Pierre Michineau qui ne signe et Rose Boulais soussi-
gnée, en vertu de la procuration qui leur en a été don-
née par les dits parrain et marraine en datte du premier
du courant, signée M. J. Chevalier, Dubois- Duperai.
Rose Boulay.
C. Dknais p'" vie.
1. Cette orUiographe est évidemment erronée; car tous les
actes Taits par le père de notre compalriole, sont signés Libour,
Et. comme on vient de le voir, c'est ainsi que son nom est écrit
dans la Commission qui lui a été délivrée et dans le procès-ver-
bal de son installation à Laval.
F. C.
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NOTE
SYMON HAYENEUFVE
Nous croyons savoir qu'un érudit a entrepris récem-
ment, sur un célèbre aHiste manceau du XV* siècle, ar-
chitecte et peintre, cité avec éloge par Geoffroy Tory
dans son De artificialiperspectiva et par Jean Pélegrîn
dans aon Champ fleury, des recherches, dont il extraira
sans doute la matière d'un livre curieux et intéressant
sur la vie et les œuvres d'un personnage qui appartient
au département de la Mayenne par le lieu de son ori-
gine.
Symon Hayeneufve était néeneffetàChâte^u-Gontier,
en 1455 d'après son propre témoignage, et non en 1450
comme le porte son épitaphe. Après avoir, dans sa jeunes-
. se, voyagé en Italie, il revint dans le Maine et fut nommé
' T curé de Saint-Paterne, Mais, dès 1^93, il vient se fixer au
Mans où on le trouve, à différentes dates, comme vicaire
du doyen de la Cathédrale, suppléant celui-ci dans ses
visites décanales. 11 fut chargé en 1506 ou 1507, par Phi-
lippe de Luxembourg, de la construction de la chapelle
de l'évêché, détruite en 1562 par les protestants', et,
quelques années plus tard, par le chapitre de Saint-
1, Ou plutôt simplement dévaslée. car ce curieux monument
farait avoir dli5 détruit seulement pendant In Révolution, vers
J98.
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Pierre-de-la-Conr, de la confection d'une chAsse pour les
reliques de sainte Scolastique. En 1530 et 1532, il est
encore chaîné, par le conseil de ville, de la direction
de plusieurs travaux muuicipaux, et meurt à l'abbaye
Saint-Vincent le 11 août 1546. Symon Hayeneufvc pas-
se pour avoir construit plusieurs édifices du Mans, tels
que l'hdtel de Fontville et « la maison des Vignoltes. »
On lui attribue en outre plusieurs œuvres d'art éparses
dans le Maine, telles que le Jubé des Jacobins (suivant
Blondeau) et te Jubé du cardinal de Luxembourg', au
Mans, le reliquaire d'Evron, te triptyque d'Avesnières {7)
etc... et encore les enluminures du missel du cardinal
de Luxembourg. Mais plusieurs de ces attributions mé-
ritent d'être contrôlées i*.
Symon Hayeneufve avait plusieurs neveux, sans doute
originaires comme lui de Château-Gontier, qui allèrent
s'établir à Angers comme orfèvres et dont on trouve
les noms cités dans le livre de M. Cél. Port sur les
Artistes angevins, peintres, sculpteurs, etc. d'après
' les archives angevines.
Hayeneufve (Jean) qui obtient, sur sa demande, en
1556, l'office de tailleur en la Monnaie d'Angers devenu
vacant par la condamnation, comme protestant, de son
confrère G. Prieur. Il s'en démet te 4 novembre 1559.
1, Si l'on peut établir, comme cela est probable, que Simon
Hayeoeufve soit venu s'établir au Mans dès 1493, et non pas seu-
lemËnt en 1500 comme on l'a cm jusqu'ici, on pourra aussi, se-
lon toute vraisemblance, le consiaérer comme l'auteur de cette
superbe œuvre d'art, le chapeau de cardinal qui surmontait les
armes de Philippe de Luxembourg ne permettant pas de lixer sa
construction à une date antérieure à 1497. Voir la remarquable
publication faite en 1876 par M, Hucher sur le Jabé du Cardinal
de Luxembourg (in-fol. avec 8 planches et la réduction du dessin
d'architecture reproduit dans cet ouvrage donnée dans le dernier
numéro de la Revue du Maine (1890, tome XXVII, p. 189).
2. Voir le savant article sur Simon Hayeneufve et la chapelle
de l'ancien évéc/ié du Mans publié récemment dans le journal
Le Nouvelliste de la Sanhe, par M. Henri Chardon (numéros d«>s
7 et 8 février 1890).
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- 316 -
Suivant La Croix du Maine, il possédait « dans son ca-
binet » de nombreux portraits de son oncle Simon Haye-
neufve. — (Michel), frère du précédent, 1570, maître
juré et garde du métier, 1574. — (François), le jeune,
reçu, lo 25 octobre 1574 « en IVtat orphèvrerie », par
les jurés de la communauté après chef-d'œuvre.
Les autres maîtres orfèvres du même nom cités par
M. Port, sont sans doute les descendants de ceux-ci.
Le jésuite Julien Hayneuve, né à Laval en 1588, mort
à Paris le 31 janvier 1663, auteur de nombreux ouvra-
ges religieux (V. Hauréau, Histoire littéraire du Maine,
T. VI, p. 97 à 102), appartenait sans doute à la même
famille.
E. Queruav-Lamghie.
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PR0GÈ8-\ERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 7 NOVEMBRE 1889,
La séance est ouverte à deux heures.
Sont présenta : MM. de Fourcroy, Président, Coua-
nier de Launay, vice-président, Cornée, Perrol, Garnier,
Souchu-Servinière, Richard, P. de Farcy, de la Broiac,
de Martonne, Moreau, membres titulaires, et MM.
D'Hauterive, C" de Beauchesne, Tirard, Triger, Sînoir,
Raulin, Chomereau, Planté. Le Breton, de Montozon^
membres correspondants.
MM. A, Joûbert, Trévédy, Gadhin, se font excuser.
La Commission, appelée à voter sur l'admission de
M. H. Letourneurs comme, membre correspondant,
donne un avis favorable.
M. Paul de Farcy présente, au nom de son frère,
M. Louis de Farcy, un magnifique ouvrage intitulé.
Histoire descriptive des tapisseries de ta cathédrale
d'Angers.
M. Gadbin, membre correspondant, envoie un me-
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- 318 -
moire intitulé : « Epigraphie populaire sur ardoises
à Château-Gontier au XVIII* siècle.
A ce propoB M. de la Broiae signale de nombreux ca-
drans solaires à plaques d'ardoise portant des inscrip-
tions, dont un notamment à La Trappe, près de Laval.
M. le Président annonce qu'au cours de l'année 1889
M. Tirard, membre correspondant, à Ernée, et M. De-
cré, ont entrepris et mené à bonne fin la restauration du
magnifique dolmen de la Contrie. Un petit crédit avait
été alloué à cet eiïet sur les fonds de la Commission. La
Commission remercie vivement MM, Tirard et Decré et
décide qu'elle demandera au Ministère de l'Instruction
publique deux médailles commémorativea destinées â
leur être offertes.
M. Paul de Parcy présente un album des dessins qui
illustreront la Sigillographie des seigneurs de Craon,
dont il commencera prochainement la publication dans
le Bulletin, en collaboration avec M. Bertrandde Brous-
sillon. Dans l'exécution de ces dessins, la science héral-
dique de leur auteur a fort heureusement secondé l'ha-
bileté de sa plume.
M. Couanier de Launay, sollicité par un grand nom-
bre de ses collègues, qui ont lu avec le plus vif intérêt
l'aveu de Laval de 1444, promet de faire des extraits de
celui de 1452.
M. Raulin signale, au Musée de Cluny, une statuette
en marbre blanc de Jeanne de Laval, portant le n" 434.
Elle provient d'Aix et offre un bon spécimen de l'art
français du XV' siècle. La reine est représentée à ge-
noux, faisant face à l'ange de l'Annonciation.
Communication est donnée du programme du Congrès
des sociétés savantes en 1890.
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- 319 -
Un membre demande que des mesures soient prises
pour assurer la conservation du fort de Rubicaîre. La
Commission émet le vœu que M. l'architecte du dépar-
tement soit appelé à émettre de visu son avis sur la
question.
M. Cornée donne d'intéressants détails sur Esprit-
Aimé Libour, peintre, né à Laval, dont il avait déjà en-
tretenu la Commission dans sa séance du 24 janvier.
M. Cornée promet de remettre prochainement â son
sujet un travail complet.
M. Cornée rappelle également que la cloche de Priz,
datée de 1557, que possède la fabrique de N.-D. dos
Cordeliers, est sur le point d'être fondue. 11 serait re-
grettable qu'un objet intéressant par son antiquité et sa
provenance, fût détruit sans qu'on tentât de le sauver.
La Commission s'associe au désir de M. Cornée ; mais
comme elle n'a pas qualité pour agir par elle-même, elle
décide de saisir de la question M. Œhlert, Conservateur
du Musée de Laval, assurée qu'il fera pour le mieux,
dans la mesure des moyens dont il dispose '.
il. le C" de Beauchesne offre à la Commission, de la
part de son père M. le marquis de Beauchesne, une ma-
gnifique photographie du château de Lassay. M. de
Beauchesne dépose également un mémoire sur l'histoire
de ce château, dans lequel on trouve des vues d'ensem-
ble fort intéressantes et des documents complètement
inédits 3.
M. de la Broise présente le dessin d'une sorte de
médaille de cuivre, pourvue d'une queue percée d'un
1. On a vu, paee 190 du présent tome II, que la cloche a été en
effet acquise, en aécembre 1889, par le Musée de Laval.
2. Publié tome 11, page 110.
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- 320 -
trou de suspension. Elle fut trouvée dans la Mayenne
en 1863, au pied du chAteau, en même temps que l'ar-
mure et un grand nombre d'autres objets.
Elle semble remonter, d'aprèa la forme des caractères
qu'elle porte, à la fin du XIV" ou au commencement du
XV* siècle. M. de ta Broise promet d'envoyer à la Com-
mission cet objet qui lui appartient mais qui n'est pas
en ce moment à sa disposition.
M. L. Garnier signale des affouillements qui se sont
produits soua les deux piies du Vieux-Pont de Laval et
qui, d'après lui, pourraient plus ou moins prochaine-
ment, compromettre sa solidité.
M. J. Raulin donne lecture d'un document concernant
l'abbaye de Foniaine-Danie] (Cette pièce sera publiée).
L'ordre du jour étant épuisé, la séance est levée ù
i|uatre heures.
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BIBLIOGRAPHIE
Les Faux-monnoyeurs dans le Bas-Maine, par le
r" de Marsy, \ broch. in-8°, M pages exlraile de la Bévue
Belge de numismatique, Bruxelles, F. Gobbaerls, 1890.
Cette brochure est une excellente analyse des articles
publiés, dans le tome 1 (â" série) du Bulletin Historique de
la Mayenne, par M. d'Hauterive et M. l'abbé Angot, tant
sur les fausses monnaies brabançonnes que sur leur intro-
duction dans le Bas-Maine et des recherches de M. d'Hau-
terive sur divers coins de faux-monnoyeurs.
Après avoir résumé et apprécié avec éloges les travaux
précités, M. le C de Marsy conclut ainsi : ■ Nous avooM
pensé que ces retiselgneniants, publiés dans un recueil
provincial peu tu des numismates, surtout à l'étranger,
pourrait offrir quelque intérêt pour nos confrères, et c'est
dans ce but que nous en présentons l'analyse. >
Ubb victÎBie de la Révolution : M. Euau de la Ber-
nardrie, curé de Saint-Clément de Craon, par M. E.
Queruau-Lamerie, une brdch. in-S", extraite de la Revue de
r Anjou ; Angers, Germain et Grassin, 1890.
Né vers 1745 dans la paroisse de Menil, près Saint-Plo-
renl-!e-Vieil, en Aiyou, M. Huau de la Bemardrie fut or-
donné prêtre vers 1767. Après avoir été aumônier de l'Hôpi-
tal des Renfermés de la ville d'Angers, puis curé de Notre-
Dame d'Alenoon, il devint, le 27 décembre 1782, curé de
Saint-Clément de Craon. Les pauvres étaient nombreux
dans cette paroisse et M. de la Bemardrie s'y fit remarquer
parla générosité de ses aumônes. — En 17iM il refusa le
serment exigé des ecclésiastiques par la constitution civile
du clergé ; contraint de quitter Craon, il alla habiter Angers,
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- 322 -
au faubourg Bressigny, tandis que son vicaire, H. Bou-
cliard, se relirait aussi a Angers dans sa famille. M. de la
Bernardrie semble avoir échappé à l'aprestation des prêtres
internés à Angers qu'opérèrent le 17 juin 179â les gardes
nationaux de la ville ; son nom en effet ne se trouve point
parmi ceux des prisonniers enfermés auxdeus séminaires
de la rue Courte. 11 semblerait qu'à celte époque il était ca-
ché dans son pays natal, en proie aux infirmités et k la ma-
ladie. Obhgé, dans l'intérêt ae sa sûreté, de suivre l'armée
vendéenne, il fut arrêté, le l"" janvier 1794, sur le territoire
de Maumusson, par des gardes nationaux qui l'amenèrent
devant le comité révolutionnaire d'Ancenis. Celui-ci, après
un premier interrogatoire, le fil transférer à Angers (7jan-
vier n94j où il fut enfermé à la Citadelle. Le 7 pluviôse il
comparut devant la commission militaire, dite commission
Félix, qui le condamna à mort- Son exécution eut lieu le
jour même à quatre heures de relevée sur la place du Ral-
liement ; il montra un très grand courage, malgré ses in-
firmités qui obligèrent aie porter jusqu'à l'échaftiud.
Tels sont, brièvement résumés, les faits qu'expose dans
sa brochure M. E. Queruau-Lamerie, € Ce n'est pas, dit-
il, que M. Huau de la Bernardrie ait eu une vie plus sainte
ou une mort plus dramatique que beaucoup de ses collè-
gues... mais il nous a été donné de recueillir sur sa personne
un certain nombre de renseignements inédits, nous per-
mettant de raconter avec quelques détails l'existence de
cet honorable ecclésiastique... » Nous ajouterons, n'en dé-
plaise à la modestie de l'auteur, qu'il y a toujours un cer-
tain mérite à recueillir les divers traits d'une biographie,
sans qu'aucun demeure dans l'obscurité, et à les reunir
avec une précision, une sûreté, une impartialité que nous
devons toiyours estimer chez M. Queruau-Lamerie bien
qu'il nous y ait habitués depuis longtemps.
Symon Hayeneutve et la cbapsiie de l'ancien évécbé
iu Mans, par M. Henri ~' " "
des 7 et 8 février 1S90.
du Mans, par M. Henri Chardon ; Nouvelliste de la Sarthe
• ' Sfevr" '■""
Voici encore un de ces intéressants articles dont H. H.
Chardon possède le spcret. Il est consacré à Symon Haye-
neufve, un architecte angevin par son origine, manceau
par sa pairie d'adoption, un précurseur de la Renaissance
dont la biographie est très peu connue.
Symon Uayeneufve naquit à Chàleau-Gontier en 1450.
Il mourut au Mans en 1546. Les témoignages de Jean Pèle-
grin, dit le Viateur, de Geoffroy "rory, Tes notices de La
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Croix du Maine, de Bouguereau, de Btondeau, de Mauny,
de Renouard, de U. de Honiaiglon, ne nous apprennent
que peu de chose sur aon compte. (Voir ci-dessus, p. 314).
II voyagea pendant sa jeunesse en Italie, dans le but d'y
étudier le droit, et son tempérament artistique y fut vive-
ment impressionné par l'architecture italienne. Docteur en
décrets et en droit canonique, il fut nommé curé de Sainl-
Paler et entra plus lard a l'abbaye de Saint-Vincent du
Mans où il mourut. C'est en 1500 qu'il se fixa au Mans, où
il remplit les fonctions de notaire apostolique.
Symon Haveneufve parait avoir joui, de son temps, d'une
grande célébrité comme architecte et comme dessina-
teur. Soit qu'il traçât lui-même les plans, soit qu'il inter-
vint seulement à titre de conseil, il passait > pour mériter la
Salme, en fait d'architecture antique, par dessus tous ceux
e deçà les monts. » La châsse de Saint-Vincent, celles
de Saint-Pierre-la-Cour et de l'abbaye d'Evron, le célèbre
jubé du cardinal de Luxembourg, furent exécutés d'après
ses dessins ou sous son influence. Mais son œuvre maî-
tresse, celle qui porta surtout le caractère de son esprit,
fut celle chapelle à coupole de l'ancien évéché du Mans, si
malheureusement détruite en 1797, qui prouve que, le pre-
mier, il imita le style italien dans la construction d'une
église française.
En terminant son article, M. H. Chardon semble nous
annoncer de nouvelles recherches sur les autres œuvres de
Symon Hayeneufve qui peuvent encore exister aujour-
d hui. Nous souhaitons vivement que cette promesse soit
promptemeni réalisée.
E. M.
Henri de La BocbejaqueleiD et la Guerre de la Ven-
dée ; Paris, Champion, et Niort, Clouzot, i volume in-16
soleil.
Ce livre est l'œuvre d'un auteur anonyme. Nous regi-et-
tons vivement de ne pouvoir citer son nom, qu'un excès de
modestie l'a engagé à tenir caché. Allié de la famille de La
Rocfaejaguelein, l'auteur a eu communication des précieu-
ses archives du château de Clisson. Il y a recueilli de nom-
breux documents inédits, lettres-missives ou souvenirs
de famille, mémoires manuscrits, etc., qu'il a su mettre
en œuvre avec talent et qui donnent à son livre, en plus de
l'intérêt historique, celui de la nouveauté, tfenrt de /a Ro-
ch^'aqueleinetlaguerredela Vendre constitue en effet une
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- ni -
œuvre élégamment écrite el d'une valeur incontestable. La
vie du héros vendéen, né au château de la Durbellière, le
30 août 1772, tué au combat de Nuaillé, près Cholel, le 28
janvier 1794, à vingt el un ans, après avoir commandé en
chefl'armée vendéenne dans sa campagne d'Outre-Loire,
restait encore à écrire. Elle ne pouvait élre racontée par un
historien plus soucieux de la vérité.
Les lecteurs de la Mayenne trouveront dans ce hvre un
récit de la triple invasion de ce département par les Ven-
déens. L'on y pourrait peut-élre relever quelles légères
inexactitudes, lorsque notamment, d'après CretineauJoly,
l'auteur évalue à 15,000 hommes le nombre des républi-
cains qui tentèrent de s'opposer, le 23 octobre 1793, a l'en-
trée des Vendéens à Laval, alors que les pièces du temps,
et M. de Beauchamp lui-même, portent le nombre des com-
battants à 5 à 6 mille seulement. Mais des erreurs aussi
légères ne sauraient nuire à la valeur d'une œuvre de cette
importance et les documents inédits, publiés en appendice,
en rehaussent l'intérêt,
.\joùtons que ce livre, édile avec luxe, esl omé d'un por-
trait de Henri de la Rochejaquelein, d'un /flc-smj7e d'auto-
graphe.el d'une eau-forle de M . de Rochebrune représentant
la chapelle funéraire des La Itochejaqueleîn à Saint-Aubin de
Baubigné.
E. Q,-L.
Une iamille de Grands Prévôts d'Anjou aux XVII'
et XVIII' siècles : Les Constantin, seigneurs de Va-
rennes et de la Lorie, d'après les archives inédites du
château de la Lorie, par M. André Joûberl ; 1 vol. in-8" de
sii-366 pages, orné ae 24 héliogravures ; Angers. Germain
et Grassin et Paris, Emile Lechevalier, 1890.
> La famille Constantin a possédé, pendant près d'un
siècle et demi, la terre de la Lorie, située dans la commune
de La Chapelle-sur-Oudon, prés Segré, et pendant cinquante
ans seulement le château de Varennes, qui se dresse sur le
territoire de la commune de Savennières. Ses membres ont
été, sous les règnes de Louis XIV el de Louis XV, pi-évôls
généraux et provinciaux d'Anjou. Ils ont toujours rempli
avec honneur et distinction ces importantes fonctions. Les
rois de France leur ont témoigné, plusieurs fois, leur satis-
faction, et ont su apprécier les loyaux services de ces fidè-
les ofSciers, >
« Au milieu du XVIII' siècle, la Lorie était habitée par
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— 355 —
Charles-François-Camille Constantin, second tils de Gabriel-
Félix Constantin et de Louise Charlotte-Sophie Boylesve de
Soucelies, qui avait épousé EUsabeth Lefebvre, Ce seigneur
restaura le château, la chapelle et les dépendances. La
Lorie était devenue le rendez-vous favori de l'élite de la
noblesse angevine. > Charles-François-Camille Constantin
mourut le 10 avril 1791. Son fils," Charies-Auguste était
décédé avant lui, en 1768, et sa fille Gabrielle-Marie-EUsa-
beth avait épousé en 178i le C" de Marmier, colonel des
dragons de Lorraine, qui mourut après un an de mariage,
sans laisser d'enfant mâle. Une cousine de Charies-Fran-
çois-Camille Constantin, Julie- Victoire, lîlle de son oncle
Jules Constantin, Grand-Prévùt d'Aiyou en 1729, avait
épousé, en 17S7 Georges-Gaspard de Contades, colonel du
régiment de Berry-Infenlerie.
■ Pendant la Révolution, en décembre 1793, la Lorie fut
saccagée et on incendia ses dépendances ; puis les deux
partis occupèrent tour à tour l'habitation et la dévastè-
rent. »
■ Les fonctions dont les Constantin furent investis
étaient très importantes. Les sentences prononcées par le
Grand-Prévôt étaient rendues en dernier ressort et sans
appel- 11 avait sous ses ordres la maréchaussée. Nous
voyons les Constantin successivement chargés de faire
exécuter les décisions prises par les maréchaux de France ;
de réprimander les officiers désobéissants ; de réprimer les
fautes des soldats indisciphnés ; d'informer contre les mu-
tins qui cherchaient à entraver la hberté du commerce ; de
communiquer aux maîtres de poste les ordres de Louvois ;
d'aiTéter les faux-sauniers, les faux-monnayeurs, les dé-
serteurs, les vagabonds ; de sévir contre les perturbateurs
de la paix publique ; de rechercher les causes des évasions
des détenus et de s'occuper de leur poursuite ; de s'empa-
rer des prolestants nouvellement convertis accusés de con-
traventions aux édils du Roi, etc Comme on le cons-
tate par la lecture de l'énumération qui précède, l'histoire
des (Constantin fut étroitement liée à celle des habitants de
l'Anjou pendant cent cinquante ans. Le récit de leur vie
et l'exposé des nombreuses aflfaires dont ils ont eu la di-
rection présentent donc une peinture très complète des
mœurs des Angevins sous les règnes de Louis \1V et de
Louis XV. »
Le plan de l'auteur se trouvait dès lors tout indiqué : sui-
vre la famille Constantin dans ses divers membres, et ra-
conter les événements auxquels ils furent mêlés à l'occa-
sion des charges qu'ils occupèrent. M. Joûbert, disons-le
de suite, s'est acquitté de sa tâche avec un incontestable
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succès et il a produit un livre que tout le monde lira avec
l'intérêt le plus vif. Les traits nombreux et très colorés de
la vie angevine aux XVII* et XVJII* siècles qu'il lui a été
donné de recueillir forment un vaste tableau d'ensemble
dans lequel noua trouvons cette histoire administrative,
privée et anecdotique, que nous accueillons ai^ourd'hui
avec tant de faveur parce qu'elle nous touche souvent
beaucoup plus que l'histoire généalogique et pohtique.
La mise en œuvre des documents nombreux que H. ^-
dré Joubert a consultés pour composer le beau volume
qu'il livre aujourd'hui à la publicité suppose un travail con-
sidérable : Non seulement les archives de La Lorie mais les
nombreuses pièces que renferme son propre cabinet, les
collections de la Bibliothèque et des Archives nationales
ont été mises par lui à contritiution. Les notes sont très
nombreuses ; on appréciera certainement à leur juste va-
leur leur exactitude et l'érudition qu'elles révëlenl.
Nous ne suivrons pas H. A. Joûbert, même par une sim-
ple analyse, dans tes divers épisodes de son récit. Nous
voulons laisser au lecteur le plaisir de les découvrir lui-
même. Signalons cependant : Au premier chapitre, un très
joli tableau de la vie déréglée de René Le Peletier delà Pilar-
dière, seigneur de la Lorie, originaire de Saint-Denis-d An-
jou : ce gentilhomme avait contracté huit milions de dettes;
sa fille Anne avait épousé (iG&i) Gabriel Constantin, sei-
gneur de Varennes, qui racheta en 1661 la terre de la Lo-
rie, vendue par autorité de justice ; — des contestations et
querelles entre gentilshommes ; — des actes d'insubordi-
nation commis par le a' Hontolin, sous-lieutenant au régi-
ment de Navarre ; — de curieux détails sur le service de la
poste en 1678 ; — le cas du laquais de M. de l'Aubrièrea
accusé d'avoir • rompu les bans du roi et les armes de
S. M. » dans l'église d'Andard ; — des inventaires de mo-
bilier ; — le transfert de la nommée Chevalier « des prisons
d'Angers à Paris, chez madame de Miramon ; — L'évasion
du château d'Angers de des Chaufours et Beaulieu ; — l'al-
tercation qui survint entre M. de Narcé et son hûte Fran-
çois Amys; — l'arrestation de La Roche et de Samuel
Pélisson, sieur de Montigny, en Quelaines, pour faits de
rehgion ; — un enregistrement de lettre de provision
d'Henri-François de Racappé, seigneur de Hagnannes ; —
une collision, a Angers, entre des soldats du régiment de
Boulay et des habitants et étudiants, etc.
A la fin du volume, deuz cents pages environ contiennent
des pièces justificatives. Parmi ces dernières les plus im-
portantes nous ont paru être les inventaires dressés en
1683, 1684 et 1700, au château de U Lorie et à Angers ;
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- 327 -
l'inteppogatoire de La Roche et de Monligny (1689), et le
procès-verbal des dommages causés à La Lorie par le pas-
sage des armées républicaine et vendéenne (ans V-VIII).
Ajoutons que les iUustrations, particulièrement soignées,
comprennent 24 planches tirées en héliogravure par le pro-
cède Dujardin et représentant l'ensemble ou les détails des
châteaux de Varennes et de la Lorie, l'église de la Chapelle-
sur-Oudon, le château de la Gommeraie et une vue géné-
rale de Segré.
Nous aurons ainsi donné une faible idée de ce livre qu'il
faut lire en entier et examiner longuement pour apprécier
toute sa valeur historique el l'intérêt puissant qu'il offre,
aussi bien au simple curieux t^u'à l'érudiL C'est un nou-
veau tome ajouté à une série déjà considérable : Etude sut-
la vie privée en Anjou au XV° siècle, La vie agricole dans
te Haut-Maine au XI V siècle. Etudes sur les misère» de
l'Anjou aux XV et XVi' siècles, et plusieurs auti*es ouvra-
fes de moins longue haleine, qui ont tant contribué à ét»-
lir la réputation de leur auteur.
Documenta inédits pour servir à l'histoire de la Ré-
volution dans la Loire-IntSrieure, par M. André Joil-
bert, i broch. in-8°. Vannes. Lafolye, 1890.
Cette brochure comprend deux pièces : 1" Lettre du Di-
rectoire de la Loire- Inférieure au ministre de rintériéiir sur
la situation critique du déparlement (juin il9i) ; — 2° let-
tre du citoyen Haumont, fils, au citoyen ministre, relative
aux prêtres non assermentés. (7 germinal an V).
La première donne de curieux détails sur ceriains événe-
ments qui ae sont nasses dans la Loire-lnférieureet la dispo-
sition d esprit des nabitants ; elle déclare que les difScuUés
actuelles doivent être attribuées d'abord aux opinions reli-
gieuses du pays, ensuite à l'assiette des nouvelles contri-
butions.
La seconde propose de persuader aux paysans que le
clergé assermenté vit en parfaite intelliçence avec le Pape
el dinviter le clergé réfractaire lui-même à propager ce
bruit ; son auteur fait ressortir tous les avantages inhé-
rents à celle combinaison, dont le succès ne semble pas,
d'aiQeunr, lui inspirer le moindre doute.
E. H.
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Journal de Noël Janvier, 1709-1716, publié par .V. J.
Planté dans Le Loir-et-Cher Historique, scienli/lçue, etc..
public, mensuelle.
Le journal de Noël Janvier rappelle celui de notre Guitet
delà HouUerie. I^s deux chroniqueurs racontent les évé-
nements dont ils ont été témoins ; tous deux noient avec
un visible intérêt ce qui se rapporte à la température, aux
saisons, aux cours des récoltes.
Nous ne parlerons pas davantage de cette publication,
dont le commencement seul a paru. Nous voulions seule-
ment la signalera cause du nom qui s'y attache, celui de
notre excellent collègue, M. (. Planté.
E. M.
La Broderie du XI' siècle jusqu'à noB fours, par M.
Loui» de Farcy, \ vol. orné de 80 planches en phototypie,
Angers, imprimerie Burdin, 1890.
La broderie, véritable peinture à l'aiguille, était autrefois
une des branches les plus importantes de l'art industriel.
Pourtant, si Ton a publié de superbes ouvrages sur les
y/sSMS, la Tapisserie ou la Dentelle, la brodene, surtout
celle de soie, d'or et d'argent, a été peu étudiée jusqu'ici en
France. A pari le livre, malheureusement trop sommaire,
de M. Lef^ure, à peine occupe-t-elle un chapitre dans les
comptes- rend us des expositions rétrospectives ou dans les
traités sur le Mobilier. Elle mérite davantage.
H. Louis de Farcy essaie donc, parla reproduction de types
anciens, rapproclies des textes du même temps, de mieux
faire connaître et par suite apprécier l'art de la Broderie,
d'en expliquer la technique, de préciser les motifs de déco-
ration préférés à chaque époque. Enfin, il signale les noms
des plus habiles brodeurs dans le passé ainsi que les villes
renommées pour ce genre de travail.
Aux XI" et XII* siècles, les brodeurs s'inspirent visible-
ment de l'ornementation des manuscrits : leurs personnages
ont quelque chose de grave, d'archaïque et de raide. Ils co-
pient volontiers les rinceaux et les fleurs conventionnelles
des bibles oudes émaux. Quantité de brodeurs byzantins et
sarrasins habitaient l'Espagne ou la Sicile : aux emblèmes
chrétiens ils mêlent le croissant de Mahomet el les inscrip-
tions grecques ou arabes.
Dans le cours du Xlll" siècle, les Histoires, enfermées
dans des compartiments rectangulaires, circulaires ou qua-
drilobés, à l'instar des verrières, se compliquent. Le dessin
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se perfectionne. Quelle noblesse dans la pose de certains
personnages ! on sent vraiment là, comme partout ailleurs,
Îue le XIII" siècle est bien celui du moyen-âge où l'art
ans toutes ses branches arrive à son apogée.
Le XIV" siècle nous montre encore des merveilles : c'est
qu'alors la France était le grand centre industriel, où se ren-
contraient, par suite des progrès de la navigation et des au-
tres voies de communication, les riches broderies de Lon-
dres, de Florence, de Païenne, de Bruges et de Bruselles.
Pendant qu'on importe chez nous de tous pays orfroi% et
chambres de broderie, Paris, Lyon, Rouen, Tours et vingt
autres villes soutiennent noblement la concurrence de l'é-
tranger.
Même faveur pour la Broderie au XV» siècle. Bient&t ce-
pendant, les velours brochés d'or se substituent aux fonds
entièrement brodés à l'aiguille: ceux-ci "se font rares. On
est pressé de jouir : il faut abréger la besogne. Les progrès
du tissage secondent cette tendance. Les anciens points si
solides (le fendu pour la soie et le retiré pour ! or) sont
abandonnés Le point droit, de botiture, ou satiné pour
les figures et la couchure pour t'or et l'argent leur sont
préférés On multiplie les nuances, au détnment de l'effet
décoratif, on cherche à modeler les personnages. Les bro-
derie» esleuées ou en reWe/" commencent à être fort prisées...
l'art décline, il n'est plus dans le vrai : Texagération et la
mièvrerie dans les détails succèdent à la simplicité et à la
grandeur des figures et des draperies des siècles précé-
dents. Kncore un peu et l'industrie, le métier vont lutter
avec lui. Comment expliquer autrement la présence de ces
croix de chasubles identiques, dont furent garnies simulta-
nément tant de sacristies d'Angleterre, de Belgique, d'Alle-
magne, et de France ? Partout le même Christ sur la croix,
les mêmes angelots et autres personnages mal dessinés et
grossièrement exécutés.
La Renaistance rajeunît la broderie, grâce à de nouveaux
éléments de décoration et aussi à ce merveilleux or nué,
encore peu connu jusque-là. Les relations fréquentes de
notre pays avec l'ItaUe, la Flandre et l'Espagne mettent
bien vite à la mode l'application ou tailleure de soie, de
velours et d'or, procède relativement économique et d'une
exécution rapide, qui favorise les artistes dans leurs con-
ceptions nouvelles.
Les fleurs, cultivées spécialement pour servir de modèles
aux brodeurs dans les jardins du roi et des grands sei-
gneurs, au commencement du XVII< siècle, sont accueillies
avec enthousiasme. On ne voit plus qu'anémones, tulipes,
<eillets, roses et pivoines. L'or nvé est toujours fort esti-
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xaé, mais on l'épargne : il est réservé pour les parties les
§lu8 soignées. Le goùl public se tourne bienlét du cdlé
e la broderie d'architecture, dont tes motifs en reliefs d'or
et d'argent semblent copiés sur la sculpture des boiseries
du temps. La broderie en ronde bosse, obtenue a grand
renfort de cordes, de feutre et de carton, surcharge inutile-
ment les vêtements civils et religieux.
Le XVIII* siècle suit les mêmes errements pendant une
cinquantaine d'années avec une variété dans les dessins :
nous voici en plein rococo. La Broderie, qu'on prodigue sur
les robes de cour et les livrées, abandonne le sanctuaire et
cède le pas aux riches brocarts et draps d'or, semés de
fleurs au naturel en soie et en chenille, d'arches d'alliance,
de corbeilles de fruits, etc.. tissésà Lyon et à Paris. Par
ailleurs, les relations fréquentes avec l'Extrême-Orient
achèvent en France la ruine de la Broderie. Non seulement
on importait à bon marché de la Chine et des Indes d'énor-
mes quantités de broderies, mais on y expédiait des babils
tout taillés, qui, au bout de quelques mois, revenaient de
ces pays lointains sur les navires des armateurs, brodés
merveilleusement et à vil prix. Aussi le nombre des bro^
deurs diminuait-il en France.
La destruction du trésor des églises en 1791 fut si mé-
thodiquement conduite que presque toutes tes broderies,
échappées Jusque-là au pillage et au vandalisme, fuirent
brûlées. La gène générale, qui régnait dans toutes les fa-
milles après Ta Révolution, les guerres de l'Empire, les ter-
ribles épreuves du clergé, l'interruption pendant vingt ans
des apprentissages et l'abolition des corps de métiers, c'é-
tait plus qu'il n en fallait pour retarder la résurrection de
cet art delà Broderie, jadis si florissant dans notre beau
pays.
: Vers 1835, un véritable réveil archéologique se produisit
à Paris. Pendant que Pugin ramenait l'Angleterre à son
architecture nationale, HM. Vilet, de Montalembert, Le
Prévost, Didron, Lassus, Viollet-le-Duc et le Père Martin se
passionnaient pour l'étude des monuments historiques. De
nombreuses sociétés savantes furent créées de 1830 à 1850.
Le résultat de ces efforts ne se ât pas attendre : dès 1855,
MU. Lemire et Hubert Ménage exposaient des ornements
imités de ceux du XKI* siècle. Ces belles broderies furent
alors toute une révélation ; elles marquent le premier pas
fait en France dans cette voie, dans laquelle s'engagèrent
avec un égal succès la Belgique, l'Allemagne, l'AuCnche et
la Suisse.
Depuis trente ans, la Broderie reprend aussi sa place lé-
gitime dans l'ameublement civil. Que de progrès accomplis
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- 334 —
d'année en année, grâce à l'Union centrale des Arls déco*
ratifs, aux musées d'art industriel, aux expositions rétros-
pectives non moins qu'aux savantes publications de t'Eoole
des Chartes, de MM. Havard, Racinet, Lefébure et autres,
qu'il serait trop long d'énumérer !
Le livre de M. L. de Farcy comprend les chapitres sui-
vants : i. Définition de la Brodene et généralités. — i.
Technique de la Broderie. — 3. Différentes sortes de Bro-
derie. — 4. Rôle de la peinture et de l'orfèverie dans la Bro-
derie. — 8. Noms et travaux de quelques brodeurs célè-
bres. — 6. Caractères de l'omemenlation et motifs dç
décoration prélérés à chaque époque. — 7. Revue des expo-
sitions rétrospectives et industrielles en ce qui concerne là
Broderie. — 8. Description des planches.
Quant aux objets reproduits, la plupart sont empruntés
aux muses de France et de l'étranger, à des collections par-
ticulières et enfin aux trésors des églises. On trouvera, dans
les 80 planches, de véritables chefs-d'œuvre de peinture à
t'aiguille, appliquée à l'ameublement civil ou religieux.
Puisse cet ouvrage aider la Broderie à reconquérir dans
nos églises et dans nos demeures la place d'honneur qu'elle
y avait autrefois, et surtout exciter l'émulation des bro-
deurs contemporains par l'élude des cbefs-d'œuvre de leurs
devanciers.
0. a.
Nous lisons dans la Revue du Maine :
• Le fidèle et reconnaissant souvenir que nous avons
voué à la mémoire de notre regretté collègue et ami, H. V.
Duchemin, ancien archiviste des départements de la
Mayenne et de la Sarthe, nous oblige à rappeler que, dans
la séance du 25 janvier dernier, M. A. Lefèvre-Pontalis,
membre de l'Institut, a lu à l'Académie des sciences mora-
les, et politiques une note sur l'ouvrage : Les premiers trou-
ble» de la Révolution dan^ la Mayenne, publié en 1887 dans
cette Beuue. »
Le /ottmal des Débals dit à ce si^jet :
I Les dépAts d'archives continuent à être fouillés par des
• savants qui y puisent souvent les matériaux de bons
< livres C'est ainsi que M. Victor Duchemin a tiré de celles
• de Laval et du Mans, dont il a eu la direction, une étude
• approfondie sur l'histoire du Bas-Maine à l'époque révo-
« lutlonnaire. Cette étude, sur laquelle M, Lefèvre-Pontalis
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I a lu amourd'hui une note, porlo .tur l'élal des osprils dan»
I les dinérentes régions du départemenl de la Mayenne
I depuis le commencemenl de 1789 jusqu'à la iin d'aoùl
' 1701. Cet ouvrage, résultat de longues et patientes re-
I cherches, a été terminé et publié par M. Robert Trijrer. »
Le Rapport dernièrenieiil présenté au conseil général de
la Mayenne, par l'arcliivlstc du département, M. de Mar-
tonne, nous appurle des renseignements intéressants sur
la situation du dépôt confié à ses soins. La série B s'est
enrichie de nombreux documents recueillis dans les archi-
ves du greffe de la Justice de paii d'Ambrières. Dans la
série D, Tes recherches entreprises ofSciellement sur l'état
de l'Instruction pubUgue dans le Bas-Maine ont amené à
reconnaître • qu'elle était plus avancée dans ce pays que
> dans un grand nombre de provinces de la France, et
■ qu'on trouvait partout des collèges, c'esl-è-dire dej)etites
1 fondations scolaires, mi-partie civiles, mi-partie rell-
» gieuses. • La série É, largement accrue en 1888 par le
versement des papiers du château de Bols-Thibault, Va été
de nouveau en 1889 par l'envoi de vingt-six volutnes in-foUo
provenant des archives de Maine-et-Loire. On a rédigé un
calaloçue, en 536 articles, delà série L, si précieuse pour
l'histotre de la Révolution dans le Maine, et on a remanié,
suivant l'ordre exprès de l'administration supérieure, le
classement de la série Q. Enfin on a terminé les inventaires
des archives comumnales de, plusieurs villes, telles que
Château-Gonlier. Mayenne et Évron.
(Ibidem).
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1 OUVRAGES OFFERTS A LA COMMISSION
C* DE Marsy. — Les Fauœ-Monnoyeurs dans le Bas-
Maine. 1 broch. in-8", Bruxelles, F. Gobbaerts 1890. >
La liste dea ouvrages offerts à la Commission sera
insérée à cette place, sans préjudice da compte~rendu
gui sera tait de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
Le Secrétaire Général, f. f. de Gérant [Loi du 29 juillet t88ï) .
E. MOREAU.
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LE BULLETIN DE LA COMMISSION BISTORIQOE ET
ARCHÉOLOGIQUE DE LA MAYENNE paraît tous lea
trimestres sous forme de livraisons comptant environ
Î28 pages.
ti donne des ^ramn» et iHoBtratioia anssi somient
que le permettent les sujets traités et lea ressources dont
il dispose.
Lea personnes étrangères à la Commission peuvent s'y
abonner comme à toute publication périodique.
Le prix de rabonnement est de DIX FBANCS par an.
Les engagements pour cotisations ou abonnements
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le i"- janvier.
Il reste encore quelques exemplaires des tomes III,
IV et V de la première série, qui sont en vente au prix
de six francs le volume.
Le tome I de la 2" série est en vente au prix de 12 francs.
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BTLTLLETIlSr
DE Ul COHUISSION
DE LA MAYENNE
ÊÉE PA» ARRÊTÉ PRÉKECTOfiAL l)V 17 JANVIER 187f
DEUXIÈME SÉBIE
TOME SECOND
1890
LAVAL
IMPRIMERIE DE L MORBAU
„Googlc
SOMMAIRE :
L'Instruclion publique à Laval avant le XIX* siècle : — Col-
lège de Laval (Fin), par M- E. Queruau-Lamerib . . . 333
Note sur les Protestants de Chàteau-Gontier au XVII' siè-
cle, par M. André Joubebt 365
Docuinents inédits relatifs k Craon et à Château-Gontïer,
par M. André Joobert 368
Les comptes de l'Hôtel-Dieu Saint-Julien de Laval, (Fin),
par M. L. de la Beauluèbe 374
Une mission à Château-Gontier en 1716, par M. Paul de
Farcy 397
Lassay, ses écoles, ses collèges, par M. l'abbé J. Gillard. 405
La famillla Bouchel de Sourches (Fin), par M. l'abbé Am-
DROISË Ledru 424
Gnomons et Clepsydres, par M. J. Planté 453
€ Les Châteaux. » de Loiron, par M. Emile Moreau. . . 476
Document concernant l'abbaye de Fontaine-Danîel, publié
par M. J. Raulfn 480
Ppocès-verbal de la séance du 6 février 1890. .... 484
Bibliographie : Les Lutteurs Bretons aiuc XV^ et XVP
siècles; Voyage d' Ambroise Paré en Bretagne, par M. J.
Trévédy; — Ambroise Paré est-il tnort catholique? par
M. J. Trévédy; — Observations sur l'out-rage intitulé :
« Littoral de la France » (Arrondissement de Quim-
per), par M. J. Trévédy ; — Documents inédits sur la
Guerre de Cent Ans. pubt. par M. André Joùbert; — Le
Testament de Jean de Craon, seigneur de [m Suze et de
Cfmntocé (allant 1432), par M. André Joùbert ; — Cata-
logue des Gentilshommes de l'Anjou lors de la recher-
che de lanohlesse de 1066, par M. Voisin de la Noirays,
Intendant de Tours, publié par M. l'aui de Farcy; —
Notice historique sur Andouillé, par M. G. Cattois. . 490
Nouvelles 501
Gravures :
Sceau de la cour de Sourches, dessin de M. l'abbé A. Ledru. 448
Armes des Bouchet de Sourches, id, id. . 449
Armes de Louis Bouchet, II" du nom, id. id. , 450
Cadran solaire de René de Briolay, abbé de Saint-Serge. . 460
Clepsydre d'Oronce Fine (XVI* siècle) 467
Clepsydre à barillet (XVII' siècle) 469
Idem. coupe du barillet 470
Plan « des Châteaux » de Loiron 476
Pendeloque de cuivre trouvée à Laval, dessin de i^. P. de
Farcy 489
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L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A LAVAL
AVANT LE XIX- SIÈCLE
LE COLLÈGE DE LAVAL
PENDAKT LA RÉVOLUTION
CHAPITRE IV
Bipoliloa des iDclenB profesuurs. — NomlDaUan du nonvMa perMond. -
Tranilatloa du collège *ux UrautloM. -~ Démission de Rabard et de ses co
lègues. — Lear remplacement. -^ Les profeBseura du calièRe rr
- prêtrise. — Le Collège de Laval de l'an III h lin V.
Au commencement de l'année 1791, le personnel du
collège de Laval se composait du principal et de cinq
régents, tous prêtres.
MM. Mathurin Denais, principal'.
René Chauvineau, préfet des éludes '.
1. Né A Grenoux près Lavât, mûri en Angleterre où il avait été
dëporU (L'abbë Isid. Boullier, curé de la Trinité. Mémoire» ec-
déainsliques concernant te district de Laval pendant la Révo-
lution).
2. Né à Laval en 1762, déporté en An^^leterre, curé de Mont-
iean en ISOï, transféré à Contilly (Sarthe), mort en 1B20 (Boul-
lier).
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- 334 -
MM. Frençois-Jean-Baptistc Marteau, professeur de
rhétorique * .
Michel-Henri Langlois, régent-.
Pierre-François Leterme, régent 3.
Louis Bourgé, régent*.
Aucun de ces prêtres ne consentit à prêter le ser-
ment exigé des ecclésiastiques fonctionnaires publics ou
se livrant à l'éducation de ta jeunesse par la constitu-
tion civile du clergé^.
Dans les premiers jours du mois de novembre I79t,
une pétition, signée de 424 citoyens actifs de la com-
mune de Laval, fut adressée à l'administration départe-
mentale pour demander le remplacement de ceux qui,
« chargi'ts de l'éducation publique dans le collège, n'a-
« vaient pas prêté, conformément à la loi du 17 avril.
1. Né à Laval en 1738, déporté en Angleterre, mort en 1808.
prêtre habitué à la Trinité de Laval (Boutlier).
2. Déporté en Angleterre, il passa ensuite en Allemagne, puis
en Russie, et mourut peu d'années après son retour en France
(Boullier).
3. Né à Laval, le 7 octobre 1764, ancien vicaire de Forcé, il
fut incarcéré aux Capucins et passa en Allemagiie. Rentré à La-
val en 1801, il fut nommé vicaire, puis, le Ï9 juin 1829. curé de
la paroisse de la Trinité. Il était cnanoine honoraire du Mans de-
puis 1822 et mourut le 22 août 1830 (Boullier).
4. Né à l^val. Dune conduite peu régulière, il refusa le ser-
ment eomme ses collègues, passa à Jersey, puis en Angleterre,
où il se convertit au protestantisme, se maria et deWnt, dit-on,
ministre anglican (Boullier.)
5. Nous avions, dans la première partie de cette étude, relevé
comme une inexactitude le classement fait par M. Boullier des
prêtres attachés au collège de Laval [:omme faisant partie du
clergé de la paroisse de la Trinité (Mémoires ecclésiastiques, ete...
Tableauj: du clergé, n" 49 à 54). Mais il est fort possible que,
par suite des diiïérends survenus entre le bureau du collège, créé
en 1763, et le chapitre de Saint-Tugal, les chanoines aient refusé
l'entrée de leur église à un ]icrsonnel de principaux et de régents
choisis sans leur participation. C'est afors sans doute que ces
derniers, suivant 1 exemple donné en 1770 par M. Chatizel, ont
continué, jusqu'à l'époque de la Révolution, à conduire leurs
élèves à l'église de la Tiinité et ont pu dès lors être considérés
comme faisant partie du clergé de ladite paroisse.
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- 335 -
« le serment prescrit par'celles des 26 décembre 1790
« et 27 mars 1791. » Le 9 novembre, le Directoire de
département, accueillant cette pétition, arrêtait qu'il se-
rait ouvert un registre pour l'inscription des citoyens
(jui se proposeraient de remplir, soit provisoirement,
soit définitivement, les places de professeurs au collège'.
Le 14 du même mois, les citoyens Serveau, membre du
directoire de département, Hubert, procureur-syndic du
district de Laval, Boullevraye, officier municipal, Se-
gretain, négociant et administrateur du département, et
FavroUe, maître ès-arts, étaient nommés commissaires
pour examiner les titres, certificats, moyens et capacités
de ceux qui se seraient fait inscrire, et choisir ceux
d'entre eux qu'ils jugeraient sufHsamment instruits pour
être nommés professeurs ^.
L'ancien personnel se trouvait toujours à la tête du
collège, où la rentrée s'était faite, suivant la coutume,
au mois d'octobre. Le bureau d'administration de cet
établissement continuait également de fonctionner com-
me par le passé. Le 7 décembre 1791, la municipalité
de Laval, agissant en exécution de l'article 6 de l'édit du
Roi de février 1763, portant règlement pour les collèges
qui ne dépendaient pas des universités et ordonnant qu'il
y eût toujours deux officiers municipaux dans leurs bu-
reaux d'administration, nommait MM . Lepescheux, maire,
et Boullevraye, officier municipal, pour remplacer MM.
i. Archives municipaleti de la ville de Laval. Registres des
délibérations du conseil général de la commune de Laval, lome
!•'; et Archives départ, de la Mayenne: Registres des arrêtés du
Directoire de département. Décembre, f" 12.
2. Arch. départ. Ibid. f" 38. Dès le 15 novembre, Dominique
Rabard, aacien doctrinaire et vicaire épiscopal, se proposait au
directoire de département pour remplir provisoirement les dou-
bles fonctions de principal du collège et de professeur de rhétO'
rique (Arch. départ. Reg. de corresp, du Direct, dedépart. f^SS).
Cette administration lui répondait, le même jour, en l'invitant à
produire ses titres devant les commissaires désignés.
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- 336 -
Hubert, ci-devant maire', et Duchemin qui avaient fini
leur temps à l'époque de la rentrée des classes ^.
Le choix des nouveaux professeurs du collège fut, pa-
ralt-il, assez long à faire, soit en raison du nombre des
candidats, soit plutôt qu'il fût difficile de trouver dans
la ville les maîtres dont on avait besoin. C'est seule-
ment le 28 décembre que le département fit connaître
ceux qu'il avait choisis ^.
Dominique Rabard, ancien doctrinaire du collège de
la Flèche, vicaire épiscopal de Tévéque constitutionnel
Villar qu'il avait suivi à Laval, était nommé principal
et devait remplir en outre les fonctions de professeur
pour les classes de rhétorique et de seconde *.
François Huchedé devenait professeur de troisième et
de quatrième".
1. François Huberl, nommé erellier du tribunal de police cor-
rectionnelfe de Laval, avait donné sa démission de maire le 21
octobre 1791 (Arch. mun. Reg. des délit. Tome I").
2. Arch. mun. Registres des délibérations du conseil général
de la c '" — - '"
3. Arch. dép. Arrêté du Directoire de dépai
cembre (798. f> 162.
4. Rabard professait des opinions très avancée». Il fonda, au
mois de mai suivant, le journal Le Patriote de ta Mayenne, qui
changea de titre en 1793 pour devenir Le Saaa-CuioUe de la
Mayenne, et qu'on appelait dans le peuple le Journal de Rabard
du nom de son rédacteur en chef. Ayant abandonné le collègue de
Laval pour devenir principal de celui de Chàteau-Gontier, Ra-
bard, qui avait épousé Thérèse Pannard, s'engagea, le 13 sep-
tembre 1793, dans un bataillon de volontaires partant pour la
Vendée et fut tué quelques jours après, le 19, au combat du Pont-
Barré. Le dernier numéro de son journal, paru après samort,
porte la date du 21 septembre (Dom Piolin, Histoire de l'Eglise
du Mans, t. VIII p. 340 et 377). — Arrêté du Directoire du dépar-
tement de la Mayenne du IB germinal an II, ordonnant la remise
à Thérèse Pannard, veuve Rabard. d'un mandat de 420 livres
16 sous 8 deniers, représentant le traitement de son mari pour
3 mois 11 jours qu'il avait rempli les fonctions de principal du
coltèBe de Château-Gonlier, du 3 juin au 13 septembre 1793.
(Arch. départ. Reg. des arrêtés f-hl).
5. Démissionnaire en même temps que Rabard, qu'il suivit à
Château-Gontier et peut-être en Vendée, Huchedé, de retour à
Laval, devint un des membres les plus ardents du comité révo-
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- 337 -
Augustin Garot, clerc tonsuré, placé depuis le mois
de septembre précédent à la tête de l'école de charité
dite du Cimetière de la Trinité, était chargé des classes
de cinquième et de sixième*.
Charles-René Cordier, également clerc tonsuré, di-
recteur de l'école de charité du faubourg Saint-Martin,
était mis à la tête des basses classes ^.
lutionnaire de cette ville. Le SptuviAsean II, il demandait au
Conseil général de la commune a prendre les prénoms de Paul-
Emile. Cette autorisation lui est accordée par cette assemblée
qui ordonne en même temps la transcription, sur les registres de
la municipalité, de ta lettre du citoyen Huchedé. Cette lettre, en
vers, est ainsi conçue :
■ Du temps des rois et des miracles,
* On me donna le nom d'un saint.
« On ne croit plus dans les oracles
■ Que pouvait faire un capucin ;
ir Sur les débris de l'Evangile
I La raison a pris son essor,
s Pour la conduire dans le port
n J'ai pris le nom de Paul-Emile.
a Paul-ëkile ilucHEDé. i
Huchedé, nommé le 8 octobre 1793, par Esnue-Lavallée et
Thirion, grelTier du Tribunal criminel du département et, le 12
frimaire suivant, membre du comité révolutionnaire, fut choisi,
le 1! germinal an II, pour remplacer Clément comme président
de la commission révolutionnaire de la Mayenne dont le person-
nel était renouvelé. Il demeura à la tête de ce tribunal jusqu'au
mois de brumaire an 111. Arrêté comme terroriste, sur 1 ordre de
Boursault, il profila de Tamniatie du 3 brumaire an IV.
1. Garot. démissionnaire en même temps que Rabard, suivit
celui-ci à ChàteaU'Gontier et s'engagea, le 13 septembre, dans le
même bataillon de volontaires. Fait prisonnier par les Vendéens
qui t'emmenèrent à Chemilté, il passa la Loire avec eux, te 18
octobre, et fut arrêté à Candé par tes républicains. Rendu à la
liberté et revenu à Laval, il devint membre du comité révolution-
naire de cette ville et demandait au conseil général de ta com-
mune, le 5 pluviôse au II. l'autorisation de cnanger son prénom
d'Augustin pour ceux de Valérius-Publicola. Il devint ensuite
accusateur public près la commission révolutionnaire présidée
par Huchedé. du 12 germinal an II au 22 brumaire an III. Arrêté
comme terroriste, sur l'ordre de Boursault, il fut compris dans
l'amnistie du mois de brumaire an IV.
2. Cordier quitta le collège de Laval en même temps que Ra-
bard pour devenir, lui aussi, professeur à Château -Gonlier. 11
s'engagea dans le même bataillon de volontaires et fut tué éga-
lement te 19 septembre, en Vendée (Arrêté dudipartemeat du 18
germinal art II, /* Si, ordoii/ia/il le paiement de soi
a tea héritière. Arch. départ.)
'I traitement
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- 338 —
La municipalité de Laval était invitée par le même
arrêté à renvoyer les profesBenra actuellement en fonc-
tions au collège et à recevoir le serment des nouveaux
maîtres.
Ceux-ci se présentèrent, le 11 janvier 1792, devant
le conseil général de la commune pour prêter le serment
prescrit par la loi du 26 décembre 1790. Ils durent en-
trer aussitôt en fonctions, l'abbé Denais et ses collabo-
rateurs ayant vraisemblablement quitté le collège quel-
ques jours auparavant '.
Le 1" février, Siméon-Martin Laigre, clerc tonsuré,
nommé la veille par le département professeur de se-
conde et de rhétorique-, se présentait également à la
municipalité pour y prêter le serment. Cette nomination
avait eu lieu sur la proposition du citoyen Rabard qui
ne pouvait sudire à ses triples fonctions de vicaire épîs-
copal, de principal du collège et de professeur.
Un autre instituteur, le citoyen Pierre-François
Epiard, fut, peu de temps après, adjoint à ce personnel
pour tenir les classes élémentaires^.
1. Arcb. mun. Begistre des délibérations, tome P" f° 130.
3. Arch, dép. Registre des arrêtés du département P> 112. Lai-
gre, né à Vaucé (Orne), professeur au collège de Mayenne depuis
. 1789. 11 fut ordonné prêtre par l'évêque constitutionnel Villar
Îui le nomma aussitôt vicaire ëpiscopal et, le 35 septembre 1793,
irecteurdu Séminaire, situé à Sainte-Catherine, avec un traite-
ment de 800 livres accordé par le département. Le Séminaire fut
du reste transféré lui-même aux Ursulines quelques semaines
plus tard (Arrêtés du département du il novembre 1793. /*■ 71, et
du 31 janvier 1193. f' 115). Laigre resta en fonction après le dé-
part ae Rabard. 11 renonça au métier de prêtre, le 3 brummre
an II, et fut maintenu au collège pendant la Terreur. Il fut en-
suite professeur à l'école centrale, puis à l'école secondaire de La-
val, et fut appelé en 1806 au lycée d'Angers. Il devint en 1899 pro-
fesseur à l'école de cavalerie de Saint- Germain, bientôt réunie à
celle de Saint-Cyr, et demeura en fonctions sous la Restauration.
Il est mort seulement vers 1830.
Ëpiard donna sa démission en même temps ^ue Rabard et fut
également attaché au collège de Château -Gontier. 11 fut nommé
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- 339 -
Quel fut le succès du collège avec un personnel ainsi
composé? Nous n'avons pu le découvrir, mais nous
avons peine à croire qu'il ait été brillant.
Bien que le directoire de département et la municipa-
lité de Laval fussent encore à ce moment composés
d'hommes modérés, ces administrations n'avaient pas
eu une heureuse idée en choisissant, pour leur confier
l'éducation de la jeunesse, des citoyens appartenant au
parti jacobin et dont plusieurs (Garot et Huchedé) de-
vaient même être poursuivis, après le 9 thermidor,
comme terroristes. Les bourgeois de Laval, dont les
fils suivaient les cours de cet établissement, ne durent
pas mettre beaucoup d'empressement à les y renvoyer
sous la direction de ces nouveaux professeurs, et nous
sommes convaincu que le nombre des élèves qui fré-
quentèrent le collège pendant l'année 1702 fut de beau-
coup inférieur a celui des écoliers de l'année 1791.
Au mois de mai 1792, une députation des élèves du
collège se présente à la barre de la société des Amis de
la Constitution pour offrir un don patriotique de soixante-
dix livres, fruit de leurs économies sur leurs menus plai-
sirs. Le président, le citoyen Noyer, instituteur, avait
admis la députation aux honneurs de la séance et, sur
sa proposition, la société décide que te discours du jeune
orateur chargé de prendre la parole au nom de ses ca-
marades sera inséré avec mention honorable dans son
procès-verbal'.
Rabard semble avoir continué, pendant le reste de
l'année scolaire, d'instruire ses élèves suivant les an-
ciens programmes. Mais il profite des vacances pour
préparer, d'accord avec ses collègues, un nouveau plan
Sar Esniie- Laval lée et Thirion, au mois d'oclobre 1793, secrétaire
e la municipalité de Laval. L'année suivante il renonça à ses
prénoms pour prendre celui de Régulus.
1. Le Patriote du département de la Mayenne, n" 3, du sa-
medi 19 mai 1792.
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- 340 -
d'éducation plue en rapport avec les iostitutionB répu-
blicaines. A la veille de la rentrée des classes, fixée
au II novembre, il publie dans son journal taiProspec-
lus faisant connaître à ses concitoyens le nouveau règle-
ment du collège confié à ses soins.
Nous reproduisons cette pièce, curieuse à plus d'un
titre, malgré sa longueur.
Citoyens,
Vous êtes avertis que le collège national de Laval
s'ouvrira à ta Saint Martin procnaine. On y recevra
tous les enfants dont les facultés sont assez développées
pour suivre les cours des différentes instructions. Les
Srincipes d'une saine morale, l'explication des lois fon-
amentales de la République, l'étude des langues latine
et française, l'histoire, tes mathématiques, la géogra-
phie, l'éloquence et la poésie, tels sont les principaux
objets qui composeront le plan de l'éducation.
Pour faire goûter leurs leçons, les maîtres n'emploie-
ront auprès des élèves que la voix de la douceur, de
l'amitié et de la raison. Ces leçons sont les seules qui
jettent de profondes racines dans le cœur de la jeunesse
et habituent facilement le caractère à la pratique de
toutes les vertus.
Règlement particulier pour le régime intérieur
de la pension.
Article premier.
Le prix de la pension est fixé à ouatre cent vingt livres
pur an, année classique. Il sera fourni aux élèves tout
ce qui pourra leur être nécessaire pour leurs travaux,
excepté les livres qui seront aux frais des parents.
Les élèves seront tenus de porter l'uniforme national.
Ils pourront cependant user les habits qu'Us auront en
entrant à la pension. Ils seront peignés, blanchis et en-
tretenus à la charge du collège.
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m
Les maîtres d'agrément seront payés par les parents.
L'exercice militaire et plusieurs autres exercices du
corps se feront régulièrement, deux fois la semaine, en
présence du principal et des professeurs.
Tous les jeudis le principal fera assembler les pen-
sionnaires pour s'informer de leur conduite et de leurs
progrès. 11 fera faire sous ses yeux la visite de leurs li-
vres, de leurs habits, de leur linge ; en général des dif-
férents elTets qui appartiendront à chacun et dont les
parents lui auront remis un état.
VI
Le jugement pour toutes tes fautes et manquements
de la semaine sera remis, autant que faire se pourra, à
cette assemblée générale et l'on n'employera d'autre pei-
ne, à cet égard, que la privation de quelques plaisirs. Sï
ce moyen est insuffisant, on en donnera avis aux parents
qui, par leurs représentations, tâcheront de ramener les
coupables à leur devoir. Toute punition indigne d'un
homme libre est absolument proscrite.
VII
Tous les deux mois, et plus souvent quand les cir-
constances l'exigeront, on enverra aux parents une note
détaillée de la conduite et des progrès de leurs enfants :
ils seront invités a leur écrire ensuite pour leur témoi-
gner leur satisfaction ou leur mécontentement relative-
ment auQC notes qu'ils auront reçues.
YIH
On ne laissera jamais sortir les pensionnaires sous
un prétexte quelconque que sur une permission du prin-
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cipal et qu'autant qu'ils devront être conduits et rame-
nés par une personne de confiance.
Les professeurs se rendront fréquemment à leurs étu-
des internes ' , tant pour résoudre les petites difficultés qui
pourraient les embarrasser que pour s'assurer par eux-
mêmes qu'ils y remplissent leurs devoirs.
La surveillance !a plus active sera mise en usage pour
tout ce qui concerne la salubrité de l'air et la qualité
des aliments. Un des préfets sera spécialement chargé
de cet objet.
XI
Si un enfant tombe malade et que sa maladie, sur
l'avis du médecin, soit de nature à faire craindre pour
ses jours, on écrira sur-le-champ aux parents qui seront
libres, ou de s'en rapporter à cet égard aux soins du
principal, ou de faire transporter le malade, s'ils t'ai-
ment mieux, dans la maison paternelle.
XII
A diiïérentes époques de l'année on célébrera des fê-
tes civiques, où aos prix serout distribués aux élèves
qui, par leur tenue, leur application et leur conduite,
auront mérité les suffrages de leurs condisciples.
Le Citoyen RA.BAttD.
AVIS
« Les citoyens qui désireront se procurer le règle-
ment de la pension du collège et les clauses auxquelles
les enfants sont tenus pourront s'adresser cbez le ci-
toyen Faur et compagnie, imprimeur, rue Renaise. »
1. Lisei : aux tStudes des internes.
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Ce programme, publié par Rabard dans un supplé-
ment du journal Le Patriote de la Mayenne^, eut^il le
succèa qu'en espérait son auteur et attira-t-il beaucoup
de nouveaux élèves au coHège de Lava) ? nous en dou-
tons un peu.
Le règlement qui précède ne nous fait pas connaître,
malheureusement, les modincations apportées par Ra-
bard dans le système des études. La division des clas-
ses étant restée la même, il est à croire que les nouveaux
professeurs apportèrent peu de changements dans les
matières de l'enseignement et se contentèrent de com-
pléter celui-ci par l'étude des lois fondamentales de la
République.
Mais Habard s'était hâté d'exécuter les innovations
annoncées dans son prospectus, notamment en s'assu-
rant le concours d'un tambour et d'un instructeur char-
gé d'exercer les élèves du collège au maniement des
armes et aux évolutions militaires^.
Quelque temps après, au mois de mars 1793, le Pa-
triote de la Mayenne annonce que, pour obéir aux or-
dres de la Convention, transmis par le directoire du
département, on lira chaque jour les nouvelles aux élè-
ves du collège. Les professeurs accompagneront cette
lecture de « réflexions simples et aisées » et le princi-
pal veillera avec soin à ce que cette intéressante innova-
tion soit exécutée avec exactitude ^.
1. Supplément au journal le Patriote de la Mayenne, a" 28 du
10 novemore 1792. Nous devons la communication de ce docu-
ment à l'extrême obligeance de M. Louis de la Beauluère, qui
possède le seul exemplaire connu jusqu'ici du journal de Rabard.
2. Pétition adressée le 7 messidor an îî au directoire du dé-
partement de la Mayenne par Garol, Iluchedé et S^iard, tant
§our eux que pour les héritiers de Kabard et Cordier tués par les
rigands de la Vendée. (Arch. départ. Registres des arrêtés du
départ. Messidor, f 24).
3. Le Patriote du département de la Mayenne du samedi 23
mars 1793.
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- 344 —
A ce moment, le collège avait été déjà, croyons-nous,
transféré dans le couvent des Ursulines (aujourd'hui le
Lycée). Depuis long^mps en effet on songeait à enlever
le collège de la rue Renaise. Par suite de l'importance
prise par la ville de Laval à la lin du XVIII' siècle, ses
vieux bâtiments étaient devenus insuffisants pour le
nombre des élèves, tant externes que pensionnaires, qui
en suivaient les cours. Mais l'argent manquait, lorsque
la confiscation des biens du clergé et des congrégations
religieuses vint fournir les moyens d'opérer ce trausfè-
rement à bon marché.
Le couvent des Ursulines était depuis quelque temps
déjà l'objet de la convoitise des républicains. Le 10 juil-
let 1791, peu de temps après l'installation de l'évèque
constitutionnel Villar, une sédition populaire avait tenté
d'en expulser les religieuses pour y faire transporter le
séminaire placé provisoirement à Sainte-Catherine. Le
peuple, soulevé par quelques meneurs, avait investi
cet établissement et tes officiers municipaux, accourus
en toute hâte, avaient eu quelque peine à eu faire sortir
les religieuses et à les conduire à la maison peu éloignée
des Bénédictines. Puis il avait fallu calmer les émeutiers
et les décider à évacuer le couvent qu'ils avaient envahi,
tandis que Villar faisait imprimer et répandre à profu-
sion une lettre à ses concitoyens, pour protester contre
cette émeute et blâmer le zèle intempestif de ceux qui
l'avaient fomentée au mépris de la loi.
Les Ursulines étaient donc rentrées en possession de
leur maison, lorsque la loi du 18 août 1792, en pronon-
çant la dissolution de toutes les congrégations religieu-
ses, vint tes forcer, légalement cette fois, à l'abandon-
ner. Les patriotes songèrent alors à prendre possession
de cet établissement, entouré de cours et de jardins
spacieux, pour y transporter le collège.
Le 1*' octobre 1792, le maire de Laval, Lepescheux,
donne lecture au conseil général de la commune d'une
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pétition des citoyens de Laval invitant cette assemblée
à délibérer sur le transfèrement du collège dans un local
plus vaste et mieux disposé que celui qu'il occupait rue
Renaise'. Aussitât le conseil, après avoir entendu les con-
clusions du procureur syndic de la commune, arrête que,
le lendemain 2 octobre, « les citoyens de la ville seront
« invités, au bat des tambours et par affîches es lieux
« ordinaires et accoutumés, de s'assembler, le jeudi 4
R courant, 9 heures du matin, dans les quatre sections
« de la ville, à l'effet d'y manifester leur vœu sur ladite
« pétition ; et pour annoncer le sujet de la dite «ssem-
« blée, le citoyen Roche père a été nommé commissaire
« pour la section des Jacobins ; le citoyen Levéque pour
« celle de Saint Louis ; le citoyen Gamier pour celle de
« Patience et le citoyen Lepescheux pour celle des Ur^
« aulines. »
Le 8 octobre, le maire rend compte de la réunion des
sections qui a eu lieu au jour indiqué. Les procès-ver-
baux des quatre sections, rédigés ledit jour, portent que
le vœu général est de placer l'éducation nationale dans
la maison des ci-devant Ursulines. En conséquence il
est arrêté de présenter une adresse au département pour
lui demander d'autoriser la ville à acquérir la susdite
maison qui allait être vendue comme bien national '.
Les citoyens Bourgeois et Tellot, désignés avec trois
ofEciers municipaux pour visiter la maison des Ursuli-
nes, en dresser un plan, et rechercher quelle partie on
en pourrait distraire pour vendre au public, déposent
1. Arch. mun. Heg. des détib. du Conseil gén. de la
tome II. (* 11 et Arcn. départ. Reg. du direct, de Départ. Mémoi-
res et pétitions, i' 39. Dans cette petit ion, datée du 22 septembre
et qui sans doute avait été envoyée en même temps au directoire
de département, les citoyens de Laval réclament ésatement lu
création de trois nouveaux cours, divisés en deux classes, l'une
de loj^que et de mathématiques et l'autre de physique.
2. Arch, Mun. Regist. des délib.
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- 346 -
tour rapport dana la aéaoce du 22 octobre. Le conseil
décide qu'il se transportera le lendemain, en corps, sur
les lieux, pour se rendre compte par lui-même de la por-
tion de l'immeuble qu'il serait nécessaire de conserver
pour l'installation du collège*.
Le 25 du même mois, plusieurs citoyens se présen-
tent au conseil général de la commune, porteurs d'une
pétition invitant cette assemblée à hâter le transfèrement
du collège. Cette pétition est aussitdt convertie en mo-
tion. Il est arrêté qu'une adresse sera portée au dépar-
tement pour inviter cette administration à accorder k la
commune de Laval l'autorisation de prendre à ferme le
couvent des UrsuUnes pour y transporter le collège et
les écoles de charité de la paroisse de la Trinité et lui
proposer de transférer en même temps le séminaire dans
la partie du susdit couvent affectée au pensionnat, afin
de diminuer le prix de looation tombant à la charge de
la commune. Les citoyens Duchemin-Gimbertière et
Frin de Cormcré sont nommés commissaires pour assu-
rer l'exécution de cette délibération-.
Le département pressé, le 3 novembre, de donner son
avis sur la demande de la commune de Laval, fit connaî-
tre sa réponse seulement le 17 du même mois. 11 autori-
sait ladite commune à transporter aux Ursulines le col-
lège et le séminaire, mais à la condition toutefms qu'elle
prenne à sa charge tous les frais d'appropriation et
d'installation nécessités par ce transfèrement 3.
Le 23 de ce mois, la question du collège revient en-
core devant le conseil général. Il est décidé qu'une pé-
tition sera adressée à la Convention nationale, par l'en-
tremise du département, pour demander à cette assem-
1. Arch. munie. ïiiid. f° IIS.
î. Arch. mun. fùid., ^ 166.
3. Arch. mun. Ibid., et Arch. départ. Reg. des arréiés du d
et. de départ. 17 novembre 1792. P» 71.
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blée d'abandonner la propriété dee Ursulines à la com-
muoe de Laval et d'accepter en échange les bâtiments de
la rue Renaise. En cas de refus, la municipalité deman-
dera à prendre seulement en location ta partie du couvent
des Ursulines nécessaire pour l'inatallaiion du collège.
Le principal de cet établissement, Rabard, qui faisait
partie du conseil de la commune en qualité de notable,
reçoit mission de poursuivre cette affaire.
Le 4 janvier 1793, le procureur de la commune est
chargé de presser le département de donner une solution.
Le collège n'était donc pas encore, à ce moment, trans-
féré aux Ursulines. Toutefois, une autre délibération du
conseil général de la commune, en date du 7 du même
mois, autorisant un de ses membres, le citoyen Enju-
bault-la- Roche, à payer une somme de 73 livres, prix de
meubles acquis des Ursulines pour le service du collège,
porterait à croire que le transfèrement dut avoir lieu
vers cette époque'.
Ainsi que nous l'avons dit, le collège de Laval avait
beaucoup perdu au départ des anciens professeurs. Jus-
que-là, il avait à peu près couvert ses frais, grâce aux
sommes versées annuellement par la ville pour te trai-
tement des régents, aux droits d'écolage payés par les
élèves et aux revenus de ses biens ruraux. Mais fe
traitement du principal avaK disparu avec le chapiti-e
de Saint- Tugal, celui des professeurs par suite de la
suppression des octrois (Décret du 17 mars 1791), sur
rine dans la partie des bétiments des UrsulineK qui ne sont pas
utiles pour le cottèffe. (Arch. dép. Re^. des délib. f" 175),
La ville de Lava parait, du moins au début, avoir occupé le
couvent des Ursulines à titre de location. Le 3 août 1793, le eieur
Choblet, membre du conseil c^néral de la commune, est chargé
de nouveau par cette assemblée de dresser un rapport et de pré'
parer un projet de pétition pour demander à la Convention d'ac-
cepter l'échange deVancien collège avec la maison des Ursulines.
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Ifi produit desquels il était prélevé suivant les eugage-
inenta de l'HAtel-de-Ville, et voilà qu'une nouvelle loi
était venue placer boub séquestre les biens appartenant
Hux collèges et autres établissements d'instruction.
La loi du 18 août 1792, qui supprimait les congréga-
tions religieuses, plaçait en effet sous la main de la na-
tion les biens des collèges et n'accordait aux professeurs
que les revenus de l'établissement auquel ils étaient at-
tachés.
L'exécution stricte de cette loi eût réduit à néant le
traitement des professeurs du collège de Laval, puisque
celui-ci ne pouvait plus être pris désormais que sur les
rétributions payées par les élèves dont le nombre avait
considérablement diminué depuis l'installation des nou-
veaux professeurs.
Rabard et ses collègues s'adressèrent au bureau d'ad-
ministration, qui, d'accord avec la municipalité, leur
oifrit un traitement annuel de 600 livres pour chacun
d'eux, à la charge de nourrir, loger et entretenir deux
élèves boursiers, par suite de la réunion et assimilation
de la bourse créée par M. Sébastien de la Porte et de
celle qui avait été fondée par la municipalité pour un
élève pauvre'. Les nouveaux professeurs refusèrent
cette rétribution comme dérisoire et sollicitèrent du dé-
partement un supplément de traitement qui ne semble
pas leur avoir été accordé. Ils avaient toutefois consenti
à recevoir deux élèves boursiers comme la municipalité
le leur avait demandé^.
i. Lettre du cit. Laban au directoire du département de la
Mayenne, en date du 4 ventflse an V. (Arc/i. départ, série L). Il
est à croire que M. de Valleaux, compromis par sa signature ap-
posée au bas de t'adresse envovée au Roi par les royalistes de
Laval à l'occasion de l'émeute du 20 juin 1791, avait retiré son
fils du collège. La bourse de Bonnes Tut alors occupée par uu
sieur Ravar^, desceudant de la famille de la Porte, et la bourse
de la ville par un sieur Hasson.
3. Réclamation adressée au directoire de département par
Huchedé, Garol et Ëpiard, tant pour eux que pour les héritiers
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Le 17 septembre 1792, le département transmettait au
Conseil de ta commune une requête qui lui avait été
adressée par les administrateurs du collège pour obtenir
des secours provisoires. Le conseil répond par une iîn
de non recevoir. Le décret du 8 août précédent ayant
mis les biens des collèges à la disposition de la nation,
c'est par conséquent celle-ci qui devra désormais pour-
voir aux besoins de ces établissements. 11 est dès lors
inutile de statuer sur la demande des administrateurs
du collège.
Mais ces administrateurs reviennent à la charge et
adressent, le 19 octobre suivant, une nouvelle demande
au conseil général de la commune qui, cette fois, se
laisse toucher. Il est arrêté que le département sera in-
vité à accorder provisoirement au bureau du collège
une somme de mille livres, pour parer à ses dépenses,
jusqu'à ce que la Convention ait attribué à celui-ci les
sommes qu'elle croira nécessaires pour son entretien'.
Les mille livres accordées au collège étaient bien peu
de chose pour pourvoir à ses besoins. Cette somme fut
bientôt dépensée, si elle ne l'était déjà d'avance, et, dès
la fin du mois de décembre de la même année, une de-
mande de nouveaux secours est adressée au départe-
ment et transmise au conseil général de la commune.
Le 4 janvier 1793, le citoyen Enjubault-la- Roche fait
ua rapport sur cette nouvelle requête. « Après avoir
a exposé le principe et les motifs de l'établissement
« du collège, il fait le tableau de l'état présent et
u à venir de son revenu, qui, quoique assez consi-
« dérable, ne pouvait suffire à ses besoins, sans le bé-
u nélice que l'on pouvait faire sur tes pensionnaires^, ce
de Raberd et Cordier, le 7 messidor an II. Arch. départ, série L.
Segistreg des arrêté» du départ. /*• 24.
1. Arrêté du département en date du Q8 novembre 179i. /* 71.
3. Cette phrase, inconiplétement repruduile sans doute dans le
re^stre des délibérations, porterait a croire que le pensionnat
a
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« qui a réduit les fonds restant en caisse à une somme
« très modique, et même insutHsante pour payer les
« contributions foncières de cet établissement. Mais, au
« moyen de la vente des biens fonds qui lui apparte-
« naient, et dont ii doit lui être payé quatre pour cent,
a le rapporteur fait espérer qu'il n'aura plus besoin
« dans l'avenir de fonds étrangers*, u II propose donc
que le citoyen Rabard, principal, soît chargé de rédiger
une adresse au département à l'effet d'obtenir des se-
cours provisoires, s'élevant à 2000 livres, pour subvenir
aux besoins urgents du collège.
Rabard est autorisé en outre à vendre divers effets,
tels que papiers, plumes, etc..., restant au collège, après
estimation, s'ils en valent la peine.
Le 7 janvier, celui-ci donne lecture de l'adresse qu'il
avait été chargé de rédiger. Le secours demandé fut en
effet alloué au bureau du collège, par arrêté du direc-
toire de département en date du 23 janvier 1793 ^.
Le 22 avril suivant, le conseil général de la commune,
d'après le rapport de son bureau des contributions, agis-
sant en exécution des lois des 21 février et 10 mars 1793
qui chargeaient les municipalités de déterminer la quo-
tité des traitements des professeurs de leurs collèges,
bien que ces traitements dussent être payés par la na-
tion, liicait à 1200 livres celui du citoyen instituteur en
chef, à 1100 livres celui du citoyen professeur de rhéto-
du collège avait éti^ supprimé au mumenl de ta rëoi^nisation de
cet élabrissement, après le dépari de son personnel ecclésiasti-
que. Mais une lettre de l'adminislralion départementale de la
Mayenne, adressée, le 6 bmmuire an III, au comité d'instruction
publique de la Convention, constate au contraire que le nouveau
collège possédait < un pensionnat assez vaste pour recevoir les
< élèves. » (Arch. départ. S. L.)
1. Arch. mun. Reg. des déUbir. T. Il f" 138.
2. Arch. départ. Registres des arrêtés du départ, fo 122 v".
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rique et à iOOO livres celui des autres citoyens profes-
seurs, à partir du 1" janvier précédent'.
Le !"■ mars 1793, les professeurs du collège, Rabard,
Garot, Hucbedé et Cordier avaient encore obtenu des
certificats de civisme^. Mais ils ne devaient pas con-
server longtemps leurs fonctions. Le 28 avril suivant,
Rabard donne sa démission de principal^. Les au-
tres professeurs, à l'exception du citoyen Laigre', le
suivent dans sa retraite; soit que la municipalité, in-
quiète de voir son collège péricliter depuis l'installation
de ces nouveaux professeurs, se fût déterminée à leur
demander de se retirer, soit plutét que le mariage de
Rabard avec Thérèse Pannard ait amené une rupture
entre celui-ci et le bureau d'administration du collège
mécontent de voir un prêtre, vicaire épiscopal de l'évé-
quc constitutionnel, contracter un mariage, et que les
autres professeurs aient pris parti pour leur collègue.
Ces démissions ne semblent pas avoir surpris les ad-
ministrateurs de la commune. Le 2 mai, le conseil gé-
néral nomme deux commissaires pour aller le lende-
main faire le récolement des objets mobiliers qui
avaient été confîés aux professeurs du collège et charge
le procureur de la commune d'écrire aux citoyens La-
1. Arch. mun. Registres des délibérations, T, [I.
L'arLicle 8 de la loi du 10 mars 1793 avait décidé que les pro-
Tesseurs des collèges seraient désormais payés par la nation. La
loi du 21 février précédent avait fixé leurs traitements à un mini-
mum de 1000 livres pour les villes dont la population ne dépas-
sait pas 30,000 âmes, sans qu'ils pussent être portés à plus de
1500 livres. Ils pouvaient s'élever à 2000 livres dans les villes qui
avuent une population supérieure à 30,000 âmes.
S. Arch. mun. Reg. des diiib. t. Il, f" 166.
3. Arch. départ. Reg. des Arrélét du départ. P" 1Ï9.
4. Laigre, qui avait remplacé le citoyen Guilbert à la tête du
séminaire depuis le 35 septembre 1792, tout en continuant à diri-
Î'er les classes de rhétorique et de seconde au collège, avait pré-
iré conserver cette situation et s'était bien gardé de démission-
ner avec ses collègues.
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- 382 -
ban', Séguéla^ et Sartre ^ tous les trois anciens doctri-
naires et vicaires épïscopaux de l'évéque Villar, pour
leur demander de prendre la direction de cet établiaBe-
ment. En cas d'acceptation . de leur part, ces trois ci-
toyens seront présentés à T administration départemen-
tale pour remplir les fonctions d'instituteurs^.
Rabard et ses collègues avaient eu soin de ne donner
leurs démissions qu'après s'être assuré d'autres posi-
tions. Le 3 mai, le directoire du département de la
Mayenne accepte ces démissions et, par un second ar-
rêté, nomme les mêmes personnages, sur la proposition
de la municipalité de Château-Gontier, professeurs au
collège de la dite ville, avec des traitements de 1500 li-
vres pour Rabard, 1200 livres pour Huchedé, 1150 li-
vres pour Garot, ilOO livres pour Cordier et 1050 livres
pour Ëpiard, à partir de leur installation, jour où ces-
sera de courir leur traitement de Laval ^.
Le 6 mai, les commissaires de la municipalité chargés
de faire l'inventaire du mobilier confié au citoyen Ra-
bard, en sa qualité de principal du collège, sont autori-
sés à lui en donner décharge ^ et en même t«mps à ac-
1. Laban, Joseph, originaire du midi. Ayant conservé ses
fonctions pendant la Révolution, il devint, en l'an V, professeur
à l'école centrale du département, puis, en l'an XII, directeur de
l'école secondaire de Laval. Il auitla cette ville, vers 1606. pour
devenir précepteur des enfants ou général Clarke, plus tard duc
de Feltre, et mourut à Paris, après 1830.
2. Séguéla. Philippe, originaire du midi de la France, mort
l'année suivante, le 16 ventôse an 11-6 mars 1794, à Saint-Mar-
lin-le-Blanc, district de Neuchatel-en-Bray (Seine- Inférieure).
3. Sartre. Jean-Joseph, né à Toulouse. Il devint successive-
ment professeur à l'école centrale de la Mayenne, [luîs a l'école
secondaire de Laval, et paratt avoir quitté cette ville vers 1815
pour rentrer dans sa famitle.
4. Areh. mun. de Laval. Registres des diUbirations, tome II,
5. Arch, départ, de la Mayenne. Registres des arrêtés du di-
rectoire de département, f<> 15.
6. Le 29 du même mois, le directoire de département donne
également décharge au sieur Rabard des objets mobiliers appar-
tenant au séminaire déposés dans les bâtiments dépendant du
collège (Arch. départ. Reg. des délibér. f» 132).
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quérir le théâtre que celui-ci avait fait construire en
vue des représentations dramatiques qu'il se proposait
de faire donner par ses élèves, suivant l'ancien usage,
à l'époque des distributions des prix'.
Rabard et ses collègues avaient cessé leurs cours le
jour même où ils avaient donné leurs démissions. Le 13
mai, le conseil général de la Commune, regrettant que
ces instituteurs aient laissé leurs élèves sans instruction,
charge un de ses membres de constater si les anciens
professeurs du collège ont bien remis leurs démissions
à l'administration du district et si celle du départe-
ment a bien confirmé les nominations des citoyens Laban,
Sartre et Séguéla, présentés par la Commune pour leur
succéder *. Ce commissaire ayant rapporté des réponses
affirmatives sur ces deux points, le conseil arrête que
les professeurs démissionnaires serontpriés d'évacuer le
collège dans les quarante-huit heures et que leurs suc-
cesseurs seront invités à entrer de suite en fonctions^.
Le 16 mai, ce conseil propose de nommer pour colla-
borateursaux professeurs déjà désignés, MM, Laigre',
1. Ce théâtre avait coAlé 'lOO livres. Arrêté du directoire de
département, pris, le 7 messidor an If, sur la réclamation de
Garot. Hucheaé et Epiard, tant pour eux que pour les héritiers
de liabard et Cordîer, tués par les brigands delà Vendée, pour
toucher leurs traitements de professeurs au collège de Laval :
l'indemnité qui leur était due pour avoir logé, nourri et entretenu
deux élèves boursiers, sur le pied de 500 nvres par an pour cha-
cun d'eux ; le prix du théâtre construit à leurs frais; plus 100 li-
vres pour le traitement du tambour et du maître d'exercices qu'ils
faisaient venir pour habituer leurs élèves aux mouvements des
annes et aux évolutions militaires. {Arch. départ. Registres des
arrêtés du département, f° 34).
2. Arch. mun. Reg. des délib. et Arrêté du direct, de départe-
ment du 7 mai 1193. — Arch. départ., série L. Registres des ar-
rêtés du département, f" 38.
3. Archives municipales. Registres des délibérations, tome II,
4. Déjà directeur du séminaire et professeur de rhétorique au
collège.
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Réveil', Cruchet', suppléant, et Laurence^ avec le titre
de préfet des études. Deux membres de l'assemblée sont
nommés commissairee pour procéder à l'installation de
ces nouveaux instituteurs, aussitiït que leurs nomina-
tions auront été confirmées par l'administration du dé-
partement. Celle-ci ne iît pas attendre son approbation,
accordée le 21 du même mois, et le collège put rouvrir
ses cours avec son nouveau personnel au complet cette
fois*.
Comme Laban, Sartre et Séguéla, les citoyens Laigre,
Réveil et Crochet étaient des vicaires . épiscopaux de
l'évoque Viilar. Tous les six appartenaient au parti mo-
déré. Le citoyen Laurence, seul, était un laïque (nous
le croyons du moins) affilié au parti Jacobin.
L'un de ces professeur, le plus distingué peut-être,
ne tarda pas à disparaître de Laval. Séguéla, qui avait
collaboré aux premiers numéros du journal publié par
1. Réveil, Jean-Baptiste-Tousaoint, vicaire de Bazouges. Il
auitta le uollèf^e en t'.-in II pour devenir bibtiottx'caire à Châteaii-
ontier, mais futraupeté en l'an V à l'école centrale, et passa,
en l'an Xli. h l'école secondaire de Laval qu'il abandonna de
nouveau en 1805 pour se retirer à Châleau-Gonlier, où il est mort
vers 1819.
3. Cruchet, Pierre, vicaire sacrislain de Notre-Dame de
Mayenne, puis principal du i:ollè(^ de cette ville, devenu vi-
caire épiscopal de l'évoque Vilinr. Il se retira à Mayenne, après
la cessation du culte constitutiounel. Dénoncé, le 12 nivAse an II,
nu comité révolutionnaire de M.iycnne par celui de Laval comme
Crôtre fanatique et royaliste, il fui contraint de se cacher pendant
i Terreur. Après le concordat, il reprit ses fonctions à Mayenne
où il est mort en 1813.
3. Laurence, nommé membre du directoire du district de La-
val par Esnue-Lavallëe et Thirion, au mois d'octobre 1793, puis
membre du comité révolutionnaire, le 22 frimaire en II. fut des-
titué de ses fondions et même arrêté sur l'ordre de QoursauH, au
mois de frimaire an III, Le 17 ventôse an II, il avait demandé
nu conseil général de la commune À changer son prénom d'A-
lexandre, n que ta superstition et le fanatisme lui avaient donné,
« en celui de Fabricius, qui aima mieux mourir pauvre que d'ê-
• tre nche en trahissant sa patrie. ■
4. Arch. départ, série L. Regiatrei des arrêtés du directoire de
département, t- 89.
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— 333 —
son collègue Rabard', n'hésita pas cependant à donner
son adhésion au soulèvement tenté par les départements
de l'Ouest en faveur des députés girondins expulsés de
la Convention à la suite des événements des 1"^ et 2 juin
1793. Il rédigea plusieurs des arrêtés de protestation
pris par les corps constitués de Laval et fut ensuite l'un
des commissairea chargés de porter à ta Convention ta
rétractation du département de la Mayenne. Lorsqu'il
fut revenu à Laval, il craignit d'être arrêté comme fé-
déraliste et prit un passeport pour Rouen {24 juillet
1793). Il fut bien accueilli en cette ville par Tévéque
constitutionnel, Gratien, qui le fit nommer, te 13 septem-
bre, vicaire a Saint-Martin-le-Blanc, où il mourut, le
6 mars 1794^. Il ne parait pas avoir été remplacé au
collège de Laval.
L'ancien doctrinaire Laban était le principal de cet
établissement. C'est lui qui, le 26 août 1793, invite le
conseil général de la commune à assister à la distribu-
tion des prix décernés aux élèves^.
L'occupation de Laval, le 23 octobre 1793, par les
Vendéens, qui deux fois encore traversèrent ta ville,
aux mois de novembre et de décembre suivants, amena
la dispersion des élèves du collège. Beaucoup d'entre
eux ue revinrent pas. Les professeurs, trop nombreux
pour le peu d'écoliers qu'ils avaient à instruire, cher-
chent d'autres situations. Laurence, nommé administra-
1. Le premier numéro du Patriote de la Mayenne porte la
date du 5 mai 1792.
2. Arrêté du directoire de département de la Mayenne du l*""
prairial an III. sur la pétition préKenlée par le eit. Laban, au nom
des deux sœurs de Sé);uéla, pour demander que le nom de leur
frère fùl rayé de la liste des émigrés (Arrh. départ. Begislres des
arrêtés du direct, de départ.).
3. Arch. mun. Registres des délibérations, etc.. Le 2 août pré-
cédent, le département avait pris un arrêté ordonnant qu'il fût
versé une somme de 200 livres aux professeurs du collège pour
achat de prix (Arch. départ., série L. Registres des arrêtés du
Direct, de départ. ^ 6).
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— 356 -
tear du diatrîct dans les premiers jours du mois d'oc-
tobre, se retire le premier < . Cruchet suit son exempte
et rentre à Mayenne.
Le 20 novembre suivant, les quatre professeurs de-
meurés en Fonctions, Labaa, Laigre, Réveil et Sartre,
accompagnés du citoyen RufTin -, également vicaire épis-
copal de l'évêque Villar qui avait quitté Laval pour al-
ler occuper un siège à la Convention nationale, se pré-
sentèrent au directoire de départeioeot. L'un d'eux,
portant la parole au nom de tous, déclara qu'ils renon-
çaient au métier de prêtres pour s'employer tout entiers
au service de la patrie et de la liberté et que, s'ils ne
rendaient pas leurs lettres de prêtrise, c'est qu'elles
avaient été brûlées par les brigands. 11 leur fut donné
acte de leur déclaration dont il fut dressé un procès-ver-
bal, transcrit sur le registre des arrêtés du département
avec le discours de l'orateur 3.
11 leur fut en outre remis un certificat constatant leur
abjuration et contenant un long extrait du discours
prononcé par l'un d'eux.
ic Laval, 30 brumaire an II (20 novembre 1793).
« Nous, administrateurs du département de la Mayen-
ne, certifions que les citoyens Ruffîn, Laigre, Laban,
Réveil et Sartre se sont présentés au lieu de nos séan-
ces et nous ont déclaré vouloir renoncer au métier de
prêtres. L'un d'eux a dit :
« Si les brigands échappés de la Vendée n'eussent
pas souillé notre ville ; s'ils n'eussent pas porté le fer et
2. Ruffm, . s ■ -
episcopat par l^véque Villar. Il élail. en l'an V, officier de la
farde nalionale et adjudant des colonnes mobiles. Mort en 1836,
l'IIuiBserie, après avoir élé quelque temps vicaire à Louverné,
après le Concordat.
3. Boullier. Mémoires ecclésiastiques, pase 154. M. Boullier
cite le nom de Cruchet au lieu de celui de Rulrm.
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~ 357 -
le feu daos nos murs, nous vous remettrions nos lettres
de prêtrise pour en faire un autodafé. Mais les scélérats
ont sans doute deviné nos intentions. Ils les ont brû-
lées. Nous vous promettons, citoyens administrateurs,
de n'employer les talents que nous avons reçus de la
nature que pour faire détester les prêtres, car de tout
temps ils furent les ennemis de la patrie et de l'huma-
nité. De tout temps ils sacrifièrent tout à leur intérêt.
« Le génie de la liberté qui nous anime nous fait re-
noncer au traitement que la nation voulait bien noua ac-
corder; cet argent servira du moins à entretenir les dé-
fenseurs de la patrie et à faire triompher la République.
Citoyens administrateurs, nous vous demandons acte de
notre renonciation au métier de prêtres, avili par tant
de crimes. Noua vous demandons en outre qu'il en soit
envoyé un duplicata à la Convention nationale, et nous
jurons de ne jamais exercer les fonctions sacerdotales.
« Et ont les dits citoyens signé la minute, Ruffin, Lai-
gre, Laban, Réveil et Sartre (Suivent les signatures)^ . n
Les lettres de prêtrise que les cinq vicaires épisco-
paux déclarent avoir été détruites par les Vendéens
avaient-elles été brûlées comme ils le prétendent ? )I est
permis d'en douter. Peut-être un reste de respect pour
le caractère sacré dont ils étaient revêtus lea avait-il
retenus au moment de livrer ces lettres aux mains des
Jacobins ^.
1. Dom Piolin. Histoire de l'église du Mans, tome VIII, page
408 et Arch. départ, série L, Registres des arrêtés du direct, de
départ. ^ 20.
2. En occupant Laval, au mois d'octobre 1793, les Vendéens
avaient envahi le collège pour s'y loger et s'étaient emparés
d'une somme de 900 livres qui se trouvait dans la caisse de cet
établissement, suivant le rapport fait au conseil général de la
commune j le 4 fructidor an III, parle citoyen Hayer, ancien rece-
veur municipal. Mais nous ignorons s'ils y avaient commis d'au-
tres dévastations, notamment dans les lo^ments habités par les
professeurs. (Archives municipales. Registres des délibérations).
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- 3S8 -
Nous nous sommes demandé aussi quel avait pu être
celui des cinq comparants qui avait porté la parole dans
cette oirconsiance. Nous avons la conviction que cet
orateur n'a pu être que le citoyen Ruffin. La place don-
née à son nom dans le procès-verbal transcrit sur le re-
gistre du département semble l'indiquer, et, de plus,
nous ne rencontrons dans son discours ni les idées, ni
le langage habituel des quatre profesBeurs du collège
qui s'étaient associés a lui pour cette démarche. Les
ouvrages que nous avons consultés, les documents qui
ont passé sous nos yeux et les souvenirs que nous
avons recueillis autrefois de la bouche de plusieurs
vieillards, anciens élèves de l'école centrale du départe-
ment de la Mayenne, où ils avaient eu poïir maîtres
MM. Laban, Sartre, Réveil et Laigre, nous avaient fait
connaître ceux-ci, plus particulièrement les deux pre-
miers, pour hommes sages, réglés dans leur vie, modé-
rés dans leurs opinions et réservés dans leur langage.
Aucun d'eux, nous en sommes persuadé, n'aurait osé
prononcer, contre les prêtres en général, les accusations
contenues dans le discours dont il s'agit*. Dominés par
la peur, en voyant les Jacobins menacer à son tour
le clergé constitutionel, ils s'étaient abandonnés à un
acte de lâcheté, peut-être pour sauver leur vie el leur
liberté, mais plutêt sans doute par attachement pour
leurs fonctions, dans l'espoir de se rendre utiles à la
jeunesse en lui donnant l'instruction, alors que toutes
les maisons d'éducation, ruinées par la Révolution,
avaient disparu ou végétaient tristement, sans ressour-
ces, sans élèves et sans professeurs dignes de ce noiii^.
1. Ce tangage se comprend phis racilerocnl dans la bouche du
citoyen Rumn, homme jeune, récemment ordonné prêtre par l'é-
voque Villar, le futur olfioier des colonnes mobiles et de la garde
nationale de Laval.
2. Nous avons souvent entendu raconter à un de nos parents,
ancien élève de l'Ecole centrale, qui avait conservé pour ses an-
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Leur apostasie les fît en effet maintenir dans leurs
fonctions et leur permit d'obtenir des certificats de ci-
visme, mais amena une nouvelle diminution dans le
nombre de leurs élèves. Aux parents qui, en 1792,
avaient retiré leurs enfants du collège pour ne pas les
laisser aous la direction des prêtres constitutionnels,
vinrent se joindre ceux qui considéraient comme une
action honteuse l'abjuration des citoyens Laban, Sartre,
Réveil et Laigre.
Réveil quitta bientôt ses collègues pour chercher une
occupation à Château-Gontier ' . lis ne restaient plus que
trois à la tète du collège. C'était assez sans doute, eu
égard au nombre des écoliers confiés à leurs soins.
Le 6 brumaire an III, l'administration du département
de la Mayenne, répondant à une demande de rensei-
gnements qui lui avait été adressée par le comité d'ins-
truction publique de la Convention, relativement aux
ressources que pouvait offrir la ville de Laval pour l'é-
tablissement d'une école centrale, avait tracé le tableau
suivant de la situation du collège à cette date.
a L'ancien collège, qui était peu vaste et situé dans
« un local fort incommode, avait été fondé sous Henri
n III ^. Dilîérentes terres composaient sa dotation. Elles
« ont été vendues, ainsi que le collège lui-même, con-
u fermement à la loi, et un nouveau collège a été créé,
« avec un pensionnat assez vaste pour recevoir les élè-
ciens proresseurs un souvenir d'afrection et de Rjmfisthie. que.
bien des Tois M. Laban. tout en évitant dons son enseignement la
moindre allusion aux idées religieuses, l'avait fait monter secrète-
ment dans sa chambre, aveu quelques autres élèves, sur la dis-
crétion desquels il savait pouvoir compter, pour leur faire réciter
leurs prières.
1. Il avait été chaîné du triage des livres conlisqués dans les
couvents supprimés ou chei les émigrés pour former une biblio-
thèque en cette ville. .
S. Il existait, ainsi que nous l'avons dit. bien avant Henri tll.
Ce roi s'était borné à conlirmer son érection et à faire attribuer
à son principal une des prébendes du chapitre de Saint- Tugat.
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— 360 -
<i ves. il réunit tout ce qu'exige un établissement d'ins-
« truction publique. C'est l'ancien couvent des UrBuli-
« nés. Il a cour, jardin, et une grande salle pour les
« actes publics.
« Les professeurs reçoivent un traitement de le na-
ît tion.
(' On y enseigne le calendrier, les droits de l'homme,
Il la constitution républicaine, le recueil des actions hé-
II roîques, le système des nouveaux poids et mesures,
Il les langues latine et française, les belles-lettres, la
« géographie, l'histoire, les mathématiques et la physi-
n que.
« L'enseignement y est donné par trois instituteurs
« qui ont obtenu des certificats de civisme aux difîé-
n rentes époques de la Révolution et qui se sont livrés
II dès leur jeunesse à l'instruction publique.
« Le citoyen Laigre, âgé de 27 ans, professeur de
Il rhétorique au collège de Mayenne en 1789, 1790 et
« 1791, d'où il a été appelé, en 1792, à la chaire de rhé-
H torique au collège de Laval.
H Le citoyen Laban, âgé de 41 ans, membre de la ci-
11 devant congrégation des doctrinaires durant 22 ans.
« Le citoyen Sartre, âgé de 38 ans, ci-devant doc-
(I trinaïre pendant 19 ans.
■ Ces trois citoyens, ci-dessus dénommés, ont la
« confiance du public et des enfants'. »
Le comité d'instruction publique de la Convention
nationale, ayant à choisir entre les différents systèmes
qui lui étaient soumis par les novateurs pour réorgani-
ser l'éducation de la jeunesse, avait enfin fini par arrê-
ter les bases d'un nouveau plan d'instruction secondaire.
Un décret du 7 ventôse an III avait ordonné la création,
pour l'enseignement des sciences, des lettres et des
arts, d'un certain nombre d'écoles centrales, à raison
1. Arch. dépan., série L.
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d'une par 300,000 habitants, pour remplacer les anciens
collèges qui avaient disparu pendant la Révolution. Les
lieux où devaient être placées ces écoles n'avaient pas
été désignés dans le décret du 7 ventôse. Aussitôt qu'il
eut été promulgué, les villes qui pouvaient espérer ob-
tenir un établissement de ce genre commencèrent à sol-
liciter. Cbàteau-Gontier et Mayenne, notamment, firent
tous leurs efforts pour amener la Convention à les choi-
sir pour être le siège d'une école centrale, de préférence
à Laval qui, de son côté, invoquant son titre de chef-
lieu de département et sa situation plus centrale, entre-
prit de lutter contre les prétentions de ses rivales.
Le t8 germinal an III, le conseil général de la com-
mune arrêtait les termes d'une pétition à la Convention
nationale pour faire valoir les titres de la ville à obtenir
une école centrale. Cette pétition, revêtue de l'appro-
bation du district et de l'administration centrale du dé-
partement, devait être transmise au citoyen Plaichard-
Choltière, député et membre du comité d'instruction
publique, avec mission de la remettre à la Convention
et de l'appuyer de sa parole dans cette assemblée '.
Mais Plaichard-Choltière, déjà sollicité à plusieurs
reprises, n'avait pas négligé les intérêts de ses compa-
triotes et, le jour même où le conseil général de la com-
mune de Laval prenait ladite délibération, un nouveau
décret comprenait cette ville au nombre de celles qui
devaient posséder une des nouvelles écoles^.
Toutefois la création de celle-ci devait se faire atten-
dre longtemps encore. La loi du .S brumaire an IV, por-
tant organisation de l'instruction publique, décidait qu'il
serait créé une école centrale dans chaque département.
Bien que la ville de Laval possédât un local très con-
t. Arch. mun. Regiairea des délibérations.
2. Arch. départ. Lettre du citoyen Plaiehard-Ckoliière, reprf-
ieniant du peuple, en date du 20 germinal an 111.
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venable pour un établissement de ce genre, avec an bâ-
timent spécial pour la bibliothèque qui devait, aux ter-
mes de la loi, lui être annexée', c'est seulement au com-
mencement de l'an V que l'école centrale du département
de la Mayenne put être inaugurée.
Nous trouvons dans le Compte rendu par l'adminis-
tration centrale du département de la Mayenne de sa
gestion à partir du 11 brumaire an IV Jusqu'au i"
vendémiaire an V\ un chapitre consacré aux dépenses
faites pour le collège dans le cours de cette année, tant
pour le traitement des professeur^ que pour la pension
d'un élève boursier ^, l'entretien de la bibliothèque et les
réparations faites aux bâtiments.
Ce chapitre est ainsi conçu :
s V
Dépenses de l'Instruction publique.
« L'instruction publique ' n'cntrutne d'autres dépenses
« que celles relatives au traitement des instituteurs des
« écoles centraies, à l'entretien des élèves auxquels il est
« accordé des pensions, aux bibliothèques, et aux répara-
it tions des édifices où sont établies les écoles centrales^.
n L'organisation de cette école n'ayant point eu lieu
K dans le courant de l'an IV, le ci-devant collège de La-
II val, qui en a tenu la place, a pour ainsi dire, seul
II donné occasion aux dépenses détaillées au bordereau
II n" 5 dont nous rappelons ici les résultats.
1. L'ancien pensionnat des Ursulinea, ocuupë quelque temps
par le séminaire, puis abandonné après la cessation du uuUe.
2. Laval, Portier, an VI, in-4 de 78 pages et tableaux.
3. Le jeune Ravanj, descendant de la famille de la Porte. Le
boursier de la ville, le jeune Masson, avait quitté le collège à la
fin de l'an III. sans renoncer formellement à sa bourse, et n'avait
pas été remplacé (Lettre du citoyen Laban aux citoyens compo-
sant l'administration centrale du département de la Mayenne,
en date du 4 ventiise an V. Arch. départ, série L.)
4. Lois des 29 frimaire et 8 prairial an II (.Vote de la broehurt).
5. Loi du 3 brumaire an IV (Note de la brochure).
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-363-
« Le» dépenses du premier aemestre, pour lequel il
« n'a pas été ouvert de crédit, se montent, en assignats,
« à 43,107 fr. 50, et en mandats, à 1506 fr. 75. Ces
« deux sommes réunies et réduites en valeurs métalliques
« présentent une dépense de 2442 fr. 40, ci. 2442 40
« Celles du second semestre sont de 1687 fr.
« 50 en mandats, valeur nominale, et à
« 28401 fr. 12 en mandats au cours. Ces
« deux sommes se réduisent en valeur mé-
H tallique à 3495 fr., ci 3495 »
« Au total 5937 40
Le tableau n" 5, annexé à ce chapitre, établit que le
traitement doa trois professeurs du collège s'est élevé
au total à 5625 fr. Les autres dépenses comprennent
240 pour la pension d'un boursier, 32 fr. 50 pour la
bibliothèque et 40 fr. pour réparations aux bâtiments'.
i. Ce BonJereau eal ainsi conçu :
N" 5. DÉPENSES DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
lîlat des dépemea relatives à l'instruction publique, à partir Un
i" vendémiaire an III au 30 fructidor an IV de la République
NATURE
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KbDDTlOl » inHÉUIul
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— 364 -
Cette pièce est la dernière concernant le collège de
Laval que nous ayons rencontrée. Labao, Sartre et Lai-
gre, demeurés à la tète de cette établissement jusqu'au
mois de vendémiaire an Y, furent compris dans l'orga-
nisation de l'école centrale et nommés professeurs par
un arrêté en date du 25 dudit mois. Us conservaient en
même temps la direction de l'ancien pensionnat du col-
lège, devenu une annexe de la nouvelle école.
Nous aurons l'occasion de reparler de ces trois per-
sonnages, si nous nous décidons à compléter notre tra-
vail par un dernier chapitre consacré à l'histoire de
rÉcolo Centrale du département de la Mayenne et de son
personnel de l'an V à l'an XII.
E. Querd\u-Laherie.
FIN DE LA PBEHIBRE PARTIE
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NOTE
sua LES PROTESTANTS DE CHATEAD-GONTIKR
ÀD XVII* SIÈCLE
En poursuivant nos recherches historiques sur Les
Protestants de Baugé aux XVI* et XVII' siècles, nous
avons eu connaissance d'un manuscrit inédit, très inté-
ressant, récemment entré dans la Bibliothèque de la So-
ciété de l'Histoire du Protestantisme français et conte-
nant le procès-verbal du synode tenu à Baugé, « par la
« permission du Roy, le jeudy 8 juin 1656 et jours
a suivants auquel sont présents les représentants de
« ISéglises'.a « M" Jacques deRidoûé, 8'deSançay', »
y assiste, « de la part de S. M., avec lettres de M"* le
« M" de la Varenne, lieutenant du Roy en la province
« d'Anjou. » Le modérateur du synode est M" Pierre de
Coudre, pasteur de l'église, de Châtillon-sur- Indre. Il a
pour adjoint M' René AUaire, pasteur de l'église de Bel-
léme, et pour secrétaire Jean du Fresnay, contrôleur au
grenier à sel de Richelieu, anciea de l'église de Loudun.
Voici les passages relatifs aux protestants de Château-
Gontier et des environs :
« Sur la proposition du sieur des Aulnais ^, ancien de
1. On voulait ae rendre de Biiugé à Saumur, mais les autorités
s'y opposaient et le synode resta a Baugé.
2. Sancé, chat., c" def Saint-Martin-d'Aruti, — Cette terre ap-
partenait aux Hidouet depuis le XVI* siècle.
3. Les Aunais-Barrés, c™ de Bazouges.
â3
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« l'église de Ctiasteaugonlier, qu'ils ont par arrest li-
H berlé de a'assembier, chaque soir, pour faire les prières
« publiques, en une maison fixée, cette maison ayant '
H été, depuis peu, acquise par un catholique, sont raena-
« ces d'être dépossédés à la Saint-Jean prochaine. Est
t[ arresté qu'ils continueront leurs prières jusqu'à cette
« date, pour ensuite trouver une nouvelle maison... »
« Le Consistoire donne quittance à Madame la mar-
« quise de la Barre ' des arrérages de sa terre pour le
« logis du sieur de Montault'. »
n L'information de la vie et mœurs de M' de la Gal-
« 1ère 3, pasteur de l'église de Chastcaugontier, faite par
« MM" de Vaussoudan et de Boisnoreau, est renvoyée
« au colloque renforcé qui se doit tenir à Saumur, pour
« l'examiner et lui appliquer les censures convenables,
a et lui enjoint de s'y trouver avec un ancien de son
« église... »
La première de ces mentions est particulièrement in-
téressante parce qu'elle confirme les renseignements
fournis par nous dans notre étude historique sur Les
Chivré, marquis de la Barre de Bierné (XVI'-XVIIl*
siècles). Nous avions, en effet, relevé, dans le chapitre
quatrième, un curieux passage de la défense du sieur
des Aunais, poursuivi en 1665, avec la dame de la Barre^
Gédéon de Ghivré et Marc de la Faucille, devant le Pré-
sidial de Ghâteau-Gontier, pour diverses contraventions
aux édits du roi. Abel Bédé, sieur des Aunais-Barrés
de Bazouges, dit, dans cette défense, que l'église calvi-
1. Anne Vallée, marquise de la Barre, veuve de Messire Anne
de Chivré, marquis de la Barre, lieutenant général de l'artillerie
de France.
2. Pierre de Montault, pasteur de la Barre, 1654-1683.
3. François de la Galère, ministre de Ch&teau-Oont«r, 1651-
1662.
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— 36T —
QÏste da bailliage de Château-Gontier avait été transfé-
rée aux Auoais, a par arreat contradictoire, rendu au
« conaeil privé de Sa Majesté, à la requête des habi-
a tans de cette ville, le 17 may 1612. »
L'arrêt rendu par les magistrats du Présidial, le 2 mars
1665, interdît aux seigneurs protestants ci -dessus nommés
u de faire aucun exercice publicq, en leurs maisons de
a la Barre, de la Faucille et des Aulnaiz, de la religion
« prétendue réformée, à peine de cinq cens livres d'a-
ce mande, et à tous ministres d'y faire aucun presche ny
« fonction de la prétendue religion, suivant l'article
« du dict édict et déclaration, à peine de punition et de
« cinq cens livres d'amande, a 11 fut interdit aux pro- -
testants qui habitaient Château-Gontier de se réunir et
de faire leurs prières n à sy haulte voix qu'elles soient
o entendues des voisin» et passans, à peine de vingt-
« cinq livres d'amande pour la première contravention
« et de plus grande en cas de residive...' »
1. Archives de la Mayenne, B 2336.
André Joubert.
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DOCUMENTS INÉDITS
RELATIFS
A CRAOïN ET A CHATEAU-GONTIER
(xvi'-xvii* siècles).
I
Lettre des habitants de la ville de Craon au maire
d'Angers, relative à la défense de leur cité contre
les attaques des huguenots. — i5 Juin i574.
Monsieur ' ,
Nous avons congneu par l'arrivée de monsieur de
Saiact-Jullian le bon seing qu'avez eu de nous, en ce
temps calamiteux et misérable, dont vous remercions
bien humblement et vous supplions nous avoir tousjours
pour recommandez. De nostre part, nous avons délibé-
ré de continuer, pour nous maintenir et garder, comme
nous avons faict par le passé ; mais d'aultant que y en a
d'aucuns qui sont tardifs et paresseux de faire leur deb-
voir, de faczon qu'il est de besoing de user, en leur en-
droict, de rigueur et contraincte, ce que ne pcult estre
exécutté sans commandement, s'il vous plaist, nous ad-
viscrez de nous pourvoir de commission, quent veoyrez
1. Mnurillfï Deslandes. sieur des itoches el de Beaulieu, éche-
vin en 1564. conseiller au Présidial en 1568, maire en 1574.
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estre expédiant pour l'auctorité, et d'aultant que monsieur
de Sainct-Jullian vous pourra plus amplement certiorer
de Testât et comportement de nostre ville, nous ne fe-
rons plus longue ; sinon, après avoir salué voz bonnes
gracesdenozbien humbles recommandations, prient Dieu,
Monsieur, vous donner, en santé, bonne et heureuse vie.
DeCraon, ce H' juing 1574'.
Voz à jamais obligez et bien humbles serviteurs les
manans et habitants de la ville de Craon.
II
Lettres des habitants de la ville de Craon au maire
d'Angers, « pour l'extinction des VII s. VI d. pour
pippe de vin. » — 10 novembre 157i.
Messieurs,
Ayant receu voz lettres et extraict de la conclusion qui
a esté prinse en la Maison de ville pour empescher et
adviser del'admortissemcnt et extinction du subcide des
sept solz six deniers que le Roy entend remettre sus
nous, avons faict assembler les habitans de ceste ville
de Craon, lesquclz ont advisé de ne constituer, pour cest
effect, à présent, aucune procuration, et nous ont donné
charge seullement de vous remonstrer que par cy de-
vant, pour l'extinction dudït subcide, ils avoient payé
et satisfaict les deniers de la taxe csquelz ilz avoient
esté imposez ; et au par suh^ que tel expédiant que ad-
viserez estre bon de prandre, pour raison de ce faict,
tendant à estre deschargez, ils y obéiront et vous en-
1. L.e ^ JuiD 1574, les habilanls de Craon avaient aussi écrit à
M. de la Trémoille pour lui exposer leur situation critique. Voir
la pièce iusti fi cative n° CXI de aolre Histoire de la Baroimie de
Craon de i382 à 1626, d'après les archives inédites du Chartrier
de Thouars.
2. Ârehivea anciennes de la Mairie dAngert. BB, 34, f" 21.
3. Au pas sus : au surplus... par dessus tout.
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- 370 -
'VoyroQt procaration à oeste fin, si mestier est ; maifl ik
craignent, bI on prend la voye de bailler enoorea argent
pour la subvention dud. «ubcide, après qu'ilz auront
payé, qu'on ne laisse encore à le remettre sus, comme
on faict à présent. Qui sera fin, après vous avoir pré-
senté noz très humbles recommandations à vos bonnes
grâces, priant Dieu, Messieurs, vous donner, eu santé,
très bonne et longue vie.
De Craon, ce X* de novembre, voz très hombles et
obéissana serviteurs.
Les Séneschal et Procureur à Craon '.
in
Lettre du Roy [Louis XIII] portant mandement de
faire les advances et prestz pour l'entretien du régi-
ment de M' du Plessis de Juigné, envoyé à Chas-
teaugontier pour faire ses réserves. — 6 janvier 1632.
De par le Roy.
■Chers et bien nmez, ayant résolu, pour faire subcister
le régiment du sieur du Piesais Joigny (sic)"^, que noua
envoyons en garnison en nostre ville de Chasteaugon-
lier, et affin que les soldatz d'iceluy ayont moyen de
vivre dans une bonne discipline, et noz subjectz en re-
cepvoir moings d'oppression, de lui faire fournir par
nostro pays d'Anjou les prestz nécessaires durant le
tempa qu'il y demeurera, et que nostre ville d'Angers en
fera les advances, comme celle que nous croyons le
1. Arc/iives anciennes de la Mairie d'Angers, BB, 34, (» 109. —
Voir la liste des sénéchaux et procureurs de Craon dans notre
Histoire die la baronnie de Craon, elc.
2. Voir, sur le rég^iment du sieur du Plessis de Juigné et sur
°"n cher, les Chroniques Craominises, deuxième édition, p. 352.
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- 87i -
pouvoir faire le plus commodément, noue tous faisons
ceste lettre, par laquelle noua vous mandons et ordon-
nons que, suivant ce qui est en cela de nostre intentioB,
vous ayez, par telle personne que vous jugerez en estre
plus capable, à faire fournir et avancer les deniers qu'il
conviendra pour lesd. prestz que nous entendons estre
payez audict régiment sur le pied des hommes qui se
trouveront efTectiz, seullement tant qu'il sera audict
pays, et des quelz deniers vous serez remboursez, en-
semble de I-interrest d'iceulx, selon Testât que voua en
ferez dresser, sur lequel sera donné arrest en nostre
conseil pour, en vertu d'iceluy, estre la somme à laquelle
se trouvera monter ladite despance, employée dans la
commission de la creue des garnisons dudît pays, qui
a'expédira pour l'année procliaine ; et au cas que vous
eussiez difficulté de fournir auxd. soMatz lesd. prestz en
argent, nous laissons à vostre choix de leur bailler le
pain, vin et viande, selon l'ordre accoustumé, ainsi que
.le sieur du Bellay, nostre lieutenant général en nostre
province d'Anjou ', vous fera plus parti cul lié rement en-
tendre estre de nostre volonté, à laquelle nous nous
promettons que vous ne manquerez de satisfaire, car
tel est nostre plaisir.
Donné à Vie', le sixiesme jour de janvier 1632.
Signé : Louis.
Et plus bas : Phelypkaux^.
1. Martin du Bellay, (ils de René du Bellay de la Lande, page
de Henri III, maréchal des eamps et armées du roi en 1614,
aoRuné lieutenant général au gouvernement d'Anjou ei> 1621,
mort en 1637. à Gizeux.
2. Le mAme jour, 6 janvier 1632, Charies, àuc de I.orraine, par
un traité signé à Vie, se dépailit de toutes inlelligeaces avec
l'empereur et l'Espagne el promit de ne plus contracter aucune
alliance sans le consentement du roi Louis XIII. II accepta en
outre d'autres conditions importantes (Dumont. Corps diplomati-
que, t. »f. p. 29).
3. Cette lettre du roi. cachetée du cachet aux armes de Sa
Majesté, en cire rouge, était adressée aux maire et échevins de
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IV
Assignation donnée, à la requête d'Estkerdes Vaux, à
Charles de Lonlay, sieur de la Corbelière,poar com-
paraître devant le lieutenant général de Château-
Gontier, pour s'entendre condamner à rétablir la
sépulture de René des Vaux dans l'église de Bazou-
gers. — 2 janvier ICi^ib.
A Monseigneur,
Monsieur le lieutenant général en la sénéchaussée et
syege presydial de Chasteaugontier.
Suplye humblement damme Ester des Vaus, famine de
Messire René d'Urban, chevallier, aygneur d'Àubigné,
authoiïssée à la poursuytte de ses drois, fille esnée de
delTunct messire René des Vaus, vivant aussy cheval-
lier, sygneur du Bois-du-Pin, disant que le corps dudit
deffunct auroyt esté enterré dans l'cglisse de Basougers
en la chapelle de Nostre-Damme, au lieu de la sépulture
de deffuncte dame Ester du Bouchot, vivante sa femme ' ;
pour quoy fayre, la tumbe marquée dudit sépulture au-
roit esté levée, et ayent esté rcminse le vingt et (en blanc)
décembre dernier, Chartes de Lonlait, escuyer, sieur
de la Corbelière, sygneur à cause de sa famme de la
terre de Souvré*, l'auroit par voys de fait ostée avec-
la ville d'Angers. Elle Tut lue dans la séance du vendredi 23 jan-
vier 1632. Etaient présents : Monsieur Paulmier, vice-maire ;
Rousseau, Lailler, echevins ; Lanier, Neveu, Ménage, Eveîllard,
Avril, Jollivet, Hamelin, Boylesve, Froger, conseillers de ville.
Gabriel Du Pineau, alors maire, était absent (Archives anciennes
de la Mairie d'Angers. BB, 73. f° 248). — La municipalité ange-
vine objecta les misères du temps, les dépenses et les délies oc-
casionnées par la peste et demanda à être déchargée du fardeau
que le roi voulait lui imposer.
i, Esther du Bouchet, fille de François du Bouchet, seigneur
de Sourches, et de Sidonie du Plessis-Liancourl, avait épousé en
premières noces Julien Thierry, seigneur de la Prévalaye.
2. Souvray, ancien fief vassal de la châtellenie de Bazougers.
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- 37S —
ques viollense et plusyeurs parolles contre la mémoyre
dudit defTunct et le supliaiit assisté à se fayre par gens
armés.
Ce consydéré, Monsyeur, vous plaîsse ordonner les
ditz de Lonlay et sa famme estre assygnés davant vous
en complainte, pour le trouble fait à la ditte suppliante
en la ditte sépulture, et estre condamnés faire remettre
la ditte tombe, et ans dommages interest et dépens....
Soyt fait comme il est requis. Donné à Chasteaugon-
tier, par nous juge susdit, ledeuseysraejanviermille sys
cens quarante et cinq.
Signé : Fourrau*.
André Joubert.
3. Archives de M. te duc delà TrémoUle. Cliartrier deTliouars.
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COMPTES
DE L'HOTEL-DIEU SAINT-JULIEN
DE LAVAL
1685
(Suite et fin).
RENTES EN GRA.IM
Deux scptiers de bled seigle aur le lieu de la Vcr-
dière en Quclaîne appartenant au s' de la Roussardière
à douze boisseaux pour chacun scptier, mesure de Laval,
lesquels douze boisseaux n'en font présentement que dix
et un quart en sorte qu'il n'en vient net que vingt bois-
seaux et demy payable à Langevine et requerable,
cy 20 b.
Le fermier de la Pibannière le doit prendre et porter
à l'hôpital.
Trois septiers do soigle, mesuro d'Arquenay, sur le
lieu de la Malvandière, en la paroisse d'Arquenay, à huit
b. pour chaque septier requerable au terme cy-dessus
cy 24 b.
Richardais le va prendre et l'apporte.
Trois boisseaux de seigle sur le lieu de la Rousselièrc
paroisse d'Astillé, à la mesure de Laval, aussy reque-
rable au terme de N.-D. angevine (La Nativité. 8 sep-
tembre), cy 3 D.
Le fermier de la Pibannière l'apporte.
Un septier de seigle, mesure de Laval, sur le lieu de'
la Piotiére en la paroisse de Courbeveillcs, rendu es-
greniers de l'hôpital au terme d'angevine, ci . 12 b.
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-87B-
Deux charges de bled seigle, mesure de Laral, eor le
liea de la Moissiëre de la paroisse de l'Huisserye au
terme ci-dessus et requearaLle, cy 24 b.
Le meuenier ordinaire des pauvres le va prendre et
rapporte en farines.
Un septier de bled seigle sur le lieu de la Pescbar-
dière situé en la paroisse de Bonchamp, à huict bois-
seaux le septier, requerable et audit terme. . 8 b.
Ricbardais l'apporte.
Deux septiers de seigle sur le lieu des Onglées en la
paroisse de Bonchamp à huict boisseaux le septier, re-
querable comme dessus 16 b.
Richardais le va prendre et l'apporte.
Ud septier de seigle sur la Bodardière en la paroisse
d'Argentré à huict boisseaux le septier requerable au
terme cy-dessus 8 b.
Hoisnardière le va prendre et l'apporte.
Quatre septiers deux boisseaux de seigle, mesure de
Cessé, réduits au nombre de trois charges huict bois"
seaux, mesure de Laval, sur le lieu du Haut-Chesne,
alias la Théaudière, situé en la paroisse dj Courbe-
veille requerable, cy 44 b.
Le meusnier ordinaire l'apporte.
Dix-huict boisseaux de bled seigle, mesure de Laval,
sur la terre de la Compagnière située en la paroisse
d'Ahuillé, cy requerable audit terme, cy. . . 18 b.
Le meus mer ordinaire l'apporte.
Un septier de seigle sur le lieu du Coudray situé en
la paroisse de Bonchamp, à la mesure de Laval, faisant
huict boisseaux requerable audit terme, cy . . 8 b.
Hoisnardière l'apporte.
Deux boisseaux ue bled seigle, mesure de Laval, sur
le lieu de la Bordelîère, situé en ladite paroisse de Bon-
champ requerable et se paye au tonne cy-^lessus de
nostre Dame angevine, cy 2 b.
Hoisnardière rapporte.
Un septier de bfed seigle sur le lieu du grand Barbé,
en la paroisse de Bonchamp, requerable au terme d'an-
gevine à 8 boisseaux le septier, cy 8 b.
Hoisnardière l'apporte.
Un septier de bled seigle sur le lieu de la Masure,
au Bourg le Preslre, faiswit seize boisseaux mesure de
Laval, requerable et audit terme d'Angevine, cy. 16 b.
./Google
Richardais l'apporte.
Trois boisseaux de bled aci^^le aor le lieu de l'Effariè-
re, en !a paroisse de Louvern^, mesure de Laval reque-
rablo audit terme, cy 3b.
Cotellière le va prendre et l'apporte.
Un septier de seigle faisant huict boisseaux, mesure
de Laval, sur le lieu de la Roche au Chat, en la pa-
roisse de Louverné, requerable au terme cy-dessus,
cy 8 b.
Hoisnardière l'apporte.
Un septier de seigle faisant huict boisseaux, mesure
de Laval, sur le lieu de Martigné, situé en la paroisse
d'Argentré, requerable et se paye audit terme d'ange-
vine, cy 8 b.
Hoisnardière l'apporte.
Un septier de bled seigle faisant huict boisseaux,
mesure de Laval, sur le lieu du Tertre, situé en ladite
Earoisse d'Argentré, requerable au terme d'Angevine.
e a' Gimbretière le paye ici, cy 8 b.
Un septier de seigle faisant tiuict boisseaux, mesure
de Laval, sur le lieu de la Courtillerye, au bourg d'Ar-
gentré, requerable aud. terme, cy 8 b.
Quatre boisseaux de bled seigle, mesure de Laval, sur
le moulin du Gravier en la paroisse Davenière, requera-
ble au terme d'angevine, cy 4 b.
Le meusnier des pauvres Fupporte ou plustôt La Four-
nière de Saint-Martin.
Un septier de seigle faisant huit boisseaux, mesure
de Laval, sur le Heu du Val, en la paroisse de Monfou-
lour (Montllours) audit terme ci 8 b.
Cotelière l'apporte.
Un septier de seigle faisant huict boisseaux, mesure
de Laval, sur le lieu de la Pelissonnière, on Saint-De-
nys-du-Maine, aud. terme, cy. 8 b.
Richardais l'apporte.
Trente boisseaux de seigle, mesure de Laval, sur le
lieu de Juigné, paroisse de Vages (Vaiges) rendus en
greniers de l'Hôpital, audit terme d'angevine, cy. 30 b.
Quatre boisseaux de froment rouge, mesure de Laval,
sur le lieu de Languisière, en la paroisse de la Cha-
pelIe-Dantenaize, au terme d'angevine et requerable,
cy 4 b.
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Le métayer des aumosoe l'apporte.
Un septier de froment rouge faisant huit boisseaux,
mesure de Laval, sur le lieu de la Girardière, en la pa-
roisse de SainWean-sur-Mayne, audit terme, cy. 8 b.
Cottelière l'apporte.
Seize boisseaux d'avoine comble et (peusle) qui en
doibvent faire douze boisseaux, mesure de Laval, com-
blés et foules, deubs sur le lieu du Tertre, situé en la
paroisse de Louveroé, requerables et se payent audit
terme de N.-D. Angevine, cy 12 b.
Hoisnardière les apporte.
Plus est deub sur le lieu du Tertre huict boisseaux
d'avoine, mesure de Laval, mesurés à vée (vue) à cause
du fief du petit Auvers, cy 8 b.
Mademoiselle de la Porte les baille aux garçons de
l'Hôpital.
Un septier de bled seigle faisant huit boisseaux, me-
sure de Laval, sur le lieu du grand Monceau, en la pa-
roisse d'Argentré, requerabte aud. terme d'angevine,
cy 8 b.
Hoisnardière l'apporte.
Tout cela se monte, scavoir :
304 boisseaux 1/2 seigle qui vallent. . . . 304^^
12 boisseaux de froment vallant 15*
12 boisseaux d'avoine comblés et foulés et
huict mesurés à vée, vallant 9*
328*
REHTE3 INFEAUDEBS PAYABLES AU PRESSOia DES CARBES,
LE DIMANCHE d'aPRÈS LA FESTE DES TRÉPASSÉS
M. Jean du Breil, prestre, doibt pour les Martinières
au clos des Pezéries, douze boisseaux de bled mitoyen
seigle et froment 12 b.
Le sieur du Puy-Barbes doibt pour son lieu de la
Chaftrie dix neuf boisseaux dudit bled mitoyen seigle
et froment, cy 19 b.
Les sieurs du Griffon Boulain doibvent pour leurs
terres jointes à la Marebotle cinq boisseaux dudit bled
mitoyen, cy 5 b.
Gabrielle Deffay, veufve Beauchesne, pour son lieu de
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- 318 -
Montalon, quatre boisseaux de Ued mitoyen aei^le et
froment, cy 4 b.
Raoul Guiari et Melaine Gourcelie, boucher», doib-
vent pour leurs maisons et terres des Carrés, sept bois-
seaux dudit bled mitoyen seigle et froment, cv- 7 b.
Le sieur Périer pour son heu de la HauJt-Clairevye
doibt quatre boisseaux de bled mitoyen seigle et fro-
ment, cy 4b.
Toutes les rentes dudit bled mitoyen font cinquante
un boisseaux qui vallent 22' le boisseau bon an mal an.
56t2'
CHARGES ORD1NA.IRE8
EBHTKS
Aux Jacobins 47if 13*
Aux Cordeliers 50t
Au prieur de Saint- Vénérand Itt 10*
A k fabrique de Saint- Vénérand . . . 21#
A celle de la Trinité 3tt 15*
A M. du Chaumineau 7tt 7'
A M . le curé de Bonchamp SOOtt
Au b' le Mercier 120ii '
A M. Fréart, chapelain de Saint-Jacques. 4tt
A M'»" de la Gorbinière 28t
Plus la célébration d'une messe tous les
premiers dimanches du mois en l'église de
Montaudin lOtt
Total général 383* 5*
GAGES
A M* de la Poulinière 200*
Aux deux médecins 80*
Au chirurgien 80*
A six serviteurs 150*
MO*
HONORAIRES OES MESSES FOHnÉSS
Il y a seize messes par semaine dont M. de la Pouli-
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nière prestre des pauvres, en dit quatre dont l'honoraire
est compris en ses appointements ordinaires.
Les douze autres se disent, .
.3Bn
jnpaye.
■Mt
id.
m
id.
1Kt
id.
1««
id.
18t
id.
(Bu
id.
(H.
id.
18.
Deux par M'" Bonnet, dont on pave.
Deux par M'" de Bouesaay-Loriot, dont
Deux par M. le curé de Grenoux,
Une par M'" de la Rouillère-Loriot,
Une par M'" de la Guionnière-Loriot
Une par M"* Nupied du Bourg,
Une par M*" Gandin,
Une par M'" MouHer,
Une par M, Ferrant,
Outre ces messes il y a encore quelques services et
quelques messes particulières fondées à certains jours ;
et les services qui se célèbrent par extraordinaire dont
l'honoraire se paye au sieur de la Poulinière qui en fait
la distribution aux prestres et qui coustent par an en-
viron 40tt
26Ô#
Toutes ces charges ordinaires reviennent avec le lu-
minaire qui couste Bon an mal an environ quarante livres,
à la somme de onze cent quatre vingt treize livres cinq
sols, oy . . . . .- 1193» 5'
EST A HOTTER
Qu'outre le revenu tel qu'il est marqué en la première
page et qui se monte à 6446tt il y a encore le casuel qui
consiste scavoir :
Dans les questes et troncs
Dans les sons qui se vendent
Dans les vieux habits des morts
Dans les proflîts de fief
Dans les dons extraordinaires.
Toutes lesquelles choses ne se peuvent fixer, mais qui
vallent du molngs pour chacun ôOOtf et quelquefois bien
davantage.
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Du k novembre i744.
ETA.T DES MAISONS DÉPEHDAMBS DB l'hOTEL-DIEU
SAINT-JULIEN AFFBBMÉKS A DIVERS
Maison près Saint-Jutïen alTermée à Mathurin Peau,
Sour 5 ans, à commencer de Toussaint 1743, à raison
e 100»
Payable par 1/2 années.
Le grand Port à Jacques Bodard, à raison par an
de 650tt
Payable par 1/2 années à commencer de Toussaint
1744.
Maison du vieil hôpital.
Maison de la petite Croix-Verte.
Les Lisses.
Maison et port à M. Joseph le Seilleux à commencer
en may, à raison par an de 166tt 10'
Portion de jardin au même à commencer de Toussaint
1744 à ; • : ■ ^^
Maison à Michel Guiffan dit le Breton et Hauré, sa
femme à commencer de Toussaint 1744 payable par 1/2
années à 14* 13'
Salle à M. le Chapelain à commencer de Toussaint.
18«
Maison à dame Marie le Bourdais à commencer de
Toussaint à raison de 30»
Autre à Guillaume Fouilleul, employé, à commencer
de Toussaint à raison de 18#
Payable par 1/2 années.
Bail expiré de Toussaint 1744.
Autre à René Rouier et Philipe Blanchet à commencer
de Toussaint à raison de. 14t
Bail finit à Toussaint 1745.
Une maison affermée à dame Barbe Petit dont le bail
finit à la Toussaint 1747, à raison de. . . 10# 13'
Portion de maison à Jean Brillant, cardeur, René
Juste à iU
Payable par avance, le bail unit à Toussaint 1745,
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- 381 -
Bue Saint-Nicolas.
Maison et jardio cour Chalumeau à François Dalibard
et Annette Monlard par demie années. . . 17it 27'
Croix Bidault
Portion de maison à Pierre Le Clerc et Renée Lasnier
par demie année à lltt
Bail finit à Toussaint 1748.
Autre à François le Roger et Françoise Pire. . 8if
Bail finit à Toussaint 1753.
Rue de Bootz.
Maison de la Marre à Lancelot Ravary et Jeanne
Beaulein par i/2 année à 25#
Bail finit à Toussaint 1745.
Sue des Cousineries
Une maison à la veuve Ricou 17tt 26'
Par demie année, bail finit 1" may 1751.
Autre à la veuve Jeanne Cordier .... 3# 13'
Payable par avance et par demies-années, bail finit
1" may 1751.
La Guestière.
Une maison appelée la Grande-Maison à René Tri-
quet, marchand, à 70t
Bail finit 1" may 1752.
Deux maisons à Olivier Tripier et à la veuve Pierre
Deschamps 48^
Par 1/2 année, bail finit Toussaiht 1748.
Rue Gaudin.
Une maison à Jean Bouleau et Jeanne Coignard, bail
finit 1" may 1748 à 60tt
Avesiiières.
Deux maisons et jardin à la Croix (Pein Fetis).
24
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- 382 -
Un jardin, écurie et fannerie nommés la petite Be-
. douère autrefois Nicolas Martin, à présent à Pierre Pel-
lerin, tiaaier.
Bail finit Toussaint 1753.
RENTES DUES Jl L HOTGL-DIEU
Celle de 10*
Kar M. de la Motte-Faisant sur une maison située sur
i place publique.
Autre sur des maisons au Boullevard rue du Val de
Maine par M. de Ponfarcy 25*
Autre sur la Valette par M. de laBrochardière. 10^
Autre par Jeanne Thuet veuve Chevallier sur des
maisons et terres au Veau-Brulé, rue S"-Catherine. 3*
Autre par Prud'homme de la Boucherie sur un verger
près la Valiette 13*
Autre par Joseph Caisse, huissier, sur une maison
rue Saint-Jean 2* 10"
Autre par le sieur Louvrier, le jeune, sur une maison
rue de Rivière, dont il est acquéreur. ... 2* 10*
La rente de deux livres due par les héritiers Davazé
sur ta maison de la Bodardière, rue Saint-Etienne. 2*
Autre par Michel Perelle, perruquier, sur une maison
au Puit-Rocher 13*
Autre par Pierre Garry sur le four à ban au pont de
Mayenne 132*
Autre par les Brochards et Joseph Lilavois à Chaslon
sur une maison rue des Ridelleries. ... 1* 10*
Autre par Michel Perrelle sur une maison et jardin
rue des Ridelleries 6*
Autre par Julien Brodier, serrurier, sur sa maison au
pont de Mayenne 69*
Autre par Jean Ménager, serrurier, sur sa maison au
pont de Mayenne 60tt
Autre par la veuve Pierre Pannier sur le lieu de la
Phlipotiêre en Avénières 80t
La rente due sur les loges de la Phlipotiêre par la
veuve Pannier 22*
Autre sur la maison du Pré Boudier par Pierre Du-
chemin, acquéreur 30*
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Autre sur des maisons, terres et jardins situés à la
Coconière due par Marguerite Crier, veuve René Ber-
lin 3* 15"
Autre sur une maison et jardin rue Saint-Michel par
Gherot ou héritiers 15*
Autre constituée par M. Duchemin de la Morinière
de ; 60«
Autre sur une maison au Puits-Rocher, mette de la
Rouaudière près la rue de Hameau par Jean Henry et
Jeanne Cosson 1* 10
Autre sur des maisons cour Chalumeau, près la Croix
Devin due par les Brochard 45*
La rente ou legs sur des maisons rue de Hameau qui
furent à Margotin et maintenant à Michel Beucher ac-
quéreur 2*
Autre due par Françoise Durand femme Lapierre en
vertu du don fait par Michelle Mézière, fîUe majeure,
décédée à l'Hétel-Dieu . lOt 9*
Autre sur une maison située rue de Rivière qui fut à
Cornuau, due par les héritiers d'Oilivier le Roy, frip-
pier 18*
Autre par les héritiers Beaugrand 15t
Autre par Françoise Garnier de la Quantière et René
Garnier, son frère lOt
Autre sur le lieu de la Salmandière par M. de Mon-
taleu 25* 19- 1*
La rente due par la veuve de Launay-Gougeon sur la
maison qu'elle occupe près Saint-Julien. . . . 25*
Autre sur des maisons et jardins, rue de Hameau, par
François Foumier acquéreur 8tt
Autre sur une maison rue du Val-de-Mayenne due
par Pierre du Bois. , 3*
Autre sur une maison et jardin rue des Ridelleries due
par Michel Perelle, acquéreur 6*
Autre sur une maison rue des Ridelleries, paroisse
Saint-Vénérand due par Jeanne Labé veuve du s' le
Mercier 45*
La rente sur des maisons, jardins et vergers, rue
Saint-Julien, due par le s' Echard, prêtre et du Patis.
27*
Autre sur des maisons, au Gué-d'Orgé due par les
héritrers Heaulné 3* 15*
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- 384 -
Autre sur une maison rue des Barbries, paroisse
Sainl-Vénérand, due par le sieur Boësset de la Saviniè-
re, acquéreur 20*
Autre sur des maisons, sous l'Echelle-Marteau, due
par la veuve Courtilleux, Guillaume Godier et Van-
nier 62*
Autre due par Marie AUeaurae Veuve Guiesnauit pro-
venant du don de M. Pouteau 20tt
La rente due par Françoise Gamier de la Quantière
et son frère, payable au 10' mars 5*
Autre sur le preasoir des Carrés, paroisse Saint- Vé-
nérand, due par les enfants de Daniel Gaudin et Cathe-
rine Courcelles sa femme 20*
Se paye en avril.
Autre sur la cour Chevallier, au pont de Maine, par
Julien Mareschal, hoste à la Croix-verte, payable au
i" may 10*
Autre sur un jardin, rue des Corneteries, due par
Joseph PcUerin, curateur des enfants Hébert, payable
au 1" may lOtt
La rente par René du Pont-Beucher sur un verger et
jardin, rue Saînt-Jcan, près Sainte-Catherine. 4*
Autre par demoiselle du Pont-Beucher, femme de M.
de Maillé, avocat, au 8 may 30*
Autre par demoiselle Quéhery veuve du Bois-Maugè-
re au 7 mai 25tt
Autre sur une maison et jardin au Viel-Marchis, rue
Marmoreau, due par François Gandin et Renée Beau-
vais sa femme, au 8' may 10*
Autre duc par la prieure de Saint-Martin, au 16"
may 40*
La rente sur une maison rue des Chevaux due par le
sieur Périer, chirurgien 1* 10' 6^
Autre sur deux maisons, rue Sainte-Anne, et sur des
terres paroisse de Changé due par les enfants, ou héri-
tiers de Hierôme Lancelin et François Landelle. 9* 10'
Autre sur des maisons et port au bout du quay due
solidairement scavoir par Louis Georget . . 20*
et par Pierre Vallet 18*
Autre sur un jardin, rue des Ricordaines, due par les
héritiers de Jacques Chon dit la Fontaine, marréfhal à
la Saint-Jean It
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- 385 -
La rente léguée par demoiselle Bontonnais due par
M. Berset, juge criminel, au 20* juillet. 50*
Autra par M' Jardin de la Papinais .... 20^^
Autre sur un port, rue des Lisses due par dame Ma-
rie Sédiller de la Notrie au 7' aoust 50*
En outre pour un pain bc^nit est du ... . 5^^
Autre par M' Bersfet, juge criminel. 13* 6' ^^
Autre par M' et M" de Saint-Brissac-Marais, due au
15' novembre 250"
Autre, au denier cinquante, créé sur la recette des
taiUes 793*2'
Saint-Jean-sur-Mayenne.
La rente sur le lieu de la Quanlinière due par Pierre
Jaillier 50it
Autre sur le lieu des Mées duc par Michel Boulain et
les enfants de Pierre Geslot 20ft
Autre sur le lieu des Ongléa due par Mathurio Pi-
croyer 12#
Autre sur le lieu de la Mauchandière par la veuve
Aniuère lOtt 10*
Autre sur le lieu des Ports due par Catherine Arnoul
veuve Lalné au 19* décembre 18tt
Changé.
La rente sur le lieu du Bas Jarriais par M. de la
Porte 93t 7' 6d.
Autre sur les lieux de la Cointerie et de la Hobortière
par la v* du s' Gastineau 38tt
Autre sur le lieu des Ports due par Catherine Crier
20t
Autre sur le lieu de l'Eraudière par M' de la Fanouil-
lais v" d'Hommeaux 100*
touverné.
La rente sur le lieu de l'Hermenerie par M' de la Fa-
nouillais v* d'Hommeaux 5*
Sur le lieu de la Rivière par d""" des Mées, la rente
le 40tt
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- 386 -
Ckaillant.
Sur le lieu de la Basse-Saunière par Louis et Jeanne
Guesdoux lOtt
Montsurs.
Sur une pièce de terre au bonrg de Montsurs par
Julien Faguet 4tt 13' 4'*
5' Berthevin.
Sur le lieu de la ReauUé par la veuve de Pierre de
Fay 24* 10-
Autre sur le lieu de la Clorière par Julien Rade. lOtt
Autre sur une pièce de terre, nommée d'Euche, dé-
pendante du lieu de la Geslinière par Daniel Rossi-
gnol Itt 17* 6"
Bourg-le-Prêtre.
Sur le lieu de la Touillerie par Madame Gihard veuve
Besnier 2tt 10'
S* Berthevin.
Sur le lieu de la Giraudrie par les enfants de Chris-
toplie Croissant, Denis Moreau, veuve Linière et au-
tres lOtt
La Chapelle d'Anthenaize.
Sur des closeries au village de la Bauserie par Jean
Brault et René Molière It 2' 6"
Contée près Mayenne.
Sur le lieu de la Fauchardière par dame Jeudry fem-
me de le Comte 14it 5*
MorUigné.
Sur les lieux de la Jarriais et de la Grenouillère par
René Loquicr ci René Bouiller. . . 13* 10' V
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- 387 -
Vages.
Sur le lieu de Mont Cheumont par tes desservante de
l'école de Vages 5t
Outre celle en grain sur le lieu de Juigny. 6' 8"
Gennes.
Sur le lieu de Chevaignon par le s' Carré du Ro-
cher 2tt lO"
Montjean.
Sur le jardin et maison de Croix-Verte par les MM"
le Maçon 2'^ 10'
Sur une maison et jardin nommés la Butte et une por-
tion de terre nommée la Porte par Renée Gripon veuve
Jean Trillot 8*
5' Cyr.
Sur le lieu de la Maison Neuve par Jean Brocbard
marri d'Olive Després veuve Planchenault. . 20tt
Sacé.
Sur le lieu de la Gasnerie par Michel Maréchal, jour-
naillier, demeurant à Mayenne 10*
La Bazouge de Chemeray.
Sur des terres nommées les Prestestlières par la veuve
et les héritiers de Jean le Divin 7tt 10*
ÂhuilU.
Sur lieu de la Lande Gelibert par Gidllauroe Potier
17tt 10-
Sur le bas Bochobert par les héritiers du s'' Blauchet
et Anne Guillois 2^ 10'
Sur le lieu de la Petite Bigonière par Catherine Pau-
mard Itt 1'
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Houssaye.
Sur le lieu de la Bourdaiserie par Perrine Chaudet
veuve Claude Joubert 50tt
Sur la closerie du Grand Val par M. le marquis de
Monteclair 26tt 13* 4"
Argentré.
Sur une maison au bas du bourg par Etienne
Rezé 1* 5*
Bonchamp,
Sur un emplacement de maison au village des Gaudi-
nières par Pierre Audouin acquéreur. ... 2ft 15'
Sur une maison au bourg près l'église par René Lo-
ret 6*
Rente en grain sur le Petit Anvers. . . 11* 6'
Rente en grain sur le lieu des Ongles. . . Itt 4*
Les Gravelles.
Sur des terres près le bourg due par Jacques Le Roi,
demeurant au Pertre 27* 10'
Sur le lieu de la Perrière par Gervais Feurier demeu-
rant aud. lieu 21^
J* Germain de FouiUoux.
Sur la Grande Mairie par Eaticnne du Chesne. 8it
Sur le lieu des Vents par Michel Bigot et F* Hiron
propriétaires 12*
Greiioux.
Sur le lieu des Moutandières par Mathurin Le Panne-
tier 16*
Nuillé-sur- Vicoin.
Par M. de Jonchère, curù 11* 13' 4''
Astillé.
Sur le lieu de la Saudraie par M. de Vallo. . 20"
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La Bazouge des Alleux.
Sur le lieu de la Teillerie 16»
Sar la closerie de Paradi» par M' Moisy. 2tt 10'
1744
Avesnîères.
Une maison située près la Croix Pain-Faîtis aiïenn^e
à M. Guillaume RufEn 32*
La Trinité.
Ud pavillon et jardin situés près la Croix Pain-Faitis
à Pierre Pellerin 20*
Une maison située rue Gaudin, affermée à Jean Bou-
leau . 60*
La cloaerie de la Gaulle affermée à Germaine Pilorïre
veuve Michel Bigot 70t
Saint'Berthecin
La closerie de la Goberie affermée avec celle de la
Guestronnièrc située paroisse de Saint- Vcnérand à Ur-
bain Gilbert 280»
La cloflerie de la Boucherie à François Fouaasier dit
le Breton 66»
Une portion de jardin situé au village des Besneries
affermée à André Clément 3tt
Saint-OuSn.
La grande Métairie affermée à François Guiton. 178*
La métairie de Pangeline affermée à Louise Go-
dier 130t
Loiron.
La closerie des Bouffetières affermée à Jean Peslier,
80»
La métairie de Guildine, affermée à Julien le Bray
175t
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MoiUjean.
La métairie de la BrouillèreafTermée à Paillaot.
Les métairies de la Houillère, de la Rousaelière, Burdé
et du petit Cbampaigné affennées 1170tt
Cocé.
Le métairie du petit Villamy tenue à colonie partiaire
par la veuve Vager et son fila.
Une portion de maison à maître située au petit Villa-
my affermée à M. Joseph Mouton.
Quelaines.
Les métairies du grand Croisé et du Pont-Gamart
affermées à Julien Dupré 650it
Houssay.
La métairie de la Chalopinicre affermée à Etienne
Doloire 220^^.
La métairie de la Pibannicre tenue à colonie partiaire
par Jean Hacque et Etienne Gendron.
La closerie de la GesHniëre donnée à colonie partiaire
à Jean Bouvier. Le dit Bouvier ayant été cy devant fer-
mier dudit lieu doit pour restant d'arrérages de ferme la
somme de 36ti 4' qu il faudra prendre.
La closerie de la Boucherie affermée à Pierre le Ro-
ger 90tt
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REVEnn ANNUEL DE L HOTSL-DIEl) SAINT-JULIEN
1749
Quinze maisons situées fauxbourg
du Pont de Maine 1270«
Trois maisons situées fauxbourg de
la ville llltt
Trois traits de dixmes sur les pa-
roisses de Louverné, Saint-Ceneré, le
Bourg-le-Prêtre à ferme 216tt 10*
Dix-neuf métairies, neufcloseries et
un dos de vigne 6016*
Six métairies et trois closeries à
coUonie partiaire 2100*
Quatre-vingt quatre rentes fonciè-
res 1606tt 12' 41
Vingt-une rentes constituées. . 907tt 15* 10^
Une rente sur la recette des traites. 193* 2"
Rente sur l'Hôtel-dc-Ville de Paris. 18* 15*
Trente rentes en bled seigle 341 b.
3/4 à 30' 512» 12* 6*
Deux rentes en froment 12 b. à 40*. 24tt
Cinq rentes en métail 47 b. 3/4 à
35* 83tt 11* 3^
Deux rentes en avoine 24 b. à 10*. 12«
Total du revenu annuel. 13671t 18' 11^
Dépense au-delà du revenu annuel. 6834it 2' 1**
CHARGES ANNUELLES DE l'hOTEL-DIEU SAINT-JULIEN
1749
Vingt-deux rentes foncières .
Dix-nuit rentes viagères.
Ordinaires de messes et obits.
Honoraires du chapelain.
Honoraires du médecin .
Salaires de deux chirurjpens
Gages de quinze domestiques gar-
çons et Biles
605« 5'
1549» 19'
413* 16*
280tt
200tt
240*
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— 392 -
Menues dépendes de cuisine, lait et
gruau pour fes pauvres 870»
Dispenses de l'appoticairerie, dro-
gues, eau-de-vie camfrée .... 900«
Deux mil six cents boisseaux de
frain poids de 32 livres dont 2000 b.
led seigle à 30', et 600 b. froment à
40- 4200*
Vingt mille quatre cents livres de
viande de boucherie à 4' 4280tt
Deux cent vingt livres de beurre
par mois faisant 2640 livres par an
à6' . . . . . . . . . . . 792it
Treize pipes de vin à raison de
70i! la pipe 910«
Vingft cinq pipes de cidre à 15it la
pipe 375tt
Quatre ateliers de bois de chauf-
fage ù 180» 720tt
Quinze cents de fagot à 22" le 0/0
et une fourniture de charbon . . . 430*
Huiles à brûler dans les salles,
toillea à l'usage et pour ensevelir. 1200tt
Réparations, réfections sur les bâti-
ments de l'Hôtel-Dieu et dépendances. 2000tt
Total des dépenses. . . . 20506tt l' 0^
Suivant l'état cy-dcsaus, il paratt que les charges an-
nuelles de r HOteï-Dieu Saint-Julien de Laval excédent
le revenu annuel de la somme de six mille huit cents
trente quatre livres deux sols un denier, sans y com-
prendre les dépenses extraordinaires qu'on ne peut fixer,
coust des déclarations, aveux, rachapts, rentes féodales,
augmentation de lits et entretien, payements de gens de
bras pour aider les domestiques à faire les laissives, et
autres travaux, tout quoi occasione par an une dépense
de plus de douze cents livres, en sorte que quelque amé-
nagement et quelque économie que l'on observe, l'Hôtel-
Dieu ne peut subsister sans les dons des personnes
charitables, et comme ces dons ne sont pas suffisons,
on est obligé de créer, dans les mauvaises années, des
rentes viagères et de faire des emprunts dont les fonds
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sont employés au soulagement dea pauvres malades :
sans ces secours on se verrait dans la dure nécessité de
retrancher des lits, qui n'étant qu'au nombre de cent
vingt quatre ne sont déjà ]>a3 sulusans ce qui oblige les
administrateurs de les augmenter souvent pour ne pas
voir périr sana soulagement les pauvres dont la ville de
Laval et la campagne sont accablés.
ETAT DES PROVISIONS Qu'lL CONVIENT DE FAIBE CHA.QUE
ANNÉE A. l'hOTEL-DIBU SAINT-JULIEN DE LAVAL
1745
Le grand Hâpital.
La grande salle des hommes contient vingt sept lits.
La petite salle des hommes contient vingt un lits.
. La grande salle des femmes contient vingt sept lits.
La petite salle des femmes contient vingt deux lits.
Le petit Hâpital des incurables.
La salle des hommes y compris une étude à cdté ou
cabille contient treize lits.
La salle des femmes y compris une étude ou cabille
contient treize lits.
L'HAtei-Dieu peut loger en total cent vingt trois ma-
lades.
Domestiques.
Un pour la sacristie.
Autre pour la boulangerie.
Autre pour les jardins.
Autre pour la grande salle des hommes, / ^ .
Autre pour la petite salle des hommes. > „„_^_.
Autre pour la salle des hommes aux incu- i o ^
râbles. T
Un homme à ta corvée ou journée que l'on
paye et nourrit comme domestique.
Une fille à la cuisine.
Autre à rappoticairerie.
Deux à la hngerie. / !«„„*
Une à la grande salle des hommes. / ç,.
Autre à la grande salle des femmes. '
Autre à la petite salle des femmes.
Deux aux incurables.
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- 394 -
Récapitulation.
Pauvres malades 123 1
Garçons domestiques 6 > 138
Servantes 9 ;
Malgré cola on prend souvent du monde à la corvée,
on nourit les ouvriers et les collons dépendants dudit
Hôtel-Dieu quand ils viennent rendre leurs comptes et
pour cela on suppose cinq personnes qiù sont par jour
aux charges dudit Hôtel-Dieu.
Tout cela supposé certain, il y a tous les jours à nour-
rir cent quarante trois personnes 143
Bleds.
Supposant les cent vingt trois lits toujours remplis,
ce qui n'est pas pour ordinaire, et donnant à chaque
malade quinze boisseaux par an, il doit être consommé
dix-huit cent quarante cinq boisseaux. 1845 b.
Supposant aussi que chaque des vingt tant domesti-
ques qu'étrangers, mange dix-huit boisseaux par an la
consommation pour eux doit être de trois cent soixante
boisseaux 360 b.
11 faut ajouter à cela la mouture qui va à un seizième,
et augmenter de cent quarante cinq boisseaux. 145b.
p„ t Froment 480b.
^*^*"*i Bled seigle 1870b.
2350b.
Viande de boucherie.
En donnant quatre cent ving livres de viande par se-
maine il en est consommé soixante deux livres par cha-
que dos cinq jours gras, et cinquante trois livres par
chaque des deux jours maigres ; à ce moyen chaque des
cent vingt trois malades a par jour sept onces de vian-
de, ce qui fait par repas trois onces et demy.
Chaque des domestiques et gens étrangers au nombre
de vingt, a de même par chaque des jours gras égale-
ment sept onces de viande par jour, faisant par repas
trois onces et demy.
La consommation de viande de boucherie se trouvant
monter par semaine à quatre cent vingt livres, va par
mois à seize cent quatre vingt livres. . 1680 1.
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Cochons.
La chair de porc doit être interdite aux 123 malades
on ne doit en tuer que pour les vingt domestiques, et
étrangers : et le nombre de huit bons cochons est suffi-
saut pour chaque année ; si chaque cochon se trouvait
peser deux cent cinquante livres, chaque des dites vingt
personnes aurait par chacun des jours gras de l'année
une demie livre de viande de porc à manger.
Par an huit cochons 8
Beurre.
Il est consommé par mois deux cent vinjg^ livres de
beurre, ce qui va par jour à sept livres cinq onces et
deux gros et par chaque des cent quarante trois person-
nes à six gros ou environ par jour : comme tous les
malades ne mangent pas de beurre, cette quantité suflit
pour fournir aux sauces et à la soupe des jours maigres
que l'on fait pour les domestiques et étrangers : on
pourrait même retrancher de cette quantité de beurre
pendant six mois l'année, à commencer du premier oc-
tobre jusques à la Iîd de février, parceque les héritages
de campagne qui sont a moitié, donnent des fruits abon-
dament, dont les domestiques, étrangers et convalles-
cens peuvent faire leur déjeuner ou collation.
Par chaque mois deux cent vingt livres de beurre. .
Vins.
Il est bu courament par an treize pippes de vin blanc,
et cette quantité est suf&sante 13 p.
Cidres.
Le cidre doit être interdit aux 123 malades, il n'en
est besoin que pour les domestiques et étrangers que l'on
suppose être toujours au nombre de vingt par jour, et
donnant aux hommes trois chopines par chaque jour, et
aux femmes ou filles pinte, dix-neuf pippes et un tier-
çon seraient suffisantes par an : mais comme il faut
remplir le cidre, et comme il se trouve du déchet par la
lie, il serait appropos de le faire sous tirer, il s'en con-
serverait bien mieux et pour remplir les dix neuf pippes
sous tirées, il faut vingt deux ou vingt trois pippes ve-
nant de la campagne, cidre 23 p.
DigitizedbyGoOgIC
Une barrique d'eau de vie canfrée pour les playes et
quinze pots naturelle pour la dame de l'appoticairerie,
sulSsent pour la consommation d'une année. 1 b. 15 p.
Castonades.
100 livres pour la confection des sirops purgatifs.
50 — sirops ordinaires.
50 — gellées et confitures.
100 — dépenses extraordiDairea.
300 livres total par année.
Bois de chaufage.
Quatre ateillers par an 4 a.
Fagots.
Un millier et demy par an 1500 f.
Morue.
Cent cinquante livres par an 150 I.
Huille à brûler.
Cent cinquante livres par an 150 1.
Louis de la Bka.uluèrk.
Nous tenons à rectifier deux erreurs qui se sont glissées dans
notre texte ; p. 266 :
1" ■ Elle fonda dans cette ville (Beugé) un HAtel-Dieu, etc. >
Cela semble faire de M'" de Melun la fondatrice des Hospita-
lières de Saint-Joseph ; or, uelte fondatrice est M"* Marie de la
Fère {Couanicr de Launay, Hist. des Hospitalière»).
2» Une colonie était déjà sortie de cette maison pour venir
prendre soin de l'Hôpital de la Flèche, etc. ■
C'est au contraire de la Flèche, où Mn«de la Fère avait fondé
son institut, que M"* de Melun amena les religieuses h. Baugé ;
la Flèche et non Baugé est la maison-mère de cet institut (Coua-
nier de Launay, Hiat. des Hospitalières).
L. B.
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UNE MISSION A GHÂTEAU-GONTIER
EN 1716
Au commencement du XVlll' siècle, vivait à Château-
Gontier un citoyen dont le nom n'est pas parvenu jus-
qu'à noua et qui notait avec soin tous les avènements
et faits intiiressants qui se passaient sous ses yeux. Ce
n'était ni un prêtre : car il ne se fait pas faute d'attaquer
le clergé, ni un homme de loi : car son écriture grosse
et serrée, son orthographe fantaisiste auraient nui sin-
gulièrement aux rôles d'une procédure de Justice. Mais,
à coup sûr, c'était un paroissien de Saint-Rémi : car il
prend la défense de son clocher avec une fiévreuse ar-
deur. Quoi qu'il en soit, le hasard ayant fait tomber en-
tre nos mains deux de ses mémoires, nous allorts en
donner un léger aperçu.
Le premier est la mention de l'exécution de cinq pri-
sonniers qui « avoient cruellement assassiné René Gué-
« rin, cbncierge dos prisons de la ville de Chdtcaugontier
« et Renée Le Maistrc, sa femme... » Cet attentat avait
eu lieu a à l'heure de leur visitte sur les neuf heures du
M soir dans la nuit du 3 au 4 août 1723... » Les conjurés,
croyant avoir tué leurs gardiens <( ont voilé, rompu leurs
« meubles, pris et emporté leur argent et leur linge
« puis se sont échappés.... » La femme mourut sous
leurs coups et l'on peut voir, dans les registres des inhu-
mations de Saint-Rcrai, la mention de son enterrement
le 5 août ; René Gucrin, son mari « fit le mort mais ça
« n'a pas empesché qu'il a eu bien de la paine d'en re-
« venir... » La répression ne se iit pas attendi'e : l'un
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d'eux, originaire de Chambellay, fut pris au moment
même où il forçait les portes de la prison, jugé et
exécuté le 7 août, devant la prison de cette ville,
dans la grande rue, sur les six heures du soir. Le 14,
un habitant de Laval, arrêté le 9 près de cette ville, su-
bit sa peine sur la place ordinaire. Le 16 c'était un
Craonnaîs, arrêté la nuit même du crime près du Mar-
tray — ce lieu a conservé jusqu'à nos jours sa mauvaise
réputation. Le 30, jour de la Saint-Fiacre, un habitant
de Pommerieux arrêté de suite sur les onze heures du
soir proche l'église Saint-Rémi. Le 17 septembre enfin
fut exécuté un autre Craonnaîs détenu pour l'assassinat
d'une aubergiste de Craon ; il avait été arrêté le 7 dans
la paroisse de Laubrîères. On le voit, la maréchaussée
d'alors, qui n'avait pourtant à sa disposition ni chemins
rapides, ni télégraphe, sut agir avec promptitude, et, si
le crime avait été bien ourdi, les coupables n'échappèrent
pas à la rigueur des lois, lis furent en effet <( rompus
« vifs, bras, cuisses, jambes et rains cassés à coust de
« barre de fer, sur une croix de Saint-André, dressée
« sur un échafau au-devant de ta prison... étranglés et
« posés sur une roue, la face vers le ciel pendant vingt-
« quatre heures,... les corps morts furent portés aux
« fourches patibulaires... »
L'autre mémoire, sur lequel j'insisterai plus longtemps,
nous fait assister à l'un de ces grands mouvements re-
ligieux qui étaient alors si fréquents et sont la preuve
des soins que le clergé ne cessait de prendre pour main-
tenir ta foi dans notre pays si profondément catholique.
C'est la relation détaillée d'une grande retraite qui fut
préchée à Saint-Rémi de Châtcau-Gontier, en l'année
1716, par deux pères jésuites, les PP. Dassemal et Rel-
lingaud, deux récollets et neuf autres prêtres, pour la
plupart curés des environs. Elle fut ouverte te diman-
che 26 avril par le curé de Précigné, qui prêcha sous
les halles. L'église de Saint-Rémi étant insulEsante pour
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contenir toute la Toulc, les exercices avaient lieu simul-
tanément dans l'église de Saint-Jean l'Evaugéliste qui
dépendait du prieuré de Saint-Jean-Baptiste et les céré-
monies se faisaient sous les halles publiques qui, placées
au centre de trois places, permettaient de voir de tous
côtés l'autel dressé au milieu. Ce n'était pas, d'ailleurs,
la première fois qu'elles servaient à cet usage : les actes
de l'état civil et les procès-verbaux du présidial font
mention en effet d'un certain nombre de cérémonies qui,
dès le commencement du XVIP siècle, eurent lieu sous
ces voûtes de bois fort curieuses, qu'une municipalité peu
archéologique voudrait voir démolies...
Cette retraite qui, dans l'origine, devait être particu-
lière à Saint-Rémi, s'étendit à toutes les paroisses de la
ville, du faubourg et même des paroisses environnantes.
On voit que déjà, à cette époque, les gens de ta campa-
gne venaient en grand nombre assister aux premières
messes du dimancbe, usage qui se continue encore de
nos jours et fait l'étonnement des étrangers.
Le dimanche 3 juin, commença la retraite des filles de
la ville, du faubourg d'Azé et de la campagne. Les exer-
cices se faisaient à Saînt-Remi « par le son de la cloche
« à 7 heures du matin et duraient une heure et demie. »
La communion se fit le 13 à six heures. « Elles se sont
« toutes assemblées avec toute, chacun un cierge et un
« crucifix en la main que le P. Dassemal leur a bénite
« puis sont sorties de Saint-Remy en procession, deux
« à deux, chantant des cantiques et sont allées par le
« derrière du palais, et ont baissé toute la place du Ha-
a miau autrement la place des Halles., ont traversé le
« hault de la rue des Juifs, ont baissé par le Pilory et
« la rue des Pintiers, la rue de la Poterie tout proche
« la rue à^Olifet, ont remonté par la rue du Pélican et
« sont allés tout le long sur la place Saint-Remy puis
« sont rentrées et ont communié... » Ensuite le P. Das-
semal donna la bénédiction du Saint-Sacrement, fit une
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dernière allocution en leur disant : « Allez toutes en
paix... o La communion des filles de la campagne fut
remise au lendemain parce qu'elles n'eurent ni le temps
ni la facilité de prendre rang dans la procession de la
veille.
Le vendredi 15, Monseigneur d'Angers, Michel Pou-
cet, vint lui-même présider la retraite. Il descendit chez
M' René Moulain, prêtre curé de Saint-Rémi et y demeura
huit jours pendant lesquels il assista à toutes les céré-
monies et prêcha trois fois sous les halles. Sa venue
était nécessaire pour rehausser l'éclat de celte grande
manifestation religieuse ; mais il lui fallait aussi contenir
cet esprit de division qui a souvent régné entre les di-
verses paroisses d'une même ville. Le prieuré des Béné-
dictins de Saint-Jean, qui avait la cure principale et dont
Saint-Rémi était d'ailleurs une succursale dépourvue de
fonts baptismaux, voyait d'un mauvais œil cette éman-
cipation qu'il prétendait contraire à ses droits ; ayant
lui-même fait marché avec les Capucins de la ville pour
les sermons du carême, it voulait aussi diriger toute au-
tre retraite... Il fallut toute l'énergique volonté de l'é-
vêque pour laisser le curé de Saint-Rémi diriger chez
lui une œuvre paroissiale. Chacun se soumit et tout alla
pour le mieux comme on va le voir.
La retraite des femmes commença le 16. Celles de la
campagne se réunissaient à Saint-Jean l'Ëvangéliste à
sept heures du matin « attendu que l'on sait bien qu'elles
« ont toujours beaucoup à faire et quelles n'ont pas le
« temps de revenir les après dinécs ; celles de la ville à
« Saiut-Remy et pour la commodité des dames il leur a
« été choisi l'heure de deux heures de l'après midi. La
« communion précédée d'une pro<:;ession eut Ueu les 26
« et 28 et les cérémonies furent les mêmes que pour les
« fiUes.
Le 1" juin eut lieu la retraite des hommes et la com-
munion le 14. « La foule des hommes éloit si grande
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« qu'oii n'en avoît jamais vu de pareille à Château-Gon-
« lier. Le 19 au soir on a planté la croix avec grande
« pompe et magnificence sur les fossés tout proche la
« porte d'OlIvet à droite de l'église que l'on bastit pour
« l'hospilal de Saint-Joseph où le P. Dassemal l'a lui-
« môme bénite en présence du clergé des deux égli-
n ses'... »
La communion des enfants eut lieu le 21 juin, jour do
la clôture de la mission. Ici Je laisse la parole au nar-
rateur : « On Hvoit préparé les halles à cause que l'é-
« glise Saint-Remy n'est pas assez grande pour le
« nombre du monde qui s'est trouvé et qui est venu
« de tous costés. Le père Dussemal avoit prié dès
« le matin tous ceux qui voudroienl do se mettre
« sous les armes et les hahitans de vouloir bien y as-
n sister avec Jeur torche en main, dont la ville a fait
« une compagnie et le faubourg d'Azé une autre qui
« étoient tous prêts dès une heure. On a sonné toutes
H les cloches de Saint-Remy pour l'assemblée de tout "
« le clergé des églises, du collège de N.-D. du Geneteil
« et de tous les fidèles avec chacun un cierge et le cru-
« citîx en main... On a mis une bannière de distance en
a distance pour maintenir les rangs et comme à Saint
« Remy ils n'ont p«s assez de bannières, ils ont em-
« prunté celles des autres paroisses d'alentour la ville ;
« la procession s'ouvroitpar les femmes et filles deux à
« deux ch'dntant les cantiques, puis les dames de la ville,
Il avec leur bannière, ensuite les hommes et garçons do
« la campagne, les hahitans de la ville avec leur tor-
» che, les gros bourgeois avec un sierge, la moitié des
« hommes en armes avec les tambours, puis le clergé
1. On venait, en efTet. quelques mois auparavant, de jeter les
r< nidation s rie In chnpelle lie Saini-.loseiil» qui fut terminée en
1723. Cette croix n'existe plus et a élé remplncée par une autre
que l'un voit à droite de la nouvelle chapelle reconstruite il y a
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<c en chasubles, le Saint SacremeDt, qui a été porté à
a deux par MesaieurB les curés de la ville René Mou-
« lain et M' Magdelon Martin curé du grand Saint-Jean
« et de Saint-Jean l'Evangéliste, le dais étoit porté par
« messieurs les nobles de la ville et d'alentour suivis
« des violons, venoient ensuite tous les messieurs de
« la justice et dn présidial, la compagnie en armes do
« la ville pour maintenir la foule... des décharges de
« mousqueterie eurent lieu devant chaque reposoir, à la
« croix et même dans l'église de Saint-Rémy au retour
« de la procession. Voici maintenant le parcours que
n suivit cette foule. Sont allés par la Porte-Neuve tout
a le long des fossés par dessous les ormes '... tout droit
« par la porte de Tréku, ont baissé la Grande-Rue, re-
K monté la rue des Juifs, passé par le Pilori, la rue des
n Pintiers, la rue d'Orrée et sont allés tout le long jus-
o qu'à la Grande Rue qu'ils ont baissé jusqu'au pont où
« il y avoit un reposoir qui a été fait et dressé à droite
« du porche et ensuite ont détourné par la rue de la
« Harelle, sont arrivés à droit du Port au Vin où il y
« avoit un second reposoir, ont remonté la rue du Che-
« val Blanc par devant Beausoleil jusqu'à la me
(c d!Ollivet qu'ils ont suivie, près la porte il y avoit un
« troisième reposoir, ont sorty hors la ville, sont allés
« par devant la croix, le long des fossés jusqu'à laporte
« neuve par où ils sont rentrés en la ville puis ont re-
« gagné les halles par derrière le palais. On avoit dressé
« un autel à la romaine dans la travée du milieu, entre
« celles du minage et des bouchers, à cause que l'on y
a voit de tous les costés. La bénédiction fut donnée par
« le curé de Saint-Rémy et ie Saint Sacrement reporté
« en cette église sous le dais porté par les mêmes nobles
1. Il existe encore quelques vieux ormes placés en dehors des
fossés et compris actuellemenl dans l'intérieur de l'alignement
des tilleuls et platanes qui forment les deux allées des nouvelles
promenades.
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« le clergé revêtu de chasubles. Là eut lieu une seconde
o bénédiction et une dernière décharge de mouaqueterie
H pour annoncer la fin de la cérémonie... Cette ppoces-
« sion telle qu'on n'en avoit jamaiavuà CIiAteaugontier
« dura de une heure à sept heures du soir. Malgré la
« longueur du parcours comprenant presque toutes les
B rues de la ville on fut obligé de faire suivre les ruelles
fl aux femmes qui à elles seules auroient garni la pro-
« cession, toutes les rues de la ville étoient tendues de
a toiles... » Cet usage a disparu il y a une trentaine
d'années : rien de curieux et de hizare comme le specta-
cle que présentait la rue d'OUivet où le gros drap du
pauvre figurait côte à côte avec la toile fine du riche...
Le lendemain eut lieu un grand service solennel pour
les trépassés. Le 4 juillet une retraite fut préchée aux
élèves du collège qui étoient alors au nombre de 120. Le
20 juillet, enfin, fut étabU à Saint-Rémi une confrérie de
l'adoration perpétuelle.
Veut-on savoir le nombre des personnes qui ont suivi
ces divers exercices ? Les filles de la ville et du fau-
bourg étaient au nombre de 981, celles de la campagne
1477, les femmes de la campagne 2222, celles de la ville
1383, les hommes et garçons de la campagne 3776,
ceux de la ville 1832, les garçons et filles de la com-
munion 710, ce qui fait un total de plus de 12,000 per-
sonnes !
Et encore » pour la processisn de clôture, on ne peut
H rien en rapporter du nombre, par l'excessive quantité
<c qu'il y en avoit et qu'on n'avoit jamais vu chose pu-
« reille à Châteaugontier!... »
Mais avant de terminer, il faut citer ici quelques-unes
des réflexions et impressions personnelles du narrateur.
H Les Jésuites se sont de suite rendus les maîtres à
M cause qu'ils savent mieux ce que c'est que de faire
« les missions, il n'y a ou qu'eux à faire les prières et
« prédications, avec le curé de Pressigné... Quoique
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: cette mission fût faicte pour un chacun de la ville et
[ dedans l'église Saint Remy, elle a plustot servy à
I ceux de la campagne qui se sont rendus si importuns
r pour faire leur mission qu'il sembloit qu'elle n'étoit
c autre chose que pour eux, tant ils se sont rendus
r achalans et même que personne ne pouvoit approcher
I des confession nais et qu'il y en a eu qui ne se sont
( pas contentés de faire une mission mais jusqu'à trois
< et quatre et les confesseurs étoient si ennuyés d'eux
( qui leur sembloit que c'étoil à jamais finir... Les
( messieurs les bénédictins du grand Saint-Jean et les
( messieurs les chanoines de Saiot-Just se disant tous
( ensemble les cures primitifs de la ville so sont voulu
( rendre les niaitres et empescher le curé de Saint-Rcmy
I de faire aucune cérémonie et mission, se disans les
( maistres de son église. Ce qui n'a pas empesché que
( malgré eux et toutes leurs menaces et sans leur avoir
< fait aucunf! soumission le cuié a commencé sa mission
< et l'a continuée sans les avoir appelés... et le tout a
< été fait suivant les ordres de Monseigneur d'Angers
( qui s'en est rendu lemaistre... »
Enfin, ajoute le narrateur « la mission a traîné en
( longueur ; au lieu de l'avoir expédiée le plus prompte-
I ment possible ils ont fait tout le contraire, se plaisans
< à faire venir un chacun de la campagne pour les expé-
I dier les premiers. C'est en quoi ceux de la ville ont
( été délaissés malgré qu'ils aient eu tout l'embarras et
t les missionnaires tout le profit : c'est pourquoi l'on
i peut dire que cette mission n'a été faite que pour l'in-
< terest des Jésuites, comme c'est la coutume... »
La Fontiùne avait bien raison de dire : On ne peut
<i ....contenter tout le monde el son père ! »
Paul de Farcy.
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LASSAY
SES ÉCOLES, SES COLLÈGES
I
« C'était jadis, selon l'expresaion de l'un de ses chro-
niqueurs, une hflureuse et fière petite ville que Lns-
aay'. »
Cet entliousinsme d'un ancien Lasséen ne semble pas
trop exagéré à plus d'un titre.
En qualité de gardienne des frontières de notre vieux
Maine, comme Ambrières, Gorron et autres villes forti-
fiées, son glorieux passé a été retracé par MM. le mar-
quis et le comte de Beauchesne. Nous n'avons rien à
ajouter aux détails qu'ils nous ont donnés dans leurs
dilTérents travaux sur Lassay à ce point de vue*.
Comme cité commerçante, notre petite ville qui jus-
qu'en 1740 renfermait à peine 200 feux*, près de la moi-
tié de ?a population actuelle, tenait l'un des premiers
1. Manuscrit inédit sur Lassay pendant la Révolution, de 1789
à 1792.
2. Voir enlr'aulres VEssai historique sur le c/idleaa de Lassay,
et les deux articles publiés par la Commission historique de la
Mayenne, t. IV et 2* série t. II.
3. J. Mars donne, dans son journal manuscrit, le détail de»
maisons « innovées « de 17'iO à 1813, au nombre de 64. Ce chif-
fre a doublé depuis.
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— 406 —
rangs dans la contrée, grâce à son activité et à ses
avantages particuliers.
Outre SOS doux chiUeaux de Lassay et du Bois-Thi-
bault dont les propriéU'^s s'étendant sur trente paroisses
doublaient son importance, son grenier à sel fournissait
annuellement vers 1700, dix-noufmuids de sel '.Quarante-
trois paroisses relevaient de sa juridiction ',
Ses belles haltes, dont la charpente, d'après Lepaige,
faisait Tadmiralion des étrangers, voj'aicnt cliaque se-
maine de nombreux marchands se presser dans leur
enceinte''.
i< Le commerce qui consistait en toute esjièce de
marchandises, lin, fil, laines, bestiaux etc., dépassait le
chiffre annuel de quatre millions*. » Toutefois, ce qui
faisait la fortune et la réputation de Lassay, c'était le
talent particulier avec lequel ses habitants et ceux des
environs filaient le Un de Flandre et de Picardie acheté
sur place et amené par balles sur ses marchés par les
Maleuvre, les Nugue, Tarot, etc.
Laval, Mayenne, Alençon venaient chaque mercredi
sur la place de la Pointe ^, faire les meilleurs approvi-
sionnements pour leurs fabriques.
Avec tous ces avantages les Lasséens, pour la plupart
1. Le muid, qui contenait à Paris 2,478 lilres, n'aurait été dans
le Maine que de 1,000 litres ou de quatre boisseaux, s'il faut en
croire l'Annuaire de la Mayenne, an XII, p, 257.
2. D'après un registre de distribution pour Coucsraes en 1745.
3ue J'ai entre les mains, cette commuOe y ligure pour 44 minois
e sel, environ 3. 500 litres. La contrebande, oui sefaisait sur une
large échelle, suppléait à l'insulTisance des distributions particu-
lières, en procurant du sel de Bretagne à bien meilleur marché.
'i. Dictionnaire du Maine, art. Lassay.
4. Mémoire pour réclamer le district à Lassay en 1789 et 1790,
présenté aux États- généraux par Gamier, s'' de la Gouainiâre et
5. Place comprise entre la route d'Ambrières actuelle et la
rue du Château, réservée autrefois pour lu commerce du fil et
du chanvre.
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commerçants ou employés A divers titres aux juridic-
tions du marquisat et du grenier à sel', devaient com-
prendre la nécessité de l'instruction, et s'associer de
bonne heure au mouvement litti'iraire qui succéda aux
guerres de religion à la fin du XVI* siècle.
La France, épuisée par les guerres incessantes dont
l'Anjou et le Maine avaient vu se dérouler le dernier
drame lors de la Ligue, profitait alors d'une paix long-
temps désirée pour se livrer à des carrières moins dé-
sastreuses dans lesciuelles elle trouvait richesse, tran-
quillité et bonheur.
Le monastère de Saint-Fraimbault, situé à quinze cents
mètres de la ville, qui avait été le grand bienfaiteur de
la contrée pendant huit siècles, avait été détruit par les
I. Voici d'après le mnnusi-nt cité ppi'oôdfmmcnt les princi-
paux employés en 1789 :
Pour la juridiction seiG:neuriale ;
i" Un bailli, mcssire Jnii(|iic.s Kené du Fay, éeiiyer, sieur de
la l'ommerie, avocat ou grand <;oiiseil, juïe général civil et cri-
minel de police et des eaux et forùts. lieutenant entiuéleur et
examinateur au siège ordinaire du marquisat de Lassay et séné-
chal de lu seigneurie du Bois- Thibault.
2° Un avocat fiscal ; M. François Thouniin.
3° Un procureur du roi : M. IHerre-îMouard Bottu de la Mori-
cière.
4° Un greffier et notaire royal : Nf. Jean-Louis Raimbault,
5° Un huissier royal : M. Jean-Baptiste Delaunay.
6° Huit avocats n ayant d'outre ctot que leur imifession : MM.
Julien Thoumin, Julien Tuoult Vauloger, Jean-François Haim-
bault, M athurin -Jacques Barré (ils, Denis Jahan de l'islet, Ni-
colas-Louis Barbé, Gamier de la Gouainière, du Fay fils.
La juridiction â sel, qui se tenait comme la première sous les
halles, se oomnosait de cinq principaux employés :
]• Un président : M. Jean l'iette de Moutr<iurault.
2° Un grainetier à sel : H. Butlu de la Blottière.
3" Un contrôleur ; id.
i* Un procureur du Itoi : M. Nicolas Le Marchand.
5. Un greffier receveur r M. Foucher de Commerson.
Ajoutez ô cette nomenclature trois bureaux pour le contrôle, les
aides et sabelles. et le tabac ; trois notaires royaux ; Jean-Louis
Raimbault, Joseph-François Maillard et Cluude-Bcné Champion
Sourdcrie, vous aurez un tableau complet de Lassny au jmiut de
vue administratif, qui ne s'est guère modifié pendant le cours du
XVIII- siècle.
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Anglais ' ; mais sur ses ruiqea s'étaient fixés les cu-
rés de Sainl-Fraimbault de Lassay, heureux d'y conti-
nuer la mission civilisatrice et les œuvres du saint fon"
dateur ^.
Nous les verrons dans cette courte étude répondre
dignement aux vœux des habitants. Au grand avantage
de la paroisse, ce sont tous, à trois exceptions près, des
Lassécns pendant plus de deux cents ans [de 1582 à
1817) appartenant aux principales familles bourgeoises
et joignant à leur aisance personnnclle l'influence de
leurs talents et de leur position. Secondés par un nom-
breux clergé, aidés par quelques fondations et princi-
palement par la générosité des seigneurs de Lassay,
ils dotèrent leur paroisse d'écoles et de collèges à la sa-
tisfaction générale.
Grâce à leur zèle, notre petite ville, au premier rang
pour défendre le Maine, ne sera pas au dernier pour
rendre des services d'un autre genre et non moins pré-
cieux dans les différentes carrières ecclésiastiques et
administratives.
u
ECOLES ET COLLÈGE PRIMITIF UE LASSAY
1616-1732
Au commencement du XVII' siècle Lassay, comme
les communes un peu importantes, avait des écoles or-
1. Voir Vie de Sai/il-Fraimhaull, par l'auteur, p. 73.
2. Avant 1792, la commune de Lussay comprenait deux sec-
lions h peu près semblalilos uux sectinnit actuelles, deux fa-
hnques aisUnctes, avec une seule paroisse. Les curés demeu-
raient au bourg de Saint- Fraimbault, ainsi que le premier vi-
caîpe. Un second vicaire ^(ait fixé h Lassay j)our resservir la
(hapellede N.-D. du Hoclier qui dépendait de l'église parnissiale.
Aux quatre ÎHet de Pâques. rAssoniptiou, la Toussaint et Noël,
tous les ollices devaient se faire dans cette dernière seulement.
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ganîsées et soutenues par des fondations. C'étaient d'a-
bord, selon l'usage, l'un des vicaires, un des sacristes
et quelques personnes dévouées qui donnaient des no-
tions élémentaires, réservant pour un petit nombre de
sujets, privilégiés par leurs talents ou leurs positions,
des leçons plus complètes'.
A cela dut se borner Mathurîn Bilheust, curé de la
paroisse (1588 à 1609] ancien aumdnier ordinaire de la
trop fameuse Catherine de Médicis*.
Il avait d'ailleurs d'autres chargea plus pressées.
Pendant que Lassay, protégé par son château, sortait
sain et sauf des dernières guerres des calvinistes, la
campagne avait été dévastée par le vandalisme des frè-
res Le Hérissé et de leurs bandes. Quelques débris de ces
pillards, moins redoutables cependant que les premiers,
sillonnaient encore nos contrées jusqu'en 1621 3.
L'église de Saint-Fraimbault et le presbytère n'a-
vaient pas échappé au fer et à Tincendie qu'ils se plai-
saient à allumer surtout dans les édifices religieux. De
là des travaux nécessaires de restauration qui ne sc-
1. Ilesl inutile, après les nombreux travaux de mes devancier»,
de traiter la question de l'orifunisation de ees écoles et de l'état
de l'instruction avant 1769, bien connue des lecteurs. Je me bor-
nerai donc aux faits et aux déductions qui en découlent. Voir
pour plus de détails, cntr'outres : M. I^eblanc, ColUge de Villai~
nes-la~Juiiel et M. Queruau-Lamerie, Irisiriiciion publique à
Laval avant le XIX' siècle, publiés dans cette revue,
2. Le 4 décembre 1588, Ilélyc Maubré est installé comme curé
de Chanlrigné par Mntburin Bilheust, prestre licencié en l'un et
l'autre droict, aulmusnter ordinaire de la royne. mère du roi très
chrestien de France et de Pologne, curé de FJaint-Praimbault de
Lassay, notaire publi<^ et apostoliaue du Mans (Note communi-
quée par notre regretté confrère, M. Bernard].
3. Voir, sur la destruction des dernières bandes : Le Clidieau
féodal de Domfront, par M, Blanchctière, p. 98.
D'après une note que je dois à la bienveillance de M. le comte
de Beaucliesne, le ib janvier 1616, les ornements les plus pré-
cieux de réfiise de Molleray étaient mis en garde au chAteau du
Bois-Tbibault, à cause de présents troubles de guerre. Plusieurs
paroisses voisines étaient obligées de recourir a la même mesure
de précaution, à cette date, pour éviter les pillages.
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ront terminées qu'en 1629, grâce à Kustache Thoumin,
par la reconatruction de la tour actuelle de Tégliae.
Le successeur de Mathuriu Bilheust, Jehan des Hayes,
verra l'œuvre des écoles favorisée par une précieuse
fondation due à la générosité de Marguerite Espinay,
veuve de Christophe Piette, s' de Balade. Dans son
testament, daté du 16 septembre 1616, trop long pour
être reproduit ici, la testatrice confirme d'abord une
fondation précédente faite par son mari. Après d'autres
dispositions elle ajoute : « et surplus qui se monte pa-
reille somme à dix huict livres, qu'elle soit délivrée à un
régeant qui enseigne les enfants en lad. ville de Lassay,
pourvu qu'il y soit admis par la communauté des habi-
tants, à la charge que ledit régeant assistera à la célé-
bration du Stabat et autres prières avec le vicaire. »
Cette fondation fut bientât suivie d'une autre plus
importante en faveur de Lassay et des environs.
Le 28 juin 1632, Renée du Pont, veuve de Jean Es-
pinay, s' do Lousier, désireuse de l'instruction de la
jeunesse de Lassay et ailleurs, » fondait en faveur
du régent du collège de la dite ville de Lassay, une
rente de 30 livres sur la terre de la Rigaudière en le
Horps.
C'est le premier acte où il est fait mention d'un
collège, titre que l'on trouve souvent répété jusqu'à
la fondation du collège de 1738. Nous gardons fidè-
lement cette expression, tout en faisant les réserves
de nos prédécesseurs sur l'étendue à donner au ter-
me lui-même qui était appliqué alors aux écoles ordi-
naires.
Par suite de ces deux fondations auxquelles s'en joigni-
rent plusieurs autres moins importantes qu'il est inutile
d'énumérer ici, on voit ordinairement, jusqu'au XVIII'
siècle, deux régents chargés des écoles de Lassay : le
vicaire de N,-D. du Rocher et un prêtre habitué investi
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d'une des presUmonies fondées dans cette paroisse
comme honoraire de sa charge'.
C'est ainsi qu'après Joachim Troseille et Jacques Len-
faut, premiers maîtres connus, nous trouvons Julien
Garaier, prestre, principal régent de cette ville, conjoin-
tement avec Jean Housseau, vicaire de ta chapelle de
Lassay.
En 1695, Julien Langevin^, régent du collège de cette
ville, eut à soutenir contre les héritiers de René du Pont
un long procès relatif à la fondation qui ne se termina
qu'en 1724.
A cette date François Lottin, vicaire et régent, reçoit
par suite d'une transaction 60U livres, dont l'intérêt sera
de 30 livres pour les prêtres habitués de Lassay, et re-
met le capital, à titre de prêt, à Dutertre, procureur de
la fabrique de N.-D. du Rocher.
P.. Lottin donnait également, en 1733, une quittance
pour acquit (lu legs de Marguerite Espinay, â MM. Piette
de Montfoucault, Dutertre et Bottu, héritiers, et cela ea
qualité de maistre d'école en la ville de Lassay.
Nos régents, qui fournirent un long stage, remplis-
saient leur devoir à la satisfaction générale. C'est là ce
qui explique la conduite des Lasséens en 1662.
Un prêtre de Céaucé, M. Jean Pottier, docteur de la
1. Les quatre principales prestimnnies étaient : celle de la Pré-
trie, pour la chapelle Ôainte-Catherine au Buis-Thiliault, estimée
185 livres : celle de Baint-Dlaise, estimée 60 livres dans la cha-
pelle N.-D. du Hocher, celle des Bilteust, dans t'é^lise Saint-
Fraimbault de Lassay, dont les revenus ne sont pas connus, et
enrin celle de Saint-Joseph au village de la Mançonniëre, estimée
200 livres, fondée en 1651, dans la chapelle de ce nom, par Eusta-
che Thoumin, curé de la paroisse.
1. C'est à ce préti'e que la ville de Lassay doit son cimetière
actuel. J. Lans'evin acheta le terrain en 1719 pour 300 livres et
le donna à la fabriee et habitants de la ville. Avant ce don, tou-
tes les sépultures, en dehors de celles de la chapelle même et
du couvent, se faisaient à Saint- Fraimbault dans te grand et le
petit cimetière. Le passage, sur une partie de l'ancien parcours,
a encore conservé le nom de Hue aux Morts.
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- 412 -
Sorbonne, voulut consacrer une partie de sa fortune à
la fondation d'un collège complet. Ses relations avec
Lassay où trois membres de sa famille étaient fixés par
suite d'alliances', lui inspirèrent la pensée de proposer
cette fondation à cette dernière ville, bien placée pour
une œuvre de ce genre. Les habitants, mal inspirés ce
jour-là, ne voulurent pas se prêter aux vues du généreux
bienfaiteur. C'est alors qu'il dota Céaucé d'un collège
qui, d'abord florissant, ne répondit pas dans la suite à
ses desseins^. Nous en verrons les preuves quand, au
nom de Lassay, le curé et un grand nombre de ses con-
frères réclameront en vain cette fondation.
Pendant que l'on offrait aux jeunes gens une éduca-
tion convenable, celle des jeunes personnes n'était pas
négligée.
Dès 1631, Eustache Thoumin fondait le couvent des
Bénédictines, qui aura, jusqu'à leur dispersion en 1792,
de nombreuses pensionnaires tant de Lassay que des
environs ^. En faveur des enfants pauvres, René Des-
landes assure pour la maîtresse d'école une rente de 45
livres {18 septembre 1712) ; et enfin une autre de 17 livres
18 sols est fondée par Cbauvin, Boussclct et Baguclin en
1725.
Tels sont les détails quelque peu intéressants que
nous avons pu recueillir sur l'instruction à Lassay pen-
dant ce que nous pourrions appeler sa période primitive.
1, A cette époque noua trouvons trois stours fixées à Lassay ;
Charlotte Pottier, épouse <lc Jncqiies du liois : Barhe, épouse de
Guillaume de la Motte, sieur de I.auuay et Françoise, épouse de
Guy Chesneau, s' de Vieuxmont.
2, V. Les Collèges de Ciaacé et de Domfront, par M. I^uis
Duval, et Le Collège de Céaucé, par M. A. Salles, Revue de la
Société historique et archéologique de l'Orne, tomes II et IV.
Lu fondation de M. Pottier. Tune des plus importantes de cette
époque, assurait 1200 livres de rente pour trois récents, fondées
sur des maisons sises au boui^ de Céaucé, plusieurs piâues de
teiTe et deux diupelleuics.
3, V. Recherches sur les Bénédictines de Lassay, p. 66.
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Celle qui suivra nous offrira le tableau d'une instruc-
tion complète à tous égards, ne laissant ricu à désirer
pour les habitants de Lassay, à quelque condition qu'ils
appartiennent, au point de vue matériel et spirituel.
III
COLLÈGE ET BCOLES DE LASSAY
1738-1792
Le 21 février 1738, Armand de Madaillan de Les-
pnrre, Iroisièmo marquis de Lassay, mourait en son hô-
tei à Paris, léguant à son fils Léon une immense fortune
et toutes SOS affections pour sa chère ville de Lassay,
où il voulut même que son corps vint reposer en paix '.
Léon recueillit pieusement ce double héritage et vou-
lut mémo surpasser son père en générosité.
Dès le mois d'avril 1738, le 28, le nouveau marquis
de Lassay, « ayant considéré combien la bonne éduca-
tion et l'instruction de la jeunesse e.st agréable à Dieu
et nécessaire aux hommes, et voullant traiter favorable-
ment ses habitants de sa ville et terre de Lassay et leur
donner des marques de sa protection et bienveillance en
leur procurant le moyen de faire, à l'avenir et à perpé-
tuité, estudier et instruire leurs enfants » leur offrait
une fondation pour deux régents, avec charge d'ensei-
gner gratuitement le latin depuis la sixième jusqu'à la
rhétorique inclusivement *.
Le privilège de la gratuité était seulement accordé à
Lassay. Quant aux étrangers, les régents pouvaient
1. V. Rasai /lislorii/ue nur le château de Lassai/ et Recherchei
tur Us Bénédictines de Lassay. pp. 24 et 62.
2. V. aux pièces justificatives n" 1, l'acte du fundaliou eu eii-
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- 414 -
prendre les pensions ou récompenses qu'Us aviseraient .
à condition toutefois que leur première et plus grande
attention à bien montrer et bien enseigner fût pour
les enfants de Lassay.
Les régents étaient révocables à la volonté des sei-
gneurs ; ai les habitants avaient à s'en plaindre ils de-
vaient en référer à ces derniers pour y faire droit après
enquête.
La fondation était de 500 liri'es, au principal de 20,000
livres constituée sur les aides et gabelles de France*.
Léon confia le nouveau collège à Pierre Morice, diacre,
de Thubœuf, et à Jean Morice, sous-diacre, du Hous-
seaa, qui avaient déjà fait preuve de probité et de ca-
pacité en enseignant ta jeunesse de Lassay.
Les Lasséens s'empressèrent d'accepter la généreuse
fondation de Léon de Madailtan qui les dédommageait
de celle de Céaucé, vivement regrettée par eux après
réflexion trop tardive.
Réunis à ï'iasue des vêpres, à la grande porte de la
chapelle de N.-D. du Rocher, ils dounèrent, le 18 mai
1738, une approbation et acceptation reconnaissante à
l'acte de leur nouveau bienfaiteur-.
La ratification du roi, constituant en même temps la
fabrique de N.-D. du Rocher propriétaire du capital de
la rente, eut lieu le 20 juin 1738.
Aucun bâtiment ne fut affecté spécialement pour ce
collège ; il fallut, par diverses locations, pourvoir à l'ins-
tallation des classes. C'est là ce qui explique une déli-
bération du conseil municipal en datedu28févrierl7903.
Il décide que, pour régler définitivement les réparations
i. D'après un acte (les archives départementales, Armand avait
acheté ces rentes de René Darguiatade, seigneur de la Maillar-
dière, Saint-Fulgent et autres lieux, maire de Nantes.
2. V. Pièces juslilîcattves, n» 2.
S. Vuir ëgalenient ui-dessous la nominutiou de M. Bonnel en
1775.
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locative8 et autres de l'ancien collège, situé dans les ap-
partements de M. Peschet, sur le champ de foire', la
commune autorise le principal à recevoir et à faire payer
vingt et une livres aux écoliers actuellement enseignés
audit collège. Le même jour, il donne pouvoir à
M. Bottu-Blotiêre, de prendre à bail pour trois ou aix
ans, à partir de Pâques 1791, deux appartements dépen-
dants d'une demoiselle Raimbautt, situés proche l'église,
moyennant 54 livres par an. Ces dispositions durent
être prises dès le commencement, sauf la gratuité qui
fut maintenue pendant les premières années.
Les élèves étaient logés chez leurs parents et les
étrangers prenaient pension chez les particuliers.
Les deux abbés Morice se montrèrent à la hauteur
de leur nouvelle charge.
Dès l'année 1741, ils olTraient à la ville une fête peut-
être nouvelle pour les habitants, à l'occasion de la dis-
tribution des prix.
Une feuille grand in-folio, imprimée à Alençon, chez
Malassis, imprimeur du roi et du collège donne le pro-
gramme en ces termes, en même temps que les noms des
acteurs :
« JOSEPH, tragédie françoise, tirée de l'Ecriture
Sainte,de M. l'abbé Genest.
« POLYEUGTE, martyr, tragédie chrétienne, de P.
Corneille.
« Seront représentées sur le théâtre du collège de
Monsieur le marquis de Laasay, par les écoliers du même
collège, pour la distribution solennelle des prix,
« Le 28"" et 29"° jours du mois d'aoust ; si le temps
est pluvieux, les jours suivans, sur les huit heures du
matin ^. »
1. C'est l'hdtel de Normandie actuel, au-dessus du cimetière.
1 des acteurs de la première pièce
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La fête du lendemaio fut uuasi brillante que celle de
la veille. Les élèveH jouèrent les deux pièces suivantes :
Joseph, fils de Jacob et de Bachel, Pierre-Loûis Bouge de la
Motte, d'Ëvron.
AzANETH. remme de Joseph. Michel- François Bouvier de la Gri-
vclière, de la Baroche-GondoUin.
HuBBN, frère aîné de Joseph. René le Marié, de Sainte-Marie-
du-Bois.
SiMÉoN, frère aîné de Joseph. Michel Morice du Boulai, de
Thubeuf.
JuoA, Trère atné de Joseph. Jean-Baptiste Mauguil du Homme,
de Sainl-Loup-du-GasI.
M;
Benjamin, jeune frère de Joseph. Michel-LoUis Daniel de la
asure, de Veueeons.
Sepl autres Frères de Joseph. '
TiiiAHis. Intendant de Joseph. Julien Patou, de Thubeuf.
HÉLV, vieil lli'breu qui avait élevé Joseph. Juseph-Jean-Uippo-
lyle Allard de la Bnisse, de Lassai.
Thehhutis, confidente d'Azuneth. Guy-LoOts le Marchant des
Mortiers de la Hfiirie. de Lassai.
Officier éf^yptieii. Michel Tuault de Launai, de Courberie.
Phahaok, roi d'Egyplc. René Haine de la Hebourgére, de Mel-
lerai.
Gardes de Pharaon. "*'
La scène esta Memphis, capitale d'Egypte.
Voici les personnages el acteurs de la seconde pièce :
FiLix, sénateur romain, gouverneur d'Arménie, Joseph-Jean-
Ilippolyle Allard de lu Brosse, de Lassai.
PoLïEucTE. seigneur arménien, gendre de Félix, François Mau-
guit du Rocher, ae Saint- Loup-du-Gast.
Sévèhe, chevalier romain, favori de l'empereur, René llairie de
la Keliourgère. de Mellerai.
NÉAnoue. seigneur arménien, ami de Pulyeucte. Kené Foucault
delà Maillardie- ''■■ "•—
Paulike, lille de Félix, et femme de Polycucle. LoUis-Anne te
Baillif, de Lassai.
Sthatonice, conlidenle de Pauline. Jean-Baptiste Maug^il du
Rommé, de Sninl-Loun-du-Gast.
Albin, confident de Félix. Ju lien- Antoine Allard de la Brosse,
de Lassai.
Fabiah, domestique de Sévère. Michel -François Bouvier de la
Orivelière, de la Baroche-GondoOin,
Cléon, domestique de Félix. Michel Morice du Boulai, de
Tobeuf.
Trois gardes, "',
La scène est â Mélitène, capitale d'Arménie, dans le palais de
Félix.
,^-GoogIc
^«7 -
« LE GLORIEUX, comédie par M. Nericault des
Touches de T Académie Françoise'.
« LE JOUEUR, comédie corrigée. »
Comme on le voit par les acteurs, les leçons des ab-
1. Personnages el noms des «cteurs de la première pifte : (2»
jour).
LisiHON, riche bourgeois anobli. René Ilairie de la Rebour-
gère, de Melterai.
Isabelle, tille de Listmon. Michel-LnUis-Daniel de la Masure,
de Vengeons.
Valèhe. fils de Lisimnn. LoQis-Aune le Baillir. de Lnssai.
Le comte de Tufière, amunt d'Isabelle. François Mau^uit du
Rocher, de 8aint-Loup-ilu-Gnst.
Philinte, milre nmant d'Isabelle. Jeim-Baplistc Maugiiit du
Rommé, (le Saint-Loup-du-Gast.
Lycundre, vieillard mcunnu. Joseph- JeaO'IIippolyle Allard de
la Drossi', de Lnssni.
Lisette, femme de chambre d'Isabelle. Juhen-Anloine Allard
de la Brosse, de Lassai.
Pasquis, valet de chambre du comte. Rem' Foucault de la
Maillardière, du Hnus.seau.
La Fleur, latjunis du comte. Guy-Louis le Marchant des Mor-
tiers de la Haine, de Lassai.
M. JossE, notaire. Michel Tnault de Launai, de Courberie.
Un laquais de Lycandre, Itené le Marié, de Sainte-Marie du
Bois.
La scène est à Paris, dans un hAtel garni.
Personnages el noms des acteurs de la secande pièce :
GÉROHTE, père de Valère. Julien Pittou. de Tulicuf.
Dorante, oncle de Vnlérc. l'ierre-Louis Bouge de la Motte,
d'Evron.
Valèhe, joneur. ReniMIitaire de la Kiibouraèi-e, de Mellunii.
Anselme, frère inconnu de Dorante et de Geroule. Hené le Ma-
rie, de Sainte-Marie du Bois.
Fabrke. (ils d'Anselme. Guy-Louis le Marchant des Mortiers
de la Ilairie, de Lassai.
Le Mar<;ui3. Julien-Antoine Allard de la Brosse, de Lassai.
Hector, valet de Valère. René Foucault de la Maillardière, du
Housseau.
La Flèche, valet de Dorante. François Mnugiiit du Rocher, de
Saint- Loup-d u -G asi .
M. nE LA Ressource, usurier. Michel Tuault de Launai. de
Courberie.
M. Adam, marchand carrossier. Joseph-Jean-IIippotyle Allard
de la Brosse, de Lassai.
M. Galonnibh, tailleur. Michel-Morice du Boulai, de Thuboeuf.
M. Tout-a-bas, maître de tric-trac. Michel-Morice du Boulay,
de ThubœuL
La scAne se passe à Paris dans un hAtel garni.
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béB Morice n'étaient paa Beulement appréciées par les
habitants de Lassay. De nombreux étrangers s'étaient
déjà empressés de se mettre soub leur habile direction.
Nous n'avons pu retrouver de nouveau programme
jusqu'à celui de 1776, que nous reproduirons à cette
date. Sans aucun doute chaque année scolaire fut cou-
ronnée par des fêtes de même genre.
Léon de Madnillan, heureux et fier du succès de sa
première fondation, voulut bientôt donner à sa chère ville
une nouvelle preuve de son affection et de sa générosité,
dont les résultats devaient être plus avantageux encore.
Les pauvres y étaient les principaux intéressés.
Le 29 juin 1747, il faisait venir à Lassay trois reli-
gieuses de la Chapclie-au-RibouP, aux trois conditions
suivantes :
1** Instruire la jeunesse de la ville et paroisse ; lui ap-
prendre à lire, écrire et calculer.
2' Avoir soin des pauvres, et pour cet effet savoir soi-
gner, entretenir une apotiquarerie {sîc) pour fournir aux
malades les remèdes qui leur sont nécessaires.
3° Leur faire et porter le bouillon, la viande et le pain
dont ils auraient besoin jusqu'à leur rétablissement, et
leur donner tous les secours spirituels et corporels dont
elles seront capables, le tout gratuitement.
Pour celte fondation, le marquis de Lassay cédait à
la fabrique de la chapelle de N.-D. du Rocher 400 livres
de rente au principal de 16,000 livres constituées sur les
aides etgahelles de France, dont 300 livres pour la nourri-
ture et l'entretien des sœurs et 100 livres pour subve-
nir aux besoins des pauvres. De leur côté, Jean-Baptiste
Bignon, curé de Saint-Fraimbault de Lassay, et Simon
de la Chauvière fournissaient le mobilier qui leur coûta
). Berceau de la Congrégation des Sœurs d'Evron, fondée en
1682, par M™" Tulard. Nous nous bornons à mettre aux pièces
justificatives, n° III, l'acceptation de.s aœur.s qui résume les con-
ditions de la fondation.
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600 Uvrea. De plus, à la mort de l'aEcienrie mallrcssc
d'école, 400 livres dont elle jouissait comme intérêts de-
vaient être consacrées aux pauvres.
M. Bignon couronna ces différentes œuvres par une
seconde école de charité en faveur des garçons. Par
l'entremise de Bioche, agent de change, il constitua à
cet effet, en juin 1758, une rente de 125 livres sur les
aides et gabelles. Cette école fut placée au carrefour de
la Croisette dans la chapelle Saint-Sauveur'.
Celle des filles se trouvait dans les maisons près de
la place du Bollc ^.
C'est ainsi que, grôce à toutes ces généreuses fonda-
tions, Lassay n'avait rien à envier aux villes les plus
favorisées.
Nous ne nous arrêterons pas davantage sur ces éco-
les secondaires pour revenir à notre collège.
Neuf an-s après sa fondation, en 1747, le nombre des
élèves de notre collège était trop considérable pour les
deux régents charges de les instruire. Malgré leur
bonne volonté, il ne pouvaient remplir que difficilement,
on pourrait même ajouter bien imparfaitement la mission
qui leur était confiée. Car en supposant le chiffre de
cent élèves indiqué dans l'enquête de l'an IX, il est bien
difficile à deux professeurs de suffire à la tâche pour
remplir le programme tel qu'il était tracé, à moins d'un
dévouement et d'une force extraordinaires. Ils étaient
surchargés du travail de cinq professeurs dans les con-
ditions ordinaires pour tout collège bien organisé, ayant
huit heures de classe à faire par jour, et chargés, outre
1. Cette chapelle, qui a dispsra depuis la révolution, servait
aux Bi^nâdictineK. ainsi que la maison actuelle de M. Corbin,
pendant la construction de leur couveni. Sur ses ruines on voit
une charmille paralli^lement à la roule de Lassay à Pré-en-Pail
(V. Bec/ierc/ies sur les Bénédictines, p. 10).
2, Maisons de M. Morice.
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-iso-
les langues, des éléments de la géométrie et de la géo-
graphie.
Par ailleurs la fondation de Léon de Madaillan était
insuflisant^ pour assurer un traitement convenable à un
plus grand nombre de professeurs. D'un autre e6té le
collège de Céaucé, dont la fondation avait été si mala-
droitement refusée par les habitants de Lassay pour
leur ville, était loin d'être prospère.
Tous ces motifs inspirèrent à M. Bignon ia démarche
suivante qui aurait permis de doubler le nombre des
maîtres sans exiger de nouveaux sacrifices de la ville.
11 réunit un grand nombre de ses confrères et tous
d'un commun accord prièrent le marquis de Lassay de
s'entendre avec Mgr Charles-Louis de Froulay, évêque
(lu Mans, pour transférer à Lassay le collège de Ceaucé
avec ses revenus '.
La supplique était ainsi conçue :
« A Monseigneur le marquis de Lassay,
« Monseigneur,
a Les curés de....
a Vous représentent très humblement qu'estant obligés
par leur état à veiller à tout ce qui intéresse le publicq
et ce principullement l'éducation de la jeunesse, ils ne
peuvent se dispenser de vous faire part de leurs ref-
flcxions au sujet du collège de Ceaucé qui en fait la ma-
tière depuis un grand nombre d'années.
« En 1662, maistre Jean Potticr, natif deCeaucé, pros-
tré docteur en théologie de la maison et société de Sor-
bonne, théologal et chanoine de l'église de Saint-Alalo,
eut envie de créer un collège dans sa patrie, son zellc
pour le bien public lui fist jetter les yeux sur la ville de
Lassay, distante de deux lieues de Ceaucé, mais les ha-
bitants n'ayant pas connu alors leurs interrets, il le
1. A la supplioue élait jninte une ciipie de la fondation du col-
lëg'e de Oeaucé autit lu reproduction nous entraînerait trop loto.
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- 4îl -
porta à leur refus à Ceaucé et y attribua, pour l'entre-
tien de troia régents, douze cents livres de rente qui au
moyen des remboursementB faits en 1720, sont aujour-
d'huy réduits à sept cents livres.
« Ce collège eut d'abord quelques8uccès,inat3soitque
l'air y soit contraire à la jeunesse qui y est attacquée
de la gratelle ', soit que les habitants voisins n'y trou-
vent pas leurs commodittés pour la nourriture ou pour
le logement de leurs enfants, parce que ce n'est qu'un
petit village qui manque de maisons et d'habitants il est
tombé dans l'inaction depuis plus de cinquante ans, de
manière que le professeur de réthorique et de troisième
n'ont qu'un écollier, et celui de cinquiesme et sixiesme
n'en ont que trois, auxquels ils montrent à lire seule-
ment, le public a été dédommagé de cette perte par la
fondation que vous avés eu la bonté de faire depuis huit
à neuf ans de deux régents n Lassny, mais au moyen
des commodités que les voisins trouvent à y envoyer
leurs enfants, du progrès qu'ils y font, ces mêmes ré-
gents qui conduisent leurs écoIHers jusqu'en réthorique
se trouvent si surchargés qu'il est à craindre qu'ils ne
puissent s'acquitter à l'avenir aussy dignement de leurs
fonctions qu'ils ont heureusement fait jusqu'à présent.
« C'est sur ces différents motifs que les supphanis se
sont déterminés à vous supplier de vouloir bien les aider
de votre crédit et de votre authorité conjointement avec
Monseigneur l'évcsque du Mans pour favoriser la réu-
nion du collège de Ceaucé à celui de Lassay. Elle est
d'autant plus nécessaire qu'elle remplira l'intention du
fondateur du collège de Ceaucé qui est aujourd'huy sans
exercice et inutillc au publicq, et qu'on établissant deux
nouveaux régents à Lassay, ils seront en état avec les
deux qui y sont de donner l'éducation si nécessaire à la
jeunesse et de ne laisser rien désirer A ce sujet.
1. Gale.
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— 42Î —
« Il se trouvera d'autant moins de difficulté à cette réu-
nion qu'on ne la demande qu'au fur et à mesure que lea
places de Ceaucé deviendront vacantes, et qu'on est sûr
que les curé et habitants dudit lieu qui en connaissent
l'utilité et qui en sont les présentateurs, la désirent,
qu'ils n'y souffrent d'ailleurs aucune perte, parce que le
même fondateur y a fondé encore deux chapelles à la
charge d'enseigner les petites écolles. Si au contraire les
régents en place désirent professer et remplir l'employ
auquel ils sont destinés, ils auront la liberté de le faire
dès à présent à Lassay.
« A l'égard des douze messes qui sont à la charge des-
dits trois régents, elles seront desservies où il plaira à
Monseigneur l'Evesque du Mans. Les suppliants se
Uattent que vous vouderez bien les favoriser dans un
dessein si utile au public et ils continueront leurs vœux
pour votre santé et prospérité.
« Bignon, curéde Lassay; Bouvier, curé delà Baroche,
doyen de Lassay; Michel Chappon, curé de Thubœuf;
J. Bouvier, curé de Charchigné ; J. Le Boisne, prêtre
curé de Sainl-Julien-du-Ten-oux ; F. Boissière, prieur
curé de Chevaigné ; F. Coupel, du Rihay; C. Foulon,
ancien prieur curé de Courberie; René Loriot, prieur
curé de Courberie ; René Olivier, curé de Melleray ; Mi-
chel Daniel, curé du Housseau ; René de Graindorge,
curé de Sept-Forges ; Piau, curé de Saint-Denys de
Villenette ; Pierre-Auguste Patou, curé de Rennes ;
R. Retours, prieur curé de Bretignollea ; J, Bouge, prê-
tre curé de Chantrigné ; Bigot, curé du Horps ; R, Ba-
reau, prêtre curé de Champéon; C. de Sallayne, curé
de Poulay ; A. Daupetay (1747), curé de Montreuil ;
Pichonneau, curé de Saint-Loup-du-Gast ; J. Paucton,
prieur curé de Tessé ; Chevreau, curé de Crennes-sur-
Fraubé; Guichard, ancien curé de Niort; R. Guichard,
curé de Niort. »
On remarquera queparmi les signataires ne figure pas
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- 4Î8 -
le curé de Ceauc^, probablement opposé à cette démarche
ou du moins embarrassé via-à-vis de ses paroissiens
trop intéressés à garder leur collège malgré le vide qui
y régnait.
D'autres puissantes influences durent agir également
auprès de l'évoque du Mans. C'est ce qui explique la
note suivante, peu agréable pour M, Bignon et ses con-,
frères. Elle est écrite au bas de la supplique par le re-
présentant de Léon de Madaillan, chargé de la trans-
mettre à son auteur.
H Monseigneur notre Prélat m'a remis cette lettre
Monsieur, et me charge de vous mander que le change-
ment proposé ne laisse pas d'être de conséquence, et
qu'en cas qu'il en fût question il faudrait bien mieux
transporter les deux places de régents de Ceaucé à
Mayenne qu'à Lassay. Qu'au reste Messieurs les curés
ne doivent point se réunir en aussi grand nombre pour
quelque affaire que ce soit sans savoir auparavant, si
leur supérieur le trouve bon et expédient. »
Les abbés Morice eurent pour successeurs MM. Mar-
gerie, Allard, Héry et Louvel, prêtres, aidés par des
diacres ou sous-diacres.
(A suivre).
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LA FAMILLE BOUGHET UE SOURCHES
(Suite et fin).
CHAPITRE II
S 1
La terre de Sourches, autrefois Chaources, située
dans le Haut-Maine,'appartcnait originairement à une
famille du môme nom. Dès le moyen-tige, elle fut divisée
on deux parties qui prirent le nom de Sourchea-Cha-
maillart et de Sourche»-le-Vaycr. La forteresse de
Sourches-Chnmaillart, en Tennie', n'a laissé aucune
trace matérielle en dehors de deux mottes féodales, en-
clavées dans le parc moderne de Sourches, et désignées
sous le nom de buttes Chamaillart et de l'IIermitage.
Ces deux mottes et leurs dépendances furent aliénées par
Henri IV en faveur des seigneurs de Sourches-le-Vayer.
Le château de Sourches-Ie-Vayer avec « mote, donjon,
« douves, fousscz et cloisons, » s'élevait tout à cdté de
Chamaillart, sur la paroisse de Saint-Symphorien -.
1. Commune du canton de Conlie. armndisitement du Mans.
2. Canton de Conlie. arrondissement du Mans.
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— 485 -
Pendant que « honorable homme et saige » Jean
Bouchet, « advocat en cour laye, » établissait solidement
la fortune de sa maison par le patient accroissement de
ses biens, le seigneur de Sourches-le-Vayer, le noble
et prodigue écuyer Jean Grognet de Vassé, disséminait
son patrimoine aux quatre vents du ciel.
Jean Grognet de Vassé était lils de Jean et de Jeanne
Le Cornu. 11 passa une partie do sa jeunesse au service
de Jean II, duc d'Alençon, seigneur de Sourcbes-Cha-
maillart. D'une bravoure incontestable, il guerroya con-
tre les Anglais et fut pris par Talbot à qui il dut payer
« grande et excessive finance et raençon'. » Vers 1442,
il épousa une noble Qlle, Jeanne, issue du mariage de
Foulques de Courtarvel, chevalier, et de demoiselle
Jeanne de Bois-Cornu.
La carrière de celui qui venait d'être uni à Jeanne de
Courtarvel peut se résumer dans ces mots de la para-
bole de VEnfant prodigue: » Oissipavit substantiam
suam vivendo luxuriose. » Malgré les grandes qualités
de sa femme, Jean Grognet de Vassé « s'accointa d'une
a femme joyeuse, » fiile d'un ladre, répondant au nom
d'Agnès Jauvelle et habitant Etival-lès-Le Mans. II de-
meura avec elle pendant neuf mois sans vouloir revenir
chez lui, la maria avec « ung varlet de guerre, nommé
« Alardin Le Flaman, qui estoitung homme vacabond, »
et fit assassiner ce triste mari un soir qu'il avait soupe
avec lui à Etival. L'histoire du crime est racontée dans
la rémission que le seigneur de Sourches obtint à ce
sujet du roi Charles Vil, en février 1448 {v. s.)^.
Tous ies gens de bien avaient « grand pitié et hor-
« reur » d'une pareille conduite. Quelques particuliers,
plus hardis que les autres, se saisirent de la misérable
1. Arch. nat. JJ. 179, fol. 162, n« 280.
2. Arch. nal. JJ 179, fol. 162, n* 280. Le château de Sourches
au Maille et ses seigneurs, pp. 328 à 331.
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Agnès et la mutilèrent en lui coupant la lèvre « de des-
a BUS la bouche. » Grognet entra en fureur, jura de se
venger, fit jeter les coupables en prison, et, loin de s'a-
mender, noua des relations avec Guiltemine, femme de
Geoffroy Epinard, pour laquelle il fit construire une mai-
son importante dans le bourg de Bernay'. C'est là que
Jean de Vassé réunissait dans de scandaleuses orgies
tous les « ribaux, ruiiîens et meurtriers » du pays.
Au milieu d'un tel débordement, la fortune du sei-
gneur de Sourches-le-Vayer subissait de rudes atteintes.
Il dut jeter en p&ture aux êtres immondes qui gravi-
taient autour de lui une partie de son avoir. Il vendit
nombre de rentes et de métairies sous prétexte de s'é-
quiper en guerre pour « aller au siège de Fresnay » ou
ailleurs mais bien plutôt pour satisfaire ses convoitises.
Pendant que Jean Grognet de Vassé se roulait dans
toutes les fanges, Jeanne de Courtarvel avait recours à
ses parents et aux habitants de Rouessé ^ ; elle éle-
vait « des bestes pour soutenir son fait et celuy de
« ses enffens » deux garçons et trois filles, nés de son
misérable mariage. Cette résignation n'avait pas le don
de toncher te farouche seigneur de Sourches. La pa-
tience de sa femme semblait au contraire exciter ses
mauvais instincts. Plusieurs fois, il lui souhaita la mort
■ ainsi qu'à ses enfants, ajoutant qu'il vendrait ses terres
et son nom.
Un trait, choisi entre plusieurs, suffira pour édifier
complètement sur la conduite de Jean de Vassé à l'é-
gard de sa femme. Je laisse la parole à « noble Jehan de
K Belleul, seigneur de Hubemons, demeurant en la pa-
« roisse de Coulans^. »
1. Bernay, auprès du château de Sourches, commune du canlon
de Conlie, arrondissement du Mans.
2. Rouessé- Vassé, canton de 8iilé-le-Guîllaume. arrondisse-
ment du Mans. — Le château de Vassé, où habitait Jeanne de
Courlanel est situé dans la paroisse de Rouessé.
3. Canton de Loué, arrondissement du Mans.
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- m —
il Vae fois, nous dit-il, le seigneur de Vassé ' vint au
a lieu de Vassé par nuyt, bâtit sa femme, rontpy sou
« coffre et emporta trente aunes de lioe toile, valant
a. vingt soubz l'aune, ses ayneaulx et tout ce qu'elle
« avoit, fit rompre les greniers et vendy le blé qui ea-
« toit dedans. » La pauvre demoiselle « toute nuyt s'en
« vint, une ûUe avecqnes elle, en la maison de sa mère
« à Courtarouel ^, en laquelle j'estoïs, et nous compta la
« façon et manière comment son dit mari estoit venu au
a dit lieu de Vassé. Et le lendemain, sa mère m'envoya
« audit lieu de Vassé pour savoir dire que avoit esté
« fait, et je trouvoi que tout estoit rompu et qu'il avoit
« emporté le linge et tout ce qui y estoit. Et certain
« jour après, ladite damoiselle s'en retourna audit lieu
« de Vassé avec moi et plusieurs autres, et trouvasmes
a le déluge que avoit fait ledit seigneur de Vassé. Et
« quant ladite damoiselle eust regardé à son mcsnaige,
a elle me dit, en pleurant et faisant grant deul, que les
« toilies, mesnaigcs et autres biens que ledit seigneur
« de Vassé avoit emporté vatloient plus de quarante
« escuz, sans compter le blé qu'il avoit vendu. »
Le misérable Grognet fut interdit en 1450, par auto-
rité de justice. A cette nouvelle il s'écria : « Qu'il ne
« lui en cballoit » et qu'il vendrait ses biens si bon lui
semblait. « J'ai des curateurs, disaît-il, mais, par le
« sang Dieu, s'il y a celluy qui touche à mes béritaiges
« et revenus, je le courroceray de corps et de biens. »
Et de fait, il agit comme par le passé, sans trop se
soucier de la sentence portée contre lui et se moquant
par ailleurs de ceux avec qui il faisait des marcbés :
« H y en a aucuns qui acbeptent de moy des héritai-
« gcs ; mais ilz s'en reppentiront, car je n'ay point de
1. Jeao de Vassé était seigneur de Vassé en luâme temps que
de Sourches.
2. Le château de Courtarvel en Mont- Saint- Jean.
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« puissance de les vendre; maie je prendray toujours
« argent. » On ne saurait rêver rien de plus cynique
que ces paroles du seigneur de Sourches !
Jean de Vassé était, pour la plus grande terreur de
tous, M homme fier et de hault couraige. » Jean de Bel-
leul, l'un des commissaires préposés au gouvernement
de ses terres, expérimenta jusqu'à quel degré il pous-
sait la violence. Un jour, dans le village de Saint-
Symphorien, Grognet lui dit en reniant Dieu : « Si
« tu as le malheur d'exploiter mes terres, ye te cop-
« perai les quatre Jambes ! » En même temps d'un ja-
velot qu'il tenait à la main, il lut déchira le collet de sa
robe, son pourpoint et sa chemise. Voyant qu'il n'avait
pas réussi à le blesser, il descendit de cheval, tira sa
dague et, sans les assistants, aurait poursuivi jusqu'à
mort d'homme. Une scène du même genre se passa pen-
daut le carême de 1462 entre le seigneur de Sourches et
son, cousin, Jean de Vassé, seigneur de Voutré. Ceux
qui étaient présents eurent toutes les peines du monde
à calmer les deux champions'.
su
Guillaume Bouchot, deuxième lîls de Jean Bouchet,
avocat en cour laye, et de Jeanne de Marcillé, embrassa
de bonne heure la carrière militaire. Il servit dans
la compagnie du comte du Maine ^ et assista en 1448 à
la reprise du Mans sur les Anglais.
Il est probable que Guillaume Bouchet et Jean Gro-
gnet de Vassé nouèrent des relations pendant qu'ils
faisaient la chasse aux Anglais dans le Maine et en
1. Cr. Le chdteau de Sourches au Maine, pp. 88 à 96.
2. Le frère atné de Guillaume Bouchet, Gilles Bouchet, sei-
gneur de Maleiïre, élail mattre d'hôtel du comte du Maine.
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Normandie. Quoiqu'il en soit, le seigneur de Sourchea,
sans prendre avis de personne, promit la main de sa
fille atnée, Jeanne, Agée d'environ dix-sept ans, à son
compagnon d'armes. Ce projet d'union rencontra une
vive opposition chez les parents et les amis de la fiancée.
Quel pouvait bien être ce mari choisi par Grognet!
Probablement un soldat brutal, sans foi ni loi, vicieux
comme celui qui le patronnait.
Tout d'abord, Jeanne de Courtarvel refusa catégori-
quement de donner sa fîllc à Guillaume Bouchct. Outre
la répugnance qu'elle éprouvait pour l'ami de son triste
époux, son orgueil de race se révoltait à l'idOe d'une
mésHlliance. Le seigneur de Quesnetto' — tel était à
ce moment le titre de Guillaume Bouchet — « n'éloit
« en rien noble et estoti son père homme roturier'^. »
Cependant on finit par s'entendre. Guillaume Bouchet
vint lui-même au chflteau de Vassé et réussit à faire
tomber les préventions de Jeanne de Courtarvel. Le
contrat de mariage fut discuté dans la chapelle du châ-
teau et signé le 24 juillet 1459.
Grognet de Vassé, avec l'indifférence qu'on lui con-
naît pour les intérHs de sa famille, avait promis à son
futur gendre, en même temps que la main de sa fille, la
plus grande partie de la chètellenic do Sourchcs-le-
Vayer, l'Ormeau et le moulin des Jumeaux, dépendant
de la terre de Vassé. Avant le mariage, en septembre
1459, le seigneur de Saint-Georges^ réclama contre le
démembrement du domaine de Vassé. » L'on vous a
« promis, dit-il en s'adressant à Guillaume Buuchct, en
1. Pcul-étre Quesnel ou Quesnelle, paroisse de Grazay, an-
cien fief vassal du duché de Mayenne.
2. Dt^posiliim de Guillaume Miihot, maçon, et de Laurent
faite |inr Baudet Berlhelot,
1462. (C/iaririer de Sourchea, cahier en pnruheii
3. Jean de Vassé.
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« traitant le mariage de vous et de damoiaelle Jehanne
a de Vasaé, ma parente, ung molin et certaine deppea-
« dance de la terre de Vassé. Ce n'est pas le plaisir de
« madame de Vassé, qui est cy-présente, ni des autres
« parents de Grognct, que l'hostel et maison de Vassé
« soit démembré, ni que vous ayez le molin et dom-
« maine qui promis vous a esté. Je voua pry que vous
« en départiez et le lessez comme il est. »
Le seigneur de Quesnett« répondit « qu'il eatoit
« content de s'en départir, » mais, ajouta-t-il, voua ne
trouverez pas injuste que j'obtienne de Grogoet la pro-
messe d'une compensation sur ce qu'il a retenu de la
terre de Sourches. Après ces paroles, deux amis de
Guillaume sortirent de la chapelle où l'on discutait et se
mirent en quête de Grognet de Vassé. Ils le rencon-
trèrent « en ung cellier, au bout de la maison, ordon-
« nant du fait des nopces ; u il était à sa place au mi-
lieu des futailles ! Mis au courant de la question, il pro-
mit tout, bailla sa main es mains des envoyés, deux
hommes de loi, et retourna à ses tonneaux. La difficulté
étant ainsi levée, Guillaume Bouchot signa joyeusement
la renonciation qu'on lui demandait ; il allait devenir
seigneur de Sourches et mari de Jeanne de Vassé.
Le soir même on fît les fiançailles et le lendemain
matin, grâce à une dispense de l'évéque Martin Ber-
ruyer, messire Juhel Cbaignon, chanoine de l'église du
Mans, put célébrer les espousaitles dans la chapelle de
Vassé devant une nombreuse assistance où l'on remar-
quait le père et la mère de l'épousée, Foulques de
Courtarvel, Jean de Vassé, seigneur de Saint-Georges,
le seigneur de Préz, Guillaume Suffleau, « licentié en
« loix, lieutenant en ofSce de séneschal en la comté du
« Maine, » Jean Pitart, avocat en cour laye, habitant de
Villaines-la- Juhel, et Thibault Toreau, châtelain de
Sillé-le-Guillaume .
Le nouveau seigneur de Sourches ne voulut pas quit-
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- 431_ —
ter le château de Vassé auasitAt après la célébration de
son mariage; il avait à cœur de prouver à Jeanne de
Conrtarvel qu'il était digne de son estime et de l'affec-
tion de »a fille'.
De bonne heure, Guillaume Bouchet dut chercher à
entrer dans la noblesse. Les grands biens de son père
et la brillante union qu'il venait de contracter lui en
donnaient la facilité. Dès le 1" octobre 1459, dans un acte
d'achat de 50 sous tournois de service fait k raessire
Guy Turpin, chevalier, seigneur de Teoniè, il se qualifie
a. escuier, seigneur de Quesnette.
Le 28 décembre de la même année, il acheta de son
beau-père, pour la somme de 600 écua d'or, le restant
de la terre de Sourches. Au moment où il prenait pos-
session de ce domaine, le château, probablement ruiné
pendant les guerres, n'existait plus. Nous en trouvons la
preuve dans le témoi^age de Guillaume Mahot, maçon,
demeurant à Bemay, qui fut appelé à déposer dans une
enquête, en 1462. « La terre de Sourches, dit-il, est
« composée d'une très belle mote et chapelle en icelle,
« close à beaux fosséz en signe de fortiffication, en ta-
« quelle mote estait le ckastel d'icelle chastellenie. »
Un autre témoin, Jean Davoines, marchand à Bernay,
âgé de 40 ans, laisse même supposer que le ch&teau
était détruit avant sa naissance, par conséquent vers
1422. Voici ses expressions : « La chastellenie de Sour-
« ches-Ie-Voyer est composée d'une belle mote conte-
ce nant grand circuit, et y a chapelle en icelle, close k
n beanx fossez, et disait l'en que en ladite mote estait
« le ckastel. »
Malgré la mauvaise administration de Jean Grognet
de Vassé, les ruines accumulées par la guerre et la des-
truction de la justice patibulaire à trois piliers, la terre
i. Le clidteau de .Sourches au Maine et ses seigneurs, pp. 110-
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(le Sourches — avec ses trois belles métairies, ses bois
tant du domaine que de la Petite-Cbarnie, ses étangs,
aa rivière de Végre, ses moulins à blé et à draps, ses
cens, rentes, devoirs et hommages — valait encore 200
livres de rente au moins, soit 6,000 francs en monnaie
moderne.
Guillaume Bouchet, formé à bonne école, n'était pas
homme à laisser péricliter ses biens et à négliger ses in-
térêts. 11 acheta nombre de terres et de métairies. Après
la mort de son père, arrivée vers 1468, il entra en pos-
session de Saint- Léonard -des-Bois et de la forêt de Cha-
masson. Dana ce même temps, il commença la recons-
truction du château de Sourches pour utiliser ses abon-
dants revenus et se créer une résidence de famille di-
gne du rang social qu'il ambitionnait. Un aveu de 1612,
décrit assez exactement cette nouvelle construction. Le
château proprement dit comprenait les maisons mana-
bles, deux puits, un portail manable à deux étages pré-
cédé d'un pont-ievis, le tout entouré de douves, fossés
et murailles. La basse-cour ou boille, en avant de l'en-
trée du château, également close de douves et de fos-
sés, renfermait une grange avec un logis attenant à la
chapelle Saint-Nicolas, un pressoir, une écurie, une fuie,
un jardin et deux vergers. La porte extérieure de la
basse-cour, flanquée de deux tourelles, donnait accès
sur un chemin pavé qui conduisait au bourg de Saint-
Symphorien.
Successeur des Chaources, des Le Vayer et des Vassé,
Guillaume fiouchet avait à cœur non seulement de rele-
ver leur demeure, mais surtout de continuer leurs tradi-
tions dans le pays.
S III
Guillaume Bouchet avait épousé Jeanne de Vassé en
septembre 1459. A la lin de décembre de la même année
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il était retourné à Villaincs-la-Juhcl, probablement auprès
de son père. Un certain jour, il demanda à son ami Jean
Pitart, avocat en cour laye, « qu'il se voulsist aller es-
« battre avecquee luy ou bourc de Bernay-en-Champei-
« gnc, parce qu'il voulloit aller illec faire tenir ses plez
« de la seigneurye de Chources, et recevoir les homraai-
« ge» à luy deuz pour raison d'icelle seigneurye. Ils
« s'en partirent ensemble du lieu de Yitlaines-la-Juhes
« et allèrent à coucher à Vassé ; et le lendemain au ma-
« tin, Grognet de Vassé et eulx, en sa compaignée,
H s'en partirent, et ensemblément allèrent audit lieu de
« Bernay, et illec furent tcnuz les plez de la dite sei-
« gneurie de Chources, par Guillaume Moisant, sénes-
« chai dud^t lieu, en la présence du seigneur de
« Vaaaé'. »
Tout en s'occupant soigneusement do ses affaires
personnelles, Guillaume Bouchet n'oubliait pas les in-
térêts de sa petite vilie d'origine. Lieutenant et conné-
table du Mans, il s'intéressait à ses concitoyens. Les
comptes du procureur de fabrique de Saint-Georges de
Villaines renferment d'assez nombreux passages qui
prouvent ses bonnes relations avec eux. Les quelques
extraits ci-dessous fourniront la preuve de ce que j'a-
vance.
« 1467, — Le bureau (de la fabrique de Saint-Geor-
« ges( de Villaines} compte avoir poié dix solz pour la
H despensc que fist monsieur de Quesnetles (Guillaume
« Bouchet) à amenez ceulx qui firent l'euqueste du prieur
u et des paroissien», u
« Item, compte avoir poié neuf solz pour le disncr
« qui fut fait chiez monsieur de Quesnetles quant les
« dits cnquesteurs furent venuz à Villaines,, . »
H Item, compte le bureau avoir poié quatre livres
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« deux 8ola sii deniers à monsieur de Quesnettes pour
« le poiement des hocquetons des francs-archiers... »
n Item, compte ledit bureau avoir poié quatre solz
« six deniers à Thomas Gilloppe pour aller au Mans
« portez unes lettres à monsieur de Quesnettes.,. »
n Item, dit Michel Gilloppe avoir poit^ à monsieur
« l'ofTicial du Mans » 5 soua « par le commandement de
a Guillaume Boucket... Une douzaine de poullez qui
(c furent donnez à Guillaume Boucket... Troys poys de
« beurre donnés à Guillaume Boucket... »
« 1468. — Item, compte avoir payé » 20 sous « pour
« l'achat de troys poys de beurre, Icsquelx ont esté
« donnés à monsieur de Çuesnectes, par l'ordonnance
o des paroissiens (de Villainea), et fut mené au Mans,
H le samedi XXIX* jour de février 1468 (v.*s.) '. »
La noblesse dos enfants de l'avocat Jean Bouchet
semble ôtre reconnue et acceptée à cette époque. Le
11 mars 1468 (v. s.) « discret homme maistre Biaise
« Boucbet, licencié en loix, à présent demeurant au
« Mans.... congnoist et confesse avoir vendu... à iW'
« ble homme Guillaume Boucket, escuier, son frère,
« seigneur de Ckourses, » la somme de 7 livres 10 sous
tournois de rente '^, Le 1" mai 1472, Marguerite des
Mons est appelée : « vefve de feu noble homme Gillet
« Bouchet^, escuier, en son vivant gouverneur de la
<c ville et vicomte de ChastollcrauU, pour très hault et
« puissant prince, monseigneur le comte du Maine*. »
Le même comte du Maine, Charles d'Anjou, dans un
acte authentique du 15 novembre 1475, s'exprime ainsi :
1. Comptes de fabrique de ViUaiaes-la-Juliel. '
presbylère.
2. C/iarIrier de Sourches. original parchemin,
3. Gilles ou Gillet Boucliet, seigneur Je Haleffre, frère aîné
de Guillaume,
4. Le chdteau de Sourches au Maine et ses seigneurs, p. 294.
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- 438 -
« Dostro amé Guillaume Bouchot, escuier, lieutenant ot
d conueatable de noz ville et chastel du Mans^ »
Le seigneur de Sourches fit son testament, peu de
jours avant sa mort, le pénultième jour de février 1476
(n. B.]. Il demanda la sépulture dans « l'église parro-
n chial de monsieur Saint-Georgea de Villaine, ou en
a l'église de Bernay, » au choix de sa « bonne araye et
« épouse*. »
Jeanne de Vassé avait eu six enfants de son mariage
avec Guillame ■ Bouchot '. Veuve à l'âge d'environ trente
quatre ans, elle se remaria, dans les premiers mois de
l'année 1477, avec Jean Ferrant, écuyer, seigneur de
Vauberger^, dont elle eut une fille, Jeanne Ferrant, qui
épousa Jean de la Hune''.
CHAPITRE III
1. Premien aacc«ageura de Guillaume Bouchct t Sourches. — H. Les grands
[n^vûlg ds France de li bmllle Bouchel, — 111. Armoiries des Boiu^et de
SOttTClMS.
SI"
René Boiichet, écuyer, seigneur de Sourches et de
Saint-Léonard-des-Bois, fils atné de Guillaume et de
Jeanne de Vasaé, épousa, par contrat du 30 juin 1493,
demoiselle Louise de Thévalle, fille de noble et puissant
messire Aymar de Thévalle, chevalier, seigneur de Thé-
1. Le château de Sourches, p. 110.
2. Le château de Sourches, p. 120.
3. 1° René Bouchet, i" Marie. Teinme de Jean Le Vayer,
ëcuyer, 3° Ytabeaa, mariée avec Girard de Broc, 4* Françoise,
unie à Jean de Martine, 5' Guillaume, mineur en 1^94, 6* Cathe-
rine, religieuse à Etival-en-Charnie.
h. Vauberger, arriére'fief du comlé de Laval, situé dans la
paroisse de SaiDt-Deais-du-Maine.
5. Arch. nat. H 615, n" 25.
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— 436 —
valle et de Nouray, et de défunte demoiselle Jeanne de
Quatrebarbes'. De leur mariage naquirent My/nar, Bau-
douin, qui continua les seigneurs de Sourches, Clériai-
dus, Jacques, prieur de Saint-Symphorien, et Jeanne,
femme de Gilles de l'oillé.
B&UDOuiN BoucHET, chevalier, seigneur de Sourches,
gentilhomme de la maison du roi, prit en mariage, par
contrat passif le 16 février 1517 (v. s.), Marguerite de
Bellanger, fille de François et de demoiselle Anne des
Barres. Baudouin mourut avant 1534, lafsHaiit : Fran-
çois, Baudouin, d'abord écuyer, ensuite chevalier, sei-
gneur des Hoches et du Houx, lieutenant de la compa-
gnie de Jean de Thévalle, marié à Madeleine de Coulon-
ges, Pierre el Jacqueline, unie en premières noce» à
Jean de Loré, seigneur de Joué, et en secondes à René
de Beauregard, seigneur du Verger.
Fhan^ois Boucuet, nia aîné de Baudouin et de Mar-
guerite de Bellanger, naquit vers 1524 et épousa, en 1556,
Sidonic du l'Iossis-Liuncourt, tillede Guillaume du l'Iessis-
Liancourt et de Françoise de Tcrnay.Chevalicr, « enseigne
u de cinquante lances n dans la compagnie de monsieur
, de Montpensier, il joua un certain rôle pendant les guer-
res do religion. Le chartrier de Sourclies possède une
lettre qui lui fut adressée par Charles IX le 2;t mai 1562.
'Le 23 janvier 1583, le roi de France, pour le récompen-
ser de ses bons services, lui donna des lettres de provi-
sion « de la charge de capitaine de cinquante lances
« fournies des ordonnances de S. M,, vacante par la
« promotion de monsieur le prince de Dombes à celle de
(f capituiuc de soixante lances qu'avoit monsieur le duc
« de Montpensier, son aïeul. »
En 15B8, François Bouchot fut nommé député aux
États Généraux do Blois par la noblesse du Maine et,
1. Arch. nat. M 615, n» 25.
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- 437 —
malgré l'intervention de Henri III, il entretint quelques
relations avec les ligueurs. Le seigneur de Sourches
mourut le jeudi 5 décembre 1594 et fut enterré dans
l'église de Bemay. Sidonie du Plessis-Liancourt l'a-
vait précédé dans la tombe ; elle lui avait donné : Ho-
norat, Françoise et Esther qui se maria deux fois, la
première avec Julien Thierry, chevalier, seigneur de La
Prévalaye, près de Rennes, la seconde, avec René des
Vaux, seigneur du Bois-du-Pin.
Honorât Bouchet, chevalier de l'ordre du roi, gen-
tilhomme ordinaire de sa chambre, fut uni, le 8 février
1595, à Catherine llurault, lille de Anne Hurnult et de
Louise de Harville. Il asâi^tJi aux sièges de Laon et d'A-
miens. Quand Henri IV aliéna une partie de ses domai-
nes. Honorât Bouchet acheta pour la somme de 530 écus
« les huttes et garennes de Sourches-Chamaillart » si-
tuées sous les murs de Sourches-lc-Vayer. Honorât
mourut en 1627 ayant eu de Catherine Hura\|lt : Jean,
Jacques, abbé commendalairc de Saint-Martin de
Trouard, au diocèse de Bayeux, numànicr et conseiller
du roi, Julien, baron de Sourches, marié à Susannc do
Chahannay, Anne, femme de René Sauvestre, chevalier,
seigneur de Clisson, et Marie qui prit en mariage
« messire Odet de Ryans, chevalier, gentilhomme ordi-
« naire de la chambre du roy, baron de Villeray. »
Au commencement du XVI' siècle, le nom patrony-
mique de la famille Bouchrtt fut modifié par l'adjonction
de la préposition de. Jusqu'alors les actes originaux
concernant les sujets de cette maison portent, Guillaume
Bouchet, René Bouchet. A partir de 1520, on lit pres-
que toujours, René de Bouchet, Baudouin de Bouchet,
François de Bouchet, Honorât de Bouchet. L'opinion de
ceux qui croient que la particule devant un nom propre
est un signe ou au moins une présomption do noblesse
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existait déjà < et il faut remonter au-detà du XVU' siè-
cle pour en découvrir la source.
Sur la fln du XYIII* siècle, une nouvelle transforma-
tioD s'opérs dans le nom de la famille qui nous occupe.
De Bouchet fut changé en du Bouchot, ce qui permit à
1, Cette opiflion a été combaltue avec une vivacité peul-élre ex-
cessive par M. de Mertonne, dans VAnnaaire du conseil héral-
dique de France, 2' année, pp. 105 à 113. « On croît générale-
n ment, dit M. l'Archiviste ae la Mayenne, que la préposition de
' est le sigrne invariable et certain de la noblesse. De là x-ient
0 la ridicule manie de dire cl d'écrire : de Malleville a fait cela...
0 C'ett une faute de français atroce et t^ai porte êur le» nerfs d«*
E gens qui savent leur la'rigue... Cette ineptie vient précisément
' ae ce<]u'on croit que In préposition de, dite à tort particule
< nobiliaire, indique absolument La noblesse... Voilà une des
■ sources de celte stupidité. Les notaires, depuis le XVII" sié-
€ cle (l'auleur eût pu dire depuis le commencement du XVI*],
■ ont follement introduit dans leurs actes cette mattdite prêpo-
« sition devant des noms auxquels elle répugpnait, et cela pour
( faire la cour à leurs clients et les anoblir encore plus à feurs
■ yeux. » — Littrë semble partager cette opinion stupide. Dans
son Dictionnaire de ta langue française, au mot De, 4', il écrit :
a De. placé 'entre les titres et les noms propres de famille, s'em-
1 ploie comme signe de noblesse. De, qualification nobiliaire,
a pris substantivement. ■ N'est-il point téméraire de ranger Lit-
n trë dans la catégorie de ceux qui ne savent pas leur langue?
Quoi qu'il en soit, tout en n'i^orant pas que la particule n a ja-
mais été le signe invariable de la noblesse, je crois qu'il est per-
mis, sans rompre en visière à la langue française et sans tomber
dans une ridicule et inepte manie, de l'employer substantivement
3uand on n'est pas en présence de nomspatronvmiques. J'écrirai
onc à volonté, les de Champchévrier ou les Champchévrier, les
de Vassé ou les Vassé. Par ailleurs, je dirai toujours les de Jam-
bes et non pas les Jambes, les du Bois et non les Sois, les de Go-
rin et non les Goriu, les du Buat, les dO, les dT, les d'Orléans,
etc. M. de Marianne trouve que Le Paige, dans sa notice sur la
maison du Bois de Maquillé (Dict. t. I, p. 247), dit parfaitement ;
« Les Bois porte (sic) emmenché d'argent et de sable du chef à
f la pointe. » Tout dans cette phrase de Le Paige est marqué au
coin de l'imperfection ; la description héraldique est défectueuse
et il faut voir un simple lapsus dans « Les Bois porte. ■ Le bon cha-
noine du Mans, d'une compétence douteuse en matière nobiliaire
et héraldique, avait probablement l'intention d'écrire : du Bois
porte, etc., car à la page 2W, il met en toutes lettres : n la maison
n de du Bois est une très ancienne maison. > Hais, c'est asset
disserté surunequestion de tr^s minime importance. L'usage, bien
plutôt que des règles précises, doit servir de guide pour remploi
de la particule dite nobiliaire.
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quelques généalogistes complaisants de rattacher les
Bouchet de Sourches à d'autres maisona du Bouchot
plus anciennes. Personne ne songea à s'en plaindre, ni
(es Bouchet de Sourches qui acquéraient des ancêtres,
ni les autres familles du Bouchet qui s'apparentaient
ainsi aux grands-prévôts de France.
s II
Jea^n Boucket, de Bouchet ou du Bouchet', iils aine
de Honorât et de Catherine Hurault, naquit prohable-
ment à Sourches, en 1599, dans la même année qu'an
autre Jean du Bouchet, généalogiste, chevaUer de l'or-
dre du roi. 11 eut pour parrain Jean de Beaumanoir,
maréchal de France, et épousa en 1632, Marie Nevelet,
fille de Vincent Nevelet, « conseiller du roy, auditeur
« de ses comptes à Paris, m et de Catherine Le Bret.
Le seigneur de Sourches était, paralt-il, « un des
« hommes de France le mieux fait et l'un des plus fins
« courtisans de son temps -. m Le 17 août 1643, il fut
pourvu de la charge de prévôt de l'hôtel du roi et de
grand-prévôt de France, charge qu'il avait achetée
450,000 livres du maréchal d'Hocquincourt*. Le 20 dé-
cembre 1643, il fut nommé conseiller du roi et le 31 dé-
cembre 1661, il devint chevalier et commandeur de for-
dre du Saint-Esprit « sans qu'on y trouvât à redire »
remarque Saint-Simon^. Déjà le roi lui avait accordé au
1. Malgré l'usag'e qui a prévalu, je m'abstiendrai de remploi
de la parîiuulu de ou du devant ie nom Bouchet, pour conserver
dans tout mon travail l'unilé d'appellation.
3, Note de • messire Léonor de Mau((er, n curé d'Abondant.
3. Sur les fondions du grand-prévôl de France, voir, l'Etat de
la France, t. 1. p. 326, V Encyclopédie, le Dictionnaire de Trévoux.
le Livre des offices de France par Jean Chenu.
4. l!:dition Chéruel, t. VII, p. 98.
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- 440 -
mois de décembre 1652 des lettres patentes érigeant la
terre de Sourches en marquisat.
Jean Bouclict fut « attaque dans son carrosse d'une
« apoplexie furieuse, » pendant l'année 1674. Sur le
conseil des médecins, il alla aux eaux de Bagnoles,
près d'Alençon. Après trois années dfi souffrances, il
s'éteignit au château d'Abondant, chez son frère, l'abbé
de Trouard, et fut iobumé dans l'église du lieu où il
était mort. Il laissait pour héntier Louis-François. Do-
miiiique, son premier né, était mort à l'âge do huit ans,
le 24 novembre 1643.
Louis-François Bouchet, marquis de Sourclies,
deuxième grand-prév<>t de sa famille, naquit à Paris en
1639, et épousa, le 21 septembre 1664, Marie-Geneviève
de Chambes, lille de haut et puissant seigneur messire
Bernard de Chambes, chevalier, comte de Montsoreuû,
et de dame Geneviève Boivin. Gouverneur des provin-
ces du Maine et du Perche, des villes et châteaux du
Mans et de Laval, en 1670, il conserva un assez mau-
vais souvenir de ses administrés « qui donnaient leur
« parole avec facilité et y manquaient encore plus aisé-
ment'. » Le marquis de Sourches se ruinait à la cour
et était d'une rigoureuse parcimonie dans son intérieur.
Les souffrances étant venues avec l'âge, il se démit de
sa charge de grand-prévôt en faveur de son fils aîné.
Louis /, comte de Montsoreau. Saint-Simon rend compte
de cet événement en ces termes : « Le roi permet à
« Sourches, prévôt de son hôtel, dit par abus Grand
« Prévale de céder sa charge à Montsoreau, son fils aine,
« ancien lieutenant-général. Sourches était fort vieux,
« fort menaçant ruine et grand dévot qui n'avoit jamais
« pu se faire admettre nulle part à la cour^. »
Le marquis de Sourches, moins hardi que les généa-
1, Cf. Le château de Sourches au Maine, pp. 193 et suiv,
2. Mémoires, t. VII. p. 98.
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— U1 -
logistes de la fin du XVIll^ siècle, ne reportait pas l'o-
rigine de sa famille jusqu'à Robert 1 du Bouchai, sei-
gneur de La Ferté-Macé, neveu de Jeanne du Bouchet,
femme des comtes de Vendôme et de Belléme ; il se con-
tentait de reconnaître dans Guillaume Bouchet, mari
de Jeanne de Vassé, le plus ancien de ses autkeurs.
Une lettre qu'il écrivit à son homme d'affaires à Sour-
ches, le 16 mars 1715, prouve ses modestes préten-
tions : « Je vous envoieray, y dit-il, au premier jour,
« dans ma cassette, d'anciens papiers qui regardent
« notre maison, vous en trouverez qui sont utiles pour
« la généalogie..., entre autres un contrat de vente de
« la terre de Saint-Léonard-des-Bois, qui fait voir no-
a tre parenté avec M. de La Prévalaye en Bretagne, et
« un acte fait entre Guillaume Bouchet, le plus ancien
« de nos autheurs, et Biaise Bouchet son frère ' . »
Marie-Geneviève de Chambes mourut le 25 novembfe
1715, un peu plus de deux mois après Louis XIV. Saint-
Simon, qui ne manque jamais de décocher un mot plus
ou moins plaisant contre ceux qu'il n'honorait pas do
son amitié ou de son estime, s'exprime ainsi à l'occa-
sion de ce décès. « Le Grand-Prévôt, qui avoit donné sa
« charge à son fils, perdit sa femme de la même mala-
M die dont le roi eatoit mort, et du même âge. Ces cir-
(1 constances la consolèrent de mourir! Elle cstoit de
H cette ancienne et illustré maison de Montsoreau, qui
« est éteinte*. »
« Louis-François Bouchet survécut peu de temps à
sa femme ; la mort le saisit le 4 mars 1716, ce qui donna
à Saint-Simon l'occasion d'écrire : « Deux hommes qui
« étoient devenus fort inutiles au monde moururent en
« même temps, Sourches, fort vieux..., et Lyonne, pre-
u mier écuyer de la grande écurie 3. »
1. Lettre du Chartrierde Souruhes.
2. Mémoires, t. VIII, p. 318.
3. Mémoires, t. VIII, p. 342.
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- 442 —
Les Mémoires du marquis de Sourches, actuellement
en cours de publicaticm, sont, dit-on, l'œuvre de Louis-
François Bouchet. La lecture attentive de ces Mémoires,
qu'on ne saurait comparer à ceux de Saint-Simon ni
pour l'intérêt historique ni pour la forme littéraire, a fait
naître dans l'esprit de certains critiques, en particulier
chez M. de Boisliste, des doutes touchant leur origino'.
Les annotations, réputées écrites par le marquis de
Sourches comme tout le reste de l'ouvrage, sont géné-
ralement plus intéressantes que le texte, d'un caractère .
différent et souvent en contradiction formelle avec lui.
Cette dualité n'a pas été expliquée jusqu'ici.
Louis-François Bouchet eut neuf enfants de son union
avec Marie-Geneviève de Chambes : Louis I, Jean-Louis,
évèque de Dot, Louis-François II, auteur de la bran-
che des comtes de Sourches, Louis-Vincent, dit le che-
valier de MontscH-eau, commandeur de Viiledieu-lès-
Bailleut et de Laon, Louis, dit le chevalier de Vauzelles,
Marie-Louise, femme de Louis Colbert, comte de Li-
gnières, Louise-Marie et Marie-Geneoièue, religieuses
à la Croix, Marie-Louise-Geneviève, femme de Jean-
Baptîste-Nicolas Desmé, comte de Rougemont.
Loms I Bouchet, marquis de Sourches, comte de
Montsoreau, lieutenant-général des armées du roi, troi-
sième grand-prévôt, épousa, le 14 février 1706, Jeanne-
Agnès-Thérèse de Pocholles du Hamel. Le 12 avril
1722, il écrivait au capitaine de ses chasses à Sour-
ches : « Quand je me suis marié, je me souviens qu'un
n soubs -gouverneur de feu monseigneur le duc de Berry
« me dit que les filles se mariaient brebis, mais que
H Us ongles leurs croissoient, et — ajoutait-il philo-
« sophiquement — ce proverbe n'est que trop vray^\ »
Le comte de Montsoreau, tel est le titre que Louis i
1. Lettre de M. de Boislisie, du 8 mars 1883.
2. Lettre du chartrier de Sourches.
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- 443 -
Bouchet prit toujours, servit dans les armées i
ses ancêtres. Entre temps, il offrait au roi et aux grands
personnages de la cour des perdrix du Maine. Louis XV
les trouvait exquises et le donateur exultait. Nos per-
drix, écrivait-il à son homme d'aiïaires, se rendent bien
célèbres ; notre aimable petit roi en a mangé plusieurs
qu'il a trouvé ejxellentes ; tout cela ne laisse pas que
de faire du brait*.
L'aimable roi joua un assez vilain tour au comte de
Montaoreau. Le 11 septembre 1727, Louis XV était à
Fontainebleau et se divertissait dans la galerie des
cerfs à tirer de l'arc sur un chamois qui lui sM-rait de
but. Etant venu à la porte qui donnait sur le jardin de
Diane, il aperçut le comte de Montaoreau : « Je m'en
o vais bien faire peur au Grand-Prévât » dit Louia
XV, et, sur le champ, il lui décocha une flèche qui l'at-
teignit au ventre. Le roi a fut bien f&ciié d'avoir été si'
« adroit, » car Louis Bouchet pensa mourir du coup^.
On fit courir le bruit que les gens de l'entourage du
monarque étaient cause de l'accident, ce qui permit à
madame de Linières, la soeur du blessé, de s'indigner
contre les maladroits qui auraient pu frapper te roi lui-
même!
Le comte de Montsoreau et les siens étaient un peu
la risée de la cour, Saint-Simon rapporte sur eux un
épisode assez curieux : « Le Grand-Prévôt, dit l'auteur
a des Mémoires'^, obtint trois cent mille livres de bre-
« vet de retenue sur sa charge pour son fîts, qui épousa
« une M*"» du Hamel, de Picardie, fort riche, et qui ne
u fut pas heureuse. Heudicourt, le fils, qui était une
« espèce de satyre, fort méchant et fort mêlé dans les
1. Le château de Sourche», pp. 237 et suivantes.
2. Journal et méntoireÊ d* Mathieu Maraiê, t. lli, pp. S43 «t
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<i hautes intrigues galantes, fit dans la suite Bur tous
H ces Montsoreaux une chanson bï naïve, si fort d'après
« nature et si plaisante, que quelqu'un l'ayant dite à
« l'oreille au maréchal de BoulHers pendant la messe
<i du Roi, où il avoit le bâton, qu'il ne put s'empêcher
« d'éclater de rire. C'étoit l'homme de France le plus
<i grave, le plus sérieux, le plus esclave de toute bicn-
« séance. Le Roi se retourna de surprise, qui augmenta
a fort en voyant le ïuaréchal pâmé, à qui les larmes en
« tomboient des yeux. Rentré dans son cabinet, il l'ap-
ci pela et lui demanda ce qui l'avoit pu mettre en cet
« état et à la messe. Le maréchal lui dit la chanson.
a Voilà le Roi, plus pâmé que n'avoit été le maréchal et
« qui fut plus de quiuae jours sans pouvoir s'empêcher
B de rire de toute sa force sitôt que le Grand- Prévôt ou
« un de ses enfants lui tomboient sous les yeux. La
u chanson courut fort, et divertit extrêmement la cour
« et la ville, s
Louis Bouchet acceptait ces humiliations en parfait
chrétien. Un jour il écrivit à son fils, à l'occasion d'un
passe-droit dont ce dernier avait été victime : « J'avois
« lieu d'espérer que vous seriez plus heureux, mais
« c'est une petite mortification que je reçois de la part
« de Dieu et que j'essaieray de mettre, comme bien d'au-
« très précédentes, au pied de la croix, car je ne connois
« d'autres consolations dans mes chagrins que celle-là,
n et je vous conseille d'essayer d'en faire de mesme'. »
Ces bons sentiments, pour n'être pas toujours appréciés
par les courtisans, valaient mieux que cet esprit fin,
railleur et léger, si prisé par les futiles générations du
XVIIl» siècle.
Jean-Louis Bouchet, frère du comte de Montsoreau,
avait été nommé évoque de Dol en 1715. Ce prélat,
d'une grande régularité et ennemi des Jansénistes, ne
1. Le château de Sourcfiea, p. 248.
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pouvait supporter la Bretagne. Sa correspondance avec
3on frère est pleine de récrimtnationa au sujet du climat
du pays, de l'état des chemins, du mauvais air qui alté-
rait sa santé. Il désirait un autre siège, mais l'influence du
Grand-Prévôt ne fut pas suffisante pour le lui faire ob-
tenir. Jean-Louis mourut à Doi, au mois de juin 1748,
laissant dans son diocèse un excellent souvenir.
Du mariage du comte de Montsoreau et de Jeanne-
Agnès-Tbérèse de Phocholles du Hamel étaient issus
quatre enfants, Louise-Catherine-Agnès et une autre
iîlle, mortes en bas-ùge, Louis II et Louis, dit le cheva-
lier de Sourches,
Louis II Bouchet, marquis de SourcTies, chevalier
du Saint-Esprit, gouverneur de Dusseldorf en 1759,
quatrième grand-prévôt, naquit le 24 novembre 1711.
Il épousa en premières noces Charlotte-Antonine de
Gontaut-Biron de qui il eut cinq Biles, et en secondes
Marguerite-Henriette Desmarets de MaiUebois, qui lui
donna cinq enfants : Louis-Emmanuel^ dit le comte de
Montsoreau, mort en 1755, Louis-François, marquis de
Tourzel ', Yves-Marie, dît le comte de Montsoreau, après
la mort de son aine, Jeanne-Madeleine-Thérèse, et Ma-
rte-Louise-Henriette.
Louis II fit reconstruire le château de Sourches, tel
qu'on le voit maintenant, sur les plans et sous la direc-
tion de Pradel, architecte de monseigneur le comte de
Provence, futur Louis XVIIL 11 fît pourvoir son fils, le
marquis de Tourzel, en survivance de la charge de
grand-prévôt, le 27 décembre 1769.
Louis-Fbançois, marquis de Tourzel, que l'on peut
considérer comme le cinquième grand-prévôt de la fa-
mille Bouchet, épousa, le 8 avril 1764, Louise- Elisabeth-
1. Tourzel, lerre située à Champeix, dans le Puy-de-D6me,
avait éti5 donnée aux Bouchet par une parente, la comtesse de
Ru pel monde.
28
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- 446 —
Félicité-Françoise-Armande-Anne-Marie-Jeanne-Joséphî-
ne de Croy d'Havre. Celte union, cimentée par la nids-
sance de plusieurs enfants, fut prématurément brisée
par un terrible accident. Le marquis de Tourzel fut
grièvement blessé pendant une chasse du roi à Fontai-
nebleau et décéda le 6 novembre 1786, presque deux ans
avant son père Louis H. Sa veuve, en proie à la dou-
leur, s'écria en montrant à son fils aine le corps inanimé
du Grand-Prévôt : « J'ai tout perdu, il ne me reste qu'un
« seul espoir en ce monde : c'est que vous soyez aussi
H vertueux que l'homme dont vous voyez le cadavre'. »
La marquise de Tourzel devint gouvernante des Enfants
de France au lendemain de la prise de la Bastille. Elle
fut le témoin profondément attristé, mais toujours dé-
voué, de la longue agonie de la famille royale. Emprison-
née à la Force avec sa fille PauUne, elle fut délivrée
après la chute de Robespierre et se retira au château
d'Abondant, conservant dans son cœur le souvenir des
augustes victimes dont elle avait été la confidente. Elle
y mourut le 15 mai 1832.
Ch\rles-Louis-Yves Bouchet, marquis de Tourzel et
de Sourches, après la mort de son grand-pèreLouis 11,
arrivée en 1788, fut le sixième et dernier grand-pré-
vôt de sa maison. Il ne quitta Louis XVI que lorsque
le faible, malheureux et vertueux monarque fut conduit
au Temple. Il épousa, en 1796, Auguatine-Eléonore de
Pons dont il eut : Olivier-Henri-Charles-Roger, Augas-
Une-Frédériqae- Joséphine, mariée le 17 juin 1817 avec
Amédée de Pérusse, vicomte des Cars ^, Emilie-Léonie et
Anne-Hélène- Aldegonde. Le marquis de Tourzel mou-
rut à Paris le 4 avril 1815 et fut enterré à Sourches,
dans la chapelle du château.
1. Mémoire de la duchesse de Tourzel, t. I, Introduction, p. i.
2. Père (la François-Joseph de Pérusse, duc des Cars, marié à
Marie-EIisabetb de Bastard d'Estang.
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_ 447 -
Olivier-Cha.rle3-Hkm RI -Roger Bouchbt, marquis,
puis duc de Tourzel, naquit à Paria le 23 juillet 1804. Il
prit en mariage, le 2 mai 1832, VicturieQne-Anastaaie'
ViclorinedeCruasold'Uzès, De cette union naquit à Paris,
le 25 août 1835, un fils, Louis-Emmanuel. Yicturienne
de Craasol d'Uzèa mourut à Hyères, le 18 février 1837, à
l'âge de vingt-huit ans, et Louis-Emmanuel, l'unique
rejeton de la famille, le 8 septembre 1844, à l'âge de
9 ans, d'un transport au cerveau occaaionné par un
bain.
Le duo de Tourzel restait aeul à son foyer désolé.
Plusieurs foia on lui parla de contracter une nouvelle
union; il refusa toujours énergiquement. Sa femme et
son fda remplissaient sa mémoire et son cœur. Il errait
dans les vastes corridors du château de Sourches et
dans les allées du parc tracé par Mansard, cherchant
tout ce qui pouvait lui rappeler ceux qui l'avaient quitté.
Leurs ombres l'attiraient irrésistiblement. Il me sou-
vient d'avoir vu à Sourches le portrait du duc de Tour-
zel. Une expression de poignante tristesse voile son
visage qui semble porter le deuil de douze générations !
Le ciel eut enfin pitié d'un homme qui avait oublié la
terre, Olivier-Charles- Henri- Roger fiouchct expira à
Paris, dans la quarantième année de son 4ge, le 13 juil-
let 1845, moins d'un an après son fils. En lui s'éteignait
la postérité masculine connue de Guillaume Bouchet et
de Jeanne de Vassé. Commencée en 1459, la maison
Bouchet de Sourches disparaissait après trois cent qua-
tre-vingt-six ans d'existence. Tous ses membres, à dé-
faut de brillantes qualités intellectuelles ou militaires,
s'étaient distingués par une profonde honnêteté et une
grande fidélité à Dieu et au Roi '.
1. Pour plus de détails, voir Le ckdieau de Sourches.
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s m
Les plus anciennes armes de la famille Bouchet de Sour-
ches, dont j'ai retrouvé la trace, sont figurées sur des
j sceaux placés au
bas de quittances
données par Fran-
çois Bouchet, de
1550 à 1567. Ces
sceaux rond a . d' e n -
viron deux centi-
mètres de diamè-
tre, portent un écu
chargé de deux
fasces avec une
tête de Maure en
jDom/e'. L'écuaaon
du même seigneur
de Sourches, peint
au commencement
d'un aveu qui lui
fut rendu le 17
septembre 1560 ,
par Louis Prieur,
Sceaa de la cour de • Chourccs • apncndu k des j. .„„ „„:™r.^..-
actes de» 17 septembre ISUl et i novembre IM». écuyer , seigneur
Chartri^ 4» Sourck,.. Orig. p-r^ft. j^ Chantelouî, eSt
en concordance parfaite avec les sceaux : d'argent à
1. Bibl. nat. Pièces orig. t. 438, du Bouchel de Soufches,
9842, n" 38 à 41. — Titres scellés des Clairambaull. t. 141, pp.
3827 â 3831, a» 98 à 101.
2. ■ De vous noble homme monseigtieur messire Francoys de
• Bouschet, chevalier, seicneur chaslclain des chaste lleni es et
« sei^pieuries de 8ourches-le-Vayer et Saint-Lëonard-des-Bois.
• enseigne de la uompaignye de monsleurde Monlpensier, je, no-
B ble homme Loys Prieur, escuier, seigneur de Chunlclou, etc. >
Chartrier de Sourches, orig. parch.
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- 449 -
deux fasces de sable., accompagnées en pointe d'une
tète de Maure*.
On lit dans un Mémoire généalogique conservé dans
le Chartrier
de Sourchea :
H Les sei-
a gneurs de
« la maison
« du Bou-
« chet por-
« tent pour
« armes :
« d'argent à
« deux fas-
a ces de sa-
« hh. Ordi-
« nairement
« leurs ca-
« dets ont
« porté sur
« le tout' «ne
« teste de
« Maure,or-
«née d'un
, Armea des Bauchel de Sourehcs peinles (d'arçenl à deui
« l U r O a n, tSsces de sable accompSfrnéeB en poinle d'une Mie de Maure
> , de sable) dsns la première retire iD) de t'aveu rendu, le 10
« des pertes seLUmbro SCO, par Louis Prieur, seigneur de Chantelou,
rt„„;/ ^ François Bouche», seigneur de Sourcnes. Le D, qui coCû-
<i aux Oretl' menée la phrase : De mut noblt hommt monieigneur,
1 . meuire Françoit de Bottchrlel qui encadre les armes, est
« tes et un d'aïur relevé de (llets d'ûr. Le blason de Louis Prieur (d'a-
f n t I i o •■ '"^ * '"''* èerévisses d'or se trouve peint au bas du même
« C O L L le I aveu. Chartrier de Sotirchet. Original en pardtenin,
a d'argent. n
Cette description a l'avantage de compléter exactement
1. M. Demity, dans son Inve
Clairambault. n° 1299, U cru ^
de Maure.
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les sceaux et l'écuseon de 1560 qui ne laissent pas voir
le turban, lea perles et le collier.
Les atnés de la maison Bouchet étaient les seigneurs
de MalefTre et devaient porter des armes pleines. Quant
aux cadets des Bouchet de Sourches, ils laissaient à
leurainé la tè-
te de Maure et
prenaient une
autre brisure.
C'est ainsi que
Baudouin Bou-
chet, seigneur
des Roches et
du Houx, frère
cadet de Fran-
çois, portait en
1575, dans un
écu o va lo,
veneiie . hbeïotk m l iiotïl du boi. UcUX faSCeS
avec un besaiit en chef, év.artelé de quatre tioiis • .
Au XVII* siècle, les Bouchet de Sourches abandonnè-
rent la tèfe de Maure L't portèrent simplement : « d'argent
« à {/eux fnsves de sable, » avec deu,\ licornes comme
supports, et deux faisceaux en sautoir pour les grands-
prévtHs. Après l'alliance de Louis-Franvois avec Marie-
Geneviève de Chambes-Monsoreau, ils blasonnèrent :
d'argent à deux fasces de sable qui est Bouchet, écar-
télé d'azur, semé de France au lion de gueules qui
est Chambes-Monsorcau^.
Les armes des Bouchet ne dilFèrent pas sensiblement
de celles des anciens Chaources et des Vassé. Les
1. Ces quatre lions doivent être les armes de Madeleine de
Coulonges. remme de Baudouin.
2. Bibl. nat. Pièces orig., t. 'i38, du Bouchet de Sourches.
9842, n" 59 el suivants.
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- 4SI -
sceaux des Chaourcea ont cinq ou six fasces, et les
Vaasé blasonnaient d'or à trois fasces d'azur^.
En 1504 et 1506, sous René Bouchet, les actes éma-
nant de la cour de Sourches étaient encore acellés du
sceau des Chaources*.
Les travaux généalogiques n'ont d'importance; qu'au-
tant qu'ils sont faits avec une scrupuleuse exactitude, en
dehors de tout parti pris. A cette condition seulement,
ils peuvent apporter un appoint sérieux à l'histoire des
mœwra, des institutions et des transformations de la
vieille société. Les énidits qui se trouvent en présence
d'anciennes filiations ne sauraient prendre trop de pré-
cautions pour éviter des pièges souvent habilement
dissimulés. Quand ils ont découvert une supercherie,
il est de leur devoir de la signaler et de faire crouler
des murailles mal cimentées. En agissant ainsi, ils ren-
dent hommage à la vérité et méritent la reconnaissance
des familles qui doivent aimer leurs aïeux, sous l'armure
du chevalier, sous la robe du magistrat, ou sous l'ho-
norable vêtement de l'ouvrier et du paysan. A ceux qui
regretteraient de ne pas trouver leur nom inscrit dans la
salle des Croisades, ils peuvent montrer les nombreux
manants qui suivirent Pierre l'Ermite et Gauthier Sans-
Avoir. Tous, comme le dit E. Drumont dans une Préface ^
au marquis de Mores, petit-fils d'Augustine-Frédérique-
1. Bibl. nat. Pièces orig. t. 2934, Vassé 65223. — TU. scell. de
Clairamliault, t. 206, pp. 8897 à 8913.
2. Chartrier de Sourches, 2 pièces oriR. scellées sur queue
simple.
3. La Dernière Bataille d'Edouard Dm mont est dédiée au mar-
quis de Mores, lils du duc de VaDombrosa et de Pauline-Gene-
viève des Cars. Il n'est pas nécessaire de rappeler ici tes derniers
événements politiques qui ont mis en relief le nom du sympathi-
que marquis de Mores.
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Joséphine Bouchet de Sourches, nous avons eu des an-
cêtres dans ces bandes de croisés. Pendant que les che-
valiers voyageaient facilement à cheval, les nôtres che-
minaient péniblement à pied dans les chemins de la
Hongrie et de la Bulgarie, ce qui, à mes yeux, ne cons-
titue pas le moindre de leurs mérites I
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GNOMONS ET CLEPSYDRES
La nécessité de la division du temps avait donné nais-
sance, dès l'antiquité la plus reculée, à trois instruments
spéciaux :
l" Le Gnomon ' {du grec y^ûjauv indicateur, qui vient
lui-même de yvûvai connaître), aussi appelé cadran so-
laire, qui n'est, comme on sait, qu'une table, conve-
1. C'est de ce miit qu'on a (ail gnomonique ou art de faire les
cadrant solaires. Aux XVII* et JtVlII" sîeiiles, on appeUit plus
spécialement gnomon une plaque percée et fixée au sommet a'uii
style : on Teisait passer lii méndienne par le Iroii pnitiqué ad hnv.
Cfr. LaGnomoiiique pratique ou l'art de tracer les cadrans solai~
rei du célèbre beiiédiutinD. Bédos de Celle», in-8. Paris, Dela-
lain, 1764 et 1777. Cet uuvraffe a été si bien fait que, malgré It^s
progrès de la science, on s en sert encore couramment aujour-
d'hui. Le Cosmos du 5 avril 1890 indiquait, p. 26, la manière de
tracer une méridienne copiée presque mol à mot sur l'ouvrage du
savant auteur. — Voir aussi Iai Gnomonique de Boutereau, à l'En-
cyclopédie Borel, Paris, Koret, 1845, in-18 ; — L'ouvrage du Dau-
phinois Oronce Fine, De Solarihus horologiis et quadrantihus
Libri quatuor, Parisiîs, in-S". apud Guitelmum Cavcllat, in Pin-
gui Gallina, 1532 ; — Le Traité d'horlogiograpliie, de D. Pierre de
Sainte -Ma rie -Madeleine d'Abbeville. i^ la congrégation des
Feuillants, petit in-8'', k Paris cheï Jean Dupujs, 1565, etc.
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nablement orientée et établie d'après des règles spé-
ciales, sur laquelle des lignes successivement rencon-
trées par l'ombre que projette un style, indiquent
l'heure vraie du jour d'après la hauteur ou l'inclinaison
du soleil ;
2" La Clepsydre (du grec x>.Î3tT«Vj cacher, ûXwp,
eau) qui a pour principe l'écoulement mesuré d'une cer-
taine quantité d'eau ;
3° Et te Sablier, dans lequel le liquide est remplacé
par du eable'.
Nous ne parlerons, dans cette brève notice, que des
Cadrans solaires ou Gnomons, et des Clepsydres, en
décrivant deux spécimens curieux do ces respectables
chronomètres qu'i\ nous a été donné de rencontrer dans
nos excursions archéologiques.
Les peuplades primitives du nouveau montle règlent
encore aujourd'hui l'emploi de leur temps d'après la
hauteur apparente du soleil sur l'horizon ; ce fut là évi-
demment, et c'est encore la première et la véritable
horloge solaire dont on fit usage. Avant la découverte
des cadrans solaires proprement dits, les Grecs connaia-
1. Le sablier n'est plus usité que pour mesurer de très cour-
tes périodes de temps. On s'en senil nu ninyen-à^e pour
fixer la durée des tournois. Cfr, Mémoires d'Olivier de la mar-
che, livre II, — AuXVII'siècleons'en servait, eu Sorboiine, pour
limiler la discussion des thèses. Cfr. rnscni. 2" Lettre Provinciale,
édition Hachette, 186't, p. 31, — Ce n'est qu'à la fin du XVIII* siècle
que les bougies ont l'emplacé les sabliers dans les adjudications
publiques. — Dans l'inventaire de Charles V (1380) on trouve cette
mention ; Vu grain oretoge de mer, de deux grandes fioles plei-
nes de sablon en un grand estuy de bois garni/ d'arcliul. Le Mé-
nagier de Paris (1393) indique a le sahloii à mettre à orloges .-
prenez le limon qui se cliiet du stage de marbre quant ton sîe
ces grans lum/ies de marbre noir, t {De Laborde, Glossaire,
p. 415).
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- 485 -
saient l'heure par la hauteur de leur ombre. On di-
sait : l'ombre a dix pieds ; combien de pieds a l'om-
bre ? Le premier gnomon mis en usage parait donc
avoir été l'homme lui-même.
Nous n'avons pas la prétention de faire ici l'historique
complet des cadrans solaires ; rappelons toutefois que
ces primitives oreloges* datent de la plus haute anti-
quité. On peut aujourd'hui, sans crainte de se tromper,
aflîrmer que les plus anciens gnomons encore existants du
monde ancien sont ces gigantesques Pyramides d'E-
gypte^, construites plus de 2,000 ans avant l'ère chré-
1. La ifn 0 mon iuue s'appela longtemps horograpliie parce que
c'est A proprement parler l'art décrire l'heure qu'il est sur un
plan donne : quelques auteurs la nomment aussi liorlogiographie
parce que ces cadrans primitifs s'appelaient orelogei, horloges,
nom qui s'apj)li<jua même aux sabliers et a été depuis transporté
à nos mécanismuB à roues et àpcndules. Clr. Glossaire français
de DeLaborde, verbo Oreloge, in-8", Paris, Labilte, 1872,
2. La Grande Pyramide faisait pour les Egyptiens l'oflice d'une
horloffe solaire d'une très grande justesse qui leur accusait de
plus les époques des équinoxes et des solstices (Biot, Journal des
Savants, 1855, p. 428).
L'origine et la raison d'être de la Grande Pyramide de Chéops
sont encore en discussion parmi les savants. — A litre de curiosité,
et ne fAt-ce que pour prouver quelles ressources étonnantes sa-
vent trouver H^L les mathématiciens avec leurs chiffres, rappe-
lons que l'astronome écossais Piazii Smylh, héritier des convic-
tions de John Taylor, a passé une partie de sa vie à étudier l'o-
rienlâlion et les dilférenles mesures de ce monument. Il est
arrivé à ces conclusions étonnantes que la Grande Pyramide n'est
pasup tombeau, qu'elle n'est pas l'œuvre des Pharaons, mais bien
une œuvre antérieure, énigmatique et exécutée dans un but surhu-
main. D'après cet auteur et ses difîérentes études, les dimensions
de la Grande Pyramide, mesurées aussi exactement que possible,
auraient établi l'orientation autrefois très exacte de ses quatre fa-
ces (orientation, dit l'abbé Moigno, qui délie presque les forces
de la science du XIX* siècle), la date de sa construction en l'an
2170 avant J.-C. par le calcul de précession des équinoxes. — Ou
trouverait encore dans les mesures de ce colosse de pieire le rap-
port de la circonférence au diamètre, la rectification de la qua-
drature du cercle, la longueur de l'axe de rotation de la terre,
la longueur de l'année et du parcours diurne de la terre sur
son orbite, données par le périmètre de sa base, la dislance de la
terre au soleil fournie parla hauteur, la densité moyenne de la
terre, son poids approché, le cycle des précessions des équino-
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tienne, qui marquaient exactement les époques sacrées
des solstices et des équinoxes. On leur avait donné',
pour mieux étonner les esprits, cette dispositioD singu-
lière qui permet qu'à certains jours, en plein soleil, le
plus élevé de ces géants du désert ne projette rien sur
le sable : a II a dévoré son ombre, » comme l'a si bien
dit le poète Ausone :
Sui^t, et ipsa suas consumit pyramis umbras ! '
Les Grecs, qui paraissent s'être servis surtout de la
clepsydre, avaient aussi des cadrans solaires ; quelques
xes. ta coudée égyptienne ëRale à la coudée de Moïse el à celle
de galomon, soitTa dix millième partie exacte de l'axe de rotation
de la t«rre, etc. — Hérodote, rectifié par John Herschell, avait
dil, il y a plus de 2000 ans, que le triangle de chaque face de la
pyramide était é^t au carré construit sur ta hauteur, ce qui est
exact (Cfr. Cosmos, 31* année, nouvelle série, n* 271. p. 19-20).
Notre compatriote Volney avait pressenti l'importance de ces
données scientifiques... g S'il esl constaté, dit-il. que le cAté de
ta base de la Grande Pyramide équivaut juste à un stade alexan-
drin (de 684 pieds 9 pouces 60 centièmes), et se trouve être exacte-
ment la 500< partie d'un degré du cercle terrestre, tel que nous
mêmes le connaissons; si, comme l'observe l'ingénieux et savant
Dupuis, ses pans sont disposés sous un ançle tel, qu'à l'entrée
du soleil dans tes signes équinoxiaux, son disque paraît placé au
sommet pour te spectateur à genoux à la base, il faut convenir
que dans sa construction l'on a combiné beaucoup d'autres mo-
tifs. « {Œucres comjilétes de Volney, édition Didot, 1837. p. 171). —
Voir aussi sur cet intéressant sujet dans L'Année scientifique de
Figuier. 1863 p. 19, une très eurieuse étude astronomique qui fait
remonter à 3400 environ avant J.-C. l'Age de la Grande Pyra-
mide d'après son orientation qui avait été calculée de telle façon,
dil l'auteur (Mahmoud-Bo^, astronome du Khédive) <|ue l'étoile
sacréedes Egyptiens, Sinus (Soifiis) nilt. lorsqu'elle était à son
point culminant, rayonner perpeiidiculairemenl sur sa face méri-
dionale ; celte perpendioulnrilé n'est plus exacte, mais le calcul
permet de la rétablir de telle sorte que « l'Age du monument peut
se lire encore dans l'astre qui l'a vu nailre ! » —Terminons celle trop
longue digression en faisant remarquer, avec le Cosmos, que
Bonaparte fil preuve d'une véritable prescience quand, à une épo-
que où ces calculs étaient complètement ignores, il disait à ses
soldats : 0 Du haut de ces pyramides quarante siècles vous con-
templent! •
1. Edouard Fouraier, Le Vieux-Neuf, T. III, p. 580.
2. Poème de la Moselle, vers 313.
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- 487 -
auteurs en attribuent l'invention à Anaximène de Milet
qui vivait 579 ans avant J.-C. ; d'autres en font hon-
neur à Thaïes.
Avant les Grecs, les Juifs se servaient déjà de ca-
drans solaires depuis des siècles, témoin celui d'Achas,
qui remonte au moins à l'an 751 avant l'ère vulgaire et
dont il est fait mention dans le prophète Isale'.
Les Romains, occupés de la conquête du monde, ne
connurent les gnomons que plus tard. Non contents d'en-
lever aux peuples vaincus leurs richesses artistiques,
ces conquérants, sans souci des méridiennes et des la-
titudes, transportèrent sur leurs vaisseaux triomphants,
pour les établir à Rome, les cadrans solaires de la Grèce
et de la Sicile. C'est ainsi qu'en l'an 263, le consul
M. Valérius Mcssala apporta de Catane un gnomon
qu'il plaça au Forum sur un pilier proche la tribune
aux harangues ; mais, comme ce cadran n'avait pas
été construit pour la latitude de Rome, il n'était natu-
rellement pas possible qu'il marquât l'heure véritable;
cependant, au dire de Pline, on s'en servit pendant qua-
tre-vingt dix-neuf ans, jusqu'à ce que le censeur Quin-
tus Marcus Pbilïppus en eût fait construire un plus
exact '.
Les grandes collections publiques du Louvre à Paris
et des musées Kircher et Pio Clémentine à Rome, qui
ont recueilli un assez grand nombre de cadrans grecs
ou romains prouvent combien ces instruments avaient
été communs chez ces peuples.
Dans ses « Documents paléographiques relatifs à
l'histoire des beaux-arts et des belles-lettres,» M, Aimé
1. Invocavit prophète Dominum et reduxit umbram per lîneas
Juibus iam desccnderat in horolotHo Achas relrorsum deuem ^ra-
ibus tisale ch. XXXIII, v. 8|.
2. Pline, VII-60. Cet auteur rapporte qu'un premier cadran so-
Isire avait été établi ù Rome anténeurement (vers l'an 306 avant
J.-C.) mais cette assertion a été contredite par d'autres auteurs.
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- 4S8 -
ChampoUion-Figeac cite une inscription d'une horloge
solaire remontant au règne de Septime-Sevère (commen-
cement du 111* siècle) et remarquable par la forme de Ifl
lettre G qui s'y trouve et dont le demi-cercle se termine
par un appendice semblable à une virgule'.
Plus rare, dît M. l'abbé R. Cbarles^, dans la pé-
riode de trouble et d'ignorance qui suivit les invasions
barbares, le cadran solaire reparaît dans nos églises
romanes. Un des plus anciens cadrans du moyen-ftge
se Toit dans l'église de Kirdale (Yorkshire) tracé sur
une pierre. L'inscription saxonne qui l'accompagne nous
apprend qu'il a été érigé sous Tosti, comte de Northum-
berland (1055 à 1065).
Le moyen-âge eut grand soin de pourvoir ses innombra-
bles couvents de ces modestes borlogea, en entourant
les cadrans d'une devise sous forme de pensée morale,
d'un religieux conseil ou d'une citation de l'Écriture
Sainte^.
L'église de Rouelles (arrondissement du Havre), pos-
sède encore une borloge solaire placée de telle manière que
ses deux côtés se trouvent éclairés, l'un depuis cinq
heures du matin jusqu'à midi, l'autre depuis midi jus-
qu'à sept heures du soir. Dix nombres d'heures sont
encore parfaitement visibles, et permettent de suivre la
marche de l'ombre donnée par les deux aiguilles des
extrémités. Le style de la sculpture [sauf pour la partie
inférieure servant de support et évidemment refaite ou
rajoutée) indique l'époque, qui est soit de la fin du quin-
1. In-8", Paris, Paul Dupont, 1868, p. 45.
2. Horloges et cadrans solaires du Maine, Le Mans 1883, 8 pp.
3. Voir dans le Bulletin monumental les Iitseriplions et Devises
horaires, recueillies par M. le baron de Rivières, première série,
Tours 1877, 1881, in-S", 117 pp. figures. Nouvelle série en 1884;
Bulletin monumental de 1885 ; Revue de l'art chrétien 188i, p.
233 : Le traité pratique de la construction des églises..., par MP
X. Barbier de Monlault, t. I, p. 78-78. Voir aussi Devises horai'
res Lorraines, par L. Germain, Nancy, 1887, in-8", II pp.
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zième siècle, soit des premières années du seizième.
Avant que la commune n'eût fait la dépense d'un ca-
dran à sonnerie, on se servait encore de cet ancien ap-
pareil, aujourd'hui à peu près oublié'.
La vogue des cadrans solaires s'accrut considérable-
ment à partir du XVI' siècle ; bientôt, en effet, les places
publiques et les façades des principaux monuments civils
et religieux furent pourvues de ce genre d'horloges dont
on retrouve encore aujourd'hui la trace. Les artistes gra-
veurs et dessinateurs s'appliquèrent à enrichir les gno-
mons de ligures, d'arabesques, d'ornements et d'attri-
buts qui vinrent compléter les devises.
Mais la grande vulgarisation, pour ainsi dire, du ca-
dran solaire, date du XVII' siècle ; pas une habitation
importante de ce temps-là, pas le plus petit prieuré qui
n'eût son horloge solaire, ornée d'inscriptions latines,
de rébus ou d'anagrammes plus ou moins réussis^.
C'est de cette époque (1643) que date aussi la belle
plaque que nous avons trouvée et acquise à Craon', il
y a quelques années, et dont nous sommes heureux de
donner ici la reproduction exacte.
Elle consiste en une planche de cuivre argenté de trente-
trois centimètres de côté, ornée dans les angles et dans la
1. Magasin pittoresque, gravure curieuse, 47» annde, p. 297.
2. Les deux gnomons les pins célèbres des temps modernes
Bont celui de l'église Sainle-Pétronne à Bologne construit en 1653
par Cassini et celui de l'église Saint-Sulpice h. Paris construit en
1743 par Lemonnier ; ce dernier a 7 mètres de hauteur ; la trace
du méridien passant par le trou de la plaque est figurée sur le
pave de l'église par une ligne de cuivre qui traverse l'édifice dans
sa plus grande lai^ur.
3. Arrondissement de Chftteau-Gonlier (Mayenne). — Nous
n'avons pu découvrir par suite de quelles circonstances, cette
épave de l'abbaye de Saint-Serge était venue s'ëchouer dans
le Craonnais. — D'après le Pouillé du diocèse d'Angers pour
1754, l'abbaye en question n'avait le droit de pr^entation.
dans notre région, qu'aux prieurés-cures de Combrée, de Méral
et de Cuillé pour le diocèse d'Angers, aux prieurés et aux cures
de Fromentieres et de N.-D. d'Astillé pour le diocèse du Mans, et
de Brielles et de Bréal pour le diocèse de Hennés.
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grande partie centrale d'un charmant dessin composé d'a-
rabesques élégamment et symétriquement entrelacées et
qui dénotent chez le graveur un goût prononcé pour
l'art mauresque en même temps qu'une main habile et
exercée. Au milieu de la composition se trouvent, tim-
brées d'une crosse et d'une mitre, les armes de l'abbé
de Saint-Serge, René de Brîoky à qui cette belle pièce
avait été offerte et dédiée par le chartreux Jacques Mo-
raine, qui a pris soin de signer sou œuvre.
Inédites, à notre connaissance du moins, ces armes
de Briolay qui pourraient bien être aussi celles de l'an-
cienne famille de Breslay ou de l'une de ses branches', en
peuvent malheureusement se lire d'une façon certaine, le
graveur ayant fait toutes les hachures de son dessin et
de Vécu dans le même sens. Impossible donc de préciser
autre chose que : d... à trois roses de... accompagnées
en cœur d'une molette d'éperon de...
Du nom latin de l'abbé, RENATUS BRIOLEUS, l'au-
teur s'est efforcé, suivant le goût de l'époque, de tirer
Yanagramme^ UT ROSA LENIS RUBE, mots dans
tri en chef d'un croissant d'ax
Mutéea d Angers (Lachèse et Dolbeau. 1884). sous le n^ 1938 du
catalogue, lo description du cuivre original d'un portrait de Pierre
Breslay se référant à des gravures «les Pandectre de CI. Ménard.
2, L'anagramme, connue de l'anlinuité, fut mise à ia mode en
France par le poËle Durât sous Charles IX. Chacun s'adonna à
cet exercice, que nous trouvons si puéril aujourd'hui, avec une
sorte de fureur. Notre Lavallois Hiérosme d'Avost a composé
(1583), un volume d'anagr-ammes ; dans Marguerite de Valait,
il trouve laborieusement ttoial image de vertus, etc. — L'Acadé-
mie française a rayé de son dictionnaire en 1877 le substantif ana-
grammatiste et le verbe anagrammatiser. — Signalons, parmi les
singularités léguées par les anciens et que 1 on peut rattacher
aux jeux d'espnl de l'anagramme, ces inscriptions grecques dont
on ornait soit les baptistères soit les demeures particulières.
Parmi les premières la plus célèbre est l'inscription amphisbènc
de Sainte-Sophie :
NirON ANOMHMATA HH HONiN OTIN
Lave les fautes et non seulement ton vitage.
On peut commencer la lecture par la dernière lettre et on re-
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Digiliz=db,G00glC
Digiliz=db,G00glC
- m -
lesquels on pent retrouver tea lettres formant les noms
de Renatus Brioleus.
Autour du cadran, on lit les distiques latins suivants,
dans lesquels l'auteur a su faire entrer tes mots compo-
sant l'anagramme qu'il venait de trouver :
ORNANT STEMMA ROSjE SOLIS VIRTUTE RUBENTES,
UTROSA SIC NOBIS LBNIS ODORE RUBE.
DUM TUA SOL LUSTRAT SOLARIA, PRJISUL AMANDE,
T0TU8 DIVINI SOLIS AMORE RUBES*.
Dans la partie de la plaque laissée libre par l'inscrip-
tion des heures, on lit cette mention dédicatoire :
Reverendissimo If Domino Renato Brioleo monas-
terii a S" Sergio prope Andegavum abbati dignissimo,
Régi a consiliis etc.
Dedicavit et sculpsit D. Jacobus Moraine Cartusia-
nus, Anno Domini 16^3.
11 est regrettable qu'au moment de l'installation défi-
nitive de ce cadran à la place qu'il devait occuper, Jac-
ques Moraine ne soit pas venu en personne compléter
trouve exactement la mâme phrase. — Cfr. Bulletin du Vendd-
mois, année 1872, p. 149. — A Bazouges près La Flèche, on lit
au portail d'un logis ayant appartenu au Trère du poète Balf,
cette inscription :
ZnErAE BPAdEÛZ
qui jusqu'ici ne nous a pas paru traduite soit par le latin : fes,
m. Il y
lentement. Il y a là évidemment un jeu de mots, une énigme à
trouver.
1. Les roses, dont les feux da soleil font itirtceler la pùurpr«,
ornent ton blason ; ô toi qui nous est doux comme le parfum det
roses, resplendis à ton tour. Oui, prélat digne d'affection, tandis
que le soleil parcourt ion cadran, tu brilles aussi, tout enflammé
dfs ardeurs du divin soleil-
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- 46î -
la gravure horaire d'après la méridienne locale, car
l'artiste chargé de ce soin a affreusement mutilé, et avec
des outils tout à fait primitifs, la helle œuvre du char-
treux.
L'abbé de Briolay dont il est question ici était le cin-
quante-neuvième abbé de Saint-Serge ' d'après quelques
auteurs, et le soixante-deuxième d'après un autre. Il
était le petit-neveu et le fdleul de René de Breslay',
1. Hauréau, Gallia ehrâtiana, tome XIV, page 654. — C. Port,
Dictionnaire de Maine-et-Loire, verba Briolay. — - Ib. Saînt-Ser^.
— Trévaux, Histoire de l'Eglise et du diocèse d'Angers, Cosnier
et Lachèse, 1856, Tome II. p. 601. — La première fondation d«
Saint-Serge, dit M. Port, que quelques-uns font remonter à Clo-
vis I". doit être attribuée du moins à Clovis II (650-660) et à son
fils ThierrY. L'abbaye eut pour premiers patrons Saint Serge et
Saint Médard jusqu'au VlII' siècle, puis Saint Goberd, Sainte
Oertrude et Saint Bach, ce dernier même bien souvent oublié.
Charleina?ne en fil don à son chapelain Witbold. vers 788 (D.
Bouq., t. V. p. 315). Dès le IX' siècle, un corps de chanoines ou
de clercs avait remplacé les moines. L'abbaye, saccagée par les
Normands et cédée aux ducs de Bretagne, fut donnée par le duc
Alain au chapitre de Sainl-Maurice. L'évëque prit des lors le
titre et les fonctions d'abbé jusqu'à Rainaud qui, vers l'an 1000, y
établit des moines de Saint-Denis, d'abord sous le gouvememeni
commun des abbés de Saint-Aubin. Vulgrin, sous t'évéque Hu-
bert, fut le premier abbé indépendant et renouvela absolument
l'abbaye. Elle tomba en commande en 1533 et la réforme de
Saint-Maur y fut introduite eu 1629 par le prédécesseur de l'ebbé
de Briolay. Il s'y trouvait à ce moment 22 religieux, à qui l«s
nouveaux venus firent des pensions. — Avant la réforme, les
ofHces claustraux se composaient du prieuré claustral, de la se-
crétairerie, de l'aumAnene, de la chanlrerie, de l'infirmerie, de
l'hAtellerie, de l'armoirie et de la chambrerie (Die. M.-et-L.}.
2. La famille de Breslay fut célèbre en Anjou et au Haine.
Voir Ménage, 2* partie de l'Histoire de Sablé, p. 109. 110 et 111.
— Le même auteur. Vie de Pierre Ayraut, dit p. 303 ■ : Adam
Hemault, conseiller au présidial d'Angers, épousa en deuxièmes
noces Warie de Briolay, veuve de Jacques Joubert, élu à la Flè-
che... sceurde René, abbé de Saint-Serge ^ui se (/i'»aii(f« i'a/ici0/i-
ne maison de Briolay. » Le même auteur ajoute plus loin, p. 479
du même ouvrage : «Grégoire Vorerin es épousa (13 octobre 1567),
une Breslay dont Christophe Morennes, archidiacre d'Angers et
Marie, femme de François de Briolay, dont ; 1° René, ahhé de
Saiitt-Sergc ; 2" Christophe, religieux de Saint-Serge ; 3» Antoine,
ecclésiastique séculier; 4* et Marie ci-dessus. ■ — L'ancienne
maison de Briolay avait adopté les armes A' Anjou-Sicile, qui ne
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évèque de Troyes et abbé commendataire de Saint-
Serge, qui se démit en sa faveur en 1628. Les bulles
de R. de Briolay sont du 5 février 1629. Cet abbé, qui
avait toujours partagé régulièrement ses revenus avec
ses religieux, — chose fort rare pour l'époque, — mourut
en son abbaye le 6 juin 1671, et fut inhumé à Angers,
dans la partie du cimetière de Saint-Michel du Tertre
réservée aux criminels exécutés', en exécution d'une
clause de son testament ^.
Nous n'avons pu trouver aucun renseignement sur
Jacques Moraine^ que nous croyons neveu de l'abbé de
Saint-Serge dont il est question.
ressemblent en rien aux armes du cadran de Jacques Moraine.
(Denais, Armoriât d'Anjou. 1. I", p. 271). — Voir aussi : vlrmoriaf
rass. de 1608, p. 12; — Aadouys. mas. 494 delà Bibliuthùque d'An-
gers, p. 39. — et Roger, mss. 103 id. et 995, p. 5. — Parmi les
membres de la famille de Breslay alliée aux Briolaj;, citons Fran-
çois de Breslay, curé de Ballotsa la fin du XVII° siècle (son père
René, sa mère Perrine Boucauit, son grand-père Jean, sa grand-
mère Catherine Gendron, son aïeul Hené, avocat à Angers, son
aïeule lolande Berihelon) dont la sœur Anne de Breslaj' avait «Spou-
sé Geôles Minault. seigneur de la Charbonnerie,enBollots. — Le
26 novembre 1699 le neveu du curé de Ballots, René-François
Hinault de la Chcrbonnerie, épousait Anne -Henriette du Buat.
(Cfr. Généalogie du Buat, porVabbé Charles, p. 90-91, Mamers,
Fleury, 1886).
1. C. Port. Loco citaio.
2. Voici un extrait de ce testament : « Je désire que mon corps
soit inhumé dans le simetière de Saint-Michel du Tertre vers le
lieu dans lequel on enterre les pauvres criminels exécutés à mort,
Eour réparer autant qu'il peut dépendre de moy, par celte petite
uinitialion de ma superbe, et par reconnaissance publique de
mon indignité, l'excès de mes offenses et fléchir l'ire de Dieu à
miséricorde et à la diminution de ses justes châtiments conti-e
moy. B [Bililioth. d'Angers; Biographies Grille, carton VI).
Malgré ta clause de ce testament, D. (ournereau, dans son His-
toire abrégée rfe Saùii-Serge, dit à deux reprises différentes que
R. de Briolay fut inhumé dans le uhrrur de l'église de Saint-
Serge : <i Jacet in ccclesite choro sub tumbii marmorea ; ejus
exequias celebravit revcrendissimus episcopus Henricus Amaut,
Siissimus et merilus autistes. » Et plus loin ; « R. de Briolay,
ujus cœnobii abbas comniendatorius iit iitferiore parte chori,
SUD lumbà marmorea reeondilur. « {Reuue des Sociétés savan-
tes des départements, 5' série, T. Il, 2« semestre, p. 372J.
3. Voir toutefois la note 2 page 462.
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- 464 -
Lft vog^e des cadrans Bolaires ne ât que s'accrolb'e
pendant le dix-huitième siècle ; sculpteurs et dessina-
teurs se plurent à entourer lea horlogeB non plus seule-
ment de devises et de citations plus ou moins préten-
tieuses, mais, suivant le goût maniéré de l'époque,
d'emblèmes, d'allégories et d'attributs de toutes sortes ;
ici, c'est un ange qui montre les heures avec une ba-
guette garnie de lys ; là, c'est lo Temps avec sa faux
qui indique la brièveté de ta vie, etc'.
L'application plus générale du pendule, de la spirale
découverte dès 1675 et de V échappement trouvé en
1700, en donnant un essor considérable à la fabrication
et à la vulgarisation des horloges et montres à roues,
fit abandonner peu k peu, puis complètement, l'antique
usage du cadran solaire.
II
La clepsydre, comme nous l'avons dit, est, avec le
cadran solaire, un des plus anciens instruments inventés
pour mesurer la durée du temps ; dans beaucoup de pays
elle est restée employée couramment jusqu'au X' siècle
de l'ère chrétienne.
Les Egyptiens en attribuaient la découverte à Mer-
cure ; cependant Pline l'Ancien en fait honneur à Sci-
pion Nasica qui l'aurait introduite de Grèce à Rome.
Platon, d'après la tradition, l'aurait apportée de l'Egypte
en Grèce.
Dans un de ses dialogues, ce philosophe prouve en
1. A la cathédrale de Chartres, sur le côté sud du vieux clo-
cher, un an^e aux Tormes allongées et aux ailes étendues présente
an cadran aux rayons du soleil. — Voir, dansD. Bédoa,les gra-
vures allégoriques que cet auteur propose (1777) comme motife de
décoration pour les cadrans solaires.
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- 466 -
effet qu'il connaissait cet instrument : « Les philosophes,
dit-il, sont bien plus heureux que les orateurs, ceux-ci
étant esclaves d'une misérable clepsydre^ tandis que
ceux-là ont la liberté d'étendre leurs discours autant
que bon leur semble. »
Il faut savoir, pour l'explication de ce passage ', qu'il
était de coutume, dans les tribunaux d'Athènes, comme
plus tard dans ceux de Rome, de mesurer, a l'aide d'une
clepsydre, le temps accordé aux avocats pour leurs plai-
doyers. On versait trois parts d'eau égales dans la clep-
sydre : une pour l'accusateur, l'autre pour l'accusé et
la troisième pour le juge. Un homme avait la charge
spéciale d'avertir chacun des trois orateurs, quand sa
portion d'eau allait être épuisée. Si, par extraordinaire,
le temps était doublé pour l'une ou l'autre des parties,
cela s'appelait ajouter clepsydre à clepsydre, et quand
tes témoins déposaient, ou qu'on lisait le texte de quel-
que loi, l'écoulement de l'eau était interrompu et l'on
disait : aquam suslinere (retenir l'eau).
Vîtruve, célèbre architecte romain, né vers l'an 85
avant J.-C, attribue l'invention de l'horloge hydraulique
à l'Egj'ptien Ctésibius, mathématicien d'Alexandrie, qui
l'aura sans doute plutôt perfectionnée qu'inventée. Quoi
qu'il en soit la description du célèbre praticien est assez
remarquable pour que nous la rapportions ci-après tex-
tuellement :
« La clepsydre, dit-il, marquait les heures par le
moyen de l'eau, qui, passant lentement par un petit trou
pratiqué au fond d'un vaisseau, et tombant dans un au-
tre, faisait, en s'élevant insensiblement, hausser dans ce
dernier vaisseau un morceau de liège. Ce liège tenait
à une chaîne passée autour d'un essieu, et qui avait à
son autre extrémité un petit sac rempli de sable un peu
moins pesant que te liège. Cette chaîne, en faisant tour-
1. Lacroix, Les Arts au moyen-tige. Didot, Paris, 1880, p. 174.
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ner l'essieu qui était très mobile, faisait aussi tourner
une aiguille qui y était fixée, et qui marquait telle heure
sur un cadran. On sent combien cette horloge devait
manquer de précision à raison des variations de la tem-
pérature*. »
Connue depuis longtemps dans les Gaules, la clepsy-
dre y fut retrouvée par Jules César (101-44 avant J.-G.},
qui fut surpria de cette découverte.
Vainqueur de Mithridate, Pompée amena triomphale-
ment d'Asie, parmi tes dépouilles du roi vaincu, une
horloge h eau perfectionnée qui fit l'admiration des Ro-
mains (66 av. J.-C).
En 505, Gondebaud, possesseur du royaume de Bour-
gogne, reçut de Théodoric, roi d'Italie, deux horloges
dont l'une était mue par l'eau*.
Au huitième siècle le pape Paul 1" (757-767) envoya
une clepsydre è Pépin-le-Bref.
Cent ans plus tard on considéra comme un événe-
ment l'apparition, à la cour de Charlcmagne (742-814)
d'une horloge hydraulique envoyée par le fameux calife
Haroun-al-Baschild. Le secrétaire du grand empereur
d'occident, Eginhard, nous en a laissé une pompeuse
description : « Elle était, dit-il, en airain damasquiné
« d'or ; elle marquait les heures sur un cadran et au
« moment où chacune d'elles venait à s'accomplir, un
« nombre égal de petites boules de fer tombaient sur un
« timbre et le faisaient tinter autant de fois que l'indi-
« quait le nombre marqué par l'aiguille. Aussitôt douze
« fenêtres s'ouvraient d'où l'on voyait sortir un nombre ■
a égal de cavaliers, armés de pied en cap, qui, après
1. Liv. 9. ch.ip. 9. — Claude Perrault (1613-1688), l'auteur de
la Colonnade du Louvre, avait entrepris, d'après les données de
Vitruve, de reconstituer, à l'aide de roues dentées, l'horlope hy-
draulique de Ctésibiiis. Voir la description di*toi!lée au Magasin
Pittoresque, année 1S^3, p. 345 et 246.
2. Dom Planche, Histoire de Bourgogne, T. 1., p. 48.
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- 467 —
« diverses évolutions, rentraient dans l'intérieur du mé-
« canisme dont les fenêtres se refermaient aussitôt'. »
Un archevêque de Vérone, nommé Pacificus, construisit
quelque temps après une clepsydre bien supérieure à
celles de ses devanciers, car, outre les heures, elle indi-
quait le quantième du mois, les jours de la semaine, les
phases de la lune, etc. ^.
Reprenant en 1532 la description de Vitruve, Oronce
Fine (1494-1555), célèbre géomètre et mécanicien de
François 1"', la compléta en inventant un système aussi
simple qu'ingénieux pour obtenir l'écoulement constant
du liquide régulateur de la machine. La célèbre clepsy-
t. Du Can^e, fvr6o Horologium.
3. Du Can^^e.
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— 468 —
dre dont nous reproduisons le dessin ' consistait en un
petit navire nageant sur l'eau d'un réservoir et muni d'un
siphon qui vidait l'eau avec un vitesse uniforme, parce
que l'orifice restait toujours à la même distance du ni-
veau. Pour la construction du reste de sa machine, le
dauphinois Oronce Fine s'était conformé à la description
de la clepsydre de Ctésibius, donnée par Vitruve.
Le musée de Cluny, à Paris, possède une horloge
hydraulique en grès flamand de l'époque de la Renais-
sance^.
C'est à Cosaé'Ie-Vivien que nous avons été extrême-
ment surpris — nous devons l'avouer — de rencontrer
une clepsydre d'une construction spéciale, mais bien
connue puisque divers auteurs nous en ont laissé une
description exacte^.
Un harilîet d'étain de 133 millimètres de diamètre, en-
roulé et suspendu par un a^^e au moyen de deux cordelettes
le long de deux montants mesurant environ quatre-vingt-
dix-sept centimètres de hauteur, tel est l'aspect extérieur
de cette horloge hydraulique qui pouvait marcher et
marche encore trente-quatre heures consécutives.
Elle porte en outre un mécanisme annexe qui a dû
être ajouté postérieurement a sa construction. C'est une
sorte de sonnerie ou de réveil : l'axe de la clepsydre, en
descendant, pouvait actionner à certains moments et
par l'intermédiaire d'une clavette et d'une hobine, un
1. C'est dans le cabinet de M. Louis Gamier, notre obli^ant
collè(^e, que nous avons trouvé le très-rare volume d'Ororce
Fine. — Voir dans cet oiivroge, p. 190-191, la description, en la-
tin, de sa machine.
2. Bosc, Dictionnaire de l'art, de la curiosité et du hibelot, p.
3S7.
3. Nous prions M. Robin, percepteur des contributions directes
à Cossé-le- Vi\-ien, de vouloir bien recevoir ici nos remerclmenta
pour la bonne complaisance avec laquelle il a bien voulu nous
communiquer sa clep.sydre et nous permettre de la présenter A
MM. les Membres de lu Commission Historique de Fa Ma^nne.
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petit marteau de métal qui retombait sur un timbre et
produisait un son unique.
D'aprPB ce qu'on nous a dit, cette curiosité ne aérait
pas si rare qu'on se le ligure dans le nord de la Mayen-
ne, où celle-ci a été acquise ; mais les armateurs étran-
gers et... les fondeurs de cuillers lui ont fait, chacun
dans un but difTérent, une telle chasse que l'on parvient
dilïlcilement à en retrouver des spécimens.
Voici la description technique de la clepsydre à baril-
let d'après plusieurs auteurs * :
Cette horloge consiste, à l'extérieur (fig. ci-dessus) en
1, Montuula, Histoire des Mathémaûifues, Paris, 1758. — Voir
aussi P. Marlinelli, Horologi elementan. Veoise. 1663. — Maga-
sin pittoresque, année 1844, p. 196. — Oïaiiam, Récréations iiia-
t/iémati<iues, Paris, 1694, etc.
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-470 -
une espèce de tambour ou barillet de 12 à 15 cenUmètres
de diamètre, suspendu par un essieu qui le traverse diamé-
tralement, à deux cordons fins, qui se déroulent et s'al-
longent, ou s'enroulent et se raccourcissent, suivant le
sens dans leauel a lieu la rotation du barillet. Ce sont
les deux peintes dont les extrémités de l' essieu sont ar-
mées qui marquent les heures sur les montants verticaux
placés latéralement.
La fig. ci-dessous qui représente la coupe du tambour
suivant un plan perpendiculaire à son axe, fera compren-
dre le mécanisme intérieur. On voit un certain nombre
de cloisons, sept par exemple, A, B, C, D, E, F, G,
fixées exactement aux deux bases du barillet ainsi qu'à
la bande circulaire qui en fait le tour. Ces cloisons sont
excentriques ; et, suffisamment prolongées, elles seraient
toutes tangentes à une circonférence de quatre centimè-
tres environ de diamètre, ayant son centre sur l'axe du
barillet. H est la coupe de l'essieu dans l'intérieur. Enfin
toutes les cloisons sont percées, le plus près possible de
la circonférence du tambour, d'un petit trou rond de
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-47i -
m^me grandeur et placé de la même manière dans cha-
cune d'elles.
Supposons maintenant qu'on ait mis dans le tam-
bour une certaine quantité d'eau, environ 250 grammes ;
qu'elle se soit déjà distribuée comme le représente no-
tre fi^re, et que la ligne 1 K représente la direction du
double cordon de suspension vu de cdté. II est facile de
comprendre que la machine s'est mise en équilibre sous
l'influence de deux forces : l'une due au poids du ba-
rillet et des cloisons, passe par le centre de l'essieu, et
tendrait à faire tourner dans le sens A, G, F... ; l'au-
tre, due au poids de l'eau accumulée entre deux cloisons
contiguês, agit dans le sens contraire. En définitive, le
mouvement a cessé, l'équilibre s'est établi, lorsque le
centre de gravité de l'appareil entier et de t'cau qu'il
renferme a passé par le cordon de suspension J, K.
Les choses resteraient dans cet état sans les trous
dont sont percées les deux cloisons D et E. Bientôt l'oau
qui s'échappe par ces trous déplace le centre de gravité,
le fait passer à gauche des cloisons, et l'équilibre étant
rompu, le tambour tourne dans le sens A, G, F...
Comme la cause du mouvement agit incessamment, le
mouvement lui-même s'opérera d'une manière continue,
autant du moins que le permettent les frottements et les
résistances de dilîérents genres.
Pour obtenir une division exacte du temps au
moyen de cette horloge, il faut mettre une marque sur
la surface extérieure du tambour, au point le plus haut,
lorsque les cordons sont enroulés et le tambour remonté
jusqu'au sommet des supports ; puis repérer avec pré-
cision les points où les aiguilles indicatrices marqueront
chaque heure depuis l'origine du mouvement.
11 est d'ailleurs facile de régler la machine, d'accélé-
rer ou do retarder son mouvement à l'aide d'un petit
contre-poids, qu'il auflît d'attacher à l'essieu de façon
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_ 47Î _
à ce qu'il tende à le faire tourner en seae contraire du
sens de la rotation due à la pesanteur de l'eau.
A l'aide do cet artifice, il sera possible de faire en
sorte qu'une révolution entière du tambour s'opère en
un nombre exact d'heures. En partageant en parties
égales, en quatre par exemple, chacun des intervalles
qui, sur les montants, correspondent à une heure, on
aura une horloge hydraulique d'une précision bien suffi-
sante pour les usages ordinaires.
Il faut bien, cependant, se garder de croire que le
mouvement de rotation autour de l'axe soit uniforme
pendant une révolution. La vitesse d'écoulement de l'eau
varie avec sa hauteur derrière les cloisons, et par con-
séquant, lors même que l'horloge serait fidèle pour l'in-
dication des heures entières, elle ne le sera jamais qu'im-
parfaitement pour l'indication des quarts et des demies ;
à moins que le nombre des cloisons ne soit de 4, de 8,
de 16... fois celui des heures : alors les inexactitudes
n'auront plus lieu qu'entre des intervalles de 15, de
7 1/2, de 3 3/4... minutes.
Pour rendre la machine plus parfaite, il y a, au dire des
auteurs, quelques précautions utiles à prendre. Ainsi, d'a-
bord, on n'emploiera que de l'eau distillée ; pour le barillet
et ses cloisons, on choisira un métal difficilement oxydable,
du cuivre bien étamé par exemple ou de l'étain fin ' ; l'ou-
verture pour l'introduction de l'eau et les orifices par les-
1. L'étain, dont Moïse a fait mention, est un des métaux les
plus anciennement connus. Au moyen-Age, la vaisselle de cui-
sine ou du commun, chez les riches, el la vaisselle la plus géné-
rale, même chez les (^ns aisds, 6lail en élain. Au XII 1° sii'cle, les
etiaifiiyers se divisaient en deux corps de métiers distincts, les
potiers et les ouvriers. A la fin du XV' siècle ou lit parade de la
vaisselle d'élnin, « façon d'argent, c'est-è-dire prenant les formes
de l'anrenterie. Jusqu'à la tin du XVIII* siècle, de véritables ar-
tistes fabriquèrent avec guùt cette vaisselle plate de la classe
movenne dont on rencontre encore quelques beaux spécimens,
précieux restes des vaisseliers dont nos ancêtres étaient fiera.
(Voir Glossaire de de la La Borde, verbo, étain, p. 305,
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quels l'essieu sort du tambour devront être hermétique-
ment bouchés ; les cordons de suspension seront aussi
flexibles et aussi inextensibles que faire se pourra.
On ne connaît pas l'inventeur de oe genre de clepsy-
dres. Il parait que les premières qui furent apportées à Pa-
ris vers la fin du dix-septième siècle venaient de Bourgo-
gne. Mais dès 1663, le P. Martinelli en avait traité fort
au long dans un ouvrage italien intitulé Horologi elemert'
tari, imprimé à Venise, et devenu fort rare.
Ozanam raconte qu'un baruabitc, le P. Timotbée, qui ex-
cellait dans les mécaniques, avait donné à cette horloge
d'eau toute la perfection dont elle était susceptible. Ce
religieux en avait fait une d'environ l^BO de hauteur,
qui ne se montait qu'une fois par mois. Outre les heures
marquées sur le haut de la boite, on y voyait indiqués,
sur un cadran régulier, le quantième du mois, les fêtes
de l'année, le lieu du soleil dans le zodiaque, son lever
et son coucher et la longueur du jour et de la nuit.
Moins prétentieuse, notre modeste clepsydre nous ré-
vélera du moins la date approximative de sa construc-
tion ; en effet, une inspection attentive de l'axe du ba>
rillet permet de lire encore, près de la marque assez
fruste du fabricant, ces trois chiffres bien apparents :
167... ce qui prouve que l'instrument est de la seconde
moitié du XVII* siècle.
III
Nous avons étudié, sur des spécimens locau?^ assez
remarquables, deux des trois instruments principaux
connus des anciens et employés par eux pour la me-
sure du temps \ quant aux sabliers, grâce à la fragi-
lité de leur construction même, ils ne sont pas parvenus
jusqu'à nous ; seules, quelques montures élégantes de
l'époque de la Renaissance ont été recueillies dans nos
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— 474 —
masées et y cdtoient lea tables à devises des horloges
solaires et les rares fra^ents des clepsydres.
Les découvertes de dos savants mécaaicieDs et les
adaptations ingénieuses de nos horlogers ont donné
naissance à des merveilles de précision répandues main-
tenant dans le monde entier. Toutefois, il faut bien l'a-
vouer, ces produits mirifiques du génie moderne ne sau-
raient empêcher la mélancolique tristesse qui nous envahit
involontairement à In vue d'un antique cadran solaire,
privé de son gnomon, et nous montrant vainement les
traces d'une devise illisible.
« Que de choses, dit un grand amateur', nous appre-
naient, par leurs inscriptions, ces modestes régulateurs
du jour ! Le laboureur y trouvait un conseil pour la culture
de son champ; i'ouvrierdes villes, un encouragement dans
son labeur quotidien ; le philosophe, une leçon austère ;
le chrétien, le moraliste, une sentence sur ta brièveté
de l'existence et le rapide cours des heures ; le savant,
une ingénieuse devise; l'historien, une date ignorée; le
littérateur un texte heureusement choisi ; le prêtre, une
citation des livres saints ou un verset de son bréviaire ;
l'écolier, une exhortation au travail, etc.
Ces réflexions sont fort justes ; aussi, est-ce de tout
cœur que nous nous associons aux regrets du poète
moraliste :
« Pourquoi, dit-il, le cadran solaire a-t-il disparu
presque partout ? Avec quels transports mon œil enfan-
tin épiait la marche silencieuse de l'ombre allongéo qui
marquait l'heure de la récréation ! On a pu suppléer à
son utilité, mais qui nous rendra son sens moral ? Quel
morne remplaçant qu'une horloge avec son criard atti-
rail de rouages et de poids ! Le cadran solaire était le
dieu de nos jardins. Il réglait les travaux modérés, les
plaisirs champêtres qui ne se prolongent pas après le
1. Baron de Rivières, déjà cité.
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-475-
décItD du jour. 11 prêchait la tempérance, le coucher t6t.
C'était l'hortoge primitive, l'horloge du premier monde,
contemporaine, pour ainsi dire, du Paradis terrestre. A
cette équitable mesure d'ombre et de soleil, les fleurs
s'épanouissaient, les oiseaux modulaient leurs chants, les
troupeaux allaient au p&turage et revenaient au bercail.
En ses heures de loisir, le berger en façonnait le disque,
et le rustique philosophe l'ornait de devises plus tou-
chantes que celles des tombes I
« Ah ! tout ce qui s'en va n'a pas mérité son arrêt.
Le cadran solaire, dans sa simplicité native, était l'ini-
tiation des petits à la vie et au temps I Sommes-nous
donc devenus si grands que nous reniions les joies de
notre enrance ? »
Jules Planté.
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LES CHATEAUX • DE LOIftON
A 800° est de Loiron, sur la rive orientale de l'étang
desséché de ce bourg et dans la partie nord du taillis de
la Rôchette, s'élève une motte ou butte de terre entourée
de Fossés et appelée dans le pays a tes Châteaux. »
A cette butte est accolé un retranchement qu'elle ferme
à la gorge et qu'on nomme « les Jardins*. «
La butte est élevée de plusieurs mètres au-dessus du
sol ; la pente rapide de ses flancs en rend l'ascension difli-
' cile et le bois taillis qui la recou-
vre empêche d'en mesurer aisé-
ment les dimensions, peu consi-
dérables d'ailleurs. Lors de sa
construction elle dut être circu-
laire. Son volume est bien supé-
rieur à celui des terres qu'a pu
fournir le fossé tel que nous le
voyons aujourd'hui. A son som-
met on remarque une dépression
assez profonde, en partie comblée
par des feuilles sèches et des dé-
tritus végétaux accumulés.
Dans la direction de la Bretagne elle est précédée par
un retranchement de forme irrégulière, mais rappelant
1. Voir le croquis ci-joînl, qui n'est qu'un sin
lesliné à Dxer les idées mieux que ne le ferait
iple levé è. vu
une descnptio
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— 417 —
celle d'uD fer à cheval, dont les deux branches viennent
s'appuyer à son fossé. Le relief de ce parapet est actuelle-
ment assez faible par rapport à la profondeur de son
fossé particulier. Si les choses n'ont pas trop changé d'as-
pect, ce dernier a donc pu fournir une partie des terres
qui entrent dans la construction de la butte.
En somme ce retranchement annexe est très grossier.
11 semble qu'aucun plan n'ait présidé à sa confection, et
que son fossé ait été mené tant bien que mal de proche
en proche, de façon à circonscrire une enceinte rejoi-
gnant par ses deux extrémités la butte à laquelle elle
s'appuie. Le commandement de l'ouvrage sur le sol en-
vironnant est presque nul, et, d'après son état actuel,
son parapet n'aurait pu servir de défense qu'à condition
d'être surmonté de palissades ou tout au moins de forts
branchages entrelacés (pUxitium 'J,
Au milieu du terre-plein s'ouvre un puits ou citerne
encore rempli d'eau.
Aucune tradition relative au château de Loiron ne
s'est conservée dans le pays, et nous ne connaissons pas
de texte qui en fasse mention.
Mais pouvons-nous, sur l'examen de son tracé, baser
quelque hypothèse ?
D'après les principes de la fortification moderne, les
ouvrages annexes étant supposés tournés du côté de l'at-
taque, le chftteau ou motte de Loirou aurait fait face à
la Bretagne. Dans ce cas toutefois sa position eût été
assez singulière. Placé sur un terrain dont la valeur
défensive est complètement nulle, il aurait été protégé sur
son front par un retranchement avancé et par un vaste
étang, tandis qu'en arrière un simple fossé lui aurait
servi de rempart.... Or, d'après les conditions de la
guerre ancienne, rien n'eftt empêché une incursion bre-
t. La ferme la plus voisine se nomme Le Plettis.
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— 478 -
tonne de négliger les défciiBes accumulées sur le front
supposé, et de borner l'attaque de siège au cdté tourné
vers la France. Un château de Tépoque vague à laquelle
semble appartenir celui de Loiron n'avait de valeur qu'à
cooditioB de présenter, comme nos redoutes actuelles,
une égale résistance sur tout sou pourtour ; car l'ennemi,
pouvant en toute sécurité se mouvoir au-delà d'un rayon
de deux ou trois cents mètres, était toujoura libre de
l'attaquer par son côté faible. Au Bignon, par exemple,
nous trouvons deux retranchements en terre accolés,
au point de jonction desquels s'élevait, comme réduit,
un donjon. Cette disposition permettait dans tous les
sens une action défensive égale.
Mais à Loiron une demi-lune unique, d'un relief insi-
gnifiant, faisant face à un étang ou à un marécage,
n'augmentait pas sensiblement la force du château. Nous
ne croyons donc pas qu'on doive lui accorder une bien
grande importance. D'ailleurs la tradition lui a conservé
le nom de « Jardin. » Pourquoi négligerions-nous cette
indication fugitive? N'était-elle pas effectivement une
basse-cour, un jardin renfermant la citerne, où on cul-
tivait quelques plantes alimentaires, où on parquait les
chevaux et ]es animaux domestiques, où on logeait les
valets ?
Dans cette hypothèse, située en arrière du donjon, en-
tre lid et l'étang qui ne permettait pas de l'aborder à
portée de flèche, elle occupe une situation rationnelle et
satisfaisante pour l'esprit. La butte, que nous supposons
surmontée d'une tour de bois, aurait été seule alors un
ouvrage militaire proprement dit, et son vrai front réel-
lement dégagé semblerait regarder ta France.
Mais nous ne saurions trop le répéter, la fortification
de l'époque indéterminée à laquelle remonte le château
de Loiron nous parait tellement barbare qu'en recher-
chant ce qui est pour nous la vraisemblance, nous ne
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Bommes pas sûrs de retrouver la vérité. Un ouvrage de
défense, élevé par quelque obscur seigueur dans un coin
retiré de notre pays, peut fort bien avoir été bàtî dans
des conditions que nos idées modernes nous rendent
peu aptes à juger : en lui appliquant ces idées nous
risquerions de dépasser le but. La prudence veut par
conséquent que, tout en signalant « le château » de
Loiron, nous ne hasardions qu'avec réserve les com-
mentaires-dont nous croyons cependant pouvoir accom-
pagner sa description.
Emile More&u.
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DOCUMENT
CONCERNANT
L'ABBAYE DE FONTAINE-DANIEL
1774".
Noua aouasisnéa Prieur et Religieux de Tabbaye de Fon-
taine Daniel acituée paroiaae de S' Georges Butavent capi-
tuiairement asserablés d'une part, et René VoîUe notaire
royal et arpenteur géomètre du Roy demeurant à la Ba-
zouee dea Aïeux d'autre part, avons fait aoua noa sinca
double le traité auivant açavoir que moy Voille pour obli-
ger Messieurs les prieur et religieux de ladite abbaye
de Fontaine Daniel me serois rendu adjudicataire de-
vant Monseigneur le grand Maître des Eaux et foresta
de la Maîtrise du Mans, des réfections reédidcationa et
reparationa tombantes à la charge tant de la manae con-
ventuelle qu'abbatialle et ainay (ju'ellea étoient consta-
tées par les procès verbaux du huit eoust mil sept cent
soixante douze faits devant Messieurs les officiers de
laditte Maîtrise, suivant que le tout est plus amplement
expliqué par le procès verbal d'adjudication à moy faitte
le quinze décembre audit an mil sept cent soixante
douze, et comme dana le fait la vérité néanmoins est que
les dittea réparations quoyque à moy Voille adjugées
tomboient à la charge de Nous prieur et religieux de
Fontaine Daniel qui nous en étions rendus adjudicataires
1. Communiqué par M. J. Raulin à la Comm:
el Archéologiaue, dans la séance du 7 novembre
papier grand lormal, en mauvais état ; déuhirur
a Commission Historiqv
e 1889. — 1 pik
papier grand lormat, en mauvais état ; déchirures et marge ror
géc sur moitié de la hauteur.
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- 481 -
sousle nom duditaieurVoilletaDtpourla part qui tomboità
nôtre charge qu'à celle de monsieur Notre ahhc commen-
dataire', avons par ces présentes reconnus ol reconnais-
sons que touttes les obligations contractées par le dit
sieur Voille tant par le procès verbal d'adjudication
qu'envers Notre abbé par acte particulier passé par de-
vant les conseillers du Roy notaires au Chàtelet de Pa-
ris le vingt neuf mars mil sept cent soixante treize en-
tre mondit sieur Abbé commendataire et Philippe Labbée
bourgeois de Paris chargé de la procuration de nous
Voille en datte du dix huit mars audit an passée par
dev' Guimoud et le Clerc notaires, tombent à la charge
personnelle de Nous prieur et religieux de Fontaine Da-
niel, pourquoy avons des a présent entant ce qui nous
touche donné pleine et entière décharge a vous Voille
desdittes obligations desquelles nous vous tenons quitte
des a présent tout ainsy que si vous ne vous fussiés
point rendu adjudicataire. Nous obligeants de faire au
lieu et place de vous Voille les dittes réparations si bien
et a tems que voue n'en serés inquiétés ny recherchés
comme ausay vous déchargeons de celles tombantes à
la charge de Monsieur Labbé dont nous convenons avoir
toujours ettée chargés et dont nous nous chargeons par
ces présentes, vous promettant a cet égard tout acquit
et indemnité et de faire faire aussy en votre lieu et place
les réparations tombantes a la charge de Monsieur
l'abbé si bien a tems et aux termes portés au procès
verbal d'adjudication et dans l'acte passé entre mondit
sieur Abbé commendataire et Philippe Labbée cy-dessus
rapporté, que vous Voille n'en pourés estre inquietté ny
recherché en façon quelquonque, nous obligeant de faire
recevoir lesdittes réparations à nos propres cousts ris-
ques périls et fortunes sans que pour raison d'icelles
vous puissiés estre inquiétés. Et pour de la part de mov
Voille continuer d'obliger Messieurs les prieur et reli-
gieux de Fontaine Daniel je m'oblige de clonner dans le
commencement du mois d'aoust de chacque année mes
signatures tant pour la requeste nécessaire pour obtenir
le payement de chacque terme du prix desdittes répa-
rations du Receveur des domaines de Tours que pour la
1. N. de OalifTet, qui fut abbé de 1755 à 1790.
,^-GoogIc
quittance qui continuera toujours d'estre donnée en le
nom de moy Voille quoyque dans le fait il soit vray que
ce soit Nous prieur et religieux qui ayons déjà touché et
qui toucheront par la suitte lesaits payements, comme
aussy d'assister si besoins; est au prAcès verbal de vi-
aitte et montrée lors de la réception desdittes répara-
tions et de signer ledit procès verbal et enfin tous les
autres actes nécessaires concernant lesdittes réparations
ainsy que j'aurois etté obligé de (faire) si dans le fait
elles eussent été en mon nom le tout gratuitement, Et
£our de la part de (nous) prieur et religieux de Fontaine
laniel donner à vous Voille des marques de ndtre re-
connaissance tant de ces services que de ceux que vous
nous rendrés par la suite au cours de cette affaire, Nous
nous sommes soumis obligés et nous obligeons par ces
présentes de vous donner une prorogation de nail de
neuf ans pour commencer à la 6n de rac(tuel), du trait
de dixme (qui) nous appartient en la paroisse de Martï-
gné, de la métairie de la Cheliere et cloaerie (du) Buis-
son ) scitiiées paroisses de Vaiges a nous appartenant
aux mêmes conditions que le bail dont vous Voille
jouisses actuellement, même à la veuve de vous Voille
en cas de décès ou (au) curateur de vos enfants en don-
nant dans ce dernier cas de la part dudit curateur bonne
et solvable caution ; et en considération de ce, moy Voille
m'oblige encore de donner a l'expiration de ma jouis-
sance un plan figuratif des terres du trait de dixme qui
vous appartient en la psse (paroisse) de Martigné, et
comme lors du premier bail qui m'a etté conscnty dudit
trait de dixme moy Voille ay payé cent livres de pot de
vin qui ne sont point exprimés en ledit bail je m'oblige
de payer pareille somme de cent livres en passant la
prolongation de bai) dont est parlé cy-dessus, renonçant
egallement moy Voille a demander autre décharge a
Messieurs les prieur et. religieux pour raison des^^ttes
réparations que la présente qui servira même de de-
charge des payements dont moy Voille donneray des
quittances à l'avenir quoyque !e prix en soit perçu par
- Le Buisson, éc. et f. môme
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- 483 -
vous Messieurs les prieur et religieux de Fontaine Da-
niel, laterlignes, etc
Fait à Fontaine Daniel la Communauté assemblée ca-
pitulairement sous nos sings doubles le douze septembre
mil sept cent soixante quatorze.
L'original est signé : Bayard prieur, Voillb, avec
parafes; plus sept autres signatures de religieux'.
1. Lors de l'inventaire qui fut fait, le 1" oclobre 1790, à l'ab-
baye de Fontaine- Daniel, les commissaires nommés par l'admi-
nistration du district de Mayenne trouvèrent a Messieurs les Prieur
el Relligieux de ladilte Abbaye au nombre de sept. » — C'est
probablement vers cette époque que l'on dressa l'étal donnant les
noms des relig^ieux, les maisons auxquelles ils étaient attachés,
l'année de leur profession et leur âge, — tableau sans date qui se
trouve aux Archives de la Mayenne.
3. R.
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PKOCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 6 FEVRIER 1890.
La séance est ouverte à deux heures sous la prési-
dence de M. Floucaud de Fourcroy.
Sont préBcnts : MM. Floucuud de Fourcroy, président,
Couanicr de Launay, vice-président, Perrot, Richard,
abbé Pointeau, de Lorière, de Martonne, Garnier, P. de
Farcy, E. Moreau, membres titulaires, et MM. de la
Beauluère, Sinoir, Chomercau, Letourneurs, membres
correspondants .
MM. Joùbert, Trévédy, Raulin, se font excuser.
M. le Président souhaite d'abord la bienvenue à
M. Letourneurs, membre correspondant, qui assiste
pour la première fois à une séance de la Commission.
Il est ensuite procédé, en vertu de l'article 5 des
statuts, à la réélection triennale du Bureau. — Le Bu-
reau actuel est maintenu en fonctions pour trois ans.
La Commission, consultée sur la question de savoir
s'il n'y aurait pas lieu de nommer deux vice-présidents,
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émet un avis favorable et désigne comme second vice-
président M. Perrot, qui accepte.
La Commission est heureuse de proposer, à titre de
membres correspondants, MM. :
De La Sicotière, sénateur, à Alençon,
H. Chardon, au Mans,
Louis de Farcy, à Angers,
B" de Beauchamp, à la Ferté-Bernard,
J. Appert, à Fiers,
C" de Contadea, à la Ferté-Macé,
Moulard, à Soulgé-le-Ganelon (Sarthe),
Frain de la Gaulairie, à Vitré,
membres de la Société du Maine.
M. Cornée lit une notice relative à Esprit- Aimé Lîbour,
peintre, né à Laval' et présente k la Commission un
portrait de Libour peint par lui-même. Ce portrait est
offert au musée de Laval par M. et M°' Colin-Libour.
La Commission remercie vivement M. Cornée de son
travail et du résultat qu'il a si heureusement provoqué.
M. le Président annonce que l'administration de l'en-
registrement réclame, pour solde des frais du rachat de
Rubicaire, une somme de 241 fr. 61. La Commission
décide que cette somme sera inscrite à son budget de
dépenses .
M. Gadbin, qui préparc une histoire du clergé des
districts de Châtcau-Gontier en 1790, époque delà cons-
titution civile, fait appel à ceux de MM. les membres
de la Commission qui voudraient bien lui fournir des
renseignements. Lecture est donnée de la lettre circu-
laire de M. Gadbin.
M. l'abbé Pointeau lit divers extraits d'un intéres-
1. Voir ci-dessus, page 300,
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eant travail sur Benjamin de l'islo du Gast, qu'il veut
bien réserver au Bulletin.
M. de Martonne donne l'analyse d'une pièce conser-
vée aux Archives de la Mayenne, série A, n" 1, ei qui
vient compléter les renseignements publiés par M. de
la Beauluère sur la famille Foureau'.
« Lettres patentes, signées de la main de Henri IV,
« roi de France, en faveur de Maître Charles Foureau,
B lieutenant au siège particulier de la Flèche, mention-
« uant particulièrement sa haute expérience en fait de
« judicature et de finances. Le Roi le pourvoit de l'é-
« tat et office de conseiller et roaitre des requêtes en sa
(( maison de Navarre et ancien domaine, aux gages de
K 133 écus un tiers par an ; mandement au conseiller
« d'Etat et chancelier de la maison royale de Navarre
« et domaine ancien, le sieur de Colignon, de mettre en
« possession le titulaire et aux conseillers trésoriers
« généraux de la maison royale de Navarre et domaine
« ancien. M" Vincent de Pedescla et Julien Maleri,
« chacun d'eux en l'année de son exercice, de payer les
« gages du titulaire. Donné à Paris... mil cinq cens
« quatre-vingtz et quatorze. Titre adiré, pièce sur par-
« chemin. Le sceau, appendu sur simple queue de par-
te chemin, manque. — On lit au dos « Recherche de
« noblesse. »
« Charles Foureau, ne pouvait être te père de Fran-
« çoia Foureau, valet de chambre de Henri IV en 1590,
« ni son lils puisque M. de la Beauluère établit une
« suite généalogique depuis François Foureau. Il était
« probablement son frère. On sait que Henri IV eut
« l'art, imité de nos jours, de conserver en partie son
« domaine privé, qui devait entrer dans le domaine de
1. Tome I, 2* série, page 34B.
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— 487 -
« la couronne. La baronnie de Sainte-Suzanne faisait
« partie de cette réserve. »
M. de Martonne donne ensuite lecture des notes sui-
vantes :
« Saint-Germain-de-l'Hommel. — Celte église, àoa\
« le nom se trouve consigné dans les anciens documents
« sous la forme 5'™ Germanus de Ulmo et de Utmetto,
« doit son nom k un orme ou ormeau de grande taille
« qui se trouvaitdans les environs. Cette attribution de
« lieu se rencontre fréquemment.
H C'était un petit prieuré dépendant de l'abbaye de
« Toussaint d'Angers, depuis longtemps détruite en
« grande partie.
« L'édifice principal offre peu d'intérêt, mais on y
« remarque dans les transepts deux chapelles qui mé-
« ritent d'être citées. Dans celle de droite on voit au
« centre de la voûte en hémicycle, ornée de nervures
0 prismatiques retombant sur des coupoles, en guise
o de clef de voûte, l'écusson des Montécler : de gueules
« au lion lampassé d'or. Cette famille possédait le pa-
« tronage de la paroisse.
« L'autre chapelle, à gauche de l'autel, est ornée de
« la même manière, mais divisée en deux parties. Au
« centre du faisceau des nervures qui se réunissent
« dans l'hémicycle de la voûte, le pendentif prend la
« forme d'un panier rond à jour. Une des coupoles est
« ornée d'une figure d'ange portant la croix, l'autre
« d'un ange dont l'attribut est détruit. Dans la partie
A qui regarde l'autel on voit en face un marmouset.
« C'est une figure de fou, intacte et très vive d'allure.
« La chapelle de droite m'a paru être du XY" siècle,
« la suivante du XVI* siècle.
« M. le Curé possède, outre d'anciens papiers et une
« notice moderne, due à M. Guays des Touches, un
n vieux registre paroissial du XVI' siècle, oublié lors
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a du tranBfert de ces registres à la mairie de Fromen-
« tières.
« Inscription de l'église de Vimarcé, qui a été en-
n voyée précédemment à la Commission d'après une lec-
« ture incorrecte :
« Ci dessous gisent Macé Le Touse et Johe de Vil-
« leoysel sa famé et lohan leur fils et lokane Cour-
« behier sa famé lequel Jehan trépassa lan mil CCC
<c LIIIJ et Jokane sa famé trépassa lan mil CCC
« XXXV et fut leur fils mestre Guil(laum)e Le Touse
« jadis phisicien du Boy et chanoine des deux églises
a du Mans lesq(uel)x fire(n)t m(ou)U de bfienjs à
« ceste église. — Priez Dieu pour eux et pour tous
« autres. »
L'ordre du joar étant épuisé, la séance est levée à
quatre heures.
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Le procès-verbal de la séance du 7 novembre 1889 ■
mentionDait une médaille ou pendeloque de cuivre, trou-
vée en 1863 à Laval dans le lit de la Mayenne, et ap-
partenant à M. le Ch" de la Broîse.
Cet objet curieux, qui paraît remonter à l'extrême fin
du XV* siècle ou aux premières années du XVI*, pré-
sente de grandes dillicultés d'interprétation, notamment
à cause de son origine espagnole.
M, Paul de Farcy a bien voulu en exécuter, pour le
Bulletin de la Commission, le dessin que nous sommes
beureux de reproduire aujourd'hui.
1. Voir pa^ 319 du présent tome.
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BIBLIOGRAPHIE
Les Lutteurs Bretons aux XV' etXVl' aièclea; Voya-
?e d'Ambrotse Paré en Bretagne, par M. J. Trévédy, 1
roch. in-S", Quimper, Salaùn, Kennes, CaiUière, 1890, ex-
Iraîte du Bulletin de la Soc. Arch. du Finistère.
Dans celte brochure l'auteur rappelle combien la lutte
était en honneur dans la province de Bretagne et à la cour
de ses ducs. II cite notamment un curieux récit, écrit par
Ambroise Paré, d'une lutte à laquelle l'illustre ehirurpen
assista en 1543 en Basse- Bretagne, lors du voyage qu il y
St par ordre du roi, en compagnie du vicomte! de Rohan et
du comte de Laval, charges de s'opposer à une descente
des Anglais.
Le document cité par M. Trévédy n'offre pas seulement un
intérêt de curiosité au point de vue spécial des Joutes de
lutte bretonnes. 11 donne de précieux détails historiques
sur les travaux et moyens de défense de la rade de Brest
en 1S43. Il est écrit dans ce style à la fois naïf, pittoresque
et plein de verve, familier à Ambroise Paré comme à ses
contemporains.
En terminant l'auteur se livre à quelques réflexions sur
la mort d'Ambroise Paré.
Il observe que d'après Moréri sa mort arriva en 1590 el
qu'il fut inhumé à Paris dans l'Eglise Saint-André-des-Arcs.
M. Jal a retrouvé d'ailleurs dans les registres de Saint-
André, brûlés depuis en 1871, l'acte d'inhumation, daté du
22 décembre 1590, et conforme à l'indication de Moréri.
D'autre part tes funérailles, d'après le docteur Le Paulraier,
furent 1res solennelles. Or ces tunéraiUes solennelles dans
une église ultra-catholique, celle du curé Aubry, • démon-
trent que Paré, qu'il ait ou non vécu calviniste (c'est encore
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- 491 -
une question malgré l'historietle de Brantôme), est mort
catholique. ■
On lira avec grand plaisir la brochure de M. Trévédy.
Très précise et très cntique dans le fond, très littéraire
dans la forme, elle est un excellent spécimen des ces attra-
yants travaux historiques dans lesquels l'art d'un aimable
conteur vient rehausser l'intérêt des faits qu'ils s'est donné
mission d'exposer.
Ambroise PsLTé est-îl mort catbollqae? par M. /. Tré-
védy, dans l'Indépendant de fOuest des 4, 8 et 6 juin 1890.
Un rédacteur du journal Le Temps, en prêtant à M. Vic-
torien Sardou, dans un numéro du mois de mai 1890, les
paroles suivBntes : « Les fausses légendes demeurent...
Ambroise Paré est mort protestant : il était catholique... •
ne se doutait probablement pas de la longue et intéressante
controverse qu'il allait provoquer. Il en a été ainsi cepen-
dant.
En effet, M. Aquilas Cleisz a tout d'abord écrit au Tempe
une lettre daté de Nancy, pour rééditer deux historiettes
de Brantôme' et de Sully'qui présentent Ambroise Paré
comme huguenot, et un^assage de Paré lui-même d'après
lequel il aurait été, au aiege de Rouen et pour fait de reli-
gion, victime d'une tentative d'empoisonnement. H. Cleisz
sait bien, à la vérité, que Paré fut inhumé en 1890 dans
l'église de Saint-André-des-Arcs; mais celal'embarrasse peu,
car d'après lui le trouble des temps suffit à expliquer cette
apparente anomalie. Il n'hésite donc pas à traiter de « lé-
gende inventée par Malgaigne • la prétendue conversion
a' Ambroise Paré après la Samt Barthélémy.
Puis c'est M. Aug. Vitu qui vient affii-mer, dans le même
journal, que Paré fut toujours cqtholique. Il s'appuie, pour
le prouver, sur le Dictionnaire critique de Jal, qui cite
non-seulement l'acte mortuaire d'Ambroise Paré ' enre^s-
tré à Saint-André-des-Arcs, mais une suite de vingt-cmq
actes delà même paroisse prouvant que, pendant soixante
ans. Paré, ses deux femmes et tous leurs enfants vécurent
et moururent dans la religion catholique. La série de ces
actes commence en 1S45, vmgl-sept ans avant la Saint-Bar-
1. Discours sur Coligny. — Discours sur Chartes IX.
%. Mémoires de Sully, livre I*', année 1572.
3. J(il, Dictionnaire critique, p. 936; — Voir aussi Moreri,
VIII, p. 71, éd. de 1759.
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- 492 -
thétémy ; les événements de cette nuit célèbre ne peuvent
donc avoir eu aucune influence sur la religion de Paré.
Le 25 mai VEcho de la Mayenne qui avait reproduit, dans
son numéro du H, la controverse du Temps, recevait à son
tour une lettre signée « C Montagne. » Ce dernier invoque,
en faveur du calvinisme d'Ambroise Paré, son propre té-
moignage, d'après une pièce rare conservée à la Bibliothè-
que nationale 'et citée parle!)' Le Paulmier*. Quantaux actes
de Sainl-André-des-Arcs, M. Montagne les admet, du moins
en ce qui concerne la famille de Paré ; mais selon lui, les
dif^cultés politiques de l'époque, le milieu dans lequel vi-
vait l'illuslre chirurgien l'obligeaient à ménager aussi bien
les catlioliques que les calvinistes ; il pense en outre que,
grâce k son intelligence supérieure, il devait être anime de
sentiments aussi larges que tolérants. Enfin il refuse for-
mellement d'admettre que Paré soit rentré dans le catholi-
cisme.
M. J. Trévédy, qui, dans la brochure analysée par nous
plus haut', avait déjà pris position, est intervenu a son tour
et a publié, dans Vlndépendayil de l'Ouest des 4, 5 et 6 juin
1890, le résultat de ses recherches.
Après avoir très clairement résumé le débat, il constate
chez M. Cleisz une certaine faiblesse d'argumentation. Il es-
time que les anecdotes de Sully (1S6i) et de Brantôme
(1572) ne prouvent pas que Paré, vingt-huit et dix-huit ans
plus tard, en 1590, ne fût pas revenu a la foi catholique. II
reproche en outre à M. Cleisz de citer incomplètement Mal-
gaigne et d'incriminer un peu à la légère son imagination,
ualgaigne dit en effet* que Paré lit profession delà foi ca-
tbobque après la Saint-Barthélémy, mats qu'avant cette
époque son catholicisme est seulement vraisemblable.
M. Trévédy ne s'arrête pas à la lettre de M. Montagne
qui, d'après lui, se borne a reproduire un passage du D'
Le Paulmier, et qui d'ailleurs se dispense d'expliquer com-
ment le calviniste Ambroise Paré reçut une sépulture catho-
lique.
II en vient de suite à exposer sa propre opinion.
1. Petit i_n-4'' de 15 pages de 42 lignes, caractères gras.
2. D' Le Paulmier, AmbroUe Pari, in-4o, Paris, Cheravay,
1885.
3. Luuaa bretonnes au XVI* aiècle ; Voyage de Paré en Bre-
tagne.
4. Malgai^e. Œuvres d'Ambroise Paré, la-k" 1840. tome 1",
p. CCLX3CX1, tome III, p. XIV ; — Voir aussi Eloy, Histoire de
la médecine ancienne et moderne, i77$.
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- 493 -
Tout d'abord il divise judicieusement le problème en
deux parties :
1" Paré a-t-iiuec« calviniste?
2° Paré est-il mort catholique ?
« La crémière question, dit-il, reste entière, même après
les dernières pubucalions, et j'essaierai de l'étudier quel-
que jour. Mais dès aujourd'hui je suis prêt sur la seconde
question. >
M. Trévédy commence par citer la pièce capitale, l'acte
de décès copié par Jal sur les registres de Saint-André-des-
Arcs', dont on a conclu que si Ambroise Paré fut à une cer-
taine époque calviniste, il mourut du moins catholique.
Cette conclusion s'impose même tellement qu'elle a étran-
gement gêné les écrivains protestants, lesq^uels tiennent,
— et cela s'explimie, — à conserver jusqu'à la fin de sa
vie Paré au nombre de leurs coreligionnaires. Ne pou-
vant s'inscrire en faux contre l'acte de décès, ces écrivain»
tentent de tourner la difficulté, et ne craignent pas d'émet-
tre dans ce but les propositions les plus téméraires, com-
me celle-ci « que c'est justement en qualité de calviniste
que Paré fut inhumé à Saint-André-des-Arcs... »
MM. Haag ont écrit que la ville de Paris n'ayant ni égli-
ses, ni cimetières consacrés aux protestants lorsque mou-
rut Ambroise Paré, .ce dernier n'avait pu être inhumé que
dans un cimetière catholique el par un prêtre catholique,
ils citent l'exemple de Clément Marot, qui fut enterré ca-
tholiquement dans une église, à Turin, et rappellent cer-
tains arrêts du Parlement ordonnant des exhumations
d'hérétiques.
M. Trévédy répond que l'exemple de Clément Marot, ai-
mable poète, joyeux viveur, mais très peu ferme dans sa
foi, est assez mal choisi. Quelle comparaison établir d'ail-
leurs entre Paris en 1590 et Turin en 1544 ï
Quant aux arrêta du Parlement, ils ne sont pas en faveur
de MM. Haag, car on n'en connaît aucun qui ait ordonné
l'exhumation d'Ambroise Paré, d'où il serait permis de con-
clure qu'il ne mourut pas hérétique.
D'ailleurs MM, Haag vont beaucoup trop loin en affir-
mant que les huguenots de Paris obtenaient des conces-
sions dans les églises.
11 est vrai qu'a Paris les calvinistes étaient placés sous
1. En voici le texte : « En ce mesme jour, 22< de décembre
1590, a esté enterré dans l'église Saint-André-des-Arcs, à Paris,
au bas do la nef proche le cloché, M" Ambroise Paré, premier
«hirurgien du Roy. d
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— 494 -
un régime d'exception ; ils ne possédaient pas en cette
ville, comme ailleurs, des églises, des pasteurs et des cime-
tières. Ils étaient inhumés dans des coins réservés des cime-
tières catholiques', la nuit et sous la surveillance de la
police. Mais des 1S76' un édit leur assigna pour lieu spé-
cial de sépulture le cimetière de la Trinité ; cet édil fut
corroboré par ceux de 1 379 ' et de 1580 '.
Tout était donc prêt, lorsque Paré mourut, pour que son
corps fût reçu dans un cimetière calviniste, si sa religion
l'y avait destiné.
Il est d'ailleurs exorljilant d'avancer que le clergé catho-
lique pût se charger d'inhumer, même moyennant finance,
au mépris de sa conscience, au mépris des canons, les corps
des calvinistes et cela en 1590, au moment où la Ligne
était dans toute sa puissance.
Paré a élé inhumé en grande pompe dans une église ca-
tholique, en un sol que, semble-l-il, il avait acheté antérieu-
rement pour servir de sépullm-e à sa famille, et cela à une
époque où un emplacement spécial, où des formalités léga-
les étaient réserves et imposés pour l'inhumation des calvi-
nistes... Qui voudra se rallier, en présence de ces faits, à
la conclusion de MM. Haag?
H, Aquilas Cleisz constate que les réformés avaient un
cimetière à Paris en 1590. Pour expliquer la sépulture ca-
tholique de Paré, il prétend que la Ligue étant alors dans
toute sa force à Paris, un enterrement calviniste eût été
impossible, au moment où le cadavre de Palissy lui-même
était dévoré par les chiens sur les remparts.
M, Trévédy répond, — ce que MM. Haag ont du reste re-
connu eux-mêmes, — que le cas de Palissy est tout excep-
tionnel. Sequeslré par Bussy Leclerc, l'un des plus farou-
ches parmi les Seize, dans la propre maison de ce dernier,
il fut jeté à la voirie par ce geôlier volontaire et vindicatif.
M. Cleisz ne conclura pas sans doute de ce fait que tous les
calvinistes restaient sans sépulture.
Il en conclut cependant que Paré ne pouvait être inhumé
que dans une église... Mais ici M. Trévédy déclare qu'il ne
comprend plus. Comment ! dit-il, c'est le curé Aubry, de
Saint-Andre-des-Arcs, le plus ligueur des curés parisiens,
qui aurait fait à un huguenot un enterrement en grande
1. Bdit de pacilication du l'i décembre 1563, art. 11.
2. Edit de mai 1576, article 6.
3. Edit de Poitiers, septembre 1589, art. 20.
4. Edit de Blois, décembre 1580, art. 7.
,^-GoogIc
pompe* t Aubpy qui prêchait contre Henri IV, contre le pape
Sixle-Quinl lui-niéme qu'il trouvait trop tiède, et qui lut
pendu en effigie, pour excès de zèle, en 159S 1 Auhry qui,
voisin d'Ambroise Paré, devait le connaître ainsi que tou-
te sa famtUe et avait même contre lui un grief person-
nel 1 Cela n'est pas vraisemblable, et l'assistance au curé
Aubry est à elle seule le meilleur des certificats de catlioli-
cjsme.
Mais M. Trévédy ne se contente pas de répondre à ses
adversaires. 11 apporte encore des preuves à l appui de son
opiiûon.
Tout d'abord, dit-il, nous avons en notre faveur la pos-
session d'état. Ambroise Paré naquit avant la prédication de
Luther : donc il fut élevé dans le catholicisme. Il faudrait,
en bonne justice, nous prouver par des actes authentiques
qu'il est devenu calviniste... Mais, cette preuve fiit-elle
faite, nous pourrions encore la combattre par des preu-
ves contraires. Nous possédons en effet trois actes authen-
tiques, de 1533, 1o7S et lâ8î, qui nous le montrent agissant
comme catholique.
Les deux premiers sont des actes de baptême enregistrés
à Saint-André-des-Arcs ', sa paroisse. Paré y figure comme
parrain. Or un parrain ne pouvait être que catholique, car
il devait prononcer une profession de foi catholique et il
contractait en outre, à l'égard du nouveau-né, une sorte de
paternité spirituelle. Cet argument acquiert même un très
grand poids si on considère le second des actes visés, car
entre les deux, 1553-1578, se place le concile de Trente
(1363), et au lendemain de ce concUe les règles édictées
par les anciens canons sur la qualité des parrains durent
être scrupuleusement observées.
Le troisième acte est le testament même d'Ambroise
Paré, écrit en 1587. A cette époque la Ligue n'était pas en-
core maîtresse de Paris. Les édits royaux recevaient leur
pleine exécution et les calvinistes étaient enterrés au cime-
edé-
2. Ces actes ont été exhuméa et signalés pour la première fois
par M. le D' Corlieu. Les voici :
B 1553, avril 9 (Dimanche des octaves de Pasques). Baptême de
Geneviève Gréaulme. IHIe de Marie Du Puys, P(arrain) M* Am-
broise Paré, chirurgien du roi. M(arraine) Cathenne du Puys,
fille non mariée. »
« Le 21 mars 1578. baptême d'Ambroise, fils de Claude Vîart,
chirui^en à Paris, et de Jeanne Paré. P(arrains) M* Ambroise
Paré et Guillaume Loquet... i>
Digit,zedby.G00glC
tière spécial de la Trinité par les soins du ^et. Or Am-
broise Paré y exprime le désir d'être inhume • en Céglite
de Saint-André-aes-Arcs, avec lemotns de pompe possible'. >
Esl-ce un calviniste qui a pu écrire ces lignes î Paré cal-
viniste eût-il ignoré que sa place était marquée, par l'édil
de 1576, au cimetière de la Trinité î Et dans le cas même
où le trouble des temps aurait pu embrouiller les choses au
point de le faire enterrer catholiquement, — étrange hypo-
thèse ! — aurait-il eu à redouter une sépulture pompeuse?
Celte clause du testament, si elle n'est pas signée d'un
catholique, est d'un homme atteint de démence ou de sé-
nilité. Or Àmbroise Paré, quand il l'écrivit, était en pleine
possession de ses facultés, ainsi qu'il le prouva encore trois
ans plus lard et quatre mois avant sa mort, en tenant tèle
à l'archevêque de Lyon (août 1590).
M, Trévedy termine en concluant hardiment qu'Am-
broise Paré est morl catholique. Il recueille ainsi le béné-
fice d'avoir si judicieusement distingué deux termes dans
la question, celui de la vie et celui de la mort d'Ambroise
Paré.
Espérons que H. Trévédy tiendra sa promesse en recher-
chant aussi quelque joui- si Ambroise Paré vécut calviniste.
Nous ne saurions en aucune façon préjuger ce qui res-
sortira de ce débat nouveau ; mais nous croyons devoir ci-
ter, en terminant, une phrase de M. Trévedy lui-même :
« Paré était un de ces hommes modérés d'opinions qu'on
( nommait les politiques. Dévoué au roi qu'il avait fidèle-
« ment servi, ('/aspirai/, pour tes autres comme pour lui-
€ même, à la tolérance religieuse et à la paix. »
Cette idée avait déjà été jetée une première fois dans la
controverse par l'un de ceux qui y ont pris part*. Mais esl-ce
trop de la répéter, et ceux qui savent hre entre les lignes
n'y verront-ils pas une expbcation toute simple des contra-
dictions que présente, au moins dans l'état actuel de nos
connaissances, la vie religieuse d' Ambroise Paré f
On trouvera peut-être que nous avons donné à ce compte-
rendu de bien longs développements. Nous dirons, pour
notre décharge, que nous avons cru être agréable aux lec-
teurs du Bulletin en leur offrant un aperçu de l'intéres-
sant débat qui vient d'avoir lieu ; en outre, ce débat s'étant
déroulé dans des feuilles essentiellement éphémères par
1. D' Le Paulmier, p. 113 et 114, d'après une communication'
de M. le D'' Bégin, possesseur d'une copie du testament.
2. M. MoRtajpie. Kc/io de la Mayenne du 25 mai 1890.
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leur nature, il n'est peut-âtre pas inutile d'en fixer les prin-
cipaux traits dans un recueil durable, que chacun conser-
vera et pourra toujours aisément consulter'.
ObaervatiODs sur l'ouvrage intitulé : « Littoral de
la France » (Arrondiaaement de Quimper), par M. /.
Trévédy;i broch. in-8°, Rennes, Caillière; Quimper, Sa-
la un, 1890.
Quelque pénible qu'il soit souvent de porter le bistouri
dans les fongus historiques, c'est une lâche devant laquelle
on ne devrait jamais reculer; les écrivains qui n'hésitent
pas à l'entreprendre méritent donc notre respect.
Tout le monde connaît un ouvrage tiré à des milliers
d'exemplaires, chargé de gravures, paré d'une couverture
élégante, intitulé Le Littoral de la France. Cet ouvrage est
dû à la plume littéraire de madame Vattier d' Ambroyse,
qui a signé le premier volume du pseudonyme de Charles
Aubert.
Kh bien! si nous en croyons M. Trévédy, qui n'a dissé-
qué cependant que la partie du second volume relative à
1 arrondissement de Quimper, cet ouvrage fourmillerait
d'erreurs historiques... Il a pourtant été couronné par l'Ins-
titut... Mais M. "Trévédy fait judicieusement observer que
tous les académiciens ne sont pas tenus de posséder leur
histoire de Bretagne aussi bien que M. de La Borderie.
Nous ne suivrons pas M. Trévédy dans les nombreuses
critiques qu'il fo^mule, souvent avec beaucoup de verve et
d'humour.
M. Trévédy apporte d'ailleurs, dans ses rectifications,
toute la réserve gue peuvent lui inspirer le sexe et le talent
de madame Valtier d'Amboyse; il espère qu'il en sera tenu
compte et que les futures éditions du Littoral de la France
en auront profité. Souhaitona-le avec lui, car les ouvrages
de vulgarisation, en raison même du nombre de leurs lec-
teurs, dont presque aucun ne songe à suspecter l'autorité
d'un texte imprimé, devraient toujours être irréprochables ;
nulle part en effet une erreur n'esl aussi dangereuse.
1. Depuis que ces lignes ont éU écrites, un tirage à part a
fait, sous tonne de brochure, de l'article de H. Trévédy.
été
,^-GoogIc
Documents inédita sur la Guerre de Cent Ans, pabl.
par M. André Joûbert; \ broch. in-g", extraite de la Reotie
de l'Anjou, Angers, Germain et Grassin, i890.
M. A. Joùbert nous donne, dans cette brochure, quatre
pièces inédites extraites pour lui, par M. E. Bougenot, des
manuscrits du British Muséum. Elles sont relatives aux né-
gociations entamées entre les Français et les Anglais au
sujet de l'échange de Charles, duc d'Oriéans, et de Jean,
comte d'Angouléme, captifs en Angleterre, contre les sei-
gneurs anglais faits prisonniers à la bataille de Baugé {tt
mars 14:210 négociations qui échouèrent devant le refus
obstiné du roi d'Angleterre, Henri V.
L'auteur fait remarquer lui-même que M. Du Fresne de
Beaucourt, dans son ouvrage récent et si rempli d'érudition
sur VHisloire de Charles VII, ne mentionne pasces négocia-
tions et semble les avoir ignorées, ^ Les documents publiés
tiar M. Joûbert n'en offriront donc que plus d'intérêt, et
eur publication comblera une des nombreuses lacunes qui
existent encore dans notre histoire.
Le Testament de Jean de Craon, seigneur de La Suxe
et de Chantocé (avant i432), par M. André Joûbert; 1
brocb. in-8°, extraite de la Revue du Maine, Mamers, Kleury
et Dangin, 1890.
Jean de Craon, seigneur de La Suze et de Chantocé, était
fils de Pierre de Craon, soldeur de Craon, et de Catherine
de Hàchecoul. Il épousa Beatrix de Rochefort, puis en se-
condes noces Anne de Sillé, veuve de Jeair de Monceau. Il
fut nommé en 1427, par Yolande d'Aragon, lieutenant-
général des provinces d'Anjou et du Maine. Jeanne Chabot
finstitua héritier de la baronnie de Kais. 11 mourut en
1432.
Son testament, non daté, mais forcément antérieur à
1432, est conservé au chartrier de Thouars.
Par c« testament il ordonne sa sépulture dans la cha[>eUe
de Craon de l'église des Frères Mineurs d'Angers, règle
certains détails de ses funérailles, fonde trois chapellenies.
des messes, lègue divers objets ou des sommes d'argent à
des membres de sa famille, a des couvents ou aumôneries,
donne 13 lits garnis aux aumOneries de Chantocé et du
Louroox, etc.
M. Aiidré Joùbert. avec le soin qu'il apporte toujours en
de semblables travaux, a pris la peine d'annoter largement
cette pièce, d'ailleurs fort intéressante par elle-même.
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- 4W -
Catalogue dOB Qentilabommes de l'Anjou lors de la
rw^bercbe de la noblesse de {$66, par M. Voisin de la
Noirays, Intendant de Tours, publié par M. Paul de
Farcy, \ brocli. in-8% Vannes, Lafotye, 1890.
Louis XIV, voulant procéder à la réformation de la no-
blesse de France, nomma Jetin-Bapltsle Voisin de la Noi-
rays commissaire à ceL effet pour les provinces de Touraine,
Anjou et Maine. Les recherches durèrent quatre ans et
leurs résultats furent consignés dans trois registres. Ces
registres ont été perdus depuis lot'S ; mais chacun d'oux
était accompagné d'un catalogue ou répertoire des gentils-
hommes de la province. Un heureux hasard a fait tomber
le catalogue des gentilshommes d'Anjou autre les mains
de M. Paul de Farcy, qui le pubhe in extenso, après avoir
eu soin d'y rétablir l'ordre alphabétique.
Dans ce document plus de quatre cents familles se trou-
vent mentionnées ; citons au hasard : d'Andigné, de la
Barre, du Boisjourdan, du Bual, de la Chevallerie, de Clii-
vray, de la Corbière, Le Cornu du Plessis de Cosmes, du
Coudrai, de Cuillé, des EcoLlais, de Farcy, de Fonlenelle,
Girard de Chamacé, Le Gouz de la Boullaye, Hardouin, de
la Haye, Héliand, Jarret, Joubert, de Juigné, de La Lande,
de Lanlivy, de Levislon, de Loré, de Mariigné, de la Holte-
Barassé, Minault, de Pillois, de la Planche de Ruillé, de
Quatrebarbes, de Racappè, de la Roussardière, de la Sau-
gère, etc.
Notice historique sur Andouillé par M. G. Calais, ins-
tituteur ; i broch. in-8°, Mayenne, PoirierBéalu, 1890.
L'auteur de cette brochure a recueilli avec soin, dans les
documents imprimés et dans les pièces manuscrites qu'il a
pu rencontrer, tout ce qui se rapportait à la commune
d' Andouillé. Il a réuni le tout et en a formé l'ensemble qu'il
présente aujourd'hui au lecteur.
L'histoire d'Andouillé, qui pourrait, comme beaucoup
d'autres, être indéfiniraeni allongée, n'est pas abondante
en faits marquants. Néanmoins l'auteur a su profiter, avec
beaucoup d'habileté, de tout oe qui s'y rattache, pour en
composer un récit intéressant.
Après avoir dît ce qu'il a appris sur les époques préhis-
torique, gauloise, mérovingienne et carolingienne, il don-
ne quelques détails sur les temps féodaux, sur l'aduiiniB-
tration avant 1789 ; il reproduit le cahier des plaintes et
doléances de la paroisse d'Andouillé envoyé aux Etats
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Généraux el aborde ensuite la période révolutionnaire :
cette partie est la plus développée de son travail ; mais il ne
s'arrête pas là et il note jusqu'à nos jours les faits qui peu
vent élre considérés comme intéressant l'histoire de la com-
mune. C'est ainsi qu'après avoir débuté en si^nalanL un
menhir, il termine en enregistrant la date de création d'un
bureau télégraphique.
Comme on le voit le cadre est complet ; ajoutons que M,
G, CatoisTa rempli avec toute conscience et qu'il a dû se
livrer à de patientes recherches pour rassembler les divers
traits qui forment son tableau.
Son travail révèle une bonne connaissance des sources,
un esprit judicieux et de l'habileté dans la mise en œuvre.
Nous ferons donc volontiers nos compliments à M. G. Catois
Nous lui souhaiterons aussi beaucoup d'imitateurs : il y a
en effet clans noire département une quantité de commu-
nes qui fourniraient aisément matière a des monographies ;
il n'en est guère de si petite ni de si ignorée sur laquelle on
ne puisse réunir des documents intéressants. M. G. Catois
vient de s'engager avec succès dans cette voie ; espérons
que beaucoup de ses collègues, et d'autres aussi, auront à
cœur de l'y suivre.
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NOUVELLES
Musée de Lavât : Achat de la collection Bourgneuf.
Le Conseil municipal de Laval, dans sa séance du 22 avril
1890, a approuvé l'acquisition, négociée au profit du Musée
de Laval, de la collection d'objets d'art appartenant à feu
M. Bourgneuf. Cette colle<-.iion comprend :
20 miniatures, portraits (i79S à 1840).
2 émaux encadrés (XVIH' siècle).
4 médaillons (émaux).
1 boussole-cadran-solalre, cuivre, travail hollandais
(XVIII' siècle).
1 boussole-cadran-solaire.
1 boîte à mouches, émail (Louis XV).
2 tabatières (Révolution).
1 râpe à tabac (Louis XV).
22 monnaies or (XV au XIX* siècle).
1 monnaie espagnole, or (XVr siècle).
1 monnaie romaine, or.
1 médaille Léon Xll, or.
2 montres avec boilier émaillé (XVIH* siècle).
1 christ ivoire.
10 décorations diverses (1800 à nos jours).
48 médailles (bronze).
6 bustes bronze (an du XVIII' siècle).
1 buste bronze (Louis XVIII).
1 buste biscuit, Louis XIV (moderne).
2 statuettes bronze (XVIII" siècle).
2 cachets ivoire (2* empire).
8 statuettes ivoire fXVIl' et XVIII* siècle).
2 bronzes chinois.
2 statuettes cuivre [Louis XV).
1 statuette bois (XVir siècle).
2 pistolets (Louis XVI).
1 lot d'armes (sabres et épées, 10 objets).
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- 802 -
i encrier empire.
1 coupe empire,
1 ivoire moderne.
1 ivoire japonais.
38 monnaies argent.
ii médailles argent.
12 camées.
30 bijoux divers (argent et or).
8 cactiets (argent et or).
6 médailles romaines (bronze).
Médailles diverses.
1 boite laque (Louis XV).
1 sucrier argent (Empire).
1 sucrier argent [Restauration).
2 statuettes cuivre et argent.
A ajouter :
î tableaux.
1 portrait au crayon par Henri Monnier.
1 lot de se volumes.
On ne saurait trop applaudir à une semblaMe acquisi-
tion.
Nous espérons d'ailleure n'en avoir pas fini avec elle, car
il est probable que le Bulletin reviendra sur quelques uns
au moins des objets qui y sont compris.
Académie des Inscriptions et Belles- Lettres.
M. Héron de Villefosse entretient l'Académie d'un frag-
ment d'inscription romaine conservé au musée de la pré-
fecture du Mans et dont l'origine est inconnue. Les uns ont
pensé que ce fragment avait été découvert à Jublains, les
autres l'ont indiqué comme venant d'Alonnes; mais ces
deux provenances sont aussi incertaines l'une que l'autre.
La restitution de la première ligne de ce fragment pré-
sentait des difficultés qui ont disparu à la suite d'une dé-
couverte récente faite en Angleterre. Il s'agit d'une palère
en bronze conservée au musée Newcaatle sur laquelle est
gravé le nom d'Apollon Anexliomarus. C'est ce nom divin
qui est inscrit à la première ligne de l'inscription du Mans.
Cela résulte de la confrontation de deux monuments.
M. Hauréau doute que ce fragment ait été trouvé à A]on-
nes. C'est lui (]ui a commencé ces fouilles et, parmi les dé-
bris transportes d'Alonnes au Mans, on ne lui a signalé au-
cun fragment de ce genre.
(NouveltisU de la Sarthe des 16 et il mai 1890/
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On nous annonce qu'il vient de se fonder à Chàleau-Gon-
lier, à l'exemple de la Société des Arts Séunis de Laval, une
Société Artistique qui se propose de créer des expositions
de tableaux anciens et modernes, aquarelles, dessins, pho-
tographies et œuvres d'art en général.
Dans le Bureau nous remarquons avec plaisir plusieurs
Membres de la Commission Historique delà Mayenne, MM.
PauldeFarcy, Vice-Président; O'Uladden, Commissaire gé-
néral ; Gadbin, Membre du conseil.
Nous lisons dans la Sevue du Maine :
* Dans une de ses dernières séances, la Commission Aj's-
torigue et archéologique de la Mayenne a proposé à la no-
mination de M. le Préfet de la Mayenne, pour le titre de
correspondants, plusieurs membres de notre Société, anlé-
rieurement abonnés au Bulletin que publie la Commission.
Nous nous empressons de remercier MM. les membres du
bureau de la Commission historique de la Mayenne de ce
témoignage de sympathie. Il resserrera davantage encore
les liens qui unissent si heureusement deux Sociétés dont
les éludes, en se complétant réciproquement, sont appelées
à faire faire d'incontestables progrès à l'histoire de l'an-
cienne province du Maine. »
Le dernier Bulletin des Bibliothèques et des Archives,
(année 1889, n" 2), contient le texte du Rapport de M. le
bibliothécaire de Laval à M. le ministre de V Instrtiction
publique, pour Cannée 1888. Nous extrayons de ce rapport
les renseignements suivants qui peuvent intéresser bon
nombre de nos collègues :
« Le nombre des volumes entrés (à la bibliothèque de
Laval) pendant l'année 1888 a été de 572, ce qui porte à
26,136 le total des volumes...
» Parmi les dons, nous signalerons en premier lieu les
manuscrits laissés à notre établissement par suite des dispo-
sitions testamentaires de M. Almire Bernard, ancien notaire
de Saint-Pierre-sur-Orthe. Ces documents qui concernent
exclusivement l'histoire du Bas-Maine se composent de
30 volumes in-fol. et d'environ 10 liasses. On y remai-que en
particulier : 3 vol. in-fol. d'extraits du registre des Insinua-
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- 504 -
lions dii diocèse du Mans {1,900 pages); 15 vol. in-fol,
formant un ensemble de plus de 5,000 pages contenant des
notices bisLoriques paroissiales, dont plusieurs sont très
importantes et semblent prèles pour l'impression ; on y
trouve des documents intéressants sur presque toutes les
communes de l'arrondissement de Mayenne, sur une partie
de celles qui sont situées au nord de l'arrondissement de
Laval et sur quelques paroisses des départements de la
Sartbe el de l'Orne, situées aux confins du département de
la Mayenne. *
M. A. Bernard était, on se le rappelle, membre titulaire de
notre Société, et, à l'époque de sa mort, nous avions eu
occasion de signaler sommairement ce legs important à la
bibliothèque de Laval.
(Ibidem).
M. de la Sicotiêre, sénateur el président honoraire de la
Société historique et archéologique de l'Orne, membre (te
notre Société depuis l'époque de sa fondation, vient d'ob-
tenir de l'Académie française un prix de quinze cents francs
pour son remarquable ouvrage : Louis de Frotté et les in-
surrections normandes. Nous prions notre éminent contrère
d'agréer l'expression de nos respectueuses félicititions,
(Ibidem).
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OUVRAGES OFFERTS A LA COMMISSION
Frain pe la Gaulayrje. — Un Français à la œiir de Po-
togne, le chevalier de Pyrrhis, ÎISI à 1775, \ br. petit
in-^". Vitré J. Giiays, Rennes, Plihon, 1883.
ID. — Journal de Guillaume Langelier (tié à Brêcé
(Mayenne), écrit à Fougères de J643 à 1650, 1 br. petit
in-S", Rennes, Piihon; Vitré, Lécuyer, 1884.
m. — Le Tiers E (ai au Petit-Maine et paroisses environ-
nantes, 1 vol. petit in-S", Vitré, Lécuyer, 1885.
iD. — Dei<x discours d'Arthur de la Gibonnais... 167S-
Î6ts5, 1 br. petit in-4». Rennes, Plihon, 1884.
m, — Une terre, ses possesseurs catholiques et proies^
tants, de 1200 à 1600, i vol. petit in-8". Rennes, Plihon,
t)-p. Oberthur, 1879.
ID. — Mœurs et coutumes des familles bretonnes avant
1789, tomes 2 et 3; 2 vol. petit in-4°, Rennes. Plihon ; Vitré,
Guays, 1881 et 1883.
Paul de Fahcy. — Catalogue des Gentilshommes de l'An-
jou, lors de la recherche de la noblesse en 1666. par M. Voi'
sin de la Noirays, Iniendani de Tours, 1 br, in-8*, Vannes,
Lafoiye, 1890.
F. Cornée. — Esprit-Aimé Libour, peintre, né à Laval,
1 br. in-^", Laval, L. Moreau, 1890.
Louis DuvAL. — V Enquête philologique de ÎS12 dans les
arrondissements d'Alençon et de Mortagne, vocabulaire,
gramnmire, phonétique, 1 br. in-S" Âlençon, R. de Broise,
1890.
ID. — La Rencontre de Richar d-Cœur-de-Lion avec Ro-
ger d'Argentan; Les Sarrasins de Bomfront, 1 br. in-S",
Alençon, Renault de Broise, 1890.
ID. — Domfront aux XTI" et XIII* siècles, 1 br. in-S",
Alençon, U. de Broise, 1890.
G. Catois. — Notice historiq\ie sur Andouillé, 1 br. in-S",
Mayenne, Poirier-Béalii, 1890.
La liste des ouvrages offerts à la Commission sera
insérée à cette place, sans préjadice du compte-rendu
qui aéra tait de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
Le Secrétaire Général, f. f. de Gérant (Loi du 29 juillet 1881) .
E. MOREAU.
./Google
LE BULLETIN DE LA COMMISSION BISTORIQUE ET
ARCHÉOLOGiaUE DE LA MAYENNE parait tous les
trimestres sous forme de livraisons comptant environ
i28 pages. *
Il donne des gravures et illastratioBa aussi souvent
que le permettent les sujets traités et les ressources dont
il dispose.
Les personnes étrangères à la Commission peuvent s'y
abonner comme à toute publication périodique.
Le prix de l'abonnement est de DIX FRANCS par an.
Les engagements pour cotisations ou abonnements
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le l*' janvier.
Il reste encore quelques exemplaires des tomes III,
IV et V de la première série, qui sont en vente au prix
de six francs le volume.
Le tome I de la 2' série est en vente au prix de i2 francs.
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BTULLETIIST
DE LA COMMISSION
DE LA MAYENNE
CRiÊB PAR ARRÊTÉ PRXrBCTORAL DU 17 JANVIER 187t
DEUXIÈME Aa
TOME SECOND
1890
LAVAL-
IMPRIMBBIE DE 1^ MORBAU
TnlMESTRB DR 1
8.
Digiliz=db,G00glC
SOMMAIRE ;
Voyages de Daoiel Le Hirbec, de La?al, aux Antilles, aux
Pays-Bas et en Italie, teste publié par M. L. de la Beau-
LUÈRE, avec une introduction et des notes par M. E. Mo-
REAU 504
I. Voyage aux Antilles et dans les Paya-Bas 516
Mémoire historique sur Château-Oontier, rédigé en 1781'
pour M. le marquis d'Auticharap, par M. Ahpré Joobert. 532
Note sur le bailliage des Templiers de Chàteau-Gontier
(XV'-XVUI'), par M. Anuré Joubert 543
Lassay, ses écoles, ses collèges (Suite et fin), par M. l'abbé
J. GiLLARD ■ . . . . 546
Aveu du comté de Laval (1553). contenant la réformatioo
du celui de 1444, par M. Couamier de Launat, cban. bon. 568
Michel Lemesie, sculpteur à Laval au XVU* siècle. . . . 580
Une erreur de Guyard de la Fosse sur le collège de Mayenne,
parM. A. Salles 584
Notes sur l'ancien Laval : Le Pavillon de la porte du châ-
teau de Laval et la Maison voisine, par M. J.-M. Richard. 586
Sigillographie des seigneurs de Craon, par MM. A. Ber-
trand DE Broussillon et Pau!. de Farcy 597
Procès-verbal de la séance du 29 avril 1890 667
Bibliographie : Monographie de la Chapelle-Raihsouin,
par M. P. Moulard; — Vie de Saint Sérené, protecteur
du Maine et de l'Anjou, par le R. P. D. Paul Piolin; —
Les Ijantemes à Angers sous l'ancien régime, par M. A.
Joûbert ; — Rapport de la Chevardière et Minier à la
commune de Paris, le 15 mai 1793, publ. par M. A.
Joûbert ; — Le surintendant Nicolas Foucquet, d'après
un ouvrage nouveau, par M. A.Jodbert; — L'enquête phi'
lologique de ttil2 dans les arrondissements d'Alençon et
de Mortagne, etc., par M. L. Duval 675
Nouvelles 684
Gravures :
Place du Palais à Laval, vers. 1848, dessin de M. L. Gar-
nier 587
Lettre initiale de l'oMtuaire dti Prieuré de la Haie aux
Bonshommes, dessin de M. Paul de Farcy 603
Sceau de Juhel II de Mayenne (Id.) 605
Sceau et contre-sceau de Maurice III de Craon (Id.). . . 606
Sceau et contre-sceau de Maurice III, d'après Gaignières. 607
Sceau des contrats de Craon (1323) (Id.) 609
Sceau des contrats de Craon (XIV* siècle) et contre-scea»
(XV* siècle) (Id.) . . . . ■ 610
Sceau des contrats de Craon (XV siècle) (Id.) 610
Sceau et contre-sceau des contrats de Craon au XVI* siè-
cle (Id.) 611
Sceau des contrats de Craon (XVIII* siècle) (Id.). . . . 612
Vitrail de l'église de Denazé (Id) 613
Pilier de l'ancienne église de Saint-Clément de Craou (Id.). 613
Cheminée d'une maison de la Place des Halles, à Ernée. . 669
Portail de Saint-Vénérand de Laval en 1890 673
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DE DANIEL LE HIRBEG
DE LAVAL,
AUX ANTILLES. AUX PAYS-BAS ET KN ITALIE
1642-1644
On sait que les Lavallois, dès le XVI* siècle, mais
surtout au commencement du XVII*, ne craignirent pas
d'entreprendre de lointains voyages et d'eiïronter les
mers dans le but d'entrer en relations commerciales
avec les étrangers et les habitants des colonies.
Déjà nous avons vu, en 1601, François Pyrard de
Laval partir pour le Levant sur un navire équipé par
des marchands de Laval, de Vitré et de Saint-MaJo. Ses
aventures sont demeurées célèbres.
Nous retrouvons aussi ailleurs maintes traces non
équivoques du goût que professaient jadis nos compa-
triotes pour les entreprises coloniales, de leurs ten-
32
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- 506 -
taUvea poar régulariser et pour coordonner leurs ef-
forts. Chacun a lu, avec le plus vif intérêt, la remar-
quable étude que publie en ce moment > notre excellent
collègue, M. Frain de la Gaulairie, sur les Vitréens
et te Commerce international. Il n'est pas douteux
que les habitants de Laval ne se soient associés sou-
vent à ceux de Vitré pour participer aux mêmes en-
treprises et courir la même fortune : le voisinage, les
liens d'histoire qui out jadis uni les deux villes et ceux
de vieille sympathie qui ont survécu au régime Féodal
rendraient le fait plausible s'il n'était prouvé.
Malheureusement ces voyages ont laissé bien peu de
souvenirs et on peut considérer comme une bonne for-
tune d'en rencontrer encore quelcpie relation ignorée.
C'est donc avec un véritable plaisir que nous présen-
terons aujourd'hui, aux lecteurs de cette Revue, un
voyageur complètement inédit, Daniel Le Hirbec, de
Laval. Peut-être n'a-t-il pas fait plus ni mieux que beau-
coup d'autres dont les noms nous demeureront à ja-
mais inconnus. Mais lui, du moins, a eu la bonne inspi-
ration d'écrire un journal de ses voyages. GrAce à cette
précaution son nom va sortir, après deux siècles et
demi, de la nuit des temps, et s'il n'atteint pas la célé-
brité, nous espérons du moins qu'il conservera, dans
notre histoire locale, la notoriété qui lui est due. A mé-
rite égal, la renommée tient souvent à bien peu de chose.
Certains, à peine morts, rentrent dans l'oubli étemel,
tandis que d'autres verront leur mémoire voguer sur
les âges parce qu'ils auront laissé et que le temps aura
épargné après eux quelques feuilles de papier
Daniel Le Hirbec est de ceux-ci. On possède de
lui un Voyage aux Antilles et dans les Pays-Bas
(i6k2-i6k3) et un Voyage en Italie (i6!t3-i6itk) dont
1. Revue de l'Ouest. 2» livraison de 1889 et suivantes.
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- 807 -
les maituBcrits ont été recueillis jadis par M. Louîs-Ju-
lifin Morin de La Beauluère, dans le cabinet duquel son
petit-fils les a récemment retrouvés. Jugeant qu'iln ne
devaient pas demeurer ignorés, M. Louis de La Beau-
luère se mit sans retard à les transcrire, et en établit
te texte en vue de la présente publication, à l'honneur
de laquelle il a bien voulu nous associer, ce dont nous
le remercions sincèrement.
« La famille Le Hîrbec était honorable et très an-
ce ciennement connue. Un Jean Le Hirbec fonda, en 1239,
« de concert avec sa femme, la Maison-Dieu de Vivoin ;
« cette fondation fut approuvée la même année par Guy
« de Laval, évêque du Mans.
« Daniel Le Hirbec, sieur de Chambray, naquit à
« Laval en 1621. Il était le premier fils de Daniel Le
« Hirbec, sieur de La Brosse, et de Renée Cornuau. Il
« avait donc environ vingt-et-un ans lorsqu'il partit
« pour les Antilles. Après son retour d'Italie il épousa,
« en 1645, Françoise Pinart, HUe unique du mariage de
« Jean Pinart, sieur du Pont, et de Renée Rousseau.
« 11 mourut sans enfants, vers 1647, âgé de vingt-six
« ans ou à peu près.
« Les armes des Le Hirbec étaient : d'argent à 3
« fasces de gueules portant en chef une croix ancrée
« de... accompagnée d'une molette ou étoile à gauche
« et d'un croissant à droite'. »
C'est assurément pour affaires commerciales que Da-
niel Le Hirbec entreprit son voyage des Antilles. 11 parle
peu de ces alTaires à la vérité ; néanmoins il nous ap-
prend qu'il mit pied à terre à la Martinique et y séjourna
« pour y traitter des marchandises ; » nous ne lui deman-
dons pas d'indication plus ample du but de son expédition.
H partit de Laval le 6 mars 1642, de Saïnt-Nazaire
1. Les renseignements généftlogiques qui précèdent nous ont
été très-obligeamment fournis par M. Louis de la Beauluère.
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le 19 avril, et aborda aux Petites-Antilles le 3 juin,
après trente-cinq joura de traversée. Il resta pendant
huit mois dans ces lies, passant de l'une à l'autre, reve-
nant plusieurs fois à chacune d'elles, recueillant des
observations sur leurs productions et leurs habitants.
Le 2 février 1643, il s'embarqua pour rentrer en Eu-
rope. Son voyage dura quarante-sii jours, dont vingt-
neuf de mer seulement et dix-sept de séjour aux Açores,
après une tempête qui l'avait jeté hors de sa route en
lui causant une perte de temps.
De La Rochelle, où il toucha la côte de France, il
repartit par mer, le 18 avril 1643, pour les Pays-Bas,
arriva le 21 à Flessingue, parcourut divers ports, se
rembarqua le 23 mai, aborda le 27 à Saînt-Malo, et
rentra à Laval le 31 mai (1643) après quinze mois d'ab-
sence.
Ces voyages, hàtons-nous de le dire, n'étaient rien
moins que faciles. Nos paquebots modernes qui, gr&ce
à leurs machines, n'ont rien à redouter du calme ni des
vents contraires, qui grAce à leur stabilité défient pres-
que les tempêtes et ne craignent guère que les chocs
malencontreux, ne peuvent nous donner une idée des
conditions précaires dans lesquelles on voguait au temps
de Pyrard et de Le Hirbec. H fallait alors avoir autour
du cœur le robur et Vœs triplex dont parle Horace, ou
plutôt posséder une forte dose d'insouciance mêlée de
naïveté pour se risquer dans des nefs primitives, sans
installation pour les passagers, montées par des marins
grossiers, véritables « loups de mer, » et commandées
par des capitaines ou des patrons dont la plupart ne
présentaient probablement aucune garantie de connais-
sances professionnelles.
Pyrard avait confié sa fortune à un navire de deux
cents tonneaux, le Corbin, qui du reste fit classiquement
naufrage aux lies Maldives. Le Hirbec, moins bien
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- 809 —
monté, partit de Saint-Nazaire sur ua bâtimeat de qua-
tre-vingts tonnes aenlemeot, embarrassé de soixante-
cinq hommes, tant passagers que de l'équipage. 11
arriva néanmoins à bon port. Au retour, il regagna
l'Europe sur un navire de cent-cinquante tonneaux, qui
' supporta bravement deux terribles coups de vent.
11 est vrai qu'alors on suivait autant que possible les
càtes et que, le long de la route, on prenait pour jalons
les Iles et les archipels. Après avoir longé les rivages
du Portugal, on passait en vue de Madère, des Canaries,
des îles du Cap- Vert ; au retour on touchait aux Açores
et on y trouvait, en cas de besoin, un port de refuge.
Les habitudes des gens de mer imposaient souvent
aux passagers de pénibles épreuves. Pyrard, homme
peu délicat pourtant, les trouvait grossiers et « fort
blasphémateurs ; » plus d'une fois il fut offusqué de leur
langage ou de leurs allures et il est probable que Le
Htrbec, bien qu'il ne s'en plaigne pas, eut aussi à en
soulTrir.
Les capitaines de navires ne noua paraissent pas non
plus avoir toujours été à la hauteur de leur tâche. Le
2 juillet 1602, l'expédition dont faisait partie Pyrard
arrivait en vue des Maldives, lies entourées d'une cein-
ture de récifs. La Bardelîère, qui la commandait, se
croyait dans les parages de l'Ile Diego de Rays. Malgré
cette incertitude, la sécurité était complète à bord du
Corbin. Tout le monde s'endormit, même le matelot
chargé de tenir la barre du gouvernail et d'éclairer ta
boussole. Aussi le résultat ne se flt-il pas attendre : ce
fut un naufrage qui jeta Pyrard dans cette série d'aven-
tures dont le terme ne devait arriver qu'au bout de
neuf ans.
Le Hirbec fut moins éprouvé : les marins auxquels il
avait confié son sort ne le jetèrent ni à la mer ni même
à la c6te. Ils se dirigeaient empiriquement au travers
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des Océans et arrivaient à suivre à peu près la direc-
tion cherchée. Quand ils apercevaient une terre, ils
montaient dana les hunes pour la reconnaître, et s'il fai-
sait nuit, c'était seulement au matin qu'ils pouvaient
savoir en quel lieu ils se trouvaient. Néanmoins, dans
les grandes circonstances, ils « prenoient hauteur et
pointoient leurs cartes. » Il faut croire que ces obser-
vations n'étaient pas d'une précision absolue, car le ca-
pitaine Jean Crânes, de Flessin^e, qui ramena Le
Hirbec en Europe, aperçut la côte di; France à hauteur
de Belle-Ile-en-Mer ; or il se dirigeait vers Saint-Martin-
de-Ré, près de La Rochelle et il lui fallut redescendre
au sud jusqu'à ce port.
Et puis, à cette époque, les mers n'étaient pas sûres.
La Méditerranée et les côtes d'Afrique étaient infestées
par les corsaires barbaresques, « navires turcs et mo-
risques, » dont les exploits sont demeurés célèbres. En
revenant d'Italie, de Livoume à Marseille, Le Hirbec
aperçut trois a navires turcs » qui ne lui présageaient
rien dé bon, mais qui, par bonheur, passèrent au large.
Toute voile en vue pouvait être celle d'un ennemi ; aussi
se laissait-on approcher le moins possible, et se met-
tait-on en défense dès qu'on se trouvait à portée d'un
navire suspect ou seulement inconnu. Exposés à des
dangers continuels, les vaisseaux marchands, même
ceux de quatre-vingts tonneaux, portaient tous de l'ar-
tillerie et des armes, et Le Hirbec nous relate certaines
alertes dont il eut sa part.
Tous les Turcs d'ailleurs n'étaient pas mahométans.
Le Hirbec raconte qu'aux Antilles, il passa de l'Ile Nevis
à celle de Saint-Christophe sur « la frégate du capitaine
Denis, angloys, qui estoit en fribuste et venoït de cou-
rir le Pérou. » Nous avouons que ce « capitaine Denis,
angloys, » nous a donné à réfléchir. Nous présumons
fort que lorsqu'il se mettait ainsi « en flibuste, » sur les
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— Mi-
ettes du Pérou ou autres, et loin de tout contrôle, sa
conscience devait être sujette à d'étranges capitulations.
Si ses mains restèrent toujours pures, que sa mémoire
soit déchargée d'un injuste soupçon t.... Mais u faute
d'un moine, dit-on, l'abbaye ne chdme pas » et notre
thèse demeurera entière.
Nous n'insisterons pas davantage sur ces diverses
considérations. Au reste, si noua les avons abordées
c'était uniquement pour montrer qu'un voyage accompli
dans la première moitié du XVJl* siècle ne doit pas être
apprécie d'après nos idées modernes. If était certaine-
ment plus périlleux et aussi long, en 1642, d'aller aux
Antilles et d'en revenir qu'il le serait aujourd'hui de
faire un tour du monde à grande vitesse.
Les voyages en Europe, tout en offrant moins de dan-
gers, n'étaient pas exempts, malgré cela, de quelques
inconvénients. Tantôt l'étranger devait subir une sur*
veiUance jalouse qui l'obligeait à déposer entre les mains
des autorités jusqu'à son « couteau de poche et son
canif, » tantôt on lui refusait le séjour ; quelquefois mê-
me, pour des raisons politiques alors fort compliquées,
surtout en Italie, on le menaçait de la prison ; cette mé-
saventure faillit arriver à Le Hirbec à Piombino ; mais
plus heureux que certains gentilshommes de passage
qui avaient été incarcérés quelques jours auparavant
« et desquels on n'a point eu de nouvelles du depuis, »
il put se réfugier sur son navire où il demeura trois jours
dans l'attenta, a souffrant beaucoup d'incomodités jour
et nuit. »
Les eaux côtières elles-mêmes n'étaient pas sûres,
puisque dans le golfe de Gènes, ainsi que nous l'avons
dit plus haut, on rencontrait des « vaisseaux turcs; »
or c'est bien plus tard, en 1665, que Louis XIV, par
l'expédition de son amiral le duc de Beaufort contre
Alger et Tunis, rétablit momentanément quelque police
dans la Méditerranée.
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_ 512 ~
Le Hirbec ne nous révèle pas les motirs qui le condui-
sirent en Italie. 11 partit de Laval le 9 août 1643, passa
par Tours et arriva à Lyon où il demeura jusqu'au 30
novembre. 11 traversa ensuite Vienne, Toumon, Pont-
Saint-Esprit, Avignon, Nîmes, Montpellier, Marseille,
et arriva à Gênes le 22 décembre. 11 devait quitter l'I-
talie le 9 mars 1644, après y avoir séjourné environ
soixante- huit jours et visité Livournc, Piombino, Casti-
glione, Givita-Veechia, Rome [du 13 janvier au 21 fé-
vrier), Viterbe, Sienne, Florence, Pise, Lucques et Li-
voume où il se rembarqua.
Partout il s'inquiète des curiosités et décrit avec un
visible plaisir les antiquités, les monuments, les œuvres
d'art qu'il recontre. Il est probable que la relation de
son voyage ne sera pas sans intérêt pour les archéolo-
gues italiens, bien mieux que nous capables de contrô-
ler ses assertions et d'y puiser des renseignements sur
des objets cpii ont pu changer d'aspect ou même dis-
paraître depuis lors.
Pour nous, nous n'entreprendrons pas de faire ici ni
sa critique ni son éloge : à chacun d'apprécier à sa
fantaisie ses récits et d'en tirer ce qui lui conviendra.
Notre rôle doit se borner à les publier, tout en les ac-
compagnant, lorsqu'il y aura lieu, de quelques notes
concises.
Nous remarquerons cependant que Le Hirbec n'est
pas le premier habitant du Bas-Maine qui nous ait laissé
des traces d'une excursion en Italie. Avant lui (1618-
1619) Gésar des Vaux ', baron de Lévaré, avait fait dans
ce même pays un voyage d'agrément dont M. le C"
Régis de l'Estourbeillon a publié^ le curieux budget
tenu au jour le jour par un intendant fidèle.
Commûaion (l" série). Tome V, p. 95 et suiv,
a. Revue de l'Ouett, 1887,
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- 813 —
Mais si on peut inférer, jusqu'à un certain point, de
ce document, l'emploi du tempâ de M. le baron de Lé-
varé, ea extraire des renseignements fort curieux sur
les mœurs de l'époque, les dépenses somptuaires d'un
gentilhomme en voyage, il ne suffit pas cependant pour
élever César des Vaux au rang des voyageurs observa-
teurs et écrivains.
L'intendant du baron nous apprend par le menu, eu
livres, sous et deniers, ce qu'il dépensa pour son maître
dans telle ou telle ville : hôtelleries, carrosses, péages,
dinées, couchées, habillements, pourpoints, chausses,
bas, chapeaux, cordons, boutons, collets, passements,
aiguillettes, souliers, extractions de dents, médecins,
saignées, « apothicaires, clysters, confitures, sucre,
pruneaux et toutes autres drogues, » etc., etc., rien
n'est oublié.
Il nous avertit qu' w ainsy finit, le samedy 30 juin
1619, le voyage en Italie de M. le baron de Lévaré, qui
lui coAta 4043^ 6 s. 6 d. environ, et dont il il revint sain
et joyeux. »
A la vérité il nous laisse entrevoir que son maître cul-
tivait volontiers les choses de l'esprit; il fait emplette
de livres, il paie de nombreuses a leçons de fortiffica-
tion » à dix-huit livres par mois, que prenait M. le ba-
ron dans les villes oà il séjournait, des règles, des com-
pas, du papier épais pour y travailler, des leçons d'a-
rithmétique, de langue italienne, do luth et même des
paquets de cordes de rechange pour le luth de M. le
baron, qui semble en avoir beaucoup usé.
Mais ce n'est là, en somme, qu'un état de dépenses ;
encore n'est-il pas de la main de M. le baron de Lévaré,
qui n'y a collaboré que de sa bourse.
Il est donc inutile de faire remarquer, à ce point de
vue, la supériorité de Le Hibec, qui, dans un cercle plus
restreint et avec des aventures beaucoup moins tragi-
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que» que François Pyrard, se rapproche néanmoins de
ce dernier par son esprit d'obs<>rvation et le soin qu'il a
pris de noue transmettre la relation de ses voyages.
Un dernier mot pour finir ;
Daniel Le Hirbec appartient avérément à une famille
lavalloise ; dans ses deux voyages il partit de Laval et
y revint ; ses manuscritM dormaient depuis longtemps,
complètement inconnus, dans le cabinet de M. de La
Beauluère, et personne, croyons-nous, surtout à l'étran-
ger, n'a jusqu'à présent soupçonné son existence. —
Est-ce à dire qu'on ne nous contestera pas Daniel Le
Hirbcc, et qu'un esprit ingénieux n'essaiera pas quelque
jour de lui assigner une nationalité invraisemblable ?
Nous croirions volontiers impossible une pareille mésa-
venture si nous n'avions l'exemple de François Pyrard.
François Pyrard, en elfet, ne se présentait-il pas dans
les mêmes conditions que Le Hirbec ? n'a-t-il pas toujours
été connu sous ce nom de « Pyrard de Laval, » inscrit
au frontispice des diverses éditions de ses ouvrages?
Cela a-t-il empêché un auteur belge d'élever des doutes
sur son origine * ? Il est vrai que cet auteur n'avait
assurément pas lu ta dernière phrase de Pyrard qui
contient ces mots : h ....mon pays natal qui est
Laval en Bretaigne.... » D'ailleurs, l' eût-il même lue,
un texte ne prouve rien à qui ne veut pas l'entendre ou
s'attache à le torturer.
Dieu merci, Pyrard n'en est pas resté pour cela moins
lavallois ; mais de telles afSrmations seront à jamais
regrettables. Ainsi que nous l'avons dit ailleurs- et
comme nous demanderons la permission de le répéter,
car le sujet en vaut la peine, il en est d'elles comme de
la calomnie : <( il en reste toujours quelque chose ; » cer-
1. V. J. Le Fizelier, dans Etades et Récits et nos notes sur le
chapitre < François Pyrard est-il ne à Laval. ■
!, Ibidem.
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tains esprits qui se croient critiques quand ils ne sont
que portés à la contradiction s'ei) autorisent pour con-
sidérer leg questions comme douteuses ; puis viennent
^es copistes qui perpétuent l'erreur, les prétendues au-
torités qui s'accumulent, les citations qui se compliquent,
si bien qu'il faut plus tard, à quelque esprit droit, une
grande somme d'efTorts pour refaire la lumière.
Espérons toutefois que Daniel Le Hirbec échappera
à ce mauvais sort. Le voici remis à flot. Deux siècles et
demi aprè:^ le' terme de ses pérégrinations maritimes,
il va affronter ce qu'il est convenu d'appeler <i les flots
perfides de la publicité. » Puisse ce dernier voyage, en-
trepris sous nos humbles auspices, ne pas lui être plus
défavorable que les autres... Mais il temps, grand temps
peut-être, de lui laisser la parole.
Ehils M0REA.U.
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I
VOYAGE AUX ANTILLES
ET DANS LES PAYS-BAS
Au nom de Dieu
VOYAGE DES ILLES DE LAMÉRIQUE,
PARTIE DU PÉROU APPKLÉES LES PETITES IHDES
OCCIoeKTALES DU ŒSTING, DES ESSORS, DE HOLLANDE,
îtGLLANDE, BRABAM ET AUTRES LIEUX DE LA MER
OC CE AN NE, FAICT PAR HOY
DANIEL LE HIRBEC,
DANS LES AKNÉES
1642 ET 1643
Je suis party de Laval le premier jeudy de caresme,
six"' jours de mars 1642, et suis arrivé à Nantes en
Brctaigne le samedy suivant 8' dudit mois. Party de
ladite ville de Nantes le 22* dud' mois pour aller trou-
ver nostre navire qui estoit à la Martinière, auquel lieu
je mVmbarqué le mesme jour dans iceluy, nommé la
Notre Dame.
Le 29* dud' nostre navire leva l'ancre pour aller à
S' Nazaire lieu de l'ambouchure de la mer, à laquelle
rade il mouilla le mesme jour. Le landemain 30* dudit
on embarqua ce qui restoit tant des comodités que les
passagers et reste de l'équipage qui attandoient audit
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lieu nostre navire ; le mesine jour sur les deux à trois
heures après midy, nous fismes voille, le vaut estant
nord nord est qui estoit le plus favorable que nous pus-
sions souhayter, mais devant que nous eussions faicl
une lieue de chemin, le vant ce changea tout contraire,
ce qui nous obligea de retourner mouiller au lieu d'où
nous estions partis et ledit vant continua jusques au 19*
avril veille de la feste de Pacques qu'il vint au nord
norouest qui n'estoit néantmoins pas encor assez bon
pour nous, mais notre capitaine et maistre se résoudi-
rent de partir voyant onze ou douze autres navires Ter-
neufyers qui foisoient voille, lesquels nous avoieat pro-
mins et noua à eux, compagnie pandant quelques trois
cens lieux de routte que nous pouvions faire ensemble,
mais îe mesme jour ils nous laissèrent de l'arrière, d'au-
tant qu'ils alloient mieux que nous à la voille, eux
n'ayant que leur leste et victuailles et le nostre fort
chargé et embarassé avec 65 hommes tant d'esquipage
que passagers que nous estions dans nostre dict navire,
lequel n'estoit de port que d'environ quatre vingts thon-
neaux.
Le lundy suivant 21* dudit estant à quelques cinq
lieux ou environ loin de la coste de France, peu devant
midy, parut à nostre veue sept vaisseaux lesquels ap-
prochant du nostre peu à peu nous baillèrent apréhantion
ne les pouvant recognoistre ny la routte qu'ils voulloient
tenir; le vant estant un peu calmé quelque temps après
deux desdits vaisseaux scavoir leur admirai et ung autre
le plus avantageux de voille d'entre eux, se destachèreut
de la flotte, comme pour nous venir recongnoistre, ce
qu'ayant faict et veu nostre pavillon blanc au grand
mast avec nos pavois tendus par tout que l'on venoit
d'acconioder peu de temps auparavant pour cest effet,
lesdits navires arrisèrenl' leurs huniers afBn d'attandre
1, Arriser, prendre un ris.
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- M8 -
le» cinq autres navires ce qui nous donna plus dv. sujet
de mcUiance, d'autant que nous ne pouvions remarquer à
leurs pavillons que du rou^c mesme ledit admirai qui
Msta et remint plusieurs fois le pavillon de son grand
mast. Alors nous nous aprestàmes tous avec nos armes
et canons puis nous fismes les prières avec bon des-
seiog de nous delTandre celon nostre possible, mais grâ-
ces à Dieu nous fûmes exsens de sela, et sur le soir ils
passèrent à quelques deux portées de mousquet de no-
tre navire ; l'on vist que c'estoit Hambourguois, et ainsy
poursuivant leur routte et nous pareillement en louant
Dieu.
Poursuivant nostre routte au oest-soroest et soroest
1/4 d'oest, le dimanche suivant 27' dudit estions à la
hauteur du cap de Fiuisteire 43 dégrés 1/2.
Le mardy suivant 29* estions à la hauteur de la Bre-
lînguc ' 40 dégrés.
Faict au sud soroest jusques au vendredy 9* may es-
tions A la hauteur de Madère ; continuant la mesme
routte le lundy et mardy suivant nous étions à la hau-
teur des illes de Canarie 27 et 30 dégrés environ dn-
quante lieux au oest.
Poursuivant le mesme cours nous avons passé le Tro-
picque du Cancer 23 degrés 1/2 ; le jeudi 15 dudit vers
l'heure de minuit auquel lieu nous fusmea tous batisés
avec solemnilé, hormis ceux qui y avoient déjà passé,
et prestames le serment en faysant les dons deubs en
telle rencontre chascun celon sa volonté.
Continuant nostre routte au soroest le lundy 19* dud'
avons passé À la hauteur de S' Anthoine, ille du cap de
\'crt, 18 dégrés.
Continuant au oest soroest jusques à l'ille de la Bar-
1. I^s Iles Bertenga!>. situées » )teu de distance de U cJM« do
Portugal, ail nord-uucsl du cap Carvoeiro. En rvalilë elles soot
par 40 degrés 1/3 eii\-in>ii de latitude.
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boude^, laquelle nous apersùmes le mardy 3* jour de
juin suivant en faisant les prières du soir, après plu-
sieurs brouillars qui c'estoient passés le mesme jour ;
alors on monta aux hunes pour la bien recognoistre à
quoy on avoit de la paine d'autant que nous en estions
encore à quelque douze lieux loing, outre que le jour
commançoit fort à s'abaisser ; néantmoings peu de temps
après elle fut recognue pour ladite ille de la Bardoude,
à la rade de laquelle nous mouillâmes le landemain mat-
tin 4 dud', et y trouvasmes six vaisseaux, outre trois
autres lesquels y arrivèrent le mesme jour, tous lesdits
navires flamans ou anglois. Ladite ille est assez belle et
agréable et pays plat, elle est abituée par les Anglois
qui l'appellent en leur langue Barbades, ils y recueillent
grand nombre de bon cotton et du tabac mais il n'est
pas bon comme celuy des autres illes estant tout la plus
grande partie fort mal conditionné ; il y ont fort peu de
maniocs' et n'usent quasy que de patattea pour leur
pain et faire leur boisson qu'ils appellent du maby. Ils
ont cantité de chevaux, béates à cornes, et cochons,
avec la chasse et la pesche qui n'y sont pas mauvaysea.
Le jcudy 5* dudit nous fismes voille pour aller à là
Martinique, mais sur la minuit du mesme jour il nous
survint ung grand vant ou tampeste qui nous a tint en
grand risque de périr, mais l'on amena promptement
touttes les vergues basses jusques au mattin ce qui
nous fîst desriver et passer soubs le vant de la Marti-
nique, outre que nous estions à veue de trois illes, les-
quelles on ne pouvoit cognoistre certainement et le lan-
demain estant prins de calme cela tist que nous ne pus-
\. La Barboude, qu'il ne faut pas confondre avec La Barbade
autre tle des Antilles.
3. Manioc, nom indigâne d'une plante de la famille des euphor-
biacées à racine féculente. On en lire le tapioca. Les indigènes
se servent de la farine de manioc, appelée cassave. pour fabri-
quer une sorte de pain.
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- BÎO -
mes mouiller à la rade de ladite ille que le jour de la
Pantecoste huitième jour dudit mois de juin.
Je mine pied à terre le mesme jour en ladite ille et y
seioumé pour y traitter des marchandises jusques au
22 aoust 1642. Laditte ille est fort belle et agréable
quoique fort montaigneuse et est habituée par les Fran-
çois qui y recueillent nombre de fort bon petum', cotton,
sucre et autres marchandises auxquelles ladite ille est
fort fertille, et pareillement en vivres, scavoir en ma-
niocs^ pour faire la cassare' et ouicou qui est le pain et
la boisson dudit pays, plusieurs sortes de bons pois à
manger ; la chasse y est fort bonne pour beaucoup de
sortes de gibiers, scavoir agoutya' etlésars^ qui sont
fort excellents outre les crabiera^, perroquets, ramiers,
perdrix, tourtres, ortollans et plusieurs autres sortes
d'oyseaux dudit pays.
La pesche y est grandement bonnne pour toutte sorte
de bon poysson acavoir lamantin'', tortue caret*, caran-
guea ^ et plusieurs autres sortes ; ils ont pareillement
plusieurs sortes de bons fruits, comme ananas, gouya-
yes«>, limons, citrons, oranges douces et aigres, bana-
1. Tabac.
a. Voir note de la page précédente.
3. Ibidem.
4. Mammifère de l'ordre des rongeurs; lièvre du nouveau
continent.
5. Ces lézards sont probablement les iguanes, qui passent pour
avoir une chair très blanche el très délicate.
6. Crabier. Oiseau du genre héron.
7. Lamantin, mammifère de l'ordre des cétacés qui atteint une
longueur moyenne de cinq mètres. Sa chair est très estimée,
8. Tortue caret (testudo imbricata), sorte de tortue de mer qui
fournil ces belles écailles brunes si employées dans la fabrication
des objets de tuxc. Sa uhair est désagréable et malsaine ; mais
ses œufs sont excellents.
9. Caraneue des Antilles ^Scomber carançusj ; ce poisson, qui
pèse jusqu'à dix ou douze kilos, est très estimé.
10. Gopavier, nom vulgaire du Psidium (Lin). Le goyavier
fiorte-poire, cultivé aux Antilles, produit un fruit savoureux, en
orme de poire et de la grosseur d'un œuf. GoyavieT porte-pommt,
Goyavier de Caitley, Goyavier à feuilles en cœur, etc.
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nés, fi^ea, patatteB et plnsieurs autres sortes; et ce
qui est à admirer audit pays, c'est que tout cela vient
en peu de temps et sans beaucoup de paine, mesme la
vigne qui porte son fruit au bout de trois ou quatre
mois quant elle est cultivée ; il y a fort bon ordre entre
les abitans desdits lieux pour ce qui est despant de l'art
militaire, et sont fort soigneux de les y bien dresser.
Il y a de l'autre costé de l'ille un cartier qui est habi-
tué par les sauvages Caraybee sur lesquels on a conquis
ladite ille et tout ledit pays ; ils ont bien donné de la
paine au commancement que l'on estoit en guerre contre
eux et ont bien tué du monde avec leurs flèches et bou-
tons qui sont leurs espées et armes, mais à présent on
est en paix avec eux qni est un grand bien et repoa
pour lesdits abitans, auxquels ils servent beaucoup
d'autant qu'ils ont toujours quelque choses de bon d'eux
pour peu de chose ; c'est ung grand plaisir et divertisse-
ment de converser avec lesdits sauvages dedans leurs
carbets et voir les accïons et maximes qu'ils observent
entre eux ce qui est estonnant les voyant tant masles
que femelles tous nuds.
Le 22' jours d'aoust ensuivant je suis party de ladite
ville et me buis ambarqué dans une frégatte du port, de
40 ou 50 thonneeux ; nous fîsmes voille sur la minuit.
Le landemain au mattin nous passâmes au long de
l'isle appelée la Dominique ', laquelle est abiiuée par les
sauvages dudit lieu et de ceux de la Gardelouppe qui
s'y sont retirés après en avoir été chassés et lorsque
l'on passe par ladite isle l'on traitte presque toujours
quelque chose d'iceux.
Le lendemain dimanche 24 dudit le matin nous mouil-
Umes devant l'isIe de la G&rdelouppe laquelle est ha-
bituée par les François lesquels y font mesme récolte
qu'à celle de la Martinique.
1. Les Français possédèrent cette Ile jusqu'en 1763.
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- Bîï -
Le mardy au soir ensuivant 26* dudit nous fismea
voille et le jeudy saint noua mouUl&mes devant l'isle de
Montaerrat laquelle est habituée par les Anglois; elle
n'est pas sy bonne comme les précédantes ; le laode-
main nous Âsmes voille et le samedy suivant noua mouil-
lâmes devant l'isle appelée les Niefures * qui est abi-
tuée par les Anglois et est à peu près bonne comme
celle de Monsarrat. II y a en ladite isle de certaines
eaux ou bains fort souverains pour les grandes maladies
desquels plusieurs malades se sont fort bien trouvés.
Le landemain dimanche dernier jour d'aoust nous fiâ-
mes voille et mouillâmes le mesme jour à la rade de la
Basse-Terre de S'-Cristophe laquelle est la principale
isle de toutes les autres, et est abituée par les François
et Anglois qui ont chascun leurs cartiers séparés, et les
deux généraulx des illes de Laméricque des deux na-
tions y font leur demeure. Geste isle est fort bien poli-
cée et agréablement abituée par ung bien plus grand
nombre d'hommes et fammes que les autres précédentes
illes. Ils y ont aussi beaucoup de comodités nécessaires
et s'y faict le meilleur pettuo de toutes les autres illes.
La justisse y est establie avec fort bon ordre.
Le dimanche 17* jour de septembre ensuivant il arriva
en ladite ille S' Christophle une sy grande et furieuse
impétuosité de vants, que l'on appelle veulguerement
dans ledit pays houragan, lequel dura dans sa grande
force quelque trente heures pendant lequel temps il fut
perdu 29 beaux navires tant françois, flamands qu'an-
glois, sans comprendre les petites barques et chaloup-
pes, tous lesdits navires chargés de pettun et autres
marchandises assez précieuses et plusieurs hommes
qui furent noyés, outre presque toutes les cases, vivres
et pettuns de la terre abattus et perdus qui a esté la
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plu8 grande perte que l'on aye jamais eu dan» lesditea
illes, estant eBtimée à plue de 20 millions, tous leadita
vaisseaux furent maltrettéa de icelle fasson qu'aucun
d'iceux n'a peu eatre remins n'y sauvé, non plus que les
marchandises qui estoient dedans ; il est impossible de
s'imaginer le rude temps qu'il faisoit à moins d'y avoir
esté présent. Il y eut en outre beaucoup d'autres navi-
res qui furent eschoués à d'autres terres et quelques-uns
qui estoient en mer, desquels on n'a reçu aucune nou-
velle ce qui est encore plus pitoyable.
Le 7 novembre ensuivant je m'ambarqué dedans une
barque de la Martinique du port de quelques dix thon-
neaux et arrivasmes en ladite isle de la Martinique le
20° dudit mois ayant passé les isles des Niefurea, Mon-
serrat, la Gardelouppe, les Saintes, la Dominique aux-
quels lieux nous mouillâmes.
Le 12' décembre ensuivant estant à la Martinique je
m'embarque dans une frégate de Flescingues nommée
en Flaman la Lifde, autrement la Charité, du port de
150 thonncaux ou environ avec dix pièces de canuon
soubs la conduite de Jean Crânes ; nous passâmes de-
rechef par lesd' isles de Monsarrat, la Gardelouppe, les
Niefures, auxquelles isles ledit navire arcsta, pour trait-
ter ce qu'il avoit de reste.
Le 31* dudit mois je m'embarque aux Niefures dans
le navire du cupp"* Denis anglois lequel estoit en fribuste
et venoit de courir le Pérou*, nous arivasmes le mesme
jour à la grande rade de S' Christophle. Le 5' jour de
janvier 1643 nostre frégatte ariva à la rade de la Basse-
Terre de ladite isle, auquel lieu je m'embarque le lande-
main et allâmes moiller à la pointe de Sable.
Le 8' dudit nous fismes voille et mouillâmes le mesme
jour devant l'isle S' Eustache laquelle est aux Fla-
mands; elle est habituée par des Flamands, François,
Anglois ; ladite isle est fort petitte et non sy bonne com-
1. La partie septentrionale de l'Amérique du Sud.
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me les autres n'y ayant mesme aucune rivière n'y puis
oA il y ait de bonne eau à boire.
Le 14* dudit nous fismea voille pour retourner à la
rade de la pointe de Sable dudit S' Christopble où nous
mouillâmes le 16' dudit mois.
Le 2' febvrier 1643 lundy, environ deux heures de
nuit, nous fismea voille pour desbouquer en compagnie
d'un petit fîlibot de Hollande qui eatoit noatre visse-ad-
mîral ; la meame nuit nous pass&mee au vant de l'isle
nommée Sabat ' laquelle n'est point abituée et le lande-
main au mattin au vant de l'iale S' Martin qui est abi-
tuée par lea Espagnols qui y ont ung fort et une saline.
Le mesme jour nous passâmes soubs le vaut des isles
nommées l'Anguille, S' Barthélémy, les Vierges et au-
tres isles non abituées.
Le jeudy ensuivant 5' dudit nous laissâmes de l'arrière
noatre viase-admiral d'autant qu'il ne nous pouvoit aui-
vre quoy qu'il s'estimât bon voillîer.
Le landemain nous trouvasmes les vants d'aval qui
nous continuèrent favorables jusques au 17* dud', jour
et mardy gras au soir qu'il se tourna en tempeste fu-
rieiue, entre autre ung coup de vant qui pansa ranver-
ser nostre navire, l'ayant par deux fois faict rouller de
telle faaaon que les colFrea furent ranveraés tes uns sur
les autres, avec grande peur et estonnement, mais peu
après il calmit.
Le 21' feb. 1643 premier aamedy de caresme sur les
dix heures du mattin l'on cria tant, qui est à dire en
Flamand, Terre ! Peu de temps après elle fut recognue
pour les isles de Courbe et Flore, islea des Essorts^les-
quellea aont habituées par les Portugais, nous n'y pus-
mes mouiller, le vant ne le permettant.
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Le mardy 24* dud' il nous survint une tampeste bien
plus furieuse que celle du 17* et fûmes cootraints de
mettre de costé en travers à la mercy des vagues ; le
landemain nous mimes à la cappe pour nous souatenir
en quelque fasson à la desrive, mais le vant croissant
toujours et la mer horiblement rude, laquelle nous bail-
loit de sy furieux effors, avec des coups de mer sy fré-
quans que nostre navire recevoit, lesquels étoient capa-
bles de l'escraser, ou du moins le tillac, sy Dieu ne nous
eust acistés, ce qui nous obligea d'apareiller ung demy
bourcet' et faire vant derrière pour le soulager, ce qui
nous reculla fort d'autant que nous retournions vers le
lieu d'où noua venions.
Le vendredy suivant 27* dudit vers l'heure du midy,
le temps s'estant un peu esclercy et le soleil paroissant,
nos pilottes prinrent hauteur, et ayant pointé leurs car-
tes, recognurent que nous n'estions pas loing des illes
de la Terre-Siere *, FayaP, S' Michel, îsles des Essors
abituées pareillement par les Portugais ; il fut trouvé à
propos de relâcher à quelcune d'icelles pour laisser pas-
ser ce mauvais temps et vant du tout contraire à nostre
routte et nous rafréchir et racomoder nostre navire le-
quel c'estoit faict plusieurs voyes d'eau dans les efforts
qu'il avoit soufferts ; à la mesme heure nous fismes
routtea vers lesdites terres et sur le soir nous usmes
cognoissancc de l'isle S' Michel dans laquelle nousmouillft-
mes. Le landemain au mattin et mismes pied à terre après
avoir esté avec nostre capp"* parler au gouverneur de la
sitadelle lequel après les interogations acoutumées de
1. Bourcet. Aniiennement voile de misaine. Bourcer, replier
une partie de la voile en bourse, pour qu'elle prenne peu de vent
(carguer).
2. J'erceire, qui renrerme la ville d'Angra, capitale de l'archipel.
3. Fayal. Ile fertile, passe pour avoir été peuplée par une co-
lonie de Flamands qui y firent naufrage au commencement du
XVIM, siècle en voguant vers l'Amérique.
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_ 8W -
nostre dict capp", il nous advertit que nous prinsions
garde à nous et que trois ou quatre jours auparavant il
avoit paru à leur coste onze ou douze navires turqs et
trois morieques, lesquels avoient anlevé à leur rade (à
laquelle estoit nostre fregatte) ung navire flamand qui y
estoit arrivé le jour précédant.
Le landemain dimanche premier jour de mars au mat-
tin, il ariva une flotte de Hollande laquelle peroissant
minse en crainte, ceux qui estoient dans nostre navire
sur l'adviB que l'on avoit eu, incontinant ils parèrent ce
qu'ils purent de nos canons et autres armes, et laissè-
rent choir le bourcet.
Prest à apareiller en cas de bcsoing et faire signal à
nous autres qui venions d'aller à terre avec la chalouppc
de revenir à bord, ce que ladite flotte remarquant eut
crainte aussy ne se fiant non plus à nostre pavillon ;
néantmoins elle list une bordée et pasant près de nostre
navire, ils se recognurent et mouilla près de nous; ce-
pendant ceux du fort ayant remarqué comme elle venoît
droit à nostre navire comme pour l'aborder, crurent que
c'estott quelque méchant navire, luy tirèrent un coup de
canon dans les voilles et ne se passa autre chose.
Le mesme jour après midy arriva ung autre navire
aulonnois lequel venoit de Lisbonne ot estoit fretté par
ie roy de Portugal pour venir charger de bled en la dite
isle pour porter en Barbarie.
Ladite isle. nommée S' Michel, est assez belle et est
abituée par les Portuguais qui y recueillent abondance
de bons bleds et vins, et plusieurs sortes de fruits, il y
a deux villes en ladite isle, l'une appelée Villefranche et
l'autre Pondalgade* qui est la principalle, devant la-
quelle nous estions mouillés ; elle est forte du costé de
la mer au bort de laquelle elle est bastie ; ils ont tout
joignant une forte citadelle laquelle est garnie de grande
1. Ponia-Detgada, la ville la plus commerçaiite des Açores.
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-8S1 -
canoté de beaux canons de fonte verte et commande aux
avenues et rade de ladite ville. U y a ung petit havre
par lequel on met pied à terre, lequel est gardé d'un
costé du corps de garde et de l'autre coaté d'une platte
forme garnie de quelques pièces de canon de fonte. La-
dite ville et campagne est assez agréable celon le lieu
et y fait assez bon vivre, aussi que l'argeant y est un
peu rare. Ils ont de fort belles églises et couvents, sca-
voir jésuittes, cordeliers et autres de filles; le mesme
jour après la prédication ils firent une procession avec
son bel ordre de dévotion, avec une foule magnilicque,
et marchoient devant icelle sept ou huit pénitans veslus
de toîLle blanche simplement, le visage couvert de mesme
estoffe, avec les pieds nuds et le dos jusques à la cein-
ture tellement desgouttans de sang à force de se fustiger
que cela estoit cstonnant.
Le mercredy suivant 4" dudit, il arriva ung autre na-
vire anglois pour charger du bled. Le mesme jour, le
vant estant venu bon, nous fismes vollle après midy et
sur le soir nous passâmes au long de l'autre ville cy-
devant ditte.
Le mardy 17' mars l'on sonda et on trouva terre à
quelques 80 brasses, le lendemain nous vismes terre
près de laquelle ayant approché on cognut que c' estoit
Belle-llle ' ; nous vismes des autres terres prochaines
que l'on nous dist estre la grande terre de Bretagne et
autres petittes illes et illots que l'on appelle tes Cardi-
naulx.
Le mesme jour sur le soir nous vismes une flotte de
quelques 30 navires au vant de nous les quels faysoient
leur routte comme sortant de la Rochelle pour aller vers
ta Manche ; nous crûmes que c' estoit la flotte de Hol-
lande qui s'en alloit ce qui nous resjouit espérant par
là abréger nostre volage ; nous estions en peine de nous
I. Belle- Ile- en-Mer, sur la cAte de Bretagne.
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recognoistre ce qui nous eatoit dificille à cause de la
nuit, maÏB nous espérions que volant le feu de leur admi-
rai, noua pourrions chasser dessus pour leur parler;
mais ils ne firent point fanal, ce qui nous empescha de
savoir quels ils eetoient, et la mesme nuit nous les per-
dîmes tout à faict de vue.
Le landemain 19* mars nous passâmes près Tlele-
Dieu, te mesme jour noua vismea encore d'autres navires
mais sans les recognoistre cbacun faysant aa routte, sur
le soir noua paaââmes près la ville d'AuIonne.
Le landemain au mattin 20* dudit mois nous mouillâ-
mes devant S' Martin-de-Ré près la Rochelle, peu de
temps après la mer estant quasy plaine nous miames
pied à terre audit S' Martin-de-Ré,
Le landemain samedy 21* dudit je party pour m'en
aller à la Rochelle duquel lieu je fus de retour le lundy
ensuivant.
Le 5 avril 1643 jour de Pasques nous fismes voille à
la pointe du jour avec la flotte de Hollande et Zélande
au nombre de 50 navires, scavoir 47 Flamands et trois
Escosaais, mais le mesme jour le vant He changea con-
traire et la nuit suivante nous usmes ung grand coup de
Tant qui nous bailla fort à craindre, mesme un de nos
compagnons qui fust deamasté de son grand mast de
hune, ce qui l'obligea à relâcher le landemain au matin
audit S' Martin de Ré, et le vant continuant toujours
contraire, toutte la flotte relâcha le mesme jour audit
lieu.
Le mercredy suivant 8* dudit le vant eatant venu
bon nous fismes voille avec ladite flotte. Le lendemain
9' dudit nous, rencontrasmes la flotte de Hollande qui
alloît en France au nombre de quelque 90 ou 100 na-
vires ; le samedy suivant 11' dudit nous passâmes à la
veue des illes de Gerzé et Grenezé' et le landemain
1. Jeriey, Guernetey.
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de l'isle Duit' puis de même la ville de Bruges en
Flandre.
Le raardy suivant 14" dudict noua arrivasmes en la
ville de FlessingueB, bonne ville et fort bon port de mer
de la Zellaude.
Le 21' dudit je party de ladite ville de Flessingues et
arrivé le 23* dud' en la ville de Dort^, bonne ville et
port de mer de Hollande.
Le mesme jour arivé en la ville de Roterdam qui est
la seconde ville de la Hollande, fort bon port de mer, et
belle grande ville fort agréable et bien baetie.
Partie de ladite ville le aamedy suivant 25* dudit et
arivé le mesme jour en la ville de Laide, bonne ville de
Hollande auquel lieu est l'université de la Hollande et
académie pour leurs docteurs ; ils ont une belle mayson
particullière où sont leurs anatomies qu'ils appellent
Senecambre, où l'on voit trois ou quatre peaux d'hom-
mes escorchés, plusieurs anatomies d'hommes, fflmes,
enfants et de plusieurs animaux à 4 pieds rares et com-
muns, et de plusieurs sortes d'oiseaux et poissons mes-
me jusques à ung balaineau et autres raretés fort belles
et entr'antres choses deux corps entiers d'un roy et sa
fille qu'ils disent estre morts avant la venue de notre
Seigneur ; ils sont ensevelis d'une fasson qui faict croire
que sela est fort ancien, on ne leur voit que le visage'.
Le landemain lundy 27* du' party de lad'* ville et ar-
rivé le mesme jour en la ville d'Amsterdam qui est la
capitalle ville de la Hollande, elle est fort grande, bien
bastie et agréable ; il y a de fort belles églises et grande
canlité de ponts, et surtout bien policée avec bon ordre
pour l'administration de la justice; en outre ung fort bon
port de mer où il y a toujours grand nombre de navires,
1. L'He de Wighi.
2. Dordreeht o<a Dort.
3. Des momies d'Egypte,
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Party de lad* ville d'Ameterdam le mercredi sniTant
29* dud' et arrivfi le landcmain en la ville de Rotredam,
le mcBme jonr arrivé en la ville de Dort.
Party de lad* ville le premier jour de may 1643 et
ariviî le mesme jour en la ville de Guetremberg * forte
plasse qui est moytié Hollande et moytié en Braban.
Le landemain party de lad* ville et arrivé le meame
jour en la ville de Broda en Braban très belle et forte
ville de guerre.
Party de lad* ville le hmdy suivant 4* dudit et arivé
à Flcxingue le joudy suivant 7 dud*.
Party de Ind" ville le dimanche suivant iO dud' et ar-
rivé le mesme jour en la ville de Mitdebourg fort bonne
et grande ville de la ZtUandc et bon port de mer.
Le landcmain party de ladite ville et arivé le mesme
jour aux villes de Trevers et Armus *, deux porta de
mer de Zellande, mais le dernier tout ruiné.
Le mesme jour arrivé à Flexinguos, party de rechef
de lad* ville de Flexingncs le 15* dud' et arrivé le mes-
meame jour en la susdite ville de Middelbourg.
Le 17* dudit je m'embarque pour aller à Bergue-ob-
som ^ en Braban en laquelle ville j'arrive le mesme jour ;
c'est une forte plasse et ville do guerre ; le t9 dud' j'ar-
rive à Mildebourg puis à Flexingues.
Le 23* dud' mois, veille de ta Pantecoste je party de
lad. ville de Flexingues après midy et m'embarque
dans ung philibot du capp"* Reniouscol de Middelbourg
du port de quelque 140 thonneaux avec quatre pièces de
canon, en compagnie de quatre autres navires mar-
1. Qertniidemberfi;.
2. Noiin ne sommes pas certain de l'identification de ces loca-
lités. Néanmoins nous pensons que dans n Trevers s il faut voir
Weere, petit port situé comme Flessingiie dans l'île de Walche-
ren, à l^ne des extrémités d'un canaTqui aboutit de l'autre à
Flessingue, et qui passe par Middelbourg.
3. Berg-op-Zoom.
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chands et un navire de guerre ; le mesme jour nons pas-
sAmes à la veue de la ville d'Hostande qui appartient au
roy d'Espagne devant laquelle il y avoit trois navires
de ses estais.
Le landcmain nous passâmes devant Domquerque
puis après devant Callaîs, Bouloignc et coste de Nor-
mandie.
Le mardy ensuivant 26' dud' nous paasùmes entre
les illea de Gerzé et do Grenezé et autres illes d'An-
gleterre,
Le landcmain 27° dud' nous mouillâmes devant la ville
de S' Malo.
Le samedy ensuiv' party de lad* ville et arrivé le lan-
dcmain en la ville de Laval dernier jour dudit moia de
may 1643.
Loué soit Dieu.
(Hanuacril du Cobioet de 11. de la BeauEuère).
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MÉMOIRE HISTORIQUE
SUR CHATEAU-GONTIER
RÉDIGÉ EN 1781 POUR M' LE MARQUIS oVuTICHAMP
Il Censifou terrier de la terre et baronnie de Chateau-
gontier quis'étenden la viUe et fauxbourgs de Château-
gantier, et en différentes paroisses des provinces d'Aiyou
et du Maine, et appartient à haut et puissant seigneur
messire Jean-Thérèze-Loïiis de Beaumont^, marquis
d'Autichamp, Commendeur de l'ordre Royal et mili-
taire de Saint-Louis, maréchal des camps et armées
du Roy, Commendent en second le corps de la gen-
darmerie, inspecteur de Cavallerie, premier ecuyer de
Son Altesse Monseigneur le prince de Condé, gouver-
neur de la diite ville de Chateaugontier et lieutenant
du Roy des ville et château d'Angers, fait en l'année
ÎISI, par le sieur Pierre des Portes, avocat en Parle-
lement, et par le sieur Loàis-Pierre Maillard, aussy
feudisle, associés.
l. Jean -Thérëze- Louis de Beuumont, RU de Louis-Joseph de
Beaumont, marquis de Beaumonl el de Châleau-Gonlier, sei-
gneur de Roche-su r-Grave. Saint-Rambert, de Miribel, d'Aunay,
de Montmoutier. marié en 1763 à Marie-Charlotte de Maussion
de la CouHauiny, veuve d'Augustin Aubry, marquis de Vastan.
Il fut nommé pour acquéKur du marquisat avec sa mère Perrine
Loquet de Grandville par le précédenl le 26 février 1761. 11 émi-
gra en 1790 (Tablette» chronologiques et historiques de la succès-
tien desseisneurs de Laval, de Mayenne et de Chdteau-Gontier,
par Léon Hattre, p. 3S. — Généalogie des seigneurs de Chdteau-
Gontier. par A. de Martonne).
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-Bas-
il Faits historiques touchant la terre de Chateau-
gontier.
« La terre de Chateaugontier fut donnée vers 1050*,
par Foulques Nerra, comte d'Anjou, à Renard de Cha-
teaugontier^ et a été possédée par ses descendants en
ligne masculine jusqu'en 1259, que Geofroy de la Guier-
cbe et de Pouancé en devint propriétaire par son ma-
riage avec Emme de Chateaugontier^ ; de ce mariage
naquit Jeanne de la Guierche qui, en 1263*, épousa
Jean de Briene, vicomte de Beaumont et de la Flèche,
fils de Loûia de Beaumont, dit d'Acres, et d'Agnès,
vicomtesse de Beaumont, dame de la Flèche, Freanay,
Sainte*Suzanne et du Lude^,
« Depuis ce tems, la terre de Chateaugontier a été
possédée par les vicomtes de Beaumont, et ensuitea par
les ducs d'Alançon, jusqu'en 1525, qu'elle passa à Char-
les de Bourbon, duc de Vendomois, par son mariage
avec Françoise d'Alançon, fdte de François d'Atançon*;
1. C'est à 1007 que la charte du cartulaire de l'abbaye Saint-
Aubin d'Angers, datée de 1037, fait remonter l'origine de ChS-
teau-Qonlier dont Foulques Nerra, comte d'Anjou, fut le fonda-
teur. Le comte bfttit son château sur un rocher escarpé qui
dépendait du territoire de Bazouges et en donna la garde à un
de ses oflîciers nommé Gontier, d où est veuu le nom ae ChAteau-
Gontier.
2. Renaud ou Raynaud, et non Renard, Tils dTvon, i qui
Foulques Nerra donna en fief Château-Gontier et qui en acheva
le donjon.
3. Emme, dame de ChAteau-Gontier, Nogent-le-Rotrou et Mé-
sonmaugiy, fille de Jacques I", époux de l'une des filles du Con-
nétable de Montmorency.
4. C'est en 1270, et non en 1263, que Jeanne de la Guierche,
Rlle des préeécents, épousa Jean de Brienne.
5. Voir la suite des divers seigneurs de ChàteaU'Qontier, de
1270 à 1526, dans les Tablettes chronologiques, etc.
6. Charles de Bourbon, pair de France, prince de Béam, duc
de Vendôme, comte de Boissons et de Condé, vicomte de Beau-
mont. baron de la Flèche, etc., époux de F'rançoise, lille de René
duc d'Âlençon. 11 combattit en Italie et en Picardie, Il gouverna
le royaume avec la régente pendant la captivité de François l"
et mounit le 35 mars 1537.
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-sc-
elle fut enauitte possédée par Anthoine, duc de Ycndo-
mois (Roy de Navarre, par Jeanne d'Albret, sa femme,
fille de Henry, Roy de Navarre), et, après son deceds,
par Henry quatre, aussy Roy de Navarre, et, au moyen
de son avènement au trdne de France, en 1589, demeura
réunie A la Couronne, nonobstant que, par ses lettres pa-
tentes du 13 aoust 1590, registrées au Parlement de
Bordeaux le 7 may suivant, et par autres du dernier
décembre 1596, vérifiées au Parlement de Toulouze le
20 juin 1597, il eût déclaré qu'il n'entendoit pas que ses
terres particulières fussent réunies à la Couronne.
u Par acte du 2 may 1646, registre au Parlement le
12 avril 1650 et à la Chambre des Comptes le 27 juin
suivant, les commissaires du Roy pour l'entière exécu-
tion du contrat d'échange du 10 mars 1629, par lequel
Loûise-Margueritte de Lorainne, princesse de Conti,
avoit donné au Roy Louis 13, les principautés de Lin-
champ, Mohou, la Tour-Aglaire et autres, ceddèrent au
prince Claude de Lorainae, duc de Chevreuse, l'on de
ses héritiers, entrautres la terre et baronnie de Cha-
teaugontier, sans aucune réserve, et conformément au
procès verbal d'évaluation qui en avoit été fait en 1644.
« La terre de Chateaugontier fut vendue, par te même
duc de Lorainne, à messire Nicolas de Bailleul, prési-
dent au Parlement de Paris, par acte du 4 juillet 1646,
avec faculté de décret, qui fut expédié au Châtelet de
Paris le 23 septembre 1654. Elle est restée en la posses-
sion de la famille de Bailleul jusqu'au 12 may 1739,
qu'elle passa par licitation à messire FéUx Aubry, mar-
quis de Vastan, l'un des héritiers de Bailleul, lequel,
par acte du 20 du même mois, la vendit à messire
Henry-Michel de Racapé, marquis de Magnanne', dont
la veuve et dooattaire la vendit, par acte du premier
1. Les Tablettes chronologiques portent le 1"' mars 1760,
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may 1760, à messire Henry-Germain de ViUoutraye',
qui, en cooséquence de la Taculté apposée eu son con-
trat nomme pour ami mondit sieur le marquis d'Auti-
champ par acte du 26 février 1761.
« La terre de Chateaugontier a eu le titre de Baronnie
dès la plus haute antiquité ; il n'y a même pas de preuve
qu'elle en ait eu un autre et elle fut érigé en marquisat
en faveur de M" Louis de Bailleul ^ par lettres patantes
du mois de juillet 1646, registrées au Parlement le 27
dudît mois de juillet, à la Chambre des Comptes, le 31
suivant et au Présidial de Chateaugontier le 26 septem-
bre suivant.
« La terre et Baronoie de Chateaugontier et celles do
Beaumont-le-Vicomte, de la Flèche, Sainte-Suzanne,
Fresnay, Sonnois et autres furent érigées en duché pai-
rie en faveur de la princesse Françoise d'AUauçon, du
duc de Vendomois, du duc d'Anguyen, ses enfans, et de
leurs successeurs et ayants causes, tant mâles que fe-
melles, par François premier, comme étant ses plus
proches parents, par lettres patentes du mois de sep-
tembre 1543, registrées au Parlement le 16 octobre de
la même année, à la Chambre des Comptes le 23 suivant,
et à Chateaugontier le 19 novembre aussy suivant, conilr-
mées par lettres patantes du mois de juillet 1545, regis-
trées au Parlement le 25 janvier suivant (c'est-à-dire 1546),
parce que l'année commençoit lors la veille de Pasquef.
Le même François 1**^ érigea lu justice de la Baronnie
de Chateaugontier en sénéchaussée royalle pour y être
tenue et exercée aux mêmes prérogatives et droits dont
jouissaient celles de la Flèche et de Beaumont-Ie-Vî-
i. Il avait épousé le 25 février 1749 Henri et te -Thérèse delà
Forêt d'Armaillé. — Voir, sur ce personnage et sur sa famille,
notre Histoire de Menil et de ses geigneurs, etc.
i. C'est en 1656, et non en 1646, comme nous l'avons déjà dé-
montré, que fut érigé le marquisat de Château -Gontier (Bulletin
de lu Commission, t. IV, p. 93 et 8.).
„Googlc
— 536 -
comte, à la charge qu'icelle sénéchaussée de la Flèche
ressortiroït à celle de Beaumont-le- Vicomte.
« Par l'édit d'érection d'un Présidial à la Flèche, donné
à Lyon au moys de septembre t595, vériâé et registre
au Parlement le 21 may 1597, l'attribution y fut faite
du droit de ressort et juridiction de toutes causes et
procès d'appels, tant aux chefs de l'édit des Présidiaux
que dans lea matières ordinaires de Sénéchaussée des
sièges de Beaumont-le-Vicomte, Fresnay, Sonnois, Ma-
mers, Sainte-Suzanne et Chateaugontier ' . Par èdit du
mois de février 1639, registre au Parlement le. ... ,
LoOis 13 créa un Siège Présidial â Chateaugontier, &
l'instar des autres Sièges Présidiaux du Royaume, pour
être exercé par les ofBciers lors pourvus des charges de
la Sénéchaussée royalle de iaditte ville de Chateaugon-
tier 2.
« Quoique, par l'acte de contréchange du 2 may 1641,
duement ratifié par le Roy par ses lettres patantes des
14 et 18 mars 1647 et 2 juin 1650, la terre de Chateau-
Gontier eût été cédée en toute patrimonialité et avec la
justice tous les offices d'icelle, l'annuel et le casûel des
dits offices et généralement tout ce qui composoit cette
terre, sans aucune réserve, conformément au procès
verbal qui en avoit été commencé en 1644 et finy en
1646, en lequel les dits offices, l'annuel et le casuel, sont
portés au chapitre de l'actif à 25501iv. de produit annuel,
et les gages des officiers et toutes lea autres charges de
la justice au chapitre du passif à 1588 liv., au moyen de
quoy la justice de Chateaugontier et tous les droits en
1. La baronnie de Château -Oontier fut ainsi enlevée au Prési-
dial d'Angers pour composer le nouveau ressort (Voir l'édit de
création aux archives de la Mayenne, série B. 11 est daté du 7
mars 16^0).
3. Voir, sur les appels des Juridictions attribués au Présidial
de Château -Gontier, VliUrodaction au Dict. top. de la Mayenne,
p. XXVI 1.
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dépendants dévoient produire annuellement 962 Hv. , quit-
tes de toutes chargea, que le Roy devoit et avoit inten-
tion de donner, ainsy qu'il s'en expliqua en ses lettres
patantes du 18 mars 1647 : « Si est ce qu'en procédant
« par notre ditte cour de Parlement au regiatrement
« dudit contrat d'échange du 10 mars 1629, vous auriez,
« par votre arrest du 7 février 1632, ordonné que les
a otEciers des terres qui aeroient par nous données en
« contréchange, à notre ditte feue tante, exerceroient
<i les justices d'ycelles sous nostre nom, quoique ce soit
o contre les conditions expresses dudit contrat et que
H nostre dite feue tante, ses hoirs, successeurset ayant
« cause en doivent jouir comme de leur propre, ainsi/
a qu'elle faisait des dites terres souverainnes, sans
u laquelle condition, elle n'auroit fait ledit échange,
a étant le principal honneur qu'elle a particulière-
« menl considéra que la justice des dites terres
« pour qnoy, nous vous mandons et enjoignons de faire
« registrer purement et simplement le dit acte du 2
(I may 1646. » Cependant il est résulté :
« 1° Que la patrimonialité de la terre de Chateaugon-
tier a été contestée à monsieur le marquis de Bailleul
par M. de Torsy, mnrquis de Sablé, au sujet de l'acquêt
par lui fait de la terre de la Barre de Bierné', tenue
n&ement de la Barounîe de Chateaugontier et dont il
a prétendu ne point devoir de ventes, vu sa qualité de
grand croix et de secrétaire de l'ordre ; la ditte terre de
Chateaugontier, suivant luy, n'ayant été aliénée qu'à
titre d'engagement et de réméré perpétuel ; ce qui a
occasionné un procès porté au privé conseil du Roy en
1723 et qui est resté pendant avec l'Inspecteur du Do-
maine jusqu'au 15 novembre 1774, qu'est intervenu ar-
rest par lequel la patrimonialité perpétuelle de la ditte
Chivri, marquis de la Barre de
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terre de Chaleaugontier a été confirmée bu profit de
monsieur le marquis d'Aulichamp et de ses successeurs,
à titre particulier et singulier, et par lequel arrest les
héritiera du dit seigneur marquis de Torsy et de Sablé
ont été condamnés payer les ventes et issues de la terre
de la Barre de Biemé aux héritiers du marquis de Bail-
leul, qui se les estoient réservées*.
« 2' Le Parlement et la Chambre des Comptes n'ayant
enregistré les 12 avril et 27 juin 1650, le susdit contrat
de contréchange du 2 may 1646, qu'à la charge que la
justice continueroit d'appartenir au Roy et d'estre exer-
cée sous nom, ce qui a été exactement exécuté, les sei-
gneurs de Chateaugontier, non seulement se sont trou-
vés privés de 962 liv. qu'elle devoit leur produire net,
chacun an, suivant le procès verbal d'évaluation de
1644, mais ils ont encore été forcés d'aquitter toutes
les charges de cette même justice évaluées, par chacun
an, par le même procès verbal d'évalution, à 1588 liv. , ce
qui fait une perte annuelle de 2550 liv., depuis 1646 jus-
qu'à 1776, qu'ils ont cessé d'aquitter ces charges, sans
cependant rien recevoir pour le produit annuel net de
962 liv. , au moyen de quoy leur perte totale est de
231,500 liv.
u 3° Suivant l'article 4 de la Coutume de la province
d'Anjou et entrautres le sentiment de M. Dupineau sur
l'article 41 d'icelle, de M. Poquet de Livonièro^, en son
Traité des fiefs, h. 1, oh. 5, page 22 et L. 6, ch. 567,
et do Guyot, en son Traité des fiefs, L. 4, ch. 7, page
64, il n'y a point de fiefs en cette province sans justice,
1. Ibid. — Jean- Baptiste Colbeii, marquis de Torcj[, né à Pa-
ris le 14 septembre 1665, fut che^é de diverses missions diplo-
matiques, dont il s'acquitta avec suuuès. Il fut nommé membre
de l'académie des sciences en 171S, 11 mourut le 3 septembre 1746.
3. Pocquet de Livonnière (Claude), célèbre jurisconsulte ange-
vin, né le 18 juillet 1651 à ta Gravoire, c°* de Vateti (Loire-Infé-
rieure), époux de Henée Quatrembat, mort à Paris 31 mai 1726.
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comme il n'y en a pointqui ait deuxjusticea. De ces princi-
pes, il résulte, nécessairement, que la terre de Château-
gontier, depuis l'enregistrement fait au Parlement le 12
avril 1650 du susdit contrat de contréchange du 2 may
1646, n'a aucun droit de justice, pas même de basse, ou
frontière ; conaéquemment, que le seigneur de cette terre
ne peut estre tenu d'aucuns frais de justice poar délits ou
autres tels quels, ny astraint à se charger d'aucuns en-
fants exposés sur ses domaines et mouvances, et qu'il
ne peut aussy rien prétendre aux aubenages, déshéren-
ces et bâtardises, parceque ce sont des droits dépen-
dants de la justice, et qui n'a l'un ne peut prétendre
l'autre. Enfin, depuis la plus haute antiquité, les -sei-
gneurs de Chateaugontier ont toujours fait payer les
droits de mutation par contrats de ventes ou équiva-
lants à vente, ou par contrats d'échange, le sixième du
prix des héritages sis en leurs mouvances, ce qui se
nomme ventes et issues, ou ventes doubles ' , 6t est une
exception du droit commun de la province d'Anjou, sui-
vant l'article 156 de sa Coutume ; ce droit est d'ailleurs
d'autant plus incontestable, qu'il a été nommément
- ceddé par le Roy par le susdit contrat de contréchange
du 2 may lf»46 et qu'il n'y a aucun titre contraire en le
trésor de la ditte terre de Chateaugontier.
« Avertissement.
« Ce censif est divisé en trois chapitres qui compo-
sent cinq volumes.
« Le chapitre !•', qui fait aussi le premier volume, est
composé de tous les domaines et droits en ville et en
campagne de la baronnie de Chateaugontier et d'une
table alphabétique réelle des dits domaines.
1. Voir, aux Archives nationales et aux Archives de la Mayen-
ne, les divers aveux rendus par les sei^eurs de Chftteau-Oon-
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- MO -
« Le chapitre !!•, qui faille deuxième volumei'est com-
posé de la mouvance en la ville de Chateaugontier, au
fauxbourg et paroisse d'Azé, dont les tables alphabéti-
ques personnelles et réelles sont à la fin de ce même
volume.
u Le chapitre III", qui forme les volumes trois et quatre,
est composé de toutes les mouvances hommagées et
censives de la campagne, qu'on a placées de proche en
proche, en commençant, pour chaque paroisse, par les
mouvances hommagées, après lesquelles sont les mou-
vances censives.
« Le cinquième volume est composé des plans visuels
et ii.on géométriques, au nombre de ( ), de la mou-
vance censive de la baronnie de Chateaugontier et de
quelques parties de la mouvance hommagée ; à l'égard
des plans des domaines, en la campagne de la ditte ba-
ronnie de Chateaugontier, ils sont roulés l'un sur l'au-
tre, raport à ce qu'on n'a peu les relier, étant collés sur
toilles.
« 2° A la fin du quatrième volume, sont deux tables al-
phabétiques, l'une personnelle et l'autre réelle, de tou-
ce qui compose les volumes trois et quatre.
« 3° Comme il peut arriver que quelques parties des
domaines de la ditte baronnie de Chateaugontier, sur-
tout les landes, fossés et murs de la ville, soient subdit
visés, changent de nature et soient mêmes inféodés,
auquel cas il faudrait faire de nouveaux articles audit
censif, on a, à cet effet, laissé des articles à remplir en-
tre le chapitre premier et le chapitre deux'.
« 4* Toutes les mouvances hommagées et censives sont
divisées en autant d'articles qu'il y a de ditférentes foys
1. Voir le curieux démêlé entre les habiUnls et M. d'Autî-
champ, au sujet des douves et fossés de la ville, en 1779, dans
,.«._« i-......:! i„i:,..\A . ^otes inédites mr Chdteau-Gontier au
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- Ml -
et hommages, prestations et fresches, le tout est numé-
roté de suite en chiffres arabes depuis ( ] jusqu'à
( ) ; chaque article des mouvances censives a, sur le
plaii' où elles sont figurées, le même numéro que celuy
du censifoû elle est employée et où la cote du ou des
dits plans est citée. Enfin, chaque frescbe est lavée par
ceinture, Bur le plan où elle est figurée, d'une couleur
distincte, dont il y a une goûte à la marge et au des-
sous de l'article du censif, où elle est employée ; à ce
moyen, chaque article des plans renvoyé exactement au
cenijif et chaque article des mouvances censives ren-
voyé aux plans et en indique les cotes, ce qui facilitera
à quiconque le moyen de trouver et connoltre, dèe qu'il
le faudra, tout ce qu'il pourra désirer.
a 5° A la fin de chaque article dudit cenaif, on a cité
chronologiquement tous les titres au soutien de sa mou-
vance ; au moyen de quoy, en cas de conteste de fief,
ou pour autre cause quelconque, il sera inutile de
chercher d'autres titres, parce qu'il n'en existe, pas cd
le trésor de la baronnie de Cbateaugontier.
« 6° On a laissé de grandes marges au commencement
de chaque article dudit censif, pour pouvoir y noter
tous les changements qui arivront par la suite, ce qui
doit ae faire en cette forme : modo en 1784, Pierre ;
modo en 1790, Jacques ; modo en 1795, René ; modo en
1800, Paul, etc.
« 7° On a laissé du blanc, à la fin de chaque article,
pour y porter de suite, par ordre chronologique, tous
les titres qui seront faits par la suite, comme factions
d'hommages, aveux, déclarations, contrats d'acquêts,
etc. Au moyen de quoy, ce censif peut servir pendant
un siècle, après lequel il ne sera question, pour le re-
nouvellcr, que de le copier, en y changeant et substi-
tuant les noms des propriétaires et les confrontations
du tems.
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n 8° Toutes les contenances raportéea, surtout au cha-
pitre du domaine de ce terrier, sont à raison de 100
chaînes quarrées par arpent, de 80 chaînes par jonmal,
de 60 chaînes par hommées de pré, de 10 chaînes par
boissellée, de 25 pieds de Roy par chaînes, de 2 pieds 6
lignes par prime, et de 3 lignes par seconde '. »
Ce document est conservé aux Archives nationales,
T. 96, et compris parmi les papiers Beaumont d' Anti-
champ. Il est daté de 1781 et intitulé Mémoire histo-
rique sur Ckâteaugonlier .
AllDBi JotJBERT.
l. Voir, sur le» mesures de superficie usitées en Anjou ^ous
l'ancien régime, les Chroniques CraomiaUes, p. 415.
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NOTES
SUR
LE BAILLIAGE DES TEMPLIERS
DE CHATEAU-GONTIER
(xv*-xviii* siècles).
Il existait à Chàteau-Gontier une rue qui portait le
nom de rue du Temple. Cette rue, appelée aujourd'hui
rue Saint-Just, perpétuait le souvenir des Templiers
établis dans la cité au moyen-âge. Les Templiers de
Chftteau-Gontier ne formaient pas une Commanderie,
mais simplement un bailliage, dépendant de la Com-
manderie de l'H<>pital Béconnais, près Villemoiaant, qui
remontait au XII" siècle, et était une annexe du Temple de
Saint-Laud d'Angers ' . Il se pourrait que, dans les temps
primitifs do l'ordre, ce bailliage ait été pourvu de chefs
particuliers et ait eu une existence particulière, person-
nelle, indépendante, à une époque antérieure aux titres
qui nous ont été conservés, comme cela s'est présenté
quelquefois en Poitou, mais rien ne nous permet d'affir-
mer qu'il en ait été ainsi^.
1 . Villemoiaant, canton du Louroux- Béconnais (Maine-et-Loire).
2. Les anciens aveux rendun par les seigneurs de Château-
Gontier mentionnent la maison des Templiers dans cett« ville et
la liste des domaines qu'ils possédaient dans la contrée.
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- 8U -
LflB Ârobives de la Vienne renferment leB anciens ti-
tres du Prieuré d'Aquitaine, parmi lesquels on remarque
un certain nombre de pièces relatives au bailliage de
Chftteau-Gontier. Nous en reproduisons la liste :
Bailliage de Château-Gontier. — 1.5 mars 1466. —
Acte par lequel le bailli de Château-Gontier remet entre
les mains des officiers du Commandeur de l'IlApital
Béconnais une fille qui avait été emprisonnée pour in-
fanticide, ce crime ayant été commis dans la mouvance
de la Commanderie.
II. 1567, 1577, 1589, 1593, 1631. — Baux à ferme
des domaines de Cbâteau-Gontier appartenant aux
Templiers.
III. 16 décembre 1634, Copie d'un aveu et dénom-
brement au roi par Charles Goddes, seigneur de la
Maroutière et de Loigné, où il est question des domai-
nes du bailliage.
JV. — Déclarations et autres titres de Château-Gon-
tier et des paroisses voisines, des XVI", XVII" et
XYIII* siècles, formant plusieurs dossiers attachés en-
semble dans une couverture de parchemin (liasse 142).
Plusieurs pièces sont relatives aux biens des Templiers.
V. 1448-1730. — Titres de rente sur les héritages si-
tués dans les paroisses d'AndouilIé, Chenille, Daon,
Saint-Micbel-de-Feins, la Jaille-Yvon, Juvardcil, Lai-
gné, le Lion -d'Angers, Livré, Loigné, Marigné près
Daon, Mée, Mesnil, Miré, Montreuil-sur-Maine, Querré,
Simple. Un dossier pour chacune de ces paroisses
(Liasse 143). Les Templiers y avaient des terres ou des
droits féodaux.
VI. 1616-1697. — Procès au Parlement entre le
Commandeur et Jacques Sourdillc, écuyer, sieur de
Chambrezais, au sujet d'une rente noble de trois mines
de seigle dans la paroisse d'Azé (Liasse 144, dossier
volumineux).
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^ 848 -
VU. 1535, 1537, 1574, 1609, 1629, 1715, 1721. —
Papiers de cens, rentes et déclarations, registres d'assi-
ses (Liasse 145). (Archives de la Vienne. Titres du
Prieuré d'Aquitaine).
Le Dictionnaire topographique de la Mayenne men-
tionne, aux page 308 et 309, divers lieux, des environs
de Château-Gontier, qui portaient les noms de « Tem-
ple » ou de « Templerie, » et étaient d'anciens domai-
nes des Templiers.
En 1792, la ville était divisée en sept quartiers. Ce-
lui qui commençait aux marches de Saint-Jean et allait
jusqu'au Pont, englobant la Prison, située Basse-Grande-
Rue, portait alors le nom de Quartier du Temple, se-
lon une note que notre excellent confrère, M. René
Gadbin u eu l'amabilité de nous communiquer.
Anoré Joubert.
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LASSAY
SES ÉCOLES, SES COLLÈGES
(Suàe et fin).
Sur CC9 entrefaites Léon de Madaitlan était mort à
Paris le 2 octobre 1750, âgé de 72 ans. Selon sa volonté,
son corps avait été transporté à Lassay pour reposer
dans la chapelle des Bénédictines à côté de son père, sa
mère, et plusieurs membres de la famille'. Les habi-
tants accompagnèrent au tombeau de leurs regrets una-
nimes celui qui leur avait donné tant de preuves de sa
généreuse affection.
Quatorze ans après, en 1764, M. Jean-Baptiste Bignon
se retirait par suite de ses infirmités, après trente années
de ministère. H résignait sa cure en faveur de son neveu,
Jacques Touchard, fils d'un maître tanneur de Crennes
et d'Anne Bignon, moyennant 300 livres de rentes via-
gères .
C'était deux pertes irréparables pour Lassay. Le nou-
veau seigneur, Louis de Brancas, duc de Lauragais, ne-
veu et héritier de Léon de Madaillan par son mariage
avec Adélaïde d'O, n'a point laissé de traces importan-
tes do ses générosités dans cette ville.
De son cAté, le nouveau curé n'a laissé que le sou-
1. V. Bénédiclines de Lassay, p. 65.
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- S41 -
venir de son zèle et de sa foi pour laquelle il est mort
exilé en Angleterre en 1799,
Le collège, privé de dons supplémentaires, sera bientôt
obligé de renoncer à la gratuité des élèves pour se sou-
tenir.
Nous en trouvons la preuve dans l'acte suivant rela-
tif à la nomination d'un nouveau principal. En voici les
traits les plus intéressants i
a Le sixième jour d'octobre 1775, le général des habi-
tants de Lassay... « après avoir délibéré entr'eux, ont
sous le bon plaisir de très hault et très puissant seigneur
Monseigneur le comte de Lauraguais, seigneur marquis
de Lassay et autres lieux, choisi la personne de maistre
Jacques-Jean Bonnel, prêtre de la paroisse de Saint-Denis
de Villenette, duquel ils connoîssent les bonnes vies et
mœurs, la capacité et talents nécessaires pour remplir
les devoirs de régent dudit collège, et l'ont prié et re-
quis, moyennant qu'il touchera la fondation faite par le
seigneur marquis de Lassay pour l'établissement dudit
collège et en outre vu que cette fondation n'est pas
suffisante pour les honoraires des deux régents qu'il
sera loisible audit Bonnel d'exiger de chaque écolier de
cette dite ville la somme de 15 livres par chacun an, et
6 livres des écoliers externes ; et vu que ladite fondation
n'est paiable qu'au mois d'octobre l'année prochaine,
lesdits habitans ont arrêté que des 266 livres neuf sols
six deniers qui sont restés du don gratuit entre les
mains dudit Sourderie il en soit délivré audit s' Bonnel
savoir par forme de gratification la somme de 100 li-
vres, et en prêt, autre somme de 100 livres que ledit
8*^ Bonnel rendra au dit s' de la Sourderie lors du
paiement qui lui sera fait de ladite fondation et les 66
livres neuf sous six deniers pour frais ou coust du pré-
sent et employer te reste si tout est nécessaire en
achat de livres qui resteront audit collège avec les
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autres qui y sont déjà attachés, et de tous lesquels li-
vres ledit s' Bonnel se chargera sous son récépissé pour
les représenter lors de sa retraite.... et enfin au molen
que lesdits habitans fourniront audit aieur Bonnel les
deux appartemens qui sont au bout du jardin de la mai-
son des sieurs Dufay et Foucher, dépendant de la suc-
cession de feu François Foucher de Melleray prêtre,
avec ledit jardin et les caves de dessous lesdits deux
appartcmens, auquel elfet ledit sieur Bonnel demeure
autorisé d'en prendre bail pour trois ans pour la somme
de quarante livres par an, qu'il fera payer par ses éco-
liers el à la charge aussi par ledit s' Bonnel de profes-
ser la quatrième, troisième, seconde et rhéthorique et
d'avoir et ae choisir un second régent pour enseigner
les premiers éléments de la langue latine jusqu'à la cin-
quième inclusivement'... »
Cette délibération, signée par les principaux habitants
et à leur tête par Jacques Touchard, curé, doyen rural
de Lassay, fut soumise au marquis de Lassay qui la re-
tourna avec cette approbation écrite en marge : « M. le
Comte de Lauraguais a agréé ta nomination de M. Bon-
nel et luy a donné des provisions qui luy ont été re-
mises. »
M. Bonnel choisit comme second régent l'un des abbés
AUard, et tous les deux s'appliquèrent à maintenir au
collège sa réputation bien méritée.
1. Cette dëljbératiun, dont l'original est entre nos maiDs. est
si^ée entr'aulres par Touchard, curé, G.'P. Lemarchiind, vi-
caire éi Lassay, Julien el François Ail ard-Lab l'esse, prélres,
J. Lemarchand, prôtie, Dufay. bailly de Lassay, P. Bottu, pro-
cureur fiscal. Barbé, avocat en parlement, Raimbnult, avouât,
J. Piette de Monlfoucault, président au siège du grenier à sel,
Jean Boltu. grenelier audit sièffe, M. Barre, docteur en méde-
cine, René Richard, inspecteur des chasses du marquis de Inis-
say, F. Foucher de Coramerçon. receveur au grenier à sel, F»'>
Champion, maître en art de chirurgie, René de Levaré, notaire
royal, R, Bottu, s' des Mortiers, F, Geneslay. J. Laurent, Claude
Champion, s' de la SQurderie, procureur syndic...
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- 649 -
L'année suivante ils offraient aux Lasséens une belle
fête à l'occasion de la distribution des prix.
Le pro^amme, plus développé que celui de 1741, con-
contient sept pages petit in-4'' ayant pour titre : « Co-
médies qui seront représentées par les écoliers du col-
lège de Lassay ie cinq et le six du mois d'août 1776, si
le temps est commode. »
Au-dessous est écrite la recommandation suivante :
« On prie ceux qui assisteront à cet exercice de ne point
monter sur le théâtre. »
La première pièce était celle qui avait été jouée en
1741.
Voici le programme des deux pièces, avec danses
comme entr'actes, et probablement accompagnement
d'instruments de musique.
« LE JOUEUR, comédie en cinq actes, qui 3«ra re-
présentée le premier jour'.
1. Personnages et nom.s des acteurs 11" jour) :
Gbrdnte. pèrt! de Valère. Pierre Bollu-Martiniére, de Javron.
Valère. joueur, lils de Géronle. Jeaii-Juiien-Toussaint Krénais,
de Neuilly.
DoKANTE, oncle de Valère. Pierre Prenais La Touche, de
Neuilly.
Anselme, frère de Géronte. Julien Thuault Dufay Voloyer, de
Lassay.
Fabuicb, nis d'Anselme. .lean-Heclor de Quelquejeu-Linguliëre,
de Lassay.
Le Marquis. Joseph Ma il tard- Tu rit 6 re. de Lassay.
Hector, volet de Valère. Pierre Thuault Lahaye Vauloyer, de
Lossay,
L* Flèche, volet de Dorante. Mathnrin-Jocquea Borré, do
I^assay.
TouT-A-BAs, maître de tric-trac. Guillnume Colambus, de
Lassay.
Galonnier, loilleur. Germain-Fortin Duhameau, de Lassay.
Adaw, sellier. Jean-Louis Roimbault, de Lassoy.
La Kessource, usurier. René Bottu de Jovron.
La scAie est à Paris, dons la maison de Valère.
Ordre des danses pour le premier jour ;
Avant le premier acte. — Dansera seul M. Villier».
Ouverture. — Messieurs Cnulomlms, Vaudremont. Bottu,
Turlière, DavoQt. Mortiniere, Frénays, Latoûche.
Dansera seul M. Beauvais.
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« Sujet : Dorante, ancien colonel, obtient la permis-
sion de se choisir un successeur. Valère, son neveu,
jeune homme passionné pour le jeu du lansquenet,
ayant laissé ses écus dans ces lieux où le hazard préside
en souverain, vient le prier de le mettre à la tête de
son régiment. Scapin, qui se dit marquis, sait, à l'om-
bre de ce grand nom, trouver accès auprès de sa per-
sonne, et sollicite la même faveur. Sur lequel fîxe-t-il
son choix? C'est le dénouement de la Comédie.
LES LNCOMMODITÉS DE LA GRANDEUR, co-
médie en cinq actes, qui sera représentée le second
jour'.
Premier intermède. — Dansera seul M. Vaudremont.
Ballet de six. — MM. Coulombus, Fortin, Davoût, Turliere,
Duboui^, Villiers.
Pas de deux. — MM. Bottu, Lahaye.
Second intermède. — Dansera seul M. Davoût.
Ballet de quatre. — MM. Villiers, Bottu, Labaye, Martiniere.
Dansera seul M, Davoût.
Troisième intermède. — Dansera seul M. Martiniere.
Ballet de nègres. — M.M, Vaudremont, Villiers, Bollu, Dufay,
Beauvais, ForUn, Davoût, Latouche.
Quatrième intermède. — Dansera seul M, Barré.
Ballet de /mit. — MM. Grandin, Coulombus, Vaudremont,
Davoût, Botlu, Beauvais, Baimbault, Villiers.
Pas de deux. — MM, Coulombus, Turliere.
Après le cinquième acte. — Dansera seul *"
Ballet général. — MM. Dufay, Barré, Bottu, Lahaye, Frénays.
Lineuliere, Fortin, Dubourg, Beauvais, Latouche, Martiniere,
Coulombus, Orandin, Vaudremont, Villiers, Turliere, Baimbault,
Davoût,
1, Personnages et noms des acteurs (2« jour( :
Philippe, duc de Bour^^e. René Bottu, de Javron.
Charles, (ils de Phihppe, comte de Charolois. Michel-Félix
Beauvais, de Neuilly.
Ohontk, confident du Duc. Jean-François Orandin, de Mon-
treuil.
Cléun, confident du Comte. Georges Davoût, de Lassay.
" ' tH, paysan, faux duc de Bourgogne. Julien Thuault Du-
jyer, de Lassav.
j, Oflicier. M athurin -Jacques Barré, de Lassay,
TiKANTt, introducteur des ambassadeurs et trésorier. Pierre
Bottu Martiniere, de Javron.
Padius, savant ridicule. Guillaume Coulombus, de Lassay.
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- UM -
B Sujet : Philippe, duc de Bourgogne, passant en
carrosse dans la rue, apperçoit un paysan ivre, étendu
sur le pavé et dormant d'un profond sommeil. 11 le fait
emporter dans cet état eu son palais, et revêtir de ses
habits, avec ordre de le traiter comme si c'étoît lui-mê-
me ; et, afin de mieux prendre part au divertissement,
il se met au nombre de ses oflicîers. Ensuite, après
avoir rendu tous les honneurs possibles au prétendu duc
de Bourgogne, on le remet dans son premier état, en le
faisant boire. Quelle est sa surprise, lorsqu'à son réveil
il se voit dépouillé de toute sa grandeur ? C'est le dé-
nouement de la pièce. »
Ces fêtes brillantes intéressaient à plus d'un titre la
ville de Lassay. Malheureusement elles ne compen-
saient pas l'insufRsance des deux professeurs pour les-
quels elles étaient de plus un surcroît de fatigue.
M. Bonnel se retire en 1780'. A cette date les deux
abbés Allard de la Brosse dirigent le collège jusqu'en
17852.
C'étaient au moins les dixièmes professeurs depuis
cinquante ans. Les études n'avaient pas dû gagner à ces
changements si répétés.
En 1785 nous trouvons comme principal M. Louis
Lesage, prêtre, aidé par M. Romagné (1785 à 1790),
Un AaTHOUMUi, René Barré Dubouiw, de Lassay.
Député d'une Provincb, Jean-Louis Raimbault, de Lassay.
Un Médecin. Nicolas Georrov-Vsudremoiit. de Lassay.
Carmagnole, valet de Valere. An toi ne-Geo froy Villiera, de
Las»ay.
LuBiN, paysan, camarade de Grégoire. Pierre Frénais Latou-
che de Neuîliy.
La scène est au palais du duc de Bourgogne.
iLes danses et les acteurs sont les inémes que ceux du premier
jour: il est donc inutile de les indiquer de nouveau).
1. M. Bonnet est mort curé de Ceaucé en 1823.
2. Julien Allard fut nommé t:hapelain des Bénédictines de Las-
sav. Son frère, François, se relira dons la ville comme prêtre
hal)itué. Tous les deux refusèrent de prêter le serment constitu-
tionnel et moururent à Rambouillet en 1794.
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puis par M. Lamboux, clerc tonsuré. Ce seront tes der-
niers directeurs sérieux de notre collège.
Les premières années du nouveau principal se passè-
rent sans incident remarquable. Agé de vingt trois ans,
et tout entier à son ministère, il faisait espérer un plus
long stage que ses prédécesseurs quand la Révolution
vint bientôt briser ces espérances.
Le 15 octobre 1789, M. du Castel, receveur général
des rentes à Paris, avisa la municipalité que le versement
de la rente pour le collège était retardé. Il en était de
même pour la fondation des sœurs de charité*. Ce fut,
hélas, pour toujours !
Des dons particuliers vinrent-ils remplacer la fonda-
tion de Léon de MadaiDan ? On ne sait.
L'abbé Lesage et les sœurs continuèrent cependant de
remplir leur mission pendant deux années.
Le 28 octobre 1790, les habitants se réunissent de
nouveau au sujet du collège. Ils confirment le choix de
M. Lesage, premier régent depuis trois ans, et nom-
ment M. Lambonx, clerc tonsuré de Lassay, comme
successeur de M. Romagné, qui se retire. Ils adressent
ces nominations à M. de Brancas, ci-devant seigneur de
la ville, pour être ratifiées par lui.
L'assemblée renouvelle ensuite la décision de 1775,
relative au supplément de pension à payer par les
élèves ; elle stipule de plus que cette pension sera payée
au commencement de l'année scolaire, tant par tes éco-
liers de la campagne que par ceux de la ville, sauf à
M. Lesage de régler avec les premiers la quotité du
paiement nécessaire pour être admis. En outre le sieur
Lamboux ne pourra donner des leçons particulières,
mais seulement des répétitions aux écoliers agrégés
au susdit collège et qui auront acquitté les rétributioits ^.
3. Registre des délibérations de la municipalité de Lassay.
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- 583 —
Ces règlemeata n'eurent pas une longue durée. Au
mois de mars 1791, MM. Lesage de Lamboux, fidèles
à leur foi, refusaient le serment constitutionnel. Quel-
ques jours après, ils faisaient leurs adieux à leurs chers
élèves'.
La municipalité embarrassée pour trouver des pro-
fesseurs parmi les prêtres assermentés peu nombreux
du reste, nomme provisoirement le 3 juillet 1791, Fran-
çois Vieilpeau principal, à charge par lui de choisir un
aide.
Vieilpeau, d'un caractère violent et très irascible,
n'était pas né pour cette tAche difficile. 11 n'eut rien de
plus pressé que de résigner sa charge â la première oc-
casion et de l'échanger contre la cure de Cigné, plus
lucrative et beaucoup moins pénible, où du reste il ne
put tenir longtemps, et revint bientôt à Lassay^
Le 24 août 1792, sur la proposition de Volclair, de
sinistre mémoire, on nommait son vicaire, Chedville,
pour tenir les classes, à la charge pour lui de se pro-
curer un second, s'il le voulait, ou d'en trouver un
autre en cas de démission, et on lui laissait la jouis-
sance des bénéfices et droits y annexés. On ne pouvait
mieux choisir pour porter le dernier coup à notre pau-
vre collège déjà si éprouvé.
Si Chedville n'avait pas les talents incontestables et
tous tes vices de son protecteur, il n'était guère plus
édifiant. Le l" août précédent, il avait été traduit en
1. M. Lesage fut enfermé à la maison de Patience à Laval, où
il mourut peu de temps après. J'i^ore ce qu'est devenu M.
Lamboux.
2. ■ Le 20 vendémiaire an VI, est comparu devant nous le ci-
toyen François Vieilpeau, ex-curé de Cigné, acluellemenL rési-
dant en cette commune, lequel [mur satisfeire à la loi dn 19 fruc-
tidor dernier, a juré haine à la royauté et à l'anarchie, (idélilé à
la république et à la constitution de l'an 111 (Registres des délibé-
rations de Laatayl. .,
3S
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- 854 -
police correctionnelle à Lassay même pour tapage noc-
turne à l'auberge des Troïs-Rois',
11 ne jouissait d'aucune considération. Il eut le triste
honneur de congédier les élèves devenus de plus en plus
rares et de fermer le collège.
Ce fait dut avoir lieu en août 1793, car on trouve au
mois de décembre suivant ce prêtre apostat greffier de
la commission révolutionnaire- du département de ta
Mayenne aux côtés de Volclair son ancien curé, maire
de Lassay et accusateur public !
Après la tourmente révolutionnaire, l'instruction né-
gligée pendant plusieurs années, était de nouveau mise
à l'étude.
Le 25 ventôse en IX, le ministre de l'Instruction pu-
blique consultait sur ce sujet les conseils d'arrondisse-
ment. Celui de Mayenne donna pour Lassay les répon-
ses suivantes aux demandes insérées dans la circulaire
ministérielle.
1° Nombre des maîtres et des élèves ? — Deux pro-
fesseurs et cent élèves qui n'étaient admis que lorsqu'ils
savaient lire et écrire.
2° Genre d'instruciion donnée ? — On y montrait
l'arithmétique, les premiers éléments de la géométrie,
la géographie et tes langues françaises et latine.
3° Ressources et revenus affectés ? — Ils consistaient
en une rétribution de 15 francs par élève et une rente
de 800 francs^.
4** Bâtiments consacrés au collège ? — Il n'y a ja-
mais eu de bâtiments particulièrement affectés à cet éta-
blissement.
5° Y a-t-il encore des revenus affectés? — Ils ont
péri avec les gabelles.
1. Voir deux délibérations du 1*' el 2 août 1792, et sur ce per-
sonnage : D. Piolin, Église du Mans, t. VIU, 516 et IX, 25.
2. Le chiffre de la rente est inexact, d'après les pièces que
nous avons reproduites. Elle n'était que de 500 francs.
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6° Que sont devenus les anciens prof esseurs ? — II*
existent encore mais on ne peut dire précisément où et
ce qu'ita font.
1" Opinion du conseil sur les avantages de cette
maison (^éducation ? — Le besoin de faciliter l'instruc-
tion demande l'établissement d'un collège dans la com-
mune.
8" Ressources pour cet établissement 7 — On pour-
rait le placer dans une aile du ci-devant couvent des Bé-
nédictines et le gouvernement peut d'ailleurs subvenir
au défaut des revenus'.
Le vœu exprimé par le conseil fut réalisé en 1820, sur
l'initiative de M. Christophe Piette, maire de Lassay.
Le célèbre docteur, une des gloires de notre petite
ville, n'avait pas oublié les services rendus par l'ancien
collège. C'est là qu'il avait commencé son stage avant
d'aller suivre les cours de médecine de Montpellier.
L'une de ses premières démarches, comme maire, eut
pour but le rétablissement de son cher collège. La ville
de Lassay, bien que jouissant de modiques revenus (ils
n'étaient en 1818 que de 4,674 fr. 50) et grevée d'un em-
prunt de 6,000 fr. pour le pavage à neuf d'une partie
de ses rues, souscrivit avec empressement à ce projet.
Elle vota 3,000 fr. pour les premières réparations du
couvent des Bénédictines affecté au collège et une allo-
cation annuelle de 1,500 fr. au principal, pour subvenir
aux frais des professeurs.
Nous ne noua arrêterons pas longuement sur ce der-
nier essai qui du reste ne répondit pas aux espérances
de ces fondateurs. Nous aurons peut-être occasion d'y
revenir dans un autre travail.
Les classes furent ouvertes en novembre 1820, par
M. l'abbé Chauvigné, ancien professeur de rhétorique
de Chàteau-Gontier, ayant pour collaborateurs M . l'abbé
1. Archives déportcmeotales.
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— 556 —
Bontemps (3" et 4*), M. l'abbé Chaateclair (5* et 6*) rem-
placé l'année suivante par M. Leroy des Barres, M.
Jouanneau (7*) et M. Pannetier pour l'école primaire. Le
collège, qui était mixte, renfermait quatre-vingts élèves
dont vingt-sept pensionnaires.
Ce début était assez brillant; malheureusement M.
Chauvigné quitta Lassay l'année suivante par suite de
dissentiments avec l'administration, et alla fonder le
collège de Mayenne, au grand détriment de notre petite
ville, à laquelle il enlevait plusieurs élèves.
Son successeur, M. l'abbé Durand, ancien professeur
au collège de Domfront, réussit à soutenir tant bien que
mal le collège jusqu'à sa mort en 1832.
A son arrivée le personnel des professeurs était changé.
M. Leroy des Barres, nommé au collège de Saumur,
avait pour successeur M. Frédéric Guéranger, régent de
sixième au collège de Beaufort; M. Antoine Perdriau,
professeur de quatrième au collège de Guérande, rem-
plaçait M. Bontemps et enfin M. Pannetier, nommé à
l'école normale, avait pour successeur M. Auguste Les-
cour, maître d'études au collège d'Angers. Le profes-
seur de septième était supprimé et sa classe confiée à
M. Guéranger, professeur de «inquième et sixième.
Si l'ancien collège de Lassay, avec ses cent élèves,
manquait de maîtres, celui-ci du moins brillait par son
personnel enseignant, avec une moyenne de trente à qua-
rante élèves, qui diminua de beaucoup à la mort de
M. Durand, généralement aimé par la ville.
Sous son successeur, M. l'abbé Duhaubourg, qui ne
fît que passer, le coup de mort, déjà décidé en principe
dans une délibération de 1829, fut donné à notre pauvre
collège qui exigeait des sacrifices beaucoup plus grands
que les avantages qu'il pouvait offrir. 11 disparaissait
sans retour après douze ans d'exist«nce. . . .
1. GlLLARD.
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PIÈGES JUSTIFICATIVES
I
Elat des revenus et des charges du collège établi
dans la ville de Lassai/, élection du Mans, dressé en
exécution et pour satisfaire à la déclaration du 11
février n6k.
Le collège de Lassay est composé de deux régents,
fondés par Léon de Madaillan de Lespare marquis de
Lassay, par acte devant les notaires du Cbâtelet de
Paris du 26 avril 1738, dont la minute est restée à M'
Dutartre un des notaires, sur lequel a été obtenu lettres
de chancellerie qui furent scellées sans opposition le 20
juin au dit an 1738.
Ces deux régents ensei^cnt la langue latine depuis
la 6' jusqu'en réthorique inclusivement et pour tout re-
venu le Fondateur a donné aux dits régents 500 livres
de rentes, au principal 20,000 livres constituées sur les
aydes et gabelles de France au profit de M° Jean Du-
tartre notaire le 29 octobre 1720, *édée par ledit Dutar-
tre au père du fondateur par contrat du 21 décembre
1731, muni de lettres de chancellerie du 11 janvier sui-
vant.
Ledit seigneur fondateur, s'est réservé la nomination
des régents avec clause expresse que si l'exercice de
l'instruction de la jeunesse venait à cesser fautte de ré-
f;ents ou par quelque autre événement que ce puisse
tre, celui ou ceux qui seront les seigneurs de Lassay
rentreront de plein droit dans la propriété et jouissance
de la ditte rente.
Il n'y a aucun fonds ni autre revenu au dit collège que
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— 888 -
la ditte rente de 500 livres, oe que doub certifioDs véri-
table à Lasaay.
En l'assemblée des administrateurs, directeurs et ha-
bitants, ce 8 septembre 1764.
DuFAY, bailly de Lassay. Barbé, avocat fiscal.
Je\n Allard-Labrosse, prétre-régent.
BoTTu, procureur liscal. Lebrun, syndic.
Garnier, avocat, procureur de la fabrique.
Fondation du Collège de Lassay.
Pardevant les conseillers notaires du Hoy à Paris
soussignés fut présent très hault et très puissant et sei-
gneur Léon de Madaillan de Lespare, marquis de Las-
say et demeurant en son hostel rue de l'Université,
fauxbourg Saint-Germain, paroisse S' Sulpice,
Lequelayant considéré combien la bonne éducation
et l'instruction de la jeunesse est agréable à Dieu et
nécessaire aux hommes et voullant traiter favorablement
ses babitantg de sa ville et terrede Lassav et leur don-
ner des marques de sa protectionet bienveillance en leur
procurant le moyen de faire à l'avenir et à perpétuité,
estudier et instruire leurs enfants...
A ledit seigneur marquis de Lassay volontairement
fondé, par ces présentes à perpétuité, deux regens qui
feront leur demeure en la ville de Lassay, pour instruire
montrer et aprendre le tatain à toutte la jeunesse de la
terre et marquisat de Lassay, tant pauvres que riches
gratuitement et sans rien exiger d'eux sous quelque
prétexte que ce soit et puisse estre depuis et en com-
mençant par la sixiesme classe jusques et compris ta
rethorique sous condition que non seulement la nomina-
tion desdits deux regens apartîendra audit seigneur
marquis de Lassay sa vie durant et après luy à ceux
qui seront seigneurs dudit marquisat de Lassay à per-
pétuité, mais même que toutes fois que ledit seigneur
marquis de Lassay et après lui ses successeurs sei-
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gneura ne seront pas contents desdits régens ils pou-
ront les changer et en nommer et commettre d'autres
toutes fois et quantea qu'ils jugeront apropos, sans que
nulle autre personne puisse pouvoir prétendre aux uit-
tes nominations ny empêcher les changements nu'ii
plaira aux seigneurs dudit marquisat de LaBsay de faire.
Déclarant ledit seigneur marquis de Lassay que quoy
qu'il vienne d'estre dit que tes deux régens enseigne-
ront gratuitement cela ne regardra que les enfants des
babitans dudit Lassay : ainsy si des étrangers voulloient
venir faire instruire par lesdits deux régents, iceux re-
gens pouront prendre deadits étrangers les pensions
ou recompenses qu'ils aviseront, mais sous condition
3ue suivant l'intention et volonté dudit seigneur marquis
e Lassay que sous prétexte des dittes pensions ou re-
compenses que donneront lesdits étrangers les dits
deux regens ayent plus d'égards et d'attention pour
lesdits étrangers, voulant au contraire que leur première
et plus grande attention à bien montrer et enseigner
soit pour les enfana des habitans de la ville et marqui-
sat ac Lassay qui iront cstudier chés lesdits regeos.
Ledit seigneur marquis de Lassay a par ces présentes
choisy et nommé aux dittes deux places de regens sous
les conditions cy dessus expliquées les S Morice
diacre de la paroisse de Thutœuf et Morice soudia>
crc de la paroisse du llousscan dcmeurans actuellement
loua les deux en la ville do Lassay et nii^ y enseigent
la jeunesse ayant été informé do leur proliité et capacité.
Et pour le fond et soustion de la présente fondation
ledit seigneur marquis de Lassay a par ces présentes
ceddé et délaissé sans garantye à la fabrique de la cha-
pelle de Nostre Dame du Rocher dudit Lassay cinq
cents livres de rente au principal vingt mil livres cons-
tituées sur les aydes et gabelles de France au profit de
M° Jean Dutartre notaire par contract passé devant M*
Dtipuy et son confrère notaire le vingt-neuf octobre
1720, subcistutant en entier suivant les mentions estan-
tes en marge, fait lors du viza, laquelle rente apartient
audit seigneur Marquis de Lassay comme seul liéritier
de deffunt très hault et très puissant seigneur Armand
de Madaillan de Lespare son père marquis de Lassay
chevallier des ordres du Roy lieutenant général pour
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sa majesté des provinces de Bresse, Beugey et Valran-
cy, auquel seig^neur marauis de Lasaay père ledit M*
Dutartre auroil ceddé laditte rente avec autres par con-
trat passé devant M" Roussel et son confrère notaires
à Paris le vingt-un décembre 1731, sur lequel fut obtenu
lettres en chancelleries qui furent scellées sans opposi-
tion le onze janvier 1732 pour être laditte fabrique de la
Cbapelle de notre dame du Rocher de Lassay déposilaire
de la ditte rente et les arrérages en être perçua pour ce
qui en échoira à l'avenir à compter du premier juillet
prochain 1738. Sçavoir d'abord pour lesdits sieurs Mo-
rice qui viennent d'estre nommés régents et sur leurs
quittances tant qu'ils seront régents et après eux par
ceux qui seront leurs successeurs nommés régente par
ledit seigneur marquis de Lassay ou ses succès s eurs à
perpétuité, aussi sous leurs quittances, sans que lesdits
arrérages puissent être touchés par d'autres que lesdits
régents ou les fondés de leurs procurations transportant,
dessaisisant, voullant procurant le porteur donnant pou-
voir sous condition néanmoins que toutes les fois' que
les régena nommés négligeront de remplir exactement
leurs devoirs, le -cas arrivant les habitants de Lassay
seront tenus d'en avertir ledit aeigneur marquis de Las-
say ou ses successeurs pour en choisir et nommer d'au-
tres et que si lesdits habîtans négtigeoient cette atten-
tion ou que par quelques autres événements que ce soit
ou puisse être l'exercice de la ditte instruction de la
jeunesse cessast en ce cas celui ou ceux qui seront tors
seigneurs de Lassay rentreront do plain droit dans ta
propriété et jouissance de la ditte rente ceddée pour en
disposer ainsy qu'ils avisseront à l'effect de quoy se
feront remettre la grosse du contract et les autres pie-
ces qui seront en depost ainsy qu'il va être dit. Tout ce
Îue dessus acceptés pour les habitants du marquisat de
assay et la ditte fabrique de la chapelle de Nostre
Dame du Rocher de Lassay et en tant que beseoing se-
roit pour lesdits regens, par M' Mathieu Dutertre pro-
cureur fiscal du siège et marquisat de Lassay y demeu-
rant de présent à Paris logé rue de Seine quartier
S' Germam des Prez à ce présent qui reconnoist que
ledit seigneur marquis de Lassay luy a présentement
délivré et mis es mains la grosse du contrat de consli-
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tution desdittes oinq cents livres de rente du vingt neuf
octobre 1720, coppie du transport de la ditte rente faite
par ledit M' Dutartre notaire audit deffunt seigneur mar-
3ui8 de Lassay père du 21 décembre 1731, Coppie des-
ittes lettres ae ratification obtenues sur ledit transport
le onze jfljivier 1732 et extrait de l'intitulé de l'inventaire
fait après le deceda dudit seigneur maripùs de Lassay
père par ledit M* Dutartre et son confrère datte au com-
mencement du vingt six fenvrier 1738, qui justifie que
ledit seigneur marquis de Lassay son fils est son seul
héritier pour être les dittee pièces avec les lettres de
ratification qui seront obtenues sur ces présentes remi-
ses ensemble par le dit sieur Dutertre, comme il si est
obligé, en depost dans le tressor de la ditte fabricque
de la chapelle de Notre-Dame du Rocher, même a pro-
mis raporter acte pour être annexé à la minute des pré-
sentes qui contiendra que lesdits contrats et pièces
auront été remises audit tressor et une ratification et
acceptation desdittes présentes par le procureur de
fabricque en charge de la ditte fabrique et par des an-
ciens et notables nabitans de laditte ville de Lassay.
Car ainsy est la volonté et intention dudit seigneur
marquis de Lassay promettant, obligeant, rendant.,..
Fait et passé à Paris en Ihostcl do Lassay l'an mil
sept cent trente huit le vingt six avril avant midy et
ont signé la minutte des prescntos demeurée audit M*
Dutartre notaire. Le Verrier et Dutartre avec paraphes
scellé le 26' avril 1738.
III
Expédition de l'acte d'acceptation du 18 may 1738
par ks habitants de la ville de Lassay, de la foada~
tioH faite le 26 avril 1738 par M. le M" de Lassay,
de deux régents pour instruire et aprendre le latin à
la Jeunesse de la ville et marquisat de Lassay.
Par devant nous Robert Duclos l'ainé et Mathieu le
Baillif, notaires royaux au Maine héréditaires pour la
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ville de Lassay paroisse de Saint-Fraimbaolt, demeu-
rans en la ville dudit Laesay soubsi^és.
Furent presens maistres Pierre Morice diacre de la
paroisse de Thubœuf, et Jean Morice Boudiacre de la
Saroisse du Housseao demeurans tous deux en cette
itte ville.
Et maistre Louis Garnier notaire arpenteur royal,
procureur en charge de la fabrique de la chapelle Notre-
Dame du Rochdr du dit Lassay y demeurant.
Et encore chacuoB de Maistre Jean-Baptiste Bignon,
prestre curé dudit Lassay M' Jean François Foucher
prestre ancien curé. M' Antoine Lottin vicaire, M' Jean
Forton prestre, M' Mathurin Le Roux prestre, M* An-
toinne Le Marchant cler tonsuré, M" Nicolas Le Mar-
chaat juge. M* Jean Piette sîeur de Montfoucault, pré-
sident au grenier à sel, M' Louis Barbé avocat fiscal,
M' Mathieu Dutertre procureur fiscal. M* François Ca-
quia avocat. M* Louis Caquîa avocat, M* Louis Bottu
avocat. M' Pierre Thoumin avocat, M" François Simon
avocat. M' Jean le Baillif grellier. M* Nicolas Laigneau
notaire royal. M" Robert Duclos le jeune notaire royal,
M' Gabriel Duclos notaire du marquisat. M" René
Margerie docteur en médecine, François Thoumin bour-
geois, Jean-Louis Raimbault apotiquere, Gabriel Cham-
pion chirurgien juré, Jean-Baptiste Bignon sindic, Fran-
çois Cochon 'aine ciricr, Jean-Baptiste Bignon le jeune
marchand, François Colombus marchand, René Lebrun
marchand, Jean de Pannard, marchand, François Co-
chon le jeune marchand cirier, André Migoret huissier
royal, Jullien Gonnet marchand, François Tison mar-
chand, François Jardin marchand et plusieurs autres,
curé, prostrés, oOiciers, anciens et notables habitans
de laditte ville de Lassay v demeurans.
Lesquels après avoir pris conimunicquation de l'acte
de fonaation faitte par très haut et très puissant seigneur
Léon de Madaillan de Lespare marquis de Lassay pas-
sée devant maistre Dutartre qui en a la minutte et son
confrère notaires à Paris le vingt six avril mil sept cent
trente huit et dernier accepte pour lesdits comnarans
par maistre Mathieu Dutertre, procureur liscal dudit
siège et marquisat de Lassay ausni à ce présent y de-
meurant, et que d'abondant lecture dudit acte leur a
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éiè prÂsentament faîtte par nous Duolos notaire royal
l'autre présent qu'ils ont dit bien sçavoir et eatendre.
Ont lesditB comparans déclaré avoir ledit acte de
fondation pour agréable en conséquence accepté et
consentent qu'il soit exécuté selon sa forme et teneur et
remercient ledit seigneur marquis de Lassay, et en con-
sequance lesdits sieurs Morice s'obligent tant pour eux
que leurs successeurs, d'instruire, montrer et aprendre
le latin à tous les enfants des habitants de la ville dudit
Lassay gratuitement tant pauvres que riches, depuis et
en commençant par la sixiesmc classe, jusque et compris
la rethorique, lesquels susdit actes ledit sieur Dutcrtrc
remettra au trésort de la' ditte fabrique de la chapelle
Notre Dame du Rocher.
Fait et passé au lieu ordinaire des assemblées de
cette ville de Lassay, à l'issue des vespres dittcs et cé-
lébrées en l'église dudit lieu, le dimanche dix-hultlesme
may mil sept cent trente huit sur la convocquation qui
en a été faitte à ce jour lieu et heure suivant le billet
de publication au fait des présentes qui en a été faitte
ce jour à llssbe de la grande messe, signé dudit sieur
Lottin prestre vicaire, controllé au bureau de cette ville
ce dit jour par Simon commis, attaché àsea présentes,
après avoir aussy donné lecture à haute voix en la ditte
assemblée par l'un de nous notaires, l'autre présent, du
présent acte d'acceptation.
Suivent les signatures qu'il est inutile de reproduire.
En suit copie du billet de publication.
Monsieur Dutertre procureur fiscal de cette ville fait
avertir messieurs les curé, prostrés, ofTiclers, bourgeois
et habitans de cette ville. Ensemble le procureur de
fabrique, de s'assembler ce jour à l'Issûe des vespres
au lieu ordinaire des assemblées de cette ville pour dé-
libérer au sujet du don fait par monsieur le marquis de
Lassay seigneur de cette ville et paroisse pour l'établis-
sement d'un collège dans cette ville, pour l'instruction
de la jeunesse, à ce que du tout il n'en soit ignoré.
Lu et publié le présent au prosne de la grande messe
de la chapelle Notre Dame du Rocher de la ville de Las-
say par BOUS Antoinne Lottin prestre vicaire dudit lieu,
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— B64 -
sonbsigQé, le dimanche dix hait may mi) sept cent
trente huit. Signé A. Lottin avec paraphe, lequel billet
a été controllé au burcaa dudit Lassay ledit jour dix
huit may par ledit Simon commis qui a mis receu douze
sols. P" expédition délivrée au sieur Dutertre procureur
fiscal à Lassay.
M. Le B&illif.
IV
Extrait du registre des délibérations des assemblées
Ceneralles de Sœurs de Charité de la sociétéde Silté-
'.-Guillaume.
Aujourd'huymil sept cent quarante sept,
Nous aœur Suzf>nne Fussot supérieure generalle, les as-
si9tantc3,oflicieres et sœurs de Charité de la Sociétéde Sillé
le Guillaume establye en la paroisse de la Chapelle au
Riboux assemblées au son de la cloche en la manierre
accoustumée ix leiïect de délibérer sur un établissement
de charité que monseigneur le marquis de Lassay a
intention de faire en sa ville de Lassay et sur les con-
ditions qu'il leur a fait proposer ainsy quelles ensuivent
c'est à sçavoir que laaitte communautté sobligora de
fournir à perpétuité trois sœurs de Charité pour demeu-
rer en lao. ville de Lassay lesquelles seront capables :
1° D'instruire la jeunesse de (a ditte ville et paroisse
et lui aprendre à lire, écrire et calculer.
2° D'avoir soin des peauvres et pour cet elTect de sça-
voir soigner, entretenir une apotiquarerie pour fournir
aux malades les remèdes qui leur seront nécessaires.
3° Et enfin de leur faire etporter le bouillon, la viande
et le pain dont ils auront bosoingjusqua leur rétablisse-
ment et de leur donner tous les secours spirituels et cor-
porels dont elles seront capables, le tout gratuitement
et sans rien exiger sous quelque prétexte que ce soit et
puisse être.
Au moyen de qiioi mondît seigneur le marquis de
Lassay oiTre pour le fond et soutien de la présente fon-
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dation de cedder et de laisser sans garantye à la fabric-
Îae de la chapelle de nostre dame du Rocher dudit
aasay la somme de 400 1. de rente au principal de
16000 1, constituées sur les aydes et gabelles de France
pour être ladîtte rabricque de la chapelle de noatre dame
du Rocher dépositaire de laditte rente et les arrérages
en être perçus pour ce qui en échoira à lavinir à comp-
ter du premier janvier 1747, sçavoir d'abord par lea
sœurs Yvoire, Boursier et Le Blanc qu'il nous a fait
prier de nommer et sur leurs quittances tant quelles
exerceront la fondation cy dessus propossée et après
elles par celles qui leur sucederont ausey sur leurs
quittances sans que lesdits arréragea puisses esli-e tou-
chés par dautres que par lesdittes trois sœurs ou les
fondés de leurs procurations, sous condition néanmoins
1° que toutes les fois que lesdittes trois sœurs ou celles
qui leur succéderont négligeront de remplir exactement
leurs devoirs, le cas arivant, les habitans de Lassay
seront tenus d'en avertir ledit seigneur marquis de Las-
say ou ses successeurs pour en demander d'autres à
laoîtte communautté et que si lesdits habitants negli-
geroîent cette attention ou que par quelque autre évé-
nement que ce soit ou puisse être laditte fondation vint
à cesser davoir son exécution en tout ou partyes des
charges cy dessus énoncées, en ce cas celui ou ceux qui
seront seigneurs de Lassay rentrerons alors de plain
droit dans la proprietté et jouissance de laditte rente
ceddée pour en disposer ainsy qu'ils aviseront.
1" A la charge que sur laditte somme de 400 1. les
dittea trois sœurs seront tenues d'en employer juaqua
concurance de la somme de 100 1. en remèdes et médi-
caments pour lussage des peauvres malades tant et si
longtems que Iaditt« somme de 400 1. leur sera bien
payée ; pourveù toutes fois que par quelque cas irapre-
veû elles ne soient point forcée à en faire usage pour
leur propre besoing et sans qu'en aucun cas elles soient
tenues de rendre compte tant desd. 100 1. que des 300 1.
destinés pour leur nouriture et entretien, sen raportans
de l'emploi desd, deux sommes à leur ame et conscien-
ce, bien entendu cependant que si lesd. 1001. destinés
pour médicaments étotent plus que suflisents. le surplus
sera employé au proffit des pauvres malades.
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3" A la charge que M. le Curé de Saint Fraimbault et
le B' Simon fourniront une somme de 600 1. pour meu-
bler lesdites trois aœurB.
4° Que les habitans de la ville de Lassay et parois-
BÏenà de Saint Fraimbaul sobliKeront de leur four-
nir un logement convenable pour Fexécution de la pre- -
sente fondation et qu'en attendant qu'ils ayent dea fonds
sulHsnnt» pour achctter une maison ils sobligeront de
leur payer les loyers de colle qui leur fourniront sans
que lesd . sœurs soient tenues ny obligées à aucune réfec-
tion ny réparation de la maison qui leur sera fournye
par lesdits liabitans laquelle ils seront tenus d'entretenir
aiiisy que tous les meubles linges et ustancilles néces-
saires à un mesnage de trois filles.
5" Que les curés, marguillers, sïndiq et habitans de
laditte ville de Lassay et de S' Fraimbault consentiront
que la fondation de quarante cinq livres de rente au
principal de 900 1. constituées au profit des la maestres-
se decole de la ville de Lassay par René Deslandes et
Loûisse Chocquet sa femme et par François Cacquia
s' de Monbourg par acte passé devant Nicolas Laigneau
no" royal en la ville de Lassay le 18 septembre 1712 et
celle de 17 1. 18 s. de rente fontierre par les s" Chauvin
Bouselet et Bagiielin et par eux reconnue par acte passé
devant Louis Boulav no" au marq' de Lassay le 28 feu-
vrier 1725. Lesquelles ont été faictes à leffet de tenir
les petites ecoUes desquelles deux sommes Marie Viel-
peau, qui les tenoit, jouist en conséquence du consente-
ment et de lavia desoits habitants authorizé de celluî de
monseigneur l'evesque du Mans, seront et demeureront
revisés à une fondation de 4Ci01. que ledit seigneur
marquis de Lassay est dans l'intontion de faire en fa-
veur des peauvres de lad. ville (après toutes fois la
mort de laditte Vieîlpeau qui jouira desd. deux sommes
jusqua sa mort après laquelle seulement lad. réunion
aura Heu) pour être lesd. trois sommes de 462 1. 18 s.
employée au soulagement des peauvres de Lassay et de
S' Fraimbault, et cependant dans ie cas ou par quelque
force supérieure ou autre cas impreveù il ariveroit que
la fondation cy dessus de 400 1. faitte en faveur desdit-
tes trois sœurs vint k être reduitte au dessous de 3001.
il sera convenu et consenty par lesdits habitans que sur
lad. somme de 62 1. 18 s. Il sera pris jusqua concurance
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- 567 -
de ce qui manqueroit pour parfaire laditte somme de
3001. destinées à la nourriture et entretien des trois
sœurs l'intention dudit seigneur marquis de Lassay es-
tant quelles ayent toujours chacune 100 1. pour leur
uzage.
6" Que le procureur de fabrique en charge leur four-
nira les remèdes et la nourriture nécessaire aux malades
et que si les sœurs font quelques avances ledit s^ procu-
reur les leur rendra sur le champ suivant leur mémoire.
7° Que lesdittea sœurs rendront compte au bureau
de M" les directeurs de la Charité dudit Lassay au
moins une fois tous les ans de lemploi quelles auront
fait des deniers destines au soulagement des poauvres
malades et qui leur auront été remis par ledit procureur
dont coppie attestée et signée desdits s" administra-
teurs sera aporté tous les ans par les s''' à lassemblée
generalle des sœurs de la charité pour être visée par leur
supérieure et ensuitte déposée au tressor de la societté.
Et âpres une mure délibération et attendu que M, le
Curé de S' Fraimbault et le sieur Simon ont déjà foumy
la susditte somme de 6001. pour lesd. meubles, nous
sommes d'avis d'une commune voîx d'accepter laditte
domiation aux charges clauses et conditions cy dessus
Btipnllées, comme très avantageuse à la societté et au
publicq et pour cet effet nous donnons par ces présentes
Souvoir à
'nccepter et se soumettre audit établissement de trois
sœurs en la ville de Lassay aux surcharges, clauses et
conditions cy dessus qui seront exprimées dans le con-
trat qui sera passé à cet effet coppie duquel et de la pré-
sente délibération sera remise deument sussigné au tres-
sor desdittes filles de la Charité aux frais dudit seigneur
marquis de Lassay suivant les offres qu'il nous en a
fait laire et de consentir que nos d. trois sœurs
Yvoire Boursier et et Blanc
qui exercent d'avance depuis quelques années Icsd. char-
ges et la fondation cy dessus proposée continuer de le
«ire, sous la condition cependant que lesd. trois sœurs
pourront être changées en en fouroissaut d'autres capa-
bles conformément au règlement de la société.
Arresté en laditte maison de la chapelle au Hiboux le-
dit jour en lassemblée generalle
i. G.
fa
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AVEU
DU COMTÉ DE LAVAL
CONTEHANT
LA. RÉFORVATION DE CKLlJI DE 1444
1452
L'aveu rendu au comte du Maine par Anne de Laval,
en 1444, ayant été déclaré insufTisant', elle comparut
de nouveau a en ta personne d'Aymeri Malabri, son pro-
cureur, » le 10 novembre 1452, » à l'assise du Maus
tenue par honorable homme et saige Gilles de ta Réaulté
juge ordinaire du Maine ; » elle bailla alors par u minu
les debvoira qui lui estoieut duz, » alîn que cette nou-
velle déclaration fût annexée à l'aveu précédent.
Cet aveu nouveau ou complément d'aveu entre dans
des détails si minutieux que, pour le plus grand nom-
bre des lecteurs, il serait fastidieux à parcourir en en-
tier; il donne cependant, çà.et là, des renseignements
qu'il peut être utile de recueillir. Pour nous rendre au
désir qui nous a été exprimé, nous allons donner en ex-
traits textuels les passages qui sembleront oITrir plus
d'intérêt, et nous nous bornerons à analyser ceux qu'il
Buflira de reproduire en abrégé.
1. Nous l'avons publié intégralement dana le Bulletin aux n"
4 et 5 de la deuxième série. Voir le préambule qui le précède.
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On retroBve ilana l'aveu de 1452 la plupart des noms
de peraotmes et de propriétés déjà mentionnés dans ce-
lui de 1444. La prieure d'Avesnières devait, antenne de
Pâques, cinq échaudés et cinq mesures de vin vallaÎB.
D'autres payaient au même terme une certaine quantité
de « trilles (étrilles) et de bougies de sangle. » Pour le
lieu de la Chevalerie, les héritiers de Robert Le Mac-
zon devaient « un chappel de rouses. » Mais ce qui frappe
davantage c'est te nombre des maisons pour lesquelles
on ne peut plus rien percevoir à cause des dégftts eau-
ses par la guerre des Anglais. Le Marchis et la rue
Boucheresse, aujourd'hui du Lycée, furent particulière-
ment maltraités.
Cinq sous dûs pour une maison sise au Marchis n'é-
taient plus payés par les hoirs de Hamelin Coyaller
parce que cette maison avait « esté abatue et démolie
par la fortune de la guerre. » De même pour la maison
Gillet Poulain sise « ou Marchaîl près les veilles hal-
les, n De même encore pour la maison de Guillaume
Saibouez, sise au même endroit.
{TextueC) « Gieffrov le Coq ponr sa maison sise en la
rue Boucherease 14 deniers, laquelle maison est abatue
et démolie par la fortune de la guerre. — Jehan Bère à
cause de sa femme pour sa maison qui fust Guillaume
du Mans et sur un appentiz qui est près la maison Ba-
dier en la rue Boucherease, 16 deniers, lesquelles chosea
sont vacques et en ruyne par la fortune de la guerre. —
Les hoirs de feu Gervèse Badier pour leur maison aise
en la rue Boucheresse, 14 deniers, lesquelles choses
sont abatues et démolies par la fortune de la guerre. —
Les hoirs de feu Gervèse d'Emée pour leur maison sise
en la rue Boucheresse, quatre deniers, lesquelles cho-
ses ont été abattues et démolies par la fortune de la
guerre. — ■ Les détenteurs des maisons et courtilz qui
turent à la Picquaude et depuis à André Rotemain, 7
sous, lesquelles choses ont été abattues et démolies par
ta fortune de la guerre
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- 570 -
u Jehan Jusquel à oanae de sa femme pour la maison
de l'eatang <rai fut Martin Rondel, 6 sous, qui ne se
boient point de présent pour ce que ladite maLaon a été
démolie et abattue par la fortune de la gaerre et que
oenx & qui elle estoit l'ont quictée
« Les hoirs feu Gillot Rigaut pour leur maison de la
ripvière (de la me de Rivière) 12 deniers qui ne se poient
point pour présent pour ce que ladite maison a esté
abatue et démolie par la fortune de la guerre et que la
place d'icelle est en dosve (douve)
« Les hoirs feu Macé des Arsiz pour une maison sise
ou Marchail 12 deniers, lesquels ne se poient point pour
présent pour ce que ladite maison a esté abatue et démo-
lie par la fortune de la guerre
— Jehan du Mans le jeune pour ses chouses du Mar-
cheil, 12 deniers qui ne se poient point pour présent
poor ce que les dites choses sont ruyneuses par la for*
tune de la guerre. — Les hoirs feu Thenot de LardîUer
pour leurs choses du Marcheil, 12 deniers qui ne se
poient point pour ce que les dites choses sont ruyneuses
pour la fortune de la guerre. — Les hoirs feu messire
Jehan Guiart prebtre pour leurs chouses du Marcheil,
c'est assavoir une place de maison, 9 deniers, qui ne se
poient point pour présent pour ce que les dites choses
sont en ruyne pour la fortune de la guerre. — Les hoirs
de feu Dureux pour leur maison de Ta rue Boucheresae,
12 deniers, lesquels hoirs dudit Dureax n'en poient riens
pour ce que les dites ohouses sont en ruyne pour la for-
tune de la guerre et que icelles ohouses ou partie dycel-
les sont employées en dosves pour la fortincatîon de la
dite ville de Laval. — Les hoirs fmi Damourette pour
leurs chouses de la rue Gaudin, 6 déniera qui ne se
poient point pour présent pour ce que les dites choses
sont ruyneuses pour la fortune de la guerre
— Les hoirs de la Behoresse, 12 deniers pour leur mai-
son du Marchail qui ne se poient point pour présent
{tour ce que la dite maison a esté abatne et démoBe pour
a fortune de la guerre. — Les hoirs feu Jehennin Pelet
pour leur maison qui fost feu Guérin des Isles, 6 de-
niers, qui ne se poient point pour ce que la dite maison
a esté démolie et abatue par fortune de la guerre. -^
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-671 -
Perrot Gribouyu pour sa ratdsoa du Marché cpii Tut
Robio Belleut, 15 deniers qui ne se poieut point pour
présent pour ce que la dite maison a esté abatue et dé-
nu^ie par la fortune de la guerre. — Les hoirs feu Robin
Belleut pour une maison sise au Marcheil, 13 deniers,
qui ne se poient point pour présent pour ce que la dite
maison a esté anatue pour la fortune de la ^erre et
Sa'il y en a une partie en la dosve de la ville dudit lieu
e Laval — Les hoirs Conailler pour
leur maison du Marcheil, 10 deniers qtii ne se poient
point pour ce que la dite maison est niyneuse par la
lortuoe de la ^erre — Jean Rolland et
la Quentine chacun pour la moitié pour une maison sise
ou Marcheil qui fust à la femme feu Guillaume Brctel,
12 deniers, lesquels ne se poient point pour présent pour
ce que la dite maison est ruyneuse par la fortune de la
guerre. — La femme et hoirs de feu Hemeiin Coyaller
pour une place qui est devant l'oustel Baudrv, 2 deniers,
qoi De se podent point pour ce que la dite place est ruy-
neuse par la fortune de la guerre — Les
hoirs de feu Perrot Le Forestier pour leur ouste) qui
fut feu Gervèse Arondel sis au Marcheil, 12 deniers,
qui ne se poient prant pour présent pour ce que la dite
maison a esté aoatue et démolie par la fortune de la
ferre. — Jamet le Baillif pour sa maison du Marcheil,
sous, qui ne se poient point pour présent parce que
la dite maison est ruyueuse par la fortune de la cpierre
et que partie d'icelle h esté mise ou employée au ooule-
vard de la dite ville de Laval pour la fortification d'i-
celle ville. — ■ Les hoirs de feu Macé Martin pour use
place où il eut autrelTois maison sise près la porte Bon-
cheresse, 8 deniers, qui ne se poient point pour présent
pour ce que la dite maison est abatue par la fortune de
la guerre et que icelle place, ou la plupart d'icelle est
employée ou boulevard et fortification de le dite ville.
— Les hoirs de feu Perrot Novail pour leur maison qui
fut Michel le Bocier, 12 deniers, qui ne se poient pomt
pomr la cause dessus dicte. — Les hoirs feu G. Gallet
pour l'appentiz joignant à icelle maison, 8 deniers, qui
ne se poient point pour la cause dessus dicte.
— Les hoirs de feu Macé Martin pour certaines choses
héritaulx qui furent feu Jamet Beaupié, lesqueulx ne se
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poient point pour présent pour ce que les dictes choses
sont vacqnes et en ruyne par la fortune de la guerre.
— Les noirs feu Macé Martin pour ung
habergement et appartenances du Marcheil que tint
Perrin Bellier, 12 deniers, lesquels ne se poient point
pour ce que les dites choses sont vacqnes et ruyneuses
5ar la fortune de la guerre — Les hoirs
e feu Guillaume Gaudin pour une maison sise en la
me Gaudin, 12 deniers, qui ne se poient point pour
présent pour ce que les dites chouses sont vacques et
en ruynes par la fortune de la guerre —
Les hoirs de feu Estienne Martin pour la maison qui fut
Louis le Bloy, sise en la rue de la Ripvière, 16 deniers
qui ne se poient point pour présent pour ce que ladite
maison a esté abatue par la fortune ae la guerre et que
ta place d'icelle maison ou la pluspart est en dosve. —
Les hoirs dudit Martin pour la moictié d'une maison qui
fut à la femme feu Robin le Breton, 1 denier, qui ne se
poie point pour présent pour la cause dessus dicte.
— Les hoirs feu messire Jehan Girard
pour la moictié d'un courtil sis près la maison feu Es-
tienne Secoué, 6 deniers, qui ne se poient point pour ce
que les dictes choses sont ruyneuses et vacques par la
fortune de la guerre — Jehan Jarn pour
sa maison du Marcheil, qui fust Macé Fresnel, 10 de-
niers obole, qui ne se poient point pour présent pour ce
que les dictes choses sont ruyneuses et vacqnes par la
fortune de la guerre. — Jehan du Mans le jeune à cause
de sa femme pour son houstel de la rue Boucheresse qui
fut à Colin Roussel, 2 sous, lesquels ne se poient point
pour présent pour ce que les dites chouses sont ruyneu-
ses et vacques pour la fortune de la guerre, tant parce
que ils sont employés en la dosve et fortification du
boulevard de la porte Boucheresse que autrement.
. . . . — Les hoirs feu Colas de la Vieuxville pour
un doux de terre sis en la rue Boucheresse, 8 deniers,
qui ne se poient point pour présent pour ce qu'il est en
ruyne et vacque pour la fortune de ia guerre. — Les
hoirs à la feue Gaultier pour leur allée à aller en leur
courtil du Gast qui fut Vendelays, 2 deniers qui ne se
poient point pour la cause dessus dicte
■ — Pierre Gaucberi pour une haie et courtil sis près la
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- S73 -
dosve de la ville devers la rue Gaudin, 2 deniers, qui
ne se poieut point pour présent pour ce que les dites
choses sont ruyneuses et vacques par la fortune de la
Sierre — Les hoirs feu messirc Jehan
ichelon, alias Girard, pour une place aise près l'oustel
Jamet le Pescheurs, 12 deniers, qui ne se poient point
fiour présent pour ce que la dite place est en ruyne par
a fortune de la guerre — Les iiéritiers de
feu Henry Novail pour la maison crui fust Reulen le Bre-
ton, sise au Marcneis que tint GiUet Boeskaine, 5 de-
niers, qui ne se poient point pour présent pour ce que
elle est en ruyne et vacque par la fortune de la guerre.
— Les hoirs feu Macé des Arsiz pour une
place sise au Marcheil, 7 deniers, qui ne se poient point
pour présent pour ce que la dite place est en ruyne et
vacques par la fortune de la guerre. »
La dame de Laval avoue en outre plusieurs places ou '
maisons qui luiront été délaissées à cause du mauvais
état dans laquelle la guerre les avoit mises : un appenti
sous le château qui avait appartenu à Morice le Séné-
chal ; une place de maison adjacente à cet appenti, ahan-
dMmé par les héritiers de Guillaume Guion ; une loge
au Marchis, par Jean Lemercier; maison et courtil en-
core au Marchis par Rohin Pellerin, Deux maisons « si-
ses en l'estang » sont cédées l'une par Guillaume Le
Pescheurs et 1 autre par Colin Sergeant.
11 est plusieurs fois question des places ou maisons
« sises es geulles*, sous le chastel de Laval » Eon
le Pannetier y habitait au moment de l'aveu ; Perria
Quennier y occupait une maison et une tour ; Simon de
Lommel y avait eu un courtil, Perrin Quentin une mai-
son, Perrot Courtaille une part de maison. Le courtil de
Simon de Lommel fut « mis en dosve durant le temps
des guerres et pour la fortification de la ville. »
L'aveu constate l'existence de vignes, près la rue Beu-
cheresse. Colin Chambeure y avait un Cartier de vi-
gnes, a près la Fousse-Flouri, sous la rue Boucheresse. »
1. GeuUet ou gueulles étaient sans doute le terrain renfermé
par le rempart bas baignant dans la rivière qui donna son nom à
ta rue qnî passe au pied du château (aujourdliui, rue du Val-de-
Maine).
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-874 -
Oo voit plus loin que la Fonsee-Flouri était au Bon^-
Hersect ; cette vigne était donc sur le penchant qui
incline vers le ruisseau du Gué-d'Orgé. La Fonsse-
Flouri appartenait à Gervèse Asselin. Michel Badier
exploitait une vigne qui avait appartenu à Bourrienne
et à Estienne Martin. Michel Novail en tenait un quar-
tier « au bout de la rue. » Jehan Le Boue avait une
issue pour se rendre à sa vigue du Gast. La dame de
Laval avait racheté les vignes du Gast aux daes, qui
avaient appartenu à Macé des Arsix.
L'extrait suivant est intéressant parcequ'il indique
l'état des lieux vers le faubourg Saint-Martin et parce
qu'il fait connaître des travaux qui firent faits pour pro-
téger ia ville contre les Anglais.
(Tea^uet) «. Item s'ensuivent autres cens deuz à la
dite dame par an, à la dite feste de Saint-Thibaud en
la rue de Peatang et du bonrg Sainct Martin. — Les
hoirs de feu Guillaume Gesselier pour une place sise en
l'estang, 18 deniers, qui ne se poient point pour présent
pour ce que l'on a fait un estang pour la fortmcation
de la dite ville — Les hmrs de feu
Colin Boylet pour leur maison de l'estang, 9 deniers,
|ui ne se poient point pour la cause dessus dicte. —
^es hoirs de feu GieiTroy Sergent pour leur oustel et
appartenances sis près le russel de natel, 8 deniers. —
Perrin Belhayt pour son bostel et appartenances qui fut
feu Guillaume Sarain, 2 deniers obole. — Les hoirs feu
Guillaume Poybel pour leurs places de l'estang, 15 de-
niers, qui ne se poient point pour la cause dessus ditte
dudit estang. — Les hoirs dudtt Poybel et les hoirs de
Yvon Haytel pour ses places et courtilz de l'estang,
15 deniers, qui ne se poient point pour présent et pour
les causes dessus dictes. — ■ Les hoirs audit Guillaume
Poybel pour une maison sise en l'estang qui fut Guil-
laume Guilleu, 18 deniers, qui ne se poient point pour
présent pour les causes dessus dictes. — La femme
et les hoirs de feu Jamet le Bigot et Guillemine Nep-
veu pour un pou (peu) de courtil joignant au russsel
de Ratel, 4 deniers. — Les dits noirs dudit Bi^t et
Guibnin Nepveu pour une place de maison et courtil sis
près ledit russel de Ratel, 4 deniers. ... — Les
noirs de feu Jehan le Rouyer pour leur maison et place
?'
Digiliz=db,G00glC
de l'estang, 3 sons 2 deniers, qui ne ae poient point
pour présent pour la cause dessus ditte. — Perrinelle,
fille de HamoD le Rouyer pour une maison qui fut feu
Symon le Rouyer, sis en l'estang, 9 deniers, qui ne se
poient point pour la cause dessus dicte. — Jehan Rabin
pour une maison sise oudit estan^, 10 deniers, qui ne
se poient point pour présent pour la cause dessus dicte.
— Jehan Theberge pour sa maison de l'estang qui fut
au charpentier, 18 deniers, qui ne se poient point pour
le présent pour la cause dessus dicte. — Les hoirs de
feu Symon le Rouyer pour leur maison et appartenan-
ces de l'estang, 5 sous 2 déniera, qui ne se poient point
four présent pour la cause dessus dicte. — Feu messire
ierre Mellet prebtre avoit accoustumé à poyer par an
à la dite dame 18 deniers par raison d'uu vergier sis près
lea fousses dudit lieu de Laval, lequel vergier la dite
dame tient de présent en sa main. »
L'aveu qui nous occupe donne un plus grand nombre
de noms d'habitants de la ville que le précédent. La liste
en sera peut-être ennuyeuse ; nous la donnons cepen-
dant avec le Heu d'habitation lorsqu'il est exprimé; quel-
ques-uns de nos contemporains y reconnaîtront peut-
être des ancêtres, quoique la population urbaine ait été
bien renouvelée depuis quatre siècles. Nous ne répétons
pas les noms déjà reproduits dans les extraits donnés
Commençons par une suite d'habitants dont toutes
les maisons étaient contiguès les unes aux autres :
Gieffroy GuiUebo et son voisin Perrot Fraise, Raoullet
Belin, Guillaume Dain, cordonnier. Jacquet de Frize,
Guillaume le Faucheurs et Jamet Couvé, Michel Quine-
bescbe, Jean Le Venner ou Vennier, Pierre le Gault,
Guillaume Pian, Jean le Rouyer, Guillaume Rousseau.
On aurait ainsi presque tout un cdté de rue si l'endroit
oA demeuraient ces citoyens était indiqué ; mais il est
dit seulement pour chacune de ces maisons « sise en la
dite ville. » En la me de Rivière « entre le mouHn de
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- 876 —
BallaiUer » demeuraient Guillaame Paissant, Macé le
Duc, Guérin Désilles, Aimery Champenaus. Dans la
Grande rue on trouvait Jean Brocbart. Dans la rue des
Fournils résidaient le sieur de la Chapelle, Thomas H-
neau, Macé Valleri, le commandeur du Breil-auz- Francs.
Près des « fenneries » était Jean Bodin auquel succéda
Jean d'Ahuillé ; Jean le Marouiller qui remplaçait Guil-
laume de Taille. Au carrefour de la ville de Laval était
Guillaume GuiUemeaui : dans la rue aus Claveuriers,
Jean Rebours; devant Saint-Tugal, Jean le Yallays avec
Perrot le Breton, le sieur du Plessis-Buret succédant à
Robin Hériczou. Au Pont de Mayenne demeuraient Jean
Besson et Vincent Gallays ; sur le pont même, Etienne
Euschet, occupant une maison de moitié avec Guillaume
Robeveille ; Robin du Bouessel ; Jean Nysot. On trou-
vait au Val de Mayenne Jean le Roy, Robin Peluau.
Dans la rue Boucberesse habitaient Guillaume Masset
et Thomas Pelouart, Pbilippot Doublant, dont une pa-
rente est nommée la Doublanche, Guion Gornudle, Ro-
bin Dureui, Jean Thibaud, Guérin, Olivier, prêtre;
Michel Harel. Messire Pierre Foussart, autrement ap-
pelé du Gast, tenait une tour outre Mauvoisin et une
place au Gast. Messire Guy de Laval, sire de Loué
occupait la Motte-Clérembault, Jean de la Chouenne
avait une maison, près les douves du chAteau, Etienne
Torchart une tour près de la Trinité, Jean Moysant une
antre tour, Colmet Geoffroy et Geoffroy du Chastel,
maison devant la Trinité, Bertrand Menard, près la porte
Belot-Oyseau. Richard Saguin tenait une maison « qui
fut du Buat, » Macé Chabot, une autre « près l'hostel
de Pierre l'Escripvain. » On lit encore les noms de mes*
sire Jean de la Jaille, Jean Berault, Macé Tertroux,
Guillaume Ferrand, Gillet Poullain, Michel Guy, près
le Gast, Guillaume Courtin, Jean Roussel et Jean Reu-
beau, Jean Gillet, Guillaume l'Ermite, Jean MémoUn,
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- 577 -
Jamet Daubier, Jean Gonyer, Perrot Dervée ou Dernée,
Robin Badin, Michel Gondoie, Michel Tbomin, André
Rotemain ; enfin ceux des prêtres Jean le Lavander,
Etienne Martin, Jean Renier, Pierre AUigot.
Nous devons relever cette mention : « Le segretatn
de Saint-Tugal pour son habergement et pour sa mai-
son de la petite escoUe, sises les dites choses en la ville
de Laval, en la rue du Bourg-Cfaevrel. »
L'aveu indique au Bourg-Hersent « une meiUeraye',
sise ou dit bourg, contenant journée à deux hommes de
courtit ou environ. »
L'aveu passe en revue comme le précédent les chà-
tellenies qui dépendaient du comté : Montigné, Courbe-
veille qu'il appelle Tumbeveille, MontsArs, Meslay, En-
trammes, Olivet, La Gravelle, à laquelle « est de pré-
sent adjointe » la terre du Teilleul. Cette terre ne figu-
rant pas à l'aveu de 1444, nous donnons tout ce que
celui de 1452 en dit d'essentiel. Nous ne supprimons
que les sommes de cens et les formules inutiles.
« S'ensuivent cens, rentes et devoirs deuz à la dite
dame en sa terre du Tailleul, laquelle est de présent
adjointe à la dite terre et chastellenie de la Gravelle. n
[Analyse). Terme de l'Angevine. — La femme et les
hoirs de feu Regnaut le Coq pour la Rivière. — Les
hoirs Jean Jolivet pour leurs choses. — Led hoirs Ri-
checte la Beline (Belin) pour ce qu'ils tiennent à Saint-
Pierre de la Court. — Jehan Guiot, pour ce qu'il tient
au Fault du Tail. — Femme et hoirs André Durant
pour la Labouraye. — Perrot Mectayer pour le champ
de Crouez. — Alix la Labourée, pour ses choses, les-
Juieulx elle contredit en la court de la Gravelle. — Jean
inart et ses fraracheurs pour ce qu'il tient à la La-
bonraye. — Laurent Jumel pour ce qu'il acquit de
Guillaume Belin. — Michel Martin pour ce qu'il acquit
1. MeUleraye (nuiller, racueiltir) lieu oii l'on ramasse la ré-
colle, Ici : une g:ràng;e avec un peu de terrain labourable attenant.
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- 878-
de Miohel Labonré. — Gnilkitime Martin pow partie
d'ieelles chouees. — La feu Lavrent Martin pour ses
ohousee. — Les hoirs Thomiae la Chévroinne pour ce
qu'ilz tiennent à la Ghevrounaye. — Robin Morin pour
ce qu'il tient du fié du Teilleul. — Martin Fauvel pour
ce qu'il tient au Fault du Tail. — Les hoirs Macé Mar-
guerite pour leur part des choses qui furent Chevron.
— Hoir» Lncas Marquier, partie dudit Chevron. — Je-
han Jehaunin, partie d'icelies ohooses. — Denis d'Ar-
quené partie des choses dudit Chevron. — Jamet Mal-
herbe partie des cfaouses dudit Chevron que Macé Da-
mours soulott tenir. — Pierre Beril pour ce qu'il tient
des choses feu Flouri. — Guillaume et Macé les Labonré
BoUr ce qu'ilz tiennent à la Labonraye. — Laurent et
oÏÀa tes Potiers, pour ce qu'ilz tiennent des chonses
fen Chevron. — Les hoirs feu Robert Poussin pour la Lé-
verie. — Les mêmes pour la Jolivetaye. — Les mêmes
pour ce que ledit Robert acquist de Michelot Poussin. —
Hcrirs Macé Poussin pour la Noë du Quartier, — Jehan
Poussin snccesseur de Michel Poussin. — Hoirs Laurent
GoQgeon pour les choses Flouri. — Hoirs feu Jehan Da-
mours pourlaLévehe. — Héritiers et détenteurs du lieu
de la Faye. — Hoirs Michel Jehenneaux pour part du Teil-
leul. — Hoirs Martin Malherbe pour ce qu'ils ont au dit fié.
— Jehan Poussin pour leschouses que Jenan de la Fontaine
y souloit tenir, — Jean Bouvier, choses acquises de Je-
han Labouré. — Hoirs Jehenneaux pour choses Flouri,
— Hoirs Macé Fauvel, partie des choses Flouri. — Ro-
bin Gaultier partie d'icelles choses. — Hoirs Guillaume
Fauvel, partie d'icelles choses. — Martin Jolivet partie
d'icelles choses que tint Philippot Jourdan, — Hoirs Lau-
rent Fauvel, parties des choses Flouri que tint Jehan
Marion, — Macé Gougeon pour les chouses à la Gouge-
ronne. — Hoirs Macé Jousse, partie d'icelles chouses.
— Jehan l^alherbe, chouses qui furent feu Michel de
Lente et après à Richart Malherbe, — ■ Hoirs Macé Mar-
guerite, partie des chouses feu Chevron. — Macé Gou-
geon pour les chouses que Macé Jehannin acquist de
Macé Jousse.
Terme de Nouail (Noël). — Jehan Jehannin pour ce qu'il
tient au fié du TaiÙeul. — Femme et hoirs Jehan Jolivet
pour leurs chouses. — Femme et hoirs André Durant
pour partie de la Labouraye.
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Avenaigea à l'Angevine, mesure de la Gravelle. —
Guillaume Labouré demi bouessel. — Hoirs Guillaume
et Michel les Martins pour la Labouraye ung boues-
seau. — Jehan Ligier et Jehan Malerbe pour les chou-
ses André Durant, demi bouesscau. — Robin Gaultier
pour la Lévem ung bouesseau. — Hoirs Michel Oa-
mours poBT la dite Léverie ung bouesseau. — Hoirs
Macé Damours pour îcellcs chouses ung bouesseau. —
Hoirs Macé Morin et Lauran Fauvel, pour leurs chou-
ses deux boueseels. — Michel Ligier, Jamet Malerbe et
Macé Malerbe deux bouessels. — Hoirs Michel Jehen-
naux, ung bouesseau. — Femme et hoirs feu Lucas Mar-
Ïuier, Herre Garnier et Jehan Jamin pour choses feu
Chevron, ung bouessel.
Ponlles de rente à l'Angerine. — Michel Jehenneaux
deux poulies. — Femmes et hoirs feu Lucas Marqnier
une poulie. — ■ Hoirs Robert Poussin pour les hoirs Lau-
rens Jumet, les hoirs Guillaume Belin et les Jolivetz
deux poulies. — Hoirs Lucas Marquer et Jehan Jamin,
une poulie.
Comme dans l'aveu de 1444, les cens, rentes et de-
voirs s'acquittaient aux termes de Pâques, de Fête-Dieu
(Sacre), de Saint- Jean-Baptiste, de la Saint-Thibault
(1" juillet], de la Mi-Août, de l'Angevine, de la Toussaint,
des Morts, de Noël. Une partie des redevances était
payée en numéraire, l'autre en nature. Nous avons men-
tionné quelques-unes de ces dernières au commencement
de cet article. Il y en avait d'avoine, de seigle, de cha-
pons, de gélines ou poules, de poussins, d'oies, d'épe-
rons dorés, de gants blancs. Le prieur de Saint-Martin
de Laval devait chaque année deux échaudés du « prix
de cinq deniers, et deux pichiés de terre de foullet con-
tenant un pot plein de vin, aux jours de Nouai! et de
Pasqnes, entre les deux messes du jour, rendus à la
porte de l'esglise de Tumbeveille. »
CouUtlER DE L&UNAY, ch. h.
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MICHEL LEMESLE
SCULPTEUR A LAVAL
AU XVII* SliECLB
Dans l'uoe de ses dernières séances, la Commission a
accueilli avec intérêt un mémoire présenté par M. Louis
Dnval concernant François Langlais, sculpteur lavallois.
Nous associant à ce désir de remettre en lumière des
noms trop longtemps oubliés nous venons, à notre tour,
faire revivre la mémoire d'un autre sculpteur qui fut
aussi notre compatriote.
Michel LEMESLE, qualifié de maître architecte, a
produit, dans le Bas-Maine, plusieurs de ces magnifi-
ques autels Renaissance véritables monuments d'archi-
tecture, qui tendent à disparaître de nos jours.
Le hasard nous ayant fait découvrir dernièrement au
milieu de vieilles minutes de notaires, un marché passé
entre cet habile sculpteur et la fabrique de Sacé ', nous
ne pouvons mieux faire que de citer ce document ^.
O. C.
1. Ce monument n'existe plus depuis une vingtaine d'années;
maie on en trouve comme un reflet dans le mallre-autel de l'é-
glise de ChAloQS, où l'artiste n'a ^as ménagé le travail de son
ciseau ; partout sa main habile a fait courir Tes guirlandes et les
fleurs, avec autant de richesse et d'abondance que de correction.
2. Voir Bulletin hiitorique de la Mayenne, tome I" (2* série),
page 414. Ce document a été présenté de la part de M. Olivier
Ghironi dans la séance du 11 octobre 1888,
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« Du vingtsisîème jour de janvier mil six cent quatre
[ vingt sept (1687) avant miav, par devant noua René
[ Arnault, notaire royal au Mayenne, résidant et esta-
( bly au bourg de Sacé ; ont été présents en leur per-
i sonne, Michel Lemesle, maître architecte en la ville
I de Laval, paroisse de la Trinité, <£unt part, et Guy
I Pousteau, marchand, sieur de la Hérisonnière, procu-
1 reur fabricien de la paroisse de Sacé, assisté de véné-
i rable et discret M' messire de Baigneux, prêtre,
I prieur dud. Sacé, demeurant au prieuré dud. lieu,
I M* François Pousteau, prêtre, René Hamon, mar-
i chand, sieur de la Fouscnerie et Pierre Nezan, caba-
[ rétier, paroissiens et habîtans de lad. paroisse de
( Sacé, a autre part.
« Lesquels ont faict le marché qui en suit :
1 C'est à scavoir que led, sieur Lemesle s'eat obligé
[ et a promis de faire un grand maistre aut'kel en I é-
t glîse dud. Sacé de vingt pieds de kaulteur et de
[ quinze pieds de longueur en laquelle kaulteur en-
I trera la table dudit aut'kel qui sera de quatre pieds
( et demy de dessus les pavés de lad. église, conformé-
( ment au plan qu'il en a représenté et qui lui est de-
( meure entre les mains après qu'il a esté paraphé au
I dos, tant de luy que desdïts sieurs Prieur, Pousteau,
I Nezan, Hamon, nous notaire et des témoins après
c nommés, auquel plan il y a un cornet d'abondance
[ dont il y en aura un pareil de l'autre costé, et four-
1 nira de bon et loyal marchand marbre noir et tuffeau
( blanc.
n Les quatre grandes colonnes duquel marbre auront
I chaque quatre pieds et demy aussi de baulteur et les
[ deux petittes de deux pieds et deroy aussi de haul-
[ teur et le tout de grosseur à proportion, et néanmoins
i sera led. Lemesle tenu et obligé d'augmenter aud.
( aut'hel, oultre ledit plan, quatre branches de laurier,
I distant sur les pieds où seront les figures du costier
( ci-après spécifié et quatre pointières de mesme mar-
( bre noir aux quatre pointîers des deux niches qui se-
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: ront des deux costés dudît aut'bel et qui feront le ron-
: deau desd. niches, dans lesquelles niches ledit sieur
: Lemesle, sera tenu de faire trois figures habillées,
: scavoir dans la petite niche du haut dud. aut'hel,
I une figure de S' Hipolitte, habillé en cavalier «t du
[ costé de l'évangile la figure de S' Laurent, habillé en
f diacre et de l'autre oosté la figure de S" Aoastaize
r habillée en vierge, lesd. figures peintes et parfaite-
: ment d'orréee, et fera en oulb'e un tabernacle aud.
: aut'bel composé de deux coUonnes du mesme marbre
: de quinze poutces de haulteur avec aulbuit d'oniement
: qu'il y en aura en l'anujrtissement du hault dud. au-
: t bel, avec une porte aud. tabernacle sur laquelle il y
: aura une tête ae chérubin en bosse, et fournira led.
I sieur Lemesle de tous les mattériauz à la réserve
( seulement de la chaux, pierre et sable à massonner
[ au derrière dud. aut'bel, qui seront fournis par led.
I sieur Pousteau et fera seullement led. massonnal.
« Sera entièrement loisible aud. sieur prieur et babi-
I tanta dud. Sacé d'obtenir un tabernacle de ta fasson
I d'y cellny que led. sieur Lemesle a fait depuis peu à
I l'aut'hel de l'église de Chaslons ou bien comme il est
I sua-éuoncé, à laquelle fin ils en adobteront un, lors-
! que led. sieur Lemesle leur aura fait et prêté les des-
I smgs dud. tabernacle comme il sus spécifié, auquel
I ouvraige led. sieur Lemesle commencera à travailler
I le lendemain des festea de Pasques prochainement; et
I y travaillera activement jusqu'à ce que led. ouvraige
I soit faict et accomply et ce à peine de dommage.
« Et ce annayer que led. sieur de la Hérisoanière a
Eromis et s'est obligé de bailler et payer aud. sieur
emesle la somme de 530 livres et une pippe de cil-
: dre, à luy fournir une chambre pour se loger en faî-
I saut led. ouvraige, payable scavoir : lad. somme de
( 530 livres de temps en temps comme led. ouvraige
: sera advancé d'estre faict, et lad. pipp6 de cildre au
: commencement dud. ouvraige et payera et advaacera
: la pierre dud. tulTeau et marbre comme led. Lemesle
: la sculptera et lui sera livrée audit Laval a desduire
: sur lad. somme de 530 livres. Lesquels tuffeau et
: marbre led. sieur de la Hérisonnière sera tenu de faire
: charoir et voiturer dudit Laval au bourg de Sacé, de
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ic tempa en temps comme ledit Lemesle en aura afTaire.
* Annuyer que led. charois et voitures se feroat depuis
> lad. feste de Paaques jusque au premier jour du mois
I d'octobre procliain, le tout aussi à lad. peine, si, sauf
( aud. sieur de ]a Hérisounière à se faire rembourser
< tant de la somme de 530 livres que du prix de lad.
' pippe de cildre et loyer de lad. chambre et aussi de
t ses frays loyaux, coultz et minses desd. habitants de
< Sacé ainsi qu'il croira avoir affaire et lesquels frays
( coultz et minses entrera la somme de quatre livres
< qui a esté dépensée tant en deux voyages que led.
' sieur Lemesle a Faict aud. bourg de Sacé pour mar-
r chander led. ouvraige et en traitant ce qui a esté
I aussi stipulé et accordé entre lesd, partyes sous les
I clauses et conditions cy-dessus.
« Faict et passé au bourg de Sacé, eu présence de
< Mathieu Galienne, chirurgien, aîeur de la Gaulupière,
: demeurant paroisse de Martigné et Daniel Pnorel,
[ sieur de la Havardière. »
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UNE ERREUR DE GUYARD DE LA FOSSE
SUR LE COLLÈGE DE MAYENNE
On lit dftns VHistoire des seigneurs de Mayenne de
l'abbé Guyard de la Fosse < le passage suivant relatif
au rétablissement du collège de Mayenne :
« Le duc de Mazarin donna, l'an 1667, au collège de
a Mayenne, 425 livres de rente, à prendre sur le revenu
a des fours banaux qu'il avait fait construire en cette
w ville l'année précédente, auxquels il avait réuni, par
« acquêt, le droit que plusieurs seigneurs de petits fiefs
« avaient d'y en tenir (?). Il fut excité à ce don par la
« considération qu'il avait pour le principal, Louis An-
« jubault, diacre d'une excellente piété. »
Ayant à parler, dans ma notice sur le collège de
Ceaucé en 1684, du principal Anjubault, et connaissant
exactement son entrée en fonctions conune principal du
collège de Mayenne, j'avais dû contredire sur ce der-
nier point le savant historien de Mayenue. De nouveaux
documents me permettent de rétablir l'exactitude des
faits et de corriger l'erreur de Guyard de la Fosse, s'il
l'a commise, ou la faute d'impression, si l'on a mal lu
le manuscrit.
II reste vrai que c'est par considération pour le diacre
Anjubault que le duc de Mazarin fît aa donation de 425
1. Le Mans, Monnoyer, 1860, p. 179.
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livres, mais cette donation eut lieu non en 1667, comme
le dit Gujard de la Fosse, mais en 1677, comme il est
facile de le prouver.
Le Fouillé du diocèse du Mans de 1772, qui donne
une courte note sur le collège de Mayenne, indique les
dates précises des contrats : l" février et 22 avril 1677.
De plus, on lit au 45* registre des Insinuations ecclé-
siastiques p. 202, à la date du 27 mars 1707, un rappel
de l'acte de fondation de la chapelle d'Aubert, près des
forges de Chailland, laquelle chapelle était dotée d'une
rente annuelle de 300 livres « à prendre et se faire payer
« sur le revenu des fours à ban de cette ville de Mayenne
n et fauxbourgS' Martin, ce néanmoins la rente de 425
« livres donnée par mondit seigneur au collège de la-
« dite ville de Mayenne par contrat du 1" febvrier 1677
a par devant Maligne et de Beauvais, notaires au châ-
« telet de Paris, et réitéré par l'acte du 22 avril ensui-
« vant attesté par nous Davoynes, insinué tant au chA-
n telet de Paria qu'en la sénéchaussée du Maine le 31
« may et 17 aoust ensuivant. »
Voilà qui est formel. D'ailleurs, les actes notariés que
nous avons eus entre les mains noua parlent en 1677 et
1678 des fours à ban comme nouvellement construits
par monseigneur dans la me de Beaudais. Grâce à cette
donation de 1677, on put reconstruire le collège sur
l'emplacement qu'il a occupé pendant près de deux siè-
cles.
La rectification n'est pas sans importance, portant sur
un auteur si bien placé pour connaître exactement l'his-
toire du collège de Mayenne, dont il fut un des régents.
A. Salles.
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LE PAVILLON
DE LA PORTE DU CHATEAU
DE LAVAL
ET LA UAISON voisine'.
En 1552, les héritiers de Jean Boulain ^ et de sa fem-
me, Guillemine Touchard, procédaient au partage des
deux maisons situées sur le Grand Pavé de Laval, ac-
tuellement place du Palais et portant aujourd'hui les
numéros 15 et 17. La maison n" 17 a été en grande par-
tie reconstruite vers 1810 ; mais au milieu du XVI' siè-
cle, ces deux habitations ne formaient qu'un même im-
meuble ; les longues poutres horizontales qui supportent
encore les étages du n" 15 se prolongeaient sur la fa-
çade voisine, avec leurs fortes moulures d'un caractère
si artistique, et un même escalier desservait ce vaste
logis : il existe encore au fond du couloir qui sépare au-
jourd'hui ces deux habitations.
Le propriétaire était peut-être ce Jean Boulain dont
1. M. Emile Lucas, tj'pographe, e bien voulu me communiquer
les documents qui m'onl servi à écrire cette notice : je le prie
d'agréer mes bien vifs remerclments.
U. Cet acte de partage ne se trouve pas au dossier, mais il a
été analysé en 1808, pour un pi-ocès, par M" Letessier et Lefeb-
vre de Champorin. nvocatu à Liival. Dans sa savante histoire de
Changé. M. le chanoine Cuiller doone au mari de Guillemine
Touchard le prénom de Frangois,
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la Chronique de Le Doyen nous a conservé le souvenir.
Homme riche et bienfaisant, donateur d'une des verriè-
res de Saint- Vénérand, faisant venir à Laval du blé
pendant la disette h pour les Lavallistes nourrir, n il
laissait pour héritières ses trois filles, mariées à Jean
Gaultier, Jean Jourdain et Guillaume Le Meignan. Sa
maison du Grand Pavé échut par moitié aux femmes de
Jean Jourdain et d'Olivier Le Meignan. Le 10 juillet
1573, Olivier Le Meignan, fils unique de Guillaume Le
Meignan, et Mathurioe Berault, sa femme, vendent
une maison a sise au haultdu grand pavé, (le n" 15) » et
provenant de la succession de Jean Boulain ; l'acheteur
est Jean Foureau, sergent général et ordinaire du comté
de Laval : c'était, lui aussi, un notable lavallois, homme
d'importance, à qui le seigneur de Laval accorde, le 8
septembre 1577, la permission de bâtir sur les douves
qui se trouvaient entre sa maison et les murs du châ-
teau ; puis, le 23 mai 1581, de nouvelles lettres patentes
lui permettent de clore d'une palissade jusqu'au pied
des murailles la partie du fossé située en face de sa
maison. Les seigneurs de Laval commençaient alors à
concéder l'usage, la quasi-propriété de ces douves et
murailles que l'agrandissement de la ville rendait de
plus en plus inutiles.
Le 7 décembre 1629, les héritiers de Jean Foureau
vendent sa maison à Pierre Briand, notaire, et à Ju-
lienne Gaudin, sa femme ; peu après la maison voisine,
ou plutôt l'autre moitié de maison, partagée ainsi dans
la succession de Jean Boulain, était vendue, le 9 avril
1631, par Jean Royer du Plessis à Gilles Chïistaigner,
marchand drapier. Près de la maison de Pierre Ëfiand
se trouvait l'entrée du château, auquel on accédait par
un pont jeté sur les fossés^
n de IHerre Briand
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A peine en posBeeeion de sa maison, Pierre Briand
s'empressa d'y exécuter quelques travaux ; il lit cons-
truire par Julien Gevillier, maître maçon, un mur « fai-
sant la si^paration de l'entrée du chasteau et la cour
derrière le logis dudit Briand, et ung degré de pierre
pour descendre dans ladite cour ; » le mattre menuisier
Luc Bernard fournit une porte placée dans cette muraille
et « 63 pieds de soliveaux de cinq pouces en carré pour
la couverture de la porte et suport de la terprelle du de-
gré à descendre dans ladite cour'. »
Pierre Briand vivait en excellents termes avec son
puissant voisin, Henri de la Trémollle, comte de Laval,
qui savait apprécier ses services. Le dossier qui m'a été
si obligeamment prêté contient une note de Pierre Bnund
sous ce titre « Mémoires des affaires que j'ay faictes
pour Monseigneur. » C'est la mention de divers actes
rédigés par le notaire et relatifs à certaines difficultés
entre le comte de Laval d'une part, et d'autre part l'é-
vëque de Noyon, abbé de Clermont^, et la dame de Hau-
tefort ' qui prétendaient à des droits d'usage dans les
forêts de Concise, de la Gravelle et de Misedon. Ces af-
faires, datées de 1629 à 1631, se terminèrent â la sa-
tisfaction d'Henri de la Trémotlle, qui s'empressa de
reconnaître les bons ofTices de son notaire, comme l'ai-
teste la note suivante, écrite par Pierre Briand à la
fin de son petit mémoire : « Le 5' juin 1631, Monseigneur
m'a concédé la faculté de faire construire ung paveillon
sur le portail du chasteau joignant mon logis, et m'en
a donné et remis le droict d'entrée en faveur des servi-
ces et salaires pour raison des actes cy-dessus. » Les
lettres patentes du comte de Laval portent en effet cette
1. Quittances des îî et 24 octobre 1630.
2. Henri de Baredat, évéque de Noyon de 1626 à 1660, abbé
comme ndataira de Clermont.
3. Renée du Bellay, veuve de Charles, marquis de Hautefort.
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- 5M -
date ; elles concèdent h Pierre Briand le droit d'élever
un pavillon sur la porte du château, entre son logis et
le jardin du comte, avec une fenêtre sur la place publi-
que, et une autre dans le grenier superposé ; sur une
plaque de marbre noir doivent être gravées les armes
du seigneur de Laval ' ; celui-ci imposait cinq sols de
cens annuel au concessionnaire et se réservait le droit,
non tranaraissible k ses héritiers, de racheter ledit pa-
villon au prix de 500 livres ^,
i. On voit encore au-dessus de la porte te cadre en pierre de
cette plaque, qui a sans doute disparu pendant la RévofuUon.
2. a Henry, duc de la TrémoiUe ot de Thouars. pair de France,
prince de Tnlmonl, comte de Laval, etc., à tous ceux qui ces
Firésenles verront. Sçavoir faisons que voulant fnvorablement
raicter notre bien amé Pierre Briand notaire royal et recong-
noistre les bons et agréables sen'ices que nous avons par le passé
receus de luy et l'encourager de les nous continuer à l'advenir,
nous luy avons permis et par ces présentes permettons de cons-
truire une chambre qu'il Fera couvrir en paveillon sur la première
porte de l'entrée de notre chasteau occupant en largeur l'espace
intermédiaire de la maison dudict Briand et la muraille qui en-
ctost le jardrinde noire chnsteau. et de longueur jusques à quinze
pieds, le tout parhault et en sorte que l'entrée de notre chasteau
RV l'ouverture entière de la porte n en soit aulcunement empes-
cnée, à la charge auitsy de ne pouvoir par ledict Briand faire aul-
cunes veues ny sur notre jardnn nysur notre diot iihàsteau, mais
seulement une croisée sur la place publicque et une lucarne au
S renier sur ladicte croisée. Pour recongnoissance de quoy ledict
riand tenant ladicte chambre et grenier dessus de notre chas-
tellenie et comté de Laval censivemenl, il nous paiera de rente
annuelle au terme de S' Jehan-Baptiste la somme de cinq sols, et
pour le droict d'entrée nous luy en avons faict remise eu esgart
a ses services passés, retenant nénntmoins faculté non transmis-
sible de pouvoir disposer par nous dudict basUment en cas que
nous en vollussions accommoder, rendant par nous audit Briand
[lar ung seul payement contant la somme de cinq cens livres, à
aquelle nous avons faict estimer par experts le prix dudict bas-
timent, aux lins duquel permettons audit Brilland de poser et en-
claver ses merreins, poultrcs et solliveaux au dedans de la mu-
raille fermant noire dicl jardrin sans détérioration d'icelle, la-
quelle ledict Briand pourra hausser selon la nécessité de son
basUment, l'enlrelenanl à ses frais pour aultant qu'il en occupe-
ra : et à ce que nous ne soions incommodés par autcun esgout
dudict paveillon. ledit Briand sera tenu faire porter ses eaues par
gouttières dans ladicte place publicque ; pourra aussy leaict
Briand, pour exploiter ledict paveillon de la salie de son tof^s
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Les archives ne nous ont pas encore révélé le nom de
l'architecte à qui Pierre Briaad ooofîa Texécution de ce
travail : il De manquait point alors à Laval de gens fort
experts en l'art de bâtir'.
Mais, comme cela se voit souvent, la dépense de cette
construction dépassa les prévisions du propriétaire ;
aussi se crut-il autorisé à adresser au duc de la Tré-
mollle une lettre, dont nous possédons la minute non
datée, lui exposant que « pour le désir qu'il a eu d'enri-
chir et embellir l'entrée de son chasteau par l'architeC'
ture qu'il y a fait faire et plomberie estant audict paveil-
lon, » il a dépensé plus de 900 livres : il le supplie de
porter à cette somme le prix fixé en cas de rachat^.
faire une montée en icelle çourveu que l'ouverture de l'entrée de
notre dict chasteau n'en soit incommodée ; à ta charc'e aussy de
faire apposer nos armes en marbre noir dans la taSle d'attente
qui est sur le fronc dudicl portai de notre chasteau. El pour la
conservation el la mémoire (les présentes, voulons qu'elles soient
enreffistrées es remembrances de noire domaine. Donné en notre
chasteau de Laval soubs noLi'e seing, cunLreseingf de l'un de nos
secrétaires et scel de nos armes, le S> jour de juin l'an 1631.
0 Henbi db la Théhoille. a
1. Notre obligeant confrère, M. Louis Gamier, a bien voulu
Composer le charmant dessin ci-joinl d'après un croquis pris
par M. Chomereau vers 1848 et mis gracieusement à notre dispo-
sition. Ce dessin donne, avec le pavillon d'entrée de la prison et
les maisons voisines, la vue d'une tour détruite après 1850 par le
prolongement de la grille du PbIbïs de justice ; à cette tour était
adossée une fontaine précédée d'une vasque et surmontée d'une
croix de pierre. Une bome de fonte a remplacé cette pittoresque
fontaine, et la tourelle a disparu pour faire place à une grille
bien rectiligne. Qu'importent les vieux souvenirs et les construc-
tions curieuses ou artistiques, quand il s'agit d'un alignement ! —
Il existe une vue de la place avec sa fontaine et sa croix, litho-
graphiée par le reçrelté J.-B. Messager. — La partie supérieure
de celte tour avait été, en 1631, l'objet d'une concession eracieuse
en faveur de Raoul Verger, sieur de la Réaulté, qui 1 avait fait
couvrir et aménager,
3. ( Monseigneur ■
e Humblement vous remontre Pierre Briand que suj-vant la per-
mission que vous luy avez concédée, il a fait construire el bastir
un paveiAon sur la première porte de l'entrée de votre chasteau,
duquel vous avei retenu faculté de disposer en cas qu'il pleust i
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Nous De savoDS quelle réponse fut faite à cette requête ;
il importe peu d'ailleurs : le pavillon ne fut pas racheté
et resta une annexe de la maison voisine, notre nu-
méro 15.
Pierre Briand n'occupait pas toute sa maison ; il avait
loué, le 11 novembre 1632, à Ambroise Foureau, puis le
16 juin 1633 à maître Claude Gastineau, sieur de la
Vallée, une chambre au-dessus de la salle, doonaat sur
la place, et tout à côté une étude et une petite chambre
ayant vue sur les fossés du château, avec un petit gre-
nier et une portion de cave, le tout s'exploitant par l'al-
lée et l'escalier communs avec la maison voisine. Le
reste lui suiTisait pour habiter avec ses enfants. Mais ud
ennui lui vint de son voisinage : Gilles Chastaigner
avait loué sa maison à Suzanne Jouin. qui y avait ins-
tallé un cabaret; l'excellent notaire, trouvant avec rai-
raison ce voisinage désagréable, s'empressa d'envoyer,
le 11 février 1633 un huissier â Gilles Chastaigner, lui
exposant que les deux maisons « partagées ensemble »
sont tellement sujettes l'une à l'autre « tant de la vis, la-
trines, passages et caves, » qu'il s'opposait ic au cabaret-
tage de nouveau érigé en ladite maison pour y estre
vendu vin, ciltres et autres breuvages au préjudice des-
dites servitudes et communaultés, » et entendait n faire
cesser l'exercice dudit cabarettage. i> Cette sommation
votre grandeur s'en accommoder, rendant ou suppliant la somme
de cinq cens livres, à laquelle vous auriei lors de ladite permis-
sion faict juger et eittimer le prix dudilbastiment, à laquelle som-
me ledit suppliant ne se seroit réglé pour te désir qu'il a eu d'en-
richir el embellir, l'entrée de votre chasteau par l'arohilecture
qu'il y a faict faire et plomberie estant audit paveillon, en sorte
que l œuvre et prix d'icelluy luy revient à plus de neuf cens livres
survant les quiclances des maneuvres el prix des matières.
Ce considéré. Monseigneur, vous playse considérer la despense
extraordinaire faicle par le suppliant à la construction dudit pa-
veillon, et luy accorder jusques à ladite somme de neuf cens li-
vras de remboursement en cas que vous eussiez volonté de vous
en accomoder, et vous ferai justice au suppliant qui demeure
obligé de vous servir.
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- 694 —
demeura sans effet, et les choses d'empirer. Suzanne
Jouin vendait à boire et tenait « brelan » a des heures
indues, pendant rolTice divin et à une heure avancée de
la nuit ; de plus elle laissait ouvertes les trappes des
caves au grand danger des enrants et domestiques de
Pierre Briand et de ses locataires. Le 22 août t633 un
des enfants Briand tomba précisémeut dans une de ces
trappes et dans sa chute se blessa grièvement. Cette
fois le père, justement irrité, s'adressa au juge de La-
val, il lui exposa ses griefs, demandant la fermeture du
cabaret ou tout au moins le rappel aux règlements pour
les heures de fermeture, la bonne tenue, et l'obligation
d'avoir ses caves soigneusement formées. Le juge géné-
ral du comté — c'était alors Pierre Le Clerc de la Ma-
nourière, — s'empressa de faire droit à une requête si
légitime, et cotte décision fut immédiatement notifiée
par huissier à la délinquante'.
1. ■ Monsieur te juge de Lovai »
n Supplie humhlemenl Pierre Briand el vous remontre au 'il est
propriétaire d'un logis situé au hault du pavé et place puoticque
ae ueste ville, à laquelle jtihigt une mnisuti appartenant à présent
à Gilles Chastaigner marohanl, lesquelles ont esté autresfois par-
tagées et divisées entre les aucteurs desdils Briand et Cbastd-
gner, el tellement subjectes que lune ne se peult commodément
exploicter sans l'autre sans ffraude incDmmodilé pour les servi-
tudes el communautés desdites maisons tant de la vis, latrines
el passages et cnvcs, et ainsv les propriélaircs desdites maisons
en doibvent l'ouir cl user en hons pères de Tamille sans qu'ils se
puissent molester les uii){s les autres, El néanlmoins ledit Cbas-
laigncr a faicl ériger de nouveau un cabaret en ladite maison où
il 0 installé Suzanne Jouyn qui vend vin et tient berlan ouvert au
préjudice desdiles servitudes el communaultés et aux droicts et
libertés dudil Briand el assurance de sa personne, de ses loqua-
taires et domestieques de sa maison, mcsmes à heures indues
pendant le divin service et de nuict, eu préjudice des ordonnan-
ces royaux el règlements ; laisse ladite Jouyn et ses domestiques
tes trapes des caves où ils tirent leur vin ouvertes où les enfans
du suppliant et des voisins sont en continuel péril de tomber,
comme de feict l'un des enfans dudit suppliaul est tombé ce Jour-
dhuy vingt deusiesme aousL 1633 dans une cave où ladite Joi
faict lirer son vin, située en la rue des Orpheuvres de ceste vi
dont ledit enfant est grandement blessé.
IG
Digiliz=db,G00glC
Puis, pour ob-vier h tous ces inconvénients, Pierre
Briand se décida à élever un escalier accolé & la « vis
commune. » Mais ce fut l'occasion d'une nouvelle diffi-
culté : Antoine Nupieds, marchand, devenu propriétaire
de ta maison de Gilles Chastaigner ' , prétendit s'y op-
poser, cette construction masquant les jours de l'escalier
commun ; une transaction intervint le 10 avril 1645 :
Pierre Briand put continuer la vis commencée à condi-
tion de la clore du côté du château « de petites colon-
nes de boîs en forme de balustre, en sorte qu'il y aura
du moins autant de vuide que de remply, » et d'agran-
dir les petites ouvertures de la vis commune*.
Les titres de propriété ne contiennent pas d'autres
actes relatifs à Pierre Briand : il mourut en 1654, lais-
■ Ce cotisidéré, Monsieur, vous playse enjoindre à ladite Suzan-
ne Jou}^ et autres exploivtans ladile maison de se comporter en
Texploict desdites communaultés en bon père de famille, de ces-
ser l'exercice dudit cahareltage ou bien se retrancher en portions
de ladite maison orui ne sont communes audit Briand, ou du
moins leur faire deiTenaes de tenir berlan. de vendre vin pendant
le divin service et passé huict heures du soir, suivant et au désir
des ordonnances et règlements sur ce faicts, de tenir leurs caves
fermées tant de jour que de nuict, sur peine de cent livres d'a-
mende, dommages et mterest dudit Briand, et vous ferez justice.
" P. Briand. »
" Soit faict comme il est requis.
Feict à Laval le 23 aousl 1633. •
* Leclerc. d
(Suit la signification d'huissier à Suianne Jouin).
1. Antoine Nupieds et sa Temme. Anne Cailler, avaient pris
celte maison â rente en I6i0. Les obligations portées au contrat
n'ayant pas été remplies, elle revint, en 1692, en la possession
des enfants de Gilles Chastaigner, qui, le 9juillet 1701, la vendi-
rent à Jacques Beudin, notaire et greflîer au siège de Laval, Sa
fille Jeanne, mariée à François Le Balleur, avocat, en hérita, et
la transmit à leur fille mariée à N... Desaulnois, officier au siège
de l'élection de Mayenne; celle-ci, devenue veuve, la vendit à
André Tessier, épicier,
2. Ces deux escalitirs existent encore. — Ils donnèrent lieu en-
core à quelques difficultés, en 1703, entre les propriétaires des
deux maisons Adenette Freuslon, veuve de Jacques Pouget. maî-
tre chirurgien, et Jacques Beudin, notaire, greffier au siège de
Laval.
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- 596 —
8ftnt 88 maison et le pavillon qu'il avait fait construire
sur la porte du château à sa fille Julienne', qui avait
épousé Sébastien Audouin, sieur des Chesnea. L'histoire
de cette maison ne présente d'ailleurs que peu d'intérêt.
En 1685, Audouin et sa femme la vendirent à Jacques
Pouget, maître chirurgien, marié à Adenette Freuslon;
elle passa par aucceasion à Marie Pouget, femme de
Reué Taupin, sieur de la Frardière, chirurgien, dont le
(ils, Jean Taupin de la Frardière, la vendit, en 1752, à
Madeleine Jendry, veuve de Pierre Nourry, notaire.
Leur iîlle, Marie, mariée à François Lasnier de Vauce-
nay, négociant, en hérita et la vendit, en 1774, à Louise
Ancelin, marchande faïencière. Après la mort de cette
demoiselle, elle fut adjugée à François Le Roux, égale-
ment marchand faïencier, puis elle appartint à la fa-
ntille Lucas, qui en 1874, l'a vendue au département de
la Mayenne'.
Pendant tout le XVIII* siècle, la chambre du pavillon,
au-dessus de la porte du château, servit de greffe aux
officiers du grenier à ael de Laval et de La Gravelle qui
l'avaient louée à cet effet avec le grenier aitué au-dessus.
Jdlss-M.\.bie Richard.
1. Fille de Pierre B. et de Julienne Oaudin.
2. Le motif de cette acquisition est le besoin d'agrandir la pri-
son : voilà donc encore une vieille maison de Laval menacée de
destruction ! Quant à l'agrandissement de la prison, il faut espé-
rer que cet enlaidissement sera épargné à notre vieux château ;
espérons aussi qu'un jour viendra ou la ville de Laval pourra
traiter avec l'Etat et le département de la construction d'une
prison mieux située et mieux aménagée, et profitera de cette
combinaison pour restaurer le château de Laval et en faire, comme
à Vitré, comme en d'autres villes, un musée d'oeuvres d'art et
d'antiquités.
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SIGILLOGRAPHIE
DES SEIGNEURS DE CRAON
La Sigillographie de Craon, qui devait être un travail
exclnsivement archéologique, sera aussi et surtout une
étude historique. Lorsqu'elle a été entreprise, on avait
pour but d'en faire le couroDuement de l'histoire de
de cette illustre famille. On se proposait de prendre
pour base le travail de Ménage ' et, croyant ta généalo-
gie donnéepar lui établie dans tous ses points, on estimait
devoir seulement grouper autour de chaque génération
ceux des monuments que d'activés recherches permets*
traient de réunir.
La désillusion est vite venue.
1. Les flrénéalogiea de Craon données par Horéri et par La
Chenaye-Desbois dans leurs Dictionnaires, celle du P. Anselme,
celle qui a été suivie par l'auteur de l'article Craon du Maine et
l'Anjou et par l'abbé Duchesne dans son Craon et ses barons
sont des reproducUona du système organisé par Ména^.
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Ménage' a vu énormément de documents, mais il ne
les a pas toujours bien lus ; leur portée du moins lui a
quelquefois échappé ; souvent il les g, défigurés en les
reproduisant, ou bien il en a mal interprété la date.
M. de Bodard^, venu près de deux cents ans après
Ménage, n'est pas un guide plus sur. 11 a eu à sa dispo-
sition des sources nouvelles — le Cartulaire de la Boë,
entre autres — et avec la plus parfaite bonne volonté,
avec un courage des plus méritants, il a produit un
énorme volume sur Craon ; mais son érudition est sou-
vent en défaut. Ses textes sont reproduits sans aucune
précision, les actes imprimés eux-mêmes ne sont pas
rendus avec exactitude. Il se contredit à peu de pages
d'intervalle et tombe dans des pièges grossiers. On le
sent, son travail n'est pas solidement établi : les docu-
ments qui devraient en être la charpente n'ont pas été
sérieusement étudiés. En outre, les indications de sour-
ces sont inexactes au point de rebuter la patience de
ceux qui veulent le suivre sur ce terrain.
Pour éviter les mêmes erreurs, pour trouver enfin une
base solide, il fallait revoir tous les documents, lire tous
les actes, les contrôler l'un par l'autre, et, se mettant en
garde contre les textes employés à contre-sens, arriver
à dresser le tableau complet des pièces relatives aux sei-
gneurs de Craon. Ce tableau, qui prend ici le nom de
Cartulaire de Craon, est le guide à peu près infaillible
qui a été suivi dans la rédaction du travail. Il permettra
Paris, t6S3, in-folio 4-34-451 p. En 1844-1S45 il a été [lubtié dans
VAimuaire de la Sarthc, sous le titre de Seconde partie de l'His-
toire de Sablé un travail dans letjuel on en doil plutôt reconnaître
la sij:ième partie. Il faol tyouter ici que la Revue de l'Anjou, dans
son volume de 1869, p. 93-103, B publié une Description de Sablé
par Ménage,
3. Chroniques Craonnaisea, par M. de Bodard de la Jacopière,
deuxième édition, Le Mans, 1S71, 8-750 p. in-S", orné de 30 plan-
ches, tiré à deux cents exemplaires.
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à tout le monde de se reporter aux sources, et, en rap-
prochant les documents utilisés ici de ce qui sera décou-
vert par la suite, d'arriver plus près encore de la vérité.
On trouvera le Cartulaire de Craon publié à la suite
de la notice sur chaque seigneur. Constitué en un corps
unique par un numérotage continu, it aura l'immense
avantage de simplifier extrêmement te renvoi aux sour-
ces. La grande majorité des pièces n'y figure que par
une analyse des plus courtes. Pour un certain nombre
des plus importantes on a cru devoir donner les textes
complets. Mais on s'est borné aux documents restés
inédits et pas un seul de ceux qu'on y trouvera in
extenso n'a été correctement publié jusqu'ici. On s'é-
tonnera sans doute de n'y rencontrer aucun des actes du
Cartulaire de la Roë : respectant un projet de publica-
tion intégrale annoncé depuis quelque temps déjà, on
a cru devoir s'abstenir de tout emprunt aux textes im-
portants qu'il renferme'.
Quant aux notices sur chaque seigneur, on s'est ef-
forcé de leur donner toute la brièveté possible, mais on
espère racheter la sécheresse inévitable de la forme par
le large contingent de faits nouveaux qu'on est parvenu
à y grouper. On peut le dire en elTet dès maintenant : la
généalogie de Craon trouve ici de singulières et impor-
tantes modifications.
Au XI' siècle, on rétablît dans la série des seigneurs
Suhart II, celui-là même qui, par sa forfaiture, amena
la confiscation de Craon par Geoffroy-Martel ; on réta-
blit, parmi les enfants de Robert'le- Bourguignon, cette
1. Le Cartulaire de la Roi est conservé aux Archives de la
Al.iyenne, M. Planté travaille depuis lon^emps déjà à en donner
une édition. La bibliothèque de la rue de Richelieu à Paris en possè-
de une excellente copie prise par M. Marcheçay et complétée parle
texte de ouelques-uns des originaux du fonds de la Roe des Archi-
ves de la Mayenne. M. Marchegay a légèrement modifié le numéro-
tage des chartes. Les renvois sont faits aux numéros adoptés par
lui.
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- 600 -
Burgundia dont tous les hiatoriens faisaient une <te-
moieelle de Chantocé, belle-sœur de Maurice I.
Au XII* siècle, on confirme l'existence de Gaérin II,
déjà signalée par M. de Bodard, ainsi que celle de Mau-
rice III ; on mentionne pour la première fois le second
mariage d'Etiennette, veuve de Maurice I ; on écarte de
la généalogie Hugues de Mathefelon, dont on avait fait
un fils de Hugues de Craon. En fixant vers 1170 le ma-
riage de Maurice II, on établit le décès de Geoffroy IV
de Mayenne vers 1169; on restitue à Maurice II un fils,
Renaud, omis par tout le monde ; on confirme, au aujet
de son second gendre, Pierre de la Gamache, ce qui
avait été dit pour la première fois dans la Sigillogra-
phie des Seigneurs de Laval et on y ajoute de nombreux
'détails.
Au XIII* siècle, on rétablit Amaury II au nombre des
seigneurs et par contre on supprime Maurice VI, qui n'a
jamais existé ; on restitue à Maurice IV sa femme Isa-
belle de la Marche, que tout le monde faisait épouser à
Geoffroy de Rançon et à Maurice V de Craon ; on rend
à ce dernier son épouse Mahaut de Malines et à Maurice
IV sa fille Jeanne, qu'on avait transportée à ta généra-
tion suivante, etc., etc.
Cette laborieuse reconstruction de la généalogie de
Craon n'a pas nui à la partie archéologique du travail.
Comme dans la Sigillographie des Seigneurs de Laval*
on trouvera réunis tous les sceaux des possesseurs de
Craon antérieurs aux La Trémollle*, ceux des divers
1. Sigilloeraphie des Seigneurs de Laval, par MM. Bertrand
de Broussillon el Paul de F^rcy, 1888, 152 p. in-S», orné de 209
vignettes. Ce travail, destiné à compléter la publication du Mi-
moire sur les Seigneurs de Laval de Bouiiolly, fail« en 1B86 par
MM. Le Fizelier el Bertrand de Broussillon, ne renferme pas
celles des découvertes historiques de notre époque qui avaient
pria place dans son devancier.
2. Les sceaux des la Trémollle sont pour la plupart gravés
dans lasplendide publication du duc de la TrémolUe, Le Char-
trier de Tkouars.
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- 601 -
personnages de leur race ainsi que ceux de leurs alliC'S
au premier degré. Plus favorisée que celle de Laval, la
série de Craon ne présente presque pas de lacunes. Les
monuments qui la constituent sont inédits pour l'im-
mense majorité, car comment ne pas appeler inédits les
sceaux décrits, mais non figurés dans les inventaires.
Ils ont été fournis par la grande collection constituée
aux Archives, laquelle ne contient pas moins de trente-
six mille neuf cents moulages, dont la nomenclature se
trouve non seulement dans les trois volumes : Inventaire
des sceaux des Archives publias sous le nom de M.
Douet d'Arcq, mais encore dans les six qui portent le
nom de M. Demay : Sceaux de Flandre, Sceaux de
l'Artois et de la Picardie, Sceaux de la Normandie,
Sceaux de la collection ClairambauU. Aux sceaux em-
pruntés à cette collection, dont les empreintes sont mi-
ses pour un prix minime à la disposition du public, on
a eu la bonne fortune d'enjoindre plusieurs, dont aucun
inventaire n'a signalé l'existence : quelques-uns ont été
découverts parmi ceux que M. Demay a malheureusement
omis en faisant opérer les moulages des Titres scellés < de
la collection constituée autrefois par Gaignières, et qui
porte le nom de collection Clairambault, parce qu'elle est
entrée à la Bibliothèque de la rue de Richelieu après avoir
appartenu au généalogiste du roi. On a consulté avec fruit
aussi les Pièces originales ' et emprunté quelques uns de
leurs dessins aux recueils de chartes constitués par Gai-
gnières. Enfln certains vides ont été comblés par des mo-
numents fournis par les Archives de Thouars. Ceux-ci
1. Ces omissions atlei^ent peut-être vinrt-cinq pour cent des
sceaux conservés dans les titres scellés. Elles sont désastreuses
parce que le travail de chaque jour effrite ces précieux monu-
ments et que rien n'aurait dû autoriser M. Demay à écarter les
empreintes de tel personnage plutAt que de tel autre.
2. Ce fonds fait partie lui aussi des collections conservées ù la
Bibliolhëque de la rue de Richelieu, au Cabinet des Manuscrits.
38
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sont dus à la gracieuseté de M. le duc de la Trémollte,
qui a (iaigné autorisei'M. l'abbé Ledru à communiquer
les précieuses empreintes dont il est possesseur.
Avant de divulguer le fruit de leurs recherches, les
auteurs de ce travail adressent une prière à ceux qui
seront tentés de les suivre dans la voie qu'ils ont eu
quelque peine à tracer. Ils désirent conserver la pleine
propriété de leur œuvre. A Paris on n'a pas certaines
faiblesses ; en province au contaîre il existe des auteurs
qui, vivant du fonds d'autrui, n'hésitent pas à s'en ap-
proprier les richesses sans consentir à avouer tout ce
qu'ils doivent soit au labeur des autres soit à de libé-
rales communications. On leur demande un peu de res-
pect pour les pages qui vont suivre.
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LE BLASON DE CKAOX
n' doit, avant d'entre-
prendre l'histoire de la
maison de Craon, exa-
miner quel a été le bla-
son de cette famille;
on constatera ainsi que,
jusqu'à la RéVblution,
il s'est conservé sur le
sceau des contrats de
la ville et que aujour-
d'hui encore, il figure sur l'un des quartiers de i'écu
des la Trémoïlle et des Beauvau, descendants les uns
et tes autres par les femmes des seigneurs de CraoD.
Ces armoiries, dont les sceaux ne nousfournissentpas
les émaux, étaient : losange d'or et de gueules. Elles
n'ont pas été omises dans les armoriaux du XIV" et du
XV' siècle. En effet on trouve dans VAimorial dressé
vers 1396 par le héraut Navarre, parmi les « banerois
d'Anjou » :
Le sire de Craon, losengié d'or et de gueules;
Monsieur Pierres de Craon, sembla blement à uiig
lambel d'azur ;
Monsieur Guillaume de Craon, semblablement à ung
bâton d'azur.
Dans l'Armoriai du héraut Berry, vers 1450 ;
Le sire de Craon, losange d'or et de gueules ;
1. La lettre initiale, ligure 1, est empruntée à VObiuiaire du
prieuré de la Haye aux Boitsliommes d'Angers.
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— 604 —
Et dans VArmorial du héraut Secltle, vers 1455 :
Le sieur de Craon, losetigié d'or et de gueules ;
Le viaconte Diny de Craon, qui eat losengié d'argent
et de gueules au bâton d'azur, de Craon le Fort, cy-
dessusau lambeau de sable*.
Ce blason n'a certainement pas été porté par les pre-
mières générations de la famille de Craon et on ne sau-
rait songer à trouver des monuments leur appartenant
où il aurait pris place. On le sait aujourd'hui, les armoi-
ries héréditaires datent du dernier tiers du Xll* siècle.
Il est facile de s'en assurer, car les monuments sont as-
sez abondants pour ne laisser aucun doute sur l'époque
à laquelle certaines familles ont pris leur blason.
M. Démay, dans son Costume au Moyen-Age d'après
les sceaux^, l'a constaté : il n'en existe aucun exemple
antérieur à 1170 et plus d'une famille parmi les plus
considérables a laissé s'écouler bien des années posté-
rieures à cette date sans adopter l'écu blasonné. Ce fait
est mis en pleine lumière par la comparaison des sceaux
de Philippe d'Alsace en 1164et en 1170; de Bouchard V
de Montmorency en 1169 et en 1177 ; de Conan de
Soissons en 1172 et en 1178 et 1180 ; de Mathieu III de
Beaumont-sur-Oise en 1177 et en 1189; des Garlande
en 1170 et en 1192 ; de Girard de Saint-Aubert en 1185
et en 1194; de Beaudouin de Hainauten 1182 et en 1195;
de Geoffroy, comte du Perche en 1190 et en 1197; des
d'Avesne en 1186 et en 1199; des Picquigny en 1190 et
en 1199; les plus anciens ne possèdent pas le blason
qu'on trouve sur les derniers seulement.
On ne connaît aucune empreinte de sceau équestre des
CraoD appartenant à l'époque antérieure au blason ; à
son défaut, it est curieux de publier ici le sceau inédit
1. Ce n'est ici qu'une copie infidèle du premier armoriai. Il faut
lire le o vicomte de Ch&teaudun... » et n Pierre de Craon, dit le
Fort. »
2. Paris, Dumoulin, 1880, 496 p. in-ï", pages 189 à 203.
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- 608 -
de Jubel II de Mayenne, d'après uoe empreinte de 1158
(Archives, n' 2771). Juhel (figure 2) est repr»^aenté la
tôtc couverte d'un casque pointu, vêtu d'un haubert, tenant
d'une main une large épêe et de l'autre un grand bouclier
rond dont on voit l'intérieur.
> — Sceau de Juh«l II da Mayenae, 1IA8.
Rien jusqu'ici ne permet de savoir exactement à quelle
date les Graon ont adopté le losange d'or et de gueu-
les. Tout ce qu'on peut dire c'est que la première em-
preinte blasonnée remonte à Maurice III et qu'elle ap-
partient à 1206, dernière année de sa vie.
On en trouvera ici à la fois un dessin pris sur l'ori-
ginal (figures 3-41 et la reproduction (figures 5-6) d'un
croquis pris par l'un des dessinateurs de Gaignières sur
une empreinte de 1207 et inséré par lui au folio 321 du
manuscrit 22,450 du Fonds français.
Après avoir été porté pendant près de trois siècles
par tes Craon, ce blason n'a pas disparu : il figure en-
core de nos jours dans l'un des quartiers du blason des
la Trémollle qui, héritiers de la baronnje par l'une de
leurs grands'mères, Marie de Sully, décédée à Pau en
1409, ne la possédèrent que jusqu'en 1586, époque oà
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- 606 —
elle sortit de leur famille par le mariage de Charlotte de
la TréraoïUe avec Henri I de Condé.
On le trouve aussi dans l'écu écartelé dea Beauvau,
qui n'ont jamais possédé le Craon d'Anjou, mais qui en
ZA. — S''.«au et contre Bceau de Maurice III. 1*06.
portent le blason en souvenir de Jeanne de Craon,
épouse de Pierre I de Beauvau, laquelle eut le courage
de solliciter elle-même l'opération césarienne et donna
au prix de sa vie le jour à son second fils, Jean IV,
d'où sont descendus tous les Beauvau.
II faut ajouter ici que, dans la famille de Beauvau,
le nom do Craon a pris une nouvelle illustration, grâce
à la faveur du duc de Lorraine i)our Marc de Beauvau et
Anne de Lignivilie, son épouse : Marc, en sa qualité de
cadet, s'était fait appeler M. de Craon ' ; aussi lorsqu'il
obtint, en 1712, l'érection d'Haudonvillers on terre titrée
à son profit, c'est le titre de marqui.sat de Craon qu'elle
reçut et qui bientôt fut changé, par un diplôme donné
1. Ce fait est mis hors de doute par la lecture du curieux ap-
pendice <ijr)uté p.ir M. Meaume à son travail sur la Mère du
chevalier de Boufjlers, intitulé Léopold. duc de Lorraine, et la
mère de la marquise de Boufflers, au volume de 1B85 du Bul-
letin du Bibliophile, p. 38-59.
./Google
~ Sceau e( contre-sceau de Maurice III, IXi7 [d's|ir^s Gaignitres).
Digiliz=db,G00glC
par l'Empereur en 1722, en celui de principauté de
Graon '.
Quant au blason de la ville de Craon, on doit à M. de
Bodard la publication d'un monument qui déroute abso-
lument tous ceux qui ont un peu étudié la question. On
trouve à la planche xxvii de ses Chroniques Craon-
naises une lithographie qui représente l'écusson de l'une
des clefs de voûte de l'ancienne église de Saint-Nicolas.
L'écu est de gueules au sautoir d'argent cantonné de
quatre losanges de même ; il est entouré d'une couronne
de feuilles de chêne et non pas d'une couronne murale.
M, de Bodard y voit les armes de la ville de Craon. 11 est
impossible d'admettre cette attribution. D'Hozier, il est
vrai, dans Y Armoriai de 1696^, a enregistré, pour la
ville de Craon, les armes suivantes : de gueules au sau-
toir d'argent; mais on le sait, les attributions de YÀrmo-
rial général n'ont aucune force probante ; il y avait
obligation, d'après l'édit, de faire enregistrer tous les
blasons moyennant le paiement de vingt livres ; beau-
coup de personnes ont payé les vingt livres et ont laissé
enregistrer tout co qu'on a voulu ; c'est là à coup sur le
1. Le diplAme est du 13 novembrclT22; mais dèsie 30 septem-
bre 1722 une dépêche de M. d'AudifTret anDonçait que l'empereur
venait de conférer au marquis de Craon ■ et aux atnés de ses
descendants la dignitë, droits et prééminences de prince
de l'Empire, a On y lit que ce titre lui est accordé n sous
le nom de prince de Beauvau et non sous celui de la terre de
Milhausen, qu'il a achetée dans le pays de Wurtembei^. »— Il
faut remarquer cependant qu'il fut des lors désigné sous le titre
de prince de Craon comme le prouvent des lettres du 8 janvier
1727 et 14 mars 1735 {Voir d'HaussoBville,AéuN{on(/e /a Lorraine
à la France, t. IV, p. 156, 418, 430). — Craon de Lorraine étant
le même nom que Craon d'Anjou doit, comme ce dernier, se pro-
noncer en une seule svllabe : Cran. — On sait par la Correspon-
dance de M"* du Deffand qu'en 1759 Voltaire fut en pourparlers
avec madame de Mirepoix pour lui acheter la terre de Craon en
Lorraine (Voir édition Lescure, 1865, 2 in-8", t. 1. p. 252, 254,
256).
2. Touraiiie, a" 1204.
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cas de Craon et de toutes les villes ou paroisses qui
n'avaient pas d'annoiries particulières.
Craon possédait «ne cour seigneuriale et, par cela
même, ne pouvait avoir un blason différent de celui de
sa cour.
Ici encore les monuments ne font pas défaut, car on
trouve aux Archives de la Mayenne, dans les fonds du
prieuré de Saint-Clément de Craon, de la collégiale do
Saint-Nicolas et du prieuré de la Hayc-aux-Bonshommes,
un grand nombre d'empreintes des sceaux des contrats
de Craon.
La plus ancienne empreinte connue remonte à l'année
1323. C'est un fragment informe (figures 7-8) où ne se voit
tS. — Sceau de conirau de Craon, I3SI,
plus qu'un 6cu losange^ de sorte qu'il est impossible de
dire, comme pour les sceaux des cours de Laval, de Vi-
tré, de Meslay', s'il a été certainement gravé au milieu
du Xlll* siècle.
Le contre-sceau porte le même écu et la légende en
français se lit ainsi : ...s ....des c\vsESDECR...IIe9t rond
et mesure 0" 02.
Une empreinte de 1374 (figure 9, Archives^ n' 4544)
présente un sceau légèrement postérieur. Il est rond, de
0"'04 ;récu est accosté dans le champ d'une étoile et d'un
1. Ces trois sceaux onl pris place dans la SigUlograp/iie de
Laval, sous tes numéros 74 à 79. On y a expliqué comment ils
ne pouvaient être antérieurs à 1250, époque oùle fils d'Emma a
abandonné Je canton d'hermines pour prendre les cinq coquilles.
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- 610 -
croissant ; au-dessus se voit une croisette. Légende : •{• le
SEEL DES ...AVSES DE CR\oN. Le contre-âccau, pour les
empreintes ïes plus anciennes, est celui qui ligure
B-IO — sc«au des contrats du XIV siècle avec le conlr&aceau du XV' siècle
plus haut avec le aceau de 1323; mais, dès 1390, on
trouve un autre contre-sceau absolument semblable au
11, — Sceau des contrais de Craon du IV' siècle.
sceau iui-mémc, sauf qu'il est moitié plus petit ' (figu~
re 10).
2. C'est ce conlre-sceau qui est reproduit a la page 135 de la
Maison du Briat. Malheureusement en l'agrandissant, on lui a en-
levé toute authenticité.
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— 611 —
Le sceau ayaat été perdu ou brisé, ou en fît faire un
troisième qui servit seul à partir de 1453. Il est admira-
blement gravé et d'une netteté remarquable (figure 11).
C'est la reproduction du type précédent auquel on a ajouté
de petites palmes adossées aux trois angles de l'écu. La
légende est composée de mots séparés par une rose :
s. DES. CONTRA.S. DE. CBA.ON.
Ce sceau, dont il existe plusieurs exemplaires aux
Archives de la Mayenne, servait encore en 1457 à une
époque où depuis longtemps la baronnie de Graon, par
l'extinction de la branche aînée de ses seigneurs, était
tombée en la possession d'autres familles.
En 1464, il fut remplacé par un autre qui n'est que
l'agrandissement du contre-sceau gravé quelques années
auparavant ; il a la même netteté et porte les mêmes or-
nements.
Ce sceau a déjà été publié, d'après un exemplaire un
peu déformé des Archives de la Mayenne ' ; il servait en-
core en 1522. Quelques années plus tard, en 1544, les
seigneurs de la Trémollle, barons de Craon, le rempla-
cèrent par un sceau ou leurs armoiries sont écartolées
de celles de Craon. L'écu (figures 12-13) est entouré de
1. Sceaux détachés de Goué, T. 111, des Procès-oerhatix de la
Commission de ta Mayenne, p. 96.
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- 612 -
rinceaux, la légende se lit ainsi : •}• le seau des con-
trats DE CRA.ON. Il fui en usage jusqu'en 1609 ; le con-
tre-sceau, devenu très fruste, ne porte que le losange
de Craon. Il rappelle vaguement le premier contre-sceau
dessiné plus haut et la légende des empreintes qu'on
connaît est illisible.
A partir de 1609, alors que le prince de Condé, Henri
II de Bourbon, fils de Henri I et de Charlotte de la Tré-
moïlle, était baron de Craon, le sceau des contrats de
Craon présente l'écu de France entouré du collier de l'or-
dre et surmonté d'une couronne fermée. La légende est
pfTacée. Quoique la baronnie de Craon ait été vendue
dès 1620, aux d'Aloigny, ce sceau servait encore en
1634'.
A ta fin du XVIII' siècle, on trouve des cachets de
cire rouge plaqués aux actes de la baronnie de Craon,
L'écu ovale est écartelé de la Forest d'Armaillé et de
Craon ancien, avec une couronne de marquis et deux
lions pour supports- (figure 14).
It. — $c«au des mnlrats de Craon au XVIII* aiéde.
On le voit, sauf pendant les quelques années qui ont
suivi 1609, l'écu losange n'a pas cessé jusqu'à la Révo-
lution de prendre place sur le sceau des contrats.
1. Saint-Nicolas, t. V, pièce 32.
2. Arc/iivcs du château du Roseray (commune de Ballots, elc.)
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— 613 —
De tant de monuments où ces armoiries ont été pein-
tes autrefois, ou sculptées, de tant de vitraux, il ne reste
plus rien. On doit signaler cependant un vitrail (figure
15) qui ne parait pas antérieur au XV' siècle et qui
orne l'une des fenêtres de la nef de l'église de Denazé
(Mayenne) .
: l'église de Deoazi. -
- Pilier de l'ancien Sainl-CtémeDl
Il existait, dans l'ancienne église Saint-Nicolas de
Craon, un pilier que M. Louis de Farcy a eu l'heureuse
inspiration de dessiner avant sa destruction (figure 16).
Comme il est facile de le voir aux ornements du chapi-
teau, il date seulement de l'époque de la Renaissance ;
et, si le sculpteur y a fait figurer le blason en bannière
des anciens Craon, cela tient sans doute à ce que ce pilier
en remplaçait un autre où ces mêmes armes avaient Hé
sculptées au XIV' siècle.
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Il
ANCIENNE MAISON DE CRAON
Un petit nombre de documents, demeurés d'ailleurs
jusqu'ici inédits, permet de dresser la liste des posses-
seurs du fief de Craon au XI* siècle. M. de Bodard ne
compte que deux seigneurs ; les chartes en font connaître
un troisième.
Dans les premières années du XI" siècle le fief appar-
tenait à Suhart-le-Vieux. C'est lui qui fit don à l'abbaye
de Saint-Aubin ' de l'église Saint-Clément de Craon, la-
quelle Geoffroy-Martel, devenu maître de Craon, à la
suite de la forfaiture du seigneur, abandonna à l'abbaye
de la Trinité de Vendôme. Par la suite les deux abbayes
se disputèrent la propriété du prieuré et leurs querelles
donnèrent lieu à la confection d'un certain nombre d'ac-
tes. Quelques-uns ont été imprimés ; d'autres — et ce
ne sont pas les moins intéressants — verront ici le jour
pour la première fois*. En 1054 Geoffroy-Martel, dont la
partialité en faveur de la Trinité était évidente, rend
une sentence rejetant la requête que lui avaient présen-
tée les moines de Saint-Aubin. Cette sentence est con-
nue par le texte conservé au Cartulaire de la Trinité'^
et par une notice des moines de Vendôme *. Il est extrê-
mement curieux d'en rapprocher la critique qu'en firent
les moines de Saint-Aubin dans une longue notice pu-
bliée plus loin\ En 1059-1060 trois lettres d'évéque
1. Ce don fui fait du temps de l'abbé Hubert, éiu le 3 septem-
bre de l'an lOOO.
2. Vq\t Cartulaire de Craon, numéros? etll,
3. C'est cette sentenœ du 26 mars 1054 (u. s.) qui esl imprimée
à la pa^ 5S!) des Chroniques Craonitaises.
4. Cartulaire de Craon a" 1.
5. Cartulaire de Craon n' 11.
Digiliz=db,G00glC
_ 615 -
montrent que la cour de Rome était saisie de la ques-
tion'. En t067 les moines de Vendôme obtiennent du
légat Etienne une sentence qui leur est favorable^ ; en
1072 un accord intervient entre la Trinité et Saint-Au-
bin : Saint-Clément devait faire retour à Saint^Aubin,
moyennant le paiement de deux cents livres. Mais Saint-
Aubin ne veut pas s'exécuter et dresse une plainte très-
vive contre le légat Gérard. Enfin vingt ans après, le
24 novembre 1092, Urbain 11 promulgue une transaction
passée entre les deux abbayes par laquelle Saint-Aubin
recevrait Saint- Jean- sur- Loire et renoncerait à toutes ses
prétentions sur Saint-Clément. Eji 1096, à Saintes, le
légat Amat maintint cette transaction qui fut ratiliée
une fois de plus en 1115 par une bulle du pape Pascal IP.
Suhart-le-Vieux eut pour successeur d'abord Guérin I,
puis Subard-le-Jeune, ses deux fils, ainsi que le disent
expressément les moines de Saint-Aubin et la sentence
de 1096 du légat Amat*.
Suhart-le-Vieux eut un troisième fils : Guérin-le-BA-
tard, qui en 1054 était moine de Saint-Aubin et qui,
devant la cour tenue par Geoffroy-Martel pour juger le
différend relatif à Saint-Clément, s'efforça d'obtenir le
maintien de la donation faite par son père-'.
Guérin I de Craon avait laissé une fille, Berthe, qui
épousa en premières noces Robert de Vitré et en secon-
des Renaud, fils de Robert-le-Bourguignon. Ce n'est
pas lui qui fut l'auteur de la forfaiture ayant amené la
confiscation de Craon par Geoffroy-Martel. Elle fut le
fait de Suhart-le-Jeune qui figure nu nombre des témoins
d'actes de 1037 et de 1041",
1. Voir Cartulaire n" 15.
2. Voir Cartulaire n"' 30, 35.
3. Cartulaire de Craon n"" 36, 69. "1, 102.
4. Cartulaire n" 11 el 78.
5. Cartulaire a" i\ .
6. Cartulaire n" 2, 3.
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lU
ROBERT LE BOURGUIGNON
Vers 1150 — Vers 1198.
Robert le Bourguignon, à la fois chef de la seconde
maison de Craon et tige de celle de Sablé, était le
quatrième fils de Renaud I de Nevers, comte d'Auxer-
re, et d'Adélaïde, fille du roi de France Robert I. Son
frère aine, Guillaume, fut comte de Nevers etd'Auxerre ;
ses deux autres frères, Henri et Guy, sont, en même
temps que Robert, témoins d'un don fait à Saint-Aubin
entre 1056 et 1060 ; ils sont également nommés en 1067
dans le don de Saint-Malo à Marmoutier'.
Elevé à la cour des comtes d'Anjou, Robert épousa
Avoise, dite aussi Blanche, filie de Geoffroy-Ie-Vieux^,
seigneur de Sablé, et qui par ie décès de son frère, ap-
pelé aussi Geoffroy, en fut l'unique béritière.
Comment Robert le Bourguignon devint-il seigneur
de Craon ? Plusieurs documents parfaitement concor-
dants montrent que le dernier descendant de l'ancienne
maison de Craon, Suhart-le-Jeune,8e rendit coupable de
forfaiture ; que Geoffroy-Martel, comte d'Anjou, pro-
nonça la confiscation du fief et, qu'après l'avoir conservé
un certain temps, il en donna l'investiture à Robert-le-
BourguignoQ ^ ; mais aucune pièce contemporaine, au-
1. Carlulaire n" 14, 22, 28.
2. Geoffroy ie Vieux, sei^eurde Sablé, était frère de Raoul, !e
vicomte du Maine et d'un nommé Eudes ; sa Femme étiùl Adélaïde ;
ses enfants su nommaient Drogo, Buchard et Liziard. Tels sont les
renseig'nements fournis par les chartes VIII el IX du Cartulaire
de la Couture où ne sont mentionaés ni Geoffroy, ni Avoise.
3. Carlulaire a» 6, 7, 11.
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1
- 611 -
cune <diroDiqu6 même, se domie les détails qoi ont pris
place dans les histoires modernes.
La date de Tiavestitare de Robert est difficile à fixer :
d'une part en 1041 Suhsrt est encore témoin d'un acte de
Geoffroy- Martel < et de l'autre l'inveatitiire de Craon par
Robert est mentionnée dans la charte de Geoffroy-Martel,
constituant le monastère de la Trinité de Vendôme, da-
tée du 31 mai 1040^. En outre, selon M. de Bodard,
« la IV* charte de la Roë dît positivement que Nerra
était intervenu dans le don de la terre de Craon à Ro-
bert le Bourguignon. » 11 suffit de lire la quatrième
charte de la Hoè ^ pour voir qu'il n'y est nullement ques-
tion de Foulques Nerra, Quais bien de Foulques Réchin.
Quant à la charte de 1040, elle contient au milieu même
de son texte, une interpolation évidente d'une approba-
tion que le pape Clém^uit 11 n'a pu donner qu'après
1046; rien ne peut garantir que le passage relatif à
Saint-Clément de Craon n'est pas interpolé lui aussi. En
présence des documents qui tous attribuent à Geoifroyr
Martel la main-mise sur Craon, et son abandon à Ro-
bert, il faut placer ces événements entre 1041, date de
la dernière mention de Suhart, et le 26 mars 1054, date
de la sentence de Geoffroy-Martel maintenant à la Trinité
la possession de Saint-Clément.
Il restait de l'ancienne maison de Craon une héritière,
Berthe, 6Ue de Guérin, mariée à Robert de Vitré*. Ce-
t. Cartulair» n* 3.
1. Celte charte vient d'Être très soigneusement publiée sous le
numéro 16 des Layette» du Trésor des Chartes. Eue n'existe plus
qu'à l'état de copie du XIII* siècle.
3. Cartulaire, a.» 93.
4. Ce Robert de Vitré est témoin dans des chartes datées par
M. de Courson 1037, 10^8 et vers i062, publiées par lui aux pa-
ges %kk, 839 et 384 de sou Cartulaire de HeOon. Berthe n'y
est pas nommée une seule fois, tandis qu'elle figure dans la charte
donnée vers 1064 portant fondation de Baiute-Croix de Vitré et
dans la lettre éci-ite par André, son fils, à Girard abbé de Saint-
Aubin (1082-1106) demandant de faire le 17 août l'anniversaire de
son frère Robert (Dom Lobineau, II, 258). L'acte qui suit dans
Dont Lobineau est passé dans sa maison.
39
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lui-ci mourut au moment où Robert-le-Bourguignon de-
venait veuf par le décès d'Avoise de Sablé. Robert con-
tracta une seconde alliance avec Berthe. En même temps
le fils aîné de Robert, Renaud, épousait la fîlle de Ro-
bert de Vitré et de Berthe, appelée Agnès, Enoguen ou
Domitilla. Puis, par une sorte d'échange dont les vérita-
bles motifs sont difficiles à saisir, Robert et Berthe, qui
semblent réunir sur leurs têtes les droits sur Craon ' , vont
s'installer à Sablé, tandis que Renaud, fils de l'héritière
de Sablé, et qui aurait dû en devenir seigneur par le
décès d'Avoise, devient seigneur de Craon et abandonne
Sablé à son père.
La mort d'Avoise advint après le 7 août 1067, date
de son intervention dans le don de Saint-Malo de Sablé
aux moines de Marmoutier. Quant à Renaud et Eno-
guen, ils ligurent ensemble, dès le 11 mars 1070, dans
ua don à l'abbaye de Vendôme. Robert et Berthe appa-
raissent dans une notice du 15 mars 1078 et dans un
acte de 1097 donné au moment du départ de Robert
pour la seconde croisade, à laquelle Urbain II en per-
sonne était venu à Sablé même, le 14 avril 1096, le
conjurer de prendre part^.
Il mourut sans doute en Terre-Sainte dans le courant
de l'année 1098.
Le Cartulaire de Craon comprend la nomenclature
d'un grand nombre d'actes dans lesquels intervint Ro-
bert-le -Bourguignon. On y a réuni ceux qui relatent ses
générosités pour les abbayes tant comme douataire que
1. Sauf bien entenilu ceux des fils de Robert de Vitré : André,
Beigneur de Vitré après lui, et Robert décédé un 17 août entre
1082 et 11^6 (Voir Dom Lohineau. II. 258|.
2. Voir au Cartulaire la pièce 84 publiée in extenso, par la-
quelle on Bail qu'en 1097, c'est-à-dire entre le 5 avril 1097 et leï3
février 1098, s'est effectué le départ de Robert et celui de Renaud
de Ghâteau-Gontier.
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— tii9 —
comme seigneur de flof, conférant par son apprabation
la validité indispensable à la solidité de l'acte <.
Les faits de guerre de Robert sont peu connus ; en-
tre 1070 et 1080 Robert et Marcouard de Daumeray
furent remis en possession de Durtal^. Vers 1095. le
vicomte Hubert tit, de concert avec Robert, le siège de la
tour de Jean du Lude.
Orderic Vital ^ nous apprend que, pendant le siège de
Sainte-Suzanne (1083-1085) par Guiliaume-le-Conqué-
rant, Robert- le- Bourguignon aida les défenseurs de la
place et eut comme eux la bonne fortune de s'enrichir
des dépouilles des assaillants. Du reste le vicomte du
Maine, Hubert, l'objet de la haine de Guillaume, était
le propre neveu de Robert et en même temps son cou-
sin. En elTet, le 6 décembre 1067, Hubert avait épou-
sé Ermengarde, lîlle de Guillaume 1 de Nevers, frère
aîné de Robert* ; en outre Geoffroy de Sablé, beau-père
de Robert, était oncle du vicomte Hubert. Trois ans
après, en 1088, Robert figure avec Geoffroy III de
Mayenne et Hélie de la Flèche au nombre des chefs de
l'armée avec laquelle Robert-Courte- Heuse opère contre
Ballon et Saint-Cénery.
Robert-le- Bourguignon n'eut pas d'enfant de Berthe
1. M. Beautemps-Beaupré, dans i'inlroduclion du tome III de
se» Imtitutioiu et coutumes de l'Anjou, a donoé une notice sur
i'outurisation nécessaire aux c'glises pour acquérir. Il examine
les divers documents relalir» au litige sur Saint-Clément de
Craoïi.
2. Cariuiaire, n» 39.
3. Edition de la Société de l'Histoire de France, t. III, p. 197,
a%.
i. Ce faitnouaestrévéléparunprécepteauprolit deSaint-Mar-
lindeBelIâme, doiinti ie VIlI des ides de décembre 1067, et impri-
mé par Baluze à la page 49 du lume 111 de ses Miscellanea. On y
trouve parmi les signatures : Signum Guillelmi, comilîe Niver-
neiisit, qui ipso die filiam suam donavit Hulierlo, vicecomiti ceno-
manorum. — Par erreur le P. Anselme assigne à celte alliance
la date de 1097.
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de Vitré, sa seconde femme. Avoise de Sablé lui en avait
donné cinq :
Geoffroy,! — Renaud, — Robert, — Henri, — Béa-
trix.
II,. — GEOFFa»Y, dont aucun document n'établit
rexietence, mourut aana doute fort jeune.
IIj. — Renaud, dont l'article suit, et qui fut seigneur
de Craon vers 1 168.
113. — Robert qui, comme son père, fut souvent ap-
pelé le Rourguignon, et qui porta aussi le auroom de
VestroP. Il épousa Hersende de la Suze et fut la tige
des seigneurs de Sablé.
114. — 'Henri, seigneur du Lîon-d' Angers, qui vivait
encore en 1110 et qui — ainsi que l'a établi Ménage —
fut le père du célèbre Geoffroy, abbé de Vendôme*.
Ilg. — BÉATRix. 11 est certain que Robert eut au moins
une fille ^. Les historiens lui donnent le nom de Béatrix,
qui n'est fourni par aucun document, et en font l'épouse
de Geoffroy de Chftteau-Gontier*. Grâce à la publica-
tion du Cartulaire de l'abbaye Saint- Vincent du Mans
on est aujourd'hui certain que le gendre de Robert s'ap-
pelait Renaud de Château-Gontier et son petit-fils Ade-
lard ^. Malgré diverses tentatives ^, la généalogie des
i. Voir la charte 3S7 du Cartulaira de Saint Vîneent.
2. Voir, sur Oeofny>r, cinquième abbé de VendAme, ta notic«
que lui consacre M. C^eslin Port dans son Dictioimaire de Mai-
ne-et-Loire, et l'abbé Simon ■.Histoire de Vend4me,i. II, p. 103-
164.
3. Charte 164 du Ronceray.
4. Voir ce qui est dit au sujet de la famille ds Château-GtHitler
dans la Ckronica de gestis consulum andegavorum, p. 124-12S
des Chroniques d'Anjou de la Société de l'Histoire de Franc».
5. Cartulaire de Saint- Vincent, charte 366, et charte 8 de ta RoC.
6. Voir Bonneserre de Saint-Denis, eux pag-es 237-360 du tome
II de l& Revue nobiliaire; abhéFoitcauK, Documents sur C/idteau-
Gontier, ia-8°. Laval, 1683 ; Commission de la Mayenne, t. III,
p. 281-304 i Léon Maître, Tablettes chronologiques et historiques.
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— 681 —
fleigneurs de CbÂteau-Gontier n'est pas encore étaUie ;
aussi est-il utile de signaler un acte de 1063 < dans lequel
figure un Renaud, époux d'Isabelle, père de Renaud et
de Guichemin ; la charte 118 du Ronceray^ qui contient un
don. fait par Renaud, père d' Adélard et de I^aurence ; une
charte du 20 décembre 1123 faisant connaître à cette
date la mort de Mathilde femme d'Adélard ; la charte
120 du Ronceray relative à un don fait par Adélard pour
r&me de sa femme Mathilde ; une charte donnée entre
1125 et 1149 par Adélard, veuf de Mathilde, époux en
secondes noces d'Exilie et père de deux lils appelés Adé-
lard et d'un troisième appelé Renaud.
Le prieuré d'Avesnières, qui dépendait du Ronceray, ewt
à SB tète une noble dame appelée Bourguignonne, laquelle
était veuve de Renaud de ChAteau-Gontier et mère d'A-
délard. Cette Bourguignonne n'était autre que la fille de
Robert-le-Bourguignoo. Dans la charte 225 du Ronceray,
qu'il faut dater entre 1080 et 1096^, on voit Renaud et
Boui^uignonne aliéner au profit du Ronceray Montreuil-
sur-Maine, dot de cette dernière. Dana la charte 380
du Ronceray, Bourguignonoe, expressément présentée
comme mère d' Adélard, est devenue prieure d'Avesnières.
Dans la charte 381 du Ronceray, qu'il est assez difficile de
dater parce que entre 1095 et 1143 on ne connaît aucun
décès de Guy de Laval ^, Bourguignone achète une par-
tie d'Avesnières et Adélard figure au nombre des témoins
de l'acte. L'acte 383 du Ronceray dans lequel est ra-
contée l'acquisition du reste d'Avesnières, ne saurait être
1. Voir Dont Houtseau, n°*670 el 1441 et Cartutaire de Craon,
W 110.
3. C'est par erreur que M. Marchegay l'a datée de 1095 à 1100;
elle ne peut être postérieure à mai 1096, date du décès de Natal,
abbë de 8aint-Nicotas.
3. Cette charte est très certainement postérieure de près de
vinj^ ans à 1095; mais elle n'a pu Être écrite après 1120, date de
la mort de l'abbesse Thetburgis.
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- 64* -
postérieur à 1133, date du décès de l'abbesse Hilde-
burgis.
Il faut donc renoncer à voir dans cette Burgundia la
sœur d'Etiennette de Chantocé, épouse de Maurice I de
Craon, et reconnaître en elle la fille de Robert le Bour-
guignon.
Adélard, ou Alard, son fils, était seigneur de Châ-
teau-Gontier dès décembre 1101, lors du décès de Re-
naud, son oncle. On le retrouve parmi les témoins de
la sentence prononcée en 1105 contre Maurice 1, puis.
vers 1107, il est à son tour l'objet d'une sentence sem-
blable â cause de ses exactions sur Lévière'. On a tu
plus haut que de sa Femme Mathilde il avait eu Adé-
lard et Laurence et qu'après 1125 il était époux d'Exilie.
Il vivait encore en 1126 alors que, d'après la 124* cbartc
du Ronceray, Bourguignonne, sa mère, rachetait tes
fermes du Coudray.
1. Voir charte 8 de la Roe, Bihliothéqiie de l'^roh des Chartes,
t. XXXVI, p. 119. — Ceux des historiens qui intercalent dans la
généalugie, en 1 1 18, un seigneur iJe Chàleau-Gontier du Doin de
Renaud ont cru à sa présence à la bataille de f^éei. Le Renaud men-
tionné dans la CAro/itca de geatis consulum Andegavorum, n. 117.
est seigneat de ChHeaa-\a-Vftllière(Jtainiildum de Castro). 1\ faul
ajouter ici cependant qu'au Cariulaîre du Généieil, folio 98, on
trouve un don de 1206 fait par t Rainatdus et Adelardus domini
de Castrogunterii, « don nui In même année fut approuvé par
l'abhé JoiiTain (Voir Cartutaire, fol. 303).
N
\
„Googlc
IV
RENADD LE BOURGUIGNON
Vers 1068 — 16 décembre 110t.
Ainsi qu'il a été dit déjà, Rcsaud, au moment de son
mariage avec Agnès, Enoguen ou Doraîta, fille de Ro-
bert de Vitré et de Berthe de Craon, devint seigneur
de Craon par l'abandon que son père lui fit de ce fief.
Un acte qui confère un éternel honneur au nom de
Renaud, est la fondation de Tabbaye de la Roc faite à
la sollicitation du saint ermite Robert d'Arbrïssel qui,
établi vers 1093 dans les solitudes de la forêt de Craon,
y obtint un tcrrit^oire dont la concession formelle fut
faite à Angers le 1 1 février 109G, le lendemain du jour
où le pape Urbain 11 avait consacré solennellement
Saint-Nicolas d'Angers, Un an après, le 25 avril 1097',
en présence des barons du voisinage André de Vitré,
Guillaume de la Guerche et Gauthier Hay, Geoffroy de
Mayenne, évoque d'Angers, procéda à la consécration
du cimetière et de l'oratoire de la nouvelle paroisse.
Renaud mourut — ainsi que l'apprend la neuvième
charte de la Roë — peu après l'élection de l'ahbé Quin-
tinus ; il était déjà malade le 2 décembre et mourut le 16
décembre 1101^.
1. Les chartes 1 el 2 de la Roë ont été publiées par M. de Bo-
dard, p. 551-553 de ses Chroniques. La première est très exacte-
ment datée du il février 10%; quant à la seconde elle est évi-
demment de 1097 : Secundo aiiHO dedicalionis Sancti Nieolai
veut dire entre le 10 février 1097 et le 10 février 1098 ; or le 7 kal.
mail in litania fnayor« est bien le 25 avril 1097, et non 1096 comme
t'a cru M. deBodard.
2. Four déterminer celle date il faut remarquer que, d'après la
charte neuvième de la Koe. le 2 décembre, alors que Qumtinus
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- 624 -
RâDaud eut trois fils, nommés tous trois dans la
charte de fondation de La Ro€ ainsi que dans la charte
8 du Cartulaire. Il eut aussi, au dire des historiens, une
fille'. Ces quatre enfants sont :
Maurice. — Henri. — Robert. — Mahaut.
III,. — Maurice succède à son père.
III;. — Henri figure aussi dans la charte 168 du Roa-
ceray où, après le décès de son père, vers 1120, on
le voit renoncer à des prétentions qu'il avait sur Cor-
nillé et Bonchamp, donnés autrefois à l'abbaye par ses
aïeux.
Illg. — RoBEfiT, qui porta lui aussi le surnom de Bour-
guignon, et qui, après avoir tenté une riche alliance en
Aquitaine, partit pour la. Palestine où il succéda à Hu-
gues de Payens comme grand maître du Temple. En
cette qualité es 1138 ou 1139 « it livra le combat désas-
treux de Thécua, et en 1148 il est cité parmi les cheva-
liers de Terre-Sainte qui se joignirent à l'armée de
Louis VII 2. »
n'était qu'abbé élu, Renaud était malade. D'autre part on sait
que à Saint-Aubin d'Angers son anniversaire était flité au 16 dé-
1. La charte 371 du cartulaire du Ronceray apprend que vers
1115 la prieure d'Avesnières se nommait Agnès de Graon. Rien
ne vient révéler si elle appartenait à la famille de Craon ou si,
comme tant de témoins qui figurent dans les act«s sous le nom
de Craon, elle était simplement native de Craon. — C'est elle
sans doute qui ligure au 27 avril au Nécrologe du Ronceray : Agnes
de Credonio, conversa et monacha. Mais qui est Domicella de
Credoitio conversa et monacha portée au 1""" aoûLf
3. Ces renseimements, puisés dans Guill, de Tyr, livr. XV,
chap. 6 et livr. XVII, ch. 1, nous sont fournis par le récent travail
de M. E. Rey : L'Ordre du Temple en Syrie et à Chypre; Let
Templiers en Terre-Sainte, Arcis-sur-Aube, 1888, 32 p. in-8"
(Extrait de ta Aecue de Champagne et i^ef rie). Il convient de voir
aussi : Gesia Ludovici VU, ch. 18 ; Diago, Hisloria de los condes de
Barcelona (1603 in-tol.) liv. II, chap. 145,146 ; Du Chesne, Histoire
de Bourgogne, liv. IV, ch. 37; Du Paz, Histoire Généalogique de
Bretagne (1620, in-f"), p. 748 ; Lettres de Saint Anselme. Iiv. III.
lettre 66 et Gallia Chrtatiana, t. III, p. 796. Ces dernières indi-
cations sont fonmies par du Cange dans son Glossaire au mot
Templarii,
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- «M —
■ La fils de ReDSHd, qnifignre dans les lûtes do Temple
s<Ais le nom de Robert de Craon, dit le Bour^ignon,
n'est pas le «eut grand-maltre fourni par la famille : le
quatorzième d'entre eui, Robert de Sablé, était Ro-
bert IV qui, élu en 1191 devant Acre, fut le 11 février
1192, témoin d'une donation faite par Guy de Lusignan
à Notre-Dame des Allemands et qui, le 13 octobre de la
même année, aouscrivit une charte de Richard-Cœur-de-
Lion* en faveur des Kaans.
1U^. — MA.HADT, laquelle, au dire d'Adrian de la Mor-
lière accepté par Ménage, fut l'épouse de Raoul de Cré-
quy, aire de Fressin, auquel elle donna quatre enfants.
Cette alliance ne serait même pas la première qui
aurait existé entre les Craon et les Créquy; car, s'il
faut en croire la généalogie de Créquy insérée dans La
Chenaye-Deabois, l'épouse de Guérin I de Craon, dont
Ménage ne donne pas le nom, aurait été une Anne de
Créquy, flUe de Beavdouin I et de Marguerite de Lon-
CARTUUIRE DE CRAON
I {i-9^ ROBEBT LE BOUBGUIGnOK, RENJkUn 1032-1101
1. — Vers 1032. — Charte d'Alain III de Bretagne, fon-
dant l'abbaye de Saint-Georges de Rennes. La donation
comprend deux fermes à Mordelles, vendues autrefois par
LÎBoir, fils deSuhart de Craon '(Z)oot Lobineau, T. II, p. 108).
1. E. Rey, {'Ordre du Temple, p. 14. — Il faut ajouter i
après M. G. Dubois (Bibliothèque de l'Ecole des Chartes,
XXX, p. 386), que Robert de Sablé « avec d'autres grands
personnages, l'évéque d'Evreux, Gamier de Naplouse. grand
maître des Hospitaliers, André de Chaliron et GeolTroy du
Perche, figure comme témoin de la charte de Ricfaard-Cœnr-
de-Lion, donnée A Limassol, en Chypre, le 12 mai 1191 et consti-
tuant le domaine de sa femme la reine Bérengère de Navarre
(D. Martène, Veter. Script, amplit. coll., 1. 1. col. 995).
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2. — 1037. Angers. — Notice de la concession que, du
connenlement de Foulques Nerra et d'accord avec son fils
Geoffroy Martel, les moines de Swnt-Aubin firent à Renaud,
possesseur de Chfttean-Gontier, — Suharl de Craon témoin
(Fonih latin, n° 17126. folio 195, d'après le Cartnlaire de
Saint-Aubin).
3. — 1041. — Charte de Geoffroy-Martel portant don à
['abbaye de Saint-Nicolas. — Suhart de Craon est témoin
lOatlia chrislinna, 1650, t. II, p. 125. et Breviculum funda-
tionis Sancti Nicqlai, p. 9).
4. — 1040-1060. — Cliarte par laquelle Geoffroy Martel
fonde la collégiale de Sainl-Laud. — Robert le Bourguignon
témoin (Dom Housseati ', n"' 457 cl 607).
5. — 1050. — Charte de Geoffroy Martel relatant la fonda-
tion de la Trinité de Vendôme et rappelant que lors de l'a-
bandon du comté de Vendôme à Foulques, — fils de ce Bodo
de Novers auquel Foiilqncs Nerra avait donné déjà le m^me
fief, — il a pé.iorvé le patronage de la Trinité aux comtes
d'Anjou. Robert le Bourguignon témoin (Abbé Simon. Hig-
toire de Vendôme, t. I, p. 68, où la mention de Robert est
omise, et t. Il, p. 5lj.
6. — 1053 (V. s. '). 26 mars. — Sentence de Geoffroy Mar-
1. Sous ce nom, ou sous celui A'AnJou-Touraine. la bibliothè-
que de la rue Hichelieu possi'dn le fruit des rcclierches opérées
f>ar tes bénédictins en .Anjou et Touminc. Cette collection Torme
rentc-huil volumes, les tomes 11. XII. XIII, XXI, XXIV, XXV.
XXVIII étant divisés chacun en deux volumes.
Les pièces des tomes I ô XIIl forment une série dont le numé-
rotage est continu.
En 1863 M. Emile Mabille a donné dans le tome XIV des Mé-
moi'ea de la .Société de Touraine. le Catalogue analytique des
diplômes, chartes et actes relatifs à l'histoire de Touraine conte-
nus dont la collection de dom Housseau. 11 n'a malheureusement
été rien fait de semblable pour l'Aiijou,
^ 2. Dans le corps du travail on a partout ramené les dates au
slvle actuel, commençant l'année au premier janvier et non à
Pâques comme au moyen-àge : mais dans le cartulaire on s'est
abstenu de les moditier et on trouvera les documents sous le mil-
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tel, rappelant q\ie Suhart, entre 1010 et 1027, avait fait don
de Saint -Clément à Saint-Aubin, que les moines n'y ayant
paa fait les installation!) nécessaires, Guénn, son fils, l'avait
repris et mis en mains séculières ; puis que lui Geoffroy en
avait fait don à la Trinité de Vendôme, avant de conférer à
Robert le Bourguignon la seigneurie de Craon (Chroniques
craonnaises, p. 583).
7. — 1053 (v. s.), 26 mars. — Notice des moines de Ven-
dôme de la sentence de Geoffroy Martel leur adjugeant Saint-
Clément (n" 538 de Dom Housaeau ').
Eeclesiam Sancti démentis, qui» apud Credonense castel-
lum sifa est, cum donavisset Gofridus cornes monasterio S*»
Trinitatis de Vindocinn eo .wilicet temporequo idem castrum
et tntum bonorem ilhim in manu sua dominîcum per aliquot
annos mortuo Subardn detinuit; cunque donationem ipsam
per flcripturfft paginam confirmasset.
l^ngo post tempore, qiiando videlicet dominus Tlieoderi-
eus abbas factus est*, monachi sancti Albini Andegavensis
cœnobii calumniantes judicium ante comilem et dominum
Fusebium episcopiim mullosque alios judices devcnerunt et
ecclesiam supradictam suo monasterio olim a Suhardo vetulo
datam fuisse narravenmt, sed pnstmodum quibusdam causis
a se alienatam, nunc ad se jure reverti debere postulaverunt ;
ad quod comes respondit et evidentibus indiciis approbavit
donationem illam quam Suthardus fecissel ncque patris sui
Fulconis auctorit^ite neque sua ipsius, qui jam tune sine dubio
lësime qu'ils ont reçu lors de leur confection. Personne ne s'y
trompera : d'une part les lettres v. s. Ivieux style) indiqueront
que (e millésime doit être augmenté d'une unité; de l'autre, en
cas de doute sur l'opportunité de cette traduction, on aura sous
les yeux le millésime donné par l'acte lui-m^me,
1. Cette sentence du VII des kalendes d'avril 1053 a été copiée
en partie à la page iOO't du volume des archives de la ^layenne
improprement qualifié de Cartulaire de Saint-Clément de Craon
et qui parmi des pièces du procès entre Saint-Clémeut et les
d'Aloigny, dont il est rempli, contient les copies de cinq ou six
pièces antérieures au XVII* siècle.
2. M. Port n'a constaté l'existence de l'abbé Thierry que de
1055 à 1060 : il faut le faire remonter près de deux ans plus haut
puisqu'il figure ici le 26 mars 1054, n, s.
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natus esaet, constitutatn fuisse ; atque ideo quando hooor
Credonensis in manum suam dominicus revenisset perforfac-
tum elterius Siithardi, qui illi priori successerat [quod sane
torfaclum nniversi qui aderant memoriter notum habebant)
potaisaesejuredonationemillam oassareet ecclesîam Sancti
démentis cui sibi placiUim esset transferre, eo quod Suthar-
dus ille de fevo suo comitis primam donationem facere non
potuisset sine auctoritate comitis de quo beneHcium illud
tenebat.
Idem quoqae ab omnibus qui aderant judicatum est fierî
posse sine legum aut consuetudinum regionis prejudicio.
Itaque abbas et monachi Sancti Albini a calumnia et cla-
more suo conticuerunt et donatio ecclesiee illîus, quam fecerat
cornes, Sanctœ Trinitati, legali judicio, confirmata est.
Testium qui adfuenint hœc sunt nomina : domnus Euse»
bius ' ^i&copus, Berengerius thesaurarius, P. Goslenus deca-
nus, Rainaldus decanus, Joscelinus levita, Bernardus deca-
nus, domnns Vulgrinus abbas ', domnus Avesgaudue ^bas ',
domnus Odericus abbas ', Vitalis monachus, Wtmilo mona-
ckuB, Otbranus prior *, Maroondus, etc.
8. — 1053-1064. — Achat d'un colibert. Renaud le Bour-
guignon est témoin ('LiVre des Serfs de Marmoutier*, p. 41).
9. — 1055-1061. — Notice de la fondation du prieuré de
Brîon approuvée par Robert le Bourguignon et par sa fem-
me Blanche à Sablé, ville du domaine de celte dernière [Ar~
chives de Maine-et-Loire, H. 224).
1. Eusébe, évéque d'Angers 1047-1081.
a. Vulgrin abbé de Saint-Serge, 1040-1055, puis évéqne du
Mans jusqu'au 10 mai 1064.
3. Avesgaud fut abbé de Saint- Vincent du Mans vers 1040 et
mourut vers 1065.
4. Saint Oderic fut te second abbé de la Trinité de Vendôme
de 1046 à 1082.
5. Cet Otbran devint par la suite abbé de Saint-Aubin.
6. Ce cartulaire De Servis de Marmoutier a été publié en 1864
Sar M. Gt-audmaison et forme le tome XV! des Mémoires de la
ociété archéologique de Touraiiie.
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10. — 1055-1060. — Notice où les moines de Saiut-Aubm
après avoir relaté la fondation du prieuré du Lion d'Angera
laite avec l'autorisation de Foulques Nerra, d'Hubert, évâque
d'Angers, de Guérin d'abord, puis de Suhart, seigneurs de
Craon, constatent l'approbation donnée par le plus jeune des
fils du fondateur avec l'assentiment de Robert le Bourgui-
gnon, qui reçut trente livres (Vom Housaeau, n" 517).
11. — 1055-1064. — Exposé par les moines de Saint-Aubin
de leurs droits sur Saint-Clément de Craon et notice du juge-
ment de Geoffroy Martel rendu à leur préjudice [Original aux
Archives de Maine-el-Loire, H, 360, fol. 2).
Ecclesiani Sancti Clementis, cum fuisset antea parrochiana
et preabyterorum tantum servitio contenta, Suhardus, domi-*
nua credonensis castri quem dixerunt vetulum, Hunberto* ab-
bâti donavit et monachis Sancii Albini, ad augmentandum in
ea rerum possessionem et divini servitii honestatem, quod et
illi fecerunt diligenter et strenue prout melius potoerunt :
excoluerunt enim eam et ornaverunt, portatis illuc a monaa-
terio SQO libris et vestimentis et ctateris omamentis eccleaias-
ticis, illic quoque officinis monachilibus fundatis ternilis
quoque instnictia et in eis plantatis vineis. Sic que, multi-
modo labore suo ampliatam, fere per annos quadraginta pos-
siderant.
Hoc fuittoto illo tempore quo Suhardus vetulus, post dona-
tionea a sa factas supervixit, toteque œtate Guarini, filii ejus
et heredis ; nisi quod idem Guarinus, honore Credonis poli-
tas, de donations patema aliquas reculas imminuere voluit,
sed a FuLCONE comité prohibitus est, nullatenus patiente
quippiam amittere abbatiam Sancti Albini.
Illi quoque Guarino mortuo, Suhardus minor, frater ejus,
Buccessit, quo tenante honorem illum semper monachi Sancti
Albini ecclesiam illam Sancti démentis tenuenint.
Similiter, et illo mortuo, posquam Gosfridus cornes cre-
donense dominium in manu sua habuit aliquanto tempore,
ibidem erant monachi Sancti Albini, Sed post, compellente
oomitissa Agkbta, idem comes Gosfridus inde eos ejecit,
1. Hubert Ait abbé de Saint-Aubin Ie3 septembre de l'an 1000.
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mouacliosque Sanctae TrinUatis intromiail, i.'onficla o
ne quod conventio fuUset monacliorum et Sulliardi primi do-
natorts abbatem ibt ordinare ; re auteni vera quia malebant
ambo et Gosfkidus cornes et Agnks comitissa locum illum
Sancts Trinitati, quod monaitterium a navo fundaverant,
transmutare.
l^tur, de lanta injuria monai-lii Sancti Albini et tune con-
qutisti sunt quantum potuerunt, s<ub illo Agnktis comîtisse
dominio, et post«a in multis andecavensis episcopi synodis,
aliinque conveiilibus publieis ; in tutronensi quoque concîlio
eoram domino llildebrando apnstoliee sedis legalo, querimn-
niam et c)amoi-em feeerunl, sed justiciam non obtinuerunt.
Posteu vero, Cospridus cornes dijudiuationem. de negocio
isto in curia sua proposuit, sed non ut causa ista légitima
puritatc exuminaretur, sed ut monacliis Sanetse Trinitatis re-
tentionem iUius rei suis cavilIatiouibuB contîrmaret.
AfTueruDt autem pressentes auditores potius voluntalis
priucipis. quam veritatisjudices, dominus P^usebius Andera-
vensium prssul, et dominus Vulgrinus Sancti Sergii tune
abbas, nunc cœnomanensium episcopus, cum aliis plurimis
personis illustribus.
Ubi, cum Juri Sancti Atbini faverent pêne cuncti, comes,
sicut SEepe alias ad libitum auum rem moderans et monachig
Sancte Trinitatis quod tenebant asserere malens. denarravit
donationem primam Suhardi non fuisse factam per auctorî-
tatem patris sui Fulconis comitis, neque per suam, jam tune
nati sed adhuc infantis ; factam quoque per conventionein ut
in ecclesia Sancti démentis abbas constitueretur mox ut
per facultatem istius loci posselfieri. Conventionem deabbate
mittendo, testis monachorum Sancti Albini, qui aderat prae-
sens. et donationem illam tieri viderat pernegare voluit et
defendere paratus fuit ; is fuit Guarinus, cognomine Bastar-
dus, Subardi illius vetuli filius, qui donationem patris sui lé-
gitime factam viderat et a tiliis illius fratribua suis de matri-
monio aucloritatam. Auctoritatem comitis Fulconis astrue-
bant muna<:bi per adjutoi'ia multa quœ de eadem ipsa re fré-
quenter fecisset illis tam volentibus quam de aliis eorum
nagotiis.
. Hosit in boc comes Gauspridus et, ut qui prœvalebat, utens
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— 63i -
sua vi, constanter, immo violenter, pro pnlct<late asseruît quia
ipae donalîonem non auctorizasset quantumlibet parviilus
quia eflset de fevo suo pat«rno facta el honor credoniit ab
hseredibus illius qui illam donatinnem feceral dominicus in
manum auam per forfacta eurum devenisset, posse se donum
illud quassare et quo mallet transferre.
Faventibus quibusdara sententiœ principîs, causa, ut asso-
le), assentationiiî, nonnullis, qui aliter sentiebant, reticenli-
bus nec voluntati comilis contraire- audenlibus, solus abbas
VulgrinuR coiiiitaiiter subinlnlit illum quidem posse tan-
quam seculareni et potentom personam exilem occasionem
ad vclle suum usurpare, Hcd nuUos monarhos, qui monachi
vcllcnt esse, ccdesiam illam Sancto Albîno ablatam dcbcre
SHHcipere.
Cornes respondit so non esse monachiiin et ita ul ccperal in
sua violontia persévérât u ru in.
Ecce dijudicatio — si quidem dijudiratio vis dicenda est —
qua monachi Saacti Albini ecclesiam Sancti démentis coacti
perdiderunt el monachi SanctiB Trlnilatis tenuerunt el adhuc
teiiore non desislunt ; et quasi jus principum quîa scmel inva-
serunt amittere non paliuntur, sed subtntam eumrrntribu» et
commonachis suis scilicet con^re^alionis Sancti Albini se-
curi possidere conantur.
12. — 1042-1063. — Robert le Bourguignon et Avoise sur-
nommée Blanche, sa femme, exemptent les moines de Mar-
moutier de tout péage sur les terres de Craon et de Sablé
^Dom Piolin, Eglise du Mans, t. III, p. 655).
13. — 1055-1083. — Notice des moines de Saint-Serge du
don de Montreuil, près Vitré, fait a leur abbaye. Guérin ', fila
de Suhart de Craon, témoin [Dont Lobineaii, t. Il, p. 218).
14. — 1056-1060. — Notice d'un don fait à Saint-Aubin
par Eudes, comte de Bretagne et ratilié par (îeolfroy Martel.
Parmi les témoins Robert le Bourguignon, Ilein-y et Guy
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treê fratrea {Fonda latin, •o? 17136, folio 75, d'aprÔB le Car-
tuiaire de Saint-Aubin).
15. -- 1059-1060. — Lettres de Hugues, évéque de Troyes,
de Hugues, évéque de Nevers, et de Gautier évéque de Meaux,
adressées à Barthélémy, archevêque de Tours, k Eusèbe, évA-
que d'Angers et à Geoffroy le Barbu, relatives à la sentence
de la cour de Rome sur Saînt-Clément {Vom Houueau, a*
539, d'après le Cartulaire de Vendôme).
16. — 1061. — Geoffroy le Barbu donne un colibert à Mar-
moulier. Robert le Bourguignon témoin (Livre des Serfs de
Marmoutier, p. 18 et 142).
17. — 1061. — Charte de Geoffroy le Barbu portant donà
Saint-Florent. Robert le Bourguignon témoin (Bibliothèque
de rEcole des Chartes, t. XXXVI, p. 396 et Revue de l'An-
jou, 1876, p. 68}.
18. — 1062. — Charte de Geoffroy le Barbu confirmant les
dons faits à Saint-Nicolas. Robert le Bourguignon témoin.
{Dom ffouaseati, a" 660 d'après le Cartulaire de Saint-Nico-
laa).
19. — Vers 1063. — Avec le consentement de GeoETroi le
Barbu et de son frère Foulques Réchin, Robert le Bourgui-
gnon, Blanche, sa femme, ses fils et sa fille donnent au Ron-
ceray la villa de Cornillé (Charte 164 du Ronceray *).
20. — Vers 1064. — Charte de Robert de Vitré, fils de Robert
et d'Enognen, époux de Berthe, père d'André et de Robert,
relatant la fondation de Sainte-Croix de Vitré et y ajoutant
de nouveaux dons. Renaud le Bourguignon témoin (I>om Lo-
bineau, II, 207 et Dom Morice, I, 424).
1. Comme tome III de ses Archive* d'Anjou, M. Marcheffay se
Sroposait de donner le Cartulaire du Ronceray ; il en a d abord
ùl imprimer le texte, puis plus tard il y a ajouté une table ana-
lytique où se trouvent les dates assignées à chaque pièce. Le vo-
lume est de 382 pages in-S'.
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21. — 1060-1067. — Charte de Geoffroy le Barbu confir-
mant à Saint-Aubin [es dons faits au prieuré du Lion d'An-
gers. Robert le Bourguignon témoin {Dom Hoasseaii, n° 688,
d'après le Cartulaire de Saint-Aubin).
22. — 1060-1067. — Sentence de Geoffroy le Barbu sur le
différend entre Eudes de Sermaise et Renaud. Robert le
Bourguignon et Guy, son frère, figurent au nombre des juges
(Dom Housseau, n° 643, d'après le Cartulaire de Saint-Au-
bin).
23. — 1060-1067. — Charte de Geoffroy le Barbu, d'accord
avec son frère Foulques, faisant un don à Saint-Florent. Ro-
bert le Bourguignon témoin (Dom Housseau, a" C27 d'après
le Cartulaire noir).
24. — 1060-1067. — Charte de Geoffroy le Barbu au profit
de Saint-Florent. Robert le Bourguignon témoin (Dom Hous-
seau, n" 555, d'après le Cartulaire rouge).
25. — Vers 1065 et avant 1068. — Charte d'Hervé de Dou-
celle portant don à Saint- Vincent. Robert le Bourguignon
témoin (Cartulaire de Saint- Vincent*, n" 608).
26. — 1066. — Charte de Geoffroy le Barbu approuvant le
don fait à Saint-Maur-sur-Loire par Guérin Francigène.
Robert le Bourguignon témoin (Dom Housseau, n* 694, d'a-
près le Cartulaire).
27. — 1067, 16 juillet, Craon. — Notice des moines de la
Trinité d'une sentence rendue à leur profit par Robert le
Bourguignon [Dom Housseau, n" 703).
Notum et esse et fore cupimuscunctis presentibus et futuris,
quod Mathildls quœdam nobilis femina, filia Willelmi de Co-
lentiaco, uxor Hatonis, qui dicebatur Otovedus cognomento,
1. En 1886 M. l'abbé Robert Charles et M. S. Menjot d'Elbenne
ont mis au jour le texte du Cartulaire de Saint-Vincent, soit 844
chartes, de 572 à 1184 ; à bref délai le volume aéra complété par
une introduction et une table alphabétique.
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_ 6S4 -
dédit summo Deo, sanclm scilicet Triiiitûli, sanctoque dé-
menti, medietatem cujuRdam ecclesiœ suse quœ est sita in
pago Credonensi apud Betulum Campum, sacrata et dedicata
in honorem sancti Pétri, apostolomm principis, cum medie-
tate simul omnium rediluum ad eamdem ecclesiam débite per-
tinentium indecimis, sepulturis, oiïerentiis, omnibusque ec-
clesiasticis consuetudinibus aliis persolvendis.
Adliuc quoque data est Deo et Sanelo Clemento de burga
ejusdem ecclesiœ Iota ad iiitcgrum vicaria : medietatem vero
de vicaria illius loci dédit domnus Robertus Burgiindua pro
anima Gosfredi comilis, seniorissui; et aliam medietatem
dédit venerabilis Matliildîs pro anima Hatonis, sui cari ma-
riti, et pro se et pro omni sua secum parenlela, ut omnium
peccatorum venlam consequi et eternsB beatitudinis mereren-
tup ubertate perfrui.
Istas itaque designataa portiones supradictae ecclesias
sancti Pétri perpetualiter habendaR destinaverunt qui eas
dedenint, sempcr impendere ad usum et utititatem monacho-
rum SancUe Trinitatis in loco Sancti démentis Deo fîdeliter
servientium.
Non ergo ignotum sit posteris nostris semper futuris quod
aiïuit quidam miles Salvius nomine, qui reliquam medietatem
supradictre ecclesiœ in fevum tenebat ab eadem venerabili
matrona, hanc donationem instanter calumniavit.
Quapropter confp'egatis nobilibus viris et legitimis ad
diem statutum in curia domni Robert! Bur^undi, qui tune
temporis honorem Credonensem tenebat, et presens aderat,
exortam Iiujus calumniœ causam in conventu procerum curise
suse perrectum examinavit, et evidentissima equitate recti
judicii totas hujus calumniœ occasiones ab eadem datione
destruxit atque adnullavil.
Proinde etiam idem Salvius, coram cimctis qui aderant,
suam perpétue dimisit calumniam et donum illjid sancU) fac-
tum ^ratanter favit et annuit et pro eo quatuor nummorum
solidos ecclesiasticsB pecuniœ a monachis recepit.
Similiter quoque vir illuatria Robertus de cujus casamento
erat ecclesta, et fîlius ejus Rainaldus fi^ratanter annuerunt et
sua auctoritate ambo donum hoc corroboraverunt et confirma-
vcrunt. Sciendum sane. et firmiler retinendum est quod Hato,
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hujufl YtHicpandii" fcmîuo vii- vivus el sospos, hoc donuni spoii-
tuneus inccpil aine dubio perfectiim nisi fuisset morte preven-
tus.
Ëorum quoque virorum nontina snbtitulata sunt qui pré-
sentes per omnia simiil atTuerimt : Rotbertus Burgundus et
tîlius ejus Rainaldus, Conanus puer et mater ejus Mathildis
que hoc donum fec'il, Aimo de Intrannis, Alanus de Hulliaco,
Goefredus de Bmslone, Gosfredus de Gereis, Ivo de Marial-
co, Gosfredus de Donzaco, A.inio Hareus et fraler ejus, G.
Hamelinus deMarialco, WarinusdeTauniaco. Aimode Volva,
Landricus de Poilliaco, Radulfus de Bmslone, Clarembaldus
et frates ejus, Lisiardus, Guillelmus filius Annœ de pago Cre-
donensi, Hugo Cahorcinus, Burchardus consobrinus ejus,
Fulfoius filius Hadoisœ, Beraldus fdius Theodolini, Rainaldus
infans, Suhardus filius Progerii, Rotbertus Malamorsura,
GrossinuB iilius Ingelranni, llelias de Usura, Rotbertus de
Pomeri, Robertua filiua Alpaoi, Guillelmus de l.anda Barre-
zon, Rainerius turba hoatem, Arnulfus Pepulot, Goafredus
de Mooaateriia, Aimo de Monaaterîis, Humbertus Titio, Ber-
nardua prepoaitua, Mainardua vicarius, cujua erat de vicaria
aupra dicti loci tertiua denariua qui Sancio Clementi reliquit
illum in presentiarum habendum perpétuai iter.
Data est XVII Kalendas augusti.
Actum est hoc apud Credonense castruni, anno M. LXVII
ab incarnatioiie Domini, indictionc quinta, rejouante Philippo
Francorum rege annooctavo, anno quot^ue Gosfredi comilis
septimo, sed el pontificatus domni Ëuaebii Andecavensisepis-
copi decimo douo, paternante etïam domno Odrico abbate
monaaterii Vindocinensis anno vicesimo secundo.
Tune temporis erat Haimo prior et secum fratres degebant
denominati Rainoardua munaclius, alius Rainoardus mona-
chus, Constantinus monachus, Gosfredus monachus, Guillel-
mus monachua, Frotgerius monachus, Ode monachus qui
dicitur Dublellus.
28. — 1067, 7 août, Chaumont. — Robert de Sablé et Avoise
donnent à Marmoutier l'église de Saint-Malo. Le dou est fait
pour l'ftme de GeofTroi, frère d'Avoise, et pour celles d'Henri
et de Guy, frères de Robert [Dom PioUn, Histoire de tEglise
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du Mans, t. III, p. 6C3 et Baluze Miucellanea, in-folio t. III.
p. 49).
29. — 1067 {v. 8.), 11 mars. Saint -Florent. — Charte cons-
tatant la restitution de Saint- Florent. Robert le Bourguignon,
Guy de Nevers, son frère, Guy de Laval sont témoins (Gallia
CkriaU'ana, 1656, t. IV, p. 395 et Dom Housaeau, n° 709).
30. — 1067. — Notice des moines de Vendôme de leur con-
testation avec Saint- Aubin au sujet de Saint- Clément et de la
sentence rendue en leur faveur par le légat Etienne [Recueil
des Historiens, t. XIV, p. 83 et Martène, Thea. anecd.,l. IV,
p. 94).
31. — 1067. — Charte de Geoffroy le Barbu au profit de la
collégiale de Faye-Ia- Vineuse. Robert le Bourguignon témoin
(Du Chesne, Histoire de Béthune, p. 10 des Preuves).
32. — 1068. — Geoffroy de Brulon fonde le prieuré de Bru-
Ion avec l'assentiment de Robert le Bourguignon fCartulaire
delà Couture*, p. 22).
33. — 1070, 24 mai, Angers. — Charte de Foulques Réchin
faisant don à Saint-Florent de la terre des Ulmes avec l'as-
sentiment de Robert le Bourguignon et de Renaud, son fils
(Numéro 19 des Layettes du Trésor des Chartes*].
34. — 1072, octobre. — Charte de Renaud donnée au pro-
fit de Saint-Aubin (Fonds DucAesne).
Anno 1072, mense octobri, ego Reginaldus, cognomîne
Burgundus de Credone castro, et uxor mea, prcenomine
Domita, et filius meus Mauritius.... conGrmamus quidquîd
1. En 1B81, souB les auspices et aux frais du duc de Chaulnes.
1m bénédictins de Sotesmes — mais l'un d'eux supiout, dom tU-
pault — ont publié le Cartulaire de la Coulure en un splendide
m-4' de xv-536 p. orné de nombreuses gravures et tiré à 300
exemplaires seulement.
2. C'est en 1863 que le premier volume des Layettes a paru ; le
tome III est de 1875. La publication comprend 4.663 actes depuis
755 jusqu'à 1260 en une série de numérotage unique. C'est à ces
numéros et non aux pages que sont faits ici les renvois.
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— 637 -
monachi Sancti Albini andegavensis in loto honore patris
mei Robert! ac meo, id est apud Legionem, apud Brionem,
apud Durîstalluro, apud M^icoraant vel in quibuscumque
locia in toto honore patris mei ac meo dono vel emptione ac-
quis ierun t.
Hoc anthoramentum et confirmationem in cartha scriplam
et manu propria cruce signatam pono ego Reginaldus pri-
mum in manu abbatis Otranni in capitulo suo coram testibus ;
post«a super altare Sancti Albini, multis videntibus et au-
dientibus.
Testes dominus Eusebius episcopus Andegavensis, Mauri-
cms, tîlius Raynaldi de Castro Credonis, et Domita, mater
ejus. -^ signum Eusebii episcopi andegavensis. f signum Ra-
ginaldi de Castro Credonis. f signum Mauricii, filii Ragi-
naldi.
35. — 1072, Cliartres. — Accord entre la Trinité et Saint-
Aubin au sujet de Saint-Clément dont la propriété devait faire
retour à Saint- Aubin contre le payement, approuvé par le cha-
pitre, d'une somme de deux cents livres (Baluze, Miacellanea,
t. [II, p. 50 et Recueil des historiens, t. XIV, p. 84).
36. — Vers 1072, — Plaintes des moines de Saint-Aubin
au sujet de l'attitude du légat Gérard dans l'aiTaire de Saint-
Clément (Martène, Thés, novus, t. I, p. 201 et Recueil des
historiens, t. XIV, p. 546).
37. — 1073 (v. s.), 3 avril '. — Notice des moines de Mar-
moutier d'une confirmation de leurs droits donnée par Foul-
ques Réchin. Robert le Bourguignon témoin [Dont Hous-
seaa, a' 776, d'après le Carlulaire).
38. — 1063-1084. — Renaud se rendant à Rome, accorde
à Marmoutier son agrément anticipé à toutes les acquisitions
faites dans ses fiefs et dans ceux de son père (Archives de la
Sarthe, H. 359, n" 3).
1. On a compté 1073 depuis le 31 mars 1073 jusqu'au 19 avril
1074 ; l'année a donc eu deux 3 avril.
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Cog^oscant (am praesenten quant futuri hujus Majoris Mo-
na.iterii possettsores Rainaldum familiarein nostrum. filiuiD
scilicet Robertl Bur^undianis. nnsiri nihilominus fRiniliaris.
divertisse ad nos quodam vice de itinere suo cum perf^ret
Romam et venisse in (■apituhim nostrum et petisse a domno
abbate Bartholomeo et ab omni c«pitulo ut facerent orationes
pro eo et susceperunt tam domnus abbas B. quam et niii seaio-
resprecesejus. quibussusceplis, sug'^esserunt ei ut auctosaret
Deo et sancto Martino quicquid habebamus in honore suo et in
honore patris sui, quem habiturus erat post decessum iIHus.
Ipse vero libenter concossit non solum quidquid jam habere
videbantur in illis duobus bonoribus scilicet in honore palris
sui Rol>erti et in siio. verum etiam quodcumque deincops vel
dnno vel pretio axquirere possemus.
Hiiic aiictorinationi sfTuit llameliniis fîlius Suliardi qui ve-
norat cum eo in capitulum nostrum.
3». — 1070-1080. — Notice des moines de Saint-Aubiu re-
latant que Robert le Bour^ignon et Marcouard de Daume-
ray, ayant été remis en possession de Durisl par Foulques
Réchin, accordèrent à l'abbé Otbran que Saint-Aubin retrou-
verait tous SCS droits dans le fief reconquis iGallia Chrisliana,
t. XIV, p. 149 des Instrumenta).
40. — 1068-1096. — Notice des moines de Saint-Aubin
d'une contestation au sujet d'une terre à Bousse et de la sen-
tence en leur faveur rendue par Robert le Bourjçuignon (Car-
tutnire de Saint-Aubin, fol. 105).
41. — 1068-1101. — Notice de la contestation devant la
cour de Renaud le Bourguignon relative à un jardin de Gen-
ne» donné au prieuré de Saint-Eusèbe de Gennes par Josse-
lin de Chantocé et Ramburgis son épouse (Notre-Dame An-
gevine^, p. 542).
i. Ce volume, dont l'auteur est Joseph Grandet, a été publié
par M. Lemarchanden appendice à laAecMet^/'A/i/'ou: les pages
Vit à 631 contiennent des pièces jusUlicatives publiées avec si
peu de soin qu'elles sont presque incompréheDsibles.
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- 639 -
42. — Vers 1075 '. — Charte de Basilius fondant le prieuré
de Malicome de l'abbaye de Saint-Aubin. Renaud, seigneur
de Craon et de Sablé, fils de Robert le Bourguignon et de
Blanche, Domita, son épouse, et leur fils Maurice approuvent
l'acte (Carlidaire de Saint-Aubin, fol. 99}.
43. — t076. — Accord entre la Couture et Marmoutier au
sujet de Sainl-Malo de Sablé, donné par Robert le Bourgui-
gnon et Avoise {Ménage, p. 355].
44. — 1076 ou 1077 (1044 de la Passion). — Charte de Foul-
ques Réchin portant don de deux métairies au prieuré de Cu-
naiilt. Robert le Bourguignon témoin (Bibliothèque de F Ecole
des Chartes, I. XXXVI, p. 405 et Revue de l'Anjou, 1876,
p. 70).
45. — 1078, 4 septembre, Poitiers. — Sentence de Guy-
Geoffroy, duc d'Aquitaine, au sujet de l'église d'Olonne. Ro-
bert le Bourguignon a souscrit l'acte (Besly, Histoire des
comtes de Poitou, p. 360).
46. — 1078 (v. s.) 26 janvier. — Renaud ainsi que son épou-
se Enoguen, surnommée Domitilla, abandonne h l'abbaye de
Venddme la propriété de l'église paroissiale de Saint-Clé-
ment ^^^no^*, p. 124).
47. — 1078 (v, s.) 11 mars. — Renaud, fils de Robert le
Bourguignon et Enoguen, fille de Robert de Vitré et de la fille
de Guérin, confirment le don de Saint-Clément à l'abbaye de
Vendôme (Ménage, p. 125).
48. — 1078 [v. s.) 15 mars. — Charte notice relatant l'a-
chat par l'abbaye de la Trinité de Venddme d'un aqueduc
1. On peut accepter pour cette charte la date de 1075 donnée
par M. de Lestang à la pa^e 2S4 du tome VII de la Revue du
Maine, dans son travail posthume La Chdtellenie et let premiers
seigneur» de Malicome au XP et au XII* siècle.
2. M. de Bodard a reproduit le l
de ses Chroniques Craonnnises. n
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entre Saint-James et l'Ile Chapouin et la ratification de cet
achat. Robert le Bour^i^on témoin (Ménage, p. 9).
49. — 1080, octobre. — Renaud le Bourguignon, seigneur
de Craon, avec l'assentiment de Domita, sa femme et de Mau-
rice, leur fils, approuve toutes les acquisitions faites dans le
fief de son père et dans le aien par l'abbaye de Saint-Aubin
(Ménage, p. 124 et Cartulaire de Saint-Aubin, fol. 52).
50. — 1080. — Robert de Craon, du temps de Geoffroy
Martel et plus tard Renaud le Bourguignon, ^Is de Robert,
ainsi que Domita, son épouse, et Maurice, son fils, approu-
vent un don à Saint-Aubin d'Angers (Dom Lobineait, II, p.
232).
51. — Vers 1080. — Hubert et Gervais, fils de Hubert de
Durtal et d'Agnès, fille de Hugues de Mangé, approuvent les
dons faits par leurs parents à Saint-Aubin. Ces approbations
sont ratifiées par Renaud, seigneur de Craon et de Sablé,
fils de Robert le Bourguignon et de Blanche, par Domita, son
épouse, et par Maurice, leur fîls (Ûom Rousseau, W 575, d'a-
près le Cartulaire de Saint-Aubin).
52. — 1081, 10 septembre. — Notice d'une sentence pro-
posée par Robert le Bourguignon et rendue par une assem-
blée où figurait aussi Renaud, adjugeant à Saint-Florent la
terre de Denezé (Dom Housseau, n" 838, d'après le Cartu-
laire ^argent).
53. ~ 1083, 10 juillet. — Charte d'isembert, évêqne de
Poitiers, en faveur de Monlierneuf. Robert le Bourguignon
témoin (Besiy, Histoire des Comtes de Poitou, p. 387).
54. — 1084. ~ Charte de Constantin de Castello Pontis
donnant i'église de Saint-Georges à Saint- Florent. Robert le
Bourguignon témoin (Dom Housseau, n" 862 d'après le Car-
tulaire blanc de Saint-Florent].
55. — 1083-1086. — Notice de la sentence rendue par l'é-
véque d'Angers au sujet d'un don fait k Saint-Nicolas d'églî-
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ses situées près de Chantocé. Robert le Bourguignon témoin
(Dom Houaseau, n" 829, d'après le Cartulaire).
56- — 1080-1094. — Notice des moines de Saint- Vincent du
Mans du don que leur fit Rainard d'Amné en se portant fort
du consentement de son seigneur Robert le Bourguignon
(Cartulaire de Saint- Vincent, n" 364).
57. — 1080-1096, Sablé. — Notice du don fait à Robert le
Bourguignon par les moines de Saint-Vincent pour obtenir
son consentement et celui de Bertlio son épouse, au don de
Rainard d'Amné. Adélard, fils de Renaud de Châlcau-Gontier
et petit-fils de Robert, témoin (Cartulaire de Saint-Vincent^
n>366].
58. — 1080-1096. — Notice de l'achat par le Ronceray de
Montreuil- sur-Mai ne, dot de Bourguignonne, épouse de Re-
naud de Château-Gontier. Renaud de Craon témoin (Cbarte
225 du Ronceray).
59. — 1067-1097. — Charte de Robert le Bourguignon,
d'accord avec ses fils Renaud el Robert faisant un don à
Saint-Nicolas (Ménage, p. 79).
60. — 1067-1101. Notice des moines de Marmoulier de la
sentence rendue par Foulques Réchin contre Renaud de Craon
(N° 1050 de Dom Houaseau).
Quoniam propter temporum bominumque successionem
multa oblivioni traduntur, idcirco hsec memoriœ posterorum
his litteris commendare curavimus.
Sciendum igttur quod, tempore Fulconis senioris comitts
Andegavensis, patris Gaufredi Martelli et junioris Fulconis ',
quidam prœpotens miles Rainaldus nomine de Creonio, filius
Rotberti Burgundionis, quamdam obedientiam Sancti Martini
noajoris monasterii ....quevulgo ejusdem obedientiœ....
Prior domnus Bernardus ad prafatum comitem clamorem
inde factunis citissime perrescit ; qui cornes apud Durum Stal-
1. Foulques Rëchia, père de Geoffroy Martel le jeune et de
Foulques V.
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)!
- 64i -
lum, ubi in praesentiaituruserat, eundemRainaldumprGedîc-
tum ire mandavil, ubi et prsBdictus monachus priesens fuit.
Faota ilaque et atidita utriusque paliocinatione romes idem
in liujuftmndi judiciiim juRtiim Pt autenticum precepit dicens
eum Rainaldum frustra facere calumniam in ipsam obedien-
tiam, quandoquidem eam, tam lon^^o jam evoiuto tempore,
absquf calumnia alioujus monachi liberrime possederant.
prfpserlim cum et palt'p ejus. pro salule enimip su», Deo et
Sauctf) Martino Majoris Monasterii, ipso codem comité an-
nuente et auctorizaiite, donavit.
Quo judicio convictus Raiiialdus immunom ab nmni calum-
nia cxire in postcrum et omni coustnmia guerpivit.
Cujus rellctionis testes sunt Berlaius de Monsteriolo et Wil-
Ichnus de Mtrebello et mulli alii.
61. — 1067-1101. — Charte de Renaud fondant àCraon.
de concert avec sa femme, le chapitre de Saint-Nicolas (Chro-
niques Craonnaisea, p. 640).
62. — 1080-t096. — Charte de Renaud de Château-Gon-
tier, fils d'Elisabeth, faisant un don au prieuré de Géneteil.
Robert de Craon et Adélard de Chàteau-Gontier témuins
{Cartulairedu Géneteil', fol. 312j.
63. — 1080-1097. — Robert le Bourffuifrnon et Lisiard
d'Amboise fout à Marmoutier don d'un colibert qui leur ap-
partenait en ronimun . Ce don est approuvé par Robert, fils de
Robert iLitre des Serfs de Marmoutier, p. 156).
64. — 1082-1096. — Notice de la sentence de Robert le
Bourffuignoo au profit de Saint-Vincent (Carlulaire de
Saint- Vincent, a' 394).
65. — 1090. — Notice des moines de Saint-Serge du don
que leur a fait Hamelin de Méral, avec l'approbation de Guy
III de Laval et de Renaud de Craon, et de la sentence de la
t. Ce cRrtuIaire. qui ne fift^ire pas sur la liste des cartulnires
conservés dans les archives départementales publii'e en 18i7, est
conservé aux Archives de la Mayenne,
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cour de Guj~ Hl qui leur en a maintenu le bénéfice (Ménage,
p. 110).
66. — Avant 1092. — Sentence de Robert le Bourguignon
en faveur de Saint-Nicolas (Dom Housseau, t. XIII' n" 9549).
67. — 1092', jeudi 15 janvier. — Charte d'Amaury de
Tliouars portant don à Saint-Florent. Robert le Bourguignon
témoin iÙom Housseau, n" 940, d'après le Cartulaire blanc
de Saint-Florent).
68. — 1092', 29 août, Sablé. — Notice dune déclaration
au profil de Saint-Aubin faile par Robert le Bourguignon nu
retour de sa campagne de Normandie au service du duc Ro~
bert II (Original, Archives de Maine-et-Loire, H. 110).
69. — 1092, 24 novembre, Tarenfe. — Bulle d'Urbain II.
portant transaction entre la Trinité et Saint-Aubin au sujet
de Saint-Clément (Baluxe, Miscellanea, t. III, p. 50 et Re-
cueil des Historiens, t. XIV, p. 87).
70. — 1093, 30 décembre, Saumur. — Notice du jugement
de Foulques Réchin et de Robert le Bourguignon en faveur
de Saint-Florent (Dom Housseau, n" 898 bis, d'après le Car-
tulaire blanc de Saint-Florent).
71. — 1093, — Notice de l'envoi par Saint- Aubin et la Tri-
nité de représentante chargés de vider devant Urbain II le
litige sur Saint-Clément ; et don de Saint- Jean-sur- Loire à
Saint-Aubin, qui abandonne toutes ses prétentions sur Saint-
Clément (Baluze, Miscellanea, t. lïl, p. 51 ei Recueil des his-
toriens, t. XIV, p. 87).
72. — - 1093. — Accord entre Marmoutier et Pierre de Che-
millé. Robert le Bourguignon témoin (Dom Housseau, n° 953).
1. Cette date n'est pas donnée d'après le style de Pdques ; en
1092 d'après le nouveau style le 15 janvier était un jeudi.
2. Cet acte débute par un anachronisme : Anno ab incarna-
tione 1090.
./Google
73. — 1090-1096. — Robert le Bour^ignon témoigne au
sujet de Saint-Malo de Sablé (Cartulaire de la Couture,
p. 39).
74. ~ 1094, V. 8., 14 janvier. Sablé. — Accord entre la
Couture et Marmoutier. Robert le Bourguignon et Robert,
non fils, témoins (Cartulaire de la Couture, p. 40).
75. — Vers 1095. — Tempore quo Hucbertus vicecomes et
Robcrlus Burgundus tronabantur diruere turrcm Jobannis de
Lusdo. ^Jugement rendu par Hubert et Robert au sujet de vi-
gnes qui appartenaient à Saint-Aubin (Archives de la Sarthe,
n" 255 de Bilard et n° 985 de Dom ffousseau, d'après le Car-
tulaire de Saint-Aubin, fol. 119).
76. — Vers 1095. — Renaud de Craon abandonne au Ron-
ceray tous ses droits sur Boncbamp (Cartulaire du Ronce-
ray, n" 403).
77. — 1095 (v. s.) 11 février, Angers', — Charte par la-
quelle Renaud, — d'accord avec ses fils Maurice, Henri et
Robert, — fonde l'abbaye de la Roë.
En 1095 (v. s.) Renaud et Maurice approuvent toutes lea
acquisitions que l'abbaye ferait dans leur (îef.
En 1095 {v. s.) le 12 février, Urbain II, alors à Angers,
approuva cette fondation.
En 1095, V. s., le 21 mars, elle fut approuvée pour la se-
conde fois au concile de Clermont (Charte n" 1 de La Roë*,
dans Baluze, Mise, t. RI, p. 18j.
1. Une faute évidente de lecture a fait insérer dans le cartulaire
la date de 1093.
3. Le Cartulaire de la RoS existe en orignal aux archives de
la Mayenne. La bibliothèque de la rue Richelieu, sous le numéro
1227 des nouvelles acquisitions latines, ainsi que les archives de
Maine-et-Loire, en possèdent d'excellentes copies de la main de
M. Marche^ay. Les pièces y ont été l'objet d'un numérotage
nouveau plus rationnel que celui de l'orignal. C'est lui qui sera
cité ici. Il faut ^goûter que l'exemplaire de la bibliotbèque de Pa-
ris contient les copies de quelques-unes des chartes originales
qu'on aura occasion de citer.
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78. — 1096, Saintes. — Notice du litige entre la Trinité et
Saint-Aubin devant le légat Amat au sujet de Saint- Clé ment.
Amat maintient la transaction de 1092. — On y lit : ...ex do-
no Suhardi vetiili et ejus filiorum Guarini et Suardi con-
ceasione... (Baluze, Miscellanea, t. III, p. 52 et Recueil des
Historiens, t. XIV, p. 85).
79. — 1096. — Notice des moines de Saint-Nicolas de leur
diiTérend avec Haymeric de Trêves, Robert le Bourguignon
témoin (Dom Housseau, n" 1001 d'après le Cartiilaire de
Saint-Nicolas).
80. — £096. — Notice des dons de Robert le Bourguignon
à Saint-Nicolas (n' 9632 du tome XIII' de Dom Hoiisseau).
Robertus AUobros donavit Deo et Sancto Nicholao pro
salute animœ suœ et Goffridi Martelli et filiorum suorum, Re-
ginaldi et Roberti, et nxoris sues Bertce apud Brium terram
exarti quœ vocatur Masnilas.
Et hujue rei testes sont : Goflridua de Brion, Gauterius de
Monte Rotundo, Wido de Cruceis, Odo, filius ejue.
Fost hœc donavit eisdem monachis terram illam quœ joxta
supradictam terram est, concedentibus duobus filiis suis Ro-
berto et Rainaldo, in manu L. abbatis '.
Testes Harduinus de Yvon, Drogo de Troinneyo et alii.
81. — Vers 1096. — Notice du sacrifice fait par les moines
de Saint- Vincent pour obtenir l'assentiment de Robert Ves-
trol, fils de Robert le Bourguignon, au don de Rainard d'Am-
né (Cartulaire de Saint-Vincent, n" 367).
82. — 1097, 26 avril. — Fixation des bornes de la paroisse
de la Roë et consécration de son cimetière. Renaud l'AUo-
broge, de concert avec ses fils, en désigne ia superficie (La
Roë, n° 2).
83. — 1097, 28 aofll. — Charte de Foulques Réchin por-
1. Lambert fut abbé de Saint-Nicolas de 1096 Â 1116.
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Idnl don à Saint-Nicolas. Ciofridiis* Allobroge Burgonde t^
moin (Ûom Housseau, n" 1018, d'après le CarUtlatre de
Saint-Nicolas).
84. — 1097, V. s., 23 février. — Notice d'un don de Guérin
du Bignon au Géneteil où sont relatés le départ de Robert le
Bourguignon et celui de Renaud de Chftteau-Gontier pour la
Terre-Sainte (Carlulaire du Géneleit, fol. 317).
Notum sit omnibus fidelibus quod Guarinus Claudus, pres-
biter de Azeio, donuvit et reliquit Deo et Sancto Nicholao et
abbati Natali et postes abbatiLambertoetinonacliisejusquic-
quid habebat in ecclesia Azeii solidum et (juietum. scilicet
presbiteragium et omnia quœ in ecclesia habebat ; insuper
dcdit eis terram, qus est ante castellum, et septcm solidos de
censu, apud Azeium, qui omni annn monachis reddentur.
Hujus ecclesiœ concessionem fecit nobis in capitulo nostro
Guarsius de Buignone, abbas verro Lambertus et monachi
coneesserunt ei vtneas GofTridi Banerii et octo solidos de
censu Andegavenses, soli pacte ut ipse abbati Sancti Ni-
cbolai et monacliis ejus quandiu vixerit serviat et lionoret, et
vineas bene sedilicet, et, quando finieiit renianeant vinete
Sancto Nicholao et monachis quittœ, et insuper unum arpen-
num vinearum ejus in morte sua donet, aut septem libras.
De quo arpenno conventio est ut ab illo die quo donum
istud factum est usque ad duos annos ematur et monachis
demonstpetur et de eo per unum vitem revestiantup.
Ex hoc autem duo fi-atres ejus GofTridus et Morellus sunt
plegii istarum rerum.
Donum ab utrisque partibus Factum est in capitulo Sanctî
Nicholai, anno ab incarnatione 1097. indictione ejusdem ma-
nasterii III', anno quo Rotbertus Burgundus et Rainaldus de
Castro Gunterii Hierosolimam petierunt, feria secunda Qua-
dragesimœ presentibus et concedentibus duobus fratribus
Warini Goffrido et MaroIIo.
Istis testibus : Stéphane presbitero, Girardo vicario, Si-
mone fratre suo, Letberto de Ponte, Rainaido Pelletario de
Ponte, Rainaido Gosberti prioris Sancti Georgii.
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- «47
Dp famulJR GofTridn (lo<|iio. Johanne Rniant. Beranfi;erio
Torto, Willelmo Comario, Gaudino Michel aliiaque multiB.
Ëcclesiann Aziaci, de qua supra diximus concesait Deo et
Sancto Nicholao et abbati Lamberto et omnibus nionachia în
capitule Guarsius de Buif^one vidente Warino de Azeio ca-
nonico et accepit beneficium ecclesiœ saiicti Nicholai et socie-
laterri monachorum.
(nsuper dédit ilHWartnus, presbilerde Azeio, prohaccon-
cessione, sexaginta solîdoa et Johamies Mvdicus monachus
noster tngenla et fecil donum abbati cum uno libro queni
posuit super altare Sancti Nicholai.
Hoc viderunt et audienint David prepositus, Goffrîdu» de
Angrahutla, Rainaldu» de Sartrtno, l^ardus Buterius et alit
plures.
85. — 1097. — Robert le Bourguignon, partant pour la
croisade, entré dans te chapitre de Marmoutier, y confirme
les dons faits par lui de concert avec Berthe, sa femme, et
Robert, son fils, et ceux faits par Renaud, son fil» aîné, sei-
gneur de Craon (Ménage, p. 339],
86. — 1068-1101.— Renaud d(! Craon, Domita, sa femme et
Maurice, son fils, approuvent le don de Gaudin II de Malicor-
ne à l'abbaye Saint-Aubin (Cartitlaire de Saint- A ubin, P 101).
87. — 1084-1100. — Notice relative à des coliberts, où se
trouve relatt'^ un jugement rendu entre 1004 et 1084 par Guy
de Nfivers et Robert le Bourguignon (Livre des Serfs de Miir-
moutier, p. 108).
88. — 1006-1101. — Notice du don de Bremio à la RoO.
Renaud et Henri, son fils, témoins I N" 49 de La Hoë).
89. — 1098, V, s., 14 mars. — Accord entre Saint-Aubin
et Saint-Nicolas. Renaud témoin ^ûom Houaseaii, n" 1028,
d'après le Cartiilaire de Saint-Aithin).
90. — Vers 1098. — Notice' des moines de Saint- Aubin
1. Cette notice a été publiée en partie par dom Piolin, 1. III,
B. 65'i. Pourquoi a-t-il emprunté son texte à dom Ilousseau au
eu de le prendre dans le cartulaira ? Pourquoi a-t-il daté la pièce
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des différentes périp<^ie8 qui ont ramené dans leurs mains les
églises d'Arthézé, et de Bousae. Rotbertus juvenis, lilius Rol-
berti Burgnndi témoin (CarCulaire de Saint-Aubin, fol. 104).
91. — 1098-1101. ~ Notice des moines de Vendôme rela-
tant comment Renaud — d'accord avec son fds Henri — ren-
dît à l'abbé Geoffroy, son cousin, la jouissance des droits sur
Craon que Robert avait conservés (Dom Hoiisseau, n" 1043,
d'après le Carlulaire).
92. — 1098-1101. — Notice du don de Valete à la Roë par Re-
naud qui sollicite l'approbation de son fils Maurice, et son inter-
vention auprès de ses autres filti Henri et Robert (LaRoé, d° 8).
93. — 1 100 ', 5 avril. — Accord entre la Roë et S' Nicolas.
Renaud le Bourguignon et Henri, son (ils, témoins (La Roê,
n°4),
94. — Vers 1100. — Notice de la restitution d'un bœuf or-
donnée par Maurice, alors béritier présomptif de son père
(La lioè, n" 8).
95. ~ 1101, 2 et 17 décembre'. — Cbarte' de Renaud le
Bourguignon qui, au moment de mourir, implore le consen-
tement de ses trots (ils Maurice, Henri et Robert, ainsi que
d'Anguille, épouse de Maurice, pour faire à la RoS un don que
ceux-ci ratifient le 17 décembre (Ch. 8 du Cart. de la Roë).
(1036-1045) alors que les décès de Ouy II de Laval et de Oaudio
II de Malicome sont postérieurs à la seconde de ces dates?
Pourquoi a-t-il traduit Artisiaco par Aslillé? Lia cure d'Astillé
était pourtant à la présentation de Saint-Serge tandis que celle
d'Arthéié était à celle de Saint-Aubin.
2. L'an 1100 est le seul de l'épiscopal de Geoffroy II où le jeudi
de Pâques se soit trouvé le i avril.
3, La charte est du IV des nones de décembre (2 décembre) la
ratiltcation est donnée le XVI des k.iiendes. non pas de décem-
bre, comme le copiste l'a écrit par méj^rde, mais evideitiment de
janvier.
k. Parmi les mentions des témoins on lit : de Castello vero
Gunterii affuit Alardus, nepos meus, senior ejusdem castri. En
effet, Alard ou Adélard était bien le propre neveu de Renaud. On
voit par cet acte que dès l'époque du décès de Renaud il était
aeigaenr de Chflteau-Qontier.
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V
MAURICE I
16 décembre 1101 — 1
Au décès de Renaud, le 16 décembre 1101, la sei-
gneurie de Craon appartînt à son fils alué Maurice 1,
qui ne la posséda que peu de temps.
Dès les premières années, au sujet des redevances
qu'il exigeait de Saint-Clémeut de Craon, il eut une
longue contestation avec l'abbé de Vendôme '. Saint-Clé-
ment était cet ancien prieuré enlevé violemment à Saint-
Aubin par Geoffroy -Martel, attribué par lui à la Trinité
de Vendôme ; Saint-Aubin l'avait revendiqué jusqu'à
l'accord de 1092, consacré par une bulle d'Urbain II,
qui avait sanctionné définitivement les droits de la Tri-
nité moyennant l'abandon fait à Saint-Aubin du prieuré
de Saint-Jean-sur- Loire. Maurice I exigeait de Saint-
Clément le payement de certains droits féodaux ; Geof-
froy, abbé de Vendôme, bien qu'il fût son cousin, prit
énergîquement le parti de son prieuré et obtint de l'é-
véque d'Angers, Renaud de Martigné, l'excommuni-
cation de Maurice, qui ne renonça à ses prétendus droits
qu'après avoir été condamné en 1105 par sentence de
Geoffroy Martel le jeune^.
1. Vers la môme épo<^ue Geoffroy de Vendflme avait lutté ooti-
Ire on autre de ses cousins germains, Adélard de Cbâteau-Oon-
tier qui, excommunié lui aussi par l'évâque d'Angers, avait re-
noncé à toutes ses prélenliuns sur les terres du prieuré de Lé-
vière. Voir la charte-notice dressée vers 1107 dans la Biblothèque
tU lEeoU de» Chartes, t. XXXVI, p. ïl7 et une analyse dans la
Revue de l'Anjou, 1876, p. 73.
2. Geofh-oy-Martel le jeune, qui ne figure pas dans la série des
comtes d'Anjou, était fus de Foulques-Récnin et d'Ërmengarde
41
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- 650 -
Renaud vivait eacore lorsque Maurice 1 épousa Etien-
nette de Chantocé, qid fîgure aussi dans les actes sous
les noms de Denise et de Thiphaine, qui portait pour
surnom l'Anguille et qm était GUe de Hugues, seigneur
de Cbantocé*.
Des documents publiés en 1882 en appendice k Notre-
Dame Angevine- permettent de reconstituer la famille
de Chantocé pendant le XI° siècle : On trouve d'abord
Josselin le Normand, qui a pour épouse Hambourgis et
pour enfants trois garçons : Hugues, Bernard et Hubert,
et deux filles : Britta et Adelina. Ramburgis survécut
à son mari, qui eut pour successeurs l'ainé et le troisième
de ses fils, Hugues et Hubert. Ce dernier mourut après
1105, puisqu'il ligure parmi les témoins de la sentence
rendue cette année là par Geoffroy Martel le jeune con-
tre Maurice I et dans l'acte de 1105 à 1123, publié à la
page 541 de Notre-Dame Angevine.
Lors de son décès le fief devint la propriété de sa
nièce, lille de Hugues, mariée depuis plusieurs années
déjà. Chantocé et Ingrandes entrèrent ainsi dans la fa-
mille de Craon, qui les possédait encore au XV* siècle,
époque où Marie de Craon<la-Suze les apporta à Guy de
Laval-Retz, père du maréchal de Retz.
de Bourbon. H'fut associé par son père à sa puissance sur l'An-
jou en 1103, et mourut en 1106. La sentence, dont on trouvera ie
texte sous le numéro 96 du Cartulaire, est une preuve de la pré-
pondérance de son rôle sur celui de son père (Voir DUtionnairt
de Maine-et-Loire, t. Il, p. 192).
1. On a fail justice déjà de la prétendue existence d'une Bur-
gundia de Chantocé, sœur d'Ëtiennette. Cette Burgundia était
la fille de Robert le Bourguignon.
2. Notre-Dame Angevine, par Joseph Grandet (11-639, p. in-8")
a été publiée par feuilles isolées en appendice de la Revue de
C Anjou de septembre 1877 à juin 1884. Les pa^es ^39 à 631 sont
consacrées à des pièces justificatives données sans aucune indi-
cation de sources : parmi elles, p. 539-559, se trouvent vîn^-six
pièces, formant une sorte de cartulaire d'un prieuré de la Couture
du Mans, celui de Saint-Ëusèbe de Gennes. Il est fâcheux que
quelques-uns de ces textes soient extrêmement défeclueux.
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Dana la Chronica (legestisconsulumAndegavorum^,
Maurice de Craon est expressément nommé parmi les
seigneurs de l'armée avec laquelle Foulques V, après
avoir fait hommage à Louis VI, avait gagné la bataille
de Séez, le 18 décembre 1118, et enlevé la Normandie à
Henri 11 d'Angleterre; malgré cela son décès doit être
fixé vers 1116. Il existe en effet un don de son fils ap-
prouvé par une bulle de 1117.
De son épouse, Etiennette de Chantocé, Maurice I
eut un fils unique, Hugues, qui lui succéda.
Etiennette se remaria avec Simon Crespin *.
CARWIAIRE DE CRAON
II (%-103). MAURICE I 1101-1116.
96. — 1105, Angers. — Sentence de Geoffroy Martel le
jeune*, contre Maurice I au sujet de Sainl-Clément (n° I2A7
de Dom ffousteau d'après une copie faite en 1498).
In nomine Dei omnipotentis Patris et Filii et Spiritus Sancti.
bltées en 1S56-1871 par la Sociité de l'Histoire de France.
2. Ce fait, inconnu jusqu'ici, est établi par une charte contem-
Mraine de Hugues de Craon, publiée dans Noire- Dtune Angevine
(Voir numéro 1 19 du Carlulaire de Craon). — Il faul probab^ment
rattacher ce Simon aux Crespin. seigneurs de Chanioceaux, nom-
mée aux pages 68-72 des Prieurés de Marmoutiers en Anjou, au
tome II des Archives d'Anjou de M. Marchegav. M. Port a re-
connu eu eux les seigneurs de Chantoceaux à la Gn du XII*
siècle et c'est sur l'un d'eux, Thibaut, qu'en 1224 Pierre Uau-
clerc fit la conquête de la forteresse. — Voir Dictionnaire dt
Maine-et-Loire, t. I, p. 606,
3. Cet acte est l'un des rares monuments émanés de la chan-
cellerie de Qeoffroy Martel le jeune, fils de Foulques Réchin et
d'Ermengarde de Bourbon, Associé à son père pendant trois ans
il le relégua au second rang (Voir Port. Dictionnaire de Maine-
et-Loire, t. H. p. 192, où il n a pas d'article spéciati.
Bien que publié à la page 590 des Chroniques Craonnaises, cet
acte a reçu ici place, parce qu'il a été incorrectement publié par
H, de Bodard.
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Ego GolTridus, Dei gratîa Andegavorum cornes, cogno-
mine Martellus, noatris successoribus et universia sancUe Dei
ecclesisB fidelibus notum fieri in perpetuum volui quod Mauri-
cius, dominus castelli quod Credonium dicitur, rébus Stincti
démentis, quse ab avunculo meo nobilissimo comité GofTrido
VindocinenKi monasterio, quod ipse fundaverat, omni con-
suetudine vel cujuslibet rei exactione sepositœ collalee fuerant,
exactiones quasdam, sive consuetudines, injuste conabatur
imponere et, in quantum poterat, violenter imponebat. Quod
Goffridua, tune lemporis Vindocinensis abbas, licet consan-
guineus Mauricii esset, minine sustinens, Rainaldo bonœ mé-
morise andegavensi episcopo quam patiebatur injuriam bu-
mititer suggessit et, ut tiranni malicia quœ Jam puUulare
cœperat, ecclesiastica censura rescearetur, diligenter postu-
lavit. Cujus precibus ac justo desiderio epiacopus acquievit
et Mauricio et universœ terrie illius divinum, hac de causa,
abstulit oflicium. Sed sic ejus crudelis animas ilecti non po-
tuît. Abbas si quidem ad patrem meum Fulconem et ad me
deinde veniens qualiter molestabatur ipse qualiter etiam res
Vindocinensis monasterii in terra nostra per Mauricium mî-
nuebanlur nobis monstravit et quia quiquid apud Credonium
poesidebat beneiicium memorati avuncuH nostri et Dostrum
erat, veraciter asserruit ; quapropersœpedictum Mauricium ad
nos venire Jussimus et ut in curia nostra Vindocînensi abbati
et nobia de beneficio nostro quod injuste violaverat omnem
justiciam exequeretur sicut hominem nostrum ammonuimus.
Quid plura, statuto die, in curiam venit justiciam quam pe-
tieramus executurus ibi résidente nobiacum Rainaldo, lauda-
bilis ritœ episcopo, et multis baronibus nostris prœaentibus,
prœsente etiam Mauricio cum hominibus suis.
Carta Gaufridi avunculi nostri venerabilis comitis lecta est
et recitata, in qua veracissime continebatur quod ipse eccle-
siam Beati Clementis cum omnibus ad iltam pertinentibus
Vindocinensi monasterio donaverat cum Credonensem hono-
rem dominicum haberet antequam etiam Rotbertho Burgun-
dioni honorem illum concessisset, nam ab illius concessions
sive donatione quicquid ibi Vindocinensi monasterio prius
contuleral, sicut eadem carta asseruit, nominatim retinuit,
huic itaque cartœ multorum Romanorum pontificum privile-
./ Google
gia veritatis testimonium perhibebont et illam irretractabi-
liter apostolica virlute corroborabant.
Contra hœc Mauricius nîchîl respondît nec mimm quia
quid responderet invenire non potuit.
Ibi itaqufl comprobatum est omnino et manifestatum et qui
ante non noverant tune firmiter noverunt {[uicquid Vindoci-
nense monasterium apud Credonium habuerat et habet avun-
culi noBtri beneficium esse dignoscitur et noatrum et ideo a
curia dictum est et judicatum ut quod abbati et monachis
abstuleral et quia beneficium noetrum infideliter tractaverat,
rectum et honorem nobis facere deberet.
Actum est hoc anno incarnationis dominicœ M' C. V. indic-
tioneXIII, apud Andegavum majori caméra comitis andega-
vensis ubi affuerunt isti :
Rainaldus, episcopus Andegavensis, Rîcardus decanus, Ste-
phanus cantor, GofTrîdus thesaurerius. Hubertus archidiaco-
nus, Gamerius archidiaconus, Willelmus archidiaconus,
Guinelmue Musca canonicus sancti Mauricii, GofTridus Caî-
phas canonicuB Sancti Laudi, Mainerius canonicus, GolTridua
de Blazon cancellarîus comitis Goffridi, Fulco cornes, Goffri-
diis MartelluB filius ejus, Fulco fratrer ejus, Hugo de Sancta
Mora, Guido de Lavalle, Gaudinus de Ctichione, Normannus
de Montorebelli, Petrua de Camilliaco, Adeladusde Castro-
gunterii, Johannes de Castello, Gotîridus de Brioleto, Ted-
baldiis do Castello celso, Petrus Rubis cal lu s, Johannes de
Blazono, Valterius de Montesorelli, Paganus de Mirebello,
Simon de Boeria, Fulco de Plaxicio, Fulco de Matefellone,
HarduinuE de Sancto Medardo, ipae Mauricius, dominus Cre-
donis, Robertus, fratrerejus, Mauricius Rohonnardus, Girar-
dus Paganus, GofTridus filius Garini, Orricus de Bellopra-
tello, Abo de Brioleto, Carbonellus, Radulphus de Soconania
andecavis prœpositus.
De hominibus Mauricii : Herbertus de Cantosciaco, Gna-
rinus Bomus, Lisoius Infans, Gosbertus de Salconniaco.Wido
Turpinus, Rothlandus Conrandus, Herbertus filius Drogonis,
Posius de Moleriis, Silvester de Voluta, Pichio de Guierchia,
Odo de Borno homo Guidonis de Lavalle, et multi alii, quo-
rum nomina propter nimtam morositatem subtitulare recuaa-
vimus.
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— 684 -
MauriciuB autem judicium quod tanti viri fecerunt calump-
niari nuUatenus prEcsiimpsit, sed, in quantum potuît, illud
exequi doloee distulil, verilate tamen et justicia cogente et
nostra adstnctus cnnjurationp. in crastino, in domum quse
fuerat Hugonts,canoniciSancti Laudi.ubi nos eramuevenit et
quia quicquid de rébus Sancti Clementis abstulerat ut abbati
termine quem abbas illi daret ex intepro redderet per fidem
promisit et ne abbati vel rébus suis, propter discordiam quam
inter se habuerant, aliquid pejus faceret pariter afEdavit nos
vero prœcibus et dilectione abbatis, quod ob hoe nobia forfe-
cerat, perdonamus, et sic etiam ab epïscopo Andegavensi ab-
solutus extitit aquo propter injusticiam quam monacliis facie-
bat cum omni l^pra sua interdictionis vinculo lenebat ligatus.
Hoc itemm isti videmnt et audienint.
Ego ipse Gauffridus cornes Andegavorum, Pelrus de Camil-
liaco, Normannus de Monterebelli, Petrus Rubescalhis, Har-
duinus de Sancto Medardo, qui jussu abbatis a Mauricio ac-
cepîtfiduciam, Ricardus de Sancto Quintino, Guarinus Bornus,
Pipinus de Rahesio, Gauiïrîdus de Ramoforte, GofFridus de
Blazone, llarduinus de Sancta Gennua, Mauricius ipse de
Credone, Rotbertue ipse frater ejus.
De hominibus ejus, Herberlua de Chantoscîaco, RoUandus
Conrandus, HerbertusfiliusDrogonis, Rolbertua filius PoUi-
cite, Silvester de Voluta, et alii plures in placito et judicio
isto.
Cum abbate Goffrido fratre, de monachis his : Ingelbaldus
eubprior Vindocinensis, Guillelmus prier Andecavis, Hame-
linus prior de Credone, Rainaldus Betcrtâ de Sancto Salur-
nino.
97. — 1102-1H6. — Zacharie fait don à Saint-Aubin de le
Selle- Guerchoise, Maurice I, fils de Renaud, est témoin
(Dom Morice, Preuves, t. I, p. 475),
98. — 1102-itl6. — Notice de l'abandon à La Roé, par
Maurice, de tous ses droits sur la t^rre de Valet* et du rejet
de toutes les prétentions des chanoines de Saint-Nicolas sur
celte même terre (La Roé, n" 8).
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- 658 —
09. — 1102-H16. — Note du don de Maurice I k Nyoiseau
(Dom Housseati, n" 1067).
Maurice do Craon, Denise, son épouse, et Maurice, dîlRaî-
naud. leur fils atné, donnent à l'abbaye de Nyoiseau soixante
sois sur le lieu de Barreiz, que Geofroi de S ai nt- A matou r
avoit donné cy devant à l'abbaye pour sa defTuncte mère Ju-
lienne.
Testes : Phîlippus de Saucogneio, Rainaud de Livré, Jean
de la Selle, Jean Maran et Turpin de Saint-Amatour.
100. — 1105-1116. — Notice des dons faits à Saint-Nicolas
par Hugues de Chantocé et par Maurice I, son gendre (Dorn
ffousseau, tome XIII' n" 9604).
Hugo de Cantosceio, pro parla Victoria de hostibus suis
scilicel Goiïrido Borrigone aliisque multis, dédit beato Ni-
cholao, tempore abbatis Hamonis, ecctcsiam de Fenis ad lumi-
naria monasterii. Moituo aulem Hamone, cui successit NatalÎB
abbas', quidam Hugonis miles nomine Walterius supradic-
lam eccleaiam monachis calumniavit, quapropter Hugonem
adierunt qui donec querelam intcr monachos et baronem suum
ortam sedaret census matris sus el suos quos Andecavis ha-
bebat eis tradidit.
Post roortem Hugonis, Mauricius, fîlius Raginaldi de Cre-
done, surrexit qui filiam ejus in uxorem cum honore suscepit
hic etiam, volente pâtre suo' (Déchiré) census jam dictos
Sancto Ni cholao reauctorisavit.
1. Hamon fut abbé de Saint-Nicolas de 1074 à 1079; Natal de
1080 à 1096.
2. Cette charte donne à penser que, du vivant de son père.
Maurice I, épousant la fdle d'Hugues, est immédiatement devenu
seigneur de Chantocé : or, une charte de 1116-1139. publiée p. 542
de Ta Noire-Dame Angevine, ne laisse aucun doute sur l'existence
d'Hubert comme seigneur de Chantocé ; celle de la page 541 , ainsi
que la sentence de 1105 contre Maurice 1 obligent à lixer le dé-
cès d'Hubert après 1105. Une mmveile preuve se trouve dans
une charte de Saint-Nicalas d'Angers; on y lit : notant qitod
poaufuam Hugo de Cantosceio moriuus est, frater suum Hubenua
dimisit calomniant de eo quod habebamuf apud Spiniacum (f, f.
22,450. fol. 163).
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— 656 —
101. — iii3, 30 novâmbre. — Jugement relatif à la posses-
sion d'un fîef de colibert où est relatée l'existence d'une Adé-
laïde, coliberte du comte d'Anjou et de Robert le Bourguignon
(Bibl. de l'Ecole des Chartes, t. XVII (1856), p. 415 et 424).
102. — I1I5, 25 mai, Bénévent. — Bulle de Pascal II con-
firmant la transaction au sujet de Saint-Clément de Craon
(Baluze, Miscellanea, t. III, p. 53 et Recueil des historiens,
t. XIV, p. 88).
103. — Vers 1116. — Charte du Ronceray constatant )a
conversion d'un droit de vinage en une redevance annuelle
de dix sous. Maurice I était intervenu pour obtenir cette con-
version [n" 200 du Ronceray).
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VI
HUGUES
H16 — Vers H38.
Maurice 1 eut pour successeur son fils unique, Hugues.
Le premier acte connu du nouveau seigneur de Craon
est le don de la chapelle de Saint-Nicolas à la Roè, re-
laté dans la charte 6 du Cartulaire. Cet acte ne saurait
être plus récent que 1116, attendu qu'il fut approuvé le
5 avril 1117 par le pape Pascal II ; il oblige à reconnaî-
tre que dès 1116 Hugues était seigneur de Craon.
Hugues n'était pas mineur puisqu'il disposait d'une
partie de son patrimoine. 11 n'eut donc pas pour bail
Raoul de Chérancé, comme l'avance sur la loi d'un ro-
man', M. de Bodard. Le bail, du reste, n'appartenait
pas à l'un des fonctionnaires du fief mais au plus proche
parent consanguin ; or le fils de Maurice I ne manquait
pas de famille et on eût trouvé facilement l'un de ses mem-
bres pour occuper ce poste qui n'était pas sans profits.
Par son mariage, Hugues devint l'allié d'une famille
voisine de son fief, et qui avait déjà une assez grande
importance, celle des seigneurs de Laval. Guy III, lils
de Hamon de Laval et de Hersende, avait épousé Denise
de Mortaîn, nièce de Guillaume-le-Conquérant ; et ou-
tre Guillaume de Mortain, le vaincu de Tinchebray, il
\ . Voir dans le Mémorial de la Mayenne, t. I, p. 35, le Roman
de la Porte des Bâcherons. Son auteur sans doute n'aspirait pas
à l'honneur de le voir citer comme document historique,
,^-GoogIc
avait pour beaux-frères' André de Vitré, époux d'Agnès,
et Guillaume IV de Toulouse, époux d'Emma. C'est vers
1124 que Hugues de Craon épousa Agnès de Laval''.
Ëxistait-il une parenté entre les deux conjoints ? Hilde-
bert ne s'en explique pas lorsque dans sa lettre de la fin
de l'année 1129 adressée au pape Honorius II il mentionne
les retards apportés à la conclusion du litige auquel
donnait lieu le mariage de Hugues et fait connaître en
même temps que Guy de Laval, le frère d'Agnès, était
hors d'état d'obéir aux convocations canoniques, grâce à
l'état de guerre qui existait alors entre lui et le comte
du Maine 3.
Agnès mourut peu après 1130, après avoir eu deux
enfants, Renaud et Guérin.
Hugues ne tarda guère à se remarier avec une cer-
taine Marquise, dont la famille n'est pas connue, et que
M. de Bodard, sans dire pourquoi, a rattachée à la fa-
mille de Mayenne *. Ménage, à qui incombe la responsa-
1. Ces trois alliances sont roentiannées par la Chronique de
Robert de Thorigny, t. I, p. 319 de l'excellente édition donnée par
M. Léopold Delisle (Rouen, 1872, 2 vol. in-S") pour la Société de
l'Histoire de Normandie.
2. Ce mariage soulève unpetit problème qu'il foui exposer ici ;
la lettre de l'archevêque de Tours, Hildebert. au pape MonoriusII
ne permet pas de douter qu'Agnès fût la sœur du seigneur de
Laval de ce temps là; mais en 1139 il y avait trente quatre ans
3ue Guy III était mort. Sa fille eût été bien mûre pour un fiancé
e l'âge de Hugues.
3. Voir la lettre in extenso sons le numéro 114 du Cartulatre.
4. A la page 73 des C/ironi/juex de M. de Bodard, dans l'énn-
mération des objets trouvés k Chàielais. nous lisons : ■ Un pro-
priétaire du lieu a trouvé au milieu d'autres débris la moitié d'un
ancien sceau-matrice d'ivoire, avec l'anneau qui servait i le sus-
pendre à la ceinture. Sa facture ressemble entièrement à celle du
sceau de Foulques V, donné par M. Marchegay au l*' volume des
Archive» d'Anjou. On y lit la moitié de la légende : edb de ne-
DUANA ce qui ne peut se rapporter qu'à un Geoffroy de Mayenne. ■
Nous devonslaisser à M. de Bodardl'entière responsabilité de son
récit, car. malgré des recherches faites à diverses reprises, nous
n'avonsjamais pu savoir ce qu'étaitdevenue cette matriced'ivoire.
-^ Quant au sceau de Foulques V, il n'est connu que par un des-
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bilité de cette erreur, cite comme autorité le pasaage du
nécrolo^ des Bonshommes d'Angers relatif au décès de
Maurice II : n Quarto idus augusti obUt Mauricius de
Credone, fiUas Hugonis.... quipro sainte sua et patris
suiet Isabelde Meduana^unraesua.... dédit... » Mé-
nage, p. 145, a conclu : 1" que Marquise, mère de Mau-
rice II, s'appelait aussi Isabelle; 2° qu'elle était de la
maison de Mayenne. Il fallait tout simplement lire u.to-
ris au lieu de matris, ce qui est conforme à tous les au-
tres documents.
Hugues mourut avant la consécration de la Roè, soit
entre 1136 et 1139.
Marquise, devenue veuve, se remaria à Payen de
Vaiges, comme l'établit une charte du Cartulaire de
Saint-Melaine de 1162'. Ce Payen de Vaiges n'était
évidemment pas, — quoi qu'en aient dit Ménage et M.
Planté, — le chevalier de ce nom qui, en 1214, figurait
au nombre des gentilshommes de l'Anjou présents à la
bataille de Bouvines, le même qui, en 1206, confirmait un
don à l'&bbaye de Mélinais, qui on 1211 faisait don k
l'abbaye d'Eyron du prieuré de la Ramée et qui, en 1219,
faisait à Fontaine^Oaniel une libéralité relatée dans le
recueil des chartes de cette abbaye^. L'époux de Mar-
sin du XII* siècle que le {'(ipisCe du cartulaire de Raint-Mnur a joint
à la charte du 15 septembre 1124, au bas de laquelle il avait été
apposé. — M. Marche^y, en publiant le cartulaire de Saint-Maur,
a donné à ta pa^e 323 duiome I de ses Archives d'Anjou, h fac-si-
mtle de ce dessin ainsi que ceux d'un sceau de Foulques IV du 24
avril 1090, d'un sceau du 2 juillet 1105 de Pierre II. évéque de
Poitiers, d'un sceau de Charles-le-Cbauve du 15 août 850. Enfin à In
page 366 il a donné le fac-similé de la copie d'une charte de 1121
de Guillaume 1, évèque de Poitiers, où se trouve compris le des-
sin du sceau de cet évéque.
1. Celte uharte s été publiée par dom Lobineau à la p. 218 de
son tome II ; elle se trouve aussi dans Ménage à la page 1^3 de
son Sablé, mais incomplète et avec une faute de lecture qui trans-
forme Hugues de la Ouerche, frère de Geoffroy de Pouancé, en
un frère de Hugues de Craon.
2. Ménage, p. 143 : Gérault, Notice sur Evron,p. 146; Caria-
laire de Fontaine-Daniel, p. 68; Commistion de fa Mayenne, t,
IV, p. 327.
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quise, qui aurait eu plus de cent ans en 1214, est men-
tionné dans un document des pins importants parce qu'il
permet de débarrasser ta famille de Craou d'un membre
parasite que tous les historieuB jusqu'ici y avaient fait
figurer; c'est la charte 129 du Cartulaire du Ronceray :
après y avoir inséré des faits remontant à l'époque de
Geoffroy-Martel (1040-1060) à savoir le don au Ronce-
ray des dîmes de Mathefelon, le rédacteur explique dans
quelles conditions Payen de Vaiges et Marquise, sa
femme, puis plus tard Foulques, leur fils, accordent au
Ronceray des droits nouveaux sur le fief de Mathefe-
lon. Cette notice, que M. Marchegay avait cru devoir
dater entre 1040 et 1060, mais qu'aucun synchronisme
n'interdit de placer entre 1165 et 1180, montre que le
Payen de Vaîgea, époux de Marquise, était seigneur
de Mathefelon, et explique comment Maurice II pouvait
posséder un frère appelé Foulques de Mathefelon, lequel
était son frère utérin et n'appartenait pas à la famille de
Craon.
Foulques de Mathefelon ne prendra donc pas Ici place
parmi les fils de Hugues; mais, il importe.de noter que
au nombre des libéralités de Maurice II, il s'en trouve
une faite pour son Ame antérieurement à 1191'.
Hugues eut d'Agnès de Craon deux fils :
Renaud, — Guérin.
De Manjuise, il eut :
Maurice, — Robert, — Guy.
Une fille appelée Marquise, comme sa mère.
IV|. — Renaud, fils de Hugues et d'Agnès de Laval,
mourut enfant et fut enterré à la Roè, ainsi que le prouve
la charte 13 du Cartulaire, qui raconte une visite faite
à sa tombe à l'époque où Robert de Montenay était abbé
de la Roê. Hugues et Agnès étaient venus ensemble,
1. Cartulaire de Craon, n* 38.
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- 661 -
amenant tes amïa des maisons de Craon et de Laval, et
firent don à l'abbaye du four banal qui venait d'être
établi à Craon.
IVg. — GuÉRiN succéda à son père comme seigneur
de Craon.
IV3. — Maubicb fut l'ainé dea fils de Hugues et de
Marquise. Au décès de Guérin II, vers 1150, il succéda
à son frère comme seigneur de Craon.
IV4. — Robert fut chanoine d'Angers «t apparaît dans
la charte 163 du Cartul-aire de la Soë comme témoin
de l'un des dons de son frère.
IV-. — Guy n'est rattaché d'une façon expresse par
aucun document à la famille de Craon. Il figure à côté
de Robert de Sablé parmi les témoins de l'accord passé
en 1191 en Sicile entre Richard-Cœur-de-Lion et Tan-
crède. Serait-ce lui aussi qui fut l'auteur du don fait en
1185 au prieuré anglais de Spalding' ?
IVg. — Marquise, tille de Hugues et de Marquise,
épousa Hugues de la Guercbe. Les nombreux actes où
la parenté entre Maurice II et la famille de la Guercbe
est exactement portée, ne permettent aucun doute sur la
réalité de cette alliance.
1. Voir Fonds françaU, n' 22,450, fol. 176.
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VII
GUÉRIN II
Vers 1138 — Vers H»
L'existence de Guérin II doit sa révélation à l'étude
du Caitulaire de la Boë où se trouvent les trois docu-
menta qui seuls nous le font connaître occupant la sei-
gneurie de Craon. Avant M. de Bodard, personne ne
l'avait signalé.
Dans la charte 17 les seigneurs de Craon sont énu-
mérés dans leur rang ; Guérin occupe le sien entre Hu-
gues, son père, et Maurice II, son frère. Dans la charte
199 on lit : audientihus et concedentibus Guarino de
Credone, Agnete, maire ej'us... Il ne faut pas y voir,
comme M, de Bodard, une ratification du seigneur du
fief, mais simplement un assentiment donné par l'héritier
présomptif de ce seigneur; en effet l'intervention d'A-
gnès dans la charte 199 montre que cet acte fut rédigé
du vivant de Hugues, avant 1130, à une époque ou Gué-
rin était encore dans sa petite enfance.
Enfin ta charte 51 montre Guérin occupant la place de
seigneur fondateur de l'abbaye à la cérémonie de la con-
sécration de la Roë, faite du temps de Robert de Monte-
nay, par l'archevêque de Tours, entre le 20 septembre
1 135 et la mort de Robert de Monlenay ' .
C'est tout ce qu'on sait de Guérin II, qui ne fut pas
marié et qui probablement mourut avant sa majorité.
1. Pour être fixé sur la manière dont H. de Bodard a rédigé
ses Chroniques Craoïmaites. il est curieux de conslaler que,
après avoir dit, p. 171. i]ue Robert de Montenav fui abbé de tlll
à 1136. il dit à la page 173 : de 1130 à 1136, a la page 176 : de
1130 à 1139 et à la page &&3; de 1128 à 1139.1
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Son décès, advenu vers 1150, fit passer la seigneurie
à Maurice 11, son frère consanguin.
CARTULAIRE DE CRAON
III (10^-130) HUGUES ET GUÉBIN II 1116-1150.
104. — 1116. — Charte notice relatant le don de la cha-
pelle de Saint-Nicolas à la Roë fait par l'évAque d'Angers
Renaud, qui l'avait reçue d'Hugues de Craon (La lioé, n" G).
105. — 1117, 5 avril, Bénévent. — Lettre du pape Pascal
relative à la possession par la Rofi de la chapelle Saint-Nico-
las où il est dit expressément que Renaud eut pour tils Mau-
rice et pour petit-fils Hugues (Ba)uze, Miac, t. III, p. 18).
106. — 1116-1118. — Radulfus'Crassus avait fait aux moi-
ims de Saint-Nicolas un don approuvé par Renaud de Chà-
teau-Gontier, mais le profit leur en fut enlevé par le fils de
Renaud, Adélard, qui finit par le restituer à l'abbé Lambert.
Hugues de Craon témoin (Dom Housseau, n" 9640, au t. XIII') .
107. — 1116-1124. — Notice du don fait à Nyoiseau de la
moitié de Saint-Aubin du Paveil. Hugues de Craon témoin
(Dom Housseau, n" 1315).
108. — 1U6-1 125,— Notice d'un pré donnée La RoS par
Hugues en échange d'un cheval, qu'il avait reçu de l'abbé Al-
bin (La Roëy n" llj.
109. — Vers 1120. — Henri de Craon, après la mort de
son frère Maurice, avait disputé au Ronceray ce qui avait été
donné par ses ancêtres à Cornillé et à Bonchamp. Il reçoit
cent sous et renonce à ses prétentions (Cartiilaire du Ron-
ceray, n" 168).
110. — 1123, 20 décembre. — Notice des moines de Saint-
Aubin, du don d'Adélard de Ch&teau-Gontier (Fonda latin,
17,126, fol. 321].
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Anno' ab incarnalione Domini MCXXIH, vtgilia sancti
Thomœ apostoli, obiil Matliildis, uxor Adelardi Castrogon-
therii domini ; pro cujus anima dédit idem vir in eleemosyna
monachis sancti Albini decimam vendanim panis et omnis
quœ in castello ejus a modo per omne tempus vendiditur.
Ipsis etiam monachis in perpetuum perdonat ex toto con-
suetudinem quam arripiebat in burgo de Basogiia ab omnibus
exturnis qui ibi aliquid vendebant.
De bac quoque eleemosyna ipse Adelardus domnum Hame-
.linum abbatem cum una virgula IV Kalendas Januarii in ca-
pitulo Sancli Albini revestivit et eamdem virgulam super ai-
tare Sancti Albini detulit.
Abbas et monachi dederunt ei mille missas et nomen dc-
functae in martyroloffio buo adscripserunt, anniversarium
ejus solemniter facluri.
Hoc viderunt et audierunt : Warinus Dibons, Radulphus
de Gre, Willelmus Barrai, Adelardus Barrai.
De nostris : Robertus prœpositus, Warinus Cambertanus,
Artusus Cœmentarius.
111. — ill6'1128. — Notice du don par Hugues de la terre
nécessaire k la haie qui devait lïlre plantée entre la Ro£ et
PoiltPée (La Hoé, n" 50).
112. — 1116-1128. — Notice de la reconnaissance par Hu-
gues des limites des possessions de la Roê (La Hoë, n" 9).
113. — 1128-1130. — Notice du don d'un four fait par Hu-
gues à la Roë lors de l'anniversaire du décès de son fds Re-
naud. Il était venu visiter sa sépulture avec sa femme Agnès,
accompagnée elle-même de nombreux seigneurs du pays de
Laval (U Roê, n° 13}.
114. — 1129, après avril. — Lettre d'Hildebert'an pape
Honopius II (Patrohgie Migne, t. CLXXl, col. 264).
1. Cet acte important pour l'histoire de Château- Gontier était
jusqu'ici resté inconnu.
2. CettelettreaétéconnuedeMënagelp. 137)etdeH. deBodard
{p. 171). Mais ui l'un ni l'autre ne lui ont assigné la véritable
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Lîtteras ad nos, beatissime Pater, veslra dédit sublimitas,
contiuentea ut causant qu» de conjugio Hugonis de Credone
et Agnetis uxorin suce suscitata fuerat, utraque parte cocto-
cata satageremus termioare. Quibus cum diem agendi ex ves-
tro dedlssemus prœcepU), !psa Agnes et pro brevitate tem-
pore el pro loco ad quem auos deducere non poterat advocaios
et maxime Guidonem de Lavalle fratrem 3uum cum comité
guerram habentem, se non posse ad causam venire prœten-
dit. Prsîterea contigit ante diem quem posueramus, Franco-
rum rex ad coronanJum fdium suum, et in regem ungendum
nos invitarel, et in eadem die, quem utrique dederamus,
egredi de nostra sede nos tempore et conditioue cogeremur.
Porro non exaudire Regem, oui postulatum debebamuit
obsequium, et quem vel sic mitigandum speravimus, el in
damnum Ecclesise cessurum, et in majorem adversus nos
indignationem, nemo est qui dubitet.
Cum igitur et excuaatione Agnetis et vocatione qua vocati
sumus a Rege, prœscripto die causam non possemus termi-
nare, competentem ei obtulimus diem, quem tamen ipse
omnino suscipere recusavit, Quod ideo vobia, Pater sancte,
signilicandum censuimus, ut si quis vobis aliter îd referret,
vos et dilationis causam cognosceretis, et rei verîtatem.
Conservet vos Dominus Ecclesîœ suœ, Pater Sancte.
115. — 1130-1139. — Lettre d'Ulger, évoque d'Angers, à
Innocent II en faveur de la Rofi pour la possession de Saint-
Nicola» (Baluze, Miscellanea, t. Itl, p. 15).
ire. — 1136, 12 janvier, Pise. — Bulle d'Innocent II à Fro-
mondus, abbé de VendAme, où il est fait mention de Saint-
Nicolas et de Saint-Clément de Craon (Martène, Thea. nov.,
1. 1, p. 388).
117. — 1136, 25 janvier. — Bulle d'Innocent II à Robert,
abbé de la Roô, confirmant les possessions de l'abbaye (Ba-
luze, Miscellanea, t. III, p. 17).
date de tl29 après le sacre de Philippe, fila de Louis-le-Gros.
A cause de son importance pour l'histoire de Craun, on la donne
ici in «xten$o.
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118. — 1116-1138. — Notice du don que Hugues fit à Saint-
Nicolas sur Chanlocé (n' 9635 du tome XIII de Dom Hous-
êeau).
Hugo, dominus de Credone, conflnnavit Deo et Sando Nî-
cholao et monachis ejus minam salis apud Cantociacum, quam
prsedecessores sui dederant.
Hit eunt testes Warinus Bornus, Hato Montis Johannis,
Tiso de Credone et alîi.
119. — 1116-1138. — Notice d'un don fait à Saint-Eusèbe
de Gennes par Hngues de Chantocé approuvé par Maurice I,
époux d'Etiennette, dite l'Anguille, puis par Simon Crespin,
second époux d'Etiennette, et par Hugues de Craon (Notre~
Dame Angevine, p. 542).
120. — 1135-avant le 2 février 1141. — Notice des dons
faits à la Roé par Guérîn de Craon et par Guillaume de la
G^ierohe, le jour de la dédicace de l'église (LaRoê, a' 51).
(A suivre).
A. Bertrand de Broussillon et P. de Farcy.
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PROGÈS-VERBAUX DES SÉANCES
SEANCE DU 29 AVRIL 1890
La séance est ouverte à deux heures, soua la prési-
deoce de M. Floucaud de Fourcroy.
Sont présents MM. Floucaud de Fourcroy, président,
Coaanier de Launay et Perrot, vice-présidents, Souchu-
Servinière, Leblanc, Cornée, P. de Farcy, de Martonne,
Richard, Garaier, Moreau, membres titulaires, et MM,
Trévédy, Œhlert, d'Achon, de La Beauluère, Raulio,
Le Toumears, membres correspoodante.
M. le Président aouhaite d'abord la bienvenueàM.d'A-
choD, qui siège pour la première fois.
Il est ensuite procédé à l'admission des membree cor-
respondants proposés au cours de la séance précédentâ.
MM. :
L. de La Sicotière, à Alençon.
Baron de Beauchampa, au château de Beauchamps,
par la Ferté-Bernard.
Moulard, à SouIgé-le-Ganelon (Sarthe).
J. Appert, à Fiers.
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■ - 668 - .
C" Gérard de Contades, au château de Saint-Mau-
rice, par la Ferté-Macé (Orne).
Frain de la Gaulairie, à Vitré.
Sur le bureau sont déposés les ouvrages suivants :
Mémoires de la Société nationale d'agriculture,
sciences et arts d'Angers, Tome IIl, 4* série,
Domfront aux XII' et XIII* siècles ; — La rencontre
de Richard Cœur-de-Lion avec Roger d'Argentan ; —
Les Sarrasins de Domfront; — l'Enquête philologique
de i8î2 dans les arrondissements d'Alençon et de
Mortagne, par M. Louis Duval, archiviste da l'Orne.
M. Paul de Farcy fait hommage du Catalogue des
gentilshommes de l'Anjou lors de la recherche de la
noblesse de i666, par M. Voisin de la Noiray's, inten- '
dant de Rouen, ((u'il vient de publier dans la Revue de
l'Ouest.
M. le Président donne lecture d'une lettre annonçant
que le congrès de la Société Française d'Archéologie se
tiendra à Brives (Corrèze) du 17 au 24 juin.
M. Leblanc donne lecture de plusieurs lettres intéres-
santes de Maupetit, qui fut député à l'Assemblée natio-
nale. Elles sont extraites d'un registre-copie sur lequel
ce dernier transcrivait ses lettres alors qu'il était inten-
dant de la duchesse de Mazarin, avant la Révolution.
M. Leblanc présente aussi à la Commission un plat de
bronze provenant de la trouvaille faite à Châtras, près
d'Evron*.
M, P. de Farcy donne lecture de deux notes histori-
ques, relatives l'une à une Mission à Château-Gontier^
au XVIll' siècle, l'autre à un Procès de sorcellerie.
1. Voir Procès- Verbaux et Documents de la CommissioD, T. I
(l^* série), p. 44.
3. Publiée à la page 397 du présent tome.
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M. E. Moreau communique une photographie exécu-
tée par M. A. Tirard, membre correspondant, et repré-
sentant une fort belle cheminée d'une maison de la
place des Haltes, à Ernée.
M. E. Moreau signale, de la part de M. Montagu,
instituteur à Hardanges, une station à silex taillés si-
tuée dans le champ du Rocher dépendant de la ferme de
./Google
- ftTO-
la Tonche-Booneau, située à. 2 kilomètres d'Ambrières
(MayeDne).M. Morea^a enenBapogaeBaionqaelqoes-unB
de CQB OHtils qui tai ont paru être de bons spécimens
de l'iodustrie néolithique. M. Montagu oonserve aussi
deux haches polies provenant de la même région.
M. d'Aehon donne leetttre d'un travail sur Bourg-
l'Ëvéque dont il veut bien réserver la publication au
Bulletin de la Commission.
M. Leblanc lit un travail snr La Laire (commune du
Ribay), dont la Commission décide l'impression dans son
Bulûtiti.
M. Paul de Farcy demande que la Commission fasse
tous ses efforts pour obtenir le classement des vieilles
halles de Chàtcau-Gontier. Cette proposition est adop-
tée.
M. D. CEhlert annonce que le musée de Lavât vient
d'acquérir la collection de feu M. Bourgneuf *.
n donne ensuite lecture d'une lettre de M. l'abbé
Maillard, curé de Thorigné-en-Charnie, dont voici un
résumé :
DÉCOUVERTE DE SÉPULTURES MÉROVINGIENNES
En avril 1890 M. le curé Maillard apprit que des ou-
vriers travaillaient à 200 mètres au-dessus de la Cave à
la Chèvre, sur le bord de l'Erve, un peu au-dessus de
la chaussée de la Roche-Brault, via-à-vÎB la ferme des
Hallais. Pensant que les fouilles avaient pu mettre au
jour des objets intéressants, il se rendit immédiatement
à l'endroit désigné et là, en effet, il apprit qu'on avait
découvert sept sépultures ; mais tous les os avaient été
enfouis parmi les déblais.
1. Voir page 501 du présent tome.
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Cependant une sépulture avait été découverte la veille.
Elle était presque intacte. Le squelette était allongé, lee
bras ramenés sur la poitrine. Les os, très friables, tom-
baient en morceaux. A la ceinture, lue oolorstion varte
indiquait la présence d'un objet de cuivre; c'était une
agrafe de ceinturon portant des dessina gravés «veA la
boucle et Tardillon qui la complètent.
Le squelette parait avoir été celui d'un jeune individu
car la màcboire inférieure ne portait pas encore de mo-
taires.
Les sépultures étaient en Hgne, les pieds de l'une
touchant presque la tête de l'autre ; les corps étaient
placés dans le sens de la pente, les pieds en bas, la tête
en baut, les pieds à peu près au sud-est et la tête au
nord-ouest ; ils étaient enfooîs à une profondeur variant
de trente à sohcante-dix centimètres, mais reposaient
toujours sur le roc.
M. le curé Maillard a bien voulu donner au musée de
Laval l'agrafe qu'il a recueillie et qu'on trouvera figu-
rée ici.
RBSTADRATlOn DU PORTAII. OE SAIKT-VÉRiRAHD
M. le Président donne lecture d'une lettre de M. le Pré-
fet de la Mayenne accompagnant nn projet de restaura-
tion du portait de .l'église Saint- Vénérand • à Laval, et
demandant à son sujet l'avis de la Commission.
Celle-ci ayant exprimé le désir d'examiner sur piace
le portail, M. le Président lève la séance et la Cottmis-
sion se transporte à l'église Saint -Vénérand.
A la suite de l'examen auquel elle s'est livrée et des
observations qui ont été échangées, M. le Président a
adressé h M. le Préfet de la Mayenne la lettre suivante :
1. N«U8 éonnoDB ci-contre une voe du portail, avant la restau-
ration (1890) d'après une photographie de M. G. G«rbault. Dans
le prochain numéro nous donnerons une vue d'ensemble d'après
une photographie de M. H. Letourneurs.
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Laval, le 29 avril 1890.
MoNsiBUR LB Préfet,
Je m'empresse de vous informer que j'ai soumis à la Com-
mission Historique et Archéologique de la Mayenne, dans sa
séance de ce jour, le projet de restauration de la façade de
l'église Saint-Vénérand que vous m'aviez fait l'honneur de
me communiquer hier.
La commission appelée, en vertu de l'art, 8 de l'arrôté pré-
fectoral du 17 janvier 1878, à donner son avis sur le projet
au point de vue i du mérite de l'édifice et de la convenance
de la restauration n s'est livrée à un examen attentif du dos-
sier et s'est rendue sur les lieux pour étudier l'état de l'édifice
et les dispositions projetées pour la réparation.
Elle a vu avec satisraction qu'on se préoccupait de remets
Ire en bon état de conservation un très intéressant spécimen
de l'architecture du XVI' siècle à Laval, dont le dessin, joint
au projet ne reproduit d'ailleurs que très incomplètement
l'ensemble, les proportions et les détails, notamment en ce
qui concerne les pinacles et le campanile.
Dans celte situation et en l'absence de doeumenU plus
précis, elle a émis l'opinion qu'on ne saurait s'entourer de
trop de précautions et recueillir trop de ren.seignements,
avant de modifier quoi que ce soit ; elle pense notamment,
qu'outre les précautions indiquées d'une manière générale
par l'auteur du projet il ne serait pas inutile de s'inspirer,
pour la reconstitution des motifs ornementaux de la façade,
de la visite minutieuse d'ouvrages analogues et de la même
époque qui existent à Laval (Avesnières el pinacle de la Ca-
thédrale, cAté Est).
Des relevés très soignés, des photographies à grande
échelle et suflisamment multipliées, des estampages et des
moulages sont absolument indispensables et doivent être ri-
goureusement exigés.
La Commission proteste énergiquement contre l'opération
indiquée au projet sous le nom de ravalement.
Enfm elle recommande la plus grande circonspection dans
le choix des ouvriers et artistes auquels sera confiée l'exécu-
tion du travail.
J'ai l'honneur, etc,
Floucaud de Fouhcroy.
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Portail da SuBt-Véniniid da LanI (mai laM} d'tprt» luie pboL da U. 0. Garbault.
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Digiliz=db,G00glC
BIBLIOGRAPHIE
Sgoaogrephie de la Chapelle-Ratnaouin, d'après les
mémoires de M. l'abbé C. Simon, par P. Moulard. Mamers,
Fleury et Dangin, 1890 ; in-g" de xx-226 pages ; extrait de la
Revue du Maine.
Daas un avaat-propos M. P. Moulard s'empresse de ren-
dre justice aux travaux patients et modestes de M. Simon,
cure de la Chapelle-Rainsouin depuis 1861. Pendant ces
trente années de ministère, M. l'abbé Simon a occupé ses
loisirs à la rédaction de notes sur l'histoire de sa paioisse ;
il on avait formé deux gros registres qui ont été la source
de ce livre. 11 convient d'ajouter que l'on doit à son zèle in-
telligent La conservation des statues et des pierres tombales
de la Chapelle, et que lui-même a pris le soin d'enlever l'é-
pais badigeon sous lequel avaient disparu les armoiries, les
litres, les peintures qui ornaient les murs de son église.
L'excellenle monographie de M. P. Moulard paraît être
très-complète ; rfle donne dans le plus menu détail tous les
faits qui se rapportent à la description et à l'hisloire de
cette commune. Ses divisions sont lo^ques et bien définies,
et il nous suffira de les suivre pour faire ressortir l'intérêt
de ce livre si plein de faits et de renseignements. 1° Des-
cription et statistique : état des terres et de la population à
diverses époqu«B, agriculture, hygime, écoles, voie romai-
ne allant de Jublaons à Saulges, liste des maires, etc. 2° SUs-
toire religieute : description de l'église, de ses antiquités,
de ses ornements, de ce curieux < sépulcre > dont l'auteur
nous est encore inconnu, notices biographiques sur les cu-
rés de la Chapelle depuis 153S ; revenus de ta fabrique et
delà cure ; confréries, une en l'honneur de Saint-Sébastien
antérieure au XVI' siècle, chapelles fondées dans la parois-
se ou dans l'église ; notice sur le prieuré de la Ramée fondé
en 1211 par Payen de Vaiges et donné à l'abbaye d'Evron,
etc. 3° Histoire féodale : La Chapelle, d'après M. Moulard,
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— 678 —
relevait du siège royal de Sainte-Suzanne ; âefs dominants
et fiefs hommages ; Juridiction, notariat. 4° Familles sei-
gneuriales : Famille de la Chapelle dont l'existence est cons-
tatée au Xl[* siècle, ses diverses branches ; Tamilles Cbam-
fiagne de la Suze, de Goyon de la Moussaye, Leprestre
d'où le nom de Bourg-LepVeslre porté longtemps par cette
paroisse), de Gaignon de Villaines, de Bailly, Trelon de
Vaujuas, de Vaujuas-Langan. Quelques piëées justificatives
terminent ce volume, qui prendra place parmi les meilleu-
res publications consacrées à l'histoire des communes rura-
les la Mayenne.
J.-M. R.
Vie de Saint~Sérené, protectear du Maine et de l'An-
jou et le pèlerinage de Saulges, par le R. P. Dom Paul
Piolin, bénédictin de la congrégation de France, troisième
édition, revue el corrigée et considérablement augmentée ;
Bar-le-Duc, imprimerie de l'œuvre de Saint-Paul, Ï890.
Nous sommes heureux d'avoir l'honneur de recommander
aux lecteurs du Bulletin la troisième édition de la savante
el intéressante notice sur la Vie de Saint-Sérené, protecteur
du Maine et de t'Anjoti et le Pèlerinage de Saulges, qui
vient d'être publiée par le R. P. Dora Paul Piolin, Téminent
S résident de la Société historique et archéologique du
laine, dont tous nos lecteurs connaissent et apprécient les
remarquables éludes historiques et religieuses. Cette pieuse
élude se vend au profit de la chapelle de Sainl-Sérené. L'au-
teur s'est efforcé, dans cette nouvelle édilion, de conduire
les faits jusqu'à nos jours. Nous souhaitons à ce beau tra-
vail tout le succès qu'il mérite à tous les litres.
André Jouhkrt.
LeaLanterneaà Angers Boas l'ancien régime (XVll'-
XVIII* aièdea) d'après dea documents inédits, par
M. À. Joûbert, 1 brocû. in-S", Angers, Lachèse el Dolbeau,
1890.
Dans celte brochure l'auteur donne un aperçu de ce que
pouvait être jadis l'éclairage pubUc non seulement à An-
gers, mais dans toutes les villes de France et notamment
a Paris.
Jusqu'au XVII' siècle les essais ne furent qu'accidentels
et des plus rudimentaires. On trouve bien mention, il est
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- en -
vrai, delanleraes allumées, dès 1329, sur le Grand-Pont d'An-
gers, de lumiè^e.^ portées à la main ou placées sur les fenê-
tres des maisons en temps de troubles pour sauvegarder
la sécurité publique... Mais rien de cela ne constituait un
mode réel et suivi d'éclairage.
C'est en 166â que Paris fut éclairé par les soins de l'abbé
Laudati Caraffa, dont }/[. de la Reynie perfectionna le sys-
tème en 1667. Louis XIV résolut bientôt d'étendre le même
mode d'éclairage à toutes les viUes de France ; mais les ci-
tés qui se soumirent à son ordonnance de 1697 ne consti-
tuèrent qu'une exception. Angers toutefois entra dans le
mouvement ; des lanternes furent achetées et on les éclaira
au moyen de chandelles allumées... Mais que de vicissitu-
des ! Le menuisier Huau est convaincu de malversations
dans leur entretien ; à peine sont elles accrocbées qu'elles
deviennent le point de mire de tous les coureurs de nuit
et commencent à tomber comme grêle, mauvais sort qui
du reste a toujours continué à peser sur elles depuis lors ;
un allumeur est même occis, ce qui oblige l'autorité à ful-
miner un monitoire.
Cependant les lanternes tinrent bon. Les habitants ne sem-
blent pas, il est vrai, en avoir toujours payé la taxe sans
se faire prier ; plus d'une fois il fallut les y contraindre,
et M. A. Joûbert nous raconte un procès mémorable qui fut
soutenu à cet effet. Néanmoins les lanternes d'Angers pa-
raissent avoir subsisté, avec des alternatives d'heur et de
malheur, pendant le cours du XVIII" siècle.
C'est en 1785 que le système des réverbères à huile et à
réflecteur, en usage à Paris depuis 1748, fut employé à An-
gers. A partir de ce moment l'éclairage public était réelle-
ment fondé.
Pendant certaines années de la Révolution il subit, à vrai
dire, une éclipse momentanée. Pour le Français, casser les
lanternes est un moyen traditionnel d'affirmer son mécon-
tentement ou son indépendance, comme aussi de manifes-
ter sa gaité ; les émeutes, les révolutions débutantes, de
même que les soupers trop joyeux, ne leur ont Jamais rien
valu. Aussi, à Angers, les troubles de l'an U coûtèrent-ils
l'existence à la plupart d'entre elles. Puis le calme revint,
les réverbères reparurent et l'éclairage public se maintint
dès lors sans interruption jusqu'à nos jours, en se transfor-
mant selon les progrès des découvertes modernes.
Rappelons ici, à titre de comparaison, que huit ans après
Angers, la ville de Laval, elle aussi, adopta l'éclairage au
moyen de réverbères munis de réflecteurs et acquit, pour
commencer, cent-dix-neuf de ces appareils '■
à l'histoire des rues
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- 678 -
Après avoir résumé à grands traits la brochure de U.
Joùberl, nous ne voulons pas terminer sans adresser nos
compliments à son auteur : Son œuvre est attrayante, sler-
le, ane«!dotique, et de plus, grâce aux généralilés qu'elle
contient, elle poun-ait servir de modèle et de cadre pour
tout autre travail analogue concernant une ville quelcon-
que. On la lira donc avec plaisir et avec fruit. »
E. M.
I^pport de La Cbevardiére et Minier à la commune
de Paria, le iS mai i793, publié par M. André Joûbert,
\ brocli. in-S" extraite de la Revue de Bretagne, de Vendée
e( dAnjou, Vannes. Lafolye, 1890,
Celte brochure, qui fait partie d'une série de documents
sur la guerre de Vendée, contient un rapport adressé en
1793 à la commune de Paris, par La Chevardière et Minier,
commissaires nationaux dans les départemaats troublés par
les rebelles.
On y lira avec intérêt des considérations sur l'état des
esprits dans les villes eL dans les campagnes, des détails
sur diverses opérations militaires, etc.
La pièce fait partie du cabinet de l'auteur. On saura gré
à M. Joùberl de l'avoir publiée, car elle est certainement
plu3 intéressante et plus substantielle que beaucoup de do-
cuments pourtant fort estimables, où on ne trouve souvent,
au milieu de formules el de longueurs accumulées, que
quelques lignes à retenir. Ici nen de semblable : toul se lit
et loul esl digne d'allenlion.
E. M.
Le Surintendant Nicolas Foucquet (i6iS-i680), Câ-
pres un ouvrage nouveau, par M. André Joûbert,i broch.
in-8°, Angers, Germain et Grassin, 1890.
H. A. Joùberl s'e3tproposéd'analyser,en un consciencieux
résumé qui ne compte pas moins de quatorze pages, un
livre récent publié par M. Lair, ancien élève de l'école des
Chartes, et mlitulé : Nicolas Foucquet, procureur général,
surintendant des finances, ministre d'Etat de Louis XIY^.
1, Paris, Pion, Nourrit et C, 3 vol. in-8».
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— 67fl —
Nous n'enlreprendrons pas de faire à noire tour un ré-
sumé de ce résumé. Nous nous bornerons à dire, après
avoir pris soin de parcourir nous-même l'ouvrage de H.
Lair, que M. Joùberl a su en dégager et en préseuter avec
beaucoup d'art les données principales.
Les origines de la famille Foucquel, la biographie parti-
culière de François Foucquel, ses débuis, son enlrée dans
la magistrature', son rapide avancement, son élévalioTi aux
charges de minisire d'Etat et de surintendant des Snances,
ses succès, ses services, sa lortune prodigieuse, sa vie pri-
vée, son luxe, puis sa défaveur, son arrestation à Nantes
par d'Artagnan, son transfert au château d'Angers, son
procès, sa détention à Pignerol, sa -mort, la controverse re-
lative à < l'homme au masque de fer • (Harchîali, d'après
M. Lair), tout cela esl indiqué avec beaucoup de simplicité,
mais avec une précision et un art bien faits pour inspirer
au lecteur un vif désir de se reporter à l'ouvrage orignal.
Nous ne pouvons mieux termmer qu'en citant la conclu-
sion marne de H. A. Joûbert : < Ce livre, dit-il, esl l'œuvre
< d'un esprit vraiment impartial, qui a l'amour el le scru-
■ pule de la vérité.... M. Lair a voulu juger par lui-même
< et contrôler l'exactitude des assertions formulées par les
* historiens qui l'ont précédé. La rébabititatton du célèbre
( surintendant est un acte de justice dont on doit le féU-
* citer. La cause de Nicolas Foucquel esl définitivement
« gagnée. .
Ë. M.
VEnquéte philologique âei8i2 dana les arrondia-
sementa d'Alençon et de Mortagne. — Vocabulaire,
Grammaire et Phonétique, par Z.. Duval, archiviste du
département de l'Orne. Alençon, Renaut de Broise, 1890.
L'étude scientifique des patois, si particulièrement in^-
resuanle, date tout au plus de quinze ans. Mais les curieux
el les érudils de province n avaient cas attendu les tra-
vaux de la linguistique contemporame pour se mettre à
l'œuvre et explorer, chacun à sa guise el avec plus ou
moins de méthode, les provinces de France. Dès 1790, l'abbé
Grégoire, curé d'EraberménU et député à l'Assemblée Na-
tionale, avait adressé une circulaire en vue d'obtenir les
renseignements les plus complets sur > les patois et les
moeurs des gens de la campa^e. > Son questionnaire ne
comprenait pas moins de 43 numéros et s'étendait, non-seu-
lement au parler des provinces, Biais encore à un certain
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— 680 — .
nombre de matières comprises aujourd'hui sous le nom
générique de folk-Iope, En conviant les etercheurs de pro-
^saion, les savants, les curés,les maîtres d'école à ce genre
d'invesligalions, l'abbé Grégoire, il est vrai, songeait moins
à l'étude méthodique des patois qu'à leur prochain anéan-
tissement. Mais cela importe peu, en somme : l'essentiel
est qu'il y ail eu beaucoup de réponses à son questionnaire
et une suffisante moisson de documents.
Dans les Lettres à Grégoire sur les Patois de France qu'a
publiées U. Gazier (Paris, Pedone-Lauriel, 1880) Je ne vois,
en ce qui concerne notre pays, que deux lettres du citoyen
Mahier, de Château-Gontier. et ces deux lettres sont moins
une contribution à l'étude des patois qu'un projet, fort ri-
dicule d'ailleurs, de réfonnation de la langue française, de
son alphabet et de sa prononciation. * Le despolisîne avait
» énervé notre langue, écrit le citoyen patriote ; elle doit
> reprendre son énergie dans la bouche des hommes li-
• bres. •
En 1812, nouvelle circulaire, adressée cette fois aux pré-
fets par M. de Hontalivet, minisire -de l'Intérieur. Le dé-
partement de l'Orne envoya au ministre un bon contingent
de réponses, et c'est le résultat de cette enquête philologi-
que que nous offre aujourd'hui l'inléressante et précieuse
brochure de M. Louis Duval.
Sur les quatre sous-préfectures qui composent le dépar-
tement de l'Orne, deux seulement ont envoyé des répon-
ses, Uomfront, si pressé d'ordinaire d'expédier les cens
qu'ils n'ont « seulement pas le temps de dinner, • juge
assez inutile de faire part au ministre de la mauvaise pro-
nonciation du peuple. Argentan fait la sourde oreille.
L'arrondissement de Morlagne avait alors le bonheur de
Posséder un sous-préfet touchant à la retraite et curieux de
histoire du Perche, son paj s. II s'adressa aux maires, qui
ne comprirent pas, qui déclarèrent même qu'ils ne connais-
saient ni dialectes ni patois particuliers à leur contrée. Un
seul, celui de Bellème, mieux inspiré, confia à l'instituteur
communal, M. Beneuil, cette mission délaissée par d'au-
tres. Il parait que le rapport du sous-préfet de Hortagne,
M..Delestang, ne serait autre chose, a.u dire de H. Duval,
qu'une mise en œuvre des notes de l'instituteur accrue des
renseignements et des observations propres à l'auteur lui-
môme.
L'arrondissement d'AJençon a donné, sinon plus de docu-
ments, du moins plus de correspondants. M. Duval en
compte jusqu'à quatre: H. de Thiboull du Puisact, de
Beauvain (canton de Carrouges^ M. le comte Kœderer, de
Bursard, et un habitant du canton de Courtomer. Le mor-
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ceau le plus considérable nous est fourni par un certain
abbé Fouet, dont M. Duval a pu reconstituer la curieuse
biographie. Tour à tour vicaire de Condé-sur-Sarthe, pré-
Ire non assermenté et insoumis, porté sur la liste des émi-
grés. qualiSé d'embaucheur pour les chouans, il prêta plus
lard serment de âdélilé à la Constitution et fut mis en pos-
session de l'église de Condé, où il est mort en 181S.
Nous ne parlerons que pour mémoire des trois infimes
glossaires, quelques pages au plus, éclos dans l'arrondis-
sement d'Alençon. Deux mémoires seuls ont de l'impor-
tance : celui de' l'abbé Fouet pour Alençon et celui de M.
Deleslang pour Mortagne.
Le travail de l'abbé Fouet est une simple nomenclature,
avec le sens des mots, la quantité de certaines syllabes et
des exemples. Inutile de dire que les mots sont, suivant
l'ancienne mode, habillés à la française et affublés d'une
orthographe de qualité. Plus d'un glossaire contemporain
n'a pas encore consenti à les dépouiller de ce vêtement
d'emprunt. * Se câtir » devait être ■ se câlï, » et « crù-
chellée > a tout l'air d'avoir un t de trop. Le sens n'est pas
toujours indiqué avec précision, comme pour les mots
< iqueul, rétuis, taribonain, • ni la quantité mise partout
çù cela serait nécessaire. L't de • siler • est^il bref ou long?
N'y a-t-il pas une grosse erreur de notation dans l'ortho-
graphe • mëisle > fruit du ■ mêlier > ou néflier ? Faut-Il
lire < dâlée, • comme il est écrit, ou • dâlée, > comme on
prononce dans plusieurs cantons de l'Orne, et comme l'in-
dique le glossaire voisin, celui de Mortagne ? Mais nous
aurions mauvais^: grâce à nous plaindre de ces lacunes ou
de ces erreurs, qui sont le fait, non de l'homme, mais de
l'époque. L'auteur a su grouper environ 250 des mrts les
plus usités dans le patois, et son choix parait judicieuse-
ment fait. Nous les retrouvons pour la plupart dans les
parlers voisins ou dans le patois ornais d'ai\Jourd'hui.
Le vocabulaire de M. Oelestang est plus complet el plus
soigné. Outre le glossaire, l'auteur a présenté quelques
idées générales, des observations de détail sur la pronon-
ciation et la conjugaison df trois verbes « eûmer (aimer) »
( faire > et < cha [choir]. > Dans la préface, je ne vois à
signaler que cette observation, applicable d'ailleurs à pres-
que tous nos patois normands, que les mots y ont < un ac-
cent dur et desagréable. > Désagréable est vite dit pour un
indigène ; dur n'est pas contestable, appbqué tout au
moins à certaines Snales.
Les trois pages d'observations qui suivent renferment,
à cùlé d'opinions plus que contestables, quelques observa-
tions justes et témoignant d'une louable précision. Il y est
43
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question de prononciation. L'auteur y note, par exemple,
la tendance locale à mouiller IV dans blé, trembler, etc.,
la chute de l'e muet protoniq^ue dans « j'ter, ch'va, ■ etc....
C'est peu de cbose, il est vrai, mais cela dénote néanmoins
Ïilus d'exactitude qu'on n'en rencontre d'ordinaire chez les
aiseurs de glossaires du temps. Signalons encore au passa-
ge cette note significative : * eu se prononce très-ouvert :
« il n'est pas possible d'en écrire l'équivalent; pour en
€ avoir un idée précise il faut l'entendre articuler. » L'au-
teur élait sur la voie de la bonne et vraie méthode, qui
consiste non pas à imaginer aux locutions patoises une or-
thographe analogue à celle du français écrit, mais à noter,
dans leurs plus petits détails, les miÛe nuances difficilement
perceptibles des sons.
lin y a là évidemment qu'une tendance, et la simple lec-
ture des trois conjugaisons données par M. Delestang nous
le démontre amplement. Il doime conjointement « v's'eu-
mites > (vous aimâtes) et • vous eumites > ; à côté de • î
Tlant > (ils veulent) la forme bâtarde < i fesins • (ils fai-
saient] ; la troisième personne du pronom est tantôt ■ i, ■
tantôt > ils, 1 et aussi < IL • Sur plus d'un point, je me per-
mettrais peut-être encore d'avoir des doutes ; ainsi j'aime-
rais à contrôler l'exactitude de i je fas ■ (l" personne in-
dicatif présent de faire), « je fasse » {1™ personne du sub-
jonctif présent du même verbe), « qui Sssint » (3* personne
du subjonctif imparfait de faire] ; mais je ne connais pas
d'une manière suffisamment précise le parler de Mortagne
pour me prononcer à ce sujet. Je relève dans ces conjugai-
sons l'absence du singulier de l'imparfait du aubjonôtif
dans les verbes faire et choir, elles premières personnes
pluriel imparfait de l'indicatif ■ j'eurains, je fesins, je
cheyins > (nous aimions, nous faisions, nous cheyions 7)
Quoi qu'il en soit, voilà une petite contribution qui, toute
imparfaite qu'elle soit, n'en a pas moins son prix.
Même indécision de méthode dans le glossaire. H. Deles-
tang ne s'est pas prononcé pour anuit, annui ou anui. Il
donne les trois formes : est-ce qu'on prononcerait différem-
ment selon les localités ? Cela n'est pas impossible. Hais,
en fait, l'auteur s'embarrasse dans sa propre orthographe ;
•il n'a su choisir parce qu'il n'a pas su noter. Que vient faire
ici le t parasite de la forme • anui T > On le trouve, direz-
vons, dans les vieux textes. Qu'importe, si dans les patois
il ne se prononce jamais t Même observation pour > cbâs, >
Sthoir), que l'auteur, plus logique cette fois, a écrit « chà •
ans la conjugaison dont nous avons parlé. L'auteur donne .
< fiauper > et ■ floper. • Quel est le bon ? Existent-ils tous
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- 683 -
deux? ou bien ne sont-ce que deux variantes d'oplhogpapbe?
Nous avons à choisir' entre « jouai, iouel, joué, joi. • Un
peu de lumière n'eût pas été inutile. Je lis le pronom inter-
rogatif • quoi. » Est-ce le même qu'en français î Si otii, que
vient-il faire h celle place ? Sinon, il fallait indiquer en quoi
il diflérait du nôtre. Autre contradiction : Je lis cetarticte :
« lèc ou tè » subsl. masc, toit. « mettre les vaches en tèc.
Le c ne se prononce pas. ■ Alors, pourquoi le noter ? Dans
les conjugaisons, je vois que aimei* se prononce « eumer, »
et dans le glossaire que aimable se transforme en < nma-
b!e. » De u ou de eu, quelle est la vraie prononciation î Je
cite une dizaine d'exemples, entre cinquante. J'ai voulu
montrer qu'il se glissait beaucoup de fantaisie dans la no-
tation des sons patois, et qu'en pareil cas une salutaire dé-
fiance est le commencement de la sagesse.
Pour ce qui est des vocables eux-mêmes — et c'est là un
problème délicat qui se çiose pour tous les auteurs de glos-
saires, — il n'eût pas été inutile de distinguer des mots du
crû, vraiment indigènes et nés sur place, les mots d'impor-
tation et d'argot, venus on ne sait d'où. M. Duval en a in-
diqué plusieurs en note. « Tume, baiser, toper » ne seraient-
ils pas du nombre? Que de mots du ^us pur français se
faufilent encore dans ses longues au^nées ! Le joli mot
d' < accoutumance > a-t-il droit de cite dans un glossaire
percheron? Je n'insiste pas sur cet à-peu-près dans la mé-
thode, si commun en ces sortes d'ouvrages.
Plus grave est la critique que j'adresserais à l'explication
des mots. Dans le glossaire de M. Delestang, on trouve
beaucoup de définitions insuffisantes ou fautives : qu'on S6
reporte aux mots haricoler [M. Duval y a fait une heureuse
et fort juste addition) honain, jaspiner, musser, dont le
sens est pourtant bien net et que le glossaire traduit par
frauder, * receper, saquer, i pour lequel l'auteur donne
deux définitions, la seconde détruisant la première, qui ne
valait rien, « super, » etc.. » Renclume, • pour rancune,
me parail une nolation asseï maladroite. ■ Par-l'ous » (par-
lez-vous?), est signalé, mais sans explication suffisante. Le
glossaire donne la forme « j'fommes • pour « j'fesons »
(nous faisons) que nous ne retrouvons pas dans la conju-
gaison plus loin.
Au fond, c'est l'auteur qui a raison contre son critique. Il
& fait ce qu'on faisait de son temps, mieux peut-être qu'on
ne faisait de son temps. Il est trop aisé, à quatre-vingts ans
de distance, de trouver dans son œuvre des imperfections.
Aussi, en étendant'outre mesure ce compte-rendu, n'ai-je
pas eu l'intention de ohercber noise à nos vieux auteurs,
mais de mettre en garde contre de pareilles fautes ceux qui
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- 684 -
désormais auraient la tentation de publier des glossaires
de ce genre. En ces sortes d'études les progrès onf été, de-
Fuis quinze ans, considérables, et il n'est plus permis de
ignorer.
Je n'ai encore rien dit de l'éditeur, M. Louis Duval, qui
nous procure, avec un texte bien établi et en somme fort
intéressant, des notices très nourries et un ensemble de
notes savamment échelonnées. Son nom et ses travaux sont
bien connus des lecteurs de cette Revue, son zèle et sa
perspicacité ont été souvent couronnés de succès, et j'a-
joute bien volontiers mon faible tribut de compliments aux
éloges qui ont été maintes fois donnés à son exacte, abon-
dante et curieuse érudition.
A. Salles.
DÉCOUVERTE DE PIÈCES CAROLINGIENNES
En argent et frappées au Mans, elles ont été découvertes,
en l'année 1880, dans un champ nommé ta Courvairie. Ce
champ fait partie de la terre de Chàtenay, située commune
de Larchamp, au pied de collines dites buttes ou bruyères
de la ChapeÙe-Janson.
Ce lieu de « Chàtenay aun CorniUeau » en 1577 (L'abbé Poin-
teau, Certificats de la noblesse), « aun Lasne » en 1668, (Mœurs
et coutumes des familles bretonnes, T. I), n'est pas éloigné de
l'endroit où la voie romaine vulgairement appelée le chemin
Charles passe du Maine en Bretagne (Voir Maupillé, Notice
sur les cajUons de Fougères). Cette voie, suivant le docteur
Toulmouche, aurait relié le Mans et Corseul, et c'est en la
suivant que l'armée de Childebert II serait entrée en Bre-
tagne.
Il y avait tout un lot de ces pièces. La plupart tombèrent
en morceaux, au contact de l'air.
Auteur delà découverte : Mathurin Thomas, fermier de
Chàtenay, conseiller municipal de Larchamp.
Propriétaire de Chàtenay : Frain de la Gaulayrie.
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TABLE DES MATIÈRES
8Ututs 7
Liste des membres titulaires et correspondants, bureau,
membres décédés 9, 11, 14
Liste des monuments historiques classés du département
de la Mayenne 15
L'bislruction publique à Laval avant le XIX* siècle, par
M. E. Qubruas-Lawbrie 17, 197, 333
Aveu du comté de Laval en 1444, par M. Couahier i>b Lau-
NAV, chanoine honoraire 4!»
Laval et la Place de la ChilTolière, aujourd'hui <■ de-l'Hâtel-
de-Ville, ■> 1598-1688, par H. CnuAntER de Laumv. . . 71
Le Marquisat de Château -Gontier de 1684 A 1690, d'après
un document inédit, par M. ANoni Joubert 81
Restauration du dolmen de la Contrie, près d'Emée, par
M. Emile Moreau 106
Le Château de Lassay à travers les siècles, par M. le G"
DE Beauchrsnb 110
La Gerbe du Horps, etc., par M. Grosse-Duperon. , . . 147
Les Archives, de la Mayenne : La série A, par M. db Mar-
TOHSB 152
Pièces concernant la fondation de l'ancien couvent des Ca-
pucins de Mayenne, par M. J. Raulin 179
La famille Bouchet de Sourches, par M. l'abbé Akbroisb
Ledbu 225, 424
La démolition du château de Fiée en 1373, par Jean Clé-
rembault, gouverneur de Château -Gontier, parM. André
JOUBERT 245
Les comptes de l'Hâtel-Dieu Saint-Julien de Laval, par M.
L. delaBeauluère 253,374
Les fl Châteaux ■ et les " Châteliers » dans la Mayenne,
par M. l'abbé Angot 288
Esprit-Aimé Libour, peintre, né à Laval, par M. P. Cornée. 300
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Note sur Symon Hayeneufve, par M. E. QuEnuAU-LAMeniE. 314
Note sur les Protestants de J^hàteau-Oontier au XVII" siè-
cle, par M. André Joubbrt 365
Documeots inédits relatifs à Craon et à Châle au-Gontier,
par M. AnDKÉ Joubbrt 368
Une mission à Château -Gontier en 1716, par M. Paul de
Farcy 397
Lassay, ses écoles, ses collèges, par M, l'abbé J, Ga-
LARD 405, 546
Gnomons et Clepsydres, par M. j. Plawtb ... ... 453
n Ijes Châteaux ï de Loiron, par M. ëhile Moreau . . . 476
Document concernant l'abbaye de Fontaine-Daniel, publié
par M. J. Hauiin 480
Voyages de Daniel Le Hirbec, de Laval, aux Antilles, aux
Pays-Bas et en Italie, texte publié par M L. de la Beau-
LUBBE, avec une introduction et des notes par M. B, Mo-
reau 504
I. Voyage aux Antilles et dans les Pays-Bas, .... 516
Mémoire historique sur Chàleau-Gontier. rédigé en 1781
pour M. le marquis d'Autichamp, par M. André Joubbrt. 532
Note sur te bailliage des Templiers de Cbftteau-Goutier
(XV-XVIJI" siècles), par M. André Joubbrt 543
Aveu du comté de Laval (lt52), contenant la réformation
de celui de 1444, par M. Couaniba de Lauhav, chanoine
honoraire 568
Michel Lemesle, sculpteur à Laval au XVII* siècle. . . 580
Une erreur de Guyard de la Fosse sur le oollège de
Mayenne, par M. A. Salles 584
Notes sur t'anden Laval ; Le PaviUon de la porte du châ-
teau de Laval et la maison vgisine, par M. J.-M. Richard. 586
Sigillographie des seigneurs de Craon, par MM A. Ber-
trand UE BnoussiLLON et Paul de Farcy 597
PROCÈS-VEHBAUX DES SÉANCES :
Séance du 11 juillet 1889 183
— 7 novembre 1889 317
— 6 février 1890 484
— 29 avril 1890 667
FAITS DIVERS
Nominations de membres correspondants. . 184, 317, 485, 667
Distinctions honorili que s 183
Incident 184
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H onumeBts historiques IfIS
Musée de Joblains . itl
Cloche de N.-D. de Prii 187, 319
Tombelle du Burei 188
Académie des loscriptions et Belle s- Lettres IM, 502
Musée de Laval 190,601,670
Restauration du Dolmen de la Contrie 318
Statuette de Jeanne de Laval, au musée de Cluny. . . . 318
Fwt de Rubicaire. . 319, 485
Médaille de cuivre trouvée à Laval 319, i89
Académie des scienues morales et politiques 331
Archives de U Mayenne 33!
Réélection du bureau i9k
Esprit-Aimé Libour, peintre, né à Laval ï63
Notes sur la famille Foureau 486
8aint-GermaiQ-de-rKAn)et 487
Bibliothèque de Laval 503
Académie Française 504
Maupetit. ancien député de la Mayenne 668
Station à siteK taillés, commune d'Ambriëres 669
Notes sur Bourg- l'Evéq ne 670
Halles de Chftteau-Gontier. proposition de classement. . 670
Sépultures mérovin^ennes à Thorigrié-en-Chamie . . . 670
Restauration du portail de Saint-Vénérand de Laval. . . 671
Découverte de monnaies à Chàtenay, commune de Lar-
champ 68't
BIBLIOGRAPHIE :
Gesta domni Aidrici, Cenomanîc» urbie eniscopi, a disci-
pulis suis, par l'abbé A. Cfiarles et l'abbé L. Froger. . 191
Documents inédits pour servir a l'histoire de la Guerre de
Cenl-Ans dans le Maine (1434-1452), d'après les archives
du Brilish Muséum et du Lambeth Palace de Londres,
■par M. André Joûbert 192
Pièces inédites relaUves à la BreUgne (XVll'-XVIII- sih-
a\.e&),çarM.AndréJoubert 193
Conduite des prêtres ioteraés au Grand -Se mina ire d'An-
gers, à Nantes... sept. 1792, pai-Af. André Ja&bert. . . 193
Lo déportation des prêtres emprisotmés à Nantes, 8-t5
septembre 1792, par M. Alfred Laitier 194
L'Ernûlage du Bois de Fiers, par MM. J. Appert et W.
Challemel. 195
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— 688 -
Itinéraire des moines de Landévsnnec fuyant les invasions
normandes ; — Le château de la Courbejolliére, épisodes
des guerres de la Ligue ; — Légendes bretonnes du
pays d'Avessac, par le C*» Régis de l'EslourbeiUon. . .
Les Faux-monnoyeurs dans le Bas-Maine, par le C" de
Une victime de la Révolution : M. Huau de la Bemardrie.
curé de Saint-Clément de Craon, par M. E. Queruau-
Symon Mayneufve et la chapelle de l'ancien évéché du
Mans, par M. Heari Chardon. . . ..-.-. . . .
Henri de la Rochejaquelein et la Guerre de la Vendée.
Une famille de Grands Prévôts d'Anjou aux XVIl* et
XVIII" siècles : Les Constantin, seigneurs de Varennes
et de la Lorie, par M. André Joûbert
Documents inédits pour ser\-ir à l'histoire de la Révolution
dans la Loire- Inférieure, par M. Andrf. Joûbert. . . .
Journal deNoelJanvier, 1709-1716, publié par Af. /. Planté.
La Broderie du XI* siècle jusqu'à nos jours, par M. Louis
de Farey
Les Lutteurs Bretons aux XV" et XVI" siècles ; Voyage
d'Ambroise Paré en Bretagne, par M. J. Trévidy. . .
Ambroiae Paré est-il mort catholique ? par M. J. Trévédy.
Obser\'ations sur l'ouvrage intitulé : • Littoral de la Fran-
ce a (Arrondissement de Quimper), par M. J. Trévédy.
Documents inédits sur la Guerre de Cent Ans, publiés par
M. André Joûbert
Le Testament de Jean de Craon, seigneur de la Suie et de
Chantocé (avant 1432), par M. André Joûbert
Catalogue des Gentilshommes de l'Anjou lors de la recher-
che ae la noblesse en 1666, par M. Voisin de la Noirays,
Intendant de Tours, publié par Jtf. Paul de Farcy. . .
Notice hisiorique sur Andouilié, par M. G. Cailoit. . .
Monographie de la Chapelle-Rainsoin, par lU. P. Moulard.
Vie de Saint-Sérené, protecteur du Maine et de l'Aïqou,
par le R. P. D. Paul Pialin
Les lanternes à Angers sous l'ancien régime, par M. An-
dré Joûbert
Rapport de La Chevordière et Minier k la commune de Pa-
ns, le15 mai 1793, publ. parM. .^/)<&^/oû£er(. . . .
Le surintendant Nicolas Fouquet, d'après un ouvrage nou-
veau, par M. André Joûbert
L'enquête philologique de 1812 dans les arrondissements
d'Alençon et de Mortagne, etc. par M. L. Duval. . . .
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TABLE DES GRAVURES
Programme d'une représentation donnée en 1727 bu collège
de Laval, fac-similé 37
Vue de Bel-Air et des Capucins de Laval, d'après une gra-
vure d'Andouard 73
Plan de la ChilTollère de Laval et de ses environs, 1598-16S8, 77
Le dolmen de la Cnntrie restauré 107
Plan du château de Lassay 113
Le ch&teau de Lassay 115
La chantion de la Oerbe, musique et paroles 149
Le Donjon de Villaines-Ia-Juhel, dessin de M. l'abbé A.
Ledru 229
Buste de Libour, par Rude 305
Portrait de Libour. peint par lui-mâme 309
SceaudelacourdeSourches, dessin de M. l'abbé A. Ledru. 448
Armes des Bouchet de Sourches, (idem) 449
Armes de Louis Bouchet, 11° du nom (idem) 4&0
Cadran solaire de René de Briolay, abbé de Saint-Serge. 460
Clepsydre d'Oronce Fine (XVI« siècle) 467
Clepsydre à barillet (XVII* siècle) 469
Id. coupe du barillet 470
Plan I des Châteaux • de Loiron 476
Pendeloque de cuivre trouvée à Laval, dessin de M. P. de
Farcy \ 489
Place du Patalsà Laval, vers 1848, dessin de M. L. Qamier. 587
Lettre initide de l'obituaire du Prieuré de la Haie aux
Bonshommes, dessin de M. Paul de Farcy 603
Sceau de Juhel II de Mayenne (Id.) 605
Sceau et contre-sceau de Maurice III de Craon (Id.). . . 606
Sceau et contre-sceau de Maurice III, d'après Oaignières. 607
Sceau des contrats de Craon (1323) (Id.) 609
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Sceau des contrats de Craon (XIV* siècle) et contre-sceau
(XV'sièclel (Id.) 610
Sceau des contrats de Craon (XV* siècle) (Id.) 610
Sceau et contre-sceau des contrats de Craon au XVI* siè-
cle (Id.) 611
Sceau des contrats de Craon (XVIII* siècle) (Id.). ... 612
Vitrail de l'église de Denaié (Id.) 613
Pilier de l'ancienne église de Saint-Clément de Craon (Id.) 613
Cbeminde d'une maison de la place des Halles, à £!mée . 669
Portail de Saint- Vénérand de Uval en 1890 673
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TABLE DES NOMS D'AUTEURS
TRAVAUX oaiGIItAOK BT DOCUHKtTS
MM.
Angot (A.) 288
Beauchesne (C" de) . ItO
Beauluère (Louis de La) 253, 374, 532
BroussilloD (Bertrand de) 597
Cornée (F.) 300
Parcy (Paul de) 397,597
Gillard. (J.) 405, 546
Gros se- Dupe ron 147
Joûbert (André) 81,345,365,366,533,543
Launay (Couanier de) 45,71,568
Ledru (Ambroiae) 225, 424
Martonne (A, de) 152
Moreau (Emile) 106, 476, 504
Planté (Jules) 453
Queniau-Lamerie (Emile) 17, 197, 314, 333
RauliD (Jules) 179, 480
Richard (Jules-Marie) 586
Salles (A.) 584
CITÉS DANS LBS ANALYSES BIBII0GIIAPHIQUE9
MM.
Appert (Jules) 195
Cattois (G.) , 499
Chardon (Henri) 322
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Chtirles (Robert) 191
Duval (Louis) G79
Eslourbeillon (G" Régis de 1") 195
Farcy (Louis de) 328
Farcy (Paul de) 499
Froger (L.) 191
Joûbert (André) 192, 193, 324, 327. 498, 676, 678
Lallié (Alf.) 194
Marsj- (C de) 321
Moulard(P.) 675
Piolin (Dom) 676
Planté (Jules) 328
Queruait-Lamerie (E.) SJl
Trévédy (J.| 490, 191, 497
Laval. — Imprimerie L. Moheau, rue du Lieulanaot, 2.
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OUVRAGES OFFERTS A LA COMMISSION
P. MooLARD. — Monographie de la Ckapelle-Rainsoidn.
F. CoKNÉE. — Esprit-Aimé Libour, peintre, né à Laval.
Lkgendre. — Catalogue du Bulletin de la Société archéo-
logique de la Loire-Inférieure.
J. Tbévédt. — Ambroise Paré est-il mort catholique f
Bulletin de la Société Historique de l'Orne.
Bulletin de la Société Archéologique d'Eure-et-Loir.
La liste des ouvrages offerts à la Commission sera
insérée à cette place, sans préjudice du compte~rendu
qui sera fait de tout ouvrage intéressant le Maine dont
elle aura reçu deux exemplaires.
Le Secrétaire Général, f. f. de Gérant {Loi du 29 juillet 1881) .
E. HORBAU.
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LE BULLETIN DE LA COMMISSION HISTORIQUE ET
ARCBÉOLOGIQUE DE LA MAYENNE paraît tons les
trimestres sous forme de livraisons comptant environ
128 pages.
Il donne des gravures et illustrations aussi souvent
que le permettent les sujets traités et les ressources dont
il dispose.
Les personnes étrangères à la Commission peuvent ^y
abonner comme à toute publication périodique.
Le prix de l'abonnement est de DIX FRANCS par an.
Les engagements pour cotisations ou abonnements
continuent de plein droit s'ils ne sont pas dénoncés
avant le i<^ janvier.
Il reste encore quelques exemplaires des tomes III,
ÏV et V de la première série, qui sont en vente au prix
de six francs le volume.
Le tome I de la 2' série est en venteau prix de i2 francs.
./Google
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